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(Dix heures dix-sept minutes)
M. Richard (président): A l'ordre, mesdames et
messieurs
Déclarations ministérielles. M. le ministre de
l'Agriculture.
M. Garon: Je veux d'abord m'excuser auprès des partis de
l'Opposition parce que je sais qu'ils aiment avoir le texte une heure avant et
ils l'ont eu moins d'une heure avant. Je peux la faire demain, si vous voulez,
cela vous fera 24 heures d'avance. Avec le changement d'horaire, j'ai
été pris un peu au dépourvu.
Depuis un an, à titre de ministre de l'Agriculture, je n'ai pas
raté une seule occasion d'exprh mer la volonté de mon
ministère de doter le Québec d'un secteur...
M. Levesque (Bonaventure): Question de règlement. Je
m'excuse auprès du ministre. Le ministre de l'Agriculture vient de nous
faire parvenir à l'instant une copie de la déclaration
ministérielle qu'il est en train de nous lire. Ce n'est pas une fois
rendus à 10 h 15 qu'une telle copie doit nous être livrée
en vertu de notre règlement. Je ne sais pas si cela a une telle urgence
que cela ne peut attendre à demain ou même à cet
après-midi, si on le voulait.
M. Garon: D'habitude, quand cela concerne le développement
économique, vous aimez en entendre parler.
M. Burns: M. le Président...
M. Levesque (Bonaventure): On va respecter le règlement
et, sur le fond, on pourra en parler.
Le Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement.
M. Burns: ... je serais d'avis, pour respecter les
récriminations du chef de l'Opposition, que nous pourrions
peut-être, du consentement de la Chambre, remettre cette
déclaration ministérielle à l'ouverture de la Chambre
à 15 heures cet après-midi.
M. Levesque (Bonaventure): D'accord.
M. Burns: Si j'avais le consentement, j'ai consulté le
ministre de l'Agriculture et il serait d'accord pour livrer cette
déclaration ministérielle à ce moment; cela permettrait
aux critiques officiels dans ce domaine, du côté de l'Opposition,
d'en prendre sérieusement connaissance. D'accord?
M. Bellemare: Aucune objection.
M. Levesque (Bonaventure): Avec un embargo?
M. Burns: Avec un embargo.
M. Samson: M. le Président, sur la question du
consentement, est-ce qu'on pourrait, en même temps, inclure une copie
pour les députés de Rouyn-Noranda et de Beauce-Sud et nous
permettre aussi de répliquer s'il y a lieu? On verra ce qui sera
dit.
M. Burns: A ce moment-là, cela ne m'appartient plus. Cela
va prendre le consentement de la Chambre.
M. Samson: Cela va prendre un autre consentement, mais j'aime
bien le demander d'avance aussi. Etes-vous d'accord?
Des Voix: Oui.
M. Samson: Bon, merci.
Le Président: Du consentement de la Chambre, la
déclaration ministérielle de M. le ministre de l'Agriculture aura
lieu cet après-midi à 15 heures.
Dépôt de documents.
M. le ministre des Communications.
DÉPÔT DE DOCUMENTS
Protocole en matière de communication
M. O'Neill: Avec le consentement des membres de cette
Assemblée, j'aimerais déposer une copie d'une lettre
adressée au ministre fédéral des Communications, Mme
Jeanne Sauvé, à la suite des deux derniers jugements rendus par
la Cour suprême en matière de cablôdistribution. A cette
lettre est joint un projet de protocole en matière de communication qui
a été également soumis à l'attention de Mme
Sauvé.
Le Président: Document déposé.
Dépôt de rapports de commissions élues.
Dépôt de rapports du greffier en loi sur les projets de loi
privés.
Projet de loi privé no 216
M. Burns: M. le Président, j'ai voulu faire une
brève consultation auprès de membres de l'Opposition;
malheureusement, à ce moment-là, le député de
Rouyn-Noranda et le député de Beauce-Sud n'étaient pas en
Chambre, alors, je n'ai pas pu le faire. J'aurais un rapport du greffier en loi
concernant un éventuel projet de loi no 216; c'est un projet de loi
privé qui s'appellera Loi concernant la Société de
réassurance des mutuelles-incendie du Québec. Il y aurait, du
moins on me l'a fait valoir, une certaine urgence de déposer le projet
de loi, pour que les membres de l'Opposition
puissent en prendre connaissance et voir si, à l'intérieur
de nos travaux il serait possible éventuellement d'adopter le projet de
loi. Si ce n'est pas possible, à ce moment-là, c'est un projet de
loi privé, on en disposera comme tel. Si j'avais le consentement de tout
le monde, je vous dirais d'abord, à ce stade-ci, que le greffier en loi
a examiné les règles de pratique par rapport à ce projet
de loi, et que le projet de loi est conforme à l'avis et que l'avis est
suffisant. Cependant, le projet de loi ayant été
déposé au secrétariat des commissions après le jour
de l'ouverture de la session et seulement trois avis ayant été
publiés dans un journal français, il y aurait lieu, M. le
Président, de suspendre la règle de pratique à cet
égard; du moins, c'est ce que me dit le greffier en loi, et sur ce, je
fais motion pour que les règles de pratique soient suspendues
relativement à ce projet de loi.
M. Roy: D'accord.
M. Bellemare: M. le Président, il s'agit, je pense, d'un
projet de loi privé, qui concerne une institution
canadienne-française qui est au bord d'un cataclysme extraordinaire, je
donnerais donc mon consentement.
Le Président: Est-ce que cette motion sera
adoptée?
M. Lavoie: Adopté. Le Président:
Adopté.
Présentation de projets de loi au nom du gouvernement. M. le
leader parlementaire du gouvernement.
M. Burns: M. le Président, article g), s'il vous
plaît.
Projet de loi no 89 Première lecture
Le Président: M. le ministre des Communications propose la
première lecture du projet de loi no 89 qui est la Loi concernant la
Compagnie de téléphone Continental Ltée.
M. le ministre des Communications.
M. Louis O'Neill
M. O'Neill: M. le Président, ce projet de loi a pour objet
de transférer à Télébec Ltée les biens
meubles et immeubles des compagnies Téléphone Dorchester Inc. et
Le Téléphone rural de Beauceville Limitée et de La
Compagnie de téléphone Continental Ltée. A compter de ce
transfert, Télé-bec Ltée doit exploiter et administrer le
service public de téléphone dispensé par ces compagnies,
selon les règles et conditions déterminées par la
Régie des services publics. Les indemnités à être
versées par Télébec Ltée à ces compagnies,
en raison de ce transfert, sont déterminées par un conseil
d'arbitrage selon les mécanismes prévus au projet de loi. Les
employés des compagnies dont les biens sont transférés
deviendront les employés de Télébec Ltée.
Le Président: Est-ce que cette motion de première
lecture sera adoptée?
Des Voix: Adopté.
Le Président: Deuxième lecture prochaine
séance ou séance subséquente.
Présentation de projets de loi au nom des
députés.
M. Burns: M. le Président, ce projet de loi auquel je
faisais référence dans le rapport du greffier en loi porte le
numéro 216. Normalement il devrait être présenté par
le député de Joliette. Malheureusement, on me dit qu'il est
retardé à cause d'un petit accident d'automobile, sans
gravité. Peut-être que quelqu'un d'autre, au nom... Oui, il est
assuré, du moins je l'espère.
M. Marchand: II est chanceux que cela lui arrive avant que la loi
soit votée!
Projet de loi no 216 Première lecture
Le Président: M. le député de Laprairie, au
nom de M. le député de Joliette-Montcalm, propose la
première lecture du projet de loi no 216, la Loi concernant la
Société de réassurance des mutuelles-incendie du
Québec. Est-ce que cette motion de première lecture sera
adoptée?
M. Lavoie: Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Première lecture de ce
projet de loi.
M. Lavoie: II faudrait le déférer à une
commission quelconque.
Motion de renvoi à la commission des
consommateurs
M. Burns: Je m'excuse, oui. M. le Président, je propose
que ce projet de loi no 216 soit déféré à la
Commission des consommateurs, coopératives et institutions
financières.
Le Président: Est-ce que cette motion sera
adoptée?
M. Lavoie: Adopté. Le Président:
Adopté.
Période de questions orales.
M. le chef de l'Opposition officielle
QUESTIONS ORALES DES DÉPUTÉS
Les écoles et l'indépendance du
Québec
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, ma question,
en l'absence du ministre de l'Education, s'adresse au premier ministre. On
m'informe, M. le Président, que la Société nationale des
Québécois aurait lancé un concours dans l'est du
Québec, en particulier, et que ce concours s'adresserait aux
élèves du secondaire, et qu'il aurait reçu l'approbation,
la collaboration des commissions scolaires des Monts, de la Vallée, du
Grand Portage et attendrait une autre approbation de la part de la commission
scolaire du Bas-Saint-Laurent.
Ce concours consiste apparemment à préparer un travail
dont la question, qui fait l'objet de cette étude, serait "Pourquoi je
dis oui à l'indépendance." Je pose la question au premier
ministre à savoir s'il est d'accord que dans nos écoles on
accepte qu'un tel concours ait lieu, particulièrement dans le contexte
politique que l'on connaît?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): Cela me semble partir d'un bon
naturel, M. le Président. Je dois prendre avis de la question parce que
c'est la première nouvelle que j'en ai. Je vais consulter le ministre de
l'Education. S'il y a quoi que ce soit de plus concret ou de plus
spécifique qu'on peut ajouter comme explication, en réponse
à la question du chef de l'Opposition, on le fera le plus vite possible.
Franchement, je n'ai pas d'autre information.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, une fois que
le premier ministre aura reçu les informations, j'espère qu'il
pourra en faire part à la Chambre dans les meilleurs délais.
Ensuite, il pourra demander à son ministre de l'Education, si
l'information est correcte, s'il va agir avec ce cas de la même
façon qu'il a agi avec la pochette "Ô Canada" qu'il a voulu
retirer de la circulation et qu'il a défendu aux commissions scolaires
de se procurer.
Le Président: M. le député de Portneuf.
M. Gratton: Question additionnelle, M. le Président.
M. Pagé: Question principale, M. le Président. Qui
reconnaissez-vous le premier?
Le Président: M. le député de Gatineau.
M. Pagé: Vous m'aviez reconnu.
M. Gratton: M. le Président, ma question s'adresse au
premier ministre également. Le premier ministre pourrait-il
également prendre avis d'un fait qui s'est produit le 8 décembre
alors qu'à la collation des diplômes, cérémonie qui
s'est tenue le 8 décembre à l'Université Laval...
Le Président: M. le député de Gatineau, je
pense que cela ne constitue pas...
M. Gratton: C'est tout à fait accessoire à la
question principale.
M. Pagé: C'est du même cru.
M. Gratton: Le ministre de l'Education était invité
à y prononcer une allocution. Le programme initial, imprimé sur
papier de qualité approprié, indiquait bien qu'on devait terminer
la cérémonie par le chant "Ô Canada". Suite à des
pressions faites, on ne sait où, mais on devine un peu, un
deuxième programme a dû être imprimé de toute urgence
en rayant les seuls mots "Ô Canada".
M. Bertrand: Hors du sujet. Ce n'est pas accessoire, M. le
Président.
M. Gratton: Le premier ministre pourrait-il s'informer
auprès...
M. Bertrand: Ce n'est pas accessoire. M. Pagé: Cela
fait mal. M. Bertrand: Ce n'est pas accessoire. Le Président:
A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Gratton: Je demande donc au premier ministre s'il voudrait
bien s'informer auprès du ministre de l'Education pour savoir si c'est
à la suite de ces représentations ou des représentations
de quelqu'un de son ministère qu'on a dû réimprimer le
programme. D'ailleurs, pour sa bonne information, je lui ferai parvenir copie
du texte original aussi bien que du texte corrigé et, également,
je voudrais demander au premier ministre...
M. Burns: M. le Président.
M. Gratton: Je termine, M. le Président.
M. Burns: II faudrait quand même qu'on observe un minimum
de règles en ce qui concerne...
M. Gratton: Je demanderais tout simplement au premier ministre,
à ce moment-ci, s'il trouve normal que de tels gestes soient
posés avant même la tenue du référendum.
Le Président: M. le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): Pour ce qui est de la
dernière partie de la question, tenant compte du fait qu'on va prendre
les renseignements requis par les députés et par le chef de
l'Opposition, tenant compte de cela, sur la dernière partie de la
question, je dirai non seulement que c'est normal, mais que, dans certains
milieux, y compris des mi-
lieux aussi autonomes que les universités, on commence
spontanément à contrer une certaine propagande qui s'organise de
tous bords et de tous côtés, actuellement, du côté
fédéraliste; cela me paraît parfaitement normal.
M. Levesque (Bonaventure): II y a une question, M. le
Président, qui dépasse même une question de
privilège. C'est la question de savoir si ce gouvernement va continuer
ce lavage de cerveaux, particulièrement chez la jeunesse
québécoise. Nous en avons assez!
M. O'Neill: Ce n'est pas possible, que c'est triste, on n'en a
qu'un!
M. Lévesque (Taillon): II ne s'agit pas de lavage de
cerveaux, il s'agit de cerveaux qui s'éveillent un peu partout dans le
Québec.
Le Président: M. le député de Portneuf.
M. Gratton: Question additionnelle, M. le Président.
Le Président: M. le député de Portneuf.
M. Gratton: Je vous remercie encore une fois. Qu'est-ce qu'il a,
lui?
Accessibilité aux territoires de chasse et
pêche
M. Pagé: M. le Président, depuis quelques
années, les gouvernements qui ont précédé le
gouvernement actuel ont mis de l'avant différentes mesures et
différents programmes pour favoriser l'accessibilité du
territoire au chapitre de la chasse et de la pêche. On se rappellera les
sociétés de gestion qui ont été mises de l'avant
par le précédent gouvernement. J'en arrive à une question
que j'adresse ce matin au ministre du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche, à la suite d'une déclaration que celui-ci faisait
récemment, à savoir que les baux consentis aux associations de
chasse et de pêche, aux clubs privés, ne seraient pas
renouvelés à l'échéance prévue pour le mois
de mars prochain. Ma question a évidemment plusieurs volets, et vous me
comprendrez, parce qu'en raison de la suspension du règlement, je ne
peux me prévaloir de l'article 174 de notre règlement qui me
permettrait si la réponse du ministre n'était pas
complète de soulever un mini-débat pour ce soir.
M. le Président, j'aimerais savoir du ministre s'il entend
proposer aux Québécois un nouveau mode de gestion. Est-ce qu'il y
a une nouvelle structure? J'aimerais qu'il informe cette Chambre de la teneur
de ce nouveau mode de gestion. Est-ce que ce seront des sociétés
de gestion? Est-ce que ce seront des sociétés
d'aménagement? Est-ce qu'encore il entend se prévaloir des
associations de chasse et pêche? Ou est-ce que le territoire sur lequel
les clubs ont juridiction actuellement sera placé sous la juridiction de
parcs ou de réserves?
Dans un deuxième temps, M. le Président, j'aimerais savoir
du ministre... M. le Président, le ministre semble écrire, on va
lui laisser tout le temps qu'il faut. Il est en train de digérer son
festin de l'autre jour. Cela ralentit l'activité. Il n'est pas dans son
assiette ce matin... M. le Président, le deuxième volet de la
question: Qui aura la responsabilité de la conservation et de
l'aménagement du territoire?
Troisième volet de la question: Quelles sont les garanties que le
ministre a obtenues du Conseil du trésor pour que le ministère
puisse assumer la surveillance du territoire, l'utilisation des ressources
fauniques et halieutiques, l'aménagement du territoire, l'entretien des
routes et l'ensemencement?
Le Président: M. le ministre du Tourisme, de la Chasse et
de la Pêche.
Une Voix: Fermez les volets.
M. Duhaime: M. le Président, je voudrais simplement
répéter ce que j'ai eu l'occasion de déclarer il y a
maintenant quelques jours suite à une question qui m'avait
été posée par le député de Johnson, si ma
mémoire est bonne: J'ai la ferme intention de ne pas procéder au
renouvellement des baux de location, des baux exclusifs de chasse et
pêche qui viennent à expiration le dernier jour de mars 1978. M.
le Président, il reste 1164 de ces baux en vigueur et 1000 de
ceux-là viennent à expiration en mars prochain. Je n'ai pas
l'intention de retenir ce qui a été essayé dans le
passé au chapitre des sociétés d'aménagement ou des
sociétés de gestion. Non plus l'intention que, par le biais de
parcs ou de réserves, le ministère du Tourisme, de la Chasse et
de la Pêche agrandisse son champ d'action en termes de "pourvoirie ".
J'ai plutôt, M. le Président, l'intention de travailler avec les
associations de chasse et pêche au niveau des zones d'aménagement
et de conservation qu'on appelle dans notre jargon des ZAC. C'est en
collaboration avec ces interlocuteurs au niveau de chacune des régions
et des sous-régions du Québec que nous serons en mesure de
procéder à des plans d'aménagement et à une gestion
rationnelle de la faune aussi bien que de sa conservation.
Pour ce qui est d'une des questions je ne me souviens pas quel
volet mais, à partir de la prochaine saison, le ministère
prendra à sa charge également toute la protection de la faune sur
tout le territoire du Québec.
Pour ce qui est du Conseil du trésor, je dois ajouter que cela
devrait normalement procéder, il y a des recommandations qui ont
été faites et, dans les meilleurs délais, je pourrai
informer mon collègue du résultat de ces discussions, mais il ne
semble pas y avoir de problème.
Le Président: M. le député de Portneuf.
M. Pagé: M. le Président, cela m'amène
évidemment à une question additionnelle. Le ministre n'a pas
été très clair dans la réponse qu'il
nous fournit ce matin. Est-ce à dire que tout le territoire du
Québec qui est actuellement placé sous la juridiction
d'associations de chasse et pêche, de clubs privés, sera
placé au lendemain du 31 mars sous une nouvelle juridiction, à
partir de ce qu'il a énoncé ce matin, soit des organismes, des
groupes comme les associations de chasse et pêche, effectivement, dans un
premier temps?
Dans un deuxième temps, le ministre nous dit: Le Conseil du
trésor mettra à la disposition du ministère du Tourisme,
de la Chasse et de la Pêche, les sommes requises pour la protection de la
faune. Est-ce que, dans cette démarche, le ministère aura les
fonds nécessaires pour assurer l'utilisation des ressources,
l'aménagement du territoire on sait que cela coûte cher, le
ministre par surcroît doit le savoir est-oe que le Conseil du
trésor donnera les montants suffisants au ministère du Tourisme,
de la Chasse et de la Pêche pour assumer cette responsabilité? Il
y a des gens qui se posent des questions actuellement, suite à la
déclaration du ministre et ils sont en droit d'avoir des
réponses.
M. le Président, une fois que celui-ci aura fourni les
réponses aux questions que je formule, j'aurais d'autres questions
à lui poser.
Le Président: M. le ministre du Tourisme, de la Chasse et
de la Pêche.
M. Duhaime: M. le Président, je pense avoir
été très clair. Les territoires qui sont actuellement sous
baux de location portent sur une étendue de 16 000 milles carrés.
Ces territoires seront ouverts au public et il n'y aura plus au Québec
qu'un seul club; c'est le Québec avec deux exceptions, les pourvoiries
du gouvernement par rapport aux parcs et les réserves et les pourvoiries
commerciales avec ou sans droit exclusif.
Lorsque je dis que ces territoires passeront sous la juridiction
d'associations de chasse et pêche, il est bien certain que ce n'est pas
pour recommencer une nouvelle exclusivité, le principe étant
posé qu'il s'agit d'une accessibilité pour tous.
Maintenant, au sixième volet de votre question, je voudrais dire
que nous sommes à réviser la tarification des permis de chasse et
de pêche. Nous sommes également à mettre au point la
décision qui fera en sorte que les utilisateurs deviendront
obligatoirement membres d'une association. Vous avez ce matin des
préoccupations en termes de budget, mais les dépenses
additionnelles encourues seront assumées par les utilisateurs.
Le Président: M. le député de Portneuf.
M. Pagé: J'aimerais que le ministre nous confirme ce matin
s'il y aura des territoires qui seront libres, c'est-à-dire que
n'importe qui pourra aller y pêcher de son propre gré. C'est le
premier volet de ma question supplémentaire.
M. Duhaime: Oui.
M. Pagé: Est-ce que les propriétaires d'immeubles,
sur ces territoires... Le ministre a parlé il y a quelque temps de baux
de villégiature; est-ce qu'il faisait référence au bail
accordé par le ministère des Terres et Forêts
prévoyant qu'un détenteur de droit comme celui-là aurait
un acre sous sa juridiction? Est-ce que le ministre a aussi tenu compte des
centaines d'emplois qui seront affectés par la nouvelle politique?
Est-ce que les gens qui travaillent actuellement dans ces clubs privés
peuvent s'attendre à travailler pour le ministère ou à
avoir un emploi dans la nouvelle structure mise de l'avant par le ministre,
même si cela implique que le territoire est libre pour tout le monde,
qu'il n'y a pas de surveillance et qu'il y a plus ou moins de conservation?
Le Président: M. le ministre du Tourisme, de la Chasse et
de la Pêche.
M. Duhaime: Je veux corriger la dernière phrase qui me
paraît un peu audacieuse.
M. Pagé: On reparlera de cela. On pourra en reparler et
vider la question.
M. Duhaime: Vous dites qu'il n'y aura pas de surveillance. Je
viens de vous dire que la protection sera assumée par le
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche. Je voudrais
ajouter que les propriétaires d'immeubles, de camps, de hangars, de
quais, de chaloupes et d'autres installations attenantes et utiles pourront
conserver ces biens en toute propriété. Avec le ministère
des Terres et Forêts, un bail de location de terrain pourra se
négocier; plutôt d'entretenir ce que tout le monde convient
maintenant d'appeler cette espèce d'incertitude d'année en
année, depuis 1962 à peu près...
M. Pagé: ... avec les sociétés de gestion et
les sociétés d'aménagement. Demandez au
député de Saguenay.
M. Duhaime:... les baux de location de terrain porteront sur neuf
ans.
Deuxièmement, pour ce qui est des emplois dont se
préoccupe le député de Portneuf et je lui en sais
gré il est bien certain que beaucoup de clubs conserveront ce que
j'appelle non pas des gardiens, mais des hommes à tout faire. Ils les
conserveront à leur emploi pour faire l'entretien des bâtisses,
pour peinturer les chaloupes, pour ouvrir les pistes, pour aménager les
berges, les plages, etc. Il n'est pas question, pour le moment, que ces gens
qui travaillent en forêt, pour le si petit nombre que pourraient affecter
ces décisions, puissent intégrer le ministère du Tourisme,
de la Chasse et de la Pêche, mais je laisse la porte ouverte
là-dessus, on pourra regarder.
M. Pagé: Une dernière question additionnelle, M. le
Président, qui sera très brève.
Le Président: M. le député de Portneuf.
M. Pagé: A la lumière des informations que nous
fournit le ministre ce matin, ce que le gouvernement s'apprête à
faire, ça n'a pas de bon sens! Le ministre ne croit-il pas qu'il serait
opportun d'avoir une commission parlementaire dans les plus brefs délais
pour qu'on puisse vraiment vider tous les aspects de la question et
répondre ainsi aux questions que des centaines et des milliers de
Québécois se posent actuellement?
M. Duhaime: Je suis heureux d'entendre, M. le Président,
qu'enfin les clubs privés se sont trouvé un avocat...
M. Pagé: Vous l'avez vu dans votre comté en fin de
semaine, avec l'Association de chasse et pêche de la Mauricie.
Le Président: A l'ordre! A l'ordre, M. le
député de Portneuf.
M. Duhaime: ... et un plaideur et je pense que c'est pour cela
que, pendant six ans de temps, avec votre attitude depuis six ans et depuis
quinze ans...
M. Pagé: Répondez donc à la question, vous
l'avez vu en fin de semaine dans votre comté.
M. Duhaime: ... que ce dossier est resté en suspens et il
n'est pas question, M. le Président, de mettre sur pied une commission
parlementaire. Nous profitons de la saison où tout est calme en
forêt, tout est blanc, pour arrêter ces politiques et les mettre en
vigueur...
M. Pagé: ... être arrogant comme cela!
M. Duhaime: ... et je vous conseillerais de rejoindre le lobby
des clubs privés qui, suivant Madeleine de Verchères, a entrepris
la grande tournée du Québec pour tirer un peu à gauche et
à droite.
M. Pagé: ... dans votre comté en fin de semaine,
les gens ne sont pas contents.
M. Duhaime: II n'est pas question d'une commission parlementaire
là-dedans.
Le Président: M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: Une question additionnelle, M. le Président.
La nouvelle dont nous fait part le ministre ce matin en est une grosse, une
grosse bouchée dans le développement qui se fait dans le secteur.
De toute façon, on sera en mesure de prendre connaissance des
implications et de ce que nous avons obtenu au cours du mois de mars. Est-ce
que j'ai bien compris que sur environ 1000 camps, il y en a 1000 qui seront mis
à la disposition du public? C'est ce que vous avez dit.
M. Duhaime: Je m'excuse, M. le Président, mais, à
moins que la langue ne m'ait fourchée et que mon ouïe ne l'ait
entendu, je n'ai pas parlé de camps, je n'ai jamais parlé de
camps...
M. Grenier: Cessez donc de faire de l'arrogance, répondez
donc aux questions pour une fois.
M. Duhaime:... j'ai parlé des baux. Je n'ai pas
parlé d'un camp. C'est quoi, votre question?
M. Grenier: Est-ce que les baux dont vous parlez, il y en a plus
de 1000... Vous avez dit, au début de votre réponse, qu'il y en a
1000 qui seront mis à la disposition du public, répartis au
public, est-ce que c'est préparé au point que les gens qui sont
propriétaires de terrain... Cela devient public, les personnes qui sont
propriétaires de terrain, il leur arrive quoi, ceux qui ont des achats
dans le secteur des terres et forêts? Qu'est-ce qui arrive du personnel?
Cela semble être assez confus, et les personnes qui veulent vendre? Il
faut savoir que, si j'ai une maison sur un terrain privé, elle a une
certaine valeur, mais, si elle vient en bordure d'une route
numérotée qui devient une autoroute, elle n'a plus la même
valeur. Les personnes qui ont des propriétés sur des clubs
privés ou des lacs privés pourront-elles les vendre au
gouvernement, et avec quelle perte?
M. Duhaime: Voyons! M. le Président, je vais reprendre mon
explication plus lentement. D'abord, il y a une chose qu'il faut
établir; les immeubles qui sont sur des terrains ne sont pas sur des
terrains privés, mais sont sur des terres publiques qui appartiennent
à la couronne...
M. Grenier: Ils l'ont acheté.
M. Bellemare: Sauf s'ils ont acheté le terrain de la
couronne.
M. Duhaime: Bien oui!
M. Grenier: II y en a, vous le savez.
M. Duhaime: II y en a un. Il y en a un.
M. Grenier: S'il n'y en a qu'un, il lui arrive quoi?
M. Duhaime: Bien oui, voulez-vous qu'on vous réponde?
Des Voix: A l'ordre!
M. Duhaime: On n'est pas pour établir une politique parce
qu'il y a un club privé qui est propriétaire du fonds de terrain.
Ce que je dis, c'est que ceux qui sont propriétaires d'immeubles, de
bâtisses, de quais, etc., pourront continuer sur place l'exploitation, en
faire la chasse, la pêche; la seule chose, c'est qu'ils ne jouiront plus
de droits exclusifs. Cela veut dire également que le ministère
n'entend acheter aucune de ces installations; mon but n'est pas de sortir des
Québécois et des Québécoises de la forêt,
c'est tout le contraire, c'est
de faire en sorte qu'un plus grand nombre puisse avoir accès
à cette ressource dont ils ont été privés.
Le Président: M. le député de
Charlevoix.
M. Mailloux: Une question supplémentaire sur la
réponse que vient de donner le ministre du Tourisme. Je sais que la
plupart des baux sont sur des terrains publics; ce sont des baux consentis par
tous les gouvernements antérieurs, conditionnellement, où les
constructions étaient mises en place pour des fins soit de chasse, soit
de pêche.
Il y en a où les deux options sont possibles; d'autres où
ce n'est que la chasse ou la pêche. Le ministre vient de répondre
que, quant à l'expropriation possible, il n'y en aura pas. Le
détenteur d'un bail pourra continuer de bénéficier de
l'usufruit de l'installation qu'il a mise en place.
M. le Président, je pense que c'est de la spoliation, parce qu'il
ressort que... Pas besoin de rire, je n'en ai pas de bail. Il ressort que,
quand le gouvernement a permis de telles constructions moyennant des baux,
c'était conditionnel à ce que, s'il y avait un évincement,
on lui en paie normalement la valeur.
M. Duhaime: Question de privilège, M. le
Président.
M. Mailloux: Quand on dit que tout le public sera sur le
même lac, c'est le...
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît! M. le
député de Mégantic-Compton, à l'ordre, s'il vous
plaît!
M. le ministre du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche.
M. Duhaime: Vous regarderez dans le dictionnaire ce que veut dire
spoliation avant d'en parler. Vous allez me dire qu'on est en train de faire de
la spoliation. Vous êtes malade! Au contraire, on est en train de dire
aux gens, qui ont des milliers de dollars d'investis en forêt, qu'ils
vont pouvoir continuer de jouir de ces biens. C'est exactement le contraire. La
seule chose, c'est que ce ne sera pas un usage exclusif.
M. Grenier: ... c'est bien gardé.
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Duhaime: II me semble que c'est clair.
M. Roy: Question additionnelle, M. le Président, sur le
même sujet, très courte.
Le Président: M. le député de Richmond.
M. Brochu: Merci, M. le Président. Ma question...
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît! M. le
député de Richmond.
Programme d'isolation des maisons
M. Brochu: Ma question s'adresse, M. le Président, au
ministre délégué à l'énergie. On sait qu'il
y a quelque temps il y a eu entente entre le fédéral et les dix
provinces concernant le programme d'isolation des maisons. Il restait à
établir, je pense, le contenu québécois de ce qu'allait
être le programme éventuel d'isolation des maisons. Est-ce que le
ministre serait en mesure aujourd'hui de fournir à cette Chambre
quelques indications sur le contenu du programme au Québec en ce qui
concerne l'isolation des maisons, dans ses grandes lignes? Où en est
rendu le dossier en ce qui concerne l'établissement de ces normes?
M. Joron: M. le Président, d'abord distinguons deux
choses. Il y a un programme fédéral, vous le savez, qui
s'applique aujourd'hui dans toutes les provinces, qui est en vigueur depuis le
premier septembre. L'Alberta et le Québec n'avaient pas
été déclarés admissibles par le gouvernement
fédéral parce que l'on contestait certaines conditions de
juridiction provinciale liées à l'admissibilité à
ce programme. Les provinces ont par la suite formé un front commun pour
demander au gouvernement fédéral de retirer toute condition
préalable. Le gouvernement fédéral l'a accepté
rendant ainsi tout le monde admissible.
Au moment où on se parle, le programme fédéral est
disponible aux citoyens québécois propriétaires de maisons
jusqu'à trois étages, construites avant 1921. Ils peuvent se
prévaloir, au moment où on se parle, de ce programme. Ils peuvent
même, selon ce qu'a déclaré le gouvernement
fédéral hier, ou avant hier, s'ils ont fait des achats de
matériaux d'isolation couverts par le programme fédéral,
depuis que le programme fédéral est entré en vigueur le
premier septembre, y revenir et se les faire rembourser.
A toutes fins utiles, le programme fédéral aura donc
été en fonctionnement rétroactivement comme partout
ailleurs au Canada. Ce programme, comme on l'a dit à l'époque, ne
couvre d'abord que l'achat des matériaux isolants. On rembourse une
partie des frais pouvant aller jusqu'aux deux tiers de l'achat de certains
matériaux isolants et ne dépassant pas un maximum de $350,
lesquels $350 sont imposables. Il ne couvre pas des choses comme les doubles
fenêtres, les doubles portes, les coupe-froid, les ci et les ça.
Il ne couvre pas les frais de la main-d'oeuvre. Nous avons jugé le
programme insuffisant comme tel. C'est pourquoi on aurait souhaité
demander le transfert de ces sommes d'argent et faire nous-mêmes un
programme global pour lequel on aurait été le seul maître
d'oeuvre. D'autres provinces partageaient notre avis là-dessus. Le
gouvernement fédéral a préféré garder son
programme à lui et dire aux provinces que, si elles voulaient faire des
programmes complémentaires et même plus vastes, cela était
libre à elles.
Le Québec a décidé de faire cela mais on n'est pas,
à ce moment-ci, prêt à annoncer les modali-
tés finales de ce programme. Il sera disponible dès les
premiers mois de l'année 1978. Il sera annoncé en temps et lieu
avec toutes les modalités.
Le Président: M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Russell: J'ai une courte question supplémentaire. Si je
comprends bien les propos du ministre, la province est en train
d'étudier son programme à elle. Quel est le bureau qui fait ces
études? Est-ce que ce sont des bureaux de l'extérieur? Est-ce que
ce sont des fonctionnaires de la province? Sur quoi se base-t-on pour
établir des normes? Est-ce qu'on va travailler de la même
façon que le fait le fédéral ou va-t-on avoir des normes
qui seront comparables à celles utilisées par d'autres pays
voisins?
M. Joron: Vous m'avez demandé quel était le bureau
qui nous fournissait les études pour nous aider à préparer
notre programme. C'est le bureau d'économie d'énergie qui existe
maintenant depuis presque un an. C'est une des directions de la Direction
générale de l'énergie. C'est donc au niveau des
fonctionnaires du gouvernement du Québec. C'est le bureau
d'économie d'énergie qui est le maître d'oeuvre de ce
programme et qui est à l'articuler.
Est-ce que les critères seront les mêmes que le programme
fédéral? Dans ce sens, nous sommes à discuter à
l'heure actuelle avec le gouvernement fédéral, par exemple, de la
réciprocité d'admissibilité. Si un propriétaire se
qualifie pour le programme fédéral, il sera automatiquement
qualifié pour le programme québécois et vice versa. On est
en train d'étudier cela. On a également suggéré au
gouvernement fédéral d'apporter une modification quant à
la date de la première année du programme si ce sont seulement
les maisons construites avant 1921... On voudrait un peu plus de souplesse. A
cet égard, le gouvernement fédéral a indiqué qu'il
était prêt à faire des accommodements. D'autre provinces
ont les mêmes problèmes parce qu'en 1921, de l'Atlantique au
Pacifique, les parcs de logements n'étaient pas les mêmes dans les
différentes régions. Cela pose des difficultés. Il est
possible que ce soit changé. Au moment où le programme
québécois sera annoncé, on aura la réponse finale
sur cette question.
Le Président: M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Russell: M. le Président, je pense que cela est assez
important. Actuellement, dans toute cette étude, il y a peut-être
une chose qui se propage et qui n'est pas correcte. Si on traîne cette
étude pendant trois ans... Le fléau actuel, ce sont les
constructions qui se font, lesquelles viennent d'un ordre qui n'existe pas ou
à peine. Il est inexistant. C'est là l'importance. Pour les
constructions qui sont déjà faites, tâchons de trouver des
normes déjà établies qui soient valables, et non pas
celles utilisées par le fédéral qui équivalent
à rien et à moins que rien. Je suis d'accord avec le ministre
lorsqu'il les a refusées.
M. Joron: M. le Président, je comprends le sens...
Le Président: M. le député de Vanier.
M. Joron: M. le Président, puis-je répondre
à la question supplémentaire, si vous me le permettez?
Je comprends le sens de votre question. Elle n'a pas rapport au
programme d'isolation comme tel. Vous vous demandez si le Québec va
établir, dans son Code du bâtiment qui relève du
ministère du Travail, des normes d'isolation plus sévères
pour les constructions nouvelles. Oui, on est en train d'étudier cela
justement en collaboration avec le ministère du Travail.
Le Président: M. le député de Vanier.
Déménagement de compagnies de
navigation
M. Bertrand: Merci, M. le Président. J'aurais aimé
posé ma question la semaine dernière au ministre des Transports,
mais les aléas de la Chambre m'en ont empêché. M. le
Président, tout le monde sait que dans le domaine des aéroports,
des ports, des voies ferrées, le Québec n'est, c'est le moins
qu'on puisse dire, pas tellement favorisé par le
fédéralisme rentable. Dans cet ordre d'idées, j'aimerais
que le ministre des Transports puisse commenter aujourd'hui la décision
qui a été prise par le directeur du port de Montréal il y
a quelques jours afin de déplacer la seule compagnie
québécoise d'arrimage, la compagnie Logis-tec, pour faire de la
place à la compagnie Federal and Commerce Navigation et aussi pour
créer de la place dans le port de Montréal pour la compagnie CP
Navigation qui devra, pour ce faire, quitter le port de Québec.
Or, comme on le sait, la CP Navigation était la seule compagnie
à fournir des services de conteneurs dans le port de Québec; avec
son départ, c'est une bonne partie de l'économie
québécoise qui se trouve affectée.
J'aimerais demander au ministre, dans les circonstances, après
avoir mis sur pied un comité qui devait étudier ce dossier, s'il
est en mesure aujourd'hui de nous dire s'il a encore l'intention de poursuivre
ses démarches pour amener la compagnie CP Navigation à revenir
sur sa décision ou si, pour lui, c'est une chose faite et qu'à
toutes fins pratiques, le dossier est considéré comme
fermé?
Le Président: M. le ministre des Transports.
M. Lessard: M. le Président, à la suite de la
nouvelle qui a paru dans le journal Le Devoir concernant une certaine
modification au port de Montréal, j'ai communiqué avec le
directeur du port de Montréal et on m'a donné, en fait, de
façon assez laconique, un certain nombre de renseignements selon
lesquels il s'agirait tout simplement d'une rationalisation des espaces du port
de Montréal.
J'ai communiqué, par la suite, avec Logistec, qui m'a
indiqué que, selon les renseignements disponibles il ne s'agissait pas
d'enlever complètement toutes les gares qui étaient à sa
disposition. Le président de Logistec m'a même indiqué que,
dans les circonstances, il ne voyait pas l'utilité de l'intervention du
ministère des Transports. Cependant, en ce qui concerne CP Navigation,
il s'agit d'une décision d'une compagnie, en fait, en relation avec la
politique portuaire du gouvernement fédéral. Nous savons
très bien que nous n'avons aucun pouvoir en ce qui concerne la
planification de la politique portuaire du gouvernement fédéral.
Ceci va être probablement pire encore si le gouvernement
fédéral fait adopter par la Chambre des communes sa loi C-6 qui
concentre tout le contrôle des ports sous la juridiction du gouvernement
fédéral sans tenir aucun compte des intérêts du
Québec. Que voulez-vous? Il va falloir, comme Québécois,
que ce soit dans le secteur des aéroports ou dans le secteur maritime,
qu'on prenne conscience, comme nous du gouvernement, en avons pris conscience,
qu'on ne peut pas à la fois être un Etat colonial et un Etat
indépendant.
Cependant, au ministère des Transports, en collaboration avec la
Chambre de commerce de la région de Québec et en collaboration
avec les députés, nous suivons de très près ce
dossier. Nous n'avons pas de décision officielle de CP Navigation mais,
comme je l'ai indiqué à maintes reprises, nous avons l'intention
comme nous l'avons fait pour Cast d'utiliser tous les moyens
économiques ou tout le poids économique que nous pouvons avoir
comme gouvernement du Québec pour faire en sorte que les compagnies
maritimes demeurent dans le territoire du Québec et ne se dirigent pas
vers l'Est, à cause d'une politique discriminatoire touchant les
coûts du transport ferroviaire des Maritimes vers le Québec. Nous
avons donc l'intention d'utiliser tout ce qui est en notre pouvoir pour
éviter que ces compagnies maritimes se dirigent vers l'Est, que ce soit
en direction de Montréal, soit ensuite vers Halifax.
Encore une fois, on ne peut pas être à la fois Etat
colonisé et Etat indépendant.
Le Président: M. le député de
Bellechasse.
Déménagement de Standard Paper
Box
M. Goulet: M. le Président, surtout en tenant compte de la
deuxième partie de la question du député de Vanier, si on
tient compte que CP Navigation employait tout près de 150 personnes dans
la région de Québec, j'aimerais ajouter à cela un autre
déménagement d'usine, celui de Standard Paper Box. Ma question,
je pense, devra attirer l'attention de tout le monde, surtout des
autorités gouvernementales, car les effets sociaux de
déménagements de telles usines sont très graves.
J'aimerais donc savoir si le ministre des Affaires sociales a fait pression
auprès de ses collègues au développement économique
toujours dans le cas de CP Navigation et d'autres compa- gniessoit
au ministère de l'Industrie et du Commerce ou encore du ministère
des Transports, afin d'empêcher ces déménagements.
Le Président: M. le député de Bellechasse,
je vous souligne qu'il ne s'agit pas là d'une question additionnelle.
Nonobstant cela, étant donné que le temps nous le permet, je vais
permettre au ministre des Affaires sociales de répondre.
M. Lazure: II est évident que, comme tous les autres
députés ministériels, nous regrettons ces
déménagements, ces dislocations qui ont souvent des effets
sociaux, comme le député le dit, mais, évidemment, je fais
confiance au titulaire du ministère concerné pour minimiser le
plus possible les effets négatifs de tels
déménagements.
M. Goulet: Je m'excuse, je n'avais pas mon écouteur.
Est-ce que vous m'avez dit que ma question était une question
principale?
Le Président: Oui, principale.
M. Goulet: Donc, vous m'en permettrez une additionnelle.
Le Président: Pour une fois, oui, pour une question.
M. Goulet: M. le Président, vous m'avez coupé; si
je m'adressais au ministre des Affaires sociales, c'est parce qu'il faut tenir
compte que, dans le cas de ces déménagements d'usines, les
conditions matérielles des travailleurs licenciés sont
inadéquates et les conséquences psychologiques et sociales sont
encore plus graves, M. le Président, je n'en veux pas du tout à
mes collègues de la région de Montréal, mais vous
comprendrez que charité bien ordonnée commence par
soi-même. Ma question s'adresse au ministre des Communications, au
ministre de la Fonction publique, au ministre des Affaires
intergouvemementales, qui est absent, au ministre de l'Agriculture. M. le
Président, une chance que vous êtes président parce que ma
question s'adresserait à vous également.
Quand ces quatre ministres vont-ils faire des pressions? Dans la
région de Québec, il y a déménagement de trois
usines, et je les nomme: Standard Paper Box, McCallum Transport, 60
employés, et CP Navigation, 150, dans l'espace de trois semaines, quand
allez-vous faire pression afin que dans la région de Québec, au
moins, on sauve les meubles?
M. Burns: M. le Président, je pense que la réponse
est donnée.
Le Président: M. le député de
Saint-Laurent.
M. Goulet: Aucun ministre de la région de Québec
n'ose se lever. Quand est-ce qu'ils vont faire pression pour au moins sauver
les meubles dans la région de Québec? Cela part à coups de
100.
Le Président: M. le député de Bellechasse,
s'il vous plaît!
M. le député de Saint-Laurent.
Conflit dans les ateliers pour déficients
mentaux
M. Forget: Merci, M. le Président. Ma question s'adresse
au ministre des Affaires sociales. Elle est relative aux difficultés de
relations entre les syndicats et la direction des ateliers de l'Association
pour les déficients mentaux de Montréal. Il y a un peu plus d'un
an, ce syndicat obtenait son accréditation et déposait un projet
de convention collective. Il n'y a pas eu, depuis, de négociations. Je
voudrais savoir du ministre des Affaires sociales s'il a donné des
instructions pour que l'intégration des employés qui travaillent
dans les différents ateliers protégés pour
déficients mentaux ou autres à travers le Québec se fasse
et que, le cas échéant, des conventions collectives soient
négociées en suivant le patron déterminé lors de la
récente ronde de négociations dans le secteur parapublic.
Deuxièmement, a-t-il donné des instructions pour que
cessent ou soient renversées les décisions relatives aux mises
à pied pour activités syndicales qui ont été
effectuées dans cet atelier, au nombre de six, plus une annulation de
poste, et pour mettre fin à l'engagement de personnel qui se fait pour
combler les postes ainsi vacants?
Le Président: M. le ministre des Affaires sociales.
M. Lazure: M. le Président, j'ai effectivement
donné instruction à notre direction des relations de travail
dirigée par le sous-ministre adjoint, M. Meloche, pour que ce conflit
soit réglé le plus tôt possible. Si le député
de Saint-Laurent le permet, je vais prendre avis et je pourrai faire un
état de la question plus détaillé demain ou
après-demain.
Le Président: M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: Question additionnelle, M. le Président,
très brièvement. Dans les crédits de son ministère
pour l'année, on retrouve des fonds suffisants pour assurer
l'intégration de tous les employés des ateliers
protégés à l'intérieur des normes salariales
prévues pour le réseau et les conventions collectives du
réseau. Comment se fait-il que l'on se retrouve, en fin d'année,
devant une situation comme celle-là? Comment se fait-il que des
instructions ne soient pas parvenues en temps utile pour que cette
difficulté qui dure depuis un an et qui a mené même
à des arrestations des syndiqués en question ait pu être
évitée?
M. Lazure: M. le Président, les instructions sont
données depuis longtemps. C'est un problème de relations de
travail qui est fort complexe, comme c'est souvent le cas. Je vais prendre avis
de la question et donner une réponse beaucoup plus
détaillée demain ou après-demain.
Le Président: M. le député de
Rouyn-Noranda.
Règlement relatif aux chauffeurs de
taxi
M. Samson: M. le Président, j'avais une question pour
l'honorable ministre des Transports, mais je pense qu'il vient de sortir. A
moins qu'il soit... Très bien. Je viens de l'apercevoir, M. le
Président. Il était debout près du premier ministre. Je ne
le voyais pas.
Ma question au ministre des Transports concerne l'arrêté en
conseil 2330-77 du 13 juillet dernier; c'est un arrêté en conseil
qui modifie le règlement 6k, concernant le taxi. Pour la bonne
compréhension de la question, M. le Président, cet amendement
adopté le 13 juillet ajoutait le paragraphe qui est
numéroté 6.33.1, qui dit ceci: "Tout propriétaire ou
chauffeur en service en attente sur un poste de stationnement doit demeurer
assis à l'intérieur de son véhicule, à moins qu'il
ne vienne en aide aux requérants du service ou ne transporte des
bagages." Voici la question que je veux poser au ministre des Transports.
Est-ce l'intention du ministre des Transports de revoir ce règlement,
compte tenu d'une certaine conclusion qui a découlé de
l'application de ce règlement?
Le Président: M. le ministre des Transports.
M. Lessard: Oui, M. le Président. Un certain nombre de
chauffeurs de taxi pensaient qu'ils devaient demeurer assis à
l'intérieur de leur automobile pendant toute la période où
ils attendaient, par exemple, d'avoir accès au pont de
débarquement, ce qui n'était pas l'esprit du règlement.
Dans ce sens, ce que nous avions voulu éviter, c'est une sollicitation
trop intensive qu'on connaît dans certains aéroports
achalandés comme Dor-val, Mirabel, l'aéroport de Québec;
certainement pas l'aéroport de Rouyn-Noranda ni non plus ceux de
certaines régions.
Nous allons corriger cela, le règlement est prêt. On devait
corriger aussi certaines autres choses en ce qui concerne le règlement
6. Normalement, cela devrait être déposé et
présenté au Conseil des ministres dans les plus brefs
délais, de telle façon qu'on précisera que le conducteur
devra être à l'intérieur de son automobile lorsqu'il
attendra, lorsqu'il sera devant le pont de débarquement, si vous
voulez.
Le Président: M. le député de
Rouyn-Noranda.
M. Samson: M. le Président, question supplémentaire
au ministre des Transports. Compte tenu du fait que le ministre a l'intention
d'amender ce règlement pour donner satisfaction aux chauffeurs de taxi,
est-ce qu'on peut compter que d'ici à ce que le règlement soit
amendé, personne ne sera dérangé et qu'ils pourront
travailler dans le sens du nouveau règlement annoncé?
Le Président: M. le ministre des Transports.
M. Lessard: Certainement, je pense bien que l'esprit du
règlement qu'on avait fait a déjà été
compris par les agents qui ont à appliquer ce règlement. Il n'y a
pas eu de problème jusqu'ici. Vous avez raison, je remercie le
député de Rouyn-Noranda qui m'en avait parlé la semaine
passée, mais des chauffeurs de taxi m'en avaient parlé aussi. Je
ne vais quand même pas leur donner des douleurs à la colonne
vertébrale. J'avais constaté que notre règlement
était un peu flou. Le principe ou l'objectif du législateur en
fait a été compris, il n'y aura pas de
pénalités.
Le Président: Fin de la période des questions.
Motions non annoncées.
Projet de loi no 60
Enregistrement des noms sur les votes en suspens. Je pense que le vote
doit se prendre aujourd'hui sur la motion de deuxième lecture du projet
de loi no 60 qui est la Loi modifiant la Loi de la taxe sur les repas et
l'hôtellerie.
M. Burns: M. le Président, je vous demanderais qu'on
appelle les députés, s'il vous plaît.
Le Président: Qu'on appelle les députés.
Vote sur la motion de deuxième lecture
Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît! A
l'ordre!
Je vous rappelle qu'en vertu du règlement sessionnel nous avons
un vote reporté ce matin; il s'agit du vote sur le projet de loi no 60,
Loi modifiant la Loi de la taxe sur les repas et l'hôtellerie, qui a
été présenté par M. le ministre des Finances. Le
débat étant terminé en deuxième lecture, je demande
si cette motion de deuxième lecture sera adoptée.
Que celles et ceux qui sont en faveur de cette motion veuillent bien se
lever!
Le Secrétaire adjoint: M. Burns, Mme Cuerrier, MM.
Bédard, Laurin, Parizeau, Léonard, Couture, Tremblay,
Bérubé, Johnson, O'Neill, Mme Ouellette, MM. de Belleval, Joron,
Mme Payette, MM. Lessard, Proulx, Charron, Duhaime, Lazure, Léger,
Tardif, Garon, Michaud, Paquette, Vaillancourt (Jonquière), Marcoux,
Alfred, Vaugeois, Martel, Fallu, Rancourt, Mme Leblanc, MM. Grégoire,
Bertrand, Bisaillon, de Bellefeuille, Guay, Gendron, Mercier, Laberge, Marquis,
Lacoste, Perron, Brassard, Clair, Gosselin, Lavigne, Dussault, Charbonneau,
Beauséjour, Desbiens, Baril, Bordeleau, Boucher, Gravel, Lévesque
(Kamouraska-Témiscouata), Gagnon, Jolivet.
Le Vice-Président: Que ceux qui sont contre veuillent bien
se lever!
Le Secrétaire adjoint: MM. Levesque (Bonaventure), Lavoie,
Vaillancourt (Orford), Lalonde,
Forget, Garneau, Mailloux, Goldbloom, Saindon, Saint-Germain, Raynauld,
Lamontagne, Giasson, Caron, O'Gallagher, Picotte, Ciaccia, Marchand, Gratton,
Pagé, Verreault, Springate, Biron, Bellemare, Grenier, Russell, Goulet,
Fontaine, Brochu, Le Moignan, Dubois, Cordeau, Samson, Roy.
Le Vice-Président: Abstentions?
Le Secrétaire: Pour: 59 Contre: 34
Abstentions: 0.
Le Vice-Président: Adopté. Troisième
lecture? Prochaine séance ou séance subséquente.
M. le leader parlementaire du gouvernement.
Motion de renvoi à la commission
plénière
M. Burns: M. le Président, je vais maintenant faire motion
pour que, si j'ai le consentement de la Chambre, deux commissions puissent
siéger en même temps que l'Assemblée nationale. Je
m'excuse, je fais motion d'abord pour que le projet de loi que nous venons
d'adopter, projet de loi no 60, soit déféré à la
commission plénière.
Le Vice-Président: Cette motion sera-t-elle
adoptée?
M. Lavoie: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté.
Travaux parlementaires
M. Burns: Je disais donc, M. le Président, avant ce
léger oubli, qu'immédiatement, au salon rouge, la commission des
consommateurs, coopératives et institutions financières pourrait
se réunir, pour poursuivre l'examen, article par article, du projet de
loi 67, Loi sur l'assurance automobile. Si j'avais le consentement, M. le
Président, je proposerais également qu'en même temps que
l'Assemblée nationale siège, à la salle 81-A, la
commission de la justice se réunisse pour examiner les projets de loi
suivants: 260, Loi relative à l'Association de bienfaisance des
policiers de la Communauté urbaine de Montréal; 72, Loi
concernant la nomination des juges municipaux suppléants et modifiant la
Loi des poursuites sommaires; 77, Loi modifiant la Loi des tribunaux
judiciaires et la Loi sur les jurés. Si j'avais ce consentement, M. le
Président, je fais motion pour que ces deux commissions siègent
immédiatement.
Le Vice-Président: Si vous permettez, M. le leader
parlementaire du gouvernement, je comprends que vous faites une motion à
deux éléments ou deux volets, si vous avez le consentement de
l'Assemblée. Je demande donc s'il y a consentement. Est-ce que le
consentement est accordé?
Une Voix: Après le vote.
Le Vice-Président: Alors, est-ce que cette double
motion...
M. Burns: Maintenant que j'ai le consentement, je voudrais
préciser les heures où ces commissions devraient siéger.
La commission des consommateurs se réunira, comme je l'ai dit tout
à l'heure, au salon rouge, pour toute la journée,
c'est-à-dire dès maintenant avec suspension à 13 heures,
pour reprendre ses travaux à 15 heures, pour les suspendre à
nouveau à 18 heures et pour les reprendre à 20 heures et
terminer, si nécessaire a minuit, ou si jamais le problème
était réglé avant minuit, au moment où ce serait
adopté.
Une Voix: Pour que le problème soit réglé,
retirez-le donc.
M. Burns: Quant à la commission de la justice, elle
siégera immédiatement jusqu'à 13 heures et reprendra ses
travaux à 15 heures pour les terminer à 18 heures et, à la
salle 81-A, la remplacera, la commission du travail, de la main-d'oeuvre
relativement au projet de loi no 45, à compter de 20 heures
jusqu'à minuit.
Le Vice-Président: Vous ajoutez à votre motion?
M. Burns: Oui.
Le Vice-Président: Est-ce que cette motion rendue triple
sera adoptée?
M. Lavoie: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté. Il s'agit de trois
commissions?
M. Burns: Deux commissions, mais il y en a trois
d'impliquées.
Le Vice-Président: II y en a trois d'impliquées,
est-ce nécessaire de répéter?
M. Lavoie: Adopté.
M. Burns: Non, cela va.
Le Vice-Président: Motion adoptée.
M. le leader parlementaire du gouvernement.
M. Burns: M. le Président, je vous demanderais maintenant,
puisque nous sommes rendus aux affaires du jour, d'appeler l'article 23).
Le Vice-Président: M. le député de
Châteauguay nous présente le rapport de la commission des affaires
municipales et de l'environnement qui a étudié les projets de loi
suivants, projet de loi no 54, Loi modifiant la Loi des cités et villes,
et le projet de loi no 55, Loi modifiant le Code municipal.
A l'ordre, s'il vous plaît! Est-ce que ce rapport sera
agréé?
M. Lavoie: Un instant.
M. Bellemare: Est-ce qu'il est déposé?
Le Vice-Président: Rapport sur les lois 54 et 55, il n'y a
pas d'amendements.
M. Lavoie: On ne l'a pas eu.
M. Bellemare: II y a deux rapports.
M. Lavoie: C'est l'article 23?
Le Vice-Président: C'est la prise en considération
du rapport et non pas le dépôt du rapport.
M. Bellemare: Où est le rapport?
M. Burns: II a été déposé à
l'Assemblée nationale, le 17 novembre. M. le Président, je tiens
à signaler qu'à ma connaissance, et je me suis informé
auprès du secrétaire général de l'Assemblée,
il n'y a pas eu d'amendements relativement à cela. Nous sommes
simplement en train de prendre en considération... C'est une
étape à franchir pour nous amener à la troisième
lecture de ces deux projets. Il n'y a pas eu d'amendements de proposés.
S'il y a des gens qui veulent parler sur le rapport lui-même, il n'y a
pas de problème.
Le Vice-Président: M. le député de D'Arcy
McGee.
M. Goldbloom: M. le Président, le leader parlementaire du
gouvernement m'inquiète parce qu'il est mal renseigné ce matin.
Il y a effectivement un amendement. Il a été
présenté en commission parlementaire après que les
diverses procédures eurent été complétées.
Il était entendu avec le ministre qu'il présente, lors de la
prise en considération du rapport, cet amendement qui a
déjà été accepté à l'avance par
l'Opposition officielle et, je crois bien, par l'Union Nationale
également.
Le Vice-Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement.
M. Burns: M. le Président, le ministre me confirme que
c'est absolument exact, ce que dit le député de D'Arcy McGee, de
sorte que je vous demanderais de remettre à plus tard la prise en
considération de ce rapport. A ce moment-ci, je proposerais, M. le
Président, que nous en venions à l'article 5.
Projet de loi no 75
Troisième lecture
Le Vice-Président: M. le ministre des Transports propose
la troisième lecture du projet de loi no 75, Loi modifiant le Code de la
route.
M. le ministre des Transports.
M. Lessard: M. le Président, je n'ai pas de commentEires.
Nous en avons discuté amplement. Je pense que tous les
représentants de l'Opposition sont d'accord avec ce projet de loi.
Le Vice-Président: Est-ce que cette motion de
troisième lecture est adoptée?
M. Lavoie: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté.
M. le leader parlementaire du gouvernement.
M. Lavoie: M. le Président, le député de
Verdun...
M. Caron: Sur division... J'ai fait une suggestion au ministre et
je n'ai pas eu de nouvelles. Je voulais que, si les caisses populaires
n'acceptaient pas dans certains comtés, on s'adresse aux banques
à charte. Il y a des capitaux des Québécois dans les
banques à charte; si réellement on veut prouver qu'on ne fait pas
de patronage ou de reconnaissance, qu'on s'adresse aux autres banques. Sur
division, dans mon cas.
Le Vice-Président: Le projet de loi est adopté sur
division.
M. le leader parlementaire du gouvernement.
M. Burns: Maintenant, M. le Président, je vous demanderais
de passer à l'article 11. Je signale à l'Assemblée que,
dans le cas où cet article ne serait pas adopté d'ici 13 heures,
nous passerons à autre chose à compter de 15 heures, à la
suite de la suspension. A ce moment, il s'agirait de la motion qui est inscrite
à mon nom, motion en vertu de l'article 156.2.
Projet de loi no 61
Deuxième lecture
Le Vice-Président: M. le ministre des Finances propose la
deuxième lecture du projet de loi 61, Loi modifiant la Loi de
l'impôt sur la vente en détail.
M. le ministre des Finances.
M. Lavoie: ... taxe. La taxe des petits enfants.
Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît! M. le
ministre des Finances, vous avez la parole malgré tout.
M. Jacques Parizeau
M. Parizeau: M. le Président, le lieutenant-gouverneur a
pris connaissance du projet de loi que je propose en deuxième lecture,
et il en recommande l'adoption. M. le Président...
Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Parizeau: Nous avons déjà, dans cette
Assemblée, adopté l'augmentation des allocations familiales de
27%, il y a de cela quelques mois. Nous avons abordé aujourd'hui la
contrepartie de cette augmentation des allocations familiales,
c'est-à-dire la suppression de l'exemption de la taxe de vente sur les
vêtements d'enfants.
Il est évident que cette mesure a provoqué beaucoup de
discussions et n'a pas été toujours aussi bien comprise que je
l'aurais souhaité. Il est évident que chaque fois que l'on
modifie la fiscalité, même en s'assurant que le contribuable ne
sera d'aucune espèce de façon globalement taxé par ce
changement puisqu'on lui remet le montant ainsi obtenu
l'opération est malaisée, compliquée et difficile à
faire comprendre.
Néanmoins, c'est un problème qui traînait depuis
plusieurs années. A plusieurs reprises, on avait soulevé la
question de la légalité même de cette exemption et de la
définition qu'on donnait d'un enfant, non pas dans la loi, mais dans les
règlements qui s'y appliquaient.
L'Association des consommateurs du Canada, par exemple, soutenait depuis
quelque temps que l'administration de l'exemption présentait des
caractères de légalité douteuse. D'autre part, on
était en face, sur le plan administratif, d'un problème non pas
de fraude mais d'application inéquitable de cette taxe. J'ai
déjà eu l'occasion d'en parler. Il est clair qu'à partir
du moment où l'exemption portait sur des pointures et non pas sur des
âges, on se trouvait finalement à frapper une clientèle que
l'on ne connaissait pas. Certains enfants ayant grandi trop vite payaient la
taxe. Certains adultes de petite taille ne la payaient pas. Le résultat
est que, sur le plan de l'administration de cette taxe dans les magasins, des
quantités de discussions, de difficultés, de réclamations
duraient depuis plusieurs années.
A ce sujet, pour bien indiquer qu'il ne s'agit pas d'un problème
nouveau, je voudrais lire un passage d'une lettre qu'un de mes
prédécesseurs, M. Quenneville, ministre du Revenu,
écrivait à son collègue, Mme Bacon, ministre des
Consommateurs, Coopératives et Institutions financières, qui
avait fait des représentations auprès de lui sur deux ou trois
questions qui concernaient son ministère, mais singulièrement
celle, justement, des vêtements d'enfants.
Vous comprendrez, M. le Président, que je ne cherche pas à
utiliser cette lettre à des fins de querelle. Au contraire, à
bien des égards elle explique un certain nombre de difficultés
d'une façon tout à fait sereine. L'extrait de cette lettre du 19
août 1976 que je vais lire est le paragraphe suivant: "Quant à
l'exemption sur les vêtements d'enfants, elle suscite depuis toujours
beaucoup de commentaires. Sans vouloir éviter le sujet, je me
contenterai de vous confier qu'à ce jour mon ministère n'a pas
encore trouvé la solution qui permettrait de satisfaire à la fois
le contribuable et la province. Les consommateurs défendent leur point
de vue, mais oublient que l'administration d'une telle exemption n'est pas sans
causer de problèmes. Qu'il me suffise de mentionner les
possibilités d'évasion fiscale que permet un tel programme
d'exemption, problème que ne réglerait pas leur suggestion
d'accorder l'exemption
sur présentation de la carte d'assurance-maladie. Quoi qu'il en
soit, mon ministère est très au fait de ce problème et
sera plus que satisfait le jour où il trouvera une solution qui
conviendra à tous les intéressés. Permettez-moi aussi
d'ajouter que la prétention de l'association basée sur
l'interprétation de la loi qu'en font ses conseillers juridiques voulant
que cette exemption s'adresse à toutes les personnes de 18 ans ou moins
m'apparaît mal fondée en droit. Je ne conteste pas leur voeu de
voir cette exemption s'appliquer ainsi, mais je ne partage pas leur avis que
les fonctionnaires de mon ministère en font une interprétation
erronée. Par ailleurs, une modification à cette exemption suppose
un changement de politique fiscale dont l'élaboration incombe à
notre collègue, le ministre des Finances, etc."
C'est donc un problème qui traîne depuis longtemps, qui
dure...
M. Garneau: Je m'excuse auprès du ministre des Finances;
j'aimerais savoir s'il n'aurait pas d'objection, suivant notre
règlement, à déposer la lettre.
M. Parizeau: Mais bien sûr, M. le Président. Je
dépose ici, à la fois la lettre du ministre Quenneville et la
première lettre qu'il avait reçue de Mme Bacon.
Le Président suppléant (M. Marcoux): Document
déposé.
M. Parizeau: Dans ces conditions, il a été
décidé de faire en sorte que les vêtements d'enfants soient
taxés au même titre que tous les autres vêtements et de la
même façon, qu'on échappe à ces problèmes de
caractère administratif et de l'application de la loi, qu'on
évite ces querelles de caractère juridique qui traînaient
depuis un certain temps, étant bien entendu que l'argent ainsi
amassé ne servirait pas au trésor public, mais serait
redistribué en allocations familiales dollar pour dollar et
intégralement.
Il est évident que, dans la mesure où l'on respecte la
structure de nos allocations familiales au Québec et qu'on les
augmentait de 27%, tel que ces allocations existaient alors, on se trouvait
ainsi à favoriser jusqu'à un certain point les gens à bas
revenu et les familles nombreuses et, cependant, à défavoriser
les familles d'un enfant et celles ayant des revenus élevés. Ceci
était une conséquence de la mesure qui a été prise
et elle a été acceptée telle quelle, en somme, comme une
forme de redistribution légère. Il ne faut quand même pas
se faire des illusions sur le résultat ultime, mais, enfin, il y a un
élément de redistribution intéressant qui existe dans
cette mesure.
Je vous avouerai que, quand la mesure est sortie, elle a donné
lieu, dans certains journaux, à des commentaires ou à des
présentations qui me sont apparus, à bien des égards,
outrés, exagérés et qui ont probablement, d'ailleurs,
déclenché ces protestations que nous avons connues pendant
quelque temps. Je pense, par exemple, à ces journaux qui ont
publié des photos de familles nom- breuses avec beaucoup de petits
enfants comme étant les victimes de cette mesure, alors que, justement,
c'étaient les familles nombreuses qui en tiraient l'essentiel du
bénéfice.
J'en prendrai à témoin deux cas qui me paraissent
très révélateurs: le premier du Star du 13 avril où
le titre se lisait ainsi: "Shoe tax puts pinch on dad", avec,
évidemment, photos, n'est-ce pas, idoines. Il s'agit d'une famille de
huit enfants et on lit en première page du Star ce qui suit: "The
cancellation of the sales tax exemption on children's clothing is another pain
in the wallet." Ce n'est qu'après avoir tourné la page, en
arrivant à la fin de l'article, que l'on se rend compte que la
mère de famille en question a beaucoup mieux compris que le journaliste
de quoi il s'agit. Il faut arriver tout à fait au bout de l'article pour
le voir. La dame dit: "We would have to buy about $1600 in clothes and shoes to
pay that much tax, and I do not think we spend that much". Elle avait compris
que cela allait lui rapporter de l'argent, ses allocations familiales par
rapport à la taxe qu'elle paierait. Mais, encore une fois, cela ne se
reflète ni dans le titre, ni dans le reste de l'analyse et ce n'est
qu'à la fin qu'on se rend compte que, si le journaliste n'a pas
très bien compris, la mère de famille, elle, sait compter.
On en a vu d'autres. Je pense ici à un article de la Presse du
lendemain, le 14 avril, toujours avec beaucoup de petits enfants dans une
photo, et le titre, qui est encore meilleur, se lit comme suit: "Encore des
budgets où ce sont les petits qui écoperont." Là,
l'analyse, en un certain sens, est encore plus drôle ou plus
pénible, comme on le voudra. Un père de famille qui, dit-on,
gagne $7000 par an et a sept enfants achèterait et c'est cela qui
fait très mal du point de vue de la taxe pour $300 de
vêtements de sport seulement par année et par enfant.
Cela fait de la bonne copie journalistique, mais j'aimerais qu'on
m'explique comment on peut acheter $2100 de vêtements de sport seulement
avec un salaire de $7000. C'est avec des choses comme celles-là que l'on
a réussi, évidemment, à changer le sens de
l'opération et à provoquer le genre de réactions que nous
avons connues. Le fait est que si l'on cherche à voir ce que
l'allocation familiale remplace de taxes et donc permet comme achat, par
enfant, on arrive à des chiffres qui, bien sûr, ne sont pas
élevés pour un enfant, mais croissent rapidement.
Il est clair que l'allocation familiale payée permet la
compensation de la taxe jusqu'à des achats de $160 par an. Mais quand on
est à quatre enfants, l'allocation familiale remplace la taxe
jusqu'à concurrence d'achats de presque $1000 par an. Et quant aux
photos de familles nombreuses dont les journaux faisaient état, sept,
huit ou neuf enfants, il faut arriver à des achats de $2200, $2600 de
vêtements, comme limite, pour ce qui a trait au remplacement de la taxe
par les allocations familiales. Je souhaiterais déposer ce tableau,
parce que, pour ceux qui s'intéressent à la question que nous
discutons, il s'agit de renseignements, à mon sens, utiles.
Nous avons suivi attentivement au cours des
derniers mois la perception de cette taxe pour voir dans quelle mesure,
effectivement, elle rapportait davantage ou moins que les $32 millions qui
avaient été affectés aux allocations familiales. Dans la
mesure, et je l'avais indiqué, où le produit de cette taxe serait
supérieur au montant prévu de $32 millions, il était
entendu que l'excédent serait redistribué à nouveau comme
autre augmentation des allocations familiales. Tel, cependant, n'a pas
été le cas. On se rend compte maintenant, après cinq ou
six mois, que l'assiette de la taxe avait été surestimée,
et que, d'autre part, les taxes de vente au détail pour l'ensemble des
ventes au détail pour Québec, cette année, rapportent
moins que prévu, ainsi que je l'ai déjà indiqué
à l'occasion de la publication du deuxième état
trimestriel sur le budget.
La combinaison de ces deux facteurs fait que la dernière
projection est un revenu, pour l'année 1977/78, de l'ordre de $26
millions. On distribue donc $32 millions en allocations familiales et on
récupère $26 millions en impôt. Dans ce sens, il faut
convenir que le consommateur aurait été avantagé encore
plus qu'on le pensait par la mesure qui a été prise et qu'un gain
net pour le consommateur et pour le contribuable est apparu.
Je ne dis pas que, comme ministre du Revenu, je suis ravi de voir une
taxe ramasser moins que ce que j'avais prévu, mais enfin, c'est un
avantage indéniable pour le contribuable.
Le député de Jean-Talon m'avait demandé si
j'étais disposé à déposer les modes ou les
estimations du produit de cette taxe. Je lui avais indiqué, au moment
où il avait exprimé cette demande, que j'accepterais volontiers
justement à l'occasion de la discussion en deuxième lecture du
bill de présenter ces estimations. Vous constaterez, Mme le
Président, qu'elles commencent le 14 juin et que les dernières
estimations sont en date d'octobre. Plutôt que de présenter
simplement la dernière estimation ou la dernière méthode
utilisée, je préfère que ceux qui s'intéressent
à cette question puissent avoir l'ensemble du document. Je le
dépose donc aujourd'hui.
Voila, Mme le Président, ce que j'avais à dire dans un
premier temps sur cette opération. Je propose donc l'adoption en
deuxième lecture du projet de loi 61. Merci, Mme le
Président.
Mme le Vice-Président: M. le député
d'Outremont.
M. Marchand: Debout pour les taxes.
Mme le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Marcoux: Mesures sociales. M. Marchand: Ah oui, mesures
sociales! Mme le Vice-Président: Messieurs, à l'ordre!
Une Voix: Vous, cela ne vous affecte pas.
M. Raynauld: Mme le Président, je pense que nous aurons
l'occasion...
Mme le Vice-Président: Messieurs, je vous
demanderaisje ne voudrais pas nommer les intervenants, vous n'avez pas
demandé la parole. C'est le député d'Outremont qui a la
parole, je vous demanderais de vous en tenir au règlement.
M. André Raynauld
M. Raynauld: Mme le Président, je voudrais essayer de
montrer que ce projet de loi doit être rejeté. Je vais m'attacher
dans un premier temps à montrer les principales caractéristiques
de ce projet de loi, pour ensuite montrer les principales lacunes.
Si je laisse de côté une clause de clarification, le projet
de loi no 61, peut-être à la surprise de plusieurs, ne porte pas
seulement sur la taxe des vêtements pour enfants, mais porte
également sur les maisons mobiles. J'en dirai seulement quelques mots
mais, pour être complet, je pense qu'il faut ajouter cela.
Désormais, en vertu du projet de loi, les maisons mobiles neuves
seront exemptées de la taxe de vente pour 50% du prix et les maisons
mobiles usagées seront exemptées de 100%. Sur les maisons mobiles
usagées, la raison qui est donnée dans le discours du budget du
ministre des Finances, c'est que 90%, de toute façon, ne sont pas
taxées parce qu'elles sont vendues à titre de biens immobiliers,
c'est-à-dire avec le terrain et, par conséquent, la taxe aura
déjà été versée une première
fois.
En ce qui concerne les maisons mobiles neuves, on convient que sur une
maison conventionnelle on paie une taxe qui, en fait, porte seulement sur les
matériaux de construction. Comme on estime par ailleurs que dans une
maison mobile ces matériaux de construction représentent à
peu près 50% du prix de vente, on estime donc que, sur ces maisons
neuves, on devrait ne demander qu'une taxe de vente portant sur 50% de ce prix
de vente. Ce serait donc, en ce qui concerne les maisons neuves, par souci
d'équité qu'on introduirait ces changements, eu égard aux
transactions et par rapport aux maisons conventionnelles.
Je dirai là-dessus, sans m'étendre bien longuement, que
ces modifications ne sont pas d'une importance majeure, puisque le
trésor renonce, en vertu de ces clauses, à environ $3 millions
par année. Mais les raisons non plus ne sont pas très
convaincantes. Les maisons usagées, par exemple, ce n'est pas
très convaincant de les exempter, quand on dit que la taxe aurait
été payée une première fois, lorsque l'on sait que,
sur les automobiles usagées, on paie une taxe de vente. Sans doute, la
taxe de vente a déjà été payée une
première fois. Donc, la raison invoquée ne me paraît pas
très bonne.
En ce qui concerne les maisons neuves, il y a un problème, il me
semble, d'interprétation. Le ministre n'a pas dit si les manufacturiers
de mai-
sons mobiles paieraient la taxe à l'avenir sur les
matériaux de construction, puisqu'en vertu d'un arrêté en
conseil, 2210, si ma mémoire est bonne, si mes informations sont bonnes,
les manufacturiers de maisons mobiles étaient exemptés
jusqu'à maintenant de cette taxe sur les matériaux de
construction. J'ai l'impression, puisqu'on n'en a pas parlé, qu'il n'y a
pas de changement de ce côté. Il me semble que là il
pourrait y avoir un hiatus, compte tenu de l'amendement qui est proposé
par le ministre.
Dans ce cas des maisons neuves, l'argument d'équité ne
tient pas non plus, à mon avis; en réalité, on avantage
les maisons mobiles au détriment des maisons conventionnelles. Cet
argument est très discutable. On pourrait vouloir décourager ce
genre d'habitation et, sans en imputer la faute aux manufacturiers, ce type
d'habitation, par beaucoup, est considéré comme une
véritable pollution de l'environnement. Peut-être qu'avant de le
favoriser davantage on aurait pu chercher à imposer des normes un peu
plus sévères sur la qualité de l'habitat et en particulier
sur les terrains, sur les rues. Je ne pense pas que favoriser ces maisons
mobiles par une réduction de la taxe de vente soit vraiment un avantage
bien marqué.
J'ajouterai en outre que ces maisons mobiles bénéficient
déjà, suivant mes informations, d'un impôt foncier
particulièrement favorable, quand il n'est pas supprimé
entièrement. Par conséquent, en ce qui concerne les maisons
mobiles et toujours par rapport à cet argument d'équité,
je pense qu'il n'était pas du tout évident qu'il fallait
subventionner et encourager davantage la construction et la vente de maisons
mobiles.
En réalité, on pourrait penser qu'il s'agit là
plutôt d'une subvention déguisée aux constructeurs ou aux
fabricants, mais je ne pense pas qu'il en soit ainsi puisque cette
réduction de taxe s'applique également aux maisons
importées. Au cas où on l'aurait fait pour favoriser les
manufacturiers de maisons mobiles au Québec, je suggère fortement
au ministre des Finances qu'il songe à des subventions directes
plutôt que de manipuler les taxes de vente à cet effet.
Il s'agit donc là, à mon avis, d'une mesure de
générosité douteuse en vertu, si on en croit le discours
du ministre des Finances, d'un souci d'équité. Je pense qu'il y a
de plus grandes causes de justice à défendre que celle-là.
Celle dont on vient de parler, la taxe sur la publicité
électronique, était peut-être un cas où il
était plus opportun de parler d'équité que le cas que nous
étudions présentement.
J'en arrive maintenant à la taxe sur les vêtements et les
chaussures pour enfants. Alors que dans l'autre partie du projet de loi on
privilégie la maison mobile, dans ce cas-ci on supprime une exemption de
la taxe de vente sur les vêtements et les chaussures pour enfants. Cette
suppression de l'exemption, à mon avis, est carrément
rétrograde 3t beaucoup plus importante, évidemment, que la
première modification puisqu'elle rapportera, suivant les dires du
ministre ce matin, $26 millions, lorsqu'il s'agissait, par ailleurs, d'environ
$3 millions.
Cette fois, je reconnaîtrai aussi que les soucis du ministre ont
pu être réels, qu'il a pu effectivement penser que cette exemption
devait être supprimée par souci d'une meilleure efficacité,
par souci administratif. Je comprends aussi, d'après ce qu'il a dit ce
matin, qu'il pouvait y avoir des problèmes juridiques. J'avouerai que
sur ces plans-là, à la fois administratifs et juridiques, je
pense que les raisons qu'il apporte ne résistent pas à une
seconde analyse pour des raisons très simples, des raisons qui sont que
jusqu'à maintenant on a quand même été capable
d'administrer cette loi au Québec avec des exemptions.
Je voudrais ajouter que dans toutes les autres provinces du Canada on a
trouvé des moyens de résoudre les difficultés
administratives, s'il en était, tout en respectant cette exemption.
Je mentionnerai, par exemple, qu'à Terre-Neuve, suivant le
dernier rapport sur les principales taxes au Canada pour l'année 1977,
on exempte complètement le vêtement et la chaussure. Dans le cas
de l'Ile-du-Prince-Edouard, on exempte complètement le vêtement.
En Nouvelle-Ecosse, on exempte complètement le vêtement et la
chaussure. Au Nouveau-Brunswick, on exempte complètement le
vêtement et la chaussure. En Ontario, on parle de la chaussure de moins
de $30, qui est complètement exemptée; ensuite, les
vêtements d'enfants sont exemptés et, enfin, on mentionne les
vêtements et chaussures usagés d'une valeur inférieure
à $50 qui sont également exemptés. Si on va au Manitoba,
les vêtements et les chaussures d'enfants sont exemptés. Si on va
en Colombie-Britannique, les vêtements d'enfants et les chaussures sont
également exemptés.
Par conséquent, s'il était vrai que la principale raison
pour supprimer cette exemption était une raison d'efficacité, une
raison administrative, il me semble que d'autres provinces auraient fait face
aux mêmes difficultés. Encore là, dans la mesure où
cette difficulté est réelle, je vois que dans certaines provinces
on a exempté complètement le champ du vêtement et de la
chaussure plutôt que de faire la distinction entre enfants et
adultes.
Par conséquent, il y avait d'autres façons de
résoudre ce problème d'efficacité, s'il y en avait un. Je
suis bien obligé de constater que, dans la plupart des provinces du
Canada, nous avons cette distinction ou, en tout cas, ce traitement particulier
et, par conséquent, je ne pense pas que les difficultés
administratives soient vraiment à l'origine de la difficulté.
On a parlé de problèmes juridiques. S'il se pose un
problème juridique au Québec, il se pose sûrement un
problème juridique dans les autres provinces aussi et il ne semble pas
que cela ait amené les autres gouvernements à modifier ou, comme
le Québec, à supprimer cette exemption sur les vêtements et
les chaussures pour enfants. Donc, j'ai bien l'impression que cet argument
d'efficacité et cet argument de droit ne résistent pas. Qu'est-ce
que le gouvernement a décidé de faire pour le faire accepter? Il
a décidé d'utiliser un stratagème qui est celui des
allocations familiales. Le seul argument qu'il a en faveur de cette
augmentation de taxe, c'est que le ministre dit: Nous allons vous
remettre le produit de la taxe.
Or, et ceci est très important, je pense que le ministre ne donne
pas les informations complètes à cette Assemblée lorsqu'il
s'en tient à comparer tout simplement le montant global de la taxe
perçue, d'un côté, et le montant global des allocations
familiales versées. Pourquoi? Pour plusieurs raisons. La
première, c'est que cette exemption qui est enlevée, en fait
cette taxe, est régressive. Le montant de cette taxe additionnelle par
enfant est de $12 et, lorsqu'on applique ces $12 de taxe additionnelle par
enfant à un revenu de $5000 à $7000, il est évident que la
proportion de cette taxe est beaucoup plus élevée pour des
revenus de $5000 à $7000 qu'elle ne peut l'être pour des revenus
beaucoup supérieurs.
En effet, ce montant de la taxe va être de $12 pour des revenus de
$5000 à $7000; il va être de $26 pour un revenu de $25 000 et
plus. Par conséquent, les riches vont payer $1 par $1000 de revenus et
les plus pauvres vont payer $5 par $1000 de revenus. Donc, le fardeau est cinq
fois plus lourd sur les bas revenus que sur les hauts revenus. Cela est une
question d'incidence de cette taxe, c'est une question d'équité
et de justice qui n'apparaît pas lorsqu'on compare simplement les
agrégats, lorsqu'on compare le montant global plutôt que les
montants particuliers tels qu'ils sont payés par tranche de revenus.
Donc, c'est une taxe régressive, cinq fois plus régressive
sur les revenus plus bas que sur les revenus plus élevés. Bien
sûr, on pourrait dire comme le ministre hier, à propos de la taxe
sur la publicité auprès des media électroniques, qu'on ne
taxe pas les gens, mais qu'on taxe les ondes. Vous vous rappelez, hier, il a
fait cette grande déclaration: On ne taxait pas du monde, on taxait des
ondes, puis ce n'était pas discriminatoire. Ici, peut-être qu'il
va dire la même chose: On ne taxe pas des enfants, on ne taxe pas des
familles; on taxe des vêtements, comme si c'étaient les
vêtements qui payaient les impôts. Hier, on a eu droit à
cette ineptie absolument extraordinaire que ce n'étaient pas des agents
économiques qui portaient le fardeau des taxes, mais que c'était
quelque chose comme des ondes électroniques.
Ici, on a un peu la même chose. Lorsqu'on s'en tient aux
agrégats, on cache, et peut-être
délibérément, l'incidence de cet impôt additionnel.
J'irai plus loin, le stratagème de remettre des allocations familiales
en échange du produit de cet impôt, c'est un marché de
dupes. C'est un marché de dupes parce que, quand on tient compte des
deux ensemble, et de l'allocation familiale et de la taxe, les effets
redistributifs sont considérables. Je vais essayer de montrer ici que
90% des familles avec enfants perdent au change, 90% des familles avec enfants
perdent dans ce marché qu'on ne peut pas qualifier autrement que de
marché de dupes.
On peut bien dire que le ministre pourrait vouloir imposer une taxe
parce que c'est son droit, mais lorsqu'il achète l'adhésion de la
population, s'il est capable de l'acheter, sous de fausses
représentations prétendument sociales, soi-disant humanitaires,
je pense qu'en ce qui me concerne c'est une couleuvre qu'on ne me fera pas
avaler.
On donne, dans le discours du budget, un tableau, le tableau 3 de la
page 17, où on examine l'impact de la combinaison de l'impôt et du
paiement d'allocations familiales par tranche de revenus. Je voudrais dire ici
qu'on peut montrer avec un tableau comme celui-là qu'à partir
d'un certain niveau de revenu, il y a des gens qui vont
bénéficier du fait qu'ils vont recevoir des allocations
familiales, autrement dit, que les allocations familiales vont excéder
le paiement ou la somme payée sous forme de taxes additionnelles. On
peut faire cela.
Ce qu'il manque dans le tableau, ce sont les pondérations.
Combien y a-t-il de gens dans chacune de ces catégories? Combien de
personnes? Le tableau ne le dit pas. Il ne révèle pas le nombre
de familles impliquées. En plus, il limite l'exemple aux familles de
deux et de quatre enfants. J'ai donc pris la peine d'examiner quel était
le nombre de personnes impliquées dans chacune de ces catégories,
et ensuite, de compléter le tableau en ajoutant les familles avec un
enfant, trois enfants, quatre enfants et plus. Qu'est-ce qu'on y trouve? On y
trouve que, pour les familles avec un enfant, elles perdent quel que soit le
niveau de revenu. Elles perdent au change, puisque même dans la classe de
revenu indiqué au tableau, la taxe potentielle par enfant est de $12 et
le paiement des allocations familiales par enfant est de $13. Le paiement
additionnel d'allocations familiales étant de $13, je dirais, au mieux,
dans cette catégorie de $5000 à $7000, que personne ne perd ou ne
gagne, et de toutes les catégories supérieures, ces familles
perdent.
Or, combien y a-t-il de familles avec un enfant? Parmi l'ensemble des
familles avec un enfant, c'est 40%. Au point de départ, 40% de toutes
les familles avec enfants perdent au change, perdent dans ce marché
d'allocations familiales par rapport à l'augmentation de la taxe de
vente sur les vêtements pour enfants. On est rendu déjà
à 40%.
Si on ajoute ensuite les familles avec deux enfants. Ces familles avec
deux enfants perdent à partir d'un revenu de $7000 et plus. C'est 90%
des familles avec deux enfants, qui perdent dans ce marché. Ces familles
de deux enfants représentent 38.7% de toutes les familles avec enfants.
On a donc, encore ici, 35% des familles de deux enfants qui perdent. 40% qui
étaient des familles à un enfant, 35% de familles de deux
enfants, on est déjà rendu à 75% de toutes les familles
qui perdent dans ce marché.
On en arrive ensuite aux familles de trois enfants, qui ne sont pas
indiquées au tableau. Ces familles perdent à partir d'un revenu
de $9000. C'est 81% des familles qui perdent. Les familles de trois enfants
représentant 16% de toutes les familles avec enfants, 81% de 16% donne
13%, donc 13% de toutes les familles qui perdent. On est rendu, de 75% avec les
familles de un et de deux enfants, à 88% de toutes les familles qui
perdent.
Enfin, on a les familles de quatre enfants et plus. Ils perdent à
partir d'un revenu de $15 000 et
plus. Ce montant de $15 000 et plus, c'est 39% des familles de quatre
enfants, mais les familles de quatre enfants et plus ne représentent que
5.5% de toutes les familles. Il y a peu de familles de quatre enfants et plus.
Quand le ministre dit les familles nombreuses bénéficient de
l'opération, je dirais oui. Elles bénéficient en partie
d'abord, mais il y en a seulement 5% de ces familles. Par conséquent, si
j'applique les 38% qui perdent, de $15 000 et plus, et que je tiens compte de
la pondération du 5.5%, cela me donne 2% de l'ensemble des familles qui
perdent également. Au total, je suis donc rendu à 90% de toutes
les familles.
Donc 90% de toutes les familles qui perdent au change, l'incidence de
ces impôts et de paiements d'allocations familiales ne peut pas
être laissée de côté en faveur simplement
d'agrégats où le ministre pourra se vanter de remettre à
la population $32 millions lorsqu'il en perçoit seulement $26 millions.
C'est là une affirmation qui prête à confusion, qui induit
les gens en erreur. Il devrait la compléter.
Je dirai donc, en résumé, Mme le Président,
que...
Mme le Vice-Président: Voulez-vous nous dire si vous
parlez au nom du chef du parti ou...
M. Raynauld: Je parle au nom du parti. De toute façon je
termine.
Mme le Vice-Président: J'allais vous demander de conclure,
mais vous pouvez continuer.
M. Raynauld: Dans tous les cas je pourrais continuer, mais je
vais conclure quand même. Je dirai donc, en résumé, que ce
programme d'imposer une taxe sur les vêtements d'enfants est un programme
injuste. Il pénalise les familles avec enfants alors que par ailleurs on
s'évertue, par le programme des allocations familiales, à
réduire le fardeau financier de ces mêmes familles. Je pense donc
qu'il faudra se brancher un jour sur ce sujet. Il faudra peut-être
commencer par examiner si les déclarations du premier ministre, à
propos de sa nouvelle revanche des berceaux, sont fondées, ce dont je
doute beaucoup. S'il n'y a pas de revanche des berceaux, il faudra
peut-être avoir des politiques familiales au Québec qui
permettraient une reprise de natalité pas seulement en fonction de
l'indépendance du Québec, mais une véritable reprise de
natalité au Québec. Ce n'est pas avec ce genre de loi, qui
enlève les exemptions de taxe sur les vêtements pour enfants, ce
qui augmente le fardeau financier des familles avec enfants, qu'on va
résoudre ce problème. Au contraire, au total, si je tiens compte
du fait que 90%...
M. Lamontagne: Excusez, mais le feu est pris.
Mme le Vice-Président: Je m'excuse. Je ne voulais pas
arrêter le député d'Outremont. M. le député,
je devrai vous demander de vous retirer si vous avez l'intention de fumer.
Une Voix: Quel député?
Mme le Vice-Président: M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: Mme le Président, je voulais donc dire que ce
n'est pas avec des mesures d'origine bêtement administrative qui vont
à l'encontre des objectifs beaucoup plus importants de soutien des
familles que nous allons corriger les problèmes démographiques
que nous avons au Québec. Au contraire, je dis que cette décision
du ministre des Finances est une mesure qui contribue à alourdir encore
davantage le fardeau fiscal des familles. Ceci va à l'encontre des
objectifs que nous poursuivons.
Mme le Vice-Président: Je tiens à m'excuser
auprès du député d'Outremont d'avoir dû
l'interrompre, mais devant les signes de protestation j'ai dû le
faire.
M. Garneau: Cela aurait été
préférable si vous aviez dit qu'il s'agissait des
députés du Parti québécois.
Mme le Vice-Président: D'un député du Parti
québécois, bien sûr. C'est M. le député de
Frontenac.
M. Garneau: Très bien, très bien.
Mme le Vice-Président: J'espère, M. le
député de Jean-Talon, que vous êtes très content que
je fasse observer le règlement.
Une Voix: II n'y a pas de fumée sans feu.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Gatineau.
M. Michel Gratton
M. Gratton: Mme le Président, j'ai cru, un moment,
à voir la fumée monter du bureau du député de
Frontenac, qu'il brûlait du désir de nous dire ce qu'il pense
réellement de ce projet de loi que nous propose d'adopter en
deuxième lecture le ministre des Finances. Mais, semble-t-il, dans le
cas du député de Frontenac comme probablement de tous les
députés ministériels qui se sont fait dire, au cours de
leur tournée en septembre, ce que la population pensait
réellement de ce projet de loi, ils resteront complètement muets
comme c'est leur habitude au moment de l'adoption d'un projet de loi qui ne
recueille pas l'appui de la population.
M. Pagé: Exactement.
M. Gratton: Au lieu de beugler, levez-vous donc et dites donc ce
que vous avez à dire sur le projet de loi.
M. Grégoire: Qui beugle, là?
M. Gratton: Mme le Président, le ministre des Finances,
dans son discours de présentation, fai-
sait allusion à la difficulté de compréhension de
certaines gens sur les raisons profondes qui inspirent cette décision
d'abolir l'exemption de la taxe de vente sur les vêtements et chaussures
pour enfants. Il faisait allusion à la difficulté qu'ont
certaines gens de comprendre pourquoi il a senti la nécessité et
le besoin de nous apporter une telle modification à la taxe de
vente.
Je vais tâcher de m'exprimer aussi clairement que possible, de
façon que le ministre des Finances comprenne bien que dans certaines
régions du Québec, il s'agit là d'une loi, d'une mesure
inqualifiable. C'est déjà assez grave on le
réalisait à écouter le député d'Outremont
tantôt pour l'ensemble du Québec que d'abolir l'exemption
de la taxe de vente sur les vêtements et chaussures pour enfants, mais
c'est encore pire dans une région frontalière comme l'Outaouais.
Lorsque, au moment du débat sur le discours du budget, on a fait
allusion aux conséquences que pourrait avoir cette mesure dans une
région frontalière comme l'Outaouais, on parlait, bien entendu,
de ce qu'on prévoyait. On extrapolait un peu sur ce qui se produirait
à la suite de l'adoption de cette mesure. Aujourd'hui, en
décembre 1977, on n'extrapole plus, on fait face à des faits; pas
seulement à des déclarations de personnes qui oeuvrent dans le
domaine, mais à la fermeture d'un magasin, par exemple. Cela, on ne peut
le nier, ce sont des faits. Je vois que le ministre des Finances va quitter. Je
lui demanderai simplement de retenir que dans l'Outaouais, cela fait mal, cette
loi, cette abolition de l'exemption de la taxe, parce que non seulement les
gens sont appelés à payer une taxe de 8% là où ils
n'avaient pas l'habitude de la payer, mais cela prive aussi les
municipalités, la population toute entière de l'Outaouais de
revenus autres que ceux qui proviennent de la taxe de vente de 8%.
Je vous énumérerai quelques noms de personnes qui se
spécialisent dans la vente d'articles, de vêtements et de
chaussures pour enfants dans l'Outaouais, à partir d'un article d'un
journal quotidien d'Ottawa, daté du 25 novembre dernier. Ce n'est pas il
y a trois ans, cela. M. Hervé Saint-Amour, qui est propriétaire
de la boutique des Petits lutins, à Hull, a fermé les portes de
son magasin pour la seule et unique raison qu'il n'y a plus personne qui va
acheter là, c'est aussi simple que cela. Mme Esmeralda Perera,
propriétaire de la Boutique Açores, de Hull,
également...
M. Lessard: Ils n'habillent plus leurs enfants depuis ce
temps!
M. Gratton: Ont-ils quelque chose à dire, eux autres?
Mme le Président: M. le ministre.
M. Lessard: J'étais en train de me dire: Le monde
n'habille plus ses enfants.
Mme le Vice-Président: M. le ministre des Transports et M.
le député de Charlevoix, à l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Lessard: Je n'ai rien dit, on vous écoute.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: Je disais donc, Mme le Président, que Mme
Perera, qui est propriétaire de la Boutique Açores, à
Hull, dit très clairement ce n'est pas à moi qu'elle l'a
dit, elle l'a dit aux journalistes, cela a été publié dans
le journal qu'effectivement la seule façon dont elle s'en tire
présentement, c'est qu'elle se spécialise dans la vente de
vêtements spéciaux pour enfants, comme pour les mariages, pour les
baptêmes et ce genre de choses.
Je n'ai pas besoin de vous expliquer bien longtemps, Mme le
Président je l'expliquerais bien au ministre des Finances mais il
est parti, cela ne fait pas son affaire d'entendre ces choses que si, du
côté de l'Outaouais québécois, il y a une taxe de
vente de 8% sur ces articles, et si, à cinq minutes en automobile, du
côté ontarien, il n'y a pas de taxe de vente sur les
vêtements pour enfants, c'est bien entendu que les
Québécois de l'Outaouais, qui ne sont pas plus bêtes que
d'autres, vont faire leurs achats en Ontario. Non seulement ils vont faire
leurs achats de vêtements pour enfants en Ontario, mais une fois qu'ils y
sont rendus, il y a lieu de supposer qu'ils font d'autres achats qui
échappent encore à l'imposition de la taxe de vente de 8%, qui ne
revient pas aux municipalités de l'Outaouais, par l'entremise de la
ristourne de 2% sur la taxe de vente, mais cela, ce n'est pas important.
Que M. Eugène Desmarais, propriétaire du Paradis des
jeunes, à Gatineau, dise qu'il essaie de faire des ventes, qu'il
réduit les prix pour essayer de faire concurrence aux magasins d'Ottawa
et qu'il ne réussit pas, cela importe peu.
M. Grégoire: C'est de la faute à Ottawa.
M. Gratton: La solution à tout cela, Mme le
Président, c'est, bien entendu, l'indépendance, parce que
là on va y voir aux intérêts des Québécois de
l'Outaouais. On va mettre une barrière et on ne pourra plus y aller, en
Ontario. Donc, on va payer plus cher, mais on va être fier; on va
être des vrais Québécois à ce moment.
M. Verreault: Ils font venir des assiettes de l'Ontario.
M. Gratton: Cela va nous coûter un petit peu plus cher. M.
DesMarais dit: Québec oublie l'Outaouais. Il a raison.
M. Lessard: Ce n'est pas le ministre, cela?
M. Gratton: Lorsque le ministre des Finances a pensé
à abolir l'exemption de la taxe de 8%, il n'a sûrement pas
pensé bien longtemps aux régions frontalières. Cela a bien
l'air que le ministre des Travaux publics, député de Hull, qui,
elle, devrait être au courant de la situation, n'a pas perdu bien du
temps à se sensibiliser aux problèmes non
plus, pas plus qu'elle ne l'a fait dans bien d'autres domaines, Mme le
Président. Parce qu'elle, ce qui l'intéresse, c'est
l'intégrité du territoire, parce que la pauvre petite fille a
été chassée d'un parc fédéral à
l'âge de huit ans.
M. Bisaillon: A l'ordre!
M. Gratton: Elle est traumatisée par cela, Mme le
Président.
Une Voix: Ah oui!
M. Gratton: Sa "job" de député, par exemple, c'est
de représenter les intérêts des gens de l'Outaouais, des
Québécois de l'Outaouais; ce n'est pas d'accepter des
décisions aussi injustes du ministre des Finances vis-à-vis d'une
population qui, elle aussi, a droit d'être traitée d'égal
à égal. M. Saint-Amour, maintenant qu'il a fermé son
magasin, sera-t-il un peu plus enclin à dire oui au
référendum? Je ne le pense pas.
Une Voix: J'espère.
M. Gratton: Du côté du Parti
québécois, on parle des grosses compagnies et des
multinationales. Ce n'est pas aux grandes chaînes de magasins qu'on a
fait du tort avec cette abolition de l'exemption, Mme le Président,
parce qu'eux sont assez diversifiés pour pouvoir faire face à
cette situation. De toute façon, les gens qui magasinent dans les grands
magasins peuvent toujours, au moment où ils passent devant
l'étalage de vêtements pour enfants, acheter un article ou deux.
Mais dans le cas des grosses familles, en particulier, la mère de
famille, au cours des Fêtes, par exemple, peut vouloir donner en cadeau
des vêtements ou des chaussures pour enfants. S'il y en a cinq ou six
à habiller, Mme le Président, ne pensez-vous pas que cette femme
ira automatiquement à Ottawa pour faire ses achats?
Ce n'est pas moi qui le dis. Ce n'est pas de la rhétorique, Mme
le Président. Ce sont les propriétaires, les exploitants de
magasins spécialisés dans la vente de vêtements et de
chaussures pour enfants du côté québécois de
l'Outaouais qui nous le disent. Leur chiffre d'affaires est tombé de 75%
dans certains cas. Dans le cas de la Boutique des petits lutins, c'est
fermé. Cela n'existe plus. Qu'est-ce qu'on fait du côté
ministériel? On trouve cela drôle. Ce n'est pas un
problème, Mme le Président. C'est bien évident que ce
n'est peut-être pas un problème aussi grave dans la région
de Montréal ou dans la région de la ville de Québec. C'est
déjà assez grave de payer 8%. On essaie d'abrier cela en disant:
On a augmenté les allocations familiales.
Vous vous rappellerez, par exemple, Mme le Président, que,
lorsque le ministre des Affaires sociales, à peu près à ce
temps-ci l'an dernier, à grand renfort de publicité, a
annoncé qu'on augmenterait les allocations familiales, il ne nous avait
pas annoncé en même temps qu'on abolirait l'exemption de la taxe
de vente sur les vêtements et les chaussures pour enfants. On a fait un
gros "show" avec l'augmentation des allocations familiales, mais c'est
seulement au moment du discours du budget qu'on a appris qu'effectivement une
bonne partie de cette augmentation servirait à payer une taxe de 8%
qu'on n'avait pas à payer avant.
Les députés ministériels vont rester muets, j'en
suis convaincu. On n'en entendra pas un, à moins qu'il n'y en ait un de
service qui soit assez masochiste pour essayer de trouver quelque chose de bon
dans ce projet de loi. On n'en trouvera pas un qui va se lever et qui va dire
à partir de quelles considérations il va voter en faveur de
l'adoption de ce projet de loi, Mme le Président. Je suis passé
par là à titre de député ministériel et, au
moment où on nous demandait de voter des lois qui ne répondaient
pas aux intérêts de la population qu'on représentait, cela
m'est arrivé, à l'occasion, Mme le Président, de le dire
publiquement et de sortir de l'Assemblée nationale au moment où
on enregistrait les votes.
D'ailleurs, il semble qu'il y en a déjà plusieurs du
côté ministériel qui l'ont déjà fait parce
qu'ils sont à peine une vingtaine ici, ce matin.
M. Garon: Vous avez dû sortir souvent.
M. Gratton: Mme le Président, s'il m'était
donné par notre règlement de pouvoir proposer qu'on prenne un
vote libre sur la deuxième lecture de ce projet de loi, je serais
très curieux de savoir combien les députés,
collègues du ministre des Finances, les "back-benchers" voteraient
à l'appui de cette motion de deuxième lecture.
Mais je trouve une chose encore plus grave, Mme le Président. On
peut bien, du côté ministériel, de la part de
députés de la région de Montréal ou de la
région de Québec, rester muet et accepter la décision du
ministre sans mot dire. Je trouve cela inacceptable de la part de certains en
particulier. J'ai mentionné le député de Hull, ministre
des Travaux publics, je mentionne également le député de
Papineau qui est très au fait de la situation particulière de
l'Outaouais il est absent, bien entendu, aujourd'hui qui auraient
dû faire comprendre au ministre des Finances qu'on a déjà,
selon la Société d'aménagement de l'Outaouais, plus de $30
millions d'achats faits par des Québécois qui échappent
à la taxe de 8%, parce que ce sont des achats qui vont se faire en
Ontario. Cela représente $6 millions en revenu sur la ristourne de 2%
que les municipalités de l'Outaouais québécois n'ont pas,
à cause de ces achats faits en Ontario.
L'exemption qu'on vient d'abolir sur la taxe de vente pour les
vêtements et chaussures pour enfants ne vient que rendre encore plus
grave cette situation. Puisque, comme je l'ai déjà
expliqué, les gens vont acheter des vêtements pour enfants du
côté ontarien, mais reviennent souvent l'automobile pleine
d'autres articles qui, eux aussi, échappent à la perception de la
taxe de vente de 8%, quoi qu'en pensent les fonctionnaires du ministère
du Revenu.
Il y a un autre député en cette Chambre, tout au moins, de
qui on aurait attendu des commen-
taires sur cette question, afin de sensibiliser le ministre des
Finances. C'est le ministre responsable de la protection des consommateurs.
S'il y en a une qui, au cours de ces heures passées à la
télévision, se faisait le champion des gagne-petit, des petits
salariés, c'est bien elle. Bien entendu, on sait que ce ministre est
occupé ailleurs par un autre projet de loi qui, lui aussi, semble faire
l'unanimité, c'est-à-dire que tout le monde s'y oppose. On se
serait attendu que ces membres du Parti québécois, ces membres du
gouvernement actuel sensibilisent au moins le ministre des Finances aux
problèmes particuliers des régions frontalières.
A ce titre, je m'explique mal que l'ensemble des députés
ministérielsc'est un défi que je lance aux
députés d'arrière-ban qui sont ici en train de lire leurs
journaux, de faire leurs mots croisés ou leurs mots mystères
ne se lèvent pas durant ce débat, si la règle du
bâillon n'existe pas au caucus du Parti québécois.
M. Pagé: Les mots mystères, c'est trop difficile
pour eux.
M. Gratton: Qu'ils se lèvent durant le débat de
deuxième lecture et qu'ils nous disent un peu ce que les gens de leur
comté leur ont dit depuis septembre au sujet de cette taxe. Qu'ils
expliquent au ministre des Finances que ce n'est pas simplement son
désir de ne pas être populaire qu'il ne s'inquiète pas, il
ne l'est pas chez nous et ne le sera jamais. On a l'impression que chez le
ministre des Finances, c'est une espèce de gloire qu'il se fait d'aller
à rebours de l'opinion publique. Dans le cas de l'Outaouais, ce n'est
pas de l'opinion publique qu'on parle, mais de l'intérêt
public.
Motion de report à vingt ans
Mme le Président, quant à moi, je pense qu'il y a lieu
pour le ministre des Finances, tout au moins, de considérer la
possibilité d'exempter les régions frontalières de
l'application de ce projet de loi, et de façon à donner une
deuxième chance au député de Hull, au député
de Papineau de remplir leur rôle de député, de
défendre les intérêts des contribuables de leur
comté, j'aimerais vous faire la motion suivante: Que la motion en
discussion soit amendée en retranchant le mot "maintenant" et en
ajoutant à la fin les mots "dans vingt ans".
M. Pagé: Mme le Président, me
reconnaissez-vous?
Une Voix: On te reconnaît, nous autres!
M. Grégoire: Question de règlement. Pour-riez-vous
relire la motion? Nous avons mal entendu à cause du micro. Je me demande
si cet amendement est dans l'ordre.
M. Pagé: Est-ce que le député de Frontenac
veut dire qu'il était trop occupé à ses mots
croisés?
M. Grégoire: Non, ne vous inquiétez pas, il n'y en
a pas, ici.
M. Pagé: Non? M. Grégoire: Non.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: Mme le Président, sur la motion...
M. Grégoire: Mme le Président, je voudrais soulever
une question de privilège.
M. Pagé: Le président est debout.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Frontenac...
M. Pagé: Merci, Mme le Président.
Mme le Vice-Président: ... sur une question de
privilège.
M. Grégoire: Le député de Portneuf peut
lancer toutes sortes de choses comme cela: Etiez-vous occupé aux mots
croisés? Si vous voulez venir voir ici, il n'y en a pas. Si vous voulez
mettre votre siège "au jeu" pour savoir s'il y en a ici, je mettrai le
mien. Je mettrai le mien en même temps, vous allez voir qu'il n'y en a
pas ici!
M. Marchand: Osez! Osez!
Mme le Vice-Président: Bon. Sur cette mise au point...
M. Grégoire: Avant de parler à travers votre
chapeau, commencez par réfléchir!
M. Pagé: Mme le Président...
Mme le Vice-Président: M. le député...
M. Gratton: Vous avez le feu au derrière, ce matin!
Mme le Vice-Président: A l'ordre, messieurs!
Sur cette mise au point, les députés refusant d'admettre
les observations de certains autres députés qu'ils font des mots
croisés, je vais vous relire cette motion du député de
Gatineau. "Que la motion en discussion soit amendée en retranchant le
mot "maintenant" et en ajoutant à la fin les mots "dans vingt ans".
M. le député de Portneuf.
M. Pagé: Merci, Mme le Président.
Une Voix: ... avant vingt ans, c'est bon signe!
M. Pagé: Mme le Président...
Mme le Vice-Président: Un moment, s'il vous plaît!
Sur une question de règlement, M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Duhaime: Oui, Mme le Président, La première
chose que je devrais dire, en invoquant le règlement pour que vous
déclariez cette proposition irrecevable, ce serait de dire que c'est
à peu près à la hauteur du sérieux qu'on
reconnaît au député qui se fait le parrain de cette
motion.
M. Lavoie: Vous n'avez pas le droit...
M. Picotte: Vous n'en avez jamais eu, vous autres.
M. Duhaime: Deuxièmement, je me demande si c'est conforme
à notre règlement qu'on puisse introduire une motion voulant
remplacer le mot "maintenant" par les mots "dans vingt ans".
M. Pagé: Question de règlement.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Portneuf.
M. Grégoire: Une question de règlement, il ne peut
pas y en avoir deux en même temps.
M. Pagé: Mme le Président, question de
règlement.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Portneuf, sur une question de règlement?
M. Pagé: Oui.
Mme le Vice-Président: Allez donc! Je l'attendais,
d'ailleurs.
M. Pagé: Mme le Président, je suis convaincu que,
si je ne l'avais pas soulevée, vous l'auriez soulevée
vous-même. La motion a été jugée rece-vable, vous
l'avez acceptée et vous m'avez reconnu pour discuter sur la motion.
Mme le Vice-Président: Voilà.
M. Pagé: Cela implique que vous l'avez reçue,
qu'elle est recevable pour la présidence et que le député
de Saint-Maurice doit se limiter, s'il veut le faire, à intervenir sur
la motion, chose qu'on m'incite à faire.
M. Lessard: Sur la question de règlement.
Mme le Vice-Président: M. le ministre des Transports.
M. Lessard: Je pense bien qu'avant de décider si cette
motion est recevable ou pas il faut regarder le règlement. C'est une
motion qui est assez nouvelle puisque, normalement, les motions qui se
présentent sont soit pour six mois ou trois mois. Ceci se base sur
l'article 70 du règlement qui dit qu'un amendement doit se rapporter
directement au sujet de la motion proposée et ne peut avoir que les
objets suivants: retrancher, ajouter des mots ou les remplacer par d'autres. Il
est irrecevable...
M. Pagé: Question de règlement, Mme le
Président.
M. Lessard: ... si son effet est d'écarter la question
principale sur laquelle il a été proposé et il en est de
même d'un sous-amendement par rapport à un amendement.
Cette motion, qui nous est présentée et qui veut retarder
à vingt ans le projet de loi qui nous est soumis aujourd'hui, a
directement comme objectif d'écarter la question principale. On peut
écarter la question principale pour trois mois ou six mois...
M. Marchand: Dans vingt ans!
M. Lessard: ... mais, pour une période de vingt ans, c'est
directement écarter la question principale de telle façon que
nous ne pourrons pas prendre de décision.
C'est quand même la première fois, jamais nous n'avons
utilisé six mois, trois mois. Je vous invite...
M. Pagé: Les Québécois n'en veulent pas de
cette loi-là.
M. Lessard: ... à analyser sérieusement cette
motion, parce que les conséquences en sont extrêmement
importantes.
M. Lavoie: Mme le Président, sur la question de
règlement...
Mme le Vice-Président: M. le leader de l'Opposition
officielle, sur la question de règlement.
M. Lavoie: ... je ne vois aucune objection. D'ailleurs l'article
121 est tout à fait respecté: "Un seul amendement est possible
à la motion de deuxième lecture. Il ne peut viser qu'à la
retarder... " Retarder à trois mois, six mois, un an, deux ans, cinq
ans, dix ans, quinze ans, vingt ans; en l'occurrence, vingt ans.
Je pense que vous avez eu l'occasion, dans vos recherches, de voir que
cette motion, justement, depuis qu'elle existe dans notre droit parlementaire
britannique, a pour but de faire en sorte que le projet de loi n'ait plus
d'effet. Cela en a toujours été l'esprit. D'ailleurs, vous
regarderez Beauchesne, vous regarderez Bourinot. Son but était de faire
sauter le délai à la fin. Cela allait plus loin que la fin de la
session. Cela a toujours été son but. C'est une manière
pour l'Opposition de dire qu'elle est contre le projet de loi, et on sait
qu'à la fin d'une session les projets de loi et tout le feuilleton
sautent, tous les projets de loi n'ont plus d'effet. Il faut qu'on recommence
la procédure de première lecture, de deuxième lecture,
avec une exception de droit nouveau dans notre règlement où le
leader du gouvernement peut les réinscrire à l'étape
où ils sont, au début d'une session nouvelle. Mais le but, et je
me rappelle bien avoir regardé les auteurs à cet effet...
M. Burns: Je peux vous dire qu'il ne sera plus ici dans vingt
ans, le leader.
M. Lavoie: ... c'était une manière pour
l'Opposition de dire qu'elle était carrément contre un projet de
loi. D'ailleurs, rien que par analogie, je vais vous lire une note à
l'article 557, troisièmement, à la page 163 de notre ancien
règlement: "Si la session n'est pas finie quand expire le terme dit, le
bill est réinscrit au feuilleton sans autre ordre de la Chambre". Cela
veut dire que si le délai était d'un mois et que la session
n'était pas terminée au bout d'un mois, le secrétaire
général serait obligé de le réinscrire à ce
moment-là, comme c'est arrivé pour un projet de loi du
député de Maisonneuve, leader parlementaire dans le temps.
M. Burns: La session n'est pas finie.
M. Lavoie: Oui, c'est arrivé sur un projet de loi, le bill
de la formule Rand...
M. Burns: Oui.
M. Lavoie: ... lorsque le ministre du Travail du temps avait dit
trois mois. Cela a été fait au printemps et effectivement, au
mois de septembre, cela a été réinscrit à la date
convenue. Mais je vous dis que le but justement, la tradition...
D'ailleurs...
M. Burns: Mais c'est la même session... Mme le
Vice-Président: A l'ordre!
M. Lavoie: ... si vous n'êtes pas tout à fait
sûre de votre décision, Mme le Président, au cas où
vous ne le seriez pas, je vous demanderais peut-être de suspendre et de
rendre votre décision plus tard, parce qu'il est bien clair qu'à
l'origine le but de cette motion était justement de s'arranger pour que
la lecture ait lieu dans une autre session, pour que le projet de loi tombe.
C'est un des pouvoirs et un des privilèges qu'a l'Opposition. C'est
limité à une certaine motion. On ne pourrait pas en faire trois
ou quatre et cela exprime carrément l'intention de l'Opposition
d'être contre ce projet de loi. Si le ministre des Transports dit que
c'est la première fois qu'on fait une telle motion, exactement, cela
s'applique au projet de loi qui est présenté; c'est la
première fois qu'on taxe spécifiquement les vêtements
d'enfants également.
Mme le Vice-Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement sur la question de règlement.
M. Burns: Sur la question de règlement, Mme le
Président, je suis d'accord avec la suggestion du ministre des
Transports et celle du leader de l'Opposition pour que vous preniez en
délibéré la recevabilité de cette motion. Il n'y a
pas de problème là-dessus, on ne fera pas de difficultés,
sauf que j'aimerais que vous preniez en considération les brèves
remarques que j'ai à faire sur la recevabilité de cette motion.
Il y a un vieux principe de droit qui est tellement courant qu'il n'a pas
besoin d'être écrit, bien qu'il soit écrit dans le Code
civil, mais c'est un vieux principe qui est généra- lement
reconnu qui dit qu'on ne peut pas faire indirectement ce que l'on n'a pas le
droit de faire directement.
C'est un bon vieux principe, c'est solide, on marche sur un terrain bien
solide lorsqu'on se tient là-dessus. Or, nous avons dans notre
règlement un article qui s'appelle l'article 70 qui nous dit ceci: "Un
amendement doit se rapporter directement au sujet de la motion proposée
et ne peut avoir que les objets suivants: retrancher, ajouter, etc."
Jusque-là la motion est recevable. Elle retranche et elle ajoute.
Il n'y a aucun problème là. Mais c'est bien important de
continuer à lire l'article 70. "Il est irrecevable (cet amendement) si
son effet est d'écarter la question principale sur laquelle il a
été proposé et il en est de même d'un
sous-amendement, etc."
Mme le Président, je vous demande simplement et logiquement si le
fait de reporter à 20 ans l'examen du projet de loi ou la
deuxième lecture de ce projet de loi n'a pas pour effet d'écarter
l'objet principal. Qu'on nous dise six mois, Mme le Président, je n'ai
pas d'objection. Dans six mois, il y a de gros risques que la majorité
des membres de l'Assemblée nationale soit encore ici pour en discuter,
si jamais cet amendement était adopté. Mais dans 20 ans, Mme le
Président, faisons le tour pour savoir qui va être ici
encore...
Une Voix: M. Bellemare.
M. Burns: ... si cela va être encore le même genre de
gouvernement, si on ne sera pas dans une république
québécoise à ce moment-là. Je vous pose des
questions comme celles-là. C'est à ce point que je veux dire que
nous sommes en train de décider pour même après la
présente Législature. A ce moment-là, on pourrait
techniquement dire: Cette Législature-ci ne légiférera pas
et elle va soumettre cela à une éventuelle Législature qui
sera quoi, je ne le sais pas. Donc, à mon avis, l'effet même de
cette proposition d'amendement est d'écarter la motion en discussion.
C'est pourquoi je vous dis, Mme le Président, qu'il s'agit là de
faire indirectement ce que l'article 70 nous dit que directement nous n'avons
pas le droit de faire. Dans ce sens, je trouve absolument irrecevable la motion
d'amendement.
Je vous répète que je suis d'accord que vous la preniez en
délibéré, quitte à nous rendre votre
décision plus tard, soit au cours de la journée ou demain, ou
quoi que ce soit. Cela ne devrait pas, d'autre part, si vous prenez en
délibéré cette motion, limiter le droit de parole des
gens. Je pense bien que tout le monde va continuer à parler en
deuxième lecture, tant que cet amendement ne sera pas jugé
irrecevable.
M. Lavoie: C'est normal d'avoir une décision. M.
Lamontagne: Mme le Président...
M. Burns: On est rendu à 12 h 40; je vous ai
mentionné ce matin que je n'avais pas l'intention cet après-midi,
à compter de 15 heures, de revenir
avec ce projet, mais de revenir avec la motion de clôture, de
sorte que Mme le Président aura bien le temps de penser à la
question et de délibérer pour nous donner une raison
éventuellement, à moins que, Mme le Président, vous ne
soyez en mesure de nous donner la réponse immédiatement. C'est
à votre goût.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Roberval.
M. Lamontagne: Mme le Président, une brève
intervention, d'abord, sur les paroles qu'a prononcées le ministre du
Tourisme. Peut-être a-t-il dépassé sa pensée
lorsqu'il a dit qu'il s'agissait d'un amendement qui n'est pas sérieux.
Je pense que le leader du gouvernement, qui a déjà
siégé dans l'Opposition, comprend mieux le rôle d'un parti
d'Opposition face à une loi à laquelle il s'oppose
complètement. S'il vous propose, Mme le Président...
M. Burns: A ce moment-là, vous votez contre. C'est cela,
votre droit.
Mme le Vice-Président: A l'ordre!
M. Lamcntagne: Voyons, Mme le Président. Nous nous
référons, pour un projet de loi de deuxième lecture,
à un article, l'article 121 qui prévoit un seul amendement
possible. Je pense que, dans l'esprit d'un parti de l'Opposition qui est
entièrement contre un tel projet de loi, il ne peut pas soumettre un
amendement où il propose de retarder le projet de loi de un mois ou deux
mois; cela n'exprime pas clairement sa pensée.
Je comprends, Mme le Président, qu'il s'agit d'un amendement qui,
à mon avis, est apporté pour la première fois. Je pense
qu'il exprime clairement l'opinion d'un parti politique. C'est ce qui est
important. On n'entend pas même proposer un amendement de deux mois, six
mois. Il n'y a pas d'élection prévue d'ici quelques mois. Vous
pouvez représenter ce projet de loi. On veut que l'opinion publique, par
votre intermédiaire...
M. Burns: II va y avoir des élections d'ici 20 ans, par
exemple.
M. Lamontagne: Vous en ferez quand vous voudrez et on va
être prêts. Ne vous inquiétez pas de cela. Je suis bien plus
inquiet pour vous autres de ce temps-ci.
M. Burns: D'ici 20 ans, il va y en avoir. Etes-vous bien d'accord
qu'il va y en avoir?
M. Lamontagne: Mme le Président, allez-vous la fermer,
cette grande gueule-là?
M. Burns: Mon Dieu! Il est choqué noir.
Mme le Vice-Président: M. le leader du gouvernement, je
vous ferai remarquer que j'ai déjà donné la parole
à M. le député de Roberval. M. le député, je
vous demanderais de terminer rapidement.
M. Lamontagne: Mme le Président, je comprends très
bien votre rôle. J'espère qu'à l'occasion, pas tout le
temps, je vous comprends également, lorsque le leader du gouvernement
cela a été le cas hier soir interrompt
continuellement, rappelez-le à l'ordre comme vous le faites rapidement
pour nous.
Mme le Vice-Président: A l'ordre, messieurs!
M. Lamontagne: Mme le Président, votre rôle comme
président ou vice-président de l'Assemblée nationale est
de protéger les droits de l'Opposition. Or, l'Opposition, dans un tel
projet de loi, a choisi un amendement qui exprime clairement ce qu'elle entend.
Elle ne veut pas de ce projet de loi et elle entend le retarder. C'est nous qui
définissons te retard que nous voulons apporter à...
Mme le Vice-Président: M. le député de
Roberval, je dois vous arrêter parce que vous touchez au fond de la
question. Je vous entendais sur la question de règlement. Vous pourrez
toujours intervenir, si cet amendement est accepté ou retenu, sur le
fond de la question.
M. Goulet: Point de règlement.
Mme le Vice-Président: Ce que je veux dire maintenant,
c'est qu'il ne m'appartient pas de déterminer, comme bien souvent les
gens le disent dans cette Assemblée, que cette motion puisse être
dilatoire ou pas. Je sais qu'habituellement ces motions de report sont
considérées comme des motions dilatoires, c'est-à-dire que
les gens les apprécient de cette façon. Que les termes en soient
farfelus, aux yeux de certains, cela ne change pas le fait que cette motion
d'amendement est une motion prévue dans les termes de notre
règlement. Il faudra peut-être estimer les termes dans lesquels
cette motion d'amendement est présentée. Pour me rendre à
toutes les considérations de ceux qui sont intervenus sur la question de
règlement, aussi bien les membres de l'Opposition officielle comme ceux
du gouvernement, je vais prendre cette motion en
délibéré.
M. Goulet: Question de règlement, Mme le
Président.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Mme le Président, ce qui s'est dit pour ou
contre la recevabilité de la motion, j'en suis, et ce n'est pas dans mon
intention de faire ici un débat de procédure, loin de là.
Mme le Président, en vertu de l'article 43, si vous me le permettez on
va le lire ensemble, "Le président se prononce sur les questions de
règlement au moment où il le juge à propos et il peut
demander des directives à l'Assemblée ou la laisser se
prononcer."
Deuxièmement, "Lorsque le président rend sa
décision, il indique ce qui la justifie et il n'est pas permis de
critiquer ni de revenir sur la question décidée."
Tantôt, dans cette Chambre, vous l'avez peut-être fait
rapidement, mais vous aviez reconnu la proposition recevable et vous aviez
même accordé la parole au député de Portneuf suite
à quoi le député...
Mme le Vice-Président: Sur la question de
règlement, M. le député de Bellechasse.
M. Goulet:... de Saint-Maurice s'est levé et il a
parlé sur la recevabilité de la motion, mais à ce moment
vous aviez déjà donné votre accord, Mme le
Président.
M. Lessard: Mme le Président...
M. Goulet: Ecoutez, on lira la transcription...
M. Burns: Question de règlement. Il faudrait
peut-être rappeler simplement au député de Bellechasse
qu'il n'y a pas d'appel de vos décisions à l'Assemblée
nationale. Vous avez décidé c'est une décision;
vous venez de nous donner une décision intérimaire de
prendre en délibéré la recevabilité. Alors je ne
vois pas pourquoi il plaide en appel.
M. Goulet: Mme le Président, si je me suis
levé...
Mme le Vice-Président: Je vous rappelle à l'ordre,
M. le député. Il apparaît que cette motion d'amendement
n'était pas reçue puisque aussi bien l'Opposition officielle que
le parti ministériel sont intervenus sur cette question de
règlement à propos de cette question d'amendement. Alors, c'est
évident, puisque les gens sont intervenus dessus et que, si ma
décision avait été prise, ils ne l'auraient pas fait.
M. Burns: Sur la motion principale, M. le Président.
Mme le Vice-Président: Sur la motion principale.
Motion d'ajournement du débat
M. Burns: Je propose l'ajournement du débat.
M. Lavoie: Un instant, une petite seconde, ce n'est pas vous qui
avez le droit de parole sur la motion principale.
M. Burns: J'ai demandé la parole sur la motion
principale.
M. Lavoie: C'est le député de Portneuf qui, je
crois, avait le droit de parole.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Portneuf avait été reconnu sur une question de
règlement.
M. Pagé: Non! Mme le Président, si vous me le
permettez...
M. Lessard: Mme le Président, question de
règlement. Le député de Portneuf a été
reconnu et vous êtes venue lui donner la parole sur la question
d'amendement, c'est-à-dire renvoi à 20 ans. Or, je me suis
levé pour dire: Question de règlement. Par la suite, j'ai
décidé de céder ma place au leader parlementaire adjoint,
qui est intervenu sur la question de règlement pour éviter que le
député de Portneuf ne parle sur une question de règlement
qu'on jugeait irrecevable. Après que le leader adjoint fut intervenu sur
la question de règlement, je suis moi-même intervenu sur la
question de règlement pour expliquer qu'elle était irrecevable.
Donc, puisque vous la prenez en délibéré, nous sommes
maintenant à la motion principale.
M. Gratton: Mme le Président.
M. Lavoie: On va régler tout cela, on ne veut pas de
chicane.
Mme le Vice-Président: Alors, M. le leader de l'Opposition
officielle.
M. Lavoie: On pourrait tendre un piège au leader du
gouvernement, ce n'est pas notre intention. D'accord? Si vous le voulez, pour
régulariser les choses, il avait été convenu qu'on
ajournerait à midi; mettez donc l'ajournement du débat dans le
procès-verbal soit au nom du député de...
M. Gratton: Mme le Président, si on me le permet...
M. Burns: C'est parce que j'ai sérieusement l'intention
d'intervenir en deuxième lecture sur ce projet de sorte que je propose
l'ajournement du débat, à moins que le député n'ait
pas terminé son droit de parole.
M. Gratton: Justement.
M. Burns: Là, je m'excuse, je croyais qu'il avait
terminé.
M. Gratton: C'est ce que j'allais dire: Si vous alliez, cet
après-midi, déclarer la motion que j'ai faite irrecevable,
à ce moment-là, mon temps n'étant pas
écoulé, je pourrais facilement continuer de faire mon
intervention en deuxième lecture. Je propose donc l'ajournement du
débat.
M. Burns: Je comprends...
Mme le Vice-Président: Non. De toute façon,
Il faudrait peut-être vérifier au journal des
Débats, à propos de la façon dont j'ai donné le
droit de parole tantôt. J'ai l'impression que j'avais donné le
droit de parole au député de Portneuf sur la question de
règlement. Quant à M. le député de Gatineau, il a
terminé son intervention; j'allais lui rappeler qu'il devait conclure;
il devait terminer à 12h 31 et il avait déjà
terminé.
M. Gratton: Question de règlement, Mme le
Président.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: Je veux bien accepter, Mme le Président, qu'il
était 12 h 31, je n'ai pas regardé l'heure, mais vous avez
l'habitude de nous avertir et nous permettre de conclure. Alors, tout ce que je
veux faire en proposant l'ajournement du débat, c'est simplement d'avoir
le droit de conclure après que vous aurez rendu votre décision;
c'est aussi simple que cela.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Gatineau, vous étiez déjà assis, je pense que vous n'avez
pas à intervenir sur cette question de règlement.
M. Burns: Mme le Président.
M. Gratton: Mme le Président, question de
règlement.
Mme le Vice-Président: Je vous dis, M. le
député de Gatineau, que vous n'avez pas à intervenir sur
cette question de règlement. Vous étiez déjà assis,
considérant que votre droit de parole était terminé.
M. Gratton: Question de privilège, Mme le
Président.
Mme le Vice-Président: Sur une question de
privilège, M. le député de Gatineau.
M. Gratton: Pourrais-je vous signaler très
respectueusement, Mme le Président, que je peux intervenir sur n'importe
quelle question de règlement, à quelque moment que ce soit,
là où je considère qu'il y a violation de nos
règlements? C'est en vertu de cette possibilité que je l'ai fait,
Mme le Président, et je vous inviterais à relire le journal des
Débats de façon qu'on ne soit pas trois à avoir
proposé la motion d'ajournement au moment où on reprendra nos
travaux cet après-midi.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Gatineau, je vous ferai remarquer que j'avais déjà entendu votre
question de règlement, et la réponse était
déjà donnée à cette question de règlement
que vous aviez soulevée. C'est pourquoi, je pense que vous n'aviez plus
à intervenir sur la même question de règlement.
M. Lavoie: J'aurais une directive à vous demander, Mme le
Président.
Mme le Vice-Président: M. le leader de l'Opposition
officielle.
M. Lavoie: Pour le procès-verbal, lorsqu'il sera 13
heures, à quel nom va être inscrit l'ajournement du débat?
C'est à vous de le décider. On ne peut pas laisser un
débat en suspens comme cela, surtout si c'est dans l'intention du leader
du gouvernement d'entreprendre d'autres travaux cet après-midi. Cela
veut dire qu'on peut reprendre ce débat soit ce soir, soit demain, mais
il faut qu'au procès-verbal il y ait un nom d'accroché à
la fin de ce débat. A qui allez-vous donner la parole lors de la reprise
du débat sur cette motion? C'est la directive que je vous demande.
Mme le Vice-Président: Vu que M. le député
de Gatineau avait terminé son intervention, que la motion est prise en
délibéré, je pense qu'il appartient au leader
parlementaire de demander l'ajournement du débat.
M. Lavoie: Non, ce n'est pas comme cela...
M. Pagé: Vous m'aviez reconnu, Mme le Président.
J'étais prêt à parler.
Mme le Vice-Président: Sur une question de
règlement, M. le député de Portneuf.
M. Burns: Mme le Président, sur la question de
règlement. Je vous ai demandé la parole. Vous me l'avez
accordée. Je pense que vous m'avez reconnu et, à ce moment, j'ai
le droit, lorsque j'ai la parole, je crois, comme n'importe qui d'ailleurs
à l'Assemblée nationale, de proposer l'ajournement du
débat. Si on n'est pas d'accord pour ajourner le débat, qu'on
vote contre, Mme le Président. Mais je pense que vous m'avez reconnu
comme ayant droit de parole. Et je vous dis bien franchement que j'ai
l'intention d'intervenir relativement à ce projet de loi.
Mme le Vice-Président: Cette motion d'ajournement du
débat...
M. Lavoie: J'aurais une question, Mme le Président. Est-ce
que vous aviez reconnu le député de Portneuf avant le leader
parlementaire du gouvernement?
Mme le Vice-Président: Ce que je vous dis depuis
tantôt, c'est que le droit de parole du député de Gatineau
étant terminé, la motion d'amendement du député de
Gatineau étant prise en délibéré, M. le leader
parlementaire du gouvernement me demande l'ajournement du débat.
M. le leader parlementaire.
M. Pagé: Mme le Président...
Mme le Vice-Président: Cette motion est-elle
adoptée?
M. Lavoie: Vote enregistré, Mme le Président.
Mme le Vice-Président: Qu'on appelle les
députés.
M. Burns: Mme le Président, en vertu de notre
règlement, je vous demande de remettre ce vote à plus tard.
M. Lavoie: Vous ne vouiez pas reprendre cette question
aujourd'hui?
M. Burns: Non.
M. Lavoie: A quelle heure voulez-vous la reprendre?
M. Burns: Au moment des affaires courantes de demain.
Mme le Vice-Président: Ce vote sera pris au moment des
affaires oourantes demain, juste avant les affaires du jour.
M. le leader parlementaire du gouvernement.
M. Lavoie: Question de règlement, Mme le Président.
Rien qu'une directive. Je ne sais pas, c'est du droit nouveau et je demanderais
vos lumières.
Peut-on demander l'ajournement du débat, qui est demandé
à 12 h 55, au moment où on doit suspendre nos travaux à 13
heures? En vertu de nos règlements, on doit suspendre les travaux et non
pas les ajourner. Normalement, s'il n'y a pas de motion d'ailleurs, la
décision n'est pas rendue sur la motion, cela veut dire qu'il n'y a pas
de motion en vertu des règlements actuels, on suspend les travaux
à 13 heures et, en vertu de la motion qui nous régit
actuellement, le débat est suspendu jusqu'à 15 heures cet
après-midi.
La décision ne sera pas rendue avant demain. Cela veut dire que
le débat n'est pas ajourné. La Chambre ne s'est pas
prononcée sur l'ajournement du débat, Mme le Président.
Cela veut dire que, malheureusement, on devra reprendre ce débat
à 15 heures cet après-midi.
M. Burns: Mme le Président, au contraire.
M. Lavoie: La Chambre n'a pas décidé d'ajourner le
débat.
M. Burns: II y a un vote enregistré demandé; donc,
la fin...
M. Lavoie: Vous présumez du vote?
M. Burns: Oui, je peux présumer du vote. Je peux vous dire
ce qu'il va être.
M. Lavoie: Pouvez-vous présumer que la Chambre ne voudra
pas ajourner le débat?
M. Burns: Si la Chambre ne veut pas ajourner le débat,
notre règlement fait qu'on reprendra immédiatement après
le vote.
M. Lavoie: On ne peut pas entreprendre d'autres travaux.
M. Burns: Maintenant, étant donné qu'il n'est pas
encore 13 heures, je propose la suspension de nos travaux jusqu'à 15
heures cet après-midi.
M. Lavoie: J'ai demandé une directive à la
présidence. Nous ne sommes pas à 13 heures; j'aimerais bien avoir
les lumières et les directives de la présidence.
Mme le Vice-Président: II y a déjà une
motion proposant la suspension des travaux jusqu'à 15 heures cet
après-midi. Cette motion est-elle adoptée?
M. Lavoie: II n'y a pas de motion pour cela, Mme le
Président. Je vous ai demandé une directive.
Mme le Vice-Président: Parce qu'il n'est pas encore
l'heure de suspendre.
M. Lavoie: Montrez-moi dans le règlement l'endroit
où il y a une motion pour suspendre le débat. Donnez-moi
l'article, si vous voulez, où on a une motion pour suspendre le
débat. Cela n'existe pas, Mme le Président.
M. Burns: Ce n'est pas nécessaire, voyons donc!
Vous êtes de mauvaise foi comme je n'en ai pas jamais vu. C'est
incroyable de la part d'un ancien président de l'Assemblée
nationale.
M. Gratton: A votre place, je ne parlerais pas de...
Mme le Vice-Président: A l'ordre, messieursl Je suspendrai
donc d'autorité les travaux jusqu'à 15 heures cet
après-midi.
M. Lavoie: Quels travaux allons-nous prendre à 15
heures?
(Suspension de la séance à 12 h 55)
Reprise de la séance à 15 h 7
Le Président: A l'ordre, mesdames et messieurs!
Conformément au consentement unanime qui a été
donné ce matin, j'inviterais M. le ministre de l'Agriculture à
faire sa déclaration ministérielle.
M. le ministre de l'Agriculture.
Déclaration ministérielle
Participation de SOQUIA au capital-actions de
Culinar
M. Jean Garon
M. Garon: Ma déclaration ministérielle est relative
à l'offre d'acquisition d'une participation minoritaire par SOQUIA au
capital-actions de Culinar Inc. Depuis un an, à titre de ministre de
l'Agriculture, je n'ai pas raté une occasion d'exprimer la
volonté de mon ministère de travailler à développer
au Québec le secteur de la transformation et de la distribution des
produits alimentaires qui soit à la fois bien structuré, efficace
et rentable. Il s'agit là d'une condition essentielle au
développement d'un secteur de la production agricole qui soit fort et
stable. Cette préoccupation pour le développement de
l'agro-alimentaire s'est concrétisée en mai dernier par
l'émission d'une lettre-directive qui a enfin précisé le
rôle que jouera dorénavant la Société
québécoise d'initiatives agro-alimentaires.
Vous me permettrez sans doute, M. le Président, de résumer
brièvement ce document que j'ai alors déposé. Ce document
soulignait que les effectifs fondamentaux de SOQUIA sont, premièrement,
de créer de nouveaux débouchés pour les produits agricoles
du Québec par le biais d'initiatives au niveau de la transformation et
de la distribution de produits alimentaires; deuxièmement, assurer le
maintien ou le retour d'entreprises de ces deux grands secteurs de notre
économie agricole sous le contrôle de Québécois. La
poursuite de ces objectifs nous a incités à réagir
rapidement lorsque mon confrère, ministre d'Etat au développement
économique, et moi-même nous avons pris connaissance, par la voie
des journaux, que la Corporation de développement du Canada venait de
soumettre aux institutions du Mouvement des caisses populaires Desjardins une
offre d'achat de leurs actions ordinaires dans Culinar Inc. Devant la crainte
que le contrôle de cette compagnie bien québécoise glisse
entre les mains d'entreprises dont le siège social est situé
à l'extérieur du Québec et en collaboration avec mon
confrère, le ministre d'Etat au développement économique,
j'ai soumis au Conseil des ministres une proposition, celle de faire intervenir
la Société québécoise d'initiatives
agro-alimentaires dans ce dossier.
L'analyse de ce dossier nous a permis de constater que la compagnie
Culinar Inc., avec ses trois filiales: Vachon Inc., Produits Diamant
Ltée et Biscuits Lido Ltée, pouvait devenir un fer de lance du
développement du secteur québécois de l'agro-alimentaire.
Voilà pourquoi nous avons au- torisé SOQUIA à soumettre
une offre d'achat à la Société d'investissement Desjardins
qui sera bientôt détentrice d'un bloc important du capital-actions
de Culinar Inc.
Cette offre d'achat porte sur toutes les actions ordinaires de Culinar
Inc. excédant 51% du capital-actions qui auront été
acquises par la Société d'investissement Desjardins aux termes de
l'offre qu'elle a soumise aux actionnaires vendredi dernier. La
société cédera ses actions à SOQUIA au prix qu'elle
les aura payées, soit $5.50 chacune.
L'offre précise que la Société d'investissement
Desjardins devra céder à SOQUIA au moins 15% et au plus 49% du
capital-actions de Culinar Inc. L'offre s'applique également aux
débentures séries A et B de Culinar Inc, qui seront acquises
à leur valeur nominale, plus l'intérêt couru. La part de
SOQUIA pour les débentures s'établira au prorata des actions
ordinaires qu'elle pourra acheter.
Cette opération financière représente pour SOQUIA
des déboursés pouvant atteindre $12,5 millions. C'est sans
contredit, M. le Président, la plus importante transaction
effectuée par cette jeune entreprise gouvernementale
spécialisée dans le développement agro-alimentaire. Mon
confrère, le ministre d'Etat au développement économique,
et moi-même nous sommes fiers d'en informer l'Assemblée
nationale.
Le Président: M. le député de
Maskinongé. M. Yvon Picotte
M. Picotte: M. le Président, le ministre de l'Agriculture
vient de faire une déclaration relativement à l'offre
d'acquisition d'une participation minoritaire au capital-actions de Culinar
Inc. Vous me permettrez sans doute, M. le Président, de rappeler aux
membres de cette Assemblée nationale certains gestes du gouvernement
libéral précédent qui expliquent mieux la
déclaration ministérielle d'aujourd'hui. Suite à la
présentation en novembre 1971 au Conseil des ministres d'un plan
directeur dans lequel la philosophie et les grandes orientations de la
politique agricole québécoise étaient définies,
suite à une large consultation régionale effectuée au
début de 1972 auprès des responsables régionaux du
ministère de l'Agriculture et suite à un effort de
réflexion sur la problématique de l'ensemble du système
agro-alimentaire québécois en 1973, le ministre de l'Agriculture
du temps. M. Normand Toupin, déposait en août 1974 un document
intitulé "Vers un plan de développement intégré",
et le gouvernement Bourassa, le 26 juin 1975, faisait adopter la loi 22, loi
qui créait la Société québécoise
d'initiatives agro-alimentaires.
La lettre directive de mai 1977 du gouvernement actuel n'a
été que le prolongement logique de ces gestes. L'acquisition par
SOQUIA, de la Société d'investissement Desjardins, d'actions
ordinaires entraînant des déboursés de tout près de
$12,5 millions, comme le cite la déclaration ministérielle, ne
répond aucunement aux objectifs fondamentaux que vient de rappeler le
ministre. C'est, premièrement, de créer de nouveaux
débouchés
pour les produits agricoles du Québec et, deuxièmement,
d'assurer le maintien ou le retour d'entreprises des secteurs de la
transformation et de la distribution de produits alimentaires.
Quels sont les nouveaux débouchés qui sont
créés pour les produits agricoles du Québec dans cette
transaction? Est-ce que la Corporation de développement du Canada,
société de la couronne, propriété des Canadiens et
donc par surcroît des Québécois, doit être
considérée comme étant une entreprise
étrangère, pour assurer le maintien ou le retour d'entreprises
des secteurs de la transformation et la distribution de produits
alimentaires?
La position du gouvernement actuel, M. le Président, de
considérer la Corporation de développement du Canada comme une
entreprise étrangère ne fait pas partie de la politique de
développement agro-alimentaire du présent gouvernement, mais bien
de sa stratégie politique bien orchestrée, qui veut laisser
croire à la population et, particulièrement dans le cas qui nous
occupe présentement, aux agriculteurs du Québec que tout ce qui
vient du fédéral est mauvais pour le Québec.
Le ministre dit dans sa déclaration, M. le Président:
L'analyse de ce dossier nous a permis de constater que la compagnie Culinar
Inc., avec ses trois filiales: Vachon Inc., Produits Diamant Ltée et
Biscuits Lido Ltée, pouvait devenir un fer de lance du
développement du secteur québécois de
l'agro-alimentaire.
M. le ministre, l'analyse du dossier nous démontre-t-elle que
toute cette transaction était nécessaire et obligatoire et que
c'était le moyen idéal pour constituer le fer de lance de la
nouvelle politique agro-alimentaire? Pour s'en assurer, M. le Président,
le ministre devrait déposer le dossier de Culinar Inc. et l'analyse
qu'il en a faite.
Voici un domaine où le gouvernement a peut-être, encore une
fois, agi en amateur. Quels sont les investissements nécessaires que le
gouvernement du Québec devra faire pour rentabiliser à long terme
le groupe Culinar Inc.? Une des raisons que la SDI avait de vendre une partie
du capital-actions étant justement qu'elle n'avait pas les capitaux
nécessaires pour réinvestir les sommes nécessaires
à une diversification de sa production, le Québec s'est-il
engagé à fournir ces capitaux?
Ces $12,5 millions ne créent aucun nouveau débouché
et ne créent aucun nouvel emploi; ils ne constituent non plus nullement
une nouvelle initiative au niveau de la transformation des produits agricoles
et n'ont pas pour effet direct de maintenir sous contrôle
québécois les entreprises menacées de mainmise
étrangère, puisque la Société d'investissement
Desjardins a décidé d'en garder le contrôle
majoritaire.
Avant de dire que c'est le fer de lance du développement du
secteur québécois de l'agro-alimentaire le ministre ne devrait-il
pas nous donner sa politique générale de développement du
secteur agro-alimentaire, de même que sa stratégie et le
rôle qu'il entend faire jouer aux différents agents
économiques de ce secteur, en particulier aux agriculteurs du
Québec?
M. le ministre, n'y aurait-il pas eu lieu d'atten-tre les
résultats du sommet agro-alimentaire que vous nous annoncez depuis un
an? A quand la participation de SOQUIA dans la transformation,
premièrement, des produits laitiers, deuxièmement, des produits
de conserverie et, troisièmement, des fruits et des légumes? A
toutes fins utiles, M. le Président, pour les agriculteurs du
Québec, cela ne change strictement rien, c'est-à-dire que cette
société sera obligée d'aller s'alimenter à
l'extérieur du Québec en farine, en cacao et en sucre. A toutes
fins utiles cela ne change aucunement le portrait et ne vient rien donner aux
agriculteurs du Québec.
En terminant, M. le ministre, la Coopérative de la Mitis, dont je
vous ai déjà parlé en Chambre, n'a besoin que de $18 000
pour se maintenir et répondre ainsi aux objectifs de votre
lettre-directive de mai 1977.
Le Vice-Président: M. le député de
Huntingdon.
M. Claude Dubois
M. Dubois: Merci, M. le Président. Dans la
déclaration ministérielle, le ministre de l'Agriculture affirme
que cette acquisition est essentielle pour le développement du secteur
agricole au Québec. Je crois qu'il y a un certain manque
d'ingéniosité de la part du ministre puisqu'il y a d'autres
firmes québécoises, par exemple celles qui oeuvrent dans la vente
de produits alimentaires, qui auraient pu être aidées par le MAQ
afin de prendre peut-être possession de cette compagnie ou d'acheter les
actions majoritaires provenant du mouvement Desjardins.
Je crois que l'on souhaite tous que nos industries
québécoises demeurent chez nous. C'est le voeu que je veux
formuler ici aujourd'hui. Je me pose quand même des questions sur les
raisons qui poussent le mouvement Desjardins à se départir de ses
actions ou d'une partie de ses actions dans Culinar Inc, une firme qui
générait en 1976 $3,9 millions de profits sur une valeur aux
livres de $13 millions. Je crois qu'il y a des questions à se poser au
niveau de la prise de position des caisses Desjardins ou du mouvement
Desjardins. J'aimerais qu'on ait des précisions du ministre sur cette
question.
J'aimerais savoir aussi s'il y a eu des études de
rentabilité à long terme sur cette industrie. J'ai ouï-dire
que l'équipement existant dans cette industrie du comté de Beauce
a beaucoup vieilli et aura besoin de remplacement bientôt. J'ai pu
remarquer dans un texte d'un journal qu'il faudrait peut-être injecter
$30 millions à $50 millions dans l'avenir pour rentabiliser cette
industrie et la rendre à la fine pointe.
Je ne sais pas si le ministre a aussi fait des études sur
l'assurance de marchés à long terme pour cette firme. C'est une
autre question que l'on doit se poser. J'aimerais aussi que le ministre
nous dise à quels investissements nouveaux, à court terme,
SOQUIA devrait participer pour arriver à garder toute l'ampleur que
cette compagnie connaît dans le Québec et aussi à garder
ses exportations vers certains Etats américains et vers l'Ontario en
particulier.
J'aimerais que le ministre nous dise aussi si cette acquisition
où on va peut-être injecter $12,5 millions va nous apporter un
seul nouvel emploi au Québec. Sur cela, je me pose encore des
questions.
Je me demande ce qu'il y a de si mauvais à ce que $28,5 millions
d'argent canadien, peu importe d'où ils viennent, arrivent au
Québec, parce que je pense que les $12,5 millions qu'on pourrait
peut-être investir, ou le maximum qu'on y investirait pourrait être
placé ailleurs. J'ai déjà fait remarquer au ministre de
l'Agriculture qu'il y a des secteurs où on a besoin d'injection d'argent
qui pourraient créer des emplois, et j'ai parlé de
congélation rapide, j'ai parlé de déshydratation, j'ai
parlé de conservation, j'ai parlé de mise en marché, j'ai
parlé d'entreposage, j'ai parlé de bien des choses au ministre,
mais $12,5 millions, on va peut-être mettre ce montant dans une industrie
qui fonctionne très bien et où on ne créera pas un seul
emploi. Je me pose encore des questions sur la valeur du geste posé par
le ministre de l'Agriculture.
Quand on regarde les résultats de SIDBEC, de la SGF où nos
capitaux ne rapportent pas grand-chose présentement, on peut voir que
l'intervention gouvernementale dans une compagnie privée ne peut
peut-être pas porter beaucoup de fruits, c'est fort possible. Avant de
critiquer davantage cette déclaration du ministre, je pense qu'il y
aurait lieu que tous les membres de l'Opposition soient bien plus
informés sur les intentions précises de SOQUIA, à savoir
d'aller vers un investissement de $12,5 millions où ces capitaux
n'amèneront aucun emploi au Québec. Je vous remercie, M. le
Président.
M. Roy: M. le Président.
Le Vice-Président: M. le député de
Beauce-Sud, juste un instant. Je pourrais probablement vous accorder la parole.
Cependant, je voudrais brièvement éclaircir une situation. Ce
matin, vous avez demandé que copie vous soit remise de la
déclaration ministérielle; deuxièmement, il y a eu
consentement de tous pour que cette déclaration ministérielle
soit donnée à 15 heures cet après-midi;
troisièmement, en vertu de l'article 179, paragraphe 2, seuls les partis
reconnus peuvent critiquer ou commenter une déclaration
ministérielle; mais si j'ai le consentement de cette Assemblée,
je vous donne très volontiers la parole. Consentement
accordé.
M. Burns: M. le Président, je crois que le
député de Beauce-Sud a reçu copie de la déclaration
ministérielle et, en même temps, c'était, sans
nécessairement créer de précédent, un consentement
de notre part à ce que le député puisse intervenir.
Le Vice-Président: C'est pourquoi j'ai voulu
rétablir les faits. C'est avec plaisir que je donne la parole au
député de Beauce-Sud. Oui.
M. Marchand: M. le Président, est-ce qu'il faut le
consentement unanime?
M. Burns: Oui et tout le monde l'a donné.
M. Marchand: Non, je demande si cela prend le consentement
unanime.
Le Vice-Président: Oui, en vertu de l'article 179,
paragraphe 2.
M. Marchand: Alors, M. le Président, même si le
député de Beauce-Sud a refusé au ministre du Travail et de
la Main-d'Oeuvre de parler pour les travailleurs de Montréal à la
fin de la grève, je vais lui donner mon consentement.
Le Vice-Président: D'accord. M. le député de
Beauce-Sud. Merci, M. le député de Laurier.
M. Roy: M. le Président, je reconnais et je prends bonne
note de la grande collaboration du député de Laurier.
M. Marchand: J'espère que vous en ferez autant la
prochaine fois.
Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît! M. le
député de Beauce-Sud.
M. Roy: Je ne me souviens pas d'avoir empêché le
député de Laurier d'intervenir en cette Assemblée.
Le Vice-Président: M. le député de
Beauce-Sud, sur la pertinence du débat.
M. Fabien Roy
M. Roy: Merci, M. le Président, quelques courts
commentaires.
Après avoir pris connaissance de la déclaration
ministérielle du ministre, je pense qu'il y a plusieurs questions
auxquelles on n'a pas répondu et auxquelles mes collègues de
l'Opposition viennent de se référer. Est-ce que réellement
cette industrie est en train de passer entre les mains des entreprises
étrangères? C'est la première question qu'on doit se
poser. Est-ce qu'effectivement le mouvement Desjardins avait consenti à
laisser aller une partie de son capital-actions dont on fait
référence ici à des entreprises étrangères?
Je ne sache pas qu'il y ait eu un consentement. C'est pourquoi je suis en train
de me demander sérieusement si on n'est pas tout simplement en face
d'une décision politique qui a pour but objet de lancer de la poudre aux
yeux de la population.
Lorsque la loi de SOQUIA a été adoptée à
l'Assemblée nationale, il avait été bien clairement
établi que c'était en vue de stimuler, de développer, de
participer à la création de nouvelles entre-
prises, de développer le secteur agro-alimentaire. Ce qu'on nous
propose aujourd'hui, c'est tout simplement d'acheter une partie du
capital-actions de trois entreprises qui, selon les informations que je
possède, vont très bien au Québec; il n'y a pas de
problème majeur et leurs dirigeants n'étaient pas
intéressés à faire passer la majorité des actions
entre les mains des étrangers. Lorsqu'il a été question,
effectivement, de l'achat par Beatrice Foods aux Etats-Unis, on se rappellera
l'intervention du mouvement Desjardins pour faire en sorte que cela reste une
propriété du Québec, une propriété des
Québécois.
M. le Président, on sait que SOQUIA a des difficultés
à démarrer. On sait que les initiatives et le bilan ne sont pas
extraordinaires. Alors, il est évident qu'avant la fin de l'année
permettre une réalisation de cette nature redore le blason de SOQUIA. Le
ministre a ajouté à la fin de sa déclaration un sentiment
nationaliste. Je suis en train de m'interroger très sérieusement,
M. le Président; doit-on pousser le nationalisme québécois
jusqu'à faire en sorte que l'Etat devra devenir propriétaire des
entreprises de production de biens et de services. Le nationalisme
québécois est-il devenu un synonyme d'étatisme pour
plusieurs? Si c'est ceia, M. le Président, permettez-moi d'être
inquiet et de m'interroger sur la prétendue libération qu'on veut
offrir aux citoyens du Québec.
Je pense qu'il y a quand même des limites à prendre des
vessies pour des lanternes. En ce qui me concerne, M. le Président,
connaissant très bien le cas, puisque c'est ma région qui est
concernée de façon plus particulière, je pense que le
ministre devrait en dire beaucoup plus; le ministre devrait mettre plus de
cartes sur table et nous faire part exactement de la situation telle qu'elle
s'est présentée de façon que nous puissions en être
informés.
Le Vice-Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement.
M. Lavoie: M. le ministre va-t-il exercer son droit de
réplique?
Le Vice-Président: M. le ministre de l'Agriculture.
M. Jean Garon
M. Garon: M. le Président, on est au stade simplement
d'une offre de participation à une entreprise. Il y a de grosses chances
que cela ne coûte pas $12,5 millions d'abord.
M. Picotte: Pas trop sûr.
M. Garon: Mais il fallait tout simplement faire une offre
équitable à tous les actionnaires et également aux
actionnaires minoritaires s'ils voulaient vendre leurs actions. On entend
différents sons de cloche ici. Cela ne m'étonne pas. Le Parti
libéral dit qu'on aurait pu attendre. On ne nous a pas élus pour
attendre, mais pour prendre des décisions.
M. Picotte: Elles ne sont pas toutes au cou des vaches, les
cloches.
M. Garon: Le député de l'Union Nationale se demande
si l'entreprise va mal ou si elle va bien. Le député de
Beauce-Sud dit que cela va bien. Evidemment, à ce stade-ci il s'agit de
voir quelle participation il va y avoir et quel pourcentage des actionnaires
vont vendre leurs actions, ce qu'on ne sait pas, puisqu'il s'agit simplement
d'une offre de participation. Quelle sera la participation de SOQUIA? Est-ce
que ce sera 15%, 20%? Nous ne le savons pas, à ce moment-ci. Il faudra
attendre de voir, à la suite de l'offre de la Société
d'investissement Desjardins combien d'actionnaires voudront vendre leurs
actions. Mais il est certain qu'une entreprise comme Culinar peut être
utilisée. C'est une entreprise avec laquelle SOQUIA peut travailler, de
même que la Société d'investissement Desjardins, pour faire
un développement économique dans des secteurs où,
jusqu'ici, nous n'avons pas été très présents.
C'est évident je ne rentrerai pas dans les détails
aujourd'hui que SOQUIA n'entre pas dans Culinar pour que cela reste
stationnaire. Au contraire, c'est parce qu'il y a des projets de
développement et qu'on a l'intention d'y participer. Pour cela, il ne
faut pas participer seulement à des petites entreprises. Il faut aussi
pouvoir faire jouer à Culinar le rôle qu'une entreprise comme elle
peut jouer, une entreprise qui a 30 000 points de vente en Amérique du
Nord. Ce n'est pas une "bi-nerie", c'est une entreprise qui peut jouer un
rôle encore plus considérable. Pourquoi ne prend-on pas le
contrôle? Parce que, justement, on ne pense pas en termes
d'étatisation et de nationalisation. C'est pour cela que, dans la lettre
de directive de SOQUIA, il est mentionné qu'elle doit uniquement, de
façon exceptionnelle, prendre une participation majoritaire, mais
qu'elle doit plutôt avoir une participation minoritaire. 49% est un
maximum qui ne sera sans doute pas atteint. La participation sera beaucoup plus
autour de 20% ou 25%.
M. Picotte: Cela prouve que vous agissez en amateurs; c'est cela
qu'on vous a mentionné tantôt, vous êtes des amateurs.
Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît! J'ai
entendu d'autres sons que des sons de cloche.
Ce n'est pas ce que j'ai entendu. Je demanderais quand même au
député de terminer ses démonstrations qui ne sont pas
tellement parlementaires. Je vais donner la parole à M. le leader
parlementaire du gouvernement pour que nous puissions poursuivre nos
travaux.
M. Burns: Nous avions accepté, à la demande d'un
certain nombre de députés de l'Opposition, de retarder le
début des travaux des commissions pour terminer la déclaration
ministérielle et les différentes réponses. Je vous
mentionne, cependant, que la motion qui a été adoptée ce
matin prévoyait que ces commissions pouvaient siéger à
compter
de 15 heures. Alors, je donne avis à la Chambre que, maintenant
que nous avons respecté la demande qui nous avait été
faite, ces deux commissions, soit celle de la justice, à la salle 81-A,
et celle des consommateurs, coopératives et institutions
financières, au salon rouge, vont reprendre leurs travaux. J'en donne
avis immédiatement; c'est par entente avec les partis de l'Opposition
que nous avons retardé le début de ces commissions.
J'espère qu'on ne nous le reprochera pas. Maintenant, nous reprenons nos
travaux, M. le Président, et je vous demanderais d'appeler l'article
1).
Le Vice-Président: Oui.
M. Lavoie: Avec la permission du leader du gouvernement, j'aurais
une question de règlement à soulever...
Le Vice-Président: Oui.
M. Lavoie: ... qui se terminerait par une directive ou une
décision de votre part, M. le Président.
Le Vice-Président: Oui, M. le leader parlementaire de
l'Opposition officielle.
M. Lavoie: Avant le déjeuner aujourd'hui, nous discutions
du projet de loi no... Je ne me rappelle pas le numéro, c'était
sur la taxe de vente.
Le Vice-Président: Le projet de loi no 61.
Projet de loi no 61 (suite)
M. Lavoie: Le projet de loi no 61. Je n'irai pas dans les
détails de ce qui s'est passé durant les 20 dernières
minutes, mais tenons pour acquis que le député de
Vaudreuil-Soulanges, qui occupait le fauteuil à ce moment-là, a
accordé la parole au leader parlementaire du gouvernement sur la
deuxième lecture du projet de loi no 61, prenant en
délibéré une motion d'amendement du député
de Gatineau. Il était 12 h 45 environ et le leader du gouvernement,
après avoir obtenu la parole, a demandé l'ajournement du
débat sur la deuxième lecture ou sur la motion d'amendement dans
le cas où elle serait acceptée.
J'ai demandé un vote enregistré sur cette question. En
vertu des règlements sessionnels que nous avons adoptés il n'y a
pas tellement longtemps, il est de la liberté du leader du gouvernement
de demander à la présidence de remettre ce vote enregistré
à plus tard dans la journée, durant la même séance,
ou au plus tard le lendemain avant d'entreprendre les affaires du jour. Je
crois que c'est la première fois que ce nouveau règlement
sessionnel est éprouvé; il appellera une décision de votre
part qui fera jurisprudence. Je dis que, tant que cette motion d'ajournement du
débat n'est pas décidée, d'une manière positive ou
négative, du fait que la décision est remise à demain
l'objet de la motion, c'est l'ajournement du débat la
Chambre ne s'étant pas prononcée ni d'une manière positive
ni d'une manière négative, il n'y a pas d'ajournement du
débat. Cette décision est remise à demain. Etant
donné qu'en vertu de notre règlement actuel les travaux sont
suspendus à 13 heures et doivent reprendre à 15 heures, s'il n'y
a pas ajournement du débat cela voudrait dire que le
député de Maisonneuve devra prendre la parole et faire son
intervention sur la deuxième lecture de la loi 61.
A ce moment-là il pourra demander l'ajournement du débat,
mais pour qu'il y ait ajournement effectif du débat, il faut que la
Chambre se prononce. On sait que dans notre tradition parlementaire, il n'y a
pas d'autre façon pour la Chambre de se prononcer sauf à des cas
de consentement unanime, c'est par des motions. Pour décider d'une
motion, il faut que la Chambre s'exprime d'une manière positive ou
négative. C'est sûr qu'on n'a pas le droit de présumer
même si le leader du gouvernement dit qu'on est majoritaire et
demain, la décision de la Chambre va être majoritaire parce qu'on
est majoritaire en Chambre du résultat du vote; autrement, avec
un tel précédent, s'il y avait un vote retardé sur la
deuxième lecture, remis au lendemain, avec ce principe on pourrait
commencer l'étude en commission, en présumant que demain le
gouvernement ou la majorité va se prononcer.
Je termine en disant que la Chambre n'a pas décidé cette
motion, elle est toujours en suspens tant qu'elle ne se prononcera pas demain
et si la Chambre ne s'est pas prononcée, le débat n'est pas
ajourné.
Si votre décision est dans un sens contraire, M. le
Président, je vais vous demander si cette motion est adoptée.
Est-ce qu'elle a été adoptée? C'est non, parce que j'ai
demandé un vote enregistré. Et si votre décision est dans
ce sens, je vais vous demander le résultat du vote, M. le
Président, pour être sûr que c'est dans un sens positif que
cette motion a été acceptée.
Le Vice-Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement sur la question de règlement.
M. Burns: Oui, dans un but de faciliter les travaux de la
Chambre, parce que ce n'est pas mon rôle à moi de compliquer les
travaux de la Chambre, mon rôle à moi c'est plutôt d'essayer
de les faciliter, si on veut tenir immédiatement le vote
enregistré, je suis d'accord qu'il ait lieu immédiatement. Je
retire ma demande à l'effet que l'enregistrement du vote ait lieu
demain.
Le Vice-Président: Si vous permettez, oui, M. le
député...
M. Pagé: M. le Président, j'ai une directive
à vous demander moi aussi.
Le Vice-Président: Attendez un peu, il y en a
déjà une là. Enfin, je vais écouter quand
même.
M. Pagé: II semble y avoir consentement sur la
première.
Le Vice-Président: Je vais plutôt me prononcer sur
la règle d'anticipation, n'est-ce pas, M. le député de
Laval?
M. Pagé: M. le Président, j'aimerais que vous
m'informiez des dispositions que la présidence entend prendre en ce qui
regarde la personne ou le parlementaire qui aura le droit d'intervenir lorsque
nous reprendrons le débat sur ce projet de loi. On se rappellera, M. le
Président...
M. Burns: Encore une fois, pour aider les travaux de la Chambre,
je voudrais céder mon droit de parole au député de
Portneuf.
M. Pagé: Ce n'est pas à vous, c'est à moi.
M. Burns: Non, non, mais...
M. Pagé: Ce n'est pas à vous, c'était
à moi, je m'excuse, je m'apprêtais à le
démontrer.
M. Burns: ... la présidence m'avait reconnu. Si vous
voulez...
Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît! A
l'ordre! Sur les deux questions, les membres de cette Assemblée m'ont
beaucoup aidé, je ne suis pas obligé d'invoquer tous les auteurs.
Je constate que, d'une part, en vertu de l'article 85, M. le leader
parlementaire du gouvernement a retiré sa motion de ce matin et que nous
devons procéder immédiatement au vote enregistré si on le
désire. A la demande du député de Portneuf, il faudrait
souligner que je ne suis pas une Cour d'appel.
J'ai déjà mentionné, il y a un an, que je ne suis
pas et je ne serai jamais un juge de la Cour suprême. Cela a
été interprété de différentes façons.
Je voudrais simplement dire, pour activer les travaux de cette
Assemblée, que je reconnaîtrai M. le député de
Portneuf lorsque reprendra le débat sur la question qui était
devant cette Assemblée ce matin.
M. Lavoie: Dans ce cas, c'est le député de Portneuf
qui demande l'ajournement du débat.
Le Vice-Président: D'accord. Je reconnais, pour les fins
d'écritures... Oui, M. le député de Portneuf?
M. Pagé: Si vous me permettez, une dernière
question.
Une Voix: Question de privilège, M. le
Président.
Le Vice-Président: Je peux en prendre, mais un à la
fois.
M. Pagé: Est-ce que vous me reconnaissez à la suite
du consentement accordé par le leader du gouvernement ou si vous me
donnez la parole à la suite d'une lecture du journal des Débats,
à la page 6820. où il apparaît hors de tout doute que c'est
moi qui avais la parole et non pas le leader du gouvernement? Parfait, on se
comprend.
Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît! M. le
député de Portneuf, j'ai pris cette précaution, j'ai la
transcription du journal des Débats de cet avant-midi. Lorsque cet
article sera appelé, je vous reconnaîtrai comme étant celui
qui a demandé l'ajournement du débat.
M. Gratton: Sur la même question, M. le
Président.
M. Burns: ... on l'aime.
Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Gratton: Vous savez sans doute que c'est moi qui ai
formulé la motion d'amendement qui a été prise en
délibéré quant à sa recevabilité.
Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
Allez!
M. Gratton: Ai-je toute l'attention du leader du gouvernement, M.
le Président? J'ai fait cette motion d'amendement, M. le
Président, dont la recevabilité a été
contestée pendant quelque 45 minutes, mais je voudrais attirer votre
attention au ruban 6824, à la page 2, alors que le
vice-président, député de Vaudreuil-Soulanges, a
indiqué: "Quant à M. le député de Gatineau, il a
terminé son intervention; j'allais lui rappeler qu'il devait conclure;
il devait terminer à 12 h 31 et il avait déjà
terminé."
Ma question, M. le Président, provient du fait qu'en
vérifiant le journal des Débats j'ai constaté
qu'effectivement je n'ai pu terminer plus tard que 12 h 25, et c'est le ruban
je ne me souviens pas trop de quel numéro 6820. On
s'aperçoit qu'effectivement c'est le député de Portneuf
qui venait d'être reconnu après que j'avais formulé ma
motion d'amendement.
Je demande une directive, M. le Président. Compte tenu que j'ai
fait une motion d'amendement dont la recevabilité n'a pas encore
été jugée, compte tenu qu'il me restait quelque cinq
minutes à parler sur la motion de fond de deuxième lecture,
advenant le cas où la maison d'amendement serait jugée
irrecevable et je ne demande pas qu'on en décide
présentement à ce moment-là il me semble que c'est
à moi que reviendrait la parole pour que je puisse épuiser les
cinq minutes de droit de parole qu'il me restait en deuxième
lecture.
Je ne vous demande pas de statuer tout de suite que ce sera le cas, mais
je voudrais qu'on y pense du côté de la présidence.
Le Vice-Président: Non seulement on y pensera, mais je
rappellerai à M. le député de Gatineau un usage, puis-je
dire, immémorial en cette Chambre, c'est que, lorsqu'un
député termine son exposé par une motion, l'on admet
généralement en toute saine logique qu'il a terminé ses
remar-
ques sur la motion principale et qu'il y a une motion d'amendement.
Donc nous passons à un nouveau chapitre qui est la motion
d'amendement. Cependant, M. le député de Gatineau, votre question
est posée de façon tellement gentille que je ne me permettrai pas
cet après-midi de rendre immédiatement une directive qui vous
brimerait dans vos droits. Je vous dis simplement que je retiens votre
question. Je ne la prends pas en délibéré. Je la
considère comme une question hypothétique. Quand nous arriverons
à ce pont, comme disent les Anglais, nous allons le franchir et alors la
décision sera rendue. Est-ce que cela vous convient?
M. Gratton: Certainement, M. le Président, et puis-je vous
féliciter pour ce jugement de Salomon?
Le Vice-Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement.
M. Burns: M. le Président, je vous demanderais d'appeler
les députés pour le vote.
Le Vice-Président: Qu'on appelle les
députés.
Vote sur la motion d'ajournement du
débat
Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît! M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce. Alors, du consentement de
cette Chambre, je mets aux voix cette motion d'ajournement du débat sur
le projet de loi 61.
M. Lavoie: Proposée par qui?
Le Vice-Président: Par le leader parlementaire du
gouvernement. Que celles et ceux qui sont en faveur de cette motion daignent
bien se lever, s'il vous plaît!
Le Secrétaire adjoint: MM. Burns, Bédard, Laurin,
Couture, Bérubé, O'Neill, Mme Payette, MM. Proulx, Chevrette,
Michaud, Paquette, Vaillancourt (Jonquière), Marcoux, Vaugeois, Martel,
Fallu, Rancourt, Grégoire, Bertrand, Godin, Bisaillon, de Bellefeuille,
Guay, Gendron, Mercier, La-berge, Marquis, Lacoste, Ouellette, Perron,
Brassard, Clair, Gosselin, Lavigne, Dussault, Charbonneau, Beauséjour,
Desbiens, Bordeleau, Boucher, Gravel, Lévesque
(Kamouraska-Témiscouata), Jolivet.
Le Vice-Président: Contre la motion?
Le Secrétaire adjoint: MM. Levesque (Bonaventure), Lavoie,
Mackasey, Vaillancourt (Orford), Lalonde, Forget, Mailloux, Goldbloom, Saindon,
Saint-Germain, Lamontagne, Giasson, Blank, Caron, O'Gallagher, Picotte,
Ciaccia, Marchand, Gratton, Pagé, Verreault, Springate, Grenier,
Russell, Goulet, Fontaine, Brochu, Le Moignan, Dubois, Cordeau, Samson,
Roy.
Le Vice-Président: Abstentions? A l'ordre, s'il vous
plaît!
Le Secrétaire: Pour: 43 Contre: 32
Abstentions: 0
Le Vice-Président: Cette motion est adoptée. A
l'ordre, s'il vous plaît. Bon.
M. Burns: Du moment que je gagne, cela ne me dérange
pas.
Le Vice-Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement, s'il vous plaît! La décision est rendue par cette
Assemblée.
M. Burns: M. le Président, je vous demanderais maintenant
d'appeler l'article 1.
Motion de clôture de l'étude
en commission du projet
de loi no 67
Le Vice-Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement fait motion: Que conformément à l'article 156 du
règlement, le rapport de la commission permanente des consommateurs,
coopératives et institutions financières sur l'étude
après la deuxième lecture du projet de loi no 67, Loi sur
l'assurance automobile, soit déposé à l'Assemblée
avant les affaires du jour, le 16 décembre 1977".
M. le leader parlementaire du gouvernement.
M. Roy: M. le Président, est-ce que je pourrais vous
demander une directive?
Le Vice-Président: Oui, un instant. M. le
député de Beauce-Sud.
M. Roy: Comme les membres de la commission parlementaire
chargés d'étudier ce projet de loi ont reçu un mandat de
l'Assemblée de discuter ce projet de loi en commission parlementaire et
que pendant ce temps, on impose une motion... c'est-à-dire, on propose
une motion à l'Assemblée nationale je ne dirai pas on
impose pour limiter le mandat de ceux qui ont reçu un mandat
effectivement de travailler en commission parlementaire, ma question est la
suivante: N'y aurait-il pas lieu, ne serait-il pas pertinent de suspendre la
commission parlementaire pour cet après-midi de façon que les
membres de la commission parlementaire puissent être à
l'Assemblée nationale et être en mesure de rapporter un peu
à l'Assemblée nationale les objections ou les raisons qu'ils
pourraient manifester à l'encontre...
Le Vice-Président: M. le député de
Beauce-Sud, c'est une très bonne tactique ou stratégie, mais
malheureusement, selon nos règles parlementaires, je dois, d'une part,
rappeler que je ne puis anticiper le résultat du vote sur la motion de
M. le leader parlementaire du gouvernement. Deuxièmement, je ne puis
aller contre la motion qui a
été adoptée ce matin à savoir que cette
commission siège. Troisièmement, je dois rappeler les
événements encore tout récents indiquant que certaines
commissions siégeant se sont vues interrompre leurs travaux à la
suite d'une motion exactement en vertu de l'article 156, alinéa 2.
Ce n'est donc pas un précédent. Malgré tout le
désir que j'aurais de vous satisfaire, je dois vous rendre comme
directive que je ne puis accéder à votre demande et que la
commission doit commencer à siéger et que nous devons
débattre la motion.
M. Lavoie: M. le Président, sur cette même question,
très brièvement.
Le Vice-Président: Oui, M. le leader parlementaire de
l'Opposition officielle.
M. Lavoie: J'abonde dans le sens du député de
Beauce-Sud. D'ailleurs, vous qui êtes notaire, qui connaissez très
bien votre Code civil et tout, ne trouvez-vous pas normal que, pendant qu'on
met fin au mandat, les mandataires puissent discuter avec le mandant pourquoi
on met fin à ce mandat? Est-ce que vous accepteriez une motion
étant donné qu'il y a eu une décision de la Chambre ce
matin demandant à cette commission de siéger de
l'Assemblée pour suspendre cet ordre de la Chambre? Si le
député de Beauce-Sud voulait faire une motion pour que
l'Assemblée suspende les travaux de la commission pour cet
après-midi, pour permettre justement aux personnes qui font partie de
cette commission d'au moins intervenir durant l'après-midi, quitte
à ce qu'elle puisse continuer ses travaux ce soir, est-ce qu'il y aurait
consentement? Je sollicite le consentement du leader parlementaire du
gouvernement; s'il n'y a pas de tel consentement, je crois qu'une motion
à cet effet serait bienvenue. La Chambre pourrait en décider.
M. Brochu: M. le Président, sur cette question,
l'Assemblée étant maîtresse de ses
délibérations elle peut prendre des décisions. J'invoque
à ce stade-ci non pas le règlement comme tel, mais
peut-être la règle de bon sens selon laquelle nos collègues
qui sont responsables de cette question sur la Loi sur l'assurance automobile
en commission parlementaire puissent être présents ici pour
discuter de cette motion qui mettra fin éventuellement aux travaux de
cette même commission parlementaire. Je demanderais un consentement
unanime pour ne pas faire siéger cette commission parlementaire pendant
nos délibérations ici. Est-ce qu'on ne pourrait pas
procéder de cette façon en demandant simplement le consentement
unanime de la part du leader du gouvernement et de la part...
M. Levesque (Bonaventure): II y a deux commissions qui
siègent.
M. Brochu: II y a déjà deux commissions qui
siègent.
Le Vice-Président: Si vous me permettez... M. Burns:
... Chambre.
Le Vice-Président: J'en suis rendu à trois
questions devant moi. D'abord est-ce que l'on peut modifier un ordre de la
Chambre au cours d'une même séance? Deuxièmement, est-ce
qu'il y aurait consentement, ce serait plus facile, pour que les gens qui sont
à la commission reviennent à cette Assemblée?
Troisièmement, c'est la question de M. le député de
Beauce-Sud qui a été reprise par M. le député de
Laval, est-ce qu'il est normal que la commission siège pendant que nous
débattons une motion de clôture?
A la troisième question, je réponds oui, cela s'est fait
fréquemment. A la deuxième question, ce n'est pas à moi de
répondre, je sais qu'à l'Assemblée cela s'est fait
fréquemment. Je ne sais pas ce qui se passe en commission, mais je me
souviens fort bien, s'il vous plaît! d'avoir présidé
à une commission M. le député de
Marguerite-Bourgeoys le sait où pendant trois jours, ou au moins
toute une journée, nous avons siégé avec cette motion
au-dessus de notre tête. Je n'ai pas à juger.
A la troisième question, c'est oui. A la deuxième
question, cela appartient à la Chambre. Quant à la
première question, je demanderais en vertu de quel article l'on ferait
motion.
M. Roy: M. le Président, l'invitation qui a
été faite par le leader parlementaire de l'Opposition, je pense
que je ne peux pas la faire ici à l'Assemblée nationale,
malgré que n'importe quel membre de la commission puisse la faire en
commission parlementaire, en vertu de l'article 157 du règlement.
M. le Président, pour éviter de la procédure ou de
la procédurite, ce qui est toujours désagréable, je
n'aimerais pas qu'on nous place dans l'obligation, immédiatement au
début des travaux de la commission parlementaire, de présenter
une telle motion parce qu'elle sera sûrement
présentée pour qu'on puisse être à
l'Assemblée nationale et discuter de ce qui entoure la motion de
guillotine qu'on nous présente. Nous sommes concernés comme
membres de la commission parlementaire.
Solliciter le gros bon sens, un consentement unanime de la Chambre,
serait tout simplement normal dans les circonstances. Je serais même
prêt à protéger les arrières, les
à-côtés et les avants du leader du gouvernement en disant
qu'on est prêt à accepter que ce ne soit pas
considéré comme étant un précédent.
Le Vice-Président: M. le député de
Beauce-Sud, je vous remercie. Vous avez raison d'invoquer l'article 157, mais
cet article, à l'alinéa 2 plus particulièrement, ne peut
être invoqué qu'en commission parlementaire et non pas dans cette
Assemblée.
Je demande, pour satisfaire les requêtes du député
de Laval, du leader parlementaire de l'Op-
position officielle et du député de Beauce-Sud, s'il y a
consentement pour que l'ordre de la Chambre soit rescindé.
M. Lavoie: Oui. M. Burns: Non. Des Voix: Oh!
Le Vice-Président: Vous avez la réponse. M. le
leader parlementaire du gouvernement, j'ai appelé l'article 1.
M. Grenier: Ils se font étouffer et ils ne savent pas par
qui, c'est étrange!
Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Burns: Comme je l'ai mentionné à l'occasion
d'une autre motion, ce n'est jamais mon collègue le chef de
l'Opposition est sûrement de mon avis à ce sujet facile
pour le leader du gouvernement d'amener une motion de clôture.
Appelons-la par son nom et ne nous gênons pas de l'appeler comme telle.
Je n'ai pas l'intention de vous faire brailler. J'ai l'intention, cependant, de
faire fonctionner normalement les travaux de la Chambre et de permettre
à un gouvernement qui a un certain nombre de politiques pour lesquelles
il a été élu de les appliquer dans des délais
normaux. C'est ce que ça veut dire!
M. Lavoie: 41% des votes!
M. Marchand: 41% des votes pour faire la séparation du
Québec.
M. Burns: C'est pourquoi...
Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît,
à l'ordre!
M. le leader parlementaire, à l'ordre! A l'ordre, s'il vous
plaît! Messieurs les députés, à l'ordre, s'il vous
plaît! Nous avons eu aujourd'hui suffisamment de problèmes, et
nous devons terminer cette journée à minuit. Tellement peu, si
vous voulez, mais enfin, certains, sinon des problèmes certains. Je vous
demanderais, s'il vous plaît... Est-ce qu'on pourrait cesser les
amitiés particulières en cette Chambre pour permettre à M.
le leader parlementaire d'exposer ses motifs en vertu de l'article 156.2?
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, question de
règlement.
Le Vice-Président: Oui, M. le chef de l'Opposition
officielle.
M. Levesque (Bonaventure): Nous voulons assurer le ministre
leader parlementaire du gouvernement de notre collaboration la plus positive
relativement à l'attention que nous porterons au discours qu'il veut
prononcer, mais il va falloir ce- pendant que vous admettiez, M. le
Président, parce que je sais que vous êtes humain, qu'aux toutes
premières paroles du leader du gouvernement il y a eu ce genre de
réactions qui étaient tout à fait normales et naturelles
de la part de l'Opposition officielle et des autres partis de l'Opposition
devant une attitude prise par le leader du gouvernement.
M. Burns: Ce n'est pas une question de règlement, c'est
une question...
M. Levesque (Bonaventure): ... alors qu'il déchirait ses
vêtements, lui, du moment qu'il y avait une motion de ce genre.
Des Voix: A l'ordre! A l'ordre!
M. Levesque (Bonaventure): C'est la deuxième fois...
Le Vice-Président: M. le chef de l'Opposition officielle,
ne quittez pas. M. le leader parlementaire de l'Opposition officielle a
mentionné que j'étais suffisamment humain pour comprendre. Non,
je suis suffisamment parlementaire pour comprendre la réaction et je
demanderais qu'elle cesse immédiatement pour que l'on puisse entendre M.
le leader parlementaire du gouvernement.
M. Robert Burns
M. Burns: M. le Président, si on ne m'interrompt pas, cela
va être très court. Remarquez que c'est peut-être, parce
qu'on veut faire perdre le temps de la Chambre de l'autre côté,
une invitation à me faire interrompre en disant cela, mais je vous dis
que je vais, à compter de maintenant, résister à toute
tentative de la part de l'Opposition de me faire allonger mon intervention.
Je pense bien qu'entre personnes qui comprennent la situation on sait
fort bien que le gouvernement a décidé... C'est parfaitement son
droit et, s'il se trompe je l'ai dit d'ailleurs, M. le Président,
lorsque nous avons proposé une procédure semblable relativement
au projet de loi no 101, la Charte de la langue française c'est
parfaitement le droit du gouvernement de se tromper. Mais c'est parfaitement le
droit, d'autre part, de ce gouvernement de décider de mettre en
application un certain nombre de ses politiques et, entre autres, le projet de
loi sur l'assurance automobile est une des promesses électorales de ce
gouvernement.
M. Lalonde: Cela coûte cher.
Le Vice-Président: M. le leader du gouvernement, je
m'excuse au nom des collègues de cette Assemblée. Je vous en
prie, vous aurez le droit de parole, chacun votre tour, en vertu de l'article
94. Attendez votre tour. M. le leader parlementaire, je m'excuse vraiment de
vous interrompre, mais je ne pense pas que vous puissiez vous exprimer dans des
conditions semblables.
M. Burns: J'attendrai, M. le Président, quand on se mettra
à hurler de l'autre côté; alors, vous n'aurez pas besoin de
vous lever. M. le Président, je dis donc qu'en saine démocratie
il est parfaitement normal, pour un gouvernement qui a été
élu selon un certain nombre de promesses électorales je le
dis de façon non péjorative, mais plutôt de façon
objective de dire, maintenant que nous sommes au pouvoir: Voici une de
nos réalisations. Nous avons promis de tenter de trouver une solution
à l'assurance automobile, la voici. Ce n'est peut-être pas la
meilleure, en ce qui concerne l'ensemble de... Ce n'est peut-être pas la
meilleure en ce qui concerne... Voulez-vous continuer à faire vos
singeries? Ce n'est peut-être pas la meilleure en ce qui concerne...
certaines options, mais, en ce qui nous concerne, c'est la meilleure, M. le
Président.
Il nous en manque deux. En ce qui nous concerne, M. le Président,
c'est la meilleure. Cette solution que nous considérons la meilleure,
nous croyons qu'elle doit être adoptée dans des délais
normaux. Il y a beaucoup de gens qui semblent vouloir me dire: Ah! vous
bousculez le projet de loi, vous avez décidé de le faire adopter
dans des délais qui sont absolument inacceptables. M. le
Président, j'ai un certain nombre de statistiques que je veux livrer
à l'attention de nos amis à l'Assemblée nationale. Je
tiens à dire au départ c'est la raison même de cette
motion de clôture que nous soumettons aujourd'hui en vertu de l'article
156 que ce projet de loi no 67 doit être mis en vigueur dans les
plus brefs délais possible, pour la simple raison que le projet doit
être en application au plus tard le 1er mars 1978. Deuxièmement,
il ne serait pas normal que les consommateurs parce que ce sont des
consommateurs, ne nous trompons pas visés par le projet de loi ne
sachent pas, dès le début de l'année 1978, quel sera le
coût des plaques, quel sera le coût qui va être ajouté
à l'achat de leur permis pour payer, justement, l'application de ce
projet d'assurance.
Je voudrais, M. le Président, vous me permettrez, quelques
instants, simplement pour soutenir les raisons pour lesquelles je
présente aujourd'hui cette motion de clôture. Je voudrais vous
donner simplement quelques statistiques que j'ai rapidement réunies et
qui nous disent ceci: Les travaux en commission, après la
première lecture, ont commencé le 27 septembre 1977. Je vous
prie, M. le Président, de noter que nous sommes le 13 décembre
1977. La fin des auditions publiques, après la première lecture,
a eu lieu le 27 octobre 1977. Il y a eu, relativement à ces auditions,
un nombre assez considérable de séances. Je vous cite les dates,
M. le Président: le 27 septembre, les 11, 12, 13, 14, 19, 20, 25, 26 et
27 octobre 1977, soit dix jours d'audition.
Il y a eu 23 organismes ou individus qui sont venus, soit des organismes
ou des individus, mais il y a eu 23 interventions à ce niveau. Le total
des heures siégées à ce stade des procédures: 45
heures et neuf minutes.
M. Lalonde: La blague.
M. Burns: C'est tout. Ce n'est rien, mais en termes
parlementaires, 45 heures et neuf minutes c'est énorme, M. le
Président. Je vous prends à témoin, vous qui avez cette
expérience parlementaire.
Par la suite, nous avons commencé en commission, après la
deuxième lecture, le 16 novembre 1977. Je vous rappelle que nous sommes
le 13 décembre 1977. Il y a eu des séances les 16, 22, 29, 30
novembre 1977, les 1er, 6, 7, 8, 9, 12 décembre 1977, soit un total
encore une fois de 10 jours. On pourrait ajouter la séance de ce matin
qui a duré à peu près une heure et demie, pour un total de
35 heures et huit minutes jusqu'à maintenant. On ajoute l'heure et demie
de ce matin, on peut ajouter également, probablement les quatre ou cinq
heures qui vont continuer à s'écouler aujourd'hui, probablement
les quatre ou cinq heures demain et probablement les quatre ou cinq heures
jeudi. On peut s'imaginer qu'on est rendu à environ 45 heures de
débat sur un projet de loi qui est clairement et carrément, dans
l'opinion de tout le monde, une politique gouvernementale. Un gouvernement
responsable n'a pas le droit, M. le Président, de dire tout simplement:
L'Opposition n'aime pas cela, alors on va se plier. On ne se pliera pas!
M. Blank: C'est la population, non pas l'Opposition.
M. Burns: La population nous dira que nous avons tort lors des
prochaines élections si nous avons, comme effectivement elle vous l'a
dit, à vous, messieurs les membres de l'Opposition officielle...
M. Gratton: Si elle pouvait donc le dire avant!
Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît! M. le
leader parlementaire du gouvernement, je comprends que vous provoquez... M. le
député de Saint-Louis, je puis vous inviter à me remplacer
ici. Vous le faites si bien. Cela vous empêchera d'interrompre
l'opinant.
M. Burns: M. le Président, je veux bien croire que c'est
aujourd'hui le 13, mais ne nous souhaitez pas de tel malheur. Cela n'a pas de
bon sens.
M. Blank: A l'ordre!
M. Burns: M. le Président, je suis prêt à
remettre à nos amis d'en face une copie de ces dates, que j'ai fait
préparer. Vous les avez déjà. On vous les a remis. Pas si
mal.
M. Lamontagne: On les a. On ne les interprète pas de la
même façon...
M. Burns: M. le Président, je dis donc qu'à ce
stade-ci il est normal que nous mettions fin à nos travaux en commission
parlementaire dans un délai normal. Mes dernières informations,
du moins celles qui remontent à hier soir, je n'ai pas le rapport de ce
matin, nous amènent à croire qu'il y
avait environ une dizaine d'articles qui étaient adoptés,
do sorte qu'il est normal de croire que dans un délai raisonnable il ne
sera pas possible de faire adopter le projet de loi no 67.
D'autre part, il est normal de croire que le gouvernement, comme je le
disais tout à l'heure, avait décidé de faire siéger
cette commission le plus facilement possible.
D'ailleurs, vous n'avez qu'à regarder les dates des
séances de cette commission. Elle a siégé en
priorité par rapport à beaucoup d'autres commissions. Je le dis
en tant que leader parlementaire parce que j'ai été l'objet
si le chef de l'Opposition était ici, il pourrait vous le
confirmer d'énormes pressions d'autres ministres qui voulaient
voir leur projet de loi voté. J'ai été obligé
d'accorder la priorité au projet de loi no 67. Pour l'ensemble de nos
travaux et pour l'adoption de ce projet de loi, à cause des raisons que
je viens de mentionner, à cause des raisons que le ministre des
Consommateurs, Coopératives et Institutions financières, à
de nombreuses reprises, a mentionnées, il est important que nous
adoptions dès aujourd'hui cette motion que je propose à la suite
d'une tentative d'entente telle que prévue en vertu de l'article 156,
premier alinéa, dont j'ai fait rapport jeudi dernier comme étant
infructueuse. Il m'apparaît maintenant, M. le Président, bien
malheureusement, que ce soit la seule solution pour en arriver à quelque
chose de positif relativement à l'assurance automobile. Encore une fois,
je le dis, il est dans l'intention du gouvernement de faire adopter, dans les
meilleurs délais possible, ce projet de loi de sorte qu'il nous
apparaît qu'il faut mettre un terme aux travaux de la commission pour
qu'elle fasse rapport à la Chambre dès le 16 décembre,
c'est-à-dire dès vendredi.
Le Vice-Président: M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: M. le Président...
M. Burns: Je n'ai pas besoin d'applaudissements car je sais
où je m'en vais.
Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît! La
parole est à M. le député de Jacques-Cartier.
M. Noël Saint-Germain
M. Saint-Germain: M. le Président, l'Opposition officielle
est la première à admettre que, dans un système
démocratique comme le nôtre, le gouvernement a le droit de
légiférer, d'établir ses programmes, ses lois et de voir
à ce que ses lois soient proprement étudiées par
l'Assemblée nationale et votées pour qu'elles deviennent
effectives. Il y a déjà longtemps que l'on sait cela, M. le
Président.
Mais pour que le Parlement puisse travailler d'une façon logique,
selon ses traditions et selon ses règlements, il faut
nécessairement que les travaux de la Chambre soient organisés
d'une façon logique selon nos traditions et avec une certaine
coordination qui permette à chacun des membres de cette Assemblée
de prendre part au débat s'il le désire. Ce membre, pour prendre
part au débat d'une façon positive, doit avoir les études
et les documents pertinents. Il appartenait donc, M. le Président, au
leader parlementaire du gouvernement, en coopération avec le ministre
responsable de cette loi, de coordonner les travaux de façon que les
membres de cette Assemblée et l'Opposition libérale en
particulier...
M. Blank: Question de règlement. Sur une motion vraiment
importante, comme le dit le leader du gouvernement, je voudrais noter qu'il y a
seulement sept députés ministériels. Il n'y a pas
quorum.
Le Président suppléant (M. Michaud): Nous allons
vérifier le quorum.
Nous avons quorum, monsieur, continuez.
M. Goulet: Nous avons maintenant quorum. M. Blank: Nous
avons maintenant quorum.
M. Saint-Germain: Je disais, M. le Président, que le
leader parlementaire devait coordonner et planifier les travaux de la Chambre
de façon que tous les membres de cette Assemblée puissent
travailler efficacement.
J'ai écouté avec attention les statistiques
énumérées par le leader parlementaire du gouvernement.
Personnellement, je ne vous donnerai pas des statistiques, mais des faits tels
qu'on les a vécus et tels qu'ils sont inscrits au journal des
Débats.
Premièrement, il y a eu, en date du 15 avril de cette
année, présentation du livre bleu.
Mais lors de la présentation du livre bleu, M. le
Président, n'y était attaché aucun document, aucune annexe
qui pouvait permettre à l'Opposition de comprendre et de savoir comment
le gouvernement était arrivé, comment le ministre était
arrivé à établir les chiffres qui y étaient
contenus. Lorsqu'on parle d'assurance, comment voulez-vous étudier d'une
façon logique, d'une façon positive une police d'assurance quand
vous ne connaissez ni les coûts que la police comporte, ni la prime que
vous payez, ni les coûts d'indemnisation.
Les assurances sont basées sur des études actuarielles,
tous les assureurs savent cela, tous les citoyens savent cela. Il est
impossible d'étudier une police d'assurance je fais ici une
relation entre la loi et une police d'assurance si on n'a pas les
études actuarielles et les hypothèses qui sous-tendent cette
police. Impossibilité pour les assureurs de mettre une telle police sur
le marché, comme impossibilité pour les gens de savoir
réellement ce qu'ils achètent, s'ils veulent bien acheter cette
police d'assurance.
Comme je le disais bien, c'était le livre bleu où les
coûts d'indemnisation quel que soit le genre d'incapacité
et les coûts de la prime n'étaient pas
définis ou, du moins, prouvés par des statistiques ou des
hypothèses qu'on devait posséder absolument dans l'Opposition
pour travailler d'une façon logique. Dès lors, je me souviens
très bien qu'à la commission parlementaire qui étudiait
les crédits du ministère, j'ai essayé en vain, pendant des
heures, d'argumenter afin que le ministre nous remette les explications et les
documents relatifs à ce livre bleu. Nous ne les avons jamais eus.
Deuxième fait qui est arrivé: la tournée
provinciale du ministre qui s'est passée au début de mai. On sait
pertinemment que cette tournée provinciale a été beaucoup
plus une tournée de vente à haute pression qu'elle n'a servi aux
citoyens pour exprimer leur opinion. Cela a été beaucoup plus un
monologue qu'un dialogue. Cela a été une tournée de vente
comme on en a rarement vu dans le Québec. Le ministre, à un
moment donné, s'est fait courtier d'assurances pour vendre une police
unique dans le Québec. C'est un courtier, à mon avis, bien
inefficace, parce qu'il ne faut tout de même pas prendre les
Québécois pour des gens qui ne savent pas lire entre les lignes.
On s'aperçoit vite, lorsque quelqu'un a une marchandise à vendre,
qu'il est confiant que cette marchandise a une valeur, ou lorsque ce même
vendeur veut vendre quelque chose sous pression, qu'il faut que cela se fasse
vite parce qu'il ne faut pas que les gens comprennent trop la situation avant
de signer le contrat, et on a vu tous...
M. Jolivet: Tous les gens.
M. Saint-Germain: ... les gens qui oeuvrent dans le Québec
au niveau de l'assurance, que ce soient les assureurs, les avocats, les experts
en sinistres, les courtiers, aller faire leurs représentations. On a vu
comment les journaux ont décrit l'accueil que le ministre a fait
à tous ces gens d'expérience qui oeuvrent dans le milieu
aujourd'hui, on a vu aussi l'accueil que le ministre a fait à tous les
citoyens qui ne disaient pas comme elle. Pour être entendu et
écouté, il fallait nécessairement être du même
avis ou, du moins, pratiquemment. De plus, des méchantes langues ont dit
que la grande majorité des invités étaient
sélectionnés.
Je laisse à chacun la liberté d'estimer jusqu'à
quel point cette tournée provinciale du ministre a réellement
aidé la population à comprendre cette loi. C'est le 19 août
de cette année qu'est arrivé le dépôt, en Chambre,
du projet de loi, c'est-à-dire la première lecture. L'audition
des mémoires a commencé après les vacances
d'été, c'est-à-dire le 27 septembre.
Nous avons étudié et écouté les
représentations qu'on a eues. Il s'agissait de mémoires
très bien structurés, très bien étudiés,
très bien présentés. Ces mémoires ont
réellement aidé beaucoup les députés membres de la
commission et tous ceux en cette Chambre qui étaient
intéressés à réellement connaître et
comprendre le projet de loi qu'on nous présentait. Il n'y a aucun doute
qu'à travers le Parlement la population a appris aussi beaucoup
relativement à ce projet de loi. Après avoir étudié
les mémoires, la deuxième lecture nous est arrivée le 28
octobre. On a vu au feuilleton apparaître une motion pour que ce projet
de loi soit étudié article par article au niveau de la commission
et cet article est apparu au feuilleton le 10 novembre 1977. C'est la date
où la motion est apparue au feuilleton.
Les séances de la commission ont commencé le 15 novembre,
un mardi, M. le Président. Je vous avoue bien humblement, et je ne le
regrette pas, que nous avions décidé de ne pas commencer
l'étude de cette loi article par article avant que le ministre nous ait
donné les documents et les études pertinentes, documents et
études que nous avions exigés d'elle pendant des semaines et je
ne sais pas dans combien de déclarations. On nous a
présenté, à un moment donné, un document que j'ai
devant moi ici, en date du mois d'avril 1977. Il faut croire que ce document,
qui date du mois d'avril, était le document que possédait le
ministère ou le ministre dans le temps lorsqu'elle est partie en
tournée.
Ce document en date du mois d'avril nous a été remis
à la fin d'octobre ou au commencement de novembre, si je ne m'abuse. On
a trouvé dans ce document des généralités telles
qu'après avoir demandé à nos conseillers, à
certains actuaires de nous faire une étude de ce document ils nous ont
dit qu'il y avait tellement de généralités, que ce
document était tellement peu structuré qu'il était bien
difficile d'avoir une image brève des coûts des indemnisations
aussi bien que des primes qui allaient être inhérentes à la
loi.
Nous supposons, M. le Président, que c'était la seule
étude que le ministre avait lors de sa tournée à travers
le Québec. Si c'était cela, c'était bien peu pour soutenir
une loi aussi importante. De toute façon, les doutes qu'on avait
relativement à ce document ont été prouvés. Je vais
vous expliquer de quelle façon. Ce document a été
rédigé par les actuaires ou par l'actuaire du ministère.
Après, on a fait appel a des actuaires de l'extérieur pour faire
une nouvelle étude du projet de loi. Voilà que les actuaires de
l'extérieur, qui sont responsables du document qu'on nous a remis par la
suite, qui était, lui, beaucoup plus valable et beaucoup plus explicite,
s'étaient simplement partiellement basés sur le premier
document.
Nous avons vu là la confirmation du résultat des analyses
qu'ont faites nos conseillers lorsqu'ils nous ont dit qu'il leur était
impossible de voir clair dans la situation en basant leur étude
exclusivement sur le premier document. Vous trouverez au niveau du journal des
Débats, M. le Président, si vous voulez bien vérifier, la
confirmation de ce que je vous dis dans les déclarations du
ministre.
Comme je vous le disais, nous n'avons pas voulu commencer à
étudier ce projet de loi article par article sans avoir ces documents.
Le commencement des travaux s'est fait au niveau de la commission le 15
novembre. Ce n'est même pas un mois. Et le 15 novembre, nous avons
siégé le soir, le mercredi nous avons siégé la
journée et là se sont achevés les travaux de cette
semaine-là.
Ces travaux se sont limités, pour l'Opposition, à exiger
du ministre et à essayer de prouver au ministre qu'il nous était
impossible d'aborder le premier article du projet de loi sans avoir les
documents voulus.
Le ministre a accepté et, dans une déclaration solennelle
à la commission, il nous a dit: Mardi prochain, vous aurez les
documents. On a dit: Alléluia, entendu, on étudiera le premier
article. Nous voilà rendus au mardi 22 novembre. Cela ne fait pas un
siècle, on est rendu au mardi 22 novembre. Ce matin-là, les
documents ne sont pas encore disponibles. Vous pourrez vérifier tout
cela au journal des Débats, c'est écrit en toutes lettres.
Inutile de vous dire que cette journée du mardi a été
perdue et le gouvernement l'a compris je suppose, parce qu'on nous a
ramenés à la commission, le 29 novembre. Alors, entre le 22 et le
29 novembre, il n'y a eu aucun travail qui s'est fait au niveau de la
commission.
Entre-temps, on nous a remis ce document qui nous donnait des
explications sur le coût du régime, sur le coût des
indemnisations et les explications et les données qui s'imposaient au
niveau de la tarification. Nous avons commencé nos travaux
réguliers le mardi 29 novembre. C'est alors que nous avons
commencé. Si on calcule que nous sommes aujourd'hui le 13, c'est le
temps dont l'Opposition a disposé pour faire l'étude de ce projet
de loi, article par article.
Le 29 novembre, nous avons travaillé le matin et le soir,
c'était le mardi, le mercredi nous avons travaillé le matin, le
1er décembre nous avons travaillé le mardi soir, le 6
décembre le matin, le 7 décembre encore le matin du mercredi, le
8 décembre, la journée du jeudi et le 9 décembre nous
avons travaillé le matin, hier et aujourd'hui, et nous étudions
actuellement cet après-midi, l'article 12.
En plus, il faut que je vous fasse remarquer que les articles les plus
importants du projet de loi étaient dans les premiers. Si vous prenez le
projet de loi, vous trouverez aux articles 3, 4 et 5 surtout, réellement
la matière qu'il y a dans le projet de loi, ce qu'il y a d'important. On
établit là l'étatisation, on enlève là le
droit de recours et on établit le principe du "no fault". Qu'on ait
passé deux ou trois jours à étudier ces articles, cela me
semble absolument normal pour une Opposition responsable. Entre cela, nous
avons pu passer une journée en commission, soit le 6 décembre et
c'est la seule journée pendant toute l'année où nous avons
pu entrer en contact avec les actuaires et le président de la
Régie de l'assurance automobile.
Ceci, non pas dans la soirée, mais le matin et
l'après-midi. Durant cet après-midi, nous avons été
obligés, selon le règlement, de donner un consentement au
gouvernement pour que trois commissions puissent siéger. Tout ce que je
vous dis est au journal des Débats.
Si le gouvernement nous donnait quinze jours de plus, je suis
assuré qu'on pourrait pratiquement terminer l'étude du projet de
loi pour la bonne raison que jusqu'à l'article 74, c'est là, au
point de vue de l'Opposition, que sont les difficul- tés réelles.
C'est surtout au début de la loi, comme je vous le disais tout à
l'heure. Il ne faudrait tout de même pas penser que la moyenne de temps
que nous avons mise pour l'étude de chaque article serait celle qui
serait prise pour étudier, article par article, le reste du projet de
loi. D'ailleurs, dans le premier article, il y avait toutes les
définitions; il y en avait pratiquement une trentaine que nous avons
dû étudier une par une. Certaines avaient une grande importance et
nous avons pris un certain laps de temps.
Si le gouvernement, aujourd'hui, nous amène le bâillon, ce
n'est certainement pas parce que l'Opposition a voulu bâillonner les
travaux de la commission; c'est impossible, on n'a pu le faire dans le temps
dont on a disposé. La raison, c'est une raison politique. Si on doit
étudier ce projet de loi, et s'il faut qu'il soit terminé avant
Noël, c'est une priorité du gouvernement. C'est une promesse
électorale et le leader parlementaire ne s'est pas gêné
pour le dire. Cela n'a rien à voir avec l'intérêt public.
Que cette loi soit en vigueur un mois ou deux après, qu'est-ce que cela
va changer, si on peut prendre ce mois pour bonifier cette loi qui a
réellement besoin de l'être?
Il y a dans certains des articles des droits qui sont remis à la
régie, des obligations remises à la régie avec une
discrétion pour la régie. On est un peu estomaqué de voir
jusqu'à quel point la régie va avoir une liberté d'action
pour appliquer cette loi. Je vous ferai remarquer, en plus, que nous n'avons
pas, à cette date, les règlements. Ce matin même le
ministre a déclaré, à la commission, que les
règlements n'étaient pas prêts. Une chose est
évidente, on ne peut certainement pas appliquer cette loi si les
règlements ne sont pas prêts. On pourrait au moins étudier
cette loi pendant qu'on termine les règlements, cela me semble
être absolument évident. Ce n'est certainement pas le ministre qui
va établir les règlements, ce sont les fonctionnaires et ils
seront approuvés par le ministre.
Pendant que les fonctionnaires travaillent dans leur bureau, pendant que
le président de la régie voit à l'organisation interne de
la régie, rien ne nous empêche, à la commission, de
continuer tout bonnement nos travaux. Même si on nous met le
bâillon et si la semaine prochaine tout est terminé au sujet de la
loi, les règlements ne sont pas finis; qu'est-ce qu'on va faire? On va
attendre que les règlements soient terminés. Réellement,
c'est impardonnable qu'on ait obligé l'Opposition à
étudier cette loi sans que les règlements soient
déposés, pour les raisons que j'ai mentionnées, pour la
liberté d'action qu'on donne à la régie dans ses
décisions et tout ceci sans droit de recours pour les citoyens devant
les tribunaux. Si on avait réellement voulu faire un "filibuster", on
aurait pu faire exactement ce que le Parti québécois faisait
lorsqu'il était dans l'Opposition, c'est-à-dire vous faire passer
des semaines sur le premier article d'un projet de loi en disant: Nous ne
continuons pas si nous n'avons pas les règlements. Dans cette loi, il
est évident que la loi et les règlements font un et nous n'avons
pas encore les rè-
glements d'une loi aussi complexe que le projet de loi no 67.
Il est regrettable qu'on mette le bâillon sur ce projet de
loi.
Nous avons étudié, comme je vous le disais, douze articles
du bill. On a même réussi à faire accepter certains
amendements par le gouvernement. On a réussi ce matin, à mon
avis, à faire accepter un amendement très important pour la
protection des mineurs. Je suis assuré que les députés du
gouvernement, comme le ministre, apprennent au fur et à mesure du
développement des travaux ce que cette législation contient
réellement. C'est un bill qui établit une régie d'Etat;
c'est un bill qui établit un monopole, c'est un bill qui veut tout
standardiser, qui rend les citoyens tout à fait anonymes. Il y a
tellement de facteurs, d'impondérables là-dedans, qu'il est
impossible de standardiser tout cela sans causer des préjudices graves
à certains citoyens ou à certaines victimes. Impossible.
A chaque article, lorsqu'on s'y met et qu'on y pense, qu'on
écoute les uns ou les autres prendre la parole sur ces articles, on
découvre des choses qu'on n'avait pas encore découvertes à
première vue et qu'on n'avait même pas découvertes
après avoir étudié le projet de loi comme on l'a fait
depuis des mois. Je suis assuré que le ministre a appris. Les
députés, on n'en parle pas, eux en ont appris un voyage. Je me
demande ce qui va arriver si on prend cette brique d'amendements. Je ne vous
l'avais pas mentionné, cela ne fait pas une éternité qu'on
a ces amendements-là, cela ne fait pas une éternité. Si on
accepte en bloc tout ce qu'il y a là-dedans, il va y avoir des
monstruosités qui vont apparaître et le gouvernement va être
obligé de revenir devant la Chambre pour faire modifier des articles qui
ont déjà été amendés.
C'est de l'irresponsabilité grave, M. le Président, et ce
sont les citoyens du Québec qui vont en payer la note. Même au
point de vue politique, quel est le tort que le gouvernement se ferait en
remettant au début de janvier l'étude de ce bill en commission
parlementaire? Mais qui est-ce qui leur en voudrait? Les citoyens ne
verraient-ils pas cela comme un signe de sagesse, comme un signe de respect
pour les institutions parlementaires? On accuse ce gouvernement d'être
autoritaire et dictatorial. Il y aurait peut-être là un
élément qui prouverait à la population qu'il est
démocratique et qu'il respecte les institutions. On n'a pas besoin
d'avoir peur de cela, cela ne se fera pas, assurément, mais il n'y a
rien qui empêcherait le gouvernement de le faire. Pour quelles raisons ne
siègerait-on pas au début de janvier là-dessus? Je suis
bien prêt, moi, absolument bien prêt, et je suis certain que ce
serait dans l'intérêt de la population et même du
gouvernement de le faire.
On vous en voudra et vous vous en voudrez à vous-mêmes,
quand cette législation sera loi et que, petit à petit,
ressortiront les énormités qu'il y a là-dedans. Vous
verrez que j'avais raison, que l'Opposition avait raison. Pensez pour un moment
que, quelle que soit la philosophie des membres de l'Opposition, nous sommes
unanimement contre la loi. Le Barreau est contre la loi, les assureurs sont
contre la loi...
M. Burns: On s'en doutait.
M. Saint-Germain: Je ne répéterai pas les
qualificatifs que votre ministre a donnés au Barreau, aux assureurs et
aux courtiers, parce que faire des jugements globaux comme elle l'a fait, c'est
indigne pour une personne en autorité. Vous rendrez des comptes à
ces gens-là un jour parce que ce sont des citoyens du Québec
à part entière. Ils vont voter un jour et ils vont avoir bien des
moyens de vous rendre les humiliations que vous leur avez fait subir de
façon injuste, absolument injuste.
La population, les sondages Gallup l'ont prouvé, est contre la
loi. Même vos propres partisans sont contre la loi, parce que vos propres
partisans, vous leur avez promis une étatisation globale. Votre projet
de loi ne correspond même pas à vos promesses électorales.
Vous aurez des comptes à rendre même à vos partisans,
surtout les plus radicaux et les plus socialistes. Ils ne sont pas de bonne
humeur, eux.
M. Burns: C'est effrayant. Ah! c'est effrayant cela.
M. Saint-Germain: Ils voudraient que ce soit l'étatisation
totale et ils ne sont pas gênés pour venir en commission et vous
le dire.
M. Burns: Bien oui!
M. Saint-Germain: Mais qui est-ce qui reste pour défendre
votre projet de loi? Qui? Le ministre.
M. Burns: Le gouvernement au complet est solidaire de ce projet
de loi. C'est pour cela qu'il présente sa motion.
Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît! M. le
député de Beauce-Sud, est-ce que vous voulez que je retienne ce
temps sur celui où vous aurez à parler? M. le
député de Jacques-Cartier, j'espère que ce sera dans
l'ordre.
M. Burns: Une minute.
M. Saint-Germain: Sur ce projet de loi, vous vous entêtez.
Vous voulez montrer que c'est vous autres, le patron, indépendamment de
la démocratie, indépendamment des institutions parlementaires,
indépendamment de l'Opposition, indépendamment des droits des
courtiers, des assureurs indépendamment de la population. Vous allez
payer pour. Faites-les vos petits dictateurs. Vous avez beau jeu. Nos
institutions permettent même de le faire avec la motion que vous nous
présentez. Vous paierez pour, mais, malheureusement, en même temps
que vous paierez pour, la population paiera pour aussi.
M. Burns: Vous devriez voter pour alors. Depuis le temps que vous
nous dites qu'on achève comme gouvernement, votez pour et ce sera
réglé.
Le Vice-Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement, à l'ordre! M. le député de Gatineau.
M. Gratton: Question de règlement, M. le Président.
Si on veut jouer à cela, cela se joue à deux. Le leader du
gouvernement le sait fort bien. Si le ministre n'est pas ici pour
défendre son projet de loi, ce n'est pas à lui de le faire en
empêchant mon collègue de faire son intervention.
Le Vice-Président: D'accord. M. le député de
Joliette-Montcalm, s'il vous plaît! Il reste une minute à M. le
député de Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: C'est une loi, M. le Président, contre
les pauvres. L'assisté social, le type qui est sur
l'assurance-chômage, ils vont tous payer la même prime. Le gars qui
gagne $18 000 par année, lui aussi va payer la même prime. Quand
il va être indemnisé, il va avoir le double des autres, parfois
plus que le double. Cela, c'est une loi sociale! A part cela, ceux qui ne sont
pas pauvres, on veut les rendre pauvres, parce qu'on dit à $18 000 vous
n'allez pas plus loin. On va vous donner 90% de $18 000 maximum, 90% net.
En plus de cela, on va vous enlever votre régime de rentes et
votre pension de vieillesse parce que vous savez que, dans le Québec, si
on a un peu de succès, il faut taxer ces gars-là. Ils n'ont pas
droit à notre sympathie. C'est une loi antisociale. Je n'ai jamais vu,
dans notre législation, des lois prétendument sociales qui
faisaient payer au pauvre le même prix qu'à ceux qui sont plus
fortunés et qui donnaient des revenus aux pauvres plus bas qu'à
ceux qui sont plus riches. Je n'ai jamais vu cela.
M. le Président, j'aurais voulu aborder d'autres points de vue,
mais puisque le temps...
M. Burns: II a dépassé son temps, M. le
Président; cela se terminait à 16 h 49.
M. Saint-Germain: ... ne me permet pas, je laisserai volontiers
à mes collègues le soin de prendre la parole.
Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît! C'est
sûr que M. le député devait finir à 16 h 49. Il ne
faudrait pas prendre deux minutes pour dire qu'il a dépassé son
temps d'une minute.
M. le député de Rouyn-Noranda.
M. Camil Samson
M. Samson: M. le Président, je regrette
énormément qu'encore une fois aujourd'hui on en soit rendu devant
une motion de bâillon qui a, dans le passé, été
dénoncée violemment, vivement par l'actuel parti au pouvoir. Bien
sûr, j'ai écouté avec attention les propos de mon
collègue, le leader du gouvernement. J'ai même fait demander,
à la suite de son offre, les statistiques qu'il nous a lues. Je
constate, comme lui, qu'il y a plusieurs heures de travail sur ce projet de loi
qui est encore en commission parlementaire.
M. le Président, ce que je trouve le plus inacceptable... Je suis
assez bien placé pour le dire parce que je n'ai pas fait partie à
Québec d'aucun gouvernement.
Je n'ai pas eu à voter en faveur de l'imposition d'un
bâillon. Depuis 1970, cela va faire bientôt huit ans, nous avons et
j'ai toujours voté contre l'imposition d'un bâillon quel que soit
le gouvernement.
Or, je suis bien placé parce qu'on ne peut pas me renvoyer la
balle comme le leader du gouvernement tentait de l'envoyer à l'ancien
gouvernement. Un bâillon, c'est toujours un bâillon, M. le
Président.
Je me rappelle parce que j'écoutais souvent, lorsqu'ils
étaient dans l'Opposition, les honorables membres du Parti
québécois, qu'à l'ouverture de la première session
en 1973, si ma mémoire est fidèle, je crois que c'était le
21 novembre 1973, l'honorable chef de l'Opposition officielle du temps, qui est
aujourd'hui ministre de l'Education, avait fait une recherche extraordinaire
pour pondre un discours. Il allait chercher des auteurs qui lui permettaient de
faire son discours en défendant la démocratie il avait
raison, M. le Président sous prétexte que c'est le respect
qu'ont les gouvernements de l'Opposition qui font qu'on reconnaisse si ce
gouvernement est démocratique ou non. C'est là la valve de
sécurité de toute société démocratique. Le
respect de l'Opposition qui, en cette Chambre, représente actuellement,
sur ce projet de loi particulier, parce que les positions sont très bien
connues, 60% de la population. D'autant plus que les sondages qui ont eu lieu
concernant le projet de loi no 67 viennent confirmer que, dans la population,
il y a encore plus de 60% qui ne sont pas satisfaits de ce que le ministre nous
propose.
M. le Président, on a un ministre des Consommateurs dont le
rôle est de protéger le consommateur contre les abus de ceux qui
lui vendent de la marchandise. Je demande donc, M. le Président: A qui
devrons-nous nous adresser pour protéger le consommateur contre les abus
du ministre des Consommateurs? A qui devrons-nous adresser? Nous avons devant
nous une proposition et on doit en tenir compte. C'est pour cette raison que je
considère que le bâillon est très mal venu sur un sujet
comme celui-là. On nous dira que cela presse. Il faut sortir cela vite
car cela presse. Sous l'actuel gouvernement, tout presse, M. le
Président. Cela pressait pour le bill 2, à la fin d'août.
Cela pressait tellement qu'il ne l'a pas encore promulgué, M. le
Président. Cela pressait. Cela presse tellement qu'après l'avoir
fait voter en troisième lecture, je ne suis pas sûr qu'il va le
mettre en application. Cela presse toujours sous l'actuel gouvernement. Je
voudrais qu'on prenne conscience de ceci. Par le bâillon, le "bulldozer"
gouvernemental, bien sûr, c'est légal.
M. le Président, quand l'honorable leader du gouvernement nous
dit que son gouvernement a fait une promesse électorale et que ce qu'il
fait
maintenant est légal, bien sûr que c'est légal. Mais
combien avons-nous de choses légales qui sont en même temps
immorales? Combien en avons-nous? Je dis que là vous allez en avoir une
de plus.
M. le Président, l'honorable député de
Jacques-Cartier a touché la bonne note tantôt. Nous savons tous
que, dans notre société, c'est le petit salarié, c'est la
personne à faible revenu qui, tous les ans, vers la fin de
février, va faire des heures d'attente dans les différents
bureaux d'émission de plaques du Québec parce qu'on n'a pas eu le
moyen, avant cette date, de ramasser les $40 ou $50 pour acheter ses plaques de
l'année.
Cela dure depuis longtemps. On ne comprend pas ceci dans ce
gouvernement: S'il y a autant de monde dont la difficulté est telle
qu'on ne peut pas ramasser suffisamment d'argent pour acheter ses plaques
à la toute dernière minute, comment pourra-t-on ramasser $100 de
plus que ce qu'on ne pouvait pas ramasser pour la dernière minute?
C'est vers cela qu'on s'en va. Le gouvernement ne comprend pas et il ne
veut pas comprendre parce qu'il est tellement au-dessus de cela, au-dessus de
la population; il est dans les grandes sphères intellectuelles où
les nuages sont des plus nébuleux, mais il n'a pas les pieds sur la
terre. Il a peut-être des antennes, mais il n'est pas "groundé".
Il ne comprend pas la situation, il ne comprend pas que nous aurons si
on le laisse passer et si on ne prend pas le temps qu'il faut pour corriger ce
projet de loi un projet de loi qui va défavoriser la classe
laborieuse, les couches sociales les plus démunies de notre
société, c'est un projet de loi qui va rendre obligatoire le
paiement comptant, parce que le gouvernement ne fera pas de mensualités
comme les assureurs sont habitués d'en faire, eux, pour leur
clientèle, pour lui donner une chance de payer ses assurances. Pour le
gouvernement, cela va être comptant, la plaque et l'assurance pour les
dommages corporels en même temps.
Mais, M. le Président, il y a encore plus que cela, il va falloir
produire en plus là, cela devient obligatoire la police
d'assurance pour responsabilités matérielles envers autrui en
même temps qu'on va payer comptant l'assurance gouvernementale. Donc, si
le gouvernement oblige tout le monde à être payé comptant,
comment pourrait-on obliger les courtiers d'assurances, à l'avenir,
à faire des mensualités pour la partie de la police d'assurance
qui sera rendue obligatoire? Pour eux aussi, ce sera légitime de
demander d'être payé comptant.
Je dis que l'on défavorise les couches sociales les plus
démunies de notre société. En plus de cela, pour les
nouveaux députés qui ne voient que le programme électoral
préparé par la "gang" d'intellectuels du Parti
québécois, qui ne voient que cela, mais qui ne voient pas la
réalité, je me permets de souligner à ces nouveaux
députés du Parti québécois il y en a pas mal
de nouveaux, sur 71 il n'y en avait que 6 avant.
M. Mailloux: Des occasionnels.
M. Samson: Oui, des occasionnels, justement, M. le
Président, on me souffle cela à l'oreille.
M. Chevrette: II y a bien des hommes politiques...
M. Samson: On a tellement raison de dire que c'est occasionnel,
mais je le dis...
M. Chevrette: Vous aviez d'excellentes politiques
là-dessus.
M. Samson: ... pour le député de Joliette-Montcalm,
qui est bien placé pour comprendre ce que je veux dire là.
M. Jolivet: Nous sommes tous des occasionnels.
M. Samson: La Commission des accidents du travail qui sera
l'organisme appelé à régler les réclamations
d'assurance, c'est bien connu de tout le monde et du député de
Joliette-Montcalm que cette Commission n'est pas l'organisme le plus rapide de
la province de Québec. Ils ne gagneront pas tous à la Commission
des accidents du travail. Plusieurs députés pourront faire part
de leur expérience là-dessus, on a des dossiers en main qui
traînent depuis des mois, des années; j'en ai un en particulier en
tête dont je suis encore obligé de m'occuper après environ
huit ans. C'est comme cela qu'on traite les dossiers à la Commission des
accidents du travail du Québec et c'est comme cela qu'on va traiter les
assurés en fonction du nouveau régime d'assurance automobile du
Québec, sous prétexte...
Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Samson: Je m'excuse, M. le Président, vous vouliez me
dire quelque chose?
Le Vice-Président: Oui, vous avez déjà
dépassé votre temps.
M. Marchand: Consentement unanime!
M. Samson: J'ai le consentement des deux côtés, M.
le Président?
Le Vice-Président: M. le député de
Rouyn-Noranda, malgré tout l'intérêt que j'ai à vous
entendre, je n'ai pas entendu un consentement unanime émerger de cette
Assemblée. Je vous prierais de conclure, s'il vous plaît.
M. Samson: M. le Président, je vous remercie. Vous avez
fait ce que vous deviez faire. Je remercie mes collègues qui m'ont
offert leur consentement.
Une Voix: Continuez lentement.
M. Samson: Je termine en notant que c'est le leader du
gouvernement qui a refusé son consen-
tement. M. le Président, malgré tout ce que le leader du
gouvernement veut faire présentement et malgré sa mauvaise
humeur, je vais faire contre mauvaise fortune bon coeur. Je vais lui dire que
si on ne m'a pas compris dans ce que j'ai dit là, de toute façon,
cela ne donne rien de continuer. C'est parce qu'ils sont bouchés d'un
bout à l'autre.
Le Vice-Président: M. le député de
Beauce-Sud dans les mêmes limites, s'il vous plaît.
M. Fabien Roy
M. Roy: Merci, M. le Président. Je n'aurais pas cru devoir
intervenir sur cette motion de bâillon même si je me suis
privé d'intervenir sur la motion de fin de session. On est tellement
habitué d'intervenir sur des motions de fin de session qu'hier j'ai tout
simplement décidé de laisser tomber en espérant que le
gouvernement se raviserait et qu'il n'oserait pas poursuivre son odieux projet
je dis bien son odieux projet de présenter une motion de
bâillon devant l'Assemblée nationale en plus d'une motion de fin
de session.
Ce n'est qu'à deux reprises que j'ai vu depuis 1970 à
notre Assemblée nationale des motions de ce genre.
Il y en a eu une qui avait à peu près reçu le
consentement unanime de la Chambre parce qu'elle était
réclamée de la part de la population du Québec. Si je me
rappelle bien, c'était pendant la grève du Front commun qui
s'étendait sur tout le territoire du Québec. La seule autre fois
où j'ai vu une motion de bâillon de ce genre, c'est au moment de
l'étude de la loi 22. Je me rappellerai, M. le Président, les
hauts cris et les références à tous les scandales
imaginables dont le gouvernement avait fait preuve à l'époque
pour accuser l'ancien gouvernement.
Mais avant d'aller plus loin, M. le Président, j'aimerais quand
même faire un bref résumé des travaux de cette commission
parlementaire pour expliquer qu'il n'y a pas lieu de présenter ce genre
de motion.
La deuxième lecture a été faite à
l'Assemblée nationale le 10 novembre. La commission parlementaire pour
l'étude article par article a été convoquée pour le
mercredi 16 novembre, à 10 heures du matin. Or, la commission a dû
être ajournée par le leader adjoint du gouvernement lui-même
parce que Mme le ministre et le gouvernement n'étaient pas en mesure de
fournir aux membres de la commission parlementaire les documents et les
informations pertinents dont ils avaient besoin pour faire une étude
objective de ce projet de loi. Est-ce que c'est la faute de l'Opposition?
Des Voix: Non.
M. Roy: Le jeudi 7 novembre, nous n'avons pas
siégé. La semaine suivante, le mardi 22 novembre, motion
d'ajournement présentée par le député de Rosemont.
Pas une motion par l'Opposition; une motion proposée par le
député de Ro- semont parce que le gouvernement n'était pas
en mesure de fournir à la commission parlementaire les documents qu'elle
avait demandés. Est-ce que c'est la faute de l'Opposition?
Des Voix: Non.
M. Roy: Le mercredi 29 novembre, nous avons repris nos travaux.
Le 29 novembre, cela ne fait pas tellement longtemps. Nous avons
siégé de 10 h 30 à 12 h 30, mais de 15 h 30 à 16
heures, pour des raisons que j'ignore, le gouvernement n'a pas
reconvoqué la commission parlementaire. Nous aurions eu deux heures et
demie pour discuter, de 15 h 30 à 18 heures. Deux heures et trente
minutes pour discuter de ce projet de loi. Est-ce que c'est la faute de
l'Opposition si le gouvernement n'a pas reconvoqué la commission
parlementaire?
Des Voix: Non.
M. Roy: Le mercredi 30 novembre, même chose, après
la période des questions à l'Assemblée nationale, on n'a
pas reconvoqué la commission parlementaire des consommateurs,
coopératives et institutions financières pour l'étude du
très important projet de loi 67. Est-ce que c'est encore de la faute de
l'Opposition?
Des Voix: Non. M. Burns: Oui.
M. Roy: Le jeudi 1er décembre, même scénario.
Et on accuse encore l'Opposition. Ce matin, nous avons réussi, M. le
Président, à avoir un amendement, le premier amendement
proposé par l'Opposition.
Après deux heures de discussion, on a fini par accepter le point
de vue de l'Opposition, parce que justement l'Opposition arrivait avec un
amendement pertinent.
M. Burns: Est-ce la faute du gouvernement? Des Voix:
Oui.
M. Roy: Oui, c'est la faute du gouvernement si cela a pris deux
heures.
M. le Président, le gouvernement tente d'établir un record
de vitesse dans une période où il faudrait faire attention aux
accidents.
Une Voix: Comme le Titanic.
M. Roy: Le Titanic a voulu établir un record de vitesse.
Les passagers étaient solidaires comme les députés du
côté gouvernemental. Qu'est-il arrivé? C'est devenu une
épave. On veut bien empêcher des gens de se noyer, on veut bien
empêcher des gens d'aller à l'abattoir, mais, à l'heure
actuelle, on semble vouloir y aller malgré la volonté de
l'Opposition et malgré la volonté de la population du
Québec. M. le Président, quand est-ce qu'un gouvernement
présente ce genre de motion
bâillon? "Quand pouvons-nous invoquer ce genre de motion?" Le
Parlement l'invoque lorsqu'il est "dans une impasse". C'est signé Claude
Charron, député de Saint-Jacques, le 11 juillet 1974.
C'est curieux, quand même, de voir nos illustres collègues
représentants d'un gouvernement qui voulait apporter du nouveau au
Québec et qui était conscient que le gouvernement
précédent avait été jugé
sévèrement par la population à cause de son attitude
arrogante vis-à-vis des Québécois, à cause de son
attitude arrogante à l'Assemblée nationale.
Je cite encore le député de Saint-Jacques: "Cette motion
constitue une limite au droit de parole et à la liberté
d'expression dans une société comme la nôtre. S'il est un
endroit où la liberté de parole est protégée, par
le règlement, c'est bien à l'Assemblée nationale. S'il est
un endroit où chacun doit avoir la liberté de s'exprimer comme il
le veut, si on veut que cette société tienne, que le consensus
social, qui est à sa base, demeure fondé et réel, c'est
ici que ça doit se passer. Tous les règlements prévoient
quand même cette possibilité, un jour, dans une situation grave et
urgente, d'utiliser une motion de clôture, comme le fait ce matin le
député de Bonaventure", qui est aujourd'hui le chef de
l'Opposition officielle. C'est curieux comme on peut dire des choses quand on
est dans l'Opposition et comme on peut changer d'opinion lorsqu'on est au
pouvoir.
Pour la bonne marche de nos travaux en commission parlementaire, pour
l'information des membres, tant du côté gouvernemental que de
l'Opposition, j'ai demandé hier à Mme le ministre si elle
était prête à déposer la réglementation telle
qu'elle a été si souvent réclamée par les gens du
Parti québécois au moment où ils étaient dans
l'Opposition. J'ai fait bloc à plus d'une reprise avec eux, parce que
c'était une demande justifiée, une demande normale que des
législateurs puissent être au courant d'une réglementation,
lorsqu'une loi comporte un immense pouvoir de réglementation. Mme le
ministre s'est prêtée de bonne grâce à cette demande.
Elle a dit: Je vais m'enquérir auprès des gens de la Régie
de l'assurance automobile et, demain matin, je serai en mesure de vous faire
part du résultat des travaux et de voir si je serai en mesure de vous
faire parvenir une copie des règlements. Voici ce que Mme le ministre a
répondu ce matin aux membres de la commission parlementaire: "M. le
Président, je me suis, en effet, informée auprès de la
régie et je dois, hélas, informer les membres de cette commission
qu'il n'est pas prévu que les règlements soient prêts avant
vendredi de cette semaine". Est-ce la faute de l'Opposition si le gouvernement
n'est pas prêt?
M. Burns: Oui.
M. Roy: Nous assistons à une farce monumentale, à
une duperie épouvantable à l'endroit de la population. Je ne
trouve qu'une seule explication je terminerai là-dessus
c'est qu'effectivement le gouvernement est dans une impasse et a besoin
d'argent. Son premier souci, ce n'est pas de faire en sorte de mieux indemniser
et de protéger les victimes d'accidents d'automobiles au Québec,
et de travailler dans l'intérêt des Québécois, des
propriétaires de véhicules automobiles. Ce qui intéresse
le gouvernement, c'est la masse d'argent, parce qu'il en a besoin, parce que
cet argent sera dans la Caisse de dépôt et placement. Il y a
effectivement $285 millions, selon ce qu'on nous a dit en commission
parlementaire, qui vont être disponibles à la Caisse de
dépôt et placement pour permettre au gouvernement de se financer,
parce qu'il y a des problèmes de finance.
C'est la seule justification qui peut pousser un gouvernement, qui se
veut à l'écoute de la population, à recourir à une
mesure aussi mal faite, aussi mal préparée, avec autant
d'amendements. Le gouvernement a lui-même présenté 60
amendements au projet de loi et la population du Québec n'est pas
informée.
On a fait dire à Mme le ministre hier, à la commission
parlementaire, que les passagers d'une automobile propriété d'un
Québécois, immatriculée au Québec, auront la
possibilité de poursuivre leurs concitoyens du Québec dans le cas
d'un accident outre-frontières, ce qui obligera les assurés
à garder une couverture pour responsabilité publique, pour les
dommages corporels. Mme le ministre a copié sa loi sur celle de la
Nouvelle-Zélande. Elle devrait revoir sa géographie, elle devrait
revoir le globe terrestre pour se rendre compte que le Québec n'est pas
comparable à la Nouvelle-Zélande, à moins qu'on ne
décide d'y installer un rideau pour empêcher les gens de circuler
outre-frontières.
Le Président suppléant (M. Marcoux): M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Fernand Lalonde
M. Lalonde: Après les quelques remarques qui viennent
d'être faites par les premiers intervenants, je pense qu'il est inutile
de revoir en détail les faits, sauf quelques-uns qui méritent
d'être soulignés. En effet, le leader du gouvernement, dans ses
arguments, en a mentionné trois. Premièrement, ce projet de loi
doit être mis en application le 1er mars 1978. Il n'a pas dit pourquoi,
il n'a pas invoqué de motif, il n'a pas invoqué l'urgence
nationale, il n'a pas fait la démonstration que la décision, qui
a été prise au cénacle suprême de ce gouvernement,
doive justifier de bousculer tous nos processus démocratiques pour
l'adoption d'une loi qui va affecter des millions de Québécois.
Cet argument, à mon sens, est tout à fait fallacieux et doit
être rejeté.
Deuxièmement, les consommateurs doivent connaître le
coût avant que le régime soit appliqué, c'est-à-dire
avant le 1er mars 1978. Donc, avant Noël, il faudrait leur faire le cadeau
de Noël de leur dire combien va coûter leur plaque
d'immatriculation, entre autres.
Je vous ferai remarquer qu'une des raisons de l'impasse, que le
député de Beauce-Sud mention-
nait tantôt, dans laquelle le gouvernement se trouve et qui ne
laisse au leader du gouvernement que le choix d'appliquer cette motion de
clôture, ce sont justement les coûts. Voyez la coïncidence. On
a dit que la commission parlementaire avait été convoquée
le 15 ou le 16 novembre; le 16, elle a été ajournée par le
leader adjoint du gouvernement lui-même. Le gouvernement décide de
ne pas convoquer cette commission avant le 22 novembre. On fait de même
c'est encore ajourné du 22 au 29. A deux reprises, le
gouvernement a reconnu le bien-fondé des prétentions de
l'Opposition à l'effet qu'on ne pouvait pas étudier valablement
ce projet de loi sans avoir les études qui le sous-tendent. Donc, le 29,
on se retrouve en commission parlementaire et on commence à
étudier le projet de loi avec la promesse du ministre de mettre à
la disposition de la commission les experts nécessaires pour comprendre
les implications financières.
C'est le 6 décembre seulement que les membres de la commission
parlementaire ont le loisir d'interroger des experts, y compris l'actuaire du
gouvernement. Le 6 décembre, nous avons démasqué des
coûts cachés dans ce projet de loi, des coûts qui n'ont pas
été annoncés lors de la grande tournée de Mme le
ministre, des coûts qui ne sont pas compris dans les documents qu'elle a
déposés. Je vais vous donner ces coûts: de
l'assurance-maladie, on cache $10 millions; des rentes d'invalidité de
la Régie des rentes du Québec, $7,4 millions; des rentes de
retraite et pension de vieillesse, $2,5 millions, de la Commission des
accidents du travail et de l'indemnisation des victimes d'actes criminels, $2,8
millions; des rentes de survivant de la Régie des rentes du
Québec, $29,5 millions; de la taxe sur les carburants à $0.01 le
gallon, $21,5 millions.
Ajoutez à cela les 2% sur les primes qui sont des taxes
actuellement perçues par le gouvernement et qui ne seront pas
perçues après, environ $7,6 millions, nous arrivons à $85
millions de coûts cachés là-dessus.
Une Voix: $86,3 millions.
M. Lalonde: On me dit $86,3 millions, et on en trouve chaque
jour, M. le Président; on en a encore trouvé hier soir, lorsqu'on
étudié le cas des non-résidents qui arriveraient ici. Il
faudrait encore avoir d'autres polices d'assurance pour se prémunir
contre toutes sortes d'éventualités qui viendraient du fait qu'on
a choisi un régime artificiel qui ne repose que sur la commodité.
Alors, voyez la coïncidence, le 6 décembre on démasque $80
millions et le 9 décembre le leader annonce clôture. Tout de
suite, il faut arrêter la commission parlementaire, on trouve trop de
choses. C'est cela l'impasse dans laquelle se trouve le gouvernement. On
commence à montrer aux Québécois que le cadeau de
Noël, ce n'est pas vrai, que cela va coûter plus cher. L'autre
raison, la troisième, j'y viens, et la seule qui est vraie, c'est une
promesse électorale et encore là le gouvernement est prêt
à faire payer n'importe quel prix aux Québécois pour
remplir une promesse électorale. Je trouve cela malhonnête, M. le
Président.
On a un gouvernement d'apprentis sorciers et on en a encore une preuve.
On a vu cela à plusieurs des décisions de ce gouvernement et en
voilà encore une. On veut tout simplement bâillonner la commission
parlementaire, parce que celle-ci est en train de démasquer le
gouvernement et de révéler les véritables coûts de
ce projet de loi. M. le Président, à quoi doit-on cette impasse?
On la doit à l'incompétence, on la doit à l'inanité
du gouvernement, et en particulier du ministre. Dans les 45 heures qu'on aura
consacrées à l'étude, des heures et des heures sont dues
à l'incapacité du ministre de répondre à nos
questions. A chaque fois qu'on pose une question, il faut se retourner vers un
fonctionnaire, amener un autre fonctionnaire pour répondre; le ministre
ne connaît pas son projet de loi, et je l'accuse ici. C'est malheureux
qu'elle ne soit pas là. Si elle nous avait écoutés, si
elle avait écouté le député de Beauce-Sud, elle
pourrait être assise et on pourrait l'accuser, en sa présence, de
ne pas connaître son projet de loi, d'avoir entraîné la
commission parlementaire à étudier dans le chaos, dans
l'improvisation, dans l'incompétence, dans le manque de
préparation. C'est ce qu'on paye actuellement, M. le Président,
avec cette motion de clôture. C'est malheureux, parce que ce sont les
millions de Québécois qui vont avoir à payer cela. Les
députés qui nous écoutent vont devoir répondre
devant leurs électeurs bientôt à des questions très
difficiles.
Comment se fait-il que cela me coûte plus cher? Vous nous avez dit
que cela coûterait moins cher. Comment cela se fait-il? Laissez donc la
commission parlementaire continuer ses travaux et on pourrait vous aider
à répondre à ces questions et à corriger le projet
de loi. Comment cela se fait-il que les plus démunis vont devoir payer
aussi cher que les autres et recevoir moins du régime? Mais c'est une
injustice sociale aberrante pour un gouvernement qui se targue d'être
voué à la justice sociale. On a beau faire des parades, on a beau
faire des tournées, les gens ne sont pas des caves quand même, ce
sont eux qui vont payer pour cela. Je trouve cela absolument malhonnête,
c'est une grosse farce du leader du gouvernement de mettre sa
crédibilité au bout de cette motion, et cela me surprend.
Généralement quand le gouvernement est pris dans une situation
d'urgence et qu'il doive mettre fin à des travaux, je comprends, c'est
sa responsabilité, il en prend la responsabilité; mais que le
leader, sans connaître tous ces détails ait mis son nom au bout de
cette motion, cela me surprend et cela me chagrine beaucoup.
M. Burns: Je suis bien content d'entendre cela.
M. Lalonde: Quand on n'a plus d'arguments que la dictature de la
majorité, M. le Président, on recourt au bâillon et on sait
que la seule raison pour laquelle on fait ce recours à ce bâillon,
c'est de remplir une promesse électorale. Un autre cas;
au tout début j'ai demandé la production des
règlements. Le ministre a dit: Quand ils seront prêts. Mais
voyez-vous l'arrogance épouvantable du ministre, qui ce matin,
apparemmentje n'y étais pas, j'étais à la commission
parlementaire de la justice les a promis pour vendredi, alors qu'elle
sait très bien que c'est justement la date où la commission devra
faire rapport à cette Chambre?
Mais, M. le Président, rire du monde comme cela, cela se paye un
jour.
Cela va se payer beaucoup plus vite qu'on ne pense, quand on sait que
56% de la population est contre ce projet de loi, selon le dernier sondage de
Radio-Canada, et cela malgré toutes les parades et toutes les
tournées du ministre. Quand on sait cela, M. le Président, je
pense que le gouvernement prend des risques énormes. Je pense que c'est
notre devoir, nous de l'Opposition, de le mettre en garde contre de tels
risques.
M. le Président, le projet de loi aurait dû être
réimprimé. Voici encore une raison, ceux qui ont participé
aux travaux de la commission parlementaire le savent. A chaque article,
jusqu'à maintenant, ou presque, il y a un amendement qui souvent est un
amendement majeur. On est rendu à l'article 12 ou 13... Un amendement du
gouvernement, pas de nous... On en a, on va en apporter, mais c'est le
gouvernement qui a complètement changé sa loi.
Savez-vous, M. le Président, que dans les articles 200 on a
changé complètement, après la deuxième lecture, la
loi de la régie qui vient à peine d'être adoptée il
y a quelques mois ici? On change complètement la loi de la régie
au niveau même des principes.
M. le Président, il y a quand même des limites de vouloir
cacher la vérité à la population. Je pense que c'est un
des cas, peut-être rares, mais un des cas où l'Opposition et
même les députés ministériels, s'ils savaient de
quoi ils parlent, devraient se soulever avec vigueur contre...
M. Burns: Je vous prie d'inviter le député à
conclure. Il a terminé son temps.
M. Lalonde: Oui, M. le Président, je vais conclure. Je
comprends que cela fait mal.
M. Burns: II y a des règlements et ils doivent être
suivis.
M. Lalonde: Quand on fait le pharisien, comme le fait
actuellement le député de Maisonneuve, on a hâte que cela
finisse.
M. Burns: M. le Président, j'invoque le
règlement.
M. Lalonde: Quand on agit en sépulcre blanchi comme ce
gouvernement le fait actuellement, on a hâte de finir.
Le Président suppléant (M. Marcoux): J'inviterais
le député de Marguerite-Bourgeoys à conclure.
M. Lalonde: Oui, M. le Président. Quand on fait le
pharisien comme le leader du gouvernement et quand on agit en sépulcre
blanchi, on a hâte que cela finisse.
M. Burns: J'invoque le règlement. Le député
n'a même plus le droit de parler. C'est terminé.
M. Lalonde: Mais ce n'est pas fini. Mon temps est peut-être
terminé, mais vous n'avez pas terminé avec nous.
M. O'Neill: A l'ordre!
M. Burns: II a dépassé ses dix minutes.
Le Président suppléant (M. Marcoux): M. le
député de Marguerite-Bourgeoys. Sur une question de
règlement, M. le leader parlementaire.
M. Burns: Je vous dis simplement que le député a
dépassé son temps de parole. J'étais gentil avec lui, je
lui disais, par votre entremise, M. le Président, qu'il était
peut-être temps qu'il conclue. A ce moment, M. le Président, si on
veut commencer à se lancer des injures...
Le Président suppléant (M. Marcoux): La parole est
au député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Je vais conclure, M. le Président. Je vois que
c'est vous qui êtes le Président. Vous le faites avec beaucoup
d'autorité, malgré les tentatives du leader d'agir comme
président. C'est donc avec l'appui large et
généralisé de la population que l'Opposition officielle et
celui qui vous parle en particulier vont s'opposer radicalement à ce
geste antidémocratique, irresponsable, du gouvernement de mettre fin,
dans quelques jours, à l'étude de ce projet de loi.
Le Président suppléant (M. Marcoux): M. le
député de Nicolet-Yamaska.
M.
Serge Fontaine
M. Fontaine: M. le Président, je ne comprends plus rien.
Je ne sais pas si vous comprenez quelque chose. On arrive de la commission
parlementaire qui siège au salon rouge, où il y a une motion qui
a été présentée par le député de
Beauce-Sud pour demander l'ajournement des travaux pour prendre part au
présent débat. Parmi les députés
ministériels, le député de Jonquière prend la
parole pour dire qu'il ne veut pas accepter cette motion et nous lance la
phrase suivante: M. le Président, nous allons les forcer à
étudier ce projet de loi. D'un côté, M. le
Président, dans l'autre Chambre, on nous dit qu'on va nous forcer
à étudier le projet de loi, et ici on est en train
d'étudier une motion pour nous forcer à ne plus en parler.
M. le Président, vous êtes sans doute situé dans un
dilemme, et vous pouvez être sûr que les membres de la commission
parlementaire sont très mal placés pour continuer à
étudier l'article 12 qu'ils sont en train d'étudier de l'autre
côté.
M. le Président, la motion qu'on nous présente, on s'y
attendait depuis longtemps. Si on peut vous rappeler un peu l'historique de
l'étude du projet de loi...
M. Burns: Vous l'attendiez depuis longtemps? Vous la demandiez
depuis longtemps.
M. Fontaine: Le leader du gouvernement n'a sûrement pas
assisté aux travaux de la commission parlementaire, parce que les
travaux qui se sont effectués depuis le début de la commission
ont été des travaux sérieux. Vous pouvez être
sûr que depuis...
M. Burns: Parfait, cela.
M. Fontaine: ... que le ministre a consenti...
Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît! M. le
leader parlementaire du gouvernement, vous n'aviez pas la parole. M. le
député, je vous rappellerai, que, comme le leader parlementaire
l'a fait hier, vous frisez l'abîme. Je n'ai point reçu le rapport
de ce qui se passe à la commission des consommateurs,
coopératives et institutions financières.
M. Fontaine: II ne faudrait pas que vous l'ignoriez, M. le
Président, parce que c'est important, ce qui se passe là-bas. M.
le Président, je voudrais vous rappeler que, depuis que le ministre a
consenti à déposer les chiffres qu'on lui demandait, la
commission parlementaire étudie les articles du projet de loi et cela
fonctionne à bon train. Je peux vous le dire. Si on n'avait pas perdu
ces deux semaines au début de l'étude des travaux, si le ministre
avait immédiatement consenti à déposer les documents qu'on
lui demandait et que l'Opposition réclamait à grands cris depuis
fort longtemps, vous pouvez être sûr, M. le Président, qu'on
ne serait pas rendu à l'article 12. On n'aurait peut-être pas fini
d'étudier le projet de loi, mais on serait sûrement rendu aux
alentours de l'article 100 ou 150.
M. le Président, toute cette affaire a débuté par
une tournée itinérante du ministre qui a voulu aller s'informer
du système d'assurance au Québec. Elle a voulu prendre des
informations en faisant une tournée itinérante à travers
tout le Québec. Lorsqu'elle est revenue de cette tournée, le
ministre a rédigé un livre bleu qu'elle nous a
présenté à l'Assemblée nationale.
Une Voix: Une belle couleur!
M. Fontaine: On arrive ensuite avec une loi qui est
supposément basée sur ce livre bleu et à laquelle
actuellement on n'apporte que des changements mineurs, mais des changements qui
se situent presque à tous les articles du projet de loi. On nous a
déposé une pile d'amendements au projet de loi, qu'on a
reliés pour nous en faire une plaquette d'à peu près deux
pouces d'épaisseur et qu'on doit étudier en commission
parlementaire.
Sur le fond, il n'y a pas grand-chose de changé, sauf
peut-être sur le mode de financement. Le ministre nous a toujours dit
qu'elle ne recourrait jamais à la taxation sur l'essence. Par contre,
lorsqu'elle a déposé ces documents, on s'est aperçu que le
ministre allait chercher $20 millions au bureau du ministre des Finances et que
ces $20 millions étaient pris à même la taxe sur l'essence
des véhicules automobiles.
Une Voix: $21,5 millions.
M. Fontaine: C'est exact, $21,5 millions. On s'aperçoit
que le ministre ne change pas d'idée sur le fond de son projet de loi,
mais, par contre, elle s'aperçoit qu'elle est obligée de le
modifier quant au mode de financement.
M. le Président, je vous répète que si nous
n'avions pas perdu deux semaines au début des travaux de la commission
lorsque le ministre refusait de nous déposer les documents que nous lui
demandions, nous serions sûrement beaucoup plus avancés que nous
ne le sommes actuellement dans l'étude de ce projet de loi.
Malheureusement, le ministre et les ministériels sont très
mal préparés pour l'étude de ce projet de loi et plus
particulièrement lorsque nous sommes obligés d'étudier les
articles où il y a une réglementation qui doit suivre. Vous
pouvez être assuré qu'il y a plusieurs articles qui doivent
être suivis d'une réglementation. Chaque fois qu'on demande au
ministre de déposer cette réglementation pour que nous puissions
en prendre connaissance même dans la réglementation, on
modifie les définitions qui sont données dans l'article 1 du
projet de loi on ne veut pas nous donner les règlements qui
seront adoptés au Conseil des ministres.
M. le Président, je me demande où est le sérieux
là-dedans. D'un côté, on demande aux législateurs
d'adopter des définitions et, d'un autre côté, dans un
règlement, on va permettre au ministre de changer ces définitions
pour en donner d'autres. C'est un principe que l'on doit rejeter en tant que
législateurs.
Il y a également une autre question, M. le Président,
qu'il faut se poser. C'est un principe fondamental. Doit-on adopter, M. le
Président, à tout prix ce projet de loi pour au moins respecter
à moitié une promesse électorale ou doit-on continuer
à étudier ce projet de loi jusqu'à la fin pour que nous en
fassions connaître au public toutes les implications.
Je pense que c'est un principe sur lequel on doit se pencher. Avec le
présent projet de loi qui nous est présenté, on nous
propose un régime à demi étatique, alors que pendant la
période électorale on avait, à grand renfort de
publicité, dit devant toute la population du Québec qu'on
étatiserait tout simplement les compagnies d'assurance. Par contre, on
nous présente un projet de loi où c'est une
demi-étatisation. On se demande si on doit, à toutes fins utiles,
étudier sans faute ce projet de loi pour l'adopter immédiatement,
même s'il ne respecte qu'à moitié les promesses
électorales,
ou bien si on ne devrait pas plutôt continuer de l'étudier
à fond pour que le public du Québec soit bien informé
quant à cette loi qui va toucher 3 millions de personnes au
Québec.
Bien sûr, M. le Président, c'est long, cela prend du temps.
Mais cela prend du temps également à faire comprendre aux
députés ministériels ce que nous voulons leur proposer.
Cet avant-midi, pour vous donner un exemple, on a discuté pendant
environ deux heures pour enfin réussir à convaincre les
députés ministériels d'adopter un amendement à
l'article 10.
Le Vice-Président: M. le député, à
l'ordre, s'il vous plaît! Je vous ai laissé aller assez loin
jusqu'à présent, je vous prierais de ne pas remplir le rôle
du rapporteur de la commission parlementaire.
M. Fontaine: Merci, M. le Président. Je n'ai pas
l'intention de remplir ce rôle, parce que le rapporteur viendra trop
tôt pour rapporter ce qui se passe à la commission
parlementaire.
Le Vice-Président: Là, vous êtes sur le
sujet, continuez, cela va bien!
M. Fontaine: M. le Président, le ministre et les
députés ministériels ne font que commencer à
comprendre. Si vous nous laissez continuer, on pourrait sans doute les
convaincre, probablement dans un avenir rapproché, de retirer leur
projet de loi parce qu'ils seraient obligés de se rendre compte qu'il a
été fait à la hâte et qu'il est mal
préparé. Pourquoi tant de hâte puisque c'est un projet de
loi fort important qui va toucher le portefeuille de près de trois
millions de Québécois? Il aurait valu la peine d'étudier
en détail ce projet de loi jusqu'aux derniers articles.
Et je me pose également une autre question, à savoir si le
leader du gouvernement a l'intention de ramener le projet de loi 67 en
deuxième lecture. A la lecture des amendements déposés par
le ministre et, entre autres, à l'article 201, on a pu
s'apercevoir...
M. Burns: M. le Président, question de règlement,
je m'excuse auprès du député.
M. Fontaine: Oui.
M. Burns: C'est dans votre intérêt que je
soulève une question de règlement.
Le Vice-Président: Oui, d'accord!
M. Burns: M. le Président, le député
parle-t-il au nom de son parti? Oui. D'accord.
Le Vice-Président: Vous avez encore du temps.
Une Voix: Encore une heure.
M. Fontaine: Merci, M. le Président.
Le Vice-Président: Non, pas une heure, je m'excuse.
Une Voix: Une demi-heure!
Le Vice-Président: Vous lirez l'article 94, paragraphe
2.
Une Voix: Cela allait bien, M. le Président, encore 19
minutes.
Le Vice-Président: M. le député de
Nicolet-Yamaska, au nom de votre parti.
M. Fontaine: Merci. Je disais donc que je me posais la question
à savoir si le leader du gouvernement avait l'intention de ramener le
projet de loi en deuxième lecture. Vous comprendrez qu'à la
lecture du projet de loi 67, tel qu'amendé par le ministre, on propose
d'ajouter des articles au projet de loi et, entre autres, il y a l'article 201
qui propose que le législateur permette à la régie
d'acheter des actions de toute corporation constituée pour pratiquer les
assurances en dommage.
Or, en deuxième lecture, nous n'avons pas adopté ce
principe qui est fort important, que je sache. Alors, j'ai l'impression que, si
le leader du gouvernement voulait respecter la tradition parlementaire à
savoir qu'en deuxième lecture, on adopte le principe d'un projet de loi,
il devrait, plutôt que de proposer une motion de clôture pour
terminer les travaux en deuxième lecture, ramener le projet de loi en
deuxième lecture...
Une Voix: Très bien!
M. Fontaine: ... pour que nous recommencions en deuxième
lecture puisqu'on ajoute dans le projet de loi.
Une Voix: Ce n'est plus le même projet.
M. Fontaine: M. le Président, nous nous attendions
à ce dépôt de motion de guillotine. Tout au long de la
préparation du projet de loi, de sa discussion en commission
parlementaire, lors de l'audition des mémoires et de la discussion
article par article, M. le Président, le ministre, je le dis et j'aurais
aimé qu'elle soit ici, a manifesté une ignorance totale de son
dossier malheureusement. A chaque fois qu'on pose des questions à
l'honorable ministre sur des sujets importants, des principes du projet de loi,
c'est toujours un conseiller technique qui nous répond.
C'est peut-être important de le noter puisque, lorsqu'on lit les
débats de la commission parlementaire, tous ces témoignages
apparaissent au nom du ministre. Je pense que c'est là une manifestation
de l'ignorance du dossier de la part du ministre. Le ministre a
également manifesté sa ferme volonté de ne rien modifier
au projet de loi. Je veux vous rapporter le fait que le projet de loi no 67 est
presque en totalité la reproduction du rapport Desjardins qui avait
été préparé par l'ancien gouvernement et que
l'ancien gouvernement avait rejeté, avait jeté à la
poubelle. On est allé le rechercher et on l'a ressorti. On nous
présente cela comme étant...
M. Lamontagne:... à la poubelle, nous autres.
M. Fontaine: ... le projet de loi du gouvernement. On a fait des
consultations un peu partout au Québec pour dire qu'on accepterait des
modifications et des suggestions que les gens viendraient faire. Et on nous
ressort un vieux projet de loi de la poubelle pour nous dire que c'est le
projet de loi du gouvernement! M. le Président, cela démontre
tout simplement une ferme volonté du gouvernement, du ministre et des
ministériels de ne rien modifier en aucun cas, en quoi que ce soit, le
projet de loi 67. De ce côté, je me demande, M. le
Président, ce qu'on a fait en commission parlementaire.
Somme toute, le ministre démontre sa volonté de faire fi
de toute démocratie. Elle n'a jamais voulu écouter,
n'écoute pas encore et n'écoutera probablement jamais. Nous ne
sommes donc pas surpris du tout de cette présente motion qui est devant
l'Assemblée nationale. Elle ne confirme que ce que j'ai maintes fois
dénoncé en commission, M. le Président; ce travail en
commission n'est qu'une parodie de la démocratie. Ce n'estqu'un jeu et
le moyen que l'on utilise aujourd'hui, c'est la technique législative
permettant de légaliser la volonté du gouvernement de ne pas
écouter les arguments de l'Opposition sur ce projet de loi. M. le
Président, ce n'est pas uniquement la volonté des partis
d'Opposition d'amender ce projet de loi. Non, M. le Président, c'est la
population du Québec toute entière, tous les citoyens, les
Québécois, les Québécoises qui veulent que ce
projet de loi subisse des amendements et des amendements majeurs. On a vu dans
des sondages qui sont sortis, il y a quelques semaines, que près de 60%
de la population du Québec étaient contre ce projet de loi qui
était présenté, malgré toute la publicité
que le gouvernement et que le ministre font à la
télévision régulièrement.
On s'est aperçu, M. le Président, que les
Québécois et les Québécoises sont contre ce projet
de loi. Si le gouvernement actuel du Québec veut se dire
démocratique, qu'il retire tout simplement son projet de loi et qu'il ne
vienne pas nous faire des motions de clôture pour nous empêcher,
à tout le moins, de l'étudier. Un amendement, M. le
Président, un seul en des journées de travail. Un seul amendement
a été adopté en commission parlementaire par le
gouvernement et, encore là, c'est un amendement qu'on peut
considérer comme mineur. Nous sommes rendus à étudier
l'article 12 et combien d'autres amendements y aurait-il à apporter
à ce projet de loi?
Nous n'avons même pas eu l'occasion d'étudier le quart de
ce projet de loi. Des erreurs grossières seront ainsi acceptées
par la volonté du gouvernement de ne pas aller jusqu'au bout avec
l'étude article par article.
Le gouvernement craint de plus en plus la preuve que l'Opposition lui
soumet, jour après jour, à savoir que son projet est
foncièrement mauvais et majoritairement rejeté par la population
du Québec.
Le gouvernement, tant en commission parlementaire qu'ici à
l'Assemblée nationale, s'aperçoit, M. le Président, que
l'Opposition est en train de lui faire la preuve que ce projet de loi est
mauvais et il veut, par la motion de guillotine, nous empêcher de
continuer à lui démontrer que ce projet de loi est mauvais.
Je veux souligner ici que c'est devenu une habitude chez le
présent gouvernement de fonctionner ainsi lors de l'étude de
projets de loi importants. Autant lorsque le gouvernement a
présenté un projet de loi qui prenait les Québécois
aux tripes, disait-on, autant lorsqu'il présente un projet de loi qui
prend les Québécois au portefeuille cette fois-ci, il est dans
l'obligation de mettre fin aux débats normaux et démocratiques de
ces projets de loi. Ce genre de procédure est dangereux. Il nous
mène droit à l'Etat totalitaire et fait fi de la
démocratie parlementaire.
Posons-nous des questions sur l'avenir de nos libertés
collectives et individuelles. C'est le temps de le faire et c'est important.
Nous avons besoin de temps pour étudier le projet de loi no 67, car
c'est notre rôle de législateur. Je vous demande
d'intercéder auprès du leader du gouvernement pour lui demander
tout simplement de retirer sa motion de clôture. Je n'accepte pas que le
gouvernement bouscule le processus législatif, particulièrement
pour hâter l'adoption d'un projet de loi aussi mal préparé.
En conséquence, nous de l'Union Nationale, nous voterons contre la
motion de clôture.
Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît! ... A
l'ordre, s'il vous plaît!... M. le whip, à l'ordre! M. le whip du
gouvernement, pour les fins du journal des Débats.
M. Burns: En guise de réplique... Le
Vice-Président: Non. M. Burns: D'accord.
Le Vice-Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement, je donne la parole à M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Bryce Mackasey
M. Mackasey: Merci, M. le Président. J'ai à peine
dix minutes à ma disposition si je me rappelle bien les
règlements. Ce n'est pas mon intention de parler de la compétence
ou du manque de compétence du ministre en commission, parce que je ne
suis pas membre de la commission. Je vais défendre le ministre en disant
que si elle trouve souvent nécessaire de discuter avec ses
fonctionnaires pour répondre aux questions, c'est normal. C'est
exactement le rôle de ses techniciens. Je veux plutôt parler de la
tendance de ce gouvernement, à chaque occasion possible, de nier les
droits des individus et nos droits collectifs au Québec. Cette tendance,
depuis un an, me rend plus inquiet même que le projet de loi no 67. Ce
n'est pas la première occasion, depuis le commencement de la session,
que nous sommes encore en face d'une motion de clôture.
J'ai un peu d'expérience dans une autre arène, si vous
voulez, et je peux vous dire qu'une motion de clôture est une motion
qu'un gouvernement responsable n'emploie pas souvent. Par exemple, c'est la
seule manière qu'a le gouvernement de se protéger contre les
"filibusters" d'une Opposition, qui peuvent être faits parfois avec
seulement cinq, six, sept ou vingt députés, si vous voulez.
J'ai remarqué au début que le leader du gouvernement, en
donnant les raisons de cette motion de clôture, n'a pas du tout
parlé d'une tendance de notre part, de l'Opposition, à retarder
le travail de la commission. Il a plutôt parlé d'une
responsabilité que le parti au pouvoir avait envers les militants de ce
parti; une tout autre chose. Je suis franchement craintif à la
pensée que, chaque fois que le gouvernement se sentira obligé de
remplir une promesse faite à ses militants, nous aurons une motion de
clôture toutes les semaines. Finalement, nous n'aurons plus à
siéger en Chambre parce que le rôle de l'Opposition sera
minimisé et réduit à rien du tout.
Mr President, because of the short time, I want to make a few valid
points, that it is obvious to me that this government, through relative
experience or inexperience, is firmly wedded to the course that it will impose
its views on the National Assembly, whether the Opposition likes it or not, and
this is the first step towards a dictatorship. This is unfortunate, Mr
President, le leader a souligné la responsabilité du
gouvernement; il existe aussi une responsabilité de la part de
l'Opposition. La responsabilité de l'Opposition, à ce moment-ci,
c'est d'empêcher un projet de loi, le projet de loi no 67, d'être
adopté par cette Chambre sans amendement fondamental ou majeur, au nom
des citoyens de la province de Québec.
Si on n'empêche pas l'adoption du projet de loi no 67 par tous les
moyens à notre disposition, on peut dire que nous ne faisons pas notre
travail comme Opposition responsable dans cette Chambre.
Mr President, in fifteen years, that I have sat in an Assembly, on one
side or the other, as a back-bencher or as a minister, it is the first time I
am uneasy, faced with a government, that is determined to impose its will on
the majority when it is evident that the majority of the people of the province
are against its particular law.
La semaine passée, M. le Président, quelqu'un est venu me
voir à mon bureau, au nom de 150 chauffeurs de taxi. Cela ne m'est
jamais arrivé auparavant, parce que les chauffeurs de taxi sont
très indépendants, mais celui-ci m'a posé une question:
Combien vont nous coûter nos plaques? Combien cela va-t-il nous
coûter pour l'assurance? Puis, je n'étais pas capable de
répondre. J'ai été obligé d'expliquer à ces
hommes qui ne gagnent pas beaucoup d'argent maintenant à cause du haut
niveau de chômage à Montréal il manque de touristes
et les fuites de capitaux, etc. font en sorte que ceux qui travaillent sur les
taxis, à Montréal, ont assez de difficulté maintenant
à gagner leur vie, sans devoir mettre de l'argent de côté
pour l'assurance l'année prochaine que même le ministre ne
savait pas du tout combien coûterait ce projet de loi.
Mr President, every evening in the newspapers, in the letters to the
editor, somebody speaks out against this bill. The Bar, who tries to be neutral
and apolitical, has spoken out and pleaded with every member in this house for
a free vote, because the Bar understands that bill 67, which is based on false
actuarial figures, based on the level of accidents last year which were the
lowest in ten years maybe, an aberration, that based on this particular
actuarial figure, this policy will cost a fortune to the taxpayers of this
province, including those who, for one reason or another, do not have an
automobile.
And what is more important, Mr President, we are being asked, through
closure, the most dictatorial antidemocratic method available to the
government, to bring a bill out of a committee, to rush it into the Assembly,
to rush it through a third reading, in order to have a Christmas present for
the members of the government. On one hand, I hope they succeed, because their
defeat at the next election will be that much greater. But, as a responsible
member elected to do what is best for the people of my community, I have the
obligation to plead with the leader of the government, to show some
responsibility and give us enough time at least to improve the bill by
reasonable discussion of amendments, so that at least the people of the
province of Quebec wherever they live, will have a bill that will at least be
less discriminatory.
I have only five minutes left, Mr President, and I want to say also to
the leader of the government, for whom I have some respect, that I support the
argument raised by the member from Nicolet-Yamaska.
In all my years I have never seen a minister attempt to amend a bill by
imposing, introducing a clause in another bill, not even at second reading, but
bootlegging it in the commission in the hope that we will not appreciate that
what the government is up to is not simply introducing automobile insurance in
the field of automobile, but by, M. le Président, l'article 201, dire
à tous les courtiers, à toutes les compagnies: Si vous ne cessez
pas de vous opposer au projet de loi 67, we will nationalize your business.
C'est exactement ce qu'ils disent, in section 201. It is to create fear in
private industries, that if you oppose bill 67 through section 201 of a bill in
which 40 hours have been passed, if you oppose that bill too democratically,
too vigourously, too openly, if you speak to the members of the commission, if
you lobby the members of the National Assembly, we will nationalize your
business because we are big brothers and we are a government that has little or
no respect for human rights, for individual freedom, for collective freedom,
for private enterprise. We are a governement that is
committed to a policy of nationalizing the whole industry.
M. le Président, in conclusion, I am convinced, en conclusion,
that the purpose...
Le Vice-Président: S'il vous plaît!
M. Mackasey: Je vous respecte, M. le Président. En
terminant, je veux dire à tous les députés, des deux
côtés de la Chambre, que l'article 201 est là pour nous
dire que le but du gouvernement ce n'est pas de nationaliser seulement
l'assurance automobile, but it is their purpose over the next year and a half,
by utilizing article 201, to nationalize the whole insurance industry, whether
it is life insurance, fire insurance, automobile insurance. And, as the House
leader said, that is the promise that is included in the policy of the PQ
government, nationalization of the whole industry. Merci beaucoup, M. le
Président.
Le Vice-Président: Merci, M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
Le député de Brome-Missisquoi.
M. Armand Russell
M. Russell: M. le Président, vous me permettrez, pendant
quelques minutes de dire quelques mots sur cette motion qui me semble
inopportune, qui ne devrait pas exister dans le contexte actuel. Le rôle
que je voudrais jouer c'est de vous faire comprendre et aussi au leader
parlementaire par votre entremise, que c'est inopportun, qu'il n'aurait pas
dû apporter cette motion dans le moment.
Actuellement, M. le Président, nous avons une motion de
clôture qui équivaut à un bâillon. On veut
procéder rapidement à l'adoption d'une loi qui est inopportune,
qui ne presse pas tant que cela, même si on veut l'invoquer. Il n'est pas
nécessaire qu'elle soit en application pour le premier janvier. D'abord
elle ne le sera pas. C'est impossible. Pour le premier mars, il sera beaucoup
trop tard. Le dommage sera fait. Il n'y aurait pas de dommage de fait si on
pouvait la retarder et la mettre simplement en application l'an prochain.
Si on avait voulu réellement l'avoir en application pour le
premier janvier, on aurait pu l'appeler en deuxième lecture au mois
d'août après son dépôt. On aurait pu laisser
siéger la commission durant le mois de septembre. On aurait pu
accélérer les travaux de cette commission pour avoir cette loi
votée à temps pour la clôture de cette session. Mais non.
On n'a pas procédé en deuxième lecture. On a attendu que
la session recommence au mois d'octobre. On a, après cela, marché
à pas de tortue. Comme l'a expliqué le député de
Nicolet-Yamaska et d'autres députés qui ont parlé avant
moi, le gouvernement a pris tous les moyens pour retarder les travaux de cette
commission. Donc, le gouvernement a pris tous les moyens pour retarder les
travaux de cette commission. Donc, le gouvernement prend des moyens qui sont
inopportuns. Il ne devrait pas s'habituer à procéder de cette
façon. Tout à l'heure le chef de l'Opposition officielle disait
que depuis un an, cela faisait deux fois qu'on avait le bâillon. C'est en
quatre mois, M. le Président, qu'on a eu deux bâillons.
Auparavant, cela a existé deux fois en quinze ans. Une fois au
fédéral et une fois ici au provincial.
M. Burns: Ah oui!
M. Russell: On a vu des motions de clôture, mais pas un
bâillon comme celui-là. Là c'est une loi qu'on veut
bloquer, qu'on veut adopter rapidement, et on n'est pas prêt. On l'a
souligné tout à l'heure.
M. Burns: On l'a vécu, pour notre information, dans les
sept dernières années, huit fois.
Le Vice-Président: A l'ordre, M. le leader parlementaire
du gouvernement, s'il vous plaît!
M. Russell: M. le Président, le leader parlementaire
aurait dû, cet après-midi, lorsqu'il a présenté sa
motion, énumérer tout ces bâillons qu'il a subis. On
pourrait lui rappeler toutes les répliques qu'il a utilisées
à l'encontre de ces supposés bâillons qu'il y a eu dans ce
temps-là. On va être pas mal plus calmes et plus doux. On veut
simplement dire au leader parlementaire qu'il prenne donc les mêmes
moyens pour faire adopter le bill que ceux qu'il a pris pour faire adopter le
bill 2, qu'ils soient conformes à des normes raisonnables. D'abord ce
bill 67 actuellement, tout le monde est contre et on a raison d'être
contre. On va dire que les avocats sont contre parce que cela peut faire mal
à leur revenu. Les avocats sont contre parce qu'ils sont
intéressés. J'espère que les camionneurs ne sont pas
contre. Est-ce parce qu'ils sont intéressés?
Ils ne savent pas que cela va coûter peut-être $125 ou $150
de plus par année pour s'assurer. Les cultivateurs sont contre, ceux qui
connaissent la loi et qui en ont entendu parler. Certains de mes commettants
à qui on en a parlé disent qu'ils sont pour la loi, mais ils ne
la connaissent pas. Quand ils vont la connaître à fond, comme le
député de Yamaska, et les autres députés qui ont
siégé à la commission, ils vont être contre. Mais,
là, ils vont y goûter. Vous allez voir que cela va crier dans
toute la province. Plutôt que de prendre des moyens plus conformes
à des normes habituelles pour imposer ce nouveau système dans une
province, on bouleverse tout.
On est rendu avec un gouvernement qui a le monopole de la
vérité et cela, c'est extrêmement dangereux, parce que
c'est tout près, à la porte de la dictature. Comme le disait un
collègue: Ce n'est peut-être pas mauvais, la dictature, pour
autant qu'on en fasse partie. Mais la population n'en fait pas partie; c'est
elle qui va payer la facture tout à l'heure. M. le Président,
j'aimerais avoir encore quelques minutes; il est 18 heures. Si vous me mettez
le bâillon encore ici, je serai obligé de me conformer au
règlement.
M. Brassard: La dictature du temps!
M. Russell: Si vous insistez, je serai obligé de revenir
et de compléter mon exposé.
Le Vice-Président: M. le député de
Brome-Missisquoi, demandez-vous la suspension du débat?
M. Burns: M. le Président, je suggérerais que nous
consentions à ce que le député de Brome-Missisquoi
termine, même si on dépasse 18 heures.
M. Russell: J'en ai pour deux ou trois minutes.
Le Vice-Président: Y a-t-il consentement? Un instant, s'il
vous plaît! D'accord.
M. Russell: C'est inopportun et tout le monde est contre. Les
cultivateurs sont contre, les compagnies de transport sont contre, les ouvriers
ne sont pas pour. Les agents d'assurances, ceux qui en vendent et qui
connaissent la population, viennent nous rencontrer pour nous expliquer que
cette manière d'agir, actuellement, n'est pas bonne et que cela va
coûter une fortune à la province. On a
énuméré quelques chiffres tout à l'heure. Je les ai
tous ici. Ce serait trop long de les énumérer, mais simplement je
voudrais vous dire ceci: Le leader parlementaire ne devrait pas se presser pour
bousculer le gouvernement. Il devrait suggérer à son ministre et
à son gouvernement de prendre leur temps, de laisser passer cette
session et de revenir à l'autre session avec cette loi. On pourra, au
moins, l'étudier à fond et éviter beaucoup d'erreurs qui
vont se faire en bousculant la situation.
M. le Président, je termine en vous disant tout simplement que,
malheureusement, j'aurais aimé voter pour cette loi qui apportait
certains correctifs à certains malaises qui existent dans la province.
Mais de la façon dont on me bouscule et de la façon dont on s'y
prend pour le faire, je regrette, je ne pourrai appuyer le gouvernement dans
cette manière d'agir.
M. Burns: Avant que nous...
M. Springate: M. le Président, je demande la suspension de
ce débat.
Le Vice-Président: D'accord. Accordé. M. Burns:
M. le Président.
Le Vice-Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement.
M. Burns: M. le Président, nous reprendrons
évidemment à 20 heures. Je signale tout simplement un rappel. A
la salle 81-A, la commission de la justice a terminé ses travaux. C'est
au moins une commission qui fonctionne bien. On peut s'en flatter. Tout le
monde, d'ailleurs. Elle sera remplacée par la commission du travail et
de la main-d'oeuvre selon la motion de ce matin qui
siégera à compter de 20 heures. Avis aux
intéressés.
Le Vice-Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement, messieurs, les travaux de cette Assemblée sont suspendus
jusqu'à 20 heures. La parole sera à M. le député de
Westmount.
(Suspension de la séance à 18 h 2)
Reprise de la séance à 20 h 10
Le Vice-Président: A l'ordre, messieurs! La parole est
à M. le député de Westmount.
M. George Springate
M. Springate: M. le Président, le leader parlementaire du
gouvernement nous a dit cet après-midi que beaucoup d'heures avaient
été consacrées à ce projet de loi. Il nous a dit
que dès le 27 septembre, et pendant dix jours ensuite, 23 groupes ont
été entendus par la commission parlementaire. A cette commission,
ils ont dépassé presque 45 heures d'étude à
entendre les groupes présenter des mémoires sur le projet de loi
no 67.
Depuis le 16 novembre, d'après les notes du leader parlementaire
du gouvernement et pendant dix jours par la suite, pour un total de 35 heures,
une commission parlementaire étudie article par article le projet de loi
no 67. Ensuite, il nous a dit qu'après un peu plus de 80 heures
d'étude sur un tel projet c'est le temps normal de mettre fin à
des débats. Mais il nous a dit aussi que seulement dix articles ont
été adoptés par les membres de la commission. Si on
attend, après les délais normaux, nous ne pourrions pas adopter
le projet de loi no 67 avant Noël. Comme cela, il a demandé que le
rapporteur de cette commission fasse rapport en cette Chambre, soit avant ou le
16 décembre.
Le député de Jacques-Cartier a fait un historique du
projet de loi no 67 aussi. Il nous a dit, cet après-midi, que le 15
avril le gouvernement a déposé un livre bleu sur l'assurance
automobile. Ensuite, nous avons vu Mme le ministre partir dans une
tournée provinciale pour vendre son projet, pour entendre des groupes
qui n'étaient pas satisfaits ou qui voulaient faire des
représentations, une tournée provinciale qui, quant à moi,
n'a pas porté fruit and, as we say in English, Mr Speaker, was nothing
more than a pre-argument.
Ensuite, le 19 août, nous avons vu le projet de loi
présenté ici en Chambre lors de la première lecture.
Est-ce qu'avec 80 heures d'étude d'un projet de loi, soit en Chambre ou
en commission, nous avons réellement étudié à fond
les propositions qui ont été faites par le gouvernement? Est-ce
que toute la population a été consultée? Je dis bien toute
la population, parce que c'est vrai, les ministres ont fait une tournée
dans la province de Québec vers le mois de septembre.
Je dois dire merci au ministre des Communications qui nous a remis cette
semaine deux volumes titrés "Tournée ministérielle,
décembre 1977". Je me demande si les ministres ont parlé du bill
67 à tous les Québécois. Je tourne la page: 06
région de Montréal. Il y a une liste de ministres: MM. Marois,
Duhaime, Landry, Joron, Lazure. Mais je ne vois pas Mme Payette. Elle n'a pas
consulté les gens de Montréal. J'ai fait une liste des
comtés visités par les ministres: L'Assomption, Berthier,
Chambly, Châteauguay. Je ne vois pas un seul comté
représenté ici en cette Chambre par quelqu'un de mon parti. Pas
un ministre n'a visité Verdun, Robert Baldwin,
Notre-Dame-de-Grâce, Mont-Royal, L'Acadie, Saint-Louis, Saint-Laurent,
Marguerite-Bourgeoys, D'Arcy McGee, Jacques-Cartier, Outremont et mon
comté, le comté de Westmount.
M. Charbonneau: Cela va venir.
M. Dussault: Cela va venir.
M. Guay: Cela s'en vient, en janvier.
M. Springate: Oui, ça s'en vient! Une fois que l'Etat a
décidé quelque chose, là on va dire aux petits
Québécois ce qu'ils doivent faire. C'est ça, leur
consultation! Ils sont bien "smart", bien brillants pour consulter
après. Il n'y en a pas un qui est représenté en cette
Chambre par un membre de l'Opposition de l'île de Montréal.
Là, vous savez pourquoi nous, de notre côté, demandons
d'avoir le droit de nous exprimer en commission parlementaire. Ceux du
côté ministériel n'ont pas consulté les gens que
nous représentons ici à l'Assemblée nationale, ils ne
l'ont pas fait. C'est pour cela que nous prenons notre temps en commission
parlementaire, c'est pour cela qu'une fois rendus à l'étude
article par article nous présentons nos vues et nos suggestions.
On peut parler longtemps du bill 67, mais il faut aussi parler du
principe. La vraie question, c'est celle-ci: Est-ce que le Parti
québécois, qui prétend être démocratique, est
réellement un parti démocratique? La réponse est non. Ils
le savent...
M. Charbonneau: Voyons donc!
M. Springate: Ils le savent. Ils sont là et ils disent:
Non, non! Oui, c'est vrai!
Nous avons vu le bill 1. Si je ne me trompe pas, M. le Président,
le bill 1 est encore au feuilleton. Nous avons vu le petit jeu qu'ils ont
essayé de faire, du patinage; ils n'ont pas réussi. Après
cela, nous avons vu sur le bill 101 peut-être qu'on va appeler
celui-là le bill 167, je l'ignore un autre bâillon et,
aujourd'hui, le leader du gouvernement nous présente un autre
bâillon. Autrement dit, M. le Président, en quatre mois et on peut
dire depuis treize mois, sur les deux bills majeurs, si vous voulez, the two
masterpieces of this government, they were obliged to use closure to bring in
their masterpieces. The inhability of this government to present, pass and have
enacted their laws, and they have the majority, si je ne me trompe pas, 71
à 37. Ils ne sont pas capables, ils n'ont pas les moyens, fin de
session, bâillon. Cela, c'est le jeu, si vous voulez, M. le
Président, d'un parti qui s'appelle démocratique. Oh, I remember
those songs of government. Oh do I remember them when we were the government,
only they could tell the thruth, only they knew what they were doing, only they
had all the answers. Only they, mais une fois rendus au gouvernement, qu'est-ce
qu'ils font? Vous le savez comme moi, M. le Président. Maintenant, c'est
devenu une tradition pour le gouvernement, le bâillon. C'est une
tradition.
M. Brassard: La camisole.
M. Springate: Le député de Saint-Jean rit. Il sait
comme moi que c'est leur coutume, leur tradition. Les gens de mon comté,
des comtés que l'Opposition représente sont obligés de
venir nous voir. Ils demandent à nos membres qui siègent à
l'Assemblée nationale ou à la commission de bien les
représenter et de bien faire valoir leurs points de vue. C'est pour cela
qu'à l'étude article par article, c'est justement ce que nous
faisons. Aujourd'hui, le député de Jacques-Cartier vous a dit, M.
le Président, qu'au lieu de nous bâillonner on nous donne
seulement quinze jours de plus. Quinze jours, ce n'est pas beaucoup et, dans
deux semaines, vous verrez que ce bill sera adopté de façon
normale, au cours des travaux normaux de cette Chambre. Bien non. Il y a
plusieurs questions qui se posent: Combien cela va-t-il coûter? Est-ce
que nous allons être assurés si on se promène dans le
Maine, à New York, etc.? Il y a bien des questions.
Bien, quelque chose me fait peur parce que je vois ce gouvernement agir,
c'est toujours de la même façon. Il dit qu'il est
démocratique et, dans le pratique, il ne l'est pas. M. le
Président, vous le savez autant que moi. Je sais que cela vous fait mal,
vous qui défendez les droits de tout le monde, je sais que cela vous
fait mal. Mais, it is just one, in a parade of many steps, that is leading this
government to something that is called a dictatorship that they all want so
desperately; they all are trying to grab with any reason, in anyway that they
can. And it is truly on the whip; they say no. Ils savent que j'ai raison, ils
le savent.
M. le Président, le leader du gouvernement veut que le rapporteur
fasse rapport avant ou le 16 décembre. In English, we call it the
guillotine. En français, c'est le bâillon. You can say it in
English, you can say it in French, it is a guillotine, it is the same thing.
What I am saying is this, Mr Speaker, whether you say it in English, whether
you say it in French, it all means one very sad, very disappointing, very hard
wrenching and it is this, Mr Speaker, and once again this government has shown,
and what they say, and what they do, has absolutely nothing to do with the
truth or with reason. Mr Speaker, I close on these words: Democracy is not
alive and well in Quebec; with the Parti québécois, it is
exceptionally sick. Thank you, Mr Speaker."
Le Vice-Président: Le journal des Débats n'a pas
enregistré mon "please" de tantôt mais quand même, M. le
député de Jonquière, vous avez la parole.
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas une...
M. Claude Vaillancourt M. Vaillancourt: M. le Président...
Le Vice-Président: Mme le député d'Acadie.
M. Vaillancourt: ... je n'ai absolument aucune hésitation
à venir parler en faveur de la motion du leader du gouvernement car,
malgré les propos du député de Westmount, je suis
absolument convaincu que le leader du gouvernement n'aurait jamais
présenté une telle motion s'il s'était rendu compte, au
fil des mois, que cette même Opposition voulait étudier ce projet
de loi. J'ai été à même de constater, depuis
plusieurs mois, et depuis quelques jours surtout, que l'Opposition ne veut pas,
ne voulait pas et n'a jamais voulu étudier en profondeur le projet de
loi no 67 puisque, dès le début, c'est-à-dire dès
le dépôt du livre bleu, elle avait dénoncé ses
couleurs, elle avait annoncé ses intentions et elle rejetait tous les
principes fondamentaux contenus dans le projet de loi no 67.
M. le Président, l'Opposition officielle, l'Opposition de l'Union
Nationale et le député de Beauce-Sud, malgré leurs cris
d'aujourd'hui, malgré leurs pleurs, n'ont jamais voulu accepter les
principes du projet de loi no 67. Avant même d'entreprendre
l'étude de l'article premier du projet de loi no 67, nous avons
assisté à une foule de motions préliminaires. Je vous
assure, M. le Président, que, n'eût été d'une
décision extrêmement sage de la présidence, nous serions
encore, ce 13 décembre 1977, en train de discuter et de débattre
des motions préliminaires.
M. le Président, au cours de ces travaux, l'Opposition a
régulièrement essayé, et ce, malgré nos
règlements, de détourner les principes du projet de loi, de
présenter des motions toutes déclarées et jugées
irrecevables afin de contourner les principes du projet de loi.
M. le Président, je dois vous avouer, vous répéter
que cette attitude ne m'a aucunement surpris puisque, dès le mois
d'avril dernier, l'Opposition officielle et l'Opposition reconnue
annonçaient déjà qu'elles étaient en
désaccord total avec le contenu du projet de loi no 67.
M. le Président, que peut faire un gouvernement
démocratique lorsqu'il se rend compte que l'Opposition ne veut pas
étudier un projet de loi? Est-ce qu'un gouvernement peut imposer
à l'Opposition l'étude d'un projet de loi? Le temps, les mois,
les semaines nous ont démontré que cette Opposition, les amis
d'en face en général, ne voulait pas étudier ce projet de
loi.
M. Picotte: Ce n'est pas sûr. Ce n'est pas sûr.
M. Vaillancourt (Jonquière): Le leader du gouvernement ne
fait que répondre à l'une de leurs attentes.
Le Vice-Président: Je m'excuse, M. le
député. M. le député de Maskinongé, s'il
vous plaît, et tous les autres.
M. le député de Jonquière.
M. Vaillancourt (Jonquière): Je disais, M. le
Président, que cette motion était attendue par l'Opposition. Elle
devait même être souhaitée par l'Opposition, elle qui a
toujours démontré qu'elle ne voulait pas étudier le projet
de loi no 67. Vous devriez être d'accord. Vous devriez voter pour ce
projet de loi et la motion puisque c'est l'attitude que vous avez
démontrée depuis le mois d'avril 1977.
M. le Président, on parle d'assurance automobile depuis huit
mois. Dès le mois de mai 1977, la commission parlementaire
itinérante était rejetée par l'Opposition, mais dès
le mois de mai 1977 on parlait d'assurance automobile au Québec au cours
d'une tournée ministérielle dans les douze principales villes du
Québec.
M. le Président, en plus de la tournée
ministérielle où des centaines de Québécois ont pu
se faire entendre, en plus de cela, commission parlementaire après la
première lecture, 23 mémoires présentés, 23
mémoires entendus, mission accomplie; deuxième lecture,
commission parlementaire, étude article par article. Je pense que les
statistiques ont été fournies cet après-midi à
l'Assemblée nationale pour démontrer qu'actuellement nous avons
passé au-delà de 80 heures à étudier le projet de
loi no 67 et, pourtant, nous ne sommes rendus qu'à l'article 17 de ce
même projet de loi.
L'Opposition a eu toutes les chances...
M. Lavoie: Question de privilège, Mme le Président.
Avez-vous dit que nous sommes rendus à 80 heures d'étude en
commission, après la deuxième lecture? C'est combien,
après la deuxième lecture, article par article?
M. Vaillancourt (Jonquière): C'était 35 heures
hier.
M. Lavoie: Ah! 35!
Mme le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. le député de Laurier. M. le député, c'est
toujours vous qui avez la parole.
M. Vaillancourt (Jonquière): C'est moi qui ai la parole,
Mme le Président? J'en doutais fortement, cela doit faire mal à
l'Opposition.
Mme le Vice-Président: Vous aviez déjà
répondu à une question, M. le député, et j'en
concluais que vous aviez accepté la question.
M. Vaillancourt (Jonquière): Mme le Président,
c'était une question de privilège. Je pense que l'Opposition a eu
toutes les chances d'étudier ce projet de loi. Elle l'a rejeté,
et tout à l'heure j'entendais le député de Westmount
larmoyer, quasiment supplier le gouvernement; elle est prête, ce soir,
à étudier le projet de loi no 67.
La question que j'ai à vous poser est la suivante: Pourquoi
n'avez-vous pas profité de toutes les chances que vous avez eues
d'étudier en profondeur le projet de loi no 67? L'Opposition a
rejeté toutes ces chances. Aujourd'hui, elle supplie; aujourd'hui, elle
réclame; aujourd'hui, elle demande. On dit qu'en droit personne ne peut
invoquer sa propre turpitude et je pense que l'Opposition a été
tout simplement l'artisane de son propre malheur. Merci, Mme le
Président.
Des Voix: Bravo!
Mme le Vice-Président: M. le député de
Gaspé.
M. Marchand: Superbe, mes frères. M. Michel Le
Moignan
M. Le Moignan: Merci beaucoup. Merci, Mme le Président, et
merci aussi à Mme le député de L'Acadie qui a bien voulu,
non pas me céder, mais me laisser passer le premier.
Mme Lavoie-Roux: C'est un plaisir, M. le
député.
M. Le Moignan: Je trouve que c'est très aimable de votre
part. Mme le Président, évidemment, le député de
Westmount m'a étourdi un peu les tympans, mais le député
de Jonquière m'a permis de me replacer un peu avec cette longue glose
où il a taxé l'Opposition de tous les péchés qui
peuvent se rattacher à cette Loi sur l'assurance automobile. Mme le
Président, le 15 novembre dernier, au soir de cette formidable victoire
du PQ, j'ai pensé à un célèbre vers. Cela fait
longtemps que je n'ai pas cité de vers en cette Chambre. J'étais
seul, tard dans la nuit et c'est indiqué, madame et j'ai
pensé: "Le soleil s'est levé, retirez-vous, étoiles". Or,
les étoiles, c'était le Parti libéral et le soleil,
c'était, évidemment, le gouvernement du Parti
québécois.
Mais, quand nous arrivons un an plus tard, quand nous regardons ce
même soleil qui nous éblouissait ce soir-là, on
s'aperçoit qu'il est un peu obscurci. C'est un soleil d'hiver, un soleil
qui ressemble à la température que nous connaissons dans le
moment. Vous voulez me ramener au débat, madame; je vois que vous me
regardez et j'y reviens. Si nous voulons parler, justement, de l'assurance
automobile, quand le ministre a fait cette tournée dans la province,
elle a essayé d'éclairer les gens et elle est allée dans
plusieurs villes. Depuis la tournée du ministre, avec toute la
publicité qui a encadré cette tournée, non seulement la
population, mais même les députés de cette Chambre, ceux
qui ont siégé en commission ne sont guère plus
avancés qu'ils ne l'étaient il y a huit mois. A ce
moment-là, on n'avait aucune tarification. On ne connaissait rien des
indemnisations. Quand on regarde le livre bleu et qu'on compare avec le projet
de loi no 67, quand on voit les centaines de questions qui ont
été posées... Je suis allé trois ou quatre fois
à la commission, juste assez pour me dire qu'à chaque fois des
douzaines de questions sont demeurées sans réponse. Là, on
va nous bousculer. On va nous forcer à voter une loi.
On va nous forcer à voter une loi à la vapeur et nous
aurons étudié peut-être 30 articles au maximum. C'est donc
dire qu'il va en rester presque 200. Encore là, qu'est-ce que la
population attend du gouvernement actuel? Si on a blâmé tout
à l'heure l'Opposition qui refusait d'étudier ce projet
de loi, cela fait huit mois que nous sommes dans la brume, cela fait
huit mois que nous demandons des explications ici même en cette Chambre
en deuxième lecture. Nous avons posé de nombreuses questions au
ministre, et le ministre n'en a jamais fait allusion. Il n'a apporté
absolument rien à nos doutes, à nos inquiétudes.
C'est encore la même chose qui se produit là-bas, au salon
rouge. Quand on va nous forcer à voter vendredi, ce sera très
difficile pour nous, sans vouloir faire de basse politique, en essayant
d'être le plus honnête possible, de répondre à nos
commettants qui vont nous poser des questions sur ce projet de loi. Mais c'est
un projet de loi qui concerne des millions de Québécois, ce n'est
pas simplement un petit projet de loi qui concerne une localité, ce sont
tous les citoyens de la province de Québec qui vont avoir à payer
cette loi. Les citoyens, justement, ne savent pas ce qui les attend. On sait
qu'il y a un certain principe, les gens nous disent des fois: Laissez donc le
gouvernement se débrouiller avec son projet de loi. Vous êtes fous
dans l'Opposition, n'apportez donc pas d'amendements. Le gouvernement a retenu
un amendement jusqu'à ce jour, à moins de me tromper, un seul
amendement.
Mais nous ne sommes pas là tout de même pour approuver. Si
l'Opposition ne fait pas de récrimination, n'apporte pas d'amendements,
plus tard, on pourrait dire: Ah! si j'avais su, si j'avais su, j'aurais
protesté. Mais c'est justement pour cette raison que l'Opposition veut
protester, même si le gouvernement est sourd. Là au moins, dans un
an, dans deux ans, peut-être, quand on aura vu les implications, la
réalité de ce projet de loi, on pourra dire: L'Opposition,
qu'elle soit officielle ou non officielle, c'est bien secondaire, a au moins
lancé le S.O.S. L'Opposition aura prévenu le gouvernement.
C'est très regrettable, le député de Westmount
vient de le dire, il y a eu deux lois importantes, la loi 101 qui a
été bousculée, qui a été
précipitée, qui a été adoptée à la
vapeur après trois longs mois de commission où encore là
le gouvernement aurait pu de temps à autre accepter un amendement. Le
gouvernement devrait apprendre à écouter l'Opposition. Si le
gouvernement acceptait un amendement de temps à autre, l'Opposition
serait peut-être portée à travailleur un peu plus vite.
C'est cela, vous nous paralysez, vous nous empêchez d'avancer et ensuite
vous venez nous blâmer de prendre ce temps précieux des
commissions.
Mme le Président, une loi où le public n'est pas
renseigné, une loi où même les députés
ministériels ne sont pas plus renseignés que ceux de
l'Opposition, ce n'est pas parce que nous sommes tous lents de "comprenure". Il
y en a quelques-uns qui comprennent chez nous et les plus intelligents n'ont
pas encore compris grand-chose...
M. Marcoux: II y en a.
M. Le Moignan:... à part les autres en face qui
comprennent très bien, ceux qui ont la lumière.
Nous n'avons pas cette lumière et ils refusent de nous la
communiquer.
Maintenant, si nous regardons ce gaspillage de temps, ce n'est pas un
gaspillage de temps, je pense qu'il y a des principes là-dedans, et si
on veut simplement sauver une promesse électorale, si on essaie
d'imposer une loi avant la fin de l'année 1977, cela paraît bien
dans les journaux.
Il y a au moins deux ou trois promesses qui ont été
remplies, mais ce n'est pas le but, l'art de gouverner. Gouverner, c'est
surtout prévoir, c'est penser aux conséquences de ses actes. Je
considère qu'à ce moment-ci c'est gênant pour nous et c'est
surtout gênant pour le gouvernement. Quand on va voter cette loi, quand
on va nous l'imposer, le vendredi 16 décembre, les gens vont dire:
Comment cela se fait-il? C'est une loi dont on a étudié à
peu près 40 articles sur 200. Comment les députés, en
toute conscience peuvent-ils imposer un tel projet de loi?
C'est contre cette précipitation que nous voulons réagir.
Quand nous avons demandé, il y a quelque temps, de reporter à six
mois ce projet de loi, ce n'était pas pour perdre du temps,
c'était pour donner au gouvernement le temps de s'asseoir, le temps de
penser sa loi, le temps d'organiser la régie, le temps d'entrer en
contact avec les médecins, les garagistes, les hôpitaux, les
courtiers d'assurances, les compagnies d'assurances. Il y a des douzaines de
points d'interrogation qui ne sont pas encore réglés. C'est pour
cela que ce travail se continue ce soir. On peut peut-être dire: On est
en train de tuer le temps, là-bas. Ceux qui sont ici sont
sérieux, nous sommes tous sérieux et c'est ce qui nous fait de la
peine. Quand on clôture une année remplie de promesses, on
réalise qu'il y a trop de fiasco dans tout cela, qu'il y a trop de
précipitation et j'aimerais bien que les ministériels le
réalisent.
Je sais parfaitement bien que nous pouvons parler, nous aussi, toute la
semaine, cela ne changera rien dans les idées du ministre, cela ne
changera rien chez le leader du gouvernement, qui a une idée fixe. Ils
ont beaucoup d'idées fixes et les idées des autres ne valent
rien. Je souhaite tout de même qu'ils s'ouvrent les yeux avant qu'il ne
soit trop tard. Nous allons continuer notre rôle, notre travail; nous
n'avons pas envie d'abandonner la tâche, parce que les citoyens du
Québec vont nous le reprocher un jour. C'est dans cet esprit que nous
allons continuer la bataille. Merci.
Mme le Vice-Président: Mme le député de
L'Acadie.
Mme Thérèse Lavoie-Roux
Mme Lavoie-Roux: Merci, Mme le Président. En moins de
quatre mois, ce Parlement aura fait le tour du chapeau en ce qui touche
l'imposition du bâillon aux travaux parlementaires. Personne n'a
oublié la façon très peu élégante dont le
gouvernement s'est servi pour mettre fin aux auditions sur le projet de loi no
1, un geste si peu élégant que même le premier ministre a
dû le désavouer
en disant qu'il ne s'agissait pas de la trouvaille du siècle.
Quelques semaines plus tard, suivant la motion de clôture mettant fin aux
travaux de la commission sur le projet de loi no 101. A ce moment, le leader du
gouvernement invoquait la nécessité de l'adoption de la loi avant
le 26 août à cause de la rentrée scolaire. Aujourd'hui,
environ trois mois plus tard, on invoque encore des raisons
d'échéancier, soit la date fatidique du 1er mars, pour imposer la
motion de clôture aux travaux de la commission sur le projet de loi no
67.
Au mois d'août, à l'occasion de la discussion de cette
motion de clôture, de l'imposition de ce bâillon, je formulais deux
observations. La première, évidemment, était un
blâme au gouvernement, que je répète aujourd'hui, qui par
cette procédure exceptionnelle mettait de côté le processus
normal d'adoption des lois en utilisant sa majorité pour faire adopter
un projet de loi. Je ne nie pas le fait que les règles de cette
Assemblée permettent d'utiliser le bâillon.
Ma deuxième observation était à l'effet de demander
au gouvernement de planifier à l'avenir ses projets de loi de telle
sorte que leur adoption ne soit pas soumise à des impératifs qui
tiennent davantage compte des intérêts à court terme d'un
parti politique qui se trouve temporairement au pouvoir, mais qui tiennent bien
davantage compte des intérêts à long terme de l'ensemble de
la population.
Avec la motion de clôture qui est présentement devant nous,
d'une part le gouvernement force par sa majorité l'adoption d'un projet
de loi qui est fortement contesté dans la population. Je pense que
d'autres l'ont signalé avant moi et l'on sait que le gouvernement nous
arrive parfois triomphant quand les sondages lui sont favorables.
Cette fois les sondages sur le projet de loi 67, le gouvernement devra
bien l'admettre, ne lui étaient pas favorables et il semble que ce
projet de loi soit contesté par la population.
D'autre part, le gouvernement choisit d'utiliser une procédure
exceptionnelle qui lui est sans doute permise, comme je le disais plus haut,
par les règlements de la Chambre, mais qui néanmoins met
sérieusement en doute le processus démocratique de notre
Parlement quand il est utilisé aussi fréquemment et sans raison
suffisante.
Mme le Président, je le répète, c'est trois fois
dans trois mois. Moi qui avais vu cela de loin dans le passé, je ne
pensais pas que je serais dans le bain aussi rapidement et aussi
intensément. Je crois qu'il n'y a pas de raisons suffisantes d'avoir
recours à ce moment-ci à une telle mesure. Le
député de Beauce-Sud nous a décrit, je pense, avec
fidélité le déroulement des séances qui ont
été tenues sur ce projet de loi et le député de
Jonquière a simplement confirmé ceci avec moins de
détails.
Il y a eu 23 mémoires qui ont été entendus
quelle belle chose! à la commission parlementaire. Sur le projet
de loi 9, nous en avons entendu 25 et cela n'a pas semblé être un
tour de force, loin de là, si bien que même aujourd'hui on en a
privément entendu un autre qui n'avait pas réussi à se
rendre à temps pour la commission parlementaire. Quant aux 35 heures
dont il nous parle pour l'étude d'un projet de loi qui contient 192
articles, je vous avouerai, Mme le Président, que ce n'est pas un abus,
et je pense que personne n'a infirmé les affirmations du
député de Beauce-Sud, à savoir que dans la plupart des
cas, ou très souvent, c'étaient des membres du gouvernement qui
eux-mêmes ajournaient la séance et mettaient fin temporairement
aux travaux pour diverses raisons, entre autres les demandes qui leur
étaient faites par les partis d'Opposition de déposer les
documents pertinents, afin de permettre une étude sérieuse du
projet de loi.
Je vous ferai remarquer que, par exemple, dans le cas du projet de loi
no 9, il se peut qu'on passe 35 heures à l'étudier, mais je pense
que ce ministre cela ne veut pas dire que je serai d'accord avec tous
les amendements qu'il fera, qu'il ne présentera que de bons amendements
a le souci de faire adopter un projet de loi qui soit bon et qui soit
vraiment à l'avantage et serve les intérêts de la
population qui est concernée par ledit projet de loi.
J'ai vraiment l'impression que, dans le projet de loi 67, le ministre
n'a pas le même souci. Les demandes qui ont été faites pour
le dépôt des documents m'apparaissent tout à fait
pertinentes. Les demandes qui sont faites quant au dépôt des
règlements, compte tenu des montants qui maintenant apparaissent
beaucoup plus élevés que ceux qui avaient d'abord
été dévoilés par les actuaires du gouvernement ou
par le gouvernement lui-même, nous font penser qu'il ne s'agit pas
là, de la part des partis de l'Opposition, de demandes
irréfléchies ou frivoles.
Je sais que le gouvernement veut l'assurance obligatoire pour tous les
citoyens du Québec. Je pense que c'est un objectif que tout le monde
partage en cette Chambre, mais pourquoi, si c'est là un premier principe
qu'on veut faire adopter, ne pas l'avoir fait d'abord adopter et ensuite
prendre le temps suffisant, avant que la loi soit éventuellement
adoptée... Je pense qu'il y a des principes qui sont bons dans ce projet
de loi et auxquels l'Opposition souscrit, mais à ce moment-ci, on va
adopter un projet de loi qui aura été à peine
amendé et on ne se sera pas soucié de le rendre le meilleur
possible.
Je pense qu'il ne s'agit pas uniquement, pour un gouvernement, de faire
adopter des projets de loi. Il doit être tout aussi soucieux de faire
adopter de bons projets de loi. Je pense qu'on ne peut arrêter
après le douzième article. On me dit que les premiers articles
étaient évidemment beaucoup plus complexes que peut-être un
grand nombre d'autres qui vont suivre et que, même si les douze premiers
articles semblent avoir pris passablement de temps, il ne faut pas, par un
calcul mathématique, en déduire la même chose pour ceux qui
restent. Je pense que le gouvernement ne se soucie pas suffisamment de
poursuivre jusqu'au bout cette étude du projet de loi. Même si,
à la fin, les Oppositions votaient contre le projet de loi, si au moins
on avait réussi à l'améliorer, à le rendre
plus acceptable et d'une qualité qui serve mieux la population,
je pense que c'est un objectif sur lequel on pourrait tous se rejoindre.
Qu'arrivera-t-il des amendements que les Oppositions n'auront même
pas eu le temps de déposer ou de discuter? Sans doute, on les
déposera avec le rapport de la commission, comme on l'a fait dans le cas
de la loi 101. Mais on sait ce que cela veut dire. C'est une formalité
et je ne sache pas, sauf pour un amendement de concordance et une faute de
grammaire c'était aussi fort important qu'on ait retenu
aucun des quelque 100 amendements qui avaient été
déposés avec le rapport de la commission. Je crains fort que le
même sort n'arrive à ce projet de loi. On aura beau accuser les
Oppositions de faire de l'obstruction, enfin employer tous les termes que l'on
utilise couramment du côté du gouvernement pour justifier son
comportement, il reste néanmoins qu'on prend le côté du
gouvernement pour justifier son comportement, il reste néanmoins qu'on
prend le risque, et seul le gouvernement en portera la responsabilité,
d'adopter à la hâte un projet de loi sans tenir compte
d'amendements qui pourraient l'améliorer grandement et qui, à
long terme, seraient à l'avantage de la population.
Mme le Président, en terminant, je veux redire mon
désaccord sur la motion de clôture qui est présentement
devant la Chambre quant au projet de loi no 67. Evidemment, cette motion sera
adoptée; c'est la loi du plus fort, la loi du plus grand nombre, mais ce
n'est pas nécessairement la règle de la sagesse. Merci, Mme le
Président.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Bellechasse.
M. Bertrand Goulet
M. Goulet: Merci, Mme le Président, vous me permettrez
sans doute de loger à l'intérieur de cette discussion quelques
commentaires pertinents à la motion de clôture concernant le
projet de loi no 67 sur l'assurance automobile. Mme le Président, si
j'étais masochiste, je dirais aux gens d'en face:
Dépêchez-vous, adoptez ce mauvais projet de loi. Je vous dirais de
vous dépêcher de l'adopter, sachant fort bien que la
majorité de la population n'en veut pas et que la majorité de la
population tiendra rancune au gouvernement d'avoir adopté un tel projet
de loi sans, au préalable, avoir donné toute l'opportunité
à la commission de l'améliorer.
Est-ce que ce projet de loi a besoin d'améliorations? Bien oui.
Seulement après une petite tournée de Mme le ministre et suite
à l'étude en deuxième lecture, Mme le ministre a cru bon
d'apporter des douzaines et des douzaines d'amendements. Si seulement
après quelques discours en deuxième lecture les partis
d'Opposition et les gens qui sont venus présenter des mémoires
à la commission ont convaincu Mme le ministre d'apporter de nombreux
amendements, c'est que ce projet de loi avait été
présenté à la hâte et qu'il ne répondait pas
à l'aspiration des Québécois.
Mme le Président, si Mme le ministre avait daigné les
écouter en commission pendant encore deux ou trois semaines, les partis
d'Opposition l'auraient certainement convaincue d'amender son projet de loi ou,
encore, tout simplement de le retirer. Après avoir visité
personnellement plusieurs régions du Québec et après avoir
été présent régulièrement dans mon
comté, tout cela en écoutant bien objectivement, je suis
convaincu et je suis en mesure de dire que la majorité des
Québécois ne veut pas de ce projet de loi tel que
présenté et qu'elle ne sera pas heureuse s'il est adopté
tel quel.
Je ne comprends pas et la population ne comprend pas pourquoi Mme le
ministre ne veut rien modifier et qu'elle semble vouloir faire fi de la
démocratie qu'on devrait trouver actuellement au Québec. Or, le
député de Jonquière n'est pas tout à fait juste
lorsqu'il affirme que l'Opposition n'a pas voulu étudier ce projet de
loi. L'Opposition a attendu longtemps il faut se le rappeler les
documents exigés, documents qui ont tardé à venir du
ministre, Dieu sait si cela a pris du temps avant que le ministre apporte ses
documents en commission. Ce n'est pas tout à fait la faute de
l'Opposition, car le député de Jonquière sait fort bien
que Mme le ministre n'était pas prête à défendre son
projet de loi et qu'elle n'était pas prête à
répondre aux questions de l'Opposition. Cela fait 35 heures que nous
discutons ce projet de loi en commission. C'est vrai, Mme le Président,
mais après avoir obtenu les documents que l'Opposition a exigés
du ministre, j'aimerais savoir combien d'heures, sur ces 35 heures, se sont
écoulées après que nous avons eu les documents et
après que nous avons pu discuter objectivement avec les renseignements
nécessaires.
Comment le ministre peut-elle affirmer être en possession de toute
la vérité quand, après seulement quelques jours,
l'Opposition a déjà démontré à ce même
ministre que ce dernier s'était trompé de quelque $80 millions
sur un total de $350 millions. On avait oublié $10 millions qui sont
portés à l'assurance maladie, $7,5 millions pour les rentes
d'invalidité du Régime de rentes du Québec, $2,5 millions
pour les rentes de retraite et pension de vieillesse, pour la Commission des
accidents du travail, tout près de $3 millions, et ainsi de suite, pour
un total de $86,3 millions. Imaginez-vous, $86 millions sur une
possibilité de $350 millions. Qu'est-ce que cela sera dans six mois?
Qu'est-ce que cela sera dans un an? Et qu'est-ce que cela sera dans deux ans si
seulement après quelques jours de commission parlementaire
déjà l'Opposition a pu prouver à Mme le ministre qu'elle
s'était trompée d'au-delà de 25% quant au coût de ce
projet de loi.
Comment Mme le ministre peut-elle affirmer avoir vu juste à 100%
quant à l'application et au résultat de ce projet de loi? Mme le
Président, vous me permettrez d'en douter, parce que si seulement
après quelques jours, comme je le disais, en commission parlementaire,
on a pu déceler une marge d'au moins 25% d'erreur, qu'est-ce que cela
sera quant à l'application de ce projet de loi?
Quand on parle de la Commission des accidents du travail pour prendre
charge de l'indemnisation, encore là je me pose de sérieuses
questions quant à l'efficacité. Faut-il avoir déjà
travaillé quelques dossiers visant la Commission des accidents du
travail pour se convaincre que cela ne sera certainement pas plus rapide que
les tribunaux. J'ai des cas J'en ai un ici devant moi datant de 1960 qui est
encore en litige et qui n'a pas encore été réglé
concernant la Commission des accidents du travail. Dix-huit ans, pouvez-vous
trouver cela devant les tribunaux? Je ne charrie pas, je parle d'un cas qui est
arrivé à mon bureau lundi en provenance de mon comté. Un
cas qui a passé 18 ans devant la Commission des accidents du travail et
qui n'a pas encore été réglé. On parle
d'efficacité et on veut donner à cette commission
l'administration de l'indemnisation. Mais, Mme le Président, quant
à l'efficacité il y aura besoin d'y avoir des changements parce
qu'on est en mesure de se poser des questions.
Ce n'est pas uniquement la volonté des partis d'Opposition
d'amender ce projet de loi. Non. C'est toute la population. Ce sont plusieurs
Québécois qui espèrent que ce projet de loi subisse des
amendements majeurs pour ne pas dire espérer que ce projet de loi soit
retiré de la circulation.
Ce genre de procédure de la part du gouvernement d'amener une
motion de clôture, Mme le Président, est fort dangereux. Il nous
mène même tout droit à l'Etat totalitaire et fait fi de la
démocratie parlementaire. Je n'accepte pas que le gouvernement bouscule
le processus législatif particulièrement pour hâter
l'adoption d'un projet de loi aussi mal préparé. Mme le
Président, le député de Saint-Jacques, et maintenant
ministre délégué au Haut-Commissariat, aux loisirs et aux
sports, avait parfaitement raison quand il affirmait dans cette Chambre qu'un
gouvernement qui se sert du bâillon, qu'un gouvernement qui se sert de la
guillotine est un gouvernement qui est dans l'impasse. Pour toutes ces raisons,
je voterai contre la motion de clôture.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Verdun.
M. Lucien Caron
M. Caron: Mme le Président, je ne peux pas faire autrement
que de me lever et d'essayer de parler pendant quelques instants sur la motion
de bâillon que le gouvernement nous impose le 13 décembre 1977.
Vous ne savez pas à quel point je peux être déçu.
Etant dans cette Chambre depuis 1970, j'ai été assis juste
à vos côtés, j'ai été assis sur d'autres
banquettes, et j'ai entendu mes bons amis d'en face...
M. Guay: ... il se succède.
M. Caron: ... le leader du gouvernement et d'autres qui ne sont
pas ici ce soir, ou le ministre délégué à
l'énergie que je pourrais citer. Mais cela a adonné que je suis
tombé sur un autre pour me faire claquer les oreilles continuellement au
sujet de la motion de clôture. Ces gens d'en face, nos bon amis
Oui, vous pouvez bien rire nous disaient: Nous autres, au pouvoir,
jamais on ne fera cela. Cela ne fait pas tout à fait un an et un mois et
cela fait trois fois, quatre fois...? C'est la raison pour laquelle je suis
extrêmement déçu. Je voudrais vous lire seulement quelques
paragraphes du journal des Débats, session 1974, volume 15, page 2141.
Je citerai quelques paragraphes du député de Saint-Jacques,
aujourd'hui ministre dans le cabinet Lévesque, qui devrait, il me
semble, essayer de convaincre ses collègues. Je pense que les membres de
cette Chambre vont être bien intéressés de l'entendre. Le
président du temps, M. Lamontagne, notre whip aujourd'hui, avait
donné la parole au député de Saint-Jacques, M. Charron, et
je cite: "M. le Président, c'est la deuxième fois, en très
peu de semaines, que j'ai l'occasion d'intervenir sur cette procédure
exceptionnelle dont se réclame, ce matin, le gouvernement dans la motion
présentée par le leader du gouvernement. Vous me permettrez, M.
le Président en vous rappelant que c'est la deuxième fois
en peu de semaines de commencer par vous faire remarquer que le ton
désinvolte, badin, amusé et peu soucieux que vient de prendre le
leader du gouvernement lui est probablement donné par l'habitude qui
commence à se prendre, du côté du gouvernement, d'utiliser
cette procédure exceptionnelle que, dans tout autre Parlement, on ne se
résigne à utiliser qu'avec beaucoup d'hésitation. Ici,
c'est devenu une habitude, une pratique gouvernementale. Les 102 peureux
il nous disait cela, à nous autres...
M. Verreault: Ce sont les 71 niaiseux.
M. Caron: II y en a 71 probablement, il en manque pas mal, il n'y
a que quelques ministres. "Les 102 peureux qui se sont camouflés,
mercredi soir dernier...
M. Burns: les 102 peureux!
M. Caron: Je lis, Mme le Président, à la page 2141:
"...ne sont forts qu'ici et, encore, ils ne sont forts qu'ici lorsqu'ils se
permettent d'utiliser une procédure exceptionnelle à chaque fois
que l'occasion ou les besoins de vacances de ces messieurs commencent à
se justifier".
Une Voix: II n'a pas dit cela! M. Gratton: Regarde donc
cela!
M. Caron: Nous sommes prêts, nous autres, à revenir
entre Noël et le Jour de l'An ou en janvier, cela ne nous dérange
pas.
M. Burns: Tout est réglé! C'est fait. Pas de
problème.
M. Caron: Je vais lire seulement un autre petit paragraphe, Mme
le Président, et je cite: "II n'y a
pas un Parlement au mondesurtout pas un de régime
britannique, comme celui dans lequel nous vivons où cette
procédure exceptionnelle est utilisée avec autant de
fréquence et présentée avec autant de nonchalance et de
manque d'intérêt, comme vient de le faire le leader du
gouvernement, et cela qualifie déjà, par le simple ton, le
respect que ce gouvernement a eu à l'égard de l'Opposition."
Mme le Président, je ne continuerai pas, mais je voulais juste
demander au leader du gouvernement, mon bon ami, le député de
Maisonneuve, qui se rappelle bien... Oui, mon bon ami. Je suis certain qu'il
accepte que je dise cela. Vous nous avez cassé les oreilles; vous vous
êtes fait... je ne dirai pas le mot que je viens d'entendre, mais,
franchement...
M. Burns: On vous cassait les oreilles bien mieux que vous ne le
faites.
M. Caron: M. le leader du gouvernement, je viens de vivre une
élection et je peux vous dire que je vous rends service, ce soir. Le
député de Verdun, actuellement, vous rend service, si vous
voulez.
Parce que je vous considère encore comme des amis. Tous les
membres de cette Chambre, pour moi, sont des amis et j'essaie de vous rendre
service. J'ai fait environ 2000 portes et qu'est-ce que les gens me disaient?
Une forte moyenne des portes me disait, Mme le Président: c'est
bon que je dise cela pour leur rendre service On est déçu
du gouvernement actuel. On est déçu, oui. On vous rend service
l'Opposition officielle, l'Union Nationale, le député de
Beauce-Sud qui a fait une très bonne intervention qu'on doit respecter.
Je pense que c'est un homme qui est extrêmement pratique dans cette
Chambre. C'est le type qui essaie d'aider le petit.
Vous savez à quel point on va attaquer le petit dans ce projet de
loi. C'est encore le petit qui a besoin d'être aidé. Quand vous
vous êtes fait élire, le 15 novembre dernier, le petit, on devait
en prendre soin. Je vois le ministre, des Affaires sociales, en face de nous.
Quand indexera-t-il les montants que les assistés sociaux
reçoivent tous les mois?
M. Lazure: Ce ne sera pas long, cela s'en vient.
M. Caron: Mme le Président, je veux revenir au projet de
loi. Je voulais juste le dire en passant. Oui, j'étais pour
revenir...
M. Burns: La pertinence... Oui, mais vous étiez comme
parti loin.
M. Caron:... mais c'était pour vous dire à quel
point, le petit, vous n'y pensez pas. C'est en cela que j'essaie de vous rendre
service ce soir.
M. Burns: Oui.
M. Carcn: J'essaie de vous rendre service. Es- sayez donc de le
reporter en janvier ou en février, ce projet de loi, pour qu'il soit
parfait. Vous-même vous l'avez dit, M. le leader dans votre exposé
que ce n'était pas parfait, que c'était loin d'être parfait
ou à peu près ces paroles. Si ce n'est pas parfait, si on peut
faire mieux, je pense que c'est votre devoir, et nous sommes prêts
à revenir entre Noël et le Jour de l'An, si vous voulez, on en
janvier. Retardez les plaques d'immatriculation et vous donnerez à la
population un projet de loi que la population mérite. Mme le
Président, vous savez que la Commission des accidents du travail va s'en
occuper. Je peux vous dire qu'il faut que cela s'améliore encore la
Commission des accidents du travail. D'autres l'ont dit, ainsi que
moi-même, qui nous occupons des gens de mon comté et d'autres
comtés. Il y a certaines personnes qui s'en occupent de plus en moins.
Ayant des fonctions supérieures, aux miennes, elles n'ont
peut-être pas le temps voulu, mais par contre je prends le temps voulu
pour m'occuper de la population.
M. Burns: De plus en moins.
M. Caron: Vous savez, quand on retourne cinq ou six ans en
arrière, pour des gens qui ont eu des accidents et qui doivent faire des
réclamations à la Commission des accidents du travail, ce n'est
pas un cadeau. C'est entendu que quand le gouvernement prend quelque chose...
Riez, venez dans les hôpitaux. Je vois le ministre des Affaires
sociales... Venez faire un petit tour à l'Hôpital de Verdun au
Centre hospitalier de Verdun, vous allez voir les gens qui sont dans les
corridors. Mme le Président, on peut trouver cela drôle ce soir,
mais c'est cela qui arrivera dans deux ou trois ans d'ici.
M. Burns: M. le député de Verdun. Mme le
Président, question de règlement.
Mme le Vice-Président: Sur la question de
règlement, M. le leader parlementaire du gouvernement. Un moment, s'il
vous plaît.
M. Caron: Je sais qu'il ne me reste plus de temps, mais en
conclusion, Mme le Président...
Mme le Vice-Président: M. le député...
M. Caron: Mme le Président...
Mme le Vice-Président: Je regrette, M. le
député de Verdun; il y là une question de règlement
qui est soulevée par M. le leader parlementaire du gouvernement.
M. le leader parlementaire du gouvernement.
M. Burns: Mme le Président, cela va être très
bref. Je ne veux pas prendre le temps précieux du député
de Verdun; je veux simplement lui demander comment il peut se faire que
quelqu'un s'occupe "de plus en moins" d'un problème, à moins
qu'on ne puisse trouver "de moins en pas" d'un problème.
M. Gratton: Mme le Président, une question de
règlement.
Mme le Vice-Président: M. le leader du gouvernement, je
désire vous rappeler qu'il faut demander la permission à
l'intervenant pour lui poser une question. Si M. le député de
Verdun... Je n'ai pas terminé. M. le député de Verdun, je
vous demande... M. le leader du gouvernement a manifesté l'intention de
vous poser une question. Je vous ferai remarquer, M. le député de
Verdun, qu'il vous reste tout au plus un quart de minute pour terminer. C'est
à vous de décider si vous répondrez à la question
et, à ce moment, il ne vous restera plus de temps pour faire votre
conclusion. C'est à vous de déterminer le choix que vous voulez
faire.
M. le député de Verdun.
M. Gratton: Mme le Président, sur une question de
règlement.
Mme le Vice-Président: Mme le Président, il est
très évident que le leader du gouvernement est le premier
à savoir que sa question n'était pas une question de
règlement et qu'effectivement il n'entendait pas, non plus, poser une
question au député de Verdun, puisqu'il connaît très
bien le règlement et qu'il lui aurait demandé la permission avant
de poser la question.
M. Burns: Je peux la demander après, si vous voulez.
M. Gratton: Effectivement, le leader du gouvernement s'amuse ce
soir, comme ses collègues de l'autre côté. C'est son droit
de s'amuser, mais je vous demanderais d'exiger du leader du gouvernement
surtout la plus grande rigueur quant aux interventions qu'il fera au cours des
interventions de nos collègues.
M. Caron: Mme le Président, pour autant que je suis
concerné...
Mme le Vice-Président: J'en conclus, M. le
député de Verdun, que vous considérez que toutes ces
questions n'ont plus leur raison d'être, puisque les mises au point ont
déjà été faites. Concluez rapidement, M. le
député; vous en avez pour moins d'une minute.
M. Caron: Mme le Président, j'en aurais tellement à
dire. Naturellement, en dix minutes, on ne peut pas dire tout ce qu'on veut
dire...
M. Burns: Bien non! C'est effrayant!
M. Caron: ... quand on voit nos collègues d'en face. Mais
je peux vous dire que, dans la tournée des ministériels, je n'ai
vu personne se présenter dans le beau comté de Verdun, parce que
j'aurais pu, avec les lacunes qu'il y a dans le comté, rendre service au
ministre et essayer de remédier à la situation.
Mme le Président, je vous remercie.
M. Burns: Eventuellement, on va s'en occuper.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Montmagny-L' Islet.
M. Julien Giasson
M. Giasson: Mme le Président, la vie parlementaire
réserve parfois des surprises et quelquefois même des
déceptions à ceux qui la vivent. Effectivement, je participe aux
travaux de cette Assemblée depuis bientôt huit ans. Durant ce
temps, il m'a été donné d'assister à des situations
drôles parfois, même cocasses à certaines heures. J'ai
été témoin de certaines volte-face aussi, mais je me dois
de déclarer à cette Assemblée que la plus grande
déception que j'aie connue à ce jour, dans ma vie politique, a
été celle de voir le député de Maisonneuve, leader
du gouvernement, se faire le parrain de la motion qui fait l'objet de nos
présents débats.
S'il est un homme dans cette Assemblée qui, au cours de ses six
années de vie dans l'Opposition, a bien voulu se faire le
défenseur des droits les plus sacrés et les plus fondamentaux de
l'Opposition, c'est bien le député de Maisonneuve.
Je ne puis croire encore qu'il ait accepté d'être la
parrain de la motion qu'on nous a présentée. Si vraiment cet
homme est sincère en présentant cette motion à
l'Assemblée, il était fichtrement sépulcre blanchi
lorsque, au nom de l'Opposition à l'époque, il se faisait le
défenseur des droits fondamentaux de l'Opposition. Je ne sais pas
à quel moment le député de Maisonneuve était
sincère, je me pose encore la question: Est-ce au moment où il
parraine la motion qui fait l'objet de notre débat ou si c'était
lors de nombreuses interventions dans le passé alors qu'il voulait
vraiment, au nom de l'Opposition à l'époque, défendre ce
qui lui semblait être les droits absolus de l'Opposition officielle,
entre autres celui de laisser tout le temps nécessaire à
l'Opposition pour fouiller au maximum la loi présentée dans le
temps, pour tenter d'y apporter des amendements qui auraient pu être
valables? Effectivement, il y a eu, à cette époque, des
amendements présentés par l'Opposition du temps qui ont
été acceptés et qui contribuaient à
améliorer les lois de cette Assemblée.
Lorsque j'ai dit que je vis présentement la plus grande
déception que j'aie connue, c'est une réalité. Le projet
de loi, sur lequel cette motion est appelée, est-il une loi secondaire?
Non, c'est une loi importante selon la volonté même du
gouvernement qui est devant nous. C'est une loi qui vient réaliser l'un
des grands éléments du programme de ce parti depuis quelques
années, c'est une loi qui retrouve son importance parce qu'elle modifie
en profondeur les habitudes d'indemnisation des victimes d'accidents
d'automobiles, elle soutient des principes tout à fait nouveaux dans ce
champ de l'indemnisation des victimes d'accidents d'automobile par rapport
à la longue tradition que nous connaissons dans le monde de l'assurance
non seulement au Québec, mais dans le monde.
Cette loi est importante et le gouvernement le sait. Elle est importante
tant par les principes qu'elle sous-tend que par la réglementation qui
devra en découler à la suite de l'adoption possible
de tous les articles que nous retrouvons dans le projet de loi. S'il est
une loi, parmi d'autres, sur laquelle on ne devrait pas restreindre les droits
de l'Opposition de soutenir un véritable débat, d'apporter des
suggestions capitales au gouvernement, en vue de modifier ou d'amender certains
articles, c'est bien la loi 67. On a tenté de nous laisser croire qu'il
s'agit d'une loi dont nous connaissons les dispositions depuis avril dernier.
J'ai entendu à maintes reprises les gens d'en face nous dire qu'il
s'agit d'une loi qui est connue par l'Opposition comme par les membres du
gouvernement depuis le mois d'avril. Il est important de préciser les
faits. Effectivement, le gouvernement a donné une très bonne
indication, en avril dernier, par le dépôt du livre bleu.
Le livre bleu a permis aux députés de cette
Assemblée comme au public qui a pu en prendre connaissance de voir
là une indication de la volonté gouvernementale de faire siens
les grands principes modifiant les concepts d'indemnisation des victimes en
matière de blessures corporelles. Nous n'avions pas le menu
législatif en main, en avril dernier. Avant de déboucher sur un
texte législatif, le ministre a cru bon de tenir des réunions en
province, de recevoir des mémoires, d'entendre des témoignages et
de dialoguer avec les intéressés qui venaient à ces
réunions, à ces assemblées. Là encore, il
s'agissait toujours du livre bleu et non pas du texte législatif.
Ce n'est qu'en août dernier, à la fin du mois, qu'il a
été possible de prendre connaissance d'un premier texte qui a
été déposé dans cette Assemblée en
première lecture.
Mais qu'en était-il exactement, M. le Président? Ce texte
n'avait pas atteint le niveau d'une loi qui était véritablement
rodée ou prête puisque, depuis le dépôt du texte qui
a fait l'objet du vote de première lecture, un très grand nombre
d'amendements ont été déposés par le ministre.
Mais, au-delà de ce dépôt de première lecture
avant l'ajournement de nos travaux à l'été, ce n'est que
le 28 octobre dernier que les députés de cette Assemblée
ont eu la possibilité, après un débat de quelques heures,
de procéder au vote de deuxième lecture. Et là encore
à ce moment, 28 octobre 1977, les principaux amendements que le ministre
des Consommateurs avait à déposer n'étaient pas connus des
députés de cette Assemblée. Ce n'est que quelques jours
après avoir commencé en commission l'étude article par
article de ce projet de loi, soit le 15 novembre dernier cela ne fait
pas deux mois ni trois mois, le 15 novembre dernier qu'il a
été possible d'obtenir copie d'amendements que le ministre
voulait apporter à un très grand nombre d'articles de ce projet
de loi.
Mais, même au-delà du dépôt de ces amendements
que le ministre voulait apporter, il manquait encore une dimension fondamentale
qui devait être portée à la connaissance de tous les
députés de cette Assemblée et non seulement des
députés de l'Opposition. Le financement du régime
proposé par le gouvernement avait été conçu
à partir d'hypothèses, de conjonctures qui n'étaient pas
connues, non seulement de l'Opposition, mais des députés
ministériels de cette Assemblée.
Il a fallu réclamer maintes et maintes fois, du ministre des
Consommateurs, le dépôt de ce document qui était essentiel,
afin que les députés membres de la commission parlementaire
puissent juger du bien-fondé des prévisions que le ministre
donnait sur un coût possible du régime, un coût possible de
$345 millions. C'était très important de connaître ces
données actuarielles, de juger de l'extrapollation qu'avait
utilisée la firme d'actuaires qui avait voulu guider le gouvernement. Le
principe même d'indemnisation par un système de rentes annuelles
indexées au coût de la vie nécessitait, hors de tout doute,
que nous ayons de l'information à partir des hypothèses sur
lesquelles s'étaient basés les actuaires pour en arriver à
un coût approximatif de $345 millions.
Et même là, en dépit de cette
générosité apparente que le gouvernement veut laisser
croire, nous n'avons pu avoir à notre commission parlementaire, les
témoins qu'une journée. Il s'agit de l'un des actuaires qui
avaient travaillé au programme et à l'évaluation des
coûts et du financement de ce régime et du directeur de la
régie. Ce n'est qu'une petite journée. Nous n'avons même pu
avoir avec nous en soirée ces deux intervenants, soit l'actuaire M.
Binet ainsi que le directeur de la régie, M. De Coster. Ainsi, au moment
où on a indiqué que les témoins ne pouvaient pas revenir
devant la commission en soirée, venir travailler avec nous, un grand
nombre d'interrogations et de faits qui devaient être portés
à la connaissance des membres de la commission parlementaire
n'étaient pas connus.
Mme le Président, très sincèrement, si on avait
donné à l'Opposition comme aux ministériels
quelques secondes pour terminer la possibilité de continuer
l'étude article par article sur une période de quinze jours
seulement, je crois que la commission parlementaire aurait véritablement
progressé. Nous aurions pu ainsi avoir un projet de loi qui sera
voté éventuellement, puisque c'est là la volonté
ferme du gouvernement encore mieux structuré, mieux
articulé et qui aurait pu permettre aux députés, comme
à beaucoup de membres du public, de le faire connaître aux usagers
de ce régime, soit les futures victimes de l'automobile. Merci, Mme le
Président.
M. Burns: Mme le Président, la question de
règlement que je voulais soulever n'a plus d'objet, étant
donné que le député a terminé, parce que je
signalais que ses dix minutes étaient écoulées.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Jeanne-Mance et, ensuite, M. le député d'Outremont.
M. Henri Laberge
M. Laberge: Mme le Président, je me ferais des reproches
de ne pas intervenir dans ce débat
parce que j'ai suivi toutes les délibérations de la
commission et il est important pour moi, comme pour tous les membres du
gouvernement, de donner aux Québécois un régime
d'assurance automobile ou d'indemnisation des victimes d'accidents
d'automobiles plus humain qu'il ne l'a jamais été. A notre point
de vue, coupable ou non coupable, responsable ou non responsable, dans un
accident d'automobile, une victime est toujours une victime. C'est la raison
pour laquelle nous avons opté pour le principe de l'indemnisation sans
égard à la responsabilité.
Pourtant, Mme le Président, après avoir adopté le
principe de l'indemnisation sans égard à la
responsabilité, en deuxième lecture, ici, en Chambre, ce que nous
avons essuyé en commission parlementaireje ne suis pas le
rapporteur de la commission, je n'ai pas à vous faire rapport au
tout début de cette commission, c'est un barrage systématique de
l'Opposition pour nous faire dévier du principe qui était
déjà adopté. C'était inacceptable. Nous avons perdu
les deux premières semaines pendant lesquelles on aurait pu
siéger, c'est-à-dire entre le 16 et le 29 novembre, alors que
l'Opposition a tout simplement apporté des motions, soit pour reporter
le projet de loi, soit pour rendre inopérante la régie qui avait
été créée par un autre projet de loi, au mois
d'août, la loi 49. On voulait lui enlever toute raison d'exister ou on
voulait tout simplement rétablir, par des motions plus ou moins claires
mais qui étaient faciles à lire, le principe de la
responsabilité dans tout accident, ce qui veut dire qu'on
détruisait le principe du "no fault" qu'on avait déjà
adopté. C'était inacceptable et cela nous a fait perdre deux
semaines de débats qui auraient été possibles.
Je voudrais faire une petite digression pour dire que je voulais, et je
le veux encore, rendre hommage au député de Montmagny-L'Islet
qui, depuis qu'il a siégé à la commission parlementaire, a
permis à cette commission de travailler dans l'ordre parce que ses
interventions ont toujours été propres. Mais cela n'a pas
été le cas de tous les membres de l'Opposition. Je pense vouloir
être un bon parlementaire et accepter que l'Opposition ait son rôle
à jouer, mais il y a des rôles qui sont joués
intelligemment et d'autres qui le sont moins parfois. Cela n'a pas
été le cas de tous les membres de l'Opposition; je ne ferai pas
le procès de toute le monde.
M. Goulet: Une question de règlement. M. Laberge:
Je n'ai visé personne, encore.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Bellechasse, sur la question de règlement.
M. Goulet: Mme le Président, je ne veux pas être
désagréable vis-à-vis du député de
Jeanne-Mance, mais cet après-midi, lorsque mon collègue de
Nicolet-Yamaska a, à quelques reprises, parlé des travaux de la
commission, à deux reprises celui qui occupait le siège du
président l'a rappelé à l'ordre. Cela fait quatre à
cinq minutes que le député de Jeanne-Mance a commencé
à parler sur la motion et il ne fait que parler des travaux de la
commission. Je ne vois pas la différence. Est-ce qu'il y a deux poids,
deux mesures en cette Chambre, Mme le Président? C'est la question de
règlement que je voulais soulever.
Encore une fois, sans être désagréable
vis-à-vis du député de Jeanne-Mance, les propos qu'il
tient actuellement et les propos que mon collègue de Nicolet-Yamaska
tenait, Mme le Président, sont dans le même sens. Parce qu'il les
a tenus à peu près quelques secondes on l'a rappelé
à l'ordre, cela fait de trois à cinq minutes que le
député de Jeanne-Mance parle des travaux de la commission et vous
n'avez pas encore daigné le rappeler à l'ordre.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Bellechasse, je crois en effet que vous avez été tolérant.
Je pensais bien que cette question de règlement serait soulevée.
Comme moi, probablement, au début de l'intervention, vous avez cru que
M. le député en venait à parler de cette motion que nous
discutons présentement. Je dois vous rappeler, M. le
député, que nous parlons sur une motion du leader du gouvernement
et qu'en effet, vous n'avez pas à nous parler des travaux à la
commission parlementaire puisque le rapport n'est pas encore
déposé à l'Assemblée nationale.
M. le député de Jeanne-Mance.
M. Laberge: Excusez-moi, Mme le Président, d'avoir
dévié un peu. C'était peut-être une façon
d'en arriver à ma conclusion puisque je ne veux pas abuser trop
longtemps du temps de cette Chambre.
J'ai simplement fait la constatation que, depuis que le leader
parlementaire a laissé entendre que cette motion pouvait être
présentée en Chambre, c'est curieux, le bandeau qui était
sur ses yeux jusqu'à ce moment lui étant tombé sur la
bouche, il semble que l'Opposition a commencé à voir clair. Cet
après-midi, en l'espace de deux heures, on a fait plus de travaux qu'en
l'espace de deux semaines auparavant.
Mme le Vice-Président: M. le député, je
devrai, encore une fois, vous rappeler à l'ordre.
M. Laberge: Je ne donnerai pas de détails sur ce qui s'est
passé en commission, mais c'est simplement pour vous dire que, si cette
motion était arrivée il y a deux semaines, je crois que nous
pourrions apporter en Chambre vendredi un rapport complet et que le projet de
loi aurait été étudié au complet. La seule chose
que je déplore, c'est que cette motion ne soit pas venue deux semaines
plus tôt. Cela aurait permis à l'Opposition de faire tout son
travail plutôt que de fonctionner continuellement par motions dilatoires.
C'est pourquoi j'appuie la motion du leader de l'Opposition. J'espère
que, d'ici vendredi, nous pourrons en commission continuer à travailler
et vous faire rapport ici, vendredi.
Mme le Vice-Président: J'imagine, M. le
député de Jeanne-Mance, que vous avez fait un lapsus parce que
c'est le leader du gouvernement qui a fait la proposition.
M. Laberge: Merci. Je voulais faire la correction.
Mme le Vice-Président: M. le député
d'Outremont.
M. André Raynauld
M. Raynauld: Mme le Président, je voudrais indiquer que la
motion que nous débattons ce soir est sans fondement. J'aurais bien
aimé que ce que le député de Jeanne-Mance vient de dire
ait quelque fond de vérité, quand il nous a dit que nous faisions
un barrage. Je dois dire que, pour la plupart d'entre nous, nous ne faisions
pas le poids. Alors, il était difficile de faire le barrage dont il a
parlé.
La motion est sans fondement parce que d'abord on l'a
déjà dit on a discuté en commission parlementaire
environ deux semaines, environ 35 heures. Le débat, à mon avis,
était, d'une part, utile et, d'autre part, il a été
imcomplet. Nous n'avons pas pu soulever les questions que nous aurions voulu
discuter, qui étaient des discussions fondamentales et d'une grande
importance.
En effet, je pense que ce projet de loi s'inspire d'abord d'une
philosophie que nous combattons. Parce que ce projet de loi est important et
qu'il s'inspire d'une telle philosophie, je pense qu'il était
également désirable qu'on donne l'occasion aux
députés de l'Opposition, en fait à l'ensemble de
l'Assemblée nationale d'en discuter et d'en approfondir tous les
aspects. Un de ces premiers principes, c'est évidemment
l'établissement d'une régie publique. Je pense qu'il s'agit d'une
question importante. Ce n'est pas une question secondaire ou d'opportunisme de
la part du gouvernement. Il y a un principe de fond qui est impliqué
dans l'établissement de cette régie. Il s'agit d'une régie
qui établit un monopole d'Etat. Au cours des travaux en commission
parlementaire, il n'a pas été possible, par manque de temps,
d'approfondir les implications de l'établissement d'une telle
régie.
J'ajouterai même que, parmi les amendements qui ont
été déposés il y a à peine trois semaines
par le gouvernement, on retrouve un article comme celui-ci, qui est l'article
201, où la régie "avec l'autorisation du gouvernement peut
acquérir et détenir des actions de toute corporation
constituée pour pratiquer les assurances de dommages". On apporte un
amendement comme celui-là. Nous n'avons pas eu le temps d'en discuter.
Pourtant, un tel article ouvre la porte à des nationalisations en
série, à des prises de participation auprès des assureurs
dans les entreprises d'assurances privées. Encore une fois, nous n'avons
même pas eu le temps de discuter d'un principe aussi fondamental d'un
amendement qui était apporté à une autre loi que celle que
nous étudions.
On établit donc comme premier principe une régie publique.
J'ai dit que cette régie s'inspirait de principes et d'une philosophie
sociale que nous combattons et qui nous est présentée par le
gouvernement comme une politique visant à protéger les faibles,
à protéger le grand nombre contre des minorités, ce
à quoi nous nous opposons fermement parce qu'il ne s'agit pas de
cela.
Si nous voulons protéger les faibles, si nous voulons
protéger les gens démunis, nous pouvons le faire de façon
directe soit par des subventions ou par les politiques sociales du soutien du
revenu. Mais ce n'est pas en intervenant sur des marchés, en
créant des régies publiques qui établissent des prix
artificiels pour tout le monde et qui s'inscrivent dans une tendance à
créer une société de plus en plus bureaucratique, une
société de plus en plus dirigée,
enrégimentée et autoritaire que nous allons rendre service aux
pauvres et aux démunis.
Le deuxième principe impliqué dans ce projet de loi, c'est
celui, évidemment, de l'assurance et du paiement d'indemnités
sans égard à la responsabilité. Nous avons
déjà manifesté notre accord sur ce principe fondamental.
Mais nous avons eu une longue discussion que nous n'avons pas pu terminer. Nous
avons proposé des amendements qui auraient été utiles au
gouvernement et sûrement utiles à la population de recourir aux
tribunaux lorsqu'il s'agissait de conflit entre les décisions que la
régie va prendre sur les indemnités à verser, et un de ces
amendements a été refusé. Nous avons également
voulu proposer des amendements qui auraient maintenu le principe de
responsabilité au-delà du régime de base des
indemnités prévues; or, cet argument a été
jugé irrecevable par le président. Encore une fois, nous n'avions
pas le temps de discuter de ces problèmes de fond. Nous n'avons pas eu
le temps, non plus, de discuter, par exemple, de tout un ensemble de
problèmes reliés à la tarification qui, dans le projet de
loi gouvernemental, impliquent des subventions d'un groupe à un autre
groupe qui sont absolument arbitraires et injustes pour les gens.
On n'a même pas pu se rendre à la discussion de ce
problème. On n'a pas pu, non plus, sauf incidemment, discuter du
financement et du coût de ce régime d'assurance. Mais on a eu
l'occasion, quand même, de faire ressortir environ $40 millions qui ne
font pas partie de l'estimation faite par le gouvernement du coût de ce
régime public, c'est-à-dire $10 millions qui seront, en fait,
payés par la Régie de l'assurance-maladie du Québec et
qui, jusqu'à maintenant, sont recouvrés de la part des assureurs
privés. On a trouvé $21 millions qui vont être, en fait,
payés par le trésor sous forme d'une diminution de ses revenus
reliée à la taxe sur l'essence et, enfin, environ $10 millions de
plus qui sont un manque à gagner relatif à la taxe sur les primes
d'assurance qui ne seront plus payés par les assureurs privés, et
$40 millions de plus qui ne sont pas exigés des assurés, parce
que
les indemnités sont réduites à cause de l'existence
d'autres programmes gouvernementaux comme celui, par exemple, de la Commission
des accidents du travail et, là, vous savez que...
M. Burns: Mme le Président, j'invoque le règlement.
Nous parlons actuellement d'une motion en vertu de l'article 156.
Peut-être que le député d'Outremont a toutes sortes de bons
discours dans sa poche, mais, Mme le Président, je vous demanderais de
le prier de garder ses bons discours dans sa poche pour les moments
appropriés, ce n'est pas le moment de le faire. Actuellement, nous
discutons tout simplement du fait d'utiliser les dispositions de l'article 156,
c'est tout, pas plus.
M. Raynauld: Mme le Président, si vous me le
permettez...
Mme le Vice-Président: M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: ... je répondrai au leader du gouvernement
que j'essaie de trouver des raisons pour justifier la position que nous prenons
sur la motion de clôture. On va quand même permettre d'essayer de
donner des raisons...
M. Burns: Cela veut dire que vous avez des difficultés
à trouver des raisons pour justifier votre position, c'est cela?
M. Raynauld: Non, plutôt que de vous attaquer et
plutôt que de vous dire, à vous, à quel point vous manquez
de respect pour cette Assemblée, j'essaie de donner des arguments
positifs pour montrer que si le débat avait continué on aurait eu
un meilleur projet de loi. Je pense que c'est tout à fait dans l'ordre,
Mme le Président.
Ensuite, je voulais simplement ajouter que sur ce plan, en ce qui
concerne, par exemple, le financement et le coût du régime, nous
sommes justement, ce soir, à discuter de l'article 18 où il est
établi que la Commission des accidents du travail va être le
premier payeur et que la Régie de l'assurance automobile va être
le dernier payeur avec le résultat que ce ne sera pas exigé de la
Régie de l'assurance automobile.
Il y a des accidents d'automobiles qui vont être payés par
la Commission des accidents du travail et il y en a pour $3 millions. Je dis:
On aurait eu avantage à continuer de discuter et peut-être que
cela nous aurait avantagé.
M. Burns: Question de règlement.
Mme le Vice-Président: M. le leader du gouvernement.
M. Burns: Encore une fois, le député d'Outremont,
je ne fais pas d'argumentation, discute du mérite du projet de loi et je
pense que ce n'est pas le moment de le faire.
M. Gratton: Question de règlement, Mme le
Président.
Mme le Vice-Président: Sur la même question de
règlement, je pense, M. le député de Gatineau, de toute
façon que cette même question de règlement a
été soulevée souventefois ce soir. Je devrai...
M. Gratton: Vous pourriez quand même entendre ce que j'ai
à dire avant de juger de ce que je veux dire. Je ne sais pas, je me pose
la question.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Gatineau, alors je vais vous poser une question. Est-ce que vous intervenez sur
cette même question de règlement?
M. Gratton: Oui, Mme le Président.
Mme le Vice-Président: Alors, je vous dis que je suis
suffisamment renseignée sur cette question de règlement pour ne
pas être obligée d'en entendre une nouvelle. Ce que je dis
maintenant...
M. Gratton: Est-ce que je peux vous demander une directive?
Mme le Vice-Président: J'avais commencé... M. le
député de Gatineau.
M. Gratton: Est-ce que je pourrais vous demander une
directive?
M. Burns: Le président est debout.
Mme le Vice-Président: M. le leader, s'il vous
plaît! M. le député de Gatineau, je vais d'abord
répondre à cette question de règlement. Ensuite, je vous
entendrai si vous avez une directive à me demander. J'ai
déjà rappelé plusieurs membres de cette Assemblée
à la pertinence du débat. Je vous demanderais, M. le
député d'Outremont, d'être bien attentif à ce que
nous voyions à chaque fois le lien entre ce que vous apportez et la
motion qui est en discussion.
M. Raynauld: Mme le Président, je vais essayer de m'en
tenir à la directive de la présidence. J'achève,
d'ailleurs, si M. le leader du gouvernement pouvait me laisser terminer. Je
voulais ajouter un dernier point que nous avons découvert à
l'occasion des travaux de la commission, et je montre que ces travaux sont
utiles. Il me semble que c'est pertinent?
Mme le Vice-Président: M. le député
d'Outremont, je disais tantôt que, tant que la commission n'a pas remis
son rapport, nous ne pouvons pas parler des travaux de la commission comme
telle. Alors, si vous voulez invoquer quelque chose par rapport au projet de
loi, ne faites pas référence à la commission, s'il vous
plaît!
M. Raynauld: Mme le Président...
Mme Lavoie-Roux: Parle de la température. M. Raynauld:
Nous avions découvert...
M. Burns: Cela magane un discours écrit, cela!
Mme le Vice-Président: M. le leader du gouvernement,
à l'ordre, s'il vous plaît!
M. Raynauld: Mme le Président, nous avions
découvert à l'occasion du livre bleu que ce régime public
substitue des rentes à des valeurs en capital pour indemniser les
victimes d'accidents d'automobiles. Nous avons découvert que, pour
l'année 1978, on va verser effectivement à peu près $50
millions sur les $345 millions de prévus et je crois qu'il aurait
été utile de continuer à discuter du régime...
M. Burns: Une récidive. C'est un récidiviste, le
député d'Outremont.
Mme le Vice-Président: M. le leader du gouvernement...
Mme Lavoie-Roux:... récidiviste sur les bords.
M. Burns: Oui, mais écoutez, quand même, Mme le
Président, on peut admettre ensemble qu'on a affaire à un
récidiviste absolument incroyable.
Mme le Vice-Président: M. le leader du gouvernement, je
vous demanderais de me laisser estimer si vraiment le député est
pertinent ou non. A l'ordre, s'il vous plaît, M. le député
de Gatineau!
M. Raynauld: Mme le Président, merci beaucoup pour cette
interprétation. Je voulais ajouter sur ce plan que, pour justifier la
continuation du débat, il aurait été utile de poursuivre
les...
M. Duhaime: M. le député de Richmond.
M. Raynauld: ... discussions et les échanges de vues sur
un sujet qui était aussi fondamental que celui-là où on
substitue encore une fois un régime de rentes on va payer des
fois sur une période de 40 ans à un régime
où on paie une valeur en capital immédiatement.
Nous avons essayé, nous essaierons encore à l'avenir de
faire donner aux gens la liberté de choix entre cette valeur en capital
et des rentes à verser à l'avenir. Il aurait donc
été utile, si nous avions pu continuer le débat, de
discuter d'une question aussi fondamentale.
Mon dernier point ne soulèvera pas de problème.
M. Burns: Votre temps est expiré, je pense. M. Gratton:
II a commencé à 21 h 25. Une Voix: Moins 25.
M. Burns: A 21 h 29.
M. Raynauld: Mon dernier point, c'est celui des documents que
nous avons reçus avec beaucoup de retard. Je voulais souligner que des
amendements nous ont été soumis la semaine dernière par le
ministre. Cela c'est pertinent.
Mme Lavoie-Roux: II vous reste deux minutes.
M. Raynauld: On a reçu des amendements la semaine
dernière, nous n'avons jamais reçu la réglementation et on
n'a jamais été capable de discuter à fond le
problème du financement de ce régime d'assurance automobile. Pour
ces raisons, je vais m'opposer à cette motion de clôture.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Sainte-Marie.
M. Bisaillon: Mme le Président...
Mme le Vice-Président: M. le député de
Richmond.
M. Bisaillon: Si vous me permettez, c'est parce que je dois
retourner en bas.
Des Voix: Bravo!
M. Guy Bisaillon
M. Bisaillon: Mme le Président, on se retrouve encore une
fois avec une motion appelée dans cette Chambre motion de guillotine. Je
suis évidemment d'accord sur le bien-fondé de la motion du leader
du gouvernement, pour plusieurs raisons que je pourrai expliquer
ultérieurement. D'abord parce que, selon l'article 156.1, l'entente qui,
normalement, doit avoir lieu entre les leaders n'a pas eu lieu, et aussi
à cause du fonctionnement en commission parlementaire.
Par ailleurs, si je suis d'accord sur le bien-fondé de la motion,
il semble que ce soit un peu avec regret qu'à chaque fois on est
amené à se prononcer sur ce genre de motion, à cause des
conséquences de ces motions, qui sont tout aussi graves pour les membres
de l'Opposition, même ceux qui quittent la Chambre à ce moment-ci,
que pour les ministériels; conséquences aussi pour les
parlementaires dans le travail qu'ils ont à faire à
l'Assemblée nationale et pour lequel ils ont été
élus.
Quelles peuvent être les conséquences de ce genre de motion
qu'on est forcé, régulièrement, dans cette Chambre de
soumettre à la discussion des membres de l'Assemblée nationale?
Je pense que dans les conséquences que je vais énumérer,
il y en a certaines qui, effectivement, peuvent toucher le gouvernement, mais
il y en a plusieurs, par exemple, qui peuvent toucher l'Opposition. Ce n'est
pas seulement le gouvernement ou l'Opposition qui sont visés par ce
genre de motion, mais c'est le parlementaire dans son travail. Si vous
voulez continuer à avoir de la crédibilité dans la
population, tant de l'Opposition que du côté ministériel,
il faudra peut-être prendre un peu plus au sérieux ce genre de
motions et leurs conséquences. Donc, peut-être qu'on peut
blâmer le gouvernement de les adopter, mais il faudrait aussi
blâmer l'Opposition de le forcer, d'amener le gouvernement dans un goulot
d'étranglement qui fait qu'il ne peut pas faire autrement pour voter sa
législation que d'en arriver à ce stade.
M. Lalonde: Vous me faites pleurer.
M. Bisaillon: Impuissance de notre système parlementaire,
première conséquence. Deuxième conséquence,
l'empêchement qu'auront à court terme les députés de
bonifier les lois. Quel doit être notre travail comme
députés en commission parlementaire? Notre travail comme
députés est d'examiner la législation article par article.
Dans quelle orientation doit-on faire ce travail? On doit faire ce travail pour
essayer d'améliorer au meilleur de notre connaissance, individuellement,
comme représentants de chacun de nos districts électoraux, comme
représentants de la population qui nous a élus, la loi article
par article. A quoi assiste-t-on sur chacun des projets de loi majeurs
actuellement? A un empêchement systématique d'améliorer la
loi par le travail des députés en commission parlementaire.
Après un mois de travail, quand on est rendu à l'étude de
l'article 4 ou de l'article 5, il faudrait savoir, il faudrait avoir en
tête que l'objectif des députés n'est pas à ce
moment d'améliorer la loi et de passer à travers pour la
bonifier.
M. Lalonde: Est-ce que le député me permet une
question?
M. Bisaillon: Non, je n'en permets pas, j'ai seulement dix
minutes.
M. Lalonde: Vous ne permettez pas de questions. D'accord...
M. Bisaillon: Après mes dix minutes, je répondrai
à la question du député.
M. Burns: Assis!
M. Bisaillon: Deuxième conséquence, dangereuse
selon moi, sur le déroulement de nos travaux. On reconnaîtra qu'en
commission parlementaire on a très peu de formalisme, on est très
peu rigoureux sur la procédure. On réussit à s'entendre
entre députés de l'Opposition et députés
ministériels sur une façon plus large, plus souple de
procéder. Le danger, avec le genre de travail qu'on fait actuellement en
commission parlementaire l'exemple de la commission parlementaire sur le
projet de loi no 67 n'est pas unique; il y en a eu d'autres, il y en a d'autres
actuellement et il y en aura d'autres si on ne change pas d'attitude
c'est qu'on sera amené tranquillement à être plus rigoureux
dans notre travail, plus procé- duriers au détriment du travail
qu'on a à faire comme législateurs.
Troisième conséquence, on glisse tranquillement vers un
rôle de l'Opposition et un rôle du gouvernement qui est très
mal compris. Le rôle de l'Opposition, dans le système
parlementaire britannique, n'a jamais été, n'est pas et ne sera
jamais d'empêcher le gouvernement de faire adopter sa législation.
Le rôle de l'Opposition, c'est d'éclairer la population, de
susciter un débat pour démontrer à la population que la
législation, selon l'Opposition, est mauvaise et surtout que
l'Opposition représente, dans les circonstances, une alternative
meilleure. Cela se bâtit sur une période de quatre ans. L'objectif
de l'Opposition, c'est d'arriver, au bout d'une Législature, à
pouvoir démontrer à la population qu'elle est capable de faire un
meilleur travail.
Comment peut-on prétendre, avec le genre de travail qui se fait
actuellement, que l'Opposition serait capable de faire un meilleur travail
quand elle n'est pas capable de démontrer qu'elle peut discuter au fond?
Pour pouvoir faire une démonstration publique, pour pouvoir susciter un
débat valable, il faudrait discuter au fond des problèmes. Je
pense que c'est très dangereux quand l'Opposition commence
tranquillement à ne plus jouer le rôle qu'elle doit jouer dans le
système parlementaire britannique. Si l'Opposition ne joue pas le
rôle qui lui est dévolu dans notre système parlementaire,
aussi bien dire qu'on n'a plus besoin de ce genre de régime
parlementaire et qu'on serait aussi bien de fonctionner dans un autre type de
Parlement.
M. Lavoie: Dictature!
M. Bisaillon: En terminant, je voudrais démontrer aussi
que tout le travail qui s'est fait à la commission parlementaire sur la
loi 67 a été finalement, au bout de la ligne, comme dans d'autres
commissions parlementaires, de la procédure. Lorsque l'Opposition,
lorsque les membres de la commission parlementaire ont été
placés devant l'offre de discuter le problème au fond, en sautant
des articles et en attaquant le coeur du projet de loi, ce qui était
initialement leur demande, on a été placé devant un refus
de l'Opposition de s'attaquer au coeur du problème. On aimait mieux
discuter la question de procédure par une quinzaine ou une vingtaine de
motions tout simplement procédurières avant même
d'attaquer...
M. Lalonde: C'est faux! C'est faux! C'est
épouvantable!
M. Burns: A l'ordre!
M. Lalonde: Arrêtez de mentir!
M. Burns: A l'ordre!
M. Bisaillon: ... le fond.
M. Lalonde: C'est faux! Je vais vous poser une
question. Est-ce que le député me permet de lui poser une
question?
M. Burns: Non.
M. Lalonde: Question de privilège.
M. Lavoie: La vérité a ses droits.
Le Président suppléant (M. Marcoux): A l'ordre! Je
demanderais au député de Laval d'être bien calme, je veux
entendre la question de privilège du député de
Marguerite-Bourgeoys. Il n'a pas besoin de crier pour cela!
M. Lalonde: A titre de membre de cette Assemblée...
M. Lavoie: Un instant! Ce n'est pas vous qui allez juger des
décibels de ma voix, d'accord!
M. Burns: II n'y a pas de "d'accord". Voyons donc, ça
paraît que le leader de l'Opposition est nerveux!
Le Président suppléant (M. Marcoux): M. le leader
parlementaire du gouvernement!
M. le député de Marguerite-Bourgeoys, question de
privilège.
M. Lalonde: A titre de membre de cette Assemblée, qui a eu
l'occasion de travailler à la commission parlementaire sur le projet de
loi 67, je m'inscris en faux formellement contre plusieurs des propos qui ont
été tenus par le député de Sainte-Marie
tantôt, qui parlait de quatre articles qui ont été...
M. Burns: Question de règlement, M. le Président.
Question de règlement, M. le Président, question de
règlement.
M. Lalonde: Voulez-vous demander à ce bonhomme-là
de s'asseoir, M. le Président, je suis debout sur une question de
privilège.
Le Président suppléant (M. Marcoux): Je vais
d'abord entendre la question de privilège.
M. Lalonde: M. le Président, est-ce que j'ai le droit de
parole?
M. Burns: Mais il faudrait quand même qu'il s'agisse d'une
question de privilège.
M. Lavoie: M. le Président, il n'a pas le droit de se
lever là.
Le Président suppléant (M. Marcoux): La parole est
au député de Marguerite-Bourgeoys, peut-être les autres
après.
M. Lalonde: M. le Président, à titre de membre de
cette Assemblée, mes privilèges sont brimés lorsque je
sais par exemple qu'à cette commission parlementaire on est en train
d'étudier l'article 17 et que le député de Sainte-Marie
parle de quatre articles, quand il dit qu'on a fait seulement des motions de
procédure et pas d'amendements au fond alors qu'on a fait des dizaines
et des dizaines d'amendements sur le fond. M. le Président, il y a une
limite à mentir ici en cette Chambre. On a beau tromper la population,
ce n'est pas ici qu'on va tromper les membres de l'Assemblée.
M. Burns: M. le Président, question de privilège.
Question de privilège.
Le Président suppléant (M. Marcoux): Je crois qu'il
n'y avait pas là de question de privilège, il y a des faits que
le député de Sainte-Marie affirme et que vous ne partagez
pas.
M. Lalonde: C'est la vérité que je ne partage
pas.
Le Président suppléant (M. Marcoux):... vous
pourrez dans votre discours...
M. Lalonde: II est fait.
Le Président suppléant (M. Marcoux): ... ou un
autre député de cette Chambre pourra rectifier ces faits s'il le
juge à propos. M. le député de Sainte-Marie. Il vous reste
deux minutes.
M. Bisaillon: Je vais terminer immédiatement, M. le
Président, je veux simplement souligner une chose, c'est aussi le
privilège du député de Marguerite-Bourgeoys de se relever
à l'intérieur du cadre de son intervention pour me reprendre si
je me suis trompé. J'ai voulu souligner une chose, M. le
Président. Les députés de l'Opposition qui nous demandent
toujours de nous lever pour qu'on dise ce qu'on a à dire, bien je me
lève, moi, pour le dire ce que j'ai à dire et cela vous touche.
Cela vous touche, alors prenez-le. Prenez-le quand vous êtes
visés; prenez-le! Quand le chapeau fait on le met. Quant le lait est
"tiré" on le boit.
M. le Président, ce que j'ai voulu souligner, c'est qu'à
chaque intervention la majorité des propositions, des motions qui ont
été présentées, allait à l'encontre du
principe de la loi.
M. Goulet: Question de règlement. M. le Président,
surtout nous de l'Union Nationale qui prêchons l'égalité,
je ne peux pas comprendre qu'il y ait deux poids, deux mesures. Encore une
fois, le député qui a la parole passe son temps à parler
du travail qui se fait en commission; or cet après-midi, on n'avait pas
le droit, pourquoi est-ce que ce soir on a le droit? Même question de
règlement que tout à l'heure.
Le Président suppléant (M. Marcoux): On n'a pas
plus le droit ce soir que cet après-midi. M. le député de
Sainte-Marie.
M. Lalonde: Cela fait dix minutes que vous parlez de ce qui se
passe en commission.
M. Bisaillon: M. le Président, je n'ai pas parlé de
ce qui se fait dans le détail à la commission.
M. Lalonde: Bien oui vous avez dit qu'on n'avait pas...
M. Bisaillon: ... J'ai parlé du climat. Est-ce qu'il va se
taire, cette grande flûte?
Du calme, du calme, d'abord, M. le Président, je me demande si
"menterie", quand on adresse cela à un député, c'est
parlementaire.
M. Lalonde: Je n'aime pas les mensonges. Arrêtez de mentir
puis je vais vous laisser parler.
M. Bisaillon: On reçoit constamment des leçons de
ces vieux parlementaires. Je n'ai pas entendu depuis une semaine, c'est de
là que sont venus tous les propos antiparlementaires...
M. Gratton: Question de privilège. Question de
privilège, M. le Président. Je ne me laisserai pas appeler vieux
parlementaire par un député qui est plus vieux que moi.
M. Bisaillon: Je pensais que le député avait
compris que je ne parlais pas de lui.
M. Marchand: Ce n'est pas tout à fait ce qu'il dit.
M. Bisaillon: Alors, je conclus, M. le Président, en
disant que, malgré tous les regrets qu'on peut avoir à cause des
conséquences désastreuses, tant pour l'Opposition que pour le
parti ministériel, à cause de la situation de fait, il me semble
qu'on ne peut faire autrement que d'endosser la motion qui nous est
présentée par le leader du gouvernement, en souhaitant toutefois
que cela nous serve de leçon d'une fois à l'autre et qu'on
apprenne à améliorer notre travail à l'Assemblée
nationale.
M. Yvon Brochu
M. Brochu: M. le Président, j'aimerais à mon tour
également apporter quelques commentaires sur cette motion qui a
été présentée par le leader du gouvernement. Je
rejoins au début de mes propos certaines préoccupations que vient
d'exprimer le député de Sainte-Marie, lorsqu'il parle du besoin
de repenser notre système parlementaire à certains égards.
Parce qu'on se retrouve à ce sujet, l'histoire est
éloquente aussi et on n'a pas besoin de retourner loin dans le
passé chaque fois, lors des fins de session, dans les mêmes
situations, avec les mêmes engorgements, et on utilise des dispositions
qui sont dans notre règlement comme celles sur lesquelles s'est
appuyé le leader du gouvernement, pour imposer la guillotine à
différents projets de loi comme c'est le cas actuellement pour le projet
de loi no 67.
Chaque fois que cette motion est devant la Chambre, pour ma part, j'en
suis malheureux et je pense que cette préoccupation est celle de
plusieurs parlementaires dans cette Chambre. Pour les citoyens à
l'extérieur, qui regardent travailler les élus du peuple à
l'Assemblée nationale, je pense que cela présente un curieux
portrait. On a, pendant les deux derniers mois, étudié une
douzaine de projets de loi et maintenant, dans les dix prochains jours, on va
nous demander d'en étudier 30 et de les adopter. En plus de cela,
à l'intérieur de ce menu législatif où on a des
pièces aussi importantes que le projet de loi no 67, où on n'en
est encore qu'au début de l'étude du projet de loi en commission
parlementaire, on va nous demander de mettre fin abruptement à toutes
les discussions, à toutes les analyses, à toutes les questions
qui sont encore posées et qui n'ont pas reçu de réponses
sur le projet de loi no 67 qui touche la population du Québec dans son
ensemble, de différentes façons.
Le projet de loi no 67, M. le Président, est de grande importance
et ses implications sont nombreuses. Au lieu de mettre en marche le rouleau
compresseur de la fin de session avec une telle motion, on devrait au contraire
avoir la préoccupation, en tant que parlementaires et surtout le
gouvernement actuellement, de se donner le temps nécessaire
d'étudier le projet de loi à fond et d'en faire une loi qui
réponde aux besoins des citoyens du Québec et non pas à un
programme d'un parti politique. Il y a une grande différence entre les
deux. Le projet de loi no 67 fait plaisir à un certain nombre
d'individus mais il fait surtout plaisir à ceux qui ont bâti le
programme du Parti québécois. Lorsque l'on regarde dans la
population la réaction de nos concitoyens, on s'aperçoit qu'il y
a toute une différence entre les deux parce que eux, actuellement, sont
inquiets et se posent des questions; ils veulent savoir et n'ont pas eu,
à ce jour, toute l'information puisque la commission parlementaire
elle-même n'a pas eu toute l'information pertinente pour se prononcer et
adopter une loi qui se tienne.
M. le Président, pour situer nos travaux parlementaires, et
surtout l'attitude des membres du gouvernement face à ce projet de loi,
permettez-moi de me référer à un article de la Presse
canadienne où on dit: Les députés ministériels ne
réalisent pas la gravité du problème parce que le ministre
Payette les a convaincus que les courtiers, entre autres, se tireront bien
d'affaire dans le nouveau régime, de noter un porte-parole en ce qui
concerne la Fédération de l'assurance automobile lors d'une
entrevue. Entre-temps, l'Opposition continue son obstruction en commission
parlementaire où le débat piétine depuis plusieurs jours
sur les tout premiers articles du projet de loi no 67. On y apporte, en somme,
les mêmes objections entendues lors d'autres discussions.
Je reviens, à cet égard, aux propos tenus par le
député de Sainte-Marie, pour souligner ceci: L'Opposition,
à l'Assemblée nationale, a un rôle particulier à
jouer à ce niveau. Justement, dans le projet de loi no 67 de l'assurance
automobile, l'Opposition se rencontre et se fait le haut-parleur et le reflet
le plus exact possible des préoccupations qui sont celles de nos
concitoyens et non pas celles d'un parti politique. C'est pour cela que ceux
qui ont travaillé au niveau de la commission
parlementaire, comme mon collègue le député de
Nicolet-Yamaska, ont travaillé avec autant d'acharnement pour
éveiller le gouvernement non pas éveiller l'opinion
publique, il y a une nuance parce que l'opinion publique est
éveillée afin qu'il prenne un autre mode d'approche pour
son projet de loi. En ce sens, l'Opposition a joué son rôle et
elle doit continuer à le faire, surtout sur un projet de loi de cette
importance.
M. le Président, il faut simplement regarder autour de soi pour
réaliser quelles sont les réactions face à ce projet de
loi. Dans nos bureaux, chaque semaine, surtout depuis les dernières
semaines, les gens viennent se plaindre et souligner leur insatisfaction et
leur inquiétude: des ouvriers, des agriculteurs, des camionneurs.
On reçoit du courrier également. Ce ne sont pas des
inventions. C'est la réalité. Il faudrait être aveugle pour
ne pas vouloir accepter de voir cette chose. De toute façon, si le
gouvernement maintient ce rythme de vouloir passer à la vapeur un projet
de loi inacceptable, comme il l'est actuellement, il aura fait son lit et il
devra en rendre compte devant la population. C'est le seul moyen qu'il nous
reste maintenant. Entre-temps vous ne pouvez pas reprocher à
l'Opposition de prendre les moyens qui sont à l'intérieur de nos
règlements justement pour sensibiliser le gouvernement et le mettre
devant la réalité et la responsabilité du geste qu'il est
en train de poser dans ce domaine.
Nous avons non seulement besoin de prendre plus de temps sur ce projet
de loi, mais le gouvernement a besoin de réviser complètement sa
politique en ce qui concerne son mode d'approche de l'assurance automobile au
Québec. De plus, il est en train d'établir un système
beaucoup plus complexe où on va donner, une fois de plus,
malheureusement, une place de maître et de roi au fonctionnarisme qui est
déjà beaucoup trop lourd et qui ne rend plus, à plusieurs
égards, les services qu'on est en droit d'en attendre.
Une fois de plus, malheureusement, M. le Président, ce sont les
citoyens qui vont faire les frais de cette décision d'adopter cette
motion de guillotine sur un projet de loi aussi important qui n'aura pas
été étudié à fond et dont on n'aura pas
connu tout le contexte avant son adoption. Ce sont également les
citoyens qui vont faire les frais de cet engorgement de fin de session que l'on
connaît malheureusement.
Le retard n'est pas seulement dû au rôle que l'Opposition a
joué pour que les travaux prennent un certain temps à
évoluer au niveau de la commission parlementaire. Cela a pris deux
semaines, M. le Président, avant d'obtenir certains documents à
la commission parlementaire, comme l'a souligné mon collègue de
Nicolet-Yamaska. Cela a pris deux semaines avant d'obtenir des documents
importants qui étaient implicitement compris dans les articles de loi
qu'on demandait à ces gens d'étudier. Vous voyez dans quelle
position on a placé les parlementaires. Devant un projet de loi d'abord
inacceptable, et ensuite dans une situation où ils ne peuvent vraiment
pas travailler avec des outils normaux. Donc, le gouvernement a
également sa responsabilité, et de beaucoup, dans ce
piétinement.
Lorsque les documents sont, par la suite arrivés, comme on le
voit puisque c'est le cas maintenant, la commission a commencé à
déboucher et à avancer ses travaux d'une façon beaucoup
plus normale. Cela est un indice que si le projet de loi avait
été prêt ce qui n'est pas le cas et si le
ministre avait été disposé à ce moment à le
présenter d'une façon normale et à le défendre
comme il faut, on aurait pu procéder à son adoption et à
sa correction aussi, si le ministre avait voulu entendre...
Je me demande exactement le sens de la tournée qui a
été faite par le ministre si ce n'est pour aller chercher de
l'information auprès des citoyens. Ou n'est-ce pas surtout une parade,
puisque depuis que la commission parlementaire a commencé ses travaux,
un seul amendement a été accepté. Je me demande si le
ministre l'a vraiment vu passer ou si cela n'a pas été une passe
par la bande.
M. le Président, de toute façon le gouvernement en portera
la responsabilité. Le ministre ne veut rien changer. Le ministre ne veut
pas non plus informer la population, comme l'indique un journal de la
région des Cantons-de-l'Est: "Un groupe de citoyens a invité
récemment Mme Payette ou quelqu'un de son entourage à venir leur
expliquer le nouveau régime d'assurance automobile cela est
même après la tournée parade du ministre une
réponse leur a été adressée expliquant que seule
Mme Payette était autorisée à discuter du projet de loi,
il y a rien qu'elle, il n'y en a pas d'autres, et là elle est
prise en commission mais qu'elle ne le ferait qu'au lendemain de
l'adoption." A ce moment on va venir leur dire: Vous allez vivre avec cela.
Est-ce que c'est cela qu'on appelle de la consultation? Est-ce que ce n'est pas
complètement à l'inverse du sens de la première
tournée que le ministre avait faite?
M. le Président, je pense que d'abord et avant tout on doit
dénoncer le fait que dans ce projet de loi le gouvernement va chercher
des sommes d'argent dont il a absolument besoin pour l'administrer. C'est
d'abord une forme de taxe déguisée. Ce n'est pas d'abord et avant
tout, comme on veut le laisser entendre, une recherche de protection pour les
citoyens. Cette loi, comme je l'ai indiqué, découle d'abord d'un
choix politique. On voudrait faire croire maintenant que la population est aux
portes du parlement et qu'elle attend avec anxiété ce projet de
loi, ce qui n'est pas le cas. Le gouvernement en portera la
responsabilité.
En terminant, je vous indique, M. le Président, que notre
rôle à nous, c'est de le dénoncer comme une mesure
illogique...
Le Président suppléant (M. Marcoux): M. le
député de Richmond, je vous inviterais à conclure, s'il
vous plaît.
M. Brochu: M. le Président, si vous aviez suivi le
déroulement de mon argumentation, vous vous
seriez aperçu que, deux phrases plus tôt j'avais dit "en
terminant".
Le Président suppléant (M. Marcoux): Oui, mais je
suis habitué aux propos de cette Chambre et parfois il y a des
conclusions qui prennent du temps.
M. Brochu: M. le Président, vous êtes habitué
aux propos de cette Chambre, mais d'un angle différent ou, plutôt,
d'un autre fauteuil peut-être. Quoi qu'il en soit, je me conforme
volontiers à votre directive, parce que je conçois que mon temps
est terminé. Je veux, de toute façon, indiquer que le
gouvernement a pris sa décision en ce qui concerne le projet de loi 67.
Nous l'avons mis en garde, comme c'était notre devoir de le faire, parce
que nous considérons que le projet de loi, tel que
présenté, n'est pas acceptable, qu'il est illogique et que les
gens ont raison d'être inquiets et insatisfaits. Cela, l'avenir nous le
dira. De toute façon, le gouvernement en porte la responsabilité.
En ce qui nous concerne, tout ce qu'on peut faire à ce stade-ci, c'est
refuser, rejeter cette motion présentée par le leader du
gouvernement pour mettre fin, avant terme, à l'étude du projet de
loi no 67.
Le Président suppléant (M. Marcoux): M. le
député d'Orford.
M. Georges Vaillancourt
M. Vaillancourt (Orford): M. le Président, j'ai
écouté avec beaucoup d'attention plusieurs intervenants qui ont
parlé de cette motion de clôture sur l'étude du projet de
loi 67, Loi sur l'assurance automobile, et qui demande que le rapport de cette
loi soit déposé à l'Assemblée nationale avant les
affaires du jour, le 16 décembre.
M. le Président, le leader nous a soumis comme argument que cette
loi doit être mise en application avant le 1er mars 1978. Pour ma part,
je ne comprends pas pourquoi on est si pressé de faire adopter cette
loi. On est seulement rendu au 13 décembre 1977, c'est-à-dire
deux mois et demi avant le besoin de sa mise en application. Je crois qu'il
n'est pas nécessaire de bousculer tout notre processus
démocratique pour l'adoption de cette loi, vu, surtout, que cette loi va
affecter des millions de Québécois.
Pour ma part, je crois que cette bousculade et ces arguments sont
inutiles et injustifiés. Le gouvernement n'était pas prêt
avec sa loi; il n'a pas fourni tous les renseignements au début de
l'étude de ce projet de loi. Une partie du coût et des effets de
cette loi a été déposée à la commission
parlementaire seulement à la fin de novembre. J'ai bien dit une partie
du coût, car on a découvert, par la suite, des coûts
cachés du régime, soit vers le 6 décembre, après
maintes questions des membres de l'Opposition officielle et de
l'Opposition.
Mme le Président, il y a des coûts cachés dans ce
projet de loi, c'est-à-dire des coûts qui n'ont pas
été dévoilés dans le document que nous a dé-
posé Mme le ministre qui nous donnait seulement un aperçu du
coût réel et de la façon dont on allait financer le
coût des dommages corporels. Après plusieurs questions des membres
de la commission, on a découvert des petites cachettes, telles que, par
l'entremise de divers ministères ou de régies comme celle de
l'assurance-maladie, $10 millions; des rentes d'invalidité du
Québec, $7,4 millions; des rentes de retraite et des pensions de
vieillesse, $2,5 millions; de la Commission des accidents du travail et de
l'indemnisation des victimes d'actes criminels, $2,8 millions; des rentes de
survivants de la régie du Québec, $29,5 millions; de la taxe sur
les carburants, $21,5 millions, soit environ $0.01 le gallon. Ajoutez à
cela les 2% sur les primes qui sont des taxes actuellement perçues par
le gouvernement.
M. Duhaime: J'invoque le règlement, Mme le
Président.
Mme le Vice-Président: M. le député
d'Orford, je m'excuse, il y a une question de règlement qui est
soulevée.
M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Duhaime: Je me demande comment faire pour vous inviter
à rappeler le député qui a la parole à nous parler
de l'article 156 du règlement de la Chambre, à parler sur la
motion qui est devant la Chambre et non pas de nous entretenir sur le fond du
projet de loi.
M. Blank: Sur la question de règlement.
M. Vaillancourt (Orford): Mme le Président...
Mme le Vice-Président: M. le député de
Saint-Louis sur une question de règlement.
M. Blank: Dans l'argumentation du député d'Orford,
il donne une des raisons pourquoi il est contre le bâillon, parce qu'il y
a des faits qui n'ont pas été dévoilés en temps. Et
s'il énumère ces faits, il a le droit absolu
d'énumérer ces faits. C'est la base de son argument et un
argument pourquoi le bâillon n'est pas prêt.
M. Verreault: Le ministre a encore les deux pieds dans son
assiette.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Saint-Louis, je pense que vous ne pouvez pas présumer de ce qu'allait
dire M. le député d'Orford. C'est d'ailleurs lui qui a la parole
maintenant.
Je vous demanderais, M. le député, qu'il soit
évident que vous êtes bien pertinent au débat.
M. Vaillancourt (Orford): Mme le Président, je pense que
le leader adjoint du leader adjoint ne peut pas m'empêcher de donner les
raisons pertinentes à mon argumentation pourquoi je m'oppose à la
guillotine relativement à ce projet de loi. Il faut absolument que je
donne les arguments pour démontrer que le ministre des Consomma-
teurs, Coopératives et Institutions financières, lorsque
l'étude du projet de loi a commencé il manquait beaucoup
d'arguments et beaucoup de ce que pouvait coûter l'assurance automobile.
J'en étais rendu à dire, Mme le Président, que $2,8
millions des rentes des survivants de la Régie du Québec, $29,5
millions de la taxe sur le carburant, c'est-à-dire $0.01 le gallon,
$21,5 millions ajoutés, Mme le Président, à cela les 2%
des primes qui sont des taxes actuellement perçues par le gouvernement
et qui ne seront pas perçues après, environ $7,6 millions.
Mme le Président, nous arrivons avec toutes ces sommes, à
$86,3 millions. Peut-être que nous découvrirons d'autres cachettes
et nous aurions peut-être découvert beaucoup d'autres cachettes si
le projet de loi avait continué d'être étudié en
commission parlementaire après les nombreuses questions qui auraient
été posées par les membres de l'Opposition. Mme le
Président, je trouve que c'est malhonnête de prendre de telles
tactiques pour remplir une promesse électorale. Je trouve que c'est rire
de la population du Québec en essayant de faire croire que cela va
coûter moins cher que l'assurance soit administrée par une
régie plutôt que par l'entreprise privée.
Mme le Président, je pense que c'est rire du monde. Je peux vous
dire d'avance que le gouvernement va payer, un jour, très cher, pour les
actes qu'il pose actuellement. Car on sait qu'environ 60% de la population du
Québec est contre cette loi et cela a été prouvé
d'après des sondages qui ont été faits, je crois, par
Radio-Canada. Mme le Président, je vais conclure, car je suis convaincu
que la population du Québec, comme les Oppositions, vont s'opposer
à ce geste antidémocratique et irresponsable du gouvernement de
mettre fin à l'étude de ce projet de loi 67. L'étude du
projet de loi avançait peut-être à pas de tortue, mais nous
nous apercevions depuis une couple de jours que l'étude avançait
assez rapidement. D'après le député de Jacques-Cartier qui
nous déclarait aujourd'hui lors de son discours que si on leur avait
donné encore une quinzaine de jours, il aurait pu approfondir
l'étude de ce projet de loi.
Pour toutes ces raisons, je déplore que le gouvernement ait
décidé de mettre fin à l'étude de ce projet de loi.
La majorité des articles n'est pas éclaircie et je pense que
c'est dommage que nous approchions la période des Fêtes et que le
gouvernement se voit obligé de bousculer l'étude d'un projet de
loi. La continuation de l'étude de ce projet de loi aurait permis
d'éclaircir tous les détails des articles.
Je tiens, avant de terminer, à féliciter les membres de
l'Opposition qui ont travaillé à l'étude du projet de loi
a la commission parlementaire, car j'ai eu l'occasion d'aller y assister
quelque temps et de les voir essayer par tous les moyens possibles de
connaître tous les détails de ce projet de loi. Malheureusement,
étant donné la force et la majorité du gouvernement, on
nous impose une guillotine. Je le déplore, mais nous devons nous
soumettre à la majorité. Merci.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Saint-Louis.
M. Duhaime: Motion adoptée? M. Harry Blank
M. Blank: Motion pas adoptée.
Le député de Saint-Maurice parle de motion adoptée.
A mon avis, tout ce scénario qu'on voit aujourd'hui c'est une affaire
qui est un peu planifiée. Le gouvernement n'a pas, aujourd'hui ou la
semaine passée, décidé de la clôture ou du
bâillon, qu'on peut appeler; cela fait partie de la stratégie.
Dès le commencement de cette affaire, il savait qu'un projet de loi
comme le projet de loi no 67 ne serait jamais accepté par la population,
si la population était au courant de ce qu'il y a dans ce projet de loi.
Il a tout fait pour essayer d'éviter d'ouvrir, de montrer la
transparence la fameuse expression de ce gouvernement pour avoir
un peu de transparence dans ce projet de loi, comment cela va affecter la
population et ce qu'il y a de bon ou de mauvais dans ce projet de loi. Pour le
moment, je ne trouve rien de bon. C'est dommage. Dans 18 ans ici, au moins, de
temps en temps, j'ai trouvé quelque chose de bon dans des lois mais,
dans ce projet de loi, c'est difficile à trouver.
Si on voit le scénario depuis le commencement, ils ont fait une
promesse électorale. La promesse électorale était de
changer la méthode de l'assurance automobile dans cette province et dans
le programme ils veulent nationaliser, le gouvernement va prendre le
contrôle des assurances pour le bénéfice de tout le monde.
Mais dans leurs études ils ont trouvé que cela ne marcherait pas,
que cela n'avait pas de bon sens, et même ils font un virage contre leur
promesse électorale. Il a essayé de faire une loi je
n'aime pas utiliser le mot "bâtard" ici en Chambre, mais c'est un projet
de loi bâtard. Un peu de cela, un peu d'autre chose. Qu'est-il
arrivé? Le ministre a fait une tournée dans la province. A-t-elle
exposé ce qu'elle voulait mettre dans ce projet de loi? Non. Elle a fait
créer des petites cellules de propagande dans chaque petit village ou
ville où allait cette commission itinérante pas commission
itinérante mais show itinérant. Voyant chaque fois que des
opposants ou des gens voulaient expliquer un autre moyen d'arriver au
même but, un meilleur moyen, ils étaient toujours mis de
côté et on a vu des grands shows des admirateurs de ce
gouvernement qui disaient: Cela est bon. C'était, comme on dit en
anglais: A mutual admiration society. Or, elle arrive ici en Chambre avec un
projet de loi.
Les délais dont on parle, ce n'est que quand on a eu la
deuxième lecture de ce projet de loi, après le commencement de la
session du 18 octobre, et on a déféré cela à la
commission seulement le 27 octobre.
Du 27 octobre jusqu'au 6 décembre, chaque fois que l'Opposition a
posé une question ou demandé un fait, le ministre a refusé
catégorique-
ment de répondre ou de fournir des détails ou des faits.
Pourquoi? Parce qu'elle voulait créer l'impression que c'était
l'Opposition qui s'opposait à ce projet de loi. Ce n'était pas
l'Opposition qui s'est opposée à ce projet de loi, c'est le
ministre elle-même qui s'est opposée à ce projet de
loi.
Cela fait partie du grand scénario qu'on doit arriver ici un jour
en disant: II est trop tard, vers la fin de la session, on a besoin de la
motion de clôture, on a besoin du bâillon. Pourquoi? Parce qu'il y
a quelque chose à cacher. Je suis d'accord avec le député
de Sainte-Marie qui a parlé sur le rôle de l'Opposition de faire
monter l'opinion publique. Pour faire monter l'opinion publique, on a besoin de
faits. Le rôle de l'Opposition est de découvrir ces faits en
posant des questions ou en faisant des motions d'amendement, comme l'Opposition
l'a fait depuis le 27 octobre jusqu'au 6 décembre. On a demandé
des détails, on a demandé qu'on dépose certains faits, le
coût de ce régime. On a demandé de déposer les
règlements. On veut savoir où on va parce qu'on doit
démontrer au public ce qu'il y a dans ce projet de loi.
M. Gratton: Je m'excuse auprès de mon collègue de
Saint-Louis, Mme le Président, mais je constate à regret que nous
ne semblons pas avoir quorum.
M. Duhaime: Mme le Président, voudriez-vous
vérifier?
Mme le Vice-Président: Cela ne me paraît pas
évident, M. le député, mais nous allons vérifier le
compte des députés.
M. Duhaime: C'est ce que j'allais vous suggérer, de
vérifier si nous avons bien le quorum.
M. Gratton: On va vérifier ce que vous avez dans les
fumoirs. En avez-vous beaucoup dans les fumoirs?
Mme le Vice-Président: Nous avons maintenant quorum.
M. le député de Saint-Louis.
M. Blank: Comme je l'ai dit, le but de ce scénario est de
cacher des faits au public afin de créer une situation dans laquelle
l'Opposition ne peut pas montrer au public le vrai visage de cette loi. On a
utilisé ce manque de progression dans l'étude de la loi comme une
raison pour appliquer la motion de clôture ou le bâillon en disant:
C'est une urgence, maintenant. Où est l'urgence? Comment cela va-t-il
changer un iota à l'affaire si on adopte cette loi l'année
prochaine? Cela ne changerait rien. Franchement, à ce stade-ci, si nous,
de l'Opposition, étions malhonnêtes, nous laisserions passer
l'affaire. Je n'ai jamais rien vu qui aura autant de retombées dans le
public que cette loi, d'ici un an ou deux. Il y a des choses ridicules dans
cette loi. Si nous étions malhonnêtes, de ce côté-ci,
partisans ou politisés, nous laisserions passer cette loi sans mener la
bataille comme nous l'avons fait.
On fait cette bataille maintenant pour essayer de sauver la face de ce
gouvernement. Il ne veut pas, il ne comprend pas, il est composé de
naïfs. Ce sont de jeunes politiciens qui ne savent pas ce que le public
veut. Ils représentent 41% de la population et même dans leur 41%,
une grande partie, 60%, sont contre ce projet de loi au sujet duquel le public
ne sait que quelques faits. La grande partie des faits a été
cachée, ils sont encore cachés. Le député d'Orford
a parlé de $80 millions qui sont cachés. On ne sait pas combien
de millions encore sont cachés, mais cette affaire a été
faite exprès. Depuis la première journée de ce projet de
loi, au mois de mai, ce scénario était préparé, et
cela jusqu'à Noël. On dit qu'on veut retarder toute l'affaire pour
essayer de placer toute la responsabilité sur le gouvernement;
c'était le plan, la stratégie de ce gouvernement pour arriver
à ce stade-ci en disant: Oh! On a besoin de cette loi avant le 31 et on
doit appliquer la motion de clôture et le bâillon. C'est la plus
grande fraude envers la population du Québec. On verra cela d'ici un an.
Vous verrez l'année prochaine ou dans deux ans, si vous êtes
encore ici, du côté gouvernemental, que vous reviendrez avec des
amendements parce que c'est une loi qui ne sera jamais acceptée par la
population.
N'essayez pas de vous cacher derrière le bâillon ou la
motion de clôture pour passer quelque chose en cachette! C'est ce que
vous faites, c'est ce que le gouvernement fait actuellement en ne voulant pas
discuter de ce projet de loi. Le ministre est arrivé avec un paquet
d'amendements d'environ un pouce ou deux d'épaisseur.
Ces amendements vont être soumis en bloc quand on étudiera
le rapport et le public ne sera pas au courant de ce qu'il y a dans ces
amendements, ni les députés de votre côté de la
Chambre ou de ce côté-ci. Il n'y a rien encore qui a
été dévoilé dans cette loi. On parle des grands
principes, mais les faits, les réalités, on essaie de les avoir.
On en avait la moitié seulement vers le 6 décembre. Aujourd'hui,
c'est le 13; cela fait cinq jours seulement que la population est au courant
d'une partie de ce qu'il y a dans cette loi, seulement une partie. Maintenant,
quand l'Opposition veut discuter au moins de cette partie, non, le gouvernement
ne veut pas qu'on discute. Il ne veut pas qu'on pose des questions, il ne veut
pas que le public soit au courant. C'est la vraie raison du bâillon. Ce
n'est pas une question de procédure parlementaire parce qu'il y avait
une opposition systématique ou quelque chose comme cela. Ce n'est pas
cela du tout et le leader de la Chambre est au courant, mais, ce sont ses
patrons qui dirigent le travail de la Chambre. Ce n'est pas le leader qui est
en arrière de cela; c'est le groupe qui veut que ces lois passent en
cachette, sans que le public soit au courant. Utiliser la procédure
parlementaire pour des raisons antidémocratiques, je trouve, comme je
vous l'ai dit, que c'est la plus grande fraude que j'aie jamais vue dans cette
Chambre.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Fabien Cordeau
M. Cordeau: Plus cela change, plus c'est pareil. Ce n'est pas la
première fois que cette parole est prononcée en ces murs. Encore
une fois, ce gouvernement nous impose sa motion de fin de session, qui l'oblige
à bousculer tout sur son passage et à nous faire adopter à
la vapeur quelques projets de loi qui méritent toute notre attention, en
particulier ce fameux projet de loi 67, mal conçu et tout aussi mal
préparé. Comme preuve de ces dires, regardez le
dépôt de la brique d'amendements présentés par le
ministre responsable de ce projet de loi.
Au tout début de la présentation de sa motion, le leader
du gouvernement a invoqué l'urgence de l'adoption de ce projet de loi
étant donné l'engagement pris par le gouvernement durant la
dernière campagne électorale. Mme le Président, cela ne
fait pas sérieux, une telle argumentation, étant donné que
ce n'est pas de quinze jours dont le gouvernement aurait besoin pour remplir
ses promesses électorales, mais d'au moins cinq ans en siégeant
d'un soleil à l'autre et six jours par semaine.
Ici, Mme le Président, j'aimerais poser une question au
gouvernement. Quand remplira-t-il sa promesse faite aux municipalités de
leur remettre 1% de plus sur la taxe de vente perçue? Voilà une
promesse oubliée qu'il serait urgent de remplir.
M. Burns: Mme le Président...
M. Cordeau: Mme le Président, comment voulez-vous...
M. Burns: ... j'invoque le règlement.
Mme le Vice-Président: M. le leader du gouvernement, je ne
crois pas présumer de votre intervention en me disant que vous allez
soulever une question de règlement en rapport avec la pertinence du
débat. Je vous ferai remarquer, M. le député de
Saint-Hyacinthe, que nous discutons de la motion en vertu de 156.2 de notre
règlement.
M. Cordeau: Mme le Président, je respecte votre
décision, mais étant donné que le leader du gouvernement
avait fait allusion aux promesses de son gouvernement, je lui en rappellais une
autre. Comment voulez-vous, Mme le Président, que nous acceptions ce
projet de loi lorsque la commission chargée de l'étudier article
par article n'a pas eu le temps nécessaire pour ce faire? Je puis vous
assurer, Mme le Président, que l'adoption à la vapeur de ce
projet de loi ne le rendra pas plus populaire auprès de la population
québécoise.
Mme le Président, je me prononcerai contre cette motion et contre
le projet de loi même parce qu'il va à l'encontre des besoins
actuels de la population, qu'il a une petite saveur socialisante que je ne
crois pas qu'une administration gouvernementale...
M. Burns: Méchant!
M. Cordeau: ... soit plus efficace que l'entreprise
privée...
M. Burns: Méchant!
M. Cordeau: ... que le gouvernement n'a pas indiqué, dans
les coûts d'administration de ce projet de loi, la part qui incombera
à la Commission des accidents du travail en ce qui regarde
l'évalu-tation concernant l'invalidité des personnes
accidentées.
Voilà quelques raisons parmi tant d'autres qui m'obligent
à ne pas appuyer la motion du leader de ce gouvernement qui portera,
seul, l'odieux d'avoir présenté un aussi mauvais projet de
loi.
Mme le Vice-Président: M. le leader de l'Opposition
officielle.
M. Jean Noël Lavoie
M. Lavoie: Mme le Président, je voudrais très
brièvement intervenir sur cette motion. On se demande comment il se fait
que le gouvernement apporte, pour la deuxième fois en quatre mois, cette
motion de clôture, cette motion de bâillon, cette motion qui a
beaucoup de synonymes, pour mettre fin à l'étude d'un projet de
loi d'au-delà de 200 articles, qui a une implication de l'ordre de $400
millions annuellement et qui affecte pratiquement tous les citoyens du
Québec. Le leader parlementaire du gouvernement, lorsqu'il a
présenté sa motion, tentant d'établir le bien-fondé
de sa motion, disait que la commission qui avait étudié le projet
de loi no 67, après la première lecture, avait
siégé du 27 septembre 1977 au 27 octobre 1977, un mois, mais
établissant d'ailleurs bien honnêtement que cette
commission avait siégé dix jours, pour entendre environ 25
mémoires pendant 45 heures.
Ce même projet de loi a fait l'objet d'une étude en
commission parlementaire, après la deuxième lecture, depuis le 16
novembre 1977 jusqu'à aujourd'hui, 13 décembre 1977, mais avec
l'effet qu'apportera cette motion, jusqu'à une date limite du 16
décembre, ce qui fera 30 jours, ce qui représentera effectivement
environ douze ou treize jours de travaux parlementaires, entre 35 ou 40 heures
d'étude en commission parlementaire, après la deuxième
lecture.
Il ne faut pas oublier que ce projet de loi a au-delà de 200
articles et a une implication de l'ordre que je mentionnais tout à
l'heure. Du côté du gouvernement, on est surpris et même un
député, comme le député de Sainte-Marie, se dit que
si l'Opposition continue à faire de l'obstruction aussi forte à
une étude aussi sérieuse d'un projet de loi de telle importance,
il va falloir changer le système.
Des Voix: Ce n'est pas ce qu'il a dit.
Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Lavoie: II ne faudrait pas oublier, M. le Président,
que cette commission, après la deu-
xième lecture qui a été convoquée le 16
novembre, a siégé j'ai les dates ici le 16
novembre; la séance suivante a été le 22 novembre. Suite
à la demande des députés membres de la commission, des
députés de l'Opposition, de déposer le coût d'un tel
régime, la tarification, le ministre responsable du projet de loi a
reconnu le bien-fondé de cette demande et n'a soumis la grille de la
tarification que le 24 novembre. Ce document a été
déposé le 24 novembre. Le jour suivant, ou le jour où la
commission a siégé après le 24 novembre a
été le 29 novembre. Du 29 novembre au 13 décembre, M. le
Président, cela représente à peine trois semaines.
Deux semaines environ. Dès le 29 novembre on a commencé
à étudier l'article 1 du projet de loi. On se sent
scandalisé, du côté du gouvernement, avec un projet de loi
de la sorte et on nous impose la guillotine, le bâillon.
Ce gouvernement qui est au pouvoir depuis à peine un an a
déjà, durant cette année d'administration, a imposé
deux fois cet article 156 qui doit être une mesure d'exception. La preuve
c'est que le gouvernement précédent, qui avait été
là pendant sept ans, avait jugé à propos d'imposer cette
clôture à deux reprises en sept ans. Je vais vous dire à
quelles occasions. C'était avant 1973. C'était lors d'une refonte
complète des districts électoraux où il y avait eu une
Opposition déclarée, reconnue de l'Union Nationale à
l'époque qui, peut-être à juste titre, refusait
l'étude de ce changement radical des districts électoraux au
Québec. Je n'ai pas ici le nombre d'heures que cette commission avait
siégé, mais il était d'évidence patente et publique
que l'Opposition ne voulait d'aucune façon étudier article par
article le projet de loi.
La deuxième fois cela a été pour la loi 22 sur la
langue, en 1974, où le parti du gouvernement actuel qui siégeait
dans l'Opposition à ce moment avait buté pendant des jours, des
heures et des semaines sur l'article 1. C'était un "filibuster"
déclaré, ce qui n'est pas le cas actuellement. Nous avons un
projet de loi d'au-delà 200 articles qui a une implication de $400
millions par année. Cela fait à peine quelques jours que ce
projet de loi est en étude en commission parlementaire. Je crois qu'ils
sont rendus actuellement à l'article 17, et on se scandalise de cela, M.
le Président. Avec l'expérience que vous avez, vous savez qu'un
Parlement, ce n'est pas un rouleau à vapeur. Ce n'est pas un rouleau
compresseur. Il y a eu des lois dans le passé comme la loi 65, Loi sur
les services de santé et les services sociaux, qui ont eu une
implication énorme. Le Parlement ne s'est pas énervé. Il
ne s'est pas emballé. Cela a pris deux ans pour adopter cette loi. Tout
normalement, après deux ans, avec une contribution de l'Opposition
d'alors". Après deux ans, il y a eu un décantage, une
étude normale, continue, et je me demande s'il n'a pas été
adopté d'une manière pratiquement unanime.
Le Code des professions, cela avait une implication énorme, M. le
Président. Cela a pris à peu près deux ans pour adopter ce
projet de loi. On a l'impression que le gouvernement actuel croit sans doute
qu'il ne sera pas là longtemps. Il s'en va au suicide. Il nous
présente des projets de loi d'une telle importance et on voudrait qu'on
adopte dans une semaine, dix ou quinze jours des projets de loi qui normalement
devraient prendre un an, un an et demi ou deux ans. Il n'y a rien qui presse.
Vous qui êtes un légiste de renommée, M. le
Président, combien cela a-t-il pris de temps dans le système
anglais pour façonner au 17e ou 18e siècle toute la philosophie
des assurances? Cela se faisait dans les cafés ou dans les bars. Les
assureurs se levaient debout sur la table pour partager un peu 5% ou 2% des
risques d'assurance de la navigation à l'époque. C'est l'origine
des Lloyds. Cela a pris des siècles pour façonner le
régime des assurances, comme le régime des banques ou des autres.
Cela a été façonné avec le temps. Ici on arrive
avec un régime tout à fait nouveau et qu'on ne connaît
nulle part. Connaissez-vous des compagnies d'assurances qui ont des traditions
d'un ou deux siècles qui pourraient appliquer, dans une période
de deux, trois ou six mois, un régime d'assurance basé sur un
système hybride, en porte à faux, social et autres, sur des
rentes indexées et tout?
On se pose des questions, à savoir comment sera couvert
l'automobiliste québécois, le camionneur, le propriétaire
de voitures de location, de taxis, le cultivateur, les propriétaires
d'autobus, de motoneiges, de motocyclettes, de vélomoteurs, etc. On veut
passer tout cela et on voudrait qu'on le gobe dans quinze juours ou trois
semaines. On se demande comment seront couverts les ministres, entre autres,
qui n'auront pas assez d'une couverture de $18 000 par année, ni vous,
M. le Vice-Président, ni moi, nous n'aurons pas assez d'une telle
couverture, pas plus que le secrétaire général.
M. Burns: M. le Président, je m'excuse, je ne veux pas
vous surprendre, vous achevez.
Le Vice-Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement, si vous le permettez, quant à être interrompu, aussi
bien l'être pour vrai.
M. Lavoie: Voulez-vous demander une suspension de la
séance?
Le Vice-Président: Non, en fait, il vous restait environ
une minute. Même si c'était tuer le temps, le temps a passé
très rapidement, mais je n'avais pas l'intention de vous
interrompre.
M. Lavoie: Vous, vous saisissiez, je pense, la profondeur de mon
propos.
Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît! Je
vous laisse une minute, M. le leader parlementaire de l'Opposition
officielle.
M. Levesque (Bonaventure): Un bon discours!
M. Lavoie: Je voulais vous dire comment on peut transformer,
changer tout ce système d'assurance qui a une tradition d'au moins un
siècle ou deux. On se demande comment, même les compagnies
privées, dans ce système hybride où les dommages corporels
seraient couverts par un régime étatique mais où les
dommages matériels... Il va falloir que les compagnies privées
s'ajustent à cela. Comment seront-nous couverts lorsqu'on ira dans le
Maine, en Ontario ou ailleurs, lorsqu'on prendra des gens qui font du pouce ou
autrement?
Je vous dis que le gouvernement actuel a préparé ce
scénario. Il veut gouverner par décrets, à l'avenir. S'il
voulait livrer la marchandise qu'il a promise à la population aux
dernières élections, s'il voulait indexer les impôts, il
n'y aurait pas d'études aussi longues que cela. S'il voulait donner les
2% aux municipalités qui sont promis sur la taxe de vente, cela serait
beaucoup plus rapide que cela, mais je vous dis qu'actuellement, le
gouvernement... Je termine et je reviens au propos de la motion. Le
gouvernement prépare une mauvaise Loi. Il a voulu cette clôture,
il veut gouverner par décrets. Même après les amendements
qu'on devra gober et adopter en bloc lundi prochain, on se réveillera
avec une archi-mauvaise loi, et on sera devant la situation où
même des risques ne seront pas couverts.
Je termine en disant que c'est une honte, ce n'est pas un gouvernement
que nous avons devant nous, c'est un bourreau, M. le Président.
Le Vice-Président: M. le député de D'Arcy
McGee.
M. Victor Goldbloom
M. Goldbloom: M. le Président, s'il n'y avait pas une
motion devant la Chambre, j'aurais voulu en formuler une: une motion de
remerciements à l'endroit du député de Sainte-Marie pour
le cours magistral qu'il nous a donné sur la théorie et la
pratique du parlementarisme et sur le rôle de l'Opposition.
Ce n'est pas souvent, dans mes années dans cette Chambre, que
j'ai pu entendre un cours magistral sur le parlementarisme. La seule chose,
c'est que, quand on devient député, il n'y a pas d'exigence
préalable d'avoir suivi des cours. C'est un peu comme devenir
père ou mère, on peut le devenir sans avoir suivi des cours
auparavant.
Si le député de Sainte-Marie a suivi des cours, tout ce
que je peux dire, c'est qu'il n'est pas allé à la bonne
école. Il aurait dû aller à l'école du
député de Maisonneuve. Les députés de Sauvé,
de Lafontaine, de Saguenay, de Saint-Jacques, de Chicoutimi auraient pu
être des professeurs presque aussi bons, mais pas tout à fait.
Je vous dis à l'avance que je ne suis pas enthousiaste de la
télédiffusion de nos débats; mais je regrette, ce soir,
que nous n'ayons pas eu la télévision en cette Chambre entre 1973
et 1976 notamment et que nous n'ayons pas enregistré sur ruban
magnétoscopique les débats épiques qu'il y a eu quand le
gouvernement précédent a voulu se servir du règlement de
la Chambre pour raccourcir certains des débats.
M. le Président, quand les péquistes étaient dans
l'Opposition, aucune restriction n'était justifiée. Il fallait
toujours entendre tous les intéressés. Même si la
commission parlementaire n'avait pas été convoquée, il
fallait revenir à la charge pour demander cette convocation. Il y avait
toujours, quelque part dans l'opinion publique, des intéressés
qu'il fallait entendre avant de procéder à l'adoption de la
loi.
Il était toujours scandaleux de prolonger les heures de session.
Il était toujours antidémocratique d'avoir recours aux
mécanismes de clôture. On manquait de respect pour
l'Assemblée nationale, pour la démocratie, pour les
intéressés.
M. le Président, je constate aujourd'hui et je cite un
distingué collègue de cette Chambre que nous vivons le
régime des "other days, other ways".
Le Vice-Président: A l'ordre, M. le député
D'Arcy McGee! Vous vous adressez à la présidence.
M. Goldbloom: M. le Président, il est vrai que chacune des
formations politiques a un rôle à jouer dans cette Chambre, mais
cela ne veut pas dire que nous sommes des comédiens. Nous sommes, dans
une certaine mesure, des avocats. Nous avons chacun une cause à
défendre et nous devons défendre cette cause pour sa valeur
intrinsèque, plutôt que de toujours nous exprimer sur le plan tout
à fait personnel.
D'ailleurs, dans le système parlementaire que nous avons, il y a
une certaine solidarité qui est nécessaire de part et d'autre.
Mais quand même, M. le Président, il ne faut pas exagérer.
De deux choses l'une; si nous, de ce côté-ci de la Chambre, nous
réagissons contre le bâillon du gouvernement et, en ce faisant,
nous essayons d'empêcher le gouvernement d'adopter de bonnes lois, c'est
l'opinion publique qui va en juger; c'est nous qui allons en souffrir. Mais,
par contre, M. le Président, si nous jouons bien notre rôle, ce
n'est pas simplement une tentative d'obstruction sans avoir de raison valable
vis-à-vis de cette même opinion publique.
M. le Président, j'exprime un sentiment personnel parce
que j'ai siégé, comme vous le savez, des deux côtés
de la Chambre, comme vous j'ai le sentiment que, quand l'opinion
publique n'est pas d'accord avec un projet de loi présenté par le
gouvernement, généralement, elle s'exprime, mais le gouvernement
ne l'écoute pas parce qu'il est tellement convaincu d'avoir
raison et elle parle davantage avec l'Opposition.
C'est cela que nous essayons de dire au gou-vernement, M. le
Président, en refusant sa motion de bâillon. Le gouvernement veut
imposer le bâillon parce qu'il a des oeillères
idéologiques. Ces oeillères lui permettent de voir seulement ce
qu'il veut voir. Tout ce qu'il veut voir, c'est que le gouvernement, surtout
quand c'est un gouvernement péquiste, est, par définition, pur et
efficace. L'entreprise privée, par la même définition, est
une "gang" d'exploiteurs.
L'entreprise privée ne se préoccupe pas du bien commun, le
gouvernement fait cela. L'entreprise privée ne pense qu'au profit et en
faisant ce profit...
M. Burns: Pertinence du débat.
M. Goldbloom: C'est pas mal pertinent.
M. Burns: On parle d'une motion pour mettre fin aux travaux de la
commission au cas où vous ne le sauriez pas.
M. Goldbloom: Je dis que c'est un gouvernement idéologique
qui ne veut pas voir.
Le Vice-Président: M. le député de Laurier,
à l'ordre, s'il vous plaît!
Vraiment, M. le député de D'Arcy McGee je vous
écoute avec attention, mais... A l'ordre, s'il vous plaît!...
J'aime mieux vous interrompre pendant deux minutes, M. le député
de D'Arcy McGee pour que vous reveniez à la pertinence du débat
afin que personne ne vous interrompe vraiment.
M. le député de D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: M. le Président...
Le Vice-Président: Je m'excuse, à l'ordre, s'il
vous plaît!
Si on veut prendre la journée pour ce débat, on va la
prendre sérieusement.
M. Goldbloom: M. le Président, est-ce que j'ai bien
compris que vous m'avez dit qu'il me reste deux minutes.
Le Vice-Président: C'est exact. Je ne l'ai pas dit, mais
vous l'avez deviné.
M. Goldbloom: M. le Président, je voudrais vous demander
comment il se fait que d'autres projets de loi qui ne sont pas minces et qui ne
manquent pas d'importance ont pu suivre les procédures normalement avec
une collaboration que le leader du gouvernement a reconnue lui-même. Nous
avons amendé la Loi des cités et villes, le Code municipal. Nous
avons traversé une brique énorme qui est la Charte de la ville de
Montréal, une série d'amendements à cela et il y avait
l'occasion de faire toutes sortes de débats et toutes sortes
d'obstructions. Nous ne les avons pas faits. C'est bien simple, c'est parce que
nous avions senti que l'opinion publique était
généralement favorable à ces changements, mais pas dans ce
cas-ci.
M. le Président, dans ce cas-ci, des contre-propositions ont
été faites. Le gouvernement n'a pas voulu les écouter. Il
y a eu des propositions de table ronde pour discuter publiquement du contenu de
ce projet de loi et de la théorie qui le sous-tend. Nous avons ici un
gouvernement qui, en posant le bâillon, veut insister sur son propre
chambardement de la société québécoise et de son
économie.
Ce n'est pas un plaidoyer que je fais pour que l'Opposition ait plus de
temps; mon plaidoyer est pour que le gouvernement ait plus de temps pour
réfléchir sur ce qu'il fait.
En terminant, je dis ceci. Ce gouvernement est composé d'hommes
qui, quand ils siégeaient dans l'Opposition, avaient toujours raison.
Ils sont au pouvoir, ils ont encore toujours raison. Mais la définition
de la démocratie, c'est un régime dans lequel seule la population
a toujours raison.
Je dis, par votre intermédiaire, à ce gouvernement: Avant
de déclencher la guillotine, vous seriez bien inspiré de bien
vérifier l'identité de la tête qui est sur le billot. C'est
probablement la vôtre.
Le Vice-Président: M. le député de Robert
Baldwin.
M. John O'Gallagher
M. O'Gallagher: Merci, M. le Président. Je ne vous
ennuierai pas longtemps. Il est inacceptable...
Une Voix: En anglais.
M. O'Gallagher: ... que le gouvernement impose le bâillon
non seulement deux fois, mais trois fois dans trois mois; on a eu la trouvaille
du siècle lorsqu'on a arrêté la commission parlementaire
sur le projet de loi no 1. On a mis la guillotine sur la loi 101 et maintenant
la guillotine sur le projet de loi no 67.
It is not acceptable, Mr President, that a law of this importance has
imposed the guillotine. The importance of this law, in my opinion, is the fact
of nationalization of a part of the private sector. This is done at all costs
by this government, without knowing the true cost, without knowing the
reglementation and without studying the amendments proposed by the minister, a
brick of amendments which only confuse the government's deputies, the
Opposition's deputies and the public at large. We are all confused.
We have had 35 hours of debate in a parliamentary commission. This is
unacceptable after only 35 hours of debate on so important a question.
Le Barreau du Québec, le BAC, la Fédération des
courtiers sont tous contre ce projet de loi.
After all, these people are the experts in insurance. They have a
background of hundred of years of expertise in this field. Do you think, for
one minute, that the public believes that the government political scientists
are the experts? Even all the polls in the public show that 60% of the public
at large are against this bill. This is quoted from a poll prepared by
Radio-Canada.
Le public et l'Opposition ne sont pas convaincus que ce soit la
solution. Tous, cependant, sont convaincus que le gouvernement remplace un
système incomplet par un autre système incomplet après
seulement 35 heures de débat.
What kind of a government have we got that imposes the guillotine three
times in the last four
months? The same kind of government that has imposed restrictive
taxation on a depressed hotel industry without creating any jobs; the same kind
of government that imposes taxes on children's clothes and shoes on an industry
that is depressed without creating any jobs. Now, we have the famous
nationalization of Asbestos Corporation. Are we going to apply the guillotine
in this case? Are we going to force Quebecers to pay out good money to American
investors?
Without guarantee the money is going to come back and without creating
any jobs. This is the kind of government that we have, the guillotine. The same
government is going to spend $12,5 millions of our money to invest into Culinar
without creating creating any jobs.
Qu'est-ce que les prochains quatre mois nous réservent? Encore la
guillotine. Why are we in such a rush to adopt this legislation? Is it because
of the arrogance of the government or the arrogance of the minister? Are you
all blinded by the arrogance of the minister? Are you all so sure that she is
the mother of all truth?
Mme le Président, we are obviously faced with this big political
"show biz" pour la forme politique et non pas pour le principe. On passe la
guillotine sur un contrat basé sur une prévision
préparée par des fonctionnaires et pas sur un prix fixé
par l'entreprise privée. Le public connaît la différence.
Comme le disait le député de Sainte-Marie, c'est vraiment une
situation désastreuse pour ce Parlement et surtout pour la province.
Merci.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Matapédia.
M. Léopold Marquis
M. Marquis: Mme le Président, j'aurais souhaité
prendre la parole pour la première fois dans cette Assemblée dans
d'autres circonstances que celles que nous connaissons en cette fin de session.
Egalement, j'avais prévu, dans une telle occasion, parler des
problèmes que vivent quotidiennement les gens de mon comté, car
ces problèmes sont nombreux, mais j'aurai l'occasion, je
l'espère, d'y revenir au cours du mois de février prochain ou du
mois de mars. Pour ce soir, cependant, pour l'ensemble de la population du
Québec et particulièrement pour celle de l'Est du Québec,
qui paye probablement les primes d'assurance automobile les plus
élevées à l'heure actuelle, il est important que le projet
de loi no 67 soit adopté le plus vite possible. Je suis donc convaincu
de bien représenter les intérêts de l'immense
majorité de mes électeurs en intervenant dans ce débat,
afin de faire en sorte que le régime d'assurance automobile entre en
vigueur, tel que prévu, le 1er mars prochain.
En effet, si le projet de loi no 67 n'est pas adopté dans les
délais prévus, il s'ensuivra des préjudices graves pour
des centaines et peut-être même des milliers de victimes
d'accidents d'automobiles, car à chaque jour il se produit au
Québec de nombreux accidents qui sont la cause de dommages corporels
pour lesquels les victimes, dans le régime actuel sont malheureusement
trop souvent insuffisamment indemnisées. Sans compter, Mme le
Président, les centaines de milliers d'automobilistes qui actuellement
ne sont couverts pas aucune police d'assurance automobile et qui
représentent des risques considérables pour eux-mêmes, pour
leur famille et pour la société en général.
Vous vous demandez sans doute, Mme le Président, pourquoi je suis
pour qu'on mette fin dès cette semaine aux travaux de la commission
parlementaire des consommateurs, coopératives et institutions
financières.
C'est qu'après plusieurs semaines passées à
écouter patiemment les élucubrations de certains membres de
l'Opposition, je constate qu'ils ne sont aucunement intéressés
à étudier sérieusement ce projet de loi, puisque, au
départ, ils sont fondamentalement opposés à son adoption.
Pour ce faire, ils font perdre le temps de la commission et de ses membres par
des motions de toutes sortes et des amendements inutiles visant, dans plusieurs
cas, à changer même les principes adoptés en
deuxième lecture. Quand on sait ce que coûte une séance de
commission parlementaire aux contribuables du Québec, ma plus grande
crainte est de me faire reprocher d'avoir permis que ce simulacre de commission
parlementaire continue pendant des semaines, voire même pendant des mois
au rythme où se déroulent ses travaux, pour arriver finalement au
même résultat, car, je le répète, j'ai la conviction
profonde que la majorité des membres de l'Opposition je fais
quand même des exceptions siégeant à la commission
des consommateurs, coopératives et institutions financières est
là uniquement pour bloquer le projet de loi, pour nous empêcher
d'adopter, dans des délais raisonnables, chacun des 208 articles, tel
que l'Assemblée nationale nous en a donné le mandat. Même
si nous venons d'adopter, il y a quelques minutes, l'article 18...
Des Voix: Bravo!
M. Marquis: ... il en reste tout près de 200. Mme le
Président, depuis le début de mon mandat de député,
c'est-à-dire depuis treize mois, ma plus grande déception a
été et est, de plus en plus, les lenteurs inadmissibles et les
pertes de temps épouvantables que je déplore comme plusieurs de
mes collègues à l'occasion des séances de
l'Assemblée nationale comme en commission parlementaire et, en
particulier, chaque fois qu'a siégé la commission parlementaire
des consommateurs, coopératives et institutions financières.
Nous n'avons pas pu terminer l'étude des crédits de ce
ministère en commission parlementaire parce que quelques membres et, en
particulier, le critique de l'Opposition officielle prend facilement 20, 30, 40
minutes et même davantage pour dire ce que toute personne
compétente pourrait parfois résumer en moins de cinq minutes.
En terminant, Mme le Président, et pour ne pas faire ce que je
reproche à certains de mes col-
lègues, c'est-à-dire d'être trop longs, je vous
annonce que je voterai en faveur de la motion du leader du gouvernement afin de
mettre un terme aux travaux de la commission parlementaire pour permettre ainsi
aux six millions de mes compatriotes québécois de profiter le
plus vite possible d'une mesure qui s'avérera l'une des plus humaines et
des plus importantes qu'aura fait adopter ce gouvernement au cours de ce
premier mandat. Merci, Mme le Président.
Mme le Vice-Président: M. le chef de l'Opposition
officielle.
M. Gérard D. Levesque
M. Levesque (Bonaventure): Mme le Président, je n'avais
pas l'intention d'intervenir à ce moment-ci. Je pense bien que la
Chambre et le leader du gouvernement en particulier doivent bien
connaître les réactions normales qui peuvent être les
miennes à la suite du comportement du leader du gouvernement.
Après avoir passé bien des années à se scandaliser
des motions du leader du gouvernement qu'il avait en face de lui pendant qu'il
était dans l'Opposition, aujourd'hui ce même leader du
gouvernement, autrefois leader de l'Opposition officielle, ne se gêne pas
pour présenter des motions qu'il condamnait avec véhémence
et avec vigueur surtout lorsque l'on sait que ce gouvernement semble vouloir
gouverner par décrets.
Il faut bien comprendre, Mme le Président, que nous avons dans
notre règlement, une disposition pour que, dans certaines circonstances,
nous puissions utiliser cette motion de clôture ou ce bâillon. Cela
doit se faire avec grand soin. Cela doit être une mesure exceptionnelle
et prise en dernier recours. D'ailleurs le leader de l'Opposition officielle le
rappelait il y a un instant, nous l'avons fait nous-mêmes alors que nous
étions accusés de tous les péchés d'Israël;
nous ne l'avons fait que deux fois en sept ans et dans des circonstances
très précises qu'a évoqué d'ailleurs le
député de Laval lorsqu'il a parlé de la Loi sur les
districts électoraux et de la loi 22.
Il est important aussi de se rappeler que, dans d'autres circonstances,
nous avions à présenter des lois extrêmement importantes
comme le Code des professions, la loi 25 sur les services de santé et
les services sociaux; nous avons, à cause de l'importance de ces projets
de loi, passé même jusqu'à deux ans à les
étudier. Je songe en particulier encore à ce projet de loi sur la
protection de la jeunesse qui a été discuté en Chambre et
en commission parlementaire depuis trois ans. Je sais que mon
prédécesseur à la Justice, qui était le
député d'Outremont, M. Choquette, avait discuté en
commission parlementaire avec le ministre des Affaires sociales et l'Opposition
du temps. J'ai repris toute la discussion en commission parlementaire. Nous
sommes encore à étudier ce projet de loi sur la protection de la
jeunesse. Nous attachons beaucoup d'importance à ce projet de loi. Nous
n'avons jamais jugé qu'il était essentiel de procéder
à la clôture, parce que nous avons songé que de ces
discussions pouvaient naître plusieurs suggestions très positives
à l'avantage justement de la jeunesse.
Nous avons devant nous un projet de loi qui touche l'assurance
automobile. Nous savons que c'est une expérience complètement
nouvelle qu'entreprend le gouvernement. Nous pensons présentement que,
si nous adoptons ce projet de loi à la vapeur alors que nous n'avons pas
eu réellement le temps d'avoir les renseignements nécessaires,
nous entendrons dire encore en commission parlementaire que le gouvernement n'a
pas encore fourni les renseignements qu'il devait fournir. On s'attend que ces
renseignements nous soient fournis vendredi, la même journée que
la commission doit faire rapport. Non seulement c'est de la mauvaise
législation, mais c'est de la précipitation qui ne se justifie
pas. La motion qui est actuellement devant nous mérite non pas seulement
d'être combattue, mais battue.
Mme le Président, nous avons découvert dans toute cette
législation et cela dans les tout derniers jours, qu'il y avait des
coûts cachés et que les services à la clientèle
n'étaient pas assurés, garantis. Nous n'avons pas trouvé
jusqu'à maintenant, dans cette législation, de quoi garantir que
les objectifs qui étaient poursuivis seraient atteints. En particulier,
on sait que ces objectifs touchaient le montant des primes, primes qu'on
voulait voir réduites et autres objectifs, c'était de voir
à une couverture plus généreuse pour l'assuré. Dans
les deux cas, nous n'avons pas présentement la preuve que nous allons
atteindre ces objectifs.
Il serait donc important, avant d'apporter cette motion de
clôture, d'être en mesure, Mme le Président, de bien
évaluer les conséquences des gestes que nous allons poser.
D'autant plus qu'à la toute dernière minute, le ministre
responsable de ce projet de loi a présenté toute une série
d'amendements. Le député de Matapédia il est parti
parlait tout à l'heure de principes nouveaux. Il y en a justement
un principe nouveau parmi plusieurs autres qui ont été
apportés dans ces amendements.
Un en particulier où l'on voit que dans l'article 201 on dit que
l'article 3 de ladite loi est remplacé par le suivant: La régie
peut, avec l'autorisation du gouvernement, acquérir et détenir
des actions de toute corporation constituée pour pratiquer les
assurances de dommages. Alors, il s'agit là d'un principe
complètement nouveau sur lequel on ne s'est jamais prononcé en
deuxième lecture. Il faudrait si on veut respecter
l'économie de notre règlement, l'esprit, la lettre du
règlement revenir en Chambre, rediscuter en deuxième
lecture un principe aussi important que celui de permettre la nationalisation
de compagnies d'assurances, etc. Tout cela, ce sont des principes nouveaux, on
n'a jamais voté là-dessus. Présentement, on nous demande
non pas d'en discuter on suggère présentement une
clôture pour arrêter toute discussion en commission, mais on
ne peut même pas revenir et discuter du principe en deuxième
lecture. Je dis que c'est là de la précipitation qui n'est
sûrement pas justifiée et je ne puis que m'opposer avec
toute la vigueur dont je suis capable contre une telle motion du leader du
gouvernement.
Je comprends que le leader du gouvernement ne fait qu'exécuter
une décision du cabinet; je sais que, pour lui, c'est un peu
mécanique. D'un autre côté, à travers lui, je veux
attaquer le gouvernement et je veux attaquer le Conseil des ministres, qui n'a
pas su mettre à sa place le ministre des Consommateurs,
Coopératives et Institutions financières. On n'a pas eu le
courage de lui dire qu'elle faisait fausse route et qu'il fallait cesser et, en
même temps, on n'a pas tenu compte de l'opinion publique. Comme le
député de D'Arcy McGee le disait tout à l'heure, le
travail que fait présentement l'Opposition, qui peut paraître de
l'acharnement, n'est que simplement la traduction de l'opinion publique, vous
le savez. Pendant l'heure du dîner, je rencontrais encore des gens qui me
disaient: Est-ce possible que nous allons avoir, le 1er mars, une telle loi?
Déjà, les coups commencent à pleuvoir sur les
assurés, et on commence à voir se multiplier les
inconvénients. C'est simplement rendre service au gouvernement, à
ce moment-ci ce n'est pas rendre service à la population, si on
ne nous croît pas que de lui demander de ne pas nous imposer la
clôture. C'est une mesure qui n'atteindra pas les objectifs poursuivis et
qui sera rejetée par la population dans son ensemble, par des milliers
et milliers de citoyens, hommes et femmes du Québec. Lorsqu'ils seront
confrontés avec les conséquences d'une telle loi, ils se
plaindront amèrement et avec raison non seulement du gouvernement mais
également du législateur qui a voulu, par précipitation,
et même sous le coup d'une clôture, imposer à la population
une mesure qu'elle rejette d'emblée. Je ne comprends pas le
gouvernement, à l'heure actuelle; c'est pour sauver la face, c'est quoi?
De toutes parts, on nous dit que ce régime proposé est
bâtard, qu'il ne fait plaisir à personne, qu'il est de nature
à causer les ennuis les plus graves et qui seront multiples.
Nous ne voulons pas être prophètes de malheur mais nous
voulons attirer l'attention du gouvernement. J'ai déjà
été, maintes fois, dans le gouvernement et j'aurais dû,
à certains moments, écouter l'Opposition. Je vous le dis,
à un moment donné, on est dans le quotidien et on est pris avec
toutes sortes de choses qui pressent et on pense: Mon Dieu, il faut que cela se
fasse! Et on a d'autres choses à faire, il faut passer cela. Non, je
vous dis: Vous faites erreur, mesdames et messieurs du gouvernement. Je vous
dis, avec la petite expérience que j'ai dans l'administration publique,
qu'il faudrait qu'à ce moment-ci on se ressaisisse collectivement et
qu'on dise: II n'y a pas lieu d'avoir une motion de clôture, c'est ce qui
est le plus odieux, présentement. Motion de clôture pour la
deuxième fois cette année. Est-ce qu'on va gouverner par
décret? En quatre mois, deux motions de clôture, cela n'a aucun
sens.
Je vois que mon temps est terminé mais je veux protester
vigoureusement contre cette attitude qui est réellement inacceptable de
la part d'un gouvernement démocratique.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Laurier.
M. André Marchand
M. Marchand: Mme le Président, je ne peux décevoir
mes "fans" du Parti québécois, les "back-benchers"
d'arrière-ban là-bas qui m'attendent depuis après le
dîner afin que je leur adresse la parole. Mme le Président, je les
comprends très bien parce que ces gens, même si dans une
journée fatidique, il y a presque un an ou plus, n'avaient pas compris,
ils ont compris que le député de Laurier avait compris le bon
sens depuis longtemps. Et aujourd'hui, c'est pour cela qu'ils m'ont
demandé de leur parler. Je pourrais peut-être leur parler comme un
curé. Ils en ont dans leur parti, je vais leur laisser cela. Mais, Mme
le Président, je regrette infiniment que le député de
Mercier soit sorti au moment où j'allais adresser la parole.
Une Voix: On écoute.
M. Marchand: Alors, mon ami de Mercier m'avait demandé
d'adresser la parole et j'ai décidé de le faire, peut-être
spécialement pour lui, mais pas dans les mêmes termes parce que je
serais peut-être antiparlementaire, Mme le Président, mais dans
votre cas, je ne suis pas certain que vous ne l'accepteriez pas.
Mme le Vice-Président: Vous êtes très
aimable, M. le député de Laurier, mais venez-en donc à la
motion, voulez-vous?
M. Marchand: J'en suis à la motion, Mme le
Président, parce que le député de Mercier, ce poète
émérite qui, d'ailleurs, m'a garanti qu'il en ferait d'autres...
J'espère qu'une bonne journée, il viendra consulter, de Mercier,
et comme artilleur de la pensée, imprimeur, je lui donnerai des termes
qui seront plus conservateurs. Pour revenir à la motion, mais que mes
amis... Pardon?
Mme Leblanc: Pour en arriver à la motion, pardon.
M. Marchand: Est-ce que vous avez quelque chose à dire? Si
vous avez quelque chose à dire sur la motion, Mme le
député des Iles-de-la-Madeleine, j'aimerais tellement vous
entendre.
Mme Leblanc: C'est tellement intéressant ce que vous dites
que cela vaut la peine d'écouter.
M. Marchand: Dans ce cas, ne m'interrompez pas et si vous avez
quelque chose à dire, je vais vous faire une petite recommandation.
Allez à votre siège parce que vous enfreignez le règlement
en ce moment.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Laurier, je vais être obligée de vous retourner cette balle et
vous demander d'en venir à la motion.
M. Marchand: Avec toute la condescendance que je vous connais,
Mme le Président, votre bonté, votre amabilité
condescendante, je vais me plier à tout ce que vous me direz, comme je
l'ai toujours fait, d'ailleurs. On me demande d'aller au fond de la question,
mais je n'ai que dix minutes, je ne puis y rester.
Mme le Vice-Président: Votre temps file, M. le
député de Laurier. Cette motion!
M. Marchand: Mon leader parlementaire, avec son humour naturel,
son sens de l'aile parlementaire, il y a des fois qu'il veut faire sourire ces
personnes qui sont en face de nous, qui ont le sourire si peu facile, mais ce
soir, cela leur fait du bien quand même devant cette triste loi qu'on
nous propose, alors le leader parlementaire a permis de me faire sourire et
peut-être eux aussi. Je n'avais pas le goût de rire devant cette
loi, Mme le Président. Le leader parlementaire, dans ses commentaires
sur ces dix minutes que j'ai à donner et qui sont très courtes,
car je pourrais en avoir pendant trois heures... Mme le Président, vous
savez ce qu'est un leader. Cela peut être un chef de file. Mais cela
peut-être un point de conduite. En imprimerie, on appelle cela un point
de conduite. Un point de conduite, cela n'a pas de jugement. Je pense,
très sérieusement, que dans une table de matière, et je
pense que le député de Mercier va me comprendre très bien
parce qu'il connaît cela... Un point de conduite, savez-vous ce que
c'est, Mme le Président?
Vous écrivez page 1, introduction, puis là il y a des
points de conduite, mais cela ne réfléchit pas. Un point de
conduite, cela peut être le leader parlementaire actuel, puis cela peut
être aussi...
M. Levesque (Kamouraska-Témiscouata):
Cela peut être le député de Laurier aussi.
M. Marchand: ... le gars qui mène quelque chose. Mais,
actuellement, je pense que c'est un point de conduite, parce que, dans son
discours, il nous disait et je parle sur la motion, Mme le
Président qu'il ne remplissait qu'une promesse électorale.
Mais, en regardant de plus près le "remplissage" je ne sais pas
si c'est tellement dans le vocabulaire, mais je pense que dans le vocabulaire
du député de Mercier, cela va aller de cette promesse je
me demande si ce n'est pas la fosse des Québécois que l'on
remplit. Lorsqu'on ne remplit des promesses que pour les remplir, on peut voir
ce que ça peut donner. On confie à un ministre incompétent
la tâche de remplir une promesse électorale et de fabriquer une
loi à deux têtes. Une loi qu'il a pu fabriquer, penser, peser avec
ce qui existe au-dessus des épaules, car si 60% de la population ont
fait élire ce parti au pouvoir...
Une Voix: 40%.
M. Marchand: ... 40%, il reste quand même 60% de la
population qui ont voté contre...
Une Voix: 59%.
M. Marchand: ... ce bon et beau gouvernement. Mais il y a
actuellement un pourcentage plus éloquent dans la population. Et,
là, je me demande quel est ce pourcentage, entre 20% et 0%, qui est pour
la loi qu'on nous présente.
Mme le Vice-Président: A l'occasion de ce petit moment de
silence, je peux vous dire qu'il vous reste à peu près une minute
pour conclure. J'espère que cette fois...
A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Marchand: Je suis assuré qu'avec une minute on ne peut
pas aller au fond...
Mme le Vice-Président: ... de la question, M. le
député de Laurier.
M. Marcnand: Tout simplement et vitement, je veux quand
même dire qu'il est arrivé que le député de
Jonquière est venu à l'Assemblée nationale en disant
à la commission qu'elle devait siéger pendant que
l'Assemblée nationale siégeait. J'ai vu deux autres membres de la
commission, députés du parti au pouvoir, qui sont venus
siéger ici et donner leur opinion sur ce même projet. Mme le
Président, vous me faites des signes et vous m'énervez, c'est
effrayant. Quand même, comment peuvent-ils être utiles à une
commission lorsqu'ils ont le goût d'être ici pour m'entendre? Je me
pose des questions. Mes "fans" du Parti québécois,
j'espère qu'ils le demeureront et je suis assuré qu'à
l'avenir, avec la réflexion, ils admettront et verront que le bon sens
n'est pas toujours du côté du pouvoir, mais du côté
de l'Opposition qui essaie de leur donner des bons conseils et de leur donner
peut-être...
Mme le Vice-Président: Concluez, M. le
député.
M. Marchand: Je vois le leader parlementaire qui essaie de me
dire que mon temps est terminé. Oui, mon temps est terminé.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Gatineau.
M. Michel Gratton
M. Gratton: Mme le Président, mes propos seront en quelque
sorte une réplique à ceux que tenait le député de
Sainte-Marie au cours du débat sur cette motion.
Le député de Sainte-Marie a exprimé ses doutes sur
la valeur de la présentation de cette motion dite de clôture sur
un projet de loi qui touche l'assurance automobile. Le député de
Sainte-Marie a parlé de trois conséquences de ce genre de motion,
la première étant l'impuissance dans laquelle on place notre
système parlementaire au moment où on demande à
l'Assemblée nationale, au moment où le gouvernement se rend
compte qu'il
doit demander à l'Assemblée nationale d'adopter une motion
de clôture de façon à mettre fin à un débat
qui, aux yeux du gouvernement, s'éternise.
Il a également mentionné qu'une des conséquences de
cette procédure est d'empêcher l'Opposition, aussi bien que les
membres de l'Assemblée nationale en général, de bonifier
les lois. Comme troisième conséquence, il s'est interrogé
sur la valeur du travail que fait l'Opposition au moment où, à
son avis, l'Opposition se limite à faire perdre le temps de
l'Assemblée nationale, tant en commission qu'ici en Chambre, et à
répéter des discours qui, aux yeux des ministériels, ne
mènent nulle part.
On parle souvent et c'est particulier chez le
député de Sainte-Marie de la nécessité de
faire la réforme parlementaire. Encore ce soir, à plusieurs
occasions, les députés ministériels, sans doute quelque
peu écoeurés, si on peut employer l'expression, des nombreux
discours que les députés de l'Opposition ont fait sur cette
motion, nous parlent un peu partout, ici à l'Assemblée nationale,
de la nécessité de réformer notre façon de
procéder, notre façon de légiférer. Comme si le
seul but d'un Parlement serait de voter des lois le plus rapidement et le plus
efficacement possible.
Il est sûr qu'on a tous notre conception de ce que devrait
être le parlementarisme, mais c'est bien évident que cette
conception varie énormément selon qu'on siège du
côté du gouvernement ou du côté de l'Opposition. On
n'a qu'à revoir le journal des Débats des années
soixante-treize ou soixante-quatorze pour s'en rendre compte. Le principal
rôle n'est sûrement pas d'atteindre des records quant au nombre de
lois qu'on peut voter. Je vous citerai seulement un exemple d'un travail
d'Opposition qui a semblé superflu aux nombreux députés
ministériels qui l'ont subi au cours de la première partie de
cette session, alors qu'on a reproché aux députés de
l'Opposition de faire strictement de l'obstruction, de faire de la
rhétorique, de faire perdre le temps de l'Assemblée nationale
mais qui, pourtant, a eu un résultat bénéfique, qui a
bonifié la législation de l'Assemblée nationale puisque,
effectivement, le projet de loi qui était alors à l'étude,
c'est-à-dire le projet de loi no 31, au nom du ministre des Affaires
municipales, Loi autorisant les municipalités à imposer un droit
sur l'immatriculation de certains véhicules automobiles, ce projet de
loi, dis-je, n'est jamais revenu devant l'Assemblée nationale.
On aura beau me dire, du côté du leader du gouvernement,
que cela peut venir demain ou après-demain; on ne pourra pas me charrier
là-dessus, je suis convaincu qu'on reverra jamais ce projet de loi parce
que justement, au moment de la deuxième lecture, les
députés de l'Opposition, tant de l'Union Nationale que de
l'Opposition officielle, ont essayé, avec les moyens à leur
disposition des vingt minutes à répétition
de faire comprendre au gouvernement qu'il était en train de faire une
erreur sur ce projet de loi no 31. Je n'aborderai pas le fond du projet de loi.
On a même convenu, du côté de l'Opposition, qu'il y avait
lieu de faire la seule motion d'amendement possible en deuxième lecture,
c'est-à-dire de reporter l'étude du projet de loi à cinq
mois de façon à démontrer notre opposition très
ferme à l'adoption du projet de loi et ainsi de sensibiliser le ministre
des Affaires municipales et le gouvernement au fait qu'il s'agissait là
d'un projet de loi que l'Assemblée nationale ne pouvait adopter.
J'ai relu tantôt le journal des Débats, les volumes 19, 88
et 89 datés du 8 et du 9 août, qui porte sur les débats de
ces deux jours parlant strictement de la motion de report de la deuxième
lecture du projet de loi no 31 a cinq mois.
J'ai noté qu'aucun député ministériel n'est
intervenu, aucun, pas un seul, pas même le ministre des Affaires
municipales. Je n'ai pas compté le nombre de députés de
l'Opposition qui sont intervenus sur cette motion, mais j'imagine qu'il y en a
eu un bon nombre puisque, depuis le 9 août, on n'en a pas
réentendu parler, Mme le Président. Cela, à mon avis,
c'est le rôle de l'Opposition.
Si ce soir on s'oppose vivement, si on a l'air de se
répéter, de parler dans le vide puis ce n'est pas juste
l'air, j'ai la certitude que je parle dans le vide présentement
le fait demeure que c'est notre job, à nous députés de
l'Opposition. Forcément, cela doit déplaire aux
députés ministériels, surtout aux membres du cabinet qui
se disent: II faudrait bien partir en vacances. C'est une décision
politique, on a fait une promesse électorale avec cela et c'est bien de
valeur, nous on marche avec cela, la population nous jugera au moment de la
prochaine élection.
Bien nous aussi, et c'est le député de Sainte-Marie qui le
disait, si nous devons essayer de convaincre la population que nous sommes une
solution de rechange valable au gouvernement d'en face, d'ici la prochaine
élection, ce n'est sûrement pas en appuyant le gouvernement
à adopter des projets de loi contenant des principes sur lesquels on est
absolument opposés dans les détails; de A à Z où on
s'oppose fermement. Si c'est comme cela qu'on doit, nous de l'Opposition
devenir une solution de rechange valable au gouvernement, là j'y perds
mon latin.
Mme le Président, je vous noterai en terminant que la promesse
électorale qu'a faite le Parti québécois de faire une
réforme de l'assurance automobile, j'en suis. Je ne vous reprendrai pas
par contre les nombreuses autres promesses dont on ne parle pas depuis un an et
un mois que le parti est au pouvoir; on le fera une autre fois. Mais il faut
bien se rendre compte que cette promesse, cette hâte du gouvernement de
faire une réforme ou en tout cas de donner l'impression qu'on fait une
réforme de l'assurance automobile, cela n'a pas commencé avec le
projet de loi no 67, cela a commencé avec le projet de loi 49, projet de
loi qu'on a adopté il y a à peine trois mois. Déjà,
dans le projet de loi no 67, on apporte un amendement, sinon plus d'un, au
projet de loi 49, projet qui créait la Régie de l'assurance
automobile.
C'est un projet de loi qui pressait à la fin de la
première partie de la session au mois d'août; c'était
urgent. Il s'agissait, j'imagine, d'entériner une partie de la promesse
électorale du Parti qué-
bécois. On l'a voté, sinon trop rapidement, en tout cas
sûrement pas assez lentement pour qu'on ne soit pas obligé deux ou
trois mois plus tard, par l'entremise du projet de loi 67, de proposer
déjà des amendements. En fait, on doit se demander si ce n'est
pas ce qu'on est en train de faire avec le projet de loi 67, en faisant rapport
vendredi à l'Assemblée nationale, en permettant aux
députés de proposer des amendements au moment de l'adoption du
rapport. Ces amendements, s'ils viennent de l'Opposition seront rejetés
du revers de la main; on n'a qu'à se rendre compte de ce qui se passe en
commission parlementaire. Les amendements proposés par le gouvernement
seront adoptés les deux yeux fermés par les députés
ministériels et avec la majorité. C'est bien entendu que le
projet de loi 67 sera exactement celui que le ministre et le cabinet ont bien
voulu, mais nous de l'Opposition, on va dire: Bien oui, allez-y, cela a bien du
bon sens cette affaire-là! On n'est pas d'accord sur les principes, on
n'est pas d'accord sur les détails, on n'a pas fait de promesses nous de
faire cela a la vapeur, n'importe comment; et puis notre job en tant que
députés de l'Opposition c'est de faire en sorte que la population
sache éventuellement ce qui se passe, ce qu'on est en train
d'adopter.
Alors, Mme le Président, c'est tout ce que j'avais à dire.
C'est bien entendu que la motion sera adoptée, la majorité
ministérielle y verra, mais qu'on arrête de dire, à chaque
fois, qu'on fait une motion dilatoire ou qu'on s'évertue, nous de
l'Opposition, à user de notre droit de parole légitime que nous
accorde le règlement pour essayer de faire changer d'idée le
gouvernement. Si on n'est pas assez éloquents, si on n'est pas aussi
intelligents, si on n'a pas l'intelligence que ces gens d'en face peuvent
avoir, il ne faut pas nous en faire un reproche.
D'abord, je ne suis pas d'accord avec cela mais je vous dirai, Mme le
Président, que, quant à moi, je n'ai pas l'intention, dans le but
de partir en vacances un peu plus rapidement ou dans le but de rester plus amis
avec certains députés ministériels... Vous voulez que je
conclue, je conclus là-dessus, Mme le Président, en vous
répétant que la réforme parlementaire que nous souhaitons
tous devra faire plus que d'essayer de museler l'Opposition parce que, quels
que soient les règlements, quelles que soient les motions de
bâillon, de clôture qu'on adoptera, pour ma part, je suis sûr
que tous mes collègues de l'Opposition ne se plieront jamais à
adopter des lois sur lesquelles nous ne sommes pas d'accord, et nous prendrons
tous les moyens à notre disposition pour que la population soit
informée.
M. Cordeau: II n'y a pas de leader.
Mme Lavoie-Roux: II n'y a pas de gouvernement.
Mme le Vice-Président: M. le leader du gouvernement
exercera-t-il son droit de réplique?
M. Burns: Oui, Mme le Président, de façon
très brève.
Mme le Vice-Président: Alors, M. le leader.
M. Robert Burns
M. Burns: Mme le Président, nous avons entendu environ 28
orateurs pour nous dire jusqu'à quel point il ne fallait pas adopter
cette motion que j'ai proposée. Tous et chacun, sauf peut-être le
député de Jonquière, le député de
Jeanne-Mance, le député de Sainte-Marie et le
député de Matapédia, se sont formalisés de cette
motion. J'ai entendu des choses absolument étonnantes venant de la part
de nos amis de l'Opposition officielle lorsqu'ils nous disaient que deux fois
en quatre mois nous avions imposé la motion de clôture. J'ai vu,
moi, pire que cela. J'ai vu, deux fois dans un même projet de loi, une
motion de clôture, deux fois, relativement au projet de loi no 22. Bien
oui, et il n'y a personne qui semble s'être étonné de cela.
Nous autres, nous avons crié au meurtre, je vous le dis tout de suite.
On a fermé la porte aux gens qui devaient intervenir devant la
commission et on a fermé la porte également aux membres de
l'Opposition qui, à l'époque, se tenaient là.
Mme le Président, cela m'apparaît comme une chose tout
à fait normale qu'un gouvernement qui a pris un certain nombre
d'engagements électoraux... Je le répète, il n'y a rien de
pénible là-dedans, il n'y a rien d'indécent dans cela. Si,
à un moment donné, nous ne respections pas nos engagements
électoraux, on nous reprocherait de ne pas les respecter. Un de nos
engagements électoraux très importants, c'est celui de
l'assurance automobile et, entre autres, Mme le Président...
M. Verreault: ...
M. Burns: Cela viendra en temps et lieu. Ne vous pressez pas, il
y a un certain nombre de choses...
M. Verreault: Dix ans, ce sera trop tard.
M. Burns: Je vais vous parler d'autres engagements
électoraux qui sont déjà réalisés: le projet
de loi sur le financement des partis politiques est déjà
adopté.
M. Gratton: Question de règlement, Mme le
Président.
M. Lavoie: Est-ce que la pertinence du débat existe pour
le leader parlementaire du gouvernement?
M. Burns: Mme le Président, on me pose des questions de
l'autre côté, alors je réponds aux députés.
Entre autres, Mme le Président, un autre engagement électoral que
nous avons...
M. Gratton: Question de règlement, Mme le
Président.
Mme le Vice-Président: Revenez à la pertinence du
débat.
M. Lavoie: Pertinence du débat, Mme le
Président.
Une Voix: Cela dérange.
M. Burns: Les médicaments gratuits pour les personnes de
plus de 65 ans, Mme le Président, c'est un autre engagement
électoral que nous avons respecté.
M. Gratton: Question de règlement. Des Voix:
Bravo!
Mme le Vice-Président: Je ne voudrais pas avoir à
nommer tous les députés qui interviennent actuellement. M. le
leader du gouvernement, je voudrais quand même vous rappeler que vous
sembliez très chatouilleux sur la pertinence du débat
tantôt. Je vous demanderais...
M. Burns: Quand on se fait blâmer de respecter nos
engagements électoraux, écoutez, Mme le Président, je suis
obligé, au nom du gouvernement, de relever un certain nombre
d'anachronismes dans l'attitude de l'Opposition officielle surtout. Je ne
blâme pas l'Union Nationale parce qu'ils ont été
là-dessus très corrects.
M. Gratton: Votre club ferme, ne lui faites pas mal.
M. Burns: Ils ont été très corrects dans le
sens...
M. Gratton: Ils vont dire oui si vous êtes fin.
M. Burns: ... qu'ils nous ont dit carrément qu'ils
n'étaient pas d'accord avec cela. Cela, je le prends. Je l'accepte.
M. Lavoie: On ne vous l'a pas assez dit, nous.
M. Burns: Mais qu'on nous dise, Mme le Président et
cela, c'est la première fois que j'entends cela le leader du
gouvernement justifie cette motion par le fait qu'il y a un certain nombre
d'engagements électoraux qui sont respectés, l'un de
ceux-là étant le projet de loi no 67, et qu'on nous blâme
de respecter nos engagements électoraux, cela est absolument aberrant,
Mme le Président. Par exemple, on va nous blâmer d'avoir permis
aux personnes âgées...
M. Gratton: Mme le Président, question de
règlement. Le leader du gouvernement est impertinent, Mme le
Président.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Gatineau, je vous dirai, comme je l'ai dit au leader du gouvernement cet
après-midi, de me laisser déterminer si l'intervenant actuel est
impertinent.
M. Burns: Je n'ai pas l'intention, Mme le Président, de
mettre de côté vos directives, mais j'ai quand même
l'intention de montrer jusqu'à quel point il est ridicule de la part de
l'Opposition de nous présenter quelque 24 intervenants sur une motion
qui signifie simplement que ce gouvernement va respecter l'un de ses
engagements électoraux.
Malheureusement, dans une même année, il est absolument
impossible pour le gouvernement de les respecter tous. Mais, je n'ai pas vu
encore de gouvernements qui, à l'intérieur d'une même
année, lorsqu'il a quelque huit engagements importants précis, se
faire...
M. Gratton: Pertinence!
M. Burns:... dire par l'Opposition: Vous n'avez pas le droit de
faire cela. Vous ne me ferez pas parler anglais, même si vous
essayez!
Et là-dessus, Mme le Président, je ne vois pas...
M. Lavoie: Langue maternelle, renégat!
Mme le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Burns: ... comment... M. Lavoie: Traitre à sa
race!
Mme le Vice-Président: M. le député de
Laval, s'il vous plaît!
M. Burns: ... je pourrais tenter de discuter avec les
représentants de l'Opposition, étant donné qu'ils ne
parlent pas sur la même longueur d'onde que nous.
M. Verreault: Cela, c'est vrai!
M. Gratton: Que Dieu en soit loué!
M. Burns: Ce n'est pas dit avec une certaine attitude
altière, c'est tout simplement...
Mme Lavoie-Roux: Avec de l'arrogance!
M. Burns: Même pas avec de l'arrogance, c'est tout
simplement qu'on ne parle plus le même langage.
M. Lavoie: On est des spoutniks!
Mme le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Charbonneau: L'émetteur de Laval, pour l'instant...
M. Burns: Je pense, Mme le Président, que justement les
Québécois ont constaté que, depuis un certain temps, il y
avait un nouveau langage au Québec et que ce nouveau langage devait se
tra-
duire par de nouvelles façons de procéder. Evidemment, nos
amis d'en face je continue de les appeler ainsi, en termes
parlementaires ne sont pas encore habitués à cela, parce
que ce n'était pas du tout de cette façon qu'ils
fonctionnaient.
Je me le rappelle et on l'a cité largement le cas
du projet de loi no 22 qui a amené, éventuellement, le même
genre de motion. Je me rappelle également qu'on nous a
reproché...
M. Gratton: Notre projet de loi 22 ou le vôtre?
Mme Lavoie-Roux: Vous avez le vôtre, aussi, le 22.
M. Burns: Laissez faire!
Mme le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
Je comprends, mesdames et messieurs, qu'il se fait tard et qu'un peu de fatigue
vous incite à faire des interventions qui ne sont pas tout à fait
nécessaires. Je vous demanderais de contribuer, les uns et les autres,
à ce que nous puissions terminer cette séance avant trop
longtemps.
M. le leader.
M. Burns: Je disais donc, Mme le Président, avant qu'on
m'interrompe de façon aussi gaillarde, qu'on nous a reproché
notre opposition au projet de loi no 22, à l'intérieur d'à
peu près toutes les interventions qui ont été faites par
les députés de l'Opposition officielle. Mme le Président,
il va falloir faire la différence, une fois pour toutes, entre le genre
d'opposition qui se faisait lorsque nous étions dans l'Opposition...
Mme Lavoie-Roux: Vous étiez...
M. Burns: ... et le genre d'opposition qui se fait actuellement
par l'Opposition officielle. Il va falloir se dire cela éventuellement
clairement.
Mme le député de L'Acadie ne comprend peut-être pas
ce style différent, mais...
M. Gratton: Je n'en reviens pas! Ils sont meilleurs acteurs que
je pensais...
M. Burns: Parce que...
M. Gratton: L'Oscar pour le meilleur acteur, ma
grand-conscience!
M. Burns: Vous voyez que ce que je dis fait mal.
M. Gratton: Cela ne fait pas mal du tout, je trouve cela
drôle.
M. Burns: Vous ne l'aimiez pas cette Opposition.
M. Gratton: Là, vous commencez à sourire. Vous
allez rire tantôt.
M. Burns: Je souris, parce que je vois jusqu'à quel point
vous n'êtes vraiment pas en mesure de répondre à ce que je
suis en train de vous dire.
Je dis, Mme le Président, simplement que, lorsque vous aviez une
Opposition de six députés dans l'Opposition officielle, il
était normal, à un moment donné, que ces six
députés, avec la dernière goutte de leur sang, avec
vraiment la dernière énergie...
Mme Lavoie-Roux: ... Canadien.
M. Burns: Que ces députés aient pu prendre tous les
moyens pour bloquer un projet de loi, je trouve que c'est tout à fait
normal. Maintenant on est fort de 26 députés dans l'Opposition;
je trouve que vraiment on abuse du pouvoir de l'Opposition lorsqu'on bloque des
projets de loi comme le projet de loi no 67. C'est la raison pour laquelle
c'est important, nécessaire et c'est pourquoi nous sommes arrivés
avec la motion que nous présentons aujourd'hui.
M. Roy: J'invoque le règlement, Mme le
Président.
Mme le Vice-Président: Une question de règlement,
M. le député de Beauce-Sud.
M. Roy: Ecoutez, je ne veux pas laisser passer les propos de
l'honorable leader du gouvernement à ce moment-ci j'en fais une
question de règlement ou peut-être une question de
privilège aussi lorsqu'on dit qu'on bloque le projet de loi 67.
Je voudrais dire à l'honorable leader du gouvernement qu'il serait
préférable pour lui de s'informer puisqu'effectivement ce soir
nous avons procédé à l'adoption de plusieurs articles du
projet de loi. C'était la même chose cet après-midi.
M. Burns: Pourquoi? Parce que vous avez une motion de
clôture.
M. Roy: Non, ce n'est pas à cause de votre motion.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Beauce-Sud, votre intervention m'apparaît plus comme une mise au point
que comme une question de règlement.
M. Burns: Mme le Président...
Mme le Vice-Président: M. le leader.
M. Burns: ... dans le fond je suis content de l'intervention du
député de Beauce-Sud parce que tout le monde me dit depuis
environ 17 h 30 ou 18 heures, tout le monde me dit: Comment se fait-il que tu
ne l'as pas présenté avant, ta motion? Depuis ce temps, cela
déboule en commission. Cela marche en commission. Je vois le
député de Vanier, qui a été mobilisé
à toutes fins utiles par cette commission et qui peut maintenant venir
suivre les travaux, calmement, de l'Assemblée nationale. C'est tout
à fait normal...
M. Lavoie: ... avant de se coucher.
M. Burns: ... que nous disions aux députés
concernés par la commission: Vous avez, à compter de maintenant,
jusqu'à jeudi soir, minuit, pour faire les débats que vous avez
à faire à cette commission.
Planifiez vos travaux, parce que c'est à vous autres à
planifier maintenant vos travaux. Tout le monde nous dit qu'on n'a rien
planifié, je vous dis: Planifiez, Mme le Président, pas vous,
mais je le dis à travers vous à l'Opposition: Planifiez vos
travaux jusqu'à jeudi soir, parce que vendredi...
M. Lavoie: Planifiez votre retraite.
M. Burns: ... matin, nous aurons un rapport d'une commission
parlementaire. Ce rapport sera fait relativement aux travaux de cette
commission parlementaire. Si vous avez à intervenir sur l'article 152,
faites-le. Si vous avez à intervenir sur l'article 122, faites-le. Si
vous avez à intervenir sur l'article 29, faites-le mais choississez
votre moment, parce que là maintenant, cela va se faire dans ce
délai. C'est tout, Mme le Président.
M. Lavoie: Grand démocrate!
Mme le Vice-Président: Cette motion du leader du
gouvernement est-elle adoptée?
M. Lavoie: Vote enregistré.
M. Burns: Mme le Président, étant donné
qu'il est minuit moins deux minutes, je vous demanderais...
Mme Lavoie-Roux: Ils sont partis se coucher vos
députés?
M. Burns: Pardon?
Mme Lavoie-Roux: Ils sont partis se coucher vos
députés?
Mme le Vice-Président: Mme le député de
L'Acadie...
M. Burns: Question de privilège, Mme le Président.
Je m'excuse, Mme le député de L'Acadie, c'est à la suite
d'une entente que j'allais demander... ne m'imputez pas cela, et si vous voulez
un vote enregistré tout de suite, je suis prêt à le
prendre, d'accord?
M. Marcoux: D'accord, vote enregistré tout de suite.
M. Burns: C'est à la suite d'une entente avec des
représentants de l'Opposition. Ne faites pas de farce comme
celle-là. Je vous dis tout de suite que je vais demander...
M. Gratton: Vous venez de passer 20 minutes à faire des
farces dans votre réplique, ne perdez pas les pédales.
M. Lavoie: Un peu de calme!
M. Burns: Voulez-vous le vote enregistré tout de
suite?
M. Lavoie: Voulez-vous vous calmer un peu!
M. Burns: Le voulez-vous tout de suite?
M. Lavoie: Voulez-vous arrêter de vous exciter!
M. Burns: Je ne m'excite pas, mais il faudrait avertir vos
gens.
M. Lavoie: Mme le Président, il est vrai que ce n'est pas
à la demande du gouvernement, ni de l'Opposition, mais d'un commun
accord qu'il a été convenu de voter demain. Ce n'est pas
nécessaire de monter dans les rideaux et de faire des singeries à
cette heure-ci.
M. Burns: Bien oui, je ne ferai pas de singeries, sauf que Mme le
député devrait peut-être être informée des
discussions que nous avons.
Mme le Président, malgré l'intervention du
député de L'Acadie, je vous demanderais, comme l'article 106 de
notre règlement me le permet, de remettre le vote au cours de la
période des affaires courantes demain.
Mme le Vice-Président: Le vote sur la motion du leader du
gouvernement sera enregistré demain au cours des affaires courantes. Sur
ce, M. le leader de l'Opposition officielle.
M. Lavoie: Un instant, Mme le Président, quel sera l'ordre
des travaux pour demain, avec votre permission, après la période
des questions?
Travaux parlementaires
M. Burns: Demain, après la période des questions,
nous reviendrons à la troisième lecture du projet de loi
concernant l'environnement, au nom du ministre délégué
à l'environnement, M. Marcel Léger. Nous reprendrons le
débat relativement au projet de loi no 61 inscrit au nom du ministre du
Revenu. Si le temps nous le permet, nous prendrons en considération, en
commission plénière, le projet de loi no 67, c'est-à-dire
la Loi amendant la Loi de la Législature, inscrite à mon nom. Le
projet de loi no 67.
M. Mailloux: Bien non!
M. Burns: Le projet de loi no 78, pardon. Pas le projet de loi no
67, le projet de loi no 78. Il y aura des commissions après la
période des questions. Je peux vous dire immédiatement lesquelles
seront appelées. Ces commissions seront les suivantes: La commission des
corporations professionnelles il y a déjà un avis qui
paraît au feuilleton là-dessus relativement au projet de
loi no 25 et, évidemment, au salon rouge, la commission des
consommateurs relativement au projet de loi no 67.
La commission des consommateurs devrait continuer ses travaux
régulièrement toute la journée, sauf que, dans la
soirée, les corporations professionnelles seront remplacées par
le projet de loi no 45, c'est-à-dire par le ministère du Travail
et de la Main-d'Oeuvre.
Mme le Vice-Président: Cette Assemblée ajourne ses
travaux à demain, dix heures.
(Fin de la séance à 0 heure)