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(Quinze heures douze minutes)
Le Président: À l'ordre, mesdames et messieurs!
Un moment de recueillement, s'il vous plaît.
Veuillez vous asseoir.
Affaires courantes.
Déclarations ministérielles.
M. le ministre de l'Énergie et des Ressources.
Décisions gouvernementales au sujet du gaz
naturel
M. Yves Bérubé
M. Bérubé: M. le Président, le Québec
s'est engagé, depuis plusieurs années, dans une politique visant
à accroître le rôle joué par le gaz naturel dans la
satisfaction de nos besoins énergétiques. L'augmentation de la
part du gaz naturel dans le bilan énergétique du Québec
permettra en effet de renforcer sensiblement la sécurité de nos
approvisionnements, tout en bénéficiant des qualités
inhérentes à cette forme d'énergie, que ce soit sur les
plans industriel et résidentiel ou au niveau environnemental.
Je suis heureux d'annoncer aujourd'hui, à l'Assemblée
nationale, des décisions majeures prises par le gouvernement du
Québec dans ce domaine, qui vont permettre d'atteindre rapidement les
objectifs que nous nous sommes fixés.
Ces décisions concernent à la fois la
propriété des entreprises de distribution du gaz, l'allocation
des franchises entre les distributeurs et la fiscalité applicable aux
consommateurs de gaz. Toutes ces interventions intéressent donc le
secteur de la distribution.
Je voudrais cependant souligner au préalable qu'au niveau du
transport, toutes les autorisations que le Québec devait émettre
afin que le gazoduc puisse être prolongé jusqu'à
Trois-Rivières sont maintenant délivrées. Les travaux
doivent aussi commencer dès le mois de mai prochain, de sorte que
Trois-Rivières puisse être desservie à compter de
décembre 1981.
Je tiens ici à faire remarquer que le gouvernement du
Québec a été en mesure d'effectuer très rapidement
un processus d'examen particulièrement complexe qui nécessitait
des arbitrages délicats. La décision de l'Office national de
l'énergie n'a été rendue que le 21 mars 1980. La demande
de Trans-Québec et Maritimes concernant les autorisations indispensables
du Québec a été déposée devant la Commission
de la protection du territoire agricole en mai 1980, mais en décembre
1980, la compagnie avait toutes les autorisations nécessaires au
démarrage des travaux.
Un processus analogue d'examen est actuellement enclenché pour ce
qui concerne le trajet Trois-Rivières-Québec, l'objectif
étant que les travaux de réalisation du gazoduc soient
effectués d'une façon dynamique et rapide. En ce qui concerne
l'allocation des franchises, je recevais le 12 décembre dernier les
recommandations de la Régie de l'électricité et du gaz
concernant la répartition des territoires entre les différentes
compagnies requérantes. Je dépose aujourd'hui à
l'Assemblée nationale deux exemplaires de ce rapport.
Dans ce rapport, la régie recommande que la franchise actuelle de
Gaz Métropolitain soit agrandie de manière à inclure une
bande de territoires situés à la périphérie du
territoire qu'elle dessert déjà, en comprenant, entre autres, les
villes de Saint-Jovite, de Berthierville, de Cowansville et jusqu'à la
frontière ontarienne vers l'ouest. Tous les autres territoires pouvant
être desservis par le gaz ont été attribués dans
cette recommandation à la société Gaz Inter-Cité du
Québec.
Après analyse de ce rapport et en fonction de la loi de la
régie, le gouvernement a considéré cette
répartition comme étant acceptable, dans la mesure, cependant,
où serait résolue la question de la propriété des
entreprises de distribution du gaz. En effet, en ce qui concerne la
propriété de ces entreprises, il est apparu essentiel au
gouvernement de l'État québécois que l'on dispose d'un
contrôle direct. Ce contrôle s'avérait indispensable si on
voulait à la fois s'assurer de la réalisation de nos objectifs de
pénétration du gaz, de la maximisation des effets de notre
politique gazière sur l'économie québécoise et
cela, tout en permettant une meilleure harmonisation entre les
différents éléments de la politique
énergétique du Québec.
Il faut, en effet, être bien conscient du fait que, d'ici quelques
années, la distribution du gaz naturel au Québec
représentera une activité commerciale de taille
considérable et dont l'importance énergétique sera
analogue à celle dont jouissait l'électricité
jusqu'à tout récemment. Ce contrôle de l'État va
permettre, cependant, que l'on puisse canaliser une partie de l'épargne
des Québécois dans ses investissements et utiliser au maximum les
ressources des entreprises privées ayant manifesté un
intérêt pour le développement du gaz au Québec.
Sur le seul plan économique, les
activités de transport et de distribution vont entraîner,
au cours des dix prochaines années, des investissements de $2 milliards
courants et créeront 3500 emplois par année. Pour les deux
prochaines années, à titre d'exemple, les investissements
prévus sont de $700 millions et les emplois créés seraient
de l'ordre de 4000 par année. Par ailleurs, on estime que le
développement du secteur de la distribution du gaz va permettre de
créer 1200 emplois permanents.
C'est pour assurer le contrôle d'un secteur aussi
stratégique qu'une entente de principe a été conclue en
décembre dernier entre la Caisse de dépôt et l'actionnaire
principal de Gaz Métropolitain - qui était Northern and Central
Gas, de Toronto. J'annonce que le gouvernement du Québec a
décidé d'autoriser SOQUIP à participer au contrôle
de Gaz Métropolitain par l'achat éventuel d'actions que la Caisse
de dépôt détiendra lorsque la transaction citée plus
haut aura été complétée ou par l'achat d'actions
lors d'une prochaine émission par Gaz Métropolitain.
J'ai également le plaisir de vous annoncer qu'une entente de
principe est intervenue, au début de la semaine, entre notre
Société québécoise d'initiatives
pétrolières et Inter-City Gas de Winnipeg, en vertu de laquelle
SOQUIP et une autre société d'État pourront respectivement
détenir 49% et 2% des actions de Gaz Inter-Cité du
Québec.
J'annonce, par ailleurs, que, de son côté, le gouvernement
a décidé d'autoriser SOQUIP à détenir
jusqu'à 49% des actions de Gaz Inter-Cité Québec,
conformément à l'entente conclue. La Caisse de dépôt
a, pour sa part, manifesté son intérêt d'acheter 2% des
actions de Gaz Inter-Cité du Québec. (15 h 20)
Enfin, le gouvernement annonce également aujourd'hui que, sous
réserve de la concrétisation juridique des deux ententes de
principe que je viens de mentionner, deux décrets sont émis afin
d'allouer des franchises à Gaz Inter-Cité du Québec et
à Gaz Métropolitain, selon les recommandations de la
régie.
Par ailleurs, le gouvernement a l'intention de favoriser par tous les
moyens possibles la participation de la compagnie Propane M & M à la
distribution du gaz dans la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean.
D'autre part, et conformément aux engagements pris
antérieurement, le gouvernement a décidé d'abolir la taxe
de vente appliquée au gaz naturel, la date d'application de cette
abolition devant être annoncée par le ministre des Finances en
temps opportun.
Voilà, M. le Président, la conclusion de plusieurs
années de négociations qui vont permettre aux
Québécois de bénéficier d'une nouvelle ressource
énergétique non polluante, disponible en abondance,
complément naturel de nos propres ressources
hydroélectriques.
L'effort massif d'exploration pour le gaz naturel qu'entreprend
présentement notre Société québécoise
d'initiatives pétrolières, dans le golfe Saint-Laurent, les
découvertes récentes de notre société, tant en
Alberta qu'au Québec, ouvrent des horizons nouveaux qui n'existaient pas
il y a quatre ans.
Certes, nous ne pouvons pas encore vraiment saisir l'impact des gestes
énergiques que vient de poser le gouvernement. Qui peut imaginer
aujourd'hui ce que représentera 20% de notre bilan
énergétique satisfait en 1990 avec le gaz, c'est-à-dire
une quantité d'énergie qui se compare à la production
actuelle d'Hydro-Québec?
Cette fois, les Québécois auront pris un tournant au bon
moment; à l'orée d'un développement spectaculaire, ils
auront pris les moyens nécessaires pour s'assurer qu'ils
contrôlent bien le développement d'une ressource plutôt que
de regretter, un peu plus tard, d'avoir laissé à d'autres, une
fois de plus, le soin d'assurer leur croissance économique.
Le défi était de taille, M. le Président; je suis
fier de vous dire: mission accomplie!
Le Président: M. le député d'Outremont.
M. Pierre-C. Fortier
M. Fortier: M. le Président, j'ai pris note avec beaucoup
d'intérêt de la déclaration ministérielle du
ministre Bérubé. C'est toujours intéressant de constater
qu'à l'occasion, le ministre de l'Énergie manifeste sa
présence.
Hier soir, on aurait cru qu'il n'était déjà plus en
place. En effet, lors de la lecture du discours sur le budget, hier soir, le
ministre des Finances a contredit, d'une façon flagrante, une
déclaration du ministre, faite le 26 février dernier, alors qu'il
avait réuni les journalistes pour leur annoncer qu'en 1982, la hausse
des tarifs d'électricité serait inférieure à la
hausse de l'indice d'inflation.
Cette déclaration fut faite pour contredire ce que le ministre
avait dit en commission parlementaire, lors de l'audition du programme
d'équipement d'Hydro-Québec, le 24 février
précédent, à savoir qu'il songeait à
accélérer la hausse des tarifs d'électricité.
Hier soir, le ministre des Finances nous annonçait: "Qu'il serait
contraire au sens commun que notre électricité soit vendue
à aussi bon compte par rapport aux autres types d'énergie."
Maintenant nous sommes fixés. On sait que le gouvernement a
nettement l'intention de mettre en tutelle Hydro-Québec, de
réduire, à des dimensions d'une société sous
contrôle direct du ministre des Finances, cette
société d'État et aussi de faire en sorte que les tarifs
d'Hydro-Québec augmentent rapidement de façon à pouvoir
alimenter les coffres de l'État.
Pour en revenir à la déclaration du ministre, j'aurais
quelques questions à lui poser. La première, bien sûr,
c'est: Qui est le ministre de l'Énergie?
Des voix: Ah!
M. Fortier: Quel avenir le gouvernement actuel
réserve-t-il à la société d'État qui a le
mieux réussi? M. le Président, je parle d'Hydro-Québec. Le
ministre a fait allusion au rapport de la Régie de
l'électricité et du gaz qui recommandait que la distribution soit
donnée à deux sociétés: Gaz Métropolitain,
d'une part, et Gaz Inter-Cité, d'autre part. La régie,
d'après l'information que j'ai, ne recommandait pas que la compagnie
Propane M & M soit utilisée pour manque de compétence.
J'aimerais savoir de la part du ministre pour quelle raison il a cru bon
d'aller à l'encontre de la recommandation de la Régie de
l'électricité et du gaz.
Une voix: Ministre de la Justice.
M. Fortier: Oui, il y a peut-être le ministre de la
Justice.
Le ministre nous dit aussi qu'il y a eu entente de principe entre SOQUIP
et Gaz Inter-Cité. J'aimerais savoir si cette entente de principe est
aussi ferme que la décision du ministre annoncée à
plusieurs reprises d'établir une papeterie dans la vallée de la
Matapédia.
Des voix: Ah!
M. Fortier: J'aimerais également que le ministre nous dise
qui aura la gérance de Gaz Inter-Cité? Est-ce que ce sera SOQUIP
ou Gaz Inter-Cité de Winnipeg? Je parle du contrôle de la
gérance des effectifs.
Finalement, en plus, le ministre nous parle de l'abolition de la taxe de
vente pour favoriser la pénétration du gaz. Je suis tout à
fait surpris que cette décision n'ait pas été incluse dans
le discours sur le budget du ministre des Finances, hier soir. J'aimerais bien
savoir pour quelle raison et si cette décision a été prise
seulement ce matin.
Une voix: Qui est le ministre des Finances?
M. Fortier: Par ailleurs, j'aimerais savoir, M. le
Président - qui est le ministre de l'Énergie - quelles sont les
mises de fonds qui seront requises pour investir dans Gaz Inter-Cité et
dans Gaz Métropolitain. Y aurait-il, par ailleurs, une mise de fonds
dans la compagnie Propane M & M?
Une question plus importante a trait à la concertation qu'il
faudra effectuer entre l'électricité et le gaz. Le ministre a
parlé d'une harmonisation des politiques dans ce secteur. Nous avons
établi, à la commission parlementaire, que le gouvernement qui
nous dirige n'a pas de politique à long terme. Enfin, c'est
agréable de savoir qu'il veut harmoniser la pénétration du
gaz ainsi que l'utilisation de l'électricité. J'aimerais bien que
le ministre nous dise de quelle façon il coordonnera les travaux
d'Hydro-Québec, de Gaz Inter-Cité, de Gaz Métropolitain et
de la compagnie Propane M & M.
J'aimerais de plus, M. le Président, vous dire que la
déclaration du ministre à savoir que la construction du gazoduc
pourrait être achevée à temps pour desservir
Trois-Rivières en 1981, à mon avis, ne repose nullement sur la
réalité des faits et sur les possibilités d'avancement des
travaux.
L'information que je possède indique que le gazoduc, compte tenu
des délais, ne pourra se rendre à Trois-Rivières qu'en
1982 et, s'il se rend à Boisbriand cette année, c'est tout ce
qu'on pourra faire; cette année, se rendre à Boisbriand, se
rendre à Trois-Rivières en 1982 et, possiblement, se rendre
à Québec en 1983. Il faudrait bien que le ministre arrête
de faire des déclarations qu'il lui faut corriger ou contredire le
lendemain. Merci, M. le Président.
M. Fontaine: M. le Président.
Le Président: M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Serge Fontaine
M. Fontaine: Merci, M. le Président. Dans le domaine
énergétique, le Québec est loin d'être
autosuffisant. La réalité veut que les 70% de nos besoins en
énergie soient importés et, parmi les sources d'énergie
importées, le pétrole représente 68% de notre consommation
énergétique. Il va de soi que si nous désirons
réduire notre dépendance du pétrole, il est absolument
nécessaire de s'orienter vers une plus grande diversification de nos
ressources énergétiques.
L'Union Nationale s'est déjà dite d'accord à
plusieurs reprises sur le fait qu'il faille augmenter sensiblement la
consommation du gaz naturel au Québec. Il s'agit d'une forme
d'énergie économique et abondante ici même au Canada, chez
nous. Il s'agit également d'une forme d'énergie qui peut nous
permettre de diversifier davantage notre consommation
énergétique.
À l'heure actuelle, la part du marché qui est
occupée par le gaz naturel est minime. Les chiffres qui sont
avancés, quant à l'évolution de la demande d'ici à
la fin du
siècle, demeurent incertains. Certains experts prédisent
une consommation qui peut varier entre 6% et 12%. D'autres, plus optimistes,
prévoient une proportion de 20% à 25% du marché. Une chose
est certaine, l'essor et la popularité du gaz naturel au Québec
sont directement liés à la construction et au prolongement du
gazoduc au-delà de Montréal, ainsi qu'à la rapidité
avec laquelle nous le ferons.
L'Union Nationale croit qu'il faut accorder au gaz naturel la
deuxième place après l'électricité dans l'ordre des
priorités énergétiques du Québec et nous fixons
comme objectif pour la consommation du gaz naturel un minimum de 25% du
marché total pour l'an 2000. Nous croyons qu'un tel objectif est
réaliste pour autant, bien sûr, que l'on assure aux consommateurs
québécois une infrastructure adéquate et accessible. (15 h
30)
Aujourd'hui, le ministre nous annonce la construction du gazoduc de
Montréal à Trois-Rivières. Les travaux devraient
être terminés, selon lui, d'ici décembre 1981. C'est une
nouvelle que nous attendons depuis très longtemps et que le gouvernement
aurait dû nous annoncer bien avant aujourd'hui. Il est vrai que
l'approche d'élections générales constitue souvent une
raison suffisante pour débloquer un dossier, surtout lorsque ce dossier
entraîne des investissements majeurs dans le domaine de la construction,
domaine qui a été complètement oublié hier, dans le
discours sur le budget.
On nous annonce également "qu'un processus analogue d'examen est
actuellement enclenché pour ce qui concerne le trajet
Trois-Rivières-Québec". Je voudrais savoir du ministre si, pour
ce tronçon du gazoduc, le processus d'examen sera aussi long que celui
que nous avons dû subir pour le tronçon
Montréal-Trois-Rivières? Est-ce qu'on devra attendre encore
quatre ans avant de voir des réalisations? Quelles sont les garanties
que le ministre peut nous donner aujourd'hui que la réalisation du
gazoduc sera complétée, comme il le dit lui-même, d'une
façon à la fois dynamique et rapide?
Le gouvernement se vante de créer des emplois nouveaux par le
biais de cette construction; je pense qu'il est à peu près temps
qu'un certain nombre de programmes soient soumis en vue de créer des
emplois. On en avait parlé dans le message inaugural, on devait nous en
reparler dans le discours du budget et il n'y a rien de fait de ce
côté.
J'espère également que le gouvernement prendra toutes les
mesures qui s'imposent pour accorder aux travailleurs des régions
concernées, surtout celles de Trois-Rivières et de Nicolet, bien
sûr, une priorité dans l'octroi des emplois qui seront
créés par la construction de ces tronçons du gazoduc.
Enfin, le ministre nous annonce que le gouvernement a
décidé d'abolir la taxe de vente appliquée au gaz naturel.
C'est très bien, mais pourquoi ne fait-il pas la même chose en ce
qui concerne l'électricité? Nous, de l'Union Nationale, demandons
que la taxe à la consommation sur l'électricité soit
supprimée, car nous considérons que l'électricité
constitue aujourd'hui pour la très grande majorité des
Québécois un bien essentiel. Aujourd'hui, le ministre nous
annonce que le gouvernement va abolir la taxe sur le gaz naturel, à un
moment que le ministre des Finances jugera opportun. Quel beau ballon
électoral! Pourquoi retarder l'annonce de cette décision sinon
pour permettre au gouvernement, en pleine campagne électorale,
d'accorder un bonbon politique aux concitoyens du Québec, aux
électeurs?
Nous demandons au gouvernement d'être logique avec lui-même,
de ne pas faire preuve de discrimination et d'étendre cette exemption de
la taxe à l'électricité. Je m'attendais également,
M. le Président, qu'aujourd'hui, par cette déclaration
ministérielle, le ministre de l'Énergie et des Ressources profite
enfin de l'occasion qui lui était offerte pour annoncer également
aux citoyens du Québec qu'ils pourraient dorénavant
bénéficier de la subvention de $800 qui est offerte par le
gouvernement fédéral pour la transformation de leur
système de chauffage. Rien à ce sujet et les
Québécois attendent toujours que notre gouvernement bouge
là-dessus.
Le Président: M. le ministre. M. Yves
Bérubé
M. Bérubé: M. le Président, en
écoutant le député d'Outremont tantôt, j'ai compris
qu'il y avait des députés actifs de ce côté-ci et
des députés radio-actifs de l'autre côté. Ils ont,
M. le Président... Je ne comprends pas, en fait, M. le Président,
l'agressivité du député d'Outremont. Je pense que
ça ne menace pas vraiment le développement de
l'électricité au Québec, ça peut peut-être
menacer effectivement la construction d'un certain nombre de centrales
nucléaires au Québec, mais je ne crois pas que les
Québécois s'en plaignent.
Pour répondre aux questions précises du
député d'Outremont, pourquoi attendre, par exemple, la
décision concernant le retrait de la taxe sur le gaz naturel? M. le
Président, dans le cas...
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! M.
le ministre.
M. Bérubé: L'agressivité de l'Opposition
témoigne de son désarroi. Pourquoi attendre la décision
gouvernementale, en fait, de lever la taxe de 8% sur le gaz naturel? Nous
attendrons simplement qu'effectivement, le gazoduc atteigne
Trois-Rivières. Nous attendons qu'effectivement de nouveaux
marchés soient maintenant accessibles à la
pénétration du gaz naturel puisque l'engagement du gouvernement
du Québec était de lever cette taxe lorsqu'on ouvrirait de
nouveaux marchés, de manière à faciliter la
pénétration de ces marchés. C'est la raison et il n'y a
pas lieu pour le Québec d'abolir cette taxe tant et aussi longtemps que
les conditions matérielles de la pénétration du gaz ne
seront pas entièrement réalisées.
On pose la question: Qui financera? Le ministre des Finances, dans son
discours sur le budget, hier, a indiqué que les dividendes payés
par les sociétés d'État serviraient au ministre des
Finances pour financer un certain nombre de projets à capitalisation
importante de nos sociétés d'État. Vous avez la
réponse à votre question dans le discours sur le budget d'hier
soir.
Concernant la question de la taxe sur l'électricité, dans
la mesure où le gouvernement détermine les tarifs
d'électricité, à ce moment, qu'il y ait taxe ou qu'il n'y
ait pas taxe, ce qui est important, c'est de savoir quel est le tarif
payé en fin de compte par le contribuable, par le consommateur. Or, dans
la mesure où ces tarifs font l'objet d'un examen au moins à tous
les trois ans de la part du gouvernement, il ne change absolument rien, d'une
part, d'abolir une taxe et d'augmenter un dividende au ministre des Finances;
c'est exactement la même chose et, par conséquent, il n'y a pas du
tout le même objectif de réduire la taxe sur
l'électricité pour faciliter la pénétration de
l'électricité au moment où le problème que nous
connaissons au Québec est, au contraire, d'abaisser le prix du gaz de
manière à accélérer la pénétration du
gaz naturel dans nos foyers. Donc, on ne poursuit pas le même objectif.
C'est la raison pour laquelle nous abolissons la taxe. Ce n'est pas une mesure
sociale; c'est une mesure pour accélérer la vitesse de
pénétration du gaz naturel, le rendre plus économiquement
attrayant, de manière que les citoyens utilisent davantage le gaz,
surtout au cours des prochaines années.
Je pense, M. le Président, que c'était là
l'essentiel des questions. Je rappellerai uniquement l'importance de la
décision que nous venons de prendre. Nous aurons, au cours des dix
prochaines années, à faire pénétrer dans nos foyers
une nouvelle source d'énergie, le gaz naturel, nouvelle source
d'énergie qui était essentiellement inconnue au Québec
dans le passé. Il faut que cette source d'énergie
pénètre d'une façon très dynamique de
manière à remplacer graduellement le pétrole qui nous
vient des pays étrangers. C'est pour cette raison que le gouvernement a
choisi d'intervenir directement et de s'assurer qu'il y ait un contrôle
québécois pour une raison facile à comprendre; nous
pourrons de cette façon, par l'application de politiques d'achat bien
comprises, augmenter les retombées pour notre industrie proprement
québécoise et faire en sorte que des Québécois
participent au développement de ces entreprises. Nous pouvons
certainement garantir cela plus facilement en nous assurant que ce soit
contrôlé par des citoyens du Québec plutôt que par
des compatriotes de Winnipeg ou de Toronto. Merci, M. le Président.
Des voix: Bravo! Bravo pour les compatriotes!
Le Président: Dépôt de documents. M. le
ministre de la Justice.
Rapport annuel du Fonds d'aide aux recours
collectifs
M. Bédard: M. le Président, je dépose le
rapport annuel 1979-1980 du Fonds d'aide aux recours collectifs.
Le Président: Document déposé.
Pétition sur le financement des services
municipaux
M. O'Gallagher: M. le Président...
Le Président: M. le député de Robert
Baldwin.
M. O'Gallagher: ...en vertu de l'article 180, je dépose
une pétition de plus de 1300 contribuables de la ville de
Dollard-des-Ormeaux ainsi que du conseil municipal. L'objectif visé par
cette pétition se lit comme suit: "II est urgent que des sources de
revenus plus variées soient trouvées pour le financement des
services municipaux ou encore que certains services ne soient plus
financés à partir de la taxe foncière. En appliquant le
principe de la responsabilité des élus dans la fixation du niveau
de taxes par rapport au niveau de la qualité des services fournis, il
serait urgent pour le gouvernement de retirer du champ de la taxation
foncière les services qui ne relèvent pas de l'autorité
directe des conseils municipaux tels la police et le transport en commun."
Le Président: Pétition déposée. M. le
ministre de l'Éducation. (15 h 40)
Rapports annuels de l'Office
de la langue française, de la Commission de
surveillance
de la langue française et de la Commission de
toponymie
M. Laurin: M. le Président, à titre de ministre
responsable de l'application de la Loi de la charte de la langue
française, j'ai le plaisir de déposer le rapport annuel
d'activité pour l'année 1979-1980 de l'Office de la langue
française, celui de la Commission de surveillance de la langue
française et celui de la Commission de toponymie.
Le Président: Ces rapports sont déposés.
M. le ministre des Affaires intergouvernementales.
Rapport annuel du ministère des Affaires
intergouvemementales
M. Morin (Louis-Hébert): M. le Président, j'ai le
plaisir de déposer le rapport annuel 1979-1980 de mon
ministère.
Le Président: Rapport déposé. M. le ministre
des Finances.
Mandat spécial émis depuis
l'ajournement
M. Parizeau: M. le Président, conformément à
l'article 42 de la Loi sur l'administration financière, je dépose
en deux copies l'état du rapport du seul mandat spécial
émis depuis l'ajournement de l'Assemblée nationale ainsi que de
la dépense encourue en date du 9 mars 1981.
Rapport du vérificateur des comptes
En outre, M. le Président, j'ai l'honneur de déposer deux
copies du rapport du vérificateur des comptes relatifs au
Vérificateur général.
Rapport de gestion de la Caisse de dépôt
et placement
Enfin, M. le Président, j'ai l'honneur de déposer, en deux
copies, le quinzième rapport de gestion de la Caisse de
dépôt et placement du Québec pour l'exercice terminé
le 31 décembre 1980.
Le Président: Documents déposés. M. le
ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre.
Rapport annuel du ministère du Travail et de la
Main-d'Oeuvre
M. Marois: M. le Président, j'ai le plaisir de
déposer le rapport annuel 1979-1980 du ministère du Travail et de
la Main-d'Oeuvre.
Le Président: Rapport déposé.
M. le ministre des Affaires culturelles.
Rapport annuel de la Société
québécoise de
développement
des industries culturelles
M. Vaugeois: M. le Président, j'ai le plaisir de
déposer le rapport pour l'exercice 1979-1980 de la Société
québécoise de développement des industries
culturelles.
Procès-verbal de la Commission des biens
culturels
Également, j'ai l'honneur de déposer un extrait du
procès-verbal de la 123e réunion de la Commission des biens
culturels qui rend décision sur le Morrin College.
Le Président: Rapports déposés. M. le
ministre de l'Industrie et du Commerce.
Rapport annuel du ministère
de l'Industrie, du Commerce
et du Tourisme
M. Duhaime: M. le Président, je voudrais déposer le
rapport annuel 1979-1980 du ministère de l'Industrie, du Commerce et du
Tourisme.
Le Président: Rapport déposé.
Rapport annuel de l'Institut national de
productivité
M. Duhaime: Je voudrais également déposer le
rapport annuel 1979-1980 de l'Institut national de productivité, M. le
Président.
Le Président: Rapport déposé. M. le ministre
du Loisir, de la Chasse et de la Pêche.
Rapport annuel du Comité organisateur de la
fête nationale
M. Lessard: M. le Président, il me fait plaisir de
déposer le rapport annuel 1980 du Comité organisateur de la
fête nationale du Québec.
Une voix: Bravo!
Le Président: Rapport déposé.
Dépôt de rapports de commissions élues.
M. le député de Joliette-Montcalm.
Examen d'une résolution du
comité
de régie interne et nominations à la
Fondation Jean-Charles Bonenfant
M. Chevrette: M. le Président, au nom
du député de Sainte-Marie, qu'il me soit permis de
déposer le rapport de la commission élue permanente de
l'Assemblée nationale qui a siégé le mardi 10 mars 1981
aux fins suivantes: examen de la résolution 686-80 du comité de
régie interne concernant les employés occasionnels et la
nomination de certains membres du conseil d'administration de la Fondation
Jean-Charles Bonenfant.
Une voix: Très bien!
Le Président: Rapport déposé.
Dépôt de rapports du greffier en loi sur les projets de loi
privés.
M. le leader du gouvernement.
Rapports du greffier en loi sur des projets de loi
privés
M. Charron: M. le Président, j'ai à communiquer
à la Chambre trois rapports du greffier en loi sur les projets de loi
privés. Le projet de loi no 227 concernant la ville de
Pointe-aux-Trembles, sur l'île de Montréal, est conforme à
l'avis et celui-ci est suffisant en nombre. Je dépose donc le rapport du
greffier en loi.
Le projet de loi no 228 concernant la cité de Matane est conforme
à l'avis et celui-ci est suffisant en nombre. Toutefois, il a
été déposé au secrétariat après le
jour d'ouverture de la session. Je fais donc motion pour que cette
dérogation soit permise afin de déposer ce projet de loi.
Le Président: Cette motion sera-t-elle adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté. Le Président:
Adopté.
M. Charron: Finalement, le projet de loi qui portera le no 245
concernant la ville de Matagami est conforme à l'avis et celui-ci est
suffisant en nombre. Tous les avis ont été publiés
après le dépôt du projet de loi au secrétariat des
commissions et celui-ci ayant été déposé
après le jour d'ouverture de la session, je sollicite la même
dérogation par motion.
Le Président: Est-ce que cette motion de dérogation
sera adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté.
Le Président: Adopté. Présentation de
projets de loi au nom du gouvernement.
M. Charron: Je vous prierais d'appeler le projet de loi qui
apparaît à l'article c) du feuilleton d'aujourd'hui.
Projet de loi no 25 Première lecture
Le Président: Le ministre du Travail et de la
Main-d'Oeuvre propose la première lecture du projet de loi no 25, Loi
sur le fonds minier.
M. le ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre.
M. Pierre Marois
M. Marois: M. le Président, c'est avec fierté que
je dépose en première lecture le projet de loi no 25, Loi sur le
fonds minier.
Ce projet de loi a pour objet d'accorder aux mineurs du secteur des
mines de métaux non ferreux le droit à certains avantages sociaux
qui sont de nature à valoriser la carrière du travailleur minier
québécois.
Il établit principalement un régime de retraite uniforme
pour tous les mineurs de ce secteur et prévoit que ce nouveau
régime sera géré par la Commission administrative du
régime de retraite.
Il prévoit également, dans le cadre d'une aide à la
mobilité de la main-d'oeuvre, le remboursement des frais de
déménagement pour le mineur qui obtient un nouvel emploi à
une mine située à plus de 50 kilomètres de sa
résidence.
H établit de plus que le mineur licencié conservera chez
son nouvel employeur, ses droits acquis en matière de vacances
annuelles.
Il stipule enfin que le mineur conservera, pour une période
déterminée durant laquelle il est sans emploi, les avantages dont
il bénéficiait au moment de son licenciement, en vertu d'un
régime collectif d'assurance-vie et d'assurance-maladie.
Le financement de ces mesures sera assuré par un fonds minier
constitué à cette fin, sauf pour l'aide à la
mobilité de la main-d'oeuvre dont le financement sera assuré par
le gouvernement.
Ce fonds minier sera alimenté par les employeurs et les mineurs
en ce qui concerne le régime de retraite, et par des contributions des
employeurs seulement, en ce qui touche les bénéfices
d'assurance-vie, d'assurance-maladie et de vacances.
Le Président: Est-ce que cette motion de première
lecture sera adoptée?
Une voix: Certainement. Le Président:
Adopté.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président.
Le Président: M. le leader de l'Opposition officielle.
M. Levesque (Bonaventure): J'aimerais demander au leader
parlementaire du gouvernement de nous faire part de ses intentions quant
à l'étude de ce projet de loi. À quel moment le leader
parlementaire du gouvernement pense-t-il qu'on pourrait étudier ce
projet de loi, ainsi que les autres projets de loi d'ordre privé qu'il a
déposés tout à l'heure?
M. Charron: Dès le début de la semaine prochaine,
je crois, M. le Président...
Article d) du feuilleton, s'il vous plaît.
M. Morin (Louis-Hébert): Ils s'accrochent à
l'Opposition.
Projet de loi no 26 Première lecture
Le Président: Le ministre de l'Industrie, du Commerce et
du Tourisme propose la première lecture du projet de loi 26, Loi sur la
Société du Palais des congrès de Montréal. M. le
ministre.
M. Yves Duhaime
M. Duhaime: M. le Président, ce projet de loi a pour objet
de constituer la Société du Palais des congrès de
Montréal, qui aura notamment pour mandat d'administrer et d'exploiter le
Palais des congrès de Montréal et d'exercer les commerces et
autres activités de nature à contribuer à son
développement.
Les affaires de la société seront administrées par
un conseil d'administration composé d'au plus onze membres nommés
par le gouvernement, dont un président et un directeur
général de la société.
Ce projet prévoit l'uniformisation avec les lois existantes des
règles régissant les conflits d'intérêts des
administrateurs, officiers et employés de la société.
Il confie au gouvernement le pouvoir d'autoriser certains engagements de
la société et de faire des règlements touchant les
conditions des contrats de la société.
Enfin, il confère au gouvernement le pouvoir de garantir, aux
conditions qu'il détermine, les obligations de la
société.
Le Président: Est-ce que cette motion de première
lecture sera adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président...
Le Président: M. le leader de l'Opposition officielle.
M. Levesque (Bonaventure): ...je voudrais, à ce moment-ci,
poser une question au leader parlementaire du gouvernement. Est-ce que le
leader parlementaire du gouvernement pourrait nous indiquer le moment où
nous serons appelés à étudier ce projet de loi
intitulé Loi sur la Société du Palais des congrès
de Montréal? Je peux m'imaginer qu'il peut y avoir un peu urgence, je ne
sais pas, peut-être que le leader parlementaire du gouvernement pourrait
nous dire à quel jour de la semaine prochaine ou de la semaine suivante
il a l'intention de l'étudier, ainsi que pour les crédits
provisoires dont je lui ai parlé hier.
M. Charron: Ce serait normalement la deuxième, si nos amis
tiennent tellement à s'accrocher à l'Opposition, M. le
Président; c'est tout à fait normal.
Une voix: Elle est bien bonne!
Le Président: Présentation de projets de loi au nom
des députés.
À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Charron: L'article... elle est adoptée.
Le Président: Est-ce que cette motion de première
lecture sera adoptée?
M. Charron: L'article e) du feuilleton, M. le
Président.
Projet de loi no 245 Première lecture
Le Président: Le député d'Abitibi-Est
propose la première lecture du projet de loi privé 245, Loi
modifiant la charte de la ville de Matagami. Est-ce que cette motion de
première lecture sera adoptée?
Des voix: Adopté.
M. Charron: De même le projet de loi qui apparaît
à l'article f), M. le Président.
Projet de loi no 227 Première lecture
Le Président: M. le député de Viau propose
la première lecture du projet de loi privé 227, Loi concernant la
ville de Pointe-aux-Trembles. Est-ce que cette motion sera adoptée?
M. Charron: Finalement, l'article a).
Projet de loi no 228 Première lecture
Le Président: M. le député de Rimouski
propose la première lecture du projet de loi privé 228, Loi
concernant la cité de Matane. Est-ce que cette motion de première
lecture sera adoptée?
M. le leader du gouvernement.
Renvoi à la commission des affaires
municipales
M. Charron: M. le Président, je voudrais proposer que ces
trois projets de loi concernant les villes de Matagami, Pointe-aux-Trembles et
Matane soient déférés à la commission parlementaire
des affaires municipales.
Le Président: Est-ce que cette motion sera
adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce que je peux avoir une
indication, M. le Président, de la part du leader parlementaire du
gouvernement, du moment où cette commission sera appelée à
discuter de ces importants projets de loi?
M. Charron: Oui, lundi le 13 avril.
Une voix: À quelle heure?
Une voix: À partir de 20 heures.
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
Période des questions orales des députés.
M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
QUESTIONS ORALES DES DÉPUTÉS Le
déficit budgétaire
M. Lalonde: M. le Président, ma question s'adresse au
ministre des Finances. Je ne sais pas pourquoi on rit après le budget
déprimant qui a été déposé hier soir. Il y a
plusieurs éléments; en plus du siphonnage d'Hydro-Québec,
du coup de masse, comme disaient les journaux, sur l'entreprise privée,
il y a aussi un élément extrêmement important, c'est le
déficit...
Une voix: Olympique?
M. Lalonde: ... $3 milliards, trois fois le déficit
olympique dans un an. Pour un an seulement, ce gouvernement a fait trois
déficits olympiques et, en cinq ans, dix déficits olympiques. Il
y a quand même un problème, celui de savoir si on peut croire le
ministre des Finances. On sait qu'en 1977-1978, il nous avait promis que le
déficit ne serait pas plus que $640 millions, il a été de
$884 millions, soit 28% de plus; l'année suivante, il nous avait dit
$1,035,000,000, il a été de $1,475,000,000, une augmentation de
42%; l'année suivante, 1979-1980, il avait dit $1,450,000,000, il a
été de $1,816,000,000, soit 25%. Cette année, on avait
défoncé les $2 milliards, $2,300,000,000 et on est rendu à
$2,975,000,000, soit une augmentation de 29%. Sur les quatre années, 31%
d'augmentation du déficit.
Je demande au ministre d'essayer succinctement, brièvement, comme
dit le président, de nous expliquer pourquoi on croirait cette
année que le déficit ne serait que de $2,970,000,000, tout
près de $3 milliards, ce qui est déjà énorme.
Le Président: M. le ministre des Finances.
M. Parizeau: M. le Président, je pense qu'en essayant de
me croire, comme me dit le député de Marguerite-Bourgeoys, moi,
au moins, j'essaie, alors que nos amis d'en face nous ont sorti
récemment un document qu'ils appellent entre eux le "red book", enfin,
le livre rouge, où ils nous suggèrent, d'une part, d'augmenter
les dépenses à peu près dans tous les secteurs et, d'autre
part, de réduire les impôts, surtout pour les revenus
élevés. C'est-à-dire que je cherche à maintenir le
déficit dans des bornes raisonnables, et eux nous annoncent à
l'avance qu'ils vont augmenter le déficit. Encore une fois, moi,
j'essaie. Remarquez que je comprends les scrupules du député de
Marguerite-Bourgeoys, parce que leur position n'est pas toujours très
cohérente. La mienne consiste à dire: Je ne réduirai pas
le déficit plus qu'il ne faut, au risque de mettre des gens dans la rue.
On ne créera pas de chômage pour réduire le déficit.
On ne baissera pas le revenu réel des contribuables pour réduire
le déficit. Ils ont de la difficulté à avoir la
cohérence qu'il faudrait. Je vous rappelle, M. le Président,
qu'après nous avoir annoncé, dans son propre programme, qu'il
augmenterait notre déficit, hier, le chef de l'Opposition officielle
nous annonçait des augmentations d'impôt. J'aimerais qu'il se
branche. Moi au moins, j'essaie.
M. Ryan: Question de privilège.
Le Président: Question de privilège, M. le chef de
l'Opposition.
M. Ryan: Question de privilège, M. le Président. Je
nie formellement les affirmations que m'attribue le ministre des Finances. Ce
qu'il dit c'est absolument faux, et je le défie de citer une source
fiable.
M. Lalonde: Question additionnelle.
Le Président: Question additionnelle, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Parizeau: M. le Président, sur une question de
privilège, on vient d'invoquer le
fait que j'aurais pu trahir ou modifier la pensée du chef de
l'Opposition officielle. Sa pensée, je ne la connais pas, mais je sais
une chose cependant, c'est que les journaux de ce matin laissent entendre... je
cite, par exemple, le Devoir de ce matin: "M. Ryan a laissé entendre
qu'il augmenterait les taxes." Je ne sais pas, M. le Président,
que...
Une voix: J'ai lu les journaux de ce matin.
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
À l'ordre!
M. Parizeau: ... le chef de l'Opposition officielle...
Le Président: S'il vous plaît! je pense que... S'il
vous plaît! je pense que ni l'intervention du chef de l'Opposition, ni
celle du ministre des... S'il vous plaît, à l'ordre! Je pense que
l'intervention du chef de l'Opposition n'était pas une question de
privilège, pas plus que - s'il vous plaît! -celle du ministre des
Finances d'ailleurs.
Question additionnelle, M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Avons-nous un nouveau règlement?
M. Ryan: Question de privilège, M. le
Président.
Le Président: Question de privilège.
M. Ryan: Question de privilège, M. le Président. Je
nie formellement encore une fois avoir tenu les propos que m'attribuait le
ministre des Finances et qu'il n'est d'ailleurs pas capable de trouver dans
l'article qu'il cite du journal de ce matin.
Le Président: Question additionnelle.
M. Lalonde: M. le Président, pour être
cohérent, notre ministre des Finances est cohérent.
Une voix: Je comprends.
M. Lalonde: 30% par année d'augmentation, on est sûr
de cela au départ.
Une voix: C'est cela.
M. Lalonde: Je vais lui répéter ma question. Je ne
sais pas s'il vient de lancer sa campagne au leadership avec son discours
politique...
Une voix: Probablement.
M. Lalonde: ... mais j'aimerais qu'il nous réponde, parce
que la question est importante. Ce sont quand même les deniers des
Québécois. Comment peut-on le croire aujourd'hui? Que va-t-il
faire de spécial pour faire en sorte qu'il n'y aura pas un autre trou,
par exemple... Une voix: De $33 millions.
M. Lalonde: Je ne parle pas du premier trou de $500 millions dans
l'Éducation, mais celui dans les dépenses que lui-même
contrôle, $490 millions de plus dans ses dépenses qui vont faire
passer ses dépenses à 16,6% d'augmentation. Comment le ministre
va-t-il s'y prendre pour que le déficit du budget soit de $3 milliards?
Pourquoi le croirait-on cette année?
Le Président: M. le ministre des Finances.
M. Parizeau: M. le Président, comme j'ai eu l'occasion de
le dire, hier soir, le gouvernement a décidé de procéder
à des coupures importantes dans un assez grand nombre de secteurs. Je
pense que, là-dessus, on doit nous croire, compte tenu de tous ceux qui
protestent contre ces dépenses un peu partout depuis quelque temps. Si
ces coupures que nous avons faites ne provoquaient aucune espèce
d'effet, on ne voit pas pourquoi il y aurait autant de gens qui en parleraient
dans les journaux depuis deux mois. La meilleure preuve que des coupures
mordent, c'est qu'il y a des gens qui le manifestent. C'est ce qui se produit.
Je pense que, comme élément de crédibilité, pour
cet aspect, cela me suffit.
Forcément, je ne suis pas dans la position de nos amis d'en face
d'annoncer ou bien des commissions d'étude, ou alors des dépenses
exubérantes. Ceux-là "exubèrent", moi, je coupe. Dans ce
sens, là encore, sur le plan de la crédibilité d'une saine
gestion, j'aime mieux annoncer qu'on se paiera ce qu'on peut se payer
plutôt que d'annoncer n'importe quoi sous forme de promesses. (16
heures)
Deuxièmement, pour ce qui a trait à l'autre partie des
revenus, j'ai annoncé hier soir un certain nombre de modifications au
régime des revenus, en particulier, pour ce qui a trait aux impôts
des entreprises dont on conviendra qu'elles sont infiniment plus faciles
à administrer que ce que nous avions jusqu'à maintenant.
Là encore, sur le plan de la crédibilité, est-ce que je
peux penser que les projections de revenus que j'annonce vont se
réaliser? Je pense que ce qu'on a vu passer hier dans le discours sur le
budget joue dans ce sens. Mais, au moins, ce que j'annonce, c'est que je
réduis les impôts des particuliers et je rends les autres
impôts plus faciles à percevoir que jusqu'à maintenant. Je
ne passe pas mon temps à dire: Je vais baisser les impôts des
riches et quelques
semaines plus tard, je vais les augmenter. Nous avons, je pense, une
certaine cohérence, M. le Président, sur ce plan, qui assure
justement la crédibilité qui, depuis quelque temps, manque
singulièrement à nos amis d'en face.
Le Président: M. le député.
M. Lalonde: M. le Président, je voudrais savoir quels
critères le ministre des Finances a appliqués pour choisir les
coupures qu'il a choisies, par exemple, à l'éducation des
adultes, une coupure que la commission Jean, commission mise sur pied justement
par ce gouvernement, a été scandalisée de voir et aussi,
pour l'aide aux étudiants, des coupures à l'éducation que
le Conseil supérieur de l'éducation a qualifiées de
delirium tremens, en français, de folie pure.
M. Parizeau: M. le Président. Le Président:
M. le ministre.
M. Parizeau: Je veux reprendre un peu ce que vient de dire le
député de Marguerite-Bourgeoys. Le delirium tremens, ce n'est pas
de la folie pure, c'est de la folie éthylique. Il ferait mieux de
revenir au Petit Robert.
Je pense qu'il est très intéressant, tout à fait
remarquable et très significatif -soyons sérieux un instant ici -
dans notre société de voir que nous avons développé
des habitudes de dépenses telles que lorsqu'on commence à
resserrer les robinets, à avoir des normes un peu plus précises,
il y a des hommes qui, malheureusement, se laissent aller à des
écarts de langage qu'ils ne devraient pas utiliser. Nous sommes les
gardiens de l'argent des contribuables et il est dommage, il est infiniment
regrettable...
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît. M.
le ministre des Finances.
M. Parizeau: II est infiniment regrettable, M. le
Président, que l'on ne puisse pas discuter calmement de ce qu'une
société peut se permettre, des normes, justement, dont parlait le
député de Marguerite-Bourgeoys, sans les écarts de langage
auxquels il faisait allusion.
En pratique, nous savons très bien que dans un bon nombre de
secteurs, et depuis plusieurs années, on s'est habitué - comment
dire? - à des programmes qui peuvent être rendus moins
coûteux dans la mesure où ils sont, à certains moments,
même marginalement simplement mieux contrôlés.
Le député de Marguerite-Bourgeoys faisait allusion
à l'éducation des adultes. C'est une chose centrale,
l'éducation des adultes. Nous sommes parfaitement au courant que c'est
un des leviers importants dans une société, mais est-ce que
ça veut dire qu'on doit considérer comme une sorte d'absolu la
taille des classes pour les adultes? Mettons des classes de moins de 20
élèves. Est-ce qu'on pense que vraiment monter le nombre des
élèves, mettons de 20 à 25, est mettre en péril
l'avenir de l'éducation des adultes? Il faut être en mesure - et
c'est ça que nous avons cherché à faire dans nos coupures
- d'assurer toutes les priorités de la société, faire en
sorte que tous les leviers importants y soient, que le public ait les services
dont il a besoin mais que, d'autre part, ça ne coûte pas plus cher
que ce que le public peut payer, compte tenu de cette priorité
fondamentale du gouvernement de réduire les impôts chaque
année et de façon régulière, au moins les
impôts des particuliers.
Merci, M. le Président.
M. Levesque (Bonaventure): Une petite question additionnelle.
Le Président: Dernière question additionnelle.
M. le leader de l'Opposition officielle.
M. Levesque (Bonaventure): Merci, M. le Président. J'ai
écouté avec beaucoup d'attention le ministre des Finances. Je
n'ai pas eu l'impression cependant - je le dis bien humblement - qu'il ait
répondu à la question posée par le député de
Marguerite-Bourgeoys.
Le député de Marguerite-Bourgeoys voulait savoir si on
peut se fier aux chiffres donnés hier par le ministre de Finances, alors
qu'il y a un an, dans un autre discours sur le budget, il nous donnait des
chiffres qu'il aurait fallu croire. Il parlait d'un déficit de
$2,300,000,000. Hier soir, on était rendus à $3 milliards et les
livres n'étaient pas encore fermés.
Le ministre des Finances, l'an dernier, disait qu'il allait emprunter,
au cours de l'année, $2,220,000,000. Il a emprunté
$3,285,000,000. Il s'est trompé de $1 milliard. On se dit, en regardant
les chiffres de cette année: Est-ce qu'on peut se fier à ces
chiffres? C'est ce qu'on demande.
Le Président: M. le ministre des Finances.
M. Parizeau: M. le Président, je suis un peu navré
de voir qu'au niveau des additions ou des soustractions, nos amis d'en face
aient à ce point de problèmes. On me dit que j'avais
annoncé un certain niveau d'emprunts et, effectivement, j'ai
emprunté beaucoup plus qu'annoncé. Est-ce qu'ils pourraient
regarder la ligne qui précède immédiatement, où ils
vont constater que le gouvernement a augmenté, grâce à une
bonne partie de ces emprunts excédentaires, son encaisse, l'argent qu'il
a en caisse, de
presque $400 millions.
Est-ce qu'on peut reconnaître...
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! M.
le ministre des Finances.
M. Parizeau: Est-ce qu'il est à ce point difficile de
comprendre qu'à un moment donné, un gouvernement peut emprunter
davantage et donc, avoir davantage d'argent en caisse et, quelques mois plus
tard, emprunter moins et avoir moins d'argent en caisse et qu'il s'agit
là de vases communicants et qu'évidemment, quant on prend les
résultats au 31 mars d'une année, il est très clair que si
mon encaisse est basse, il y a des chances que j'aie beaucoup moins d'emprunts
de réalisés et que, si j'ai emprunté bien davantage, il y
a des chances que mon encaisse soit plus élevée? Tout cela, M. le
Président, est normalement à la portée d'un secondaire I.
Ce n'est tout de même pas fort. C'est quand même de
l'arithmétique élémentaire. Je reviens... Le
Président: À l'ordre, s'il vous plaît! M. le ministre
des Finances.
M. Parizeau: Si le député de Bonaventure est
à ce point énervé par le montant des emprunts, je peux
l'assurer que, l'année prochaine, on empruntera moins, au cours des deux
derniers mois, pour lui montrer une petite encaisse. Remarquez que cela ne
trompera que lui.
Ceci étant dit, je reviens à ce que disait le
député de Bonaventure avant sa malheureuse intervention sur les
emprunts. Comprenons-nous bien. Le gouvernement, par les mesures de
contrôle des dépenses qu'il a prises, croit effectivement qu'il
peut entrer dans les projections budgétaires qui ont été
annoncées hier soir. Mais, si le taux d'inflation passait de 12%
à 16%, par exemple, parce que, tout à coup, le gouvernement
fédéral ferait une entente avec le gouvernement de l'Alberta - et
je suppose que nos amis d'en face n'ont pas d'objection aux ententes
fédérales-provinciales - si, effectivement, une entente
fédérale-provinciale intervenait entre Ottawa et l'Alberta, qui
augmente de $0.50 le gallon, par exemple, le prix de l'essence, bien oui, les
prix monteraient. Et cela se traduirait comment? Cela se traduirait dans notre
budget. Les clauses de protection contre les revenus devraient être
ajustées. Si les docteurs Diafoirus de la politique monétaire
dont je parlais hier nous montaient les taux d'intérêt à
25%, est-ce que ça aurait un effet sur le budget du Québec?
Évidemment que ça aurait un effet sur le budget du
Québec.
On ne s'est jamais imaginé, nous, que, dans notre coin de
l'Amérique du Nord, on menait la politique monétaire
nord-américaine. Il y a donc - et ça, n'importe qui qui a
touché le moindrement à cette question de budget le sait - un
certain nombre d'incertitudes. Ceux qui ont exercé le pouvoir pendant un
certain temps savent ça. Il n'y a vraiment que ceux qui n'y connaissent
rien du tout qui ne le savent pas. Il y a un certain nombre d'incertitudes sur
l'inflation et sur l'intérêt auxquelles on peut avoir à
faire face. Mais, sujet à ça, nous pensons qu'effectivement, le
budget que nous avons présenté reflète correctement ce
vers quoi nous allons. Merci, M. le Président.
Le Président: M. le député de Portneuf,
question principale.
La situation économique de la Mauricie
M. Pagé: Merci, M. le Président.
Même si la Mauricie a été frappée par une
grève qui a affecté, qui a fait perdre des millions de
jours/élèves aux étudiants de la Mauricie aux mois de
novembre, décembre et janvier dernier, même si cette région
est frappée par un taux de chômage qui voisine les 10%, comme un
peu partout au Québec, d'ailleurs, même si la région a
été frappée par un lock-out et par des grèves qui
affectent particulièrement, et gravement même, l'économie
de la région avec le lockout à la Reynolds qui affecte 823
travailleurs, la grève des travailleurs forestiers de la CIP, on sait
que cette région, même si elle compte deux ministres, un
vice-président de l'Assemblée, un président de commission,
on sait que ça ne va pas trop bien au point de vue économique. Le
gouvernement doit tenir, en collaboration avec les différents agents
économiques, un mini-sommet dans la région demain.
Comme le leader du gouvernement vient de nous annoncer la très
forte possibilité que le Parti québécois s'accroche au
pouvoir encore pendant quelques mois, j'aimerais demander au premier ministre,
au chef du gouvernement - qui doit certainement être conscient de ces
problèmes-là à travers ses tournées
électorales dans la province, comme il a eu l'occasion de le faire dans
Roberval et dans Portneuf, je présume qu'il prend quelques minutes pour
s'inquiéter des régions j'aimerais savoir ce que le gouvernement
du Québec entend faire et particulièrement le premier ministre,
comme chef de gouvernement, parce que c'est sa responsabilité. Qu'est-ce
que vous entendez faire pour rétablir le climat de confiance en
Mauricie, rétablir une meilleure santé économique? Si vous
n'êtes pas capable d'intervenir et de faire quelque chose au niveau de
l'économie, est-ce qu'au moins, vous prévoyez intervenir et
déployer des
efforts particuliers au chapitre de la grève qui affecte La Tuque
et près de 2000 travailleurs dans ce coin? Il y a des travailleurs de
Portneuf qui sont affectés, d'ailleurs; ne soyez pas inquiets.
Le Président: M. le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, oui, nous
sommes très conscients du fait qu'en Mauricie, comme ça peut
arriver ailleurs aussi, il y a des problèmes. Sur ces problèmes,
on travaille intensément. Je crois que la question que le
député vient de me poser s'adresserait plutôt à deux
de mes collègues.
Premièrement, en ce qui concerne les conflits qui ont
créé un climat douloureux, en cours de route, entre autres,
à la Reynolds, par exemple, et aussi les effectifs de la CIP, je crois
que c'est le ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre qui pourrait vous dire
le résultat des efforts qui ont été faits
intensément depuis quelque temps, parce qu'on croit qu'il arrive
toujours un moment dans un conflit - ce n'est pas une dictature, un
gouvernement comme celui du Québec - où on sait qu'on doit mettre
les efforts les plus intenses pour profiter d'un climat probable de
règlement. À cette partie de la question, enfin, pour autant que
ça touche les conflits en cours, je demanderais à mon
collègue, le ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre, de
répondre.
Pour ce qui est du développement économique, je ferai
remarquer au député qu'il est un peu en dehors de sa
région, dans sa question...
M. Pagé: Non, ce n'est pas en dehors de ma
région...
M. Lévesque (Taillon): Oui. Je ferai remarquer au
député que les ministres et les députés de la
Mauricie, depuis quatre ans maintenant, ont travaillé d'arrache-pied
avec des résultats remarquables pour une région...
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Lévesque (Taillon): Je ferai remarquer au
député qu'il parle quelque peu à travers son chapeau,
parce que les gens de la Mauricie, je crois, connaissant les difficultés
auxquelles faisait face, c'est sûr, le secteur industriel, en grande
partie vieilli, se souviennent de ce qui est arrivé à la
Wayagamack, qui était une partie de l'héritage vraiment pourri
qu'on nous avait laissé au point de vue industriel, ils se souviennent
également et n'oublieront pas de sitôt la mise en marche,
après deux ans de travail - ça touche une région comme la
Mauricie et aussi la région du député lui-même et je
pense qu'il devrait en parler à ses propres concitoyens - ce que
représentent les deux années et plus d'efforts qui ont
été mis avec les entreprises concernées, et finalement,
avec le gouvernement fédéral pour lancer un programme sans
précédent de modernisation et de rationalisation dans l'industrie
des pâtes et papiers.
On pourrait ajouter d'autre chose, mais je vais passer cette partie de
la question, si vous me permettez, parce qu'il y a des choses que j'oublie
sûrement, au ministre de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme, en
demandant à mon collègue du Travail et de la Main-d'Oeuvre de
dire un mot aussi sur l'état actuel des conflits qu'a mentionnés
le député de Portneuf.
Le Président: M. le ministre du Travail et de la
Main-d'Oeuvre.
M. Marois: M. le Président, en ce qui concerne les
conflits de travail, je dirai un bref mot d'abord sur le conflit à
Reynolds. Je me permets de signaler au passage que, Dieu merci, le conflit
à Reynolds Sainte-Thérèse est terminé.
En ce qui concerne celui du Cap, tout le monde sait maintenant
qu'à la suite de recommandations très précises avec la
collaboration de mes collègues, les députés de la
région, j'ai finalement décidé d'intervenir d'une
façon absolument extraordinaire dans ce conflit, en nommant deux
médiateurs spéciaux. Les deux médiateurs spéciaux
ont tout fait pour rapprocher les parties et, finalement, en sont venus
à la conclusion que la seule façon possible d'en arriver à
un règlement honorable, respectable et équitable pour les deux
parties, c'était le dépôt d'une recommandation globale,
portant à la fois sur une convention et un protocole de retour au
travail, comme un tout indivisible. Ce rapport a été remis aux
parties lundi. Je sais que la partie syndicale doit se prononcer en
assemblée générale, ce soir. Je n'ai donc pas l'intention
de commenter le contenu de la recommandation. J'ai donné des directives
très précises aux officiers de mon ministère, pour que les
copies de cette recommandation ne soient remises qu'aux parties
concernées. C'est ce qui a été fait.
J'espère qu'avec cette intervention extraordinaire... J'essaie
simplement, M. le Président, malgré les remarques du leader de
l'Opposition officielle, de répondre franchement et correctement
à cette question. C'est un conflit qui a duré extrêmement
longtemps, qui a laissé des traces, à la fois sur le plan
économique et sur le plan social dans cette région. Les citoyens,
la communauté de cette région souhaitent certainement que dans la
foulée de l'assemblée qui doit se tenir ce soir un
règlement puisse en ressortir.
Cela dit, en ce qui concerne maintenant les divers conflits à CIP
La
Tuque, Société de conservation Côte-Nord,
Québec North Shore, Donohue à Clermont, Donohue
Saint-Félicien il s'agit d'un bloc de plus de 2000 travailleurs qui sont
des travailleurs forestiers. Tous ces conflits sont intimement
interreliés, en ce sens qu'on sait, pour ceux qui ont suivi de
près ces conflits, que la question majeure en litige, c'est la question
du travail à forfait. J'ai eu l'occasion de dire publiquement ce que
j'en pensais. Je ne peux pas, à titre de ministre responsable de la
santé et de la sécurité au travail, négliger le
fait que le travail à forfait n'est certainement pas la seule cause,
mais c'est certainement une des causes du nombre inacceptable d'accidents, de
décès, de maladies professionnelles dans ce secteur. Il me semble
que la demande des travailleurs n'est pas les boutons à quatre trous, on
sait que la demande, c'est qu'on puisse ouvrir une phase de transition pour
aller du travail à forfait au travail horaire.
Je crois, comme perspective de demande - je n'ai pas à me
transposer en négociateur ni de la partie syndicale ni de la partie
patronale - de changement, que c'est une perspective qui est fondée. Sur
cette base, tout le monde comprend qu'une seule entreprise, quelle qu'elle
soit, ne peut pas faire à elle seule le pattern de changement, puisque
tous les travailleurs ne sont pas nécessairement conscients encore des
dangers inhérents au travail à forfait, de telle sorte que si
c'était le cas pour une seule entreprise, on risquerait des mouvements
importants de main-d'oeuvre. Mais, justement, compte tenu du fait que toutes
ces conventions sont présentement ouvertes, j'invite instamment les
parties patronales concernées - je pense qu'elles ont là
l'occasion de rendre un témoignage de respect aux travailleurs de la
forêt, à ceux qui ont contribué au développement de
l'industrie de la forêt - les conciliations dans ces divers dossiers, de
convoquer de façon péremptoire les parties. Et dans chacun de ces
divers dossiers, à partir d'aujourd'hui, demain et la semaine prochaine,
les parties seront convoquées, de façon péremptoire, parce
que je crois que le moment est venu de donner l'occasion aux parties syndicales
dans ce dossier de présenter leurs contrepropositions et j'espère
qu'on pourra en arriver instamment à un règlement, encore
là, qui soit honorable et respectable pour les deux parties bien
sûr, mais en tenant compte fondamentalement de la dimension de
dignité humaine pour les travailleurs qui sont en cause. (16 h 20)
M. Pagé: M. le Président, avant le
complément de réponse du ministre de l'Industrie et du
Commerce...
M. Lévesque (Taillon): ...a voulu aller tous azimuts,
alors je demanderais, comme je l'ai dit tout à l'heure...
M. Pagé: M. le Président, écoutez là!
Un instant!
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
À l'ordre, s'il vous plaît!
Il reste encore 20 minutes à la période de questions, vous
aurez certainement droit à une autre question additionnelle.
M. le ministre et, par la suite, M. le député de
Portneuf.
M. Duhaime: M. le Président, je vais répondre
très brièvement. D'abord, je voudrais remercier le
député de Portneuf de s'intéresser à la Mauricie,
ça prouve jusqu'à quel point le député de
Maskinongé commence à se déphaser.
Je dois dire, M. le Président, que j'ai accepté, il y a
déjà trois semaines, d'être présent à cette
rencontre économique qui aura lieu vendredi prochain, au
Cap-de-la-Madeleine. Je vais répondre simplement sur deux volets;
d'abord et avant tout, je voudrais mettre l'accent - c'est déjà
commencé - sur deux programmes: le programme de relance dans l'industrie
du papier journal, où on investira dans la Mauricie, de La Tuque
à Trois-Rivières, le tiers des $2,500,000,000,
c'est-à-dire $826 millions. Et je profiterai de l'occasion vendredi, M.
le Président, pour inciter les hommes d'affaires de ma région
à surveiller ces investissements parce que, au niveau de la
sous-traitance, il y a des retombées intéressantes car cela a un
effet d'entraînement quand même assez vertigineux, des
investissements de $826 millions sur trois ans dans une seule
région.
Deuxième élément: j'ai annoncé l'an dernier,
en mai 1980 - c'est important que le député de Portneuf
m'écoute, parce qu'il n'y croyait pas - que nous allions lancer un
programme de relance et de modernisation dans le secteur du textile,
vêtement et bonneterie.
Ce programme a été lancé, il est efficace, puisque
nous avons 114 dossiers ouverts à mon ministère - je le dis de
mémoire, sans risque d'erreur, je suis convaincu - et je voudrais
simplement dire que, au sommet économique de Montréal -dont
l'Opposition n'a pas beaucoup parlé depuis deux jours - nous avons fait
l'unanimité avec le monde de la coopération, les grands
syndicats, les patrons, les maires de Montréal, Laval et de la rive sud,
nous sommes unanimes au Québec pour que le fédéral
prolonge jusqu'en 1990 la protection qui s'applique aux secteurs des textiles
et des chaussures. On attend la réponse d'Ottawa.
Au niveau des grandes infrastructures, dans la Mauricie nous avons
dépensé, sur l'autoroute 40 qui relie maintenant Trois-
Rivières à Montréal sur quatre voies - et la
programmation est faite... Nous investirons $77 millions du Cap-de-la-Madeleine
jusqu'à Donnacona - dans votre comté, soit dit en passant - de
sorte que Trois-Rivières sera reliée à Montréal et
à Québec par la rive nord, très bientôt.
Je profite de l'occasion pour dire, M. le Président - puisqu'on
met la Mauricie en cause - que, sur l'autoroute 55 qui relie
Trois-Rivières à Grand-Mère, nous avons mis plus d'argent
en trois ans que ce que vous avez fait pendant les dernières 18
années de tous les gouvernements.
Dernier élément de ma réponse, M. le
Président...
M. Pagé: M. le Président, c'est assez. Une question
additionnelle.
M. Duhaime: ... au niveau des infrastructures - j'aurai
l'occasion de le rappeler vendredi - je voudrais inciter les
municipalités de ma région à mettre l'accent sur...
M. Pagé: M. le Président...
M. Duhaime: ... la revalorisation des centre-ville. De plus, je
suis en mesure de pouvoir dire qu'au centre de la Mauricie, en
particulier...
M. Pagé: Les vingt-quatre de La Tuque, tant qu'à y
être; allez-y donc!
M. Duhaime: ... nous aurons l'occasion de faire en sorte que les
municipalités soient dotées de parcs industriels adéquats
pour faire face à l'avenir.
Dernier élément, M. le Président, si vous me le
permettez. Aussitôt que M. Chrétien nous aura dit qu'il est
autorisé par son gouvernement à verser au Québec les $200
millions de LaPrade, nous allons les verser immédiatement dans la
Mauricie.
Le Président: M. le député de
Maskinongé et, par la suite, M. le député de Portneuf.
M. Pagé: J'ai une question additionnelle.
Le Président: Question additionnelle... Des voix:
...
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
Question additionnelle, M. le député de Maskinongé.
M. Picotte: II y a quatre mois, M. le Président, en cette
Chambre, j'avais l'occasion de dire au ministre de l'Industrie, du Commerce et
du Tourisme de même qu'à l'autre ministre de la région
qu'il y avait un article intitulé "La Mauricie se meurt", publié
par le président de la Chambre de commerce du Cap-de-la-Madeleine.
Est-ce que le ministre de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme pourrait me
dire quelles améliorations il a apportées à la
région depuis quatre mois puisque le taux de chômage y
était de 10% et qu'il a lui-même dit, cette semaine, dans une
ligne ouverte, qu'on était rendu à 13%? 3% de
détérioration. Qu'est-ce que le ministre de l'Industrie, du
Commerce et du Tourisme a fait depuis quatre mois, depuis que je lui ai
souligné cela en Chambre?
Le Président: Très brièvement, M. le
ministre, s'il vous plaît!
M. Duhaime: M. le Président, j'aurai l'occasion vendredi
de m'adresser à ces gens au Cap-de-la-Madeleine. J'espère que le
député de Maskinongé sera des nôtres et je suis
convaincu que, vendredi soir, il n'y aura personne au Cap-de-la-Madeleine de
convaincu que la Maurice se meurt. On n'en pensera peut-être pas autant
du député de Maskinongé.
Des voix: Ah!
M. Duhaime: Pour répondre plus précisément,
je souhaiterais que le député de Maskinongé rende publics
les montants d'argent qui ont été investis sur l'autoroute 40,
dans son comté en particulier, fasse un seul discours sur ce sujet et
nous dise également le nombre d'emplois qui ont été
créés dans son propre comté grâce au programme et
à l'aide de la SDI et du ministère de l'Industrie, du Commerce et
du Tourisme.
M. Picotte: On en reparlera d'ici un mois.
M. Duhaime: Dans votre comté.
Le Président: Dernière question additionnelle, M.
le député de Portneuf.
M. Pagé: M. le Président, ma question s'adresse au
ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre. Pour ce qui est du long
exposé du ministre de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme, on aura
l'occasion d'en reparler en campagne électorale, si elle peut venir.
À l'égard du conflit à la CIP, c'est le cas que, de
ce conflit dépend le règlement d'autres conflits ailleurs au
Québec à l'égard des travailleurs forestiers. J'aimerais
savoir du ministre s'il peut informer la Chambre sur les plaintes qui ont
été portées à l'égard de mesures "antiscabs"
par des travailleurs. J'aimerais qu'il puisse informer la Chambre
sur les informations qui ont été portées à
l'attention du ministre du Travail relativement à des droits de coupe
additionnels consentis par le ministère de l'Énergie et des
Ressources à certaines entreprises qui, selon les allégations de
la part du syndicat, contribueraient à alimenter l'usine en copeaux,
notamment. J'aimerais que le ministre nous dise où en est rendue son
étude à l'égard de l'application du Code du travail,
à la suite des plaintes pour mesures "antiscabs".
Le ministre - je termine avec un autre élément de question
- aura beau nous dire aujourd'hui qu'il ne s'agit pas de réinventer les
boutons à quatre trous, qu'il va obliger les parties à venir
à la table par des offres péremptoires du ministère du
Travail et de la Main-d'Oeuvre, il n'en demeure pas moins que la partie
syndicale veut l'abolition du travail à forfait et que les compagnies ne
veulent pas. Les compagnies se limitent à l'offre qui représente
environ 20% d'augmentation et disent: On ne retournera pas à la table.
On ne veut pas négocier. On a négocié environ 32 heures
depuis huit ou neuf mois et le ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre vient
nous dire aujourd'hui qu'à la lumière d'une couple de petites
réunions qu'il y aura demain ou après-demain, cela va se
régler. Voyons! Il ne faut pas paniquer parce que les élections
s'en viennent. Il faut arriver avec quelque chose de pas mal plus
sérieux. C'est dans ce sens-là que j'espérais que le
premier ministre réponde à la question, mais il n'a jamais
répondu en quatre ans et c'est malheureux, parce que vous n'aurez pas
l'occasion de répondre après les prochaines élections, et
vous le savez.
Le Président: M. le ministre, très
brièvement, s'il vous plaît!
M. Marois: M. le Président, le plus brièvement
possible, en essayant de répondre aux questions à
"quarante-douze" volets du député de Portneuf. En ce qui concerne
le travail à forfait, en tout cas pour ce qui me concerne, il me semble
que le problème paraît clair. Je ne dis pas que c'est simple
à régler, pas du tout. Il ne faudrait pas me faire dire ce que je
ne dis pas. Je dis que ce ne sont pas les boutons à quatre trous comme
perspective. Que je sache, en Ontario, ce n'est pas particulièrement un
gouvernement communiste qui est au pouvoir. Que je sache, les dirigeants
d'entreprises en Ontario ne sont pas particulièrement portés non
plus vers la gauche extrême. Pourtant, depuis 1960, il y a
déjà des conventions collectives qui ont
précisément permis d'ouvrir cette perspective d'une transition,
bien sûr, qui ne peut pas se faire d'un seul coup, vers l'abolition par
étapes du travail à forfait pour aller vers le travail sur une
base horaire. Je ne pense pas non plus que ce soit par des formules magiques,
contrairement à ce que laisse entendre le député de
Portneuf, je me dois quand même de relever cela. Ce n'est pas la
première fois qu'il y a des rencontres. Je laisse le soin au
député de comptabiliser ses propres heures et ses propres
chiffres. Il y a eu de mis dans ces dossiers beaucoup plus de temps et
d'efforts que semble l'évoquer le député de Portneuf, par
les conciliateurs, les fonctionnaires du ministère. (16 h 30)
Je souhaite à qui que ce soit - c'est vrai pour mes
prédécesseurs - qui accédera à ce ministère,
quel que soit le moment, de disposer de l'équipe qui est là.
Depuis le mois de novembre, ils ont contribué à régler 95
conflits impliquant plus de 13,000 travailleurs alors qu'il y en avait 10,000
en grève et en lock-out au Québec et, au moment où l'on se
parle, il y en a 5279. Je pense que c'est quand même une équipe
qui fait un effort colossal. Donc, je pense quand même qu'il est du
pouvoir du ministre de donner des directives au conciliateur, de façon
qu'il puisse convoquer péremptoirement les parties, surtout lorsqu'une
des parties, et dans ce cas-là, la partie patronale, refuse de venir
à la table, pour permettre que des contre-propositions puissent
être déposées et pour voir si ça pourrait permettre
de débloquer le dossier. Si ça ne suffit pas, j'aviserai et je
prendrai les mesures additionnelles qui s'imposeront.
Pour répondre très rapidement à l'autre partie de
la question sur les plaintes, je vais prendre avis, M. le Président, de
la question du député; j'y répondrai dans les meilleurs
délais, parce que je n'ai pas les éléments en main ici
présentement et je ne voudrais pas induire cette Chambre en erreur, mais
je vais vérifier et je ferai rapport.
Le Président: M. le député de
Gaspé.
L'enseignement privé au Québec
M. Le Moignan: Merci, M. le Président. J'aimerais adresser
ma question au ministre de l'Éducation. Il n'y a de secret pour
personne; d'ici environ 30 heures, le sort du gouvernement sera
décidé, les élections seront annoncées et je ne
cours pas de risque en posant ma question, je prends mes
précautions.
On sait que, depuis ces dernières semaines, le nouveau ministre
de l'Éducation multiplie des déclarations, des prises de position
concernant le vaste champ de l'éducation. C'est son rôle, son
devoir et je l'admire dans tout ce qu'il fait à ce moment-là. Il
a parlé du livre vert concernant le primaire et le secondaire. Il a
également traité de la formation des maîtres, mais je
voudrais revenir sur un
sujet et je crois avoir évoqué cette question au moins une
dizaine de fois depuis quatre ans. Il s'agit de l'enseignement privé. Je
me demande si le ministre, dans la foulée de toutes ses nombreuses
cogitations, a pensé que le moment serait venu d'éclairer une
fois pour toutes la population.
On nous a dit dans le passé qu'il y avait des études, que
ça devait passer au Conseil des ministres. Je demanderais au ministre
si, d'ici 24 heures au plus, il a une déclaration, à la suite
surtout d'une pétition de presque un demi-million de signataires qui lui
demandaient de répondre il y a déjà de cela trois ans.
J'aimerais avoir la réaction du ministre avant la fin de la
session.
Le Président: M. le ministre de l'Éducation.
M. Laurin: Effectivement, M. le Président, depuis quelques
mois, plusieurs de nos projets ont abouti et nous avons eu l'occasion de
prononcer des exposés touchant les orientations concernant surtout le
secteur public qui, évidemment, est notre principal sujet de
préoccupation.
Ceci ne nous a quand même pas empêchés de pousser
notre réflexion sur le secteur privé et, comme j'ai eu l'occasion
de le dire, nos réflexions ont pris la forme d'un projet qui est
maintenant rendu sur la table du Conseil des ministres. Malheureusement, le
nombre d'autres sujets prioritaires qui étaient soumis à
l'attention de mes collègues ce matin ne nous a pas donné le
temps ni l'occasion de nous pencher sur ce problème et cela a
été remis à une séance ultérieure.
M. Le Moignan: Question additionnelle, M. le
Président.
Le Président: M. le député de
Gaspé.
M. Le Moignan: Je me souviens que l'ancien ministre de
l'Éducation nous avait répété à
différentes reprises que les études étaient toujours
rendues sur la table du Conseil des ministres. Est-ce que l'étude a
été retirée? Est-ce qu'elle est toujours sur la même
table ou s'agit-il encore d'autres études? J'aimerais bien que le
ministre nous dise quelles sont les raisons qui paralysent ce dossier. On a eu
tellement de promesses depuis quatre ans que je pense que la population
s'attend à quelque chose de plus clair et de plus concis qu'un rapport
qui est sur la table et qui risque de mourir sur la table.
J'aimerais que le ministre nous donne un petit peu plus, il a dû
prendre le temps de regarder les grandes lignes.
Le Président: M. le ministre de l'Éducation.
M. Laurin: Je pense que mon prédécesseur n'a fait
la première déclaration à cet effet qu'il n'y a quelques
mois car, avant qu'un mémoire ne se retrouve sur la table du Conseil des
ministres, il faut qu'il suive un cheminement qui, par exemple, l'amène
aux différents organismes internes au ministère de
l'Éducation en l'occurrence, et ensuite qu'il soit étudié
au comité permanent du développement culturel qui, effectivement,
s'est penché sur le sujet et a renvoyé les documents qui nous
avaient été soumis au ministère de l'Éducation,
pour de nouvelles études. Ce n'est qu'il y a environ six mois que le
comité ministériel permanent du développement culturel en
a entrepris l'étude définitive; ce n'est qu'il y a environ trois
mois et demi qu'il a été transmis au Conseil des ministres.
Il arrive assez souvent qu'un document soit transmis au Conseil des
ministres et qu'il doive attendre son tour qui, parfois, peut venir
après cinq, six ou sept mois. Je pense qu'il n'y a pas d'exception, en
l'occurrence, en ce qui concerne l'enseignement privé puisque cela est
dans le cadre des délais habituels et courants que nous connaissons. Je
suis sûr que le Conseil des ministres en fera l'étude à la
première occasion."
Le Président: M. le député de
Gaspé.
M. Le Moignan: Une dernière question, M. le
Président. Je sais que depuis quatre ans, il y a eu au moins quatre
demandes de reprendre la construction ou ouvrir des écoles
privées. À défaut d'une formulation précise, est-ce
qu'il y aura lieu, un jour, de lever le moratoire? Qu'est-ce que le ministre
peut nous donner, lui, comme opinion personnelle ou opinion privée en ce
qui a trait à la politique de l'enseignement privé au
Québec? On n'est pas plus avancé qu'on ne l'était au
début de la période des questions, le ministre ne bouge pas, il
parle d'étude. Cela fait quatre ans que nous demandons des
conclusions.
M. Laurin: Le processus prévu actuellement - je pense que
c'est tout à fait juste - est, lorsque nous avons une demande, de
procéder à une consultation du milieu et particulièrement
de la commission scolaire concernée. On parle souvent de vases
communicants, de ce temps-là. Il est certain que lorsqu'une nouvelle
école privée veut pousser sa clientèle dans certains
secteurs, il faut étudier l'impact, les effets que cela peut avoir sur
la clientèle du secteur public. C'est la raison pour laquelle, dans le
passé, il nous a paru opportun de procéder à ces
consultations. Dans les quelques cas qui ont été soumis à
mon attention, cette consultation de la part des commissions scolaires a
révélé que la construction de
l'une ou l'autre école privée entraînerait une
diminution considérable des effectifs au secondaire public, en
particulier, et que cela serait une bien mauvaise façon,
premièrement, de rentabiliser et d'optimaliser l'effort
considérable qui a été fourni par notre
société québécoise dans la construction et
l'amélioration du secteur public et, deuxièmement, que cela
constituerait également une mesure bien souvent improvisée alors
que l'école publique peut rendre non seulement les mêmes services,
mais également des services de meilleure qualité.
Nous avons donc à considérer tous ces facteurs quand une
demande nous est faite. Ce processus peut expliquer le temps que nous y
mettons, un temps qui est l'équivalent du sens des
responsabilités dont nous devons faire montre à cette
occasion.
Le Président: Fin de la période des questions.
Motions non annoncées.
M. Morin (Sauvé): Cela vous enlève le goût
d'une supplémentaire.
M. Pagé: M. le Président...
Le Président: M. le député de Portneuf.
M. Pagé: ... très brièvement. Je suis
convaincu que j'aurai le consentement de la Chambre, l'unanimité,
c'est-à-dire. Le ministère du Travail a 50 ans aujourd'hui. Au
nom de l'Opposition officielle, je propose que l'Assemblée nationale
rende un témoignage d'appréciation et offre ses
félicitations à toutes celles et tous ceux qui ont oeuvré
et qui oeuvrent au ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre du
Québec et aussi au sein des organismes suivants qui y sont
rattachés: la Commission de santé et de sécurité au
travail, la Commission des normes minimales et l'Office de la construction du
Québec.
Le Président: Est-ce qu'il y a consentement?
Des voix: Non!
Le Président: II n'y a pas consentement.
Des voix: Ah! Ah! Ah!
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
Enregistrement des noms sur les votes en suspens.
Avis à la Chambre. Affaires du jour. M. le leader.
Recours à l'article 34
M. Samson: M. le Président, en vertu de l'article 34.
Le Président: M. le député de
Rouyn-Noranda.
À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Samson: En vertu de l'article 34, j'aimerais poser une
question au leader parlementaire. Un projet de loi a été
déposé aujourd'hui, Loi sur le fonds minier. Le leader
parlementaire peut-il me dire si le gouvernement à l'intention de
convoquer la commission parlementaire du travail ou encore de l'énergie
et des ressources aux fins de permettre à tous ceux qui peuvent
être concernés par ce projet de loi, soit les travailleurs
miniers, soit les employeurs, soit les syndicats ou autres, d'être
entendus par la commission parlementaire avant la deuxième lecture? (16
h 40)
M. Charron: M. le Président, je n'ai pas d'opposition
statique sur ce sujet. Je me dis que nous verrons d'abord la réaction
des citoyens qui prendront connaissance de ce projet de loi. Si des demandes se
mettent à entrer pour la tenue d'une commission parlementaire, comme le
fait le député de Rouyn-Noranda aujourd'hui, très
probablement que nous y consentirons.
La Vice-Présidente: M. le leader, vous aviez une question
en vertu de l'article 34? Non, je regrette une chose, c'est de ne pas vous
avoir dit hier que vous auriez pu la soulever plus tôt dans la
journée.
Motion exprimant l'avis que le gouvernement ne peut
renouveler
le fédéralisme canadien et promouvoir la
relance économique
Aux affaires du jour, aujourd'hui, bien sûr, c'est la
journée qu'on appelle la journée des députés. M. le
leader de l'Opposition officielle et député de Bonaventure porte
à l'attention de l'Assemblée cette motion pour discussion: "Que
cette Assemblée est d'avis que ce gouvernement dont l'orientation
demeure centrée sur la souveraineté-association et sur une
conception interventionniste de l'État ne peut renouveler le
fédéralisme canadien et promouvoir la véritable relance de
l'économie québécoise". C'est M. le leader de l'Opposition
officielle et député de Bonaventure qui a la parole
maintenant.
M. Gérard D. Levesque
M. Levesque (Bonaventure): Je vous remercie, Mme la
Présidente, de m'avoir reconnu. À ce moment-ci, j'aimerais...
La Vice-Présidente: J'en suis très
heureuse, M. le leader.
M. Levesque (Bonaventure): Voilà. Les relations sont
revenues.
Une voix: On peut s'en aller, si vous voulez.
M. Levesque (Bonaventure): Mme la Présidente, ceci
étant dit, je crois que nous avons - bien que le temps soit court -
à discuter aujourd'hui d'une motion dont le contenu, à mon sens,
revêt une importance d'autant plus grande que la population sera
bientôt appelée selon toutes les indications, sauf celles du
leader parlementaire du gouvernement qui peut se permettre une blague à
l'occasion, à se prononcer sur deux visions de la société
québécoise, deux visions diamétralement opposées.
Je crois que cette motion traduit assez justement le message que nous voulons
livrer au cours des quelques minutes que nous avons à notre
disposition.
Nous disons dans cette motion, Mme la Présidente, que cette
Assemblée est d'avis que ce gouvernement en face de nous, dont
l'orientation demeure centrée sur deux points principaux, la
souveraineté-association, c'est-à-dire l'indépendance du
Québec, et une conception interventionniste de l'État,
c'est-à-dire une socialisation à outrance, avec ce genre
d'orientation à deux volets, ne peut, d'une part, renouveler le
fédéralisme canadien ou y contribuer et ne peut non plus
promouvoir la véritable relance de l'économie
québécoise.
Mme la Présidente, posons-nous d'abord la première
question: Ce gouvernement est-il toujours ce gouvernement qui préconise
la souveraineté-association, est-il toujours ce gouvernement qui
préconise la souveraineté politique, qui préconise
l'indépendance du Québec?
Mme la Présidente, je n'ai, pour répondre à cette
question, qu'à me référer bien brièvement au
programme du Parti québécois, dont ce gouvernement est issu -
tous ses membres font partie du Parti québécois - et ce programme
a une présentation signée par le premier ministre lui-même.
Je cite deux extraits assez révélateurs: "La souveraineté
nationale, voilà un de ces principes moteurs auquel le parti ne saurait
renoncer sans se trahir." Ce sont les paroles mêmes que nous retrouvons
dans la dernière édition du programme du Parti
québécois sous la signature du chef du gouvernement. Et on y lit
encore: "La réalisation des réformes les plus importantes que
renferme notre programme requiert la souveraineté politique", dit encore
le chef du gouvernement.
Mme la Présidente, voulez-vous d'autres preuves de ceci dans le
programme? Vous n'avez qu'à le parcourir. J'imagine que, malgré
votre indépendance ou l'indépendance de votre fonction, vous avez
sans doute eu l'occasion de le lire et vous avez sans doute eu l'occasion de
voir que l'accession à l'indépendance et la
souveraineté-association sont les deux chapitres qui se suivent au tout
début du programme officiel du Parti québécois.
Mme la Présidente, je voudrais simplement rappeler à cette
Assemblée que non seulement le programme du Parti
québécois, non seulement le chef du gouvernement soutient que les
objectifs premiers du Parti québécois et de ce gouvernement,
c'est l'atteinte de la souveraineté pour le Québec,
c'est-à-dire l'indépendance du Québec, mais nous
retrouvons également dans les propositions adoptées en octobre
dernier par le conseil national du Parti québécois, ce qui suit:
"Le Parti québécois a été fondé pour
promouvoir d'abord une idée, celle de la souveraineté du
Québec." " Et on lit un peu plus loin: "Pour le Parti
québécois comme pour tout gouvernement qui en est issu, aucune
forme d'autonomisme provincial ne peut être substituée à la
souveraineté comme objectif fondamental et premier. Et encore un peu
plus loin: "Cette élection - on parle de la future élection,
celle que nous avons évoquée il y a quelques instants - doit
toutefois permettre d'affirmer clairement et courageusement l'objectif
fondamental, la souveraineté." C'est ce qu'on dit au conseil national
pour la prochaine élection. Il y a eu, évidemment, une autre
réunion où on a suggéré de mettre un peu la
pédale douce avant les élections.
Mme la Présidente, un peu plus tard, à la même
réunion du conseil national du Parti québécois, on lit
ceci: "La participation d'un gouvernement du Parti québécois aux
négociations constitutionnelles ne doit laisser place à aucune
ambiguïté. Elle ne signifie nullement une mise en veilleuse de
notre option fondamentale." Et un peu plus loin: "Un gouvernement du Parti
québécois devra s'efforcer de promouvoir l'idée de
souveraineté au cours de son prochain mandat. " II me semble que c'est
clair. Nous avons le chef du gouvernement, nous avons le programme du parti et
nous avons le conseil national du parti.
Mme la Présidente, si vous voulez une preuve de dernière
heure, vous n'avez qu'à prendre le discours du ministre des Finances, le
discours sur le budget que nous avons entendu hier soir - et qui a
été un peu retardé pour des raisons techniques - et vous
verrez à ce moment-là, Mme la Présidente, qu'à deux
reprises, le ministre des Finances, aux applaudissements des membres
ministériels de l'Assemblée nationale, des députés
du Parti québécois, et, à ce moment-là, ils
applaudissaient encore plus
fort, Mme la Présidente... Lorsqu'on parle de
souveraineté, de futur pays, d'avenir collectif, de tous ces mots, tout
ce qui touche l'indépendance du Québec, cela les fait vibrer et,
hier soir, ils ont vibré, lorsque le ministre des Finances est revenu
à la charge encore une fois en disant: "Tant que le Québec n'aura
pas atteint à sa souveraineté". Il a employé le mot bien
clairement, même pas "souveraineté-association",
"souveraineté", Mme la Présidente, et il a terminé -
n'oubliez pas qu'il y a une signification - ses propos - et c'est inscrit en
toutes lettres dans ce discours sur le budget - il disait: "...et avec la
confiance en soi qui vient des défis bien relevés, la forme
définitive, notre avenir national." (16 h 50)
C'était clair encore hier soir. Le ministre des Finances, lui,
n'a jamais - il faut au moins lui rendre ce témoignage -voulu jouer trop
avec ses idées et ses idéologies. Il s'est toujours maintenu dans
la ligne de la souveraineté et de l'indépendance. Les autres, par
exemple, les stratèges du parti, ceux qui veulent s'adresser à la
population par différents media essaient, comme ils ont essayé de
le faire à la veille du référendum, de mêler les
gens, de semer la confusion et, à la veille de cet appel au peuple, vous
voyez ces gens, Mme la Présidente, et M. le premier ministre en
tête, parler à la fois de veilleuse, de "mise en veilleuse", du
respect de la volonté populaire, de continuer cependant à essayer
d'atteindre les objectifs du parti, mais de continuer cependant à
être, etc.
Mme la Présidente, on essaie d'apporter de la confusion, encore
une fois, comme on l'a fait à la veille des élections de 1976. On
se rappellera qu'on a dit, à la veille des élections de 1976: On
met notre option en veilleuse. On la met en veilleuse pour la campagne
électorale et nous avons vu, dès le lendemain du 15 novembre
1976, le premier ministre en tête, les gens qui, à gauche et
à droite, s'en allaient, à travers le pays et même à
l'extérieur, parler du nouveau pays du Québec, d'un nouveau pays
sur la carte du monde, de l'indépendance étant devenue
irréversible, et on attribuait cela particulièrement au vote du
15 novembre 1976, alors que pourtant on avait mis en veilleuse cette option. Je
dis que nous assistons encore au même scénario avant et durant
cette campagne électorale. On voudrait nous inviter et inviter la
population à oublier le véritable visage du gouvernement
québécois et du Parti québécois.
Je n'ai rien quant au respect que je doive à une option. J'ai le
respect de l'option que ces gens préconisent, mais j'espère,
comme le conseil national l'a dit, qu'on aura le courage de proposer cette
option au cours de la prochaine campagne électorale et qu'on cessera,
par exemple, d'apporter de la confusion comme on le fait
présentement.
Si on me le permet, on arrive, à ce moment-là, à
comprendre particulièrement ce qui est arrivé au lendemain du
référendum du 20 mai dernier; encore au conseil national,
qu'est-ce que l'on disait? C'est pourquoi d'ailleurs le
référendum du 20 mai dernier constitue la phase la plus
récente de la lutte que mène et continuera de mener le Parti
québécois pour permettre au Québec d'accéder par la
souveraineté au plein contrôle de son destin national, ce en quoi
le programme du parti est clair, net et précis. Ce n'est pas moi qui le
dis, Mme la Présidente, c'est encore le Conseil national du Parti
québécois. Ses intentions ne changent pas. Il est clair que, s'il
pouvait traverser cette épreuve électorale, il reviendrait encore
de la même façon et accablerait la population du Québec
encore une fois avec l'idéologie que la même population du
Québec a très majoritairement refusée le 20 mai
dernier.
Je dis que, justement, si nous voulons atteindre les objectifs qui sont
les nôtres, c'est-à-dire un renouvellement du
fédéralisme canadien et une relance de l'économie du
Québec, nous ne pouvons pas faire confiance à un gouvernement et
à un parti qui continuent, malgré la volonté populaire,
à soutenir les objectifs de l'indépendance du Québec et
surtout à vouloir occuper ces charges à la direction des affaires
du Québec, pour utiliser, pour continuer encore d'utiliser les fonds
publics et les mettre à la disposition de l'idéologie qui, encore
une fois, est rejetée par la majorité du peuple du
Québec.
Mme la Présidente, il y a également, dans ce gouvernement,
une conception bien trop interventionniste et socialisante. On n'a qu'à
penser à toute cette réglementation, à toutes ces
inspections, à toutes ces régies, à tout ce contrôle
qu'on nous a apporté au cours des dernières quatre années
et demie; par exemple, règlement sur le placement dans la construction.
Combien de travailleurs ne peuvent pas trouver de l'emploi? Même s'ils
ont cet emploi, même s'il y a un employeur qui est prêt à
les employer, encore une fois, par réglementation et
surréglementation, on empêche des pauvres travailleurs de pouvoir
occuper un emploi qui est à leur portée, des gens qui pourtant
ont des cartes de compétence, mais qui ne répondent pas au
règlement de ces messieurs.
Ces gens, par cette paperasserie, par cette bureaucratie, par cette
intervention continuelle dans la vie du citoyen, empêchent
continuellement le citoyen de pouvoir s'épanouir, de pouvoir vivre
honorablement et faire vivre honorablement sa famille, simplement en
multipliant ces interventions bureaucratiques continuelles. Les
municipalités, les commissions scolaires sont également
étouffées par cet État envahissant. Rencontrez des maires
aujourd'hui, dans tout le Québec, et ils vont vous dire: Nous ne
comprenons plus rien de ce qui nous arrive de Québec, tellement il y a
des avalanches de règlements, de paperasse.
Mme la Présidente, c'est partout, même dans le comté
de certains ministres qui ont des comportements indignes du Parlement
présentement. Ce sont ces méthodes interventionnistes
continuelles qui font que, encore une fois, dans son idéologie, le Parti
québécois met toujours les droits collectifs avant les droits
individuels. On ne s'occupe pas de l'individu, on ne s'occupe pas de la
famille, on ne s'occupe pas des gens; on s'occupe de son idéologie de
l'État, de la nation, des droits collectifs, tout ça; très
bien, mais si l'individu en souffre, cela n'a pas d'importance, à
condition qu'on s'en aille vers l'objectif suprême de la
souveraineté de l'État. Pourtant on a eu des exemples, il n'y a
pas longtemps, et un exemple aujourd'hui même qui était, à
mon sens, une raison de bien s'interroger sur cette souveraineté, cette
indépendance du Québec, lorsque le ministre de l'Énergie
et des Ressources vient nous parler, dans une déclaration
ministérielle, de l'apport du gaz naturel au Québec.
Combien avons-nous de gaz naturel au Québec? Il a oublié
de parler de ça; il a parlé des travaux qui se feraient sur le
gazoduc, il a parlé du contrôle des Québécois; de
quoi? De la distribution? Mais d'où vient le gaz naturel? Où est
sa production? On a oublié de parler de l'Ouest canadien, du Nord-Ouest
canadien, de l'Arctique. On est prêt à mettre tout ça de
côté, à le repousser du revers de la main, dans ce
désir d'obtenir la souveraineté du Québec, ça ne
fait rien, ce n'est pas le bien des citoyens que l'on veut, c'est le bien de
l'État.
Mais si on pense au bien de chacun des Québécois et de
chacune des Québécoises, là, on se rend compte de
l'importance de notre appartenance comme Québécois à
l'ensemble canadien. On a oublié ça, on met ça de
côté.
Mme la Présidente, renouveler le fédéralisme
canadien; qui veut le plus veut le moins - ou quelque chose comme ça -
ce sont ces gens qui disent ça - on en parlera dans un instant, Mme la
Présidente - ils ne croient pas au fédéralisme canadien.
Est-ce que je peux avoir de meilleurs témoins? Dois-je vous rappeler,
Mme la Présidente, combien de gens de l'autre côté ont
démissionné. C'est bien curieux comme on démissionne de
l'autre côté; les ministres démissionnent les uns
après les autres...
Des voix: ...
M. Levesque (Bonaventure): Voulez-vous qu'on les nomme? Qu'est-ce
qui est arrivé lors des élections partielles? Onze à
zéro lors des élections partielles. Référendum, 60%
à 40%. Battus dans toutes les élections, même dans les
comtés péquistes, vous avez été battus; même
dans vos forteresses, vous avez été battus.
Des voix: II ne reste plus de forteresse. (17 heures)
Une voix: Attendez!
M. Levesque (Bonaventure): Mme la Présidente, prenons l'un
des démissionnaires...
Une voix: Gardez bien vos siège.
M. Levesque (Bonaventure): ...le député de
Chauveau, qui disait: "Je ne me sens pas le zèle requis pour persuader
les électeurs que je serais devenu un expert en renouvellement du
fédéralisme. Je ne réussis pas à comprendre que le
respect de la majorité démocratique exige de mettre ses propres
convictions au frigidaire et de se comporter comme si l'on faisait sienne une
option à laquelle on ne croit pas."
Une voix: O'Neill?
M. Levesque (Bonaventure): C'est M. O'Neill qui disait cela.
Une voix: Ce n'était pas M. Lévesque? M.
Lalonde: Un député péquiste.
M. Levesque (Bonaventure): Qu'est-ce que disait, par exemple, M.
Claude Morin? "Je rejette le fédéralisme renouvelé pour
les mêmes raisons que celles qui me font rejeter les théories
économiques dépassées. J'ai perdu la foi - dit M. Claude
Morin - et même l'espérance dans la possibilité de
transformation à notre avantage politique d'un régime que toutes
les forces ambiantes en dehors du Québec voudraient maintenir
fondamentalement inchangé."
Que disait également M. Morin, le député de
Louis-Hébert, le ministre des Affaires intergouvernementales? Je le
cite: "Les tenants du non - disait-il au cours de la campagne
référendaire - vous disent qu'il est possible de faire un
fédéralisme renouvelé. Je vous affirme de façon
absolue que ce fédéralisme dont on parle, si cela veut dire
quelque chose de sérieux, est impossible." Ce sont ces gens-là
qui nous demandent un nouveau mandat, qui vont aller bientôt demander un
nouveau mandat à la population. Pourquoi? Pour aller négocier le
renouvellement d'un fédéralisme. Ils n'y croient pas, Mme la
Présidente. Ils ont toujours cette même idéologie, ces
mêmes objectifs, et ils veulent utiliser, avec le
pouvoir, les fonds publics justement pour promouvoir, à
l'encontre de l'intérêt même des citoyens,
l'idéologie qui est la leur. Voilà la vérité.
J'arrive au quatrième point de cette motion: c'est la relance de
l'économie. Pourtant, nous avons présentement le devoir de bien
indiquer à la population la situation dans laquelle nous nous trouvons,
où nous avons besoin d'un climat de confiance et où nous avons
besoin d'utiliser tous les agents économiques incluant le gouvernement
fédéral, incluant l'entreprise privée, incluant de
meilleures relations entre les patrons et les ouvriers. Autrement dit, que ce
soit un consensus véritable de toutes les forces vives du Québec
et du Canada pour contrer quoi? Pour contrer le chômage, le pire
chômage. Ces gens-là étaient ici avant 1976 et nous
reprochaient un chômage beaucoup moindre alors que nous avions 190,000
chômeurs. On est rendu à 300,000 chômeurs, Mme la
Présidente, au Québec.
Une voix: Honte!
M. Levesque (Bonaventure): Nous avons un écart plus
considérable que celui que nous avions avec l'Ontario. Pourtant,
l'Ontario a souffert dernièrement, dans le domaine de l'automobile en
particulier. Pourtant, il y avait 2,3 points d'écart entre le
chômage au Québec et le chômage en Ontario.
Présentement, c'est 3,3 points d'écart. Tous les indicateurs
économiques, que ce soit dans l'emploi, que ce soit dans le domaine des
grèves - on devait tout régler, les grèves se
multiplient... Dans les secteurs public et parapublic, la perte est encore plus
considérable que cela n'a jamais été dans les pires jours
décriés par l'Opposition du temps.
On a, dans les finances publiques, une situation épouvantable,
des déficits. Comme les magasins à rayons, au lieu de dire $3
milliards, on dit $2,970,000,000, un peu comme $99.95. Les marges d'erreurs
sont considérables.
J'achève, Mme la Présidente. Si vous me le permettez, je
dois vous dire...
La Vice-Présidente: Vous devez conclure, votre temps est
écoulé, M. le leader.
M. Levesque (Bonaventure): Je le sais, Mme la
Présidente.
M. Ryan: C'est cela, le drame.
M. Levesque (Bonaventure): C'est cela, le problème. Je ne
pourrai pas réellement toucher à ce qui était le plus
important, c'est-à-dire la relance économique. C'est là
qu'il faut penser à tous les travailleurs qui ont besoin d'emplois. Il
faut penser à notre jeunesse, qui a besoin d'un avenir convenable.
C'est justement ce que nous croyons: c'est de ramener du bon sens dans
ce gouvernement, changer d'abord ce gouvernement et avoir un gouvernement qui
croit au Québec, qui croit au Canada, qui croit à la relance
économique véritable et qui apportera des conditions
nécessaires à la réalisation de ces objectifs. Je vous
remercie, Mme la Présidente.
Des voix: Bravo!
La Vice-Présidente: M. le leader du gouvernement.
M. Claude Charron
M. Charron: Merci, Mme la Présidente. Je dois vous dire
qu'avec mes collègues du gouvernement et de la députation
ministérielle, lorsque nous avons pris connaissance du texte de la
motion surprise de cet après-midi du député de
Bonaventure, nous avons d'abord cru une chose, c'est que celui-ci n'avait
certainement pas perdu son sens de l'humour.
La répétition générale à laquelle il
vient de se livrer du discours dont il enflammera sans aucun doute les coins
où il sera invité au cours de la campagne électorale nous
laisse voir encore une fois que celui-ci, effectivement, n'a non seulement rien
perdu de son sens de l'humour, il y va toujours avec la candeur
légendaire qui le sert très bien, il n'a rien perdu au fil des
années du sens de la comédie tragique ou de la tragédie
comique, je lui en rends hommage d'ailleurs, mais j'aimerais demander au
député de Bonaventure s'il est sérieux. Je voudrais lui
demander si, à part de ressasser les vieux chaudrons dans lesquels
j'admets qu'il a des recettes qu'il connaît, il a quelque chose à
dire par en avant. Si les citoyens qui nous écoutent cet
après-midi s'attendaient à voir une répétition non
pas dans le sens futuriste, un réchauffement avant la campagne
électorale, mais une répétition dans le genre de dire: On
n'a rien d'autre à dire que ce qu'on a dit l'année
dernière au cours de la campagne qui portait sur l'avenir du
Québec, au moment où nous avons remporté la victoire,
à la suite de l'appui massif que le gouvernement central nous a
apporté, si c'était ça à quoi voulait se livrer le
député de Bonaventure cet après-midi, mon Dieu, ça
ne valait pas la peine, on aurait pu parler d'autre chose.
Mais parlons de ça, parlons de ça, puisque c'est le texte
de la motion. On nous dit, en gros que le gouvernement auquel j'appartiens,
l'équipe du Parti québécois, n'est pas une équipe
qui devrait conserver l'appui des citoyens parce que, d'une part elle dit, elle
réaffirme, et c'est son souffle d'existence depuis douze ans,
qu'elle
appartient, qu'elle elle a la conviction, cette équipe, que les
milliers d'hommes et de femmes qui constituent cette équipe du Parti
québécois ont la conviction qu'ils appartiennent à un
peuple normal. Ils ont donc la conviction que si on donnait à ce peuple
normal des conditions normales, il se débrouillerait aussi bien que tous
les autres peuples normaux.
Au fil des années, nous avons été des milliers et
nous sommes maintenant plus de 300,000 à avoir adhéré
à cette conviction. Ce qui fait que, l'année dernière,
nous avons demandé aux citoyens s'ils partageaient cette conviction que
nous avons encore, et ce n'est pas parce que j'ai perdu le
référendum que je pense que je suis membre d'un peuple
atrophié, infirme, qui a besoin des autres pour vivre. Pas du tout! Si
vous voulez me demander si j'ai perdu ma conviction, si ceux et celles qui vont
se battre sur tous les terrains publics possibles au cours des prochaines
semaines ont perdu leur conviction, si c'est cela qu'on nous demande cet
après-midi, pas du tout.
Mais je suis convaincu, Mme la Présidente, que, l'année
dernière, quand nous avons demandé aux citoyens: Est-ce que vous
partagez cette conviction? Et, dans les conséquences, je reviens au
texte de la question du printemps dernier: Est-ce que vous nous autorisez
à aller négocier une relation, une association avec le Canada qui
prévoirait que nous sommes deux peuples égaux? Les citoyens ne
partageaient pas cette conviction, et nos amis d'en face, aidés de leurs
collègues fédéraux, ont tout fait pour que les gens
n'aient pas cette conviction-là; nous n'avons pas reçu le mandat
de négocier.
Nous répétons donc aujourd'hui aux citoyens du
Québec, parce que nous croyons au Québec, justement, que cette
décision qu'ils ont prise nous apparaît, pour nous, une
décision que nous avons nous-mêmes qualifiée d'historique,
d'importante, de majeure, et qu'en conséquence nous n'allons pas faire
comme des irresponsables aujourd'hui et faire semblant que cette
décision n'a pas été prise. Mais nous n'allons pas non
plus abandonner le Québec.
La question n'était pas: Êtes-vous d'accord pour que nous
abandonnions le Québec? Cette question n'a jamais été
débattue et je crois même qu'elle ne mériterait pas
d'être débattue, parce que tous ceux qui sont ici devraient au
moins avoir la conviction que nous n'abandonnons pas le Québec.
Est-ce que vous voulez que le Québec reste fort? Est-ce que vous
voulez que le Québec continue à avancer? Est-ce que vous voulez
que le Québec, dans les pouvoirs qu'il a, ne voie diminuer en rien ce
qu'il a obtenu? Je suis sûr non seulement que nous avons le droit d'en
parler, mais que nous sommes, parmi tous les partis politiques qui sont dans
cette Assemblée, ceux qui ont le plus le droit d'en parler. C'est
à cela que je voulais en venir quand je parlais du sens de l'humour du
député de Bonaventure. Avez-vous vu qui mettait en doute - et je
ne le vise pas personnellement, je parle de sa formation politique - notre
légitimité de parler au nom du Québec et de participer au
travail de relance économique du Québec ou de participer à
la protection ou au développement, à l'intérieur de la
constitution, des droits du Québec? Avez-vous vu qui nous fait la
leçon aujourd'hui et s'insurge en disant que nous sommes des gens qui ne
devraient pas avoir le droit d'obtenir ce mandat? (17 h 10)
Ce sont des gens qui, le 21 mai au matin, ont été
écartés comme des vieilles serviettes par le partenaire sauveur
qu'ils étaient eux-mêmes allés chercher. Ils n'ont
participé ni de près ni de loin aux propositions
fédérales. Ils sont des zéros, plus que zéro, dans
l'attitude du gouvernement fédéral, même s'ils sont tous
membres du même parti. Ils n'ont plus de crédibilité pour
personne. C'est aujourd'hui que je voudrais le dire.
Je comprends pourquoi le député de Bonaventure insiste
pour rester dans les nuages préréférendaires: Parce que
les jours qui ont suivi le référendum n'étaient
certainement pas tout à l'honneur de sa formation politique. Ou ils
étaient complices, ou ils étaient naïfs, mais ils ont
été les dindons de la farce! En conséquence, aujourd'hui,
à quelques jours, quelques semaines d'une élection
générale, nous avons de notre côté la conviction que
les Québécois ont perdu toute confiance dans une équipe
libérale qui pourrait être le moindrement fiable dans les dossiers
mêmes qu'évoque le député de Bonaventure cet
après-midi; ce sont les événements, depuis le
référendum, qui nous l'ont prouvé.
Les gens du Québec savent que cette équipe n'est pas
fiable. Les gens du Québec savent que, du côté du Parti
québécois, avec l'équipe du Parti québécois,
notre attachement au Québec est inconditionnel. Nous ne sommes pas des
visages à deux faces ni un parti à deux chefs, nous ne sommes pas
des gens qui disent un jour que non veut dire oui ou que oui veut dire non.
Nous n'avons pas l'audace, nous n'avons pas le front - est-ce que ça
peut être fiable, une équipe comme ça? - d'oser dire ici,
à quelques pas, en pleine commission parlementaire, à la
télévision à part cela, avec un sans-gêne - parmi
ces gens-là, Forget, un des éminents membres de l'équipe
peu fiable du Parti libéral - On n'a rien promis aux gens lors de la
campagne du référendum. Je n'en revenais pas quand j'ai vu le
sans-gêne et l'audace de ces personnes-
là! C'est vraiment n'avoir aucune espèce de respect de
soi-même, à part cela.
Je n'ai pas cru le journal, j'ai été à la source,
à la transcription intégrale. Le député de
Saint-Laurent, le gars de l'équipe de Ryan, dit: "II n'y a eu aucune
promesse formelle de changements. Ce vote était un engagement
inconditionnel, ce n'était pas une acceptation en attendant, dans
l'espoir de changements spécifiques. D'ailleurs, dans la
déclaration officielle qui a été distribuée
à tous les citoyens du Québec, on ne faisait aucune espèce
de promesse spécifique de changements." Et alors, la tête sur le
billot que le changement était pour arriver? Les sièges en jeu de
l'équipe fédérale? On a rêvé? Les citoyens
qui ont voté non en entendant ces mirages ont-ils eu des hallucinations?
Personne d'entre vous n'a dit que, si on votait non, le
fédéralisme serait renouvelé? Menteurs!
Le premier à vous dire que vous êtes des menteurs est un de
ceux qui étaient vos alliés principaux, celui qui, dans le
comté de Charlevoix, avait accepté d'être le
président du comité du non et qui, sans que personne le force,
écrit à tous les journaux: "Je suis malheureux d'avoir
favorisé le Non au référendum." Je cite le notaire
Paul-Émile Tremblay: "J'affirme que, pour ma part, pendant toute la
campagne référendaire, j'ai donné ma garantie au peuple de
Charlevoix et plus largement au peuple du Québec que nous verrions
à ce que des amendements majeurs soient apportés à la
Constitution ca- nadienne garantissant de plus que le Québec,
après ses engagements, serait bien protégé."
Il le dit, lui, que l'équipe du Parti libéral qu'il
représente n'est pas une équipe fiable lorsqu'elle parle...
M. Mailloux: Lisez jusqu'à la fin!
M. Charron: ... de l'avenir du Québec.
M. Mailloux: Lisez jusqu'à la fin!
Une voix: C'est ce qu'il a écrit! Vous avez trahi!
M. Charron: Et alors, vous nous demandez à nous,
maintenant, si nous avons renoncé à l'objectif qui nous a fait
retrouver la moitié des citoyens francophones du Québec.
La Vice-Présidente: À l'ordre, s'il vous
plaît! S'il vous plaît! Nous aurons encore du temps, après
l'intervention de M. le leader du gouvernement, pour accorder la parole
à d'autres membres de l'Assemblée. Je leur demanderais de retenir
leurs propos pour le moment. Ils demanderont eux-mêmes la parole. M. le
leader.
M. Charron: Merci, Mme la Présidente. Je veux dire au
député qui m'a interrompu, comme à tous les autres, si
vous nous demandez si au coeur de notre action politique sont la confiance et
la certitude que nous appartenons à un peuple normal. Oui, on va vous
répondre la même chose, celle que nous disons depuis douze ans.
Mais quel est donc le centre de votre position politique à vous si vous
voulez que la population ait le moindrement confiance? Est-ce que c'est encore
ça dont vous ne parlez plus personne? Le truc que vous aviez sorti au
moment de la campagne référendaire? Vous rappelez-vous de
l'époque où ce livre beige, qui est mort dans l'oeuf maintenant,
parce que vous allez me dire que vous allez négocier la rédaction
de cela avec le "boss"... savez-vous, Mme la Présidente, que le
rédacteur principal de ce document s'appelle Reynold Langlois? que
pendant un certain temps d'infortune du document au moment où il a
été lancé, le chef de l'Opposition faisait tout en son
possible pour l'appeler le document Langlois pour s'éloigner de
ça? Savez-vous ce qu'il fait le dénommé Langlois
maintenant, le rédacteur de la position de nos amis peu fiables pour
l'avenir du Québec? Il fait partie de l'équipe
fédérale qui en Cour, hier, devant les tribunaux,
défendait intégralement le coup de force fédéral et
la position de Trudeau. C'est fiable un libéral provincial. Mme la
Présidente, est-ce qu'on peut se fier sur l'avenir du Québec
à des gens qui, lorsque tassés dans le coin devant quelque chose
qui est inacceptable pour le Québec, émettent certaines
jérémiades pendant les campagnes des élections partielles?
Le chef de l'Opposition disait: C'est effrayant ce que fait le chef du Parti
libéral fédéral. C'est effrayant le comportement du
gouvernement fédéral. Quand on lui a demandé ici, les
citoyens étaient témoins, au mois de novembre, s'il était
de cet avis que l'on lisait dans les journaux partout, si on pouvait se fier
à sa parole, quand il avait une parole, quand on lui a demandé
comme député de se lever et de dire: Je m'oppose à ce que
Trudeau est en train de faire à Ottawa contre les droits du
Québec... Il a d'abord commencé par saboter la résolution
claire que nous avions faite, essayé de la triturer à sa
manière pour que chacun des petits esprits de son équipe aussi
fédéraliste et aussi inconditionnelle, soumise à Trudeau,
autant qu'elle peut l'être, puisse y trouver un peu sa part... et
finalement ils ont voté non contrairement aux paroles qu'ils avaient
dites.
Est-ce qu'on peut se fier à cette équipe pour l'avenir du
Québec, quand sa principale préoccupation dans le dossier
linguistique actuellement, ce n'est pas la protection du fait français?
Cela ne les préoccupe pas. Pour ces gens, le Québec, ce
n'est pas comme s'il était entouré de 220 millions
d'anglophones, ils ne le voient pas. Ils sont en train de débattre
à grands coups de résolutions et de clauses contradictoires
l'avenir plus grand de la minorité anglophone du Québec. Il y en
a qui disent: II faut leur permettre d'assimiler tous les Canadiens qui
viennent des autres provinces. Elle fait pitié, notre minorité
anglophone. Le député de Maisonneuve qui est en train de rater le
bateau et qui essaie de sauver sa peau - il va se faire battre par Louise Harel
dans Maisonneuve - se fait le porte-parole de toute la clause Canada. Le chef
de l'Opposition, lui, dit non. Elle fait tellement pitié la
minorité anglophone du Québec qu'il faut lui permettre
d'accueillir tous les immigrants du monde entier pour qu'elle puisse continuer
à grossir.
Qui parle pour la majorité française à
l'intérieur du Parti libéral actuellement? Qui est
préoccupé du développement, de la sécurité,
du droit des travailleurs à gagner leur vie en français dans le
Parti libéral? Est-ce qu'il y a quelqu'un? Il y a même Mme
Dougherty, bien oui, parlons-en, qui est candidate du Parti libéral.
Elle est pour le libre choix. Allez-y, tout le monde à l'école
anglaise, n'importe qui. Mais qui parle de l'école française?
Est-ce que vous vous êtes rendu compte qu'il y avait ici au Québec
une majorité de langue française?
Mme la Présidente, ils ne sont non seulement pas fiables pour les
Québécois, après tous les revirements qu'ils se sont
permis de se donner au cours des derniers mois, mais ce que je peux vous dire
comme témoin vivant de la négociation constitutionnelle au cours
des derniers mois avec mon collègue de Louis-Hébert, c'est que je
suis convaincu, eux qui voudraient participer aux négociations
constitutionnelles ne sont même pas fiables pour les autres provinces.
(17 h 20)
Leur comportement ici est suivi par les autres provinces. Savez-vous ce
qu'elles en pensent? Elles pensent que ces gens sont des travailleurs
inconditionnels du gouvernement fédéral, qu'ils sont des
protecteurs du gouvernement fédéral. Si l'Alberta veut
protéger ses richesses naturelles comme la constitution le permet,
va-t-elle se fier sur un gouvernement du Parti libéral? Pas du tout.
C'est écrit dans le livre beige qu'ils acceptent la
prééminence du gouvernement central dans ce domaine. Elles
travaillent mieux avec un gouvernement qui est convaincu, lui, de la justesse
des positions québécoises et qu'il faut protéger les
richesses naturelles du Québec. Pensez-vous que c'est fiable si, chaque
fois qu'on leur parle, on a l'impression que tout se rend automatiquement au
cabinet fédéral, qu'on parle en même temps à un
agent qui est placé au sein d'une négociation et que ces gens
sont prêts à abandonner les pouvoirs actuels? Non seulement ils
n'en demandent pas plus, mais ils sont prêts à abandonner les
pouvoirs des provinces. Pensez-vous qu'ils seraient les bienvenus dans un front
commun interprovincial comme celui que le gouvernement du Parti
québécois a réussi à monter en travaillant en
équipe avec les autres provinces actuellement? On nous demande partout
où on va d'expliquer le comportement de l'équipe libérale
provinciale depuis le référendum. Personne ne la comprend. Quand
on l'a vue refuser ici à l'Assemblée de se joindre aux sept
autres provinces qui, comme nous, dénoncent le coup de force
fédéral - leur chien est. mort à ce moment-là, Mme
la Présidente - on est convaincu qu'ils ne sont pas fiables pour les
Québécois, mais même pas fiables pour les autres provinces
comme partenaires loyaux.
Savez-vous comment ils parlent de vous, les libéraux provinciaux,
à Ottawa actuellement? Ils vous prennent pour des lavettes et des
perrons de porte. Ils savent que vous leur devez tout. Ils sont convaincus
qu'ils sont venus vous manipuler et qu'ils le feront encore parce que vous
êtes dans le même parti et que, quand viendra le temps de vous
faire taire, vous vous tairez, d'autant plus que le chef même de votre
parti affirme lui-même devant tous ses militants: Quand je serai
élu premier ministre, dit-il, la première chose que je ferai, ce
sera de téléphoner à Pierre Trudeau pour lui dire:
Aïe, "boss, come back to the bargaining table."
Des voix: Ah! Ah!
M. Charron: C'est dans le journal de dimanche: Aïe, "boss".
Il n'y a jamais un premier ministre du Québec, même pas Robert
Bourassa, qui aurait dit à l'égard d'un premier ministre
fédéral que celui-ci est son "boss". Je dis même qu'il n'y
a aucun chef de parti politique qui s'engage à travailler pour les
Québécois qui devrait même laisser de doute sur le fait
que, quand vous représentez le Québec vis-à-vis du
gouvernement fédéral, vous parlez d'égal à
égal avec des gens qui ont des responsabilités dans un domaine
pendant que vous avez vos responsabilités dans l'autre. Mais des
relations de "boss", de valet, comme celles que manifeste le chef de
l'Opposition officielle à quelques jours du temps où on demandera
aux citoyens du Québec si cet homme-là mérite notre
confiance maintenant, je trouve la révélation séduisante,
intéressante. Est-ce fiable, M. le Président, quand on accumule
des précédents de ce genre?
Aujourd'hui, le député de Bonaventure -j'ose croire que
c'était avec le sens de l'humour - vient nous dire qu'on ne doit pas
nous reconnaître de légitimité dans la
négociation et que nous ne méritons plus le droit de parler au
nom du Québec. Mais quand vous parlez au nom du Québec,
savez-vous que les citoyens du Québec ne savent jamais s'il n'y a pas
quelqu'un à côté de vous qui va dire le contraire, s'il n'y
a pas quelqu'un de votre parti à Ottawa qui va vous démentir et
s'il n'y a pas une candidate de votre parti dans un autre coin qui va
démolir votre programme? On ne le sait pas. Personne ne le sait. Tout ce
qu'on sait, c'est que vous avez soif du pouvoir, que les amis qui vous
entourent et qui vous financent ont soif du pouvoir et que c'est sur la gamelle
que vous voulez remettre la main, à commencer par le chef de
l'Opposition dont les yeux en resplendissent.
J'ai, bien sûr, la conviction, M. le Président, que les
blâmes que nous porte le député de Bonaventure aujourd'hui
sont un feu de paille. Le député de Bonaventure, en
réchauffement de campagne électorale, nous parle du
caractère interventionniste de l'État dans l'économie
québécoise. Le député de Bonaventure nous reproche
d'intervenir dans l'économie québécoise. De quelle
intervention voulez-vous parler? Du sommet économique de
Montréal, où nous avons réussi à mettre à la
table, et avec les félicitations de tous les partenaires, même
ceux qui ne sont pas des alliés politiques. Comme vous le savez, M. le
Président, tous ces partenaires sont venus nous dire que non seulement
ils avaient besoin de notre intervention, que Montréal avait besoin
d'une intervention économique du Québec, mais ils ont reçu
la promesse -et je la renouvelle pour les Montréalais -qu'elle aura lieu
l'intervention économique du gouvernement du Québec pour le
développement de Montréal.
Le Vice-Président: En terminant.
M. Charron: Non, j'ai droit à une demi-heure, je
regrette.
Le Vice-Président: À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Charron: Article 91, deuxièmement, M. le
Président.
Le Vice-Président: À l'ordre! En vertu de l'article
91, M. le leader du gouvernement, le proposeur et le représentant du
gouvernement ont un droit de parole de vingt minutes. Les autres
députés ont un droit de parole de dix minutes. Donc, je pense, M.
le leader...
M. Charron: M. le Président, je vous prierais de regarder
l'article 94, qui dit que, sauf dispositions contraires, un
député peut parler sur une motion pendant vingt minutes; mais
peuvent parler pendant une heure le premier ministre, le leader parlementaire,
le chef du parti proposeur du projet, et l'article deuxième dit: "Le
débat sur un ordre du jour relatif aux affaires est assujetti aux
règles de l'article 91".
Je crois que mon temps ordinaire d'intervention peut me permettre de
parler pendant une demi-heure.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président.
Le Vice-Président: M. le leader de l'Opposition.
M. Levesque (Bonaventure): Je ne pense même pas que cela
vaille la peine de répondre, tellement c'est clair. Je suis surpris de
voir le leader parlementaire du gouvernement invoquer l'article 94, lorsque
nous avons un article qui s'adresse exactement, spécifiquement et
exclusivement aux motions du mercredi. M. le Président, dites-lui donc
que son temps est fini.
Le Vice-Président: M. le leader du gouvernement, en vertu
de l'article 91 - je vais simplement le relire - un député peut
présenter une motion de fond relative à des affaires
d'intérêt public qui ne peut être discutée qu'au
cours de deux séances consécutives du mercredi, le vote
étant pris à la fin du débat. Le proposeur et le
représentant du gouvernement ont un droit de parole de vingt
minutes.
En conséquence, tout en vous permettant de terminer votre
intervention, comme le leader de l'Opposition officielle a fait un
dépassement d'environ deux minutes, je pense que vous pouvez conclure,
M. le leader du gouvernement.
M. Charron: Oui, M. le Président, je le ferai avec
brièveté. Je veux simplement dire que l'équipe peu fiable
que nous avons devant nous actuellement, soit autant sur le dossier
économique que sur le dossier constitutionnel, mérite - et ce
sera ma conclusion - le même jugement que celui qu'un
éditorialiste du Devoir portait, le 13 novembre 1976.
Claude Ryan écrivait, à cette époque -et je crois
que cela devient tout aussi vrai aujourd'hui - "Élire un gouvernement
libéral, ce serait enliser davantage le Québec dans la stagnation
politique et dans des jeux mesquins d'équilibrisme qui sont aux
antipodes de la vraie politique. Ce serait accréditer la politique de
ceux qui croient qu'on peut encore gagner des élections par le recours
à la peur. Défaire les libéraux, ce serait au surplus - et
c'est peut-être bon d'y penser - les obliger à réviser en
profondeur leur leadership et leur orientation en prévision des
affrontements les plus exigeants que n'aura jamais connus le
Québec."
Le chef du Parti libéral disait: "Entre ces risques, il faut
choisir celui qui ouvre davantage la porte de l'avenir." Or, je suis convaincu
que la porte restera ouverte aux prochaines élections
générales.
Merci, M. le Président.
Le Vice-Président: M. le chef parlementaire de l'Union
Nationale.
M. Michel Le Moignan
M. Le Moignan: M. le Président, je voudrais participer au
débat durant les quelques minutes qui me sont allouées par cette
motion proposée par le député de Bonaventure.
Maintenant, je voudrais peut-être apporter certaines
précisions, sans vouloir provoquer de débat avec le leader
parlementaire quand il a semblé englober dans un tout la position de
ceux qui ont milité sous le parapluie du non. (17 h 30)
Le leader parlementaire sait très bien que, pour nous de l'Union
Nationale, nous avons insisté, et je l'ai fait partout, j'ai tenu le
même langage dans tout le Québec, quand je disais qu'un non
à la question proposée par le gouvernement du Parti
québécois signifiait pour nous un oui à un renouvellement
de la constitution... Et, n'en déplaise aux membres des autres
formations politiques, je ne sais pas vraiment ce qu'ils ont pensé, mais
ce que nous avons véhiculé avec beaucoup de
sincérité... C'est qu'au moment où nous avons
oeuvré lors de la campagne référendaire, nous avions
promis aux Québécois que nous lutterions de toutes nos forces
pour doter le Québec d'une nouvelle Constitution canadienne.
L'Union Nationale n'a pas de maître à Ottawa, l'Union
Nationale ne reçoit d'ordre d'aucun parti politique qui siège
à Ottawa et je pense que les positions que nous avons prises...
Des voix: ...
M. Le Moignan: M. LaSalle a quitté Ottawa pour venir
à Québec parce qu'il a compris que les intérêts du
Québec devaient primer dans les circonstances, alors que les 74 autres
députés du Québec, qui sont à Ottawa, ne se
soucient même pas des véritables intérêts de la
nation québécoise. M. LaSalle a constaté qu'avec tous ces
insoumis, tous ces moutons qu'il y a à Ottawa, il n'avait absolument
rien à faire là et il a décidé de venir porter la
lutte ici même, en territoire québécois; nous l'avons
invité à joindre nos rangs, nous sommes très fiers qu'il
soit avec nous aujourd'hui et nous allons également continuer à
travailler dans ce même sens.
Mais je comprends très bien que le Parti québécois,
un parti qui est voué à l'indépendance du Québec et
qui, sans renier la souveraineté-association... Je constate qu'il est
peut-être dans une situation difficile pour essayer de nous faire croire
qu'il est également en train de travailler pour un nouveau
fédéralisme canadien.
J'admire beaucoup la position du député de Chauveau, celle
de la députée de Dorion qui, pour rester fidèles à
leur engagement politique, ont décidé de se retirer du Parti
québécois, parce que ce parti ne répond pas aux attentes
de ces députés. Mais ceux qui ont opté librement, ceux qui
veulent continuer à promouvoir l'indépendance du Québec,
personnellement, je n'ai pas à le leur reprocher, ils sont libres, c'est
leur désir et ils vont probablement continuer à militer dans ce
sens. Mais ce que je comprends difficilement, c'est que le gouvernement actuel
veuille travailler et inscrive à son programme l'autonomie du
Québec.
S'il faut remonter en arrière, quand on dit que M. Duplessis se
servait de ce mot comme d'un vulgaire slogan, que ça ne rimait à
rien, je suis fort surpris de voir qu'aujourd'hui, le mot "autonomie" est remis
à la mode. Daniel Johnson s'est servi du même mot et je crois que,
dans l'intention de M. Duplessis, dans l'idée même de Daniel
Johnson, quand on parlait d'autonomie provinciale, on parlait de nationalisme,
on parlait dans le sens québécois du mot, on voulait aussi faire
comprendre aux gens que nous voulions être les maîtres de notre
destinée ici même, au Québec.
Quand on veut regarder le programme de l'Union Nationale, programme non
pas écrit dans un bureau quelconque de Québec, comme on l'a dit,
mais bâti par une équipe que j'avais invitée
personnellement, alors que j'étais chef intérimaire, au cours du
mois de juillet dernier, équipe dirigée par le Dr Robert Rivard,
de Saint-Hyacinthe, des volontaires qui se sont réunis très
souvent au cours de l'été et de l'automne, qui ont soumis des
chapitres à des militants dans tout le Québec, que ce soit dans
le domaine des pêches, dans le domaine du travail ou dans d'autres
domaines et qui nous ont fait part de leurs suggestions. Ce programme a
été conçu au sein de l'Union Nationale uniquement. On
n'avait besoin d'aucune autre formation politique, comme on l'a laissé
entendre; on l'a fait chez nous, on l'a fait avec des militants et on l'a
imprimé; c'est un document de travail et nous continuons de recevoir,
depuis le mois de janvier, des suggestions de groupes différents de tout
le Québec, qui ne sont pas nécessairement des militants de
l'Union Nationale.
Dans nos orientations constitutionnelles et politiques, nous sommes en
train de nous démarquer. Nous avons une position logique, une position
que nous défendons quand nous disons que le Québec, c'est le
foyer principal
d'un des deux groupes fondateurs. On n'en démordra jamais, on va
se battre dans ce sens-là et on va continuer de lutter au cours de la
prochaine campagne pour que les Québécois réalisent que
l'Union Nationale, c'est un parti authentiquement québécois,
fondé au Québec et dont l'oeuvre devra se continuer sur la
scène politique provinciale au Québec. C'est dans ce
sens-là que nous allons expliquer aux gens, au cours de la prochaine
campagne, quels sont les objectifs, quels sont les grands points de notre
programme.
Nous voulons donc donner d'abord priorité au respect de la
constitution en ce qui concerne les droits du Québec, ce à quoi
le Québec a droit depuis 1867. Nous avons deux ordres de gouvernement
chez nous et, contrairement aux messieurs du fédéral qui
voudraient s'arroger tous les droits en termes de constitution, la
constitution, c'est un pacte qui a été rédigé entre
dix provinces et un gouvernement du Canada et nous allons tenir mordicus
à ces choses-là.
Maintenant, je comprends très bien qu'il y a beaucoup
d'inquiétude quand la population entend le chef du gouvernement et les
péquistes nous dire qu'ils veulent contribuer à nous donner un
meilleur fédéralisme. Ce n'est pas un parti qui a
été créé pour travailler à
l'amélioration du système fédéral chez nous. Dans
ce cas-là, je me demande quelle est la conception que le gouvernement
peut se faire pour essayer d'établir une certaine harmonie alors que ses
conceptions, ses visées politiques sont très loin de
l'institution d'un véritable fédéralisme. Comment le
gouvernement actuel peut-il faire un acte de foi dans le
fédéralisme? J'ai beaucoup de respect pour Mahomet. J'ai beaucoup
de respect pour le Coran. J'ai beaucoup de respect pour Bouddha. Mais de
là a me demander à faire un acte de foi dans ces personnages on
dans ces doctrines religieuses, je ne suis pas prêt à le faire,
pas même pour gagner une élection, pas même pour essayer de
camoufler quelque chose. C'est un peu l'image, l'impression que nous avons
quand on veut demeurer souverain.
On veut prôner la souveraineté-association. D'un autre
côté, on nous dit qu'on va essayer de travailler pour obtenir une
plus grande autonomie à l'intérieur du Canada. Que le
gouvernement du Parti québécois soit autonomiste et
fédéraliste, tout en étant souverainiste, c'est là
où c'est difficile pour nous d'expliquer un peu sa stratégie.
M. le Président, il y a des choses là-dedans qui sont
tellement importantes et c'est bien difficile, en quelques minutes, alors que
je vois que, malheureusement, mon temps tire à sa fin... Si le
gouvernement du Parti québécois veut défendre un certain
fédéralisme pendant le temps qu'il a à sa disposition,
à ce moment-là, il veut commencer à négocier en
pièces détachées; ce que nous ne voulons pas faire. Nous
voulons un engagement, une négociation globale qui va envisager un peu
tous les grands points de la réforme. Ce qui est malheureux, on nous
parle de retourner à la table des négociations. On sait
très bien qu'au mois de septembre, alors que dix provinces s'entendaient
sur cinq des douze points, c'est le gouvernement fédéral qui, en
dernière instance, est venu bloquer. Ce ne sont pas seulement les
revendications du gouvernement du Parti québécois, mais les
désirs de dix provinces qui étaient unanimes sur cinq points
importants.
Dans les circonstances, je crois que nous allons, pendant cette campagne
- nous n'avons pas le choix - continuer de lutter et défendre le
fédéralisme tel que nous le voyons, mais en même temps,
nous allons le défendre non pas en subissant cette influence que le
gouvernement Trudeau veut nous imposer à ce moment, mais avec des
garanties plus grandes que les désirs des Québécois seront
mieux respectés. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président: Merci, M. le député. M.
le député de Laval.
M. Jean-Noël
Lavoie
M. Lavoie: Merci, M. le Président. Cette motion inscrite
au nom du député de Bonaventure se lit comme suit: "Que cette
Assemblée est d'avis que le gouvernement, dont l'orientation demeure
centrée sur la souveraineté-association et sur une conception
interventionniste de l'État, ne peut renouveler le
fédéralisme canadien et promouvoir la véritable relance de
l'économie québécoise." (17 h 40)
Je n'ai que dix minutes, M. le Président et je procède
immédiatement à mon intervention. Il est évident que pour
ceux qui ont suivi - et c'est la majorité des Québécois -
le profil du gouvernement actuel depuis quatre ans et demi, il n'est pas
nécessaire d'expliquer davantage, ils savent que ce gouvernement n'a eu
qu'une chose dans la tête depuis le 15 novembre 1976, c'est la
souveraineté-association, l'indépendance, la séparation du
Québec du reste du Canada.
D'ailleurs, on s'en rappelle, c'est la raison même de l'existence
de ce parti qui, en 1968, a été créé dans un seul
but, soit la séparation du Québec du Canada. On n'a qu'à
se rappeler le débat référendaire où j'avais eu
l'occasion de citer à ce moment-là au moins 25
déclarations de tous les ténors du Parti québécois
qui n'étaient intéressés que par une seule chose, la
séparation du Québec.
D'ailleurs, je ne suis pas surpris de voir dans quelle situation
économique nous sommes actuellement avec les déficits de $10
milliards en quatre ans et demi, soit dix fois le déficit du stade
olympique, le taux de chômage que nous connaissons au Québec qui
est de 50% supérieur à celui que nous connaissions en 1976, les
investissements pratiquement nuls et les taux dans l'industrie de la
construction qui ont subi, depuis 1976, une dégringolade qu'on n'a
jamais connue.
Je ne suis pas surpris parce qu'ils n'ont pas administré le
Québec depuis 1976. Ils ont leurré la population du
Québec, le 15 novembre 1976, lorsqu'ils s'étaient engagés
à être un bon gouvernement.
Des personnes ne peuvent pas faire plus que humainement possible.
Pendant quatre ans et demi, ils n'ont fait qu'une opération
référendaire, point final, sans aucun souci de l'administration
publique.
On sait que pendant quatre ans et demi jusqu'au
référendum, c'était la parade de la Saint-Jean-Baptiste
tous les jours de la semaine. On a accaparé le drapeau du Québec.
Ce n'était qu'une chose: la séparation. Aujourd'hui, vous pensez
que la population du Québec va croire ce groupe-là à la
suite du référendum? Qu'elle va donner la moindre
crédibilité à ce gouvernement-là pour
renégocier la fédération canadienne? Vous êtes
cuits, messieurs, mesdames. Vous n'avez aucune crédibilité.
Tout ce qu'on a fait: propagande. On se rappelle les budgets faramineux
de la propagande. Quatre ou cinq fois ce que le gouvernement
précédent dépensait au point de vue de la
publicité. Le gouvernement du Québec est rendu le deuxième
plus gros client dans les enveloppes publicitaires au Canada, plus que la
province d'Ontario qui a 50% plus de population que nous. "On s'attache au
Québec". L'opération "II ne faut pas se faire avoir". Cette
opération uniquement coûte actuellement $3 millions en
publicité, alors qu'au référendum l'État avait
fourni $1 million à l'équipe du Oui et $1 million à
l'équipe du Non. La population a su décider et juger à ce
moment-là. Mais là, avec "II ne faut pas se faire avoir", c'est
sûr que la population ne se fera pas avoir lors des prochaines
élections.
Même le sommet économique de Montréal était
une opération séparatiste. Pourquoi? Cela a été une
opération d'affrontement, encore une fois, en refusant la participation
fédérale. Je considère le Québec, le Canada comme
une grande entreprise familiale. Il faut s'asseoir même avec la
parenté du côté de la femme ou du côté de
l'homme, il faut s'asseoir même avec la belle-mère, il faut
s'asseoir de bonne foi dans une entreprise familiale, même s'il y a des
blocs d'actions qui ne sont pas de la même lignée sanguine;
même si on ne s'entend pas très bien avec la belle-mère ou
avec le beau-frère, dans une entreprise familiale, si on veut que
l'entreprise prospère, il faut s'entendre.
Le fédéral a créé des dizaines de milliers
d'emplois dans la région de Montréal: dans le port, à
l'aéroport, aux Postes, à la Société nationale
d'hypothèques et de logement, à la Société
fédérale de développement, à l'Office national du
film...
M. Blank: Air Canada.
M. Lavoie: ... Air Canada. Comment voulez-vous qu'on parle de
l'avenir économique de Montréal si des partenaires aussi
importants ne sont pas là? Même nous, de l'Opposition, nous
représentons plusieurs comtés de Montréal. On ne nous a
pas invités. Je me suis rendu à l'hôtel Méridien et
on m'a refusé l'entrée. On m'a dit: Vous n'êtes pas sur la
liste des participants et même pas sur celle des observateurs! J'ai quand
même des racines un peu plus profondes dans Laval que le
député de Fabre, qui s'est baladé de Joliette à
Outremont. J'ai quand même eu un certain rôle à jouer dans
la formation de cette ville.
M. Landry: Question de privilège.
Le Vice-Président: Un instant! Question de
privilège.
M. Landry: J'espère qu'en tentant de m'accrocher de
façon un peu naïve le député de Laval se rend compte
qu'il accroche aussi son chef, qui demeure dans la même
municipalité que moi, mais qui s'est présenté dans
Argenteuil.
Le Vice-Président: M. le député de Laval, la
parole est à vous.
M. Lavoie: Est-ce qu'on a invité le chef de l'Opposition
officielle au sommet économique? On lui a fermé la porte comme
à tous les autres, comme à tous les députés qui
représentent la région de Montréal ici.
Je vais vous en parler, du sommet économique! C'est bizarre
qu'avant 1976, il y avait tellement de prospérité à
Montréal qu'un sommet économique n'était même pas
nécessaire. M. le Président, vous avez connu, dans les
années soixante-sept, Terre des hommes, les Olympiques, en 1976, la
Place Desjardins, Radio-Canada, les infrastructures routières de la
région métropolitaine de Montréal, l'autoroute
Ville-Marie,
Bonaventure, toutes les autoroutes qui ceinturent la région
métropolitaine de Montréal. Qu'est-ce que vous avez fait depuis
1976? Un centre des congrès de $60 millions à $70 millions, alors
qu'avant 1976 il y a eu des centaines et des centaines de millions de dollars
investis par les
gouvernements antérieurs? Vous n'avez rien fait pour la
région de Montréal!
Le sommet économique de Montréal a été rendu
nécessaire à cause de la léthargie du gouvernement d'en
face, qui a reculé Montréal, qui a créé cette
absence d'investissements à Montréal, ce chômage à
Montréal, cette léthargie dans la construction. C'est
vous-mêmes, à cause de votre politique séparatiste, qui
avez causé l'exode qu'on a connu dans la région de
Montréal, le départ des sièges sociaux qui ont
quitté, Montréal, la nervosité que vous avez
implantée chez les anglophones et les allophones. Vous avez
détruit l'esprit d'investissements à Montréal; c'est
vous-mêmes qui avez forcé ce sommet économique. Ce que vous
avez donné à Montréal? La léthargie et un sommet
économique. Spectacle de fin de régime.
Devant votre fiasco dans la politique montréalaise, alors que
vous avez voulu faire de Montréal une petite ville régionale de
province française, un peu comme Orléans, Lyon, Limoges ou Tours,
vous avez fait perdre à Montréal son caractère
international et cosmopolite. C'est un nouveau gouvernement qui va apporter ces
fruits à ce sommet économique qui aurait pu être
élargi, qui va rétablir la confiance à Montréal,
qui va relancer la prospérité à Montréal, qui va
encourager les investissements privés, qui va créer le plein
emploi dans la région de Montréal qui va rester
foncièrement française, la ville de Montréal.
Montréal va rester française et canadienne, en ajoutant par
contre, ce caractère international et cosmopolite.
Tous les étrangers adorent la ville de Montréal, qu'ils
viennent du Moyen-Orient, d'Afrique, d'Europe ou d'Amérique du Sud.
C'est une ville qui est aimée, Montréal, et nous allons relancer
le tourisme, entre autres, à Montréal, que vous avez
baissé à un niveau des plus bas pendant les années de
votre régime. S'il y a une petite reprise à Montréal
actuellement, vous le savez bien, M. le ministre, c'est à la suite du
résultat du référendum. (17 h 50)
Je ne peux pas m'empêcher, M. le Président, en terminant
mon intervention, de dire avoir remarqué, dans le discours sur le budget
hier, autant pour Montréal que pour le Québec, qu'on ne veut plus
oser. On n'ose plus maintenant. C'est bizarre, dans tous les budgets, depuis
cinq ans, combien de publicité on a eue, combien on s'est fait fatiguer
les oreilles par le programme OSE et la seule relance que OSE a
relancée, c'est la relance de la publicité et de la propagande et
la création d'emplois à temps partiel.
M. le Président, j'ai fortement l'impression que la course
à la chefferie du Parti québécois est amorcée par
le départ prévisible du député de Taillon
après la défaite qu'il subira prochainement et que M. Parizeau
n'est pas intéressé à retenir les projecteurs de OSE sur
son adversaire éventuel, le député de Fabre, et on lui
coupe les vivres dans sa publicité. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président: M. le ministre de l'Agriculture... S'il
vous plaît! M. le ministre de l'Agriculture, des Pêcheurs et de
l'Alimentation.
M. Jean Garon
M. Garon: M. le Président, j'écoutais le
député de Laval, qui terminait sur une fausseté parce que,
l'an dernier, justement, c'était une année à peu
près record dans le tourisme à Montréal à cause des
Floralies internationales. Je pense qu'il y a eu $160 millions de
retombées économiques, mais il n'y a pas eu de déficit
pour les Floralies; c'est la différence.
Des voix: Bravo! Bravo!
Le Président: S'il vous plaît! S'il vous
plaît! M. le ministre. À l'ordre! À l'ordre! M. le
député de Jean-Talon, à votre siège, si vous voulez
intervenir!
M. Rivest: ...
Le Président: M. le député de Jean-Talon, je
n'aime pas votre remarque. M. le ministre.
M. Garon: M. le Président, l'île Notre-Dame va
maintenant rester un parc floral à jamais et devenir une des plus
grandes attractions touristiques de Montréal.
M. le Président, quand le Parti libéral dit que le
gouvernement a une conception interventionniste de l'État et ne peut
promouvoir une véritable relance de l'économie
québécoise, au fond, il indique quelle est sa propre philosophie,
une philosophie de laisser faire, de ne rien faire et de ne pas intervenir.
M. le Président, un gouvernement sérieux doit avoir des
politiques d'intervention pour qu'il se passe des choses dans
l'économie. Je vais vous donner un exemple concret, avec la
Société québécoise d'initiatives agro-alimentaires,
où le Parti libéral a adopté lui-même une loi qu'il
a laissée inopérante pendant deux ans parce qu'il n'était
pas capable de donner une directive. On lui a donné une directive, M. le
Président, et la directive dit quoi? Elle dit qu'il fallait
développer l'économie dans le but de stimuler et de maintenir
l'initiative privée. SOQUIA peut prendre des participations dans le
capital-actions et prêter des sommes d'argent aux entreprises.
C'est une des entreprises qu'a critiquées le chef du Parti
libéral.
Je vous dirai ceci: Chacune des entreprises qui est un partenaire de
SOQUIA a eu SOQUIA comme partenaire à sa propre demande. C'est
l'entreprise elle-même qui a demandé d'avoir du capital-actions.
Aujourd'hui, vous avez, par exemple, Culinar que Canada Development Corporation
voulait acheter et possiblement transporter une partie des opérations
à Winnipeg. On a décidé de garder la
propriété de Culinar au Québec dans la Beauce pour que les
opérations continuent de se faire à partir de la Beauce.
Aujourd'hui, qui est propriétaire? Le Mouvement Desjardins, avec la
Société d'investissement Desjardins et la Société
québécoise d'initiatives agroalimentaires. Depuis ce temps, ils
ont acheté une compagnie ontarienne et une compagnie américaine.
Des interventions? C'est cela, le développement économique!
Des voix: Bravo! Bravo!
M. Garon: La différence entre leur gouvernement et notre
gouvernement, c'est que dans leur temps, on se faisait tout le temps acheter.
Aujourd'hui, nous avons commencé à acheter les autres. C'est
cela, la différence.
Quand vous regardez aussi aujourd'hui Nutribec qui a été
formée grâce à SOQUIA -c'est une entreprive privée,
Nutribec - qui a acheté quoi? Des multinationales. Miracle a
acheté Supersweet. Des beaux noms de chez nous. Ces compagnies ont
été achetées pour former l'entreprise aujourd'hui qui,
avec la Coopérative fédérée, contrôle 50% des
moulins dans le domaine des moulées. Pourquoi? Grâce à
SOQUIA, qui a permis cette possibilité à l'entreprise
privée qui n'avait pas les fonds pour le faire, mais c'est l'entreprise
privée qui mène. C'est cela que cela a pu faire.
Vous avez la Salaison Olympia, qui n'est pas reconnue pour être
une entreprise péquiste, pourtant; Salaison Olympia a été
formée grâce à trois institutions dans le domaine de
l'abattage, et SOQUIA, et aujourd'hui, 50% de son chiffre d'affaires sont dans
l'exportation et cela représente plusieurs dizaines de millions de
dollars. Pourquoi? Grâce à l'intervention du gouvernement,
grâce à l'intervention de SOQUIA qui a aidé à des
entreprises privées qui n'avaient pas les capitaux pour le faire, en
ajoutant du capital de risque. N'importe quand, quand ils voudront que SOQUIA
sorte, ils vont pouvoir acheter des actions et dire: Vous nous avez
aidés le temps qu'il fallait nous aider, maintenant on est capable de
voler de nos propres ailes, on n'a plus besoin de vous autres, et on va sortir
avec plaisir. C'est cela l'intervention de politiques, l'intervention où
on sait où on va.
Sécobec, pour la multiplication des semences,
contrôlée par l'Ontario. On est allé chercher le
contrôle de Sécobec et, aujourd'hui, on fait la multiplication et
le développement des semences. J'ai des petites nouvelles pour vous
autres, tantôt on va avoir des variétés de semences
adaptées à chacune des régions du Québec. C'est ce
qu'on est en train de mettre en place. Au lieu d'avoir une seule
variété adaptée à des cultivars faits seulement
dans la région de Saint-Hyacinthe, il y aura des variétés
pour toutes les régions du Québec. Pourquoi? Parce qu'on a
rapatrié la propriété de cette entreprise avec des
Québécois, grâce à SOQUIA qui leurs a aidés
à le faire et, aujourd'hui, ils sont capables de penser au
développement économique du Québec, au lieu d'être
contrôlés à partir de l'Ontario.
Je disais Sécobec, mais c'était Sémico
plutôt. Demandez aujourd'hui au député de Brome-Missisquoi
si Snyder à Bedford, dans son comté, est contente d'avoir la
participation de SOQUIA? C'est à sa propre demande que SOQUIA participe
dans l'entreprise Snyder qui développe le surgelé au
Québec, SOQUIA que le chef du Parti libéral aimerait faire
disparaître. Si, aujourd'hui, il y a une centaine d'emplois et si Snyder
va pouvoir rebâtir, c'est à cause de SOQUIA qui est
présente dans l'entreprise et qui va maintenir tous les emplois qu'il y
a à Bedford, dans l'entreprise de surgelé. C'est cela avoir une
politique de développement.
Sodispro à Saint-Hyacinthe, au lieu d'avoir le petit lait qui va
tomber dans les rivières comme avant, qui était répandu
sur les terres, qui était donné aux cochons, aujourd'hui on va
avoir du petit lait qui va être utilisé pour faire de la
protéine, qui va aller à l'alimentation humaine. Qui a
été là-dedans? C'est encore SOQUIA qui était
là-dedans. Encore aujourd'hui, elle est menée par des entreprises
privées, mais c'est une société où il y a du
capital de risque d'ajouté pour permettre le développement de
cette entreprise. Dans quelques jours, j'annoncerai qu'un bateau, le premier
bateau, va aller dans la zone de 200 milles. Or, on aura permis d'avoir un
bateau à propriété québécoise grâce
encore une fois à la participation de SOQUIA. C'est ça avoir une
politique de développement économique.
Nous avons en face de nous le chef du Parti libéral qui dit:
L'autosuffisance n'est pas possible; c'est un objectif irréaliste,
à cause de la nature de nos sols. La différence, c'est que nous,
on dit: L'autosuffisance, c'est possible, à condition que le
gouvernement y joue un rôle de leadership...
Le Vice-Président: M. le ministre, ce débat pourra
se continuer mercredi prochain. En conséquence, j'ajourne les
travaux...
Des voix: Mercredi prochain, il va être dans son
comté.
Le Vice-Président: À l'ordre, s'il vous
plaît! Comme il est...
M. Lavoie: M. le Président, j'aurais une question pour le
leader du gouvernement, au sujet des travaux de la Chambre.
Le Vice-Président: Justement, comme il est 18 heures, il y
a une question qui est au leader de la Chambre, de la part du
député de Laval. M. le député de Laval.
M. Lavoie: Le président a effectivement annoncé que
ce débat serait repris mercredi prochain. Pourriez-vous me dire si ce
débat sera continué ici ou dans le comté de Lévis,
mercredi prochain?
Le Vice-Président: M. le leader du gouvernement.
Des voix: Où vous voudrez!
M. Garon: On pourrait le faire dans le comté de
Charlevoix, au centre de grains qu'on est en train de bâtir.
Le Vice-Président: M. le leader...
M. Lavoie: On va faire ça dans Saint-Jacques!
Le Vice-Président: À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le leader du gouvernement, la parole est à vous.
M. Charron: Pour les autres membres de l'Assemblée, M. le
Président, je ne le sais pas, mais, pour le député de
Laval, c'est ici!
Le Vice-Président: Compte tenu qu'il est 18 heures, nous
ajournons nos débats à demain, quatorze heures.
Modifications au règlement sessionnel
M. Charron: Hier, l'Assemblée a adopté unanimement
le règlement sessionnel comme règlement permanent. Les officiers
de la Chambre m'indiquent qu'il faudrait modifier le règlement
sessionnel de deux petites façons tout à fait techniques pour le
rendre permanent et adéquat. Premièrement, que l'article 135 du
règlement soit amendé - tout le monde en comprendra le sens - en
ajoutant au no 8, après le mot "Agriculture", les mots "des
Pêcheries", puisque c'est le nom du ministère actuellement, quand
on fait la liste des commissions. D'accord? Et en remplaçant, au no 18,
les mots "des Loisirs" par les mots "du Loisir", parce que c'est le
véritable nom du ministère, du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche.
Alors, je fais motion pour que ces deux modifications soient
permises.
Le Vice-Président: Adopté?
Une voix: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté!
M. Charron: Merci beaucoup. 14 heures demain.
Le Vice-Président: Donc, la chambre est ajournée
à 14 heures demain.
(Fin de la séance à 18 h 02)