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(Quinze heures neuf minutes)
Le Président: A l'ordre, mesdames et messieurs!
Un moment de recueillement. Veuillez vous asseoir.
Affaires courantes. Déclarations ministérielles.
Dépôt de documents.
M. le leader parlementaire du gouvernement, au dépôt de
documents, Mme le ministre des Consommateurs, Coopératives et
Institutions financières.
Mme Payette: M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer aujourd'hui le rapport annuel 1978 du Conseil de la protection
du consommateur.
Le Président: Rapport déposé.
Dépôt de rapports de commissions élues.
M. le député de... (15 h 15)
M. Bellemare: M. le Président, avant qu'on aille plus loin
dans l'horaire de la Chambre, je voudrais qu'on fasse un rapport sur plusieurs
autres dépôts qui sont obligatoirement prescrits par les
règlements. J'ai fait un relevé de tous les rapports qui ont
été faits jusqu'à présent et il y a plusieurs
autres rapports ou documents de ministères qui n'ont pas encore
été déposés. Je voudrais que le leader puisse nous
donner, avant la reprise de l'autre session, au moins les rapports qui sont
obligatoirement donnés dans la liste de nos règlements.
Le Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement.
M. Charron: M. le Président, si le député de
Johnson avait l'amabilité, ayant fait l'effort de dresser la liste, de
me la fournir, je pourrais vérifier avec mes collègues si,
effectivement, on ne pourrait pas le faire avant la fin de la session.
M. Bellemare: Je suis bien disposé, mais je pense qu'au
nombre de "PQuiou" que vous avez engagés dans vos ministères,
vous pourriez le faire!
M. Charron: Oui, justement, M. le Président. C'est parce
que je sais que nous sommes proba-blament en mesure de fournir des
réponses aptes à satisfaire le député que je lui
offre ma collaboration là-dessus.
Le Président: Dépôt de rapports de
commissions élues.
M. le député de Kamouraska-Témiscouata, au nom de
M. le député de Sainte-Anne.
M. le leader parlementaire de l'Opposition officielle.
M. Lavoie: Sur cette question-là, je crois que le leader
parlementaire du gouvernement a une mauvaise approche. En vertu des statuts, en
vertu des lois, le gouvernement est obligé de déposer des
rapports, comme le dit le député de Johnson. C'est une obligation
stricte.
M. Charron: Je sais tout cela. M. Lavoie: Laissez-moi donc
finir!
M. Charron: Mais oui, c'est parce que j'ai déjà
compris.
M. Lavoie: Ne vous énervez pas! Mais pourquoi attendre que
cela soit soulevé et demandé, que la liste soit exigée et
l'inventaire fait par l'Opposition? C'est une obligation morale de chacun des
ministères...
M. Charron: M. le Président, j'avais...
Le Président: Très bien. M. le leader parlementaire
du gouvernement.
M. Charron: ... compris ce que soulève, à la suite
du député de Johnson, le leader de l'Opposition officielle.
Effectivement, je devrais avoir en main chez moi la liste chaque fois qu'un
article de projet de loi dit que tel document doit être
déposé à l'Assemblée nationale annuellement. Si je
me mettais à faire l'inventaire de toutes les sociétés
d'Etat et de ce qui se glisse...
M. Lavoie: C'est votre ouvrage.
M. Charron: Je sais très bien que c'est mon travail. Je
ferai aussi mon travail, mais, pour éviter une perte de temps de mon
côté, puisque le député a eu l'amabilité de
le faire, il m'aiderait à le faire. C'est pourquoi je lui ai
demandé de me fournir la liste.
M. Bellemare: M. le Président, c'est l'honorable
secrétaire, de l'Assemblée nationale qui a la compilation
déjà prête à son bureau, qui pourrait probablement
fournir le document à l'honorable leader. L'honorable secrétaire
tient cela à la lettre tous les jours. Il pourrait lui-même
dès maintenant lui fournir la liste. Il l'a déjà
compilée. J'ai pris les moyens pour le savoir.
Le Président: Très bien, M. le leader parlementaire
de l'Union Nationale.
M. Bellemare: Eux autres qui ont tellement fait de la gestapo
quand ils étaient dans l'Opposition pourraient le faire.
Le Président: Très bien.
M. le député de Kamouraska-Témiscouata.
Rapport de la commission ayant étudié
les projets de loi nos 266 et 283
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata): M. le
Président, conformément aux dispositions de notre
règlement, j'ai l'honneur de déposer le rapport de la commission
élue permanente de la justice qui a siégé le 13
février 1979 aux fins d'étudier article par article le projet de
loi privé no 266 qui a été adopté avec amendements
et le projet de loi privé no 283 qui a été adopté
sans amendement.
Le Président: Merci. Rapport déposé. Ce
rapport sera-t-il adopté?
Une Voix: Adopté.
Le Président: Adopté. M. le député
d'Iberville.
Rapport de la commission ayant étudié
les projets de loi nos 233 et 269
M. Beauséjour: M. le Président, qu'il me soit
permis de déposer le rapport de la commission élue permanente des
consommateurs, coopératives et institutions financières qui a
étudié les projets de loi privés suivants: le projet de
loi no 233, Loi concernant le Club de golf Montmagny Inc., dont l'étude,
de consentement, a été reportée à une date
ultérieure, et le projet de loi no 269, Loi concernant la
Société nationale de fiducie, qui a été
adopté avec des amendements.
Le Président: Ce rapport sera-t-il adopté? Une
Voix: Adopté.
Le Président: Adopté. Deuxième lecture pour
les deux cas, pour les deux rapports, prochaine séance ou séance
subséquente.
Dépôt de rapports du greffier en loi sur les projets de loi
privés.
Présentation de projets de loi au nom du gouvernement.
Présentation de projets de loi au nom des
députés.
Période des questions orales.
M. le chef de l'Opposition officielle.
QUESTIONS ORALES DES DÉPUTÉS
Date des élections partielles
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, pour faire
suite à un avis que j'ai donné à cette Chambre en
l'absence du premier ministre, je voudrais maintenant lui poser la question
suivante: II y a deux mois, M. Zoël Saindon démissionnait comme
député d'Argenteuil. Moins d'une semaine après, M. Raymond
Garneau démissionnait comme député de Jean-Talon. Donc,
deux mois, M. le Président. Est-ce que je peux demander au premier
ministre quelles sont ses intentions quant à la date des
élections partielles dans ces deux comtés?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): Oui, M. le Président. Je ne
pourrais pas fixer la date en ce moment, mais je peux donner les
paramètres, si le chef de l'Opposition officielle le désire,
paramètres à partir desquels la décision devrait
être prise. La convention libérale vient tout juste d'avoir lieu
dans le comté d'Argenteuil; évidemment, il y en aura une
éventuellement, je présume, dans le comté de Jean-Talon.
Pour ce qui est du Parti québécois qui, du côté
ministériel, a son rôle à jouer j'espère
qu'on l'admettra dans ces élections, la convention de Jean-Talon
est fixée au 28 février, et celle d'Argenteuil aura lieu le 4
mars prochain. Evidemment, les libéraux et le Parti
québécois ne sont pas seuls; il peut y avoir d'autres candidats,
on n'attendra pas indéfiniment, mais il faut quand même tenir
compte des autres. Avec les délais que requiert une élection, je
peux assurer le chef de l'Opposition que la date qui sera fixée
bientôt ne sera pas avant Pâques, mais sera avant la fin du
printemps. Je ne peux pas aller plus loin aujourd'hui.
Le Président: M. le chef de l'Opposition.
M. Lévesque (Bonaventure): M. le Président, une
question additionnelle au premier ministre. Avec tous ces paramètres et
toutes ces précautions, qui sentent évidemment la frousse du
gouvernement, puis-je demander au premier ministre quels sont les
paramètres qui l'ont inspiré lorsque M. Bryce Mackasey a
démissionné comme député de
Notre-Dame-de-Grâce, le 25 avril 1978, et que huit jours plus tard, sans
tenir compte d'aucune convention à être tenue ou rien de cela, le
premier ministre annonçait pour le 5 juillet, soit pour deux mois et
deux jours plus tard, des élections partielles dans le comté de
Notre-Dame-de-Grâce?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, dans le cas
de Notre-Dame-de-Grâce, il y avait évidemment un nouvel élu
que le chef de l'Opposition semble espérer voir dans cette Chambre avec
une hâte qui témoigne de son abnégation. Enfin, il y avait
un nouvel élu et il y avait en même temps un comté qui
était vacant, à cause de ce qui était arrivé dans
Notre-Dame-de-Grâce. Il y avait tout l'été qui arrivait; on
se souviendra que l'élection a été fixée au tout
début de juillet. On a pris les délais minimums. Ce
n'était pas une offre qu'on faisait parce qu'on devait avoir un
candidat. De toute façon, on ne fera cadeau d'aucun comté, ce qui
n'est pas normal en démocratie je pense telle qu'on la
pratique, mais il était normal de ne
pas attendre par-dessus l'été, par-dessus la Fête du
travail, avec la reprise de la session; démocratiquement, il m'a
semblé indiqué de fixer, dans des délais qui permettaient
à des gens de se déplacer assez rapidement, dans une saison
où c'est facile, les élections dans Notre-Dame-de-Grâce.
Autrement, elles étaient reportées de six mois ou quelque chose
du genre.
En ce moment, il n'y a pas deux mois, c'est juste avant Noël que
deux comtés ont été libérés l'un
après l'autre. A ce que je sache, il n'y a pas deux mois.
M. Levesque (Bonaventure): Entre le...
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, si vous
permettez, je demanderais au chef de l'Opposition de ne pas commencer, comme il
le fait trop souvent, à éplucher des niaiseries en quatre.
J'essaie d'expliquer ce que nous faisons. Avant Noël, c'est la fin de
décembre; à la fin de janvier, cela fait un mois; on n'est
même pas rendus à la mi-février tout à fait. Alors,
il y a à peu près deux mois, il y a un peu moins de deux mois,
deux comtés ont été libérés. Dans l'un des
deux qui, évidemment, préoccupe intensément nos amis d'en
face, la convention...
M. Lavoie: Les deux. (15 h 20)
M. Lévesque (Taillon): ... pour le choix du candidat a eu
lieu, sauf erreur, il y a deux ou trois jours, de la façon la plus
normale dans la pratique d'un parti. On n'aura pas de parachutage, nous. La
convention dans le comté d'Argenteuil, pour le Parti
québécois, aura lieu le 4 mars, suivant de près celle de
Jean-Talon, le 28 février. Pâques étant le 15 avril, j'ai
dit au chef de l'Opposition et cela n'a rien à voir avec la
frousse parce qu'il y aura des luttes aussi intenses qu'on puisse les mener
dans les deux comtés et j'espère que nos amis en feront autant;
c'est cela la démocratie, il n'y a personne qui aura des cadeaux, ni
vous, ni nous, je pense bien après Pâques et sûrement
avant la fin du printemps, la date des élections sera fixée, ce
qui sera dans une saison et dans des limites de temps qui, dans les deux cas,
sont acceptables.
Le Président: M. le chef de l'Opposition.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, je ne veux pas
insister. Nous avons vu le genre de patinage que nous avons eu comme
réponse. Est-ce que le premier ministre, par exemple, pourrait expliquer
comment cela se fait que quelqu'un qui a démissionné le 15
décembre on est rendus au 14 février cela ne fasse
pas deux mois?
Je ne comprends pas cela, pas plus que le reste de ses réponses.
Les paramètres qu'il a établis tout à l'heure, je lui ai
posé la question à savoir pourquoi ils n'existaient pas dans le
cas de Notre-Dame-de-Grâce. J'ai posé ces questions, je n'ai pas
eu de réponse, M. le Président...
Le Président: M. le chef de l'Opposition, s'il vous
plaît.
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, j'ai
donné toutes les réponses que j'avais à donner.
Le Président: Question additionnelle, M. le leader
parlementaire de l'Union Nationale.
M. Bellemare: Comme il est question de démocratie, puisque
nous sommes un parti bien vivant, nous avons entendu que l'honorable premier
ministre fixerait la date, mais il n'a pas dit quand. Cela peut peut-être
être au mois de septembre ou au mois de novembre.
M. Lévesque (Taillon): Non...
M. Bellemare: Cela peut être cela. J'interprète moi
aussi ce que le premier ministre vient de dire à l'honorable leader.
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, sur une
question qui n'est pas tout à fait de privilège, mais qui
pourrait en être une, je ne voudrais pas qu'on déforme les propos
que j'ai tenus. Ils étaient assez clairs. J'ai dit: La date sera
fixée et elle se situera entre après Pâques et la fin du
printemps.
M. Bellemare: Là, c'est d'accord.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, est-ce que le
premier ministre aurait objection à nous dire à quel moment il va
annoncer la date? Je ne lui demande pas la date. Je demande à quel
moment il va l'annoncer.
M. Lévesque (Taillon): Non, M. le Président, cela
appartient, jusqu'à nouvel ordre, au gouvernement et pas à
l'Opposition de fixer les dates.
Le Président: Mme le député de L'Acadie.
M. Bellemare: C'est là qu'on voit sortir le chat, par
exemple. On voyait la queue...
Le Président: Mme le député... A l'ordre,
s'il vous plaît, M. le leader parlementaire du gouvernement.
Mme le député de L'Acadie, question principale.
Qualité des services infirmiers
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, ma question s'adresse au
ministre responsable de l'application des lois professionnelles. Pourrais-je,
M. le Président, compter sur votre indulgence pour me permettre quelques
mots de préambule? L'Ordre des infirmières et infirmiers du
Québec a fait connaître publiquement et à l'ensemble des
membres de cette Assemblée nationale les inquiétudes très
sérieuses qu'il entretient au sujet des projets de règlement
concernant la délégation d'actes aux in-
firmiers médicaux. Les inquiétudes exprimées sont
de deux ordres. Les premières sont au sujet de la qualité des
services donnés aux malades et de leur protection; les deuxièmes
sont au sujet des activités qui sont propres à leur ordre
professionnel.
Mes questions très précises, M. le Président, sont
les suivantes. Le ministre responsable de l'application des lois
professionnelles peut-il assurer cette Chambre qu'à l'intérieur
des règlements qu'il prévoit soumettre éventuellement ou
assez bientôt au cabinet des ministres se trouvera à respecter
l'exigence de la formation requise pour poser certains actes médicaux ou
certains actes infirmiers?
Ma deuxième question, M. le Président: Le ministre peut-il
nous assurer qu'en toute circonstance les actes médicaux ou actes
infirmiers délégués seront posés sous surveillance
appropriée?
Le Président: M. le ministre de l'Education.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, à l'heure
actuelle, le dossier de la délégation des actes médicaux
et infirmiers progresse lentement en raison de l'importance des questions
à régler. Nous en débattons presque quotidiennement entre
l'Office des professions et mon cabinet et nous espérons en venir
à des conclusions d'ici quelques jours. Je dois, d'ailleurs, à ce
sujet, rencontrer cet après-midi même mon collègue, le
ministre des Affaires sociales, en vue de tenter de définir de
façon définitive certaines règles qui se trouveront dans
ces documents, que je devrai présenter au Conseil des ministres pour
adoption.
Pour ce qui est de la qualité des soins qui seront
dispensés dans les établissements hospitaliers, j'aimerais
simplement dire que j'en ai parlé longuement avec les médecins il
y a quelques jours à peine. L'Ordre des médecins, qui s'y
connaît, me semble-t-il, en fait de délégation d'actes
médicaux, m'assure que, si certaines conditions sont respectées,
la délégation d'actes médicaux aux infirmières et
aux infirmiers ou aux infirmières auxiliaires ne soulève pas de
problème. Dans chaque cas, une certaine surveillance doit être
exercée. Il y a trois niveaux de surveillance prévus et, dans
chaque cas d'acte délégué, une certaine surveillance doit
être exercée. Il peut également intervenir un protocole de
soins au niveau local de façon à nous assurer que, dans tous les
cas, les personnes qui posent les actes sont qualifiées pour ce
faire.
Le Président: Mme le député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je suis fort aise que le
ministre responsable de l'application des lois professionnelles nous assure que
l'Ordre des médecins est tout à fait satisfait et que toute la
protection voulue sera accordée aux malades.
J'aimerais qu'il puisse me dire qu'il s'est soucié tout autant de
l'avis de l'Ordre des infirmières et infirmiers. Il pourra
peut-être répondre à cela, mais j'avais une question
supplémentaire, M. le Président.
Il semblerait, d'après le projet de loi que j'ai vu ou les
projets de règlement que j'ai vus et que certains actes professionnels
accordés en exclusivité à l'Ordre des infirmières
et des infirmiers pourraient être posés par
délégation par un autre ordre professionnel, en l'occurrence
l'Ordre des médecins.
Le ministre ne trouve-t-il pas un peu étrange qu'un autre ordre,
soit l'Ordre des médecins, puisse décider de la
délégation d'activités de "nursing" qui sont exclusives
à la profession d'infirmier et d'infirmière?
Le Président: M. le ministre de l'Education.
M. Morin (Sauvé): En réponse à la
première partie de la question, je dirai que j'ai rencontré ces
jours-ci les médecins, parce que je n'avais pas encore eu l'occasion de
les consulter formellement au sujet de ces deux projets de règlement.
Quant aux deux autres ordres, je les ai rencontrés à l'automne,
le même jour, et je me suis entretenu avec chacun pendant un temps
relativement long. Nous avons fait le tour du dossier pour nous assurer que, de
part et d'autre, nous comprenions exactement le sens des mots employés
dans ces deux projets de règlement. Evidemment, le vocabulaire en est
hautement technique, comme Mme le député a pu s'en rendre compte.
Je voulais être sûr de bien comprendre la portée de chaque
disposition.
A l'heure actuelle, nous sommes sur le point de conclure après
avoir mûri ce dossier pendant des mois et reçu des
représentations des trois ordres à tour de rôle; il est
évident que chaque ordre a des intérêts à
défendre. Cela est parfaitement légitime, mais le gouvernement,
quant à lui, a pour premier souci le bien commun, c'est-à-dire le
bien-être de l'ensemble des Québécois. Il ne peut se porter
défenseur des prérogatives de tel ordre aux dépens de tel
autre. Il doit protéger, bien sûr, les droits de chacun, mais
avoir à l'esprit avant tout l'intérêt général
de la population.
En réponse, maintenant, à votre seconde question au sujet
des actes soi-disant infirmiers qui seraient délégués aux
auxiliaires, le problème vient de ce que certains actes sont
considérés comme étant médicaux par les
médecins et comme des actes infirmiers par les infirmières. Pour
certains actes, cela ne soulève pas de difficulté: nous pouvons
tous nous mettre d'accord pour dire qu'il s'agit d'actes médicaux; pour
d'autres, il s'agit clairement d'actes infirmiers. Dans certains autres cas, il
existe des actes qui sont sur la ligne de partage des eaux; cela ressemble un
peu à la ligne de partage des eaux du Labrador, qui peut être
mouvante. (15 h 30)
On peut considérer que des actes sont à la fois
médicaux et infirmiers et je vous assure que ce sont des questions fort
difficiles à trancher, sur lesquelles les médecins et les
infirmières ne s'entendent pas. Il faut donc prendre le temps de
s'enquérir avant de trancher des questions aussi
délicates; c'est ce que j'ai fait.
Le Président: Mme le député de L'Acadie.
Le Président: Le ministre de l'Education admet-il quand
même que le Code des professions reconnaît en exclusivité
à l'Ordre des infirmières et infirmiers des actes qui leur sont
accordés en exclusivité? Et deuxième question: II nous dit
qu'il a consulté l'Ordre des infirmières et infirmiers à
I'automne et que, depuis ce temps-là, tous les jours il a
rencontré des gens et qu'ils ont discuté et ainsi de suite. Trois
ou quatre mois plus tard cela ne vaudrait-il pas la peine d'avoir de nouveau
l'avis de l'Ordre des infirmières et infirmiers, compte tenu, j'imagine,
de l'évolution du dossier depuis le moment où il a
consulté une première fois l'Ordre des infirmières et
infirmiers.
Le Président: M. le ministre de l'Education.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, Mme le
député de L'Acadie n'invente rien lorsqu'elle dit qu'il existe
des actes qui sont réservés exclusivement à telle ou telle
profession. Mais, si cela est vrai des infirmiers ou des infirmières,
cela est également vrai des médecins. Toute la question est de
savoir ce qu'est l'acte infirmier, ce qui constitue un acte médical.
C'est là-dessus qu'il y a des débats, vous le pensez bien!
Pour ce qui est de la seconde partie de la question, je tente de
trouver, à l'heure actuelle, un mécanisme de consultation qui me
permettrait de rencontrer une dernière fois tous les
intéressés en vue de faire le tour du dossier.
Le Président: M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: Merci à mon collègue de L'Acadie
d'avoir trouvé que ma question d'avant-hier était fort à
point et d'y revenir aujourd'hui. Je veux revenir avec une question
additionnelle à ma question d'avant-hier pour demander au ministre si,
dans ce secteur qui est fort contesté comme vous le constatez, c'est son
intention d'accepter que des actes médicaux soient
délégués directement aux infirmiers et infirmières
auxiliaires en passant par-dessus les infirmiers, avec les actes qu'ils ont
déjà.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, nous ne passons
pas par-dessus qui que ce soit. C'est de pratique courante, à l'heure
actuelle, dans les établissements hospitaliers, que certains actes
soient délégués aux infirmières et que certains
actes, à certaines conditions, et sous certains types de surveillance,
soient délégués aux auxiliaires. Les règlements, en
quelque sorte, viennent confirmer ce qui, dans bien des cas, est l'état
de choses existant.
Le Président: M. le député de Richmond.
M. Brochu: Merci, M. le Président. Ma question s'adresse
au ministre des Finances.
M. Goldbloom: M. le Président, une question
additionnelle.
Le Président: M. le député de Richmond,
puisqu'il y a le temps, une dernière question additionnelle sur le
sujet.
M. le député de D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: M. le Président, le ministre a dit, il y a
quelques instants, que c'est la responsabilité du gouvernement de se
préoccuper du bien commun. Dans le cas qui nous concerne aujourd'hui,
n'est-il pas vrai que la première préoccupation doit être
la sécurité du malade, que le malade doit se trouver en
sécurité entre les mains de n'importe quel professionnel qui pose
un acte?
En ce sens, le ministre est-il en mesure d'assurer cette Chambre et
assurer l'opinion publique que, dans l'examen du dossier et dans la
décision finale que prendra le gouvernement, ce dernier tiendra compte
des différences de formation qui existent entre les professions de par
leurs lois constitutives?
Dernière question, M. le Président. Le ministre peut-il
assurer cette Chambre que la mesure législative qui sera
décidée par le gouvernement fournira à chacun des
professionnels de la santé une protection légale, étanche,
par rapport à la pose de chaque acte qui pourrait être
délégué?
Le Président: M. le ministre de l'Education.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, on ne peut rien
cacher au député de D'Arcy McGee. Le bien commun, en
l'occurrence, dans les établissements hospitaliers, c'est la
sécurité des patients, bien entendu; est-il besoin de le
réaffirmer? Deuxièmement, pour ce qui est de la différence
de formation qu'il peut y avoir entre infirmières ou auxiliaires, on
peut constater qu'elle existe tout aussi bien qu'entre médecins. Tous
les médecins ne peuvent pas poser tous les actes médicaux.
Même s'il y est autorisé, le député, qui est
médecin, sait très bien que la déontologie interdit
à un médecin de poser certains actes s'il estime qu'il n'est pas
qualifié pour les poser. La même chose prévaut pour les
auxiliaires et pour les infirmières. Il va de soi qu'il faudra trouver
le moyen de faire correspondre le degré de surveillance au degré
de formation des personnes en cause. Il faudra aussi sans doute tenir compte
des différences régionales et peut-être commence-t-on
à comprendre pourquoi ce dossier est plus compliqué.
Le Président: M. le député de Richmond.
Acquisition des actifs de l'Asbestos
Corporation
M. Brochu: M. le Président, comme je l'indiquais, ma
question s'adresse à l'honorable ministre des Finances. On sait que le
ministre des
Finances, dans le dossier de l'amiante, a maintenant en main un certain
nombre de documents qu'il avait demandés depuis déjà
quelques mois à General Dynamics pour poursuivre les
négociations. On sait également les journaux le confirment
aujourd'hui que d'ici quelques jours, le ministre doit lui-même
rencontrer les représentants de l'entreprise afin d'entrer dans le
contenu de ces négociations. Le ministre, dans sa réponse, pourra
d'ailleurs peut-être nous donner certaines indications à ce sujet.
On sait toutefois que le projet d'expropriation du gouvernement vise les actifs
de l'Asbestos Corporation au Québec. Or, depuis quelque temps, on
apprend que l'intention du gouvernement serait beaucoup plus vaste que
celle-là et viserait à se porter également
acquéreur des actifs de l'Asbestos en Allemagne. J'aimerais d'abord
demander au ministre des Finances s'il est exact que le gouvernement du
Québec a maintenant l'intention d'élargir son projet du
côté des actifs de General Dynamics en Allemagne;
deuxièmement, si c'est exact, est-ce que ce sujet fera I objet des
prochaines discussions que le ministre entend entamer avec l'entreprise d'ici
quelques jours?
Le Président: M. le ministre des Finances.
M. Parizeau: M. le Président, je pense qu'il y a ici une
ambiguïté qu'il est facile de clarifier. Si I'achat se fait de
gré à gré, ainsi que je l'ai déjà
indiqué, nous achèterons les actions de la compagnie, donc, toute
la compagnie avec tous ses actifs, puisque ce sont les actions qu'on
achèterait. S'il n'y a pas moyen de s'entendre sur un prix quant aux
actions, en vertu du projet de loi qui a été déposé
avant Noël, nous procéderons à la nationalisation des actifs
de la compagnie au Québec. Nous ne pouvons pas aller au-delà de
cela puisqu'on ne peut tout de même pas nationaliser des actifs qui ne
sont pas chez nous.
M. Brochu: Question additionnelle, M. le Président.
Le Président: M. le député de Richmond.
M. Brochu: II est clair que le projet de loi vise uniquement le
territoire du Québec. Cependant et c est une personne proche du
ministre puisque c est son adjoint qui l'a indiqué il n'a pas
démenti mais confirmé la rumeur voulant qu'en dehors de
l'expropriation concernant le territoire du Québec, le gouvernement du
Québec aurait I intention de négocier l'acquisition des actifs de
l'entreprise en territoire européen.
Je vous rappelle simplement, M. le Président, pour bien situer le
contexte de ma question, qu'il existe une entente inter-Europe voulant que,
lorsqu'une production est faite sur le territoire d'un des neuf pays, la
communauté européenne, dans son ensemble, s'engage à ne
pas acquérir les mêmes produits d'un pays extérieur, ce qui
voudrait dire que l'Asbestos Corporation, dont 50% de la production vont vers
la communauté européen- ne, se trouverait en quelque sorte dans
une forme de conflit là-bas.
M. le Président, j'aimerais que le ministre nous confirme ou nous
infirme ce qui est sorti de son bureau et qui est relaté aujourd'hui
dans la Presse et qui a également été relaté il y a
quelques jours, à ce sujet.
Le Président: M. le ministre des Finances.
M. Parizeau: Je pense, M. le Président, que, là
encore, il y a un peu d'ambiguïté. Je vais essayer de clarifier la
chose une fois de plus. Advenant que nous ne puissions pas nous entendre sur
l'achat des actions et que, dans ces conditions, le projet de loi que nous
avons devant nous procède en deuxième et en troisième
lectures et qu'il soit adopté, il est évident que nous aurons
à examiner avec la compagnie Asbestos Corporation, qui existera encore
comme société, si elle est toujours intéressée
à son usine en Allemagne ou si elle est disposée à la
vendre. A ce moment-là, cela deviendrait une transaction de gré
à gré qu'il faudrait examiner à son mérite propre
des deux côtés. Dans ces conditions, il y a bien des étapes
à franchir. Une fois qu'on aurait possiblement constaté qu'on ne
peut pas s'entendre sur le prix des actions c'est une première si
on procéderait je suis obligé de le mettre au
conditionnel, ce n'est pas encore réglé à
l'adoption de la loi et, après, on verrait, à l'égard de
l'Asbestos Corporation, s'il n'y a pas un certain nombre de
propriétés qui pourraient nous intéresser et qu'elle
serait disposée à vendre. Mais là, on anticipe beaucoup.
(15 h 40)
M. Brochu: Une question additionnelle, M. le
Président.
Le Président: M. le député de Richmond.
M. Brochu: Je pense que la question a beaucoup plus d'importance
qu'on ne lui en accorde actuellement. Je pose la question autrement. Est-il
exact qu'au lendemain de l'acquisition de gré ou de force, par le
gouvernement du Québec, de l'Asbestos Corporation, si le gouvernement du
Québec ne se porte pas acquéreur des actifs de General Dynamics
en Allemagne, il se retrouvera le lendemain matin en concurrence directe avec
la même entreprise qui maintient certaines installations en Europe,
protégées, cette fois-là, par les ententes inter-Europe de
la Communauté économique européenne? C'est toute la
différence.
Le Président: M. le ministre des Finances.
M. Parizeau: Le ministre des Richesses naturelles pourra
compléter ma réponse, M. le Président, sur ce plan, mais
il faut bien comprendre les choses. L'Asbestos Corporation n'a pas de mines en
Europe. Elle a une usine qui, à toutes fins utiles comment dire?
conditionne la fibre, c'est-à-dire dégage la fibre et la
vend à l'état brut à partir de son usine allemande.
Evidemment, si
nous acquérons les actifs, leur usine peut être pour eux
redondante. Pour nous, elle peut présenter certains avantages. On verra
bien à ce moment-là. Mais il y a une chose qui est claire, c'est
qu'on ne va pas se trouver en concurrence avec l'Asbestos en Europe, en ce sens
que les mines sont ici.
Le Président: M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: M. le Président, après ce cours sur la
distinction entre un achat de gré à gré et une
expropriation dont je cherche encore la situation, il reste que le ministre,
lorsqu'il a déposé les évaluations, a déposé
des évaluations qui s'élevaient entre $40 ou $42 par action dans
le contexte d'un achat de gré à gré, c'est-à-dire
d'un achat d'actions portant sur l'ensemble des actifs de la
Société Asbestos Corporation. On doit donc conclure, de la
première réponse qu'il a donnée, que dans un cas où
il faudrait procéder par expropriation, le gouvernement s'assurerait de
ne pas payer un prix supérieur mais, au contraire, un prix
inférieur à ce qui correspondrait à cette
évaluation de $40 ou $42 parce qu'il n'aurait pas, à ce
moment-là, tous les actifs mais seulement une partie de ceux-ci. Est-ce
que cette conclusion que l'on peut tirer des propos du ministre peut être
confirmée par ce dernier?
Le Président: M. le ministre des Finances.
M. Parizeau: J'ai écouté l'interprétation du
député de Saint-Laurent avec beaucoup d'intérêt, M.
le Président. Je sais bien qu'il aimerait pouvoir me faire confirmer des
prix, des différences de prix; cela fait déjà deux ou
trois fois, d'ailleurs, que dans cette Chambre je lui dis qu'il n'est pas
question de confirmer quoi que ce soit dans l'état actuel des choses.
Dans ce sens, je lui laisse entièrement la responsabilité de
l'interprétation qu'il vient de présenter.
M. Brochu: Question additionnelle. M. Forget: Question
supplémentaire.
Le Président: Dernière question, M. le
député de Richmond.
M. Brochu: Merci, M. le Président. Une question
additionnelle: Comment se fait-il alors et je m'adresse au ministre des
Finances que la compagnie General Dynamics, lorsque son usine a
brûlé, n'a pas réinvesti ici mais est allée investir
en Allemagne? Comment se fait-il qu'en 1975 la même entreprise a offert
au gouvernement du Québec, qui a refusé, l'acquisition des actifs
de sa compagnie, se privant ainsi de ses approvisionnements en fibre d'amiante?
Comme sous-question, je demanderais au ministre si, dans le contexte où
le gouvernement du Québec aurait seulement Asbestos Corporation
Québec, il a la garantie que l'entreprise en Allemagne n'aura jamais et
n'a pas la possibilité d'autres sources d'approvisionnement?
Le Président: M. le ministre des Finances.
M. Parizeau: Là, nous entrons dans des questions
techniques relatives à l'industrie minière. Je pense qu'il serait
normal que mon collègue des Richesses naturelles puisse être un
peu plus disert sur ces questions qu'il connaît beaucoup mieux que moi.
Je voudrais simplement souligner une chose, au départ: Bien sûr,
on peut envisager que l'usine d'Allemagne puisse avoir ou cherche à
avoir d'autres sources d'approvisionnement. Déjà, on a appris, il
y a plusieurs mois, que General Dynamics ou Asbestos Corporation je ne
me souviens pas avait fait certaines tentatives de chercher
l'acquisition d'une autre source d'approvisionnement ailleurs qu'au
Québec. Il y a simplement un problème, c'est que la majeure
partie des sources d'approvisionnement est au Québec, que la majeure
partie des mines se trouve au Québec et que, dans ces conditions, il y a
eu un certain nombre de pépins. Finalement, l'acquisition que ces
sociétés voulaient faire des rumeurs, remarquez bien, je
ne fais ici que souligner des rumeurs dont nous avons entendu parler il
semble que cela ait tourné en queue de poisson. C'est dans ce sens que
je pense que certaines des inquiétudes du député de
Richmond me semblent assez prématurées. Je pense que mon
collègue des Richesses naturelles devrait cependant pouvoir ajouter
quelque chose à ce stade, parce que cela concerne vraiment l'industrie
minière beaucoup plus que les évaluations d'actions, les
évaluations d'actifs dont je suis chargé.
Le Président: Brièvement, s'il vous plaît, M.
le ministre des Richesses naturelles.
M. Bérubé: M. le Président, je crois qu'on
n'est pas absolument conscient de la nature des concentrés qui sont
expédiés de la mine de Baie Déception dans Je nord du
Québec vers l'Allemagne. En effet, ce préconcentré
consiste en une roche presque entièrement stérile qui contient
une trentaine de pour-cent de fibre, tout au plus, et qui est
expédié, après un traitement mécanique
extrêmement primaire, directement en Allemagne.
Contrairement à toutes les traditions solidement
implantées au Québec de ne pas permettre l'exploitation brute et
l'expédition brute des minerais, on peut se demander dans quelle mesure
les gouvernements dans le passé ont accepté un tel marché
de dupe. Néanmoins, ce qu'il faut constater c'est que ce
préconcentré que nous expédions en Allemagne
présentement n'a aucun équivalent commercial. Nous ne pouvons
même pas y fixer un prix, dans la mesure où il n'existe aucun
équivalent de concentré d'amiante pouvant se vendre et nous
permettant de comparer les prix de vente, par exemple, pratiqués par la
Société Asbestos à l'intérieur de son
entreprise.
Par conséquent, il s'agit d'un produit alimentant l'usine de
Nordenham qui n'a aucun équivalent mondial et on peut se demander, faute
de tout équivalent mondial, comment la Société Asbestos
pourrait se le procurer.
Le Président: M. le député de Gaspé.
M. le député de Saint-Laurent, sur votre question de
privilège.
M. Forget: Dans la réponse qu'il m'a faite tout à
l'heure, le ministre des Finances a, je pense, voulu chercher ou a pu
créer une impression à savoir que les questions que je lui ai
posées de façon répétée quant à la
détermination du prix de cette acquisition étaient d'une certaine
manière contraires à l'intérêt public. M. le
Président, je voudrais procéder à une rectification des
faits relativement à cette question. Le sens des questions que j'ai
posées à plusieurs reprises au ministre des Finances,
c'était d'obtenir un engagement de la part du gouvernement à ne
pas payer plus cher qu'un certain prix, soit par exemple le prix qui
apparaît aux évaluations faites par les mandataires du
gouvernement lui-même et aujourd'hui à payer encore moins cher que
cela dans le cas d'une expropriation. Je crois que, s'il y a quelque chose qui
est contre l'intérêt public, ce n'est certainement pas de ma part
de chercher à obtenir du gouvernement un tel engagement de ne pas payer
trop cher pour des actifs, mais plutôt, de la part du ministre des
Finances, de dire qu'il est prêt à payer n'importe quel prix selon
le résultat de la négociation.
Le Président: M. le député de Gaspé.
Enseignement privé
M. Le Moignan: M. le Président, même si l'Union
Nationale tient les manchons de la loi 116 depuis le début de la reprise
de la session, ceci ne l'empêche pas pour autant de s'intéresser
à la culture, et je voudrais m'adresser au ministre de l'Education. Le
15 décembre dernier alors que le ministre était retenu par une
conférence des ministres des autres provinces, je crois, j'avais
posé en Chambre une question au premier ministre. Comme je ne veux pas
tendre de piège au ministre de l'Education, je lui résume
brièvement ma question et surtout une partie de la réponse du
premier ministre. Il s'agissait de l'école privée, des
inquiétudes de certains parents, de certaines commissions scolaires qui
voulaient s'organiser en fonction de l'ouverture de septembre prochain. Le
premier ministre m'avait dit que la réflexion avançant, et je
cite ses paroles pour ne pas embrouiller le ministre, pour ne pas le mettre en
contradiction avec son chef. Voici ce que le premier ministre disait à
ce moment: La seule chose que je pourrais dire et qui devrait rassurer et le
député de Gaspé et les gens concernés, c'est qu'il
n'est pas question, ni de près, ni de loin, d'empêcher
l'enseignement privé de fonctionner et de fonctionner le plus
efficacement possible. Quand viendront les énoncés de politique,
s'il y a lieu, ce sera pour améliorer la situation, mais certainement
pas pour brimer des gens qui ont un droit fondamental au système
d'éducation qu'ils préfèrent. (15 h 50)
Je voudrais donc demander au ministre de l'Education à quand
cette politique et quels sont ses énoncés pour l'enseignement
privé, puisque ça fait déjà deux mois exactement
que j'ai posé la question.
Le Président: M. le ministre de l'Education.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je n'ai rien
à ajouter, pour l'instant, à la réponse que donnait le
premier ministre au député de Gaspé au mois de
décembre. Je puis simplement informer le député de
Gaspé que la rédaction du document faisant état de la
nouvelle politique du gouvernement à l'égard de l'enseignement
privé est sur le point d'être terminée.
Mon collègue, le ministre d'Etat au développement
culturel, qui est également partie à ce dossier et que je viens
de consulter à l'instant, me dit que dans une dizaine de jours nous
aurons devant nous un document qui suivra le cheminement qu'ont connu, par
exemple, le livre vert sur l'enseignement primaire et secondaire ainsi que
l'énoncé de politique sur les collèges. Nous devrions
certainement aboutir avec un document qui serait rendu public dans le cours du
printemps.
M. Le Moignan: Question additionnelle, M. le
Président.
Le Président: M. le député de
Gaspé.
M. Le Moignan: A ce moment, est-ce que le ministre peut nous
affirmer qu'entre le document qu'il doit nous présenter et l'article que
contient le programme du Parti québécois, soit éliminer
dans les cinq années l'enseignement privé au Québec, il y
aurait contradiction ou est-ce que ça va se rejoindre?
M. Morin (Sauvé): Je regrette, M. le Président,
l'interprétation que donne le député du programme du parti
me paraît un peu fantaisiste. De toute façon, je ne voudrais pas
rendre publique la moindre disposition, la moindre partie de cet
énoncé de politique avant que nous n'en ayons débattu au
Conseil des ministres.
Le Président: M. le député de Gatineau.
Présidents d'élection
M. Gratton: M. le Président, au risque de déplaire
au premier ministre, je devrai à nouveau revenir sur la question des
présidents d'élection.
Le 30 novembre dernier, le premier ministre nous assurait que, à
l'exception de ceux qui avaient soit démissionné ou qui
étaient décédés, les présidents
d'élection qui avaient été remplacés par le
gouvernement l'avaient été pour des raisons de
non-compétence ou de non-disponibilité par des gens plus
disponibles et plus compétents, surtout plus péquistes.
Compte tenu de cela, M. le Président, comment le premier ministre
explique-t-il que dans le comté de Hull, M. Cartier Mignault, qui a
été limogé le 15 novembre dernier, parce qu'il
n'était pas assez disponible ou compétent, est toujours
en fonction? Comment également peut-il expliquer que dans les
comtés de Laprairie et de Robert-Baldwin, les personnes plus
compétentes et plus disponibles que le premier ministre lui-même
avait nommées le 15 novembre dernier, ont dû à nouveau
être remplacées le 24 janvier, c'est-à-dire à peine
deux mois plus tard?
Finalement, M. le Président, est-ce que le premier ministre,
à la lumière de ces faits, n'est pas prêt à admettre
aujourd'hui que les critères de disponibilité et de
compétence sont bien secondaires quant à la nomination des
nouveaux présidents d'élection et que, en fait, il s'agit surtout
des intérêts partisans du Parti québécois?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, je sais que
le député de Gatineau a fait ses vérifications du
côté du président général des
élections, qui lui a confirmé certaines choses qui sont de son
ressort, qu'il aurait pu évoquer s'il le voulait, à savoir que
c'est un fait que le comté de Hull, après les imbroglios qu'on a
connus, a encore aujourd'hui, et jusqu'à nouvel ordre s'il arrive
des raisons pour en changer, la Chambre en sera avisée ainsi que le
public l'ancien président d'élection qui est resté
en fonction.
Aussi, depuis ces côtés un peu heurtés des
remplacements qui nous paraissaient requis, pour chaque nomination, maintenant,
le bureau du président général des élections est
consulté en ce qui concerne justement la disponibilité et
certains critères de compétence qui sont requis, quand vient
chaque année la révision des sections de vote, etc. Donc, cela
nous a paru être une mesure à prendre. Le président
général des élections était d'accord pour
rencontrer les candidats suggérés, le cas échéant,
et donner son opinion.
Nous en sommes très heureux et c'est ce qui se pratique
couramment. Je dois dire aussi que les opinions que nous avons obtenues du
président général des élections sur tout changement
depuis le mois de janvier ou tout de suite après les Fêtes, depuis
que cela s'est amorcé, nous en avons tenu compte dans chaque cas parce
que cela nous paraît logique.
Pour ce qui est de certaines personnes qui avaient été
nommées c'est le cas dans Robert-Baldwin et qui ne
pouvaient pas ou ne voulaient pas, tenant compte de l'appréciation
qu'elles faisaient des responsabilités que cela impliquait, on les a
remplacées. La dernière fois que cela est arrivé,
c'était le 5 février 1979, pour l'information du
député de Gatineau et de la Chambre, alors que dans quatre
comtés où il y avait des vacances, c'est-à-dire Laprairie,
justement, Nicolet-Yamaska, Saint-Hyacinthe et Sainte-Marie, des
présidents d'élection ont été nommés
là où c'était vacant; dans le cas de Robert-Baldwin
également, mais sous forme de remplacement, M. Jean-Robert Cardin a
été nommé président d'élection. On en est
là en ce moment.
M. Gratton: Question additionnelle, M. le Président.
Le Président: Dernière question, M. le
député de Gatineau.
M. Gratton: C'est, d'ailleurs, ce que je demandais au premier
ministre: Comment expliquait-il que dans le cas de Laprairie, le 15 novembre,
on en nommait un et, le 24 janvier, on a dû en nommer un autre parce que
celui-ci avait démissionné? Au point de vue de la
disponibilité, le premier ministre conviendra que ce n'est pas fort.
Compte tenu que le directeur général des élections
fait maintenant des vérifications, je doute que le premier ministre
veuille laisser entendre que celui-ci fait des vérifications quant
à l'allégeance politique. Dans un cas bien précis, celui
du comté de Lafontaine, je demande tout simplement au premier ministre,
si M. Georges Paquin, qui a été nommé président
d'élection du comté de Lafontaine le 13 décembre dernier,
je crois, l'a été en fonction strictement de sa
disponibilité et de sa compétence ou si, par hasard n'est pas
entré en ligne de compte le fait qu'il avait été l'agent
officiel du candidat péquiste, M. Marcel Léger, aux
élections générales de 1970 et de 1973.
Le Président: M. le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): Je voudrais d'abord préciser
une chose qui va de soi. Il n'est pas question de commencer, ni de près
ni de loin, à impliquer le président général des
élections, qui doit se tenir en dehors de la mêlée, cela
saute aux yeux, dans quoi que ce soit qui touche les allégeances
politiques. Le député aurait pu se priver de poser la
question.
Pour ce qui est de la disponibilité et des critères de
compétence, je crois que le président général des
élections est sûrement aussi compétent que quiconque pour
les évaluer. Il a accepté nous sommes très heureux
qu'il l'ait fait et, jusqu'ici, on a pris tous ses avis de nous donner
ses avis, de nous donner son opinion là-dessus. Pour ce qui est du cas
du président d'élection de Lafontaine, qui a été
agent officiel, dit le député de Gatineau, d'un candidat, j'ai
toujours maintenu que, dans les remplacements pour cas de vacance, de
décès ou pour d'autres raisons qui nous paraissaient valables, il
n'était pas exclu que des gens qui ont pu avoir des activités
dans le Parti québécois et qui sont compétents et
disponibles puissent remplacer des gens qui, souvent, n'avaient pas ces
mêmes qualités et qui ont été nommés par nos
prédécesseurs.
Le Président: M. le député de
Rouyn-Noranda.
M. Gratton: Question additionnelle, M. le Président.
Le Président: M. le député de
Rouyn-Noranda.
M. Samson: Merci, M. le Président.
M. Gratton: Question additionnelle, M. le Président.
Le Président: M. le député de
Rouyn-Noranda.
M. Gratton: Merci, M. le Président.
Le Président: Bienvenu, M. le député de
Gatineau.
M. le député de Rouyn-Noranda.
Coûts des lunettes
M. Samson: Je voudrais poser une question à l'honorable
ministre des Consommateurs, Coopératives et Institutions
financières. Aujourd'hui, nous apprenons par le journal du matin qu'une
enquête faite par le ministère fédéral,
c'est-à-dire par la Commission sur les pratiques restrictives du
commerce, révèle que et c'est à travers le Canada,
semble-t-il, la même situation le consommateur paie beaucoup trop
cher pour les lunettes qu'il doit acheter.
Est-ce que le ministre est en mesure de me dire, d'abord si elle a pu
prendre connaissance de ce rapport d'enquête qui révèle que
ceci serait dû probablement au fait qu'il n'y a pas de concurrence dans
ce secteur, que l'American Optical et l'Impérial Optical sont à
peu près les deux seuls fabricants et que les deux seules provinces
où il y a de la publicité sur les prix sont l'Ontario et la
Colombie-Britannique, ce qui est susceptible de faire baisser les prix parce
que cela entraîne une certaine concurrence? Est-ce que le ministre peut
me dire, d'abord, si elle a pris connaissance du rapport? Si oui, y a-t-il des
moyens à la disposition du ministre pour tenter de corriger ce genre de
situation? (16 heures)
Le Président: Mme le ministre des Consommateurs,
Coopératives et Institutions financières.
Mme Payette: M. le Président, à la première
partie de la question, non, je n'ai pas eu l'occasion de prendre connaissance
de ce rapport au moment où je vous parle, et à la deuxième
partie, je m'empresserai de demander à l'Office de protection du
consommateur s'il y a lieu d'agir dans ce domaine.
M. Samson: M. le Président, me serait-il permis de poser
une question au ministre responsable des professions, M. le ministre de
l'Education? Pourrait-il me dire si, de son côté, il a pu prendre
connaissance de ce genre de rapport et si, du côté de l'Office des
professions, il ne pourrait pas y avoir quelque chose de fait pour tenter de
corriger cette situation qui semble abusive, d'après le rapport?
Le Président: M. le ministre de l'Education.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, j'ai eu vent de
ce rapport. Je ne l'ai pas lu parce qu'il ne m'est pas parvenu. Cependant, s'il
y avait, dans ce rapport, quelque chose qui touchait à la
déontologie professionnelle, ce serait de mon ressort et je ne
manquerais pas de m'y intéresser. A première vue, c'est
plutôt une question qui relève de mon collègue, le ministre
chargé de la protection des consommateurs.
Le Président: Bon. Alors, avant de mettre un terme
à cette période des questions, je m'excuse auprès de M. le
député de Rimouski et de M. le député de
Beauce-Sud, demain je ferai un effort pour vous reconnaître. Je voudrais
toutefois inviter, M. le ministre des Affaires sociales à apporter un
complément de réponse ou à déposer un document qui
avait été sollicité à la période de
questions d'hier, je crois.
M. le ministre des Affaires sociales.
Services essentiels dans les centres
hospitaliers
M. Lazure: Merci, M. le Président. Hier, le
député de Johnson s'est enquis de l'état des
négociations pour les services essentiels dans le secteur hospitalier.
Je m'étais engagé à apporter des renseignements
supplémentaires aujourd'hui, c'est ce que je fais avec plaisir.
Il faut d'abord se rappeler que, suite aux amendements du Code du
travail, en juin dernier, la procédure pour établir le nombre
d'employés assurant les services essentiels est très claire.
D'une part, les parties doivent négocier une entente et, d'autre part,
s'il n'y a pas entente, la partie syndicale doit déposer sa liste, six
mois avant l'expiration de la convention collective. Il y a deux groupes
à distinguer. Nous négocions actuellement avec le groupe de
syndiqués dont la convention collective a expiré en juin 1978. On
retrouve le cartel des organismes professionnels de la santé, d'une
part, et la Fédération des infirmières et infirmiers du
Québec, d'autre part. Pour l'ensemble de ces deux groupes qui
représentent environ 30 000 syndiqués, contrairement à ce
qu'a pu laisser entendre hier le député de Johnson, il y a eu
entente conclue entre les parties pour 76 unités syndicales et il y a eu
dépôt de la liste syndicale dans le cas de 116 unités. Il y
a, pour le reste, une vingtaine d'unités où les
négociations sont toujours en cours pour s'entendre sur une liste de
services essentiels.
En d'autres termes, M. le Président, sur ce premier bloc
où nous négocions actuellement, 90% des unités syndicales
ont ou bien obtenu une entente avec la partie patronale, nos partenaires et le
gouvernement, ou la partie syndicale a déposé la liste. Dans le
deuxième bloc, c'est-à-dire les syndiqués pour qui la
convention collective expire en juin 1979, donc dans environ quatre mois, 25
unités syndicales ont déjà conclu une entente avec la
partie patronale, 36 ont déposé la liste et 132 sont encore en
voie de négociation.
Ce qu'il faut retenir de ceci c'est que, dans les deux cas, autant pour
les syndiqués dont la convention collective est déjà
expirée avec lesquels on négocie actuellement que pour les
syndiqués avec lesquels on va bientôt entrer en
négociation, dans les deux cas, le gouvernement la partie
patronale a respecté ce que la loi prescrit, à
savoir entrer en négociation. S'il n'y a pas d'entente dans les six mois
qui précèdent l'expiration de la convention, la partie syndicale
et c'est à elle de le faire doit déposer la liste.
Si elle n'a pas déposé de liste, nous sommes en droit de conclure
que la partie syndicale est intéressée, a à coeur
d'arriver à une entente négociée. C'est pourquoi on
retrouve un bon nombre d'hôpitaux où il y a encore
négociation.
Je conclus là-dessus, M. le Président, et je dépose
ce document en ajoutant tout simplement que, pour avoir vécu les fronts
communs de 1972 et 1976 dans les hôpitaux, je peux vous assurer que ce
gouvernement-ci est plus prêt que ne l'a été n'importe quel
autre gouvernement vis-à-vis des services et des négociations en
général.
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Union
Nationale.
M. Bellemare: Tout en remerciant l'honorable ministre des
précisions qu'il nous a apportées, je voudrais qu'il compare
simplement les centres d'accueil, dont les cas sont maintenant
réglés à 99%, et les hôpitaux, sur les 400 qui sont
en cause.
Le Président: M. le ministre des Affaires sociales.
M. Lazure: M. le Président, le document que je
dépose aujourd'hui ne touche que les hôpitaux. J'ai compris hier,
selon les questions du député de Johnson, qu'il était
d'abord et avant tout intéressé à la situation dans les
hôpitaux. Je déposerai demain, si vous le voulez, un document
concernant les centres d'accueil. Comme le député de Johnson le
dit lui-même, effectivement, nous avons eu accord dans plus de 90% des
cas.
Le Président: Je voudrais maintenant inviter M. le
ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre à déposer un document
ou à apporter un complément de réponse à une
question qui avait été formulée par M. le
député de Saint-Hyacinthe hier.
M. le ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre.
Conflit de travail à Saint-Hyacinthe
M. Johnson: M. le Président, tel que promis hier au
député de Saint-Hyacinthe, très brièvement, il
s'agit de la compagnie La Machinerie Omega, à Saint-Hyacinthe.
Effectivement, aux mois de juillet et d'août l'an dernier, il y a eu des
rencontres bilatérales ou ce qu'on appelle dans le jargon au
ministère des rencontres en direct. Le ministère est intervenu au
mois de septembre par la conciliation. M. Chagnon, le conciliateur, a
déposé une hypothèse de règlement sur l'aspect
normatif qui a été acceptée par le syndicat. Cependant, la
proposition salariale venant de l'employeur a été rejetée
par l'assemblée générale des travailleurs qui, le 8
septembre, décidaient de faire grève. Finalement, la conciliation
a repris à notre demande au mois de novembre. Nous avons proposé
aux parties de faire une hypothèse sur l'aspect salarial, ce qui,
jusqu'à maintenant, a été refusé par la partie
patronale. La dernière rencontre remonte cependant au 31 janvier et nous
attendons évidemment, surtout du côté patronal, qu'il y ait
une réaction et qu'il y ait surtout, semble-t-il, une clarification des
mandats quant aux personnes qui s'adressent à notre service de
conciliation.
Le Président: Nous en sommes maintenant aux motions non
annoncées. M. le député de...
M. Goldbloom: M. le Président, c'est une demande de
directive.
Le Président: M. le député de D'Arcy
McGee.
M. Goldbloom: J'ai posé cet après-midi au ministre
de l'Education une question en deux volets dont le deuxième est
demeuré sans réponse, je pense, par oubli, non pas par mauvaise
volonté. Lui accorderez-vous maintenant l'occasion de fournir cette
réponse ou préférez-vous lui accorder l'occasion demain,
à la fin de la période des questions, de le faire?
Le Président: D'accord. Demain, en complément de
réponse à la période des questions.
M. Bellemare: M. le Président, en vertu de l'article
34...
Projet de loi no 128
Troisième lecture
(suite)
Le Président: Nous n'en sommes pas là encore, M. le
leader parlementaire de l'Union Nationale. Nous en sommes aux motions non
annoncées et à l'enregistrement des noms sur les votes en
suspens. Je crois qu'il y a un vote en suspens. C'est la mise aux voix sur la
motion du ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre proposant que le projet de
loi 128, Loi modifiant de nouveau la Loi du salaire minimum, soit maintenant lu
la troisième fois.
M. Bellemare: M. le Président...
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Union
Nationale.
M. Bellemare: C'est moi qui avais demandé qu'on remette le
vote pour vérification, ce matin, des différentes clauses qui
sont impliquées dans le projet de loi 128. Après
vérification de certaines implications de l'ordonnance no 17, je serais
prêt à donner mon consentement pour qu'un vote unanime ne soit pas
pris actuellement, mais donner mon consentement pour l'adoption en
troisième lecture.
Le Président: Y a-t-il consentement?
Une Voix: Oui.
Le Président: Bon! Est-ce que la motion de
troisième lecture relative au projet de loi no 128, Loi modifiant de
nouveau la Loi du salaire minimum, sera adoptée?
Des Voix: Adopté.
Le Président: Adopté. Nous en sommes maintenant aux
affaires du jour.
M. Roy: M. le Président, en vertu de l'article 34...
(16 h 10)
Demande de débat d'urgence relatif à la
publicité du Parti québécois
Le Président: Un instant! M. le leader parlementaire du
gouvernement. M. le député de Beauce-Sud avant de vous donner la
parole en vertu des dispositions de l'article 34, j'aimerais donner
communication d'un avis qui m'a été signifié dans le
délai requis par notre règlement.
Québec, le 14 février 1979. M. le Président,
conformément à l'article 78 de notre règlement, je
désire vous informer qu'avant l'appel des affaires du jour de la
séance d'aujourd'hui, j'ai l'intention de proposer que soit tenu un
débat pour discuter une affaire importante de la compétence de
l'Assemblée et dont l'étude s'impose d'urgence, à savoir
la publication par le Parti québécois de journaux renfermant des
réclames publicitaires payées par des personnes morales. Veuillez
agréer, M. le Président, l'expression de mes sentiments les
meilleurs. C'est signé du député de Laval et leader
parlementaire de l'Opposition officielle, Jean-Noël Lavoie.
M. le leader parlementaire de l'Opposition officielle, je n'ai pas
à vous indiquer quelles sont les règles en la matière. Je
vous demande de vous en tenir brièvement à la présentation
de votre motion.
M. Jean-Noël Lavoie
M. Lavoie: Merci, M. le Président. A la suite de ce
débat qui nourrit actuellement un peu l'opinion publique, on sait
l'intérêt de ce sujet et tous les points d'interrogation que
soulève cette question de la publication d'une vingtaine à
ce qu'on dit de journaux par le Parti québécois, qui
atteignent actuellement, d'après nos informations, un demi-million de
citoyens du Québec d'une manière assez régulière. A
la suite du document de travail qui a été rendu public hier par
le directeur général du financement des partis politiques, je
crois qu'il est logique, et essentiel, même, que les parlementaires
saisissent l'occasion de débattre cette question. On pourrait en
débattre, en vertu de notre règlement, M. le Président,
pendant environ une heure et trois quarts. Je crois que c'est essentiel qu'on
en débatte aujourd'hui. On sait que cette présente session doit
se terminer dans les jours prochains, peut-être au début de la
semaine prochaine.
Rapidement, pour respecter les prérequis de l'article 78, il
s'agit d'une affaire déterminée et importante. Je vais plaider
surtout sur l'importance de cette question. L'étude s'impose d'urgence;
je vous dirai pouquoi. On sait également qu'il n'y a pas d'autres moyens
je n'en trouve aucun autre de pouvoir en discuter d'ici la fin de
la présente session. Une motion qu'on devrait normalement
débattre est inscrite au nom du député de D'Arcy McGee.
Mercredi prochain, si la session dure encore, je crois que ce ne sera plus le
tour du Parti libéral. Ce sera le tour d'un autre parti et je n'ai
aucune idée si l'Union Nationale, le Parti démocratique ou le PNP
inscriront une motion sur cette question.
C'est un droit strict, M. le Président, et je vais argumenter le
plus profondément possible parce que je sais que ce n'est pas souvent
que vous jugez à propos d'accorder un tel débat en vertu de
l'article 78. Souvent, vous pouvez invoquer que le gouvernement a une certaine
priorité pour faire adopter ses lois. Ce qui n'est pas le cas
aujourd'hui parce que la journée du mercredi aujourd'hui
n'appartient pas justement au gouvernement; elle appartient plutôt au
Parti libéral qui fait cette motion. C'est regrettable, nous y avons
pensé lors de notre caucus quotidien, et nous avons jugé à
propos d'agir ainsi, quitte à mettre de côté la motion
concernant le domaine des affaires sociales qui est inscrite au nom du
député de D'Arcy McGee. On sait que le gouvernement a
déjà pris une décision sur la question de l'indexation de
l'aide sociale. On le sait bien, on demande la convocation d'une commission
parlementaire. On ne rêve pas en couleur, on ne pense pas convaincre le
gouvernement sur cette motion-là, quitte à la reporter à
la prochaine session.
Maintenant, je ne crois pas que vous puissiez me dire que, lors de la
prochaine session, on pourra débattre du sujet dont je veux
débattre aujourd'hui. Vous n'avez vous-même aucun contrôle
sur la convocation de la session. Je crois que c'est le lieutenant-gouverneur
en conseil, le lieutenant-gouverneur qui a la prérogative de convoquer
cette session. On a vu des sessions, à un certain moment, qui ont
commencé en mars, d'autres en juin et même en septembre. On ne
peut pas préjuger sur cette ouverture d'une nouvelle session. De plus,
M. le Président, ce n'est pas lors du message inaugural, alors que tous
les députés ont le droit de parler dans un débat où
je calcule que le sujet serait dilué. Un député profite de
cette occasion, lors du message inaugural, pour parler des problèmes de
son comté ou de sa région.
M. le Président, si l'article 78 est dans le règlement,
c'est qu'il a sa raison d'être. Je crois qu'il est important, dans tout
ce débat qui intéresse l'opinion publique actuellement et qui a
été couvert par tous les media d'information, de se souvenir
qu'il met en cause une des philosophies premières du gouvernement
actuel. On se rappelle que cette loi 2 était une priorité
législative du nouveau gouvernement, après le 15 novembre 1976.
D'ailleurs, elle ne portait pas le numéro 2 pour rien. On voit son
importance uniquement
dans ce numérotage, parce qu'on se rappelle que la loi 1
était la Charte de la langue française. C'est devenu la loi 101,
on sait pourquoi, mais la deuxième loi, la deuxième pièce
de consistance qui a été présentée par ce
gouvernement portait sur l'épuration des moeurs politiques, sur la
disparition des caisses occultes, sur la démocratisation des fonds
électoraux. Je vous dis que c'est essentiel, je crois, pour notre
démocratie, pour notre Parlement qu'un tel débat ait lieu
aujourd'hui et non pas à un autre moment. Attendre quoi? Qu'on n'en
parle plus, que ce soit perdu dans l'amas d'événements qui se
passent, l'ouverture de la session, etc? Je crois que c'est aujourd'hui et, si
l'article 78...
M. Charron: M. le Président, je pose la question de
règlement.
M. Lavoie: ... existe dans le règlement, je pense
que...
Le Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement.
M. Charron: Je pose la question de règlement. Avec la
même courtoisie et gentillesse que l'avait fait hier l'Opposition
officielle, je suis prêt, au nom du gouvernement, à donner notre
consentement à ce que pareil débat ait lieu jusqu'à 18
heures.
Le Président: Est-ce qu'il y a consentement unanime?
Des Voix: Oui.
Le Président: S'il y a consentement unanime, nous pouvons
immédiatement entreprendre ce débat d'urgence.
M. Roy: M. le Président...
Travaux parlementaires
Le Président: M. le député de Beauce-Sud,
avant, je voudrais qu'on s'entende relativement toutefois à la motion,
M. le leader parlementaire de l'Opposition officielle, je suis heureux qu'il y
ait consentement unanime. La présidence est toujours heureuse de
constater des consentements unanimes. Je voudrais, néanmoins, vous
reprendre sur une affirmation que vous aviez faite parce que, au départ,
j'ai été très séduit par votre demande. Vous dites
que la journée d'aujourd'hui appartenait au Parti libéral. Je ne
crois pas que cela soit exact et c'est pour cela que je n'aurais
peut-être pas été en mesure de vous accorder ce
débat d'urgence. En effet, si la motion appartenait au Parti
libéral, il y avait des droits de réplique; il y avait même
un amendement qui appartenait à l'Union Nationale et des droits de
réplique qui appartenaient à l'ensemble des
députés.
M. le député de Beauce-Sud, vous vouliez intervenir?
M. Roy: Oui, je voulais intervenir, M. le Président...
M. Bisaillon: M. le Président, sur une question de
règlement.
Le Président: M. le député de
Sainte-Marie.
M. Bisaillon: C'est une demande de directive. Dans le cadre des
explications que vous venez de fournir, à quel moment les
députés qui s'étaient inscrits sur la question inscrite au
feuilleton par le député de D'Arcy McGee pourront-ils prendre la
parole et à quel moment surtout pourrons-nous nous prononcer sur
l'amendement qui avait été proposé par le
député de Mégantic-Compton et sur la proposition
principale?
Le Président: M. le député de Sainte-Marie,
le consentement qui vient d'être exprimé unanimement impliquait en
lui-même une renonciation aux interventions et aux droits de
réplique. Cela allait de soi. Même, j'irais jusqu'à dire
que cela impliquait aussi une renonciation au vote si le débat d'urgence
n'est pas terminé.
M. le député de Beauce-Sud.
M. Roy: C'est en vertu de l'article 34, M. le Président,
que j'avais des questions à poser. J'ai donné mon consentement,
mais je ne voudrais quand même pas que cela nous brime du droit de poser
des questions en vertu de l'article 34, puisque le débat pourra revenir
par la suite.
Le Président: Pas du tout, M. le député de
Beauce-Sud. Je voulais simplement clarifier la question du débat
d'urgence réclamé par M. le leader parlementaire de l'Opposition
officielle. Maintenant que c'est fait, nous allons entreprendre ce débat
immédiatement après que les questions en vertu des dispositions
de l'article 34 auront été formulées.
M. le leader parlementaire du gouvernement.
M. Charron: M. le Président, je ne veux pas refuser de
questions en vertu de l'article 34, mais je voudrais aussi, avant qu'on entame
le débat qu'a sollicité le leader de l'Opposition officielle,
avoir l'occasion je pense que tout le monde comprendra de faire
ma motion pour que la commission de l'agriculture se réunisse cet
après-midi.
Le Président: Est-ce que cette motion sera
adoptée?
Une Voix: Oui, bien sûr.
Le Président: Adopté.
M. le leader parlementaire de l'Union Nationale.
M. Bellemare: Je voudrais simplement noter que l'honorable leader
du gouvernement nous
avait promis, aujourd'hui, d'abord, d'accepter le rapport des projets de
loi 233, 269 et 283 pour qu'on puisse les adopter en troisième lecture
aujourd'hui. (16 h 20)
M. Charron: Oui, M. le Président, s'il y a consentement,
je le ferai immédiatement. Les trois lois privées seraient
adoptées en troisième lecture. J'informe quand même le
député qu'elles ne seront sanctionnées que demain
toutefois, le lieutenant-gouverneur étant absent aujourd'hui. Alors
demain. Donc, plutôt demain.
Le Président: M. le leader parlementaire du gouvernement,
juste une dernière inquiétude. En supposant que, la semaine
prochaine, nous soyons toujours en session, je voudrais qu'il soit entendu que
la motion et l'amendement de l'Union Nationale ne tiendraient plus,
forcément, à moins qu'il y ait entente. Très bien.
M. Charron: M. le Président... Une Voix: ...
Le Président: Non, mais c'est ce que je viens de faire, M.
le leader parlementaire du gouvernement.
M. Lavoie: ... vrai cette motion?
M. Charron: Je vais vous dire, écoutez...
M. Lavoie: Je ne vois pas pourquoi.
M. Charron: Ecoutez, il ne faut pas jouer au fou non plus.
M. Lavoie: On ne joue pas au fou, voyons.
Le Président: M. le leader parlementaire du gouvernement,
ne revenons pas là-dessus, s'il vous plaît.
M. Charron: Non, mais c'est parce que j'ai bien compris, et je
pense que tout le monde aussi, dans les propos plaidant l'importance, qu'il
était prêt à sacrifier la motion actuellement en cours. Je
pense qu'il l'a effectivement dit. C'est à cette condition que j'ai
consulté le premier ministre avant de donner notre consentement.
Autrement, on va vous laisser trancher, M. le Président.
Le Président: Très bien. M. Lavoie: Je ne
vois pas.
M. Bellemare: Je pense qu'il y a un droit acquis de la part de
notre groupe...
M. Charron: Exactement.
M. Bellemare: ... de revenir mercredi prochain, vu l'abandon
qu'il a délibérément offert à la Chambre pour
revenir à sa motion. En vertu de 78, il a lui-même
préféré céder l'autre.
Le Président: M. le leader parlementaire...
M. Bellemare: Mercredi prochain nous appartiendra, si on est en
session.
Le Président: M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: M. le Président, j'aurais deux questions en vertu
de 34. La première, c'est concernant...
Le Président: M. le chef de l'Opposition.
M. Levesque (Bonaventure): Voici, je m'excuse auprès de
mon collègue, le député de Beauce-Sud. C'est parce qu'il
abordait une autre question. Ma question s'adresse au leader parlementaire du
gouvernement. Aurait-il objection cela ne prendrait pas de temps
à ce que nous puissions disposer de la motion que nous avions
commencé à discuter par un vote simplement, selon l'usage,
à 18 heures?
M. Charron: Non, M. le Président.
Le Président: M. le député de Beauce-Sud,
enfin.
M. Roy: Enfin! Merci, M. le Président. Ma question
s'adresse à l'honorable leader du gouvernement en vertu de 34. Hier
soir, à la fin de la séance, il avait été convenu,
à la suite d'une entente, que le projet de loi no 110 franchirait
l'étape de la troisième lecture puisqu'il fallait effectivement
que le projet de loi soit sanctionné ce matin. J'ai eu un appel
téléphonique à mon bureau ce matin disant que la sanction
devait avoir lieu à 10 heures, et cela a été annulé
par la suite. J'aimerais savoir ce qu'il en est advenu. C'est ma
première question.
La deuxième question, M. le Président, en vertu de 34,
c'est peut-être un peu plus douteux vis-à-vis des dispositions de
l'article 34. C'est une question que je ne peux pas vous poser, presque, dans
d'autres circonstances, et elle s'adresse à vous. La commission de
l'Assemblée nationale avait siégé, l'automne dernier, et
un comité avait été formé, cela touche les services
aux députés. Je suis informé que le rapport est prêt
depuis un certain temps et que la commission parlementaire de
l'Assemblée nationale n'a pas siégé. J'aimerais savoir
quand la commission de l'Assemblée nationale va siéger,
étant donné que la session doit être prorogée
prochainement, du moins c'est ce qu'on présume par l'allure de nos
travaux et ce que nous avons appris dans les journaux. La session devrait
être prorogée prochainement. J'aimerais bien savoir si cette
commission parlementaire de l'Assemblée nationale va siéger
avant.
Le Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement.
M. Charron: On va faire de cette pierre plusieurs coups, M. le
Président, cela va me donner l'occasion de passer un certain nombre de
messa-
ges. La réunion de la commission de l'Assemblée nationale
avait été, de notre côté, prévue pour le
jeudi, 22 février prochain pour donner suite à la question que le
député de Sainte-Marie m'avait posée la semaine
dernière. Malheureusement, j'annonce que je dois reporter à une
date indéterminée cette réunion, M. le Président,
puisqu'il y aura, le 22 février prochain, une réunion du Conseil
des ministres à cette date. Mais ce sera à la toute
première occasion possible, tellement nous étions désireux
de la tenir dans l'intersession. De même, j'ai malheureusement
annoncé hier soir, M. le Président, que le 1er mars prochain, se
réunirait la commission des engagements financiers alors que j'ai appris
par la suite que certains députés membres de la commission
avaient été avertis par le secrétariat des commissions,
sans mon autorisation, je tiens à le dire, ce qui peut expliquer
pourquoi il y a un certain mélange, que la commission était
convoquée elle aussi pour le 22 février. Pour la même
raison que celle qui avait été prévue pour le 22
février, elle est aussi reportée à une date
indéterminée qui ne sera pas le 1er mars. Quant à la loi
110, pourquoi elle n'est pas sanctionnée, c'est pour la même
raison, M. le Président, que les lois privées, l'absence du
lieutenant-gouverneur. Ce sera fait demain.
Le Président: En vertu de 34, M. le député
de Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: M. le Président, tout à l'heure le
leader parlementaire du gouvernement a fait motion pour faire siéger la
commission parlementaire de l'agriculture. Pourriez-vous préciser
davantage quelles sont les heures auxquelles sera assujettie cette commission
parlementaire? Je vous le demande, M. le leader, parce qu'au cours de la
matinée il y a eu un court débat sur les possibilités
qu'aurait la commission parlementaire de l'agriculture de siéger ce
soir. Il serait peut-être bon de préciser de ce
côté.
M. Charron: Si j'ai le consentement de tous et je pense
que c'est ce que m'offre le député au nom de l'Opposition
officielle et, effectivement, je pense que nous l'avons obtenu entre nous tout
à l'heure les trois heures de séance prévues par le
règlement pour la commission de l'agriculture de demain matin, de 10
heures à 13 heures, il y aurait consentement pour que nous y renoncions
si tous les membres de la commission acceptent de reporter ces trois heures
à ce soir, de 19 h 30 à 22 h 30. Je crois que j'avais
l'assentiment de tous, j'en ferais donc un ordre de la Chambre, M. le
Président.
M. Brochu: En ce qui concerne l'Union Nationale, M. le
Président, je rapellerai les termes de l'entente. C'est exact que les
représentants de l'Union Nationale, à la commission, ont
accepté que l'on prolonge les heures de discussion ce soir pour
permettre au projet de loi de connaître les étapes de discussion
normales et d'accélérer les travaux; nous continuons dans le
même sens.
M. Roy: Sur le point, effectivement, je ne me suis pas
prononcé sur cette offre qui a été faite, mais j'aimerais
savoir du leader du gouvernement, si la loi ne devait pas être finalement
étudiée et adoptée, à la commission parlementaire,
avant 18 heures demain soir, avant la fin des travaux, s'il est dans
l'intention du gouvernement de convoquer la commission parlementaire de
l'agriculture également pour vendredi de cette semaine ou lundi.
M. Charron: Si cela devait être fait, M. le
Président, je crois que c'est ce que je devrai faire.
M. Roy: Mais là, M. le Président, il y a quand
même des choses qu'il faudrait savoir un peu d'avance. On ne peut pas
jouer avec le bureau de comté comme on joue au yo-yo...
M. Charron: Et moi je ne peux...
M. Roy: Je m'excuse, mais la semaine dernière,
étant donné que nous avons été avisés que la
Chambre devait siéger lundi, on a transféré nos bureaux de
comté à vendredi. Or, cette semaine on s'est dit: On va
transférer à vendredi, au cas où nous n'aurions pas
terminé pour lundi prochain. A l'heure actuelle, je suis bien prêt
à donner mon consentement, mais il faudrait quand même qu'on sache
un peu plus à l'avance vers quoi nous nous dirigeons; il faut
s'organiser, on ne peut pas dire aux gens qu'on fait du bureau de comté
et passer notre temps à leur téléphoner et leur dire que
le bureau est reporté à une autre date. Je n'ai pas encore
donné mon consentement, je veux avoir une idée.
M. Charron: Je partage avec le député de Beauce-Sud
le côté désagréable de l'incertitude devant laquelle
nous sommes quant au déroulement des travaux de cette commission. Moi
aussi j'aurais cru qu'avec les deux heures d'hier soir et les trois heures de
ce matin la commission aurait effectivement atteint le premier palier,
c'est-à-dire l'article 1. Il semble que ce ne soit pas encore fait.
Vous voulez respecter les électeurs qui ont pris rendez-vous avec
vous, je vous comprends très bien, j'en ai aussi des électeurs,
puisque je suis ici; mais je veux aussi respecter le droit de parole et la
façon dont les députés l'utilisent en commission
parlementaire. Evidemment, si vous m'aviez dit qu'au bout de cinq heures
l'article 1 n'aurait pas été adopté, je ne l'aurais pas
cru, Mais je suis obligé d'attendre après la commission.
Le Président: Merci, M. le leader parlementaire du
gouvernement.
M. le député de Pointe-Claire.
M. Shaw: Je ne donne pas mon consentement à ce que la
commission siège ce soir. C'est un ordre de la Chambre.
Le Président: II n'y a pas consentement. Aux affaires du
jour, M. le leader parlementaire du gouvernement.
M. Charron: M. le Président.
Le Président: M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: Sur cette même commission de l'agriculture,
avant que les membres ne s'en aillent en commission. On avait demandé,
hier, que cette commission puisse siéger au salon rouge et on nous avait
répondu que le salon était occupé. J'ai
vérifié hier soir, il n'était pas occupé, il ne
l'était pas ce matin et il ne l'est pas cet après-midi. Serait-il
possible que les cultivateurs aient aussi droit de passer au salon rouge cet
après-midi ainsi qu'aux séances subséquentes au lieu de
s'asseoir sur les sièges de bois de la salle 81?
Le Président: Je vais vérifier cela, M. le
député de Mégantic-Compton, s'il n'y a pas
d'empêchement...
M. Grenier: D'accord.
M. Laplante: Directive, M. le Président. Est-ce que,
rendus à la commission de l'agriculture, les membres seuls autour d'une
table peuvent décider de siéger ce soir et de ne pas
siéger demain?
Le Président: M. le député de Bourassa, il
ne m'appartient pas de donner des opinions juridiques, même à un
président de commission. (16 h 30)
M. Bellemare: M. le Président, je voudrais demander au
député de Pointe-Claire...
M. Laplante: Je m'excuse, c'est une demande de directive.
M. Bellemare: ... s'il a une objection majeure pour
empêcher la commission de siéger, tel que voulait le faire notre
proposition de siéger ce soir plutôt que demain. Une chose est
certaine, les frais encourus par l'actuelle session sont très
importants.
Des Voix: Oh!
M. Bellemare: Bien oui! Si on va jusqu'à la semaine
prochaine, imaginez-vous ce que cela peut représenter!
M. Charron: A la suite de l'attitude très agréable
du député de Pointe-Claire, M. le Président, je dois
renoncer à faire de la séance de ce soir un ordre de la Chambre.
Toutefois, j'indique cela ne lui fera pas plaisir que nous
n'avons pas besoin du député de Pointe-Claire pour décider
de siéger ce soir. En vertu de l'article 150, quatrièmement, les
membres de la commission et j'invite la majorité
ministérielle à s'acquitter de cette tâche dès le
début des travaux de la commission, si nous avons toujours l'avis
favorable de nos partenaires membres de la commission peuvent
décider, comme le dit le règlement, de poursuivre après
l'heure normalement prévue pour sa suspension ou son ajournement.
A cette occasion, si nous avons la collaboration, en commission, qui
nous était acquise en Chambre, j'annonce tout de suite que je ne
convoquerai pas la commission pour demain matin entre 10 heures et 13 heures,
je n'en ferai pas motion. Donc, ce que nous avions convenu à 109 sur 110
pourra être maintenu.
Le Président: Très bien. A la suite du consentement
unanime des membres de l'Assemblée nationale pour que se tienne le
débat d'urgence réclamé par le leader parlementaire de
l'Opposition officielle, je lui cède immédiatement la parole
suivant les dispositions de l'article 78 de notre règlement.
M. le leader parlementaire du gouvernement.
M. Charron: J'aurais quatre réponses aux questions, M. le
Président. Il faut faire le partage du temps aussi.
M. Lavoie: II n'y a pas de partage du temps, ce n'est pas
nécessaire en vertu de l'article 78.
Le Président: II n'y a pas de partage du temps.
M. Lavoie: II est dit que celui qui présente la motion a
20 minutes, le gouvernement a 20 minutes et tous les autres
députés ont droit à 10 minutes.
Le Président: C'est exact.
M. Lavoie: II n'est pas question de partage du temps.
M. Charron: D'accord, M. le Président.
Questions inscrites au feuilleton
Le Président: Alors, des réponses aux
questions.
M. Charron: Article 10) question de M. Vaillancourt; la
réponse vient de M. de Belleval.
M. de Belleval: Réponse donnée, M. le
Président, (voir annexe)
M. Charron: Est-ce qu'il ne s'agit pas d'un débat à
temps limité, M. le Président, et qu'il doit
nécessairement y avoir partage du temps?
Le Président: En vertu des dispositions de notre
règlement, le débat se termine à 18 heures sans vote et le
proposeur a un droit de parole de 20 minutes, les autres ayant un droit de
parole de 10 minutes; un représentant du gouvernement a également
un droit de réplique de 20 minutes.
M. Charron: D'accord. Question no 17) de M. O'Gallagher; la
réponse vient de M. O'Neill.
M. O'Neill: Lu et répondu. (voir annexe)
M. Charron: Question no 27) de M. Springate; la réponse
vient de M. de Belleval.
M. de Belleval: Je réponds à la question. (voir
annexe)
M. Charron: Question no 30) de M. Shaw; la réponse vient
de M. Bédard.
M. Bédard: J'ai lu la question et voici la réponse.
(voir annexe)
M. Charron: C'est tout.
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Opposition
officielle.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président...
Le Président: M. le chef de l'Opposition officielle.
M. Levesque (Bonaventure): ... est-ce que les questions
posées en vertu des dispositions de l'article 34 sont
terminées?
Le Président: Les questions en vertu des dispositions de
l'article 34 sont terminées.
M. Levesque (Bonaventure): J'avais justement une question en
vertu des dispositions de l'article 34, mais je la garderai pour une prochaine
occasion.
Le Président: Vous y renoncez. M. le leader parlementaire
de l'Opposition officielle.
M. Levesque (Bonaventure): Peut-être.
Débat d'urgence relatif à la
publicité du Parti québécois
M. Jean-Noël Lavoie
M. Lavoie: J'apprécie beaucoup le consentement unanime qui
a été exprimé par les membres de cette Assemblée
pour qu'on puisse débattre de cette question de la publication, de
l'impression et de la distribution d'une vingtaine de journaux par
différentes instances, par différentes organisations locales du
Parti québécois, de cette question des annonces payées par
des personnes morales, des compagnies.
A mon humble avis, cela va, sinon à rencontre de la lettre de la
loi 2, du moins certainement à l'encontre de l'esprit qui a animé
non seulement le gouvernement, mais tous les partis d'Opposition, du moins en
ce qui concerne le Parti libéral qui a voté pour le principe de
la loi 2, qui permettait à une institution, qui s'appelle le directeur
général du financement des partis politiques, un contrôle
absolu des fonds, des contributions aux partis politiques.
D'ailleurs, on sait l'importance que le gouvernement a apportée
à cette loi je l'ai mentionné tout à l'heure
portant le numéro 2, immédiatement après le numéro
1 qui était la Charte de la langue française, une des
premières lois. On sait avec quelle fanfare on a présenté
ce projet de loi là, déposé à la fin d'une session,
qui a fait l'objet d'une étude et qui a été adopté
dans le courant de 1977 avec toute la publicité qu'on sait.
Les notes explicatives de la loi 2 disent: "Ce projet vise
essentiellement a) à assurer le contrôle du financement des partis
politiques, des associations de comté et des candidats
indépendants par la divulgation des sources de leurs revenus et du total
de leurs déboursés; b) à permettre aux seuls
électeurs de contribuer au financement des partis politiques (...) e)
à permettre au public d'avoir accès à toute information
pertinente au financement des partis politiques". Il permet le contrôle
des dépenses des partis politiques, etc.
On sait que le Parti québécois publie dans une vingtaine
de comtés des journaux financés en partie par la publicité
payée soit par des personnes physiques et, dans beaucoup de cas, par des
personnes morales, des compagnies, raisons sociales ou autres. On sait que
depuis un an, lorsque le Parti québécois doit fournir au
directeur général du financement des partis politiques des
rapports sur la provenance de ses fonds, n'apparaissent pas ces contributions
ou ces annonces payées par des multinationales, par des compagnies ou
autres. Cela veut dire que l'on passe à côté totalement de
la loi no 2 qui devait purifier à tout jamais les moeurs politiques
québécoises.
Hier, le directeur général du financement des partis
politiques a émis un document. D'ailleurs, il ne faudrait pas se leurrer
et il ne faudrait pas que la population se leurre. Le directeur
général du financement des partis politiques n'a pas
l'autorité absolue, ex cathedra, pour interpréter la loi. Il a le
droit, en vertu de la loi 2, d'émettre certaines directives. Entre
autres, en vertu de l'article 16.1d): "émettre des directives sur la
tenue de la comptabilité des partis, associations et candidats
indépendants qu'il a autorisés." 16.2a) donner à tout
intéressé des avis ou directives touchant l'application et
l'interprétation du présent chapitre qui concerne les
contributions.
Si on se le rappelle, ces directives n'ont aucune valeur légale;
aucune poursuite, aucune pénalité ne peut être
imposée s'il y a eu manquement aux directives émises par le
directeur général. Cela n'a, en somme, qu'une valeur morale suite
à un amendement qu'il y a eu à cette loi 2. D'ailleurs, il est
évident que le directeur général du financement des partis
politiques ne prétend pas, non plus, qu'il s'agit d'une directive. Dans
la lettre qu'il nous a fait parvenir, à propos de ce document qui a
été rapporté dans la plupart des media aujourd'hui, il dit
qu'il s'agit uniquement d'un document de travail qui sera l'objet de notre
prochaine réunion du comité consultatif qui doit se réunir
la semaine prochaine.
Je cite ici la lettre de convocation: "En effet, il
appert à l'ordre du jour de cette réunion que le directeur
général soumettrait alors un projet de directive qui... " Non. Il
s'agit là d'une directive du mois de mars 1978, alors qu'à ce
moment-là le directeur pouvait émettre certaines directives. (16
h 40)
Ce qu'il est intéressant de noter, c'est que cette loi, la loi 2,
à la suite du document de travail déposé par le directeur
du financement des partis politiques, selon son interprétation ou ce qui
s'en dégage, il s'agit d'une loi tout à fait incomplète,
même contradictoire. Il est dit dans la loi 2, l'esprit de cette loi,
qu'aucune compagnie, aucune personne morale ne peut contribuer aux fonds d'un
parti politique. On sait qu'un journal de parti, cela sert certainement
à la propagande ou à diffuser la politique d'un parti. Cela veut
dire qu'il est évident que les pratiques faites actuellement par le
Parti québécois dans une vingtaine de comtés vont
totalement à rencontre de l'esprit de la loi 2. Aucun contrôle. On
sait les abus que cela peut apporter lorsque, dans ce document de travail, il
est dit qu'un des critères est qu'il faudrait que le prix de l'annonce
soit la juste valeur marchande du marché. Comment contrôler cela
si le directeur général du financement des partis politiques n'a
aucun contrôle sur la comptabilité de ces journaux?
Ce qui est grave, c'est qu'il semble que cela a d'ailleurs
été sanctionné par le premier ministre qui a dit: Nous
allons continuer. Cela va se faire davantage. Le document de travail du
directeur général du financement des partis politiques va dans le
même sens que le premier ministre. Cela voudrait dire qu'à cause
de ces deux bénédictions, allons-nous vivre des publications
encore accentuées, non pas dans 20 comtés du Québec, mais
dans les 110 comtés où le Parti québécois pourrait
diffuser sa propagande à même des fonds de personnes morales, de
compagnies ou autres? C'est bien facile. Une annonce, qu'est-ce qui va dire que
cela vaut $100 ou $50 si c'est un fournisseur du gouvernement? Et il en existe.
A la suite d'un contrat vous savez que la chair est faible
à la suite de certains contrats intéressants, on Iui demande $500
ou $1000 pour une annonce. Y a-t-il un lien? Ce sont les abus qui peuvent
exister pour contourner la loi.
Nous avons des exemples dans le journal du Parti québécois
du comté de Montmorency, entre autres, d'un avocat que je ne nommerai
pas, mais où on voit, aux engagements financiers, qu'il y a eu des
engagements du gouvernement de $125 000 d'honoraires, et on voit son annonce
dans le journal du Parti québécois de Montmorency, un bureau
d'avocats, une raison sociale. Y a-t-il un lien entre un autre annonceur du
journal du Parti québécois dans le comté de Montmorency,
un arpenteur qui, aux engagements financiers, a eu des engagements du
gouvernement pour $35 000? Y a-t-il une relation entre la publicité dans
le journal québécois de Montmorency d'une multinationale
française, je crois, Sintra, fournisseur d'asphalte à
l'échelle du Québec qui a eu, aux engagements financiers, des
contrats négo- ciés sans soumission publique de $1 million?
Allons-nous voir cette publicité de Sintra, multinationale, dans les 20
publications du Parti québécois?
M. le Président, autrement, qu'a servi cette publicité, ce
tapage, ce pétage de bretelles qu'on a eus lors de l'adoption de la loi
2? D'ailleurs, le document de travail du directeur général du
financement des partis politiques soulève une multitude de questions. Il
se pose, à la page 11 de ce document, la question suivante: Est-ce que
le législateur a voulu qu'un parti politique puisse exercer une
activité par l'intermédiaire d'une personne morale? C'est une
question que se pose le directeur du financement des partis politiques. Est-ce
que le législateur a voulu que coexistent côte à côte
des principes qui ne semblent pas nécessairement découler des
objectifs visés initialement si on les considère sous l'angle du
simple citoyen? Voici sa réponse. L'interprétation pouvant
être faite de la loi entraîne une réponse affirmative tant
pour la question particulière que pour la question principale.
Je respecte cette opinion voulant que le législateur ait voulu
cette pratique, une belle loi, un beau code d'éthique qui dit
"uniquement les électeurs"; mais, par des personnes, des
prête-noms, on peut contourner la loi, faire indirectement, très
facilement, ce qu'on n'a pas le droit de faire directement. Mme la
Présidente, le directeur général ajoute: "Par contre, dans
le contexte particulier de cette loi, si c'est vraiment cela que le
législateur a voulu dire, ne serait-il pas préférable que
la chose soit dite clairement"?
Je voudrais que le gouvernement, dans ce débat aujourd'hui, nous
dise clairement sa position. Nous sommes à la veille d'une nouvelle
session, dans quelques semaines, dans quelques mois. Est-ce que, dans le
message inaugural, le gouvernement va nous annoncer qu'il va boucher les trous
qui existent dans cette fameuse loi 2 du financement des partis politiques?
Est-ce qu'il veut colmater les failles ou est-ce qu'il veut, comme le premier
ministre l'a dit l'autre fois, continuer ses pratiques joliment douteuses?
Est-ce qu'on a déjà perdu cette virginité qu'on a eue
à parader sur la moralité publique, sur l'honnêteté
publique, après deux ans de pouvoir? Cela voudrait dire que le pouvoir
corrompt vite, Mme la Présidente.
Une Voix: Où est la vôtre?
M. Lavoie: Où est la nôtre? Nous avons
respecté cette loi 2.
M. Godin: ...
M. Lavoie: Le Parti libéral, à ma connaissance, n'a
publié et n'a contourné la loi d'aucune façon. Il serait
facile pour le Parti libéral d'avoir des publications, des brochures
payées par des compagnies. Ecoutez! Nous n'avons pas voulu contourner
cette loi d'une manière aussi insignifiante, comme l'a fait le
gouvernement actuel et
avec l'encouragement que le premier ministre nous a exprimé
l'autre fois: Nous allons le faire encore, nous allons continuer. Ecoutez!
Est-ce que le premier ministre ou le Parti québécois avait une
moralité avant le 16 novembre et une autre moralité après
le 16 novembre?
M. Burns: Question de privilège.
Mme le Vice-Président: Sur une question de
privilège, M. le ministre d'Etat à la réforme
électorale et parlementaire.
M. Burns: Le premier ministre n'est pas ici pour répondre
à cette fausseté que vient de déclarer le
député de Laval, mais j'étais présent lorsqu'il a
donné ses réponses. Le premier ministre n'a sûrement pas
dit: Nous allons continuer, nous allons maintenir cette attitude. Il a dit:
Nous allons nous conformer à l'opinion qui sera donnée
éventuellement par le directeur général du financement des
partis politiques. Je pense que... Non, écoutez! Mme le
Président...
M. Lavoie: Je pense que le député, le ministre
responsable...
M. Burns: Je m'excuse, madame. Est-ce que j'ai la parole...
M. Lavoie: ... de la réforme électorale pourra
j'espère qu'il va intervenir dans ce débat.
M. Burns: ... sur ma question de privilège?
M. Lavoie: II n'y a pas de question de privilège dans
cela.
M. Burns: C'est une question de privilège parce que vous
êtes en train de faire dire au premier ministre quelque chose qu'il n'a
jamais dit.
M. Bédard: D'ailleurs il va s'en rendre compte en
lisant...
M. Burns: Vous allez vous rendre compte tout à l'heure,
lorsque le premier ministre va intervenir, que ce n'est pas cela qu'il a dit.
Ce que le premier ministre a dit, c'est clairement et carrément ceci: Si
nous avons tort, nous nous amenderons et nous attendons l'opinion du directeur
général du financement des partis politiques. Nous l'avons
reçue et jusqu'à maintenant en tout cas, je l'ai lue ce
midi je vous avoue que je ne trouve pas que cela change quoi que ce soit
à l'attitude du premier ministre.
Mme le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. le leader parlementaire de l'Opposition officielle.
M. Lavoie: Mme la Présidente, j'ai bien compris lorsque le
premier ministre a dit, il y a quelques jours d'ailleurs on peut le
vérifier au journal des Débats... Il pourra me contredire, il
pourra intervenir dans ce débat. Un représentant du gouvernement
a droit à 20 minutes et je souhaite que le député de
Maisonneuve intervienne. J'insiste parce que c'est lui qui a été
le parrain de la loi 2.
M. Burns: Oui, je vais le faire.
M. Lavoie: C'est lui qui a sorti les fanfares et les
trompettes...
M. Burns: Ne vous inquiétez pas.
M. Lavoie: ... pour montrer cette moralité publique
à la face du Québec et qui est démasquée
aujourd'hui. Le premier ministre a dit: Nous allons continuer à moins
que le directeur général du financement des partis politiques
dise que nous avons tort. Il semble que le document de travail aujourd'hui...
On dit qu'on peut contourner la loi 2. Moi, j'interprète en disant que
le premier ministre ou le Parti québécois a l'intention de
continuer à moins que... J'espère que vous allez vous lever et
vous allez dire: Non. On va arrêter ces publications-là, nous
allons colmater les trous, nous allons amender la loi dès la prochaine
session. C'est cela et uniquement cela que nous attendons de vous, les purs
d'en face. (16 h 50)
Le directeur général du financement des partis politiques
soulève lui-même la contradiction qui existe et les
ambiguïtés. On a dit, à coups de publicité
qu'uniquement, que seulement un électeur pouvait contribuer au
financement des partis politiques. L'interprétation ou l'avis des
conseillers juridiques du directeur général du financement des
partis politiques, dans le document, nous dit que ce n'est plus seulement
l'électeur, mais qu'il y a une primauté seulement pour que,
uniquement, un électeur puisse le faire, mais qu'il y a des moyens pour
des personnes morales ou autres de voir au financement des partis politiques.
Il faudrait clarifier cette question, Mme la Présidente, et c'est ce que
nous attendons du gouvernement.
Il y a des contradictions. Je ne ferai pas le procès du directeur
général du financement des partis politiques. Il y a certainement
eu des imprudences, possiblement, de sa part. Je ne veux pas faire son
procès. Je vais tenter de lui donner tout le respect qu'il faut, mais il
y a encore...
M. Duhaime: Pas d'insinuation.
M. Lavoie:... des contradictions. Le document de travail
qui n'est pas une directive qui est rendu public aujourd'hui est dans le
sens que les annonces des journaux ne seraient pas une contribution politique.
Par contre, j'ai un autre document qui n'a pas été
distribué dans la pochette de presse, qui nous a été
donné au mois de mars 1978 et qui émane, si je me rappelle bien,
du directeur général du financement des partis politiques,
où il est dit cela n'a pas été approuvé
à ce
moment-là, il y a deux articles qui ont été mis de
côté...
M. Bisaillon: Vous l'avez refusé, par exemple. Dites-le,
cela aussi.
M. Lavoie: Vous interviendrez au débat.
M. Bisaillon: Vous l'avez refusé, par exemple.
M. Lavoie: Mme la Présidente...
M. Bisaillon: Dites les choses dans l'ordre et comme elles
sont.
M. Lavoie: ... la directive émise à ce
moment-là par le directeur il avait le droit à ce
moment-là de donner des directives, la loi a été
amendée depuis trois et quatre... Ne soyez donc pas
scandalisés; vous avez voulu, au comité consultatif, qu'il y ait
le huis clos...
M. Bisaillon: Ce qui me scandalise, ce n'est pas le fond du
problème, c'est votre attitude.
M. Lavoie:... que ce soit fait en catimini. Tous les autres
partis s'y sont opposés. Il faut que la démocratie se plaide sur
la place publique. Vous avez voulu, vous...
M. Bisaillon: On va le faire, on va le faire.
Une Voix: La démocratie, vous ne savez pas ce que
c'est.
M. Lavoie: Mme la Présidente...
Mme le Vice-Président: A l'ordre, à l'ordre,
à l'ordre!
M. Lavoie:... une opinion, à ce moment-là, qui est
la suivante...
Mme le Vice-Président: M. le député de
Sainte-Marie, s'il vous plaît! A l'ordre, s'il vous plaît! M. le
leader de l'Opposition officielle, vous disposez encore de trois minutes tout
au plus.
M. Lavoie: Je suis convaincu qu'on va m'accorder le consentement
de cette Chambre si je devais dépasser pendant quatre ou cinq
minutes.
M. Burns: Vous n'avez pas le mien en tout cas.
M. Lavoie: Mme la Présidente...
Mme le Vice-Président: Le débat est restreint, de
toute façon.
M. Lavoie: ... je dis la contradiction entre le document que nous
avons actuellement, et un autre document qui a été
distribué au conseil consultatif, au mois de mars l'année
dernière, où il est dit: "3. Tout journal officiel d'un parti
politique autorisé ou, selon la commune renommée,
considéré comme tel, existant au niveau national, régional
ou local, est considéré par le directeur général
être une instance et, en conséquence, peut être
autorisé." Si cela veut dire que cela doit être autorisé,
cela veut dire que les journaux devront être considérés
comme une instance, être autorisés, faire rapport et être
soumis au contrôle avec la divulgation des contributions, des annonces ou
autres." Quatrième point très intéressant: "Toute somme
d'argent perçue par ou pour un journal constitue une contribution au
sens de la loi régissant le financement des partis politiques."
Il y a quand même ambiguïté. Il y a un an, cela
pouvait être une contribution; aujourd'hui, il semble que ce n'est plus
une contribution. Ce n'est pas au comité consultatif de décider
cela, même à la réunion de la semaine prochaine. C'est
à l'Assemblée nationale de demander de corriger des lois. C'est
la raison pour laquelle ce débat aujourd'hui était essentiel.
Il y a une multitude de zones grises. A quoi aurait servi d'adopter
cette loi 2 si, par des moyens faciles, même pas élégants
comme vous le faites actuellement, on peut contourner et ouvrir la porte
à ces abus. Il y a des élections partielles qui peuvent
normalement avoir lieu. Est-ce qu'on va voir des journaux
québécois de Jean-Talon et d'Argenteuil publier des annonces des
fournisseurs du gouvernement, multinationales ou autres? Vous l'avez fait dans
Montmorency; la tentation va être facile de le faire dans Jean-Talon et
dans Argenteuil, pour passer complètement à côté du
contrôle du directeur, passer à côté de l'application
de la loi 2.
On a eu les sophismes du premier ministre l'autre jour, lorsqu'il a dit:
C'est fait par des bénévoles et c'est déficitaire, ces
journaux-là.
M. Burns: A l'ordre!
M. Lavoie: Est-ce que cela voudrait dire que ce serait permis
parce que c'est déficitaire, mais dès qu'une semaine ce ne serait
plus déficitaire, mais rentable, là cela deviendrait
illégal? Ce sont des réponses qu'on a eues du premier ministre.
Voyons! une loi doit exister et c'est assez clair qu'on veut la respecter. Tout
le monde veut respecter cette loi 2.
Une autre ambiguïté ou zone grise. Il semble, dans ce
document de travail, que ce serait permis si ces journaux sont publiés
par des compagnies ou des entités distinctes des partis politiques. Ce
n'est pas cela qu'on a, des compagnies distinctes des partis politiques.
Partout, c'est identifié. Il n'est pas dit que c'est publié par
la Compagnie de publication de Beauport. Dans tous les cas, Chauveau, c'est PQ
Chauveau. Le Québécois de Laval, c'est le journal du Parti
québécois, région de Laval. Le Québécois du
comté de Montmorency, journal publié par l'Association du Parti
québécois, comté de Montmorency. Dans l'Est du
Québec, le Québécois de l'Est, je l'ai quelque part...
Le Vice-Président: Vous savez que votre temps est
déjà expiré.
M. Lavoie: Je termine. Le Québécois de l'Est,
bulletin d'information bimestriel publié par le Parti
québécois de la Gaspésie. Ce ne sont pas des
entités différentes; c'est publié directement par ces
partis politiques. Je termine en disant que nous voulons connaître les
intentions du gouvernement. Nous voulons savoir si cette virginité
existe toujours, qu'on n'ait pas "other ways, other days", M. le
Président. Que le premier ministre nous donne plus
d'éclaircissements et de meilleures réponses que celles qu'il
nous a apportées en Chambre l'autre jour. Est-ce qu'on veut respecter la
loi 2? Dites-nous si vous allez la corriger ou bien si vous allez donner...
Le Vice-Président: A l'ordre! M. le premier ministre.
M. René Lévesque
M. Lévesque (Taillon): Donc, M. le Président, hier
on l'a vu aujourd'hui était émis un avis du
directeur général du financement des partis, un avis qu'on
attendait sur cette question des journaux qui pourraient être
publiés par tous les partis du Québec pour diffuser leur
pensée, quand ils en ont une, mais qui, en fait, sont presque
exclusivement, sauf erreur, peut-être exclusivement publiés en ce
moment par des associations de membres du Parti québécois dans
plusieurs comtés ou régions du Québec. J'avoue que je
m'attendais à une telle question pendant la période des
questions. Elle n'est pas venue comme sur divers autres sujets importants qu'il
aurait été normal de traiter. Mais maintenant, tout à
coup, on nous provoque un débat le jour même où cela
paraît en extrait dans les journaux, le jour même, donc, où
le rapport nous parvient.
Je dirai un mot sur ce que représente cette attitude, M. le
Président, mais, d'abord, je crois qu'on me permettra de rappeler
brièvement l'ar-rière-plan sur lequel cette question s'est
développée. C'est d'abord relié à la loi 2, une loi
qui a été présentée et pilotée
d'arrache-pied par le gouvernement actuel. Une loi qui représentait le
premier de nos engagements au moment de la campagne électorale de 1976,
parce qu'il fallait répondre enfin, après des années et
des années de corruption littérale du climat politique, à
des exigences d'intégrité, d'insoupçonnabilité
aussi complète qu'il est humainement possible de l'action politique des
partis. C'est une loi que seul le Parti québécois pouvait
présenter, M. le Président, puisque déjà il la
pratiquait à toutes fins utiles depuis dix ans. Le débat a
été long; le ministre d'Etat à la réforme
électorale et parlementaire l'a vécu ici comme en commission. Le
débat a été long. Cela a été très
long de convaincre nos amis d'en face d'accepter ces règles
nouvelles.
Une Voix: On a voté pour.
M. Lévesque (Taillon): Après des tiraillements
interminables, elle a fini par rallier l'unanimité parce
qu'évidemment même Tartuffe, à l'occasion, doit adopter le
visage de la vertu. Mais, M. le Président, je vous ferai remarquer que
nul, à nul moment pendant ce débat qui a duré des mois
nous non plus, on doit l'admettre, on n'y pensait pas personne
n'a évoqué ni publiquement, ni privément cette question
des journaux de parti. Il n'y a pas de blâmes là-dedans. Personne
n'y a pensé. Pendant des mois, personne ne s'est préoccupé
de cette possible faille qui nous apparaît de plus en plus clairement
dans l'application ou le mécanisme de la loi 2.
Toutes vérifications faites, voici comment la question a
été soulevée. C'est, d'ailleurs, évoqué dans
les rapports, dans certains comptes rendus des journaux que j'ai lus trop
rapidement. En mars 1978, l'an dernier, donc plusieurs mois après
l'adoption de la loi 2, avait lieu la première réunion du
comité consultatif qui a été formé en vertu des
dispositions de la loi. (17 heures)
C'est le directeur général lui-même, M. Boucher, qui
a soulevé la question, et nous savons également que le
trésorier du Parti québécois, M. Philippe Bernard, a
également manifesté l'inquiétude que cela lui causait.
Cela est, sans procès-verbaux, le témoignage, parole
donnée, vérification faite, de ce qui se passait. Les autres
partis n'ont pas manifesté d'intérêt, en disant que la
question ne concernait pas directement la loi.
La question a de nouveau été soulevée le même
mois, en mars 1978, de nouveau, cette fois, à la demande du directeur
général du financement des partis politiques que ça
préoccupait, de toute évidence. Ce que j'ai, comme information
vérifiée, c'est que, pour la deuxième fois, personne
n'était intéressé, du côté des autres partis.
Ce qui a amené M. Boucher, en septembre 1978, à faire parvenir,
motu proprio, de sa propre initiative, une lettre posant une quinzaine de
questions à tous les membres du comité. Ce qui pourrait
intéresser la Chambre et peut-être le député de
Laval c'est que...
Une Voix: ...
M. Lévesque (Taillon): Non, je n'ai pas besoin de copie;
j'ai d'autant moins besoin de copie que cette lettre a été
envoyée par M. Boucher, que cela préoccupait depuis le
début, à la suite de demandes répétées et
insistances d'une foule de représentants de comté, d'associations
du Parti québécois qui, eux aussi, se posaient la question et qui
posaient les questions qui sont dans la lettre.
M. Lavoie: Parce qu'ils étaient nerveux.
M. Lévesque (Taillon): Finalement, M. le Président,
à la réunion du même comité en novembre 1978, M. le
député de Laval qui montrait toute cette vertu tardive,
tout à l'heure, que j'entendais par bribes de l'autre côté
ayant reçu la lettre et les questions, réagit finalement,
demandant au directeur général il était plus que
temps, il ne demandait pas mieux depuis des mois d'émet-
tre, après avoir étudié la question, un avis ou des
directives pour le début de 1979. Voilà ce qui est
arrivé.
Ce qui est assez curieux, ce sont les deux attitudes du Parti
libéral. Malheureusement deux attitudes personnifiées par un
homme qui est encore à l'extérieur, mais qui est le chef
élu de ce parti. Il y a eu une attitude en coulisse: pendant huit mois,
il refuse d'acquiescer à des demandes venant du Parti
québécois lui-même, sans compter le directeur
général du financement, de discuter des problèmes qui sont
vraiment soulevés par la vente d'espace publicitaire et de
matériel politique; ça, c'est une attitude en coulisse. Et
l'autre, en public, quand on sait à quelle date vont arriver les
rapports, c'est de téléguider de l'extérieur, par une
intervention du chef non parlementaire du Parti libéral, la
découverte d'un grand scandale subit dans l'application de la loi. Cela,
c'est du Tartuffe classique!
J'ajouterai, M. le Président, que ça nous
préoccupait tellement, tout le long du chemin, que, en attendant, pour
voir à quoi rimaient finalement les avis qui pouvaient sortir sur les
implications; tout en contrôlant le mieux possible les publications du
parti que, à deux reprises, en février 1978 on n'a pas
traîné à Trois-Rivières, au conseil national
du parti et à Granby, en juin 1978, au conseil national du parti aussi
deux fois de suite on était tellement conscient des
problèmes que pouvait soulever cette vente d'espace publicitaire qu'on a
insisté publiquement, pas de cachette là-dedans, pour que les
taux soient fixés pour la vente d'espace publicitaire de façon
équivalente au marché privé et qu'on prenne toute les
précautions possibles pour l'intégrité des
opérations. Mais, même malgré cela, bien sûr, on
s'inquiétait.
C'est ce que j'ai dit en Chambre, contrairement à ce que semblait
dire la député de Laval. J'ai le journal des Débats,
qu'est-ce que cela dit? Essentiellement ça dit ceci: Evidemment qu'on se
conformerait c'est la pure légalité avant de terminer j'en
reparlerai aux directives quand elles viendraient, s'il y en avait, aux
avis, enfin à l'interprétation des avis du directeur
général du financement. J'avais dit, avant, en espérant
que cela continue, bien sûr, ce n'est pas d'hier: A moins qu'il ne soit
clairement établi que peut-être il faut établir aussi cette
frontière ce qui veut dire abandonner ça va
continuer, la raison étant la suivante: Ce sont des volontaires,
à tous les niveaux, qui travaillent là-dessus, qui vont percevoir
des annonces, ce qui ne les empêche pas d'être dans le trou,
c'est-à-dire en déficit régulièrement. Mais s'il y
a une frontière à établir, à la suite de la
réflexion qu'on devait s'imposer, à partir des avis du directeur
général du financement, j'ai bien dit que peut-être, s'il
fallait établir cette frontière, on y verrait,
c'est-à-dire la frontière qui éliminerait la
publicité.
Ce qu'on a maintenant, c'est ceci. Après l'avoir demandé
à maintes reprises sans que personne ne l'écoute dans les autres
partis de l'Assemblée nationale, après avoir pris lui-même
l'ini- tiative, à la demande répétée et insistante
du Parti québécois, de faire l'étude qui lui a permis de
donner des avis, le rapport qu'on a vu dans les journaux, qu'on a obtenu ce
matin et qui est dans les journaux d'aujourd'hui sous forme de compte rendu, on
apprend que c'est légal. Tel que la loi existe, c'est légal, ce
qui se passe, mais on est très conscient aussi qu'un danger existe.
M. Lavoie: Ce n'est pas un avis juridique, c'est un document de
travail.
Le Vice-Président: S'il vous plaît! A l'ordre, s'il
vous plaît!
M. Lavoie: Ce n'est pas parce qu'il a dit que c'était
légal que ça l'est!
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, je ne l'ai
pas interrompu une seule seconde.
Le Vice-Président: Je m'excuse!
M. Lévesque (Taillon): ... il fulminait des choses qu'on
aurait pu reprendre facilement. Donc, c'est légal, selon tous les avis
qui nous paraissent disponibles, y compris les avis juridiques, mais le danger
existe. Je l'ai toujours dit, on ne changera pas la nature humaine, surtout
quand un parti est au pouvoir. Donc, il faut faire attention à ce
danger. Des journaux qui paraissent, il y en a une douzaine, en effet, et ils
ne sont pas incorporés. C'est pour rectifier certaines choses qui
semblent avoir été une interprétation. Aucun n'est
incorporé. C'est arrivé une fois et il est disparu depuis. Oui,
enfin, c'est arrivé une fois. Je suis en train de dialoguer avec un de
nos interlocuteurs des journaux. L'interprétation de l'incorporation
voudrait dire que, s'il s'agit d'entreprises incorporées, il n'y aurait
pas de raison qu'elles refusent la publicité même des autres
partis, ce qui nous mènerait à l'absurde. Il n'y en a pas,
actuellement, qui sont incorporés. Ils ne sont pas incorporés,
donc, cette question ne s'applique pas, mais le danger existe au niveau
possible des tarifs, au niveau possible des ventes sous pression, au niveau
possible de toute une série de choses qui, même si c'est
légal, pourraient moralement, à un moment donné, nous
engager sur une voie dangereuse.
Je donnerai la conclusion à laquelle en est arrivé,
après une discussion intense dès ce matin, du Conseil des
ministres, en prenant connaissance de l'essentiel du rapport. Je voudrais
simplement faire ceci avant de terminer, je voudrais rendre hommage à
des centaines et des centaines de bénévoles du seul parti qui est
capable d'en trouver pour réussir littéralement des choses
surhumaines comme celles-là.
M. Gratton: $2 millions!
M. Lévesque (Taillon): On peut rigoler, en face...
M. Gratton: $2 millions!
M. Lévesque (Taillon):... mais, même avec les
millions qui traînaient dans la caisse électorale, on ne trouvait
même pas de bénévoles pour écrire les journaux.
M. Gratton: On en a plus que vous! Le Vice-Président:
A l'ordre!
M. Lévesque (Taillon): Nous avons trouvé des
bénévoles et nous en trouvons encore...
Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Lévesque (Taillon): ... pour les rédiger, pour
les mettre en place. Quiconque sait ce que sont des publications
régulières sait l'effort que cela représente pour aller
chercher littéralement "à la cenne" l'argent qu'il fallait pour
les maintenir toujours en déficit. La grosse caisse de coulisse, entre
autres, de l'ex-gouvernement du Parti libéral ne trouvait même pas
les bénévoles pour employer l'argent qui traînait dans tous
les coins pour faire des journaux. Bon. C'est un fait.
Je reviens aussi au fait que la faille que j'ai évoquée
existe et elle existe dangereusement, cela fait des mois qu'on en est
conscient. On a pris les précautions qu'on pouvait en cours de route en
attendant les avis qui devaient venir. Maintenant, on a cette certitude de la
légalité, mais on n'a pas la certitude des garanties
nécessaires qu'il faudrait pour avoir un contrôle sans faille,
pour être sûr qu'il n'y aura pas d'échappatoire.
Après discussion ce matin, le Conseil des ministres a
décidé et immédiatement j'ai donné
instruction que cela se fasse dans les plus brefs délais que la
loi 2 sera amendée le plus vite possible, pendant la session actuelle,
pour colmater ces trous.
Est-ce qu'on peut trouver des critères qui permettent de
contrôler sans échappatoire? Je le croirais, mais je n'en ai pas
la preuve. On va demander d'analyser cela vite, mais le plus
sérieusement possible, pour trouver des contrôles sans
échappatoire contre la vente sous pression, pour que les bilans soient
vérifiés, audités, comme on dit dans le jargon, pour de
toute façon protéger l'intégrité d'une telle action
afin, si possible, de maintenir, non seulement pour nous, mais pour d'autres
qui voudraient le faire, mais d'une façon qui soit d'une
respectabilité totale et prouvée, des publications qui
représentent un effort héroïque de diffusion, et non pas les
bâillonner. Si ce n'est pas possible, si on en arrive à la
conclusion que ce n'est pas possible, il est évident qu'alors il
faudrait interdire toute publicité, ce qui reviendrait à dire de
décréter l'arrêt de mort de ces journaux. (17 h 10)
Je sais bien que c'est ce que rêvent de faire nos amis d'en face.
Cela aussi est une autre chose en coulisse qu'ils n'avoueront jamais parce que,
bien sûr, c'est dangereux, des journaux qui diffusent une pensée
politique légitime et qui risquent de rejoindre des citoyens dans leur
foyer. S'il fallait interdire la publicité, qu'il n'y ait pas moyen de
trouver des critères qui permettent absolument de séparer cette
opération-là avec des vérifications, des critères
qui seraient dans la loi, par amendement, tant pis, si c'est requis, il y aura
interdiction. Mais je voudrais répéter, en terminant, l'effet que
me fait, quant à moi, cette manoeuvre politique parfaitement
inacceptable, au moment où on sait qu'on s'apprêtait depuis
quelques mois, déjà, à répondre à la demande
plus que tardive du député de Laval, qui avait pris huit mois
à se réveiller à l'importance du sujet, et cela venant,
tout à coup, d'un homme qui est là, à l'extérieur
du Parlement, qui a parlé de réforme, qui a promis d'en faire,
qui se prête à ce qui, à mon humble avis, est plutôt
inqualifiable comme petite manoeuvre politique à court terme pendant
que, par rapport à certaines sommes assez importantes qui sont dans la
caisse de son parti, il se conduit, à toutes fins utiles, comme un
receleur à qui cela ne cause pas de scrupules.
Le Vice-Président: M. le député de Richmond.
M. Yvon Brochu
M. Brochu: Merci, M. le Président. J'aimerais faire
quelques brèves remarques, au nom de l'Union Nationale, dans le cadre de
ces discussions qui revêtent une importance assez grande vu
l'intérêt que les partis politiques, dans l'adoption du projet de
loi no 2, ont porté à ce qu'on a appelé l'assainissement
du financement des partis politiques au Québec. Depuis quelques jours,
on est conscient, et la Chambre en est témoin, qu'il y a plusieurs
questions qui sont soulevées à cet égard à
l'Assemblée nationale quant à l'utilisation par le Parti
québécois de la loi électorale en ce qui concerne la
publication de certains journaux, au niveau des annonces perçues des
commandites pour la publication de ces journaux. Evidemment, à la suite
des questions qui ont été posées, les journaux ont fait
et font encore largement état de cette question. Je pense
que le débat atteint maintenant des proportions assez larges pour
mériter que le gouvernement s'y attarde et prenne en
considération l'état du dossier et l'application de cette loi
qu'on a tenté de faire la plus parfaite possible.
Je rappellerai simplement que dans le Devoir d'aujourd'hui, le mercredi
14 février, sous la plume de Jean-Claude Picard, on lit ceci: "Parce
qu'incomplète et même contradictoire à certains
égards, la Loi sur le financement des partis politiques n'interdit pas
au Parti québécois de vendre des annonces commerciales pour
financer ses journaux partisans." Plus loin, on dit: "Enfin, et contrairement
à l'impression générale laissée au moment de son
adoption, cette loi no 2 n'écarte pas complètement, ni dans son
esprit, ni dans sa lettre, les contributions des personnes morales, compagnies,
syndicats, etc., au financement des partis politiques." Et on parle plus loin
de l'avis qui a été donné justement par M. Pierre-Olivier
Boucher, responsable de ce secteur. "Pour M. Boucher, ces corporations ne sont
pas des entités autorisées au sens de la loi et ne sont donc
pas couvertes par celle-ci lorsque vient le temps de vendre des annonces
publicitaires. Cesdites corporations, ajoute le texte, pourraient même
recevoir des contributions ou des dons, mais n'auraient cependant pas le droit
de les transférer aux partis."
C'est donc dire, M. le Président, que le législateur, dans
la discussion qu'il y a eu pour l'adoption du projet de loi no 2, a permis, par
le texte final, certaines échappatoires et certaines avenues qui
n'avaient pas été explorées à fond. Le premier
ministre a d'ailleurs reconnu lui-même, dans son intervention, tout
à l'heure, qu'il pouvait y avoir, jusqu'à un certain point,
certaines failles qui avaient été laissées en plan au
niveau du projet de loi, de sorte qu'on assiste aux discussions que nous avons
actuellement sur cette question.
J'aurais aimé qu'on puisse obtenir davantage d'information sur le
contenu des discussions des différents partis politiques lorsque ce
projet de loi a été adopté et plus spécifiquement
sur cette question. D'après les informations qui m'ont été
transmises, on a eu l'occasion quelque peu, au moment de la discussion article
par article du projet de loi no 2 sur le financement des partis politiques,
d'aborder cette question. J'aimerais avoir plus de temps actuellement pour
récupérer la transcription des débats à ce
moment-là pour voir quelle a été vraiment la position des
partis sur cette question, si on a vraiment laissé sans discussion cette
porte ouverte ou s'il y a eu des réserves de la part de l'un ou l'autre
des partis siégeant en cette Chambre. Je pense que la continuation de
nos discussions à ce sujet va permettre d'y arriver.
Ce que je veux faire remarquer, M. le Président, au nom de
l'Union Nationale dans le moment, c'est que j'espère que les
débats que nous avons actuellement, les questions qui sont
lancées sur la place publique permettront de revoir le projet de loi et
de corriger, s'il y a lieu, comme l'a indiqué le premier ministre tout
à l'heure, certaines failles qui peuvent exister. Je pense que la loi
n'est pas vieille. Elle ne date pas de plusieurs années. Elle est
maintenant dans ses premiers mois d'application. A ce moment-là, je
pense que c'est la possibilité et le devoir du législateur
et c'est là l'opinion de l'Union Nationale en ce qui concerne ce
problème qui nous préoccupe maintenant d'amender ce projet
de loi si on trouve qu'il ouvre la porte à des abus ou s'il a des
failles qui pourraient être préjudiciables au principe même
qu'on a voulu poursuivre par l'adoption de ce projet de loi. Toute loi,
d'ailleurs et le Parlement le fait régulièrement
peut et même doit dans certains cas être amendée pour
corriger certaines lacunes qui peuvent y être laissées.
D'ailleurs, M. Boucher lui-même, dans l'avis qu'il a donné,
souhaite que la loi soit discutée de nouveau et revue dans certains de
ses aspects. Je reviens à cet article qui est publié aujourd'hui
dans le journal Le Devoir sous la plume de M. Picard, où on rappelle
certains propos tenus par M. Boucher. "Toutefois, M. Boucher semble indiquer,
dans les derniers paragraphes de son texte, que la loi devrait être
modifiée c'est le directeur général du financement
des partis politiques qui parle et éclaircie s'il est vrai, comme
semble le dire le texte législatif, que le législateur a voulu
qu'un parti politique puisse exercer une activité par
l'intermédiaire d'une personne morale (corporation qui publie un
journal, par exemple) ou encore s'il a voulu que coexistent côte à
côte des principes qui ne semblent pas nécessairement
découler des objectifs visés initialement." Donc, je pense que le
directeur lui-même de cet organisme du gouvernement, qui est responsable
du financement des partis politiques, reconnaît qu'on doit
peut-être saisir l'occasion qui nous est donnée pour revoir le
texte de loi et corriger, s'il y a lieu, certaines lacunes qui ont pu exister
à ce niveau. J'aimerais, d'ailleurs, si le député de
Maisonneuve, responsable de ce projet de loi, a l'occasion de prendre la parole
tout à l'heure, qu'il puisse nous donner certains
éclaircissements, certains points de vue sur cette question,
étant donné qu'il a parrainé le projet de loi. Ce que je
souhaite donc, M. le Président, c'est qu'on puisse utiliser cette
discussion pour éclaircir une fois pour toutes ce sujet.
Je vous dirai, pour ma part, qu'en ce qui concerne l'Union Nationale
nous avons retardé volontairement la publication du journal Le temps
pour voir ce qu'il en était exactement, puisque nous avions perçu
là-dedans justement un domaine qu'on appelle en termes
législatifs souvent une zone grise où la façon dont on
pouvait procéder ne nous apparaissait pas clairement. L'Union Nationale,
dans un souci de se soumettre honnêtement et loyalement au principe de
loi qu'elle avait elle-même reconnu le nouveau principe du
financement des partis politiques n'a pas publié le journal Le
Temps tant et aussi longtemps qu'on n'avait pas un avis définitif
permettant de croire qu'on pouvait le faire et qu'on pouvait
récupérer des annonces de ces groupes, de ces syndicats ou
d'autres personnes morales qui pourraient être intéressées
à le financer. On a, je pense, en ce qui concerne l'Union Nationale,
adopté une approche prudente et qui dénote une volonté de
respecter la loi dans ce sens.
Mais je souligne l'occasion que nous avons maintenant de revoir
peut-être le contenu de la loi elle-même et de corriger ce qui peut
apparaître comme une faille actuellement dans le texte législatif.
D'ailleurs, le leader parlementaire de l'Union Nationale m'a indiqué
tout à l'heure aussi que la Loi électorale elle-même a
été amendée à plusieurs reprises, je pense à
dix ou vingt reprises. Ce ne serait pas nouveau et ce serait, je pense,
seulement sain pour la démocratie qu'on puisse le faire. Merci, M. le
Président. (17 h 20)
Le Vice-Président: Oui, M. le député de
Rouyn-Noranda.
M. Camil Samson
M. Samson: Merci, M. le Président. Je voudrais, à
l'occasion de ce débat, apporter mon
point de vue sur cette question. Je le ferai en apportant certaines
nuances. Comme je suis l'un de ceux qui sont membres du Conseil consultatif
relativement à l'application de la Loi sur le financement des partis
politiques, je souligne que j'ai eu l'occasion de siéger de façon
très régulière au Conseil consultatif du financement des
partis politiques. Je me rappelle à moins que ma mémoire
ne me soit pas trop fidèle avoir assisté à presque
toutes les réunions et au total des heures de session autant que ce fut
possible. J'en ai manqué très peu.
Je dois je ne parle pas pour les autres, je parle pour moi
souligner à l'attention des membres de cette Assemblée que je
fais la nuance entre l'application de la loi, telle qu'elle existe, et
l'application de la loi, telle qu'elle pourrait être autrement, parce que
la loi pourrait être autrement. Mais jusqu'à ce moment-ci, elle
est ce qu'elle est. J'ai eu le rapport du président du financement des
partis politiques que j'ai lu rapidement et j'ai pris certaines notes. Je dois
dire à cette Assemblée que, autant le 10 mars 1978 que le 29
septembre 1978 je parle toujours pour moi j'ai dit
carrément au directeur général du financement des partis
politiques que les journaux de parti, à mon sens, n'étant pas
inclus dans la loi, ne le regardaient pas.
Je dois honnêtement soutenir aujourd'hui les mêmes propos.
Aussi longtemps que cette loi ne sera pas amendée, aussi longtemps
qu'elle sera ce qu'elle est présentement, je soutiendrai la même
chose. Quand nous nous rencontrerons la semaine prochaine je pense que
c'est mardi prochain le 21 février, s'il est encore question des
journaux de parti, je soutiendrai le même point de vue aussi longtemps
que la loi ne sera pas changée. Donc, le 10 mars 1978 ce n'est
pas tout à fait un secret pour personne d'autres sujets ont
également été discutés et nous n'étions pas,
en ce qui concerne notre parti, d'accord avec les interprétations
données sur d'autres sujets. Nous l'avons fait savoir d'une façon
directe. Ce n'est pas nous qui l'avons fait, mais cela a aussi pris le chemin
de la presse à ce moment-là. Je pense que sur d'autres sujets,
tels que la question des reçus, qui ont été
discutés, nous avons fait savoir que nous n'étions pas d'accord
sur la formule qui était suggérée parce que la loi, telle
qu'elle était et telle qu'elle est encore, n'exigeait pas d'aller aussi
loin que le président du financement des partis politiques semblait
vouloir aller avec la directive ou les directives qu'il nous
suggérait.
Ceci dit, M. le Président, ces questions-là ont fait
l'objet de discussions. Pas plus dans ces autres matières qu'en ce qui
concerne les journaux qui doivent être ou non des instances de partis
officiellement, pas plus il n'y a eu des directives très
sévères dans les autres matières. Je pense que c'est
normal. On se retrouve devant du droit nouveau, en quelque sorte. Il faut
s'habituer à vivre avec une loi qui est absolument nouvelle, c'est une
méthode nouvelle de financer les partis politiques. La loi n'est
sûrement pas parfaite; au contraire. Il y a beaucoup de ce qu'il est
convenu d'appeler des "loopholes", des trous, dans cette loi, mais nous allons
les trouver au fur et à mesure qu'on va se buter sur des
problèmes. Il me semble qu'on s'est buté sur certains
problèmes. De toute façon, on s'est engueulé assez
confortablement à certains moments.
Je n'ai pas non plus l'intention de cesser de dire ce que je pense et
cela se peut que je m'engueule encore à ces réunions. Au fur et
à mesure qu'on trouvera que l'interprétation qui en est
donnée ne va pas dans le sens de la loi que nous avons votée, on
va faire connaître notre point de vue. Mais, en ce qui concerne les
journaux de parti, il est vrai, pour autant que je suis concerné, que je
me rappelle ce qui s'est passé, que cela a été soumis au
tout début. Il est vrai également qu'on a dit au président
pour la plupart, en tout cas, de ceux qui étaient
présents, je ne dis pas que c'est tout le monde qui avait le même
point de vue; bien sûr, c'est un conseil consultatif, il y a beaucoup de
monde autour de la table et autant il y a de partis, autant il pourrait y avoir
d'idées différentes que la majorité de ceux
présents ont dit au président que cela ne le regardait pas.
C'était en mars 1978. En tout cas, en septembre 1978, j'ai soutenu la
même chose.
Le président dit, dans son rapport et je cite sa lettre, au
troisième paragraphe, à la page 2: "L'intérêt
manifesté toujours en parlant des journaux de parti fut
mitigé, certains considérant l'insertion de ce sujet à
l'ordre du jour comme une récidive sur un sujet que l'on
considérait clos, d'autres allant jusqu'à s'interroger sur la
légalité de l'intrusion du directeur général dans
ce domaine". M. le Président, je dois avouer que ce que le directeur
général dit là, c'est vrai parce que c'est moi qui lui ai
dit cela. Peut-être qu'il y en a d'autres qui ont dit la même chose
ou des propos semblables; en tout cas, je me rappelle lui avoir dit cela.
Je n'ai pas l'intention, par le geste que je pose présentement,
de venir défendre quelque parti politique que ce soit, au contraire. Je
pense qu'il est de mon devoir de dire ce que j'ai pris comme position, ce que
je pense nous pouvons faire et ne pas faire à l'intérieur de
l'actuelle loi.
Ceci dit, M. le Président, il est aussi normal que, puisque cette
question a été soulevée, nous en profitions pour revoir la
loi. J'ai toujours soutenu les mêmes propos mais dans le cadre de la loi
telle qu'elle existe. Je soutiens que cette loi a besoin d'amendements, non
seulement en ce qui concerne les journaux de parti mais également,
peut-être, en ce qui concerne d'autres sujets. Or, puisque le premier
ministre a mentionné tantôt son intention de demander que cette
loi soit amendée, je trouve cette proposition intéressante.
Maintenant, quels sont les amendements qui seront proposés? Pour
le moment, on ne les a pas devant nous. Je pense qu'il serait trop tôt
pour se prononcer et crier victoire. Il serait trop tôt pour dire que
nous aurons des amendements qui nous permettront d'avoir une loi qui va nous
donner satisfaction. Je ne pense pas que nous puissions dire cela à ce
moment-ci. Sous toute réserve qu'on
connaisse le genre d'amendements qui nous seront suggérés,
on en discutera en temps et lieu. Je suis d'accord pour dire que cette
question, tout en étant, à mon avis, absolument dans les cadres
de la loi, pose certains problèmes, pas d'ordre légal
présentement mais sûrement d'ordre moral. Puisque cela peut poser
certains problèmes, il faudrait la régler de façon que
cela ne pose plus de problèmes à l'avenir et qu'il n'y ait pas de
questions qui soient susceptibles de surgir sur le parquet de cette
Assemblée pour mettre en cause l'intégrité ou
l'honnêteté des partis politiques qui sont tous, comme on le sait,
assujettis à la loi sur le financement des partis politiques.
Si nous avons voté à l'unanimité cette loi, il me
semble que cela est la preuve que tous les partis voulaient s'y soumettre.
C'est là la preuve que tous les partis voulaient s'y soumettre
honnêtement. Je n'aimerais pas qu'avec les amendements qui viendront on
se retrouve encore à voir surgir d'autres zones grises. J'espère
qu'on pourra les corriger. Je me réserve la position qu'on prendra dans
ce temps. (17 h 30)
Pour le moment, je soutiens qu'il est très difficile, même
avec des amendements à la loi je voudrais que le premier ministre
tienne compte autant que possible de ces propos de tracer la ligne
à savoir à quel moment un journal, quel qu'il soit, sera un
journal de parti ou ne sera pas un journal de parti. Les journaux qu'on a
mentionnés tantôt m'apparaissent comme étant des journaux
de parti. Mais, M. le Président, il y a d'autres journaux qui ne portent
pas d'étiquette de parti, qui sont très engagés dans un
sens ou dans l'autre, et ces journaux publient des éditoriaux
susceptibles de demander à des gens de voter dans un sens ou dans
l'autre. A mon sens, sur le plan peut-être pas légal, mais moral,
ces journaux sont tout autant des journaux de parti que les journaux officiels
des partis. A quel endroit on va tracer la ligne, M. le Président? C'est
la question que je laisse en suspens parce que je n'ai pas le temps d'aller
plus loin. Vous me faites signe que mon temps est terminé.
J'aimerais bien qu'on puisse au moins, et c'est là une
suggestion, avoir une bonne commission parlementaire sur le sujet avant qu'on
nous apporte les amendements pour que chacun des partis concernés puisse
apporter ses suggestions. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président: M. le ministre d'Etat à la
réforme... Question de privilège, M. le ministre des
Transports.
M. Lessard: M. le Président, je soulève une
question de privilège en relation avec l'article 49.-2. et je la
soulève le plus tôt possible ou immédiatement après
que les paroles ont été prononcées. Maintenant, vous
conviendrez avec moi que j'avais des vérifications à faire.
Malheureusement, je n'ai pu avoir les transcriptions en fait, mais je voudrais
à peu près répéter de mémoire ce qui s'est
dit dans l'intervention du député de Laval. Le
député de Laval s'interrogeait en disant ceci: Y a-t-il, par
exemple, une relation entre une annonce payée par la compagnie Sintra et
un contrat de plus de $1 million qui aurait été
négocié avec Sintra, tel que ceci est apparu aux engagements
financiers. Donc, j'ai fait vérifier très vite, pour
l'année 1977/78, les contrats négociés.
J'affirme qu'il n'y a eu, en 1977/78, qu'un seul contrat
négocié de plus de $1 million, qui a d'ailleurs été
accepté au Conseil du trésor et accepté au Conseil des
ministres, tel que l'exige la Loi de l'administration financière. Il
s'agit de Québec-Labrador. Ceci s'explique par le fait que
Québec-Labrador est la seule entreprise qui peut faire de l'asphalte
dans le comté de Duplessis. Le deuxième contrat
négocié, M. le Président, c'est celui de la compagnie
Beaver, dans les mêmes circonstances, pour une somme de $495 000. Dans
tous les contrats où nous acceptons de négocier à la suite
d'une entente, d'une politique de mon prédécesseur, le
député de Charlevoix, il s'agit de contrats inférieurs
à $300 000 et c'est pour maintenir des petites entreprises dans des
régions qui ne doivent pas disparaître à cause, justement,
de grandes entreprises comme Sintra.
M. le Président, je conviens qu'il ne faut quand même pas
dire n'importe quoi. La compagnie Sintra n'a pas obtenu de contrat
négocié de plus de $1 million. Je ne savais même pas que la
compagnie Sintra publiait des annonces dans le journal de Montmorency.
M. Lavoie: M. le Président... Le Vice-Président:
Oui.
M. Lavoie: ... sur une question de privilège, même
si j'ai des doutes sur ses propos, parce que le ministre des Transports aurait
pu intervenir, moi j'en ai vraiment une parce qu'on met en doute les paroles
que j'ai exprimées. Voici mes renseignements. Ce que j'ai dit, c'est que
la compagnie Sintra avait eu des contrats non négociés pour une
somme d'environ $1 million. Voici mes sources, M. le Président.
M. Lessard: Contrats non négociés. M. le
Président...
M. Lavoie: Ecoutez, je ne suis pas intervenu... Voici mes
renseignements. Juillet 1977, engagement 401, contrat négocié de
$71 900, Beauce-Nord et Lotbinière. Août 1977, engagement 502,
toujours avec Sintra, un contrat négocié de $41 900, Beauce-Nord
et Bellechasse. Août 1977, engagement 720, contrat négocié
de $51 900, Beauce-Nord. Août 1977, engagement 764, un contrat avec
soumission publique de $32 500. Septembre 1977, un contrat après
soumission publique, $200 000. Pour tous les autres, je mentionne ceux qui ont
des soumissions publiques. Je continue. Septembre 1977, engagement 720, un
contrat négocié, sans soumissions publiques de $147 000 pour
Beauce-Nord. Juin 1978, engagement...
M. Lessard: M. le Président, je regrette, on a
parlé d'un contrat de $1 million.
Le Vice-Président: Vous pouvez continuer, mais
brièvement. Vous connaissez l'article 49.
M. Lavoie: M. le Président, on a mis en doute les propos
que j'ai avancés, c'est assez grave. Je dois établir la
véracité de mes propos.
M. Duhaime: Oui, c'est très grave. Question de
règlement, M. le Président.
Le Vice-Président: M. le leader parlementaire adjoint.
M. Duhaime: M. le Président, je vais vous demander de
rendre une décision là-dessus. Ce que le député de
Laval est en train de faire, c'est soulever un débat sur la question de
privilège du député de Saguenay. Il a été
explicitement dit par le député de Laval, tout à l'heure,
qu'il s'agissait d'un contrat de $1 million.
M. Gratton: M. le Président, question de
privilège.
M. Duhaime: M. le Président, ce qu'on est en train
d'établir, ce n'est pas du tout ce que le député de Laval
disait tout à l'heure.
M. Gratton: Question de privilège, M. le
Président.
M. Duhaime: Ce serait une série de contrats, etc.
M. Gratton: Question de privilège, M. le
Président.
M. Duhaime: Les contrats ont été donnés
suivant...
Le Vice-Président: Un instant, s'il vous plaît!
M. Gratton: Bien, un instant!
M. Duhaime: ... les règles administratives qui existent
à l'heure actuelle. Je ne vois pas du tout, M. le Président,
comment vous pouvez permettre au député de Laval de faire une
question de privilège qui répondrait à celle qui a
été soulevée, par le député de Saguenay.
Le Vice-Président: D'accord, merci. La dernière
phrase est difficile à prendre par la présidence.
M. Gratton: M. le Président, si elle est difficile
à prendre, c'est difficile aussi de se faire reconnaître.
Le Vice-Président: Je vous reconnais, monsieur.
M. Gratton: Merci, M. le Président. Il n'est pas trop
tôt.
Des Voix: Polisson!
M. Gratton: Le leader parlementaire adjoint, M. le
Président, joue avec les mots. Il fait dire au député de
Laval qu'il a parlé d'un contrat de $1 million. C'est faux.
M. Lessard: C'est exact.
M. Gratton: Le député de Laval a parlé d'une
série de contrats...
Le Vice-Président: S'il vous plaît, je ne pense pas
que le député de Laval ait besoin d'un assistant pour sa question
de privilège.
M. Gratton: M. le Président, question de
privilège.
Le Vice-Président: Oui.
M. Gratton: Je crois que ce n'est pas à la
présidence de juger de qui le député de Laval a besoin, M.
le Président, très respectueusement.
Le Vice-Président: Je m'excuse envers vous, M. le
député, mais je ne vois pas en quoi vos privilèges
étaient attaqués.
M. Gratton: Vous m'invitez à m'expliquer. Je le fais avec
plaisir, M. le Président. C'est qu'en tant que membre de cette
Assemblée j'ai droit à la vérité. Ce que disait le
député de Saint-Maurice est contraire à la
vérité et c'est ce que j'ai voulu rétablir.
Le Vice-Président: D'accord. M. le député de
Laval.
M. Lavoie: M. le Président, toujours sur cette question de
privilège, sans vouloir soulever de débat...
Le Vice-Président: Oui, s'il vous plaît!
M. Lavoie: ... quand j'ai demandé, dans mon intervention,
s'il y avait un rapport entre la publicité de Sintra dans le
Québécois de Montmorency et des contrats, c'est le sexe des
anges?
M. Lessard: Ce n'est pas le sexe des anges; c'est exactement ce
qui a été dit.
M. Lavoie: J'ai dit des contrats de $1 million
négociés sans soumissions publiques par le ministère des
Transports et je continue de le dire.
M. Lessard: Je regrette...
Le Vice-Président: A l'ordre! Messieurs, je vous en prie!
Une question de privilège a été
soulevée par M. le ministre des Transports. Il a fait son message
et il n'y a pas de débat sur cette question. J'ai permis à M. le
député de Laval, leader parlementaire de l'Opposition officielle,
de soulever, lui aussi, sa question de privilège.
Non, je ne le tolérerai pas et je me demande si la population le
tolère! M. le député de Laval. (17 h 40)
M. Lavoie: Je dis en terminant, M. le Président...
Le Vice-Président: Merci.
M. Lavoie:... que d'après les engagements financiers et
suivant tous les numéros des engagements financiers que j'ai ici, en
1977/78 la compagnie Sintra a obtenu des contrats non négociés,
sans soumissions publiques, pour un montant de $885 300, et des contrats,
après soumissions publiques, pour un montant de $232 700. Ce sont les
propos que j'ai tenus. L'interrogation que je me posais était celle-ci:
Y avait-il un rapport entre ces contrats négociés et la
publicité de Sintra qui disait: "Longue vie aux Québécois
de Montmorency, Sintra construit pour vous"? C'est l'interrogation que je me
posais. Bon. Est-ce clair?
M. Lessard: II n'y a aucun rapport.
Le Vice-Président: Je considère non pas cet
incident mais ces questions de privilège terminées.
Je reconnais M. le ministre d'Etat à la réforme
parlementaire.
M. Burns: M. le Président, je vais essayer d'être
très bref dans mon intervention.
Le Vice-Président: Vous avez 10 minutes, de toute
façon.
M. Robert Burns
M. Burns: Je ne pense pas devoir ajouter à ce qui a
été dit par le premier ministre tout à l'heure. Sur le
plan du contenu, le premier ministre a établi la situation, a
déclaré et je n'ai pas besoin de l'appuyer pour que vous
le croyiez que ce matin, le Conseil des ministres s'est justement
penché sur cette question à la suite de l'opinion qui nous a
été fournie par le directeur général du financement
des partis politiques. A ce moment-là, nous avons décidé,
au Conseil des ministres, d'amender la loi. Je tiens cependant c'est
peut-être uniquement à ce niveau que je veux faire une
intervention à faire un petit historique de la situation.
Lorsque nous avons présenté le projet de loi no 2, qui est
devenu par la suite la Loi sur le financement des partis politiques, nous avons
été très clairs, du côté gouvernemental, sur
le fait que c'était une loi qui, naturellement, aurait des trous, si
vous me passez l'expression, comme j'avais d'ailleurs utilisé
l'expression à l'époque toutes les lois fiscales ont des
trous. Il y a des gens qui cherchent comment passer à travers. Tout le
temps, il y a toujours des gens qui cherchent des façons de passer au
travers des lois fiscales. Dans une loi nouvelle, dans un document tout
à fait nouveau comme celui sur le financement des partis politiques, il
est normal qu'il y ait des trous, c'est tout à fait normal, et je
l'avais admis à l'époque.
M. Forget: M. le Président, le député me
permet-il une question?
M. Burns: Non, non, non. Laissez-moi terminer, j'ai seulement 10
minutes.
M. Forget: Non? Vous ne me permettez pas de question?
M. Burns: Non, pas du tout, pas de question. Vous me les poserez
après.
Ce qui est normal, cependant, c'est de faire ce que le gouvernement
actuel est en train de faire, et annoncé par le premier ministre, c'est
dire: On a vu un trou, il y en a un là, et on va essayer de le combler,
on va essayer de le guérir, comme on le fait pour toutes les lois
à caractère fiscal.
Là où je ne suis vraiment pas d'accord, c'est que
quelqu'un, guidé par la main de Dieu, vienne nous dire, tout à
fait par hasard, qu'il y a un trou dans la loi, et que quelqu'un, du
côté ministériel, essaie de jouer avec cette loi. Je n'ai
pas à répéter tout ce qu'a dit le premier ministre
à ce sujet quand il a parlé des bénévoles, des gens
qui donnent tout leur temps et souvent leur argent, pour voir fonctionner les
journaux de comté. Là où je ne suis pas d'accord c'est que
tout à coup cette personne-là, guidée par la main de Dieu,
nous dise qu'elle a découvert qu'il y avait des trous dans cette
loi-là.
Bon Dieu! puisque cela s'applique depuis le mois de mars,
et je dirais même avant, j'étais membre du comité
consultatif sur le financement des partis politiques au tout début. Je
me souviens que, lors de l'une de nos premières réunions, les
membres du comité consultatif et le président, le directeur
général du financement des partis politiques avaient
souligné ce problème. Et, simplement pour que le dossier soit
clair là-dessus et que M. Ryan ne s'imagine pas qu'il a découvert
l'Amérique lui-même, je peux peut-être référer
d'ailleurs, le député de Laval le sait fort bien puisqu'il
était présent au procès-verbal de la
troisième réunion du conseil consultatif qui s'est tenue à
Québec, à la salle 91-A, le 10 mars 1978, à 9 h 30. Et,
à la page 4 du procès-verbal de cette réunion, on lit
ceci: "Le président fait alors lecture des directives sur la notion
d'instance. Après discussion, le président a
déclaré qu'il retenait, pour l'instant, les paragraphes 1 et 2
des directives sur la notion d'instance, lesquels rencontrent l'assentiment de
tous les membres. D'autre part, les membres du conseil déclarent
inacceptables les paragraphes 3 et 4 (journaux et partis) du même
document. Il est argué, notamment, que ces dispositions auraient pour
effet d'empêcher les journaux de parti de
fonctionner normalement". On est au mois de mars 1978. "Suite au refus
des membres présents de soumettre un mémo écrit sur la
question et là-dessus, Mme le Président, je vous prie de
prendre note de ce qui suit, c'est assez important pour le débat
le président explique que l'existence des journaux des partis telle que
connue présentement pourrait conduire à des abus qui
déjoueraient l'esprit de la loi. Et c'est dans cet esprit qu'il voit la
nécessité d'établir certaines normes à cet
égard. Le président convient cependant de retirer, pour
l'instant, ces deux paragraphes de façon à lui permettre
d'étudier davantage la question."
C'était au mois de mars 1978. Alors, il n'y a pas de
problèmes. N'essayons pas d'enculer des mouches, s'il vous plaît!
On a purement et simplement, dès le départ, prévu cette
ouverture qu'il y a dans la loi. On va essayer de la combler.
Déjà, vous avez un engagement du premier ministre qui dit qu'on
va essayer de trouver une solution à cela. Par la suite, ce n'est pas
resté là, il y a eu une autre rencontre un peu plus tard, de ce
même conseil consultatif, le 29 septembre; et là je pourrais vous
lire, in extenso, le procès-verbal qui dit, encore une fois, que le
président, le directeur général du financement des partis
politiques se préoccupait de cette situation.
Une lettre datée du 20 septembre 1978 a été
citée tout à l'heure. Elle posait une série de questions
dont les quatre premières qui disaient: Que doit-on entendre par
journaux ou organes officiels d'information d'un parti politique, association
de comté ou candidat autorisé? Deuxièmement, le
financement des journaux ou organes officiels d'information est-il soumis au
même régime de contrôle que celui découlant de la
loi? Troisièmement, si la réponse à la question
précédente est négative, peut-on envisager la
nécessité d'un contrôle et, si oui, lequel?
Quatrièmement, la constitution en corporation d'une compagnie ayant pour
but la publication d'un journal ou autres activités d'un parti politique
a-t-elle pour effet de soustraire le financement du journal ou de ses autres
activités de parti aux règles régissant les contributions
ou à celles qui sont envisagées, le cas échéant,
à la question précédente? Et ainsi de suite. Il y a une
série, d'environ quinze questions qui sont posées, mais les
principales sont celles que je viens de vous citer. Que M. Ryan vienne nous
dire que le directeur général du financement des partis
politiques ne s'est pas préoccupé de cela, je lui dis, à
M. Ryan, qu'il est un menteur total, absolu et public. Il ne sait vraiment pas.
Ou bien il est menteur, ou bien il est complètement ignorant de la
situation.
Ce que je trouve pire dans tout cela, c'est que le député
de Laval endosse ces positions, alors que le député de Laval sait
fort bien que depuis le début, c'est une préoccupation du
directeur général du financement des partis politiques et du
conseil consultatif sur le financement des partis politiques. Je ne comprends
vraiment pas qu'on nous arrive tout à coup comme cela aujourd'hui en
disant: II y a un avis qui nous est donné. On vous dit: Oui, on va
tenter de le régler. Je vous avoue que, si je voulais faire un peu de
basse politique, comme le député de Laval en fait avec sa motion,
je serais tenté d'examiner, de scruter et là, on
s'amuserait follement comment cela se fait que vous avez, dans le cas de
la dernière campagne de financement du Parti libéral, des
chiffres ronds comme ce n'est pas possible. Je n'ai jamais vu cela, des
chiffres ronds, des chiffres qui finissent par des zéros tout le temps.
(17 h 50)
M. Gratton: Est-ce qu'ils sont moins ronds...
M. Lavoie: Si vous avez des accusations à porter,
portez-les donc visière levée!
M. Burns: Je ne les porterai pas. Une bonne fois, on parlera de
cela.
Mme le Vice-Président: II vous reste une minute, M. le
ministre.
M. Burns: II me reste deux minutes? Mme le
Vice-Président: Une minute.
M. Burns: Mme le Président, je termine là-dessus.
Je veux tout simplement dire que si, du côté gouvernemental... Je
répète encore que le premier ministre n'a jamais dit qu'on va
continuer à fonctionner comme cela. Il vient de dire exactement le
contraire. Il vient de dire qu'on va tâcher de trouver une solution.
L'idée originale de la loi était de remettre entre les mains des
électeurs le financement des partis politiques, uniquement entre les
mains des électeurs. S'il y a des possibilités de passer à
côté dans le type de loi qui existe actuellement, à ce
moment-là, on va la corriger. Je termine là-dessus, Mme le
Président.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Gatineau.
M. Michel Gratton
M. Gratton: Mme le Président, le premier ministre a
parlé de Tartuffe tantôt. Je vous avoue, Mme la Présidente,
qu'on en a eu une belle démonstration de sa part, aussi bien que du
ministre d'Etat à la réforme électorale.
Imaginez, Mme la Présidente, que le Parti québécois
au pouvoir a voté une loi il y a environ 18 mois. Cette loi, comme le
ministre vient de l'admettre, de façon très naturelle, avait des
trous comme toutes les lois en comportent souvent. Du côté du
Parti québécois, on était tellement
préoccupé par les trous dans cette loi trous
inévitables, forcément qu'on a décidé d'en
profiter en publiant des journaux avec...
M. Godin: Question de privilège.
Mme le Vice-Président: Sur la question...
M. Gratton: Bon!
M. Godin: Attendez que je la dise, M. le député.
Les journaux existent depuis plusieurs années avant que la loi soit
adoptée.
M. Gratton: Ce n'est pas une question de privilège.
M. Godin: Une fausseté.
Mme le Vice-Président: S'il vous plaît!
M. Gratton: C'est sûr que les journaux existaient, mais la
loi n'existait pas. A compter du moment de l'adoption de la loi, il y avait des
trous dans la loi et vous avez commencé à vous servir des trous
qui n'existaient pas avant que la loi existe. Vous avez compris?
Mme la Présidente, on s'est préoccupé de percevoir
des trous dans une loi et on en a profité autant que possible. Au moment
où, en mars 1978, le directeur général du financement des
partis politiques s'est interrogé au niveau du comité
consultatif, on s'est tellement préoccupé de la question au
niveau du parti ministériel qu'on n'a pas jugé bon de dire
à ses associations de comté: Arrêtez, attendez qu'on
obtienne un avis à ce sujet. On a dit: Non, au contraire, allons-y et
vendons-en le plus possible, des annonces. On a attendu l'avis du directeur que
nous recevons aujourd'hui...
Une Voix: Un an après.
M. Gratton: Oui, un an après qu'on l'eut demandé...
avec une interprétation que le premier ministre a faite disant que le
directeur conclut que tout est légal, que tout est pour le mieux dans le
meilleur des mondes. C'est avec cela que le gouvernement justifie l'engagement
qu'il vient de prendre qu'il va effectivement boucher les trous. On a un
document qui donne raison au gouvernement, mais le gouvernement,
préoccupé comme il l'a toujours été, va enfin, sur
la foi de cet avis, qui n'est pas un avis légal, soit dit en passant,
amender sa loi. Le premier ministre est même allé jusqu'à
dire que, s'il n'était pas possible de colmater ces brèches dans
la loi, on en viendrait peut-être à la conclusion qu'il faudrait
tout simplement discontinuer la publication de tels journaux. C'est tout
simplement de l'hypocrisie abjecte de la part du gouvernement. C'est ce
gouvernement qui nous a prêché la fin des caisses occultes, la fin
de la possibilité qu'avaient des compagnies ou des corporations de
contribuer à un parti politique.
C'est l'aveu même du premier ministre, cet après-midi, qui
nous a dit que ces entreprises n'étaient pas incorporées, qu'il
s'agissait bel et bien des associations du Parti québécois.
Est-ce qu'on a lu la loi 2? Est-ce qu'on a lu la définition du mot
"contribution" qu'on y retrouve? "Contribution: les dons d'argent à un
parti politique, à une association de comté ou à un
candidat indépendant, les services qui leur sont rendus et les biens qui
leur sont fournis à titre gratuit à des fins politiques".
On retrouve, à l'article 2, les exceptions: "Ne sont pas
contribution les choses suivantes". Dans les choses
énumérées, dans les exceptions, on ne retrouve nulle part
une annonce payée dans un organe de publicité quelconque d'un
parti politique. On a spécifié, par exemple, qu'on pouvait
souscrire jusqu'à concurrence de $25 pour s'inscrire à un
congrès, qu'on pouvait s'inscrire jusqu'à concurrence de $10 pour
acheter un billet pour une manifestation quelconque. Si, dans l'esprit des
législateurs si purs et si vierges, de l'autre côté, on
avait réellement voulu faire une loi complète, si on avait voulu
permettre à des compagnies d'acheter des annonces dans ces journaux des
partis politiques, on l'aurait inscrit à l'article 2, dans les
exceptions. Mais non, Mme la Présidente, on n'y a pas pensé,
dit-on de ce côté. Je suis prêt à concéder que
le gouvernement n'y a pas pensé au moment de l'adoption de la loi, mais
il y a pensé après l'adoption de la loi, par exemple, parce que
des annonces, en veux-tu, en voilà! Et, forcément,
c'étaient des bénévoles qui sollicitaient les compagnies.
Le Parti libéral n'a pas de bénévoles, lui,
forcément. Nous, la grosse caisse occulte qui a fait élire le
premier ministre actuel à trois fois, nous c'est la grosse caisse
occulte. Et la campagne de financement du Parti libéral du
Québec, l'automne dernier, qui a rapporté plus de $2 millions,
faite en fonction de la loi 2, non des trous de la loi 2, mais de la loi 2
seule. On n'a pas fait de journaux, nous, Mme la Présidente.
J'entendais le premier ministre tantôt accuser les
libéraux, c'est de notre faute si la loi a été mal faite,
c'est notre faute si le Parti québécois a choisi d'utiliser les
trous dans cette loi qu'il a mal faite, et c'est encore notre faute si le
directeur général du financement vient de les mettre en garde;
c'est notre faute si on a soulevé la question et, finalement, ce sera
notre faute et cela, j'en conviens si le gouvernement, enfin,
amène des amendements à la loi 2. C'est ce qu'on recherchait, Mme
la Présidente.
En terminant, on a dit, du Parti libéral: Ils n'ont jamais voulu
qu'on défende la contribution des compagnies aux partis politiques.
C'est vrai. Mais nous étions francs et, au moment de l'adoption de la
loi, on a débattu le point, Mme la Présidente. On a dit: Les
compagnies devraient pouvoir contribuer, à deux conditions. Un maximum
de $3000, comme pour les individus, et la divulgation au-delà de $100.
Cela a été refusé comme amendement. A partir de ce moment,
on n'a pas préconisé de trouver des trous pour publier des petits
journaux de nos associations locales. On ne l'a fait nulle part, dans aucun des
110 comtés.
Si le gouvernement par la voix de son premier ministre, vient de nous
donner l'assurance qu'on amendera le plus vite possible ah oui, faites
bifurquer avec votre Sintra. Mme la Présidente, on s'est engagé,
par la voix du premier ministre, à amender la loi 2, au moins on devra
reconnaître du côté ministériel que l'Opposition a
joué un rôle. Je vous pose la question suivante, Mme la
Prési-
dente. Si l'Opposition avait laissé le parti ministériel
seul se préoccuper de ces trous, est-ce que cela aurait pris un an, deux
ans ou trois ans avant que le premier ministre ne s'engage à faire les
modifications? Je vous répète, Mme la Présidente, que, si
nous devons accepter un blâme quelconque dans l'Opposition, nous
acceptons volontiers d'avoir forcé le gouvernement à s'ouvrir les
yeux. Forcément, on ne s'attendait pas du premier ministre qu'il soit
transparent et franc en admettant la contribution que l'Opposition a faite,
mais nous, on a au moins la satisfaction de ne pas avoir abusé des trous
de la loi 2. (18 heures)
Nous restons complètement libres de contributions de quelque
compagnie que ce soit et ce, le Parti québécois ne peut pas le
dire depuis l'adoption du projet de loi.
M. Godin: Mme la Présidente, il reste deux minutes. Pour
les deux minutes qui restent.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Mercier, je veux bien vous reconnaître, mais vous n'avez plutôt
qu'une minute.
M. Godin: C'est cela que je veux. Si le Parti
libéral...
Mme le Vice-Président: Une phrase.
M. Godin: Si le Parti libéral avec sa nouvelle
virginité...
M. Lalonde: Question de règlement.
Mme le Vice-Président: Sur la question de
règlement, M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Mme la Présidente, il est évident que
si vous levez les yeux vers l'horloge, vous allez voir que les aiguilles
marquent 18 heures.
Mme le Vice-Président: J'avais déjà
levé les yeux vers l'horloge, M. le député, avant de
donner la parole au député de Mercier. Vous n'avez qu'une phrase,
il reste 50 secondes.
M. Godin: 50 secondes? Je les prends. Que le Parti libéral
publie la liste...
M. Gratton: Question de règlement, Mme la
Présidente.
M. Godin: ... de ses anciennes contributions d'avant la loi,
comme Trudeau et les autres, et ce sera clair.
M. Gratton: Question de règlement, Mme la
Présidente.
Mme le Vice-Président: J'avais mal évalué
mes secondes. Il est très exactement 18 heures. Cette Assemblée
ajourne... Permettez ma phrase... Sur la question de règlement.
M. Grenier: C'est sur une question que j'ai posée au
Président, avant son départ cet après-midi, relativement
à la commission de l'agriculture.
Mme le Vice-Président: M. le député, vous
allez être obligé de poser votre question au leader du
gouvernement en dehors de l'Assemblée, il n'y a plus de choix. Cette
Assemblée ajourne ses travaux à demain, 14 heures.
Fin de la séance à 18 h 2
ANNEXE
Questions inscrites au feuilleton
Question no 10 Questions de M. Vaillancourt (Orford) (28
février) 1. Le ministère de la Fonction publique a-t-il
complété l'inventaire des emplois fédéraux dans la
province ainsi que la préparation d'un plan détaillé de
réaffectation des fonctionnaires fédéraux résidant
au Québec? 2. Si oui, quel est, par région administrative, le
nombre de ces fonctionnaires fédéraux qu'il faudra
intégrer éventuellement à la fonction publique
québécoise, advenant que la province se sépare du
Canada.
Réponse de M. de Belleval 1. Les travaux en question ne
sont pas encore complétés.
Question no 17
Questions de M. O'Gallagher (23 mai) 1. Le
gouvernement ou ses offices, régies, commissions et
sociétés ont-ils retenu les services de Mme Andrée
Ferretti, depuis le 26 novembre 1976 jusqu'au 30 avril 1978? 2. Dans
l'affirmative: a) à quelle date; b) dans quel service administratif; c)
à quel titre; d) quel est le tarif de ses honoraires ou son traitement
annuel; e) quel est le montant total des traitements, honoraires et autres
rétributions qui lui ont été versés? 3. Sa
nomination a-t-elle été faite à la suite d'un concours de
la Commission de la fonction publique annoncé par la voie des journaux
et, le cas échéant, à quelle date et à quel endroit
ce concours a-t-il eu lieu?
Réponses de M. O'Neill (7 février)
Selon les renseignements reçus de la direction de Radio-Canada 1.
Oui, Radio-Québec. 2. a) Du 07-02-77 au 20-05-77
Du 23-05-77 au 20-06-77 b) Service: programmation c) Titre: agent de
recherche d) Du 07-02-77 au 20-05-77 $12 394 par année Du 23-05-77 au
05-06-77 $12 394 par année Du 06-06-77 au 20-06-77 $14 253 par
année e) Montant total versé: $2853.99 3. Il n'y a pas eu de
concours. Mme Ferretti a été recrutée selon la politique
des contrats de services d'employés pigistes et conformément aux
règlements de l'Office.
Question no 27
Questions de M. Springate (15 novembre) 1. Quels sont les
résultats de la campagne de recrutement qui a été
lancée par le ministre de la Fonction publique, au début de 1978,
chez les anglophones et autres minorités? 2. Le ministre vise-t-il
toujours à obtenir une proportion d'environ 20% de fonctionnaires non
francophones, soit un pourcentage à peu près équivalent
à la répartition de la population? 3. Des mesures
particulières ont-elles été prises, depuis cette campagne
de recrutement, pour faciliter l'accès aux anglophones dans la fonction
publique comme, par exemple, des examens en langue anglaise ou d'autres
accommodements?
Réponses de M. de Belleval 1. C'est la Commission de la
fonction publique et non le ministre de la Fonction publique qui est
responsable des activités d'attraction en vue du recrutement du
personnel de la fonction publique. 2. Le ministre de la Fonction publique
souhaite que les minorités ethniques soient représentées
le mieux possible dans la fonction publique. 3. La Commission de la fonction
publique dirige régulièrement certaines activités
d'attraction vers les milieux anglophones spécifiquement.
Question no 30
Questions de M. Shaw (30 novembre) 1.
Combien de non-francophones sont-ils des employés réguliers
à la Sûreté du Québec? 2. Quel pourcentage du total
des effectifs de la Sûreté du Québec cela
représente-t-il? 3. Y a-t-il une politique à la
Sûreté du Québec visant à intégrer des
non-francophones dans leur corps de police?
Réponses de M. Bédard 1. La Sûreté du
Québec compte parmi ses 5419 employés réguliers (4404
membres et 1015 employés civils) 71 personnes dont la langue maternelle
est autre que le français. 2. 1.3% 3. Il n'y a pas de politique
particulière à la Sûreté du Québec visant
à intégrer les non-francophones.