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(Quatorze heures onze minutes)
Le Président: A l'ordre, mesdames et messieurs!
Un moment de recueillement. Veuillez vous asseoir.
Affaires courantes. Déclarations ministérielles.
Dépôt de documents. Dépôt de rapports de commissions
élues. Dépôt de rapports du greffier en loi sur les projets
de loi privés.
Présentation de projets de loi au nom du gouvernement.
Présentation de projets de loi au nom des
députés.
Période des questions orales. M. le chef de l'Opposition
officielle.
QUESTIONS ORALES DES DÉPUTÉS
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, est-ce que le
leader parlementaire du gouvernement pourrait nous indiquer la raison pour
laquelle il manque au moins quinze ministres présentement?
M. Charron: Avec plaisir, M. le Président. Tout le monde
sait que la visite officielle du premier ministre de France se poursuit
aujourd'hui pour la dernière journée à Montréal. La
Chambre de commerce de Montréal avait organisé un déjeuner
où M. Barre était le conférencier invité et
où tous les ministres de ministères à vocation
économique avaient également été convoqués
auprès du premier ministre. C'est ce qui explique l'absence du ministre
des Finances, du ministre de l'Industrie et du Commerce, du ministre des
Consommateurs, Coopératives et Institutions financières. Le
ministre des Terres et Forêts accompagnait M. Barre, ce matin, à
la visite de l'IREQ à Varennes et le ministre d'Etat au
développement économique, le ministre de l'aménagement, le
ministre de l'Agriculture, tous les ministres qui sont membres du comité
permanent du développement économique...
Une Voix: Le ministre de la Justice?
M. Charron: Je dois vous dire que mon collègue de la
Justice ne m'a pas indiqué que c'était pour la même raison
qu'il s'absentait, mais tous les autres m'ont fait parvenir leur avis. C'est
parfaitement compréhensible, je crois, dans les circonstances.
Le Président: M. le député de Portneuf.
M. Pagé: Merci, M. le Présient. J'aurais presque
envie de...
M. Charron: Est-ce que c'était la première question
de l'Opposition officielle?
M. Pagé: Non.
Le Président: M. le député de Portneuf.
M. Pagé: Si vous interprétez cela comme
étant la première question, on pourrait peut-être
présenter une motion pour reporter la période des questions
à 20 heures; les ministres seraient là.
M. Charron: On n'en est pas encore aux motions non
annoncées.
M. Pagé: Mais, encore là, M. le Président,
probablement qu'ils auraient trop fêté.
M. le Président, j'ai une question qui s'adresse au ministre du
Travail.
Une Voix: C'était hier.
M. Pagé: C'était hier que vous avez trop
fêté? Vous êtes fatigués ce matin?
Le Président: M. le député de Portneuf, s'il
vous plaît.
Conflit de travail à Murdochville
M. Pagé: Oui, je reviens à ma question, M. le
Président, mais vous comprenez qu'on m'invite, de l'autre
côté. M. le Président, la semaine dernière, je
demandais à cette Chambre et je vous demandais d'accepter un
débat d'urgence entre autres sur le conflit qui affecte des milliers de
travailleurs à Murdochville dans le dossier de la Gaspé Copper
Mines. Vous n'êtes pas sans savoir, M. le Président, que cette
entreprise est en grève depuis le 17 octobre dernier, que cela a
beaucoup d'implication dans l'économie réginale là-bas.
Vous n'êtes pas sans savoir non plus, M. le Président, que c'est
près de $8 millions de revenus ordinairement payés en salaires ou
en traitements qui n'ont pas été effectivement payés. Vous
n'êtes pas sans savoir, M. le Président, que plusieurs commerces
sont gravement affectés, qu'une trentaine ou une quarantaine de familles
ont déjà quitté cette région du Québec pour
aller s'implanter ailleurs, ce qui affecte dangereusement non seulement la
ville de Murdochville, mais toute la région, tout le Bas-du-Fleuve et
toute la Gaspésie dans une très large mesure.
M. Charron: M. le Président.
M. Pagé: M. le Président, ma première
question sera au ministre du Travail. Je conviens qu'il y a eu des
périodes de conciliation, que les conciliateurs sont au dossier,
jusqu'à une certaine mesure qu'on peut douter du succès de la
conciliation jusqu'à maintenant. J'aimerais que le ministre du Travail
nous dise ce que lui, en tant que ministre du Travail, membre du gouvernement
du Parti québécois, il a fait dans le dossier et quelles sont les
démarches et les efforts qu'il a déployés jusqu'à
maintenant pour en venir à un règlement
dans ce dossier qui a non seulement duré, mais qui a
perduré, M. le Président, et qui affecte toute cette
région de la Gaspésie.
Le Président: M. le ministre du Travail et de la
Main-d'Oeuvre.
M. Johnson: M. le Président, je m'attendais un peu
à cette question du député libéral, étant
donné qu'une série d'articles dans les journaux, puisque c'est en
général sa première source d'inspiration, ont fait
état de ce conflit qui perdure effectivement à Murdochville. Je
reconnais avec lui et il n'y a rien de très original
là-dedans que cette grève en ce moment...
M. Pagé: Je soulève une question de
privilège, à ce moment-ci, M. le Président.
Le Président: M. le député de Portneuf.
M. Pagé: M. le Président, le ministre du Travail
m'impute actuellement des motifs en voulant laisser croire que ma
référence à ma question était dans les journaux. Je
me limiterai à vous dire, dans ma question de privilège, que
j'aurais pu poser plusieurs questions sur la grève de la CTCUQ ici
à Québec...
Une Voix: Ce n'est pas une question de privilège,
cela.
Le Président: M. le député de Portneuf, s'il
vous plaît! A l'ordre, s'il vous plaît!
M. le ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre.
M. Johnson: M. le Président, il ne s'agit pas d'imputer
des intentions, je faisais remarquer que la question du député de
Portneuf n'était pas très originale. M. le Président,
effectivement...
M. Pagé: ... cela va bien.
M. Gratton: On va voir si cela va susciter une réponse
originale.
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Johnson: Dans le cas de la mine Gaspé, ce gouvernement
prend peut-être plus au sérieux ce conflit de travail que le
député de Portneuf ne se l'imagine, d'autant plus qu'au mois de
décembre, lors d'une séance d'ironie puisque c'est le
sport auquel il s'adonne, en général, en commission parlementaire
je lui avais peut-être offert d'être nommé
médiateur dans le conflit. Je l'inviterais peut-être à le
faire immédiatement s'il pense qu'il peut apporter une contribution
solide.
M. Pagé: La démission du gouvernement.
M. Johnson: M. le Président, il y a eu effectivement une
demi-douzaine de séances de conciliation; la dernière
étape d'interventions du minis- tère a été de
nommer un second conciliateur au dossier, M. Des Trois Maisons, qui assiste M.
Courchesne, pour s'assurer de la plus grande disponibilité des parties.
A 13 h 45 cet après-midi, M. Raymond Desilets, chef du service de
conciliation, me confirmait que M. Courchesne a tenté sans succès
d'obtenir que la partie patronale bouge de ses positions et, jusqu'à
maintenant, il semble que la partie patronale ne veuille pas bouger sur ses
positions. On sait que le problème central pour les travailleurs de
Murdochville, c'est celui de l'existence d'une différence de $1.44 entre
ce qui est payé à Murdochville par la Noranda et ailleurs dans
d'autres usines de Noranda. Le ministère demeure toujours à la
disposition des parties, mais il n'est pas vrai que ce ministère se
substituera aux parties, qui ont comme devoir de librement, et de façon
diligente, négocier avec bonne foi.
M. Pagé: M. le Président...
Le Président: M. le député de Portneuf.
M. Pagé: Le ministre du Travail du gouvernement du Parti
québécois vient de reconnaître son échec, M. le
Président, en offrant à l'Opposition d'y aller comme
médiateur. Ne soyez pas inquiets, avant longtemps, on aura cette
responsabilité.
Le Président: M. le député de Portneuf, s'il
vous plaît, je vous demande de ne pas abuser.
M. Gratton: Demandez cela à ceux qui sont de l'autre
côté.
M. Pagé: M. le Président, le ministre du Travail
m'a offert d'être médiateur, je me limite à lui dire
qu'avant longtemps on aura cette responsabilité parce que vous serez
battus aux prochaines élections.
M. le Président, c'est évident que j'aurais pu parler
d'autres conflits, pour reprendre ce que le ministre m'a répondu suite
à ma question; j'aurais pu parler de la CTCUQ, on aurait pu parler de la
Donohue et de tout cela. On en est aujourd'hui à la question de
Murdochville. Je vous ai demandé ce que vous aviez fait personnellement;
le ministre du Travail s'est limité à faire état des
services de conciliation.
Des Voix: A l'ordre! A l'ordre!
M. Pagé: Ma question additionnelle est la suivante:
Comment le ministre peut-il expliquer qu'il ne serait pas justifié
d'intervenir personnellement dans le conflit alors qu'au mois de septembre ou
octobre dernier il intervenait personnellement dans le conflit à la
Commonwealth Plywood? C'était un conflit qui avait des
répercussions importantes, il s'agissait de 150 travailleurs. (14 h
20)
Quant à moi, bien humblement, je vous souligne, M. le
Président, que cela n'affectait pas
autant une région que cela peut être le cas actuellement
dans le dossier de Murdochville. A ce moment, M. le Président, le
ministre est intervenu personnellement. C'est aujourd'hui une suggestion que je
lui formule et je le fais sous forme de question. Pourquoi n'intervenez-vous
pas vous-même personnellement comme vous l'avez fait, soit comme ministre
ou encore par le biais d'une commission parlementaire?
Le Président: M. le ministre du Travail et de la
Main-d'Oeuvre.
M. Johnson: Parce que ce type d'attitude, M. le Président,
a démontré que cela relevait de la pure fantaisie et qu'en
général, cela ne fait pas avancer les choses. Il peut y avoir des
exceptions dans l'exercice du métier qu'on fait comme ministre et je
pense que le député de Portneuf aurait peut-être avantage
à consulter certains des anciens collègues ou certains de ses
collègues actuels...
M. Pagé: Ne soyez pas inquiet là-dessus.
M. Johnson: ... qui ont déjà occupé les
banquettes ministérielles. Il peut y avoir des exceptions au
comportement administratif ou de gestion d'un ministre. Je prétends et
je demeure convaincu que l'intervention personnelle du ministre du Travail est
une chose qui ne doit se faire qu'exceptionnellement et qu'il ne faut pas
s'imaginer que l'intervention personnelle, fût-elle personnalisée
avec le culte, le culte que certains ont pu faire de cette personnalisation des
conflits au Québec avant novembre 1976... Il faudrait peut-être se
rendre compte, dis-je, que ce n'est pas cela qui va remplacer une
différence de $1.44 à Murdochville.
M. Pagé: M. le Président, une dernière
question additionnelle.
Le Président: M. le député de Portneuf.
M. Pagé: Le ministre du Travail nous a défini son
intervention, à savoir que c'était dans des cas exceptionnels
seulement. J'aimerais lui demander une définition de cette exception.
Est-ce que le ministre du Travail considère que 1200 personnes en
grève et toute une région affectée d'une façon
aussi grave que celle-là, ce n'est pas important, ce n'est pas
exceptionnel? Est-ce que vous attendez que cela soit fermé ou encore que
cela fasse six mois et un an pour prendre vos responsabilités?
Le Président: Le ministre du Travail et de la
Main-d'Oeuvre.
M. Johnson: M. le Président, je considère que ce
conflit qui affecte, effectivement, toute une région est tellement
important qu'il exige que ce ministère que je dirige mette à la
disposition de ceux qui doivent faire un minimum d'efforts, des deux
côtés, un minimum de discrétion et qu'on n'en traite pas
légèrement, comme le député de Portneuf le fait
habituellement.
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Union
Nationale.
M. Bellemare: M. le Président, ma question s'adresse
à l'honorable ministre des Affaires sociales.
Le Président: Je m'excuse, M. le leader parlementaire de
l'Union Nationale, je croyais qu'il s'agissait d'une question additionnelle. Il
y a une autre question principale pour l'Opposition... Je regrette, M. le
leader parlementaire de l'Union Nationale, ils n'ont pas eu deux questions
aujourd'hui.
Mme le député de L'Acadie.
Supplément de revenu aux personnes en centre
d'accueil
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, ma question s'adresse au
ministre des Affaires sociales. Hier, à la suite d'une question
supplémentaire que je lui posais touchant le revenu, le
supplément de revenu aux personnes en centre d'accueil, sa
réponse a semblé créer de la confusion, puisqu'on peut
lire aujourd'hui un reportage de la Presse canadienne disant que les $20 iront
aux personnes âgées.
Je voudrais poser deux questions très précises au ministre
des Affaires sociales dans l'espoir aussi de réponses précises.
Quel est le montant global que représentent les $20 de supplément
de revenu qui doivent être versés par le fédéral aux
personnes âgées en centre d'accueil? Deuxième question: le
ministre nous a expliqué qu'il faisait une répartition
différente de ces $20; peut-il nous dire quel est le montant global que
représenteront les $5 supplémentaires qu'il versera d'une part
aux personnes âgées en centre d'accueil et les $5 qu'il versera
aux personnes qui ne sont pas des personnes âgées mais qui sont
dans des centres de soins prolongés? D'une part, le montant global qui
vient d'Ottawa et, d'autre part, le montant global qui est redonné soit
aux personnnes âgées en centre d'accueil ou aux personnes en
centre de soins prolongés?
Le Président: M. le ministre des Affaires sociales.
M. Lazure: M. le Président, je suis content que le
député de L'Acadie soulève cette question parce
qu'effectivement, il y a eu confusion aujourd'hui, dans une
dépêche de la Presse canadienne en particulier. J'ai dit hier que
le gouvernement avait autorisé les responsables des centres d'accueil
à verser $5 additionnels d'argent de poche aux personnes
âgées, ce qui monte leur allocation mensuelle d'argent de poche de
$63 à $68.
Deuxièmement, j'ai aussi dit que nous avions, à la
même occasion, décidé d'augmenter aussi l'allocation de
poche pour les personnes de moins
de 60 ans qui vivent en hôpitaux de soins prolongés pour
que ces personnes aient le même montant d'allocation, soit $68.
Tout cela coûte un peu plus de $3 500 000 par année. J'ai
dit que le solde, puisqu'il s'agit d'un montant total d'un peu plus de $5
millions si vous le permettez, je vais finir mon explication les
$20 en question qui vont aux institutions de soins prolongés et aux
centres d'accueil pour personnes âgées représentent donc un
peu plus de $5 millions; un peu plus de $3 500 000 pour monter l'allocation,
l'argent de poche des personnes âgées et des personnes qui ont
moins de 60 ans. Le reste va, M. le Président, à la mise en
marche de nouveaux programmes pour personnes âgées.
On m'a demandé hier: Est-ce que tout cet argent va aller aux
personnes âgées? J'ai répondu oui, cela va aller aux
personnes âgées. Je vous mets au défi de relever le journal
des Débats. J'ai dit que toute cette somme allait aux personnes
âgées. Le solde des $5 millions va effectivement pour
défrayer le coût des services ambulanciers aux personnes
âgées qui, depuis le 1er janvier, sont gratuits à travers
tout le Québec.
Le Président: Mme le député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je crois comprendre,
même si je suis d'accord avec la mesure du paiement des services
ambulanciers, que ces services seront payés par l'effort
supplémentaire que le fédéral fait pour verser un
supplément de revenu aux personnes en centre d'accueil. Alors, ce n'est
pas le provincial.
Le Président: M. le ministre des Affaires sociales.
M. Lazure: M. le Président, je trouve déplorable
cet esprit tout à fait colonisé qui interprète comme
étant des cadeaux d'Ottawa des sommes d'argent qui sont fournies au
moins à 24% par nos contribuables du Québec. Les personnes
âgées, aussi bien que le gouvernement du Québec ou le
gouvernement de toutes les autres provinces, ne reçoivent aucun cadeau
du gouvernement fédéral. Le gouvernement fédéral a
un pouvoir d'impôt considérable, si on tient compte du peu de
responsabilités administratives que ce gouvernement a. Ce n'est pas le
gouvernement fédéral qui doit faire vivre, si vous voulez, ou
payer le coût quotidien de tous les hôpitaux du Québec, de
tous les centres d'accueil du Québec, qu'ils soient pour enfants ou pour
personnes âgées, et des CLSC.
Pour revenir à la question du député de L'Acadie,
on sait que cette pension coûte environ $700 par mois pour chaque
personne âgée en centre d'accueil. Nous, au gouvernement du
Québec, nous pensons qu'allouer ou remettre à chaque personne
âgée une somme mensuelle de $68, soit environ 10% du coût,
c'est une mesure tout à fait raisonnable. Je vous mets au
défi...
M. Blank: Ne dites pas le mot "remettre', c'est leur argent.
M. Lazure: ... de nous démontrer ce que le gouvernement
antérieur, le Parti libéral, a fait durant les trois
années, de 1973 à 1976, pour les personnes âgées
quant aux subventions, quant à l'argent de poche, aux allocations
mensuelles.
M. Raynauld: Question additionnelle.
Le Président: M. le député de
Mégantic-Compton, question additionnelle.
M. Grenier: Comme question additionnelle, le ministre, justement
à la toute fin de sa réponse, nous parlait d'un exemple qui
pourrait être donné face à ce que l'ancien gouvernement a
fait sur ce rabais qui venait du fédéral.
Ces $5 donnés aux personnes âgées, il a
répondu hier, quand je lui ai parlé, que ce n'était
même pas l'augmentation du coût de la vie, qu'elles étaient
nourries, qu'elles avaient tous les médicaments. Il faut quand
même savoir qu'avec $68 ces personnes-là doivent s'habiller, payer
leurs voyages, etc... Ce sont $5 seulement... Mais cette proportion de $5 sur
$20, je me demande si le ministre peut nous dire si elle peut se comparer aux
sommes données antérieurement à ces personnes
âgées. Si elle est un peu supplémentaire ou si elle n'est
pas plutôt égale à ce qu'elles recevaient avant.
Le Président: M. le ministre des Affaires sociales.
M. Lazure: M. le Président, encore une fois, il faut que
la population se rappelle que moins de 5% des personnes âgées, au
Québec, vivent en centre d'accueil ou en hôpitaux de soins
prolongés. Donc, il faut reconnaître que la grande majorité
des personnes âgées conserve les $20 additionnels qu'elles
reçoivent actuellement comme supplément de revenu. (14 h 30)
Ceci étant dit, les gouvernements antérieurs versaient,
toutes proportions gardées, moins d'argent pour les allocations
personnelles que nous en versons actuellement dans les centres d'accueil pour
personnes âgées, et le député de
Mégantic-Compton est placé pour le savoir.
Nous avons augmenté de $49 à $63, l'an passé,
l'allocation de poche pour les personnes âgées. Les mesures que ce
gouvernement-ci a prises depuis deux ans pour les personnes âgées,
je pense qu'elles sont reconnues d'emblée par les personnes
âgées, qu'il s'agisse de soins à domicile, qu'il s'agisse
de construction de centres d'accueil, de médicaments...
Le Président: M. le ministre des Affaires sociales!
M. Lazure: ... des ambulances, on en parlait tantôt, mais
des médicaments gratuits pour les personnes âgées.
Le Président: M. le ministre des Affaires sociales, s'il
vous plaît!
M. Lazure: Mais si, une fois pour toutes, M. le Président,
les membres de l'Opposition voulaient faire front commun avec ce gouvernement
pour réclamer de Mme Bégin et du gouvernement
fédéral qu'on cesse d'intervenir dans un domaine qui est
strictement de compétence provinciale, c'est-à-dire toute la
sécurité sociale.
Le Président: Dernière question sur le sujet, M. le
chef de l'Opposition.
M. Levesque (Bonaventure): Ma question additionnelle a deux
volets. Premièrement, est-ce que le ministre des Affaires sociales, qui
vient de prétendre que le montant versé par le gouvernement
fédéral rendrait un peu colonisés ceux qui le
reçoivent...
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Levesque (Bonaventure): ... est-il d'accord que les versements
par le gouvernement fédéral de $T,5 milliard par année au
titre de la péréquation rend le Québec
colonisé?
Le deuxième aspect de ma question, c'est simplement une
précision que je demande au ministre des Affaires sociales. Ai-je raison
de penser que les récipiendaires de ces chèques, les personnes
qui sont en centre d'accueil recevaient, jusqu'au 1er janvier, un certain
montant, et le gouvernement fédéral a ajouté à ce
chèque une somme de $20 par mois? Ces personnes recevaient directement,
à leur adresse, ces chèques. Le gouvernement du Québec a
décidé que, lui, il prendrait $15, à même ces $20
qui leur étaient versés par le gouvernement
fédéral. Ma question est précise, le ministre dit: Nous
allons donner $5 de plus aux bénéficiaires en centre d'accueil.
N'est-il pas plus exact de dire: Nous allons puiser $15 de plus chez les
personnes en centre d'accueil ne leur laissant que $5?
M. Charron: Sur une question de règlement, M. le
Président.
Le Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement.
M. Charron: J'ai écouté attentivement la question
du chef de l'Opposition; vous admettrez avec moi que la première de ses
sous-questions additionnelles n'avait aucun rapport avec le sujet que nous
sommes à discuter. J'inviterais plutôt mon collègue
à répondre à la deuxième seulement.
M. Levesque (Bonaventure): Un moment, M. le Président.
Le Président: M. le chef de l'Opposition.
M. Levesque (Bonaventure): C'est le ministre lui-même qui a
utilisé le mot "colonisé" dans sa réponse, et j'avais le
droit de revenir sur ce terme utilisé par le ministre.
M. Lazure: M. le Président, je suis...
Le Président: M. le ministre des Affaires sociales,
puis-je vous demander d'être bref puisqu'il y a pas mal de temps qui est
écoulé?
M. le ministre des Affaires sociales.
M. Lazure: M. le Président, les questions sont assez
longues et je pense qu'il est justifié que les réponses prennent
au moins autant de temps que les questions.
J'ai utilisé le terme "colonisé" dans le sens suivant: II
s'agit d'une attitude, d'une approche, d'une mentalité qu'on retrouve
surtout chez les membres de l'Opposition officielle; attitude par laquelle
chaque fois qu'Ottawa remet, comme il est normal, une partie des sommes qu'il
vient chercher ici, nos amis de l'Opposition voient cela comme un cadeau.
M. le Président, les personnes âgées en centre
d'accueil, au moment où nous sommes arrivés au pouvoir,
recevaient $49 d'argent de poche par mois. Je pense que c'est cela qu'il faut
se rappeler; nous avons haussé cette allocation à $63 par mois,
$68 avec le dernier geste qui vient d'être posé il y a une
semaine. Mais, M. le Président, dans les centres d'accueil, les
personnes âgées non seulement sont nourries et logées
gratuitement, mais ont aussi toute une série de privilèges que
nous trouvons normaux, mais qui sont quand même des privilèges par
rapport aux personnes âgées qui habitent dans leur maison ou dans
leur logement.
Je pense qu'il faut, une fois pour toutes, arrêter d'induire la
population en erreur; nous ne pénalisons pas les personnes
âgées en hébergement. Je pense que, à la fois la
mesure qui a amené la gratuité des médicaments, la mesure
qui a amené la gratuité des transports ambulanciers
démontrent l'intérêt...
Le Président: M. le ministre, s'il vous plaît!
M. Lazure: ... que porte ce gouvernement aux personnes
âgées.
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Union
Nationale.
M. Lavoie: Est-ce que vous avez oublié de parler des
$20?
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît! M. le
leader parlementaire de l'Union Nationale.
Services essentiels dans les centres
hospitaliers
M. Bellemare: Je vais attendre que le calme revienne. Maintenant
que le calme est revenu, je demanderais à l'honorable ministre s'il se
souvient que l'an passé, en 1978, on a voté un bill, qui
s'appelle le bill 59, pour assurer deux choses: les services essentiels pendant
les négociations et un centre des données,
particulièrement à la suite du rapport Martin-Bouchard. Cette loi
a été sanctionnée ici par le Parlement. On a eu depuis ce
temps-là la formation des services essentiels, mais le pré-
sident de la FAS, M. Donatien Corriveau, prétend qu'il y a
seulement 68 établissements sur 400 qui auraient signé des
ententes sur les services essentiels. Ma première question est: Est-ce
que c'est vrai qu'il y a seulement les centres d'accueil où cela a bien
fonctionné, contrairement à leur pendant, les hôpitaux,
où il n'y a presque rien de fait? Deuxièmement, au sujet du
centre des données, M. Parizeau disait: Maintenant vous allez avoir
accès à tous nos livres, tous nos livres sont ouverts. Or, il n'y
a rien de fait de ce côté-là. Qu'est-ce qu'on attend? Je
comprends que le ministre du Travail peut peut-être me donner des
solutions qui vont être temporaires, mais qui ne vont pas
réellement dans le sens des négociations qui devraient être
aujourd'hui plus avancées qu'elles ne le sont, puisqu'il y a 75 000
employés qui appartiennent à la Fédération des
affaires sociales.
Le Président: M. le ministre des Affaires sociales.
M. Lazure: M. le Président, je pense que, si on retourne
en 1972 et 1976, jamais le gouvernement n'aura été aussi ponctuel
pour respecter ses engagements en ce qui concerne les négociations. Nous
accusons un léger retard, autant du côté syndical que du
côté patronal, dans les négociations, mais jamais autant
d'efforts n'ont été consacrés à ce que les
négociations ne tournent pas en rond et ne soient pas retardées.
Pour ce qui est des services essentiels, les négociations sont
déjà commencées depuis plusieurs mois dans les centres
d'accueil et dans les hôpitaux. Il est vrai que dans les hôpitaux
c'est moins avancé que dans les centres d'accueil. Justement, dans
plusieurs hôpitaux, autant la partie patronale que la partie syndicale
attendaient la réunion de la fin de semaine dernière de la
Fédération des affaires sociales. Cette réunion ayant eu
lieu, nous sommes en mesure, quant à nous, du côté
patronal, ministère et hôpitaux, de procéder aux
négociations des services essentiels localité par
localité, hôpital par hôpital. J'ajouterai qu'il n'est pas
exact de dire, comme le député de Johnson l'a dit tantôt,
que les ententes se sont faites seulement dans les centres d'accueil. Il y a un
bon nombre d'hôpitaux de la ville de Québec où les
infirmières ont conclu des ententes sur les services essentiels. Je
demanderais à mon collègue du Travail de compléter la
réponse.
Le Président: M. le ministre du Travail et de la
Main-d'Oeuvre.
M. Johnson: M. le Président, puisque le
député de Johnson a invoqué la question de
l'échange de données, il faut bien dire que ce à quoi
s'était engagé le gouvernement c'était qu'effectivement,
avant la période de négociation proprement dite, les
représentants syndicaux auraient accès à des
données gouvernementales. Or, il y a trois sortes de données. Ce
processus a été mis en branle dans les délais et il est
encore en train de s'effectuer dans certains cas à la demande même
de certains syndicats. Premièrement, le ministre des Finances et
président du Conseil du trésor a rencontré les
coordonnateurs syndicaux pour leur expliquer, aux mois de novembre et
décembre, quelles étaient les prévisions de
rentrées fiscales de ce gouvernement pour les deux ou trois prochaines
années, quel était le processus budgétaire et quel est
finalement l'ensemble des données qui permettent de savoir comment se
bâtit une politique salariale à l'intérieur d'un Etat. Je
pense que c'est assez exceptionnel que cela ait été fait:
à ma connaissance, ceux d'en face ne l'ont jamais fait. (14 h 40)
Deuxièmement, le gouvernement a procédé à un
échange de données ou à la remise de certaines
données sur les évaluations des postes, les échelles, les
comparaisons avec le secteur privé qui, on le sait, font l'objet de
certaines contestations ou d'opinions de la part du monde syndical, mais qui
ont quand même été remises effectivement aux syndicats.
Troisièmement, un troisième type de données a eu
cours cela a été un peu plus long dans le secteur de
l'éducation, comme c'est normal puisque c'est un réseau
décentralisé, où il y a quand même beaucoup de
commissions scolaires, contrairement au cas des hôpitaux où c'est
un réseau plus centralisé sur les effectifs où les
syndicats ont pu obtenir du gouvernement, encore une fois, l'ensemble des
données disponibles dans le secteur quant au nombre de postes ouverts ou
qu'on prévoyait voir ouverts dans les mois qui précédaient
ou dans l'année à venir.
Je pense que cet ensemble de données est remarquable, que cela
n'a jamais été fait dans le passé et, en plus de cela
je terminerai là-dessus je pense que les syndicats ont
trouvé, de façon générale, que cela valait la peine
au point où ils continuent à faire des demandes
spécifiques auprès du bureau des statistiques du Conseil du
trésor.
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Union
Nationale.
M. Bellemare: M. le Président, ce qui est passé est
passé; le verre de lait renversé, vous ne pourrez pas le remettre
dans la pinte, c'est sûr. Les libéraux ont payé pour cela,
ils sont dans l'Opposition. Il y a eu les prisonniers d'Etat pour lesquels
l'ancien parti a payé quand il a envoyé en prison les trois chefs
syndicaux. On ne voudrait pas que cela se répète dans la
province.
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Union
Nationale...
M. Bellemare: On voudrait que les négociations soient plus
fructueuses et, comme dit le ministre...
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Union
Nationale, pourriez-vous formuler votre question, s'il vous plaît?
M. Bellemare: Oui, Est-ce que cela fait mal à
quelqu'un?
Le Président: Nous n'en sommes pas à la
période de débats.
M. Bellemare: Laissez-moi donc me soulager un peu. Eux prennent
tout le temps pour répondre, ils font des détours...
Le Président: S'il vous plaît, M. le leader
parlementaire de l'Union Nationale.
M. Bellemare: S'il vous plaît! S'il vous plaît!
Demandez donc cela de temps en temps à ceux qui répondent.
M. le Président, je dis que ce qu'ils ont fait dans le
passé a été puni et vous avez vous-mêmes
tracé un plan de sélection pour...
Le Président: M. le leader parlementaire...
M. Bellemare: ... n'ont pas été faites, ne sont pas
et ne seront pas faites en temps.
M. Johnson: M. le Président, je présume que...
M. Fontaine: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président: M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: M. le Président, j'ai vu le
député de Johnson et leader parlementaire de l'Union Nationale
poser une question alors que vous étiez debout. Est-ce que vous pourriez
lui permettre de la répéter afin qu'elle puisse passer à
l'écran de télévision?
M. Bellemare: Pour répéter ma petite scène,
qui est bien coutumière, mais bien sincère, je demande au
ministre pourquoi les services essentiels ne fonctionnent pas plus et pourquoi
le service d'information n'a pas, tel que prescrit par la loi 59,
fonctionné. Il m'enveloppera sa réponse dans une sorte de
prétexte, mais je ne le croirai pas.
Le Président: M. le ministre du Travail et de la
Main-d'Oeuvre.
M. Johnson: M. le Président, je n'ai pas l'intention
d'envelopper ou d'enfirouâper le député de Johnson. Sur la
question des services essentiels, je pense que le ministre des Affaires
sociales a fourni une réponse qui aurait normalement dû satisfaire
le député de Johnson. Le ministre des Affaires sociales a dit
bien clairement que les négociations sur les services essentiels se
poursuivaient de façon diligente.
D'autre part, il est vrai qu'au moment où nous nous parlons, le
comité d'information sur la négociation, et non pas sur les
services essentiels celui-là est formé et c'est M. Picard
qui le préside n'est pas formé. Je dois, cet
après-midi même, rencontrer ou, enfin, communiquer avec le juge en
chef du Tribunal du travail, M. Geoffroy qui, jusqu'à maintenant, a
déployé des efforts je peux vous en assurer
considérables et même extraordinaires, compte tenu du mandat qui
lui a été donné par la loi. Il a, jusqu'à
maintenant, concentré ses efforts dans le secteur journalistique,
où il a tenté d'obtenir un homme qui, d'une part, aurait une
crédibilité et, deuxièmement, serait
intéressé à faire ce boulot qui n'est pas facile. Or, il
n'a pas réussi jusqu'à maintenant à obtenir que des hommes
et des femmes d'une compétence reconnue acceptent, finalement, pour une
période de peut-être trois mois, six mois, neuf mois, un an,
d'abandonner leur métier, ne serait-ce que temporairement, pour remplir
une fonction comme celle-là. Je pense que c'est leur droit, c'est leur
privilège, comme gens de métier.
Il est clair que dans le milieu journalistique, il n'est pas facile de
trouver quelqu'un qui accepterait un travail comme celui-là. Je
présume donc que le juge en chef, en plus de continuer à faire
des recherches dans le secteur journalistique, cherchera peut-être dans
d'autres secteurs aussi, pour se trouver un président du comité
d'information.
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Union
Nationale.
M. Bellemare: C'est ma dernière question. Vous voyez que
la réponse du ministre confirme nos inquiétudes. C'est clair.
Deuxième chose, si le ministre des Affaires sociales nous a
répondu que ce n'est pas vrai qu'il y a eu 60 ententes sur 400, je pense
qu'il se trompe véritablement. Je pense que sur les 400, il y aurait eu
68...
M. Lazure: Correction, je n'ai pas...
Le Président: M. le ministre des Affaires sociales.
M. Lazure: ... dit que c'était faux qu'il y avait
seulement 60 ententes sur 400. J'ai dit que c'était faux d'affirmer,
comme le député de Johnson l'a fait, que les ententes avaient eu
lieu seulement dans les centres d'accueil. J'ai ajouté qu'il y a eu
entente dans des hôpitaux de la ville de Québec. M. le
Président, si l'Opposition veut vraiment, de façon
sérieuse, connaître les données, je serai en mesure de
déposer dans quelques jours un document qui donnera la liste très
précise de tous les hôpitaux et centres d'accueil où il y a
eu, jusqu'ici, entente en matière de services essentiels. Je rappelle
encore une fois, que jamais un gouvernement n'a été aussi
prévoyant, ne s'est préparé aussi longtemps à
l'avance vis-à-vis possiblement de certains conflits qui pourraient
arriver. Mais M. le Président, le minnistre du Travail tantôt a
répondu au député de Johnson, quant à la formation
du Conseil des services essentiels. Ce conseil veille actuellement à ce
que les négociations se fassent de façon très diligente
partout au Québec.
M. Bellemare: M. Corrivault...
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Union
Nationale.
M. Bellemare: C'est M. Corrivault qui l'a affirmé, qu'il y
en avait eu 68 sur 400 et qui a dit, à part cela, que le ministre doit
très prochainement, ces jours prochains, déposer le rapport
complet. Nous attendrons donc ce rapport complet et nous remercierons le
ministre si c'est vrai qu'il le fait.
Le Président: M. le député de
Saint-Hyacinthe.
Conflit de travail à Saint-Hyacinthe
M. Cordeau: M. le Président, ma question s'adresse au
ministre du Travail. Déjà, depuis plusieurs mois, deux conflits
de travail perdurent dans la ville de Saint-Hyacinthe et affectent plusieurs
familles, Cela crée un état assez dangereux. Il s'agit des
entreprises Lucien Larivée et la compagnie Omega. Est-ce que le ministre
peut nous faire connaître l'état actuel de chacun de ces dossiers?
Deuxièmement, quelles sont les mesures que vous entendez prendre afin
d'obtenir le règlement de ces conflits?
Le Président: M. le ministre du Travail et de la
Main-d'Oeuvre.
M. Johnson: M. le Président, la semaine dernière,
j'ai eu l'occasion d'obtenir du service de conciliation des détails
très précis dans le cas de Lucien Larivée Ltée qui,
si je me souviens bien, est une compagnie d'embouteillage d'eaux gazeuses,
à Saint-Hyacinthe. Les parties ne semblaient pas tellement
intéressées à voir le ministère dans le
décor.
Encore une fois, cela permet peut-être de mettre certaines choses
en perspective quant au rôle du ministère. On peut effectivement
considérer que cela peut représenter un poids économique
pour les travailleurs et leur famille et également une contrainte
économique pour l'employeur, dans certains cas évidemment. Il
demeure quand même que ces parties, contrairement au cas de la
Commonwealth Plywood qu'on s'amuse à caricaturer de façon un peu
ridicule, s'inscrivent finalement tout à fait dans des mécanismes
normaux prévus au Code du travail. Jusqu'à maintenant, les
parties n'ont pas cru bon d'utiliser de façon plus ponctuelle, plus
sérieuse et plus déterminée les services de notre
ministère. Je présume, comme je dois présumer dans tous
les conflits, y compris ceux qui affectent jusqu'à 1200 travailleurs
comme à Murdochville, que les travailleurs qui ont décidé
de faire une grève l'ont décidé volontairement en sachant
ce qu'ils faisaient.
Le Président: M. le député de
Saint-Hyacinthe, une question supplémentaire.
M. Cordeau: M. le ministre, je vous avais aussi posé les
mêmes questions concernant la compagnie Omega; est-ce que vous pouvez
répondre? (14 h 50)
M. Johnson: Pour la compagnie Omega Machinery, je regrette, je
pourrai peut-être donner des détails un peu plus tard au
député. Effectivement, il y a eu, je pense, une demande de
conciliation si je ne me trompe pas relativement à un autre conflit,
mais je voudrais seulement être sûr que je donne les détails
d'une façon précise. Je pense que le député de
Saint-Hyacinthe comprendra que, comme je n'avais pas de préavis, je n'ai
pas nécessairement les détails aujourd'hui. Merci.
M. Cordeau: Demain?
Le Président: M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
Construction de logements
M. Scowen: M. le Président, j'ai une question à
poser au ministre des Affaires municipales qui est, en effet, une suggestion
qui peut peut-être aider la population à mieux comprendre ce qui
se passe dans son ministère; c'est en fait, dans un sens, je
l'espère, positif. On a eu beaucoup de difficulté cette
année à savoir combien de logements pour les personnes à
revenus moyens, pour les personnes âgées, etc., ont
été construits. On avait reçu un chiffre de 1000
jusqu'à la fin d'octobre, du ministre lui-même. La semaine
passée, le président de la Société d'habitation a
dit que cette dernière avait construit 4000 logements en 1978. Le
premier ministre a parlé de 8000 à 10 000. On sait que selon les
promesses électorales du Parti québécois, on devait en
compléter 7000 par année. Malheureusement, c'est difficile
à savoir combien ont été faits.
M. Charron: Question, M. le Président.
M. Scowen: II y a souvent des communiqués de presse pour
les mises en chantier, d'autres communiqués de presse pour le
début de la construction...
Le Président: M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: La suggestion que je veux faire au ministre, M. le
Président, je vais la faire sous la forme d'une question. Est-ce que le
ministre accepte de nous faire sur une base mensuelle un rapport, de la part de
son ministère ou de la part de la Société d'habitation du
Québec, indiquant clairement le nombre de HLM qui seront mises en
chantier pour la prochaine année et le nombre qui seront
complétées.
Comme cela, toute la population peut savoir ce qui est
réalisé, quelle est la situation actuelle et nous ne serons plus
dans cette situation de confusion totale sur les réalisations
actuelles.
Le Président: M. le ministre des Affaires municipales.
M. Tardif: M. le Président, évidemment, comme on
l'a dit, c'est une période de questions et non de suggestions, mais je
prends de bonne part
la suggestion du député de Notre-Dame-de-Grâce. Je
voudrais simplement préciser que, lorsqu'il fait état de la
difficulté d'obtenir des chiffres et qu'il y mêle encore une
étude quant à la projection sur les besoins en logements au
Québec, qui avait été établis en 1976, à
partir d'une étude démographique, des résultats du
recensement fédéral de Statistique Canada de 1976, sur une
prévision de besoins annuels en logements de 67 000 unités de
logements, d'une part, et d'autre part, sur un constat de réalité
qu'au cours des dix dernières années, la production moyenne au
Québec avait été de l'ordre de 55 000 unités de
logement... On avait dit que, si on démolissait moins, on pourrait
considérer que, finalement, ce sont à peu près 7000
logements qu'il faudrait produire pour répondre à cette demande.
Tout ceci était une projection des besoins en logements et non pas des
besoins en logements sociaux.
Ceci était fondé sur deux réalités que j'ai
évoquées devant cette Chambre, à savoir la progression de
la demande des logements qui provenait de ce qu'on appelle les ménages
non familiaux, c'est-à-dire, par exemple, les jeunes étudiants du
niveau collégial ou universitaire qui, auparavant, pouvaient vivre avec
leurs parents et qui, maintenant, décidaient de fonder d'abord un
ménage, de maintenir un ménage; également, à
l'autre extrémité de l'échelle, des personnes
âgées qui, auparavant, partageaient le foyer des enfants et qui,
maintenant, requéraient ou demandaient d'avoir des logements bien
à elles.
M. le Président, il y a eu une baisse dans cette demande pour les
ménages non familiaux, et, encore une fois, la confusion qu'entretient
le député de Notre-Dame-de-Grâce quant à ce besoin
en logements et les réalisations de la société du
Québec sont deux choses. Quant à sa demande... Cela fait
plusieurs fois que le député de Notre-Dame-de-Grâce revient
avec cette question. J'essaie à chaque fois de le lui expliquer, et ce
qui est clair pour tout le monde ne semble pas l'être pour lui. Pour ce
qui est des statistiques de la Société d'habitation du
Québec, régulièrement, je fais état de mises en
chantier. J'ai devant moi tous les appels d'offres qui ont été
faits au cours du mois de janvier 1979. J'en ai la liste. Elle comprend
exactement 21 projets. Je peux les énumérer ici pour le
bénéfice du député de Notre-Dame-de-Grâce, si
cela l'intéresse. Je peux également lui dire qu'au 31 janvier
1979, dernier mois pour lequel j'ai des données, nous avions un grand
total de 342 projets d'habitation en marche, pour un total de 14 398 logements;
je dis des projets en marche. Si le député de
Notre-Dame-de-Grâce, par une question additionnelle, veut savoir combien
de projets en étaient aux étapes de la construction, des plans et
devis et des terrains, je lui donnerai le renseignement.
Le Président: M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce!
M. Scowen: M. le Président, je vais répéter
la question! Est-ce que le ministre, pour nous aider à savoir sur une
base régulière les réalisations, serait prêt
à publier une seule liste mensuelle sur laquelle il indiquerait à
la population du Québec la totalité des mises en chantier et des
compilations? Ainsi, nous pourrions avoir un seul chiffre et tout le monde sera
sur la même longueur d'onde. Est-il prêt à faire cette liste
sur une base mensuelle et à ne pas cacher la réalité?
Le Président: M. le ministre des Affaires municipales.
M. Tardif: M. le Président, si le député de
Notre-Dame-de-Grâce veut savoir combien, au 31 décembre 1978, il y
avait de logements en construction, je peux lui donner globalement et
individuellement, je les ai ici.
M. Gratton: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président: M. le député de Gatineau, sur
une question de règlement.
M. Gratton: C'est pour demander au ministre de déposer le
document dont il parle; de cette façon, on se comprendra peut-être
une fois pour toutes.
M. Scowen: M. le Président...
M. Gratton: C'est, d'ailleurs, le règlement qui le
prévoit. Le ministre a cité des extraits du document. Je lui
demande de le déposer.
Des Voix: Non.
M. Gratton: Bien quoi! Qu'est-ce que vous cachez alors!
Déposez-le donc!
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît! C'est la
fin de la période des questions.
M. Lavoie: Une question de règlement. Vous n'avez pas
tranché sur la demande du député de Gatineau. Le ministre
a référé à une liste officielle de 21
projets...
Le Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement.
M. Charron: A la question de règlement soulevée par
le député de Gatineau, je puis dire que le député
de Crémazie, ministre des Affaires municipales, déposera, avant
la prorogation de cette session, un document donnant l'information
souhaitée. Mais pas celui que nous avons actuellement.
M. Gratton: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président: M. le député de Gatineau.
M. Gratton: Ma demande ne vise pas à obtenir un document
que le ministre pourra emberlificoter
à sa manière et nous préparer pour faire dire aux
chiffres ce qu'il veut bien dire. Je demande qu'il dépose le document
qu'il a devant lui. C'est simple.
Le Président: M. le ministre des Affaires municipales.
M. Tardif: M. le Président, je n'accepte pas que l'on
m'accuse de présenter un document qui aurait pu être
manipulé. Je me fais tenir au courant mensuellement de l'état
d'avancement des projets. J'ai dit que, si le député de
Notre-Dame-de-Grâce voulait me poser une question précise quant au
nombre de logements en chantier, par comté, par endroit et par ville au
Québec, je pourrais lui donner une réponse immédiatement.
Si le député de Gatineau veut savoir dans le comté de
Gatineau quel est l'état d'avancement des projets, je pourrai en faire
état. C'est un document interne pour mon renseignement.
M. Scowen: Question de privilège.
Le Président: Très bien!
M. Gratton: Ce ne sera pas bien long.
Le Président: M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Gratton:... logis retardés pendant deux ans à
Maniwaki, rien d'autre.
Le Président: M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Le ministre a suggéré que j'ai
posé une question que je n'ai pas posée. Les réalisations
jusqu'à la fin de décembre, c'est intéressant, mais ce
n'est pas la question. Est-ce qu'il peut sortir, pour nous tous, une liste
régulière à chaque mois d'ici à la fin de
l'année 1979 et encore plus loin pour que tout le monde sache, sur une
base régulière, le développement? C'est cela qu'on
demande. (15 heures)
Le Président: Très bien. M. le député
de Gatineau, je prends en délibéré votre demande.
M. le leader parlementaire de l'Opposition officielle, vous connaissez
bien le règlement. On dit, dans le règlement, qu'il faut citer le
document et je veux savoir, au journal des Débats, si le document a
été effectivement cité. Je pense, M. le leader
parlementaire de l'Opposition officielle, qu'il s'agit là d'une mesure
de prudence élémentaire.
M. Gratton: M. le Président, question de
règlement.
Le Président: M. le député de Gatineau.
Des Voix: Ah, ah, ah, ah!
M. Gratton: Si cela vous achale, cela ne m'empêchera pas de
faire mon travail, imaginez-vous donc!
M. Charron: ... allez-y.
M. Gratton: M. le Président, pour vous
éclairer...
Le Président: M. le député de Gatineau.
M. Gratton:... au moment où vous
délibérerez, j'aimerais qu'on fasse lecture ensemble de l'article
177 du règlement...
Des Voix: A l'ordre, à l'ordre!
M. Gratton: ... qui dit: "Quand un ministre... ' Bien, ce n'est
plus dans l'ordre de citer notre propre règlement en cette Chambre,
maintenant! Il y a toujours bien une limite, soyez logique!
M. Charron: Le président a donné sa
décision.
M. Gratton: Je cite, M. le Président. Permettez-vous que
je cite, M. le Président?
Le Président: M. le député de Gatineau, j'ai
expliqué tout à l'heure que je devais vérifier au journal
des Débats. Je connais parfaitement cette disposition dont vous voulez
faire état, celle que vous évoquez, qui dit qu'un ministre qui
cite un document peut être tenu de le déposer. Ce
règlement, M. le député de Gatineau, ne dit pas "un
ministre qui se réfère à un document". Il s'agit de voir
s'il y a eu une simple référence ou si le document a
été cité. Pour cela, j'ai besoin de consulter le journal
des Débats, et dès que ce sera fait, je serai en mesure de rendre
une décision, M. le député de Gatineau.
M. Gratton: Question de règlement, M. le Président,
et vous allez voir que c'est dans le but d'aider, de contribuer positivement
à toute cette question. L'article 177 dit: "Quand un ministre cite, ne
serait-ce qu'en partie, un document, il peut être requis sans autre
formalité de le déposer immédiatement, à moins
qu'il ne déclare qu'il est contraire à l'intérêt
public de le faire". Or, M. le Président, si vous deviez
délibérer pendant deux jours sur la question et décider
qu'effectivement le ministre a cité son document, il pourrait toujours
nous répondre qu'il n'est pas d'intérêt public de le
déposer. Alors je voudrais savoir du ministre des Affaires municipales
si c'est cela qu'il entend invoquer comme raison pour ne pas le
déposer.
M. Scowen: Question de règlement, M. le
Président.
M. Lamontagne: Question de règlement. Le
Président: M. le député de Roberval.
M. Lamontagne: M. le Président, sur le même sujet,
je tiens pour acquis votre délibéré mais ceci nous met
dans une position un peu spéciale. Il semble y avoir une certaine
réticence de certains membres du gouvernement à déposer ce
document. Moi, M. le Président, je ne voudrais pas le voir sortir de la
Chambre pendant votre délibéré. Je le demande, parce que
la confiance ne règne pas envers vous, de ce côté-ci.
M. Charron: C'est bon, c'est bon! Il y en a un autre
là.
M. Lamontagne: Je demande que le document soit
déposé ici, en avant, pendant que vous allez
délibérer. Avez-vous peur de déposer vos propres
documents?
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît! A l'ordre,
s'il vous plaît!
M. Lamontagne: Pensez-vous qu'on va commencer à vous faire
confiance?
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît! A l'ordre,
s'il vous plaît!
M. le leader parlementaire de l'Union Nationale.
M. Bellemare: Je voudrais simplement vous répéter,
M. le Président, que votre jurisprudence à vous-même, le 24
mars 1976, le 1er décembre 1977 et le 7 mars 1978, est à l'effet
contraire; le ministre doit, sur votre recommandation et par votre
jurisprudence, déposer le document.
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président: M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: ... je voudrais simplement vous rappeler un
précédent où un vice-président de la Chambre avait
retenu le document pendant délibéré. Vous comprendrez que
le libellé même de l'article exige un tel exercice, étant
donné que le ministre peut être requis de déposer
immédiatement. Comment, dans deux jours, pourra-t-il déposer
immédiatement?
M. Scowen: M. le Président...
Le Président: M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, je suis suffisamment informé. Je vais
suspendre pour quelques minutes pour aller vérifier le journal des
Débats.
Suspension à 15 h 5
Reprise à 15 h 16
Le Président: A l'ordre! Je suis allé relire la
transcription du journal des Débats et entendre aussi la bande
magnétoscopique. Je rappelle le rè- glement, l'article 177, qui
dit: "Quand un ministre cite, ne serait-ce qu'en partie, un document, il peut
être requis sans autre formalité de le déposer
immédiatement, à moins qu'il ne déclare qu'il est
contraire à l'intérêt public de le faire."
Or, il apparaît très manifestement, à la lecture des
notes, qu'aucune citation n'a été faite d'un document. Il y a eu
une simple référence à une liste. Je vous
réfère à May de même qu'à Campion. May dit
que quand un ministre ne fait que résumer un document, il n'est pas tenu
de le déposer. Cela apparaît également dans Campion. On
autorise même un ministre à résumer un document sans
être tenu de le déposer; à plus forte raison quand il ne le
résume pas, mais qu'il n'y fait qu'une simple référence.
Voilà le sens de la décision.
M. Tardif: M. le Président.
Le Président: M. le ministre des Affaires municipales.
M. Tardif: Est-ce qu'on me permettra de dire un mot, à
savoir que j'accepte la suggestion du député de
Notre-Dame-de-Grâce pour voir si ce document de travail, que mes
fonctionnaires me remettent mensuellement, peut être mis en forme et
à la disposition de l'ensemble des députés? Je peux
prendre cet engagement.
Le Président: Nous en sommes maintenant aux motions non
annoncées.
M. le député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: Avec une toute courte motion, il est bien
évident que ce n'est pas l'intention de l'Union Nationale
d'entraîner un débat qui pourrait durer comme on l'a vu hier, une
partie de l'après-midi.
Une Voix: J'inviterais les libéraux à en faire
autant.
M. Grenier: M. le Président, j'ai la conviction que
j'aurai l'assentiment du Parti libéral pour faire une courte
intervention, puisque c'est une motion qui devrait recevoir l'appui de cette
Chambre. Elle se lit comme suit: "Que les membres de cette Assemblée
souhaitent bonne chance aux membres de l'équipe québécoise
qui participent actuellement aux Jeux d'hiver du Canada qui se tiennent
à Brandon au Manitoba. '
M. Charron: M. le Président, le député de
Mégantic-Compton...
Le Président: Est-ce qu'il y a consentement à la
présentation de cette motion?
M. Charron: ... me touche droit au coeur, il n'y a pas
consentement.
Des Voix: Ah, ah!
Le Président: M. le chef de l'Opposition.
M. Levesque (Bonaventure): Je vois que le leader parlementaire du
gouvernement a appris sa leçon.
Le Président: Enregistrement des noms sur les votes en
suspens.
Demande de débat d'urgence relative aux
étudiants contrôleurs aériens
A l'ordre, s'il vous plaît! Avant de procéder aux affaires
du jour, je voudrais faire la lecture d'un avis qui m'est parvenu dans les
délais requis: "Québec le 13 février 1979. "M. le
Président, conformément à l'article 78 du
règlement, je désire vous aviser que je proposerai aujourd'hui,
avant l'appel des affaires du jour, que soit tenu immédiatement un
débat pour discuter une affaire déterminée et importante
dont l'étude s'impose d'urgence, à savoir la situation
vécue par un groupe d'étudiants contrôleurs aériens,
plus particulièrement le congédiement d'un certain nombre d'entre
eux, les implications de cet état de fait pour les
Québécois francophones tant au plan de leur formation qu'au plan
économique, les conséquences graves provoquées par le fait
que des droits élémentaires aient été
bafoués et que, de surplus, les autorités fédérales
concernées, c'est-à-dire le ministre Otto Lang et Transports
Canada, n'aient tenu aucun compte des désirs exprimés à
l'unanimité par l'Assemblée nationale du Québec. "Bien
à vous". C'est signé du député de Sainte-Marie, Guy
Bisaillon.
Très brièvement, s'il vous plaît, M. le
député de Sainte-Marie. (15 h 20)
M. Bisaillon: M. le Président...
Des Voix: Consentement?
Le Président: Y a-t-il consentement à ce qu'un
débat d'urgence ait lieu sur la question?
Des Voix: Oui, oui, oui.
M. Lavoie: Oui, oui.
M. Biron: Consentement, M. le Président.
Une Voix: Le Parti libéral a dit oui.
Des Voix: Ah!
M. Goulet: Oui ou non?
M. Bisaillon: M. le Président, ai-je la parole?
Le Président: M. le député de
Sainte-Marie.
M. Bisaillon: M. le Président, pour me conformer...
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président... Le
Président: M. le chef de l'Opposition.
M. Levesque (Bonaventure): ... voici une motion
présentée par un ministériel du Parti
québécois. Il a le consentement de tous les partis d'Opposition
pour que nous puissions en discuter. Alors, M. le Président, pourquoi
retarder la discussion, pourquoi retarder le débat?
Le Président: Parce que, en vertu des dispositions de
notre règlement, M. le chef de l'Opposition, ce que vous savez
déjà fort bien, il faut le consentement unanime.
M. le député de Sainte-Marie.
M. Levesque (Bonaventure): Qui le refuse?
M. Lavoie: Qui le refuse?
Le Président: M. le député de
Sainte-Marie.
M. Bisaillon: M. le Président...
Une Voix: Un instant!
M. Lavoie: Qui le refuse?
Le Président: M. le député de
Sainte-Marie.
M. Bisaillon: Si les membres de l'Opposition veulent me laisser
parler, je vais expliquer...
M. Biron: Question de règlement, M. le
Président.
Des Voix: A l'ordre! A l'ordre! M. Bellemare: M. le
Président...
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Union
Nationale.
M. Bellemare: ... je ne crois pas qu'il soit dans les termes de
notre jurisprudence d'aller plus loin vu que tout le monde, même le
gouvernement au pouvoir, est prêt à donner son consentement pour
qu'on étudie immédiatement la motion. Je pense qu'on ne peut pas
s'opposer et vous non plus, vous n'avez pas besoin d'explications
supplémentaires pour accorder votre bienveillance à cette motion
puisque toute la Chambre est unanime.
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Union
Nationale, à moins que j'aie mal vu, je crois savoir qu'il n'y a pas de
consentement unanime.
M. le député de Sainte-Marie.
M. Giasson: M. le Président, question de
règlement!
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'on peut savoir...
Le Président: M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: J'ai suivi attentivement nos travaux et nos
débats depuis quelques minutes. Je
n'ai entendu aucune voix, d'aucun député de cette Chambre,
s'opposant. S'il y a un dissident qui s'oppose, qu'il ait au moins le courage
de se lever et de le dire ouvertement.
M. Bisaillon: M. le Président, sur la question de
règlement.
Le Président: M. le député de
Sainte-Marie.
M. Bisaillon: Si j'ai demandé la parole pour expliquer le
dépôt de ma motion de débat d'urgence, c'est que j'avais lu
le règlement et qu'à l'article 78.2, j'avais compris que j'avais
à vous convaincre de la recevabilité de ma motion, avant
même qu'elle soit soumise à l'Assemblée. Par ailleurs, s'il
y avait consentement, il est évident que j'en serais fort heureux.
Le Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement.
M. Charron: M. le Président, en vertu de l'article 78.2,
il y a pour que le débat puisse occuper le temps de la Chambre
l'impossibilité prochaine qu'un débat ait lieu sur ce
sujet. Je crois qu'il y a possibilité prochaine que le débat ait
lieu, en fonction de quoi je crois que lorsque nous nous retrouverons
sur...
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Opposition
officielle.
M. Lavoie: Question de règlement. A ma connaissance...
M. Charron: M. le Président, je soulève une
question de privilège.
M. Lavoie: ... le député de Saint-Jacques n'est pas
encore promu président de l'Assemblée nationale. Ce n'est pas
à lui de décider s'il y a un moment prochain pour en discuter. Ce
serait à vous, M. le Président.
M. Charron: Je soulève une question de
privilège.
M. Lavoie: Je termine ma question de règlement. Est-ce
qu'on peut me laisser parler?
M. Charron: Je soulève une question de
privilège.
Le Président: Sur votre question de règlement, M.
le leader parlementaire de l'Opposition officielle.
M. Lavoie: Je dis donc, M. le Président, que...
M. Charron: M. le Président, je soulève une
question de privilège.
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît! M. le
leader parlementaire du gouvernement, je vais vous reconnaître
immédiatement après. Je vais laisser terminer le leader
parlementaire de l'Opposition officielle sur sa question de
règlement.
M. Lavoie: La question de règlement, c'est que le leader
parlementaire du gouvernement ne pouvait pas invoquer lui-même et
trancher s'il y avait un moment prochain où on pourrait discuter de
cette question. Je ne voudrais pas argumenter; même s'il y a une nouvelle
session, on ne peut pas présumer de la date de la session, c'est en
dehors de la question. Ce serait uniquement à vous, M. le
Président, de trancher s'il y a un moment ou d'autres moyens.
Deuxième point. Tout le monde est au courant que si
l'Assemblée est unanime, consentement unanime, on peut,
l'Assemblée est souveraine sur ces questions de consentement unanime...
En somme, consentement unanime, c'est une suspension des règles qui nous
permet, lorsque la Chambre est d'accord, de procéder à quelques
travaux que ce soient et il semble qu'il y ait consentement unanime. Mon
dernier point, je solliciterais de vous, M. le Président, en tant que
je crois, selon la tradition serviteur de cette Chambre, vous
êtes au service de cette Assemblée, de nous indiquer, une fois que
l'Union Nationale et l'Opposition officielle, le Parti libéral, a
exprimé son consentement, veuillez donc nous éclairer, nous
renseigner... Qui s'oppose à ce consentement unanime?
M. Laplante: C'est moi qui m'oppose à cela.
Le Président: II y a un refus de la part de M. le
député de Bourassa.
M. Roy: M. le Président...
Le Président: M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: ... sur une question de règlement. Il vient
d'être soulevé. L'honorable leader de l'Opposition officielle a
dit que le consentement était venu de l'Union Nationale et du Parti
libéral. Je voudrais dire à cette Chambre qu'il y avait aussi le
consentement du député de Beauce-Sud.
Le Président: M. le député de
Sainte-Marie.
M. Bisaillon: M. le Président, je comprends que le
député de Bourassa...
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît! M. le
député de Sainte-Marie.
M. Bisaillon: Je dois comprendre, M. le Président, que les
motions en vertu de l'article 78 n'ont pas besoin d'un consentement. Il s'agit
qu'on présente notre motion, que le président la juge rece-vable.
Si elle est jugée recevable, qu'il y ait consentement ou non, cette
motion doit être discutée par la suite dans un débat
d'urgence. Mon rôle, M. le Président...
Une Voix: Laissez-le finir! M. Lavoie: Très
brièvement.
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Opposition
officielle.
M. Lavoie: C'est pour faire gagner le temps de cette Chambre que
nous voulons exprimer notre consentement unanime et, s'il y a consentement
unanime, le député de Sainte-Marie n'aura même pas à
soumettre sa motion. Vous n'aurez pas à trancher.
Le Président: Très juste, M. le leader
parlementaire de l'Opposition officielle, sauf que vous savez maintenant qu'il
n'y a pas consentement unanime.
M. Lavoie: De la part de qui?
Le Président: Bon! De la part de M. le
député de Bourassa, M. le leader parlementaire de l'Opposition
officielle.
M. le député de Bourassa, vous connaissez les rigueurs du
règlement et de la jurisprudence en la matière. On n'explique pas
un refus ou un consentement.
M. le député de Sainte-Marie.
M. Guy Bisaillon
M. Bisaillon: M. le Président, même s'il n'y a pas
consentement, une fois que ces questions seront réglées, je me
fais fort d'essayer de vous démontrer l'importance de la question que
j'ai soumise à un débat d'urgence, l'urgence qu'il y a à
en traiter à l'Assemblée nationale et le fait que cette question
est de la compétence de l'Assemblée nationale.
Dans l'application du règlement 78, en particulier le
deuxième paragraphe, M. le Président, je comprends que j'aurai
à vous prouver qu'il n'y a pas possibilité qu'elle puisse
être discutée à l'Assemblée dans un délai
raisonnable et par d'autres moyens.
Tout d'abord, M. le Président, réglons cette question.
Nous achevons la session et comme nous avons déjà utilisé
d'autres moyens raisonnables pour discuter la question importante dont il
s'agit, par le biais d'une motion non annoncée, motion qui avait
été refusée par l'Opposition libérale, je suis
obligé de constater que je n'aurai pas, avant la fin de la prochaine
session, d'autres moyens à ma disposition pour discuter cette question
importante. Ceci parce qu'une motion non annoncée,
présentée il y a deux jours, a été refusée
par l'Opposition libérale.
Quant à l'importance de la question, M. le Président,
quant à l'urgence aussi de la traiter, on ne peut discuter de
l'importance je vais le faire brièvement et de l'urgence
de cette question sans rappeler rapidement quelques faits qui se rattachent
à ce que j'ai déposé comme motion de débat
d'urgence. On se souviendra que seize étudiants francophones
étaient formés comme contrôleurs aériens dans une
institution de Cornwall.
Le Président: M. le député de Sainte-Marie,
je ne voudrais pas que vous abordiez le fond de la question. (15 h 30)
M. Bisaillon: M. le Président, je la situe en trois
phrases et je vous certifie que cela me prendra trois phrases pour en faire le
tour. Ces étudiants ont contesté, à un moment
donné, et on voulu être situés à une autre
école que celle de Cornwall pour pouvoir être formés en
français. Ceci avait amené un débat à
l'Assemblée nationale qui avait émis unanimement un voeu que je
voudrais relire. L'Assemblée nationale, en décembre, avait
émis le voeu suivant à l'unanimité des partis de cette
Chambre: "Que cette Chambre est d'avis que le gouvernement
fédéral devrait intervenir sans délai afin de permettre
aux seize étudiants aspirants contrôleurs du Québec qui
vont actuellement à l'institut de formation de Transports Canada
à Cornwall, Ontario, de poursuivre leurs études au
Québec". Or, M. le Président, depuis ce temps, malgré
l'avis unanime de l'Assemblée nationale du Québec, Transports
Canada a congédié deux des seize étudiants
impliqués, en faisant suivre... C'est là l'importance de la
question. L'importance de la question, c'est que des Québécois
francophones reçoivent actuellement non seulement des avis de cessation
de formation, mais en plus de cela des avis de congédiement, de
cessation d'emploi. Deux de ces étudiants sur les six ont reçu
des avis de congédiement.
Le troisième point, M. le Président, c'est l'enquête
qui avait été faite par le commissaire aux langues du Canada qui
confirme que l'Assemblée nationale du Québec n'a pas
été respectée. Le commissaire, au mois de janvier
et c'est là qu'il faut se dépêcher, c'est là
l'urgence...
Le Président: M. le député de Sainte-Marie,
je pense que vous abordez un peu trop le fond de la question. J'aurais
préféré vous entendre sur la juridiction de
l'Assemblée nationale sur la question.
M. Bisaillon: Alors, M. le Président, je me conforme
à votre désir et je termine rapidement sur l'urgence. Ce que je
veux souligner, c'est qu'il y a eu une première décision de deux
congédiements; il y a eu, par la suite, six congédiements et il
reste encore dix étudiants. Alors, l'urgence c'est de bloquer les dix
congédiements éventuels.
La deuxième question, M. le Président, c'est que le
commissaire aux langues j'arrive à la compétence de
l'Assemblée nationale a conclu, dans une étude de janvier
1979, qu' "outre et je cite les paroles du commissaire aux langues
le fait que le régime linguistique à l'institut de
Cornwall est étonnamment insensible à l'égard des
étudiants francophones, il n'est pas conforme à l'esprit de la
loi". M. le Président, comme Assem-
blée nationale, nous nous sommes prononcés trois fois sur
cette question. Nous avons...
Le Président: Très bien.
M. Bisaillon: ... trois fois adressé des demandes au
gouvernement fédéral...
Le Président: Très bien, M. le député
de Sainte-Marie.
M. Bisaillon: ... deux fois avant 1976 et en décembre
dernier.
Le Président: Très bien.
M. Bisaillon: II me semble, M. le Président, que
l'Assemblée nationale devrait faire ce débat d'urgence pour
indiquer au gouvernement fédéral notre volonté de faire
respecter les francophones.
Décision du président
Le Président: M. le député de Sainte-Marie,
malheureusement, aussi bien le dire tout de suite, il serait extrêmement
difficile d'accepter votre motion, de la déclarer recevable et cela,
pour plusieurs motifs dont la plupart ont été mentionnés
dans les décisions rendues la semaine dernière à
l'occasion de la présentation d'une motion d'urgence de M. le
député de Portneuf et d'une autre de M. le chef de l'Union
Nationale.
Mais à tous ces motifs, dans ce cas particulier, il faut ajouter
les deux suivants, M. le député de Sainte-Marie.
Premièrement, même si l'affaire évoquée
intéresse au plus haut point tous les membres de l'Assemblée
nationale, on ne peut pas admettre qu'elle relève de la
compétence de cette Assemblée, condition formelle à
l'admissibilité d'une motion proposant la tenue d'un débat
d'urgence. Je vous réfère à l'article 78, premier
alinéa.
Deuxièmement, du consentement unanime de l'Assemblée, le
15 décembre dernier, on a discuté ici d'une motion
formulée par le député de Rouyn-Noranda que vous avez pris
la peine de lire tout à l'heure. On peut admettre que la motion
d'aujourd'hui est quelque peu différente. On peut comprendre que des
faits nouveaux ont pu se produire depuis le 15 décembre. Cependant, il
faut réaliser que la motion du député de Rouyn-Noranda
avait donné ouverture à un débat très large qui a
permis de couvrir l'ensemble du sujet. Ce débat du 15 décembre
démontre en outre que la crise est loin d'être soudaine. En
conséquence, vu les responsabilités administratives du
gouvernement en ces derniers jours de session, il me paraît inadmissible
que reprenne, du moins en partie ou au complet, un débat qui s'est
déjà déroulé au cours de la même session.
Je vous signale, M. le député de Sainte-Marie, un argument
additionnel. Il est vrai que la motion du 15 décembre était
survenue comme motion non annoncée du consentement unanime de
l'Assemblée nationale, ce qui permettait d'exprimer un voeu même
si, à proprement parler, l'Assem- blée nationale n'avait pas
compétence en la matière. C'est pourquoi je déclare votre
motion irrecevable.
M. le député de Sainte-Marie.
M. Bisaillon: M. le Président, je n'ai pas du tout
l'intention, évidemment, de contester votre décision. Je voudrais
seulement, M. le Président, si vous me le permettez, souligner le
paradoxe et l'extrême déchirement que vous avez dû
ressentir, vous un ancien défenseur des gens de l'air, d'avoir à
refuser ce débat d'urgence.
Le Président: M. le député de Sainte-Marie,
dois-je vous souligner que vous aussi vous êtes victime de paradoxe, vous
qui avez déjà occupé des bureaux, j'ai appris qu'hier
c'était le vôtre qui l'était.
M. Bellemare: M. le Président, en vertu de 34.
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Union
Nationale.
Travaux parlementaires
M. Bellemare: En vertu de 34, M. le Président, est-ce
qu'il me serait permis de demander à l'honorable leader du gouvernement
s'il n'y aurait pas possibilité, vu que la commission parlementaire ce
matin sur le bill 233 était refusée, que les projets de loi 266,
269 et 283 puissent subir présentement le rapport des commissions et
aussi les deuxième et troisième lectures, puisqu'il y a
unanimité de la part de tous les intervenants et d'après les
preuves qu'ils nous ont données, pour hâter véritablement
l'adoption en deuxième et troisième lecture de ces projets de
loi?
M. Charron: M. le Président, le député fait
légèrement erreur. Il n'y a que trois projets de loi sur les
quatre qui avaient été déférés à des
commissions parlementaires ce matin.
Une Voix: Seulement trois.
M. Charron: Seulement trois sur quatre, d'accord. Effectivement,
il n'y en a que trois sur quatre qui ont été acceptés par
les commissions ce matin, une ayant été reportée à
quelques semaines. Malheureusement, l'heure de la fin des travaux des
commissions ce matin n'a pas permis l'impression des rapports pour la
séance de 14 heures, ce qui sera fait demain. Je pense que le
député sera de bonne guerre demain de proposer effectivement ce
qu'il propose aujourd'hui quand le rapport sera déposé, au moment
de la période de questions.
M. Bellemare: Est-ce que je dois comprendre qu'il y aura sanction
en même temps dans l'après-midi?
M. Charron: Non, M. le Président. J'ai eu l'honneur de
parler au lieutenant-gouverneur du
Québec ce matin qui me demandait de s'absenter de la capitale
pour la journée de demain. Je lui ai donné la permission.
J'espère que l'Assemblée ne m'en fait pas grief. Je lui ai
demandé d'être plutôt présent avec nous jeudi pour
les sanctions. J'ai assuré les gens qui sont venus témoigner ce
matin que sur un projet de loi en particulier, le projet de loi no 269, la
sanction aurait effectivement lieu jeudi.
M. Bellemare: Merci, M. le Président. En vertu de 34. Il y
a une exception qui est prévue à notre règlement, celle de
souhaiter, à l'occasion du trentième anniversaire de naissance de
Mme le Président, nos meilleurs voeux de bonne fête à cette
occasion.
Mme le Vice-Président: Mme le député.
Mme Lavoie-Roux: J'aimerais, si vous me le permettez, Mme la
Présidente, vous associer au député de Roberval, le whip
de l'Opposition officielle, qui célèbre également
aujourd'hui son anniversaire de naissance.
Mme le Vice-Président: Je vous remercie tout de même
de ces petites entorses au règlement. J'imagine qu'il ne faudrait pas
souligner les anniversaires des 110 députés de l'Assemblée
nationale. Quant au mien, je pense qu'on pourrait commencer à l'oublier.
Ce n'est pas 30, M. le député, c'est 53. M. le whip.
M. le leader parlementaire du gouvernement.
M. Charron: Madame, en m'associant bien volontiers, au nom du
Parti québécois, aux meilleurs voeux qui puissent vous être
exprimés, je voudrais donner les avis à l'Assemblée. Un
avis en particulier, la commission des engagements financiers tiendra sa
réunion mensuelle le jeudi 1er mars prochain, à la salle 91-A,
aux fins d'étudier les engagements financiers des derniers mois. Je ne
sais plus exactement à quel mois on est rendu. Décembre, je
crois. Décembre, madame.
Je donne un aperçu aussi des travaux de la Chambre pour les
prochaines heures. Je n'ose pas dire la prochaine semaine. Nous allons
immédiatement reprendre et achever, en cours de séance
aujourd'hui, j'espère, la loi 116 qui sera immédiatement
déférée à la commission parlementaire pour
étude article par article. Par la suite, nous reprendrons le
débat laissé un peu en plan sur le projet de loi 128 qui concerne
les congés de maternité pour les Québécoises qui
vivent sous des décrets qui fixent leurs conditions de travail. Ensuite,
le projet de loi no 110 et ensuite, le projet de loi no 84. (15 h 40)
Dépendant de l'allure des travaux d'aujourd'hui ce ne sont
pas des menaces, c'est une réserve que je me garde il est
possible que l'Assemblée ne se réunisse pas demain matin, donc
à 15 heures seulement demain après-midi, pour achever le
débat sur la motion du député de D'Arcy McGee. Mais tout
cela dépend un peu de l'allure des débats aujourd'hui.
Je voudrais que chacun sache que les heures de la séance de la
journée de demain ne seront fixées qu'à l'ajournement ce
soir.
M. Bellemare: Est-ce que je dois comprendre, puisque c'est le
leader qui est responsable de l'horaire, que le projet de loi no 110 ne viendra
que demain vu que, ce soir, il n'y aurait pas possibilité de finir le
projet de loi no 116, plus le projet de loi no 128 et le projet de loi no 84?
Est-ce que je dois comprendre que le projet de loi no 110 ne viendra que jeudi
à 15 heures?
M. Charron: Non. D'abord il y a deux choses, Mme le
Président. Je crois que j'ai fixé le projet de loi no 110
immédiatement après le projet de loi no 128 et avant le projet de
loi no 84, d'une part, première correction. La deuxième, c'est le
député qui est mieux placé que moi pour le dire; s'il
croit qu'il est impossible de l'atteindre ce soir, nous siégerons
demain. Mais moi, je crois encore, Mme le Président, que la plupart des
députés désireux et soucieux d'intervenir sur le projet de
loi no 116 l'ont déjà fait, qu'il est donc possible,
prévisible que ce débat soit terminé ce soir pour 18
heures, et qu'en soirée on puisse étudier et le projet de loi no
128 et le projet de loi no 110. Enfin, on verra.
Mme le Vice-Président: Affaires du jour. M. le leader
parlementaire du gouvernement.
M. Charron: Je propose que vous appeliez l'article 7) de notre
feuilleton d'aujourd'hui.
Mme le Vice-Président: II s'agit donc de la reprise du
débat sur la motion de M. le ministre de l'Agriculture proposant que le
projet de loi no 116, Loi modifiant la Loi sur la mise en marché des
produits agricoles, soit maintenant lu la deuxième fois. C'est M. le
député de Saint-Hyacinthe qui avait la parole.
Projet de loi no 116
Deuxième lecture (suite)
M. Fabien Cordeau (suite)
M. Cordeau: Mme la Présidente, hier, lors de mon
intervention concernant le projet de loi no 116, Loi modifiant la Loi sur la
mise en marché des produits agricoles, j'ai spécifié que
je n'avais aucun ressentiment envers l'Union des producteurs agricoles et que
les producteurs agricoles avaient droit à leur syndicat.
J'ai également regretté que le gouvernement ne nous ait
pas donné l'occasion d'entendre en commission parlementaire ceux qui
s'opposent au projet de loi tel que présenté, car l'opposition ne
vient pas que des dissidents, mais, de plus en plus, de gros, de moyens et de
petits cultivateurs indépendants s'opposent à ce projet de
loi.
En terminant, hier soir, j'étais à vous faire
connaître l'opinion des dirigeants de la Coopérative agricole de
Granby sur le projet de loi, opinion
contenue dans un télégramme signé par le
président de cette coopérative, M. Michel Lemire.
Permettez-moi, Mme la Présidente, de vous citer quelques
paragraphes de ce télégramme. "La Coopérative agricole de
Granby désire vous manifester son plus profond désaccord et sa
grande appréhension devant le projet de loi no 116 visant à
modifier la Loi sur la mise en marché des produits agricoles tel que
proposé à l'Assemblée nationale. Nous ne pouvons accepter
ce projet de loi dans sa forme actuelle. La Coopérative agricole de
Granby considère que le projet de loi no 116, dans sa formulation
actuelle, risque d'entraver de manière directe l'autonomie de
l'organisation coopérative de la mise en marché des produits
agricoles au Québec et d'entraîner à brève
échéance la mort de la coopération en matière
agricole. "Le projet de loi no 116 risque de détruire la
coopération dans un secteur clé de notre économie,
là où elle a toujours fait preuve d'audace et joué un
rôle prépondérant en dotant les producteurs
québécois des outils nécessaires à leur
développement et à la croissance du Québec. A titre
d'exemple, l'article 1 du projet de loi constitue une tentative
déguisée de vider de son sens l'article 2 de la loi actuelle sur
la mise en marché des produits agricoles en en restreignant
considérablement la portée et l'application. Cet article risque
d'entraîner la paralysie complète et totale de l'activité
sociale et économique de la coopération agricole.
Ce projet de loi no 116 confère des pouvoirs exorbitants aux
offices de producteurs et risque de couper le lien essentiel du membre avec sa
coopérative. Les nombreuses années de labeur consacrées
par les coopérants à l'édification d'un véhicule
économique valable ferait l'objet d'une expropriation
injustifiée, camouflée et contraire aux intérêts des
coopérateurs du Québec.
M. Grenier: Mme le Président, je m'excuse d'interrompre
mon collègue...
Mme le Vice-Président: M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: ... mais je pense que sur une question aussi vitale
que celle que nous sommes en train de débattre actuellement, qui
soulève l'intérêt de toute la province, il est
pénible de constater que le ministre n'est pas présent et qu'on
n'a pas quorum dans cette Chambre.
M. de Belleval: Mme le Président...
M. Grenier: On n'a pas quorum dans cette Chambre, Mme le
Président.
Mme le Vice-Président: Sur la question de
règlement, M. le ministre.
M. de Belleval: ... je crois que le député va
à l'encontre du règlement.
M. Grenier: Mme le Président, je ne vais pas à
l'encontre du règlement, on n'a pas quorum et le ministre est absent,
à moins que je ne voie pas clair! Habituellement, on le voit.
Mme le Vice-Président: Nous vérifions
immédiatement le quorum. Je crois que nous avons quorum. J'ai vu M. le
ministre à l'Assemblée il y a quelques instants. Nous
vérifions.
Nous avons quorum.
M. le député de Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Je continue à citer un paragraphe du
télégramme envoyé par la Coopérative de Granby au
ministre de l'Agriculture.
Des Voix: Quelle date?
M. Cordeau: Le 13 décembre 1978. "Reconnaître au
seul office producteur le pouvoir absolu de contrôler
intégralement tous les aspects de la production et de la mise en
marché des produits agricoles équivaudrait à créer
de grands trusts syndicaux agricoles provoquant ainsi la disparition des
coopératives".
Une Voix: Est-ce qu'il y avait une réponse?
M. Cordeau: S'ils veulent que je lise un autre article de la
Coopérative de Granby qui a paru au mois de janvier, je peux leur en
lire un autre. C'est un résumé de l'autre
télégramme qu'elle a fait parvenir au ministre de l'Agriculture.
Elle a fait paraître un article exprimant sa dissidence au projet de loi
no 116. C'était au mois de janvier.
Dans la revue Le coopérateur agricole du mois de janvier, on peut
lire ce qui suit: "Or, en prenant connaissance du projet tel que soumis en
première lecture, les autorités de la Coopérative
fédérée et quelques-unes de ses plus importantes
coopératives sociétaires constataient que le projet de loi allait
beaucoup plus loin que le mentionnaient les notes explicatives qui le
précédaient. Une étude rapide, mais en profondeur, fut
faite et communiquée au conseil d'administration de la
Fédérée alors en réunion. On avait
décelé que, volontairement ou non, les légistes
accordaient aux offices de producteurs des pouvoirs extrêmement larges
qui risquaient de brimer la liberté des producteurs d'abord et qui
mettaient ensuite en péril l'existence même des
coopératives agricoles. La Régie des marchés agricoles
elle-même pouvait y perdre ses plus belles plumes".
Le ministre clame à tout venant qu'il a déposé
à la commission parlementaire de l'agriculture, qui a
étudié le projet de loi no 90, des amendements concernant le
projet de loi que nous devons étudier présentement. Je ne
comprends pas que dans le Soleil du 6 février 1979, dans un article de
M. Marc Saint-Pierre, il est dit en gros titre: "M. Garon déposera des
amendements au bill 116". Je vous cite une partie de l'article. "Des
amendements au projet de loi no 116 réclamés par les
coopératives agricoles du Québec seront déposés
en commission parlementaire lors de l'étude de la pièce
législative article par article, à l'issue du débat en
deuxième lecture. C'est ce qu'a indiqué hier le journal
date du 6, hier, ça devait être le 5 le ministre de
l'Agriculture, M. Jean Garon, au cours d'une conférence de presse".
Pourquoi faire une conférence de presse pour dire que des
amendements seront déposés quand le ministre de l'Agriculture dit
qu'il les a déposés? Le ministre n'a pas précisé...
(15 h 50)
M. Garon: Mme le Président, je vais vous donner
l'explication immédiatement...
M. Cordeau: Mme le Président, le ministre aura son droit
de réplique...
Mme le Vice-Président: Même si le ministre n'est pas
d'accord avec l'intervenant actuellement, il pourra évidemment exercer
son droit de réplique.
M. le député de Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Je demande au ministre pourquoi il ne dépose
pas devant cette Chambre les amendements qu'il dit qu'il...
M. Garon: Ce n'est pas une réplique, Mme le
Président.
Mme le Vice-Président: Je m'excuse de devoir vous
interrompre, M. le député de Saint-Hyacinthe. M. le ministre de
l'Agriculture soulève une question de règlement.
M. le ministre.
M. Garon: Une question de privilège. Quand le
député dit que j'ai convoqué une conférence de
presse pour faire des déclarations comme celle qu'il vient de
mentionner, c'est faux. Simplement, c'est que, le 5 février, je donnais
une conférence de presse sur la conjoncture économique agricole
et, à ce moment-là, quelqu'un m'a posé une question me
demandant s'il y aurait des amendements et j'ai dit oui, qu'il y en aurait.
Une Voix: Ce n'est pas déposé!
M. Cordeau: Cela ne change absolument pas le fond de la question;
ce que j'ai dit reste dit et reste la vérité.
Voilà, Mme la Présidente, des témoignages
d'organismes agricoles qui ont décelé, à la lecture de ce
projet de loi, des failles qui devront être comblées en commission
parlementaire lors de son étude article par article et qui prouvent que
nous, de l'Union Nationale, avons eu raison de nous opposer, le 21
décembre dernier, à l'adoption de ce projet de loi tel que soumis
par le ministre et qu'il voulait nous faire adopter coûte que
coûte.
Mme la Présidente, je vous lirai maintenant un autre
témoignage, une autre observation parue dans la Presse. Cet écrit
est de M. Paul Pouliot, un type qui s'y connaît en agriculture et qui a
fait connaître sa pensée. "Le ministre Jean Garon s'est
placé dans une situation délicate avec son désormais
célèbre projet de loi 116 et se trouve en quelque sorte
coincé entre les deux poids-lourds du monde agricole
québécois, le syndicalisme et la coopération. D'un
côté, il y a l'Union des producteurs agricoles représentant
environ 40 000 cultivateurs, qui ne cesse de réclamer des pouvoirs
complets sur toutes les productions agricoles et leur commercialisation et, de
l'autre, des coopératives agricoles dont le chiffre d'affaires annuel
global atteint les $2 milliards et qui représentent plusieurs milliers
d'agriculteurs qui se sentent nettement menacés par la nouvelle
législation. "A l'examen du texte de ce projet de loi qui, incidemment,
a besoin d'être précisé à plusieurs articles, on ne
peut s'empêcher de constater que les implications de cette
législation sont lourdes de conséquences, non seulement pour les
cultivateurs eux-mêmes, mais aussi pour les consommateurs ".
Si le temps me le permet tantôt, je vous ferai connaître
quelques opinions de consommateurs. Je continue. "Par ailleurs, malgré
les tentatives de rapprochement, il existe un malaise certain entre les
coopératives agricoles et l'Union des producteurs agricoles.
L'inquiétude a grandi constamment dans le secteur coopératif avec
la croissance et la puissance de l'influence de l'UPA".
Mme la Présidente, ce projet de loi apporte des amendements
à la Loi de mise en marché des produits agricoles à la
suite du jugement de la Cour suprême du Canada qui donne aux seules
provinces le droit de percevoir des redevances sur la production et la mise en
marché des produits agricoles à l'intérieur de chacune des
provinces. Pourquoi le gouvernement veut-il, par ce projet de loi,
déléguer au syndicalisme agricole sa juridiction dans ce domaine?
Dans un éditorial paru au mois de décembre 1978, de M.
Roméo Lalande, ancien sous-ministre, et bougrement plus renseigné
en matière agricole que le ministre actuel, on peut lire ce qui suit:
"Trop, c'est trop. En vertu de la législation proposée, le
gouvernement voudrait conformer sa juridiction dans ce domaine pour ensuite la
déléguer en totalité et en exclusivité au
syndicalisme agricole".
Plus loin, il ajoutait: La législation soumise à
l'adoption de l'Assemblée nationale renferme des implications
incompatibles avec le bon sens et la justice. Dans un pays qui se targue de
respecter la plus grande liberté jusqu'à aller souvent aux
limites de la licence et à traîner devant l'opinion publique ceux
qui veulent la limiter, comment concilier la volonté gouvernementale de
donner au seul pouvoir discrétionnaire du syndicalisme agricole le droit
de déterminer qui sera producteur agricole, quand, où, comment et
combien il pourra cultiver son sol ou pratiquer l'élevage afin de
favoriser l'augmentation des prix? Et si, par effet d'une plus grande
productivité ou d'une meilleure utilisation de la technique moderne, il
s'ensuivait une
production excédentaire, l'agriculteur serait passible de saisie,
d'amendes et, en plus, de la confiscation de son droit de produire, par
conséquent, de son droit au travail. De plus, le producteur agricole se
voit exclure l'accès aux cours de justice établies pour se
défendre. Son seul recours possible réside devant son office de
producteurs qui l'a déjà jugé et condamné. Il n'y a
pas un seul clochard, pas un seul criminel d'habitude, pas même le couple
Cossette-Trudel à qui un pareil traitement est
réservé.
Des Voix: Oh!
M. Cordeau: Quant aux amendes, elles vont grossir le
trésor du syndicat.
Voilà à notre avis, Mme la Présidente, le...
Mme le Vice-Président: M. le député, vous
aviez terminé...
M. Cordeau: Mais vous savez que j'ai été interrompu
pendant quelques minutes par le ministre de l'Agriculture et par d'autres.
Mme le Vice-Président: Ce n'est tout de même pas
pour quelques minutes, M. le député. Il vous restait moins de
quinze minutes. Vous avez déjà terminé. A moins que nous
n'ayons le consentement unanime de cette Assemblée, je me vois dans
l'obligation de vous demander d'en terminer là. Continuez, M. le
député.
M. Proulx: Trop, c'est trop!
M. Cordeau: N'oublions pas que jamais il ne peut y avoir de
transformation ni de production sans consommation. En terminant, je tiens
à dire que je voterai en deuxième lecture contre ce projet de loi
tel que présenté. Je crois sincèrement qu'en agriculture
comme ailleurs, l'initiative privée a encore sa place et que les
agriculteurs n'aiment pas à être encagés, encabanés,
que cela se fasse par leur organisme syndical ou par tout autre organisme. Je
préviens le ministre que, par ses fonctionnaires, il s'est fait
embarquer royalement dans une méchante galère...
Mme le Vice-Président: M. le député,
malheureusement, nous n'avons pas le consentement que vous terminiez.
Malheureusement, tous les membres de cette Assemblée sont soumis aux
mêmes règles. Nous n'avons pas le consentement. Je vous ai fait
remarquer tantôt que nous avons déjà dépassé
de deux minutes. Je ne puis vous l'accorder. Je vais vous faire une suggestion,
M. le député de Saint-Hyacinthe. Passez donc votre conclusion
à un de vos collègues qui prendra la parole éventuellement
et qui, à ce moment-là, tout le monde le saura, vous n'aurez pas
dépassé... Je n'ai pas de consentement, M. le
député de Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Donnez-moi une minute et j'aurai terminé. En
terminant, je tiens à dire que si le gou- vernement n'apporte pas des
amendements majeurs à ce projet de loi, ce projet de loi deviendra une
épave du Parti québécois.
Mme le Vice-Président: M. le chef de l'Union
Nationale.
M. Grenier: Mme le Président je m'excuse
auprès du chef de l'Union Nationale avant l'intervention du chef
de l'Union Nationale, j'aimerais bien tout d'abord qu'on ait quorum. C'est la
première chose pour une loi aussi importante et qu'on arrête de se
promener, chez les ministériels, à gauche et à droite.
Cela n'intéresse personne chez les ministériels, ce projet de
loi. Qu'on vienne en Chambre et que le ministre soit présent. (76
heures)
Mme le Vice-Président: Sur la question de
règlement, M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Bertrand: Mme la Présidente, sur la question de
règlement que vient de soulever le député de
Mégantic-Compton qui n'en est pas une à la limite, je voudrais
simplement vous dire que nous ne sommes pas dupes et que les gens du
côté ministériel ont bien compris le jeu que joue l'Union
Nationale. Nous n'allons certainement pas être complices d'une telle
action.
M. Brochu: Mme le Président...
Mme le Vice-Président: M. le député, votre
intervention...
M. Bellemare: Je soulève une question de règlement.
L'honorable député...
Mme le Vice-Président: Alors, nous allons entendre une
nouvelle question de règlement. M. le leader de l'Union Nationale, je
vous demanderais, ainsi qu'à tous et à chacun, de ne pas abuser
de ces questions de règlement. Ceci est à l'intention des
députés qui sont déjà intervenus.
M. le leader de l'Union Nationale.
M. Bellemare: Ce n'est pas le député pee-wee de
Vanier qui va venir nous donner des ordres et nous dire comment procéder
en Chambre. Nous avons une discipline et nous allons la suivre. Ce ne sont pas
de ses exhortations à la volée, ce n'est pas au forum qu'on va
prendre nos leçons.
M. Grenier: C'est cela, très bien.
Mme le Vice-Président: Sur la question de
privilège, M. le député.
M. Bertrand: Mme la Présidente, le député de
Johnson vient de faire allusion au forum. J'ai bien entendu le
député de Johnson.
M. Bellemare: Oui, oui, oui.
M. Bertrand: Mme la Présidente...
M. Bellemare: Otez donc vos mains dans vos poches. Otez donc vos
mains dans vos poches.
Mme le Vice-Président: M. le leader, s'il vous
plaît!
M. Bellemare: Commun que vous êtes! Mme le
Vice-Président: S'il vous plaît!
M. Bertrand: Mme la Présidente, question de
privilège. Je voudrais faire remarquer au député de...
Mme le Vice-Président: Je vous entends, M. le
député de Vanier.
M. Grenier: ... parlé du forum.
Mme le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît! A
l'ordre, s'il vous plaît! Je vous ferai remarquer que M. le
député de Vanier se lève sur une question de
privilège. S'il vous plaît! M. le député, s'il vous
plaît! A l'ordre, s'il vous plaît! S'il vous plaît!
Je vais encore être obligée de vous dire que c'est mon
anniversaire et que vous n'avez pas le droit de me faire cela aujourd'hui.
M. le député de Vanier, sur votre question de
privilège.
M. Bertrand: Mme la Présidente, je vous laisse juge
d'évaluer si c'est une question de privilège ou non, mais je
pense que vous présidez mieux ces travaux que ne le ferait le
député de Johnson s'il était à votre place.
Je voudrais simplement souligner que je me fous éperdument que le
député de Johnson veuille se mettre des députés
sous la dent et qu'il traite à gauche et à droite les gens de
pee-wee ou d'autres expressions du même genre. Mais je voudrais dire une
chose, Mme la Présidente, et j'en fais formellement une question de
privilège. Je ne l'accepterai pas. Le député de Johnson se
rappelle que la dernière fois qu'il a fait une telle allusion, cela lui
a été reproché vertement et il a dû, le lendemain,
au moment où on soulignait son anniversaire de naissance, faire des
excuses.
M. Bellemare: Pas du tout.
M. Bertrand: Vous avez fait des excuses publiquement.
M. Bellemare: Pas sur cela.
M. Bertrand: Je voudrais dire, Mme la Présidente, que
personne n'est dupe ici et on sait exactement à quoi le
député de Johnson veut faire allusion quand il parle du forum. Je
n'accepterai pas que le député de Johnson...
M. Bellemare: Vous avez trahi votre famille, même votre
famille.
M. Bertrand: ... qui prétend continuellement ici donner
des leçons à tout le monde se serve de cette allusion pour
l'envoyer à gauche et à droite, il sait de quoi je parle; le
député de Johnson sait de quoi je parle... Je n'accepterai pas,
Mme la Présidente, qu'on aille chercher dans le passé d'hommes
politiques, que je considère comme avoir été des grands
serviteurs de la nation québécoise, des allusions...
M. Bellemare: Que vous avez trahis.
M. Bertrand:... et qu'on les serve ainsi à ceux qui,
aujourd'hui, essaient de faire le même travail.
M. Bellemare: Vous avez trahi.
M. Bertrand: Je n'accepterai pas cela du député de
Johnson. Jamais.
Pour conclure, Mme la Présidente, je demanderais au
député de Johnson qui, la dernière fois, avait reconnu
qu'il avait renversé son verre, non pas en mon nom personnel, mais au
nom des gens qu'il connaît et qu'il sait affectés par ce genre
d'allusion mesquine, d'avoir la gentillesse au nom de ces gens-là
de retirer ce genre d'allusion perfide.
M. Bellemare: Je vais vous traiter de traître. C'est cela
que vous êtes, un traître, à votre famille.
Mme le Vice-Président: A l'ordre! A l'ordre! S'il vous
plaît! S'il vous plaît!
Je sais qu'il est difficile parfois, quand les uns et les autres font
des allusions à ces choses qui se sont déjà
passées... Je vous demanderais que nous ne rappelions, ni les uns, ni
les autres, les choses qui se sont passées et qu'on s'efforce de penser
surtout à ce qui est positif et non pas à ce qui parfois peut
blesser. Je vous demanderais, M. le leader de l'Union Nationale, si vous
êtes d'accord avec moi que nous laissions tomber ce genre de choses qui
ne sont pas évaluées de la même façon par les uns et
les autres.
C'est simplement cela que je faisais remarquer et je pense que, si vous
ne vous leviez pas sur cette question maintenant, nous comprendrions ensemble
que vous ne voulez plus penser à ce genre d'accusation, en fait, si on
peut dire, que vous avez soulevée. Alors, nous considérerions que
l'incident est clos, si vous permettez, M. le député de Vanier et
M. le leader de l'Union Nationale, et je donnerais la parole à M. le
chef de l'Union Nationale.
M. Bellemare: Des milliers de gens vont le lire.
Mme le Vice-Président: S'il vous plaît!
M. Rodrigue Biron
M. Biron: Mme la Présidente, je ne voudrais pas que ce
temps soit pris sur mon temps de
parole. Je voudrais tout simplement, sur le projet de loi no 116,
essayer d'élever le débat un petit peu, de faire le tour complet
du problème parce qu'on a présenté le problème, du
côté ministériel, tout simplement en disant que le projet
de loi no 116, c'est pour boucher un trou qui a été causé
par un jugement de la Cour suprême. Si ce n'était que cela, le
projet de loi no 116 aurait été adopté il y a belle
lurette et certainement dans le courant du mois de décembre, tout
simplement pour boucher le trou de la Cour suprême.
Mais on a voulu, de la part du gouvernement, faire beaucoup plus que
cela en apportant le projet de loi no 116. On a voulu justement intervenir dans
une guerre entre géants du monde agricole, le syndicalisme agricole d'un
côté et les coopératives agricoles de l'autre. Le
gouvernement a voulu intervenir directement dans cette bataille qui se
mène à l'heure actuelle, dans cet affrontement d'organismes
agricoles qui appartiennent aux producteurs agricoles eux-mêmes, de ces
deux organismes qui, aujourd'hui, s'affrontent. Le gouvernement, avec le projet
de loi no 116, a voulu prendre carrément position pour un organisme au
détriment de l'autre. C'est-à-dire que le projet de loi no 116
veut prendre carrément position en faveur du syndicalisme agricole
contre les coopératives agricoles. Si on continue et si on adopte le
projet de loi no 116 tel qu'il est présenté aujourd'hui, c'est la
destruction à plus ou moins long terme des coopératives agricoles
au Québec.
C'est pour cela que l'Union Nationale se bat à l'heure actuelle.
Si le ministre de l'Agriculture avait voulu déposer les documents qu'il
a reçus des coopératives agricoles et, en particulier, de la
Coopérative fédérée de Québec, pour
renseigner toute la population du Québec et spécialement la
population agricole du Québec, pour renseigner sur ce que pensent les
coopératives au Québec du projet de loi no 116, je pense qu'il y
aurait beaucoup de gens dans cette Chambre, et même des gens du parti au
pouvoir, qui auraient changé d'idée sur le projet de loi no
116.
Mme la Présidente, on a réussi à avoir une copie
d'un mémoire, celui de la Coopérative
fédérée de Québec, qui a été
présenté le 16 décembre dernier au ministre de
l'Agriculture. C'est un mémoire de quatorze pages qui, tout au long,
fait le procès du projet de loi no 116 et qui dit clairement ceci: "Si
la loi 116 n'avait que deux articles, l'article 4 et l'article 7, les
coopératives l'accepteraient immédiatement." Ce mémoire
dit aussi: "La loi 116 veut détruire les coopératives au
Québec si on l'accepte telle quelle." C'est au nom des 16 800 membres
usagers constituant ces coopératives que l'Union Nationale, aujourd'hui,
se bat pour améliorer ce projet de loi qui va contre les
coopératives agricoles au Québec. (16 h 10)
Mme la Présidente, j'aurais aimé que le ministre de
l'Agriculture dépose le mémoire qu'il a reçu de la
Coopérative fédérée et des coopératives
agricoles. Nous aurions pu savoir exactement ce qui se passe, mais le ministre
de l'Agriculture n'a pas voulu faire connaître la vérité
à la population du
Québec. Il a caché la vérité sur cette
guerre entre ces deux géants du monde agricole. Le pire, Mme la
Présidente, dans tout cela, c'est qu'on a des coopératives et le
syndicat agricole qui s'affrontent. Ces gens engagent des permanents, engagent
des fonctionnaires, engagent du personnel, engagent des avocats pour se faire
la lutte et qui paie pour cela? Le consommateur québécois,
premièrement, paie, mais le producteur agricole paie lui aussi et il est
pire parce qu'il paie des deux côtés. Il est obligé de
fournir de l'argent à sa coopérative agricole pour faire la
guerre à son syndicat agricole et il est obligé de fournir de
l'argent, d'autre part, au syndicat agricole pour faire la guerre à la
coopérative, avec la bénédiction du ministre de
l'Agriculture.
Je pense que c'est le temps, Mme la Présidente, qu'on mette fin
à cette guerre et qu'on détermine une fois pour toutes où
cela commence les pouvoirs et les droits du syndicalisme agricole au
Québec et où cela commence et où cela finit les droits et
les pouvoirs des coopératives agricoles au Québec. Qu'on
arrête la guerre une fois pour toutes dans le monde agricole. C'est cette
guerre aujourd'hui qui existe et c'est cette guerre que le ministre de
l'Agriculture veut justement alimenter au Québec en nous
présentant son projet de loi no 116. L'Union Nationale veut prendre la
défense des petits producteurs agricoles, veut prendre la défense
de ceux qui veulent conserver leurs coopératives au Québec
à l'heure actuelle. C'est pour cela, Mme la Présidente, que nous
intervenons fortement sur ce projet de loi no 116.
Mme la Présidente, le projet de loi no 116, si vous voulez, nous
allons en analyser ensemble les grands principes. D'abord, on apporte quelque
chose de nouveau à la Loi sur la mise en marché des produits
agricoles. On dit: Maintenant, le syndicalisme agricole non seulement va
contrôler la mise en marché, mais va contrôler aussi la
production. Cela n'existait pas autrefois, le contrôle de la production.
Autrefois, le gouvernement ou ses organismes s'arrêtaient au chemin,
à la rue, n'entraient pas dans la grange. Maintenant, le gouvernement ou
ses organismes et des fonctionnaires de l'Agriculture vont entrer dans la
grange du producteur agricole et vont dire: Tu vas faire telle chose. Tu vas
faire telle chose. Ils vont aller partout à travers la ferme et sur la
propriété même du producteur agricole et ils vont lui dire
quoi faire, comment faire et à quel moment le faire. L'Union Nationale
ne peut pas accepter ce premier principe. Cela fait 20 ans qu'on a au
Québec une Loi sur la mise en marché des produits agricoles, et
même un peu plus, et le jugement de la Cour suprême n'a pas
parlé de réglementer la production là-dessus. On n'a pas
eu de problème de ce côté.
Il y a autre chose qui intervient, un autre principe qu'on voit aussi
dans la loi 116 et c'est un principe très grave, Mme la
Présidente. C'est qu'on veut dans la loi donner des pouvoirs au
syndicalisme agricole aujourd'hui d'être à la fois juge, partie,
justicier, bourreau et profiteur des amendes. Mme la Présidente, on ne
peut pas accepter
cela, nous de l'Union Nationale, au nom des producteurs agricoles. Il
n'y a pas un producteur agricole qui peut accepter cela. On donne tous les
pouvoirs d'un bout à l'autre aux offices de producteurs pour mettre
à l'amende, pour juger, pour se faire justice eux-mêmes, pour
enlever des quotas, pour couper les droits de production; donc, le droit de vie
des producteurs agricoles. C'est un droit de vie ou de mort. Ensuite, on
ramasse l'argent et on a le droit de le garder. C'est cela qui est dans le
projet de loi 116. C'est un principe qu'on ne peut accepter nulle part et c'est
pourtant cela qu'on met dans le projet de 116 aujourd'hui. Les producteurs
agricoles vont devoir payer et c'est le gouvernement du Parti
québécois qui dit aux producteurs agricoles: Payez, vous autres.
Vous êtes capables de payer. L'Union Nationale ne peut pas accepter cela.
C'est au détriment des producteurs agricoles, Mme la
Présidente.
On va même plus loin. Dans le même article, dans le
même principe, une fois qu'on met à l'amende, une fois qu'on
saisit et une fois qu'on enlève les quotas de production, une fois qu'on
fait tout avec cela, on dit: "interdire la production ou la mise en
marché (...) prévoir l'annulation, la suspension ou la
réduction définitive ou temporaire du contingent d'un producteur
en raison de la violation par lui de la présente loi virgule
d'un plan conjoint, d'une ordonnance, d'un règlement, d'une
convention dûment homologuée ou d'une décision arbitrale".
Mme la Présidente, on donne le droit à l'office des producteurs
de saisir, de couper, de tout faire, si le producteur agricole va de travers
sur tout cela.
Mme la Présidente, j'ai voulu en savoir un peu plus et dire:
Qu'est-ce qui va arriver avec notre producteur agricole? Dans le domaine des
oeufs, Mme la Présidente, c'est cela. Prenons les règlements
seulement. Il n'est pas question de convention, il n'est pas question de loi
là-dessus encore et il n'est pas question d'ordonnance. Ce sont tout
simplement les règlements dans le domaine des oeufs, ce que le
producteur agricole est obligé d'apprendre par coeur. C'est cela qu'on
veut nous faire faire aujourd'hui.
Le chapitre 36, c'est cela que le producteur agricole devrait apprendre
par coeur aussi. Et dans le domaine du lait, on en a encore plus épais
que cela; il y a à peu près deux fois plus épais que cela
de règlements dans le domaine du lait. Si on adopte le projet de loi no
116 tel qu'il est à l'heure actuelle, moi, je vais donner un bon conseil
aux producteurs agricoles, à chacun d'eux: s'il veut rester en
agriculture, il devra s'engager un avocat à temps plein pour apprendre
la loi, les règlements, les ordonnances et étudier tout cela d'un
bout à l'autre, pour le défendre au cas où son syndicat
agricole ou un office de producteurs mettrait la main sur quelque chose qui lui
appartient en propre. Son droit de produire et son droit de
propriété, c'est à lui. Il faudra qu'il apprenne cela par
coeur, notre producteur agricole. Il va falloir qu'il le sache, ce sont les
règlements dans le domaine des oeufs, et le lait c'est encore pire que
cela.
Est-ce que le ministre de l'Agriculture a voulu donner de l'ouvrage aux
avocats, une fois que le ministre des Institutions financières leur en
eut enlevé, par la Loi sur l'assurance automobile? On a dit: Les avocats
n'ont pas assez d'ouvrage, il faut leur donner quelque chose. Et on complique
la vie des producteurs agricoles. Je ne suis pas d'accord sur cela. Je crois
que le producteur agricole doit avoir le droit de vivre convenablement, puis il
n'est pas obligé de s'engager un avocat pour travailler pour lui. La loi
dit que s'il passe à côté d'un règlement, d'une
ordonnance ou de la loi, on peut le saisir, on peut lui couper son quota de
production puis on peut avoir le droit de vie et de mort sur lui. Je ne suis
pas seul à dire cela. La Coopérative fédérée
de Québec dit exactement la même chose.
Si je lisais la lettre d'un bout à l'autre, vous verriez comment
on attaque fortement et sérieusement le projet de loi du ministre de
l'Agriculture dans ce sens. Mme la Présidente, je pense qu'il faut
être sérieux de ce côté et dire: II ne faut toujours
pas nuire à la production agricole et aux producteurs agricoles au
Québec. Lorsque les députés du Parti
québécois vont voter tout à l'heure sur ce projet de loi,
il faudra savoir s'ils veulent voter contre les producteurs agricoles du
Québec, et s'ils disent oui, ils vont voter contre le producteur
agricole. Ils vont voter pour plusieurs règlements comme cela, que le
producteur agricole va s'imposer d'un coup sec. L'Union Nationale ne veut pas
accepter cela. Nous voulons accepter justement le droit de vivre pour le
producteur agricole chez lui, le droit de conserver son syndicalisme agricole,
mais aussi le droit de conserver sa coopérative. On ne veut pas tuer sa
coopérative, comme on veut le faire actuellement en acceptant le projet
de loi no 116 tel que présenté par le ministre de
l'Agriculture.
Ces amendes qu'on veut imposer, ces coupures de quotas de production, il
n'y a même pas de droit d'appel devant un tribunal quelconque. C'est
l'Office des producteurs qui impose l'amende. Le producteur agricole va se
retourner, il ira encore voir l'Office des producteurs et il dira: Je porte
appel de ce jugement. Vous m'avez déjà condamné il y a
trois semaines, et je porte appel de ce jugement.
C'est marqué exactement ici: "à condition que ce
producteur ait eu préalablement l'occasion d'être entendu par
l'office, et prévoir les conditions de réattribution d'un
contingent." C'est ce qui est dans le projet de loi no 116 à l'heure
actuelle. L'Union Nationale doit se battre là-dessus. Cela n'a pas de
bon sens. Le quota de production, c'est sacré. Le droit de produire, le
droit de travailler, cela appartient au producteur. On n'a pas le droit de lui
couper cela. Que le gouvernement du Parti québécois nous dise:
Nous allons donner le droit de donner des quotas de production, nous allons
donner le droit de les augmenter et tout cela. Nous serons corrects sur cela,
nous n'irons pas plus loin, nous allons dire: Nous sommes d'accord. Mais quand
on commence à dire: On veut avoir le droit de prévoir
l'annulation, de couper les quotas, de suspendre les quotas, de mettre
les producteurs à l'amende, on ne peut pas accepter cela dans un projet
de loi. Il n'y a pas un député dans cette Chambre qui peut
accepter de donner le droit à un office de couper le droit de travailler
et de vivre à un producteur agricole, et l'Union Nationale se bat
là-dessus.
C'est facile de dire: C'est seulement l'affaire de la Cour
suprême. On devrait peut-être lire un peu plus loin ce que la
Coopérative fédérée de Québec dit. Ce serait
peut-être bon pour les membres du Parti québécois, ceux qui
croient encore aux coopératives, de lire le mémoire
présenté par la Coopérative fédérée
de Québec qui dit: Nous revenons devant vous aujourd'hui, M. le
ministre, pour vous souligner les dangers graves que comportent, pour les
sociétés et pour tous les producteurs, membres ou non des
coopératives, des dispositions des articles 1, 3 et 5 du projet de loi
no 116 et pour vous demander non seulement de retirer ces amendements, mais de
rétablir dans la Loi de la mise en marché des produits agricoles
les dispositions qui protégeront les associations de producteurs
constitués en coopératives, et empêcheront désormais
toute intervention dans les relations entre les membres usagers et leur
coopérative, par le biais des plans conjoints. C'est la
coopérative qui dit cela. (16 h 20)
Un peu plus loin on va voir ce qui est dit au sujet de la
coopérative. On parle des amendes qu'on va imposer, des suspensions, des
quotas; c'est la Coopérative fédérée qui parle; ce
n'est pas n'importe quel dissident, c'est la Coopérative
fédérée. "Ces dispositions ont pour effet de placer le
producteur à la merci totale de l'office des producteurs et à la
merci totale de l'interprétation par cet office, bonne ou mauvaise,
erronée ou non, tendancieuse ou non, fallacieuse ou non, de la loi, du
plan conjoint, d'un règlement, d'une ordonnance, d'une convention
homologuée, d'une sentence arbitrale ou d'une combinaison quelconque des
dispositions contenues dans ces divers éléments selon la
fantaisie de l'office. "Or, sans son contingent, sans son quota, sans son droit
de produire, le producteur ne peut plus produire. C'est donc attribuer à
l'office des producteurs un droit de vie ou de mort sur chaque producteur
individuellement. Ce sont là, quant à nous, des dispositions qui
portent atteinte aux droits de l'homme". Ce sont les coopératives qui
disent ,cela. "Ce sont des dispositions qui permettent à un organisme
non contrôlé d'intervenir à sa discrétion,
directement, dans les droits fondamentaux de tout producteur et de tout
agriculteur de pratiquer sa production et de produire chez lui comme il
l'entend. Il s'agit du pouvoir d'attribuer la production à qui l'office
veut bien et la retirer à qui il veut bien également. Un pouvoir
de prohibition n'est pas un pouvoir de réglementation. Il s'agit de
pouvoir empêcher un producteur d'exercer sa profession".
La coopérative ajoute ceci: "II va de soi que ces dispositions
permettraient de porter un coup de mort aux coopératives agricoles".
C'est de la
Coopérative fédérée du Québec, dans
un mémoire déposé devant le ministre de l'Agriculture
lui-même, le 16 décembre 1978. Lorsque le ministre va
répondre tantôt, j'aimerais bien qu'il nous dise pourquoi il n'a
pas déposé le mémoire sur la table de l'Assemblée
nationale alors que les députés ont été
forcés d'essayer d'avoir des mémoires de toutes autres
façons. Il aurait été bon de savoir ce que la
Coopérative fédérée pense d'un bout à
l'autre de ce projet de loi.
Il y a une autre chose qui me chicote aussi, un autre principe. On donne
le droit à l'office des producteurs de se porter acquéreur
on ne dit pas comment en tout ou en partie et de disposer ou affecter en
tout ou en partie au paiement des dépenses n'importe quelle production
de producteur. On lui donne aussi la permission de la création de
réserves, à l'office des producteurs. On dit même: "Le
paiement des dépenses et des pertes résultant de la mise en
marché d'un produit sera attribué aux producteurs". On veut
mettre en marché et on pense déjà à des pertes. Il
ne faut pas penser à des pertes, dans ce domaine-là, il faut
penser à de la profitabilité, il faut penser à quelque
chose qui rapporte aux producteurs agricoles. On commence déjà
à dire: Si on fait des pertes, on va aller saisir tes affaires. On
commence déjà à lui dire: Nous voulons nous créer
des réserves, à l'office des producteurs. La réserve,
c'est le producteur agricole, chez lui, qui en a besoin. S'il veut prendre de
l'expansion, s'il veut agrandir sa grange, s'il veut acheter de nouveaux
animaux ou acheter de la machinerie agricole ou rénover sa maison, c'est
le producteur agricole qui a besoin de ces réserves, cela ne doit pas
aller dans les mains des offices n'importe comment.
Si l'Union Nationale se bat contre ce projet de loi, c'est justement
parce qu'on veut enlever des droits à nos producteurs agricoles et c'est
pour ça qu'on va continuer à se battre jusqu'au bout, tant que le
ministre de l'Agriculture n'aura pas compris qu'il doit servir les
intérêts des producteurs agricoles avant de servir n'importe
quelle clique de ses amis quelque part au Québec.
Il y a des problèmes dans le domaine agricole. Le ministre va me
dire que c'est compliqué, c'est vrai; c'est vrai qu'il y a des
problèmes. D'autres provinces ont donné l'exemple. La
Colombie-Britannique en particulier, en avril 1977, a créé une
commission permanente de l'agriculture avec pour fonction une étude
exhaustive des facteurs qui influencent le prix de la nourriture en
Colombie-Britannique et pour ce faire un examen détaillé de tous
les aspects des systèmes de production, de transformation et de
distribution des produits alimentaires à travers le Québec. C'est
une province qui a voulu faire quelque chose.
Mme la Présidente, puisque vous me faites signe que
j'achève, je vais terminer en vous lisant ce que disait, dans un
mémo à ses membres en janvier 1979, la Coopérative de
Granby. "Les coopératives s'opposent encore aux autres articles du
projet de loi 116, soit les articles 1, 3, 5 et 6. Par ailleurs, ces autres
articles ont pour but et pour effet uniquement d'accroître les
pouvoirs
déjà exorbitants des offices de producteurs en voulant
leur donner la faculté de retirer à tout producteur le droit
fondamental de produire et donc d'exercer sa profession. Ces articles,
notamment l'article 1, visent aussi les coopératives et semblent avoir
pour but et pour effet de dire que les coopératives et leurs membres
seraient réglementés dans leur production et leur mise en
marché par le plan conjoint.
Le résultat pratique de cette addition serait d'anéantir
de fait tout le sens qu'on peut trouver à l'article 2 actuel du projet
de loi sur la mise en marché des produits agricoles qui est
décrite comme un moyen supplétif les plans conjoints
de mise en marché qui ne doit pas être
interprété comme moyen de concurrencer l'organisation
coopérative de la production et de la mise en marché des produits
agricoles.
Mme la Présidente, j'ai questionné le ministre de
l'Agriculture la semaine dernière, justement là-dessus, sur une
coopérative agricole fantôme qui a été
créée par l'Office des producteurs de lait industriel pour
concurrencer des coopératives à travers le Québec; sur des
subventions qu'on a données et que cette coopérative
fantôme a reçues du ministère de l'Agriculture pour
concurrencer les coopératives agricoles au Québec. Ceux qui
connaissent quelque chose dans les coopératives et dans l'industrie, Mme
la Présidente, on dit que cette coopérative fantôme
était un autre Tricofil. Ils l'appellent un "Tricolait". Cela va prendre
de l'argent partout. Encore hier, les dirigeants de cette coopérative
fantôme étaient à Ottawa en train de négocier une
subvention du ministère fédéral de l'Agriculture pour les
aider, justement, à concurrencer les coopératives au
Québec.
La guerre est rendue au bout là-dedans. Les coopératives
veulent même se mettre dans l'illégalité à l'heure
actuelle en arrêtant le prélevé des plans conjoints. Parce
que le ministre a sanctionné un geste illégal, un
détournement de fonds de la Fédération des producteurs de
lait, les coopératives ont dit: Nous aussi nous allons commettre un
geste illégal et le ministre va pouvoir sanctionner cela aussi! Je
pense, Mme la Présidente, que c'est le temps de voir clair
là-dedans!
Je termine avec un seul article du projet de loi qui me surprend venant
du ministre de l'Agriculture. La semaine dernière, le premier ministre
du Québec était à Ottawa pour se battre pour les droits
des Québécois devant Ottawa, pour rapatrier les droits du
Québec au Québec. Pendant ce temps-là, le ministre de
l'Agriculture est ici, dans cette Chambre, se battant et voulant qu'on adopte
un projet de loi dans lequel il est prêt à céder et
à vendre les droits des producteurs du Québec aux autres
provinces canadiennes et à Ottawa. C'est un traître pour les
producteurs du Québec qui veulent se gouverner eux-mêmes. Cela
existe dans le projet de loi. Je pense que le ministre de l'Agriculture devra
répondre de cela devant son premier ministre. Pendant que lui se bat
pour des pouvoirs aux Québécois, lui, il vend nos pouvoirs
à Ottawa. L'Union Nationale ne peut pas accepter autant d'hypocrisie de
la part du Parti québécois!
Je pense qu'il va être temps je termine que le
ministre de l'Agriculture, une fois pour toutes, dise la vérité
aux producteurs agricoles. Qu'il arrête de les prendre pour une petite
clique et qu'il parle véritablement à tous les producteurs
agricoles. Je le mets au défi de déposer sur la table le
mémoire qu'il a reçu de la Coopérative
fédérée de Québec, le 16 décembre,
critiquant d'un bout à l'autre le projet de loi 116 comme étant
contre les coopératives, comme étant un projet de loi qui va,
à long terme, détruire les coopératives agricoles au
Québec.
Mme le Vice-Président: M. le leader de l'Union
Nationale.
M. Maurice Bellemare
M. Bellemare: Est-ce que j'ai bien compris que le ministre se
levait pour son droit de réplique? Ce n'est pas encore le temps! Il y a
encore plusieurs autres intervenants de notre côté qui vont faire
certaines remarques concernant ce projet de loi.
Mme la Présidente, il y a eu une requête signée par
au-delà de 5000 personnes dans la province de Québec, contre le
projet de loi 116. Le ministre a dit, dernièrement, que c'était
un pourcentage insignifiant, que c'était un groupe de dissidents qui
avaient droit à leur opinion mais qui n'affectaient pas sa ligne de
conduite.
Un ministre responsable est obligé d'admettre qu'il y a des
contestataires. Au-delà de tout ce qu'on pouvait croire, 5000 personnes,
cultivateurs, dans la province de Québec, 5000 familles de cultivateurs
dans la province de Québec ont contesté en signant de leur propre
nom, avec leur adresse, en disant: On est contre le projet de loi 116.
M. Garon: Votre chef est parti. Il ne reste même pas pour
vous écouter!
M. Bellemare: II a une conférence de presse. Comme vous,
vous n'y étiez pas tout à l'heure. Il a peut-être la
même raison lui aussi de s'absenter, pour aller parler devant des gens
qui vont l'entendre, qui vont le comprendre. (16 h 30)
Une Voix: II n'y a pas quorum.
Une Voix: De toute façon, cela ne change rien.
Mme le Vice-Président: A l'ordre! M. le leader de l'Union
Nationale.
M. Bellemare: Mme le Président, je voudrais simplement
rappeler au ministre l'histoire qui s'est écrite lors de la passation
des projets de loi qui ont créé en 1958 ou en 1959 la Loi des
marchés agricoles. En 1974, est-ce que l'honorable ministre a pu lire ce
qu'a dit l'honorable député de
Saguenay au sujet de la Loi des marchés agricoles, exactement ce
qu'avait répété l'honorable député de
Beauce-Sud à la suite des interventions très majeures et
très raisonnées qu'il avait faites dans cette Chambre? Il avait
d'ailleurs reçu le député de Beauce-Sud, une
acclamation véritablement méritée pour un geste aussi
noble. Mais je voudrais revenir à cette séance qui est
relatée dans le journal des Débats à la page 1402, en
1974. Que disait l'honorable député de Saguenay dans le temps? Il
était ici, à deux pas, dans l'Opposition. Il parlait des
marchés agricoles, de la loi no 12: "On sait, M. le Président,
que cette Loi des marchés agricoles a été critiquée
à maintes reprises depuis sa création en 1963. Mais les attaques
venaient particulièrement d'un secteur de la population, principalement
des différents transformateurs et intermédiaires,
c'est-à-dire ce qu'on appelle, dans le jargon du métier, le
secteur de l'agrico-négoce..." Continuons, M. le Président. Le
député de Saguenay PQ disait ceci d'une manière tout
à fait spéciale:... "C'est-à-dire que le véritable
scandale dans l'alimentation, ce n'est pas au niveau du producteur qu'il se
produit, c'est au niveau des transformateurs qui, eux, par simple
décision, peuvent augmenter davantage le prix que l'augmentation qu'ils
accordent au producteur."
Je voudrais attirer ici particulièrement votre attention sur un
autre passage du discours de M. Lessard du 2 juillet 1974. "Comme nous l'avons
dit en commission parlementaire, tant et aussi longtemps que les agriculteurs
ne percevront pas vraiment au niveau de l'industrie secondaire et même
tertiaire, leur contribution et participation aux bénéfices de
l'industrie alimentaire ne cesseront de décroître parce que ce
n'est pas au niveau du secteur primaire comme d'ailleurs dans tout autre
secteur; on a parlé bien souvent, par exemple, de l'industrie de
l'amiante, de nos richesses naturelles que les gros profits peuvent
être réalisés mais plutôt au niveau de la
transformation du secteur tertiaire."
Mme le Président, je pense qu'aujourd'hui une
démonstration a été faite par notre chef, M. Biron, qui a
véritablement atteint le point culminant de la décision, de
l'assertion qu'il a fait au sujet des coopératives et
particulièrement de la Fédérée. C'est justement
cela particulièrement que nos coopératives agricoles ont fait.
Or, aujourd'hui, c'est le gouvernement du Parti québécois qui,
avec la loi 116, vise à les faire disparaître je vais loin
vise à les faire disparaître. Le gouvernement ne nous
présente pas une loi qui donnera des outils fermes aux agriculteurs, aux
coopératives dans le secteur de la transformation, mais plutôt une
loi qui, au niveau du secteur primaire, au niveau du secteur production, vise
à étouffer nos agriculteurs du Québec.
Mme la Présidente, je sais que vous avez entendu pérorer
beaucoup sur cette question. Mais me serait-il permis de vous demander
d'écouter cette phrase du 2 juillet 1974, citée par l'honorable
député de Saguenay, aujourd'hui ministre du "PQuiou"? "On demande
à ce gouver- nement d'arrêter de faire du socialisme pour les
capitalistes et de travailler d'abord pour les intérêts du
Québec et les intérêts des Québécois." Est-ce
qu'aujourd'hui nous ne répétons pas la même chose? Nous ne
nous sommes pas entendus aujourd'hui avec le PQ. Le PQ qui était dans
l'Opposition le 2 juillet 1974 n'avait-il pas raison de crier: "On demande
à ce gouvernement d'arrêter de faire du socialisme pour les
capitalistes et de travailler d'abord pour les intérêts du
Québec et les intérêts véritables des
Québécois?" C'est ce que le député de Saguenay
criait, dans l'Opposition; à la face du gouvernement au pouvoir, il
criait son indignation.
Une Voix: Devant le Parti libéral.
M. Bellemare: Devant le Parti libéral. "Probablement,
disait-il, que dans l'agriculture la situation est encore plus urgente parce
que, comme nous l'avons constaté, les agriculteurs
québécois sont en train de disparaître".
Une Voix: Ah!
M. Bellemare: Exactement ce que nous employons comme argument
aujourd'hui et qui ne reçoit même pas la bienvenue de l'autre
côté, même pas la compréhension du ministre qui
trouve cela trop fort, qui s'en va se reposer dans le lobby. Mme le
Président, je continue à citer son intervention parce qu'elle est
nôtre aujourd'hui. Je pense qu'il avait parfaitement raison, mais
aujourd'hui il ne pratique pas ce qu'il avait prêché dans le
temps.
Une Voix: II a changé.
M. Bellemare: II a changé simplement de côté
de la Chambre. "Plus que cela, une véritable loi de mise en
marché des produits agricoles devrait aussi comprendre
parallèlement une société, comme celle que j'ai
proposée et toute autre société semblable à
celle-là qui va permettre aux agriculteurs de se regrouper non pas pour
vendre leurs produits non transformés, mais pour transformer ensemble
leurs produits". C'est encore ce que nous disons aujourd'hui. L'Union Nationale
n'a pas changé à ce sujet. Aujourd'hui, elle dit au gouvernement:
Vous avez présenté une loi, le projet de loi 116, qui va apporter
la perturbation dans les milieux agricoles. Certaines personnes nous ont dit:
Oui, mais vous savez, le député de Johnson a dit que les gens de
l'UPA avaient trahi. Pas tous, mais il y en a, par exemple, qui ont trahi. Il y
en a qui vont trahir. Il y en a qui se sont mis d'accord pour trahir. Je
n'aurai pas besoin de vous citer Mme Jeannine Bourque qui est ici dans les
galeries depuis le commencement de l'étude du projet de loi 116 et qui
va aller se promener dans quelque temps, qui va aller faire un voyage en Europe
avec certains membres de l'UPA. Ce sera la récompense que Mme Bourque
aura reçue. Il y a un autre membre de l'UPA dans les galeries, M.
André Houle. Lui, il ne partage pas ces idées-là.
Cela en est un autre de l'UPA. Vous me demandez de le nommer, vous me
demandez de les nommer.
M. Laplante: Cest indécent ce que vous faites
là.
M. Bellemare: Oui, prenez votre temps. Je suis parlementaire plus
que vous ne l'êtes.
M. Laplante: Vous vous servez du parquet de l'Assemblée
nationale.
M. Bellemare: Je suis capable de le répéter en
dehors. Je suis capable de le répéter tant que vous le voudrez en
dehors.
M. Laplante: C'est indécent.
M. Bellemare: II y en a un autre...
M. Laplante: Indécent.
Mme le Vice-Président: A l'ordre! S'il vous plaît! A
l'ordre, s'il vous plaît! S'il vous plaît! S'il vous plaît!
Est-ce que cela va? Maintenant que nous avons calmé nos esprits, je
demanderais à M. le leader de l'Union Nationale qu'il soit bien
évident qu'il est pertinent au débat et qu'il ait pu prendre un
peu de recul.
M. le leader de l'Union Nationale.
M. Bellemare: Quand j'ai relu le débat dans lequel avait
pris part l'honorable député de Drummond, qui m'avait cité
en ce sens que j'avais dit, devant les producteurs de l'UPA et devant les
agriculteurs, à la salle des congrès de l'hôtel Hilton, que
certains membres de l'UPA les avaient trahis, pour moi cela a été
un témoignage extraordinaire, debout. Ce fut le contraire. C'est pour
cela que j'ai dit aujourd'hui que je me reprendrais et que j'aurais des noms
à citer, si jamais on veut me dire que je n'ai pas raison de traiter
certaines gens de l'UPA comme des gens qui se sont laissés acheter. Ils
ont trahi la classe agricole.
Mme le Président, je suis sûr et certain que ce voyage
payé par le gouvernement, particulièrement par le
ministère de l'Agriculture, va récompenser certains membres de
l'UPA. Sûrement et vous verrez la délégation. Nous ferons
déposer la liste, ici, des membres de l'UPA qui participeront à
ce voyage qui est organisé pour très prochainement, pour aller
prendre des informations sur l'agriculture. (16 h 40)
Mme le Président, voilà encore une faille qui prouve que
le ministère de l'Agriculture n'est pas un ministère qui est
attaché véritablement à la base même de ceux qui
produisent dans la province de Québec, les petits, les humbles, ceux qui
sont des cultivateurs qu'on a sauvés, nous de l'Union Nationale, en
1936. On les a sauvés, oui, s'ils sont en vie aujourd'hui, c'est
grâce à l'Union Nationale, c'est nous qui leur avons donné
le crédit agricole, c'est nous qui leur avons donné le drainage
des terres, c'est nous qui leur avons donné I'électrification
rurale. Vous ne pouvez dire le contraire. Nous avons créé la
classe agricole et nous l'avons maintenue. S'il y a une perte de vitesse dans
ce domaine, ce n'est pas à cause de l'Union Nationale, jamais!
Mme la Présidente, partout dans la province de Québec on
entend parler du projet de loi no 116. Rarement on entend des voix qui sont
pour, mais on entend presque à tous les jours des gens qui nous
appellent, qui nous envoient des lettres, Dieu sait les piles de lettres que
j'ai chez moi et je les lis et j'essaye de répondre à ces pauvres
gens qui écrivent et qui sont au désarroi. Quand on voit une
requête signée par au-delà de 5000 personnes disant que les
producteurs sont d'avis que le syndicat possède déjà
suffisamment de pouvoirs avec la loi qui existe actuellement et ne veulent pas
que le syndicat ait le pouvoir de fixer le temps et le lieu de la production
l'article 3a de réduire les quotas l'article 3c
d'annuler les quotas encore l'article 3 d'imposer des
pénalités basées sur le volume ou la quantité du
produit agricole ou sur la superficie cultivable, de saisir le surplus de la
production sans rien payer, de classer les producteurs en groupes des bons, des
moins bons et des pas bons aux fins d'imposer et de percevoir des contributions
article 5 de valider, de façon rétroactive,
l'imposition de frais et de redevances qui ont été perçus
illégalement et qui appartiennent de droit aux producteurs; 5000
personnes ont signé cela.
Le ministre dit: Bah! un groupe de dissidents, cela arrive qu'il y en
ait qui se promènent dans les rues avec des pancartes et qui ne font pas
fureur. Le ministre dit cela du bout de la main. Mme le Président, je
suis donc heureux de pouvoir participer à ce débat, moi qui
représente une classe agricole, moi qui étais autrefois le
député de Champlain, qui avait 22 paroisses agricoles, je suis
aujourd'hui représentant d'un comté rural où il y a 32
paroisses et vous pensez que je me tairais aujourd'hui, devant ce qu'on va
imposer aux cultivateurs, devant cette lutte à morte charge qu'on fait
contre la Coopérative agricole de Gran-by, dans ma région? La
Fédérée est contre, la Coopérative de Granby est
contre, mais où sont ceux qui sont en faveur? Est-ce que ce n'est pas
véritablement l'argent des petits qui a formé ces grosses
entités aujourd'hui qui les défendent? Est-ce qu'ils n'ont pas
droit au chapitre afin de donner leur impression?
Comme le disait si bien mon excellent collègue, le
député de Saint-Hyacinthe, quand on relit la requête qui a
été faite le 13 décembre 1978 à l'honorable
ministre: "La Coopérative agricole de Granby désire vous
manifester son plus profond désaccord et sa grande appréhension
devant le projet de loi no 116 visant à modifier la Loi sur la mise en
marché des produits agricoles. La Coopérative agricole de Granby
considère que le projet de loi no 116 dans sa formulation actuelle
risque d'entraver d'une manière directe l'autonomie de l'organisation
coopérative, de la mise en marché des produits agricoles au
Québec et d'entraîner à brève échéance
la mort de la coopération en
matière agricole. A titre d'exemple, l'article 1 du projet de loi
constitue une tentative déguisée de vider de son sens l'article 2
de la loi actuelle sur la mise en marché des produits agricoles en
restreignant considérablement la portée et l'application. Ce
projet de loi no 116 confère des pouvoirs exorbitants aux offices de
producteurs et risque de couper le lien essentiel du membre avec sa
coopérative."
Madame, jamais dans la province de Québec, on aura vu tant de
protestations, jamais l'élite des agriculteurs se sera autant
mouillée pour défendre une loi qui, à mon sens, va
atteindre des buts complètement différents de ceux que recherche
peut-être le ministre. Merci, Madame.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Merci, Mme la Présidente. Je voudrais tout
d'abord vous dire, Mme la Présidente, que je trouve absolument
déplorable le fait que, pendant une bonne partie de nos discours
nous ne l'avons pas soulevé chaque fois pendant une bonne partie
de nos discours, nous n'avons pas quorum à l'Assemblée
nationale.
Une Voix: C'est vrai.
M. Fontaine: Et même si nous l'avons, Mme la
Présidente...
Mme le Vice-Président: Un moment, s'il vous
plaît!
M. Charbonneau: ... un député libéral dans
cette Chambre et on nous parle de quorum, Mme la Présidente.
Mme le Vice-Président: A l'ordre!
M. Charbonneau: Soyons sérieux un peu, Mme la
Présidente.
Mme le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. le député de Nicolet-Yamaska, est-ce que vous me demandez de
vérifier si nous avons quorum? Non. Votre intervention.
M. Brochu: Sur la question de règlement, Mme le
Président.
Mme le Vice-Président: Sur la question de
règlement, M. le député de Richmond.
M. Brochu: Je vous rappellerai justement que le
député de Nicolet-Yamaska en était à l'introduction
de son discours de deuxième lecture et qu'il soulignait simplement que,
si nous devions, chaque fois qu'il n'y a pas quorum, nous lever pour demander
quorum, nous serions constamment à retarder les travaux de la
Chambre.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Richmond.
M. Proulx: M. le député induit la Chambre en
erreur. Cela fait une demi-heure que nous avons quorum en Chambre avec un seul
libéral.
Mme le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
Est-ce que je puis demander aux membres de cette Assemblée de faire
trêve des questions de règlement sur le quorum alors qu'il existe
effectivement actuellement?
M. le député de Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Merci, Mme la Présidente. Tout simplement,
Mme la Présidente, je voulais le faire remarquer pour que les gens qui
nous écoutent et qui lisent le journal des Débats sachent
qu'actuellement, alors que nous sommes en train d'étudier ce projet de
loi no 116, tellement important pour tous les producteurs agricoles du
Québec, le quorum exigé à l'Assemblée nationale
n'est que de 30 députés et que, pendant ce temps, il n'y a aucune
autre commission qui siège, il n'y a que cela à l'étude
présentement, mais nous avons de la difficulté à obtenir
ce nombre minimum de 30 députés pour étudier ce projet de
loi.
M. Grégoire: Question de règlement. Nous sommes
actuellement 40 en Chambre.
Mme le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît! A
l'ordre! Est-ce que M. le député... A l'ordre, s'il vous
plaît! S'il vous plaît. M. le député de Beauce-Sud,
maintenant. M. le député de Nicolet-Yamaska, est-ce que je
pourrais vous demander de parler, maintenant que votre introduction est faite,
de parler maintenant sur la motion de deuxième lecture du projet de loi
no 116, Loi sur la mise en marché des produits agricoles?
M. Fontaine: D'accord, Mme la Présidente. Je note qu'il
est 16 h 50. C'est ici que je commence mon intervention sur le projet de
loi.
M. Brochu: Question de règlement, Mme le
Président.
Mme le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Brochu: Question de directive, Mme le Président.
Lorsque le député de Nicolet-Yamaska vous a souligné qu'il
commençait son intervention, vous avez fait signe que non. J'aimerais
savoir exactement s'il commence actuellement ou si tout le temps qui a
été pris depuis la première parole lui sera
enlevé.
Mme le Vice-Président: Vous savez fort bien de quoi il
s'agit. Vous savez que M. le député de Nicolet-Yamaska avait
déjà commencé son intervention. Voulez-vous me laisser
déterminer et dire quand M. le député de Nicolet-Yamaska
en aura terminé, s'il vous plaît?
M. Serge Fontaine
M. Fontaine: D'accord, Mme la Présidente. Je me soumets,
Mme la Présidente, à vos directives.
Cependant, je voudrais tout simplement faire une remarque
préliminaire avant de commencer véritablement sur le fond du
sujet. On discute actuellement oui, oui, Mme la Présidente
l'Union Nationale parle actuellement sur le projet de loi no 116 tel qu'il a
été déposé devant l'Assemblée nationale. (16
h 50)
II nous arrive, de temps à autre, de citer certains passages de
la loi. Chaque fois que nous les citons entre autres, tout à l'heure,
lorsque le chef de l'Union Nationale a parlé du droit d'appel, nous
voyons les députés du parti ministériel sursauter et dire:
II ne parle pas sur la loi; ce n'est pas cela, il y a des amendements. Je
demande au ministre de l'Agriculture de déposer ses amendements s'il en
a, mais nous autres, pour l'instant, nous étudions la loi telle qu'elle
a été présentée à l'Assemblée
nationale. Je ne pense pas que nous devions faire autrement que cela.
M. Garon: Question de privilège!
M. Fontaine: II n'y a aucun amendement de déposé
devant l'Assemblée nationale et nous n'avons d'autre choix que de
discuter de ce projet de loi.
M. Garon: Question de privilège!
M. Fontaine: Le jugement qui fait suite à la loi
116...
Mme le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. le ministre, je vous vois debout en même temps que l'intervenant. Vous
avez demandé la parole sur...
M. Garon: J'ai une question de privilège.
Mme le Vice-Président: ... une question de
privilège.
M. Garon: Dès le mois de décembre, après
avoir rencontré le mouvement coopératif et avoir
décidé des amendements qui seraient apportés à la
loi 116, j'ai distribué aux membres de la commission parlementaire de
l'agriculture une copie des amendements, de bonne foi. Evidemment, il n'y a pas
de dépôt légal, comme on dit, aux commissions
parlementaires. Les membres de la commission voulaient savoir quelle
était la teneur des amendements; j'en avais distribué une copie
à ce moment. Dès le 18 décembre, j'avais un
télégramme de la Coopérative fédérée
qui était satisfaite des amendements. L'Union Nationale veut
peut-être faire un "show", mais elle connaît les amendements.
Mme le Vice-Président: M. le ministre! S'il vous
plaît! Un moment, s'il vous plaît! Quand nous serons calmés,
M. le député de Shefford, je vous accorderai la parole sur une
question de privilège.
M. Verreault: Merci, Mme le Président. Je voudrais quand
même rectifier les faits, parce que la Coopérative de Granby est
dans mon comté. J'ai vérifié avec le président par
intérim. Le président par intérim m'informait qu'il
n'avait reçu aucun...
Mme le Vice-Président: Vous pouvez rectifier des faits, si
vous voulez, mais une question de privilège, M. le député
de Shefford, vous le savez très bien, est une question de fait
personnel. S'il vous plaît! Votre intervention est déjà
faite. Si vous aviez à reprendre ou à rétablir ce que vous
avez dit dans un discours, je vous dirais... S'il vous plaît! C'est M. le
député de Nicolet-Yamaska qui a la parole.
M. le député.
M. Verreault: La commission parlementaire est très
importante.
Mme le Vice-Président: Bien sûr, vous interviendrez
en commission parlementaire, M. le député de Shefford.
M. Fontaine: Mme le Président, si le ministre avait des
amendements à déposer, c'était à lui de les
déposer à l'Assemblée nationale. Jusqu'à preuve du
contraire, nous étudions le projet de loi qui est déposé
devant l'Assemblée nationale. Il n'y a pas d'autre chose à
discuter que cela. Même, si j'abordais les amendements, vous pourriez me
rappeler à l'ordre pour dire: Monsieur, vous êtes en dehors du
sujet!
M. Grenier: C'est cela, un vrai avocat!
M. Garon: C'est avec cela qu'on ne va nulle part!
M. Fontaine: Si on se fiait à toutes les promesses que
vous avez faites, vous pouvez être sûr qu'on pourrait se tromper
souvent.
M. Garon: Vous avez fait un paquet de promesses que vous n'avez
jamais respectées.
M. Fontaine: Mme le Président...
Mme le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Fontaine: ... je voudrais ajouter également que nous
avons reçu aujourd'hui un appui que nous n'attendions pas et qui fera
probablement plaisir au ministre de l'Agriculture.
Une Voix: Ce n'est pas Gilberte Côté.
M. Fontaine: Non, ce n'est pas Gilberte Côté. C'est
publié dans la voix de l'Est du 13 février 1979, aujourd'hui.
C'est un appui que nous n'attendions pas, celui du Parti
québécois du comté de Brome-Missisquoi. Je n'ai pas
l'article du journal, mais j'ai une transcription que j'ai pu obtenir. On nous
dit ceci: "Le congrès du Parti québécois de
Brome-Missisquoi, tenu en fin de semaine à
Cowansville, a permis à cette formation politique de mesurer
quelque peu l'impact de deux pièces législatives vivement
contestées par une partie de la classe agricole du Québec."
M. Jolivet: Dépôt de document.
M. Fontaine: Je vais le déposer. On nous dit
également que, dans un premier temps, le congrès, par une seule
voix de majorité, a réclamé ni plus ni moins que
l'abolition de la formule des plans conjoints dans tous les secteurs de
l'agriculture.
Des Voix: Ils vont bien plus loin.
M. Fontaine: En outre, l'Assemblée plénière
a également ratifié une autre proposition tout aussi importante
émise par cet atelier, à savoir que les pouvoirs de la loi 64,
qui donne à l'Union des producteurs agricoles la seule
représentativité syndicale, soient annulés et, par le fait
même, qu'on donne le libre choix à l'agriculteur d'adhérer
ou non au syndicat de son choix. Les partisans de cette résolution ont
surtout insisté sur l'absence totale de démocratie qui
régnait dans le monde agricole, lequel n'avait qu'une seule voix pour se
faire entendre, ce monopole de l'UPA ne pouvant, selon eux, que contribuer
à établir un climat des plus malsains qui méprise la
liberté de choix de l'agriculteur.
Une Voix: Ce sont des péquistes? Qui a écrit
cela?
M. Fontaine: C'est le Parti québécois de
Brome-Missisquoi. Nous, de l'Union Nationale, n'allons pas aussi loin que le
Parti québécois de Brome-Missisquoi...
M. Garon: Est-ce que je peux demander le dépôt du
document?
M. Fontaine: ... nous, de l'Union Nationale, reconnaissons la
nécessité du syndicat qui s'appelle l'UPA.
M. Garon: Question de règlement.
Mme le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît! A
l'ordre! A l'ordre! Si M. le député de Nicolet-Yamaska
intervenait par hasard sur le fait qu'on pourrait ne pas ajouter au temps qui
lui est imparti pour la discussion, je vous ferai remarquer que les
interruptions sont venues de plusieurs côtés de la Chambre, et
souvent de sa formation politique comme de l'autre côté.
Des Voix: Oh!
Mme le Vice-Président: J'ai bien dit "comme de l'autre
côté", sans vouloir taquiner ni les uns ni les autres. M. le
ministre de l'Agriculture, vous vous leviez, disiez-vous, sur une question de
règlement?
M. Garon: Oui, Mme le Président. J'aimerais que le
député de Yamaska, qui est bien imprudent, dépose le
document qu'il cite. Non pas la transcription, mais que le journal
lui-même soit déposé à l'Assemblée
nationale.
Mme le Vice-Président: M. le ministre, sur votre question
de règlement, je vous ferai remarquer qu'un journal est disponible et je
ne vois pas pourquoi vous demanderiez à un député de
déposer un document.
M. le député de Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Mme la Présidente, je suis bien prêt
à lui prêter $0.25 s'il veut l'acheter. Le ministre, s'il veut
lire ce document, pourra le faire car on le retrouve dans la Voix de l'Est
d'aujourd'hui. Le Parti québécois de Brome-Missisquoi va beaucoup
plus loin que l'Union Nationale dans ses revendications. Nous ne sommes pas
contre les offices de producteurs, nous ne sommes pas contre l'UPA, nous ne
sommes pas contre les plans conjoints, nous sommes contre les pouvoirs
accordés dans la loi 116 en plus de ceux déjà
énumérés dans le chapitre 36 de la loi actuelle.
L'UPA de Brome-Missisquoi...
Des Voix: Le PQ.
M. Fontaine: Excusez. Le PQ de Brome-Missisquoi demande
l'abolition des plans conjoints au Québec. C'est grave.
Une Voix: C'est le PQ.
M. Fontaine: C'est grave, c'est le PQ qui demande ça.
C'est important. Il demande également le rappel de la loi 64; c'est
important, cela aussi. Le ministre de l'Agriculture devrait un peu plus prendre
en considération les arguments qui lui sont apportés par la base,
par les militants du Parti québécois. Il y a également
l'opinion de certains dissidents qu'il faudrait retenir. On a vu qu'il y a eu
des manifestations. ( 17 heures)
Je ne dis pas que je suis ici pour représenter tous les
dissidents. Il y a des dissidents qui sont comme le Parti
québécois, qui prônent l'abolition des plans conjoints. Je
ne les appuie pas, personnellement. Mais j'appuie, par exemple, les dissidents
qui sont contre la loi actuelle. Les dissidents qui sont contre les plans
conjoints, qui prônent l'abolition, je ne les appuie pas parce que ce
sont des séparatistes. Ils veulent être à part des autres!
On ne les appuie pas, ces gens-là!
Mme la Présidente, M. le Président, pardon il y a
eu un changement de sexe à la présidence le jugement de la
Cour suprême est la source du projet de loi 116. Il y a des associations
de producteurs qui ont également contesté le pouvoir d'organismes
fédéraux de percevoir des redevances pour la production et la
mise en marché des produits agricoles. La Cour suprême leur a
donné raison. Seules les provinces ont le droit de percevoir des
redevances sur la production et la mise en
marché des produits agricoles. Donc, pour une fois, la Cour
suprême a penché du côté des provinces. Mais,
immédiatement après, la province de Québec, entre autres,
qui s'est toujours distinguée de ce côté-là et qui a
toujours critiqué le fait que la Cour suprême donne toujours
raison au fédéral, quand elle a raison dans une cause,
immédiatement elle se tourne de bord, se dépêche d'adopter
une loi pour redéléguer à nouveau ces pouvoirs à un
organisme fédéral. Je trouve curieuse cette façon de
procéder, surtout de la part du Parti québécois, qui est
un parti séparatiste!
Une Voix: C'est le monde à l'envers! M. Garon:
Souveraineté-association.
M. Fontaine: Sur la loi 116 elle-même, le ministre nous
dit: Nous adoptons cette loi uniquement dans le but de combler un vide
juridique. C'est la raison qu'il nous donne. Valider des prélevés
rétroactivement, déléguer des pouvoirs à un
organisme fédéral, mais il veut également boucher tous les
trous dans la Loi sur la mise en marché des produits agricoles pour que
jamais personne ne puisse plus la contester. Les gens n'auront plus le droit de
contester la validité de la loi, même s'ils pensent avoir raison.
Il veut également donner tellement de pouvoir aux offices de producteurs
que les gens ne seront plus libres d'administrer leur production. On donne
à l'office des producteurs le droit de fixer le temps et le lieu de la
production, de réduire les quotas et même de les annuler, dans
certains cas, ce qui a été jugé ultra vires dans un
jugement du juge Deschênes que j'ai ici. On lui permet également
d'imposer des pénalités basées sur le volume ou la
quantité des produits agricoles et la superficie cultivée, de
saisir le surplus de production sans rien payer, de classer les producteurs en
groupe aux fins d'imposer et de percevoir des contributions, de valider de
façon rétroactive l'imposition de frais et de redevances qui ont
été perçus illégalement et qui appartiennent de
droit aux producteurs.
C'est le projet de loi 116, ce projet de loi, en apparence anodin, mais
qui aura des conséquences graves pour l'économie agricole dans
l'avenir.
On parle du projet de loi 116 et il n'y a personne qui ait
expliqué la loi de la Régie des marchés agricoles. Je
pense qu'il serait important qu'on explique aux gens ce qu'est la loi de la
Régie des marchés agricoles qui a son origine en 1958 je
peux faire erreur mais je pense que c'est en 1958 sous l'Union Nationale
en 1956? et qu'on retrouve dans les lois de 1964, les Statuts refondus du
Québec, au chapitre 120. Cette loi a été amendée en
1974 sous le gouvernement libéral, c'est le chapitre 36, c'est la loi
actuelle de la Régie des marchés agricoles. Je voudrais vous dire
entre autres ce qu'est l'article 2 de la loi. L'article 2 dit: La
présente loi a pour objet de mettre à la disposition des
producteurs et des consommateurs un moyen supplétif de mise en
marché ordonnée et juste des produits agricoles et elle ne doit
pas être interprétée comme un moyen de concurrencer
l'organisation coopérative de la production et de la mise en
marché des produits agricoles.
Ce principe doit guider l'application de la présente loi pour ne
pas gêner l'action du coopératisme dans les régions et les
secteurs où il peut répondre efficacement aux besoins et, enfin,
profiter autant que possible du concours des coopératives pour
l'établissement et l'administration de plans conjoints dans les secteurs
de production et les régions où il est désirable d'en
établir.
Une Voix: C'est clair.
M. Fontaine: M. le Président, c'est très clair.
C'est un moyen supplétif de mise en marché ordonnée. Il ne
faut pas nuire aux coopératives en adoptant cette loi. Ce que le projet
de loi 116 fait, c'est exactement le contraire de ce qui est prévu dans
la loi et on veut en changer l'un des principes les plus primordiaux.
Il y a également une ordonnance de la Régie des
marchés agricoles dont on a fait la découverte la semaine
passée ou il y a deux semaines, qui vient exactement à l'encontre
de cet article 2 de la loi de la Régie des marchés agricoles.
C'est la décision qui concerne la Société
coopérative québécoise, qui a été
fondée par la Fédération du lait nature. Le jugement dit
ceci: "Après examen des témoignages et des documents, la
régie croit que l'utilisation de sommes perçues en vertu du
règlement imposant une contribution pour fins de publicité,
promotion et développement des marchés en vue de
rétablissement d'une troisième force, ou de prêts ou
subsides à la Société coopérative
québécoise pour cette fin n'est justifiée ni sur le plan
légal ni sur celui de son opportunité. La régie
considère que l'utilisation de la majeure partie de ces contributions
n'est pas conforme aux dispositions de la loi ni à celles du plan
conjoint que la fédération est chargée d'appliquer ". La
régie ajoute que même si ces activités étaient
permises par la loi, elle ne peut considérer qu'il s'agit dans le
présent cas d'une utilisation des contributions qui soit
d'intérêt général pour des producteurs de lait ou
l'industrie ni d'une production qu'il appartient à un office de
producteurs d'imposer ".
M. le Président...
Le Vice-Président: A l'ordre! Je m'excuse, M. le
député. Vraiment, le temps est dépassé, même
en tenant compte des interruptions.
M. Fontaine: Voyons, M. le Président! Je n'ai pas
commencé!
Le Vice-Président: M. le député, la
présidence et le secrétariat tiennent le temps. Même en
tenant compte des interruptions sur lesquelles il ne faut pas créer de
précédent, vous avez déjà dépassé
votre temps et je vous prierais de terminer, s'il vous plaît.
M. Fontaine: M. le Président, je vais me soumettre
à votre décision, mais vous pouvez être assuré que
je n'en suis pas tellement satisfait.
Des Voix: Oh!
M. Fontaine: M. le Président...
Le Vice-Président: M. le député, sans
commentaires sur la présidence.
M. Fontaine: Oui, d'accord. Je respecte votre décision, M.
le Président, je m'y soumets.
M. Bérubé: C'est le commencement de la sagesse.
M. Fontaine: M. le Président, on voit que l'Union des
producteurs agricoles et les offices de producteurs ont grandement
exagéré dans l'application des plans conjoints. On a vu
également qu'il y a depuis plusieurs années des coupures de
quotas qui se sont faites dans le domaine du lait, par exemple. Les producteurs
ont été obligés de racheter des quotas par la suite. On a
vu également qu'il y a un certain marché noir qui se fait sur le
plan des quotas. Je voudrais, en terminant, demander au ministre de
l'Agriculture s'il est prêt à demander à la Régie
des marchés agricoles de faire enquête là-dessus et, si
possible, également de déposer la liste de tous ceux qui ont
obtenu des quotas depuis 1975.
M. le Président, je pense que devant ces faits, nous ne pouvons
accepter que les offices de producteurs et, par voie de conséquence,
l'UPA, qui chapeaute ces offices, obtiennent plus de pouvoirs qu'ils n'en ont
quand on se pose déjà des questions à savoir s'ils
n'abusent pas des pouvoirs que la loi leur accorde actuellement.
M. le Président, je demande au ministre de l'Agriculture
d'accepter cette demande pour faire la lumière sur ce dossier. (17 h
10)
Avis de mini-débat
Le Vice-Président: D'accord, M. le député de
Gaspé, je vais vous reconnaître, mais comme je veux observer le
règlement, je désire immédiatement, pour éviter un
oubli, vous souligner que j'ai un avis. "M. le Président, à la
séance d'aujourd'hui, j'ai posé au ministre des Affaires sociales
une question portant sur le sujet suivant: L'utilisation des $20 d'augmentation
du supplément de revenu aux personnes âgées en centre
d'accueil par le gouvernement fédéral. Puisque je ne suis pas
satisfait ou satisfaite de la réponse donnée, je
désire me prévaloir des dispositions de l'article 174 du
règlement." Veuillez agréer, M. le Président, etc.. Ce qui
signifie que nous aurons ce soir un mini-débat. C'est signé par
Mme Thérèse Lavoie-Roux, député de L'Acadie. L'avis
est donné au ministre et à tous.
M. le député de Gaspé.
M. Bellemare: Fédéraliste!
Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît! A
l'ordre! M. le leader parlementaire de l'Union Nationale, je n'ai jamais cru
que le mot "fédéra- liste" était un mot antiparlementaire
jusqu'à présent.
M. le député de Gaspé.
Projet de loi 116
Deuxième lecture (suite)
M. Michel Le Moignan
M. Le Moignan: Merci, M. le Président. A la fin de ce long
marathon, je voudrais vous prévenir que je n'invoquerai pas le quorum,
aucun point de règlement, aucune question de privilège. Je n'ai
pas l'intention non plus de scruter à la loupe, de dépouiller ou
d'analyser tous les extraits des textes des articles de journaux ou des
jugements de la cour qui ont été fournis par les intervenants qui
m'ont précédé pour convaincre le ministre et surtout pour
essayer de lui ouvrir les yeux. Quand je vois aujourd'hui son grand calme,
contrairement à la semaine dernière, je suis sûr que, tout
à l'heure, dans sa réplique, il saura nous apporter de
véritables arguments parce que, grâce à l'Union Nationale,
quoi qu'on en dise, nous avons réussi à alerter l'opinion
publique. Nous avons réussi à entrer en contact avec les
agriculteurs et les producteurs, avec tous ceux qui s'intéressent de
près ou de loin surtout de près au projet de loi
116. M. le Président, le ministre voit certainement un véritable
test de la démocratie dans tout cela, si le ministre croit encore
à la démocratie.
Si ce projet de loi est adopté tel quel, il faudra
peut-être sonner le glas d'une partie de nos libertés. Dans
certains endroits, les drapeaux seront peut-être en berne, parce qu'il y
a un profond malaise à la base. Comme je l'ai dit dans ma
dernière intervention, il ne s'agit pas d'apprécier avec des
mathématiques le nombre de ceux qui sont d'accord ou non avec le projet
de loi 116. Ce n'est pas la quantité qui détermine la valeur
d'une loi, mais c'est plutôt son objectivité, ce sont plutôt
les points qui sont les plus discutés.
Quand on voit des milliers et des milliers de coopérateurs qui
attirent l'attention du gouvernement sur des articles sur lesquels ils ne sont
pas d'accord, on peut se demander pourquoi, que ce soit la coopérative
de Granby, la Coopérative fédérée et toutes les
autres, ces gens-là ne sont pas d'accord. Et si tous ces gens sont
d'accord, le ministre tout à l'heure, dans sa réplique, va
certainement nous assurer il aura tout le temps voulu; on va lui laisser
du temps jusqu'à 18 heures, ce n'est certainement pas mon intervention
qui va l'empêcher de parler. Il reste que quand le député
de Maskinongé a suggéré le report à un mois pour
permettre à tous les différents groupes de se faire entendre en
commission parlementaire, je crois que nous aurions été en mesure
de recevoir les réponses que nous n'avons pas en ce moment.
Le ministre nous a dit qu'il y aura une commission parlementaire, que
les députés pourront poser toutes les questions. Cette commission
commencera je ne sais quand, ce n'est pas à moi à
en décider, mais même à ce moment-là, les
députés n'auront certainement pas l'éclairage dont ils ont
besoin. Je sais que le ministre est objectif, compétent, qu'il sera
entouré d'une batterie d'experts mais là encore, le ministre va
répéter ce qui lui semble bon et pas nécessairement l'avis
de personnes objectives. C'est ce qui est malheureux.
Quand j'ai parlé d'un test de la démocratie, je ne veux
pas faire le procès de l'UPA, ni le procès de tous les autres
groupes et coopératives, quels qu'ils soient, je crois que quand on
parle d'agriculture, cela concerne tout le monde. Quand on sait que chez
certains organismes, les membres font déjà partie de l'UPA ou de
leur coopérative, il reste que ces membres se sentent
pénalisés parce qu'ils sont obligés de participer à
certains plans. Je n'ai absolument rien contre les plans conjoints parce que ce
qu'il faut, dans tout cela, ce qui est important, c'est de protéger les
cultivateurs, c'est de protéger tous ceux qui sont concernés par
le projet de loi no 116. Si le ministre est tellement convaincu de son affaire
et comme il nous a parlé souvent de l'autosuffisance, quand il nous a
dit que dans un Québec libre indépendant nous n'aurons plus de
problème, je me demande où nous allons.
Actuellement, si on prend les oeufs, je crois que notre autosuffisance
est d'environ 55%. Si on remonte à quelques années, en 1975, le
gouvernement avait imposé, je crois, une réduction de 10%; en
juillet 1976, une seconde réduction fut imposée, par le
même gouvernement de l'époque, de 6%; si nous revenons au
gouvernement actuel, en novembre 1977, c'est un autre 5%. Comment le projet de
loi no 116 va-t-il permettre l'autosuffi-sance? Le député de
Nicolet-Yamaska, à la fin de son intervention, mentionnait cette
question de quota. Quand on sait que cela coûte $12 par poule pondeuse et
que, pour vivre, pour une famille, cela prend au moins 20 000 poules, comment
un jeune cultivateur qui serait intéressé à acheter le
commerce de son père ou un autre pourrait-il trouver les $240 000? Je
crois que le crédit agricole ne prête absolument rien dans un tel
cas.
Le ministre me répondra tout à l'heure et si je fais des
erreurs, il me corrigera; c'est tout ce que je souhaite.
M. Garon: ...
M. Le Moignan: C'est une bagatelle, $250 000, je comprends, ce
n'est pas grand-chose. Mais si on veut que les jeunes continuent à
assurer la relève, comment vont-ils le faire s'ils ne sentent pas
l'appui du gouvernement? Le ministre pourra peut-être me dire tout
à l'heure, depuis ces trois ou quatre dernières années,
combien de jeunes sont entrés sur le marché agricole, combien de
jeunes ont pris la relève? Il serait intéressant de
connaître ces chiffres. Le ministre ne les a peut-être pas
aujourd'hui mais il pourra peut-être, dans une autre circonstance, soit
en commission parlementaire, nous montrer l'intérêt des jeunes
pour l'agriculture. Pourtant l'agriculture, on l'a tellement chanté que
c'est l'avenir; le premier ministre l'a déclaré dans le message
inaugural, en disant que l'agriculture était l'une des deux mamelles du
Québec pour la nourriture, avec la pêche. Je pense que le premier
ministre l'a cité textuellement à ce moment-là.
Quand on regarde tout cela et quand on regarde le projet de loi no 116,
on peut poser des questions au ministre et lui manifester une fois de plus
cette inquiétude du mouvement coopératif. Le ministre en est
conscient; on vient de lire des articles, même du Parti
québécois de Brome-Missisquoi; ce n'est certainement pas le
député du comté qui est le président de cet
exécutif, à moins d'avis contraire et je ne crois pas non plus
qu'il ait sa carte de membre du Parti québécois. (17 h 20)
Quand j'ai écouté aussi l'intervention du
député de Shefford, je vois un homme qui est
intéressé dans son comté, parce qu'il y a là des
coopérateurs et j'ai reconnu le besoin qu'il a de plaider la cause de
ses cultivateurs. Je l'en félicite, parce qu'il a tout de même eu
ce courage.
M. le Président, j'en aurais encore pour dix bonnes minutes. Je
vais simplement répéter. Je vais enfoncer des portes ouvertes.
Avec tout ce que le chef, le député de Lotbinière a dit
cet après-midi, avec toutes les interventions de mes collègues et
ceux des autres partis, je crois que nous en avons dit assez, non pas pour
éclairer la lanterne du ministre, parce que c'est impossible. Le
ministre a ses idées déjà toutes faites.
On sait ce que le ministre va nous répondre. Il est
décidé d'aller en ligne directe ou bien en prenant tous les
détours voulus pour imposer sa loi, surtout l'imposer. Ce qui est un peu
triste là-dedans, le ministre va le réaliser peut-être dans
quelque temps. Il est assis sur une caisse de dynamite. Un jour cela va sauter.
Quand il verra le mécontentement dans la classe agricole, à ce
moment, le ministre sera obligé de changer de comté. Il ne
changera pas seulement de siège en Chambre.
M. le Président, l'explosion ne s'étant pas produite,
j'invite le ministre à reprendre son siège et s'il veut nous
donner cette réplique que nous attendons avec impatience, nous allons
tenter de l'écouter.
Le Vice-Président: Un instant, M. le Président.
Assez paradoxalement, vous prenez votre siège pour vous lever, et faire
votre réplique. C'est donc la fin du débat.
M. le ministre.
M. Bellemare: Une directive, M. le Président. Est-ce que
le droit de réplique dans pareille circonstance est selon l'article
102?
Le Vice-Président: II me semble que oui. C'est cela.
M. le ministre.
M. Jean Garon
M. Garon: M. le Président, le député de
Johnson s'inquiète à savoir si j'ai trop de temps.
C'est évident que dans 20 minutes, je ne pourrai pas
répondre à toutes les menteries gui ont été
contées par les députés de l'Union Nationale. C'est un des
vices, un défaut d'avoir la télévision. Parce que, dans un
débat comme celui-là, en deuxième lecture, les
députés de l'Opposition peuvent tous prendre la parole et conter
toutes les menteries qu'ils veulent. Les gens qui écoutent, qui n'ont
pas suivi tous les débats entendent un paquet d'arguments et parfois
n'ont pas tous les instruments pour juger de la vérité ou non de
ces arguments. D'ailleurs, quand je me suis promené dans les
comtés agricoles, M. le Président, je me suis rendu compte
à quel point les gens étaient inquiets sur des projets de loi,
parce que des mensonges avaient été contés par
l'Opposition. Il y a eu la Loi sur la protection du territoire agricole. Il y a
des gens qui pensaient qu'ils n'avaient plus le droit de faire leur testament.
J'ai dit: Le testament est exclu de la loi. Vous pouvez faire votre testament.
Il n'y a aucun problème. Le gars disait: "Bon, je suis bien content de
savoir cela, M. Garon". Au sujet de ces projets, j'ai entendu de tout; tout
d'abord, que j'avais déposé la loi en pleine nuit, ce qui est
impossible à l'Assemblée nationale. On dépose toujours la
loi le matin.
J'ai entendu le député de Johnson qui m'a même dit
à un moment donné que j'avais fait mon discours de
deuxième lecture en pleine nuit, alors qu'après
vérification, c'était rendu que c'était 11 heures, le
matin. Voici la vérité, M. le Président. Je vais essayer
le plus brièvement possible de le dire. J'ai déposé la loi
le 28 novembre 1978. Je ne me souviens pas si c'était le matin ou
l'après-midi, mais c'était en plein jour. La deuxième
lecture a eu lieu et volontairement, il y a eu un délai qui a
été accordé le 7 décembre pour permettre à
l'Opposition d'étudier la loi, consulter les avocats, parce que c'est
évident que nous sommes dans une matière juridique complexe. A ce
moment, nous avons laissé un certain délai. Mon discours de
deuxième lecture s'est fait le 7 décembre au matin.
Immédiatement, l'Opposition libérale, par la voix du
député de Montmagny-L'Islet et l'Opposition de l'Union Nationale,
je ne me rappelle pas par quelle voix, on dit qu'elles n'étaient pas
prêtes à faire leurs discours de deuxième lecture.
M. Lamontagne: Question de privilège.
Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît! M. le
député de Roberval.
M. Lamontagne: M. le Président, je pense que le ministre a
oublié une chose fort importante. Au cours du mois de décembre,
il proposait lui-même la loi 90 en commission parlementaire. Il
était radicalement impossible d'être à la fois en
commission parlementaire et en deuxième lecture ici. C'est vous qui avez
fait le choix, pas l'Opposition!
Le Vice-Président: Un instant! Cela aurait peut-être
pu être une question de règlement, mais je vois difficilement que
ce soit une question de privilège. M. le ministre.
M. Garon: Vous comprenez qu'alors que le ministre doit faire les
projets de loi, l'Opposition n'a qu'à les critiquer. C'est beaucoup plus
difficile de faire des projets de loi. Pourtant, tout le temps que je me
promenais dans le territoire québécois pour travailler sur la Loi
de la protection du territoire agricole, j'avais le temps également de
travailler sur la loi de la mise en marché. Après qu'elle a
été déposée et qu'il y a eu la deuxième
lecture, le mouvement coopératif, à la suite d'années de
conflits ou de batailles de pouvoirs on peut trouver différentes
explications au mouvement coopératif et au mouvement syndical, pour
savoir quelle place occuperait chacun s'inquiétait du projet de
loi 116. A ce moment, un télégramme m'est parvenu du mouvement
coopératif me signalant la chose. Immédiatement, j'ai
demandé qu'on ait une rencontre et, pour qu'elle se fasse le plus
rapidement possible parce que les dirigeants ne pouvaient pas le faire durant
cette semaine, plutôt que d'aller à la semaine suivante, j'ai
demandé si on pouvait en avoir une le samedi, parce que j'étais
occupé en commission parlementaire par la Loi de la protection du
territoire agricole.
La réunion a eu lieu le samedi de 16 heures à 19 heures.
Nous avons étudié les projets de loi ensemble. Finalement, sur
certains articles, il y a certains mots qui ont été
changés parce que le mouvement coopératif pensait que cela
pouvait donner une interprétation qui lui serait préjudiciable.
Comme les amendements souhaités ne changeaient pas les objectifs du
projet de loi, mais permettaient tout simplement une clarification à la
satisfaction du mouvement coopératif, j'ai acquiescé. D'ailleurs,
dès la semaine suivante cela se passait le 16 décembre
j'ai déposé, aux membres de la commission parlementaire de
l'agriculture qui étaient là, une copie des amendements que
j'avais l'intention de présenter lors de l'étude article par
article du projet de loi 116.
Evidemment, il y en a qui n'étaient pas là. C'est
évident que le député de Nicolet-Yamaska n'était
pas là, que le député de Lotbinière n'était
pas là, parce qu'ils ne font pas partie de cette commission, mais les
gens qui étaient là en ont reçu une copie. A la suite de
cela, le mouvement coopératif, par la voix du président de la
Coopérative fédérée, me faisait savoir, dès
le 18 décembre, qu'il demandait... Le télégramme se lit
comme suit: "La Coopérative fédérée de
Québec, en son nom et au nom des coopératives agricoles
concernées, est d'accord avec le bill 116 tel que soumis à notre
attention lundi matin". (Je lui ai envoyé le texte que j'ai
déposé en commission parlementaire.) "Coopérative
fédérée affirme qu'elle n'a jamais, ni de près ni
de loin, adhéré ou donné son appui au mouvement des
producteurs dissidents."
Dans le Coopérateur agricole de janvier 1979, volume 8,
numéro 1, à la page 30 le rédacteur écrit
l'article est un peu long, je ne veux pas passer tout mon temps sur l'article,
mais rapidement "Effectivement, la rencontre projetée avec le
ministre eut lieu à Québec le samedi 16 décembre. M. Garon
était accompagné, pour l'occasion, de
son sous-ministre, M. Ferdinand Ouellet, de son secrétaire, M.
Maurice Tremblay, ainsi que de Me Marcel Trudeau qui avait contribué
à la rédaction du projet discuté. La
délégation de la coopération agricole était
composée de représentants de la Coopérative
fédérée, de la Coopérative agricole de Granby, de
la Coopérative agricole du Bas-Saint-Laurent, de la Coopérative
laitière du sud de Québec, de la Coopérative agricole de
la côte sud, de la Coopérative agricole régionale de
Papineau, de l'Association coopérative laitière du
Saguenay-Lac-Saint-Jean, de la Chaîne coopérative du Saguenay et
de leur procureur, Me Guy Gagnon. "A toutes fins pratiques, c'est l'ensemble du
mouvement coopératif agricole qui était, par ses principales
institutions, représenté à mon bureau lors de cette
discussion. Cette rencontre d'une durée de trois heures c'est
exact, de 4 à 7 s'avéra très fructueuse.
Après étude et discussion, M. Garon acceptait d'apporter au
projet de loi la majorité des modifications suggérées par
la délégation coopérative. Le lundi suivant, soit le 18
décembre, après qu'on lui eut soumis le texte
révisé du projet de loi, la Coopérative
fédérée faisait savoir par télégramme
adressé au ministre, avec copie au premier ministre et aux chefs des
partis d'Opposition..."
Des Voix: Ah!
M. Garon: "Et aux chefs des partis d'Opposition". Cela veut dire
que, pendant des semaines, vous avez trompé les gens alors que vous
aviez eu les télégrammes de la Coopérative
fédérée...
Des Voix: Ah!
M. Garon: ... disant qu'elle appuyait le projet de loi no
116.
Des Voix: Ah! Ah! Ah!
M. Biron: M. le Président, question de
privilège.
Le Vice-Président: M. le chef de l'Union Nationale.
M. Biron: J'ai reçu, depuis ce temps-là, des
mémos des coopératives disant qu'elles étaient contre les
articles 1, 2, 5 et 6, si je me souviens bien. Je demanderais en même
temps au ministre de bien vouloir déposer l'article qu'il lit
présentement parce qu'on dit que la Régie des marchés
agricoles elle-même...
Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît! A
l'ordre! Justement, il faudrait s'entendre sur le sens de document public. Au
sens de notre règlement je rends la directive même si on ne
la demande pas un document public est un document qui circule au sein de
ce gouvernement ou du Parlement. Un journal est évidemment un document
public, mais dans un autre sens et tout le monde peut en prendre connaissance.
La décision est rendue.
M. Garon: Je continue. "De son côté, l'UPA avait
également fait savoir qu'elle acceptait les amendements proposés
au premier projet. Enfin, le 21 décembre, la
Fédérée réitérait, pour une deuxième
fois, à M. Garon et au premier ministre son accord avec le projet
amendé et exprimait la demande qu'il soit adopté le jour
même, ce qui malheureusement ne fut pas le cas. Dans tous ses contrats
avec l'Etat, la Coopérative fédérée affirmait et
réaffirmait qu'elle n'avait jamais, ni de près ni de loin
adhéré ou donné son appui au mouvement d'un groupe de
producteurs dissidents qui, en guise de protestation contre le même
projet de loi, allèrent chahuter le 18 décembre devant
l'édifice principal du Parlement et quittèrent plusieurs
assemblées de producteurs dans différentes régions de la
province".
Quand un ministre de l'Agriculture présente un projet de loi et
qu'il réussit à faire un consensus entre les syndicats agricoles
et les représentants autorisés du mouvement coopératif, je
pense qu'il a déjà réussi quelque chose de grand. Tous
ceux qui ont oeuvré dans le monde agricole savent à quel point
c'est chatouilleux entre les deux organismes et avec raison parce que ce sont
deux grands organismes qui ont travaillé à bâtir
l'agriculture au Québec. Quant à ceux qui pensent qu'on va
détruire les coopératives agricoles, c'est bien peu
connaître le gouvernement et le ministre de l'Agriculture. Au contraire,
j'avais l'habitude de me faire reprocher d'être trop pour les
coopératives.
Quand, dans le lait industriel, on parle d'enlever le mouvement
coopératif, j'ai l'impression que c'est plutôt l'entreprise
privée qui est nerveuse dans le secteur du lait, parce que les
coopératives contrôlent 85% du lait industriel et plus de 50% du
lait nature est mis en marché par les coopératives. D'ailleurs,
ce que nous dit le député de Huntingdon à tout moment
il est absent présentement c'est qu'il y a un monopole
coopératif qu'il faudrait quasiment abolir. Je ne pense pas que c'est de
cette façon que nous allons abolir le mouvement coopératif, au
contraire.
L'Union Nationale a fait son choix. Ce qui n'est pas acceptable, c'est
qu'on dise n'importe quoi. On a parlé de la loi de l'Ontario. Je l'ai,
la loi de l'Ontario. Savez-vous qu'en Ontario tous les plans conjoints sont
adoptés sans référendum? Savez-vous...
M. Fontaine: Dans les faits, ils le font chaque fois.
M. Garon: ... que l'équivalent de la régie
québécoise peut autoriser le "local board", à l'office des
producteurs, autoriser un "local board", l'office des producteurs, de fixer,
d'allouer aux personnes des quotas pour la mise en marché d'un produit
réglementé sur la base que l'office des producteurs juge
approprié. Il peut refuser de les fixer et d'allouer à toute
personne un quota
pour la mise en marché d'un produit réglementé pour
toute raison qu'il juge appropriée; annuler, réduire, refuser
d'accroître un quota déterminé ou alloué à
toute personne pour la mise en marché d'un produit
réglementé, pour toute raison que l'Office des producteurs
considère appropriée.
Imaginez-vous. Elle va beaucoup plus loin. Le député de
Johnson me citait la loi de l'Ontario en exemple. Elle va beaucoup plus loin
que la Loi de la mise en marché du Québec une fois amendée
par la loi 116. Je vais vous dire plus que cela. Le député de
Johnson a dit qu'en Ontario on était allé vite. C'est vrai, ils
sont allés plus vite que nous. Mais j'ai ouï-dire qu'il va falloir
que l'Ontario revienne pour ré-amender sa loi qui est
l'équivalent de la loi 116 parce qu'ils sont allés trop vite.
L'article dont je vous parlais et sur lequel on a passé des mois est un
article complexe, sur lequel nous nous sommes réunis à plusieurs
reprises pour faire un article qui, justement, maintiendrait tous les pouvoirs
au Québec. Dans une perspective de souveraineté-association,
quand des pouvoirs nous sont donnés il faut les prendre. Par exemple,
dans ce cas-là, les pouvoirs de juridiction nous sont reconnus en
matière de production. Alors le Québec occupe le champ de la
production et peut, par ailleurs, faire des ententes sur la mise en
marché avec les organismes interprovinciaux ou fédéraux.
C'est cela, la souveraineté, avoir les pouvoirs, et par ailleurs, se
retourner de bord et dire: On va faire des ententes. C'est un exemple de
souveraineté-association !
La seule chose que nous voudrions, c'est avoir ces pouvoirs-là
dans plus de domaines, ne pas avoir de pouvoirs concurrents dans le domaine
agricole, mais avoir tous les pouvoirs et, après cela, faire les
ententes qu'on voudra faire.
M. le Président, pendant tout ce débat, on a laissé
entendre que ce serait terrible, on a même dit qu'avec cette loi on
dirait aux cultivateurs quand semer. Voyons donc! C'est évident qu'on ne
dira pas aux cultivateurs quand semer! Mais il y a actuellement, dans certaines
productions, des moments où le temps et le lieu de la production sont
fixés. Vous savez, dans le domaine du poulet, pour ceux qui connaissent
cela je ne reproche pas aux gens de ne pas connaître cela
on a actuellement, des surplus de production. C'est cela fixer le temps et le
lieu de la production, parce que quand vous faites des ententes pour obtenir
des prix avec un abattoir de volaille, un abattoir qui a 100 ou 150
employés, l'abattoir de volaille ne peut pas rester deux ou trois jours
sans volaille! A ce moment-là, il y a une entente disant: Vous allez
nous assurer telle quantité de volaille tous les jours. Cela prend un
plan de production pour faire cela. Dans les légumes de conserverie,
pensez-vous qu'actuellement il n'y a pas de plan de production? Vous savez que
pour mettre des pois en conserve il ne faut pas qu'il y ait plus de quatre
heures entre le moment de la récolte des pois et la mise en boîte.
Pensez-vous qu'on pourrait faire cela à peu près? Quatre heures
seulement, autrement les pois auront commencé à tourner et
à être moins bons. C'est évident.
Mais dans ce seul secteur, on n'a pas besoin de ces pouvoirs. C'est
évident que, dans ces secteurs, les gens n'auront pas ces pouvoirs. La
plupart des pouvoirs dont vous avez parlé ne sont pas dans la loi 116
mais ils existaient déjà avant. Ils n'ont jamais
été utilisés parce qu'ils n'étaient pas
nécessaires. Prenez, quand vous parlez des permis de production, ce
n'est pas dans la loi 116. Cela a été adopté auparavant
par les partis d'Opposition, quand ils étaient au pouvoir. Cela n'a pas
été utilisé parce que cela n'a pas été
considéré comme nécessaire.
La loi 116 est venue essentiellement pour faire une coordination entre
les pouvoirs fédéraux et les pouvoirs des provinces, parce qu'il
y a eu un jugement de la Cour suprême. A l'occasion, il y a un mot pour
clarifier une situation qui n'était pas claire. Ce n'est pas
arrivé à la suite d'un procès, la décision de la
Cour suprême. La décision de la Cour suprême est survenue
pour donner suite à une demande du gouvernement de l'Ontario qui
demandait à s'en référer à la Cour suprême,
parce qu'il disait: Je suis tanné de voir des débats juridiques
dans le monde agricole. (17 h 10)
Ils avaient le même problème qu'au Québec avec des
histoires de dissidents et des trous dans la législation. C'est le
gouvernement de l'Ontario lui-même qui a fait
référé, c'est ce que cela veut dire à la
Cour suprême une demande. Ils étaient tannés des
procès pour les oeufs. Ils étaient tannés des
procès pour les autres productions. La Cour suprême a dit: II
faudrait trancher cela une fois pour toutes. Poliment, elle ne dit pas qu'elle
l'a changée et c'est cela qui est la réalité
mais elle a changé sa jurisprudence. A ce moment-là, elle dit:
Pour que tout cela soit clair, il ne faudra pas qu'on plaide comme des
dissidents ont plaidé à un moment donné. Vous n'avez pas
de contrôle sur moi parce que je produis pour le marché
interprovincial ou je produis pour tel autre marché. Mais, une fois que
le produit est parti, cherchez le produit. On ne peut pas mettre des policiers
après les produits. Il est tellement compliqué le système
qu'à un moment donné j'ai déjà dit qu'une province
a déjà pensé de mettre des timbres sur les oeufs pour les
suivre, tellement cela n'a quasiment pas de bon sens. Qu'est-ce qu'on a dit? La
Cour suprême a dit: Pour clarifier la situation, la province aura
juridiction sur toute la production, que la production s'en aille localement,
régionalement, provincialement, interprovin-cialement ou
internationalement. Toute production, quelle que soit la destination, doit
être réglementée par la province. En ce qui concerne le
commerce à l'intérieur de la province, juridiction de la province
également. Mais, pour le commerce interprovincial et international,
c'est de juridiction fédérale. Le député de
Lotbinière disait: II faudrait étudier. Pourtant, durant la
campagne électorale, il disait: C'est fini, les études! C'est le
temps de décider. Nous, on dit: C'est fini!
Des Voix: Bravo!
M. Garon: On dit: C'est le temps de décider, en fonction
des intérêts des agriculteurs. Je sais que, temporairement, il y a
des gens qui se posent des questions, parce que ce sont des lois complexes;
c'est sans doute les lois les plus complexes parce qu'elles demandent un
ensemble de connaissances.
M. Bellemare: M. le Président, je vous ferai remarquer
que...
Le Vice-Président: Oui, M. le leader parlementaire de
l'Union Nationale.
M. Bellemare: Je pense que l'article 102 des règlements
devrait être appliqué immédiatement.
Le Vice-Président: D'accord. Justement, je vais être
obligé de... A l'ordre, s'il vous plaît! A moins qu'il y ait un
consentement...
M. Jolivet: On va vous mettre en boîte, l'Union
Nationale.
Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
Question de privilège, M. le député de Vanier.
M. Bertrand: M. le Président, tantôt, le
député de Gaspé a souligné qu'il était
prêt à laisser tout le temps nécessaire au ministre de
l'Agriculture pour le renseigner.
M. Bellemare: Question de privilège, M. le
Président.
M. Bertrand: M. le Président, mon privilège de
député...
M. Bellemare: ... je vous demande de rappeler le
député de Vanier à l'ordre. Ce n'est pas une question de
privilège. Le député de Gaspé a...
M. Jolivet: La colère est mauvaise conseillère.
Le Vice-Président: J'espère moi aussi que c'est
fini.
Une Voix: C'est fini.
Le Vice-Président: M. le député de Vanier,
laissez porter la question. Je vous en prie. M. le ministre, je vais être
obligé de vous faire entendre le timbre qui sonne la fin de votre
discours.
M. Le Moignan: M. le Président, question de
privilège.
Le Vice-Président: Oui, M. le député de
Gaspé.
M. Le Moignan: J'ai bel et bien déclaré tout
à l'heure que je laisserais au ministre tout le temps voulu, le temps
prévu par le règlement.
Le Vice-Président: Je m'excuse. Je voudrais rappeler
à tous que ce sont les articles 101 et 102 qui s'appliquent. Je les
applique au ministre comme à tous et je vous demanderais, s'il vous
plaît, M. le ministre, de terminer.
M. le ministre, si vous voulez conclure.
M. Garon: M. le Président, je vais terminer
là-dessus. Au fond, je sais qu'il va y avoir quelques inquiétudes
temporaires parce que c'est un projet de loi complexe qui a besoin
d'explications, et l'Opposition a semé tellement de doutes. Les gens
vont se rendre compte à l'usage, au fond, que cela fonctionne comme
avant. Mais ce que nous ne pouvons appuyer, même si je les ai entendus
pendant longtemps... Je pense aux plans conjoints qui ont été
votés par 90% des producteurs, par exemple, dans le domaine des oeufs.
La démocratie veut que ce soient les gens qui n'ont pas gagné le
référendum qui adhèrent au mouvement. Je suis loin de
penser que dans l'UPA tout le monde est parfait. C'est comme dans le Barreau,
tout le monde n'est pas parfait. Je peux le dire comme avocat, mais quand un
avocat est coupable, on n'abolit pas le Barreau; on sort l'avocat du
Barreau.
M. le Président, je vais terminer là-dessus, je pense que
dans le domaine du syndicalisme agricole, il y a possiblement des fautes de
commises; il y a possiblement des syndicats qui ne sont pas
représentatifs, sur le grand nombre qui existe. A ce moment-là,
c'est aux producteurs d'assister aux assemblées et de changer les
dirigeants qu'ils n'aiment pas. Je leur ai dit ceci: quand je suis allé
à Saint-Guillaume, dans le comté de Nicolet, assemblée
à laquelle le député de Nicolet-Yamaska faisait
référence: "Si vous n'aimez pas des dirigeants dans un syndicat,
changez-les, allez à l'assemblée annuelle. Si vous n'aimez pas
des dirigeants dans une coopérative, changez-les, allez à
l'assemblée annuelle et changez-les. Mettez à leur place des gens
qui vous représentent". Mais quand les gens se sont exprimés dans
une proportion de 75%, 80% ou 90% en faveur de quelque chose, le gouvernement
n'a pas le choix, il doit respecter la démocratie.
Le Vice-Président: Quelle question, monsieur? Une question
de règlement?
M. Fontaine: Une question en vertu de l'article 96, M. le
Président.
Le Vice-Président: Non, un instant. En vertu de l'article
96, mais, écoutez, soyez bref, je vous en prie.
M. Fontaine: Je serai très bref, M. le Président.
Le ministre a fait la comparaison avec la loi de l'Ontario. Ici, au
Québec, les pouvoirs de l'Office des producteurs sont inscrits dans la
loi. Mais ce que le ministre a oublié de dire, c'est qu'en
Ontario...
M. Charron: M. le Président, j'invoque le
règlement.
Le Vice-Président: D'accord. A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Fontaine: ... M. le Président, c'est le
lieutenant-gouverneur en conseil...
M. Charron: J'invoque le règlement, M. le
Président.
M. Fontaine: ... qui a ces pouvoirs-là. Il peut les
retirer n'importe quand.
Le Vice-Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement, je pense que ce ne sera pas nécessaire.
D'office, je mets aux voix la motion de deuxième lecture du
projet de loi 116, Loi modifiant la Loi sur la mise en marché des
produits agricoles.
Des Voix: Adopté.
Le Vice-Président: Après tout ce qui a
été dit, cette motion sera-t-elle adoptée?
Des Voix: Adopté.
M. Bellemare: Vote enregistré, M. le Président.
Le Vice-Président: Que l'on appelle les
députés.
Suspension à 17 h 47
Reprise à 17 h 54
Mise aux voix de la deuxième lecture
Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît! Que
ceux qui sont en faveur que le projet de loi no 116 soit lu une deuxième
fois veuillent bien se lever, s'il vous plaît!
Le Secrétaire adjoint: MM. Charron, Laurin, O'Neill, Mme
Cuerrier, MM. de Belleval, Johnson, Proulx, Léger, Garon, Martel,
Paquette, Marcoux, Chevrette, Bertrand, Fallu, Michaud, Rancourt, Laberge,
Grégoire, Guay, Lefebvre, Laplante, Bisaillon, de Bellefeuille, Gendron,
Mercier, Alfred, Marquis, Gagnon, Ouellette, Perron, Gosselin, Dus-sault,
Boucher, Beauséjour, Desbiens, Baril, Bor-deleau, Charbonneau, Gravel,
Lévesque (Kamouraska-Témiscouata), Jolivet, Levesque
(Bonaventure), Lavoie, Vaillancourt (Orford), Mailloux, Goldbloom, Mme
Lavoie-Roux, MM. Lamontagne, Giasson, Blank, Scowen, Gratton, Pagé.
Le Vice-Président: Contre?
Le Secrétaire adjoint: MM. Biron, Bellemare, Grenier,
Russell, Fontaine, Brochu, Le Moignan, Cordeau, Roy, Verreault.
Le Vice-Président: Abstentions?
Le Secrétaire: Pour: 54 Contre: 10
Abstentions: 0
Le Vice-Président: La motion est adoptée. M. le
leader parlementaire du gouvernement.
M. Charron: M. le Président, je voudrais... Le
Vice-Président: Un instant!
Le Secrétaire adjoint: Deuxième lecture de ce
projet de loi.
Renvoi à la commission de l'agriculture
M. Charron: M. le Président, je fais motion pour
déférer ce projet de loi en commission parlementaire de
l'agriculture.
Le Vice-Président: Cette motion sera-t-elle
adoptée?
Des Voix: Adopté.
Le Vice-Président: M. le leader parlementaire, pourrait-on
savoir à quel moment?
Travaux parlementaires (suite)
M. Charron: Je fais motion pour que cette commission de
l'agriculture se réunisse ce soir de 20 heures à 22 heures et
demain, de 10 heures à 13 heures, aux fins d'étudier article par
article le projet de loi qui vient de lui être
déféré.
Le Vice-Président: A quelle salle? M. Charron:
81-A.
Le Vice-Président: M. le chef de l'Opposition
officielle.
M. Lévesque (Bonaventure): Je voudrais simplement avoir
une précision. Cette motion pour demain matin, de 10 heures à 13
heures, normalement, on aurait eu droit à un avis plus tôt si la
Chambre ne siège pas. Et si la Chambre siège, ce sera
plutôt, j'imagine, de 11 heures à 13 heures.
M. Charron: C'est exact, M. le Président. Je n'ai pas
voulu...
M. Levesque (Bonaventure): C'est vrai que la période des
questions n'est que demain après-midi. Mais est-ce qu'on peut avoir une
précision là-dessus?
M. Charron: J'ai la même position que j'avais cet
après-midi quand j'ai informé l'Assemblée qu'il
était possible que la Chambre ne siège pas demain matin
dépendant de l'allure des travaux de ce soir. Je puis dire à tous
les députés qu'il est probable
maintenant, étant donné que nous avons la deuxième
lecture espérée avant 18 heures, que l'Assemblée nationale
ne siège pas demain matin ce qui sera annoncé ce soir.
D'où la prudence dans le contenu de ma motion.
Le Vice-Président: M. le leader parlementaire, est-ce que
je pourrais dire ceci? Vous faites motion pour que la commission élue
permanente de l'agriculture se réunisse de 20 heures à 22 heures
à la salle 81-A et, en temps et lieu, vous répéterez votre
avis.
M. Charron: C'est exact, M. le Président. Je ne voudrais
pas que, si jamais la Chambre siégeait demain matin, je ne puisse avoir
la séance de la commission de l'agriculture; j'ai mis plus que moins,
vous comprenez?
Le Vice-Président: Entièrement d'accord, oui. M. le
leader de l'Union Nationale.
M. Bellemare: Est-ce qu'il y a une raison spéciale de ne
pas aller au salon rouge plutôt qu'à 81-A?
M. Charron: 81-A, on me dit, est la seule salle disponible
actuellement.
Le Vice-Président: D'accord. Cette motion sera-t-elle
adoptée?
Des Voix: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté.
M. Charron: Avant 18 heures, je donne avis, M. le
Président, pendant que nos collègues de l'agriculture feront ce
soir et demain ce qui vient de leur être confié, ici, je
répète le menu de ce soir. Le ministre du Travail et de la
Main-d'Oeuvre est disponible pour achever la deuxième lecture du projet
de loi no 128. Nous procéderons en commission plénière
puisqu'il s'agit d'un seul article à cette loi. S'il y a consentement
à ce moment, nous achèverons même le projet de loi, sinon
nous le reporterons. Par la suite, c'est le débat en troisième
lecture sur 110 qui sera appelé. Si jamais, M. le Président, le
beau temps continuait à régner sur cette Assemblée, ce
serait le projet de loi no 84 qui serait appelé en troisième
lecture.
M. Lavoie: M. le Président...
Le Vice-Président: Oui, M. le leader parlementaire de
l'Opposition officielle. (18 heures)
M. Lavoie: J'aurais une question à l'adresse du leader
parlementaire du gouvernement, a-t-on discuté entre les
différentes formations politiques afin que le rapport de la commission
qui étudie la loi 116, soit considéré comme si la
commission qui avait étudié ce projet de loi était la
commission plénière de l'Assemblée?
M. Charron: Non, cela ne l'avait pas été, mais si
le député de Laval, mon collègue de l'Opposition, en fait
la proposition, je suis plus qu'intéressé à l'appuyer. Je
ne sais pas quelle est la réaction de l'Union Nationale.
Le Vice-Président: Est-ce que je peux demander s'il y a
consentement?
M. Bellemare: Non.
Le Vice-Président: Je comprends qu'il n'y a pas
consentement.
M. Charron: C'est ce que j'avais un peu
présumé.
Le Vice-Président: Alors, sur ce, messieurs, constatant
qu'il est 18 heures, je vous donne rendez-vous à la reprise de 20 heures
au même lieu.
Suspension de la séance à 18 h 1
Reprise de la séance à 20 h 15
Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
Veuillez vous asseoir.
Au moment de la suspension du débat cet après-midi, nous
étions à zéro en ce sens que nous avions terminé un
projet de loi. Je demande donc au leader parlementaire adjoint du gouvernement
de m'indiquer quel est l'ordre du soir.
M. Bertrand: Dans la série déjà bien
entreprise des blanchissages que nous faisons subir à
l'Opposition...
Des Voix: Oh!
M. Bertrand: C'est simplement pour s'inscrire un peu...
M. Lavoie: Nous prenez-vous pour des Russes?
M. Bertrand: C'est ce que j'allais dire. Le député
de Laval est exactement sur la même longueur d'onde que moi;
c'était pour continuer sur la lancée des matchs de hockey de la
dernière fin de semaine. M. le Président, je vous demanderais
d'appeler l'article 6) qui nous permettra de discuter la motion
présentée par le ministre du Travail sur le projet de loi no
128.
Projet de loi no 128 Deuxième lecture
(suite)
Le Vice-Président: C'est exact. Merci, M. le leader
parlementaire.
Lorsque nous avons ajourné le débat sur le projet de loi
no 128, Loi modifiant de nouveau la
Loi du salaire minimum, le député de Saint-Laurent avait
la parole. Il avait déjà parlé pendant dix minutes et il
lui en reste dix autres. M. le député de Saint-Laurent.
M. Claude Forget (suite)
M. Forget: Merci, M. le Président. Le lendemain du jour
où nous avons amorcé ce débat sur la loi 128 a paru dans
le Devoir un article qui, non pas par coïncidence, j'en suis sûr,
puisque le sujet est d'actualité, rapportait une entrevue avec le
ministre des Consommateurs, Coopératives et Institutions
financières, responsable aussi de la condition féminine. Cette
entrevue est une entrevue larmoyante où le ministre responsable des
réformes dans ce domaine se juge victime d'une terrible injustice
lorsqu'on accuse le gouvernement dont elle fait partie de n'avoir pas
délivré la marchandise, de n'avoir pas rencontré les
attentes des femmes du Québec, de cette portion, malgré tout, non
négligeable de l'électorat québécois, soit quelque
50% de l'électorat et peut-être davantage. Elle invoque
l'injustice qu'on lui fait devant une attente déçue,
déception dit-elle, qui n'est pas justifiée puisque,
malgré tout, bien des choses se sont faites.
On est sur le point de verser des larmes avec le ministre en entendant
cet appel à l'injustice, M. le Président, mais on se rassure
bientôt, on voit que le ministre, malgré tout, réussit
à se consoler et à prendre son mal en patience puisqu'on nous dit
que c'est une Lise Payette détendue, encore bronzée par deux
semaines de voile dans le sud, qui a donné cette entrevue.
Je me réjouis pour elle de pouvoir prendre en patience les
aléas politiques qui font que les promesses qu'elle a faites dans cette
Assemblée nationale, l'automne dernier, elle ne peut encore les
réaliser. Je porte mon attention immédiatement à une liste
des réalisations présumées de ce gouvernement dans le
domaine des droits des femmes, dans le domaine de la mise en oeuvre du fameux
rapport "Egalité et indépendance" qui se fait attendre, un peu
comme l'autre. Cela se fait attendre et c'est un peu pour plus tard. Je suis
sûr que même si c'est fait, ce n'est pas un communiqué du
ministre, c'est, au contraire, pris au compte même de la journaliste qui
a fait le reportage, Mme Rowan. Il reste que ce décompte, ce score, pour
employer une expression que ne renierait pas le leader adjoint du gouvernment,
ce score dans la joute entreprise par le gouvernement contre les obstacles qui
se dressent devant la pleine réalisation, par les femmes, de leur statut
de citoyens à part entière, ce n'est pas un score très
impressionnant pour le gouvernement. (20 h 30)
En effet, on constate que dans un grand nombre de cas, on en est encore
aux recherches et aux études. Ainsi, on pense qu'au Haut-Commissariat
à la jeunesse, aux loisirs et aux sports, il n'y a pas de
réalisation dont on puisse faire état, le tout est à
l'étude. La même chose vaut pour le ministère des Affaires
culturelles. Dans le cas du mi- nistère de la Fonction publique
où, pourtant, l'accès des femmes à des postes
supérieurs, le déblocage des culs-de-sac de carrières
féminines est un problème majeur, on est à des recherches
prolongées. Le mot n'est pas de moi, M. le Président, il est dans
le texte même de ce quasi-communiqué de presse. Dans le cas du
ministère de l'Immigration, les recherches sont en cours; là,
elles ne sont pas prolongées encore, elles sont en cours pour l'instant.
Dans le cas du ministère de l'Education, on n'est même pas rendu
aussi loin que cela, on est à des recherches exploratoires, M. le
Président. Alors, on a ici une très grande richesse de
vocabulaire pour désigner l'état de piétinement et
d'attente dans la réalisation d'un certain nombre de choses.
Par ailleurs, on peut citer d'autres références qui sont
un peu fausses dans la mesure où elles reflètent des
réalisations qui n'ont rien à voir à proprement parler
avec la condition féminine même si elles ont des retombées
sur la condition féminine, des mesures, par exemple, comme la campagne
d'information sur le droit des enfants qui est une mesure qui remonte à
plusieurs années et qui, bien sûr, a des retombées sur la
condition féminine et qui apparaît comme la première
réalisation au ministère de la Justice. Sous la même
rubrique, on se donne la peine de citer un colloque sur la violence comme
étant une des grandes réalisations pour faire progresser le droit
des femmes. Quand on ira au-delà du colloque, nous pourrons applaudir
avec le gouvernement, M. le Président. Dans le cas du ministère
des Affaires sociales, on parle des cliniques de planification familiale. Voici
quelque chose de concret, mais encore une fois quelque chose qui date d'il y a
déjà plusieurs mois, sinon plusieurs années, et qui n'est
pas du tout une retombée de l'adoption du rapport sur la condition
féminine.
Au sujet des Affaires sociales, on fait même une
référence qui m'apparaît de mauvais goût. Voulant
énumérer la liste des choses qu'on a faites pour les femmes, on
parle de l'élaboration d'une politique générale au sujet
de l'alcoolisme et de l'abus des médicaments. Il me semble qu'on aurait
pu éviter une référence un peu odieuse puisque
l'alcoolisme et l'abus des médicaments, je pense bien que cela touche
tous les sexes, les hommes autant que les femmes. Je ne vois vraiment pas ce
qu'une telle référence vient faire dans une liste des
réalisations au titre de la condition féminine.
Du côté des Affaires municipales, on emploie le
conditionnel, M. le Président. On dit: On pourra peut-être
introduire des recommandations dans la loi instituant la régie du
logement et modifiant le Code civil. Cette loi a été
déposée l'automne dernier. L'Assemblée nationale ne l'a
pas encore débattue et c'est une loi toute fraîche. L'encre est
à peine séchée sur le texte et voici que le gouvernement
se demande s'il ne pourrait pas y introduire des choses pour donner suite au
rapport. Pourquoi ne l'a-t-il pas fait au moment de la rédaction de
cette loi et de son impression qui date d'il y a quelques semaines?
Tout ceci pour dire, M. le Président, que la seule mesure
concrète que le gouvernement peut afficher relativement à la
condition féminine, c'est cette question des congés de
maternité. C'est donc absolument important qu'on fasse ce point
puisqu'il semble bien que l'Assemblée nationale, en 1979, n'a pas
beaucoup de chances de discuter d'autre chose de concret, comme à la
suite du rapport "Egalité et indépendance", que cette mesure
visant à donner à la femme le droit au maintien de son revenu de
travail pendant la période de maternité et la période qui
suit la naissance d'un enfant. Or, de ce côté-là, on se
rend compte que nous sommes en face je le répète encore
une fois d'une mesquinerie systématique de la part du
gouvernement.
Cette mesquinerie se révèle de plusieurs façons.
Premièrement, on accorde une somme forfaitaire de $240 qui est,
semble-t-il, l'équivalent de deux semaines de carence les deux
semaines initiales de carence période pendant laquelle on ne peut
pas recevoir l'assurance-chômage. Or, la période de carence n'est
pas de deux semaines, mais elle est de trois semaines. Comme on le disait
aujourd'hui dans un article sur le même sujet, comment expliquer ce
délai de carence d'une semaine qu'on persiste à vouloir conserver
alors qu'on accepte ou on n'accepte pas la notion de maintien du revenu pour la
femme qui doit quitter son travail pendant une période de
maternité. Le gouvernement semble fort modeste dans ses explications de
ce côté-là. Je cite à peu près mot pour mot
ce qu'en dit le journaliste, ayant cherché à se faire expliquer
par le gouvernement, par les fonctionnaires du ministère du Travail et
de la Main-d'Oeuvre, ce mystère d'un complément à
l'assurance-chômage qui ne comble pas complètement la
période de carence initiale de trois semaines.
Deuxième caractéristique aussi mesquine, je l'ai
indiqué au début de mes remarques la semaine dernière, la
sécurité du revenu pour la femme qui quitte temporairement son
travail se traduit par une garantie de 60% de ses traitements alors que, dans
le cas des autres programmes gouvernementaux qui permettent le maintien du
revenu pendant des périodes d'invalidité, temporaire ou
permanente le cas des accidents d'automobile, le cas des accidents du
travail c'est 90% du revenu net après impôt que le
gouvernement garantit. Pourquoi, dans ce cas-là, se limiter à
60%? Le ministre dira: A cause du programme fédéral de
l'assurance-chômage qui garantit seulement 60%. Qu'à cela ne
tienne, M. le Président, il y a des exemples ailleurs de
possibilité de supplémenter, de "complementer" le programme
d'assurance-chômage pour donner, en sus des primes
d'assurance-chômage, un montant additionnel qui pourrait permettre
à l'indemnité totale de rejoindre 90%. Le gouvernement du
Québec aurait pu faire cela. Il aurait pu le faire dans ce cas-là
comme il le fait en vertu des conventions collectives avec les employés
du gouvernement, ses employés à lui; il aurait pu en
étendre le bénéfice à toute la population
féminine.
Une autre mesquinerie M. le Président, c'est que malgré
cette loi que nous adoptons aujourd'hui, il reste encore des femmes au travail
qui ne seront pas couvertes, qui ne seront pas assurées d'une
indemnité de maternité. Ma collègue de L'Acadie l'a
indiqué la semaine dernière: il s'agit essentiellement pas
seulement, mais essentiellement des employés féminins
à temps partiel. On veut stimuler et encourager l'occupation d'emplois
à temps partiel par les femmes et voici qu'une mesure sociale qui
intervient aujourd'hui ne comprend pas les emplois à temps partiel dans
le cas des congés de maternité. Pourtant, cela aurait
coûté moins cher. Il me semble que ce serait dans la veine dans
laquelle on s'est déjà engagé: un emploi à temps
partiel va être payé moins cher et cela aurait coûté
moins cher au gouvernement d'en assurer la couverture.
Malgré tout, on les omet et on omet également, comme l'a
indiqué le député de Mégantic-Compton la semaine
dernière, la période qui suit une adoption.
Or, une adoption présente pour une famille à peu
près les mêmes problèmes que suscite la présence
d'un enfant dans une famille, au moins après la naissance. Il reste
qu'il y a les mêmes problèmes d'adaptation et le même besoin
affectif pour l'enfant d'avoir sa mère avec lui pendant ses premiers
mois.
Il y a donc des difficultés sur le plan de la conception du
programme; il y a aussi des difficultés et des mesquineries quant
à la manière dont le programme a été introduit.
Dans cet article de Renée Rowan dans le Devoir de ce matin, on indiquait
que le fameux programme d'information je termine dans un instant, M. le
Président, je vois votre signal qui devait être
instauré dès janvier pour avertir les femmes que ce nouveau
programme était en vigueur à partir du 1er janvier, fait face
à des difficultés techniques et que, pour cette raison, le
gouvernement a par hasard omis d'en parler.
Or, pour qui connaît l'administration publique, on peut facilement
s'imaginer quelles sont les difficultés techniques en question. Ce que
l'on veut, c'est faire les dépenses de publicité pour le
programme de congé de maternité assez tard pour qu'il puisse
être imputé aux crédits de l'an prochain. Pendant ce temps,
on n'aura pas besoin de dépenser les fameux $1 700 000 qu'on a fait
verser aux crédits. Bien sûr, il y en avait $5 800 000 au
départ, mais ils sont déjà dépensés pour
autre chose. On les a virés à un autre compte budgétaire;
on a laissé seulement $1 700 000 et même on s'arrange pour ne pas
les dépenser en ne faisant pas de publicité. De toute cette
question... M. le Président, on me fait parvenir un message; comme ma
collègue, député de L'Acadie, n'a parlé que quinze
minutes, on me dit que je pourrais, au nom de l'Opposition officielle, occuper
cette tribune pendant une période d'une heure.
M. Johnson: Vous alliez quand même terminer.
Le Vice-Président: C'est possible.
M. Forget: M. le Président, après avoir
causé cette émotion sans aucun doute profonde chez nos amis du
Parti québécois de l'autre côté, qui nous
écoutent d'une oreille attentive, après leur avoir causé
ce serrement au coeur qu'ils éprouvent certainement à
l'idée que je pourrais occuper cette tribune encore pendant 40 minutes
pour dénoncer comme il se doit les mesquineries sans nombre dont
s'accompagnent la conception et la présentation de ce projet, je dois
dire que le principal avantage que j'en retirerai sera de ralentir un peu mon
débit. (20 h 30)
Pour terminer, malgré tout, je veux souligner que cette mesure
que le ministre du Travail nous apporte démontre une fois de plus que la
loi qu'elle vient d'amender et qui ne fut adoptée que l'an dernier,
à la session qui dure encore d'ailleurs, était une loi
improvisée, une loi qui a été conçue non pas comme
une mesure sociale de première priorité, mais comme une
espèce d'aspirine législative, une espèce de calmant qu'on
a offert à la population féminine du Québec en disant: Si
elles le veulent tant, leur congé de maternité, n'importe quelle
espèce de mesure qui a l'air de cela va faire. A ce moment, on ne s'est
pas donné la peine de vérifier si oui ou non on couvrait toutes
celles qu'on voulait couvrir. On ne peut pas expliquer autrement, M. le
Président, le fait qu'une loi qui vient d'être adoptée
subisse un amendement et que la seule justification qui nous ait
été apportée c'est que, quelque part entre le
ministère du Travail et le comité de législation, la
préoccupation de couvrir les femmes qui sont régies par un
décret, de très nombreuses femmes qui sont régies dans un
décret, puisque ces décrets s'appliquent, par exemple, dans
l'industrie du textile, l'industrie du vêtement, qui comptent de
façon prépondérante une main-d'oeuvre féminine, on
ne s'est pas donné la peine de vérifier que, soit d'une
façon, soit d'une autre, cette clientèle était
couverte.
C'est une démonstration assez claire puisqu'elle vient
après une première démonstration qui fut faite l'an
dernier, l'été dernier où un projet de règlement a
été publié dans la Gazette officielle pour étendre
à titre d'ordonnance de la Commission du salaire minimum, le
congé de maternité, et de le faire d'une façon qui n'a pas
paru acceptable alors. Cela a amené le gouvernement à corriger
son tir et à publier finalement un règlement qui était
fort différent du projet qu'il avait eu la hardiesse ou la
témérité de publier sans une réflexion suffisante.
Ou côté législatif, on se rend compte qu'on a la même
incurie, la même absence de préoccupation. Je serais curieux de
savoir si le ministre...
Le Vice-Président: A l'ordre, M. le député,
je m'excuse. Ou bien vous prenez l'heure qui vous est impartie, ou bien vous
avez dépassé largement le temps qui vous est accordé. On
m'a dit le contraire, il y a quelques minutes. Oui, je m'excu- se. Si vous
parlez au nom du parti, vous avez vos 60 minutes.
M. Forget: Je vous remercie, M. le Président. Ceci
étant clair, je veux également préciser que je n'en
abuserai pas, mais malgré tout, le sujet est important. Il y a des
sujets qui occupent le temps de l'Assemblée.
Je dirais qu'il y a 40 000 agriculteurs au Québec; il y a
probablement trois millions de femmes. Je pense bien que si l'on ne fait qu'une
simple règle de trois, M. le Président, et qu'on divise le nombre
de minutes qu'on a consacrées à 40 000 citoyens
québécois au cours des derniers jours, à l'occasion de
l'étude de la loi 116, on peut probablement utiliser une quarantaine de
minutes sans se sentir coupable relativement à ce problème de la
situation féminine. Nous n'avons pas eu l'occasion et cela est
assez remarquable, du moins à ma connaissance, on peut me corriger si je
suis dans l'erreur du moins depuis deux ans, depuis que le gouvernement
est au pouvoir, d'avoir un seul débat sur un projet de loi sur une
mesure quelconque, ne serait-ce que le projet de règlement relatif au
congé de maternité, à l'ordonnance relative au
congé de maternité publiée l'an dernier pour
débattre et entendre les intéressées. Une commission
parlementaire sur le sujet ne serait pas nécessairement
déplacée.
Il est frappant, M. le Président, que c'est la première
fois que nous avons l'occasion de le soulever. C'est avec un grand plaisir que
je le fais, plaisir qui serait plus grand, sans aucun doute, si nous avions
enfin le fruit des délibérations sans fin du gouvernement au
sujet de la suite qu'il va donner au-delà des études, des
recherches en cours, des recherches exploratoires et des recherches
prolongées qu'il fait sur différents aspects de l'application du
mémoire de la Commission du statut de la femme.
Il serait intéressant de savoir comment le ministre responsable
du statut de la femme, le ministre des Consommateurs, Coopératives et
Institutions financières, va se tirer du mauvais pas dans lequel elle
s'est placée elle-même en disant qu'elle dévoilerait le nom
des coupables parmi ses collègues du Conseil des ministres qui opposent
une réticence farouche à la mise en application de ces
recommandations. Malgré tout non pas par ses déclarations
à l'Assemblée nationale car il semble que, de ce
côté, le courage lui ait manqué de tenir sa parole
par des fuites dans les journaux, on a appris que parmi les coupables,
peut-être pas le seul je ne voudrais pas être injuste envers
lui on retrouve le ministre des Finances.
Or, le ministre des Finances a répondu à une question de
mon collègue de Marguerite-Bourgeoys, il y a quelques jours, qu'il
n'était même pas disposé dans le fond, ce qu'il a
dit est un peu une périphrase, je ne pourrais le citer mot à mot
et qu'il ne pouvait même pas s'engager à faire des
recommandations au Conseil des ministres à la suite de la
présentation de ce rapport par le Conseil du statut de la femme. Il a
dit qu'il l'étu-
diait et que, bien sûr, il communiquerait au Conseil des ministres
le fruit de son étude, mais il ne s'est même pas engagé
à faire quelque modification que ce soit.
Il y a une différence très sensible au cas
où cela aurait échappé à l'attention entre
s'engager à faire une étude et à communiquer les
conclusions de son étude une des conclusions possibles est qu'il
n'y a absolument rien à faire et qu'il ne faut rien changer, ce serait
tout à fait conforme à la déclaration du ministre des
Finances d'une part et, d'autre part, dire: Oui, je m'engage à
faire quelque chose, si modeste soit-il, pour améliorer la situation
féminine dans notre régime fiscal.
Non, on n'a même pas eu droit à ce très modeste
engagement de la part du ministre des Finances. C'est donc dire que le ministre
responsable du statut de la femme a fort à faire pour donner suite
à son engagement d'une réponse globale au nom du gouvernement
à l'ensemble de ses recommandations. Il semble qu'il y aura bien
certains éléments, certaines bribes du côté du
ministère du Travail; j'en rends d'ailleurs hommage au ministre.
Malgré des imperfections, il reste que c'est déjà un
effort. C'est déjà quelque chose de concret et c'est
peut-être la seule chose concrète que ce gouvernement fera jamais
en faveur de la situation féminine, à part faire des colloques,
des études, y compris des études sur la drogue, l'abus des
médicaments et l'alcoolisme. Cela intéresse
particulièrement la situation féminine, du moins à en
croire ce quasi-communiqué de presse.
Au-delà de cela, c'est peut-être la seule mesure
concrète, ce congé de maternité, que le gouvernement va
prendre. Tant mieux et félicitons le ministre au Travail d'une telle
audace, mais il est clair qu'à la suite de plusieurs mois, même
plusieurs années de travail du Conseil du statut de la femme, un
très grand nombre de femmes au Québec se sont posé la
question de savoir si enfin on allait sortir des études, si on allait
sortir de la période de réflexion, d'analyse et de recherche pour
arriver à des conclusions concrètes. Encore une fois, cela ne
semble pas pour demain. Il faut, pour l'instant, se mettre sous la dent la
question des congés de maternité, même si ce qu'on a
à se mettre sous la dent est fort mesquin, fort imparfait. C'est un
travail très certainement inachevé qui ne satisfera pas les
femmes du Québec, et elles ont raison de ne pas être
satisfaites.
Il est inadmissible qu'on considère le congé de
maternité sur un plan inférieur aux situations dans lesquelles se
trouvent les accidentés d'automobile ou les accidentés du
travail. Si on accorde une véritable priorité sociale à
cette question du statut de la femme et de la préservation de la
période de maternité, de cette protection du revenu pendant cette
période, je crois qu'il faut lui donner au moins le même
traitement. Si le temps est venu d'agir, le temps est venu d'aller au moins
jusqu'au bout, de faire à 100% cette réforme qui n'est pas,
malgré tout, une réforme si considérable; c'est une
réforme qui reste circonscrite à un secteur qui ne touche pas
toutes les femmes, mais seulement celles qui travaillent, même si c'est
un problème très réel auquel il est nécessaire
d'accorder de l'attention.
Avec toutes ces réserves, nous allons, bien sûr, accorder
notre appui à une mesure qui, même si elle est très
imparfaite, ne peut souffrir d'être mise de côté ou
retardée. C'est un premier pas. J'espère que le ministre dans sa
réplique va faire autre chose que dire: Oui, nous, nous agissons. Voici
un problème qui traîne depuis longtemps. (20 h 40)
Enfin, nous sommes intervenus et vous nous blâmez de ne pas faire
assez bien. C'est de bonne guerre pour le ministre de dire: Oui, voici, nous
avons quand même le mérite d'agir, sans aucun doute. Il reste
qu'il faudrait que ces belles paroles un peu partisanes, un peu teintées
de chaleur et d'émotion partisanes de sa part s'accompagnent d'un autre
engagement, d'une autre réflexion pour vraiment persuader les femmes du
Québec qu'il s'agit là d'autre chose que de réparties sans
conséquence et d'une réplique purement partisane. Il faudrait que
le ministre du Travail s'engage à faire un pas de plus, à
franchir une étape de plus dans les délais les plus brefs
possible. S'il n'a pas pu, pour des raisons budgétaires, à cause
de la nature essentiellement conservatrice et prudente de son ministre des
Finances, obtenir des crédits supérieurs, peut-être
doit-il, en effet, s'en contenter! Il est, malgré tout, prisonnier d'une
équipe qui ne partage peut-être pas son point de vue relativement
à cette question. Mais au moins doit-il s'engager à faire les
efforts nécessaires pour que, dès le prochain budget, il y ait,
du côté des congé de maternité, une approche qui
soit moins mesquine et moins restritive. Il me semble que, si on prend la
bouchée en deux fois, il ne devrait pas être impossible à
un gouvernement qui dispose d'un budget de $14 milliards de trouver les $5
millions ou $10 millions qui seraient suffisants pour combler les trous que
laisse encore cette mesure, la loi 128. C'est en exprimant ce voeu et en
espérant que le ministre va y répondre positivement que je
termine, bien en deçà des 60 minutes auxquelles j'ai droit, cette
intervention. Je vous remercie.
Le Vice-Président: Merci, M. le député. M.
le député de Richmond.
M. Yvon Brochu
M. Brochu: Très brièvement, j'aimerais simplement
vous faire quelques remarques sur ce projet de loi 128 qui vise à
modifier à nouveau la Loi du salaire minimum. On sait que c'est
essentiellement pour corriger une lacune qui existait dans un autre projet de
loi afin de pouvoir chapeauter, par la Loi du salaire minimum, tout un secteur
d'activités de nos travailleuses québécoises en ce qui
concerne l'ordonnance relative aux congés de maternité. Il y a
trois choses qui sont introduites dans ce projet de loi, tel que l'indiquent
les notes explicatives: l'employeur d'une telle salariée n'est cependant
pas assujetti à l'obligation de tenir un registre, de faire
un rapport mensuel à la commission ou encore de payer le
prélèvement fixé par cette dernière. Ce sont les
trois choses, ramenées au minimum, qui sont changées dans ce
projet de loi. Il ne s'agit donc pas d'une loi qui change toute une
façon de voir les lois de ce côté. Il s'agit d'apporter une
correction qui avait été omise dans un projet de loi. Je
comprends que cela peut, à un moment donné, donner l'accès
à une tribune beaucoup plus large pour remettre en cause certaines
choses. Certains de mes collègues ont déjà pris la parole
sur ce sujet-là. J'aimerais simplement m'en tenir à ces propos
pour le moment, en indiquant que, peut-être, il y aurait lieu de penser
aussi à la mère de famille au foyer qui, elle, dans l'ensemble de
nos lois, n'est pas, pour une grande partie, concernée par nos
discussions. En effet, très peu de lois sont votées pour lui
apporter une aide quelconque lorsque cette personne-là donne naissance
à un enfant. Je profite simplement de cette tribune qui m'est offerte
pour souligner le fait au ministre et indiquer qu'il serait peut-être
temps qu'on pense à celles qui demeurent au foyer et qui jouent, elles
aussi, un rôle social important au même titre que celles qui
oeuvrent, par obligation ou par choix, dans le monde du travail. Je vous
remercie, M. le Président.
Le Président suppléant (M. Jolivet): M. le
ministre.
M. Pierre-Marc Johnson
M. Johnson: M. le Président, il s'agit, en effet, d'un
projet de loi qui est technique et c'est comme cela que je l'avais
présenté au moment de son dépôt en première
lecture. J'avais annoncé, d'ailleurs, au député de
Saint-Laurent qui voyageait dans le même véhicule de transport que
moi, entre Montréal et Québec, il n'y a pas très
longtemps, que je déposerais ce projet de loi, sollicitant, en
étant conscient qu'il a la qualité d'être le tuteur de deux
de ses collègues d'arrière-ban en matière de relations de
travail, finalement, une sorte de consentement de la part d'un "senior" des
gens d'en face. Je me suis rendu compte, quelques jours après, que le
député de Saint-Laurent, accompagné de son pupille, le
député de L'Acadie, tenait une conférence de presse sur
toute cette question du congé de maternité, entre autres, pour y
affirmer des choses un peu creuses et étonnantes provenant d'un ancien
sous-ministre adjoint du ministère des Affaires sociales, de ce
même homme qui, tout à l'heure je veux bien croire que
c'était un lapsus, mais est-il significatif? nous parlait de la
commission du statut de la femme. Il ne connaît même pas le nom de
l'organisme qui, en 1973, a été créé et qui
s'appelle le Conseil du statut de la femme.
Des Voix: Oh!
M. Johnson: Pourtant, il était au gouvernement. On ne peut
pas s'étonner que celui qui a également été
ministre des Affaires sociales pen- dant quelques années, M. Forget,
député de Saint-Laurent, se permette aujourd'hui de venir faire
la morale à ce gouvernement, imaginez-vous, d'avoir pris huit mois avant
de promulguer une ordonnance. Je demanderais à l'ancien sous-ministre
adjoint des Affaires sociales ce qu'il a fait à l'époque
où il préparait sa carrière brève au niveau d'un
cabinet, et ce qu'il a fait à l'époque où il était
ministre des Affaires sociales pour la condition féminine.
M. le Président, sous les aspects purement techniques de ce
projet de...
M. Forget: M. le Président, est-ce que le ministre me pose
une question à laquelle il souhaite vraiment que je réponde?
Le Président suppléant (M. Jolivet): Au niveau de
la...
M. Johnson: Oui. La réponse a déjà
été donnée tant de fois.
M. Forget: Je référerais le ministre du Travail aux
amendements introduits au régime de rentes du Québec. En deux
occasions, il y a eu des amendements, sur lesquels je ne m'étendrai pas
ce soir, qui permettent à la femme qui a des enfants de conserver ses
bénéfices de rentes sans diminution pendant la période
où elle reste au foyer, pendant une période pendant laquelle les
enfants ont de zéro à sept ans. Cet amendement, non seulement a
été adopté à mon initiative dans le régime
de rentes du Québec, mais un amendement identique a été
adopté dans l'ensemble du Canada. Cet amendement tenait son origine
d'une notion et d'une initiative québécoise de votre humble
serviteur. C'est une réponse. Il y en a d'ailleurs une autre, toujours
dans le régime des rentes.
Des Voix: Bravo!
Le Président: M. le ministre du Travail et de la
Main-d'Oeuvre.
M. Johnson: C'est également le député de
Saint-Laurent qui nous reprochait l'absence de communication et l'absence de
clarté sur cette question de la condition féminine. Pourtant,
l'amendement qu'il évoque au régime de rentes du Québec,
dont je veux bien croire qu'il a été grat-teusement et
"papièrement" l'initiateur à l'époque où il
était sous-ministre adjoint aux Affaires sociales, cet amendement
pourtant, nous n'avons pas fait de fanfare avec cela lors du projet de loi 114
en matière d'accidents de travail. Nous avons modifié la Loi des
accidents du travail pour répondre à une série de
questions et de demandes du Conseil du statut de la femme quant au
régime en matière sociale qui s'applique aux femmes qui subissent
des accidents de travail. On n'a pas fait de fanfare avec cela. On n'a pas plus
fait de fanfare, d'ailleurs, autour de ce projet qui touche, dans un premier
temps, un aspect technique et qui, deuxièmement, soulève un
débat qui m'apparaît peut-être important.
L'aspect technique, d'abord. Je dirai qu'il ne m'apparaît pas
anormal que, quand un gouvernement, en matière de relations de travail,
en l'espace de 18 mois, a fait adopter par un Parlement quatorze lois, on
trouve à travers l'une de celles-ci, à l'occasion parce
qu'un contentieux est surmené, parce qu'un contentieux, formé de
gens compétents, de gens loyaux et de gens qui ne comptent pas les
heures, essaie du meilleur qu'il peut de faire du droit nouveau qu'on
soit obligé de se rendre compte parfois que le test de la
réalité nous impose des ajustements. Et je voudrais en profiter
ici d'ailleurs pour rendre hommage à ceux qui, dans le contentieux du
ministère du Travail, ont travaillé à ces quatorze projets
de loi depuis un an et demi.
Deuxièmement, les aspects un peu plus précis qui ont
été soulevés par le critique-tuteur ou le critique-pupille
sur les $5 800 000 utilisés. Il est vrai que le gouvernement, dans son
budget de 1978/79, prévoyait une réserve de $5 800 000 au
chapitre de l'indemnisation pour le congé de maternité. Il est
vrai que nous utiliserons finalement à peu près un tiers de cette
somme, étant donné qu'il n'est pas question de lancer par les
fenêtres l'argent des contribuables puisque, effectivement, l'ordonnance
et les $240 qu'il faut distinguer d'ailleurs et ce sur quoi je reviendrai, ne
s'appliquent qu'à partir du mois de janvier, donc pour la fin de
l'exercice financier 1978/79. Je pense qu'il n'y a rien de chinois
là-dedans. (20 h 50)
Quant à la question des difficultés techniques, là
où le député de Saint-Laurent impute à mon
ministère une espèce de sordide projet de camouflage, de
récupération de crédits périmés pour le
ministre des Finances, la question est beaucoup plus simple, et je vois tout de
suite l'aptitude à voir des épouvantails du député
de Saint-Laurent, comme d'habitude. Nous avons décidé d'un commun
accord, au ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre avec la
Commission du salaire minimum, de retarder la campagne de publicité. On
ne nous accusera pas, j'espère, d'avoir fait des communications
partisanes et d'avoir fait de la propagande péquiste. On nous reproche
que les femmes sont mal renseignées sur la question. Nous ferons des
campagnes de communication dans ce secteur pour les renseigner sur leurs droits
et sur ce qu'elles peuvent obtenir en vertu des lois et des décisions
administratives. Effectivement, nous avons décidé de retarder
ceci même si le montant de $240 entrait en vigueur le 1er janvier pour la
bonne et unique raison qu'on ne voulait pas créer un faux espoir pour
les 40 000 femmes susceptibles d'être touchées dans le secteur des
décrets tant que cette loi n'était pas adoptée par le
Parlement et ne pas les mettre dans des situations où elles
n'étaient pas couvertes par la loi. C'est la réponse très
simple qu'il faut trouver à tout cela.
Finalement, ce gouvernement j'aimerais le rappeler a, au
mois de juin ou juillet, présenté son projet d'ordonnance. Il a
écouté et il a eu l'occasion de recevoir, au niveau de la
Commission du salaire minimum, où les commissaires ont fait un travail
remarquable, les mémoires des groupements intéressés et
même de certains individus. Pendant deux mois, et une extension pour
permettre à ceux qui avaient un mémoire à présenter
de le faire, nous avons étudié ces mémoires pour,
finalement, adopter l'ordonnance non pas le 1er janvier, mais le 15 novembre
dernier, et l'ordonnance est entrée en vigueur.
Il faut peut-être expliquer finalement que cette mesure qui, c'est
vrai, est mince, qui, c'est vrai, n'est qu'un premier pas fait partie de trois
mesures distinctes et je me rends compte que ni le critique tuteur ni le
critique pupille n'ont fait leur devoir. Il faut bien distinguer les trois
aspects de ce congé de maternité comme on l'appelle en face.
Il y a d'abord la protection de l'emploi de la femme au travail qui se
prévaut des dispositions de la Commission du salaire minimum. Cela
n'existait pas et cela n'existait pas d'ailleurs après six ans de
gouvernement libéral. Mais, après, par exemple, deux mois de
gouvernement du Parti québécois, cela existait.
Deuxièmement, l'ordonnance sur le congé de maternité, qui,
elle, a été promulguée au mois de novembre et qui entrait
en vigueur au moment de sa publication, prévoit les dispositions qu'on
connaît qui permettent à une femme qui travaille à
l'extérieur de la maison de se prévaloir d'une période
pendant laquelle elle peut s'absenter en obtenant non seulement des garanties
d'emploi à son retour, mais également des conditions qui
pourraient lui permettre, par exemple, de bénéficier d'un
congé prolongé selon certaines circonstances en ce qui a trait
à sa santé ou à celle de l'enfant à naître
dans certains cas. Troisièmement, les dispositions et ces fameux $240
dont on parle. Il s'agit là d'une mesure strictement administrative qui
prévoit que le gouvernement verse, dans un premier temps, et comme
amorce ce, encore une fois, à l'intérieur de huit mois de
la publication, du premier geste dans ce secteur-là et non pas
après six ans... C'est l'amorce enfin de la reconnaissance que la
maternité et le travail ne sont pas nécessairement incompatibles.
C'est plus, ce que ce gouvernement a fait, en l'espace de deux ans, que le
précédent en six ans dans ce domaine. Ces $240, on dira que c'est
mesquin tant qu'on voudra; on pourra faire des gorges chaudes pour constater
finalement qu'on n'a rien fait en face de nous pendant six ans dans ce
secteur-là, mais il demeure quand même que cela se prend bien et
que c'est un début. C'est comme cela qu'il faut le voir.
Les Chinois ont un proverbe que je ne citerai ici qu'en français.
Les Chinois ont un proverbe que peut-être les députés d'en
face auraient avantage à comprendre ou à connaître. On dit:
Le premier pas d'un voyage, c'est déjà la moitié du
chemin. Je pense que la moitié du chemin a été franchie
par ce gouvernement en matière de congé de maternité.
Le Président: Est-ce que cette motion de deuxième
lecture du projet de loi 128, Loi modifiant de nouveau la Loi du salaire
minimum, sera adoptée?
Des Voix: Adopté. Le Président:
Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Deuxième lecture de ce
projet de loi.
M. Bertrand: Adopté.
Le Président: M. le leader parlementaire adjoint du
gouvernement.
Commission plénière
M. Bertrand: Oui, conformément à l'article 122, je
fais maintenant motion pour que l'Assemblée se transforme en commission
plénière.
Le Président: Est-ce que cette motion sera
adotée?
Des Voix: Adopté. Le Président:
Adopté.
Le Président (M. Cardinal): Messieurs, à l'ordre!
J'appelle l'article 1 du projet de loi no 128, à moins que M. le
ministre ait quelque chose à ajouter. Article 1, adopté?
M. Johnson: Adopté.
Le Président (M. Cardinal): Adopté. Article 2,
adopté?
Une Voix: Adopté.
Le Président (M. Cardinal): Adopté.
M. Johnson: Cela va?
M. Forget: Pas trop trop vite là, s'il vous
plaît!
Le Président (M. Cardinal): Article 2.
M. Johnson: En fait, essentiellement, l'article 2 prévoit
qu'il s'agit de faire en sorte, dans le secteur des décrets, qu'il y ait
application de l'ordonnance sans cependant imposer à l'employeur
l'ensemble des obligations qui relèvent du reste de la Commission du
salaire minimum, c'est-à-dire le prélèvement, la tenue de
livres, etc.
M. Forget: D'accord.
M. Johnson: En d'autres termes, ce que dit cet article ou ce que
dit l'ensemble de ce projet de loi, ces cinq articles, c'est que cela
s'applique dans le secteur des décrets, mais cela ne veut pas dire que
le reste de la Loi du salaire minimum s'y applique.
M. Forget: Par implication...
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: ... toutes les autres dispositions de la Loi du
salaire minimum s'appliquent évidemment à la question des
congés de maternité.
M. Johnson: C'est cela. Ce sont les articles, si on veut,
substantifs de la Loi du salaire minimum qui s'y appliquent, donc la protection
de l'emploi, l'ordonnance qui découle de l'article de la Loi du salaire
minimum et, deuxièmement, les articles qui prévoient la
protection de l'emploi et les recours. Cependant, toutes les techniques qui
sont imposées, tous les aspects administratifs qui sont imposés
aux entreprises qui sont couvertes par la Loi du salaire minimum ne le sont pas
dans le secteur des décrets parce qu'ils sont déjà
couverts par une loi qui est celle des décrets.
M. Forget: Les règlements ou les ordonnances
qui ont été adoptés en vertu de la Loi du salaire minimum,
antérieurement à cet amendement, sont-ils réputés
s'appliquer avec le même effet aux congés de maternité ou
est-ce qu'il faudra nécessairement les modifier pour tenir compte de cet
amendement-ci?
M. Johnson: Non, en fait, les dispositions de la loi qui a
été adoptée au mois de juin dernier s'appliquent;
deuxièmement, ce qui s'applique comme ordonnance, et la seule qui est
pertinente dans le secteur des décrets, c'est celle du congé de
maternité. C'est l'article 4 qui en dispose effectivement en le rendant
à toutes fins pratiques rétroactif dans la mesure où
quelqu'un s'est prévalu de l'ordonnance.
M. Forget: L'exigence en vertu de laquelle, par exemple, pour se
prévaloir du congé de maternité, une femme doit avoir
été à l'emploi du même employeur pendant une
période qui est de six mois, je crois, c'est en vertu du
règlement actuel de la Loi du salaire minimum?
M. Johnson: C'est cela.
M. Forget: Et cela va s'appliquer tel quel au congé de
maternité?
M. Johnson: C'est cela.
M. Forget: Sans modification.
M. Johnson: Exactement.
Le Président (M. Cardinal): Article 2, adopté?
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Cardinal): Adopté. Article 3.
M. Forget: Est-ce que cet article est vraiment nécessaire,
puisque l'article 2 de l'ordonnance no 17 de 1978 édicte: "La
présente ordonnance s'applique à toutes les salariées
visées par la Loi du salaire minimum et à leurs employeurs". Le
paragraphe c) du premier alinéa de l'article 2 de la Loi
du salaire minimum, tel que modifié par l'article 1 qu'on vient
d'adopter, couvre exactement la réalité qu'on veut couvrir.
Autrement dit, est-ce que cet article 3 n'est pas une répétition
de l'article 1?
Le Président (M. Cardinal): M. le ministre.
M. Johnson: II ne l'est pas. Je sais que cela a donné lieu
à des échanges assez longs entre l'ensemble des légistes,
et ceux du comité de législation et ceux du ministère.
Effectivement, même si, d'une façon apparente, il semble qu'il y
ait là une redondance, en fait, pour les fins de la clarté du
texte, on préférait que les articles 1 et 3 soient
rédigés tels quels.
M. Forget: Bon. (21 heures)
Le Président (M. Cardinal): Article 3 adopté?
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Cardinal): Adopté. Article 4?
Mme Lavoie-Roux: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): Mme le député,
pas de Lavoie-Roux, mais de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président. Je voudrais
demander au ministre quelle date veut-il insérer dans la
parenthèse. Celle de l'adoption du projet de loi no 128, j'imagine, ce
qui pourrait vouloir dire, disons, le 15 février ou est-ce que vous
considérez la possibilité d'insérer la date où
l'ordonnance a été adoptée?
M. Johnson: Une fois que nous l'aurons adopté, si nous
obtenons l'approbation en troisième lecture ce soir de ce projet et
qu'il est sanctionné ce soir, l'article 4 se lirait comme suit: "Une
salariée régie par un décret adopté en vertu de la
Loi des décrets de convention collective, qui, le 13 février,
était absente de son travail en raison d'une grossesse ou de ses suites,
après s'être conformée à l'ordonnance no 17... est
réputée être en congé de maternité au sens de
ladite ordonnance." En d'autres termes, la plupart des femmes, y compris les
femmes dans le secteur des décrets, non pas à cause de la
publicité parce qu'il n'y en a pas eu à proprement dit, mais
à cause des journaux, en fait, qui ont évoqué cette
ordonnance, ont probablement de bonne foi considéré qu'elles
étaient assujetties à ces nouvelles dispositions.
Il se pourrait que dans le secteur des décrets, en un nombre
à peu près impossible à déterminer, mais qui peut
être n'importe où autour de 10 ou d'une soixantaine de personnes,
impliquant peut-être 2 ou peut-être 30 entreprises, des femmes
effectivement aient envoyé l'avis tel que le prévoyait
l'ordonnance du 15 novembre et aient exercé un congé de
maternité pensant de bonne foi, comme d'ailleurs l'employeur, qu'elles
pou- vaient se prévaloir de l'ordonnance no 17. En d'autres termes, ce
qu'on dit, c'est que, si une femme a fait cela n'importe où entre le 15
novembre dernier, qui était la mise en vigueur de l'ordonnance et le 13
février 1979, on présume qu'effectivement elle respectait les
dispositions de la loi et qu'elle était en congé de
maternité comme n'importe quelle autre.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): Oui, Mme le
député.
Mme Lavoie-Roux: ... je remercie le ministre de son explication,
mais est-ce que vous n'avez pas à ce moment, je dirais, deux
catégories de femmes qui auront donné naissance à des
enfants ou qui auront pu s'absenter de toute façon pour des
congés de maternité, les premières ayant été
mises au courant de quelque façon que ce soit de l'ordonnance du
congé de maternité et les secondes ne l'ayant pas
été à cause et le ministre l'admet lui-même
du manque de publicité faite au sujet de ce projet de loi ou de
cette ordonnance? Il s'agirait qu'une personne ait été
suffisamment avertie ou alerte ou que les circonstances lui aient permis de
savoir qu'elle pouvait se prévaloir de ce congé de
maternité pour que, selon ce que vous avez laissé entendre, on
puisse la reconnaître au sens de l'ordonnance, mais les autres dont ce ne
serait pas la faute, mais qui, à cause d'un concours de circonstances,
n'en auraient pas été au courant, ne pourront pas s'en
prévaloir. Vous allez vous retrouver avec deux catégories de
femmes en congé de maternité, parce que, proba-bablement, les
deux auront pris un congé de maternité à tout
événement.
Le Président (M. Cardinal): M. le ministre.
M. Johnson: Effectivement, c'est une situation qui
théoriquement aurait pu se produire. Ce qu'on essaie de faire par les
dispositions de nature rétroactive de l'article 4, c'est d'en couvrir le
plus possible. Cependant, avant le 15 novembre dernier, le problème
était le même d'une certaine façon pour ces femmes, parce
qu'avant qu'il y ait une ordonnance no 17 elles ne bénéficiaient
d'aucune protection, d'aucune ordonnance, d'aucun droit dans ce secteur. Il est
peut-être arrivé, entre le 15 novembre et le 13 février,
que certaines femmes ont quitté leur travail en respectant les
dispositions de l'ordonnance et on légalise cette situation et celles
qui ne l'auraient pas fait ne s'en sont pas prévalues. Il reste à
savoir, à l'intérieur de celles-là, maintenant dans quelle
mesure il y en a qui peuvent s'en prévaloir à partir du 13
février, ce qui ne pose aucun problème.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, j'aimerais demander ceci
au ministre, compte tenu du fait que de toute façon, au plan
budgétaire, il y avait quand même eu $5 800 000 qui avaient
été prévus pour ces congés de maternité. Je
ne vous deman-
de pas de les couvrir avant l'ordonnance. On ne reviendra pas sur la
discussion des délais, mais l'ordonnance a quand même
été adoptée le 15 novembre. Pourquoi toutes les femmes ne
pourraient-elles pas s'en prévaloir, je dirais toutes les femmes qui, du
15 novembre au 13 février et les jours à venir, s'absenteront
pour un congé de maternité?
M. Johnson: Si vous parlez des $240, comme je l'ai
expliqué tout à l'heure au moment du débat de
deuxième lecture, ces $240 ne sont absolument pas liés à
cette ordonnance; ils interviennent, dans le temps, à peu près
à la même époque. Ils touchent à peu près le
même sujet, ils visent les mêmes personnes, mais ce sont deux
décisions qui, sur le plan administratif, sont totalement
différentes. L'ordonnance est de permettre à une femme d'obtenir
X semaines de congé si elle a rempli telles conditions et,
deuxièmement, de bénéficier de X quantités de
droits, privilèges, possibilités, si elle est enceinte. C'est un
bloc. C'est de cette loi qu'on parle, et l'ordonnance no 17 et cette loi qui a
pour effet de faire en sorte que dans le secteur, entre autres, du
vêtement, cela puisse s'appliquer.
La décision des $240 est une décision purement
administrative, non pas de la Commission du salaire minimum mais du
ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre, administrée par les
bureaux des Centres de main-d'oeuvre du Québec, et les qualifications
pour les fins de toucher les $240 sont exactement les mêmes
qualifications qu'en vertu de la loi fédérale. En d'autres
termes, toute femme qui, au Québec, remplit les conditions d'application
de la loi fédérale d'assurance-chômage pour les fins d'un
congé de maternité peut obtenir du gouvernement du Québec,
en se rendant dans un Centre de main-d'oeuvre du Québec, $240
équivalant plus ou moins au délai de carence pour l'immense
majorité de ces femmes. Cela, à partir du 1er janvier 1979 et non
pas du 15 novembre.
Le Président (M. Cardinal): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je vois très bien la distinction que le
ministre fait. Je pense que cela prouve que, d'un côté, on a
accordé des congés de maternité davantage pour
protéger la sécurité d'emploi et le retour au travail que
comme moyen de compensation financière pour les pertes encourues pour
les femmes, puisque ceci fait l'objet d'une autre directive administrative qui
ne peut pas s'appliquer, d'après les explications que vous nous donnez,
aux femmes qui ont eu un congé de maternité. Mais est-ce que
toutes les femmes qui, entre le 15 novembre et la date d'aujourd'hui, se
seraient prévalues des allocations de l'assurance-chômage que le
fédéral verse dans le cas des congés de maternité
ne pourraient pas être automatiquement reconnues comme étant des
femmes qui ont dû éprouver deux semaines de carence quelque
part?
M. Johnson: Encore une fois, comme ce sont deux mesures
distinctes et que les $240 s'appliquent à partir du 1er janvier 1979, on
pourrait dire le 15 novembre parce qu'il y a eu l'ordonnance et que cela touche
les mêmes femmes et que cela a trait au même sujet. Alors on
pourrait dire: Pourquoi n'est-ce pas rétroactif à il y a six ans?
Il faut que cela commence quelque part dans le temps. Ce qu'on dit, c'est que
toute femme, qu'elle ait respecté ou non les dispositions de
l'ordonnance 17 du 15 novembre mais qui était "qualifiable" au sens de
la loi fédérale, peut obtenir du gouvernement du Québec
$240 additionnels à ce qu'elle reçoit du
fédéral.
Mme Lavoie-Roux: Pour celles qui s'en sont prévalu
à partir du 1er janvier.
M. Johnson: A partir du 1er janvier 1979, dans la mesure
où elles se sont qualifiées non pas sous l'ordonnance
québécoise, mais carrément en vertu du régime
fédéral et de la réglementation qui découle de la
loi fédérale.
M. Forget: M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député.
M. Forget: Ma question au ministre porte non pas sur les $240
mais sur le jeu des délais relativement au calcul des semaines pendant
lesquelles l'ordonnance peut s'appliquer. En effet, l'ordonnance sur le
congé de maternité prévoit un nombre maximum de semaines
pour le congé de maternité. Or, dans le cas des femmes qui sont
régies par un décret et qui ont eu une grossesse entre le 15
novembre et le 13 février et qui n'ont pas commencé, à
partir de ce moment, un congé de maternité mais qui, à
partir du 14 février en présumant une promulgation et une
sanction de la loi ce soir voudraient commencer un congé de
maternité, mais subséquemment, une, deux, trois, quatre, cinq,
dix ou même douze semaines de leur grossesse, en voyant tout à
coup la possibilité de bénéficier de l'ordonnance, est-ce
que le calcul du nombre de semaines maximum auxquelles cette loi leur donne
droit à titre de congé de maternité se fera à
partir du 14 février 1979 ou à partir de la date de leur
grossesse, à supposer que ladite grossesse se situe entre le 15 novembre
et le 13 février? (21 h 10)
Le Président (M. Cardinal): M. le ministre.
M. Johnson: L'ordonnance prévoit c'est un beau
problème, finalement, de théorie des ensembles que vous posez, ce
sont les recoupements des délais entre le 15 novembre et le 13
février essentiellement un congé de 18 semaines.
L'ordonnance prévoit cependant qu'il y a une période de 6
semaines qui peuvent suivre cette grossesse, c'est-à-dire qu'on ne peut
exiger d'une femme qu'elle retourne au travail dans les 6 semaines qui suivent
son accouchement et non pas sa grossesse.
Mme Lavoie-Roux: Ne vous trompez pas.
M. Johnson: Je m'excuse, c'est parce qu'on parle du projet de loi
no 126 en même temps, projet qui est pour étude à la
prochaine session, au mois de mars. Si une femme, au moment où on se
parle ou le 14 février, c'est-à-dire demain, après la
sanction de la loi, est enceinte et si elle veut bénéficier du
congé de maternité en vertu de l'ordonnance no 17, elle n'a
qu'à remplir ces conditions. Le délai dont elle n'aurait pu
bénéficier, dont aucune autre femme au Québec n'aurait pu
bénéficier de toute façon avant le 15 novembre dernier,
à cause de ce qu'on a dit tout à l'heure, aura cours à
partir du moment où elle le demandera. D'autre part, il pourra
s'étendre au-delà de son accouchement pour autant de semaines,
jusqu'au total de 18 semaines.
M. Forget: Oui, cela va bien si...
M. Johnson: En pratique il s'agit d'un certain nombre de femmes,
encore une fois, dans un univers restreint qui s'appelle le secteur du textile,
en pratique surtout; dans les décrets, on parle surtout du secteur du
textile. A l'intérieur de cela il s'agit de femmes qui effectivement
sont enceintes et qui l'étaient au mois de décembre et au mois de
janvier. Il faut aussi le regarder comme cela. En pratique, la population
visée est sans doute fort restreinte. D'autre part, à
l'intérieur de cette population, toutes celles qui auraient
décidé de se prévaloir de l'ordonnance no 17 alors qu'elle
ne s'appliquait pas sont maintenant protégées par la loi. Il
reste peut-être certains cas comme celui qu'a souligné le
député de Saint-Laurent, ce qui n'empêche aucune de ces
femmes, à partir de ce soir à minuit, si on obtient la sanction,
de faire en sorte qu'elles puissent effectivement obtenir leur congé de
maternité pour une période de 18 semaines.
M. Forget: Oui, mais ce n'est pas tout à fait la question
que je posais. Je crois que cela tient compte adéquatement de la
situation où une femme est enceinte ce soir. L'accouchement n'a pas
encore eu lieu à minuit ce soir. Elle a droit au congé de
maternité en vertu de la loi, tout va bien. Prenons une femme dont
l'accouchement a eu lieu entre le 15 novembre et le 13 février; on parle
quand même de 40 000 ou 50 000 femmes, donc, cela doit s'adresser
à plus d'une dizaine, il y a peut-être quelque centaines de femmes
qui se posent la question. Si elle a accouché le 15 décembre ou
le 15 janvier ou le 30 janvier, si elle n'a pas pris un congé de
maternité parce qu'elle était couverte par un décret, donc
non admissible au congé de maternité en vertu de l'ordonnance du
salaire minimum du mois de novembre dernier, maintenant que la loi est
adoptée, même si l'accouchement a eu lieu il y a 15 jours, un mois
ou un mois et demi, est-ce qu'elle a droit aux 18 semaines auxquelles elle
aurait eu droit si elle les avait demandées avant l'accouchement? Est-ce
qu'elle a droit au solde des 18 semaines si on commence à compter les 18
semaines à partir de la date de l'accouchement qui peut être le 15
décembre?
M. Johnson: Si elle a accouché avant le 13 février
et qu'elle a donné un avis en vertu de l'ordonnance no 17, quelle que
soit l'époque où elle a accouché entre le 15 novembre et
aujourd'hui, si elle a donné un avis, en vertu de l'ordonnance no 17,
à son employeur qu'effectivement elle se prévalait d'un
congé de maternité, elle est couverte et elle pourra prendre 18
semaines. Si elle a accouché il y a trois jours, elle a 18 semaines
devant elle dont elle peut bénéficier.
M. Forget: Elle peut donner cet avis demain matin ou cette
semaine.
M. Johnson: Cependant, si elle n'a pas donné un avis au
moment où on se parle, elle ne peut en bénéficier.
M. Forget: Comment aurait-elle pu donner un avis relativement
à l'application d'une loi qui ne s'appliquait pas à elle?
M. Johnson: Encore une fois, si on a ce projet de loi, c'est
qu'on présume que l'immense majorité des femmes au Québec,
saisies par les journaux, la télévision et ce dont on parlait, de
bonne foi pensaient sans doute que ces dispositions s'appliquaient à
elles. Je ne pense pas que dans le secteur du textile, à moins qu'il y
ait eu une campagne particulièrement précise de la part des
syndicats ou des employeurs, on les ait informées du fait qu'elles
avaient droit ou non au congé de maternité.
Je présume que l'immense majorité des employeurs et des
salariées du secteur du textile pensaient sans doute que l'ordonnance no
17 s'appliquait à eux et à elles.
Le Président (M. Cardinal): Madame, messieurs. Je voudrais
quand même, comme président, suivant de très près
l'étude de ce projet de loi et de cet article, souligner que le 13
février est pour le moins une hypothèse. Rien ne me dit que la
loi sera sanctionnée aujourd'hui!
Mme Lavoie-Roux: On s'entend là-dessus.
M. Forget: II est bien sûr que je considère que
c'est une hypothèse. Mais comme, malheureusement, il faut parler
d'hypothèse pour avoir une date précise à l'esprit,
j'étais content de prendre l'hypo-thèse du ministre selon
laquelle nous consentirions à adopter la troisième lecture
dès ce soir. Ce n'est qu'une hypothèse aussi. Mais je pense que
c'est une hypothèse intéressante et je retournerais au ministre
ma question. Est-il raisonnable, encore une fois, de dire comme réponse
à ces femmes qui ont pu effectivement prendre un congé de
maternité ou ne pas en prendre, mais qui, de toute façon,
n'étaient pas couvertes par l'ordonnance: Si vous avez pensé
à donner avis en vertu d'une loi qui ne vous était pas
applicable, vous allez bénéficier de 18 semaines de
congé de maternité garanties, avec le droit de retour au travail
dans votre emploi, etc. ,et si vous n'avez pas pensé à donner un
avis en vertu d'une loi qui ne s'appliquait pas à vous de toute
façon, c'est bien dommage, mais vous avez perdu votre loi. Alors que,
dans cette loi-ci, on se donne la peine de rendre rétroactives un
certain nombre de choses, il me semble que, tant qu'à être
rétroactif, on...
M. Johnson: Le problème est qu'on ne peut pas rendre... On
le sait, le député de Saint-Laurent nousa
d'ailleursdéjà entretenu longuement en commission parlementaire
sur l'odieux de la rétroactivité. C'est d'ailleurs l'un des
spécialistes de l'odieux de la rétroactivité et de
l'aspect épouvantable de la réglementation. Compte tenu de ces
réserves qu'il connaît bien, il y avait des limites et,
finalement, je ne peux pas prendre rétroactivement un trimestre de
grossesse. Ce n'est pas possible. Parce que c'est de cela qu'on parle; on parle
d'un trimestre de grossesse, à toutes fins utiles. On pense que, de
bonne foi, des salariées du secteur des décrets pensaient sans
doute que cela pouvait s'appliquer à elles et, sans doute, d'ailleurs,
les employeurs, à moins que, spécifiquement, l'employeur de tel
endroit ait demandée ses spécialistes ou à ses avocats si,
oui ou non, ces dispositions s'appliquaient à lui, mais on
présume que l'immense majorité des gens, entre autres dans le
secteur du textile, devaient tenir pour acquis que cela s'appliquait à
eux également puisqu'on avait dit que c'était un régime
universel. Toute personne qui se serait prévalue de ces dispositions,
finalement, on respecte cela. S'ils ne s'en sont pas prévalus, on
présume qu'ils ne voulaient pas s'en prévaloir, d'une certaine
façon, parce que c'est rétroactif. C'est làqu'on
arrête la limite de la rétroactivité.
M. Forget: M. le ministre, votre argumentation est valable dans
la mesure où vous avez autre chose qu'une présomption à
l'esprit pour nous dire que vous croyez que la plupart des femmes couvertes par
le décret se sont prévalues de ce droit en pensant, de bonne foi,
que cela s'appliquait à elles. Si vous avez des indications, nous vous
serions reconnaissants de nous les communiquer. Je comprends que vous vous
basez sur une présomption, là, mais est-ce qu'il y a des
éléments de preuve comme disent les avocats pour
nous amener à croire que cette présomption est bien
fondée?
M. Johnson: On n'a pas d'éléments de preuve, mais,
encore une fois, cela a l'air impressionnant de dire que cela couvre 40 000
femmes. D'abord, le député de Saint-Laurent sait comme moi, ou
devrait le savoir, puisqu'il a été au ministère des
Affaires sociales pendant quelques années, qu'il y a environ 20 000
femmes, par année, qui accouchent je parle de femmes qui
travaillent à l'extérieur de la maison sur un total
d'à peu près 100 000 accouchements par année. Pour une
main-d'oeuvre qui correspond à environ 40% de la population active,
c'est-à-dire 2 millions de personnes, on a 20 000 accouchements. Si vous
faites un calcul en gros, même en présumant qu'il y a une forte
densité de femmes dans le secteur des décrets, vous avez 40 000
personnes. Vore possibilité de femmes qui sont enceintes pendant ce
trimestre-là, parce qu'on parle de trois mois, est quand même
assez limitée. C'est une affaire de calcul des probabilités.
M. Forget: C'est un argument à double tranchant, M. le
ministre.
M. Johnson: D'ailleurs, il y en a 12 000 là-dedans dont
les conventions collectives prévoient des dispositions en matière
de congé de maternité.
M. Forget: Eussiez-vous raison, c'est un argument à double
tranchant. S'il y a 35 femmes qui sont couvertes par cela, pourquoi ne pas leur
permettre de bénéficier d'un congé de maternité
pour le solde, au moins, de la période de 18 semaines qui va
s'écouler entre le 14 février et la fin de ces 18 semaines, si on
le faisait compter à partir de leur accouchement, à supposer que,
bien sûr, l'accouchement soit postérieur au 15 novembre?
M. Johnson: Comme le dit le député de
Saint-Laurent, c'est un argument à double tranchant. (21 h 20)
M. Forget: Oui, peut-être.
M. Johnson: II vient d'évoquer un tranchant. J'en
évoque un autre.
M. Forget: Vous coupez la poire en deux, si je comprends
bien.
M. Johnson: II faut le faire parfois.
M. Forget: Ou même pas. Vous mangez la poire en
totalité.
Le Président (M. Cardinal): Mme le député de
L'Acadie.
Mme La voie-Roux: M. le Président, cette longue discussion
nous a peut-être distraits de la compensation qui peut être
versée aux femmes pour les deux semaines de carence. J'ai bien compris
tout à l'heure que vous aviez dit que, si des femmes s'étaient
prévalues du congé de maternité ou des allocations
d'assurance-chômage durant ce trimestre, elles pourraient se
prévaloir des deux semaines de carence. C'est ce que j'ai cru comprendre
tout à l'heure.
M. Johnson: Pas avant le 1er janvier 1979. Cela n'a rien à
voir avec ce projet de loi, mais le programme des $240 est entré en
vigueur le 1er janvier. Cela n'a rien à voir avec l'ordonnance du 15
novembre.
Le Président (M. Cardinal): Justement. J'ai laissé
porter jusqu'à présent, mais ce qu'on appelle les $240 n'a rien
à voir avec le projet de loi 128.
Mme Lavoie-Roux: Non. Ecoutez, M. le Président, je vous
remercie de votre opinion. Vous avez sans doute raison, mais il reste qu'il y a
un
problème qui est réel. Il y a des femmes qui, pour les
raisons techniques qu'on a expliquées longuement depuis une semaine et
ce n'est pas leur faute... Il y a quand même des montants que le
gouvernement a votés. Il les a déjà votés aux
Affaires sociales; ils sont devenus périmés, on le sait. Il les a
votés de nouveau en montant moindre au moment de l'étude des
crédits supplémentaires. Cela me semble au moins un minimum que
les femmes qui durant cette période pouvaient se prévaloir d'un
congé d'après la Loi de l'assurance-chômage puissent aussi
rétroactivement obtenir cet argent qui comble les deux semaines de
carence entre les allocations versées par le fédéral et le
début du congé de maternité.
Le Président (M. Cardinal): J'ai permis d'en parler parce
que nous étudions un projet de loi article par article.
M. Johnson: Très bien, M. le Président. Je voudrais
simplement rassurer le député de L'Acadie pour lui dire que je
serai prêt à répondre à ses questions à
l'occasion de la période des questions demain, si elle le veut.
Le Président (M. Cardinal): Ou de la troisième
lecture.
Mme Lavoie-Roux: Ecoutez, est-ce que...
M. Johnson: Non, mais c'est parce que le président semble
insister pour qu'on passe à autre chose.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président...
M. Johnson: Je suis habitué à respecter les
décisions de la présidence. Je comprends que ce n'est pas...
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, c'est que tout à
l'heure... Je veux simplement...
M. Forget: Si vous y consentez, il n'y a pas de problème.
Je suis sûr que, de consentement, le président pourrait
tolérer une discussion à ce sujet.
Mme Lavoie-Roux: D'autant plus que, tout à l'heure, j'ai
cru comprendre que c'est ce que le ministre avait dit, que les deux semaines de
carence, il pourrait les verser à ces femmes qui se seraient
prévalues de l'assurance-chômage selon la loi
fédérale.
M. Johnson: A toute femme qui se prévaut des dispositions
de la loi fédérale à partir du 1er janvier 1979. Il faut
que ce soit bien clair.
Mme Lavoie-Roux: Elles pourraient l'avoir
rétroactivement.
M. Johnson: Non. Ce n'est pas rétroactif. C'est à
partir du 1er janvier 1979. Point.
Mme Lavoie-Roux: Par rapport au...
M. Johnson: Ce programme-là, on aurait pu l'adopter en
1974, à l'époque où le député de
Saint-Laurent était ministre des Affaires sociales. Il aurait pu dire: A
partir du 1er janvier 1975, cela s'applique aux femmes qui travaillent à
l'extérieur du foyer et qui se prévalent des dispositions de la
loi fédérale. Il ne l'a pas fait, d'ailleurs.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, si les deux
semaines...
M. Forget: C'est pour cela que vous l'indexez à l'aide
sociale. Vous n'avez pas l'argent pour faire cela.
Le Président (M. Cardinal): J'en permets
déjà beaucoup. Nous sommes loin de l'article 4 du projet de loi
128. Un à la fois, s'il vous plaît. Madame, je vous le
permets.
Mme Lavoie-Roux: Je suis d'accord avec le ministre, M. le
Président, qu'il s'agit du 1er janvier. On ne se chicanera pas
là-dessus. Mais s'il y en a, par exemple, qui ont commencé
à recevoir leurs allocations du fédéral à partir du
21 janvier parce qu'il y avait eu les trois semaines de carence du 1er au 21
janvier, est-ce qu'elles peuvent réclamer les trois semaines de carence
du 1er au 21 janvier? C'est ma question précise.
M. Johnson: Oui.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
M. Johnson: En vertu du programme. Oui, il n'y a pas de
problème. Si elles se sont prévalues des dispositions de la loi
fédérale après le 1er janvier 1979, elles peuvent
bénéficier du programme d'allocations du Québec...
Mme Lavoie-Roux: Parfait.
M. Johnson: ... dans les centres de main-d'oeuvre du
Québec qui sont au nombre de 65 et qui fournissent un excellent
service...
Mme Lavoie-Roux: D'accord. C'est simple. M. Johnson: ... en
général.
Le Président (M. Cardinal): L'article 4 est-il
adopté?
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Cardinal): Adopté.
M. Johnson: L'article 5, M. le Président, il s'agit de la
mise en vigueur. On pourrait faire un bon débat là-dessus,
mais...
Mme Lavoie-Roux: Non. On ne le retardera pas...
Le Président (M. Cardinal): Je vous remercie.
Mme Lavoie-Roux: ... davantage, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): Mme la Présidente, je
fais rapport que la commission plénière a étudié le
projet de loi 128 et l'a adopté sans amendement.
Mme le Vice-Président: Le rapport sera-t-il
adopté?
M. Forget: Adopté.
Mme le Vice-Président: Adopté.
M. Johnson: Mme le Président, est-ce que je pourrais
solliciter le consentement de l'Opposition pour la prise en
considération et l'adoption en troisième lecture sans
débat, en ce qui me concerne?
Mme le Vice-Président: Y aura-t-il consentement à
ce que nous passions à la troisième lecture
immédiatement?
M. Forget: Oui.
M. Bellemare: D'accord.
Troisième lecture
Mme le Vice-Président: Oui. Cette motion, du ministre du
Travail et de la Main-d'Oeuvre, de troisième lecture du projet de loi
128...
M. Bellemare: Je pense que nous devrions remettre, si le leader
parlementaire voulait acquiescer à cette demande, la troisième
lecture à demain, à la période prévue par notre
règlement...
Mme le Vice-Président: Alors, il n'y a pas
consentement.
M. Johnson: Donc, il n'y a pas consentement. Mme Lavoie-Roux:
Mme la Présidente...
M. Bellemare: Pour la troisième lecture, oui. Mais le vote
sera pris demain après-midi.
M. Johnson: Bon! d'accord.
Mme Lavoie-Roux: Mme la Présidente, avant de...
Mme le Vice-Président: Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Avant d'accorder notre consentement
d'ailleurs, je suis prête à l'accorder le ministre m'avait
dit qu'il me donnerait, au moment de l'étude du projet de loi article
par article, quelques précisions sur les mesures qui avaient
été prises par la Commission du salaire minimum pour assurer la
mise en application véritable du projet de loi. Non seulement
celui-là, mais sans...
M. Johnson: Mme le Président, vous permettrez qu'en lieu
et place d'un débat de troisième lecture je fournisse simplement
ces renseignements aux membres de l'Opposition. D'une part, la Commission du
salaire minimum, en vertu de la loi 126 que nous allons étudier
incessamment et que je devrais il me semble présumer voir
adopter avant le mois de juin, sera dotée d'un arsenal plus
intéressant dans la mesure où les sanctions prévues par la
Loi du salaire minimum seront passablement sévères. Un des
problèmes d'application de la Loi du salaire minimum, c'est cela: c'est
l'aspect absolument dérisoire et ridicule, finalement, des sanctions
prévues dans la loi. Un employeur pouvait théoriquement
enfreindre des dispositions importantes de la Loi du salaire minimum et avoir
un énorme montant de $15 d'amende à payer. Dans bien des cas,
l'infraction lui permettait d'économiser plus que l'amende qu'il
était obligé de payer. On va changer cela. Donc, cela devrait
être une incitation considérable au règlement.
Deuxièmement, la Commission du salaire minimum présentera
bientôt, devant le Conseil du trésor, comme elle l'a
déjà fait en partie, des demandes d'effectifs additionnels. Le
gouvernement envisagera cette possibilité.
Finalement, il est question d'un rajustement du
prélèvement au niveau de la Commission du salaire minimum pour
les fins budgétaires.
Mme Lavoie-Roux: Mme la Présidente, je voudrais simplement
bien comprendre le ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre. C'est que ce
problème, je le lui avais posé en mai dernier, au moment de
l'adoption du premier projet de loi 143, je pense, sur les congés de
maternité. Si je comprends bien, à l'heure actuelle, il est
exactement au même stade qu'il était en octobre où il m'a
dit: Le Conseil du trésor est à étudier une
réallocation de ressources humaines à l'intérieur de la
Commission du salaire minimum. Vous êtes encore au stade des
études. C'est ce que je dois comprendre.
M. Johnson: Non, il y a déjà une partie de ces
opérations qui ont fait l'objet de décisions du Conseil du
trésor et une autre partie qui devra tenir compte évidemment de
la nouvelle loi. Vous comprendrez que, compte tenu du fait qu'on est en train
non seulement de refaire la Loi du salaire minimum à l'occasion de
l'étude du projet de loi 126, qui viendra devant le Parlement au mois de
mars et qui normalement devrait être adopté avant le mois de juin,
et qu'en plus de cela on refait la structure de la Commission du salaire
minimum, on ne peut pas prendre toutes ces décisions avec une patte en
l'air. Je dis, encore une fois, que le mécanisme le plus important qui
est prévu, ce sont essentiellement les amendes qui vont faire, je
pense, qu'en pratique, les employeurs largement se plieront aux
exigences de la loi et des ordonnances.
Mme Lavoie-Roux: A ce moment-ci, Mme le Président, je dois
comprendre du ministre qu'il n'y a pas eu d'effectifs d'ajoutés à
la Commission du salaire minimum pourvoir à une meilleure application
non seulement de cette loi, mais d'autres lois relevant de la Commission du
salaire minimum.
M. Johnson: Non.
Mme Lavoie-Roux: Merci, Mme le Président.
Mme le Vice-Président: M. le leader de l'Union Nationale.
(21 h 30)
M. Bellemare: J'ai donc le plaisir de demander le vote sur la
troisième lecture. Comme, en vertu de l'article 106, on peut le reporter
à la séance prochaine, je demande qu'on puisse le reporter.
M. Bertrand: Mme la Présidente...
Mme le Vice-Président: M. le leader de l'Union Nationale,
il faut qu'il y ait cinq personnes qui me demandent de reporter le vote
enregistré, comme vous le savez évidemment. Maintenant, je ne
sais pas, le leader du gouvernement est debout, il aura sans doute quelque
chose à ajouter sur cette question.
M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Bertrand: C'est simplement pour faire appliquer le
règlement, Mme le Présidente. C'est effectivement le droit des
députés de demander qu'il y ait un vote sur ce projet de loi en
troisième lecture; c'est le privilège du leader parlementaire du
gouvernement de demander que ce vote soit reporté à plus tard.
Alors, s'il y a une demande de vote, on verra, Mme la Présidente.
Une Voix: II n'y en a pas cinq. M. Bertrand: II n'y en a pas
cinq? Mme le Vice-Président: Alors... M. Bertrand: Alors,
adopté.
Mme le Vice-Président: ... il y a eu consentement pour que
nous passions à la troisième lecture. Cette motion de
troisième lecture...
M. Bellemare: Mme le Président, pour passer à la
troisième lecture, il faut avoir le consentement.
Mme le Vice-Président: Oui.
M. Bellemare: Et vous ne l'aurez pas, vous ne l'aurez pas.
M. Bertrand: II a été donné, c'est fait.
M. Bellemare: Non, monsieur.
M. Johnson: Bien oui.
M. Bellemare: Non, monsieur.
M. Johnson: Bien oui. Mme le Président, si vous
permettez...
M. Bellemare: II a été donné si vous
reportez le vote de la troisième lecture à demain.
M. Bertrand: Mme la Présidente, je vous fais valoir...
Mme le Vice-Président: M. le leader parlementaire adjoint
du gouvernement.
M. Bertrand:... très humblement que le
député d'Anjou et ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre
s'est levé tout à l'heure et a demandé s'il pouvait avoir
le consentement pour que nous fassions le débat en troisième
lecture. Le consentement lui a été donné et le
débat s'est tenu en troisième lecture à moins, Mme la
Présidente, que ce qui vient de se dire au cours des dernières
minutes soit quelque chose qui s'est déroulé en dehors de tout
contexte réglementaire. A partir de ce moment, il m'apparaît
normal maintenant que nous demandions que le vote soit pris sur le projet de
loi en troisième lecture.
M. Bellemare: Mme la Présidente, comme la tradition
parlementaire veut que jamais un vote ne soit pris dans la même
séance lorsque la commission plénière a
siégé, je dis non, puisqu'on ne veut pas reporter le vote
à demain, pour la troisième lecture de ce soir.
M. Bertrand: C'est fait.
Mme le Vice-Président: M. le whip de l'Opposition
officielle.
M. Lamontagne: Mme la Présidente, je me rallie au leader
adjoint quand il dit que la troisième lecture a eu lieu. Cependant,
compte tenu qu'il y a une commission parlementaire et qu'il y a de nos
collègues de l'Union Nationale qui sont là, qui semblent vouloir
un vote là-dessus, il y a une troisième lecture et comme bon
député de l'Opposition appuyant mes collègues de
l'Opposition, c'est une tradition, je vais appuyer cette demande de reporter le
vote. Mais c'est le leader du gouvernement qui doit demander de reporter le
vote et non nous.
M. Bertrand: C'est cela.
Mme le Vice-Président: II va falloir clarifier. Si vous me
demandez un vote enregistré et que vous êtes cinq à le
demander, à ce moment-là, d'ac-
cord, j'appellerai le vote. J'appellerai le vote à ce
moment-là. Mais vous ne pouvez pas me demander de reporter le vote
à demain.
M. Bellemare: D'un autre côté, on ne peut pas
procéder selon les règlements de notre procédure, aller
à la troisième lecture le même soir s'il n'y a pas
l'unanimité. Il ne l'a pas.
M. Bertrand: Mme la Présidente, je crois...
Mme le Vice-Président: Je pense que nous avions...
M. Bertrand: ... que tout est très simple. Le consentement
a été demandé pour le débat en troisième
lecture; le consentement a été donné, le débat a eu
lieu en troisième lecture. Le règlement stipule maintenant que,
si des gens veulent obtenir un vote enregistré sur cette motion de
troisième lecture, il doit y avoir cinq personnes à cette
Assemblée nationale qui le demandent. A ce moment-là, Mme la
Présidente, je vous fais savoir que, si ce vote enregistré est
demandé, je pourrai utiliser mon privilège de faire en sorte
qu'il soit reporté à la séance de demain.
Mme le Vice-Président: Le vote enregistré est-il
demandé?
M. Bellemare: Oui, pour demain.
Mme le Vice-Président: Alors, je dois avoir cinq personnes
qui demandent ce vote enregistré. Je n'ai pas cinq personnes. Cette
motion de troisième lecture du projet de loi no 128 est-elle
adoptée?
M. Bellemare: Elle ne sera pas adoptée, Mme la
Présidente, pas ce soir.
M. Lamontagne: Nous ne le demandons pas mais nous appuyons leur
demande. Nous sommes cinq.
Mme le Vice-Président: Voilà, nous avons maintenant
une demande qui vient de plus de cinq députés. Vote
enregistré. Qu'on appelle...
M. Bertrand: Mme la Présidente...
Mme le Vice-Président: M. le leader parlementaire adjoint
du gouvernement, avant que je n'appelle les députés, je vous
écoute.
M. Bertrand: Bien sûr, Mme la Présidente. Alors,
puisque maintenant cinq personnes, tel que le stipule le règlement,
demandent le vote, conformément au règlement et non pas
simplement pour suivre un souhait du député de Johnson, je
demande que le vote soit reporté à la séance de
demain.
Mme le Vice-Président: Les voix seront enregistrées
au moment de l'enregistrement des voix sur les votes en suspens aux affaires
courantes de demain.
M. Bertrand: Mme la Présidente...
Mme le Vice-Président: M. le leader parlementaire adjoint
du gouvernement.
M. Bertrand:... je vous demanderais d'appeler maintenant
l'article 3) qui figure à notre feuilleton d'aujourd'hui.
Projet de loi no 110
Troisième
lecture
Mme le Vice-Président: A l'article 3), il s'agit de la
motion de M. le ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre proposant que soit
maintenant lu la troisième fois le projet de loi no 110, Loi modifiant
la Loi sur la qualification professionnelle des entrepreneurs de construction
et d'autres dispositions législatives. C'est M. le leader de l'Union
Nationale qui avait la parole sur ce projet de loi no 110.
M. Lamontagne: C'est la troisième lecture, Mme la
Présidente.
M. Pagé: Mme la Présidente, on est en
troisième lecture. Vous avez un vieux procès-verbal.
Mme le Vice-Président: Voyons! C'est marqué M.
Johnson. M. le leader, vous m'excuserez. Je dois me réenligner, comme on
dit. C'est marqué M. Johnson, mais M. Johnson c'est le ministre du
Travail et de la Main-d'Oeuvre; ce n'est pas le député de Johnson
qui avait la parole. M. le ministre, la présentation en troisième
lecture de votre projet de loi no 110.
M. Lamontagne: Mme la Présidente, seulement un mot pour
vous dire que dès à présent nous vous donnons le
consentement pour continuer après 22 heures.
M. Bellemare: Aucune objection. Si le ministre veut simplement
exercer son droit de réplique, on s'est entendu, le Parti libéral
et moi-même, pour faire dans l'espace de quelques minutes chacun notre
commentaire, et le ministre pourra faire sa réplique. Cela pourra
peut-être dépasser de quelques minutes 22 heures, mais très
peu, pour qu'on puisse finir le bill 110 ce soir.
Mme le Vice-Président: Nous avons d'ores et
déjà le consentement unanime de l'Assemblée. Il ne
faudrait pas oublier que nous avons aussi le mini-débat, n'est-ce
pas?
M. Pagé: Je présume, Mme le Président,
c'était là le sens de la remarque de mon bon ami, le
député de Roberval, qu'il y aura seulement un membre par
formation politique qui interviendra pour ne pas prolonger le débat
jusqu'à minuit ou 1
heure ce matin; sinon, on préférerait siéger demain
matin. C'est bien cela?
M. Johnson: En ce qui me concerne, Mme le Président, j'ai
l'intention de conclure. A ma connaissance, aucun de mes collègues n'a
manifesté l'intention d'intervenir sur le projet de loi no 110. Je ne
veux pas présumer de ceux qui ne sont pas là en ce moment, mais
je présume qu'il n'y en a pas puisque je n'en reconnais pas.
Mme le Vice-Président: Les interventions sur le projet de
loi no 110.
M. le député de Portneuf.
M. Michel Pagé
M. Pagé: Mme le Président, c'est presque avec une
certaine hésitation, en fait, que j'interviens ce soir au niveau de la
troisième lecture sur le projet de loi no 110 parce que c'est à
se demander, Mme le Président... Après qu'on a mené une
lutte serrée, une lutte assez longue, qu'on eut fait un débat en
deuxième lecture, qu'on a eu l'occasion de faire part au gouvernement de
nos commentaires, de nos représentations sur un projet de loi, quand par
surcroît on a eu aussi l'occasion en commission parlementaire de
présenter des amendements et qu'on constate que la seule réponse
qu'on reçoit du gouvernement, du ministre du Travail, c'est somme toute
des fins de non-recevoir ou presque, vous savez, Mme le Président, ce
projet de loi aura réussi à faire une unanimité en ce qui
a trait à l'opposition au projet de loi. Vous vous rappelez certainement
que les partis de l'Opposition, que ce soit le Parti libéral du
Québec ici à l'Assemblée, que ce soient mes
collègues de l'Union Nationale, notre collègue, le
député de Beauce-Sud et chef du Parti national populaire, tous
les partis de l'Opposition ont eu l'occasion de faire part de leur opinion sur
le projet de loi et tout le monde était contre le projet, Mme le
Président.
Même plus, Mme le Président, des personnes directement
affectées, directement touchées par ce projet de loi ont eu
l'occasion aussi de faire part de leurs commentaires. Pas ici à
l'Assemblée parce qu'on se rappellera que le ministre du Travail s'est
refusé à ce qu'il y ait une commission parlementaire qui puisse
siéger pour entendre les parties qui, elles, étaient directement
concernées par le projet de loi. Que ce soient, Mme le Président,
les parties syndicales, que ce soit le Conseil provincial des métiers de
la construction, de la Fédération des travailleurs du
Québec, que ce soit la CSN Construction, que ce soit la partie patronale
avec l'Association des entrepreneurs en construction, que ce soient
différents groupes comme le comité mixte ou le Conseil
consultatif du travail et de la main-d'oeuvre qui a eu de sérieuses
réserves, l'unanimité, Mme le Président, s'est faite
à savoir que les groupes directement concernés étaient
contre le projet de loi. (21 h 40)
L'entêtement du gouvernement à vouloir le passer envers et
contre tous ceux qui étaient concernés et
intéressés par le projet de loi aurait peut-être pu
être explicable dans certains cas, dans certaines Législatures.
C'est ce à quoi on peut s'attendre lorsqu'un gouvernement jouit entre
autres, d'une majorité. Je conviens que le gouvernement a une
majorité numérique à l'Assemblée, mais vous
conviendrez avec moi, M. le Président, que le gouvernement du Parti
québécois ne représente que 40% des électeurs et
des contribuables du Québec.
M. de Bellefeuille: 41,4%.
M. Pagé: 41,4% pour faire plaisir au député
de Deux-Montagnes.
M. Alfred: 46% maintenant.
M. Pagé: Ce sera, au lendemain du prochain scrutin,
évidemment, 27%, 28% ou peut-être 30% au maximum, mais cela est
une autre chose; on verra.
Cela veut dire, Mme le Président, que 59% de l'électorat,
par la voix de l'Opposition, se sont prononcés contre le projet en plus
des groupes directement concernés. C'est inquiétant que le
ministre du Travail, le député d'Anjou, n'ait voulu céder
en rien, absolument rien ou presque. Je conviens que le projet de loi 110 n'a
qu'un seul élément positif, ce sont les dispositions qui
s'appliquent à la Régie des entreprises de construction. Ces
dispositions font en sorte que le consommateur, celui qui aura à faire
face à des entreprises, celui qui aura à faire face à des
entrepreneurs sera mieux protégé, ce à quoi, d'ailleurs,
nous avons souscrit en commission parlementaire.
Il y a cependant, M. le Président, un tout autre volet, un
premier volet qui est celui de l'Association des entrepreneurs en construction
notamment. Vous vous rappelez, M. le Président, encore il y a quelques
jours, on a eu malheureusement à vivre devant l'Assemblée, au
début de la session, la semaine dernière, une manifestation assez
imposante. Des gens se sont vus dans l'obligation, M. le Président, de
venir sensibiliser l'Assemblée en venant avec leurs béliers
mécaniques, leurs tracteurs, tout leur équipe-ment lourd, etc.,
afin de démontrer au gouvernement que les dispositions du projet de loi
110 étaient en résumé la tutelle de l'Association des
entrepreneurs en construction du Québec.
Le ministre du Travail, ce soirou demain, pourra dire sur la place
publique à ses députés, à ses électeurs:
J'ai tenu mon bout sur le projet de loi 110, j'ai tenu mon bout à
l'égard de l'Association des entrepreneurs en construction du
Québec et la loi a été adoptée. M. le
Président, on peut présumer qu'on aura des problèmes
inhérents à l'application de ce projet de loi. J'ai, d'ailleurs,
eu l'occasion de faire part au ministre des réserves que j'avais et de
ce à quoi on pouvait s'attendre. On sait que l'Association des
entrepreneurs en construction du Québec se voit imposer, par ce projet,
une véritable tutelle. L'Association des entrepreneurs en construction,
qui est un organisme habilité qui a comme mandat de négocier
pour et au nom de la partie patronale le décret dans le secteur
de la construction, avait comme obligation de fournir des règlements au
ministre pour ses statuts, ses règlements, etc. En janvier 1978, cela a
été fait. Le ministre du Travail avait sur son bureau, depuis le
mois de janvier 1978 cela fait plus d'un an un projet de
règlements; il s'est refusé à interve-nir. Le ministre a
consulté les parties. Cela va de soi que les six associations qui sont
reconnues dans ce secteur sont intervenues elles aussi; elles ont
présenté des projets de règlements, des projets de
modifications auxdits règlements. Le ministre a
préféré trancher lui-même. Il a
préféré en arriver au libellé du projet de loi 110
qui prévoit des dispositions à l'égard de l'AECQ qui font
en sorte que le ministre du Travail pourra probablement, d'ici une dizaine de
jours ou à peu près, dès que la loi sera adoptée,
se substituer aux membres, se substituer à la structure existante et
passer un règlement qui s'appliquera.
Cela peut paraître bien facile, mais je ne suis pas convaincu, M.
le Président, que le prochain conseil d'administration de l'AECQ, tel
qu'il sera formé par les règlements édictés par le
ministre, puisse recevoir le mandat de confiance qu'il doit avoir pour
négocier la prochaine ronde pour le renouvellement du décret.
De toute façon, le ministre du Travail sera jugé par ses
actes. Le ministre du Travail sera jugé aussi par l'effet de ce projet
de loi. Je suis convaincu que cela entraînera des perturbations au sein
des parties patronales dans un secteur où cela allait bien. On sait que
l'AECQ avait négocié un premier décret en 1976. Cela a
été moins difficile que dans d'autres négociations
précédentes. Cela semblait aller très bien. Il y avait,
évidemment, des correctifs à y apporter, mais le ministre a pris
le gros couteau, il a tranché tout cela lui-même, il s'est
substitué aux parties et il va passer son règlement. Bonne chance
avec ce règlement! Je suis convaincu qu'il ne réglera pas
grand-chose avec cela.
Ce projet de loi contient évidemment des dispositions à
l'égard de l'Office de la construction. C'est encore un autre secteur
gouvernemental où il y a eu des échanges ici, à
l'Assemblée nationale. Le ministre du Travail a nommé un
président-directeur général par intérim, qui a un
mandat de deux ou trois mois ou à peu près, qui est son ancien
sous-ministre adjoint à la sécurité, si ma mémoire
est fidèle. Effectivement, l'ancien sous-ministre adjoint, qui est
maintenant président de l'OCQ, aura à fournir un mandat sur ce
qu'il pense que devrait être l'Office de la construction du
Québec. Encore là, le ministre aurait dû attendre, purement
et simplement, le rapport de son sous-ministre avant d'intervenir au sein de
l'OCQ. On sait que des représentations lui ont été
formulées. Encore une fois, le ministre ne s'est pas tracassé de
cela, pas du tout.
Les représentations formulées par les groupes, c'est
à se demander si cela le laisse indifférent ou quoi. Quant
à la requête qui a été formulée par le
comité mixte, on sait, entre autres, que les parties au comité
mixte refusent actuellement de siéger au comité tant et aussi
longtemps qu'elles n'auront pas eu une rencontre avec le ministre du Travail.
On aurait été en droit de s'attendre que celui-ci les rencontre
aussitôt après qu'un tel avis lui fut parvenu; pas du tout!
J'espérais que ce débat sur le projet de loi no 110 permettrait,
en commission parlementaire, au ministre du Travail de montrer ses vraies
couleurs sur la possibilité que les parties les parties qui
financent l'Office de la construction du Québec, les parties pour qui
toute cette structure est mise sur pied puissent participer plus
étroitement en étant directement impliquées dans
l'administration de l'Office de la construction du Québec.
On ne peut pas accepter qu'une entité syndicale ou patronale, qui
participe au financement d'un organisme comme celui de l'OCQ c'est $30
millions ou à peu près par année, c'est plus de $700
millions qui sont accumulés dans les coffres de l'OCQ et placés
ailleurs, évidemment; ce sont des sommes importantes formées par
la contribution hebdomadaire des employés et des employeurs on
aurait été en droit de s'attendre du gouvernement du
Québec qu'une partie, qu'une entité qui participe au financement
d'un organisme puisse aussi participer à sa gestion. Le ministre s'est
refusé à cette possibilité en invoquant le fait que les
parties n'avaient pas suffisamment de maturité et tout. Encore une fois,
le ministre du Travail sera pris pour vivre avec son projet de loi. Encore une
fois, on peut présumer que dans ces délais quand même assez
brefs, probablement lors de la prochaine session, sur la foi du rapport qui lui
sera remis par le président par intérim de l'OCQ, le ministre du
Travail rouvrira tout ce dossier pour modifier profondément la structure
de l'OCQ, même si c'est une nouvelle structure avec un
président-directeur général et des adjoints à temps
partiel qui, encore là, ne seront même pas nommés par les
parties. On aurait pu s'attendre à ce qu'au moins le ministre du Travail
accepte que les parties puissent participer à la désignation,
à la nomination des commissaires à temps partiel au sein de
l'OCQ.
Il y a tout un volet qui est important et qui a été
largement débattu, c'est la question des artisans. Je vais prendre les
quelques minutes qui me restent sur ce sujet. Il y avait des prévisions
particulières dans le projet original concernant le travailleur artisan,
projet de loi qui a été amendé, non pas avant le 21
décembre. Vous vous rappellerez que le soir du 21 décembre,
c'était un drame ici, à l'Assemblée, de voir que le projet
de loi no 110 ne serait pas adopté avant la période des
Fêtes. C'était un drame. On a blâmé l'Opposition, et
Dieu sait si on n'a pas ménagé les quolibets à notre
endroit. (21 h 50)
Or, voici que, dès la reprise des travaux en commission
parlementaire, au mois de janvier dernier, à ma grande surprise,
à la grande surprise de mon collègue de Johnson, le ministre du
Travail présente lui-même, de son propre chef, des amendements au
projet de loi. C'est donc dire que, si le projet de loi 110 avait
été adopté avant le 21 décembre, le gouvernement se
serait vu dans
l'obligation, dès la session du mois de mars, de rouvrir tout le
débat en apportant des amendements que celui-ci ne croyait pas opportun
d'apporter le 21 décembre.
Qu'est-ce qui arrive dans la question des artisans? Le ministre du
Travail vient créer j'ai eu l'occasion de le dire une
entité complètement à part du milieu des salariés,
vient conférer aux travailleurs artisans un statut particulier qui fera
en sorte que ce groupe ne sera pas syndiqué, ne sera pas soumis au
décret lorsqu'il effectuera des travaux pour une personne physique dans
certains cas. Tout cela peut paraître assez intéressant à
prime abord. Mais une chose est certaine. Fondamentalement, dans tout ce
débat, le gouvernement a reconnu l'échec de son règlement
de placement qui a été mis en application le 1er juillet 1978,
qui prévoit la classification, qui prévoit l'obligation pour le
travailleur de posséder plus de 1000 heures pour pouvoir obtenir un
certificat de classification de catégorie A. Le gouvernement a
constaté que l'Opposition officielle, notamment, avait raison sur ce
chapitre-là. On se retrouve aujourd'hui avec des travailleurs qui
possèdent un certificat de classification, qui ont évolué
dans un secteur donné de l'industrie de la construction depuis
peut-être 15 ou 20 ans, qui, aujourd'hui, ne peuvent plus travailler
parce qu'ils n'ont pas effectué 1000 heures l'année
dernière.
C'est ainsi que la disposition des artisans permettra à ces
travailleurs qui sont actuellement classés B ou C de devenir des
travailleurs artisans, de s'enregistrer auprès de la Régie des
entreprises en construction, passer un examen et, encore là, ils ne
seront même pas soumis à la juridiction de l'Office de la
construction du Québec ou encore, s'ils seront soumis à l'OCQ, ce
sera sur une base volontaire jusqu'à concurrence de 40 heures seulement
pas semaine.
Ce qui est le plus inquiétant, ce n'est pas la question de la
structure, c'est la question que le gouvernement reconnaît son
échec en matière de placement indirectement et il ne veut pas le
dire. Peut-être que le gouvernement ira plus loin la semaine prochaine
lors de l'étude de toute la question du placement en commission
parlementaire, laquelle est convoquée pour mardi et mercredi.
Peut-être que le gouvernement acceptera de bon gré, et
malgré toutes ces interventions, de confirmer l'échec de ce
règlement de placement qui est, lui aussi, fortement critiqué par
toutes les parties en présence.
Ce qui est plus inquiétant c'est ce que j'allais vous
dire, M. le Président c'est que le libellé de la loi 110
prévoit qu'un travailleur artisan, celui-ci n'étant pas un
salarié, pourra effectuer des travaux de construction, comme personne
seule, autonome, sans être soumis au décret. Ceci implique que le
travailleur pourra vendre ses services vraiment à rabais, selon une
libre négociation entre son employeur, c'est-à-dire la personne
physique, et lui-même, selon les conditions du marché.
Quand on tient pour acquis, M. le Président, que la construction
a baissé sensiblement au Qué- bec on a un rapport de l'OCQ
ici qui indiquait une baisse de 15% de l'activité dans la construction
à Montréal et de 9% à Québec au cours des premiers
mois de 1978 on peut s'attendre qu'il y ait du "bargaining"; on peut
s'attendre que les travailleurs de la construction dûment
qualifiés, parce qu'ils évoluent dans une ville, dans un
comté ou une région où il n'y a pas beaucoup de travail,
se verront dans l'obligation d'accepter de vendre leurs services, de travailler
pour des prix qui ne seront assurément pas du tout comparables à
ceux du décret. De toute façon, on a eu l'occasion de
sensibiliser le ministre. Le ministre a dit non. Le ministre croit rendre
service aux artisans. Ce n'est pas du tout leur rendre service.
Le ministre sait pertinemment que des milliers de travailleurs, si son
règlement de placement est maintenu, se verront dans l'obligation de
devenir artisans. Ces gens pourront travailler à rabais. Le ministre,
d'autant plus, sait pertinemment probablement qu'il le sait, mais il ne
voudra pas le dire encore une fois que ces gens, d'ici quelques mois,
seront eux aussi associés, et c'est normalement tout ce qu'ils auront
à faire dans les circonstances. Cela, M. le Président, sans faire
état du fait que ce travailleur qui n'est pas un salarié au sens
du décret pourra aller travailler pour un employeur professionnel, qu'il
deviendra à ce moment-là soumis au décret pour ses
conditions de salaire, qu'à ce moment-là, il devra y avoir un
contrat entre lui et son employeur, qui sera affiché sur le chantier et
qui sera envoyé à l'OCQ.
Une bébelle administrative, M. le Président! Je vous dis
que le ministre du Travail, cela ne prendra pas beaucoup de temps qu'il va
revenir ici à l'Assemblée et qu'il va modifier tout cela encore
une fois. C'est malheureux parce que le ministre aurait pu s'épargner
tout cela. Il aurait pu profiter des représentations que lui ont faites
mon collègue de Johnson, le député de Beauce-Sud, qui a
quand même une bonne expérience à ce chapitre, et des
commentaires que je lui formulais pour en arriver à un meilleur
libellé de ce projet de loi.
En terminant, M. le Président, vous savez que le ministre du
Travail a présenté d'autres amendements encore la semaine
dernière au moment du dépôt du rapport. Je ne serais pas
surpris que celui-ci, dans son intervention de troisième lecture, dans
sa réplique, demande encore une fois le consentement des partis pour
présenter des amendements. Entre autres, pour donner des
précisions sur l'article 8e b) concernant l'artisan. Je me
permets de le lire brièvement et je vais terminer mes propos de ce soir
là-dessus. "L'article 17 du projet de loi est à nouveau
amendé, de même que l'article 8e par l'addition,
après le paragraphe 8e, de l'alinéa suivant: L'artisan
qui exécute des travaux de construction aux fins personnelles, autres
que commerciales ou industrielles, d'une personne physique n'est pas assujetti
à la présente loi sauf aux fins de l'article 32 s). C'est ce que
je vous disais tantôt. C'est donc dire qu'une personne qui possède
un certificat de qualification et qui est enregistrée auprès de
la Régie des entreprises en construction, qui est
considérée comme un artisan, n'est pas soumise au
décret et peut travailler à rabais. Cependant, il y a l'autre
article, M. le Président. "Quant à l'artisan qui exécute
des travaux de construction autrement qu'aux fins personnelles, autres que
commerciales ou industrielles, d'une personne physique, sa
rémunération est égale à la
rémunération à monnaie courante..." Et là, il y a
tout le reste du texte, M. le Président, qui n'est pas
d'intérêt dans le moment. Je demanderais tout simplement au
ministre ce qu'il veut dire et quels sont les genres de travaux que ceui-ci
veut prévoir, veut couvrir par le deuxième alinéa de cet
article 8e b). Tout simplement, celui-ci pourra profiter de sa
réplique.
M. le Président, je termine là-dessus. Je dois quand
même vous exprimer non seulement ma surprise, mais aussi ma
déception de ce que le ministre du Travail ait mis de côté
les représentations qu'on lui a formulées, les bons conseils
qu'on lui a donnés, les avis, les opinions, les commentaires émis
que ce soit par le comité mixte, que ce soit par le Conseil consultatif
du travail et de la main-d'oeuvre, que ce soit même, M. le
Président, par la Commission des droits de la personne qui a rendu un
avis sur la question de l'Association des entrepreneurs en construction du
Québec, que ce soit par les groupes syndicaux, que ce soit même
par le Parti québécois du comté de Saint-Maurice,
comté du ministre du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, M.
Duhaime, dans un colloque qu'il tenait le 4 février dernier, demandait
au ministre du Travail de modifier ses lois de façon que les fonds de
retraite soient administrés conjointement par les employés et
leurs employeurs en référence aux sommes versées par ces
employés et employeurs à l'Office de la construction du
Québec. Somme toute, c'était une demande formulée par le
comité mixte afin que ce comité puisse avoir des pouvoirs
accrus.
Alors, le ministre du Travail se croit en position de force. Celui-ci
dit tout simplement à tous et chacun qui sont concernés par le
projet de loi: Je mets de côté les représentations que vous
nous formulez. J'adopterai le projet de loi comme je l'entends, parce que vous
savez que la majorité ministérielle va l'appuyer. Je me limiterai
à lui dire que c'est regrettable. On peut présumer face à
tout cela que, dans des délais assez brefs, le ministre du Travail se
verra dans l'obligation de revenir devant cette Assemblée pour apporter
des modifications à la suite de l'application de ce projet de loi,
à la suite de la négociation du prochain décret, etc.
C'était là l'essentiel de mes commentaires, M. le
Président, et vous aurez vite compris que nous voterons contre le projet
de loi 110 en troisième lecture. (22 heures)
M. Bellemare: M. le Président...
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Union
Nationale, justement, je vous voyais regarder l'horloge. Je sais qu'un
consentement a été donné tout à l'heure pour
quelques minutes. Mais pour que vous ne soyez pas interrompu durant votre
intervention, je souhaiterais qu'on réitère ce consentement, s'il
y a lieu, parce que je rappelle à tout le monde qu'en tant que
représentant de votre parti, vous avez droit d'utiliser une heure, ce
qui nous ramènerait à 23 heures. Après quoi, il y aura le
mini-débat demandé par Mme le député de L'Acadie,
plus la réplique de M. le ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre. Je
voudrais que tout le monde soit conscient que nous sommes peut-être
partis pour nous rendre jusqu'à 23 h 30 ou minuit.
M. Bellemare: M. le Président, je ne voudrais pas
dépasser l'entente que nous avons prise, l'honorable
député de Portneuf et moi-même, avant de soumettre ceci au
leader du gouvernement, que nous ne devrions pas dépasser quinze minutes
ou vingt minutes chacun pour que le ministre puisse donner sa réplique.
Je ne suis pas prêt, par exemple, à aller en troisième
lecture ce soir, tel qu'il me l'a demandé. Ne me faites pas de grimaces;
j'ai fait assez de concessions aujourd'hui. Je dis que, personnellement, je ne
suis pas prêt à donner un consentement pour que...
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Union
Nationale, écoutez, il y a quelque chose que je saisis mal. Si je
comprends bien, cela fait longtemps que le débat de troisième
lecture est entamé. Nous sommes en plein débat de
troisième lecture.
M. Bellemare: C'est que j'exerce au nom de mon parti...
M. Johnson: Est-ce que vous me permettez...
M. Bellemare: ... le droit de parole. Le ministre aura son droit
de réplique et, après, par exemple, nous allons demander un vote
enregistré pour que cinq personnes puissent reporter le vote à
demain après-midi.
M. Johnson: M. le Président...
Le Président: Je vous rappelle, M. le leader parlementaire
de l'Union Nationale, pour qu'il n'y ait pas la moindre confusion, que la
demande pour reporter un vote doit émaner du leader du gouvernement
exclusivement. Donc, vous seriez dans une position délicate si vous
désiriez vous opposer après que vous serez intervenu à
l'adoption du projet de loi.
M. Johnson: M. le Président, si vous permettez, sur cette
question.
Le Président: M. le ministre du Travail et de la
Main-d'Oeuvre.
M. Johnson: Je pense que le leader de l'Union Nationale me
permettra. En fait, ce dont il était question avec le leader
également du Parti libéral et le chef de l'Opposition, je pense,
qui y a consenti en principe, c'était que nous puissions,
pour les raisons que j'ai expliquées au député de
Johnson, procéder à l'adoption sur division ce soir, après
ma réplique, qui sera aussi brève que les arguments du
député de Johnson me permettront de l'être, pour les fins
d'adoption dans les plus brefs délais des règlements qui sont
déjà connus depuis le mois de décembre de l'Association
des entrepreneurs en construction du Québec. Elle connaît
déjà ces règlements depuis maintenant près d'un
mois, elle les connaissait le 21 décembre. Il s'agirait d'obtenir la
sanction ce soir pour que le conseil des ministres puisse l'approuver demain.
Evidemment, on ne peut pas faire approuver les règlements si on n'a pas
la sanction de la loi ce soir, et pour la sanction de la loi, cela prend le
vote.
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Union
Nationale.
M. Bellemare: Nous allons commencer bouchée par
bouchée, et quand on sera arrivés à ce mets principal dont
parle le ministre, nous verrons quelle sorte de bouchée nous devrons
prendre.
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Union
Nationale, je comprends qu'il en va peut-être de votre
intérêt d'y aller bouchée par bouchée, mais il en va
peut-être de l'intérêt de la présidence de savoir
où on s'en va. Je voudrais savoir de l'Assemblée s'il y a
consentement pour que vous interveniez, que vous preniez tout le temps auquel
vous avez droit... Je comprends, mais il est 22 heures, M. le leader
parlementaire de l'Union Nationale. Je voudrais savoir si, ensuite, il y a
consentement pour la réplique du ministre du Travail et de la
Main-d'Oeuvre.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président...
Le Président: M. le chef de l'Opposition officielle.
M. Levesque (Bonaventure): ... il ne faudrait pas provoquer notre
leader parlementaire de l'Union Nationale. Je pense bien que nous pouvons
très bien l'entendre. Je pense qu'il avait indiqué qu'il en avait
pour environ quinze ou vingt minutes, et son voisin, M. Grenier, le
député de Mégantic-Compton, le whip, est bien d'accord
pour restreindre les autres intervenants.
Est-ce qu'on pourrait avoir la collaboration du leader de l'Union
Nationale pour procéder immédiatement à ce qu'il voulait
dire par bouchée par bouchée, c'est-à-dire que je pense
bien qu'il allait donner son consentement un peu plus tard. Il ne faudrait pas
provoquer le vieux lion à ce moment-ci. Je pense bien que nous pourrions
disposer du projet de loi no 110 ce soir, avec un peu de collaboration.
J'inviterais mon collègue à faire une royale volte-face à
ce moment-ci et à nous aider à disposer du projet de loi no 110.
Puis-je compter sur la collaboration de mon ami?
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Union
Nationale.
M. Maurice Bellemare
M. Bellemare: M. le Président, devant cette insistance qui
est très polie, qui est très humaine et qui m'a un peu
dessouflé de mon soubresaut, je dirai que je ferai mon discours de
quinze minutes immédiatement. C'est la première fois, M. le
Président, dans cette Chambre qu'on voit l'unanimité se faire
contre le bill 110, unanimité d'abord de la FTQ, unanimité de la
CSN, unanimité de l'AECQ, unanimité des défenseurs des
droits de la personne, qui sont contre le projet de loi no 110, même je
dirai plus que cela, M. le Président. Un organisme nommé
spécialement par le ministre qu'on appelle le comité mixte de
l'OCQ a envoyé au ministre une requête demandant de passer par le
comité mixte de l'OCQ, à son assemblée du 17 janvier 1979.
Le comité mixte de la construction a adopté une résolution
dont il désire faire part. En conséquence, nous incluons copie de
cette résolution conformément au désir exprimé.
Considérant le peu d'importance que le ministre du Travail et de
la Main-d'Oeuvre et la direction de l'Office de la construction du
Québec attachent au comité mixte de la construction,
considérant qu'il semble qu'à l'Office de la construction du
Québec on peut changer la direction d'une façon partielle ou
totale sans que le comité mixte soit consulté ou même
informé, considérant qu'il semble qu'un contrat de travail a
été négocié et soit intervenu entre l'Office de la
construction, le ministre de Belleval et les employés syndiqués
de l'Office de la construction du Québec, le comité mixte
n'aurait pas été suffisamment informé, considérant
qu'à plusieurs reprises les parties au comité mixte ont
informé le ministre et les commissaires de leur volonté d'obtenir
un pouvoir décisionnel sur l'administration de l'Office de la
construction du Québec, considérant que le ministre, par les lois
et les règlements qu'il parraine, fait du comité mixte une simple
caution de ses interventions dans l'industrie de la construction, en
conséquence, M. le Président, sur proposition de M. Gilles Neveu,
appuyée par M. Normand Tousi-gnant, adoptée à
l'unanimité, il est résolu que le comité mixte suspend
toutes ses réunions jusqu'à ce que le ministre rencontre les
parties au comité mixte pour discuter des pouvoirs de ce comité
dans le cadre des représentations faites jusqu'à maintenant par
ces parties. Il est donc résolu de transmettre copie de cette
résolution à chacun des membres de l'Assemblée
nationale.
M. le Président, cela vient s'ajouter tout dernièrement au
flot considérable de protestations qu'on a entendues et qu'on a
reçues de la part des organismes que je viens de vous citer. M. le
Président, le projet de loi no 110 se situe, je pense, dans un ensemble
général de mesures législatives, réglementaires et
surtout administratives entreprises il y a maintenant quelques années,
depuis surtout l'enquête Cliche, et qui vise à normaliser le
climat dans l'industrie de la construction.
M. le Président, on a connu des tutelles, on est venu à
bout d'apaiser énormément les gens qui étaient dans ce
domaine; on les a mis au pas, et avec raison. On n'a que le 144 dont on n'a
pas
encore complètement réussi à surmonter toutes les
difficultés, mais il reste aussi qu'on a adopté d'autres lois. On
a adopté la loi 52, par exemple. Je pense que le ministre s'en souvient.
Surtout pour rétablir un peu l'équilibre, lorsqu'il l'a faite, il
a pensé faire une merveille mais, au contraire... Je dis, M. le
Président, qu'aujourd'hui, devant l'attitude aussi draconienne que prend
le ministre au sujet de l'AECQ et de l'OCQ, il va se faire du mal à lui
personnellement, comme ministre, et particulièrement à la classe
qu'il veut représenter si dignement dans le domaine de la construction.
Je dis que cette emprise du ministre sur l'AECQ et sur l'OCQ sera un double
geste discriminatoire vis-à-vis de la population qui attend
véritablement le geste que va poser le ministre. (22 h 10)
Je l'ai dit et je l'ai répété en commission
parlementaire: Nous avons déployé tous les arguments possibles
pour essayer d'amener le ministre à un raisonnement sain, loyal et
surtout intéressé dans une classe qu'il connaît
peut-être un peu moins que moi, mais il sait aussi l'importance qu'il y a
pour lui de légiférer dans un bon sens d'équité. A
cause de ce qu'il fait aujourd'hui, M. le Président, vous qui avez une
grande connaissance des causes syndicales, parce que vous avez
étudié à fond notre Code du travail, vous qui le
connaissez d'une manière particulière, vous savez dans quel
charabia va s'embarquer demain le ministre. Vous le savez parce que vous avez
pratiqué avec toute l'autorité qu'on vous connaît dans un
domaine où c'est difficile aujourd'hui, soit les relations de
travail.
Ce projet de loi 110, je ne peux m'empêcher d'y trouver de
nombreuses lacunes et, surtout, de voir l'unanimité qui s'est faite
contre lui. Le ministre me dira: J'ai entendu tout cela, on m'a
répété tout cela, mais cela ne m'a pas influencé;
j'ai un devoir à accomplir, je le fais, c'est de mettre au pas l'AECQ
que je n'aime pas. L'AECQ a déjà voté. Sur votre
invitation, elle a eu une rencontre en 1978 pour tâcher de former une
grande stratégie, comme le voulait le ministre. Cela n'a pas
réussi. Mais l'AECQ existe parce qu'il y a des années que ces
gens ont payé bénévolement pour appartenir à des
syndicats, pour en former.
Qui a réussi, après l'enquête Cliche, à
réunir ces six grandes associations en l'AECQ? Qui a fait cela? Qui a
réussi à mettre ensemble 15 000 entrepreneurs? C'était
extrêmement plus difficile que de mettre au pas un certain nombre de
syndiqués. Là, on faisait affaire avec 15 000 entrepreneurs qui
vivaient égoïstement chacun pour soi. Cela était reconnu
depuis des années. Il a fallu faire un appel général et
multiplier les entrevues pour essayer de former l'AECQ. Elle a
été formée.
Les gens qui l'ont formée, ceux que vous projetez
d'exécuter publiquement d'ici quelque temps, vous devriez
reconnaître le bien immense qu'ils ont fait pour l'oeuvre de la
construction particulièrement, réussissant à avoir dans le
décret un seul organisme qui est devant vous comme patron. Les centrales
syndicales sont représentées après le vote qui s'est fait
démocra- tiquement l'automne dernier. Le vote a été en
faveur de la FTQ, qui sera secondée.
On dit qu'il y aura des représentants de la CSN quand même
à la table. Le gouvernement veut avoir devant lui, pour faire le
décret, des hommes à son goût, qui vont marcher selon ses
directives. Il y a dans l'AECQ des hommes qui ont beaucoup de puissance et
particulièrement de connaissance dans le décret. Pour
négocier le décret, qu'est-ce qu'on fait? On commence, sans
avertir personne, par le retarder de trois mois. De sa propre autorité,
à la demande de personne, on le retarde de trois mois. Il devient
échu le 1er avril 1979 et on dit: Non, ce sera le 1er juillet 1979.
Avez-vous consulté quelqu'un? Non. Ni la CSN, ni la FTQ ou l'AECQ.
Le ministre est en train de s'attacher, comme le disait si bien
l'honorable député de Portneuf, un boulet qu'il va être
obligé de traîner pendant son mandat. Il ne sera pas long. C'est
un présomptif, comme on dit. Cela ne sera peut-être pas bien long.
On dit que c'est un présomptif. Il va vers cela, toujours. Il
était loin, autrefois. Là, on l'a rapproché, on joue avec,
on le teste. Oui. Il est à peu près comme son père quand
il regardait en l'air. On disait: "Watch out", il en a une bonne!
Est-ce que l'AECQ ne mériterait pas plutôt aujourd'hui un
vote de reconnaissance pour le bien immense qu'elle a fait dans l'industrie de
la construction? N'y a-t-il pas eu une discipline sévère
d'établie depuis ce temps-là, depuis qu'on a réussi
à former l'AECQ et à établir des structures qui, à
88%, ont été votées par les membres présents lors
de l'Assemblée? Oui, je dis présents. Je sais que le ministre va
me répondre: Cela représente 2% ou 3% sur 15 000 entrepreneurs.
Ceux qui ont suivi les débats de l'AECQ savent de quelle façon
cette association a été formée, avec quelle peine et
misère on a réussi, des six associations, à en faire
seulement une.
Le ministre va me répondre: Le député de Johnson
m'a dit que les six étaient d'accord. Il va dire: Non, j'ai des lettres.
Nous aussi, nous en avons, des lettres de ces associations qui vous ont
écrit pour dire qu'elles consentaient à l'adoption du projet de
loi no 110. On en a d'autres qui, après vous avoir écrit, ont
dit: Cela n'a pas de bon sens, on n'a pas vu clair dans notre affaire. Je peux
vous en citer quelques-unes, je peux vous citer des noms quand vous voudrez.
Oui. Je ne voudrais pas faire tort à personne parce que je sais que le
ministre est un peu vengeur. Il pourrait exercer sa grande patience à
l'envers pour se venger.
Quand on regarde l'OCQ, il administre $700 millions, dont $35 millions
par année. On a dit: Le président, c'est un ancien sous-ministre
de M. Bellemare, ce n'est plus bon. On l'a quasiment forcé,
indirectement, à donner sa démission. Il en reste deux autres que
connaît bien le ministre. D'ailleurs, c'est eux qui demandent
grâce, qui demandent de ne pas les mitrailler, de ne pas les
exécuter sur la place publique. Ils veulent servir et ils ont une grande
expérience, ces deux autres membres, et ils ne veulent pas être
exécutés par le ministre d'une façon
"préremptoire". Est-ce de
cette façon qu'on le dit en termes légaux?
Péremptoire!
L'OCQ est encore la proie de la vengeance du ministre. Vous allez voir,
d'ici quelque temps, on va mettre des personnes en place, on va prendre des
personnes qui sont du goût du ministre. Je ne parle pas de ses amis
personnels, mais peut-être des amis proches des autres ministres du parti
qui vont peut-être avoir la chance d'avoir une belle fiole.
Je comprends cela. Surtout, administrer $700 millionset avoir un budget
de $34 millions par année! Cela commence à être bien des
piastres! Il va me répondre, le ministre: L'OCQ voudrait obtenir le
droit d'administrer lui-même tous ces fonds. Ce n'est pas cela qu'ils
demandent. Ils demandent que leur autonomie soit privilégiée dans
leur décision, que ce ne soit pas le ministre qui vienne leur imposer
les règlements et particulièrement l'administration de l'OCQ.
C'est ce que le ministre se prepare à faire. Il a le sourire facile
quand je touche à des points sensibles. Mais vous verrez, il va revenir,
comme le disait le député de Portneuf, avant longtemps avec des
amendements et des amendements qui ont été amendés pour
être ré-amendés.
Inutile de vous dire que le ministre n'est pas conscient de ce qu'il
fait ce soir. Il a une responsabilité terrible et connaît
peut-être à moitié sa responsabilité. Il verra,
lorsqu'il aura vécu un peu plus, que sa performance d'aujourd'hui aurait
peut-être été meilleure s'il avait vécu un peu plus.
Ce qui se passe actuellement dans les centrales syndicales,
particulièrement dans l'AECQ, le ministre n'a pas été au
fond quand il a examiné le problème de l'AECQ. Il y est
allé superficiellement, par des racontars qu 'on lui a faits. Je pense
qu'après avoir exécuté le président, il ne sera pas
heureux de sa décision.
Je voudrais terminer puisque j'ai dit que je ne parlerais que
quinze minutes sur les artisans. Les artisans, c'est un nouveau lexique
ajouté à la loi du ministère du Travail et
particulièrement au décret de la construction, qui va en faire
une personne qui va pouvoirtravaillerpourdes personnes, comme on dit,
physiques, autres qu'un entrepreneur. Mais deux artisans peuvent ensemble faire
un lien pour construire quelque chose. Personne ne peut être contre cela.
Deux artisans peuvent, tous les deux ensemble, décider de bâtir un
perron. Qui va empêcher cela? Les deux frères sont deux artisans
au lieu d'être placés devant la loi de la qualification
professionnelle, c'est-à-dire d'avoir 1500 heures et, pour une
annéed'apprentissage 500 heures, pour un apprenti. Demain matin, un gars
qui possède déjà une bonne expérience et qui a
déjà eu sa carte peut devenir artisan. (22 h 20)
Quel est le ministre qui peut avoir l'assurance que cette nouvelle
directive qu'il apporte au Code du travail et particulièrement au
décret va être interprétée justement et selon ce
qu'il veut actuellement, comme ministre. Quel est l'homme qui va être
capable de voir à cela dans tout syndicat, l'application de l'artisan ?
Je dis au ministre que le chemin qu'il est en train de paver sera pavé
d'épines, de roseaux, et il verra qu'il aura de la peine à
rétablir l'ordre. Vous voyez l'attitude que prend la CSN, vous voyez
l'attitude qu'a prise la FTQ. Vous savez ce qu'a dit l'AECQ à ce
sujet-là. Ils sont tous contre l'application d'une telle politique
actuellement. Il y aurait eu moyen de trouver une autre solution.
Le ministre, pendant un débat, était devenu tellement
découragé, un jour, qu'il a dit: Suggérez-nous en un plan.
Suggérez-nous un modèle comme artisan. Ce n'est pas à nous
de le faire. On n'est pas élu pour cela. On va peut-être
être élu avant longtemps, mais pas là. Quand on
était-là, on faisait tout notre devoir. On ne demandait pas
souvent aux autres de nous donner des formules. C'est un problème
difficile. Nous l'admettons. Mais le ministre s'est enfargé encore dix
fois plus en le mettant tel qu'il l'a décrit dans sa loi. Vous allez
voir, M. le Président, les guerres qui vont commencer,
particulièrement en reportant le décret à trois mois. Qui
a demandé cela, sinon le ministre, pour mieux placer ses gens en face de
lui, les mettre à son goût, les placer pour que la discussion soit
plus franche et, d'après lui, plus loyale? Il a dit je ne m'en
cache pas pour le répéter que les négociations
seront terribles. Les prochaines négociations seront terribles. Oui, je
le pense, surtout au temps qu'il prend. Surtout, il est en train de se mettre
contre lui tous les syndicalistes, tous les patrons, le CCTM, le Conseil
consultatif du travail. Il a essayé deux fois de leur demander d'avoir
un rapport plus encourageant. Le CCTM a dit: Non, on est contre le projet de
loi 116. C'est clair. On a dit: Comment verriez-vous cela plutôt sous cet
angle ou plutôt sous un autre angle? Le CCTM a dit: Non, je ne regarde
pas cela de même. C'est cela et on est contre le projet de loi 116.
Aujourd'hui, je viens de vous lire...
Une Voix: Le projet de loi 110.
M. Bellemare: Le projet de loi 110, non pas le 116.
Une Voix: Question de privilège.
M. Bellemare: Une question de privilège. Je viens de vous
lire... Oui, certain. On l'a tellement dans la bouche, le projet de loi 116. Je
viens de vous lire un extrait du procès-verbal de l'assemblée du
comité mixte de l'OCQ, qui lui aussi proteste avec
véhémence. Tout le monde dans la province. Quels sont ceux qui
sont pour? Quelques bureaucrates, quelques gars qui n'ont pas connu ce que
c'était de travailler avec leurs mains sur la terre avec des outils dans
les chantiers. Ceux-là, ces bureaucrates, ils sont pour. C'est de
l'étatisme politique. Ce n'est pas une progression pour assurer aux
travailleurs un meilleur confort. Vous verrez, M. le Président, la
chicane qui va arriver. Ce n'est pas parce que je veux être pessimiste.
Ce n'est pas parce que je veux jeter des sorts au ministre. Au contraire. Je
voudrais tant qu'il connaisse la gloriole qu'a connue son
vénérable père après les luttes aussi ferventes
qu'il a faites. Je termine en lui souhaitant bonne chance et surtout bonne
humeur.
M. Fabien Roy M. Roy: M. le Président... Le
Président: M. le député de Beauce-Sud.
M. Roy: ... je sais qu'il y a eu des consentements
accordés. Il y a eu des négociations qui ont eu lieu entre les
différents partis, mais quand on doit représenter son parti dans
toutes les commissions parlementaires, M. le Président, et
jusqu'à l'Assemblée nationale, il nous arrive parfois de ne pas
participer à toutes ces discussions préliminaires. Cependant, je
m'en voudrais de ne pas dire quelques mots au sujet de la loi qui est
actuellement devant nous, la troisième lecture de ce projet de loi
très important. Effectivement, j'ai eu l'occasion comme mes
collègues membres de la commission parlementaire du travail et de la
main-d'oeuvre de participer aux travaux de la commission parlementaire et
d'examiner ce projet de loi.
M. le Président, je serais bien plus heureux ce soir de dire
à l'honorable ministre: Je vous félicite, M. le ministre. Vous
avez un projet de loi qui répond aux besoins des gens concernés,
un projet de loi qui va corriger ce qui doit être corrigé dans ce
secteur, qui rassure les parties, en somme, un bon projet de loi. Je serais
heureux de pouvoir dire au ministre: II me fait plaisir d'appuyer votre projet
de loi. Cependant, là n'est pas la question malheureusement, et je dis
bien malheureusement.
On sait très bien que ce projet met en tutelle l'AECQ, change les
règles du jeu. Je me suis informé auprès de cet organisme
pour voir si, effectivement, on avait autant raison qu'on semble le
prétendre de vouloir changer les structures de l'AECQ, de
réaliser la mise en tutelle de l'AECQ, je pense qu'il faut appeler les
choses par leur nom. Je me suis informé de ce qui a été
fait au niveau de l'AECQ et on m'a fourni les informations suivantes que je
communique à mes collègues, aux autres membres de
l'Assemblée nationale. Le document date du 13 février 1979; ce
n'est pas un vieux document. Il y a eu, du 14 février 1976 à ce
jour, 45 assemblées du conseil d'administration, composé de douze
membres, avec 445 présences. On ne me dira pas que les gens ne s'en sont
pas occupés. Le comité des finances, du 14 février 1976
à ce jour, quatre membres, quatorze assemblées, 46
présences. 46 présences pour 14 assemblées, M. le
Président, avec quatre membres, on ne peut pas dire qu'il y avait
désintéressement de la part des membres. Le comité
d'éthique et de discipline, du 14 février 1976 à ce jour,
cinq membres, neuf assemblées, 37 présences. Il n'y a eu que huit
absences au cours de neuf assemblées, même pas une moyenne d'une
absence par réunion. Donc, ils ont travaillé. Les
assemblées annuelles: il y en a eu une en 1977 avec 507
présences; il y en a eu une en 1978 avec 375 présences.
Quant aux assemblées spéciales, le 5 août, il y en a
eu deux, une à Montréal et une à Québec: 1672
présences. Je donne des chiffres, je com- prends que c'est
peut-être ennuyeux, M. le Président, de donner des chiffres, de
toujours donner une multitude de chiffres, mais je veux bien démontrer
qu'à ce niveau-là un travail a été fait et que les
gens concernés, les gens qui avaient des responsabilités les ont
assumées. Effectivement, en janvier et février dans les dix
régions du Québec, il y a eu dix assemblées avec 1321
présences. Le 1er février 1979, à Montréal, une
seule assemblée avec 661 présences, pour démontrer qu'il
n'y avait pas un désintéressement.
Je ne donnerai pas tous les chiffres qui sont dans ce document,
malgré que ce sont des chiffres très pertinents, très
intéressants pour démontrer la volonté des gens du milieu
de prendre leurs responsabilités. Ce qui me fait dire aujourd'hui que
cela ne justifie pas le geste qui est posé par le gouvernement, à
ce moment-ci, avec l'étude du projet de loi en troisième lecture.
On avait même préparé une structure globale qui devait
comprendre 192 personnes, dans chacune des régions, avec douze familles
de métiers représentées: un représentant des quatre
secteurs, ce qui en faisait également seize. On avait même
prévu un budget de $400 000.
Pourquoi, aujourd'hui, en venir à présenter une loi de ce
genre quand on sait très bien, M. le Président, qu'au niveau de
l'AECQ cela ne règle rien? Le député de Johnson a
parlé du comité mixte tout à l'heure; d'autres
intervenants ont parlé d'autres organismes, soit des organismes
syndicaux également. J'ai eu l'occasion de rencontrer les
représentants de ces organismes. Ils ne sont pas satisfaits eux non plus
de la loi 110. Je n'ai pas rencontré un seul organisme, un seul
délégué, un seul représentant de syndicats qui est
d'accord avec la loi 110. L'unanimité dans le désaccord, c'est
cela qu'il nous faut dire à ce moment-ci. C'est pourquoi j'hésite
énormément à aller plus loin dans le dossier pour ne pas
envenimer les choses.
Je me limiterai tout simplement à dire ceci: Dans le secteur
et on l'a vu très souvent, trop souvent même deux
fois par année, nous avons été obligés de faire
pratiquement des lois spéciales parce que, justement, les lois qu'on
avait antérieurement n'avaient absolument rien réglé. On
se lance à l'aventure, on fait encore ce qu'on pourrait appeler de
l'exploration alors qu'il y en a déjà eu trop dans ce domaine,
trop d'expériences tentées pour dire simplement que le projet de
loi peut répondre un tant soit peu à l'inquiétude du
milieu et aux objectifs que l'Assemblée nationale recherche. Pour toutes
ces raisons et à ma grande déception, je dois l'avouer, je devrai
voter contre le projet de loi en troisième lecture.
Le Vice-Président: M. le ministre du Travail et de la
Main-d'oeuvre, c'est votre réplique. (22 h 30)
M. Pierre-Marc Johnson
M. Johnson: M. le Président, je ne voudrais pas abuser de
la patience de cette Chambre, compte tenu de l'heure, et surtout pas abuser
de
l'aimable consentement unanime pour que nous puissions procéder
ce soir. Il y a certaines choses qu'il faut dire, cependant, au sujet de
l'univers de la construction au Québec: le fait que c'est un milieu qui
représente à peu près 6% de la main-d'oeuvre active; le
fait que c'est un milieu qui génère entre 5% et 20% du produit
national brut selon les années, les Olympiques aidant; le fait,
cependant, que c'est un milieu également où on parle fort et
peut-être aussi où on parle trop. C'est un milieu composé
d'intérêts divergents par définition puisque c'est une
structure soumise à la Loi sur les relations du travail qui est
finalement à la base de ce qui peut être un affrontement constant
s'il n'y a pas un esprit de collaboration qui règne par la nature
même du fonctionnement des mécanismes qui impliquent les
parties.
Il y a eu, dans le passé, des affrontements entre syndicats; il y
a eu, dans le passé, des affrontements entre associations
d'entrepreneurs et il y a eu également des affrontements des syndicats
à l'égard des associations d'entrepreneurs. C'est un milieu qui a
toujours été marqué par cette espèce de violence
des mots, des phrases souvent un peu creuses, des verbiages et surtout une
moyenne de deux lois par année dans les dix dernières
années. Quand on pense qu'il y a, au Québec, 50 secteurs
où il y a des décrets et où il y a des comités
paritaires, la construction n'a pas pu s'en satisfaire; il aura fallu une
Commission de l'industrie de la construction, il a fallu une commission Cliche,
il a fallu la formation d'un OCQ et, en plus de cela, il a fallu leur faire une
loi à eux qui les soustrait complètement, employeurs et
syndicats, au Code du travail du Québec. Il a fallu cela finalement pour
obtenir la "paix industrielle" entre guillemets encore qu'elle
soit, à l'occasion, assez éphémère même si,
je pense, depuis le dernier décret, il y a un calme relatif dans le
secteur. Il faut être conscient que certaines mesures que ce gouvernement
a adoptées y ont contribué, entre autres la loi permettant un
maraudage qui ne soit pas sauvage, l'an dernier. On n'en a pas entendu parler.
Ce sont de bonnes nouvelles; donc, on n'en parle pas. Aussi, évidemment,
la situation économique avec le taux d'activité dans le domaine
de la construction fait que peut-être pour certains c'est moins
l'occasion maintenant de causer ou de subir des problèmes.
Il faut être bien conscient que, s'il avait fallu faire la
même chose dans les 50 autres secteurs où il y a des
décrets au Québec, il faudrait que ce Parlement adopte à
chaque année 100 lois, c'est-à-dire, dans l'espace de dix ans,
1000 lois pour rendre le monde content et pour avoir la paix industrielle au
Québec. On pourra peut-être s'apercevoir qu'on a affaire avec un
milieu qui est un peu plus susceptible que d'autres milieux dans les relations
de travail au Québec. Il ne faut surtout pas s'étonner du fait
que ce soit un milieu où on parle fort, quand carrément on
n'essaie pas de jouer du bras.
Dans les circonstances, je ne m'étonne pas, sans m'en
réjouir et je le dis sans vergogne, d'une certaine unanimité des
parties à l'égard du projet de loi no 110, mais pour des raisons
très différentes qui varient selon les parties. L'AECQ et
il ne faut pas parler des 15 000 entrepreneurs du Québec, il faut parler
de la structure qui s'appelle l'AECQ, avec ses dirigeants actuels, au moment
où on se parle, le 13, à 22 h 36 l'AECQ,
évidemment, est contre ce projet de loi puisqu'on est entrain de dire
à ceux qui sont en place que leur structure n'est pas suffisamment
représentative. Appuyés sur le rapport Hébert,
c'est-à-dire, un comité d'experts qui a étudié
cette question, appuyés aussi de l'unanimité de cinq des six
associations traditionnelles patronales, nous avons choisi de faire en sorte
que les six associations patronales traditionnelles, dont certaines remontent
au siècle dernier, participent effectivement au conseil d'administration
de l'AECQ. Il est bien évident qu'on ne peut pas s'attendre, dans les
circonstances, que le président actuel de l'AECQ soit en faveur de cela,
et on va pouvoir me citer, je suis sûr de cela, 2000 pages de lettres
écrites par les gens qui sont dans la structure actuelle de l'AECQ, et
cela ne m'étonnera pas. Cela demeure cependant le conseil
d'administration des douze personnes dont on parle, et on ne parle pas des cinq
associations qui représentent en ce moment 90% des entrepreneurs au
Québec. Voilà pour l'AECQ.
M. le Président, je pense que je vais relever ce dernier
commentaire du député de Johnson parce que cela fait cinq fois
qu'il y fait allusion. Evidemment, l'ancien président de la Commission
M. le Président, si vous permettez...
Le Président suppléant (M. Dussault): Est-ce que je
pourrais demander à cette Assemblée de permettre à M. le
ministre de terminer son intervention? Vous avez la parole, M. le ministre.
M. Johnson: M. le Président, je comprends que l'ancien
président de la Commission des accidents du travail et
député de Johnson veuille bien me parler de la nomination des
amis dans les organismes gouvernementaux, mais je ne vois pas à quoi il
fait allusion. Je ne comprends pas ce qu'il dit. S'il a des choses
précises à venir démontrer, que le sous-ministre adjoint,
M. Guy Lapointe, à l'inspection au ministère du Travail et de la
Main-d'Oeuvre depuis dix ans ait été nommé
président-directeur général par intérim car
il demeure sous-ministre adjointdu ministère du Travail, il est vraiment
par intérim, je voulais simplement le préciser parce que le
député de Portneuf a semblé tenir pour acquis qu'il
n'était plus au ministère je ne vois pas là une
nomination de copain ou d'ami. Je vois là la nomination d'un homme qui
est là pour une période transitoire, jusqu'à ce que les
nominations finales soient faites, jusqu'à ce qu'on ait enfin
réussi à procéder à un recrutement pas de gens qui
sont en conflit d'intérêts constamment mais d'administrateurs
publics pour administrer les fonds des travailleurs avec des critères
objectifs. Je pense que celui qui est là en ce moment ne peut être
taxé d'être un copain de celui qui vous parle. Je pense que le
sous-ministre adjoint, que le député de Johnson a d'ailleurs fort
bien connu au ministère du Travail, est un homme dont la
compétence et l'intégrité ne font de doute pour
personne.
Quant à la Régie des entreprises en construction, je pense
qu'il faut le rappeler, nous avons, à travers ce projet de loi... On
n'en a pas beaucoup parlé étant donné que ceux qui sont
touchés n'ont pas eu l'occasion de s'organiser pour venir dans chacun
des bureaux des députés de cette Assemblée leur expliquer
combien ils étaient heureux de voir enfin le consommateur au
Québec mieux protégé quand il fait l'achat d'une maison
neuve, de savoir, par exemple, que les entrepreneurs en construction au
Québec, ceux qui ont été impliqués dans une
faillite, se verront imposer des balises et des limites importantes, le tout
pour protéger les consommateurs. Ces consommateurs qui en
bénéficieront également n'ont pas eu l'occasion de venir
nous dire combien ils devraient normalement être heureux de voir qu'on
oblige maintenant les entreprises, dans le secteur de l'habitation, à
fournir un cautionnement non seulement contre la fraude possible mais
également contre la malfaçon, ce qui fait que, finalement, au
bout de la ligne, c'est une loi qui vise essentiellement à
protéger le consommateur, eu égard à ces dispositions qui
touchent l'AECQ.
Quant à l'OCQ, à part ces commentaires auxquels m'a
provoqué ou incité le député de Johnson, je dirai
qu'il est vrai que le comité mixte a fait savoir récemment
à celui qui vous parle, et je pense, a envoyé une copie de cette
lettre à tous les députés de cette Assemblée, qu'il
n'entendait pas siéger pour quelque temps. Je pense qu'on réglera
ces problèmes avec le temps. Je n'ai pas refusé, en principe, de
les rencontrer. Je pense que les parties devraient avoir un forum
adéquat pour discuter à fond, entre autres, les amendements que
nous apporterons au règlement de placement qui touchent de très
près les citoyens dans vos comtés et les députés
qui sont ici autour de cette salle. Les amendements qui touchent le
règlement de placement et qui touchent évidemment le monde
syndical et le monde patronal dans le secteur de la construction mais qui
d'abord et avant tout touchent les salariés et les hommes qui sont
impliqués dans ces métiers, ces amendements, en vertu des
dispositions de la loi que je présente dans le projet de loi 110,
devront être soumis au comité mixte.
Si le comité mixte ne veut pas faire son travail, qu'il ne le
fasse pas mais je pense qu'il aura abdiqué, et le monde syndical et le
monde patronal auront démontré qu'ils ne veulent pas collaborer
à une gestion intelligente dans ce secteur. (22 h 40)
D'autre part, en ce qui concerne l'artisan on a fait beaucoup de gorges
chaudes. Il est vrai que nous avons apporté des amendements
jusqu'à la prise en considération du rapport. Cela signifie qu'on
est capable d'être perméable et d'écouter ce qu'on nous
dit. Effectivement, en commission parlementaire, nous avons retenu certaines
des suggestions, entre autres, une suggestion du député de
Johnson au sujet des pouvoirs de l'OCQ. Nous l'avons retenue. Sur l'artisan,
nous avons retenu une notion que nous avait, entre autres, apportée
l'Opposition libérale sur la ques- tion du consommateur pour
restreindre, d'une certaine façon, l'extention ou l'exclusion du
décret pour l'artisan au secteur du consommateur. Nous l'avons fait.
Evidemment, la solution à laquelle on est arrivé n'est
peut-être pas celle que voulait nous proposer l'Opposition mais comme l'a
si bien dit le député de Johnson, à ce que je sache, la
majorité ministérielle est de ce côté-ci de la
Chambre et c'est ici qu'on gouverne, ce n'est pas de l'autre côté.
On peut collaborer mais, finalement, les décisions se prennent ici, ce
qui n'empêche pas qu'on soit perméable, encore une fois, à
ce que nous disent les partis.
Avant que la confusion ne continue, reprenons brièvement ce que
dit cette loi sur l'artisan. La situation actuelle fait que n'importe qui, en
principe, peut se déclarer artisan au Québec en envoyant une
simple lettre à l'OCQ pour dire qu'il l'est. Deuxièmement, ces
mêmes personnes peuvent se présenter sur un chantier de
construction industriel ou commercial et décider d'exécuter des
contrats à forfait. L'exemple qu'on donne dans la construction et que
les syndicats, particulièrement celui de la CSN, vont vous donner, c'est
ce qu'on appelle ceux qui font du "dry wall", par exemple ces gens qui ont
fini, à titre de poseurs de gyproc, tireurs de joints ou peintres, dans
des édifices aussi importants que le complexe Desjardins à
Montréal.
Qu'est-ce qui faisait que des artisans, en nombre élevé,
pouvaient aller finalement sur des chantiers de construction concurrencer des
salariés? Ils accordaient des contrats à forfait. En pratique, si
on prenait $1000 pour une section d'étage, si on divisait cela par le
nombre d'heures passées par ces artisans à faire le travail, on
arrivait à un taux horaire inférieur au taux du décret
d'un salarié de la construction. Or, la loi que nous présentons
donne sa place au soleil à l'artisan. Cependant, sur les chantiers
industriels et commerciaux, elle fait en sorte qu'il n'y ait plus une
incitation à venir couper la gorge au niveau des salariés dans le
cas de ceux qui ont des A ou des B, mais qui, finalement, ont obtenu des
conditions de travail par négociation. C'est ce que fait la loi 110, il
faut s'en rendre compte.
Quand on voit pour demain matin l'avalanche des artisans, il faut aussi
se dire qu'il y aura d'autres contraintes qui seront imposées aux
artisans. Ils devront, entre autres, non seulement être qualifiés,
mais passer un examen de sécurité, passer un examen
d'administration, fournir le cautionnement, bien qu'à mes yeux la
licence et le cautionnement cela dépendra de ce que la
régie des entreprises nous suggérera devraient
peut-être être inférieurs. On ne peut comparer celui qui est
un salarié, qui est un ancien salarié ou qui devient un
entrepreneur individuel sans salariés à une maison de
construction qui a plusieurs millions de chiffres d'affaires par année.
Il est bien évident qu'il y aura des conditions spéciales pour
eux. Quand même, l'ensemble de ces contraintes et le fait qu'une fois
rendus sur un chantier industriel et commercial ils ne pourront plus couper les
prix comme ils le font en ce
moment vont faire que je ne pense pas qu'on ait une avalanche d'artisans
dans le secteur de la construction.
On permettra à ceux qui sont des pères de famille, qui
oeuvrent entre autres dans certaines régions éloignées, de
faire leur vie. Ils auront droit à leur place au soleil. C'est ce qu'on
recherche dans ce projet de loi quant à l'artisan. On pourrait aussi,
comme le mentionne l'Opposition libérale c'est une autre
contrainte qui pourrait être "imposée si jamais cette
avalanche nous arrivait, la loi nous le permet, appliquer le règlement
de placement aux artisans, ce qui n'empêcherait pas, dans ce contexte,
qu'on leur détermine un rang sur les chantiers industriels et
commerciaux, derrière ou à tel niveau avec les salariés,
en fonction de la région ou de la sous-région. Il ne faut quand
même pas prendre les gens pour des buses. Le texte de loi dit ce qu'il
dit. Je comprends qu'il est complexe, je comprends que ce n'est pas de la
législation et de la technique législative simple. Il demeure
quand même que c'est ce que dit le projet de loi. Je pense qu'il faut en
prendre conscience et arrêter de faire de la démagogie un peu
facile autour des confusions, autour des termes et des mots.
Quant à une confusion autour d'un terme ou d'un mot, je veux
simplement préciser un point. Le député de Portneuf a
posé une question, je vais y répondre. La notion "autres que
commerciales ou industrielles" qu'on emploie dans le cas des artisans veut dire
ceci. Dorénavant et cette loi confirme ce qui est une pratique,
ceux qui sont assis dans cette Chambre le savent celui qui fera venir un
charpentier-menuisier chez lui pour faire arranger sa galerie...
D'abord, en général, s'il est consommateur, il ne sait
même pas qu'il y a un décret dans la construction. Je comprends
que l'industrie de la construction, c'est important, mais je ne pense pas que
cela préoccupe 6 millions de Québécois à longueur
de journée. D'abord, le citoyen ne sait peut-être même pas
qu'il y a un décret. Ce qu'il veut, c'est que son perron soit
réparé. Deuxièmement, il n'a pas le goût de faire
des rapports à l'Office de la construction du Québec et je ne le
blâme pas. Il a autre chose à faire. Finalement, ce qu'on sait,
c'est qu'en pratique les perrons au Québec, particulièrement dans
les régions éloignées, sont réparés par ceux
qu'on appelle aujourd'hui, avant la loi 110, des artisans. On vient confirmer
cette pratique en disant que, si un artisan qui a obtenu la licence, etc., tout
ce que j'ai décrit tout à l'heure, fait affaires avec un
consommateur, qui est une personne physique, pas une compagnie, et que c'est
pour ses fins personnelles et non pas pour des fins commerciales ou
industrielles, il n'est pas soumis au décret.
En pratique, qu'est-ce qu'on couvre? On couvre une partie du secteur
domiciliaire qui n'est pas, par exemple, un épicier. Un épicier
ne pourrait pas faire construire son épicerie par des artisans sans
être soumis au décret. Il va être exclu du décret si
c'est pour des fins personnelles. C'est cela qu'on essaie de couvrir parce que
c'est cela la réalité ce matin. Il faut peut-être une fois
que, dans un secteur, on essaie d'accorder nos lois à la
réalité parce qu'ultimement je suis de ceux qui pensent que les
lois sont faites pour les hommes et pas l'inverse.
Finalement, quant à l'extension du décret, les parties
n'étaient pas préparées. On le sait; elles ont
été obligées de l'avouer. L'extension du décret, en
faveur de laquelle d'ailleurs était le député de Johnson
en commission parlementaire, garantit aux travailleurs la reconduction de leurs
conditions de travail pour trois mois à partir de la fin du mois
d'avril, donc jusqu'au mois de juillet. Finalement, cette extension du
décret permettra aux syndicats d'avoir en face d'eux un patronat qui est
organisé en une table patronale pour savoir qui est leur interlocuteur.
Il faut bien dire, cependant, que cet amendement quant à l'extension du
décret, que nous avons apporté en commission, vise
essentiellement une extension du décret pour les fins de la
négociation du décret et non pas pour d'autres fins applicables
dans la loi.
Je pense, en concluant, que cette loi c'est vrai a
soulevé une unanimité des parties les plus impliquées, pas
nécessairement de tous ceux qui sont touchés, parce que les tiers
sont touchés par ces lois et ceux-là ne sont pas organisés
et ne sont pas dans ce parlement ou dans les bureaux de députés.
Ils ne sont peut-être pas organisés. Je pense que c'est aussi le
rôle d'un gouvernement de s'occuper, dans une société, de
ceux qui n'ont pas nécessairement les mêmes instruments de
"lobby", de présence ou d'organisation. Je pense que c'est cela avoir
à l'esprit l'intérêt public. C'est ce qu'on essaie de faire
ici, c'est ce qu'on tente de faire dans cette loi. C'est pour cela que je vous
invite à passer à l'adoption de la loi 110. Je vous remercie, M.
le Président.
Le Vice-Président: Oui, M. le député de
Portneuf. Question de règlement?
M. Pagé: Très brièvement et sans vouloir en
faire un débat, j'aimerais que le ministre du Travail me donne son
consentement afin que je lui pose une question sur le libellé, car il
m'apparaît, comme il apparaît à plusieurs, que le texte de
loi, tel que rédigé dans les amendements qu'il a
déposés, semble avoir une faille quelque part. Il y a beaucoup de
gens qui ne comprennent pas l'interprétation ou qui ne peuvent pas en
venir à une interprétation sensée et logique d'un
amendement qui a été proposé par le ministre. Est-ce que
le ministre me permet une très brève question à ce
sujet-là?
Le Président: M. le ministre du Travail et de la Mai
n-d'Oeuvre.
M. Johnson: Je n'ai pas d'objection, si c'est pour aider le
député de Portneuf.
M. Pagé: C'est pour vous aider que je le fais, pour que
vous ne soyez pas obligé de revenir avec un...
M. Johnson: Pour avoir un meilleur texte de loi. C'est bien
connu.
M. Pagé: L'artisan qui exécute des travaux de
construction aux fins personnelles autres que commerciales ou industrielles,
une personne physique, n'est pas assujetti à la présente loi. Le
ministre en a dit un mot tout à l'heure. Cela veut donc dire qu'au
lendemain de l'adoption de la loi 110, un travailleur artisan qui sera
qualifié, membre de la Régie des entreprises et tout cela, qui
effectuera des travaux pour une personne physique, par exemple, pour
réparer son perron ou sa galerie, ne sera pas soumis au décret.
C'est ce que veut dire cet article. Cependant, l'autre paragraphe: "Quant
à l'artisan qui exécute des travaux de construction autrement
qu'aux fins personnelles de la personne physique, autres que commerciales ou
industrielles, une personne physique, sa rémunération est
égale... etc." Quels sont les travaux qui sont couverts par ce
deuxième paragraphe? Si ce ne sont pas les travaux pour la personne
physique, c'est impersonnel, et si ce ne sont pas les travaux pour fins
commerciales et industrielles, quel autre type de travaux reste-t-il? Le
législateur n'est pas censé parler pour ne rien dire, M. le
Président. Vous en savez quelque chose.
(22 h 50)
M. Johnson: Est-ce que vous pourriez répéter
seulement la dernière partie de votre intervention?
M. Pagé: Deuxième paragraphe... M. Johnson:
Oui.
M. Pagé: ... on convient que le premier paragraphe stipule
et prévoit qu'un travailleur artisan qui effectuera des travaux pour une
personne physique, des travaux autres que pour des fins commerciales ou
industrielles ne sera pas soumis au décret. On en convient?
M. Johnson: Oui.
M. Pagé: C'est l'interprétation à donner au
premier paragraphe. Le deuxième paragraphe dit ceci: "Quant à
l'artisan qui exécute des travaux de construction autrement qu'aux fins
personnelles autres que commerciales ou industrielles d'une personne
physique..." Il ne reste plus de travaux. Le législateur n'est pas
censé parler pour ne rien dire.
M. Johnson: Continuez la phrase.
M. Pagé: "... sa rémunération est
égale à la rémunération en monnaie courante et aux
indemnités ou avantages ayant une valeur pécuniaire." Vous le
ramenez soumis au décret. Mais M. le Président, je demande au
ministre quels sont les travaux qui sont prévus par ce deuxième
paragraphe, si ce ne sont pas des travaux pour des fins personnelles et si ce
ne sont pas des travaux pour des fins commerciales ou industrielles. Il n'en
reste plus, quant à moi. Et le législateur n'est pas censé
parler pour rien.
M. Johnson: Effectivement, le législateur n'est pas
censé parler pour ne rien dire. On sait que ce n'est pas vrai ici. La
notion de "autres que commerciales ou industrielles" est une notion qui vient
qualifier, au sens du droit. Je pense que le député de Portneuf
le reconnaîtra avec moi. Le mot "personnelles", on dit "pour des fins
personnelles", on pourrait lire "qui sont autres que des fins commerciales ou
industrielles". On reprend plus loin pour dire que l'artisan qui ne travaille
pas pour des fins personnelles, entre parenthèses étant autres
que commerciales ou industrielles, fermez la parenthèse, est soumis au
décret. Donc, ce n'est pas quand il est dans une relation... Je pense
qu'on se comprend là-dessus. Admettons qu'un juge veuille
interpréter cela maintenant on va reprendre les principes
d'interprétation du droit que le député de Portneuf
connaît; il a déjà fait du droit il va
nécessairement se référer au premier paragraphe et il va
se rendre compte que dans le premier paragraphe, l'expression "autres
qu'industrielles ou commerciales" vient qualifier le mot "personnelles". Il est
évidemment clair que si on n'a pas le premier paragraphe, le
deuxième a l'air absurde, mais à la lumière du premier, je
pense qu'il ne l'est pas. Je suis d'accord avec le député de
Portneuf qu'il y aurait peut-être une autre formulation à trouver
qui soit plus limpide. Mais a-t-il une suggestion? J'en aurais peut-être
une, moi, si vous y tenez.
M. Pagé: Allez-y!
Le Président: M. le ministre du Travail et de la
Main-d'Oeuvre, M. le député de Portneuf, je comprends
qu'étant tous deux avocats, vous puissiez vous amuser ainsi
indéfiniment. M. le député de Portneuf, je ne pense pas
qu'on puisse reprendre le débat de troisième lecture.
M. le chef de l'Opposition officielle...
M. Levesque (Bonaventure): Je me demande si le ministre a voulu,
à un moment donné, dire qu'il pouvait modifier de nouveau
l'amendement.
M. Johnson: Non, quant à moi, le texteditcequ'il dit. Ce
n'est pas une langue qui est absolument limpide. D'ailleurs, c'est comme tout
le reste de ces lois de la construction, qui sont des espèces de ciment
difficile à déterminer, de pensées qui sont souvent assez
incohérentes; il y aurait possiblement une autre formulation qui serait
peut-être plus claire. Je pense que le deuxième paragraphe,
à la lumière du premier, fait que c'est clair. Maintenant, si le
député de Portneuf pense que ce n'est tellement pas clair qu'il
voudrait une autre suggestion, je pourrais lui suggérer peut-être
une formulation et on se comprendrait à ce sujet.
M. Pagé: M. le Président...
M. Levesque (Bonaventure): Allez-y donc!
M. Johnson: Dans le fond, ce que le texte dit, c'est que
l'artisan qui exécute des travaux de construction pour fins personnelles
autres que commer-
ciales ou industrielles d'une personne physique, vous changez le mot...
C'est cela que le texte dit. Je pense que le deuxième paragraphe,
à la lumière du premier, est clair. Je pense que ce serait
risqué, à 23 h 55, de modifier un texte de loi dans le contexte
qu'on connaît.
M. Pagé: M. le Président, je vais... Le
Président: Voilà ce que je voulais dire. M. Pagé:
M. le Président, brièvement. Le Président: M.
le député de Portneuf.
M. Pagé: Vous avez dit tout à l'heure par
surcroît, vous êtes avocat, cela m'a un peu surpris qu'on
semblait s'amuser avec les textes. Mon intervention était uniquement due
au fait que ces amendements sont venus au moment du dépôt du
rapport. Il faut comprendre que ces amendements n'ont pas été
discutés en commission parlementaire. C'était une mise en garde
que je voulais faire au ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre. Celui-ci
semble tenir pour acquis que c'est bel et bien clair. Quant à moi, M. le
Président, je suis convancu qu'il y aura des interprétations
différentes sur le contenu de ce deuxième paragraphe. De toute
façon, cela va avec le reste du projet de loi. Ce projet de loi aura
à être rouvert avant longtemps.
M. Johnson: Je vous avais permis une question, pas un
commentaire.
M. Pagé: On rouvrira, entre autres, ce deuxième
paragraphe parce que, avant longtemps, M. le Président, on va amender ce
projet de loi. Le ministre va l'amender.
Le Président: Alors, nous allons maintenant
procéder à la mise aux voix. Est-ce que ce projet de loi...
M. Grenier: Le leader parlementaire de l'Union Nationale avait
manifesté...
Le Président: M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier:... le désir d'un vote enregistré. Mais,
compte tenu de l'argumentation que le ministre fait valoir ici auprès du
leader de l'Union Nationale, je pense qu'on devra accepter un vote sur
division.
Le Président: Est-ce que le projet de loi 110, Loi
modifiant la Loi sur la qualification professionnelle des entrepreneurs de
construction et d'autres dispositions législatives, sera
adopté?
Une Voix: Rejeté sur division. Le Président:
Adopté sur division. M. Bertrand: M. le
Président...
Le Président: M. le leader parlementaire adjoint du
gouvernement.
M.Bertrand: ...je voudrais simplement informer les
députés de l'Assemblée nationale que nous ne
siégerons pas demain matin à l'Assemblée nationale. Nous
siégerons demain après-midi à 15 heures. Par contre, comme
le leader parlementaire l'a dit cet après-midi, je répète
que demain matin, à 10 heures, la commission parlementaire de
l'agriculture continuera ses travaux à la salle 81 -A concernant le
projet de loi 116.
M. le Président, je fais maintenant motion pour que nous
ajournions nos travaux jusqu'à demain, 15 heures.
Des Voix: Le mini-débat.
Le Président: Un instant.
M. Bertrand: Oui, M. le Président.
Le Président: Un instant.
M. Bertrand: Oui.
Le Président: M. le leader parlementaire adjoint du
gouvernement, je n'ai pas d'objection sauf que je dois me conformer au
règlement. Comme il y a un mini-débat qui a été
réclamé par Mme le député de L'Acadie, je
suggère que vous retardiez votre motion de quelques instants quoi qu'il
n'y a pas d'objection...
Une Voix: II peut la faire.
Le Président:... conformément au règlement,
à ce que vous fassiez votre motion immédiatement puisqu'on n'a
pas besoin de quorum pour le minidébat. Alors, faites votre motion.
Ajournement
M. Bertrand: Mon intuition me disait, M. le Président, que
c'était possible de le faire, mais je n'en avais pas la certitude
scientifique que vous avez. Alors, je fais motion officiellement pour que nous
ajournions nos débats à demain, 15 heures.
Le Président: Est-ce que cette motion sera
adoptée?
Des Voix: Adopté.
Mini-débat relatif au supplément
de revenu versé aux personnes
âgées
en centre d'accueil
Le Président: Adopté. Alors, conformément
maintenant à l'avis qui a été donné cet
après-midi par la présidence, je cède maintenant la parole
à Mme le député de L'Acadie. Est-ce que vous souhaiteriez
que je relise l'avis, Mme le député de L'Acadie?
Mme Lavoie-Roux: Oui, je pense que cela situerait le
débat.
Le Président: Pour situer le débat: "M. le
Président, à la séance d'aujourd'hui, j'ai posé au
ministre des Affaires sociales une question portant sur le sujet suivant:
l'utilisation du $20 d'augmentation du supplément de revenu versé
aux personnes âgées en centre d'accueil par le gouvernement
fédéral. Puisque je ne suis pas satisfaite de la réponse
donnée, je désire me prévaloir des dispositions de
l'article 174 du règlement. Veuillez agréer, M. le
Président, l'expression de mes sentiments les meilleurs". Et c'est
signé du député de L'Acadie, Thérèse
Lavoie-Roux.
Mme le député de L'Acadie, vous connaissez les
règles, vous avez cinq minutes exactement. Après cinq minutes, je
serai obligé de vous interrompre. Je vous remercie.
Mme Thérèse Lavoie-Roux
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président. Si je reprends
cette question ce soir, c'est tout simplement pour clarifier une situation qui
demeure confuse à cause des réponses incomplètes et
ambiguës données par le ministre des Affaires sociales aux
questions que nous lui avons posées depuis deux jours. Lorsque, à
plusieurs reprises, le ministre des Affaires sociales répète que,
de 1976 à aujourd'hui, il a porté de $53 à $63 les
allocations versées aux personnes âgées en centre d'accueil
pour leurs dépenses personnelles, voulant sans doute comparer la
générosité du gouvernement actuel à celle du
gouvernement qui l'a précédé, il ne dit pas que, durant la
même période, le gouvernement fédéral a
régulièrement indexé tant la pension de base
accordée à l'ensemble des personnes âgées que le
supplément de revenu garanti pour les personnes âgées.
Ainsi, alors qu'en janvier 1976 le revenu maximum provenant de la pension de
veillesse, le supplément de revenu inclus, pour une personne, est
passé de $226 à $304, soit une augmentation de $78, au 30
janvier, le gouvernement du Québec n'avait laissé aux
bénéficiaires eux-mêmes que $10 de plus. Le ministre nous a
indiqué qu'il verserait $5 supplémentaires aujourd'hui.
Pour la même période, il leur a laissé cette somme
modique pour leurs dépenses d'habillement et autres menues
dépenses. N'eût été l'indexation accordée par
le gouvernement fédéral, on est en droit de se demander si les
bénéficiaires auraient même connu cette augmentation. Quand
le ministre, hier, se défendait contre les affirmations qui
étaient faites, à savoir que le gouvernement du Québec
avait soutiré la totalité du montant additionnel versé par
les personnes âgées en centre d'accueil, c'est vrai que ce n'est
pas la totalité qu'il soutire mais seulement 75%. C'est, en fait, non
pas $68 que les personnes âgées en centre d'accueil devraient
recevoir, mais $83, soit $20 de plus. Il faudrait peut-être même
dire $21.05 puisque le ministre ne parle pas du fait qu'au 1er janvier les
pensions ont aussi eu leur indexation régulière, tel que
prévu. (23 heures)
Le ministre aura beau accuser le fédéral, vouloir
dénigrer l'ancien gouvernement, nous lancer des invectives on
commence, d'ailleurs, à s'y habituer le fait demeure que les
personnes âgées en centre d'accueil et bénéficiaires
du supplément de revenu garanti ont reçu un chèque portant
une augmentation de $24.24, mais ils ne l'ont que vu. Immédiatement, on
l'a retenu. Le ministre nous a dit qu'il verserait une partie de ces montants
aux personnes en bas de 65 ans qui sont dans des centres de soins
prolongés et qu'également il verserait la différence pour
couvrir les frais de sa nouvelle politique de transport gratuit, d'ambulance
gratuite pour les personnes âgées. Je pense qu'il convient de
rappeler que, n'eût été le montant supplémentaire
versé par le gouvernement fédéral aux fins d'augmenter le
revenu supplémentaire des personnes âgées en centre
d'accueil, on est justifié de se demander si les
bénéficiaires des établissements de soins prolongés
âgés de moins de 65 ans connaîtraient cette augmentation
d'allocation pour leurs besoins personnels et si les services ambulanciers
gratuits pour les personnes âgées auraient vu le jour.
Je pense que ce sont là deux mesures avec lesquelles nous sommes
d'accord. M. le Président, lorsque le ministre des Affaires sociales
accuse le gouvernement fédéral de poursuivre des fins
élec-toralistes, je pense que le même compliment peut lui
être fait quand, à renfort de publicité, il annonce de
nouvelles politiques dont il ne dévoile pas les sources de financement
réelles et quand, en plus, il les défraie à même les
revenus des personnes âgées les plus démunies de notre
société. Je pense que c'est important que ceci soit établi
clairement, M. le Président. Je vous remercie.
Le Vice-Président: C'est moi qui vous remercie, madame. M.
le ministre, vous avez cinq minutes.
M. Denis Lazure
M. Lazure: M. le Président, je trouve encore une fois
déplorable qu'un peu sur le dos des personnes âgées, comme
on l'a fait sur le dos des bénéficiaires de l'aide sociale, ce
débat ait été provoqué essentiellement par des
gestes précipités de la part du gouvernement
fédéral. On peut différer d'opinion. Evidemment, c'est de
bonne guerre. Mais, quant à nous, ces gestes avaient et ont toujours un
but tout à fait électoral. Il est bien sûr que ces $20 ou
ces $200 sont bienvenus pour les Québécois, surtout pour les
Québécois qui ont des revenus souvent trop bas.
Je pense cependant, M. le Président, qu'il ne faut pas faire de
démagogie et essayer d'induire la population en erreur.
Premièrement, pour 95% de la population âgée de 65 ans et
plus, ces $20 vont intégralement dans la poche de la personne
âgée.
Evidemment, pour les 5% de personnes âgées qui vivent en
institution, en centre d'accueil ou dans des hôpitaux de soins
prolongés, nous faisons ce qui est tout à fait normal. Nous
affectons une partie et c'est la majeure partie de ces $20 pour
les frais de subsistance, c'est-à-dire, le logement, l'alimentation et
les autres frais qui vont avec l'hébergement, et nous laissons la
personne âgée utiliser 25% de ces $20, c'est-à-dire $5 sur
$20, pour ses besoins personnels. C'est la proportion que l'on retrouve dans la
population âgée en général. La personne
âgée qui vit dans un appartement ou dans sa petite maison ne
consacre pas 100% d'un revenu additionnel pour ses dépenses personnelles
mais, au contraire, consacre la majeure partie de ce revenu additionnel pour
des besoins essentiels tels que la nourriture et le logement.
Or, ces besoins essentiels, M. le Président, sont fournis par le
centre d'accueil, en ce qui concerne les personnes âgées, et ils
coûtent aux contribuables québécois environ $700 par mois
par personne âgée dans les centres d'accueil. Je pense que, M. le
Président, on oublie aussi que ce gouvernement, depuis deux ans, a
doublé les sommes d'argent consacrées à l'aide à
domicile, passant de $22 millions à $41 millions. Ces millions de
dollars en aide à domicile vont essentiellement aux personnes
âgées. Nous pensons que ces sommes aident les personnes
âgées à demeurer à domicile plus longtemps et nous
avons l'intention de continuer à consacrer de plus en plus d'argent pour
ces services à domicile.
Mme le député de L'Acadie essaie de faire un certain
capital politique en provoquant des débats comme celui de ce soir. Je
souhaiterais, M. le Président, que Mme le député de
L'Acadie soulève une question, lors d'une période des questions,
sur le retrait par le gouvernement fédéral d'un projet de loi qui
s'appelait Loi sur le financement des services sociaux, et sur lequel toutes
les provinces s'étaient entendues. Son homologue ou si vous
voulez, sa grande soeur le ministre de la Santé au gouvernement
fédéral a retiré ce projet de loi, privant le
Québec d'une somme de $20 millions durant l'année 1979.
Ce gouvernement-ci, en plus de l'aide à domicile, a rendu
gratuits les médicaments aux personnes âgées. Ce
gouvernement a rendu gratuits les transports ambulanciers aux personnes
âgées tout récemment. Nous n'avons pas de leçon
à recevoir du Parti libéral en ce qui concerne le traitement
qu'un gouvernement civilisé doit accorder aux personnes
âgées.
Je termine là-dessus. Nous avons dit plusieurs fois dans cette
Chambre qu'il était grand temps que le gouvernement
fédéral suive la recommandation du rapport Pépin-Robarts.
En fin de compte, ce sont des copains du député de L'Acadie ou du
ministre de la Santé nationale qui ont rédigé ce rapport.
Ce rapport recommande que tout ce qui concerne la sécurité
sociale et la santé soit remis intégralement au pouvoir des
provinces.
Mme Lavoie-Roux: Allez négocier!
M. Lazure: Nous savons, nous connaissons mieux que le
gouvernement fédéral quelles sont les priorités pour les
personnes âgées.
Je vous remercie, M. le Président.
Le Vice-Président: Merci. Le mini-débat est
très strict. Merci aux deux concurrents. L'ajournement étant
déjà fait, nous nous reverrons demain, à 15 heures.
Fin de la séance à 23 h 8