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(Dix heures dix-neuf minutes)
M. Richard (président): A l'ordre, mesdames et
messieurs!
Déclarations ministérielles. Dépôt de
documents. M. le premier ministre.
DÉPÔT DE DOCUMENTS
Rapport du Comité national des fêtes du
Québec
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, j'ai
l'honneur de déposer le rapport du Comité national des
fêtes du Québec, pour l'année 1977.
Le Président: Rapport déposé. M. le ministre
de l'Agriculture. M. le leader parlementaire du gouvernement.
M. Levesque (Bonaventure): ... avant d'appeler les ministres.
Rapport de la Régie des marchés
agricoles du Québec
M. Burns: M. le Président, au nom du ministre de
l'Agriculture, j'ai l'honneur de déposer le rapport annuel 1976-1977 de
la Régie des marchés agricoles du Québec.
Le Président: Rapport déposé.
Dépôt de rapports de commissions élues.
Dépôt de rapports du greffier en loi sur les projets de loi
privés.
Présentation de projets de loi au nom du gouvernement. M. le
leader parlementaire du gouvernement.
M. Burns: M. le Président, l'article o), s'il vous
plaît.
Projet de loi no 102 Première lecture
Le Président: M. le ministre d'Etat à la
réforme électorale et parlementaire propose la première
lecture du projet de loi no 102, qui est le projet de loi modifiant la Loi
régissant le financement des partis politiques et modifiant la Loi
électorale.
M. Robert Burns
M. Burns: Tout de suite après le projet de loi no 101.
M. le Président, le présent projet de loi prévoit
que deux directeurs adjoints au directeur général du financement
des partis politiques peuvent être nommés par l'Assemblée
nationale du Québec, suite à une résolution
approuvée par les deux tiers de cette Assemblée.
Le Président: Est-ce que cette motion de première
lecture sera adoptée?
M. Lavoie: Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Première lecture de ce
projet de loi.
Le Président: Deuxième lecture, prochaine
séance ou séance subséquente.
M. le leader parlementaire du gouvernement.
M. Burns: Article k), M. le Président.
Projet de loi no 97 Première lecture
Le Président: M. le leader parlementaire du gouvernement,
au nom du ministre des Finances, propose la première lecture du projet
de loi no 97, c'est-à-dire la Loi modifiant la Charte de la caisse de
dépôt et placement du Québec.
M. le leader parlementaire du gouvernement.
M. Robert Burns
M. Burns: M. le Président, l'article 1 de ce projet de loi
porte de sept à neuf le nombre des membres du conseil d'administration
de la caisse, un des deux nouveaux membres devant être choisi parmi les
administrateurs de coopératives. L'article 2 ajoute la qualité de
fonctionnaire du ministère des Affaires municipales comme habilitant
à siéger comme membre adjoint du conseil d'administration de la
caisse. L'article 3 retranche l'interdiction, par un membre du conseil
d'administration de la caisse, d'avoir un intérêt dans une
compagnie de fiducie. L'article 4 confie à la caisse la
responsabilité de la gestion de son personnel, dont la nomination, la
rémunération et les autres conditions de travail seront
régies, selon le cas, par des règlements ou des
résolutions du conseil d'administration de la caisse, et devront
être approuvées par le gouvernement. Il assure aux employés
de la caisse la conservation de leurs droits acquis relativement à la
permanence d'emploi et maintient leur appartenance au régime de
retraite.
L'article 5 est de concordance. L'article 6 précise la nature des
divers types de dépôt que peut recevoir la caisse et les types de
fonds qu'elle administre. L'article 7 précise le pouvoir
réglementaire de la caisse et enfin les articles 9, 10, 11 et 12 sont de
concordance.
Le Président: Est-ce que cette motion de première
lecture sera adoptée?
M. Lavoie: Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Première lecture de ce
projet de loi.
Le Président: Deuxième lecture à la
prochaine séance ou à une séance subséquente.
Présentation de projets de loi au nom des
députés.
Période de questions orales. M. le député de
Saint-Laurent.
QUESTIONS ORALES DES DÉPUTÉS
Rapport de la Commission
des droits de la personne
relatif à la loi 45
M. Forget: M. le Président, ma question s'adresse au
ministre du Travail, mais il se pourrait qu'elle doive recevoir une
réponse d'un autre ministre. Il semble que depuis plusieurs semaines il
y a un texte qui circule, en particulier auprès de certains mouvements
syndicaux, et qui aurait pour origine la Commission des droits de la personne
et pour objet le projet de loi no 45. il semble que c'est dans ce document de
travail de la Commission des droits de la personne qu'un mouvement syndical en
particulier a trouvé certains motifs de s'opposer à ce projet de
loi, y compris les manifestations dont les parlementaires ont été
les témoins la semaine dernière. Est-ce que les membres de
l'Assemblée nationale pourraient au moins avoir le même
accès à ce rapport de la Commission des droits de la personne que
d'autres à l'extérieur de l'Assemblée nationale? Est-ce
que le ministre pourrait nous confirmer qu'il a effectivement reçu un
tel rapport ou qu'un tel rapport est sur le point de lui être
donné officiellement et est-ce qu'il pourrait s'engager à la
déposer à l'Assemblée nationale?
M. Johnson: M. le Président, je n'ai pas pris connaissance
d'un tel rapport, à moins qu'il ait été reçu
à mes bureaux tout récemment et que nos activités de la
semaine dernière m'aient empêché d'en prendre connaissance.
Deuxièmement, je n'ai pas été avisé que la
commission était sur le point de me fournir un tel rapport.
Troisièmement, si elle devait le faire, j'en prendrai connaissance et,
à ce moment-là, déciderai si oui ou non je dois
déposer le document en Chambre.
M. Forget: Etant donné que les travaux de
l'Assemblée nationale sont malgré tout fort avancés sur ce
projet de loi, est-ce que le ministre pourrait prendre sur lui d'aller aux
nouvelles du côté de la Commission des droits de la personne et
d'inviter la commission à faire toute la diligence nécessaire
pour qu'avant l'adoption du projet de loi les parlementaires aient l'occasion
de prendre connaissance d'un avis qui pourrait émaner de cet
organisme?
Le Président: M. le ministre du Travail et de la
Main-d'Oeuvre.
M. Johnson: Sûrement, je vais faire diligence pour prendre
connaissance de ce sur quoi la commission se serait peut-être
prononcée. Ce- pendant, il n'y a jamais eu de demande de la part de
celui qui vous parle ou de quiconque de la part du gouvernement auprès
de la commission pour qu'elle fournisse un tel avis. Je sais que la loi
l'autorise à fournir proprio motu certains avis, mais elle ne m'a jamais
avisé qu'elle avait l'intention de se prononcer sur quelque aspect du
projet de loi que ce soit.
Le Président: M. le chef de l'Opposition.
M. Levesque (Bonaventure): Question additionnelle, M. le
Président. Je sais que le ministre du Travail a été retenu
à Québec samedi pour poursuivre l'étude du projet de loi
no 45. Cependant, il y avait certaines activités de son parti,
d'après ce que nous communiquent les media. Le ministre a-t-il
reçu les directives dont il est question ce matin dans le Devoir?
M. Johnson: M. le Président, je vois que le chef de
l'Opposition officielle se contente toujours de lire les titres de M. Pierre
O'Neill. Cependant, il est vrai que le Parti québécois, en fin de
semaine dernière, tenait un conseil national au cours duquel un membre
de mon cabinet a pu faire circuler les informations appropriées, les
interprétations du texte de certains documents, etc. Le parti, dans une
structure qui est démocratique et qui est un modèle dont
peut-être nos amis d'en face devraient de temps en temps s'inspirer, a
réitéré son attachement au programme du parti.
Le chef du parti et premier ministre a bel et bien déclaré
que, quant aux notions en cause, quant à la protection ou à la
non-destruction, plutôt, des biens meubles et immeubles, il
n'était pas question de céder sur cette question. Je pense que
tout le monde s'entend sur cette chose. Deuxièmement, s'il y avait des
questions de modalités à préciser pour que cette phrase ou
ces éléments ne servent pas d'excuse à une production
camouflée, ce qui n'a jamais été l'objectif du texte, nous
verrions à le préciser en temps et lieu.
Le Président: M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: Le ministre indique qu'il a, par
l'intermédiaire d'un membre de son cabinet, fait circuler des documents
lors de cette réunion de fin de semaine. Est-ce qu'il pourrait
être un peu plus spécifique sur les documents qu'il a fait
circuler puisque, au même moment, la commission parlementaire du travail
siégeait, commission qui eût été fort
intéressée à ce qu'on lui fasse circuler les mêmes
documents?
M. Johnson: M. le Président, il ne s'agit de rien de
particulier, à nouveau. Je peux assurer le député de
Saint-Laurent et membre de l'Opposition que toutes modifications au texte
seront d'abord et avant tout déposées en commission
parlementaire, comme elles l'ont toujours été.
Cependant, il s'agissait des notes explicatives que j'avais fournies
lors du dépôt du projet et lors du dépôt des
amendements et il s'agissait surtout, dans le cas d'un atelier où le
huis clos était pro-
nonce, de fournir des explications lors d'une période de
questions.
Le Président: M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
Achat des Immeubles de Val-Martin
M. Lalonde: M. le Président, ma question était
destinée au ministre des Affaires municipales; en son absence, je
l'adresserai au premier ministre. Il s'agit de ce qu'on appelle maintenant I
affaire Val-Martin, qui est d'intérêt public étant
donné que le gouvernement a cru bon de faire adopter une loi en cette
Chambre, il y a quelques semaines à peine, pour permettre l'acquisition
par la Société d'habitation du Québec de certains
immeubles. Dans le Devoir du jeudi 15 décembre, il y avait une annonce
qui, si l'on en croit la fin, a été payée par
l'Association des propriétaires de Val-Martin, la Ligue des locataires
de Val-Martin et les deux compagnies propriétaires. Du texte, il semble
évident que l'acquisition par la Société d'habitation n'a
pas été conclue.
Etant donné que l'entente sur laquelle reposait le projet de loi
66 prévoyait que la clôture devait avoir lieu le 30 novembre au
plus tard et qu'à défaut de clôture il n'y a plus
d'entente, je demanderais au premier ministre s'il est au courant des raisons
qui ont empêché le gouvernement d'acheter, de donner suite
à l'entente. Deuxièmement, étant donné qu'il y a
déjà $2 millions de déboursés par la
Société d'habitation pour l'acquisition de créances,
est-ce que le gouvernement a l'intention de récupérer les $2
millions qui ont été déboursés en vue de
l'acquisition de l'immeuble et non pas simplement pour acheter des
créances?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, je pense
que le député admettra que, vu la complication des choses
Dieu sait que, dans ce cas-là, c'est compliqué depuis même
avant l'arrivée au pouvoir du présent gouvernement et vu
l'absence aussi du ministre des Affaires municipales, je dois prendre avis de
la question; je vais en faire part à mon collègue le plus vite
possible. J'ajouterai simplement ceci: Dans le cours de la semaine, en fonction
justement du problème qu'évoque le député, la
Chambre aura des nouvelles très précises là-dessus.
Le Président: M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, tout simplement une question
additionnelle. Etant donné, quand même, les implications
importantes au niveau des libertés individuelles, de la liberté
de ces propriétaires, et les développements un peu
étranges qui arrivent dans cette chose-là, est-ce que le premier
ministre pourrait lui-même aussi en discuter avec le ministre des
Affaires municipales pour qu'il se rende compte des implications qui peuvent
engager son gouvernement.
Le Président: M. le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): D'accord, M. le Président,
et non seulement avec le ministre des Affaires municipales mais, comme il
arrive, à l'occasion, dans ce damné cas, avec tout le Conseil des
ministres.
Le Président: M. le chef de l'Union Nationale.
Développement de la région de
Montréal
M. Biron: M. le Président, ma question s'adresse au
ministre d'Etat au développement économique et a trait au
développement de la région de Montréal et à la
création d'emplois dans cette région. Le ministre pourrait-il
nous dire quels ont été, au cours de la dernière
année, en gros, les lancements de projets nouveaux amorcés depuis
un an dans la seule région de Montréal par le gouvernement du
Québec et qui ont créé des emplois? Et,
deuxièmement, quels sont, pour la région urbaine de
Montréal, encore une fois, seulement, les projets à court terme
qui pourront commencer au cours des prochains mois ou des prochaines semaines
qui favoriseront une reprise économique et la création d'emplois,
en particulier dans les secteurs industriels qui seront touchés? Quelles
sont les grandes lignes, les échéances, en particulier, des
dossiers où le gouvernement du Québec agit seul, où le
gouvernement du Québec agit avec le gouvernement fédéral,
et où l'un ou l'autre des deux gouvernements peut agir avec l'entreprise
privée? Je pense au Palais des congrès ou des choses comme
cela.
Le Président: M. le ministre d'Etat au
développement économique.
M. Landry: D'abord, pour la période écoulée,
M. le Président, comme chacun le sait, les investissements industriels
et commerciaux, dans la région de Montréal, ont été
relativement modestes. On a déjà répondu à des
questions sur le sujet; il y a plusieurs hypothèses. Une chose certaine
et de plus en plus confirmée par les autorités de la
Communauté urbaine et ceux qui se préoccupent de ces choses dans
les municipalités, c'est qu'un des objectifs de la planification
montréalaise, c'était d'en faire une ville beaucoup plus pour les
habitants que pour l'industrie, et que les grandes implantations d'industries
lourdes qu'on a pu voir il y a 45 ou 50 ans, on ne les reverra plus jamais,
elles ne sont pas souhaitées par les planificateurs de Montréal
qui veulent précisément aménager leur territoire d'une
façon plus écologique et faire que des gens reviennent à
l'intérieur plutôt que des gens en partent, chassés par
l'industrie, le bruit, la pollution, etc.
Donc, sur ce plan, les autorités de Montréal ont
émis l'hypothèse qu'à force de mettre des barrières
et des entraves à ces genres d'implantation, il y a de moins en moins de
ces choses qui se produisent. Alors, pour l'année écoulée,
les études se poursuivent sur des chiffres qui, encore une fois, sont
très modestes, qui sont compensés, heureu-
sement, par des activités qui se produisent en dehors de la
région de Montréal et dans le reste du Québec, et les deux
phénomènes sont cohérents.
Avant, Montréal j'ai répondu souvent à ce
sujet au député d'Outremont était le pôle de
croissance; c'est de là que tout partait et se répandait sur le
reste du Québec.
Il semble que cette tendance soit en voie de se renverser puisque nos
chiffres globaux, cette année, pour les investissements dans les
domaines dont vous avez parlé sont excellents pour le Québec et
faibles à Montréal. Une dernière chose que je vous dis sur
la période écoulée, dès le début de l'an
prochain, des rencontres sont prévues avec les autorités de la
communauté urbaine, les spécialistes des questions de
développement économique de la communauté et je me ferai
un plaisir de vous communiquer les résultats de ces rencontres. Elles
auront lieu au début de février.
Quant à la période qui vient, c'est
légèrement plus intéressant et c'est le ministère
de l'Expansion économique régionale qui, ayant
désigné la zone de Montréal, nous fournit les meilleurs
indicateurs. Il y a déjà des demandes de rentrées suivant
ce programme pour au-delà de $70 millions. Il y en a six qui auraient
franchi toutes les procédures avec une exception dont je vous reparlerai
et qui seraient sur le point de débloquer dans les premiers mois de 1978
en termes de construction physique. Mais il y a un très grand nombre de
projets qui ont été soumis au ministère de l'Expansion
économique régionale et la parenthèse que je veux faire,
c'est que, malheureusement, le cabinet fédéral n'a pas
approuvé la réglementation pour faire que les fonds
débloquent et cela commence à nous préoccuper.
On a fait des pressions énormes sur eux. Les chefs d'entreprise
sont là, font des demandes, ont des projets. Un certain nombre a franchi
toutes les étapes d'analyse des dossiers. Mais, parce que la
réglementation est déficiente, il ne s'est rien passé sur
le terrain encore. Nous allons continuer nos pressions et nous avons bon espoir
qu'au début de 1978, dans le périmètre de la
Communauté urbaine de Montréal, un certain nombre
d'investissements intéressants se produiront.
Le Président: M. le chef de l'Union Nationale.
M. Biron: Question additionnelle au ministre d'Etat au
développement économique. Il nous a parlé des industries
qui quittaient Montréal pour d'autres endroits. Est-ce qu'il y aura lieu
d'avoir une réunion ou un mini-sommet avec les gens de la
Communauté urbaine de Montréal, ou tout autour, pour
définir des endroits ou des espaces où les industries lourdes et
possiblement polluantes pourront finalement aller et où les gens de
Montréal pourront travailler? Deuxièmement, où en est
l'état des dossiers, en particulier dans les négociations avec le
gouvernement fédéral, visant le port de Montréal? On sait
qu'on veut développer cela, qu'il y a des investissements à
venir. Où en est l'état des dossiers dans le port de
Montréal?
Le Président: M. le ministre d'Etat au
développement économique.
M. Landry: Pour la première partie de la question, c'est
justement de cela que nous allons parler avec les gens de la Communauté
urbaine de Montréal. Le mot "sommet" n'a pas été
utilisé parce qu'on ne veut pas l'utiliser pour une activité qui
est beaucoup plus géographique. Mais, déjà, j'ai
discuté de la question avec le maire de Montréal, avec le
responsable du bureau économique de la Communauté urbaine de
Montréal et c'est vers cet ordre du jour que l'on s'en va. Quant au
dossier avec le gouvernement du Canada, je vous ferai remarquer qu'ils ont
annoncé pour la nième fois la place Guy-Favreau. Ils ont
également annoncé pour la nième fois les
aménagements dans le port de Montréal.
Ce serait quasiment insultant pour eux d'aller négocier avec eux.
Ils disent qu'ils le font, c'est décidé et c'est
annoncé.
Encore une fois, j'ai l'impression qu'il faudra être vigilant
parce que ce ne sont, hélas! pas les premières annonces, mais la
ville de Montréal aurait vraiment besoin, en terme
macroéconomique, de ces projets.
Quant au projet du centre des congrès, il est mené par mon
collègue du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche. C'est lui qui
pourrait vous répondre le mieux sur cette question.
Le Président: M. le chef de l'Union Nationale.
M. Biron: Une question additionnelle au ministre d'Etat à
l'aménagement dans ce cas. Etant donné qu'il a annoncé
à plusieurs reprises des projets, lui aussi, pour le
développement économique de la région de Montréal,
qu'il avait annoncé le lancement d'une esquisse sur l'orientation du
développement et de l'aménagement de la région de
Montréal, est-ce que c'est justement à cause de ce que vient de
dire le ministre d'Etat au développement économique que le
lancement de ce rapport a été retardé? Pourquoi avoir
retardé? Quelles sont les raisons justement qui vont retarder le
lancement de ce rapport et quand ce rapport sera-t-il déposé?
M. Landry: En fait, il n'y a pas de retard, M. le
Président. Le mandat qu'on m'avait confié au mois de
février dernier, soit le 9 février dernier, portait que je devais
faire un rapport au Conseil des ministres avant Noël, au cours de
l'automne. Ce rapport a été déposé la semaine
dernière au Conseil des ministres. Il sera discuté incessamment.
Cela donnera lieu à une première série de
décisions. Je crois qu'on continuera aussi à l'améliorer
parce que vous comprendrez qu'il s'agit de décisions assez importantes
et que nous en discuterons encore sûrement au moins quelques semaines
avant de le rendre public.
Le Président: M. le chef de l'Union Nationale.
M. Biron: Le ministre avait annoncé le dépôt
de ce rapport pour le lundi 5 décembre dernier à ses bureaux de
l'OPDQ à Montréal, selon un communiqué que j'ai
reçu du gouvernement. C'est bien ce rapport dont il est question et
qu'on a retardé?
M. Landry: Non, je pense qu'il y a maldonne. Ce qui a
été déposé, c'est un rapport de l'OPDQ, mais je
n'ai jamais annoncé, à ma connaissance, personnellement, que je
déposerais le 5 décembre dernier un rapport sur les orientations
du développement de la région de Montréal.
Je pense que vous devez faire référence au
dépôt d'un document de l'OPDQ.
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Opposition
officielle.
M. Lavoie: Une question additionnelle, M. le Président, au
ministre d'Etat au développement économique, concernant les
projets d'investissements dans la grande région métropolitaine de
Montréal. Est-ce que le gouvernement entend, dès 1978, dans le
prochain budget, amorcer la mise en place du projet TRRAMM, qui est un projet
qui touche non seulement la région métropolitaine de
Montréal, mais jusqu'aux Basses-Laurentides, vers Mirabel, pour le
transport rapide aéroportuaire Montréal-Mirabel?
Le Président: M. le ministre d'Etat au
développement économique.
M. Landry: M. le Président, je voudrais d'abord dire ce
que j'ai dit au chef de l'Union Nationale concernant les investissements ne
s'applique pas à cette magnifique municipalité de Laval dont j'ai
rencontré les autorités récemment et, en particulier, les
services du parc industriel et de promotion qui me disent qu'à Laval
l'année a été bonne.
Quant au projet de transport dont le député s'est fait un
protagoniste et dont je suis moi-même un protagoniste, les
décisions le concernant relèvent précisément de
l'analyse fouillée des documents auxquels a fait allusion mon
collègue de l'aménagement. Je l'assure que je suis cette question
avec le plus grand intérêt et que mon analyse de ces documents me
porte, pour l'instant, à ne pas changer mes positions et à
préconiser que le transport dont il a parlé s'établisse.
Cependant, comme il s'agit d'un investissement très important impliquant
de la chirurgie sur le territoire, impliquant des expropriations, etc., je
pense que je ne peux pas me prononcer à la légère avant
que l'étude soit totalement terminée.
Le Président: M. le député de
Gaspé.
M. Le Moignan: Merci, M. le Président. Je voulais
m'adresser au ministre du Travail, mais je vois qu'il s'est volatilisé.
Cela ressemble un peu à la sorcière bien-aimée.
Une Voix: II est là.
Grève au Centre éducatif et
culturel
M. Le Moignan: Ah, excusez-moi. Alors, cette question au ministre
du Travail aura deux volets et le deuxième sera pour le ministre de
l'Education.
Peut-être que le ministre sera en état de me
répondre. Ceci concerne les grévistes du Centre éducatif
et culturel. Le ministre sait très bien que ce conflit traîne
depuis peut-être quinze ou seize mois et que le Centre éducatif et
culturel est éditeur et distributeur de manuels scolaires. Ce conflit
impliquerait la Power Corporation et Hachette International qui sont les
propriétaires du CEC et aussi, évidemment, les gouvernements
français et québécois. Le ministre pourrait-il nous dire
quels gestes ont été posés ou seront posés par son
ministère?
M. Johnson: M. le Président, j'ai déjà
évoqué, il y a à peu près deux ou trois semaines,
je pense, la question du Centre éducatif et culturel. J'ai, à
certaines occasions, demandé au conciliateur du service au
ministère de me fournir des rapports détaillés sur
l'état de la question. Il s'agit d'un conflit qui dure, comme le dit le
député de Gaspé, depuis 18 mois et qui a été
marqué par des séances de négociation
particulièrement orageuses où il a fallu que nos conciliateurs
déploient des vertus qui allaient au-delà de ce que leur demande
le texte de loi. Je pense qu'on peut qualifier la situation, au moment
où nous nous parlons, d'un cul-de-sac, encore, d'ici Noël
sûrement.
J'ai, cependant, demandé au directeur général des
relations de travail du ministère, il y a environ une semaine et demie,
de faire en sorte que d'autres moyens soient envisagés pour amener les
parties à un règlement. Mes conciliateurs m'ont dit qu'ils
avaient l'impression que, dans ce conflit, on assistait vraiment à un
refus de régler. C'est une question de comportement humain, ce n'est
même plus une question de stratégie. On veut bien déployer
tous les efforts possibles, sauf qu'on ne peut quand même pas se
substituer aux cerveaux des personnes.
M. Le Moignan: Question additionnelle. Le Président:
M. le député de Gaspé.
M. Le Moignan: Comme je l'ai dit, cette deuxième question
s'adresserait au ministre de l'Education, à moins que le ministre du
Travail en prenne état, parce que les syndiqués qui sont
impliqués dans ce conflit parlent de manuels "scabs". Le ministre,
peut-être sans se replier sur une position purement légaliste,
peut-il intervenir auprès des commissions scolaires, de façon
à les inviter à une action quelconque auprès du CEC, de
qui elles achètent, action susceptible de favoriser le règlement
du conflit dans ce milieu? En deuxième lieu, conformément
à une lettre envoyée par le ministre de l'Education, le 10
novembre dernier, le ministre va-t-il oublier toute la question ou bien
pourrait-il nous éclairer sur le rôle du ministère de
l'Education en relation avec le ministère du Travail?
M. Johnson: M. le Président, je peux bien prendre note de
la question du député de Gaspé pour une partie. Quant
à l'opinion qu'il me demande d'exprimer, je ne suis pas d'avis que
le
gouvernement du Québec doive exercer des pressions directes ou
indirectes sur ceux qui sont les clients possibles de ce commerce. Ce n'est pas
la façon de régler un conflit. Il y a des parties qui sont en
cause, ce sont à ces parties à régler le conflit. Il ne
faut pas transposer le problème au niveau de pressions que pourrait
exercer le gouvernement sur des tiers.
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Union
Nationale.
M. Bellemare: Est-ce que je pourrais réserver ma question
au premier ministre dès qu'il entrera?
Le Président: D'accord. M. le député de
Jean-Talon.
Mises à pied à la raffinerie de
Saint-Hilaire
M. Garneau: M. le Président, je ne sais pas si le ministre
de l'Agriculture veut laisser son journal de côté pour un instant
pour nous parler de la raffinerie de sucre Saint-Hilaire. Est-ce que le
ministre pourrait nous dire comment il se fait que des mises à pied sont
faites à la raffinerie de sucre de Saint-Hilaire, et quelle est la
situation financière actuelle de l'entreprise pour l'obliger à
faire de telles mises à pied?
Le Président: M. le ministre de l'Agriculture.
M. Garon: Ce n'est pas à cause de la situation
financière, c'est tout simplement qu'on a dit qu'on rentabiliserait la
raffinerie et qu'on hérite encore du patronage dans le domaine de la
raffinerie. Il y a eu jusqu'à 125 employés à la
raffinerie, les études nous démontrent qu'une entreprise comme la
raffinerie devrait avoir entre 30 et 40 employés. C'est pourquoi il y a
des mises à pied, il y en a sous forme de préretraite, il y en a
sous différentes formes, pour rentabiliser la raffinerie. Le conseil
d'administration est en train de compiler les différentes études
économiques qui ont été faites au cours de l'année
et devrait me remettre un rapport vers la fin de janvier ou au début de
février et, à ce moment-là, le Conseil des ministres
prendra des décisions concernant la raffinerie.
Ce qu'on est en train de faire actuellement, et c'est sans doute ce
qu'on va réussir à faire, c'est, pour une première fois
dans son histoire, de faire de la raffinerie de sucre du Québec non pas
une entreprise politique pour le patronage local, mais une entreprise
économique qui peut avoir des profits.
Le Président: M. le député de
Jean-Talon.
M. Garneau: M. le Président, le ministre de l'Agriculture
n'est manifestement pas au courant de ce dossier. Est-ce que le ministre
pourrait nous expliquer comment il se fait que, cette année, la
raffinerie de sucre fera un déficit de l'ordre de $2 millions, alors
qu'au cours des cinq ou six dernières années, le surplus
accumulé d'affaires était de $9 millions de profit en quatre,
cinq ans et, en une seule année, $2 millions de pertes? Le ministre
pourrait-il nous dire ce qui ne marche plus à la raffinerie de sucre de
Saint-Hilaire, pour avoir une telle situation?
Le Président: M. le ministre de l'Agriculture.
M. Garon: C'est qu'en 1974/75, tout le monde sait qu'il y a eu un
prix du sucre incroyablement élevé par rapport à d'autres
années. En 1974, je pourrais vous dire que c'est à peu
près la plus petite production de sucre dans l'histoire du
Québec, une des plus petites productions de sucre.
Comme le prix du sucre était tellement élevé
et tout le monde se le rappelle en 1974/75, il y a eu des profits quand
même, ce qui explique les profits de 1974/75, comparé à
cette année. Quand on est arrivé au gouvernement, il y avait des
projets, des études, mais pas de décisions de prises; qu'est-ce
qu'on fait avec la raffinerie, est-ce qu'on la diversifie? Il y en a qui
disaient: Changeons d'équipement et on pourra diversifier après,
sans savoir ce qu'on ferait plus tard avec l'entreprise, alors qu'on sait qu'il
y a différentes possibilités. Dans cela il y en a qui demandent
des équipements avec l'acier doux, d'autres avec l'acier inoxydable,
alors qu'avec la betterave on a besoin seulement d'acier doux et pas d'acier
inoxydable.
Il est évident qu'au moment de faire des investissements
considérables, il faut savoir ce qu'on fera avec l'entreprise. Ce dont
on a hérité au fond c'est d'une entreprise... On est
arrivé là vers ce temps-ci ou un peu plus tôt l'an dernier.
L'entreprise n'était pas diversifiée. Personne ne savait ce qui
se ferait avec la raffinerie de sucre. Evidemment, il y a eu une récolte
moins grande parce que les cultivateurs de l'endroit se demandent depuis des
années ce que le gouvernement va faire avec cela. Ils savent que
l'équipement vieillit et que la bâtisse est sombre un peu.
Le Président: M. le député de
Jean-Talon.
M. Garneau: M. le Président, le ministre de l'Agriculture
est en train de nous dire que les betteraves sont moins sucrées depuis
que le PQ est au pouvoir. Cela doit être une histoire comme le "baby
boom" du premier ministre, je ne comprends rien là-dedans. Est-ce que le
ministre de l'Agriculture ne serait pas conscient du fait que c'est justement
une des décisions qu'il a prise l'an dernier et qui a été
critiquée par l'Opposition, en ce qui regarde l'établissement du
prix de la betterave à sucre, qui est la cause des problèmes de
mises à pied de personnes qui travaillaient depuis 20 ans? Qu'il ne
vienne pas nous parler du patronage des dernières années, il y a
des gens qui avaient 20 ans de travail à la raffinerie de sucre de
Saint-Hilaire et qui sont maintenant mis à pied à cause de cette
décision du ministre.
M. Garon: Pas du tout. Ce n'est pas parce que c'est une
entreprise gouvernementale... Je comprends qu'on dise que les entreprises
gouver-
nementales ce n'est pas bon parce qu'on les organise pour qu'elles
soient en déficit constamment. Ce qu'on veut faire de la raffinerie de
sucre c'est une entreprise qui va fonctionner et sans déficit. Quand on
dit que c'est à cause du gouvernement que la production de la raffinerie
a été plus faible, ce n'est pas à cause du gouvernement
puisque les décisions, et vous le savez, se prennent à l'automne.
Les gens déposent les engrais dans les champs au cours de l'automne. Ils
prennent leurs décisions à l'automne, pour voir s'ils vont semer
l'année suivante. C'est de commune renommée, dans cette
région, que les gens prennent leurs décisions à l'automne.
Ils ont pris leurs décisions avant qu'on prenne le pouvoir. S'ils ont
moins semé c'est à cause du Parti libéral, s'il y a
quelque chose.
Le Président: Dernière question, M. le
député de Jean-Talon.
M. Garneau: M. le Président, je ne sais pas si je dois
rire ou pleurer, mais cela me fait de la peine de voir le ministre se
prêter à de telles bouffonneries concernant une situation qui
affecte autant de producteurs. Je voudrais demander au ministre de
l'Agriculture comment il se fait que malgré les objections dont nous lui
avons fait part l'an dernier, nous du côté de l'Opposition, il n'a
pas voulu apporter de correctifs de telle sorte que les cultivateurs n'ont
produit cette année que la moitié de la production habituelle de
la raffinerie de sucre de Saint-Hilaire, et c'est ce qui expliquerait les
déficits de cette année comparativement au surplus des
années passées, du moins pour une bonne partie.
M. Garon: Non. Le prix offert est excellent. Ce qu'on a offert
c'est un prix plancher qui était basé sur les expectatives de
prix du marché du sucre pour l'année qui s'en venait. Ce qui est
arrivé c'est que les producteurs agricoles de la région et
je pense plutôt au président du syndicat, M. Overbeek
avaient l'impression que le prix serait beaucoup plus élevé. Je
ne connais pas le prix du sucre, je ne suis pas un champion ou un expert du
sucre. Dans le conseil d'administration de la raffinerie...
M. Grenier: ... que vous n'êtes pas champion. Le
Président: A l'ordre!
M. Garon: L'amiante ce n'est pas mon secteur.
M. Lavoie: Vous ne connaissez pas le sucre.
M. Garon: Le sucre, je connais cela aussi comme consommateur. Je
ne suis pas diabétique, mais vous savez qu'il y a bien des gros hommes
qui en enterrent des maigres. Parce que, vous savez, les hommes trop maigres
sont rongés intérieurement.
M. Brochu: N'accusez pas vos collègues.
M. Garon: Je vous dirai qu'au point de vue du prix du sucre, ce
qui est arrivé tout simplement, c'est que les producteurs ont
pensé qu'il y aurait encore des variations comme par les années
passées. Ils ont voulu spéculer en quelque sorte sur le prix du
sucre et ils ont préféré avoir une échelle de prix
payé par la raffinerie qui varierait en fonction du marché du
sucre. J'ai bien dit, à ce moment-là, aux gens du syndicat des
producteurs de betteraves à sucre, que j'avais rencontrés pendant
cinq ou sept heures, quand on discutait cette question: A mon sens, vous courez
un risque. Parce que les gens qui sont membres du conseil d'administration sont
des gens compétents qui sont de gros acheteurs de sucre au Québec
et qui connaissent le marché du sucre. Mais ils ont dit: Quand
même, on pourrait faire cela. J'ai dit: Vous courez le risque d'avoir un
prix plus bas que le prix plancher. Ils ont dit: Pas de problème, on est
certain que cela va se vendre plus cher que $0.18. Le prix actuellement est
inférieur à $0.18, pas mal inférieur à $0.18. C'est
évident que cette année, c'est une des années où le
prix du sucre est le plus bas. Ce qui avait été anticipé
par la direction de la raffinerie, c'est ce qui s'est produit.
Mais les producteurs avaient pensé je pense plutôt
à la direction du syndicat des producteurs que le prix serait
plus élevé et ils ont préféré une
échelle de prix comme celle-là. Evidemment, leur anticipation sur
le prix était que le prix du sucre serait élevé et.
à ce moment-là, ce n'est pas le prix qui les a
empêchés de produire, c'est évident, parce qu'ils pensaient
que le prix serait élevé. Toutes les conversations avec eux sont
claires à cet effet; ils pensaient que le prix serait
élevé.
Plus que cela, j'ai offert aux producteurs qu'on discute sur une base de
coût de production et qu'on pense en fonction de la loi sur l'assurance
stabilisation. On a fait des calculs et le prix offert était
supérieur, très peu, mais un peu supérieur au coût
de production, le prix auquel on en serait arrivé par la loi de
l'assurance stabilisation des revenus. A ce point de vue, je pense que ce n'est
pas le prix qui a pu influencer les producteurs.
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Union
Nationale...
M. Garneau: Compte tenu des propos que vient de tenir le ministre
de l'Agriculture, parce que, autrement, je vais me lever sur une question de
privilège, M. le Président...
Le Président: M. le député de
Jean-Talon.
M. Garneau: Je vais prendre une question de privilège
parce que le ministre de l'Agriculture vient de nous dire que le prix qui a
été offert aux producteurs de betteraves à sucre l'a
été à leur demande, alors qu'ici même dans cette
Chambre, au cours de l'automne passé, nous sommes revenus à la
charge à plusieurs reprises pour mettre en garde le ministre, à
la suite de représentations que nous avions des producteurs sur
l'entente qui était
proposée à ces mêmes producteurs. On voit
aujourd'hui qui avait raison. Le ministre est en contradiction flagrante avec
les réponses qu'il nous a données l'automne dernier, au
député de Montmagny, au député de
Maskinongé, et l'on voit aujourd'hui qui est dans le pétrin.
M. Garon: Question de privilège. Qu'on cite la page, qu'on
cite la page pour dire que je suis en contradiction avec ce que j'ai dit l'an
dernier. J'ai dit exactement les mêmes paroles l'an dernier et je mets au
défi M. le député de Jean-Talon de citer les paroles que
j'ai dites comme étant contraires à ce que je dis cette
année.
M. Garneau: M. le Président... M. Garon: Citez donc
la page...
M. Garneau: ... question de privilège une autre
fois...
M. Garon: ... citez le journal des Débats.
M. Garneau: ... M. le Président, question de
privilège. Le ministre de l'Agriculture ne peut pas mettre au
défi un de ses collègues. On sait très bien que c'est dans
les règlements, mais le ministre va se rappeler certainement qu'en
Chambre ici le député de Montmagny...
M, Garon: M. le Président... Le Président: A
l'ordre!
M. Garon: ... ce que j'ai dit l'an dernier, c'est exactement ce
que je dis cette année. C'est que les producteurs ont
préféré, pour la betterave, une échelle qui variait
en fonction des variations du prix du sucre, alors qu'on offrait un prix
plancher et un partage des bénéfices dépassant ce prix
plancher s'il y en avait.
M. Garneau: On vous a dit que cela ne marcherait pas et cela ne
marche pas, non plus.
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît! M. le
leader parlementaire de l'Union Nationale.
M. Levesque (Bonaventure): Question de privilège, M. le
Président...
Le Président: M. le chef de l'Opposition.
M. Bellemare: Je vous remercie, M. le Président. Ma
question...
Le Président: M. le leader parlementaire, il y a une
question de privilège.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, relativement
aux droits des parlementaires, il y a celui-ci: lorsque le ministre de
l'Agriculture vient, par une question de privilège, lui-même dire
qu'il ne s'est jamais contredit relativement à ce qu'il a dit l'an
dernier et à ce qu'il dit cette année, je pense que la
vérité a ses droits. Non seulement il s'est contredit dans ce
temps-là, mais il s'est contredit ce matin lorsqu'il a parlé de
patronage au conseil d'administration et, ensuite, qu'il a rendu
témoignage au même conseil d'administration, sur sa
qualité.
Le Président: M. le ministre de l'Agriculture.
M. Caron: Ce que j'ai dit, c'est un fait de commune
renommée; il y avait du patronage à la raffinerie et nous avons
nommé un conseil d'administration apolitique.
Le Président: M. le ministre de l'Agriculture, à
l'ordre, s'il vous plaît!
M. le leader parlementaire de l'Union Nationale.
Contrat à la General Motors
M. Bellemare: M. le Président, ma question s'adresse au
premier ministre et elle concerne le contrat de Bombardier versus General
Motors. Vu que c'est dans mon comté particulièrement et que le
nombre de 5000 employés a baissé à 3000 depuis un certain
temps, je voudrais lui poser une question qui a deux volets. La première
question s'adresse à lui, personnellement. A-t-il reçu la
requête composée de milliers de noms de personnes protestant
contre cet acte posé dernièrement par le gouvernement?
M. Lévesque (Taillon): Non. Il est fort probable que, si
le député de Johnson ce qui est compréhensible,
puisque c'est dans son comté l'a reçue, je l'aurai
éventuellement, mais je ne l'ai pas vue encore.
Le Président: M. le leader parlementaire.
M. Bellemare: Voici ma deuxième question: Est-ce que le
premier ministre a l'impression que ce contrat, qui affecte
énormément la compagnie Bombardier, n'a pas été
donné je ne sais pas, c'est hypothétique, je pense que le
premier ministre peut refuser de me répondre à General
Motors pour protéger les emprunts possibles de la province de
Québec aux Etats-Unis?
M. Lévesque (Taillon): C est la première nouvelle
que j'en ai, mais je ferais remarquer au député de Johnson que
cela ne sert à rien de chercher midi à quatorze heures. Jamais
une idée comme celle-là n'a pu nous passer par l'esprit. La seule
chose, c'est qu'après l'étude faite par les commissions de
transport elles-mêmes au point de vue technique et par un comité
expert à l'intérieur du gouvernement, surtout au ministère
de I'Industrie et du Commerce et au ministère du Transport, il n'y avait
absolument aucune autre façon de traiter ces soumissions que de
l'accorder au plus bas soumissionnaire. J'ai eu, avec mes collègues du
développement économique et de l'Industrie et du Commerce, une
rencontre qui a duré assez longtemps avec les dirigeants de Bombar-
dier, après la décision. Je dois dire très
simplement et très franchement au député de Johnson que la
conversation, qui a duré au-delà d'une heure, a tout simplement
confirmé que, sauf s'il n'y avait pas eu de soumission du tout et qu'on
avait littéralement envoyé un contrat sans soumission à
l'entreprise, il n'y avait pas de façon d'en sortir.
Cela peut être douloureux à accepter, mais, si on
établit des règles du jeu et qu'on demande des soumissions, il
faut les respecter. Je dois souligner au député de Johnson qu'on
a même demandé aux gens qui établissaient les
critères des soumissions de faire un maximum presque sans
précédent pour permettre plus facilement à Bombardier de
soumissionner; entre autres, les délais accordés, franchement,
étaient exceptionnels et on a donné ouverture à du
prépaiement possible, parce que Bombardier ne se sentait pas les reins
nécessairement assez solides pour tenir cela pendant cinq ans. Donc, il
y avait un prépaiement pour l'équipement prévu, de
même aussi que l'indexation en cours de route pour les mêmes
raisons. Si tout cela qui était vraiment exceptionnel, a permis à
Bombardier de soumissionner, mais ne lui a pas permis de remporter le contrat,
je le regrette autant que le député de Johnson, mais c'est un
fait.
M. Bellemare: L'honorable premier ministre nous avait promis de
déposer les annexes des contrats, les indications, les expertises de
spécialistes. Est-ce qu'il s'apprête à nous les faire
parvenir bientôt?
M. Lévesque (Taillon): Je regrette, on a été
un peu pris en fin de semaine. Je n'ai pas pu transmettre à mes
collègues du Transport, de l'Industrie et du Commerce, les
requêtes très spécifiques qui sont nécessaires.
Mais, aussitôt que cela va être fait, après la
période des questions, on pourra peut-être, d'ici une
journée ou deux au maximum, déposer cela.
M. Bellemare: Dernière question, M. le Président.
Est-ce que j'aurais le droit de proposer une motion non annoncée pour
féliciter le gouvernement fédéral d'avoir donné un
contrat à Bombardier de $40 millions pour le chemin de fer du
Venezuela.
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Union
Nationale, vous violez le règlement.
M. Lévesque (Taillon): Je ferai remarquer au
député de Johnson qu'il patine...
M. Bellemare: M. le Président, le premier ministre viole
le règlement. Alors, on n'a pas le droit de dire que le gouvernement
fédéral a donné $40 millions. Au contraire, sur un contrat
comme celui-là. Voyons donc!
M. Lévesque (Taillon): Je ferai remarquer au
député de Johnson, si je prends cela comme une question, qu'il
patine sur une glace plutôt légère.
La filiale du Canadien National, Canavan, qui vient d'accorder un
contrat, une répartition, si vous voulez, à Bombardier d'un
morceau d'un contrat de $40 millions, mais qui peut varier, je pense, jusqu'aux
environs de $400 millions, dans un domaine où Bombardier-MLW sont
déjà actifs, déjà équipés et
déjà présents, se trouve à donner une
répartition de quelque chose comme 10% à 15% du contrat
d'ensemble.
On ne peut pas dire, tant que les Québécois paient leur
part des impôts, que cette filiale d'une société de la
couronne fédérale fait plus que l'effort minimum.
M. Bellemare: On peut les féliciter, toujours, d'avoir
pensé à la compagnie québécoise du nom de
Bombardier.
M. Brochu: Question additionnelle, M. le Président.
M. Lévesque (Taillon): Si on les félicite pour
quelque chose qui est le minimum minimorum, c'est vraiment un tout petit peu de
la dépendance.
M. Bellemare: Et on ne vous félicite pas, vous, d'avoir
enlevé $92 millions à la province de Québec.
Le Président: A l'ordre. M. le député de
Richmond.
M. Brochu: Merci, M. le Président. J'ai l'impression que
le gouvernement aura beaucoup de représentations de la part des Cantons
de l'Est en ce qui concerne ce contrat puisqu'il m'a été
donné de rencontrer quelques organisateurs importants, également
du Parti québécois, dans les Cantons de l'Est. Ils ne sont pas
très heureux actuellement de la décision qui a été
prise. M. le Président, le gouvernement du Québec est prêt
à verser un montant de $250 millions dans la Société
nationale de l'amiante en vue d'entrer dans le jeu de l'amiante, comme le
premier ministre l'a dit à différentes occasions, sans que cela
crée une seule "job", c'est en vue seulement de pouvoir entrer dans le
jeu pour, éventuellement, plus tard, créer une industrie
secondaire.
Maintenant, le gouvernement accorde à General Motors, pour une
période temporaire, un contrat comme cela, avec une petite
différence de quelques millions, au lieu de permettre à
l'entreprise Bombardier d'acquérir une stature plus grande et de devenir
compétitive sur d'autres marchés. Ma question est la suivante, M.
le Président, comment, dans la philosophie du gouvernement...
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît. M. le
député de Richmond, il vous reste une minute, de toute
manière.
M. Brochu: J'étais en train de formuler ma question, M. le
Président. Comment le premier ministre peut-il concilier ces deux
éléments, ces deux politiques différentes, soit
d'être prêt à inves-
tir $250 millions sans créer un emploi avant de procéder
à l'autre stade, et, deuxièmement, de vouloir sauver $3 millions
pour donner à une compagnie étrangère un contrat qui
enlève à Bombardier la possibilité d'acquérir une
stature qui lui permetrait de devenir compétitive sur d'autres
marchés?
M. Lévesque (Taillon): Le député de Richmond
devrait voir que, d'une part, en tant que Québécois, il s'agit
d'entrer dans un domaine où, depuis des années et des
années, la ressource est exploitée exclusivement par des
entreprises étrangères. Par conséquent, et non seulement
sur une perspective de quelques années, cela va créer on
l'espère très fermement beaucoup d'emplois du
côté de la transformation, qui n'a jamais été
privilégiée au Québec. En plus, cela va nous faire entrer
dans le club de l'amiante, plutôt que d'être simplement ceux qui
creusent les trous.
Le député devrait comprendre que c'est un secteur de
l'économie sur lequel, je crois, la politique de l'amiante nous ouvre
des perspectives d'avenir. D'autre part, pour ce qui est de
l'intégrité des soumissions, une petite différence de
quelques millions plus tous les autres facteurs qui ont déjà
été longuement expliqués, c'est la réputation
même de l'administration publique qui est en jeu.
J'ajouterai simplement une brève réponse au
préambule du député. C'est vrai que certains membres
on m'en a parlé au Conseil national du parti certains
militants, si on veut, du Parti québécois dans les Cantons de
l'Est étaient quelque peu inquiets. Ils avaient une bonne raison que
l'un d'eux m'a expliquée, c'est qu'ils se sont fait mentir aussi dans
certaines publicités ou certaines propagandes que je n'ai pas pu suivre
à la trace. Par exemple, il y en a un qui est arrivé pour me
dire: Comment se fait-il que vous avez fait cela? Il paraît que
c'était $800 000 de moins, la soumission de Bombardier, que celle de GM.
Quand on se fait mentir à plein tube comme cela, il va falloir envoyer
des informations, c'est clair.
M. Brochu: Question additionnelle.
Le Président: Fin de la période des questions.
Motions non annoncées. M. le leader parlementaire du gouvernement, avis
à la Chambre.
M. Burns: II n'y a pas de vote enregistré, M. le
Président?
Le Président: Enregistrement des noms sur les votes en
suspens. Il n'y en a pas aujourd'hui, je crois.
Motion pour faire siéger la Commission du
travail
M. Burns: M. le Président, je vais faire motion. Il n'y
aura aujourd'hui qu'une seule commission qui siégera, à moins
qu'au cours de la journée nous soyons en mesure, avec le consentement de
tout le monde à l'Assemblée nationale, de faire siéger une
autre commission, mais, au moment où je vous parle, il n'y a pas de
projet de faire siéger une autre commission que celle que je vais
inclure dans ma motion.
Je fais donc motion pour qu'immédiatement, et ce jusqu'à
minuit, avec suspension à 13 heures jusqu'à 15 heures et
suspension à 18 heures jusqu'à 20 heures, la commission du
travail, de la main-d'oeuvre et de l'immigration se réunisse à
nouveau pour poursuivre son examen du projet de loi no 45, ceci au salon
rouge.
Le Président: Cette motion sera-t-elle adoptée?
M. Lavoie: Vote enregistré, M. le Président.
Le Président: Qu'on appelle les députés.
Vote sur cette motion
Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît! C'est
la mise aux voix de la motion de M. le leader parlementaire du gouvernement,
à savoir que la commission permanente du travail et de la main-d'oeuvre
étudie, article par article, le projet de loi no 45, Loi modifiant le
Code du travail et la Loi du ministère du travail et de la
main-d'oeuvre, et continue immédiatement ses travaux au salon rouge.
Que celles et ceux qui sont en faveur de cette motion veuillent bien se
lever, s'il vous plaît!
Le Secrétaire adjoint: M. Burns, Mme Guerrier. MM.
Bédard, Landry, Léonard, Couture, Tremblay, Bérubé,
Johnson, O'Neill, Mme Ouellette, M. Joron, Mme Payette, MM. Lessard, Proulx,
Lazure, Garon, Chevrette, Michaud, Paquette, Marcoux, Fallu, Rancourt, Mme
Leblanc, MM. Grégoire, Bertrand, Laplante, Bisaillon, Guay, Gendron,
Mercier, Marquis, Lacoste, Brassard, Clair, Gosselin, Lefebvre, Dussault,
Beauséjour. Baril, Bordeleau, Gravel, Gagnon, Jolivet, Levesque
(Bonaventure), Lavoie. Lalonde, Forget, Garneau, Goldbloom, Saint-Germain, Mme
Lavoie-Roux, MM. Raynauld, Lamontagne, Caron, Gratton, Verreault, Biron,
Bellemare, Grenier, Goulet, Fontaine, Brochu, Le Moignan, Samson.
Le Vice-Président: Contre. Abstentions.
Le Secrétaire: Pour: 65 Contre: 0
Abstentions: 0
Le Vice-Président: La motion est adoptée. La
commission peut siéger dès le moment présent.
M. le leader parlementaire du gouvernement, avez-vous d'autres avis?
Projet de loi no 102
M. Burns: La commission va siéger immédiatement, M.
le Président. On va donner le temps à nos collègues de se
rendre à la commission. En attendant, M. le Président, si j'avais
le consente-
ment unanime de la Chambre, j'appellerais le projet de loi no 102 que
j'ai déposé ce matin et qui, à toutes fins pratiques, ne
semble pas poser de problèmes puisqu'il est l'objet d'une
négociation avec les représentants de chacun des partis. C'est
pour régulariser une certaine façon de nommer les directeurs
adjoints au directeur du financement des partis politiques. Si j'ai ce
consentement, M. le Président, je vous demanderai donc de vous
référer à ce qui apparaît, ce matin, à
l'article o), le projet de loi no 102, Loi modifiant la Loi régissant le
financement des partis politiques et modifiant la Loi électorale.
Deuxième lecture
Le Vice-Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement, vous savez fort bien qu'en vertu de l'article 115 vous devez
obtenir le consentement unanime pour qu'on puisse, à la même
séance procéder à une deuxième lecture. Est-ce que
ce consentement est accordé?
M. Lavoie: D'accord.
Le Vice-Président: Consentement accordé. M. le
leader parlementaire du gouvernement, officiellement vous faites motion pour
que soit lu une deuxième fois le projet de loi no 102, Loi modifiant la
Loi régissant le financement des partis politiques et modifiant la Loi
électorale.
M. le leader parlementaire du gouvernement en votre titre de ministre
d'Etat à la réforme électoraleet parlementaire.
M. Robert Burns
M. Burns: Merci, M. le Président. Il s'agit dans ce projet
de loi, bien simplement, de deux éléments qui sont des
détails, à mon avis, entre autres, pour faciliter la
référence au projet de loi no 2. Ah oui! M. le Président,
le lieutenant-gouverneur a pris connaissance de ce projet de loi et il en
recommande l'adoption par l'Assemblée.
Donc, je m'excuse de cette interruption, j'avais oublié la
formule sacramentelle. Il s'agit vraiment de deux seules dispositions, et je
vais être très bref là-dessus, pour faciliter la
référence à ce qui était le projet de loi no 2, qui
est devenu la Loi régissant le financement des partis politiques
à laquelle on avait ajouté, pour être fidèles aux
buts que nous poursuivions lorsque nous l'avons présentée "et
modifiant la Loi électorale". Nos légistes nous ont
suggéré qu'il fallait peut-être laisser tomber à
l'avenir "et modifiant la Loi électorale ", même si effectivement
la loi l'a fait. Un des premiers éléments, c'est d'essayer de
trouver un nom qui soit plus court à cette loi.
La deuxième partie de la loi, M. le Président,
reconnaît tout simplement que les adjoints au directeur
général du financement des partis politiques seront
également, tout comme lui, nommés par les deux tiers de
l'Assemblée nationale, chose avec laquelle j'étais
entièrement d'accord depuis le début. On s'est rendu compte, au
cours des négociations que nous avons eues entre les repré-
sentants des divers partis politiques à l'Assemblée nationale,
que cela devenait peut-être une chose utile et même
nécessaire à insérer dans le projet de loi.
Cela nous permettra, eu égard à ces négociations,
dans les plus brefs délais, j'espère, de désigner ces
trois personnes, via l'Assemblée nationale, c'est-à-dire le
directeur général du financement des partis politiques ainsi que
ses deux adjoints, dont l'un aura une fonction beaucoup plus à
caractère de contrôle, et l'autre, une fonction beaucoup plus
à caractère d'information, du moins c'est un peu la conception
que nous en avons. Bien sûr, le directeur général du
financement des partis politiques lui-même, avec ses deux adjoints
décideront entre eux de la répartition de la tâche. Mon
boulot, en ce qui me concerne, comme ministre d'Etat à la réforme
électorale et parlementaire, aura été accompli, et la loi,
une fois mise en vigueur, leur est remise entre les mains. Le contrôle,
par la suite, et je pense que les députés se souviendront que
cela a fait l'objet d'un débat en commission parlementaire, ne
relèvera pas, quant à son application, d'un ministre, pas plus de
celui qui vous parle que d'un autre, sinon indirectement du ministre de la
Justice qui supervise l'ensemble de la législation au Québec
lorsqu'il n'y a pas un ministre particulièrement désigné
dans une loi. Cela leur permettra, justement, de mettre en application la loi,
espérons-le, dans les plus brefs délais possible. Ce sont les
seules remarques que j'avais à faire, M. le Président,
relativement à ce projet de loi qui m'apparaît comme devant
être de façon assez rapide et sans aucune difficulté.
Le Vice-Président: M. le leader parlementaire de
l'Opposition officielle.
M. Jean-Noël Lavoie
M. Lavoie: Très brièvement, M. le Président,
ce projet de loi 102 est apporté ce matin par le leader du gouvernement
après de nombreuses consultations avec l'Opposition officielle et
l'Union Nationale. On sait qu'on ajoute à la loi la création de
deux postes de directeurs adjoints qui seront les assistants qui aideront le
directeur général dans ses fonctions. Ces deux directeurs
adjoints seront nommés à plein temps. Nous y sommes favorables,
nécessairement, puisque nous l'avons suggéré, et je
voudrais citer ici, répéter quelques mots que j'avais
prononcés. Je ne me rappelle pas si c'était en deuxième
lecture je n'ai pas eu le temps de vérifier de la loi no 2
ou lors des auditions en commission parlementaire avant l'adoption de la loi no
2.
Ce que je disais, à ce moment-là, c'est ceci: Quant
à la troisième et dernière recommandation, elle concerne
la structure administrative de cette loi no 2. Cette structure administrative
consisterait à avoir un organisme central qui régirait tout le
dossier électoral: dépenses électorales, financement des
partis politiques, cartes électorales, etc., et ayant à sa
tête un directeur général, assisté de deux
directeurs adjoints responsables de diffé-
rents dossiers concernant la grande structure élective, ou tout
le système démocratique.
La suggestion que je faisais à ce moment était que cela
permettrait une meilleure utilisation des ressources, une meilleure
planification des opérations et aurait l'immense avantage
d'éviter la surmultiplication des organismes engendrant
ambiguïté, lourdeur et contradiction.
La seule suggestion, j'y reviens très brièvement, que
j'adresse au ministre responsable de cette loi: Dans les mois qui suivront, il
apportera sans doute des modifications je pense que c'est dans ses
priorités au système, peut-être pas au
système électoral, mais à toute la structure
électorale. Si on voulait bénéficier de toutes les
ressources et des investissements, parce que ce sont des salaires additionnels
que les salaires de ces deux adjoints... Le président
général des élections n'avait pas, je crois, dans la loi,
d'adjoint. Il a peut-être un adjoint, je ne sais pas si c'est dans la loi
ou...
M. Burns: II n'en a pas actuellement.
M. Lavoie: ... il n'en a pas. Le directeur général
des élections n'a même pas d'adjoint. Je reviens à la
charge pour demander au ministre s'il n'y aurait pas lieu, dans sa grande
réforme, d'avoir un grand organisme, un organisme centralisé de
qui relèveraient les élections telles qu'elles, les consultations
populaires parce que c'est dans le processus démocratique
le contrôle des dépenses électorales, une autre commission,
qu'on pourrait intégrer, de la refonte permanente de la carte
électorale; en somme, tout ce qui concerne les moyens d'expression
démocratiques de la population. Il y aurait un grand directeur
général et des directeurs adjoints, comme nous en créons
actuellement, mais uniquement à l'occasion du financement des partis
politiques. C'est une suggestion que je fais et je demanderais au ministre de
la prendre en considération. Sur ce, il n'y a aucun doute, nous voterons
en faveur de ce projet de loi.
Le Vice-Président: M. le leader parlementaire de l'Union
Nationale.
M. Maurice Bellemare
M. Bellemare: M. le Président, mes premiers mots sont pour
remercier l'honorable leader parlementaire de s'être rendu aux
suggestions que nous lui avons faites, et particulièrement de vouloir
comprendre la nécessité qu'il y aurait, dans une loi comme
celle-là, qu'il n'y ait aucun doute possible sur l'administration de la
loi. Mais il a ajouté ce matin une indication nouvelle; il nous a dit:
Un sera le chef, l'autre s'occupera de l'administration et un troisième
s'occupera de l'information. Je pense que cela n'est que dans sa conception
qu'il se fait du rôle qui sera dévolu à chacun d'eux. Mais,
M. le Président, qu'est-ce qui arriverait...
M. Burns: Est-ce que le député me permet tout
simplement...
M. Bellemare: Oui, oui.
M. Burns: ... pour qu'il ne s'en aille pas sur une fausse piste
sur laquelle peut-être je l'aurais mis moi-même? J'ai bien dit que
c'était ma façon de le concevoir. Le directeur
général et ses deux adjoints peuvent le voir autrement. C'est
uniquement en me référant au caractère double de la
fonction ou des fonctions qui sont dévolues au directeur
général, c'est-à-dire l'information et le contrôle.
Maintenant, si ces trois personnages désignés par
l'Assemblée nationale, comme je n'ai pas à les contrôler
par la suite, décident de fonctionner autrement, évidemment, la
liberté sera à eux, pour autant qu'ils fonctionnent dans le cadre
de la loi. Je ne voudrais pas être mal compris...
M. Bellemare: Non, non. J'ai très bien compris et je pense
que c'est ce que j'avais dit pour suivre textuellement le ministre dans son
exposé. Mais s'il arrivait qu'à un moment donné, dans
l'application de la loi, sur un article, il y avait un débat qui
s'engagerait entre les trois sur la portée, sur la conséquence,
sur l'obligation, sur l'acheminement possible d'une décision, et s'il
n'y a pas entente entre les trois, qui décidera?
Il n'y a aucun appel, je n'ai vu nulle part qu'on avait un droit
d'appel. Est-ce que ce sera le président contre deux ou deux contre le
président? C'est qui?
M. Burns: Vous avez le comité consultatif des partis
politiques qui va sûrement jouer un rôle très positif pour
conseiller le directeur général et, sans aucun doute, ses deux
adjoints. A la rigueur, si on était placé devant une
espèce de goulot absolument impossible à traverser, à ce
moment-là, il y a toujours l'arbitrage de l'Assemblée nationale,
qui pourrait toujours préciser dans la loi... Il y aurait cette
possibilité.
M. Bellemare: J'aurais été bien heureux que le
ministre me l'ait dit, parce que c'est humain; cela va être humain et
cela va être très sensible et délicat parce que, dans
certains cas particuliers, il peut y avoir un désaccord sur
l'interprétation d'un mot, d'une phrase ou d'un article de la loi, et on
est là devant un puzzle insoluble. Si le ministre me dit que s'il y
avait un tel désaccord ou un manque d'interprétation de la loi,
on devrait revenir à l'Assemblée nationale pour qu'on puisse le
soumettre à une commission spéciale de la présidence, je
pense qu'on aurait véritablement... Maintenant que le ministre nous l'a
assuré et que c'est au journal des Débats, cela va nous
être beaucoup plus facile, et je suis d'avance d'accord pour l'adoption
du projet de loi.
Le Vice-Président: M. le député de
Rouyn-Noranda.
M. Bellemare: Officiellement, c'est le parti que je
représente.
M. Camil Samson
M. Samson: M. le Président, seulement quelques mots sur le
projet de loi 102. Je trouve cela
un peu curieux, pas que le projet de loi nous soit
présenté, mais qu'il y ait certaines affinités entre le
projet de loi 102 et le projet de loi 2, comme il y en avait entre le projet de
loi 101 et le projet de loi 1. Cela fait curieux un peu de voir...
M. Burns: C'est par pur hasard.
M. Samson: Oui, c'est peut-être que, parfois, le hasard
fait bien les choses. Le projet de loi 2 avait été
déposé de bonne heure au printemps, comme le projet de loi 1, et
le projet de loi 2 a été, lui, adopté à la fin
d'août alors que le projet de loi 1 avait dû changer de
numéro pour se faire adopter à peu près dans le même
temps. Au sujet de ce projet de loi 102, je voudrais faire remarquer ceci, qui
pourrait être utile pour l'avenir. Ce n'est pas que j'aie l'intention ni
de voter contre ni de parler contre le projet de loi 102, au contraire, je
trouve raisonnable qu'il nous soit présenté à ce
moment-ci. Mais vous voyez là, M. le Président je le dis
à l'attention du leader du gouvernement que quand on arrive vers
la fin de la session ou à l'approche d'un ajournement et qu'on subit la
bousculade ordinaire cela n'a pas changé, depuis que je suis ici,
depuis 1970, cela a toujours été parei il reste qu'on
n'est pas bien placé pour faire de la bonne législation. On en a
une preuve, encore ce matin.
M. Bellemare: Vous avez vu des négociations qui ont
été archi-nombreuses avant d'en arriver là.
M. Samson: Oui, pour ce qui arrive ici aujourd'hui, mais je
voudrais faire comprendre aussi au leader de l'Union Nationale que ceci vient
corriger, en quelque sorte, ce qui aurait dû être fait.
M. Bellemare: Parce qu'il n'y avait pas entente.
M. Samson: Sur le projet de loi no 2.
Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Bellemare: Oui, d'accord!
Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Samson: Si ces négociations qui ont eu lieu, par la
suite, à venir jusqu'à maintenant, avaient eu lieu avant qu'on
adopte le projet de loi no 2, et si on n'avait pas eu à l'adopter dans
ce climat de bourrasque, on n'aurait pas besoin d'aborder cela aujourd'hui,
cela aurait été dans le projet de loi 2. C'est ce que je veux
faire comprendre. Je le fais en toute objectivité parce que je trouve
que c'est un petit peu malheureux qu'on soit obligé d'y revenir. Si cela
avait été dans le premier projet de loi, si on avait
réussi à l'inclure dans le premier projet de loi, d'abord, la loi
2 serait promulguée entièrement aujourd'hui, ce qui n'est pas le
cas. Cela fait drôle, un peu, de voir que dans la loi 2, il y a certains
articles de promulgués et certains autres articles qui traînent.
Evidemment, il faut qu'ils traînent parce qu'on n'a pas encore
nommé le directeur général du financement. Pour le nommer,
il a fallu discuter longuement, et cela m'apparaît je dis que cela
m'apparaît, M. le Président, parce que je n'ai pas
participé aux négociations, je ne sais pas dans quel sens cela
s'est fait comme étant le moyen, pour le gouvernement,
d'établir le consensus qui était un peu nécessaire
à la nomination du directeur général des finances.
Bien sûr, si c'est là le moyen trouvé par les trois
parties concernées, je suis d'accord. J'en suis fier, parce que je suis
l'un de ceux qui trouvent que, quand on a à adopter un projet de loi, ce
n'est pas pour les archives, il faut le mettre en application.
Là, on va permettre de mettre le projet de loi no 2 en
application par cet amendement qu'apporte le projet de loi 102. Maintenant, je
trouve cela correct. C'est une nette amélioration qu'il y ait un
directeur général et que deux adjoints soient nommés.
Qu'on ne définisse pas les fonctions actuellement, je trouve cela sage
parce que le comité consultatif, je pense, devrait avoir un bon
rôle à jouer, un rôle de consultation et de suggestion. On
pourra voir ensemble de quelle façon pourra travailler ce triumvirat
pour qu'il y ait non pas uniquement satisfaction pour tous les partis
politiques, mais aussi cette pensée profonde que le bureau de direction,
qui verra à l'application de la loi 2, c'est quelque chose qui trouve
dans sa plus profonde impartialité sa source, en quelque sorte, de
travail.
Nous avons maintenant l'impression nette que cela va être
totalement impartial, le travail qui va être fait par ces gens. Je
voudrais que cela puisse continuer comme cela. Lorsqu'on aura ces
premières réunions avec le comité consultatif, on pourra
peut-être établir avec lui, en faisant des suggestions positives,
de quelle façon il pourra travailler le mieux possible. Evidemment, je
n'aimerais pas que cela devienne trois personnes dont deux sur trois auront
toujours le dessus sur la troisième. Ce ne serait pas bon. A ce moment,
il vaudrait peut-être mieux définir que le directeur, c'est le
directeur et que les autres sont des adjoints, point.
De toute façon, je ne m'avance pas plus là-dessus parce
que je pense qu'on ne peut pas en discuter facilement tant que le comité
consultatif ne se sera pas réuni et tant qu'on ne connaîtra pas,
non plus, officiellement, du moins, les noms de ceux qui seront proposés
par la motion gouvernementale qui, je le suppose, viendra probablement demain,
maintenant, ou quelque chose comme cela. M. le Président, je voterai en
faveur du projet de loi 102.
Le Vice-Président: M. le ministre, votre réplique.
M. Robert Burns
M. Burns: M. le Président, je remercie tous nos
collègues de l'Opposition de leur collaboration relativement à ce
projet de loi. C'est avec un certain sourire que j'ai remarqué le fait
qu'on parlait du bill 2 et du bill 102. Ce fait, qui a été
sou-
levé par le député de Rouyn-Noranda, je ne l'avais
pas remarqué, d'ailleurs. Je lui dis que c'est une pure
coïncidence. Remarquez que le bill 102 ne vient pas contredire ou changer
le bill 2 et n'a pas le même effet comme tel. En tout cas, c'était
amusant de voir ce parallèle qu'il faisait. Je dois dire
également, M. le Président, que, lorsque j'avais
présenté le projet au Conseil des ministres la première
fois, dans mon esprit, nous devions désigner dans la loi les deux
adjoints. A la suite d'un certain nombre de consultations, on nous a
indiqué que ce n'était peut-être pas une bonne chose de
multiplier à l'infini des postes nommés dans des lois. C'est dans
ce sens qu'à un moment donné j'avais un peu retraité sur
mon mémoire présenté au Conseil des ministres.
Comme cela semblait répondre au voeu des partis de l'Opposition
et de l'ensemble des membres de l'Assemblée nationale, je suis revenu
sur cette position. C'est dans ce sens que le projet de loi vous est
présenté aujourd'hui. Quant à la remarque très
intéressante, à mon avis, du député de Laval, sur
cette espèce de grand organisme ou de supercommission en matière
électorale et pa-raélectorale, je lui dis d'avance que c'est non
seulement une suggestion que je considère intéressante, mais que
c'est une suggestion que nous avons à l'étude actuellement,
justement dans les domaines qu'il mentionnait, c'est-à-dire dans le
domaine électoral, dans le domaine du financement des partis politiques,
dans le domaine de la consultation populaire qui, éventuellement,
viendra sur la table et dans d'autres domaines, dans un but, peut-être,
d'envisager éventuellement un grand code électoral contenant
plusieurs titres et plusieurs responsabilités.
Dans ce sens, je vous dis tout de suite, M. le député de
Laval, que ce n'est pas incompatible avec notre façon de voir les
choses, la suggestion que vous venez de faire, bien au contraire.
Nous sommes actuellement à examiner cette possibilité,
dans le cadre d'une grande réforme électorale qui pourrait
permettre cette transparence que tout le monde désire, et que le
gouvernement actuel désire plus particulièrement mettre en
vigueur assez rapidement.
M. Bellemare: ... très douloureux. M. Burns:
Pardon?
M, Bellemare: C'est un accouchement douloureux.
M. Burns: II y a des accouchements qui sont douloureux et il y en
a qui ne le sont pas. Dans ce cas, je ne pense pas que ce soit douloureux.
C'est quelque chose qui suit son cours et qui aboutira éventuellement
à quelque chose je l'espère de très concret
et de très positif. Encore une fois, je remercie nos collègues de
leur collaboration relativement au projet de loi.
Le Vice-Président: Cette motion de deuxième lecture
sera-t-elle adoptée?
M. Lavoie: Oui.
Le Vice-Président: Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Deuxième lecture de ce
projet de loi.
Le Vice-Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement.
M. Burns: M. le Président, étant donné,
comme le disait tout à l'heure le député de Rouyn-Noranda,
qu'il est à prévoir que les nominations pourraient venir assez
rapidement déjà les noms, je pense bien, sont connus;
même si ce n'est pas public encore, les noms sont à peu
près connus des gens qui ont eu à en discuter je me
demande s'il n'y aurait pas lieu de faire les écritures
immédiatement pour que, si possible dès demain, si nous avons les
deux tiers de l'Assemblée nationale présents, nous puissions
faire les nominations requises pour mettre cette loi en vigueur le plus
rapidement possible.
Le Vice-Président: S'il y a consentement... Oui, M. le
leader parlementaire de l'Union Nationale.
M. Bellemare: Juste une information qui semble un dialogue.
Est-ce qu'il y a eu un téléphone ou non?
M. Burns: Non, il y a un appel qui va se faire dans quelques
minutes.
M. Bellemare: D accord.
Le Vice-Président: Dans ce cas, il y a réunion de
la commission... Oui, M. le leader parlementaire de l'Opposition
officielle.
M. Lavoie: Juste une courte remarque que j'aurais pu faire en
commission plénière et que je peux faire ici. parce que nous
donnerons notre consentement à ce que les écritures se fassent de
la commission plénière. Aux articles 11 et 12 de la loi 2, il est
prévu l'incapacité temporaire du directeur général
en vertu de la loi telle que rédigée et adoptée cet
été. Le gouvernement désigne alors un remplaçant,
après consultation auprès du conseil consultatif. Dans l'article
12, c'est dans le cas de vacance, le gouvernement a le droit, pour une
période n excédant pas six mois, surtout si le Parlement n'est
pas en session, de nommer un remplaçant pour une période de six
mois, après consultation également. Si cela arrivait, je pense
bien que le gouvernement pourrait aussi bien désigner et ce
serait peut-être un peu normal un des adjoints au choix du
gouvernement pour des périodes temporaires. Je pense que cela pourrait
être une possibilité.
M. Burns: Je pense bien que, dans les faits, c'est ce qui va
arriver.
M. Lavoie: Ce serait logique.
M. Burns: Sauf que dans le projet de loi on se disait: Pourquoi
se lier à cela, pourquoi le dire carrément? Mais je pense que,
dans les faits, la personne la plus apte à remplacer, même pour
une période temporaire, le directeur général, ce serait,
sans aucun doute, un des adjoints. Evidemment, il y aura intervention du
comité consultatif où tous les partis politiques sont
représentés, y compris par un député et un autre
représentant.
M. Bellemare: ... dépassé six mois.
M. Burns: Non, c'est cela. Il faudra revenir devant
l'Assemblée nationale. Si je comprends bien...
Commission plénière
Le Vice-Président: Je comprends qu'il y a consentement,
qu'il y a réunion de la commission plénière, que nous
acceptons le rapport de la commission plénière et qu'il y a
motion de troisième lecture du projet de loi à la même
séance.
M. Burns: Merci, M. le Président.
Troisième lecture
Le Vice-Président: Et que cette motion de troisième
lecture est adoptée. La loi est adoptée?
M. Burns: En troisième lecture, loi adoptée.
M. Lavoie: Etant donné qu'il y a une loi qui concerne un
peu les mêmes questions, la loi no 190, Loi modifiant la Loi
électorale, cela me ferait plaisir de l'adopter. Ce serait la
première loi que je proposerais en 18 ans de parlementarisme.
M. Burns: Peut-être qu'on vous le donnera comme cadeau de
Noël.
M. Samson: Est-ce que cela ne pourrait pas être un cadeau
de Noël?
M. Burns: Cela pourrait être un cadeau de Noël, sauf
que ce n'est pas prévu sur mon programme d'aujourd'hui, M. le
député. A moins qu'on adopte le projet de loi no 67
immédiatement, on pourrait adopter l'autre tout de suite
après.
M. le Président, je vous demanderais maintenant, s'il vous
plaît, d'appeler l'article 11) de notre feuilleton, projet de loi inscrit
au nom du ministre des Terres et Forêts, ou plutôt des Richesses
naturelles. C'est la même personne, soit dit en passant.
Projet de loi no 81 Deuxième lecture
Le Vice-Président: Alors, M. le leader parlementaire,
l'article 11. La motion de deuxième lecture du projet de loi no 81, Loi
modifiant la Loi des droits sur les mines, proposée par M. le ministre
des Richesses naturelles et des Terres et Forêts.
M. le ministre.
M. Yves Bérubé
M. Bérubé: M. le Président, il s'agit d'une
loi à caractère technique qui porte sur l'application de la Loi
des droits sur les mines, chapitre 30 des lois de 1975. En effet, les articles
33 à 35 permettent l'étalement des droits miniers sur trois
exercices antérieurs. Donc, il est permis à un industriel de
l'industrie minière de pratiquer l'étalement, comme dans le cas
de la Loi sur les impôts, de ses revenus de manière à payer
une moyenne d'imposition pour ces trois exercices financiers
consécutifs.
Cependant, à l'article 103, une clause ne permet pas
l'étalement pour l'exercice se terminant avant le 1er avril 1976, la
raison étant relativement simple: En effet, cette loi a
été mise en vigueur le 1er avril 1975, si je ne m'abuse.
Cependant, ce même article 103 permet l'étalement sur deux
exercices financiers antérieurs se terminant je parle là
de l'exercice terminal avant le 1er avril 1977. Donc, dans le cas d'un
exercice se terminant avant cette date du 1er avril 1977, on peut
étaler, cette fois, sur deux exercices antérieurs. Une
conséquence de cette disposition, c'est qu'elle oblige à
étaler sur un exercice qui se termine avant le 1er avril 1976 et, donc,
chevauche le 1er avril 1975, date de l'entrée en vigueur de la loi. Ceci
pose donc des problèmes un peu particuliers puisque la loi ne
précise pas, dans ce cas, comment comptabiliser cet exercice qui est
à cheval sur deux régimes fiscaux entièrement
différents, soit le régime fiscal qui était en vigueur
avant le 1er avril 1975 et le nouveau régime fiscal qui est
défini par la nouvelle loi.
Le principe de l'amendement qui vous est ici présenté vise
à régler cette difficulté qui n'avait pas
été prévue, malheureusement, dans la loi et, en fait,
consiste à définir comment on va comptabiliser le profit aux fins
d'imposition. En fait, le profit d'un exercice chevauchant le 1er avril 1975
s'obtient en combinant la proportion du profit généré
avant le 1er avril 1975, qui, lui, est calculé selon l'ancienne loi
fiscale, avec la proportion du profit généré après
le 1er avril 1975, calculé, lui, suivant la nouvelle loi fiscale.
Après ces explications tout à fait embrouillées et assez
complexes, je pense, je suppose que les membres de cette Assemblée
auront eu le temps de s'arrêter et d'examiner soigneusement les
détails de cette loi qui m'ont paru valables et acceptables. C'est pour
cette raison que j'ai jugé devoir la défendre devant cette
Assemblée.
M. Garneau: Mme le Président, juste quelques mots...
Mme le Vice-Président: M. le député de
Jean-Talon.
M. Garneau: ... pour souligner le fait que l'article qu'on veut
amender a une importance considérable au niveau de l'industrie des mines
au Québec. Pour des raisons de rentabilité à long terme
des entreprises, il avait été inclus, dans la réforme de
la fiscalité minière en 1975, la possibi-
lité de l'étalement sur les profits ou les pertes de ces
entreprises. A cause du chevauchement des années financières
d'entreprises qui ne sont pas toujours à la même date, compte tenu
également que ces états financiers des entreprises ne sont pas
à la même date et que la réforme fiscale est entrée
en vigueur à un moment qui pouvait se situer dans le milieu d'une
année fiscale d'une entreprise, nous comprenons que les techniciens qui
auront à appliquer cette loi ont demandé l'amendement de
précision qui nous est fourni dans le projet de loi no 81.
Pour notre part, nous n'avons pas d'objection à ce que le projet
de loi soit adopté immédiatement.
M. Bellemare: Vous arrivez juste à temps. M. Biron:
Mme le Président...
Mme le Vice-Président: M. le chef de l'Union
Nationale.
M. Rodrigue Biron
M. Biron: ... nous avons pris connaissance de ce projet de loi no
81 et j'ai entendu le ministre donner les explications nécessaires.
Nous comprenons aussi, comme lui, qu'il faut véritablement avoir
une date limite où nous pouvons commencer à faire des chiffres et
comptabiliser. A cause des différences dans les exercices financiers de
certaines entreprises, il faut véritablement prévoir comment on
va faire pour prendre les bilans des exercices financiers de ces entreprises
sur l'étalement des droits miniers. Nous aussi nous sommes d'accord avec
le ministre. Nous constatons qu'il fallait absolument clarifier cette partie de
la loi de 1975 et nous voterons pour ce projet de loi soumis par le
ministre.
M. Garneau: II n'y a plus de leader, Mme le Président. Je
propose qu'on fasse les écritures et qu'on aille en troisième
lecture.
M. Lalonde: Je propose qu'on remplace le gouvernement.
Mme le Vice-Président: Cette motion du ministre des
Richesses naturelles proposant la deuxième lecture du projet de loi no
81, Loi modifiant la Loi des droits sur les mines, est-elle adoptée?
Une Voix: Adopté.
Mme le Vice-Président: Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Deuxième lecture de ce
projet de loi.
Commission plénière
M. Bédard: On pourrait procéder aux
écritures et à la troisième lecture.
Mme le Vice-Président: Le rapport de la commission
plénière est-il adopté?
Une Voix: Adopté.
Mme le Vice-Président: Adopté.
Troisième lecture
M. le ministre des Richesses naturelles propose la troisième
lecture du projet de loi no 81. Cette motion de troisième lecture
est-elle adoptée?
Une Voix: Adopté.
Mme le Vice-Président: Adopté.
M. Bellemare: Vous remarquez la bonne coopération de
l'Opposition, Mme le Président.
M. Bédard: C'est le projet de loi 83.
Mme le Vice-Président: Oui.
M. Bédard: Deuxième lecture, article 13).
Projet de loi no 83 Deuxième lecture
Mme le Vice-Président: Au feuilleton d aujourd'hui, au no
13), le ministre de la Justice propose la deuxième lecture du projet de
loi no 83, Loi visant à favoriser le civisme.
M. le ministre.
M. Marc-André Bédard
M. Bédard: Selon la formule nécessaire, le
lieutenant-gouverneur a pris connaissance de ce projet de loi et en recommande
l'adoption. Mme le Président, un très court exposé
concernant ce projet de loi visant à favoriser le civisme. C'est
qu'à l'heure actuelle la situation est la suivante, à savoir que
la Charte des droits et libertés de la personne crée à
l'article 2, une obligation légale de porter secours à celui dont
la vie est en péril. Cette disposition fait naître un devoir, sans
pour autant conférer un droit correspondant au citoyen qui de bonne foi,
répond à cette obligation et subit des dommages dans
l'accomplissement d'un acte de dévouement.
En droit civil, Mme le Président, il existe certains recours
qu'un sauveteur pourrait exercer, mais leur application devient difficile,
parce qu'ils ne correspondent qu'à certaines situations en raison des
conditions d'admissibilité. A cause de leur diversité, ces
recours présentent une difficulté de choix et parfois deviennent
illusoires en raison de I'insolvabilité ou de l'assurabilité de
la personne contre qui ils peuvent être exercés. Il faut signaler
en outre, Mme le Président, que l'absence de tradition juridique et le
vide législatif dans cette matière ont déjà
été portés à l'attention de l'Assemblée
nationale, et on y avait explicité la nécessité que le
législateur agisse en conséquence.
Dans les lois existantes, présentement, le Code civil donne
ouverture à certains recours, soit au chapitre de la
responsabilité civile, de la ges-
tion d'affaires et de l'enrichissement sans cause, mais ces recours ne
couvrent que certaines situations dans lesquelles peut se trouver un sauveteur.
La Charte des droits et libertés de la personne n'accorde un recours
qu'à la victime et non au sauveteur. Enfin, la loi actuelle de
l'indemnisation des victimes d'actes criminels ne vise que les situations dans
lesquelles un acte criminel aurait été commis. La solution
serait, à notre humble avis, d'adopter une loi particulière telle
que celle que nous présentons avec le projet de loi 83, une loi
particulière ayant la même structure que la Loi de l'indemnisation
des victimes d'actes criminels afin d'intégrer dans un seul cadre
législatif l'ensemble des règles que l'on souhaite établir
pour indemniser un sauveteur lorsqu'il y a lieu.
Cette solution que nous proposons par le projet de loi 83 comporte
l'avantage de permettre, d'une part, d'adopter une législation
cohérente qui possède ses règles propres, adaptées
aux besoins de la situation et, d'autre part, de bénéficier des
services déjà offerts par la Commission des accidents du travail,
puisque cette loi serait fondée sur le même régime que pour
les victimes d'actes criminels.
Mme le Président, ce sont les quelques commentaires que nous
avions à faire aux fins de recommander que cette loi visant à
favoriser le civisme soit adoptée afin de permettre à celui qui
porte secours pour sauver la vie d'une personne ou pour la préserver
d'une atteinte à son intégrité physique,
premièrement, de recevoir des bénéfices analogues à
ceux accordés à une victime d'acte criminel pour les dommages
qu'il subit ou en raison de son décès; de pouvoir aussi par cette
loi, à l'occasion, bénéficier d'une récompense d'un
montant maximum de $5000 pour un acte d'héroïsme ou de bravoure et
de recevoir une décoration et distinction pour l'accomplissement de son
acte, même s'il n'a subi aucun dommage. Le tout soumis
respectueusement.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Fernand Lalonde
M. Lalonde: Mme le Président, ce projet de loi ne
soulève pas beaucoup de problèmes. Au contraire, il en
règle un, que le ministre a décrit, en créant le
contrepoids au devoir que la Charte des droits et libertés de la
personne impose aux citoyens de se porter au secours de ses semblables.
Au niveau des principes, je ne voudrais pas trop m'étendre.
J'aurais plusieurs questions à poser. J'en aurai au niveau de
l'étude article par article, même s'il ne s'agit pas tout à
fait de droit nouveau, puisqu'on suit à peu près le même
schéma que dans le chapitre 10 des Lois de 1971, la Loi de
l'indemnisation des victimes d'actes criminels.
Je crains que toutes les questions que je pourrais poser ne soient hors
du sujet étant donné qu'elles s'adressent plutôt au
libellé, en fait, aux détails contenus dans les articles. Il nous
fait donc plaisir, quant à nous de l'Opposition officielle. d'appuyer ce
projet de loi présenté par le ministre de la Justice.
Mme le Vice-Président: M. le leader de l'Union
Nationale.
M. Maurice Bellemare
M. Bellemare: Nous nous réjouissons de voir que le
gouvernement apporte cette législation nouvelle. On sait que nous avons
adopté la loi de l'IVAC, Loi de l'indemnisation des victimes d'actes
criminels. Je me demande si cela n'aurait pas pu être compris dans la loi
même de l'IVAC qui confie l'organisation de l'IVAC à la Commission
des accidents du travail. En commission plénière, nous aurons,
nous aussi, certaines explications à demander, particulièrement
sur certains articles qui sont un peu du droit nouveau quant à la
responsabilité et surtout quant au dédommagement qui doit
s'ensuivre.
Nous sommes prêts à voter la deuxième lecture, Mme
le Président, de cette législation nouvelle. Ma seule question,
dans le droit de réplique, c'est: Pourquoi ne pas l'avoir
incorporé dans l'IVAC?
M. Bédard: Je comprends qu'on n'est pas prêt
à passer aux écritures tout de suite et à la
troisième lecture. On ira en commission plénière et on
pourra peut-être répondre à quelques questions.
Mme le Vice-Président: Cette motion de deuxième
lecture du projet de loi no 83, Loi visant à favoriser le civisme,
est-elle adoptée?
M. Lalonde: Adopté. M. Bellemare:
Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Deuxième lecture de ce
projet de loi.
M. Bellemare: Je ne crois pas qu'on puisse siéger en
commission plénière non plus.
Mme le Vice-Président: M. le leader du gouvernement.
Commission plénière
M. Burns: Mme le Président, je propose que vous quittiez
votre siège et que la Chambre se transforme en commission
plénière.
Mme le Vice-Président: Cette motion est-elle
adoptée?
M. Lalonde: Adopté.
Mme le Vice-Président: Adopté.
Le Président (Mme Cuerrier): Cette assemblée
siège maintenant en commission plénière pour
étudier article par article le projet de loi no 83, Loi visant à
favoriser le civisme. Article premier? Adopté?
M. Lalonde: Un instant...
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: ... j'aurais une question à poser. Dans le
paragraphe c) de l'article premier, on parle de préjudice
matériel subi par le sauveteur. Si vous me le permettez, madame, je vais
suspendre pour permettre au ministre de s'installer avec ses conseillers.
Le Président (Mme Cuerrier): Tout le monde étant
maintenant installé, M. le ministre êtes-vous prêt à
entendre le député de Marguerite-Bourgeoys?
M. Bédard: Mme le Président, j'ai avec moi M.
Jacoby; si ce dernier intervient, il est entendu que ce sera enregistré
à mon nom.
M. Lalonde: Cela ne fera qu'améliorer le contenu.
Le Président (Mme Cuerrier): Si M. Jacoby intervient, ce
sera comme si M. le ministre de la Justice l'avait dit et ce sera
enregistré à son nom.
M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Je poserai la question suivante relativement au
paragraphe c) de l'article premier...
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, juste pour être mieux en règle, si vous me
le permettez...
M. Lalonde: Je vous en prie.
Le Président (Mme Cuerrier): Est-ce que nous avons bien
donné ce consentement? Consentement. M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, encore une fois.
M. Lalonde: Donc, j'étais à l'article premier, au
paragraphe c) où l'on parle de préjudice matériel, et un
peu plus loin on définit "préjudice". Dans la définition
de "préjudice " on dit: un dommage à l'intégrité
physique ou aux biens d'une personne. Est-ce que, dans le paragraphe c), la
compensation, c'est simplement en cas de dommages matériels,
c'est-à-dire dommages à ses biens et non pas à son
intégrité physique?
M. Bédard: Est-ce que vous pourriez répéter
la question?
M. Lalonde: Oui, voilà. On définit
"préjudice ", au paragraphe e), comme étant un dommage à
l'intégrité physique ou aux biens d'une personne. Si on revient
à "compensation", on parle de préjudice matériel; est-ce
à dire que l'on désire restreindre la compensation aux dommages
aux biens de la personne et non pas à son intégrité
physique? Pourquoi l'emploi du mot "matériel" à ce
moment-là?
M. Bédard: C'est parce que le système est
basé sur le système d'indemnisation de la Loi des accidents du
travail qui, elle, ne prévoit rien au niveau du préjudice
matériel. Dans la Loi de l'IVAC, des amendements ont été
apportés il y a deux ans pour ajouter aussi la possibilité de
recevoir compensation pour des dommages matériels. Alors, au paragraphe
c) de l'article premier, on réfère aux bénéfices
prévus par les sections 3, 4 et 5 de la Loi des accidents du travail,
pour ce qui est des incapacités, et on ajoute: "en cas de
préjudice matériel, une somme n'excédant pas $1,000". A
"préjudice", au paragraphe e), cela couvre les deux hypothèses:
les dommages à l'intégrité physique qui sont des dommages
corporels ou aux biens d'une personne qui sont les dommages
matériels.
M. Lalonde: Préjudice matériel, est-ce que cela a
un sens autre que préjudice?
M. Bédard: C'est-à-dire qu'il y a des
préjudices des dommages matériels et des dommages physiques, des
dommages moraux mais, dans cette loi, comme elle est particulière et
qu'on veut ajouter aux indemnités prévues par la Loi des
accidents du travail, il fallait le préciser.
M. Lalonde: En fait, il n'y a pas à faire des amendements,
à ce stade-ci mais ne serait-il pas plus juste de parler de dommages aux
biens du sauveteur plutôt que de préjudice matériel? N'y
a-t-il pas une certaine confusion en utilisant le mot préjudice, qui
définit déjà et, ensuite, en le qualifiant comme
étant matériel quand, ce qu'on veut dire, on veut parler de
dommages aux biens?
M. Bédard: C'est une notion bien admise en droit civil,
préjudice matériel, au niveau des compensations des
indemnités.
M. Lalonde: Je comprends cela mais, étant donné
qu'on définit préjudice plus loin, on semble définir
préjudice et, ensuite, vouloir le qualifier, le réduire à
la moitié de sa définition, ni plus ni moins, au fond, en
l'appelant préjudice matériel.
M. Bédard: Le mot "préjudice" est employé
seul dans la loi; cela peut se référer autant aux dommages
matériels qu'aux dommages à l'intégrité de la
personne.
M. Lalonde: Je suis d'accord, c'est évident par la
définition, mais quand on emploie préjudice matériel,
à moins que je vous comprenne mal, on veut dire les dommages aux biens
et non pas les dommages à l'intégrité physique.
M. Bédard: C'est cela. Alors, c'est pour revenir au
paragraphe c) où le mot "compensation ' est défini comme
étant les bénéfices de la Loi des accidents du travail,
c'est-à-dire les indemnités pour incapacité plus, dans le
cas de préjudice matériel, une indemnité qui
n'excède pas $1000. Alors, quand le mot "compensation" est
employé seul dans la loi, cela se réfère, suivant les cas,
aux
bénéfices de la Loi des accidents du travail et aux
bénéfices particuliers pour les dommages matériels.
M. Lalonde: En fait, ma question, Mme le Président,
c'était simplement pour s'interroger sur la sagesse d'utiliser les mots
"préjudice matériel" dans l'expression "préjudice
matériel" quand on veut toucher le dommage aux biens. Maintenant, vous
ne voulez pas en faire un cas de principe important, je voudrais être
bien sûr qu'on s'entend. Je n'ai pas d'autres questions.
M. Bellemare: II y a, à la Commission des accidents du
travail, couverts par l'IVAC, des préjudices permanents et seulement des
choses partielles. Est-ce que ce sera compris tel quel dans les paragraphes 2,
3 et 4 de la Loi des accidents du travail, des incapacités partielles ou
des incapacités permanentes? Est-ce compris dans cela? Il peut y avoir,
aussi, une pension, une certaine redondance si, dans la Loi des accidents du
travail appliquée, c'est l'IVAC, sur les incapacités partielles
ou les incapacités permanentes.
M. Bédard: Oui, cela s'applique aux incapacités
partielles ou à l'incapacité permanente; surtout si on se
réfère à l'article 20 du projet de loi, vous pouvez
constater que les dispositions de la Loi des accidents de travail non
incompatibles avec la présente loi s'appliquent, tout en faisant de
l'adaptation nécessaire.
M. Bellemare: Si la loi 67 des assurances est
contrôlée par la CAT, pourquoi ne pas avoir mis cette loi du
civisme dans l'IVAC?
M. Bédard: Je pense que, comme l'IVAC, ce sont
certainement des philosophies différentes qui prévalent lorsqu'on
parle de l'IVAC et lorsqu'on parle d'une loi favorisant le civisme.
M. Bellemare: II le sait comme moi, lui aussi. D'accord, pas
d'objection.
Le Président (Mme Guerrier): L'article 1 est-il
adopté?
M. Lalonde: Article 1, oui, Mme le Président,
adopté.
Le Président (Mme Cuerrier): Adopté Article 2.
M. le ministre de la Justice.
M. Bédard: Cette disposition, Mme le Président,
accorde un droit à la compensation pour un dommage matériel ou
corporel qu'il subit. S'il décède à la suite de ce
dommage, ce droit est dévolu à ses dépendants.
M. Lalonde: On me pose une question ici. L'entrée en
vigueur de cette loi... Autrement dit, il n'y aura pas de
rétroactivité.
M. Bédard: La présente loi entre en vigueur le jour
de sa sanction.
M. Bellemare: Pas de rétroactivité. M.
Bédard: Non.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Shefford.
M. Verreault: M. le ministre de la Justice, relativement à
l'article 2, j'ai un cas très pertinent, d'ailleurs, qui s'est produit
dans ma région. Un jeune homme tente de sauver un chasseur qui
était sur un lac et il se noie. Cela s'est présenté
récemment. Si on s'en tient à l'article 2, on dit que cette
réclamation doit se faire dans l'année et on est quand même
en 1977. L'accident s'est produit en septembre ou octobre. Est-ce que cette
personne peut faire une réclamation pour les frais funéraires, le
transport du cadavre et les recherches?
M. Bédard: Cela se situe dans l'année. A ce moment,
elle peut faire une réclamation.
M. Verreault: Donc, il y a une rétroactivité dans
les circonstances.
M. Bédard: Elle est admissible. M. Verreault: Cette
année.
M. Bédard: Parce que le délai... A partir du moment
de la sanction, si le délai qui s'est écoulé n'est pas
plus d'un an à partir du moment de la réclamation, à ce
moment...
M. Verreault: Elle est en vigueur le jour de la sanction, comme
le député le demandait tout à l'heure, ou si elle peut
quand même être rétroactive à l'année en
cours.
M. Bédard: Ce n'est pas une véritable
rétroactivité. A un moment donné, la loi est
sanctionnée. S'il y a des délais aux fins de réclamation
qui ont pris naissance avant le jour de la sanction et qui continuent
normalement après le jour de la sanction, à ce moment, ces
demandes peuvent être faites.
M. Verreault: II s'agit d'une modique somme. L'accident en
question s'est produit vers le mois d'octobre. On est en décembre.
Est-ce que les parents qui sont quand même les tiers ou les
dépendants ou les répondants peuvent faire une réclamation
à la commission?
M. Bédard: Ils peuvent réclamer à partir de
cette loi, les dispositions de cette loi, puisque le délai d'un an n'est
pas expiré au moment de la sanction de la présente loi.
M. Verreault: On peut réclamer pour les frais
funéraires, on peut réclamer pour le transport du
cadavre. Pour les recherches, les montants vont jusqu'où? Parce
que les recherches ont duré environ deux mois.
M. Bellemare: II n'y a rien pour...
M. Bédard: Pour les recherches, il n'y a rien de
prévu dans la présente loi.
M. Verreault: Si on présente une facture à la
commission, est-ce qu'on va dédommager?
M. Bédard: Non. Je ne vois pas qu'on dédommage pour
les recherches.
M. Verreault: On le fait pour les frais funéraires, pour
le transport, mais pour les recherches du cadavre?
M. Bellemare: Non. Si c'est un acte criminel,
écoutez...
M. Verreault: C'est un sauvetage.
M. Bédard: Même en se basant sur l'IVAC à
laquelle on a fait référence tantôt, il n'y aurait pas de
réclamation. Il n'y en a pas plus en vertu de la présente
loi.
M. Verreault: La personne qui fait une demande, la
requérante peut s'adresser directement à la commission et obtenir
tous les renseignements et, à ce moment, on va la conseiller.
M. Bédard: C'est cela.
M. Bellemare: Mme le Président...
Le Président (Mme Cuerrier): M. le leader de l'Union
Nationale.
M. Bellemare: Ma question est très simple. Est-ce que
c'est pour couvrir une personne ou des personnes? Il peut arriver certains
faits où ce sont des personnes qui sont en cause, qui ont
participé...
M. Bédard: A un sauvetage?
M. Bellemare: Oui.
M. Bédard: D'une façon solidaire?
M. Bellemare: Oui.
M. Bédard: Cela peut couvrir une et des personnes.
M. Bellemare: Cela peut couvrir une et des personnes.
M. Bédard: Assurément. Toute personne qui a pu
être partie à un acte de sauvetage. Maintenant,
l'évaluation se fait à partir de l'enquête.
M. Bellemare: Qui fait l'évaluation d une personne, de
deux personnes, quatre personnes ou cinq personnes?
M. Bédard: C'est le paragraphe g), qui définit le
"sauveteur", qui répond à votre question: "celui qui,
bénévolement, porte secours s'il a un motif raisonnable de croire
que la vie ou l'intégrité physique d'une personne est en danger".
Il faudra que ces critères soient bien établis. Autant lorsqu'il
s'agit d'une personne que lorsqu'il s'agit de plusieurs personnes qui ont pu
être, d'une façon concomitante et solidaire, parties à un
acte de sauvetage.
M, Bellemare: Si le ministre me le permet, je comprends la
réponse qu'il vient de me donner. J'étais justement à
écrire, à colliger quelques documents que j'ai reçus des
entrepreneurs de pompes funèbres qui disent que $600, cela va être
des funérailles pour les quêteux. Ils nous avaient proposé
$800, soit $150 de plus, au lieu de $650.
Aujourd'hui, à part les coopératives qui nous enterrent,
même le montant de $650 est le dernier stade qu'on puisse atteindre pour
les frais funéraires. Je comprends que le ministre ne voudra
peut-être pas changer cela, mais, tandis qu'il l'a en main, il pourrait
peut-être mettre $800 au lieu de $650. Ma requête, c est parce
qu'on n'a presque rien aujourd'hui, quand il s'agit des landaus, etc. C'est
toujours une dépense quand quelqu un participe à une affaire
comme cela. Il y a une publicité énorme qui est faite.
M. Bédard: Je peux dire au député de Johnson
que. pour ce qui est de la fixation du montant de $650, nous nous sommes
basés sur ce qui est prévu pour l'IVAC. Avant de faire une
distorsion entre ces montants par rapport à deux lois, il y aura lieu de
faire les changements en même temps si c'est nécessaire.
M- Verreault: J'aimerais savoir du ministre qui va
déterminer si c'est un acte de sauvetage ou de bravoure, appelez cela
comme vous ie voudrez. Est-ce la commission ou si c'est par un rapport de la
police ou un rapport quelconque?
M. Bédard: Lorsque le cas se présente, c est
évident qu'avant d'en arriver à décerner quelque
médaille de bravoure ou quelque récompense pécuniaire que
ce soit, il y a une enquête qui est faite sur l'ensemble des
circonstances qui sont portées à l'attention du ministère.
La décision est prise par la commission, avec le concours du ministre de
la Justice.
M. Lalonde: Sur l'article 2...
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: .. seulement une remarque à la suite de la
question du député de Johnson. Il faut
quand même considérer que c'est un service exceptionnel
rendu au public et qu'on ne doit y mettre aucun caractère de luxe ou
défrayer d'autres coûts qui pourraient augmenter indûment le
service payé par le public. Quant à moi, je ne sais pas combien
cela coûte actuellement, on sait toujours cela trop tard, mais je
suggérerais que le ministre continue d'avoir cette approche plutôt
sobre quant aux dédommagements, étant donné que ce sont
les finances publiques qui paient pour ces choses.
M. Bédard: Je crois qu'il y a lieu d'être
"conservateur" dans les montants à octroyer.
M. Bellemare: Je vais accepter les remontrances que me fait le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lafonde: Ce ne sont pas des remontrances du tout. Au
contraire, j'étais sûr, au fond, que c'est ce que le
député de Johnson aurait dit, si le ministre lui avait
posé la question: II faut se laisser inspirer par la justice et la
sobriété.
Le Président (Mme Cuerrier): L'article 2 est-il
adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (Mme Cuerrier): Adopté. Article 3?
M. Lalonde: A l'article 3, si vous me le permettez, on a
parlé tantôt d'une certaine rétroactivité et c'est
là que le délai d'une année est inscrit. Je veux
être bien sûr que le ministre est d'accord qu'à la
façon dont l'article 3 est rédigé, il crée une
rétroactivité. En effet, si cette loi entre en vigueur, pour les
fins de la discussion, le 25 décembre 1977, les accidents ayant
donné lieu à des préjudices ou à des
décès en septembre 1977 seraient couverts simplement par le fait
que la réclamation serait faite moins d'un an après
l'événement. Généralement, quand on crée une
rétroactivité dans une loi, on le dit expressément. Je
veux être sûr que ce n'est pas seulement une interprétation
qu'un tribunal pourrait faire différemment.
M. Bédard: Je vous ai donné des explications tout
à l'heure sur l'interprétation que personnellement et au niveau
du ministère de la Justice on donne à cet article. Il y a
peut-être le danger d'une interprétation différente de la
part de la CAT.
Pour éviter toute ambiguïté, peut-être y
aurait-il lieu de préciser.
M. Lalonde: Ce n'est pas que je demande la
rétroactivité.
M. Bédard: Non, je sais exactement ce...
M. Lalonde: C'est un principe fondamental, on ne
légifère pas rétroactivement, surtout quand c'est pour
enlever des droits. Puisqu'on en donne, je n'aurais pas d'objection. Je
voudrais que ce soit clair, si on le donne.
M. Bédard: De manière qu'on n'entre pas dans une
lutte d'interprétation entre, d'une part, la CAT et le ministère,
il y aurait peut-être lieu, lorsque nous serons rendus à l'article
29 du projet de loi, de faire un amendement. L'article 29 se lit comme suit:
"Le ministre de la Justice est responsable de l'application de la
présente loi". Il y aurait peut-être lieu d'ajouter un 29a ou 30,
nous verrons, à l'effet de spécifier que la présente loi a
effet depuis le 1er janvier 1977.
M. Lalonde: Oui. Maintenant, il faut quand même faire
attention. Le 1er janvier 1977, si la loi entre en vigueur le 23
décembre 1977, le délai pour les événements du 2
janvier ou 3 janvier devient quasi illusoire. Il reste quelques jours
seulement, les gens ne connaîtront pas la loi et ils vont perdre un droit
de réclamer quelques jours après l'entrée en vigueur. Il
faudrait avoir un peu de délicatesse à l'égard des
gens.
M. Bédard: Je comprends qu'il y a une précision de
deux ou trois jours qu'il faudrait apporter. Si on me donne quelques instants,
peut-être qu'il sera possible de le faire.
M. Lalonde: Est-ce qu'on peut faire confiance au gouvernement
pour quelques minutes? Je ne ferai pas confiance longtemps mais seulement
quelques minutes. On peut passer à d'autres questions et je suis
sûr que Me Jacoby aura sûrement des suggestions à nous
faire.
Le Président (Mme Cuerrier): Quand nous viendrons à
l'article 29, M. le ministre. Alors, article 3, adopté?
M. Lalonde: Adopte.
Le Président (Mme Cuerrier): Adopté. Article 4.
M. Bédard: Mme le Président, à l'article 4,
c'est le ministre responsable de l'application de la loi, soit le procureur
général, qui est chargé de comparaître devant la CAT
pour donner son avis sur la demande qui est présentée. C'est le
procureur général qui, en vertu de la Loi du ministère de
la Justice, est chargé de régler et de diriger la demande ou la
défendre dans toutes les contestations formées pour ou contre la
Couronne ou un ministère de la province; à l'instar de l'article
15 de l'IVAC, le procureur général doit aussi comparaître
pour donner son accord à la demande. Cette règle est
appliquée en pratique, dans l'application de l'IVAC
également.
M. Lalonde: Mme le Président, il y a une
différence, mince mais qui peut avoir une certaine signification, entre
l'article 15 de l'IVAC et l'article 4 de l'IVAC si on peut appeler cette
loi IVAC. C'est que, dans l'article 15, on donne une certaine discrétion
au procureur général de contester s'il le
juge à propos. Dans le projet de loi, ici, tout ce qu'il peut
faire c'est soit appuyer ou contester. Il ne peut pas dire: Je n'ai rien
à dire.
M. Bédard: C'est uniquement pour forcer le procureur
général à prendre position.
M. Lalonde: Bon, alors...
M. Bédard: A exprimer carrément son opinion.
M. Lalonde: Alors, le législateur ne prévoit pas de
cas où le procureur général pourrait dire: Je n'ai rien
à dire.
M. Bédard: Non, je crois qu'il est
préférable que le procureur général prenne la
responsabilité d'exprimer son opinion.
Le Président (Mme Cuerrier): Article 4, adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (Mme Cuerrier): Adopté. Articles.
M. Bédard: A l'article 5, avant d'accorder ou de refuser
une demande et de fixer, s'il y a lieu, une compensation, la CAT recueillera
les renseignements nécessaires à l'appréciation des faits
et circonstances entourant l'intervention du sauveteur. C'est ce dont nous
avons parlé tout à l'heure. Je pense que cela s'insère de
soi-même, à l'effet que lorsqu'un cas est porté à
l'attention de la commission ou du ministère, il y a lieu de faire une
enquête en profondeur pour voir s'il y a vraiment acte de bravoure ou
pas.
Le Président (Mme Cuerrier): Article 5, adopté? M.
le ieader de l'Union Nationale.
M. Bellemare: Quand vous parlez de la commission, c'est les deux,
l'une ou l'autre. C'est l'une ou l'autre, la CAT ou bien la Commission des
affaires sociales.
M. Bédard: Oui, en appel, la Commission des affaires
sociales.
M. Bellemare: En appel. M. Bédard: C'est cela.
Le Président (Mme Cuerrier): Article 5, adopté?
Adopté. Article 6, adopté?
M. Bédard: L'article 6, adopté? M. Lalonde:
Oui.
Le Président (Mme Cuerrier): Adopté. Article 7,
adopté?
M. Lalonde: Article 7, Mme le Président, il y a un petit
problème, parce que c'est là qu'on voit, sauf dans les
définitions, tout à coup apparaître la Commission des
affaires sociales. On dit: "La commission avise le procureur
général de sa décision ou, en cas d'appel, de la
décision de la Commission des affaires sociales". On présume
qu'on sait qu'il y a appel à la Commission des affaires sociales,
quoique jusque-là on n'a aucun article de la loi qui nous dit qu'il y a
un appel de la décision de la commission, qui est la Commission des
accidents du travail, à la Commission des affaires sociales.
M. Bédard: A partir du moment où on dit...
M. Lalonde: Est-ce que cela s'inférait d une autre
loi?
M. Bédard: C'est cela. En vertu de la Loi des accidents du
travail, il y a appel à la Commission des affaires sociales. L'article
prévoit...
M. Lalonde: C'est-à-dire qu'on présume que tous les
droits et les devoirs, les obligations de la Commission des accidents du
travail, en vertu du projet de loi no 83, seront quand même ceux
créés par !a Loi des accidents du travail.
M. Bédard: II s'agit de se référer encore
une fois à l'article 20 où on spécifie que les
dispositions de la Loi des accidents du travail non in-comptabibles avec la
présente loi s'applique en les adaptant. S'il y a des montants qui sont
déterminés, la Loi des accidents du travail le prévoit. Il
y a la possibilité d'appel à la Commission des affaires
sociales.
M. Bellemare: M. le Président, la Commission des accidents
du travail procède d'abord en premier lieu par des auditions comme un
tribunal.
M. Bédard: Dans un premier temps il y a une
enquête...
M. Bellemare: Après cela il y a une...
M. Bédard: ... devant la Commission des accidents du
travail.
M. Bellemare: II y a un tribunal qui siège avec un quorum
de trois membres qui arbitrent le cas et, s'il n'y a pas entente, cela va
où?
M. Bédard: II peut y avoir appel à la Commission
des Affaires sociales.
M. Bellemare: Après l'appel aux affaires sociales, cela
finit là?
M. Bédard: Cela se termine là.
M. Bellemare: Le procureur général n'a pas à
donner son opinion.
M. Bédard: En appel, le procureur général
donne son opinion aussi d'ailleurs. L'article 7 sti-
pule: La commission avise le procureur général de sa
décision...
M. Bellemare: Avise mais il ne donne pas son opinion. Il n'a pas
juridiction, lui. Au tribunal de la CAT, il y a trois membres qui agissent
comme arbitres pour rendre une décision. Quand la décision est
rendue, si le plaignant n'est pas satisfait, il avise le procureur
général de sa décision et la décision est
reportée à la Commission des affaires sociales, sans aucune
recommandation et sans y apporter aucun jugement.
M. Bédard: Je comprends peut-être mal le sens de
l'intervention du député de Johnson, mais il me semble
très clair qu'après que...
M. Bellemare: Le procureur général n'a qu'une
chose, en recevant du plaignant la contestation, la réponse que la CAT a
faite de dire: Adressez-vous là.
M. Bédard: S'il le veut, aller en appel à la
Commission des affaires sociales. Lorsque la commission d'appel des affaires
sociales a rendu son jugement à ce moment-là, sauf que...
M. Bellemare: Le procureur général n'a rien
à faire ni à dire, sauf transmettre la requête du
plaignant. C'est parce que, M. le Président, le ministre, je sais que le
ministre connaît le cas...
M. Bédard: Si on veut être très clair, le
procureur général peut intervenir, on l'a dit tout à
l'heure, pour appuyer ou contester une demande qui est faite en première
instance. Il peut, puisqu'il a un intérêt, également
intervenir au niveau de l'appel, devant la Commission des affaires
sociales.
M. Bellemare: Donnez-moi deux instants. C'est un cas qui regarde
le gouvernement, un cas où les autorités gouvernementales sont
impliquées. Après l'enquête, ils viennent devant la
Commission des accidents du travail, devant le tribunal. Il y a trois
commissaires qui siègent en arbitres et qui donnent la décision.
Le procureur général qui va être impliqué presque
comme arbitre et juge va recevoir de la Commission des accidents du travail
comme du plaignant une requête pour dire qu'il n'est pas satisfait.
Qu'est-ce qui se produit? C'est la Commission des affaires sociales qui va, en
dernier ressort, juger de la validité de l'argumentation qui a
été entendue?
M. Bédard: C'est très clair. C'est la Commission
des affaires sociales qui va juger en dernier ressort. La possibilité
est donnée au procureur général de faire valoir son point
de vue, soit pour ou contre, en première instance et en instance
d'appel, devant la Commission des affaires sociales.
Mme le Vice-Président: Article 7, adopté? M.
Lalonde: Adopté.
Mme le Vice-Président: Adopté. Article 8,
adopté?
M. Bédard: L'article 8 est l'équivalent de
l'article 16 de l'IVAC.
M. Lalonde: Adopté.
Mme le Vice-Président: Adopté. Article 9,
adopté?
M. Bédard: C'est l'équivalent de l'article 14 de
l'IVAC. Ce n'est pas nécessaire de revenir, je pense, au niveau des
commentaires.
M. Lalonde: Non, cela va. Adopté.
Mme le Vice-Président: Adopté. Article 10,
adopté?
M. Lalonde: Autres temps, autres moeurs.
M. Bédard: Une seconde. Il y aurait peut-être une
modification à l'article 10.
M. Bellemare: Est-ce que vous enlevez le mot divorcé?
M. Bédard: II faut coller cela sur le projet de loi 67 que
vous appréciez tellement.
Mme le Vice-Président: Amendement du ministre de la
Justice à l'article 10.
M. Bédard: L'amendement serait de remplacer l'article 10
par le suivant: "La commission peut considérer comme conjoint du
sauveteur une personne célibataire, divorcée ou dont le mariage a
été annulé et qui, au moment de la survenance du
préjudice ou du décès, était
représentée par celui-ci comme son conjoint et résidait
avec ce dernier depuis trois ans, ou depuis un an si un enfant était
issu de leur union.
Mme le Vice-Président: Cet amendement à l'article
10 est-il adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Mme le Vice-Président: Article 10 adopté.
M. Bédard: L'article 11 reprend en partie les
règles qui sont relatives à la subrogation énoncée
à l'article 7 de l'IVAC.
M. Lalonde: L'article 11, si on le lie avec l'article 13, c'est
seulement la subrogation pour le montant à faire payer, ce qui
n'empêche pas, en vertu de l'article 12, le réclamant de
réclamer pour l'excédent si la perte subie est plus grande que le
montant accordé.
M. Bédard: Cela n'empêche pas celui qui s'est
prévalu de cette loi sur un aspect bien particulier, s'il a des recours
additionnels, de pouvoir user des recours qui lui sont permis, des recours
civils, en vertu d'autres lois.
M. Lalonde: Etant donné que le ministre a fait une
concordance à l'article 10 avec le projet de loi 67, pourrait-il
convaincre son collègue de faire une concordance du projet de loi 67
avec ce principe de recours ici?
M. Bédard: Nous sommes toujours sur le projet de loi
83.
M. Lalonde: Mme le ministre est ici, et peut-être qu'elle
vous écoute.
Mme le Vice-Président: Article 11, adopté?
M. Lalonde: Adopté, sûrement, et avec l'espoir que
le projet de loi 67 soit changé de façon semblable.
Mme le Vice-Président: Adopté. Article 12,
adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Mme le Vice-Président: Adopté. Article 13,
adopté?
M. Bédard: C'est l'équivalent du principe de
l'alinéa 2 de l'article 7 de l'IVAC.
M. Bellemare: "... qu'elles n'aient été
rectifiées par la commission", la commission de la CAT.
M. Bédard: C'est défini au début.
Mme le Vice-Président: Adopté. Article 13?
M. Lalonde: Adopté.
Mme le Vice-Président: Adopté. Article 14,
adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Mme le Vice-Président: Adopté. Article 15,
adopté?
M. Lalonde: J'aurais quelques questions.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Marguerite-Bourgeoys. Je m'excuse, M. le ministre.
M. Bédard: L'essentiel de l'article...
Cette disposition, comme on peut le constater, permet à un
sauveteur qui a accompli un acte de civisme, par son action de porter secours,
de recevoir une récompense maximale de $5000 ou une décoration ou
une distinction. Il appartient au ministre de faire une recommandation au
gouvernement qui, par arrêté en conseil, accordera la
récompense au sauveteur ou décernera des décorations et
distinctions.
M. Lalonde: Je suis sûr, Mme le Président, que le
ministre a déjà eu l'occasion de distribuer les
récompenses aux policiers qui se sont distingués...
M. Bédard: Par leur bravoure.
M. Lalonde: ... par leur bravoure. Si ma mémoire est
bonne, je crois que les recommandations, dans ces cas-là, sont faites
par l'organisme responsable. Dans le cas des policiers, c'est la Commission de
police, je crois, qui examine les événements et fait la
recommandation. Ici, je vois que c'est le ministre qui fait la recommandation.
N'y aurait-il pas lieu que ce soit la Commission des accidents du travail
à qui on fait confiance suffisamment pour lui permettre d'indemniser les
victimes de leur courage et de leur héroïsme? N'y aurait-il pas un
danger que cela devienne un peu trop de l'implication du politique
là-dedans?
M. Bédard: Je ne crois pas qu'il y ait danger d'une
implication du politique, surtout qu'avant qu'une décision soit prise
d'accorder soit une décoration ou encore une récompense
monétaire il y a eu le processus d'enquête qui a
fonctionné, le processus d'auditions devant la CAT et, s'il y a lieu,
même un appel devant la Commission des affaires sociales. A ce
moment-là, je ne vois vraiment pas comment il pourrait y avoir une
implication politique là-dedans.
M. Lalonde: C'est la recommandation qui est le moteur de tout ce
genre d'exercice. Lorsque le ministre reçoit une recommandation de la
Commission de police, il la considère, il l'examine avec beaucoup
d'attention, parce que ce sont des gens sérieux qui se sont donné
la peine de faire un dossier et de rapporter tous les événements,
tous les faits qui sont favorables à ce qu'on décerne une
décoration. Est-ce que le ministre ne serait pas plus confortable en
incluant dans la loi que ce soit un organisme indépendant qui fasse la
recommandation, là aussi? Cela me semble, au nom de la transparence,
beaucoup plus sûr pour le ministre de ne pas être obligé de
faire les recommandations lui-même; il faudra qu'il y ait un service chez
lui qui fasse cela.
M. Bédard: En fait de transparence, c'est difficile
d'avoir mieux que ce que nous proposons, car avant que le ministre prenne
quelque décision que ce soit ou n'ait même à prendre
quelque décision que ce soit, il y a je l'ai dit tout à
l'heure tout le processus d'enquête qui se fait, l'audition devant
la CAT ou la Commission des affaires sociales.
M. Bellemare: Mme le Président...
M. Lalonde: Ce n'est pas pour les récompenses.
M. Bédard: Non, non. Pour l'analyse du cas...
M. Lalonde: C'est pour la décision d'indemniser ou
non.
M. Bédard: C'est cela.
M. Lalonde: Quant à la récompense, l'article 15 ne
parle pas de toute l'enquête de la CAT.
M. Bellemare: Mme le Président, pour rendre la
réciproque...
Le Président (Mme Cuerrier): M. le leader de l'Union
Nationale.
M. Bellemare: ... au député de
Marguerite-Bourgeoys, je lui dirai qu'un comité spécial sera
formé chaque fois pour déterminer qui, avant d'être
récompensé par le ministre, sera choisi. On trouve cela dans un
des articles: Un comité sera formé, en vertu de la loi, pour
recommander au ministre certaines personnes. C'est seulement pour remettre le
change au député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Bédard: Vous avez trouvé la réponse que
je m'apprêtais à donner. A l'article 16, toutes ces
possibilités sont explicitées: "Pour l'application de l'article
15, le gouvernement peut adopter des règlements pour déterminer
les décorations et distinctions qui peuvent être
décernées; déterminer les cas et la procédure
d'attribution; prescrire la forme des décorations attachées aux
distinctions, et établir un comité pour donner au ministre son
avis sur l'attribution d'une récompense ou des décorations et
distinctions, en déterminer la composition et les fonctions et en
prévoir le mécanisme de nomination des membres".
M. Lalonde: On a tout vu cela, Mme le Président, mais il
n'y a aucune garantie d'indépendance là-dedans, c'est le ministre
qui forme son comité.
M. Bédard: Ce n'est pas le ministre qui forme son
comité, c'est le gouvernement qui forme son comité.
M. Lalonde: C'est la même chose.
M. Bédard: Non, ce n'est pas tout à fait la
même chose.
M. Lalonde: Je veux dire que ce n'est pas un organisme
indépendant. Maintenant, va-t-il y avoir la Légion d'honneur
là-dedans, par exemple? Et allez-vous prévoir qu'on ne pourra pas
l'accorder à des chefs de gouvernement étranger?
M. Bédard: On va y penser avant d'instaurer la
Légion québécoise, mais cela peut venir.
M. Bellemare: II y en a qui vont commettre jusqu'à des
actes illégaux et des actes criminels? Quel gouvernement va venir
commettre un acte illégal ou un acte criminel dans la province de
Québec? C'est pousser loin.
Le Président (Mme Cuerrier): L'article 15 est-il
adopté?
M. Lalonde: Sur division, Mme le Président.
Le Président (Mme Cuerrier): Adopté sur division.
Article 16; cet article est-il adopté?
M. Bédard: L'article 16, c'est celui dont on vient de
parler.
M. Bellemare: Les règlements seront-ils bientôt
annoncés dans la Gazette officielle?
M. Bédard: Nous allons procéder avec le plus de
diligence possible, et c'est évident qu'au niveau des règlements,
des procédures d'attribution, le comité, s'il y a lieu, les
membres de l'Assemblée nationale en seront informés et seront en
mesure, à ce moment-là, d'exprimer leurs commentaires.
M. Bellemare: Est-ce que ce ne serait pas une bonne politique, de
la part du ministre, à un moment donné...
M. Bédard: Voulez-vous être le premier
légionnaire?
M. Bellemare: Non, je ne cours pas les médailles; j'en ai
reçu une des zouaves et je l'ai conservée. Mais je demanderais au
ministre si ce ne serait pas une bonne politique que, quand cela paraîtra
dans la Gazette officielle, surtout comme cela, c'est nouveau, le
député de chaque comté en reçoive au moins un
exemplaire?
M. Bédard: Effectivement, cela va être pour
publication.
M. Bellemare: Oui, je comprends, mais qui lit la Gazette
officielle?
M. Bédard: C'est pour cette raison que je vous dis que ce
ne sera pas seulement dans la Gazette officielle, on va trouver le moyen de le
porter d'une façon très claire à l'attention de chacun des
membres de l'Assemblée nationale, et avec la publicité qui
s'infère.
M. Lalonde: Mme le Président.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Je ne reviens pas sur l'article 15, c'est
déjà adopté, mais l'article 16 qui s'y
réfère parle d'actes de civisme alors que, jusque là, on a
parlé de sauveteur, d'une personne qui se porte au secours de quelqu'un
d'autre, qui en subit un préjudice. Dans l'esprit du ministre, parce
qu'acte de civisme n'est pas défini, est-ce bien d'un cas comme cela
qu'il va toujours s'agir, lorsque des décorations, des
récompenses seront accordées en vertu de ces articles?
M. Bédard: C'est un cas comme cela.
Le Président (Mme Cuerrier): L'article 16 est-il
adopté?
M. Lalonde: Adopté.
M. Bellemare: Juste une minute.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le leader de l'Union
Nationale.
M. Bellemare: Le ministre pourrait-il nous dire s'il y a des cas
prévus, qu'il a en tête ou que ses fonctionnaires auraient qui
deviendront applicables très prochainement?
M. Bédard: Non, aucun. M. Bellemare: Adopté.
Le Président (Mme Cuerrier): L'article 16 est
adopté. L'article 17 est-il adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (Mme Cuerrier): Adopté. L'article 18
est-il adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (Mme Cuerrier): Adopté.
M. Lalonde: Je peux vous dire d'avance, tout de suite, que je
n'ai aucun problème avec le reste, sauf peut-être l'article 29 ou
30 pour l'entrée en vigueur.
M. Bellemare: Quant à moi, je n'ai absolument rien
à ajouter, sauf que j'ai rendu le change au député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Bédard: Vous n'avez rien d'autre à ajouter sinon
de féliciter le ministre.
M. Bellemare: Je réserve cela pour la deuxième
lecture.
Le Président (Mme Cuerrier): Je vais simplement les
nommer. Article 19, adopté, article 20, adopté, article 21,
adopté, article 22, adopté. Article 23?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (Mme Cuerrier): Adopté.
M. Bédard: Articles 23, 24, 25, 26.
Le Président (Mme Cuerrier): Alors, 24, adopté, 25
adopté, 26 adopté, 27 adopté.
M. Lalonde: Adopté. 28, adopté.
Le Président (M. Cuerrier): 28, adopté.
M. Lalonde: 29, pas de problème.
M. Bédard: Article 29, adopté. Maintenant, il y
aurait l'amendement dont on a parlé, Mme le Président.
L'amendement se lirait comme suit. Je m'excuse ce serait après l'article
27.
M. Lalonde: J'ai le petit problème que j'ai soulevé
tantôt qui n'est pas réglé parce que...
Le Président (Mme Cuerrier): II va falloir
renuméroter 28, 29 et 30.
M, Bédard: C'est cela à partir du moment où
l'amendement est adopté.
M. Lalonde: Puisqu'il y a amendement... Est-ce que vous devez le
lire?
M. Bédard: Si vous me permettez, l'amendement se lirait
comme suit.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le ministre de la
Justice.
M. Bédard: Insérer après l'article 27 ce qui
suit: 28 Tout fait survenu depuis le 1er janvier 1977 et donnant ouverture
à la présente loi peut faire l'objet d'une réclamation
devant la commission même si le délai prévu par l'article 3
est expiré, pourvu que la réclamation soit formulée avant
le 31 décembre 1978.
M. Lalonde: Excusez-moi, je n'avais pas lu 1978. C'est parfait.
Je présume que le lieutenant-gouverneur en conseil a déjà
mis de côté les fonds nécessaires pour cette année
qu'on vient d'ajouter.
M. Bédard: II n'y a pas de problème de ce
côté.
M. Burns: Ce ne sera pas bien long. M. Bellemare: Si on mettait
28a.
M. Bédard: II s'agirait, Mme le Président, de
numéroter en conséquence les autres articles.
Le Président (Mme Cuerrier): Nous allons faire cette
numérotation. Nouvel article 28, adopté?
M. Bellemare: Oui.
Le Président (Mme Cuerrier): Adopté.
M. Bédard: Alors, l'article 28 devient 29.
Le Président (Mme Cuerrier): 28 devenu 29.
adopté.
M. Bédard: 29 devient 30.
Le Président (Mme Cuerrier): 29 devenu 30,
adopté.
M. Bédard: 30 devient 31.
Le Président (Mme Cuerrier): 30 devient 31 et il est
adopté.
M. Bédard: Merci, Mme le Président.
M. Burns: Mme le Président, je vous demanderais de faire
rapport...
M. Bédard: II est adopté avec des amendements.
M. Burns: ... au président de l'Assemblée nationale
que nous avons étudié en commission plénière le
projet de loi no...
M. Bédard: 83.
M. Burns: ... 83 et que nous l'avons adopté article par
article avec amendements.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le Président, j'ai
l'honneur de vous faire rapport que la commission plénière a
étudié article par article le projet de loi no 83, Loi visant
à favoriser le civisme, et qu'elle l'a adopté avec des
amendements.
Le Vice-Président: Ce rapport avec les amendements
sera-t-il agréé?
M. Lalonde: Oui, agréé.
Le Vice-Président: Troisième lecture...
M. Bellemare: Si le député de Marguerite-Bourgeoys
n'a rien, je suis prêt à accepter.
M. Lalonde: S'il y a urgence, on est prêt...
M. Burns: II y a sanction de projets de loi dans le courant de la
journée. Si la troisième lecture nous était
accordée, on pourrait la soumettre à Son Excellence le
lieutenant-gouverneur aujourd'hui même.
M. Lalonde: Si on nous le demande, cela nous fera plaisir.
M. Burns: Je vous le demande. M. Lalonde:
Accordé.
Troisième lecture
Le Vice-Président: Je propose donc que nous
procédions pendant la même séance à la
troisième lecture.
M. Bellemare: D'accord. M. Lalonde: Adopté.
Le Vice-Président: M. le ministre de la Justice. Vous
proposez la motion de troisième lecture.
Des Voix: Adopté.
Le Vice-Président: Troisième lecture,
adoptée. Le projet de loi est adopté.
M. Burns: M. le Président, nous pourrions peut-être!
très brièvement me dit-on, en tout cas passer
à l'article 17) de notre feuilleton qui est la deuxième lecture
du projet de loi no 93 au nom du ministre...
M. Bellemare: Cela va être long.
M. Burns: Pardon?
M. Bellemare: Cela va être long.
Projet de loi no 93 Deuxième lecture
Le Vice-Président: Si vous permettez. M. le ministre des
Affaires sociales propose donc la deuxième lecture du projet de loi no
93, Loi modifiant de nouveau le Régime des allocations familiales du
Québec.
M. le ministre.
M. Denis Lazure
M. Lazure: M. le Président, le lieutenant-gouverneur a
pris connaissance de ce projet de loi, le projet de loi no 93, et en recommande
l'étude à la Chambre.
Il s'agit d'un projet de loi qui est très court et qui a
été déposé la semaine dernière. Il y a
exactement quatre articles. Essentiellement, il y a deux choses dans le projet
de loi: indexation de 7,5% des allocations familiales à partir de
janvier 1978 et, deuxièmement, hausse, en plus de l'indexation, des
prestations, des allocations pour l'enfant du troisième rang et les
enfants de quatrième rang et plus.
Cette deuxième section la partie concernant la hausse
du projet de loi découle du fait que la loi
fédérale permet à chaque province de choisir l'affectation
des sommes d'argent en fonction des rangs et en fonction des âges. Or,
depuis 1974, le Québec se situe au-dessous de la moyenne des allocations
versées par le gouvernement fédéral à cause de la
diminution du taux de natalité. C'est ainsi que l'an passé, en
1977, nous avons pu récupérer cette somme d'argent et l'affecter
à une augmentation substantielle de l'allocation pour le
quatrième enfant. Cette année, nous prévoyons aussi
récupérer une somme d'argent substantielle, et cette somme sera
affectée à hausser de façon importante l'allocation pour
le troisième enfant, et en partie le quatrième enfant et
plus.
Il s'agit évidemment d'une mesure qui est grandement attendue par
la population, et il me fait plaisir d'en recommander l'adoption le plus
tôt possible.
Le Vice-Président: M. le député de
Jean-Talon.
M. Raymond Garneau
M. Garneau: Je remercie le leader du gouvernement d'avoir
donné ces avis, parce que si le ministre avait continué, j'aurais
eu également un discours à faire. Comme il s'est restreint
à des aspects techniques, je vais concourir à l'adoption en
deuxième lecture.
Le Vice-Président: M. le leader de l'Union Nationale.
M. Maurice Bellemare
M. Bellemare: M. le Président, félicitations au
ministre. Cela va venir compenser la taxe sur les chaussures et les
vêtements d'enfants. Il va y avoir une différence de $6,4 millions
seulement. Alors, je n'ai pas besoin de vous dire que j'étais bien
contre la taxe, mais que je suis bien en faveur du projet de loi.
M. Burns: M. le Président...
Le Vice-Président: Alors, cette motion de deuxième
lecture... M. le ministre.
M. Burns: ... comme je suis certain que le ministre n'a pas de
droit de réplique...
Le Vice-Président: La présidence n'accepte pas
cette affirmation.
M. Burns: Le ministre me l'a dit.
M. Lazure: M. le Président, je veux simplement remercier
les partis d'Opposition pour leur collaboration.
Le Vice-Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement, c'est à votre tour.
M. Burns: M. le Président, étant donné
l'unanimité, nous pourrions peut-être faire les écritures
relativement à ce projet de loi. Donc, commission
plénière, rapport de la commission plénière et
troisième lecture.
Le Vice-Président: Alors, si vous me le permettez, dans
l'ordre: Est-ce que cette motion de deuxième lecture est
adoptée?
M. Garneau: Adopté.
Commission plénière
Le Vice-Président: Adopté. Réunion de la
commission plénière?
M. Bellemare: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté. Rapport de la commission
plénière?
M. Bellemare: Adopté.
Troisième lecture
Le Vice-Président: Adopté. Troisième lecture
du projet de loi no 93?
M. Bellemare: Oui.
Le Vice-Président: Adopté. Le projet de loi no 93
est adopté, M. le ministre des Affaires sociales et M. le leader
parlementaire.
M. Burns: M. le Président, je remercie les membres de
l'Opposition pour leur collaboration. Cela nous permettra, justement, de
soumettre un autre projet de loi au lieutenant-gouverneur, pour sanction ce
soir.
M. Garneau: Dans un esprit de collaboration, nous serions
également prêts, du moins pour ma part, à adopter le projet
de loi no 94 qui était déjà sur la liste du leader pour
aujourd'hui. Quant à moi, il s'agit simplement de précisions
juridiques. Je pourrais faire des interventions pour dire que je ne les
trouvais pas nécessaires, mais, comme elles sont là, cela ne me
fait absolument rien de les adopter.
M. Burns: Est-ce que j'entends le même son de cloche de
l'Union Nationale?
M. Bellemare: II y avait un député qui avait
préparé un discours, mais je vais le voir en particulier au
caucus cet après-midi et je vais lui dire que j'ai bien fait d'accepter
unanimement.
M. Burns: M. le Président, je vous demanderais donc
d'appeler l'article 18) que j'aurai l'honneur de présenter au nom du
ministre des Terres et Forêts.
Projet de loi no 94 Deuxième lecture
Le Vice-Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement, au nom du ministre des Terres et Forêts, propose la
deuxième lecture du projet de loi no 94, Loi modifiant la Loi sur le
crédit forestier.
M. le leader parlementaire du gouvernement.
Des Voix: Adopté.
M. Burns: M. le Président, le lieutenant-gouverneur a pris
connaissance du projet de loi et il en recommande l'adoption à
l'Assemblée nationale. Je pense que je vais limiter à ces
brèves remarques le discours que j'ai à faire au nom du ministre
des Terres et Forêts relativement au projet de loi no 94, étant
donné qu'il semble qu'il rencontre l'unanimité de
l'Assemblée nationale.
M. Bellemare: C'est une loi importante parce qu'on ajoute,
après le mot "office", les mots "au fonds consolidé".
Le Vice-Président: Cette motion de deuxième lecture
sera-t-elle adoptée?
M. Garneau: Adopté. M. Bellemare:
Adopté.
Le Vice-Président: Cette motion de deuxième lecture
est-elle adoptée? Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Deuxième lecture de ce
projet de loi.
Commission plénière et troisième
lecture
M. Burns: M. le Président, peut-être que dans ce cas
nous pourrions faire les écritures également de la commission
plénière et de la tioisième lecture.
Le Vice-Président: D'accord, réunion de la
commission plénière, rapport de la commission
plénière adopté. Troisième lecture de ce projet de
loi, adoptée. Le projet de loi no 94 est adopté.
M. Bérubé: J'apprécie votre
générosité et votre gentillesse, aucun doute.
M. Burns: II est trop tard, vous êtes en retard.
M. le Président, je vais vous demander de suspendre nos travaux
jusqu'à 15 heures en laissant entendre à nos collègues
que, dès 15 heures, nous passerons au projet de loi no 87...
M. Bédard: Est-ce que c'est 87 ou...
M. Burns: ... 87 inscrit au nom du ministre de la Justice qui,
lui non plus, ne semble pas poser de problème. D'autre part, par la
suite il y a peut-être un problème et nous entreprendrons l'examen
ou la prise en considération du rapport du projet de loi no 67.
M. Bellemare: II va avoir notre unanimité. M. Burns:
Je m'attends à votre...
Le Vice-Président: Cette motion est-elle
adoptée?
Adopté.
Les travaux de cette Assemblée sont suspendus jusqu'à cet
après-midi, 15 heures.
(Suspension de la séance à 13 heures)
Reprise de la séance à 15 h 10
Mme le Vice-Président: Veuillez vous asseoir, s'il vous
plaît! C'est le moment de reprendre la séance après la
suspension de 13 heures.
M. le leader parlementaire du gouvernement.
M. Burns: Mme le Président, ce matin, lorsque nous avons
suspendu nos travaux, il y avait un autre projet de loi qui était
inscrit pour la deuxième lecture au nom du ministre de la Justice, et je
vous demanderais, s'il vous plaît, d'appeler l'article 5.
Mme le Vice-Président: L'article 5. M. le ministre de la
Justice propose la deuxième lecture... Ce projet de loi a
déjà subi la deuxième lecture.
Projet de loi no 87
M. Burns: Mme le Président, je m'excuse, je m'étais
absenté pendant quelques instants ce matin pour rencontrer les
journalistes. On me dit que la deuxième lecture a été
adoptée. Je fais donc motion pour que vous quittiez votre siège
et que la Chambre se transforme en commission plénière.
Mme le Vice-Président: Cette motion est-elle
adoptée?
M. Lalonde: Adopté.
Commission plénière
Mme le Vice-Président: Nous sommes en commission
plénière, pour étudier le projet de loi no 87, article par
article.
M. le ministre de la Justice.
M. Marc-André Bédard
M. Bédard: Concernant ce projet de loi qui est quand
même très technique sur certains aspects, nous avons retenu les
services du Dr Roland Tremblay, endocrinologue, fellow du Collège Royal
du Canada et fellow du Collège Américain de médecine qui,
effectivement, sera à la disposition des membres de la commission pour
répondre à leurs questions.
Nous nous étions entendus, lors de la deuxième lecture,
pour ne pas faire d'exposé lorsque viendrait la discussion en
commission. Il y aurait lieu, dans un premier temps, par un petit exposé
de cinq ou six minutes, d'expliquer l'essentiel de cette loi de manière
à éviter plusieurs questions qui peuvent venir à l'esprit
des membres de la commission plénière.
Cette Loi modifiant la Loi du changement de nom contient deux
modifications importantes. D'une part, nous avons apporté des
changements à la procédure d'obtention du changement de nom et
d'autre part nous introduisons des mesures nouvelles qui permettront aux
transsexués d'obtenir un acte de naissance qui soit conforme à la
nouvelle identité physique.
Actuellement, il appartient au lieutenant-gouverneur en conseil
d'accorder, sur recomman-
dation du ministre de la Justice, tout changement de nom. Il va sans
dire que cette référence au lieutenant-gouverneur en conseil
alourdit inutilement la procédure et nécessite
inévitablement des délais, lesquels pourraient être
évités si le ministre de la Justice avait le pouvoir de prendre
lui-même la décision définitive puisqu'il lui appartient
d'étudier chaque requête et de proposer ou de refuser un
changement de nom.
Du même coup, le Conseil des ministres verrait son fardeau
allégé, surtout dans un domaine aussi étranger à la
vocation première du Conseil des ministres. Au cours de l'année
1976, le Conseil des ministres a approuvé 320 arrêtés en
conseil relatifs à des changements de nom après recommandation du
ministre de la Justice. Si nous devions maintenir la procédure actuelle,
il faudrait ajouter à ce nombre les arrêtés en conseil
prévus pour le transsexualisme. C'est par souci humanitaire que nous
avons introduit des dispositions qui permettront dorénavant aux
transsexués d'obtenir un acte de naissance conforme à leur
nouvelle identité physique afin qu'ils puissent mener dans la
société une vie aussi normale que possible.
S'agissant d'un phénomène médical relativement
récent, le transsexualisme, ou la transsexualité, est encore
quelque peu méconnu. Bien que nous n'en connaissions pas encore toutes
les causes, il nous est tout de même possible de circonscrire ce
phénomène en le définissant d'abord, puis en le
distinguant d'autres phénomènes qui peuvent lui ressembler.
Plusieurs définitions ont été proposées pour le
transsexualisme ou la transsexualité, ces deux termes étant
indifféremment employés en français pour traduire
l'anglais "transsexualism. " Le docteur H. Benjamin vous excuserez ma
prononciation dans le volume "The Transsexual Phenomenon", publié
en 1966 à New York, définit le transsexuel comme étant une
personne qui croit fermement, malgré une évidence
génétique et physique contraire, qu'il est ou qu'elle est de sexe
opposé. Cette personne a une fixation et une conviction
inaltérables qu'elle est d'un tel sexe.
D'autres auteurs ont tenu compte davantage du caractère
d'évolution du transsexualisme. Pour eux, la transsexualité est
le phénomène d'un passage physiologique et social plus ou moins
prolongé d'un sexe à un autre chez un individu qui a la
conviction psychique d'appartenir au sexe opposé à son sexe
biologique. Avant qu'il vive son conflit d'identité, il n'y a pas de
transsexualité. Après qu'il a résolu le conflit par la
conversion physiologique, biologique et sociale, il n'y a plus de
transsexualité.
Les spécialistes relient généralement le
phénomène à trois facteurs possibles d'ordre
génétique, endocrinien et psychologique. Ce sont les normes
acceptées par la profession médicale qui régissent le
traitement et l'opération du transsexuel, dont les étapes ont
été clairement décrites dans un article publié dans
la revue de droit de l'Université de Sherbrooke par Ethel Groffier, qui
disait ceci: "A ce propos, médecins et auteurs s'accordent pour insister
sur la phase préparatoire au traitement qui consiste dans une
évaluation approfondie du cas par une équipe de
spécialistes comprenant psychologues, psychiatres, travailleurs sociaux,
endocrinologues, gynécologues, urologues, spécialistes en
chirurgie esthétique. Le rôle de cette équipe est de
formuler un diagnostic sur l'admissibilité à l'opération.
En plus de l'évaluation clinique, il est recommandé de
procéder à une exploration approfondie du milieu du patient et de
rencontrer les membres de sa famille.
Ensuite, une fois qu'il est bien établi qu'il s'agit d'un cas de
transsexualisme où il faut encore effectuer une évaluation
globale de la personnalité de l'individu pour établir si, dans le
passé, il n'a pas été victime d'épisodes
psychopathologiques graves ou pour mesurer sa capacité de faire face
à la transformation complète de sa vie et de se faire une opinion
réaliste des résultats de l'intervention qu'il s'apprête
à subir. Je termine là-dessus. Après cette période
d'évaluation et de traitements aux hormones, on procède, selon le
cas, à la castration ou à la mastectomie et à
l'hys-térectomie. Cette décision s'impose suite à
l'échec de tous les traitements médicaux connus.
Le transsexuel arrive habituellement en psychiatrie après une
feuille de route assez chargée. Malheureux dans sa peau, inconfortable
dans son rôle, percevant comme insupportable l'anatomie ou la morphologie
de son sexe biologique et surtout décidé à remédier
à la situation, il a auparavant consulté soit en endocrinologie,
soit en chirurgie ou en gynécologie et, dans certains milieux, a
partiellement obtenu une réponse positive à ses revendications.
Le transsexualisme est donc un phénomène particulier, distinct du
travestisme, de l'homosexualité et de l'hermaphrodisme auxquels il est
parfois malencontreusement confondu.
Le travesti dénote un comportement fétichiste à
l'égard du vêtement féminin, mais il s'identifie bien
à son sexe et il a une activité hétérosexuelle.
L'homosexuel, quant à lui, se caractérise par l'attirance de la
personne envers son propre sexe, mais il se perçoit comme appartenant
à son sexe biologique. Ni l'un, ni l'autre du travesti et de
l'homosexuel ne désirent subir une opération de conversion
sexuelle. Quant à l'hermaphrodisme, il est un phénomène
différent du transsexualisme car, se définissant par la
juxtaposition chez un même sujet de produits sexuels mâles et
femelles, il s'oppose à la séparation complète entre les
sexes.
Examinons maintenant le problème juridique posé par le
transsexualisme. Si le changement de prénom ne pose théoriquement
pas de problème particulier en vertu de la loi actuelle, la modification
ou rectification de l'acte de naissance pose un problème beaucoup plus
sérieux. Il m'apparaît évident que le transsexué
dont l'acte de naissance n'a pas été modifié se trouvera
plus d'une fois embarrassé dans notre société. En effet,
plusieurs documents publics ne sont émis que sur présentation de
l'acte de naissance comme le passeport, les cartes d'identité, de
sécurité sociale, le permis de travail ou de séjour.
Certaines institutions d'en-
seignement, certains employeurs exigent également un extrait de
l'acte de naissance.
Or, nos lois et, par conséquent, nos tribunaux ne permettent pas
actuellement une telle modification.
Le seul recours qui leur est ouvert est la présentation d'un bill
privé, parce qu'il aurait pu y avoir la possibilité que ces
derniers présentent un bill privé. Il reste que cette solution,
en plus de frais élevés qu'elle entraîne, a pour
inconvénient majeur d'obliger la personne concernée à
entreprendre des démarches extrêmement longues et pénibles.
Je ne trouve pas souhaitable que l'Assemblée nationale ait à se
prononcer sur une soixantaine de projets de loi privés, au cours des
prochaines années, à la fois pour ne pas alourdir le processus
législatif et pour éviter à ces personnes de telles
difficultés.
Il y avait, en 1975, au Québec, approximativement 65 personnes
affectées par ce syndrome pathologique. Les statistiques nous
révèlent en effet qu'il existe un transsexuel par 100 000 de
population. Pour répondre aux demandes médicales de ces
transsexuels, on dénombrait, la même année, sept
hôpitaux québécois dispensant des traitements
appropriés. Devant un tel phénomène qui, s'il est
quantitativement peu important, n'en touche pas moins directement à
l'intégrité de la personne humaine, nous ne pouvons pas, comme
législateurs, rester indifférents.
N'est-ce pas en effet la mission du juriste d'harmoniser le droit avec
les nouvelles réalités médicales et techniques et de
tenter de les intégrer dans la discipline juridique au meilleur
intérêt de l'individu et de la société.
En vertu de la présente loi, il sera permis à un citoyen
canadien majeur, non marié, résidant au Québec depuis au
moins un an et qui aura subi avec succès les traitements médicaux
et chirurgicaux destinés à modifier ces caractères sexuels
apparents, il lui sera permis en vertu de cette loi d'obtenir un changement
d'indication de sexe et de prénom dans les registres de l'Etat
civil.
Enfin, il est à noter que trois provinces canadiennes, la
Colombie Britannique, la Saskatchewan et l'Alberta, prévoient une
modification de l'acte de l'Etat civil dans les cas particuliers des
transsexuels. De plus, l'office de révision du Code civil a
présenté un rapport dans le même sens. Lors de
l'étude du projet de loi en commission parlementaire, tel que je l'ai
exprimé au début de ce court exposé, nous avons retenu les
services du Dr Roland Tremblay du Centre hospitalier de l'Université
Laval, afin que ce dernier puisse répondre aux questions qui pourraient
être posées concernant l'ensemble du problème du
transsexualisme.
C'est sur ces quelques notes que je pense qu'il serait opportun
d'entreprendre les travaux de la commission.
Le Président (Mme Cuerrier): J'ai bien compris que le Dr
Tremblay pourrait répondre en votre nom aux questions qui pourraient
être posées. Est-ce qu'il y a consentement à ce que le
Dr
Tremblay puisse répondre et que les réponses soient
notées au nom du ministre de la Justice.
M. Lalonde: Quant à moi, Mme le Président, je
n'aurais pas d'objection. Peut-être que le Dr Tremblay aurait objection
de voir ses propos savants chapeautés sous le titre du ministre. C'est
une autre question.
M. Bédard: Avec la précaution qu'on a prise de le
mentionner, je pense que personne...
Le Président (Mme Cuerrier): La précaution a
été prise, c'est mentionné. Est-ce qu'il y a
consentement?
M. Bédard: Personne ne se trompera.
M. Lalonde: Consentement.
M. Brochu: Consentement, Mme le Président.
Le Président (Mme Cuerrier): C'est simplement pour ne pas
déroger aux règles de l'Assemblée nationale.
M. Bédard: Parfait.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Maisonneuve, vous m'aviez demandé la parole.
M. Robert Burns
M. Burns: Mme le Président, je veux très
brièvement, au début des travaux de la commission
plénière, remercier le ministre de la Justice pour avoir
devancé, à toutes fins pratiques, un des éléments
du rapport de la Commission de révision du code civil qui est traduit
par le projet de loi que nous examinons aujourd'hui. Je ne suis pas intervenu
en deuxième lecture pour une raison bien simple, c'est qu'il
apparaissait normal que nous puissions passer le plus rapidement possible
à l'examen du projet de loi, article par article, en commission
plénière.
J'ai personnellement, à de nombreuses reprises, eu à
intervenir dans ce type de dossiers et j'ai, comme individu, comme membre d'une
société qui est complète, donc qui est formée d'un
tas de personnes qui ont divers problèmes individuels mais qui, à
un moment donné, se réunissent au sein d'une même
collectivité, eu à déplorer le peu de cas qu'on faisait de
ce type de problème qui, fondamentalement, est un problème de
liberté fondamentale et de possibilité de voir ou de donner
à des individus au sein de cette même société une
identité. Peut-être que la chose la plus grave qui peut se passer
au sein d'une société, c'est que quelqu'un, à un moment
donné, se retrouve à ne plus avoir d'identité. C'est le
cas des transsexués. C'est ce pourquoi, au nom des personnes qui sont
visées environ 60 personnes au Québec, que nous
connaissons, actuellement, qu'on peut identifier je remercie le ministre
de la Justice d'avoir devancé un peu le rapport global concernant la
révision du Code civil, à la suite du rapport de la
commission concernée.
Nous avons, Mme le Président, à de nombreuses reprises,
songé à toutes sortes d'autres solutions, par exemple, comme le
ministre de la Justice y faisait référence, à des projets
de loi privés pour changer des noms.
Mais qu'est-ce que cela fait si on change le nom de Robert Burns et
qu'à partir de demain Robert Burns devient Joséphine Burns, et
que Joséphine Burns sur son baptistère continue à
être le fils d'Edouard Burns et de Marie-Anne Bédard? Cela change
quoi, cela? Ce genre de problème d'identité est très
grave, car, à la suite d'études très sérieuses,
comme le ministre de la Justice l'a mentionné tout à l'heure, par
l'entremise de médecins, par l'entremises de psychiatres, par
l'entremise de psychologues, on décide que tel ou tel individu, qui est
physiquement ou, en tout cas, du moins officiellement un homme, peut devenir,
à la suite d'une opération de transsexuation ou de
transsexualité, une femme. A partir de ce moment-là, cette
personne n'existe plus dans la société.
Alors, vous avez tous les problèmes qui se posent relativement
à la recherche d'un travail, au Régime de rentes, à tous
les préjugés qui peuvent exister à l'endroit de ces
gens-là. Je ne peux qu'endosser entièrement l'effort que le
ministre de la Justice fait aujourd'hui pour corriger cette situation qui,
à mon avis, était une injustice absolument totale qu'il fallait
carrément et clairement régler. Encore une fois, je ne peux qu'en
remercier le ministre de la Justice.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Fernand Lalonde
M. Lalonde: II m'apparaît évident que nous devons
appuyer cette réforme du ministre de la Justice, Mme le
Président. Nous avons convenu, lors de l'adoption en deuxième
lecture l'autre soir, que des propos s'adressant au principe seraient
tolérés, de consentement, étant donné que nous
avons adopté la deuxième lecture du projet de loi sur la base des
notes explicatives. Ce que je retiens en particulier, c'est le problème
de l'intégrité de la personne humaine et de l'identification que
posent ces cas qui sont, de toute façon, exceptionnels, mais qui, quand
même, peu nombreux qu'ils soient, représentent pour chacun,
chacune de ces personnes un problème important, un problème
fondamental. Je n'ai pas, quant à moi, l'intention d'aller très
loin dans l'examen médical, l'examen à caractère
médical de ce phénomène. Je pense que les explications du
ministre doivent être reçues à leur propre valeur et,
à moins que quelque membre n'ait lui-même, ou elle-même, des
connaissances qui justifieraient des questions plus précises
auprès du Dr Tremblay, quant à moi, je pense qu'on doit accepter
les explications du ministre et passer à l'adoption du principe et des
détails de ce projet de loi.
Il s'agit de faire en sorte que chaque citoyen ou citoyenne puisse,
lorsqu'il s'agit de recourir à ce qu'il y a de plus fondamental quant
à son identification, c'est-à-dire les actes de l'état
civil, s'y reconnaître. Quant à moi, cela m'apparaît aussi
fondamental que certaines autres dispositions que contiennent nos lois, et plus
particulièrement la Charte des droits et libertés de la personne.
Cela rejoint un droit fondamental de l'individu, à savoir que les actes
de l'état civil, qui sont censés le décrire ou
décrire certains individus, soient vrais, malgré les changements,
et reflètent les changements tels que décrits par le ministre.
Ils peuvent être très exceptionnels, mais peuvent toucher
l'identification sexuelle d'une personne.
Je sais que certaines questions pourraient être plus pertinentes
à l'étude article par article, mais le ministre, lors de son
exposé, a fait état que les nouvelles dispositions du projet de
loi rendraient possible à une personne, je crois qu'il a dit citoyen
canadien au Québec depuis un an, ou au Canada depuis un an, non
mariée. Cela m'a frappé comme étant une restriction qui,
peut-être, est tout à fait valide. J'aimerais avoir des
explications. Si le docteur Tremblay veut intervenir, tant mieux. Est-ce que,
dans les faits, des 60 et quelques personnes que l'on connaît, aucune
n'est mariée, ou est-ce que c'est une impossibilité physiologique
ou physique? S'il y en a de mariées, est-ce qu'on va exiger qu'elles
divorcent avant de faire la demande?
M. Bédard: La connaissance que j'ai sur les cas qui nous
ont été soumis est à l'effet qu'il n'y en a pas de
marié. Cela ne veut pas dire, parce que c'est une question qui est
posée assez souvent, que les transsexués ne pourront pas se
marier. Ils peuvent se marier. Le mariage d'un transsexué, muni d'un
acte de l'état civil modifié, peut être annulé,
à mon humble avis, si le mariage a lieu sans que le transsexué,
qui est muni d'un nouvel acte de l'état civil modifié, ne prenne
la précaution de mettre son nouveau conjoint au courant du
réaménagement de son anatomie. Cela peut être une cause
d'annulation de la même façon que tous ceux qui sont atteints de
maladie grave, d'impuissance, de schizophrénie et qui le savent. S'ils
n'en n'avertissent pas leur conjoint avant le mariage, il peut y avoir, de la
part de l'autre conjoint, une demande d'annulation. Peut-être que cela ne
répond pas très précisément à la
question.
M. Lalonde: Le ministre nous décrit des cas d'annulation
de mariage. Que cela soit une raison d'annulation, cela va de soi. Le
transsexué ou le phénomène que le ministre nous a
décrit implique plusieurs étapes.
Il y a l'étape avant l'opération et l'étape
résultant de l'opération. Si je comprends bien ce que le ministre
nous a dit tantôt, pour obtenir un changement de l'acte d'état
civil, il faut que l'opération ait eu lieu, de sorte que son
identité est changée. Ce n'est plus un homme, mais une femme. Je
prends I exemple de ce côté parce qu'apparem-
ment le changement arrive plus souvent ainsi que de femme à
homme. Est-ce qu'il est possible qu'il ait été marié avant
ce changement? Et, pour avoir ouverture au changement, est-ce qu'il faut qu'il
ne soit plus marié? C'est cela ma question, puisqu'on exige qu'il ne
soit pas marié pour faire la demande.
M. Bédard: II peut arriver que cela se produise alors que
l'un des individus est marié. On porte à mon attention qu'aux
Etats-Unis il s'est présenté un cas où un des
transsexués a attendu que ses enfants soient devenus grands pour
divorcer, prendre prématurément sa retraite et s'en aller vivre
sa nouvelle vie de femme dans une ville avoisi-nante. La raison pour laquelle
on spécifie que le candidat devra être citoyen canadien majeur et
non marié c'est parce qu'on pense qu'il est indispensable de formuler
cette exigence afin qu'il ne puisse exister de cas où, à la suite
d'une telle modification, on se retrouverait en présence de deux
époux qui sont du même sexe. Est-ce que cela répond
à votre question?
M. Lalonde: C'est sûrement une excellente raison.
M. Bédard: Peut-être que le docteur pourrait ajouter
des éléments par rapport aux questions qui ont été
posées.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le Dr Tremblay.
M. Bédard: Mme le Président, c'est ma
première séance dans cette Assemblée. S'il m'est permis de
féliciter M. le ministre pour la qualité de son exposé, la
richesse de son contenu, je le fais avec plaisir. Je pense qu'il serait
très...
Le Président (Mme Cuerrier): Je voudrais vous faire
remarquer que vous parlez au nom du ministre.
M. Bédard: Ah oui!
M. Lalonde: Au nom du ministre. Cela va être très
intéressant dans la transcription.
M. Bédard: C'est ce qui permettra, Mme le
Président, de constater que le langage savant qu'emploiera le Dr
Tremblay n'est pas le langage du ministre.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le Dr Tremblay.
M. Bédard: Effectivement, Mme le Président, si on
me permet de répondre spécifiquement à la question, il y a
quelques cas de transsexualisme qui se sont présentés alors que
déjà les sujets avaient vécu une vie
d'hétérosexualité, donc ils avaient déjà
été mariés. Au départ, ils ont pris soin, dans
certains cas, de divorcer avant d'entreprendre cette longue démarche.
C'est exceptionnel puisque, par définition, le transsexuel n'est pas
hétérosexuel.
M. Lalonde: Je pense, Mme le Président, que la
dernière explication du ministre est tout à fait valable.
Autrement, on aurait un mariage valide dans nos statuts, suivant nos lois,
impliquant deux personnes du même sexe.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Serge Fontaine
M. Fontaine: Merci, Mme le Président. Je voulais tout
simplement joindre ma parole à celle du leader du gouvernement
concernant les modifications futures au Code civil. On reconnaît qu'il
s'agit ici d'un droit relatif à l'identité de la personne. C'est
un droit fort important. Sauf que je me pose des questions parce que le rapport
de la révision de l'Office du Code civil, publié en 1975,
demandait ou proposait que ce pouvoir d'accorder un changement de nom soit
donné à un directeur de l'état civil qui serait
éventuellement nommé à cet effet.
Dans la loi qu'on veut adopter, on donne ce pouvoir au ministre
lui-même plutôt qu'au directeur, qu'au Conseil des ministres ou
qu'au lieutenant-gouverneur en conseil. Je me demande s'il n'y a pas des
questions à se poser, bien que je ne sois pas opposé, en
principe, là-dessus.
Ne serait-il pas mieux de donner ce pouvoir à la Cour
supérieure, peut-être, ou à un directeur de l'état
civil qui sera éventuellement nommé?
M. Bédard: Disons que la modification que nous demandons
pour essayer de corriger très rapidement un problème ne veut, en
aucune façon, en tout cas, dans mon esprit, préjuger du contenu
d'amendements qui pourraient être apportés au niveau du Code civil
lorsqu'on procédera à l'étude d'une façon globale
des recommandations de la commission du Code civil.
M. Fontaine: Etant donné qu'il s'agit strictement d'une
question de fait, à savoir si une personne est transsexuée ou
non, est-ce que ce ne serait pas plutôt à la Cour
supérieure de vérifier ces faits?
M. Bédard: Pas nécessairement. Si vous prenez le
projet de loi, il y a quand même, dans ces articles, tous les
éléments nécessaires, c'est-à-dire toutes les
conditions qui devront être respectées du point de vue
médical ou à tous les points de vue avant même que le
ministre de la Justice ait à poser un geste de changement de nom ou de
changement qui pourrait s'imposer au niveau des registres de l'état
civil. Les précautions médicales qu'il faut prendre avant de
procéder à quelque acte que ce soit, juridiquement parlant, je
pense que toutes ces étapes seront très bien
spécifiées dans le projet de loi.
M. Fontaine: Je vous ai dit que je n'avais pas d'objection...
M. Bédard: Le ministre de la Justice ne deviendra pas
médecin.
M. Fontaine: ... de principe, mais je comprends que le ministre
nous confirme qu'éventuellement cela pourrait être confié
à un directeur de l'état civil lorsqu'on abordera les amendements
ou la refonte du Code civil.
M. Bédard: C'est exactement cela. M. Fontaine:
Merci.
Le Président (Mme Cuerrier): Maintenant, M. le ministre de
la Justice, je pense qu'il y a certaines questions qui se
réfèrent à certains articles. Les membres de
I'Assemblée pourront peut-être poser leurs questions lors de
l'étude de tel article en particulier. Si vous le voulez bien, nous
allons...
M. Brochu: Avec votre permission, j'aurais peut-être
seulement...
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Richmond, oui.
M. Brochu: ... une petite question avant d'entreprendre...
Le Président (Mme Cuerrier): D'ordre
général?
M. Brochu: D'ordre général, oui, une question de
précision. Le ministre a indiqué tout à l'heure, dans
l'exposé qu'il a fait avant de présenter son projet de loi, que
la transsexualité pouvait venir à la suite de trois facteurs
principaux soit d'ordre génétique d'abord, d'ordre endocrinien
et, possiblement, d'ordre psychologique. La seule précision que
j'aimerais obtenir ici peut-être du ministre de la Justice, par
l'entremise du Dr Tremblay qui est à ses côtés, c'est quel
facteur est le plus souvent présent dans les cas de transsexualisme
constatés ou, du moins, compilés statistiquement.
Le Président (Mme Cuerrier): Dr Tremblay.
M. Bédard: Pour répondre à cette question,
monsieur, le facteur le plus fréquemment rencontré est un facteur
dit psychologique en ce sens que, par définition, le transsexualiste se
dit victime d'une inversion psychosexuelle. Alors, au départ, je pense
que les deux mots clés traduisent bien la situation et, dans le plus
grand nombre d'observations, il est évident que, sur le plan
génétique, sur le plan endocrinien, il n'y a aucune anomalie;
c'est un être normal. On peut noter, toutefois, à partir
d'étapes précoces dans la vie, à partir de l'adolescence
ou de la puberté, que des facteurs psychologiques peuvent intervenir.
Alors, notre connaissance se limite à des causes dites psychologiques,
dans la plupart des cas, si on se limite spécifiquement au
transsexualisme.
M. Brochu: Est-ce à dire qu'il y a exclusivement, à
toutes fins utiles, dans les cas qui vous ont été soumis, des
facteurs d'ordre psychologique et aucunement, donc, de facteurs d'ordre
génétique ou endocrinien?
M. Bédard: En toute objectivité, la femme ou
l'homme qui se présente sur le plan génétique a des
chromosomes XX ou XY.
Donc, il y a correspondance entre le sexe apparent, qui est mâle,
et les chromosomes. Donc, aucune anomalie sur le plan génétique
lorsqu'on parle spécifiquement de transsexualisme dans 99% des cas.
M. Brochu: Donc, dans la présentation que le ministre a
faite, tout à l'heure, de son projet de loi, il aurait dû
souligner que le seul facteur à noter, d'après les compilations
qui existent, c'est le facteur d'ordre psychologique qui donne lieu à
cette situation de transsexualité.
M. Bédard: Enfin, il y a de tout. Je pense qu'il faut
laisser la porte ouverte, M. le député, parce qu'il y a, quand
même, certaines anomalies mineures qui peuvent se présenter, que
l'on appelle des mosaïques chromosomiques. Ce n'est sûrement pas
exclusif, puisque cela a déjà été rencontré
qu'on ait, par exemple, XX et certaines cellules qui contiennent XO ou XY.
Donc, l'existence de mosaïques est possible et ceci confirme le point de
vue de M. le ministre de la Justice.
M. Brochu: Si j'ai bien compris, l'existence de mosaïques
chromosomiques demeure quand même quantité négligeable
lorsqu'on établit le portrait de la situation.
M. Bédard: Dans un projet de loi, il faut tenir compte des
quantités négligeables, si on veut vraiment régler
l'ensemble des problèmes.
Le Président (Mme Cuerrier): Article 1, adopté?
M. Lalonde: Oui.
Le Président (Mme Cuerrier): Adopté. Article
2,adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (Mme Cuerrier): Adopté. Article
3,adopté?
M. Lalonde: A l'article 3, Mme le Président...
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: ... il y a un petit changement technique et l'autre,
on le retrouve à l'article 10 qui modifie l'article 24 de l'autre loi.
Alors, adopté.
Le Président (Mme Cuerrier): Article 3, adopté.
Article 4, adopté?
M. Lalonde: A l'article 4, d'autres députés ont
soulevé le problème, à savoir que la proposition du
ministre ne concorde pas avec les conclusions du rapport de 1975 de l'Office de
révision du Code civil qui suggérait de confier à un
directeur de
l'état civil le soin d'autoriser les changements de nom et qui
n'excluait pas sûrement, quoique je n'aie pas mémoire de cette
proposition directement, l'appel aux tribunaux. Je comprends de la
réponse du ministre qu'il s'agit d'une décision qui ne
préjuge pas d'une révision en profondeur du Code civil.
J'aimerais qu'on ne recoure pas nécessairement à l'augmentation
du pouvoir du ministre chaque fois qu'on prépare une révision,
parce que, quand on va réviser le Code civil, on va se demander si on
peut réellement réduire le pouvoir du ministre. Mais, enfin, je
pense que le seul choix qu'on a, c'est de prendre la parole du ministre
à ce stade-ci, à savoir que, lors de la révision...
M. Bédard: Cela ne préjugera sûrement pas, en
fait, de la solution finale à laquelle nous en viendrons lors de
l'étude globale des recommandations de la commission.
M. Lalonde: Quant aux changements de nom je pense que ceci
affecte le changement de nom et n'affecte pas le cas des
transsexuésje ne suis pas en désaccord avec le fait de
confier à d'autres qu'au Conseil des ministres le soin de les autoriser.
On sait que cela peut devenir presque une question de routine, à savoir
qu'une fois que c'est autorisé ou recommandé par le ministre
je ne sais pas si des témoignages pourraient aller dans le sens
contraire je n'ai pas souvenance de beaucoup d'occasions où la
recommandation du ministre n'aurait pas été acceptée par
le Conseil des ministres. Alors, aussi bien éviter d'encombrer les
travaux du Conseil des ministres simplement pour des changements de nom. Dans
l'esprit de la réponse du ministre, je serais prêt à
adopter l'article 4.
Le Président (Mme Cuerrier): Article 4, adopté.
Article 5, adopté?
M. Lalonde: A l'article 5, est-ce qu'on pourra avoir une
explication plus détaillée sur le nouvel article 6 de la loi?
M. Bédard: Le ministre de la Justice étant
désormais habilité à accorder le changement de nom, nous
avons supprimé de l'article 6 ancien les mots "recommander au lieutenant
gouverneur en conseil". Ce qui veut dire qu'en vertu de l'article 6 tel qu'il
est modifié, si le ministre de la Justice juge que les motifs du
changement de nom sont suffisants et que celui-ci est à propos, il lui
sera loisible de faire droit à la requête avec les modifications
qu'il juge à propos. L'exigence du consentement écrit du conjoint
du requérant de même que celui de ses enfants mineurs non
émancipés âgés de 14 ans ou plus, formulée
à l'alinéa 2 de l'ancien article 6, a été
maintenue.
M. Lalonde: Cela va. M. Bédard: Cela va.
Le Président (Mme Cuerrier): Article 5 adopté.
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (Mme Cuerrier): Article 6, adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (Mme Cuerrier): Adopté. Article
7,adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (Mme Cuerrier): Adopté. Article
8,adopté?
M. Lalonde: Un instant, Mme le Président.
Le Président (Mme Cuerrier): Un instant. M. le
député de' Marguerite-Bourgeoys, vous voulez intervenir?
M. le ministre de la Justice.
M. Lalonde: Quelle est la principale...
M. Bédard: Peut-être quelques explications.
L'article 10 ancien prévoyait la modification des registres de l'Etat
civil contenant l'acte de naissance ou l'acte de mariage d'une personne dont le
nom avait fait l'objet d'un changement par l'effet d'un décret. Pour
obtenir ces modifications, copie du décret devait être produite au
dépositaire des registres. Le nouvel article 10 oblige le ministre de la
Justice à transmettre à chacun des dépositaires des
registres de l'Etat civil une copie conforme du certificat, à la suite
de quoi un nouvel acte de naissance faisant état des modifications sera
dressé. Cette disposition de droit nouveau vise surtout à assurer
que les modifications autorisées apparaîtront effectivement dans
les registres de l'Etat civil et que cette modification des registres sera
effectuée dans les plus brefs délais.
Nous croyons en effet qu'en obligeant le ministre de la Justice à
transmettre une copie du certificat et en obligeant le dépositaire
à dresser un nouvel acte de naissance conformément à ce
certificat, nous allons atteindre les objectifs dont nous venons de parler,
à savoir le plus de célérité possible.
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (Mme Cuerrier): Adopté. Article
9,adopté?
M. Lalonde: C'est à l'article 9 qu'on atteint un des buts
principaux du projet de loi, c'est-à-dire le changement d'indication de
sexe et de prénom. On retrouve cela aux articles 18 et 19 la
façon d'obtenir la preuve et de faire l'enquête. Est-ce qu'on
prend les articles 16, 17, 18 et 19 séparément?
M. Bédard: Les conditions seraient à l'article 18
ou 19... Si on regarde...
M. Lalonde: Nous sommes à l'article 9 du pro-
jet de loi. Est-il dans l'ordre que l'on discute indifféremment
16, 17, 18, 19, 20, 21 et 22 ou si on doit passer par chacun des articles?
C'est simplement une question de procédure pour être sûrs
qu'on ne sera pas...
M. Bédard: II serait peut-être même
indiqué de procéder à 16, 17, 18, 19.
Le Président (Mme Cuerrier): A l'article 9, on pourrait
peut-être dire paragraphe 16?
M. Lalonde: Oui. Il n'y a pas de problème à
l'article 16.
Le Président (Mme Cuerrier): Si on s'entend pour...
M. Lalonde: Non, il y a une restriction. Pour le non
marié, on a eu la réponse. Pour la résidence d'un an, cela
c'est moins important mais ce n'est pas tellement long non plus. Cela va
faire.
M. Bédard: Puis dans...
Le Président (Mme Cuerrier): Articles 16, 17...
M. Bédard: Dans les articles 17, 18 et 19, on indique,
effectivement, qu'on procédera à une telle requête sur la
foi du dépôt d'un constat médical décrivant les
traitements prévus par l'article 16 et émanant d'une
autorité médicale québécoise compétente en
la matière. C'est le processus médical qu'on doit suivre pour en
arriver à considérer la demande qui peut être faite par un
transsexué.
M. Lalonde: Ma question est la suivante: Se peut-il que la preuve
de la modification structurale des organes sexuels pour employer la
terminologie de la loi puisse être contestée ou
contestable? Est-ce qu'on peut imaginer le cas où quelqu'un
s'objecterait, par exemple? Autrement dit, est-ce qu'on doit instaurer
là-dedans la règle audi alteram partem, auquel cas le ministre
devrait, par la loi, être obligé d'entendre ceux qui ne sont pas
d'accord ou qui auraient quelque chose à dire. Est-ce qu'il y aurait des
avis, par exemple, qui devraient être publiés pour être
sûr que ceux qui seraient en désaccord se fassent entendre?
M. Bédard: On pourrait anticiper, M. le
député, certaines objections venant des parents de certains
transsexuels qui sont âgés de 18, 19 et 20 ans et qui vivent
encore très près de leurs parents. On pourrait anticiper
certaines objections parce que, dans notre démarche qui peut durer
parfois deux ans, nous avons fréquemment à intervenir
auprès du père ou de la mère pour bien faire comprendre ce
cheminement qui se déroule dans l'esprit du sujet.
M. Lalonde: On ne voit pas tellement d'obligation, enfin, il n'y
en a pas du tout. Maintenant, on voit une possibilité, dans les articles
qui nous sont proposés, pour le ministre de faire appel à
d'autres...
M. Bédard: Experts. M. Lalonde: ... experts...
M. Bédard: C'est cela.
M. Lalonde: ... ou d'autres témoignages. Mais il n'y a pas
d'obligation dans la loi.
M. Bédard: Jusqu'à quel point, en fait, le ministre
ne sera pas obligé de le faire, dans les circonstances... Il y a, d'une
part, la nécessité d'un constat médical et le ministre,
à l'article 21, fait droit à la requête et il n'émet
un certificat constatant le changement d'indication et de sexe que lorsque le
requérant a satisfait à toutes les conditions prévues par
les articles 16 à 20.
M. Lalonde: La seule inquiétude que j'ai c'est le cas, par
exemple, qui a été effleuré par les propos du docteur
je ne veux pas mal interpréter ce qu'il a dit du sujet qui
est plus jeune. Par exemple, celui qui aurait 18 ans, qui est majeur et est
donc couvert par l'article 16, il a le droit, et qui est quand même sous
la garde, pas la garde légale, ce n'est pas illégal non plus, je
veux dire qu'il vit avec ses parents. N'y aurait-il pas lieu, à ce
moment-là, qu'on inscrive une obligation du ministre de consulter les
personnes qui ont la garde de ce requérant?
M. Bédard: Est-ce que ce n'est pas couvert par la Charte
des droits et libertés de la personne?
M. Lalonde: De quelle façon?
M. Bédard: Tout le principe d'évaluation
contradictoire, je vous dis que c'est une explication lumineuse, mais je pense
qu'à partir du moment où un droit d'une personne est mis en
cause, de quelque manière que ce soit, il y a toujours, en vertu de la
Charte des droits et libertés de la personne, à moins qu'il n'y
ait exclusion, le droit de représentation...
M. Lalonde: Le droit existe, mais il est assez illusoire s'il n'y
a pas de connaissance, si les personnes qui ont la garde de ce sujet n'ont pas
connaissance de la demande, quoiqu'on ait affaire à un majeur, à
une personne qui est majeure, qui a la plénitude de ses droits. Je pose
la question, je n'ai pas de...
M. Bédard: On n'a quand même pas affaire à
des mineurs, ce sont des majeurs qui vont faire des demandes de cette
nature.
Le Président (Mme Cuerrier): Nous avons convenu d'appeler
pour les besoins de la cause le paragraphe 17, à moins que l'article 9
ne soit maintenant adopté.
M. Lalonde: Oui, l'article 9 complètement.
Le Président (Mme Cuerrier): Article 9, adopté en
son entier. Article 10, adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (Mme Cuerrier): Adopté. Article
11.
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (Mme Cuerrier): Adopté. Article
12.
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (Mme Cuerrier): Adopté.
M. Bédard: Est-ce que, Mme le Président, les
paragraphes 16, 17, 18, 19 jusqu'à 22 inclusivement sont
adoptés?
Le Président (Mme Cuerrier): Oui, c'est ce que nous avons
bien spécifié...
M. Lalonde: En adoptant l'article 9 du projet de loi on se
trouvait à adopter tous ces articles-là.
Le Président (Mme Cuerrier): Tout l'article 9, ce qui
comprend les paragraphes, est adopté. Nous allons permettre...
M. Bédard: D'accord, Mme le Président. Je remercie
mes collègues de leur collaboration de même que le Dr Roland
Tremblay.
M. Burns: Mme le Président, je vous demanderais, s'il vous
plaît, de faire rapport au président de l'Assemblée
nationale que nous avons adopté le projet de loi no 87 avec des
amendements.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le Président, j'ai
l'honneur de faire rapport que la commission...
M. Bédard: Sans amendement.
M. Burns: Sans amendement, alors, Mme le Président.
Le Président (Mme Cuerrier): ... plénière a
étudié article par article le projet de loi no 87, Loi modifiant
la Loi du changement de nom, et qu'elle l'a adopté sans amendement.
Le Vice-Président: Ce rapport sera-t-il
agréé?
M. Lalonde: Agréé.
Le Vice-Président: Agréé. Troisième
lecture?
M. Burns: M. le Président, si c'était le voeu de
l'Assemblée nationale nous pourrions passer à la troisième
lecture immédiatement.
M. Bédard: II pourrait y avoir sanction.
M. Lalonde: Je ne veux pas bousculer le programme de travail du
leader. Si c'est trop pressé on peut attendre à demain;
maintenant si c'est sa demande, je suis prêt à accepter.
M. Burns: Ce n'est pas trop pressé, mais comme il y a
sanction possiblement dans le courant de la soirée, comme il n'y a pas
d'amendement dans le projet de loi, cela pourrait peut-être être
soumis à Son Excellence le lieutenant-gouverneur dès aujourd'hui.
Maintenant, si...
M. Lalonde: Comme c'est une bien bonne loi, on est d'accord, on
est prêt à l'adopter.
M. Burns: Si encore une fois, le député de
Marguerite-Bourgeoys veut m'humilier encore plus, pour une deuxième
fois, je vais lui en faire la demande.
M. Lalonde: Un instant, M. le Président, non ce n'est pas
pour humilier le leader, jamais je n'aurais cette intention-là. Je
voulais seulement savoir si c'était son désir parce que je ne
veux quand même pas offrir plus que le client ne demande.
M. Burns: C'est mon désir. M. Lalonde: Alors cela
va.
Le Vice-Président: Le consentement est-il obtenu pour que
nous passions...?
M. Burns: Je pense qu'on a le consentement, je pense bien.
Troisième lecture
Le Vice-Président: Oui. M. le ministre de la Justice fait
motion de troisième lecture du projet de loi 87.
Une Voix: Comme c'est une bonne loi, elle est adoptée.
Une Voix: Adopté. M. Lalonde: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté.
M. le leader parlementaire du gouvernement.
Projet de loi no 67
Prise en considération du rapport de la
commission
M. Burns: M. le Président, maintenant je vous demanderais,
s'il vous plaît, de passer à l'article 21) de notre feuilleton qui
est la prise en considération du rapport relativement au projet de loi
no 67. Malheureusement, je m'excuse auprès du ministre responsable et
des autres députés qui étaient concernés par cette
prise en considération du rapport, mais nous ne pensions pas que nous
aurions passé une heure relativement au projet de loi no 87. De toute
façon le temps normal doit être accordé à l'examen
d'un projet de loi et ce n'est pas de façon péjorative que je dis
cela. Je vous demanderais donc d'appeler l'article 21)...
M. Roy: M. le Président...
M. Burns: Attendez, le président va appeler l'article et
après cela vous pourrez peut-être intervenir.
Le Président: J'appelle l'article 21) du feuilleton qui
est la prise en considération du rapport de la commission permanente des
consommateurs, coopératives et institutions financières qui a
étudié le projet de loi no 67, Loi sur l'assurance
automobile.
M. le député de Beauce-Sud.
M. Roy: Sur un point de règlement, j'ai commencé
à étudier les amendements qui nous ont été fournis
par le gouvernement et, effectivement, il y aurait plus de 100 amendements
nouveaux qui nous ont été remis dans le document ce matin. Je
demanderais au leader du gouvernement s'il n'y aurait pas un autre article
qu'il pourrait appeler pour nous donner le temps, jusqu'à 8 heures ce
soir, d'en faire un inventaire et une étude exhaustive avant
d'être appelés à nous prononcer sur un document aussi
volumineux et sur une loi aussi importante. Je le dis dans un effort de
collaboration avec le gouvernement. S'il y avait un autre article qui pouvait
être appelé à ce moment-ci, on pourrait s'entendre pour
commencer à examiner ce rapport à 20 heures. Compte tenu du
volume des amendements qui sont proposés, je pense qu'il serait normal
pour les parlementaires de pouvoir les examiner avant de se prononcer de
façon définitive.
Le Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement.
M. Burns: M. le Président, je ne peux pas accéder,
malheureusement, à la demande du député de Beauce-Sud,
bien que je veuille lui être très agréable, surtout que
cela va faciliter nos débats si je lui suis agréable. On
m'informe que le ministre des Consommateurs, Coopératives et
Institutions financières a déjà remis, depuis vendredi
dernier, ces amendements. J'ajoute à cela un élément qui
me vient à l'esprit, c'est que cette commission lors de ma motion
de clôture la semaine dernière, je l'ai mentionné a
pris de nombreuses heures de travail. Je pense que tous les
députés sont au fait de la situation. Ils sont ou bien d'accord
avec les articles que le ministre se propose de biffer, ou bien d'accord avec
les amendements de l'Opposition officielle, ou bien d'accord avec les
amendements proposés par le député de Beauce-Sud, ou bien
d'accord avec les amendements proposés par l'Union Nationale. Mais je
pense que tout le monde sait exactement quelles sont les règles du jeu,
quels sont les tenants et aboutissants de ce débat. Comme tel, je ne
peux pas accéder à cette demande du député de
Beauce-Sud, bien que je veuille lui être agréable. Je vous
demande, M. le Président, à nouveau, d'appeler l'article 21).
M. Roy: Sur le point de règlement, M. le Pré-
sident, j'aimerais simplement dire à mon bon ami, le leader du
gouvernement, que nous avions jusqu'à 20 heures vendredi pour faire
parvenir nos amendements. Samedi, il n'y avait pas de session, tout le monde
était parti. Votre humble serviteur était également parti.
Il n'a pas été possible d'avoir ces amendements en fin de semaine
pour les examiner. Nous en avons pris connaissance aujourd'hui en arrivant au
bureau.
M. le Président, sur ce point, j'aimerais vous demander,
étant donné qu'il y a des règles du jeu à
respecter, si vous avez pu examiner les amendements qui ont été
proposés, tant du côté gouvernemental que du
côté du Parti libéral, de l'Union Nationale et par le
député de Beauce-Sud, pour voir s'ils ne remettaient pas en cause
les principes mêmes de la loi. Est-ce que c'étaient des
amendements bel et bien recevables?
Le Président: M. le député de Beauce-Sud, je
parvenais à cela. Avant de vous répondre, je vais demander au
député de Saint-Jean de s'abstenir de fumer à
l'Assemblée nationale. M. le député de Beauce-Sud, les
circonstances n'ont pas voulu que nous puissions nous rencontrer ce matin, de
telle sorte que vous ne pouvez pas être au courant de la
conférence des leaders à laquelle je vous avais également
convoqué. En raison des circonstances, cela n'a pas été
possible. J'allais justement vous indiquer comment, suivant les dispositions de
l'article 123, j'ai organisé le vote et le débat sur cette prise
en considération.
Conformément à l'article 123, paragraphe 5, du
règlement, j'ai convoqué à 12 h 30 aujourd'hui, à
la salle 193, une réunion des leaders parlementaires des
différents partis afin de les consulter sur l'organisation du
débat et la mise aux voix des amendements.
Voici la façon dont le débat sera organisé:
premièrement, je déclare recevables tous les amendements
proposés par le ministre des Consommateurs, Coopératives et
Institutions financières, proposeur du projet de loi, et dont vous avez
reçu copie; deuxièmement, je déclare recevables tous les
amendements proposés par le député de Marguerite-Bourgeoys
au nom de l'Opposition officielle; troisièmement, je déclare
recevables les amendements proposés par le député de
Nicolet-Yamaska au nom de l'Union Nationale, à l'exception des
amendements aux articles 30 et 35 qui seraient la répétition
d'amendements identiques déjà présentés par le
député de Marguerite-Bourgeoys; quatrièmement, je
déclare recevables les amendements proposés par le
député de Beauce-Sud sauf les amendements présentés
aux articles 23, 24 et 77 qui sont identiques à ceux déjà
présentés par le député de Nicolet-Yamaska.
L'amendement présenté à l'article 30 est identique
à celui présenté par le ministre, et l'amendement à
l'article 35 est identique à celui présenté par le
député de Marguerite-Bourgeoys.
Le débat se déroulera conformément au paragraphe 2
de l'article 94 du règlement, c'est-à-dire que les chefs des
partis reconnus ou leurs représentants auront un droit de parole d'une
durée d'une demi-heure et que tous les autres opinants
ont un seul droit de parole d'une durée de dix minutes, sauf le
proposeur du projet de loi qui peut parler plusieurs fois, tel que prévu
au paragraphe 6 de l'article 123.
A la fin du débat, voici l'ordre dans lequel les amendements
seront mis aux voix. Je procéderai dans l'ordre habituel. Je vous
souligne que c'est ce qui n'avait pas été possible dans le cas du
projet de loi 101, au mois d'août. C'est-à-dire que,
premièrement, je mettrai d'abord aux voix les articles que le ministre
propose de biffer; deuxièmement, je mettrai aux voix les amendements
proposés par le ministre des Consommateurs, Coopératives et
Institutions financières; troisièmement, je mettrai aux voix les
articles nouveaux proposés par le ministre; quatrièmement, je
mettrai aux voix les amendements proposés par M. le député
de Marguerite-Bourgeoys; cinquièmement, je mettrai aux voix les
amendements proposés par le député de Nicolet-Yamaska;
sixièmement, je mettrai aux voix les amendements proposés par M.
le député de Beauce-Sud; septièmement, je mettrai aux voix
tous les articles du projet de loi no 67, soit de 1 à 210, ainsi que le
préambule, l'annexe, le titre et les sous-titres tels qu'ils
apparaissent au projet de loi et au rapport de la commission, et tels qu'ils
ont été amendés par les votes précédents;
huitièmement, enfin, je mettrai aux voix le rapport déposé
par le député de Viau, rapporteur de la commission permanente des
consommateurs, coopératives et institutions financières qui a
étudié, après la deuxième lecture, le projet de loi
no 67, Loi sur l'assurance automobile.
M. Burns: M. le Président, j'ai assisté à
cette réunion des leaders parlementaires que vous avez tenue ce matin,
et au nom du gouvernement, je tiens à vous dire que je suis, tel que je
vous l'avais mentionné lors de cette rencontre, en total accord avec la
suggestion que vous nous faites.
Le Président: M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, tout simplement pour suivre
les propos du leader, j'ai aussi assisté à cette réunion.
Nous avons reconnu la difficulté de proposer aux membres de cette
Assemblée une totale cohérence. En mettant aux voix en bloc les
amendements, il nous apparaît impossible d'exprimer notre opinion sur
chaque amendement dans le sens suivant. Si on est en faveur d'une soixantaine
d'amendements et on serait contre une vingtaine et on vote probablement
contre tous les amendements je dois quand même vous dire que vous
m'avez offert à ce moment le choix de vous désigner quels
seraient les amendements en faveur desquels on serait. Je rejoins un peu les
propos de tantôt du député de Beauce-Sud, le temps et la
complexité des amendements, les retraits d'articles ne m'ont pas, comme
je vous l'ai d'ailleurs dit à l'heure du lunch, permis de voir assez
rapidement quels seraient ces amendements. Nous allons donc voter en
conséquence.
Le Président: Merci, M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. le député de Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Merci, M. le Président. Juste un mot pour
vous dire ma satisfaction de la réunion des leaders qui a
été tenue à l'heure du lunch. Je voudrais vous dire qu'il
sera malheureusement impossible, à cause des différents
amendements qui seront proposés, de prendre position sur chacun des
amendements, sur les amendements ministériels.
Il est bien sûr que vous nous avez offert d'essayer de retracer,
dans les amendements du ministre, ceux qui pourraient être acceptables
tant par l'Union Nationale que le Parti libéral et le
député de Beauce-Sud. Je peux vous dire que j'ai commencé
à effectuer le travail, mais le manque de temps m'a malheureusement
obligé d'arrêter, de sorte qu'il sera probablement impossible d'en
arriver à un consensus des partis de l'Opposition quant au vote, ce qui
voudrait dire, bien sûr, que nous sommes en faveur de certains
amendements proposés par le ministre, sauf que, lorsque le vote viendra,
nous devrons malheureusement soit nous abstenir ou voter contre, étant
donné qu'il y a une quantité considérable d'amendements
qui seront proposés, des amendements que nous jugeons inacceptables et
des amendements qui, d'autre part, seraient acceptables. Je pense qu'à
ce moment-là notre vote sera assez difficile et nous devrons voter en
conséquence.
Le Président: Merci, M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. le député de Beauce-Sud.
M. Roy: M. le Président, je demanderais, je solliciterais
un consentement de la Chambre à ce moment-ci concernant le droit de
parole. Je sais que les partis reconnus ont droit à une demi-heure, les
autres députés n'ont droit qu'à dix minutes. Etant
donné, je pense, l'intérêt que j'ai porté à
ce projet de loi, étant donné que je suis le seul à
intervenir au nom de ma formation politique, cela va être assez difficile
de pouvoir faire un consensus général et de pouvoir exprimer une
opinion assez globale, assez générale et assez objective sur ce
projet de loi. Sans que cela constitue un précédent, je suis bien
prêt à offrir ma collaboration au gouvernement à offrir mon
consentement de temps en temps, mais j'aimerais bien demander à mon ami
le leader du gouvernement si, dans une circonstance exceptionnelle, il
accepterait aujourd'hui que je puisse avoir au moins une demi-heure pour
m'exprimer.
Le Président: Y a-t-il consentement à cet
effet?
M. Lalonde: Oui.
Le Président: II y a consentement...
M. Burns: II y a consentement, M. le Président.
Le Président: ... et vous serez momentanément
reconnu comme chef de parti reconnu, M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: Merci, M. le Président.
Le Président: M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Noël Saint-Germain
M. Saint-Germain: Comme vous avez pu le constater, M. le
Président, nous sommes actuellement dans une situation qui dénote
une complète incohérence relativement à l'étude de
ce projet de loi, et cette incohérence date du début de nos
travaux. Alors, nous voilà. Nous sommes arrivés ce matin sans
connaître nécessairement tous ces amendements qui ont
été déposés par le ministre. Certains articles ont
été modifiés trois ou quatre fois, et si on
vérifiait les divers amendements qui nous ont été
apportés, peut-être que certains articles ont été
modifiés encore plus souvent. C'est vendredi, à minuit, que se
terminait le laps de temps où il nous était permis, au
gouvernement comme aux partis de l'Opposition et aux députés,
d'apporter des amendements à cette loi. Comme vous le savez très
bien, samedi, nous étions chacun chez soi pour la fin de semaine, et ce
n'est que ce matin qu'on a fait faire des polycopies pour nous permettre
d'étudier les amendements soumis à notre attention. Il est
absolument impossible, dans un court laps de temps, surtout lorsqu'on
étudie un projet de loi aussi complexe, d'étudier d'une
façon positive et intelligente ces amendements d'une façon
rationnelle.
En plus, M. le Président, je ne vous en fais pas un reproche et
je ne critique pas, non plus, la sagesse de votre décision relativement
a la procédure que nous avons acceptée aujourd'hui, elle est dans
le règlement, j'aimerais vous souligner que c'est une procédure
qui ne veut absolument rien dire, et on peut affirmer sans crainte de se
tromper que les votes que nous serons appelés à donner
aujourd'hui sont sans signification.
Il est vrai qu'au niveau de la commission, on a pris bien du temps
à commencer nos travaux.
Nous, de l'Opposition officielle, et on peut dire de l'Opposition en
général, avons voulu dès le début de nos travaux
connaître la tarification, connaître les études, les
estimations des coûts et les documents qui s'imposaient pour
étudier intelligemment un tel projet de loi. Nous avons perdu au moins
quinze jours au tout début avant qu'on puisse nous remettre ces
études et ces amendements. Nous avons étudié logiquement,
positivement, selon nos règlements, cette loi pendant peut-être
une quinzaine de jours. C'était physiquement impossible. Même dans
des conditions tout à fait normales, l'étude de ce projet de loi,
article par article, même avec la collaboration de l'Opposition,
nécessairement, pour avoir une étude objective des 200 articles
qu'il contient devait prendre plusieurs semaines.
Le gouvernement s'est donné une priorité. Cette
priorité veut que ce bill soit prêt avant la fin de
l'année. Cette priorité que le gouvernement s'est donnée
n'a rien à voir avec l'intérêt politique, avec
l'intérêt, j'entends, de la province de Québec. Si le
gouvernement s'est donné cette priorité, c'est que le parti
politique qui domine ce gouvernement a cru qu'il était politiquement
valable pour lui de terminer l'étude du projet de loi avant la fin de
l'année. Ceci, M. le Président, n'a rien à voir avec
l'intérêt public.
Nous voilà dans un vrai fouillis. Qu'est-ce qui sortira de cela?
Je ne le sais pas. Personne n'a eu assez de temps à sa disposition pour
étudier les amendements qu'on nous présente. On sait pertinemment
que la très grande majorité des députés, du
gouvernement, du cabinet et même le premier ministre il nous l'a
prouvé la semaine dernière cette grande majorité ne
connaît pas la réelle portée de ce projet de loi et il va
sans dire qu'aujourd'hui, on la connaît encore moins. Il ne serait pas
faux de dire, M. le Président, que personne, actuellement, comme homme
élu, ne connaît réellement la portée de chaque
article du projet de loi que nous sommes appelés à voter.
Il me semble évident que, dans très peu de semaines, on se
rendra compte jusqu'à quel point ce projet de loi transporte avec lui
d'injustices pour les indemnisés et d'injustices pour les citoyens de la
province de Québec. Il n'y a aucun doute que, dès la session qui
vient, M. le Président, on sera appelé dans cette Chambre
à apporter des modifications à certains articles, et je puis vous
assurer que ce sera au moins comme ceci pour quelques années à
venir. Ce projet de loi s'était fixé trois buts au moins, et
trois buts principaux. C'était la réduction des coûts. On
peut affirmer aujourd'hui qu'il n'y aura pas de réduction de coût
pour les citoyens de la province de Québec qui devront payer les frais
de cette loi.
Car s'il y a les coûts qui seront payés et versés
directement par les chauffeurs d'automobiles et les conducteurs, il faudra
additionner à ces primes les subventions gouvernementales et le montant
de ces sommes qui seront prises à même les revenus de la province
de Québec. L'automobiliste paiera à ce titre, mais il paiera
aussi à titre de contribuable. Je voudrais simplement vous mentionner,
par exemple, le cent en taxe qui sera versé à la régie
pour chaque gallon d'essence vendu au Québec. Il y a d'autres
coûts cachés j'entends de taxes qui seront
canalisés vers la régie. Je laisse volontiers mes
collègues vous en faire l'analyse. Il y aura aussi ce droit de
subrogation qui sera perdu pour la régie au profit de la Commission des
accidents du travail. Voilà un coût qui fait que la régie
verra son budget baisser, mais, d'un autre côté, la Commission des
accidents du travail, comme la Régie de l'assurance-maladie, verra son
budget augmenter en conséquence.
Voilà un autre coût caché.
Il y aura aussi de ces coûts qui seront direc-
tement payés par les victimes. Dois-je vous mentionner que celui
qui a droit à une prestation du Régime de rentes du Québec
verra son indemnité baisser d'autant? On verra les gens qui
reçoivent leur pension de vieillesse perdre les revenus de cette
pension, car les indemnités payables par la régie seront
diminuées d'autant. Voilà encore $40 millions qui seront
payés, cette fois-ci, par les victimes. Nous nous sommes
élevés aussi bien en commission parlementaire qu'en
deuxième lecture contre ces injustices flagrantes. Malheureusement, le
gouvernement n'a pas cru bon d'attacher de l'importance à nos
représentations.
On dit aussi que ce nouveau régime devrait être plus juste
pour les indemnisés. Pourtant, si on étudie le chapitre des
indemnités, on voit toute l'ambiguïté de chaque article,
tous ces pouvoirs laissés à la régie. Vu qu'il n'y a pas
de droit d'appel pour les indemnisés, on peut se poser de réelles
questions sur cette justice envers les futures victimes d'accidents
d'automobile au Québec.
Je pourrais vous mentionner, entre autres, l'article 20 qui dit: "Sous
réserve de l'article 21, la victime qui, lors de l'accident,
n'exerçait aucun emploi tout en étant capable de travailler,
exerçait un emploi occasionnel ou un emploi à temps partiel,
travaillait sans rémunération dans une entreprise familiale ou
était une personne au foyer, a droit à l'indemnité de
remplacement du revenu si, à la suite de l'accident, elle devient
incapable d'exercer l'emploi qu'elle aurait pu occuper habituellement et
à temps plein. "La régie détermine l'emploi que la victime
aurait pu occuper habituellement et à temps plein en tenant compte de sa
formation, de son expérience, de ses capacités physiques et
intellectuelles."
On voit tout de suite le fonctionnaire qui devra avoir comme obligation
de déterminer les capacités physiques et les capacités
intellectuelles d'une victime. C'est ce genre d'articles qui donnent beaucoup
de liberté d'action à la régie dans l'estimation des
indemnités. D'ailleurs, ce sont des articles qui sont extrêmement
difficiles d'application. Est-ce que la science humaine est assez
avancée dans le domaine des connaissances intimes des hommes pour
être capable avec justice et scientifiquement de calculer la
capacité physique et la capacité intellectuelle, entre autres,
d'un individu?
A chaque article, on pourrait faire les mêmes observations. A
l'article 21, par exemple, on essaie de calculer les indemnités qui
seront versées aux étudiants. On a changé cet article
trois ou quatre fois. On a calculé qu'il était impossible, du
moins pratiquement impossible, d'arriver à une méthode
d'indemnisation qui serait juste. On a dit: On va simplifier la situation; on a
tout standardisé et on va payer les étudiants victimes
d'accidents d'automobile, en se servant comme base du salaire moyen des
travailleurs dans la province de Québec. C'est une anomalie qui va
faire, par exemple, qu'une victime d'accident d'automobile qui étudie au
niveau du doctorat sera indemnisée de la même façon que
l'étudiant qui subit des dommages corporels, mais qui est seulement
à sa pre- mière année d'université. Cela semble,
à sa face même, tout à fait inconcevable, mais c'est la
façon dont on veut indemniser les victimes d'accidents d'automobiles
dans la province de Québec.
Il y a des anomalies dans le projet de loi. On a voulu tout
standardiser, c'est-à-dire payer aux victimes presque exclusivement les
pertes de revenus qu'un accident peut causer. Il y a dans notre
société des gens soit au niveau de leur foyer, soit au niveau
d'entreprises familiales, qui travaillent temporairement, occasionnellement. On
vit dans une société libre, alors les individus peuvent bien, par
exemple pour vous donner un exemple pratique travailler à
un emploi qui est très peu rémunérateur, mais parce qu'un
individu veut vivre près de sa famille, dans sa ville, il est prêt
à sacrifier une partie de son revenu pour le faire. C'est son droit,
personne ne lui en voudra pour cela. Mais s'il a un accident d'automobile,
toutes les raisons qui ont fait que ce citoyen a diminué son revenu pour
avoir certaines compensations auxquelles il attache beaucoup d'importance, ces
compensations n'entrent plus en ligne de compte dans la situation. C'est
l'argent exclusivement qui entre en ligne de compte. Il nous faut donc essayer
de standardiser les moyens pour évaluer, toujours virtuellement si vous
voulez, le revenu potentiel de chaque citoyen. Il faut donner un revenu brut
aux mineurs, aux enfants qui vont à l'école, aux
étudiants, aux chômeurs, aux cultivateurs, aux assistés
sociaux, à tout le monde, M. le Président.
Comment trouver des méthodes pour atteindre la justice? Comment
déterminer ce revenu virtuel? C'est humainement impossible. C'est
très important pour les indemnisés parce que c'est le seul moyen
de les indemniser. C'est très important pour les victimes, c'est la base
même de leurs revenus au point de vue indemnité. C'est dire qu'un
citoyen, pour une raison ou pour une autre, qui a décidé dans sa
vie, ou pendant deux, trois, quatre ou cinq ans, de travailler à un but
bien déterminé, sans avoir de rémunération
immédiate une personne a bien le droit de faire cela, et si elle
le fait, elle rend service à la société subit un
accident d'automobile. Il voit son indemnisation réduite à
presque rien, absolument rien. C'est inconcevable, M. le Président, tout
à fait inacceptable.
Je vous ai mentionné les étudiants; il y a les gens qui
sont incapables de travailler physiquement, qui subiront aussi des accidents
d'automobiles et on devra les rémunérer, en essayant
d'établir pour eux un revenu virtuel. Ensuite, il y a tous ces gens de
65 ans et plus et là, le gouvernement, d'une façon autoritaire,
veut fixer l'âge où un citoyen doit prendre sa retraite. Quand un
citoyen doit-il arrêter d'avoir des revenus de son travail? Quand doit-il
arrêter de travailler? Ce n'est pas facile, M. le Président. Il y
a beaucoup de gens, des professionnels, des hommes d'affaires, des
administrateurs, qui ne prennent jamais leur retraite. Ils décident de
travailler tant que leur santé le leur permet, c'est bien leur droit.
Mais voilà que le gouvernement, en vue de l'indemnisation, fixe
d'autorité un âge où toutes les personnes doivent
nécessairement prendre leur retraite, du moins au point de vue de la
loi.
On dit que si une personne a moins de 70 ans, la victime a droit
à une indemnité pendant une période maximum de cinq ans.
Si elle a 70 ans révolus mais moins de 75 ans, elle a droit à une
indemnité jusqu'au jours de son 75e anniversaire de naissance ou pendant
un an, la plus longue de ces périodes de temps étant à
retenir comme période maximum.
En politique par exemple, il y a des noms qui me viennent tout de suite
à l'idée, il y a le général de Gaulle, il y a
Adenauer, il y a M. Saint-Laurent, il y a des gens qui ont fait leur marque
dans des âges très avancés, mais cela, écoutez, vu
qu'il faut standardiser les indemnités, c'est assez difficile
d'établir des compensations relativement à chaque individu. Il
faut les considérer nécessairement par groupe et l'injustice,
dans tout ceci, est cachée. Les citoyens de la province de
Québec, actuellement, lorsqu'ils parlent du régime, sont
inquiets, croyez-moi. Ils parlent du régime en en considérant le
coût presque exclusivement ou du moins une bonne majorité d'entre
eux. Ils veulent bien et ils croient que le coût sera limité
exclusivement à la prime qu'eux devront directement payer lorsqu'ils
achèteront leurs plaques d'immatriculation ou leur permis de conduire.
Mais pourtant, comme je vous le disais il y aura des coûts cachés,
mais tous ces citoyens... Vous savez les accidents d'automobiles c'est toujours
pour les autres, mais il y a des citoyens dans la province de Québec et
on est assuré qu'il y en aura qui seront victimes d'accidents
d'automobiles et vous pouvez vous imaginer leur réaction lorsqu'ils se
présenteront devant la régie et la Commission des accidents du
travail pour être indemnisés et qu'à ce moment-là
ils apprendront quelle est la politique d'indemnisation que cette loi
sous-tend. Là les injustices vont réapparaître et on en
entendra parler longtemps, vous pouvez être assuré.
On a voulu aussi, par le projet de loi, accélérer le
paiement des indemnités. Il n'est nullement certain, malgré qu'on
ait établi le "no fault" et malgré qu'on ait fait perdre le droit
d'appel, que le droit d'appel aux tribunaux de droit commun est
éliminé. Là il y a encore des risques très graves
que nous avons maintes fois soumis, M. le Président, mais il est loin
d'être assuré que le versement des indemnités se fera d'une
façon plus accentuée et plus vite que dans le régime
actuel. Il va sans dire que le "no fault" est un des éléments
majeurs qui fait que trop de causes traînent devant nos tribunaux
aujourd'hui. Mais ce qui va arriver en fait, c'est que les victimes qui verront
leurs versements d'indemnité retardés ne seront certainement pas
les mêmes que les victimes actuelles.
Mais on connaît, à titre de député surtout,
l'efficacité de la Commission des accidents du travail et on sait
pertinemment qu'en leur donnant un surplus de travail considérable au
niveau de cette législation, il y aura des délais et des
délais très considérables, et il ne sera pas
exagéré de dire que les indemnités ne seront pas
versées avec moins de temps qu'avec l'ancien régime. Mais ce
qu'il y a dans tout ce méli-mélo, dans toute cette façon
de procéder, voilà qu'au niveau de la commission parlementaire,
M. le Président, on est arrivé à un moment donné
à des articles tout à fait nouveaux, articles non contenus dans
la loi 67 lorsqu'elle nous a été présentée en
deuxième lecture.
Il y avait l'article 200 et l'article 201 qui modifiaient les
responsabilités données à la régie et, par
l'augmentation des pouvoirs de la régie, on donnait à celle-ci le
pouvoir d'acheter des parts communes de compagnies d'assurance automobile.
C'est donc dire qu'on permettait en pratique l'étatisation d'une
façon indirecte et même directe de ces compagnies. Nous avons fait
là, M. le Président, un débat qui a duré plusieurs
heures et nous avons été obligés par le fait même,
par cette façon cachée d'agir, par cette façon surnoise
d'agir... Ou le ministre était conscient ou elle ne l'était pas
à ce stade-là, ou elle savait ce qu'elle faisait ou elle ne le
savait pas.
M. le Président, c'est un ministre qui arrive et qui a seulement
un an d'expérience parlementaire; on peut penser qu'elle ne
connaît pas ou qu'elle n'est pas familière avec les traditions et
les règles de cette Assemblée. On peut expliquer son ignorance
des règlements, mais ce sont des explications fausses. Lorsqu'on est
ministre, nos responsabilités sont telles qu'on doit connaître un
minimum de nos règlements parlementaires. Le brèche qu'on
s'apprêtait à faire dans nos institutions était
fondamentale. A un moment donné, au niveau de la commission, nous avons
considéré que la défense de l'intégrité de
nos institutions parlementaires était beaucoup plus importante que la
loi que nous étudiions, et nous avons dû faire un long
débat de procédure pour atteindre nos buts.
Le ministre aurait dû connaître nos règlements.
Savait-elle, en ce faisant, qu'elle soustrayait à l'Assemblée
nationale comme telle des pouvoirs fondamentaux? J'ose croire, M. le
Président, que ce n'est pas là la situation parce qu'il aurait
fallu qualifier cet acte de qualificatifs que vous n'accepteriez pas dans cette
Chambre.
Ici je dois féliciter notre président au niveau de la
commission, qui a fait un travail admirable. Il n'est pas facile pour un jeune
député qui a très peu d'expérience au Parlement et
qui est membre du parti politique qui a formé le gouvernement d'arriver
dans une telle situation et de rendre une décision en conformité
avec nos traditions parlementaires, mais, d'un autre côté, qui est
diamétralement opposée à l'intérêt politique
du ministre. Il a eu le courage de le faire, et il a eu cette intelligence qui
lui a permis de comprendre rapidement le problème que le ministre ne
semblait pas avoir ressenti; elle n'avait même pas ressenti l'existence
de ce problème. De toute façon, je crois que notre
président au niveau de la commission a rendu un énorme service
à cette Assemblée. Je dois le féliciter pour son
intégrité, son jugement. Je n'ai pas été surpris,
M. le Président, ayant connu son père, ayant siégé
avec lui à cette Assemblée nationale. J'ai toujours eu pour M.
Bertrand un grand respect. J'ai toujours reconnu son intégrité
morale et son sens des responsabilités. Le comportement de son fils ne
m'a sûrement pas surpris. Cela m'a rappelé M. Bertrand, ex-premier
ministre, même si nous avions très souvent des divergences
d'opi-
nions politiques. J'ai toujours reconnu en lui un homme
intègre.
Ceci dit, M. le Président, c'est avec beaucoup
d'appréhension que nous devrons constater que le gouvernement, dans son
entêtement, veut imposer à la province cette loi odieuse, mal
préparée, mal étudiée, dont personne ne semble, au
niveau du gouvernement, connaître la portée réelle. Le seul
voeu que je peux faire c'est que je souhaite qu'elle soit le moins dommageable
possible à la population. Lorsqu'il y aura un nouveau gouvernement
d'élu et qui siégera à ce Parlement, quelles que soient
les couleurs politiques de ce nouveau gouvernement, je puis vous assurer tout
de suite que cette loi sera profondément modifiée.
Le Président: Merci, M. le député. M. le
député de Nicolet-Yamaska, vous avez la parole.
M. Serge Fontaine
M. Fontaine: Merci, M. le Président. Je voudrais, à
l'instar du député de Jacques-Cartier qui vient de prendre la
parole, prendre les premières minutes de ce temps qui m'est
alloué pour également féliciter chaleureusement le
député de Vanier qui a été président de
cette commission parlementaire sur l'assurance automobile lors de
l'étude article par article. Je pense que tous les
députés, tant de l'Opposition que du côté
ministériel, doivent se féliciter de la façon dont les
débats se sont tenus autour de cette table.
Il est bien évident que ce n'est pas facile de présider
une telle assemblée, parce que, assez souvent, les esprits
s'échauffent et des opinions contradictoires sont souvent émises
de façon assez brutale. On a pu s'apercevoir que le président de
cette commission a toujours gardé son calme et a su conserver la
confiance de tous et chacun des députés qui faisaient partie de
cette commission.
Je voudrais vous dire, tout d'abord, que je déplore dans ce
projet de loi, premièrement, l'improvisation du gouvernement. Je
déplore qu'on nous arrive toujours à la dernière minute
avec une série d'amendements, une pile d'amendements comme on dit
souvent, et qu'on nous présente une loi très mal
préparée. Malgré qu'on ait fait au tout début,
lorsqu'on a voulu présenter le livre bleu sur l'assurance automobile,
une tournée d'information, malgré qu'on ait produit ce livre bleu
sur l'assurance automobile et malgré qu'on ait présenté en
première et en deuxième lectures une loi qui, à ce moment,
disait-on devait être complète, on nous arrive encore vendredi
dernier avec une série d'amendements que l'Opposition se voit
obligée d'examiner à la hâte, surtout sur un sujet d'une
telle importance, un sujet qui, lorsqu'il sera adopté, touchera
probablement environ trois millions de personnes au Québec. Je dois tout
d'abord déplorer ce fait.
Je voudrais également dire que l'Union Nationale, de son
côté, n'est pas contre une réforme de l'assurance
automobile et je voudrais que ce soit bien clair au début de mes propos.
Depuis le 15 novembre dernier et depuis qu'il est question d'une réforme
de l'assurance automobile, l'Union Nationale a toujours mentionné, face
à la population, face aux media d'information, qu'elle était en
faveur de l'assurance obligatoire. Je pense que tous les membres de la
commission parlementaire et je dirais même tous les membres de cette
Assemblée nationale sont en faveur de ce principe.
Nous sommes également d'accord pour qu'un système de "no
fault" soit appliqué au Québec. Je pense qu'il est important de
le mentionner parce qu'on a assez souvent pensé que les
députés de l'Opposition, parce qu'ils faisaient un "filibuster",
soit à l'Assemblée nationale ou en commission parlementaire,
étaient en faveur du statu quo dans le domaine de l'assurance
automobile. Or, c'est tout à fait le contraire. L'Opposition, et surtout
celle de l'Union Nationale, veut une réforme de l'assurance automobile,
mais pas à n'importe quel prix.
L'Union Nationale, tout en étant soucieuse d'améliorer le
régime actuel d'assurance automobile et désireuse d'apporter les
correctifs aux injustices qu'il entraîne, a dénoncé
régulièrement lors de l'étude du projet de loi no 67 la
philosophie qui guide le gouvernement péquiste en cette
matière.
L'Union Nationale considère que le projet de loi no 67, tel que
rédigé, ne corrige pas les problèmes actuels, mais, au
contraire, en crée d'autres. La réforme Payette, bien que
s'inspirant d'une philosophie sociale juste, crée c'est dangereux
et coûteux dans son application, un système
bicéphale.
Le projet péquiste créant deux systèmes
d'administration sera il ne peut en être autrement beaucoup
plus onéreux pour le consommateur, et ce qui est encore plus grave,
l'obligera à multiplier indûment les intervenants auxquels il
devra s'adresser.
Dans son financement même, ce projet est injuste envers tous les
gens ayant un bon dossier de conduite automobile. La prime est la même
pour tous, que le conducteur soit respectueux des lois ou qu'il soit un danger
public. On ne peut qualifier de juste un tel projet. Nous soutenons qu'un tel
projet de loi aurait dû avoir comme principe de simplifier la tâche
du citoyen et non de le jeter dans la gueule de l'appareil bureaucratique.
Le Parti de l'Union Nationale considère que tout citoyen a droit
d'en appeler devant les tribunaux de droit commun d'une décision d'un
organisme tel que la Régie de l'assurance automobile ou la Commission
des affaires sociales et que l'on ne peut accepter de remettre toute
décision entre les mains d'un fonctionnaire. Les différentes
exclusions que l'on retrouve dans ce projet de loi font que la prise en charge
par l'Etat des dommages corporels n'est que partielle et ouvre la porte
à de nombreuses injustices. Nous pensons ici plus
particulièrement aux agriculteurs dont les tracteurs de ferme ne seront
pas couverts lorsqu'ils feront des travaux dans les champs. Nous pensons
également aux motoneigistes qui ne sont pas couverts lorsqu'ils se
promènent dans les sentiers de motoneige, et on sait qu'à cette
période de l'an-
née, les motoneiges sont très nombreuses sur les sentiers,
et on sait que ces gens devront se couvrir par une assurance
supplémentaire. Cela occasionnera des besoins de couverture
supplémentaire pour les dommages corporels, tant pour les cultivateurs,
les motoneigistes que pour certains autres véhicules.
Et c'est là peut-être que se situe la plus forte
augmentation de tarifs du régime, et c'est pour cette raison que nous
sommes contre ces exceptions parce que ce sont des exceptions qui, bien que
n'étant pas prévues dans la loi feront que l'automobiliste au
Québec devra assumer des coûts supplémentaires. Si l'on
ajoute à cela le fait qu'une couverture supplémentaire au
régime proposé par la régie en dommages corporels sera
nécessaire pour les voyages à l'étranger, on peut conclure
qu'il est dangereux qu'un citoyen ne soit pas couvert sans le savoir. On sait
qu'un Québécois, par exemple, qui va transporter un de ses amis
vers la Floride, aux Etats-Unis, et qui pourrait avoir un accident lors duquel
un passager serait blessé, le passager en question pourra selon
la loi de l'Etat où il se trouvera poursuivre le
propriétaire ou le conducteur de l'automobile en
dommages-intérêts en plus de recevoir une compensation par la
Régie de l'assurance automobile du Québec.
Je pense que si on permet que ce genre de chose puisse se faire à
l'extérieur du Québec, cela pourrait également se produire
au Québec. Egalement, nous trouvons que les nombreux pouvoirs de
décision discrétionnaires que le gouvernement accorde à la
régie placeront le citoyen dans l'impossibilité de faire valoir
ses droits et d'obtenir une solution équitable à ses
revendications. De plus, nous trouvons que le gouvernement, dans son projet de
réforme, prononce cruellement l'éviction de toutes les personnes
intimement liées au monde de l'assurance.
La réforme aurait été d'autant plus efficace et
réussie si le gouvernement s'était associé les gens qui y
travaillent actuellement. Nous aurions accepté de plein gré une
réforme qui aurait introduit l'assurance obligatoire pour tous, sans
égard à la faute, dans les cas de dommages corporels, une
indemnisation de base immédiate et le droit de recours aux tribunaux de
droit commun pour le supplément.
M. le Président, je soutiens, avec l'Union Nationale, que
l'administration d'un tel régime aurait pu être laissée
à l'industrie privée, surveillée étroitement en
cela par la régie responsable de l'application.
M. Lalonde: C'est logique.
M. Fontaine: Un tel projet aurait été viable et
faisable au Québec. Nous trouvons incroyable que le gouvernement
maintienne le projet de loi dans sa forme actuelle alors qu'il est
dénoncé unanimement par tous les partis de l'Opposition sans
exception, par la grande majorité de la population du Québec, par
la grande majorité des citoyens du Québec et également par
les représentants du secteur de l'assurance, soit la
Fédération des cour- tiers d'assurances ou le Bureau d'assurance
du Canada. M. le Président, on voit que la grande majorité de la
population du Québec est contre un tel projet de loi et le gouvernement
s'entête à vouloir quand même le faire adopter.
Si on était masochiste, on pourrait dire au gouvernement:
Dépêchez-vous donc d'adopter votre projet de loi pour qu'on puisse
mieux le critiquer par la suite, parce que la population du Québec va
rejeter le projet de loi du gouvernement. A la base, parce que rejeté
par la population et parce que faux dans son articulation, ce projet de loi est
inacceptable et ne servira pas les intérêts qu'il a pour but de
servir. Le gouvernement n'est pas associé à la population dans
son projet de réforme. Nous croyons que ce projet de loi ne peut
répondre aux objectifs voulus et qu'il n'est que le fruit de
doctrinaires prônant l'intervention de l'Etat à tout prix dans
tous les secteurs.
M. le Président, je me suis fait une certaine liste de points qui
sont critiquables dans le projet de loi et je pense que j'en ai
découvert, jusqu'à maintenant, une vingtaine. Je voudrais vous en
faire une certaine liste. Tout d'abord, on dit qu'il faudrait qu'il y ait un
maintien du recours aux tribunaux de droit commun. En commission parlementaire,
on a eu l'occasion à plusieurs reprises, surtout du côté de
l'Opposition, de se prononcer en faveur de ce recours aux tribunaux de droit
commun. Le gouvernement, il est encore temps, devrait se pencher sur cette
réforme que l'Opposition a prônée et devrait
sérieusement reconsidérer sa situation.
On a également critiqué le système de financement
du régime. Jusqu'à la dernière minute, il n'avait jamais
été question d'aller chercher un montant d'argent pour financer
la régie chez les automobilistes en ce qui concerne la taxe sur
l'essence. Malheureusement, dans les amendements déposés vendredi
dernier, le ministre nous présente un amendement à l'article 207
qui modifie la Loi de la taxe sur les carburants et qui permettrait au ministre
des Finances de verser à la Régie de l'assurance automobile une
somme de quelque $21 millions. M. le Président, je pense qu'il est
inacceptable que la Régie de l'assurance automobile puisse se financer
à même les revenus du ministre des Finances. C'est là un
des coûts cachés que l'Opposition a dénoncés.
Lorsqu'elle nous disait que cela lui coûtait $345 millions pour le
financer, on a toujours dit au ministre qu'il y avait des coûts qui
n'étaient pas inclus dans ces montants et ces $21 millions sur la taxe
d'essence en sont un. Il y en a également d'autres. On a
déjà eu l'occasion de vous les mentionner, mais il y a
également aussi les $10 millions qu'on perd à la Régie de
l'assurance-maladie, $10 millions qu'on n'ira plus chercher chez les victimes
responsables, ce qui se faisait auparavant.
Il y a une absence de consensus totale sur ce projet de loi. Tous les
partis de l'Opposition ont été unanimes, eux, à le
dénoncer. La population, en grande majorité, l'a
dénoncé. On voit bien que le gouvernement, en cela, ne recueille
pas l'assentiment de la majorité de la population. Il faudrait
que le gouvernement y repense deux fois avant d'adopter ce projet de loi
en troisième lecture.
On a également qualifié ce projet de loi de système
à deux têtes. C'est un des points que j'ai notés pour vous
dire que nous étions contre ce système parce qu'il est
bureaucratique surtout. Les couvertures de dommages corporels ne sont pas
toutes prévues dans le système de la régie de l'assurance
automobile. Il y aura une bureaucratie certaine qui s'installera à la
suite de l'adoption de ce projet de loi. Les réclamants à la
Régie de l'assurance automobile auront à faire face à ce
système bureaucratique qui leur sera sans doute néfaste. Si Mme
le ministre a voulu, par son projet de loi, essayer d'éliminer la
profession d'avocat au Québec, je pense qu'elle s'est passablement
trompée, parce qu'elle va sans doute lui donner de l'ampleur. Etant
donné que le système sera tellement compliqué, tous les
réclamants de l'assurance automobile vont certainement devoir se faire
conseiller par quelqu'un, et ce sera sans doute par les courtiers d'assurances,
qui sont au courant dans ce domaine, ou par des avocats qui devront
étudier cette loi en profondeur.
C'est toujours la population qui va payer ces frais pour faire les
réclamations à la Régie de l'assurance automobile. Ce sont
encore des coûts que le régime ne mentionne pas. On a dit que dans
l'ancien régime les coûts des avocats étaient
astronomiques. Je pense que si on veut être honnête, il faut
également tenir compte de ces coûts qui seront occasionnés
de la part des réclamants lorsqu'ils voudront faire une
réclamation à la Régie de l'assurance automobile. Si on
veut être honnête, il va falloir estimer ces coûts et les
mentionner également dans le régime.
Il y a beaucoup de personnes que ce projet de loi pénalise. A peu
près tous les intervenants à venir jusqu'à ce jour dans le
domaine de l'assurance automobile, les courtiers d'assurances, les
évalua-teurs, tous ces gens sont touchés d'une façon
désastreuse par le projet de loi no 67 et l'Opposition est encore
là, unanime à dénoncer cette façon d'agir. Il y a
plusieurs catégories de personnes qui sont exclues du projet de loi. Il
y a également la façon du gouvernement d'utiliser les fonds. On
se demande à quelles fins seront utilisés les fonds que le
gouvernement va retirer de la Loi sur l'assurance automobile. On sait que le
gouvernement, au cours de l'année 1978, se propose d'aller chercher dans
les poches des contribuables québécois des sommes de $345
millions. Par suite des questions que l'Opposition a posées en
commission parlementaire, on a découvert qu'il y a à peu
près seulement, au cours de l'année 1978, $50 millions qui
retourneraient en indemnités aux Québécois, de sorte
qu'après avoir enlevé les frais d'administration, à peu
près $200 millions seraient investis par le gouvernement dans d'autres
domaines probablement. On se demande à quoi vont servir ces fonds de
l'assurance automobile. On se demande également si le ministre, qui a
voulu continuer à maintenir que ses frais d'administration
s'élèveront à peu près à 6%, va devoir
couper les services des membres de la régie pour pouvoir maintenir ses
coûts d'administration à 6%, comme elle le fait actuellement.
On déplore également les pouvoirs discrétionnaires
de la régie et les pouvoirs discrétionnaires du gouvernement.
Cette loi, à presque tous les articles, fait référence
à la réglementation où on laisse un pouvoir
discrétionnaire aux membres de la régie de décider ce qui
arrive dans tel ou tel cas. M. le Président, nous sommes ici à
l'Assemblée nationale pour voter les lois les plus complètes
possible!
Pour ces raisons, nous demandons au gouvernement, encore une fois, de
réviser sa position là-dessus et de cesser de donner des pouvoirs
trop discrétionnaires aux régies qu'il crée et,
également, des pouvoirs de réglementation trop grands. On sait
que, dans ce projet de loi no 67, on permet au gouvernement d'apporter une
réglementation qui va modifier les définitions de la loi. M. le
Président, si les législateurs ne sont pas capables de voter
eux-mêmes les définitions d'un projet de loi, je pense qu'on va un
peu trop loin et qu'on enlève le véritable rôle du
législateur.
On déplore également que le gouvernement veuille aller
trop loin dans l'assurance. Le ministre et les ministériels ne se sont
pas cachés pour dire qu'ils avaient l'intention d'intervenir plus
profondément dans le domaine de l'assurance. Là, je ne parle pas
seulement de l'assurance automobile; on a parlé de tout le domaine de
l'assurance-responsabilité. Je pense que, si ce sont là les
intentions du gouvernement, on va passablement trop loin. Je demanderais encore
une fois aux députés ministériels et aux ministres de
réviser leur position dans ce domaine, de bien vouloir calmer un peu
leur appétit en ce qui concerne les étatisations et d'en rester
là pour l'instant, jusqu'à ce qu'on puisse affirmer à la
population du Québec que la Régie de l'assurance automobile,
c'est quelque chose de bon, c'est quelque chose qui a fait ses preuves et qui
est bien administré.
M. le Président, on demande au gouvernement de vérifier de
nouveau ses points de vue là-dessus, de faire attention à ce vers
quoi il s'en va, parce qu'on va s'apercevoir, probablement d'ici un an ou deux,
que le Régime de l'assurance automobile, tel que proposé par la
régie, va être passablement coûteux pour les
Québécois. Jusqu'à maintenant, il n'y a personne qui soit
capable de dire combien cela va coûter pour le propriétaire
québécois d'un véhicule en 1978, 1979 et 1980. Je pense
qu'il va falloir faire attention de ce côté. Un projet de loi mal
préparé comme celui qu'on a, je pense qu'on aurait pu prendre un
mois ou deux de plus pour l'étudier. On aurait pu permettre au moins
à tous les députés de l'Assemblée nationale de se
prononcer sur tous et chacun des articles du projet de loi, de sorte qu'on
aurait pu continuer à apporter une contribution valable du
côté de l'Opposition, parce que le gouvernement s'est
aperçu que l'Opposition avait, sur certains articles, des amendements
qui étaient fort valables et en a même accepté
quelques-uns.
Il y a également des affirmations ministérielles qui ont
été faites un peu partout en province. On
sait que c'est facile, pour un ministériel, de profiter des
instants qui lui sont accordés, soit à la
télévision ou à la radio, pour donner son point de vue en
ce qui concerne un projet de loi. A ce moment-là, je considère
que les points de vue qui ont été donnés sont fort
partisans et pas tellement objectifs. Je déplore, encore une fois, que,
dans ce domaine de l'assurance automobile, des injustices soient
créées par le projet de loi no 67, entre autres, du fait que la
prime qui est payée soit égale pour tous, quel que soit le
dossier que vous puissiez avoir dans l'assurance automobile. La prime
proposée est de $85 pour un véhicule de promenade. Que vous soyez
bon ou mauvais conducteur, que vous ayez des accidents ou que vous n'en ayez
pas, que vous ayez perdu des points de démérite ou non, c'est $85
pour tout le monde. Je pense que c'est une forme de socialisme, de politique
sociale que nous pouvons difficilement accepter, car il est important que
chaque personne, chaque cas soit jugé à son mérite. Dans
le système proposé par le projet de loi no 67, c'est justement le
contraire qui survient.
Je voudrais en terminant... Pouvez-vous demander, M. le
Président, au caucus qui se tient de l'autre côté,
même si la présidence est impliquée dans ce caucus, de bien
vouloir se réunir à l'extérieur de la Chambre? Même
si on ne semble pas tellement intéressé à ce projet de
loi, il y a trois millions de personnes qui le sont et je pense que c'est
important.
M. le Président, je voudrais, en terminant, attirer votre
attention sur certains amendements que l'Union Nationale propose lors de
l'étude de ce rapport de la commission parlementaire. Je voudrais
attirer votre attention principalement sur les amendements à l'article
26 que nous avons proposés. Nous demandons que l'article 26 soit
modifié en ajoutant, à la deuxième ligne du premier
alinéa, après le mot "rente", les mots "non imposable". Le nouvel
article se lisant comme suit: L'indemnité de remplacement du revenu est
versée sous forme de rente non imposable équivalant annuellement
à 90% du revenu net de la victime.
M. le Président, on sait que le gouvernement a proposé,
dans cet article, de verser des rentes aux victimes d'accidents d'automobiles.
Cependant on ne verse que 90% du salaire net jusqu'à un maximum de $18
000. Or, on dit que ces rentes ne seront versées qu'à environ 90%
d'une somme qui peut varier selon que la personne en question sera
mariée ou célibataire, aura des enfants ou n'en aura pas. Je
pense qu'il serait important au moins que les sommes qui seront versées
à titre de rente par la régie ne soient pas imposables. Cela
n'est pas mentionné dans le projet de loi. Si une victime se voit verser
une rente de $10 000 ou de $12 000 et qu'à la suite du versement de
cette rente, à la fin de l'année, si elle est obligée de
payer de l'impôt là-dessus, je pense que c'est passablement
injuste. Cette position devrait être révisée par le
gouvernement.
L'autre amendement, M. le Président, fort important, que nous
avons proposé est celui de l'article 58 qui concerne le droit d'appel
que nous avons réclamé maintes et maintes fois. Que l'article 58
soit modifié en ajoutant un alinéa qui dit: Un réclamant
qui se croit lésé par une décision rendue par la
Commission des affaires sociales peut en appeler devant les tribunaux de droit
commun. Le nouvel article se lirait comme suit: Un réclamant qui se
croit lésé par une décision rendue par la régie en
vertu du paragraphe 4 de l'article 53 et en vertu de l'article 57 peut
interjeter appel de cette décision à la Commission des affaires
sociales constituée en vertu de la Loi de la Commission des affaires
sociales 1974, chapitre 39 qui dispose de l'appel selon ses règles de
preuve, de procédure et de pratique. Le paragraphe ajouté serait:
Un réclamant qui se croit lésé par une décision
rendue par la Commission des affaires sociales peut en appeler devant les
tribunaux de droit commun.
M. le Président, en commission parlementaire, le ministre s'est
évertué à nous dire qu'il n'y avait aucun risque
d'injustice lorsque la régie se prononcera ou que la Commission des
affaires sociales se prononcera, qu'il n'y avait aucun risque d'injustice. Or,
je vais vous dire que s'il n'y a aucun risque d'injustice, s'il n'y a aucun
risque que des personnes soient lésées par l'application de cette
loi, pourquoi le ministre s'entête-t-elle à nous dire qu'il n'est
pas bon qu'il y ait un appel devant les tribunaux de droit commun, pour pouvoir
réviser ces cas d'appel à la Commission des affaires sociales?
S'il n'y a pas d'injustice, M. le Président, il n'y en aura pas,
d'appel, tout simplement, puis cela ne retardera aucune procédure. Mais
s'il y a une injustice, M. le Président, moi je voudrais qu'elle soit
corrigée. Je ne voudrais pas courir le risque que les décisions
rendues par les fonctionnaires soient des décisions qui pourraient
être injustes dans leur application et qu'aucun appel de ces
décisions ne puisse être fait.
On sait que la Cour supérieure est l'endroit où l'on peut
faire régler ces problèmes et je me demande pourquoi le
gouvernement n'accepte pas qu'un appel puisse être fait. Je vous
réfère rapidement, M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): Je vous inviterais à
conclure, il vous reste environ une minute et demie.
M. Fontaine: Merci, M. le Président. A l'article 63, M. le
Président, on propose un amendement, et je vais, sans le lire, vous dire
rapidement ce à quoi rime cet amendement.
C'est qu'on demande à un réclamant à la
Régie de l'assurance automobile de se soumettre à un examen d'un
médecin désigné par la régie. Or, nous
prétendons encore une fois que, si nous voulons avoir justice, ce
réclamant pourrait également, aux frais de la régie,
demander qu'un examen soit fait par un médecin de son choix pour qu'on
puisse comparer les deux positions des médecins en question, les
positions des médecins de la régie et également celles des
médecins de la pratique privée.
Mme le Président, je veux également attirer...
Mme le Vice-Président: Veuillez conclure, s'il vous
plaît.
M. Fontaine: Oui. Mme le Président, en terminant,
l'amendement quant au pourcentage de commission à l'article 83 a
été battu en commission parlementaire, mais même des
députés ministériels avaient voté pour. On demande
que ces amendements soient rétablis. On pense que les
députés ministériels pourront faire front commun avec
l'Opposition contre le ministre pour permettre que cet amendement soit
adopté.
Si on veut également que l'obligation de s'assurer soit
véritablement dans la loi, on demande qu'il y ait une attestation
d'assurance qui soit fournie au directeur du Bureau des véhicules
automobiles pour prouver que la personne est bien assurée si elle veut
obtenir une couverture en dommages matériels et des plaques
d'immatriculation.
M. le Président, si tous ces amendements étaient
acceptés par le ministre, nous voterions pour le projet de loi.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Beauce-Sud, du consentement unanime de cette Assemblée, vous disposez de
30 minutes.
M. Fabien Roy
M. Roy: Merci, Mme le Président. Avant de commencer mon
intervention et avant qu'on commence à minuter, Mme le Président,
je désirerais soulever un point de règlement sur la
recevabilité d'une motion d'amendement que nous retrouvons et qui nous a
été présentée par Mme le ministre. Je m'explique,
si on veut me permettre quelques mots.
L'article 158 de notre règlement, qui détermine les
règles qui doivent être suivies en commission parlementaire,
établit de façon très claire, et je fais lecture de
l'article 158, qu'une commission ne peut modifier dans son principe une
proposition qui a déjà été acceptée par
l'Assemblée. Si je me réfère également à
l'article 154, paragraphe 2: La commission peut amender un projet de loi pourvu
que l'amendement ne soit pas étranger au projet de loi et qu'il ne
s'oppose pas au principe affirmé en deuxième lecture. Il y a donc
un amendement, qui nous est soumis qui est étranger au projet de loi
comme tel, c'est l'amendement no 207. Je le cite, Mme le Président: La
loi de la taxe sur les carburants, 1972, chapitre 30, est modifiée par
l'insertion après l'article 59, de l'article suivant. Il n'en a
été aucunement question dans la loi 67 que la commission
parlementaire avait la mission d'étudier, et il n'y avait pas non plus
aucun amendement dans le volumineux document que le titulaire de ce
ministère, le cahier noir, nous avait remis pour l'étude de ce
projet de loi.
Or, cet amendement vient contredire le mandat qu'avait reçu la
commission. Effectivement, à ce stade-ci de nos travaux, nous devons
examiner le rapport de la commission parlementaire et nous devons
étudier les amendements que chacune des formations politiques peut
présenter, mais toujours avec cette réserve que ces amendements
ne peuvent pas aller à l'encontre de ce projet de loi, ou, encore,
introduire, comme il est dit à l'article 154, un amendement
étranger au projet de loi.
Il n'a jamais été question dans la loi 67, dans les
amendements proposés, d'en venir à un amendement à la Loi
de la taxe sur les carburants. Je comprends que Mme le ministre l'a
annoncé en conférence de presse. Elle l'a annoncé
également en commission parlementaire. Mme le Président, en vertu
de notre droit parlementaire, je reconnais que le gouvernement a parfaitement
le droit d'amender la Loi de la taxe sur les carburants.
Mais il y a une méthode, en vertu de notre droit parlementaire,
qui permet au gouvernement d'agir en ce sens. C'est de présenter un
projet de loi public qui amende la Loi de la taxe sur les carburants, de
présenter un projet de loi qui devra être étudié ici
en deuxième lecture, et non pas faire l'objet d'un amendement au moment
du dépôt du rapport d'une commission parlementaire avant que nous
entreprenions la troisième lecture. Lors d'une discussion en
deuxième lecture, un député de cette Chambre aurait pu
décider de voter pour ce projet de loi parce que, justement, il n'y
avait pas de disposition de cette nature dans le projet de loi, mais il
s'opposerait à une telle disposition qui pourrait modifier son vote de
deuxième lecture. C'est pourquoi je porte à votre
attention...
Mme le Vice-Président: M. le député...
M. Roy: Je termine. Je veux simplement ajouter à ce moment
que j'accepte de faire mon intervention quand même à l'occasion de
ce débat sur l'étude du rapport, et j'aimerais que vous en
preniez note, parce que deux amendements qui ont déjà
été proposés initialement lors de la commission
parlementaire ont dû être rejetés par la présidence
de la commission parlementaire. Or, il s'agit d'une troisième tentative
d'introduire des éléments nouveaux. Il y en a deux
précédents qui ont été rejetés par la
présidence, puisque, effectivement, ils changent le mandat même
qu'avait reçu la commission parlementaire; ils changent même un
principe qui a été étudié et accepté en
deuxième lecture. Je vois mal, à ce moment, que nous puissions
intervenir sur une disposition de cette nature, compte tenu des limites de
temps extrêmement rigides auxquelles les députés doivent
s'astreindre.
On n'a même pas entendu Mme le ministre, tout à l'heure,
qui aurait pu nous expliquer, à un moment donné,
l'à-propos de cet amendement. Je vous demande, Mme le
Président...
Mme le Vice-Président: M. le député de
Beauce-Sud, je vois votre intervention sur la question de règlement
comme un appel à la décision du président. J'espère
que ce n'est pas le cas; dans l'article 123, paragraphe 4 de notre
règlement, il est bien écrit: "Le président décide
de la recevabilité des amendements" il s'agit mainte-
nant du rapport "et les choisit pour en éviter la
répétition."
Le Président a fait une déclaration au début de
cette étude du rapport. Textuellement, je vois ceci: Je déclare
recevables tous les amendements proposés par le ministre des
Consommateurs, Coopératives et Institutions financières,
proposeur du projet de loi, et dont vous avez reçu copie.
Je vous demanderais, M. le député de Beauce-Sud, cet
amendement ayant déjà été reçu, de ne plus
intervenir sur la question de règlement.
M. Lalonde: Question de directive, Mme le Président.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: J'ai écouté attentivement le
député de Beauce-Sud, et en examinant aussi d'autres amendements,
je vois, par exemple, qu'à l'article 133, qui a déjà
été adopté en commission parlementaire, on introduit un
amendement qui fait référence à l'amendement du
député de Beauce-Sud à l'article 210, je crois. Je
voudrais vous demander, comme directive, comme parlementaires, comment nous
pouvons être appelés à soulever la question de la
recevabilité d'amendements, comme c'est le cas en commission
parlementaire, par exemple, où le président, traditionnellement,
lorsqu'il croit que c'est fondé, c'est-à-dire qu'il y a lieu de
recevoir l'éclairage des membres de la commission, va laisser un membre
au moins de chaque parti s'exprimer sur la recevabilité, étant
donné que, avant même que nous ayons eu l'occasion de voir tous
les amendements qui nous ont été proposés par le ministre,
le président a déclaré recevables tous les amendements du
ministre. Comment pouvons-nous soulever ces questions maintenant?
Le Président: M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, ce sont là les dispositions particulières
de l'article 123, dispositions qui, je l'ai déjà dit le 25
août, si ma mémoire est fidèle, mériteraient
peut-être d'être revues. Je pense que tout le monde s'entend
là-dessus, mais les dispositions de l'article 123, notamment au
paragraphe 4, indiquent que c'est le président qui décide de la
recevabilité des amendements. Nous l'avons fait du mieux que nous avons
pu, compte tenu du peu de temps qui nous était alloué.
Là-dessus, je rejoins parfaitement le député de Beauce-Sud
quand il dit qu'à cause des dispositions de l'article 123, non seulement
il y a peu de temps accordé aux députés et aux membres de
l'Assemblée nationale pour faire valoir certaines
représentations, mais c'est vrai également pour la
présidence.
Compte tenu de ces dispositions, c'est le paragraphe 4 qui indique que,
proprio motu, la présidence déclare si les amendements sont
recevables ou non. J'ai déclaré tout à l'heure que tous
les amentements du ministre m'apparaissaient recevables.
M. le député de Beauce-Sud.
M. Roy: M. le Président, je vous demanderais une directive
à ce moment-ci. Il est évident que notre nouveau
règlement, le code Lavoie comme on l'appelle, fait oeuvre de
jurisprudence dans les travaux parlementaires.
M. Burns: On va arrêter de l'appeler de même,
j'espère; c'est le règlement de l'Assemblée nationale.
M. Roy: Je ne soulèverai pas un débat sur le nom du
règlement qui nous régit actuellement et qui régit nos
travaux. La directive que je demande est la suivante: Comment un
député de l'Assemblée nationale peut-il intervenir et
discuter de la recevabilité d'un amendement et attirer l'attention de la
présidence? Je n'ai, malheureusement, pas pu assister à la
conférence des leaders ce matin, mais, si j'y avais assisté, on
serait exactement dans la même situation, parce qu'effectivement les
amendements sont arrivés et j'ai vérifié
à mon bureau beaucoup de temps après la conférence des
leaders, comme mon collègue, le député de
Marguerite-Bourgeoys, vient de le signaler, soit à 13 h 30. Alors, nous
serions exactement dans la même situation, M. le Président, si
j'attire votre attention sur ce point, c'est parce que la tentation peut
être grande à l'avenir d'utiliser cette jurisprudence qui est en
train de s'établir de façon à modifier l'orientation de
nos lois à cause des dispositions de l'article 123 de notre
règlement qui laisse au président une énorme
responsabilité et qui le place dans une situation extrêmement
délicate. Compte tenu de toute cette masse d'amendements, j'imagine que
c'est à peu près impossible pour la présidence d'en
mesurer toute la portée et toutes les implications.
Alors, la directive que je vous demande à ce moment-ci, c'est:
Comment un membre de l'Assemblée nationale, un député qui
a siégé à une commission parlementaire pendant de
nombreuses semaines pour étudier un projet de loi et qui retrouve dans
les amendements, après la conférence des leaders, des articles
qui lui apparaissent non recevables, peut-il agir?
M. Lalonde: M. le Président, en vertu de l'article 96.
Le Vice-Président: M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Je voudrais tout simplement rectifier les propos.
J'ai, en effet, fait état du peu de temps que nous avions eu pour les
étudier, mais je ne voudrais pas qu'on prenne les propos du
député de Beauce-Sud pour les miens. Il a peut-être
reçu les amendements à 13 h 30, mais lors de la conférence
des leaders, nous les avions déjà depuis quelques minutes, 30
minutes ou quelque chose comme cela.
Le Président: M. le député de Beauce-Sud, je
me permettrai, pour raccourcir tout ce débat, de vous
référer à ce que j'avais déjà dit au moment
de
l'adoption de la loi 101. Je suis le premier à être en
désaccord je pense que, là-dessus, il y a une certaine
unanimité qui est faite avec les dispositions de l'article 123,
mais je suis obligé de m'en tenir à ces dispositions pour le
moment. Je vous assure d'une chose, c'est que nous nous sommes
déjà penchés, les leaders parlementaires et la
présidence, sur les possibilités d'amendements aux dispositions
de l'article 123. Nous sommes tous d'accord pour dire que, dans certaines
situations, cela devient d'un illogisme assez flagrant, quoique je vous
rappelle que cela m'apparaît beaucoup plus logique aujourd'hui qu'au
moment de l'adoption de la loi 101. Là, c'était vraiment d'un
illogisme à l'état pur, tandis que, cette fois-ci, les votes ont
pu être regroupés de telle sorte qu'il y ait une certaine forme de
logique juridique, en tout cas. On essaiera de les revoir ensemble, M. le
député de Beauce-Sud, mais on n'y peut rien.
M. Roy: Merci, M. le Président. J'avais hâte
d'entendre le ministre, parrain de ce projet de loi, au début de
l'étude du rapport. Nous avons dû nous contenter d'un silence
religieux qui me fait dire que, du côté gouvernemental, ou on est
gêné de parler en faveur de ce projet de loi ou on n'en
connaît pas la portée; il ne peut y avoir de double mesure. On
n'en connaît pas la portée ou on est gêné d'en
parler; je vais revenir là-dessus.
On constate qu'aujourd'hui on nous garroche et j'emploie le mot
109 amendements du côté gouvernemental.
Il a fallu nous battre pendant de nombreuses semaines pour pouvoir avoir
les documents de façon à disposer de l'éclairage suffisant
pour savoir dans quelle direction nous allions nous orienter, pour être
capables de bien mesurer la portée d'un projet de loi qu'on dit vouloir
à caractère social et qu'on dit vouloir répondre aux
besoins et aux aspirations de la population du Québec. S'il y a un
projet de loi qui a été mal préparé, M. le
Président, depuis que je siège à l'Assemblée
nationale, c'est bien le projet de loi no 67. Si j'ai vu un projet de loi mal
défendu, je dis bien mal défendu, par son titulaire et par son
équipe, c'est bien le projet de loi 67.
Mme le Président, pour une formation politique qui voulait
apporter du nouveau au Québec et qui avait suscité
énormément d'espoir, je citerai une phrase d'un organisateur du
Parti québécois qui a dit: Cela a été l'espoir de
ma vie. C'est en train de devenir la déception de ma vie. Mme le
Président, je trouve extrêmement regrettable qu'on n'ait pas pris
le temps, je dis bien le temps, qu'il fallait, étant donné la
portée de ce projet de loi, pour en examiner toutes les implications.
Qu'on prenne le temps nécessaire.
On essaiera de dire qu'il y a eu un "filibuster" de la part de
l'Opposition. Ceux qui disent, qui sont tentés de dire qu'il y a eu un
"filibuster" de la part de l'Opposition ne savent pas ce qu'est un "filibuster
". Des "filibusters", j'en ai vu deux par année, pendant sept ans, ici
en cette Chambre. Ils étaient faits par ceux qui accusent, à
l'heure actuelle, les parlementaires d'avoir fait un "filibus- ter". En ce qui
me concerne, en tous les cas, je n'ai jamais voulu participer à un
"filibuster", qu'il soit présenté par quelque parti politique que
ce soit. J'ai préféré m'abstenir, plutôt, de faire
partie de certaines commissions parlementaires, étant donné qu'on
y allait pour faire de l'obstruction systématique et bloquer
l'étude d'une loi à l'article 1. J'ai toujours trouvé que
cela manquait d'objectivité et que cela faisait preuve d'un manque de
sérieux de la part de parlementaires. Qu'on ne vienne surtout pas nous
dire qu'il y a eu un "filibuster" de la part de l'Opposition.
Si le gouvernement avait été prêt et ce n'est
pas la faute de l'Opposition à nous donner les informations dont
nous avions besoin, à donner les documents que nous avions
réclamés depuis longtemps, Mme le Président, il ne fait
aucun doute que ce projet de loi aurait pu avancer de façon beaucoup
plus rapide. Mme le ministre, je comprends que, pour elle, c'est fatigant de
vivre la démocratie. Ce n'est pas un régime qui est facile
à vivre, le régime démocratique. Cela suppose,
évidemment, une implication. Cela suppose des débats. Cela
suppose des discussions. Et surtout, cela suppose la connaissance de ce qu'on
veut discuter. Ce que nous n'avons pas trouvé en commission
parlementaire. Je regrette infiniment qu'il n'y ait pas eu cette connaissance
effective du projet de loi qu'on parraine. Quand il s'est agi d'étudier
la loi 45, nous avons mis deux ans. Lorsqu'on a étudié le Code
des professions, nous avons mis deux ans, avec toutes les lois des corporations
professionnelles. Lorsqu'on a étudié la Loi de
l'évaluation foncière, on a mis deux ans. Lorsqu'on a
étudié la Loi de l'expropriation, on a mis plus d'un an.
Et pour le projet de l'assurance automobile, quatre semaines. Cela
presse. Le gouvernement a besoin d'argent. Ce projet de loi, Mme le
Président, doit être retardé parce qu'il est mal
préparé et le gouvernement se prépare un lendemain ou des
lendemains qui vont faire mal. On connaît mal le projet de loi, du
côté gouvernemental. Ce qui m'a énormément surpris,
lorsque j'ai pris la peine d'écouter l'honorable premier ministre samedi
soir, à la télévision. Cette émission a
été annoncée dans tous les journaux, du moins le peu de
journaux qui sont publiés, il y a eu des annonces à la radio, des
annonces un peu partout. De toute façon, je me suis fait un devoir
d'écouter l'honorable premier ministre qui donnerait des réponses
aux questions que se pose la population. Je ne peux pas dire que le premier
ministre n'a pas dit la vérité. Le premier ministre a
répondu à deux questions seulement. Deux seules questions. Mais
il n'a pas tout dit.
Je pense que c'est la même chose pour mes collègues du
côté gouvernemental, ils ne savent pas tout de ce projet de loi.
Si le premier ministre, avec l'honnêteté intellectuelle qu'on lui
reconnaît, avait connu ce projet de loi fondamentalement, il aurait
été obligé d'ajouter deux éléments qui font
toute la différence quant à la prétention originelle qu'il
avait et le principe qu'il a défendu en disant que l'assurance
automobile allait coûter moins cher.
Je ne suis pas un spécialiste de la question, je ne veux pas
jouer au spécialiste. Les fonctionnaires du ministère, de la
régie, l'actuaire, le conseiller juridique de Mme le ministre lui ont
donné des conseils et fait des suggestions, lui ont soufflé des
mots à l'oreille, de même que ses collaborateurs et
collaboratrices. Elle a fini par dire elle aussi qu'elle n'était pas
capable de garantir que l'assurance automobile coûterait moins cher.
Quand on vient dire à la face du Québec que les
Québécois seront protégés par le nouveau
régime où qu'ils aillent en Amérique du Nord, c'est
complètement faux. Il va falloir qu'on ait le courage de dire ces
choses. Si vous êtes protégés dans votre automobile, vous,
citoyens du Québec, les passagers américains, si vous avez des
amis, de la famille aux Etats-Unis, qui seront dans votre automobile, eux ne
seront pas protégés. Si vous êtes jugé coupable de
négligence à cause du régime de la faute qui existe dans
les autres provinces et aux Etats-Unis, il va falloir que vous ayez une
couverture pour vous protéger contre la responsabilité publique
pour dommages corporels à l'extérieur du Québec. On ne le
dit pas à la population, ce qui veut dire que les passagers
résidant dans l'Ontario, les passagers résidant aux Etats-Unis,
les passagers résidant au Nouveau-Brunswick, dans votre automobile, ne
seront pas couverts par la Régie de l'assurance automobile au
Québec. Vous avez une responsabilité civile envers eux, qui
change le coût de l'assurance automobile.
Si vous avez le malheur de blesser quelqu'un en dehors des
frontières du Québec et que vous êtes désigné
comme étant responsable de l'accident, il vous faudra avoir une
couverture pour la responsabilité publique, d'où un
empêchement de remboursement de commission ou de cotisation ou de prime
d'assurance automobile proportionnelle à celle qui sera chargée
par la Régie de l'assurance automobile. Or, pour les
députés, mes collègues du Nord-Ouest
québécois qui sont près de l'Ontario, il va y avoir des
problèmes sérieux et ils sont mieux d'informer
adéquatement leur population, leurs électeurs, parce que,
près d'une frontière, on traverse souvent la
frontière.
Quand Mme le ministre a choisi son expérience en
Nouvelle-Zélande, elle a oublié que le Québec n'est pas
une île. Elle a cru que la séparation était faite, qu'il y
avait des frontières et qu'il nous serait impossible de circuler
outre-frontières sans avoir de permis spécial ou un passeport.
Mon collègue de Gatineau aura le même problème, mon
collègue de Hull, même problème, de même que mes
collègues de Deux-Montagnes et du Bas-Saint-Laurent près de la
Gaspésie. Je vois mon collègue de Beauce-Nord aussi, près
du Maine, même problème. On ne l'a pas dit à la population
du Québec. On vient essayer de lui faire accroire que le nouveau
régime bicéphale, comme disait mon collègue de
Nicolet-Yamaska, le régime à deux têtes tel que je l'ai
identifié moi-même et qui comporte deux estomacs, quand il aura
effectivement deux administrations à payer, répond aux attentes
et aux besoins de la population du Qué- bec. Il y aura des lendemains
qui vont sûrement désenchanter.
Ce projet de loi comporte une assurance obligatoire, qui est une
excellente chose. Tout le monde le dit, 97% des sondages ont
démontré que la population voulait une assurance automobile
obligatoire au Québec, un système "no fault", une base de
système "no fault" pour permettre une meilleure indemnisation des
victimes d'accidents d'automobiles. Tout le monde était d'accord
là-dessus, cela a été demandé lors de la
publication du rapport Gauvin. Cela avait été demandé
auparavant, cela a été demandé pendant l'étude du
rapport Gauvin et cela a été demandé après.
Mais, M. le Président, on aurait pu donner tout cela aux
Québécois, ce nouveau régime d'assurance, ces nouvelles
dispositions, ces amendements aux lois, en amendant le Code civil et en
permettant à l'entreprise privée d'administrer ce nouveau
régime. En supposant que le nouveau régime d'indemnisation soit
bon et presque parfait je ne dirai pas parfait mais presque parfait
si on l'avait confié à l'entreprise privée, les
compagnies d'assurances, qui ont des spécialistes, des actuaires, des
techniciens d'expérience, de la jurisprudence, auraient pu nous vendre
une couverture globale et auraient pu couvrir les citoyens du Québec. Le
rôle de la régie aurait été de surveiller. Cela fait
longtemps qu'on demande qu'il y ait une régie de ce côté,
même si je suis allergique au principe des régies
gouvernementales, pour surveiller les taux dans l'assurance automobile, pour
tâcher d'empêcher qu'il y ait de trop grands appétits de la
part de certains assureurs, de la part de certaines compagnies, de certaines
entreprises. Nous aurions été d'accord là-dessus. On
aurait évité une double administration, on aurait
évité l'obligation, pour les assurés, de faire affaires
à deux endroits. On aurait évité aux victimes d'accidents
d'automobiles de faire deux réclamations, une pour les dommages
matériels et une autre pour les dommages corporels.
Que dire, en cas de non-satisfaction des décisions du
gouvernement, des décisions de la Commission des affaires sociales qui
rend des décisions finales, sans appel: Prenez les indemnités
qu'on vous accorde, la décision est finale et sans appel. Ces petits
tribunaux administratifs sont bien plus importants que nos tribunaux de droit
commun, bien plus importants que la Cour supérieure, bien plus
importants que la Cour d'appel, bien plus importants que la Cour suprême.
Bien oui, ces petits tribunaux administratifs ne veulent pas faire
vérifier leurs décisions, ils ne veulent pas faire contester
leurs décisions. Ils veulent être dans un cénacle à
l'abri de tout soupçon, à l'abri de toute critique et ne pas
avoir de comptes à rendre à personne. C'est ce qu'ils veulent.
Ceux qui auront à rendre des comptes, par exemple, ce sont nos
collègues du côté ministériel qui auront des comptes
à rendre à la population du Québec.
On a parlé tantôt de socialisme. Je n'ose pas dire ce mot.
C'est plutôt de la bureaucratie pour un groupe de super-fonctionnaires
qui voient là-dedans des jobs à $30 000 et plus par année.
C'est
le genre de socialisme qu'on a actuellement au Québec. De la
bureaucratie, de la technocratie gouvernementale et de la super-bureaucratie
à $30 000 et plus par année pour permettre à une certaine
bourgeoisie pour employer des termes qui sont chers à certains de
nos collègues qui n'a aucune responsabilité, aucun compte
à rendre, des situations assurées pour la vie, ce qu'on ne
retrouve pas dans l'entreprise privée, nulle part. Cela n'est même
pas nécessaire d'être rentable; il s'agit d'avoir des salaires
garantis à vie, ad vitam aeternam, comme dirait quelqu'un. C'est le
genre de social-démocratie que nous avons, et c'est pourquoi je la
qualifie de social-bureaucratie.
On parle de mesures sociales, de mesures à portée
sociale.
Le principe qui sous-tend cette prétendue mesure à
portée sociale va complètement à l'encon-tre, est à
l'inverse de tous les autres principes qu'on a retrouvés nos mesures
sociales traditionnelles que nous avons été appelés,
à un moment donné, à adopter en cette Assemblée,
que ceux qui nous ont précédés avaient été
également appelés à adopter, et lesquelles faisaient en
sorte de donner les mêmes soins, de garantir les mêmes services,
les mêmes privilèges à tous, sans distinction de classe, de
revenu ou de rang social. Tous les citoyens étaient égaux au
niveau des services qui doivent leur être confiés, en faisant,
cependant, payer le coût de ces grandes mesures sociales, par une
cotisation basée sur le revenu dans le cas de la Régie des rentes
et dans le cas de l'assurance-maladie et en tenant compte de l'impôt sur
le revenu dans le cas de l'assurance-hospitalisation.
Plus les gens gagnent de hauts revenus, plus ils payent au niveau de
l'impôt. On a mis un certain plafond, évidemment, dans le cas de
l'assurance-maladie. On a mis un certain plafond dans le cas de la Régie
des rentes. Mais, dans cette soi-disant mesure sociale, on fait payer à
tout le monde, riche comme pauvre, le même prix, puis on donne des
prestations moindres à ceux qui gagnent moins. On viendra essayer de
nous donner des leçons sur de prétendues mesures sociales qui
visent à favoriser les gagne-petit, qui visent à favoriser les
petites gens. On va nous faire rire, mais ce n'est pas drôle. On ne peut
pas rire. C'est triste.
Quant on est rendu à cotiser pauvres comme riches sur une
prétendue mesure sociale gouvernementale au même taux et qu'on va
donner 50% de moins à un père de famille qui travaille au salaire
minimum, par rapport à un fonctionnaire qui gagne $18 000 et $20 000 par
année, j'aimerais qu'on s'interroge du côté gouvernemental
sur cette prétendue justice sociale. Ah! Mme le ministre pourra
peut-être me dire: C'était comme cela avant. Mais, si on n'a rien
changé, pourquoi fait-on une réforme? On peut répondre de
cette façon, si on ne change pas le principe, qu'on ne vienne pas nous
parler de mesures sociales. C'est un régime d'assurance pur et simple et
j'ajouterais même, compte tenu de tout ce qu'on retrouve dans les
dispositions de cette loi, que c'est une taxe déguisée pour une
bonne partie.
Mme le Président, avant de terminer, j'aimerais attirer votre
attention sur les dispositions de l'article 179. Cet article comporte des
dispositions extrêmement discriminatoires et dangereuses pour une bonne
partie des citoyens du Québec, pour ceux qui ont travaillé avec
honnêteté, qui ont gagné leur vie et qui se sont
constitué des bureaux d'assurance générale pour servir la
population du Québec. Ils offraient un service qui était reconnu
par nos lois, qui était accepté par la population et dont
justement la population du Québec se prévalait de bon droit
retenant leurs services et profitant de leurs conseils. Or, en vertu des
dispositions d'un article et compte tenu des amendements proposés par le
ministre, les courtiers d'assurances, au même titre que les assureurs ou
que les compagnies, seraient obligés de rembourser, proportionnellement
selon le temps écoulé, les primes que les assurés du
Québec ont versées avant l'entrée en vigueur du
Régime d'assurance automobile, pour la partie qui deviendra couverte par
le gouvernement provincial.
Mme le Président, cet amendement a ouvert une porte, mais il n'a
pas fixé les limites de l'ouverture de cette porte.
J'aimerais attirer l'attention de mes collègues, d'une
façon bien spéciale, sur la loi qui est actuellement
déposée devant l'Assemblée nationale, la Loi du recours
collectif. Il s'agit qu'une seule personne, au Québec, se
prévalant des dispositions de cette loi lorsqu'elle sera adoptée,
interjette un appel devant les tribunaux, exige que le courtier rembourse 75%
de la commission, puisque, effectivement il y aura neuf mois qui n'auront pas
été écoulés sur la prime d'assurance qui a
été payée pour un an, pour obliger le courtier à
rembourser les trois quarts de la commission qu'il a perçue.
Dans le système d'assurance actuel, dans l'administration des
bureaux de courtage, lorsque la commission est perçue, c'est au moment
de rémission de la police. C'est à ce moment qu'il y a du travail
à faire pour le courtier et des dépenses qu'il doit envisager.
Les courtiers ont payé les salaires à leurs secrétaires,
à leur personnel, à eux-mêmes et leur famille, ont
payé également des frais d'administration, des frais de bureau,
et ont dû assumer, en somme, toute l'administration qui découle de
l'administration publique.
Actuellement, j'oserais dire, Mme le Président, sans faire une
extrapolation extrêmement scientifique, j'oserais dire que, sur les 4000
courtiers du Québec, il y en a un millier, au moins, qui sont
menacés de disparaître, qui auront des pénalités et
qui courent le risque de se trouver dans des situations financières
extrêmement dangereuses. Pourquoi? Parce que le gouvernement, dans son
projet de réforme, n'a pas eu le temps de l'examiner avec assez
d'attention, n'a pas eu le temps de l'étudier. Nos collègues du
côté ministériel, je suis certain que, pour un bon nombre,
je leur apprends des choses en disant ceci aujourd'hui à
l'Assemblée nationale. Il y a énormément d'implications
dans cette loi. On est porté à croire que, parce que deux ou
trois personnes, dans l'entourage du ministre, détestent les courtiers,
et cela paraît, je dis bien deux ou trois personnes, dans l'entourage
de
Mme le ministre, détestent les courtiers, parce qu'ils ne paient
pas de cotisation syndicale, parce qu'ils ne sont pas syndiqués on ne
semble pas du tout préoccupé par les problèmes qu'on va
créer à ces Québécois honnêtes qui gagnaient
leur vie dans le Québec.
Qu'arrivera-t-il, Mme le Président, à ces personnes qui,
après avoir travaillé dans ce domaine pendant 20 ans, 30 ans, 35
ans et qui ont un bureau de courtage qui a une certaine valeur, et qui
constitue le capital dont ces gens disposent pour prendre leur retraite? C'est,
en quelque sorte, leur fonds de retraite, leur réserve pour prendre leur
retraite. J'ai rencontré plusieurs courtiers qui sont près de
leur retraite. Ils ont dit qu'avec les dispositions et les chambardements
actuels, alors qu'on n'a fait aucun cas de nos demandes, qu'on nous a
amusés avec une prétendue négociation qui n'aboutit
jamais, on va placer ces personnes dans des situations difficiles.
Je pense que, comme législateurs, Mme le Président, nous
avons des obligations envers tous nos concitoyens. Nous avons la
responsabilité de voir à un tel équilibre de la gestion
des affaires publiques. Nous avons la responsabilité de mesurer de la
meilleure façon possible, avec le plus de désintéressement
possible la portée véritable des législations qui sont
portées devant nous.
Mme le Président, et je terminerai là-dessus, je vous
souligne la façon dont nous sommes placés pour travailler, avec
110 amendements que nous n'avons pas eu le temps d'examiner.
Imaginez-vous, j'ai reçu cela à mon bureau à 13 h
30 et à 17 h 30 je suis obligé de prendre la parole pour exprimer
mon point de vue sur les amendements. Il y a des amendements de concordance, il
y a des amendements qui n'ont jamais été soumis à la
commission parlementaire, il y a des amendements sur lesquels on n'a jamais
attiré notre attention. La preuve, c'est que je vous ai donné
l'exemple d'un amendement qui pourrait être non recevable si nous
étions dans des situations normales pour l'examiner. Mme le
Président, compte tenu de toutes les circonstances, je fais appel encore
une fois au bon sens de mes collègues et à leur sens des
responsabilités, du côté ministériel, compte tenu
qu'il y a eu un front commun de l'Opposition, qui a fait bloc. Les deux
associations de courtiers d'assurances ont également fait bloc, le
Barreau du Québec, tout le monde; est-ce que tout le monde peut se
tromper en même temps, sur le même sujet? Semble-t-il qu'il n'y
aurait qu'une petite minorité, qu'on retrouve à quelque part,
dans un endroit donné, qui est la seule à disposer de "la"
vérité et qui dispose de "la" connaissance et qui est capable de
bien mesurer la portée de ses actes.
Tous les autres, dans le Québec, se trompent-ils? Il y a le
Barreau, avec toute la jurisprudence dont il dispose, toute l'expérience
de nos tribunaux de droit civil, toute l'expérience du monde de
l'assurance, des assureurs, de l'ensemble des députés de
l'Opposition, qui représentent la majorité de la population au
Québec. Des centaines et des milliers de lettres ont été
envoyées au gouverne- ment, dont Mme le ministre a reçu des
photocopies. Des représentations, des protestations ont
été faites partout. Le gouvernement se renferme derrière
son silence, derrière le silence de Mme le ministre. Je pense qu'on a
peur peut-être qu'en parlant on risque d'en dévoiler un peu plus
à l'attention de la population et on risque peut-être de faire un
peu plus de lumière. Alors, pour ne tromper personne, l'attitude qu'on a
adoptée est celle du silence. On n'informe pas la population et on
refuse même de donner des arguments pour justifier les amendements qu'on
propose à l'Assemblée nationale.
Mme le Président, je peux vous dire que, en ce qui me concerne,
c'est la première fois que je vois cela depuis 1970 à
l'Assemblée nationale, et j'espère que ce sera la
dernière.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Fernand Lalonde
M. Lalonde: Mme le Président, sur la prise en
considération du rapport, il est intéressant de voir ce que le
rapport dit. A la lecture du rapport, pour quiconque a vécu la
commission parlementaire, ce dont on doit discuter, je crois, ce qu'on doit
prendre en considération c'est ce que le rapport dit et ce qu'il
cache.
Ce qu'il dit et ce qu'il montre, Mme le Président, c'est
l'incompétence évidente du gouvernement. Je ne me
réfère, par exemple, qu'au fait que cette commission,
d'après le rapport que j'ai devant moi, a vu ses
délibérations suspendues successivement du 16 au 22 novembre et,
ensuite, du 22 au 29 novembre, simplement à cause du manque de
préparation du gouvernement, du défaut par le ministre des
consommateurs de remettre aux membres de la commission les renseignements
indispensables pour étudier ce projet de loi.
Je n'en ferai pas la revue complète, je me suis tout simplement
référé au début des travaux de cette commission. Je
me référerai aussi à la fin de ses travaux. Vous savez
que, par une motion de clôture de cette Assemblée, les travaux se
sont terminés à minuit, à la fin de la journée de
jeudi dernier. Je lis dans la transcription des débats, le 15-12-77, 23
h 52, au début de la page 1746, ce que le ministre des Consommateurs
répondait à un amendement proposé par le
député de Beauce-Sud. Nous sommes, à ce moment-là,
cinq ou sept minutes avant la guillotine, avant l'heure où, dans sa
sagesse, le gouvernement et la majorité ministérielle avaient
décidé que la commission avait assez travaillé, aurait
complété ses travaux, aurait terminé cette étude.
Je cite: "MME PAYETTE: M. le Président, sur la motion d'amendement, je
dois dire, à ce moment-ci, que le ministre des Consommateurs est
extrêmement inquiet, parce que la traduction de l'amendement
proposé par le député de Beauce-Sud fait en sorte que, au
moment où on se parle, c'est-à-dire le 16 décembre, encore
maintenant nous étions encore au 15 mais tout près du 16
c'est-à-dire le lende-
main du jour où des chiffres précis nous ont
été transmis par la fédération des courtiers
à ce sujet, on nous demande, M. le Président, d'introduire dans
la loi un amendement qui ferait en sorte que les consommateurs que je suis
appelée à protéger également seraient
peut-être lésés d'une partie de ce pourcentage perçu
par les courtiers que nous n'avons pas encore évalué correctement
à partir des nouveaux chiffres qui nous sont arrivés il y a 24
heures."
Mme le Président, 24 heures avant la fin des travaux de cette
commission dont on examine le rapport, Mme le ministre ne savait quoi
répondre à un amendement qui venait d'être
proposé.
Alors, du début à la fin, c'est de l'incompétence,
du manque de préparation. C'est ce qui a caractérisé les
travaux de cette commission bidon qui a été appelée
à examiner un régime bidon et qui a fait en sorte qu'un
gouvernement bidon a dû imposer une guillotine.
Après avoir vu ce qui est démontré par ce rapport,
je vais vous parler de ce que cache le rapport. Le rapport cache l'arrogance et
l'improvisation, dans une certaine mesure on a parlé
d'improvisation tantôt de ce gouvernement. Imaginez-vous que, dans
les quelques heures que nous avons eues à notre disposition pour
examiner le projet de loi, nous avons quand même réussi à
adopter quelques articles, y compris l'article 83 et l'article 133. Mme le
Président, vous avez sûrement eu connaissance, par la fonction que
vous occupez, que Mme le ministre, avant 22 heures, vendredi dernier, a
proposé deux amendements, parmi la centaine. Oui, on a un autre
amendement à l'article 83 et un autre amendement à l'article 133.
Oui, c'est exact. Le député de Gatineau ne me croit pas. Il n'a
pas eu le temps de voir tous les amendements, mais j'aimerais que le
député de Gatineau me laisse la chance de prouver mon point.
A l'article 83, on propose un amendement et je prends à
témoin le document qui a été proposé par le
ministre des Consommateurs, Coopératives et Institutions
financières, signé par le ministre.
On dit: Que l'article 83 adopté en commission donc, je ne
fais pas erreur soit modifié en remplaçant à la fin
du deuxième alinéa... Je vous fais grâce de l'amendement. A
l'article 133, c'est la même chose. Oui, un autre député
qui est incrédule! "Que l'article 133 adopté en commission soit
modifié par l'addition, dans le troisième alinéa... Cela
n'est pas grave. Tout ce qu'on fait, c'est tout changer. Là, on parle
des sommes que reçoit le ministre du Revenu conformément aux
dispositions de l'article 59a) de la Loi de la taxe sur les carburants. Tout
à fait nouveau. On n'a jamais vu cela en commission parlementaire, ni
même en deuxième lecture.
Mme le Président, il reste que c'est, encore là,
l'illustration d'un manque total de préparation de la part de ce
gouvernement.
Ce que le rapport montre aussi c'est assez symptomatique et je
fais appel à l'attention des députés ministériels
qui l'ignoreraient c'est la division du groupement ministériel
sur le projet de loi.
Le député de Duplessis ne me croit pas, il est aussi
incrédule que le député de Gatineau. Je vais devoir
attirer l'attention du député de Duplessis sur le rapport. Le
rapport le dit, ce jeudi, 15 décembre quand on a examiné
l'article 83, à la page 5: l'article 83 tel qu'amendé est alors
mis aux voix, lesquelles se partagent comme suit: Pour: 7, Contre: 6,
Abstentions: 2. Je témoigne, pour ceux qui n'étaient pas
là, que les deux abstentions n'étaient pas de l'Opposition.
C'étaient deux abstentions ministérielles.
M. Gratton: Mme le Président, est-ce que le
député me permettrait une question, parce que je ne comprends
réellement pas. Est-ce que le vote dont il vient de nous parler a
été pris au moment...
Mme le Vice-Président: M. le député de
Marguerite-Bourgeoys permet-il la question?
M. Lalonde: Bien oui.
M. Gratton: Est-ce que ce vote auquel fait allusion le
député a été pris au moment où on a
adopté l'article 83 en premier lieu, ou sur un amendement qui a
été proposé après que l'article 83 eut
été adopté?
M. Lalonde: Cela me fait plaisir d'apporter ces détails.
C'est au moment de l'adoption de l'article 83 en commission parlementaire. Il a
été amendé après. C'est le vendredi qu'on l'amende.
Le jeudi, on l'adopte.
Deux abstentions ministérielles. Et dans les votes contre, il y
a, et c'est ce que cache le rapport, mais qui est évident à la
transcription des débats, il y a un vote ministériel. Il y a un
député qui a eu le courage, je lui rends hommage, le
député d'Iberville qui est ici devant nous, il a eu le courage de
sa décision, il a voté contre l'article 83.
Voici ce que le rapport cache, ce qu'il révèle. Il cache
une autre chose, c'est l'injustice sociale de ce rapport qu'il n'a pas
corrigée. Encore là...
M. Beauséjour: Mme le Président, selon l'article
49, deuxièmement, question de privilège.
Mme le Vice-Président: M. le député...
M. Beauséjour: Juste pour rétablir un fait, le
député de Marguerite-Bourgeoys a parlé de division
ministérielle sur le projet de loi. J'aimerais lui rappeler que sur le
principe de l'article 83, il n'y avait aucun problème, c'était
simplement à savoir s'il ne cadrait pas mieux dans le projet de loi de
la protection du consommateur.
Mme le Vice-Président: M. le député.
M. Lalonde: Je remercie le député d'Iberville
d'avoir confirmé mes dires à l'effet qu'il avait voté
contre le gouvernement sur l'article 83. Ce qu'il cache, Mme le
Président, c'est l'injustice sociale que notre commission parlementaire
n'a pas réussi à éliminer de ce projet de loi,
malheureusement. Ce qu'il cache, c'est que tout le monde va être
appelé à payer le même montant et seulement
ceux qui font jusqu'à $18 000 par année de revenus vont
profiter au maximum de ce projet de loi. Ce qu'il cache, ce rapport, c'est que
les vieillards de 75 ans vont pouvoir profiter de ce projet de loi seulement
pour un an et celui qui aura un emploi de $18 000 pourra profiter d'un revenu
d'à peu près $250 par semaine, $12 000 par année, et, un
an après, parce qu'il est vieux, il devra être réduit
à $80 par semaine. C'est ce que ce projet de loi cache, Mme le
Président.
J'aurais besoin de plus de temps. Malheureusement, le règlement
et le désir du leader m'empêchent de continuer. Je pense
que...
M. Burns: Ce n'est pas le désir, c'est le
règlement.
M. Lalonde: ... le gouvernement porte une responsabilité
très grave à l'égard de la population en poursuivant son
désir de la bousculer avec ce projet de loi.
M. Raynauld: Mme le Président...
Mme le Vice-Président: M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: ... je propose la suspension du débat.
Mme le Vice-Président: Je vous accorde la parole sur le
débat, sauf que cette Assemblée...
M. Burns: Un instant, Mme le Président.
Mme le Vice-Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement.
M. Burns: Je présume que dès 20 heures le
député d'Outremont reprendra le débat à ce sujet,
étant donné que c'est lui qui a demandé la suspension du
débat. J'ai cependant un avis à donner à la Chambre.
J'avais mentionné ce matin qu'il était possible qu'au cours de la
journée il y ait sanction de projets de loi chez le
lieutenant-gouverneur. Cette sanction aura lieu dans la minute qui suit, de
sorte que, comme à l'accoutumée, je demande à chaque parti
de déléguer, ainsi qu'à la présidence, un
représentant pour la sanction de projets de loi. Il y en a quelques-uns,
en particulier le projet de loi no 102 que nous avons adopté ce matin,
qui seront sanctionnés par le lieutenant-gouverneur. Ils sont
disponibles pour fins de sanction.
Sur ce, Mme le Président, nous reprendrons nos travaux ce soir
à 20 heures.
Mme le Vice-Président: II est 18 heures, cette
Assemblée suspend ses travaux jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 h 7)
Reprise de la séance à 20 h 10
Le Vice-Président: A l'ordre, mesdames et messieurs!
M. le député d'Outremont vous aviez la parole.
M. André Raynauld
M. Raynauld: Merci, M. le Président. Le projet de loi qui
nous est soumis pour la troisième lecture est un projet de loi que,
quant à moi, je serai très heureux de voir adopté par le
gouvernement, parce que nous lui laisserons la responsabilité d'un
projet de loi qui est inacceptable. Comme je n'ai que dix minutes, M. le
Président, je vais essayer d'être très bref. Je dirai en
premier lieu que ce projet de loi est un symbole à haute teneur
idéologique destiné à favoriser les uns et destiné
à défavoriser brutalement les autres, au nom d'une caricature de
justice. Pour illustrer ceci, je dirai en quelques mots que les primes qui
seront exigées en vertu de ce régime constituent un impôt
régressif qui porte davantage sur les faibles revenus que sur les hauts
revenus et je dirai que les prestations, de l'autre côté, sont
également régressives, étant plus faibles pour les bas
revenus que pour les gros revenus.
Donc c'est un système doublement régressif. Je pense que
cela ne peut être autre chose qu'un déni de justice.
Deuxième point, le projet établit une régie d'Etat
qui accentue la mainmise de l'Etat sur la vie des citoyens et cela sans raison
d'équité, sans raison de coût, nous le verrons tout
à l'heure, sans raison non plus de services à la population, j'en
dirai un mot également.
Troisième point, le projet institue un régime sans
égard à la responsabilité pour les dommages corporels,
mais nous avons vu en commission parlementaire qu'étant donné
qu'on doive en vertu de ce régime normaliser à peu près
tous les cas individuels, il eût été fortement beaucoup
plus avantageux si, au-delà de ce régime sans égard
à la faute, on avait maintenu un régime de responsabilité
pour l'excédent. Cela n'enlevait absolument rien à la population
assurée et aurait permis de juger des cas au mérite plutôt
que de les juger en fonction de règlements.
Quatrième point, le projet est beaucoup plus coûteux que ce
que le gouvernement déclare. D'abord les frais d'administration sont
honteusement sous-estimés. Ensuite, les prestations ne sont pas du tout
ce qu'elles paraissent être, compte tenu des exceptions relatives aux
autres programmes des gouvernements.
A cet égard, les assurés ont un manque à gagner
certain, un manque à gagner que j'estime à $50 millions, pour
1978 seulement, dont $29,4 millions pour les rentes de survivants de la
Régie des rentes du Québec, $10 millions pour l'assurance-maladie
et $10 millions pour les rentes d'invalidité et de retraite de la
Régie des rentes du Québec. Ces exceptions violent le principe
même du projet de loi, c'est-à-dire qu'on compense pour des pertes
de revenus. Or, il suffit de penser une minute pour s'apercevoir que, si
quelqu'un travaille à 65
ans et qu'il a droit à une prestation de la Régie des
rentes et qu'il a un accident d'automobile, il perd le revenu qu'il aurait
gagné s'il avait continué à travailler. On lui supprime la
rente pour l'assurance automobile et on lui maintient sa rente ordinaire. Par
conséquent, il n'y a pas de compensation, à ce moment-là,
pour la perte de revenu et cela est absolument incontestable.
Enfin, le financement annoncé par le gouvernement est partiel,
incomplet. Le trésor perd, en réalité, $28,5 millions en
1978, seulement dans cette opération. Il perd, en fait, $21,5 millions
parce que la taxe sur l'essence devra être transférée au
Régime d'assuranoe automobile. Il perd également environ $7
millions pour la taxe sur les primes d'assurance. Au total, nous arrivons bien
aux $80 millions dont nous avons parlé à plusieurs reprises.
La seule possibilité pour le gouvernement de réduire ce
montant, c'est celle qu'on a évoquée au cours de nos travaux et
qui consiste dans l'aide sociale qui pourrait être réduite dans la
mesure où des gens seraient déjà compensés en vertu
du Régime d'assurance automobile. Rien n'est certain à cet
égard. On ne nous a fourni aucune estimation et, si le gouvernement
était si convaincu que ceci était un élément
déterminant, je pense qu'il l'aurait mentionné avant aujourd'hui.
Il ne l'a jamais mentionné.
Cinquième point: on enlève aux courtiers des services
qu'ils donnaient aujourd'hui, c'est-à-dire des services pour les
dommages corporels. Les services des courtiers sont importants aux yeux des
assurés puisque, jusqu'à maintenant, ils avaient le choix entre
recourir à des courtiers et, aux yeux du gouvernement, payer beaucoup
plus cher, ou avoir une assurance directe auprès de certaines
sociétés. Nous savons qu'ils ont choisi, dans des proportions de
80% et plus, de continuer à se faire servir par des courtiers. Je pense
donc que c'est un service réduit qui est maintenant offert à la
population.
Sixièmement: si les indemnités sont étendues
à un plus grand nombre de personnes, elles sont versées sous
forme de rentes et non plus sous forme de capital. On a refusé de donner
le choix aux assurés, en vertu du régime qu'on nous
présente. On aurait pu le faire, présenter un choix entre une
rente sur dix ans ou sur vingt ans et l'équivalent en capital. Mais non,
le gouvernement préfère dire qu'il faut que les gens soient
protégés, qu'ils soient sous la tutelle du gouvernement parce
qu'autrement ils pourraient dépenser ce capital de façon abusive
et se retrouver sur l'aide sociale. C'est ce qu'on nous a dit. C'est le respect
qu'a le gouvernement pour la population.
Septièmement, nous avons vu, au cours des travaux parlementaires,
que le gouvernement avait l'intention de nationaliser les entreprises
d'assurance. Il nous a présenté un amendement qui donnait le
pouvoir à la régie d'acheter de gré à gré ou
d'exproprier les entreprises, chose qu'il avait cachée, qu'il n'a pas
voulu discuter en principe, au moment de la deuxième lecture, article
qui a été retiré par le gouvernement parce qu'il n'a pas
été reçu, mais je suis sûr que le gouvernement y
reviendra et très bientôt. Je suis sûr qu'il y reviendra.
Par conséquent, on a bien raison de dire que si c'était seulement
le Parti québécois qui voulait nationaliser l'économie du
Québec, là maintenant c'est le gouvernement du Québec qui
entend le faire. J'entends encore des ministres, par exemple, en 1974, qui
disaient que le despotisme, c'était de ne pas s'occuper de la
minorité qui était dans l'Opposition. Dans le temps,
c'était 40% de la population; aujourd'hui, c'est 60% de la population et
vous riez de cette population.
M. Alfred: Allons donc, allons donc.
M. Raynauld: Huitièmement, on en arrive maintenant, dans
les deux derniers points que je voulais soulever, vraiment à
l'improvisation, au travail d'amateur qui a été fait pour la
préparation de ce projet de loi. Par exemple, une chose plutôt
importante, à l'article 27 de ce projet de loi, on a l'impression que
les prestations qui seront versées sur l'assurance automobile ne seront
pas imposables. On a cette impression parce que cela n'est pas dit. Or, ces
prestations sont imposables en vertu des lois sur l'impôt sur le revenu;
elles sont imposables également en vertu des lois
fédérales et, à ma connaissance, le gouvernement
provincial n'a pas encore le pouvoir de changer les lois
fédérales...
M. Paquette: Pourquoi?
M. Raynauld: Si cela n'est pas mis dans la loi...
M. Paquette: C'est pour cela qu'on ne l'a pas mis dans la
loi.
M. Raynauld: ... à ce moment-là, vous avez une
double imposition dans cette loi, parce que vous réduisez le $18 000 du
montant des impôts versés et vous n'êtes pas sûr si
les prestations ne seront pas taxées. Et, à ce moment-là,
ce sont les gens qui auront été taxés deux fois
plutôt qu'une fois. Et on appelle cela de la justice sociale.
Enfin, sur le neuvième point, je pense que l'improvisation a
également été visible tout le long de nos travaux
où le gouvernement apportait des amendements à la dernière
minute. Sur certains articles, on a apporté trois amendements, de
semaine en semaine, de jour en jour. On a apporté des amendements,
même, qu'on n'a pas pu discuter à la commission parlementaire et
qui n'étaient même pas déposés en commission
parlementaire. On les apporte en troisième lecture parce qu'on n'a pas
pu y penser à temps, on n'avait pas préparé ce projet de
loi.
Enfin, mon dernier point sera la conclusion de mon exposé et sera
très simple.
Je demande au gouvernement, pour le bien de la population du
Québec, de retirer ce projet de loi parce qu'il n'est pas prêt de
le retirer, le gouvernement a encore le temps, il le rapportera lorsqu'il sera
prêt, lorsqu'il saura quelles sont les consé-
quences de ce projet de loi. Je le dis non pas pour le gouvernement,
parce que ce n'est pas le gouvernement que je veux aider en disant cela, je
veux aider la population du Québec. Cette dernière aurait besoin
de savoir quelle sorte de régime on va apporter avant de l'adopter. Je
pense qu'elle avait droit, aussi, à ce que ses représentants
puissent en discuter les articles les uns après les autres sans se faire
imposer un bâillon à peu près trois semaines après
le début des travaux. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président: Mme le ministre des Consommateurs,
Coopératives et Institutions financières.
Mme Lise Payette
Mme Payette: Vous me permettrez, M. le Président, de
prendre quelques minutes seulement pour tenir des propos aussi sensés
que possible après tout ce que j'ai entendu de nouveau aujourd'hui, dans
cette noble enceinte. J'en suis arrivée au point où je n'ai
pratiquement plus envie de répondre au d'argumenter. J'en suis
arrivée au point où je considère qu'il est pratiquement
inutile de tenter de faire entendre raison à ceux qui ont refusé
systématiquement d'entendre.
Pendant 20 ans de ma vie, M. le Président, j'ai exercé un
métier fait essentiellement de paroles où il aurait
été impossible de survivre en exerçant ce métier
sans avoir le respect des propos tenus et sans être sûre des choses
avancées. J'ai beaucoup de mal et ce n'est pas la première
fois que j'en fais part à la présidence à m
habituer à la déformation parlementaire qui fait qu'on peut dire
n'importe quoi, n'importe comment avec la bénédiction de ceux qui
tiennent à ce que le charriage, le mensonge et l'injure puissent
s'exprimer librement en cette Chambre.
Contrairement à ce qui a été dit, les amendements
déposés vendredi matin par le gouvernement sont ceux qui furent
déposés le 16 novembre 1977 et qui n'ont pas été
étudiés en commission parlementaire.
Les quelques amendements supplémentaires touchent la taxe sur les
carburants, qui n'était un secret pour personne, les courtiers quant au
droit donné à la régie de conclure une entente avec eux ou
n'importe quel autre organisme pouvant servir d'intermédiaire
après l'accident auprès des assurés et un autre amendement
qui tend à diminuer l'amende minimale de $500 au courtier qui ne
dévoile pas sa commission et qui soumet les courtiers au régime
général, c'est-à-dire à une amende de zéro
à $1000. Les autres articles, M. le Président, les autres
amendements sont exclusivement de concordance.
Le charriage, il est du côté de l'Opposition qui, elle,
présente une série d'amendements et qui après avoir
réclamé, prétend-elle, pendant des siècles et des
siècles le coût du régime et la tarification de ce
régime, dépose une série d'amendements qui totaliseraient
dans leur ensemble, si on devait additionner le coût des amendements de
l'Opposition officielle, de l'Union Nationale et du député de
Beauce-Sud, $129,6 millions à ajouter au coût du régime, ce
qui voudrait dire $45 de plus par plaque d'immatriculation qui passerait, par
la même occasion, M. le Président, de $85 à $130.
L'Union Nationale a demandé également, ainsi que le
député de Beauce-Sud, de faire passer l'assurance obligatoire
pour dommages matériels de $50 000 à $100 000 comme minimum
obligatoire. Ceci donnerait comme résultat d'augmenter le coût
total de l'assurance de $8,1 millions à être payés par les
assurés aux compagnies d'assurances.
Il est vrai, M. le Président, que la présidence a
refusé un amendement présenté par le gouvernement en
commission parlementaire sous prétexte qu'à cause d'un doute dans
l'esprit de la présidence, on pouvait s'interroger à savoir s'il
s'agissait d'un principe nouveau qui était introduit. J'ai bien dit
qu'il ne fallait pas voir là une manoeuvre, mais une maladresse
législative puisque cette intention du gouvernement était connue,
qu'elle reste connue et qu'effectivement, comme vient de le dire le
député d'Outremont, nous avons l'intention de revenir devant
cette Chambre avec un autre projet de loi afin de permettre à la
Régie de l'assurance automobile de faire de la concurrence loyale aux
entreprises privées.
Je voudrais, M. le Président, en profiter pour remercier la
présidence de sa sagesse et vous dire combien celui qui vous
représentait dans cette commission a été à la
hauteur de la situation, malgré le climat souvent
désagréable et souvent difficile à vivre qu'ont entretenu
les participants de cette commission. Ce que l'Opposition a oublié de
dire, c'est que, si le gouvernement a vu de ses amendements jugés
irrecevables par la présidence, au moins six ou sept venant de
l'Opposition ont également été jugés irrecevables
par la présidence, parce qu'ils tentaient de réintroduire le
droit de recours qui, lui c'était précis et il ne pouvait
y avoir aucun doute dans l'esprit de qui que ce soit avait bien
été abandonné suite à la deuxième lecture
devant cette Chambre.
On a beaucoup pleuré sur le sort des courtiers. Je voudrais vous
dire, pour ma part, que la dernière demande faite par le
député de Beauce-Sud me paraît encore irrecevable au moment
où on se parle. Ce qu'on demande au gouvernement, c'est de
reconnaître maintenant, sans avoir encore les véritables chiffres
en main, que le pourcentage qui a été reçu par les
courtiers suite à la vente de polices d'assurance devrait être
considéré dès maintenant comme acquis. J'ai besoin de
savoir, comme ministre des Consommateurs c'est ce à quoi faisait
allusion le député de Marguerite-Bourgeoys, de façon fort
malveillante quelle est la partie de ce pourcentage qui est
déjà investie, qui est déjà dépensée,
de la part des courtiers. Ce n'est qu'à la suite de la connaissance de
ces chiffres que je pourrai dire si, oui ou non, une somme est due aux
consommateurs du Québec et, si tel était le cas, je puis vous
assurer que je ferai en sorte que cette somme soit rendue à qui elle
appartient. Merci, M. le Président.
M. Burns: M. le Président, j'imagine que ce rapport...
M. Giasson: M. le Président... M. Burns: Oui.
M. Giasson: ... qu'il me soit permis peut-être de dire
quelques mots.
Une Voix: II n'y a pas de droit de réplique là.
M. Burns: Bien oui.
Le Vice-Président: Le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Julien Giasson
M. Giasson: M. le Président, nous sommes au moment de la
prise en considération du rapport qui émane de la commission
parlementaire qui a bien voulu étudier, article par article, le projet
de loi no 67. Vous accepterez sans doute, M. le Président, au
début de mes propos, comme l'ont fait d'ailleurs quelques-uns des
opinants qui m'ont précédé, que je porte à votre
attention la qualité du travail qu'a fourni celui qui a eu à
présider aux séances de notre commission. Effectivement, ce fut
presque toujours le député de Vanier qui a agi comme
président de la commission parlementaire et j'ai été
à même de juger avec quel brio le mot n'est pas trop fort,
M. le Président il a tenté d'assumer les
responsabilités qui étaient siennes dans le mandat de
président de cette commission. Je crois qu'il est indiqué de le
signaler et de le remercier pour la qualité du travail qu'il a voulu
maintenir tout au long des travaux.
Il s'est dit beaucoup de choses sur le projet de loi no 67, même
s'il est non seulement permis mais certain de croire qu'il y aurait eu encore
des choses à dire pour différentes raisons. Les uns diront qu'il
y a eu de l'obstruction et que cela a gaspillé, mal utilisé le
temps de la commission, c'est possible. Mais il y aurait certainement eu
nécessité, devant l'envergure du projet de loi qui nous est
présenté, d'éviter pour au moins quinze jours
l'application d'une motion spéciale qui a fait en sorte d'empêcher
un débat de fond, un débat véritable sur tous les articles
de ce projet de loi.
C'est le gouvernement lui-même qui reconnaît toute
l'importance que représente cette loi. C'est le gouvernement qui croit
que la mise en application de la loi 67 va répondre à l'un des
engagements que ce gouvernement a pris comme parti politique face à la
population du Québec, soit l'engagement d'apporter des transformations
fondamentales au régime d'assurance automobile chez nous.
En fonction de l'importance que tout le monde en cette Chambre
reconnaît au projet de loi qui fait l'objet de nos débats, en
dépit de cette situation de fin de session, en dépit des limites
qui, je le reconnais, étaient nécessaires dans le temps en vue
d'atteindre l'objectif recherché par le gouvernement, soit la mise en
vigueur de tous les mécanismes en cause pour le 1er mars, je continue de
croire qu'on aurait dû continuer à étudier le projet de
loi. Il aurait peut-être fallu travailler à la période des
Fêtes, entre Noël et le jour de l'An et dans les jours qui auraient
suivi le début de l'année. Le gouvernement devait, non seulement
à l'Opposition mais à lui-même, de permettre à la
commission parlementaire d'aller au bout d'une discussion totale touchant tous
les articles et de permettre ce qui était un débat de fond sur
chacun des articles, tout au moins des articles les plus fondamentaux à
l'intérieur de la loi.
Est-il nécessaire de rappeler que toutes les personnes que j'ai
entendues dans cette Chambre se sont dites d'accord pour les grands principes
de la réforme? Il y a eu des désaccords profonds, que l'on
connaît, sur les moyens qu'on utilise pour mettre cette réforme en
oeuvre. Sur les moyens oui, M. le Président, il faut reconnaître
des désaccords extrêmes. Mais, pour ce qui est de l'objet de la
réforme, des grands principes, de la transformation, de l'administration
d'un régime d'indemnisation face aux blessures corporelles, je connais
peu de gens qui m'aient indiqué, dans une discussion la moindrement
soutenue, qu'ils n'étaient pas fondamentalement d'accord avec le
principe de l'universalité du régime, soit l'obligation pour tout
propriétaire de véhicule de détenir une garantie à
l'endroit des victimes qui pourraient être impliquées dans des
accidents d'automobile ou à l'endroit d'autres personnes qui pouvaient
subir des dommages matériels au cours d'accidents.
Vis-à-vis du principe d'indemniser toutes les victimes sans
égard à la faute, là encore on peut dire que, s'il n'y a
pas unanimité sur les moyens, il y a unanimité sur la forme. Les
uns auraient préféré qu'on instaure un régime ou
une sécurité de base, une couverture de base qui s'appliquerait
automatiquement sans tenir compte de la responsabilité à la suite
d'un accident, quitte à permettre, au-delà de cette somme payable
en ne tenant pas compte de la responsabilité, d'avoir cette
capacité d'être capable de recouvrer au-delà d'une somme
donnée.
D'autres ont soutenu une thèse qui allait fondamentalement dans
le sens de toutes les recommandations sur lesquelles avait
débouché le comité d'étude sur l'assurance
automobile, qu'on a désigné communément sous le nom de
Gauvin.
Pour ma part, je l'aidéjà indiqué lors du discours
de deuxième lecture, je crois. Quant à cette pièce que
nous sert le gouvernement en vertu de laquelle l'Etat devient le seul
maître absolu en ce qui a trait à l'indemnisation des blessures
corporelles, j'aurais préféré, et je le
répète, comme il m'a été possible de l'indiquer
lors du discours de deuxième lecture, qu'on débouche sur les
recommandations du comité Gauvin. Il était possible, dans une
réforme donnée du régime de l'assurance automobile,
d'atteindre tous les faits que la loi 67 va pouvoir atteindre et nous aurions
fait cela à l'intérieur d'un système où il n'y
aurait pas eu de situation monopolistique, un système où nous
n'aurions pas assisté à un état de fait où
l'Etat
était absolument constitué en monopole. Il ne faut pas
avoir peur des mots, c'est la réalité, où l'Etat devient
constitué en monopole pour accorder une indemnisation en matière
de dommages corporels.
Si nous avions permis à l'industrie privée de s'adapter et
s'ajuster de façon absolue à toutes les recommandations du
comité Gauvin, nous aurions atteint les mêmes fins et nous aurions
procédé plus rapidement dans la transformation ou le
réaménagement des mécanismes d'indemnisation des dommages
matériels et de paiement des pertes subies par l'automobiliste sur son
propre véhicule.
On nous dit que la partie qu'on laisse entre les mains de l'entreprise
privée, soit la responsabilité pour dommages matériels,
comme les couvertures qui vont s'appliquer aux véhicules devra
également faire l'objet de changements dans les façons de
procéder pour donner suite aux réclamations.
Si le rapport du comité Gauvin avait été le
mécanisme utilisé pour procéder à la réforme
de l'assurance, nous pourrions immédiatement constater que l'industrie
privée aurait mis en application toutes ses réformes. Pour ma
part, je demeure très perplexe devant les difficultés que vont
rencontrer certaines catégories de propriétaires de
véhicules moteurs dans l'application de la présente loi. J'ai
à l'esprit ceux qui sont propriétaires de motocyclettes et qui
devront circuler, comme cela se fait de plus en plus de nos jours, en dehors
des chemins publics.
Nous avons également le phénomène qui va
s'appliquer à l'endroit des propriétaires de moto-neiges. La
situation que devront vivre les producteurs agricoles, puisqu'en dehors des
voies publiques, tout véhicule motorisé de ferme aura un
traitement totalement différent lorsqu'il sera impliqué dans un
accident ou qu'il sera la cause de blessures corporelles en dehors des chemins
publics. Il devient assez évident que les propriétaires des
véhicules que je viens d'énumérer ce sera
également la même situation pour les propriétaires de
véhicules d'équipements, qui auront à utiliser des
véhicules moteurs en dehors de chemins publics sur des
propriétés privées qui sont le moindrement prudents
devront s'arrêter et songer quels sont les mécanismes ou les
moyens de sécurité personnels qu'ils devront se donner comme
propriétaires des véhicules que je viens de nommer pour
être certains de ne pas être assis entre deux chaises et
d'être en mesure de ne pas engager la totalité de leurs biens dans
un accident qui se produirait dans des circonstances qui sont clairement et
assurément excluses de notre loi.
Le Vice-Président: M. le député de
Montmagny-L'Islet, vous avez déjà dépassé votre
temps.
M. Giasson: Pas déjà, M. le Président!
Le Vice-Préudent: Je vous prierais de conclure.
M. Giasson: Vous me permettrez, M. le Prési- dent,
d'ajouter ceci avant de terminer: Pour moi, j'ai tenté, même si,
par ma profession antérieure à ma venue en politique, j'ai
été drôlement impliqué dans le secteur des
assurances, de toujours prendre connaissance et d'évaluer à
tête froide l'implication de chacun des articles sur lesquels nous avons
mené un débat, en tentant de supputer, de découvrir et de
prévoir exactement quelles seraient les conséquences de
l'application de notre loi.
Le Vice-Président: M. le député de
Montmagny-L'Islet, s'il vous plaît,
M. Giasson: Oui, M. le Président.
Le Vice-Président: C'est un débat restreint suivant
l'article 123.
M. Giasson: Je l'ai fait en voulant éviter tout
chauvinisme. Je l'ai fait comme j'ai tenté de travailler de 1955
à 1970, en étant toujours le plus objectif possible avec cette
clientèle nombreuse que j'ai développée, en tentant de
toujours dire dire la vérité à ces gens, parce que je
considérais que c'était la seule façon professionnelle de
travailler avec eux. Veuillez croire qu'à la longue j'ai
réalisé que c'était vraiment rentable.
J'aurais eu encore des commentaires, M. le Président, mais,
puisque vous me limitez dans le temps, je m'arrête Idessus.
Le Vice-Président: Non, c'est le règlement qui vous
limite dans le temps.
M. Giasson: Oui, M. le Président, je m'arrête sur
ces mots. Encore une fois, je veux déplorer que nous n'ayons pas eu la
possibilité de par la volonté du leader d'étudier tous ces
articles les uns après les autres afin d'aller au fond d'un
véritable débat.
Le Vice-Président: M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: Les applaudissements ne sont pas nombreux. Si je
t'embrasse mon enfant, c'est pour mieux t'étouffer.
Le Vice-Président: A l'ordre, à l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Mégantic-Compton, cela ne
sera pas compté dans le temps que vous utiliserez. Je vous prierais,
cependant, de vous en tenir au temps qui vous est imparti par le
règlement.
M. Fernand Grenier
M. Grenier: Très très brièvement,
d'ailleurs, M. le Président. Je n'utiliserai pas tout mon temps, je peux
vous l'assurer. Dans cette prise en considération du rapport, je
voudrais bien également, pour les quelques apparitions que j'ai faites
à la commission puisque notre porte-parole officiel était le
député de Nicolet-Yamaska, vous dire que
j'ai également été heureux de constater avec quel
brio le président s'acquittait de son travail. Je pense que c'est
peut-être une continuation de la présidence en Chambre quand on
connaît vos talents pour diriger cette Chambre et ceux du
député de Vanier. On constate que votre préparation de
base vous a servis que votre passage dans un autre parti vous a
étrangement bien servis. C'est chez vous, M. le Président, comme
chez le président de la commission, ce sens humain que nous
détectons dans notre parti.
Le Vice-Président: A l'ordre! La pertinence du
débat, s'il vous plaît.
M. Grenier: Ce sens humain que nous recherchons aura largement
contribué au dépôt du rapport que nous avons ce soir afin
qu'il ait certains consensus au niveau de cette commission. Rares
étaient-ils, mais il y en avait quand même certains.
Je constate également, avec cette prise en considération
du rapport que le gouvernement, a tendance à entrer de lui-même
dans un étau, pour, ensuite, tenter de s'en sortir par certains bons
moyens, mais en essayant d'expédier des projets de loi à la
hâte. La mise en marche de ce projet de loi, qui doit se faire maintenant
dans quelques semaines, ce n'est pas nous qui l'avons demandée. Je me
rappelle, à ce moment-là, l'étude de la loi 101 où
le ministre lui-même il avait été
dénoncé en Chambre avec assez de vigilance par le
député de L'Acadie et de notre côté également
avait présumé des ententes avec des commissions scolaires
et, ensuite il fallait justifier cela par l'adoption de la loi même si on
était rendu à la fin de l'été et qu'on sentait
cette opposition qui s'est battue pendant cinq ou six ans pour dire que des
vacances, il fallait avoir cela en même temps que nos enfants. On
s'était embarqué, on avait entré le projet de loi dans
l'engrenage; il fallait en sortir avant la fin de l'été à
cause de la rentrée des classes au mois de septembre.
On fait face à un autre projet de loi sur l'assurance; encore une
fois, il s'agit d'une étude qui bouleverse en profondeur, il faut
l'admettre, le peuple du Québec.
Je pense que le gouvernement ne dit pas le contraire non plus, c'est un
changement en profondeur. Encore une fois, on nous a lancés dans
l'engrenage et il faut que cela sorte au bout, il faut qu'il y ait de la
production au bout. Comme on l'a signalé, tout à l'heure, le
député de Montmagny-L'Islet, cela nous a obligés à
mettre de côté la très grande majorité des articles
qui n'ont pas pu être étudiés.
Le député de Nicolet-Yamaska, qui nous a rencontrés
en caucus, qui nous a tenus au courant de l'évolution de cette loi, des
amendements qui y étaient apportés, avec le temps qu'on pouvait
donner à leur étude, nous a permis de douter de plusieurs points.
Je n'aurai pas l'occasion d'entrer dans les détails de ces points
puisque nous y reviendrons à l'étude de la troisième
lecture. Je comprenais très bien le ministre tout à l'heure de se
dire à peu près plus intéressée à
répondre aux questions de l'Opposition. Je comprends qu'humainement
c'est difficile. Je sais que le ministre actuel a fait ses tournées dans
la province pendant quelques semaines si ce n'est pas pendant quelques mois.
Cette loi a été déposée, nous avons entendu, sur le
livre vert, bleu ou blanc je ne me souviens plus de quelle couleur
plusieurs mémoires, une étude qui a été
longue, et ce projet de loi a enfin commencé à être
étudié article par article. Humainement parlant, c'est long pour
un ministre, je dois vous dire cela. Surtout, quand on a affaire à un
ministre qui a l'habitude de monologuer depuis une vingtaine d'années,
comme elle l'a dit tout à l'heure, être obligée de
dialoguer, c'est une toute nouvelle formation. Cela devient difficile, je le
comprends. Ce n'est pas un reproche que je lui fais, pris dans la même
situation, je réagirais probablement de la même façon.
M. le Président, j'ai entendu tout à l'heure le ministre
pendant le temps qui lui était alloué traiter
l'Opposition de charriage, de malveillance. Je ne me suis pas servi de ces
termes et je voudrais bien que le député de Papineau ne se serve
pas des termes dont s'est servi le ministre tout à l'heure. Je pense que
j'ai été d'un silence qui se faisait entendre, si vous me passez
l'expression. Je ne demande pas au député de Papineau de me
comprendre mais de m'entendre, au moins.
Il y a des points qui sont loin d'être clairs, et nous aurons
l'occasion de poser plusieurs questions au ministre à l'occasion de la
troisième lecture. On a adopté trois ou quatre projets de loi qui
sont importants, d'après moi. Je considère que la loi du
référendum, il y a un bon cheminement de fait dedans, cela a
été un projet de loi important au Québec. La loi 101 en a
été un important. On se prépare à voter un projet
de loi important qui change les moeurs du Québec. On ne joue pas avec
les coutumes d'un peuple ainsi, parce que cela provoque des remous. Cela a
coûté la vie à au moins deux gouvernements pour avoir
amené des changements trop brusques en éducation, et nous en
avons été témoins, M. le Président; les deux partis
dont je fais mention ont été témoins de ces
bouleversements en éducation qui étaient peut être trop
rapides. On ne joue pas ainsi avec les moeurs des gens, et vous savez comme moi
que les parties sensibles chez les personnes sont la foi, la langue et les
moeurs, et on joue ici avec les habitudes des gens qui sont fort
différentes de ce qu'on propose là; c'est pénible et cela
touche toutes les couches de la société, tous les gens. A
plusieurs reprises, lors de l'étude de la loi des
référendums... M. le Président, demandez donc qu'ils
finissent leur pique-nique, du côté des PQ, et on continuera
après!
Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît! Ce
n'est pas le député de Mégantic-Compton que je rappelle
à l'ordre, ce sont les autres députés qui
m'empêchent d'écouter, de comprendre et même d'entendre. Je
comprends que c'est le soir, mais nous en avons pour quelques heures encore. Je
pense que tous sont intéressés à entendre M. le
député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: M. le Président, il est clair qu'une loi de ce
genre qui arrive à la toute fin d'une session prend les gens par la
fatigue d'abord. Ce n'est pas nouveau, je ne vous le cache pas, l'Union
Nationale l'a fait, le Parti libéral l'a fait et le PQ fait la
même chose. Quand ie député de Johnson dit: Other days,
other ways, je dis qu'il y a une petite erreur là-dedans, c'est: Other
days, same ways. C'est exactement la même chose: on arrive avec un projet
de loi qu'on passe à la vapeur.
Mme le ministre disait tout à l'heure qu'elle était rendue
au point qu'elle était de moins en moins tentée de
répondre aux questions de l'Opposition. Je la comprends. Humainement,
c'est difficile. Mais il reste que, nous aussi de l'Opposition, on peut manquer
d'arguments lorsqu'on arrive à la veille de Noël et, comme
stratégie, ce n'est peut-être pas mauvais pour un gouvernement
d'arriver avec une loi de cette envergure. On peut s'en garder une autre
d'aussi grande envergure pour la fin du mois de juin quand on arrivera à
la période des vacances.
Ce n'est peut-être pas mauvais, mais il serait peut-être bon
qu'on arrête de dire qu'on ne veut pas faire ce que les anciens
gouvernements ont fait. Cela deviendra moins crédible. M. le
Président, on parle de crédibilité pour un gouvernement
qui amène des lois de cette envergure. Les media d'information peuvent
être sensibles, la première année, à un gouvernement
qui se dit fort différent des autres. Mais, quand on constatera qu'un
document aussi important est déposé et que l'on n'a pas le temps
de faire l'étude d'au moins le tiers des articles de la loi, là
les media répéteront, je les entends déjà, il me
semble: "Other days, same ways".
Le ministre et le gouvernement peuvent bien penser faire croire que
l'Opposition se range du côté des avocats ou des assureurs. Comme
j'ai eu l'occasion de le dire à l'extérieur de cette Chambre,
tant et aussi longtemps que ce sont les avocats qui disent que la loi n'est pas
bonne ou que ce sont les assureurs, cela peut bien nous laisser un peu "mollo".
Mais ce sont les assurés qui se plaignent, M. le Président. Ce
sont les assurés, c'est l'Opposition qui représente en Chambre
60% du peuple québécois. Et cela a été, pour une
assez longue durée, les députés ministériels qui se
sont plaints également.
Cette loi, M. le Président, sera adoptée. Le gouvernement
a sa majorité. Je ne suis pas sûr, si cela avait été
un gouvernement minoritaire, qu'on n'aurait pas réussi à faire
accepter plusieurs amendements. Le gouvernement est majoritaire, gouvernement
qui n'a pas d'expérience publique encore, gouvernement qui se mordra
peut-être les pouces dans peu de temps. L'électeur a le bras long.
C'est tout ce qu'il nous reste à lui faire à partir de
maintenant. Et on ne fera pas de "filibuster", "filibustère" comme on
dirait en face. On n'en aura pas. On va exprimer les derniers voeux de
l'Opposition pendant cette étude du dépôt du rapport et,
pendant la troisième lecture, les derniers voeux qu'on peut exprimer,
nous allons les faire. On n'ira pas plus loin que cela. De notre
côté, il n'y aura pas de "filibuster ", vous pouvez être
sûrs de cela. Le gouvernement portera, ce qu'on dit en toute
dernière minute, l'odieux de la loi. Mais j'ai rarement vu une loi faire
un pareil consensus de l'Opposition. Si c'était un vote libre, je ne
suis pas sûr, M. le Président, qu'il n'arriverait pas ce qui est
déjà arrivé dans notre parti quand on a voulu augmenter le
salaire des juges; il y avait la moitié des députés qui
sortaient pour être polis pour ne pas voter en Chambre.
Je ne suis pas sûr que ce n'est pas cela qui arriverait du
côté ministériel. Je ne vais pas plus loin, ce soir, je
reviendrai pour quelques mots sur des sujets bien précis en
troisième lecture. J'aurais aimé cela que ce gouvernement qui est
à l'écoute de la population continue l'étude de ce projet
de loi. On veut apporter des changements, l'Opposition est d'accord pour
apporter certains changements dans le secteur, et vous le savez, M. le
Président. Le député de Vanier est bien au courant pour
nous avoir aidés à apporter à notre programme
électoral plusieurs points qui se rapprochaient de ce projet de loi.
Lors de l'élection de 1973, le député de Vanier nous a
aidés à préparer notre programme. Il y a plusieurs points
que l'Union Nationale aurait voulu apporter; c'est sans doute la même
chose du côté libéral. Mais, d'une façon aussi
radicale, je pense que cela ne pressait pas du côté du
gouvernement.
Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît! Vous
aussi, vous avez dépassé votre temps. Je vous prierais de
terminer.
M. Grenier: Vous me savez fidèle à vos directives,
compréhensif.
Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît! Un
instant. Est-ce que M. le député de Vanier...
M. Grenier: II fera une rectification, ce n'est pas 1973, c'est
1970.
Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Bertrand: M. le Président, question de
privilège, très brièvement.
Le Vice-Président: Question de privilège.
M. Bertrand: Je voudrais préciser, pour que ce soit
très clair, que ce n'était pas en 1973, année où
j'ai milité activement durant la campagne électorale pour le
Parti québécois, mais bien en 1970 que j'avais participé
à la préparation du programme de l'Union Nationale et au chapitre
constitutionnel.
Le Vice-Président: A l'ordre! M. le député
de Vanier, je me demande même si vous étiez à votre
fauteuil. Deuxièmement, ce n'était pas une question de
privilège. Si vous aviez fait un discours, ce serait peut-être une
question en vertu de l'article 96. Oui, mais il faut le faire selon les
règlements. A l'ordre! M. le député de
Mégantic-Compton! Est-ce
que je pourrais demander plus que de la collaboration de la part des
parlementaires, la patience de tous?
Chacun a le droit d'exprimer ses opinions en cette Assemblée.
C'est la règle. M. le député de Mégantic-Compton,
si vous voulez bien terminer, s'il vous plaît.
M. Grenier: Oui, M. le Président. Je m'excuse
auprès du député de Vanier. Il est bien sûr qu'en
1973 on n'intéressait pas beaucoup de monde à notre formation
politique quand on avait 4% des voix. C'est plus intéressant de
travailler pour le programme d'un parti qui a 17 députés et qui a
des chances de se faire réélire. Cependant, cela prend du monde
qui a pas mal d'audace pour continuer de se battre dans un parti qui n'a que
4%. J'étais de ceux-là, M. le Président.
Cela a réussi, cela a amené des... Je termine quand
même.
M. Burns: Bravo!
M. Grenier: M. Parizeau...
Le Vice-Président: A l'ordre! Veuillez terminer, s'il vous
plaît, sur le sujet.
M. Grenier: Je termine, M. le Président, pour vous dire
que j'avais espérance que le gouvernement ne retire pas son projet de
loi, je n'irais pas jusque-là, mais le mette au frigidaire pour quelques
mois, le mette en réserve pour quelques mois et laisse le temps de voir
afin qu'il y ait moins de points imprécis. On va préciser des
choses et pas mal de choses dedans. On va rendre service au ministre puis on va
rendre service au gouvernement.
Le député de Frontenac me regarde, cela peut lui
coûter plusieurs votes dans son comté. On va l'étudier de
plus près ce projet de loi. Je suis convaincu que cela va
énormément servir, parce que je ne voudrais pas qu'avec un projet
de loi comme cela on se défasse d'un gouvernement aussi rapidement que
c'est arrivé pour d'autres. Je voudrais qu'il en reste quelques-uns au
moins pour garder la graine.
Le Vice-Président: Est-ce que nous votons sur la
réception de ce rapport?
M. le leader parlementaire du gouvernement.
M. Burns: M. le Président, je ne sais pas si on veut
à l'Assemblée nationale avoir un vote enregistré. Si tel
était le cas, je vous demanderais, en vertu des dispositions du
règlement sessionnel, que le vote soit remis à demain matin.
Le Vice-Président: II y a une demande pour qu'en vertu du
règlement sessionnel, qui est encore en vigueur, ce soit un vote qui
soit remis à la prochaine séance.
M. Lavoie: Un instant, là.
Le Vice-Président: D'accord, M. le leader parlementaire du
gouvernement.
M. Burns: M. le Président, c'est sur demande du leader du
gouvernement. Je pense que le président peut ordonner cela. Vous venez
de l'ordonner.
Le Vice-Président: Oui. Cela a toujours été
accordé.
M. Grenier: On veut être sûr que ce soit un vote
enregistré pour demain.
M. Lavoie: II y a la troisième lecture demain aussi, il
faut que vous y pensiez.
M. Burns: Oui, je pense que oui. M. Lavoie: Lisez votre
règlement.
M. Burns: C'est un vote qui est fait pour aujourd'hui et il est
tout simplement enregistré demain. Cela ne me fait rien, on reviendra
plus tard, ce n'est pas grave.
Le Vice-Président: Je vous en prie, ne demandez pas de
directive là-dessus.
Projet de loi no 21
M. Burns: M. le Président, je vous demanderais d'appeler
l'article 2) relativement au projet de loi no 21. Il s'agit du projet de loi no
21, Loi modifiant la Loi des agents de voyages. Avant que le ministre du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche...
Le Vice-Président: M. le leader parlementaire, est-ce que
vous voulez faire un discours à la place du ministre ou avant?
Révocation de la troisième
lecture
M. Burns: Non, M. le Président. Vous allez voir que c'est
plein de bon sens ce que j'avais à faire. Je m'excuse, c'est parce que
j'avais un bonbon dans la bouche et cela m'empêchait de dire clairement
et carrément ce que j'avais à vous dire.
M. le Président, je disais donc qu'en appelant cet article 2), il
est possible que nous ayons à révoquer l'ordre de
troisième lecture pour un léger amendement que le ministre du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche pourrait faire à son projet
de loi. En conséquence, je vous demanderais dans un premier mouvement
d'appeler l'article 2) tout en vous annonçant qu'éventuellement
je vais demander la révocation de l'ordre de troisième
lecture.
Le Vice-Président: Merci. Remarquez, M. le leader
parlementaire, que je préfère que vous ayez un bon mot dans la
bouche plutôt qu'un bonbon.
M. le ministre du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche propose
donc la troisième lecture du projet de loi no 21, Loi modifiant la Loi
des agents de voyages.
Une Voix: Ce n'est pas cela.
Le Vice-Président: On m'a demandé d'appeler
l'article 2.
M. Burns: J'appelle l'article 2); donc, le ministre propose la
troisième lecture.
Le Vice-Président: C'est cela.
M. Burns: Sur ce, M. le Président, vous avez parfaitement
raison, je propose la révocation de l'ordre de troisième lecture
pour la raison mentionnée tout à l'heure, c'est-à-dire que
nous aurions un léger amendement à proposer au nom du ministre du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche. Si cet ordre est accepté,
nous pourrions revenir en commission plénière pour adopter cet
amendement.
Le Vice-Président: M. le leader parlementaire de
l'Opposition officielle.
M. Lavoie: Dans le respect du règlement, étant
donné que le ministre du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche est
majeur et capable de le faire, je crois qu'il devrait faire cette motion,
puisqu'on dit: Avant le vote de troisième lecture, celui qui a
présenté un projet de loi peut proposer, par une motion non
annoncée, qu'il soit renvoyé en commission
plénière". J'ai une question de privilège pour le ministre
du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche. Je crois que ce serait à
lui de faire cette motion.
M. Burns: M. le Président, si cela peut aider aux travaux
de la Chambre, je sais que le député ne se sentait pas bien
aujourd'hui. D'ailleurs, je suis content de voir qu'il est mieux
maintenant.
M. Gratton: II va être malade bientôt.
M. Burns: Si vous voulez que ce soit fait par le ministre...
M. Lavoie: A vous regarder, je suis chanceux de ne pas être
plus malade que cela.
Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
Messieurs, à l'ordre! J'ai bien reconnu le leader parlementaire du
gouvernement qui a appelé l'article 2). Comme j'ai déjà
souligné que c'était à M. le leader parlementaire du
gouvernement d'appeler les articles...
M. Burns: C'est parce que d'habitude, M. le
Président...
Le Vice-Président:... comme serviteur de cette
Assemblée, je me suis rendu à sa demande.
M. Burns: C'est cela.
Le Vice-Président: Mais je demanderais, suite à ce
qu'a dit le leader parlementaire et comme l'a indiqué, avec beaucoup
d'expérience, le leader parlementaire de l'Opposition officielle, que M.
le ministre veuille bien faire sa motion de révocation.
M. Duhaime: M. le Président, je fais motion pour
révoquer l'ordre de l'Assemblée nationale afin que nous revenions
en commission plénière. Je vous prierais bien respectueusement et
profondément de bien vouloir quitter votre siège.
Le Vice-Président: Cette motion sert-elle adoptée,
s'il vous plaît?
M. Le Moignan: Adopté.
Le Vice-Président: Est-ce que vous avez quatre
collègues qui demandent un vote enregistré? Alors, motion
adoptée.
M. Le Moignan: Adopté.
Le Vice-Président: Alors, on demande au
président..
M. Burns: M. le Président, je vous demanderais quand
même, étant majeur également, que vous quittiez votre
siège et que l'Assemblée nationale se transforme en commission
plénière.
Commission plénière
Le Président (Mme Cuerrier): L'Assemblée s'est
formée en commission plénière pour l'étude d'un
amendement au projet de loi no 21, Loi modifiant la Loi des agents de
voyages.
M. le ministre du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche.
M. Duhaime: Mme le Président, l'amendement dont il s'agit
se rapporte à l'article 4 du projet de loi, renuméroté
article 3, et plus particulièrement au paragraphe a) que je vais vous
lire avant de vous proposer l'amendement: "La présente loi ne s'applique
pas non plus aux opérations énumérées à
l'article 2: a) lorsque ces opérations se rapportent à des
voyages qui s'effectuent exclusivement au Québec et dont la durée
n'excède pas 72 heures"; L'amendement que je proposerais, Mme le
Président, serait d'ajouter, après le mot "s'effectuent " de la
deuxième ligne du paragraphe a), les quatre mots suivants "de
façon occasionnelle et" de sorte que le paragraphe tel qu'amendé
se lirait comme suit: "a) ... lorsque ces opérations se rapportent
à des voyages qui s'effectuent de façon occasionnelle et
exclusivement au Québec et dont la durée n'excède pas 72
heures".
Mme le Président, j'ai eu l'occasion de discuter de la
proposition d'amendement avec mes collègues de l'Opposition. Je dois
reconnaître également que c'est à leur suggestion, en
particulier la suggestion de mon collègue le député de
Shefford, qu'à mon ministère aussi bien qu'au comité de
législation nous avons examiné ce projet de loi. Il est bien
certain, qu'avant l'amendement que je vous propose ce soir, notre intention est
d'exclure du champ d'application de la loi les voyages qui s'effectuent au
Québec pour une durée de moins de 72 heures.
Cependant, il nous est apparu que le risque était que les
professionnels du voyage ou de soi-
disant professionnels du voyage pourraient se prévaloir de la loi
et faire la promotion de voyages de courte durée au Québec, sans
pour autant avoir à se conformer à toutes les exigences de la Loi
des agents de voyages. C'est pourquoi, en introduisant cette expression "de
façon occasionnelle", il nous apparaît à peu près
certain que nous exclurons automatiquement des associations ou des corporations
qui pourraient être tentées, de façon systématique,
de se spécialiser dans le voyage de courte durée au
Québec, sans pour autant être régies par aucune loi.
Par ailleurs, je ne retiens pas, Mme le Président, cette
suggestion qui m'aurait été faite d'introduire
l'élément que cette exception ne s'appliquerait qu'à des
associations sans but lucratif, pour une raison assez évidente c'est
que, dans chacun de nos comtés, beaucoup d'organismes à but
lucratif, que ce soit une petite entreprise ou un club de hockey ou une
association sportive ou que sais-je encore, qui voudraient organiser un voyage,
disons Montréal-Québec pour 48 heures, et qui ne
répondraient pas à la définition d'un organisme sans but
lucratif pourraient obligatoirement avoir recours aux services d'un agent de
voyages.
Donc, que ce soit une corporation, une association, une
société à but non lucratif ou à but lucratif, en
autant que le voyage s'effectue au Québec d'abord, pour une durée
de moins de 72 heures et ce, de façon occasionnelle, l'exception
s'appliquerait à elles dans son entier. C'est tout ce que j'ai à
dire, Mme le Président, sur cette proposition d'amendement.
M. Verreault: Mme le Président, de toute façon, je
tiens à remercier...
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Shefford.
M. Verreault: ... quand même le ministre du Tourisme, de la
Chasse et de la Pêche, d'avoir bien voulu accepter de prendre en
très sérieuse considération les remarques qui ont
été formulées lors de la commission parlementaire, en
deuxième lecture, et aussi à l'avant-dernière
plénière concernant les problèmes envisagés face au
bill 21. Cette collaboration, nous l'avons donnée, le
député de Portneuf, moi-même ainsi que le
député de Gaspé, au ministre.
Evidemment, l'amendement que propose le ministre du Tourisme, de la
Chasse et de la Pêche aujourd'hui est quand même un pas, une
amélioration. Nous aurions souhaité que le ministre aille plus
loin, mais vous comprendrez, Mme le Président, que les solutions
miracles ne sont pas toujours à la portée de la main lorsqu'on en
a besoin, et le ministre a bien voulu accepter de nous rencontrer à huis
clos, tout à l'heure, pour discuter de cet amendement qui, à
prime abord, nous est favorable.
Le ministre nous proposait également, tout à l'heure, que
si la loi ne semblait pas suffisamment sévère, que si d'autres
abus ou des abus simple- ment se faisaient dans le cours des mois qui suivront,
il se propose de revenir afin d'être beaucoup plus sévère
dans le domaine.
Pour ce qui est des associations sans but lucratif, évidemment,
l'exposé que le ministre a fait tout à l'heure, nous l'endossons
également. Le ministre pourra toujours compter sur la collaboration de
l'Opposition officielle. Comme on le mentionnait lors de la clôture, le
gouvernement dit toujours que nous faisons de l'obstruction négative
contre les lois qu'il propose, mais je crois que le ministre du Tourisme, de la
Chasse et de la Pêche pourra, cette fois au moins, certifier que
l'Opposition officielle a été d'un grand secours à son
ministère et je le remercie.
M. Le Moignan: Mme le Président, je voudrais ajouter un
mot, tout simplement pour remercier et féliciter le ministre du Tourisme
pour cette précision qu'il apporte à son projet de loi. Il me
semble que son exemple pourrait être suivi par tous les autres ministres
parfois. J'ai trouvé très délicat de sa part ce geste de
nous inviter à réviser avec lui un petit article, un amendement
à un projet de loi. Je crois que ceci a pour nature de nous
éviter une perte de temps ici à l'Assemblée nationale,
alors qu'autrement nous aurions discuté peut-être 30 ou 40
minutes.
Comme le député de Shefford vient de le dire, cette
amélioration, même si elle ne comporte que quelques mots, est tout
de même de nature à aider tous les groupes pour un voyage de moins
de 72 heures. Je dois féliciter le ministre de cette souplesse qu'il
introduit dans son projet de loi.
Le Président (Mme Cuerrier): Le député de
Shefford.
M. Verreault: Mme le Président, j'aimerais ajouter que
lors de nos pourparlers, le ministre ot l'Opposition, nous avons fait des
propositions beaucoup plus profondes au point de vue administratif. Je
conçois que l'amendement fait aujourd'hui est un pas, mais je maintiens
que le ministre et son cabinet auraient dû aller beaucoup plus loin dans
ce domaine afin de vraiment définir. Comme je le mentionnais,
l'Opposition aura la chance de suggérer d'autres amendements à la
loi dans les mois qui suivront.
M. Duhaime:... Mme le Président. C'est le seul amendement
dont la commission plénière était saisie.
Le Président (Mme Cuerrier): Cet amendement vise à
ajouter quatre mots au nouvel article 3 du projet de loi 21; ces mots seraient
"de façon occasionnelle et". Cet amendement est-il adopté?
M. Verreault: Adopté. M. Le Moignan:
Adopté.
Le Président (Mme Cuerrier): Adopté. Le nouvel
article, devenant l'article 3 de ladite loi, est modifié par
l'addition...
M. Duhaime: L'article 4... C'est l'article 4
renuméroté 3. C'est l'article 4 du projet de loi,
renuméroté 3.
Le Président (Mme Cuerrier): Voilà. Dans le nouvel
article 3, c'est-à-dire l'article 4 renuméroté 3, à
a) le nouveau paragraphe se lirait comme suit: Lorsque ces opérations se
rapportent de façon occasionnelle et exclusivement au Québec et
dont la durée n'excède pas 72 heures; ou...
M. Duhaime: Vous me permettez, Mme le Président. Je pense
que vous avez sauté une ligne en faisant la lecture.
Le Président (Mme Cuerrier): Je relis: Lorsque ces
opérations se rapportent à des voyages qui s'effectuent de
façon occasionnelle et exclusivement au Québec et dont la
durée n'excède pas 72 heures; ou... Ce paragraphe de l'article 4
renuméroté 3 est-il adopté?
M. Verreault: Adopté.
M. Le Moignan: Adopté.
Le Président (Mme Cuerrier): Adopté.
M. Duhaime: Mme le Président, est-ce que je peux vous
demander de faire rapport à l'Assemblée nationale des travaux de
notre commission plénière?
Le Président (Mme Cuerrier): M. le Président, j'ai
l'honneur de vous faire rapport que la commission plénière a
étudié un amendement au projet de loi no 21, Loi modifiant la Loi
des agents de voyages, et qu'elle l'a adopté.
Le Vice-Président: Ce rapport sera-t-il
agréé?
M. Verreault: Agréé.
Le Vice-Président: Troisième lecture.
Troisième lecture
M. Duhaime: Je fais motion pour l'adoption du projet de loi tel
qu'amendé en troisième lecture, M. le Président.
Le Vice-Président: Si vous permettez, en vertu de
l'article 115, pour que votre motion, M. le leader parlementaire adjoint, soit
acceptée, il faudrait qu'il y ait consentement unanime de cette
Assemblée.
M. Verreault: Accordé.
M. Le Moignan: Consentement accordé.
Le Vice-Président: M. le ministre, dans ce cas, vous
faites la motion de troisième lecture pour que le projet de loi no 21,
Loi modifiant la Loi des agents de voyages, soit adopté en
troisième lec- ture. Cette motion en troisième lecture est-elle
adoptée?
M. Le Moignan: Adopté. Le Vice-Président:
Adopté.
M. Burns: M. le Président, je vous demanderais d'appeler
l'article 10 de notre feuilleton.
Projet de loi no 73 Deuxième lecture
Le Vice-Président: M. le ministre des Transports fait la
motion de deuxième lecture du projet de loi 73, Loi sur les corporations
municipales et intermunicipales de transport.
M. le ministre des Transports.
Des Voix: Adopté.
Le Vice-Président: Est-ce que le lieutenant-gouverneur est
d'accord?
M. Lessard: Est-ce que c'est un "money bill", M. le
Président? Alors, M. le Président, s'il s'agit d'un "money bill",
le lieutenant-gouverneur en conseil a pris connaissance de ce projet de loi et
en recommande l'adoption à l'Assemblée nationale.
C'est cela, le lieutenant-gouverneur en conseil.
Le Vice-Président: Non, enlevez "en conseil". C'est un
conseil que je vous donne.
M. Lessard: Sans conseil, M. le Président. Le
lieutenant-gouverneur a pris connaissance de ce projet de loi et en recommande
l'adoption à l'Assemblée nationale.
Le Vice-Président: Si vous me le permettez, je ne cours
pas de risque.
M. Lucien Lessard
M. Lessard: M. le Président, le projet de loi 73, qui a
pout but de constituer des corporations municipales et intermunicipales de
transport, est présenté ce soir à l'Assemblée
nationale parce qu'il s'agit d'un projet de loi qui est absolument urgent et
que, pour bien des régions du Québec, il s'agit de rendre
normales un certain nombre de situations. C'est particulièrement le cas
pour la région du Haut-Saguenay. J'aurais bien aimé, M. le
Président, que nous puissions avoir le temps de convoquer toutes les
parties intéressées à une commission parlementaire pour
analyser l'ensemble des articles de ce projet de loi ainsi que les
conséquences possibles que peuvent subir et que peuvent aussi trouver
profitables certaines municipalités qui seront couvertes par ce projet
de loi.
Cependant, M. le Président, étant donné l'urgence,
j'ai dû faire une consultation informelle et
aller rencontrer dans quelques régions du Québec les
principales municipalités intéressées afin d'exposer les
principes généraux de ce projet de loi et en même temps
recevoir un certain nombre de leurs revendications que nous avons
analysées le plus sérieusement possible. Il est entendu que ce
projet de loi est le premier élément d'une politique globale de
transport en commun. Il est entendu que ce projet de loi devra s'inscrire dans
une politique générale de transport en commun sur l'en-semble du
territoire du Québec. En effet, des facteurs tant sociaux
qu'économiques nous incitent à donner de plus en plus
priorité au transport en commun. Si le transport privé
répond en partie au puissant désir de liberté et de
mobilité de l'homme, sa prolifération ne va pas sans
entraîner des conséquences néfastes pour l'ensemble des
citoyens d'une même ville et même pour l'ensemble des citoyens du
Québec.
Il ne s'agit pas de faire le procès de l'automobile, mais de
reconnaître que dans ce domaine comme dans de nombreux autres, il est
important de respecter un seuil. Comme le disait Yvan Illich, passé un
certain seuil, la production de l'industrie du transport coûte à
la société plus de temps qu'elle ne lui en a
épargné. Il ne s'agit pas non plus de mettre en doute
l'importance de la mobilité des individus puisque celle-ci, en ce qui
concerne l'emploi, est évidente. Lorsqu'un travailleur perd son emploi,
ses chances d'en trouver un autre seront d'autant meilleures qu'il sera plus
mobile. Aussi est-il important, si nous ne voulons pas perpétuer le
déséquilibre des classes sociales, de fournir au moins nantis les
moyens de se rendre au travail. La surutilisation de l'automobile ne va pas
sans changer la configuration même des municipalités. En effet,
l'augmentation des transports privés suscite la construction de
nouvelles autoroutes et de nouveaux terrains de stationnement; ce qui
nécessite des démolitions de maisons et occasionne un refoulement
vers les banlieues.
Et si, bien souvent, Mme le Président, nous devons aujourd'hui
faire des autoroutes ou si nous devons faire des systèmes d'aqueduc et
d'égout qui coûtent énormément cher aux
municipalités, c'est parce que nous n'avons pas prévu une
politique de planification de notre territoire.
Lorsque nous construisons des autoroutes, ces dernières se
congestionnent de plus en plus; nous sommes encore obligés de construire
des autoroutes et le processus recommence sans fin.
Ainsi, par exemple, à Montréal, 3000 familles ont
été expulsées de leur logis afin de faire place à
l'autoroute Ville-Marie, tandis que les autoroutes Décarie et
Bonaventure ont fait perdre à Montréal 998 logements. D'autre
part, 16,2% du territoire du centre-ville montréalais ont
été transformés en parcs de stationnement. Il va sans dire
que l'accroissement de la circulation routière provoqué par la
construction de ces autoroutes a entraîné une augmentation
critique de la pollution et un gaspillage d'une des principales sources
énergétiques, le pétrole. Cela a créé aussi
des problèmes considérables de logement dans la ville de
Montréal auxquels nous devons actuellement faire face.
Dans cette optique, seul le transport en commun peut s'avérer une
mesure de justice sociale envers les plus faibles et l'élément
important des politiques énergétiques et économiques d'un
gouvernement soucieux de bien administrer le pays. Aussi ai-je
déjà eu l'occasion d'annoncer que, conformément au
programme même du Parti québécois, depuis le 15 novembre
1976, au ministère des Transports, l'accent est mis sur le
développement du transport en commun. Il ne s'agit pas d'interdire la
construction de toute autoroute, non. Là encore, il faut respecter la
mesure et faire en sorte que s'établissent enfin des grandes liaisons
interurbaines. Il est certain que nous aurons encore à construire un
certain nombre d'autoroutes, particulièrement dans des régions
qui n'en possèdent pas actuellement et qui sont appelées à
se développer de façon considérable.
Cependant, Mme le Président, il faut éviter de relier
nécessairement le développement économique à la
construction d'autoroutes. Il faut faire des choix et les miens, comme ceux du
gouvernement du Québec, en relation avec le programme que nous
possédons, ont été orientés vers le transport en
commun. D'ailleurs, ce n'est pas nécessairement nouveau depuis quelques
années au ministère des Transports, puisque de plus en plus
et le député de Charlevoix l'affirmera probablement tout
à l'heure nous n'avons plus le choix.
Nous sentons que la construction d'autoroutes devient de plus en plus
importante et coûte de plus en plus cher et que, par ailleurs, cela
amène constamment des congestions supplémentaires. C'est dans ce
sens qu'un certain nombre de villes américaines ont dû, aussi,
donner priorité au transport en commun de même que certaines
villes européennes ou asiatiques.
Au niveau du transport en commun, il est évident que le
problème se pose d'une façon différente selon que l'on
considère les villes les plus populeuses de la province, comme
Montréal ou Québec, qui sont déjà desservies par
des commissions de transport, ou celles à densité moyenne de
population qui, jusqu'à présent, devaient faire face à des
problèmes de transport quasi insolubles. Dans le passé, nous
avons d'ailleurs prévu, à l'article 23 de la Loi des transports,
que certaines municipalités pouvaient se regrouper et signer des
protocoles d'entente formant des comités intermunicipaux de transport. A
ce sujet, le gouvernement nous avons conservé les mêmes
subventions sur le déficit; nous avons conservé les mêmes
formules lorsqu'il y avait entente, acceptait de participer au
financement du transport en commun.
Donc, Mme le Président, ce n'est pas un projet de loi
extrêmement nouveau que nous présentons ici, à
l'Assemblée nationale. Il y a une certaine continuité avec un
projet de loi que devait présenter le député actuel de
Charlevoix et ancien ministre des Transports. Cependant, quelques
éléments nouveaux, qui nous paraissent assez importants, ont
été ajoutés à l'ancien projet de loi.
L'objectif premier du projet de loi 73 que nous étudions
aujourd'hui est de permettre aux municipalités, je dis bien de permettre
aux municipalités
à densité moyenne de population de se doter d'une
structure de transport en commun, soit la corporation municipale et
intermunicipale de transport. A court terme, il est vrai que ce projet de loi
permettra de résoudre les problèmes rencontrés notamment
par les villes du Haut-Saguenay, les villes de Trois-Rivières,
Sherbrooke et celles de la rive sud de Québec qui ont assumé
elles-mêmes ou remis à l'entreprise privée, sous forme de
contrat, la responsabilité du transport en commun.
L'entreprise privée détenant seule des permis
d'exploitation de réseaux d'autobus, il devenait pratiquement impossible
d'intégrer les composantes du transport en commun au sein d'une
même région. L'usager devait assumer alors les frais des
correspondances qu'ils devaient faire entre les différentes compagnies
d'autobus au sein d'une même agglomération. Le
député de Trois-Rivières pourra certainement en
témoigner tout à l'heure, nous avions précisément
le cas de Trois-Rivières, Trois-Rivières-Ouest et
Cap-de-la-Madeleine où nous avions, simplement dans cette seule
agglomération, trois compagnies de transport en commun, soit une qui
était sous la juridiction de la ville de Trois-Rivières et les
deux autres qui étaient sous la juridiction de compagnies
privées. De telle façon qu'il n'y avait aucune possibilité
d'intégration de ces trois transports en commun.
La loi qui est présentée ce soir va permettre soit la
formation d'une corporation municipale avec signature de protocoles d'entente
avec d'autres municipalités, soit encore la constitution de corporations
intermunicipales qui regrouperaient plusieurs municipalités. La
corporation intermunicipale, telle que prévue dans le projet de loi 73,
met donc fin au monopole de l'entreprise privée qui, à tort ou
à raison, Mme le Président, je dis bien à tort ou à
raison, détenait ces permis de transport en commun.
Enfin, elle va permettre, cette loi, l'intégration des divers
éléments du transport en commun. Bien souvent
déficitaires, ces entreprises privées, tout en étant
subventionnées par l'Etat et les municipalités,
échappaient complètement au contrôle de ces
municipalités. En effet, Mme le Président, nous avons, autant que
possible dans le passé, laissé à l'entreprise
privée le soin de donner le transport en commun. Mais, de plus en plus,
depuis quelques années, nous constatons que, de toute façon, le
gouvernement du Québec est obligé de subventionner ces compagnies
privées de transport, que, de toute façon, les
municipalités sont obligées de négocier des ententes avec
ces compagnies de transport pour les subventionner, parce que ces compagnies
sont déficitaires.
Ces compagnies, Mme le Président, ne peuvent pas à elles
seules assurer le transport en commun. Quand un service est essentiel ou quand
un service devient essentiel pour l'ensemble de la population, il faut que le
gouvernement du Québec assume ses responsabilités, en relation
avec les gens qui s'ont le plus directement impliqués dans ce secteur.
Nous l'avons constaté, d'ailleurs, dans le cas de Métropolitain
provincial. Comme, de toute façon, nous sommes obligés, pour
éviter les faillites de ces entreprises, de les subventionner, nous
devons, pour autant, exiger d'avoir un contrôle sur ces compagnies.
Malheureusement, il est difficile, dans le système actuel, de pouvoir
avoir ce contrôle.
Dorénavant, il en ira autrement puisqu'en vertu de ce projet de
loi, les municipalités qui en feront la demande seront
détentrices du permis de transport qu'elles exploiteront. En tant que
membres du conseil d'administration, ce sont et ceci m'apparaît
très important dans la nouvelle loi ce sont les élus
municipaux qui administreront la corporation municipale. Ce seront, Mme le
Président, des gens qui seront élus démocratiquement par
la population qui assumeront la responsabilité d'administrer le
transport en commun, ce qui est donc différent des commissions de
transport actuelles que nous connaissons, par exemple, à Québec,
à Montréal ou à Laval ou sur la rive sud de
Montréal ou la Commission de transport de l'Outaouais.
Il s'agit en fait d'une reconnaissance du niveau de
responsabilité qui revient de droit aux gouvernements locaux et il
s'agit aussi d'un projet de loi qui va respecter cette volonté
gouvernementale d'encore décentraliser de plus en plus les
décisions et de donner, au niveau des localités, au niveau des
responsables locaux, l'administration et la gérance de leur transport en
commun.
De ce nouveau pouvoir de gestion découle donc un droit de
contrôle du budget de la corporation municipale ou intermunicipale
puisque, contrairement à la procédure en cours au sein des
commissions de transport, le budget de la corporation ne sera pas en vigueur
automatiquement. Si toutes les municipalités dont le territoire soumis
à la juridiction des corporations intermunicipales et des corporations
municipales le décident, elles pourront le modifier. Mme le
Président, j'en conviens, il peut arriver que les administrateurs, donc
ceux qui ont été élus par les municipalités, des
corporations intermunicipales n'acceptent pas ces modifications. Dans les
circonstances, il y a, prévu par la loi, un appel à la commission
municipale. Si j'ai donné ce contrôle à la commission
municipale, c'est que j'assume que la Commission municipale est plus
informée que le ministère des Transports de la situation
financière des municipalités.
Evidemment, cette récupération des permis ne se fera pas
et c'est prévu en vertu des articles 49 et 50 du projet de loi
et ne pourra se faire sans l'expropriation des compagnies sur le
territoire des futures corporations. J'en conviens, c'est là, je pense,
le point fondamental de ce projet de loi qui est discuté par certaines
municipalités.
En effet, j'impose par ce projet de loi aux corporations municipales et
aux corporations intermunicipales de transport d'acquérir soit de
gré à gré ou soit, s'il n'y a pas accord, d'exproprier en
passant par le Tribunal des transports. J'ai indiqué tout à
l'heure qu'à tort ou à raison, dans le passé, on avait
reconnu à un certain nombre de transporteurs des monopoles de transport,
des territoi-
res bien précis par l'intermédiaire des commissions de
transport. Vous conviendrez qu'il aurait été difficile d'accepter
une concurrence absolue dans ce secteur si on voulait qu'une compagnie
décide de faire du transport en commun et que, par exemple, un an ou
deux ans après, elle soit susceptible de perdre son permis. Donc, il est
certain que le permis pour les transporteurs privés est devenu un droit
acquis. Il est extrêmement difficile pour le gouvernement, quel qu'il
soit, d'enlever des droits acquis sans pour autant apporter une compensation
financière. Je pense bien que personne d'entre nous n'accepterait que le
ministère des Transports décide de faire passer une route
à travers sa maison et de l'exproprier de telle façon que le
ministère des Transports décide du prix de sa maison. Autrement
dit, que le ministère des Transports soit à la fois juge et
partie. Or, je pense que le permis de transport, tel qu'il était
conçu auparavant, était un droit, était une
propriété que nous devons reconnaître.
Naturellement, s'il n'y a pas accord entre les commissions de transport,
les commissions municipales de transport ou les corporations intermunicipales
de transport, il devra y avoir appel au tribunal d'expropriation. Je pense bien
que c'était là la seule façon qui nous permettait d'agir
avec justice vis-à-vis de ces transporteurs qui n'ont pas
nécessairement demandé l'expropriation. Mais le tribunal
d'expropriation, avant de déterminer la valeur des actifs de chacune des
entreprises, devra naturellement entendre les parties, devra entendre les
municipalités, comme le tribunal devra aussi entendre le
ministère des Transports. Pour éviter que les expropriations nous
coûtent trop cher, nous devrons, comme ministère des Transports,
donner à chacune des municipalités concernées, à
chacune des corporations municipales concernées tout l'appui technique
nécessaire pour faire valoir devant les commissions de transport que ces
compagnies n'étaient plus rentables, que ce matériel roulant, par
exemple, n'est pas absolument nécessaire pour les nouvelles corporations
de transport.
Nous devrons donc faire valoir un certain nombre de revendications.
Lorsque les municipalités viennent me dire qu'elles ne devraient pas
être dans l'obligation d'acheter ces compagnies, je dois leur dire qu'en
justice le gouvernement du Québec ne peut pas passer outre à des
droits acquis, fouler aux pieds des droits acquis ou se faire justice
lui-même. C'est dans ce sens que nous avons décidé
d'utiliser un instrument qui est là, en vertu de la Loi de
l'expropriation, instrument qui, en fait, est un organisme semi-judiciaire qui
devra prendre des décisions selon l'argumentation qui lui sera
présentée.
S'il est important de rendre justice à ces entrepreneurs qui
n'ont pas, comme je le disais, souhaité l'expropriation, il faut
également tenir compte de l'aspect déficitaire de leurs
entreprises, tenir compte aussi des subventions qui les rentabilisaient, des
subventions qu'ils ont déjà reçues et, dans bien des cas,
de la vétusté de leur équipement. Mais il faut aussi, et
j'en conviens, tenir compte de l'intérêt public. Il appartiendra
justement au tribunal des transports d'analyser la valeur des arguments qui
viendront des municipalités, du ministère des Transports et aussi
des transporteurs eux-mêmes.
Par l'intégration des composants du transport en commun, on
tendra à rentabiliser un secteur sous-utilisé et historiquement
déficitaire. En regroupant, au sein d'une même corporation, les
chartes-parties, le transport scolaire qui devra s'intégrer
graduellement et je vous en parlerai un peu tout à l'heure parce
qu'il semble que ce projet de loi jette un certain nombre de doutes
auprès de l'Association des transporteurs d'écoliers du
Québec les visites touristiques et le transport en commun, on
assurera une utilisation maximale des infrastructures en place et les services
plus rentables compenseront les secteurs qui le seront moins. En ce qui
concerne le transport scolaire, il est prévu dans la loi que, lorsqu'une
corporation municipale ou intermunicipale des transports voudra intégrer
le transport scolaire, on devra lui accorder ce transport. Mais, Mme le
Président, encore là, il est entendu que nous devrons respecter
nos contrats. La différence, il faut bien le souligner ici à
l'Assemblée nationale, entre un transporteur scolaire et un transporteur
public qui, lui, fait actuellement du transport en commun tel que
généralement reconnu, c'est que le transporteur scolaire n'a pas
un permis comme tel de la Commission des transports. Le transporteur scolaire a
un contrat de trois ans avec une commission scolaire.
C'est donc dire que le transporteur scolaire comme tel a accepté
les conditions de ce contrat. Le transporteur scolaire, comme un entrepreneur
de chemins d'hiver, a accepté qu'à l'intérieur d'une
période de trois ans, par exemple, il devait amortir ses
investissements. Il a accepté qu'au bout de trois ans il pouvait perdre
son permis de transport. Nous devrons donc respecter les contrats existants
pour autant que le service est donné, mais nous n'avons pas comme telle
l'obligation, comme c'est le cas pour les transporteurs en commun qui ont
reçu, eux, un permis de transport de la Commission des Transports, de
les ex-propirer.
Ce que nous exproprions dans les transports en commun, ce sont
essentiellement ceux qui avaient un droit acquis et dont le permis se
renouvelait automatiquement chaque année. Or, il est certain que,
lorsqu'une entreprise de transport en commun régulier qui avait obtenu
un permis de la Commission des transports aura intégré un service
de transport scolaire à l'intérieur de son entreprise, nous ne
pourrons pas exproprier un morceau de ce transporteur. Nous devrons
l'exproprier globalement. C'est donc pour une utilisation maximale des
infrastructures ou du matériel roulant que nous devrons intégrer
le transport scolaire graduellement. D'ailleurs, ceci se fait depuis plusieurs
années dans certaines commissions scolaires.
En terminant, j'aimerais souligner qu'une des originalités du
projet de loi 73 réside en ce qu'il
confirme le droit de l'usager. C'est quelque chose de nouveau que nous
apportons par ce projet de loi. Ainsi, pour établir les services de
transport qu'elle entend fournir à la population, la corporation devra
consulter les groupements ou associations de personnes qu'elle juge
représentatifs et qui existent sur le territoire visé par le
décret du gouvernement la formant. Nous apporterons à ce sujet un
certain nombre de modifications en commission parlementaire, parce que nous
devrons préciser ces groupes représentatifs et les façons
dont se fera la consultation.
Afin de préserver le pouvoir d'achat de l'usager, toute
augmentation de tarifs devra aussi être approuvée par la
Commission des transports du Québec. La première fixation des
tarifs le sera par les commissions de transport. Des mécanismes
précis ont aussi été prévus pour assurer la
publicité des décisions de la corporation affectant directement
les municipalités et leurs contribuables. Nous avions aussi
indiqué dans le projet de loi que 50 usagers pouvaient aussi exiger la
convocation d'une réunion spéciale de la corporation.
En commission parlementaire, cet article de la loi sera modifié
parce que nous avons jugé que 50 usagers, cela pouvait permettre un
certain nombre d'exagérations pour la convocation du conseil
d'administration. Si nous voulons que ces plaintes soient sérieuses, il
faut que les personnes concernées aient véritablement la
conviction que ce sont des plaintes sérieuses et que ces personnes
devront faire le travail pour aller chercher un certain nombre d'usagers qui
ont cette même conviction.
Finalement, l'usager peut adresser ses plaintes au bureau d'examen des
griefs dont la composition est prévue par cette loi. Il s'agit
là, Mme le Président, je pense d'un élément majeur
du projet de loi, qui est nouveau j'en conviens. On m'a souligné, au
cours de mes tournées, qu'étant donné que je donnais la
responsabilité de gestion aux municipalités je devrais laisser
tomber ce comité de griefs ou encore laisser tomber la
possibilité de convocation du conseil d'administration par les
usagers.
Je pense, Mme le Président, que cet élément nouveau
dans le projet de loi est important. Je pense que les usagers,
c'est-à-dire les contribuables, ceux qui, continuellement, devront
utiliser le transport en commun, ceux qui devront subir aussi les
problèmes du transport en commun, lorsque ce transport en commun
fonctionnera plus ou moins, je pense qu'il est possible de donner à ces
groupes un moyen d'intervenir pour faire valoir leurs revendications.
Le comité qui est dans la loi actuelle est peut-être trop
lourd. Il laisse peut-être trop de place à l'ingérence dans
le conseil d'administration. Je suis prêt, comme tel, à accepter
un certain nombre de modifications, peut-être, à ce comité,
mais je pense qu'on devrait accepter le principe que les usagers aient leur mot
à dire dans le transport en commun et aient les instruments
nécessaires pour le dire. Même si les administrateurs des
corporations municipales et intermunicipales des transports sont nommés
par les municipalités, par les conseils municipaux qui, eux-mêmes,
sont nommés en vertu du vote des contribuables, je pense qu'à
l'intérieur du mandat de trois ou de quatre ans qu'on leur
reconnaît, il faut donc permettre aux usagers d'avoir leur mot à
dire. C'est dans ce sens que nous avons accepté, pour la première
fois, dans ce projet de loi, qu'on crée un instrument de canalisation
des griefs des usagers qui seront analysés, et dont les enquêtes
ou les recommandations seront transmises aux administrateurs des corporations
municipales ou intermunicipales des transports.
En conclusion, le projet de loi m'apparaît un outil de
planification du transport en commun, un outil de planification qui n'est pas
parfait, j'en conviens, d'autant plus que nous devions le présenter
assez vite. Peut-être que, si nous avions eu l'occasion d'avoir la
commission parlementaire, ce projet de loi aurait pu se perfectionner, mais je
pense que c'est un outil valable, un outil qui, tout en répondant
concrètement aux problèmes de certaines régions
déjà identifiés, pourra aussi être applicable dans
certaines régions du Québec dont la densité de population
est moyenne, et je le soumets bien humblement à l'Assemblée
nationale. Merci, Mme le Président.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Charlevoix.
M. Raymond Mailloux
M. Mailloux: Mme le Président, j'ai écouté
le plus attentivement possible le ministre des Transports dans sa
présentation de deuxième lecture du projet de loi no 73. A chaque
fois que l'on parle de transport en commun, je suis obligé de repenser
à mon action précédente au ministère des
Transports, puisque c'est une des facettes du travail de celui qui occupe
aujourd'hui les mêmes fonctions qui attirent souvent l'attention de ceux
qui sont en poste à ce ministère.
A chaque fois que l'on parle de transport en commun, au ministère
des Transports, on doit le faire avec le plus de précaution possible.
Tantôt, j'écoutais le ministre des Transports affirmer que, depuis
le 15 novembre 1976, l'action principale du ministère des Transports
visait principalement l'organisation la plus effective possible du transport en
commun un peu partout dans le territoire du Québec, ià où
il y a des besoins urgents.
Je suis loin de nier une telle nécessité dans certains
centres urbains où il n'y en a pas d'organisé, et dans d'autres
centres où les populations sont quand même assez importantes pour
exiger un tel service. Je me rappelle cependant qu'il faut être d'une
extrême prudence avant de permettre de tels services dans tout le
territoire du Québec.
Je ne voudrais pas lancer un chiffre à peu près.
Quand le Conseil du trésor faisait l'analyse des coûts
estimatifs pour les dix prochaines années de l'augmentation
prévue des déficits des commissions de transport
déjà en place, que ce soient celles de Montréal, de
Québec, de l'Ou-
taouais, de la rive sud du Saint-Laurent, quand on regardait pour les
dix prochaines années l'importance des déficits
appréhendés, le Conseil du trésor et le Conseil
exécutif étaient tellement ameutés par l'importance des
montants qui étaient en cause qu'avant d'implanter de tels services
ailleurs dans le Québec chacun avait à repenser les intentions
qu'il pouvait mettre de l'avant.
Je ne voudrais pas dire combien il y avait de millions en cause.
L'actuel ministre des Transports pourra vérifier l'analyse faite par la
trésorerie des déficits, principalement de la commission de
transport de la région de Montréal. Pour un prolongement du
métro, on sait les coûts de $40 000 000 ou $45 000 000 le mille,
on sait ce que cela peut supposer sur le budget total du gouvernement quand il
décidera d'aller de l'avant et permettre que la Commission de transport
de Montréal puisse prolonger son réseau.
Mme le Président, l'on connaît, actuellement dans le
Québec, vu l'importance de ses déficits, les difficultés
que les usagers ont à accepter de payer une partie de la note. Ici
même, dans le Québec comme en Ontario ou dans les provinces
voisines, c'est un tarif uniforme qui normalement est chargé, quelle que
soit la longueur du circuit que vous avez à effectuer, contrairement au
régime de certains Etats américains où c'est suivant le
millage parcouru pour lequel vous aurez à payer, soit à votre
entrée dans un autobus ou à votre sortie. Millage parcouru,
millage payé. Ici, c'est le même prix, quel que soit le millage. A
Montréal, dans le métro, c'est toujours le même prix que
vous aurez payé, quelle que soit la distance à parcourir.
Il ressort que les usagers ont eu des difficultés extrêmes
à accepter les augmentations des billets; c'est rendu, je l'avoue,
presque à un point de saturation. Il y a un exemple très
récent qui nous prouve qu'avant d'avancer dans le secteur des transports
en commun cela mérite une réflexion plus approfondie. Cela
mérite que tous ceux qui seront appelés à payer la note,
que ce soient les usagers, que ce soient les administrations municipales et
intermunicipales, les parlementaires, que tout le monde soit bien conscient,
avant d'implanter un service, de qui en fera les frais et du coût
à assumer.
Je regardais les media d'information des jours qui viennent de
précéder. Ici même, à la commission de transport de
la région de Québec, selon le budget de la prochaine année
fiscale, la charge supplémentaire qui est demandée par
l'administration de la commission de transport, c'est une augmentation de 52%
du budget de l'année fiscale précédente. 52%. Cela est une
commission où j'ai pu faire des constatations moi-même dans les
années qui ont précédé, principalement depuis
l'arrivée du président, M. Mahieu. Celui-ci a innové afin
de vendre davantage au public le transport en commun pour qu'il délaisse
l'automobile. Je pense que c'est une commission assez bien administrée,
qui doit offrir un service acceptable. En contrepartie, si les gens
désirent laisser chez eux leur propre automobile, ils font face à
de grandes exigen- ces à cause des besoins de cette commission de
transport. Le ministre des Transports, je pense, a vu cela comme moi. A
l'unanimité, la CUQ rejette le budget de la commission de transport
parce qu'il devient inacceptable à l'ensemble des contribuables.
Mme le Président, en réponse aux doléances de leurs
commettants, il est tout à fait logique de penser que les
administrations municipales de qui l'on requiert des services
supplémentaires, quels qu'ils soient, qui sont plus près d'une
population que les gouvernements provinciaux ou que le gouvernement
fédéral dès l'instant où on leur dit que, par
législation, il sera possible que soient implantés des services
comme celui du transport en commun, il est logique de penser que chacun des
usagers éventuels soit tenté par une telle
législation.
Le ministre des Transports pourrait peut-être, actuellement,
penser à ce qui se produit dans les municipalités, dans d'autres
services qui ont été réclamés à cor et
à cri. Je parle ici à des anciens parlementaires qui ont vu ce
qui s'est passé dans les années précédentes,
où il y avait une demande extraordinaire de faite devant le Parlement,
où chacun, par orgueil, voulait devenir ville, dès l'instant
où il y avait 2500, 3000 et 3500 personnes de population. Tout le monde
voulait avoir un statut de ville dans la province de Québec, et
dès l'instant où chacun a eu un statut de ville, enorgueilli par
un tel titre, qu'est-ce qu'on a fait? Toutes ces corporations se sont
donné des corps de police.
A quoi faites-vous face, aujourd'hui, comme gouvernement, dans
l'ensemble des villes de 3000, 5000, 6000 et 7000 habitants? A une
impossibilité, pour toutes ces corporations municipales, de faire face
à l'obligation qu'elles ont souhaitée ardemment, comme
fierté, c'est-à-dire avoir un corps de police à elles. A
côté, on regarde la corporation municipale qui, elle, fait partie
du conseil de comté, qui n'a pas le statut de ville, qui est
régie par le Code municipal, où c'est la Sûreté du
Québec, à même le budget du gouvernement provincial, qui
assume, avec au moins autant d'efficacité, l'ensemble des services de
police. Après quelques années de gloriole qu'on s'est
donnée d'avoir un statut de ville, je vous garantis que chez moi,
à Baie-Saint-Paul, dans la ville de Clermont, dans la ville de
Beaupré, dans la ville de La Malbaie, quatre villes de 3500 à
6000 habitants, si, demain matin, on leur donnait la possibilité d'avoir
la Sûreté du Québec pour leur protection, toutes les quatre
diraient oui et merci au gouvernement du Québec.
Quelqu'un de l'équipe ministérielle me dit que le ministre
des Transports, contrairement à son prédécesseur, ne
voulait pas excusez l'expression, Mme le Président faire
du "patchage", en présentant à cette Chambre un projet de loi
dont j'ai préparé, d'ailleurs, une très forte
partie moi-même pour régler des situations
extrêmement urgentes qu'on retarde, qu'on repousse déjà
depuis une couple d'années. On n'a qu'à faire mention des
problèmes qu'on a connus, qu'on a vécus dans la région de
Lévis, Lauzon et Saint-Romuald, dans la région du
Haut-Saguenay,
dans la région de La Mauricie, dans la région de
Sherbrooke. Il y a des villes à moyenne densité de population
où il faut absolument que le gouvernement permette la municipalisation
ou l'intermunicipalisation de tels services de transport en commun. Si, au lieu
de présenter un projet de loi à caractère
général on s'était limité à couvrir, dans un
premier temps, l'ensemble de ces villes ou municipalités, je pense
qu'à quelques modifications près, j'aurais donné un appui
presque assuré à une telle mesure en faisant quelques
réflexions sur certains principes que je trouve quand même
passablement modifiés quant à la présentation du projet de
loi.
Je pense que les endroits que j'ai à la mémoire, que le
ministre connaît d'ailleurs très bien, puisqu'il a vécu
comme moi ces mêmes problèmes, il était très facile
de les localiser, d'indiquer dans la loi quels territoires du Québec
seraient couverts. Quand je vois l'Union des conseils de comté protester
actuellement avec véhémence auprès du premier ministre,
auprès du ministre des Transports, auprès de toutes les
Oppositions, je pense qu'on ne peut pas, quelle que soit l'appartenance
politique de ces gens, considérer leurs doléances au même
titre que le transporteur scolaire qui voit son transport mis en danger, ou un
transporteur urbain qui serait déjà en place.
Ce que l'Union des conseils de comté craint dans ce projet de
loi, c'est que, dans la région peut-être de Trois-Rivières,
des municipalités rurales, régies par le Code municipal, qui
avoisinent ces villes soient forcées de céder à la
sollicitation d'un public. Dieu sait comment le public vous en demande des
transports en commun! J'étais encore à mon bureau, ce matin, et
des personnes me demandaient pour une paroisse voisine, Saint-Urbain: Pourquoi
pas un transport en commun pour aller vers l'éducation des adultes?
Pourquoi pas un transport en commun pour l'Ile-aux-Coudres, pour aller voir les
joutes de hockey qui sont à l'aréna de Baie-Saint-Paul? On a
toutes sortes de raisons industrielles, commerciales ou autres pour exiger des
transports en commun et cela ferait l'affaire de certaines personnes.
Mais quand on constate que la prudence des conseils de comté,
c'est parce qu'ils savent que des édiles municipaux, qui souventefois
sont là de passage et parfois plus éphémères que
des politiciens provinciaux, pour satisfaire une clientèle et pour avoir
des votes, accepteront de participer à une commission intermunicipale de
transport. Souventefois, ce n'est pas à eux que cela fera l'affaire et
à leurs concitoyens; cela fera surtout l'affaire de la ville ou des
villes les plus importantes à l'intérieur de ce regroupement,
parce que c'est là qu'on retrouve l'industrie, c'est là qu'on
retrouve les gros commerces et que les retombées viennent principalement
à l'endroit qui est le plus gros centre d'une telle unité.
Mme le Président, le projet de loi qui est devant nous, je le
reconnais, a été discuté depuis 1975. Je pense que c'est
le troisième avant-projet qui était étudié et, au
moment de la période électorale on venait encore de transmettre
à peu près l'avis final du texte de loi qui a été
remis aux lé- gislateurs du temps et sur lequel on tâchait de
s'entendre. Cependant, certains principes étaient quelque peu
différents. La dernière étude qui fut faite par le
comité de législation, datait d'octobre 1976. Je ne voudrais pas
revenir sur la période électorale et sur la suite.
Forcément, une autre administration a suivi qui normalement a repris
l'ensemble des projets de loi en suspens.
Je pense qu'autant que mon successeur, ce n'était pas par plaisir
que j'ai hésité longtemps avant d'accepter une mesure qui
semblait finalisée en octobre 1976. J'avais la crainte, comme membre du
Conseil du trésor, ce que craint également mon successeur, de ce
qui arriverait dans l'avenir en permettant une telle intermunicipalisation
à la grandeur du territoire du Québec et de la capacité de
payer des gens. Je me demandais quelle serait la part que le gouvernement du
Québec paierait. Dans ce projet de loi, je ne sache pas, jusqu'à
maintenant, au moment où je parle, le ministre des Transports ait
même dit et aux municipalités qui en feront partie dans l'avenir
et à l'ensemble des municipalités qui seront regroupées si
elles bénéficieront au moins de la mesure statutaire que j'ai
fait préparer par mon collègue, M. Berthiaume, et annoncer en
1975 qui évitait tous les pèlerinages à Québec
annuellement, que ce soit de la Commission de transport de Montréal, de
Québec ou d'ailleurs, et des autres qui pouvaient en
bénéficier.
C'est entre 45% et 50%, je pense, du déficit que peut compter
assumer le gouvernement comme politique statutaire et il faudrait au moins que
le ministre des Transports, dans son discours de deuxième lecture, nous
dise que, partout où il y aura une décision du
lieutenant-gouverneur en conseil pour l'implantation d'un service dans le
Québec, ces corporations municipales ou intermunicipales pourront
espérer, par règlement, que ce qui est bon pour la Commission de
transport de Montréal ou d'ailleurs sera également bon pour elles
et que la différence devra être à la charge des usagers qui
requerront un tel service.
Mme le Président, quand je relis le projet de loi 73, je pense
que de nombreux articles sont puisés au texte, soit en substance dans la
Loi de la Commission de transport de la rive sud de Montréal, de
même que quelques-unes viennent des lois de la CUM et de la CUQ.
Au point de vue des techniques législatives, le projet de loi qui
est présenté par l'actuel ministre des Transports est conforme
aux règles ordinaires.
La politique, cependant, du gouvernement qui a
précédé était d'obliger les corporations
municipales et intermunicipales de transport à accorder priorité
à l'entreprise privée. Je répète, parce que le
ministre des Transports était un peu distrait par son collègue de
Chicoutimi: un des principes que nous mettions de l'avant, c'était de
favoriser, dans l'implantation de tels services, l'entreprise privée
déjà existante, une entente à faire avec cette
dernière afin d'assumer elle-même l'exploitation des services, en
accord avec la corporation municipale ou intermunicipale.
En vertu de l'avant-projet qui avait été
préparé, suivant le cahier des directives, la corporation devait
d'abord négocier avec le détenteur de
permis ou le principal détenteur de permis pour desservir le
territoire sous la juridication de la corporation. Si une entente
s'avérait impossible, la corporation devait demander des soumissions
publiques et les règles à suivre étaient celles
prévues aux articles 69 et suivants.
Ce n'est que lorsqu'il s'avérait impossible d'accorder un contrat
à une entreprise privée que la corporation pouvait être
autorisée à exploiter elle-même le réseau de
transport en commun. Le projet de loi 73 a été inspiré
d'une philosophie tout à fait contraire. En vertu de l'article 49 du
projet de loi, la corporation doit exploiter elle-même le réseau
de transport en commun. Ce n'est que par exception qu'elle peut en confier
l'exploitation à un entrepreneur, philosophie forcément
très différente. Si la corporation obtient la permission de
confier l'exploitation à un entrepreneur, elle ne peut négocier
le contrat, même si l'entrepreneur est celui qui détenait le
permis d'exploiter le service. En effet, en vertu de l'article 69, la
corporation doit faire un appel d'offres public.
L'avant-projet de loi du mois d'octobre dont je parlais tantôt
prévoyait le calcul des indemnités à être
payées aux détenteurs des permis évincés. Dans le
projet de loi no 73, on se contente de dire, à l'article 55: La loi de
l'expropriation s'applique.
Mme le Président, je ne me mettrai pas à contester la
philosophie qui anime actuellement le gouvernement selon laquelle il
désire privilégier l'exploitation du service par le biais de la
corporation municipale et intermunicipale, elle-même l'administrateur,
l'exploitante. Quand on regarde ce que cela coûte, par le biais d'un
gouvernement quel qu'il soit, qu'il soit fédéral, qu'il soit
provincial ou qu'il soit municipal, quand on sait la différence des
coûts entre une administration gouvernementale à quelque niveau
que ce soit et l'administration privée, je pense que les parlementaires
devraient être très prudents avant de confier l'administration ou
de privilégier l'administration directement aux administrateurs de
corporations formées.
J'ai à la mémoire, comme si cela venait de se passer il y
a quelques jours, les revendications qu'on a eues et qu'aura le ministre des
Transports si c'est la corporation ou la corporation intermunicipale qui
administre ses biens, son service. Les syndicats demanderont
immédiatement, dans quelque endroit reculé du Québec qu'on
sera, la parité avec Montréal. Ce sera 30 jours après que
vous l'aurez. Je l'ai eu moi-même dans le transport scolaire et dans
d'autres secteurs de transports. Immédiatement, ce sera la parité
qui sera exigée. Quelles que soient les objections que pourront apporter
les membres du gouvernement actuel, je pense qu'on se ramassera devant un
déficit à payer qui ira chercher en importance le déficit
que notre collègue qui est ici aura à payer comme contribuable
pour la CUQ. Ce sera de même partout dans le Québec et avec des
villes, des municipalités où les gains per capita ne ressemblent
pas à ceux de la région de Sept-lles, de Montréal ou de
Québec, où les gens n'ont pas la même capacité de
payer.
Mme le Président, il est vrai que je parle au nom du parti,
j'espère quand même ne pas en abuser. Les quelques remarques
supplémentaires que je voudrais apporter seront peut-être à
bâtons rompus mais, de toute façon, c'est au nom du parti que je
le fais.
Mme le Vice-Président: Très bien, M. le
député de Charlevoix.
M. Mailloux: Mme le Président, il y a, partout dans le
Québec, des exemples frappants et probants concernant des
administrations qui sont aujourd'hui en difficulté. Je sais que le
projet de loi qui est apporté devant cette Chambre est forcément
pour répondre à des problèmes financiers vécus dans
le Haut-Saguenay, à Lévis-Lauzon ou ailleurs, les régions
du Cap-de-la-Madeleine, de la Mauricie, où on a vu des transporteurs
délaisser oui, malgré le non que me dit le
député de Trois-Rivières pendant que j'étais
là, le service un certain temps parce qu'on n'arrivait pas à
faire un profit que peut exiger une entreprise privée. Je sais
forcément qu'il est nécessaire que quelqu'un prenne la
relève si l'industrie privée n'est pas en mesure d'assumer sa
responsabilité. On a eu une première étape. Pour
tâcher de rentabiliser davantage ces transporteurs, on avait choisi 40
villes et municipalités du Québec où il y avait un
même transporteur qui s'occupait du transport en commun et du transport
des écoliers. Cela n'a pas apporté de problèmes
très compliqués puisqu'on a négocié afin de
rentabiliser davantage le service dans ces villes pour que les mêmes
véhicules puissent avoir un achalandage supplémentaire de
clientèle. C'était une première étape qui
était peut-être du "patchage" mais qui avait été
bien étudié. A partir d'une expérience vécue, cela
pourrait permettre, dans l'avenir, au ministre des Transports de juger s'il y
avait une rentabilité accrue si le même transporteur effectuait
l'ensemble des transports.
Le ministre dit qu'un des avantages du projet de loi sera de permettre
au même transporteur d'effectuer le transport municipal ou intermunicipal
organisé, les voyages à charte-partie, le transport saisonnier de
personnes, les visites touristiques, tout transport à effectuer à
l'intérieur d'un territoire donné. J'accepte d'emblée que
tous les transports et encore davantage ceux qui sont les plus payants
ce soit forcément le transporteur qui en bénéficie
et qu'il n'ait pas seulement à subir les contrecoups de services souvent
éloignés où la population n'a pas une densité
extraordinaire, des services qu'on doit assumer à la journée
longue mais qui ne sont pas payants. Il est indiscutable que j'appuie le
ministre des Transports quand il dit que, dans un territoire donné,
l'ensemble des services de transport devront être effectués
uniquement et essentiellement par le même transporteur.
Mme le Président...
Le Vice-Président: Pardon?
M. Mailloux: II y a tellement eu de projets de loi de sexe, M. le
Président, depuis quelques jours,
que mon collègue me dit qu'on ne sait plus à quel sexe
s'adresser. Je ne voudrais pas vous faire cette injure parce que en vous
reconnaissant pertinemment...
Le Vice-Président: Ce n'est pas une injure. M.
Mailloux: ... je sais exactement où je vais...
Le Vice-Président: Ce n'est pas une injure mais je ne veux
pas être transsexualisé.
M. Mailloux: M. le Président, excusez-moi de ne pas vous
avoir reconnu au moment où je regardais les quelques notes que j'avais
devant moi. Dans le projet de loi no 73, il y a également un
problème particulier qui attire mon attention. Tantôt, le ministre
des Transports a parlé abondamment de responsabilités locales
à confier à des gens qui sont plus près d'un
problème et qui doivent eux-mêmes les assumer. Quand je fais la
lecture du projet de loi no 73, je constate malheureusement son
omniprésence presque à la majorité des articles.
Il lui serait difficile tantôt dans sa réplique de me dire
que le geste final à apporter, ce ne sera pas lui qui forcément
l'apportera. Ce sera toujours le ministre qui aura à décider. La
fonction locale et non provinciale qu'on voulait donner à l'ensemble des
transports organisés de cet endroit, je pense qu'en regardant le bill,
ce n'est pas ce que les faits nous donneront. C'est le ministre qui
décidera définitivement en dernier ressort.
Mme le Président, ce qui me surprend également dans le
fait que le gouvernement veuille apporter immédiatement... M. le
Président, quand le ministre présente un projet de loi pour
l'ensemble du territoire du Québec, un autre phénomène que
je trouve un peu anormal, c'est que si le gouvernement actuel, comme le
précédent, est à la veille de déposer un livre vert
sur la politique des transports, je pense qu'en présentant ce projet de
loi, il y a une étape qui n'a pas été franchie. Quant aux
conseils des comtés, i'APAQ, l'ATEC, l'ensemble des protestataires, sans
vouloir charrier, je pense que le gouvernement, le ministre des Transports
aurait pu permettre que les principaux intéressés puissent se
faire entendre.
Je ne voudrais pas, à la lecture de télégrammes qui
nous ont été envoyés de différents endroits,
commencer la nomenclature de tous les éléments qui sont
apportés dans ces télégrammes. Peut-être que
quelques-uns de ceux qui me suivront en parleront, mais il ressort qu'une
commission parlementaire sur un tel projet de loi aurait quand même
permis d'éclairer l'ensemble de ceux qui sont impliqués dans le
problème, les villes concernées, ceux qui font le transport
d'écoliers, ceux qui font déjà du transport en commun, les
contribuables qui auront à supporter la note. Le ministre aurait pu au
moins leur dire de quelle façon et à quel coût le transport
en commun pourrait s'organiser ici et là.
Quand on est rendu au 19 décembre, je n'ai pas le goût et
ce n'est pas mon intention de char- rier davantage sur le projet de loi 73.
J'avais suggéré au leader parlementaire, pour éviter tout
retard dans l'adoption du projet de loi, non pas de scinder le bill, mais
d'apporter un article supplémentaire par lequel le ministre des
Transports aurait pu couvrir, dans un premier temps, ce que je disais
tantôt, les parties de la province où il y a des problèmes
à régler dans l'immédiat. Je pense que cela aurait pu
permettre cela aurait été une seconde étape
après les 40 villes que nous avions déjà couvertes par une
autre directive d'avoir un exemple, et peut-être que dans un laps
d'une ou deux années, on aurait pu savoir si, pour l'ensemble du
territoire du Québec, le ministre ou le gouvernement pouvaient se
permettre qu'un nouveau service puisse être implanté dans les
municipalités, à la charge des contribuables et sous la gouverne
partielle des municipalités.
Je pense que cela aurait été sage. Quel que soit le
désir qu'ont les contribuables d'avoir des services, en dernier ressort,
il y a toujours quelqu'un qui paye la note, que ce soit par le biais de la taxe
provinciale, de taxes municipales ou autrement. Quand on implantera un nouveau
service dans une municipalité, ce sera toujours le même
contribuable qui aura à en supporter la note. De toute façon, il
y a dans ce bill des éléments que j'approuve. Nous dirons au
moment de l'appel des votes de quelle façon nous entendons voter, mais
je regrette infiniment que le gouvernement privilégie à outrance
la prise en charge par les municipalités, parce qu'on met de
côté des transporteurs qui ont donné un service très
difficile en payant souventefois de leurs propres deniers. Je pense qu'ils ont
fait la preuve que l'administration d'une entreprise privée est
passablement moins coûteuse que celle que l'on retrouvera et que l'on
retrouve dans chacune des commissions de transport. Personne en cette Chambre
ne me fera accepter les coûts prohibitifs des commissions de transport
avec le peu de population qu'elles ont à transporter.
Il n'est jamais facile de faire un parallèle entre
l'administration de la Commission de transport de Montréal et une ville
comme Paris où on refuse du monde. Mais soyez craintifs, parce que,
quand vous aurez un transport en commun organisé dans des
villes-dortoirs, de 3000 à 5000 de population, qu'on n'aille pas me dire
que c'est pour satisfaire aux besoins des personnes démunies.
Après avoir été passablement longtemps en politique, je
pense que je peux affirmer qu'il y a des personnes qui n'ont pas de
véhicule pour se transporter, mais ce n'est pas que le lot des
assistés sociaux de ne pas avoir de véhicule. Ils viennent
à la porte de nos bureaux nous demander de l'aide sociale avec un
véhicule souvent plus récent que celui que je possède.
C'est un phénomène que tous les députés ont connu.
Il va falloir que ceux qui désirent organiser des services de transport
en commun sachent que la note à payer sera plus importante que
l'augmentation que demande cette année la région
métropolitaine de Québec et les villes où le per capita
gagné est plus important que partout ailleurs ne seront pas capables de
supporter de telles augmentations.
De toute façon, c'étaient les quelques observations que je
voulais faire sur ce projet de loi. Je voulais dire la différence de
philosophie qui avait animé la présentation de l'avant-projet de
loi, modifié depuis à la demande de l'actuel gouvernement et de
l'actuel ministre des Transports. De toute façon, il y a un besoin
immédiat dans certaines villes du Québec. Je sais qu'il y a ici,
dans cette Chambre, des députés qui ont vécu le
problème et qui ont à le vivre parce qu'ils demeurent à
l'intérieur de ces régions. Je leur souhaite bonne chance dans la
municipalisation des transports qui y seront organisés, mais qu'ils ne
fassent pas l'erreur d'aller penser que, parce que le gouvernement apporte le
projet de loi no 73, cela réglera tous les problèmes des
transports en commun. Il y a déjà eu des problèmes, mais
ils viennent principalement de commencer.
Le Vice-Président: M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Armand Russell
M. Russell: M. le Président, à l'occasion du projet
de loi no 73, vous me permettrez de faire quelques remarques en ce qui concerne
les pouvoirs que nous voulons donner à cette loi. D'abord, on sait que
c'est une loi que nous avons réclamée pour régler certains
problèmes, une loi que nous avons attendue depuis longtemps et qui ne
s'applique pas aux municipalités où il existe des commissions de
transport bien organisées, comme Montréal et Québec. Elle
s'applique à des municipalités moyennes, là où les
cas sont bien connus, comme le Haut-Saguenay, la rive sud de Québec,
Lévis, la région de Trois-Rivières et de Sherbrooke.
Ce projet de loi vise aussi à promouvoir la création de
corporations municipales et intermunicipales de transport en commun. Il s'agit
là d'une intervention gouvernementale que nous avions souhaitée,
peut-être pas aussi grande et aussi large, avec les droits que le
ministre veut s'arroger. Actuellement, à la première lecture du
projet de loi, nous savons que le ministre, malgré les
déclarations qu'il a faites à l'extérieur de la Chambre,
ne tient pas compte de certains éléments drôlement
importants qui semblent inquiéter plusieurs personnes, plusieurs
éléments de la population, des gens qui ont une certaine
responsabilité.
D'abord, nous avons lu dans les journaux que le projet de loi
incorporerait même la couverture des déficits jusqu'à
concurrence de 50%. Si je feuillette le projet de loi, je ne vois nulle place
où on indique que chacune des corporations municipales recevra
volontairement de la part du gouvernement une somme couvrant 50% du
déficit. Je sais, par contre, que plusieurs de ces corporations
municipales, à la suite d'une enquête qui a été
faite par le gouvernement, ont démontré des coûts
d'exploitation très onéreux.
Comme le disait tout à l'heure le député de
Charlevoix, il y a peut-être là un grand danger si nous voulons
étendre ce transport en commun d'une façon trop libérale.
Je dis d'une façon trop libérale, parce que nous avons connu
plusieurs corporations privées qui ont tenté d'exploiter des
services pour couvrir une série de petites municipalités et qui,
après de multiples efforts, ont dû discontinuer ces services.
Je ne voudrais pas qu'aujourd'hui le gouvernement, avec toutes les
bonnes intentions qu'on lui connaît, contribue à former des
corporations qui voudraient essayer de démontrer la facilité de
donner ces services, peut-être requis, dans certains milieux, mais qui
seraient peut-être trop coûteux et que personne n'aura le moyen de
payer.
Lorsqu'on regarde bien objectivement, et je le prends comme preuve, le
rapport qui est émis par le ministère, il dit ceci: Dans le cadre
de l'aide gouvernementale, la commission du ministère des Transports a
versé $29 000 000 sur un déficit accumulé de $58 000 000;
et $25 000 000 ont été versés par le ministère des
Transports pour aider à payer la dette du métro. Il s'agit
simplement de transports en commun; je ne tiens pas compte du montant de $150
000 qui est versé aussi pour le transport d'écoliers.
Si on fait une analyse assez rapide, on va se rendre compte
immédiatement qu'on paie déjà une facture assez lourde et
que les services sont assez pauvres. On va dire que dans le transport scolaire,
là on a été assez libéral, c'est vrai. Je connais
des routes où il y a trois autobus qui passent et où le nombre
d'enfants qui sont ramassés pourraient l'être par un petit
autobus. Trois gros autobus passent pour le transport sur cette route. Cela se
voit souvent. Je ne peux pas croire qu'il n'y a pas moyen de s'organiser pour
avoir un transport scolaire qui coûterait moins cher que celui que nous
avons actuellement. Quand on parle de $150 000 000 pour transporter moins de
750 000 élèves, ce qui veut dire $200 par élève,
cela me frappe.
Mais il n'est pas nécessaire d'organiser un transport en commun
à travers la province de Québec pour réussir cela. Il
s'agit simplement d'organiser une coordination entre les transports de
différentes commissions scolaires pour garantir que l'autobus qui va
passer sur une route prendra tous les élèves qui seront là
présents pour ne pas qu'on ait à passer trois ou quatre autobus
qui se promènent simplement à prendre quelques
élèves.
Je ne voudrais, pas M. le Président, que, par rapport à
ces lacunes, l'on passe une loi aussi draconienne, aussi imposante que celle
que nous présente le ministre actuel. Je sais qu'on va dire qu'on veut
charroyer, comme on dit souvent en terme canadien; ce n'est pas cela du tout.
Qu'on examine bien attentivement ce projet de loi et qu'on regarde les pouvoirs
que se donne le ministre; dans 18 petits articles, dans l'administration, des
pauvres messieurs qui font partie de ces corporations devront s'adresser au
ministre pour essayer de régler leurs problèmes. Cela va aussi
loin que la vente de moins de $500 pour un vieil autobus qui aurait
été subventionné. Imaginez-vous qu'une corporation de
cinq, sept ou neuf mem-
bres, des gens responsables, des gens qui ont été
nommés par la population, d'abord au conseil municipal et ensuite
à la corporation municipale, vont être obligés de se
retourner et demander la permission au ministre de se libérer d'un vieil
autobus qu'ils pourraient vendre peut-être pour $600. Je pense que c'est
charroyer un peu loin que de se servir de gens simplement comme des
marionnettes. Si je vous disais que pour les contrats qu'on aura à
demander, il faudra s'adresser d'abord par appel d'offres. S'il n'y a qu'un
soumissionnaire on n'a pas le droit de donner le contrat, même si c'est
une soumission qui est en bonne et due forme, faite dans les cadres des devis
établis par la corporation. S'il n'y a qu'un soumissionnaire, il faudra
se retourner vers le ministre et dire: M. le ministre, est-ce qu'on peut donner
cette soumission ou ce contrat?
M. Grenier: Je m'excuse, mon collègue, de vous
interrompre, mais j'aimerais, M. le Président, que vous fassiez
appliquer le règlement et demandiez au député de
Taschereau et au whip du Parti québécois d'aller fumer ailleurs
que dans la Chambre. Il me semble qu'il y a des limites, quand même.
Le Président suppléant (M. Bertrand): M. le
député de Mégantic-Compton, je pense que, sans que le
président ait quoi que ce soit à ajouter, vos remarques auront
sans doute permis aux intéressés de s'y conformer.
M. Russell: M. le Président, je me demandais si
c'étaient les mêmes normes qu'on avait utilisées pour
l'appel des soumissions à des gens sur le territoire lorsqu'on a
donné le contrat à GM, qui est une corporation canadienne, dont
la majorité des actions sont détenues par des Américains.
Dans le Québec, c'est une goutte d'eau dans la chaudière et on a
mis de côté une corporation complètement
québécoise et qui a des preuves de faites.
M. Duhaime: Pertinence.
M. Russell: Ce n'est pas cela, les soumissions que vous venez de
donner? Nous autres, le gouvernement, on prêche de belles thèses,
on donne des coupures de journaux, comme je le disais tout à l'heure au
ministre. Il paraît qu'on va donner 50% dans le cas de déficits,
qu'on va donner 30% pour l'achat d'autobus, et on dit que cela va
paraître dans la loi. Je regarde le projet de loi, je l'examine comme il
faut, j'ai essayé de l'examiner, je l'ai fait examiner par des
conseillers juridiques, et nulle part dans la loi je n'ai vu que les
corporations municipales recevraient 50% de subventions sur leurs
déficits, ni 30% sur l'achat d'autobus.
M. Lessard: Visiblement, c'est l'article 3 de la Loi du
ministère des Transports où le ministre peut donner des
subventions.
M. Russell: C'est un règlement?
M. Lessard: Les règlements vont s'appliquer.
M. Russell: M. le Président, je vais vous lire l'article
à moins que les journalistes, en cours de route, aient joué des
tours au ministre. J'ai vu ici que ce serait inscrit dans la loi. Si je peux
trouver l'article du journal en question pour le lire au ministre, il doit se
le rappeler.
M. Duhaime: Cela doit être dans le Devoir.
M. Russell: Pardon?
Une Voix: Ce n'est pas mauvais, le Devoir.
M. Russell: Non, ce n'est pas dans le Devoir, c'est dans la
Tribune de Sherbrooke. Ce n'est pas exact? On va déchirer cela, on va
dire aux journalistes qu'ils ont fait une erreur. Par contre, je dis simplement
que cela se rapporte à ceci: deux poids, deux mesures. Lorsqu'il s'agit
des municipalités, il faut qu'elles agissent sur le territoire. S'il
s'agit d'une corporation en bonne et due forme, la première
assemblée, c'est le ministre qui doit la convoquer, la présider,
ou son délégué, pour former une corporation: c'est cela.
Les municipalités ne peuvent pas se convoquer elles-mêmes. Il faut
que ce soit le ministre qui convoque l'Assemblée c'est
écrit dans la loi ou son délégué, et ce
dernier aide à choisir le président ou le secrétaire;
c'est la liberté qu'on donne à ces corporations.
Pour louer des locaux dans les édifices des corporations, cela va
prendre une permission du ministre. Pour acquérir de gré à
gré, encore une permission du ministre. On pourra dépenser en bas
de $25 000 par soumission, à condition que ce soit demandé sur le
territoire, et, comme je vous le disais tout à l'heure, à
condition qu'il y ait plus d'un soumissionnaire; sinon on pourrait donner le
contrat mais encore avec la permission du ministre.
Si je continue à examiner ce document, je disais tout à
l'heure que pour libérer l'équipement qui est la
propriété de la corporation, pour lequel elle aura payé
soi-disant 70%, si le ministre s'en tient aux 30% de la subvention qu'il a
promise par la voie des journaux, il faudra qu'elle fasse encore appel au
ministre pour se libérer de cet équipement. C'est un peu la
liberté qu'on donne aux corporations municipales qu'on veut
créer. C'est pour ces raisons qu'aujourd'hui les conseils de
comté se plaignent, sont nerveux. Ils ont demandé aux
Oppositions, tant au Parti libéral qu'au parti de l'Union Nationale
je pense bien que le député de Beauce-Sud a reçu la
même requête de solliciter le gouvernement pour qu'ils
témoignent devant la commission.
Il me semble que c'est une demande bien normale. Il me semble que le
ministre pourrait répondre à cela. Je sais que dans les
délais qui existent actuellement, le ministre ne pourrait
peut-être pas les convoquer, mais il pourrait peut-être leur
permettre de venir. Qu'ils viennent devant la commission parlementaire, exposer
leurs griefs. Dieu sait que cela a porté fruits dans d'autres
commissions; sur le bill 45, je sais qu'au début le ministre du Travail
et de la Main-d'Oeuvre avait
pris comme position qu'il ne convoquerait pas la commission; finalement,
il est revenu sur ce qu'il avait dit. Il a accepté de convoquer la
commission.
Cela a porté fruits. Ces gens qui représentent des masses,
ce sont des gouvernements locaux. Ils veulent simplement le bien de leurs
commettants. Ils ne veulent pas de mal aux ministres. Ils veulent tâcher
de faire entendre leurs griefs. Ils veulent cette liberté. Dans le
passé, le ministre aussi bien que son gouvernement, qui se sont dits
transparents, qui étaient prêts à rencontrer tout le monde,
qui étaient de grands démocrates, il me semble que ce serait
normal qu'ils reçoivent ces gens. Je suis convaincu qu'ils seraient
prêts à venir témoigner devant la commission. Pour les
convoquer, cela prendrait 24 heures. Ils seraient ici.
On pourrait les entendre. Ils ont peut-être des recommandations
qui seraient heureuses pour le ministre sur cette loi. Actuellement, j'avertis
le ministre, on est d'accord sur la loi, sur ses principes, mais je pense
qu'elle va trop loin. Je pense qu'il enlève trop de pouvoirs aux
corporations. Il leur laisse la totale responsabilité financière,
mais il leur attache les deux mains quand arrive l'administration. Si ce n'est
pas cela, en commission, on va le prendre article par article, on pourra les
repasser tous et je suis bien d'accord, on a des amendements à apporter.
On veut l'améliorer la loi.
Mais je dis que c'est là la crainte des conseils de comté
et c'est justifié. Je sais que le ministre le fait par restriction. Il
connaît assez le malaise. Il comprend le malaise qui existe actuellement.
Il a peur que cela parte en grande et qu'il perde le contrôle
carrément. Il veut essayer de tout contrôler actuellement. Mais je
dis qu'il va trop loin dans ce domaine. Peut-être qu'on va restreindre la
loi à certains territoires qui sont déjà exploités.
Tâchons d'améliorer ceux-là. Laissons les autres
tranquilles pour le moment et, à l'expérience des faits, on
pourra peut-être agrandir le territoire de l'exploitation de ce service
en commun qui est un service nécessaire pour des villes comme
Chicoutimi, Trois-Rivières, Sherbrooke. Mais, pour des villes plus
petites que 25 000 de population, cela devient des problèmes majeurs.
Vous en parlerez au député de Shefford. Il a été
élevé là-dedans, le transport. La ville de Granby a
peut-être 40 000 de population.
M. le Président, je dis simplement ceci, et je voudrais terminer
là-dessus. Je ne veux pas être trop long. Le ministre devrait
être attentif ou réceptif à cette demande qui est faite. Je
le fais de bonne foi. Je pense que cela ne presse pas tant que cela. On
pourrait retarder la loi si c'était nécessaire. S'il y a des cas
particuliers à régler, on peut adopter une loi juste pour
régler ces cas. Prenons trois mois, six mois, si nécessaire.
Soyons certains que cette loi ne va pas trop loin et qu'on ne crée pas
un autre malaise qui peut être malheureux, que le ministre va regretter
par la suite. Il sera peut-être trop tard. Vous savez, quand cette
machine est partie, la machine gouvernementale, dans un domaine où elle
va dans toutes les directions, ce n'est pas facile à ramener.
On est mieux d'y aller étape par étape pour s'assurer
d'avance qu'on ne cause pas de malaise. On en connaît des
activités, actuellement, dans des régions comme Chicoutimi, comme
l'Outaouais, Sherbrooke, Trois-Rivières. Ce n'est pas ce qu'il y a de
plus recommandable. Je n'accuse personne en ce moment. Mais quand on regarde
les coûts à la suite de l'enquête qui a été
faite par le ministre, ce sont des coûts qui sont de beaucoup trop
onéreux et qu'on n'a pas les moyens de payer. Actuellement, M. le
Président, si le ministre voulait essayer de corriger ce malaise, ce
n'est pas en créant un autre malaise qu'il va régler
celui-là. Ce n'est pas en arrivant avec un système
étatique, comme on tente de le faire par cette loi, parce qu'on
enlève tous les pouvoirs aux corporations.
Le ministre garde tous les pouvoirs, excepté quand va arriver le
temps du financement. Il y a une autre inquiétude. On donne aux
corporations le droit de financer l'immobilisation jusqu'à 50 ans.
Sont-ce des autobus qu'on va financer sur 50 ans? Sont-ce des bâtisses?
Je me demande ce qu'on va financer sur 50 ans. J'ai essayé de comprendre
cela et je ne trouvais pas d'édifice qu'on finance jusqu'à 50
ans. Cela n'existe pas encore ou très peu. Ce serait la seule partie
qu'on pourrait financer sur 50 ans, s'il y en avait une. Ce ne sont
certainement pas les autobus qu'on va financer sur plus de 10 ans.
Mais, dans la loi, il y a un pouvoir où les corporations peuvent
emprunter sur 50 ans. C'est beaucoup trop libéral dans ces
années-ci. On devrait essayer de restreindre ces pouvoirs qu'on veut
donner aux corporations, mais toujours sous le contrôle du ministre.
M. le Président, je termine là-dessus en demandant au
ministre de réviser un peu ses positions et de ne pas créer de
malaises, comme nous tentons de le faire avec ce projet de loi actuellement,
que nous aurons l'occasion de discuter en commission tout à l'heure.
Nous pourrons alors parler et peut-être apporter des amendements. Le
ministre a mentionné que, lui aussi, voulait apporter des amendements;
peut-être qu'il aurait été recommandable qu'il le fasse
d'avance, qu'il nous dépose les amendements. On aurait pu les examiner.
Cela aurait pu éviter bien des choses qu'on a pu dire en deuxième
lecture. J'espère qu'on les aura dès le début, avant
l'étude en commission, pour qu'on puisse en prendre connaissance pour
peut-être éviter des discussions à n'en plus finir afin
qu'on puisse procéder aussi rapidement que possible.
Je demande encore au ministre, en terminant, d'y penser
sérieusement. Peut-être qu'il y aurait possibilité qu'on
convoque les intéressés. En deux ou trois heures de
séance, on pourrait les entendre et ils repartiraient peut-être de
bonne humeur, satisfaits des réponses que donnera le ministre à
leurs questions. Si on leur dit qu'on ne les entendra pas du tout, ils seront
simplement vexés. C'est une chose dont ils sont incertains; cela
crée un malaise parmi la population et ce n'est pas nécessaire,
quand on adopte un projet de loi aussi délicat que celui-là. Je
sais ce que cela coûte actuellement et, si on ne fait pas attention, cela
coûtera le
double de ce que cela coûte là et cela va peut-être
apporter moins que cela rapporte au point de vue de la satisfaction de
l'ensemble de la population.
Je vous remercie. Je peux vous dire que, étant donné que
le ministre a consenti à apporter des amendements en commission
plénière, je serais disposé à voter en faveur de la
deuxième lecture. On verra les amendements que nous pourrons faire
accepter, ceux qu'il a apportés et peut-être qu'en
troisième lecture, si on n'a pas satisfaction, on pourra réviser
notre position.
Merci, M. le Président.
Le Président suppléant (M. Bertrand): Merci, M. le
député de Brome-Missisquoi. M. le député de
Beauce-Sud.
M. Fabien Roy
M. Roy: Merci, M. le Président. Lorsque le ministre a
déposé ce projet de loi, le 23 novembre dernier, j'étais
un peu loin de m'attendre que ce projet de loi concernant les commissions de
transport particulièrement puisse s'étendre à tout le
territoire du Québec. En examinant ce projet de loi, je me suis rendu
compte, tel que l'ont dit mes collègues qui m'ont
précédé, que ce projet de loi donnait
énormément de pouvoirs au gouvernement, à l'Etat.Je comprends que le ministre a des obligations et des
responsabilités particulières. Je pense qu'il y a certains
problèmes qui exigent une attention spéciale, urgente de la part
du gouvernement de façon à pouvoir régler les questions de
transport urbain pour certaines agglomérations et certaines villes du
Québec.
Depuis la publication de ce rapport, il y a beaucoup de choses qui ont
été dites, qui ont été écrites même.
Plusieurs interventions ont été faites par différents
organismes concernés par l'application de ce projet de loi. Qu'il
suffise de mentionner ici un organisme qui a fait parvenir des
télégrammes, je pense bien, à plusieurs membres de
l'Assemblée nationale, à toutes les formations politiques.
J'aimerais le lire puisque, effectivement, mes collègues
ne l'ont pas lu pour qu'il soit consigné au journal des
Débats de l'Assemblée nationale. Ceci est une copie du
télégramme envoyé à l'honorable Lucien Lessard,
ministre des Transports du Québec. "Honorable ministre Lessard, en tant
qu'Association du transport écolier du Québec, nous prenons
connaissance, au nom des 1200 transporteurs scolaires, du projet de loi 73 et,
après étude, nous désirons vous aviser que nous avons de
sérieuses et graves doléances à son sujet à vous
exposer. Ayant appris que ce projet de loi 73 sera soumis en deuxième
lecture aujourd'hui même, nous nous empressons de vous demander de
surseoir à l'adoption du projet et de bien vouloir accueillir nos
représentations à ce sujet. "Par cette loi d'étatisation,
ce projet 73 affectera et éliminera de l'entreprise privée,
immédiatement, 2500 des 8000 véhicules de la flotte scolaire au
Québec je pense, M. le Président, que c'est une question
qui ne peut pas nous laisser in- différents et, dans un avenir
rapproché, près de 3000 autres véhicules seront
touchés, soit au moins 500 propriétaires et 6000 chauffeurs, dont
75% du parc autobus et de l'emploi existant, et 50% des hommes d'affaires de
petites entreprises disparaîtront, sans compter une perte de capital
investi de $100 millions. "Depuis 1964, tous ces transporteurs et leurs
employés, par leur entreprise privée, donnent un service de
qualité, très sécuritaire, et représentent un
modèle d'administration à imiter. Malgré les promesses du
ministre des Transports qui, à maintes reprises dans le passé, a
donné l'assurance aux transporteurs et à leur association de ne
pas craindre l'étatisation, nous croyons, dans l'esprit de cette
assurance fournie par le ministre, que nous avons toujours offert le meilleur
service et maintenu des normes sécuritaires et dignes de notre
clientèle, les écoliers du Québec. "Par l'adoption de la
loi 73, des droits acquis à ces transporteurs sont en danger,
principalement à cause de l'article 66 qui prévoit que seules les
nouvelles corporations auront autorité sur les contrats de transport
scolaire. Il est inconcevable que ce projet de loi aille jusqu'à ignorer
la possibilité d'acquisition de gré à gré ou
d'expropriation du capital-actions et des droits acquis des entreprises de
transport scolaire appelées à disparaître. "Attendons
incessamment réponse à cette requête et sommes à
votre immédiate attention. Association du transport écolier du
Québec, Jean-Guy Boulet, ex-président et responsable du
comité de la réglementation scolaire".
M. le Président, il ne fait aucun doute que ce projet de loi
bouleverse un certain nombre d entreprises existantes, entreprises pour
lesquelles des gens ont investi des capitaux, entreprises pour lesquelles des
gens ont risqué, et entreprises qui, à l'heure actuelle, donnent
satisfaction à la population puisque je ne sache pas qu'un très
grand nombre de personnes desservies par ces entreprises auxquelles je viens de
référer ont porté plainte à la population. Cela
nécessite un chambardement complet et radical dans le domaine du
transport public.
Il y a aussi d'autres organismes qui ont présenté des
réserves à l'égard de ce projet de loi. Justement, c'est
mon collègue de Brome-Missisquoi qui a fait allusion tout à
l'heure, ou c'est mon collègue de Charlevoix, à l'Union des
conseils de comté du Québec qui s'oppose formellement à
l'adoption du projet de loi précité
précipité, je devrais dire, mais je ne veux pas aller jusque
là parce que le projet de loi a été déposé
le 23 novembre dans sa teneur actuelle. Plusieurs raisons de cette
opposition furent données au ministre des Transports le 15
décembre, mais ce dernier insiste quand même pour que ce projet de
loi soit adopté sans délai et sans que les parties
intéressées n'aient eu l'occasion de se faire entendre en
commission parlementaire.
L'UCCQ dénonce notamment les dispositions relatives à la
constitution, par voie de décret, des corporations municipales ou
intermunicipales de transport, articles 2 et 3. En vérifiant dans la
loi, il
est évident que c'est surtout l'article 3 qui prévaut dans
ce domaine. Il rappelle certaines techniques que les autorités
provinciales ont déjà proposées afin de forcer les
municipalités à entrer dans un cadre qu'elles n'avaient pas
choisi pour, ensuite, supporter le fardeau fiscal des décisions prises
à un autre niveau que le leur. Le projet, tel que
présenté, force en effet les municipalités à payer
le déficit de ces corporations tout en les maintenant sous la tutelle du
gouvernement et du ministre. Référence aux articles 38, 39, 40,
42, 44 et 46 je lis le télégramme, M. le Président
47, 48, 49, 50, 54, 70, 76, 81, 84, 85, 91 et 115.
Le vote au conseil d'administration, article 25, devrait être
examiné de près de façon à éviter que les
contribuables de certaines municipalités ne soient lésés
par une décision majoritaire du conseil. Comme la municipalité et
les contribuables assumeront la plupart des coûts et des déficits
de cet organisme, il faudrait examiner les incidences financières de ce
projet, incidences qui n'ont pas été soumises aux
municipalités, à ce jour.
L'UCCQ demande donc instamment la tenue d'une commission parlementaire
afin qu'elle puisse faire valoir son point de vue sur les questions
précitées, sur tout autre sujet pertinent à la
création et à l'opération de corporations municipales ou
intermunicipales de transport. Signé: le président de l'Union des
conseils de comté du Québec, M. Jean-Marie Moreau.
M. le Président, je pense bien qu'on ne peut pas demeurer
indifférent devant les représentations qui sont faites tant par
les transporteurs propriétaires de flottes d'autobus, d'une part, que
par ceux qui ont la direction de l'administration des municipalités du
Québec. Ils regroupent les municipalités du Québec,
surtout les municipalités rurales, lorsqu'on se réfère aux
conseils de comté. Or c'est quand même deux grands organismes qui
sont les plus impliqués, les plus directement concernés par la
loi. Je ne fais pas de motion de renvoi à trois mois, la motion
traditionnelle. Je lui fais une suggestion et j'endosse les suggestions qui ont
été faites par mes collègues qui m'ont
précédé; si le ministre découvre, constate ou
considère, de par ses responsabilités et de par ses fonctions,
qu'il y a urgence de procéder dans certaines régions
particulières, qu'il le fasse en vertu d'une loi spéciale, une
loi particulière pour régler des problèmes particuliers.
Ou encore qu'il apporte un amendement à la loi, une annexe à
cette loi qui pourrait faire en sorte qu'elle ne pourrait que permettre la
création de communautés de transport dans certaines
régions du Québec. Il faudrait être extrêmement
prudent, ne pas ouvrir la porte à toutes les ambitions, à toutes
les possibilités de promesses qui nous arrivent et a tous les
appétits qu'on retrouve un peu partout.
Il ne faut pas oublier une chose, il y a toujours quelqu'un qui doit
payer quelque part. Le trésor public n'est pas une source de capitaux
inépuisable. On l'a vu dans le passé, on le voit encore
aujourd'hui et je suis convaincu qu'on continuera à le voir dans
l'avenir. Le principal élément qui de- vrait guider le
gouvernement, au lieu de faire des débats philosophiques: l'entreprise
privée versus entreprise publique, etc., etc., c'est qu'on devrait
examiner le premier principe, le principe qui devrait être le guide
même de nos décisions, à savoir: Quel est le meilleur moyen
qui peut être utilisé afin d'offrir à la population le
meilleur service au meilleur prix? Et on sait que dans ce domaine l'entreprise
privée a énormément de difficultés à
survivre. D'ailleurs l'entreprise publique n'est pas différente. Quand
on compare l'administration municipale, on sait que les administrations
municipales vont avoir recours à des subsides, à des subventions
gouvernementales. Il y a au Québec un certain nombre d'entreprises de
transport public, de transport en commun qui constituent des entreprises
privées, qui donnent un excellent service. Je pense que ce serait
énormément moins dispendieux pour l'Etat d'accorder des
subventions à l'entreprise privée, selon des règles, des
normes établies, des subventions statutaires qui pourraient tenir compte
du nombre de milles ou de la population à desservir, et d'un certain
nombre de facteurs, de façon à ne pas ouvrir la porte à la
dépense. On pourrait offrir un subside pour encourager et motiver au
lieu d'une dépense additionnelle.
Si l'on procédait de cette façon, on verrait à
mieux administrer le trésor public et à diminuer les pressions
qui se font sur les différents budgets publics. M. le Président,
en terminant, il y a quand même certaines dispositions dans cette loi. Je
me suis référé à plusieurs articles; le
règlement ne me permet pas de m'y référer
spécifiquement à ce moment-ci. Mais lorsqu'on demande à la
corporation d'exploiter d'abord le service, en priorité sur l'entreprise
privée, je pense qu'on va trop loin.
Lorsqu'on autorise les corporations qui touchent en partie un service
assuré par l'entreprise privée de se porter acquéreurs des
actions d'une entreprise de transport qui ne pourrait être touchée
que par un vingtième de son territoire, mais uniquement parce qu'un
vingtième de son territoire est touché par une entreprise de
transport en commun, que la corporation aurait le droit et le privilège
de pouvoir s'approprier du capital-actions selon d'autres dispositions qu'on
retrouve dans la loi, quand on voit, dans cette loi, que les soumissions
doivent être faites suivant une procédure déterminée
par le gouvernement, par voie de réglementation, quand on voit que le
gouvernement autoriserait la fin des contrats avec la permission du ministre,
quand on voit que tous les frais d'administration, les frais d'emprunt et les
frais de déficit sont aux frais de la municipalité, quand on voit
que les règlements peuvent être adoptés par le
gouvernement, et qu'en fin de compte on envoie la facture aux contribuables,
seulement à titre d'exemple, si jamais le gouvernement
fédéral adoptait une loi de cette nature à l'endroit d'un
ministère quelconque de la province et qu'il lui placerait une tutelle
telle que celle qu'on impose aujourd'hui aux municipalités du
Québec par les dispositions de la loi no 73, je serais curieux, en ce
qui me concerne, de voir la
réaction du gouvernement et de voir la réaction de
l'Assemblée nationale. Je serais solidaire avec le gouvernement pour
dénoncer une intrusion et un abus d'un pouvoir supérieur à
l'endroit d'une administration gouvernementale, d'une administration publique
très près des contribuables du Québec. Je serais solidaire
avec le gouvernement, mais je ne peux pas avoir deux poids, deux mesures. C'est
pourquoi je me pose de sérieuses questions et j'ai
énormément de réserves. On pourra y revenir lors de
l'étude de ce projet de loi article par article, mais je me pose de
sérieuses questions et j'ai énormément de réserves
concernant les pouvoirs que le gouvernement se donne, qui constituent, à
mon avis, une mise en tutelle beaucoup trop grande, beaucoup trop
prononcée à l'endroit des administrations municipales du
Québec.
M. Vaugeois: M. le Président...
Le Vice-Président: C'est souvent la même chose. Je
n'ai pas besoin d'invoquer l'usageje pourrais invoquer l'article
4mais je dois reconnaître M. le député de
Trois-Rivières qui, le premier, s'est levé et a dit: M. le
Président. C'est l'article 92. Je le regrette pour les autres. Vous
étiez deux du même parti à vous lever.
M. le député de Trois-Rivières.
M. Denis Vaugeois
M. Vaugeois: Je vous remercie, M. le Président. Je
m'excuse auprès de mon collègue d'en face, mais je serai
là pour l'écouter tout à l'heure, parce que c'est une
question qui m'intéresse beaucoup.
Je ne pense pas qu'on s'étonne de me voir prendre la parole sur
ce projet de loi. Les membres de cette Assemblée auront constaté
que Trois-Rivières est expressément mentionnée dans ce
projet de loi, à l'article 121. Je pense qu'une des
agglomérations urbaines susceptibles de profiter de ce projet de loi est
celle que je représente en partie.
L'orateur qui m'a précédé a fait une allusion que
je voudrais relever au départ, mais, auparavant, je veux bien marquer
l'approbation générale que je porte au projet de loi. J'en
profite pour féliciter le ministre. Il a dit lui-même que ce
projet de loi est perfectible. Nous sommes ici pour le perfectionner,
l'améliorer, mais, effectivement, il vise à des situations que je
réprouve. Il cherche à valoriser le transport en commun, et je
l'approuve.
Malgré l'allure que mon intervention pourra prendre, à un
moment donné, parce qu'il y a des choses dont j'ai envie de discuter
dans le projet, sur l'essentiel du projet de loi, je tiens à le
féliciter.
L'orateur qui m'a précédé a fait une comparaison
entre une relation fédérale-provinciale et une relation
provinciale-municipale. Je pense que ce député a une
expérience et des connaissances que je n'ai pas et qu'à ce
moment-ci il a voulu nous taquiner un peu, parce que, si le
député le permet, la constitution, malgré ses faiblesses
et ses lacunes, attribue aux Législatures provinciales une
responsabilité: les municipalités. Tandis qu'il n'y a rien dans
la constitution, que je sache, qui nous fait relever et qui nous rend, si vous
voulez... Bien que je pense que nous sommes un peu en situation de
subordination politique par rapport au gouvernement central, c'est plus une
question de fait qu'une question juridique.
Je n'accepte pas que le député de Beauce-Sud nous ait fait
ce parallèle sans les nuances qui s'imposent, mais je pense qu'il peut
faire lui-même les nuances et je n'insiste pas là-dessus.
J'aimerais relever une chose dans ce qui a été dit
précédemment, avant de prendre mon propre exposé. Le
ministre répondra sans doute à certains points qui ont
été soulevés. Il y en a un qui me fatigue un petit peu,
parce que je vis, dans mon comté, une expérience qui contredit
légèrement ce qui a été dit
précédemment, en particulier par le député de
Charlevoix. Je serais d'accord, peut-être, en principe, avec ces
avancés sur les parallèles ou les comparaisons qu'on peut faire
entre le coût d'exploitation au niveau d'une entreprise privée et
d'un corps municipalisé ou public. Je m'excuse, j'ai des
hésitations qui tiennent à une conversation qui se déroule
devant moi, M. le Président. Comme je n'ai pas l'habitude de cette
Chambre, ces propos, bien que menés à voix basse, me font perdre
un peu le fil...
M. Alfred: De vos idées.
M. Vaugeois: Merci, M. le Président. Donc, on a fait un
parallèle entre les coûts d'exploitation au niveau de l'entreprise
publique et de l'entreprise privée. A Trois-Rivières, à ce
moment-ci, vous avez un exemple, je pense, qui nuance les affirmations
faites.
M. Alfred: ...
Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Vaugeois: J'aimerais mieux que ce bavardage vienne d'en face!
Trois-Rivières a réussi à relever le défi d'un
service de transport en commun qui avait été abandonné par
une entreprise privée. Malgré des remboursements, d'ailleurs, des
gouvernements qui se faisaient à grands frais, cette entreprise a
abandonné le service. Ecoutez, sérieusement, Richard, est-ce
qu'il y aurait moyen de... J'aimerais pouvoir parler tranquillement.
Donc, une compagnie privée a abandonné, malgré
l'aide gouvernementale, un service de transport en commun. La ville de
Trois-Rivières, qui, exceptionnellement, a dans sa charte la
possibilité d'offrir ce genre de service, a relevé le défi
de donner le service et actuellement le donne avec des déficits toujours
réduits. Trois-Rivières fait donc la preuve, actuellement, qu'au
niveau municipal on peut réussir, tout corps public qu'on soit, à
relever le défi d'une économie de coûts au niveau d'un
service public. Trois-Rivières, au niveau, par exemple, des services
déjà existants à l'hôtel de ville, assure la gestion
du transport en commun
sans avoir engagé de personnel supplémentaire, sans que
les conseillers reçoivent de supplément de traitement, sans que
le maire ait un supplément de traitement, etc. Ils ont commencé
avec un nombre de passagers de... Oui.
M. Mailloux: L'actuel député de
Trois-Rivières me permettrait-il une question pour
m'éclairer?
Le Vice-Président: C'est à lui de le permettre. M.
le député de Trois-Rivières, est-ce que vous permettez une
question?
M. Vaugeois: Oui, bien sûr.
M. Mailloux: Est-ce que le député de
Trois-Rivières me dirait si, au moment où la compagnie
privée a délaissé le service, ils ont assumé la
même responsabilité pour les mêmes circuits exactement?
C'est peut-être exact.
M. Vaugeois: Non, effectivement. Trois-Rivières a repris
très progressivement l'organisation du transport en commun avec un
service qui, actuellement, couvre la municipalité de
Trois-Rivières pour l'essentiel. Mais la remarque du
député est juste: La ville n'a pas relevé le défi
du jour au lendemain de donner le même service que Carrier. Je dois
ajouter, par ailleurs, que la ville de Trois-Rivières, avec actuellement
des frais très minimes, réussit à donner un service qui
est apprécié de la population, puisque, la semaine
dernière, Trois-Rivières a dénombré 42 500 usagers
dans ses autobus, ce qui est un nombre record vu qu'on n'avait pas encore
atteint depuis le début le chiffre de 40 000. Et 42 500, c'est trois
fois la clientèle du début. Trois-Rivières réussit
à le donner, donc, à des coûts raisonnables, parce que les
véhicules sont de bonne qualité ils sont neufs pour la plupart
parce que les chauffeurs sont courtois, les horaires respectés et leur
territoire de mieux en mieux couvert.
Ceci va m'amener, d'ailleurs, à faire des remarques
générales sur le projet de loi. J'ai indiqué tout à
l'heure que je voulais adresser au ministre un certain nombre de
félicitations.
Le Vice-Président: M. le député de
Trois-Rivières, je m'excuse.
M. le député de Shefford.
M. Verreault: Est-ce que le député de
Trois-Rivières me permettrait également une question?
Une Voix: Dis non. M. Vaugeois: Oui.
M. Verreault: Est-ce qu'il pourrait me dire par combien se
chiffrent les profits du transport en commun de Trois-Rivières?
M. Vaugeois: II n'est pas question de profits pour l'instant.
Nous en sommes à une situation déficitaire, mais qui se
résorbe progressivement.
L'objectif de la ville de Trois-Rivières n'est pas de
réaliser des profits. C'est un service que la ville donne. Je ne pense
pas qu'une ville fasse de profits avec ses services d'aqueduc, avec son
réseau routier.
Quand une ville décide de donner un service municipal de
transport en commun, ce n'est pas une recherche de profits, c'est un service
qu'on donne à la population, et les gens de Trois-Rivières le
comprennent comme cela.
Donc, dans les propos du ministre tout à l'heure, nous trouvons
une valorisation du transport en commun. Dans le projet de loi 73, je trouve
l'occasion, pour l'agglomération urbaine concernée chez nous,
d'avoir un service de transport en commun qui permettrait une synchronisation
des circuits des trois villes desservies actuellement par trois entreprises
distinctes comme, également, une harmonisation des horaires serait
possible.
Egalement, nous nous retrouvons devant une situation qui fait qu'il y a
double sinon triple tarif pour les gens qui vont d'une ville à l'autre.
Les gens qui passent, par exemple, d'une ville à l'autre, ont double
tarif à payer. Il va de soi qu'un projet de corporation intermunicipal
abolirait cette situation et nous donnerait des zones tarifaires uniformes. La
loi n'en traite pas, et ce n'est pas mon propos d'entrer dans ces
considérations ce soir, mais je voudrais quand même dire que, pour
ma part, je suis à ce point favorable au transport en commun que je
voudrais qu'éventuellement on pense à d'autres formules de
transport collectif. D'autres pays nous donnent l'exemple de véhicules
collectifs, comme le taxi, par exemple ou, encore, le véhicule
individuel. Les gens déjà, chez nous, ont l'habitude de partager
une voiture pour se rendre au travail, mais nous savons qu'il existe toutes
sortes de contraintes qui font qu'il y a des restrictions qui empêchent
le propriétaire d'un véhicule de l'utiliser pour transporter des
camarades de travail. Il y a toutes sortes de choses à ne pas faire, il
y a les assurances qui s'en mêlent. Je pense que, dans une politique de
transport collectif, de transport en commun, d'économie de
l'énergie, on devrait permettre éventuellement à des taxis
d'être des taxis collectifs pour certains circuits, et à des
véhicules personnels d'être utilisés pour fins de transport
collectif.
Maintenant, quant au projet de loi lui-même, je constate et
j'admets avec les orateurs précédents qu'il y a une
précaution à prendre. Je suis assez d'accord que les
études précédentes nous ont montré que si le
transport en commun est une bonne chose en soi, il n'en reste pas moins que
cela peut coûter très cher. A cet égard, je suis
très sensible à cette question et je souhaite que cette loi, au
moment où nous l'étudierons article par article, soit ainsi faite
qu'elle n'augmenterait pas les coûts mais qu'elle chercherait constamment
à les diminuer.
Je pense qu'il faut chercher, au niveau de nos corporations municipales
ou intermunicipales, un personnel aussi léger que possible.
Trois-Rivières fait la preuve, actuellement, que sans personnel
supplémentaire, avec le gérant et son assistant,
avec le personnel régulier de l'hôtel de ville, on
réussit à gérer un service d'autobus fort convenable.
La loi prévoit également un bureau d'examen de griefs
où des gens auront des petites rémunérations. Je ne suis
pas certain que ce soit nécessaire face aux corporations municipales ou
intermunicipales qui verront des membres des conseils municipaux siéger
dans leurs rangs ces gens étant déjà les
élus du peuple, déjà sensibles aux revendications des gens
il me semble que, jusqu'à preuve du contraire, un bureau d'examen
de griefs pourrait peut-être faire l'objet d'une petite
économie.
Egalement les conseils d'administration, je les vois aussi légers
que possible et, encore là, je procède de l'exemple de chez nous
en disant que les échevins et le maire ont fait ce travail sans charge
supplémentaire. De façon plus importante, j'aimerais que, dans
nos travaux qui vont suivre, nous puissions intensifier notre réflexion
sur certains points qui m appartiennent vraiment majeurs, et c'est l'objet
même de mon intervention ce soir.
Sans me référer à des articles de la loi en
particulier, je voudrais toucher ces quelques points: le premier, c'est cette
fameuse acquisition de gré à gré, si possible, ou par
expropriation. Pour partir d'un cas concret, nous pourrions
éventuellement mettre une municipalité, Trois-Rivières,
dans la situation où, assumant déjà une
responsabilité de transport en commun, elle se verrait obligée
d'acquérir, au niveau d'une corporation intermunicipale, des
véhicules, des installations et des équipements, des biens qui
n'ajoutent pas vraiment à ses installations de départ. Si
j'accepte que la loi prévoie ces modalités, compte tenu des
permis des compagnies qui assument déjà le transport en commun
dans les villes voisines je me demande si nous ne pourrions pas trouver une
autre modalité d'intervention pour régler cette question des
permis. Je me demande, par exemple, si le gouvernement qui aura, de
toute façon, à reconnaître des déficits par la suite
ne devrait pas permettre à ces corporations municipales ou
intermunicipales, dès le départ, de démarrer sans charge
financière pour des choses qui ne donnent pas plus de valeur ou plus de
chances de succès aux corporations nouvellement formées.
Autrement dit, je considère que, tel que la loi nous le propose,
nous ne pourrions nous retrouver devant des charges qui décourageraient
les corporations nouvellement fondées.
L'effet psychologique, comme cela se produit actuellement à
Trois-Rivières, est important. Un moyen de transport en commun qui
coûte moins cher et qui est toujours meilleur avec d'excellents
véhicules a un effet d'entraînement sur les gens qui
adhèrent alors de plus en plus au transport en commun. Je me dis que les
corporations à former devraient commencer sans dette et, si vous voulez,
avec des véhicules en bon état, sinon des véhicules neufs,
avec des charges administratives aussi légères que possible pour
qu'on ne soit pas devant un défi impossible à relever. C'est dans
le même esprit, d'ailleurs, que j'ai abordé celui du bureau des
griefs.
Il y a un autre point majeur, à mon avis, dans la loi. Le partage
des coûts entre les municipalités pourra être
regroupé dans une corporation intermunicipale. La loi nous propose
actuellement un certain nombre de critères, soit en termes de distance,
soit en termes de coûts, soit en termes d'évaluation municipale.
Il m'apparaît très important de réfléchir sur un
autre critère qui pourrait être une espèce de coût
bénéfice, une espèce de revenu au mille. Je prendrai
encore le cas de chez nous; Trois-Rivières a 160 milles de rues. S'il
arrivait que la municipalité qui offre les plus grandes distances
à couvrir soit en même temps celle qui apporte au mille le plus
d'usagers et le plus de revenus, il me semble que cela devrait entrer dans
l'évaluation globale du partage des frais.
Je crois donc qu'on pourrait ajouter une dimension de revenus au mille.
Je terminerai là-dessus, en remerciant les membres de cette Chambre de
leur tolérance à mon endroit, y compris mon collègue de
Taschereau. Dernier point: la loi ouvre des portes à ce que je vais
dire. Grâce à l'article 49, par exemple, le cas suivant ne serait
pas exclu. Si on accepte de considérer Trois-Rivières comme un
entrepreneur en transport on pourrait éventuellement voir une
corporation intermunicipale accorder le contrat de service à la ville de
Trois-Rivières. Donc, on pourrait se retrouver devant une corporation
intermunicipale tel que le prévoit la loi, mais qui donnerait une
espèce de contrat de service, non pas à une compagnie
privée, mais à la ville de Trois-Rivières, qui a
déjà une expérience dans le transport en commun.
Je ne dis pas que c'est la solution. Mais je dis que cet aspect de la
loi, qui fait un certain nombre d'ouvertures, qui a beaucoup de souplesse et
s'adapte à des cas particuliers, me plaît beaucoup. Je trouve
important d'avoir une loi qui tient compte du réel et, dans le cas de la
région chez nous, le réel c'est qu'une ville dont la charte le
permettait a relevé le défi du transport en commun. Elle l'a
relevé avec, à mon avis, beaucoup d'astuce, beaucoup
d'imagination, beaucoup d'audace. Elle l'a fait d'une façon qui suscite
le respect au point que nous sommes obligés de réviser certaines
notions que nous ramenons, fois après fois, qui s'appellent l'entreprise
publique contre l'entreprise privée. D'une part, il y a cette
performance; d'autre part, une expérience d'acquise. Je ne pense pas que
personne dans cette Chambre ne se leurre sur la facilité d'organisation
d'un tel service de transport en commun; il y a une expérience qui est
nécessaire. Nous allons éventuellement acheter des compagnies de
transport en commun qui ont des permis d'exploitation.
Si cela se passe bien, peut-être qu'on pourra compter sur une
participation éventuelle du personnel nécessaire. Si cela se
passe moins bien, peut-être qu'il faudra tout inventer. Je me dis:
Pourquoi chercher à tout inventer quand une expérience existe
déjà? Donc, dans cette réflexion que nous poursuivrons sur
le projet de loi 73, je souhaite qu'on fasse notre profit de
l'expérience acquise et que beaucoup de souplesse dans les applications
de la loi soit ménagée.
Mme le Vice-Président: M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Victor-C. Goldbloom
M. Goldbloom: Merci, Mme le Président. Je voudrais dire
quelques mots sur ce projet de loi. Je reconnais qu'il y a au Québec des
problèmes qu'il faut résoudre. Nous avons des problèmes
qui existent même là où des commissions de transport
existent depuis de nombreuses années. Ces problèmes devraient
sûrement nous faire réfléchir. C'est un peu ce que les
municipalités, les organismes municipaux nous disent.
La formule de la constitution d'un organisme municipal ou intermunicipal
paraît belle au premier abord, mais il y a quand même des
problèmes qui se présentent qui peuvent être
différents de ceux qui existaient auparavant, avant la création
d'un tel organisme. Il y a des problèmes. Ce qui me préoccupe,
c'est que voici que les quelques problèmes qui existent dans la
province, actuellement, appellent une solution, mais j'ai l'impression qu'il y
a trois ou quatre mouches quelque part et que le gouvernement sort un canon de
123 articles pour les tuer.
Je m'abstiendrai de longs commentaires sur l'historique de cette
Assemblée et sur les plaintes précises de nos amis d'en face,
quand ils étaient de ce côté-ci quand un projet de loi de
cette importance, en contenu et en nombre d'articles, arrivait dans la
dernière semaine avant Noël. Je mentionne cela sans autres
commentaires, mais il y a quand même 123 articles dans le projet de
loi.
Nous voyons ici que le gouvernement veut répondre à un
certain désir qui existe dans la population de voir des solutions
apportées aux problèmes qui sont décelés.
Jusque-là, cela va. Quand le député de
Trois-Rivières invoque une certaine expérience vécue dans
son comté et quand il cite des éléments de ce projet de
loi pour indiquer que c'est une bonne chose que le gouvernement s'apprête
à faire, il parle d'une façon assez générale par
comparaison avec les présicions qui seront apportées au fur et
à mesure que nous étudierons le projet de loi lui-même.
Nous y trouverons qu'une municipalité pourra, advenant l'adoption
telle quelle du projet de loi, adresser au ministre une requête sous
forme d'une résolution et demander au ministre de procéder
à une étude. Cette étude pourrait porter sur la
constitution possible éventuelle d'une corporation municipale de
transport. Mais elle pourrait, selon ce qui est proposé dans le projet
de loi, porter, à la demande d'une seule municipalité, sur la
constitution possible éventuelle d'une corporation intermunicipale de
transport.
Or, il faut se demander ce qui arrive si une municipalité demande
une telle étude, demande que celle-ci porte sur l'opportunité de
créer une corporation intermunicipale et que les autres
municipalités disent qu'elles n'ont pas été
pétitionnaires, qu'elles ne sont pas d'accord. Ah! nous dirait le
ministre, à ce moment, il faudrait que le ministre exerce son meilleur
jugement dans l'intérêt du bien commun, et le reste sauf
que ce qui est proposé dans le projet de loi c'est que le gouvernement
puisse, suivant la recommandation du ministre, procéder par
décret à la constitution d'une corporation intermunicipale.
On peut comprendre pourquoi l'Union des conseils de comté et
l'Union de municipalités demandent que le gouvernement ne procède
pas immédiatement à l'adoption de ce projet de loi, convoque la
commission parlementaire et leur permette de venir s'expliquer et
éclairer la lanterne du gouvernement. Prenons quelques exemples au
hasard. Je les choisis vraiment au hasard, je ne veux pas viser en particulier
les municipalités que je vais mentionner, mais simplement choisir des
cas concrets qui pourraient se présenter.
Si, par exemple, la ville de Rimouski demandait que soit
effectuée une étude sur le territoire environnant, et si cette
étude indiquait qu'il serait possiblement désirable qu'un
réseau de transport en commun soit établi pour Rimouski,
Rimouski-Est et Pointe-au-Père, et si les deux autres n'étaient
pas d'accord et cela s'est déjà vu dans l'histoire du
Québec qu'est-ce que l'on ferait? Est-ce qu'on écouterait
les dissidences ou est-ce qu'on décréterait la constitution d'une
commission intermunicipale de transport? Le projet de loi ne nous donne pas la
réponse. Si, par exemple, la ville de Bromont demandait une étude
qui engloberait Adamsville, il serait possible qu'Adamsville ne soit pas
d'accord. Qu'est-ce qu'on ferait?
Mme le Président, au nom de toutes ces municipalités qui
pourraient, éventuellement, être en désaccord
l'Union des conseils de comté notamment, parce que les
éventuelles dissidentes se trouveraient plus probablement dans les rangs
de l'Union des conseils de comté que dans les rangs de l'Union des
municipalités je demande que la commission parlementaire soit
convoquée et que le dialogue s'établisse avec les
municipalités qui pourraient éventuellement être d'accord
et avec celles qui pourraient éventuellement être en
désaccord, et que les raisons de ce désaccord éventuel
soient examinées publiquement, tel que le Parti québécois
l'a toujours demandé quand il siégeait dans l'Opposition.
Mme le Président, il s'agit ici non seulement d'un pouvoir de
décret que le gouvernement veut se donner, mais également d'une
situation où, par la constitution d'une corporation, les conseils
municipaux qui seraient représentés, qui siégeraient
à la corporation ne seraient quand même pas en possession des
pouvoirs qui sont dévolus directement aux conseils municipaux par les
lois actuelles. Je m'explique. Plusieurs collègues ont cité des
exemples de dépenses qui pourraient être décidées
par le conseil de la corporation. Il est même prévu, dans le
projet de loi, que la corporation municipale ou intermunicipale pourrait
présenter, en cours d'année, un budget supplémentaire.
Mais, comme l'a si bien dit le député de Beauce-Sud, il faut que
quelqu'un paie en fin de compte et il est indiqué assez clairement que
les dépenses sont à la charge des municipalités.
Le ministre dit: Mais je pourrai donner des
subventions, je le fais dans d'autres cas. Cela est vrai, mais les
municipalités vont prendre connaissance d'un projet de loi qui dit que
les coûts seront à leur charge. C'est un peu cocasse, la
phraséologie qui est choisie. Je ne cite pas le texte de l'article,
mais, simplement pour illustrer le point que je veux souligner, on parle du
"paiement des déficits d'exploitation, s'il en est". Mme le
Président, c'est pas mal cocasse de trouver ces derniers mots dans le
texte du projet de loi, parce qu'on sait pertinemment qu'un peu partout
où il y a du transport en commun il y a des déficits. Et
voilà que tout est exposé, la façon dont la
répartition pourrait être faite, etc. Enfin, on dit que "chaque
municipalité doit, avant le 1er avril, payer à la corporation le
montant qu'elle lui doit," et, si elle ne paie pas dans le délai
imparti, la commission peut, à la demande de la corporation,
présenter une requête pour faire déclarer cette
municipalité en défaut, selon la section 5 de la loi de la
Commission municipale.
On comprend, Mme le Président, que les municipalités
puissent dire: Un instant, c'est au conseil municipal, par résolution,
par l'analyse de son propre budget, de déterminer le taux de taxes,
à déterminer les dépenses à effectuer et les
revenus à chercher pour rencontrer ces dépenses.
On pourrait me dire que la constitution de la corporation municipale ou
intermunicipale crée, en quelque sorte, une émanation de ces
mêmes conseils municipaux. Mais là je reviens au début de
mes remarques, Mme le Président, pour souligner le fait que, parmi ces
conseils municipaux, on pourrait, selon le projet de loi, en trouver qui
n'auraient jamais voulu faire partie de la corporation intermunicipale et
encourir de telles dépenses.
Quand on ajoute à cela que l'entreprise privée est
obligée de fonctionner par rapport à sa propre
rentabilité, si elle ne s'avère pas rentable, il faut faire
quelque chose. Il faut effectuer des coupures quelque part. M faut chercher
à augmenter les revenus, et s'il n'y a pas moyen de régler le
problème d'équilibrer le budget convenablement, il faut trouver
d'autres solutions. Mais quand il s'agit de l'entreprise publique, on finit par
augmenter les taxes et l'opinion publique gronde, mais on paye davantage.
Je ne vise personne mais je n'exagère pas non plus.
Peut-être que l'on trouvera que, dans le cas de certaines entreprises
publiques, il y a des bureaux somptueux qui sont occupés par le
président et par d'autres dirigeants, et qu'il y a du personnel qui est
exagéré en nombre par rapport aux besoins de l'efficacité.
Quand il s'agit de l'entreprise privée, c'est généralement
dans ces choses que l'on effectue les coupures, mais quand il s'agit de I
entreprise publique, il y a une terrible tendance de continuer de vivre dans
les bureaux somptueux et de continuer de retenir les services du personnel
nombreux et de continuer de faire payer le contribuable.
Mme le Président, le député de Beauce-Sud a fait
lecture de deux télégrammes. J'en ai devant moi un
troisième qui est court et qui est signé par le président
de l'Union des municipalités du Québec, M. Philippe Bernier, le
maire de Drummondville: "Le conseil d'administration de l'Union des
municipalités du Québec, réuni le 10 décembre 1977,
a été saisi du projet de loi 73, Loi sur les corporations
municipales et intermunicipales de transport, que vous déposiez le 23
novembre 1977 à l'Assemblée nationale." Le texte que j'ai devant
moi est tiré d'une dépêche de Telbec et n'est pas
adressé mais par la phraséologie, je présume qu'il est
adressé à un ministre. Je reprends la citation, Mme le
Président: "Malgré la nécessité dune loi sur le
transport en commun, il est impératif que les municipalités
soient consultées avant la sanction d'une telle loi quant à ses
effets sur l'administration municipale aux principes de gestion d'un
réseau de transport au coût d'acquisition et à l'autonomie
réelle des municipalités. "L'Union vous prie de surseoir à
l'adoption de cette loi avant le 31 décembre et exige la convocation
d'une commission parlementaire, pour que l'Union et aussi plusieurs de ses
membres les plus immédiatement affectés puissent soumettre leurs
commentaires."
Mme le Président, devant cette demande unanime du monde
municipal, doublée de demandes de la part d'autres organismes, il me
semble inconcevable que le gouvernement, de façon têtue, insiste
sur l'adoption de son projet de loi dans ces quelques jours avant l'intervalle
de Noël.
Tout ce que je peux dire, en terminant, c'est que le ministre des
Transports n'est peut-être pas très grand de taille, mais il est
en train, par ce projet de loi, de se faire le "big brother" des
municipalités.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Shefford.
M. Richard Verreault
M. Verreault: Mme le Président, vous comprendrez que le
Parti libéral, dans le fond de ce projet de loi no 73, Loi sur les
corporations municipales et intermunicipales de transport, est parfaitement
d'accord sur le principe énoncé qui fait que le gouvernement du
Québec doit aider et favoriser le transport urbain dans des villes de
grande importance.
Ce que le ministre nous présente aujourd'hui, avec le projet de
loi no 73, est tout à fait le contraire de ce que les
municipalités, les transporteurs ou, si vous le voulez, le transport en
commun désiraient. Je vous disais que le Parti libéral est
d'accord sur le principe de l'aide et de l'amélioration des services,
mais je vous dirai que je suis en complet désaccord avec le reste du
fond du projet de loi no 73.
Mme le Président, lors de l'étude en commission
parlementaire des crédits du ministère des Transports, le
printemps dernier, j'avais demandé au ministre des Transports s'il avait
consulté les parties intéressées en ce qui a trait au
projet de loi en question qu'il nous a déposé le 23 novembre
dernier.
A ce moment, le ministre m'avait répondu que toutes les parties
intéressées avaient été consultées et
qu'aucune objection n'avait été formulée de part ou
d'autre. Le ministre dépose le 23 novembre dernier son projet de loi no
73, et ce n'est que quelques jours après que les parties
intéressées ont pu en prendre connaissance. D'une part, l'Union
des conseils de comté en a pris connaissance le ou vers le 28 novembre,
soit près dune semaine après.
Il est tout à fait normal que le ministre des Transports ait cru,
à un moment donné, ou se soit leurré, à savoir que
personne ne s'opposait. D'autre part, l'Opposition officielle, et l'Opposition,
en général, ont cru, à un moment donné,
également, que tous étaient parfaitement d'accord avec le projet
de loi no 73. Cependant, les retours, les objections n'ont pas tardé.
Les opinants, tout à l'heure, qui ont parlé sur la motion de fond
en seconde lecture ont fait lecture de télégrammes qui ont
été envoyés au ministre des Transports. Ces
télégrammes provenaient à la fois de l'Union des
municipalités, des conseils de comté, des transporteurs
scolaires, de l'Association des propriétaires d'autobus du Québec
et tous sont unanimes à dire que cette loi doit être
retardée.
Je vous disais tout à l'heure que cette loi est
présentée à la toute dernière minute. Le
député de D'Arcy McGee en faisait également allusion. Il
n'en reste pas moins qu'à la suite des conséquences que
représente le projet de loi no 73, parce qu'il ne faut pas ignorer que
le ministre, afin de résoudre peut-être de cinq à huit
problèmes à Québec, à l'intention de standardiser
par une loi le transport en commun.
Je ne vous cacherai pas que le projet de loi 73 n'est, ni plus ni moins,
qu'un traquenard, un piège qui est lancé à la face des
municipalités, des transporteurs et de toutes les personnes
concernées.
Ce traquenard fait suite aux explications que je vous donnais tout
à l'heure. Evidemment, je ne sais pas si le ministre est très
conscient de la portée et de la longue portée du projet de loi
73. Nul ne doute, Mme le Président, qu'il m'a été
donné de travailler dans le transport urbain pour une compagnie de
transport de la ville de Granby. Mon expérience a duré plus de 17
ans. Pour que quelqu'un se lève ici en cette Assemblée pour me
dire que le fait que le gouvernement étatisera le transport en commun au
Québec pour les villes d'importance fera que ce transport sera rentable
et qu'il coûtera meilleur marché que s'il est exploité par
une entreprise privée, je crois que cet homme-là devra avoir de
sérieux arguments.
Tout à l'heure, au début du discours du ministre, ce
dernier nous a entretenus sur les autoroutes, sur les loyers, sur les
appartements de la ville de Montréal; ce que je considère comme
n'étant pas pertinent au débat de deuxième lecture du
projet de loi 73. Mme le Président, la compagnie de transport qui
exploite le service en commun à Granby depuis 1949 est une entreprise
privée.de-puis les quinze ou peut-être même les
dernières années, cette compagnie a été
déficitaire.
Maintenant, le ministre veut autoriser les municipalités à
se prévaloir du privilège qu'il leur concède dans le
projet de loi 73 afin d'organiser un transport. Pour ce faire, on peut
procéder par gré à gré ou par expropriation.
Connaissant le problème qui existe également dans le domaine du
transport scolaire, dans le voyage de charte-partie, dans le transport urbain,
les municipalités ne pourront jamais, à moins, comme le
mentionnait le député de Charlevoix, que ces municipalités
ne veuillent s'accorder un crédit politique ou un prestige politique, se
permettre de se lancer dans une entreprise semblable.
Premièrement, nous savons pertinemment que lorsque la
municipalité aura créé cette corporation municipale et
intermunicipale de transport, le coût d'exploitation ne doublera pas
simplement, mais triplera. Comme le mentionnait le député de
Charlevoix, les coûts d'exploitation seront abusifs. Ainsi, les
coûts, comme je le disais, augmenteront et les municipalités
auront de la difficulté. C'est toujours les contribuables qui auront
à payer parce que le projet de loi prévoit qu'une taxe pourra
être prélevée afin d'absorber les déficits
accumulés.
D'autre part, il y a des points qui sont litigieux dans ce projet de
loi: le ministre ne fait aucunement allusion aux ententes syndicales qui
pourraient exister; le ministre ne fait pas allusion aux problèmes qui
surviendront lors de la négociation, soit de gré à
gré ou au moment de l'expropriation. Le ministre a omis beaucoup de
choses dans ce projet de loi.
Motion de report à trois mois
Les répercussions que viennent de ressentir les personnes
impliquées dans ce domaine me poussent, Mme le Président
afin d'être assez bref, parce qu'il ne me sert absolument à rien
de développer ce qui a déjà été dit par les
opinants qui ont pris la parole avant moi de faire la motion suivante
qui se lirait comme suit: "Que la motion en discussion soit amendée en
retranchant le mot "maintenant" et en ajoutant, à la fin, les mots "dans
trois mois". A titre d'explication, Mme le Président, j'ajoute ceci:
"afin de permettre au ministre de pouvoir rencontrer, dans des périodes
beaucoup plus tranquilles, les personnes concernées, afin qu'on le
conseille sagement sur une décision très importante qu'il doit
prendre.
M. Marcoux: M. le Président, je suggère...
Mme le Vice-Président: M. le député de
Rimouski, à l'ordre, s'il vous plaît! Cette motion est recevable,
M. le député de Charlevoix, demandez-vous la parole?
M. Mailloux: Oui.
Mme le Vice-Président: Je vous voyais debout,
voilà!
M. Raymond Mailloux
M. Mailloux: Mme le Président, ce sera probablement la
plus courte intervention que j'aurai faite de mémoire du Parlement. Je
voudrais, dans quelques mots, appuyer la motion qui vient d'être
présentée par mon collègue, le député qui
m'a précédé, pour rendre justice à tous ceux qui,
dans les derniers jours, ont sollicité de toutes les Oppositions la
possibilité que le gouvernement fasse grâce à leur demande
de réunir une commission parlementaire pour entendre les parties.
En parlant tantôt avec le ministre des Transports, celui-ci me
disait brièvement qu'il a été un peu surpris des
télégrammes envoyés dans les tout derniers jours par les
transporteurs qu'il avait déjà rencontrés. Je crois
à la parole qu'il m'a donnée. J'ai moi-même, d'ailleurs,
été très surpris, après le dépôt du
projet de loi je pense que c'est le 23 novembre dernier de
n'avoir reçu des protestations à l'encontre de ce projet de loi
que dans les tout derniers jours. Je disais même aux représentants
de l'Union des conseils de comté, qui étaient à mon bureau
jeudi dernier, que, quand on venait solliciter des Oppositions la permission de
demander au gouvernement de convoquer une commission parlementaire alors que
l'on était à quelques jours de Noël, c'était
peut-être demander et au gouvernement et aux Oppositions un sacrifice
qu'on veut bien consentir, mais qu'on aurait pu au moins solliciter dans les
semaines qui ont précédé.
De toute façon, devant les doléances qui étaient
présentées devant nous et devant l'éclairage que
sollicitaient, quand même, des gens drôlement concernés par
le problème, nous avons cru de notre devoir, comme Opposition
officielle, de présenter la motion de report à trois mois afin de
permettre à ceux qui le désiraient d'être entendus par les
parlementaires. Le gouvernement aura à juger de l'acceptation ou du
refus d'une telle motion que notre devoir de parlementaires de l'Opposition
nous incite à présenter. Peut-être qu'une commission
parlementaire aurait, quand même, permis d'aérer et de bonifier
davantage le projet de loi. Ce n'est pas moi qui le dis; un collègue du
côté ministériel, le député de
Trois-Rivières, nous disait tantôt l'expérience qu'il a
connue dans la ville même de Trois-Rivières où la
municipalité a dû faire face à un abandon de services. Il
nous disait comment, avec du bénévolat, les membres du conseil
municipal avaient pris la relève de l'administration d'un transporteur
privé et avaient réussi, même avec des déficits,
mais qui vont en s'ame-nuisant, à prouver qu'il était possible,
pour une municipalité, d'administrer un transport en commun et de
chercher à donner une administration saine. Je prends également
ce témoignage du député de Trois-Rivières. Quand on
regarde le projet de loi, Mme le Président, on constate c'est un
peu la raison d'un report à trois mois; cela nous permettrait d'obtenir
les lumières de notre collègue de Trois-Rivières.
Tantôt, dans son discours de deuxième lecture, c'est lui
qui disait qu'à Trois-Rivières même, pour obtenir de tels
résultats, il a fallu que les ad- ministrateurs municipaux qui
étaient les membres du conseil fassent ce travail
bénévolement. C'est avec le concours des administrateurs
municipaux qui sont déjà payés pour un travail à
accomplir, mais qu'ils ont offert à la ville d'accomplir en
supplément sans surcharge aux contribuables de
Trois-Rivières.
Et quand je regarde le projet de loi, je constate qu'on ne peut
actuellement, si l'on accepte les prescriptions du projet de loi, aller dans le
sens que nous conseillait le député de Trois-Rivières
puisque plusieurs articles vous retrouverez l'obligation qu'a la corporation
municipale ou intermunicipale des transports de nommer un directeur, de nommer
un secrétaire. Dans d'autres articles, je ne me rappelle pas lesquels en
particulier, le ministre, par l'entremise du lieutenant-gouverneur en conseil,
peut fixer la rémunération que chacun des administrateurs, qui
seront membres des conseils municipaux ou intermunicipaux, recevront du travail
qu'ils auront à effectuer.
Mme le Président, je termine en disant que j'appuie la motion de
mon collègue qui vient de la présenter. Le travail qu'aurait pu
faire une telle commission parlementaire, par l'éclairage des gens qui
ont déjà oeuvré dans un sens semblable, aurait
sûrement permis de bonifier ce projet de loi qu'il est nécessaire
d'apporter. Je pense que les Oppositions ont raison d'appuyer les
doléances qui sont apportées par les protestataires. C'est pour
ces raisons que j'appuierai la motion d'amendement qui est apportée par
celui qui m'a précédé.
Mme le Vice-Président: M. le ministre des Transports.
M. Russell: Mme le Président, très bref...
Mme le Vice-Président: M. le député de
Brome-Missisquoi puisque M. le ministre s'assoit.
M. Armand Russell
M. Russell: Simplement pour dire que j'appuie la motion du
député de Shefford. La simple raison, c'est qu'il n'a pas
été prouvé en cette Chambre l'urgence de ce projet de loi.
Ce qui a été prouvé actuellement, ce sont les
contestataires ou les protestations qui se présentent. Il est
évident qu'il y a peut-être des cas bien particuliers que le
ministre veut régler, et je l'admets. On pourrait peut-être les
examiner, ces cas où il y a urgence. Je sais qu'il y a peut-être
des cas dans le Saguenay, la rive-sud ou Chicoutimi, Trois-Rivières.
Tout à l'heure, j'ai écouté le député, je ne
crois pas qu'il y ait un cas d'urgence. Mais s'il y avait des cas d'urgence, on
pourrait peut-être étudier ces cas en particulier et remettre le
projet de loi pour prendre le temps de l'étudier de façon
très calme, très posée et fournir l'occasion à ceux
qui sont réellement intégrés au gouvernement local, les
municipalités, de se présenter, de faire valoir leurs points de
vue sur un projet de loi aussi global que celui-là.
J'en fais part au ministre. Je pense, Mme le Président,
connaissant sa bonne volonté de bien
servir les siens, qu'il va retenir cela avec de sérieuses
considérations et je le prierais de reconsidérer cette demande.
Il se trouve des gens qui vont trouver toutes sortes d'arguments. On a
reçu un message ici, dans lequel on disait: C'est une loi
camouflée. Cette loi provoque une régionalisation avant que le
gouvernement ait établi sa politique de régionalisation,
même avant que le gouvernement ait établi sa politique
d'aménagement du territoire. Une loi entièrement centralisatrice.
Ce n'est pas moi qui parle. Ce sont des contestations qu'on a reçues et
je les lis au ministre pour qu'il en prenne connaissance.
Il les a probablement reçus lui aussi, je suppose, on dit: Non
seulement l'institution des corporations municipales ou intermunicipales de
transport procédera par décret du ministre, mais toute incidence
de régie interne de ces commissions dépendra également du
bon vouloir ministériel ou du gouvernement. On dit: II y a 18 articles
sur 72 dans lesquels le ministre garde le pouvoir. On continue en disant: Les
corporations municipales et intermunicipales de transport deviennent des agents
du gouvernement. J'en saute, Mme le Président. On se plaint aussi que
les corporations municipales et intermunicipales de transport seront
menacées d'une tutelle gouvernementale si un règlement ou une loi
n'est pas adopté dans les délais impartis par la loi.
Ce qu'on veut dire par là, c'est que, si les municipalités
ne règlent pas leurs problèmes par les règlements, le
gouvernement leur en imposera et elles n'auront rien à dire. Dans le cas
de déficits comme dans d'autres cas, le gouvernement se garde une
autorité absolue. On a des gens qui, dans les circonstances actuelles
je les comprends se demandent si cette loi n'est pas une loi pour
permettre au ministre d'intervenir dans la vente des autobus. Je ne sais pas si
on veut se référer au contrat qui vient de se donner, mais ce
sont des remarques qui nous sont envoyées. Dans le contexte actuel,
l'urgence n'a pas été prouvée, à moins que le
ministre puisse le faire. S'il y a des cas bien particuliers, je serais
d'accord qu'on les règle, parce qu'on pourrait les laisser
traîner; ce sont des cas qui peuvent s'aggraver. Mais ce projet de loi
est global, le projet de loi no 73, il couvre à peu près toute la
province, toutes les petites municipalités. Ceci devrait être
reconsidéré, étudié. Qu'on prenne le temps de
l'étudier à fond et non seulement se fier à ce qui a
été présenté par des fonctionnaires, aussi bien
intentionnés qu'ils soient. Prenons le temps d'écouter ceux qui
sont mêlés à l'administration locale. Je conclus
là-dessus, sachant d'avance que le ministre y portera une attention bien
particulière. D'ailleurs, il pourra le faire lors de la réplique
sur cette motion.
M. Roy: Mme le Président.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Beauce-Sud, sur la motion d'amendement.
M. Fabien Roy
M. Roy: Mme le Président, je ne pense pas que mon appui
à cette motion surprenne mon collègue le député de
Saguenay, ministre des Transports. Si j'appuie cette motion, c'est à la
demande des organismes qui ont communiqué avec nous et qui nous ont fait
parvenir des télégrammes. Nous sommes en face d'un projet de loi
important.
Je n'avais pas l'intention de reprocher au gouvernement de nous
présenter une loi générale, une loi globale. On a souvent
dit que légiférer à la pièce, cela comportait des
implications assez délicates et plaçait le Parlement devant des
situations d'un perpétuel recommencement. Cependant, ce projet de loi
qui nous arrive cette semaine, à quelques jours de l'ajournement de nos
travaux, à quelques jours de la fête de Noël, n'a pas une
urgence telle qu'il nous faille l'adopter sans faute, sans même que nous
prenions le temps de nous rendre à la demande des organismes et des
groupes qui ont fait des représentations auprès du ministre et
qui ont également fait des représentations auprès des
différents partis d'Opposition qui composent l'Assemblée
nationale.
Mme le Président, cette loi comporte 123 articles. Nous avons dit
tout à l'heure; j'ai pris la peine, à la suite de mes
collègues, et je pense que d'autres sont intervenus, de dire que s'il y
avait urgence pour régler des problèmes particuliers, il
appartenait au ministre de nous le dire. Je pense que tout le monde à
l'Assemblée nationale, par suite des propos que nous avons entendus,
aurait été d'accord pour que le ministre apporte un amendement
à la loi et qu'elle comporte des dispositions lui permettant une
application particulière dans des cas particuliers, à ce
moment-ci. Quitte à revenir après les Fêtes, lorsque la
session reprendra ses travaux, pour qu'on puisse examiner une loi qui,
véritablement, saura répondre aux aspirations du Québec,
aux besoins des Québécois, mais qui aura également pour
objet de donner plus de sécurité, plus de certitude, plus de
garanties à ceux qui, dans ce domaine actuellement, sont
propriétaires d'entreprises de transport, et qui verra à faire en
sorte de préserver l'autonomie de nos administrations municipales.
Je pense que mon collègue de Trois-Rivières a dit, tout
à l'heure, que les municipalités étaient des
créatures de la province. C'est vrai je suis entièrement d'accord
avec lui, alors que le fédéral est également une
créature des provinces. Ce que je lui disais et ce que je lui rappelais,
c'était tout simplement le fait qu'une administration supérieure
impose une tutelle à une administration inférieure. Il ne
faudrait pas penser que, parce que les municipalités sont une
créature du gouvernement provincial, le gouvernement provincial doit
leur imposer des carcans et des tutelles tels qu'elles ne puissent avoir une
marge de manoeuvre suffisante pour répondre auprès de leurs
administrés, auprès de leurs contribuables.
Mme le Président, je ne veux pas abuser de mon temps de parole.
Je pense que la motion ac-
tuellement présentée par le député de
Shefford devrait être adoptée par l'Assemblée nationale, de
façon à permettre l'audition en commission parlementaire, comme
cela a été si souventefois demandé par mes
collègues du temps où ils faisaient partie de l'Opposition.
Mme le Vice-Président: M. le ministre des Transports.
M. Lessard: Mme le Président, je n'ai pas l'intention de
parler sur l'amendement comme tel. Demain, en réplique au discours de
deuxième lecture, j'aurai l'occasion de reprendre les raisons qui
justifient l'adoption de cette loi avant le 31 décembre et de dire
pourquoi je ne suis pas d'accord avec la motion qui est
présentée. Dans les circonstances, je demande le vote.
Mme le Vice-Président: Cette motion d'amendement à
la deuxième lecture du projet de loi no 73...
M. Lavoie: C'est sur la motion d'amendement. Mme le
Vice-Président: C'est ce que je dis. M. Burns: Non, je pense
que nous avons...
Mme le Vice-Président: J'ai dit: Cette motion d'amendement
à la deuxième lecture du projet de loi no 73 est-elle
adoptée?
M. Lavoie: Adopté.
Mme le Vice-Président: Adopté.
M. Burns: Mme le Président, vote à main
levée, s'il vous plaît.
Vote sur la motion de report
Mme le Vice-Président: Que ceux qui sont en faveur de
cette motion veuillent bien lever la main, s'il vous plaît. Que ceux qui
sont contre? Abstentions?
Cette motion est rejetée. M. le ministre des Transports.
M. Lessard: Mme le Président, puis-je demander
l'ajournement du débat?
Mme le Vice-Président: Cette motion est-elle
adoptée?
M. Mailloux: Adopté. Mme le Président, je pense que
le seul qui avait le droit de parole, c'est le ministre des Transports sur la
réplique en deuxième lecture.
M. Lavoie: Je pourrais parler, moi, si je voulais.
M. Mailloux: Non.
Mme le Vice-Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement.
M. Burns: Mme le Président, comme nous sommes rendus
à minuit moins trois ou quatre minutes, je propose l'ajournement.
M. Lavoie: Quelle est l'indication de la priorité des
travaux demain matin?
M. Burns: Je pense que, demain matin, je serai en mesure de vous
donner beaucoup plus de détails que ce soir.
M. Mailloux: Vous réglez cela tantôt?
M. Burns: Non, c'est qu'il y a un certain nombre de choses que je
suis obligé d'ajuster à la dernière minute. Demain matin,
je pense bien, avant l'ouverture ou encore aux affaires courantes, je donnerai
les informations au député de Laval. Sur ce, Mme le
Président, je propose l'ajournement de nos travaux à demain, dix
heures.
Mme le Vice-Président: Cette motion est-elle
adoptée, parce qu'il n'est pas tout à fait 24 heures?
M. Mailloux: Oui, à regret!
Mme le Vice-Président: Adopté. Cette
Assemblée ajourne ses travaux à demain, mardi, dix heures.
(Fin de la séance à 23 h 58)