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(Quatorze heures six minutes)
Le Président: A l'ordre, mesdames et messieurs!
Un moment de recueillement. Veuillez vous asseoir.
Affaires courantes.
Déclarations ministérielles.
Dépôt de documents.
Dépôt de rapports de commissions élues.
Dépôt de rapports du greffier en loi sur les projets de loi
privés.
Présentation de projets de loi au nom du gouvernement.
Présentation de projets de loi au nom des
députés.
Période des questions orales.
M. le leader parlementaire de l'Opposition officielle.
QUESTIONS ORALES DES DÉPUTÉS
M. Lavoie: Nous avions des questions importantes à poser,
notamment soit au premier ministre ou au ministre d'Etat à la
réforme électorale, également sur la condition
féminine, je crois. Nous avons préparé nos questions, M.
le Président, comme d'habitude et nous n'avons pas d'interlocuteurs
devant nous. Est-ce qu'on ne pourrait pas suspendre quelques minutes pour
attendre l'arrivée de quelques ministres?
M. Charron: M. le Président, il y a 17 ministres
arrivés actuellement. Le premier ministre sera absent pour la
période des questions d'aujourd'hui et le ministre d'Etat à la
réforme électorale et parlementaire sera ici dans cinq minutes.
Peut-être qu'on pourrait passer à une autre question. Il sera ici
pour la deuxième question de l'Opposition officielle.
M. Lamontagne: M. le Président, question de
règlement. Comme vous le savez, il faut porter une attention très
spéciale à la préparation de la période des
questions. Je vous confirme de mon siège que nos questions sont
préparées et il n'y a aucun ministre actuellement.
M. Charron: On va passer à l'Union Nationale, M. le
Président. Il y a 19 ministres présents. Je m'excuse que le
hasard fasse que...
M. Lamontagne: C'est un curieux de hasard qu'on trouve, nous
aussi, ce matin.
M. Charron: Passons à l'Union Nationale, M. le
Président.
Le Président: M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
Recommandation du Conseil du statut de la
femme
M. Lalonde: M. le Président, j'avais une question à
poser au ministre responsable de la condition féminine, avec une
sous-question au ministre des Finances. Alors, je vais commencer par la
sous-question au ministre des Finances.
Etant donné que le ministre responsable de la condition
féminine s'est engagé à plusieurs reprises en Chambre l'an
dernier, à faire en sorte que le rapport "Egalité et
indépendance", rapport du statut de la femme, soit accepté
globalement par le gouvernement; étant donné que l'on a appris
récemment que le gouvernement, au lieu de confirmer son acceptation
globale du rapport du Conseil du statut de la femme, a entouré le
ministre de deux hommes pour, semble-t-il, faire avancer le dossier;
étant donné aussi, M. le Président, que l'on rapporte dans
les journaux que c'est le ministre des Finances qui, en quelque sorte, bloque
sur une recommandation importante, j'aimerais demander au ministre des Finances
s'il a l'intention d'accepter la recommandation en question, qui concerne la
fiscalité, recommandation que l'on trouve à la page 174 du
rapport. Est-ce qu'il a l'intention de l'accepter, et quand a-t-il l'intention
d'annoncer son acceptation? (14 h 10)
Le Président: M. le ministre des Finances.
M. Parizeau: M. le Président, j'imagine que c'est la
première fois que l'on demande à un ministre des Finances, en
dehors du cadre du discours du budget ou d'une déclaration qui a la
même portée, de dire s'il va changer des impôts ou non. Il y
a une règle élémentaire dans ce métier, c'est que
l'on ne commence pas à faire de la philosophie autour des changements
qu'un ministre des Finances pourrait ou pourrait ne pas accepter dans les
impôts. Ce n'est pas une question de transparence, comme le dit, je
pense, un député de l'Opposition, c'est une question de logique.
On ne commence pas à spéculer sur les impôts à voix
haute sans savoir exactement ou sans que la décision ait
été prise.
Deuxièmement, normalement, quand il s'agit d'un changement
important dans la structure fiscale, cela doit être, évidemment,
approuvé par le Conseil des ministres. Il est entendu que tant que ces
processus tout à fait normaux, sur le plan de quelque changement dans
les impôts que ce soit, n'auront pas été suivis je ne vais
pas commencer à faire des réflexions à voix haute sur ce
qui me semble acceptable, probable, peut-être, possible. Ce serait
inconcevable dans le cadre d'exercice du métier d'un ministre des
Finances. Cela ne se fait jamais comme cela. Je comprends très bien que
beaucoup de gens voudraient, à l'heure actuelle, qu'on leur donne une
sorte de préavis des orientations que nous pourrions prendre. Bien non,
M. le Président, cela va suivre son cours normal et j'aurai, à un
moment donné, non
pas à spéculer sur ce que l'on entend faire de ce
côté, mais à faire une déclaration à ce
sujet.
Le Président: M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Je ne vois pas, M. le Président, ce que l'on
applaudit dans cette absence de déclaration. Si j'avais demandé
au ministre des Finances le taux d'impôt, naturellement, sa
réponse serait pertinente. Mais la recommandation concerne la structure
fiscale.
Ce que je demande au ministre des Finances... parce que cette
recommandation est très importante, au point, d'après les
observateurs, que, si elle était refusée, cela
équivaudrait à une absence d'acceptation globale du rapport du
Conseil du statut de la femme.
Est-ce que le ministre peut nous dire s'il a étudié cette
recommandation? Deuxièmement, a-t-il l'intention de faire des
recommandations au Conseil des ministres dans le sens de la demande du rapport
du Conseil du statut de la femme? Ce sont seulement ces deux questions que je
vais poser, actuellement, pour ne pas attaquer la virginité fiscale du
ministre.
Le Président: M. le ministre des Finances.
M. Parizeau: La réponse à la première
question, M. le Président, c'est: Oui, je l'ai étudiée. La
réponse à la deuxième question, c'est: Oui, je vais faire
rapport au Conseil des ministres. C'est tout.
M. Lalonde: ...
M. Parizeau: Justement, quand le sens des recommandations aura
été examiné, il y aura une déclaration en bonne et
due forme à ce sujet. D'ici là, pas de spéculation
inutile.
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Opposition
officielle.
Financement des partis politiques
M. Lavoie: M. le Président, j'aurais des questions
additionnelles à poser sur le sujet que nous avons abordé hier,
les journaux du Parti québécois dans la majorité des
comtés du Québec, financés par des annonces d'individus,
de corporations ou de personnes morales.
En l'absence du premier ministre, qui a un peu déçu par
ses réponses, hier, s'accrochant le mieux qu'il pouvait à un
certain juridisme et à un certain légalisme...
Le Président: M. le leader parlementaire...
M. Lavoie: Ma question s'adresserait, en son absence, au ministre
d'Etat à la réforme électorale qui, justement,
était parrain de ce projet de loi, la loi 2, qui a été
adopté on sait avec quel renfort de publicité au cours de 1977.
J'aimerais connaître l'avis du ministre responsable de l'applica- tion
non, je ne dirais pas responsable de l'application de la loi, mais qui
fut le porte-étendard du gouvernement lors de l'adoption de cette loi
sur la position dans laquelle se trouve le directeur
général du financement des partis politiques, aujourd'hui, M.
Olivier Boucher. Ceci, à la suite de la déclaration, de la
décision ou du jugement qu'a rendu hier le premier ministre, via
l'Assemblée nationale, que cette pratique du Parti
québécois était parfaitement légale et que
c'était pour continuer.
Dans quel état, dans quelle position se trouve-t-il? Ceci est ma
question.
M. Charron: Question de privilège.
M. le Président, je pose une question de privilège au nom
du premier ministre. Je pense que la seule réaction des membres de
l'Assemblée aux affirmations du député de Laval l'indique.
Ce n'est pas du tout ce qu'a dit le premier ministre. Le premier ministre a
dit: Jusqu'à avis contraire, nous croyons que cette pratique est
légale. Si jamais le directeur général du financement des
partis politiques, à la suite des études et des avis qu'il a fait
effectuer, vous avisait que ce ne l'est pas, nous nous conformerons avec
plaisir à sa directive.
Le Président: Le leader parlementaire de l'Opposition
officielle.
M. Lavoie: On n'a qu'à lire, M. le Président, la
réponse du premier ministre hier. D'ailleurs, cela a été
rapporté...
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Opposition
officielle, s'il vous plaît! Vous qui connaissez si bien le
règlement, qui avez eu à le faire appliquer durant des
années, vous savez que maintenant cela dépasse un peu les bornes.
Il faudrait poser la question, formuler la question au ministre d'Etat.
M. Lavoie: Je pose cette question au ministre responsable de la
réforme électorale. Dans quelle position se trouve le
gouvernement, ou comment pourra-t-il considérer la décision ou
l'avis que doit rendre ces jours prochains le directeur général
du financement des partis politiques, à la suite de la
déclaration du premier ministre hier? La deuxième partie
on sait que ce personnage est déjà contesté est:
Comment sa décision pourrait-elle être respectée par un
côté de la Chambre ou l'autre? Deuxième volet de ma
question, on se rappelle et j'aimerais connaître...
M. Burns: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président: M. le ministre d'Etat à la
réforme électorale et parlementaire.
M. Burns: Quand même, il ne faudrait pas nuire à un
des hauts fonctionnaires de l'Etat, que ce soit le directeur
général des élections ou le directeur
général du financement des partis poli-
tiques, en disant que sa position est contestée. Ce n'est pas
vrai. Je conteste l'affirmation qui vient de nous être émise par
le député de Laval... Non, je la conteste, parce que ce n'est pas
vrai dans les faits que cette position est contestée. Malheureusement,
on a pensé jouer le fait que Me Pierre-Olivier Boucher a
été, à un moment donné...
Une Voix: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président: Un instant! M. le ministre d'Etat à
la réforme électorale et parlementaire, comme la question vous
est adressée, vous pourrez toujours répondre tout à
l'heure. M. le leader parlementaire de l'Opposition officielle, s'il vous
plaît.
M. Lavoie: Voici le deuxième volet de ma question. A la
suite des propos justement du ministre responsable de la réforme
parlementaire, j'ai lu avec beaucoup d'intérêt d'ailleurs le
débat de deuxième lecture, M. le Président, je
demande...
Des Voix: A l'ordre!
M. Lavoie: Le ministre qui était responsable de cette loi,
je n'ai pas à rapporter son discours de deuxième lecture en
commission et en troisième lecture sur la loi no 2. Est-ce que le
ministre entend, à la suite des propos qu'il a tenus tout au long de ce
débat, dire qu'uniquement les personnes physiques qui avaient le droit
de vote devaient contribuer au financement des partis politiques? Est-ce qu'il
entend apporter sans délai devant cette Chambre un amendement à
cette loi ou s'il attendra que l'Opposition apporte, elle, un projet de loi
pour empêcher peut-être le gouvernement actuel de s'accrocher au
légalisme et au juridisme pour clarifier cette situation, de
façon qu'il n'existe aucun doute pour que les personnes morales...
Le Président: M. le ministre d'Etat à la
Réforme électorale et parlementaire.
M. Burns: M. le Président, je m'étonne beaucoup des
propos du leader parlementaire de l'Opposition, qui était d'ailleurs le
porte-parole de l'Opposition lorsque nous avons discuté du projet de
loi. Il est celui qui, à l'époque, était contre le fait
on se rappellera aussi les débats qu'on ne réserve
qu'aux citoyens électeurs la possibilité de contribuer à
des partis politiques. Cela m'étonne beaucoup. J'appelle cela du
pharisaïsme.
Des Voix: C'est de l'hypocrisie.
M. Burns: Appelez cela comme vous voudrez. En ce qui me concerne,
je me réfère à la réponse que le premier ministre a
donnée hier, disant que nous n'avons pas à nous immiscer dans
l'interprétation de la loi, une fois qu'elle est adoptée, que le
directeur général du financement des partis politiques devra nous
donner une opinion. Nous nous conformerons à son opinion. Si, par
hasard, je ne sais pas, je n'ai même pas la prétention de savoir
quelle sera cette opinion, mais si jamais cette opinion est contraire à
la pratique qui existe actuellement dans un certain nombre de journaux de
comté de la part du Parti québécois, nous devrons nous
conformer à cette opinion et nous nous y conformerons, c'est tout. (14 h
20)
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Opposition
officielle.
M. Lavoie: J'aurais une question additionnelle à poser au
ministre: Comment se fait-il qu'il ose nous dire, en réponse à ma
question, qu'il va continuer ce qui se fait, mais qu'il va attendre cette
interprétation, lorsqu'il a dit lui-même en commission
parlementaire le 25 août: Je pense simplement, et je termine
là-dessus c'est M. Burns qui parle qu'il est très
clair que, tout au long du projet de loi, un des principes fondamentaux du
projet de loi, c'était de réserver les contributions
électorales aux seuls électeurs. Comment voulez-vous
qu'aujourd'hui...
M. Burns: Je m'excuse... M. Lavoie: Je termine. M.
Burns: D'accord.
Le Président: Pourriez-vous terminer votre question, M. le
leader parlementaire de l'Opposition officielle?
M. Lavoie: Voulez-vous nous donner votre consistance dans vos
principes devant la réponse que vous avez apportée tout à
l'heure, à savoir que vous allez attendre maintenant la décision
du directeur du financement des partis politiques?
Le Président: Le ministre d'Etat à la
réforme parlementaire.
M. Burns: M. le Président, l'ex-président de
l'Assemblée nationale devrait savoir que je ne suis pas ici pour donner
des avis juridiques. Il y a même quelque chose de très
précis dans le règlement qui dit que je ne dois pas donner une
opinion professionnelle. D'ailleurs, vous savez que même étant
avocat, je serais peut-être un très mauvais conseiller juridique,
parce que je suis un homme politique. Je me mets à l'abri de cela. Je ne
donnerai pas d'opinion juridique. Je me protège contre cela, parce
qu'elle pourrait être teintée et vraiment mal
évaluée. Donc, je n'ai pas l'intention de donner un avis
juridique relativement au projet de loi.
Je pense qu'il est normal d'attendre la réponse du directeur
général du financement des partis politiques qui est le seul qui
puisse, actuellement, nous donner son opinion là-dessus.
Le Président: Dernière question sur le même
sujet.
M. Burns: Je maintiens l'opinion qui a été
citée par le député de Laval à savoir que le
financement des partis politiques soit fait uniquement par des citoyens
électeurs. Je maintiens cette opinion et je continue à y
croire.
Est-ce que le fait de contribuer par l'entremise d'une annonce dans un
journal de comté soit une méthode de financement? Là,
j'attends l'opinion du directeur général du financement des
partis.
M. Lamontagne: Une question additionnelle, M. le
Président.
Le Président: M. le député de Roberval.
M. Lamontagne: M. le Président, ma question additionnelle
s'adresse au ministre d'Etat à la réforme parlementaire. Lui,
comme nous et nos téléspectateurs, hier, avons entendu le premier
ministre répondre deux choses précises, à savoir qu'il n'y
avait rien là, compte tenu que ceux qui collectent sont des
bénévoles et que, d'autre part, les journaux concernés,
évidemment dans l'esprit du journal Le Jour, perdent de l'argent. Est-ce
que d'après le ministre d'Etat à la réforme parlementaire,
le fait que des bénévoles perçoivent de l'argent de
compagnies et le fait que ces journaux soient déficitaires, est
suffisant pour qu'on continue ainsi à percevoir de l'argent
auprès des personnes, des compagnies, des fournisseurs du gouvernement?
Oui ou non? Comme ministre responsable de la réforme parlementaire, vous
devez avoir une opinion personnelle là-dessus?
M. Burns: J'ai une opinion personnelle et, si je
l'émettais, de façon vraiment claire, précise et vraiment
politique, je vous retournerais la question en vous demandant ce qui est advenu
des fonds de Régis Trudeau et ainsi de suite...
M. Lamontagne: Question de privilège, M. le
Président.
Est-ce que les fonds perçus de fournisseurs du gouvernement pour
les annonces dans ces journaux-là vont être remis à ces
fournisseurs, oui ou non?
Le Président: M. le ministre d'Etat à la
réforme électorale.
M. Lamontagne: Là, vous charriez!
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît! Revenons
au calme.
M. Lamontagne: ... remettre l'argent?
M. Burns: Est-ce que Régis Trudeau va remettre
l'argent?
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît! M. le
ministre d'Etat à la réforme électorale, à
l'ordre!
M. le chef de l'Union Nationale.
M. Gratton: M. le Président, une question
additionnelle.
M. Biron: M. le Président, hier, j'ai...
Le Président: M. le chef de l'Union Nationale.
Vous y reviendrez un autre jour, M. le député de Gatineau.
La période de questions se termine à 14 h 53 aujourd'hui et je
n'ai pas encore rejoint l'Union Nationale qui, hier, vous vous en souviendrez,
M. le député de Gatineau, a été privé,
à cause justement de la longueur de cette même question, d'une
question que j'avais à peu près promise.
M. le chef de l'Union Nationale.
M. Biron: M. le Président, sur cette...
M. Lavoie: Question de règlement. Je remarque
qu'aujourd'hui nous venons de terminer la deuxième question et que cela
fait à peine quinze minutes que nous avons commencé la
période de questions...
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Opposition
officielle, cela ressemble un peu à un appel de la décision que
je viens de rendre. Je vous souligne que la période de questions se
termine aujourd'hui à 14 h 53, donc plus tôt que les autres
jours.
Je vous souligne qu'hier précisément parce que
beaucoup de temps s'est écoulé sur cette question-là
il y a une formation politique, en l'occurrence le député
de Bellechasse, que j'avais promis de reconnaître l'instant
d'après et qui a été privé d'une question. Alors,
vous pourrez y revenir la prochaine fois, M. le leader parlementaire de
l'Opposition officielle, mais c'est cette même question qui a permis
d'écouler tant de temps hier.
M. le chef de l'Union Nationale.
M. Biron: Merci, M. le Président...
M. Gratton: Question de privilège.
Il ne s'agit pas de contester votre décision, mais je vous ferai
remarquer qu'hier au moment où effectivement on a passé un grand
nombre de minutes sur cette question, c'est à la troisième
question que nous l'avions posée, alors que l'Union Nationale avait
déjà posé une question. M. le Président, il ne
s'agit pas de se servir de ça aujourd'hui comme précédent.
Je pense qu'il faut être juste dans l'interprétation des
faits.
Le Président: M. le chef de l'Union Nationale.
Subvention à la Fédération des
producteurs de lait
M. Biron: Hier, j'avais posé une question au ministre de
l'Agriculture sur un cas de détournement de fonds par la
Fédération des producteurs de lait nature dans le but de
concurrencer illégalement les coopératives laitières au
Québec. Dans
ce but, la Fédération des producteurs de lait nature avait
formé une coopérative fantôme sous le nom de
Coopérative agricole québécoise de producteurs de lait
nature et lui avait fourni de l'argent provenant d'un fonds qui devait servir
exclusivement à la publicité, à la promotion et au
développement de nouveaux marchés.
Dans une ordonnance en date du 18 octobre 1978, la Régie des
marchés agricoles avait condamné cette pratique illégale
de la Fédération des producteurs de lait nature, obligé
celle-ci à récupérer les montants ainsi versés
à cette coopérative fantôme et a nommé un tuteur
pour administrer ce fonds. Cette décision de la régie a
finalement abouti devant le Conseil des ministres et celui-ci décidait
il y a peu de temps le ministre l'a confirmé hier de faire
un prêt de $900 000 à la coopérative fantôme pour
rembourser l'argent qu'elle avait détourné
illégalement.
Hier, le ministre a déclaré formellement qu'il n'y avait
aucun lien entre la Fédération des producteurs de lait et cette
coopérative fantôme. Alors, je voudrais savoir comment il se fait
que la Régie des marchés agricoles a déclaré, le 18
octobre dernier: "Les documents au dossier nous paraissent indiquer que la
Fédération des producteurs de lait a cru au départ qu'elle
pouvait directement participer à des transactions et acquérir des
laiteries, des actions dans des compagnies exploitant des laiteries, et qu'elle
a ensuite constaté les dangers de cette politique, possiblement suite
à l'avis de ses procureurs. C'est alors que l'on aurait d'abord voulu
former une compagnie de gestion et que l'on a ensuite opté pour une
société coopérative. De toute façon, il
apparaît évident que l'initiative de la formation de cette
coopérative est venue directement de la fédération."
Je termine en citant ce que la régie disait à la fin: "II
s'agissait donc évidemment de trouver ou de créer un organisme
qui pourrait légalement remplacer la fédération pour
atteindre les buts de cette dernière. C'est sans doute en ce sens que le
procureur de la Coopérative des producteurs de lait de Montréal
disait, lors de l'enquête, que la Société
coopérative québécoise ne constitue qu'un écran
devant les actions de la fédération, d'autant plus que cette
coopérative ne pourrait rien faire d'important sans avoir l'approbation
de la fédération."
Je voudrais savoir si c'est le ministre qui a raison ou si c'est la
Régie des marchés agricoles qui dit que la formation de la
coopérative n'est qu'un écran devant la Fédération
des producteurs de lait du Québec.
Le Président: M. le ministre de l'Agriculture. (14 h
30)
M. Garon: M. le Président, il est possible que, dans une
première phase, comme vous le mentionnez et comme on le dit dans le
jugement, il y ait eu des recherches par la Fédération des
producteurs de lait nature pour trouver une formule; directement ou
indirectement, c'est possible que cela ait été fait. Ce n'est pas
ce que j'ai dit hier. Je dis que nous sommes devant un fait où il y a
2000 producteurs environ, je ne me rappelle pas des chiffres. Je sais qu'ils
font du recrutement actuellement pour trouver des fonds additionnels
étant donné qu'une source d'approvisionnement en fonds a
été tarie. Nous sommes devant un fait où une
coopérative existe. Il y a environ 2000 membres qui y ont
adhéré volontairement le chiffre peut être plus ou
moins qui ont souscrit des sommes importantes. Je pense qu'ils ont
fourni, si ma mémoire est bonne, $500 chacun; ça pourrait varier.
Je dis ça sous réserve.
Actuellement, nous avons une entité juridique qui s'appelle une
coopérative qui, juridiquement, est constituée et existe comme
telle. C'est un fait. Qu'initialement un groupe syndical ait voulu former une
compagnie et ait pensé que c'était dangereux; cela montre, au
contraire, à quel point il n'a pas voulu utiliser une formule qui
était illégale.
Quand la Régie des marchés agricoles a dit que le
règlement en vertu duquel le syndicat avait versé des fonds est
un règlement illégal, c'est évident que c'est une
décision de la régie, et je pense qu'il ne faut pas
mélanger tout cela ensemble. Il ne faut pas mélanger le fait
qu'une coopérative qui a 2000 membres, qui est incorporée
légalement et qui existe, entre vous et moi quand 2000 personnes ont
adhéré à une coopérative librement, ont
signé des engagements de verser des fonds, je pense qu'on ne peut pas
faire autrement que de prendre cela comme un fait, simplement.
Le Président: M. le chef de l'Union Nationale.
M. Biron: M. le Président, je remarque que le ministre n'a
pas répondu à ma question. Je lui avais demandé si la
régie avait raison ou si c'était le ministre qui avait raison. Si
c'est la régie qui a tort, dites-le.
Le Président: A l'ordre s'il vous plaît. M. le
ministre de l'Agriculture, s'il vous plaît! M. le chef de l'Union
Nationale.
M. Biron: M. le Président, dans ce cas-là, si la
régie a dit que c'était illégal d'agir de cette
façon pour la Fédération des producteurs de lait nature,
de former en dessous un écran pour former une coopérative
fantôme, pourquoi avoir cautionné un geste que la régie a
déclaré illégal et inopportun? Là-dessus, je vais
citer, encore une fois, la même ordonnance de la régie un peu plus
loin, où on nous dit: "Après l'examen des témoignages et
des documents, la régie croit que l'utilisation des sommes
perçues en vertu du règlement imposant une contribution pour fin
de publicité, de promotion et de développement des marchés
en vue de l'établissement d'une troisième force pour
compétitionner les coopératives ou de prêts ou subsides
à la société coopérative québécoise
à cette fin n'est pas justifiée, ni sur le plan légal, ni
sur celui de son opportunité. La régie considère que
l'utilisation de la majeure partie de ces contributions n'est pas conforme aux
dispositions de la Loi, ni à
celle du plan conjoint que la Fédération est
chargée d'appliquer." La régie ajoute que "même si ces
activités étaient permises par la Loi, elle ne peut
considérer qu'il s'agit, dans le présent cas, d'une utilisation
des contributions qui soient d'intérêt général pour
les producteurs de lait ou de l'industrie, ni d'une action qu'il appartient
à un office de producteurs de poser."
Alors, je voudrais savoir pourquoi cautionner un tel geste, lorsque la
régie des marchés agricoles même a dit de rembourser
l'argent, puisque c'est illégal et c'est inopportun, même pour la
Fédération de producteurs de lait, de compétitionner les
coopératives.
Le Président: M. le ministre de l'Agriculture.
M. Garon: Un instant, un instant, je vous dirai ceci M. le
Président. Ceux qui ont renseigné le chef de l'Opposition
n'étaient peut-être pas au courant, mais il y a une demande de
révision de la décision de la régie devant le Conseil des
ministres, en vertu de l'article 13 de la Loi sur la mise en marché des
produits agricoles. C'est évident que je ne peux pas me prononcer
à ce moment-ci sur la décision de la régie. Est-ce que la
décision est correcte ou n'est pas correcte? Il y a un appel fait
légalement, en vertu de la Loi sur la mise en marché des produits
agricoles, tel que le permet la Loi. C'est évident que je ne peux pas
commencer à donner des opinions à ce moment-ci, avant que le
Conseil des ministres ait pris une décision là-dessus.
Le Président: ... Union Nationale.
M. Biron: M. le Président, si la décision est en
révision au Conseil des ministres et s'il n'y a pas eu de
décision de prise, pourquoi avoir décidé de prendre $900
000 des contribuables du Québec, des coopératives du
Québec pour subventionner une compagnie fantôme, une
coopérative qui a été déclarée
illégale, et même que c'est inopportun de faire cela? Pourquoi
avoir pris de l'argent des payeurs de taxes du Québec pour subventionner
l'illégalité?
Le Président: M. le ministre de l'Agriculture.
M. Garon: Tout simplement parce qu'une coopérative a
été constituée, des centaines, sinon des milliers
puisqu'on parle de 2000 producteurs y ont adhéré. Ils
pensaient bénéficier de subventions de la
Fédération des producteurs de lait nature, qui perçoit de
l'argent pour fins de publicité, développement de marché,
etc., en vertu de ses règlements et qui fait la publicité et la
promotion des produits laitiers. Elle a pensé que le
développement du marché pouvait inclure la subvention à
une coopérative pour son développement, coopérative qui
avait comme ambition de faire une concurrence plus forte dans le secteur
laitier. Non, ce n'est pas dur, mais je me demande comment le critique officiel
de l'Union National se retrouve dans tout cela parce que lui c'est ce
qu'il nous a toujours dit en commission parlementaire doit favoriser
cela d'une façon extraordinaire. Il s'est toujours battu contre le
monopole coopératif.
M. Dubois: Question de privilège, M. le
Président.
Le Président: M. le député de Huntingdon.
M. Garon: Alors, à ce moment-là, il arrive...
Le Président: M. le ministre de l'Agriculture... M. le
député de Huntingdon, brièvement, s'il vous plaît,
si vous voulez que votre collègue, le député de
Bellechasse, ait sa question.
M. Dubois: J'ai indiqué au ministre que j'étais
contre les cartels quand ces cartels sont supportés par des subventions
gouvernementales. Ce fut le cas de la Coopérative agricole de Granby,
qui a grossi par des subventions en achetant des entreprises privées.
C'est dans ce sens que je suis contre ce principe de cartels. Je n'ai jamais
dit que j'étais contre la société coopérative de
Granby. D'ailleurs, présentement, vous voulez la détruire; c'est
le cas actuel.
Le Président: M. le ministre de l'Agriculture.
M. Garon: Je trouve que cette façon, pour le gouvernement,
de détruire la Coopérative agricole de Granby, à qui il
vient d'accorder une subvention de $4 500 000, c'est une belle mort!
M. Dubois: ... présentement, c'est cela le
problème.
M. Garon: Ce que je dis simplement, c'est que cette
coopérative pensait pouvoir compter sur des subventions ou des fonds
octroyés comme la Fédération des producteurs de lait
nature en a déjà accordé à d'autres entreprises
pour leur permettre de développer des produits. La
fédération pensait pouvoir accorder des subventions à
cette coopérative pour des fins de développement de
marché. Et, dans le cadre de la loi 116, j'espère que cela vous
permet de voir que la Régie des marchés agricoles prend des
décisions, comme vous pouvez le voir, pour interpréter des
règlements, à savoir s'ils sont valablement ou
illégalement appliqués par les syndicats. Actuellement, la
Régie des marchés agricoles a dit que l'application du
règlement par la Fédération des producteurs de lait nature
était illégale. A ce moment-là, elle a interdit de verser
des subventions en vertu de ce règlement à moins que le
règlement soit modifié, éventuellement tel qu'il
existe. La régie a joué son rôle suite à une
plainte, à une requête, en disant que ce n'était pas
légal de verser des fonds en vertu de ce règlement.
Le Président: M. le ministre de l'Agriculture, puis-je
vous demander de tirer des conclusions?
M. Garon: Rapidement, oui. Ce qui arrive, c'est que la
Régie des marchés agricoles n'a pas dit que la coopérative
était illégale. La coopérative existe, elle a 2000
membres, elle a eu un financement important de la part de ceux qui y ont
adhéré sous forme de parts ordinaires ou de parts
privilégiées, et elle a besoin de fonds parce que cette source
temporaire est tarie. Le gouvernement, plutôt que de laisser tomber une
coopérative en faillite ou d'avoir inutilement des difficultés, a
préféré lui prêter de l'argent pour qu'elle puisse
fonctionner avec un prêt temporaire.
Le Président: M. le député de Bellechasse.
M. Biron: M. le Président...
Le Président: M. le chef de l'Union Nationale, vous
risquez de priver votre collègue de poser sa question.
M. Goulet: Question de règlement.
Le Président: M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Je vous avais bien dit hier que ma question
s'adressait au premier ministre. Etant donné que le premier ministre
n'est pas ici et que nous n'avons eu qu'une question hier, je vous demande de
reconnaître le chef de l'Union Nationale à ma place.
Le Président: M. le chef de l'Union Nationale.
M. Biron: Une question très brève au ministre.
Est-ce que le ministre ne reconnaît pas qu'avant même que le
Conseil des ministres ait jugé l'appel, lui, il subventionne une
coopérative fantôme et que la Régie des marchés
agricoles a dit: Cette coopérative ne peut rien faire d'important sans
l'approbation de la Fédération des producteurs de lait et de
l'UPA? Est-ce qu'il ne subventionne pas une coopérative
fantôme?
Le Président: M. le ministre de l'Agriculture.
M. Garon: Vous savez, la plupart des coopératives du
Québec n'ont pas commencé leurs activités avec 2000
membres et des fonds assez importants qui ont été versés
par les agriculteurs. C'est une réalité, il faut distinguer les
deux: l'existence d'une coopérative et le financement par une tierce
personne, qui est une fédération de producteurs; ce sont deux
choses différentes. (14 h 40)
La preuve, c'est que dans la fédération, il y a
près de 4700 membres et ce ne sont pas les 4700 membres qui y ont
adhéré. Alors, ce sont deux choses différentes. Le
député de Nicolet à moins qu'il doive repasser son
examen du Barreau doit savoir que ce sont deux entités juridiques
complètement différentes.
M. Fontaine: Ils sont obligés de payer $0.10, par
exemple.
Le Président: Le député de Mont-Royal.
Exploitation des trains de banlieue
M. Ciaccia: M. le Président, ma question s'adresse au
ministre des Transports. Le ministre des Transports s'est engagé
à poursuivre l'exploitation des trains de banlieue dans la région
de Montréal, pourvu que le gouvernement fédéral
transfère au Québec une somme de $50 millions pour remettre ces
trains en bon état. Or, le 26 janvier dernier, le gouvernement
fédéral s'est engagé, à la conférence des
maires de banlieue de Montréal, à transférer $62,8
millions au gouvernement du Québec, sur les quatre prochaines
années, pour la modernisation et l'exploitation de ces trains de
banlieue. Sur ces $62,8 millions, $32,8 millions venaient du programme
fédéral d'assistance au transport urbain et $30 millions venaient
de la contribution du gouvernement fédéral à l'extension
de l'autoroute Mirabel, à laquelle on ne procède pas
maintenant.
Est-ce que le ministre peut nous confirmer qu'il est maintenant
prêt à respecter les engagements qu'il a pris quant à
l'exploitation des trains de banlieue et à participer au déficit
de fonctionnement des trains de banlieue sur la base traditionnelle du
transport en commun?
Le Président: M. le ministre des Transports.
M. Lessard: Merci M. le Président. Il faut bien distinguer
entre les déclarations partisanes de M. Lalonde et les
télégrammes que je reçois de M. Otto Lang. M. le
Président, il est exact que j'ai reçu un télégramme
de M. Otto Lang, non pas pour me confirmer $62,5 millions ou $30 millions, mais
tout simplement pour me dire qu'il était prêt à former un
comité de fonctionnaires entre Transports Canada et Transports
Québec pour étudier toute cette question des trains de banlieue.
Donc, M. le Président, je me demande si je dois me fier, d'une part,
à M. Lalonde ou me fier à M. Otto Lang qui, lui, ne m'a encore
confirmé aucun montant d'argent à investir dans les trains de
banlieue.
De toute façon, M. le Président, à la suite des
déclarations de M. Lalonde et du télégramme que j'ai
reçu de M. Otto Lang, j'ai transmis une lettre à M. Otto Lang,
lui demandant des explications.
D'abord, premièrement, lorsque M. Lalonde parle des $62,5
millions qu'il serait prêt à transférer sur les trains de
banlieue, $62,5 millions, M. le Président, cela correspond exactement
à $12,5 millions par année; cela correspond à un quart de
mille de métro.
M. le Président, j'ai toujours dit que le programme d'aide au
transport urbain qui avait été annoncé par le gouvernement
fédéral, qui devait être un programme de $1 milliard en
1974, tel qu'annoncé par M. Jean Marchand, et qui est devenu un
programme de $262 millions, annoncé par M. Otto Lang après M.
Marchand et pour l'ensemble du Canada, j'ai toujours dit que ce programme ne
pouvait être utilisé pour les trains de banlieue parce qu'il
s'agit essentiellement d'un
vieux programme qui fonctionne depuis 1918 auquel on a donné un
nouveau nom et qui avait pour objectif de changer, en fait, les passages
à niveau ou de les déménager. Ce programme, M. le
Président, est utilisé depuis fort longtemps par le gouvernement
du Québec pour, justement, déménager les passages à
niveau, et cela au nom de la sécurité routière.
Le 10 avril 1978, j'ai indiqué à M. Otto Lang qu'il
n'était pas question d'utiliser cet argent qui est déjà
engagé par le gouvernement du Québec dans un secteur bien
spécifique.
En ce qui concerne, maintenant, les $30 millions concernant l'autoroute
13, M. le Président, je veux savoir de la part de M. Otto Lang s'il
s'agit d'argent neuf. Ou est-ce que, pour M. Otto Lang, et pour Lalonde plus
précisément, il s'agit tout simplement de prendre les $30
millions qui, d'ailleurs, sont notre argent, parce que cet argent, M. le
Président, a été véritablement, je dirais
littéralement volé par le gouvernement fédéral,
parce qu'il s'agit le ministre des Finances pourrait donner des
explications d'un fonds de $150 millions qui a été
gelé par le gouvernement fédéral pour les étudiants
au secondaire, je pense. Or, on a accepté de transférer cela sur
l'autoroute 13, pour autant que le gouvernement fédéral prenait
une décision concernant Mirabel.
Etant donné que le gouvernement fédéral retarde la
décision concernant le transfert des vols de Mirabel je termine,
M. le Président nous sommes prêts à négocier,
à discuter avec le gouvernement fédéral le transfert des
$30 millions vers les trains de banlieue mais pour autant, M. le
Président, que, lorsque le gouvernement fédéral prendra
une décision sur le transfert des vols de Dorval à Mirabel et que
lorsqu'il nous imposera... M. le Président, je termine...
Le Président: S'il vous plaît!
M. Lessard: Lorsqu'il nous imposera l'obligation de construire
l'autoroute 13, il remettra ces $30 millions sur la construction de l'autoroute
13.
Le Président: M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Est-ce que je peux référer le ministre
à une déclaration qu'il a faite le 12 octobre? Je le cite
à la page 3004 du journal des Débats. Il dit: A moins qu'Ottawa
accepte de nous transférer l'argent nécessaire pour remettre en
état ces trains de banlieue qui nous coûteraient $50 millions.
Premièrement, est-ce que le ministre peut nier, sur les premiers fonds
auxquels il a fait référence, les $62 millions sur le programme
fédéral, qu'il n'a utilisé que $30 millions de ce montant
et que $32 millions ne sont pas utilisés et qu'ils sont disponibles pour
être utilisés pour le train de banlieue? Deuxièmement,
est-ce que le ministre essaie de nous dire que, avec les $30 millions que le
gouvernement a pour l'autoroute de Mirabel, le gouvernement du Québec va
insister pour que l'autoroute de Mirabel soit construite maintenant et va
priver les gens qui peuvent utiliser les trains de banlieue de ces montants qui
pourraient être utilisés soit pour la rénovation, soit pour
les frais d'exploitation de ces trains de banlieue?
Le Président: M. le ministre des Transports,
brièvement, s'il vous plaît.
M. Lessard: M. le Président. Je pense que le
député n'a pas encore compris. Les $62 500 000 sont un montant
d'argent qui a été diminué considérablement. Ce
montant d'argent avait été prévu pour le programme qui a
changé de nom, le programme d'aide au transport urbain. Ce programme
devait se faire sur une période de cinq ans, M. le Président.
Nous avons soumis cette année un programme au gouvernement
fédéral pour continuer ce programme. Or, vous savez que le
gouvernement fédéral, à la suite des coupures, a
diminué ces $12 500 000 annuellement à $3 500 000. Quant à
nous, M. le Président, nous avons des programmes qui sont
déjà engagés; nous sommes prêts à les
soumettre au gouvernement fédéral et les $62 500 000 sont
déjà engagés par le gouvernement du Québec. Il ne
s'agit aucunement... Ils sont déjà engagés dans le sens
que nous avons des programmes pour concrétiser ces $62 500 000, M. le
Président.
En ce qui concerne les $30 millions, nous ne refusons pas de les
transférer parce que l'autoroute 13 nous a été
indirectement imposée par le gouvernement fédéral mais
à une condition précise, le transfert des vols internationaux de
Dorval vers Mirabel. Nous ne refusons pas de négocier sur ces $30
millions, en tout cas comme ministre des Transports, parce qu'il est exact que
nous ne prévoyons pas à brève échéance la
terminaison ou le prolongement de l'autoroute 13. Cependant, nous disons, par
exemple, puisque c'est notre argent, que lorsque le gouvernement
fédéral voudra nous imposer, à la suite des
décisions concernant Mirabel, la construction d'une autoroute 13, il
devra mettre de l'argent à ce moment-là sur l'autoroute 13.
Le Président: M. le député de
Nicolet-Yamaska.
Ouverture de la côte Gilmour
M. Fontaine: Merci, M. le Président. Ma question s'adresse
également au ministre des Transports et je pense que la réponse
va être beaucoup plus rapide que l'autre. Elle concerne
l'itinéraire suivi par le premier ministre Raymond Barre en fin de
semaine. Nous avons appris que le ministre des Transports avait permis
l'ouverture et l'enlèvement de la neige jusqu'à l'asphalte dans
la côte Gilmour sur le site fédéral des plaines d'Abraham
pour laisser passer le premier ministre de la France. On nous informe qu'il y a
deux chasse-neige, une sableuse, une pelle mécanique, une niveleuse et
au moins huit hommes, M. le Président, qui travaillent dans cette
côte depuis lundi. Est-ce que le ministre des Transports pourrait nous
dire combien il va en coûter aux contribuables
québécois
pour faire ce déneigement, combien de fois le premier ministre de
la France va passer dans cette côte et, également, si cette
côte va être maintenue en bon état pour le public
après le passage du premier ministre?
Le Président: M. le ministre des Transports. (14 h 50)
M. Lessard: M. le Président, je ne voudrais pas être
mesquin et rappeler au député de Nicolet-Yamaska de l'Union
Nationale que la visite de M. de Gaulle, en 1967, a coûté $8
millions au Québec. Mais je ne reproche pas à l'ancien premier
ministre du Québec, M. Johnson, d'avoir accueilli M. de Gaulle ici.
D'ailleurs, c'est ce qui explique en partie, en tout cas, le réveil des
Québécois.
M. le Président, j'écoute certaines émissions de
radio, depuis quelques jours, concernant justement l'ouverture de la côte
Gilmour. Je me demande, s'il s'agissait de la reine d'Angleterre, si on ferait
autant de bruit. Il ne faudrait quand même pas être mesquin.
J'explique, M. le Président. C'est à la demande de la
Sûreté du Québec et du ministère des Affaires
intergouvernementales que j'ai jugé normal que le ministère des
Transports décide d'ouvrir la côte Gilmour. Pourquoi? Parce que
nous avons d'abord la visite du premier ministre de France au cours de la fin
de semaine. Je pense que c'est de la grande visite, même si ce n'est pas
le président américain. D'autre part, les festivités du
Carnaval vont amener la fermeture de toutes les rues du Vieux-Québec.
Or, nos hôtes logeront au Château Frontenac, on ne peut les obliger
à marcher à pied, on n'aura pas cette mesquinerie. Est-ce que nos
hôtes vont devoir passer à travers les rues du Vieux-Québec
pour se diriger vers le musée du Québec qui est situé sur
les plaines d'Abraham? Nous avons donc jugé que le meilleur des parcours
serait le boulevard Champlain, qui est juste en bas du Château Frontenac,
et ensuite, la côte Gilmour.
Combien cela va-t-il nous coûter? D'abord, comme l'a dit le
député, il y a du monde qui travaille, des emplois ont
été créés.
M. Marchand: Est-ce que c'est dans le programme...
M. Lessard: Deuxièmement, cela va nous coûter,
figurez-vous, même pas l'arbre de Noël que vous avez envoyé
en France, et lorsqu'il est arrivé à Paris il n'avait même
plus de branches. Cela va nous coûter $3500, M. le Président. Je
suis sûr en terminant que tous les Québécois
seront fiers, au cours de la fin de semaine, de recevoir le premier ministre de
la France.
Le Président: Fin de la période de questions.
M. Fontaine: M. le Président, sur une question de
privilège.
Le Président: Sur une question de privilège, M. le
député de Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Très brièvement, M. le
Président, je soulève une question de privilège. Le
ministre a laissé entendre que l'Union Nationale serait contre la visite
du premier ministre Barre ici au Québec. C'est tout à fait
inexact. Je voudrais rectifier cette situation. Nous ne sommes pas contre cette
visite, mais nous voudrions qu'elle se fasse dans les règles et avec le
moins de dépenses possible. Voilà ce qu'on demande.
Des Voix: Très bien.
M. Guay: M. le Président.
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. le député de Taschereau, je sais que vous avez
multiplié les tentatives pour vous faire reconnaître aujourd'hui.
J'essaierai à la prochaine occasion de vous reconnaître, ce qui
n'a malheureusement pas été possible aujourd'hui. Si vous voulez
intervenir sur une autre question, vous avez la parole.
M. Guay: M. le Président, sur une question de
règlement, mais, très respectueusement, je vous remercie de
manifester l'intention que vous me reconnaîtrez au début de la
semaine.
Je voulais simplement vous faire remarquer, encore une fois bien
respectueusement, que, durant les trois périodes de questions que nous
avons eues cette semaine, le parti ministériel a eu, si je ne m'abuse,
exactement une question et je vous le signale, parce que, dans l'ensemble, il
me semble que nous avons également des questions à poser.
J'aimerais bien que nous puissions le faire, en tout cas la semaine
prochaine.
Le Président: Si vous me permettez une réplique, M.
le député de Taschereau, en tout humour, je tiens
généralement compte aussi de la longueur des réponses des
ministres.
Je voudrais maintenant, pour donner la chance à un autre ministre
qui voudrait apporter un complément d'informations à une question
qui a été posée avant-hier, céder la parole
et on excède encore une fois le temps alloué à la
période des questions à M. le ministre des Terres et
Forêts.
Jugement sur la réserve des trois
chaînes
M. Bérubé: Merci, M. le Président, de me
reconnaître, ce que vous n'avez pu faire hier, malheureusement. En fait,
c'est en rapport avec une question du député de Beauce-Sud qui a
mis en doute une réponse que j'avais donnée concernant
l'amendement à la loi des trois chaînes et concernant en
particulier son effet rétroactif.
En effet, M. le Président, je pense qu'il convient de signaler
qu'en 1919, le gouvernement s'interdisait le droit de vendre une bande de terre
de 198 pieds le long des lacs non navigables et non flottables. Pourquoi non
navigables et non flottables? Parce que les flottables et navigables
relevant d'Ottawa, cela créait à nouveau un autre conflit
juridictionnel comme ceux que l'on connaît.
Il y a un problème d'interprétation, cependant, à
savoir si cette interdiction est rétroactive et le député
de Beauce-Sud a dit: "Le ministre a cité, tout à l'heure dans sa
réponse, que la loi de 1919 disait: a été".
C'est-à-dire que je signalais ce caractère rétroactif.
"J'aimerais demander au ministre, lui suggérer de relire la loi
textuelle. Ce n'est pas dans la loi de 1919 qu'on a dit: "a été",
c'est dans la loi de 1969, alors qu'on a ajouté un paragraphe à
la Loi des Terres et Forêts."
D'ailleurs, le député de Beauce-Sud concluait: "J'ai
étudié suffisamment ce dossier et ce n'est pas tout de le dire,
il faut le prouver; que le ministre le prouve."
Il me fait plaisir aujourd'hui de lire l'article 2252 des Statuts
refondus de 1909, qui étaient en vigueur à l'époque, et
qui se lisait ainsi: "Les ventes et octrois gratuits des terres de la couronne
sont et ont été, depuis le 1er juin 1884, sujets à une
réserve, pour fins de pêche, de trois chaînes, en profondeur
des terres bordant les rivières et les lacs non navigables de la
province."
Et, en 1919, ce Parlement amendait cette loi et disait: "L'article 2252
des Statuts refondus de 1909 est amendé en remplaçant les mots
"pour fins de pêche", dans la troisième ligne, par les mots "en
pleine propriété en faveur de la couronne".
Par conséquent, en 1919, on pouvait relire cet article de la
façon suivante: "Les ventes et octrois gratuits des terres de la
couronne sont et ont été, depuis le 1er juin 1884, sujets
à une réserve en pleine propriété en faveur de la
couronne."
Je pense que j'ai prouvé, M. le Président.
Le Président: Une question, M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: Une courte question de privilège, M. le
Président. C'est un débat juridique qui est d'ailleurs devant les
tribunaux et les avocats et les procureurs ne s'entendent même pas.
Il est bien dit, dans le jugement que le juge a rendu public et
je pense que c'est une nuance qui est bien importante qu'il n'y avait
pas eu de spécificité bien directe dans l'amendement de 1919 pour
rendre rétroactif le nouveau pouvoir que se donnait la loi. Je tenais
à faire cette précision.
Le Président: Fin de la période de question.
Motions non annoncées.
Nous en sommes aux motions non annoncées.
M. le ministre des Transports.
M. Lessard: M. le Président, si vous me le permettez, je
voudrais faire motion pour que l'Assemblée nationale demande au ministre
fédéral M. Otto Lang d'annuler la décision de
congédier les six étudiants francophones de l'Institut de
formation de Transports Canada à Cornwall, ce qui a pour effet de les
priver éventuellement d'emplois.
M. le Président, si on me le permet... (15 heures)
Le Président: Y a-t-il consentement à la
présentation de cette motion?
Des Voix: Non.
Des Voix: Oh, oh!
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît! A
l'ordre!
Enregistrement des noms sur les votes en suspens.
Question de privilège
Système métrique et coût
d'immatriculation des véhicules
A l'ordre, s'il vous plaît! Je voudrais maintenant, avant
d'aborder à l'ordre, s'il vous plaît les affaires du
jour, donner lecture d'un avis qui m'a été communiqué dans
les délais requis. "M. le Président, conformément à
l'article 49, paragraphe 1, de notre règlement, je désire vous
faire part de mon intention de soulever cet après-midi une question de
privilège après les affaires courantes et avant que ne
débutent les affaires du jour. Cette question de privilège a
trait aux interventions relatives à une prétendue taxe
déguisée concernant les coûts d'immatriculation,
période des questions d'hier, mercredi le 7 février 1979". C est
signé du ministre des Finances.
M. le ministre des Finances, je vous rappelle qu'en vertu des
dispositions de notre règlement normalement une telle question de
privilège, s'il y a lieu, doit être soulevée
immédiatement après que les paroles ont été
prononcées. Je voudrais que vous m'expliquiez en vertu de quoi il y a eu
ce délai.
M. Marchand: M. le Président...
M. Parizeau: M. le Président...
Le Président: M. le député de Laurier.
M. Marchand: ... puis-je avoir une directive? Je pense que la
question de privilège que le ministre veut soulever aurait dû
être faite hier après-midi. M. le Président, je voudrais
tout simplement vous dire une chose. Il aurait pu répondre à la
question; il aurait pu donner des informations supplémentaires en
répondant aux questions afin de nous donner la chance de répondre
à la question de privilège qu'il veut soulever aujourd'hui. Sans
cela, on n'a pas la chance de répondre.
Le Président: M. le député de Laurier,
normalement, une question de privilège ne doit pas soulever de
débat. M. le député de Laurier, s'il vous plaît.
Généralement, ce que j'ai accepté depuis presque toujours,
c'est que, quand on soulevait un
débat, des faits nouveaux, j'interprétais cela comme un
complément de réponse plutôt qu'une question pure et simple
de privilège. Mais encore faudrait-il, M. le député de
Laurier, entendre le ministre des Finances sur sa question de privilège.
M. le ministre des Finances.
M. Parizeau: M. le Président, je devais d'abord
vérifier la transcription du débat hier pour saisir si, vraiment,
on m'accusait d'avoir imposé une taxe déguisée de $10
millions. C'est une accusation qui est assez sérieuse et je tenais
à vérifier la transcription. Deuxièmement, il y a un
certain nombre de vérifications sur la traduction métrique des
livres en kilos que je voulais faire mais que je ne pouvais pas avoir avant ce
matin. C'est la raison pour laquelle c'est la première occasion que j'ai
de soulever la question de privilège.
M. Lavoie: M. le Président...
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Opposition
officielle.
M. Lavoie: Très brièvement, je pense que si nous
lisons l'article 48 et toute la philosophie de la question de privilège,
la question de privilège est soulevée à l'Assemblée
par un député en tant que tel et non pas comme ministre. Un
député, comme parlementaire, dont la réputation, l'honneur
est attaqué. Ce n'est pas le fait qu'on discute des politiques du
gouvernement ou de la taxation que cela devient une question de
privilège. Parce qu'on va en avoir régulièrement, M. le
Président. C'est dans sa personne...
Le Président: M. le leader. M. le ministre des
Finances.
M. Parizeau: M. le Président, en tant que
député de l'Assomption...
Une Voix: Bravo!
M. Parizeau: ... je n'aime pas particulièrement qu'on
m'accuse, dans l'exercice de mes fonctions, d'avoir établi une taxe
déguisée de $10 millions. Le mot "déguisée" a un
sens! Cela veut dire cachée. Est-ce que j'ai quand même la
possibilité de rectifier les faits et de protester contre une
accusation? Tout de même!
M. Lavoie: J'aurais une directive à vous demander.
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Opposition
officielle.
M. Lavoie: Vous êtes le premier à remarquer que,
à plusieurs reprises, il y a des abus de questions de privilège.
Vous l'avez dit fréquemment. Si le ministre des Finances, lors du
dépôt du budget, prévoyait un revenu, un poste quelconque
de $100 millions, et si, dans le courant de l'année, l'Opposition
s'apercevait qu'il y a $125 millions, est-ce que cela voudrait dire que, si on
disait qu'il y a une taxe déguisée il y aurait une question de
privilège, M. le Président? Si cette taxe sur les
véhicules automobiles rapporte $10 millions de plus?
Le Président: Je suis bien d'accord avec vous, M. le
leader de l'Opposition officielle. S'il y a un aspect du règlement que
je voudrais bien voir changer, c'est de restreindre davantage toute la
réglementation autour de la permission qui est accordée de
soulever comme cela, à propos de tout et de rien, des questions de
privilège. Mais si je me base quand même sur l'expérience
passée, la générosité dont a toujours fait
état la présidence à cet égard et tous les
précédents, je pense que, puisqu'on a parlé, suivant les
propos du ministre des Finances, de taxe déguisée, il est assez
normal que le ministre des Finances, en tant que député de
l'Assomption, puisse s'exprimer là-dessus.
M. Mailloux: M. le Président...
Le Président: M. le député de
Charlevoix.
M. Mailloux: ... je ne voudrais d'aucune façon
empêcher le ministre des Finances de s'expliquer sur les affirmations qui
ont été faites hier. Je voudrais vous demander, comme vous avez
vous-même mis en doute la possibilité que ce soit une question de
privilège, s'il ne nous serait pas au moins permis, à la suite de
ce que dira le ministre des Finances, de poser de courtes questions si on en
jugeait le besoin.
Le Président: C'est ce que j'ai expliqué tout
à l'heure, M. le député de Charlevoix. J'entendrai le
ministre des Finances. Généralement, quand il s'agit simplement
de rétablir des faits, ce ne doit pas appeler d'autres réponses,
mais, quand il y a des faits nouveaux qui sont soulevés, on la convertit
généralement en complément de réponse pour
permettre une question supplémentaire.
M. Bellemare: M. le Président, est-ce que vous pourriez
relire, comme nous l'avons fait, l'article 81 de notre règlement avant
d'accorder la question de privilège?
Le Président: M. le ministre des Finances. M. Jacques
Parizeau
M. Parizeau: M. le Président, hier, le
député de Charlevoix a affirmé ce qui suit: "Tantôt,
le ministre des Transports a fait fi un peu de la question de mon
collègue quant au parc de véhicules de promenade, mais je sais
que la moyenne de l'augmentation quant au métrique se situe à
environ $3 pour le parc de 3 000 000 de véhicules. C'est une taxe
déguisée d'environ $10 millions, alors que le ministre des
Finances avait déclaré l'an passé que, lors de la
conversion, ce serait une fraction de décimale qui serait en cause." Fin
de la citation. Première rectification de fait, M. le Prési-
dent. Ma déclaration à laquelle le député de
Charlevoix a fait allusion avait trait à la transformation au
système métrique de la taxe sur l'essence et pas du tout sur
l'immatriculation. J'ai le droit de rectifier, je pense. Pour ce qui a trait
à l'immatriculation des véhicules de promenade, les droits
étaient établis de la façon suivante. $1 par 100 livres
jusqu'à 3000 livres, $2 par 100 livres sur l'excédent de 3000
livres jusqu'à 4000 livres et $3 par 100 livres sur l'excédent de
4000 livres. La conversion de livres en kilogrammes s'est faites sur la base de
45 kilogrammes par 100 livres. Or, l'équivalence exacte est de 45,36
kilos par 100 livres. Pour la plupart des catégories de poids de
véhicules, cela n'a pas d'importance et les droits d'immatriculation
restent les mêmes. Mais, pour les véhicules qui pèsent
entre 3000 et 3200 livres, l'arrondissement à 45 kilos entraîne
une hausse des frais d'immatriculation de $2 entre 3000 et 3200 livres. Pour
les véhicules qui pèsent entre 4000 et 4300 livres, la hausse des
frais est de $3. L'augmentation des recettes gouvernementales due à ces
deux catégories de véhicules représente environ $1 500
000. Ce n'est pas $10 millions.
D'autre part, pour bien indiquer à quel point le trésor
public ne cherche pas à imposer des taxes déguisées par le
truchement de l'immatriculation, je signale que, pour 1979, les frais de $1
demandés à chaque propriétaire de véhicule qui va
chercher son immatriculation dans une caisse populaire ont été
retirés et c'est le gouvernement qui assumera ces frais. C'est ainsi
qu'au moins $2 millions seront rendus aux contribuables. On conviendra, M. le
Président, que les chiffres cités par le député de
Charlevoix sont très éloignés de ceux que je viens de
communiquer.
Des Voix: Bravo!
Le Président: M. le ministre des Finances, dans la
première partie de votre réponse, vous vous contentiez
manifestement de rétablir des faits et, à ce moment-là, je
n'aurais pas autorisé de question supplémentaire. Mais je pense
que, dans la seconde partie, cela devient en quelque sorte un complément
de réponse à des questions qui ont été
formulées hier adressées plutôt au ministre
des Transports. Suivant la règle habituelle, je vais permettre au
député de Charlevoix une question. (75 h 10)
M. Mailloux: M. le Président, je ne pense pas
élargir le débat. Je dois prendre la parole du ministre quand il
dit que, pour faire référence aux décimales dont il
parlait, je devrai forcément revoir le journal des Débats pour
relire l'allusion qu'il a faite à la fraction de décimale quant
à l'immatriculation. Cela me prendra sûrement quelques jours avant
de rétablir ces faits. La seule question ou observation que je voudrais
faire au ministre, c'est la suivante: Quand il a arrondi les chiffres de
l'augmentation sur des véhicules de 3500 livres et plus et qu'il s'est
limité à $1 million, je laisserai aux contribuables
québécois qui immatriculeront leur véhicule
américain, de jour en jour, le soin de voir si, à la fin, cela
totalisera les sommes que le ministre des Finances vient d'avancer.
M. Marchand: M. le Président... Le Président: M. le
député de...
M. Marchand: ... j'ai quand même une question de
privilège à ce moment-ci.
Le Président: M. le député de Laurier, votre
question de privilège.
M. Marchand: Question de privilège, M. le
Président. Comme je suis celui qui a parlé du coût de $10
millions et qu'il y a trois millions d'automobiles au Québec avec une
moyenne d'augmentation de $2 à $3 par véhicule, en plus des
camionneurs, je maintiens, M. le Président, ce que j'ai dit et je pense
que c'est un sujet de débat. Je pense qu'à la prochaine session,
si le ministre des Finances veut faire un débat sur l'augmentation
frauduleuse et hypocrite de $10 millions, je continuerai à la
maintenir.
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît! M. le
ministre des Finances.
M. Parizeau: M. le Président, plutôt que de
s'embarquer dans ce débat je l'avouerai franchement ridicule
qui vient d'être soulevé par le député de
Laurier, je dépose simplement, poids par poids...
M. Marchand: Voulez-vous en discuter?
M. Parizeau: ... les droits qui sont applicables à chacune
des catégories de véhicule. Je le dépose en deux copies
selon l'habitude.
Demande de débat d'urgence sur le différend entre
producteurs de lait
Le Président: Maintenant A l'ordre, s'il vous
plaît! A l'ordre, s'il vous plaît je dois communiquer
à cette Assemblée la teneur d'un avis qui m'a été
signifié dans les délais requis par notre règlement:
"Québec, le 8 février 1979. M. le Président,
conformément à l'article 78 du règlement, je désire
vous aviser que je proposerai que soit tenu immédiatement un
débat pour discuter une affaire déterminée et importante
de la compétence de l'Assemblée et dont l'étude s'impose
d'urgence: "le conflit qui s'amorce entre les coopératives
laitières et les fédérations de producteurs de lait nature
et de lait industriel suite, entre autres, à la décision de la
Coopérative agricole de Granby de cesser de retenir sur les paies de
lait la contribution des producteurs pour la Fédération des
producteurs de lait industriel à compter des livraisons du 1er
février 1979". Veuillez agréer, M. le Président,
l'expression de mes sentiments distingués". C'est signé du chef
de l'Union Nationale et député de Lotbinière, Rodrigue
Biron.
M. le chef de l'Union Nationale, brièvement,
s'il vous plaît, sur cette motion pour débat d'urgence, en
vous conformant, je l'espère, rigoureusement au règlement.
M. Rodrigue Biron
M. Biron: M. le Président, je voudrais, tout simplement,
vous demander de recevoir cette motion demandant un débat d'urgence. Je
vais me contenter, tout simplement, de prendre le règlement et de vous
dire les cinq raisons pour lesquelles vous devriez l'accepter, et très
brièvement.
D'abord, une affaire déterminée et importante,
c'est-à-dire d'intérêt public. Je pense bien qu'un conflit
entre des sociétés coopératives agricoles et le
syndicalisme agricole, c'est important et c'est véritablement
d'intérêt public lorsqu'on connaît l'importance des
coopératives agricoles et l'importance du syndicalisme agricole chez
nous, particulièrement pour les producteurs agricoles qui sont en
même temps propriétaires de leur coopérative agricole et
membres de leur syndicat agricole chez eux. La première raison, je pense
bien, c'est une affaire déterminée et importante,
c'est-à-dire d'intérêt public. Vous devrez
reconnaître avec moi qu'un conflit entre ces deux organismes, c'est
véritablement important, c'est déterminé, c'est
d'intérêt public.
Une affaire qui tombe maintenant sous la responsabilité
administrative du gouvernement, la deuxième raison. Je pense bien
qu'étant donné que le gouvernement lui-même a permis la
fondation des coopératives agricoles au Québec, a permis la
fondation du syndicalisme agricole et fait en sorte que des lois puissent
régir à la fois le syndicalisme agricole et les
coopératives agricoles du Québec, c'est véritablement une
affaire qui tombe sous la responsabilité administrative du gouvernement
du Québec, d'autant plus que c'est la Régie des marchés
agricoles, qui est un organisme du gouvernement, qui doit voir au bon
fonctionnement, aux bonnes relations entre les deux organismes
différents, soit les coopératives et le syndicalisme.
Une affaire qui doit être étudiée d'urgence. C'est
une décision qui a été prise le 1er février,
à l'occasion d'une réunion des coopérateurs, et qui a
été communiquée hier aux membres des coopératives.
C'est une décision qui pourrait même être illégale et
aller à l'encontre d'une loi du gouvernement du Québec. La
décision, c'est l'arrêt. Cette décision de
l'assemblée générale du 25 janvier a été
communiquée aux membres hier. La coopérative doit cesser la
retenue de $0.025 pour le plan conjoint administré par la
Fédération des producteurs de lait industriel.
Je veux tout simplement vous citer ce que la coopérative de
Granby écrit à ses membres en date du 1er février. Les
membres l'ont reçue hier. "L'assemblée générale n'a
pu accepter non plus la façon dont la Fédération des
producteurs de lait industriel a traité et continue de traiter les
producteurs de lait industriel, membres de coopératives en très
grande majorité, en voulant mettre sur pied, de concert avec l'autre
fédération, une agence de commercialisation qui nie d'un bout
à l'autre le statut particulier de propriétaires usagers des
coopérateurs. Il est inconcevable que seule la philosophie syndicale de
la mise en marché, philosophie basée essentiellement sur la
négociation entre acheteurs et vendeurs, soit uniquement celle reconnue
par la loi, alors qu'un groupe important de producteurs ont
dépassé cette étape en étant sociétaires de
coopératives produisant, transformant et vendant alors eux-mêmes
leurs produits le plus près possible des consommateurs."
La lettre se termine par ceci: "Une chose est certaine cependant, la
coopérative ne fera plus cette retenue sur les paies de lait à
compter des livraisons du 1er février 1979, suite à la
décision de l'assemblée générale, et
deuxièmement, la coopérative continuera de percevoir de ses
membres les $0.05 pour la publicité, mais elle versera dorénavant
ces sommes directement au Bureau canadien des produits du lait sans passer par
la Fédération des producteurs de lait industriel du Québec
parce qu'on n'a plus confiance."
Le Président: S'il vous plaît.
M. Biron: M. le Président, je veux tout simplement vous
dire que c'est une affaire qui doit être étudiée d'urgence.
C'est arrivé hier chez nos producteurs. Quatrièmement, c'est une
affaire qui ne peut être discutée dans un délai
raisonnable. Il y a les périodes de questions, mais il n'y en a pas
assez pour vider la question. Il y a les motions du mercredi. Vous savez que la
session va se terminer la semaine prochaine. Il n'y aura pas de question avec
débat. Je pense bien que c'est important. Je veux citer, en terminant,
justement, une partie d'une ordonnance d'une enquête de la Régie
des marchés agricoles qui va vous dire que le conflit était
latent il y a déjà quelques mois, et qu'il a explosé avec
cette décision. M. le Président...
Le Président: Oui. M. le chef de l'Union Nationale, je
vous rappelle le règlement à cet égard. Il dit qu'on doit
se contenter de présenter la motion. On ne peut pas s'éterniser
là-dessus. Je suis généralement assez large,
peut-être trop, et c'est ce qui fait qu'on en profite, parce qu'on
devrait permettre simplement la présentation de la motion pour la
déclarer recevable. Je trouve que vous entrez un peu trop sur le fond.
Je vous demande de tirer les conclusions.
M. Biron: Je tire les conclusions, M. le Président, parce
qu'il y a un conflit, à l'heure actuelle, entre les coopératives
agricoles et l'Union des producteurs agricoles et de ses
fédérations. L'Union des producteurs agricoles a formé une
coopérative fantôme pour concurrencer les autres
coopératives. D'un autre côté, les coopératives
veulent former leur plan conjoint pour concurrencer le syndicalisme agricole.
C'est nous qui réglons cela. Je vous cite quatre lignes en terminant:
"II nous semble que certaines des inter-
ventions faites par des producteurs au cours des audiences doivent bien
refléter le sentiment d'un très grand nombre d'entre eux qui ont
vu une bataille entre centrales, sinon une inutile guérilla
légale, la longue série d'audiences, la nature...
Le Président: M. le chef de l'Union Nationale, si vous
persistez à entrer sur le fond, désormais, vous allez m'amener
à prendre des décisions beaucoup plus rigoureuses en ce qui
concerne les motions d'urgence.
M. Charron: M. le Président.
Le Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement.
M. Charron: Brièvement, en vertu de l'article 78.2...
Le Président: M. le leader parlementaire du gouvernement,
je regrette, mais sur des motions... A l'ordre, s'il vous plaît! M. le
leader parlementaire du gouvernement......A l'ordre, s'il vous plaît! M.
le député de Joliette-Montcalm, s'il vous plaît!
M. le chef de l'Union Nationale, je vous demande de conclure
immédiatement. M. le leader parlementaire du gouvernement, je vais vous
souligner qu'en la matière je ne permets généralement pas
de plaidoirie, pour épargner le temps de l'Assemblée.
M. Biron: Je vous dis que, pour mettre de l'ordre dans cette
guérilla entre les coopératives et la Fédération
des producteurs de lait ou l'UPA, il faudrait qu'on ait un débat
d'urgence aujourd'hui pour aider le gouvernement à prendre de bonnes
décisions dans le domaine.
Décision du président
Le Président: M. le chef de l'Union Nationale, je vous
sais gré de m'avoir fait tenir dans des délais qui m'ont permis
d'étudier votre requête votre avis de demande de débat
d'urgence. Je vais vous dire immédiatement que je me vois dans
l'obligation de refuser que soit tenu ce débat d'urgence, pour les
mêmes motifs qui m'ont incité à faire de la sorte lors de
la présentation, il y a deux jours, d'une motion du député
de Portneuf, et pour des motifs additionnels également. D'abord, je me
dois encore dans ce cas de tenir compte des responsabilités
administratives du gouvernement, alors que nous sommes en toute fin de session,
de votre propre aveu d'ailleurs vous m'avez appris que la session se
terminerait la semaine prochaine et qu'aujourd'hui, en particulier, ce
n'est pas un mercredi, ce n'est pas une journée consacrée aux
motions des députés, mais un jeudi, journée
consacrée prioritairement à la législation
gouvernementale. (15 h 20)
D'autre part, comme deuxième argument, le texte que le chef de
l'Union Nationale m'a fait parvenir évoque un conflit qui s'amorce. Or,
il n'est pas dans l'habitude de l'Assemblée nationale d'étudier
d'urgence les situations conflictuelles qui ne font que débuter ou
encore qui sont en train de s'amorcer. Il faut tout d'abord et c'est
là le sens de la jurisprudence constante laisser les
mécanismes normaux de règlement des conflits fonctionner. C'est
dans ce sens que plusieurs décisions ont été rendues.
Ainsi, la présidence a déjà refusé la tenue d'un
débat d'urgence dans le cas d'une grève générale
des employés de l'Hydro-Québec, étant donné que la
grève n'avait débuté que depuis 48 heures. C'est une
décision du 7 novembre 1972.
Une décision dans le même sens, une décision
analogue a été rendue le 1er novembre 1974 et enfin c'est
peut-être l'argument le plus important on n'a jamais permis la
tenue d'un débat d'urgence lorsque s'offrait une occasion prochaine de
discuter du sujet. Or, l'Assemblée étudie présentement en
deuxième lecture un projet de loi du ministre de l'Agriculture qui porte
sur la mise en marché des produits agricoles. Je crois qu'à
travers les règles qui s'appliquent quant à la pertinence lors
d'un débat en deuxième lecture on pourra trouver suffisamment de
latitude pour évoquer le problème dont parle aujourd'hui le chef
de l'Union Nationale.
Pour ces raisons, je dois juger votre requête irrecevable.
Aux affaires du jour, M. le leader parlementaire du gouvernement.
M. Charron: Aux affaires du jour, je rappellerai d'abord à
mes collègues...
Travaux parlementaires
M. Cordeau: En vertu de l'article 34, M. le Président.
Le Président: En vertu de l'article 34, M. le
député de Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Pour le bénéfice des parlementaires et
des maires du Québec, j'aimerais demander au leader s'il pourrait nous
informer des intentions du ministre des Affaires municipales concernant les
programmes PACEM et PAREM, à savoir si le ministre des Affaires
municipales a l'intention de prolonger ces programmes pour l'année
1979/80.
Le Président: M. le député de
Saint-Hyacinthe, je regrette, cette question ne relève pas des
dispositions de l'article 34 de notre règlement.
M. le leader parlementaire du gouvernement aux affaires du jour.
M. Charron: M. le Président, je voudrais d'abord rappeler
que, dans quelques minutes, à 15 h 30, il devrait y avoir une
réunion des leaders parlementaires et de ceux qui ont été
invités à cette réunion. Deuxièmement, je dois
informer la Chambre que nous allons immédiatement, et jusqu'à
l'adoption de la deuxième lecture, consacrer
le reste du temps de la Chambre au projet de loi no 116 à
l'étape où il en est rendu. Je me garde le privilège, soit
à 18 heures ou à l'ajournement ce soir, d'indiquer à la
Chambre, selon le résultat des discussions de cet après-midi avec
mes homologues, si nous siégerons lundi ou pas et d'indiquer en tout
cas, à ce moment-là seulement, à quel moment la Chambre se
réunira à nouveau.
M. le Président, je vous prie d'appeler l'article 6) de notre
feuilleton d'aujourd'hui.
Projet de loi no 116
Deuxième lecture (suite) Motion de report
(suite)
Le Président: J'appelle maintenant la reprise du
débat sur l'amendement proposé par M. le député de
Maskinongé à la motion du ministre de l'Agriculture proposant que
le projet de loi no 116, Loi modifiant la Loi sur la mise en marché des
produits agricoles, soit maintenant lu la deuxième fois, lequel
amendement se lit comme suit: Que la motion en discussion soit amendée
en retranchant le mot "maintenant" et en ajoutant à la fin les mots
"dans un mois". Je crois que l'ajournement du débat avait
été demandé par M. le député de
Mégantic-Compton.
M. le député de Mégantic-Compton, vous avez la
parole.
M. Fernand Grenier
M. Grenier: Au sujet de l'amendement proposé par le
député de Maskinongé, voulant que soit retardé d'un
mois, le débat, l'étude de cette loi 116, déjà
l'Union Nationale, à son congrès, à son caucus tenu
à Sherbrooke le 31 janvier, avait fait savoir par la voie des media
d'information que c'était là une proposition que nous ferions en
arrivant ici en Chambre afin de retarder ce débat de quelques jours pour
permettre à la commission parlementaire d'entendre les personnes
concernées par l'étude de cette loi.
Le ministre de l'Agriculture voulait presque forcer cette Chambre,
l'Opposition d'une façon particulière, à adopter ce projet
de loi avant Noël, ce cadeau de Noël qu'on voulait faire aux
cultivateurs. On s'est rendu compte, à l'étude à la loupe
de cette loi, que ce cadeau de Noël était plutôt un cadeau de
Grec.
Depuis ce temps, on a déposé une série
d'amendements sans même qu'on ait étudié la loi article par
article. Parce que déjà on constate que cette loi, qu'on devait
adopter dans la nuit du 21 décembre, n'était absolument pas
prête, inexacte, on a voulu la corriger dès le départ. Dans
les media d'information, on a tenté de démontrer que les
cultivateurs, les agriculteurs, les producteurs se plaignaient pour rien,
puisqu'ils avaient vécu une année de vaches grasses l'an dernier,
alors qu'il y avait un taux d'augmentation de profits de l'ordre de 34,5%. Cela
a fait l'objet de manchettes dans les media de mardi matin de cette semaine,
alors qu'on sait que, dans le domaine agricole, ce n'est pas comme dans le
domaine industriel. Le beau temps aidant, ceci augmente considérablement
les récoltes et vous savez, Mme le Président, quel beau temps
nous avons eu l'été dernier au Québec. Il est bien
sûr que la classe agricole en a largement profité et les
consommateurs aussi, je l'espère, parce que, quand il y a plus de
produits, les produits sont moins chers. Comme ménagère, comme
maîtresse de maison, vous devez savoir, Mme le Président, que les
produits agricoles sur les tablettes étaient un peu meilleur
marché à cause des surplus de production.
Il y a un autre facteur de l'augmentation de 34,5%. J'aimerais que le
ministre, non pas sur l'amendement parce qu'il n'a pas de droit de parole
là-dessus, mais lorsqu'on terminera l'étude article par article
de la loi, puisse nous dire que le taux d'augmentation de 34,5% pour les
profits des cultivateurs est justement à 25% dû à deux
productions, soit le boeuf et le porc, où il n'y a pas de plans
conjoints; il y en a un qui marche comme cela et pour le boeuf il n'y en a pas.
Les analystes nous disaient que c'était environ 25% des 34,5%.
Avant l'ouverture de cette Chambre mardi dernier, nous avons
proposé de diviser cette loi en deux. Nous étions prêts
à adopter cette première partie de loi que les agriculteurs
demandaient et qui, je pense, leur rendait justice et ressemblait je ne
veux pas revenir sur ce débat à celle qui a
été proposée par d'autres provinces du Canada. Non! Le
ministre a décidé que sa loi passerait comme un rouleau
compresseur. Il n'y aura pas de commission parlementaire, on va l'adopter cette
loi-là. Cela me surprend passablement et on se rend compte que ce
débat que mène l'Union Nationale avec acharnement depuis le
début de la semaine nous allons le continuer. Nous allons le continuer
cette semaine, nous allons le continuer la semaine prochaine, tant et aussi
longtemps qu'on n'aura pas réussi à attendrir le ministre
ce n'est pas facile et tant qu'il n'aura pas entendu les gens en
commission parlementaire. L'Union Nationale a même songé, Mme le
Président, à faire une commission parlementaire en dehors de ces
murs afin d'entendre les gens, mais on a pensé que c'était le
rôle du gouvernement. Nous voulions entendre ces gens ailleurs dans le
Québec, dans un hôtel. Les cultivateurs seraient venus nous parler
et on aurait pu le faire savoir au ministre par la voie des journaux, s'il
voulait le savoir. Dans leurs discours, il y en a toujours un qui se
lève pour dire que c'est un gouvernement très transparent. On
offre au gouvernement l'occasion d'être transparent, de connaître
les besoins de la classe rurale. J'aurais aimé entendre à cette
commission la Coopérative de Granby qui s'occupe à 70% du lait
nature et du lait industriel. Elle aurait eu des choses fort
intéressantes à nous dire, qui ne sont pas toutes pertinentes au
projet de loi, mais on aurait pu poser des questions à ces
gens-là sur les problèmes entre le lait nature et le lait
industriel. Cela m'intéresse de connaître cela en tant que
député. J'ai des choses à apprendre là-dessus et
pas mal
de députés en auraient à apprendre, à ce que
je vois, principalement du côté du gouvernement. Il est bien
sûr que les débats sur l'agriculture intéressent peu de
monde. Quand on regarde les banquettes ministérielles, il y a deux ou
trois députés par ci par là!
M. Jolivet: Les libéraux aussi!
Une Voix: II n'y a même pas quorum!
M. Grenier: On se contente de cela depuis assez longtemps! On ne
demande pas quorum chaque fois qu'il manque des députés en
Chambre; on serait toujours en train de faire perdre le temps de la Chambre
pour demander le quorum. J'aurais aimé entendre la Coopérative de
Granby. J'aurais aimé entendre les dissidents aussi; il y a des
personnes dissidentes, j'en parlerai un peu plus tard.
Une Voix: On les a entendus.
M. Grenier: Non, on ne les a pas entendus en commission
parlementaire. Nous les avons entendus, mais le public ne les a pas entendus.
C'est le gouvernement qui adopte les lois, Mme le Président, pas
l'Opposition. Je voudrais que le gouvernement se sensibilise afin que sa loi
prenne la couleur de l'ensemble des cultivateurs du Québec. C'est ce
qu'on veut pour cette loi. On devrait entendre ici les producteurs d'oeufs qui
ont des choses à nous dire, les producteurs de volailles, les
producteurs de lait. La Carnation de Sherbrooke aussi a des choses à
dire, elle nous l'a fait savoir!
L'UPA nous a dit qu'elle ne viendrait pas en commission parlementaire.
On a eu un caucus et on a demandé aux gens de l'UPA de venir nous
rencontrer. On leur a dit: Vous allez venir à la commission
parlementaire? (15 h 30)
Ils nous ont dit: Non. Ils ne viendront pas. C'est assez rare, cela.
L'exécutif provincial de l'Association des agriculteurs ne viendrait pas
à la commission parlementaire s'il y en avait une. C'est assez rare,
cela. Ils nous ont dit non. J'aimerais savoir pourquoi. On aurait
peut-être pu les convier. On l'a fait pour d'autres lois, Mme le
Président. On a forcé des gens à venir en commission. Et
si on avait siéger la commission de l'agriculture, nous, de l'Union
Nationale, nous aurions forcé l'exécutif de l'UPA à venir
devant la commission et nous dire pourquoi. Cela aurait été
intéressant.
Mme le Président, vous avez été témoin un
peu, l'an passé, des débats qui se sont faits autour de la loi
101. J'ai été là une partie de l'été
à entendre les gens qui sont venus. J'ai entendu plusieurs excellents
organismes du Québec qui sont venus faire entendre leurs
doléances sur la loi 101 et faire d'excellentes propositions. On a
même vu des individus, au nom d'une personne, faire entendre un
mémoire. On a pris environ une heure à écouter le
mémoire de cette personne. Ceux qui étaient à la
commission s'en souvien- nent. On a eu aussi cet avocat de Montréal,
dont je n'ai pas encore le nom, qui est venu nous parler, et on l'a
écouté avec beaucoup de sérieux, du côté du
gouvernement, à la commission sur la loi 101 le
député de Marguerite-Bourgeoys était avec nous il
est venu nous parler avec beaucoup de sérieux, cet avocat de
Montréal, pendant une heure de temps. Il est venu faire perdre son temps
à la commission sur la loi 101. J'ai dit: Vous êtes combien dans
votre commission? Il a dit: On est six millions, monsieur, et vous êtes
un de mes membres, vous, le député de Mégantic-Compton. Je
n'avais jamais su cela, d'abord. L'avocat séparatiste de Montréal
est venu nous dire, durant une heure qu'il n'y avait pas de place au
Québec pour les Anglais. On a écouté cela pendant une
heure de temps. Aujourd'hui, on ne veut pas...
Une Voix: La pertinence du débat.
M. Grenier: Oui, c'est pertinent. Il y a 3000 cultivateurs
à l'hôtel Hilton qui veulent se faire entendre et le ministre dit:
Ce sont des "peanuts ". Non, des pistaches, comme on le dit dans le Parti
québécois. Ce sont des "peanuts ". Pourtant, dans la
coopérative québécoise, il y a 2000 membres; c'est
très important. Mais laissez-nous dire que c'est très important,
la coopérative qu'on qualifiait de coopérative fantôme.
2000 membres, c est très important. Mais les 3000 membres du Hilton,
c'étaient des "peanuts". Comme le dit le Parti québécois,
des pistaches.
Il y aurait aussi à décrire le pouvoir en commission,
qu'on nous donne les pouvoirs, par exemple, des coopératives, les
responsabilités des coopératives, des syndicats, des producteurs.
J'aimerais également qu'on ait pu entendre cette coopérative
québécoise, ces agriculteurs. Une fois que nous aurions entendu
cela, je pense qu'on aurait été en mesure de se faire une opinion
assez juste. Je n'accepte pas, comme député rural, comme le
disait le député de Huntingdon, que cette partie de notre
société qu'est la classe agricole n'ait pas sa place dans la
Chambre ici, qu'elle ne puisse pas se faire entendre comme on l'a fait dans
tous les autres secteurs. Je pense qu'on devrait avoir la défense du
député d'Arthabaska, entre autres, qui est un actif dans le
parti, quand on regarde la classe agricole, lui qui a été si
actif pourtant quand c'était le temps de contester l'ancienne
administration libérale. Vous vous en souvenez? C'était dans les
journaux. On l'a vu à la porte du ministre Massé, d'Arthabaska,
qui ne faisait pas toujours des choses intéressantes dans le parterre du
ministre. J'aimerais cela qu'on entende...
M. Baril: Question de privilège.
M. Grenier: ... ces commissions, ici en Chambre, qu'on ait tous
ses propos, Mme le Président.
M. Baril: Question de privilège, M. le
Président.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Mégantic-Compton, M. le député d'Arthabaska se lève
sur une question de privilège.
M. Grenier: Oh! Je m'excuse.
M. Baril: Le député de Mégantic-Compton
était tellement parti dans son envolée qu'il ne m'entendait
même pas parler. On me dit que je devrais me rallier à vous pour
inviter les gens de l'UPA les agriculteurs, à les défendre dans
cette classe. Vous avez dit vous-même tout à l'heure que l'UPA
vous a dit non, qu'ils n'avaient pas d'affaires à venir ici.
Des Voix: Les dirigeants.
M. Baril: Les dirigeants de l'UPA et je suis d'accord avec...
Mme le Vice-Président: M. le député
d'Arthabaska, s'il vous plaît! M. le député d'Arthabaska.
Je vous reconnaîtrai volontiers, si vous voulez intervenir, et vous
disposerez de dix minutes à ce moment-là, mais je vous
demanderais de laisser terminer l'intervention de M. le député de
Mégantic-Compton. Veuillez conclure, M. le député. Votre
temps est à peu près écoulé.
M. Grenier: Je comprends, Mme le Président. J'ai
utilisé le temps qui m'était permis. Me permettez-vous un dernier
quinze secondes pour conclure et vous redire ce que chaque membre de l'Union
Nationale a déjà dit, ceux qui ont parlé avant moi et qui
vont vous demander la parole à nouveau, pour que le ministre comprenne
qu'il devrait nous donner cette commission parlementaire. On sent que cela
commence à bouger, dans le moment. On a des grosses chances que, d'ici
à la fin de la journée, le ministre ait pris sa décision.
Je me demande pourquoi il ne veut pas entendre ces gens-là. Pourquoi ne
dit-il pas: Venez nous le dire en commission. Il n'y a rien à cacher.
C'est le ministre qui se dit transparent. Il n'a pas besoin de l'être
pour qu'on le voie. C'est un ministre qui se dit transparent.
Des Voix: Ah! ah! ah!
M. Grenier: J'aimerais qu'il vienne nous dire bien
honnêtement pourquoi...
M. Garon: ... transparent.
M. Grenier:... il ne veut pas entendre tous ces groupements et
ces organismes qui veulent se faire entendre en commission parlementaire. Qu'il
le demande à l'UPA il les connaît bien, les membres de
l'UPA il y a des gens honnêtes qui vont dire, si le ministre le
leur demande: Oui, on va y aller et là, on va pouvoir poser des
questions. On n'a peut-être pas raison, Mme le Président, de se
battre, mais cela semble drôle que le ministre ne veuille pas
entendre...
Une Voix: ...
M. Grenier: Oui, peut-être, mais on ne le sait pas. C'est
la commission parlementaire qui nous dirait cela. On a un mécanisme en
main qui est bon pour toutes les autres lois. Quand c'était le temps de
la loi 101, je vous l'ai dit. Je vois le ministre, le superministre d'Etat au
développement culturel, qui a entendu, pendant un été, des
personnes sur la loi 101. On pourrait bien entendre les agriculteurs au moins
pendant quelques jours. Cela a coûté un été au
Parlement pour entendre ces gens-là. Je n'avais rien contre cela, mais
qu'on prenne au moins quelques jours pour entendre nos agriculteurs du
Québec. Je vous le demande, M. le ministre; de grâce, entendez-les
donc une fois, entendez-les deux jours de temps. On est en Chambre, cela ne
coûte rien. On ne siège pas de façon spéciale, on
est en Chambre. Deux jours, lundi et mardi, après le départ du
premier ministre de la France à trois heures, on pourra faire
siéger la commission. Mardi soir...
Mme le Vice-Président: M. le député, je
pense que nous avons compris que vous allez voter en faveur de la motion.
M. le député de Pointe-Claire.
M. Shaw: Mme le Président, merci.
M. Garon: Mme le Président, est-ce qu'il me permettrait de
répondre immédiatement? En 30 secondes.
M. Shaw: Vous aurez le temps de le faire après, dans votre
réplique.
Mme le Vice-Président: M. le ministre, vous pourriez vous
lever pour parler sur la motion d'amendement évidemment. J'ai
déjà donné...
Une Voix: II a déjà parlé.
Mme le Vice-Président: Pas sur la motion d'amendement.
Oui? Alors, s'il a déjà parlé sur la motion
d'amendement... M. le ministre, malheureusement, vous devrez attendre votre
réplique sur la motion de deuxième lecture pour pouvoir
intervenir.
M. le député de Pointe-Claire.
M. Shaw: Merci, Mme le Président.
M. Garon: Je vais vous dire pourquoi tout simplement et vous
allez comprendre. C'est que tout le temps pendant lequel je suis retardé
ici, il y a actuellement des cultivateurs du Bas-Saint-Laurent et de la
Gaspésie...
M. Fontaine: Question de règlement.
M. Garon: ... qui veulent parler de leurs programmes
régionaux...
Une Voix: Question de règlement, oui.
Mme le Vice-Président: A l'ordre! A l'ordre! M. le
député de Brome-Missisquoi. M. le député
d'Arthabaska. M. le député de Brome-Missisquoi, s'il vous
plaît! M. le député de Pointe-Claire. M. le ministre, s'il
vous plaît!
M. William Frederic Shaw
M. Shaw: if the honourable minister would keep his mouth quiet
for a while, I would like to make a few remarks on the motion of the member for
Maskinongé to defer bill 116 for 30 days, so that the people who are
deeply involved in this legislation can have an opportunity to present their
case before a parliamentary committee that would sit to hear their position.
That is a very simple request. It seems that in a parliamentary democracy, when
people are demonstrating in the streets, not once but a number of times, when
petitions have been filed demonstrating a firm opposition to positions being
taken by the government, they should at least have the grace to listen to the
people.
We have seen, Madam President, with bill 84, that the time that was
taken to set aside a parliamentary committee to hear the people directly
involved resulted in major modifications in the bill that have made it
acceptable. That is positive legislation. The function of this side of the
House, Madam President, is to deliver this message continually to the
government that they have a responsibility, not to drive their legislation
through, but to listen to the people and to react to their wishes and their
demands. A very simple request.
Madam President, there are serious issues involved here. Firstly, I know
that even within the backbenchers of his own party, there is embarrassment
about this legislation. I know that they would like, his own committee on
legislation would like him to take that bill and split it up so that they can
represent it in a way that would make it easier to pass this House with less of
a bad reputation. Because that is what a government develops, a bad reputation,
when it takes legislation and stuffs it to the people. But the minister is
unprepared to act. (75 h 40)
Before Christmas, Madam President, he came to our meeting of leaders and
suggested that he was unprepared to break his legislation so that that section
that was necessary to accomodate national policies on marketing boards could be
affected as the other provinces in Canada have done. No, he must keep it in one
package so that in order to get that, we must accept sections of the
legislation which clearly will work to the disadvantage of the farmers of this
province.
But why, Madam President, must the Minister act this way? Is there a
minister in this province who is developing a stronger reputation for not
responding to the wish of all the farmers but only to one certain group, and
that is the UPA? Is there another member of that government who has developed,
over the last three months a more questionable reputation as to this
competence? Is he not prepared, Madam President, to sit forward, call this
committee, hear both sides? Is he unprepared to listen? Is this why, or, Madam
President, is he going to force the Opposition to do its job, and that is to
filibuster that law, filibuster it as long as is necessary to make the changes
that are necessary?
We are going to work in this direction. Madam President, the democratic
process demands that we, in the Opposition, make the ministers responsible to
the people. Our system demands that we bring to his attention the cries of the
people on the street, saying: You are doing something wrong and we would like
to be heard. Is this government that transparent government that it pretends to
be, the government of the people that it pretends to be, or is this government
authoritarian? Does it use intimidation or does it drive its legislation
through with a bulldozer? That is the question, Madam President, that is being
asked today of every Quebecer.
And the minister can sit and nod his head and say: I know best; I know
best, I do not need to ask; I have my friends with UPA and I know that they are
on my side. And so the minority groups, like the pork producers and the apple
producers and all the other minority producers who are very concerned giving so
much power to one single organism... Not important! After all, this is a
government that reckons the majority rules everything.
And so, Madam President, I support the motion of the member for
Maskinongé because I believe that we must do everything we possibly can
on this side of the House to bring this government to reckoning, to make it do
its job, to improve its legislation and, if necessary, to filibuster in order
to do so. And we will continue to do that or we will be abdicating our
responsibility. And we ask, Madam President, in termination...
M. Russell: Mme le Président, je m'excuse auprès de
mon collègue de Pointe-Claire. Je pense que dans un débat aussi
important que celui-là, il serait raisonnable qu'on ait quorum.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Brome-Missisquoi, à l'oeil comme cela, j'ai l'impression que nous
n'avons pas quorum. Nous allons vérifier. En effet! Qu'on appelle les
députés, nous n'avons pas quorum.
Suspension à 15 h 43
Reprise à 15 h 49
Mme Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous
plaît!.
Veuillez vous asseoir.
M. le député de Pointe-Claire, aussitôt que vous
serez prêt.
M. Shaw: Merci, Mme le Président. En terminant,
j'espère que le ministre va écouter les
conseils de ses collègues. Ce projet de loi est regardé
par des cultivateurs de notre province. C'est le plus dangereux qui n'ait
jamais été présenté devant cette Chambre. Ils ont
peur de beaucoup de choses. Ils ont peur d'un avantage qui serait trop grand
accordé à un syndicat mais ils ont davantage peur parce que le
ministre ne croit pas en eux, mais seulement en leur syndicat et en une petite
minorité qui le contrôle. (15 h 50)
Madam President, I will terminate in saying that it is our role and our
responsibility to do whatever we must to ensure that this government do its job
as best as we can make it do. In order to do so, we will do as we are, bring
to, the attention of this minister and of the public that is watching this now,
because there is a larger audience than the missing quorum. The fact that the
members of this House do not take this bill seriously enough to even be present
in the Chamber for its debate...
Madam President, I support strongly the motion by the member for
Maskinongé and I support strongly the request that a parliamentary
committee be held to hear the principles involved in this debate, those who
will be directly affected by this law. Thank you, Madam President.
Mme Le Vice-Président: M. le chef de l'Union Nationale,
sur la motion d'amendement.
M. Rodrigue Biron
M. Biron: Mme la Présidente, on est en face d'une motion
d'amendement qui demande de reporter de 30 jours l'étude du projet de
loi. Je crois que lucidement, on doit faire face à une telle motion et
se dire: Pourquoi reporter à 30 jours l'étude de ce projet de
loi? Certainement pas pour retarder le projet de loi comme tel, mais il faut en
profiter, de ces 30 jours, pour faire la lumière sur ce qui se passe
dans le domaine agricole et, en particulier, vis-à-vis des très
graves conflits qu'on a entre les coopératives d'une part et le
syndicalisme agricole, d'autre part. Sinon, si on a peur de faire la
lumière sur ces conflits, si on a peur de faire la lumière sur la
vérité qui existe au Québec dans le monde agricole, on va,
à long terme détruire ou le syndicalisme agricole ou les
coopératives agricoles.
Je pense qu'il faudrait profiter de ces 30 jours pour convoquer la
commission parlementaire, entendre les parties en cause, l'Union des
producteurs agricoles, les coopératives, la Régie des
marchés agricoles, les faire parler un peu sur ce qu'ils ont entendu au
cours des dernières années, spécialement au cours de la
dernière année, sur tout ce qui se passe dans ce monde en
particulier.
Mme la Présidente, nous de l'Opposition, nous ne sommes pas seuls
à demander une commission parlementaire ou à demander d'informer
davantage les producteurs agricoles de ce qui se passe dans le monde agricole
et d'informer davantage la population du Québec. Mme la
Présidente, le leader du gouvernement lui-même, lorsqu'il a
parlé sur cette motion, au début de la semaine, disait ceci, et
je le cite parce que c'est important. Cela veut dire que même lui et des
ministres de bonne foi qui se sont promenés à travers le
Québec ont pu entendre les gens critiquer et dire que cela n'allait pas
tellement bien dans ce monde et qu'il fallait informer davantage nos
producteurs agricoles et la population. Le leader du gouvernement disait ceci:
"Je laisse un message quand même, M. le Président, parce que
plusieurs ministres ont eu la même leçon au cours de la
dernière semaine de tournées, je laisse un message à
l'Union des producteurs agricoles du Québec: expliquer,
réexpliquer son fonctionnement, rejoindre, prendre le temps de redire
à chacun de ces membres, chacun de ces producteurs agricoles, la
portée non seulement du projet de loi, mais d'un règlement
émanant d'un office de producteurs, le régime de quotas, et aussi
les coupures que certains connaissent sur leur quota, d'année en
année". Et le leader du gouvernement terminait en disant: "Au fond, si
l'UPA accepte cette responsabilité le gouvernement n'aura plus
rien à faire, il va s'en laver les mains, mais c'est le leader du
gouvernement qui voulait informer davantage les producteurs agricoles et la
population je crois qu'elle doit l'assumer mieux qu'elle ne le fait
actuellement".
Le leader du gouvernement voulait faire de la lumière davantage
là-dessus. Ce n'est pas pour détruire le syndicalisme agricole
que le leader du gouvernement a dit cela. Au contraire, c'est pour l'aider
à faire mieux son devoir. J'ai dit la même chose moi aussi aux
représentants de l'Union des producteurs agricoles de mon comté,
lorsque je les ai rencontrés. J'ai dit: II y a quelque chose qui se
passe à la base et vous devez informer davantage vos producteurs. Vous
devez faire mieux votre devoir que vous ne le faites présentement. Et je
leur ai dit: Si je dis cela, c'est parce que je crois qu'on a besoin d'un
syndicalisme agricole, pour bien représenter les producteurs agricoles,
et je veux que vos producteurs puissent s'identifier davantage au syndicalisme
agricole.
J'ai dit cela la semaine dernière, j'arrive en Chambre cette
semaine et le leader du gouvernement dit à peu près mot à
mot ce que j'ai, moi aussi, dit à mes producteurs agricoles. Cela veut
dire qu'au moins, lui, il s'est promené à travers le
Québec, il a écouté les producteurs agricoles et,
finalement, il veut davantage faire la lumière et sensibiliser davantage
les gens.
Le leader disait ceci: Je crois qu'elle doit l'assumer mieux qu'elle ne
le fait actuellement; je dis en tout respect pour ceux qui y travaillent que
j'ai senti quand même ce sont des citoyens du Québec qui se
sont exprimés que ce n'est pas contre le projet de loi qu'ils en
avaient tellement, mais que le degré d'explication qu'ils devaient en
recevoir ne me paraissait pas suffisant.
Si le leader du gouvernement lui-même a eu
l'honnêteté de le reconnaître dans cette Chambre, je pense
bien que le ministre de l'Agriculture devrait avoir assez
d'honnêteté intellectuelle pour reconnaître qu'on manque
d'information à l'heure actuelle au Québec sur le projet de loi
qu'il veut
faire adopter. C'est pour cela que l'Opposition se bat à
l'Assemblée nationale. Ce n'est pas pour détruire ce qu'il y a;
au contraire, c'est pour faire de la lumière sur tout ce qui se passe,
et il s'en passe des choses, dans le domaine agricole, à l'heure
actuelle.
Des Voix: C'est vrai, de bonnes choses, de très bonnes
choses.
M. Biron: Les producteurs agricoles critiquent à l'heure
actuelle, ils veulent être informés davantage. C'est
peut-être le temps de faire le tour du problème. On l'a dit
nous-mêmes. Dans le projet de loi no 116, il y a deux choses: II y a la
Cour suprême, qui est une affaire, et il y a tout ce qu'on veut donner au
syndicalisme agricole au détriment des coopératives. C'est
ça qu'il faut étudier véritablement avant de prendre une
telle décision. Si c'était tout simplement la Cour suprême,
c'est une affaire qu'on comprend et on ne se battrait pas non plus jusqu'au
bout pour cela, ce n'est pas possible. Même si on est contre toute loi
rétroactive, parce que c'est mauvais, on ne se battrait pas jusqu'au
bout pour cela.
Si on se bat, c'est qu'on veut non seulement corriger le jugement de la
Cour suprême, mais on veut changer le fondement même du
syndicalisme et du coopératisme agricoles au Québec et
là-dessus on n'est pas tout seul! Lorsque la Coopérative agricole
de Granby et les coopératives du Québec décident de ne
plus percevoir, pour le plan conjoint, les $0.025 les cent livres de lait
produits au Québec, il y a quelque chose là-dedans! On devrait
voir les coopérateurs et les écouter en commission parlementaire
afin de savoir pourquoi ils veulent cesser la retenue des $0.025 pour le plan
conjoint administré par la Fédération des producteurs de
lait industriel. On devrait au moins entendre ces gens-là et s'entendre.
Il y a de la chicane, à l'heure actuelle, entre la
Fédération des producteurs de lait, ou l'UPA, et nos
coopératives agricoles. Il faudrait peut-être faire la
lumière là-dessus. Lorsque les coopératives nous disent
qu'elles vont continuer à percevoir les $0.05 les cent livres pour la
publicité, mais que ces $0.05 seront versés directement au bureau
canadien des produits du lait sans passer par la Fédération des
producteurs de lait industriel du Québec parce qu'elles n'ont plus
confiance en la fédération, je pense que cela doit nous
éclairer et on devrait peut-être dire: On est peut-être
mieux de prendre 30 jours pour étudier ce projet de loi et d'en profiter
pour faire une bonne commission parlementaire sur le sujet. On va faire venir
tous ceux qui veulent nous parler, tous ceux qui veulent nous dire, du fond de
leur coeur, ce qu'ils pensent de ce projet de loi, ce qu'ils pensent de
l'agriculture au Québec et faire un peu de lumière sur tout ce
qui se passe. Je pense que ce serait intéressant avant de voter à
la vapeur un tel projet de loi.
Il y a une autre raison pour laquelle on pourrait faire une commission
parlementaire et prendre les 30 jours.
M. Garon: Mme le Président...
M. Biron: Vous répondrez tout à l'heure.
M. Grenier: A l'ordre, à l'ordre!
M. Garon: Un instant!
M. Biron: Mme la Présidente, j'ai droit à dix
minutes et je ne voudrais pas les voir...
M. Garon: Mme le Président, question de privilège.
Je pense que le député de Lotbinière...
M. Grenier: A l'ordre!
M. Garon: Un instant!
M. Grenier: Sur quoi vous levez-vous?
M. Garon: Un instant!
Mme le Vice-Président: M. le député de
Mégantic-Compton, M. le ministre me dit qu'il se lève sur une
question de privilège. M. le ministre.
M. Garon: Je pense que le député de
Lotbinière n'a pas le droit d'induire la Chambre en erreur. Dans la
revue Le coopérateur agricole, dans le dernier numéro, à
la page 30, il est bien indiqué que le 21 décembre la
Fédérée réitérait à M. Garon et au
premier ministre son accord avec le projet amendé...
M. Biron: Mme le Président, ce n'est pas une question de
privilège.
Mme le Vice-Président: M. le ministre... A l'ordre, s'il
vous plaît, à l'ordre! A l'ordre! A l'ordre! A l'ordre! M. le
député! S'il vous plaît, je demanderais... (16 heures)
M. le député de Mégantic-Compton, je pense que je
devrais en nommer plusieurs dans cette Assemblée, mais vous êtes
celui que je vois maintenant et qui parle le plus fort! Je demanderais à
tous les membres de cette Assemblée de nous permettre de continuer la
discussion dans le calme. Quand arrivera le moment du vote, si vous vous
êtes déjà exprimés sur la motion d'amendement, vous
pourrez faire votre intervention à ce moment-là,
c'est-à-dire voter pour ou contre la motion d'amendement. Je vous
prierais, entretemps, de permettre à l'intervenant actuel de terminer
dans le calme.
M. le chef de l'Union Nationale.
M. Biron: Mme la Présidente, le ministre a cité un
document du 18 décembre, ou quelque chose comme cela. Mon document
émane de la Coopérative agricole de Granby; il s'appelle Les
Nouvelles et c'est daté de février 1979. Cela a été
posté avant-hier aux producteurs agricoles, M. le ministre, et si vous
n'êtes pas au courant de ce qui se passe, on va vous en envoyer une
copie. Vou-
lez-vous aller porter cela au ministre, pour qu'au moins il sache ce qui
se passe dans le monde agricole au Québec à l'heure actuelle.
Lorsqu'une coopérative agricole est obligée de poser de tels
gestes en réponse à de la provocation, je pense qu'on doit se
poser des questions, on doit véritablement... C'est une nouvelle qui a
été envoyée à tous les producteurs agricoles,
à tous les membres de la coopérative de Granby. Je pense qu'on
doit faire la lumière là-dessus, Mme la Présidente. Ce
qu'on nous demande...
M. Garon: Qu'est-ce que c'est cela?
M. Biron: ... à l'heure actuelle, ce qu'on demande au
gouvernement et à tout le monde, c'est de venir devant une commission
parlementaire expliquer ce qui se passe, justement, dans le monde agricole, en
particulier lorsque, dans le projet de loi 116, l'article 1 change
complètement tout le fond du chapitre 36, la Loi sur la mise en
marché des produits agricoles, en faisant en sorte d'enlever aux
coopératives certains droits qu'elles avaient de mettre en marché
les produits de leurs coopérateurs. Je pense qu'on a le droit de faire
la lumière là-dessus et de savoir où veut aller le
gouvernement. Lorsqu'on voit des détournements de fonds à partir
des prélevés qu'on a exigés de force chez nos producteurs
agricoles, et qu'on donne des subventions à des entreprises
privées sous prétexte de concurrencer des coopératives au
Québec et des coopératives agricoles au Québec, il y a
toujours une limite! Il faut faire la lumière là-dessus, Mme la
Présidente. C'est pour cela que l'Union Nationale voudrait qu'il y ait
une commission parlementaire pour faire la lumière complète sur
les dessous de tout cela. On pourrait peut-être en profiter, selon la
suggestion du député de Beauce-Sud, pour faire la lumière
sur les quotas de lait qui ont été coupés au
Québec, sur la production de lait qui a été coupée
au Québec, et qui, en fait, n'est pas coupée. Dites cela du
fédéral ou pas, mais on produisait 6 600 000 000 de livres en
1975, 6 600 000 000 de livres en 1976, 6 700 000 000 de livres en 1977... Il
n'y a personne qui a coupé les quotas de lait pour la production totale
au Québec, mais il y a des petits producteurs agricoles qui ont des
quotas de moins de 300 000 livres et qui ont été coupés.
On a fait un marché noir et on a vendu ces quotas aux gros producteurs
agricoles. On a passé cela sous la table! C'est pour cela que l'Union
Nationale veut faire la lumière là-dessus!
Je pense, Mme la Présidente, que je vous ai donné assez
d'arguments pour faire la lumière. Si le Parti québécois
veut cacher la vérité à la population du Québec et
aux producteurs agricoles du Québec, qu'il ne tienne pas de commission
parlementaire. S'il veut faire la lumière, s'il n'a pas honte de ses
gestes, qu'il fasse la lumière et qu'on ait une commission parlementaire
pendant ces trente jours, pour savoir ce qui se passe.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Drummond.
M. Michel Clair
M. Clair: Mme le Président, sans faire de jeu de mots, la
première chose que je vous dirai, c'est qu'après avoir entendu
tout ce que j'ai entendu sur cette motion de nature purement dilatoire, j'ai
mon quota! C'est le cas de le dire! J'ai mon quota, parce que quand on entend
le député de Maskinongé faire une motion visant à
retarder l'étude de ce projet de loi d'un mois, que le même jour
on apprend du chef du Parti libéral du Québec qu'il va appuyer le
principe du projet de loi, qu'est-ce que cela vient faire dans toute cette
histoire qu'une motion dilatoire pour retarder simplement d'un mois
l'étude du projet de loi, quand le même parti nous dit qu'il va
appuyer le fond de la motion? Si la motion était venue...
M. Picotte: Mme le Président, question de
privilège, s'il vous plaît!
Mme le Vice-Président: Sur une question de
privilège, M. le député de Maskinongé.
M. Picotte: Le député de Drummond prétend
présentement que c'est une motion dilatoire. Ce qu'on a essayé de
faire, tout simplement, c'est qu'à la suite du discours du leader du
gouvernement...
Une Voix: Ce n'est pas une question de règlement!
Mme le Vice-Président: M. le député de
Maskinongé! Une minute! Je vous écoute ensuite sur la question de
règlement, M. le député de Mégantic-Compton. Ce
n'est pas parce que je ne veux pas vous écouter. Je voudrais simplement
dire à M. le député de Maskinongé qu'il a eu
l'occasion d'intervenir sur sa motion évidemment et que sa question de
privilège, comme d'autres qui ont été soulevées un
peu avant ce moment-ci, prend davantage l'allure d'une intervention. Je lui
demanderais de ne pas faire d'intervention comme celle-là à ce
moment-ci.
M. le député de Mégantic-Compton, vous vous leviez
sur une question de règlement?
M. Grenier: Non.
Mme le Vice-Président: Non? Ce n'est pas
nécessaire.
Alors, M. le député de Drummond.
M. Clair: Mme le Président, j'étais en train de
vous dire les raisons pour lesquelles je voterais contre cette motion de report
à un mois, parce qu'elle est de nature purement dilatoire. Le
député de Maskinongé ne peut sûrement pas contester
cela puisque ce sont les termes mêmes de notre règlement, il
s'agit d'une motion essentiellement dilatoire visant à retarder. A
l'occasion, un parti de l'Opposition présente une motion dilatoire parce
qu'il n'est pas encore décidé ou parce qu'il veut gagner du temps
par rapport au gouvernement
pour se former une idée. Ce ne semble pas être le cas. Cela
vient du Parti libéral et le chef du Parti libéral a
déjà indiqué que les libéraux allaient appuyer le
fond de la loi 116.
Une Voix: II ne l'a pas appuyé.
M. Clair: C'est d'autant plus inconséquent que cela vienne
du Parti libéral. Si la motion était venue de l'Union Nationale,
au moins on aurait pu comprendre parce qu'il semble que l'Union Nationale
veuille arrêter le processus législatif de l'Assemblée
nationale du Québec pour se donner le temps de faire ses classes en
matière de plans conjoints.
Une Voix: C'est vrai.
M. Clair: Ces gens-là, Mme le Président, n'ont rien
compris. Je lis le journal en date d'hier. Hier, ce que je vois, c'est un
rapport de presse qui nous apprend que M. Maurice Bellemare je pense que
c'est le député de Johnson en cette Chambre a
encouragé les dissidents à défendre leurs
intérêts et à déclarer que "les gens de l'UPA vous
ont trahis". C'est entre guillemets. Je ne sais pas si le député
de Johnson sait ce que veut dire le mot maître, mais cela
m'apparaît être une accusation particulièrement grave. Il
les traite de "traîtres" et, après cela, on entend le
député de Mégantic-Compton qui vient hurler parce qu'ils
disent qu'ils ne viendront pas leur donner des leçons. Est-ce que c'est
sincère, Mme le Président, quand le député de
Mégantic-Compton veut que les gens...
M. Grenier: Un langage digne de votre personne.
Une Voix: Voyons donc!
M. Clair: Je pense que j'ai été digne
jusqu'à maintenant. J'ai l'intention de continuer à
l'être.
Mme le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Clair: Mme le Président, j'étais en train de
vous dire que l'Union Nationale voudrait faire ses classes en agriculture et,
pour ce faire, ils voudraient arrêter le processus législatif de
l'Assemblée nationale du Québec. Une première preuve,
c'est que le député de Johnson commence par insulter. L'insulte
la plus grave qu'on puisse faire à un homme qui a été
élu pour représenter les gens de sa classe, c'est bien de le
traiter de traître à leur endroit. C'est ce que le
député de Johnson a fait à l'égard des dirigeants
de l'UPA. Il dit bien: "Les gens de l'UPA vous ont trahis". Après cela,
le député de Mégantic-Compton vient dire: Ces
gens-là, on les invite à venir en commission parlementaire et ils
nous disent qu'ils ne viendront pas. Je pense que, si on commence par me
traiter de traître et qu'après cela on me dit qu'on veut venir
dialoguer, ce n'est pas surprenant qu'on ait des réponses comme
celle-là.
Une Voix: Cela fait mal.
M. Grenier: Question de règlement, Mme le
Président! Non, cela ne fait pas mal du tout. C'est pour rétablir
des faits.
Mme le Vice-Président: M. le député, je
voudrais savoir sur quoi vous voulez intervenir. Est-ce une question de
règlement ou une question de privilège? Dites-moi à quel
propos vous voulez intervenir, s'il vous plaît, et cela me fera plaisir
de vous entendre.
M. Grenier: Article 121, Mme le Président.
Mme le Vice-Président: M. le député,
l'article 121, c'est la motion d'amendement en deuxième lecture.
M. Grenier: Me permettez-vous de répondre sur une question
de règlement?
Des Voix: Non.
M. Grenier: Le député de Drummond me le
permet-il?
Des Voix: Non.
Mme le Vice-Président: Je ne peux pas, M. le
député de Mégantic-Compton. Je dois faire observer le
règlement.
M. le député de Drummond.
M. Clair: Mme le Président, j'avais fait un premier point
pour démontrer que l'Union Nationale n'avait pas fait ses classes en
matière agricole et qu'elle voulait les faire aux dépens de
l'Assemblée nationale. Ce que je vous ai dit, c'est une preuve, mais il
y a bien pire que cela, parce qu'ils ont été... (16 h 10)
Des Voix: ...
M. Clair: Mme le Président, les gens de l'Union Nationale
ont eu l'occasion de s'instruire. Au moins, les députés de ma
région ont eu l'occasion de s'instruire en matière agricole. En
date du mois de décembre 1976, les députés suivants: le
député de Nicolet-Yamaska, le député de
Lotbinière, le député de Drummond, le député
d'Arthabaska, le député de Richmond et le député de
Johnson, ont tous reçu de la Fédération de l'UPA de
Nicolet la région à laquelle nous appartenons tous
un télégramme les conviant à des réunions
d'information. On disait dans ce télégramme: "Nous comptons sur
votre présence pour établir les prémisses de relations
cordiales et fructueuses. Attendons confirmation de votre présence". La
première chose que j'aimerais vous dire à ce sujet, alors que
toutes ces bonnes personnes ont été invitées à
cette réunion je prends à témoin mon
collègue, le député d'Arta-baska c'est que nous
étions deux: le député d'Arthabaska et moi-même.
M. Fontaine: Question de privilège.
M. Clair: Mme le Président...
Mme le Vice-Président: Sur une question...
M. Fontaine: Mme le Président, question de
privilège.
Mme le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. le député de Joliette-Montcalm, à l'ordre! M. le
député de Nicolet-Yamaska me demande la parole sur une question
de privilège.
M. Fontaine: Je voudrais soulever mon privilège de
député parce que ce que le député de Drummond vient
de dire est exact en partie. A la première assemblée,
j'étais présent personnellement, avec le député
d'Arthabaska, et à la deuxième, je me suis fait
représenter par mon représentant de comté parce que je ne
pouvais assister à la réunion. Alors, j'ai assisté en
personne à une réunion...
M. Clair: Question de règlement, Mme le
Président.
M. Fontaine: ... et à la deuxième, j'étais
présent également.
M. Clair: Question de règlement, Mme le
Président.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Drummond.
M. Clair: Question de règlement. Alors, est-ce que je peux
continuer? Parfait. J'étais donc en train de vous dire...
Une Voix: ...
Mme le Vice-Président: A l'ordre!
M. Clair: ... que les principaux députés en cette
Chambre, qui mènent le diable comme on dit et c'est leur
droit parlementaire depuis maintenant quelques jours, ont eu l'occasion de
faire leur classe et, notamment, en matière de plans conjoints parce
que, imaginez-vous donc, Mme le Président, que c'était l'un des
sujets principaux à l'ordre du jour pour une réunion
d'information. Nous étions tous des députés qui venions
d'être élus pour la première fois. Les gens de l'UPA
voulaient nous mettre au courant de leurs problèmes. Dans le document
qu'ils m'ont remis, sur environ une dizaine de pages il doit y en avoir quatre
qui portent sur les plans conjoints. Déjà, l'UPA voulait
sensibiliser l'Union Nationale à leurs problèmes. Ils n'ont pas
voulu les écouter. Encore récemment j'ai le
télégramme en main en date du 5 février 1979, un
télégramme était adressé à M. Serge
Fontaine, Jacques Baril et Michel Clair. Il semblait que l'UPA
désespérait en ce qui concerne le député de Johnson
et le député de Lotbinière. Ils nous ont encore
manifesté leur appui au projet de loi 116.
M. Fontaine: Je n'étais même pas là.
M. Grenier: II n'était même pas là à
la première réunion.
Mme le Vice-Président: S'il vous plaît! S'il vous
plaît! A l'ordre! A l'ordre! M. le député de Drummond, il
vous reste moins d'une minute. Veuillez conclure.
M. Clair: Mme le Président, à cause des nombreuses
vérités que j'ai été forcé de dire en cette
Chambre, j'ai eu de la difficulté à dire tout ce que j'avais
à dire. J'aimerais conclure simplement sur ceci. Encore une fois, qui,
en cette Chambre, vise à retarder les travaux par cette motion,
même si elle a été présentée par le
député de Maskinongé? C'est l'Union Nationale qui veut
retarder les travaux. Elle veut retarder les travaux pour faire ses classes en
agriculture. Le principal noyau de députés agricoles de l'Union
Nationale, s'ils s'étaient occupés de leurs agriculteurs, des
gens de leur région, de leurs représentants élus
démocratiquement, ils ne seraient pas en train de suivre des cours du
soir en matière d'agriculture, Mme le Président.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Bellechasse, vous êtes déjà intervenu sur la motion
d'amendement.
M. Goulet: Mme le Président, je soulève une
question de règlement en vertu de l'article 121. Je n'ai pas voulu
interrompre le député de Drummond. Si vous me le permettez, Mme
le Président, j'aimerais tout de même rétablir les faits.
Si vous lisez avec moi l'article 121: "Un seul amendement... parce qu'on
nous a accusés, les députés de l'Union Nationale, de
vouloir retarder indûment les débats ... est possible
à la motion de deuxième lecture. Il ne peut viser qu'à le
retarder. Il ne peut être l'objet d'un sous-amendement".
C'est pourquoi, dans l'amendement proposé par le
député de Maskinongé, on ne pouvait pas voir les mots
"commission parlementaire". Mais, sans vouloir faire de procédurite
comme en font les gens d'en face, tout le monde sait que c'est le seul chemin
permis par notre règlement pour pouvoir retarder l'adoption, en
deuxième lecture, d'un projet de loi. C'est le seul chemin permis, parce
qu'il ne peut faire l'objet d'aucun sous-amendement dans le but, Mme la
Présidente et vous l'aviez bien compris de convoquer une
commission parlementaire.
Les réunions, Mme la Présidente...
Mme le Vice-Président: M. le député... A
l'ordre! A l'ordre! M. le député de Bellechasse, je vous ai
permis une intervention mais sur la question de règlement. Je vous
demanderais de ne pas en faire un débat parce que vous êtes
déjà intervenu sur la motion d'amendement. Veuillez vous en tenir
strictement à votre question de règlement. Je pense que les... A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. le député de Bellechasse.
M. Goulet: Mme la Présidente, je soulevais à la
fois deux questions de règlement, l'article 121 et l'article 96.
Ecoutez, tout de même, je pense qu'on a le droit de s'exprimer. J'ai fait
ma question de règlement sur l'article 121 et, si vous le permettez, je
la fais sur l'article 96 pour rétablir les faits. Lorsque le
député a dit que nous avions été invités par
les gens de l'UPA, et j'entends l'ensemble des députés de l'Union
Nationale, c'était par les directeurs régionaux de l'UPA et
jamais, dans mon cas, je n'ai été invité à
participer à une assemblée de tous les producteurs agricoles du
comté. C'est là la différence et c'est ce genre
d'assemblée qu'on veut avoir dans nos comtés.
M. Clair: Question de règlement.
Mme le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
Vous avez terminé? M. le député de Bellechasse, quand vous
invoquez l'article 96, je vous ferai remarquer que vous donnez des explications
sur un discours que vous avez déjà prononcé. Cette
motion...
M. Fontaine: Mme le Président...
Mme le Vice-Président: Vous voulez intervenir?
M. Fontaine: Certainement.
Mme le Vice-Président: Vous voulez intervenir sur la
motion d'amendement, M. le député?
M. Fontaine: Bien oui, bien oui.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Serge Fontaine
M. Fontaine: Merci, Mme la Présidente. Je voudrais tout
d'abord rétablir certains faits. C'est malheureux que le
député de Drummond soit parti parce que j'avais quelque chose
à lui dire.
Des Voix: II est là, il est là.
M. Fontaine: Ah bon! excusez-moi, il n'était pas à
son siège. Mme la Présidente, le député de Drummond
a dit que j'avais été invité à des réunions
de l'UPA auxquelles je n'avais pas participé. Je voudrais vous dire que
c'est absolument faux. J'ai été invité...
M. Clair: ...
M. Fontaine: ... à deux réunions. A la
première, j'étais présent seul, avec le
député d'Arthabaska et, à ce que je sache, le
député de Drummond n'y était pas. La deuxième fois,
je me suis fait représenter par un des dirigeants de l'UPA. Alors, je
pense que j'étais sensiblement bien représenté.
Maintenant, ce que disait le député de Bel- lechasse tout
à l'heure à propos des invitations que nous recevons de l'UPA, je
pense qu'il est important de rencontrer les directeurs de secteurs de l'UPA
mais c'est aussi important de rencontrer les gars de la base. Et c'est ce que
j'ai fait, principalement depuis la fin de la session, le 21 décembre
1978. Si cela n'avait pas été de l'Union Nationale, qui a
refusé de faire adopter le projet de loi no 116 à la fin de la
session, il serait déjà adopté et il n'y a personne qui
aurait l'occasion d'en discuter. C'est grâce à l'Union Nationale,
qui a pris l'intérêt des producteurs agricoles, que nous sommes
encore ici aujourd'hui. Ce n'est pas grâce aux libéraux ni
grâce au PQ non plus.
Je peux ajouter ceci concernant la motion d'amendement qui est
présentée devant cette Chambre. Bien sûr, on est
obligé de présenter une motion d'amendement pour report du projet
de loi à quelques jours ou un mois. On est obligé de le faire en
vertu du règlement. Mais, en fait, ce que nous voulons par l'entremise
de cette motion, c'est d'obtenir une commission parlementaire où les
intéressés pourront venir s'exprimer. Encore là, et
là, peut-être que je rejoindrai les propos du député
de Drummond, je serai peut-être d'accord avec une partie de son discours
lorsqu'il disait que les libéraux n'avaient pas raison de
présenter cette motion d'amendement, je suis d'accord avec lui parce
que, depuis qu'ils l'ont présentée, on ne les entend plus, Mme la
Présidente. Ils ont présenté une motion.
(16 h 20)
Ils sont assis et ils ont cessé d'en parler parce qu'ils n'y
croient pas à leur affaire. Nous autres on y croit, et on la
défend. Mme la Présidente, pourquoi est-ce qu'on veut avoir une
commission parlementaire? Pour que les gens intéressés
viennent... Les libéraux ne l'ont pas demandée, c'est nous autres
qui l'avons demandée. Nous voulons avoir une commission parlementaire,
Mme la Présidente, pour que les gens de l'UPA, les gens de la base, les
producteurs, les coopérateurs également, parce qu'on a vu depuis
deux jours le chef de l'Union Nationale poser des questions là-dessus...
M y a beaucoup de personnes, même des journalistes à qui on a
expliqué la situation, hier, qui ne la comprenaient pas. Je pense que
c'est important que la commission parlementaire puisse être
convoquée pour que tout le monde comprenne exactement dans quel monde
vivent actuellement les milieux agricoles.
Mme la Présidente, pourquoi nous a-t-on présenté le
bill 116? Par suite d'un jugement de la Cour suprême du Canada qui
donnait aux seules provinces le droit de percevoir des redevances sur la
production et la mise en marché des produits agricoles, des associations
de producteurs avaient contesté le pouvoir d'organismes
fédéraux de percevoir de telles redevances et ont eu gain de
cause, Mme la Présidente, et ce devant la plus haute instance, la Cour
suprême du Canada. Je pense que c'était leur droit de le faire. A
la suite de ce jugement, le ministre nous arrive et nous dit: Bon, on va vous
présenter une petite loi de concordance, uniquement pour combler le vide
juridi-
que, on appelle cela un "vacuum juridique". Il dit: On va mettre la loi
rétroactive pour valider les prélevés,
déléguer des pouvoirs à l'organisme fédéral.
Mme la Présidente, le bill 116, ce n'est pas seulement cela. Le ministre
pourrait peut-être nous dire pourquoi il met dans son projet de loi:
Fixer le temps, le lieu de la production. Le ministre pourrait peut-être
nous dire cela pourquoi il met cela là-dedans. Pourquoi il permet, dans
son bill, au syndicat de réduire les quotas, d'annuler les quotas.
M. Garon: Mme le Président...
M. Fontaine: ... d'imposer des pénalités
basées sur le volume ou la quantité...
Mme le Vice-Président: A l'ordre!
M. Fontaine: ... du produit agricole et sur la superficie
cultivée.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Nicolet-Yamaska, M. le ministre de l'Agriculture se lève sur une
question de règlement, si j'ai bien compris.
M. Garon: Mme le Président, est-ce que je peux demander
qu'on s'en tienne à la pertinence du débat puisque j'ai dit hier
que je répondrais à toutes ces questions en commission
parlementaire?
Mme le Vice-Président: M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Brochu: Sur la question de règlement, Mme le
Président.
Mme le Vice-Président: Sur la question de
règlement, M. le député de Richmond.
M. Brochu: Vous me permettez... C'est qu'en vertu de nos
règlements, le député de Nicolet-Yamaska peut utiliser
tous les moyens qui sont dans le règlement pour parvenir à ses
fins, c'est-à-dire démontrer l'utilité d'une commission
parlementaire non pas pour étudier uniquement le projet de loi article
par article, mais pour entendre toutes les personnes intéressées
dans la discussion. C'est ce que le député de Nicolet-Yamaska est
en train de faire. Contrairement aux arguments du ministre, ce qu'on demande
foncièrement, c'est un débat de fond sur ce qu'il y a de trop
dans la loi et ce que cela semble cacher. On veut avoir la lumière
là-dessus et c'est seulement une commission parlementaire avec les
intéressés qui va le permettre.
M. Garon: Je vais vous la donner la lumière en commission
parlementaire.
M. Fontaine: Mme la Présidente, mon droit de parole, s'il
vous plaît.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Merci, Mme la Présidente. Je ne comprends
pas, Mme la Présidente. S'ils n'ont rien à cacher, ces gens,
pourquoi n'acceptent-ils pas une commission parlementaire? On serait même
prêt à s'entendre pour deux ou trois jours au maximum pour que les
gens intéressés puissent venir donner leur point de vue. Qu'on
n'ait pas seulement le point de vue du ministre de l'Agriculture qui nous cache
des choses. Du moins, c'est ce qu'on prétend, nous autres. Qu'on ait le
point de vue de tout le monde là-dessus. Pourquoi le ministre ne nous
dit-il pas qu'on permet dans son projet de loi de saisir le surplus de
production et de ne rien payer en contrepartie? De classer les producteurs en
groupes, de valider de façon rétroactive l'imposition des frais
et redevances qui ont été perçus illégalement et
qui appartiennent de droit aux producteurs? Est-ce que les gens pourraient
venir nous dire pourquoi ils sont contre l'objet de ces articles? Le ministre
pourrait leur répondre. Il n'y a pas de problème
là-dessus. Quelqu'un qui n'a pas peur de ses idées est capable de
les défendre, et c'est ce que l'Union Nationale fait, Mme la
Présidente.
On a fait un caucus à Sherbrooke, il y a quelque temps, et on a
invité le président de l'UPA, M. Paul Couture, à venir
nous rencontrer. Je peux vous dire que je n'ai pas été satisfait
de ses réponses, personnellement. On lui a demandé s'il
accepterait de venir témoigner à une commission parlementaire. Il
nous a dit: Plus cela traîne, plus cela se salit. C'est dangereux
d'accepter cela parce que plus cela traîne, plus les gens vont en savoir
et ce sera dangereux.
Ce n'est pas cela, il y a anguille sous roche là-dedans et, si
les gens veulent venir s'expliquer, qu'on les laisse donc faire. Les
coopératives, on nous dit qu'elles sont d'accord sur ce projet de loi. A
ce que je sache, les coopératives ont présenté un
mémoire au ministre de l'Agriculture le 16 décembre 1978 et elles
disaient dans ce mémoire: Comme le législateur, en principe, ne
parle pas pour rien dire et comme l'interprétation actuelle de la loi
est bien que la loi a pour effet de réglementer la production et la mise
en marché des produits agricoles au Québec, il faut bien conclure
qu'il y a derrière cette disposition, en apparence anodine, une
intention de porter atteinte aux droits des coopératives. Dans les
circonstances, nous demandons, non seulement que cet article 2a soit
biffé des amendements, mais que le dernier paragraphe de l'article 2,
qui a été amputé il y a quelques années sans
raison, soit rétabli".
M. Garon: A quelle date?
M. Fontaine: Au mois de décembre 1978.
M. Garon: Avant la rencontre avec le ministre de
l'Agriculture.
M. Fontaine: C'est dans le mémoire qu'ils ont
présenté et vous ne leur avez pas encore donné
satisfaction, à ce que je sache.
M. Garon: Avant la rencontre avec le ministre de
l'Agriculture.
M. Fontaine: Vous ne leur avez pas donné satisfaction.
M. Garon: Vous avez parlé de février,
tantôt.
M. Fontaine: Maintenant, il y a d'autre chose de nouveau qui
s'est produit depuis ce temps, je pense que les coopératives auraient
d'autres choses à dire.
Mme la Présidente, face au jugement qui a été
rendu, entre autres, par la Régie des marchés agricoles
dernièrement, un producteur dans mon comté qui, à la fois,
est membre de la coopérative et obligatoirement membre de l'UPA, se voit
imposer une redevance de $0.10 les 100 livres de lait. Pourquoi cela? C'est la
régie qui a décidé cela. Pour se faire concurrence
à lui-même par l'entremise de la fédération. Je
pense que les cultivateurs ont le droit de savoir cela et ont le droit de venir
dire au gouvernement qu'ils ne sont pas d'accord sur ces façons d'agir.
Nous demandons une commission parlementaire et, si nous ne l'avons pas ici,
nous allons la faire ailleurs, la commission parlementaire.
M. Lamontagne: En vertu de l'article 96, Mme la
Présidente.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Roberval, en vertu de l'article 96.
M. Lamontagne: Le député de Nicolet-Yamaska, comme
vous avez pu le constater, à quelques reprises, à mis en cause la
position de l'Opposition officielle, du Parti libéral du Québec.
Etant moi-même intervenu sur cette motion, je tiens à rectifier
certaines choses. Premièrement, nous sommes sur une motion de report de
cette motion de deuxième lecture et je rappelle que, sur la motion
principale, le député de Montmagny-L'Islet, le
député de Laval et le député de Maskinongé
sont intervenus. Par la suite, il y a eu la motion du député de
Maskinongé, mon intervention, celle du député de Shefford
et celle du député de D'Arcy McGee. Nous ne sommes pas absents du
débat, comme il a prétendu que nous l'étions. Nous avons
dit que nous étions favorables au principe du projet de loi, mais que
nous souhaitions, cependant, que les parties dissidentes, malgré notre
opinion, puissent être entendues. Mais déjà le ministre a
semblé répondre négativement à cette demande. Quand
même on se répéterait quinze fois, il me semble qu'il a
compris. S'il veut dire oui, il va nous le dire.
M. Chevrette: Mme le Président... M. Le Moignan: Mme le
Président...
Mme le Vice-Président: Vous vouliez intervenir?
M. le député de Gaspé.
M. Garon: J'espère que vous ne raconterez pas de
menteries.
M. Michel Le Moignan
M. Le Moignan: Merci. Mme le Président, j'aimerais bien
que le ministre m'écoute tout d'abord et puis je n'ai pas l'intention de
rectifier ses menteries. S'il pense que je vais lui en conter, ce n'est pas
dans mes habitudes. Le député de Roberval vient de dire quelque
chose. Je ne suis pas le premier intervenant sur cette motion de report
à un mois, mais le ministre connaît très bien l'adage bis
repetita placent. Il y a des mauvaises langues qui ont prétendu que le
ministre était têtu, acharné, qu'il ne voulait jamais
céder dans ses opinions. Je n'en suis pas tellement convaincu. Des fois,
il prend les choses en riant, en badinant. C'est parce qu'il est sérieux
à ce moment, c'est parce qu'il veut masquer un peu les remords qui le
rongent. Je suis convaincu qu'il écoute les interventions que nous
faisons en ce moment quand nous demandons de reporter cette deuxième
lecture afin de donner le privilège à tous les producteurs de se
faire entendre, que ce soit l'Union des producteurs agricoles, les
coopératives. Personnellement, je n'ai pas à protester parce que
je n'ai pas été invité aux réunions des
comtés voisins dans les Cantons de l'Est vu que ma région est
moins agricole. (16 h 30)
Je me demande pourquoi cette nécessité de brusquer les
choses. Je crois que le député de Maskinongé avait
entièrement raison. Pour nous, comme on l'a mentionné, pourquoi
ne pas faire éclater la vérité? S'il n'y a rien à
cacher, alors, le ministre... Je n'ai pas de menterie à raconter au
ministre. Si nous avons la position des producteurs agricoles, des
coopératives, de la coopérative de Granby et de tous les autres
groupes, à ce moment-là, cela va enlever du ressentiment.
On a vu, il y a deux jours ici, que ce soit 300, 3000 ou 8000
contestataires, les chiffres n'ont pas d'importance, qu'il y a un mouvement de
la population qui n'est pas d'accord avec le projet de loi no 116. Si le
ministre tenait une commission parlementaire de deux ou trois jours, les gens
viendraient ici, à Québec, on pourrait les écouter, on
pourrait leur poser des questions et avec la lumière qui en jaillirait,
je pense qu'il y aurait moins de contestation, il y aurait moins de
protestations, et le ministre de l'Agriculture pourra peut-être se faire
de nombreux autres amis parce qu'il aura peut-être le don de les
convaincre de l'utilité, de la valeur et de l'honnêteté de
son projet de loi.
Personnellement, je n'ai rien contre l'UPA. Il y a un organisme dans ma
région, c'est peut-être 1e seul, qui s'acquitte probablement
très bien de sa tâche parce que ce n'est pas un comté
agricole au sens des comtés de ceux qui ont ici revendiqué
certains droits. Moi, par souci de justice, par souci d'équité,
face au ministre, lui qui est ouvert, qui a fait le tour de la province et qui
raconte de belles
choses aux gens, là, il pourrait les rencontrer en commission
parlementaire et je crois que le point principal est là. Quand ils
auront rencontré le ministre, quand ils lui auront fait part de leurs
doléances, le ministre pourra se présenter en Chambre et dire
à l'Opposition, surtout aux têtus de l'Union Nationale: Vous avez
demandé une commission, nous l'avons tenue et en voici les
résultats.
En dépit des affirmations du ministre, il y a encore beaucoup de
craintes et beaucoup d'inquiétudes dans une bonne partie de la
population. Quand le gouvernement précédent a voté la loi,
le chapitre 36, surtout l'article 2, le but premier était justement
cette protection des plans conjoints. On voulait là-dedans, même
avec le syndicalisme, protéger les coopératives. C'est ce qui est
important dans le moment. Dans la province de Québec, il y a de gros
producteurs. Je n'ai rien contre eux, ils ont de gros quotas. Il y en a
d'autres, dans d'autres régions, qui sont moins favorisés, qui
ont de plus petits quotas. Il faudrait que ces gens aient au moins l'assurance
qu'ils vont continuer de vivre. Je sais qu'il y a dans mon comté des
producteurs d'oeufs, par exemple, qui ont peut-être 2000 ou 3000 poules.
On les a avisés l'an dernier qu'ils avaient 1000 poules de trop et qu'il
fallait s'en débarrasser le plus vite possible. Le cultivateur qui est
venu me voir m'a dit: M. le député, tant qu'à tuer mes
1000 poules, j'aime autant aller me couper le cou! Pour lui, c'était sa
vie, ses poules. Il vit de ses poules, il vit de ses oeufs. Il ne peut pas les
manger, les 3000 poules! On lui imposait un certain contingentement.
Je ne veux pas prolonger le débat, je ne veux pas faire de
démagogie, mais je pense qu'il y a quelque chose à respecter
là-dedans, c'est un principe de démocratie. Il y a de nombreux
groupes qu'on les appelle dissidents ou autres qui ont le droit
de se faire entendre. Ils ont demandé expressément d'être
entendus. En même temps, l'Union des producteurs agricoles pourrait venir
ici répondre également aux questions des députés.
Si le ministre de l'Agriculture, si le gouvernement agissait de cette
façon, le gouvernement manifesterait ainsi toute cette transparence qui
est censée être la sienne. Les gens vont dire, ceux qui
écoutent ce débat: C'est vrai, tout est clair, tout est limpide,
le ministre de l'Agriculture n'a absolument rien à cacher, les
organismes n'ont absolument rien à cacher, chacun veut jouer cartes sur
table. Quand la loi viendra, quand elle sera votée, tout le monde sera
content. Les producteurs, les consommateurs, tout le monde se sentira beaucoup
mieux protégé et cette inquiétude qui règne dans le
moment sera probablement dissipée par le fait même de cette
commission parlementaire. M. le Président, je vous remercie.
M. le Vice-Président: Est-ce que M. le
député de Charlevoix se lève pour parler sur la motion
d'amendement? Je vous reconnais.
M. Raymond Mailloux M. Mailloux: M. le Président, ce n'est
pas tant parce que nos collègues de l'Union Nationale semblent nous
faire grief d'avoir présenté une motion de report et qu'on ne
l'appuie pas autant au'on pourrait le faire. Je ne voudrais pas revenir sur les
arguments qu'a invoqués mon collègue de Montmagny-L'Islet quand
il a dit, au tout début de son argumentation en deuxième lecture,
que l'Opposition officielle était d'accord avec le gouvernement sur les
amendements qui devaient être apportés afin de permettre que soit
contrecarré le jugement rendu par la Cour supérieure quant
à la loi dont on parle déjà depuis quelques jours.
M. le Président, on a demandé une commission parlementaire
pour entendre les parties. Je représente un comté qui a vu,
depuis la dernière décennie, les producteurs sans sol se classer
parmi les meilleurs du Québec. Charlevoix a, dans cette décennie,
progressé grâce à l'ensemble de ces producteurs sans sol
qui aujourd'hui, sur le marché québécois, font un travail
très profitable. Dans les années précédentes, quant
à la chair de volaille, Charlevoix a expédié vers le
Japon, à une certaine époque, au-delà de trois millions de
livres; cela venait de Charlevoix, d'un des producteurs les plus importants du
Québec.
On a demandé la convocation de la commission parlementaire pour
entendre les dissidents, pour nous renseigner sur certaines interrogations que
nous avions à l'esprit; mais je ne voudrais pas que mes interrogations
passent pour des vérités de foi, loin de là, parce que je
suis un profane dans les matières agricoles. Il y a quand même
quelques questions que je me posais, c'étaient les suivantes, quant
à l'autre partie de la loi. Comment se fait-il qu'on se serve de la
correction à apporter à la loi pour, en même temps, aller
modifier en profondeur la Loi sur la mise en marché des produits
agricoles et, tel que quelques-uns le disaient tantôt, fixer le temps et
le lieu de la production, chose qui ne paraît pas dans la loi des
marchés agricoles du Québec? L'interrogation qui me venait
à l'esprit c'est quelles seront les répercussions venant d'une
province qui se donne de tels pouvoirs sur d'autres provinces qui n'ont pas de
loi aussi directe que celle-là.
Ceux qui m'ont précédé ont mentionné qu'une
des provinces, après le jugement de la Cour supérieure,
s'était donné les mêmes pouvoirs, dans sa loi, de fixer le
temps et le lieu de la production alors que les autres provinces n'avaient pas
indiqué dans leur loi une telle obligation. Je me demandais ceci,
surtout après avoir écouté le discours enflammé de
deuxième lecture du ministre de l'Agriculture; il nous disait, lors de
la présentation du projet de loi sur la protection des terres agricoles,
que le Québec devrait aller vers l'autosuffisance. C'est un choix que
j'accepte du ministre de l'Agriculture, que nous devenions autosuffisants dans
la plupart des productions et des cultures. Chaque Québécois est
derrière le ministre pour améliorer un peu, dans le
Québec, autant nos productions que nos cultures, nonobstant le climat
rigoureux que nous connaissons.
Je me posais donc cette question suite à l'argument qu'il nous
donnait à ce moment-là;
quand je voyais qu'on voulait fixer le temps et le lieu des productions,
je me disais: C'est une loi qui apportera un dirigisme d'Etat peut-être
inacceptable pour la philosophie que le Québec a depuis qu'il existe. Je
me demandais quelles seraient les répercussions sur nos plans conjoints
de mise en marché, alors que dans certaines productions, telle celle du
lait industriel, on sait qu'on produit déjà presque 50% de la
consommation du marché canadien. Je m'en suis ouvert je vous le
dirai bien, M. le Président directement au ministre de
l'Agriculture, après une séance, lui qui doit quand même
commencer à être un peu un expert en agriculture. Je lui ai
demandé quelles seraient les répercussions après
l'adoption d'une loi semblable par cette Assemblée sur ces plans
conjoints où nous sommes plus que suffisants, où nous avons
à mettre en marché sur l'ensemble du marché canadien le
lait nature, le porc, où nous sommes maintenant excédentaires, la
chair de volaille, où nous pourrions être excédentaires
s'il n'y avait pas eu un arrêt de production voulu par les producteurs.
(16 h 40)
Le ministre m'a répondu forcément que c'était quand
même un "bargaining power" qu'il y avait entre des provinces qui avaient
d'autres productions ou cultures à vendre et le Québec qui, lui,
devait mettre en marché sur l'ensemble du marché canadien.
J'aurais forcément aimé quand même, malgré
l'assurance que m'a donnée le ministre en dehors de la Chambre, entendre
les différents opposants. Principalement les très gros
producteurs qui ont bénéficié de très larges quotas
et, je dois bien l'avouer, ont bien dû, pour devenir aussi importants
dans le Québec, aller un peu également dans
l'illégalité. Mais on nous dit quand même que certaines
obligations de la loi amèneront certaines contraintes. Le ministre
pourra peut-être nous dire dans sa réplique tantôt si cela
arrivera. Je lui en ai fait part privément. Des sociétés
de prêts, dans le passé, à l'endroit des producteurs,
prêtaient sur des quotas qui n'ont à peu près jamais
été enlevés, malgré certaines
pénalités. C'est bien rare qu'on ait enlevé des quotas
à des gens. Actuellement, je pense que les pouvoirs de l'office
permettront, en dehors des pénalités, d'enlever
catégoriquement des quotas. Les prêts se faisaient non pas tant
sur la valeur des bâtisses et des terrains, mais principalement sur les
quotas que détenaient ces producteurs. Il faudrait peut-être
tantôt que le ministre nous dise de quelle façon l'ensemble des
producteurs seront placés devant les sociétés de
prêts auxquelles ils feront appel pour obtenir les fonds auxquels ils
pouvaient facilement avoir accès antérieurement. J'espère
que le ministre pourra également éclairer notre lanterne au sujet
de la production québécoise s'il arrivait que, dans les autres
provinces qui n'ont pas de loi semblable à celle du Québec, on
veuille, comme mesure de représailles, imposer des contraintes aussi
fortes...
M. Garon: Les neuf provinces l'ont. M. Mailloux:
Pardon?
M. Garon: Les neuf provinces ont ce pouvoir. M. Mailloux:
C'est-à-dire le fédéral.
M. Garon: Non. Ce sont des lois provinciales.
Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît! Je
vous en prie!
M. Mailloux: Je pense, M. le Président, que le ministre
avait dit lui-même qu'il cherchait dans sa loi 116, surtout la
concordance avec des lois fédérales qui contiennent les
mêmes dispositions. Je pense que c'est ce qu'avait dit le ministre, mais
je ne sache pas maintenant que toutes ces provinces aient des pouvoirs aussi
étendus quant à la production et quant au moment, temps et lieu
où la production doit se faire.
M. le Président, c'était à bâtons rompus que
je voulais faire quelques observations. Il demeure quand même que je ne
voudrais pas qu'on pense que des partis de l'Opposition puissent se faire une
lutte acharnée, alors que ces mêmes partis de l'Opposition, que ce
soit l'Union Nationale ou le Parti libéral, ont dans le passé
adopté une mesure peut-être moins radicale, mais qui avait quand
même mis de l'ordre dans l'organisation de la mise en marché des
productions ou des cultures dans le Québec. Etant en politique depuis
déjà près de 17 ans, je suis de ceux qui ont vu, avant
l'implantation des plans conjoints, nos producteurs, de quelque grosseur qu'ils
soient, être aux prises avec des problèmes financiers
inacceptables, il y a dix ou douze ans. Depuis que la mise en marché a
été ordonnée et que des contraintes ont été
placées sur chacun des quotas, on ne peut quand même pas dire que
l'ensemble des producteurs qui sont à l'intérieur des plans du
lait industriel, du lait nature, du porc de la chair de volaille ou des oeufs,
n'ont pas eu des bénéfices plus importants que dans le
passé.
M. le Président, j'appuie la motion du député de
Maskinongé parce que cela nous aurait permis d'entendre quand même
ceux qui ont été un peu les artisans de l'agro-alimentaire dans
le Québec et qui sont les producteurs les plus importants. Quand je vois
chez nous des fermes, telle la Poulette grise, qui produit peut-être
je ne sais pas 60 000 têtes par jour, je pense bien que
l'implantation d'une mesure semblable apportera certaines contraintes à
des gens qui ont été vers la transformation de la chair de
volaille ou d'autres viandes. Ces gens craignent quand même que les
contraintes gouvernementales, la réglementation et la bureaucratie qui
s'ensuivront amèneront peut-être des difficultés à
être aussi viables qu'ils l'ont été dans le
passé.
M. le Président, j'appuierai donc sûrement la motion du
député de Maskinongé, mais je ne voudrais pas qu'on pense
que le Parti libéral, en éclairant sa lanterne, soit
catégoriquement contre une loi que lui-même et ses
prédécesseurs avaient été les premiers à
mettre en place ici au Québec pour la mise en vente des produits, autant
dans les productions que dans les cultures.
Le Vice-Président: Merci, M. le député de
Charlevoix.
M. le député de Vanier.
M. Bertrand: M. le Président, il ne m'aurait pas
déplu de faire un discours pour citer certains extraits du dernier
numéro de La terre de chez nous concernant le projet de loi 116 et
certaines critiques adressées au député de
Nicolet-Yamaska. Mais, comme cela pourrait enlever définitivement toute
base de l'Union Nationale dans le milieu rural, je vous demanderai le vote.
Une Voix: Vote, vote.
Le Vice-Président: D'accord.
M. Brochu: Vote enregistré, M. le Président.
Le Vice-Président: Un instant. A l'ordre! Comme il n'y a
pas d'autre intervenant ou opinant, je demande si cette motion sera
adoptée.
M. Brochu: Vote enregistré, M. le Président.
Le Vice-Président: Alors, qu'on appelle les
députés.
Suspension à 16 h 47
Reprise à 16 h 56
Mise aux voix de la motion de report
Le Vice-Président: A l'ordre! Je mets aux voix la motion
de M. le député de Maskinongé à l'effet que le
projet de loi no 116, présenté par M. le ministre de
l'Agriculture, que l'étude de cette deuxième lecture soit
reportée à un mois. Que ceux et celles qui sont en faveur de
cette motion veuillent bien se lever, s'il vous plaît!
Le Secrétaire adjoint: MM. Levesque (Bonaventure), Lavoie,
Vaillancourt (Orford), Lalonde, Mailloux, Ciaccia, Lamontagne, Giasson, Blank,
Caron, O'Gallagher, Picotte, Marchand, Gratton, Pagé, Verreault, Biron,
Bellemare, Grenier, Russell, Goulet, Fontaine, Brochu, Dubois, Le Moignan,
Cordeau, Roy.
Le Vice-Président: Que ceux qui sont contre veuillent bien
se lever.
Le Secrétaire adjoint: MM. Charron, Couture, O'Neill, de
Belleval, Proulx, Lessard, Léger, Garon, Marcoux, Chevrette, Bertrand,
Fallu, Michaud, Rancourt, Laberge, Grégoire, Lefebvre, Laplante, Mme
Leblanc-Bantey, MM. Bisaillon, de Bellefeuille, Mercier, Alfred, Marquis,
Gagnon, Ouellette, Gosselin, Clair, Brassard, Dussault, Boucher,
Beauséjour, Desbiens, Baril, Charbonneau, Gravel, Lévesque
(Kamouraska-Témiscouata), Lacoste, Jolivet.
Le Vice-Président: Y aura-t-il des abstentions?
Le Secrétaire: Pour: 27 Contre: 39
Abstentions: 0
Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît! La
motion est rejetée. Nous revenons au débat sur la motion de M. le
ministre, qui demande que le projet de loi no 116 soit lu une deuxième
fois. Tout le monde connaît le règlement sur ce genre de
débat.
M. le député de Brome-Missisquoi. ( 17 heures)
Motion principale (suite)
M. Armand Russell
M. Russell: M. le Président... Oui, vous allez en entendre
des bonnes. M. le Président, je suis un peu déçu du
résultat du vote. Ce matin, nous avions cru entendre que le ministre,
à la suite de réunions d'hier, avait quasi changé
d'idée et que nous aurions aujourd'hui le plaisir de le voir convoquer
cette commission parlementaire afin de faire la lumière sur toute cette
situation ou cette divergence d'opinions qui existe actuellement dans le
domaine agricole au Québec. M. le Président, je veux m'en
référer comme le dit le chef de l'Union Nationale
lorsqu'il est intervenu tout à l'heure, et je l'ai fait l'autre jour
simplement aux quelques paroles, aux quelques phrases du leader
parlementaire, qui regrettait la colère qu'il avait faite le 21
décembre contre l'Union Nationale parce qu'on n'avait pas voulu se
soumettre au rouleau compresseur pour adopter le bill 116. Etait loin de nous
l'idée de vouloir paralyser ou de retarder l'étude de ce bill
simplement pour le plaisir de le faire, parce que, comme beaucoup d'autres,
nous avons autre chose à faire et nous connaissons le coût pour
maintenir le travail en cette Chambre.
Mais nous avions assez de raisons pour nous rendre compte qu'il
était important que nous prenions le temps nécessaire pour en
faire l'étude et tenter de faire la lumière sur toute cette
situation dans le domaine agricole. M. le Président, je sais
qu'actuellement il y a des gens qui font circuler de l'information contre le
bill 116, d'autres pour le bill 116. Mais il me semble difficile et j'ai
tenté de le faire comme beaucoup d'autres de mes collègues, je
suis certain que plusieurs des membres du Parti québécois l'ont
fait aussi de connaître une assemblée où les
cultivateurs seraient unanimes, et cela a été bien difficile.
J'ai assisté à des réunions là où les
cultivateurs avaient été convoqués pour recevoir de
l'information et à des réunions où l'UPA elle-même
avait été convoquée et auxquelles elle avait refusé
d'assister pour des raisons que je ne veux pas expliquer. Je ne veux pas dire
que ce sont des raisons malhonnêtes, de mauvaises intentions, mais je
veux simplement vous dire ceci: C'est important, que ce soit l'UPA ou les
coopératives, mais il est encore plus important parce que cela
relève directement du ministre que le ministre de l'Agriculture,
lui, prenne les dispositions pour faire
la lumière sur toute la situation. N'oublions pas une chose,
quoiqu'on tente de faire croire dans bien des milieux que le bill 116 est
là simplement pour régler un petit problème d'un jugement
de la Cour suprême.
M. le Président, je vous prends à témoin qu'il n'y
a rien de plus faux que de tenter de faire croire cela à nos
agriculteurs. Je sais qu'il y a des gens qui vont dire: Ce n'est pas cela qu'on
a dit, et je n'accuse aucun des députés du gouvernement d'avoir
fait cela. Je pense qu'ils sont plus intelligents et plus honnêtes que
cela, certainement plus honnêtes. Mais il y a plusieurs des
propagandistes qui l'ont fait et qui tentent de mépriser l'acte qui est
posé par un parti politique, que ce soit l'Union Nationale ou
d'autres.
M. le Président, il faut comprendre le système qui nous
régit. Je dis que le 21 décembre au soir, dans la nuit, lorsque
nous avons agi, nous l'avons fait de bonne foi, nous l'avons fait en voulant
remplir notre rôle d'Opposition. Nous savions à ce
moment-là qu'il est important que la lumière soit faite en vue de
clarifier cette situation, et la vérité c'est quoi? Qu'est-ce qui
s'est produit depuis ce temps? On a eu à travers le Québec des
centaines et des centaines de réunions tant de ceux qui sont pour que de
ceux qui sont contre. On a tâché chacun à notre
façon de faire la lumière sur toute cette situation. Encore
aujourd'hui, même le parti que je représente reçoit de jour
en jour des briques de documents que le ministre lui-même aurait
dû, lorsqu'il a fait son intervention, déposer devant cette
Chambre afin d'informer les députés. Il a négligé
de le faire. Il y a une chose qui se produit. A ce moment, ou il n'était
pas au courant, donc, il devrait être fier de nous; ou il était au
courant et je dis que cela a été malhonnête de le faire de
la façon qu'il l'a fait.
Le rôle du ministre de l'Agriculture dans cette Chambre est
drôlement important. Il représente la masse des cultivateurs, non
pas simplement une fraction des cultivateurs, mais la totalité des
cultivateurs. L'agriculture, autant que je sache, c'est encore la base
fondamentale de notre économie québécoise. C'est
drôlement important. On n'a pas le droit de faire ce qu'on tente de faire
actuellement et de traiter à la légère cette question de
malaise qui est en train de se créer dans le domaine agricole.
Je suis un peu surpris que le ministre de l'Agriculture ne soit pas ici
pour écouter les débats. Je présume qu'il va
peut-être tenter de les lire. J'aimerais surtout voir le premier ministre
ici en Chambre écouter le débat. J'aurais aimé voir le
premier ministre venir rencontrer les cultivateurs qui se sont réunis
à Québec, lundi dernier. Le premier ministre, lui qui prête
l'oreille aux Québécois, comprendra peut-être plus
rapidement le malaise qui existe dans le domaine agricole.
J'ai fait un essai. J'ai un comté agricole, je connais plusieurs
agriculteurs et j'ai parlé à plusieurs agriculteurs. Sans faire
de commentaires, j'ai simplement posé une question. Je me suis rendu
compte qu'une infime majorité de ces gens étaient au courant de
ce que comportait le projet de loi no 116; peu connaissaient le chapitre 36, la
Loi sur la mise en marché des produits agricoles. M. le
Président, c'est drôlement important que la publicité soit
faite, d'abord, pour informer nos cultivateurs de leurs droits. S'ils ne les
connaissent pas, ce n'est pas surprenant qu'il y ait des malaises dans le
domaine agricole. Je dis qu'on manque à notre devoir quand le
gouvernement... Je n'accuse pas simplement le gouvernement actuel. Cette loi a
été adoptée en 1974, on en a vécu d'autres en 1963,
il y en a une qui a été adoptée en 1956. Ce n'est pas
d'hier qu'il y a des malaises qui existent dans le domaine agricole. Cela fait
des années et des années que des hommes de bonne foi parcourent
la province de long en large pour tâcher de créer un climat
d'unité chez nos cultivateurs, de regrouper notre classe agricole pour
faire prospérer cette agriculture qui est un besoin important pour notre
économie québécoise. Et, d'un coup de plume, on pourrait
chambarder tout ce domaine!
Qu'on vienne me dire: Vous, de l'Union Nationale, vous n'avez rien
compris, je pourrais relever beaucoup de documents. C'est peut-être vrai
qu'on n'a rien compris, mais il y a peut-être des professeurs, par
exemple, derrière moi, qui ne comprennent rien dans le domaine agricole
au Québec. Je voudrais qu'un de ceux-là qui parle essaie de
vivre, pendant une semaine, ce que vit un cultivateur quotidiennement... Je ne
suis pas un avocat, j'ai été élevé sur une terre,
je suis un agriculteur. Vous allez me dire que cela paraît, j'en suis
fier.
Si on connaît le travail qu'a à accomplir un cultivateur,
on va comprendre pourquoi il ne peut pas suivre les journaux quotidiennement,
la radio quotidiennement, la télévision quotidiennement. Je sais
qu'il y en a qui sont plus intéressés que les autres, qui se font
un devoir de le faire. On suit les journaux hebdomadairement surtout, on lit
souvent les revues, souvent on néglige d'aller à des
réunions. On n'a pas de reproches à leur faire parce qu'ils ont
d'autres obligations. Ce n'est pas toujours facile pour eux d'aller à
des réunions qui peuvent être convoquées par leurs
organismes, je ne le leur reproche pas. Ce n'est pas une question de faire des
reproches à ceux qui sont contre leur syndicat, pas plus qu'à
d'autres qui peuvent être contre les coopératives. (17 h 10)
Le mouvement coopératif ne vient pas de naître; il existe
depuis des dizaines d'années. Il a été créé
avec beaucoup de difficultés, beaucoup d'efforts de la part de
cultivateurs québécois qui ont travaillé ardument pour
bâtir ce mouvement avec l'aide des gouvernements. Ce n'est pas une chose
qu'on veut jeter à terre. On a assisté à des discussions
aujourd'hui, des documents circulent, le ministre est certainement au courant;
des documents ont été déposés, ce ne sont pas des
faussetés. On va dire: Vous mentez en pleine télévision.
Ce sont des documents officiels de la régie des marchés, c'est un
jugement. C'est ce qu'on a lu. Ce n'est pas nous qui portons des accusations de
coopératives fantômes, ce n'est pas nous qui nous
plaignons de cela, nous ne faisons que lire les choses que les
cultivateurs ne savaient pas et dont plusieurs membres du gouvernement
n'étaient pas au courant.
Je ne veux pas commencer à relire ce jugement, le chef en a lu
des parties cet après-midi. Oui, il en a lu des parties. Le ministre a
tenté de répondre du mieux qu'il a pu. Je suis convaincu qu'au
mois de novembre, lorsque le ministre de l'Agriculture a fait son exposé
en Chambre...
Une Voix: Le chef.
M. Russell: Je pourrais dire le chef des cultivateurs, mais,
actuellement, je commence à me poser des questions. Je pense qu'il ne
représente qu'une partie, il ne représente pas les deux
côtés. Il aurait pu nous faire part de ce jugement et nous dire:
Je suis obligé de déposer le bill 103 avec son contenu pour
éviter que cela ne se reproduise ou pour éviter que cela se
perpétue, s'il devait l'appuyer. Je ne suis pas sûr de la
décision qu'il a prise. Il nous dit que ceci est devant le Conseil des
ministres; ça, c'est grave! M. le Président, vous qui êtes
un avocat, vous qui connaissez les procédures de la
législation...
Une Voix: C'est un notaire.
M. Russell: Un notaire, c'est vrai?
Une Voix: Non, un autre professeur!
M. Russell: Un autre professeur! Excusez! Vous connaissez les
procédures.
M. Caron: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président suppléant (M. Marcoux): Question de
règlement, oui.
M. Caron: Je m'excuse auprès de mon collègue de
Brome-Missisquoi, mais, quand on étudie un projet de loi aussi important
que celui-ci, on devrait pouvoir compter sur la présence des ministres
et il n'y en a aucun. Même le ministre de l'Agriculture, le père
des cultivateurs, n'est pas ici. J'espère qu'on va faire entrer des
gens.
Le Président suppléant (M. Marcoux): M. le
député de Brome-Missisquoi.
Des Voix: Quorum! Quorum!
M. Goulet: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président suppléant (M. Marcoux): Un instant!
J'ai entendu qu'on signalait l'absence de ministres. En ce qui concerne le
quorum, je venais à peine de vérifier et, compte tenu du nombre
de députés qui se sont ajoutés, nous avons quorum. M. le
député de Brome-Missisquoi.
M. Russell: J'étais à dire que ce n'est pas nous
qui avons publié ce document, ce n'est pas nous qui l'avons
écrit, c'est un jugement de la régie des marchés. C'est ce
qu'on a lu. J'ai pu déduire de la réponse du ministre que le
Conseil des ministres ne s'est pas encore prononcé sur ce document.
C'est ce que je trouve grave. Le Conseil des ministres ne s'étant pas
prononcé sur le jugement de cette ordonnance parce que c'est elle
qui a un droit d'appel là-dessus on a commencé à
donner des subventions à cet organisme qu'on accuse d'être un
entrave au mouvement coopératif. Indépendamment du montant, cela
peut être $800 000 ou $900 000, cela importe peu, c'est le principe
d'avoir commencé à donner des subventions à ce mouvement
coopératif. On me dit que c'est légal. Je ne mets pas en doute la
légalité. Ce n'est pas moi qui la mets en doute. Non, ce n'est
pas moi.
Une Voix: Non, c'est le chef.
Des Voix: Hé! Les coopératives fantômes!
M. Russell: Un instant! J'écoute ces gens-là.
Qu'ils lisent le document. Ce n'est pas nous qui le mettons en doute. C'est
écrit noir sur blanc. Je pourrais le lire, mais je trouve que ce n'est
pas nécessaire. Les députés, ici, en Chambre, auraient
intérêt à en demander des photocopies au ministre de
l'Agriculture parce qu'il doit en avoir une, lui, j'espère. Qu'il
informe donc ses députés. Qu'ils lisent le document et,
après cela, ils pourront parler. Ils verront qu'on n'a pas dit de
faussetés et il n'est pas de notre intention de tenter d'en dire. Nous
voulons exposer la situation telle que nous l'entendons, telle qu'elle nous est
présentée.
Si on prétend avoir le monopole de la vérité de
l'autre côté, il serait important qu'on convoque la commission
parlementaire qui était demandée par la motion du
député de Maskinongé.
Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît! La
motion a été défaite.
M. Russell: D'accord. Mais je vous parle simplement de
l'importance de siéger en commission parlementaire. S'ils pensent qu'ils
ont le monopole de la vérité, qu'on puisse clarifier toutes ces
questions. On pourrait faire venir les mouvements de cette coopérative
chose certaine, il y a la Coopérative de Granby. Le mouvement
coopératif est quand même un mouvement important, surtout dans le
domaine du lait.
M. Garon: C'est une question qui est en appel. On ne peut pas en
discuter comme cela, voyons donc!
M. Russell: Un instant! M. le Président, vous qui
connaissez bien la loi, nous ne sommes pas obligés de discuter
exactement de cela. On peut discuter du grand principe du mouvement
coopératif. Parce que c'est cela qui est mis en cause
actuellement par le projet de loi 116 et la loi qui nous régit
actuellement. On peut avoir fait des petits amendements qu'on n'a pas encore
déposés et que le ministre aurait pu nous annoncer lorsqu'il a
parlé en deuxième lecture. Il ne l'a pas fait. Il aurait pu
annoncer les amendements et dire pourquoi il les annonçait, pourquoi il
apportait ces amendements. Il ne l'a pas fait. Il dit, actuellement, qu'il va
présenter des amendements en commission. Bien heureux qu'il en apporte,
nous allons en avoir nous aussi.
M. Garon: Vous avez copie des amendements depuis le mois de
décembre!
M. Russell: M. le Président, peut-on se fier que c'est
réellement cela que le ministre va présenter? Y aura-t-il
d'autres amendements de présentés? Nous voudrions d'autres
amendements. On veut s'assurer que le mouvement coopératif qui a
été bâti par des cultivateurs du Québec, au prix de
nombreux efforts et pendant des années, ne soit pas brimé, ne
soit pas mis en cause. Actuellement, par ce qui vient de nous apparaître
depuis hier ce n'est pas nous qui avons provoqué cela cela
augure mal. J'ai l'impression qu'il y a un mauvais climat qui va exister entre
les coopératives et l'UPA ou la Fédérée.
Une Voix: Voyons donc!
M. Russell: Je pourrais vous le lire, on en a envoyé une
copie au ministre pour lui dire: Vous êtes au courant!
Le Vice-Président: Je regrette, mais... A l'ordre, s'il
vous plaît!
Si je comprends bien et pour que cela soit officiel, M. le
député de Brome-Missisquoi parle au nom de son parti. Il a donc
le droit de parler pendant une heure, sans être interrompu!
M. Russell: M. le Président, je parle sur le principe de
la loi 116 et quand je parle du principe, cela couvre le principe du
contingentement et de toutes ses implications. Cela ouvre des portes bien
grandes dans le domaine agricole, dans la province de Québec.
Actuellement, je comprends qu'il n'y a que quelques plans, mais par les
amendements et la loi actuelle, le tout va être couvert, même la
production agricole. On va pouvoir déterminer c'est dit dans le
projet de loi 116 le lopin de terre qu'ils pourront semer. Cela n'existe
pas encore, mais cela peut exister. Et si on n'a pas l'intention de le faire,
pourquoi se battre là-dessus? Qu'on fasse donc comme les autres
provinces qui, lorsqu'elles ont adopté leur loi, ont laissé le
pouvoir d'agir au lieutenant-gouverneur pour chacun de ces plans. Un groupe de
cultivateurs peut s'unir, former un plan et il a le pouvoir qu'il obtient du
lieutenant-gouverneur en conseil et il peut le contrôler, c'est la loi en
Ontario.
M. Garon: ... référendum. C'est cela que vous
demandez?
M. Russell: Non.
M. Garon: C'est comme cela en Ontario, tous les plans conjoints
sont adoptés sans référendum!
M. Russell: M. le Président...
Le Vice-Président: M. le député de
Brome-Missisquoi, s'il vous plaît! Vous vous adressez à la
présidence.
M. Russell: Pour cela je m'adresserai à vous, M. le
Président. Par votre entremise, j'espère être capable de me
rendre au ministre de l'Agriculture. S'il veut comprendre, il va falloir qu'il
arrête de parler! Là, il va comprendre, il aura son droit de
réplique tout à l'heure. Il peut prendre des notes et il pourra
rectifier la situation au fur et à mesure et on va tâcher de
l'écouter religieusement, parce que j'ai hâte de voir quelles
mesures il va prendre pour corriger le malaise qui existe actuellement, lui qui
ne veut pas convoquer une commission parlementaire pour entendre les
intéressés. C'est cela oui nous intéresse. On peut
simplement dire... Dans le mouvement coopératif, il y a des cultivateurs
qui disent qu'ils pourraient faire mieux s'il n'y avait pas de
coopérative, s'ils étaient plus libres d'agir. Je pense que la
coopérative agricole de Granby et toutes les coopératives de lait
ont fait leurs preuves. Ce n'est plus à réviser. (17 h 20)
Quand on sait que les coopératives contrôlent 80% du lait
industriel et tout près de 50% du lait nature, quand on regarde un peu
l'expérience passée, on prouve facilement que les cultivateurs du
Québec qui produisent du lait ont mieux été payés
au Québec qu'en Ontario durant toute l'année 1978. Il me semble
qu'on n'a pas de reproche à leur faire. On peut avoir des gens
mécontents. C'est bien normal. Mais si ces gens pouvaient se rendre
compte de ce qui existe exactement, on pourrait peut-être tâcher de
changer le climat qui existe actuellement. C'est le climat qui est mauvais, M.
le Président. Ce n'est pas bon qu'il y ait deux factions. Je dis
à ce moment-là: Ils manquent de contacts, de communications,
d'informations. La coopérative ne se rend pas assez loin ou l'UPA ne se
rend pas assez loin. Il faudrait tâcher de prendre les moyens pour avoir
de meilleures communications avec chaque cultivateur qui a à produire
dans la province de Québec et faire comprendre à chacun pourquoi
on instaure des plans conjoints et pourquoi ces lois-là. Il y a bien des
gens qui ne le comprennent pas, même s'ils disent: On n'en a pas besoin.
Je pense que la preuve en a été faite. Je comprends qu'il y a des
façons de le faire.
Actuellement, il y a des gens qui méprisent, peut-être avec
raison, les plans conjoints. Dans le domaine du lait, certains sentent qu'il y
a une manipulation des quotas. C'est à l'UPA ou à la
fédération de faire la preuve que ce n'est pas vrai,
d'éclaircir la situation de façon nette afin que tous les
cultivateurs sachent de quelle façon les quotas sont distribués.
J'ai rencontré certains cultivateurs et, à tort et à
raison je ne dis pas qu'ils avaient le monopole de la
vérité je vous rapporte ce qui s'est dit. Je pense que
c'est mon rôle et mon devoir de le dire: J'avais un quota de moins de 500
000 livres de lait. Je me suis fait couper de 20% et quand je me suis
réveillé, même si le fédéral en a remis
d'autres, il n'y en avait plus. Je n'ai pas pu en avoir d'autres. La
distribution avait été faite.
Je n'ai pas été vérifier à la source. Je
n'ai pas ces moyens et je n'avais pas le temps. Mais je vous dis ce qui m'a
été rapporté. Ce qui veut dire ceci. S'il y a beaucoup de
cultivateurs qui se sentent lésés de cette
façon-là, cela n'a pas sa raison d'être. Et si on continue
à agir de cette façon, qu'arrivera-t-il? Le petit cultivateur qui
n'est pas au fait, qui ne suit pas l'affaire de très près va
rester petit et peut-être malheureux. Le gros qui se tient au fait va
continuer à devenir plus gros et plus heureux. En somme, le plus petit
s'appauvrit et le plus gros s'enrichit. Ce n'est pas le but qui est visé
par les contingentements. C'est tâcher d'agir pour être aussi
équitable que possible pour tous les cultivateurs dans chaque domaine.
Je regardais un des rapports qui a été fait par une commission
d'enquête en Colombie-Britannique. On met des minimums et on met aussi
des maximums aux quotas. Les gros, on ne les laisse plus grossir. On dit: Vous
en avez assez. On fait une répartition. Les quotas ne sont pas devenus
des choses qui se vendent au plus gros acheteur. Il y a un contrôle. Il y
a une fixation des prix des quotas. Cela devrait peut-être exister au
Québec. Cela devrait-il exister? Ce sont des questions qu'on doit se
poser. Actuellement, c'est une chose qui s'en vient drôle dans le domaine
du lait. Cela se manipule, mais je ne sais pas si cela se manipule injustement,
mais je sais que cela a l'air de se vendre assez cher. Un quota n'est pas
facile à financer.
Il peut arriver ceci. Je le dis en toute bonne foi. On veut avoir un
renouvellement de nos cultivateurs, que ce soit le jeune qui vienne, qui reste
sur la ferme et qui grandisse. Prenez un fils de cultivateur qui a deux ou
trois enfants. Le père est obligé d'agir aussi
équitablement avec les trois qu'avec un, ce qui fait qu'il ne peut
peut-être pas lui vendre sa ferme, parce que le jeune n'a pas d'argent.
Il peut avoir je le comprends le crédit agricole pour sa
ferme, peut-être du financement pour ses animaux. Mais que fait-il quand
il arrive aux quotas? Est-ce que le père va lui donner quand il peut le
vendre, son quota? La résultante, c'est quoi? Il vend son quota, sa
ferme, il vend son troupeau. Il garde son argent pour prendre sa retraite et
les jeunes s'en vont en ville. Tandis que si les quotas n'étaient pas
manipulés, s'ils n'avaient pas de valeur, on pourrait peut-être
faire en sorte qu'un quota ne se finance pas, ou qu'il se finance
difficilement. Surtout avec la loi actuelle, vous pouvez aujourd'hui avoir un
quota de 300 000 ou 400 000 livres, et demain, pour des raisons que je n'ai pas
à juger, la loi permet qu'on puisse le soutirer pour des infractions.
Or, qui ne fait pas souvent des infractions dans le domaine du contingentement?
Donc, c'est la raison pour laquelle les gens ne voudront pas prêter
facilement pour des quotas.
C'est la même chose dans le domaine des oeufs. On va faire des
gorges chaudes. Je sais qu'il y a une division dans l'affaire de FEDCO. Je ne
veux pas tenter de faire le procès de FEDCO. J'ai critiqué quand
on a formé FEDCO. Je trouvais que ce n'était pas tout à
fait correct. Moi, j'ai une philosophie qui est bien différente. Je
trouve qu'un syndicat doit faire du syndicalisme et un autre organisme doit
faire de la mise en marché. Je trouvais que FEDCO avait trop de pouvoirs
tout en n'en ayant pas assez. Oui, c'est vrai. La preuve se fait actuellement
par la scission entre les deux.
Mais on ne peut pas laisser perpétuer ces choses-là. Ces
gens-là sont allés en cour, ils ont gagné leur
procès comme c'était leur droit. C'est peut-être à
la suite de cela qu'on est pris avec le projet de loi 116. Aujourd'hui, parce
qu'ils avaient gagné, on veut faire une loi rétroactive.
Pourquoi? Pour les punir. Ils ont payé leur quote-part à FEDCO,
sauf qu'ils n'ont pas payé pour la mise en marché parce qu'ils ne
l'ont pas utilisée, d'après ce qu'on me dit. Si ces
gens-là venaient devant une commission, on pourrait les questionner
à ce sujet. Ils pourraient nous dire la vérité. Est-ce
qu'on a raison de faire une loi pour punir ces gens-là,
rétroactivement?
Vous, M. le Président, qui connaissez bien les lois, vous savez
comme c'est délicat de faire des lois rétroactives pour une masse
de gens! Je me rappelle certaines déclarations d'un gars qu'on a
qualifié de grand dictateur, M. Duplessis, qui était bien
chatouilleux lorsqu'il s'agissait de faire une loi rétroactive. Il
fallait qu'il connaisse tous les éléments et il disait toujours:
"Si cela concerne une personne ou un cas particulier et qu'on peut l'examiner
de fond en comble, peut-être qu'on l'étudiera." Mais quand il
s'agissait de couvrir une masse ou une population, je vous dis que ce
n'était pas facile de le convaincre. D'un coup sec, on a deux cas bien
particuliers. Dans le cas du lait, on veut faire une loi rétroactive et,
dans le cas des oeufs, on veut faire une loi rétroactive.
Quand j'examine la loi, M. le Président je ne suis pas un
grand juriste il y a des choses qui me surprennent parce que, dans la
loi qui avait été adoptée en 1974 même si on
peut faire des reproches à ces gens de ne pas l'avoir faite parfaite;
elle a probablement été faite par un gouvernement humain, il ne
l'a pas faite parfaite il y avait des bons points. Quand je regarde la
loi, à l'article 77, je me dis: "Pourtant, cet article a
été placé là pour quelque chose. Pourquoi l'ont-ils
placé là?" Cela donne des pouvoirs presque absolus à une
assemblée générale. Si les producteurs de lait avaient
peur d'être obligés de rembourser tous les cultivateurs, ils
pouvaient facilement régler le problème par une assemblée
générale. L'article leur donne le droit. C'est clair. Je l'ai
fait lire par trois, quatre avocats. Je leur ai demandé leur
interprétation et, contrairement à bien des gars, ce sont des
avocats ruraux qui s'occupent également de droits agricoles. Ils m'ont
dit ceci: "C'est clair, l'UPA...
Une Voix: Clair de Drummond.
M. Russell: Pas Clair de Drummond.
M. Garon: Ce n'est pas la loi 116.
M. Russell: Non, je regarde le chapitre 36.
M. Garon: Oui, mais cela a été adopté avant;
cela existe déjà.
Une Voix: A l'ordre!
M. Russell: C'est cela que je vous dis, M. le Président.
Voyez-vous comment le ministre est distrait? Parfois, je me demande si c'est
une bonne chose d'avoir un avocat comme ministre de l'Agriculture. On serait
peut-être mieux d'avoir un cultivateur, il comprendrait le
problème. Je suis convaincu qu'il n'a pas compris les cultivateurs et il
ne veut même pas comprendre quand on lui parle de loi.
M. Grenier: II a une petite terre ou un grand terrain; je ne sais
pas.
M. Russell: M. le Président, je ne m'adressais pas au
ministre, parce que je sais qu'il ne comprend pas la loi, même s'il est
avocat; je m'adressais à vous. Je disais que, par l'article 77, l'UPA ou
l'association es cultivateurs pouvait faire une assemblée
générale.
M. Grenier: II est meilleur. Il a été
élevé dans l'Union Nationale.
M. Russell: Oui, elle pouvait faire une assemblée
générale, c'est ce que j'étais en train d'expliquer, et
expliquer la situation très clairement à leurs membres.
Le Vice-Président: La pertinence du débat, s'il
vous plaît!
M. Russell: Mais il fallait que l'assemblée...
Une Voix: ...
M. Russell: Pardon?
Des Voix: La pertinence.
M. Russell: M. le Président, écoutez! C'est
exactement ce que le projet de loi 116 fait. Il veut couvrir cette affaire.
M. Garon: Non, non, non. M. Russell: Oui, oui, oui.
M. Garon: Non, non, non.
M. Russell: Oui, écoutez! M. le Président.
M. Garon: Non, non.
Le Vice-Président: S'il vous plaît! A l'ordre! M. le
ministre, je vous le répète. Vous aurez votre droit de parler
jusqu'à 18 heures. (17 h 30)
M. Russell: J'accepte drôlement quand le
député de Papineau tente de dire que je leurre la population. Je
voudrais qu'il prenne le chapitre 36 des statuts actuels et qu'il regarde
l'article 77 et le lise. S'il ne peut pas l'interpréter, il y a des
avocats dans ce parti, qu'il ne voie pas le ministre de l'Agriculture.
M. Grenier: II y a des professeurs aussi.
M. Russell: II y a des professeurs. Il va comprendre que le
pouvoir existait...
M. Alfred: M. le Président...
M. Russell:... dans les statuts actuels pour régler cette
question.
M. Alfred: ... question de règlement.
Le Vice-Président: A l'ordre! Question de
règlement?
M. Alfred: Question de privilège.
Le Vice-Président: D'accord, article 49.
M. Alfred: Le député de Papineau n'a rien dit.
Donc, je demande au député de Brome-Missisquoi de retirer la
parole qu'il a proférée à mon endroit. Je n'ai rien
dit.
M. Russell: M. le Président, j'avais entendu un
bourdonnement en arrière et j'ai pensé que c'était le
député de Papineau qui avait bourdonné. Mais, s'il n'a
rien dit, je vais retirer ce qu'il n'a pas dit.
M. le Président, je veux simplement conclure sur ce point pour
vous dire que, sincèrement, l'association des cultivateurs, l'UPA,
pouvait régler le problème sans le projet de loi no 116. C'est un
point, à mon avis, qui est très clair. C'est tellement vrai que
je pense que le ministre était convaincu de cela, parce qu'il a attendu.
Vous savez, il ne s'est pas pressé; le jugement, cela fait longtemps
qu'il est sorti. Il y a d'autres provinces qui étaient prises un peu
comme nous autres, mais elles, dans leur loi de mise en marché, elles
n'avaient pas l'article 77 qu'on a. Au Québec, nous l'avions, mais elles
ne l'avaient pas. C'est pour cela qu'elles ont été forcées
d'adopter une loi. L'Ontario, la Colombie-Britannique et le Nouveau-Brunswick
ont été obligés d'adopter une loi parce qu'ils n'avaient
pas cet article. S'ils l'avaient eu, ils n'auraient pas adopté de loi.
Tout ce qu'ils ont couvert, c'est exactement pour légaliser le
procédé de contin-
gentement et de la perception des droits qui étaient
exigés pour la mise en marché. Cela a été couvert
par les lois qui ont été adoptées en Ontario et en
Colombie-Britannique.
Quand on parle d'urgence, cela me fait rire un peu. Eux autres ont
déposé les lois au mois de mars. Je présume que, s'ils ont
déposé une loi au mois de mars, c'est que le jugement
était sorti ou était à la veille de sortir; ils
étaient au courant. S'ils étaient au courant, pourquoi ne
l'étions-nous pas? Donc, cela veut dire qu'au printemps dernier on
aurait dû avoir le projet de loi no 116 devant nous. S'il y avait un
danger, on n'avait pas le droit de laisser se perpétuer une chose qui
pouvait mettre en faillite l'office de la' mise en marché dans
l'industrie laitière. Mais non, on a attendu au mois de novembre,
à la fin de novembre...
M. Grenier: Le mois des morts.
M. Russell: ... pour déposer la loi. Là, le
ministre a demandé de faire son discours de deuxième lecture pour
aller rencontrer les cultivateurs et dire: Votre affaire, je suis en train de
la régler. C'est cela. Mais est-ce qu'il a simplement voulu
régler cette partie qu'il a laissé entendre qu'il réglait?
Non. Si vous prenez le projet de loi no 116, cela va beaucoup plus loin que
cela. Je pourrais vous dire que c'est la raison pour laquelle il y a bien des
gens qui ont protesté.
Je voudrais simplement vous lire un document de la coopérative.
Je n'en ai pas seulement un, mais je vais prendre le plus récent qui est
du mois de janvier et qui dit: Nous sommes contre les articles 1, 3, 5 et 6 du
projet de loi. On va dire: II y a seulement l'Union Nationale qui est contre le
projet de loi. On va dire: Depuis ce temps-là, j'ai réglé
le cas des coopératives. Je me demande de quelle façon il l'a
réglé parce que, encore aujourd'hui, il y a des
coopérateurs qui protestent et il y a encore des gens à
l'intérieur de la coopérative, des dirigeants, qui sont
malheureux. Je peux dire au ministre que même ses petits amendements
mitigés ne règlent rien au problème. Cela va simplement
perpétuer le malentendu, le bouleversement, le grognement qu'il y a
actuellement et les procès vont continuer.
Je pense qu'on n'a pas le droit de faire cela. Voici, M. le
Président, le télégramme de la coopérative qui a
été envoyé au mois de janvier on parlait du mois de
décembre tout à l'heure où on dit: "Les
coopérateurs s'opposent cependant aux autres articles du projet de loi
no 116, soit les articles 1, 3, 5 et 6, tout au moins dans leur
rédaction originale? D'accord? Bon. Cela a été
envoyé au mois de janvier. Vous disiez que vous aviez
réglé les problèmes au mois de décembre.
M. Garon: Au mois de décembre, voyons donc!
M. Russell: Mme la Présidente, je sais que vous comprenez
parfaitement le règlement. Le ministre va, tout â l'heure, nous
dire qu'on n'a pas raison, que ces télégrammes sont faux; il les
a certainement reçus. J'ai lu, l'autre jour, dans mon exposé,
celui de Michel Lemire, mais lui m'a dit: Depuis le mois de décembre, on
a réglé cela. Le 16 décembre ou le 17 décembre, on
a fait venir les gars de la coopérative. On s'est assis avec eux autres
et mes avocats, les leurs. Je présume que cela s'est fait de cette
façon. On a réglé le problème. Cela a satisfait les
avocats, mais cela ne satisfait pas les têtes dirigeantes
actuellement.
M. Garon: Ils étaient tous là. M. Russell: Pardon?
M. Garon: Ils étaient tous là. M. Russell: Pas tous.
M. Garon: Ils étaient à peu près 30. M.
Lemire était là aussi.
M. Russell: M. Lemire y était, c'est vrai. Ces gens ont
révisé depuis ce temps leur situation. Ils ont
réexaminé cela, ils ont consulté et ils se sont dit: C'est
acceptable, mais il y a encore des doutes, la manipulation se continue. C'est
là qu'ils ont décidé ensemble, en assemblée
générale. Ce sont les coopérateurs qui ont fait cela, ce
n'est pas moi. Ils ont une décision de l'assemblée
générale, Mme la Présidente. Ce n'est pas moi, cela. C'est
un document officiel qui vient de la Coopérative de Granby et qui dit:
...La décision de l'assemblée générale du 25
janvier ce n'est pas le mois de décembre la
coopérative doit cesser la retenue de $0.025 pour le plan conjoint
administré par la Fédération des producteurs de lait
industriel. On peut comprendre cela, Mme la Présidente, ce n'est pas
moi, c'est la coopérative qui parle et elle parle au nom de ses membres
à la suite d'une assemblée générale. C'est chaque
membre qui a reçu cela. Cela a été adressé à
chacun des membres. Ce qui me bouleverse le plus je ne lirai pas tout le
document, c'est peut-être long, je peux le lire si le ministre le veut,
il l'a devant lui...
M. Garon: Ils disent: Pour hâter la mise en place du plan
conjoint coopératif. Ils en veulent, un plan conjoint, pour
eux-mêmes.
M. Russell: Oui, mais je dis qu'il y a là, Mme la
Présidente, de quoi s'inquiéter et le ministre n'a pas le droit
de laisser se perpétuer une bataille interne. Il devrait tâcher de
la régler. Il conclut ceci, c'est cela qui me fait peur encore: "Ceux
qui se sentent à l'aise dans les structures actuelles de la mise en
marché pourront toujours continuer à verser eux-mêmes
directement leur contribution à la Fédération des
producteurs de lait industriel. Une chose qui est certaine, cependant, la
coopérative ne fera plus cette retenue sur les paies de lait à
compter de la livraison du 1er février 1979 suite à des
décisions de l'assemblée générale".
Cela veut dire quoi, Mme la Présidente? Cela veut dire que la
coopérative de lait industriel, qui représente 80% de la
production dans la province de Québec, est en conflit avec la
fédération. Je ne dis pas que tous les cultivateurs sont en
conflit,
mais je suis certain qu'ils sont perturbés actuellement. Mais ils
se disent entre eux ce qui se passe. C'est cela qu'on n'a pas le droit de
laisser perpétuer. C'est pour cette raison qu'à l'Union
Nationale, actuellement, on se dit: On doit demander une commission
parlementaire et demander au groupe dissident aussi bien qu'aux groupes qui
composent la coopérative et ceux qui composent l'UPA de venir ensemble
devant les députés de l'Assemblée nationale, nous qui
avons la responsabilité de faire des lois qui vont tâcher de
laisser de l'équité dans le fonctionnement de ce
procédé de mise en marché et de production dans le domaine
agricole. On n'a pas le droit, comme députés, de laisser
perpétuer des choses comme cela et c'est à cela que je voudrais
m'opposer.
J'ai vécu le travail, l'effort qui a été fait par
l'UCC dans les coopératives, et bien des cultivateurs ont perdu de
grosses sommes par les coopératives anciennement parce que les
mouvements coopératifs sont partis difficilement. Coopératives
agricoles et coopératives de toutes sortes, j'en ai vu de toutes les
sortes. J'ai été membre d'une coopérative. J'ai
été président d'une coopérative, pour l'information
du ministre. J'ai vécu cela. La mienne n'a pas fait faillite, comme j'en
connais. Je l'ai prise à terre et j'ai remonté la
coopérative, mais pas en gardant un climat de méfiance chez ses
membres, mais en obtenant d'eux une pleine et entière
coopération. C'est de cette façon qu'on l'a fait. (17 h 40)
C'est pour cela que, lorsque nous avons adopté la loi en 1956,
l'Union Nationale, la loi de la mise en marché, nous y sommes
allés avec beaucoup de prudence et nous avons essayé de
créer un climat d'unanimité chez nos coopérateurs et nos
agriculteurs. Nous savions, à ce moment, que la loi n'était pas
parfaite, mais nous savions qu'avec eux nous pouvions graduellement
créer un climat de confiance pour bâtir un peu avec eux, ce qui a
été fait graduellement.
Cela a été continué en 1963, la loi a
été améliorée, et, en 1974, nous l'avons encore
modifiée. Je ne dis pas qu'à ce moment il n'y a pas eu des
failles, on est peut-être allé trop loin dans certains domaines,
mais il n'est pas trop tard pour les corriger. Une chose certaine, c'est que
depuis ce temps il y a du bourdonnement, du mécontentement. C'est pour
cette raison que je dis aujourd'hui, tandis qu'on en a l'avantage on
n'est pas pressé, on a tout l'hiver qu'on s'assoie et qu'on
prenne le temps de régler le problème et qu'on le règle
une fois pour toutes.
On sait ce qui se passe dans le domaine des volailles, dans le domaine
des oeufs, on ne peut pas permettre une continuité comme cela. En somme
qui est-ce qui ressent tous ces contrecoups, si ce n'est pas le consommateur
qui paie toujours en arrière? C'est le consommateur qui paie. On n'a pas
le droit de laisser perpétuer ces choses et punir toujours le
contribuable; c'est lui qui paie la facture en dernier. Quand on donne des
subventions à des coopératives, $2 millions, $3 millions, $4
millions, cet argent vient de quel- que part. Il ne vient pas du ciel, ce n'est
pas l'argent du ministre, c'est l'argent des contribuables. On a quand
même la responsabilité de rendre des comptes aux
contribuables.
Je ne peux pas comprendre que le ministre se borne à dire: J'ai
la raison absolue personne ne peut en savoir plus. Je pense qu'on doit faire la
lumière. Si vous pensez être un gouvernement tellement
transparent, il me semble qu'il y a une belle occasion de s'asseoir. Si cela
prend une semaine, quinze jours, trois semaines, qu'on prenne le temps de
régler le problème, mais qu'on tente au moins je ne dis
pas qu'on va le régler, je ne dis pas qu'on va atteindre la perfection,
mais on doit la viser d'obtenir la coopération de la
majorité, et ils vont comprendre qu'on ne peut pas atteindre la
perfection. Mais, si on obtient leur coopération, on aura
déjà fait un pas en avant et le ministre n'a pas le droit de
refuser cela. C'est ce qu'on refuse, actuellement.
Une Voix: Votez.
M. Russell: Oui, votez, la majorité, le rouleau
compresseur, cela va passer. Je comprends que cela va passer.
Il y a des points qui inquiètent les cultivateurs.
Peut-être qu'on pourrait leur faire comprendre qu'ils n'ont pas raison de
s'inquiéter. Vous avez eu le projet de loi no 90 qui a été
adopté, vous n'avez pas encore eu les répercussions. Je sais ce
qui se produit dans ma région avec la loi no 90. Vous allez voir que
cela va faire mal tout à l'heure. Non, mais on traite à la
légère ces choses, je dis cela par accident, je ne veux pas
parler de la loi no 90, mais je veux simplement parler des malaises qu'on peut
créer sans en être conscient, sans le faire exprès; ce
n'est pas malhonnête, mais on le fait souvent inconsciemment. C'est cela
qui est important, actuellement. On adopte des lois qui touchent beaucoup de
monde. Le projet de loi no 116 ne touche pas simplement le cultivateur;
indirectement, c'est le contribuable du Québec, s'il y a des malheurs,
qui va payer pour cela, c'est le consommateur.
Remarquez bien qu'il y a des gens qui se posent des questions. Il y a
des ouvriers, actuellement, dans le Québec, qui achètent des
oeufs et paient $1 ou $1.10 la douzaine. Aux Etats-Unis, chez le voisin, on les
achète à $0.60. Mais pourquoi cette différence!
Peut-être à la commission parlementaire, des gens pourront-ils
venir nous expliquer je suis certain qu'ils sont capables de le faire
pourquoi cette différence.
On me dit que cela coûte $0.25 ou $0.30 pour la mise en
marché et la classification des oeufs. Est-ce raisonnable? Je ne suis
pas un classifi-cateur d'oeufs, je n'ai jamais été un producteur,
mais eux qui sont spécialistes en la matière pourront expliquer
que c'est juste et raisonnable.
Quand on regarde chez nos voisins, cela ne semble pas coûter si
cher que cela. On pourrait expliquer pourquoi, lorsqu'un jeune veut partir en
affaires dans ce domaine et avoir un quota, cela coûte $10 la poule,
à ce qu'on me dit. Imaginez-
vous qu'un jeune homme qui voudrait se lancer en affaires, étant
donné que cela prend à peu près 20 000 poules, dit-on
je ne connais pas tellement le domaine cela veut dire qu'à
part son poulailler et ses poules, cela lui coûterait $200 000 pour son
quota. Je voudrais bien voir le jeune qui serait capable de financer cela! Cela
revient un peu à l'argument que j'utilisais tout à l'heure. Les
gros peuvent acheter les quotas, mais les petits vont rester là. Ce qui
va arriver, si on ne fait pas attention, c'est que les gros vont
contrôler les quotas. Actuellement, c'est ce qui se produit au
Québec.
Je pense que les députés sont au courant de cela. Il y a
des gros qui ont des quotas et qui font produire des gens à commission.
Ils détiennent le quota et les autres produisent à commission
pour eux. Cela commence à se perpétuer. On pourrait
peut-être réexaminer la situation, on pourrait peut-être
corriger le problème. Je ne dis pas que ce sera tout d'un coup. En
Colombie-Britannique, cela existait, apparemment, et on a balancé cela.
J'ai lu le rapport attentivement; on a établi des minimums et des
maximums. Peut-être qu'il est nécessaire de faire cela au
Québec. A la lumière d'une commission, à la lumière
des spécialistes qui viendront nous expliquer cela, peut-être que
les députés, unanimement, pourraient dire: Cela a du bon sens
qu'on fasse cela. Je ne dis pas que cela sera parfait, mais ce sera quand
même un pas en avant pour le bien-être de notre classe
agricole.
Je vois un député qui dit: Cela n'a pas de bon sens. Lui,
il connaît toute cette affaire. Il connaît tout cela, il a
étudié tout cela. Je ne prétends pas connaître tout
cela. Il y a une chose que je connais, c'est la mise en marché. Ce n'est
pas en bousculant la population que vous allez réussir. Il y a une chose
que je sais dans le domaine des oeufs: On ne produit pas 50% de notre
consommation. Une grosse partie de notre consommation vient de la province
voisine. On va dire que c'est faux. S'il y avait une commission parlementaire,
on pourrait prouver ces faits. Ce sont des chiffres qui m'ont été
donnés par des supposés spécialistes.
Une Voix: Ce sont de mauvaises informations.
M. Russell: C'est possible. Le député pourra se
lever tout à l'heure et rectifier les faits. S'ils possèdent la
vérité, mon Dieu, qu'ils se lèvent donc, ces
gens-là, et qu'ils l'exposent donc devant cette Chambre, cette
vérité, afin que nous puissions les entendre et prendre
connaissance de cette vérité absolue, plutôt que de
s'asseoir sur les banquettes arrière et jacasser comme ils le font
actuellement! C'est ce qui est déplaisant dans cette Chambre, d'entendre
des gars qui sont censés tout connaître. Celui qui parle n'a pas
raison. Qu'ils se lèvent! Comme moi, ils ont un droit de parole. C'est
un droit sacré, qu'on ne peut pas leur enlever. Vous en savez quelque
chose, Mme le Président, ils ont chacun 20 minutes. Qu'ils aient donc le
courage de se lever sur leurs deux pieds, surtout ceux qui connaissent la
vérité et qui peuvent informer cette Chambre. C'est leur devoir
de le faire. Qu'ils informent donc leur ministre pour qu'il sache quoi faire
pour améliorer la situation dans le domaine agricole!
Je disais tout à l'heure... Oui, je sais, le député
est inquiet de bien des choses. On fait en sorte au Québec, dans le
domaine de l'agriculture, de créer un climat qui deviendra
invivable.
Vous savez ce qui arrive avec le plan conjoint dans le domaine des
porcs, ce n'est pas fini, ce n'est même pas commencé. On va
peut-être avoir la même chose dans d'autres domaines tout à
l'heure. Ce ne sera pas beau, l'agriculture dans le Québec. Est-ce qu'il
n'y a pas assez de malaise qui existe actuellement? Est-ce cela qu'on veut
perpétuer? Est-ce ce climat qu'on veut créer ici? Qu'on essaie
donc de se rapprocher de la réalité. Qu'on appelle donc les
intéressés pourdiscuteravec eux et faire en sorte
d'établir un climat de confiance. Pas pour le bénéfice du
député de Brome-Missisquoi qui parle actuellement, mais pour la
population québécoise. C'est là notre rôle, notre
responsabilité. Nous ne devons pas refuser une commission parlementaire.
C'est élémentaire dans ce domaine. On ne doit pas juste regarder
la question du projet de loi 116. On devrait réexaminer le chapitre 36
de la loi actuelle et dire: Messieurs, qu'est-ce que vous trouvez qui ne marche
pas? Faites-nous vos recommandations. Nous deviendrons les juges à ce
moment-là, on aura des députés qui connaissent un peu le
domaine et on pourra les consulter. On va pouvoir donner chacun notre opinion,
partager nos connaissances et mettre cela ensemble. On n'est pas des
législateurs pour rien. Dans la façon d'agir actuellement, cela
commence à être un peu épeurant. Dans la province de
Québec, comme dans les autres provinces, on a trois pouvoirs. Il faut
quand même être raisonnables. Le pouvoir législatif, c'est
nous, ici. On a un rôle et une responsabilité qu'on doit remplir
pleinement. (17 h 50)
M. Fontaine: Question de règlement, Mme le
Président.
Mme le Vice-Président: M. le député, sur une
question de règlement.
M. Fontaine: Mme le Président, je m'excuse auprès
de mon collègue. Alors qu'on discute de questions agricoles très
importantes pour les Québécois, il y a 110 députés
élus en cette Chambre et il n'y a même pas 30
députés présents pour avoir le quorum.
Mme le Vice-Président: Alors, nous vérifions. Nous
avons maintenant quorum.
M. Russell: Mme le Président, je dis que c'est
drôlement important quand on parle de pouvoirs. Il faut bien classer les
pouvoirs. Il faut faire attention à ne pas les brimer. Le pouvoir
législatif, c'est le nôtre, ici. C'est notre rôle, notre
responsabilité de faire des lois, de faire en sorte que
l'exécutif puisse les administrer convenablement pour le
bien-être de la population. L'exécutif doit aussi garder
son pouvoir, parce que c'est l'oeil de surveillance sur le fonctionnement pour
la population d'une province. Vous avez un autre pouvoir qu'on semble vouloir
brimer actuellement. Je ne suis pas un avocat, mais il semble que plus cela va,
dans plusieurs lois qu'on présente, plus on brime le pouvoir judiciaire.
On veut condamner les gens sans qu'ils aient la chance de se défendre,
et c'est drôlement important; s'il y a des avocats en cette Chambre, je
ne voudrais pas faire l'avocat, le député de Drummond, qui est un
brillant avocat, me dit-on, devrait se lever et expliquer s'il est heureux
qu'on enlève le pouvoir judiciaire des mains de l'exécutif.
Mme la Présidente, on doit garder ce pouvoir pour faire en sorte
que ceux qui se sentent brimés puissent exercer pleinement leur
rôle dans ce domaine. C'est un point très important.
Une Voix: II y a un message pour vous. M. Grenier: II y a
un message.
M. Garon: Le député de Brome-Missisquoi a
demandé s'il y avait un avocat dans cette Chambre qui pouvait lui donner
des explications. Je peux le faire.
Mme le Vice-Président: M. le député! M. le
ministre!
Une Voix: Ils ont peur.
Mme le Vice-Président: Je voudrais savoir pourquoi vous
vous levez maintenant. Avez-vous demandé de poser une question au
député?
M. Garon: Le député de Brome-Missisquoi disait que,
s'il y avait un avocat dans cette Chambre, il lui demanderait de
répondre.
M. Brochu: Question de règlement.
M. Garon: Est-ce qu'on peut lui donner des explications?
Mme le Vice-Président: M. le député! M. le
ministre!
Une Voix: Cela n'a pas de sens.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Brochu: Question de règlement, Mme le
Président.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Richmond, vous avez une question de règlement?
M. Brochu: Oui, madame. Je pense que le ministre a
été suffisamment explicite dans les quelques phrases qu'il nous a
livrées pour indiquer que, tout simplement, il voulait prendre son droit
de parole. Je vous rappellerai qu'en vertu de nos règlements, Mme le
Président...
M. Garon: Je n'ai pas encore parlé.
M. Brochu: ... le ministre a eu l'occasion de le faire largement.
Maintenant, le droit de parole est au député de Brome-Missisquoi.
Mme le Président, je vous inviterais à lui donner à
nouveau la parole pour qu'il puisse exercer son droit d'ici 18 heures.
M. Garon: Mme le Président, le député de
Brome-Missisquoi a dit que s'il y avait un avocat dans cette Chambre, il
aimerait avoir des explications.
M. Russell: Non. Mme le Président, j'ai simplement
dit...
Mme le Vice-Président: A moins, M. le ministre...
M. Russell: J'ai simplement dit, Mme le Président..
Mme le Vice-Président: D'accord.
M. Russell: ... dans mon exposé... Je vais le
répéter pour le bénéfice du ministre de
l'Agriculture qui est supposément avocat. Je ne le sais pas, je n'ai pas
vu son certificat, mais je présume que son curriculum ne ment pas. Il
était à l'extérieur de la Chambre. Il pense avoir fait une
trouvaille. J'ai dit qu'il y avait certainement des avocats dans cette Chambre
et que toutes les lois qu'on passait tentaient de brimer le pouvoir judiciaire.
J'ai dit que je n'étais pas avocat et qu'ils pourraient se lever et
informer cette Chambre si ce n'est pas vrai. C'est l'indication qu'on semble
nous donner avec les lois actuelles. C'est une chose, à mon sens, qui
est très importante. On devrait faire attention. Cela fait partie...
Une Voix: ...
M. Russell: Quand j'ai parlé du bourdonnement en
arrière... Cela fait partie des contestations actuelles, non seulement
sur le projet de loi 116, mais sur d'autres lois qui ont été
passées préalablement.
Mme la Présidente, je ne veux pas prolonger ce débat
indûment. D'autres parleront là-dessus. Je veux simplement, en
terminant, dire que l'Union Nationale a demandé une commission
parlementaire qui a été refusée de la part du gouvernement
actuel. Nous allons continuer à nous battre pour faire en sorte que la
lumière soit faite sur tous les points, afin que ceux qui constestent
actuellement, ceux qui sont pour le projet de loi 116 comprennent ce projet de
loi de la façon dont la répartition sera faite. On va essayer de
démontrer les conséquences du projet de loi 116. On peut vous
lire le projet de loi 116 et il donne plusieurs pouvoirs additionnels autres
que l'article 7 qui concer-
ne la Cour suprême. Il y a des pouvoirs qui sont bien
élargis dans ce projet de loi. Comme les dirigeants de la
coopérative le disaient, ce sont des pouvoirs qui peuvent devenir
excessifs, des pouvoirs qui peuvent continuer à brouiller les cartes. Je
trouve que ce serait malheureux qu'on ne puisse pas mettre cela de
côté et qu'on ne puisse pas simplement utiliser les articles pour
faire en sorte qu'il n'y ait pas de dommage qui se perpétue dans
l'administration du plan actuel. Qu'on prenne les autres cas.
Je vous demanderais en terminant, Mme la Présidente, que le
ministre examine sérieusement le climat existant et qu'il fasse comme
d'autres provinces font actuellement: qu'il organise une commission qui va
examiner la situation dans tous les domaines les plans conjoints
laquelle je trouve nécessaire, son contrôle et la mise en
marché et tous les contingentements nationaux sont-ils justes et
équitables? qu'on prenne le temps d'examiner cela avant d'arriver
avec d'autres bâillons dans ce domaine-là. Actuellement, il y a
quatre plans: le lait, les oeufs, le poulet de gril et la dinde. Il y a quatre
plans de couverts. Qu'on couvre ces quatre plans pour le moment et avant de
donner des pouvoirs d'entrée à la dizaine, qu'on examine donc la
situation afin de faire en sorte que le contribuable ne soit pas le gars qui
soit toujours obligé de payer la note.
Une Voix: Cela aurait du bon sens.
M. Russell: Oui, cela aurait du bon sens de créer une
chose comme celle-là. C'est ce que demande l'Union Nationale. On trouve
que c'est rendu trop loin. Trop, c'est trop agir aveuglément. N'oubliez
pas que le syndicat agricole, je trouve que c'est un élément
nécessaire comme d'autres syndicats. Mais il faut quand même
penser que c'est un monopole. C'est un peu comme l'Hydro-Québec. Ils
sont tout seuls. Ils n'ont pas d'opposition comme les syndicats de la CSN, la
FTQ. Ils sont tout seuls. On leur donne tous les pouvoirs. Je n'ai rien contre
cela à condition que l'exécutif garde des contrôles.
L'Office des marchés est là; il a simplement un rôle de
surveillance selon son bon vouloir.
A l'Office des marchés, souvent, il arrive des choses comme il
s'en est produit, qu'on lit dans l'ordonnance. On voit cela après coup.
C'est cela qui va causer beaucoup de malaises, qui peut faire en sorte que ce
n'est pas bon pour l'UPA, que ce n'est pas bon pour les coopératives,
mais c'est encore moins bon pour les cultivateurs, les contribuables et les
consommateurs. C'est pour cela qu'il faut faire attention, Mme le
Président.
C'est pour cette raison que, si on était bien sérieux dans
cette affaire, si on ne veut pas continuer à brouiller les cartes, si on
veut réellement garder ce qui a été bâti avec
effort, pendant des années, par les coopératives, pour lesquelles
j'ai beaucoup de respect, par l'UPA qui a aussi été bâtie
avec beaucoup d'efforts, plutôt que de les faire s'affronter, qu'on
tâche donc de leur donner positivement, clairement des pouvoirs distincts
chacun dans leur domaine, qu'on fasse en sorte qu'ils travaillent pour
l'intérêt des cultivateurs et que cet intérêt soit
bien protégé, pour faire en sorte que le contribuable et le
consommateur n'en deviennent pas victimes.
Mme la Présidente, cela va loin économiquement, le domaine
agricole, pas mal plus loin qu'on peut penser ici, parce qu'on est dans un
marché nord-américain. Et si on prend cela trop à la
légère, on va se ramasser comme dans bien d'autres domaines. On
va perdre notre marché, on va être victime de "dumping"; il s'en
fait actuellement. Vous n'en avez peut-être pas connaissance, mais il
s'en fait.
Quand on dit que les plans conjoints, c'est un miracle; c'est bon, des
plans conjoints, dans bien des domaines, cela en prend, mais pas dans tous les
domaines. Comme le disait le député de Mégantic-Compton
cet après-midi, il y a deux choses qui ont augmenté dans le
revenu des agriculteurs cette année, dans le Québec, le porc et
le boeuf. Mais le boeuf a été créé par une
rareté et cela va coûter combien tout à l'heure? Est-ce que
cela en prendra un tout à l'heure? Il faudra l'examiner comme il faut.
Il faudra voir de quelle façon cela va porter. (18 heures)
Mme la Présidente, je ne suis pas contre les plans conjoints, je
suis contre la situation actuelle et c'est cela que je voudrais corriger, le
malaise qui existe dans la classe agricole actuellement. Je le disais tout
à l'heure, le nombre n'est pas si important que cela, mais ceux qui sont
venus ici contester ou protester lundi dernier, ce sont quand même des
cultivateurs, de vrais cultivateurs. Cela dénote qu'il y a un malaise
qui existe et c'est ce que nous voudrions voir réglé. La seule
façon de le faire, c'est de les entendre convenablement, c'est leur
droit. Je ne comprends pas pourquoi le ministre de l'Agriculture refuse ce
droit à ces gens. Je ne parle pas simplement au nom des agriculteurs
contestataires, mais je parle aussi au nom des coopératives. Elles ont
aussi le droit de se faire entendre et qu'elles le disent s'il y a un malaise
qui existe, si elles sentent qu'il y a un malaise.
L'UPA viendra se faire entendre; chacun peut se faire entendre et
peut-être que les contribuables aussi, les consommateurs auraient le
droit de se faire entendre. C'est tout ce qu'on demande d'une façon
très simple et j'espère que, d'ici la semaine prochaine, le
gouvernement va réviser sa position et qu'on va donner aux
intéressés une commission pour tâcher de clarifier cette
situation. Si on ne peut pas la clarifier maintenant, qu'on adopte simplement
la loi pour régler les plans conjoints existants et qu'on étudie
la situation avant de donner d'autres pouvoirs. Merci, Mme la
Présidente.
M. Vaillancourt (Orford): Mme la Présidente, je demande la
suspension du débat.
Mme le Vice-Président: Cette motion de suspension du
débat est-elle adoptée?
Travaux parlementaires
M. Charron: Mme le Président, si j'avais le consentement
pour une minute peut-être de l'Assemblée afin de l'informer des
résultats, qui sans aucun doute affecteront nos travaux, de la rencontre
avec les différents leaders. Je solliciterais le consentement, Mme le
Président.
Mme le Vice-Président: II y a consentement? M. le leader
parlementaire du gouvernement.
M. Charron: Mme le Président, voici comment nous
envisageons la poursuite de ce débat. Si ce soir devait se terminer
à 22 heures ou alors, à la suite d'un consentement qui
permettrait de prolonger au-delà de 22 heures sans brimer le droit de
parole de quiconque, le débat en deuxième lecture, le calendrier
de la Chambre serait le suivant: il y aurait un congé demain pour tous
et, après la réception en l'honneur du premier ministre de la
France, lundi, la commission de l'agriculture serait invitée, elle, vers
16 heures, lundi après-midi et lundi soir, mardi matin, enfin
jusqu'à ce qu'elle ait terminé son travail, à faire
l'étude article par article du projet de loi. Si nous n'avons pas
terminé ce soir à 22 heures, alors, nous allons, en vertu de
l'article 30, deuxièmement, convoquer cette Chambre à nouveau
lundi après-midi, à 16 heures j'en ferai une motion
officielle, dépendant de l'état des travaux à la fin de la
séance d'aujourd'hui pour achever ce projet de loi dans les
circonstances. C'est tout ce que je peux dire, Mme la Présidente, sur ce
projet de loi.
Maintenant, il y a aussi une autre chose. Nous avons voulu ensemble
donner une suite concrète aux différentes questions qui m'avaient
été posées hier sur différents projets de loi
privés qui sont en fait d'intérêt public puisqu'il s'agit
de projets d'envergure et qui nécessiteraient l'assentiment de la
Chambre. Les leaders des différents partis ont convenu qu'il serait
opportun d'adopter également quatre projets de loi privés avant
la prorogation de cette session.
Il s'agit d'un projet de loi qui concerne je les mentionne sans
en donner le titre le projet de construction de la société
Bell Canada et de la Banque Provinciale au coeur de Montréal; d'un
projet de loi concernant la Société de fiducie du Québec
et des caisses d'entraide économique dans la région du
Saguenay-Lac-Saint-Jean; d'un projet de loi concernant l'implantation d'un
immeuble de l'Hydro-Québec au coeur de la ville de Hull et d'un projet
de loi qui concerne et il est déposé depuis longtemps
certains terrains pour le club de golf de Montmagny. Pour ces quatre
projet de loi, Mme la Présidente, si j'en avais le consentement tout de
suite, nous reviendrions donc à l'étape des affaires courantes,
au dépôt de rapports du greffier en loi. J'informerais
l'Assemblée de l'état du dossier de chacun de ces quatre projets
et nous les déposerions immédiatement avant de suspendre pour le
dîner.
Tout est prêt, me dit-on, au secrétariat des commissions,
pour qu'automatiquement, dès leur dépôt, les personnes
intéressées ou qui ont fait connaître leur
intérêt sur ces projets de loi soient convoquées par
télégramme, ce soir, en commission parlementaire mardi matin.
Deux seraient déférés à la commission de la
Justice, deux le seraient à la commission des institutions
financières et nous pourrions, vraisemblablement, les adopter avant
l'ajournement.
J'ai là-dessus non seulement l'accord, mais je pense un parfait
accord de mon collègue de Laval, en ce qui concerne l'Opposition
officielle, et de mon collègue de Johnson en ce qui concerne l'Union
Nationale.
Je fais donc la proposition et sollicite le consentement pour que, pour
un moment, nous revenions à l'article des affaires courantes qui
s'appelle dépôt de rapports du greffier en loi sur les projets de
loi privés.
Mme le Vice-Président: Y a-t-il consentement?
M. Roy: Mme le Président, je n'ai pu malheureusement cet
après-midi, à cause d'autres engagements, assister à la
réunion à laquelle j'avais été invité. Il me
fait plaisir de donner mon consentement pour que la procédure qui vient
d'être établie et qui vient d'être annoncée par le
leader du gouvernement puisse être exécutée et que toutes
les inscriptions puissent se faire dans les livres et qu'on puisse ensuite
franchir la deuxième étape.
M. Brochu: Mme le Président...
Mme le Vice-Président: M. le député de
Richmond.
M. Brochu: ... si je comprends bien les propos du leader, il y a
eu une entente entre le leader de l'Opposition officielle et le leader de
l'Union Nationale à ce sujet, sauf que maintenant il s'agit de la faire
ratifier par l'Assemblée nationale en vue d'être conforme à
nos règlements pour pouvoir procéder à l'adoption de ces
projets de loi. C'est exact?
M. Charron: C'est cela.
M. Roy: Au dépôt de première lecture?
M. Charron: Au dépôt en première lecture.
M. Brochu: D'accord.
M. Charron: On ferait cela à l'instant.
Mme le Vice-Président: Nous avons le consentement.
Dépôt des rapports du greffier
en loi sur les projets de loi
nos 233,266,283 et 269
M. Charron: Merci, Mme le Président, merci aux
collègues de l'Assemblée. Je voudrais donc
déposer à l'instant le rapport du greffier en loi sur les
différents projets de loi privés: Le projet de loi no 233, qui
concerne le Club de golf de Montmagny. Cela fera sans doute plaisir au
député du coin, cela fera plaisir au ministre de l'Agriculture,
qui m'a également fajt des représentations là-dessus. Je
veux informer l'Assemblée que le projet est conforme à l'avis,
que l'avis est suffisant en nombre. Le projet a été
déposé au secrétariat des commissions après le jour
d'ouverture de la session, tous les avis ont été publiés
depuis un bon bout de temps. La seule dérogation pour laquelle je
solliciterais le consentement de l'Assemblée, est de permettre qu'il
soit quand même déposé, même s'il a été
déposé après le jour d'ouverture. Je fais motion, Mme le
Président, pour que cette dérogation soit permise.
M. Lavoie: Adopté.
Mme le Vice-Président: Adopté? Adopté.
M. Charron: En ce qui concerne le projet de loi no 269, qui est
parrainé par le député du Lac-Saint-Jean et qui concerne
la Société nationale de fiducie, son seul défaut, selon le
rapport du greffier en loi de la Législature, est aussi qu'il a
été déposé après le jour d'ouverture de la
session et qu'en conséquence tous les avis ont été
publiés à ce jour déjà, mais après le
dépôt, donc après l'ouverture de la session. Je fais motion
pour que cette dérogation à nos règles de pratique soit
permise en ce qui concerne le projet de loi no 269.
Mme le Vice-Président: Motion adoptée?
M. Lavoie: Adopté.
Mme le Vice-Président: Adopté.
M. Charron: En ce qui concerne le projet de loi no 266, que
parraine mon collègue de Vanier et qui concerne la ville de Hull, qui
est au feuilleton, Mme la Présidente, à l'article g) aujourd'hui,
son seul défaut est également d'avoir été
déposé après le jour d'ouverture de la session. Je fais
donc motion pour que cette dérogation lui soit permise.
M. Lavoie: Adopté.
Mme le Vice-Président: Adopté.
M. Charron: Finalement, le projet de loi no 283 concerne
l'édifice dont on parlait tantôt et aura pour titre: Loi
concernant certains terrains du cadastre de la cité de Montréal,
quartier Saint-Antoine, dans le comté de Saint-Louis. Le projet de loi
étant récent de l'automne, il a évidemment
été déposé après le jour d'ouverture de la
session; il reste quelques avis à paraître, mais trois sur quatre
ont déjà paru dans la Gazette officielle, dans le Devoir et dans
la Gazette de Montréal. Je fais motion pour que cette dérogation
soit permise et que le projet de loi puisse quand même être
déposé.
Mme le Vice-Président: Motion adoptée?
M. Lavoie: Adopté.
Mme le Vice-Président: Adopté.
M. Charron: Si nous allons maintenant au dépôt de
projets de loi privés au nom des députés, Mme le
Président je remercie tout le monde je vous prierais
d'appeler maintenant l'article b) du feuilleton d'aujourd'hui. (18 h 10)
Projet de loi no 233 Première lecture
Mme le Vice-Président: M. le député de
Montmagny-L'Islet propose que soit maintenant lu pour la première fois
le projet de loi intitulé Loi concernant le Club de golf Montmagny Inc.
Cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Première lecture de ce
projet de loi.
M. Charron: Article g), Mme le Président, s'il vous
plaît.
Projet de loi no 266 Première lecture
Mme le Vice-Président: M. le député de
Terrebonne, au nom du député de Vanier, propose que soit lu pour
la première fois le projet de loi intitulé Loi concernant le
titre de la ville de Hull sur certains immeubles. Cette motion est-elle
adoptée?
Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Première lecture de ce
projet de loi.
M. Charron: Les deux autres, Mme le Président, l'accord
relevant de quelques minutes, ne sont même pas en avis au feuilleton. Je
demande donc le consentement de l'Assemblée pour que le
député de Saint-Louis reçoive la permission de
déposer le projet de loi 283 concernant certains terrains du cadastre de
la cité de Montréal, quartier Saint-Antoine.
Projet de loi no 283 Première lecture
Mme le Vice-Président: M. le député de
Saint-Louis, vous proposez la première lecture du projet de loi no 283,
Loi concernant certains terrains du cadastre de la cité de
Montréal, quartier Saint-Antoine. Cette motion est-elle
adoptée?
Adopté.
M. Charron: De même, Madame, ce sera le dernier, je
sollicite le consentement de la Chambre
pour que le député de Lac-Saint-Jean ait la
possibilité de déposer le projet de loi 269, Loi concernant la
Société nationale de fiducie.
Projet de loi no 269
Première
lecture
Mme le Vice-Président: M. le député de
Lac-Saint-Jean propose la première lecture du projet de loi no 269, Loi
concernant la Société nationale de fiducie. Cette motion est-elle
adoptée?
Adopté... C'est fait, M. le leader parlementaire du
gouvernement.
Renvoi à la commission des
consommateurs
M. Charron: Je fais motion pour que les projets de loi 233 et
269, qui viennent d'être déposés en première
lecture, soient déférés à la commission des
consommateurs, coopératives et institutions financières.
Mme le Vice-Président: Motion adoptée?
Adopté.
Renvoi à la commission de la justice
M. Charron: Et que les deux autres, celui concernant le titre de
la ville de Hull sur certains immeubles et celui que le député de
Saint-Louis vient de déposer contrairement à ce qu'on
avait pensé ce n'est pas aux affaires municipales, c'est à la
justice soient déférés à 1a commission de la
justice.
Mme le Vice-Président: Motion adoptée?
Adopté.
Travaux parlementaires (suite)
M. Charron: Je donne avis que ces deux commissions qui viennent
de recevoir les projets de loi devront se réunir le mardi 13
février prochain, à 10 heures, celle de la justice à la
salle 81A et celle des consommateurs, coopératives et institutions
financières au salon rouge.
M. Roy: Mme le Président, puisqu'on parle de la salle 81A
et le salon rouge, si la commission parlementaire de l'agriculture devait
siéger pour étudier le projet de loi no 116. Est-ce que nous
serions confinés à la petite salle 91A? Je pose la question et
c'est bien important.
M. Charron: Non, j'ai l'intention de faire siéger la
commission de l'agriculture, quand elle recevra le projet de loi 116, à
la salle 81 A. Donc, il faudra...
Une Voix: Au salon rouge.
M. Charron: Au salon rouge. Je donne avis qu'à 10 heures,
mardi matin, la commission des institutions financières se
réunira au salon rouge et que la commission de la justice se
réunira à la salle 91A; la salle 81A sera vraisemblablement
réservée par nos impressionnants collègues de
l'Agriculture, Mme la Présidente.
M. Lavoie: Mme la Présidente, je crois qu'il
faudrait...
Mme le Vice-Président: M. le leader parlementaire de
l'Opposition officielle.
M. Lavoie: ... pour mettre en marche tout ce mécanisme des
quatre projets de loi privés et pour permettre à cette commission
de siéger mardi matin, une dernière petite motion, pour suspendre
la règle 8 des règles de pratique, étant donné
qu'on ne pourra pas respecter le délai de sept jours pour convoquer les
parties. Si le leader voulait faire cette motion...
M. Charron: Mme la Présidente, je remercie le
député de Laval de me rappeler ce que j'oubliais. Effectivement,
il faut que l'Assemblée consente à ce qu'on déroge
à la règle des sept jours pour la convocation. Connaissant
chacune des personnes intéressées à ces projets de loi, je
pense que nous ne leur manquerons pas de respect en les invitant d'ici quatre
jours...
Une Voix: Consentement.
M. Charron: Y a-t-il consentement, Mme la Présidente? Je
fais motion pour qu'on déroge à cette pratique.
Mme le Vice-Président: Motion adoptée?
Des Voix: Adopté.
Mme le Vice-Président: Adopté.
M. Charron: Avant de proposer la suspension officielle de la
séance, je me permets de demander très honnêtement au
leader adjoint de l'Union Nationale s'il est vraisemblable de penser, puisqu'il
est clair pour tous que c'est de ce côté de la Chambre que repose
l'avenir de notre séance d'aujourd'hui, que nous n'aurons pas à
22 heures le consentement de l'Union Nationale pour poursuivre jusqu'à
l'adoption en deuxième lecture de la loi 116 et pouvoir dire à
tout le monde que l'Assemblée sera convoquée à 16 heures
comme je l'ai indiqué, lundi après-midi, ou si, sans brimer le
droit de parole de quiconque, il est possible qu'avec le consentement de tous,
nous puissions franchir le cap des 22 heures et, ainsi, plutôt convoquer
la Chambre pour mardi.
M. Brochu: Mme le Président, il est vraisemblable pour
reprendre les propos du leader parlementaire du gouvernement que nous ne
donnions pas notre consentement pour prolonger au-delà de 22 heures ce
soir. J'avertis bien ouvertement le ministre à ce sujet. D'ailleurs,
tous les députés de l'Union Nationale ont l'intention de prendre
leur droit de parole relativement au projet
de loi 116. Nous avons énormément d'arguments à
apporter là-dessus. J'en Informe immédiatement le leader du
gouvernement, excepté s'il y avait modification en cours de route du
programme; mais, selon ce que je sais actuellement, honnêtement, nous
n'accepterons pas de prolonger au-delà de 22 heures, mais nous
continuerons la discussion sur le projet de loi 116.
M. Charron: Alors, je pense qu'il est raisonnable de penser que
l'Assemblée sera convoquée à nouveau lundi
après-midi. Je rappelle...
M. Lavoie: En faites-vous une motion?
M. Charron: Je la ferai plutôt à l'ajournement ce
soir dépendant de ce qui se passera, si vous me le permettez. Je
rappelle quand même à tous que ce n'est pas là une
nouveauté puisque je pense que chacun avait déjà pris la
décision d'être présent lundi matin à l'occasion de
la visite du premier ministre de la France. Je ferai donc motion officielle en
fin de séance et je propose la suspension des travaux jusqu'à 20
heures.
M. Brochu: Mme le Président, j'ai une question au leader
du gouvernement. Tout à l'heure, nous avons volontiers offert notre
collaboration pour dépasser assez largement le cadre de la fin de nos
travaux à 18 heures. Est-ce que je peux demander la même politesse
de la part du gouvernement, qu'on nous permette de reprendre nos travaux
à 20 h 15 et terminer ce que nous avons à faire durant l'heure du
souper? Nous avons donné notre consentement volontiers pour prolonger
au-delà de l'heure permise. Alors, je demanderais au gouvernement...
M. Charron: Je vais être bon prince, Mme le
Président. Je vais donner mon consentement pour revenir à 20 h
15. Puisqu'il est maintenant évident que nous n'aurons malheureusement
pas adopté le principe de ce projet de loi, en échange de
courtoisie je demanderais aux députés au pluriel de
l'Union Nationale de prendre ce qui suit en considération: nous allons
nous retrouver lundi après-midi à 16 heures et nous
achèverons, à ce moment-là, le projet de loi. Je leur dis
tout de suite qu'à cause d'une invitation qui est faite par le
gouvernement de la France à plusieurs membres de cette Assemblée,
dont le chef de l'Union Nationale, lundi soir, par le premier ministre de
France, à 20 heures, je souhaiterais beaucoup que nous ayons au moins la
deuxième lecture assurée du projet de loi 116 pour 18 heures ou
18 h 15 même, s'il le faut, pour libérer l'Assemblée. Le
chef de l'Opposition va également y assister. Je ne sais pas s'il y a
d'autres députés d'invités pour lundi soir. Je pense que
c'est la moindre courtoisie que nous devons à notre hôte lundi.
D'accord?
M. Brochu: Le leader du gouvernement comprendra qu'à ce
moment-ci, on ne peut pas prendre d'engagement pour lundi. Nous verrons
à ce moment-là. Je pense qu'il serait normal de sus- pendre nos
travaux, s'ils ne devaient pas être terminés, pour les poursuivre
mardi et les terminer en vertu de nos règlements.
M. Charron: Ce n'est pas ce que j'appelle la courtoisie que je
souhaitais, mais disons que nous réglerons cela en temps et lieu. 20 h
15, Mme le Président. Je m'excuse.
M. Lavoie: Mme la Présidente... Mme le
Vice-Président: M. le leader.
M. Lavoie:... à ce sujet, très brièvement.
Pour ce qui nous concerne, du fait que le principe ne sera pas voté ce
soir, nous ne pouvons pas également... Les travaux suivront leur cours.
La Chambre siégera à 16 heures lundi et on continuera. Qu'est-ce
que vous voulez? C'est la situation présente.
Mme la Présidente, est-ce que vous me permettriez, avec le
consentement de la Chambre, de faire une motion non annoncée? Que cette
Chambre exprime le voeu que l'équipe de hockey cana-do-américaine
puisse sortir vainqueur contre l'équipe russe dans ce tournoi du
défi. Est-ce que cette motion est adoptée? Elle n'est pas
adoptée?
Mme le Vice-Président: L'Assemblée avait
déjà suspendu ses travaux, M. le député. Nous
sommes quand même conscients que vous avez fait un voeu.
Suspension de la séance à 18 h 20
Reprise de la séance à 20 h 19
Le Vice-Président: A l'ordre, mesdames et messieurs!
Vous pouvez vous asseoir.
Au moment de la suspension, M. le député d'Orford avait
demandé le droit de parole.
Projet de loi no 116 Deuxième lecture (suite)
M. Georges Vaillancourt
M. Vaillancourt (Orford): M. le Président, je m'en
voudrais de ne pas dire quelques mots dans ce débat de deuxième
lecture sur le bill 116, Loi modifiant la Loi de la mise en marché des
produits agricoles. M. le Président, ces amendements sont rendus
nécessaires à la suite d'un jugement rendu par la Cour
suprême du Canada le 19 janvier 1978, jugement qui a
déclaré inconstitutionnel le sous-paragraphe a) du paragraphe 2
de l'article 2 de la loi visant le placement des produits agricoles sur le
marché interprovincial et dans le commerce d'exportation.
M. le Président, d'après le jugement de la Cour
suprême du Canada, le motif qu'elle a
invoqué, c'est que le gouvernement du Canada ne pouvait pas
déléguer des pouvoirs qu'il ne possédait pas,
c'est-à-dire le contrôle de la production, de la mise en
marché des produits agricoles à l'intérieur de la
province. Cependant, dans ce même jugement, la Cour suprême du
Canada a déclaré constitutionnels les frais et redevances
imposés à un producteur sous l'autorité de la loi
fédérale, pour autant que le sous-paragraphe b) du paragraphe 2
de l'article 2 est concerné (Statuts refondus du Canada 1970, chapitre
A-7). (20 h 20
L'article 2 de cette loi fédérale, M. le Président,
se lit comme suit: "Le gouverneur en conseil peut, par décret, autoriser
tout office ou organisme auquel la législation d'une province permet
d'exercer des pouvoirs de réglementation sur le placement de tout
produit agricole localement dans les limites de la province à
régler la vente de ce produit agricole sur le marché
interprovincial et dans le commerce d'exportation et, pour ces objets, à
exercer tous pouvoirs semblables à ceux que l'office ou organisme en
question peut exercer quant au placement dudit produit agricole localement dans
les limites de la province. Le gouverneur en conseil peut, par décret,
accorder à tout office ou organisme mentionné au paragraphe un la
faculté: a) à l'égard des pouvoirs conférés
audit office ou organisme selon les lois de quelque province en ce qui concerne
l'organisation du marché d'un produit agricole localement, dans les
comités de la province, etc."
M. le Président, "à l'égard des pouvoirs qui
peuvent être conférés audit office ou organisme selon la
présente loi, en ce qui concerne le placement de tout produit agricole
sur le marché interprovincial et dans le commerce d'exportation, de
fixer, d'imposer et de percevoir des contributions ou droits de la part de
personnes adonnées à la production ou au placement de la
totalité ou d'une partie de quelque produit agricole et, à cette
fin, de classer ces personnes en groupes et de fixer les contributions ou
droits payables par les membres des différents groupes à divers
montants, d'employer ces contributions ou droits aux fins de cet office ou
organisme, y compris la création de réserves et le paiement de
frais et pertes résultant de la vente ou de l'aliénation d'un tel
produit agricole et l'égalisation ou le rajustement entre ceux qui ont
produit..."
Le Vice-Président: M. le député d'Orford, je
m'excuse.
M. Goulet: Je soulève un point de règlement, M. le
Président, vous l'avez deviné. Nous sommes ici après les
Fêtes pour discuter d'un projet de loi extrêmement important pour
l'agriculture. Or, nous n'avons pas quorum et, de ce côté, nous ne
céderons pas un pouce. Je vous demande d'invoquer le quorum.
Le Vice-Président: II n'y a pas quorum. Qu'on appelle les
députés. Je m'excuse, que l'on appelle les députés.
A l'ordre, s'il vous plaît! Le quorum est de 30 et nous dépassons
le nombre de 30. M. le député d'Orford.
M. Vaillancourt (Orford): Merci, M. le Président. J'en
étais rendu à "ou droits aux fins de cet office ou organisme, y
compris la création de réserves et le paiement de frais et pertes
résultant de la vente ou de l'aliénation d'un tel produit
agricole et l'égalisation ou le rajustement, entre ceux qui ont produit
des denrées agricoles, des sommes d'argent qu'en rapporte la vente
durant la ou les périodes que l'office ou l'organisme peut
déterminer".
Ce n'est qu'en décembre 1978, près de onze mois
après ce jugement, que le ministre de l'Agriculture a
déposé un projet de loi, le projet de loi 116, pour combler le
vide créé par ce jugement de la Cour suprême du Canada. Ce
projet de loi est endossé par l'Union des producteurs agricoles, l'UPA
et par ses fédérations; par contre, plusieurs groupes ont
refusé de participer au plan conjoint parce qu'ils disent: Nous sommes
pour l'entreprise privée, et les membres de ce groupe, nous les appelons
les dissidents.
Je trouve regrettable que le ministre de l'Agriculture ait refusé
la motion du député de Maskinongé concernant le report de
quelques jours de l'étude du projet de loi no 116 afin de permettre la
tenue d'une commission parlementaire, ce qui aurait permis, je crois, de vider
la question une fois pour toutes sur ce sujet. Etant donné qu'il y a
beaucoup de représentations de part et d'autre de personnes qui sont
contre le projet de loi actuel et contre l'autorité qu'on semble vouloir
donner aux offices de mise en marché, cette commission parlementaire
aurait permis de connaître les données des personnes ou des
groupes qui ont des représentations à faire.
Etant donné le refus de la tenue d'une commission parlementaire
et le refus de scinder le projet de loi no 116, c'est-à-dire adopter les
articles 4 et 7 pour répondre aux motifs invoqués par le Cour
suprême du Canada, dans un jugement rendu le 19 janvier 1978, et reporter
les articles 1, 3, 5 et 6, qui donnent de nouveaux pouvoirs aux offices de
production du Québec, à une prochaine session afin de permettre
un accord, pour le moment, à tous les partis dissidents concernés
d'explorer la possibilité d'une révision complète de la
Loi sur la mise en marché des produits agricoles.
Cet après-midi, le député de Brome-Missisquoi a
suggéré la formation d'une commission ou d'un comité pour
faire une étude complète de cette loi de mise en marché
dans tous les domaines pour connaître la portée de cette loi en
profondeur. Je pense que cette suggestion est à point et en ce qui me
concerne, si le ministre de l'Agriculture avait consenti à
écouter en commission parlementaire tous les dissidents ou toutes les
personnes intéressées, cela nous aurait permis d'avoir
déjà une première façade de ces problèmes
qui concernent la mise en marché de nos produits agricoles dans la
province de Québec.
M. le Président, c'est regrettable mais tout de même,
étant donné la nécessité de l'adoption
d'une telle loi, en ce qui me concerne, je suis d'accord sur le fait de
voter pour le principe de ce projet de loi en deuxième lecture. Mais
j'espère que le ministre de l'Agriculture sera baucoup plus
généreux lors de l'étude du projet de loi article par
article en commission parlementaire, car je peux l'assurer d'avance que nous
allons lui suggérer de nombreuses améliorations et de nombreux
amendements. J'espère que le ministre de l'Agriculture va être
attentif à nos demandes s'il veut avoir l'appui des Oppositions en
troisième lecture. Merci. (20 h 30)
Le Vice-Président: M. le député de
Bellechasse.
M. Bertrand Goulet
M. Goulet: Le projet de loi 116 que nous avons devant nous,
modifiant la Loi sur la mise en marché des produits agricoles, n'a pu
franchir, suivant la procédure établie, les trois étapes
nécessaires à son adoption avant le 21 décembre. Cela est
dû au fait que l'Union Nationale n'a pas donné son consentement.
Notre parti a en effet refusé de donner au syndicalisme agricole le
blanc-seing qu'il convoite sur les contrôles de la production agricole
avant d'avoir étudié toutes les implications d'un tel projet
législatif. Les raisons qui ont présidé à la
rédaction de ce projet de loi sont de trois ordres.
Dans un premier temps on l'a répété et je
pense qu'il est bon de se le rappeler encore une fois, M. le Président
le gouvernement veut s'emparer du champ des juridictions laissé
vacant par un jugement de la Cour suprême du Canada, jugement qui a
déclaré illégaux les cotisations ou prélevés
perçus par le gouvernement fédéral ou ses organismes sur
des produits agricoles produits et mis en marché au Québec. Sur
ce point précis, sur ce principe, nous l'avons dit même avant la
période des Fêtes, nous étions prêts à
accorder au gouvernement la partie de ce projet de loi.
Dans un deuxième temps, ce projet de loi effrite le droit de
propriété des quotas ou des contingentements auxquels certains
groupes de producteurs sont déjà soumis en permettant au
syndicalisme agricole de les diminuer ou de les annuler à son gré
afin d'éliminer la portée du jugement rendu par le chef de la
Cour suprême qui avait statué il y a quelques mois que les
contingentements étaient la propriété exclusive des
détenteurs.
Dans un troisième temps, le gouvernement du Québec
délègue au syndicalisme agricole le pouvoir de contingenter
toutes les productions agricoles sans recours possible devant les tribunaux par
les producteurs lésés afin d'assurer par ce moyen, croit-on, la
rentabilité de l'agriculture.
Trop souvent, M. le Président, des mesures ainsi
arrêtées prennent un tour agressif et suscitent des
réflexions de méfiance. On peut bluffer tout le monde parfois,
mais ce n'est pas jouer au protecteur que d'alimenter les guerres avec des lois
chargées de passion qui attisent des rivalités
économiques. A titre de maître de jeux et fort d'une
majorité dans cette Assemblée nationale, l'honorable ministre de
l'Agriculture fera bientôt tomber la hache sur ce projet de loi. Vous
savez, M. le Président, dans cette Assemblée, c'est la raison du
plus fort qui prime. Vous conviendrez avec moi que casser le thermomètre
ne supprime pas la fièvre.
Le projet de loi 116 aurait dû être l'objet d'une
étude en commission parlementaire nous en avons discuté
hier afin de faire la lumière sur les implications les plus
contestées de ce projet de loi et afin de savoir comment elles pourront
se concilier avec les projections de la loi 90 que nous avons votée
avant les Fêtes, la Loi sur la protection du territoire agricole.
Puisque dorénavant le syndicalisme agricole aura le pouvoir
d'imposer à tout producteur agricole ou à tout acquéreur
d'une terre zonée, une limite de production, que vaudra, M. le
Président, une ferme sans son contingentement? A quelle obligation ou
à quelle restriction sera rattachée l'utilisation rationnelle des
sols arables au Québec? Par ailleurs, compte tenu de la valeur actuelle
des contingentements dans les productions déjà limitées,
par exemple, de $10 à $12 par poule pondeuse à titre de droit
initial à la production d'oeufs, exclusion faite de la valeur du
troupeau, de l'équipement et des immeubles, qui aura les moyens
d'acheter une ferme avec contingentement? Sont-ce les petits ou les gros
producteurs déjà établis? Lorsque je parle de gros
producteurs, je ne parle pas des gros intégrateurs, tel qu'on veut le
laisser savoir. Par exemple, quand je parle des meuneries qui vont avoir leur
propre poulailler, je parle souvent de certains agriculteurs qui se disent les
défenseurs du petit, mais qui ont peut-être un quota de 800 000
à 1 000 000 de livres de lait. Ceux que l'honorable ministre veut servir
ne seront-ils pas plutôt désavantagés? Je pense que c'est
là le principe même du projet de loi. Une telle situation est,
à mon humble avis, injuste sur le plan individuel, désastreuse
sur le plan économique et dangereuse même sur le plan
politique.
Le ministre est habile à tirer son épingle du jeu à
côté d'un volcan en éruption comme ce fut le cas il y a
deux ans lorsque l'UPA elle-même, ce syndicat mécontent, l'avait
presque descendu aux enfers. Les temps ont bien changé, on l'avouera
franchement, M. le Président. Il nous avait, en effet, habitués
à plus de sens critique et à plus de vigueur intellectuelle.
Avoir raison trop tôt est la pire manière d'avoir tort. L'Union
Nationale s'est impliquée dans le dossier, elle l'a fait objectivement
et, contrairement à certains prophètes de malheur, elle discute
de ce dossier les mains libres et sans attache aucune ni du côté
syndical, ni de personne d'autre. Je crois que certaines formations politiques
ne peuvent en dire autant.
Les députés de l'Union Nationale se sont promenés
dans leurs comtés et ont rencontré pas seulement les dirigeants
syndicaux, les responsables des secteurs de l'UPA, mais tous les agriculteurs,
du plus petit au plus grand. M. le Pré-
sident, c'est consciente de leurs besoins et de leurs demandes que notre
formation politique s'oppose à l'adoption du projet de loi 116 dans sa
forme actuelle.
Certaines personnes nous identifient à la minorité mais
c'est bien mal connaître les besoins des agriculteurs que de faire une
telle déclaration car, en discutant avec eux lorsque je parle
avec eux, les gens de la base on se rend compte très tôt
qu'ils ne sont pas prêts à accepter ce projet de loi tel quel.
Les gens qui nous identifient à la minorité auraient
avantage à rencontrer les gens de la base au lieu de se contenter de ne
rencontrer que les dirigeants syndicaux. Egalement, il y a une catégorie
de gens qui croient connaître les agriculteurs et là, je
fais allusion à certains articles de journaux du seul fait qu'ils
ont décidé d'habiter le village d'un comté rural. Je peux
dire que très peu peuvent se vanter de connaître l'agriculture et
les besoins des agriculteurs.
L'Union Nationale parle-t-elle au nom des gros ou des petits, M. le
Président? C'est la question qu'il faut se poser. Nous parions au nom de
tout le monde mais surtout au nom des petits et ils sont très nombreux
dans des comtés ruraux comme celui que j'ai l'honneur de
représenter dans cette Assemblée, le comté de
Bellechasse-Dorchester. Ils sont nombreux à ne pas connaître
toutes les implications de ce projet de loi. Un député nous a
dit: Ils n'ont qu'à se rendre aux réunions. Un instant, M. le
Président, j'aurais quelque chose à dire là-dessus. Ils
vont se rendre aux réunions quand ils y seront invités. On leur
permet, dans bien des cas, de ne connaître qu'un côté de la
médaille et quand ils auraient la chance de connaître l'autre
côté, on ne les invite pas.
Je vous donne un exemple. J'ai été invité dimanche
dernier, dans mon comté, par quatre zones ou quatre secteurs, si vous
voulez, pour rencontrer les principaux responsables de l'UPA de la
région et c'est avec plaisir que je m'y suis rendu. C'était la
deuxième fois que je les rencontrais mais j'aurais aimé
qu'à cette réunion, on invite tous les agriculteurs du
comté, du plus petit au plus grand, au plus important, et non seulement
les dirigeants syndicaux qui ont peut-être compris ce projet de loi, j'en
conviens, mais qui n'ont peut-être pas véhiculé assez bien
l'idée ou le principe de ce projet de loi, de façon que les
petits puissent se prononcer objectivement.
C'est fort de la demande de ces producteurs qui, sans cesse, par
téléphone ou lors de rencontres à nos bureaux, lors de nos
rencontres les fins de semaine, nous demandent: M. le député,
avant d'adopter ce projet de loi, on voudrait en connaître davantage,
prenons notre temps. Lorsque je dis à certains dirigeants syndicaux que
leurs membres, à la base, ne connaissent pas le projet de loi ou,
encore, ont peur de ce projet de loi, on nous répond que c'est parce que
des personnes ont charrié et épeuré les gens de la base.
Quant à nous, les députés de l'Union Nationale, on nous
accuse de n'avoir rien compris et c'est à peu près le seul
argument qu'on puisse invoquer dans ce débat.
Qu'est-ce qu'on fait des coopératives? Qu'est-ce qu'on fait des
dissidents, ceux que vous appelez les dissidents? Qu'est-ce qu'on fait des
agriculteurs en désaccord? Eux aussi n'ont pas compris; cela fait donc
bien du monde qui n'a pas compris. Quand nous disons aux gens du syndicat,
responsables du syndicat représentant les agriculteurs au Québec
de nous expliquer cela, ils nous répondent que cela prendrait beaucoup
de temps; d'autres disent que ce projet a trop traîné et qu'ils ne
sont plus intéressés à argumenter, etc.
M. le Président, je disais hier et je le répète,
quand cela presse, justement, il faut prendre son temps. Je pense qu'on aurait
avantage, pour le bien de tous les agriculteurs du Québec, de
véhiculer davantage, d'expliquer davantage ce projet de loi, de
façon que tous puissent le comprendre et se prononcer dessus. (20 h
40)
Ce serait fort de cet appui qu'on pourrait revenir à
l'Assemblée nationale et de dire encore une fois au ministre: Ton projet
de loi, bravo! on l'accepte, on le modifie. C'est pourquoi nous avions
demandé une commission parlementaire qui nous aurait permis, vous
l'aviez deviné, M. le Président, d'entendre ces gens. Pourquoi
les agriculteurs ont-ils peur de ce projet de loi? Parce qu'ils ne sont pas
tous d'accord. Pour que leur syndicat ait le pouvoir de réduire ou
d'annuler leurs quotas. A qui appartiennent les quotas? C'est à eux. Je
pense que le jugement de la Cour suprême est bien clair là-dessus.
Un quota appartient à l'agriculteur lui-même parce qu'il l'a
gagné, parce qu'il l'a payé. Il lui appartient au même
titre que sa grange, que son tracteur, que sa ferme. Pourquoi? Parce que
plusieurs agriculteurs ne sont pas d'accord sur le fait d'être
pénalisés s'ils ne mettent pas un produit sur le marché.
Je suis d'accord avec un plan conjoint. Si l'agriculteur veut mettre plus de
produits sur le marché que le quota lui permet, je suis d'accord qu'il
soit pénalisé.
Mais, M. le Président, ce projet de loi permettra de
pénaliser l'agriculteur si le surplus de produits, même s'il ne le
met pas sur le marché, le projet lui permet. Ne dites pas non, M. le
ministre. C'est oui. Vous le lirez. Tous les juristes sont unanimes pour le
dire. Je pourrais vous répondre ce que je vous ai demandé. Si le
ministre veut entreprendre un débat. Il nous a parlé de juristes
avant Noël. Je lui ai demandé de me donner trois avis juridiques
sur dix. Il ne l'a pas voulu.
Une Voix: Déposez-les vos avis.
M. Goulet: Plusieurs agriculteurs, M. le Président, ne
sont pas d'accord pour se faire dire où et quand ils devront semer leurs
champs. Le projet de loi le dit: Le temps et le lieu de la production. Pas
d'accord, M. le Président, pour que certains aient des conditions
spéciales. A un moment donné, on parle de conditions
spéciales. On voudrait qu'on l'explique davantage, parce que cela pose
des points d'interrogation à plusieurs agriculteurs. Pas d'accord pour
ne pas avoir droit d'appel devant les tribunaux s'ils se sentent
lésés.
M. le Président, on viendra me parler de la régie. Le
ministre de l'Agriculture, sur une ordonnance de la régie, cet
après-midi, a contesté publiquement, dans cette Chambre, ce que
la régie avait dit et il a déjà dit au chef de l'Union
Nationale qu'il irait en appel. Les agriculteurs n'auront pas d'autre choix que
d'accepter le verdict de la régie. Le ministre de l'Agriculture
lui-même met en doute le verdict de la régie sur une ordonnance,
sur un jugement que nous avons eu cet après-midi.
M. Garon: M. le Président, je regrette, on dépasse
les bornes. Je n'ai commenté en aucune façon...
M. Fontaine: Question de règlement, M. le
Président.
Le Vice-Président: M. le ministre, sur une question de
privilège. Non. M. le ministre, sur une question de
privilège.
M. Garon: Question de privilège, M. le Président.
Le député de Bellechasse est en train de dire que j'ai
commenté un jugement qui a été rendu, une décision
de la régie qui est en appel devant le Conseil des ministres. C'est
faux. Il peut dire les menteries qu'il voudra, il en fait depuis qu'il a
commencé à parler. Mais je ne permettrai pas qu'on dise une chose
qui est fausse. Je n'ai aucunement commenté le jugement, la
décision de la Régie des marchés agricoles.
Le Vice-Président: D'accord. M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: M. le Président, il a dit que c'était en
appel devant le Conseil des ministres. Je vous demande une chose auparavant, M.
le Président, que cette interruption ne soit pas prise sur mon
temps.
Le Vice-Président: Le règlement s'applique pour
tout le monde, et la présidence tente de l'assouplir dans la mesure du
possible. M. le député de Bellechasse.
M. Goulet: M. le Président, le ministre a fait pire que
cela. Il a permis de prêter $900 000 justement pour aller à
rencontre de ce que la régie avait dit de ne pas faire. C'est encore
pire que de ne pas appuyer la régie. Les agriculteurs ne sont pas
d'accord...
M. Garon: M. le Président.
Le Vice-Président: Les questions de privilège ne
soulèvent pas de débat et je considère comme n'ayant pas
été dites, par le député de Bellechasse, les
dernières phrases qu'il a prononcées.
M. le député de Bellechasse.
M. Goulet: M. le Président, je vais être plus clair.
Ce que le gouvernement a fait en prêtant de l'argent, c'est qu'il a
permis aux fédérations de faire ce que la régie
défend et même trouve inopportun, et ce, à l'encontre des
intérêts des producteurs. C'est la régie qui a dit
cela.
Je continue. C'est que certains agriculteurs ne sont pas d'accord pour
qu'on vote une telle loi sans qu'ils aient à se prononcer par
référendum. Je pense que c'est cela que les agriculteurs veulent,
c'est-à-dire pouvoir se prononcer par un vote secret pour savoir s'ils
acceptent ou non en entier cette loi. Ils ne sont pas d'accord quand leur
syndicat refuse, quand leur syndicat et le ministre de l'Agriculture...
Là où les agriculteurs ne sont pas d'accord, c'est quand le
ministre et le syndicat refusent de passer un tel test de démocratie. Je
pense que c'est là le point crucial pour lequel il y a tant de gens qui
contestent cette loi. Ils nous disent: Si ces gens n'ont rien à cacher,
qu'ils passent donc le test de la démocratie par le biais d'un
référendum.
M. Garon: Pourquoi les dissidents ne se soumettent-ils pas au
plan conjoint adopté démocratiquement?
M. Goulet: ... sur lequel... Parlez-moi donc du plan conjoint du
porc que vous avez accepté!
Le Vice-Président: M. le ministre, à l'ordre! M. le
député de Bellechasse... A l'ordre, s'il vous plaît! M. le
député de Bellechasse, vous prenez de votre propre temps lorsque
vous parlez d'autre chose que du projet de loi no 116. Je vous prierais de
revenir à la pertinence du débat.
M. Goulet: M. le Président, je pensais être
pertinent au débat; je vous disais des choses, pourquoi on ne devrait
pas voter le principe de ce projet de loi tel quel. C'est parce que l'ensemble
des agriculteurs ne sont pas d'accord. Ils nous disent qu'ils ne sont pas
d'accord. Vous avez compris, M. le Président, c'est ce que je voulais
dire. Tout le monde avait compris, sauf le ministre de l'Agriculture, vous
l'aviez deviné.
M. le Président, lorsqu'on n'a pas peur d'une chose, lorsqu'on
n'a pas peur d'une idée, il semble qu'on doive passer un test de
démocratie, et c'est ce que les gens de la base demandent au ministre de
l'Agriculture et au syndicat qui les représente. Les gens ne sont pas
d'accord pour se faire saisir leur surplus de production. Je pense que c'est
encore un principe qui est permis dans ce projet de loi. Les gens veulent
savoir également pourquoi les coopératives manifestent contre ce
projet de loi. Les camions de coopératives hier... Il y a certains
dirigeants qui nous ont dit: C'étaient des camions qui avaient
été loués dans des cours de garages, des vieux camions.
Non, J'ai fait ma petite enquête, aujourd'hui, et c'étaient
véritablement des coopératives qui avaient
délégué leurs camions ici, parce qu'elles ne sont pas
d'accord en principe sur ce projet de loi.
Le Vice-Président: A l'ordre!
M. Goulet: M. le Président, cela a l'air de leur faire
mal; vous comprenez cela.
Etant donné que le ministre refuse une commission parlementaire,
étant donné que le ministre refuse toujours un
référendum sur le principe de ce projet de loi je pense
que c'est le but de la deuxième lecture étant donné
que le ministre refuse ce test de démocratie, s'il n'a rien à
cacher, j'aimerais qu'il vienne dans nos comtés.
Etant donné les circonstances, qu'il relève le défi
ou qu'il délègue n'importe quel député pour
débattre ce projet de loi pas seulement devant des gens choisis, mais
bien devant tous les agriculteurs d'un comté agricole tel celui de
Bellechasse-Dorchester. Cela me permettrait d'expliquer ma version, de vous
faire voir l'autre côté de la médaille.
Je suis convaincu que, si on permettait que ce débat
débouche sur un vote secret, le principe même de ce projet de loi
no 116 serait rejeté dans sa forme actuelle. Je le demande au ministre
et, s'il est intéressé, on pourra le faire. En passant, si tout
dans la région du député, pour parler de chantiers pendant
dix minutes et de contrats de bateaux.
C'est ce que j'avais à dire là-dessus. Si le ministre ne
veut pas accepter une commission parlementaire, je voterai contre le principe
de ce projet de loi en deuxième lecture.
Le Vice-Président: M. le député de Shefford.
M. Richard Verreault
M. Verreault: Merci, M. le Président. De toute
façon, j'avais l'intention d'intervenir sur le projet de loi no 116,
mais vous comprendrez mon étonnement que la motion de mon
collègue de Maskinongé ait été rejetée cet
après-midi par le gouvernement, mais par une faible majorité. Il
arrive que la loi 116 a des implications tout à fait importantes qui
remettent en cause tout le système de l'agriculture. Je ne me
gênerai pas en cette Assemblée pour dire, à la suite du
vote contre la motion de mon collègue de Maskinongé, que le
député de Shefford votera contre le projet de loi no 116,
même si cela devait m'attirer les foudres de mon caucus, parce que je me
dois... (20 h 50)
Une Voix: il est brave.
Une Voix: Cela paraît qu'il est tout seul.
Le Vice-Président: M. le député de Shefford,
vous avez seul le droit de parole.
M. Verreault: Je vous remercie de le reconnaître, M. le
Président. Lorsqu'on n'est pas d'accord avec le gouvernement, on
s'aperçoit vite que cela choque ces messieurs. On ne nous permet pas
d'intervenir d'une manière calme et détendue. Lorsque le ministre
lui-même fait ses boniments, tel qu'il l'a fait sur le projet de loi no
116 en deuxième lecture, s'il avait fallu qu'on procède de la
même manière lors des interventions qui ont été
faites par l'Opposition, je ne vous mens pas en disant que cela n'aurait pas
été tellement agréable pour le ministre. Chaque fois qu'un
opinant se lève pour intervenir dans un sens contraire aux objectifs du
ministre, ce sont des tollés de l'autre bord, ce sont des interruptions,
c'est la pagaille.
Pour revenir au projet de loi no 116, je disais tout à l'heure
que le projet de loi no 116 crée un précédent; il accorde
des pouvoirs beaucoup plus forts que ceux que le ministre même dit qu'il
accorde. Le but principal du projet de loi no 116 est de valider, en somme, le
jugement rendu par la Cour suprême, mais non pour se montrer très
favorable et très gentil envers une certaine association syndicale de
producteurs: Si tu me donnes ceci, je te donne cela.
C'est sûr, on a essayé de manigancer et, finalement
parce que l'on ne peut pas toujours donner sans recevoir les preuves
nous ont été données. Lorsque le gouvernement et certains
députés nous font croire que tout va très bien dans ce bon
monde de l'agriculture, j'oserais en douter, M. le Président. Si vous me
permettez cet écart, je voudrais simplement faire allusion à la
commission parlementaire que nous avons tenue relativement au projet de loi 90
où les dirigeants sont venus nous dire: Oui, on est d'accord. Et on a vu
également des associations régionales dire: Nous ne sommes pas
tout à fait d'accord.
M. Alfred: C'est une question de règlement, M. le
Président.
Le Vice-Président: D'accord. A l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Papineau...
M. Alfred: C'est une question de règlement. Sur une
question aussi importante, j'ai vainement cherché les libéraux
élus. Je veux savoir où se trouvent les députés
libéraux en Chambre.
M. Blank: Ce n'est pas une question de règlement.
Le Vice-Président: M. le député de
Shefford.
M. Verreault: J'aurais cru quand même que le
député péquiste qui vient de se lever se serait
levé pour des questions beaucoup plus importantes. On parle actuellement
du projet de loi 116 et ce qu'on essaie de faire, c'est d'interrompre les gens
qui sont contre, et j'ai dit tout à l'heure que j'étais contre. A
moins que le gouvernement, à un moment donné, nous amène
des amendements, on demande une commission parlementaire pour permettre
à certains back-benchers péquistes de mieux comprendre, de mieux
se faire éclairer dans ce domaine, et malheureusement, on nous le
refuse. Mon collègue de Bellechasse demande un référendum
dans ce domaine parce que cela touche quand même près de 45 000
producteurs, et on va nous le refuser. On va aller en commission parlementaire
pour dire simplement oui, oui, oui. Je ne suis pas d'accord avec cela.
Dans les circonstances, si le député péquiste de
Papineau veut se lever pour dire qu'il est
favorable à la loi, qu'il le fasse, qu'il ne se gêne pas
pour le faire. Je me lève pour dire que je suis contre. Alors, qu'on me
laisse le dire.
Dans les circonstances, chaque fois que l'on m'interrompt, je perds mes
idées et cela me choque, M. le Président. Je ne devais prendre
que trois ou quatre minutes, mais si cela continue, je vais prendre 20
minutes.
J'allais dire, pour revenir au projet de loi 90 que nous avons
adopté à toute vitesse à la fin de la dernière
session avant les Fêtes, que nous avons entendu différentes
parties. A la suite de cette audition, nous avons eu la chance de rencontrer
des gens de l'UPA, les "big boss" qui sont venus nous dire qu'ils
étaient favorables à cela, que c'était urgent, que cela
pressait. D'autre part, dans le même organisme, dans les
fédérations régionales, d'autres sont venus nous dire
qu'ils n'étaient pas tout à fait d'accord, qu'il devrait y avoir
des amendements, qu'il devrait y avoir des comités régionaux,
qu'il devrait y avoir une plus grande consultation. C'en est une preuve, M. le
Président, que dans l'UPA tout ne va pas comme dans le meilleur des
mondes.
Et dans le domaine de l'agriculture, ce que notre cher ministre veut
actuellement, c'est d'essayer de mettre un petit "plaster", qu'on appelle dans
notre coin, un pansement sur une jambe de bois.
Vous savez, on essaie d'éviter actuellement une pagaille. Elle a
commencé, la pagaille, et l'abcès est à la veille de
crever. Il ne faut quand même pas se leurrer avec cela. Vous savez, c'est
une question de temps, peut-être de jours ou de mois. Mais, de toute
façon, tôt ou tard cela va arriver. Le gouvernement se disait,
dans l'Opposition, capable de régler tous les problèmes; le
ministre actuel de l'Agriculture s'est vanté, à maintes reprises
depuis près de deux ans, d'être capable de régler tous les
problèmes et que l'indépendance allait sauver l'agriculture au
Québec. Mon oeil! Mais qu'il commence à prendre ses
problèmes en main et qu'il trouve des solutions. Ce n'est pas à
l'Opposition de trouver des solutions.
On essaie de lui donner des conseils, de lui faire des propositions,
mais le gouvernement renverse les motions qu'on lui présente. Pourtant,
ce sont des solutions très pertinentes, très
intéressantes. Je suis persuadé que, si le ministre avait
accepté cet après-midi que la commission entende des
témoins, plusieurs députés d'arrière-ban de
quelques régions agricoles, tout comme moi, comme certains membres du
Parti libéral et de l'Union Nationale, auraient pas mal mieux compris et
saisi le problème tel qu'il est actuellement.
Je pense que la plupart imaginent comprendre le problème mais,
malheureusement, ils l'ignorent totalement. Le projet de loi 116 met en cause
toute la structure, tous les organismes, que ce soient les syndicats, que ce
soit l'office, que ce soit la régie, que ce soit même le
ministère, que ce soit l'agriculture en général au
Québec. J'imagine que c'est une mission réellement impossible
pour le ministre. Evidemment, je me mets à sa place. Le ministère
de l'Agriculture n'est sûrement pas un ministère facile à
administrer. Je conçois cela et j'ai quelque sympathie à son
égard. Malheureusement, qu'il ne vienne pas nous faire croire qu'il n'y
a pas de problèmes dans l'agriculture. Cela est, par exemple, pour
utiliser le terme du ministre, être un peu menteur dans son cas.
Lors de l'étude du projet de loi 90 j'y fais toujours
référence pour le projet de loi 116 le ministre nous a
parlé de l'autosuffisance. Depuis qu'il nous parle du projet de loi 116,
il y fait un peu moins allusion. Il nous a parlé de donner des revenus
qui soient valables dans le domaine de l'agriculture pour les producteurs.
M. Jolivet: La pertinence, la pertinence. Sois pertinent.
M. Verreault: Veux-tu, quand tu auras quelque chose à
dire, lève-toi donc pour le dire! Laisse-moi donc parler. C'est mon
tour. J'ai 20 minutes.
M. Jolivet: La pertinence.
Le Vice-Président: Je ne ferai pas de discours sur
l'impertinence. C'est sûr. Mais je demanderais au député,
dans le temps qui lui est imparti, de revenir au projet de loi 116.
M. Goulet: Je m'excuse auprès de mon collègue. Sur
une question de règlement. Vous ne voulez pas faire de discours sur la
pertinence, mais j'aimerais vous entendre en faire un sur le quorum, M. le
Président...
Une Voix: C'est exact.
M. Goulet: ... que j'invoque.
M. Jolivet: Ah! Combien y a-t-il de libéraux dans cette
salle?
Le Vice-Président: II y a quorum, plus deux.
M. Verreault: M. le Président, en ce qui concerne les
libéraux, ce n'est pas la quantité qui compte. La preuve en est
là. M. le Président, est-ce que je dois...
Le Vice-Président: Vous continuez.
M. Verreault: M. le Président, si vous le voulez, je peux
donner la chance au ministre de faire sa réplique immédiatement
s'il veut la faire.
Une Voix: Oui.
M. Verreault: Si vous voulez bien lui demander de se taire
quelques secondes de plus, cela ferait vraiment mon affaire. Je l'ai dit tout
à l'heure, M. le Président. Cela me met en rogne pour la simple
raison que, quand on me coupe la parole comme cela, je perds mes idées.
Quand je les ai, j'aime bien les garder. Vous n'avez rien contre cela? Je vous
remercie.
Vous me demandiez d'être dans la pertinence, M. le
Président. Je ne peux pas faire autrement que parler du projet de loi
90, le fameux 90, le zonage agricole. Dans ce projet de loi, le ministre a fait
une série de gaffes. Il est en train de faire exactement la même
chose avec le projet de loi 116. Je vous ai parlé de la commission
parlementaire tout à l'heure. C'est peut-être du passé,
mais ce n'est pas si loin que cela quand même. Nous irons en commission
parlementaire pour étudier le projet de loi article par article.
Evidemment, le gouvernement est majoritaire. Il va prendre ses
responsabilités. Je le lui souhaite. Mais de toute façon, avant
de prendre des responsabilités aussi importantes, je crois qu'il est
d'avis que chacun des membres de cette Assemblée fasse connaître
son point de vue. (21 heures)
Si je me reporte toujours au projet de loi 90, M. le Président,
c'est que l'expérience vécue à cette occasion peut nous
permettre aujourd'hui d'en tirer certaines conclusions. C'est pourquoi j'ai
malheureusement le propos de revenir parler du projet de loi 90.
Je vous ai parlé d'autosuffisance; on n'en entend plus parler.
D'autre part, le ministre a certaines tendances, à un moment
donné, à essayer de nous faire comprendre que les cultivateurs,
les fermiers, les producteurs doivent avoir des revenus qui sont valables,
justes et équitables et être des hommes d'affaires. J'en suis
très conscient et j'y suis même très favorable. Mais,
d'autre part, il reste quand même que le préjugé favorable
qu'on puisse accorder, y compris dans l'agriculture parce que je
considère que l'agriculteur est un homme d'affaires un certain
libre choix, une certaine libre concurrence, doit être important. Je ne
voudrais pas soulever les points qui ont été soulevés par
mon collègue de Brome-Missisquoi. Vous comprendrez que je l'appuie. Le
député de Brome-Missisquoi a été
député de Shefford de 1956 à 1973 et est maintenant
député de Brome-Missisquoi depuis 1976. Il connaît
très bien la région, qui est la région dans laquelle j'ai
à travailler. Je dois particulièrement travailler pour mes
producteurs et mes agriculteurs. La position que j'ai prise, dans les
circonstances, est le reflet des producteurs de ma région. Comme je vous
l'ai dit, je ne crois pas que la solidarité d'un parti doive aller
à rencontre des intérêts de nos électeurs. C'est la
position que j'ai décidé de prendre au détriment
peut-être d'une décision qui a été prise autrement
par mon caucus. Je crois tant que nous serons au Québec dans un
pays...
Des Voix: Pays.
M. Verreault:... dans une province démocratique, tant
qu'on aura un droit... Je n'ai rien contre cela de toute façon. Si
chacun voulait prendre vraiment ses décisions et vraiment
représenter ses électeurs, je suis convaincu que plusieurs
"backbenchers" auraient honte de se lever pour dire qu'ils sont favorables
à cette loi. Je ne les nommerai pas. De toute façon, ils auront,
tout comme moi, à faire face au prochain scrutin. Dans les
circonstances, les producteurs agricoles auront le dernier mot. Vous savez, il
y a des gouvernements qui se sont succédé, vous en avez connu.
Ils ont cru qu'ils étaient là pour bien des siècles et
depuis ce temps-là, il y a eu bien des changements. L'agriculture est
importante; c'est la base de l'économie au Québec. Dans les
circonstances, on essaie de "patcher", de mettre des cataplasmes sur des jambes
de bois. Ce gouvernement, qui s'est vanté de trouver des solutions
valables, à longue échéance, à long terme dans
l'agriculture, n'a fait, comme tous les autres gouvernements qui se sont
succédé jusqu'à ce jour, que mettre des cataplasmes sur
des jambes de bois.
C'est pourquoi, M. le Président, si on parle également du
projet de loi 116, le ministre de l'Agriculture n'a sûrement pas
consulté sa collègue de la consommation. Si, toutefois, la motion
du député de Maskinongé avait été
acceptée, je crois que tout l'éclairage nécessaire aurait
été fait sur ce projet de loi. Toutes les implications, les
avantages et les désavantages auraient été connus et cela
aurait été beaucoup plus juste, beaucoup plus équitable
pour l'ensemble des producteurs du Québec. Lorsque, dans l'agriculture,
on est rendu avec quelques milliers de dissidents, il faut quand même se
poser la question à savoir ce qui se passe. Je le mentionnais au sujet
de la motion du député de Maskinongé. Quand il y a
quelques dissidents, on ne se pose pas trop de questions, on se dit: C'est une
quantité négligée et négligeable, mais lorsqu'on
est rendu avec quelques milliers de dissidents, il faudrait peut-être
aller au fond du problème et, tel que l'a soulevé mon
collègue et voisin, le député de Brome-Missisquoi, le
projet de loi 116 va plus loin que cela et le malaise n'est pas à la
surface, il est en dessous.
C'est pourquoi je vous dis immédiatement, M. le Président,
que je voterai contre ce projet de loi.
Une Voix: Vote, vote.
Le Vice-Président: M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Fernand Grenier
M. Grenier: M. le Président, si j'ai eu un brin
d'hésitation à me lever, c'est que...
Une Voix: ...
M. Grenier: Oui, justement, c'est qu'à entendre les propos
que j'entends depuis quelques minutes, j'étais assuré qu'il y
avait des députés ministériels qui avaient à
parler. Considérant qu'il n'y avait rien à entendre, qu'ils
n'avaient rien à dire, j'ai la certitude que je vais faire mon discours
et que je ne serai dérangé par personne puisqu'ils n'ont vraiment
rien à dire. A partir de là, je voudrais bien avoir la paix et je
voudrais bien qu'ils comprennent, eux, une fois pour toutes.
M. le Président, vous avez été témoin des
anciens Parlements... C'est une mise en garde que
je fais au départ, j'ai rarement vécu un Parlement
où il est aussi difficile de prendre la parole et de ne pas entendre
continuellement les murmures et les vociférations qui viennent de la
part du gouvernement. Il n'y a rien de plus désagréable, comme le
signalait le député de Shefford, que d'entendre ces murmures
continuellement quand on fait une intervention que nous jugeons valable. Le
gouvernement peut bien juger le contraire, même si nous la jugeons
valable. Je pense que ce serait plus agréable si on voulait
écouter nos propos puis intervenir. Il n'y a rien qu'on souhaite mieux
que de voir le gouvernement intervenir, s'il a des choses à dire sur
certains articles de la loi; qu'il nous dise donc ce qui en est. Ne commencez
donc pas.
C'est vrai qu'on étudie une loi agricole, qu'on entend...
Le Vice-Président: J'en appelle à tous, s'il vous
plaît! J'en appelle à tous et que le député de
Mégantic-Compton ne provoque quand même pas, ce qui se produit
trop souvent.
M. Grenier: Merci, M. le Président. Depuis que cette loi a
été déposée, nous nous attendions, avec les
premiers aperçus qu'on avait avant les amendements, que l'Opposition
fasse un front commun et dise au gouvernement qu'il y avait là sujet
à modifications et sujet important. Par contre, mon excellent ami, M.
Ryan, celui avec qui j'ai beaucoup de rapports de presse, a demandé
à ses troupes de voter en faveur du projet de loi. Heureusement, il y a
des gens dans ce parti qui représentent des comtés ruraux et qui
ont décidé qu'il y avait des raisons de ne pas voter pour ce
projet de loi. Comme on l'a entendu, d'autres se sont rendus rencontrer les
cultivateurs, les contestataires qu'il y avait ici, à l'hôtel
Hilton, et ont dit: On va être pour et on va peut-être être
contre aussi, on va être pour les deux, on va être entre les deux.
Dans la salle, on a répondu: C'est un vrai libéral, on le
reconnaît.
Depuis ce temps, nous faisons le débat seuls, comme vous le
constater, mais nous allons continuer à le faire, parce que nous y
croyons, et je pense que la classe rurale, quand elle entend l'Union Nationale,
sait qu'il y a eu trop de mesures adoptées par notre formation
politique, dans les années antérieures, alors que nous
étions le gouvernement, elle sait, à ce moment-là, s'il y
a des gens qui ont connu et qui connaissent la classe rurale, que c'est bien le
parti de l'Union Nationale et ses représentants qui sont ici et qui en
font la preuve aujourd'hui.
Mme le Président, je suis d'une famille rurale et je vois que
l'UPA est représentée ici dans nos tribunes par des membres de
son exécutif. J'en connais certains, et je veux les en féliciter,
d'abord, parce que c'est leur devoir d'être ici, c'est leur
responsabilité. Ce n'est pas par courtoisie, c'est par
nécessité qu'ils sont ici. Je voudrais les en féliciter et
leur dire que j'ai connu la cause syndicale et la cause coopérative
depuis de nombreuses années. Mon père, à l'exemple de bien
de ces gens qui sont de l'exécutif, a été le
bâtisseur de coopératives d'alimentation, il a été
le fondateur de caisses populaires, il a été des fondateurs de
l'UCC...
M. Marcoux: Mme le Président... Mme le
Vice-Président: Monsieur...
M. Marcoux: ... si le député de
Mégantic-Compton me le permet, j'aimerais lui poser une question. Est-ce
qu'il est toujours d'accord avec le député de Johnson lorsque
celui-ci dit que les gens de l'UPA sont des traîtres par rapport à
ceux qu'ils servent?
M. Grenier: Mme le Président...
Mme le Vice-Président: M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: ... je vous demanderais d'avoir l'autorité
pour conduire cette salle, ce soir, dans des débats qui se tiennent. Je
n'ai pas l'intention de parler devant cette salle de contestataires qui n'ont
absolument rien à dire sur la loi. Je vous demanderais de contenir les
gens qui grognent ici, à l'arrière, continuellement. C'est fort
désagréable et c'est votre autorité.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Mégantic-Compton, c'est vous qui avez la parole.
M. Grenier: Mme le Président, vous devrez remarquer qu'il
n'y a pas un seul PQ qui ait fait un discours actuellement. Il n'y a personne
qui en parle depuis le souper et on ne se prépare pas à se lever
non plus. Je voudrais bien que, si on a des choses à dire, on se
lève et qu'on arrête de nous interrompre. On se rend compte que
l'éducation, c'est comme la boisson, ce n'est pas tout le monde qui peut
porter cela.
Mme le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît! A
l'ordre! (21 h 10)
M. Grenier: Mme le Président, des syndicats et des
coopératives, j'ai vécu là-dedans, j'ai grandi
là-dedans et je sais de quoi on parle quand on parle de ces mouvements.
Les gens qui militent là-dedans savent aussi, les membres de
l'exécutif qui sont ici savent aussi que, quand on est
représentant d'un exécutif d'une pareille association, il arrive
plus souvent qu'à notre tour qu'on soit contesté. C'est ce qui se
produit dans le moment avec l'adoption de cette loi et quand on a un groupe
dans notre association qui est aussi valable que ces 4500 à 5000
personnes qui contestent par pétition l'exécutif oui, les
gens du syndicat disent non signatures prêtes à
déposer...
Mme le Vice-Président: M. le député de
Mégantic-Compton, parlez-moi, s'il vous plaît!
M. Grenier: Vous êtes tellement plus agréable, Mme
le Président. Il ne faut pas se surprendre de
compétitions et de gens qui contestent. Il faut avoir connu cela
et je pense qu'on a connu aussi des gens de la CEQ. J'ai vécu dans cet
exécutif pour avoir été enseignant pendant plusieurs
années et j'ai connu la CSN, j'ai connu la FTQ et la CSD et c'est
arrivé assez régulièrement que les membres contestent
l'exécutif. Il n'y a pas à se surprendre de cela et cela va se
produire encore aussi. Il s'est produit bien pire que cela. Il est
arrivé à plusieurs reprises que les membres rejettent les
considérations et les recommandations de leur exécutif. Il n'y a
encore rien pour se scandaliser. Mais je pense que dans la présente loi,
il y a des membres de ce syndicat qu'il serait intéressant de
connaître, leurs désirs, leurs volontés. Nous nous battons,
dans l'étude de ce projet de loi, pour mieux connaître leurs
désirs, leurs volontés qu'ils veulent voir appliquer dans cette
loi, voir les changements qui peuvent être apportés à l'un
ou l'autre des articles de cette loi.
Ce n'est pas la mer à boire qu'on demande. Ce que l'Union
Nationale demande, on est les seuls à le demander bien sûr, mais
je pense qu'il y a pas mal de gens qui comprennent le but de notre
argumentation. Que l'exécutif de l'UPA exige, ne désire pas
être entendu en commission... Je m'excuse.
M. Charron: Le député a dit qu'ils étaient
les seuls à le demander, non. En plus de l'Union Nationale
opposée à la loi 116, il y a la Société protectrice
des animaux.
M. Brochu: Mme le Président, sur le même point de
règlement qui vient d'être soulevé par le leader
parlementaire du gouvernement. Vous serez à même de juger
l'importance et le sérieux que le Parti québécois, son
leader en tête, accorde à un projet de loi aussi important que
celui qu'on discute actuellement, Mme le Président. Je vous laisse juge,
ainsi que la population, de tels propos actuellement.
M. Grenier: Les chiens aboient mais la caravane passe. Mme le
Président, j'aime entendre des quolibets qui peuvent venir à
l'occasion et on peut se permettre cela de la part des back benchers, mais que
le leader parlementaire du gouvernement se lève pour faire une
intervention, comme l'a signalé notre leader adjoint ici, c'est un petit
peu dégueulasse. Je peux me permettre de vous dire cela. Mme le
Président, je voudrais que l'exécutif de l'UPA comprenne que s'il
y a de la contestation à l'intérieur de cela, il n'y a pas
à s'en scandaliser. Il y a une chose à faire, c'est de retourner
vers les membres, comme on doit le faire à l'occasion d'une loi comme
celle-là. Et comme cette loi touche et peut toucher, quand elle ne les
touche pas, présentement l'ensemble des membres de cet exécutif,
de ce syndicat, il est normal qu'il y ait du remous qui se passe quelque part.
C'est tout à fait normal. Il n'y a pas à s'en scandaliser et je
pense que les premiers qui auraient dû demander d'être entendus en
commission parlementaire, c'est l'exécutif de l'UPA qui aurait dû
aller voir le ministre et dire: Oui, on fait une commission. Cela a des
rebondissements pour chacun de nos membres et il peut y en avoir dans les mois
ou les semaines qui vont suivre et on ne veut pas qu'il y en ait.
On est vraiment leurs représentants et on vous supplie de faire
une commission parlementaire pour que nous nous fassions entendre, que nos
membres qui sont membres de l'une ou l'autre des fédérations se
fassent également entendre. Je pense que c'eût été
normal si on avait entendu ces propos dans cette Chambre. Cela aurait pu
être une suggestion du ministre aussi. C'est cela qui est un petit peu
étonnant et je pense qu'on a droit de s'interroger là-dessus.
C'est un peu étonnant alors que ce gouvernement se dit transparent et on
a des raisons de croire aussi qu'il pourrait l'être. Des raisons de le
croire, on en avait jusqu'à cette loi parce qu'avant, les commissions ne
finissaient plus de s'éterniser.
J'y ai fait allusion cet après-midi et je ne veux plus revenir
là-dessus, mais on en a entendu des commissions parlementaires, on a vu
tellement de groupements qui sont venus se faire entendre ici en commission, il
me semble que la classe agricole, la première classe de la
société pour moi, qui est la classe de base de la
société, devrait avoir ces mêmes privilèges. Il me
semble qu'on aurait eu droit à cela.
Le débat que fait l'Union Nationale, actuellement, pour faire
entendre tous ces gens du Québec ici qui ont des choses à dire en
commission parlementaire, il me semble qu'il est fondé, qu'il est
correct aussi. Il me semble qu'on ne devrait pas se battre devant le
gouvernement. Je trouve étrange, surtout, qu'il ne s'en trouve pas dans
le Parti québécois comme il s'en trouve, par exemple, dans le
Parti libéral, comme l'a fait le député de Shefford qui
dit: Oui, on veut les entendre et on est d'accord avec l'Union Nationale, on
est d'accord sur le fait d'entendre les gens en commission. Il me semble qu'il
n'y aurait rien de plus normal qu'il y ait des membres... c'est arrivé
à plusieurs reprises qu'ils ont voté contre leur gouvernement sur
d'autres formes de lois. On s'en souvient, il s'en est trouvé cinq ou
six. C'est un fait nouveau dans ce gouvernement, on n'a pas vu cela
auparavant.
On voit des députés dans cette Chambre qui siègent
depuis plusieurs années et qui se rappellent que cela ne s'est pas fait
sous aucun gouvernement. Mais avec ce gouvernement, on a vu des
députés dissidents, ils ne votent pas toujours avec leur
gouvernement. Je me demande, cette fois, sur une loi comme celle-là,
pourquoi ils ne se lèvent pas ce soir. Je fais appel à des
députés ruraux, comme on en connaît, qui connaissent le
problème agricole, qu'ils se lèvent et disent: M. le
Président, on est d'accord.
Le débat que nous menons ce soir, l'Union Nationale, c'est pour
permettre que le ministre réfléchisse là-dessus. Il aura,
bien sûr, la fin de semaine pour y repenser. C'est dommage que sur un
projet de loi aussi important on s'amuse, comme on le fait ce soir, on laisse
filer le temps.
On laisse un parti se battre seul en Chambre dans le moment, seule
l'Union Nationale se bat en Chambre, et pendant ce temps, on laisse user le
temps. Ils disent: On va les avoir par l'usure, à force de temps, ils
ont chacun dix minutes, chacun quinze minutes, ce sera la fin à telle
heure. On en aura fini. Ce sera réglé et on adoptera notre
loi.
Ce qu'on a reproché à l'Union Nationale et au Parti
libéral, il me semble qu'on devrait attendre autre chose de ce
gouvernement. Il semble qu'on devrait, et surtout, quand on demande une
commission qui n'est pas en dehors de la période sessionnelle, cela ne
coûte rien au gouvernement d'aller siéger au salon rouge à
la salle 81 pour entendre ces gens. Cela ne coûte absolument rien au
gouvernement. Ils vont venir gratuitement, ces groupes. A la salle 81, on va
continuer à chauffer quand même et elle va être
éclairée quand même, et en Chambre on continue ici.
Je me demande pourquoi une réponse si négative. Ceux qui
diront: 41 n'y en a pas de raison. S'il n'y en a pas, raison de plus pour que
lundi, on ouvre lundi à 16 heures, on siège jusqu'à mardi
soir et on aura reçu les gens. Nous dirons: C'est fait. Si c'est vrai
qu'il n'y a rien à dire, ce sera fait. On remplit notre rôle
d'Opposition, du mieux qu'on le peut, avec les armes que nous avons,
l'information que nous avons, non pas l'information que le gouvernement peut
avoir, mais on le fait aussi avec une faiblesse, qui permet au gouvernement de
nous combattre, une faiblesse considérable. Je pense que le rôle
que joue l'Union Nationale, pour les agriculteurs de la province, dans un mois,
dans deux mois, il y aura des cultivateurs et il y aura l'UPA peut-être
qui dira aussi: Vous avez joué un rôle important. Vous n'avez pas
dit "noui", vous n'avez pas été entre les deux, vous n'avez pas
été pour les deux, vous avez été clairs et on a
connu vos positions. A partir de là, on nous remerciera peut-être
d'avoir mené le débat qu'on mène ce soir, afin de rendre
cette loi, quand on l'étudiera article par article, plus colorée,
plus près de la classe des cultivateurs.
Je ne pense pas qu'on ait de reproches à faire à notre
formation politique pour ce débat que nous menons seuls, ici, en
Chambre. On sera peut-être heureux de voir le travail qui s'est fait sur
ce projet de loi. Nous avons eu l'appui appréciable du
député de Shefford parce qu'il a compris, il est près de
la classe rurale. On en a eu d'autres qui ont suivi la consigne de leur chef
qui a dit de Montréal: C'est non, vous allez voter avec le gouvernement.
Il y en a d'autres qui ont dit: On va attendre, cela va dépendre de quel
bord il y a le plus de monde, on se rangera de ce côté. On va se
tenir; de temps en temps, on va aller visiter les gens de l'UPA et s'il y a
plus de monde là, on va revenir au Hilton pour voir s'il y en a plus. En
attendant on va dire "noui", peut-être bien, on va être entre les
deux. Il y en a plusieurs, parce qu'ils sont dans des comtés ruraux, qui
doivent faire attention pour s'aligner sur le bon bord. S'il y en a plus de ce
côté que de l'autre; dans ce temps, on marchande un peu avec les
deux, cela permet d'attendre, de tuer le temps, puis on verra les
éditoriaux de fin de semaine pour voir ce que cela va avoir l'air. Puis
on avisera.
Il y a des projets de loi, Mme le Président, c'en est un sur
lequel on ne marchande pas. Quand je me bats avec le chef du Parti
libéral sur la question référendaire, c'en est une autre
cela aussi. Il y a des questions où cela doit être clair et c'en
est une celle-là. Un parti politique en Chambre ici, que ce soit
l'Opposition officielle, a des positions à prendre à l'occasion
et qu'on n'attende pas de lire les éditoriaux de la fin de semaine
jusqu'à mardi pour savoir si on va pencher du côté de l'UPA
ou du côté des agriculteurs. C'est un peu décevant. (21 h
20)
Dans le moment, le débat les intéresse peu, comme vous
pouvez le voir. C'est notre position, elle est claire, elle est nette. Personne
ne va nous reprocher d'avoir pris une position comme celle-là, tout le
monde l'a compris, les gens ont vu sur quoi on se battait.
Le contingentement des quotas, ç'aurait été
l'occasion d'en discuter. Le projet de loi va faire que ce sera dans d'autres
secteurs aussi. On en vit un actuellement pour le lait; j'en vis un dans mon
comté et le ministre est venu se rendre compte, chez nous la
guerre n'était pas déclarée à ce moment-là
d'un problème important dans un secteur contingenté qui
est le lait. Il n'y a pas un lundi, à mon bureau, qu'il n'y a pas des
gens qui viennent me rencontrer pour cela; ils m'invitent, le soir, à
aller à des réunions. Ce ne sont pas des réunions de 150,
on est dans Mégantic-Compton, ce sont de petites réunions dans
les paroisses. Je ne prétends pas être le député de
Nicolet-Yamaska ou de Bellechasse où il y a de belles paroisses rurales,
non. Il y a quelques paroisses agricoles valables chez nous et ces gens me
demandent de les rencontrer. Il y a un malaise là-dedans et on se dirige
vers d'autres plans conjoints. J'aurais aimé qu'on règle
celui-là de façon correcte avant, afin qu'on sache où on
s'en va et, après, on se donnera des pouvoirs pour autre chose.
Je suis convaincu qu'il y a des gens qui comprennent cela; ce n'est pas
bien difficile à comprendre. C'est tellement important qu'il y a des
gens, juste au plan du contingentement du lait, il y a un homme de la
région de l'Estrie, par exemple, un M. Bilodeau, qui a de l'argent
ramassé par les cultivateurs. Il est rendu à tout près de
$12 000 pour le 20 mars, alors qu'il y aura une enquête sur les
distributions de quotas. Ce n'est pas malhonnête, je trouve normal qu'il
y ait des problèmes, mais il me semble qu'on devrait régler un
secteur avant de tomber dans trois ou quatre autres. On ne sait pas encore
où on s'en va, c'est trop flou. Ce projet de loi est important, ces
gens-là crient, il n'y a personne de satisfait. On va dans les
réunions et il y a un partage qui n'est pas correct. A l'enquête,
j'irai certainement voir cela. Cela m'intéresse comme
député de savoir où se situe la vérité. Cela
va se dire quelque part.
Il y a des cultivateurs très honnêtes. J'aimerais rendre
hommage aux gens de l'UPA qui sont ici,
ce sont des cultivateurs très honnêtes. Il n'y en a pas
là-dedans qui veulent une autre association parallèle. En tout
cas, dans ma région, ils ne veulent pas cela. Ils sont prêts et
disent: II y a quelque chose à régler là. Il y a des gens,
ils ont des noms à soumettre dont ils ne sont pas satisfaits. C'est une
guerre normale dans un syndicat. Là où ce n'est pas normal, c'est
quand on ne veut pas écouter ces gens-là. C'est la partie qui
n'est pas correcte.
Ce que je dis, cela se comprend par pas mal de monde. Le ministre
comprend ça aussi. Le ministre a l'air sérieux comme il ne l'a
jamais été. Je me demande s'il n'est pas en train de
fléchir un peu. Je me demande si on ne l'aura pas. Faites-le donc!
Après la visite de M. Barre, ce sera de toute beauté. Il va nous
parler de là, lundi. Tout le monde sera ici assis et aura mis son habit
des dimanches. Ils vont se moucher pour ne pas faire de ballounes! Ce sera bien
beau. Quand il sera reparti, à 16 heures, levez-vous donc et dites donc
à la Chambre: II y aura une commission parlementaire qui va commencer
demain matin et on va entendre six ou sept groupes qui viendront nous
rencontrer ici, et ce seront ceux-là. Cela va régler le
problème.
Le gouvernement entre dans une série de conflits à cause
de cette loi, conflits qu'on pourrait éviter, vous le savez. C'est le
dialogue qui compte. S'il y a un gouvernement de dialogue, c'est bien celui
qu'on a devant nous; ces gens veulent rencontrer la base.
Mme le Vice-Président: Veuillez conclure, M. le
député de Mégantic-Compton...
M. Grenier: Pauvre Mme le Président, j'avais...
Mme le Vice-Président:... le temps dont vous disposiez est
écoulé.
M. Grenier: Merci. Je pense qu'avec le consentement, je pourrais
continuer.
Des Voix: Non, non.
Des Voix: Oui, oui, consentement.
M. Grenier: Le ministre donne son consentement.
Mme le Vice-Président: A l'odre, s'il vous
plaît!
M. Grenier: Je termine en parlant du référendum qui
pourrait être fait pour l'un ou l'autre de ces plans. On a essayé
le référendum, on en a essayé un en 1971 pour le porc, on
l'a essayé encore en 1973 et le peu de résultats a fait que cette
loi qu'on s'était donnée a été modifiée en
1974, avec le consentement du Parti québécois qui était en
Chambre. A partir de là, on a permis le contingentement de ces
gens-là sans référendum. Savez-vous que, si c'est la sorte
de référendum qu'on va subir ici au Québec
prochainement...
M. Giasson: C'est un rendement pour le porc.
M. Grenier: ... je commence à être inquiet un peu.
Je voudrais bien, en terminant, que le gouvernement réfléchisse
là-dessus. On ne demande pas la mer à boire. Du côté
des référendums qui seraient tenus à ce sujet, qu'on sache
que cela ne se produira pas, c'est-à-dire qu'on puisse le faire sans le
consentement des gens du milieu.
C'est ce que l'on demande dans le projet de loi, ce sera un des
amendements que l'on fera, qu'on ne le fasse pas sans qu'il y ait consentement
des gens du milieu. Il n'y a rien d'excitant et rien d'énervant
là-dedans. Il n'y a pas de quoi sauter en l'air et il n'y a pas de quoi
faire perdre le temps de tout le monde ici. Je vous remercie, Mme le
Président.
Mme le Vice-Président: M. le député, votre
temps est déjà écoulé depuis plusieurs secondes. Je
vous demanderais, s'il vous plaît, de terminer là.
Des Voix: Vote!
Mme le Vice-Président: M. le ministre exercera... M. le
député de Richmond.
M. Brochu: Merci beaucoup, Mme le Président. J'aimerais
également, à mon tour, au nom de l'Union Nationale, faire
quelques remarques sur ce projet de loi no 116 qui est devant
l'Assemblée nationale depuis déjà quelques semaines. Vous
vous rappellerez que ce projet de loi a d'abord été
apporté en douce par un gouvernement qui espérait, à ce
moment-là, qu'il puisse être adopté quand même assez
rapidement.
C'est pourquoi et vous vous rappellerez tout le contexte de nos
discussions la deuxième lecture du projet de loi no 116, Loi
modifiant la Loi sur la mise en marché des produits agricoles, a
été appelée à la toute fin de la session, avant la
suspension de nos travaux des Fêtes, alors que...
M. Garon: Non, non! Cela a été déposé
au mois de novembre, un mois avant l'ajournement des Fêtes. Voyons
donc!
Mme le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Cordeau: Le Soleil du 6 février: "M. Garon
déposera des amendements".
Mme le Vice-Président: M. le député de
Saint-Hyacinthe, s'il vous plaît! C'est M. le député de
Richmond qui a la parole. A l'ordre, s'il vous plaît!
M. le député de Richmond.
M. Yvon Brochu
M. Brochu: Merci beaucoup, Mme le Président.
J'espère que ces interruptions ne seront pas retenues sur mon temps de
parole. J'aimerais simplement spécifier que le ministre a
peut-être eu
l'épiderme un peu mince à la suite de mes propos,
puisqu'il se rappellera que j'ai simplement mentionné que ce projet de
loi a été amené pour discussion à la fin de la
session. Je n'ai pas parlé du dépôt de la loi. J'ai
parlé du moment où on en a discuté, c'est-à-dire du
moment où le leader parlementaire, comme c'est son rôle et sa
responsabilité en vertu de nos règlements, appelle devant
l'Assemblée nationale la discussion d'un projet de loi qui peut
être déposé depuis un bout de temps. C'est normal! Alors,
le ministre aurait pu attendre que je continue ma phrase. Il aurait compris
à ce moment-là ce que je voulais dire exactement.
Donc, pour revenir aux propos que je tenais à ce
moment-là, la discussion du projet de loi no 116 a été
appelée à la toute fin de la session, au moment où on
s'apprêtait à fermer les livres de l'Assemblée nationale
pour le congé d'alors, au moment où on avait sur notre table de
travail un très grand nombre de projets de loi concernant
différents secteurs de notre activité au Québec. A ce
moment-là, le gouvernement aurait espéré que la
deuxième lecture puisse passer dans le lot des autres projets de loi qui
ont été acceptés, les uns plus ou moins contentieux que
les autres.
Je vous rappellerai, Mme le Président, qu'il y a eu beaucoup de
"lobbying" à ce moment-là pour qu'on accepte d'adopter ce projet
de loi, pour que cela se fasse assez rapidement pour qu'on puisse ajourner le
plus vite possible. Mais à ce moment-là, cela a été
notre rôle et notre responsabilité à l'Union Nationale, en
tant qu'Opposition, puisqu'il nous apparaissait qu'on devait avoir des
réticences majeures, en ce qui concerne certains points de cette
législation, de poser les questions qu'on jugeait opportun de poser, de
soulever les débats qu'on jugeait opportun de soulever et de ne pas
entrer dans ce jeu d'accepter de l'adopter à la vapeur avec les autres
lois de l'époque. (21 h 30)
Un fait est apparu par la suite. Ce que nous croyions au point de
départ demeure vrai aujourd'hui. Les contestations de notre part, les
interrogations de notre part comme celles qui venaient de la base, des
agriculteurs, des membres de l'UPA à travers la province se sont
avérées encore plus exactes, de telle sorte que s'est
amorcé un mouvement voulant avoir plus de lumière sur ce projet
de loi 116. En fin de course, je pense qu'on aurait pu, si on avait eu toute la
lumière nécessaire, accepter, avec certaines modifications, le
projet de loi 116, non pas de le passer de la façon dont il était
amené. Ce mouvement s'est acentué et, encore aujourd'hui, il
continue de s'accentuer, tant et si bien qu'à la reprise de nos travaux
cette semaine, il y a eu des manifestations même devant le parlement pour
indiquer que des interrogations continuaient de la part des agriculteurs de la
base, également membres de l'UPA.
Je n'ai rien à dire sur le nombre ni sur quoi que ce soit de
cette question, sauf sur l'aspect suivant. J'aimerais attirer l'attention du
ministre là-dessus. Que le gouvernement le veuille ou non, qu'il accepte
ou non de voir cette réalité, un fait existe et est certain.
C'est là un signe qu'il existe une situation anormale sur laquelle des
gens se posent des questions et sur laquelle le ministre aurait non seulement
la responsabilité, mais aussi intérêt à ouvrir toute
grande la porte pour que la lumière soit faite. En fin de course, si le
ministre a raison, il en sortira plus grand. Il en sortira plus fort, s'il n'a
rien à cacher. A ce moment-là, je pense que ceux qui sont en
cause, ceux qui sont en présence, ne pourront faire autrement que le
reconnaître, si c'est aussi évident, si c'est aussi clair, si
c'est aussi limpide que le ministre de l'Agriculture a bien voulu le laisser
entendre à venir jusqu'à maintenant avec les dirigeants de l'UPA
également.
Je pense, Mme le Président, que cela ne pose aucun
problème. C'est simplement une question de saine démocratie, une
question de justice que de reconnaître, lorsqu'il y a des questions
fondamentales qui se posent de la part de la base d'un mouvement comme celui du
mouvement agricole, qu'il est normal que les représentants de la
population dûment élus, de leur côté, ouvrent la
porte, regardent ce qui se passe dans ce secteur et apportent les
réponses aux questions qui sont posées pour corriger, s'il y a
lieu, certaines lacunes ou, tout au moins, pour rassurer les gens que l'on doit
représenter au même titre que tous les autres citoyens de la
province de Québec.
C'est une loi tellement importante, aux yeux du présent
gouvernement, qu'ils ont même convoqué de façon
spéciale cette session que nous tenons cette semaine dans le but de voir
adopter ce projet de loi no 116. C'est donc souligner l'importance que le
gouvernement du Parti québécois accorde à ce projet de
loi. Ce qui m'inquiète et me surprend aujourd'hui, c'est que,
malgré l'importance si grande que le Parti québécois
accorde à la loi 116 au point de convoquer toute la Chambre pour en
discuter, pas un seul député du Parti québécois
aujourd'hui n'a osé prendre la parole sur un projet de loi aussi
important et qui mérite même la convocation des Chambres. Pas un
seul député n'a ouvert la bouche en deuxième lecture. Pas
un seul ne s'est prononcé. Pas un seul n'a apporté les nuances ou
les questions qu'ils peuvent normalement poser. Pourtant, ce Parti
québécois, ce gouvernement qui prend la peine de convoquer de
façon spéciale une session pour discuter d'un projet de loi garde
lui-même le silence.
Mme le Président, je pense que, là aussi, il y a lieu de
se poser, de notre côté, des questions. Cela souligne, une fois de
plus, le bien-fondé de notre action, en ce qui concerne l'Union
Nationale, de vouloir alerter l'opinion publique dans ce sens, de vouloir
retarder l'adoption d'un tel projet de loi pour que le gouvernement prenne
conscience lui-même de la contradiction dans laquelle il se trouve
actuellement. J'ai été également surpris et je le
suis encore, Mme le Président du silence éloquent des
banquettes du Parti libéral. Il y a un seul représentant de ce
parti actuellement en cette Chambre, le député de Shefford, qui a
eu le cran et le courage de donner son opinion contre son parti, contre le
Parti libéral, qui couche avec le
Parti québécois actuellement pour adopter au plus vite
cette loi en donnant son silence à peu près complet dans le
moment. Seul le député de Shefford a eu le cran, a eu le
courage...
M. Verreault: Question de privilège, Mme le
Président.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Shefford.
M. Verreault: II ne faudrait tout de même pas que le
député exagère. C'est une question de privilège,
Mme le Président. Je pense que le député exagère
quelque peu. Je lui demanderais une certaine modération.
M. Brochu: Je n'ai pas l'impression, Mme le Président, que
j'ai outrepassé mes droits de parlementaire. J'ai simplement
souligné que le seul membre de cette Chambre du Parti libéral qui
a parlé, c'est celui qui vient de prendre la parole actuellement. C'est
d'ailleurs le seul présent en cette Assemblée nationale au moment
où on discute de cet important projet de loi no 116 concernant les
producteurs agricoles.
Mme le Président, le ministre, à l'occasion de certaines
remarques qu'il a faites concernant ce projet de loi, a indiqué que
c'était à la demande de ses conseillers juridiques qu'il avait
apporté cette loi pour combler ce qu'il a appelé lui-même
le vide juridique qui avait été créé par la
décision de la Cour suprême du Canada. Mais de quelle façon
ses conseillers juridiques l'ont-ils conseillé pour inclure dans le
projet de loi les autres pouvoirs qu'on accorde à l'UPA et qui ne sont
pas liés de façon directe à la question du vide juridique
qui est créé par la décision de la Cour suprême?
J'aimerais que, dans sa réplique au niveau de la deuxième
lecture, le ministre puisse nous éclairer sur les conseils
supplémentaires qui lui ont été donnés par ses
conseillers juridiques à la suite du vide juridique créé
par la Cour suprême. Comment se fait-il que, d'un côté
d'accord vous donnez les pouvoirs d'éviter les
problèmes au syndicalisme agricole, mais qu'en même temps vous
conférez des pouvoirs supplémentaires qui ne sont liés
d'aucune façon directement au besoin que vous avez de combler ce vide
juridique? J'aimerais que, dans sa réplique, le ministre nous donne des
indications supplémentaires en ce qui concerne ce point particulier.
Mon collègue, le député de Huntingdon, est
intervenu à différentes occasions à cette Assemblée
nationale pour indiquer le problème que soulevait le projet de loi 116,
les objections et les questions qu'à juste titre il se pose à ce
sujet. Il a indiqué et décrit une situation qui prend forme
actuellement et qui risque d'apporter des conflits sérieux et des
conséquences négatives assez graves si le ministre ne
révise pas sa position actuelle et ne convoque pas la commission
parlementaire que l'Union Nationale a demandée pour entendre les
parties. Ce problème, c'est l'espèce d'affrontement qui risque de
s'établir entre les coopératives le système
coopératif et le syndicat agricole, cette espèce de
mélange, de confusion qu'on va laisser s'installer de sorte que les
personnes qui sont membres des deux organismes vont être
déchirées par une mauvaise définition des rôles de
chacun et des empiétements de l'un sur l'autre. De ce
côté-là, la commission parlementaire qu'on a
demandée au ministre permettrait peut-être de bien situer le
rôle de chacun, de définir ses responsabilités de sorte
qu'on puisse éviter certains conflits qui commencent à poindre de
ce côté-là.
Mme le Président, nous avions la responsabilité, en tant
que membres de cette Assemblée nationale, d'éveiller la
conscience du ministre, d'éveiller la conscience de ce gouvernement sur
les conséquences d'une telle loi qui contient deux principes bien
distincts. Un premier principe comme je l'ai indiqué c'est
celui de combler le vide juridique qui avait été
créé par la décision de la Cour suprême et,
deuxièmement, c'est celui d'accorder des pouvoirs supplémentaires
à un syndicat en ce qui concerne le contrôle de la production
agricole. A cause de cela, on avait demandé j'avais posé
la question de mon siège, avant les Fêtes, à
l'Assemblée nationale au ministre de scinder le projet de loi,
étant donné qu'il y avait deux principes bien distincts à
l'intérieur de ce projet de loi. Le ministre a refusé en voulant
absolument passer le tout. Sur ce point, nous avions beaucoup de craintes. Nous
étions sceptiques et nous nous demandions s'il n'y avait pas anguille
sous roche à vouloir tout passer alors que le ministre n'avait
absolument pas besoin de ces deux principes ensemble.
M. Goulet: Mme le Président, je m'excuse auprès de
mon collègue de Richmond. Je ne comprends pas encore que nous n'ayons
pas quorum lorsqu'on discute d'un projet de loi aussi important.
Des Voix: Le hockey.
M. Goulet: J'imagine qu'on donne plus d'importance au hockey ce
soir. Si les gens veulent ajourner, nous reviendrons la semaine prochaine. Mais
c'est tout à fait ridicule de voir que le parti ministériel ne
donne pas plus d'importance que cela au projet de loi.
M. Guay: J'invoque le règlement, Mme le
Président.
Mme le Vice-Président: Sur la question de
règlement, M. le député de Taschereau.
M. Guay: Sur la question de règlement soulevée par
le député de Bellechasse. Ce n'est pas le parti
ministériel qui ne donne pas d'importance, c'est le Parti libéral
qui n'est présent qu'avec deux députés en Chambre ce soir.
Qu'on fasse la part des choses. Le parti ministériel est largement
présent ici.
Mme le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît! A
l'ordre! A l'ordre! Nous bénéficiions d'un calme relatif.
Maintenant, nous avons quorum.
M. le député de Richmond. (21 h 40)
M. Verreault: Mme le Président...
Mme le Vice-Président: Sur une question de
règlement? Je peux toujours vous entendre mais je ne vois pas sur quelle
question de règlement, actuellement, M. le député.
M. Verreault: Vous ne le saurez jamais, Madame, vous êtes
debout.
Mme le Vice-Président: Pardon?
M. Verreault: Sur la question de règlement, Mme le
Président. La question que je voulais soulever était la suivante.
Lorsque mon collègue a demandé le quorum, ce que j'ai vu sortir
des fumoirs, c'était des députés...
Mme le Vice-Président: M. le député, il est
déjà question de quorum. Je pense que cette question de
règlement était superflue. Nous avons maintenant quorum. M. le
député de Richmond, vous avez la parole.
M. Verreault: Mme le Président, me permettriez-vous une
remarque?
Mme le Vice-Président: M. le député, s'il
vous plaît!
M. Verreault: Est-ce que vous me la permettez ou non. Mme le
Président?
Mme le Vice-Président: M. le député, vous
êtes déjà intervenu sur le projet de loi comme tel. A moins
que vous ne souleviez une question de règlement, je ne vois pas comment
je pourrais vous accorder la parole. C'est M. le député de
Richmond qui a la parole maintenant.
M. Brochu: Merci, Mme le Président. Je vous rappelle
encore que quelques minutes viennent d'être prises sur mon temps de
parole. Mme le Président, je ne voudrais pas être
désagréable à l'endroit de mon collègue qui ne
prend pas la parole de son siège, mais s'il a quelques remarques
à faire, il pourrait peut-être d'abord prendre son siège en
vertu du règlement et ensuite demander la parole pour parler sur le
projet de loi.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Richmond, je pense que M. le député de Laviolette s'est
installé en face de vous probablement pour boire vos paroles. Cependant,
je lui demanderais de ne pas intervenir, il n'est pas à son
siège. M. le député.
M. Brochu: Merci, Mme le Président. Le fait d'être
en face de moi le fait me mieux voir mais le fait aussi me moins entendre
puisqu'il parle en même temps.
Je reviens sur mes propos pour indiquer que le projet de loi,
contrairement aux autres pièces de législation qu'on
connaît, n'a pas un principe unique; il y a deux principes et c'est
pourquoi nous avions demandé de le scinder en deux. Il y avait d'abord
la question de combler ce vide juridique pour éviter les
problèmes au syndicat agricole, c'était normal. On était
d'accord pour en discuter le plus rapidement possible pour éviter des
problèmes subséquents. Sauf que dans la même loi, le
ministre accorde des pouvoirs autres à l'UPA, des pouvoirs qui sont
quand même assez larges et qui sont très discutables, qui
méritent d'être discutés à leur propre
lumière. A ce moment-là, ce que nous n'acceptions pas et ce que
nous n'acceptons pas encore, c'est que l'on fasse une espèce de "melting
pot" de tout cela et qu'on demande à l'Assemblée nationale de se
prononcer sur un éventail de principes comme ceux que nous avons devant
nous actuellement. C'est pour cela que nous avions demandé de scinder le
projet de loi en deux; pour pouvoir étudier chaque chose au
mérite, pour pouvoir adopter, dans un premier temps, rapidement, la
partie de la loi concernant le vide juridique à combler mais, dans un
deuxième temps, pour nous donner suffisamment de temps pour être
en mesure d'évaluer vraiment la nature et la portée du genre de
changement que le ministre, par le projet de loi no 116, apportait au niveau
des pouvoirs de contrôle de l'UPA sur les productions agricoles.
Nous avons insisté sur cet aspect et nous le faisons encore. Nous
le faisons parce que c'est d'abord notre devoir de le faire, parce qu'il y a
une protestation réelle qui existe de ce côté. Ces gens ont
le droit d'être informés. Ils ont le droit de recevoir ces
réponses et l'Union Nationale a la responsabilité de
représenter ces producteurs comme les autres dans la province de
Québec.
Mme le Président, le leader du gouvernement, lorsqu'il a pris la
parole, à un moment donné, a indiqué que si le projet de
loi no 116 n'était pas adopté par l'Assemblée nationale,
c'était la faillite des plans conjoints. Dans l'optique que l'Union
Nationale a voulu donner une planche de travail au ministre à ce moment
en scindant le projet de loi en deux, il n'était absolument pas
question, comme il n'en est pas question non plus, d'abolir les plans conjoints
qui existent actuellement. Je pense qu'il faut être conscient. Il faut le
souligner et l'indiquer pour qu'on ne charrie pas toutes sortes
d'interprétations à ce sujet. Je pense que c'est clair, net et
précis.
Lorsque le leader parlementaire du gouvernement indique que tous les
plans conjoints comme cela vont tomber du revers de la main, si la loi 116
n'est pas adoptée, ce n'est pas exact de tenir de tels propos. Mme le
Président, j'aimerais, pour être bien précis et bien clair
devant l'Assemblée nationale, vous référer à la
pétition qui a été signée par 4000 ou 5000
producteurs au Québec, je pense, ceux de la base, qui demandent à
être entendus, qui demandent, qui contestent le projet de loi no 116,
à tout le moins qui demandent des lumières à ce sujet.
D'ailleurs, je vous indique, Mme le Président, que j'ai aussi eu
l'occasion de rencontrer des gens de différents milieux qui aimeraient
avoir davantage de lumière sur ce projet de loi; ce mouvement se pose
des questions fondamentales qui continuent à s'accroître, et le
ministre aurait grand intérêt à y porter attention.
La requête se lit comme suit, Mme le Président: "Les
producteurs agricoles du Québec dont les noms suivent sont en complet
désaccord avec le projet de loi no 116 présenté par le
ministre Garon et en exigent le retrait immédiat. "Les producteurs sont
d'avis que le syndicat possède déjà suffisamment de
pouvoirs avec la loi qui existe actuellement et ne veulent pas que le syndicat
ait le pouvoir, premièrement, de fixer le temps et le lieu de la
production, de réduire les quotas, d'annuler les quotas, d'imposer des
pénalités basées sur le volume ou la quantité du
produit agricole ou sur la superficie cultivée, de saisir le surplus de
la production sans rien payer, de classer les producteurs en groupes bons,
moins bons, pas bons, aux fins d'imposer et de percevoir des contributions en
vertu de l'article 16, de valider de façon rétroactive finalement
l'imposition de frais de redevance qui ont été perçus
illégalement et qui appartiennent de droit aux producteurs".
Mme le Vice-Président: Veuillez conclure, M. le
député, votre temps est déjà
dépassé.
Une Voix: II a été interrompu.
M. Brochu: Mme le Président, est-ce que je peux vous
demander une directive? J'espère qu'elle ne sera pas prise sur mon temps
de parole. J'ai pris soin, grand soin, Mme le Président, à deux
reprises, de vous indiquer qu'il y avait eu de nombreuses interruptions et de
la part du ministre et de la part d'un certain député. J'ai
commencé mon intervention autour de 21 h 25. Il est maintenant 21 h 45.
Si vous enlevez les interruptions, Mme le Président, il doit me rester
et vous pourrez demander le compte rendu au greffier, combien de minutes
il me reste environ cinq minutes.
Mme le Vice-Président: M. le député, j'ai
noté ici, et sous réserve de vérification avec le greffier
adjoint de l'Assemblée nationale, j'avais noté et 23 minutes
très exactement. Vous avez déjà dépassé le
temps, même si nous comptions les interruptions, je vous demanderais de
conclure.
M. Brochu: Mme le Président, je vais me soumettre à
vos directives. Je peux vous indiquer que j'aurais eu évidemment
beaucoup de choses à vous dire à ce sujet. J'aurai l'occasion
d'ailleurs d'y revenir et soyez certaine, Mme le Président, que l'Union
Nationale ne lâchera pas sur ce débat. Ce qu'on veut, avant tout,
c'est que les gens concernés, qui sont intéressés,
puissent s'exprimer, puissent poser des questions et obtenir des
réponses. Après, le gouvernement prendra sa
responsabilité, il prendra la décision qui est sienne, qu'il a le
pouvoir de prendre, et, ensuite, il vivra avec. C'est cela. Mais, entre deux,
l'appareil démocratique va quand même jouer son rôle
pleinement et c'est à ce chapitre que j'insiste auprès du
ministre qui est devant moi, actuellement, pour qu'il révise sa position
et convoque cette commission parlementaire afin d'entendre tous ces gens.
Mme le Président, si le gouvernement et le ministre, comme tous
ceux qui sont concernés par ce projet de loi, n'ont vraiment, mais
vraiment, rien à cacher, je pense qu'ils n'auront aucune objection
d'ouvrir leurs livres, d'ouvrir leurs discussions, d'ouvrir une commission
parlementaire pour entendre ces gens et ensuite statuer. Personne ne pourra
leur reprocher d'avoir apporté une loi, en quelque sorte, en catimini
dans une de ces sections, d'avoir voulu l'adopter à toute vapeur
à la fin d'une session, d'avoir voulu, par une session spéciale,
la réadopter à la vapeur, toujours en se bouchant les oreilles,
en ce qui concerne les objections des gens de la base du syndicalisme
agricole.
Je le demande à nouveau, humblement, au ministre de
reconsidérer sa responsabilité dans ce secteur et dans cette
question, de revoir sa position et de convoquer, même si c'est dans des
délais fixes, cette commission parlementaire, afin d'entendre les gens
concernés.
Je m'excuse auprès du député de Sainte-Marie
...
Mme le Vice-Président: M. le député de
Richmond, j'ai présumé je n'ai pas l'habitude de le faire
à ce moment-ci du consentement unanime de l'Assemblée,
parce qu'on ne m'a pas posé de question de règlement et que vous
dépassiez le temps qui vous était imparti. Je vous demande
maintenant de terminer. Je vous permettrai tout au plus une demi-phrase, M. le
député.
M. Brochu: D'accord, je n'abuserai pas, Mme le Président.
Je vous remercie, mais je mets simplement en garde le ministre de ce
côté et je profite de ma demi-phrase, à laquelle je n'ai
pas encore mis un point tout ce que vous avez vu, ce sont des virgules,
je ne suis pas encore rendu au bout pour simplement vous souligner...
(21 h 50)
M. Laplante: C'est assez, Mme le Président, écoutez
un peu.
M. Brochu: Mme le Président, c'est ce que je voulais faire
remarquer au député...
Mme le Vice-Président: S'il vous plaît, quand
même. A l'ordre! Vous avez déjà largement
dépassé votre temps, M. le député de Richmond;
est-ce que je pourrais vous demander votre collaboration et vous demander de
vous asseoir? Je pense que votre conclusion a quand même duré
assez longtemps.
M. Brochu: Sur une question de règlement, Mme le
Président.
Mme le Vice-Président: Sur une question de
règlement, M. le député de Richmond.
M. Brochu: Pour simplement vous rappeler que vous avez toute
autorité pour demander à ces messieurs d'en face, s'ils croient
que mon temps est achevé, de se lever en vertu d'une question de
règlement et de vous le dire mais non pas de grogner assis comme ils le
font actuellement. Merci, madame.
Des Voix: Le vote.
M. Grenier: Mme le Président. Gardez votre calme.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: Restez "cool". En vertu de l'article 77, Mme le
Président. L'article 77 dit: "Une motion non annoncée
d'ajournement du débat peut être faite en tout temps; une telle
motion, sauf si elle est faite par un ministre, ne peut être faite qu'une
seule fois au cours d'une séance. Elle est mise aux voix sans
amendement, à la suite d'un débat restreint au cours duquel un
représentant de chaque parti reconnu peut prononcer un discours de dix
minutes, le proposeur pouvant exercer un droit de réplique de même
durée." Alors j'ai exercé un droit de dix minutes sur cet
amendement. Si le Parti libéral et le Parti québécois
n'ont personne, j'interviendrai immédiatement après, pour dix
autres minutes, pour ajourner cette motion d'ajournement.
Mme le Président, un projet de loi aussi important que celui que
nous avons devant nous aujourd'hui...
M. Laplante: Mme le Président, question de
règlement.
M. Grenier: ... mérite l'attention...
Mme le Vice-Président: Un moment, M. le
député, je pense que j'ai une question...
M. Laplante: Je voudrais savoir, Mme la Présidente, si
c'est une motion qu'on présente, d'abord, et est-ce que vous l'avez
jugée receva-ble? On aimerait vous entendre là-dessus.
Mme le Vice-Président: M. le député, je n'ai
pas le choix, c'est une motion d'ajournement du débat, que M. le
député de Mégantic-Compton fait, si j'ai bien compris. M.
le député, votre intervention, débat restreint.
M. Grenier: Merci, Mme le Président. J'avais cru
comprendre que le député de Bourassa avait saisi, en disant 77,
qu'il s'agissait, bien sûr, d'une motion d'ajournement du débat.
Je n'ai pas senti le besoin de l'expliquer.
Une Voix: Vous ne l'avez pas dit.
M. Grenier: Non, je ne l'ai pas dit parce qu'en disant 77, je
pensais que cela voudrait dire aux députés que c'était une
motion d'ajournement du débat.
Un projet de loi aussi important que celui que nous avons devant la
Chambre, ce soir, mérite, bien sûr, l'attention de pas mal de
monde dans cette Chambre. Malheureusement, nous sommes obligés de
déplorer, à la suite de toutes ces demandes de quorum qui ont
été faites depuis le début de la soirée par les
représentants de l'Union Nationale, le manque d'intérêt du
gouvernement vis-à-vis de cette loi. Il semble bien aussi qu'à
voir les banquettes...
Mme le Vice-Président: M. le député, je
viens de vérifier auprès du secrétaire et vous êtes
déjà intervenu dans ce débat-ci. Si vous faites maintenant
une motion d'ajournement du débat, cela voudrait dire que vous auriez
droit de parole au moment de la reprise du débat. Comme vous n'avez pas
droit de parole de nouveau, puisque vous l'avez déjà
exercé, ce n'est pas vous qui pouvez faire une motion d'ajournement du
débat. Il faudrait peut-être...
M. Fontaine: Question de règlement. Mme la
Présidente, je pense que vous vous êtes déjà
prononcée sur la recevabilité de cette motion d'ajournement du
débat.
Mme le Vice-Président: Evidemment, M. le
député. M. le député de Nicolet-Yamaska, je pense
m'être mal exprimée. Je vous ai dit qu'une motion du genre de
celle du député de Mégantic-Compton était
recevable. M. le député de Mégantic-Compton le
genre de motion est recevable est déjà intervenu je
viens de vérifier en deuxième lecture sur ce projet de
loi. S'il faisait maintenant cette motion d'ajournement du débat, c'est
lui qui aurait la parole si nous adoptions cette motion. Cela veut dire qu'au
moment de la reprise du débat, celui qui a proposé l'ajournement
devrait se voir permettre le droit de parole.
Ou bien c'est une chose ou c'est l'autre! Ou bien le
député de Mégantic-Compton est déjà
intervenu et alors, même si ce genre de motion est recevable, lui ne peut
pas proposer cette motion; ou bien il n'aurait par parlé. Il ne serait
pas encore intervenu en deuxième lecture.
M. Charron: Mme le Président, autrement dit...
Mme le Vice-Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement.
M. Charron: ... encore plus simple, pour que tous puissent
comprendre, c'est parfaitement recevable, une motion d'ajournement, mais pas
par un député qui a déjà parlé sur un projet
de loi. Bon. Alors, si le député de Nicolet-Yamaska qui n'a pas
encore parlé veut le faire à la place de son collègue, qui
le faisait sans en avoir le droit, qu'il
le fasse tout de suite. Nous n'avons aucune objection.
Ya-t-il quelqu'un qui n'a pas encore parlé?
M. Fontaine: ...
M. Goulet: II y a un président, s'il vous plaît, un
instant! Il y a une question de règlement de soulevée.
M. Charron: Non, c'est un conseil d'ami que je vous donne. Il
faudrait que quelqu'un qui n'a pas encore parlé propose l'ajournement du
débat.
Après deux ans à l'Assemblée nationale, vous
devriez le savoir.
Mme le Vice-Président: S'il vous plaît, à
l'ordre!
Ya-t-il un intervenant sur la motion de deuxième lecture du
projet de loi no 116?
S'il n'y en a pas, je demande au ministre s'il exercera...
M. Fontaine: Question de règlement, Mme le
Président.
Mme le Vice-Président: Minute, pas tout le monde ensemble!
Bon! Il y a trois personnes qui se lèvent.
Je voudrais savoir, j'ai entendu qu'on me posait une question de
règlement, je voudrais savoir qui intervient maintenant sur la question
de règlement, ou bien si c'est quelqu'un qui demande la parole.
Question de règlement, M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Merci. Je voudrais simplement vous faire remarquer
que le député de Mégantic-Compton s'étant
levé sur la question de règlement no 77 de notre règlement
de l'Assemblée nationale et vous ayant proposé une motion
d'ajournement du débat, que vous avez reçue et sur laquelle il
avait déjà commencé à parler depuis quelques
minutes, peut-être trois minutes, je pense qu'il est assez difficile pour
un président de revenir sur sa décision et de dire: "Maintenant,
vous n'avez plus le droit de parler."
Le député de Mégantic-Compton a certainement le
droit de parler sur cette motion d'amendement en vertu de l'article 77. Nulle
part, dans cet article, il n'est mentionné que le député
ne doit pas avoir pris la parole auparavant.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Nicolet-Yamaska, je crois vous avoir dit tantôt et je vous dis maintenant
que, tant et aussi longtemps qu'il peut y avoir une irrégularité
et qu'on ne l'a pas réglée, je puis intervenir.
Je vous dis maintenant qu'après avoir vérifié je
sais que le député de Mégantic-Compton est
déjà intervenu et qu'il ne peut pas proposer cette motion
d'ajournement. D'ailleurs, nous arrivons à l'heure de l'ajournement.
M. le député de Portneuf.
M. Pagé: Je demande l'ajournement du débat. M.
Charron: Adopté.
Mme le Vice-Président: Cette motion est-elle
adoptée?
M. Charron: Adopté.
M. Pagé: Bon!
Mme le Vice-Président: Adopté.
M. Charron: Mme le Président, avant 22 heures...
Mme le Vice-Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement, vous avez la parole.
M. Charron: ... en vertu de l'article 30 deuxièmement de
notre règlement, souscrivant à la demande d'ajournement du
député de Portneuf, je voudrais proposer que l'Assemblée
ajourne ses travaux à lundi, 16 heures. Si je mentionne 16 heures, c'est
qu'il y a, comme chacun le sait, la visite du premier ministre de France qui
occupera une partie de la journée de lundi pour les membres de
l'Assemblée nationale et, il faut bien le dire aussi, Mme le
Président, la soirée de lundi pour bon nombre de membres de cette
Assemblée qui ont été invités par le gouvernement
de la France à cette occasion. C'est pourquoi je fais motion pour que
les heures de séance lundi soient de 16 heures à 19 heures,
plutôt que de 15 heures à 18 heures, étant donné que
l'Assemblée et M. le Président offrent une réception au
premier ministre de France et qu'à 20 heures c'est la France qui offre
une réception. Nous sommes un peu dans des circonstances
spéciales. Je propose que les trois heures de la séance de lundi
soient décalées d'une heure. Je fais motion pour que ce soit un
ordre de la Chambre que celle-ci se réunisse de 16 heures à 19
heures, plutôt que de 15 heures à 18 heures.
M. Levesque (Bonaventure): Nous sommes d'accord, Mme le
Président.
Mme le Vice-Président: Cette motion d'ajournement à
lundi, 16 heures...
M. Brochu: Je m'excuse, Mme le Président. Pour autant que
cela permettra parce que je me rappelle les propos du leader du
gouvernement avant le lunch tout à l'heure la préparation
nécessaire aux réceptions qui vont s'ensuivre. Les
réceptions sont à 20 heures.
M. Charron: Oui, c'est ce que je crois. En tout cas, faisons-le
comme cela et on verra lundi, si vous voulez. Mais qu'il y ait un ordre de la
Chambre.
Mme le Vice-Président: Y a-t-il consentement à la
présentation de cette motion?
M. Levesque (Bonaventure): C'est un ordre de la Chambre.
Mme le Vice-Président: Cette motion est-elle
adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté.
Mme le Vice-Président: J'en conclus que c'est un ordre de
l'Assemblée nationale. Il est 22 heures. Cette Assemblée ajourne
ses travaux à lundi, 16 heures.
Fin de la séance à 22 h 1