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(Dix heures vingt minutes)
M. Richard (président): A l'ordre, mesdames et
messieurs!
Affaires courantes. Déclarations ministérielles.
Dépôt de documents. M. le ministre délégué
à l'énergie.
DÉPÔT DE DOCUMENTS
Livre blanc sur l'énergie
M. Joron: M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer les trois premiers tomes du livre blanc sur
l'énergie.
Le Président: Document déposé. M. le
ministre délégué au Haut-Commissariat à la
jeunesse, aux loisirs et aux sports.
Rapport du Conseil québécois de la
jeunesse
M. Charron: M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer le rapport annuel 1976-1977 du Conseil québécois
de la jeunesse, loisirs et sports.
Le Président: Rapport déposé.
M. le ministre des Affaires municipales.
Livre blanc sur les relations entre locateurs et
locataires
M. Tardif: M. le Président, avec la permission de la
Chambre, le livre blanc qui devait m'être livré ce matin n'est pas
prêt. Il le sera peut-être dans le courant de la journée. Il
pourra être déposé au plus tard dans la journée ou
demain matin.
M. Burns: M. le Président, peut-être pourrions-nous
avoir le consentement de la Chambre pour déposer ce livre blanc
lorsqu'il sera remis entre les mains du ministre des Affaires municipales. Cela
peut être demain matin ou mardi prochain.
Le Président: Demain matin?
M. Levesque (Bonaventure): Consentement aujourd'hui.
Le Président: II y a consentement pour aujourd'hui. S'il y
a consentement, M. le leader parlementaire de l'Union Nationale...
M. Bellemare: Si tout le monde acquiesce, certainement.
Le Président: Dépôt de rapports de
commissions élues.
M. le député de Berthier.
Rapport sur l'étude en commission du projet de
loi no 45
M. Mercier: M. le Président, conformément à
notre règlement, qu'il me soit permis de déposer le rapport de la
commission élue permanente du travail, de la main-d'oeuvre et de
l'immigration qui a siégé au cours des mois de novembre et
décembre 1977 aux fins d'étudier, article par article, le projet
de loi no 45 intitulé Loi modifiant le Code du travail et la Loi du
ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre, qu'elle a adopté
avec amendements.
Le Président: Rapport déposé. M. le
député d'Abitibi-Est.
Rapport sur l'étude en commission du projet de
loi no 25
M. Bordeleau: M. le Président, conformément
à notre règlement, qu'il me soit permis de déposer le
rapport de la commission élue permanente des corporations
professionnelles qui s'est réunie les 14 et 16 décembre 1977 aux
fins d'entendre les mémoires concernant le projet de loi no 25
intitulé Loi modifiant le Code des professions et d'autres dispositions
législatives.
Respectueusement soumis.
Le Président: Rapport déposé.
Dépôt de rapports du greffier en loi sur les projets de loi
privés.
Présentation de projets de loi au nom du gouvernement. M. le
leader parlementaire du gouvernement.
M. Burns: M. le Président, au nom du premier ministre, je
vous demanderais d'appeler l'article n).
Projet de loi no 100 Première lecture
Le Président: M. le premier ministre propose la
première lecture du projet de loi no 100 qui est la Loi modifiant de
nouveau la Loi de la Législature.
M. le premier ministre.
M. René Lévesque
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, le projet
de loi no 100 modifie la Loi de la Législature de la façon
suivante. Il prévoit que, pour l'année 1978, l'indemnité
accordée à chaque député en vertu de la loi est
égale à celle qui lui a été accordée pour
l'année 1977.
Le Président: Cette motion de première lecture
sera-t-elle adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Première lecture de ce
projet de loi.
Le Président: Deuxième lecture, prochaine
séance ou séance subséquente.
M. le leader parlementaire du gouvernement.
M. Burns: M. le Président, au nom du ministre des
Richesses naturelles, je vous demande d'appeler l'article 1).
Projet de loi no 82 Première lecture
Le Président: M. le ministre des Richesses naturelles
propose la première lecture du projet de loi no 82, Loi modifiant la
Charte de la Société québécoise d'exploration
minière.
M. le ministre des Richesses naturelles.
M. Yves Bérubé
M. Bérubé: M. le Président, dans ce projet
de loi qui amende la Charte de la Société
québécoise d'exploration minière, l'article premier a pour
effet d'augmenter de $44 millions le fonds social autorisé de la
Société québécoise d'exploration minière.
L'article 2 prévoit que le ministre des Finances paiera à la
société, pour l'acquisition d'actions de son capital social, une
somme de $5 millions au cours de l'année 1978, une somme de $5,5
millions au cours de l'année 1979 et une somme de $7 millions au cours
de l'année 1980. L'article 3 autorise de plus le ministre des Finances,
avec l'approbation du gouvernement, à payer à la
société, d'ici la fin de l'année 1980, une somme de $26,5
millions pour l'acquisition d'actions du capital social de la
société. L'article 4 précise l'emploi que la
société devra faire des sommes ainsi versées. L'article 5
est de concordance. L'article 6 prévoit que la société
devra faire approuver chaque année, par le gouvernement, son plan de
développement et celui de ses filiales.
Le Président: Cette motion de première lecture
sera-t-elle adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Première lecture de ce
projet de loi.
Le Président: Deuxième lecture, prochaine
séance ou séance subséquente.
M. Burns: M. le Président...
Le Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement.
M. Burns: M. le Président, je vous demanderais d'appeler
l'article h).
Projet de loi no 96
Première
lecture
Le Président: M. le ministre des Affaires municipales
propose la première lecture du projet de loi no 96, Loi modifiant la Loi
pour favoriser la conciliation entre locataires et propriétaires, le
Code civil et d'autres dispositions législatives.
M. le ministre des Affaires municipales.
M. Guy Tardif
M. Tardif: M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer le projet de loi 96 intitulé Loi modifiant la Loi pour
favoriser la conciliation entre locataires et propriétaires, le Code
civil et d'autres dispositions législatives.
Le présent projet de loi a pour effet de rendre permanente la Loi
pour favoriser la conciliation entre locataires et propriétaires et d'y
apporter certaines modifications, notamment d'étendre la juridiction de
la Commission des loyers aux chambres et aux immeubles d'habitation à
loyer modique. De plus, le présent projet prolonge d'une autre
année le moratoire, décrété en décembre
1975, sur les conversions en copropriété, interdit la vente
d'immeubles situés dans certains ensembles immobiliers et accorde
certains droits aux locataires de terrains destinés à
l'installation de maisons mobiles.
Le projet modifie aussi certaines dispositions du Code civil au chapitre
du louage de choses. L'article 1 est un article de concordance par l'addition
des chambres à la juridiction de la Commission des loyers. L'article 2
détermine les droits du locataire d'une chambre lorsque le locateur de
cette chambre est lui-même locataire de la maison et que son bail se
termine. L'article 3 est un article de concordance nécessité par
le caractère de permanence donné à la loi. L'article 4 est
un article de concordance également nécessité par la
nouvelle juridiction de la Commission sur les chambres. L'article 5 est un
article de concordance nécessité par des amendements au Code
civil. L'article 6 limite le recours en dommages et intérêts des
locataires de chambres aux évictions survenues depuis le
dépôt du projet de loi. L'article 7 précise que la loi ne
s'applique pas à certaines chambres. L'article 8 étend la
juridiction de la commission aux immeubles d'habitation à loyer modique
sauf en ce qui concerne la fixation du loyer. L'article 9 est un article de
concordance nécessité par le caractère de permanence
donné à la loi. L'article 10 constitue une disposition
transitoire. L'article 11 prolonge le moratoire sur la conversion d'immeubles
en co-propriété jusqu'au 31 décembre 1978. L'article 12
interdit la vente d'immeubles situés dans certains ensembles immobiliers
et donne aux locataires de ces immeubles le droit à la prolongation de
leur bail. Les articles 13 à 19 déterminent le droit applicable
aux locataires d'immeubles détenus en co-propriété ou
situés dans un ensemble immobilier. L'article 20 donne un droit de
préemption à la Société
d'habitation du Québec pour acheter certains immeubles. L'article
21 donne aux locataires de terrains destinés à l'installation
d'une maison mobile le droit à la prolongation de plein droit de leur
bail sauf les causes de résiliation du bail.
Les articles 22 à 26 prévoient le contenu de l'avis de
l'augmentation du loyer. L'article 23 est un article de concordance
nécessité par l'application aux chambres des dispositions
obligatoires du louage d'un local d'habitation contenu au Code civil. L'article
24 énumère les chambres auxquelles ces dispositions ne
s'appliquent pas. Et les articles 25, 27, 28, 29 et 30 sont des dispositions
transitoires.
M. Bellemare: M. le Président, seulement une question en
première lecture pour savoir si le cas de Val-Martin est couvert dans
ces amendements. Pardon?
M. Tardif: Oui, M. le Président.
Le Président: Est-ce que cette motion de première
lecture sera adoptée?
Des Voix: Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Deuxième lecture de ce
projet de loi.
Le Président: Deuxième lecture, prochaine
séance ou séance subséquente.
M. le leader parlementaire du gouvernement.
M. Burns: M. le Président, je vous demanderais maintenant
d'appeler l'article k), s'il vous plaît.
Projet de loi no 99 Première lecture
Le Président: M. le ministre des Affaires municipales
propose la première lecture du projet de loi 99, Loi concernant la
Communauté urbaine de Montréal.
M. le ministre des Affaires municipales.
M. Guy Tardif
M. Tardif: Le projet de loi 99, M. le Président,
prévoit que les budgets de la Communauté urbaine de
Montréal et du Conseil de sécurité publique pour
l'année 1978, entrés en vigueur automatiquement suivant la loi,
soient modifiés dans le sens des résolutions adoptées par
le Conseil de la communauté lors de l'étude de ces budgets. Ils
donnent au service de police de cette communauté pour l'année
1978 le budget prévu dans l'une de ces résolutions. Ils prorogent
le délai accordé au trésorier pour répartir les
dépenses de la communauté et enfin, ils prévoient en outre
le versement par le gouvernement d'une subvention de $15 millions devant
être imputée aux revenus de la communauté pour
l'année 1978.
Le Président: Est-ce que cette motion de première
lecture sera adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Première lecture de ce
projet de loi.
Le Président: Deuxième lecture, prochaine
séance ou séance subséquente.
M. le leader parlementaire du gouvernement.
M. Burns: Excusez-moi.
Le Président: II n'y a pas d'autres présentations
de projets de loi.
M. Burns: II n'y a pas d'autre présentation de projets de
loi, M. le Président.
M. Levesque (Bonaventure): Question de privilège.
Le Président: M. le chef de l'Opposition officielle.
M. Levesque (Bonaventure): A la question que vous venez de poser,
le leader parlementaire du gouvernement a indiqué qu'il n'y avait pas
d'autre projet de loi. M. le Président...
M. Burns: Je m'excuse, il y a eu discussion avec les
représentants de l'Opposition relativement au projet de loi inscrit au
nom du ministre des Affaires culturelles, Loi modifiant la Loi des biens
culturels. Il a été question, au cours de ces discussions, que
possiblement, dans le cours de la journée, nous déposerions le
projet de loi si on s'apercevait qu'il peut être adopté dans un
délai raisonnable. C'est la seule restriction.
Ce matin, j'avais à mon programme le dépôt et
il est prêt le projet de loi; d'ailleurs, j'en ai livré une copie
aux membres de l'Opposition qui sont les critiques officiels en matières
d'affaires culturelles, évidemment sous embargomais je pense que
cela dépendra de ce qu'on me dira quant au délai possible
à envisager pour adopter le projet de loi concernant la Loi modifiant la
Loi des biens culturels. C'est la restriction que je fais, mais pour
aujourd'hui, ce sont les projets de loi que nous avions à déposer
avec cette exception que je viens de mentionner.
Le Président: M. le chef de l'Opposition officielle.
M. Levesque (Bonaventure): Poursuivant ma question de
privilège, le leader du gouvernement vient encore de confirmer la
justesse des propos que je veux tenir dans cette question de privilège.
Je trouve qu'il est indécent, inacceptable et inconcevable qu'à
cette période de nos travaux nous ayons une avalanche de projets de loi
qui ne peuvent pas normalement recevoir l'attention qu'ils
méritent. Il est inconcevable que le 20 décembre on
dépose devant cette Chambre cinq projets de loi et qu'on en annonce
d'autres, alors qu'il y a à peine une semaine, on demandait à
l'Assemblée nationale d'adopter un calendrier où les travaux se
termineraient le 21 décembre. Ce n'est pas responsable. Ou bien qu'on
improvise, et je tiens à le répéter, parce qu'il s'agit
des droits et privilèges de cette Assemblée.
M. Burns: II dit cela même sans sourire, M. le
Président.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, nous avons
devant nous un gouvernement qui a été élu entre autres
pour assurer une meilleure planification des travaux de l'Assemblée
nationale. Nous avons un gouvernement...
M. Burns: Question de règlement, M. le Président,
qui a...
Le Président: M. le chef de l'Opposition, il y a des
délais... A l'ordre, s'il vous plaît, M. le député
de Laurier! M. le député de Laurier! M. le chef de l'Opposition,
il y a des délais qui sont prévus par les dispositions de notre
règlement, il y a des étapes de prévues pour l'adoption
des lois et si ces étapes ne sont pas suivies, je crois que vous auriez
raison de soulever une question de privilège. Mais dans la mesure
où les étapes sont suivies et que les dispositions du
règlement sont respectées, je pense que la présidence n'y
peut rien.
M. Levesque (Bonaventure): Je voudrais continuer à
formuler ma question, M. le Président, parce que je comprends fort bien
que notre règlement nous permet de procéder selon un ordre
prévu par ce règlement.
Je tiens à rappeler à la présidence que nous
arrivons à une fin de session et qu'il y a des us et coutumes qui ont
été suivis dans cette Chambre. Ces us et coutumes permettent
même qu'il y ait des pressions de faites sur les députés
pour qu'on essaie de passer à la vapeur des projets de loi qui ne sont
pas étudiés, qui ne sont même pas déposés.
Nous voulons collaborer avec le gouvernement, mais ces grands planificateurs
nous donnent l'exemple, cette année, de législations non
préparées et d'une avalanche qui nous arrive à la
dernière minute et où on fait pression, et cela au nom de
l'intérêt public, pour que les députés de cette
Assemblée passent à la vapeur des projets qui ne sont même
pas étudiés...
M. Burns: Voyons donc! Vas donc te coucher!
M. Levesque (Bonaventure):... même pas par le
gouvernement!
Le Président: M. le chef de l'Opposition! A l'ordre, s'il
vous plaît! A l'ordre!
M. le leader parlementaire du gouvernement.
M. Burns: Je soulève une question de privilège.
C'est mon privilège de député qui siège à
cette Assemblée nationale depuis bientôt huit ans. Celui qui vient
nous faire la leçon, ou qui tente de le faire ce matin, est exactement
la personne qui...
M. Gratton: ... les purs, vous autres!
M. Burns: ... alors qu'on avait les positions inverses...
M. Gratton: Question de règlement, ce n'est pas une
question de privilège.
M. Burns: Laissez-moi terminer, je vais vous dire de quoi il
s'agit.
Le Président: M. le leader parlementaire du gouvernement,
j'ai souligné à M. le chef de l'Opposition qu'il n'y avait pas
là de question de privilège dans la mesure où les
dispositions du règlement étaient respectées. Je vous ai
également entendu, M. le leader parlementaire du gouvernement, et si on
ne peut pas soulever de débat à l'occasion d'une vraie question
de privilège, à plus forte raison quand il n'y en a pas.
M. Levesque (Bonaventure): Qu'on suspende les travaux de la
Chambre et qu'on revienne après Noël, mais qu'on étudie
sérieusement la législation!
Le Président: A l'ordre, M. le chef de l'Opposition,
à l'ordre!
Présentation de projets de loi au nom des
députés.
Période de questions orales. Mme le député de
L'Acadie.
QUESTIONS ORALES DES DÉPUTÉS
Solution aux problèmes de la presse
Mme Lavoie-Roux: Ma question s'adresse au ministre des Affaires
culturelles. En marge des conflits du Soleil, de la Presse et de
Montréal-Matin, le ministre du Travail a toujours indiqué que la
solution à ces conflits devait se trouver à l'intérieur
des mécanismes normaux et usuels du ministère du Travail.
La question que je veux poser ce matin au ministre des Affaires
culturelles aborde une autre dimension de ce problème, à savoir
celui de la liberté d'information pour les Québécois.
Je voudrais demander au ministre des Affaires culturelles, est-ce que
son ministère a suivi le conflit de ces trois quotidiens et,
deuxièmement, a-t-il fait quelques réflexions sur ce
problème de l'information de la presse, comme d'ailleurs il en avait
fait part à une conférence qu'il a donnée à
l'Université de Montréal, je crois, au début de novembre
où il a dit que, si le problème perdurait, à son point de
vue, il fallait intervenir?
Suite à ces réflexions, est-ce qu'il a fait part au
ministre du Travail, des conséquences des difficultés de
l'information pour les Québécois à l'heure actuelle,
compte tenu de ces trois conflits qui sévissent déjà
depuis plusieurs mois?
Le Président: M. le ministre des Affaires culturelles.
M. O'Neill: M. le Président, à la première
question à savoir si nous avons suivi ce conflit de près, je
réponds à Mme le député de L'Acadie que nous
l'avons fait, en collaboration avec le ministre du Travail, et le ministre du
Travail est bien au courant là-dessus de notre perception du conflit et
de notre inquiétude aussi.
Alors sans vouloir d'aucune façon déranger le travail des
conciliateurs, nous avons d'une autre part aussi recueilli un certain nombre
d'informations et je peux dire que c'est de façon
régulière qu'à ce point de vue nous procédons
à des échanges avec le ministre du Travail.
Quant à la deuxième question, la réponse demeure
toujours oui, mais en respectant jusqu'ici la règle qu'il s'est
imposée, de son côté le ministre du Travail, à
savoir s'il veut d'abord, dans un délai normal, laisser fonctionner les
mécanismes appropriés qui doivent intervenir et qu'on doit
utiliser dans ce genre de conflit.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, est-ce que le ministre a
fait des recommandations précises, par exemple, au ministre du Travail
dans le sens de la nomination d'un médiateur extraordinaire qui pourrait
peut-être trouver une solution, parce que je veux bien qu'il suive le
rythme du ministère du Travail mais, d'un autre côté, je
pense que ceci met les Québécois dans une situation
extrêmement difficile; nous en sommes tous témoins. Alors a-t-il
fait une recommandation dans ce sens au ministre du Travail?
M. O'Neill: II n'y a pas eu de recommandations faites dans ce
sens. Il est possible que ce soit un peu le type d'action à prendre dans
une étape subséquente mais, encore là, ce sera dans un
temps opportun selon les besoins et les circonstances.
M. Lalonde: A l'été! Au mois d'août!
M. O'Neill: A ce point de vue, encore une fois, ce sera une
décision qui sera prise en collaboration avec le ministre du
Travail.
Le Président: M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Johnson: M. le Président.
Le Président: M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, je vous demanderais de laisser parler Mme le
député de L'Acadie.
M. le ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre.
M. Johnson: M. le Président, si vous permettez que je
complète une partie de la réponse de mon collègue... J'ai
dit depuis le début de ce conflit, et je pense que le
député de L'Acadie démontre qu'elle a une connaissance un
peu limitée des mécanismes au ministère du Travail. Je ne
dis pas cela pour être mesquin ou méprisant. Je veux simplement
décrire comment fonctionne le service, et je pense que certains membres
de cette Chambre auraient avantage à savoir comment fonctionne le
ministère.
Il y a, dans le dossier de la Presse et de Montréal Matin, deux
conciliateurs qui ont été nommés et dont les parties ne se
sont pas servies. Le ministre du Travail ne nommera pas de médiateur si
elles ne se servent pas des conciliateurs du ministère.
Le Président: Mme le député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais poser une question
supplémentaire au ministre des Affaires culturelles. Le printemps
dernier, il a formé un groupe de travail sur la concentration de la
presse qui, je pense, était composé de M. Raymond-Marie
Léger, M. Gérard Brady et M. Luciano Dorotea. Ces gens devaient
remettre leur rapport au sous-ministre au mois d'octobre. Peut-il nous dire
s'il a été remis? Si non, quelle est la raison, et si oui, quand
entend-il le rendre public?
Le Président: M. le ministre des Affaires culturelles.
M. O'Neill: M. le Président, la première question:
A-t-il été remis? Oui. Deuxièmement, il sera rendu public
à un moment opportun. C'est un document de travail que nous sommes en
train d'analyser en comités, et après cela, selon les
circonstances, en temps opportun nous le rendrons public.
M. Levesque (Bonaventure): En toute transparence.
Le Président: Mme le député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, ma question
supplémentaire va au ministre du Travail. Je ne suis peut-être pas
très au courant des mécanismes à l'intérieur du
ministère du Travail, mais je voudrais quand même lui faire
remarquer que, dans sa loi 45, il a fait adopter un article qui prévoit
la conciliation volontaire et que, à un moment donné, il peut
même intervenir pour imposer la conciliation. Nous avons soulevé
ce problème à la commission parlementaire et, devant la
réponse que le ministre vient de donner, je me demande comment les
conflits à l'avenir vont se solutionner.
M. Johnson: M. le Président, je comprends que non
seulement le député de L'Acadie m'invite à répondre
à une hypothèse, mais beaucoup plus à faire un peu de
prospective. Je ne suis pas sûr qu'il faille que je m'y adonne. En ce qui
a trait,
cependant, au conflit qui sévit à la Presse et à
Montréal Matin, encore une fois, conciliation volontaire ou pas, c'est
un fait que les parties, pour des raisons qui, historiquement, s'expliquent
fort bien, n'ont pas jusqu'à maintenant cru bon d'avoir recours aux
services du conciliateur qui était à leur disposition.
Notre conciliateur, jusqu'à maintenant, fondamentalement, s'est
fait dire par les parties qu'elles avaient l'intention de négocier de
façon bilatérale. Le dernier développement à cet
effet, d'ailleurs, c'est le négociateur de la partie patronale qui,
devant le rejet global des offres qu'il avait dites globales et
définitives, offres déposées par lui il y a une semaine et
demie, a dit qu'il était prêt à envisager certaines
modifications de virgules, de détails, d'erreurs de transcription et de
correction et sur certains autres éléments.
Pour un négociateur, ceci me fait penser que la Presse va
peut-être faire une nouvelle offre à ses syndicats. D'autre part,
on m'avise qu'il est possible que le syndicat soit en train de préparer
une contreproposition. On peut déplorer la lenteur des
négociations à la Presse et à Montréal Matin, mais
on ne peut en rendre responsables ni le ministère du Travail, ni ses
conciliateurs.
Le Président: M. le député de Vanier.
M. Bertrand: M. le Président, ma question
supplémentaire s'adresse au ministre des Communications. Mme le
député de L'Acadie invoquait tout à l'heure le principe de
la liberté d'information. Je pense qu'il y a un autre principe...
Des Voix: Question. M. Pagé: Question.
M. Bertrand: J'espère que les droits parlementaires
appartiennent aussi aux députés ministériels.
M. Pagé: Oui. Allez. Posez votre question.
M. Bertrand: Merci beaucoup. M. le Président, comme il y a
aussi un autre principe qui est en jeu, soit celui du droit du public à
l'information, les différents conflits de travail qui existent à
l'heure actuelle affectant la Presse, le Soleil et Montréal Matin
risquent, à la longue, de porter atteinte à ce droit du public
à l'information, je voudrais demander au ministre des Communications,
étant donné le phénomène de la concentration des
entreprises de presse qui est discuté depuis longtemps, étant
donné que Multi-Réso Inc., a déjà
déposé à son ministère une étude sur la
presse écrite il y a quelques mois, étant donné aussi que
doit bientôt être déposé un rapport...
M. Pagé: Question M. le Président.
M. Bertrand: ... d'un groupe de travail sur la concentration des
entreprises de presse...
M. Lalonde: ... question.
M. Bertrand: ... j'aimerais demander au ministre s'il accepterait
que des parlementaires travaillent ensemble, unissent leurs efforts pour
tenter, au début de l'année 1978, à l'intérieur de
la commission parlementaire sur la liberté de la presse,
d'étudier et d'analyser ce phénomène et de pouvoir
contribuer, comme parlementaires, à l'analyse de la situation dans le
domaine de la presse écrite au Québec.
Le Président: M. le ministre des Communications.
M. O'Neill: M. le Président, je voudrais d'abord souligner
un détail dans la question posée par le député de
Vanier. Il a fait une allusion à ce groupe de travail qui devait
déposer un rapport. J'ai dit tout à l'heure que ce rapport avait
déjà été déposé et qu'il serait rendu
public en temps opportun. En ce qui concerne le coeur même de sa
question, je lui réponds tout simplement ceci: Je retiens cela comme une
suggestion intéressante, mais je voudrais quand même me donner un
certain temps de réflexion avant de lui dire s'il y a lieu ou non de la
mettre en application.
Le Président: M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Mackasey: M. le Président, ma question s'adresse au
ministre des Affaires sociales. Le ministre donnera-t-il des ordres aux
personnes responsables de retarder le transfert des résidents du foyer
Cambridge House and Nursing Home, jusqu'au moment où la demande de
mettre un frein à cette décision soit entendue à la Cour
supérieure aujourd'hui?
M. Lazure: M. le Président, le député de
Notre-Dame-de-Grâce aurait-il objection à répéter sa
question plus lentement, s'il vous plaît?
Foyers clandestins à Chambly
M. Mackasey: Mr President, will the minister of Social Affairs
take in consideration that later today in the Superior Court, representations
are being made or will be made or would be made to temporarily suspend the
transfer of eighty senior citizens from the Cambridge House and Nursing Home
this week, before Christmas? Will the minister, in order to co-operate with
this judicial procedure, order his fonctionnaires to put an end to the
harassment that is going on, this morning, and leave these people in peace
until after the Holidays?
Le Président: M. le ministre des Affaires sociales.
M. Lazure: M. le Président, j'ai bien compris la question.
Il s'agit d'une série de trois foyers clandestins qui sont situés
dans la ville de Chambly, dont la propriétaire est une Mme Grant. Depuis
plusieurs mois ceci a commencé avant le 15 novembre 1976
le ministère a reçu des plaintes
des médecins de la région, du CLSC de la région, du
CSS de la rive sud, du CSS de Ville-Marie. Il a reçu des plaintes,
dis-je, quant à la qualité des soins, quant à l'absence de
soins médicaux et de soins infirmiers, quant à la
malpropreté des lieux, quant à l'insuffisance de la nourriture et
quant aussi à l'absence de collaboration de la part de la
propriétaire de ces trois foyers clandestins.
Il y a eu de multiples démarches de la part des fonctionnaires
depuis tous ces mois, visant à aider cette propriétaire à
détenir un pavillon ou des pavillons de centre d'accueil public. Je fais
allusion, je me réfère à l'opération
"pavillonnement" commencée depuis tout près de deux ans,
opération par laquelle le gouvernement antérieur et ce
gouvernement-ci veulent mettre un terme à l'existence des foyers
clandestins au Québec. Déjà, plusieurs foyers clandestins
ont été fermés.
Or, pour être bref, M. le Président, il s'agit de trois
foyers clandestins appartenant à la même personne au sujet
desquels il y a eu de multiples avis de fermeture. Il est regrettable que la
fermeture se fasse aujourd'hui même, mais c'est à la demande de la
propriétaire et de son procureur que cette fermeture a été
retardée à plusieurs reprises, et je dois dire aussi que cette
question est devenue politisée. Des membres de mon cabinet ont
reçu des appels téléphoniques du Committee for Positive
Action, de M. Paterson, de M. McCall, et l'intervention du député
de Notre-Dame-de-Grâce me confirme qu'il s'agit d'une situation tout
à fait politisée. Nous envoyons aujourd'hui ces 67 individus
hommes et femmes dont les deux tiers sont anglophones dans des
hôpitaux, dans des centres d'accueil où les conditions de soins
seront infiniment meilleures que ce qu'ils ont connu jusqu'ici.
M. Mackasey: M. le Président.
Le Président: M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Mackasey: Question additionnelle. Je veux souligner à
l'attention du ministre que nous avons le droit de poser des questions ici sans
que le ministre prétende que c'est politisé. C'est exactement
notre rôle et, dans la réponse du ministre, le seul groupe qu'il
n'a pas mentionné qu'il avait été consulté, ce sont
les 80... I will ask the question, Mr President, but in asking the question, I
do have a preamble to remind the minister that the only people he has not asked
are the 80 people who are affected. I ask him once again, in view of the fact
that there has been a two months' delay, to, at least, have the sensitivity of
delaying the forceful eviction of these people for another two weeks, until the
Holidays are over. Surely, the minister must understand the detrimental effect
this will have on old people, to be moved out of a familiar home into a strange
environment five days before Christmas.
Est-ce que le ministre partage la même insensibilité que
ses bureaucrates? Is that what you call justice? Maybe I should ask my
additional question to the prime minister, who is more sensitive. Mr prime
minister, do you think it is logical, five days before Christmas, to be so
cruel, so insensitive...
Le Président: Je répète, M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce. Bien sûr, M. le chef
de l'Opposition que c'était une question mais qui a été
répétée trois fois.
M. le ministre des Affaires sociales.
M. Lazure: M. le Président, moi aussi, je vais faire un
préambule à ma réponse. J'ai devant moi une note du 6
novembre, donc il y a à peine un mois, et je cite: "Nous,
soussignés, de l'Ambulance Paramedic avons été chercher
une cliente au 1223, rue Cartier, à Chambly, Mme Cardinal, au foyer
Grant. Nous avons trouvé cette cliente dans un état pitoyable,
elle était très sale, avait une odeur nauséabonde.
D'autres clients qui attendaient sont dans le même état, d'autres
se plaignaient d'avoir faim. On peut noter que les pensionnaires sont
laissés sans soins et à eux-mêmes. Nous trouvons cette
situation intolérable et demandons que quelque chose soit fait pour ces
personnes âgées".
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, quelle est la
source...
M. Lazure: M. le Président, je pourrais lire une multitude
de témoignages... Oui, je peux même le déposer en Chambre,
il s'agit de deux ambulanciers, M. Denis Dubé je m'excuse parce
que c'est écrit à la main et signé par ces personnes, les
numéros de téléphone sont là et l'autre nom,
je n'arrive pas à le lire, mais Ambulance Paramedic. Alors, c'est un
document à déposer, M. le Président.
Je reviens à la question du député de
Notre-Dame-de-Grâce. Je pourrais déposer plusieurs documents. Je
répète ce que j'ai dit dans la première partie de ma
réponse. Peut-être que le député de
Notre-Dame-de-Grâce n'a pas bien compris. Je vais parler lentement. Je
répète que nous avons reçu depuis plusieurs mois une
multitude de plaintes au sujet de ces foyers. Et Mme Grant est une personne
très habile. Elle a réussi à mobiliser des
députés des deux partis principaux de l'Opposition. Elle a
réussi à mobiliser le "Positive Action Committee". Elle a
réussi à mobiliser un grand nombre de personnes, y compris des
représentants de l'Archevêché anglican de Montréal,
qui sont venus me voir à mon bureau dans le comté de Chambly,
à qui j'ai expliqué la situation et le plan de rechange qui se
déroule aujourd'hui, et ces messieurs de l'Archevêché sont
repartis parfaitement satisfaits.
M. le Président, en concluant sur cette question, il s'agit de
personnes âgées comme plusieurs autres centaines au Québec
qui sont exploitées. Que les propriétaires soient francophones ou
anglophones, cela n'a aucune espèce d'importance. Ce sont des personnes
âgées qui sont exploitées. Les deux tiers de ces personnes
n'ont pas actuellement dans cet établissement les soins qu'ils devraient
recevoir, c'est-à-dire des soins hospitaliers
et des soins propres à un centre d'accueil public. Je pense, M.
le Président, que le meilleur cadeau de Noël qu'on puisse faire
à ces personnes âgées, c'est de les transférer et
c'est ce qu'on fait aujourd'hui, dans des endroits beaucoup plus potables et
où ils recevront de meilleurs soins.
Le Président: M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Mackasey: M. le Président, cet après-midi,
devant la Cour supérieure, il y aura une demande de la part de la
propriétaire de retarder le déménagement de ces quelque 80
citoyens âgés. In the light of the fact that, this afternoon,
possibly, a court could rule that such an act on the part of his department be
postponed, surely the minister must realize that, at least in the public
opinion, he is attempting to circumvent a possible decision of the court. And
surely, Mr President, the minister should reappreciate that the Positive Action
and Mr Patterson, as Canadian citizen, have all the right in the world to make
representations to normal government unless your government is no longer to be
considered a normal government.
M. Lazure: M. le Président, il est bien évident que
le ministère va se conformer à toute décision de la cour.
Je ne vois pas comment le député de Notre-Dame-de-Grâce
peut présumer que la décision de la cour ira dans le sens des
pressions que lui et d'autres ont créées dans l'opinion publique.
Il est dommage, M. le Président, que ces groupes de pression pour
appuyer Mme Grant inquiètent l'opinion publique. Je pense que ces
procédés sont répréhensibles et nous devons aussi,
je crois, regretter que certains membres de cette Assemblée soient
victimes de cette manipulation de la part de Mme Grant.
M. Mackasey: Question de privilège!
M. Shaw: I want a privilege! Question de privilège!
Le Président: M. le député de
Pointe-Claire.
M. Mackasey: Avant de formuler une question de
privilège...
M. Shaw: I want to make it quite clear that, under no
circumstances have I ever been manipulated by Mrs Grant, I introduced myself
into that dossier, because I knew some of the background. The truth is that
there are lives of people involved, and, the lives are being threatened not by
the minister but by the department of Social Affairs, in their situation, and
not only in that private nursing home, but in every private nursing home that
they close. The truth is that this government has to respect the fact that if
it cannot provide adequate care, and the private sector is, it should be
prepared to respect the rights of those individuals in those nursing homes to
make the decision where they want to be themselves and not imposed it by the
State.
M. Springate: Mr President, a supplementary question.
M. Lazure: Je n'ai pas identifié le député
de Pointe-Claire comme ayant été victime de la manipulation de
Mme Grant. Je ne vois pas pourquoi le député de Pointe-Claire a
fait cette intervention.
Le Président: M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, question de privilège.
M. Mackasey: On a point of privilege, Mr. Speaker. The minister
did clearly make evident to everybody in the Assembly that as the member of
Notre-Dame-de-Grâce I was being manipulated politically by Mrs Grant. My
intervention was at the request of children whose parents are in that home, and
I might inform the minister, on my point of privilege that he and his whole
cabinet, including the prime minister, will not prevent me from standing up in
this House whenever I feel like it, when I am asked by the people of my riding
to make representations, until you people have to carry me out. So have no
conclusion that you will frighten me with your insinuations, your allegations
or your ridicule.
Le Président: M. le député de Westmount. M.
le ministre des Affaires sociales.
M. Lazure: M. le Président, encore une fois, mon
privilège en tant que membre de cette Assemblée; je n'ai pas
accusé le député de Notre-Dame-de-Grâce, pas plus
que le député de Pointe-Claire. J'ai dit que des membres des
partis de l'Opposition de l'Assemblée nationale étaient l'objet
de manipulations. En concluant, M. le Président, ii s'agit d'un dossier;
de toute façon le député de Notre-Dame-de-Grâce
aurait peut-être intérêt à en discuter avec son
voisin de gauche, son premier voisin à gauche, le député
de Saint-Laurent.
M. Mackasey: J'ai discuté avec les enfants de ces
parents.
Le Président: A l'ordre, M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce!
M. Lazure: Je conclus, M. le Président, sur ceci. Nous
avons des représentants du ministère qui sont, aujourd'hui
même à Chambly. Nous avons des représentants du Centre de
services sociaux Richelieu. Nous nous assurons, de concert avec les
autorités de la ville de Chambly qui, d'ailleurs, ont toujours
refusé de donner à ces foyers clandestins des permis nous
nous assurons que cette opération se fera de la façon la plus
confortable, la plus humaine possible.
Le Président: M. le député de Westmount.
M. Springate: M. le Président, ma question
supplémentaire s'adresse au ministre des Affaires sociales. Maybe I
should call him uncle Scrooge
because anyone who authorizes the displacing of aged persons, some of
whom, I am told, are blind, five days before Christmas, certainly shows that
this government has absolutely no Christian spirit in this festive season.
Their slogan, Mr Speaker, of "government of the people" is nothing more than a
cheap slogan.
M. le Président, ma question est celle-ci: Est-ce que le ministre
donnerait son consentement pour que la commission parlementaire des affaires
sociales siège pour étudier une fois pour toutes, en profondeur,
la question des centres, des foyers pour personnes âgées? Ou
peut-être que je devrais dire le manque de ces centres au Québec
actuellement, parce que le ministre le sait, il est impossible de placer
quelqu'un aujourd'hui dans ces centres. Il n'y a pas de place.
M. Lazure: M. le Président, j'ai dit tantôt que ces
67 personnes ont été soigneusement localisées de nouveau
dans la planification, et elles vont être physiquement localisées
de nouveau aujourd'hui. 14, de mémoire, par exemple, iront à
Montréal au centre d'accueil Father Dobbs, qui est un centre d'accueil
tout à fait nouveau, ouvert depuis quelques mois seulement, et ainsi de
suite.
En conclusion, la réponse à votre question, M. le
député est non. Je ne vois pas pourquoi on ferait siéger
une commission parlementaire pour discuter d'un problème dont nous
connaissons les solutions. Le rythme d'ouverture des lits dans les centres
d'accueil n'est certainement pas aussi rapide qu'on le voudrait. Il est bien
évident qu'il n'y a pas de solution rapide, magique, mais nous faisons
l'impossible pour en ouvrir le plus rapidement possible.
Le Président: M. le chef de l'Union Nationale.
Développement de SIDBEC
M. Biron: M. le Président, ma question s'adresserait au
ministre de l'Industrie et du Commerce, mais en son absence, je l'adresse au
ministre d'Etat au développement économique. Ma question concerne
l'administration de SIDBEC. Quelle suite le gouvernement entend-il donner aux
conclusions des recherches menées par des spécialistes de l'OPDQ
concernant SIDBEC? Plus précisément, lorsque ces
spécialistes font la suggestion de susciter par SIDBEC une nouvelle
participation dans une mine qui serait destinée à alimenter un
haut fourneau éventuellement construit à Bécancour?
Le Président: M. le ministre d'Etat au
développement économique.
M. Landry: Pour régler d'abord la question du haut
fourneau, il s'agit d'un horizon extrêmement lointain que nous n'osons
même pas considérer aujourd'hui. Quant au reste de la question,
SIDBEC a commandé déjà depuis plusieurs mois une
étude sur son développement au cours des cinq prochaines
années, avec diverses phases, un plan quinquennal de
développement.
Nous avons rencontré, la semaine dernière, les
autorités de SIDBEC qui nous ont donné un aperçu des
premières conclusions de ce plan quinquennal, pour les phases I et II,
et nous attendons, ces jours-ci, un aperçu seulement de la phase III. Ce
n'est qu'au printemps 1978 que SIDBEC aura en main les études
complètes et que nous les aurons également en main. Le
comité ministériel créé spécialement pour
s'occuper de l'industrie de l'acier regardera de très près quel
doit être, quel sera le développement de cette
société au cours des cinq prochaines années.
Je vous réitère que déjà les investissements
requis par la sidérurgie nationale sont énormes sans qu'il n'y
ait de hauts fourneaux impliqués. Le gouvernement est peu enclin non
seulement à s'embarquer là-dedans, mais même à
considérer de le faire puisqu'on a choisi la sidérurgie
électrique avec un procédé de réduction tout
à fait différent.
Le Président: M. le chef de l'Union Nationale.
M. Biron: Question additionnelle au ministre. Quelle suite le
gouvernement entend-il donner ou a-t-il donnée aux griefs des
représentants du local 2423 du Syndicat des métallos de la FTQ
à SI DBEC à la suite de la perte de quelque 60 emplois dans un
laminoir que SIDBEC vient de fermer? Je crois que c'est le laminoir de dix
pouces.
Deuxièmement, est-il exact que les ouvriers de SIDBEC ne sont pas
au bout de leur peine puisqu'il est question de la fermeture d'un autre
laminoir, celui de 18 pouces, je crois bien?
Troisièmement, n'avait-on pas promis, lors du rachat de
Quésteel, que les ouvriers de SIDBEC, à Longueuil en particulier,
n'avaient pas à s'inquiéter de la perte de leur emploi?
M. Landry: Lors du rachat de Quésteel, il n'y avait pas
d'ouvriers de SIDBEC à Longueuil, il y avait des ouvries de
Quésteel. Cette question ne s'est peut-être pas
réglée absolument parfaitement, mais, si vous avez
remarqué, on n'a eu aucune espèce de récrimination de la
part des anciens de Quésteel; il y en a plusieurs qui sont
employés soit à Longueuil, soit à Contrecoeur. J'ai
déposé des chiffres en Chambre là-dessus.
Quant à la question du laminoir de dix pouces, de ce qu'on
appelle Montreal Works, je peux vous dire que je suis, par le personnel de mon
cabinet, cette question pratiquement d'heure en heure. J'avais
déjà donné un avertissement général pour que
les autorités de SIDBEC traitent cette question avec grand soin. J'ai eu
des assurances et des chiffres préliminaires à l'époque
qui m'avaient donné satisfaction. Je suis cela d'heure en heure et j'ai
même tenté, hier soir, d'entrer en communication avec le
président de SIDBEC. Je le ferai dès ma sortie de cette
Chambre.
Le Président: M. le chef de l'Union Nationale.
M. Biron: Question additionnelle. Est-il bien exact qu'il y a 60
ouvriers de SIDBEC qui, à l'heure actuelle, ont été mis
à pied temporaire-
ment? Deuxièmement, les travailleurs de SIDBEC soutiennent que
c'est un cas de mauvaise administration. Les laminoirs de 10 pouces et de 18
pouces sont rentables, d'après les travailleurs, alors que l'entreprise
dit que ce n'est pas rentable. Troisièmement, est-ce que les dirigeants
du syndicat ont demandé une rencontre avec le premier ministre pour le
convaincre de la nécessité de tenir une enquête publique
sur l'administration de SIDBEC et non une simple étude secrète
comme celle présidée par M. Griffin de la SDI? Est-ce que le
gouvernement entend donner suite à cette demande des travailleurs de
SIDBEC?
M. Landry: Je ne peux pas répondre pour le premier
ministre, à savoir si on a demandé une enquête
complète et publique; je n'en sais rigoureusement rien, il le dira
lui-même. Ce que je sais, c'est que j'ai eu moi-même plusieurs
contacts avec les travailleurs de SIDBEC, de diverses localisations. Ces
travailleurs ont rigoureusement le droit, puisqu'ils sont les employés
d'une entreprise publique, de venir rencontrer les pouvoirs publics et
d'exprimer leurs vues sur l'entreprise après tout, ils
travaillent dedans leurs craintes et leurs inquiétudes.
Jusqu'à ce jour, comme je vous l'ai dit, j'en ai rencontré
plusieurs et à chaque fois une action a été mise en route.
Le rapport Griffin, d'ailleurs, faisait partie des suites à donner
à ces rencontres que nous avions eues avec les travailleurs, plus
d'autres éléments.
Quant aux 60 emplois dont vous me parlez, je préfère
déposer en Chambre les chiffres certains parce qu'il y a des cas de
préretraite là-dedans, il y a des cas de compensation. Vous
savez, cette usine de Montreal Works est très vieille, il y a des
travailleurs qui sont là depuis 20 ou 25 ans. Divers arrangements
peuvent être pris. Je m'engage à déposer les chiffres
définitifs dès que je les aurai eus de SIDBEC.
Quant à la rentabilité du laminoir, c'est cohérent
avec ce que je viens de dire. Si l'usine est très vieille, le personnel
est vieux, le laminoir est vieux et celui de Quésteel à
Longueuil,. maintenant SIDBEC, comme il a été construit il y a
quelques années, est beaucoup plus efficace et rentable.
Cela va de soi que les équipements se déprécient
physiquement, se détériorent et que leur rentabilité est
affectée. Je ne peux pas demander à SIDBEC de faire marcher des
vieilles installations en dehors de tout contexte de rentabilité
uniquement pour avoir l'air de faire faussement une action sociale
antiéconomique.
M. Biron: Une question additionnelle, M. le Président.
Le Président: M. le chef de l'Union Nationale.
M. Biron: Est-ce que le ministre peut nous donner la garantie,
spécialement à ce temps-ci de l'année, la garantie aux
ouvriers de SIDBEC en particulier, qu'il va s'occuper de suivre de très
près révolution de ce dossier. Les journaux nous rapportent, en
tout cas, qu'un groupe d'ouvriers demandent une enquête publique sur
l'administra- tion de SIDBEC. Si le syndicat, les représentants des
travailleurs sont malheureux, c'est certainement qu'il y a quelque chose en
dessous de cela. Est-ce que le ministre peut nous garantir qu'il va suivre ce
dossier de très près pour la sécurité des
travailleurs de SIDBEC?
M. Landry: Oui, qu'il y ait "quelque chose en dessous de cela",
je n'emploierai pas votre expression, vous êtes libre de choisir vos
mots. Il y a des problèmes graves de croissance dans
l'établissement d'une sidérurgie nationale
intégrée. Tout le monde est d'accord avec cela. Les travailleurs
ont un apport positif en nous signalant, en nous en parlant, en rapportant
certaines choses. Non seulement je donne l'assurance au chef de l'Union
Nationale pour l'avenir de suivre cette question personnellement et d'heure en
heure presque, pour les travailleurs, mais je peux lui dire que je l'ai fait
dans le passé aussi et que je ne me suis pas contenté de le faire
moi-même. Nous avons mis sur pied un comité
interministériel de l'acier, dont fait partie le ministre de l'Industrie
et du Commerce, le ministre des Richesses naturelles et des Terres et
Forêts et le ministre des Finances, un comité spécial du
cabinet qui a l'oeil sur cette question. Mais, comme je vous l'ai dit, SI DBEC,
sansêtre un monstre, aquand même eu une croissance
compliquée. Il faut traiter de cette question avec beaucoup d'attention
et ne pas s'attendre à des miracles.
Le Président: M. le député de
Beauce-Sud.
Prolongement des autoroutes Dufferin et de la
Beauce
M. Roy: Merci, M. le Président, ma question s'adresse au
ministre des Transports et elle comporte deux volets. Concernant les autoroutes
de la région de Québec, j'aimerais demander au ministre des
Transports, s'il a l'intention de donner suite au projet de prolongement de
l'autoroute Dufferin jusqu'au boulevard Champlain ou si on a
décidé de reporter ce projet à plus tard.
Deuxièmement, j'aimerais demander au ministre si c'est l'intention du
ministère de commencer la construction de la section de l'autoroute de
la Beauce de Sainte-Marie à Saint-Georges au cours de l'année
1978.
M. Lessard: M. le Président à ces deux questions la
réponse est non pour le moment. Nous sommes à discuter du budget
des différents ministères au Conseil du trésor et nous
aviserons en conséquence. En ce qui concerne l'autoroute de la Beauce,
l'autoroute 73, Sainte-Marie-Saint-Georges, les plans et devis ne sont pas
prêts actuellement. C'est donc dire qu'en 1978/79 il n'y aura aucun
budget de prévu à cet effet.
Le Président: M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: M. le Président, j'aimerais poser une question
additionnelle au ministre. Puisqu'il vient de nous dire que les plans et devis
ne sont pas
prêts, est-ce qu actuellement le feu vert a été
donné par le ministère des Transports afin de faire
préparer les plans et devis de cette section de l'autoroute qui faisait
partie, selon les informations que je possède, du plan quinquennal du
ministère des Transports? Est-ce qu'il y a eu un changement de
décision au cours de l'année au niveau du ministère des
Transports concernant cette section?
M. Lessard: Pas encore, M. le Président.
Le Président: M. le député de Taschereau. M.
le député de Beauce-Sud sur une question additionnelle?
M. Roy: Une question additionnelle. M. le Président, dans
le plan quinquennal du ministère des Transports, il y avait une somme
prévue de $4 millions pour l'année 1977/78. On a les
résultats qu'on connaît jusqu'ici; c'est tout simplement suspendu.
Il y avait une prévision aussi, dans le plan quinquennal, de $9 millions
pour l'année 1978/79. Si le ministère n'a pas encore donné
le feu vert pour préparer les plans et devis, quand le ministre
prévoit-il être en mesure de donner le feu vert pour au moins
préparer les plans et devis, afin de ne pas retarder indûment le
début de la construction?
M. Lessard: M. le Président, je ne le sais pas pour le
moment. En ce qui concerne les plans quinquennaux, ils sont soumis aussi
à chaque année, en fait, à l'ensemble des budgets que nous
prévoyons pour le ministère des Transports, en tenant compte de
l'ensemble des intérêts de tous les Québécois.
Le Président: M. le député de Taschereau...
M. le député de Beauce-Sud, je m'excuse j'ai donné la
parole à M. le député de Taschereau.
M. Roy: J'aimerais quand même avoir une précision,
M. le Président.
Vous avez permis 8 ou 10 question ce matin pour une question qui
était locale, se rapportant à Montréal. Je ne mets pas en
doute quand même...
Le Président: Je reviendrai peut-être à vous,
je viens de donner la parole à M. le député de
Taschereau.
M. Guay: M. le Président, en question
supplémentaire au sujet de l'autoroute Montmorency au ministre des
Transports. A la suite de la question du député de Beauce-Sud, le
ministre...
Une Voix: Ce n'est pas une question additionnelle.
M. Guay: Le député de Beauce-Sud, sa pre-
mière question portait sur l'autoroute Montmorency et l'autoroute de la
Beauce. Je fais porter ma question supplémentaire sur l'autoroute
Montmorency. Si les députés de l'Opposition veulent bien
écouter, ils seront mieux fixés.
Est-ce que le ministre des Transports au sujet de l'autoroute
Montmorency dont le prolongement et le raccord avec le boulevard Champlain
créeraient des systèmes de ventilation probablement le long des
Remparts et sur les plaines d'Abraham et un échangeur en spaghetti tout
près de Notre-Dame-des-Victoires, c'est-à-dire contribueraient au
massacre additionnel de la capitale aux abords du parlement? Est-ce que le
ministre peut donner l'assurance à cette Chambre qu'il n'est pas dans
l'intention du ministère des Transports de poursuivre ce projet de
tunnel sous le cap Diamant?
Le Président: M. le ministre des Transports.
M. Lessard: M. le Président, pour le moment, les seules
intentions du ministère, parce que nous n'avions pas le choix, cela a
été de continuer l'autoroute Montmorency-Dufferin jusqu'au pont
de l'île d'Orléans. En ce qui concerne la construction de
l'autoroute en utilisant un tunnel jusqu'au boulevard Champlain, il n'en est
pas question pour le moment. Cependant, nous attendons aussi le rapport final,
en collaboration avec le ministre responsable des Travaux publics, et des
décisions à ce sujet. On avisera en conséquence, mais,
pour le moment, je ne pense pas que ce soit une question d'intérêt
public et de priorité au ministère des Transports.
Le Président: Merci, M. le ministre des Transports.
M. Charron: Y a-t-il une question additionnelle que je pourrais
poser à votre place?
Le Président: Pardon?
M. Charron: Y a-t-il une question additionnelle que je pourrais
poser à votre place?
M. Proulx: C'est dans votre comté. Vous n'avez pas de
question à poser.
Le Président: Bien sûr. Merci, M. le ministre des
Transports.
M. le député de Rouyn-Noranda.
Comptes à des assistés sociaux
M. Samson: Merci, M. le Président, je voudrais adresser ma
question il est parti, il revient au ministre des Affaires
sociales. Je voudrais demander au ministre des Affaires sociales quel genre de
directives ont été données dernièrement au ser-
vice de la perception concernant les comptes à des
assistés sociaux qui ont actuellement comme seul revenu soit l'aide
sociale, soit l'aide à la sécurité de la vieillesse, ou
encore une pension d'invalidité par la Régie des rentes. Quelles
sortes de directives ont été données concernant les
intérêts portés à ces comptes et concernant la
récupération des comptes? Je m'excuse tout de suite auprès
du ministre; je lui en ai parlé et je devais lui apporter un document,
mais je ne l'ai pas encore reçu. Dès que je l'aurai, je le
donnerai au ministre.
M. Lazure: M. le Président, la première directive
qui a été donnée aux agents d'aide sociale dans l'ensemble
du territoire, c'est de discontinuer l'envoi de réclamations pour du
trop-payé de la part du gouvernement, sauf pour les cas où il y a
eu nettement fraude. Dans tous les autres cas, nous allons cesser de
réclamer l'intérêt qui, depuis quelque temps, avait
été réclamé aux prestataires qui avaient
reçu l'argent en trop. Je vais essayer, dès demain, d'apporter
une copie de cette directive et je la déposerai avec plaisir.
Le Président: M. le député de
Rouyn-Noranda.
M. Samson: En question supplémentaire, est-ce que je dois
clairement comprendre, pour pouvoir transmettre cela à mes
électeurs, qu'il y aura une reprogrammation de la machine ordina-trice
qui fait les comptes à tous les mois et qu'on cessera de voir, dans le
bas des comptes, des choses comme: Vos paiements sont en retard? Si la
situation n'est pas régularisée avec votre prochain versement,
votre compte fera l'objet d'une procédure en perception. C'est le genre
de choses qui, suivant la réponse qui vient d'être donnée
par le ministre, si je la comprends bien, dans les cas de non-fraude
évidente, ne se répéteront pas.
M. Lazure: M. le Président, ce sont deux questions
légèrement distinctes. Je viens de dire que, dans tous les cas,
sauf en cas de fraude, il n'y aura plus de charge d'intérêt.
Cependant, il y aura encore, sans intérêt, des efforts
systématiques faits pour rapatrier des sommes qui n'appartiennent pas
véritablement aux prestataires, qui ont été données
en trop soit par erreur, ou soit par des arrangements temporaires. Je ferai
remarquer qu'il s'agit là des sommes assez importantes; il s'agit de
sommes d'environ un demi-million de dollars par mois que nous
récupérons depuis environ six mois. Il peut y avoir, dans la
formule de réclamation, des changements, si vous voulez, pour qu'on soit
peut-être un peu moins commerciaux, un peu plus humains, mais
essentiellement le rapatriement de ces sommes continuera.
M. Samson: M. le Président, une dernière question
supplémentaire.
Est-ce que le ministre accepterait de considérer justement
l'à-propos de l'annulation de certains comptes, je le
répète encore une fois, dans les cas de pensionnés de la
vieillesse et dans les cas de personnes qui n'ont, comme revenu, que celui de
la Régie des rentes par une pension d'invalidité? Ce sont des cas
qui me semblent exceptionnels. Le ministre accepterait-il de considérer
ces cas dans l'annulation des comptes parce qu'à toutes fins utiles rien
ne sert de garder ces comptes dans les livres si les gens n'ont pas les
possibilités de les rembourser?
M. Lazure: M. le Président, sur cette question
précise, nous avons actuellement un groupe qui étudie la
possibilité de garder en suspens indéfiniment des
réclamations dans le cas de prestataires qui ont des revenus
plafonnés et des revenus qui sont déjà d'avance
plutôt insuffisants.
Le Président: Fin de la période de questions.
Motions non annoncées.
M. Lamontagne: M. le Président, je porte à votre
attention que cela ne fait pas tout à fait 45 minutes.
Le Président: M. le député de Roberval, la
période de questions se terminait à 11 h 21 minutes. Motions non
annoncées. Mme le député de L'Acadie.
Félicitations aux récipiendaires
des grands prix de la province de
Québec
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, si vous me le permettez,
j'aimerais faire motion pour que l'Assemblée nationale adresse
collectivement un message de félicitations aux récipiendaires des
grands prix de la province de Québec. Il s'agit tous les gens le
savent probablement de MM. Léon Bellefleur, Léon Dion,
Jacques Ferron, Jacques Ge-nest et Félix Leclerc.
Le Président: Est-ce qu'il y a consentement à la
présentation de cette motion?
M. le ministre et député de Saint-Jacques.
Condoléances au député de
Duplessis
M. Charron: M. le Président, j'ai une moins bonne nouvelle
à présenter à cette Assemblée. C'est pour offrir
à un de nos collègues, le député de Duplessis, qui
vient d'être affligé ce matin par la mort de sa mère,
l'expression des condoléances de toute l'Assemblée.
M. Levesque (Bonaventure): Qu'il nous soit permis, M. le
Président, de nous associer à ce té-
moignage de sympathie que nous voudrions formuler au nom de l'Opposition
officielle et de nous joindre au proposeur de cette motion.
M. Brochu: M. le Président, j'aimerais également,
au nom de l'Union Nationale, joindre ma voix à celle de mes
collègues qui ont exprimé leur sympathie à l'endroit de
notre collègue de Duplessis qui est durement touché, une fois de
plus, parce qu'on sait que, récemment, notre collègue avait perdu
son épouse. Maintenant, il perd sa mère. Nous voulons joindre
notre voix à celle de nos collègues pour lui offrir nos plus
sincères sympathies dans les circonstances.
Le Président: M. le député de
Rouyn-Noranda.
M. Samson: M. le Président, je remercie le
député de Saint-Jacques de nous avoir fait part de cette
nouvelle. C'est une mauvaise nouvelle, bien sûr. C'est la première
fois que j'en entends parler. Je m'associe aux autres, au nom de notre parti,
pour offrir au député nos plus sincères
condoléances.
Le Président: M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: M. le Président, je désire également
joindre ma voix à celles qui se sont exprimées à
l'Assemblée nationale pour offrir à notre collègue,
l'honorable député de Duplessis, qui vient encore d'être
cruellement éprouvé, nos plus sincères
condoléances.
Le Président: M. le leader parlementaire du gouvernement,
nous en sommes aux motions non annoncées.
M. Burns: M. le Président, aux motions non
annoncées, il n'y a plus rien à ajouter. Je pense que nous avons
un certain nombre d'enregistrements de votes à prendre.
Le Président: En effet, mais il y a...
M. Burns: Oui, il y a... mais je m'excuse. On fait plusieurs
choses à la fois.
M. Levesque (Bonaventure): ... M. le Président.
M. Burns: On m'a dit que la motion qui a été faite
par le leader adjoint du gouvernement, le député de
Saint-Jacques, a été adoptée.
Projets de loi nos 63, 60 et 61
Retour en commission parlementaire
M. le Président, j'aurais une motion de révocation de
l'ordre ça va, je suis retombé sur mes pieds de la
Chambre relativement aux projets de loi nos 63, 60 et 61. Je proposerais que la
Chambre révoque cet ordre afin que nous puissions retourner en
commission parlementaire des finances, alors que l'ordre était
déjà donné pour la commission plénière.
Maintenant, M. le Président, je demanderais la collaboration de
la Chambre, étant donné cette période-ci de
l'année, pour que le rapport de cette commission puisse se faire le
mercredi 21 décembre. Ce n'est pas une motion de clôture, c'est
tout simplement une indication qui m'est faite par les membres de la commission
et, surtout, les membres de l'Opposition qui s'occupent de ce
problème.
Donc, ma motion se lirait comme suit: Je propose de révoquer
l'ordre de la commission plénière relativement aux projets de loi
60, 61 et 63, et que rapport soit fait à la Chambre le mercredi le 26
décembre.
Une Voix: 21 décembre.
M. Burns: Le 21 décembre, pardon.
Le Président: Est-ce que cette motion sera
adoptée?
Des Voix: Adopté. M. Lavoie: Adopté. Le
Président: Adopté.
M. Burns: M. le Président, j'ajouterais également
maintenant que cette motion est adoptée que le rapport se
fasse comme si cette commission avait siégé en commission
plénière, c'est-à-dire que c'est un rapport verbal
plutôt qu'un rapport écrit.
Le Président: Est-ce que cette motion est
adoptée?
M. Lavoie: Adopté. Le Président:
Adopté.
M. Burns: M. le Président, voudriez-vous, s'il vous
plaît, suspendre pour deux minutes?
Le Président: La séance est suspendue pour quelques
minutes.
(Suspension de la séance à 11 h 25)
Reprise de la séance à 11 h 36
Le Président: M. le leader parlementaire du gouvernement.
On me demande 30 secondes, M. le leader parlementaire du gouvernement.
M. Burns: D'accord.
Le Président: M. le leader parlementaire du gouvernement.
Pas tout de suite?
Motion concernant la nomination
du directeur général du
financement
des partis politiques
et de ses adjoints
M. Burns: Non. M. le Président, je voulais simplement
demander à la Chambre la permission, au nom du premier ministre, de
présenter une motion qui fait suite au projet de loi 2, Loi
régissant le financement des partis politiques, et modifiant la Loi
électorale et à son amendement, qui a été
adopté et sanctionné hier, plus particulièrement
relativement à la nomination du directeur général du
financement des partis politiques ainsi que de ses deux adjoints.
Le Président: Est-ce qu'il y a consentement à la
présentation de cette motion? Il y a consentement, M. le premier
ministre.
M. Lévesque (Taillon): Puisqu'il y a consentement, M. le
Président, je fais motion pour que, conformément à
l'article 4 de la Loi régissant le financement des partis politiques et
modifiant la Loi électorale, Me Pierre-Olivier Boucher soit nommé
à la fonction de directeur général du financement, que son
traitement annuel soit fixé à $45 000, qu'il
bénéficie des mêmes allocations que les sous-ministres
à titre de frais de représentation et d'automobile et qu'il soit
indemnisé de ses dépenses de voyages sur la même base que
les sous-ministres; et que Me Michael Meighen, Sheehan, pardon!
M. Burns: Quel lapsus!
M. Lévesque (Taillon): Je me suis vaguement trompé
de niveau, M. le Président... et que Me Michael Sheehan et Me Jean
Blanchard soient nommés à la fonction de directeurs adjoints du
financement des partis, que leur traitement annuel soit fixé à
$42 000, qu'ils bénéficient des mêmes allocations que les
sous-ministres adjoints à titre de frais de représentation et
soient indemnisés de leurs dépenses de voyages sur la même
base que les sous-ministres adjoints.
Le Président: Est-ce que cette motion sera
adoptée?
M. Lavoie: Ce sont des nominations de cinq ans.
M. Burns: Elles se conforment à la loi. En vertu de la
loi, ce sont les nominations qui sont faites avec un mandat de cinq ans, tel
que nous l'avons adopté par la loi 2 et par la loi 102.
Le Président: Est-ce que cette motion sera
adoptée?
M. Lavoie: II faut qu'il y ait enregistrement des voix.
Le Président: Oui.
M. Burns: Cela prend un enregistrement des votes, M. le
Président. Je demande que le vote soit enregistré. Cela prend les
deux tiers de la Chambre pour adopter une telle motion.
M. Lavoie: Est-ce qu'on peut suspendre?
M. Burns: Je demande simplement que le vote soit
enregistré. Qu'on appelle les députés, M. le
Président. Cela va donner le temps à certains
députés de venir nous rejoindre.
Le Président: Qu'on appelle les députés.
Vote sur cette motion
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
Je vais maintenant mettre aux voix la motion de M. le
député de Taillon et premier ministre, qui se lit comme suit: Que
conformément à l'article 4 de la Loi régissant le
financement des partis politiques, Me Pierre-Olivier Boucher soit nommé
à la fonction de directeur général du financement des
partis politiques, que son traitement annuel soit fixé à $45 000,
qu'il bénéficie des mêmes allocations que les
sous-ministres à titre de frais de représentation et de frais
d'automobile et qu'il soit indemnisé de ses dépenses de voyage
sur la même base que les sous-ministres et que Me Michael Sheehan et Me
Jean Blanchard soient nommés à la fonction de directeurs adjoints
du financement des partis politiques, que leur traitement annuel soit
fixé à $42 000 et qu'ils bénéficient des
mêmes allocations que les sous-ministres adjoints à titre de frais
de représentation et qu'ils soient indemnisés de leurs
dépenses de voyage sur la même base que les sous-ministres
adjoints.
Que ceux et celles qui sont en faveur de cette motion... A l'ordre, s'il
vous plaît! Que ceux et celles qui sont en faveur de cette motion
veuillent bien se lever, s'il vous plaît!
Le Secrétaire adjoint: MM. Lévesque (Taillon),
Burns, Mme Cuerrier, MM. Cardinal, Bédard, Morin (Sauvé),
Parizeau, Marois, Landry, Léonard, Couture, Bérubé,
Johnson, O'Neill, Mme Ouellette, M. de Belleval, Mme Payette, MM. Lessard,
Proulx, Charron, Duhaime, Lazure, Léger, Tardif, Garon, Chevrette,
Michaud, Paquette, Marcoux, Alfred, Vaugeois, Martel, Fallu, Rancourt, Mme
Leblanc, MM. Grégoire, Bertrand, Godin, Laplante, de Bellefeuille, Guay,
Gendron, Mercier, Laberge, Marquis, Lacoste, Ouellette, Brassard, Clair,
Gosselin, Lefebvre, Lavigne, Dussault, Charbonneau, Beau-séjour, Baril,
Bordeleau, Boucher, Gravel, Léves-que (Kamouraska-Témiscouata),
Gagnon, Jolivet, Levesque (Bonaventure), Lavoie, Mackasey, Lalonde, Forget,
Mailloux, Goldbloom, Saint-Germain, Mme Lavoie-Roux, MM. Raynauld, La-montagne,
Giasson, Caron, O'Gallagher, Picotte, Marchand, Gratton, Pagé,
Springate, Biron, Bellemare, Russell, Goulet, Fontaine, Brochu, Shaw, Le
Moignan, Dubois, Cordeau, Samson, Roy.
Le Président: Que ceux et celles qui sont
contre cette motion veuillent bien se lever, s'il vous plaît! Que
ceux et celles qui désirent s'abstenir veuillent bien se lever, s'il
vous plaît!
Le Secrétaire adjoint: Abstentions, M. Sain-don.
Le Secrétaire: Pour: 93 Contre: 0
Abstentions: 1
Le Président: Motion adoptée à plus des deux
tiers.
M. le leader parlementaire du gouvernement.
M. Burns: Pendant que nous en sommes au sujet de ces nominations
et, évidemment, de la fixation du salaire de ces fonctionnaires un peu
exceptionnels qu'on nomme aux deux tiers de l'Assemblée nationale, le
premier ministre aurait également une proposition à faire
relativement au Protecteur du citoyen. Je demanderais à la Chambre, s'il
vous plaît, de l'écouter.
Traitement du Protecteur du citoyen
M. Lévesque (Taillon): II s'agit également d'une
nomination qui dépend de l'Assemblée nationale et, par souci de
concordance, parce qu'il s'agit d'un autre domaine extrêmement
stratégique, dont les responsabilités ont sûrement un poids
égal à celles que détiendront ceux que nous venons de
nommer, je proposerais donc, avec l'assentiment de la Chambre, que le
traitement du Protecteur du citoyen, Me Luce Patenaude, soit porté,
comme celui du directeur des finances politiques, à $45 000 annuellement
à compter de janvier 1978.
M. Lavoie: Quel est le salaire actuel du Protecteur du
citoyen?
M. Burns: Son salaire actuel est de $40 000. M. Lavoie:
Quel est le salaire des députés?
M. Burns: Le salaire des députés est de $26 700, je
crois.
M. Marchand: C'est le salaire de...
Le Président: Est-ce que cette motion de M. le premier
ministre sera adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté.
M. Lavoie: Adopté. Même vote.
M. Levesque (Bonaventure): Même vote.
M. Bellemare: Même vote.
M. Burns: Même vote, je crois?
M. Bellemare: Oui.
Le Président: Même vote, et la motion est
adoptée.
M. Burns: M. le Président, je pense que nous sommes rendus
à l'enregistrement des voix.
Mise aux voix du rapport
de la commission ayant étudié
le projet de loi no 67
Le Président: Conformément à la
décision qui a été prise hier, je vais maintenant appeler
les membres de l'Assemblée nationale M. le député
de Laurier, s'il vous plaît! à procéder à la
mise aux voix du rapport de la commission parlementaire qui a
étudié le projet de loi no 67, Loi sur
l'assurance-automobile.
Articles biffés
Alors, suivant les indications que j'ai fournies hier, je vais d'abord
mettre aux voix les articles suivants que Mme le ministre a proposé de
biffer, c'est-à-dire les articles 37, 38, 43, 53, 56, 66, 73, 103, 128,
129, 130, 136, 157, 176, 181, 187, 190, 191 et 192. Que ceux et celles
qui...
M. Levesque (Bonaventure): Adopté sur division.
Le Président: Adopté sur division.
Amendements du ministre
Maintenant, je mettrai aux voix les amendements proposés par le
ministre des Consommateurs, Coopératives et Institutions
financières aux articles suivants: 1, 23, 25, 26, 27, 29, 30, 35, 40,
41, 42. 44. 47. 50. 54. 57, 58, 59, 61, 64, 67, 68, 69, 70, 72, 78, 81, 82, 83,
86, 87, 89 A l'ordre, s'il vous" plaît! 90, 91, 92, 93, 94,
95, 106, 110, 123, 124, 131, 132, 133, 137, 138, 140, 142, 143, 144, 149, 150,
152, 153, 155, 156, 158, 159, 160, 161, 162, 163, 164, 167, 170, 171, 172, 177,
178, 180, 183, 184 et 185.
M. Lavoie: M. le Président.
M. Roy: M. le Président.
M. Lavoie: On dit à l'article 104, deuxièmement,
qu'on peut lire ensemble peut-être: "S'il s'agit d'un amendement, le
président doit lire de nouveau la motion principale et, s'il s'agit d'un
sous-amendement, la motion principale et l'amendement, à moins que le
texte dont la lecture est exigée ait été distribué
aux membres de l'Assemblée".
Est-ce que le texte a été distribué à tous
les membres de l'Assemblée?
Des Voix: Non. Non.
Le Président: M. le leader parlementaire de
l'Opposition officielle, je réponds immédiatement à
ceci. Hier, malheureusement, vous étiez absent, mais j'ai vu à ce
sujet un représentant de votre parti, en l'occurrence M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, pour obtenir l'autorisation que
j'ai obtenue de toutes les autres formations politiques, à savoir qu'une
quarantaine seulement de copies des amendements, pour épargner sur le
coût de production de tous ces amendements qui est déjà
prohibitif. A l'ordre, s'il vous plaît!
Je dois vous dire que M. le député de Marguerite-Bourgeoys
m'a donné son assentiment avec empressement, comme ce fut le cas du
représentant de l'Union Nationale.
M. Lalonde: M. le Président, j'aimerais quand même,
pour que certains de mes collègues ne se sentent pas lésés
par le consentement, préciser que vous m'aviez demandé si
j'acceptais que les copies soient faites pour les membres présents
à l'Assemblée. Si ce consentement devait être donné
aujourd'hui je le redonnerais, mais pour les membres présents à
l'Assemblée.
Le Président: Cela est vrai, et c'est un consentement qui
a été donné hier au moment où il y avait une
quarantaine de personnes. Je voudrais vous signaler que c'est extrêmement
coûteux de produire ces amendements. Non seulement c'est coûteux,
mais c'est beaucoup de travail pour des fonctionnaires de l'Assemblée
nationale, et vous le savez très bien, M. le leader parlementaire.
M. le député de Beauce-Sud.
M. Roy: Merci. Je voudrais vous demander une directive. Je sais
qu'elle ne sera pas facile. Il y a des amendements sur lesquels nous serions
d'accord et d'autres sur lesquels nous ne sommes pas d'accord. Je voudrais
savoir s'il y a une procédure qui existe de façon que nous
puissions faire un vote intelligent?
Le Président: M. le député de Beauce-Sud,
cette question a été soulevée par vous-même hier et
j'ai émis la directive à ce moment-là. Je vous ai tout
expliqué. Je vous ai même référé au journal
des Débats du 25 août dernier.
M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, j'aurais une autre directive
à vous demander. J'ai vu, si j'ai bien compris la procédure, que
dans un premier vote, ce sont les articles retirés sur lesquels nous
avons voté. Je remarque à l'article 43, pour le vote actuel,
qu'on dit: Que l'article 43 soit remplacé par le suivant... Est-ce qu'il
a été considéré comme un article retiré,
parce qu'il n'est pas compris dans les articles, je crois, que vous venez de
mentionner?
Le Président: L'article 43 a été
considéré comme biffé, et c'est la première mise
aux voix qui a été faite, M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Mais actuellement nous ne votons pas sur l'article
qui remplace l'article 43?
Le Président: Nous allons voter en troisième lieu
sur les articles nouveaux proposés par Mme le ministre, et vous
retrouverez au troisième vote l'article 43.
M. Saint-Germain: M. le Président, je vous dis par
expérience que si vous ne prenez pas le vote tout de suite on va avoir
d'autres amendements.
Le Président: Adopté?
M. Lavoie: Non, vote enregistré.
Le Président: Que ceux et celles qui sont en faveur des
amendements que je viens d'énumérer proposés par le
ministre des Consommateurs, Coopératives et Institutions
financières veuillent bien se lever, s'il vous plaît!
Le Secrétaire adjoint: MM. Lévesque (Taillon),
Burns, Mme Cuerrier, MM. Bédard, Morin (Sauvé), Parizeau, Marois,
Landry, Léonard, Couture, Bérubé, Johnson, O'Neill, Mme
Ouellette, M. de Belleval, Mme Payette, MM. Lessard, Proulx, Charron, Duhaime,
Lazure, Léger, Tardif, Garon, Chevrette, Michaud, Paquette, Marcoux,
Alfred, Vau-geois, Martel, Fallu, Rancourt, Mme Leblanc, MM. Grégoire,
Bertrand, Godin, Laplante, de Bellefeuille, Guay, Gendron, Mercier, Laberge,
Marquis, Lacoste, Ouellette, Brassard, Gosselin, Lefebvre, Lavigne, Dussault,
Charbonneau, Beauséjour, Baril, Bordeleau, Boucher, Gravel,
Lévesque (Kamouraska-Témiscouata), Gagnon, Jolivet.
Le Président: Que ceux et celles qui sont contre veuillent
bien se lever, s'il vous plaît!
Le Secrétaire adjoint: MM. Levesque (Bonaventure), Lavoie,
Mackasey, Lalonde, Forget, Mailloux, Goldbloom, Saindon, Saint-Germain, Mme
Lavoie-Roux, MM. Raynauld, Lamontagne, Giasson, Caron, O'Gallagher, Picotte,
Marchand, Gratton, Pagé, Springate, Biron, Bellemare, Russell, Goulet,
Fontaine, Brochu, Shaw, Le Moignan, Dubois, Cordeau, Roy.
Le Président: Que ceux et celles qui désirent
s'abstenir veuillent bien se lever, s'il vous plaît!
Le Secrétaire: MM. Clair, Samson.
Le Secrétaire: Pour: 60 Contre: 31
Abstentions: 2
Le Président: Cette motion est adoptée.
Articles nouveaux proposés par le
ministre
Le Président: Maintenant, pour le troisième vote. A
l'ordre, s'il vous plaît, M. le député de Laurier!
Je mettrai maintenant aux voix les articles nouveaux suivants
proposés par le ministre, soit: 37, 43, 53, 72a, 72b, 72c, 72d, 73, 73a,
73b, 73c, 73d, 73e, 73f, 73g, 73h, 73i, 89a, 100a, 103, 103a, 115a, 128, 129,
130, 130a, 130b, 130c, 130d, 130e, 157, 174a, 176, 176a, 179a, 179b, 181, 181a,
181b, 181c, 181d, 181e, 181f, 181g, 181h, 181i, 181j, 187, 189a, 190...
A l'ordre, s'il vous plaît! ... 190a, 191, 192, 193, 194, 195,
196, 197, 198, 199, 201, 206, 207, 208, 209 et 210.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président.
Le Président: M. le chef de l'Opposition officielle.
M. Levesque (Bonaventure): Dois-je comprendre, lorsque vous
mentionnez qu'il s'agit d'articles nouveaux suggérés par le
ministre des Consommateurs, qu'il s'agit d'articles qui n'ont pas
été présentés en première lecture en cette
Chambre et qui n'ont été ni présentés ni
étudiés en deuxième lecture par cette Chambre. Cela veut
dire également, si je comprends bien, qu'au moins la majorité de
ces articles n'ont été, non plus, ni présentés ni
étudiés en commission parlementaire.
Une Voix: Ni lus.
M. Levesque (Bonaventure): Ni même lus. Alors, M. le
Président, est-ce que je comprends bien qu'à la période du
rapport, juste avant l'adoption de la loi, un nombre aussi considérable
d'articles doit être soumis au vote de cette Assemblée sans avoir
même été lus?
M. Burns: M. le Président.
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce cela?
M. Burns: M. le Président, question de règlement.
Nous avons déjà un ordre donné par l'Assemblée
nationale à la commission de faire rapport. Cette commission a fait
rapport. La prise en considération du rapport a été faite
hier et nous avons, actuellement, purement et simplement à prendre le
vote, et je ne vois pas que nous ayons, à ce stade-ci de notre
débat, à faire des commentaires. Tous les commentaires qui
devaient être faits pouvaient être faits hier à l'occasion
de la prise en considération du rapport.
Le Président: Hier, j'ai donné toutes les
explications, M. le chef de l'Opposition, sur ce vote et j'ai même dit
et je le répète, je l'ai toujours dit que
j'étais en désaccord avec la formulation actuelle des
dispositions de l'article 123, mais on n'y peut rien.
Que ceux et celles...
M. Levesque (Bonaventure): Un instant, M. le Président. Je
crois que, d'après notre règlement, quels qu'aient
été les ententes prises, lorsqu'il s'agit particulièrement
d'articles nouveaux, nous avons, au moins, le droit, avant de voter, de lire
les articles qu'on veut nous faire adopter.
Le Président: En vertu du règlement, M le chef de
l'Opposition, hier, j'ai distribué les copies d'une quarantaine
d'amendements et j'ai obtenu l'assentiment des formations politiques pour le
faire.
Ce n'est que par un jeu de procédure que le vote a
été différé à aujourd'hui. Que ceux et
celles... M. le leader parlementaire de l'Opposition.
M. Lavoie: Autant je suis d'accord avec vous que l'article 123
n'est peut-être pas parfait, autant la loi, telle qu'elle est
présentée, n'est pas parfaite non plus. Je pense qu'on serait des
parlementaires irresponsables...
M. Burns: Question de règlement, M. le
Président.
M. Lavoie: J'ai la parole, M. le Président.
Le Président: Je tâcherai de vous reconnaître
immédiatement après.
M. Burns: II ne faut pas laisser faire des discours de
deuxième lecture ou faire des discours qui auraient dû être
faits hier.
M. Lavoie: M. le Président, je ne vous demande pas la
dépense additionnelle de faire distribuer 60 autres copies du rapport.
C'est arrivé dans le passé et je crois que les parlementaires, au
moins, doivent être mis au courant d'articles nouveaux dont ils n'ont pas
eu l'occasion, à aucun stade de l'étude du projet de loi, de
prendre connaissance. Ecoutez, cela prendra quelque temps. Vous avez des
vice-présidents...
Le Président: M. le leader...
M. Lavoie: Ecoutez, je n'ai pas terminé, M. le
Président. Mais je termine en vous disant de lire ces articles.
M. Bellemare: M. le Président, je voudrais que vous lisiez
avec beaucoup d'attention le paragraphe 2 de l'article 123: La prise en
considération du rapport de la commission hier, on l'a pris en
considération peut avoir lieu à la séance qui suit
son dépôt à l'Assemblée nationale. Cela est
arrivé. Mais, c'est sûr et certain que vous n'aurez pas notre
consentement pour un vote, ce matin, parce qu'on n'a pas vu les amendements sur
une loi qui est absolument essentielle et sur laquelle chacun des
députés doit être au moins au courant de ce pourquoi il va
voter. C'est un non-sens de biffer tant d'articles, d'en ajouter tant d'autres,
d'en mettre des nouveaux, et on accepterait cela? Que nous acceptions cela,
nous les législateurs, ce sera ridicule dans la population.
Ridicule!
M. Lamontagne: Question de privilège.
M. Giasson: Question de privilège, M. le
Président.
Le Président: M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: M. le Président, quelles que soient les
ententes qui sont intervenues sur la production ou le nombre de copies qu'on
devait produire sur tous les amendements apportés, j'invoque mon
privilège de député membre de la commission parlementaire.
Il me semble que tout au moins, à titre de membre de cette commission
qui a travaillé dans beaucoup de séances, j'aurais dû
mériter une copie de tous les amendements qui sont apportés. Il
s'agit d'un projet de loi que j'ai examiné et la plus
élémentaire décence aurait voulu, me semble-t-il, que
j'aie au moins une copie de tous ces amendements sur lesquels on me demande de
voter.
Le Président: A l'ordre! M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: M. le Président, je voudrais soulever une
question de privilège. Il semble y avoir une confusion parce que le
président nous a demandé tout à l'heure s'il était
exact que nous avions donné notre consentement. Si je me rappelle bien
la conversation que nous avons eue hier, vous nous avez demandé notre
consentement pour ne pas reproduire les articles. Mais nous n'avons jamais
donné notre consentement pour donner au président la permission
de ne pas lire la motion d'amendement. Je pense que ce sont deux choses
différentes; nous avons donné notre consentement sur le fait de
ne pas reproduire, et nous ne le retirons pas. Par contre, nous n'avons jamais
donné notre consentement pour que l'article 104, paragraphe 2, ne soit
pas appliqué quant à la lecture des motions.
M. Lalonde: Question de règlement, M. le Président.
J'ai donné mon consentement et je suis lié' par le consentement.
Je n'ai pas l'intention de le retirer, que cela plaise ou non. Maintenant, M.
le Président, quand j'ai donné mon consentement, je pense que le
député de Montmagny-L'Islet...
M. Burns: M. le Président, si cela peut aider...
M. Lalonde: ... était présent ici et s'il n'a pas
reçu copie des amendements, je me demande dans quelle mesure vous pouvez
me lier à mon consentement pour l'application de l'article 104,
deuxième paragraphe.
Le Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement.
M. Burns: M. le Président, si cela peut aider à la
progression de nos débats, je vous dirai tout de suite que je n'ai pas
d'objection, au nom du gouvernement, que vous lisiez les amendements.
M. Lavoie: Nous sommes prêts à donner notre
consentement pour que le ministre les lise elle-même
également.
M. Burns: Ce n'est pas au ministre de les lire. Le ministre les a
lus, le ministre vous les a présentés. Je vous souligne, M. le
Président, que c'est votre rôle de le faire.
M. Raynauld: Une question de privilège, M. le
Président, je voudrais joindre ma voix à celle du
député de Montmagny-L'Islet. Moi aussi, j'ai fait partie de la
commission et je n'ai pas pris connaissance de ces amendements nouveaux, parce
que je n'ai pas reçu de copie. Je pense que j'ai été ici
toute la journée hier.
Le Président: M. le député d'Outremont,
très bien. Je voudrais reformuler ce que nous avons fait hier. Je suis
allé trouver les formations politiques, comme il n'y avait qu'une
quarantaine de députés en Chambre, parce que d'autres
étaient en commission parlementaire; je suis allé
m'enquérir pour savoir si j'avais l'autorisation de ne pas produire tous
les amendements pour les membres de l'Assemblée nationale, toutes les
copies, parce que cela me paraissait trop coûteux et la plupart du temps
inutile. J'ai obtenu ce consentement. Implicitement pour moi cela signifiait
que l'article 104 ne s'appliquait pas, que je n'avais pas besoin de lire tous
les amendements.
Dans les circonstances, j'ignore ce qui serait plus long, soit de les
lire ou de vous produire les amendements, de telle sorte que je vais suspendre
cinq minutes pour voir les fonctionnaires.
(Suspension de la séance à 12 h 17)
Reprise de la séance à 12 h 33
Le Président: A l'ordre! A l'ordre, s'il vous plaît,
à l'ordre!
J'ai rencontré les leaders parlementaires des formations
politiques reconnues et l'entente suivante est intervenue. Nous n'aurons pas
à reproduire tous les textes des amendements parce que ce serait
excessivement coûteux. Pour tous les membres de l'Assemblée
nationale qui veulent prendre connaissance de ces amendements, nous allons
retarder à 15 heures cet après-midi, les 3e, 4e, 5e, 6e, 7e et 8e
votes en rapport avec le projet de loi no 67. Ce sera à 15 heures que le
vote aura lieu.
M. Burns: D'accord, M. le Président.
Le Président: M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: Sur un point de règlement, en vertu de l'article
132, j'aimerais souligner que nous n'avons pas été
convoqués à cette conférence des leaders, même si
nous avons participé activement aux travaux de la commission
parlementaire et que nous faisions partie de la commission comme telle. Puis-je
vous demander d'examiner la possibilité d'appeler l'article 207, qui
constitue un nouvel
article, un nouvel élément dans la loi, de façon
séparée, afin qu'il y ait un vote séparé sur
l'article 207?
M. Burns: Non, M. le Président, vous avez, hier,
donné vos directives, et je pense qu'elles doivent être
maintenues.
M. Roy: M. le Président, je m'excuse, je n'ai pas tout
à fait terminé, si vous permettez, M. le Président, je ne
veux pas mettre en cause la recevabilité de l'article. Je demande...
M. Burns: On n'est pas dans le débat, on est au vote, M.
le Président.
Le Président: Monsieur, oui...
M. Roy: ... au président, je ne m'adresse pas au leader du
gouvernement, je m'adresse à la présidence...
M. Burns: Voyons donc!
M. Roy: ... c'est mon droit de m'adresser à la
présidence. M. le Président, il ne s'agit pas de remettre en
cause la décision et la recevabilité de l'article, mais hier,
lorsqu'il y a eu ces ententes, lorsque ces ententes ont été
prises, nous n'avions pas eu le temps de prendre connaissance de ces articles.
Or, comme il s'agit d'une nouvelle disposition dont la commission parlementaire
n'a pas été saisie, ni en première, ni en deuxième
lecture, ni en commission parlementaire, je pense qu'il serait sage, pour ne
pas créer de précédent, d'appeler l'article 207 sur un
vote séparé et distinct.
M. Burns: Voyons donc!
Le Président: M. le député de Beauce-Sud,
j'ai pris toutes les décisions en ce qui concerne l'organisation du
débat et des votes d'hier et je vais maintenir cette décision,
sans que cela crée pour autant de précédent. Je vous le
dis et je vous le répète, je n'aime pas les dispositions de
l'article 123 et on songera à les modifier. Alors...
M. Levesque (Bonaventure): Je ne veux pas intervenir autrement,
à ce moment-ci, qu'en précisant l'accord que vous avez
reçu, du moins du Parti libéral, et je tiens à insister
sur une condition que nous avons posée et que vous n'avez pas
répétée lorsque vous avez fait part de l'entente en
question. Nous avons en effet posé comme condition que, d'ici quinze
heures, le gouvernement ne dépose pas de nouveaux amendements.
M. Lavoie: M. le Président, j'aurais une question à
poser au ministre des Consommateurs en vertu de l'article 24, avec votre
permission: "Lorsqu'un ministre qui a présenté un projet de loi
juge qu'il doit être réimprimé en raison des changements
considérables qu'il a subis, il peut en proposer la réimpression
avant la troisième lecture. Cette motion n'est pas susceptible de
débat ni d'amendement". Ne croyez-vous pas qu'il y a eu assez de
changements considérables qu'on devrait avoir une réimpression
avant la troisième lecture?
Le Président: M. le leader parlementaire, nous n'en sommes
pas là.
M. le leader parlementaire du gouvernement, nous en sommes aux avis
à la Chambre.
M. Burns: M. le Président, avant cet avis à la
Chambre, si j'avais le consentement...
M. Lavoie: Est-ce que c'est par dédain du parlementarisme
que je n'ai pas de réponse?
M. Burns: Bien, écoutez, vous posez une question qui est
folichonne, vous le savez.
M. Lavoie: Personne ne se comprend dans ce bill.
Travaux parlementaires
M. Burns: On a tout simplement dit qu'on ne réimprimerait
pas le projet de loi avant son adoption et sa sanction par le
lieutenant-gouverneur, on vous l'a dit, cela. Pourquoi nous le demandez-vous
pour une dixième fois? M. le Président, avant de passer
carrément aux affaires du jour et à mes avis ou à mes
motions, vu que c'est la première fois que nous utilisons cet aspect de
notre règlement sessionnel, cela vaudrait peut-être la peine que
je vous réfère immédiatement à l'article 119a et
peut-être que je vous le lise. Il est assez court, 119a: "A moins que
cinq députés ne s'y opposent, le leader parlementaire du
gouvernement peut, par une motion non annoncée qui n'est pas susceptible
de débat ni d'amendement, proposer que la motion de deuxième
lecture d'un projet de loi soit mise aux voix sans débat."
Dans le cas de deux projets de loi, à la suite des consultations
que j'ai eues avec les représentants de l'Opposition, il
m'apparaîtrait que 119a pourrait s'appliquer, et plus
particulièrement relativement à l'article 13 de notre feuilleton
de ce matin, c'est-à-dire la loi 97 qui est la Loi modifiant la Charte
de la Caisse de dépôt et placement du Québec.
La raison pour laquelle je fais cette suggestion, M. le
Président, c'est qu'immédiatement après je vais demander
à l'Assemblée nationale, à la suite de la
révocation de l'ordre de la commission plénière des trois
projets de loi, 60, 63 et 61, qui sont maintenant déférés
à la commission des finances et du revenu, qu'on ajoute au mandat de
cette commission le projet de loi no 97. S'il n'y a pas de débat de
deuxième lecture substantiel à ce sujet, on pourrait
déférer les quatre projets de loi. Dès 15 heures cet
après-midi, cette commission des finances et du revenu pourrait
siéger relativement aux quatre projets de loi plutôt que de
siéger... Le ministre des Finances m'informe qu'il y a
déjà le projet de loi no 52 dont on a abordé
l'étude en commission. On pourrait envoyer ces cinq projets de loi en
commission parlementaire des finances et du revenu.
C'est pourquoi, M. le Président, je fais référence
immédiatement aux dispositions de l'article 119a. Nous pourrions
adopter, de façon unanime ou sur division, le projet de loi no 97,
suivant les intentions de nos amis de l'Opposition, et, en même temps,
cela nous permettrait de faire la motion de déférence à la
commission.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, pour
manifester une certaine collaboration, il y a deux aspects que je voudrais
aborder. Premièrement, il s'agit, d'après la suggestion du
ministre, d'adopter sur division le projet de loi no 97. Cependant, si le
ministre acceptait de le déférer avant la deuxième
lecture, il me semble que, sans toucher le principe du projet de loi, nous
arriverions aux mêmes fins et nous pourrions en discuter en commission,
sans toucher à la deuxième lecture, simplement par
précaution pour nous. Deuxièmement, M. le Président,
est-ce que nous pourrions demander la collaboration, cette fois-ci du
gouvernement, pour que l'article 14 puisse être
déféré à une commission également, avant la
fin de nos travaux?
M. Burns: Cela va dépendre. Quant à l'article 14,
cela dépendra énormément de l'évolution de nos
travaux. Je n'ai pas d'objection de principe à ce projet de loi qui est
inscrit au nom du député de Gatineau. La deuxième lecture,
il s'agit plus que d'un projet de loi privé, il s'agit d'un projet de
loi public, n'a pas eu lieu, et cela dépendra de l'évolution de
nos travaux. Je n'ai pas d'objection de principe là-dessus. S'il y a
moyen de faciliter révolution de ce projet, je vais tout mettre en
oeuvre pour y arriver.
Pour ceux qui ne le savent pas, il s'agit du projet de loi modifiant la
Loi de la communauté régionale de l'Outaouais. Pardon?
M. Levesque (Bonaventure): L'avez-vous
déféré?
M. Burns: Oui, sauf que ce serait normalement à la
commission des affaires municipales, qui a déjà
énormément de boulot devant elle à la suite de deux
projets de loi qui ont été présentés ce matin par
le ministre des Affaires municipales. On devrait au moins me permettre de
consulter le ministre des Affaires municipales relativement à sa
disponibilité à cet égard.
Je comprends que le projet de loi no 97 serait
déféré à la commission des finances et du revenu
pour étude, en même temps que les projets de loi nos 52, 60, 61 et
63. Ce serait le voeu de la Chambre.
Le Président: Est-ce que cette motion sera
adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Sur division.
M. Burns: Quitte à ce que cela ne soit pas fait avant...
C'est ce que j'allais demander. Est-ce que c'est après la
première lecture ou après la deuxième lecture que vous
acceptez ce renvoi? De toute façon, on va être obligé de
revenir pour la deuxième lecture. Alors, je me demande pourquoi on
n'utiliserait pas les dispositions de l'article 119-1.
M. Levesque (Bonaventure): Si je comprends bien, c'est qu'il y a
un principe. C'est de permettre à la caisse de dépôt, en
particulier, d'être soustraite à certaines exigences. Je sais que
cela fait longtemps que la caisse de dépôt demande cela. Nous
avons toujours été un peu réticents. C'est pour cela, en
l'absence du député de Jean-Talon, que je n'aimerais pas qu'on
procède à l'adoption de la deuxième lecture pour le
principe. Rien ne nous empêche d'aller en commission et de
l'étudier.
M. Burns: D'accord. A ce moment, je retire ma demande
relativement à l'article 119-1. Nous procéderons à la
deuxième lecture formellement. C'est tout à fait votre droit de
vous poser des questions sur le principe du projet de loi. Nous viendrons en
deuxième lecture. J'essayais de faciliter l'évolution des travaux
de la Chambre. C'est tout à fait votre droit de retirer votre
approbation.
Le Vice-Président: M. le leader parlementaire, ce
consentement étant retiré...
M. Burns: Ce n'est pas un consentement. C'est une approbation qui
ne m'est pas donnée, M. le Président. Je n'en tiens pas rigueur
au chef de l'Opposition. C'est tout à fait son droit de le faire.
Le Vice-Président: D'ailleurs, je n'ai le droit de tenir
rigueur à personne. Ce que je veux savoir...
M. Burns: Non, mais moi j'ai le droit de tenir rigueur à
quelqu'un.
Le Vice-Président: Est-ce que vous faites quand même
motion pour que la commission parlementaire des finances et du revenu se
réunisse à 15 heures?
M. Burns: M. le Président, vous êtes en train de me
donner des crampes dans les jambes à force de me faire lever et
rasseoir. M. le Président, je fais donc motion pour qu'à compter
de 15 heures, et ceci jusqu'à minuit, avec suspension à 18
heures...
M. Bellemare: II y a le vote à 15 heures.
M. Burns: Oui, mais immédiatement après le vote. On
s'entend parce que je ne peux pas fixer l'heure exacte. M. le Président,
immédiatement après le vote de cet après-midi...
Le Vice-Président: Les votes.
M. Burns: ... les votes comme vous le dites, que la commission
parlementaire des finances et du revenu se réunisse au salon rouge pour
pour-
suivre l'étude du projet de loi no 52 article par article et
entreprendre l'examen des projets de loi 63, 60 et 61. Si j'avais le
consentement de la Chambre, M. le Président je pense l'avoir,
j'ai consulté nos collègues je demanderais
également qu'aussitôt que le projet de loi no 73, quant à
sa deuxième lecture, sera terminé en Chambre il semble que
cela peut se terminer dans un délai relativement court; je pense qu'il
ne reste que la réplique du ministre en même temps,
à la salle 81-A, la commission des transports entreprenne l'étude
article par article du projet de loi 73, évidemment, si j'ai le
consentement de l'Assemblée nationale.
Le Vice-Président: Est-ce que, d'abord, il y a
consentement?
M. Bellemare: Oui. M. Lavoie: Oui.
Le Vice-Président: Bon. Est-ce que, deuxièmement,
la double motion ou la motion à deux volets sera adoptée?
M. Burns: II y en a un troisième.
Le Vice-Président: Vous en avez un troisième, M. le
leader parlementaire du gouvernement?
M. Burns: Un troisième volet. Encore une fois, je suis
obligé de faire appel à l'article 119 de notre règlement
sessionnel que j'ai lu tout à l'heure. Alors, je présume qu'on me
dispensera de le lire à nouveau. Là, ce serait relativement au
projet de loi no 25, Loi modifiant le Code des professions. C'est le cas,
évidemment, de la corporation de l'acupuncture qui a fait l'objet de
discussions et de mémoires en commission et que nous pourrions
déférer à la commission des corporations professionnelles,
si j'obtenais également ce consentement, c'est-à-dire si cinq
députés ne...
Le Vice-Président: Ce n'est pas un consentement.
M. Burns: ... s'y opposaient pas, M. le Président.
Le Vice-Président: C'est cela.
M. Burns: Cette commission, toujours dans le cadre du même
consentement, pourrait succéder à la commission des transports si
jamais, par bonheur, elle terminait ses travaux dans un délai normal et
avec la même sorte de rapport.
Le Vice-Président: Je m'excuse de vous donner
peut-être des crampes, mais je vais poser la question. Est-ce que cinq
députés je ne demande pas le consentement
s'opposent à la motion faite en vertu de l'article 119a du leader
parlementaire du gouvernement?
M. Burns: II n'y en a que quatre. Bon, d'ac- cord! M. le
Président, donc, je fais motion pour que ce projet de loi no 25 soit
déféré à la commission des corporations...
M. Lavoie: II n'y a pas eu de vote de deuxième
lecture.
M. Burns: Je pensais que le vote de deuxième lecture
était adopté. Non?
M. Lavoie: Cela n'a pas été mis aux voix.
M. Burns: On va procéder dans l'ordre, M. le
Président. Dans un premier temps, je vous demanderais d'appeler ma
motion concernant la commission des finances et du revenu et la commission des
transports relativement au projet de loi 73.
Le Vice-Président: Nous ne jouerons pas à loto,
dans l'ordre et le désordre. Vous me corrigerez si je commets la moindre
erreur. Votre motion pour que la commission parlementaire des finances et du
revenu se réunisse à 15 heures, ou immédiatement
après les votes qui seront pris sur le projet de loi 67, pour
l'étude article par article des projets 52, 63, 60 et 71 et,
deuxièmement pour que la commission des transports fasse de même,
la première au salon rouge, la deuxième à la salle 81-A,
pour l'étude article par article du projet de loi 73.
Et vous avez ce matin indiqué que le rapport de la commission
était un rapport verbal.
M. Burns: C'est-à-dire que, dans l'un et l'autre cas, M.
le Président, nous nous entendrions, et c'est du moins ce que j'ai
compris ce matin, pour faire un rapport du même style que celui qui est
fait par une commission plénière, c'est-à-dire, un rapport
verbal pour éviter, je pense bien, à la dernière minute,
que des gens se mettent à travailler jour et nuit pour préparer
un rapport écrit relativement à ces projets. Si c'est inclus dans
la motion, M...
Le Vice-Président: La motion double, je pense, est
complétée. Je pense qu'elle est compréhensible par tous.
Est-ce que cette motion sera adoptée?
M. Lavoie: Adopté.
Le Vice-Président: Motion adoptée.
M. Burns: Maintenant, M. le Président, je vais utiliser
les dispositions de l'article 119a relativement au projet de loi no 25, et je
vous demanderais d'appeler la deuxième lecture du projet de loi.
Une Voix: Le vote.
M. Burns: Le vote sur la deuxième lecture. J'ai compris
qu'il n'y avait que quatre députés qui s'opposaient.
M. Lavoie: Vote de deuxième lecture adopté.
Le Vice-Président: Est-ce que cette motion de
deuxième lecture sera adoptée?
Des Voix: Adopté.
Le Vice-Président: Le projet de loi 25 est adopté
en deuxième lecture.
M. Burns: Dans ces circonstances, M. le Président, si
jamais le projet de loi no 73 était terminé quant à son
étude en commission parlementaire des transports, je vous indique tout
de suite que succédera à cette commission, la commission des
corporations professionnelles pour entreprendre l'examen du projet de loi 25
article par article.
Le Vice-Président: C'est une motion. M. Burns:
C'est également une motion.
Le Vice-Président: Est-ce que cette motion sera
également adoptée?
M. Lalonde: Une question...
Le Vice-Président: M. le député de
Marguerite-Bou rgeoys.
M. Lalonde: De quelle façon nous indiquera-t-on, si cela
arrive, je ne sais pas, à 23 h 30, ce soir, que la commission se
réunit? Il va falloir simplement être en état
d'attente?
M. Mackasey: Un télégramme.
M. Burns: Je pense bien que tous les députés sont
en totale et complète disponibilité jusqu'à la veille de
Noël, et même jusqu'au lendemain de Noël, la veille du Jour de
l'An, etc., si nécessaire. Je pense bien que, dans le courant de la
journée, je pourrai prendre les dispositions pour que les
députés qui sont les critiques officiels des partis soient
avisés en temps utile.
M. Lalonde: Merci.
Le Vice-Président: Je dirai au député de
Notre-Dame-de-Grâce que jusqu'à Pâques, c'est impossible, en
vertu de l'Acte de l'Amérique du Nord britannique et de la constitution
du Québec.
M. Mackasey: Tout est possible ici, même les amendements
imprimés dans une langue seulement.
M. Burns: M. le Président, étant donné
l'heure, je ne crois pas qu'il soit utile d'entreprendre de nouveaux
travaux.
J'indique simplement qu'à 15 heures j'appellerai l'article 7,
soit la reprise du débat sur le projet de loi no 73.
M. Goulet: M. le Président, en vertu de l'article 34.
M. Burns: Maintenant, je crois qu'on a une question en vertu de
l'article 34.
M. Goulet: M. le Président, avec votre permission, en
vertu de l'article 34...
Le Vice-Président: Un instant, oui, M. le
député.
M. Goulet: ... j'aimerais avoir des informations concernant la
Loi constituant l'Institut national de productivité, projet de loi no 80
qu'on devait adopter cette semaine. Est-ce qu'on va l'adopter cette semaine ou
s'il est reporté?
M. Burns: Cela va dépendre de l'évolution de nos
travaux, mais c'est dans mon intention d'appeler éventuellement ce
projet de loi dans les plus brefs délais.
Vous avez eu une couple de projets de loi qui ont pris un certain nombre
d'heures de nos travaux, et c'est tout à fait normal à cause de
l'importance des projets de loi, le projet de loi no 67 et le projet de loi no
45, mais il est possible que le projet de loi no 80 soit rappelé le plus
rapidement possible.
M. Goulet: C'est la seule loi où on parle de
productivité; j'aimerais bien qu'on l'amène au moins en 1977.
M. Burns: On va essayer.
Le Vice-Président: M. le député de
Charlevoix.
M. Mailloux: Malgré le peu de temps qu'il reste à
la disposition de la Chambre, est-ce que le leader parlementaire ou le ministre
des Transports consentirait à ce qu'on procède au vote de
deuxième lecture? Est-ce que les remarques que voudrait faire le
ministre des Transports en deuxième lecture ne pourraient pas être
faites en bas, si on veut procéder avec diligence? On est prêts
à voter.
M. Burns: Le ministre des Transports a eu un certain nombre de
remarques des députés de l'Opposition hier et il est tout
à fait normal qu'on lui permette d'utiliser son droit de
réplique. Dans ce sens, à la suite d'une brève
consultation avec le ministre, je pense qu'il tient à exercer sa
réplique cet après-midi.
Le Vice-Président: M. le leader parlementaire de l'Union
Nationale.
M. Bellemare: En vertu de l'article 34, il y a 200 questions et
motions auxquelles on n'a pas encore répondu au feuilleton. Je ne sais
pas si...
M, Burns: J'espère que vous ne me demandez pas de
commentaires sur la valeur des questions. Ce serait effrayant ce que j'aurais
à vous dire.
M. Bellemare: Ecoutez, si c'est comme d'habitude, si vous ne
voulez pas répondre, vous n'avez qu'à mettre un X ou pas de
réponse. Cela s'est déjà fait...
M. Burns: Je vais vous dire ceci, M. le député de
Johnson.
M. Bellemare:... sous l'ancien gouvernement.
M. Burns: II y a des questions c'est une question qui est
de bon aloi, qui est bien acceptable dans les 200 questions, comme vous
le dites, je ne sais pas s'il y en a 200, je n'ai pas vérifié,
mais il y en a dans cela qui demandent, vous ne croyez pas, combien de travail
à des fonctionnaires à l'intérieur d'un
ministère.
Il y a une seule question je n'ai pas à la pointer
qui a demandé des heures et je dirais même des semaines de travail
pour y donner une réponse. Nous essayons aussi de répondre selon
un minimum de disponibilité des fonctionnaires qui doivent sortir tous
les renseignements qui vont sous-tendre cette réponse. Il s'agit tout
simplement de regarder les réponses. Il y en a beaucoup qui impliquent
jusqu'à maintenant, le gouvernement n'a pas utilisé cette
méthode un coût tellement important qu'on se demande
parfois si on ne devrait pas vous répondre: Cela coûterait trop
cher pour répondre à votre question. On ne l'a pas fait encore,
mais je ne suis pas sûr qu'à un moment donné je ne devrai
pas recourir à ce moyen.
M. Bellemare: Je l'ai déjà vu faire en Chambre. On
en a déjà annulé certaines à cause du coût.
Vous avez, par exemple, la question no 101 de mercredi dernier au ministre des
Consommateurs, Coopératives et Institutions financières.
M. Burns: Demain, vous aurez d'autres réponses et vous
verrez s'il y en a suffisamment. Normalement, c'est demain que je devrai vous
donner des réponses.
M. Bellemare: Elle ne peut pas demander...
M. Burns: Oui, mais c'est le mercredi qu'on donne des
réponses.
Le Vice-Président: A l'ordre, messieurs les deux leaders
parlementaires! Ce n'est pas pour invoquer May, la règle d'anticipation,
mais demain, c'est mercredi. Il y aura des réponses et après, M
le leader parlementaire de l'Union Nationale, je vous entendrai avec beaucoup
de plaisir poser vos questions.
M. Burns: M. le Président, comme je vou: l'avais
indiqué, je vous demanderais de suspendrt nos travaux jusqu'à cet
après-midi, 15 heures.
Le Vice-Président: Cette motion sera-t-elle
adoptée?
Une Voix: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté. Les travaux de cette
Assemblée sont suspendus jusqu'à cet après-midi, 15
heures.
(Suspension de la séance à 13 heures)
Reprise de la séance à 15 h 10
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît! Veuillez
vous asseoir.
A l'ordre, s'il vous plaît, Mme le député de
L'Acadie.
A l'ordre, s'il vous plaît! M. le leader parlementaire du
gouvernement, oui.
M. Burns: M. le Président, si je comprends bien, nous
allons prendre le vote dans quelques minutes relativement aux amendements.
J'espère que tout le monde a eu l'occasion d'en prendre
connaissance...
M. Lalonde: On est encore plus contre.
M. Burns: ... et qu'à ce moment-là votre vote sera
encore plus justifié, précis et réfléchi. Alors,
j'espère que vous avez bien pensé au vote que vous allez prendre.
Voilà, M. le Président, il fallait que je perde un certain nombre
de minutes, alors je les ai perdues et je suis prêt.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président... Le
Président: M. le chef de l'Opposition.
M. Levesque (Bonaventure):... pour répondre au leader du
gouvernement qui indique que nous sommes maintenant préparés
à exercer notre droit de vote, je crois qu'il est de mon devoir,
à ce moment-ci, de rappeler à cette Assemblée, que, comme
nous l'avons indiqué, nous allons jouer le jeu, si vous voulez, mais non
sans rappeler qu'il s'agit à ce moment-ci d'un simulacre de
démocratie et de vie parlementaire.
M. Burns: J'invoque le règlement.
M. Levesque (Bonaventure): J'ai le droit de le dire, M. le
Président.
M. Burns: Vous n'avez pas le droit de le dire, le vote est
appelé.
M. Lavoie: On va en faire une question de privilège.
M. Levesque (Bonaventure): Autrement, j'en ferai une question de
privilège, M. le Président.
M. Burns: Le vote est appelé.
M. Levesque (Bonaventure): II n'est pas appelé. Il
n'était pas appelé. Le président ne s'était pas
levé.
M. Burns: Oui, il est appelé. Il est appelé depuis
hier, depuis hier.
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît! A l'ordre!
A l'ordre, s'il vous plaît! A l'ordre!
M. le chef de l'Opposition, dois-je vous rappeler, une fois de plus, que
vous avez déjà soulevé, à plusieurs reprises, les
problèmes inhérents aux dispositions, ou qui découlent des
dispositions de l'article 123. J'ai déjà manifesté mon
désaccord sur ces dispositions, et le leader parlementaire de
l'Opposition officielle également. Je ne voudrais pas, M. le chef de
l'Opposition, et je vous demande votre collaboration, qu'on reprenne le
débat ou qu'on fasse une forme de débat autour de cette question
que vous avez soulevée d'ailleurs dès ce matin et même
à plusieurs reprises. Je demanderais votre collaboration pour qu'on
puisse procéder à la mise aux voix le plus rapidement
possible.
M. Levesque (Bonaventure): Question de privilège, M. le
Président. A la suite des propos que vous venez de tenir, M. le
Président, et auxquels je concours, je voudrais vous rassurer, quant au
respect que nous avons de la présidence, et également avec les
difficultés qui peuvent être celles de la présidence devant
certaines dispositions de l'article 123...
M. Burns: Est-ce que vous avez également le respect pour
la parole donnée?
Le Président: M. le leader parlementaire du gouvernement.
Depuis de longues semaines vous m'accordez votre collaboration. Je vais vous la
demander encore cet après-midi pour procéder... M. le leader
parlementaire du gouvernement, je vous demanderais de laisser finir le chef de
l'Opposition. Nous allons procéder le plus rapidement possible à
la mise aux voix.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, dans ce
sens...
M. Burns: M. le Président, voulez-vous leur demander
également, sur une question de règlement... Le Président
est assis.
M. Gratton: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président: Messieurs, je vous demande à tous
votre collaboration. Je sais que vous avez soulevé une question de
règlement. M. le chef de l'Opposition s'est levé sur une question
de privilège. Je sais qu'on peut abuser indûment, de part et
d'autre, des questions de règlement et des questions de
privilège. J'ai, quant à moi, l'intention de procéder
à la mise aux voix le plus rapidement possible. M. le chef de
l'Opposition, je vous demanderais de conclure rapidement, s'il vous
plaît!
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, je n'ai
même pas commencé à formuler ma question de
privilège. J'avais fait une mise au point relativement à votre
responsabilité de président. Je n'avait même pas
commencé à formuler ma question de privilège et vous me
demandez de conclure rapidement. Je crois que vous me devez simplement de me
permettre de formuler la question de privilège.
M. le Président, nous avons accepté de procéder
à la mise aux voix de certains amendements, et cela à 15 heures
cet après-midi, à la suite de la période qui nous
était accordée pour prendre connaissance des amendements
présentés par le gouvernement. Or, nous avons eu un caucus durant
l'heure du lunch. C'est mon devoir, à ce moment-ci, M. le
Président, de vous faire part de l'attitude des députés de
l'Opposition officielle qui, ayant accepté...
M. Burns: M. le Président, question de règlement.
Ce n'est pas une question de privilège.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, j'ai le droit
de dire ce qui touche les droits et privilèges des parlementaires de ma
formation politique.
Le Président: M. le chef de l'Opposition, je suis loin
d'être sûr qu'il s'agit d'une question de privilège.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, si on veut
légiférer seul, on légiférera seul de l'autre
côté. On assumera ses responsabilités. J'ai à vous
dire, M. le Président, que les députés de notre formation
politique veulent protester et que cela soit inscrit dans le journal des
Débats...
M. Burns: M. le Président, j'invoque le règlement.
Ce n'est pas une question de privilège.
M. Levesque (Bonaventure): ... contre cette
procédure...
M. Burns: Ce n'est pas une question de privilège, M. le
Président.
Le Président: M. le chef de l'Opposition officielle, je
suis disposé à vous entendre encore sur votre question de
privilège. Vous êtes tous conscients de la responsabilité
énorme que vous assumez. Je ne suis pas encore sûr qu'il y ait
là matière à question de nrivilège. M. le leader
parlementaire du gouvernement, s'il vous plaît!
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, les
députés de l'Opposition officielle vous avez
également vu la réaction des autres collègues des autres
oppositions, qui concourent dans ce sens nous voulons protester et que
cela soit bien inscrit au journal des Débats parce que nous avons une
responsabilité de parlementaires. Nous allons, dans quelques instants,
décider de l'avenir...
M. Burns: M. le Président, j'invoque le règlement.
Je m'excuse, mais il y a une troisième lecture qui va être
appelée aujourd'hui ou demain.
Ils pourront dire tout ce qu'ils veulent à ce sujet-là,
mais ce n'est pas à ce moment-ci que cela doit se faire.
Le Président: M. le leader parlementaire du gouvernement,
s'il vous plaît! M. le chef de l'Opposition.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, nous voulons
protester et que cette protestation soit enregistrée
contre le fait que nous avons, à ce moment-ci, à voter sur une
série d'amendements innombrables dont plusieurs n'ont jamais
été même lus à aucun stade de notre
procédure. Il y a des amendements qui n'ont même été
déposés qu'il y a quelques heures seulement et que l'Opposition
n'a pas eu l'occasion d'étudier sérieusement. Nous n'avons pas eu
réellement un projet de loi sur lequel nous pouvons nous prononcer en
toute lumière. Nous disons au gouvernement: assumez vos
responsabilités. Quant à nous, nous allons accepter, mais
à contrecoeur, d'avoir à jouer ce jeu que nous
dénonçons vigoureusement.
M. Bellemare: Question de privilège.
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Union
Nationale, sur une question de privilège.
M. Bellemare: Je voudrais simplement dire que, depuis 33 ans que
je siège dans cette Chambre, c'est la première fois...
Une Voix: Cela fait trop longtemps!
M. Bellemare: Cela fait trop longtemps? Vous n'avez pas fini de
m'endurer, tâchez d'en faire autant.
M. Duhaime: On ne fait que commencer.
M. Bellemare: M. le Président, je dois vous dire que,
comme doyen de cette Assemblée je n'ai jamais vu pareille audace de
faire accepter une loi qui n'a pas été étudiée en
commission plénière à laquelle on a apporté des
amendements aussi nombreux, qui sont tout à fait illégaux, qui le
deviendront parce qu'il y aura des protestations, des contestations devant les
juges.
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Union
Nationale, je vous remercie, mais je vous souligne que tous ces propos
pourraient être tenus en troisième lecture.
M. le député de Rouyn-Noranda.
M. Samson: M. le Président, question de privilège
en vertu de l'article 49, paragraphe 2, à la suite des propos du leader
du gouvernement qui a signifié que nous étions mieux
éclairés maintenant que nous ne l'étions ce matin.
M. Guay: A l'impossible, nul n'est tenu.
M. Samson: M. le Président, je soulève cette
question de privilège en mon nom personnel comme parlementaire; je
pourrais même le faire au nom d'au moins 60% des députés
ministériels.
Je n'avais pas, ce matin, la copie des amendements que vous avez fait
rédiger hier, c'est-à-dire une quarantaine de copies, je vous
l'ai signifié et, depuis 12 h 30, je n'ai pas encore reçu cette
copie, je n'ai pas encore été à même d'en prendre
connaissance.
Une Voix: Parlez pour vous.
M. Samson: Je veux que ce soit aussi inscrit au journal des
Débats que ce sur quoi on nous demande de voter, quant à moi, je
n'en ai jamais pris connaissance et plusieurs députés du parti
ministériel n'en ont pas pris connaissance, non plus. Donc, on les
oblige à voter sur des choses qu'ils ne connaissent pas.
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît! Je vous
souligne, M. le député de Rouyn-Noranda, que, dès hier
après-midi, il y avait des copies qui étaient disponibles pour
vous et qu'une copie a été livrée à votre bureau.
La vérité a ses droits, M. le député de
Rouyn-Noranda.
M. Samson: M. le Président, je suis obligé de
soulever une autre question de privilège. Je vous ai dit que je n'avais
pas eu cette copie. Je prends votre parole si vous dites qu'une copie a
été livrée à mon bureau, M. le Président,
mais je n'en ai pas eu connaissance. Je m'excuse si vous l'avez fait. Mais un
fait demeure, c'est qu'il se passe tellement de choses dans la bousculade de
fin de session que même ceux qui ont la meilleure volonté au monde
ne pourraient pas suivre, M. le Président. Je pense que le ministre des
Consommateurs, Coopératives et Institutions financières a de
graves responsabilités à ce moment-ci devant l'opinion
publique.
Mise aux voix du rapport sur le projet de loi no 67
(suite)
Articles nouveaux proposés par le ministre
(suite)
Le Président: Nous allons maintenant procéder
à la mise aux voix. C'est le troisième vote et j'ai
déjà mentionné et énuméré tous les
articles. Il s'agit de mettre aux voix les articles nouveaux proposés
par le ministre. Ces articles ont été
énumérés ce matin. Alors, je demande simplement,
maintenant, que ceux et celles qui sont en faveur de l'adoption de ces nouveaux
articles veuillent bien se lever, s'il vous plaît.
Le Secrétaire adjoint: MM. Burns, Bédard, Laurin,
Parizeau, Marois, Léonard, Couture, Tremblay, Bérubé,
Johnson, O'Neill, Mme Ouellette, MM. de Belleval, Joron, Mme Payette, MM.
Lessard, Proulx.
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît! A l'ordre
s'il vous plaît! ... A l'ordre, s'il vous plaît!...
Le Secrétaire adjoint: MM. Charron, Duhaime, Léger,
Tardif, Garon, Chevrette, Michaud, Paquette, Vaillancourt (Jonquière),
Marcoux, Alfred, Vaugeois, Martel, Fallu, Rancourt, Mme Leblanc, MM. Bertrand,
Godin, Laplante, Bisaillon, de Bellefeuille, Guay, Gendron, Mercier, Laberge,
Marquis, Lacoste, Ouellette, Brassard, Lefebvre, Lavigne, Dussault,
Charbonneau, Beauséjour, Bordeleau, Boucher, Gravel, Lévesque
(Kamouraska-Témiscouata), Gagnon, Jolivet.
Le Président: Que ceux et celles qui sont contre veuillent
bien se lever, s'il vous plaît!
Le Secrétaire adjoint: MM. Levesque (Bonaventure), Lavoie,
Mackasey, Lalonde, Mailloux, Goldbloom, Saindon, Saint-Germain, Mme
Lavoie-Roux, MM. Raynauld, Lamontagne, Gias-son, Caron, O'Gallagher, Picotte,
Marchand, Gratton, Pagé, Verreault, Springate, Biron, Bellemare,
Russell, Goulet, Fontaine, Brochu, Shaw, Le Moignan, Dubois, Cordeau, Roy.
Le Président: Que ceux et celles qui désirent
s'abstenir veuillent bien se lever s'il vous plaît!
Le Secrétaire adjoint: MM. Grégoire, Clair,
Samson.
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
Le Secrétaire: Pour: 57 Contre: 31
Abstentions: 3
Le Président: Adopté.
Amendements du député de
Marguerite-Bourgeoys
Je vais maintenant mettre aux voix... M. le député de
Laurier, s'il vous plaît! M. le député de Laurier, je vous
rappelle à l'ordre! ... M. le député de Joliette-Montcalm,
je vous rappelle également à l'ordre!
Je mettrais maintenant aux voix, tel que je l'ai indiqué hier,
tous les amendements proposés par M. le député de
Marguerite-Bourgeoys. Que ceux et celles qui sont en faveur des amendements
veuillent bien se lever, s'il vous plaît!
Le Secrétaire adjoint: MM. Levesque (Bonaventure), Lavoie,
Mackasey, Lalonde, Mailloux, Goldbloom, Saindon, Saint-Germain, Mme
Lavoie-Roux, MM. Raynauld, Lamontagne, Giasson, Caron, O'Gallagher, Picotte,
Marchand, Gratton, Pagé, Verreault, Springate, Biron, Bellemare,
Russell, Goulet, Fontaine, Brochu, Shaw, Le Moignan, Dubois, Cordeau, Samson,
Roy.
Le Président: Que ceux et celles qui sont contre ces
amendements veuillent bien se lever, s'il vous plaît!
Le Secrétaire adjoint: M. Burns, Mme Cuerrier, MM.
Bédard, Laurin, Parizeau, Marois, Léonard, Couture, Tremblay,
Bérubé, Johnson, O'Neill, Mme Ouellette, MM. de Belleval, Joron.
Mme Payette, MM. Lessard, Proulx, Charron, Du-
haime, Léger, Tardif, Garon, Chevrette, Michaud, Paquette,
Vaillancourt (Jonquière), Marcoux, Alfred, Vaugeois, Martel, Fallu,
Rancourt, Mme Leblanc, MM. Bertrand, Godin, Laplante, Bisaillon, de
Bellefeuille, Guay, Gendron, Mercier, Laberge, Marquis, Lacoste, Ouellette,
Brassard, Lefebvre, Lavigne, Dussault, Charbonneau, Beauséjour,
Bordeleau, Boucher, Gravel, Lévesque (Kamouraska-Témiscouata),
Gagnon, Jolivet.
Le Président: Que ceux et celles qui désirent
s'abstenir veuillent bien se lever, s'il vous plaît!
Le Secrétaire adjoint: MM. Grégoire, Clair.
Le Secrétaire: Pour: 32 Contre: 58
Abstentions: 2
Le Président: Les amendements du député de
Marguerite-Bourgeoys, au nom du Parti libéral, sont rejetés.
Amendements du député de
Nicolet-Yamaska
Maintenant, je voudrais mettre aux voix tous les amendements
proposés pour l'Union Nationale par M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Bellemare: Même vote que celui qui vient de se
donner.
M. Lavoie: Si les députés de Rouyn-Noranda et de
Beauce-Sud, ainsi que de Frontenac et de Drummond sont d'accord, nous serions
d'accord pour que ce soit le même vote.
Des Voix: Même vote. M. Burns: Même vote.
Le Président: Même vote. Les amendements sont
rejetés.
Amendements du député de
Beauce-Sud
Maintenant, je mettrai aux voix tous les amendements proposés par
M. le député de Beauce-Sud.
Une Voix: Même vote.
M. Roy: Ce n'est peut-être pas le même vote, M. le
Président. Ce n'est peut-être pas le même vote. Est-ce que
c'est le même vote?
M. Burns: Même vote. On n'a pas de faveur à vous
faire.
Le Président: Ces amendements sont rejetés.
Articles, préambule et annexes tels
qu'amendés
Maintenant, je mettrai aux voix tous les articles du projet de loi no
67, de 1 à 210, ainsi que le préambule, l'annexe, le titre et les
sous-titres, tels qu'ils apparaissent au projet de loi et au rapport de la
commission et tels qu'ils ont été amendés par les votes
précédents. Est-ce que c'est le même vote?
M. Burns: Même vote inversé, M. le Président.
M. Bellemare: Non, non, non.
Le Président: Que ceux et celles qui sont en faveur et
l'adoption de tous ces articles du projet de loi tel que je viens de l'indiquer
veuillent bien se lever, s'il vous plaît.
Le Secrétaire adjoint: M. Burns, Mme Guerrier, MM.
Bédard, Laurin, Parizeau, Marois, Léonard, Couture, Tremblay,
Bérubé, Johnson, O'Neill, Mme Ouellette, MM. de Belleval, Joron,
Mme Payette, MM. Lessard, Proulx, Charron, Duhaime, Léger, Tardif,
Garon, Chevrette, Michaud, Paquette, Vaillancourt (Jonquière), Marcoux,
Alfred, Vaugeois, Martel, Fallu, Rancourt, Mme Leblanc, MM. Bertrand, Godin,
Laplante, Bisaillon, de Bellefeuille, Guay, Gendron, Mercier, Laberge, Marquis,
Lacoste, Ouellette, Brassard, Lefebvre, Lavigne, Dussault, Charbonneau,
Beauséjour, Bordeleau, Boucher, Gravel, Lévesque
(Kamouraska-Témiscouata), Gagnon, Jolivet.
Le Président: Que ceux et celles qui sont contre veuillent
bien se lever, s'il vous plaît!
Le Secrétaire adjoint: MM. Levesque (Bonaventure), Lavoie,
Mackasey, Lalonde, Mailloux, Goldbloom, Saindon, Saint-Germain, Mme
Lavoie-Roux, MM. Raynauld, Lamontagne, Gias-son, Caron, O'Gallagher, Picotte,
Marchand, Gratton, Pagé, Verreault, Springate, Biron, Bellemare,
Russell, Goulet, Fontaine, Brochu, Shaw, Le Moi-gnan, Dubois, Cordeau, Samson,
Roy.
Le Président: Que ceux et celles qui désirent
s'abstenir veuillent bien se lever, s'il vous plaît!
Le Secrétaire adjoint: MM. Grégoire et Clair.
Le Secrétaire: Pour: 58 Contre: 32
Abstentions: 2
Rapport du député de Viau
Le Président: Tous les articles du projet de loi sont
maintenant adoptés. Je mettrai aux voix, et c'est le dernier vote, le
rapport déposé par M. le député de Viau, rapporteur
désigné de la commission permanente des consommateurs,
coopératives et institutions financières qui a
étudié, après la deuxième lecture, le projet de loi
no 67, Loi sur l'assurance automobile.
M. Lavoie: M. le Président, en ce qui nous concerne, si
nos collègues sont d'accord, nous serions consentants à ce qu'on
enregistre le même vote.
M. Roy: Même vote.
M. Burns: Même vote.
Le Président: Même vote. Le rapport est
adopté.
M. Burns: M. le Président, la troisième lecture de
ce projet de loi pourra avoir lieu au cours de cette même séance
ou à une séance subséquente.
Interprétation des articles 114 et 115 du
règlement
M. Lavoie: M. le Président, je voudrais faire une remarque
sur les propos que vient de tenir le leader parlementaire du gouvernement. Je
crois qu'à défaut de consentement cette troisième lecture
ne peut pas avoir lieu avant demain. J'aimerais avoir une directive de votre
part.
M. Burns: M. le Président, sur la question de
règlement, il s'agit de faire une fiction légale c'est,
d'ailleurs, ce que fait notre règlement à savoir que les
votes que nous venons de tenir ont effectivement eu lieu hier. Ce n'est pas
aujourd'hui que ces votes ont eu lieu. C'est cela, une fiction
légale.
M. le Président, je vous dis bien humblement, je vous le soumets
respectueusement... Il y en a qui ne comprennent pas cela, mais ce n'est pas ma
faute. Hier, ce vote aurait pu être tenu. Est-ce qu'on peut cesser
d'aboyer, M. le Président? Le vote, normalement, devait avoir lieu hier.
Ce n'est que par cette fiction légale, prévue par notre
règlement sessionnel, que le vote a été reporté
à aujourd'hui. Donc, c'est un vote qui a eu lieu aujourd'hui. Pour ceux
qui ne sont pas capables de suivre, écoutez, je vais le dire
lentement.
M. Gratton: Les propos que vous tenez sont plutôt fictifs
présentement.
M. Burns: Pour les PML (processus mental lent) on va y aller
lentement, M. le Président, mais le vote devait avoir lieu hier. Hier,
si nous avions pris le vote...
M. Gratton: Cela fait trois fois qu'on entend cela.
M. Pagé: C'est comme la compétence du ministre:
c'est fictif.
M. Burns:... le projet de loi aurait été
adopté à ce stade-là.
M. Gratton: Arrêtez donc de "mémérer" et de
répéter trois fois les mêmes affaires.
M. Burns: M. le Président, je vous dis que le vote qui a
eu lieu est tout simplement une conséquence des gestes que nous avons
posés hier.
M. Roy: M. le Président...
M. Lavoie: M. le Président, très brièvement,
je ne ferai pas de fiction légale. Je n'ai pas l'expérience d'un
avocat. Il l'a et vous l'avez. Je crois qu'un plaideur qui plaiderait de cette
façon devant un juge... C'est un mépris à votre adresse,
M. le Président. C'est un mépris, la manière dont il a
argumenté sur une question de recevabilité de la motion. Je ne
suivrai pas le leader du gouvernement sur cette voie.
Je voudrais seulement m'en tenir aux articles 114 et 115 du
règlement. Article 114: "Les étapes de la discussion d'un projet
de loi sont: 1. la première lecture; 2. la deuxième lecture; 3.
l'étude en commission élue ou plénière; 4. le
rapport de la commission élue ou plénière; 5. la
troisième lecture." Article 115: "Les étapes de la discussion
d'un projet de loi ont lieu à des séances différentes,
sauf que la deuxième lecture et l'étude en commission élue
ce qui n'est pas le cas actuellement ou plénière
peuvent avoir lieu au cours de la même séance." On parle de
l'étude en deuxième lecture et du renvoi à une commission
élue ou plénière dans la même séance,
d'accord. Article 115.2. "Au cours de la même séance, le rapport
de la commission plénière ce qui n'est pas notre cas
peut être soumis à l'approbation de l'Assemblée,
mais celui d'une commission élue ne peut être que
déposé."
En ce qui me concerne, si le vote n'a eu lieu qu'aujourd'hui sur le
rapport de la commission élue, ce n'est pas de la fiction légale
ou autre. Je me dis que cette étape ne s'est terminée
qu'aujourd'hui, M. le Président. La fin de cette étape, c'est par
le vote, l'adoption du rapport. Si c'est cela et je ne vois pas comment
on pourrait différer d'opinion l'opération commission
élue et rapport ne s'est terminée qu'à 15 h 35 cet
après-midi.
Si on veut respecter l'article 115, la troisième lecture doit
avoir lieu à une autre séance, à moins de chambarder le
règlement.
Le Président: M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: M. le Président, l'honorable leader du
gouvernement a bien dit que la lecture devait avoir lieu hier. Elle n'a pas eu
lieu hier. Je souscris aux propos du leader parlementaire de l'Opposition
officielle en me référant à l'article 115. M. le
Président, je comprends qu'il serait de la possibilité, de la
responsabilité et de l'autorité de l'Assemblée nationale
de donner un consentement unanime pour procéder à une
troisième lecture au cours d'une même séance. Nous ne
sommes pas en face d'un vote qui a comporté des amendements sur deux ou
trois articles d'un projet. Il n'y a pas un député qui peut
présumer d'avance du vote, même si on peut avoir une opinion.
Il y a une question de gros bon sens là-dedans. Ce n'est pas
seulement une question juridique, même si cette dernière est
très claire. Il y a une question de gros bon sens. Qu'on permette aux
membres du Parlement, aux membres de la commission parlementaire, à ceux
qui ont étudié davantage ce projet de loi d'étudier la
concordance des amendements qui ont été adoptés au-
jourd'hui pour mesurer la portée des nouvelles restrictions qu'on
peut retrouver dans le projet de loi no 67. Dans les circonstances, M. le
Président, il ne faudrait pas créer de précédent
devant l'Assemblée nationale puisque nous sommes en face d'une situation
tout à fait exceptionnelle et particulière. En ce qui me
concerne, je ne peux pas donner mon consentement parce que je considère
que cela prend un consentement unanime pour le faire. Je ne peux pas donner mon
consentement. Je refuse à ce que cela devienne un ordre de la Chambre
que cette motion de troisième lecture puisse être rappelée
à l'Assemblée nationale aujourd'hui.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président,
j'espère que cela ne nuira pas au jugement que vous avez à
rendre. Je ne veux pas être un agent provocateur. Je veux simplement vous
rappeler, M. le Président, que non seulement je souscris à ce qui
vient d'être dit, mais j'ajouterai que, lorsque le leader du gouvernement
dit que c'est simplement une fiction légale, on s'est aperçu, cet
avant-midi, que même là on n'était pas prêt à
procéder et qu'on a dû remettre le vote à cet
après-midi. Nous avons eu des discussions à l'intérieur de
cette étape. Nous avons eu, au cours de la présente
journée, des discussions. Nous avons eu des échanges. Toujours
dans quoi, dans quel contexte et dans quel article? L'article qui s'appelle la
prise en considération. La prise en considération n'était
pas terminée. La preuve, c'est qu'à l'intérieur de cette
prise en considération, nous avons discuté une partie de
l'avant-midi et encore nous avons repris cette discussion au moment de l'appel
du vote.
Le Président: Je vous avoue, en toute
honnêteté et en toute objectivité que cela m'apparaît
moins clair qu'à certains d'entre vous. C'est pour deux raisons.
D'abord, on parle des étapes de la discussion et non pas du vote en soi
pris isolément. Et au surplus, il m'apparaît que tel
n'était pas l'objectif de la nouvelle réglementation, des
nouveaux règlements qui ont permis de différer le vote. Ceci
étant dit, j'aimerais que vous appeliez autre chose et je rendrai ma
décision dès que le leader parlementaire m'aura indiqué
qu'il voudra appeler le projet de loi no 67 pour troisième lecture.
M. Burns: M. le Président, je vous suggérerais de
suspendre. Est-ce que cinq minutes vous conviendraient?
Le Président: Cinq à dix minutes.
M. Levesque (Bonaventure): Ne peut-on pas faire autre chose en
attendant?
M. Burns: Oui, on peut faire autre chose, mais il faudra revenir
à l'avis.
M. Levesque (Bonaventure): D'accord.
M. Burns: On est consentant à revenir à l'avis qui
sera à la même séance ou à une séance
subséquente ou encore, selon la directive du président, à
la prochaine séance.
M. Levesque (Bonaventure): ... décision du
président.
M. Burns: On s'entend là-dessus? C'est parce que je ne
peux plus me fier à bien du monde dans cette boîte-ci. M. le
Président, il faudrait peut-être en faire un ordre de la Chambre
afin que vous puissiez, à quelque moment que ce soit, faire rapport de
votre décision.
Le Président: Je n'ai pas besoin d'ordre de la Chambre, M.
le leader parlementaire du gouvernement.
M. Lavoie: Bien non, bien non. M. Levesque (Bonaventure):
...
M. Burns: Non, je ne me sens pas persécuté. Loin de
là.
Alors M. le Président, je vous demanderais donc en
conséquence de rappeler le projet de loi no 73...
Le Vice-Président: L'article 7.
M. Burns: Je m'excuse, M. le Président. Avant de passer
à cela il y a un livre vert qui pourrait être déposé
pour que nos collègues puissent en prendre connaissance.
Le Vice-Président: M. le leader parlementaire, du
consentement de l'Assemblée.
M. Lavoie: C'est quoi?
Le Vice-Président: Je laisse la parole à M. le
leader parlementaire du gouvernement.
M. Lavoie: On va attendre le suspense. M. Bellemare: II
n'a pas confiance en vous.
Le Vice-Président: Alors, M. le leader parlementaire du
gouvernement, vous n'êtes pas assuré du consentement, je verrai
après.
M. Burns: Non, je ne suis pas assuré du consentement,
mais, si j'avais le consentement de la Chambre, je demanderais... On l'a eu ce
matin, je pense.
Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît! M. le
leader parlementaire du gouvernement.
Livre blanc sur les relations entre locateurs et
locataires
M. Burns: M. le Président, le ministre des Affaires
municipales aimerait bien déposer un livre blanc sur les relations entre
locateurs et locataires, et je pense que, déjà, ce matin, nous
avions le consentement.
Le Vice-Président: Est-ce que ce consentement est vraiment
accordé?
M. Lavoie: D'accord.
Le Vice-Président: Consentement accordé. M. le
ministre des Affaires municipales.
M. Tardif: M. le Président, tel que convenu à la
séance de ce matin, il me fait plaisir de déposer le livre blanc
sur les relations entre locateurs et locataires.
M. Lavoie: II est vert.
M. Tardif: La couverture est verte mais c'est un livre blanc, M.
le Président.
Des Voix: Transparence. Est-ce que les livres verts vont
être blancs?
Le Vice-Président: Le dépôt est reçu,
malgré tout.
M. le leader parlementaire du gouvernement.
M. Burns: M. le Président, avec la réserve de la
réponse que nous pourrions avoir de la part du président de
l'Assemblée nationale, je vous demanderais d'appeler l'article 7, s'il
vous plaît!
Projet de loi no 73 Deuxième lecture
(suite)
Le Vice-Président: C'est la reprise du débat sur la
motion de M. le ministre des Transports proposant que le projet de loi 73, Loi
sur les corporations municipales et intermunicipales de transport, soit
maintenant lu la deuxième fois. Au moment où le débat a
été ajourné, le ministre avait le droit de
réplique.
M. le ministre des Transports.
M. Burns: Avant que le ministre ne reprenne la parole, je
rappelle que deux commissions s'apprêtent à siéger
immédiatement.
Le Vice-Président: Un instant, s'il vous plaît! Sur
une question de règlement?
M. Mailloux: Oui, M. le Président.
Le Vice-Président: M. le député de
Charlevoix.
M. Mailloux: Vous venez d'affirmer que le ministre des Transports
reprenait son droit de réplique; c'est moi-même qui avais induit
le président en erreur hier soir, c'était au cours de la
deuxième lecture et non pas sur le droit de réplique.
Le Vice-Président: Attendez un peu, M. le
député de Charlevoix. Je voudrais bien vous comprendre
entièrement. J'ai devant moi le feuilleton et je m'y fie. Voulez-vous
indiquer que ce n'était pas le droit de réplique?
M. Mailloux: M. le Président, si vous voulez n'avoir
aucune anicroche, il serait préférable que vous demandiez
à tous les législateurs qui sont ici s'ils ont à parler;
sinon ce sera le droit de réplique. Tout le monde pourrait encore
parler, sauf moi et deux ou trois autres.
M. Lessard: M. le Président, je vous demande une
directive. Je n'ai pas d'objection à ce que d'autres
députés puissent intervenir mais, hier soir, étant
donné que personne ne semblait vouloir intervenir dans ce débat
en deuxième lecture, j'ai demandé l'ajournement du débat.
On avait indiqué, à ce moment-là, que c'était la
réplique du ministre des Transports.
M. Mailloux: Cela marche!
Le Vice-Président: Est-ce accepté unanimement?
M. Mailloux: Oui, adopté.
Le Vice-Président: D'accord. Merci à tous. M. le
ministre des Transports, c'est votre réplique.
M. Lucien Lessard
M. Lessard: M. le Président, si j'ai voulu intervenir pour
répondre un peu à un certain nombre d'interrogations
présentées hier soir, c'est que je pense que ce projet de loi est
assez important mais, au rythme où vont les choses, peut-être
qu'il va nous manquer du transport en commun pour que les députés
puissent se rendre chez eux à Noël. Devant le fait qu'un certain
nombre de groupes ont fait parvenir des télégrammes à
l'Opposition, je voudrais répliquer comme suit et, d'ailleurs, je pense
que le député de Charlevoix l'a bien indiqué hier.
Le 23 novembre dernier, le projet de loi a été
déposé en première lecture. Nous avons fait parvenir la
journée même ce projet de loi aux différents groupes qui
pouvaient être impliqués, dont l'Association des
propriétaires d'autobus du Québec et l'Association des
transporteurs d'écoliers du Québec. Nous leur avions
indiqué à ce moment qu'étant donné
l'impossibilité de convoquer une commission parlementaire et l'urgence
de présenter ce projet de loi, le ministre des Transports devait se
rendre dans différentes régions du Québec, dont ici
à Québec, pour recevoir les doléances de chacun de ces
groupes.
Or, M. le Président, le 8 décembre dernier, j'ai
rencontré l'Association des propriétaires d'autobus du
Québec; j'ai rencontré le président de l'Association des
transporteurs d'écoliers du Québec; j'ai rencontré aussi
les différentes municipalités qui pouvaient être
directement concernées par ce projet de loi. A ce moment,
particulièrement l'Association des transporteurs d'écoliers du
Québec et l'Association des propriétaires d'autobus du
Québec m'ont indiqué qu'elles étaient entièrement
d'accord sur ce projet de loi. Comment se fait-il, M. le Président,
qu'après près d'un mois ces gens
viennent nous demander aujourd'hui la convocation d'une convocation
parlementaire?
M. le Président, je me suis rendu le 9 décembre dernier
dans la région du Haut-Saguenay et j'ai eu l'occasion de rencontrer des
gens qui, si nous avions fait une commission parlementaire, n'auraient pas eu
les moyens nécessaires de se rendre à cette commission
parlementaire. Ces gens, particulièrement le comité des citoyens,
ont été capables de présenter des revendications au
ministre des Transports et nous avons étudié leurs
revendications, consulté la population, comme l'a fait, d'ailleurs, le
ministre des Consommateurs. Consulter la population, ce n'est pas seulement
faire des commissions parlementaires ici à l'Assemblée nationale;
consulter la population, c'est aussi aller voir les gens dans leur propre
milieu.
M. le Président, je pense que nous avons consulté la
population. Nous avons consulté les principaux organismes qui
étaient directement impliqués dans ce projet de loi et jamais
nous n'avons eu une opposition systématique à ce projet de loi.
Vendredi dernier, j'avais accepté de rencontrer l'Union des
municipalités du Québec. Malheureusement, elle n'a pu se rendre
au rendez-vous et j'ai rencontré le secrétaire non pas de l'Union
des municipalités, mais de l'Union des conseils de comté du
Québec et je lui ai indiqué que ce projet de loi était
urgent.
Quels sont, M. le Président, les principaux arguments qui ont
été présentés contre ce projet de loi par l'Union
des conseils de comté du Québec? On me disait, comme le disait
l'ancien ministre des Transports, le député de Charlevoix, que
cette loi était trop générale; qu'on devrait
répondre aux problèmes les plus urgents. Or, M. le
Président, l'un des blâmes que nous avons faits constamment
à l'ancien gouvernement, c'était de résoudre les
problèmes à la pièce. Nous avons voulu, par ce projet de
loi, présenter une loi générale qui avait comme objectif
premier de répondre à des situations urgentes. Mais nous n'avons
pas l'intention, M. le Président, à chaque fois qu'un groupe de
municipalités ou qu'une municipalité voudra bien demander au
ministère des Transports de former une corporation municipale ou
intermunicipale des transports, de revenir constamment devant
l'Assemblée nationale pour modifier les lois particulières que
nous avons faites. Nous avons voulu présenter une loi
générale sur le transport en commun parce que ce n'est pas
seulement dans les quatre régions concernées que j'ai
désignées, d'ailleurs, hier qu'il y a des problèmes
de transport en commun. Mais il y a aussi des régions comme Joliette,
des régions comme Châteauguay où il y a des
problèmes de transport en commun. La loi que nous présentons
pourra justement satisfaire à ces revendications.
J'indique particulièrement, pour répondre aux objections
qui nous viennent de l'Union des conseils de comté, que le
législateur, il est vrai, a été prudent. Il est vrai que
le législateur demande un certain nombre d'études, parce que nous
ne voulons pas créer des corporations municipales ou intermunicipales de
transport dans des régions où la densité de population ne
le justifierait pas. Nous avons voulu être prudents. En effet, comme le
disait le député de Charlevoix, s'engager dans le transport en
commun, c'est s'engager dans des investissements qui pourraient être
considérables. Des études seront donc nécessaires et les
municipalités devront nous demander ces études. Ceci me
paraît tout à fait normal.
D'ailleurs, si nous nous dirigeons actuellement vers cette loi, c'est
parce que des études ont été faites dans les quatre
régions précisément concernées par l'urgence
actuellement. C'est pourquoi nous voulons présenter ce projet de loi
avant le 31 décembre. Il me semble qu'en relation avec la sagesse du
législateur nous devons reconnaître aux municipalités une
certaine responsabilité. L'Union des conseils de comté nous
demande d'élaborer une politique de décentralisation des pouvoirs
de l'administration gouvernementale.
On nous demande de créer des organismes de
décentralisation, mais l'une des raisons pour lesquelles le gouvernement
du Québec a décidé, justement, d'essayer de se diriger
vers des politiques de décentralisation, c'est parce que nous avons
confiance en nos administrateurs locaux. Il est normal, justement, que ces
administrateurs locaux aient des responsabilités. Mais comment veut-on
demander des politiques de décentralisation et dire, en même
temps: Nos représentants locaux ne sont pas capables d'administrer un
seul des secteurs que nous allons leur donner à courte période,
à savoir le transport en commun? Comment veut-on se battre pour la
décentralisation, alors que, justement, le ministère des
Transports tente de leur donner un secteur qui est fondamental? Il me semble
qu'on doit être logique: ou bien nos administrateurs locaux sont
responsables et on doit leur donner des responsabilités ou bien ils ne
sont pas responsables.
Mais l'instrument que nous leur donnons est un moyen, justement, de
justifier leur responsabilité. L'irresponsabilité est
peut-être venue du fait que ces gens ont perdu leurs
responsabilités. Vous allez me dire: C'est une vérité de
La Palice. Non, c'est justement parce qu'ils n'ont plus de pouvoirs, c'est
justement parce que graduellement on leur a enlevé des pouvoirs que ces
gens ne se sentent plus de responsabilités.
Or, ce projet de loi, c'est peut-être le premier
élément important que nous donnons à des
municipalités, à des groupes de municipalités pour
démontrer au gouvernement du Québec qu'elles sont capables de les
assumer, leurs responsabilités. Si ces organismes ne sont pas capables
d'assumer leurs responsabilités dans le secteur du transport, comment
voulez-vous que nous leur donnions, par la suite, d'autres
responsabilités? Il me semble que l'Union des conseils de comté
appuie cette volonté gouvernementale de décentralisation. C'est
là un premier élément.
Il est vrai qu'il y a, comme le disait le député de
Charlevoix, des risques. C'est vrai qu'il y aura possiblement des coûts
à assumer, mais la question que je me pose: Avons-nous les moyens de ne
pas nous payer des transports en commun?
Avons-nous les moyens de ne pas nous diriger vers les transports en
commun? Quand on sait que l'implantation des autoroutes au centre-ville
représente des coûts de l'ordre de $50 millions le mille, que
même une autoroute en milieu semi-urbain ne coûte pas moins de $12
millions le mille; quand on sait, par exemple, que certains secteurs de
l'autoroute Dufferin-Montmorency ont coûté $22,5 millions le
mille, avons-nous les moyens de continuer constamment la construction
d'autoroutes ou plutôt devons-nous nous payer des transports en commun?
Est-ce que c'est rentable, la construction d'autoroutes? Est-ce que c'est
payant, la construction d'autoroutes?
M. le Président, je pense que nous n'avons plus de choix. Combien
coûtent l'entretien et la réfection de ces routes, tant au
gouvernement qu'aux municipalités? Est-ce que les municipalités
ont le moyen de ne pas se payer de transport en commun? D'autant plus qu'un
système d'autoroutes est relativement peu utilisé par rapport au
transport collectif. La capacité effective d'une autoroute à six
voies est d'environ 6000 personnes à l'heure dans chaque sens. Une seule
voie réservée pour autobus peut facilement transporter le double,
tandis qu'un train de banlieue ou une ligne de métro peut en accommoder
de 30 000 à 40 000, tel qu'on le voit dans le rapport du Comité
de transport de la région métropolitaine.
M. le Président, peut-on choisir, encore une fois, le transport
par automobile plutôt que le transport en commun quand on sait, par
exemple, que le déficit, dans un seul secteur du Québec le
secteur du pétrole va coûter $2 milliards probablement
cette année. Au Québec, les transports accaparent le quart de
l'énergie et plus du tiers des produits pétroliers. Est-ce qu'on
a le moyen de ne pas se payer le transport en commun? C'est peut-être
là, M. le Président, la question. Mais et cela j'en
conviens il est exact que nous devons trouver les moyens de rentabiliser
le transport en commun. Actuellement, le transport en commun est un peu comme
une entreprise qui fonctionne à 50% de sa capacité. Mais...
Le Vice-Président: Excusez-moi. S'il vous plaît!
M. le ministre.
M. Lessard: Actuellement, M. le Président, le transport en
commun est une entreprise qui fonctionne à peu près à 50%
de sa capacité. C'est-à-dire que nous avons des périodes
de pointe et nous avons des périodes où le transport en commun
est peu utilisé. Il faut envisager des mesures pour rentabiliser le
transport en commun et prévoir son étalement. Dans ce sens, j'ai
indiqué, dans mon projet de loi, que j'avais l'intention
d'intégrer le transport scolaire autant que possible au transport en
commun pour le rentabiliser. On ne peut pas, et je pense bien que chacun en est
convaincu, laisser continuellement des infrastructures de transport en commun,
des autobus absolument sous-utilisés. Nous allons tenter, mais ceci
demande des accords avec le ministère de l'Education, ou encore le
ministère du Travail, de trouver des moyens pour faire en sorte que les
entreprises n'ouvrent pas nécessairement à la même heure et
que les écoles aussi n'ouvrent pas à la même heure que les
entreprises.
Mais surtout, M. le Président, pour rentabiliser le transport en
commun, il faut le structurer, il faut l'encadrer, il faut l'intégrer,
et c'est le premier objectif de ce projet de loi. C'est l'une des raisons qui
justifient la municipalisation des transports en commun car, et c'est là
une des philosophies qui sont différentes de l'ancien gouvernement, nous
croyons que, dans ce secteur qui est un élément essentiel,
l'entreprise privée ne peut plus agir comme agent de planification et
d'intégration. J'ai donné hier l'exemple de
Trois-Rivières-Ouest, Trois-Rivières et Cap-de-la-Madeleine.
M. le Président, c'est la décision du gouvernement de se
diriger dans cette optique pour éviter ce que j'appelle et ai
appelé bien souvent des gaspillages que nous avons connus dans le
passé. Il est certain que le gouvernement du Québec, comme il a
déterminé qu'il s'agissait là d'une priorité,
même si ce n'est pas indiqué dans la loi, n'a pas l'intention de
laisser les municipalités à elles seules. Il est certain que,
même si ce n'est pas compris dans la loi, nous allons encore respecter
les engagements qui ont été pris par l'ancien gouvernement et qui
pourront être modifiés, à savoir le paiement des
déficits de 45% à 55%, de même que l'achat d'autobus neufs,
à savoir 30% sur chacun des autobus.
Nous allons, M. le Président, payer aussi une partie des
expropriations selon ce qui est prévu par l'article 3 de la Loi du
ministère des Transports. Nous analysons aussi d'autres formules, par
exemple celle qui a été exposée hier par le
député de Trois-Rivières, à savoir la formule
touchant les coûts-bénéfices. Actuellement, en relation
avec le ministre des Affaires municipales ainsi qu'avec le ministre des
Finances, nous analysons des formules qui pourraient favoriser encore plus le
transport en commun. Je l'ai dit hier, nous ne présentons pas ce projet
de loi comme la formule parfaite, nous en convenons, nous ne sommes pas ici
pour faire de la perfection. Mais, si nous avions attendu d'avoir la
perfection, nous n'aurions pas le projet de loi 73.
Un certain nombre de questions ont été posées hier
par les différentes personnes qui sont intervenues sur ce projet de loi;
je pense que nous pourrons y répondre tout à l'heure en
commission parlementaire. Nous présenterons aussi un certain nombre
d'amendements en commission parlementaire. Nous sommes convaincus, M. le
Président, de répondre par cette loi à ceux qui sont aux
prises avec ces problèmes. En terminant, je voudrais souligner,
plutôt je voudrais peut-être poser cette question: Avons-nous
reçu des télégrammes des personnes qui étaient le
plus directement impliquées dans ce projet de loi? Avons-nous
reçu des télégrammes d'opposition venant de la
région du Haut-Saguenay, venant de la région de
Trois-Rivières, venant de la rive sud de Québec, venant
de la région de Sherbrooke? Avons-nous reçu des
télégrammes d'opposition de ces municipalités, alors que
justement c'est là qu'existent les problèmes les plus criants
dans le transport en commun?
Nous sommes bien prêts à écouter, nous sommes
très prêts à gouverner avec transparence. Cependant, j'ai
eu l'occasion, comme je l'ai dit, d'avoir une certaine consultation avec toutes
ces municipalités comme avec d'autres groupements. Je trouve quand
même curieux que subitement, en date du 19 décembre parce
que j'avais expliqué pourquoi je ne pouvais pas faire siéger de
commission parlementaire, comme l'indiquait d'ailleurs le député
de Charlevoix tout le monde se réveille et nous demande la
convocation d'une commission parlementaire.
Quant à moi, je suis convaincu que ce projet de loi doit
être adopté avant le 31 décembre. A la suite des rencontres
que j'ai eues avec les différents groupes directement concernés,
ceux-ci m'ont démontré que ce projet de loi était
absolument nécessaire, sinon des problèmes très
sérieux pouvaient être créés particulièrement
dans des régions comme le Haut-Saguenay, de telle façon que le
transport en commun pourrait avoir des difficultés à
survivre.
Alors, c'est dans ce sens, M. le Président, que je demande
à l'Assemblée nationale d'adopter en deuxième lecture ce
projet de loi.
Le Vice-Président: M. le ministre, je vous remercie,
d'autant plus que vous n'avez pas utilisé plus que votre temps, mais
tout votre temps, en vertu de l'article 102. M. le leader parlementaire du
gouvernement, est-ce que cette motion de deuxième lecture...
M. Burns: II y aurait le vote.
Le Vice-Président: ... sera adoptée?
M. Mailloux: Adopté sur division.
Le Vice-Président: Adopté sur division.
Le Secrétaire adjoint: Deuxième lecture de ce
projet de loi.
Le Vice-Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement.
Motion de renvoi à la commission
élue
M. Burns: M. le Président, je propose que ce projet de loi
no 73 soit déféré à la commission parlementaire des
transports. Tel que l'ordre en a été donné, ce matin, si
jamais nous avions consentement pour que cette commission puisse siéger,
elle siégera immédiatement à la salle 81-A.
Le Vice-Président: Cette motion est-elle
adoptée?
M. Burns: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté. La commission peut
siéger immédiatement.
M. le leader parlementaire du gouvernement.
M. Burns: Je vois, M. le Président, que le
président de l'Assemblée nationale vient d'arriver, il a
probablement une décision à rendre; je serais prêt à
interrompre mon programme quant à ce qui me concerne.
Le Vice-Président: D'accord.
Interprétation des articles 114 et 115 du
règlement (suite)
M. Lavoie: M. le Président, avec votre permission, souvent
avant qu'une décision soit rendue, je crois que vous ne refusez aucune
lumière, si lumière il y a. J'ai cru comprendre, lorsque cette
question a été soulevée, il y a quelques minutes, qu'un
mot avait attiré votre attention. C'est au début de l'article
115, lorsqu'il est dit, à premièrement: "Les étapes de la
discussion d'un projet de loi ont lieu...".
Je ne voudrais pas que votre décision soit basée
uniquement sur la lettre du règlement et sur ce mot en particulier, pour
deux raisons. C'est que, dans la pratique courante et dans la tradition
parlementaire, les décisions présidentielles sont beaucoup plus
basées sur l'esprit que sur la lettre, ce qui est une différence
avec les tribunaux de droit commun ou autres.
Je dois vous dire que ce mot "discussion" dans la première ligne
de l'article 115 n'a pratiquement pas sa raison d'être. Il pourrait fort
bien ne pas exister. L'article se lirait de la même façon si on
disait: Les étapes d'un projet de loi ont lieu à des
séances différentes... Ce mot "discussion" n'ajoute rien. Une
preuve additionnelle, c'est que si on se réfère à
l'article 114 où on parle des étapes de la discussion, encore
là, "discussion" ne veut rien dire. Ce n'est pas dans le sens de
discourir, à mon point de vue. C'est plutôt dans le sens
d'étude. Justement à l'article 114, lorsqu'il est dit: "Les
étapes de la discussion d'un projet de loi sont: La première
lecture; on sait très bien qu'il n'y a pas de discussion en
première lecture, que c'est uniquement une étape. Je ne voudrais
pas que votre décision soit appuyée uniquement sur la lettre d'un
mot qui n'a peut-être pas sa raison d'être dans le
règlement.
Décision du président
Le Président: J'avoue, M. le leader parlementaire de
l'Opposition, que le mot "discussion" a attiré mon attention. Je vous
avoue que ce n'est pas le mot qui m'a principalement guidé dans la
décision. Je pense que, quand il s'agit d'interpréter un texte de
loi ou un texte de règlement celui qui a à l'interpréter
doit rechercher avant tout l'intention du législateur. C'est ce que j'ai
fait. J'ai recherché l'intention du législateur quand il a
adopté son règlement sessionnel, mais comme règlement
ses-sionnel uniquement. C'est donc dire à cet égard
que la décision que je m'apprête à rendre ne fera
pas jurisprudence puisqu'il ne s'agit que d'un règlement sessionnel.
L'article 106 de ce règlement sessionnel dit, et je tiens
à le citer: "Quand l'enregistrement des noms est demandé, le
président peut, à la demande du leader parlementaire du
gouvernement, décider qu'il aura lieu plus tard au cours de la
même séance, à l'heure qu'il indique, ou avant l'appel des
affaires du jour de la séance suivante. A l'heure indiquée, toute
autre affaire cessant, l'enregistrement a lieu sans autre avis." Quand on
recherche l'intention du législateur en adoptant ce règlement
sessionnel, il me semble qu'on arrive à tirer la conclusion qu'il y
avait deux objectifs poursuivis par le législateur, deux objectifs qui
se rejoignent. L'un est de ne pas déranger les parlementaires qui sont
en commission parlementaire à l'occasion de votes qui pourraient
être pris à tout moment de la journée. L'autre intention du
législateur, qui rejoint la première, c'est
d'accélérer le processus parlementaire.
Il me semble qu'en créant une nouvelle étape on va
directement à l'encontre des fins poursuivies par le règlement
sessionnel, notamment par l'article 106. C'est pour cela que je pense que la
troisième lecture peut être appelée aujourd'hui. Je suis
assez heureux que ce soit uniquement un règlement sessionnel. En ce
sens, cela ne fait pas jurisprudence, mais il est certain, il m'apparaît
assez évident en tout cas, que j'irais à l'encontre de
l'intention du législateur si je devais créer une nouvelle
étape. De surcroît, comme vous l'avez souligné, M. le
leader parlementaire de l'Opposition, il y a le mot "discussion" qui attirait
beaucoup à première vue mon attention. Il est évident que
la discussion, au moment où le vote est pris, elle est terminée
depuis la veille.
En conséquence, troisième lecture, même
séance ou séance subséquente.
M. Bellemare: M. le Président, je ne veux pas critiquer
votre décision, mais vous verrez là la sagesse qu'on aura
maintenant et la prudence qu'on aura d'adopter des règlements
sessionnels. Ce ne sont pas des menaces, mais de l'actualité... Je n'ai
besoin de menaces de personne surtout pas du député de
Saint-Maurice.
M. Burns: Merci, M. le Président.
Le Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement.
Projet de loi no 99
Deuxième
lecture
M. Burns: M. le Président, il semble que nous aurions le
consentement pour procéder immédiatement à la
deuxième lecture du projet de loi concernant la Communauté
urbaine de Montréal, qui est inscrit au nom du ministre des Affaires
municipales. Vous allez retrouver ce projet de loi à l'article k),
à la page 2 de notre feuilleton d'aujourd'hui. Il semble que nous
aurions le consen- tement pour procéder immédiatement à la
deuxième lecture.
Le Vice-Président: Est-ce que ce consentement est
accordé?
M. Bellemare: Est-ce que ce ne serait pas le système
métrique avant?
Le Vice-Président: Le consentement est-il
accordé?
M. Goldbloom: Oui, M. le Président. M. Saint-Germain:
Quel consentement?
Le Vice-Président: Consentement pour que nous puissions
prendre en deuxième lecture le projet de loi qui a été
déposé en première lecture à cette même
séance, soit l'article k) qui est le projet de loi 99, Loi concernant la
Communauté urbaine de Montréal, présenté par M. le
ministre des Affaires municipales. Le consentement est-il accordé?
M. Bellemare: Oui. M. Goldbloom: Oui.
Le Vice-Président: Consentement accordé. M. le
ministre des Affaires municipales.
M. Guy Tardif
M. Tardif: M. le Président, le projet de loi no 99
concernant la Communauté urbaine de Montréal a été
rendu nécessaire par suite de dispositions de la Loi de la
Communauté urbaine.
M. le Président, on me demande, puisqu'il s'agit d'un projet de
loi qui comporte des dépenses, d'informer cette Chambre que le
lieutenant-gouverneur a pris connaissance du présent projet de loi et
qu'il en a approuvé la teneur.
M. le Président, je disais donc que ce projet de loi est rendu
nécessaire, d'une part, par suite de l'existence de l'article 248 de la
Loi de la Communauté urbaine de Montréal (chapitre 84 des Lois de
1969) qui prévoit l'entrée en vigueur automatique du budget de
cet organisme, si celui-ci n'a pas été adopté par le
conseil de ladite communauté. Or, précisément cette
année, le budget de la Communauté urbaine de Montréal,
pour l'exercice financier 1978, est entré automatiquement en vigueur le
5 décembre dernier à défaut d'avoir été
adopté par le conseil au plus tard à cette date. Un jugement de
la Cour supérieure est venu confirmer cet état de fait.
Même si le conseil a adopté des modifications
budgétaires au cours de l'assemblée spéciale
convoquée pour l'adoption dudit budget, ces modifications n'ont pu
prendre effet parce que le conseil n'a pas adopté le budget tel qu'il
l'avait modifié.
Quant à la deuxième partie du projet de loi 99, elle
découle de l'entrée en vigueur, le 2 novembre dernier, de
l'article 2 du projet de loi no 57 qui a
obligé la Communauté urbaine de Montréal à
inclure dans son budget, distinctement cette fois, le budget du Conseil de
sécurité publique et le budget du service de police. Or, le 3
novembre 1977, le budget de la Communauté urbaine de Montréal
avait déjà été déposé chez le
secrétaire et distribué aux municipalités au cours du mois
d'octobre précédent. L'entrée en vigueur, par proclamation
de l'article 2 du projet de loi no 5 est donc intervenue à un moment
où la communauté avait déjà engagé le
processus budgétaire, selon la loi en vigueur, avant la date du 3
novembre. C'est la raison pour laquelle, M. le Président, le projet de
loi 99 vient apporter l'amendement qui est indiqué.
Enfin, M. le Président, le projet de loi prévoit
également l'octroi de cette subvention qui avait déjà
été accordée à la Communauté urbaine de
Montréal; il s'agit d'un montant de $15 millions qui sera à
nouveau accordé pour l'exercice financier 1978.
Le Vice-Président: M. le député de D'Arcy
McGee.
M. Victor Goldbloom
M. Goldbloom: M. le Président, ce projet de loi n'est pas
sans précédent. La situation que vient de décrire le
ministre des Affaires municipales s'est déjà
présentée dans les annales du Québec. Quant à
l'Opposition officielle, je suis en mesure de vous dire que nous n'avons aucune
objection à l'adoption non seulement de la deuxième lecture mais
de la troisième aussi avec les écritures nécessaires.
Le seul commentaire que je voudrais faire, c'est que nous vivons depuis
trop longtemps ce régime d'adoption automatique des budgets et au niveau
de la ville de Montréal et au niveau des communautés urbaines. Je
crois comprendre que le ministre est disposé à examiner, avec les
autres membres de cette Assemblée, ce régime qui ne rend pas une
satisfaction adéquate aux intéressés ni au niveau des
administrations municipales ni et c'est plus important au niveau
des contribuables.
C'est justement parce que je sens chez le ministre cette volonté
de réexaminer un régime qui n'est pas satisfaisant que je dis, au
nom de l'Opposition officielle, que nous sommes prêts à l'adoption
en deuxième lecture et en troisième lecture, avec les
écritures nécessaires, de ce projet de loi.
Le Vice-Président: M. le leader parlementaire de l'Union
Nationale.
M. Maurice Bellemare
M. Bellemare: M. le Président, simplement pour taquiner un
peu le ministre, je trouve drôle qu'on inscrive en lettres d'or les $15
millions, ce qu'on donne habituellement à la Communauté urbaine,
dans les statuts. Cette tradition existe depuis quelques années et elle
a toujours prévalu.
Quant aux délais, on n'est pas surpris, surtout devant le
mélange qui s'est fait dernièrement entre la Commission de police
et l'autre corps, la commission urbaine. Mais je pense qu'avec la venue de M.
Vignola, il y aura beaucoup plus d'ordre et de sécurité.
Je suis particulièrement très heureux aujourd'hui
je ne le connais pas personnellement de dire à cette Chambre
combien la nomination de M. Vignola, qui est un homme de carrière, a
rempli d'espoir tous ceux qui avaient des appréhensions sur cette
nomination.
C'est vrai qu'en vertu de la loi du 2 novembre 1957, on avait prescrit
le 3 novembre comme la date limite, et le 5 novembre, on avait adopté la
résolution pour rétablir le budget de la communauté. Je
comprends que c'est une technité qu'on doit absolument corriger, et je
suis bien sûr que mon collègue, le député de
Saint-Hyacinthe, qui sera notre représentant officiel lors de
l'étude de ce projet de loi, fera valoir les arguments en
conséquence.
Le Vice-Président: M. le ministre exerce-t-il son droit de
réplique?
M. Tardif: M. le Président, aucune réplique. J'ai
pris bonne note des commentaires tant de l'Opposition officielle que de l'Union
Nationale. Il est bien évident que cette procédure d'adoption
automatique du budget a quelque chose d'odieux, mais on peut concevoir
également qu'il faudra imaginer des formules, puisqu'il est inconcevable
également que le métro et les autres services de la
communauté arrêtent de fonctionner le 31 décembre ou le 1er
janvier prochain parce que les gens ne se seraient pas entendus sur le budget.
Alors, est-ce que ce sera une procédure semblable à celle de
l'Assemblée nationale où il y a un douzième
d'adopté chaque mois jusqu'à épuisement? Il faudrait
peut-être voir, mais il faudra sûrement trouver des formules et je
m'y emploie, M. le Président.
Le Vice-Président: Comme je remarque que M. le ministre
n'a pas exercé son droit de réplique, M. le leader parlementaire
du gouvernement.
M. Burns: Est-ce que ce projet de loi est adopté en
deuxième lecture, M. le Président?
Le Vice-Président: Est-ce que cette deuxième
lecture du projet de loi 99 est adoptée?
M. Bellemare: On l'accepterait en deuxième lecture; je
pense bien que le député de D'Arcy McGee aussi, les
écritures en troisième lecture.
Le Vice-Président: D'accord. S'il y a consentement,
puis-je procéder?
M. Goldbloom: Oui, M. le Président.
Le Secrétaire adjoint: Deuxième lecture de ce
projet de loi.
Commission plénière et troisième
lecture
Le Vice-Président: Alors, rapport de la commission
plénière adopté, troisième lecture du projet de loi
99 adopté. Merci, M. le ministre.
Des Voix: Adopté.
Le Vice-Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement.
Projet de loi no 79
Révocation du renvoi à la commission
élue
M. Burns: M. le Président, je vous demanderais maintenant,
si possible, de rappeler et je vais faire motion en conséquence
devant la commission plénière le projet de loi no 79
inscrit au nom du gouvernement et transmis pour étude à une
commission, particulièrement la commission de l'industrie et du
commerce, du tourisme, de la chasse et de la pêche, après la
deuxième lecture. Il semblerait que nous pourrions disposer de ce projet
de loi avec un certain nombre de légères corrections qui sont des
cas de concordance, me dit-on. Je fais donc, M. le Président, une motion
de révocation de l'ordre de l'Assemblée nationale concernant le
projet de loi no 79, révocation concernant le renvoi à la
commission de l'industrie et du commerce, du tourisme, de la chasse et de la
pêche.
Une fois qu'on aura disposé de cette motion, je ferai une autre
motion.
Le Vice-Président: Cette motion sera-t-elle
adoptée?
M. Bellemare: Si je comprends bien c'est qu'on s'en va
immédiatement en commission plénière. D'accord, M. le
Président.
Le Vice-Président: Motion adoptée.
M. le leader parlementaire du gouvernement.
M. Burns: M. le Président, en conséquence, je
propose que ce projet de loi soit déféré à la
commission plénière de l'Assemblée nationale.
Le Vice-Président: Cette motion sera-t-elle
adoptée?
M. Bellemare: Oui, elle sera adoptée. Le
Vice-Président: Adopté.
Commission plénière
M. Burns: M. le Président, je vous demande bien humblement
et bien respectueusement de quitter votre siège et que
l'Assemblée nationale se transforme en commission
plénière.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Johnson.
M. Bellemare: Je n'ai pas besoin de vous dire que c'est un projet
de loi qui est fort intéressant, mais qui est surtout extrêmement
compliqué pour les latins, comme pour les Français qui n'ont
jamais touché à ce problème. Est-ce que le ministre
pourrait nous dire, dans l'ensemble, quelles sont ces modifications? Peut-on en
avoir des copies pour voir jusqu'où vont ces amendements? S'il n'y a pas
d'amendement, quant à ce qui nous regarde, nous sommes prêts
à l'accepter en commission plénière tel qu'il est.
M. Tremblay: M. le Président, je remercie beaucoup le
député de Johnson des paroles qu'il vient...
M. Bellemare: Le ministre peut rester assis en commission.
M. Tremblay: D'accord. M. le Président, il n'y a pas
d'amendement substantiel. Je voudrais proposer six corrections à des
fautes de frappe qui se sont glissées dans la conversion technique des
unités impériales en unités internationales. Donc, je peux
énumérer les six corrections. La première se rapporte
à l'article 5. Je voudrais proposer de modifier l'article 5 par le
remplacement, dans la septième ligne, du mot "débiteur" par le
mot "détenteur".
M. Lalonde: Le mot "débiteur" à l'article 5.
Une Voix: Détenteur.
M. Tremblay: Article 5.
M. Lalonde: Du projet de loi.
M. Tremblay: Oui.
M. Bellemare: Le deuxième paragraphe, à l'article
5.
M. Tremblay: Donc, à la septième ligne, le mot
"débiteur", par le mot "détenteur".
M. Bellemare: Non. A la cinquième ligne du deuxième
paragraphe.
M. Lalonde: A la cinquième ligne. Ah bon! j'avais compris
la septième ligne.
M. Bellemare: Non il avait compté le premier. M.
Lalonde: Au détenteur ou propriétaire. M. Bellemare:
D'accord. M. Tremblay: La deuxième modification...
Le Président (M. Boucher): Est-ce que cet amendement est
adopté?
M. Bellemare: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté.
M. Tremblay: La deuxième modification porte sur l'article
36. Je propose de modifier l'article 36 par le remplacement, dans la
deuxième ligne du paragraphe a), des mots "un kilomètre et demi"
par les mots "seize cents mètres".
M. Bellemare: Un instant, dans le deuxième paragraphe.
M. Tremblay: Dans le paragraphe a)... M. Bellemare:
Oui.
M. Tremblay: ... "a) dans une municipalité de cité
ou de ville et que la distance de la résidence des élèves
a l'école est de seize cents mètres ou plus.
M. Bellemare: 1600 mètres...
M. Tremblay: 1600 mètres ou plus. La conversion technique
directe est qu'un mille égale 1,609 kilomètre, donc la
précision la plus rapprochée de la valeur impériale est
vraiment 1,6 kilomètre ou 1600 mètres.
M. Lalonde: D'accord. Autrement vous auriez changé la
portée de la loi.
M. Tremblay: Exactement, il y aurait eu des élèves
qui auraient été admissibles au transport, alors que l'ancienne
loi...
M. Lalonde: C'est-à-dire qu'on peut être d'accord
pour rendre les élèves admissibles, mais pas en changeant les
mesures.
M. Tremblay: Exactement. Nous avons voulu éviter dans ce
projet de loi d'en modifier le fond. Il s'agit uniquement d'une
opération de conversion technique.
Le Président (M. Boucher): Cet amendement est-il
adopté?
M. Lalonde: Adopté.
M. Bellemare: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté.
M. Tremblay: A l'article 40 du projet de loi, je propose de
modifier l'article 40 par le remplacement, dans la quatrième ligne du
paragraphe a), des mots "cinquante et un centièmes" par le mot
"demi".
M. Lalonde: Cela se lirait cent quarante-trois centimètres
et demi.
M. Tremblay: "Tracer, construire, faire, compléter,
changer et réparer un chemin de fer ou d'acier dont la largeur doit
être de cent quarante-trois centimètres et demi.
M. Lalonde: Et demi.
M. Tremblay: II est impossible dans ce cas-ci d'être aussi
précis que l'indique le texte.
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté.
M. Tremblay: Je voudrais proposer à l'article 48 la
correction suivante: Modifier l'article 48 par l'addition, à la fin de
la troisième ligne, des mots "plus de".
M. Bellemare: Cela se lirait comment? M. Tremblay: A la
fin de la troisième ligne... M. Lalonde: De l'article 133. M.
Tremblay: De l'article 48.
M. Lalonde: C'est-à-dire que l'article 48 commence par une
ligne qui dit: "L'article 133 de ladite loi est remplacé..."
M. Tremblay: C'est cela. "La montée des ponts construits
pour le passage des grands chemins au-dessus du chemin de fer ne doit pas
être de plus de trente centimètres". Ce sont deux mots qui ont
été oubliés.
M. Lalonde: Autrement, cela n'a aucun sens.
Le Président (M. Boucher): Cet amendement est-il
adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté.
M. Tremblay: A l'article 52, je propose de modifier l'article 52
par le remplacement, dans la huitième ligne, des mots "au poids" par les
mots "à la masse". C'est que dans la terminologie métrique on
parle de masse plutôt que de poids.
M. Bellemare: Cela se lirait comment?
M. Tremblay: Concordance.
M. Bellemare: "Ces taux de transport..."
M. Lalonde: Non, "le même tarif, soit à la masse
soit par kilomètre ou autrement..."
M. Tremblay: "... d'après le même tarif, soit
à la masse soit par kilomètre ou autrement relativement à
tout trafic..."
M. Lalonde: Adopté.
M. Tremblay: Maintenant, une dernière correction. A
l'article 89, je propose de modifier l'article 89 par l'addition dans la
première ligne du paragraphe c) du mot "cinquante" après le mot
"dollars", de sorte que le paragraphe c) se lirait comme suit:
"troisième année: un dollar cinquante l'hectare, minimum neuf
mille dollars".
M. Bellemare: Très bien.
M. Tremblay: C'est un mot qui avait été
oublié.
M. Lalonde: Cela va.
Le Président (M. Boucher): Adopté.
M. Tremblay: Ce sont toutes les corrections mineures que je
voulais apporter au projet de loi, M. le Président.
M. Lalonde: M. le Président, je ne sais pas de quelle
façon le ministre veut procéder. Il s'agit d'une série
d'articles dont le seul but est de remplacer le système de mesures.
Est-ce qu'on a l'intention de procéder article par article? Quant
à moi, je n'ai pas d'amendements à suggérer.
M. Bellemare: On est aussi bien de l'adopter. M. Lalonde:
On peut l'adopter généralement.
M. Bellemare: Que le ministre le demande et on va adopter le
projet de loi tel qu'amendé.
M. Lalonde: Que tous les articles, tels qu'amendés par le
ministre, soient adoptés.
M. Bellemare: Soient adoptés.
M. Lalonde: Je proposerais que tous les articles amendés
soient adoptés.
M. Tremblay: Tous les articles de la loi? M. Lalonde:
Oui.
M. Tremblay: Je proposerais que tous les articles de la loi, y
inclus...
M. Bellemare: Ceux qui sont amendés.
M. Tremblay: ... les amendements que nous venons d'adopter,
soient adoptés.
Le Président (M. Boucher): Alors, adopté? M.
Bellemare: Adopté. M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Le projet de loi no 79 est donc
adopté.
M. Tremblay: Merci beaucoup, M. le Président.
Le Vice-Président: Un instant, il y a encore des
étrangers en cette auguste enceinte.
Le Président (M. Boucher): M. le Président, j'ai
l'honneur de vous faire rapport que la commission plénière a
adopté le projet de loi no 79 tel qu'amendé.
Le Vice-Président: Est-ce que ce rapport sera
agréé?
M. Lalonde: Agréé.
M. Bellemare: Agréé. Je n'ai pas d'objection, M. le
Président, à ce que les écritures soient faites et
à ce que la troisième lecture soit adoptée
immédiatement.
Le Vice-Président: Je vous remercie de votre
collaboration. Si vous voulez attendre un instant pour que le président
de la commission plénière quitte son siège et que nous
revenions à l'Assemblée nationale, au sens technique du
terme.
Est-ce que M. le leader parlementaire adjoint a quelque chose à
dire?
Troisième lecture
M. Duhaime: M. le Président, je vous demanderais d'appeler
la motion de troisième lecture de ce projet de loi.
Le Vice-Président: Est-ce que cette motion de
troisième lecture... Attendez un peu. On propose que les
écritures soient faites; il y a eu la commission plénière
et le rapport est agréé avec les amendements. Il y a donc motion
de troisième lecture. Cette motion est-elle adoptée?
M. Lalonde: Je présume que le consentement est
demandé par le leader adjoint?
M. Duhaime: M. le Président, j'avais cru comprendre que
mon collègue, le député de Johnson, était d'accord.
J'ai présumé que vous l'étiez également. Je m'en
excuse.
M. Lalonde: Je savais que l'Union Nationale était d'accord
et je voulais seulement savoir si le parti ministériel était
aussi d'accord.
Le Vice-Président: M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, est-ce que le parti ministériel est d'accord?
M. Lalonde: Oui, adopté. M. Bellemare: Oui.
Le Vice-Président: Motion de troisième lecture,
adoptée? Le projet de loi no 79 est adopté. M. le leader
parlementaire adjoint.
M. Duhaime: M. le Président, j'avais cru comprendre que
nous allions appeler le projet de loi no 96, présenté par le
ministre des Affaires municipales.
M. Bellemare: II y avait le projet de loi no 82 avant.
M. Duhaime: Lequel?
M. Bellemare: Le projet de loi no 82.
Le Vice-Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement, voulez-vous indiquer à la présidence où nous
en sommes?
M. Burns: M. le Président.
Le Vice-Président: M. le Président, est-ce que je
comprends que je dois suspendre?
M. Burns: Non, non.
Le Vice-Président: Je dois juste attendre.
M. Burns: Suspendre, s'il vous plaît, pour cinq
minutes.
Le Vice-Président: Suspension de la séance pour
cinq minutes.
(Suspension de la séance à 16 h 41)
Reprise de la séance à 16 h 55
Mme le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. le leader parlementaire du gouvernement.
M. Burns: Je veux bien accommoder tout le monde, mais le
problème c'est que, si je me mets à accommoder tout le monde
régulièrement et constamment, ce qui va arriver c'est que la
semaine prochaine on va être encore ici en train de se demander quel
projet de loi on apporte. Je comprends très bien d'ailleurs les
très bonnes raisons que le député de Laval s'apprête
à nous donner relativement à l'absence du député de
Jean-Talon. Je les reconnais et je ne les critique pas, mais le
problème, c'est que je suis obligé d'agencer les travaux. Il y a
toujours quelqu'un qui n'est pas disponible.
M. Lavoie: Mme le Président, très
brièvement. Nous offrons notre collaboration. M. Garneau n'est pas
là. Je vous ai donné les raisons personnelles, maladie...
M. Burns: Je reconnais cela, il n'y a pas de problème.
M. Lavoie: La même chose s'applique pour le ministre des
Affaires municipales, qui n'est pas prêt à continuer. La meilleure
raison c'est que la loi 82... Vous ne pouvez même pas appeler en
deuxième lecture ce projet de loi, il a été
déposé ce matin.
M. Burns: Sauf avec votre consentement, comme je l'avais...
M. Lavoie: On est prêt à offrir notre consentement,
mais à condition d'avoir notre interlocuteur ici.
M. Burns: Mme le Président, je vous demande à
nouveau de suspendre pour dix minutes. Nous reprendrons sur la loi de
conciliation entre propriétaires et locataires.
Mme le Vice-Président: Suspension pour dix minutes.
(Suspension de la séance à 16 h 57)
Reprise de la séance à 17 h 6
Mme le Vice-Président: A l'ordre, mesdames et
messieurs!
M. le leader du gouvernement, après cette suspension, c'est le
moment d'appeler une nouvelle étude ou une nouvelle discussion.
M. Burns: D'accord, Mme le Président. Du consentement de
la Chambre, je vous demanderais d'appeler le projet de loi qui apparaît
au nom du ministre des Affaires municipales, que vous voyez à la page
deux de notre feuilleton à l'article h), c'est-à-dire la Loi
modifiant la Loi pour favoriser la conciliation entre locataires et
propriétaires, le Code civil et d'autres dispositions
législatives.
Mme le Vice-Président: Y a-t-il consentement?
M. Mackasey: Non, Mme le Président, il n'y a pas de
consentement.
M. Burns: J'ai eu ce consentement ce matin.
M. Mackasey: II n'y aura pas de consentement de ma part. Cela
prend le consentement unanime. Je viens justement d'avoir ce document il y a
deux heures. Le dépôt du bill a eu lieu lors de la première
lecture ce matin. Je veux au moins d'ici à demain matin pour
étudier le bill et le livre blanc.
Mme le Vice-Président: Puisqu'il n'y a pas consentement,
M. le leader parlementaire...
M. Burns: Je m'excuse, Mme le Président, mais nous aurons,
à ce moment, à chambarder notre horaire. C'est à la
demande de l'Opposition que j'appelle ce projet de loi. J'étais
prêt à présenter autre chose qui aurait pu parfaitement
être accepté de notre côté. Si on a ce type
d'attitude, je fais appel au député. Le député a
peut-être une intervention à faire lui-même. Peut-être
qu'il n'a pas eu le temps de la préparer, ce qui est tout à fait
normal étant donné que le projet de loi a été
déposé ce matin. Il pourrait tout au moins permettre au ministre
d'entamer son discours de présentation du projet de loi, ce qui
donnerait probablement au député de Notre-Dame-de-Grâce le
temps d'examiner un certain nombre de choses.
Je m'excuse, Mme le Président. J'ai donné une
collaboration assez grande. J'ai été très
compréhensif à l'endroit d'un certain nombre de problèmes
qui se posent. Par exemple, le fait que nous n'ayons pu appeler le projet de
loi concernant la SOQUEM. J'ai compris qu'il y avait une très bonne
raison du côté de l'Opposition pour ne pas l'appeler. Je fais un
dernier appel au député de Notre-Dame-de-Grâce de
comprendre également la position du leader du gouvernement en cette fin
de session. Il y a un projet de loi qui est de nature très importante et
qui a surtout un caractère d'importance quant à la date à
laquelle nous devons l'adopter. Comme le député de
Notre-Dame-de-Grâce et les autres collègues de l'Assemblée
nationale le comprendront, si ce projet de loi n'est pas adopté avant la
fin de la session, il y a des doutes, dans l'esprit de beaucoup de
légistes, quant à savoir ce qu'il va advenir de la loi qu'on
appelle communément de la Régie des loyers. Je suis prêt
à offrir ma collaboration au député de
Notre-Dame-de-Grâce. Je lui demande la sienne pour nous permettre
d'aborder l'examen de ce projet.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Notre- Dame-de- Grâce.
M. Mackasey: Mme le Président, j'ai beaucoup de respect.
Le leader le comprend. Je connais fort bien ses problèmes. Dans le
moment il a toute ma coopération. Ce projet de loi n'est pas simplement
un projet de loi pour reporter la date à une autre année. Le
ministre a raison. Il y a un changement fondamental dans ce projet de loi.
C'est de faire de ce projet de loi qui, auparavant, était temporaire, un
projet de loi permanent. Je suis d'accord. Le ministre m'a donné
déjà des conseils là-dessus.
Je veux travailler avec le ministre, mais, dans mon comté de
Notre-Dame-de-Grâce, il y a un problème très particulier.
Mme le Président, peut-être que cela va nuancer ce que j'ai dit
tout à l'heure, je m'excuse. Je ne veux pas retarder l'adoption du
projet de loi; je sais fort bien qu'il est nécessaire que le projet de
loi soit adopté avant la fin de la session, avant ou après les
Fêtes. Mais, quand même, j'ai une responsabilité face
à des milliers de locataires de Notre-Dame-de-Grâce qui, pour une
raison ou une autre, m'ont fait une demande très particulière,
très spéciale, samedi dernier, quand j'ai eu le choix entre
discuter avec eux de ce projet de loi je savais qu'on le
présenterait et siéger sur le projet de loi 45 pour aussi
aider la Chambre. Je sais que les députés ont siégé
très tard. Si quelqu'un de l'Opposition a conseillé ou a
laissé croire que tout le monde ici est prêt à adopter les
première et deuxième lectures...
M. Burns: Je m'excuse auprès du député; j'ai
l'impression qu'on ne se comprend pas. Je n'ai pas dit que le consentement
voulait dire deuxième et troisième lectures la même
journée. Mais que nous puissions aborder la deuxième lecture au-
jourd'hui, cela, j'ai compris que c'était un consentement qui m'avait
été donné.
M. Mackasey: Je voudrais maintenant poser une question au leader.
Je veux participer à la deuxième lecture de ce projet de loi. Il
y a un inconvénient parce que je n'étais pas député
en cette Chambre lorsque le projet de loi fondamental a été
présenté et discuté. Je suis prêt à donner
mon consentement, comme les autres, pour entamer ce discours, pourvu que vous
me permettiez de faire mon intervention en deuxième lecture demain.
M. Burns: M. le Président, je pense bien que l'importance
du projet de loi nous laisse croire qu'il ne sera pas adopté avant 18
heures. D'ici ce temps, je me fais fort de communiquer avec les
représentants de l'Opposition pour essayer de trouver autre chose quant
à nos travaux de ce soir. A ce moment-là, je pense que le
député de Notre-Dame-de-Grâce sera satisfait. Disons que je
requiers le consentement pour que nous puissions entamer le débat et que
nous nous revoyions à 18 heures, lors de la suspension de nos travaux
pour l'heure du souper.
M. Bellemare: II y a aussi toujours, Mme le Président...
Pardon!
Mme le Vice-Président: M. le leader de l'Opposition
officielle.
M. Lavoie: Je voudrais appuyer, quand même, les
représentations du député de Notre-Dame-de-Grâce.
Nous n'avons pas d'objection à ce que le ministre fasse son discours, si
vous le voulez, mais il faudrait qu'après l'ajournement du
débat... Pardon?
M. Burns: Est-ce le député de
Notre-Dame-de-Grâce qui parle au nom du parti?
M. Lavoie: II va parler au nom de ses concitoyens et en tant que
député de l'Opposition. Il a donc le droit de parler pendant au
moins 20 minutes.
M. Burns: Oui, sûrement. Le critique officiel du parti en
cette matière ne pourrait-il pas, si le ministre termine son discours
avant 18 heures, faire son discours en réplique? Par la suite, l'Union
Nationale également le ferait, quitte à ce que nous revoyions,
à l'heure du souper, ce qu'on peut amener comme menu ce soir.
M. Lavoie: Nous sommes d'accord, dans un but de collaboration,
pour que le ministre fasse son discours, que le député de D'Arcy
McGee fasse son discours, qu'un représentant de l'Union Nationale fasse
son discours. Mais je voudrais qu'on m'assure que la deuxième lecture ne
sera pas terminée aujourd'hui pour que le député de
Notre-Dame-de-Grâce puisse intervenir demain sur ce projet de loi. Une
fois que ces discours au-
ront été prononcés, il sera qustion de l'amiante
dans la soirée, de la loi sur l'amiante?
M. Burns: II peut être question d'autres choses aussi.
M. Lavoie: II peut y avoir la loi 67. Nous sommes prêts,
selon la décision de la présidence.
M. Burns: C'est cela. Il est possible que ce soit la loi 67. Mme
le Président, à la suite de ce consentement arraché
conditionnellement, je vous demanderais, s'il vous plaît, comme je vous
le mentionnais tout à l'heure, d'appeler le projet de loi au nom du
ministre des Affaires municipales, concernant les propriétaires et
locataires.
M. Mackasey: Non, mais je veux comprendre, because I do not want
to argue with my friend over a misunderstanding. In other words, if, later
tonight, I think I understand well enough to participate I will, but in any
event I reserve the right to make my intervention on... This bill tomorrow.
I am prepared to make it on Christmas if you like; but I would like to
make it tomorrow if I may. Under those conditions, Mme le Président, I
will consent.
Projet de loi no 96 Deuxième lecture
Mme le Vice-Président: Puisqu'il y a consentement
conditionnel, M. le ministre des Affaires municipales propose la
deuxième lecture du projet de loi 96 Loi modifiant la Loi de la
conciliation entre locataires et propriétaires, le Code civil et
d'autres dispositions législatives.
M. le ministre des Affaires municipales.
M. Guy Tardif
M. Tardif: Mme le Président, l'an passé, à
peu près à cette date-ci, je me levais dans cette Chambre pour
proposer l'adoption du projet de loi 78. Et avec toute la fougue et la candeur
d'un néophyte, je m'engageais à procéder à une
refonte de cette loi avant que l'Opposition ne me le rappelle. Mais elle me le
rappellera sans doute. Je m'engageais, dis-je, à procéder
à cette refonte, eh oui! d'une loi annuelle, comme les fleurs, et qui,
depuis 1951, était reconduite d'année en année.
M. Garon: Pérennelle aussi.
M. Tardif: Le fait est, Mme le Président, que peu de temps
après l'ajournement de la session et l'adoption de la loi 78, le
gouvernement a effectivement confié à un groupe de travail le
soin de préparer une refonte de cette loi. La refonte de cette loi
impliquait que l'on consulte les diverses représentations qui avaient
été faites par le passé, que l'on examine,
évidemment, les divers projets de codes de loyer, que l'on regarde ce
qui se fait dans les autres provinces et que l'on s'arrête sur un certain
nombre de propositions, propositions que j'aurais aimé vous
présenter aujourd'hui sous forme de projet de loi définitif.
Mais, malheureusement, présumant de la rapidité de la
machine gouvernementale et de l'appareil bureaucratique, il m'est impossible de
le présenter autrement que sous forme, d'abord, d'une première
étape du projet de loi 96 et sous forme, dans une deuxième
étape, d'un livre blanc qui annonce ce que sera la législation.
Il y a donc eu un travail de fait au cours de l'année pour faire cette
refonte. Et ce travail, il est dans le livre blanc à couverture verte
qu'on vous a distribué plus tôt dans la journée. Mme le
Président, il est question maintenant non pas du livre blanc, mais bien
du projet de loi 99. Le projet de loi 99...
Des Voix: 96.
M. Tardif: 96, je m'excuse. 99, c'était celui de la
Communauté urbaine de Montréal adopté tantôt. Le
projet de loi 96, Mme le Président, contient essentiellement trois
séries de mesures. La première série vise, dans cette
première étape de refonte, à rendre la loi permanente,
à lui enlever son caractère provisoire, son caractère de
loi annuelle devant être renouvelée tous les ans, et en faire une
loi essentiellement permanente dans le temps. La deuxième série
de mesures contenues dans le projet de loi 96 vise à élargir le
champ de juridiction de la Commission des loyers. A l'heure actuelle, Mme le
Président, certains locaux d'habitation ne sont pas couverts par cette
loi. Nous avons cru nécessaire d'inclure dès maintenant les
chambres, certains types de chambres, également, les habitations
à loyers modiques, les HLM et, troisièmement, les terrains
loués pour l'installation de maisons mobiles.
Ce ne sont ni toutes les chambres, ni, à certains égards,
toutes les conditions de location des HLM qui sont incluses, ni tous les
terrains pour les maisons mobiles, mais, cependant, l'essentiel y est. Ainsi,
pour les terrains de maisons mobiles, il n'est pas question de contrôler
celles utilisées pour les fins de villégiature. En cela, nous
respectons l'économie générale de la loi de conciliation,
qui excluait les résidences secondaires de villégiature.
En ce qui concerne les habitations à loyer modique, celles-ci
seront contrôlées pour tout, sauf en ce qui concerne la fixation
du loyer, puisque d'autres règles précisent les modalités
de fixation de ces loyers, qui ne sont pas, contrairement à ce qu'il se
passe pour les locaux d'habitation couverts par la loi de conciliation, en
fonction des coûts d'exploitation, mais bien en fonction du revenu des
gens. A ce moment, d'autres modalités régissent la fixation des
loyers.
Cependant, en ce qui concerne les évictions et en ce qui concerne
les autres manières pouvant donner recours à un locataire,
ceux-ci seront également couverts maintenant par la loi.
La troisième mesure a trait, quant à
l'élargissement du champ d'application, aux chambres. En fait, on
évalue à environ 230 000 le nombre de per-
sonnes qui vivent en chambre au Québec. Cette clientèle de
chambreurs se recrute principalement parmi les gens âgés, les
assistés sociaux, les travailleurs non spécialisés et les
étudiants bénéficiant de bourses ou de prêts. Cette
population, à l'heure actuelle, fortement dépendante de l'Etat
pour sa subsistance et qui jouit de revenus limités, n'est absolument
pas couverte par les dispositions de la loi.
Les mesures proposées le sont afin de couvrir les chambres qui
sont données en location à l'exclusion de celles contenues dans
un local d'habitation occupé par le propriétaire lui-même
et dans lequel deux chambres et moins sont louées. Celles-là sont
exclues. A partir de trois chambres et plus seulement lorsque le
propriétaire lui-même occupe le logement, donc, ces chambres
seraient couvertes.
Si cela peut intéresser l'Opposition, il y a des données
contenues dans le livre blanc quant au nombre de terrains pour maisons mobiles
au Québec. En 1975, on estimait qu'il y avait 37 000 maisons mobiles en
usage au Québec, dont 37% étaient installées dans les
parcs, ce qui implique qu'au-delà de 100 000 personnes au Québec
vivent dans ce genre d'habitation où l'on peut, du jour au lendemain,
dire au possesseur d'une telle maison mobile: Tu prends ta roulotte et tu
déménages d'ici. Ceci, encore une fois, sans autre
préavis.
L'Opposition peut à bon droit poser la question: Pourquoi avoir
inclus ceci dès maintenant dans le projet de loi 96, et non pas
uniquement le faire à l'occasion de la réforme annoncée
dans le livre blanc? Je pense que la question se pose en effet et l'on
comprendra les raisons qui ont poussé le gouvernement à
l'introduire dès maintenant, quitte, encore une fois, à expliquer
plus loin que les contrôles prévus dans le livre blanc sont d'un
type un peu différent que ceux prévus dans la loi actuelle.
La raison de ceci est très simple. Si le gouvernement avait
annoncé dans son livre blanc déposé aujourd'hui son
intention de contrôler les chambres et les terrains pour les maisons
mobiles, sans plus, on aurait pu craindre, à ce moment, une
montée en flèche du prix des chambres et du prix des terrains
pour maisons mobiles. Tout propriétaire de telle maison ou de tel
terrain se disant: Si demain je suis pour être contrôlé,
j'en profiterai pour demander des augmentations.
Il y avait deux façons de régler le problème:
l'imposition d'un gel ou bien de soumettre, dès maintenant, les chambres
et les terrains pour maisons mobiles au contrôle de la Régie des
loyers, attendu que le genre de contrôle qu'exerce présentement la
Régie des loyers est un contrôle de type souple. C'est un
contrôle qui, pour l'instant en tout cas, ne remet pas en question le
prix de base. La régie, en fait, se prononce sur les augmentations
abusives; elle prend le loyer des douze derniers mois, calcule les
augmentations de taxes, de chauffage, d'électricité,
l'intérêt sur l'argent, et considère que l'augmentation
demandée est abusive ou non. Si elle l'est, elle réduit donc le
montant de l'augmentation. Si bien que cette mesure transitoire, qui consiste
à soumettre, dès maintenant, les chambres et les terrains pour
maisons mobiles au contrôle de la régie, visait à
protéger cette clientèle, ces usagers, en attendant l'adoption
des autres mesures.
Les mesures prévues en ce qui concerne le contrôle des
chambres seront fort probablement, ainsi qu'il est annoncé dans le livre
blanc, d'un type différent de celles conçues ou existant
présentement pour des logements ordinaires. Pour cela, nous avons des
précédents établis par le gouvernement antérieur en
ce qui concerne Lo-gexpo, en ce qui concerne la location des chambres à
l'occasion des Jeux olympiques, où une visite des lieux était
prévue, où un système de points permettait d'allouer une
valeur, une pondération selon les services offerts: lavabos,
éviers, téléviseur, je ne sais quoi. A ce
moment-là, donc, on établissait un prix-plafond pour la location
de ces chambres. C'est le genre de contrôle qui, éventuellement,
sera prévu dans le livre blanc, mais encore une fois, de façon
à rassurer cette clientèle. Là-dessus, je vais rappeler
à l'Opposition officielle que, dès 1973, je crois, lorsque des
amendements avaient été apportés par l'ancien gouvernement
qui avait annoncé son intention de contrôler les loyers, sans
cependant prendre les mesures nécessaires, celui-ci a dû adopter
par la suite, une loi rétroactive, parce que, précisément,
des augmentations exagérées avaient été
demandées de la part des locateurs.
Voilà la raison d'inclure dès maintenant, à part
les raisons qu'on peut avoir de vouloir la protéger, cette
clientèle en général, pour qu'elle ne subisse pas de
préjudice avec une augmentation très forte qui serait
provoquée du fait de l'annonce contenue dans le livre blanc.
Quant à la troisième série de mesures, Mme le
Président, je m'excuse auprès de l'Opposition du fait que le
projet de loi no 96 n'ait été déposé
qu'aujourd'hui. Le fait est que ce projet de loi était prêt depuis
quelque temps déjà, mais que la non-signature de l'entente entre
la Société d'habitation du Québec et la
Société Netherwood, non-signature pour laquelle le gouvernement
s'apprête à prendre une action en passation de titres pour refus,
par la partie intimée, de compléter l'entente, nous a
obligés à introduire dans le projet de loi no 96, qui est
présentement devant l'Assemblée, quelques-unes des dispositions
contenues dans la loi 78 de l'an dernier en ce qui concerne le complexe
Val-Martin. Etant donné que l'entente librement négociée
et consentie, et signée par les parties, n'est pas
complétée présentement, et que les dispositions
spéciales contenues dans la loi de conciliation expirent le 31
décembre, on comprendra que le gouvernement ne pouvait pas ne pas
réintroduire certains des articles pour s'assurer du règlement de
cette histoire.
C'est la raison pour laquelle on retrouve, dans le projet de loi no 96,
à peu près substantiellement l'article 16a de la loi 78 de l'an
passé avec, cependant, une restriction qu'on retrouve à l'article
20 du projet de loi.
L'article 16a de l'an passé, qui est maintenant l'article 12, je
crois, disait: Nul ne peut vendre ou promettre de vendre un immeuble
situé sur tels
lots du cadastre untel de la paroisse de Saint-Martin. Cette
nomenclature est la même que celle contenue dans la loi de l'an
passé, sauf qu'à l'article 20 nous avons maintenant exclu les 88
petits propriétaires, les 88 petits acquéreurs qui, de bonne foi,
ont mis leurs économies dans ce projet. Ils pourront donc offrir en
vente ou promettre de vendre leur maison à eux, sauf que la loi
prévoit un droit de préemption de la part de la
Société d'habitation du Québec pour redonner à
l'ensemble du projet son caractère locatif.
Voilà, Mme le Président, l'essentiel des dispositions qui
ont été ajoutées, je dois en convenir, par suite des
mesures carrément dilatoires, pour ne pas dire d'intimidation, d'une des
parties en présence dans ce dossier-là, ce dossier, encore une
fois, remonte à 1975 au moins et l'ancien gouvernement s'y était
attaqué avec le chapitre 84 des Lois de 1975. Cela a été,
comme par hasard, oublié dans l'historique que présentait l'une
des parties, parce que c'est la même. Même s'il y a plusieurs
signatures en bas, les Immeubles Val-Martin, Netherwood, la ligue des
locataires, ce sont des associations bidons et c'est un seul et même
personnage qui est derrière tout cela. La véritable association
des locataires, étant elle-même représentative d'au moins
500 des locataires, a établi clairement son intérêt pour
garder le caractère locatif de cet ensemble. Or, dans cette page de
publicité payée, on n'a pas inclus tous les faits, notamment
justement le fait que les mesures visant Val-Martin ne dataient pas de l'actuel
gouvernement, mais bien de l'ancien gouvernement et que diverses mesures
finalement prises l'ont été en vue d'en arriver à un
règlement de ce dossier dans le meilleur intérêt de toutes
les parties en présence, mais pas, évidemment, en permettant
à un individu de faire de la spéculation honteusement.
Mme le Président, les autres dispositions contenues dans ce
projet de loi, dispositions d'urgence aussi, visent à reconduire un
moratoire que déjà la loi contenait en ce qui concerne les
transformations en copropriété. Ce sont essentiellement les
mêmes dispositions qui sont prévues. Je voudrais peut-être
attirer l'attention de l'Assemblée nationale, Mme le Président,
en terminant, sur une nouvelle dispositions, outre le fait de rendre la loi
permanente, outre le fait d'étendre son champ d'application aux
chambres, maisons mobiles et aux HLM, et c'est le fait que nous stipulons
maintenant ce que devraient contenir les avis d'augmentation de loyer.
Il a été porté à notre attention, Mme le
Président, que des avis d'augmentation de ce genre étaient
envoyés aux locataires: Veuillez être informés que votre
loyer ne sera pas augmenté de moins de 8% cette année. Le
locataire, qui reçoit ceci s'attend à une augmentation de 8%,
sauf que, lorsqu'il vient pour payer son loyer, il se rend compte que c'est 15%
ou 20% qui sont demandés.
Alors, ce qui est prévu, Mme le Président, dans le projet
de loi c'est ce que devrait contenir l'avis d'augmentation, c'est-à-dire
le loyer antérieur en argent, les facteurs d'augmentation et le nouveau
loyer en argent. Dans un deuxième temps, dans le livre blanc, ce qui
sera prévu, c'est l'impression d'un formulaire, un peu comme un bail
type, comme il est prévu déjà pour les baux, par la
régie qui viendra, évidemment, faciliter la compilation de ce
genre de données. Voilà, Mme le Président.
M. Bellemare: J'ai une question.
Mme le Vice-Président: M. le ministre permet une
question.
M. le leader de l'Union Nationale.
M. Bellemare: C'est une curiosité que va me permettre le
ministre avec beaucoup de sincérité. Qu'est-ce qui arrive des
fonctionnaires, ceux qui étaient fonctionnaires qu'on renouvelait tous
les ans?
M. Tardif: Mme le Président, les fonctionnaires sont
déjà permanents, ont acquis leur permanence par le projet de loi
78, l'an passé. Ils sont, à ce point de vue,
protégés par la Loi de la fonction publique, je dirais
entièrement. Ce qui n'implique pas évidemment qu'ils ne devront
pas, certains d'entre eux, se qualifier à un certain nombre de concours
ou d'examens pour établir exactement dans quelle catégorie
d'employés ils tombent. Cela est déjà fait, pas par cette
loi-ci, mais par la loi 78.
Il y a la question qui se pose non pas du personnel de bureau, mais des
commissaires et des membres de la Régie, des administrateurs et des
commissaires, qui sont des gens nommés selon le bon plaisir, et
remerciés également selon le bon plaisir, et qui sont
payés à la séance. Le livre blanc contient un certain
nombre de suggestions quant au caractère que devraient avoir les
personnes siégeant tant en première instance qu'en appel, mais ce
n'est pas par ce projet de loi que nous y touchons, mais bien par le livre
blanc, et ce n'est pas pour tout de suite. Ceux qui sont en position y
demeurent, comme ils y sont demeurés depuis un an, je dois dire, parfois
au grand dam de la population qui nous demande parfois qu'est-ce qu'on attend
pour faire un certain ménage.
J'essaie de répondre à la question du député
de Johnson.
M. Bellemare: Le patronage. Cela ne s'appelle pas le
patronage.
Mme le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Tardif: Mme le Président, effectivement, je pense qu'il
ne faudrait pas généraliser. En toute honnêteté, il
y a là des gens qui font consciencieusement leur travail, comme on peut
en trouver d'autres pour qui c'est un à-côté qui permet
d'arrondir les fins de mois que d'aller entendre quelques causes à la
régie.
Ceci dit, Mme le Président, je pense que j'ai
résumé, essentiellement, pourquoi j'en arrive à
déposer ce projet de loi, pourquoi j'en arrive maintenant
à le faire, et pourquoi j'espère vraiment, cette fois, que ce
sera la dernière fois. Merci.
Mme le Vice-Président: M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Victor Goldbloom
M. Goldbloom: Mme le Président, je voudrais vous dire
d'abord que l'Opposition officielle est obligée de protester contre le
dépôt de ce projet de loi à quelques jours seulement de
Noel.
Il me fait de la peine de faire cela parce que, dans la vie, à
l'extérieur de cette enceinte, un médecin pédiatre du nom
de Victor Goldbloom peut facilement rencontrer un professeur de criminologie du
nom de Guy Tardif et établir une amitié avec ce dernier. Le
député de D'Arcy McGee, au cours des travaux parlementaires, peut
facilement s'entendre sur bien des choses avec le député de
Crémazie. Un ancien ministre des Affaires municipales peut comprendre
les difficultés que peut connaître l'actuel ministre des Affaires
municipales. Mais le porte-parole de l'Opposition officielle est obligé,
dans les circonstances actuelles, de protester vigoureusement contre le
dépôt, et vous m'excuserez l'expression Mme le Président,
tardif de ce projet de loi.
Voyez-vous, Mme le Président, si...
M. Tardif: Victorieusement.
M. Goldbloom: Reste à voir.
Voyez-vous, Mme le Président, s'il s'agissait de poser le geste,
traditionnel depuis une vingtaine d'années, de renouveler la Loi pour
favoriser la conciliation entre locataires et propriétaires pour une
année, toujours avec la promesse que c'était pour la
dernière fois et que l'on allait corriger le problème, trouver
une solution permanente et tout cela, s'il ne s'agissait que de cela et
notamment s'il s'agissait d'une reconduction simple de la loi existante
assortie du dépôt d'un livre blanc et du débat sur ce livre
blanc, il serait plus facilement acceptable que ce projet de loi nous arrive le
20 décembre. Mais, puisqu'il s'agit de plus que cela, puisqu'il s'agit
d'un mécanisme qui rend permanente la loi en question, il y a lieu de
faire un débat beaucoup plus élaboré que dans le cas de la
reconduction simple de la loi existante.
Mme le Président, mon ami le ministre invoque essentiellement
deux raisons pour ce dépôt tardif. Le livre blanc n'était
même pas prêt à l'ouverture de la séance
d'aujourd'hui et c'est plus tard que le ministre l'a reçu et a
été en mesure de le déposer. Il me semble le
ministre l'a admis lui-même dans son discours de deuxième lecture
que nous aurions pu recevoir ce projet de loi en première lecture
il y a déjà un certain temps. Nous aurions pu en prendre
connaissance. Nous aurions pu en étudier les implications. Nous aurions
pu consulter nos commettants, comme mon collègue de
Notre-Dame-de-Grâce se propose de le faire d'ici à demain,
maintenant qu'il a pu pren- dre connaissance du texte du projet de loi. Nous
aurions pu, dans de telles circonstances, taquiner le ministre parce que le
livre blanc n'était pas encore déposé et le
mécanisme permanent définitif pas connu, mais ces plaintes se
seraient estompées avec le dépôt éventuel de ce
livre blanc, le 20 décembre.
Deuxièmement, le ministre nous dit: II m'était difficile
de déposer le projet de loi auparavant parce que des problèmes
particuliers existaient par rapport au cas Val-Martin. Le 30 novembre
était une date limite. Cette date limite n'a pas été
respectée. Maintenant le gouvernement se propose d'intenter une action
devant les tribunaux en transfert de titres. Je vibre, presque, avec le
ministre, qui est obligé de présenter encore une fois de la
législation au sujet de Val-Martin.
Je comprends qu'il lui aurait été encore plus
pénible de présenter un projet de loi pour modifier la Loi pour
favoriser la conciliation entre locataires et propriétaires, le Code
civil et d'autres dispositions législatives sans toucher, dans un tel
projet de loi, au problème de Val-Martin et arriver ensuite, le 20
décembre, avec un nouveau projet de loi pour enfin essayer encore une
fois, la cinquième, je pense, de corriger le problème de
Val-Martin. Quand même, il aurait été
préférable que le ministre agisse de cette façon. Il
aurait été nettement désirable que le ministre, dès
que son projet de loi était prêt, à l'exception des
articles qui portent sur Val-Martin, dépose ce projet de loi, nous
permette d'en prendre connaissance et nous permette de l'étudier,
à cause des autres éléments qui s'y trouvent.
Quels sont ces autres éléments? Il y a la question des
chambreurs. Au premier abord, il nous semble désirable que les
chambreurs aient une protection, mais il y a peut-être des implications
que nous ne décelons pas immédiatement à la lecture du
projet de loi que nous avons entre les mains depuis quelques heures seulement.
Il y a peut-être des gens, dans la population, qui ont une certaine
expertise de ce domaine qui nous diraient: Attention! Il y a telle ou telle
difficulté, il y a tel ou tel autre point de vue qui devrait être
exprimé à l'Assemblée nationale au cours du débat
sur un projet de loi de cette importance.
Je me permets de vous rappeler encore une fois, Mme le Président,
que ce n'est pas pour une seule année, avec l'occasion de corriger la
situation au cours de cette année, mais que c'est pour toujours,
jusqu'à ce que le législateur agisse de nouveau, que ce projet de
loi aurait son effet. Or, il aurait été préférable
que nous puissions, de façon détendue et objective, nous pencher
sur la question des chambreurs avant de prendre une décision
là-dessus.
Il y a la question des maisons mobiles. Mme le Président, je
pense que vous reconnaîtrez sûrement qu'il y a des maisons
mobiles dans votre comté qu'il y a des problèmes complexes
au sujet des maisons mobiles et des terrains sur lesquels elles se situent, des
problèmes pour les municipalités, des problèmes pour ceux
qui habitent ces maisons mobiles, des problèmes même de
dé-
finition de ce qu'est une maison mobile, parce qu'il y en a qui
demeurent assez longtemps sur un seul terrain, sur un seul emplacement pour ne
plus être appelées maisons mobiles. Il serait bon que nous
réglions, une fois pour toutes, ce problème, si possible.
Il y a la question de moratoire d'un an sur les transformations en
copropriété. C'est une mesure adoptée par le gouvernement
précédent avec l'intention qu'elle soit temporaire, et voici que,
pour une autre année, nous allons paralyser ce marché.
Est-ce un marché valable qui devrait exister ou est-ce un
marché qui mériterait non seulement d'être paralysé
pour une année, mais d'être éliminé du tableau
économique du Québec? Nous ne sommes pas en mesure aujourd'hui de
nous prononcer là-dessus. Mais, entre-temps, les transformations, les
conversions sont paralysées pour encore une année.
Pendant cette année, Mme le Président, nous allons dire,
de part et d'autre, que nous avons trop de locataires et pas assez de
propriétaires et que l'accession à la propriété est
une bonne chose désirable au Québec. Mais comment les gens qui
sont aujourd'hui locataires vont-ils pouvoir devenir propriétaires du
logement qu'ils occupent présentement, et qu'ils aiment, si cette
conversion n'est plus possible?
Je sais, Mme le Président, comme vous, comme le ministre, qu'il y
a eu des abus dans ce domaine. Mais, quand il y a des abus, il faut, à
mon sens, chercher à corriger, à prévenir, à
empêcher les abus, plutôt qu'à paralyser tout le
marché si l'on veut véritablement que le locataire d'aujourd'hui,
sans encourir des frais de déménagement, sans être
obligé de quitter le logement qu'il occupe pour en occuper un autre
peut-être moins attrayant, moins satisfaisant puisse réaliser
cette accession à la propriété.
Mme le Président, je voudrais mentionner un autre problème
en réponse à une allusion qu'a faite le ministre aux avis portant
augmentation du loyer. Je ne sais pas si le ministre a déjà
reçu une lettre que je viens de lui adresser. Peut-être pas. Je me
permets de profiter de cette occasion pour exposer un problème qui a
été porté à mon attention. C'est le suivant: la
loi, après l'envoi de l'avis du renouvellement du bail, avec
possiblement une augmentation du loyer, donne un délai de 30 jours au
locataire s'il veut réagir et dire: Non, je n'accepte pas l'augmentation
du loyer.
Le cas suivant a été porté à mon attention.
Une société propriétaire d'un immeuble a envoyé
à un locataire un avis de cette nature. Le dernier paragraphe de la
lettre est mis en relief avec le mot souligné "avertissement", en
anglais "warning". Le sens de ce dernier paragraphe est: M. le locataire, si
vous ne nous répondez pas avant la date X, nous serons en droit de
considérer que votre bail est renouvelé aux conditions ci-haut
exposées.
Mme le Président, la date indiquée représente un
délai, pas de 30 jours mais de 41 jours. Voilà que le locataire,
recevant cette lettre, réagissant de bonne foi, envoie sa réponse
après le délai de 30 jours, mais à l'intérieur du
délai de 41 jours spécifiés dans la lettre. Il indique
qu'il veut rester dans le logement en question, mais qu'il ne veut pas payer
l'augmentation du loyer. Il indique que cette augmentation dépassant X%,
il trouve qu'une augmentation limitée à ces X%, 6% ou 8%, serait
raisonnable. La compagnie en question refuse et dit: Vous allez payer le loyer
augmenté.
Le locataire porte son cas devant la Commission des loyers et
reçoit un jugement favorable. Mais la compagnie va en appel et cet appel
étant interjeté devant la Commission toute entière,
celle-ci rend en appel un jugement défavorable au locataire. Je souligne
que le premier jugement rendu par l'administrateur est basé sur
l'équité, sur la valeur du logement, et l'administrateur dit:
L'augmentation est exagérée et doit être amenée
à un niveau plus bas. Tandis qu'en appel, la commission rend son
jugement en fonction de la loi, le délai de 30 jours n'a pas
été respecté.
Mme le Président, de deux choses l'une, ou bien il s'agit d'une
erreur involontaire, mais si tel est le cas, il me semble que la compagnie
devrait respecter sa propre parole exprimée dans sa lettre, ou bien, ce
que j'ai de la difficulté à croire, il s'agit d'un truc pour
induire le locataire en erreur, ce qui ne serait point acceptable.
Or, Mme le Président, nous avons devant nous un projet de loi qui
nous permet de modifier la Loi pour favoriser la conciliation entre locataires
et propriétaires, le Code civil et d'autres dispositions
législatives. Il aurait été bon que la loi donne cette
protection précise et dise que, si le propriétaire indique un
délai plus long, il est tenu de respecter ce délai additionnel et
que la commission ne doit pas renverser une telle décision et accorder
au propriétaire l'avantage de la transaction à cause de cette
situation que je viens de décrire.
Mme le Président, ayant fait mention de ces diverses
considérations, je dois vous dire qu'au moment où je vous parle,
à cause de la pression qui est exercée sur les
députés de cette Chambre, je ne suis pas en mesure de vous dire
si l'Opposition officielle va finir par voter pour ou contre ce projet de loi
en deuxième lecture.
Il est évident que nous ne pourrions laisser tomber la loi qui
existe et qui expirerait le 31 décembre si aucun geste n'était
posé. A cause de cette situation, nous serions portés à
voter favorablement. Mais le dépôt tardif et d'autres
considérations pourraient nous amener à exprimer une attitude
différente et protester par notre vote, même si nous croyons qu'il
faut, de toute évidence, prolonger le régime pour une autre
année en attendant que le vrai débat se fasse sur le livre blanc
que vient de déposer le ministre cet après-midi, et dont nous le
remercions, parce que c'est un document d'importance qu'il faudra
étudier attentivement. Je vous avoue que, dans l'intervalle relativement
court depuis le dépôt de ce document, je n'ai pas encore eu le
temps même de l'ouvrir. Je ne pourrai me prononcer là-dessus
aujourd'hui, même pas demain, et il faudra que nous ayons une occasion
raisonnable où, en tout repos, nous pourrons ensemble examiner toute
cette question
et voir ensemble comment rendre justice aux propriétaires et
justice aux locataires, parce qu'après tout, il ne s'agit pas de
protéger seulement l'un ou seulement l'autre.
Il s'agit de favoriser la conciliation entre les deux et donc,
même si ce n'est pas le libellé du projet de loi et de la loi
qu'il modifie, de rendre justice aux deux dans toute la mesure du possible,
dans toute la mesure où la science humaine peut rendre justice à
deux personnes qui peuvent se trouver en conflit.
Mme le Président, j'ai exprimé au nom de l'Opposition
officielle un point de vue. Ce point de vue porte davantage sur la forme que
sur le fond. Sur le fond, nous allons poursuivre un débat au fur et
à mesure que les étapes seront franchies, mais au nom de
l'Opposition officielle, nonobstant l'égard que je peux avoir pour le
ministre, je dois encore une fois protester vigoureusement contre le
dépôt le 20 décembre d'un projet de loi de cette ampleur et
de cette importance.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Je propose l'ajournement du débat, Mme le
Président.
Mme le Vice-Président: Cette motion d'ajournement du
débat est-elle adoptée?
M. Bellemare: Non, non, non...
M. Burns: Mme le Président, ce soir, tel qu'entendu, nous
ne reviendrons pas avec la discussion relativement à ce projet de loi.
Je suis donc prêt à adopter la motion du député de
Nicolet-Yamaska. Elle ne reviendra pas avant demain. Je pense qu'il a
parfaitement raison de nous proposer l'ajournement du débat.
Mme le Vice-Président: Cette motion d'ajour- nement du
débat sur la motion de deuxième lecture du projet de loi 96
est-elle adoptée?
M. Burns: Adopté.
Mme le Vice-Président: Adopté.
M. Samson: L'ajournement du débat a été
proposé?
M. Burns: Non, Mme le Président, c'est l'ajournement du
débat qui est proposé.
M. Bellemare: L'ajournement du débat seulement.
M. Burns: Seulement l'ajournement du débat.
Mme le Vice-Président: ... sur la motion de
deuxième lecture.
M. Burns: Sur la motion de deuxième lecture, c'est bien
cela. J'avais bien compris, mais quelqu'un s'était
inquiété derrière moi.
Mme le Président, on s'apprête, je présume, à
me poser la question à savoir ce que nous appellerons à la
reprise de nos travaux ce soir. Comme je l'ai indiqué dans le courant de
la journée, il s'agira d'entreprendre la troisième lecture du
projet de loi no 67, dès la reprise de nos travaux a vingt heures...
M. Lavoie: Est-ce qu'il y aurait possibilité de reprendre
à 20 h 15?
M. Burns: Mme le Président, suspension de nos travaux
jusqu'à 20 h 15.
Mme le Vice-Président: Cette Assemblée suspend ses
travaux jusqu'à 20 h 15.
(Suspension de la séance à 18 h 1)
Reprise de la séance à 20 h 22
Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît! M. le
leader parlementaire du gouvernement.
Projet de loi no 67 Troisième lecture
M. Burns: M. le Président, je vous demanderais d'appeler
le projet de loi inscrit au nom du ministre des Consommateurs. C'est le projet
de loi no 67 et je pense que je ne surprends personne de l'appeler ce soir.
Le Vice-Président: Est-ce que je pourrais savoir
l'article?
M. Burns: Oui, M. le Président. Je m'excuse, je viens de
fermer mon feuilleton. Il est à deux endroits dans le feuilleton. Il est
à l'article 16), où nous avons mise aux voix du projet de loi,
mais, comme la prise en considération n'était pas
terminée, il se trouve également à la page 3 de notre
feuilleton, mise aux voix du projet de loi no 67. Selon une décision qui
a été prise aujourd'hui relativement à cette prise en
considération, j'appelle tout simplement la troisième lecture qui
normalement, si le feuilleton avait été refait,
apparaîtrait à un article spécifique.
Le Vice-Président: La présidence a rendu une
décision, à savoir que nous pouvions procéder à la
troisième lecture. A ce moment-là, je demande à Mme le
ministre des Consommateurs, Coopératives et Institutions
financières, etc., de faire sa motion de troisième lecture et son
discours en conséquence.
Mme le ministre.
Mme Lise Payette
Mme Payette: M. le Président, je vous remercie pour le
etc. Je trouve que ce que vous aviez dit déjà était
largement suffisant. J'ai presque envie de commencer ce soir en disant enfin!
On pourra dire ce qu'on voudra, M. le Président, mais je vous
demanderais de vous reporter un an en arrière, autour du 10
décembre 1976 quand j'ai reçu mandat, comme ministre des
Consommateurs, Coopératives et Institutions financières, de
donner au gouvernement sa politique quant à l'assurance automobile.
M. le Président, j'étais entrée en politique un peu
novice. Je dois vous dire qu'après un an et dix jours, j'aurai sans
doute tout appris de ce qu'on doit savoir pour survivre, dans ce
métier.
Le 10 décembre 1976, j'ai trouvé autour de moi des gens de
bonne volonté, des fonctionnaires aguerris qui en étaient,
croyez-le ou non, à leur neuvième projet de loi. Neuf projets de
loi en bonne et due forme préparés à la demande de
l'ancien gouvernement qui n'avait jamais réussi à se mettre
d'accord pour présenter une politique à la population du
Québec qui le réclamait depuis déjà 1970.
Des fonctionnaires déçus, des fonctionnaires qui n'avaient
pratiquement plus la foi, M. le Président. Il faut vraiment qu'ils aient
attendu longtemps pour voir aboutir leur travail pour ne plus avoir la foi.
Nous avons remis sur la table tout ce qui était disponible et qui
concernait l'assurance automobile, c'est-à-dire les nombreuses
études qui avaient été faites. Celles faites par le
comité Gau-vin, celles complétées par le juge Desjardins,
les études disponibles à l'intérieur du ministère.
Nous avons relu attentivement tous les mémoires qui avaient
été présentés lors de la commission Gau-vin. J'ai
déjà dit que, n'étant pas une spécialiste en
assurance automobile, je crois qu'il a été heureux, quoi qu'en
pense l'Opposition, que j'aie été choisie pour porter ce dossier.
Il a été heureux, M. le Président, qu'on me choisisse
parce que j'ai pu à partir d'une véritable objectivité,
départager ce qui avait été dit sur le sujet, ce qui avait
été écrit, ce qui avait été endossé,
ce qui avait été refusé jusqu'alors. Il m'est apparu
évident, dès les premières semaines de travail, que si une
chose s'imposait en termes d'intervention gouvernementale, une autre paraissait
beaucoup moins importante, en tous les cas moins urgente.
C'est ainsi que le partage s'est fait, M. le Président, de
façon presque spontanée, en tous les cas logique. Il fallait que
le gouvernement intervienne le plus rapidement possible pour protéger
ses citoyens, quant à leur intégrité physique, mis en
danger par des accidents d'automobiles rendus plus nombreux, plus graves aussi,
dans certains cas à cause du parc automobile fort important que nous
avons au Québec, à cause aussi peut-être de certaines
mauvaises habitudes de conduite.
D'autre part, l'engouement des Québécois pour leur voiture
vous savez, M. le Président, qu'on dit parfois que les
Québécois aiment presque plus leur voiture que leur femme
nous a beaucoup fait réfléchir. Nous nous sommes très
sérieusement penchés sur la question de savoir si nous devions
intervenir en ce qui concerne la protection au moment de dommages
matériels à une voiture.
Notre choix n'est donc pas un choix qui ne repose sur rien.
C'était, il me semble, le choix évident pour ce gouvernement-ci.
Quand cette proposition a été endossée par ce
gouvernement, il est devenu extrêmement facile de continuer de porter le
dossier malgré les difficultés, malgré le fait, qui a
été largement reconnu par l'Opposition, qu'il s'agissait
là d'un dossier technique difficile à comprendre et difficile
à expliquer.
Je crois que chacun d'entre nous aura eu l'occasion, à plusieurs
reprises, de faire étalage de son manque de connaissance dans ce
dossier, moi, la première, avec beaucoup d'humilité. J'ai fait
une tournée de cinq semaines dans douze villes du Québec, au
cours desquelles il m'a été donné d'entendre 160
mémoires. Je pense que c'est rare qu'on entende 160 mémoires dans
une commission parlementaire, encore beaucoup plus rare dans une
tournée, puisqu'il ne s'agit pas d'une commission parlementaire parce
que l'Opposition avait refusé d'y participer. 160 mémoires
venant de citoyens ordinaires, des mémoires qui, parfois,
n'étaient qu'une feuille de papier sur laquelle on avait écrit
son problème et à la fin de laquelle, souvent, on demandait au
gouvernement, presque en le suppliant, d'intervenir rapidement. 160
mémoires parmi lesquels, aussi, des mémoires
présentés par des professionnels de l'assurance automobile, des
courtiers, des assureurs, des avocats, des intervenants parmi lesquels nous
avons découvert une population qui attendait, de la part du
gouvernement, une solution franche, précise qui serait
énoncée clairement et à laquelle le gouvernement saurait
s'en tenir au cours des mois à venir.
Il y avait cependant déjà, M. le Président, au
cours de cette tournée on ne peut plus démocratique, puisque le
simple citoyen, celui qui n'a jamais auparavant rencontré un ministre ou
rencontré son gouvernement, pouvait venir lui dire exactement quels
étaient ses besoins si ce n'est pas cela, la démocratie,
j'aimerais qu'on m'en fournisse une autre définition nous avons
également, dis-je, rencontré, parmi ces citoyens, à
travers ces citoyens, de temps en temps au cours de la tournée, des
opposants au projet. Des opposants farouches, c'est-à-dire certains
avocats du Québec, certains bâtonniers du Québec qui ont,
tout au cours des débats, tenté de faire savoir qu'ils
défendaient les intérêts de la population du Québec,
qui n'ont pas réussi, M. le Président, je dois vous l'avouer,
à me convaincre qu'ils pouvaient en même temps défendre les
intérêts de la population du Québec et leur
intérêt. Il y avait là souvent divergence d'opinions; il
n'était pas sûr qu'on savait faire la démarcation entre les
intérêts des uns et les intérêts des autres.
J'ai rencontré aussi des opposants de principe. Même si je
dois vous dire, à ce moment-ci, que nos négociations avec les
assureurs vont bien, les assureurs devaient s'opposer au projet parce qu'il est
évident qu'aucune entreprise ne souhaite voir l'Etat prendre une partie
de ses revenus, ce qui était le cas, M. le Président.
C'était une intention non pas cachée, mais évidente de la
part du gouvernement.
Sauf que les assureurs nous ont dit, également, qu'ils
étaient enfin heureux de savoir ce qui allait leur arriver et qu'eux
aussi avaient vécu ces six années d'attente ne sachant pas sur
quel pied danser, ne sachant pas quelles étaient les intentions de
l'ancien gouvernement; intentions qu'on avait cru bon, M. le Président,
de lancer sur la place publique quelques jours avant la dernière
élection.
Nous avons aussi rencontré des opposants amicaux presque. Ce sont
les courtiers directement impliqués dans cette réforme que nous
proposons et qui, depuis le premier jour du début de cette
tournée, nous ont accompagnés de ville en ville, entendant en
même temps que nous ce que nous entendions, et jouant finalement le
rôle qu'aurait pu jouer l'Opposition si elle avait accepté de
faire cette tournée avec nous.
Des opposants amicaux qui, à quelques exceptions près,
n'ont jamais trouvé de torts à cette réforme. Ils ont
simplement dit: Nous voulons, si c'est possible, en faire partie. Je pense
qu'ils ont été entendus et que nous avons fait le maximum pour ne
pas les exclure de la réforme que nous entreprenons maintenant.
Je voudrais, à ce moment-ci, encore une fois et ce n'est
pas la première dire, d'une façon toute spéciale,
le respect que j'ai eu pendant toute cette année envers un
député de l'Opposition. Il s'agit du député de
Montmagny-L'Islet qui, dans toutes ses interventions, a été
honnête et précis. Je le lui ai dit récemment.
M. Saint-Germain: M. le Président...
Le Vice-Président: M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Vous avez très bien remarqué, M.
le Président, que le député de Montmagny-L'Islet est
absent. Je ne veux absolument pas parler en son nom, mais je ne suis pas
assuré du tout que le député de Montmagny-L'Islet aimerait
entendre le ministre, ce soir, le complimenter sur son comportement.
Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
Est-ce que je pourrais demander en vertu de quel article vous faites votre
question de règlement? A l'ordre, s'il vous plaît! A l'ordre, s'il
vous plaît! Ce n'est vraiment pas une question de règlement.
Mme le ministre.
Mme Payette: M. le Président, j'allais justement dire
qu'il est probable que le député de Montmagny-L'Islet ne soit pas
entièrement d'accord sur cette réforme. Je crois qu'il a eu
l'occasion de le dire. Je crois que je le respecte pour cette opinion qui a
été émise correctement, poliment et avec
sincérité. Je ferai, parce qu'il est présent, M. le
Président, une fleur au député de Jacques-Cartier. C'est
un homme à qui je reconnais une grande qualité, celle
d'être à l'heure, d'être présent et de tenir le coup
aussi longtemps que le ministre le tient lui-même.
Une Voix: C'est bon, c'est bon.
Mme Payette: M. le Président, ce dossier a
été difficile pour tout le monde. Ce dossier a été
difficile parce qu'il demandait, au départ, un effort extraordinaire de
compréhension. Il a été difficile également pour
les députés ministériels, parce qu'aucun d'entre nous,
à l'exception de deux ou trois, n'avait une expérience
concrète dans le domaine de l'assurance, si bien que chacun d'entre
nous, dans cette Chambre, a dû faire l'effort de tenter de comprendre de
quoi nous parlions.
Les termes techniques utilisés ne sont pas
particulièrement faciles, surtout que je vous soumets, M. le
Président, que certains d'entre eux ne m'apparaissent pas
particulièrement français non plus, ayant été des
traductions d'une langue anglaise qui a largement dominé le domaine de
l'assurance depuis fort longtemps.
M. le Président, je crois que j'arrive au bout du chemin. Le
député de Marguerite-Bourgeoys aura
souligné largement l'incompétence du ministre. Il me fait
sourire et j'ai eu l'occasion de lui dire que ses injures m'atteignent bien
peu. Incompétence, à ses yeux, M. le Président, que
m'importe! Aux yeux de la population, le respect de ce que la population du
Québec m'a confié comme mandat, le respect de cette population,
de ce qu'elle attend de ce gouvernement et la franche décision de ne
déposer ce dossier que quand nous aurons fait un succès de cette
réforme, ce qui ne saurait tarder.
Le Vice-Président: M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Fernand Lalonde
M. Lalonde: M. le Président, j'attendais avec beaucoup
d'impatience le discours de la ministre des Consommateurs, Coopératives
et Institutions financières, en troisième lecture.
J'aimerais ouvrir une parenthèse ici, M. le Président,
pour expliquer pourquoi j'ai décidé, avec d'autres, mais trop peu
nombreux, de m'adresser maintenant à un ministre féminin comme
Mme la ministre et, le plus souvent que ma mémoire m'aidera, à un
président féminin comme Mme la Présidente. Je relisais les
propos de Mme la Vice-Présidente, le 20 décembre 1976,
lorsqu'à l'occasion d'un projet de loi du ministre des Affaires
municipales, projet de loi dont on a vu le frère jumeau
déposé aujourd'hui, Mme la Vice-Présidente a
souhaité que, malgré les subtilités linguistiques, un jour
on puisse s'adresser à la Présidente, lorsqu'elle siège
à votre place, non pas comme Mme le Président, mais Mme la
Présidente.
Je pense que la langue est au service de la pensée et que les
linguistes sont au service de la langue. De plus en plus, je tenterai de faire
disparaître ce parmi d'autres restant de nos
préjugés et de notre héritage en tentant d'agir de la
façon que je viens de décrire. Je pense que, même si le
dictionnaire ne contient pas le mot "ministre" au féminin, le mot
"ministre" devrait être au féminin lorsque la personne l'est.
Donc, cela ne se veut pas du tout péjoratif, j'espère que ce sera
bien compris.
Je m'attendais à ce que Mme la ministre profite de son dernier
discours, avant la réplique sur ce projet de loi, pour nous expliquer un
certain nombre de choses qui demandent des explications et, en particulier,
tout le contenu du projet de loi qui n'a pas pu, à cause de la
guillotine dont nous sommes tous et toutes les victimes, faire l'objet de
délibérations. Il y a surtout les amendements, les nombreux, les
très nombreux amendements que Mme la ministre a apportés au
projet de loi, comme le permet le règlement, après le
dépôt du rapport.
Encore une fois, nous devrons rester sur notre appétit et devrons
entamer cette dernière étape de ce projet de loi dans
l'obscurité la plus totale en ce qui concerne la plus grande partie, la
majeure partie du projet de loi. Je pense qu'il s'agit là d'un
traitement que les députés ne méritent pas, que cette
Assemblée ne mérite pas et je le déplore très
sincèrement. Je n'ai pas l'intention de répondre au ministre
maintenant sur les autres propos, laissez-moi simplement vous dire que je
remercie Mme la ministre de ne pas m'avoir offert de compliments, tout
compliment m'aurait laissé songeur.
Les objectifs de ce projet de loi, M. le Président, sont
l'indemnisation la plus juste possible, la plus rapide possible et aussi la
moins coûteuse. Je pense que ce sont les objectifs que l'ancien
gouvernement s'était donnés lorsqu'il avait mis sur pied le
comité d'étude Gauvin et qu'aussi le présent gouvernement
s'était donnés dans sa décision de
légiférer.
Parmi les solutions les plus évidentes, il y a
nécessairement le nombre d'accidents. Cela semble une
vérité de La Palice mais je pense qu'il vaut la peine de le
rappeler. C'est le nombre et la gravité des accidents qui ont fait que
les coûts de l'assurance automobile ont augmenté de façon
inacceptable depuis quelques années.
Quant à cet aspect plus particulier, laissez-moi rappeler, M. le
Président, que l'ancien gouvernement s'était attaqué
à cette question avec un succès certain, des résultats
fort positifs. Parmi ces démarches, faites par l'ancien gouvernement,
laissez-moi aussi vous rappeler des décisions administratives quant
à la sécurité routière, une meilleure surveillance
routière qui, je l'espère, sera continuée, avec encore
plus de rigueur, si possible, quoique je sois un peu inquiet à ce
propos.
J'ai, comme plusieurs de nos collègues ici, M. le
Président, l'occasion de voyager sur les routes du Québec, en
particulier sur la 20, Il ne m'apparaît pas que la surveillance
routière ait été augmentée, ait été
l'objet d'une plus grande attention ces derniers temps. Donc, je fais appel,
peut-être pas au ministre des Consommateurs parce que ce n'est pas
là une préoccupation qui relève de sa
responsabilité, mais au gouvernement pour l'inviter à une
vigilance complète, constante à ce propos.
Rappelons aussi, M. le Président, la loi concernant le sport de
la ceinture de sécurité. Là encore, il s'agissait d'une
mesure qui normalement, habituellement, n'est pas très populaire parce
qu'il s'agit d'obliger des individus à porter une ceinture de
sécurité, à modifier leur comportement, et l'on sait que
ce genre de mesure provoque généralement une réaction de
résistance et de mécontentement. Toutefois, les résultats
concernant le nombre d'accidents d'automobiles et aussi, ce qui est important,
la gravité des accidents, des blessures subies lors des accidents ou le
nombre de décès à la suite d'accidents, tous ces indices
ont diminué depuis 1976. Les statistiques sont là pour en
témoigner.
Je pense que c'est là la première réponse qu'un
gouvernement devait apporter à ce problème. Donc, au niveau des
objectifs, au niveau des solutions, nous sommes d'accord, je pense,
jusqu'à maintenant, là-dessus.
Il restait le régime. Il fallait nécessairement
éliminer de notre régime actuel les éléments
qui
font que des injustices criantes perdurent. Là-dessus, je pense
que tous les membres de cette Assemblée, comme la très grande
majorité de la population, sont d'accord qu'une mesure importante et en
profondeur devait être apportée.
Nous voilà en troisième lecture de ce projet de loi qui va
affecter des millions de Québécois. Normalement, en
troisième lecture, on fait le sommaire des études qui ont
amené un projet de loi à cette étape finale. On peut alors
avoir recours, pour tenter de persuader ses collègues, aux
échanges, aux éclairages qui ont été reçus
au cours de l'étude en deuxième lecture et, ensuite, en
commission parlementaire. Jusqu'à la deuxième lecture, il n'y
avait pas tellement de problèmes. Nous avions un projet de loi, le
même pour tout le monde, le projet de loi no 67, qui contenait les
mêmes articles pour tout le monde et sur lesquels tous les membres de
cette Assemblée pouvaient se reposer pour se faire une opinion et
décider s'ils étaient en faveur ou s'ils avaient des objections
quant à certaines dispositions. Là où cela s'est
gâté, c'est lors de l'étude article par article du projet
de loi.
Je n'ai pas l'intention de faire l'autopsie complète de cette
étude. Cela a été fait lors du débat sur la prise
en considération du rapport de la commission parlementaire. Mais il
n'est pas inutile de rappeler jusqu'à quel point cette étude a
été incomplète, a été un travesti du
véritable débat parlementaire, si l'on se rappelle qu'à
compter du 16 novembre jusqu'au 29 novembre cette commission parlementaire a
été dans l'impossibilité de fonctionner sur un minimum de
données nécessaires pour permettre aux membres de la commission
de se faire une idée et de délibérer en toute connaissance
de cause.
Le gouvernement s'est déclaré, par ses gestes, d'accord
avec la commission parlementaire. Lorsque les membres de la commission
parlementaire ont exprimé très fermement leur opinion à
savoir qu'ils avaient besoin de données supplémentaires
concernant l'évaluation du régime, le 16 novembre, le
gouvernement n'a pas rappelé la commission parlementaire. Il n'a pas
donné l'ordre à la commission parlementaire de se réunir
jusqu'au 22 novembre. Ce n'est pas l'Opposition, à ce que je sache, qui
convoque les séances de la commission parlementaire. C'est le
gouvernement, le leader du gouvernement entre autres. Mais je suppose que le
leader du gouvernement agit en toute confiance du gouvernement et suivant ses
instructions. Nous pouvons donc conclure des gestes du gouvernement que
celui-ci avait admis que la commission parlementaire ne pouvait pas
siéger, qu'elle ne pouvait pas délibérer en toute
connaissance de cause et de façon intelligente à moins d'avoir
les documents qui étaient réclamés par les membres de
l'Opposition.
Le 22 novembre, nous nous retrouvons donc en commission parlementaire,
mais nous n'avons pas encore ces documents. Le 22 novembre, une autre tentative
est faite par les membres de l'Opposition pour exiger du gouvernement qu'il
remette aux membres de la commission ces données.
Même scénario: la commission parlementaire n'est plus
rappelée, on ne l'invite plus à se réunir jusqu'au 29
novembre. Entre-temps, Mme la ministre a déposé en cette Chambre
des documents, un rapport en particulier qui se voulait la réponse aux
exigences de l'Opposition. Donc, ce n'est que le 29 novembre que nous avons pu
commencer à étudier le projet de loi article par article.
Du 29 novembre jusqu'à quelques semaines plus tard, nous avons pu
étudier le projet de loi article par article, nous avons vu entre 20 et
30 articles, probablement. Je me souviens des premiers articles jusqu'à
l'article 21 ou 23, des articles 83 et 133, des articles 200 à 205. Il
est possible que quelques autres articles aient été l'objet de
délibérations. Quelques articles seulement d'un projet de loi
important ont été l'objet des délibérations des
parlementaires, et que voyons-nous? Je ne reviens pas sur le caractère
absolument injuste non seulement pour les membres de cette Assemblée
mais pour les Québécois de la motion de guillotine.
Il reste qu'une fois le rapport fait à cette Chambre, nous avons
vu une centaine je ne les ai pas tous comptés, quelques-uns ont
dit plus de 80, d'autres plus de 100 d'amendements apportés par
Mme la ministre au projet de loi, y compris il faut quand même
souligner un peu l'ironie de cette situation deux amendements
apportés à deux articles déjà adoptés par la
commission parlementaire. Naturellement, un de ces deux articles, l'article 83,
avait été adopté sur la division du gouvernement. Je ne
sais pas si c'est cette division, cette zizanie qui s'était
installée dans les rangs ministériels qui avait donné
à l'adoption de cet article un caractère insatisfaisant, mais il
reste que Mme la ministre, malgré l'adoption cahoteuse de cet article, a
songé, a décidé dans sa sagesse d'apporter un autre
amendement à l'article 83. Il en est de même de l'article 133
où, après avoir vu l'adoption de cet article en commission
parlementaire, Mme la ministre a décidé de proposer un autre
amendement à cet article.
M. le Président, je pense que, dans ce projet de loi plus que
dans tout autre que j'ai vu adopter ici, à cette Assemblée, on
peut se demander très sérieusement si, réellement, nous en
sommes à la troisième lecture.
Je me demande combien de députés à cette
Assemblée, de députés ministériels en particulier,
quoique je n'en voie pas beaucoup ici, ce soir, l'ont réellement lu
trois fois, ce projet de loi. Le député de Rosemont l'a
peut-être lu trois fois. Je ne veux pas faire de compliments de
façon paternaliste, comme Mme la ministre, tantôt.
Mme Payette: Maternaliste. Une Voix: Appelez-moi Lise!
M. Lalonde: Dans mon cas, c'est paternaliste. Je ne veux pas
faire de compliment mais, s'il y en a un qui a fait état d'une
connaissance du projet de loi, c'est le député de Rosemont. Il
peut protester à mes propos actuellement parce que je suis
sûr que lui l'a lu trois fois, au moins, le projet de loi. Mais,
est-ce le cas de bien d'autres députés à qui on demande
actuellement de se prononcer sur un projet de loi aussi important qui va
affecter des millions et des millions de Québécois, qui va
coûter...
M. Saindon: Des millions.
M. Lalonde: ... au-dessus de $400 millions par année aux
Québécois? On a parlé de $345 millions, M. le
Président, mais cela est un truc. C'est une façon, c'est un
scénario. C'est une manière de dire. Cela me fait penser aux
tournées de Mme la ministre. Tout est préparé et on essaie
de convaincre les gens, avec un certain scénario, que la
vérité est autre que la réalité. C'est dans les
$400 millions que cela va coûter aux Québécois, et je ne
sache pas que les députés aient fait preuve d'une connaissance de
tous les articles qui sont proposés ici en troisième lecture.
Mme la ministre a déploré l'injure que je lui aurais faite
en commission parlementaire et ici concernant sa compétence. Je regrette
de dire que ses propos, encore ce soir, exigent que je répète.
Voyons le scénario, le résultat que l'on a actuellement, un
projet de loi où à peine une trentaine d'articles,
peut-être moins de 30, ont été étudiés en
commission parlementaire. Une centaine d'amendements sont proposés ici
à l'Assemblée nationale alors que nous n'avons pas le loisir de
les étudier un par un. M. le Président, je regrette de le dire,
mais cela ressemble à du chaos, à du désordre.
C'est, à mon sens, l'expression d'un certain mépris pour
notre institution parlementaire. Naturellement, Mme la ministre a
déjà dit, très récemment, à la
télévision qu'elle n'avait pas un grand respect pour le
Parlement. Je ne sais pas si je cite ses paroles verbatim, mais il me semble
que c'est l'idée qui a traversé parce que beaucoup de
Québécois et de Québécoises me l'ont
rapporté ces jours derniers. Ils étaient estomaqués et se
demandaient comment il se fait que Mme la ministre soit encore dans le
gouvernement et surtout encore membre du Parlement. M. le Président, je
dis que sa façon de défendre ce projet de loi, sa façon de
mener le projet de loi au travers toutes les étapes jusqu'à celle
où nous sommes actuellement témoigne d'une incompétence
flagrante et d'un mépris, d'un affront à nos droits
parlementaires et à toute la population. Toute l'Opposition étant
unie là-dessus, ayant fait un front commun qui ne s'est pas
démenti jusqu'à aujourd'hui l'Opposition qui
représente, il faut se le rappeler, la majorité de la population
il m'apparaît clair que ce ne peut être que le
résultat d'une improvisation, d'une incompétence malheureuse. Mme
la ministre déclare dans son discours de troisième lecture qu'il
est heureux qu'elle ait été choisie par le gouvernement à
cause de son objectivité; je ne pense pas, M. le Président, qu'il
suffise d'être ignorant d'une situation pour assurer l'objectivité
des jugements.
M. le Président, un autre aspect du débat où nous
en sommes rendus sur ce projet de loi qui me laisse songeur et qui
témoigne aussi de l'improvisation, du manque de préparation de ce
gouvernement, c'est le comportement de certains députés
ministériels qui démontre, d'une façon évidente,
que l'unanimité n'est pas faite du côté ministériel.
Loin de là.
Rappelons le vote qu'un député courageux a donné
sur l'article 83 je l'ai rappelé souvent, je le fais encore
un député ministériel qui a voté contre le
parti ministériel sur l'article 83. Ici, aujourd'hui, à plusieurs
reprises, lors de votes enregistrés, deux autres députés
ministériels ont exprimé sûrement leur inquiétude,
leur incapacité de se prononcer pour, leur manque de volonté au
moins de se prononcer pour, non pas en votant contre, mais en s'abstenant. Il
est très rare que cela arrive. C'est arrivé dans le passé
à des lois qui ont subi le jugement de la population après coup.
Je le rappelle au ministre. Ce n'est peut-être pas de bon augure, mais
que voulez-vous, c'est quand même ce gouvernement qui nous amène
à ce cul-de-sac où nous sommes actuellement.
Nous devons nous prononcer en troisième lecture sur un projet de
loi que nous ne connaissons pas. Je ne parle pas de celui qui vous parle. Ayant
eu l'honneur de représenter son parti à la commission
parlementaire, il a dû en prendre connaissance, à plusieurs
reprises. Mais la grande majorité des députés n'a pas
été à même de se prononcer, d'étudier, de se
prononcer sur les amendements en particulier. Or, les amendements c'est une
centaine d'articles. Quand même, cela me paraît une farce. C'est
malheureux, mais c'est une farce. J'espère que les députés
ministériels se rendent bien compte que la soixantaine de ceux et celles
de leur groupe qui vont voter pour la troisième lecture, ce soir ou
demain, sont dans une situation intenable. La ligne de parti c'est important,
mais que plusieurs députés aient le courage d'exprimer leur
mécontentement, leur insatisfaction, leur opposition à ce genre
de traitement de la part du gouvernement. Cela me paraît inacceptable.
C'est un affront aux députés. C'est un affront au
caractère parlementaire, au caractère démocratique de
notre Parlement.
L'arrogance avec laquelle le gouvernement bouscule le Parlement,
bouscule les parlementaires, a bousculé la commission parlementaire,
marque ce projet de loi d'un caractère qui, malheureusement, va le
poursuivre. J'aurais pu, j'y ai pensé, tout au long de ce débat,
et encore plus particulièrement ce soir, simplement souhaiter bonne
chance au gouvernement, parce qu'il me paraît que c'est un projet de loi
qui contient, en son sein, la source de sa défaite, parce que c'est un
projet de loi qui, au nom de la justice sociale, va créer
quotidiennement et individuellement des cas d'injustice sociale.
Rappelons, par exemple, la façon dont on traite les
étudiants, parce qu'ils étudient. Savez-vous que deux
étudiants du même âge, dans la même classe, prenons
cette hypothèse, deux étudiants de quatrième année
ou de troisième année de génie, dont un a quitté
ses études, il y a une
semaine parce qu'il a besoin de travailler pour les payer qui sont dans
le même véhicule automobile, un soir, et ont le même
accident, le même degré de blessures, d'incapacité, ne
seront pas traités sur le même pied? Dans un cas, on fera appel
à une moyenne de revenu des travailleurs au Québec. Dans l'autre
cas, on pourra tenir compte de sa formation, de ses capacités physiques,
de ses capacités intellectuelles pour projeter un revenu qu'il aurait
dû avoir s'il avait fini ses études. Savez-vous, M. le
Président, qu'un vieillard qui est la victime d'un accident d'automobile
ne pourra profiter des indemnisations prévues par la loi que pour une
période limitée, pendant un an.
En présumant que ce vieillard avait un emploi qui lui donnait un
revenu de $18 000 par année, après avoir calculé 90% de
son revenu net, il a droit à une rente d'environ $12 000 par
année. Il aura droit à cette rente pendant un an; $12 000, c'est
à peu près $250 par semaine, je pense, $1000 par mois.
Néanmoins, non pas parce qu'il n'est pas un bon Québécois,
mais parce qu'il est vieux, simplement parce qu'il a tel âge au moment de
l'accident, au bout d'un an, on lui donnerait une pitance de $80 par
semaine.
Mais le jeune homme qui était assis à côté de
lui, qui a le même accident, le même taux d'incapacité, lui
pourra avoir sa rente jusqu'à la fin de ses jours, même s'il meurt
à 98 ans. Voyez-vous la logique là-dedans, M. le
Président? Voyez-vous la justice sociale là-dedans? Il
m'apparaît que ce régime a fait appel à une seule
qualité: la commodité. C'est commode, mais c'est injuste. C'est
commode, mais cela crée des injustices. Cela ne repose sur aucun
principe. Si, au moins, dans cette espèce de schéma intellectuel,
on avait fait appel à ce qu'il y a chez nous, dans nos institutions, de
plus rassurant, par exemple à nos cours de justice. On sait que nos
cours de droit commun ont quand même, d'après nos lois,
d'après l'expérience, la jurisprudence et aussi la tradition,
rendu la justice, qu'elles ont joué un rôle d'équité
souvent et qu'on peut plus ou moins, mais plus que moins, se fier à
notre système judiciaire à ce point de vue. M. le
Président, on élimine le système judiciaire dans ce projet
de loi, on l'élimine complètement. On fait appel à la
bureaucratie. On fait appel à une régie dont les décisions
pourront faire l'objet d'appels à une commission. On s'appelle entre
nous, maintenant, M. le Président. On s'appelle entre fonctionnaires. On
appellera des décisions de la régie à la Commission des
affaires sociales.
Egalement, on donne à la régie des pouvoirs tellement
larges, tellement grands que cela fait peur. J'ai commencé à
faire la liste des articles qui donnent à cette Régie de
l'assurance automobile des pouvoirs arbitraires énormes. Je fais
grâce de cette liste à l'Assemblée nationale; elle est
longue et elle s'inscrit dans toutes sortes de décisions. La
régie peut, à sa discrétion, faire un tas de choses avec
un droit d'appel à la Commission des affaires sociales. On
élimine, du revers de la main, tout le système judiciaire qui,
pourtant, est un des éléments les plus valables de notre
société.
M. le Président, j'aurais pu, en commission parlementaire, au
début de cette étude, dire bonne chance au gouvernement. Nous
aurions pu le faire, sachant jusqu'à quel point ce régime ne
repose sur aucun principe, ne contient dans son sein aucun
élément d'assurance contre les injustices
particulières.
On peut penser que le gouvernement va payer très cher cette
décision. On peut le penser, mais c'est notre devoir, à titre de
parlementaires, de députés élus de cette Assemblée,
à titre de membres de l'Opposition, de tenter d'éclairer le
gouvernement sur non seulement les lacunes, mais les défauts grossiers,
les vices de ce projet de loi. Et c'est ce que nous avons fait. Nous l'avons
fait dans les conditions les plus inacceptables qui soient. Deux semaines
simplement pour obtenir des documents, des données essentielles sur les
coûts. Ensuite, au bout de quelques jours seulement, après avoir
commencé l'étude article par article, c'est le 29 novembre...
Le Vice-Président: Je m'excuse, à l'ordre s'il vous
plaît, à l'ordre, s'il vous plaît! M. le
député de Mégantic-Compton, à l'ordre, s'il vous
plaît, M. le député. Je pense que, comme moi, vous aimeriez
entendre M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, nous avons un devoir, comme
parlementaires, d'éclairer le gouvernement, mais nous l'avons fait dans
des conditions absolument impossibles. Le 29 novembre, après deux
semaines d'appel au gouvernement pour nous donner les documents
nécessaires, nous avons commencé l'étude article par
article. Le 6 décembre, vous allez me dire peut-être pas de la
même année, mais oui, M. le Président, le 6 décembre
de la même année, en 1977, donc à peine une semaine,
à peine une semaine, le 29 novembre c'était un mardi et le 6
décembre c'était un mardi. Une semaine exactement après,
nous avons découvert, à la suite d'un interrogatoire assez
serré d'un actuaire du gouvernement, nous avons découvert des
millions de dollars cachés dans les coûts. Nous en avons
découvert ce jour-là à peu près une cinquantaine de
millions. On en a découvert d'autres après, on est rendu dans les
$86 millions actuellement. Le 6 novembre, à la fin de la journée,
avant le dîner, nous étions rendus à une cinquantaine de
millions de coûts cachés dans ce projet de loi.
Or, coïncidence, le 9 novembre déjà la nouvelle
était répandue à l'effet que le gouvernement allait
guillotiner la commission parlementaire. Sûrement une coïncidence,
M. le Président. Il est sûr que le gouvernement voulait que la
lumière soit faite, j'en suis sûr. C'est un gouvernement
transparent, c'est un gouvernement limpide. Mais comment se fait-il que, deux
jours ou trois après avoir démasqué les trucs de ce
gouvernement, on a décidé de mettre la guillotine?
Vous savez, M. le Président, on prend souvent avec un grain de
sel les propos d'un député surtout un député de
l'Opposition, qui se plaint de la guillotine, du bâillon. Mais savez-vous
que peu de
gouvernements et je n'en connais pas, de mémoire d'homme
ont utilisé la motion de clôture deux fois en quatre mois?
Deux fois, après des promesses formelles du premier ministre, au mois de
juillet dernier, que cela ne serait jamais fait. Deux fois en quatre mois on a
bâillonné l'Opposition. On a bâillonné 60% de la
population, deux fois. Pensez-vous que c'est une façon acceptable de
travailler, comme parlementaires?
C'est dans ces conditions que nous avons dû continuer
l'étude de ce projet de loi article par article. Cela nous a pris une
journée complète, M. le Président, jeudi de la semaine
dernière, seulement pour faire enlever un article qui était un
viol évident, flagrant de nos droits, de nos lois, de nos traditions
parlementaires, l'article 201.
Peut-être que vous me permettrez de rendre hommage, je ne sais pas
si c'est traditionnel, mais quant à moi c'est sincère, rendre
hommage à l'un de vos collègues, M. le Président, qui a
été appelé à présider les séances de
cette commission parlementaire, qui le faisait dans des conditions pas plus
agréables que celles qui nous étaient réservées,
mais qui l'a fait avec beaucoup d'à-propos, beaucoup de
compétence, et qui a terminé cette commission avec le respect et
l'admiration de tous les membres de la commission, et je parle du
député de Vanier.
Ceci dit, M. le Président, nous avons dû, pendant une
journée complète, travailler, présenter des motions,
défendre des motions, prendre des votes, les discuter, pendant une
journée complète pour avoir une décision importante, qui
nous apparaissait très importante, c'est-à-dire de faire
proscrire l'ancien article 201, qui n'est plus dans le projet de loi. Quand
vous savez le petit nombre d'heures que nous avions à notre disposition,
il a fallu prendre un jour complet, non pas pour discuter d'un article, mais
pour le faire disparaître.
Il y a 210 articles environ, on ne le sait plus trop trop avec le
fouillis de cette étape de l'étude du rapport des amendements,
des centaines d'amendements. On ne sait plus exactement combien d'articles il y
a. Un jour complet pour en faire proscrire un qui était
évidemment contre le règlement. Et vous pensez que nous sommes
prêts actuellement à nous décider sur la troisième
lecture?
M. le Président, je sais qu'avec ce gouvernement d'apprentis
sorciers, qui prend ses chimères pour les désirs de la
population, qui prend ses lubies pour les aspirations de la population, il est
à peu près inutile, comme membre de l'Opposition,
d'espérer que nous serons entendus, que nous serons
écoutés. Si je le fais encore ce soir je pourrais faire
autre chose c'est pour faire mon devoir, sachant qu'un jour la
vérité sera connue sur l'incompétence de ce gouvernement
dans ce projet de loi, sur l'improvisation épouvantable, inacceptable de
ce gouvernement dans la préparation de ce projet de loi. Est-ce que Mme
la ministre est prête? Est-ce que le gouvernement est prêt à
vraiment imposer cette loi à la population?
Jeudi dernier, dans les cinq dernières minutes de notre vie
à la commission parlementaire. Mme la ministre a dû
répondre au député de Beauce-Sud, qui avait un amendement
à un article: Je ne peux pas accepter l'amendement, je viens de recevoir
des chiffres il y a moins de 24 heures et je ne sais pas si l'amendement
pourrait être acceptable. Je parodie un peu les paroles. Je les ai
citées verbatim hier ou avant-hier. C'est absolument incroyable que ce
gouvernement, maintenant, après 100 amendements, nous impose à
cette Assemblée de nous décider. Vous avez entendu, M. le
Président, tantôt, Mme la ministre nous dire: Les
négociations avec les assureurs vont bien. Et les courtiers eux, cela va
bien aussi? Les négociations avec les assureurs vont bien, donc les
négociations avec les assureurs ne sont pas terminées. Les
négociations avec les courtiers ne sont pas terminées. On va
décider toutefois de leur sort. On négocie quand même, mais
c'est une farce monumentale. C'est une farce triste parce que ce sont les
Québécois qui vont payer pour l'improvisation, pour l'impudence,
l'inanité de ce gouvernement dans ce projet de loi, un projet de loi,
laissez-moi vous dire, M. le Président, qui va créer beaucoup
d'insatisfaction dans la population. Oui, on va peut-être réussir,
dans un premier temps, à faire croire à la population que cela
coûte moins cher. On va peut-être réussir en lui vendant un
permis de conduire et une plaque d'immatriculation à un prix qui au
total va être moindre que le coût moyen actuel de l'assurance
automobile, lui faire croire que cela coûte moins cher.
Lorsque la population aura découvert les coûts
cachés, qu'elle paie environ $100 millions à même ses
taxes, lorsque ceux qui ne conduisent pas l'automobile, qui ne sont pas
propriétaires d'automobiles, qui n'ont pas de permis de conduire sauront
que dans leur taxe, leur impôt, ils se trouvent à subventionner
les automobilistes, lorsque les indemnités commenceront à
être payées, lorsque le vieillard verra son indemnisation se
terminer au bout d'un an, lorsque l'étudiant recevra moins que celui qui
vient de terminer ses études, lorsqu'en un mot l'injustice de ce projet
de loi verra le jour, M. le Président, la population se rendra compte
qu'elle a été dupe.
Malheureusement, nous devons l'avertir, l'aviser. C'est la seule chose
qui nous reste à faire en troisième lecture. L'arrogance qui
vient de l'ignorance et de la vanité, le mépris de ce
gouvernement à l'égard de la population et de l'Opposition,
mépris qui ne peut être que le résultat de la faiblesse et
de l'ignorance, ont fait que ce projet de loi sera imposé par le
gouvernement à cette Assemblée sans véritable examen ni
étude. C'est le prix que la population devra payer pour
l'incompétence du gouvernement, du ministre en particulier et pour les
promesses électorales que ce gouvernement veut à tout prix
réaliser même sur le dos de la population.
Le Vice-Président: M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Merci, M. le Président.
Le Vice-Président: Oui, M. le leader parlementaire du
gouvernement.
M. Burns: M. le Président, avec la permission du
député de Nicolet-Yamaska, je viens d'apprendre que la commission
des finances vient de terminer ses travaux. Selon l'ordre de la Chambre une
autre commission va la remplacer immédiatement au salon rouge. Il s'agit
de la commission des corporations professionnelles. Les députés
qui sont concernés sont priés de se rendre immédiatement
au salon rouge pour entreprendre, tel que l'ordre de la Chambre a
été fait, l'étude en commission relativement au projet de
loi no 25, Loi modifiant le Code des professions. Cela tombe bien. Les
députés qui avaient à intervenir relativement au
présent projet ont déjà fait leur intervention. Dans ce
sens, on peut poursuivre nos travaux. Alors, M. le Président, j'en avise
la Chambre, cette commission siège immédiatement.
Le Vice-Président: Ce n'est qu'un avis car la motion est
déjà adoptée.
M. le député de Nicolet-Yamaska.
M. Serge Fontaine
M. Fontaine: Merci, M. le Président. Je dois vous dire, en
commençant, que je suis fort déçu du discours que le
ministre a fait ce soir en troisième lecture sur le projet de loi no 67.
Je pensais que le ministre allait profiter de l'occasion qui lui était
offerte pour venir nous donner des explications sur les 140 amendements qui ont
été déposés à la suite du rapport de la
commission parlementaire. Ce sont 140 amendements qui retranchent, modifient ou
ajoutent des articles au projet de loi no 67. Nous n'avons eu droit, ce soir,
qu'à un discours qui ne nous apportait que des arguments d'ordre
émotif sans aucune explication sur le fond du projet de loi, sur les
amendements apportés à la suite de l'étude en commission
parlementaire.
Cependant, nous avons eu le droit à des attaques contre la
profession d'avocat, ce qui est habituel de la part du ministre depuis le
début des travaux de la commission parlementaire. Nous avons même
eu le droit également, lors de ce discours émotif prononcé
par le ministre qui nous disait qu'elle avait écouté la
population depuis un an, que le gouvernement lui avait confié ce
dossier, qu'elle était fière de pouvoir le porter sur son
dos.
Mais c'est un mensonge! Le ministre n'a jamais écouté la
population du Québec. Le ministre a entendu des témoignages, mais
ne les a jamais écoutés, n'a jamais tenu compte des arguments qui
lui étaient apportés. Le ministre avait une idée faite
d'avance; son projet de loi nous a été présenté et,
quoi que l'Opposition officielle, l'Union Nationale et le député
de Beauce-Sud aient pu faire, tout était décidé d'avance.
On n'y pouvait rien. Aucun amendement sérieux ou d'importance n'a
été adopté du côté du gouvernement.
M. le Président, nous voici réunis pour l'ac- ceptation,
en troisième lecture, du projet de loi 67, Loi sur l'assurance
automobile. Au terme de plusieurs semaines d'étude, j'ai l'impression
nette que tous les parlementaires qui ont participé au stade
précédent de l'étude n'ont pu faire avancer d'un pas
l'accessibilité de ce projet de loi au sein de la population.
Comme parlementaire et législateur, je termine cette
expérience désabusé et avec d'amers regrets, parce que
j'avais la conviction profonde que, même si je suis un néophyte de
l'action parlementaire, j'aurais pu convaincre le gouvernement, le ministre
tout d'abord, du bien-fondé des arguments des larges secteurs de la
population qui s'opposent, avec raison, à mon avis, à ce projet
de loi.
J'étais loin de croire que le sectarisme du gouvernement serait
poussé aussi loin qu'il l'a été au cours de l'étude
de ce projet de loi et qu'il n'accepterait aucune je dis bien aucune
modification majeure à son projet de loi. Je suis
désabusé également devant le constat que j'ai fait de
l'inefficacité de notre système parlementaire. Pour ma part, je
pense encore qu'un projet de loi rejeté par l'ensemble des partis
d'Opposition représentant la majorité de la population ne devrait
pas être accepté par cette Assemblée nationale, même
si le parti ministériel compte 71 députés dans ses
rangs.
M. le Président, nous nous retrouvons avec un projet de loi qui
inquiète la population du Québec et ce, à juste titre.
Nous avons, quant à nous, dénoncé
régulièrement les injustices du régime actuel. J'aurais
aimé, ce soir, que le ministre vienne nous dire que nous n'avions pas
raison et pourquoi nous n'avions pas raison. Malheureusement, nous n'avons pas
eu droit à ces explications.
Que ce soit la lenteur du règlement des litiges ou des primes
trop élevées, nous avons fait l'analyse de tous les
défauts de ce projet de loi. Nos conclusions sont fondamentalement
différentes de celles du gouvernement. Nous reprochons au gouvernement,
dans ce projet de loi, de ne pas avoir poursuivi sa pensée jusqu'au
bout, d'avoir l'intention de faire subir aux Québécois un
malicieux supplice pour qu'ils s'habituent peu à peu aux pertes de
services qu'entraînera le nouveau régime et ce, jusqu'à ce
que le gouvernement ait mis la main sur tout le secteur des assurances de
dommages et ait évincé honteusement tous les participants
actuels.
Je pense que le gouvernement, volontairement, tente d'ériger un
système, sachant d'avance qu'il ne fonctionnera pas, pour pouvoir mieux,
par la suite, dire à la population du Québec: Vous voyez, on a
essayé d'installer un système semi-étatique; les
compagnies d'assurance privées nous mettent les bois dans les roues et
cela ne fonctionne pas. Alors, on va être obligé d'étatiser
tout le domaine de l'assurance. Je pense que le gouvernement en est rendu
à cette façon d'agir.
Procéder ainsi relève de la malhonnêteté
intellectuelle. Que le gouvernement nous avoue donc ses intentions profondes
avec ce projet de loi. Qu'on nous avoue la première intention qui
est
d'abord de mettre la main sur tout le secteur de l'assurance en
l'étatisant, et également se trouver une source de financement
indirecte à même l'argent des citoyens. Nous ne sommes pas loin,
avec ce gouvernement, du contrôle de l'épargne des citoyens par
l'Etat.
M. le Président, le gouvernement, en nous présentant son
projet, nous a dit qu'il poursuivait trois objectifs. D'abord, permettre un
règlement socialement juste des réclamations,
deuxièmement, accélérer le règlement des
réclamations, et amener une réduction des primes qu'auront
à payer les citoyens. Personne ne veut aller à l'encon- tre de
ces objectifs, M. le Président. Nous, de l'Union Nationale, y avons
souscrit d'emblée. Mais, car il y a un mais, et avec ce gouvernement il
y a presque toujours un mais, le gouvernement est incapable de
concrétiser ces objectifs. La philosophie de ce gouvernement est souvent
acceptable, du moins par l'Union Nationale. Mais c'est lorsqu'il tente de la
traduire en termes concrets que cela blesse. Le projet de loi 67 en est la
preuve évidente.
M. le Président, j'essaierai encore, et il me semble que ce soit
la dernière fois avant que le PQ fasse ce cadeau de Noël
empoissonné aux Québécois, de faire comprendre au
gouvernement que son projet de loi ne répond pas aux objectifs
poursuivis, que ce projet est trop hâtif, qu'il ne corrige pas les
injustices reprochées au régime actuel et, pire encore, qu'il en
crée de nouvelles et qu'en conséquence, il doit être
retiré.
Parlons d'abord, M. le Président, de la réduction des
primes promises. Le gouvernement, par son projet de loi, crée un
système à deux têtes pour administrer le secteur de
l'assurance. Ce qui était administré par un organisme sera
administré, dans l'avenir, par deux. Et on tente de leurrer la
population par de fausses promesses d'une réduction de prime globale.
D'un côté, nous aurons le système étatique pour la
couverture partielle, oui je dis bien partielle, M. le Président, des
dommages corporels. De l'autre côté, on laisse aux assureurs
privés la couverture des dommages matériels et la couverture des
dommages corporels non prévus dans le projet de loi ou les couvertures
supplémentaires. Ou ce gouvernement n'est pas coutumier avec le calcul
des frais d'administration, ou il ment effrontément à la
population en soutenant que leur prime globale baissera alors que
lui-même, par sa loi, double à tout le moins les frais
d'administration du secteur de l'assurance.
Cette création d'un système à deux têtes
et ce n'est pas encore là la trouvaille du siècle, M. le
Président ne fait que jeter plus de confusion chez le citoyen au
lieu de lui simplifier la tâche. De plus, je souligne à cette
Assemblée qu'à la veille de nous imposer ce projet de loi, et je
dis bien imposer, nous ne connaissons pas encore la tarification des assureurs
privés, ni les règlements qui doivent accompagner ce projet de
loi, règlements que nous avons, et vous en avez été
témoin, M. le Président, en commission parlementaire,
réclamés à hauts cris à plusieurs reprises.
D'autre part, cette question de réduction des primes pose le
problème du financement du régime d'Etat. Le ministre n'a jamais
voulu ou n'a jamais pu répondre aux nombreuses questions que nous lui
avons posées. On remarque, par exemple, que les statistiques
utilisées dans le calcul des coûts ne correspondent pas aux
mêmes années ou sont arbitrairement modifiées par le
ministre. M. le Président, c'est une grossière erreur de
méthodologie et cela risque d'entraîner dans l'avenir de
sérieux coûts non prévus.
De plus, comble de naïveté pour ceux qui acceptent bouche
bée toutes les affirmations du ministre, ce même document nous dit
que le coût réel du régime ne pourra être connu
qu'après de nombreuses années. Comment, décemment, peut-on
soutenir alors que ce régime coûtera moins cher que le
régime actuel?
Ne fera-t-on pas ainsi payer à des générations
futures, en haussant dramatiquement les primes, les indemnités à
être payées? Que fera-t-on si les placements prévus ne
rapportent pas les intérêts escomptés? Par exemple,
qu'arrivera-t-il si le taux d'intérêt des placements à long
terme se révèle négatif par rapport à la hausse de
l'indice des prix à la consommation, engendrant ainsi une hausse des
rentes indexées sans que le gouvernement n'ait en caisse les
réserves nécessaires pour les payer? Qu'arrivera-t-il si le
gouvernement s'empare de cet argent qu'il mettra en caisse pour d'autres
projets? On peut ici penser au projet de l'étatisation du secteur de
l'amiante. Qu'arrivera-t-il si le gouvernement s'empare de cette somme?
Le gouvernement peut, dans les premières années, maintenir
les primes du régime a leur plus bas taux possible, pour faire la preuve
que le système est bon, pour laisser au gouvernement qui lui
succédera l'odieux de la hausse des primes pour des insuffisances de
réserves des premières années de régime. On
assistera au même scénario auquel nous avons assisté en
Colombie-Britannique.
Le gouvernement, de plus, soustrait de son calcul de coût tous les
montants qui seront versés à titre d'indemnités de
remplacement de revenu ou d'indemnités de décès, tous les
montants versés par la Régie des rentes, par le système
d'allocations de pension de vieillesse ou par la Commission des accidents du
travail et d'autres organismes encore. La déduction de ces coûts
est tout simplement malhonnête, injuste envers la population, elle lui
fait perdre des revenus pour lesquels elle a payé sa vie durant et
auxquels elle a quand même droit, dans le système actuel, avec
tous ses défauts.
Prenons l'exemple d'un citoyen incapable de travailler suite à un
accident d'automobile et couvert par une assurance privée. Il touchera
un montant forfaitaire qu'il pourra faire fructufier à sa guise. Jamais
on ne penserait à lui déduire de ce montant sa pension de
vieillesse présente ou future. C'est une injustice flagrante et cette
perte de revenu entre certainement dans la hausse des primes. De plus, quand le
ministre nous parle de financement de son régime, on y retrouve un
pa-
quet de coûts cachés ou de subtilités comptables
qui, une fois analysés, nous amènent à conclure que la
prime est beaucoup plus élevée que ce que nous laisse entendre le
ministre.
Partons d'abord de la première subvention directe du gouvernement
au financement de ce régime. M. le Président, $21,5 millions, un
cent par gallon d'essence dépensé au Québec pris à
même la taxe provinciale sur l'essence. Cet argent, auparavant,
était versé au fonds consolidé et servait au financement
régulier de l'Etat. Par exemple, le ministre des Transports pouvait
appliquer ce montant à la réfection de nos routes. Il faudra donc
aller chercher ce même montant par un impôt ou par une taxe
supplémentaire. Cet argent, qu'on évalue à environ $10 par
année par conducteur, entre dans le coût et hausse en
conséquence la prime de la couverture des dommages corporels.
Que l'on n'ait pas honte de ses gestes, qu'on le dise à la
population qu'il y a d'autres frais que les $85 de base et les $27 qui sont
demandés sur les permis de conduire, lors du renouvellement.
Il y a d'autres subtilités dans le financement du coût du
régime, M. le Président. Ce gouvernement n'en est pas à un
mensonge près ou à une cachette près. Ce ne sont pas $13
qui seront exigibles lors de l'émission du permis de conduire mais bien
$27: $13 pour 1978/79 et $14 pour 1979/80, payés d'avance s'il vous
plaît.
Le document du ministre ne fait pas mention de ce qui arrivera des
dizaines de millions qui serviront à financer les opérations de
la régie en 1979/80, mais qui deviendront exigibles à compter du
1er mars1978. Je tiens à souligner qu'il est assez rare qu'une
entreprise privée, que l'on conteste assez souvent du côté
du gouvernement, pour assurer son financement exige le paiement de son dû
deux ans d'avance. Déjà, M. le Président, par ces sommes
exigibles immédiatement pour deux années ultérieures, nous
nous apercevons des intentions inavouées et inavouables de ce
gouvernement. Ses intentions sont d'aller chercher, dans la poche du citoyen,
des taxes indirectes qui serviront à le financer.
Je voudrais que la population n'oublie jamais que ces coûts
s'ajoutent aux $12 actuellement exigibles pour l'émission du permis de
conduire. Cela, en plus du coût des plaques d'immatriculation. On a
augmenté ce coût dernièrement. Encore là, on n'aura
qu'une plaque; le gouvernement est censé sauver de l'argent
là-dessus.
M. le Président, je voudrais aussi vous donner...
M. Grenier: Avec la photo du ministre en avant des autos.
Une Voix: Ce sera pour les grosses autos.
Le Président suppléant (M. Bertrand): A l'ordre,
s'il vous plaît! Je voudrais demander aux députés de
l'Union Nationale de ne pas intervenir pour empêcher leur collègue
de prononcer son discours.
M. Fontaine: Merci, M. le Président, de venir à ma
rescousse, là j'étais franchement mal pris.
M. le Président, je voudrais aussi vous dire quel sera le cadeau
de fête donné par le gouvernement du Québec au citoyen
québécois, au conducteur d'automobile ou propriétaire dont
ce sera la fête le 2 mars 1978. Ce sera sa fête pour vrai, M. le
Président, je vais vous dire ce qu'il aura à payer.
M. Brochu: Ce sera à son tour de se laisser parler
d'amour.
M. Fontaine: M. le Président, le citoyen
québécois dont ce sera la fête le 2 mars 1978 devra,
premièrement, payer son permis de conduire, soit une somme de $39, dont
$27 sont payés d'avance pour l'assurance automobile. Il aura
également à payer une somme qui peut varier selon la grosseur
pour immatriculer son automobile, une somme que j'ai évaluée
à environ $40 en moyenne.
M. Chevrette: C'est pareil, pareil comme avant.
M. Fontaine: Oui, cela, c'est pareil, il n'y a rien de
changé là-dessus. Oui, oui, je le dis, ce n'est pas
changé... C'est cela, allez donc à votre place.
M. Brochu: Et ne parlez plus.
M. Fontaine: II devra également payer une somme de $85
pour les dommages corporels et calculer les $10 pour l'essence. Si on
additionne tous ces chiffres, cela va coûter plus les autres
montants que je vous ai mentionnés tantôt qui ne sont pas compris
dans le coût à cet heureux citoyen du Québec dont ce
sera la fête le 2 mars 1978 la somme de $174 pour les dommages corporels.
Cela ne comprend que les dommages corporels, M. le Président. Il y aura
également une somme exigible pour les dommages matériels et, dans
cette somme, il y a encore une partie de dommages corporels que le citoyen
devra payer.
M. Brochu: M. le Président, ce ne sera plus: Dites-le avec
des fleurs. Cela va être: Dites-le avec des piastres.
M. Fontaine: M. le Président, ce financement du
régime j'aurai l'occasion d'y revenir plus tard ne tient
absolument pas compte de l'âge, de l'état civil, du sexe et du
dossier d'accident, sous prétexte de carence de données ou de
contraintes administratives. N'est-ce pas une autre preuve, M. le
Président, que ce projet de loi a été
préparé à la hâte et qu'il est trop hâtif? Ces
statistiques étaient toutes disponibles, soit au Bureau des
véhicules automobiles, soit chez les assu-reurs.
Là ne s'arrête pas la liste des coûts
supplémentaires, des coûts cachés, des pertes de revenu
qu'entraînera ce projet de loi pour la province de Québec.
Mentionnons, ensuite, les $10 millions prévus par la Régie de
l'assurance-maladie que le
gouvernement ne touchera plus; les $9 millions de la taxe de 2,7%
imposée aux compagnies d'assurance que le gouvernement ne touchera plus;
les $17,5 millions que devront payer tous les citoyens pour avoir une
couverture des dommages corporels en dehors de la province de Québec,
c'est-à-dire dans les autres provinces du Canada ou aux Etats-Unis; la
subvention directe de $21,5 millions de l'Etat prise à même la
taxe sur l'essence; le coût de la campagne d'information qui suivra
l'adoption de ce projet de loi. Le ministre, bien sûr, va faire une
campagne d'information et cela va en prendre toute une, parce que c'est assez
compliqué avec le système proposé. On ne connaît pas
encore les coûts de cette campagne de publicité qui va
probablement être défrayée par le ministère des
Communications. Encore là, c'est un coût qu'on doit calculer. Il y
a aussi les pertes d'intérêts ou de liquidités de chaque
citoyen dont on exige le paiement à l'avance de sa contribution de $14
pour l'année 1979/80; les coûts supplémentaires pour les
véhicules non couverts, mais qui payent la taxe sur l'essence; la perte
d'impôt sur les bénéfices des compagnies d'assurance, etc.
Je pourrais en nommer encore passablement.
Combien tout cela va-t-il coûter, M. le Président? On a
calculé le député de Marguerite-Bourgeoys y a fait
allusion tout à l'heure environ $86 millions. Mais nous croyons
que cela dépassera largement les $100 millions. La liste est longue, M.
le Président. Chaque fois que le gouvernement nous renseigne, lorsque le
ministre a fait témoigner des personnes en commission parlementaire et
qu'on a posé des questions, on a découvert des coûts
supplémentaires. Chaque fois que l'on scrute plus attentivement ce
projet de loi, on découvre d'autres coûts supplémentaires.
Qui paiera, M. le Président? Le citoyen, lui seul.
Qu'on arrête donc de leurrer la population avec le mirage et la
fausse promesse d'une réduction de primes! C'est faux, c'est archifaux
et l'avenir nous donnera raison.
M. le Président, le ministre, les rares fois où elle nous
adressait directement la parole en commission parlementaire il semble
que l'exercice démocratique soit très difficile pour le ministre
nous disait souvent, à la défense de son argument sur la
réduction des primes, que l'Etat en administrant la partie qui touche
les dommages corporels, allait faire passer les frais d'administration de 34,7%
qu'ils sont dans la prime actuelle à 6%.
Nous doutons grandement que l'administration gouvernementale
réussisse à administrer ce régime à
l'intérieur de 6%. D'ailleurs, pour une meilleure compréhension
présente et future, le ministre a toujours refusé de nous donner
la ventilation de ces 6%. De toute façon, l'argument du ministre est
faux. Encore là, elle ne compare pas les mêmes données.
Décomposons ces 34% et nous allons mieux comprendre: 13,1% viennent des
frais de règlement; ces frais pour les dommages corporels disparaissent
avec le nouveau régime puisqu'on instaure le régime de
non-responsabilité. Cela n'a rien à voir avec l'efficacité
d'une administration étatique et n'implique absolument pas la
nécessité de la prise en charge par l'Etat de ce secteur. 11,3%
pour la rémunération des intermédiaires, cela, M. le
Président, les intermédiaires, c'est le courtier. Le courtier,
quant à nous, c'est un service au client. Le gouvernement, par son
projet de loi, coupe ce service. Si le gouvernement veut, pour maintenir ses
frais d'administration à 6%, couper les services en éliminant les
courtiers ou les indemnités comme il le fait à l'article 37,
qu'il le dise.
Quant à nous, nous croyons que la population désire ce
service et qu'elle est prête à payer pour ce service, ce qui, de
toute façon, lui éviterait bien d'autres coûts et bien
d'autres tracas, je dirais même, Mme le Président, bien des
emmerdements. Quant à nous, de l'Union Nationale, nous
préférons 2000 courtiers à 40 centres régionaux de
la Régie ou de la Commission des accidents du travail, qui
n'occasionneront à la population que des pertes de temps et surtout des
pertes d'argent. Nous soutenons et nous réaffirmons que le service
à la population, par l'entremise de courtiers, doit être maintenu.
C'est la population qui le veut.
Enfin, de ces 34,7%, 2,7% proviennent de la taxe sur les primes
d'assurance, revenu dont se prive le gouvernement et que les compagnies
imputent à l'article "frais d'administration". Il ne reste donc
vraiment, M. le Président, que les 7,6% imputés à "frais
des assureurs". Que le gouvernement arrive à ce pourcentage du
coût du régime, en ce qui concerne les frais d'administration, et
nous serons tous heureux. Mais je crois, et je dois vous souligner, M. le
Président, que nous coupons bien des services à la
population.
Si, pour ce gouvernement, réduction de prime signifie coupure de
services, subtilités comptables, subventions directes, coûts
cachés, cadeaux de Grecs à l'entreprise privée, manoeuvre
pour mettre la main sur tout le secteur de l'assurance, nous disons non, M. le
Président. Nous disons au gouvernement: Vous mentez à la
population. Nous disons au gouvernement: Vous ne remplissez pas votre promesse
de réduire les primes. Au contraire, on ne réduira pas les
primes, on va les augmenter.
Mme le Président, avant de passer à l'autre objectif,
j'aimerais attirer l'attention de mes collègues sur les nombreux
véhicules à moteurs exclus de la couverture des dommages
corporels. Je pense ici particulièrement aux tracteurs de ferme, aux
motoneiges et aux petites motocyclettes. Ces restrictions sur la portée
de ce projet de loi obligeront les citoyens propriétaires de tracteurs
de ferme, de motoneiges, de motocyclettes à prendre une assurance
supplémentaire. Cela aussi, M. le Président, c'est une cause
d'injustice. Cela aussi doit entrer dans les coûts supplémentaires
de l'assurance automobile.
Je voudrais vous dire ici qu'on rate l'occasion, peut-être unique,
de donner à nos agriculteurs une couverture de dommages d'accidents de
travail. C'était la plus belle occasion pour le gouvernement de faire
quelque chose pour les cultiva-
teurs en 1977, et malheureusement, M. le Président, le
gouvernement a, encore une fois, manqué le bateau.
Je pense, M. le Président, que le ministre de l'Agriculture ne
doit pas avoir pris connaissance, comme bien d'autres de ses collègues,
de ce projet de loi parce qu'il aurait sûrement profité de
l'occasion pour faire des représentations au ministre des Institutions
financières.
M. le Président, un autre objectif de ce régime
était d'introduire des indemnités justes à la suite d'un
accident d'automobile. Là encore, le ministre a réussi à
semer la confusion partout et, surtout, à déshumaniser
complètement ce système et à produire un catalogue de
primes. Il n'y a pas d'autres mots, M. le Président, pour qualifier
cette brique qu'on nous force à adopter.
Jamais on ne tient compte de la personne humaine ou des implications
d'un accident. On fixe des indemnités, on fixe des pourcentages. Le
citoyen n'a pas le choix d'obtenir un montant forfaitaire ou de choisir une
rente. Non. Le projet de loi ou le règlement. Le ministre a
décidé que c'était cela. Point à la ligne et c'est
tout.
Tous les gens qui subiront le décès d'un être cher
auront droit à une indemnité fixe ou à une rente selon le
cas, mais ce pas à leur choix. Le ministre nous a déjà dit
que l'on ne pouvait comparer la tôle à une vie humaine. Pourtant,
M. le Président, les estimateurs peuvent attribuer un montant fixe de
$250 pour le bris d'une aile d'une automobile. De son côté, le
ministre a décidé que, dans son projet de loi, le
décès d'un enfant mineur entraînera le versement d'un
montant fixe de $4000. M. le Président, si on est capable de faire des
évaluations du corps humain en le comparant à des
évaluations d'une automobile, on doit se poser de sérieuses
questions.
Est-ce là une meilleure indemnisation? Est-ce que c'est là
le projet du gouvernement qui voulait mieux indemniser les victimes d'accidents
d'automobile? Le ministre est même revenu sur les indemnités
allouées au conjoint survivant. Exemple, son amendement à
l'article 37 qui réduit les indemnités. Est-ce là, encore
une fois, Mme le Président, la meilleure indemnisation?
Les articles 29 et 30 réduisent les indemnités de
remplacement de revenus des montants payables par le Régime de rentes ou
à titre de pensions de vieillesse, de rentes de retraite ou de rentes
payables en vertu d'un régime supplémentaire de rentes. Est-ce
là, encore une fois, une meilleure indemnisation?
En plus d'être injustement indemnisé, le citoyen se trouve
lésé dans ses droits. Notre système est basé sur la
séparation des pouvoirs. Le pouvoir législatif, le pouvoir
exécutif et le pouvoir judiciaire. Il est dangereux de donner trop de
pouvoirs à l'exécutif. Le citoyen se trouve donc
lésé dans ses droits par l'application du projet de loi no 67.
L'administration, comme tout corps constitué, a tendance à se
protéger elle-même. Je vous donne comme exemple qu'un
fonctionnaire a tendance à maintenir une décision de ses
confrères fonctionnaires. Il faut absolument prévoir un
mécanisme d'appel devant les tribunaux de droit commun pour que le
citoyen puisse expliquer sa situation en toute quiétude et
sécurité et soit assuré d'obtenir justice.
A l'argument qui dit que la justice est lente, nous répondons que
ce n'est pas une raison valable pour en priver le citoyen. Nous proposons
plutôt d'améliorer le système judiciaire, de nommer des
juges supplémentaires, d'augmenter les séances ou même
aller jusqu'à créer de toutes pièces un tribunal de droit
commun spécialisé pour juger les causes d'accidents d'automobiles
ou provenant de la Loi sur l'assurance automobile.
Nous affirmons que, dans ce dernier cas, si la loi proposée, la
loi 67, est tellement bonne, il ne sera pas nécessaire de créer
un tel tribunal puisque les appels seront tellement peu nombreux.
Mme le Président, sans recours aux tribunaux, le projet de loi
enlève le droit du citoyen à une indemnité pleine et
entière. Il met le citoyen à la remorque des décisions de
l'Etat, qui sera lui-même, dans ce dossier, juge et partie. Nous
affirmons qu'il y a alors un conflit d'intérêts chez les
employés du gouvernement.
Mme le Président, au dernier objectif poursuivi par le ministre,
soit d'obtenir un règlement plus rapide des litiges, on peut
répondre qu'à tout le moins elle prend le pire des moyens pour le
réaliser, soit de passer, premièrement, par la Commission des
accidents du travail.
Mme le Président, je réaffirme que le projet de loi 67
n'entraînera que bureaucratie, 725 fonctionnaires, des emprunts, en plus,
au personnel de la Commission des accidents du travail ou à la
Commission des affaires sociales. Or, on connaît les retards actuels
à la solution des cas de la Commission des accidents du travail. Ces
retards sont déjà énormes et, si on veut atteindre
l'objectif poursuivi qui est de réduire les délais pour les
réclamations, je ne pense pas que la Commission des accidents du travail
soit la solution à ce problème. On nous a dit que la Commission
des accidents du travail devait être réformée, mais on est
loin de cette réforme, actuellement.
Nous subirons de pires retards à la Régie de l'assurance
automobile du Québec parce que cette régie n'est pas encore
rodée et que c'est prématuré de la mettre en fonction
immédiatement. Qu'arrivera-t-il, d'un autre côté, en cas de
grève? C'est remettre une nouvelle partie de la population entre les
mains de l'Etat. La procédure d'appel n'est qu'à
l'intérieur de l'appareil étatique, soit un appel à la
régie et, ensuite, un appel à la Commission des affaires
sociales.
J'ajoute que les pouvoirs de réglementation sont beaucoup trop
grands envers la régie ou envers le Conseil des ministres ou le
ministre. De plus, nous ne connaissons pas encore ces règlements. Je
pourrais même affirmer en cette Chambre que le ministre ne les
connaît pas non plus parce qu'ils ne sont pas encore prêts,
à ce qu'on nous a dit.
Enfin, le nombre d'intervenants dans les dossiers va s'accroître
considérablement avant que le citoyen puisse obtenir justice. D'abord,
on va pou-
voir s'adresser au ministère des Consommateurs,
Coopératives et Institutions financières, ensuite à la
Régie de l'assurance automobile, ensuite à la commission d'appel
de la régie. On devra également faire appel à la
Commission des accidents du travail, à son siège social ici,
à Québec, ou dans les bureaux régionaux de la Commission
des accidents du travail. Il va y avoir des agents de réclamation de la
régie, on devra également faire appel aux courtiers d'assurances
pour les dommages matériels et pour les autres couvertures de dommages
corporels qui ne sont pas prévues dans la loi. Il y aura la corporation
des assureurs autorisés, les centres d'évaluation de dommages
matériels, les avocats, puisque la responsabilité est maintenue
dans le cas des dommages matériels et, également, pour aider les
réclamants à produire leurs réclamations à la
régie. Cela va être assez complexe qu'ils vont avoir besoin
d'avocats.
M. Grenier: Comme dirait le ministre de l'Agriculture, ce ne sera
pas compliqué.
M. Fontaine: Mme le Président, on ajoute donc des
interlocuteurs dans le cas des dommages corporels et aucun ne disparaît
dans le cas des dommages matériels. Nous aurions accepté de plein
gré une réforme qui aurait introduit l'assurance obligatoire pour
tous sans égard à la faute dans le cas des dommages corporels,
une indemnisation de base immédiate et le droit de recours aux tribunaux
de droit commun quant aux suppléments. L'administration d'un tel
régime aurait pu être accordée à l'entreprise
privée surveillée étroitement en cela par la régie
responsable de l'application de la philosophie sociale qui aurait
été contenue dans un tel projet.
Nous trouvons incroyable que le gouvernement maintienne le projet de loi
dans sa forme actuelle alors qu'il est dénoncé à la fois
et unanimement par tous les partis d'Opposition, par la grande majorité
des citoyens, et aussi par les représentants du secteur de l'assurance
qui, eux, connaissent cela, l'assurance automobile, soient le Bureau
d'assurance du Canada et la Fédération des courtiers
d'assurances. A la base, rejeté par la population et faux dans son
articulation, ce projet de loi est inacceptable et ne servira pas les citoyens
qu'il a pour but d'aider.
Le gouvernement n'a pas associé la population à son projet
de réforme.
Nous croyons que ce projet de loi ne peut atteindre les objectifs voulus
et qu'il n'est que le fruit de l'imagination de doctrinaires prônant
l'intervention de l'Etat à tout prix dans tous les secteurs. Mme le
Président, si le Québec a connu la Castonguette, nous ne voulons
pas qu'il connaisse la Payette. A ce projet de loi bâtard, Mme le
Président, nous disons non parce que c'est un projet de loi mal
préparé et contesté même dans les rangs
péquistes. Je terminerai là-dessus en demandant à chacun
des députés de cette Chambre, non pas de prendre connaissance du
projet de loi, parce qu'ils n'en auront peut-être pas l'occasion avant de
pouvoir procéder au vote de troisième lecture, mais de
réfléchir sérieusement avant de se prononcer et, au lieu
de voter pour suivre tout simplement la ligne du parti, de bien vouloir se
prononcer librement. Je connais plusieurs députés, pour avoir
parlé personnellement avec eux, qui ne sont pas d'accord avec ce projet
de loi et je leur demande sincèrement de se prononcer avec l'Opposition
sur ce projet de loi 67. Merci, Mme le Président.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Rouyn-Noranda.
M. Camil Samson
M. Samson: Mme le Président, je voudrais, à
l'instar de mes collègues de l'Opposition, dire quelques mots sur ce
projet de loi no 67. Comme nous avons été à même de
le constater hier et aujourd'hui, c'est à la faveur d'une fin de
session, à la faveur de la bousculade habituelle d'avant Noël que
le gouvernement a décidé coûte que coûte de passer le
rouleau compresseur et de forcer les Québécois à accepter
un cadeau dont ils ne veulent pas pour Noël. Car les cadeaux qui ne sont
pas voulus, c'est comme une taxe et cela ne fait pas plaisir à ceux
à qui on les donne.
Après ces mois de délibérations, ces mois
soi-disant de consultation où il est apparu d'une évidence
même que la population du Québec dans sa majorité ne veut
pas de la loi 67, le gouvernement a quand même décidé de
l'imposer. Le gouvernement s'apercevra que même un cadeau, cela ne
s'impose pas. Mme le Président, on nous a et vous en avez
été témoin déposé une brique
d'amendements. C'est la première fois que je vois cela depuis que je
suis au Parlement, un gouvernement qui ne sait tellement pas où il va
qu'à la dernière minute, sur un projet de loi qui a plus de 200
articles, il en amende à peu près la moitié et remplace
l'autre moitié.
Cela s'appelle, Mme le Président, de la planification. Cela a
été tellement bien planifié que, jusqu'à hier, ils
ne savaient pas encore quoi nous préparer et quoi nous donner. Cela me
fait penser à quelqu'un qui attend à la toute dernière
minute pour acheter ses cadeaux de Noël pour ses êtres chers. Quand
il attend à la dernière minute, il n'y a plus de choix. Tout le
monde est passé avant et il prend ce qui reste.
Mme le ministre, au nom du gouvernement, a attendu à la
dernière minute pour imposer un cadeau aux québécois.
C'est évident qu'il n'y avait plus de choix. C'est pour cela qu'on
imposera aux Québécois, aux petits salariés, on imposera
aux Québécois à revenus moyens une loi, un régime
d'assurance automobile dont personne ne veut, sauf quelques rares exceptions.
Je dis rares exceptions, parce qu'aujourd'hui la majorité n'en veut pas,
et après le 1er mars, il n'y aura pas beaucoup de monde qui va en
vouloir. Quand ils auront à payer de leurs deniers ce qu'ils avaient de
la difficulté à payer ordinairement le 28 février pour les
permis, environ $50, ils vont avoir plus de facilité à payer
trois fois le même taux?
Je dis que le gouvernement, s'il est transparent, il est innocent dans
sa transparence. Oui, oui, parce que le peuple québécois a un
meilleur
jugement que son gouvernement. Le peuple québécois en fera
la preuve. Oui, bien sûr, j'entends, dans mon oreille gauche, des 15
novembre. Continuez à rester dans l'euphorie puis profitez-en pendant
que c'est encore là, parce que cela ne durera pas longtemps. Je vous dis
que nous n'aurons pas l'occasion, après de futures élections de
parler à nouveau devant ces députés temporaires.
Je pense qu'il est bon que l'on revienne sur ce qui a motivé ce
besoin, parce qu'il y a un besoin dans le public, d'une réforme
quelconque dans le domaine de l'assurance. Ce qui l'a motivé,
c'était le coût des primes, coût qui était rendu
assez élevé. Mais on a voulu, du côté
gouvernemental, soigner une blessure au pied avec une aspirine. On n'a pas
choisi le bon remède, parce que cela ne baissera pas le coût.
C'est cela qui était visé. C'est cela qui était
demandé par la population du Québec et cela ne baissera pas le
coût, nonobstant les déclarations faites par le ministre,
nonobstant les déclarations faites par d'autres membres du gouvernement.
L'avenir va donner raison à l'Opposition, le coût va augmenter.
Cela va coûter plus cher à l'avenir pour les assurances des
automobilistes québécois que dans le passé.
Bien sûr, on a eu cette brique d'amendements qui a
été déposée à la dernière minute,
puis on nous a laissé sentir que cela coûtait cher à
imprimer. Non seulement on nous l'a laissé sentir, mais on nous a dit
pas mal clairement que cela coûtait cher d'imprimer la brique
d'amendements du gouvernement. Mais cela ne coûte pas cher d'imprimer la
propagande gouvernementale. C'est un exemple seulement, mais il y en a
d'autres. J'aurais eu besoin de quelqu'un pour m'aider à transporter les
autres briques de propagande gouvernementale; mais cela ne coûte pas
cher, c'est de la propagande. Cela coûte cher quand il s'agit de donner
de l'information aux députés, par exemple. Là, cela
coûte cher!
J'ai ici un document cela me permet de revenir sur ce sujet qui
est la motivation, le besoin d'un changement dans le domaine des assurances,
parce que cela coûtait trop cher; c'est vrai que cela coûtait cher
le 10 janvier 1975, dans le journal Le Soleil, on annonçait une
hausse des primes d'assurance de 10% au Québec.
Mais, dans le même journal, quatre jours auparavant, on
annonçait une hausse de 20% des primes d'assurance du système
étatisé du Manitoba. On peut voir, Mme le Président, que
les hausses ne sont pas venues seulement dans le cadre du système
d'assurance privé; les hausses sont venues, en général,
même là où il y a eu étatisation. Je voudrais
continuer en vous disant que j'ai écouté avec beaucoup
d'attention Mme le ministre, qui nous a fait part de sa grande joie, de sa
grande sympathie envers les gens que, dit-elle, elle a consultés au
cours de la commission parlementaire itinérante. Je devrais dire la
pseudocommission parlementaire itinérante parce qu'il n'y a pas eu de
commission parlementaire. Elle nous a fait part de sa joie de retrouver les
gens qui sont venus lui faire part d'excellentes suggestions.
Or, Mme le Président, je me reporterai pour votre bonne
gouverne au journal La Presse de Montréal, le lundi 9 mai 1977.
C'est sous la plume de Daniel L'Heureux, du bureau de Québec. Le titre:
"Une tournée de promotion plus que de consultation." Je vais citer une
couple de petits passages pour rafraîchir la mémoire de ceux qui
en manquent trop souvent. Voici ce qu'on y dit; "Enfoncer le clou. S'excusant
de cette bousculade qu'elle a justifiée par l'urgence de la
réforme, Mme Payette n'en a pas moins profité des faiblesses de
ses interlocuteurs. Aurait-on voulu savoir véritablement ce que la
population pense de la réforme de l'assurance automobile qu'on aurait
procédé autrement, par exemple, par sondage. En
réalité, la tournée de Mme Payette est beaucoup plus
axée sur la promotion de son projet de réforme; il aurait
peut-être mieux valu l'appeler par son nom plutôt que de la
déguiser en consultation. Il n'y a, en effet, rien d'anormal à
mettre une population dans le coup d'une réforme, ce qui n'aurait pas
exclu pour autant la possibilité que le public fasse spontanément
connaître ses réactions, ni qu'on entende par ailleurs, en
commission parlementaire, les parties intéressées qui, par
définition, ont des intérêts immédiats à
défendre".
Voilà, Mme le Président, ce qu'un journaliste
correspondant d'un grand journal, le journal La Presse, a écrit en date
du 9 mai 1977. Si c'est l'Opposition qui soutenait les mêmes propos, on
dirait: Les oppositions ont encore charrié. Mais je n'ai jamais entendu,
ni de la part du ministre, ni de la part de quelque ministre que ce soit du
gouvernement, ni de la part d'un député ministériel, une
question de privilège pour rétablir les faits disant que le
journaliste qui avait écrit cela avait écrit des
faussetés. Non, Mme le Président, personne ne s'est levé
pour contester ce qui a été écrit. Donc, après plus
de six mois que cela a été écrit, on doit pouvoir en
conclure facilement que, si personne ne l'a contesté, c'est parce qu'il
y a sûrement un brin de vérité. Mme le Président, ce
ne serait peut-être pas mauvais à ce moment-ci de rafraîchir
aussi la mémoire de certains députés ministériels
parce qu'il y a un journaliste qui parlait d'une tournée de promotion
dans huit centres du Québec.
Or, pour la bonne gouverne des députés
ministériels, je relève dans le journal des Débats du 10
août 1977, page 2876, en réponse à une question
posée par M. Goulet, député de Bellechasse, qui
s'informait du coût de la tournée dite de consultation, la
réponse que donnait Mme le ministre. Je vais lire cette réponse
pour que les ministériels se la rappellent s'ils ont encore ce souci de
la vérité dont on entend parler si souvent. Voici la
réponse de Mme Payette à cette question de M. Goulet: "En
réponse à la question de M. Goulet au feuilleton du 16 mai 1977,
aucune agence n'a reçu de mandat pour préparer toute la
tournée de consultation sur l'assurance automobile. Cependant, la firme
Bleau, Duperray, Giguère et Associés Inc. a placé des
annonces dans les huit plus importants quotidiens, tant de langue
française que de langue anglaise, pour un montant total de $24
306.90.
"Quant aux autres dépenses effectuées, elles se
répartissent comme suit: "A) Annonces dans les journaux et à la
radio, $4988.15; "B) Location de salle et d'équipement (incluant
location d'automobile), $2904.40; "C) Services de personnel de soutien:
annonceurs, $150, photographes $1966. "D) Autres dépenses: impression et
conception du rapport et enseignes publicitaires..." Aie! Mme le
Président, ce que cela coûte cher de nous donner des rapports ici
à l'Assemblée nationale, mais écoutez cela: "impression et
conception du rapport et enseignes publicitaires pour sa tournée
de consultation tout le temps bien sûr$9054.88", et dernier petit
article, bien sûr, qui est très négligeable:
"Réception aux journalistes, $2450.01 ". Cela c'est négligeable,
bien sûr.
La seule chose que je ne comprends pas là-dedans c'est le $0.01.
Voilà Mme le Président, ce que la tournée
prétendument de consultation a coûté, d'après les
chiffres que nous a donnés le ministre: $45 820.34, à peu
près $6000 par endroit où le ministre nous a fait l'honneur
d'aller s'asseoir. Cela fait $5000 à $6000 pour s'asseoir une
journée ou quelques jours. Cela fait cher, Mme le Président, de
l'heure pour asseoir un ministre. C'est vrai que c'est un des gros canons du
gouvernement, mais quand même, Mme le Président...
Oh! vous n'avez rien entendu encore. Vous autres, vous en méritez
des pires que celle-là. Vous aurez votre tour. Vous aurez votre tour, ne
soyez pas jaloux de l'autre. Alors Mme le Président, voici que le projet
de loi n'est pas encore adopté que nous regardons dans le Journal de
Québec du lundi 19 décembre 1977, et qu'est-ce qu'on y apprend?
Ecoutez bien cela, Mme le Président, cela vous concerne directement. Les
71 députés de la majorité péquiste à
l'Assemblée nationale effectueront une deuxième tournée du
Québec, du 30 janvier au 3 février prochain. Je passe un petit
bout et on arrive à ce qui peut vous intéresser: les
thèmes évoqués seront l'assurance automobile, etc., etc.,
mais j'attire votre attention sur le fait qu'on y dit clairement que les 71
députés de la majorité feront une tournée pour
aller parler d'assurance automobile.
Donc, Mme le Président, à titre de vice-président
de l'Assemblée nationale, vous devrez, si j'en crois le journal,
à moins que quelqu'un se lève pour dire que le journaliste
n'avait pas raison, vous devrez faire la tournée de la province, Mme le
Président...
M. Paquette: Une question de règlement, Mme le
Président.
Mme le Vice-Président: Sur la question de règlement
M. le député de Rosemont.
M. Paquette: Je pense qu'on a excédé largement les
limites du règlement. Sauf erreur le député de
Rouyn-Noranda a droit à dix minutes. Cela fait au moins vingt minutes
qu'il parle.
Mme le Président, j'aimerais que vous l'invitiez à
conclure, non pas que ses propos ne soient pas intéressants ou manquent
de pertinence, malgré qu'on puisse en douter parfois, mais parce que je
pense, Mme le Président, qu'il faudrait que vous fassiez respecter le
règlement.
M. Goulet: Mme le Président, question de
règlement.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Bellechasse, sur une question de règlement.
M. Goulet: II me semble que le député de Rosemont,
pendant qu'il était debout, Mme le Président, aurait dû en
profiter pour souligner que nous n'avons pas quorum à l'instant
où je vous parle.
Mme le Vice-Président: Un moment, M. le
député. On me demande de vérifier le quorum. Nous avons
effectivement quorum, M. le député de Bellechasse.
M. Goulet: Est-ce que j'ai entendu: Nous avons maintenant quorum,
Mme le Président?
Des Voix: On l'avait.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Bellechasse, il y a une commission parlementaire qui siège à ce
moment-ci.
M. Goulet: C'est 20, Mme le Président, au minimum. On
était 17.
Mme le Vice-Président: Sur la question de règlement
de M. le député de Rosemont?
M. Brochu: On est déjà sept ou huit de l'Union
Nationale. On tient cela à moitié rien qu'à nous
autres.
M. Fontaine: Une chance que vous avez l'Union Nationale, Mme le
Président!
M. Brochu: Vous pouvez compter sur nous, Mme le Président.
L'Union Nationale est là.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Rouyn-Noranda, je suis tenue de faire respecter le règlement. Je vais
devoir vous demander de conclure.
M. Samson: Mme le Président, je voudrais demander le
consentement de cette Chambre parce que je n'ai pas terminé mes
propos.
M. Alfred: Vous ne l'aurez pas.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Papineau, j'ai déjà compris que vous souleviez de nouveau une
question de règlement. J'ai déjà rendu la décision.
Je suis tenue par ce règlement M. le député de
Rouyn-Noranda, s'il vous plaît!
M. Samson: Mme le Président, vous n'êtes pas tenue
par le règlement si on a le consentement.
Mme le Vice-Président: Justement, mais puisqu'on
soulève la question de règlement, M. député de
Rouyn-Noranda...
M. Samson: Mme le Président, est-ce que, par votre
entremise, je pourrais demander, une deuxième foisje l'ai
demandé une fois s'il n'y a pas quelqu'un qui veut réviser
ses positions.
Mme le Vice-Président: Bien sûr, M. le
député de Rouyn-Noranda, sauf qu'il y a déjà une
question de règlement qui a été soulevée. Puisque
vous demandez de nouveau ce consentement unanime, je vais demander aux membres
de cette Assemblée s'ils sont prêts à donner leur
consentement.
M. Burns: Mme le Président, peut-être le
député pourrait-il nous donner également sa collaboration.
On me dit que cela fait 25 minutes qu'il parle. Non? Le secrétaire
adjoint nous dit que cela fait 17 minutes. On pourrait peut-être demander
au député d'essayer de conclure dans, je ne sais pas, cinq ou dix
minutes environ. En ce qui me concerne, je donnerais mon consentement, pour
autant, évidemment, qu'il n'y ait pas d'abus par rapport à
cela.
Mme le Vice-Président: Je vois que le député
de Papineau et le député de Rosemont font un petit signe.
M. Burns: Je pense que les députés de Rosemont et
de Papineau n'étaient pas au courant que le député ne
parlait que depuis 17 minutes.
M. Paquette: C'est vrai, Mme le Président. Je pensais
qu'il parlait depuis 25 minutes. On peut lui laisser encore un peu de temps
pour conclure.
M. Burns: Cela leur a paru long.
Mme le Vice-Président: Puisqu'il y avait des signes
d'acquiescement chez ceux qui ont soulevé la question de
règlement et que, maintenant, nous avons le consentement unanime, M. le
député de Rouyn-Noranda.
M. Samson: Merci, Mme le Président. Je puis assurer le
député de Rosemont que je le remercie également pour sa
courtoisie et que je le comprends lorsqu'il parle comme il vient de le faire.
Qu'est-ce que vous voulez, Mme le Président, ce n'est pas dû
à tout le monde d'écouter quelqu'un qui dit la
vérité, comme on le fait ce soir.
Mme le Vice-Président: N'ambitionnez pas sur le temps que
cette Assemblée veut bien vous consentir, M. le
député.
M. Samson: S'il n'est pas habitué à cela, ce n'est
pas ma faute à moi. Je continue, Mme le Pré- sident. Justement,
je parlais de vous quand j'ai terminé. D'ailleurs, j'aurais dû
soulever une question de privilège en votre nom, parce que c'est contre
vous, en quelque sorte, que le député de Rosemont s'est
levé tantôt.
Il y a ici, dans le Journal de Québec du lundi 19
décembre, un article qui vient de la Presse canadienne qui dit que 71
députés je pense que c'est clair vont entreprendre
une tournée de la province du 30 janvier au 3 février
prochain
Ils vont parler de l'assurance automobile. Cela devrait peut-être
s'appeler l'assurance-maladie du côté ministériel, mais en
tout cas on va conserver les mots "assurance automobile". Cela veut dire le
président de l'Assemblée, les deux vice-présidents. Si je
sais bien compter, Mme le Président, cela vous inclurait. Or, j'aimerais
bien entendre le chef du gouvernement dire que ce n'est pas là
l'intention du gouvernement d'obliger le président et les
vice-présidents de l'Assemblée à faire cette
tournée.
Mais il reste que si on vous exclut Mme le Président, ainsi que
les deux autres membres de la présidence, il en reste 68. Cela inclut
les ministres. Vous vous le rappelez, Mme le Président, la
tournée ministérielle que les ministres ont faite au mois de
septembre a donné lieu à la publication de deux volumes. Tome I
et Tome II. Publication qui a coûté de l'argent au gouvernement et
qui a servi surtout les intérêts d'un parti politique et non pas
du gouvernement. Il faut faire la différence entre un parti politique et
le gouvernement. Quand le gouvernement pose un acte officiel, c'est le
gouvernement, mais quand on fait de la propagande comme cela a
été le cas dans la tournée ministérielle, ce n'est
pas la même chose.
Mme le Président, nonobstant tout cela, le Parti
québécois s'apprête encore à faire la même
chose. Ce qui est intéressant de savoir, cette fois-ci, c'est que
là, c'est pour aller vendre le projet de loi, c'est-à-dite la loi
qui sera votée sur l'assurance automobile, parce qu'ils sont conscients
que la population n'en veut pas. Ils sont conscients qu'ils vont être
obligés d'aller la vendre deux, trois et quatre fois, cette assurance
automobile dont la population ne veut pas.
Mme le Président, on n'a pas tout dit dans ce débat.
Malheureusement on n'a pas le temps. Quelle sorte de vie faisait-on aux
compagnies d'assurance? C'est important de le dire. Par les lois
gouvernementales, quelle sorte de vie faisait-on aux compagnies d'assurances
quand il y avait un accident d'automobile et que la Régie de
l'assurance-hospitalisation, la Régie de l'assurance-maladie envoyait la
facture à la compagnie d'assurance pour les sommes que cela coûte
durant un séjour pour un blessé à l'hôpital? Quand
on sait que dans des hôpitaux loin de Québec ou de
Montréal, cela coûte quelque chose comme $90 à $100 par
jour seulement pour le séjour à l'hôpital cela peut
même être $150 dans d'autres cas c'est important à
dire. On réclamait cela aux compagnies d'assurances.
Sous l'empire du nouveau régime, qu'est-ce qu'on ne fera pas, un
jour, avec ce nouveau régime? On cachera la vérité.
Probablement
qu'avant longtemps, personne ne saura que ce sera
l'assurance-hospitalisation ou l'assurance-maladie qui paiera pour ces choses,
donc que le régime lui-même ne se verra pas taxer de ces montants,
mais cela viendra par un biais à la Régie de l'assurance-maladie
et à la Régie de l'assurance-hospitalisation. Cela contribuera
à augmenter la part que nous devons payer en tant que
Québécois à ce régime d'assurance-hospitalisation
et à ce régime d'assurance-maladie.
La vérité a quand même ses droits. Qu'on prenne cela
dans notre poche par l'assurance automobile, qu'on le prenne par la
Régie de l'assurance-maladie ou par le régime
d'assurance-hospitalisation ou qu'on le prenne par une taxe sur l'essence ou
ailleurs, il reste une chose, c'est que le Québécois
automobiliste, c'est un contribuable et c'est le même
Québécois qu'on va siphonner avec toutes sortes de taxes
différentes qu'on va chercher et qu'on invente à tous les
jours.
Le régime d'assurance automobile actuel est un régime qui
ne rend pas les services auxquels la population s'attend d'un régime
d'assurance automobile. On verra que c'est la Commission des accidents du
travail qui aura, par exemple, à s'occuper des règlements et des
réclamations d'assurance. S'il y a un organisme gouvernemental qui
fonctionne mal, qui est mal administré parce que les réclamations
sont malvenues, c'est la Commission des accidents du travail. On l'a
décentralisée, la Commission des accidents du travail.
Regardons ce que cela donne dans la région du Nord-Ouest
québécois. Dans le comté que je représente,
Rouyn-Noranda, il y a un bureau régional de la Commission des accidents
du travail. Nous avons là une fédération des
accidentés du travail qui a pour but et objectif de défendre les
droits légitimes des travailleurs du Québec devant la Commission
des accidents du travail, et on lui refuse ce droit de continuer de
défendre les accidentés. Plus que cela, avant le changement de
gouvernement, dans Multi-Media, on donnait à la Fédération
des accidentés du travail du Nord-Ouest québécois des
pages complètes pour attaquer le gouvernement. Aujourd'hui, la
même association je vois que mon bon ami, le leader du
gouvernement, s'en vient m'aider, je lui dis immédiatement que je peux
continuer sans lui pour le moment se voit refuser les pages de
Multi-Media parce que la Commission des accidents du travail, selon mes
renseignements, fait des pressions pour l'empêcher de dire ce qu'elle a
à dire contre la Commission des accidents du travail.
Mme le Président, je ne voudrais pas abuser de la bonne foi du
leader parlementaire du gouvernement. Je termine donc là-dessus, parce
que je voudrais le garder quand même comme un bon ami; on a tellement de
consentements à se donner d'ici les deux prochains jours, je pense. Je
termine en émettant le désir que chacun des députés
de cette Chambre puisse voter librement hors de la ligne des partis politiques
sur le projet de loi 67 parce que chacun des députés de cette
Chambre aura à rendre compte de cette mauvaise loi, s'il la laisse
adopter. Quant à nous, de l'Opposition, ce ne sera pas difficile parce
qu'on aura voté contre, mais je ne voudrais pas être dans les
culottes des ministériels, Mme le Président.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Beauce-Sud.
M. Fabien Roy
M. Roy: Merci, Mme le Président. Lorsque Mme le ministre a
commencé son intervention ce soir, elle nous a rappelé le
début de son mandat, le 10 décembre 1976, alors qu'elle
s'était vu confier le dossier de l'assurance automobile, et elle nous a
dit qu'après un an et une semaine elle avait tout appris pour survivre.
J'aimerais dire à Mme le ministre que je ne veux pas la
décourager, mais elle n'a encore rien vu. Elle n'a vu que la pointe de
l'iceberg, et j'aimerais lui dire que c'est tellement vrai qu'il y en a
beaucoup qui font naufrage au terme de leur premier mandat. Cependant, une
chose que je dois reconnaître, c'est que Mme le ministre nous a fait un
aveu ce soir, elle nous a dit qu'on lui avait confié un dossier, un
domaine qu'elle ne connaissait pas.
Donc, j'admets l'honnêteté intellectuelle du ministre, mais
nous nous en étions aperçus. Elle nous a dit que ses pauvres
fonctionnaires au ministère avaient préparé neuf projets
de loi et qu'ils avaient même perdu la foi dans la possibilité de
faire une réforme de l'assurance automobile. Alors, il est
évident que ces pauvres fonctionnaires avaient besoin d'un ministre
extrêmement docile pour faire accepter leur point de vue, pour venir
à bout de le passer et retrouver cette foi qu'ils avaient perdue. Quand
on perd la foi, on perd beaucoup de choses.
Mme le Président, ce projet de loi, cela ne fait aucun doute dans
mon esprit et dans l'esprit de quiconque, a été un travail de
hauts fonctionnaires. Le rapport Desjardins, préparé par les
hauts fonctionnaires du ministère, a été publié
pour régie interne gouvernementale il a fallu une fuite pour en
avoir des copies le 4 mars 1975. Or, il décrit en toutes lettres
le projet de réforme de l'assurance automobile proposé par
l'actuel titulaire du ministère des Consommateurs, Coopératives
et Institutions financières. Ce rapport qui avait été
rejeté par l'ancien gouvernement a trouvé quelqu'un qui pouvait
l'accepter d'emblée. J'aimerais vous citer quelques paragraphes de ce
rapport, de ce document pour bien vous démontrer que cela a
été un travail de haut fonctionnaire, ce projet de réforme
de l'assurance automobile.
Dans le régime qu'on proposait, première étape,
trois ans, premièrement régie d'Etat. Dans un premier temps, le
gouvernement pourrait créer une régie d'Etat monopolistique
c'est bien ce que nous avons chargé d'assurer une
couverture de base dans un système de responsabilité sans
égard à la faute en ce qui concerne les blessures
corporelles...
Mme Payette: Mme le Président, question de
règlement.
M. Roy: ... laissant à l'industrie privée le soin
de couvrir les dommages non couverts par le régime de base en ce qui
concerne les blessures corporelles et les dommages matériels dans un
système de responsabilité conventionnelle.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: Je m'excuse, Mme le Président, mais je
m'aperçois que je dérange quelqu'un.
Mme le Vice-Président: Un moment, M. le
député de Beauce-Sud. Il y a une question de règlement
soulevée par Mme le ministre.
Mme Payette: Mme le Président, je crois que le
député de Beauce-Sud cite des extraits du rapport du juge
Desjardins et non pas un document interne du ministère.
M. Roy: C'est un document qui a été
préparé à la demande du ministère des institutions
financières et qui a été...
Mme Payette: C'est public, Mme le Président, il s'agit
d'un rapport officiel du juge Desjardins.
Mme le Vice-Président: Mme le ministre, vous pourrez
toujours intervenir au moment de la réplique. D'ailleurs, vous pourrez
aussi le faire en vertu de l'article 96 après que le
député aura terminé son intervention. Mais vous avez tout
de même 20 minutes de réplique, Mme le ministre.
M. le député de Beauce-Sud.
M. Roy: Merci, Mme le Président. Je pense avoir toute la
latitude voulue au cours d'un débat de troisième lecture pour
parler du projet de loi. J'aimerais rappeler à l'honorable ministre ici,
la première page de ce rapport dans lequel on dit: Le sous-ministre a
vite réalisé dans la marche de ses travaux que faire une
étude complète de toutes et chacunes des responsabilités
soulevées par le rapport Gauvin, en vue de présenter au
gouvernement un éventail complet de solutions possibles... C'est cela,
Mme le Président, ce document qui a été
préparé par un groupe de travail auquel ont collaboré des
personnes à qui on a fait appel, mais qui ont travaillé en
étroite collaboration avec les gens du ministère des
Consommateurs, Coopératives et Institutions financières.
Cela a été le travail des hauts fonctionnaires. Nous avons
une loi qui a été préparée par les hauts
fonctionnaires, qui a été en quelque sorte pilotée par les
hauts fonctionnaires parce que ce que nous avons vu en commission parlementaire
en témoigne du début jusqu'à la fin. Cela a
été une loi qui est faite pour les hauts fonctionnaires et qui
constitue une victoire pour les hauts fonctionnaires du gouvernement, mais
dont, cependant, le gouvernement paiera la note sur le plan politique. Les
grands gagnants de ce débat, quelques hauts fonctionnaires bien assis
dans le haut de la pyramide administrative et qui ont une
sécurité d'emploi à vie avec un salaire indexé
qu'on ne retrouve pas évidemment dans le monde de l'assurance dans le
domaine privé. Des gens qui seront à l'abri de toute contestation
puisque, effectivement, on a aboli le droit d'appel. Les citoyens devront se
contenter de ce que la Commission des affaires sociales, tribunal administratf
du gouvernement, décidera de leur donner, des gens qui sont bien
cachés, bien à l'abri derrière le gouvernement quel que
soit le gouvernement, quel que soit le parti politique qui gouverne le
Québec.
Une Victoire et je répète encore une fois, du haut
fonctionnarisme sur le peuple qu'il dominera d'ailleurs. A ce sujet, il y a des
exemples qui ont été donnés tout à l'heure. La
Commission des accidents du travail en est un bel exemple. Mme le
Président, c'est la responsabilité des députés de
cette Chambre de travailler à apporter des solutions aux
problèmes que connait la société et qui sont cause
d'inquiétudes et d'injustices à l'enaroit de la population. C'est
pourquoi, il y avait une réforme de l'assurance automobile qui est
demandée et la population était presque unanime.
L'Assemblée nationale était totalement unanime pour que nous
ayons une assurance automobile obligatoire au Québec.
L'Assemblée nationale était unanime aussi pour qu'on
change le régime d'indemnité de base. On n'a pas à revenir
là-dessus. L'Assemblée nationale était unanime
là-dessus. Mais, Mme le Président, cette réforme de
l'assurance automobile devait se faire en fonction de trois
préoccupations majeures. Soit, la première, de voir à ce
que les primes d'assurance automobile baissent au Québec.
Deuxièmement, de voir à faire en sorte que les assurés,
que les gens de l'assurance automobile, puisse bénéficier d'un
nouveau régime d'indemnisation qui puisse leur donner plus de
justice.
Troisièmement, qu'on trouve des formules en vue de régler
les sinistres plus vite et de façon moins compliquée pour la
population.
Combien de ces trois grands objectifs sont réalisés par le
projet de loi sur lequel nous sommes appelés à voter en
troisième lecture à ce moment-ci? En ce qui concerne la
diminution des coûts de l'assurance automobile, on peut dire qu'il n'en
est plus question. Il n'en est même aucunement question. Cela a
été admis, cela a été dit à
l'Assemblée nationale. Cela a été dit en commission
parlementaire. Quant à mieux indemniser les victimes d'accidents
d'automobiles, je me pose bien des questions à la suite des statistiques
qui ont été rendues publiques par le rapport Gauvin, disant que
60% des victimes d'accidents d'automobiles, qui font des réclamations
pour les dommages corporels, les font pour une somme moindre que $200. Dans le
tableau qui paraît à la page 194 du rapport Gauvin, il est dit
clairement que, sur 1691 réclamations, il y en a eu 1021 de moins de
$200, c'est-à-dire qui représentaient une semaine de salaire et
moins.
Mme le Président, dans la réforme proposée par Mme
le ministre, qui a pour objet, dit-on, de mieux indemniser les victimes
d'accidents d'automobiles, le délai de carence d'une semaine
élimine automatiquement 60% des victimes d'acci-
dents d'automobiles du droit à une compensation pour une perte
véritable. C'est cela qu'on appelle mieux indemniser les victimes
d'accidents d'automobiles?
Deuxièmement, par le fait qu'il n'y a aucun droit d'appel, est-ce
qu'on se propose d'indemniser en toute justice les différentes
catégories de victimes d'accidents d'automobiles? En éliminant le
droit d'appel, on élimine un droit fondamental du citoyen. Comment le
ministre peut-il concilier une telle attitude avec la protection du
consommateur dont il est chargé? Laissez-moi vous dire que, bien avant
que le gouvernement soit changé, bien avant le 15 novembre, j'avais
spécifiquement demandé en cette Chambre et en commission
pariétaire que le ministère des Consommateurs soit distant de
celui des Institutions financières, Compagnies et Coopératives.
Cela avait été prévu; je l'avais prédit. Ce n'est
pas un reproche que je fais à l'endroit de Mme le ministre à
l'heure actuelle, mais je dis que, compte tenu des structures de son
ministère à l'heure actuelle, quel que soit le titulaire, quel
que soit le parti politique qui gouverne le Québec, le titulaire de ce
ministère est très mal placé de par les fonctions qu'il
doit occuper.
J'ai posé une question à l'Assemblée nationale sur
la table des indemnités et je pense que mon collègue, le
député de Nicolet-Yamaska a posé une question. Voici ce
que Mme le ministre lui a répondu: II a toujours été dit
depuis le début, dans le cas d'une catégorie de victimes, qu'il
s'agit d'une table forfaitaire, concernant les indemnités pour les
blessures corporelles, qui évalue au même prix tout le monde,
lorsqu'il s'agit de dommages forfaitaires. Voici ce que dit Mme le ministre,
à la page R/1666 de la transcription du journal des Débats: "Mme
Payette: II a toujours été dit, depuis le début, qu'il
s'agit d'une table forfaitaire qui évalue au même prix la jambe de
tout le monde". Je demanderais à Mme le ministre si la perte d'une jambe
a la même conséquence pour un petit ouvrier qu'elle peut avoir
pour un comptable, un employé de bureau, un avocat ou même un
député? Qu'on me réponde sur la justice sociale, qu'on me
parle d'une loi sociale quand on place tout le monde sur le même pied et
qu'on risque de causer des injustices épouvantables. Quels sont ceux qui
risquent d'être les plus grandes victimes? Ce sont justement encore les
gagne-petit, ceux qui n'ont pas d'instruction, ceux qui doivent travailler avec
leurs forces et leurs capacités physiques.
On est venu nous parler également de mesures sociales, alors que,
dans toute mesure sociale, on a fait en sorte de faire payer les mieux nantis
pour pouvoir donner les mêmes droits les mêmes privilèges
à tout le monde, sur la même base.
Dans la réforme de l'assurance automobile, on fait payer le
même prix, riches comme pauvres, mais on va payer des indemnités
moindres à ceux qui sont au niveau du salaire minimum plutôt
qu'aux autres personnes qui sont mieux nanties ou qui gagnent de meilleurs
salaires. Alors, on s'inspire d'un principe qui, sur le plan gouvernemental,
sur le plan d'une vraie réforme sociale, est totalement et absolument
faux.
Combien d'autres injustices ce projet de loi est-il en train de
créer? On a parlé des professionnels du monde de l'assurance. Il
y a 4000 bureaux de courtiers dans la province. Je ne sache pas que ces gens
aient été condamnés devant quelque tribunal, je ne sache
pas que ces gens soient des criminels. Qu'est-ce qu'on en fait? On sait
très bien que ces gens ont présenté des mémoires,
ils sont venus devant la commission parlementaire, ils nous ont
rencontrés, ils ont écrit à Mme le ministre, ont
tenté de négocier je dis bien tenté de
négocier alors qu'on nous a dit qu'il y en avait de 1000 à
1500 qui devraient tout simplement fermer leurs bureaux. Et les menaces qu'on
retrouve dans ce projet de loi par le fait qu'on n'a pas voulu accepter les
amendements présentés par les députés de
l'Opposition. Perte d'un chiffre d'affaires, perte de la valeur de leurs
bureaux. Qu'est-ce qu'on fait de leurs 8000 employés? Des chiffres ont
été rendus publics: 2000 mises à pied possibles. Mais on
peut conclure qu'il y en a un minimum de 1500 qui vont être mis à
pied par le fait que la perte du chiffre d'affaires correspond aux chiffres que
nous avançons.
On ne me fera pas croire que ces gens pourront vivre, avec une perte de
chiffre d'affaires même s'il y a une légère compensation
parce qu'on introduit le principe de l'assurance automobile obligatoire. Il y a
quand même le fait qu'il y en aura toujours un petit nombre qui
demeureront non assurés. Les spécialistes de la question nous ont
dit, en commission parlementaire, que dans certains Etats des Etats-Unis
où l'assurance automobile est obligatoire, ils ont réussi
à dénombrer qu'il y avait encore 9% d'automobilistes qui
n'étaient couverts par aucune assurance. Qu'est-ce qu'on fait de ces
personnes? Ce sont des citoyens du Québec. Ce sont des contribuables. Ce
sont des gens qui ont gagné leur vie honnêtement. On leur fait
perdre leurs revenus, ils sont expropriés au profit de l'Etat, sans
indemnisation. Ces gens ont travaillé pendant 25, 30 et 35 ans à
bâtir un bureau qui a une certaine valeur qui pourrait être
transmise à leurs enfants ou encore vendue à d'autres personnes.
Les sommes ainsi récupérées constituent le fonds de
retraite pour ces personnes. Qu'est-ce qu'on en fait à l'heure actuelle?
On bannit complètement, du revers de la main, toute possibilité
de revendre le bureau. Qui va acheter un bureau de courtage déficitaire
demain matin, au Québec? Est-ce que cela se fait, Mme le
Président, au profit des assurés du Québec? Est-ce que
cela se fait au profit d'une meilleure indemnisation des victimes d'accidents
d'automobiles au Québec?
Les trois éléments majeurs qui guidaient et inspiraient
les parlementaires dans leur désir d'apporter une véritable
réforme dans l'assurance automobile sont complètement mis de
côté. On crée énormément d'injustice et ou
ouvre la porte à toutes sortes d'abus, aussi préjudiciables les
uns que les autres.
Que dire de la commission qui devra être remboursée et pour
laquelle des salaires ont été payés et pour laquelle la
loi sera votée, Mme le Président, d'ici quelques heures? Cette
loi qui sera
votée d'ici quelques heures, à cause des dispositions
qu'elle comporte, risque de placer quelques centaines de ces personnes dans des
situations de faillite. Pourtant, Mme le Président, on n'a jamais fait
le reproche, en ce qui me concerne en tout cas, à Mme le ministre de
s'être penchée sur les travailleurs du Québec qui avaient
des difficultés dans certaines usines.
Au contraire, Mme le Président, on a appuyé ces mesures.
Quand il y a eu des commissions parlementaires qui ont été
convoquées pour entendre les gens de Wayagamack, on s'est
interrogé également pour les gens de East Angus. Habituellement
quand les gens sont sans travail, perdent leurs revenus, sont susceptibles de
perdre leur emploi, le gouvernement se penche sur ces questions. Les
ministères interviennent, les politiques gouvernementales interviennent.
Un gouvernement humain, un gouvernement compréhensif et qui se veut
à l'écoute de toute la population et soucieux de
l'intérêt de ses mandatés voit à prendre les mesures
qui s'imposent pour éviter ce genre de choses.
Mme le Président, je ne pourrais pas dire ces propos ce soir en
ce qui a trait aux bureaux de courtage et aux employés qui travaillent
dans ces bureaux. S'il y avait une diminution et des avantages marqués
pour les automobilistes du Québec, mais ce n'est pas le cas. Pourquoi
déranger tant de monde si on n'est pas capable d'apporter une
réforme qui répond aux besoins et aux aspirations du
Québec et des Québécois?
Mme le Président, mon collègue de Nicolet-Yamaska a encore
parlé du coût caché du régime, les subventions
directes et indirectes dont j'ai fait un calcul et que j'ai
évaluées au coût minimum de $50 millions pour la seule
année 1978 et qui dépasseront les $80 millions en 1980. Pourtant
j'ai interrogé mon collègue le ministre des Transports, ce matin,
sur les besoins du réseau routier du Québec. Il a dit qu'il doit
faire face à des contingences budgétaires, alors qu'on sait
très bien que la taxe sur l'essence était perçue
effectivement pour tâcher de permettre au ministère de la Voirie,
qui est devenu le ministère des Transports, de disposer d'un budget
suffisant pour doter le Québec d'une infrastructure routière qui
correspond aux besoins des automobilistes et au développement
économique et industriel du Québec.
Mme le Président, où est la concordance dans tout cela? On
a réellement l'impression que cette mini-réforme cache autres
choses. Nous avons demandé à Mme le ministre, en commission
parlementaire, si les Québécois, les citoyens du Québec,
les automobilistes du Québec allaient être entièrement
couverts par la réforme proposée par le parrain ou la marraine du
projet de loi no 67. Je l'ai demandé à Mme le ministre, parce
qu'on a dit à grand renfort de publicité que les
Québécois seraient couverts partout en Amérique du Nord.
Lorsqu'on regarde la loi de plus près, les implications et la
portée juridique de ce projet de loi, on se rend compte que c'est vrai,
d'un côté, que les Québécois comme tels sont
couverts pour eux-mêmes; pour eux-mêmes! Mais voici ce qu'on n'a
jamais voulu nous dire; il a fallu attendre au 15 décembre, la
dernière journée de la commission parlementaire. J'ai
interrogé Mme le ministre sur le cas d'un automobiliste
québécois et citoyen du Québec impliqué dans un
accident outre-frontières, que ce soit aux Etats-Unis, en Ontario ou au
Nouveau-Brunswick. Les personnes qu'il pouvait blesser à
l'extérieur du Québec étaient-elles couvertes par le
régime proposé par la loi 67? Les passagers d'une automobile
immatriculée au Québec, propriété d'un citoyen du
Québec et conduite par un citoyen du Québec, mais résidant
outre-frontières, lorsque j'ai demandé à Mme le ministre
si ces gens-là étaient couverts, Mme le ministre a
répété: Des citoyens qui ne sont pas du Québec?
C'est à la page R/1735 du journal des Débats. Des citoyens qui ne
sont pas du Québec? J'ai répondu oui. Mme Payette: Non, ils ne
sont pas couverts.
Ce qui veut dire que les gens qui demeurent dans le Nord-Ouest
québécois, qui ont affaire à voyager en Ontario parce
qu'ils sont près de la frontière, les gens de Gatineau, de
Papineau, de Hull, de Deux-Montagnes, des gens du West Island de
Montréal, même de la région métropolitaine, les
milliers de vacanciers du Québec petits travailleurs qui vont passer
leurs vacances sur les côtes de la Nouvelle-Angleterre devront avoir une
couverture pour responsabilité publique à partir de l'instant
où ils devront franchir la frontière du Québec.
On n'a pas été tellement bavard là-dessus du
côté gouvernemental.
Mme le Président, ce qui sous-tend et qui intéresse le
gouvernement, c'est la masse d'argent puisque, effectivement, il y aura environ
$75 millions qui seront dépensés dans le cours de l'année.
Je terminerai là-dessus. Il y aura $75 millions qui seront
dépensés dans le cours de l'année. Donc, il va rester
environ $275 à $280 millions qui seront déposés à
la Caisse de dépôt et placement. Il est évident que cela
permettra au gouvernement de la province de pouvoir emprunter.
Mme le ministre nous a dit en commission parlementaire, qu'elle
songeait, éventuellement, à aller faire un tour dans le domaine
de l'assurance-responsabilité, dans le domaine de l'assurance contre
l'incendie. D'ailleurs, on a fait retirer en commission parlementaire les
articles qui ouvraient cette porte. Il est évident qu'actuellement on
est en train de mettre en application les structures, les prémisses,
basées sur les prémisses qu'on retrouve dans le rapport Parizeau,
qui a été publié en 1967-1968 et qui établissait
toute une série de structures qui permettraient à l'Etat de
contrôler l'épargne québécoise. Mon collègue
de Nicolet-Yamaska en a parlé tout à l'heure. Il est
évident que c'est une porte ouverte.
Si je me base aussi sur la stratégie que le gouvernement a
utilisée au cours de cette campagne j'appellerais cela une
campagne pendant que la commission parlementaire a siégé
il est évident qu'on était beaucoup moins préoccupé
par l'étude positive et objective de chacun des articles de cette loi en
faisant en sorte que les dépu-
tés responsables, les députés membres de la
commission, les députés au courant ayant des notions de base dans
l'étude de ce dossier et dans ce domaine, pouvant faire en sorte
d'apporter leur collaboration.
Si je me réfère à la page 7 du fameux rapport
Desjardins, on dit que l'assurance automobile, après trois ans, alors
qu'on aura mis sur pied la société d'Etat et rodé son
administration, la tarification, la mise en marché et le
règlement des sinistres, que l'on aura mis sur pied un réseau de
centres d'évaluation, de contrôle et de récupération
des pièces, on pourra passer à une seconde étape qui
consistera à confier à la régie d'Etat l'indemnisation des
dommages aux automobiles, en vue de réaliser des économies.
C'est cela, Mme le Président, on n'est pas naïfs. Nous ne
sommes pas dupes, mais nous savons ce qui s'en vient. D'ici trois ans, il peut
se passer bien des choses au Québec. Mme le Président, je demande
au gouvernement, puisque nous sommes dans un régime démocratique,
puisque le gouvernement se gargarise de transparence, qu'il soit
déclaré publiquement par le gouvernement qu'on laisse un vote
libre à tous les députés de cette Chambre,
particulièrement du côté ministériel,
l'entière liberté de s'exprimer. C'est cela la
démocratie.
Je veux féliciter mes deux collègues qui ont eu le courage
de leurs convictions lors des votes qui ont eu lieu cet après-midi. Il y
en a qui ont regardé un peu de travers. Cela peut devenir un peu
embarassant. Mme le Président, ce serait l'occasion de permettre
à tous les membres de cette Assemblée nationale de regarder en
premier lieu l'intérêt de ceux qui les ont mandatés pour
venir les représenter à l'Assemblée nationale,
plutôt que d'accepter des lignes de parti qui sont imposées, comme
dans le cas présent, par des hauts fonctionnaires du gouvernement qui
ont manoeuvré depuis plusieurs années et qui rêvaient
depuis plusieurs années de se doter d'une bonne chapelle à l'abri
de toute critique avec de beaux salaires et de la sécurité
d'emploi fort bien indexée. C'est à cela que nous avons à
faire face.
En terminant, je voudrais exprimer ma gratitude à l'endroit de
Mme le ministre de ne pas m'avoir félicité ou remercié
parce que je considère, après quelques années
d'expérience et de vie parlementaire, qu'il y a parfois des compliments
qui sont pires à endurer que des calomnies.
Mme le Vice-Président: Vous vous êtes levés
tous les deux en même temps.
M. Saint-Germain: C'est la votation, si je ne m'abuse, Mme le
Président. J'ai laissé volontiers et avec grande patience parler
les représentants de chaque parti. Je crois qu'à ce stade-ci,
c'est au tour d'un porte-parole du Parti libéral de s'adresser à
cette Assemblée.
Mme le Vice-Président: II n'y a pas de
préséance, M. le député de Jacques-Cartier,
habituellement, au deuxième tour, selon la tradition de cette
Assemblée. De toute façon, je n'ai pas vu le- quel s'est
levé le premier. M. le chef de l'Union Nationale semble vouloir laisser
passer M. le député de Jacques-Cartier.
M. Brochu: C'est parce qu'il est poli.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Noël Saint-Germain
M. Saint-Germain: Dix minutes, si vous le voulez bien. Mme le
Président, j'ai écouté, encore une autre fois, avec
attention, Mme le ministre nous faire une de ses dernières observations.
Elle nous a bien dit qu'elle avait débuté comme novice avec ses
dossiers, novice au point de vue de ses connaissances de l'assurance et novice
aussi relativement aux traditions ou aux règlements parlementaires. Ceci
dit, il est entendu qu'on accepte ce point de vue. On l'admet facilement
d'autant plus qu'à commencer par moi, Mme le Président, au point
de vue des assurances, nous étions à peu près tous des
novices. Ensemble, nous avons commencé par étudier le dossier
afin d'essayer d'en comprendre la substance et, par la suite, les
détails.
Malheureusement, ce débat a été long, fastidieux et
très peu positif. Encore ce soir, nous avons entendu le ministre nous
faire un discours qui ne décrivait pas ou qui n'essayait pas d'expliquer
le contenu de la loi et d'éclairer la province sur l'application de oe
projet de loi. On ne peut et on n'a jamais essayé d'imaginer dans le
concret ce que pouvait représenter ce régime relativement
à la population. On nous a livré, comme d'habitude, des
balivernes, du superficiel, du réchauffé, des
généralités qui ne veulent rien dire et qui ne sont
même pas, bien souvent, de concordance avec le projet de loi.
J'ai écouté Mme le ministre nous dire que certains
Québécois avaient plus d'amour pour leur voiture que pour leur
femme ou leur maîtresse. Mais qu'est-ce que cela peut bien fouter
à cette Chambre et à la province de Québec une telle
déclaration, d'autant plus qu'on l'a entendue dire au début des
travaux qu'on ne s'occupait pas de la ferraille dans le projet de loi? On
s'occupait des dommages subis par blessures corporelles. De la ferraille, elle
est passée à ses estimations d'une voiture comme étant
aussi digne d'amour qu'une maîtresse.
Il n'y a rien dans le projet de loi de profondément changé
au point de vue de l'assurance matérielle. Ce projet de loi aurait
été accepté depuis longtemps s'il n'y avait eu que cette
facette du problème. La loi s'attaque à modifier
profondément le régime d'indemnités pour blessures
corporelles. C'est cela, le problème. Elle a eu l'audace de nous dire,
avec le même sourire et la même facilité, que les assureurs
étaient heureux. Mais comment peut-on garder une
crédibilité dans cette Assemblée en affirmant des choses
aussi fausses qui ne sont soutenues par rien? Ou va-t-on avec cela, les
assureurs sont heureux? Ils n'ont jamais été consultés,
ces assureurs. On n'est jamais entré
en contact avec eux. On a exproprié, sans les dédommager,
une partie de leur chiffre d'affaires. On leur a dit on ne s'est pas
gêné qu'ils avaient abusé trop longtemps de la
naïveté du public. Ce soir, on vient nous dire: Les assureurs sont
heureux. Comment voulez-vous, comme Opposition, prendre un ministre comme cela
au sérieux? Comment voulez-vous, avec de tels énoncés,
tenir un débat d'une qualité élevée dans cette
Chambre? Ce sont des non-sens de nous dire que les courtiers sont heureux.
A moins que les courtiers soient de purs imbéciles, ils ne
peuvent certainement pas être heureux d'un tel projet de loi, c'est
impossible. On le sait, ils sont venus à l'Assemblée Nationale,
ils ont fait des représentations au ministre qui leur a donné une
pitance, à l'occasion, pour les calmer un peu, mais on dit que ces
gars-là sont heureux.
Quant à l'application de la loi au mois de mars, ils vont
être obligés de perdre, comme groupe, probablement, $8, $9 ou $10
millions. Je ne peux pas vous donner le chiffre exact, on ne l'a jamais su. Ces
gars viennent nous dire: Les courtiers sont heureux. Et nous, de l'Opposition,
on devrait dire que le ministre connaît son dossier, qu'elle est
très compétente...
M. Lavoie: Mme le Président, vous m'excuserez, mais pour
un projet de loi d'une telle importance, vous allez vérifier avec moi le
quorum. Il y a un, deux, trois, quatre, cinq, six, sept, huit
députés ministériels. On a vérifié
ensemble...
M. Marcoux: II y a 20 minutes, Mme le Président, il n'y
avait aucun député libéral.
Mme le Vice-Président: M. le leader de l'Opposition
officielle. Avons-nous quorum? Nous avons maintenant quorum.
M. le député de Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Je suis persuadé qu'à ce stade-ci
de nos travaux, Mme le Président...
M. Lavoie: Je m'excuse, Mme le Président, je m'excuse, mon
cher collègue, mais vérifiez; vous incluse, il n'y a pas 20
députés en cette Chambre.
Mme le Vice-Président: Je viens de compter les
députés, M. le leader de l'Opposition officielle. Effectivement,
je crois qu'il en manque encore un, oui. Nous devrons appeler le quorum s'il en
manque encore un. M. le député de Jacques-Cartier, nous avons
maintenant quorum.
M. Verreault: S'il y a des députés qui veulent
sortir immédiatement, je vais les retenir...
M. Saint-Germain: Voilà, Mme le Président, que dans
le même ordre d'idée, avec la même philosophie, toujours sur
le même élan, on vient nous dire que ce projet de loi est une
solution franche et précise du problème de l'assurance automobile
au Québec. Ce n'est pas gênant, mais rien n'empêche que je
puis vous garantir que s'il y avait un accident d'automobile demain matin et
que le nouveau régime était établi, personne dans cette
Chambre, et encore moins le ministre, ne pourrait établir
l'indemnité à laquelle les victimes auraient droit. Mais c'est
précis, par exemple.
A chaque article, la régie a à peu près la
liberté d'action de faire un peu ce qu'elle veut. Pour son droit
d'appel, nécessairement, cela, c'est franc et précis. Depuis onze
ans que je suis dans cette Chambre, je n'ai jamais vu une loi aussi importante
être pilotée, dans tous les stades de ce Parlement, avec autant de
mépris, de méconnaissance de son dossier. Je comprends
réellement la déclaration du ministre lorsqu'elle dit qu'elle
perd son temps dans cette Chambre et que nous perdons notre temps dans ce
cirque. Tant qu'on aura des ministres qui nous piloteront des projets de loi
aussi importants sans connaissance de leurs dossiers et par ce fait,
cette ignorance est un mépris pour les membres de cette Chambre, pour
les députés du gouvernement, et même pour le cabinet,
alors, quel mépris pour l'Opposition! comment voulez-vous qu'on
puisse avec toute l'inquiétude, l'insécurité,
même si on a la parole facile, même si on peut se cacher le visage
devant des phrases faciles, deux jeux de mots et des
généralités réellement aimer le travail que
vous faites et dire: J'arrive ce matin avec une loi importante? Il me semble
que la base d'une satisfaction pour un ministre, c'est de dire: Moi, je connais
mon dossier, je l'ai consulté, je sais pertinemment que mon projet de
loi colle à la réalité du Québec.
Je sais où je vais et si quelqu'un de l'Opposition, quel qu'il
soit, est contre, venez-vous-en les amis, il n'y a pas de question à
laquelle je ne puis pas répondre. Mais si un ministre est impuissant
à faire cela, comment voulez-vous qu'on ait des discussions positives et
qu'on puisse aimer et estimer l'avantage de nos institutions parlementaires?
Pour Mme le ministre, tout le monde qui a été dans l'assurance
dans le passé a été responsable d'abus, a abusé du
public. Du moment que quelqu'un est contre ses idées et ses opinions, il
y a des avantages politiques de le faire.
Comment voulez-vous travailler dans de telles conditions? C'est
absolument impossible. Il est évident que ce projet de loi a
été conçu par des fonctionnaires, étudié par
des fonctionnaires. Ce n'est pas le représentant du peuple qui a
établi les priorités. Absolument pas. Et ce sont les
fonctionnaires qui, au cours de tous nos travaux, l'ont défendu d'une
façon intelligente et positive. Mme le ministre, pour encore se faire
une façade, nous a dit qu'elle avait des fonctionnaires aguerris et
responsables et connaissant le dossier; c'est probablement vrai. Mais c'est
elle qui est responsable. C'est elle qui doit établir le leadership, ses
priorités, et cela, elle a été absolument impuissante
à le faire.
C'est la raison pour laquelle nous allons voter ce soir une des pires
lois à être votées par ce Parlement. Croyez-moi, j'aurais
pu parler sur un autre ton, j'aurais pu essayer de faire ressortir certains
articles qui vont donner lieu à des injustices flagrantes. Je ne l'ai
pas fait. Je sais pertinemment que c'est peine perdue. On a fait des
débats article par article. On a tellement dit de choses. Mais,
c'est peine perdue. La bataille au niveau du Parlement est
terminée, Mme le Président, mais, croyez-moi, du moins pour le
Parti libéral et probablement les autres députés de cette
Chambre, comme Opposition, au niveau de la population, au niveau de nos
comtés, la bataille commence et on va en entendre parler très
longtemps.
M. Shaw: Mme le Président.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Pointe-Claire.
M. William Frederic Shaw
M. Shaw: Madam President, I have ten minutes to express my
concern about this "projet de loi". Having spent two weeks in listening to the
briefs presented by those involved in automobile insurance...
M. Burns: It is a bill, Bill!
M. Shaw: Right. Having spent many hours with those working in the
field and expert in the field, having myself worked with the other members of
the parliamentary commission in discussing with them the problems presented by
this bill, and having listened to the representatives of the insurance agents
and the Insurance Bureau of Canada, the adjusters, the Bar and having read the
Gauvin Commission Report, I come to one conclusion, Madam President, that the
minister is not committed to the interest of the people, she is not committed
to the wishes of the people but to the implementation of the 1975 Desjardins
Report leading to the eventual nationalization of the entire insurance industry
of our province. This, Madam President, is a frightening prospect.
My colleague, the deputy for Nicolet-Yamaska, clearly stated all of the
disadvantage to the drivers and the automobile insurance owners of the
province, the extra cost, the inconvenience of acquiring coverage, the loss of
service, the potential problems of claim settlement for the "Commission des
accidents du travail", the evaluation centers, the indemnity settlements which
will not be subject to challenge in the courts, but restricted to the
parajudicial court of the "Commission des accidents du travail" or "Commission
des affaires sociales".
My colleague, the member from Beauce-Sud was so precise in his
investigation of the backgrounding of this legislation, of its approach
concerning how the hauts fonctionnaires, the senior civil servants in the
department had acquired a victory, a victory over the people of the province,
in convincing the minister that they were more knowledgeable than she. They
were more knowledgeable than everyone else, the experts of the industry
throughout this country, and so we are faced with the eminent passage of this
piece of legislation.
But I would like to speak more to the effect of this law on the economy
of the whole of this province. We can speak first to the direct damage to the
insurance industry itself. We know there is a representive loss of $8 millions
with the premium income to our insurance agents of the province, 35% of the
revenue of many offices, over 4000 offices in this province which will
undoubtedly suffer directly, and this implies a cut in the quality of service
in every area. The end for example of a number of thousands of adjusters in
this province who have worked in this field and provided proper service and
were not the cause of the problems we have had in this province concerning
automobile insurance. They have done their job, they have done it
effectively.
And the insurance industry itself which will lose $250 millions worth of
income and disaffection. Its practices, its employment and its investment in
the province are in question. But there is something even more sinister, more
sinister than that, Madam President, because this is just a part of the visage
that we are presenting to the rest of the world. This province more than any
province in Canada is in dire need of new capital, new adventure capital to
create the jobs that are progressively being destroyed by attitudes and
activities of this government.
This new capital investment could only be attracted into an environment
which is sound and which has a solid political and social environment to
attract the type of adventure capital necessary to expand the future for our
children and for those 11% plus unemployed and those nearly 300 000 people who
are now living on welfare in this province. This visage that is being created
by the threat of nationalization in all its senses, by this government is the
most dangerous aspect of this law. Yes, people will suffer directly,
individually. I can still visualize the day following a snow storm, when
everyone must line up at the evaluation center to try and get a ticket to get
their automobile repaired and I can visualize the number of hours that will be
wasted, that have to be costed Madam President, because people's time is their
generation of income and this generated income is what is the base of the
income of the society. It is this society's income which is tbe base of tax and
when we attack this fundamental level, we attack the entire economy as a
whole.
This time loss that everybody will individually suffer is only part of
the danger. The greatest danger is the fact that we will have a shrinking
economy as we are now demonstrating. I have given the example that, on the 15th
of November 1976, there were five million square feet of rentable space
available in the city of Montreal. These figures are from the Montreal Real
Estate Board. This figure, on November the 15th, 1977, was twenty million
square feet.
This represents a potential of 200 000 jobs and the taxes that that
represents is incredible. And one of the employers of this space is the
insurance industry and the other finance industries that are associated with
the insurance industry, those who place the investment income. This is an
expertise area which is being threatened by this kind of
legislation, which is being driven out of the province by this kind of
legislation and which will be very difficult to be convinced that there is a
place in the future of this province as long as the practices of this
government and the application of legislation such as that proposed by the
Minister responsible for Consumer Affairs and Financial Institutions.
In closing, Mme le Président, I would like to say this: I was
equally concerned with the suggestion that one of the reasons why it was
necessary to nationalize the insurance industry was that the industry was
basically in the hands of Anglophones. Madam President, that also is one of the
disturbing aspects of the political and social climate of this province, that
in order to transfer an area of control, and if we know the realities, if we
know la provenance, if we know the various strong insurance businesses in this
province which are French Canadian, which are québécois, we know
that this attitude, if anything, is racist and this kind of attitude
discourages the future placement of investment which is the only way that this
province can turn its economy around and look to a future which is its
potential.
Madam President, I have to vote against this law, as every member of the
Opposition and I am sure most of the members of the government would like to
do. It is not in the interest of Quebecers, it is not in the interest of those
who drive automobiles, but most of all it is contrary to the interest of the
future of the children who will build this province in the future, because they
require that sound, positive, economic climate so that their futures will be
secure. Thank you, Madam President.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Rosemont.
M. Gilbert Paquette
M. Paquette: Mme le Président, je me serais abstenu
d'intervenir s'il n'y avait pas d'autres députés qui le
faisaient, mais je pense que cela fait assez de membres de l'Opposition qui
parlent que cela vaut peut-être la peine de rectifier un certain nombre
de choses. J'aimerais d'abord essayer, très brièvement, de mettre
en évidence le plus objectivement possible les principales phases de ce
débat sur l'assurance automobile, qui dure depuis maintenant un an. Je
pense qu'on a dit énormément de choses à ce sujet. On a
vécu suite à une certaine inaction, après plusieurs
rapports, plusieurs projets de loi du gouvernement antérieur où
plusieurs "lobbies" se sont exercés, une période où le
gouvernement a dû, à l'abri de ces "lobbies", élaborer une
position qui soit conforme au programme du Parti québécois.
On a parlé ensuite de la tournée de consultation qui a
fait suite au dépôt du livre bleu. On a dit que cela avait
été surtout une tournée de marketing. Je pense, M. le
Président, que cette tournée de consultation est une chose qu'on
n'avait pas vue depuis, si mes souvenirs sont exacts, la réforme de
l'éducation, en 1964. Le ministre est allé dans d'autres villes,
et nous avons eu l'occasion de l'accompagner à plusieurs reprises, pour
vraiment consulter la population. Je tiens à dire que tous les
mécanismes avaient été mis en place pour recevoir
l'opinion de la population, les débats étaient filmés,
étaient enregistrés, les points de vue étaient pris en
note et on a pu bénéficier, tous les députés dans
cette Chambre, d'une synthèse des quelque 160 mémoires qui ont
été présentés par des citoyens dans douze villes du
Québec. Si on n'appelle pas cela de la consultation, je me demande ce
que c'est.
Un peu plus tard, on est arrivé à l'étape du
dépôt de deux projets de loi en commission parlementaire et on a
pu voir de quelle façon l'Opposition se déterminait. On
était à l'été dernier, c'était pendant le
débat de la Charte sur la langue française. D'un
côté, on a vu l'Opposition défendre les
intérêts de la minorité anglophone, les
intérêts des entreprises persécutées par le
méchant Parti québécois. On a vu également, en
même temps, l'Opposition officielle s'aligner sur la position, dans
l'assurance automobile, des avocats, des assureurs et défendre les gens
qui profitaient, depuis trop d'années, de l'assurance automobile, en se
camouflant derrière un prétendu bien-être de la
population.
Qu'en est-il exactement? Je pense que nous sommes devant un
régime qui fait faire au Québec un progrès
considérable. Même les groupes de consommation, les centrales
syndicales et, je pense, la majorité des militants du Parti
québécois, particulièrement les groupes de consommateurs,
même s'ils souhaitaient que cette réforme aille plus loin, ont
quand même reconnu que c'était un projet qui allait enfin,
après six ans d'attente, dans le sens des intérêts de la
population.
On retrouve dans ce projet de loi un régime qui va assurer
à la population une indemnisation complète de ses pertes
économiques et une indemnisation garantie. On sait le temps que cela
prenait, et les situations extrêmement douloureuses pour des familles et
des citoyens du Québec, le processus, extrêmement odieux, dû
au régime de responsabilité dans le dommage corporel, des causes
qui traînaient pendant deux ou trois ans, quatre ou cinq ans devant les
tribunaux, pour qu'à la fin, on se retrouve, dans certains cas, devant
une maigre indemnisation qui servait tout simplement à rembourser les
dettes qu'on avait accumulées pendant toutes ces années.
Dorénavant, les citoyens du Québec n'auront pas à
chercher un coupable pour être indemnisés. Qu'ils soient
responsables ou non de l'accident, qu'ils soient au volant d'une automobile,
qu'ils soient passagers ou piétons sur la rue, ils seront assurés
d'un remboursement de leur perte économique. Les citoyens du
Québec se verront rembourser 90% de leur revenu.
On a fait état de certaines différences dans
l'évaluation. On a choisi, dans le cas des étudiants en
particulier, la norme la plus acceptable puisqu'on ne sait pas ce que ces
étudiants vont devenir dans la société,
c'est-à-dire le salaire moyen. Dans les autres cas, dans le cas d'une
femme au foyer ou d'un chômeur ou d'un assisté
social qui ne travaille pas actuellement, on a choisi une norme plus
souple et je pense que c'est au bénéfice des citoyens. La
régie pourra se donner des instruments plus intelligents qu'une norme
moyenne. Je ne pense pas que ce projet de loi conduise à des
discriminations.
Je pense, par contre, qu'il est clair pour tout le monde que ce projet
de loi sera avantageux pour la majorité des citoyens. On a fait
état, dans les commissions parlementaires, dans les discussions qui ont
suivi, des cas extrêmes où certains citoyens recevaient des
indemnités de $50 000 qui étaient vite dépensées
pour rembourser les dettes qu'ils avaient encourues.
Mme le Président, dans ces mêmes cas d'incapacité
permanente des citoyens, c'est pendant dix ans, vingt ans ou trente ans que les
citoyens pourront bénéficier d'une rente indexée qui
couvrira l'essentiel de leur revenu, qui leur procurera dans certains cas des
revenus totaux de l'ordre de $200 000 ou $300 000.
Il y a également des compensations justes et assurées,
quelle que soit la responsabilité, pour les pertes de jouissance de la
vie et les cas de mutilation ou de décès. Mme le
Président, à cette commission parlementaire, on a trouvé
des points qui n'étaient peut-être pas parfaits, mais il a
été difficile de contester que les citoyens seraient certainement
mieux indemnisés que par le passé et qu'ils seraient
assurés de cette indemnisation, ce qui n'était pas le cas
précédemment.
En ce qui concerne les coûts du régime, Mme le
Président, on a, je pense, oublié de souligner
l'honnêteté du gouvernement et particulièrement du ministre
dans ce dossier. Il aurait été facile pour le ministre,
lorsqu'elle a déposé son livre bleu, de dire: Les primes vont
diminuer pour tout le monde. On va avoir une réduction de primes de tel
pourcentage. C'était, bien sûr, ce que la population attendait. Le
ministre a eu l'honnêteté de dire: On pense que, si certains
facteurs sont réalisés, il y aura une diminution de coûts.
Cela a été l'attitude du ministre jusqu'à ce qu'elle
puisse déposer un tableau de tarification. Je déplore que pendant
cette période l'Opposition en ait profité pour appuyer
l'impression qu'il y aurait une augmentation de primes.
Mme le Président, je pense qu'il a fallu attendre
c'était normal, c'était une attitude extrêmement
honnête du gouvernement le dépôt des tables de
tarification, qui ne pouvait pas se faire avant que les amendements soient
connus, que le régime soit complètement connu, que les
amendements soient déposés. Mais, au moment du dépôt
des tables de tarification, il y a un changement d'attitude de l'Opposition,
qui a eu extrêmement de difficulté à contester ces
chiffres.
Il est clair, en ce qui concerne les dommages corporels, ceux que la
régie va prendre en charge, que cela va entraîner des
économies, pour le citoyen moyen, de l'ordre de $30 sur sa prime
concernant les dommages corporels. On a vu depuis ce temps l'Opposition
utiliser toutes sortes de tactiques pour essayer d'attaquer la
crédibilité du régime parce que c'était trop beau.
Un régime qui améliore l'indemnisation, donne une indemnisation
garantie à un coût moyen moindre, c'était évidemment
trop beau. Cela empêchait l'Opposition de se porter à la
défense des intérêts qu'elle défend habituellement,
c'est-à-dire des avocats et des assureurs.
On a essayé d'attaquer également la
crédibilité du ministre et du gouvernement. On a essayé de
diviser les députés ministériels. Bien sûr, certains
ont des réserves sur certains aspects du projet de loi. On ne peut pas
être d'accord avec les 200 articles d'un projet de loi aussi complexe,
mais sur le fond, j'en suis persuadé, ils sont prêts à
défendre ce régime dans la population parce qu'il constitue un
projet indéniable. Nos tournées de consultation en septembre, le
député de Rouyn-Noranda en a parlé, ce n'était pas
pour aller défendre l'assurance automobile, mais tout simplement pour
faire notre travail de députés et aller, comme c'est le travail
de tous les députés les députés de
l'Opposition devraient faire pareil consulter la population sur la
première année de ce gouvernement.
On a bien sûr, discuté beaucoup d'assurance automobile. On
a pu se rendre compte que la population n'était pas en désaccord
avec ce régime, qu'elle attendait des explications. Lorsqu'on leur en
donnait ils ne nous disaient pas: C'est dangereux un régime public,
c'est dangereux la non-responsabilité, cela va augmenter les
accidents.
Ils nous disaient plutôt: Si c'est comme cela, pourquoi ne
l'étendez-vous pas au matériel, ce régime public? On
était obligé de leur expliquer que dans la situation
économique actuelle, cela n'était pas approprié de le
faire parce que cela réduirait des emplois. Il y a trop d'emplois dans
l'entreprise privée actuellement.
Mme le Président, la majorité des députés
ministériels, la totalité des députés
ministériels, sur le principe et les éléments essentiels
de ce projet de loi, sont prêts à les défendre parmi la
population. Au fur et à mesure où nous avons des contacts avec
les citoyens, ces derniers comprennent le régime et tout le
progrès parcouru en aussi peu de temps. C'est une réforme qui
aurait dû être faite il y a plusieurs années et que la
population, j'en suis persuadée, va appuyer dans son ensemble. Je vous
remercie.
Mme le Vice-Président: M. le leader de l'Opposition
officielle.
M. Lavoie: Mme le Président, après ce travail
fructueux qui a été accompli au cours de cette journée et
après consultation avec le leader du gouvernement, je demanderais
l'ajournement du débat sur cette motion de troisième lecture.
M. Burns: D'accord, Mme le Président. Etant donné
le déroulement de ce débat, étant donné qu'il est
évident que nous ne pourrons pas le terminer ce soir, je suis prêt
à donner mon consentement, même à être d'accord avec
la motion que le leader de l'Opposition vient de nous formuler.
Mme le Vice-Président: Cette motion d'ajournement du
débat est-elle adoptée?
M. Russell: Adopté.
Mme le Vice-Président: Adopté.
M. le leader parlementaire du gouvernement.
M. Burns: Mme le Président, avant de faire la motion
d'ajournement de nos travaux à demain, 10 heures, je voudrais annoncer
à nos collègues que le projet de loi no 73 a été
adopté en commission. Le projet de loi no 25, semble-t-il, a
également été adopté ou il est sur le point de
l'être. Les projets de loi 63, 61, 60, 52 et 97 dans le cas de 97,
il y a une distinction, c'est après la première lecture
ont été adoptés à la commission des finances. Le
rapport sera apparemment prêt à être déposé
demain. Nous reprendrons le débat demain relativement au projet de loi
no 67.
Il est possible que nous prenions en considération le rapport
relativement au projet de loi no 45. Nous poursuivrons, si le temps nous le
permet, le débat de deuxième lecture relativement au projet de
loi no 96 pour favoriser la conciliation entre propriétaires et
locataires et nous entreprendrons la deuxième lecture du projet de loi
no 82 relativement à SOQUEM que nous devions entreprendre aujourd'hui,
mais que nous avons remis.
Alors, c'est un peu le menu de la journée de demain, menu assez
chargé, je le conçois et je l'accepte, mais menu absolument
normal eu égard aux circonstances. Sur ce, Mme le Président, je
propose... Pardon?
M. Brochu: Vous êtes un bon cuisinier, avec le menu que
vous avez.
M. Burns: Avez un menu comme cela, on va faire une bonne
bouillabaisse. Sur ce, je propose l'ajournement de nos travaux à demain,
10 heures.
Mme le Vice-Président: Cette motion est-elle
adoptée?
Des Voix: Adopté.
Mme le Vice-Président: Adopté. Cette
Assemblée ajourne ses travaux à demain, 10 heures.
(Fin de la séance à 23 h 44)