Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
(Quatorze heures huit minutes)
Le Président: A l'ordre, mesdames et messieurs!
Un moment de recueillement. Veuillez vous asseoir.
Affaires courantes. Déclarations ministérielles.
Dépôt de documents. M. le ministre des Transports.
DÉPÔT DE DOCUMENTS
Dossier sur l'adjudication d'un contrat de
construction de deux navires
M. Lessard: M. le Président, à la demande du
député de Lévis, ainsi que des députés de la
région de Québec, il me fait plaisir de déposer deux
exemplaires du dossier d'information concernant l'adjudication d'un contrat de
construction de deux navires pour le compte de la Société des
traversiers du Québec.
Le Président: Documents déposés.
Dépôt de rapports de commissions élues. M. le
député de Rosemont.
Rapport de la commission
ayant examiné le dossier
des discussions constitutionnelles
M. Paquette: Conformément aux dispositions de notre
règlement, j'ai l'honneur de déposer le rapport de la commission
élue permanente de la présidence du conseil et de la constitution
qui a siégé les 17 et 18 janvier 1979 pour l'examen du dossier
des discussions constitutionnelles en cours.
Le Président: Rapport déposé. M. le
député de Limoilou.
Rapport de la commission ayant étudié le
projet de loi no 110
M. Gravel: Conformément aux règlements, qu'il me
soit permis de déposer le rapport de la commission élue
permanente du travail et de la main-d'oeuvre qui s'est réunie le 21
décembre 1978 et les 23 et 24 janvier 1979 pour étudier article
par article le projet de loi no 110, intitulé Loi modifiant la Loi sur
la qualification professionnelle des entrepreneurs de construction et d'autres
dispositions législatives qu'elle a adopté avec des
amendements.
Rapport de la commission ayant étudié le
projet de loi no 84
Qu'il me soit aussi permis de déposer le rapport de la commission
élue permanente des affaires sociales qui a siégé le 20
décembre 1978 et les 18, 23, 24 et 25 janvier 1979 aux fins
d'étudier article par article le projet de loi no 84, Loi modifiant la
Loi de l'assurance-maladie et d'autres dispositions législatives qu'elle
a adopté avec des amendements. (14 h 10)
Le Président: Rapports déposés.
Dépôt de rapports du greffier en loi sur les projets de loi
privés.
Présentation de projets de loi au nom du gouvernement.
M. le leader parlementaire du gouvernement.
M. Charron: M. le Président, figure aujourd'hui en avis de
motion, comme le règlement nous invite à le faire, un projet de
loi qui, si l'Opposition y consentait, pourrait immédiatement être
déposé au nom du ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre et
qui devrait être étudié avant la fin de cette session. Il
s'agit de la Loi modifiant de nouveau la Loi du salaire minimum. Si j'avais le
consentement, je pourrais le déposer immédiatement puisque j'en
ai copie.
Il est possible que ce projet de loi soit étudié dans la
journée de demain, l'Opposition ayant été consultée
et connaissant la portée de ce projet de loi, M. le Président. Si
j'ai le consentement.
Le Président: Est-ce qu'il y a consentement? M. le leader
parlementaire de l'Opposition officielle.
M. Lavoie: M. le Président, il s'agit du projet de loi, je
crois, qui étend les avantages de congés de maternité aux
employés féminins qui sont couverts par...
M. Charron: Par un décret.
M. Lavoie: ... un décret. Nous sommes d'accord pour que ce
projet de loi soit déposé immédiatement.
M. Bellemare: M. le Président, je ne voudrais pas
répéter les scènes disgracieuses du 21 décembre
mais je suis bien prêt à donner mon consentement parce que c'est
encore une faille que le gouvernement a oubliée dans l'ordonnance no 17.
Ce n'est pas parce que c'est un nouveau projet, c'est une faille; le ministre
du Travail nous a téléphoné pour nous demander si nous
acceptions de bon gré, de couvrir le décret de la robe et des
dames qui travaillent dans l'industrie du textile. Nous avons dit oui et je ne
retire pas mon consentement. Je ne voudrais pas que des scènes aussi
disgracieuses que celles du 21 décembre se reproduisent parce qu'on
donne un consentement verbal.
Une Voix: Très bien.
Projet de loi no 128
Première lecture
M. Claude Charron
M. Charron: Alors, M. le Président, au nom de mon
collègue, le ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre, je voudrais
déposer le projet de loi no 128 qui modifie la Loi du salaire minimum
pour permettre aux personnes qui sont régies par un décret
adopté en vertu de la Loi des décrets de conventions collectives
de bénéficier de l'application d'une ordonnance relative aux
congés de maternité. De plus, une salariée qui est
régie par un décret et qui lors de l'entrée en vigueur de
la présente loi s'est conformée à l'ordonnance no 17 de
1978 de la Commission du salaire minimum, pourra se prévaloir des droits
et être assujettie aux obligations résultant de la Loi du salaire
minimum et de ladite ordonnance. L'employeur d'une telle salariée n'est
cependant pas assujetti à l'obligation de tenir un registre, de faire un
rapport mensuel à la commission ou de payer le prélèvement
fixé par cette dernière.
Le Président: Est-ce que cette motion de première
lecture sera adoptée?
Des Voix: Adopté. Le Président:
Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Première lecture de ce
projet de loi.
Le Président: Deuxième lecture, prochaine
séance ou séance subséquente.
Présentation de projets de loi au nom des
députés.
M. Bellemare: M. le Président, je voudrais soulever une
question de privilège.
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Union
Nationale.
M. Bellemare: Nous apprenons à l'instant même que
les portes sont encore barrées. Le 18 décembre dernier, nous nous
sommes levés, dans cette Chambre, pour protester contre ce
non-accès qu'ont les délégations à un Parlement. Je
pense, M. le Président, qu'avec la distribution des cartes que nous
avons faite, nous n'avons pu rejoindre nos amis qui seraient dans les galeries
et qui ne peuvent y pénétrer parce que les portes sont
barrées.
C'est la deuxième intervention que nous faisons. Nous n'avons pas
le droit d'empêcher les électeurs de la province d'assister aux
débats. Les portes sont encore barrées aux agriculteurs et
à ceux du monde ouvrier qui viennent protester contre certaines lois et
qui sont devant le parlement.
Le Président: Je voudrais, dans un premier temps, faire
remarquer aux gens dans les galeries qu'il est interdit de manifester et de se
manifester de quelque façon. D'autre part, M. le leader parlementaire de
l'Union Nationale, quant à la présidence elle a donné
instruction, il y a déjà un bon moment, d'ouvrir les portes et de
laisser, dans la mesure du possible, bien sûr, entrer tous ceux qui
veulent avoir accès à l'Assemblée nationale.
M. Bellemare: Est-ce qu'on aura une réponse de cela, M. le
Président, avant 15 h 30 au retour du ministre de l'Agriculture, qui est
allé, par exprès...
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Union
Nationale, s'il vous plaît.
Période de questions orales. M. le député de
Saint-Laurent.
QUESTIONS ORALES DES DÉPUTÉS
Nationalisation des actifs de l'Asbestos
Corporation
M. Forget: M. le Président, ma question s'adresse au
ministre des Finances. Il y a à peu près un an jour pour jour,
l'Assemblée nationale était convoquée pour étudier,
en priorité et avec un certain fracas, la Loi constituant la
Société nationale de l'amiante dont on avait besoin dans les
jours qui suivraient pour mettre à exécution une politique de
transformation des fibres au Québec. Depuis plusieurs mois, il y a,
paraît-il, selon le ministre des Finances, des négociations; selon
le propriétaire d'Asbestos Corporation, par la voix de son
vice-président, M. Fiske, il n'y a pas de négociations.
Est-ce que le ministre des Finances, plutôt que de nous dire
quelle est sa version de l'expression négociations, accepterait de nous
dire à quelle date des porte-parole des deux parties se sont
rencontrés et à quel niveau ces discussions se situaient?
Surtout, ce qui est le plus important dans une négociation, l'une ou
l'autre des parties a-t-elle accepté la nécessité de faire
des compromis et même de prendre comme base de discussion la proposition
faite par la partie opposée? Soit du côté gouvernemental,
soit du côté de General Dynamics, est-ce qu'il y a une acceptation
de baser les discussions sur l'hypothèse de l'adversaire, en quelque
sorte? Encore une fois, est-ce qu'il y a eu des rencontres, lesquelles, et
est-ce qu'elles n'ont pas eu pour effet de commencer un rapprochement des
parties?
Le Président: M. le ministre des Finances.
M. Parizeau: Quant à la création, M. le
Président, il y a un an, de la Société nationale de
l'amiante, elle a déjà joué un rôle important dans
le développement d'industries de transformation au Québec. A cet
égard, si le député de Saint-Laurent veut des
détails additionnels, je suis certain que mon collègue des
Richesses naturelles
pourrait le mettre au fait de ce que cette société fait
depuis qu'elle a été créée.
Quant aux négociations avec Asbestos, il est évident qu'on
a tendance à jouer sur les mots. Des négociations, ce sont des
échanges entre des gens qui n'en sont pas encore arrivés à
une solution ou à une entente. Depuis que nous avons
déposé en première lecture, juste avant Noël, un
projet de loi visant à nationaliser les actifs de l'Asbestos Corporation
au Québec, il y a eu un développement important: c'est que
General Dynamics, qui n'avait vraiment pas voulu nous fournir un certain nombre
de renseignements quant à sa propre évaluation, a enfin
accepté de le faire. Vous voyez, M. le Président, que même
un projet en première lecture peut avoir certains effets.
Nos évaluations ont été déposées dans
cette Chambre. Il nous manquait, de l'autre côté, pas mal de
choses. General Dynamics a accepté de nous fournir un certain nombre de
renseignements qui nous manquaient et je me suis entendu avec elle pour qu'une
fois que j'aurais passé à travers je les ai reçus
il y a quelques jours une fois que j'aurais examiné cela, nous
nous rencontrions à nouveau.
Dans ce sens, je pense que le dépôt en première
lecture de la loi visant à nationaliser les actifs de l'Asbestos
Corporation au Québec aura provoqué un rebondissement qui, d'une
part, nous permet enfin d'avoir accès à certains types de
renseignements que nous n'avions pas et, d'autre part, dans quelques jours, de
faire en sorte qu'à nouveau une rencontre ait lieu entre le ministre des
Finances et les autorités de General Dynamics.
Le Président: M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: M. le Président, je dois conclure de la
réponse du ministre des Finances qu'il n'y a pas effectivement eu de
rencontre de négociations. Il y a eu la transmission d'un document
si je comprends bien ou de documents de General Dynamics au
ministre des Finances. Il n'y a pas de ce côté, du
côté du ministre des Finances et du gouvernement, de modifications
dans leur position. (14 h 20)
Pourrait-il, en supplémentaire, tout en répondant à
ce premier volet, nous indiquer quelles sont les intentions du gouvernement
relativement à l'adoption ou à la non-adoption du projet de loi
qui a été introduit en première lecture et qui semble,
selon le ministre, avoir déjà produit ses effets?
Le Président: M. le ministre des Finances.
M. Parizeau: Le problème, M. le Président, c'est
que je ne sais pas jusqu'où les effets vont aller. Là, je ne veux
pas servir de sorcier dans cette opération. Cela a déjà
provoqué un certain mouvement. Si je peux m'exprimer ainsi, cela a
secoué le prunier. Est-ce que cela le secouera suffisamment pour qu'on
puisse s'entendre sur le nombre de prunes et comment on les ramasse? Je
l'espère. Mais une chose est évidente et je pense que
l'Assemblée nationale doit avoir toutes les assurances
nécessaires à cet égard: le gouvernement est
décidé à acquérir soit le contrôle de
l'Asbestos Corporation comme compagnie, soit le contrôle des actifs de
l'Asbestos Corporation au Québec. Je pense qu'il faut que cela soit
très clair et qu'il n'y ait pas la moindre ambiguïté quant
à la volonté du gouvernement d'aboutir.
Alors, avant que la nouvelle session ne commence, nous disposons encore
d'un peu de temps. Nous allons voir ce qu'on peut faire sur le plan des
tractations puisqu'il y a une ambiguïté sur le mot
négociations avec General Dynamics et, à l'occasion de la
nouvelle session, on verra. Mais une chose est claire: la volonté du
gouvernement a été très nettement exprimée et la
volonté du gouvernement n'est pas changée.
Le Président: M. le député de Frontenac.
M. Grégoire: M. le Président, une question
supplémentaire. Etant donné que, depuis quelque temps
déjà, à l'Asbestos Corporation à Thetford, on a
cessé toutes les réparations, tout l'entretien des instruments
des mines et des usines et que cela entraîne une baisse du moral chez les
ouvriers, étant donné également que cela fait quatorze
mois que le gouvernement a annoncé son désir d'acheter l'Asbestos
Corporation; étant donné que la première lecture a
entraîné certains effets, je voudrais demander ceci au ministre
des Finances: Est-ce qu'il ne serait pas opportun et est-ce qu'il n'y aurait
pas lieu d'adopter le projet de loi en deuxième lecture dès la
présente session? Je parle du projet de loi permettant l'expropriation
des actifs d'Asbestos Corporation.
M. Charron: Ce n'est pas une question plantée, M. le
Président!
Des Voix: Ha! ha!
Le Président: M. le ministre des Finances.
M. Parizeau: Manifestement, M. le Président, comme vient
de le dire le leader du parti ministériel, cette question n'était
pas plantée. Deuxièmement, je ne suis pas certain qu'elle ne
devrait pas être adressée au leader. Troisièmement, compte
tenu de ce que dès que nous aurons passé à travers ces
documents quand même assez copieux et très techniques que nous ont
fait parvenir les autorités de General Dynamics, il va y avoir une
réunion entre M. Fiske, qui représente General Dynamics dans ce
dossier, et moi-même. Je pense qu'il faudrait quand même attendre
les résultats de cette réunion, qui doit avoir lieu normalement
dans quelques jours, avant qu'on se branche quant à la tactique à
adopter à l'égard de la deuxième lecture. L'important,
c'est qu'on sache que la volonté est là et je souscris cependant
à ce que disait le député de Frontenac: Maintenant, il
faut que cela aboutisse très vite.
Le Président: M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: Le ministre des Finances nous a parlé de son
intention, de sa volonté d'aller jusqu'au bout dans ce processus. Il a
également parlé de secouer le prunier pour voir jusqu'à
quel point General Dynamics ferait des concessions; est-ce que cela veut dire
que le ministre des Finances, au nom du gouvernement, procède
exclusivement sur la base de voir jusqu'où General Dynamics est
prêt à aller pour rencontrer la demande ou l'offre, plutôt,
du gouvernement du Québec? En d'autres termes, est-ce que, sur la
question des prix, le ministre peut nous donner une assurance qu'il ne paiera
pas plus cher que le prix qu'il a plus ou moins indirectement
suggéré l'automne dernier lorsqu'il a déposé les
études faites par le gouvernement du Québec qui indiquaient un
prix aux environs de $40 ou $42? Est-ce qu'il peut nous donner cette
assurance?
Le Président: M. le ministre des Finances.
M. Parizeau: Premièrement, M. le Président, quand
on dit l'automne dernier, entendons-nous bien. Le député de
Saint-Laurent place l'automne très tard ou très froid;
c'était juste avant Noël. Je ne voudrais pas qu'on ait l'ombre d'un
doute qu'on a laissé passer trois ou quatre mois. L'automne en question,
il faisait 20 sous zéro.
M. Forget: M. le Président, est-ce que le ministre des
Finances est en train de contester le calendrier qui nous informe que l'hiver
commence le 21 décembre?
M. Parizeau: Normalement, M. le Président, si le
calendrier commence le 21 décembre, je demande au député
de Saint-Laurent, à l'occasion de la première tempête de
neige un peu importante de l'année, de convaincre ses concitoyens qu'on
est encore en automne. Ceci étant dit et c'est cela que je tenais
à souligner nous sommes au tout début de février;
l'étude a été déposée juste avant
Noël.
J'ai indiqué à cette occasion que ceux à qui nous
avions demandé d'examiner la valeur des actions de l'Asbestos
Corporation en étaient arrivés à une conclusion. J'ai
indiqué l'ordre de grandeur. L'Assemblée nationale a pu examiner
le document. Je n'ai, jusqu'ici, jamais indiqué combien le gouvernement,
lui, sur la base de cette évaluation, serait prêt à payer.
Je pense qu'il serait insensé, à l'occasion des tractations et
des négociations que nous tenons, d'annoncer à l'avance à
la télévision quel prix définitif on va être
prêt à payer. Cela ne se fait pas. J'aurai à faire rapport
à l'Assemblée nationale du mandat que j'ai, c'est-à-dire
ou bien à quel prix on peut s'entendre avec General Dynamics ou bien de
la poursuite en deuxième et troisième lectures du projet de loi
qui a déjà été déposé visant la
nationalisation de la compagnie. Ce sera l'un ou ce sera l'autre. Je ferai
rapport à l'Assemblée nationale, mais je ne vais pas à
l'avance m'engager à une sorte de prix minimum ou maximum. Ce n'est pas
une façon de traiter les choses et, surtout, ce n'est pas une
façon de traiter des affaires.
Le Président: M. le député de
Charlevoix.
Construction de deux traversiers
M. Mailloux: M. le Président, ma question s'adresse au
ministre des Transports qui, il y a quelques instants, déposait des
documents relativement au débat auquel les media ont fait une large
publicité quant à la construction de deux navires pour la
Société des traversiers du Québec. Il est possible que ces
documents répondent à certaines interrogations du public. Je
voudrais quand même, dans un premier temps, pour éclairer la
Chambre, poser quelques questions au ministre sur la décision qui fut
rendue par le cabinet qui, d'après ce que dit le ministre, fut
justifiée par le principe de la soumission publique; comme il y avait
une économie de $300 000 ou $400 000, le gouvernement se devait
d'accepter la plus basse soumission.
Le ministre des Transports voudrait-il dire à cette Chambre si,
pour permettre aux chantiers maritimes de soumissionner, il y avait des plans
et devis qui étaient préparés par la société
et auxquels les chantiers maritimes ne pouvaient déroger?
Comme deuxième volet, si telle n'était pas l'exigence, la
société na-t-elle pas plutôt fixé des
paramètres, soit la capacité portante de véhicules pour
ces dits navires, coque renforcée pour la navigation dans les glaces,
facilité d'embarquement ou de déchargement, soit "roll-on
roll-off ' ou le déchargement par le côté, force des
moteurs tirant d'eau, facilités pour les passagers, etc.?
Troisièmement, si la conception était laissée aux
constructeurs, pourquoi alors le gouvernement a-t-il ignoré de
façon, semble-t-il, radicale le verdict favorable des experts
maritimes de la société d'Etat qui recommandaient l'adjudication
du contrat à Davie Shipbuilding?
Le ministre voudrait-il nous dire également si, dans l'estimation
qu'en a faite le cabinet des ministres, on a songé que, la vie utile
d'un navire étant de 30 ou 40 ans, alors que ces navires seront
employés entre Charlevoix et Dubuc dans le Saguenay, où ils
subissent les rigueurs d'hiver tel que celui qu'on connaît actuellement,
chaque fois qu'on aura à faire réparer ces navires en
période hivernale de janvier à la fin de février...
Des Voix: Question!
M. Mailloux: Est-ce qu'on a analysé, dis-je, les sommes
supplémentaires qu'il en coûtera pendant une période de 30
ans pour convoyer ces navires vers les chantiers maritimes de Sorel? (14 h
30)
Le Président: M. le ministre des Transports. Il y a trois
questions.
M. Lessard: M. le Président, au moment où le
député de Charlevoix me pose la question, vous
me permettrez quand même de remercier le chef du Parti
libéral du Québec de son appui dans le Journal de Québec
du 2 février 1979, alors que devant un militant, à l'encontre
d'ailleurs de M. Jean-Guy Picard qui est président de la région
de Québec, il disait qu'il était loin d'être assuré
que le gouvernement du Québec n'avait pas pris la bonne décision
dans cette affaire... Je me demande si le député de Charlevoix a
reçu l'autorisation de M. Ryan pour poser cette question.
M. Mailloux: Est-ce qu'un capitaine a besoin de demander
l'autorisation à un matelot? M. le Président, j'ai bien dit pour
des fins maritimes.
M. Lessard: Si je comprends bien, le capitaine c'est le
député de Charlevoix et le matelot en goguette c'est M. Ryan!
Je n'ai pas besoin, je pense bien, d'informer le député de
Charlevoix des pouvoirs...
Une Voix: Maître après Dieu!
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît! M. le
ministre des Transports.
M. Lessard: Je n'ai pas besoin d'informer le député
de Charlevoix des pouvoirs que possède la Société des
traversiers du Québec. En effet, la Société des
traversiers du Québec a les pouvoirs de procéder comme elle
l'entend et elle a de plus du personnel spécialisé pour ce faire.
Selon les informations que j'ai obtenues de la société, celle-ci
a décidé, et cela en consultation avec les constructeurs, de
demander des propositions de soumissions parce qu'elle disposait
déjà d'une étude commandée par le ministère
des Transports du Québec sur les quais de Baie Sainte-Catherine et
Tadoussac. Cette étude traitait, entre autres, du type de navire requis
pour la traversée Baie-Sainte-Catherine-Tadoussac et pouvait être
mise à la disposition des deux sociétés.
Après quelques rencontres avec les deux constructeurs, il y a eu
certaines modifications aux navires, telles que demandées par la
Société des traversiers, et les constructeurs en ont
été informés et ont accepté ces navires.
Donc, M. le Président, je pense que cela répond aux deux
questions. Sur les spécifications qui n'étaient pas très
bien définies, en consultation avec les constructeurs on avait
établi les normes générales, soit un navire pour 400
passagers, un navire pour 60 véhicules; les deux navires devaient
charger et décharger par les deux bouts, posséder des rampes de
chargement et de déchargement doubles et ils devaient fonctionner douze
mois par année, sous des températures de moins 30 degrés
centigrades et de plus 37 degrés centigrades. Je pourrais, M. le
Président, donner toutes ces spécifications.
Quant aux réparations que nous devrions faire normalement,
annuellement, et qui devraient être faites chez Marine Industrie ou
peut-être chez Davie Shipbuilding il n'y a rien qui empêche
Davie Shipbuilding de faire ces réparations lors- qu'elles
s'imposeraient nous n'avons pas fait ces calculs sur une période
de 30 ans.
M. Mailloux: M. le Président...
Le Président: M. le député de
Charlevoix.
M. Mailloux: ... je pense que le ministre des Transports avait
bien saisi la question principale que je lui posais: Sur quoi s'étaient
basés les experts maritimes de la société pour dire que le
contrat devait être adjugé à la société Davie
Shipbuilding? Quelles étaient les raisons?
Le Président: M. le ministre des Transports.
M. Lessard: M. le Président, la première raison
concernait le creux du navire. La deuxième raison concernait le fait que
Davie Shipbuilding était plus près du siège social de la
Société des traversiers du Québec que Marine Industrie.
Vous conviendrez que la dernière raison ne pouvait pas être
concluante. Sans cela, je donnerais probablement tous les contrats de voirie
à des entrepreneurs de la région de Québec parce qu'ils
sont plus près du ministère que des entrepreneurs d'autres
régions. On disait qu'on pouvait épargner $9000 si on utilisait
les services de Davie Shipbuilding par rapport aux services de Marine. Ce
n'était pas, M. le Président, une raison concluante.
Il y avait une raison qui était plus sérieuse et que j'ai
analysée, soit le creux du navire. C'est là une question qu'on
m'a posée à plusieurs reprises et je voudrais quand même
préciser ce qu'on entend par creux du navire. Le creux du navire, c'est
la distance entre le fond du navire et le pont des automobiles. Chacun des deux
constructeurs avait été avisé des exigences de la
Société des traversiers du Québec et même, dans un
télégramme, M. le Président, on avait indiqué
à Davie Shipbuilding que le minimum qu'on exigeait pour le creux du
navire était de 5,5 mètres et que le maximum était de six
mètres. Donc, les deux compagnies respectaient les spécifications
précises qui avaient été exigées par la
Société des traversiers du Québec.
Dans les circonstances, je devais respecter ces spécifications,
je devais respecter le fait que les deux sociétés se pliaient aux
exigences de la société. La Davie Shipbuilding était
très bien informée que le minimum était de 5,5
mètres mais ceci ne change pas les spécifications
premières, à savoir 60 véhicules 400 passagers, etc.
Il est certain, M. le Président, qu'il peut y avoir un certain
avantage, selon certaines circonstances, avec un creux plus élevé
à marée basse, mais par ailleurs cela pose des problèmes
à marée haute, comme notre matelot, notre capitaine peut le
savoir. Je ne peux pas faire la comparaison aussi forte, mais si je demande une
Chevrolet et qu'on me livre une Cadillac, j'ai encore la liberté de
choisir la Chevrolet. Mais, M. le Président, avec une différence
de $300 000, nous avons jugé bon, et au Conseil du trésor et au
Conseil des ministres, de respecter l'offre la plus basse parce que, dans les
deux cas, on respectait les spécifications mini-
males qui sont exigées par la Société des
traver-siers du Québec.
Le Président: Dernière question M. le
député de Charlevoix.
M. Mailloux: Dernière question supplémentaire.
Est-ce que le ministre serait prêt à faire témoigner devant
les Oppositions les experts maritimes qui se sont prononcés pour
l'adjudication du contrat à Davie Shipbuilding? On verrait
peut-être à ce moment si, selon le tirant d'eau dont il parle, il
ne donne pas des réponses d'un matelot en goguette actuellement.
Le Président: M. le ministre des Transports.
M. Lessard: M. le Président, je pense que le
député...
Le Président: Brièvement s'il vous plaît, M.
le ministre des Transports.
M. Lessard: ... on en a déjà discuté.
Concernant le rapport qui m'a été fourni j'aimerais
vérifier, je l'ai vérifié ce matin par la
Société des traversiers du Québec, comme je n'ai rien
à cacher, je pense que c'est compris dans le document, le dossier
d'information que j'ai déposé. Il faut dire que la
Société des traversiers pouvait faire des recommandations, mais
il fallait, quant à nous, tenir compte aussi des deniers publics, et
c'est dans ce sens que nous avons respecté la plus basse soumission.
Le Président: M. le chef de l'Opposition, M. le
député...
M. Goulet: ... additionnelle...
M. Levesque (Bonaventure): C'est cela, additionnelle M. le
Président.
Le Président: Je reviens tout de suite à vous
après, M. le député de Bellechasse, pour une question
additionnelle.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, si mes
renseignements sont exacts, le premier ministre aurait indiqué que le
ministère des Transports ou la Société des traversiers
devait incessamment donner un contrat pour un autre petit traversier pour
l'île aux Grues, je crois, et cette fois-ci à Davie Shipbuilding.
Le ministre peut-il renseigner cette Chambre sur les conditions qui entourent
l'adjudication de ce contrat? Est-ce qu'il est donné avec soumissions
comme les deux autres? Est-ce qu'il a été déjà
donné sans soumissions? Et pourquoi cette déclaration du premier
ministre?
Le Président: M. le ministre des Transports.
M. Lessard: M. le Président, j'avais déjà
indiqué, en conférence de presse, que le ministère des
Transports comme tel, et non pas la Société des
traversiers du Québec, devait faire construire un nouveau bateau entre
l'île aux Grues et Montmagny. Je n'ai pas à ce moment
indiqué nécessairement que le contrat devait être soit
négocié ou soit en soumission publique. Il est possible que ce
contrat puisse être négocié. Quant à moi, je n'ai
pas de décision de prise actuellement. D'ici quelques semaines, je
transmettrai un mémoire à ce sujet au Conseil des ministres et le
Conseil des ministres... (14 h 40)
M. Levesque (Bonaventure): M. le ministre s'est
fourvoyé...
Le Président: M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Merci, M. le Président, question additionnelle.
Lors de sa première réponse, le ministre nous a souligné
qu'il n'y avait pas unanimité du côté libéral. Je
lui rappellerai qu'également on ne semble pas faire l'unanimité
du côté ministériel là-dessus. Je veux savoir du
ministre si c'est vrai que déjà la Société des
traversiers du Québec, suite à la signature du contrat, aurait
demandé à Marine de modifier ses plans, une fois que le contrat a
été signé, et de changer le creux du navire et de
l'abaisser de 2 pieds, le tirant d'eau, ce qui déjà ferait une
différence de $150 000. Est-ce vrai oui ou non? Est-ce que le ministre
est au courant de cela?
M. Lessard: Est-ce que cela voudrait dire $150 000 par bateau ou
$75 000?
M. Goulet: $150 000 pour les deux bateaux.
M. Lessard: Alors cela veut dire $75 000 par bateau, ce qui veut
dire que nous aurions encore une marge de $75 000.
M. le Président, je n'ai pas été informé. Je
sais qu'il y a des discussions entre Marine Industrie, actuellement, et la
Société des traversiers du Québec, et je n'ai pas
été informé qu'une telle exigence ait été
demandée à Marine Industrie.
Le Président: M. le député de
Huntingdon.
M. Lessard: En terminant, M. le Président, j'espère
que les députés de l'Union Nationale ne voudraient pas qu'on
revienne au temps où on donnait des contrats de peinture et que cela
coûtait $9 le gallon, parce qu'on n'allait pas en soumissions, par
rapport à $1.95.
Le Président: M. le député de
Huntingdon.
M. Goulet: M. le Président, vous me permettrez une autre
question suite à cette réponse?
Le Président: M. le député de Huntingdon. M.
Dubois: Merci, M. le Président. M. Goulet: Sauvé par la
cloche!
Loi sur la mise en marché des produits
agricoles
M. Dubois: Ma question s'adresse au vice-premier ministre;
j'espère avoir l'attention du vice-premier ministre. Compte tenu que la
classe agricole proteste en masse ici même à Québec
aujourd'hui et que ces gens remettent en cause le projet de loi 116
raison principale, d'ailleurs, de notre retour en Chambre aujourd'hui et
dans le but d'élargir le débat et d'offrir l'occasion à
ceux qui sont concernés de se prononcer sur le bien-fondé des
nouveaux pouvoirs qu'on cède à l'UPA, je désire savoir du
vice-premier ministre, en l'absence du ministre de l'Agriculture, si le
gouvernement entend consulter par voie de référendum, sur cette
question, tel que le permet l'article 93 de la Loi sur la mise en marché
des produits agricoles, chapitre 36 de 1974.
Le Président: M. le vice-premier ministre.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je suis
désolé d'apprendre que l'Union Nationale ne posera pas le
même geste que celui qui vient d'être posé par le chef du
Parti libéral, qui semble se rallier au projet de loi 116. Pour ce qui
est des intentions du gouvernement...
M. Bellemare: II n'a jamais dit cela, M. le Président.
C'est erroné ce que dit le vice-premier ministre. Un instant! Prenez
votre temps.
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je pense que le
chef du Parti libéral a annoncé qu'il appuierait le projet de loi
116.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, question de
privilège. On a même droit, je pense, à ce moment-ci, de
rappeler la vérité. J'ai assisté à la
conférence de presse du chef du Parti libéral du Québec
et, tout en souscrivant à l'un des principes, en particulier, qui
caractérisent ce projet de loi, il a émis des réserves
qu'il serait juste d'énumérer lorsque...
Le Président: Très bien. M. le vice-premier
ministre, en répondant à la question, s'il vous plaît.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, pour ce qui est
des intentions du gouvernement, je pense que la question doit être
adressée au leader du gouvernement en Chambre.
Le Président: M. le leader...
M. Bellemare: Je soulève une question de
privilège.
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Union
Nationale.
M. Bellemare: M. le Président, je soulève une
question de privilège. Nous avons été convoqués
spécialement la session de 1978 n'étant pas
terminée le 21 décembre pour étudier les projets de
loi 116, 110 et 84. M. le Président, le ministre de l'Agriculture le
savait, puisqu'il a fait changer lui-même la date de l'ouverture de la
fromagerie de vendredi à aujourd'hui. C'était une
stratégie pour ne pas être en Chambre et ne pas répondre
aux questions pour lesquelles nous avons été
convoqués.
M. le Président, je soulève une question de
privilège particulier. J'ai été convoqué pour
étudier le projet de loi 116, le ministre a changé la date du
vendredi 2 février pour aujourd'hui, le 6, pour être à
l'ouverture de la fromagerie. M. le Président, cela est léser les
droits des parlementaires.
Le Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement.
M. Charron: M. le Président, pour éviter que cela
ne s'enflamme davantage, je dois dire que j'ai été prévenu
vers 1 h 30 cet après-midi, au moment où j'étais avec ses
fonctionnaires, que le ministre de l'Agriculture serait en retard. Il m'avait
dit qu'il devait arriver vers 2 h 30, 2 h 45. D'autre part, le ministre de
l'Agriculture est déjà intervenu sur le projet de loi 116, donc
sa présence n'est pas essentielle pour que nous l'étudiions cet
après-midi...
M. Lavoie: ... droit de réplique. Une Voix: II n'a
pas d'affaire à...
M. Charron: Le droit de réplique n'est pas prévu
pour 15 heures aujourd'hui, je crois, et j'informe tout de suite le
député que c'est la loi 116 que nous étudierons cet
après-midi.
M. Bellemare: Comment est-ce que vous expliquez qu'un ministre
savait le 2 que l'ouverture...
Le Président: M. le leader parlementaire... A l'ordre,
s'il vous plaît! M. le leader parlementaire de l'Union Nationale, est-ce
que vous renoncez à la période de questions?
M. Goulet: M. le Président, je demande une directive.
Le Président: M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: C'est mon droit. Merci, M. le Président. Etant
donné qu'on nous assure que le ministre de l'Agriculture sera ici dans
quelques minutes, est-ce qu'on ne pourrait pas suspendre pour quinze ou vingt
minutes et attendre le ministre de l'Agriculture? Nous avons de très
importantes questions à poser au ministre de l'Agriculture, M. le
Président, au nom des agriculteurs, au nom de tous les agriculteurs du
Québec et nous aimerions
pouvoir les lui poser. Etant donné que les autres ministres ne
semblent pas pouvoir répondre à ces questions, je vous demande si
on ne peut pas suspendre quelques minutes et attendre le ministre de
l'Agriculture.
Le Président: II faudrait pour cela qu'il y ait
consentement unanime. S'il n'y a pas de consentement, ce n'est pas
possible.
M. le député de Beauce-Sud.
M. Roy: Merci, M. le Président. Ma question s'adresse
à l'honorable ministre des Terres et Forêts.
M. Russell: M. le Président, comme question
supplémentaire...
Le Président: Question additionnelle, M. le
député de Brome-Missisquoi.
M. Russell: M. le Président, j'aurais aimé, moi
aussi, que le ministre de l'Agriculture y soit, parce qu'il est tellement
généreux ces jours-ci, distribuant des bonbons d'un bord et des
bonbons de l'autre. Il y aurait peut-être... Ma question... Si je lui
avais posé la question, peut-être qu'il répondrait
favorablement à cette question. Mais je vais la poser au leader
parlementaire, comme cela a l'air que c'est lui qui doit déterminer les
travaux de la Chambre. Est-ce l'intention du gouvernement ce n'est pas
une générosité qu'on demande, c'est simplement un peu de
décence de convoquer la commission parlementaire pour faire
entendre les intéressés sur le projet de loi 116?
Le Président: Le leader parlementaire du gouvernement.
M. Charron: M. le Président, le délai
occasionné par l'ajournement de ce projet de loi entre le 21
décembre et aujourd'hui a abondamment donné à chacun non
seulement le temps de prendre connaissance du projet de loi, non seulement le
temps de faire connaître son opinion, mais aussi, je pense, d'essayer par
tous les moyens possibles de la répandre dans le monde agricole et
même chez l'ensemble des citoyens du Québec. Je crois que, dans
ces circonstances, les députés pourront étudier la
deuxième lecture du projet de loi cet après-midi et très
attentivement, article par article, lorsque la commission de l'agriculture sera
saisie du projet de loi après qu'il lui aura été
déféré.
Le Président: M. le député de
Beauce-Sud.
Jugement sur la réserve des trois
chaînes
M. Roy: Merci, M. le Président. Ma question s'adresse
à l'honorable ministre des Terres et Forêts et concerne on
s'en doutera bien la fameuse et célèbre loi des trois
chaînes. Le jugement rendu à Rimouski la semaine dernière a
confirmé, semble-t-il, définitivement les droits des pro-
priétaires de terrains pour ceux qui avaient eu des lettres patentes ou
des billets de location émis entre 1884 et 1919. J'aimerais demander au
ministre si c'est l'intention du gouvernement d'en appeler de cette
décision, c'est-à-dire d'aller devant la Cour d'appel,
premièrement.
Deuxièmement, en attendant que cette décision soit prise,
si jamais elle devait être prise j'espère que le ministre
répondra dans la négative est-ce que le ministre peut nous
assurer qu'il a donné ordre que soient suspendus les avis, les
réclamations, les états de compte qui ont été
envoyés aux propriétaires?
Le Président: M. le ministre des Terres et
Forêts.
M. Bérubé: M. le Président, je pense qu'il
convient d'expliquer ce qu'est cette loi de la réserve des trois
chaînes de manière à permettre aux membres de cette
Assemblée de bien saisir les implications du débat en question.
Le député de Beauce-Sud est évidemment un expert dans
cette question et, forcément, il n'a peut-être pas tout
expliqué.
C'est relativement simple, M. le Président, puisqu'en 1884
l'Assemblée législative, le Parlement à l'époque
décidait que, le long des cours d'eau non navigables et non flottables,
il y aurait une réserve de trois chaînes 180 pieds
pour permettre aux citoyens de pouvoir aller à la pêche au saumon
librement et, donc, de circuler le long des rivières sans être
bloqués par la propriété privée. C'était
donc un principe d'accessibilité générale de tous les
Québécois à leurs rivières. (14 h 50)
En 1919, le gouvernement a décidé de revoir cette loi pour
une raison très simple. Il y avait débat à l'époque
entre juristes à savoir s'il s'agissait véritablement d'une
propriété plutôt qu'une simple servitude,
c'est-à-dire d'un droit de passage. Ce gouvernement, cette
Assemblée a choisi d'adopter une loi qui se lisait essentiellement
ainsi: Cette réserve est et a été une réserve en
pleine propriété. En d'autres termes, cette Assemblée
choisissait de considérer cette réserve comme
véritablement propriété de l'Etat pour les siècles
à venir.
Cependant, il s'avère qu'un juge vient d'analyser effectivement
ce projet de loi et a dû conclure que, même s'il semblait y avoir
une volonté explicite du législateur, le fait de ne pas avoir
mentionné la rétroactivité de façon absolument
explicite pouvait à ce moment-là rendre cette loi nulle et non
avenue. A partir de 1919, néanmoins, cette réserve est
propriété du gouvernement, mais entre 1884 et 1919 il semble bien
y avoir désaccord.
Je dois dire, M. le Président, qu'accepter le jugement tel qu'il
est proposé a des implications importantes. D'une part, il faut
reconnaître que le gouvernement depuis 1919 a consenti
énormément de droits, de ventes, de cessions à
différents utilisateurs pour cette réserve des trois
chaînes; en d'autres termes, il y a aujourd'hui des occu-
pations à la suite de titres émis par le gouvernement.
Cela pourrait donc représenter sur le plan impact politique, impact
économique un problème véritablement énorme. Par
conséquent, le contentieux du ministère des Terres et
Forêts recommande que l'on aille en appel. Cependant, je pense qu'il
demeure que c'est au ministère de la Justice de décider si nous
devons oui ou non aller en appel.
Quant à la politique du ministère, je dois souligner que,
dans la mesure où nous étions à réévaluer
cette réserve de manière à en amoindrir l'impact, nous
avions justement pris comme politique, pour autant que les propriétaires
riverains du lot adjacent étaient concernés, de ne pas la mettre
en application, donc, de fermer les yeux, mais de nous contenter d'appliquer
certaines normes telles que le refus du déboisement en particulier et,
également, le refus du lotissement que nous ne permettions pas. Dans le
cas des lotissements évidemment, nous pouvons rectifier la situation par
des baux, mais d'une façon générale nous nous sommes
contentés de fermer les yeux dans l'attente d'avoir une politique un peu
plus claire. Je dois dire que c'est un problème extrêmement
délicat et j'ai dû faire faire plusieurs analyses techniques pour
vraiment mesurer l'impact de cette réserve sur l'ensemble du territoire
québécois de manière qu'éventuellement cette
Assemblée soit capable, en l'absence de toute partisanerie politique,
d'évaluer véritablement le bien-fondé de cette
réserve et d'en décider d'une façon appropriée.
Le Président: M. le député de Beauce-Sud,
une question.
M. Roy: M. le Président, j'aurais une question
additionnelle. D'abord, on me permettra peut-être une mise au point. Le
ministre a cité tout à l'heure, dans sa réponse, que la
loi de 1919 disait "a été". J'aimerais demander au ministre, lui
suggérer de relire la loi textuelle. Ce n'est pas dans la loi de 1919
qu'on a dit "a été". C'est dans la loi de 1969, alors qu'on a
ajouté un paragraphe à la Loi des terres et forêts. A la
suite de cette rectification, et étant donné qu'il y a un grand
nombre de petits propriétaires et je pense, M. le
Président, qu'il n'est pas exagéré de dire que c'est
quelques centaines de milliers de petits propriétaires de terrains au
Québec qui sont concernés par cette loi et compte tenu
également de la position qui avait été prise par l'ancien
gouvernement de suspendre l'application de la loi et de revoir cela dans un
ensemble général, dans une nouvelle politique, j'aimerais
demander au ministre parce que quand même, c'est lui qui est
responsable de l'application de la loi s'il recommande d'abord au
ministère de la Justice d'en appeler de la décision c'est
une décision qui relève du ministre actuellement s'il
recommande d'en appeler de la décision ou s'il demande tout simplement
qu'elle soit suspendue de façon définitive pour que soit
retirée cette épée de Damoclès qui menace des
centaines de milliers de petits pro- priétaires au Québec,
propriétaires de terrains privés. Il pourrait les rassurer en
leur disant que ce sera plutôt une politique générale, une
loi générale qui sera déposée par le gouvernement
et qui pourrait régler cette question une fois pour toutes.
Le Président: M. le ministre des Terres et Forêts,
brièvement, s'il vous plaît.
M. Bérubé: Oui. La décision, M. le
Président, relève évidemment du ministre de la Justice et
c'est à lui que revient la décision d'aller ou non en appel, et
j'ai souligné l'opinion de mon contentieux, que je fais mienne, d'une
part. Quant au point concernant 1969 ou 1919, malheureusement, le
député de Beauce-Sud erre.
M. Boy: Question de règlement, M. le Président. Je
m'excuse.
Le Président: M. le député de Gatineau.
M. Roy: C'est une question de règlement, M. le
Président. On comparera les deux textes de la loi, mais je n'accepte pas
que le ministre dise que j'erre. J'ai étudié suffisamment ce
dossier et ce n'est pas tout de le dire. Il faut le prouver. Que le ministre le
prouve!
Le Président: M. le député de Gatineau.
Remplacement du mot "stop" par "arrêt"
M. Gratton: M. le Président, très
brièvement, j'aimerais simplement demander au ministre des Transports
où il en est rendu avec sa décision, que plusieurs
incluant le premier ministre ont qualifiée de ridicule, de faire
disparaître le mot "stop" de la signalisation routière pour le
remplacer par le mot "arrêt". Est-ce que la déclaration du premier
ministre à Washington a réussi à stopper le ministre des
Transports?
Le Président: M. le ministre des Transports.
M. Lessard: M. le Président, le premier ministre pourra
s'expliquer en temps et lieu concernant sa déclaration de Washington. Je
n'étais pas présent. C'est cela. On va choisir dans le tas. Je
pense qu'on sait très bien que l'article 29 de la loi 101, pour bien
placer le débat quand même, alors qu'il n'y avait pas de
décision officielle, qu'il n'y avait pas eu d'arrêté
ministériel à ce sujet, l'article 29 dit: "Seule la langue
officielle peut être utilisée dans la signalisation
routière. Le texte français peut être
complété ou remplacé par des symboles ou des
pictogrammes." A partir de là, on a analysé les différents
choix qui pouvaient s'imposer entre arrêt, stop et les pictogrammes. J'ai
eu l'occasion de donner un certain nombre d'explications concernant le fait que
je favorisais arrêt plutôt que stop, mais comme il semble M.
le Président, quand même c'est une tempête dans un verre
d'eau que ni arrêt ni stop ne peut faire l'unanimité, on
n'est pas pour en faire une révolution.
Je pense bien que l'ampleur qu'a pris ce débat est
complètement disproportionnée par rapport à la
décision qui a été prise à ce sujet. On analyse
actuellement une autre formule qui pourrait faire l'unanimité tout en
respectant le projet de loi...
Des Voix: Oh!
M. Lessard: ...101 et éviter, en terminant, les querelles
byzantines sur le sexe des anges qui ont caractérisé ce
débat depuis le début.
M. Gratton: Question additionnelle, M. le Président.
Le Président: M. le chef de l'Union Nationale.
M. Biron: Ma question s'adresse au ministre de l'Industrie et du
Commerce.
M. Gratton: Est-ce que c'est une question additionnelle?
M. Lavoie: On donnera notre consentement au chef de l'Union
Nationale.
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît! Je
comprends, messieurs, je comprends, une additionnelle, il y en a d'autres
aussi. Je vous demande qu'elles soient très brèves, pour
permettre au chef de l'Union Nationale une dernière question.
M. Gratton: Toutes aussi brèves que la question
principale, M. le Président.
J'aimerais simplement demander au ministre s'il ne considère
pas... Il a lui-même fait allusion à l'importance indue qu'a prise
toute cette question. Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu pour le ministre, dans
son souci d'être honnête, transparent, de tout simplement avouer
qu'il s'est fourvoyé en voulant faire disparaître le mot "stop" et
de revenir au statu quo, ce qui serait français, ce qui éviterait
des dépenses inutiles et ce qui, surtout, empêcherait le ministre
des Transports de se faire traiter comme l'a traité le premier ministre,
la semaine dernière?
Le Président: M. le ministre des Transports.
M. Lessard: J'ai l'impression que le Parti libéral
voudrait bien qu'on reprenne une autre guerre inutile qui m'apparaît
extrêmement futile. En temps et lieu, le ministre des Transports fera
connaître sa décision, tout en tenant compte, contrairement
à ce qu'on a dit, des coûts que tout ceci comportera.
Quant à moi, il n'y a absolument rien là et je ne pense
pas que les colonnes du Temple vont s'effondrer soit avec "arrêt" ou soit
avec "stop".
Le Président: M. le chef de l'Union Nationale. M. Biron:
Ma question s'adresse au...
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît! M. le chef
de l'Union Nationale.
Navires commandés par un armateur grec
M. Biron: Ma question s'adresse au ministre de l'Industrie et du
Commerce. A la fin de décembre dernier, en étudiant le projet de
loi no 108 qui a épargné de la faillite Marine Industrie, le
ministre avait porté des plaintes sérieuses quant à
certains agissements de la Société pour l'expansion des
exportations, une société canadienne, spécialement dans
une lettre que le ministre a déposée à l'Assemblée
nationale le 18 décembre dernier.
Le 28 décembre, M. MacDonald, le président de la SEE,
répondait à cette lettre et disait entre autres, et je cite: "Si
Marine Industrie se trouve dans la situation actuelle, c'est parce
qu'après avoir longtemps joui d'une excellente réputation le
contrôle de la qualité semble maintenant lui avoir
échappé. Ceci est devenu évident lorsque, durant le cours
de la construction des navires pour le compte de Karageorgis, les inspecteurs
de l'acheteur ont décelé de graves vices de construction qui
furent par la suite confirmés par Lloyd Surveyor."
Est-ce exact, est-ce que depuis ce temps le ministre a
vérifié les accusations de la Société pour
l'expansion des exportations? Est-il exact que la société Marine
Industrie aurait payé les $9 300 000 tout simplement pour acheter le
silence de Karageorgis sur la mauvaise qualité des produits de Marine
Industrie? Quelle a été la réaction du ministre et quelle
a été la réponse de M. MacDonald? (15 heures)
Le Président: M. le ministre de l'Industrie et du
Commerce.
M. Tremblay: M. le Président, j'ai effectivement
reçu une réponse à la lettre que j'avais
expédiée au président de la SEE. J'ai moi-même
répondu au président et, lorsqu'il aura pris connaissance de ma
lettre, il me fera plaisir de déposer à la fois sa réponse
et ma réponse à sa missive.
En ce qui concerne les vices de fabrication qui étaient
allégués par l'acheteur dans les années 1975/1976, nous en
avions discuté en commission parlementaire les 7 et 8 décembre
derniers et, effectivement, on sait qu'il y avait eu des plaintes de la part de
l'acheteur concernant certains détails techniques eu égard aux
bateaux.
Ceci faisait partie évidemment du contentieux qu'avait l'acheteur
grec contre Marine Industrie, et ceci est dans le rapport de la
Société générale de financement qui a
été déposé devant la commission parlementaire des 7
et 8 décembre derniers. Ce contentieux est aussi dans le rapport
Wermenlinger et dans le rapport Desmeules, de sorte que ceci était un
fait connu de la part de la SGF. Le point central, par contre, consiste
à savoir si la SEE a appuyé les prétentions de l'acheteur
qui voulait se sortir de son contrat en prétextant différents
problèmes techniques ou si elle a appuyé Marine. C'était
le point que nous voulions faire éclairer. Parce que, comme on se le
rappelle, M. le Président, en commission parlementaire il a
été
établi que la société Marine a passé pour
$100 millions de contrats d'achat de pièces et d'équipement
à partir d'un télex, en avril 75, qui lui avait été
expédié par la SEE et qui garantissait le financement.
Ces questions ont été passées sous silence, ou
laissées sans réponse par le président de la SEE. J'ai
donc formulé de nouvelles demandes dans la lettre que je lui ai
envoyée il y a quelques semaines. Je déposerai cette lettre d'ici
une semaine, M. le Président.
Le Président: Fin de la période de questions.
M. Biron: Une question additionnelle.
Le Président: Fin de la période de questions.
M. Roy: M. le Président, j'aurais une question de
privilège, simplement pour préciser une chose qui a
été mentionnée tout à l'heure, si on me le
permet.
Le Président: Sur votre question de privilège, M.
le député de Beauce-Sud.
M. Roy: Merci, j'ai la loi qui a été
sanctionnée le 17 mars 1919 et à laquelle a fait
référence le ministre et on dit ceci. Je vais me limiter à
lire l'article de la loi. L'article 2252 des Statuts refondus est amendé
en remplaçant les mots "pour des fins de pêche", dans la
troisième ligne, par les mots "en pleine propriété en
faveur de la couronne". Il n'est aucunement question des mots "a
été" auxquels le ministre a fait référence tout
à l'heure.
Le Président: Nous en sommes...
M. Lessard: M. le Président, je vais juste
compléter très brièvement une réponse à une
question du député de Bellechasse.
Non, concernant Davie Shipbuilding ou Marine Industrie, il n'y a eu
aucune modification au contrat.
M. Goulet: Cela ne répond pas à ma question du
tout.
Motions non annoncées
Félicitations au président du 25e
Carnaval de Québec
Le Président: Nous en sommes maintenant aux motions non
annoncées. M. le député de Portneuf.
M. Pagé: M. le Président, très
brièvement. Vous savez que le Carnaval de Québec a
été l'objet de déclarations de la part de certains membres
de l'Assemblée nationale, depuis une semaine, alors je me limiterai
à faire la motion suivante qui, j'espère, sera acceptée:
Que cette Assemblée adresse ses félicitations au président
du 25e Car- naval d'hiver de Québec, M. Jacques Paradis, et aux milliers
de travailleurs bénévoles qui consacrent leur temps à
faire de cet important événement un succès sur tous les
plans pour la grande région de Québec.
Le Président: Est-ce qu'il y a consentement à la
présentation de la motion?
Est-ce que la motion sera adoptée? Adoptée.
Des Voix: Vote, vote.
M. Brochu: Vote enregistré, M. le Président, sur
cette motion.
Le Président: Qu'on appelle les députés.
Suspension à 15 h 4
Reprise à 15 h 13
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
Nous allons maintenant procéder à la mise aux voix de la
motion de M. le député de Portneuf visant à
féliciter le président et les bénévoles du Carnaval
de Québec.
Que ceux et celles qui sont en faveur de cette motion de
félicitations veuillent bien se lever, s'il vous plaît!
Le Secrétaire adjoint: MM. Levesque (Bonaventure), Lavoie,
Vaillancourt (Orford), Lalonde, Forget, Mailloux, Goldbloom, Larivière,
Ciaccia, Raynauld, Lamontagne, Blank, Caron, O'Gallagher, Scowen, Marchand,
Gratton, Pagé, Verreault, Springate, Morin (Sauvé), Charron,
Cardinal, Burns, Laurin, Parizeau, Marois, Landry, Couture, Tremblay,
Bérubé, Mme Ouellette, M. O'Neill, Mme Cuerrier, MM. de Belleval,
Joron, Mme Payette, MM. Johnson, Proulx, Duhaime, Lessard, Lazure,
Léger, Tardif, Vaugeois, Martel, Paquette, Chevrette, Bertrand, Fallu,
Michaud, Rancourt, Laberge, Grégoire, Guay, Lefebvre, Laplante, Mme
Leblanc-Bantey, MM. de Bellefeuille, Gendron, Mercier, Alfred, Gagnon,
Ouellette, Gosselin, Clair, Brassard, Godin, Lavigne, Dussault, Boucher,
Beauséjour, Desbiens, Baril, Bordeleau, Gravel, Lévesque
(Kamouraska-Témiscouata), Lacoste, Jolivet, Biron, Bellemare, Grenier
Russell, Goulet, Fontaine, Brochu, Dubois, Le Moignan, Cordeau, Roy, Shaw.
Le Président: Que ceux qui sont contre cette motion
veuillent bien se lever! Les abstentions?
Le Secrétaire: Pour: 91 Contre: 0
Abstentions: 0.
Le Président: La motion est adoptée. M. le
député de Vanier.
Retour au travail de M. Lessard
M. Bertrand: M. le Président, ma motion est très
brève et n'engendrera pas de débat ni, j'es-
père, de vote. On mettrait la personne dans une autre situation
d'ajouter à son travail.
Je voudrais simplement souligner et me réjouir avec les membres
de l'Assemblée nationale du retour parmi nous et en pleine santé,
en pleine forme on vient de le constater de notre
secrétaire adjoint, M. Lessard.
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Union
Nationale.
M. Bellemare: Je voudrais appuyer cette motion avec un grand
plaisir. Je connais depuis de nombreuses années ce dévoué
assistant greffier et je lui présente mes meilleurs voeux de
santé.
M. Lavoie: Nous allons nous joindre à vous. Nous n'avions
pas à nous lever pour cela. Je suggérerais au secrétaire
adjoint d'aller vous voir pour peut-être profiter d'une révision
de salaire, après ce vote unanime.
Le Président: Alors, la motion est adoptée.
Enregistrement des noms sur les votes en suspens. Je dois donner lecture
à cette Assemblée d'un avis qui m'a été
communiqué dans les délais requis.
Demande de débat d'urgence
relative aux conflits de Murdochville et de
Clermont
"M. le Président, conformément à l'article 78 de
notre règlement, je désire vous informer qu'avant l'appel des
affaires du jour à la séance d'aujourd'hui, j'ai l'intention de
proposer que soit tenu un débat pour discuter une affaire importante de
la compétence de l'Assemblée et dont l'étude s'impose
d'urgence, à savoir les conflits de travail qui perdurent à
Murdochville et à Donohue, à Clermont. Veuillez agréer, M.
le Président, l'expression de mes sentiments les meilleurs." Et c'est
signé du député de Portneuf, Michel Pagé.
M. le député de Portneuf, je vous autorise à
présenter votre motion. Je pense qu'elle n'appelle pas une étude
très poussée. Je vous demande de vous restreindre à la
présentation de votre motion.
M. Pagé: Elle est acceptée? Le Président:
On va attendre...
M. Lavoie: Si j'ai bien compris vos propos, cette motion est
reçue.
Le Président: Si vous aviez bien compris mes propos, vous
n'auriez pas conclu qu'elle était déjà reçue, mais
suivant la coutume, M. le leader parlementaire de l'Opposition officielle, on
autorise le député à présenter sa motion
brièvement en s'en tenant au texte de sa motion.
M. le député de Portneuf.
M. Michel Pagé
M. Pagé: Merci, M. le Président. Effectivement,
avant une heure cet après-midi, je vous fai- sais parvenir un avis vous
informant que j'entendais me prévaloir de cette procédure
inhabituelle et un peu extraordinaire qui est prévue à l'article
78 de notre règlement.
J'entends vous dire, dans un premier temps, pourquoi je demande qu'un
débat d'urgence se tienne cet après-midi et, dans un
deuxième temps, pourquoi, selon moi, vous devriez accepter que ce
débat puisse se faire.
M. le Président, cela touche deux conflits importants. Tout
d'abord, le cas de la Gaspé Copper Mines à Murdochville, et aussi
le cas de la Donohue, de Clermont. Ce sont deux régions qui, en plus
d'être déjà particulièrement et malheureusement
affectées par des taux de chômage qui sont trop
élevés, par un développement économique qui est
très limité, ont à vivre des conflits ouvriers qui
perdurent déjà depuis trois mois et demi. Dans le cas de
Murdochville, je n'ai qu'à vous résumer très
brièvement la situation et à vous dire que cela affecte toute la
région. La grève a débuté le 17 octobre dernier. Il
y a eu des rencontres de conciliation. Cela a échoué. Cela n'a
pas abouti. Toute la région perd actuellement...
M. Charron: Question de règlement, M. le Président.
Le député sait très bien qu'il doit s'en tenir
actuellement aux arguments de l'urgence. Si vous acceptez son débat, il
aura l'occasion de faire tout l'historique du conflit et, surtout, de nous
proposer les solutions. (15 h 20)
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Union
Nationale.
M. Bellemare: Sur la question de règlement soulevée
par le leader du gouvernement, je prétends que l'honorable
député de Portneuf avait fait une juste introduction pour dire la
date du conflit. Il s'en vient maintenant vers les conclusions qui vont vous
démontrer l'urgence qu'il y aurait, cet après-midi, de discuter
de ces deux grèves qui sont pendantes depuis le mois d'octobre 1978.
Le Président: M. le député de Portneuf, en
vous demandant de ne pas abuser.
M. Pagé: Oui, mais ce ne sera pas abuser que de remercier
mon collègue de Johnson de la solidarité qu'il exprime. M. le
Président, ces deux conflits affectent les deux régions. De
façon particulière, dans Charlevoix, 52% des travailleurs sont
sans emploi actuellement. Ce sont des millions de revenus, de salaires qui se
perdent dans la région de Murdochville. Ce sont des commerces qui
ferment, des familles qui ont déjà quitté. J'espère
que ce débat sera accepté, et j'aimerais vous dire en quoi vous
vous devriez de l'accepter.
Selon l'article 78 de notre règlement, il faut que le sujet soit
l'objet de la compétence de l'Assemblée. Je crois que c'est
indiscutable. Les responsabilités administratives du gouvernement; on
sait que, dans ce dossier, le ministre du Travail a posé des gestes en
tant que ministre du Travail par la nomination et la désignation de
concilia-
teurs. Il y a toute la question de savoir l'urgence de la question. Je
pense qu'en soi cela a déjà trop tardé, l'étude, la
discussion de ces deux problèmes combien épineux et importants
pour les milliers de travailleurs et les milliers de familles qui sont
indirectement affectées par ces conflits. C'est urgent et on se devrait
ici, à l'Assemblée nationale, de procéder dans les plus
brefs délais à l'intérieur de ce débat qui pourrait
éventuellement aboutir à une commission parlementaire ou autre
démarche de l'Assemblée pour qu'ensemble les
députés de l'Assemblée nationale, les
députés des régions concernées puissent s'asseoir
autour de la table avec le ministre du Travail comme cela a été
le cas dans le conflit de la Commonwealth Plywood où la commission
parlementaire, par exemple je termine là-dessus, M. le
Président vous a permis d'obliger, en quelque sorte, le ministre
du Travail et de la Main-d'Oeuvre à intervenir personnellement.
Vous me direz, M. le Président: Est-ce que vous aviez d'autres
occasions, d'autres questions, d'autres moments où vous auriez pu
soulever cette question? J'abonde dans le même sens que vous;
peut-être que cela aurait pu être soulevé à
l'Assemblée nationale lors de la période des questions. Mais je
ne crois pas et ce bien objectivement à la lumière de
l'expérience des quelques années que j'ai ici qu'à
la période des questions, durant laquelle un député a un
laps de temps de deux ou trois minutes, avec un très bref
préambule, vous en conviendrez, on puisse amener un débat aussi
important que ces deux conflits qui perdurent à Clermont et à
Murdochville.
Il va de soi, M. le Président, d'autant plus que la
présente session est une session de très brève
durée, c'est une session de quelques jours seulement qui est
appréhendée, qu'on ne prévoit pas que nous pourrons, dans
des délais très brefs sinon d'ici le mois de mars et
après le discours du premier ministre ou du lieutenant-gouverneur
seulement amener cette question ici à l'Assemblée
nationale.
M. le Président, le débat d'aujourd'hui pourrait nous
permettre, ensemble, conjointement, tous les députés
concernés et intéressés par le dossier, d'échanger
nos vues dans un premier temps ce jusqu'à 18 heures et de
voir ce que le ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre a fait. La motion que
je présente aujourd'hui ne vise pas à adresser des reproches ou
quoi que ce soit au ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre; loin de
là. On veut tout simplement savoir ce qui s'est passé dans le
dossier et on veut aussi savoir si le ministre a pris ses
responsabilités. On veut lui ajouter la lumière de
l'expérience de ses collègues de l'Opposition, comme
l'expérience pertinente et vécue, avec combien d'acuité,
de la part des députés des régions concernées
où il y a des milliers de personnes qui sont sans travail. Le
gouvernement a une responsabilité, le gouvernement devrait
d'emblée avant même que vous ne preniez votre
décision à ce sujet accepter ce débat unanimement.
Il durera deux heures. Ensemble, j'espère, une fois que ce consentement
aura été donné, nous pourrons conjointement dégager
des éléments de solution ou tout au moins dire au ministre du
Travail et de la Main-d'Oeuvre ce qu'il devrait faire dans ce conflit.
Décision du président
Le Président: Comme j'avais reçu je vous en
sais gré d'ailleurs, M. le député de Portneuf mieux
que dans les délais requis, même relativement tôt ce matin,
notre avis, j'ai donc eu l'occasion de réfléchir à votre
demande. Selon les décisions qui ont été rendues
antérieurement, on a toujours été vous le savez
très prudent quant à la recevabilité des motions
d'urgence lorsqu'il s'agissait d'une question locale ou même d'une
question régionale et surtout lorsqu'il s'agissait aussi de relations de
travail. On a également toujours reconnu comme critère qu'il
fallait que la crise soit soudaine.
Ainsi, on ne permettrait pas un débat d'urgence sur un conflit de
travail qui j'ouvre les guillemets "perdure", surtout si on
employait ce verbe dans l'avis même qui demandait un tel débat, ce
qui est le cas aujourd'hui, à moins qu'on n'alléguât des
faits nouveaux. On pourrait, à la rigueur, demander un débat
d'urgence sur un phénomène qui perdure, mais à condition
d'alléguer des faits nouveaux.
Je voudrais également faire référence au
deuxième paragraphe de l'article 78 de notre règlement qui dit
que le président décide de la recevabilité de la motion en
tenant compte, entre autres, "des responsabilités administratives du
gouvernement". Alors, je pense qu'il y avait manifestement une espèce
d'unanimité tout à l'heure quant à l'urgence de discuter
d'autres questions, notamment de ce qui est à l'ordre du jour
aujourd'hui même. Il semblait se dégager une certaine
unanimité assez évidente de la part des membres de
l'Assemblée.
Il faudrait peut-être faire une distinction, M. le
député de Portneuf, entre un problème urgent ce que
je reconnais et l'urgence d'en discuter par rapport à d'autres
problèmes. Outre le fait qu'il n'y a pas vraiment urgence parce qu'il
s'agit d'une situation qui perdure, si on se base sur le texte même de
notre règlement qui parle des responsabilités administratives du
gouvernement et si on tient pour acquis ce que tout le monde sait
que nous nous retrouvons aujourd'hui presque, oserais-je dire, en session un
peu spéciale pour discuter de problèmes qui, de l'avis de tous,
sont urgents, je pense que, dans de telles conditions, il n'y a pas lieu de
recevoir votre requête, M. le député de Portneuf.
M. le leader parlementaire du gouvernement, aux affaires du jour.
Travaux parlementaires
M. Charron: Oui, M. le Président. Je voudrais d'abord
donner des avis à la Chambre pour l'organisation des travaux, si je peux
m'avancer jusqu'à cette semaine au complet. Dans quelques instants,
je vous inviterai à rappeler le débat sur la loi 116 qui
devrait occuper, je pense, une bonne partie de notre journée, sinon sa
totalité, jusqu'à 22 heures. Demain matin, nous allons prendre en
considération le rapport sur le projet de loi 84 du ministre des
Affaires sociales, le projet de loi 110 du ministre du Travail et de la
Main-d'Oeuvre et, par la suite, puisque nous aurons sa présence
assurée, la deuxième lecture du projet de loi 128 que j'ai
déposé en son nom cet après-midi, à la
séance de demain, de 10 heures jusqu'à 13 heures.
Demain après-midi, c'est la liberté de l'Opposition
officielle de présenter sa motion et de nous la faire connaître
tout à l'heure. Jeudi, nous devrions ou achever le projet de loi 116,
s'il n'est pas fini ce soir, si on le finit dans la journée de jeudi, ou
alors immédiatement déférer ce projet de loi à la
commission parlementaire de l'agriculture, et nous adonner ici en Chambre au
moins au début de l'étude du projet de loi au nom du ministre des
Terres et Forêts qui concerne la Société REXFOR. Je crois
que je viens d'indiquer d'un seul coup tout le programme de la semaine à
l'Assemblée nationale.
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Opposition
officielle.
M. Lavoie: Si la deuxième lecture du projet de loi 116
n'est pas terminée aujourd'hui, est-ce que j'ai bien compris le leader
du gouvernement que demain matin, à la reprise des travaux, il ne
s'agirait pas de continuer 116?
M. Charron: Nous allons d'abord faire les deux prises en
considération des deux rapports déposés aujourd'hui, faire
la deuxième lecture au moins de la loi 128. Nous la
déférerons en commission parlementaire du travail et de la
main-d'oeuvre dès demain après-midi. Cela ne devrait pas faire
d'histoire, à ce que j'ai pu comprendre. Jeudi, après la
troisième lecture des deux projets de loi nos 84 et 110, nous
reviendrions à 116 s'il n'est pas terminé aujourd'hui.
M. Lavoie: Une dernière question, M. le
Président.
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Opposition
officielle.
M. Lavoie: En ce qui concerne le projet de loi sur REXFOR, est-ce
que le gouvernement est d'opinion qu'il y a urgence d'adopter ce projet de loi
durant cette partie, cette fin de session? Si on ne termine pas ce projet de
loi, la troisième lecture, durant les quelques jours que nous avons
devant nous, ce projet de loi pourrait être reporté à la
prochaine session normale de 1979.
M. Charron: C'est exact, M. le Président. C'est
l'assurance que j'avais donnée au chef de l'Opposition. Il s'agit
uniquement, pendant que nos collègues de l'agriculture scruteront
article par article le projet de loi, de permettre que sur un dossier ou sur un
autre, c'est celui que le gouvernement a choisi, nous puissions avancer. Il
n'est pas obligatoire pour nous, ni même dans notre intention d'attendre
son adoption, même de principe, pour proroger cette session. (15 h
30)
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Opposition
officielle. Permettez-moi, M. le leader parlementaire de l'Union Nationale de
poser une question à M. le leader parlementaire de l'Opposition
officielle. Est-ce que vous pourriez nous indiquer quelle sera la motion de
demain, parce qu'elle appartient suivant les compilations que j'ai
faites à l'Opposition officielle.
M. Lavoie: Je vous remercie, M. le Président, d'ailleurs
c'était mon intention, avant de passer aux affaires du jour, de donner
avis à cette Assemblée de la motion que nous proposons à
l'Assemblée demain. Elle est inscrite en appendice au nom du
député de D'Arcy McGee et se lit comme suit: Que cette
Assemblée est d'avis que la commission permanente des affaires sociales
se réunisse dans les meilleurs délais pour étudier les
conséquences pénibles pour les familles avec enfants à
charge de la décision du gouvernement de suspendre à leur
égard l'indexation des prestations d'aide sociale. Demain, le
député de D'Arcy McGee, je n'en doute pas, saura convaincre cette
Assemblée d'adopter cette motion.
Le Président: Avis est donné en conséquence.
M. le leader parlementaire de l'Union Nationale.
M. Bellemare: En vertu de l'article 34, M. le Président,
je voudrais demander au leader s'il est de bonne humeur,
premièrement.
M. Charron: Enormément.
M. Bellemare: D'accord, parce que, la dernière fois que je
l'ai vu, il semblait dans un état pitoyable.
M. le Président, en vertu de l'article 34. Je comprends qu'il y
aura une réunion des leaders à la salle 193-A, jeudi
après-midi, après la période des questions. Est-ce
confirmé officiellement? Est-ce que le leader pourrait nous dire s'il va
s'agir des règlements sessionnels pour la session qui s'en vient ou si
c'est pour d'autres raisons majeures, par exemple des moyens que veut employer
le leader pour terminer cette session? Il a le droit, en vertu de l'article
30.2, de faire une motion pour siéger le lundi aussi.
Le Président: M. le leader du gouvernement.
M. Charron: Cela est vraiment trop loin encore pour que je puisse
annoncer tout de suite: J'ai l'intention d'utiliser cet article du
règlement.
La convocation de jeudi après-midi que j'ai faite à mes
collègues leaders parlementaires est aux fins de prendre connaissance
des modifications qu'ils souhaiteraient voir apporter au rè-
glement sessionnel que nous sommes à expérimenter cette
année. Après avoir accepté au moins le dépôt
de ces demandes, je les considérerai et je ferai rapport au Conseil des
ministres; par la suite, lorsque la position du gouvernement sera
arrêtée, je reprendrai les discussions avec mes collègues.
L'important pour moi, jeudi, c'est d'accueillir les souhaits que vous voulez
formuler, parce que j'ai encore comme objectif que le prochain règlement
sessionnel soit adopté à l'unanimité de cette
Assemblée.
M. Bellemare: Nous souhaitons la bienvenue au ministre de
l'Agriculture, qui arrive à temps. J'espère qu'il va avoir
l'occasion d'aller voir les cultivateurs.
Je demande maintenant au leader s'il croit suffisante une seule
séance des leaders après que les articles
considérés comme sessionnels auront été vus par les
participants? Ne croit-il pas qu'il y aurait lieu d'avoir une autre
réunion le plus tôt possible pour qu'après avoir
étudié, nous, les règlements sessionnels on puisse revenir
avec des suggestions?
M. Charron: Oui, oui.
M. Bellemare: Si on les a le matin ou dans l'après-midi
à 4 heures et qu'on nous demande...
M. Charron: C'est convenu.
M. Bellemare: C'est convenu, il y aura une autre rencontre des
leaders, très bien.
Le Président: Affaires du jour.
M. le leader parlementaire du gouvernement.
M. Charron: Excusez, M. le Président, article 3, s'il vous
plaît, du feuilleton.
Projet de loi no 116 Deuxième lecture
(suite)
Le Président: Merci. Alors, j'appelle maintenant la
reprise du débat sur la motion de M. le ministre de l'Agriculture
proposant que le projet de loi no 116, Loi modifiant la Loi sur la mise en
marché des produits agricoles, soit maintenant lu pour la
deuxième fois.
En passant, peut-être qu'il n'est pas inutile de retourner au 21
décembre, comme si c'était hier. Le ministre de l'Agriculture
avait déjà présenté son projet de loi, il avait
été suivi du député de Montmagny-L'Islet, ensuite
du député de Huntingdon, du leader parlementaire de l'Opposition
officielle, de M. le député de Beauce-Sud; et le leader
parlementaire du gouvernement avait parlé de 10 h 31 à 10 h 45,
il avait donc utilisé 14 des 60 minutes auxquelles il a droit.
Il vous reste donc, M. le leader parlementaire du gouvernement, pour
intervenir, 46 minutes, si mes calculs sont exacts.
M. Bellemare: Me serait-il permis, M. le Président...
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Union
Nationale.
M. Bellemare: ... de vous faire remarquer que l'Union Nationale a
eu droit à 22 minutes sur l'heure qui lui a été
dévolue et jamais, dans son discours, le député de
Huntingdon n'a souligné une seule fois qu'il parlait au nom du
parti.
Je tiens à le souligner pour que tout à l'heure il n'y ait
pas de problème.
Le Président: C'est noté. M. Bellemare: C'est
noté?
Le Président: C'est noté, M. le leader
parlementaire de l'Union Nationale, que M. le député de
Huntingdon ne parlait pas au nom de l'Union Nationale.
M. le leader parlementaire du gouvernement.
M. Garon: M. le Président...
M. Lavoie: Est-ce le nouveau leader? Vous venez de nous
présenter le leader parlementaire du gouvernement?
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît! M. le
ministre de l'Agriculture.
M. Lavoie: Ah, bon!
M. Garon: Je voudrais soulever une question de privilège,
M. le Président, parce qu'on m'a dit qu'en mon absence le
député de Johnson a pensé que j'employais les trucs qu'il
employait quand il faisait partie du gouvernement.
M. Bellemare: A l'ordre! A l'ordre! A l'ordre! J'ai dit, j'ai
répété que vous aviez fait changer la date de vendredi
pour celle d'aujourd'hui. C'est ce que j'ai dit.
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît! A l'ordre,
s'il vous plaît!
M. le leader parlementaire de l'Union Nationale, vous étiez de
bonne humeur, restez donc de bonne humeur.
M. le ministre de l'Agriculture, brièvement, s'il vous
plaît.
M. Garon: Je peux vous dire, M. le Président, que j'ai
assisté à l'inauguration de la fromagerie Corneville, à
Saint-Hyacinthe. On ne peut pas empêcher le progrès sous le
gouvernement actuel! J'ai pensé être à temps pour la
période des questions puisque l'ouverture était à 10 h 30,
mais les dirigeants m'ont gardé pour le dessert, c'est-à-dire
pour la fin. Comme il y avait un grand nombre d'orateurs et que le menu
était chargé, je suis arrivé plus tard que prévu.
Je pense que demain ou après-demain je pourrai répondre à
toutes les questions du député de Johnson.
M. Bellemare: Allez donc parler aux cultivateurs, là!
M. Garon: Je suppose qu'il va encore me parler des porcheries de
30 cochons!
M. Bellemare: Certainement! On va vous en parler, laissez faire,
vous n'êtes pas sorti du bois, certain!
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît! M. le
député de Maskinongé.
M. Picotte: M. le Président, je pense qu'il est important
qu'on puisse intervenir sur le projet de loi no 116. J'aimerais pouvoir me
servir de mon droit de parole sur le projet de loi no 116.
Le Président: Vous aurez votre droit de parole tout
à l'heure, après le leader parlementaire du gouvernement.
M. le leader parlementaire du gouvernement, il vous reste 46
minutes.
M. Claude Charron (suite)
M. Charron: Merci, M. le Président.
Comme membre du gouvernement, je suis heureux de reprendre comme
je vous l'avais indiqué d'ailleurs lorsque nous avons ajourné
cette session à aujourd'hui à cette occasion
l'étude d'un projet de loi que non seulement à ce
moment-là mais encore plus aujourd'hui j'estime extrêmement
important pour les producteurs agricoles du Québec. J'affirmerai tout de
suite, devant l'Opposition, qu'il y a certainement eu avantage, en ce qui nous
concerne en tout cas et j'espère qu'on le sentira dans ses
interventions également à ce que ce projet de loi
connaisse un certain délai dans son adoption.
Des Voix: Ah!
M. Charron: Cela a eu pour effet premier, chez nous, de nous
convaincre du bien-fondé du principe fondamental de ce projet de loi
comme vient d'y souscrire, m'a-t-on informé, le chef du Parti
libéral mais, en plus de cela, du bien-fondé de plusieurs des
modalités qui, si elles avaient été acceptées,
comme l'Assemblée semblait s'apprêter à le faire, le 21
décembre dernier, n'auraient pas conduit à la catastrophe, mais
auraient permis à certains charlatans de continuer je serai
modéré à mal informer les producteurs agricoles
auxquels ils s'adressent.
Le fait que nous reprenions aujourd'hui ouvertement, et sans nous
presser, l'étude de ce projet de loi aura, j'espère, un effet
pour ceux qui veulent bien entendre, bien sûr d'information
sur sa portée. L'ajournement m'a permis également, comme à
bon nombre de mes collègues du Conseil des ministres, de parcourir un
certain nombre de comtés du Québec, de rencontrer un grand nombre
de producteurs agricoles et de discuter avec eux. J'ai rencontré des
gens inquiets, j'ai rencontré des gens dissidents, mais j'ai
rencontré un très grand nombre de citoyens dont les organismes
ou alors individuellement avaient choisi, au cours du mois de
décembre dernier, d'être parmi ceux qui réclamaient de
cette Assemblée l'adoption de ce projet de loi. (15 h 40)
Quand je me présentais dans ces contrées du Québec,
ils me demandaient, comme leader du gouvernement, si j'allais tenir parole et
rappeler, tel qu'annoncé le 21 décembre, dès aujourd'hui
ce projet de loi. Non seulement leur ai-je dit que je le ferais ce que
je fais mais je leur ai dit qu'à cause de leurs
inquiétudes et souvent parce qu'ils sont devenus des objets de
manipulation dans certains coins du pays, il est important que ce débat
leur apporte l'information qu'ils attendent.
Il est toujours bon de dire, lorsqu'on présente un projet de loi,
pourquoi on le présente. Ce serait le point de départ, je pense.
Le ministre de l'Agriculture l'a expliqué dans sa présentation de
deuxième lecture. On s'est évertué à le dire
à chaque occasion et je pense que, là-dessus, tout le monde le
comprend encore.
Il s'agit de se soumettre ici aux institutions du pays auquel nous
appartenons encore et à sa plus importante, qui s'appelle la Cour
suprême, qui a décidé, il y a déjà quelques
mois, que certaines lois à partir desquelles des organisations agricoles
s'étaient établies au cours des années et qui
émanaient du gouvernement fédéral étaient ultra
vires. Entre nous, cela veut dire des lois qui n'auraient jamais dû
exister parce que, dans ce domaine comme dans d'autres, le gouvernement
fédéral se mêlait de ce qui ne le regardait pas. La Cour
suprême a décidé que, si on veut réglementer la
production et la mise en marché de produits agricoles, ce sont les
provinces, dans ce pays, qui doivent le faire et non pas le gouvernement
fédéral.
Vous comprenez, M. le Président, l'inquiétude qui a
gagné immédiatement un certain nombre d'offices de producteurs
agricoles du Québec parce que leur existence légale, leur droit
de percevoir, leur droit de gérer et de réglementer se trouvaient
du fait même balayés et, dans certains cas, les constructions
d'hommes de bonne volonté depuis une vingtaine d'années
étaient balayées par une décision de la Cour
suprême.
Ce que fait le Québec aujourd'hui il est la
cinquième province à le faire au lendemain de la décision
de la Cour suprême c'est accepter de bon gré de prendre
cette juridiction et de continuer de travailler avec les producteurs agricoles
pour leur assurer une stabilité de revenu et ne plus les livrer en
pâture comme le demanderait la fameuse loi de l'offre et de la demande.
Autrement dit, non seulement nous voulons épauler ce qu'ils ont fait
depuis plusieurs années, mais les aider à aller de l'avant. C'est
une responsabilité qu'accepte avec plaisir le gouvernement du
Québec et j'espère que l'Assemblée nationale, dans son
entier, y souscrira après le nombre d'années que nous l'avons
demandée.
M. le Président, si cette loi n'était pas adoptée,
n'importe quel producteur agricole du Québec pourrait se
présenter devant son office de producteurs, suivant le champ qu'il
occupe, que cela soit
dans le domaine de la volaille, dans le domaine du bois, que cela soit
dans le domaine du lait, et réclamer d'être remboursé pour
toutes ses contributions depuis le début de l'existence du plan conjoint
auquel il a souscrit.
Cela pourrait vouloir dire, dans certains cas, des sommes astronomiques.
Non seulement, pourrait-il réclamer d'être remboursé, mais
ceux qui doivent, en vertu des règlements de l'office, payer leur
contribution se trouveraient lavés de leur dette à l'égard
de l'office de producteurs pendant que d'autres qui se sont acquittés de
leur dette à temps perdraient, à toutes fins utiles, leurs
fonds.
C'est je pense que le mot n'est pas trop fort la faillite
assurée de tous les offices de producteurs et donc de tous les plans
conjoints si la loi 116 n'est pas adoptée. Non seulement cela met en
péril, comme je viens de le dire, les offices de producteurs, mais les
offices de producteurs existent en vertu de quoi? Ils existent à cause
de l'existence d'un plan conjoint qui est adopté en vertu d'une loi, qui
a respecté les impératifs que la loi avait imposés et qui
a été reconnu comme plan conjoint par la suite devant affecter
une partie de la production agricole du Québec.
M. le Président, les plans conjoints, puis-je en donner et
vous me permettrez de le dire en profane, une définition de
profane comme n'importe quel citoyen du Québec qui n'est peut-être
pas habitué, comme je l'ai été pendant un certain temps,
à connaître cet important aspect de la vie économique du
Québec, et je dirais même de la vie sociale quand on pense au
niveau de vie des producteurs agricoles du Québec?
Un plan conjoint, ce n'est pas comme j'ai déjà vu
un journaliste en parler à travers son chapeau un plan
fédéral-provincial. Un plan conjoint, c'est un groupe de
producteurs Us n'ont même pas besoin d'être très
nombreux pour le créer qui, en échange d'un prix moyen
assuré, face au marché de leurs produits, acceptent je dis
bien en échange entre eux une certaine discipline de production
qu'on peut appeler ou qui s'appelle dans plusieurs cas des quotas. Ils
acceptent, pour assurer que leurs produits agricoles leur assureront un revenu
convenable après tous les efforts qu'ils ont faits et les
investissements qu'ils ont faits, ils acceptent qu'entre eux, producteurs d'un
même produit, ils quantifient la production individuelle de chacun en
échange d'un prix stable. Autrement, si c'est la loi du plus fort, comme
avant même l'existence des plans conjoints, le plus petit ne perce jamais
et les plus gros, qui ont bel et bien leurs porte-parole ils sont aux
alentours du Parlement actuellement les plus gros, qui ont bel et bien
leurs porte-parole, ont la liberté du loup dans la bergerie. Un produit
monte, attire les gens à investir dans ce secteur et, à un moment
donné, il y a surabondance. On est obligé de jeter des produits
tellement il y en a. Pas besoin de vous dire, M. le Président, que le
prix chute.
Il y a un autre aléa de la vie qui se produit. Le prix devient
plus stable et le prix monte. Aussitôt que le prix monte, la source de
revenus attire un grand nombre de producteurs qui sont intéressés
à s'y en aller et, automatiquement, leur arrivée produit une
chute des prix. C'est à cause de ces hauts et ces bas, que
commençait à l'époque à connaître
l'agriculture québécoise, qu'il y a déjà plusieurs
années le gouvernement du Québec s'est rendu à la demande,
à l'époque, de l'Union des cultivateurs catholiques du
Québec, et a décidé d'introduire ici l'existence des plans
conjoints pour, précisément, protéger ceux qui s'adonnent
à la production d'un produit agricole en particulier, leur assurer que
demain matin, n'importe qui ne pourra venir leur enlever leur gagne-pain, leur
assurer leur droit à la subsistance et leur assurer un prix moyen de
revenu quant à la denrée qu'ils produisent. C'est une loi de
l'Union Nationale qui, me dit-on, s'apprête à combattre ce projet
de loi aujourd'hui. Mais c'est elle-même, en 1956, qui a établi au
Québec l'existence des plans conjoints, 1956, M. le Président, et
le premier à naître est né l'année d'après,
tant le besoin était pressant. Aussitôt que la Législature
du Québec leur a permis de le faire dans plusieurs secteurs, les
producteurs agricoles ont commencé à bénéficier de
ce projet de loi plutôt que d'être soumis aux aléas de la
vie.
M. Bellemare: Oui, mais regardez quelle sorte de plan a fait le
projet de loi 12.
M. Charron: Alors là, M. le Président, la loi qui a
autorisé ces producteurs agricoles à se regrouper a
été modifiée au fil des années. Elle s'est
adaptée en cours de route, et ce que nous faisons aujourd'hui, ce n'est
pas chambarder la Loi des marchés agricoles, mais c'est l'adapter
à la réalité de 1979. Elle a été
modifiée en 1958. C'est l'Union Nationale même, deux ans
après avoir créé le projet de loi, qui introduisait la
notion d'enquêteurs afin de surveiller l'application des plans conjoints.
Elle a été modifiée en 1963 par le Parti libéral.
C'est normal. Elle avait cinq ans d'existence. Elle a duré, mais
toujours dans l'intérêt des agriculteurs et toujours à
l'unanimité de l'Assemblée nationale. Des modifications ont
été apportées en cours de route à la fameuse Loi
des marchés agricoles. En 1968, l'Union Nationale, qui était
revenue au pouvoir, a à nouveau modifié la loi. Les
libéraux l'ont modifiée en 1971, l'ont modifiée en 1974;
presque intouchée depuis ce temps, le gouvernement du Parti
québécois y apporte aujourd'hui une modification dont je parlerai
à l'instant. (15 h 50)
Le Québec était-il seul au monde à agir en ce sens?
M. le Président, on dit même que c'est en Australie qu'a
été conçue cette idée de regrouper les producteurs.
Dans plusieurs pays européens, elle s'est appliquée. Ici
même au Canada, la Colombie-Britannique a établi l'existence de
plans conjoints dans certaines productions depuis 1927. L'Ontario avait
même devancé le Québec. Le Québec était la
cinquième ou la sixième province, en 1956, à
établir cela. Nulle part, on n'a renoncé à l'existence
des
plans conjoints. Dans ce débat, aux députés de
l'Opposition qui s'apprêtent à intervenir, je demande s'ils
souscrivent encore à l'idée de plans conjoints comme formule de
développement économique de l'agriculture du Québec et de
sécurité de revenu sociale pour ceux de nos concitoyens qui
s'adonnent à cette activité. Si vous êtes contre les plans
conjoints...
M. Roy: Ce n'est pas cela qui est dans le projet de loi.
M. Charron: ... alors il est bien simple...
M. Roy: Ce n'est pas cela qui est dans le projet de loi,
voyons!
M. Charron: II est bien simple, M. le Président...
M. Roy: II ne faut pas charrier. Arrêtez de charrier quand
même!
M. Charron: ... d'être à l'encontre des plans
conjoints.
Le Vice-Président: A l'ordre! Un instant, s'il vous
plaît! Un instant! M. le député de Beauce-Sud a
déjà utilisé son temps. La parole est au leader
parlementaire du gouvernement.
M. Charron: Je veux seulement dire à ceux enfin, je
ne le sais pas, mais je ne lui prête pas d'intentions avec qui le
député de Beauce-Sud, me dit-on, a le goût de frayer...
M. Roy: M. le Président, je demanderais une
précision. Compte tenu de l'importance du débat qu'il y a
à l'heure actuelle, je ne me contenterai pas d'allusion. Je vais me
contenter de faits directs. Que le ministre donne des précisions sur ce
qu'il vient de dire et, si nécessaire, M. le Président,
j'utiliserai mon droit de privilège en cette Chambre pour
rétablir la situation.
M. Charron: D'accord.
M. Roy: Mais je n'accepte pas d'allusion.
M. Charron: M. le Président, je crois avoir lu dans les
media d'information que le député de Beauce-Sud, sur ce projet de
loi, est plutôt près de ceux qu'on appelle les dissidents que des
porte-parole de l'Union des producteurs agricoles.
M. Roy: M. le Président, question de privilège.
Le Vice-Président: D'accord.
M. Roy: L'honorable ministre sait très bien qu'en vertu du
règlement c'est un spécialiste et je ne conteste pas sa
connaissance du règlement on interdit même, à un
moment donné, en cette Assemblée nationale, de faire allusion aux
articles de journaux. M. le Président, j'ai apporté mon point de
vue sur ce projet de loi 116. Il y a eu des réunions, mais en aucun
moment je n'ai voulu m'identifier à quelque groupe que ce soit, que ce
soit de l'UPA ou des dissidents. Si le député de Saint-Jacques
veut s'identifier à un groupe, c'est son affaire à lui. Je n'ai
pas de directive à lui donner, mais je me suis bien gardé de ne
m'identifier à aucun groupe pour garder une ligne indépendante,
pour garder une liberté de manoeuvre et être capable d'utiliser
mon droit de vote et mon droit de parole en connaissance de cause, mais en
toute justice, à l'endroit de la classe agricole dans son ensemble.
M. Charron: D'accord.
Le Vice-Président: M. le leader parlementaire.
M. Charron: D'accord. Pour le député de Beauce-Sud,
c'est toujours ni oui ni non. Je respecte le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: M. le Président, je regrette. M. le
Président, question de privilège. Question de privilège,
M. le Président. Ce n'est pas une question de ni oui ni non dans le
projet de loi. J'ai dit au ministre je ne veux pas reprendre le
débat du 21 décembre : La partie du projet de loi qui vise
à corriger le vide créé par la Cour suprême, il n'y
a pas de discussion à ce sujet. Ce n'est pas une question de ni oui ni
non. J'ai dit: Oui, il faut que la loi soit adoptée. J'ai même
donné mon consentement pour que cette partie de la loi soit votée
avant Noël. Alors, qu'on ne vienne pas charrier. Quant à l'autre
partie du projet de loi, j'ai des choses à dire et je tiens à
dire à l'honorable leader du gouvernement et à cette Chambre que
ce ne sera pas ni oui ni non; je n'ai pas de patins dans les pieds ma position
sera claire et nette.
M. Charron: Bon!
Le Vice-Président: Bon! Un instant quand même! Je
n'ai pas envie que cela devienne un dialogue. Vous avez tout votre temps.
M. Bellemare: Je voudrais vous donner un point de vue qui est
tout à fait spécial.
Le Vice-Président: Non. Est-ce une question de
règlement ou de privilège?
M. Bellemare: C'est une question pour continuer le
privilège de l'honorable député. C'est une question qui
est purement démocratique, M. le Président. Dans les
circonstances, l'honorable député de Beauce-Sud a raison parce
que, en vertu des articles 48, 49 et 50, il s'agit...
Le Vice-Président: M. le leader parlementaire de l'Union
Nationale, avec tout le respect que je vous dois, je pense que M. le
député de Beauce-Sud peut se défendre lui-même.
M. le leader parlementaire du gouvernement.
M. Charron: M. le Président, je crois qu'il n'est pas
exagéré de dire que ceux qui s'opposent à ce projet de loi
actuellement, comme mon collègue de l'Agriculture l'a affirmé, ne
sont pas des figures inconnues pour tous ceux qui ont assumé la fonction
qu'il occupe actuellement dans le passé, pour ceux qui se sont
intéressés à ces questions plus que pour le plaisir de le
faire.
J'ai mentionné le nombre de fois que la Loi sur la mise en
marché des produits agricoles a été modifiée;
c'était tout à fait normal dans l'évolution d'une loi qui
a aujourd'hui 23 ans. Mais, c'est une chose qui n'a jamais été
acceptée dès le début, en particulier de ceux qui
bénéficiaient du système au départ, il faut bien
s'en apercevoir, ceux pour qui l'offre et la demande, la loi économique
naturelle comme on l'appelle, avait plutôt des avantages que des
inconvénients par rapport aux petits producteurs qui étaient
parfois balayés littéralement de la carte devant les plus gros.
Ceux-là ne l'ont jamais acceptée et chaque fois que
l'Assemblée nationale s'est appliquée à moderniser la Loi
sur la mise en marché des produits agricoles, ils étaient dans
les parages. Ils ont des moyens, à part cela, d'aller même
chercher d'honnêtes producteurs agricoles et de les convaincre à
l'occasion je les respecte, j'ai discuté avec eux à chaque
fois que je les rencontrais de certaines appréhensions qu'ils
pourraient avoir au sujet du projet de loi.
Il ne faut pas être surpris de voir sur les pancartes, tellement
ils découvrent leur jeu eux-mêmes, que non seulement ils
revendiquent le retrait du projet de loi no 116, autrement dit la mise à
terre des plans conjoints au Québec, mais ils le disent
eux-mêmes qu'ils revendiquent même l'abolition de la loi
créant le syndicalisme agricole, la Loi de l'Union des producteurs
agricoles qui a été votée ici. Ils n'acceptent rien de ce
qui s'appelle la protection des producteurs agricoles. Ils veulent la loi libre
où, morceau par morceau, terre par terre, ferme par ferme, ils vont
pouvoir s'approprier la majorité d'une production agricole et soumettre
tous les autres producteurs agricoles, où qu'ils soient dans le
Québec, à leur loi, à leurs règlements, à
leurs prix. Ils vont passer après qu'eux auront passé quelque
part.
M. le Président, dans ces circonstances, que, dans trois ou
quatre ans l'Assemblée nationale soit appelée à nouveau
à toucher à la Loi de la mise en marché des produits
agricoles pour l'adapter aux circonstances de l'époque, je vous assure
qu'ils seront à nouveau ici. Ils l'ont été au moment du
projet de loi no 12 qui était présenté par le Parti
libéral. Je m'en souviens, j'étais ici à
l'Assemblée à cette époque. Je dis que c'est leur droit le
plus ferme, leur droit le plus strict, mais c'est sûr que je ne
m'évertuerai pas à chaque fois à reprendre un débat
que l'Union Nationale a tranché en 1956, que les libéraux ont
appuyé en 1963, que l'Union Nationale a réappuyé en 1968,
que les libéraux ont modifié à nouveau en 1971 et 1974 et
que le Parti québécois met à jour en 1979. Je ne suis pas
surpris de cela. Je ne perdrai certainement pas mon temps et je n'inviterai non
plus per- sonne à perdre son temps à reprendre un débat
qui, pour nous, est déjà tranché. Les plans conjoints sont
faits pour exister. C'est le seul moyen d'assurer le développement
rationnel de cette partie de notre économie québécoise et
c'est le seul moyen de protéger l'agriculteur québécois de
la loi du loup dans la bergerie.
M. le Président, j'ai discuté avec des producteurs
agricoles d'ailleurs le député me demandait pourquoi
j'étais content. J'ai été visiter le comté de
Johnson au cours de la dernière semaine et j'ai eu le plaisir de
rencontrer des gens très affables qui sont les électeurs du
député. J'ai eu aussi l'occasion d'avoir une discussion
très civilisée, très courtoise et très
agréable avec plusieurs producteurs agricoles de ce coin. J'ai compris
un certain nombre d'interrogations qu'ils avaient, non pas parce que ces
citoyens étaient nécessairement loin de là
de mauvaise foi, mais je crois qu'ils avaient été, en bonne
partie, mal informés.
J'ai eu l'occasion de tomber sur un document signé par Mme
Gilberte Côté-Mercier, bien connue: "Québec tombé
aux mains des communistes", à l'encontre de la loi 116. Je ne dis pas
que tous ces producteurs se nourrissent de ce genre de feuille de chou, M. le
Président, mais je dis quand même que quand toutes les forces
reconnues comme étant les plus rétrogrades au Québec
continuent à les alimenter, c'est normal que dans la tête et dans
l'âme de certains de nos concitoyens qui vivent sur des terres du
Québec il y ait des questions auxquelles il faille répondre.
On nous dit, par exemple, que par ce projet de loi, en plus d'accepter
la décision de la Cour suprême, on se donne un pouvoir que nous
n'avions jamais eu auparavant, celui de contrôler la production. On dit
qu'on avance, c'est un peu le langage de cette feuille, jusque dans
l'intimité de la production agricole, de l'agencement de la vie d'un
citoyen qui a choisi cette activité économique pour gagner sa
vie. (16 heures)
M. le Président, est-ce la première fois que le
gouvernement du Québec mentionne qu'il autorise les offices de
producteurs à contrôler la production? L'article 67c de la Loi sur
la mise en marché des produits agricoles, avant même la loi 116,
dit ceci: "L'office de producteurs peut par règlement: contingenter la
production et la vente je dis bien contingenter la production et la
vente fixer le temps et le lieu de la mise en marché et prohiber
la mise en marché faite à l'encontre d'un règlement
adopté en vertu du présent paragraphe". Est-ce qu'on innove? Cet
amendement date de 1974, il existe toujours, il a toujours été
appliqué; c'est un amendement de 1974 du ministre Toupin, est-ce qu'il
doit être abrogé?
La Cour suprême nous a invités à le clarifier. Ce
qui concerne le marché interprovincial, cela relève du
fédéral et le jugement dit: Ce qui concerne le marché
intraprovincial et la production, c'est de juridiction provinciale. Ce que fait
l'article 3 du projet de loi no 116 en modifiant 67c,
ce n'est pas le changer, c'est le mettre à jour et affirmer cette
réalité. D'autre part, M. le Président, dans les lois que
le fédéral avait faites, qui viennent d'être
déclarées non valides, on réglementait aussi la production
agricole. Ce n'est pas nous qui l'inventons. La Loi sur l'organisation du
marché des produits agricoles, la loi de 1971, celle-là, du
gouvernement fédéral, à l'article 2 qui vient d'être
déclaré ultra vires, mentionnait bien que l'office au niveau
canadien avait droit de réglementer la production. En Ontario, M. le
Président, cet exemple qui fait toujours frémir les coeurs, The
Farm Products Marketing Act, comme s'appelle la loi équivalente à
notre Loi sur la mise en marché des produits agricoles, a aussi le
même règlement de production.
Je viens de mentionner la loi actuelle à l'article 67c. L'article
85 de la Loi sur la mise en marché des produits agricoles dit
très bien que, pour produire, un agriculteur doit obtenir de la
Régie des marchés agricoles un permis pour ce faire. Ce n'est pas
nouveau et tous les agriculteurs l'ont accepté. Autrement, n'importe qui
va s'improviser producteur de n'importe quoi et ceux qui ont mis leur
énergie, ont investi leur argent pour bâtir une exploitation
agricole rationnelle vont, demain, matin, être balayés de la carte
si on le fait. Tout le monde a souscrit à ce principe. Chaque fois que
l'Assemblée nationale a été appelée à voter
là-dessus, on a toujours dit oui unanimement. Ce que fait le projet de
loi, c'est reconnaître qu'on est rendu là. Ne nous contons pas de
peurs comme je le disais à un certain nombre d'agriculteurs. Quand on
dit: Contrôler la mise en marché, c'est correct, mais ne pas
contrôler la production, il ne faut pas tomber sur la tête non
plus. On ne peut pas inviter des citoyens à produire sur le plan
agricole indépendamment de ce qu'ils ont le droit de vendre par la mise
en marché. Quel est l'intérêt économique d'un
agriculteur dont le quota de lait, par exemple, est de 300 000 livres par
année d'en produire 400 000? Quel est l'intérêt
économique? Je sais que tout le monde a à l'esprit une chose, une
possibilité de marché noir. Ce n est pas une
réalité qu'on peut sortir des musées. Les producteurs
agricoles rencontrés dans le domaine des oeufs, en particulier,
évoquent l'existence connue de marchés noirs à certaines
occasions qui ont pour effet encore une fois, malgré tous les efforts du
plan conjoint, de galvauder les prix et de faire intervenir une concurrence
déloyale. Essentiellement, M. le Président, le contrôle de
la mise en marché a, et depuis longtemps, des effets jusque dans la
production.
Quand, par exemple, on a voulu au niveau fédéral
contrôler la mise en marché des oeufs, c'est le gouvernement
fédéral qui a envoyé des enquêteurs pour aller chez
les producteurs vérifier le nombre de poules. Quand on parle des poules
pour les oeufs, est-ce qu'on ne parle pas de production? M. le
Président, est-ce qu'il n'y a pas déjà des interventions
dans ce domaine qui se sont faites? Quand on dit fixer le temps et le lieu,
est-ce que ce n'est pas déjà connu que les quotas pour les
volailles, par exemple, se déterminent en fonction du nombre de pieds
carrés qu'un producteur agricole ou avicole possède à ce
moment-là? Est-ce que ce ne sont pas déjà des pratiques
établies? Plutôt que de crier au renversement de situation, tout
ce monde n'est-il pas déjà habitué de travailler dans ce
domaine?
Un producteur agricole de Saint-Nazaire d'Ac-ton me disait: Mais si moi
je veux produire 350 000 livres de lait, parce qu'avec les 50 000
supplémentaires au quota que j'ai, j'ai l'intention, par exemple, comme
c'est le cas, et c'est normal, de nourrir les veaux en vue d'une autre
production agricole? Cela s'obtient au moment du quota de production et du
quota de mise en marché. Tout le monde sait le mécanisme pour
obtenir ces quotas. Ils sont connus depuis des années également.
Ce n'est pas le gouvernement, ce ne sont pas les fonctionnaires du gouvernement
qui les décrètent, les quotas, et qui décrètent les
règlements de production. Ce sont les offices de producteurs
eux-mêmes qui les déterminent.
Avant d'entrer dans ce sujet, puisqu'on parle souvent du carcan dans
lequel la production agricole se trouvera enfermée demain, qui va
être un bon point et mon dernier point avant de conclure, je voudrais
dire, une fois de plus, que non seulement nous n'innovons pas au point de
renverser la vie économique de tous ces concitoyens, mais nous
précisons, à l'invitation de la Cour suprême du Canada, les
pouvoirs qui nous sont octroyés actuellement. On veut aussi, en
l'affirmant dans l'article 67c, tel que le dit l'article 3 du projet de loi,
effectivement, contingenter la production, c'est-à-dire éviter
des scènes aussi absurdes que celles qu'on a connues dans le
Québec où, par une production non contrôlée et du
fait que la mise en marché, elle, était
réglementée, on a dû littéralement détruire
des biens agricoles qui avaient été produits. L'enterrage des
oeufs par des bulldozers, ce sont des scènes que des gens ont connues
dans le Québec. Le marché noir, je l'évoquais
tantôt, ce sont des scènes que des gens connaissent aujourd'hui
dans le Québec. Des faillites aussi, pour ceux qu'on a laissé
investir leur argent pour ensuite apprendre que leur quota de mise en
marché est plus petit que le quota de production auquel ils se sont
livrés et dans lequel ils ont investi leur argent. Ce sont des choses
que les gens peuvent connaître aussi plus tard.
Quel intérêt avons-nous à laisser cette
possibilité théorique à n'importe qui de produire tant
d'acres ou tant de têtes, tant d'oeufs ou tant de bois par année
si, dans les faits, lorsqu'il se présentera pour obtenir son quota de
mise en marché, ils vont lui rester sur les bras? Quel
intérêt avons-nous à le laisser investir son argent, son
temps si, dans le fond, dans le plan conjoint dans lequel il vit, il sait
déjà que la mise en marché de son produit, et il
l'accepte déjà est réglementée et
contingentée?
Autre point aussi qui est important à souligner. On n'est pas
tout seul sur la planète. Le pays auquel on appartient encore est membre
d'accords internationaux aussi, à l'occasion, qui peuvent avoir des
effets plus que vivants chez nous.
Le Kennedy Round, par exemple, invite chacun des participants, ceux qui
signent, à eux-mêmes déterminer et à s'engager
à une production agricole maximum sur leur territoire, qui inclut
même le réseau d'exportations naturelles qu'ils ont, mais pas
au-delà de cela. Autrement, le "dumping" est permis; autrement, la
frontière du pays n'est plus imperméable. Ce que j'évoque
comme cas très précis, c'est que, par exemple, si on avait ici au
Québec une production désordonnée de volailles,
au-delà de ce que le plan national, qui donne déjà un
grand avantage au Québec, nous permet d'avoir, si nous
défoncions, et que c'était connu, cette norme de production ici,
il n'y a rien qui interdirait aux Américains de faire un "dumping" de
volailles chez nous. Et allez demander aux agriculteurs si c'est
intéressant pour une stabilité de revenu et si c'est
intéressant pour des prix à maintenir. On a une parole à
respecter aussi, dans des accords internationaux. Je ne pense pas que ce soit
dans l'intérêt de quiconque d'y manquer actuellement.
M. le Président, j'évoquais tantôt les
possibilités théoriques que peut avoir un producteur agricole de
produire à bon gré. Mais l'établissement du contrôle
de mise en marché est un fait déjà connu. Encore une fois,
le projet de loi no 116 ne nous fait pas tomber aux mains des communistes ou ne
nous amène pas dans une société interplanétaire. Il
ne fait que reconnaître ce que la majorité des producteurs
agricoles du Québec veulent, comme ils l'ont exprimé chaque fois
que nous avons reçu ces listes de télégrammes de gens de
tous les coins du Québec qui comprennent très bien que le plus
grand malheur pour le développement de l'économie
québécoise, ce serait la faillite des plans conjoints. Qu'ils
soient améliorés, les plans conjoints, j'ai eu l'occasion d'en
apprendre plus que d'en informer les citoyens, au cours de ces tournées.
Elles ont un très bon effet sur les hommes politiques qui se
promènent aussi. J'en demeure convaincu. Mais n'est-ce pas une
responsabilité des producteurs agricoles eux-mêmes? Je pense
qu'ils seraient les premiers à ne pas vouloir que les technocrates du
ministère de l'Agriculture, comme j'en ai entendu parler, ou encore
moins les députés citadins mêlés aux
députés ruraux, aient l'occasion d'intervenir dans ce domaine.
(16 h 10)
Ils le fixeront eux-mêmes, entre eux, puisque les offices de
producteurs, qui ont le pouvoir, en vertu de la loi, de faire des
règlements visant à la vie des plans conjoints, sont une
émanation des producteurs eux-mêmes. Il n'est pas question de
retirer aux producteurs agricoles du Québec ce droit de gérer
eux-mêmes, entre eux, les assemblées générales de
producteurs pour contrôler les offices; c'est prévu dans la loi,
cela doit demeurer, cela doit même s'améliorer, mais personne ne
veut retirer au citoyen qui a à contester...
On a annoncé un amendement qui va permettre à un
producteur, s'il se sent lésé, de faire appel à la
Régie des marchés agricoles pour avoir un appui dans sa
démarche, mais c'est entre eux que ces citoyens, qui ont fait la preuve
de leur dynanisme, de leur capacité d'invention et de leur
capacité de gestion de leur propre affaire, doivent continuer à
le faire. Quand on parle d'un carcan syndical dans lequel les producteurs vont
être enfermés, on présuppose toujours au départ
qu'on va tomber dans le plus grand obscurantisme qu'on puisse imaginer. Il y a
toujours des prophètes du cataclysme automatique, aussitôt qu'on
dit simplement, comme s'ils n'étaient pas assez grands pour s'organiser
entre eux, que cela va automatiquement arriver. Le ministre a fait part aux
membres de la commission parlementaire que, pour rassurer les gens sur cet
aspect, nous allons introduire, lors de l'étude article par article, des
amendements comme celui que je viens de mentionner et qui vont permettre aux
producteurs, s'ils se sentent lésés à l'intérieur
d'un règlement émanant d'un office de producteurs, de faire appel
à la régie.
C'est connu. Il ne faut pas faire semblant qu'on l'apprend; tous les
députés intéressés à la question ont eu ces
amendements avant même le 21 décembre dernier, quand on s'est
quitté. On va retirer du projet de loi le pouvoir de l'office d'acheter
directement ou de vendre les surplus. C'est annoncé. Le
député est au courant aussi que l'article 77 va également
être modifié afin de retirer c'est à la demande des
coopératives que le ministre l'a fait, lesquelles appuient maintenant le
projet de loi la possibilité pour l'office de producteurs
je cite le projet de loi même "d'imposer et de percevoir des
contributions" en vertu de l'article 77. Ce sont des modifications que des gens
de bonne volonté font connaître.
Si les députés de l'Opposition, plutôt que
d'épouser inconditionnellement n'importe quel épouvantail
à moineau, veulent travailler au projet de loi lors de l'étude
article par article, on améliorera le projet de loi également.
N'est-on pas d'accord, tous ensemble, pour dire que ce projet de loi
mérite à cause du risque que la loi actuelle du
fédéral, devenue désuète, laisse caducs un certain
nombre de plans conjoints qu'on travaille le plus rapidement possible
à son adoption? Je veux enlever pour une dernière fois si
possible cette inquiétude que des producteurs agricoles m'exprimaient de
se voir balayer de la carte littéralement par des règlements.
L'office de producteurs agricoles en vertu de la loi actuelle
cela, on ne le change pas, on n'a pas l'intention de le changer et je pense ne
pas parler à travers mon chapeau ni devancer les propos du ministre de
l'Agriculture en disant que ce n'est même pas notre intention à
moyen terme, parce que c'est capital dans l'organisation de la vie agricole du
Québec l'office de producteurs d'une denrée
particulière, en vertu des articles 67 et 68 du projet de loi, doit
voter un règlement. En vertu de l'article 71, il doit le soumettre
à la régie avant qu'il soit accepté. La régie,
elle, peut décider d'obliger, en vertu du même article 71,
l'office à convoquer une assemblée générale des
producteurs avant que le règlement ne soit appliqué ou elle peut
l'obliger, en vertu de l'article 70, à
procéder par entente sans qu'on ait beson de se rendre à
un règlement.
Toutes ces cautions, tous ces coussins pour respecter les producteurs
agricoles du Québec sont déjà dans le projet de loi, sont
maintenus dans le projet de loi. Tout ce qu'on veut faire, actuellement, c'est
d'épauler cette démarche qui est déjà connue par la
grande majorité des producteurs agricoles du Québec.
M. le Président, je veux conclure en disant que ce projet de loi,
à mon avis, est une pierre de plus dans l'édifice au service de
la classe agricole du Québec que le gouvernement du Parti
québécois a essayé de construire depuis le début de
son mandat. Il s'agit, non seulement de reconnaître une
réalité qui fait l'affaire de tous, sauf de ceux qui ont
été et qui seront les éternels mécontents de
l'existence des plans conjoints, mais également, s'ajoutant à la
loi de la protection des terres agricoles, s'ajoutant à un certain
nombre de mesures annoncées au cours du mandat du Parti
québécois, d'essayer de consolider non seulement le respect pour
cette catégorie de citoyens de chez nous, mais aussi l'importance
économique qu'ils occupent dans notre vie collective.
Je crois que nous sommes quand même devant un grand
phénomène dans ce projet de loi, et je le dis à
l'intention de ceux qui se préparent à intervenir peut-être
à l'encontre... Je n'en ai pas vu souvent on me dira s'il y en a
eu souvent des projets de loi qui ont regroupé, dans l'appui au
projet de loi, le syndicalisme agricole et les coopératives. C'est
pourtant le cas du projet de loi 116 actuellement. Ils ne se sont pas toujours
épousés, mais nous avons ici un texte que je pourrais citer, mais
je sens, seulement à entendre le député se gourmer, qu'il
a déjà connu ce texte et que nous sommes devant une
réalité importante.
Maintenant, il y a des inquiétudes qui vont toujours rester. Je
peux bien lire le texte, parce que c'est important. Dans le "Coopérateur
agricole", numéro de janvier, je crois, on dit: "Dans tous ses contacts
avec l'Etat, la Coopérative fédérée affirmait et
réaffirmait qu'elle n'avait jamais, ni de près, ni de loin,
adhéré ou donné son appui au mouvement d'un groupe de
producteurs dissidents." Je pense qu'il est important de reconnaître que
non seulement l'Union des producteurs agricoles, d'emblée, depuis
décembre, réclame l'adoption de ce projet de loi pour
éviter la chute des plans conjoints, mais que d'autres viennent de se
joindre à elle et qu'ils représentent, je pense, ensemble
on l'admettra au moins la très grande majorité des
producteurs agricoles du Québec.
Je laisse un message quand même, M. le Président
parce que plusieurs ministres ont eu la même leçon au cours de la
dernière semaine de tournée à l'Union des
producteurs agricoles du Québec: Expliquer, réexpliquer son
fonctionnement, rejoindre, prendre le temps de redire à chacun de ses
membres, de ses producteurs agricoles la portée non seulement du projet
de loi, mais d'un règlement émanant d'un office de producteurs,
le régime des quotas, les coupures, aussi, que certains connaissent sur
leur quota d'année en année, expliquer pourquoi cela arrive et
comment, dans le fond, puisque nous le croyons tous, c'est dans
l'intérêt de tous que cela continue à fonctionner ainsi
puisque le contraire serait pire mettons cela comme tel parce que
l'absence de pareils organismes aurait comme le dit le jugement de la Cour
suprême et j'emploie son mot, l'absence aurait des effets
catastrophiques.
Au fond, si l'UPA accepte cette responsabilité et je crois
qu'elle doit l'assumer mieux qu'elle ne le fait actuellement... Je le dis en
tout respect pour ceux qui y travaillent, mais j'ai senti quand même
ce sont des citoyens du Québec qui se sont exprimés
que ce n'est pas contre le projet de loi 116 qu'ils en avaient tellement, mais
que le degré d'explications qu'ils devaient en recevoir ne paraissait
pas suffisant.
Malgré le remous qu'il peut créer et qu'il créera
au cours des prochaines heures de débat de cette Assemblée
le député de Lévis et ministre de l'Agriculture me
permettra de le dire ce n'est quand même pas un projet de loi historique.
Il s'agit d'accepter une juridiction qui vient d'être reconnue au
Québec et de l'accepter de bon gré. Je pense que,
là-dessus, l'unanimité de l'Assemblée est
déjà assurée. D'autre part, il s'agit de mettre à
jour, sans bouleverser. Je me suis efforcé de démontrer tout ce
qui est régularisé déjà; si cela n'existe pas
déjà dans la loi puisqu'il faut bien aller voir dans la
loi ce qu'elle dit déjà cela existe au moins dans les
faits. Il s'agit de conditions de vie qu'une grande majorité de ceux qui
sont dans le syndicalisme agricole ou dans les coopératives connaissent
déjà, acceptent déjà. L'Assemblée n'a pas
à se laisser bousculer par ces gens; c'est leur liberté, et je
comprends très bien pourquoi. Auparavant, je vais reprendre mon
expression de tantôt, c'était la liberté du loup dans la
bergerie; ils étaient probablement plus à l'aise qu'avant de
devoir se soumettre à un front commun de producteurs agricoles pour
négocier les prix. (16 h 20)
C'est évident que c'est plus dur pour les gens qui
achètent ces produits agricoles aux fins de les transformer.
C'était plus agréable de les prendre bouchée par
bouchée, pièce par pièce, mais cette étape est
révolue. Elle est révolue depuis vingt-trois ans au Québec
et ceux qui sollicitent de ce gouvernement de revenir en arrière
frappent sans aucun doute à la mauvaise porte.
M. le Président, c'est un drôle de projet de loi parce que,
s'il est adopté, dans un certain sens, il n'arrive rien. Les plans
conjoints continuent à être validés. Ils continuent
à exister légalement. Les contributions qui sont perçues
sont légales. On régularise. On prend à notre compte ce
que le fédéral avait déjà accepté. Donc, il
n'arrive rien de ce côté. Quant au contrôle de la production
et de la mise en marché, nous ne faisons qu'adapter une loi à la
réalité de 1979. C'est un drôle de projet de loi parce que,
s'il est adopté, il n'arrive à peu
près rien, sauf une poursuite un peu plus éclairée
d'une loi qui, je pense, chaque fois qu'elle a été soumise
à l'Assemblée, a reçu l'assentiment unanime de tous. Si
elle n'est pas adoptée, c'est la catastrophe, comme le dit le jugement
de la Cour suprême à je ne sais plus quelle page. Il dit
là-dedans que, si vraiment cela devait arriver, tout peut s'effondrer.
J'espère que l'unanimité de l'Assemblée existera pour
éviter la catastrophe. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président: M. le député de
Maskinongé.
M. Yvon Picotte
M. Picotte: M. le Président, je pense que nous sommes
heureux au Québec d'avoir depuis au moins trois ans, puisque je peux
faire un retour en arrière, de bons agriculteurs de salon au niveau du
salon de la race. Il y a déjà trois ans, j'ai vécu
moi-même comme député de l'Opposition,
d'arrière-ban, comme député aussi au pouvoir,
d'arrière-ban, une rétrospective de l'agriculture faite par le
ministre de l'Education actuel, M. Jacques-Yvan Morin, qui défendait les
agriculteurs au Québec. Je viens d'entendre, M. le Président,
comme vous d'ailleurs, le ministre délégué au
Haut-Commissariat à la jeunesse, aux loisirs et aux sports
défendre les agriculteurs au Québec. Je sais qu'il a
visité dernièrement, dans le blitz que le gouvernement faisait,
le comté de Saint-Maurice dans la belle Mauricie. Mais je peux vous dire
qu'il n'a pas rencontré beaucoup d'agriculteurs. Je peux vous dire que
l'expérience du ministre délégué au
Haut-Commissariat à la jeunesse, aux loisirs et aux sports, le leader du
gouvernement, au niveau de l'agriculture est non seulement très mince,
mais presque inexistante.
On peut se rendre compte, nous de l'Opposition officielle, le Parti
libéral, que, lors de la dernière session qui se poursuit
présentement, c'est-à-dire les 20 et 21 décembre derniers,
le gouvernement actuel, contrairement à ce qu'il avait
prôné lorsqu'il était dans l'Opposition, a apporté
une multitude de lois ici même en cette Chambre pour les faire adopter
par le Parlement. A l'intérieur de ces lois, il y avait la loi 116.
Je suis heureux d'avoir eu l'occasion, comme membre de l'Opposition
officielle, de retarder l'adoption de la loi 116, afin de consulter les
agriculteurs de chacun de nos comtés. Lors de cette consultation
d'ailleurs, je dois vous dire que le chef du Parti libéral a fait une
consultation... Il y a présentement des agriculteurs dissidents devant
le parlement. C'est bien sûr que ce n'est pas la majorité qui est
dissidente. C'est bien certain que, quand on légifère, on doit le
faire à l'intérieur d'un cadre donné et non pas le faire
pour des dissidents. Mais je pense qu'il est important, comme membres de
l'Assemblée nationale qui siègent ici, que nous soyons à
l'écoute de ces agriculteurs et que nous tentions au moins de
répondre à leurs questions. Peu importe ce qui se passe, peu
importe la validité de leur contestation, peu importe qu'ils aient
raison ou non, ce qui est important, c'est qu'il y ait au moins un
représentant du ministère de l'Agriculture. Or, c'est le ministre
de l'Agriculture qui doit leur répondre. Ce n'est pas l'Opposition qui
doit répondre aux questions des dissidents qui se trouvent devant le
parlement. C'est sûr que ce n'est pas drôle d'avoir des dissidents,
mais je pense que des points doivent être respectés et c'est le
ministre de l'Agriculture qui doit répondre à leurs questions.
Malheureusement, M. le Président, cet après-midi, le ministre de
l'Agriculture n'est pas ici. Il est allé inaugurer une certaine...
Une Voix: Une fromagerie.
M. Picotte:... formagerie, entre autres, dans le comté de
Saint-Hyacinthe. Ecoutez! C'est facile d'invoquer l'histoire des agendas. Je
peux vous dire que le 28 avril, par exemple, je serai à tel endroit; le
4 mars, je serai à un autre endroit dans mon comté. C'est facile
de dire cela. Pourquoi le ministre de l'Agriculture n'est-il pas ici
présent cet après-midi pour répondre aux dissidents qui
sont devant le parlement, leur donner une réponse? On discute de ce
projet de loi 116 depuis avant l'ajournement des Fêtes. Le
député de Laval, entre autres, en a mentionné certains
points. Il y a au moins quatre articles dans le projet de loi 116, qui comporte
sept articles, qui sont de droit nouveau. Nous avons demandé, comme
Opposition, autant l'Union Nationale, le PNP que le Parti libéral, qu'il
y ait au moins une consultation. Il y en a qui ont demandé une
commission parlementaire. Elle a été refusée. Je vais
aller jusqu'à demander un référendum parmi les
agriculteurs. Ce n'est pas bien compliqué. L'UPA défend les
agriculteurs et elle dit au gouvernement que tous les agriculteurs sont
d'accord sur le projet de loi 116. Je pense qu'elle ne devrait pas être
contre un référendum concernant la loi 116. (16 h 30)
J'ai rencontré personnellement je dois le dire des
dissidents, autant de mon comté que des comtés environnants, qui
m'ont dit: M. Picotte, on n'a pas d'objection au projet de loi no 116; si le
gouvernement veut décréter un référendum, on est
prêts, nous les dissidents, à l'assumer et on est prêts
à en discuter avec tous les agriculteurs du Québec. Donc, c'est
facile. L'UPA dit qu'elle est majoritaire avec ses membres, les dissidents
n'ont pas peur d'un référendum et le ministre de l'Agriculture ne
veut pas donner un référendum. C'est quoi, cela veut dire quoi,
M. le Président?
Je vais aller plus loin que cela. Je ne l'accuse pas, M. le
Président, mais quand même. Je ne sais pas si vous vous souvenez,
cela fait déjà un an que la Cour suprême du Canada a
décrété qu'il fallait légiférer du
côté du projet de loi no 116, surtout l'article 7. Ne parlons pas
des autres articles parce qu'on a déjà demandé de scinder
le projet de loi et il m'a l'air que ce n'est pas possible. On a demandé
de scinder le projet de loi, M. le Président; la Cour suprême a
dit qu'on devrait légiférer de telle façon. Cela fait un
an, exactement, et le mi-
nistre de l'Agriculture n'a pas daigné répondre aux voeux
de la Cour suprême. Pourquoi, M. le Président? Est-ce que le
ministre attendait de passer son projet de loi no 90 en même temps que le
projet de loi no 116? Est-ce que l'UPA et là, je ne les accuse
pas, loin de là a été dupe du ministre de
l'Agriculture actuel parce que l'UPA n'est pas coupable qui, lui,
a lésiné pendant neuf mois, dix mois avant d'amener cette
correction que la Cour suprême lui demandait? Est-ce cela, M. le
Président, et est-ce qu'on doit blâmer l'UPA? Loin de
là.
M. Caron: M. le Président, je m'excuse à l'endroit
de mon collègue de Maskinongé.
Le Vice-Président: M. le député de
Verdun.
M. Caron: Cela est une loi importante et urgente; on est ici
à cette date, au mois de février, et on n'a même pas
quorum; il n'y a quasiment pas de membres, il y a plus de membres de
l'Opposition. Je pense que c'est désagréable à voir et
j'espère que le whip ministériel court après ses
députés et les ministres en plus, le leader du
gouvernement...
Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît! A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. le député de Verdun, vous avez le droit d'invoquer le
défaut de quorum mais vous ne pouvez pas faire un débat. Je
constate qu'il y a quorum. Je constate maintenant qu'il y a quorum.
M. Caron: Vous êtes assis, bon. Merci, M. le
Président. Je voudrais, pour les gens qui regardent la
télévision, dire qu'au moment où je l'ai demandé il
n'y avait pas quorum. Je pense que c'est normal.
Le Vice-Président: Bon, d'accord. On va finir cela
très brièvement. Au moment où vous l'avez demandé,
je n'ai pas constaté officiellement qu'il n'y avait pas quorum,
c'était votre droit. Au moment où je l'ai constaté,
à ce moment-là, il y avait quorum.
M. le député de Maskinongé.
M. Picotte: Merci, M. le Président. Je disais qu'au moment
même où je vous parle et je parle de ce qui s'est
passé la semaine dernière dans le comté de
Maskinongé entre autres, et dans plusieurs comtés l'UPA se
promène et convoque les agriculteurs, ses propres membres, à des
réunions pour essayer non seulement de discuter mais de leur vendre le
projet de loi no 90.
Donc, M. le Président, la loi 90, moi pour un et pour
l'Opposition officielle, elle a été votée, adoptée,
les agriculteurs sont poignés avec et ils doivent vivre avec. Pourquoi
l'UPA présentement se promène-t-elle dans les comtés pour
vendre la loi 90 alors qu'on doit étudier présentement, au moment
où je vous parle, la loi 116? Pourquoi?
Le Vice-Président: C'est pour cela que je vous demanderais
de revenir à la loi 116.
M. Picotte: C'est cela, M. le Président. Je commence
à me demander, M. le Président et vous allez comprendre
parce que vous êtes intelligent, du moins j'ai l'impression, en vous
regardant, que vous l'êtes j'ai l'impression qu'avec la loi 116,
il y a eu une certaine connivence, sans vouloir accuser personne.
M. Garon: Question de privilège, M. le
Président.
Le Vice-Président: Un instant, question de
privilège.
M. le ministre de l'Agriculture.
M. Garon: Avant les Fêtes, les députés de
l'Opposition disaient que si l'UPA appuyait le projet de loi, c'est parce qu'il
y avait eu une entente pour nommer les dirigeants sur la commission. On a
constaté qu'il n'y en a pas de dirigeants. Aujourd'hui, on fait encore
des accusations mensongères.
Le Vice-Président: Un instant. A l'ordre! Un instant. A
l'ordre, s'il vous plaît. S'il vous plaît! Nous ne sommes pas dans
le fumoir. Il faut répondre d'abord au député de Laval.
J'ai donné la parole à M. le ministre de l'Agriculture parce
qu'il a invoqué une question de privilège. Ah oui, je l'ai
entendu, je m'excuse! Seulement, dès que j'ai constaté que cela
n'en était pas une, je l'ai interrompu. S'il vous plaît! M. le
ministre. M. le ministre aura le droit de réplique, par
conséquent, il peut attendre ce moment qui lui est reconnu par nos
règlements. M. le député de Maskinongé a droit
à ses 20 minutes.
M. Picotte: C'est pour cela, d'ailleurs, M. le Président,
que j'ai mentionné tantôt que vous me sembliez intelligent. Je
n'en doute pas. Je vous ai dit ceci: J'ai l'impression, drôlement
l'impression qu'il y a eu certaines ententes entre l'UPA, le ministère
de l'Agriculture, loi 90, loi 116, cela va passer, cela ne passera pas, ce
n'est pas sûr, c'est bon pour les agriculteurs, ce n'est pas bon, chose
certaine c'est que l'UPA, dans mon comté comme dans les comtés de
l'Opposition et dans d'autres comtés, les gens qui sont en face de moi
discutent la loi 90 au moment où elle est adoptée et tout le
monde doit vivre avec. C'est cela, M. le Président.
M. Garon: Voulez-vous que je vous dise pourquoi?
Le Vice-Président: M. le ministre, vous le direz au moment
de la réplique. M. le député de Maskinongé.
M. Picotte: M. le Président...
Le Vice-Président: M. le député de Roberval!
M. le député de Maskinongé.
M. Picotte:... je pense qu'il serait impérieux et je vous
le mentionne, j'ai rencontré les gens de
l'UPA dans le comté de Maskinongé, dans la Mau-ricie, j'ai
rencontré des gens de l'UPA en dehors de la Mauricie et je dois vous
dire qu'il n'y a pas beaucoup de gens qui comprennent grand chose à la
loi 116. Nous sommes d'accord, comme nous l'avons déjà
mentionné, nous de l'Opposition officielle, que la loi 116 doit
être ratifiée au niveau et nous avons demandé cela au
ministre, on l'a demandé au ministre: Scindez votre projet de loi,
l'article 7 on va l'adopter tout de suite. Si vous voulez adopter simplement
l'article 7 et laisser tomber les autres articles, M. le ministre, la session
est finie dans trois minutes. Sans consulter mon parti, je suis certain que
cela va être vrai. Vrai ou pas vrai? (16 h 40)
Des Voix: D'accord.
Des Voix: Pas d'accord.
M. Picotte: L'article 7, pourquoi les autres articles? Est-ce que
vous êtes capable, comme ministre de l'Agriculture, est-ce que l'UPA,
l'Union des producteurs agricoles, est capable de dire à ses membres
pourquoi les autres articles du projet de loi no 116? Si tout le monde est
capable de répondre à cela, si tout le monde est capable de dire
que cela va quand même avantager les producteurs agricoles au
Québec, à ce moment, il n'y a aucun problème, M. le
Président. On va donner la loi du ministre, aucune difficulté.
Mais je pense que ce n'est pas cela. Ce n'est pas pour rien que le ministre
était en retard, cet après-midi. Il y avait des dissidents en
avant, il n'était pas présent pour leur répondre. C'est
une question d'agenda, c'est évident, M. le Président. Moi aussi,
mon agenda, je peux le changer quand je veux, où je veux, il n'y a aucun
problème. Le ministre était mieux de ne pas être ici
à ce moment, il était mieux de ne pas répondre
présentement. Le gars qui est en avant, c'est un agriculteur.
Une Voix: Ils sont partis.
M. Picotte: Qu'il soit dissident ou pas dissident, qu'il soit
parti ou pas parti, qu'il soit là ou pas là, peu importe, c'est
un dissident et il a besoin d'explication. Celui qui peut donner des
explications, c'est le ministre de l'Agriculture, c'est le gouvernement du
Québec.
Une Voix: Avez-vous pris un coup avec eux?
M. Picotte: M. le Président, je dois vous dire que,
malgré la lenteur du ministre à apporter cette loi, parce que, de
janvier 1978 à février 1979, c'est un an, j'imagine, on doit
quand même reconnaître qu'à cause du jugement de la Cour
suprême, nous devons quand même être favorables à
cette loi, du moins pour l'article 7. Comme on doit penser que le ministre est
de bonne foi. qu'il nous a dit qu'il ne pouvait pas scinder le projet de loi et
que ses juristes lui avaient dit que ce n'était pas possible justement
d'enlever, j'aimerais en terminant faire une motion.
Motion de report à un mois
Je pense que cette motion est bien importante, et je pense bien
qu'à ce moment, ni l'UPA, ni les dissidents, ni le gouvernement, ni
l'Opposition ne seront contre. J'aimerais faire une motion, M. le
Président, au report d'un mois, cela veut dire report de la
deuxième lecture à un mois, pour tenir une commission
parlementaire afin d'entendre les parties et tous les gens impliqués
pour tâcher d'étudier ce projet de loi no 116. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président: Un instant! M. le député
de Maskinongé, votre motion quant à sa première partie,
est certainement recevable. Oui, allez.
M. Lavoie: On voulait applaudir l'intervention de notre
député.
Le Vice-Président: D'accord.
La motion, quant à sa première partie de report à
un mois, est certainement recevable en deuxième lecture, M. le
député de Laval le sait et tous les autres députés
de l'Assemblée. Quant à l'autre partie, qu'il y ait commission
parlementaire, cela doit faire l'objet d'une autre motion, parce qu'il ne peut
y en avoir qu'une à la fois. C'est la motion de report à un
mois.
M. Lamontagne: M. le Président.
Le Vice-Président: Oui, M. le député de
Roberval.
M. Lamontagne: M. le Président, en fait, je me
lève...
Le Vice-Président: Sur la motion.
M. Lamontagne: ... sur la motion, brièvement, pour appuyer
cette motion de mon collègue le député de
Maskinongé...
M. Bellemare: M. le Président, je veux bien au moins qu'on
respecte l'ordre qu'on avait établi entre nous comme gentlemen. On avait
dit que, quand le gouvernement aurait parlé, le Parti libéral ou
l'Opposition officielle parlerait et que nous, nous aurions cette
préférence de suivre un certain ordre que nous nous étions
tracé comme gentlemen. Maintenant, si cela ne vaut plus rien,
écoutez on est prêt à l'accepter, mais je pense que...
Le Vice-Président: Non, M. le leader de l'Union Nationale,
vous connaissez déjà depuis très longtemps l'article 92 du
règlement actuel. Si j'avais vu quelqu'un de l'Union Nationale se lever
je ne l'ai pas vu, je m'excuse et m'interpeler par le titre
prévu dans cet article, je l'aurais fait. Je demanderais justement qu'il
y ait un accord de gentilhomme entre les partis.
M. Lamontagne: Je ne parlerai que quelques minutes, M. le
Président. En fait, personne ne s'est
levé. J'ai même regardé de leur côté
à deux reprises. J'aurais déjà terminé, vous
savez.
Le Vice-Président: D'accord. C'est M. le
député de Brome-Missisquoi qui a demandé la parole. Je
vais vous reconnaître immédiatement après qu'aura
terminé il faut quand même qu'il y ait un peu d'ordre
M. le député de Roberval.
M. Robert Lamontagne
M. Lamontagne: Depuis le 21 décembre dernier, nous savons
que ce projet de loi suscite un grand intérêt au Québec. Le
leader du gouvernement nous disait tout à l'heure qu'il reconnaissait
maintenant qu'il est bon que ce projet de loi n'ait pas été
adopté le 21 décembre dernier. Il faudrait presque repasser nos
images télévisées, surtout celles du leader du
gouvernement pour voir comme il était choqué, pour le moins
pour employer un terme modéré que
l'Assemblée nationale n'adopte pas à la vapeur le projet de loi
no 116.
Comme le député de Maskinongé vient de le dire, la
période des Fêtes passée, tous nos collègues de
l'Assemblée nationale ont essayé de consulter, dans le meilleur
temps possible, les producteurs de leur comté respectif. Comme l'a aussi
souligné le député de Maskinongé, l'UPA, au niveau
provincial, était évidemment fort préoccupée par le
projet de loi no 90. Le leader du gouvernement lui-même a dit tout
à l'heure qu'il croyait que l'UPA n'avait pas donné toute
l'information nécessaire concernant le projet de loi no 116. Ce n'est
pas moi qui le dis, c'est le leader du gouvernement tout à l'heure. Au
moment où nous nous parlons, le leader du gouvernement est donc d'accord
et conscient que la population du Québec, et en particulier les
producteurs agricoles... Je pourrais vous parler, je vous parlerai sans doute,
lors d'une autre intervention en deuxième lecture, des consommateurs. Il
va falloir que quelqu'un en parle. Lorsqu'on parle de plans conjoints, il faut
parler des résultats sur les consommateurs.
Tout cela pour dire que dans le comté de Roberval, il y a des
producteurs agricoles. Bien sûr et je pense de mon devoir de le
dire j'ai reçu des télégrammes d'appui de l'UPA, de
la Fédération de l'UPA du Saguenay-Lac-Saint-Jean, du Syndicat
des producteurs d'oeufs de consommation du Sagunay-Lac-Saint-Jean, du Syndicat
des producteurs de lait industriel du Saguenay-Lac-Saint-Jean, etc. Il est
clair que les présidents d'organismes dans nos régions
respectives sont plus aptes, de par leur fonction, et mieux placés que
les producteurs et les individus eux-mêmes pour connaître un projet
de loi. Ce n'est qu'au cours des derniers jours j'en prends à
témoin à peu près tous nos collègues que les
producteurs eux-mêmes ont commencé à être
véritablement sensibilisés au projet de loi 116. Je ne sais pas
combien de personnes il y avait à l'extérieur au cours de
l'après-midi, mais lorsqu'il y a une dissidence aussi importante, venant
d'un groupe aussi important, je pense que le rôle du député
est d'abord d'être attentif.
Comme l'honorable député de Maskinongé l'a dit tout
à l'heure, qu'ils aient tort ou raison, ils se sont tous
déplacés pour venir à Québec. Ils
représentent l'élite de la classe agricole du Québec. Ils
sont chez nous, à Québec, actuellement, tentant de se faire
entendre par le gouvernement actuel. Qu'est-ce qu'on fait? On dit: Vous autres,
allez chez le diable, nous adoptons cette loi-là! Qu'on fasse quelque
chose qui est dans la pure tradition parlementaire, ce que le Parti
québécois a toujours réclamé, a toujours dit qu'il
ferait: Lorsque des gens désireront se faire entendre, nous les
entendrons. S'il y en a un, en cette Chambre, qui a fait des interventions
remplies d'une émotion extraordinaire, pour dire comme il serait utile
et nécessaire que le gouvernement entende les parties, c'est bien le
leader du gouvernement. Là, 3000 personnes, au moins, viennent
réclamer de se faire entendre devant une commission parlementaire. On
pourrait je le ferai plus tard leur parler du
référendum qui pourrait être discuté à
l'occasion de cette commission parlementaire. (16 h 50)
Lorsque mon collègue de Maskinongé demande un délai
d'un mois... C'est la reprise des travaux de l'Assemblée nationale au
mois de mars. Nous pourrions suspendre nos travaux pour un mois et le leader du
gouvernement pourrait convoquer, demain si nécessaire, cette commission
parlementaire.
J'ai devant moi, comme sans aucun doute plusieurs d'entre vous, la
lettre adressée par le groupe des dissidents. Je voudrais bien avoir des
réponses à tout ce qu'il y a là. J'ai devant moi la lettre
qui m'a été remise par un groupe de dissidents du comté de
Roberval. Bien sûr, j'en ai une foule d'autres qui appuient la position
de l'UPA et qui appuient la position du projet de loi 116, mais est-ce que,
parce qu'une grande majorité, sans aucun doute en nombre, et je ne
dirais pas en production, appuient, la position actuelle, est-ce qu'à
ceux qui, jusqu'à maintenant, se sont occupés à la fois de
la production et de la mise en marché, on va dire: Ecoutez. Vous ne
représentez pas la majorité, donc vous ne méritez pas
d'être entendus? J'espère qu'on n'en est pas rendu là au
Québec. C'est un devoir de député de réclamer,
comme première intervention sur ce projet de loi 116, comme l'honorable
député de Maskinongé l'a fait, le droit à la
dissidence d'abord de ceux qui sont dissidents et le droit d'être
entendus. Le ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre, qui est assis à
côté du leader du gouvernement, à plusieurs reprises au
cours de la dernière session, c'est-à-dire de la session en
cours, a accepté de rencontrer des gens qui, dans son esprit, au
départ, pouvaient être des dissidents. Je pense que c'est
fondamental dans l'étude du projet de loi 116 et je reprends, en
terminant, les deux arguments que le leader du gouvernement a appuyés
lui-même.
Premièrement, il est maintenant heureux que le projet de loi 116
n'ait pas été adopté le 21 décembre dernier.
Deuxièmement, le leader du gou-
vernement constate et dit à l'UPA... Il a constaté, par
son "blitz" organisé par Communication-Québec en collaboration
avec le Parti québécois on en reparlera à un autre
moment que l'UPA n'a pas assez donné d'information sur le projet
de loi 116.
Si on est pour adopter ce projet de loi alors que le leader du
gouvernement prétend que les gens n'ont pas assez d'information,
comment... Je vous prends à titre d'intermédiaire, Mme la
Vice-Présidente vous devez avoir de l'influence là-dedans
pour essayer de convaincre le gouvernement, non pas de changer
d'idée on n'est pas à ce stade de changer d'idée
mais de permettre à ce groupe fort important de venir nous
expliquer, à nous les parlementaires, le sens de leurs
représentations contenues dans cette lettre. Le ministre a parlé
en deuxième lecture. Nous aimerions l'entendre, non pas crier d'un bout
à l'autre de la Chambre, mais répondre devant nous aux
dissidents: Voici la lettre aux dissidents. Voici, comme ministre de
l'Agriculture, ce que je leur réponds.
Il y a moyen de faire cela rapidement. Je pense que d'autres pourront
appuyer cela. Nous sommes seulement mardi. Les dissidents sont là. Cela
pourrait même s'organiser ce soir, demain matin, mais je supplie le
leader du gouvernement de revoir les nombreuses fois où il a
réclamé et obtenu des convocations rapides comme celle-là.
Lorsque des gens se sont déplacés, sont devant nous et qu'on
refuse d'ouvrir notre porte, il y a lieu de se poser des questions.
Donc, je demande, en appuyant le député de
Maskinongé, au leader du gouvernement, compte tenu de ses propres
arguments, de suspendre pour un temps l'étude de ce projet de loi 116 et
d'entendre les dissidents en commission parlementaire.
Mme le Vice-Président: Sur la motion d'amendement, M. le
député de Brome-Missisquoi.
M. Armand Russell
M. Russell: Je voudrais dire d'une façon très
brève que nous sommes d'accord sur la motion du député de
Maskinongé pour reporter à un mois cette étude du projet
de loi en deuxième lecture.
Les raisons sont très simples. Je pense que cela a
été invoqué par le leader parlementaire. J'ai
constaté cet après-midi qu'il avait une humeur beaucoup moins
massacrante que celle qu'il avait le 21 et je pourrais aujourd'hui je
peux avec beaucoup de fierté féliciter le chef de l'Union
Nationale et mes collègues ainsi que le député de
Beauce-Sud de ne pas d'être laissé imposer le rouleau compresseur
qu'on voulait imposer le 21.
Une Voix: Très bien.
M. Russell: Dans le système parlementaire que je connais,
Mme la Présidente, pour autant que je sache, nous avons à
représenter ces majorités silencieuses qui ne peuvent se faire
entendre. C'est notre rôle et notre responsabilité et ce
rôle, j'ai l'intention de le jouer dans sa pleine mesure.
Je ne vois pas que le ministre ait même le droit, le
privilège, qu'il s'est offert dans les derniers jours c'est ce
que j'ai entendu, j'espère que cela a été mal
rapporté de dire que ce sont des quantités
négligeables. Pour ces raisons, je pense qu'il y a quelque chose qui
circule dans les comtés...
M. Garon: Question de privilège, M. le
Président.
M. Russell: ... de la province qui n'est pas bon.
Mme le Vice-Président: Sur une question de
privilège, M. le ministre.
M. Garon: Je n'ai jamais dit que c'étaient des
quantités négligeables, Mme le Président. Ce que j'ai
simplement dit, c'est que j'avais entendu des dissidents pendant un an et demi
de temps au ministère et tous ces gens, que j'ai rencontrés
pendant un an et demi sont contre toute forme d'organisation syndicale.
M. Russell: Mme le Président, j'ai bien dit... Une Voix:
Catimini!
Mme le Vice-Président: M. le ministre, ce que vous appelez
une question de privilège prend l'allure d'une intervention. Je vous
ferai remarquer que vous disposez vous aussi de dix minutes pour parler sur
cette motion d'amendement. C'est M. le député de Brome-Missisquoi
qui a la parole maintenant.
M. Russell: Je veux dire au ministre qu'il a dix minutes. Il a
son droit de réplique. Il aura le privilège de revenir et si on
dit des faussetés, de les relever; c'est son devoir de le faire. Mais
dans le moment, je parle au nom de ceux qui sont des dissidents. Je dis qu'ils
ont le droit de se faire entendre et c'est à nous de l'Opposition de les
représenter ici en Chambre. J'ai l'intention de le faire avec toutes les
capacités que je possède. Quand on laisse croire, comme l'a dit
le leader parlementaire cet après-midi c'est cela qui me
chatouille un peu que ce sont des gros, que ce sont des gens
intéressés, des acheteurs qui manipulent les petits, je dis que
c'est une fausseté à la face même de la population et des
cultivateurs du Québec. Je connais chez nous des gens de l'UPA; je
connais surtout des coopérateurs qui s'opposent férocement
à la loi 116 dans sa forme actuelle. J'ai même des
télégrammes ici dont l'un est signé par Michel Lemire,
président de la coopérative de... Pardon?
Mme le Vice-Président: A l'ordre, M. le
député! Sur la motion d'amendement...
M. Russell: Oui, je sais. C'est simplement par accident pour vous
démontrer l'importance de
retarder à un mois pour donner une chance au leader parlementaire
du gouvernement de retourner dans le comté de Johnson, de s'asseoir avec
les gens et les écouter...
Une Voix: Du vrai monde.
M. Russell: D'aller dans d'autres comtés ruraux aussi, non
pas simplement dans le comté de Saint-Jacques, pas simplement entendre
la voix des membres dirigeants de l'UPA. Je ne leur en veux pas. C'est leur
privilège, peut-être leur droit, de faire ce qu'ils ont fait.
Mme le Président, il y a des choses qui ont été
drôlement surprenantes. J'ai moi aussi circulé dans mon
comté parce que je représente un comté rural. J'ai
rencontré des membres de ma famille. J'ai rencontré des amis qui
sont des cultivateurs membres de l'UPA depuis nombre d'années. Je leur
ai expliqué les pouvoirs qu'avait l'UPA avec la loi existante qui
est bien dans nos statuts, au chapitre 36 je leur ai lu cela et ils sont
restés tout surpris. L'UPA oublie souvent d'informer correctement ses
membres. Je ne dis pas qu'elle le fait malhonnêtement. Mais je pense
qu'à ce moment-ci, lorsque tout le système est mis en cause on
est en train de soulever à travers la province des cris qui viennent de
tous bords, tous côtés, et un mécontentement qui va
peut-être nuire énormément à l'économie de la
province. On n'a pas le droit de le faire. On doit faire un moment
d'arrêt. On tente de nous faire croire que c'est urgent. Si
c'était réellement urgent, j'aurais un reproche très amer
à faire au ministre de l'Agriculture. Ce n'est pas d'hier, le jugement
de la Cour suprême. Je regarde les autres gouvernements. On a
parlé de cinq; j'en connais trois qui ont adopté des lois qui
concordent avec le jugement de la Cour supérieure. Simplement cela, par
exemple. Le projet de loi 116 va plus loin que cela. Seulement cela. Et ces
lois-là ont été adoptées au mois de juin.
Qu'avons-nous fait, nous, ici? Si cela pressait...
M. Garon: Non!
M. Russell: Voyons! Un instant!
Une Voix: Arrêtez de grogner.
M. Grenier: II y a deux têtes de trop...
M. Russell: Le Nouveau-Brunswick l'a sanctionnée le 28
juin 1978.
Des Voix: Ah!
M. Russell: C'est quoi, cela? La loi a été
sanctionnée en Ontario le 23 juin 1978. C'est quoi, cela? Et nous, on
nous a apporté cela au mois de décembre. C'est le cadeau de
Noël, oui!
M. Garon: Au mois de novembre.
M. Russell: Elle a été appelée ici, Mme la
Présidente j'en appelle au leader parlemen- taire le soir
du 21 décembre à l'invitation du leader du Parti
libéral.
M. Garon: Mme le Président, je regrette! Des Voix: A
l'ordre!
M. Garon: Je regrette. C'est complètement faux. La loi a
été déposée au mois de novembre. Il y a eu la
deuxième lecture, et c'est l'Opposition qui n'a pas voulu continuer le
discours de deuxième lecture au mois de novembre. Un instant! (17
heures)
M. Bellemare: Mme le Président, j'ai en...
Mme le Vice-Président: S'il vous plaît! A l'ordre! A
l'ordre, s'il vous plaît! M. le député de Brome-Missisquoi,
c'est vous qui avez la parole.
M. Russell: Je pense qu'il a le droit comme les autres d'invoquer
des questions de privilège, mais il doit les indiquer; ce qu'il ne fait
pas actuellement. Il intervient à sa guise et je pense que ce qu'il fait
là n'est pas parlementaire. Ce n'est pas la bonne marche à
suivre. Il devrait, comme ministre, montrer l'exemple. Je ne veux pas lui
enlever son droit de privilège. S'il a une question de privilège,
qu'il la fasse, mais qu'il la fasse conformément à nos
règlements.
Mme le Vice-Président: Sur la motion d'amendement, M. le
député.
M. Russell: Mme la Présidente, je disais que nous appuyons
cette motion d'amendement. J'étais un peu heureux cet après-midi
de voir que le leader parlementaire avait reconnu qu'il y avait
réellement là des raisons de retarder. Il était
lui-même satisfait que cela ait retardé. Je dis qu'un mois, cela
ne presse pas plus que cela, parce que cela fait déjà plus de six
mois que les autres provinces, qui étaient directement visées,
ont voté leur loi. Que je sache, à ce jour, aucune
réclamation n'a été faite depuis le jugement de la Cour
suprême. Donc, je pense qu'un mois de plus ne fera de mal à
personne et cela va donner le temps de renseigner les membres de la Chambre et
même les membres de l'UPA qui actuellement appuient sans savoir ce qu'ils
appuient. Il ne s'agit pas actuellement que du projet de loi 116.
Les dissidents remettent en cause tout le principe de la Loi des
contingentements, la totalité en est mise en cause et c'est leur
privilège. On ne peut pas leur contester ce droit. Aujourd'hui, ce
qu'ils contestent en plus de contester l'article 36 de nos statuts, ce sont les
pouvoirs additionnels que le projet de loi 116 nous apporte. Même si cela
pressait, ce n'était même pas nécessaire de
présenter le projet de loi 116 parce que, contrairement aux autres
provinces, au chapitre 36 des statuts, à l'article 77, l'UPA aurait pu
le faire et peut le faire encore par une assemblée
générale. Cela nous donnerait le temps de discuter des
modifications qu'on veut apporter, des contestations, avec les
contingentements, le contrôle,
parce que cela affecte beaucoup de monde. Ce n'est pas si facile que
cela de voter un projet de loi à la vapeur. On va dire: Les petits
contestataires, on les met de côté et, pour défendre tout
cela, on accuse les gros.
Mme la Présidente, cela fait environ vingt années que je
travaille en cette Chambre et je crois bien que l'évolution de la
question de l'UPA, qui était l'UCC anciennement... La loi de la mise en
marché a été votée en 1956, je l'ai vécue.
Elle a été votée avec beaucoup de prudence. Elle a
été modifiée en 1963 par le Parti libéral et elle
l'a été avec beaucoup de modération. En 1974, on est
allé un peu plus loin dans bien des domaines, sans renseigner les gens.
Ce serait juste et raisonnable qu'aujourd'hui on fasse deux choses: au moins
qu'on ait la décence d'avoir une commission parlementaire pour
écouter les dissidents, leur expliquer exactement ce qu'on veut
faire...
Une Voix: C'est cela.
M. Russell: ... ne pas faire comme a fait le représentant
de l'UPA. Je l'ai vu faire des représentations publiques en disant: On
ne veut pas agir pour faire mal à personne; ce n'est pas tellement pour
contrôler les étendues des cultures; c'est simplement pour
corriger une situation, une lacune qu'on retrouve dans la loi. C'est cela, on
était d'accord pour corriger cette lacune à condition qu'on
discute des deux côtés. On l'a dit le 21 décembre: Voter
simplement cet article et on va être d'accord; on va régler ce
problème; le reste, on le fera dans d'autres circonstances.
Actuellement, si on regarde ce qui se fait dans les autres provinces qu'on a
mentionnées, elles n'ont pas les syndicats agricoles qu'on a, elles
n'ont pas les pouvoirs qu'on a ici. Elles ont remis en cause tout le
système du contingentement, de la mise en marché et du
contrôle des prix. Tout le système est remis en cause et il existe
une commission d'étude à ce sujet. La Colombie-Britannique, cela
fait 52 ans qu'elle joue avec le contingentement, le contrôle de la mise
en marché. Elle sent aujourd'hui le besoin, pour protéger le
consommateur, d'avoir une commission pour faire enquête sur le tout. Nous
autres, on va refuser 30 jours aux députés, à ceux qui
s'opposent actuellement à ceux qu'on appelle dissidents
une commission parlementaire pour discuter de cette situation.
Mme la Présidente, j'aurai d'autres occasions pour continuer
à faire mon exposé mais, c'est pour toutes ces raisons, pour ces
quelques raisons et une multiplication d'autres raisons que je pourrais
invoquer qui justifieraient une commission parlementaire dans ce Parlement, que
j'appuie la motion du député de Maskinongé.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Beauce-Sud, sur la motion d'amendement.
M. Fabien Roy
M. Roy: Merci, Mme le Président. Nous avons un amendement
qui a été proposé par l'honorable député de
Saint-Jacques qui vise à reporter d'un mois... Excusez-moi, c'est parce
que j'avais un oeil sur le député de Saint-Jacques, Mme le
Président; d'ailleurs, je l'ai toujours à l'oeil. L'honorable
député de Maskinongé demande de reporter d'un mois
l'étude du projet de loi no 116 de façon à permettre aux
organismes intéressés, aux producteurs agricoles de
différentes catégories, de différents secteurs
d'activités économiques, de différents secteurs
d'activités économiques agricoles, de se présenter devant
la commission parlementaire et d'exprimer leur point de vue sur le projet de
loi no 116.
J'ai dit, au mois de décembre dernier, qu'il n'y avait pas
urgence à voter immédiatement le projet de loi no 116 et je
continue à prétendre qu'il n'y avait pas urgence puisque,
effectivement, selon mes informations, il n'y aurait que quatre provinces qui
auraient comblé le vide causé par la Cour suprême. D'autant
plus, Mme le Président, que le projet de loi n'entrait même pas en
vigueur le jour de sa sanction. Une preuve des plus évidentes qu'il n'y
avait pas urgence et qu'il n'y a pas plus d'urgence aujourd'hui, puisque le
gouvernement ne nous a pas encore indiqué son intention de faire que le
projet de loi soit en vigueur le jour où il sera sanctionné. Le
projet de loi entrera en vigueur à la date qui sera fixée par
proclamation du gouvernement, à l'exception des dispositions exclues par
cette proclamation, lesquelles entreront en vigueur à une date
ultérieure plus tard qui sera fixée par proclamation du
gouvernement.
Or, cela confirme hors de tout doute qu'il n'y avait pas urgence
à voter le projet de loi le 21 décembre dernier. Cela confirme
aussi le fait qu'il y a deux volets à ce projet de loi. L'honorable
leader du gouvernement l'a dit tout à l'heure, il y a deux aspects
à ce projet de loi, ce qu'on a refusé de reconnaître au
mois de décembre dernier et ce que j'ai toujours soutenu. Il y a une
partie du projet de loi qui vise à combler le vide créé
par le jugement de la Cour suprême et qui rend illégale la
perception de contributions des sources de financement pour financer trois
plans conjoints, soit celui du lait, celui des oeufs et celui de la dinde.
J'ai été très surpris d'entendre l'honorable leader
du gouvernement dire que si le projet de loi no 116 n'était pas
adopté, tous les plans conjoints seraient jetés par terre. On a
livré une fausse information à la population du Québec; on
a même tenté de semer la panique chez la classe agricole. Le
projet de loi no 116 ne remet pas en cause la loi 36; les plans conjoints qui
existent au Québec, sauf trois, sont entièrement régis par
la loi 36, loi provinciale qui a été votée en 1974.
Actuellement, il n'y a pas de débat devant cette Assemblée pour
rappeler la loi 36, l'ancien projet de loi 12 de 1974. Il n'y a pas de
débat devant l'Assemblée nationale actuellement qui vise à
rappeler la Loi de la mise en marché des produits agricoles, ce qui
aurait pour effet et là, certains dirigeants de l'UPA qui
véhiculent cette information, certains officiers du ministère et
certains membres du gouvernement qui véhiculent cette
information auraient raison de dire qu'on jette tout par terre si on
visait à rappeler la loi 36, le chapitre 36 des Statuts de 1974. Mais ce
n'est pas du tout le cas.
Pour ce qui concerne de combler le vide créé par la Cour
suprême du Canada et qui cause des problèmes actuellement, des
difficultés, qui remet en cause l'existence même du plan conjoint
national du lait, du plan conjoint des oeufs et celui de la dinde, je l'ai dit
et je le répète, on ne m'accusera pas de patiner, j'étais
prêt à donner mon consentement. J'ai rencontré des
producteurs des deux groupes, je l'ai dit devant même cette
Assemblée durant les jours qui ont précédé la
fête de Noël, avant le 21 décembre, j'étais prêt
à donner mon consentement pour que cette partie du projet de loi soit
adoptée. (17 h 10)
Les agriculteurs du Québec malheureusement ne sont pas
informés, et c'est la raison pour laquelle il devrait y avoir une
commission parlementaire pour demander aux intéressés de venir
s'expliquer devant l'Assemblée nationale, de venir nous dire ce qu'ils
en pensent devant une commission parlementaire.
Pour ce qui a trait à la deuxième partie de la loi, le
gouvernement a bien déclaré qu'il n'était pas
décidé de la faire entrer en vigueur immédiatement,
c'est-à-dire en même temps que la première partie du projet
de loi, et qu'on change le niveau des pouvoirs des offices de mise en
marché. La loi 36 accorde des pouvoirs aux offices de mise en
marché au niveau de la mise en marché, quelques légers
pouvoirs au niveau de la production, mais très limités. Quant
à la loi actuelle, c'est la raison pour laquelle j'aimerais qu'il y ait
encore plus de consultation. La commission parlementaire serait très
importante à cet égard.
Nous aurions énormément de questions à poser
là-dessus. Le nouveau niveau des pouvoirs qui sont
conférés par la loi, c'est d'accorder ces pouvoirs au niveau de
la production. Quand on parle du niveau de la production, on parle de la ferme.
Il y a des dispositions dans la loi 36: Doit exister un système
d'inspecteurs, un réseau d'inspecteurs, un système d'inspection.
Si les pouvoirs sont appliqués au niveau de la production, cela veut
dire que les producteurs agricoles du Québec auront les inspecteurs chez
eux. C'est là qu'est le point. C'est le point, Mme la Présidente,
sur lequel je ne veux pas revenir ici, soit le fond même du projet de
loi, et faire un discours de deuxième lecture. Mais nous avons des
questions à poser à l'UPA, des questions à poser aux
dissidents, des questions à poser au monde de la coopération, des
questions à poser à tous les organismes qui s'intéressent
à l'évolution, qui s'intéressent au développement
de l'industrie agro-alimentaire au Québec.
J'aurais des questions aussi à poser, Mme la Présidente,
sur le fait que d'ailleurs, je pourrais peut-être me permettre de
faire une parenthèse et de rassurer le ministre depuis le 21
décembre, le ministre pourra peut-être se consoler, il y a quelque
200 producteurs laitiers de moins déjà, au Québec.
Le nombre de producteurs de lait nature, selon les dernières
statistiques que je possède, est de 4937 et il y a 20 200 producteurs de
lait industriel. Il y a tout le problème de la répartition des
quotas entre les producteurs de lait nature et les producteurs de lait
industriel. Quand je parle des producteurs de lait nature, je parle de la
partie de leur production qui va au lait industriel. J'aurais aussi des
questions à poser aux intéressés concernant les fameuses
coupures de quotas qui ont forcé quelques milliers de producteurs
à se départir de leurs fermes, il y a quelques années et
même encore à l'heure actuelle. Comment se fait-il qu'un certain
nombre de producteurs ont dû subir des coupures de 20% alors que la
production nationale ce sont là des questions auxquelles
j'aimerais avoir des réponses a été de 17 043 000
000 de livres de lait en 1975? Qu'on retienne bien les chiffres.
La production nationale a été de 16 946 000 000 de livres
en 1976. La production nationale a été de 16 976 000 000 de
livres en 1977. Où est la coupure de 20%? Il y a des centaines de petits
producteurs de mon comté qui ont eu recours à l'aide sociale. Mme
la Présidente, il y en a quelques centaines d'autres qui sont
menacés également. C'est ainsi dans tout le territoire du
Québec. J'aimerais savoir ce qui se passe à l'heure actuelle.
J'aimerais savoir si le gouvernement actuel vise comme politique de faire en
sorte qu'on se retrouve comme en Californie avec 2000 producteurs laitiers. La
Californie, qui a une population plus grande que celle du Québec, a 2000
producteurs laitiers. Actuellement, ce n'est pas téméraire de
prédire qu'en 1981, des quelque 24 937 producteurs qu'il y avait au
début de décembre, il y en aura moins de 20 000 dans la province.
Mme la Présidente, j'ai bien l'intention de travailler pour la promotion
de la classe agricole au Québec. Je n'ai jamais ménagé mes
efforts, ni en cette Chambre, ni ailleurs au Québec, ni dans mon
comté pour tenter de représenter et d'exiger des politiques
je terminerai là-dessus, Mme la Présidente pour la
promotion et les meilleurs intérêts de la classe agricole.
Mais quand je parle de la classe agricole, je parle des producteurs
agricoles qui sont des citoyens, qui font partie des citoyens du Québec,
des êtres humains qui ont des familles, qui ne demandent pas mieux que
d'avoir leur place dans la société et qui doivent faire de la
place actuellement pour permettre aux gros d'être toujours plus gros,
dans l'intention d'éliminer le plus grand nombre de petits possible.
Nous avons des questions à poser comme cela et je me garde bien
de m'identifier à aucun des deux grands groupes qui s'opposent
actuellement au Québec. Nous avons une responsabilité comme
législateurs et cette responsabilité, nous devons l'assumer en
toute liberté. Si le ministre veut s'identifier à un groupe, cela
le regarde, il n'a pas de compte à me rendre. Mais, en ce qui me
concerne, c'est quand même mon droit et mon privilège de garder
une ligne, ce que j'appelle la ligne droite, la ligne de l'objectivité.
C'est dans ce sens, Mme le Président, que j'appuie la motion du
député de Maskinongé et c'est dans ce sens que, si
jamais la commission parlementaire est convoquée, j'aurai des questions
à poser à ces personnes.
M. Bellemare: Mme le Président, je voudrais simplement
dire un mot, puisque le temps est fort limité...
Mme le Vice-Président: M. le leader parlementaire de
l'Union Nationale, est-ce que vous voulez prendre la parole sur la motion
d'amendement?
M. Bellemare: Oui, oui.
Mme le Vice-Président: Je reconnais d'abord le
député de Joliette-Montcalm, le député de Shefford
et vous ensuite, M. le leader.
Oui, j'ai entendu. Je regrette, M. le leader de l'Union Nationale, j'ai
entendu M. le député de Joliette-Montcalm à qui je donne
la parole, M. le député de Shefford ensuite et M. le leader de
l'Union Nationale.
M. le député.
M. Verreault: Je ne voudrais pas passer sous silence le fait...
Je ne reviendrai pas là-dessus...
Mme le Vice-Président: Sur une question de
règlement.
M. Verreault: ... mais, quand même, presque quinze secondes
avant que le député de Beauce-Sud ait fini son intervention,
j'étais déjà debout et, lorsqu'il s'est assis,
j'étais déjà debout et j'ai demandé, Mme le
Président, le droit de parole. Je ne vous chicanerai pas
là-dessus, de toute façon, mais, tout de même, il faudrait
peut-être, lorsque vous donnez votre autorisation, faire le tour de la
Chambre pour savoir qui se lève et qui ne se lève pas.
Mme le Vice-Président: M. le député, quand
même, voulez-vous, nous n'allons pas nous chicaner sur le droit de
parole? Je vous dis que je vous donne la parole immédiatement. Je vous
ai vu vous lever, mais j'ai vu le député de Joliette-Montcalm.
J'ai déjà donné la parole au député de
Joliette-Montcalm. Ce sera ensuite vous, M. le député de
Shefford, et ensuite M. le leader de l'Union Nationale.
M. Chevrette: Mme le Président, si vous acceptez
l'alternance comme principe, question d'information, étant
donné...
Mme le Vice-Président: M. le député, je vous
ai déjà donné la parole.
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: C'est parce que je reconnais que, sur mon
côté, quand on s'est levé, on était deux en
même temps. Le ministre était debout aussi. Si vous êtes
pour vous chicaner, je vais y aller.
C'est Mme le Président qui va me donner la parole, je pense bien,
et, si vous me laissez parler, je vais parler.
Mme le Président, je serai contre cette motion d'amendement pour
les motifs suivants: Je pense que quelqu'un qui suit le moindrement des
dossiers en agriculture connaît fort bien tout l'esprit qui sous-tend la
discussion entre dissidents et non-dissidents en agriculture. C'est une
question de perception même de l'agriculture qui est débattue
présentement.
J'entendais le député de Beauce-Sud finir son intervention
en disant: Je ne voudrais plus que les gros mangent les petits en agriculture.
Vous n'avez qu'à voter contre les plans conjoints et l'implantation des
plans conjoints et vous allez voir comment les intégrateurs vont manger
les petits en agriculture.
M. Roy: Mme le Président, question de privilège. La
loi actuellement à l'étude... Question de privilège, parce
qu'il ne faut quand même pas trop charrier là-dessus, il y en a
déjà pas mal eu. La loi qui est actuellement devant nous ne nous
demande pas de voter pour ou contre les plans conjoints. Je regrette, mais ce
n'est pas l'objet de la discussion en cours.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Joliette-Montcalm
M. Chevrette: Mme le Président, je ne ferai pas comme
certains députés qui s'en vont rencontrer les dissidents, qui
leur parlent pour se faire applaudir et qui changent de paroisse après
pour essayer de se faire applaudir par l'UPA. Je vais purement et simplement
dire que ce projet de loi no 116 n'est qu'une simple concordance avec une loi
fédérale reconnue ultra vires. C'est aussi simple que cela. Je
pense qu'on se doit de protéger les millions de dollars qui sont
investis par nos producteurs québécois et qui risquent de devoir
poursuivre... Et c'est notre devoir, comme Assemblée nationale, de
veiller à protéger ceci. (17 h 20)
Je comprends mal que, depuis le mois de novembre, on n'ait pas pu
comprendre qu'il s'agissait de régulariser une situation. On se sert
même des projets de loi votés au mois de mai pour montrer que
c'était simple et que cela a été voté rapidement
ailleurs et ici on vient faire une motion d'amendement pour reporter le vote
sur ce projet de loi. Où est la cohérence? Si cela a
été si vite adopté ailleurs et si vous nous reprochez
d'avoir pris tant de temps, comment se fait-il que vous preniez tellement de
temps pour adopter un projet de loi si simple?
M. Bellemare: Parce qu'il y a d'autres choses dedans.
M. Chevrette: Pourquoi?
M. Bellemare: II y a différents problèmes.
Mme le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît. A
l'ordre!
M. le leader de l'Union Nationale, vous aurez un droit de parole. Je
vous demanderais d'attendre et de patienter quelques minutes.
M. le député de Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: Oui, Mme le Président, je serai très
bref parce que je sais qu'ils ont l'air de vouloir voter rapidement.
J'interviendrai sur le fond de la loi. L'Opposition nous reproche de l'avoir
déposé si tard. Je reviens là-dessus parce que cela me
semble une incohérence totale. Brandir des projets de loi du
Nouveau-Brunswick en date du mois de mai, cela paraît bien à la
télévision, cela frappe; surtout quand on ne voit pas souvent le
député, cela frappe.
On a dit que c'est une concordance juridique. Une concordance juridique
peut ouvrir un débat sur le fond. On ne le fait pas sur la
procédure et sur des motions de report; on le fait sur le fond de la
loi. Il y a des députés qui disent qu'ils ont besoin
d'information. Ils ont rencontré les dissidents dans leur milieu, ils
ont rencontré les gens de l'UPA dans leur milieu. Je ne vois pas comment
il se fait qu'ils ne sont plus renseignés rendus dans cette noble
enceinte, comme on le dit. Ils sont si bons pour faire de si beaux discours
pour avoir des applaudissements des deux bords! Il faut se brancher, une fois
dans la vie, en politique. Quand tu as fait ton choix, tu l'exprimes comme
législateur. C'est ce qu'on est prêt à faire et qu'on batte
cet amendement au plus vite.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Shefford.
M. Verreault: Mme le Président...
M. Goulet: Quand le député va-t-il prendre son
droit de parole?
Mme le Vice-Président: Je vous ai déjà
nommé, M. le député de Shefford, vous avez
déjà la parole.
M. Richard Verreault
M. Verreault: Je m'excuse, Mme le Président, je n'ai rien
dit. C'est mon collègue de Bellechasse qui a fait quelques observations
et j'attendais qu'il ait fini. Vous comprendrez très bien que
j'appuierai la motion de mon collègue de Maskinongé. M'avez-vous
donné la parole?
Mme le Vice-Président: Oui, allez.
M. Verreault: Je continue. Dans les circonstances, je crois que
la motion formulée par le député de Maskinongé,
proposant le report à un mois de la deuxième lecture du projet de
loi no 116, est très modérée. Connaissant le contexte,
connaissant le contenu du projet de loi no 116, un mois est nettement
insuffisant pour pouvoir approfondir ce dossier, en faire l'analyse, faire des
consultations nécessaires. A la place de mon collègue, au lieu de
proposer un mois, j'en aurais sûrement proposé deux ou trois pour
permettre une consultation vraiment large afin que toutes les parties
concernées puissent exprimer leur opinion.
Nous vivons actuellement un scénario qui nous fait presque penser
à un film western. On a déjà catalogué, de part et
d'autre, les bons et les pas bons. Les bons sont ceux qui sont pour, qui sont
avec le ministre; les pas bons sont les dissidents et ceux qui sont
récalcitrants. Lorsque, dans un mouvement de producteurs agricoles qui
compte près de 45 000 membres, il y a 10, 20 ou 100 dissidents ou
contestataires, vous savez pertinemment qu'on ne se badre pas avec cela; on
n'en fait pas tellement de cas. On se pose des questions, on commence, du
moins, à s'en poser. Lorsqu'il y en a 3000 ici, devant cette
Assemblée, lorsqu'il y en a 5000 ou 6000 et qu'il y en aura plus
peut-être demain ou après-demain et qu'on dit à cette
Assemblée, à ces dissidents et à tous ceux qui font partie
de cette association des producteurs agricoles du Québec que cette
quantité je n'utiliserai pas le terme du député de
Brome-Missisquoi qui était négligeable est une
quantité particulièrement négligée.
Vous savez, avec 3000, 4000 ou 5000 et peut-être bientôt
demain 8000 contestataires ou dissidents, il faut se poser de sérieuses
questions, et ces questions, il faudrait peut-être se les poser avant que
la pagaille ne commence.
Le leader du gouvernement, tout à l'heure, essayait de convaincre
les membres de l'Opposition qu'il fallait à tout prix que le projet de
loi 116 soit adopté, sans consultation, sans amendement et,
évidemment, les yeux fermés, les oreilles bouchées et tout
ce que vous voudrez...
Le mois que le député de Maskinongé exige, c'est
pour de la consultation. Il y a des problèmes. Il faut aller jusqu'au
fond du problème. Il faut rencontrer les gens qui sont pour et qu'ils
nous expliquent pourquoi ils sont pour; il faut qu'on rencontre les gens qui
sont contre et qu'ils nous disent pourquoi ils sont contre. Lorsqu'on parle de
plusieurs milliers de dissidents et que cela représente quand même
des producteurs assez importants, il faudrait peut-être se poser la
question: Qu'est-ce qui se passe? Il faudrait peut-être connaître
aussi les réponses à ces questions.
Vous savez, le projet de loi 116, en plus de ce qu'il contient, a des
implications qui sont énormes, qui auront des répercussions sur
la structure, sur l'organisation et sur le global de l'agriculture au
Québec. Il aura des implications importantes.
Je me fais peut-être l'avocat du diable dans les circonstances.
J'aurai peut-être moi-même quelques difficultés avec mon
parti politique, le Parti libéral, parce que mon opinion est quelque peu
différente. Mais dans les circonstances, je dois, comme il est normal
à un membre de l'Assemblée nationale, être le reflet de mes
électeurs. La classe agricole chez moi a des problè-
mes, et ces problèmes méritent d'être
expliqués, d'être compris par les membres de l'Assemblée
nationale.
Je ne voudrai jamais prétendre, ô grand Seigneur, que je
suis un spécialiste dans le domaine de l'agriculture. Jamais je ne le
prétendrai, de toute façon. Chez moi, j'ai des producteurs qui
sont prospères, qui réussissent très bien et il y a
peut-être une question à laquelle il faudra répondre, et
non seulement à moi: comment se fait-il que dans ma région, dans
la région du sud-est de Montréal, dans la région des
Cantons de l'Est, mon collègue de Brome-Missisquoi pourra en
témoigner, il y ait tant de dissidents, tant de membres de l'Union des
producteurs agricoles qui sont mécontents actuellement?
Le député de je ne sais d'où nous disait tout
à l'heure que nous avions les quelques jours d'ajournement pour faire
nos consultations. Cela nous a permis de nous faire une idée claire et
nette de la situation.
Madame, c'est très facile de prendre un dé, de la
garrocher dans les airs et finalement dire: Parce que cela tombe sur le oui, on
va dire oui, et parce que cela tombe sur le non, on va dire non. Je pense que
la plupart des membres de cette Assemblée, qu'ils soient des ruraux,
qu'ils soient des urbains, doivent prendre eux aussi part à ce
débat, parce que, mon collègue, le whip du Parti libéral
le mentionnait, on ne touche pas simplement les producteurs dans le sens
général du mot, ni les dissidents, on parle également des
consommateurs et toutes les parties que mon collègue de
Maskinongé mentionnait tout à l'heure, alors qu'il demandait de
retarder d'un mois l'adoption du projet de loi 116 en deuxième lecture.
Cela avait pour but de permettre à toutes ces parties, et je les inclus
toutes, de venir se prononcer, nous dire pourquoi elles sont d'accord, pourquoi
elles sont contre. Tous les membres de cette Assemblée parce que
les commissions sont quand même très limitées, la session
ne durera pas ad vitam aeternam tous les membres de cette
Assemblée des 110 comtés du Québec pourraient participer
à ce débat en commission parlementaire et pourraient avoir une
idée très claire et très nette.
Le projet de loi 116, comme mes collègues de l'Union Nationale le
mentionnaient, a des implications qui auront des répercussions
énormes. Malheureusement, je ne voudrais pas faire le prophète de
malheur, mais je vous dis franchement que la pagaille qu'on essaie
d'éviter aujourd'hui avec le projet de loi 116 va simplement être
stimulée si on ne prend pas le temps nécessaire pour
l'étudier avec logique, avec honnêteté, en prenant en
considération tous les faits, tous les facteurs. (17 h 30)
Madame, je ne vous donne pas plus de deux ou trois mois. La pagaille
dans l'agriculture ici au Québec sera là pour de bon. Evidemment,
le système est peut-être usé. Le ministre de l'Agriculture
nous parle de réformes, de projets de loi, de tout ce que vous voudrez;
dans les circonstances, il faudra que l'Assemblée nationale se penche
sur les problèmes de l'agriculture. Nous avons l'occa- sion de le faire
en adoptant la motion qui a été formulée par le
député de Maskinongé. Dans les circonstances, si on ne
prend pas le temps de le faire, nous aurons à en subir les effets.
Lorsque les cultivateurs commencent à faire des ravages, vous connaissez
ce qui en est par l'histoire qui est quand même tout à fait
récente. Les gouvernements antérieurs ont vécu ces
expériences. Vous verrez les répercussions et les effets que cela
donnera de ne pas avoir pris quelques instants, quelques jours, pour
écouter ces personnes.
Mme le Vice-Président: M. le leader parlementaire de
l'Union Nationale.
M. Maurice Bellemare
M. Bellemare: Je vous remercie de me reconnaître, Mme le
Président. J'en suis d'autant plus content et satisfait que, pour des
raisons que vous connaissez déjà, je serai peut-être
obligé d'être absent pendant la soirée. En tout cas, j'en
profite pour vous dire qu'en vertu de l'article 94 j'ai droit à une
demi-heure; il est bien entendu à l'article 94 que, pour les discours
ordinaires, c'est une heure mais, dans une motion de fond, c'est l'article 94.2
qui s'applique et on a droit à une demi-heure. J'espère avoir au
moins votre permission si je dépasse un peu mes 20 minutes. Vous
comprendrez que le règlement, c'est le règlement et il faut le
suivre. Mme... Pardon?
M. Proulx: On l'accepte.
M. Bellemare: Je suis d'autant plus content de parler sur la
motion de l'honorable député de Maskinongé que cela vient
d'un comté agricole. Il est le représentant d'une masse
considérable de cultivateurs pratiquants, pas sur l'asphalte comme dans
le comté de Saint-Jacques. Je n'en connais pas beaucoup
d'éleveurs de poules, d'éleveurs de porcs dans le comté de
Saint-Jacques sur l'asphalte. Je n'en connais pas. Mais, parce qu'on a un
député du côté libéral qui se lève et
qui sait ce qu'est un comté rural et ce que les cultivateurs veulent, je
pense véritablement qu'on a le droit de donner à ce
député notre appui total et absolu.
Mme le Président, je me demande en parlant sur la motion de
l'honorable député puisqu'on est contenu dans ce
cadre-là comment il se fait que le gouvernement ne voit pas les
3000 ou 4000 cultivateurs qui sont là pour deux jours, et, leurs
arguments ne peuvent pas traverser les murs de cette Assemblée nationale
parce que les portes sont barrées, parce que le ministre est absent.
Voyez-vous la stratégie du gouvernement? On est des gens ouverts. On est
des gens qui comprennent le bon sens. Apportez-nous des arguments disent-ils?
Vous autres, la vieille Opposition, l'Union Nationale... Oui! L'Union Nationale
est contre! Et elle est contre pour bien des raisons. C'est nous, Mme le
Président, qui avons, les premiers dans cette province, assuré la
législation pour les plans conjoints et la mise en marché des
produits agricoles. Oui, l'Union Nationale a été la
première à battre la
marche. Oui, madame. C'est nous qui avons fait face à tous ceux
qui, dans le temps, pouvaient être contre cette nouvelle orientation que
donnait pour la première fois dans la province un gouvernement qui
était soucieux des cultivateurs, qui l'avait d'ailleurs prouvé
par un crédit agricole bien fait dans la province de Québec, par
une électrification rurale qui n'existait pas, par le drainage des
terres qui a été le plan définitif pour les cultivateurs
qui ont commencé à prospérer. Parlant sur la motion, je me
demande comment il se fait que le gouvernement ne veut pas accorder de
commission parlementaire à 5000 cultivateurs qui ont signé la
requête suivante, 5000 cultivateurs. Cela ne fait pas des années.
La requête a été émise le 6 février 1979 pour
que 5000 cultivateurs de la province de Québec la signent.
Que disait-elle comme en-tête? Nous avons les documents en main,
Mme le Président, et si quelqu'un veut la vérifier, nous n'avons
aucune objection. Les producteurs agricoles du Québec dont les noms
suivent sont en complet désaccord avec le projet de loi 116
présenté par le ministre Garon et en exigent le retrait
immédiat. Les producteurs sont d'avis que le syndicat possède
déjà suffisamment de pouvoirs avec la loi qui existe actuellement
et ne veulent pas que le syndicat ait le pouvoir... La commission parlementaire
qu'on a demandée serait utile et nécessaire pour que le
gouvernement, après avoir entendu les pour et les contre, puisse revenir
devant la Chambre et dire: Messieurs, nous avons fait notre devoir; nous avons
entendu les pour et nous avons entendu les contre.
Mme la Présidente, vous qui connaissez bien la proportion des
cultivateurs dans votre comté et celle des citoyens urbains, vous savez
vous aussi que vous seriez portée à avoir cette idée d'une
commission parlementaire. Je suis assuré que, comprenant si bien les
cultivateurs, vous seriez, avec votre beau sourire, madame, d'accord pour qu'on
puisse avoir une commission parlementaire. Je vous en remercie, madame; votre
sourire me dit beaucoup.
On voit un ministre, à 23 h 55 le 7 décembre, en
deuxième lecture du projet de loi 116, quand tout le monde dort, quand
tout le monde est couché, en catimini, appeler la deuxième
lecture du projet de loi 116. Vous pensez qu'il n'y a pas eu de
réactions! Elles ont peut-être été lentes, mais
c'est le 7 décembre à minuit moins quelques minutes que la
deuxième lecture a été faite, à la grande noirceur.
M. le ministre va se dire: Le député de Johnson ne m'impressionne
pas. Non, lui non plus.
M. Garon: Mme le Président, une question de
privilège.
Mme le Vice-Président: Sur une question de
privilège, M. le ministre de l'Agriculture.
M. Grenier: II est revenu.
M. Garon: J'écoutais le député de Johnson
faire son discours. Il mentait effrontément. La deuxième lecture
a été faite durant le jour.
M. Bellemare: Mme le Président, j'ai ici...
Des Voix: A l'ordre!
M. Garon: Elle a été faite durant le jour.
M. Bellemare: ... à la page 4473...
Une Voix: A l'ordre, le ministre!
M. Bertrand: Mme la Présidente...
M. Bellemare: Un instant.
Mme le Vice-Président: M. le leader. M. le leader de
l'Union Nationale, si vous me le permettez, je vais entendre ce que M. le
ministre appelle une question de privilège. Nous verrons.
M. Grenier: Vous ne comprendrez pas.
Mme le Vice-Président: Vous avez ensuite le droit de
parole. M. le ministre.
M. Garon: Mme le Président, le député de
Johnson a affirmé que le discours de deuxième lecture de ce
projet de loi avait été prononcé la nuit. C'est
complètement faux. Il a été prononcé durant le
jour. Il est passé à la télévision et je prends
à témoin le député de Montmagny-L'Islet qui s'est
levé immédiatement après pour dire qu'il ne voulait pas
prononcer son discours immédiatement. Cela s'est fait en pleine
journée, en pleine télévision à part cela, et non
pas durant la nuit comme le dit c'est une autre de ses menteries
le député de Johnson.
M. Bellemare: Bon! Merci pour les menteries. Mme le
Président, j'admets que cela a été fait à 11 h 40
du matin. D'accord, mais...
Mme le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Bellemare: Un instant.
Mme le Vice-Président: A tordre!
M. Bellemare: ... quand les discours de deuxième lecture
des autres députés ont-ils été prononcés? Le
21 décembre au soir à la toute dernière minute. Six
opinants ont parlé, dans la noirceur, de votre loi pour essayer de la
faire adopter par un Parlement qui était à la dernière
minute de la session. Le ministre aura beau dire qu'il s'est promené
à travers la province. Il s'est promené, c'est vrai, mais il a
reçu à certains endroits des drôles de bienvenues dans sa
tournée. Il a même été, à certains endroits,
hué.
M. Garon: Où?
M. Bellemare: Oui.
Une Voix: A Saint-Guillaume.
M. Garon: Nommez un seul endroit?
M. Bellemare: A Saint-Guillaume, c'est un endroit.
M. Garon: Vous n'étiez pas là. J'ai
été très bien reçu.
M. Bellemare: Non.
M. Biron: A Lévis.
M. Bellemare: A Lévis.
M. Garon: A Lévis, j'ai été bien reçu
aussi.
M. Grenier: Avec les PQ, cela va mieux, mais avec les
agriculteurs, cela ne va pas bien.
Mme le Vice-Président: A l'ordre! S'il vous plaît,
à l'ordre!
M. Bellemare: Mme le Président, l'honorable
député de Joliette-Montcalm a dit tout à l'heure: L'Union
Nationale tâchez donc de vous brancher! Ecoutez, avec tout ce qu'on a
fait depuis 40 ans dans la province de Québec, si on ne peut pas avoir
un peu de mérite de ce côté-là, je me demande ce
qu'il faudrait faire de plus pour se brancher définitivement. On suit
toujours la même lignée de nos traditions. On a été
en faveur des cultivateurs dans le temps, on l'a prouvé par les
différentes lois qu'on a votées. (17 h 40)
C'est nous qui avons adopté, en 1958, les plans conjoints, c'est
nous qui les avons améliorés. C'est nous, aujourd'hui, qui
semblons les premiers à défendre encore les cultivateurs sur la
place publique pour empêcher le gouvernement de saper à sa base
l'autorité des plans conjoints et particulièrement des
coopératives. Mais quand on travaille pour cela, Mme le
Président, on travaille pour le consommateur indirectement parce que le
produit fini, le produit livré... Non, c'est vrai, madame, vous avez
raison; en vertu de la motion de l'honorable député de
Maskinongé, je dois vous demander un délai parce que je pense que
trop vite va apporter des problèmes qui vont faire tort à
l'économie rurale.
On a assez de misère actuellement avec les plans conjoints et,
dans les coopératives, à établir une certaine politique
d'action sans que le gouvernement vienne nous "saprer" les bois dans les roues
avec une politique comme celle-ci. On dit que les autres provinces ont
été assez rapides; la Colombie-Britannique, après le
jugement de la Cour suprême, le 24 juin, a adopté la loi qui est
ici, Public Act of British Columbia, présentée au mois de mars et
sanctionnée le 29 juin. On a eu le temps de l'étudier; la loi de
la Colombie Britannique spécifiait directement le jugement de la Cour
suprême, point! Il n'y avait pas d'attaque sur les plans conjoints, il
n'y avait pas d'attaque sur les quotas de la requête que je viens de vous
donner, il n'y avait pas le temps de fixer le lieu de la production, de
réduire les quotas, d'annuler les quotas, d'imposer des
pénalités basées sur le volume ou la quantité du
produit agricole ou sur la superficie cultivée, de saisir le surplus de
production sans rien payer, de classer les producteurs en groupes des bons, des
moins bons et des très bons aux fins d'imposer et de percevoir des
contributions c'est l'article 5 de valider, de façon
rétroactive, l'imposition des frais de redevances qui ont
été perçues illégalement.
Cela, je le comprends mais tout cela, c'est pour vous dire que si on
avait une commission parlementaire, si on avait quelques jours, selon la motion
de l'honorable député, de plus pour étudier
véritablement tout cela, nous pourrions faire comme les autres
provinces. Si la Colombie-Britannique l'a déposé au mois de mars,
elle l'a accepté au mois de juin; l'Ontario l'a accepté le 19
juin et le Nouveau-Brunswick l'a accepté le 28 juin. Elles aussi avaient
déposé au mois de mars les deux copies de la loi.
Mme le Président, je voudrais revenir à cette motion.
Quand vous avez, dans la province, 5000 cultivateurs qui demandent
véritablement d'être entendus, quand vous avez au moins 3000 ou
4000 personnes ici, devant le parlement, qui sont réunies
actuellement...
M. Bertrand: 300.
M. Bellemare: On est allé les voir et on s'est
montré la face.
M. Bertrand: Nous aussi.
M. Bellemare: Ah oui! vous n'avez pas dû être
applaudis.
Mme le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît! A
l'ordre!
M. Bellemare: Je dis que quand il y a actuellement des
députés qui sont ici dans cette Chambre, qui représentent
des régions rurales, comme dans le comté de Johnson, j'ai
à peu près les deux tiers de mon comté qui sont
entièrement agricoles... Personne ne pourrait contester cela: sur les 31
paroisses, j'en ai certainement au moins 26 ou 27 qui sont entièrement
agricoles. Alors, ces gens sont venus par groupes. Ils sont venus nous demander
de vous solliciter au gouvernement de ne pas adopter ce bill en vitesse,
d'être raisonnables, de les entendre dans une commission parlementaire.
Madame, on voit que l'économie en serait perturbée, on voit
véritablement que tout le système de nos cultivateurs que nous
avons élaboré depuis des années et que vous essayez vous
aussi de rendre meilleur, va être pire. Si, comme l'avait demandé
quelqu'un dans cette Chambre avant le 21, on sectionnait ce bill en deux, on
n'aurait eu aucune objection à ce que l'article de la loi qui
prévoit la rétroactivité ou le non-perçu soit
imposable, et je dis, madame, que
le jugement de la Cour suprême aurait été
parfaitement accepté.
Ce n'est pas cela. On se saisit de cette loi pour dire aux cultivateurs
j'entendais tout à l'heure l'honorable leader commencer son
discours en disant'. Ecoutez, c'est une question simplement de technique
légale. On veut rendre justice aux cultivateurs qui, en vertu du
jugement de la Cour suprême, ont vu leur contribution annulée par
un geste posé par la Cour suprême qui disait que c'était
illégal et ultra vires. Maintenant, on veut légaliser cela, Mme
le Président, mais on se sert actuellement de ce bill, de cette loi 116
pour y ajouter d'autres choses que plusieurs parmi les cultivateurs ne savaient
pas, mais qui était contenu dans le bill 36 de 1974. Mais les
cultivateurs n'avaient jamais été saisis de ces propositions.
Aujourd'hui, on va beaucoup plus loin dans l'explication qu'on leur donne en
leur disant: Ecoutez, quand il va s'agir de fixer le temps et le lieu de
production, c'est extrêmement pénible.
Un cultivateur est habitué d'être le maître absolu
sur sa terre, et on l'y a préparé par le bill 90. Je n'en parle
pas, Mme le Président, mais je dis qu'on l'a préparé
à cela par l'adoption du bill 90. La motion qu'a présentée
le député de Maskinongé pour demander un délai,
nous l'aurions appuyée, mais, par la voix du député de
Brome-Missisquoi, nous aurions mis ce délai à dix jours.
Qu'importe, un mois, nous sommes prêts à l'accepter, et nous
sommes surtout prêts, madame, à accepter une commission
parlementaire. Madame, tout le monde le sait, je n'ai pas besoin de vous le
répéter, il faut que l'opinion publique soit convaincue de la
nécessité de la loi et je pense que si on avait une commission
parlementaire dans les 10 jours ou les 20 jours qui suivraient cette session,
nous pourrions entendre les gens nous donner leur opinion. N'oubliez pas que
vous allez attaquer une classe de gens qui ont une grosse mémoire. Les
cultivateurs, dans la province de Québec, ne sont pas comme les autres
sections de notre population. Les ouvriers, les professionnels, les
entrepreneurs, les menuisiers ou les autres, cela n'est pas le même
genre. Un cultivateur prend du temps à se décider, prend du temps
à réfléchir, mais quand il a décidé quelque
chose, madame, c'est la vox populi. Je voudrais que vous vous en souveniez.
La vox populi va se faire entendre bien plus fort après
l'adoption de cette loi. Le ministre peut dire que c'est ridicule, il pourra
dire: Je les ai tous vus, je les ai tous rencontrés, ils sont tous
satisfaits. Pas tant que cela, Mme le Président. Nous aussi, chacun des
députés de l'Union Nationale, avons fait le tour de nos
comtés, on n'avait pas besoin d'une télévision pour nous
annoncer dans les comtés; nous avons fait le tour de nos comtés
et nous en revenons avec des impressions bien différentes, après
la visite des ministres. Je vous garantis que j'ai passé derrière
le ministre dans mon comté, je n'oserais pas lui dire, pour ne pas lui
faire de peine, ce que les gens m'ont dit. La grande majorité l'a
trouvé un peu jeune. Les cultivateurs ont dit: II est frisé comme
un jeune bébé, il a l'air jeune, le ministre. Oui, c'est vrai,
c'est très pertinent, je reviens.
J'ai le droit de dire qu'il est venu chez nous. Une Voix: Ce
n'est pas pertinent du tout.
Mme le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Bellemare: J'ai le droit de dire que les cultivateurs chez
nous l'ont trouvé drôlement jeune votre ministre. Ils ont
trouvé qu'il raisonnait et qu'il ne répondait pas aux questions
souvent.
Mme le Président, 100% des gens dans mon comté m'ont dit
qu'ils étaient contre le projet de loi no 116. Je n'en ai pas vu qui y
étaient favorables. Dieu sait que j'ai eu le temps de faire le tour,
d'aller voir tout le monde. Je ne suis pas encore si mal vu que cela.
Même si je suis une épave, comme l'a dit si malencontreusement le
ministre de l'Industrie et du Commerce, il a reçu sa réponse dans
la province. (17 h 50)
II y a 100% des députés de l'Union Nationale qui sont
contre ce projet de loi. Parce qu'on vit dans des comtés ruraux, on sait
comment les plans conjoints et les coopératives fonctionnent chez nous.
On a conscience d'être près de la population. C'est pour cette
raison qu'aujourd'hui je me fais personnellement le porte-parole de mon
comté, de mes cultivateurs, de mes coopérateurs, de ceux qui sont
dans les plans conjoints pour vous dire que le projet de loi no 116 devrait
être honni dans cette province. Il devrait être barré, parce
qu'on a, en vertu de 36, tous les pouvoirs qu'on veut se donner pour parfaire
le jugement de la Cour suprême qui a été rendu.
Mme le Vice-Président: M. le ministre de
l'Agriculture.
M. Jean Garon
M. Garon: Mme le Président, je dois dire qu'on m'avait
prévenu qu'en présentant le projet de loi no 116, ne serait-ce
que pour changer une virgule à la Loi de la mise en marché des
produits agricoles, ceux qui étaient contre la mise en marché en
groupe des agriculteurs sous la forme des plans conjoints qui parfois
s'étendent dans des plans nationaux, il y aurait un tollé de la
part des producteurs dissidents.
Evidemment, à la même occasion aussi, j'ai craint un
instant que les vieilles luttes qui existent entre le mouvement
coopératif et le mouvement syndical se résolveraient. Mais le
mouvement coopératif a compris, et le mouvement syndical aussi, que le
projet de loi no 116 était nécessaire, parce que les enjeux du
projet de loi no 116 sont considérables, parce que les plans nationaux,
que ce soit le plan du lait, le plan du dindon, le plan des oeufs, et
maintenant un nouveau plan qui a été accepté par le
gouvernement fédéral, à la suite des demandes du
gouvernement du Québec et des producteurs agricoles, depuis de
nombreuses années, le plan national du poulet qui a été
accepté à la fin de décembre 1978. Nous avons besoin de la
loi 116 pour maintenir ces plans nationaux et pour mettre en oeuvre le plan
national du poulet.
A cette occasion, des fumistes peuvent dire toutes sortes de balivernes.
J'aimerais au moins qu'on dise la vérité aux agriculteurs.
Jamais, depuis que j'ai été nommé ministre de
l'Agriculture on pourra dire n'importe quoi, on pourra dire que je suis
trop gros il y a une chose qu'on ne pourra jamais dire de moi,
c'est-à-dire que j'ai menti; je n'ai jamais menti. Jamais je n'ai
raconté un seul mensonge aux agriculteurs!
M. Lavoie: Sauf dans le zonage agricole.
M. Garon: La protection du territoire agricole est une mesure
populaire.
M. Lavoie: Un peu. De petites menteries.
M. Garon: II y a évidemment des questions qui se posent
à la suite des discours de l'Opposition qui ont véhiculé
un tas de menteries. A la suite de nos explications, aux explications fournies
par la commission, les gens disent: Ah, si c'est comme ça, c'est bon en
mosus! Excepté qu'on a dit toutes sortes de choses dans l'Opposition,
comme les gens ne pourront plus faire de testament ou des choses comme cela.
C'est complètement faux. Maintenant que la loi est adoptée, des
feuillets seront distribués à la population.
Mme le Vice-Président: A l'ordre! A l'ordre, s'il vous
plaît! A l'ordre! A l'ordre, M. le député de
Nicolet-Yamaska! S'il vous plaît!
Je comprends, M. le ministre, que certaines interventions peuvent vous
avoir porté à déborder un peu en réponse aux
incitations sur la motion d'amendement sur laquelle nous devons parler
maintenant.
A l'ordre, M. le député de Mégantic-Compton, s'il
vous plaît!
M. le ministre.
M. Garon: J'ai entendu, par exemple, le député de
Beauce-Sud dont les interventions varient selon les auditoires. Quand il parle
devant des dissidents, c'est un langage. Quand il parle devant les gens de
l'UPA, où il y a 800 producteurs agricoles, ce n'est plus tout à
fait le même langage. Je dois dire ceci, par exemple. Quand le
député de Beauce-Sud veut qu'on tienne une commission
parlementaire sur les coupures de quotas de 20% de 1976, il n'est pas dans le
bon Parlement parce que c'est à Ottawa que cela a été
coupé en 1976. Les cultivateurs le savent tous. Quand ils sont partis en
autobus, ils ne sont pas venus à Québec, ils sont allés
à Ottawa.
Je suis indigné quand je vois qu'on essaie de prendre les
agriculteurs pour des niaiseux en leur racontant de telles balivernes. Les
agriculteurs savent comment fonctionnent ces lois. Evidemment, il y a des
points d'interrogation, c'est normal et l'étude article par article d'un
projet de loi est là justement pour répondre aux points
d'interrogation.
M. Grenier: Les ententes...
M. Garon: II n'y a jamais eu d'ententes, comme je n'ai pas
déposé la loi en pleine nuit, comme la deuxième lecture
n'a pas eu lieu en pleine nuit, comme il n'y a pas de dirigeants de l'UPA qui
ont été nommés à la commission actuellement. Ce
sont tous des mensonges que vous avez véhiculés.
M. Lavoie: Mme la Présidente, je voudrais soulever une
question de règlement avant que le ministre...
Mme le Vice-Président: A l'ordre! A l'ordre! A l'ordre,
s'il vous plaît. M. le leader parlementaire de l'Opposition officielle se
lève sur une question cela vient? de règlement.
M. le leader.
M. Lavoie: C'est bien simple, Mme la Présidente. Je
voudrais demander au ministre de parler de la motion. Y aura-t-il une
commission parlementaire, oui ou non? Arrêtez donc de vous
étouffer. Dites-nous donc si vous en voulez une commission...
Mme le Vice-Président: A l'ordre! A l'ordre! S'il vous
plaît! Le calme se fait tout doucement. M. le ministre de
l'Agriculture.
M. Garon: Mme le Président, je pense que ce qui arrive,
c'est qu'à l'occasion de cette loi il y a toutes sortes de discussions
qui se font qui ne regardent pas du tout le projet de loi 116. Exemple: si dans
la région de Nicolet on discute de l'affectation des quotas au niveau de
cette région, c'est une question particulière qui n'est pas
concernée du tout par le projet de loi 116. A ce moment, la façon
de le faire, c'est par une plainte à la régie et on m'a dit qu'il
y avait eu une plainte de déposée à la régie. C'est
une question complètement différente. Quand on dit, par exemple,
qu'il doit y avoir des ajustements entre le mouvement coopératif...
M. Lavoie: M. le Président, existe-t-il un
règlement à l'Assemblée nationale? Cela fait deux fois
qu'on demande au ministre de respecter le règlement. Nous sommes sur une
motion secondaire du député de Maskinongé demandant que le
projet de loi soit remis à un mois pour qu'il y ait une commission
parlementaire. On ne veut pas que le ministre exerce sa réplique. Il
fera sa réplique plus tard, sur la motion principale. Ce sera lu dans un
mois d'aujourd'hui.
M. Garon: M. le Président...
Le Président: M. le ministre de l'Agriculture.
M. Garon: ... j'ai laissé parler les
députés. Je sais le député de Laval rusé. Il
sait que je parle à la télévision et que les cultivateurs
m'entendent. Il veut m'empêcher de parler. Ce que je veux dire, c'est
ceci: Les députés ont dit: Pourquoi une nouvelle commission
parlementaire? Et je dis: Pour-
quoi? On n'a pas besoin d'une commission parlementaire.
Une Voix: Pourquoi?
M. Garon: Parce qu'il est évident qu'il doit y avoir des
ajustements entre le mouvement coopératif et le mouvement syndical dans
le milieu agricole. Mais la loi 116 ne concerne pas du tout cette question. La
loi 116 n'ajoute rien à ce qui existe actuellement. La meilleure preuve?
Je vais lire la loi fédérale, l'article 2, un des articles avec
lesquels on a trompé la population, un article qui a été
déclaré ultra vires dans le chapitre A-7 de la loi
fédérale visant le placement des produits agricoles sur le
marché interprovincial et dans le commerce d'exportation. Qu'est-ce
qu'on dit là-dedans? On dit: "Le gouvernement peut fixer, imposer,
percevoir des contributions ou droits de la part de personnes adonnées
à la production ou au placement de la totalité ou d'une partie de
quelque produit agricole et, à cette fin, de classer ces personnes en
groupes". C'est exactement la loi fédérale qui dit qu'on peut
classer les producteurs en groupes. Qu'avons-nous mis dans la loi
québécoise, le projet de loi 116? Exactement la même chose.
Classer en groupes. Et quand je vois et j'espère que ce n'est pas
un avocat qui a écrit cela...
Le Président: M. le ministre de l'Agriculture... M.
Garon: Quand je vois...
Le Président:... pourrais-je vous demander de parler sur
la motion et d'être un peu plus pertinent? (18 heures)
M. Garon: Quand on dit, par exemple, qu'on a fait cette loi pour
classer des bons, des pas bons et des pas bons, ce n'est pas vrai. C'est fait
pour classer en lait industriel, en lait de consommation, en producteurs de
fruits et de légumes, etc. On veut une commission parlementaire, au
fond, pour permettre les mesures dilatoires qui ont existé pendant des
années avec la dissidence, de la même façon que le Parti
libéral a dû verser des centaines de milliers de dollars parce que
les dissidents ne payaient pas leur cotisation pour que le plan des oeufs
continue à fonctionner; question du député de Huntingdon
à laquelle j'ai répondu en inscrivant les montants, puisqu'il
avait déjà inscrit cette question au feuilleton. Le Parti
libéral considérait-il, à ce moment-là, qu'il
fallait jeter au dessus de $1 million dans l'eau ou s'il considérait
qu'il était important de maintenir le plan national des oeufs ou s'il
considérait important qu'il fallait mettre dans la législation
les articles nécessaires pour endiguer les ambiguïtés afin
qu'on ne puisse pas dire qu'on produisait pour un marché interprovincial
pour éviter le contrôle par le plan national des oeufs.
Ce que cette loi 116 vient faire, au fond, c'est uniquement boucher des
trous que la Cour suprême a demandé de boucher parce qu'elle a
dit: La production totale est de juridiction provinciale. A ce
moment-là, on ne pourra pas dire que le produit pour un marché
provincial...
Le Président: M. le ministre de l'Agriculture, je vous
rappelle tout simplement qu'il est 18 heures et que l'Assemblée doit
suspendre ses travaux jusqu'à 20 heures. A 20 heures.
Suspension de la séance à 18 h 2
Reprise de la séance à 20 h 8
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. le ministre de l'Agriculture, vous en étiez à votre
intervention sur la motion de report à un mois. Je vous cède de
nouveau le droit de parole, M. le ministre de l'Agriculture.
M. Garon: M. le Président, quand les partis d'Opposition
nous disent qu'ils veulent le report à un mois, au fond, ils ont eu,
depuis le 21 ou le 22 décembre, la journée où on a
ajourné, la nuit plutôt, la fois où le chef de l'Union
Nationale n'était pas capable de décider, avec son caucus, ce
qu'il ferait... A ce moment-là, M. le Président...
M. Grenier: ... Seigneur de la vie! Ha! ha! ha! Une Voix:
... le leader pleurait.
Le Président: M. le député de
Saint-Hyacinthe! M. le ministre peut poursuivre.
M. Garon:... on avait annoncé qu'il y aurait, le 6
février, reprise de la session pour adopter, entre autres, le projet de
loi no 116. Je pense qu'à ce moment-là les députés
qui n'ont pas pris j'espère des vacances entre le 22
décembre et le 6 février cela fait un mois et demi, c'est
peut-être fort un peu et qui travaillent, j'imagine, ont eu le
temps de lire le projet de loi no 116 mais, surtout, en correspondance avec la
Loi de la mise en marché des produits agricoles. Le projet de loi no 116
n'est pas un projet de loi qui doit se lire seul, c'est un projet de loi qui se
greffe à la Loi de la mise en marché des produits agricoles.
Alors, il faut lire les deux lois ensemble et voir à quel point
en lisant toute la Loi de la mise en marché des produits agricoles
le projet de loi no 116, en réalité, n'ajoute pas de
pouvoirs, que les pouvoirs sont dans la loi. (20 h 10)
C'est pour cela qu'il faut dire que reporter à un mois, je pense,
est inutile; ce sont des mesures dilatoires. Je dois dire également que
je suis un peu étonné de l'attitude de l'Union Nationale et du
député de Beauce-Sud parce que souvent, en commission
parlementaire, ils nous disent que la production c'est dans le champ, que cela
doit être dirigé par les agriculteurs. Voilà des plans
conjoints qui sont dirigés par les agriculteurs. Ce sont les
agriculteurs eux-mêmes qui les dirigent, qui
sont en charge; ce sont les agriculteurs eux-mêmes qui
élisent leurs dirigeants. J'en ai rencontré à
Saint-Guillaume qui me disaient cela avait l'air d'une chicane de
famille qu'ils n'aimaient pas tel et tel dirigeant. C'est votre
privilège, lors des assemblées annuelles, de changer vos
dirigeants. Ce sont là des lois. A ce moment-là, si vous n'aimez
pas tel règlement dans votre plan conjoint, changez votre
règlement.
La loi ne vous dit pas d'adopter tel ou tel règlement, elle vous
dit: Vous pouvez adopter des règlements pour faire telle et telle chose.
A ce moment, il faut que les gens aillent aux réunions, discutent,
demandent des informations et élisent des dirigeants qu'ils veulent voir
élus. Quand on dit, par exemple: Les dirigeants de l'UPA, dans certains
cas, comme disait le député de Beauce-Sud, sont de gros
producteurs, vous n'avez qu'à en élire des petits. Ils n'ont
qu'à aller au vote et à élire des petits et s'ils les
trouvent trop petits, en élire des moyens, mais élire des gens
qui correspondent à ce qu'ils veulent voir représenter. Tout cela
est dans la loi actuellement et c'est la même chose dans les
coopératives également, les gens qui siègent aux conseils
d'administration des coopératives sont des gens qui ont
été élus par les producteurs. Les lois
québécoises ont été faites comme cela et je pense
qu'on a bien fait de les faire de cette façon, contrairement aux lois de
l'Ontario ou d'autres provinces, où le pouvoir vient d'en haut. C'est
toujours d'en haut, du fonctionnarisme, et c'est toujours... l'Union Nationale
m'a dit...
M. Raynauld: Parlez-nous donc du porc. Vous l'avez imposé
d'en haut! Franchement!
M. Garon: Parlez-nous donc des amendements que vous avez
votés pour permettre justement c'est vous-mêmes qui avez
adopté les amendements dans la loi de 1975 pour permettre l'adoption du
porc sans référendum. Il faudrait quand même qu'il y ait
une certaine continuité même si les députés changent
dans le parti libéral.
Une Voix: D'en haut, avec les bureaucrates.
Mme le Vice-Président: M. le député
d'Outremont, vous pourrez intervenir s'il vous plaît! A
l'ordre!
M. Raynauld: Question de privilège. Mme le
Président, j'ai entendu le député des Deux-Montagnes
parler des porcs d'Outremont. Je voudrais qu'il retire ses paroles.
Mme le Vice-Président: Je vous en prie.
M. de Bellefeuille: Mme le Président, je retire toute
parole qui aurait pu être jugée offensante. Je voulais indiquer
que, dans la circonscription d'Outremont, les porcs sont peu nombreux. C'est
tout.
Mme le Vice-Président: M. le député. C'est
M. le ministre de l'Agriculture qui a maintenant le droit de parole. A l'ordre,
s'il vous plaît! J'aimerais vous faire remarquer que vous aurez un droit
de parole, si vous le demandez, mais je vous demanderais maintenant de
respecter celui du ministre de l'Agriculture. M. le ministre.
M. Garon: Mme le Président, je pense bien qu'il n'y a pas
beaucoup de porcs dans Outremont, il y aurait plutôt des cochons d'Inde
pour amuser les enfants. Quand on a fait la Loi sur la protection du territoire
agricole, on a réalisé que dans le comté d'Outremont, il y
a seulement un cultivateur, je ne sais pas à quelle place il se trouve
et je ne sais pas s'il va demander d'être inclus dans le zonage.
M. Raynauld: Avez-vous des porcs chez vous?
M. Garon: II s'agit, Mme le Président, d'amendements qui
sont essentiellement...
Mme le Vice-Président: M. le ministre, s'il vous
plaît.
M. Fontaine: Mme le Président, le ministre fait un
excellent discours...
Mme le Vice-Président: A quel propos voulez-vous
intervenir, M. le député? Sur une question de
règlement?
M. Fontaine: Sur une question de règlement.
Mme le Vice-Président: Sur une question de
règlement, M. le ministre de Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Le ministre fait un excellent discours, mais ce
serait bien plus intéressant s'il y avait au moins 30 personnes pour
l'écouter.
Mme le Vice-Président: Je pense que nous avons quorum,
mais nous allons quand même vérifier.
Nous n'avons pas quorum. Y aurait-il des députés? S'il
vous plaît! Qu'on appelle les députés.
A l'ordre, s'il vous plaît!
M. le ministre de l'Agriculture.
M. Garon: II s'agit essentiellement d'une loi qui a pour objet de
compléter la Loi de la mise en marché des produits agricoles au
Québec parce que la Cour suprême a créé un vice
juridique par sa décision du 19 janvier 1978. J'ai demandé
à la Régie des marchés agricoles de faire une
enquête au mois de décembre elle l'a fait le 18
décembre 1978 pour voir où en était rendue cette
question dans les autres provinces.
On remarque qu'au 18 décembre 1978, pour le lait parce
qu'il y a une loi séparée pour le lait et pour les autres
produits agricoles dans certaines provinces trois provinces avaient
amendé leur loi, soit l'Ontario, le Nouveau-Brunswick et l'Alber-ta;
deux provinces avaient des textes en préparation, soit la
Colombie-Britannique et le Manito-
ba; deux provinces n'avaient pas encore fixé leur besoin
d'amender leur loi, elles n'étaient pas encore certaines, la
Nouvelle-Ecosse et l'lle-du-Prince-Edouard et deux provinces pensent que leur
texte présent est assez large, soit la Saskatchewan et Terre-Neuve. Pour
les autres produits agricoles, c'est-à-dire les oeufs, le dindon, etc.,
quatre provinces avaient amendé leur loi, l'Ontario, le Manitoba, la
Colombie canadienne et le Nouveau-Brunswick et cinq provinces prétendent
que leur texte actuel est assez large, soit la Saskatchewan, I'Alberta,
Ile-du-Prince-Edouard, la Nouvelle-Ecosse et Terre-Neuve. (20 h 20)
Quant à la rétroactivité pour le lait, encore
là, parce que la législation est différente pour le lait
et les autres produits agricoles, trois provinces l'ont prévue,
l'Ontario, le Nouveau-Brunswick et l'AI-berta; une province n'a pas encore de
projet séparé j'imagine que c'est à cause de la
période électorale c'est la Nouvelle-Ecosse, et deux
provinces avaient des projets en préparation, le Manitoba et la
Colombie-Britannique; trois provinces croient leur loi adéquate et ne
prévoient aucun problème de réclamation,
c'est-à-dire les autres provinces que je n'ai pas mentionnées.
Pour les autres produits agricoles, les oeufs, le dindon, etc., quatre
provinces prévoient une rétroactivité: l'Ontario, le
Nouveau-Brunswick, le Manitoba et la Colombie-Britannique, et cinq provinces
prétendent leur loi adéquate, donc ne s'attendent à aucune
réclamation, ce sont les cinq autres provinces, et il reste seulement le
Québec à ce point de vue.
Quant aux pouvoirs donnés aux offices d'annuler et de suspendre
des quotas lorsque c'est nécessaire de le faire il ne s'agit pas
d'annuler à tout venant comme cela pour le lait, toutes les
provinces l'ont dans leur loi. Pour le fait... Attendez un peu. Moins la
Nouvelle-Ecosse, je suppose que ces gens n'ont pas eu encore le temps de le
faire, parce qu'ils n'ont pas encore amendé leur loi à cause des
élections. Pour les autres produits agricoles, toutes les provinces,
sans exception, ont ces pouvoirs dans leur législation. Alors, Mme le
Président, comme le souligne le journal Vers Demain-Pèlerin, qui
semble avoir des disciples dans cette Chambre le député de
Beauce-Sud retourne aux sources semble-t-il nous serions la
dixième province à devenir communiste. Nous serions la
dernière et on suivrait le pas des autres. Je pense que c'est un peu
ridicule.
Au fond, tout simplement, la mise en marché collective des
produits agricoles se fait de cette façon dans l'ensemble du Canada. Il
y a des plans nationaux à faire fonctionner. Il s'agit essentiellement
de faire fonctionner les plans nationaux, le plan du lait, le plan des dindons,
le plan des oeufs et de mettre en marche le plan du poulet.
Alors, Mme le Président, je pense qu'il n'est pas
nécessaire d'ajourner le débat, de faire une commission
parlementaire. Tout simplement, lorsqu'on fera l'étude article par
article, les conseillers juridiques qui ont travaillé avec moi à
l'élaboration de ce projet de loi seront là et nous pourrons
répondre, à chacun des articles, à toutes les questions
que posera l'Opposition pour clarifier certains points de vue je
comprends que ce sont des lois complexes pour clarifier toutes les
questions que l'Opposition voudra bien poser lors de l'étude des projets
de loi. Je peux vous dire que je ne pense pas que nous ayons mis dans cette loi
un seul mot qui soit superflu. S'il s'en trouve, lors de la discussion en
commission parlementaire, puisque c'est la coutume de discuter des articles
article par article, nous pourrons enlever les mots inutiles; mais je pense que
ces articles sont nécessaires. Ils sont nécessaires aussi pour
enlever l'ambiguïté. Je pense qu'il n'est pas normal que les lois
et les plans nationaux soient constamment devant les tribunaux comme on l'a
connu au Québec, au cours des dernières années.
Il n'est pas normal qu'on retrouve constamment des débats
juridiques. Les producteurs agricoles ont autre chose à faire dans le
fonctionnement des plans nationaux et des plans conjoints que se retrouver
constamment devant les tribunaux parce que les lois ont été mal
faites et qu'à ce moment-là il y a des trous dans les lois. C'est
cela que la Cour suprême essentiellement a voulu faire dans son jugement
de 1978; elle a voulu donner la juridiction à 100% sur toute la
production, quelle que soit la finalité, que ce soit la production pour
des fins locales, régionales, provinciales, interprovinciales,
internationales et, s'il y a autre chose plus tard, ce sera compris aussi. Tout
cela est de juridiction provinciale. En ce qui concerne le commerce...
M. Lavoie: Ce n'est pas la tour de Pise.
M. Garon: Je vais vous dire une chose. Vous voyez encore les
problèmes que nous crée la Cour suprême. Au fond, c'est
parce que la loi fédérale n'avait pas été bien
faite qu'on est obligé de changer tout cela. Vous voyez le trouble que
nous donne encore le fédéral. Si la loi n'avait pas
été déclarée ultra vires dans quelques articles, on
n'aurait pas tout ce travail à faire.
M. Lavoie: La Cour suprême a donné raison aux
provinces.
M. Gratton: Elle ne penchait pas du même bord.
M. Garon: Elle a changé sa jurisprudence. Elle a dit que
la province a juridiction sur la production. A ce moment-là, on ne
pourra pas plaider devant les tribunaux des points d'ambiguïté qui
ont été plaidés dans le passé et qui ont permis
toutes sortes d'échappatoires non pas à la majorité des
producteurs, mais à la minorité des producteurs qui ne respecte
pas la majorité. Quand des plans conjoints sont adoptés à
des pourcentages, comme les oeufs, de 92%, celui qui ne veut pas payer alors
qu'il bénéficie de tous les avantages dont les autres
bénéficient, je trouve qu'il est anormal qu'il ne paie pas sa
part. Il n'est pas nor-
mal, non plus que, dans un syndicat ouvrier ou dans une association
professionnelle, celui qui profite des avantages alors que 92% des gens ont
voté puisse s'en tirer sans payer alors que tout le monde paie, parce
que le plan a été fait pour la majorité, pas seulement
pour la majorité, mais pour tous les producteurs.
Quand il y a un prix administré, un prix administré, c'est
quoi? C'est un prix qui a été fixé non pas par l'offre et
la demande, mais par négociation, qui est supposé rencontrer les
coûts de production. C'est évident qu'à cela se greffe un
contrôle de la production parce qu'à ce prix administré il
pourrait y avoir des productions qui dépasseraient deux et trois fois
les besoins du marché. C'est cela, les règles du jeu. C'est
évident que ces problèmes peuvent être complexes. C'est
évident. Par exemple, dans les quotas de lait, quand on administre pour
l'ensemble du Canada et qu'il y a des subventions pour la production du lait,
c'est évident qu'il y a un contrôle de la production parce qu'il y
a un coût, un prix subventionné.
Les producteurs s'attendent de produire deux fois et peut-être
plus de lait encore, et le marché n'est pas capable de reprendre ce
lait-là à moins qu'on travaille pour développer les
marchés. C'est pour cela que j'étais absent à la
période des questions aujourd'hui; j'ai assisté à
l'inauguration d'une usine de fromage, d'une fromagerie, qui va faire des
fromages que, jusqu'à maintenant, nous importions d'Europe. 30 millions
de livres de lait vont aller dans cette fromagerie.
Des Voix: Bravo!
M. Garon: J'aurai l'occasion aussi, au cours de cette
semaine...
M. Grenier: Cela fait dix fois que vous l'annoncez.
M. Garon: Oui, parce que c'est important. Ce sont des fromages
qu'on importait à 100% auparavant. J'aurai l'occasion, au cours de cette
semaine, d'annoncer également d'autres subventions à des
entreprises qui sont dans les produits les plus modernes où nous
accaparons une grande partie du marché ontarien, du marché
américain et du marché des Maritimes. C'est comme cela que le
développement économique au Québec va se faire. C'est pour
cela que je voudrais que le projet de loi 116 soit adopté le plus
rapidement possible pour que le ministre de l'Agriculture ait autre chose
à faire que de parler de la dissidence, au lieu de parler de
développement économique agro-alimentaire au Québec et me
laisser le temps de bâtir les entreprises comme on l'a fait depuis deux
ans à la grandeur du Québec.
Des Voix: Bravo!
M. Garon: Quant à ceux qui pensent je sais que le
député de Shefford a déjà dit cela; il y en a
d'autres de l'Union Nationale que je couchais avec l'UPA, je ne couche
avec personne, sauf avec ma femme. Je vais vous dire simplement qu'à
certains moments il y a des discussions sur le développement
agro-alimentaire. Il arrive que nous divergions d'opinion, qu'il y ait des
discussions, mais souventefois nous avons la même opinion. Je pense qu'il
est normal qu'un gouvernement consulte les producteurs agricoles. Dans le cas
du projet de loi 116, je vous dirai bien franchement que, contrairement
à tout ce qu'on a dit, jamais l'UPA ne nous a demandé d'adopter
cette loi. Ce sont nos conseillers juridiques eux-mêmes qui nous ont dit:
Nous avons besoin de cette loi à la suite du jugement de la Cour
suprême. Je peux vous dire croyez-le ou non que c'est la
vérité. Jamais il n'y a eu une demande de l'UPA à savoir:
Adoptez-nous la loi 116! Au contraire, les conseillers juridiques me
pressaient, au cours de l'été, de me préparer à
adopter le projet de loi 116 puisque c'était urgent de l'adopter. Je
peux vous dire que c'est avec beaucoup de réticence et avec beaucoup
je dirais d'études, beaucoup de discussions avec les gens
du ministère que nous avons présenté le projet de loi no
116.
Regardez un des articles où il faut discuter au point de vue de
l'administration de certains pouvoirs, dans le cadre d'un plan national, des
organismes fédéraux, des organismes interprovinciaux ou des
organismes québécois provinciaux. Je ne suis pas et je pense bien
que vous savez que le gouvernement actuel du Québec n'est pas
porté, par tempérament, à confier à d'autres
l'administration de ses pouvoirs. Mais, dans le cadre d'un plan national, on
n'a pas le choix parce que, dans certains cas, les surplus ne se retrouvent pas
au niveau d'une province mais se retrouvent dans l'ensemble du territoire que
couvre le plan. A ce moment-là, il serait complètement illusoire
de vouloir administrer un plan national, c'est-à-dire un plan...
J'appelle cela un plan national mais c'est plutôt un plan canadien, si
vous voulez, pour l'ensemble du Canada, un plan qui n'est pas
fédéral vraiment, un plan fédéral-interprovincial
mais qui couvre l'ensemble du Canada; il serait illusoire d'administrer cela
autrement que par un organisme conjoint. (20 h 30)
J'ai fait étudier ces articles avec beaucoup de parcimonie; je
les ai fait changer à plusieurs reprises pour être bien sûr
que le Québec n'aliénait aucun des pouvoirs qui lui
étaient consentis par la Cour suprême, de sorte qu'il y ait dans
la loi uniquement ce qui était nécessaire pour faire fonctionner
ces plans. Je ne voudrais pas, je l'ai dit tout à l'heure, et je vais
terminer là-dessus, Mme le Président...
M. Lavoie: Je crois que...
Mme le Vice-Président: M. le leader de l'Opposition
officielle.
M. Lavoie: ... le ministre devient de moins en moins
intéressant et il a épuisé son droit de parole depuis au
moins trois minutes. S'il veut continuer encore une minute ou deux, on n'a pas
d'objection mais, au moins, que ce soit sur la motion.
Mme le Vice-Président: M. le ministre.
M. Garon: Mme le Président, je pense que nous n'avons pas
besoin de délai, parce qu'il s'agit d'une loi essentiellement simple.
Si, comme le dit le député de Beauce-Sud, on veut régler
tout le problème de la commercialisation des produits agricoles, avec
les coupures de quotas du fédéral, avec la question des
coopératives et du syndicalisme, etc., c'est une autre paire de manches.
A ce moment-là, on tombe complètement en dehors du projet de loi
no 116 puisqu'il vient uniquement combler un vide juridique. Pour faire cette
étude, nous pouvons procéder très rapidement en commission
parlementaire et à toutes les questions que l'Opposition peut se poser,
des réponses pourront y être fournies.
Je pense que ce n'est pas le moment pour faire un débat sur toute
la commercialisation des produits agricoles au Québec. Il s'agit
simplement de faire fonctionner des plans que nous avons
déjà.
Des Voix: Vote! Vote!
Mme le Vice-Président: Cette...
M. Dubois: J'aimerais intervenir.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Huntingdon, vous voulez intervenir sur la motion d'amendement?
M. Dubois: C'est cela.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Huntingdon.
M. Claude Dubois
M. Dubois: Merci, Mme le Président. Pour ma part, je suis
d'accord avec la motion du député de Maskinongé pour
reporter de quelques jours du moins, l'étude du projet de loi afin de
permettre que des intervenants viennent en commission parlementaire pour nous
expliquer les raisons pour lesquelles certains désirent le projet de loi
d'une façon rapide et aussi, pour certains autres, les raisons pour
lesquelles ils sont contre le projet de loi.
Je pense qu'il serait important que tous les intervenants puissent se
présenter à la même tribune, soit une commission
parlementaire. Nous l'avons vécu au niveau du projet de loi no 90 et je
pense que ce fut très intéressant pour tous les intervenants. Ce
fut très intéressant pour les membres de l'Assemblée
nationale qui y ont participé et ce fut aussi au profit des agriculteurs
qui ont pu quand même recevoir de la part de la presse écrite et
de la télévision des commentaires sur cette commission. Je pense
qu'on a réussi quand même à susciter beaucoup
d'intérêt chez la population agricole quand il s'est agi de
discuter le projet de loi no 90. Nous savons tous que la Cour suprême du
Canada a déclaré certains prélevés ultra vires,
certains autres prélevés illégaux sur certaines
productions. Ce jugement date de plus d'un an. Je pense que c'était, si
je ne me trompe pas, le 18 janvier 1978. Je peux me tromper d'une
journée ou deux, mais cela fait plus d'un an et je pense qu'il n'y a
rien qui est tombé à terre depuis ce temps. La plans conjoints
fonctionnent comme ils fonctionnaient antérieurement. Il n'y a rien de
changé et je ne vois pas pourquoi le ministre de l'Agriculture serait
aussi pressé et nous pousserait aussi fortement dans le dos pour faire
sanctionner ce projet de loi qui est à mon avis très abusif dans
le sens qu'il concède à un syndicat des pouvoirs exorbitants,
chose qui n'est pas acceptable.
Je pense que c'est à peu près comme si on disait que
demain on laisse à la CSN ou à la FTQ le contrôle de
l'économie industrielle au Québec. Ce serait à peu
près la même chose. Ici, on voudrait laisser le contrôle de
l'économie agricole entre les mains d'un syndicat. J'aimerais qu'un jour
on puisse définir le rôle du syndicalisme dans l'agriculture, le
rôle des coopératives et aussi le rôle d'un office de
producteurs ou d'une fédération de producteurs. Je pense que tout
le monde est mêlé là-dedans. Les trois ne se comprennent
pas et je pense qu'il y a lieu pour le législateur de définir le
rôle de chacun. Je pense que c'est impératif que ce soit fait.
J'aimerais aussi indiquer que la loi qui fut sanctionnée en 1974, qu'on
appelle le chapitre 36, Loi sur la mise en marché des produits agricoles
au Québec, le fut sous le régime libéral. A ce moment,
l'Union Nationale n'était pas dans le portrait parce qu'on n'avait pas
de représentant à l'Assemblée nationale. Il n'y a pas eu
d'opposition sur ce projet de loi. Celui-là aussi était
exorbitant. Il concédait des pouvoirs abusifs aux offices de producteurs
et au syndicalisme, mais étant donné que personne n'a
défendu la liberté des agriculteurs, à ce moment, le
projet de loi est passé à peu près inaperçu.
Aujourd'hui, c'est tout autre chose au niveau du projet de loi no 116.
Il y a ici dans cette Chambre des défenseurs de l'agriculteur et c'est
l'Union Nationale, je veux le préciser. J'aimerais ici, si vous voulez
qu'on traite de syndicalisme, vous citer un article de Travail-Québec,
publication d'octobre 1978 que j'ai reçue la semaine dernière du
ministère du Travail, volume 14, no 3. On traite ici du syndicalisme
à travers le monde et à travers le Canada et c'est écrit
par M. Lucien Lévesque, responsable du centre de documentation de l'UPA.
On dit ici: La loi des producteurs agricoles permet l'accréditation
d'une seule association agricole, accorde le pouvoir de percevoir des
cotisations et des contributions obligatoires, ceci après avoir franchi
favorablement l'étape d'un référendum.
Référendum, remarquez bien.
Puis, si on se rappelle le plan conjoint sur le porc au Québec,
il y a deux référendums négatifs et on a sanctionné
quand même ce plan conjoint. Le ministre actuel de l'Agriculture est donc
responsable d'avoir sanctionné un plan conjoint sur le porc au
Québec sans référendum positif. Il y a eu deux
référendums négatifs. Il faudrait se souvenir de cela
quand même.
Si la loi qui a accrédité l'UPA comme un syndicat
professionnel, on l'indiquait dans cette loi, mais c'est bien indiqué:
après référendum. Un référendum,
ordinairement, on en accepte le résultat, s'il est positif, mais s'il
est négatif. C'est le sens que je comprends.
Un peu plus loin, on dit que l'UPA est un organisme démocratique.
Qu'est-ce qu'un organisme démocratique? Qui favorise la participation,
respecte le droit d'association c'est fort, cela respecte le droit
d'association et la liberté d'adhésion cela va
encore plus loin, tout cela est dit par l'UPA, ce n'est pas moi qui le dis,
c'est l'UPA qui le dit et c'est Travail-Québec respecte le droit
d'association et la liberté d'adhésion des agriculteurs. Elle est
contrôlée naturellement par eux. Toute personne
intéressée dans la production et la mise en marché des
produits agricoles peut adhérer librement au syndicat de son choix, sous
réserve...
Une Voix: C'est sur la motion cela.
M. Dubois: Non, mais je veux montrer comment cela se fait qu'il y
a des problèmes aujourd'hui et pourquoi il faut le rapporter. ... sous
réserve des règlements des syndicats, cette personne peut aussi
retirer son adhésion en tout temps. Est-ce que c'est le cas? Vous lirez
Travail-Québec.
Egalement, le ministre nous a cité l'exemple d'autres provinces,
Mme le Président, qui ont sanctionné des projets de loi
peut-être un peu identiques, il s'agit de la Colombie-Britannique, il
s'agit de l'Ontario et il s'agit du Nouveau-Brunswick. Mais il y a une chose
que le ministre a oublié de nous dire, c'est qu'en Ontario, en
Colombie-Britannique aussi bien qu'au Nouveau-Brunswick, le contrôle de
la production agricole est sous la loi votée par ces provinces, mais
sous un contrôle absolu du lieutenant-gouverneur en conseil ou sous le
contrôle du Conseil des ministres. Ici, au Québec, on cède
à un office de producteurs tous les contrôles et tous les droits.
On dit dans le projet de loi no 116 je n'ai pas les paroles exactes, je
pourrai le reprendre, si vous voulez que l'Office des producteurs prend
la place du lieutenant-gouverneur en conseil. Alors, c'est ni plus ni moins que
céder tous nos droits aux offices puisque les offices sont
chapeautés par un syndicat, et finalement c'est un syndicat qui
contrôle l'économie agricole au Québec. C'est un fait et on
le vit aujourd'hui. (20 h 40)
Pourquoi avons-nous des problèmes, c'est parce qu'on a
cédé à un syndicat tous les droits dans l'agriculture,
droits de produire et droits de mettre en marché, chose qui n'existait
pas avant. Il y avait un contrôle sur la mise en marché et non un
contrôle sur la production. Aujourd'hui, on vit un contrôle ou on
va vivre, avec le projet de loi no 116, un contrôle sur la production
aussi bien que sur la mise en marché. Je pense que cela est pas mal
aberrant dans un pays où on doit vivre quand même une certaine
démocratie et une certaine liberté.
J'inviterais les membres de cette Chambre à vérifier les
projets de loi des autres provinces. Quand le ministre nous dit que cela
remplit un vide créé par le verdict de la Cour suprême, je
pense que c'est plus que remplir le vide créé par ce verdict,
c'est de donner des pouvoirs additionnels aux offices de producteurs. Je n'ai
absolument rien contre un plan conjoint qui est administré par les
producteurs. Mais, aujourd'hui, c'est la bureaucratie qui administre les plans
conjoints et non les agriculteurs. C'est une autre chose, cela.
Une Voix: C'est différent.
M. Dubois: II serait temps que le ministre décide, une
fois pour toutes, de définir les pouvoirs qu'on cède à un
syndicat, les pouvoirs qu'on cède à une coopérative et les
pouvoirs qu'on cède à un office de producteurs.
Il semble aussi plus évident, depuis hier, que le ministre de
l'Agriculture serait porté à chapeauter et même à
cautionner les agissements de l'UPA, de l'Union des producteurs agricoles,
vis-à-vis des coopératives en laissant entre les mains des
offices des producteurs le contrôle absolu sur la production agricole et
plus particulièrement sur la production du lait au Québec. Par le
fait même, on pourrait vivre un jour où les coopératives
agricoles du Québec ne pourraient plus s'approvisionner en lait puisque
le contrôle serait entre les mains du syndicat qui, lui, devient
automatiquement, avec Unilait, un autre transformateur de lait. Nous avons deux
éléments parallèles dans la transformation du lait au
Québec. C'est de plus en plus évident depuis hier puisqu'on a lu
dans les journaux que le Conseil des ministres aurait voté un certain
prêt à Unilait qui conférerait des pouvoirs de mise en
marché et de contrôle de production à ces gens-là.
Je ne sais pas si le ministre a l'intention de détruire les
coopératives au Québec, mais il reste un danger. Nous allons
vivre, dans les jours qui vont suivre, un affrontement de tous les instants
entre ces deux éléments: d'une part, le syndicalisme agricole,
qui est l'UPA, et, d'autre part, les coopératives. Ce qui arrive n'est
pas pour le bienfait des agriculteurs; on va se détruire mutuellement et
nous allons avoir des affrontements d'agriculteurs, des affrontements de
syndicats et des affrontements de coopératives.
J'aurais beaucoup d'autres éléments à apporter,
mais il y aurait lieu que j'aille plus en profondeur et j'attendrai
plutôt lors de l'étude article par article du projet de loi no 116
et aussi au moment de l'heure qui me sera dévolue à la
troisième lecture. A ce moment-là, je pourrai y aller plus
profondément sur certains points qui me semblent prioritaires et qui
pourraient permettre quand même de régler les problèmes que
vivent présentement nos agriculteurs.
Je vous remercie, Mme le Président.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Julien Giasson
M. Giasson: Mon collègue, le député de
Maskinongé, au cours de son intervention dans le débat de
deuxième lecture a réclamé du ministre de l'Agriculture la
possibilité de faire siéger une commission parlementaire au cours
des prochains jours afin de permettre à l'ensemble des
députés de l'Assemblée nationale, qui s'intéressent
profondément aux problèmes agricoles du Québec, y compris
le député de Joliette qui compte beaucup de producteurs et de
grandes entreprises dans son milieu, d'examiner en profondeur tout le
système de fonctionnement des plans conjoints au Québec, que ce
soit dans le secteur... Je parle de plans conjoints qui sont surtout
chapeautés par un office canadien de commercialisation ou de plan
national parce que depuis quelques mois, surtout depuis la tombée de la
loi 116 sur la table de l'Assemblée nationale, nous avons entendu des
expressions d'avis ou d'opinions les plus variées qui soient.
Mme le Président, ce que j'ai entendu, personnellement, au cours
de nombreuses discussions, va d'un extrême à l'autre. Il m'a
été donné de rencontrer et de discuter avec des gens qui
représentent ce qu'on appelle communément des dissidents ou des
gens qui désapprouvent l'application des plans conjoints, des
commentaires me sont venus d'administrateurs, de fédérations de
producteurs qui administrent des plans conjoints au Québec. La tenue
d'une commission parlementaire, Mme le Président, n'a absolument rien
d'inconcevable en soi, surtout dans le contexte que nous vivons depuis quelques
semaines.
Jamais, à ma connaissance, à l'Assemblée nationale
ou dans une commission parlementaire de l'agriculture, il n'a été
donné aux députés du Québec d'écouter et
d'entendre des personnes qui ont vécu des expériences pratiques,
que ce soit l'expérience vécue par ceux qui prétendent que
des producteurs ont été lésés dans leurs droits,
des producteurs chez qui on serait allé faire des saisies de produits de
façon indue et anormale, des producteurs chez qui on avait saisi des
oeufs, sous prétexte que le nombre de poules dans un poulailler
dépassait le nombre autorisé par la Fédération des
producteurs d'oeufs de consommation du Québec. Cela nous a
été dit, mais cela nous est lancé par une des parties en
cause dans cette opération.
Comme il serait important également de connaître, Mme le
Président, l'avis ou l'expérience vécue par certaines
fédérations de production organisées de pians conjoints
chez nous, lorsqu'on nous dit que pendant toute la période d'existence
du plan conjoint de la chair de volaille, il s'est trouvé des
producteurs détenteurs de quotas qui ne se sont jamais
gênés pour faire de la production hors quota, comme on nous a
raconté que des abattoirs avicoles au Québec ne se sont jamais
gênés pour passer à côté de la
réglementation prévue dans le cas de la chair de volaille pour
aller s'approvisionner dans des provinces voisines, pour commander de la
volaille vivante venant des Etats-Unis quand cela faisait leur affaire, comme
également nous avons entendu des faits voulant que des producteurs,
détenteurs de quotas au Québec, aient multiplié des
programmes de production de volaille afin de les expédier dans les
provinces voisines, que ce soit au Nou-veau-Brunswick ou en Ontario.
Il me semble, Mme le Président, que c'est l'expression du bon
sens de convoquer notre commission parlementaire de l'agriculture pendant ce
débat de la loi 116 qui ouvre la Loi des marchés agricoles du
Québec. Ce serait l'occasion idéale d'inviter tous ceux qui
veulent comparaître, que ce soient de simples producteurs, des
représentants de groupes qu'on appelle les dissidents, des
représentants de l'Office des producteurs de porcs du Québec qui
doivent vivre un plan conjoint qui n'a jamais été voté et
voulu par la base, par la majorité, par le biais de la tenue d'un
référendum, mais qui vivent un plan conjoint décidé
de toute autorité contre la volonté majoritaire des
intéressés, décidé de toute autorité par le
ministre de l'Agriculture du Québec.
Je l'avais avisé à l'époque, que
l'expérience d'un plan conjoint non voulu par les producteurs
était voué dès le départ à l'échec,
que le ministre nie cela, qu'il me dise qu'en dépit de deux ordonnances
de la Régie des marchés agricoles, qu'il a ordonné aux
producteurs de souscrire un montant de $0.10 au départ par tête
mise en marché pour financer... pas un sou n'a été
perçu des producteurs. Vous donnerez vos chiffres, M. le ministre. La
régie a dû procéder à une deuxième ordonnance
auprès des salaisons ou des abattoirs du Québec les enjoignant de
retenir à la source les $0.10 par tête contributoire.
Dites-nous, M. le ministre, combien d'abattoirs ont respecté
cette ordonnance? Combien d'argent a été perçu?
Dites-le-nous, M. le ministre. Vous n'en percevrez pas, à
l'intérieur de ce plan conjoint décidé par vous. (20 h
50)
Une Voix: La motion, c'était un point d'ajournement.
M. Giasson: Mieux que cela. Une Voix: Ah!
M. Giasson: L'équipe des personnes qui travaillent avec
vous à la Régie des marchés agricoles du Québec est
déjà consciente que le plan conjoint imposé
d'autorité ne fonctionnera pas pour un certain nombre d'années
encore, parce que vous avez imposé ce plan conjoint. Il serait bon que,
dans notre commission parlementaire de l'agriculture qui devrait siéger
au cours des prochains jours, nous voyions la dimension réelle de la
situation à l'endroit des producteurs de porc. Il faudra
également, Mme le Président, entendre les représentants de
la Fédération des producteurs de chair de volaille nous expliquer
de quelle façon ils ont pu obliger un abattoir au Québec, entre
autres La Chaîne coopérative du Saguenay qui, un certain jour, a
décidé de demander à des producteurs
qui ne détenaient pas de quotas de se lancer dans la production
de chair de volaille, se portant garante de ce qui pourrait survenir. Vous
savez cela, M. le ministre, vous savez que cela s'est produit.
M. Garon: Dans votre temps, je suppose?
M. Giasson: Quel que soit le temps, cela s'est produit. Il faudra
voir si la Fédération des producteurs de chair de volaille a
été si dure pour cette entreprise qui avait défié
le système accepté et mis en place, qui avait oublié
totalement la réglementation; il faudra savoir de quelle façon la
fédération a agi. Est-ce que, vraiment, cela a été
aussi dur, aussi méchant, aussi mauvais que les gens l'ont
prétendu? Combien de pénalités a déjà
assumées ou payées la Chaîne coopérative du Saguenay
pour avoir procédé contre la réglementation mise en place
par la Fédération des producteurs de chair de volaille? Il
faudrait savoir également quels sont les problèmes vécus
par d'autres organismes de production, par des salaisons pour qu'on comprenne
ce qu'est la réalité, la vérité de la mise en
application de plans conjoints au Québec.
M. Chevrette: Mme le Président, question de
règlement, s'il vous plaît!
Mme le Vice-Président: Sur la question de
règlement, M. le député de Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: Je vais être très bref. Tout au cours
du discours du ministre de l'Agriculture, j'ai entendu piailler qu'il
enfreignait le règlement. Cela fait cinq minutes que le
député de Montmagny-L'Islet ne parle même pas sur la
pertinence de la résolution.
M. Giasson: II devrait y avoir une commission parlementaire, ce
qui va dans le sens de la motion.
Une Voix: II est passé à la
télévision. C'est bien.
M. Giasson: Nous avons, Mme le Président, l'obligation de
convoquer la commission parlementaire.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Montmagny-L'Islet, je veux simplement vous demander qu'il devienne
évident chaque fois en tout cas assez souvent que vous
parlez à l'intérieur de la motion d'amendement.
M. Giasson: II est évident, Mme le Président, qu'il
est impérieux de convoquer la commission parlementaire. Il n'y a pas de
péril en la demeure si nous adoptons ou sanctionnons la loi 116 une
semaine plus tard que les prévisions du ministre, ou quinze jours plus
tard. Il n'y a vraiment pas de péril en la demeure. Et personne ne va en
souffrir. Personne. Et enfin, nous aurions l'occasion, députés de
cette Assemblée, d'aller voir le fond des choses et de questionner, de
dialoguer avec des personnes qui ont des choses à dire là-dedans.
Ce n'est pas demander la mer à boire, M. le ministre. C'est vous
demander une chose qui est absolument sensée et normale. Pour ma part,
j'ose encore croire que vous allez entendre cette demande formulée par
le député de Maskinongé, celle de nous permettre, au cours
des prochains jours, d'entendre, devant la commission parlementaire du
ministère de l'agriculture, tous les intéressés qui ont
des points à faire valoir, quels que soient les objectifs qu'ils
recherchent. C'est la seule façon de faire véritablement la
lumière à l'intérieur de l'expérience vécue
pour différents plans conjoints au Québec. Si vous ne le faites
pas, M. le ministre, nous allons continuer à vivre avec des propos que
nous entendrons de part et d'autre, avec des affirmations qui peuvent
être gratuites parfois, parce que nous n'avons pas cette occasion de
découvrir la dimension réelle de chaque expérience
vécue à l'intérieur d'un plan conjoint depuis que ces
plans ont été instaurés dans chacune des
spécialités.
Mme le Président, j'ai eu l'occasion de dire au ministre,
dès le dépôt de sa loi, qu'il m'apparaissait
impérieux de scinder cette loi afin que, dans un premier temps et
rapidement, nous puissions valider des opérations et des
décisions menées en vertu d'une loi fédérale. On
pourrait se permettre d'attendre un petit peu afin d'approfondir
véritablement par le jeu d'une commission parlementaire toute la
portée des pouvoirs plus étendus, des pouvoirs coercitifs qui
sont plus marqués dans le projet de loi 116 que ceux que nous avions
à l'intérieur de la Loi sur la mise en marché des produits
agricoles. Pourquoi? Peut-être en vue de donner plus de dents à la
Loi des marchés agricoles à l'égard de ceux qui se sont
foutés habituellement, dans le passé, des règles du jeu du
système établi. Il faut bien comprendre que ces pouvoirs à
l'endroit des quotas détenus ne sont pas pour pénaliser
indûment des producteurs qui veulent vraiment respecter les règles
établies, mais qu'ils s'appliquent à ceux qui veulent profiter du
système au maximum, soit en produisant leur quota et en produisant hors
quota assez souvent ou en faisant du commerce qui ne va pas dans le sens des
ententes intervenues. Ils profitent aux deux bouts du système,
c'est-à-dire en ayant une bonne structure de prix et en dépassant
largement les quotas de production qu'ils possèdent
Pour ces motifs, Mme le Président, je termine en rappelant au
ministre de l'Agriculture qu'il se doit de permettre aux députés
de l'Assemblée nationale du Québec d'entendre toutes ces
personnes qui vont faire une lumière qui m'apparaît
nécessaire au moment où nous naviguons un peu en eau trouble
compte tenu de tous les propos que nous avons entendus au cours des
dernières semaines. Merci.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Bellechasse.
M. Bertrand Goulet
M. Goulet: Mme le Président, nous avons devant nous une
motion de report à un mois de
l'étude en deuxième lecture de ce projet de loi, tel que
demandé par le député de Maskinongé. Je juge que le
délai demandé est très raisonnable. On peut qualifier
cette demande de motion dilatoire ou encore de "filibuster", mais je pense
sincèrement que ce n'est pas du tout le cas. C'est tout simplement pour
permettre à cette commission parlementaire de siéger et
d'entendre des groupes intéressés, peut-être même
pour permettre au syndicat de l'UPA au niveau de la base de consulter davantage
ses membres par le biais d'un référendum et pour permettre
également de renseigner ces mêmes membres, soit toujours les gens
à la base, l'agriculteur lui-même et pas seulement le directeur
régional ou le directeur au niveau d'une paroisse de ce syndicat.
Cette commission nous permettrait d'entendre naturellement les
dirigeants de l'Union des producteurs agricoles, le syndicat qui
représente les producteurs agricoles au Québec. Elle permettrait
également à ceux qui le désirent, soit les agriculteurs de
la base parallèlement à leur représentant syndical, de
venir nous rencontrer, de venir répondre à certaines questions.
Elle permettrait également aux agriculteurs qu'on dit en
désaccord de se faire entendre. Si je n'emploie pas le mot "dissidents",
c'est intentionnel parce que, lorsqu'on parle d'agriculteurs dissidents, ce
sont des groupes qui, à un moment donné, ne veulent absolument
rien savoir des plans conjoints. Mais dans mon bureau de comté et lors
de tournées durant l'intersession, j'ai répondu à des
questions de plusieurs agriculteurs de la base, par exemple, des producteurs de
lait qui ont des quotas de 150 000, 200 000 et 250 000 livres, qui, sans
être en désaccord complet avec ce projet de loi, se posaient de
sérieuses questions quant à son application et auraient
aimé en savoir davantage. (21 heures)
Je pense qu'on peut qualifier ces agriculteurs de membres à part
entière de leur syndicat. Ils ne contestent pas à 100% leur
syndicat mais ils aimeraient être renseignés davantage quant
à l'implication future de ce projet de loi. On pourrait même aller
jusqu'à entendre, peut-être, les consommateurs eux-mêmes, ou
même certains groupes de consommateurs, et également en profiter
pour faire venir des représentants de coopératives, des
coopérateurs eux-mêmes.
On a beau nous dire que les coopératives sont en accord complet
avec ce projet de loi, pas plus tard que cet après-midi, lorsque j'ai eu
l'occasion de regarder à deux ou trois reprises par la fenêtre,
j'ai vu des camions lettrés COOP, Coopérative. Je me demande ce
que ces camions, ce que les représentants de ces coopératives
faisaient ici s'ils sont en accord complet avec ce projet de loi. Vous
comprenez comme moi qu'ils n'ont aucune raison de venir contester, s'il est
vrai qu'ils sont en accord complet avec ce projet de loi. Donc, s'ils sont
venus ici cet après-midi, si j'ai eu l'occasion de voir de mes propres
yeux des camions, des gens des coopératives, c'est parce que quelque
chose dans ce projet de loi leur fait peur et ils auraient quelque chose
à dire sur ce projet de loi no 116.
On l'a fait dans d'autres commissions. On a adopté
dernièrement le projet de loi no 72, le nouveau code du consommateur, et
nous avons entendu en commission parlementaire certains groupes qui sont venus
répondre à plusieurs questions que nous avions à leur
poser, et cela a fait la lumière. Cela a fait la lumière comme
ceci parce que, personnellement, j'avais cru comprendre par le biais des
journaux ou d'autres media, que ces gens étaient eux aussi des
dissidents ou en désaccord avec le projet de loi, et à deux ou
trois de ces groupes, j'ai eu l'occasion de poser des questions. Je ne me suis
pas gêné, en troisième lecture, pour adopter ce projet de
loi parce qu'ils ont été très faibles dans leur
argumentation. C'est ce que je voudrais faire également avec certains
groupes intéressés ou qui seront touchés directement par
le projet de loi no 116: simplement faire la lumière ou avoir des
renseignements, comme le disait tout à l'heure le député
de Montmagny-L'Islet et plusieurs personnes dans cette Chambre, faire la
lumière sur certains articles de ce projet de loi, aller jusqu'au fond
des choses pour voir l'implication directe de certains articles et même
de certains mots, Mme la Présidente.
Je pense que c'est le but, en commission parlementaire, de faire venir
les gens intéressés, les gens compétents dans la
matière pour qu'ils puissent renseigner l'ensemble des
députés de façon à nous aider à prendre une
décision et de voir si, véritablement, il y a du charriage ou non
et voir si, véritablement, ceux qui sont en désaccord ont raison
ou ont tort. C'est le but premier d'une commission parlementaire. Ce
délai permettrait également à certains
députés de rencontrer les agriculteurs de leur comté, non
seulement les présidents de zone ou encore les présidents
régionaux du syndicat qui est mandaté pour représenter ces
agriculteurs, mais faire comme j'ai fait en fin de semaine et comme j'ai fait
depuis deux semaines, rencontrer des groupes d'agriculteurs eux-mêmes,
les agriculteurs à la base.
Parce que je l'ai fait, je peux vous dire que j'ai eu certaines
surprises. Je me suis aperçu que le projet de loi n'était pas
compris, que les gens se posaient des questions et doutaient ou avaient peur
qu'il soit adopté. C'est pour cela qu'on est ici ce soir, Mme la
Présidente. On n'a pas dit que ce projet de loi était
complètement mauvais, mais il y a plusieurs articles sur lesquels on
aimerait avoir des informations pour savoir l'implication. C'est pourquoi on
demande un délai d'un mois.
Les raisons qui ont présidé à la rédaction
de ce projet de loi sont de trois ordres. Dans un premier temps, le
gouvernement veut s'emparer du champ de juridiction laissé vacant par un
jugement de la Cour suprême du Canada qui a déclaré
illégales les cotisations ou les prélevés perçus
par le gouvernement fédéral sur ces organismes ou sur des
produits agricoles produits et mis en marché au Québec. On est
d'accord sur ce principe qu'on doit, à un moment donné, remplir
ce vide. Dans un deuxième temps, ce projet de loi effrite le droit de
propriété des quotas ou des contingentements auxquels certains
groupes de producteurs sont déjà soumis en permettant au
syndicalisme
agricole de les diminuer ou de les annuler à son gré afin
d'éliminer la portée du jugement rendu par le juge en chef de la
Cour suprême qui a statué, il y a quelques mois, que les
contingentements étaient la propriété exclusive du
détenteur lui-même.
Dans un troisième temps, le gouvernement du Québec, par ce
projet de loi c'est pour cela qu'on veut avoir des informations en
commission parlementaire déléguera au syndicalisme
agricole le pouvoir de contingenter toutes, je dis bien toutes les productions
agricoles sans recours possible devant les tribunaux par les producteurs
eux-mêmes; ceci, afin d'assurer par ce moyen, croit-on, d'après le
ministre, la rentabilité de l'agriculture au Québec. On
permettrait à certaines personnes de venir nous expliquer pourquoi un
syndicat devrait avoir le pouvoir de fixer le temps et le lieu de la
production. Avant cela, on permettrait de fixer le temps et le lieu de la mise
en marché. Maintenant, pourquoi est-ce obligatoire le ministre
délégué au Haut-Commissariat, à la jeunesse, aux
loisirs et aux sports ne m'a pas convaincu par ses arguments cet
après-midi pourquoi faut-il donner le pouvoir au syndicat de
fixer le temps et le lieu de production et de réduire les quotas? Par ce
projet de loi, on donnera le pouvoir au syndicat de réduire ou
même d'annuler les quotas. Oui, le ministre me dit si c'est
nécessaire, mais on le permettra quand même. On permettra
également au syndicat, Mme le Président...
M. Garon: J'ai dit: Si c'était nécessaire, lors de
la phrase précédente quand il a parlé de fixer le temps et
le lieu de production.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Sur le point de règlement, madame. Je pense que
tout à l'heure le ministre a eu l'occasion de s'exprimer. J'ai
été assez gentil de l'écouter. Je lui demande de faire la
même chose. Si cela ne fait pas son affaire, il aura son droit de
réplique également.
Madame, il y a aussi le pouvoir d'imposer des pénalités
basées sur le volume produit plutôt que le volume vendu, de saisir
le surplus de production sans rien payer. Madame, on donne ces pouvoirs.
J'aimerais personnellement comme député, avant de voter un projet
de loi comme cela, savoir toutes les implications que cela peut avoir dans le
champ. Si je me pose la question, monsieur, je ne suis pas le seul à le
faire; il faut se promener dans un comté agricole pour savoir que les
cultivateurs eux-mêmes, les gens de la base ne savent pas trop où
on s'en va avec ce plan. Cela permettrait je m'excuse, j'ai
été interrompu à plusieurs reprises de faire des
suggestions valables également. Cette commission permettrait de faire
des suggestions valables au ministre et je suis sûr que celui-ci
accepterait certains amendements que proposerait l'Union Nationale. Nous en
avons quatre très importants à proposer, M. le Président.
Pourquoi ne pas accepter un tel test de démocratie?
M. Duhaime: Question de règlement.
Le Vice-Président: D'accord. A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. le leader parlementaire adjoint du gouvernement.
M. Duhaime: Je m'excuse auprès de mon collègue,
mais malheureusement le règlement s'applique des deux côtés
de la Chambre. Je suis informé que le temps de parole est
épuisé.
M. Lamontagne: ... tout à l'heure.
M. Duhaime: C'est votre problème. Le temps de parole est
écoulé.
Le Vice-Président: C'est exact. Je pense que tous les
députés connaissent le règlement et que les interruptions
sont constantes à cette Assemblée et qu'elles sont normalement
comptées dans le temps.
M. Lamontagne: Voulez-vous en profiter pour vérifier le
quorum de l'Assemblée, s'il vous plaît!
Le Vice-Président: D'accord. Il y a quorum. M. le
député, je vous prierais de terminer dans quelques secondes.
M. Goulet: M. le Président, je trouve cela
déplorable. Je me soumets bien gentiment à votre décision,
mais je peux vous dire que cet après-midi nous avons laissé
parler les gens d'en face, et j'aimerais qu'ils en fassent autant. S'ils n'ont
pas peur de la démocratie, s'ils n'ont pas peur d'entendre ce qu'on veut
savoir là-dessus, qu'ils le fassent voir. Le ministre a essayé
avant Noël de faire des pressions jusqu'aux petites heures du matin. Les
gens sont venus dans nos bureaux faire des pressions et il fallait que ce
projet de loi soit adopté sans faute sinon l'agriculture au
Québec, ce serait un fiasco. M. le Président, nous disions:
Ecoutez, quand cela presse, c'est le temps de prendre son temps. On reviendra
après Noël et on discutera de ce projet de loi de façon
qu'on ait le meilleur possible. (21 h 10)
M. le Président, cela fait un mois et demi et je pense que nous
avions raison. J'invite le ministre à m'indiquer un producteur agricole
au Québec qui se porte plus mal parce qu'on n'a pas adopté ce
projet de loi le 21 décembre.
M. le Président, je pense qu'une commission parlementaire n'est
pas exagérée; un mois de délai n'est pas
exagéré. Aucun agriculteur au Québec ne se portera plus
mal. Je demande au ministre d'accorder ce délai et je suis convaincu que
le projet de loi sera amélioré. Dans sa forme actuelle, nous ne
sommes pas prêts à l'adopter.
Le Vice-Président: Oui, M. le député
d'Iberville.
Une Voix: Pour une fois il parle sur le projet de loi no 116. Il
n'a jamais voulu parler depuis un mois.
M. Jacques Beauséjour
M. Beauséjour: M. le Président, en entendant les
différents débats qu'on a eus, toute la journée, je me
suis demandé parfois si on n'était pas en deuxième
lecture. Cela aurait au moins eu une chose de valable, c'est que ceux qui
écoutent à la télévision, s'ils n'ont pas eu la
chance d'écouter les débats d'aujourd'hui, pourront probablement
réentendre encore les mêmes discours.
Ne vous en faites pas, je vais parler maintenant sur l'idée de
reporter à un mois l'étude en commission. Quand on reviendra
ensuite en deuxième lecture, je n'aurai pas besoin de faire un
deuxième discours, parce que de la façon dont on parle ici, on
répète toujours la même chose.
Je me suis dit, M. le Président qu'il y a peut-être une
autre raison. Un peu avant les Fêtes, ici à la porte de
l'Assemblée nationale, il y avait des manifestants, bien sûr. J'en
ai compté 125 et je vais en ajouter 25 pour faire 150. Aujourd'hui, je
regarde, je ne peux pas me fier aux chiffres du député de
Johnson, peut-être qu'il aurait besoin d'un ajustement de la vue, puisque
moi j'en aurais compté environ 300. Je ne sais pas si dans un mois, cela
va en donner plus. Je me poserais une autre question aussi: Combien des gens
qui étaient ici cet après-midi avaient leur carte de producteur
agricole? Je pose la question.
M. le Président, dans mon comté, si je regarde un peu
quelles sont les réactions, je dirais que j'ai un peu de tout. J'ai des
intégrateurs, j'ai des dissidents, j'ai des producteurs syndiqués
membres de l'UPA, et je dirais que j'ai des producteurs membre de l'UPA qui
sont informés, d'autres qui le sont plus ou moins. Peut-être que
l'Opposition, en demandant de reporter à un mois l'étude en
commission, jouerait le rôle d'informateur que d'autres doivent
jouer.
M. le Président, quand j'ai visité du moins je vais
prendre mon comté des producteurs, et chez ceux qui m'ont
invité aussi à les rencontrer, j'ai remarqué que les
arguments qu'on nous apporte vont du côté de l'inquiétude
pour ce qui est des quotas de lait industriel qui sont coupés. C'est de
juridiction fédérale, et je me suis aperçu qu'on
mêle cela avec le projet de loi no 116. Il y en a plusieurs qui
s'interrogent aussi au niveau de la participation des membres à
l'organisme syndical. A ce niveau, j'ai l'impression qu'au début des
plans conjoints, au début de l'UPA, c'était tout nouveau et
peut-être qu'aujourd'hui, grâce à tous les échanges
qui se font et aux interrogations qui ont eu lieu dans le milieu agricole, il y
a deux groupes au niveau de l'organisation syndicale qui devraient se poser des
questions. J'espère et je suis sûr qu'ils vont se les poser.
Jusqu'où les dirigeants poussent-ils la participation des
membres? Par contre, il y a aussi les membres. C'est un phénomène
qu'on ne retrouve pas simplement dans l'organisation de l'UPA, on le retrouve
dans tous les organismes syndicaux, on le retrouve aussi dans les
municipalités, c'est la participation des membres. Quand cela touche le
portefeuille, on se déplace. A part cela, il n'y a personne ou il y en a
très peu qui se déplacent. C'est le même
phénomène. Il y aurait peut-être une interrogation au
niveau des gens, des membres de l'UPA. On se déplace peut-être
quand il semble y avoir un problème, mais, au niveau de l'information,
il faudrait aller la chercher aussi à d'autres moments.
Les responsables devraient trouver des mécanismes de
participation. Je sais que ce n'est pas facile, surtout quand à la base
on préfère souvent rester devant la télévision
à regarder la partie de hockey avec une bouteille à la main.
Malheureusement, ce n'est pas toujours une bouteille de lait! C'est la
réalité. Dans le fond, la loi 116 ne change pas tellement de
choses. Pourquoi une commission? Nous aurons, comme je l'ai indiqué, la
chance de l'étudier article par article. Cela ne sert à rien, ce
n'est pas à nous de jouer le rôle d'éducateurs à ce
niveau. Nous sommes des législateurs et nous ne pouvons pas jouer les
deux rôles au complet ici en même temps. Je parle de
l'Assemblée nationale. Quand on retourne dans nos comtés, c'est
à nous de le faire.
Bien sûr, ce que j'ai cru trouver au niveau du projet de loi,
c'est un vide juridique à combler. Tout le monde le dit, tout le monde
s'entend là-dessus. Dans le milieu agricole où je suis
allé, il ne semble pas y avoir trop de problèmes. Le manque de
participation est souvent un problème. Souvent, il y en a qui m'ont dit:
Ne donnez pas plus de pouvoirs à l'UPA. C'est sûr qu'il y en a qui
sont d'accord, mais il y en a certains qui m'ont dit cela. Dans le fond,
pourquoi? Toujours à cause du fameux problème de participation
à la base qui nous revient. Je dirais qu'il y a un autre aspect assez
important au niveau du projet de loi, c'est peut-être de boucher certains
trous de telle façon qu'on puisse éviter ce qui s'est produit, ce
qui a résulté en des coûts astronomiques. Si les
producteurs agricoles le vérifiaient, dans le fond, c'est un peu eux
aussi qui paient la note.
Il faudrait voir à ce que nos lois aient des dents et soient
respectées. Quand la lumière est rouge, on peut bien dire: Moi,
je peux passer, je vais regarder de chaque côté. Il serait
peut-être bon, si on a installé un arrêt, que tout le monde
le respecte. C'est la même chose pour les plans conjoints. Si on n'a pas
les mesures adéquates... Quand je lis une certaine requête, on y
laisse entendre que par certaines mesures on va couper des quotas, on va
réduire des quotas. Souvent, on oublie que, dans le projet de loi, c'est
inscrit "en violation de la présente loi, en violation des
règlements". Il me semble qu'il est dans l'ordre de respecter les
règlements. Pour ceux qui les respectent, il n'y a pas de
problème. C'est pour ceux qui ne les respectent pas qu'il faut avoir des
mesures. (21 h 20)
Je dirais aux producteurs agricoles, dans la réflexion qu'ils
font, de songer quand même que j'ai indiqué qu'il y a trois
groupes qui semblent se
manifester dans le milieu: des syndiqués informés, des
syndiqués plus ou moins informés et j'ai aussi dit des
intégrateurs et dissidents. Des fois, peut-être qu'en prenant une
décision de dire: Ne donnez pas plus de pouvoir au groupe syndical, il
faudrait voir s'il n'y aurait pas danger d'ouvrir la cage du lion et ce n'est
peut-être pas ce qu'il y a de préférable.
Est-ce qu'il faut donner les pouvoirs au niveau de la base ici,
j'ai indiqué tantôt tous les problèmes de participation
ou s'il faut risquer qu'il y en ait cinq ou dix et si ce sont des
compagnies qui prennent le contrôle de tout? C'est une question
qu'il faudrait aussi se poser. M. le Président, pour signaler qu'un peu
tout le problème qui semble se vivre aujourd'hui peut se régler
très facilement et j'aurais cru, au dépôt du projet de loi
116, qu'il aurait été voté assez facilement. Nous aurons
une commission parlementaire. Ce n'est pas nécessaire d'attendre un
mois, c'est seulement retarder une échéance. Nous pourrons
l'étudier article par article. Il y a des amendements qui seront
apportés à certains articles, mais en attendant, aux membres de
la Chambre qui sont ici, à ceux qui nous écoutent, M. le
Président, je laisserais un texte que j'ai lu cet après-midi,
qui, je pense, correspond assez bien au résumé du
problème. On le retrouve dans la Terre de chez nous, du 1er
février 1979 par M. Daniel Rivest. Même si on dit que c'est
l'organe d'un groupe ou d'un autre, je pense que l'article laisse percevoir
différents aspects du problème et on aurait avantage à en
prendre connaissance. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président: Alors, messieurs, est-ce que cette
motion... Oui, M. le député.
M. Yvon Brochu
M. Brochu: M. le Président, j'aimerais également
faire certains commentaires sur cette motion présentée cet
après-midi par un de nos collègues qui vise à reporter
d'un mois l'étude en deuxième lecture du projet de loi,
permettant ainsi la convocation d'une commission parlementaire pour entendre
les différents groupes intéressés ou impliqués par
cette pièce législative que nous a apportée le
gouvernement à la toute fin de la session, au moment de l'ajournement
des Fêtes, soit le 21 décembre dernier.
Le gouvernement, en convoquant cette session appelons-la
extraordinaire aujourd'hui, cette prolongation de session de
façon anormale, sinon non habituelle et spécifiquement
centrée sur l'étude du projet de loi 116, indique par là
l'importance qu'il accorde à ce projet de loi. A ce moment-ci, M. le
Président, je demande au ministre de l'Agriculture, comme au
gouvernement qui est en face, d'être conséquent et d'être
logique jusqu'au bout et, puisqu'on a accordé autant d'importance
à ce projet de loi, tant et si bien qu'on fait siéger la Chambre
durant cette semaine et la semaine prochaine, qu'on ait également la
logique de tenir cette commission parlementaire pour entendre les personnes qui
ont demandé, d'ailleurs, d'être entendues en commission
parlementaire. Je pense que c'est une question d'être conséquent
avec les gestes qu'on a posés et qu'on pose actuellement, qu'on puisse,
à ce moment-là, ouvrir les livres sur toute cette question, qu'on
puisse obtenir de la part du gouvernement les informations
supplémentaires qu'on est en droit d'obtenir en tant que membres de
cette Assemblée nationale.
Les parties en présence au niveau disons-le de ce
conflit que suscite le projet de loi 116 devraient pouvoir également
obtenir des éclairages sur les intentions précises connues ou non
à ce jour du gouvernement par cette législation et que nous
puissions, en tant que législateurs, obtenir des différentes
parties en cause toutes les informations qu'on peut juger pertinentes et
nécessaires dans la situation actuelle.
M. le Président, si la situation était d'un calme plat et
que personne n'élevait la voix actuellement pour demander quoi que ce
soit en ce qui concerne ce projet de loi, l'Union Nationale serait malvenue
d'insister afin de convoquer une telle commission parlementaire. Mais ce n'est
pas le cas. Il faudrait être aveugle ou ne pas accepter de voir la
réalité qui existe actuellement pour nier le fait qu'il y a des
remous qui méritent d'être évalués et qui sont assez
considérables au sein du mouvement agricole qui justifient la tenue
d'une telle commission parlementaire. Donc, nos demandes sont basées,
non pas sur un désir que nous pourrions avoir en tant qu'hommes
politiques, mais sur des réalités, sur des faits et en
particulier, sur le fait majeur que des groupes importants représentant
nos producteurs agricoles demandent à être entendus et ont des
objections majeures en ce qui concerne certaines dispositions de ce projet de
loi. S'ils ont tort, on le leur prouvera à la commission parlementaire.
Le ministre donnera ses raisons. Il donnera sa version des faits, son
interprétation de la loi. Mais à la fin de la commission
parlementaire, ces gens, d'un côté comme de l'autre, sauront au
moins davantage à quoi s'en tenir en ce qui concerne le contenu et les
conséquences éventuelles d'un projet de loi, tel que celui que
nous avons sur la table. Ceux qui se posent des questions, ceux qui
manifestent, les quelques milliers qui sont dehors, qui étaient au
Hilton cet après-midi aussi, sont en droit de se poser des questions et
d'obtenir des réponses. C'est là aussi une partie de la base de
nos producteurs agricoles.
M. Charron: J'espère que vous dites quelque millier sans
"S".
M. Brochu: Le leader parlementaire du gouvernement, qui est en
train en même temps de signer son courrier et de faire des remarques
pendant que je parle, j'ai déploré ses propos cet
après-midi lorsqu'il a qualifié ces gens de charlatans. J'ai
trouvé extrêmement malheureux ses propos face aux gens des
coopératives qui étaient dehors ici et aux agriculteurs qui
étaient réunis au Hilton. C'est leur droit le plus strict, le
plus
sincère, le plus normal dans une société dite
"libre" que de se réunir pour avoir le droit de manifester leur
opposition à ce qu'ils croient être injuste dans un projet de loi.
C'est tout à fait alarmant et malheureux d'entendre le leader
parlementaire du gouvernement du Parti québécois traiter ces
gens, comme il l'a fait aujourd'hui, de charlatans. M. le Président,
qu'on se rappelle j'étais député en cette Chambre
en 1970 qu'il y avait un petit groupe qui siégeait de ce
côté-là. Ce n'était pas la majorité. Ils
étaient six sur 102 députés.
Une Voix: Sept.
M. Brochu: Sept. Si on avait tenu le même langage, ce
serait eux à ce moment-là qui auraient été les
charlatans ou les dissidents, parce qu'ils n'étaient pas de la
même opinion que l'ensemble des députés dans cette Chambre.
C'était le Parti québécois qui n'était jamais
d'accord et qui forme aujourd'hui la majorité ministérielle, de
l'autre côté de la Chambre. Tant qu'on vit dans un pays libre, on
a le droit de poser des questions. On a le droit de s'associer, on a même
le droit de remettre en question les associations, comme le font d'ailleurs
actuellement certains membres du Parti québécois et, en
particulier, dans nos régions relativement aux manoeuvres que vous
faites dans certains dossiers. C'est leur liberté la plus stricte.
M. le Président, le ministre de l'Agriculture a dit tout à
l'heure: On va étudier le projet de loi article par article. Il n'y a
pas de problème. On pourra à ce moment-là vider les
questions. Ce n'est pas du tout la même chose, M. le Président, et
vous le savez très bien par votre expérience, que de tenir une
commission parlementaire de la Chambre pour étudier article par article
un projet de loi et l'autre commission parlementaire, où l'on convoque
des parties pour obtenir des informations sur l'ensemble d'un dossier. C'est
tout à fait différent. On a vécu l'expérience
d'ailleurs au niveau du projet de loi 70 alors qu'en pleine étude
même article par article du projet de loi, on s'est entendu pour demander
à des groupes de venir répondre à nos questions, ce qui a
eu pour effet de faire progresser positivement nos discussions. (21 h 30)
A plus forte raison, maintenant que ce mouvement existe, celui de remise
en question de certaines choses, de faire toute la lumière. Il n'y a
aucune raison de vouloir cacher quoi que ce soit. Le rôle d'un
gouvernement n'est pas de se cacher derrière sa possibilité de
refuser une commission parlementaire, surtout lorsqu'elle est dûment
demandée par toute l'Opposition et beaucoup de gens dans le champ; au
contraire, son rôle, c'est de faire toute la lumière. Je pose la
question suivante si le gouvernement n'a rien à cacher dans ce
dossier.
Si le gouvernement est si certain que le dossier est limpide, comme le
laisse entendre le ministre de l'Agriculture, il nous le dira. Pour ce qui me
concerne, je dirai: D'accord, vous avez raison, j'accepte désormais
votre projet de loi. Mais venez à la commission parlementaire en face
des parties en cause, soyez capables de répondre aux questions que ces
gens-là se posent. Que le ministre nous donne exactement toute la
structure de son projet de loi, ce qu'il y a dessus, dedans comme en dessous du
projet de loi. A ce moment-là, on sera capable de rendre un jugement
définitif en connaissance de cause. Après cela, on ne pourra pas
dire à quelqu'un: On a refusé de vous entendre. Actuellement, ce
que le gouvernement fait, avec la transparence qu'il a prétendu avoir
un gouvernement dit hautement démocratique il refuse,
à toutes fins utiles, d'entendre les groupes. Aujourd'hui, le leader du
gouvernement a dit: On ne les a pas entendus depuis les Fêtes; on aurait
eu le temps de le faire. Mais je vous rappelle simplement ceci, M. le
Président: Ce n'est pas le rôle de l'Opposition de convoquer une
commission parlementaire. Pour ce qui nous concerne, on a demandé depuis
longtemps c'était le rôle et la responsabilité du
gouvernement du Parti québécois et en particulier du leader avec
le ministre de l'Agriculture à ces derniers de convoquer cette
commission parlementaire. Comme mon collègue de Huntingdon l'a dit, on
peut avoir, malheureusement, à cause de cette situation, un affrontement
avec les coopératives et également avec le syndicat. On a des
responsabilités. Lorsqu'on voit que c'est demandé de cette
façon, notre rôle est de vous dire: Allumez vos lumières et
prenez vos responsabilités. Si vous n'avez rien à cacher, ouvrez
les livres de la commission parlementaire et après, on fera le point; on
les refermera et on viendra étudier le projet de loi article par
article.
Le Vice-Président: M. le député, arrivez
à une conclusion, s'il vous plaît!
M. Brochu: Oui, M. le Président. Etant donné que
mon temps de parole achève, je demande de nouveau au ministre de
reconsidérer sa position dans ce dossier, de convoquer la commission
parlementaire. Après, on fermera les livres, on passera au vote à
ce sujet. Je reste sceptique et j'ai le droit, comme législateur, de me
poser des questions. Pourquoi, dans ce projet de loi, amènet-on deux
principes? On a demandé au ministre, lors de l'étude en
décembre, de scinder le projet de loi en deux, de régler la
partie qui concerne la décision de la Cour suprême dans un projet
de loi et l'autre partie, qui ne va pas du tout avec la première, de la
régler à côté et de la discuter à
côté. On n'a jamais voulu. Au contraire, on s'est mis à
faire du lobbying, comme mon collègue, le député de
Bellechasse, le disait à ce moment-là, auprès de tous les
députés, pour essayer de voter ce projet de loi à la
vapeur avant Noël. Je vous dis que, lorsque vous essayez ces
stratagèmes, on est plus sceptique et avec raison. Le mouvement
s'accentue et monte de ce côté-là et les questions
légitimes, de la part de membres de l'UPA même de
dirigeants de régions de l'UPA, comme des groupes que vous dites
dissidents, vous, du Parti québécois ces questions sont de
plus en plus légitimes et augmentent. On demande tout
simplement des réponses. Si on a tort, vous nous le direz. Si
vous avez raison, on va le reconnaître, mais ayez au moins la force, le
courage de prendre la responsabilité que vous avez et de tenir cette
commission parlementaire. C'est cela que l'Union Nationale vous dit depuis le
début.
Le Vice-Président: Merci, M. le député de
Richmond.
M. le député de D'Arcy McGee.
M. Victor Goldbloom
M. Goldbloom: M. le Président, si je me lève pour
prendre la parole sur la motion de l'honorable député de
Maskinongé, c'est non seulement pour appuyer cette motion bien
conçue et tout à fait justifiée, mais c'est aussi pour
montrer à l'opinion publique du Québec le changement de visage
subi par ce gouvernement au cours des 28 derniers mois.
M. le Président, je l'ai déjà dit plusieurs fois en
cette Chambre: Les députés qui affichent la bannière du
Parti québécois, qui ont siégé en cette Chambre
avant le 15 novembre 1976, étaient les partisans les plus farouches de
la tenue des commissions parlementaires. Voilà que, rendus au pouvoir,
ce n'est plus intéressant. M. le Président, nous avons eu des
commissions parlementaires devant l'insistance des députés
péquistes où nous avons entendu des groupements dont ces
mêmes députés se faisaient les porte-parole, les avocats,
pour obtenir, pour ces groupes le droit de s'exprimer devant les membres de
cette Assemblée nationale.
M. le Président, quand on entend un groupe, on pose normalement
des questions, surtout si l'on ne connaît pas le groupe, si l'on a des
doutes quant à la composition, quant à la motivation du groupe en
question. On s'informe, avant d'aller trop loin, de ce que c'est; combien de
membres, quelle est la justification pour la présence du groupe en
question devant une commission parlementaire? Nous avons vu les
députés péquistes amener devant les commissions
parlementaires des groupes qui ne comptaient même pas 50 membres et dont
deux porte-parole, et parfois même un seul, s'étaient
déplacés pour se rendre ici afin de communiquer un point de vue
aux députés qui ont la possibilité d'apprécier tout
l'éventail des intérêts qui peuvent avoir une influence sur
la décision que doit prendre l'Assemblée nationale dans
l'intérêt de la collectivité québécoise.
Voici que nous avons des gens qui ont passé une partie de la
journée devant les portes de l'Assemblée nationale afin de
pouvoir exprimer un point de vue, un désaccord avec le gouvernement. Je
ne veux pas faire un procès d'intention, mais j'imiterai le
distingué député d'Iberville qui s'est permis de poser des
questions. Il a dit: Je ne fais pas d'accusation, je ne fais pas de
procès d'intention, mais je pose une question: Est-ce que les gens qui
sont venus manifester sont véritablement des producteurs agricoles?
C'est, pour le moins,
M. le Président, laisser planer un doute sur la réputation
des gens venus manifester pour exprimer leurs intérêts. M. le
Président, je me permets de poser la question: Le gouvernement a-t-il
peur d'entendre des gens qui ne sont pas d'accord avec lui? Ici, à
l'Assemblée nationale, il a la majorité; alors, il n'a
qu'à attendre que les députés d'Opposition épuisent
leur droit de parole et à réclamer le vote; alors, la
volonté du gouvernement est exaucée.
Mais il s'agit de gens qui ne sont pas soumis aux mêmes
règles, qui ne sont pas appelés à voter, mais qui ont le
droit, comme citoyens, de venir devant leurs représentants élus
et faire part à ces représentants élus de leur point de
vue et, notamment, de leurs objections à un projet de loi
présenté par le gouvernement. M. le Président, soyons
francs et objectifs, ce n'est pas souvent qu'on a vu des manifestations devant
le parlement pour féliciter le gouvernement au pouvoir.
Une Voix: Cela viendra.
M. Goldbloom: Or, M. le Président, nous avons des gens qui
se déplacent par un temps sibérien et attendent à
l'extérieur et on leur ferme les portes au nez. Il faut une intervention
auprès de la présidence pour que les portes soient ouvertes et le
gouvernement dit: On connaît le point de vue de tout le monde, on
connaît tous les éléments de la discussion. Il n'y a plus
de débat à faire, nous avons raison. M. le Président, dans
les activités humaines, personne n'a toujours raison. Le gouvernement
peut croire qu'il a la majorité de l'opinion publique de son
côté; il a le droit de penser ce qu'il veut penser. Quand il
déclenchera éventuellement des élections, il saura s'il a
eu raison ou non. Mais, entre-temps, ce n'est pas une question de compter des
têtes; c'est une question d'écouter des citoyens sincères
qui ont des intérêts légitimes et qui veulent les
défendre, et le gouvernement dit non. (21 h 40)
M. le Président, nous sommes ici afin de compléter une
session. Nous avons trois ou quatre ou cinq projets de loi. A ma connaissance,
il n'y a pas de commission parlementaire qui est appelée à
siéger demain. Il y a également jeudi. Il y a des membres de
cette Assemblée nationale et je peux en témoigner
qui sont prêts à rester vendredi, s'il le faut. Lundi, nous sommes
appelés à revenir pour écouter le premier ministre de la
France. M. le Président, il y a amplement le temps, le loisir, la
disponibilité de salles et de personnel pour que nous ayons une
séance de la commission parlementaire pour écouter les
intéressés.
M. Garon: Je pense que le député de D'Arcy McGee
n'est pas dans la pertinence du débat. Le fait qu'il n'y ait pas de
commission parlementaire demain, alors qu'il s'agit d'un amendement...
Le Vice-Président: J'ai donné à tous la
même chance. Je sais bien que la motion, et je l'ai indiqué,
dès qu'elle a été déposée par le
député de
Maskinongé, n'était pas à l'effet qu'il y ait une
commission parlementaire, mais à l'effet qu'il y ait report dans un
mois. Depuis ce temps, de tous les côtés de la Chambre, j'ai
entendu, j'ai écouté ce qui s'est dit.
M. Garon: Ils ne comprennent même pas le projet de loi, ils
ne comprennent même pas une motion.
Le Vice-Président: II n'y a pas de débat sur une
question de règlement.
M. le député de Mégantic-Compton.
M. Grenier:... soulevé par le ministre. La commission est
reportée à un mois. C'est bien dire, comme le disait le
député de D'Arcy McGee, qu'on peut faire l'étude pendant
ce mois pour rendre rapport dans un mois.
Le Vice-Président: Un instant, s'il vous plaît. Il
n'y a pas de commission qui est reportée à un mois. La motion qui
est devant cette Assemblée c'est que l'étude en deuxième
lecture soit reportée à un mois, et elle a été
jugée recevable.
Ml. Grenier: M. le Président, l'allusion que faisait le
député de D'Arcy McGee, c'est bien évident que demain, par
stratégie, le gouvernement a décidé qu'on
n'étudiait pas la loi 116 afin de permettre aux cultivateurs de s'en
retourner chez eux et de recommencer...
Le Vice-Président: D'accord. Je reconnais, M. le
député de D'Arcy McGee, qui n'a pas encore terminé.
M. Goldbloom: M. le Président, je vous remercie d'avoir
éclairé la lanterne du ministre de l'Agriculture qui a l'injure
facile.
M. le Président, ce genre de motion est traditionnel, vous le
savez, vous l'avez expliqué. On demande que soit reportée, pour
une période déterminée, la deuxième lecture d'un
projet de loi. Et afin de justifier cette remise à plus tard, on invoque
l'opportunité de convoquer une commission parlementaire afin d'entendre
les intéressés. Si j'ai parlé des tout prochains jours,
c'est simplement, comme l'a bien compris le député de
Mégantic-Compton, parce qu'il y a actuellement à Québec
des gens intéressés qui pourraient venir. Il y en a d'autres qui
pourraient venir si l'avis était donné par leurs collègues
qui se sont déplacés, parce qu'il est certain que les gens qui
sont ici ne représentent pas l'ensemble des protestataires contre ce
projet de loi.
Alors, M. le Président, toujours à l'instar du
député d'Iberville, je suis obligé de poser de nouveau la
question: Le gouvernement a-t-il peur que l'on mette en relief des lacunes dans
son projet de loi? A-t-il peur qu'on mette en relief des difficultés
d'application? C'est souvent ce qui arrive quand des gens qui vivent dans le
champ d'activité en question viennent devant une com- mission
parlementaire et font valoir des difficultés d'application auxquelles le
gouvernement n'a pas pensé.
Une Voix: C'est le cas de le dire.
M. Goldbloom: Est-ce que le gouvernement a peur d'entendre des
gens parler d'injustices possibles dans son projet de loi? M. le
Président, il me semble que ce gouvernement, issu d'un parti qui
était l'apôtre de la tenue de séances publiques,
d'audiences publiques des commissions parlementaires, pourrait, au moins de
temps en temps, se rappeler son passé et écouter les citoyens qui
ont le droit d'être entendus quand leurs intérêts sont en
jeu.
Le Vice-Président: Suivant l'application que je fais
toujours de l'article 92, j'accorde le droit de parole à M. le
député de Berthier.
M. Jean-Guy Mercier
M. Mercier: Merci, M. le Président. En somme le jeu,
puisqu'il faut bien parler d'un jeu le parlementarisme comporte certains
éléments de jeu, sérieux quand même le jeu de
l'Opposition se résume à relativement peu de chose. A travers
cette motion de report à un mois, essentiellement, souhaite-t-on reposer
tout d'un bloc, tout ensemble tous les problèmes, enfin, tous les
éléments de cette hétérogénité du
milieu rural, puisque le monde agricole n'est pas aussi homogène que
certains pourraient le croire? Le monde agricole est travaillé par
différentes tensions; qu'on parle de syndicalisme, qu'on parle de
coopération, de régie des marchés, des plans conjoints, on
parle de choses d'une grande complexité juridique, mais on parle
également de réalités sociologiques, de
réalités économiques, bref, on repose un ensemble de
débats.
A travers cette effervescence qu'on constate de plus en plus dans le
monde agricole, à travers tout ce mouvement, je pense que l'Opposition
souhaite brouiller les cartes et mêler le monde agricole. Il faut
connaître les principaux courants qui ont travaillé le monde
agricole, ce que c'était il y a quelques années face à ce
peu d'intérêt que manifestait l'ancien gouvernement à
l'égard di monde agricole et cette espèce de renouveau qui
commence à se manifester pour voir à quel point c'est un monde
qui est en ébullition, c'est un monde qui commence à
renaître. Ces divergences d'opinions qui se manifestent concernent le
syndicalisme, la coopération. On dirait des conflits de
génération; on voit, par exemple, des maires d'un certain
âge, des préfets de comté s'opposer à des lois comme
celle de la protection du territoire agricole alors qu'ils ont vécu de
l'agriculture toute leur vie et, face à cela, des jeunes qui
entrevoyaient leur avenir beaucoup plus du côté de la construction
dans les grands centres et qui recommencent à s'intéresser
à l'agriculture et à entrevoir un avenir dans le monde
agricole.
Que penser de ces divergences d'opinions, il y a quelques années,
lorsqu'est arrivée cette fameuse crise du lait alors qu'on voyait des
gens oeuvrant dans la production maraîchère, dans la production du
boeuf ou dans d'autres productions faire peu de cas de ce drame qui affligeait
une production aussi importante que le lait? Donc, un monde qui est
tiraillé entre la ferme familiale, le début de
l'industrialisation avec ces quasi-usines que sont les porcheries de 10 000, 15
000 ou 20 000 porcs et ces poulaillers immenses, entre cette commercialisation,
ces techniques ultra-modernes qu'on constate à certaines couches de
l'activité agricole alors qu'on voit, d'autre part, la renaissance d'un
type d'agriculture beaucoup plus traditionnel. Tous ces conflits qu'on voit
poindre de part et d'autre, c'est sur cela, je pense, que l'Opposition veut
miser pour relancer non seulement un débat, mais tous les débats
à la fois et tenter de contrer ces politiques et cet
intérêt qu'a manifestés le gouvernement actuel pour
l'agriculture et qui sont en train de porter fruit.
Comme quelqu'un le disait dans un éditorial de la Terre de chez
nous, je pense que l'UPA aura, à travers ce débat, pris
conscience de l'importance pour elle d'accentuer on ne peut pas lui
reprocher de ne pas l'avoir fait avant l'information à
l'égard des membres, de renforcer ses cadres en tant qu'organisme
professionnel, de mieux définir son rôle et de participer, comme
elle l'a fait d'ailleurs, à ce grand projet gouvernemental de relancer
l'agriculture sur des bases prospères et dynamiques. Evidemment, un
mouvement d'une telle envergure n'est pas sans créer quelques remous. Il
ne faut pas paniquer face à cela; il faut être conscient qu'un tel
déblocage dans un secteur qui a été trop longtemps
négligé ne se fait pas sans bouleversements, sans antagonismes.
Ce sont ces problèmes qui sont posés présentement. (21 h
50)
Face à cela, le gouvernement actuel je relisais, tout
à l'heure, cette fameuse loi 116 ne cesse de
répéter, depuis bientôt deux mois, que le projet de loi no
116 n'a pour seul objectif que de combler un vide juridique. Ce projet de loi
de sept ou huit articles n'est pas fait pour définir, accentuer,
améliorer, stimuler ou freiner les plans conjoints. Ce projet de loi no
116, on l'a répété, est fait pour combler un vide
juridique. C'est peu de chose en soi, mais cela peut comporter des
conséquences dramatiques si ce n'est pas fait. Je pense qu'il faut
être un peu irresponsable, face à cette situation... Evidemment,
les gens de l'Opposition, dont plusieurs ont une formation juridique
importante, ne sont pas sans constater que ce projet de loi dit relativement
peu de chose et vise à combler un vide. Je pense qu'ils en sont bien
conscients. Si ce n'était pas fait, si cela devait être
reporté indéfiniment, je pense qu'il faudrait être un peu
irresponsable pour risquer de poser au monde agricole et à certaines
productions bien organisées des problèmes d'une envergure
énorme. Je pense particulièrement aux fédérations
de producteurs de lait, à ces productions régies par des quotas,
par des fédérations.
Ce serait une tragédie si, finalement, le retard à
appliquer ces lois, à compléter notre juridiction, puisque c'est
maintenant devenu intra vires pour les provinces, cet empressement à
compléter ce vide juridique, ne devait pas être comblé. Il
pourrait avoir des conséquences énormes et reposer
d'énormes problèmes des consensus qui pourraient être
très faibles si le problème devait se poursuivre. Je pense
à ces distributions de quotas entre les provinces, aux subsides de la
Commission canadienne du lait, aux producteurs laitiers. Ce serait une
tragédie. Je pense que l'Opposition, dans ce cas-ci, devrait cesser de
faire preuve de partisanerie, devrait moins miser sur une tentative de profiter
d'un problème politique qu'elle est en train d'essayer de créer.
Je pense aussi faire preuve de bonne volonté pour donner au monde
agricole la stabilité qui est nécessaire au développement
des productions. Je voterai évidemment contre cette motion de report
d'un mois et je souhaite de tout coeur que ce projet de loi soit adopté
dans le plus bref délai pour qu'on puisse, comme le disait le ministre
de l'Agriculture, continuer à poursuivre cet effort de relancer
l'industrie agricole.
Le Président: M. le député de
Saint-Hyacinthe, vous avez maintenant la parole.
M. Fabien Cordeau
M. Cordeau: M. le Président, c'est pour moi un devoir de
prendre part à la discussion actuelle concernant ce projet de loi 116,
Loi modifiant la Loi sur la mise en marché des produits agricoles. Au
début de mes remarques, qui seront brèves, je tiens à dire
que je n'ai aucun ressentiment envers l'Union des producteurs agricoles et ses
dirigeants. J'admets que les producteurs agricoles ont droit à leur
syndicat, mais je me demande parfois pourquoi il n'y a pas plus d'une
association agricole comme il en existe pour les autres travailleurs. La
liberté de faire partie d'une association de son choix serait-elle
possible dans le milieu agricole? M. le Président, je crois que la
motion qui est devant nous...
M. Garon: M. le Président, est-ce qu'on peut revenir
à la pertinence du débat? On en est rendu à se demander si
on doit créer plusieurs organismes syndicaux au Québec.
Le Président: M. le ministre de l'Agriculture. M. le
député de Saint-Hyacinthe, vous pouvez poursuivre.
M. Cordeau: Je vous remercie, M. le Président, de votre
bon jugement.
M. le Président, je crois que la motion devant nous et
présentée par le député de Maskinongé, qui a
pour but de reporter à un mois l'étude du projet de loi 116, est
très à propos. Ce laps de temps nous permettra d'entendre en
commission parlementaire tous les groupements qui vont pour ou contre ce projet
de loi. A cette commission
parlementaire, après les avoir entendus, nous pourrons poser des
questions à loisir aux intervenants, tant de l'UPA que des dissidents ou
de ceux qui ne partagent pas le point de vue du ministre.
Concernant les dissidents ou ceux qui ne partagent pas le point de vue
du ministre, on nous accuse de les appuyer. En tant que membre d'un parti de
l'Opposition, je suis fier d'être un de leur porte-parole ou
défenseur de ce droit primordial qu'a encore tout citoyen dans cette
province de pouvoir s'exprimer librement. D'ailleurs, la contestation,
messieurs d'en face, cela vous connaît. Et je crois même que parmi
la députation gouvernementale, il y a eu dans le passé des
contestataires qui ont fait leur marque. Est-ce à dire que vous avez eu
tort d'agir comme vous l'avez fait?
Lors de cette commission, nous aimerions entendre l'UPA et lui poser des
questions. Egalement, nous aimerions certainement entendre les
représentants du secteur coopératif nous dire pourquoi ils
s'opposent aux articles 1, 3, 5 et 6 tels que rédigés. Les
autorités de la Coopérative agricole de Granby, dans un
télégramme que le ministre de l'Agriculture a sans doute
reçu, disaient ceci, et je cite: "La Coopérative agricole de
Granby considère que le projet de loi 116 dans sa formulation actuelle
risque d'entraver d'une manière directe l'autonomie de l'organisation
coopérative, de la mise en marché des produits agricoles au
Québec et d'entraîner, à brève
échéance, la mort de la coopération en matière
agricole. Le projet de loi 116 risque de détruire la coopération
dans un secteur clé de notre économie, là où elle a
toujours fait preuve d'audace et joue un rôle prépondérant
en dotant les producteurs québécois des outils nécessaires
à leur développement et à la croissance du Québec."
Plus loin, on ajoutait: "Reconnaître aux seuls offices producteurs le
pouvoir absolu de contrôler intégralement tous les aspects de la
production et de la mise en marché des produits agricoles
équivaudrait à créer de grands trusts syndicaux agricoles
provoquant ainsi la disparition des coopératives."
M. le Président, permettez-moi de vous lire un autre
témoignage, celui-là provenant d'un article paru dans "Le
coopérateur agricole" du mois de janvier: "Or, prenant connaissance du
projet de loi, tel que soumis en première lecture, les autorités
de la Coopérative fédérée et de quelques-unes de
ses plus importantes coopératives sociétaires constataient que le
texte du projet de loi allait beaucoup plus loin que le mentionnaient les notes
explicatives qui le précédaient. Une étude rapide, mais en
profondeur, fut faite et communiquée au conseil d'administration de la
Fédérée alors en réunion. On avait
décelé que, volontairement ou non, les légistes
accordaient aux offices de producteurs des pouvoirs extrêmement larges
qui risquaient de brimer la liberté des producteurs d'abord et qui
mettaient ensuite en péril l'existence même des
coopératives agricoles. La Régie des marchés agricoles
elle-même pouvait y perdre ses plus belles plumes.
Voilà, M. le Président, des raisons pour lesquelles nous
avons eu amplement raison de nous opposer à l'adoption du projet de loi
tel que soumis par le ministre au mois de décembre et qu'il voulait nous
faire adopter coûte que coûte.
M. Garon: M. le Président...
M. Cordeau: Devant cette commission...
M. Garon: M. le Président...
Le Président: M. le ministre de l'Agriculture.
M. Garon: ... je pense qu'un député n'a pas le
droit d'induire la Chambre en erreur...
Une Voix: II n'a pas le droit de parole, M. le
Président.
M. Cordeau: M. le Président, ai-je la parole?
M. Garon: ... puisque j'ai moi-même déposé
les amendements à la commission parlementaire de l'agriculture pour dire
qu'il y aurait des modifications dans le projet de loi 116, tel que
déposé. Arrêtez donc de mentir à la population.
M. Fontaine: Déposez-les donc vos amendements...
M. Garon: Ils ont été donnés à tous
les membres de la commission parlementaire.
Le Président: M. le ministre de l'Agriculture. M. le
député de Saint-Hyacinthe, vous pouvez poursuivre. (22
heures)
M. Cordeau: Merci de votre second jugement en appel, M. le
Président.
Devant cette commission, l'on pourrait également faire le point
sur le véritable rôle que jouent les plans conjoints actuels. L'on
m'a toujours dit qu'un plan conjoint avait pour but de protéger les
fermes familiales. Devant les résultats du plan conjoint sur les oeufs,
je m'interroge car, de 2632 producteurs du début, il ne reste que 375
quotas répartis parmi environ 300 producteurs. La ferme familiale s'en
va chez le diable avec des affaires comme cela.
En terminant, je tiens à répéter que j'appuierai la
motion du député de Maskinongé, car je crois
sincèrement qu'en agriculture comme ailleurs l'initiative privée
a encore sa place et que les agriculteurs n'aiment pas à être
encagés, que cela se fasse pas leur organisme syndical ou par tout autre
organisme.
J'espère, M. le Président, que le ministre nous accordera
cette commission parlementaire pour le plus grand bien de tous les agriculteurs
du Québec.
M. Grenier: M. le Président...
Le Président: M. le député de
Mégantic-Compton. Il est maintenant 22 heures...
M. Grenier: ... est-ce que je peux proposer l'ajournement du
débat?
M. Lavoie: Consentement. Du fait que nous avons été
habitués, au mois de décembre, à siéger
jusqu'à 4 heures ou 5 heures du matin, à cette heure-ci, on
commence notre journée. Je suis prêt à donner notre
consentement, M. le Président, pour une heure.
M. Grenier: Je demande l'ajournement du débat, M. le
Président.
Le Président: M. le leader du gouvernement.
M. Charron: M. le Président, je propose l'ajournement des
travaux de la Chambre à demain, 10 heures.
Le Président: Adopté? Une Voix:
Adopté.
Le Président: Alors, l'Assemblée ajourne ses
travaux à demain, 10 heures.
Fin de la séance à 22 h 3