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(Dix heures cinq minutes)
M. Richard (président): A l'ordre, mesdames et
messieurs!
Affaires courantes.
La séance est suspendue pour quelques instants.
Dépôt de rapports de commissions élues.
Dépôt de rapports du greffier en loi sur les projets de loi
privés. Présentation de motions non annoncées.
Motion de changement d'un membre de commission
M. Lavoie: M. le Président, je voudrais faire motion afin
que le nom de M. Blank soit remplacé par le nom de M. Garneau à
la commission élue de la justice.
M. Burns: Vote enregistré, M. le Président. M.
Marchand: Est-ce que vous êtes cinq?
Le Président: A l'ordre, messieurs! Cette motion est-elle
adoptée?
M. Lavoie: II n'y a pas cinq ministres, M. le Président,
vous ne pouvez pas demander le vote.
Le Président: Cette motion est-elle adoptée? M.
Lavoie: Vote enregistré, M. le Président.
Le Président: Qu'on appelle les députés! A
l'ordre!
Vote sur la motion
Le Président: Que ceux qui sont en faveur de la motion du
leader parlementaire de l'Opposition veuillent bien se lever, s'il vous
plaît!
Le Secrétaire adjoint: MM. Levesque (Bonaventure), Lavoie,
Mackasey, Forget, Garneau, Mailloux, Goldbloom, Raynauld, Mme Lavoie-Roux, MM.
Giasson, Lamontagne, Lalonde, Blank, Caron, O'Gallagher, Picotte,
Larivière, Ciaccia, Marchand, Gratton, Pagé, Springate, Biron,
Grenier, Russel, Goulet, Fontaine, Le Moignan, Dubois, Cordeau, Lévesque
(Taillon), Burns, Mme Cuerrier, MM. Cardinal, Bédard, Laurin, Morin
(Louis-Hébert), Parizeau, Marois, Léonard, Couture, O'Neill, de
Belleval, Joron, Mme Payette, MM. Lessard, Proulx, Charron, Léger,
Tardif, Paquette, Marcoux, Alfred, Fallu, Rancourt, Mme Leblanc, MM. Bertrand,
Godin, Desbiens, Johnson, Laplante, Guay, Mercier, Marquis, Lacoste, Ouellette,
Perron, Brassard, Clair, Gosselin, Lavigne, Dus-sault, Beauséjour,
Jolivet, Baril, Bordeleau, Boucher, Gravel, Levesque
(Kamouraska-Témiscouata), Gagnon.
Le Président: Que ceux qui sont contre la motion veuillent
bien se lever, s'il vous plaît!
Le Secrétaire adjoint: M. Charbonneau.
Le Président: Que ceux qui s'abstiennent veuillent bien se
lever!
Le Secrétaire: Pour: 80 Contre: 1
Le Président: Motion adoptée. M. le leader du
gouvernement.
M. Burns: Normalement, dans les affaires courantes, les
déclarations ministérielles se présentent à un
endroit précis. Je sais que le ministre de la Justice a une
déclaration ministérielle très importante à faire.
Après avoir consulté mes collègues d'en face, et justement
parce que nous jugeons cette déclaration suffisamment importante, nous
avons cru devoir demander un consentement à l'Opposition pour que cette
déclaration se fasse cet après-midi, à l'ouverture,
à trois heures, au lieu de ce matin, parce qu'il nous a
été impossible d'en livrer une copie une heure à
l'avance.
Je demanderais que cela devienne un ordre de la Chambre qu'à
trois heures cet après-midi j'en fais la proposition le
ministre de la Justice puisse faire sa déclaration
ministérielle.
M. Lavoie: S'il n'y a pas d'objection d'autres membres de cette
Assemblée, nous accordons notre consentement, suivant les voeux
exprimés par le leader parlementaire du gouvernement, pour que cette
déclaration soit faite à trois heures, cet après-midi.
Le Président: Cette motion est adoptée et cela
devient un ordre de la Chambre.
Présentation de projets de loi au nom du gouvernement.
Présentation de projets de loi au nom des
députés.
Déclarations ministérielles. Dépôt de
documents. Questions orales des députés.
QUESTIONS DES DÉPUTÉS
Avenir politique du Québec
M. Levesque (Bonaventure): M. le
Président...
Le Président: M. le chef de l'Opposition officielle.
M. Levesque (Bonaventure): ... j'ai une question à poser
à l'honorable premier ministre. Hier, le ministre d'Etat au
développement culturel nous a commenté une entrevue qu'il avait
donnée au réseau anglais de Radio-Canada où il avait dit
que le mot "independence was a catchword" et où il avait
développé l'idée d'une association entre le monde
francophone et le monde anglophone au Canada.
Ces commentaires ont peut-être pu jeter encore plus d'incertitude,
on l'admettra, dans l'esprit de la population et particulièrement de
ceux qui s'intéressent à l'avenir du Québec.
Le premier ministre, lui, qui est ici ce matin, pourrait peut-être
nous éclairer davantage, parce qu'il semble que les déclarations
de l'un et de l'autre ne concordent pas, au moins dans la perception que nous
en avons. Comme il s'agit d'une question essentielle et fondamentale, pour
l'avenir de notre peuple, je pense, M. le Président, qu'il serait
opportun que je pose cette question au premier ministre, ce matin.
Le premier ministre peut-il nous dire, exactement, vers quoi il entend
mener le Québec, et tâcher de dissiper, une autre fois, cette
nouvelle ambiguïté et cette incertitude qui se répète
sous divers aspects, incertitude créée par la déclaration
de mon bon ami, le député de Bourget, ministre responsable de
notre développement culturel, à savoir où se situe le
Parti québécois? Est-ce l'indépendance, la
séparation indépendante? Est-ce la souveraineté,
souveraineté-association? Est-ce une nouvelle forme de contrat entre les
deux nations fondatrices, les deux peuples fondateurs, qu'est-ce que c'est?
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, je vais
essayer de répondre d'une façon très simple et aussi
précise que possible, en essayant d'éviter de s'enfarger dans les
mots. Je suis sûr que mon collègue, ministre d'Etat au
développement culturel, n'a pas voulu créer une telle confusion
dans l'esprit du chef de l'Opposition. Mais enfin, vu qu'il a pris un ton
presque émouvant pour dire à quel point cela l'avait jeté
encore une fois dans l'incertitude, on va essayer tranquillement, mais
très vite, de rétablir l'essentiel de ce qu'a dit le ministre
d'Etat au développement culturel, mais qui est aussi l'essentiel de ce
que nous croyons depuis la fondation du Parti québécois.
D'abord le mot "séparation" et son corollaire, extrêmement
populaire chez nos amis d'en face, le mot "séparatisme", n'est pas
précisément celui que nous aimons. J'ai remarqué dans les
comptes rendus d'un journal, ce matin en tout cas, que ce mot intervenait dans
le sens d'un rejet par le ministre d'Etat au développement culturel. On
a toujours rejeté ce vocabulaire qu'affectionne en particulier le Parti
libéral depuis trois élections, et qu'on affectionne aussi chez
tous les adversaires de la souveraineté politique du Québec.
C'est évident qu'il y a une part de séparation qui est
impliquée au point de vue politique. Quand on parle de
souveraineté, cela veut dire forcément que le Québec sera
en charge de ses impôts, de ses taxes, de son budget, budget de l'An X,
de tous ses pouvoirs la monnaie, cela demeure une question à
discuter, mais cela fait partie d'autres choses tout l'essentiel de la
souveraineté politique, l'indépendance si l'on veut. Ce sont des
mots qui se rejoignent et on ne se chicanera pas là-dessus.
C'est ce que vise à obtenir pour le Québec, si les
citoyens sont d'accord, le Parti québécois de- puis sa fondation.
Il nous semble que cela a toujours été clair.
On vise en même temps à une association qui est
commandée par la géographie, qui est commandée
jusqu'à un certain point par la tradition, par l'économie aussi.
Cela se développe de plus en plus dans le monde. On ne voit pas pourquoi
on ne s'insérerait pas dans ce courant. A la fois un Québec
souverain, indépendant politiquement, donc, au point de vue des
institutions politiques séparé, on le sait, mais on refuse, nous,
de mettre toujours l'accent sur seulement l'aspect négatif. S'il y en a
qui préfèrent toujours parler négativement, c'est leur
droit. Mais nous, nous avons le droit de nous exprimer comme nous l'entendons.
Par ailleurs, en même temps que c'est indépendant sous cette
souveraineté on vise, pour les raisons que j'ai données:
géographiques, économiques etc., à ce qu'il y ait une
association avec le Canada entre si on veut les deux peuples
fondateurs ou les deux pays que nous formerons éventuellement. Cette
association serait contractuelle. Les modèles ne manquent pas, il y en a
en Europe. S'ils ont été capables, entre neuf pays qui avaient
toutes sortes d'animosités historiques, de créer un marché
commun, on ne voit pas pourquoi nous ne serions pas capables,
éventuellement et beaucoup de gens en discutent
sérieusement, surtout depuis le 15 novembre d'employer une
formule qui serait adaptée à nos besoins, mais qui a
déjà fait ses preuves ailleurs, pour empêcher qu'on
s'éloigne trop.
Je ne vois nulle part, dans les propos qui ont été
rapportés de la part du ministre d'Etat au développement
culturel, quoi que ce soit qui aille contre cela.
Le Président: M. le député d'Outremont.
Situation économique du Canada
M. Raynauld: Je voudrais adresser une question au ministre des
Finances. Dans les journaux, ce matin, nous avons le rapport du Conference
Board du Canada qui prévoit, pour l'année 1977, une
période relativement difficile avec un taux de croissance de 3%, pour
l'ensemble du Canada, un taux de chômage de 7,9%, si ma mémoire
est bonne, pour l'ensemble du Canada.
Je voudrais donc lui demander quelles sont ses perspectives à
lui, pour la province de Québec, pour 1977 et notamment en ce qui
concerne le chômage, puisque l'on sait que, si le chômage dans
l'ensemble du pays est de 8%, il sera d'un minimum de deux points
supérieur, sinon plus, au Québec.
En second lieu, je voudrais lui demander quelles sont les
priorités qu'il va se donner en ce qui concerne la politique
économique. Va-t-il donner une priorité très nette, sinon
absolue à la création d'emplois? Va-t-il, au contraire, essayer
de répartir les revenus de façon plus égale, comme le
gouvernement a semblé vouloir le faire récemment avec sa
décision sur le salaire minimum, ou donnera-t-il priorité
à l'indépendance?
Enfin, troisièmement, quelles sont les politiques qu'il envisage
pour essayer de pallier cette faible expansion qui est prévue pour 1977
en ce qui concerne le Québec? Je voudrais surtout, et en particulier,
l'entendre nous expliquer s'il entend utiliser la politique fiscale du
Québec pour essayer de relancer l'économie plutôt que de
relever les impôts comme nous l'avons fait ici depuis le début de
cette session.
Le Président: M. le ministre des Finances.
M. Parizeau: M. le Président, effectivement, j'ai vu ces
projections du Conference Board. Elles indiquent, pour l'année 1977, un
rythme de progression de l'économie canadienne qui, je pense,, est plus
faible que celui auquel s'attendaient la plupart des observateurs il y a
quelques mois.
Il est évident, cependant, que les révisions sont
possibles, compte tenu de ce qui pourrait se produire aux Etats-Unis dans les
mois qui viendront. Encore, il faut probablement ici être assez
conservateur et tenir compte du fait que 1977 ne sera pas une année de
très forte expansion, au moins dans l'état actuel des choses.
Dans la préparation du prochain budget, nous avons à tenir
compte de cette donnée ou de ces projections de la même
façon que nous devons tenir compte d'un certain nombre d'autres
contraintes. Par exemple, le niveau de l'endettement, le niveau des emprunts,
est maintenant, singulièrement cette année, très
élevé et il serait donc, si c'est le moindrement possible, sage
de le réduire un peu.
Deuxièmement, il faudrait à la fois et en même temps
chercher à réorienter certaines des dépenses du secteur
public vers des types de dépenses, des types de programmes qui, comment
dire, ont un contenu d'emplois plus élevé que d'autres, sans,
bien sûr, recourir à des armées de gens qui travaillent au
pic et à la pelle. Ce n'est pas ce que je veux dire. Il est
évident que $1 million placé dans un programme, dans un
deuxième, dans un quatrième, dans un cinquième programme,
ne donne pas, en termes d'emplois, les mêmes résultats.
C'est-à-dire que d'essayer, à l'intérieur du secteur
public, d'une part, de réduire le niveau des emprunts, si c'est
possible, et, d'autre part, de créer davantage d'emplois, c'est, je ne
dirais pas, une quadrature du cercle, mais un exercice qui n'est pas exactement
facile.
C'est pourtant à ce genre de chose, je pense, auquel il faut
s'attaquer dans le mois, ou le mois et demi, qui nous sépare des
dernières étapes finales de la préparation du budget. On
comprendra qu'ayant énoncé ces deux lignes
générales d'action, essayer de réduire le niveau des
emprunts, d'une part, et augmenter l'emploi dans tout le secteur public,
d'autre part, je n'ai pas j'en suis parfaitement conscient
donné quoi que ce soit de définitif. Je pense avoir simplement
indiqué une espèce de difficulté devant laquelle on se
trouve placé. J'ai bon espoir d'être en mesure de la
résoudre dans les semaines qui viennent, ou au moins, d'amorcer une
solution.
Cela étant dit, je ne me fais pas cependant trop d'illusions sur
le résultat ultime. En ce sens qu'un rythme faible de progression de
l'économie dans l'ensemble de l'Amérique du Nord,
indépendamment des politiques que nous pouvons suivre, peut
difficilement se traduire, même dans la mesure où le gouvernement
du Québec est très actif, par un rythme mirobolant d'expansion au
Québec proprement dit. Néanmoins, il y en a un certain nombre
à l'intérieur des juridictions que nous avons à l'heure
actuelle, à l'intérieur du budget dont nous disposons dans le
cadre politique actuel, et il est évident que nous allons poursuivre
dans le sens des deux tendances, enfin, des deux lignes de force que j'ai
expliquées tout à l'heure.
Le Président: Question accessoire, M. le
député d'Outremont.
M. Raynauld: Réduire à la fois la dette et
réorienter les dépenses publiques n'est pas
particulièrement difficile, parce que ces deux choses ne sont pas
contradictoires. Ce que j'aimerais plutôt que le ministre des Finances
nous dise, c'est que s'il veut réduire la dette, va-t-il le faire en
augmentant les impôts ou va-t-il le faire en réduisant les
dépenses globales du gouvernement québécois? C'est
là que se trouve le choix.
M. Parizeau: II ne s'agit pas, M. le Président, de
réduire la dette, mais de réduire les emprunts. Il y a une
différence fondamentale. Si je promettais de réduire la dette en
cours du Québec, aujourd'hui, on pourrait m'accuser d'être un
farceur.
D'autre part, quant à savoir par quel truchement
l'opération doit être faite, je comprends que la question
intéresse le député d'Outremont, mais il comprendra qu'il
est un peu tôt dans l'exercice de préparation du prochain budget
pour conclure de façon définitive.
Cela étant dit, cependant, il est clair qu'en raison du niveau
extraordinairement élevé du fardeau fiscal des
Québécois, à l'heure actuelle, comparativement aux autres
provinces j'imagine que nos amis d'en face voient très bien ce
à quoi je fais allusion puisque, en définitive, nous travaillons
sur des documents qui sont bien connus d'eux compte tenu donc de ce
niveau très élevé du fardeau fiscal des
Québécois à l'heure actuelle, s'il y a moyen, le
moindrement, d'éviter de réduire le niveau des emprunts par des
augmentations d'impôts, bien sûr, il faut que ce soit
essayé.
M. Forget: Question supplémentaire.
Le Président: Question supplémentaire, M. le
député de Jean-Talon.
M. Garneau: Est-ce que je comprends, des propos du ministre des
Finances, qu'il n'a pas l'intention et que son gouvernement n'a pas l'intention
de proposer aucune mesure de soutien de l'emploi avant le prochain discours sur
le budget?
M. Parizeau: M. le Président, bien au contraire, nous
avons déjà annoncé, il y a quelques jours, la mise en
place d'une politique d'achat dans le secteur public, qui est
déjà une première mesure de création d'emplois dans
la mesure où elle démarre suffisamment rapidement. Le fait de
commenter la préparation du prochain budget comme je viens de le faire
n'implique pas que d'ici le 1er avril on ne fait rien.
Le Président: Le député de
Lotbinière.
Perspectives économiques du
Québec
M. Biron: M. le Président, ma question se serait
adressée au ministre de l'Industrie et du Commerce ou, en son absence,
au ministre du Développement économique.
Des Voix: II n'est pas là.
M. Biron: Je pense que je vais la poser au premier ministre. Il y
a eu un rapport sur les perspectives économiques de 1977, comme chaque
année il y a un rapport de perspectives économiques à
l'automne qui est transmis au ministre de l'Industrie et du Commerce. Je
voudrais savoir si le premier ministre a pris connaissance de ce rapport qui
traite des perspectives économiques de 1977 pour le Québec en
particulier, et si oui, quelles sont les grandes lignes de force de ce rapport?
J'en avais déjà demandé copie à l'ancien ministre
de l'Industrie et du Commerce et il semble que ce rapport soit resté
secret.
M. Lévesque (Taillon): Je vais demander à mes
collègues qui, malheureusement, sont absents, de non seulement me tenir
au courant, mais de tenir le député de Lotbinière et la
Chambre au courant aussi parce que, pour le moment, je n'ai pas eu le temps de
l'étudier.
Le Président: Question accessoire, M. le
député.
M. Biron: Une question supplémentaire là-dessus.
Peut-être que le ministre de l'Agriculture a pris connaissance de ce qui
traitait de l'agriculture dans ce rapport en particulier.
S'il en a pris connaissance, le paragraphe qui traite d'agriculture
est-il conforme aux perspectives agricoles 1977 qui ont été
déposées à Ottawa lors de la conférence sur
l'agriculture?
M. Garon: J'ai pris connaissance de ce document sur les
perspertives agricoles 1977 déposé à Ottawa.
M. Biron: Vous n'en avez pas pris connaissance?
M. Garon: Oui, j'en ai pris connaissance.
M. Biron: Cela est-il conforme à ce qui s'est passé
avec le rapport de perspectives agricoles 1977 à Ottawa, remis lors de
la conférence des ministres de l'Agriculture'
M. Garon: J'ai pris connaissance du rapport qui a
été présenté lors de la conference qui a eu lieu
à Ottawa. C'est ce que je disais.
M. Grenier: M. le Président...
M. Levesque (Bonaventure): ... le moins.
Propriétaires de petits abattoirs
M. Grenier: Je m'adresse également au ministre de
l'Agriculture. Suite à une annonce qu'il a faite la semaine
dernière, à savoir qu'il y aurait une déclaration
ministérielle, nous avons en main un document qui nous a
été remis par l'Association des petits abattoirs du
Québec, et je pense qu'il est urgent que les petits abatteurs sachent
à quoi s'en tenir puisque beaucoup d'entre eux sont poursuivis. Il y a
une date limite, qui est le 31 décembre, et je ne voudrais pas voir la
semaine se terminer sans que le ministre de l'Agriculture nous ait dit ce qu'il
va arriver à ces gens qui sont poursuivis présentement et qui
auront à rendre compte de leur petite entreprise d'ici le 31
décembre.
M. Garon: Je ferai une déclaration demain matin à
ce sujet. On est en train de dactylographier la déclaration,
présentement.
M. Forget: M. le Président...
Le Président: Le député de
Saint-Laurent.
Restrictions budgétaires dans le secteur
hospitalier
M. Forget: Ma question s'adresse au ministre des Affaires
sociales. Il y a une dizaine de jours, le ministre des Affaires sociales
déclarait, à la suite de l'ultimatum qui lui était
adressé par la Fédération des affaires sociales de la CSN,
deux choses. D'une part, qu'à compter d'avril 1977 les contraintes
budgétaires ne s'appliqueraient plus, et, deuxièmement, qu'aucune
mise à pied de syndiqués ne serait faite sans son autorisation
personnelle.
J'aimerais que le ministre des Affaires sociales nous indique,
relativement à la première affirmation, quelle en est exactement
la portée et le sens. Signifie-t-il par là que les coupures
budgétaires de l'année en cours seront effectivement
restaurées dans la base? Veut-il dire, au contraire, que les
règlements de fin d'année seront repris comme
antérieurement? Et, quant à la deuxième question,
j'aimerais qu'il nous indique si, à la suite des protestations qu'ont
enregistrées les membres de l'Association des hôpitaux la semaine
dernière, il a entrepris de réviser la position qu'il
communiquait au réseau par une directive en date du 10 décembre
dernier.
Le Président: Le ministre des Affaires sociales.
M. Lazure: M. le Président, en ce qui a trait à la
première question, la réponse que j'ai donnée, autant aux
hôpitaux qu'aux employés d'hôpitaux, c'est-à-dire aux
administrateurs et aux employés d'hôpitaux, c'était suite
à la question bien précise qui m'était posée,
à savoir: Est-ce que les restrictions budgétaires contenues dans
ce qu'on a convenu d'appeler la réforme Forget vont continuer en
1977/78? La réponse laconique que j'ai donnée, je la
répète, c'est non. Il est bien évident, surtout
après les paroles de mon collègue, le ministre des Finances,
qu'il y aura des restrictions budgétaires. Il y en a toujours. Mais nous
avons l'intention de fabriquer, de composer le budget prochain 1977/78, pour ce
qui a trait au ministère des Affaires sociales, d'une façon
nuancée. Il y aura des restrictions budgétaires semblables
à celles qui étaient appliquées uniformément
à tous les établissements de soins de santé, mais ces
restrictions pourront s'appliquer de façon nuancée à un
certain nombre d'établissements, et je n'ai pas l'intention d'aller dans
les détails ce matin.
La réponse est maintenue, à savoir que forcément
nous aurons un plafond des dépenses pour 1977/78 dans les hôpitaux
comme dans les autres établissements mais, en deux mots, ce plafond
pourra être différent d'une sorte d'établissement à
une autre sorte d'établissement, selon les priorités qui seront
établies par le Conseil des ministres.
La deuxième question, les mises à pied. J'ai
demandé aux administrations hospitalières, après avoir
rencontré le président de l'Association des hôpitaux,
auparavant, et le directeur général de l'Association des
hôpitaux, d'essayer de demeurer au sein de ces contraintes
budgétaires sans faire de mises à pied, si c'était
possible, et, plus particulièrement, de mises à pied de
syndiqués.
On sait malheureusement qu'une des façons les plus courantes
utilisées par les directions hospitalières, quand il s'agit de
restreindre le budget, c'est de faire des mises à pied de
syndiqués.
Cela a été la façon la plus courante, la
façon la plus habituelle de procéder. Je pense qu'il y a lieu,
pour les administrations hospitalières, d'économiser par d'autres
moyens, y compris par la fermeture de certains postes de cadre dans les
établissements hospitaliers où il y a une surabondance de cadres
par rapport au nombre de syndiqués, au nombre d'employés.
J'ai fait aussi d'autres suggestions quant à la réduction
des dépenses. Par exemple, analyses de laboratoires en nombre excessif,
examens de radiologie en nombre excessif. Finalement, j'ai demandé aux
administrations hospitalières que, quand elles devaient absolument
procéder à des mises à pied, elles obtiennent
l'autorisation du ministère des Affaires sociales.
M. Forget: Question supplémentaire, M. le
Président.
Le Président: Question accessoire, M. le
député de Saint-Laurent.
M. Forget: J'aimerais que le ministre des Affaires sociales nous
aide à comprendre véritablement le sens de ses remarques. Pour ce
qui est des contraintes budgétaires, il semble nous dire que les
contraintes budgétaires 1976/77 vont s'appliquer seulement jusqu'au 31
mars 1977. C'est une tautologie puisque, effectivement, c'est la fin de
l'année financière.
Ce qui est significatif dans ses remarques, c'est qu'on a cru y lire une
affirmation portant sur l'exercice suivant. Non pas que les budgets 1976/77
continueraient l'année subséquente, mais qu'ils seraient, eux, en
réflexion des difficultés, des plaintes qui ont été
soulevées par certains gestionnaires.
Est-ce que, effectivement, le budget de l'année suivante
reflétera les coupures effectuées cette année ou si les
sommes qui ont été coupées seront restaurées dans
les budgets, ceci, indépendamment de la méthode ou des techniques
au sujet desquelles on n'a rien à voir ici, à l'Assemblée
nationale? Indépendamment de ces techniques, est-ce que ces sommes
seront restaurées dans les budgets des hôpitaux ou si elles
continueront de s'appliquer?
Pour ce qui est de la deuxième question, je crois que le ministre
n'en a pas saisi le sens. Je ne lui ai pas demandé de quelle
façon les administrateurs d'hôpitaux pourraient vivre avec les
contraintes budgétaires, mais si, spécifiquement, il
considérait que son intervention personnelle et directe dans la gestion
des hôpitaux était encore appropriée, étant
donné les observations qu'on lui a faites sur ce sujet. Il s'agit d'une
intervention sans précédent dans un réseau
décentralisé et je crois que c'est à ce sujet que
l'Association des hôpitaux lui a fait parvenir certaines remarques,
certaines observations. A-t-il l'intention de reconsidérer son action
aussi interventionniste dans l'administration des hôpitaux?
Le Président: M. le ministre des Affaires sociales.
M. Lazure: A la première question, je répète
encore une fois que, pour 1977/78, il y a certains établissements
hospitaliers qui auront des contraintes budgétaires semblables à
celles qui existent dans le moment, d'autres qui auront des contraintes plus
fortes et d'autres qui auront des contraintes moins fortes. C'est dans ce
sens-là que je dis que les budgets de 1977/78 seront
préparés de façon plus nuancée. Je ne voulais
simplement pas m'amuser pour dire que le budget serait nouveau au 1er avril;
c'est évident.
La deuxième question. Dans la mesure où les
établissements du réseau des Affaires sociales fonctionnent en
maintenant et en offrant des services publics convenables, je n'ai pas du tout
l'intention d'intervenir.
Cependant, dans la mesure où soit la totalité ou une
partie des établissements cessent de prodiguer des soins ou des services
auxquels la population a droit, je donne comme exemple les soins d'urgence,
dans cette mesure, je vous promets, M.
le député de Saint-Laurent, que j'interviendrai. Je pense
que c'est mon devoir d'intervenir, comme dans le cas des urgences, alors
qu'encore tout récemment, jusqu'à il y a deux semaines, dans la
région de Montréal, des établissements fermaient
fréquemment leurs portes, même si la loi actuelle et les
règlements de la loi nous permettent d'intervenir dans des cas comme
ceux-là, et vous le savez. Alors, j'ai simplement dit aux
administrations supérieures, qu'il s'agisse des urgences ou qu'il
s'agisse de gestions qui entraînent des conflits de travail majeurs,
graves: Dans ces occasions, je pense qu'il est de mon devoir d'intervenir.
Le Président: M. le député de
Brome-Missisquoi.
Augmentation des primes d'assurance
M. Russell: M. le Président, par votre entremise, je
voudrais m'adresser au ministre des Consommateurs, Coopératives et
Institutions financières. Je suis convaincu qu'elle est soucieuse
d'informer la Chambre sur ce qui concerne surtout les consommateurs.
M. le Président, vu la montée effarante dans le domaine
des assurances, actuellement, je vois que les journaux annoncent une
augmentation de 8%, quand on sait qu'effectivement, dans la plupart des
corporations cela se traduit par des primes d'assurances qui montent en
triplant, j'aimerais savoir du ministre quelles sont les mesures qu'elle a
prises, ou qu'elle a l'intention de prendre, pour parer à cette
montée en flèche ou galopante des primes d'assurance actuellement
dans toute la province et peut-être le pays.
Le Président: Mme le ministre des Consommateurs.
Mme Payette: M. le Président, nous sommes
présentement, au ministère, en train d'étudier tout le
dossier concernant les consommateurs en général. Nous avons
l'intention de reprendre, bientôt, un projet de loi concernant les
consommateurs, si bien que je serai davantage en mesure de vous donner des
détails dans un délai très court probablement.
Le Président: M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Russell: Une question supplémentaire, M. le
Président. Etant donné que la fin de l'année est proche et
que des corporations actuellement sont prises dans des ghettos d'augmentation
presque impossible d'envisager, est-ce que le ministre a l'intention, d'ici la
fin de l'année, de prendre des mesures ou d'informer le milieu des
affaires des mesures que le nouveau gouvernement prendra pour freiner cette
augmentation?
Mme Payette: M. le Président, hélas! je voudrais
bien pouvoir dire oui, mais ce serait dans un délai beaucoup trop court
pour intervenir. Je pense qu'il ne serait pas sage de prendre des dé-
cisions aussi rapidement. Si vous permettez, M. le député, nous
allons continuer d'étudier ces dossiers qui sont particulièrement
complexes pour arriver avec des choses précises quand le moment sera
venu.
Le Président: M. le député de
Maskinongé.
Rôle des candidats défaits
M. Picotte: M. le Président, ma question s'adresse au
premier ministre. Vous me permettrez, M. le Président, un court
préambule. La semaine dernière j'avais demandé, au
ministre de l'Industrie et du Commerce, un rendez-vous, au sujet de la ville de
Louiseville et d'un promoteur industriel, un éventuel acheteur de la
compagnie Associated Textile, à Louiseville. Or, la secrétaire du
ministre m'avait demandé la liste de ceux qui devaient participer
à cette rencontre. Il s'agissait en l'occurrence, du commissaire
industriel, du maire de la ville, de moi-même, ainsi que deux
fonctionnaires, l'un du ministère du Travail et l'autre, de l'Industrie
et du Commerce.
Lorsque nous sommes arrivés sur les lieux, au bureau du ministre
de l'Industrie et du Commerce, le candidat défait du Parti
québécois aux dernières élections et son
organisateur en chef, étaient déjà présents pour
cette réunion.
Est-ce que le premier ministre peut me dire si le bureau du premier
ministre a donné des ordres, étant donné que ces deux
personnes n'avaient pas été invitées, ni par celui qui
avait demandé le rendez-vous, ni par la ville de Louiseville, ou si les
cabinets de ministre ont reçu des ordres à l'effet d'inviter les
candidats défaits?
Sinon, le premier ministre peut-il répéter la
déclaration qu'il a faite au conseil national, en fin de semaine
dernière?
M. Lévesque (Taillon): Sous toutes réserves, parce
que, évidemment, j'accepte le récitje prends la parole du
député qu'il vient de faire des circonstances, mais avec
cette réserve qu'on comprendra. Ce n'est pas compliqué, je n'ai
qu'à répéter ce qu'on a dit en fin de semaine, ce que j'ai
dit personnellement aussi à ce sujet. D'ailleurs, c'est conforme aux
statuts et à l'attitude générale du parti et on va la
maintenir. J'ai dit qu'à compter du conseil national de samedi, le
rôle des candidats défaits, sauf comme citoyens parce
qu'ils sont quand même des citoyens qui ont parfaitement le droit comme
les autres et ils ont pris une connaissance des affaires publiques en tant que
candidats comme ou membres de leur association c'est très
régulier, mais à part cela, leur rôle est terminé
à compter de samedi dernier. Ils n'ont pas de rôle politique
direct à exercer au nom du parti.
Le Président: M. le député de Portneuf.
Conflit de travail au Trust
Général
M. Pagé: Ma question s'adresse au ministre du Travail. En
marge du conflit qui existe présen-
tement au Trust Général à Québec, le
ministre peut-il informer cette Chambre si le gouvernement entend intervenir ou
encore faire adopter une loi interdisant aux employeurs d'embaucher du
personnel en cas de grève, et aussi interdire aux employés, en
cas de grève, d'occuper un autre emploi pendant le conflit, cela, afin
de sauvegarder, d'une part, l'économie et l'équilibre de notre
législation de travail?
Le Président: M. le ministre du Travail et de la
Main-d'oeuvre.
M. Couture: Je dois dire, d'abord, qu'au Trust
Général, la négociation continue. Le cas du Trust
Général, évidemment, soulève ce problème
auquel fait allusion M. le député de ce que je pourrais appeler
l'esprit du Code du travail qui n'est pas respecté. Finalement, l'esprit
du Code du travail c'est de vouloir qu'une grève ou un lock-out, qui est
le dernier recours, qui est le recours ultime, puisse avoir toute sa
signification. Il est évident qu'une compagnie qui, lors d'une
grève ou d'un lock-out, continue sa production avec des employés
irréguliers, ce qu'on appelle des scabs, c'est contre l'esprit du Code
du travail.
Je crois que c'est un problème complexe. Plusieurs experts ont
étudié la question. Vous me permettrez de me donner aussi un
délai assez important pour reprendre toute la question et essayer de
bonifier certaines dispositions du Code du travail. Pour ma part, je l'ai
déclaré et je le répète ici en Chambre, je crois
qu'il va falloir trouver des mécanismes véritables pour permettre
que l'esprit du Code du travail soit respecté dans les cas de conflits.
Sinon, les conflits pourrissent et, finalement, c'est au désavantage de
tout le monde.
C'est ce que j'ai à répondre à cette question. Plus
précisément, je vous dirai que, dans les prochaines semaines ou
prochains mois, nous aurons à présenter quelque chose à ce
sujet.
M. Pagé: J'ai une question supplémentaire.
Le Président: Une dernière question et c'est une
question additionnelle.
M. Pagé: C'est une question additionnelle. Le
Président: M. le député de Portneuf.
M. Pagé: A la lueur des déclarations que le
ministre a faites dans différents journaux, depuis quelques semaines, il
est apparu que celui-ci avait l'intention d'agir de façon
spécifique sur cette question, que lui qualifie le problème des
scabs. Le ministre entend-il agir de façon particulière, par une
mesure spécifique s'appliquant uniquement à ce problème,
ou si encore il préfère attendre la refonte complète du
Code du travail, telle que proposée par le ministre ou son parti?
Le Président: M. le ministre du Travail et de la
Main-d'oeuvre.
M. Couture: C'est mon intention d'agir d'une façon
spécifique sur cette question dans les prochains mois,
évidemment, en prévoyant aussi une réforme globale du Code
du travail qui pourrait demander des délais plus prolongés.
M. Pagé: M. le Président, une dernière
question et une petite. Serait-ce à l'ouverture de la prochaine session,
en février?
M. Couture: On vous en informera, M. le député.
Le Président: Fin de la période des questions. Je
suis informé que le ministre des Finances aimerait répondre
à des questions qui ont été posées
antérieurement.
M. le ministre des Finances.
Loi fédérale des banques
M. Parizeau: En réponse à quatre questions
posées hier par le député d'Outremont, au sujet de la Loi
fédérale des banques, je pense pouvoir apporter aujourd'hui un
certain nombre de réponses.
Il y avait quatre volets à ces questions; la première, la
position du gouvernement du Québec sur la révision de la Loi
fédérale des banques; deuxièmement, on demandait si le
mémoire commun des provinces représente le point de vue du
gouvernement du Québec; troisièmement, on demandait si le
ministre a l'intention de compléter cette représentation en
touchant à d'autres aspects de la question autres que ceux qui ont fait
l'objet du mémoire commun des provinces; quatrièmement, on
demandait s'il y avait intention de déposer les études
préparées à ce sujet dans soit le ministère des
Finances, le ministère des Affaires intergouvernementales ou le
ministère des Institutions financières.
A ce sujet, je vais répondre aux quatre questions globalement
parce qu'elles sont interreliées. Le mémoire commun des
provinces, qui a été présenté à la
conférence des ministres des Finances, la conférence
fédérale-provinciale, représente un effort des dix
provinces pour s'entendre sur un certain nombre de propositions, en fait,
chaque province se sentant, ensuite, d'autre part, libre de faire des
représentations dans d'autres champs qui lui seraient propres.
Sur ces six propositions communes, le gouvernement actuel a
adopté la même position que le gouvernement
précédent. C'est qu'il s'agissait là d'une position qui
était intéressante, non pas seulement parce qu'elle était
commune, mais parce qu'effectivement, sur ces six points, il y avait quelque
chose de majeur, des éléments majeurs de représentations
à faire auprès des autorités fédérales.
En particulier, cette position commune manifestait le désir des
provinces d'éviter que les institutions parabancaires aient des
réserves à la Banque du Canada. Là-dessus, toutes les
provinces se sont entendues. Dans ce sens, le gouvernement
actuel a adopté cette position commune, comme le gouvernement
précédent l'avait fait.
Il reste, néanmoins, qu'il faut maintenant, surtout puisque les
audiences publiques commenceront à Ottawa, que le gouvernement de
Québec réexamine tout ce dossier pour voir si, en plus des six
points de la position commune des provinces, il n'y a pas un certain nombre de
représentations à faire. A cet égard, non seulement du
travail se fait à l'intérieur d'un comité de
fonctionnaires ici au gouvernement du Québec, mais, d'autre part, les
caisses populaires, comme nous le savons, ont une équipe qui travaille
sur cette question et les rapports entre les deux sont assez
étroits.
C'est, finalement, des rapports entre, d'une part, l'équipe
travaillant au sein des caisses populaires et, d'autre part, ce comité
de fonctionnaires, qu'on aura, dans les prochaines semaines, à
préparer des représentations auprès du gouvernement
fédéral en dehors ou au-delà de l'entente commune des
provinces.
Quant à savoir si ces études seront
déposées, je pense qu'il faudra, à un moment donné,
que mon collègue, le ministre des Institutions financières,
détermine ce qui pourra être présenté de ces
études, si tout doit l'être, puisque, en définitive, il
s'agira directement de questions relevant de lui.
M. Raynauld: Mme le Président, je pense que j'ai droit
à une question supplémentaire là-dessus, après ces
déclarations.
Mme le Vice-Président: Question additionnelle.
M. Raynauld: Pourrais-je demander au ministre des Finances,
étant donné qu'il parle de représentations à faire
auprès du gouvernement fédéral, s'il n'envisage pas aussi,
à l'occasion de ces études, d'examiner des législations
provinciales, puisque les institutions parabancaires relèvent des
provinces? Dans le passé, il est arrivé trop souvent que c'est le
gouvernement fédéral qui a élargi les pouvoirs des
banques. Les provinces ne bougent pas, de sorte que, finalement, on se retrouve
avec un système encore plus bâtard qu'avant. Donc, je voudrais
vous demander si, à l'occasion de ces études plus
immédiates en ce qui concerne les représentations à faire,
parallèlement à cela, il y aura aussi des révisions sur
les lois provinciales de la province de Québec?
M. Parizeau: M. le Président, cette question, telle que
présentée par le député d'Outremont, devrait
vraiment être présentée au ministre des Institutions
financières. Cela ne relève plus du tout des attributions du
ministre des Finances, même si le ministre des Finances est très
intéressé par la question, pour des raisons évidentes.
M. Raynauld: Je pourrai la poser aussi au ministre des
Institutions financières.
Mme le Vice-Président: Vous vous en tiendrez à la
période des questions, s'il vous plaît. Sur le même
sujet.
M. Lavoie: II est de tradition, à la suite d'une
réponse d'un ministre à des questions qui ont été
posées à des séances précédentes, que sans
abuser de questions supplémentaires un député peut poser
une ou deux questions supplémentaires à l'occasion de cette
réponse. C'est la raison pour laquelle, je crois, le
député d'Outremont désire diriger cette question
supplémentaire, qui était adressée au ministre des
Finances, au ministre des Institutions financières. Le ministre
désirerait-il répondre?
Mme le Vice-Président: Mme le ministre des Institutions
financières.
Mme Payette: Mme le Président, je prends avis de la
question du député d'Outremont.
Mme le Vice-Président: Affaires du jour.
M. Burns: Mme le Président, avant les affaires du jour,
avec la permission de nos collègues d'en face, le ministre
délégué à l'environnement aurait une très
brève déclaration à faire qui n'est pas comme telle une
déclaration qu'on aurait pu prévoir aux déclarations
ministérielles, mais qui relève d'une situation qui vient
à peine de se régler, il y a quelques minutes. Si on veut bien
l'entendre. En ce qui me concerne, Mme le Président, je serais d'accord
qu'on nous réponde du côté de l'Opposition à moins
qu'on préfère qu'il fasse sa déclaration en même
temps que le ministre de la Justice cet après-midi.
Une Voix: Avec une copie avant. M. Lavoie: Oui.
M. Burns: Ce n'est pas une déclaration
rédigée. Malheureusement le ministre délégué
à l'environnement est retenu pour des raisons bien évidentes au
Conseil du trésor, qui doit siéger actuellement.
M. Levesque (Bonaventure): Mme le Président, ne
pourrait-il pas la faire dactylographier comme le ministre de l'Agriculture
fait dactylographier ses affaires?
M. Burns: C'est une courte déclaration d'une minute.
M. Levesque (Bonaventure): Raison de plus, il me semble qu'on
pourrait l'avoir d'ici trois heures, dactylographiée.
M. Léger: Etes-vous d'accord ou non?
M. Lavoie: Non, non, si vous désirez la faire, vous la
ferez à trois heures.
M. Léger: Vous privez les citoyens d'un renseignement dont
ils ont besoin.
M. Lavoie: Nous les privons pendant quatre heures de votre
déclaration.
Mme le Vice-Président: Affaires du jour. M. le leader du
gouvernement.
Travaux parlementaires
M. Burns: Mme le Président, immédiatement à
la salle 81 se réunira la commission parlementaire des affaires
municipales pour étudier, article par article, les projets de loi no 47,
Loi autorisant les municipalités à percevoir un droit sur les
mutations immobilières, et le projet de loi no 78, Loi prolongeant et
modifiant la Loi pour favoriser la conciliation entre locataires et
propriétaires. Immédiatement à la salle 81-A.
Mme le Vice-Président: Cette motion est-elle
adoptée?
M. Lavoie: Adopté.
Mme le Vice-Président: Adopté.
M. Burns: Peut-être pourrions-nous, si je ne dérange
pas trop les gens de l'Opposition, adopter en troisième lecture
l'article 2, c'est-à-dire le projet de loi no 84, concernant certaines
ententes en matière de transport? Est-ce que c'est de l'avis de nos amis
d'en face que ce projet de loi puisse être adopté? Le projet de
loi no 84. Article 2, Mme le Président.
Projet de loi no 84 Troisième lecture
Mme le Vice-Président: M. le ministre des Transports
propose la troisième lecture du projet de loi no 84, Loi concernant
certaines ententes en matière de transport.
Cette motion est-elle adoptée?
M. Lavoie: Adopté.
Mme le Vice-Président: Adopté.
M. Garneau: Mme le Président, sur un point de
règlement. N'y aurait-il pas lieu pour le journal des Débats
d'indiquer que c'est le leader du gouvernement qui la propose, étant
donné l'absence du ministre des Transports?
M. Burns: C'est vrai. Au nom du ministre des Transports, j'ai
proposé cette motion de troisième lecture. Vous avez bien raison.
Article 4, Mme le Président.
Projet de loi no 76 Deuxième lecture
Mme le Vice-Président: M. le premier ministre propose la
deuxième lecture du projet de loi no 76, Loi modifiant la Loi de
l'Exécutif et d'autres dispositions législatives.
M. le premier ministre
M. René Lévesque
M. Lévesque (Taillon): L'honorable lieutenant-gouverneur,
semble-t-il, a pris connaissance de ce projet de loi et en recommande
l'étude à la Chambre.
M. Lavoie: Très fortement.
M. Lévesque (Taillon): Mme le Président, ce projet
de loi demande à l'Assemblée nationale d'accepter de ratifier les
changements qui ont été apportés dès le
départ à la structure du Conseil des ministres pour les quatre
prochaines années et, on l'espère, fructueusement pour l'avenir.
Ces modifications, pour l'essentiel, on pourrait les voir comme ceci, pour
essayer de les situer dans la perspective générale où nous
sommes obligés de fonctionner comme gouvernement. On est je pense
que tout le monde en est conscient dans une société de
plus en plus complexe qui est devenue aussi terriblement compartimentée.
En même temps, on s'aperçoit que les compartiments sont de plus en
plus terriblement communicants, qu'on le veuille ou non; c'est quasiment comme
le vieux proverbe baroque: "Tout est dans tout", et inversement. Dans cette
complication de la société, on trouve forcément et,
à cette complication croissante de la société, doivent
correspondre forcément, tant bien que mal, le mieux possible ou le moins
mal possible, l'Etat et son appareil administratif. Il faut bien voir que tout
cela a amené, au cours des dernières années, un
développement fantastique de cette machine administrative et pas
seulement au Québec, ailleurs aussi. On peut dire que c'est dans toutes
les sociétés modernes. En fait, l'Etat est l'entreprise qui a
connu la croissance la plus rapide de toutes les entreprises qui peuvent
fonctionner dans une société. Bien des gens disent d'ailleurs,
ils n'ont peut-être pas tort, que cette croissance a été
excessive, mais il faut bien admettre, et je pense que nos amis d'en face et
l'autre parti de l'Opposition en ont des souvenirs pas tellement lointains, que
cette croissance générale des administrations publiques, c'est
presque toujours venu, peut-être trop facilement à l'occasion, en
réponse à des besoins qui étaient soulignés, qui
étaient poussés par des groupes, par l'ensemble de la
population.
Personnellement, je dirais peut-être que, plutôt que la
taille en soi de l'appareil de l'Etat, le grand danger, c'est peut-être
du côté de sa concentration et de sa centralisation. On a des
intentions éventuelles de ce côté-là, cela fait
partie de notre perspective et on verra, en cours de route, si c'est possible
d'arriver à cette déconcentration de l'appareil
gouvernemental.
C'est simplement pour souligner, d'abord, ce phénomène de
la taille et de la croissance; je n'apprendrai rien à personne, mais
c'est un rappel qui peut être utile, en disant simplement ceci, qui donne
une idée de la progression: le budget provincial du Québec en
1966, il y a dix ans, était de $2,1 milliards; en 1976, il
dépasse les $10 milliards, ce qui veut dire que cela s'est
multiplié par 5, en
attendant le budget de l'année zéro qu'on verra un
jour.
Quant au personnel, évidemment, il y a
complémentarité là-dedans. La progression n'est pas aussi
forte, mais c'est quand même, là aussi, fantastique. Quant au
personnel de l'Etat, en 1966, c'était 30 000 personnes. En 1976, c'est
déjà 50 000. C'est énorme, évidemment, quand on
regarde ces chiffres, et pourtant ça dit seulement une partie de la
réalité. A peine une partie, parce que tout le monde sait que le
rôle réel du gouvernement s'est étendu aussi à tout
ce qu'on appelle le secteur parapublic, avec ses ramifications dans tous les
coins de la société, ce secteur qui, avec l'appareil direct de
l'Etat, permet ou oblige plutôt à toucher à peu près
à tous les problèmes, à toutes les formes de
problèmes socio-économiques qui nécessitent une
intervention, encore une fois parce qu'elle est de plus en plus toujours
réclamée, cette intervention.
On ne parle plus de 50 000 personnes; on sait, à cause de
certains conflits qui ont permis de dramatiser ces chiffres, que ça va
jusqu'à un quart de million, les effectifs globaux des secteurs qu'on
appelle public et parapublic. Ce qui est frappant on n'est pas les seuls
à s'en rendre compte c'est que, malgré toute cette
évolution et cette espèce de croissance démesurée,
l'organisation de la structure de décision politique,
c'est-à-dire ce qu'on appelle le cabinet ou le Conseil des ministres,
n'a presque pas changé. En fait, on a fait, si vous me permettez
l'expression, du "patchage", sans arrêt, selon les gouvernements, selon
les circonstances, en déléguant ci, en rempaillant ça, et,
fondamentalement, on peut dire qu'à ce niveau-là, on gouverne
encore, en gros, comme on gouvernait au temps de la
Confédération. Ce n'est pas parce qu'une tradition est ancienne
qu'elle est nécessairement mauvaise, mais ce n'est pas non plus parce
que c'est ancien que c'est une garantie d'efficacité, surtout quand la
société évolue aussi vite qu'elle le fait à notre
époque.
C'est même un peu incroyable, justement, quand on considère
toute la complexité de plus en plus grande des décisions,
qu'elles soient politiques, administratives ou les deux ensemble, que doit
prendre le gouvernement à peu près constamment, parce
qu'autrefois et encore même naguère, gouverner, ça pouvait
consister à choisir entre tel ou tel tracé de route, ou tel ou
tel bout de chemin. Cela pouvait être d'aider financièrement telle
ou telle institution, de choisir la question des concessions minières ou
forestières qu'il s'agissait de concéder à telle ou telle
compagnie, tandis qu'aujourd'hui, il s'agit de fixer le cadre
général, qui est aussi important que le détail, dans
lequel toute l'activité sociale, pour autant que la politique intervient
là-dedans, doit se dérouler à partir de la langue qu'on
doit utiliser au travail comme à l'école, par exemple,
jusqu'à la façon dont doivent être transformées les
richesses naturelles du sol, en passant par des sujets qui nous arrivent tout
à coup comme des priorités ces années-ci. J'en nomme
seulement deux, comme la préservation du patrimoine collectif ou encore
la préservation de l'environnement, et ça va se multiplier, qu'on
le veuille ou non. Par-dessus le marché, tout ça s'insère
dans une société où les mentalités ont
changé terriblement vite aussi.
L'uniformité idéologique... Je me rappelle qu'un de mes
confrères journalistes avait dramatisé en parlant de feu
l'unanimité. Alors, cette unanimité ou cette uniformité
idéologique du passé, d'un passé pas tellement lointain, a
fait place maintenant, à cause des progrès de l'éducation
évidemment, et aussi à cause des progrès des moyens de
communication et de la mobilité des populations, à une
diversité qui est presque illimitée. Des intérêts
particuliers de plus en plus puissants qui peuvent se rattacher au capital, au
travail, aux groupements professionnels, etc., tous ces intérêts
se sont fortement structurés ou cherchent à le faire, et leur
affrontement on n'a pas besoin de se faire de dessin peut donner
lieu fréquemment à des conflits multiples et persistants aussi et
aigus, de plus en plus, ce qui veut dire que le degré de la tension
sociale s'est élevé sans arrêt depuis bon nombre
d'années, et on ne voit pas très bien comment on pourrait revenir
au passé, c'est-à-dire au bon vieux temps de feu
l'unanimité. On a même été jusqu'à dire dans
certains milieux que le Québec était devenu ingouvernable. En
tout cas, une chose certaine, sans tomber dans cette espèce de
dramatisation excessive des difficultés, c'est que c'est beaucoup plus
malaisé je pense que ceux qui en ont fait l'expérience
jusqu'à récemment le savent de gouverner qu'autrefois.
C'est d'ailleurs le lot de toutes les sociétés
contemporaines. Le problème, il est là. Entre autres choses, il
importe de doter le Québec, si possible, d'un instrument qui soit plus
adéquat, en tout cas, que celui qui nous semble avoir, en partie
seulement, fait son temps, un instrument qui soit plus souple possible et qui
puisse nous donner l'aptitude de faire face aux questions complexes, de plus en
plus nombreuses, et aux situations nouvelles aussi.
Je ferai remarquer, sans entrer dans le détail, parce que ce
n'est pas tout à fait la même idée, que la seule autre
province du Canada actuel dont la complexité puisse se comparer à
celle du Québec, l'Ontario, a fait une expérience analogue, pas
similaire à celle que nous voulons entreprendre, mais analogue. Ils ont
appelé cela, dans trois secteurs, des "policy ministers". Depuis
quelques années que cela dure, les derniers rapports qu'on a pu avoir
là-dessus de l'extérieur, c'est que, même s'il y a des
critiques, dans l'ensemble, ceux qui regardent fonctionner cette forme
interministérielle de coordination ont l'impression, en tout cas, que
cela marche mieux que cela ne marchait avant.
C'est un peu dans cette perspective aussi, sans essayer de copier, pas
du tout. Il suffit de voir, techniquement, les différences pour
s'apercevoir qu'il ne s'agit pas du tout de la même chose; mais,
analogiquement, il s'agit de la même perspective. C'est pour cela qu'on
propose à la Chambre la modification qu'on a décidée
dès le
début. Si on n'avait pas essayé dès le
début, on ne l'aurait jamais faite, probablement. C'est trop facile de
retomber immédiatement dans les routines déjà
établies. Au moins, une modification qui essaie de s'approcher de cet
objectif de souplesse et de proximité de la nouveauté, des
questions rapides à traiter ou des questions complexes. Cela, on veut le
faire parce que c'est là que c'est nécessaire au niveau le plus
élevé, c'est-à-dire au Conseil des ministres, de la
décision politique et de l'administration publique parce qu'il faut que
ce soit présidé par des hommes politiques élus. Sinon, on
peut tomber dans une technocratie plus ou moins irresponsable.
Il serait présomptueux de prétendre que, par les
modifications qu'on propose, on est 100% certain d'avoir trouvé la
formule magique; cela n'existe probablement pas. Nous croyons, en tout cas, que
ce que nous proposons vaut la peine d'être essayé. D'ailleurs, on
est parfaitement prêt, et on aura à le faire sûrement,
à améliorer la formule avec le temps et avec l'expérience.
A ce point de vue, il nous semble permis de faire appel à l'aide et
à la collaboration de tous, y compris même l'Opposition, pour
faire en sorte que cette amélioration porte tous ses fruits. Ce n'est
pas une mesure partisane. Cela n'a rien à voir avec
l'intérêt particulier d'un groupe politique. Au contraire, si cela
réussit, cela peut profiter à tout le monde. Tous, me
semble-t-il, ont intérêt à ce que cela réussisse.
Pour que cela réussisse, il faudrait qu'il y ait le plus de
collaboration possible de ceux qui sont intéressés directement
il n'y a personne qui ne l'est plus directement que les membres de
l'Assemblée nationale à la bonne marche des affaires
publiques.
Je soulignerais aussi que cette modification je pense que c'est
important et que cela justifie ce que je viens de dire, d'ailleurs
s'inscrit, pour l'essentiel, dans la continuité de ce qui avait
été amorcé déjà par des gouvernements
antérieurs. C'est plus ou moins le chemin sur lequel on
s'avançait, par exemple, quand il y a eu la création du
secrétariat général; quand il y a eu aussi la mise sur
pied de ce qu'on appelle cela a été laborieux et c'est
loin d'être complètement digéré les grandes
missions et les budgets-programmes. Aussi, la nécessité qu'on a
sentie d'avoir des comités interministériels dont les quatre
principaux deviennent quant à nous, en gardant la souplesse qui
permet quand même de faire face aux problèmes ad hoc
permanents, ce qui veut dire que déjà l'ancien gouvernement et
d'autres qui l'avaient précédé avaient senti le besoin
d'une réforme administrative mais, en même temps, de la river ou
de la greffer à une réforme politique sans quoi, justement, la
responsabilité peut se perdre. C'est à ce besoin que nous voulons
essayer de répondre en poussant plus loin et en greffant, à la
décision politique, les réformes qui étaient
déjà entreprises.
Je veux surtout insister, très rapidement d'ailleurs, sur le cas
des ministres d'Etat qui sont, quant à nous, l'essentiel de ce
changement. Je ne veux pas sous-estimer l'importance de ceux qu'on appellera
maintenant les ministres délégués parce qu'il s'agit de
domaines qui ont besoin, quant à nous, de la responsabilité
personnelle, politique et administrative d'un homme politique, d'une femme
politique, autrement dit des élus du peuple.
Ils ne doivent pas, quant à nous, être laissés, on
l'admettra, un peu à la traîne ici ou là, vu qu'il s'agit
de domaines qui peuvent et qui doivent sûrement mener à des
politiques plus cohérentes, à des politiques plus suivies, parce
que des choses comme l'environnement, l'énergie, font partie des
problèmes d'aujourd'hui, de problèmes dont on voit très
bien qu'ils vont se profiler avec de plus en plus d'importance et de plus en
plus d'impact dans les années qui viennent.
Cela peut mener éventuellement le mot
"délégué" est là pour l'indiquer à la
création de ministères en bonne et due forme, spécifiques.
De toute façon, la délégation d'élus politiques
à la direction de ces domaines nous paraissait indiquée
dès le départ. Maintenant, je voudrais revenir quand même
à l'essentiel de la modification, c'est-à-dire le cas des
ministres d'Etat. Je dois dire que c'est une réforme qui exigera, qui
exige déjà, d'abord, des hommes politiques impliqués
beaucoup, beaucoup non seulement du leur, mais de ceux qui les entourent
aussi.
Il va falloir on espère y arriver, puis je pense que le
début est bon beaucoup de solidarité, beaucoup d'esprit
d'équipe pour appliquer cette modification et l'insérer dans le
processus courant de l'administration. Entre autres choses, il faut renoncer
jusqu'à un certain point aux petits empires ministériels,
très compartimentés, très jaloux. Il va falloir accepter
une certaine discipline des décisions collectives et de la concertation,
surtout quand il s'agit des priorités, parce que tout cela implique
qu'il faut accepter entre nous, au gouvernement, des perspectives nouvelles et
cela n'est jamais facile. C'est pour cela que je dis que, si on ne l'avait pas
fait dès le début, il est fort probable qu'on ne l'aurait jamais
fait.
Mais je suis très heureux, après à peine quelques
semaines, même pas un mois d'expérience, du point auquel les
membres actuels du Conseil des ministres ont accepté d'emblée et
sans réticence de participer à cet effort de renouveau qui va
être laborieux à mettre au point et qui va même, à
l'occasion, nous écorcher un peu. Tout le monde a accepté de
jouer le jeu suivant ces nouvelles règles afin d'arriver à
améliorer la gestion générale et le processus des prises
de décision. Et on a l'impression, si court soit le temps qui s'est
écoulé depuis le début, que cela va pouvoir
fonctionner.
Seulement, cela va exiger aussi et, pour fonctionner, cela va
être essentiel beaucoup de la part des fonctionnaires et des
cadres supérieurs de l'administration. A cause de l'habitude, de la
carrière et de tout cela, c'est très normal, très humain,
c'est peut-être là plus qu'ailleurs que règne davantage
tous ceux qui sont passés par là le savent ce qu'on
pourrait appeler l'esprit de clocher interne de l'administration publique.
C'est là que la tentation est souvent la plus forte de se replier
sur soi-même et de protéger
avant tout, comme s'il s'agissait d'un domaine absolument sacré,
les prérogatives et l'exclusivisme de chaque ministère ou de
chaque organisme. Or, au contraire, il va falloir, dans la nouvelle formule,
apprendre à partager avec d'autres, l'information et la gestion comme
jamais auparavant, en participant à des approches
interministérielles, en travaillant dans des équipes de travail
formées spécifiquement sur des dossiers particuliers; il y a
déjà des cas qui sont connus, à partir de mandats qui ont
été rendus publics.
Il va falloir ce qui est toujours assez difficile pour des
fonctionnaires de carrière; je sais à quel point c'est vrai, car
j'ai déjà eu cette expérience apprendre à
travailler avec plus d'un ministre très souvent et à coordonner,
par conséquent, son action avec celle des autres. A ce point de vue,
très peu de temps après l'élection, j'ai eu l'occasion de
rencontrer les sous-ministres pour les mettre au courant du nouveau
système qu'on voulait mettre en marche et pour demander leur
collaboration. Ils l'ont promise. Evidemment, il va falloir les rencontrer
à nouveau, et je compte bien le faire avec mes collègues, pour
poursuivre ce dialogue et aussi pour recevoir en cours de route leurs
commentaires et leurs suggestions, parce qu'eux aussi, évidemment, ont
un rôle clé à jouer dans tout ce changement.
Enfin, cela va exiger aussi, sinon le soutien actif, du moins, on
l'espère, une attention sympathique de la part des parlementaires et de
la population, en tout cas des éléments conscients,
politisés, comme on le dit couramment, de la population. En effet, quand
on touche à la structure du cabinet, sans aller jusqu'à parler
d'une vache sacrée, en tout cas, on touche à une institution qui
a une espèce de poids historique particulièrement lourd et
spécifique dans la société.
Tout le monde sait à peu près ou, en tout cas, s'imagine
savoir à peu près ce que c'est un ministre.
Cela va demander qu'on essaie de se réconcilier, de
pénétrer la nouvelle définition qu'on a donnée
à ministre d'Etat.
Il faut s'habituer, par conséquent, à partir de là,
à l'idée qu'on peut être ministre, et aussi
complètement ministre que les autres, sans avoir de pouvoir direct
d'administration sur un secteur bien délimité avec le poids du
budget, des grands effectifs, etc. Cela non plus, ce ne sera pas
nécessairement facile. Je dirais même que, par rapport au
cliché si bien établi de la carrière ministérielle,
qui implique tout cet appareil comme une espèce de support en même
temps qu'un poids, il est évident que cette nouvelle définition a
demandé pas mal d'abnégation, au départ, de la part de
ceux qui ont accepté de l'assumer.
Le changement, c'est bien beau, mais il ne faut pas en faire trop en
même temps; c'est pourquoi on a fait un effort particulier aussi pour
changer le moins possible les formes traditionnelles. Les pouvoirs, en
particulier, du Conseil des ministres restent, là-dedans, intacts et
inchangés. C'est seulement le Conseil des ministres dans son ensemble
qui pourra prendre des décisions et en- gager le gouvernement. Au sein
du Conseil cela, c'est nouveau, mais c'était pour souligner
à quel point il n'est pas question de créer deux conseils
tous les ministres seront présents et seront égaux, même en
ce qui concerne la rémunération. C'est peut-être la
façon la plus concrète d'évoquer
l'égalité.
Il est évident, il y a des gens qui l'ont dit, qu'on aurait pu
aller pas mal plus loin. Comme en Angleterre, par exemple, instituer ce qui
s'appelle un "inner cabinet où il y a seulement un nombre limité
de ministres seniors là, c'est senior dans le sens le plus
complet et le plus tuteur du mot qui décident au nom de tous les
autres. On n'a pas voulu justement et, je pense, de bonne foi... Je comprends
qu'on puisse "picocher" au début et s'amuser, qu'on cessera le plus vite
possible d'employer des termes qui sont caricaturaux et qui ne correspondent
pas à la réalité. On n'a pas voulu créer de
superministres, justement, ni de ministres tuteurs avec des ministres pupilles,
comme il en existe en Angleterre ou en France aussi où vous avez les
ministres qui sont seniors, pendant que vous avez, plus juniors, les
secrétaires d'Etat.
On aurait pu faire cela, essayer de commencer une formule comme
celle-là, mais on a préféré essayer plutôt de
rejoindre l'idée des priorités, l'idée de
l'interministériel et de l'affrontement qu'il faut accepter face
à la complexité des problèmes, plutôt que de
fabriquer des structures hiérarchisées comme cela.
Donc, il n'y a pas d'autorité hiérarchique du
côté des ministres d'Etat. Chaque ministre départemental
reste donc pleinement responsable de son secteur devant l'Assemblée
nationale et forcément devant la population. Lorsqu'une question
particulière et qui peut être très vaste, et qui le sera
souvent, sera confiée à un ministre d'Etat, il y aura chaque fois
et on a déjà commencé à le faire un
mandat spécifique approuvé par le Conseil des ministres et qui
sera également rendu public dans les plus brefs délais. De cette
façon tout le monde sera en mesure, s'il veut bien s'informer, de savoir
qui est responsable de quoi. Il sera plus facile de s'y reconnaître qu'il
pourrait paraître à première vue. Les ministres
conserveront leur responsabilité normale dans les ministères dont
ils seront chargés et les ministres d'Etat auront la
responsabilité publique de mandats spécifiques qui leur sont
confiés. Plus, évidemment, leur participation constante et
absolument indispensable à l'étude des grandes priorités
de l'action gouvernementale qui, très souvent, sinon la plupart du
temps, déborde par-dessus beaucoup de ministères.
Maintenant, il y a une question que je voudrais toucher en passant, mais
il semble que c'est relativement simple de donner la réponse. Il y a une
question, je pense, qui est même apparue au feuilleton, à un
moment donné, qui est là, qui est revenue dans une ou deux
interventions, à propos de la responsabilité ministérielle
en ce qui concerne les ministres d'Etat. Je sais que le député de
Lotbinière en a parlé et je pense qu'il y a une question
au feuilleton aussi. Il me semble que c'est relativement simple à
exprimer, quand on voit un peu la perspective dans laquelle c'est situé.
C'est que les ministres chargés de services ou ministères sont
responsables de leur secteur d'administration et les ministres d'Etat, selon
les mandats qu'ils auront reçu, certains en ont déjà et la
plupart en auront très bientôt, seront responsables devant la
Chambre des projets qu'ils ont été appelés publiquement
c'est connu, il n'y a pas de secret à piloter.
Ils seront aussi responsables devant l'Assemblée nationale et la
population des lois et, le cas échéant, de tranches de budget qui
peuvent leur être confiées. En même temps, et cela est vrai
pour tout le monde, ils sont, comme ministres à plein titre,
solidairement responsables, conjointement responsables, avec tous leurs
collègues, de l'ensemble de l'action gouvernementale, là encore,
devant l'Assemblée nationale et devant la population. Je ne vois pas de
façon plus simple et plus concrètement accessible de
répondre à la question.
Comme le ministre est responsable de son ministère, ou, dans le
cas des ministres délégués, des secteurs
d'intérêt politique ou d'intérêt administratif ou les
deux conjointement qui leurs sont confiés, de la même façon
le ministre d'Etat est responsable des projets qu'il a à piloter, qui
lui ont été confiés, des lois dont il peut être
chargé et aussi, le cas échéant, des tranches de budget
qui accompagnent ces responsabilités. Et, avec tout le cabinet, il est
forcément responsable de l'ensemble de notre action comme
gouvernement.
Une chose que je voudrais ajouter aussi c'est que je crois, on s'en
rendra compte tout simplement en regardant le détail très simple
de la loi, que les changements que nous apportons ainsi, par le projet de loi
no 76, à la Loi de l'Exécutif, sont rédigés de
telle façon que si l'expérience se révélait moins
fructueuse que nous l'espérons ce qui peut toujours arriver
on pourrait facilement revenir au mode traditionnel de
fonctionnement.
On n'a pas voulu engager irrémédiablement l'avenir dans
des nouvelles lois qui, peut-être, n'ont pas encore été
suffisamment explorées. Si on refuse de les explorer, on sera toujours
collé au même endroit et on n'avancera pas dans la solution d'un
problème qui se pose de façon assez aiguë, parce que nous
savons qu'il est absolument essentiel tous ceux qui ont passé par
là le savent de trouver des moyens plus efficaces d'assurer le
gouvernement, au Québec comme dans toutes les sociétés
contemporaines.
On sait également qu'il est toujours difficile de
déterminer exactement c'est à l'usage que cela se fait, en
essayant de réfléchir là-dessus de trouver
exactement au départ les recettes magiques, les formules qui
répondront à tout en même temps.
C'est pourquoi on a voulu procéder par étapes, et cette
première étape est là devant vous. Avec le plus de
prudence possible et avec une possibilité de retrait, mais pas de
retrait au bout de trois semaines, un mois, deux mois ou trois mois parce que,
tout simplement, il y aurait eu des problèmes d'accidents de parcours ou
des difficultés. Il s'agit de l'amener le plus longtemps possible et, je
crois, avec confiance parce qu'il nous semble, en tout cas, qu'il y a là
l'amorce d'une solution à un problème fondamental du
gouvernement.
On souhaite, dans cette optique, que tous les partis et tous les
députés, les fonctionnaires, très particulièrement,
et tous les citoyens qui sont conscients des enjeux politiques voudront bien
s'associer à cette réforme du fonctionnement interne du Conseil
des ministres. Je suis certain que tous ceux qui, à un titre ou un
autre, ont participé à la gestion de l'Etat reconnaîtront
qu'il importe de trouver ces meilleures façons de procéder que
celles que nous avons connues jusqu'à maintenant.
Les améliorations que nous proposons, je l'ai souligné,
s'inscrivent dans la continuité logique, en tout cas, de ce qui avait
déjà été entrepris depuis un bon nombre
d'années et, en même temps, elles respectent clairement et
nettement le caractère de notre régime parlementaire. Nous
croyons qu'elles valent la peine d'être mises à l'essai, quitte
à les améliorer en cours de route, à la lumière de
l'expérience et des suggestions qui pourront nous être faites par
tous ceux qui ont à voir à leur bon fonctionnement.
Si cela réussit, je termine là-dessus, c'est tout
l'appareil gouvernemental et, ultimement, c'est la société
politique qui est la nôtre qui s'en trouveront mieux. Ce serait, quand
même, apporter une solution originale qui viendrait de chez nous à
un problème crucial parmi d'autres il y en a beaucoup mais
un problème assez crucial d'efficacité de notre
société politique.
Je recommande l'adoption, en deuxième lecture, de ce projet de
loi.
Mme le Vice-Président: M. le chef de l'Opposition.
M. Gérard D. Levesque
M. Levesque (Bonaventure): Mme le Président, tout le monde
reconnaît la complexité nouvelle et de plus en plus exigeante de
la fonction gouvernementale dans notre société moderne.
Complexité qui s'explique en raison de cette accélération
sans précédent de l'histoire que le Québec connaît
tout autant que les autres sociétés développées du
monde.
Tous, nous vivons dans un tel univers de changements que bien peu de
choses, que l'on considérait hier comme acquises, échappent au
mouvement qui bouscule nos vies personnelles et qui rend très vite
dépassé l'ordre politique et économique, culturel, social
que nous avions pourtant gagné de haute lutte et auquel nous
étions profondément attachés.
Si on demande tant aujourd'hui à l'Etat, c'est sans doute
à cause de cela. Nous cherchons tous, dans ce contexte
d'accélération et de changement, un point d'ancrage suffisamment
solide qui
nous permettra de voir un peu là où nous allons et de nous
donner le temps de définir, en conséquence, une ligne de conduite
qui soit conforme à nos besoins et à nos espoirs. On demande en
somme à l'Etat de résoudre la grande question à laquelle
les individus tout autant que les collectivités ont à faire face,
c'est-à-dire celle de notre adaptation au changement.
Chercher à nous adapter au changement, cela peut vouloir dire
essayer d'en ralentir le rythme ou d'en modérer la cadence. Cela peut
vouloir dire, aussi, d'assumer le changement, en prendre le parti, en canaliser
les forces dans le sens qui nous semble le plus propice à
l'épanouissement de l'individu et au progrès de la
collectivité. Tous ceux, parmi nous, qui ont l'expérience du
gouvernement savent que le choix entre l'une ou l'autre approche n'est pas
facile à faire. Ils savent surtout que ce choix ne peut être
uniforme dans le temps ni dans l'espace, en ce sens que, pour permettre
à la société de s'adapter à un changement
donné, le gouvernement doit être capable de déterminer
quand il faut freiner le mouvement et quand il faut aller de l'avant. Il doit
également savoir que pour tel genre de problème il faut
être plus prudent alors que pour d'autres on peut se permettre
d'être un peu plus audacieux.
Tout cela pour dire que l'Etat, c'est-à-dire le gouvernement,
doit avoir assez de clairvoyance, de lucidité et de réalisme pour
s'équiper le mieux possible pour faire face à ses
responsabilités. Nous savons tous en cette Chambre jusqu'à quel
point cela peut être vrai pour le Québec puisque, s'il est un
endroit au monde où le changement a été
considérable au cours des dix ou quinze dernières années,
cela a bien été ici au Québec. C'est d'ailleurs dans cette
perspective que l'une des toutes premières décisions qu'a prises
le cabinet du premier ministre Bourassa en 1970 a été de doter le
Québec d'une structure administrative financière moderne,
dynamique, la budgétisation par programmes. La réforme du Conseil
du trésor a permis au gouvernement d'améliorer d'une façon
incontestable la gestion proprement administrative et financière de
l'Etat. Je n'en veux pour preuve que le fait tout aussi incontestable, et
d'ailleurs reconnu par nos amis d'en face, qu'en arrivant au pouvoir ils ont
trouvé une situation financière fondamentalement saine dans le
contexte même d'une conjoncture économique difficile et en
dépit des investissements publics considérables faits par
l'ancien gouvernement au titre des immobilisations, de l'injection de capitaux
dans les sociétés d'Etat à vocation industrielle ou
commerciale, comme à SIDBEC, la mise en route du gigantesque projet de
la baie James, sans parler bien sûr de tous les nouveaux programmes
sociaux et culturels mis de l'avant depuis 1970.
C'est d'ailleurs dans le prolongement même de cette réforme
administrative et financière que, le 10 septembre 1975, le premier
ministre, M. Bourassa, annonçait une deuxième grande étape
de la réforme administrative en effectuant une réorganisation du
ministère du Conseil exécutif. Quatre comités permanents
du Conseil des ministres étaient constitués. Le
secrétariat général du Conseil exécutif
était réorganisé et renforcé et une nouvelle
politique de mobilité des hauts fonctionnaires était
annoncée. Comme nos amis d'en face ont tendance à croire que le
monde a commencé avec eux, je leur rappelle que ces comités
permanents avaient pour nom les suivants. D'abord, le comité des
ressources humaines qui était dirigé, si ma mémoire est
fidèle, par M. Jean-Paul L'Allier, excusez, par le député
de Saint-Laurent. C'était le député de Saint-Laurent, je
peux le nommer parce que c'était à cette époque Claude
Forget malgré que je n'aie pas le droit de le nommer puisqu'il
est élu qui présidait ce comité des ressources
humaines. Aujourd'hui, on parle de développement social, c'est cela. Il
y avait également le comité de la qualité de la vie qui
était dirigé par M. Jean-Paul L'Allier. On parle aujourd'hui de
développement culturel.
Troisième comité, celui des ressources naturelles et du
développement économique, dirigé par M. Guy Saint-Pierre
et on nous parle aujourd'hui du ministre d'Etat au développement
économique, si je ne m'abuse. Le quatrième comité, celui
de l'aménagement du territoire, était dirigé par M.
Bernard Lachapelle. Aujourd'hui, on nous parle d'un ministre d'Etat à
l'aménagement. Alors, qu'on ait un peu d'humilité ou de
réalisme. Figurez-vous également qu'à l'occasion le
premier ministre, le ministre des Finances, député de Jean-Talon,
le ministre des Affaires intergouvernementales et les quatre présidents
des comités permanents se réunissaient pour faire le point et
dégager les grandes orientations de l'administration gouvernementale. On
parle aujourd'hui du comité des priorités.
Dans cette même veine, je vois, demain, nos amis d'en face, avec
toute l'humilité, la bonne foi et la très grande
simplicité qu'on leur connaît, annoncer à la presse que le
gouvernement, le bon, le vrai gouvernement provincial que l'on a maintenant,
disent-ils, dans le cadre de cette réforme globale, Mme le
Président, de la société québécoise, a un
autre morceau de son projet collectif, au titre de la réforme
administrative à nous livrer. On nous annoncera que le nouveau
gouvernement a décidé de définir un nouveau type de
rapports entre le gouvernement et les sociétés d'Etat. Ce ne
sera, en fait, qu'une autre des choses déjà mises en route par
l'ancien gouvernement et que l'on continuera, comme quoi, Mme le
Président, le monde a bien commencé avant nos amis d'en face.
Mais laissons cela et revenons au projet de loi qui nous occupe. Je vous
dis, tout de suite, Mme le Président, que l'Opposition officielle votera
contre ce projet de loi; d'abord, parce qu'il est inutile; ensuite, parce qu'il
porte directement atteinte aux droits des élus du peuple et de
l'Assemblée nationale; enfin, parce qu'il consacre les tendances
bureaucratiques du nouveau gouvernement péquiste et qu'il ne peut que
contribuer à élargir le fossé qui sépare le
citoyen, le monde ordinaire de l'administration gouvernementale.
Ce projet de loi est inutile, Mme le Président,
parce que le principe sur lequel il se fonde, c'est-à-dire
l'idée d'une plus grande rationalisation cohérente et
l'efficacité de l'administration auraient été bien mieux
servies si l'on s'était abstenu d'engager le Conseil exécutif sur
la voie de la structurite qui a toutes les apparences de l'improvisation.
En effet, on ne s'est même pas donné la peine
d'expérimenter d'une façon raisonnable le système beaucoup
plus souple des comités permanents du Conseil des ministres, dont le
rodage n'était même pas complété et dont je sais
qu'il offrait déjà de nombreux avantages sur le plan de la
qualité du processus décisionnel de l'Etat.
Quant à moi, j'aurais aimé qu'on informe cette
Assemblée, avant de lui présenter ce projet de loi, des
études, analyses et recommandations que l'on a reçues pour ainsi
nous proposer d'adopter rapidement, comme le disaient nos amis d'en face il n'y
a pas si longtemps, à la vapeur un changement aussi important dans le
fonctionnement du gouvernement. Il m'aurait semblé de beaucoup
préférable que le premier ministre et son gouvernement prennent
le temps de s'asseoir et de réfléchir un instant avant de se
lancer pour la galerie, uniquement pour la galerie, dans une opération
aussi tape-à-l'oeil. C'est, en effet, bien beau, un premier ministre,
quatre superministres penseurs et une bonne vingtaine de ministres ordinaires
et sectoriels. Ainsi, par exemple, lorsque l'on a apporté, au
début des années soixante-dix la réforme de
l'administration financière de l'Etat, cela faisait tout de même
un certain temps que, dans les milieux de l'administration publique, on avait
évalué les mérites et les démérites du
système de budgétisation par programmes et de la modernisation du
Conseil du trésor, si bien qu'à l'époque, autant
avions-nous mis l'accent sur les exigences de cohérence et de
rationalisation des décisions administratives et financières,
autant avions-nous pu décider en pleine connaissance de cause de
l'importance qu'il y avait de laisser à chaque ministère le soin
d'élaborer lui-même sa planification, son développement et
sa programmation.
On a donc aujourd'hui, Mme le Président, les superministres avant
les superministères. Je me demande si l'expression de la charrue avant
les boeufs est bien appropriée ici pour décrire la situation. Une
chose certaine, c'est que cette pseudo-réforme du Conseil
exécutif, dont on a grand-peine à trouver, a posteriori, un
semblant de justification, cette poudre aux yeux qu'on a lancée à
la galerie, le 26 novembre dernier, était tout aussi improvisée
qu'inutile, et comme on a maintenant quatre superministres et qu'on ne peut
tout de même pas créer pour eux, en si peu de temps, quatre
superministères, cela donne... le présent projet de loi qu'il
faudra mettre au titre de l'inexpérience, de la naïveté ou,
devrais-je dire, de la suffisance du gouvernement péquiste.
Mme le Président, les choses inutiles sont souvent les plus
dangereuses. En effet, l'institutionnalisation de ces superministres porte
directement atteinte aux droits de l'Assemblée nationale. Si l'intention
du gouvernement est de res- pecter la lettre de son programme politique et
d'établir un régime présidentiel et j'ai cru
comprendre dans les remarques du premier ministre que c'était une
étape parmi d'autres c'est-à-dire de saborder le principe
de la responsabilité ministérielle, qu'on le dise clairement, et
non pas là encore en empruntant les voies d'un nouvel étapisme
qu'on peut raisonnablement discerner dans ce fait accompli dans lequel cette
Assemblée se trouve aujourd'hui.
Voilà, en effet, quatre superministres qui sont habilités
à s'occuper de tout et de rien, et l'on ne peut à peu près
pas savoir de quoi au juste ils sont responsables devant cette
Assemblée. Le premier ministre a essayé de l'expliquer tout
à l'heure en disant: Ils sont responsables de dossiers. Attendez et
écoutez. Vous aurez les nouvelles qu'ils vont vous donner. Tel
superministre est en charge de tel dossier. Mais ne manquez pas les nouvelles.
Si vous manquez les nouvelles, vous ne saurez pas ce qu'il fait. C'est un peu
ça comme message. Cela n'a pas été
institutionnalisé. Cela n'a pas été dit dans la loi. C'est
le premier ministre qui nous annonce que les "jobs" des superministres, qu'on
voit rarement en Chambre, d'ailleurs, depuis le début de la session,
ça sera annoncé. Suivez les nouvelles et on vous dira: Tel
superministre n'a pas tellement d'affaire au ministre sectoriel. On ne voudrait
pas qu'il dérange. Pas de chicane, pas de bisbille. On va laisser le
ministre sectoriel faire sa "job". De temps en temps, quand il y aura une plus
grosse "job" et qu'on verra que le ministre sectoriel est un peu
étouffé, on va probablement donner ça au superministre, et
là, on annoncera ça. Mais n'oubliez pas d'écouter les
nouvelles, deux ou trois fois par jour, pour savoir ce que les superministres
font. N'oubliez pas.
Mme le Président, ce qui est plus encore, cette Assemblée
peut-elle avoir l'assurance qu'en cherchant à engager la
responsabilité devant cette Chambre de l'un ou de l'autre ministre
sectoriel, il s'agit bien de celui ou de celle qui a effectivement pris la
décision dont quelqu'un, quelque part, doit être directement
responsable devant les élus du peuple? C'est dans ce sens,
c'est-à-dire dans cette dilution du principe de la responsabilité
ministérielle, que le présent projet de loi porte atteinte aux
droits de l'Assemblée.
On se rappellera, Mme le Président, que, lorsqu'il s'est agi de
moderniser la gestion administrative et financière de l'Etat, nous
avons, tout au contraire, cherché à sauvegarder le principe de la
responsabilité ministérielle. En effet, on avait pris soin alors
d'insister, en même temps qu'on renforçait les pouvoirs d'un
organisme central, le Conseil du trésor, sur l'idée de
décentralisation non seulement des opérations budgétaires
et comptables des ministères, mais aussi sur la décentralisation
même de leur planification. Chaque ministère a été,
en effet, obligé de se prendre en main, de se tracer des
priorités et des objectifs et si, par la suite, les mécanismes de
contrôle ont pu apparaître à certains quelquefois
embarrassants, ils n'avaient en fait d'autre but que d'éprouver la
qualité des dossiers et non pas d'usurper aux mi-
nistères leurs obligations et leurs responsabilités. C'est
ainsi que, dans le processus de l'élaboration du budget, chaque
ministère doit élaborer un an à l'avance sa planification
budgétaire. Dans le même ordre d'idées, en restructurant le
comité de la législation en septembre 1975, les ministères
se sont vu garantir leur droit d'élaborer leur législation, de
faire leur recherche, leur consultation. C'est à chaque ministre qu'il
revient de faire approuver par le Conseil exécutif le principe de chacun
des projets de loi qu'il entend présenter.
Le comité de législation ne s'est jamais substitué
à tel ministre sous prétexte qu'il était consituté
de plusieurs ministres. Le comité de législation émet
simplement un avis sur les implications d'un projet de loi, en vérifie
la cohérence par rapport à l'ensemble de la législation et
en arrête la rédaction. Les ministères demeurent, du
début à la fin, les artisans véritables de leur
législation. Tout cela pour dire que les chefs des ministères
sont les véritables dirigeants et que leur autorité s'y exerce
librement et d'une façon responsable. La ligne hiérarchique n'est
pas brisée et le cheminement des dossiers législatifs,
administratifs ou budgétaires permet à tout le monde, ministres,
fonctionnaires ou citoyens, de s'y retrouver aisément.
Singulièrement, et c'est ce qui m'importe maintenant,
l'Assemblée nationale pouvait alors s'y reconnaître. Ce ne sera
certainement plus le cas lorsqu'on ne saura plus qui des superministres ou des
ministres sectoriels est responsable devant notre Assemblée, surtout si
on a manqué les nouvelles, à un moment donné. Au lieu de
s'excuser, comme le rapporte le Devoir du 27 novembre, de n'avoir eu qu'une
dizaine de jours pour former le cabinet, expliquant qu'il n'avait pas eu le
temps de tout raffiner, le premier ministre aurait dû y penser deux fois
avant d'annoncer la nomination de ses superministres et de se voir aujourd'hui
forcé de présenter un projet de loi qui bat en brèche un
principe aussi fondamental que celui de la responsabilité des ministres
devant la Chambre, au moins, qui dilue grandement le principe de la
responsabilité ministérielle.
Je lui dis en toute amitié, qu'en mettant aussi en tutelle ou en
quasi-tutelle ses ministres sectoriels par des hommes qu'on dit bien
près du premier ministre, le premier ministre se révélera
le vrai chef d'un bon et vrai gouvernement. Un bon et vrai gouvernement, cela
ne cherche pas à éviter le contrôle de l'Assemblée
nationale. Un vrai chef ne devrait pas avoir besoin, me semble-t-il, selon ce
qu'en dit Jean-Claude Picard, dans le Devoir du 3 décembre, de ce haut
comité des priorités pour renforcer l'autorité du premier
ministre sur tout l'appareil politique et administratif du gouvernement et
s'assurer que toutes les réformes engagées se fassent sous bonne
garde.
Je crois donc que le projet de loi que nous étudions constitue
une première entorse au principe de la responsabilité
ministérielle et qu'à ce titre il est mauvais. Je crois, en
effet, malgré les faiblesses qu'il peut avoir, que le système de
la responsabilité ministérielle mérite d'être
maintenu non seulement parce que c'est un système qui nous est familier,
mais surtout parce qu'il fait en sorte que les ministres soient pleinement
responsables de l'administration des lois. Les ministres doivent se
présenter en Chambre pour débattre la législation. Ils
doivent écouter les représentations des députés,
des citoyens, des corps constitués. Les ministres doivent être en
commission parlementaire pour débattre les crédits qui leur sont
votés. Tous les jours de session ils sont soumis, avec le premier
ministre, aux questions orales ou écrites de l'Opposition. C'est ainsi
qu'entre les élections la démocratie peut continuer à
vivre et à s'épanouir de bien meilleure façon, à
mon avis, que dans tout autre système que nous aurions adopté
simplement pour le plaisir de changer. J'ajoute simplement cette demande: A
qui, en cette Assemblée aux superministres ou aux ministres
sectoriels s'adressent les remarques du Protecteur du citoyen, celles du
Vérificateur général? Qui sera responsable, devant
l'Assemblée nationale, des actes de l'administration? Qui, les ministres
ordinaires ou les superministres?
C'est déjà arrivé. Seulement une petite
expérience de quelques jours en cette Chambre et déjà nous
cherchons, à gauche et à droite, à qui poser les questions
pour avoir une réponse qui tienne compte de cette responsabilité
que doivent avoir les ministres vis-à-vis des fonctions qui leur sont
confiées. Peut-être qu'on dira: C'est votre faute, vous ne savez
pas discerner assez bien.
Si nous avons de la difficulté à discerner ces
responsabilités, comment voulez-vous que le citoyen peu habitué
à cette structurite et les corps intermédiaires puissent s'y
retrouver? D'ailleurs je reçois déjà des
télégrammes adressés à gauche et à droite
à tel ministre ou superministre. Finalement, je pense bien que les
citoyens vont envoyer toute la correspondance au premier ministre, qui se fera
le "dispatcher". C'est à peu près comme cela que je peux voir la
situation et je pense bien qu'il va falloir qu'on augmente le nombre de
fonctionnaires au "bunker" pour essayer de faire ce tri de la correspondance.
Moi-même, si je suis intéressé à une question et
veux avoir une réponse à laquelle j'attache une importance
primordiale, je ne veux pas courir de risque et peut-être perdre une
semaine ou deux à avoir ma correspondance dans le mauvais bureau.
Alors, je prierais le premier ministre, s'il reçoit ma
correspondance quant à moi, vu qu'il est ici, qu'il se fasse un devoir
de la diriger au bon endroit, en attendant que l'on puisse se familiariser avec
ce genre de structurite et superstructurite. Enfin, si le premier ministre
avait simplement voulu dégager des ministres pour leur confier des
réformes plus importantes ou la coordination des travaux des
comités permanents, nous aurions compris et peut-être même
accepté qu'il le fasse en raison de la complexité des dossiers et
de l'inexpérience de son équipe.
Dans un tel cas, notre système parlementaire n'en aurait pas
souffert et le Conseil exécutif en aurait
bénéficié. Il n'eût pas été
nécessaire d'accepter de nouvelles dénominations
ministérielles et le pouvoir réel serait encore entre les mains
de
l'ensemble du Conseil des ministres. Mais, avec la création de
cette superstructure que sera le comité des priorités, nous avons
une réforme politique où le pouvoir se concentre, se cache et se
dissout.
Mme le Président, je pense que c'est le leader de l'Opposition
officielle qui avait fait une demande, je ne sais pas à quel ministre ou
superministre, peut-être au leader responsable de la réforme
parlementaire. De toute façon c'était une demande qui
m'apparaissait empreinte de réalisme, dans le but d'éclairer
cette Chambre pour l'étude du projet de loi. Je pense que le leader de
l'Opposition officielle, le député de Laval, avait demandé
aux responsables et vu que le parrain est le premier ministre, je lui en
fais la demande présentement s'il n'y aurait pas moyen d'avoir un
organigramme qui serait distribué aux députés, afin qu'ils
puissent un peu voir comment marche cette patente, vous savez, où
s'adresser, etc.
Comme cela n'a pas été fait, peut-être que je
pourrais immédiatement faire parvenir au premier ministre notre projet
d'organigramme, puis il pourrait dans sa réplique nous dire s'il a des
corrections à apporter. J'en ai une copie pour le premier ministre puis
j'en ai une copie également pour le leader du gouvernement, ministre
d'Etat responsable de la réforme parlementaire. Comme je vois qu'il y en
a plusieurs qui veulent en avoir, M. le Président, je suis certain que
vous n'avez pas d'objection à ce que j'en passe à mes
collègues. Et si le premier ministre trouve que cela a de la valeur, il
pourrait peut-être me permettre d'en faire le dépôt pour que
la population entière puisse être informée.
Maintenant, si ce n'est pas le cas, s'il y a des erreurs, bien...
M. Lévesque (Taillon): II y a un petit bout ici qui ne
marche pas.
M. Levesque (Bonaventure): II y a un petit bout qui manque. C'est
pour cela qu'on va vous demander de faire la correction, pour qu'au droit de
réplique on puisse en distribuer une autre série corrigée
et mise à jour, au point.
M. Garneau: Est-ce qu'il y a des...
M. Levesque (Bonaventure): II est inutile, Mme le
Président, le présent projet de loi; de plus il est dangereux au
titre du maintien du principe de la responsabilité ministérielle.
Il est également dangereux en regard du rapprochement nécessaire
du citoyen et de l'administration publique. En effet, M. le Président,
ces superministres dont les responsabilités recoupent l'ensemble
j'aurais dû distribuer ces choses un peu plus tard, parce que je suis
dérangé dans mes propos présentement, il se fait tellement
d'interprétations...
M. Garneau: ... les pyramides d'Egypte.
M. Levesque (Bonaventure): Je vais vous demander, Mme le
Président, de surveiller l'ordre pour que je puisse continuer.
Mme le Vice-Président: Restez vous-même à
l'ordre.
M. Levesque (Bonaventure): En effet, ces superministres, dont les
responsabilités recoupent l'ensemble du domaine public
québécois et dont l'autorité, à tout le moins
morale, sur les autres ministres sera ou deviendra très grande, seront
nécessairement bien loin du monde ordinaire, comme on se plaisait il n'y
a pas si longtemps à qualifier les citoyens du Québec.
J'ai déjà dit qu'en réalité ces
superministres seront ou deviendront très vite des superhauts
fonctionnaires. Je crois bien que la fonction publique québécoise
n'avait pas besoin de cela. Les sous-ministres en poste dans chacun des
ministères sont des hommes responsables, des hommes
éclairés, des hommes d'expérience et de vision. Pourquoi
leur superposer une superstructure bureaucratique?
S'il s'agissait simplement de mieux coordonner les activités
sectorielles de l'Etat, il n'était pas nécessaire de recourir
à un semblable appareillage, d'autant moins que le citoyen, qui trouve
déjà suffisamment complexe la machine gouvernementale, se
demandera à qui il doit s'adresser désormais pour faire valoir
ses besoins et ses préoccupations. Les corps publics,
municipalités et commissions scolaires, collèges,
universités, institutions de santé et de services sociaux, les
corps constitués: chambres de commerce, syndicats, comités de
citoyens, les députés eux-mêmes; à qui tous ces
organismes et ces gens devront-ils adresser leurs représentations? Au
superministre qui les retournera au ministre sectoriel? Aux ministres
sectoriels qui leur diront que tel ou tel projet qu'ils avaient a
été écarté ou retardé par le ministre
tuteur? A qui allons-nous nous adresser? J'ai fait une suggestion tout à
l'heure. Ce sont là des choses qui doivent être
précisées, et d'une façon claire, parce que, de toute
évidence, par la force même des choses, ces superministres
il faut avoir l'expérience de l'administration publique pour le
comprendre seront ou deviendront rapidement bien loin du peuple, eux qui
auront à jouer avec les grandes priorités de l'Etat, les grands
dossiers, les grandes opérations du gouvernement.
D'ailleurs, on m'objectera peut-être que les actuels ministres de
l'Education et des Affaires sociales sont en réalité des
superministres, en raison de l'ampleur même de leurs
responsabilités. Je réponds simplement, avec beaucoup d'autres,
qu'il existe au Québec un courant d'opinion de plus en plus
marqué pour précisément partager les
responsabilités ministérielles dans ce domaine, en distinguant
mieux, comme nous avions commencé à le faire, le secteur de
l'enseignement élémentaire et secondaire de celui du
collégial et universitaire et le secteur des prestations sociales du
secteur de la santé. La raison en est bien simple, c'est que les grands
ensembles les plus globaux ou globalisants, les grandes priorités, cela
peut finir à la longue par très mal servir la qualité de
l'administration publique. La qualité de l'administration publique, pour
le monde ordinaire, ce
sont les besoins réels des citoyens et des régions du
Québec.
Je ne crois pas, quant à moi, que l'on réussisse à
satisfaire à ces exigences fondamentales d'une décentralisation
et d'une régionalisation des services gouvernementaux en chapeautant,
sans rien changer à ce qui existe, les ministères sectoriels
d'une superstructure totalement artificielle. Ce n'est certainement pas
là la voie d'une plus grande humanisation de l'administration publique.
Lorsque je parlais de possibilités de division ou de partage des
responsabilités aux Affaires sociales et à l'Education, je voyais
le premier ministre prendre une note; je me demande s'il veut en profiter pour
augmenter le nombre des membres du cabinet. Il a peut-être vu là
une ouverture. Mais il faut aussi bien se rendre compte que, s'il veut le faire
là et s'il veut donner suite également à ce qu'il avait
laissé entendre, soit que plusieurs des nouveaux ministres cumulaient
deux ministères et qu'il faudrait les libérer un peu
éventuellement, par quel nombre se chiffrera la composition du cabinet?
On arrivera à quel chiffre, lorsqu'on tient compte de ce qui a
été doublé, déjà, comme
responsabilités? En ajoutant des superministres, on arrivera sans doute
à un chiffre assez élevé. Je ne le sais pas, je n'ai pas
la réponse à cela. C'est le privilège du premier ministre,
mais tout de même nous devrions surveiller cela de près.
En somme, l'Opposition officielle est contre ce projet de loi parce
qu'il n'est pas nécessaire, parce qu'il fait subir un recul inadmissible
au principe de la responsabilité ministérielle. Parce qu'il
contribue à augmenter la confusion dans l'esprit de chacun, il contribue
à éloigner l'administration publique des préoccupations
réelles du citoyen et des groupes de notre société.
C'est un projet de loi à tendance nettement bureaucratique et
technocratique, un projet de loi qui est contraire à ce que nous
devrions d'abord chercher à faire, c'est-à-dire, humaniser
l'administration gouvernementale.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Lotbinière.
M. Rodrigue Biron
M. Biron: Mme le Président, j'ai écouté avec
attention les explications du premier ministre sur son projet de loi. Je dois
dire que chaque gouvernement, et c'est normal, veut se donner ses moyens
à lui de gouverner qui lui conviennent le mieux. Animé, M. le
premier ministre et il n'est pas le seul d'un souci
d'efficacité accru au sein de l'appareil gouvernemental, le premier
ministre a voulu, en plus de procéder à la nomination de
plusieurs ministres délégués soit à
l'environnement, à l'énergie, au Haut-Commissariat à la
jeunesse, aux loisirs et aux sports, se donner un état-major formel
composé de ministres appelés "seniors" et qualifiés de
ministres d'Etat responsables de la réforme parlementaire ou encore, du
développement économique, social ou culturel ou de
l'aménagement.
Au total, ces nominations, et conséquemment les modifications
qu'elles appellent à la Loi de l'exécutif, se veulent des mesures
pour assurer une meilleure administration au Québec. Dans cet esprit,
nous voterons pour le principe du projet de loi.
Mais, auparavant, nous nous devons, à ce dernier titre,
d'intervenir dans le débat, premièrement, quant aux ministres
délégués, pour reconnaître qu'ainsi, et à bon
droit, le premier ministre et le nouveau gouvernement veulent donner une
priorité réelle à l'environnement, à
l'énergie et au large secteur des loisirs et des sports. Pour
préciser, quant à l'environnement, que la lutte
nécessaire, sous toutes ses formes, à la pollution ne devra pas,
par des gestes précipités, provoquer un autre type de pollution,
à savoir un climat tel, à l'endroit des entreprises, qu'il nuise
à leur expansion ou à leur désir de venir s'installer au
Québec.
Quant à l'énergie, dont le titulaire
délégué, on le sait maintenant, sera simultanément
responsable du dossier de l'Hydro-Québec, c'est le temps de limiter
l'autorité et l'autonomie abusive de l'Hydro-Québec.
Quant aux loisirs et aux sports, nous, de l'Union Nationale,
préconisons la création d'un véritable ministère
des loisirs et des sports axé sur l'amélioration de la
qualité de la vie des Québécois.
Quant aux ministres d'Etat appelés à conseiller de
près le premier ministre dans l'orientation de la planification de
l'administration du Québec, l'Union Nationale en profite pour
réaffirmer que c'est le temps que l'incohérence, l'attentisme,
l'absence de planification et autres carences de l'administration soient
remplacés par un esprit de décision et une meilleure
communication entre-les fonctionnaires et les citoyens.
Il est important aussi de plaider bien haut que le gouvernement doit
décentraliser les services de l'Etat au profit des institutions locales
et régionales et non pas s'alourdir à un point tel que, sous
prétexte d'efficacité, le contact entre l'administration et
l'administré se déshumanise encore davantage.
J'ai été heureux d'entendre le premier ministre nous
parler de planification à long terme des décisions du
gouvernement. J'en suis. J'ai toujours aimé planifier à long
terme. Mais avant de prendre une décision nous devons, bien sûr,
faire de la recherche, faire les études nécessaires sur le
résultat de la recherche, faire les discussions et, finalement, prendre
des décisions.
Je répète ici que je suis heureux de voir que le premier
ministre, quand même, veut prendre des décisions et, surtout, veut
remplacer cette indécision chronique que l'on connaissait sous l'ancien
gouvernement. Il ne faudrait pas que cette indécision chronique se
change en décision prises à la hâte, sans efficacité
et, surtout, sans planification.
Je veux mettre en garde le premier ministre contre une certaine
résistance au changement qu'il y a partout, dans tous les peuples de la
terre. Cette nouvelle diversité, cette nouveauté de gouvernement
aujourd'hui bien sûr, il le notait lui-
même va nous apporter des affrontements et des tensions
sociales. Il faut y mettre énormément de souplesse et
énormément de prudence. Les objectifs d'efficacité avec
les hommes politiques élus pour l'administration du gouvernement, nous
en sommes totalement. Mais je veux aussi mettre en garde le premier ministre et
les membres du Parti québécois. Car il faut aussi
reconnaître ce que les autres avant nous, dans cette Chambre, dans cette
province, dans ce pays, ont fait de bien. J'ai, comme le disait tout à
l'heure le chef de l'Opposition, une grande crainte, en entendant plusieurs
ministres ou députés du parti au pouvoir, de les voir penser que
le monde a commencé avec le 15 novembre dernier.
Nous avons donc grand besoin de planification au Québec. Mais,
tel que je le disais dans mon discours à l'ouverture de cette
Assemblée nationale, de grâce, il faudrait que les ministres
fassent une meilleure planification, et surtout les ministres seniors, afin
d'arrêter toutes ces promesses à gogo que nous avons entendues ou
ces déclarations fracassantes pour faire la une dans les journaux. Nous
voulons de la décision, nous voulons de l'action, bien sûr, mais
nous ne voulons pas d'incohérence. Ceci étant dit, il nous faut
dire aussi aujourd'hui que te but recherché dans le
réaménagement interne du cabinet des ministres, à savoir
la planification des priorités, est évident. Mais je voudrais que
le premier ministre regarde ce que ses ministres ont fait jusqu'à
aujourd'hui et, dans toutes leurs déclarations, nous avons de la
difficulté à voir ces démarches qu'il nous mentionnait
tout à l'heure, à ce jour, pour une meilleure planification.
Qu'il me suffise de parler tout simplement de l'annonce de la hausse du
salaire minimum, socialement justifiable, mais manque de planification parce
qu'elle n'était pas assortie d'un train de mesures pour pallier et pour
aider la petite et la moyenne entreprise au Québec. Qu'il me suffise
aussi de parler de l'incohérence des deux mesures connues à ce
jour concernant le projet de loi no 22. Soit, d'un côté, la
poursuite des tests linguistiques, tests iniques, et, d'un autre
côté, la suspension du programme, mal engagé bien
sûr, de francisation des entreprises. Troisièmement, le projet de
loi affectant la ville de Montréal, projet de loi présenté
de façon inappropriée, projet de loi inapproprié aussi sur
le plan social et de façon irraisonnable sur le plan économique.
Ce sont trois exemples de ce qui nous apparaît être, pour le moins,
un mauvais début du gouvernement au chapitre de la cohérence et
de la planification des priorités.
Incidemment, M. le premier ministre, n'y aurait-il pas trop de ministres
à ce jour qui ont multiplié des déclarations de
manière impromptue et improvisée sur des dossiers qui auraient
appelé davantage de temps, d'étude, de réflexion et de
consultation? Voilà pourquoi nous sommes heureux de voir des ministres
qui vont faire de la planification. La requête de notre part est que les
ministres d'Etat soient responsables à l'Assemblée nationale,
tout comme c'est le cas pour l'ensemble des ministres, et surtout que
l'Assemblée natio- nale soit informée aussitôt qu'un
nouveau dossier est confié à un de ces ministres d'Etat. Il ne
faudrait pas nous indiquer trop tard, du côté du gouvernement,
à qui poser nos questions. Le respect de l'Opposition et de son
rôle en régime parlementaire démocratique devra être
tel qu'on nous laisse le droit et le loisir d'interroger à notre guise
celui des ministres touchant ou étant susceptible de toucher à un
dossier donné. Nous voulons reconnaître ce qu'il y a de bon dans
cette mesure et nous voulons reconnaître que le gouvernement du Parti
québécois, jusqu'ici, a fait un effort énorme pour prendre
des décisions rapides. Mais, comme je le disais tout à l'heure,
j'ai été déçu, personnellement, de certaines
déclarations de ministres et spécialement hier, dans cette
Assemblée. Je les mets sur le compte de l'inexpérience et
j'espère qu'avec le temps, le nouveau style de gouvernement que veut
donner le premier ministre au Québec puisse passer à travers ses
ministres. Je reconnais quand même la largeur de vue du premier ministre
concernant les différents problèmes auxquels nous avons à
faire face dans cette province.
Je voudrais aussi demander au premier ministre qu'il soit sûr que
ses ministres d'Etat responsables de ces dossiers, de cette planification ne
travaillent pas exclusivement au dossier du référendum sans que
cette Assemblée ne le sache.
Mme le Président, depuis le début de cette session nous ne
voulons pas critiquer inutilement et surtout nous ne voulons pas critiquer pour
détruire, mais nous voulons construire avec le gouvernement que les
Québécois se sont choisi un Québec meilleur pour tous.
C'est dans cette recherche de solutions originales que notait tout à
l'heure le premier ministre, pour une meilleure efficacité de notre
système politique, pour une meilleure planification de nos actions
politiques, que nous voyons cette mesure et que nous suggérons au
premier ministre de former un réel comité de planification des
décisions à prendre au niveau provincial composé, bien
sûr, de ses ministres d'Etat et des ministres qu'il veut nommer à
ce comité. Mais qu'il invite aussi, pour faire partie de ce
comité, en toute recherche de cette nouveauté, de cette solution
originale, les chefs des différents partis politiques. Nous aussi nous
sommes québécois, nous aussi nous avons été
élus par nos commettants pour le bien de la population du Québec
et ce n'est pas parce que nous appuyons un autre parti politique que nous
sommes contre le Québec ou contre les Québécois. Si le
premier ministre veut réellement faire un bond en avant, je lui
suggère, bien humblement, de former son réel comité de
planification composé de tous les hommes, de tous les ministres qu'il
veut y nommer, mais d'y inviter aussi l'honorable chef de l'Opposition et le
chef de l'Union Nationale afin que nous puissions l'aider à former ce
nouveau gouvernement pour un Québec nouveau, ce vrai gouvernement qu'il
veut réellement pour tous les Québécois. D'une
façon ou d'une autre, nous ap-puyerons le principe de cette mesure.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Saint-Laurent.
M. Claude Forget
M. Forget: Mme le Président, j'ai écouté
attentivement les arguments présentés par l'honorable premier
ministre pour justifier ce projet de loi. Son argumentation se résume,
je crois, aux deux points suivants. D'une part, il est nécessaire que
les mécanismes existants pour assurer une meilleure coordination de
l'activité gouvernementale soient renforcés et,
deuxièmement, qu'il est nécessaire que ce renforcement de la
coordination gouvernementale se fasse par l'addition de ministre d'Etat,
c'est-à-dire par l'intermédiaire de représentants
élus de la population.
En réponse, le chef de l'Opposition officielle a indiqué
qu'il nous apparaissait qu'une telle démarche était superflue et
mal orientée ou inappropriée. Je n'ai pas l'intention,
évidemment, de reprendre l'argumentation de mon collègue, le chef
de l'Opposition officielle, mais j'aimerais contribuer au débat en
offrant, en tout premier lieu, un témoignage de la part de celui qui
vous parle et qui a vécu cette expérience des comités
interministériels qui ont fonctionné pendant un peu plus d'une
année et qui peut donc, par conséquent, témoigner de leur
efficacité, puisque c'est une efficacité
éprouvée.
En deuxième lieu, j'aimerais attirer l'attention de
l'Assemblée sur ce qui m'apparaît être la signification
véritable de cette modification dans le fonctionnement de
l'Exécutif. Sur le plan général du besoin, de la
nécessité de renforcer la coordination gouvernementale, je n'ai
pas besoin de passer du temps, puisque tout le monde est bien conscient de la
nécessité de mieux coordonner l'activité gouvernementale.
D'ailleurs, comme à la fois le chef du gouvernement et le chef de
l'Opposition l'ont fait, il est possible de retracer dans le
développement du parlementarisme, à l'étranger et au
Québec, les tentatives diverses qui ont été faites pour
assurer une meilleure coordination.
On peut noter que l'idée en est venue pour la première
fois dans les périodes de conflits armés, alors que les
gouvernements parlementaires ont ressenti plus que jamais le besoin d'une plus
grande efficacité dans leurs prises de décisions. C'est à
ce moment-là qu'on a vu surgir les "war cabinets" et les "inner
cabinets" qui, dans certains pays, sont demeurés jusqu'à
maintenant. Donc, sur le plan de l'opportunité de mieux coordonner
l'action gouvernementale, tout le monde s'entend. Cependant, comme n'importe
quelle bonne idée, tout est de savoir où s'arrêter et
comment effectuer ou mettre en oeuvre un tel principe. C'est sur cette base que
l'Opposition officielle exprime de sérieuses réserves. Nous
croyons qu'on ne sait pas, dans ce projet de loi qui nous est soumis, où
s'arrêter et que les méthodes utilisées pour assurer la
coordination sont inappropriées.
Donc, en premier lieu, j'aimerais, comme je l'indiquais tout à
l'heure, témoigner de l'efficacité de ce mécanisme qui
nous semblait et qui nous semble encore suffisant pour la coordination
interministérielle, à savoir les comités permanents
présidés par des ministres sectoriels. A cet égard,
j'aimerais faire allusion à une expérience que nos amis d'en
face, d'ailleurs, retrouveront dans les dossiers de ces comités
interministériels, l'expérience de l'élaboration de la
législation sur la sécurité et la santé des
travailleurs. Comme on le sait, c'était là une
préoccupation importante du gouvernement précédent et
ça fournit encore une très bonne illustration de la
nécessité d'une coordination interministérielle. En effet
et c'est la situation qui prévaut encore maintenant tout
le monde sait que quelque quatre ou cinq ministères sont
impliqués dans cette question extrêmement complexe; je cite le
ministère du Travail, bien évidemment, le ministère des
Richesses naturelles, le ministère des Affaires municipales et de
l'environnement et le ministère des Affaires sociales, encore que
d'autres ministères, tels que celui de la Justice, aient un certain
droit de regard sur ces questions.
Or, dans une question qui touche et affecte profondément les
responsabilités de quatre ou cinq ministères, le comité
des ressources humaines que j'avais l'honneur de présider a
réussi, après le travail conjugué des ministres membres de
ce comité et aussi des fonctionnaires du secrétariat
général, à établir un plan d'ensemble qui
permettait de mettre fin, de façon complète, de façon
globale, aux querelles et aux conflits de juridictions. C'était
là le premier résultat, après seulement quelques mois de
travail, de l'existence de ces comités interministériels.
Sub-séquemment, il nous a été possible de dégager
un certain nombre de points de convergence pour une législation globale
relativement à cette question, encore que, comme on le sait, les
circonstances aient voulu que nous ne puissions mener à terme les
efforts engagés de ce côté-là. Mais ces efforts
et c'est le but pour lequel je le mentionne ici avaient permis,
déjà, de développer un point de vue commun à la
fois sur le plan juridictionnel, sur le plan des compétences
administratives de quatre ou cinq ministères, mais également,
à certains égards au moins puisque le travail n'était pas
complété, sur les aspects substantifs mêmes de ce projet de
loi en voie de gestation.
Il y avait donc, dans cette formule, un potentiel considérable.
Si je ne parle pas plus longuement sur le sujet, c'est bien évidemment
que ce projet a été le plus important soumis au comité
interministériel dont je faisais partie, mais j'ai tout lieu de croire
que le même travail de concertation et de coordination s'effectuait
également dans les autres comités ministériels. Cette
conviction profonde que nous avons de l'efficacité de la formule est la
justification même des propos du chef de l'Opposition officielle tout
à l'heure, selon lesquels des mécanismes existants, dont ces
comités interministériels, suffisaient déjà
à assurer toute la coordination voulue dans l'action
gouvernementale.
Cependant, le projet qui nous est soumis va plus loin que cela. Il rend,
bien sûr, d'une certaine manière, permanents ces comités
puisque le nouveau gouvernement, en les changeant de nom, si
l'on veut, quelque peu reprend à son compte ces comités
interministériels, mais y ajoute la notion de ministre d'Etat. C'est sur
ce point-là que nous divergeons de point de vue avec le parti
gouvernemental.
En effet, quelle est la signification véritable de la
création de ces ministres d'Etat? Bien sûr, comme l'indiquait mon
collègue, cela introduit, ne serait-ce que parce que c'est nouveau, que
cela n'a pas été essayé, une certaine confusion dans
l'esprit de l'observateur, à savoir qui sera véritablement
responsable de tel ou tel dossier. Le premier ministre vient d'indiquer que,
dans tous les cas il faut souligner "tous" les ministres d'Etat se
verront investis d'une responsabilité en vertu d'une décision du
Conseil des ministres.
Personnellement, je regrette que le projet de loi, qui amende la Loi de
l'Exécutif, n'ait pas prévu, précisément, et rendu
officielle cette délégation spécifique de
responsabilités. Il me semble qu'il aurait été facile
d'insérer dans le projet de loi un article prévoyant que ces
décisions du Conseil des ministres devront revêtir un certain
cachet officiel et de publicité tel que le dépôt qu'on
ferait, par exemple, de la résolution du Conseil des ministres à
l'Assemblée nationale. Ceci est un détail, mais, même dans
l'optique où l'on accorde des mandats spécifiques à ces
ministres d'Etat, je crois que la réalité, telle qu'elle sera
vécue, sera bien différente de celle qu'on fait envisager par une
telle référence spécifique.
En effet, tout le monde a pu constater, et particulièrement ceux
qui vivent à l'intérieur du gouvernement ils ont pu le
constater, ceux-là, de première main et de très
près que la tâche actuelle du premier ministre,
étant donné l'évolution très rapide du rôle
du gouvernement dans notre société, est devenue une tâche
presque impossible. Enfin, on pourrait faire l'histoire personnelle, si l'on
veut, des premiers ministres que le Québec a eus successivement depuis
une vingtaine d'années et se rendre compte que presque chacun d'entre
eux est mort à la tâche ou a été l'objet d'un tel
stress que sa santé personnelle et même sa capacité de
décider rationnellement a été, à la longue,
sérieusement affectée, sérieusement minée. C'est le
témoignage que l'on peut certes rendre des premiers ministres que l'on a
connus plus récemment que ce fardeau, même pour un homme jeune et
en bonne santé, avec toutes ses capacités intellectuelles,
constitue une tâche presque impossible.
Il est donc normal que, dans un tel contexte, la création des
ministres d'Etat prenne un sens qu'elle n'a pas dans les textes de loi. En
effet, ce qui me paraît significatif et cela paraît,
d'ailleurs, aussi significatif, je pense, au premier ministre puisque c'est
ainsi qu'il l'a présenté c'est que ces ministres d'Etat
sont, essentiellement, des hommes politiques élus et ce sont des hommes
politiques qui partageront avec le premier ministre, en définitive, une
partie de sa tâche, une partie de ses responsabilités. En effet,
le gouvernement parlementaire que nous connaissons dispose déjà,
et depuis son début, d'un mécanisme de coordination et c'est le
premier ministre lui-même. A ce titre, le premier ministre est toujours
un superministre. On n'y peut rien, c'est la doctrine constitutionnelle qui le
veut. C'est la pratique, l'expérience de tous les jours qui en
décident ainsi.
Donc, ceux qui sont proches de lui, d'une façon ou d'une autre,
même si la loi prétend le contraire, risquent de devenir et
ce risque est très élevé des premiers ministres
substituts, suppléants ou adjoints. Tout ce que l'on voudra. Dans le
contexte où ce sont des hommes élus, on voit tout de suite le
genre de situation vers laquelle nous pouvons très bien évoluer.
Nous verrons un renforcement du bureau du premier ministre. Je ne voudrais pas
confondre les esprits en disant que c'est peut-être une amorce d'un
régiment présidentiel, mais je crois qu'il y a quelque chose d'un
peu analogue à cela qui va se passer, c'est-à-dire un
renforcement du bureau du premier ministre et un renforcement d'autant plus
significatif qu'il sera le fait, cette fois-ci, non pas d'adjoints
nommés selon le bon plaisir du premier ministre, mais qui n'ont pas
d'existence politique indépendante, mais d'hommes qui sont
eux-mêmes élus comme le sont les ministres ordinaires, mais qui,
contrairement aux ministres ordinaires, n'ont pas tout le fardeau
administratif, toutes les responsabilités d'un ministère.
Ils seront désormais donc beaucoup plus libres, beaucoup plus
disponibles pour jouer un rôle de coordination et pour grignoter,
peut-être et à mon avis, très probablement
progressivement le rôle, l'autorité et le prestige du premier
ministre.
C'est dans cette évolution que je vois les dangers de la formule
actuelle, puisque c'est une évolution qui n'est pas, je pense, vraiment
voulue et qui nous fait déboucher sur une espèce de presidium
plutôt que sur la fonction traditionnelle de premier ministre où
cette responsabilité-là, qui est peut-être la plus
fondamentale dans notre vie parlementaire, deviendra un peu plus confuse. Il
s'agira beaucoup plus, avec les années, d'une direction collective, mais
non pas d'une direction collective basée sur le sens concret des
responsabilités administratives qui viennent à n'importe qui,
à force de plonger dans la réalité quotidienne d'un
ministère, mais qui sont éminemment politiques. C'est là
un aspect qui m'apparaît également dangereux dans cette
évolution de la Loi de l'Exécutif.
Dans l'institution d'un tel leadership collectif, au niveau du bureau du
premier ministre, composé d'hommes qui n'ont pas de
responsabilité administrative, nous verrons probablement une
politisation de plus en plus grande du processus de décision
gouvernementale. Je n'ai rien contre la politisation de l'administration
publique et du processus gouvernemental en soi, mais il devient évident,
lorsque l'Etat représente presque la moitié de l'activité
économique, globale d'une collectivité, que l'on ne peut pas
abandonner l'évolution et la marche des affaires de l'Etat, dans
sa totalité et d'une façon aussi
prépondérante, aux avatars de la vie politique d'un Etat ou d'une
province.
Il est très difficile d'envisager comment cette orientation
extrêmement politique, extrêmement coupée des
réalités quotidiennes, des réalités
administratives, des contraintes dont doit tenir compte le gouvernement, ne
pourra pas nous engager dans des avenues peut-être extrêmement
aventureuses. C'est donc là les dangers, Mme le Président, que je
vois dans une évolution de la Loi de l'Exécutif qui, sans aucun
doute, est intéressante. Elle est intéressante parce que, comme
l'a souligné à la fois le premier ministre et le chef de
l'Opposition, tous les gouvernements successivement, ici comme ailleurs,
tentent de résoudre les problèmes, évidemment non pas
entièrement résolus encore, que pose l'administration de l'Etat
moderne.
A première vue, il semblerait que tous les partis d'Opposition
devraient se dire: Bien voici, ce nouveau gouvernement, qu'il gouverne donc
selon les procédures, selon les modalités qui lui paraissent les
plus acceptables, les plus agréables. Après tout, s'il
échoue, cet échec lui incombera seul, et s'il réussit, ce
sera un gain permanent pour le Québec.
Malheureusement, Mme le Président, il n'est pas possible de
prendre une attitude aussi détachée, aussi
désintéressée de l'évolution de la structure
gouvernementale, parce que cette loi, dans le fond et au-delà de son
intention manifeste, va nous entraîner dans une modification permanente
et irréversible de la fonction même de premier ministre. Bien
au-delà des modifications de structure, nous avons un changement
constitutionnel qu'on nous propose, tout à fait à la fin d'une
session, avec, au hasard, quelques modifications de routine. On nous
présente une modification constitutionnelle, non pas dans son effet
immédiat, mais inéluctablement dans son effet à plus long
terme. C'est cette conséquence très considérable que
l'Opposition officielle ne peut accepter, parce qu'il faudrait au moins voir
exactement et comprendre où on veut nous mener.
Il nous semble qu'il est trop important de modifier ainsi la
constitution et la façon de fonctionner du gouvernement.et de l'ensemble
du Parlement pour le faire aussi rapidement, sans le bénéfice
d'opinions d'experts. Je comprends, sans aucun doute, l'urgence qu'y a vue le
gouvernement puisqu'il devait bien se constituer d'une façon ou d'une
autre. Je crois que tout le monde connaît bien que, de toute
manière, le gouvernement est assuré, avec sa majorité,
d'obtenir gain de cause.
Il est essentiel toutefois que ce débat ait lieu à
l'Assemblée nationale et que l'ensemble des Québécois
soient avertis de l'orientation que le nouveau gouvernement fait prendre, non
seulement à la structure du Conseil des ministres, mais à sa
conception même du fonctionnement de la démocratie au
Québec. Merci.
M. Garneau: Mme le Président.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Jean-Talon.
M. Raymond Garneau
M. Garneau: Juste quelques mots pour expliciter davantage les
raisons qui amènent l'Opposition à se prononcer contre ce projet
de loi.
Il est intéressant de constater que, dans l'évolution
normale de nos démocraties, les gouvernements qui arrivent au pouvoir
sont bien souvent emballés par des modifications importantes soit aux
structures parlementaires, soit aux structures administratives. S'il y a
quelqu'un qui peut comprendre ce processus de tout nouvel élu, c'est
bien celui qui vous parle, celui qui a proposé également en cette
Chambre, en 1970, des modifications, modifications à la Loi de
l'administration financière, qui étaient importantes et qui
étaient, et de loin, en deçà de ce que nous propose
aujourd'hui le nouveau gouvernement.
C'est normal que l'on veuille, je crois, à son arrivée au
pouvoir comme le disait mon collègue tout à l'heure
vouloir structurer l'appareil gouvernemental suivant son idéologie,
suivant son appréciation de la chose publique. Je pense qu'il est du
devoir de l'Opposition et particulièrement de ceux qui viennent de
quitter les banquettes ministérielles, au moins d'attirer l'attention
des membres du gouvernement sur les dangers qu'il y a. Je voudrais attirer
l'attention du premier ministre et des membres de l'équipe
ministérielle et peut-être souligner l'aspect strictement
administratif, mon collègue ayant traité des aspects plus larges,
plus importants sur le plan de l'orientation politique. Mais, sur le strict
plan de l'administration quotidienne de la chose publique, nous nous retrouvons
maintenant avec une pyramide structurale, une grande pyramide, avec des
sous-secteurs, pour établir la planification gouvernementale.
Je comprends et j'accepte l'orientation que veut donner le gouvernement,
comme nous avions tenté de le faire pour assurer une meilleure
planification de la chose publique. Mais nous sommes maintenant rendus sur le
plan strictement administratif. Il y aura d'abord le Conseil des ministres, il
y aura ensuite le Conseil du trésor, qui, qu'on le veuille ou non,
ramasse toutes les connotations financières de n'importe quel projet,
qu'il vienne d'un ministre sectoriel, d'un ministre d'Etat ou d'un ministre
délégué. A côté ou par-dessus, existeront des
ministres d'Etat qui seront responsables de deux ou trois ministères
sans nécessairement couvrir l'ensemble des problèmes de
coordination et de planification qui doivent exister dans un gouvernement.
Tout à l'heure, mon collègue de Saint-Laurent mentionnait
un seul dossier. Je regardais, en l'écoutant parler, le genre
d'organigramme qui a été tracé. Même si on le trouve
très exagéré et peut-être un peu artificiel, il
faudra voir comment le gouvernement justifiera et précisera cet
organigramme qui montre toute une série de flèches et
de relations entre différents ministères.
J'écoutais mon collègue de Saint-Laurent parler du
problème de la question de la santé dans le milieu de travail et
je regardais sur l'organigramme qui a été préparé
par le chef de l'Opposition comment tout cela pourrait fonctionner. Je
constatais qu'aucun des ministres d'Etat qui existent là ne pourraient
assumer cette coordination, parce que dans le fond les champs d'action que
couvrent les différentes lois qui ont été votées et
qui seront votées par ce Parlement imbriquent la responsabilité
de beaucoup plus de ministères que ne peut le représenter, par
exemple le ministre d'Etat au développement économique, le
ministre d'Etat au développement culturel, etc.
Ceci m'amène à conclure que l'administration et la
coordination des politiques gouvernementales ne seront pas plus assurées
par la création de ces ministres d'Etat que, d'une façon
strictement détaillée, par les comités ministériels
auxquels, dans la plupart des cas, nous devions inviter des ministres et des
fonctionnaires d'autres secteurs qui ne faisaient pas nécessairement
partie, au point de départ, du comité.
C'est donc dire qu'en structurant d'une façon formelle et
juridique l'administration et la prise de décisions, non seulement nous
n'assumerons pas et nous n'aurons pas un appareil administratif capable
d'assumer l'élément essentiel de coordination, au contraire, je
crois que nous allons amener beaucoup plus de confusion non seulement dans
l'esprit des députés évidemment les
députés pourraient s'adapter assez facilement mais aussi
dans l'esprit des milliers de fonctionnaires. Le premier ministre parlait tout
à l'heure de 50 000 fonctionnaires dans la fonction publique.
Je vois, par exemple, le sous-ministre des Terres et Forêts qui
est en contact continuel avec le milieu et la clientèle qui touche
à ce ministère, c'est-à-dire, les cultivateurs, les
propriétaires de boisés de fermes, les entreprises de bois de
sciage, les entreprises de pâtes et papiers, en fait, tout ce secteur de
l'aménagement des terres de la couronne et des terres
forestières.
J'essayais de me demander où moi, par exemple, comme
propriétaire d'une petie scierie dans une campagne, je devrais
m'adresser pour régler mon problème. Je me mets
subséquemment dans la peau du sous-ministre, qui reçoit
peut-être à un moment donné une délégation,
et je me demande comment, comme sous-ministre, je pourrais réagir face
à un problème bien précis qui m'est posé, un
problème de coordination, parce que si une scierie ferme ses portes
à Senneterre ou à Taschereau, comme nous l'avons vu, cela touche
énormément plus de monde qu'uniquement le ministre ou le
sous-ministre des Terres et Forêts. Je me mettais dans sa peau pour
essayer de voir comment il allait réagir face à un
problème aussi concret. Le référera-t-il au comité
ou au ministre d'Etat? Le référera-t-il au premier ministre? Le
référera-t-il, si c'est une question financière, au
Conseil du trésor? Mais nous aurons toujours, je crois, ce
méli-mélo qui va non seulement retarder la planification de
l'administration publique, mais qui retardera de façon incroyable la
prise de décision.
M. le Président, il y a un autre aspect du problème sur le
plan administratif que je voudrais toucher, et je le fais sans aucune
espèce de malice, parce que je crois que le débat, jusqu'à
maintenant s'est fait uniquement sur des questions d'opinions et sur la
façon dont on voit et l'on croit que l'administration publique peut
être le mieux assurée et que la coordination peut être le
mieux assumée par ceux qui ont la responsabilité publique.
Je pense, par exemple, à la délégation de dossiers
dont on a parlé. Il y a, dans l'administration publique, ce qu'on
appelle le contrôleur des finances et tout son appareil administratif,
qui a une autonomie qui lui est donnée par la loi et qui est au-dessus
des directives que pourrait donner même le ministre responsable qui est
le ministre des Finances. La Loi de l'administration financière confie
au contrôleur des finances des responsabilités qui sont
précises et il doit en répondre via, évidemment, le
ministre des Finances, à l'Assemblée nationale, mais il porte la
responsabilité lui-même des gestes qu'il pose en vertu de la Loi
de l'administration financière.
Si, par exemple, un dossier est transféré, je ne sais pas,
supposons que c'est le dossier d'un éboulement de terrain, je prendrai
un exemple bien concret, évidemment, il y a eu un effondrement de
terrain à Saint-Flavien, dans le bas du fleuve, et que l'on veut confier
ce dossier à un ministre quelconque, il faut, évidemment, pour
que ce ministre soit responsable à l'Assemblée nationale, qu'il
ait le pouvoir, qu'il ait la responsabilité des gestes qu'il a
posés, donc, qu'il ait le pouvoir de signature. C'est là en effet
que s'exerce la responsabilité ministérielle, effective, et les
ministres qui n'ont pas l'honneur d'être actuellement à
l'échelon supérieur des ministres d'Etat réaliseront
très bientôt quel est le pouvoir qu'ils ont par rapport à
leur ministre tuteur.
Ils s'apercevront très rapidement que, dans le fond, ce sont eux
qui détiennent le pouvoir et la pyramide, vous verrez, et cela ne sera
pas long, virera tête en bas. C'est normal et c'est humain,
évidemment, je suis d'autant plus à l'aise pour en parler
aujourd'hui que le problème ne s'est probablement pas encore
posé.
Je dis donc à mes collègues de ce côté de la
Chambre, à ceux de l'Union Nationale et aussi aux députés
qui viennent d'arriver en cette Chambre qu'à un moment donné vous
vous apercevrez qu'un dossier dans votre région ne fonctionne pas.
Vous irez voir le premier ministre et il va vous dire d'aller voir le
ministre d'Etat. Je pense bien que le premier ministre n'est pas là pour
régler tous les problèmes, c'est bien normal. Il va aller voir le
ministre d'Etat. Le ministre d'Etat va lui dire ceci, pour des raisons dont
parlait mon collègue de Saint-Laurent tout à l'heure. Le ministre
d'Etat est un ministre politique, parce qu'il trace la politique d'une
façon générale; donc, il n'a pas à se
préoccuper toujours du quotidien administratif. Ce
ministre d'Etat va lui dire: Oui, mon gars, écoute on a pris la
décision au niveau ministériel, au niveau du comité des
priorités, etc., et ton problème va être
réglé. Mais, à un moment donné, au bout de deux
semaines, le député va se demander comment il se fait que ce
n'est pas réglé. Il va retourner voir le ministre d'Etat qui va
dire: Le ministre responsable n'a pas encore voulu signer le CT, n'a pas encore
voulu signer l'arrêté en conseil qui donnerait suite à la
décision qu'on aura prise et le ministre responsable aura toutes sortes
de bonnes raisons administratives pour ce faire. On va voir, très
rapidement probablement, la pyramide se renverser et finalement retrouver ce
qu'on doit constater en Ontario. Les ministres, les "policy makers",
finalement, ont été très dépréciés
à leurs propres yeux et aux yeux de leurs collègues. J'en connais
quelques-uns du moins qui ont démissionné, qui ont quitté
la politique. Cela a été l'écho, l'interprétation
que j'ai eue de ces gens qui, au moment où ils pensaient être les
presque alter ego du premier ministre, se sont aperçus qu'ils avaient
moins de pouvoirs qu'un fonctionnaire.
C'est pour cela et c'est dans cet esprit que je fais mes remarques. Si
on veut déléguer un dossier quelconque à un ministre
à un moment ou l'autre, il faudra assurément que la loi
prévoie que le pouvoir de signature lui soit transféré. Si
le pouvoir de signature ne lui est pas transféré, je crois qu'il
s'agit là d'un geste inutile, qui ne réglera pas les
problèmes et qui n'assumera pas la prise de décision dans le sens
que le comité de coordination et de planification formé des
ministres d'Etat aura voulu prendre même au niveau du Conseil du
trésor qui pourrait avoir même des ré-sonnances
financières importantes. C'est donc dire, Mme le Président, que
ce n'est pas uniquement pour des raisons de vouloir déplaire au nouveau
gouvernement. Ce n'est pas pour faire de l'obstruction; d'ailleurs je ne sais
pas s'il y a d'autres personnes de mon côté qui ont l'intention
d'intervenir. C'était simplement pour attirer l'attention des membres du
gouvernement sur les limites qu'il y a dans ce projet de loi et sur certains de
ses dangers et, peut-être, vouloir qu'on accepte bien humblement les
remarques de personnes qui, au cours des dernières années, ont pu
constater par l'expérience combien il était difficile, à
un moment donné, de vouloir faire des changements sur papier s'il n'y a
pas, dans tout l'appareil administratif, une résonance à cette
transformation, résonance qui ne m'apparaît pas évidente
à ce moment puisqu'elle n'a pas été
préparée. Cela a été une décision qui est
arrivée avec le nouveau gouvernement, quelques jours après
l'élection. Je souhaite tout au moins, même si je vais voter
contre ce projet de loi, que des efforts importants soient menés au
niveau des fonctionnaires parce que ceux-ci peuvent bousiller tout un projet
comme cela, plus que n'importe qui d'autre, beaucoup plus que les gens de
l'Opposition. On devra faire un effort bien important au sujet de
l'autorité des ministres qui ont le pouvoir de signature. C'est comme
cela que j'ai été à même d'apprécier le
pouvoir d'un ministre et sa responsabilité, c'est que finalement c'est
lui qui met sa signature au bas du papier. C'est lui qui fait la recommandation
au Conseil des ministres. Quand cela ne marchera pas plus tard, si une erreur
est commise, si une faute a été commise de bonne foi, de mauvaise
foi, peu importe la façon, c'est lui qui va en porter la
responsabilité et celui qui serait son ministre senior qui aurait
recommandé la politique, vous ne verrez son nom apparaître nulle
part.
Finalement, c'est à cela que va se ramener probablement
l'expérience que nous avons vécue dans d'autres secteurs. Elle va
également jouer au niveau des sous-ministres. C'est pourquoi il faudra
être capable, tout au moins, de faire un effort de vente
considérable au niveau des sous-ministres et de s'assurer du concours
des sous-ministres, de celui de leurs adjoints et de ceux qui sont dans les
comités de planification dans chacun des ministères, parce que,
dans la plupart des ministères, il y a des sections de planification. Si
ces gens se rendent compte, à un moment ou à l'autre, que leur
travail ne sert à rien, mais qu'il est remplacé par le travail
d'un groupe qui est autour du ministre d'Etat responsable de tout un secteur,
nous aurons une fonction publique qui sera malheureuse et, finalement, nous
aurons probablement un ensemble administratif qui sera complètement
mêlé. Je vous assure, Mme le Président, qu'il n'y a rien
pour bousiller un beau projet ministériel comme un groupe de
fonctionnaires qui ne sont pas contents, parce qu'à ce moment les
poignées de sable dans l'engrenage émanent de partout et,
finalement, vous avez ce qui arrive à tout gouvernement lorsque les
bouleversements sont trop grands.
Je pense, par exemple, dans mon esprit, à la mécanisation
des opérations comptables, comment ce processus commencé sous
l'ancien gouvernement, a été difficile. Messieurs les ministres,
vous verrez qu'à un moment donné on va vous écrire, on va
vous téléphoner pour vous dire: II y a tant de chèques qui
n'ont pas été émis à telle place. Evidemment,
changer toutes les habitudes de l'appareil administratif en quelques semaines,
ce n'est pas une tâche facile, même si, au demeurant, nous avions,
dès le début de cette opération de transformation,
engagé une opération de relations publiques vis-à-vis de
tous les secteurs de l'administration publique. Malgré tout cela,
malgré la bonne volonté qu'y ont mise les sous-ministres, les
sous-ministres adjoints et les responsables des services comptables, c'est une
opération qui a pris presque cinq ou six ans à se roder.
Aujourd'hui, on commence à peine à atteindre l'objectif que nous
recherchions, c'est-à-dire diminuer de plusieurs semaines les
délais de paiement en pensant que la mécanographie était
plus vite que le geste humain. Mais il y avait des systèmes qui
étaient organisés, des procédures qui étaient
organisées et, avant que tout cela soit modifié, cela a pris cinq
ou six ans. Même si je vais voter contre ce projet de loi parce que je le
trouve inutile, dangereux en termes de planification et de
responsabilité ministérielle, je vais certainement quand
même souhai-
ter et suggérer au gouvernement qu'il consacre des efforts
importants au niveau de l'administration pour convaincre, même à
partir des troisième et quatrième paliers de l'administration
publique, ces gens qu'il y va de l'avantage de l'administration publique et
d'une planification de procéder et d'accepter ces modifications.
Mme le Vice-Président: La réplique de M. le premier
ministre.
M. René Lévesque
M. Lévesque (Taillon): Je veux entamer rapidement...
M. Levesque (Bonaventure): Personne ne vous appuie?
M. Lévesque (Taillon): Je voudrais commencer en remerciant
beaucoup le député de Lotbinière, le député
de Jean-Talon et le député de Saint-Laurent pour beaucoup de
suggestions valables, de réflexions valables qu'ils ont
déjà faites sur ce projet de loi. Je remercie également le
chef de l'Opposition pour son début qui était solennellement dans
le sens de l'adaptation au changement, pour sa fin qui était très
drôle, surtout accompagnée du graphique qu'on va essayer
d'examiner et d'ajuster le mieux possible.
Je dois dire que le corps du sujet, dans le cas du chef de l'Opposition
était moins bon, parce que, d'une part, il commence par réclamer,
a toutes fins utiles, la paternité à peu près totale des
mesures que nous prétendons prendre, et, après ça, il fait
tout un effort presque hargneux, à un moment donné, pour essayer
de tuer l'enfant. Je n'ai pas trouvé ça très bien au point
de vue de la légitimité dont essayait de se réclamer le
chef de l'Opposition. Il a voulu se relier à une continuité
mais je l'avais fait déjà par exemple, à ces
comités interministériels permanents. D'accord! Cela
découle de cette perception, pas seulement au Québec, qu'on a eue
dans la plupart des gouvernements contemporains, qu'ils soient provinciaux,
nationaux, peu importe, de l'absolue nécessité d'essayer de
passer à travers la complexité que présentent les
problèmes et de dégager une perspective prioritaire dans bien des
cas ou interdépartementale aussi, parce que là, ça demande
des coordinations.
C'est pour ça que sont apparus ces comités
interministériels dans notre cas spécifique. C'est
également pour ça aussi qu'à l'occasion je sais
bien que c'était vrai l'équivalent de ce qu'on appelle le
comité des priorités maintenant, c'est-à-dire les cinq
ministres d'Etat, le ministre des Finances et du Conseil du trésor, le
ministre des Affaires intergouvernementales, pour des raisons évidentes,
viennent participer au travail de priorité. Cela se faisait
déjà à certains moments, je pense, sous l'ancien
gouvernement.
Il s'agit non pas d'institutionnalier ça de façon
bureaucratique; il s'agit plutôt, de façon très souple,
d'essayer de mettre des hommes politiques en charge d'une bonne partie de ce
travail. Avec un négativisme que j'ai trouvé un peu
décevant tout à l'heure, c'est parfaitement le droit de quiconque
en Chambre d'avoir son opinion, le chef de l'Opposition a essayé
d'établir que c'était inutile et superflu, après avoir,
à toutes fins utiles, souligné encore mieux que moi, que
ça découlait plutôt d'une logique et d'un
développement qui étaient appelés au moins comme un essai
de solution politique. On dit que c'est inutile. Pourquoi? Parce que les
comités permanents seuls je pense que celui qui a surtout
développé l'argument, c'était le député de
Saint -Laurent, à partir de son expérience tels qu'ils
étaient, présidés par des ministres départementaux
ou sectoriels, pouvaient faire le travail; il a donné l'exemple, entre
autres, du cas des maladies industrielles.
Sans vouloir être méchant, je pourrais dire que on
est au courant un peu de l'héritage qu'on a assumé après
quelques semaines justement, c'est un beau cas où peut-être
que le ministre des Affaires sociales du temps, chargé de
l'énorme poids de son ministère sectoriel, pouvait faire un
excellent président académique de ce comité
interdépartemental, mais, au point de vue de la décision
politique, on peut dire une chose, par exemple, c'est que tout ce que ça
implique dans le domaine des maladies industrielles de complexité et de
volonté d'agir, ça ne s'est pas particulièrement
dégagé de l'action de l'ancien gouvernement.
On a vu, bloquées dans le pipe-line, comme on dit dans le jargon
administratif, toute une série d'études qui ont
été, finalement, complétées, en partie au moins,
dans un secteur, par le rapport Beaudry, tout récemment, sur l'amiante.
On a vu se dégager de ces études et on n'a pas fini de les
étudier, justement, ces études toute une perception
interdépartementale des problèmes, mais ce qu'on n'a vu nulle
part, et ce qu'on chercherait longtemps si on voulait suivre, là-dessus,
les traces de l'ancien gouvernement, c'est la volonté politique de
déboucher sur quelque chose et non pas simplement de continuer
indéfiniment à étudier et à raffiner des politiques
potentielles.
On pourrait dire la même chose dans le domaine économique,
en ce qui concerne le secteur des achats du domaine public. Je pense qu'il est
reconnu, c'est presque devenu folklorique, qu'à peu près à
tous les deux ou trois ans il y a une étude qui se refait, à
partir des constatations qui s'accumulent d'année en année, sur
une politique des achats du gouvernement. C'était devenu vraiment du
folklore. J'en connais le début, j'ai participé au début.
Dans une des grandes régies publiques, qu'est I'Hydro-Québec, il
y a une dizaine d'années, on avait établi une politique
préférentielle des achats québécois. Il y a eu une
certaine répercussion du côté de l'appareil gouvernemental
dans son ensemble et de là ont découlé des études,
mais des études qui sont toujours restées bloquées dans le
pipe-line et n'ont jamais abouti.
Un des anciens collègues de nos amis d'en face, qui était
ministre des Institutions financières, en particulier, M. Tetley, avait
promis que sur la
dernière des études on aboutirait à quelque chose
après les élections. Vu que cela implique, là encore,
plusieurs départements du gouvernement, il y a un mandat très
clair qui a été donné à un des ministres d'Etat de
cesser d'étudier et d'aboutir, bon Dieu! A ce point de vue, le mandat
est clair, la responsabilité aussi. Cela a été rendu
public et il n'y a pas de cachette là-dedans. Je crois que cela va
pouvoir déboucher mieux que quand c'était un comité
permanent ad hoc, qui était présidé comme cela, par un
ministre qui était déjà surchargé non seulement de
responsabilités, mais aussi d'aspirations, et qui était l'ancien
ministre de l'Industrie et du Commerce. Ce sont des domaines où le
résultat tangible et concret, après six ans et demi de
gouvernement de nos amis d'en face après tout, j'ai bien le droit
de le souligner, on ne s'est pas gêné pour souligner que nous, en
quelques semaines, on pouvait avoir fait des improvisations non
seulement on n'a pas improvisé sur des sujets aussi importants que
ceux-là, mais on n'a abouti à rien de concret et de
définitif comme politique et surtout comme application des
politiques.
Il nous semble qu'en institutionnalisant, à la tête de ces
comités et aussi, par voie parallèle, dans le comité des
priorités, la présence d'hommes politiques ou de femmes
politiques chargés de mener, comme mandat précis, les
études, les recherches, le travail interdépartemental
jusqu'à des aboutissements, qui sont des politiques et qui impliquent
une action concrète dans le paysage, il me semble que c'est non
seulement la conclusion logique des démarches qui avaient
été faites, mais que c'est une façon d'essayer
politiquement de régler le problème et non pas justement de le
laisser traîner indéfiniment dans la bureaucratie.
Parce que moi, je vois beaucoup plus de dangers de bureaucratisme s'il
n'y a pas de responsabilité politique à l'endroit où se
trouvent les mandats, à l'endroit où se trouvent les
problèmes de complexité et de priorités c'est
là où se trouve le danger d'un maquis bureaucratique
plutôt que s'il y a une responsabilité politique très
claire qui est maintenant, si vous voulez, une institution du cabinet et qu'on
va mettre à l'essai pendant les mois qui viennent.
On a dit que, peut-être, ce genre de décision politique
pour assurer la cohérence de l'action gouvernementale, cela pouvait
miner la responsabilité ministérielle. J'ai dit tout à
l'heure ce qui me paraît évident. On peut bien raffiner, si on
veut, à l'extrême, puis même "chinoiser" sur les
conséquences possibles, mais j'ai dit tout à l'heure ce qui me
paraissait très clair de façon immédiate. C'est que, par
rapport aux mandats précis qui seront rendus publics, qui doivent
d'abord être approuvés par le Conseil des ministres dont
disposeront les ministres d'Etat, ils seront responsables devant la Chambre.
Ils seront responsables des lois qu'ils auront à piloter en fonction, le
cas échéant, de ces mandats. Ils seront responsables, le cas
échéant aussi, des tranches budgétaires qui seront
clairement définies.
A ce moment-là, le pouvoir de signature sera
entraîné automatiquement aussi, pour répondre aux
préoccupations du député de Jean-Talon. Pour ce qui est de
cette espèce de commencement de mutation constitutionnelle on
sait qu'on est en institution britannique et que l'usage, des fois... mais cela
ne se fait pas si vite que cela, quand même, mais que l'usage, des fois,
peut amener des changements fondamentaux pour ce qui est donc de ces
mutations constitutionnelles possibles que voyait le député de
Saint-Laurent, l'ancien ministre des Affaires sociales, et même de
dangereuses érosions que cela pourrait signifier pour le pouvoir
traditionnel du premier ministre, moi, il me semble qu'on peut penser qu'il
peut y avoir comme cela, peu a peu, progressivement, une sorte de
réorientation de la définition du cabinet. Mais je crois que
c'est dans le sens logique que d'autres ont découvert dans le monde.
C'est qu'il faut que le gouvernement devienne de plus en plus un travail
d'équipe, collégial et de moins en moins, si vous voulez, non
seulement centralisé, mais souvent paralysé cela, je suis
sûr que l'ancien gouvernement l'a connu et moi je l'ai connu dans un
autre gouvernement paralysé par la surcharge constante qu'on met
toujours sur le bureau du même ou qui finit toujours par aboutir, dans le
système traditionnel, sur le bureau du même.
Ce n'est pas pour rien que, par exemple, en Angleterre, et personne ne
soupçonne, officiellement en tout cas, que la mère des Parlements
puisse s'en aller vers un régime présidentiel, et pourtant, en
Angleterre, on a créé le "inner cabinet", qui a
découlé de l'expérience du temps de guerre, mais qui s'est
admirablement adapté, en tout cas d'après l'expérience et
ce que les observateurs en ont constaté.
Il s'est admirablement adapté à la reconstruction
d'après-guerre et ensuite à cette énorme complexité
de l'accélération du changement auquel ils avaient à faire
face là aussi.
Evidemment, quand on regarde l'état actuel de l'Angleterre, ce
n'est peut-être pas le résultat le plus brillant de l'histoire
contemporaine, mais en tout cas, ils sont contents de leur expérience
gouvernementale.
Je crois que l'expérience de l'Ontario, contrairement à ce
que disait le député de Jean-Talon, n'est pas du tout
négative dans ses résultats. Cela peut être négatif
pour un ou deux personnages politiques qui ont trouvé qu'ils
fonctionnaient trop dans un vacuum, que cela ne répondait pas à
leurs aspirations, à leurs ambitions normales, mais je sais, au
contraire, d'après ce que j'en ai su récemment, que l'ensemble de
l'expérience il y a toujours des gens qui la critiquent
après quelques années, est considérée comme
positive, et qu'il y a des gens qui ont appris à fonctionner dedans et
à fonctionner valablement, même si la part de
responsabilité, de mandat clair, etc., n'est pas du tout comparable
à celle que nous, nous prévoyons, pour éviter qu'il y ait
cette espèce de sentiment de vide dans la carrière de
quelqu'un.
J'ai presque terminé, parce que je ne vois pourquoi on
prolongerait indéfiniment. Me
permet-on, Mme le Président, de dépasser de deux ou trois
minutes pour terminer ma réplique? Je veux dire simplement, sur un autre
point, très rapidement, que je ne partage pas et que le gouvernement ne
peut partager non plus l'inquiétude qu'on a exprimée aussi
à propos des conséquences, par rapport à la confusion des
citoyens et à l'éloignement éventuel des citoyens. Je
crois que c'est exactement le contraire. Si on essaie cette réforme ou
cette modification, pour ne pas employer le mot présomptueux, avec bonne
foi et qu'on a et je suis d'accord avec le député de
Jean-Talon le plus possible et j'y compte, parce qu'après
tout, ils sont des serviteurs de l'Etat, comme on l'est, nous aussi
provisoirement la coopération convenable, en particulier, au
niveau des cadres supérieurs du fonctionnarisme, je crois qu'au
contraire cela peut diminuer la confusion parce que Dieu sait qu'on a
nagé dedans à bien des points de vue et diminuer aussi le
délai des décisions importantes.
Il ne faut pas non plus caricaturer. L'ancien ministre et
député de Jean-Talon était en train de nous parler des
boisés, des petits boisés. Si j'ai bien compris le dessin
faramineux qu'il était en train de faire, le propriétaire de
petits boisés ne saura plus à qui s'adresser. Bien voyons! Le
propriétaire de petits boisés continuera normalement, quand il
s'agit de choses concrètes d'administration, à s'adresser au
ministère des Terres et Fôrets dont cela relève à ce
moment-là.
Concrètement, il n'y a rien de changé dans
l'administration courante des ministères, au contraire. Mais pour ce qui
est de dégager une perspective, et quand tu prends les petits
boisés et les eaux d'une région et qu'on veut commencer à
parler d'aménagement et d'essayer de voir un peu puisque
gouverner c'est, en principe, prévoir où tout cela nous
mènera dans cinq ou dix ans, là je crois que
l'interministériel et le rôle du personnel professionnel qui sera
autour des ministres d'Etat et ce qu'ils peuvent tirer des ministères
départementaux peut aider beaucoup, comme jamais auparavant, à
essayer de dégager cette perspective, au lieu de toujours arriver
tête la première dans les glissements de terrain, si on veut, mais
aussi des glissements administratifs ou une espèce de paralysie de la
décision.
Je pense que, dans le système traditionnel je l'ai assez
connu il fallait pousser sans arrêt, il fallait
littéralement faire des pressions et, parfois, du chantage pour essayer
d'obtenir des décisions de l'ensemble de l'appareil politique. Je pense
qu'il y en à parmi nos amis d'en face qui l'ont assez vécu pour
savoir que c'est vrai et que, peut-être, la seule façon de
corriger cela, c'est que justement on essaie de développer une
collégialité d'équipe à l'intérieur de
l'appareil de décision politique.
A ce point de vue, l'instauration des ministres d'Etat comme des
égaux absolus, pas super, mais chargés essentiellement de
mâcher les priorités et d'essayer de trouver une cohérence
dans les choses qui affectent plusieurs ministères, peut aider à
cette collégialité, pourvu qu'on l'accepte de bonne foi. Cela
peut aider aussi à empêcher le citoyen d'avoir l'impression qu'il
est complètement perdu je parle surtout non pas d'un citoyen
individuel, mais d'un groupe de citoyens; cela peut être une
région, un secteur de l'économie ou de la société
qu'il n'y a plus de moyens de déboucher, que tout est
bloqué parce que cela a le malheur de frapper deux ou trois
ministères en même temps, le problème qu'il pose. Cela
aussi, on en voit les résultats dans tous les coins du Québec
après quelques années.
Je ne dis pas que nous avons trouvé la recette magique pour en
sortir. Je dis simplement que cela vaut la peine de faire un effort de bonne
foi, qui est, en fait, une conclusion logique de certaines approches qui ont
été faites depuis plusieurs années, qui rejoint
analogiquement ce qui s'est fait ailleurs, et qui, à notre humble avis,
sauf à très long terme, ne présente pas de grands dangers
de mutation constitutionnelle profonde.
Cela vaut la peine de faire l'expérience et je le
répète de nouveau, malgré la déception que j'ai eue
à certains moments du discours du chef de l'Opposition on compte
quand même sur la vigilance pratique et critique de l'Opposition, y
compris probablement sur une amélioration du graphique, de
l'organigramme qu'on nous a remis tout à l'heure.
Si, par hasard, il arrivait, après le vote que nos amis du Parti
libéral, de l'Opposition officielle donneront, qu'ils avaient raison,
nous l'admettrons. Même l'Opposition, à ce moment, devrait s'en
chagriner parce que ce serait un échec qui signifierait quand même
que nous n'avons pas encore réussi à amorcer, à trouver le
moyen pour aménager le changement et aménager les
priorités qui, souvent, sont devenues très urgentes, à
force de négligence.
Si l'expérience doit, au contraire, nous donner raison, je
comprendrai quand même, très démocratiquement, très
parlementairement, parce que ça nous a été utile cette
discussion, que l'Opposition ait justifié son vote par le doute initial
qui a été exprimé par le chef de l'Opposition. On admet
tout de suite, dès le départ, que certaines des remarques qui ont
été faites vont nous aider dans notre propre réflexion et
à aménager l'expérience. Tout ce qu'on demande, c'est
qu'il n'y ait pas de négativisme systématique et, si possible,
qu'on sorte de ce langage caricatural qui pourrait entretenir la confusion.
Cela serait vraiment prendre une attitude purement partisane sur une mesure qui
n'a rien foncièrement de partisan. On va la garder comme cela, non
partisane, quoi que fassent ceux qui ne sont pas d'accord.
Mme le Vice-Président: Cette Assemblée est-elle
prête à procéder à l'adoption de la deuxième
lecture de cette motion?
NI. Lavoie: Mme le Président, nous allons demander un vote
enregistré et nous aimerions que ce vote s'exprime dès la reprise
de la séance à 15 heures.
M. Burns: Entièrement d'accord, Mme le
Président.
Mme le Vice-Président: Cette Assemblée suspend ses
travaux jusqu'à quinze heures.
(Suspension de la séance à 13 h 8)
Reprise de la séance à 15 h 10
Le Président: A l'ordre, mesdames et messieurs!
Vote de deuxième lecture
Le Président: Nous allons maintenant procéder au
vote sur la motion de deuxième lecture. Qu'on appelle les
députés!
A l'ordre! Nous allons maintenant procéder au vote. Que ceux qui
sont pour la motion veuillent bien se lever, s'il vous plaît!
Le Secrétaire adjoint: MM. Lévesque (Taillon),
Burns, Mme Cuerrier, MM. Cardinal, Bédard, Lau-rin, Morin
(Sauvé), Parizeau, Marois, Landry, Léonard, Duhaime, O'Neill, de
Belleval, Mme Payette, MM. Lessard, Proulx, Lazure, Chevrette, Paquette,
Marcoux, Alfred, Vaugeois, Martel, Fallu, Ran-court, Mme Leblanc, MM. Bertrand,
Godin, Desbiens, Johnson, Laplante, Guay, Mercier, Laberge, Marquis, Lacoste,
Ouellette, Perron, Brassard, Clair, Gosselin, Lavigne, Dussault, Charbonneau,
Jolivet, Boucher, Gravel, Lévesque (Kamouraska-Témiscouata),
Gagnon, Biron, Grenier, Russell, Goulet, Fontaine, Brochu, Shaw, Le Moignan,
Dubois, Cordeau.
Le Président: Que ceux qui sont contre la motion veuillent
bien se lever.
Le Secrétaire adjoint: MM. Lévesque (Bonaventure),
Lavoie, Mackasey, Forget, Garneau, Mailloux, Goldbloom, Saint-Germain,
Raynauld, Mme Lavoie-Roux, MM. Giasson, Lamontagne, Lalonde, Blank, Caron,
O'Gallagher, Picotte, Larivière, Ciaccia, Marchand, Gratton,
Pagé, Springate.
Le Président: Que ceux qui veulent s'abstenir veuillent
bien se lever.
Le Secrétaire: Pour: 60 Contre: 23 Le
Président: Cette motion est adoptée.
Motion de déférence à la
commission plénière
M. Burns: M. le Président, je pense que je dois faire
motion immédiatement pour que ce projet de loi soit
déféré à la commission plénière de
l'Assemblée.
Le Président: Est-ce que cette motion est
adoptée?
M. Lavoie: Adopté.
M. Burns: ... cet après-midi.
Le Président: La commission siégera cet
après-midi.
Conformément à l'ordre qui a été
donné par cette Chambre ce matin, je voudrais maintenant
laisser la parole au ministre de la Justice, qui a une
déclaration à faire.
Déclaration ministérielle
Mandats juridiques du gouvernement
M. Marc-André Bédard
M. Bédard: M. le Président, j'ai le plaisir et
l'honneur de faire part aux membres de cette Assemblée du changement que
le gouvernement entend apporter à la politique d'octroi des mandats
juridiques du gouvernement.
Les gouvernements antérieurs ont eu recours à des bureaux
de la pratique privée pour plaider les plaintes pénales
intentées en vertu de plus de 250 lois statutaires et pour
représenter le gouvernement du Québec dans les nombreuses causes
civiles où il est impliqué.
En vertu de cette pratique, près de $5,4 millions ont
été versés au cours de la dernière année en
honoraires à des avocats et notaires de la pratique privée. Pour
l'année financière 1977/78, il était prévu
d'augmenter cette somme à $6,1 millions. En 1976, dans le secteur civil,
M. le Président, $2,2 millions ont été versés en
honoraires à 225 avocats. Dans le secteur pénal, 200 avocats ont
reçu un peu plus de $2,3 millions. Je rappelle simplement qu'il y a
actuellement 6155 avocats inscrits au Barreau. Quant aux notaires, 967 d'entre
eux ont reçu un peu plus de $875 000. Le recours systématique aux
bureaux de pratique privée, en plus de favoriser un nombre restreint
d'avocats et de notaires, s'est révélé assez coûteux
sans pour autant assurer une meilleure qualité des services rendus.
Le recours à l'extérieur a aussi entraîné la
démobilisation et le désintéressement de plusieurs avocats
et notaires de la fonction publique. Comment aurait-il pu en être
autrement lorsqu'un avocat qui a préparé un dossier le voit
transféré, au dernier moment, à un avocat de la pratique
privée, ou lorsqu'un notaire n'a pas souvent l'occasion de pratiquer les
différents aspects de sa profession?
Poursuivant le triple objectif d'économie des deniers publics, de
revalorisation de la fonction publique et d'élimination du favoritisme,
j'ai l'intention de mettre un terme à cette pratique et il me fait
plaisir de tracer les grandes lignes de la nouvelle politique que nous
entendons suivre.
En matière pénale, à compter du 15 janvier 1977,
toutes les plaintes par suite d'infraction aux lois statutaires seront
plaidées par les procureurs de la couronne, à l'exception de
celles du ministre du Revenu qui continueront d'être intentées par
l'intermédiaire de ses propres bureaux de procureurs et des causes
relevant de la Cour du bien-être social où il existe des bureaux
de procureurs permanents.
Dans les matières civiles, j'ai l'intention de créer un
bureau composé d'avocats plaideurs permanents, dynamiques,
compétents et efficaces pour desservir tous les districts judiciaires,
avec bureaux régionaux à Montréal, à Québec
et des sous-bureaux à Rimouski, Chicoutimi et Hull. J'ai
également l'intention de faire procéder au recrutement de
quelques notaires qui agiront tout comme ceux qui exercent dans la pratique
privée. Ces notaires, employés du gouvernement, seront, dans un
premier temps, intégrés au bureau des procureurs permanents et,
compte tenu des besoins, pourraient être rattachés aux
différents districts judiciaires. Ils auront la charge des 10 000
mandats que le gouvernement octroie chaque année.
Pour réaliser cette réforme, nous devrons procéder
progressivement à l'engagement de 20 à 30 nouveaux procureurs de
la couronne, de 20 à 30 avocats plaideurs et de 10 notaires, ainsi que
du personnel de soutien dont ils auront besoin. Il est évident que les
conseillers juridiques actuellement en place dans les contentieux auront la
possibilité de se présenter aux concours qui seront ouverts
prochainement. Mes collègues de la Fonction publique, des Travaux
publics et du Conseil du trésor m'ont assuré de leur
entière collaboration de façon à mettre en oeuvre, dans
les plus brefs délais, cette politique qui permettra d'épargner,
une fois le régime mis en place, plus de $2 millions par année,
tout en améliorant la qualité des services juridiques du
gouvernement du Québec.
Quant aux mandats en cours, j'ai l'intention de laisser
généralement aux mandataires le soin de les terminer avec la plus
grande diligence et au moindre coût.
Par ailleurs, dans les cas exceptionnels où le personnel
juridique du ministère ne pourra offrir au gouvernement les services
juridiques requis, nous aurons recours aux spécialistes qui sont dans la
pratique privée et dont la compétence à cette fin aura
été reconnue par le Barreau.
Je suis convaincu, M. le Président, que tous les organismes
gouvernementaux, indépendamment de leur degré d'autonomie,
suivront la voie que nous traçons aujourd'hui. J'ai déjà
l'assurance du ministre du Travail, dont relève la Commission des
accidents du travail, la Commission du salaire minimum et l'Office de la
construction, qu'il mettra sur pied une politique analogue. J'ai l'intention,
au cours des prochaines semaines, de contacter les organismes qui ont recours
aux avocats et notaires de la pratique privée afin d'envisager
l'implantation d'une politique uniforme.
En terminant, M. le Président, je profite de cette occasion pour
annoncer que nous sommes parvenus à un accord de principe avec les
avocats et notaires du gouvernement. Ces négociations, qui duraient
depuis près d'un an et demi, m'ont permis de rencontrer leurs
représentants, qui m'ont assuré de leur entière
collaboration pour mener à bien la réforme importante que nous
entreprenons aujourd'hui.
Le Président: M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Fernand Lalonde
M. Lalonde: M. le Président, à la lecture de la
déclaration ministérielle du ministre de la Justice, mon bon ami
le député de Chicoutimi, la première remarque qui m'est
venue à l'esprit, c'est que plus cela change, plus c'est pareil. On a un
problème et on pense le régler en engageant des fonctionnaires.
On dit que cela coûte $5 millions, mais on ne sait pas combien cela
coûterait de le faire faire par la fonction publique. On n'a pas fait
d'étude et on a fait cette déclaration, on a pris cette
décision qui m'apparaît tout à fait improvisée; je
me demande si c'est parce que le ministre de la Justice s'est fait assaillir en
fin de semaine par les patroneux pé-quistes, lors de la réunion
du conseil national, qui ont la dent longue et l'estomac creux. C'est
peut-être pour se protéger contre...
M. Burns: II n'a pas le tour pantoute.
M. Lalonde: C'est peut-être pour se protéger qu'il a
pensé, en toute bonne foi, à régler le problème en
décidant, de façon apparente, de recourir simplement à des
employés du gouvernement pour exercer les fonctions d'avocat. Il faut
dire tout d'abord qu'on n'a rien inventé.
Les procureurs de la couronne permanents existent depuis quand
même un bon moment. C'est l'ancien gouvernement, le gouvernement
précédent qui a mis de l'avant cette réforme qui
était fondamentale au niveau de l'administration de la justice
criminelle.
Mais dans les autres secteurs, je vois que le ministre n'a pas
démontré que ce serait plus économique et plus efficace de
recourir. On dit: Cela va être plus économique, mais on ne le
démontre pas. On parle de $5 millions que cela coûte actuellement.
C'est beaucoup d'argent, $5 millions, mais la vraie question c'est: Est-ce
trop? En avons-nous pour notre argent?
Quand on pense que tous les professionnels de la santé nous
coûtent $540 millions, il ne faut quand même pas être
impressionné outre mesure par les chiffres qu'on nous a
mentionnés. Combien cela coûterait-il pour engager ces dizaines et
ces dizaines de fonctionnaires, avocats, notaires, une centaine, je crois,
qu'on a dit, les bureaux, d'après la déclaration
ministérielle, on est rendu à 70 au moins, le personnel
clérical, les secrétaires, les bureaux, l'équipement?
J'invite le ministre à venir nous faire rapport là-dessus,
et dans quelque temps, il verra jusqu'à quel point sa décision
est prématurée et jusqu'à quel point on a besoin d'une
façon plus rationnelle pour régler les problèmes de
l'administration publique.
Doit-on voir et c'est là-dessus que je veux terminer
dans cette décision, un peu jetée à la
va-comme-je-te-pousse, un signe précurseur d'un refus
systématique de recourir à l'entreprise privée, surtout en
matière de services professionnels? On voit la valse des
déclarations ministérielles depuis quelque temps, il y en a
encore quelques-unes qui s'en viennent. Le gouverne- ment va-t-il bientôt
nous annoncer qu'on va socialiser tous les services professionnels, y compris
les services de la santé? Est-ce une décision ponctuelle ou
est-ce une approche générale que le gouvernement veut nous
imposer? Ce sont les véritables questions qu'on doit se poser et je n'en
ai pas de réponse actuellement.
Le Président: M. le ministre de la Justice veut-il exercer
son droit de réplique?
M. Bédard: Oui, M. le Président.
Le Président: M. le ministre de la Justice.
M. Marc-André Bédard
M. Bédard: Ma première remarque serait de vous dire
que j'ai déjà entendu des répliques, de la part de
l'ex-Solliciteur général, qui étaient beaucoup plus
éloquentes que celles qu'il nous fait aujourd'hui. Sa critique
c'est le moins que je puisse en dire est très courte et
très laborieuse. L'ex-ministre s'est avancé tout d'abord en nous
disant que nous avions fait cette réforme sans avoir fait les recherches
nécessaires sur l'implication des coûts. Je dois lui dire qu'au
Conseil du trésor, avant de présenter l'énoncé de
cette politique, nous avions également fait les représentations
nécessaires avec chiffres à l'appui pour, d'une part, prouver ce
qu'avaient coûté les services juridiques jusqu'à
maintenant, en ayant recours à la pratique privée, et, d'autre
part, expliquer quelle était l'économie que nous pouvions faire
en changeant ce système de patronage.
M. le Président, jamais, je vous le dis bien sincèrement,
j'aurais cru que l'Opposition pousserait l'indécence jusqu'à
réagir négativement à l'énoncé de cette
politique que nous faisons connaître aujourd'hui. Je crois pouvoir
dire... M. le Président, le gouvernement et le ministre de la Justice
ont eu le courage de poser un geste pour abolir ce système de patronage
qui était entretenu par les ex-gouvernements, geste de courage que n'ont
jamais eu les gouvernements qui nous ont précédés.
Leurs réactions, surtout venant de l'ex-Solliciteur
général, prouvent tout simplement que le gouvernement qui nous a
précédés était assurément, tel que nous le
disions dans le temps, un gouvernement de patroneux et qu'il entend demeurer un
gouvernement de patroneux.
L'ex-Solliciteur général s'est avancé
dangereusement en affirmant que le ministre de la Justice et le gouvernement
avaient pu mettre de l'avant cette politique à la suite de pressions de
la part d'avocats péquistes patroneux.
Je pourrais lui faire lire des lettres où pas moins
d'au-delà d'une trentaine d'avocats, justement péquistes, ont
écrit au ministre de la Justice afin de lui demander d'agir dans le sens
que nous le faisons aujourd'hui, à savoir, une fois pour toutes, de
mettre fin au régime de favoritisme et de patronage qui existait.
Je tiens personnellement...
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce que ce sont les trente que vous
allez engager?
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît! A
l'ordre!
M. Bédard: M. le Président, il y aura des concours
pour ceux qui devront être engagés, pas des concours
paquetés comme dans le temps des libéraux, à part
cela.
M. Levesque (Bonaventure): C'est pour cela qu'on était
accusé d'engager seulement des pé-quistes.
Le Président: A l'ordre! A l'ordre, M. le chef de
l'Opposition!
M. Bédard: M. le Président, je tiens justement
à féliciter ces avocats péquistes qui m'ont
encouragé, moi et le gouvernement, à agir dans le sens que nous
le faisons aujourd'hui, autrement dit qui ont eu une attitude de respect envers
leur profession et envers la justice, attitude qui est propre à
revaloriser la profession du droit, plutôt que d'avoir une attitude de
gens affamés qui sont pressés de remplacer ceux qui se gavaient
avec le gâteau qui existait auparavant. Concernant une critique, que je
crois majeure, qui a été faite encore, je crois, à la
légère, par l'ex-Solliciteur général, qui est celle
consistant à dire qu'on avait un problème et que nous l'avons
réglé en en créant un autre en faisant appel aux
fonctionnaires, je crois qu'il n'a pas lu l'essence même de la politique
annoncée où nous disons que nous voulons créer pour le
secteur civil un bureau d'avocats plaideurs aussi efficace, dynamique et
compétent que celui des procureurs de la couronne. Quand l'ex-ministre
de la Justice critique l'aspect de la fonctionnarisation de ces avocats, je
pense qu'il dresse un bilan sévère et injuste envers le travail
des procureurs de la couronne. Le ministre de la Justice actuel a pleine
confiance aux procureurs de la couronne qui, à mon sens, font un travail
formidable. C'est l'intention du ministre de la Justice de les aider et non pas
de faire preuve d'un manque de respect en les dévalorisant comme l'a
fait...
M. Lalonde: C'est déjà fait. C'est nous qui l'avons
construit.
M. Bédard: ... l'ex-Solliciteur général. M.
le Président, je n'ai pas d'autre chose à ajouter.
Travaux parlementaires
M. Burns: M. le Président, dans un premier temps, je fais
part à nos collègues de la Chambre qu'il semble y avoir un
consentement à l'effet que demain, c'est-à-dire mercredi,
normalement une journée réservée aux
députés, nous puissions siéger en vertu des ordres du jour
prévus pour le mardi et le jeudi. Il semble également qu'on
accepterait que la Chambre puisse se réunir à dix heures. Je fais
donc motion, M. le Président, et je voudrais que ce soit un ordre de la
Chambre, que demain elle se réunisse à compter de dix heures,
selon l'ordre du jour prévu pour le mardi à notre
règlement, et que nous puissions terminer nos travaux avec la suspension
normale à onze heures, demain soir.
M. Lavoie: Après consultation de notre côté,
l'Opposition officielle, nous voulons aujourd'hui offrir notre collaboration
positive aux travaux de cette Assemblée durant cette mini-session. Je
voudrais bien que le leader du gouvernement se rappelle que nous n'avons pas
l'intention de retarder des travaux inutilement et priver les familles des
membres de cette Assemblée de leur présence durant la
période des Fêtes de fin d'année, de Noël et du Jour
de l'an.
Nous avons l'intention d'étudier à fond tous les projets
de loi. Nous considérons, actuellement, que nous sommes dans une
mini-session et nous tenterons de ne pas copier, peut-être, l'exemple du
gouvernement actuel alors qu'il siégeait de ce côté-ci de
la Chambre. Par contre, nous le prévenons que ce n'est pas une habitude
que nous voulons prendre actuellement, et que s'il entend nous bousculer lors
des fins de sessions, cette collaboration positive que nous lui offrons
aujourd'hui ne se répétera nécessairement pas.
M. Burns: M. le leader de l'Opposition, avec votre permission, M.
le Président, je vous prie de remarquer qu'il n'y a pas actuellement au
feuilleton d'avis de suspension des règlements de la Chambre, qu'il n'y
en aura pas. Je prends l'engagement formel qu'il n'y en aura pas.
M. Lavoie: C'est justement à cause de notre collaboration,
incidemment.
M. Burns: Si votre collaboration continue à être
aussi constante et positive qu'elle l'est actuellement, je ne vois pas pourquoi
j'imposerais des règles spéciales de fin de session pour faire
siéger les gens jusqu'à trois, quatre ou cinq heures du matin. Ce
n'est pas du tout mon intention.
Jusqu'à maintenant, ce que nous avons fait, M. le
Président, c'est toujours par consentement avec l'Opposition que nous
avons modifié les règles de notre règlement, et j'en suis
fier. Je félicite d'ailleurs le leader de l'Opposition, ainsi que le
chef de l'Opposition, qui m'ont, jusqu'à maintenant, donné une
collaboration des plus entières.
M. le Président, je fais donc cette motion avec le consentement
de l'Opposition et, je le présume également, avec le consentement
de l'Union Nationale.
M. Grenier: M. le Président, je pense bien que de notre
côté il n'y a pas d'objection, à condition qu'on s'entende
pour qu'il y ait bien une période de questions demain matin à dix
heures, qu'on ne la supprime pas.
M. Burns: Cela ne supprime pas la période de
questions. C'est l'ordre du jour du mardi, sauf que la période de
questions est avancée à dix heures ou, en fait, dans les minutes
qui suivront au lieu d'être à trois heures ou dans les minutes qui
suivraient. D'accord?
Le Président: Est-ce que cette motion est
adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président... Le
Président: M. le chef de l'Opposition.
M. Levesque (Bonaventure): Le leader du gouvernement avait
très bien parlé jusqu'au moment où il a
évoqué des périodes qui pouvaient durer jusqu'à
trois ou quatre heures du matin. Or, M. le Président, comme il y a
plusieurs nouveaux députés dans cette Assemblée, je ne
voudrais pas que ces paroles soient interprétées comme se
référant à quelque chose de récent. Durant les
dernières années, le leader du gouvernement admettra qu'à
la suite des consultations que nous avions régulièrement nous
nous sommes souvent entendus pour éviter même qu'une motion soit
déposée ou, même si elle l'était, pour éviter
qu'elle ne soit même adoptée. Je pense bien que c'est cette
coopération que je veux évoquer plutôt que les heures
tardives qui sont maintenant des choses d'un passé assez lointain.
M. Burns: M. le Président, je pense que je dois rendre
justice au chef de l'Opposition. Dans les deux dernières années,
le chef de l'Opposition, qui était leader du gouvernement à
l'époque, et moi-même, qui étais le leader de l'Opposition,
nous avons réussi à nous entendre, et, effectivement, je lui
rends justice là-dessus. Nous avons réussi à manipuler, si
vous voulez, les règles de la Chambre dans des cadres normaux.
Le Président: Est-ce que la motion du leader parlementaire
du gouvernement est adoptée?
M. Lavoie: Adopté.
Le Président: Adopté. Cela devient alors un ordre
de la Chambre.
M. Burns: M. le Président, une dernière chose avant
de revenir à l'ordre du jour régulier. On m'informe qu'il serait
assez rapide et assez facile de régler le projet de loi no 83, Loi
modifiant la Loi de l'administration financière, du moins de l'avis que
j'ai reçu du député de Jean-Talon. Ce que le
député de Lotbinière m'a dit tout à l'heure me
laisse croire que nous pourrions très facilement révoquer l'ordre
qui remet ce projet de loi à la commission parlementaire des affaires
municipales, le ramener en commission plénière et faire les
écritures nécessaires...
Une Voix: Des finances...
Projet de loi no 83
Révocation de l'ordre de
déférence en commission élue
M. Burns: M. le Président, je fais donc motion pour que
l'ordre de déférence du projet de loi no 83 à la
commission des Affaires municipales soit révoqué...
Une Voix: Des finances...
M. Burns: Excusez-moi, des finances, comptes publics et revenu
soit révoqué et que ce projet de loi revienne en commission
plénière.
Le Président: Est-ce que cette motion est
adoptée?
M. Garneau: Adopté.
M. Burns: M. le Président, je propose donc, au nom du
ministre des Finances, que ce projet de loi soit soumis à la commission
plénière et, si on a le consentement de nos amis d'en face, que
les écritures nécessaires soit faites pour la commission
plénière.
Le Président: Est-ce qu'il y a consentement pour les
écritures?
M. Lavoie: Oui.
Commission plénière
Le Président: En commission plénière,
adopté. Rapport de la commission, adopté. Troisième
lecture...
M. Lavoie: Demain.
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce qu'il y a une suspension pour
une minute?
M. Burns: C'est adopté, M. le Président.
Troisième lecture demain.
Le Président: Troisième lecture demain. La
séance est suspendue pour quelques instants. A l'ordre, mesdames et
messieurs!
M. le leader du gouvernement.
M. Burns: Avant d'appeler l'article suivant, il me fait plaisir
de souligner la présence dans les galeries je pense que cette
habitude a été délaissée mais il ne serait pas
mauvais qu'on la reprenne sans faire de pathos d'étrangers, de
gens qui viennent de l'extérieur du Québec, bien que ce soient de
véritables Québécois: le député de Matane au
fédéral, M. Pierre de Bané, et le député de
Maisonneuve-Rosemont, mon collègue fédéral, mon homologue
fédéral, M. Serge Joyal. Cela me fait plaisir de souligner leur
présence, même s'ils viennent de loin. Je présume que
ce
n'est pas un message qui vient de loin à cause du genre
d'activité je présume qui les amène parmi
nous aujourd'hui. Je tiens à souligner leur présence et cela me
fait plaisir de les saluer.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, vu qu'on a
semblé briser une tradition récente, il me fait plaisir de
"réciproquer" en saluant un collègue de cette Assemblée
nationale d'il n'y a pas tellement longtemps, l'ancien député de
Laprairie et ancien ministre d'Etat aux Transports, qu'il me fait plaisir,
également, de saluer d'une façon cordiale.
M. Burns: Avant de retourner au projet de loi no 76,
j'appellerais l'article 8, c'est-à-dire le projet de loi no 77.
M. Lavoie: II y a eu consultation pour que le leader du
gouvernement appelle la deuxième lecture du projet de loi no 77. Nous
avions compris, d'après nos discussions et nos pourparlers, qu'il n'y
aurait pas de long discours en deuxième lecture. Nous donnons ce
consentement à la condition qu'il n'y ait pas de long discours d'une
demi-heure ou de trois quarts d'heure. J'aurais besoin d'à peine deux
minutes et on pourrait liquider cette deuxième lecture.
M. Burns: Excusez-moi. Avant d'entreprendre l'étude de ce
projet de loi, je souligne, pour ceux qui l'auraient oublié, que la
commission des affaires municipales continue ses travaux, actuellement,
à la salle 81-A. Ceux qui sont concernés par ce projet de loi
devraient peut-être s'y rendre immédiatement.
Projet de loi no 77 Deuxième lecture
Mme le Vice-Président: Le leader du gouvernement propose
la deuxième lecture du projet de loi no 77, Loi concernant la Loi de la
Législature et la Loi électorale.
M. Lévesque (Taillon): Alors, l'article 1 est
adopté?
M. Robert Burns
M. Burns: Le lieutenant-gouverneur de la province a pris
connaissance de ce projet de loi et il en recommande l'étude à
l'Assemblée.
M. Morin (Sauvé): Avec vigueur.
M. Burns: Avec vigueur, oui, comme le dit le ministre de
l'Education.
Mon discours de présentation de ce projet de loi en
deuxième lecture sera très bref. Il est, je pense, notoire que
lors des dernières élections un parti politique en particulier,
nommons-le, l'Union Nationale, a réussi à faire élire onze
députés et a obtenu comme pourcentage de vote mes chif-
fres, là-dessus, ne sont pas tout à fait exacts, mais en tout
cas, je vous demande d'accepter, pour le moment, les seuls chiffres qui sont
à ma disposition environ 19,4%.
Tout le monde sait que la loi actuelle de la Législature, pour
reconnaître un parti au sens parlementaire du mot, exige qu'il fasse
élire douze députés ou bien et c'est là
l'autre partie de l'alternative ait reçu 20% du vote.
J'ai toujours été de ceux qui croient que les lois, et
surtout dans le domaine électoral, doivent avoir cette
flexibilité pour s'ajuster à des situations. Actuellement, la
situation, à mon sens, me permet de dire qu'il serait
véritablement injuste à l'endroit de l'Union Nationale et surtout
des personnes qui ont voté pour l'Union Nationale de décider
d'être très dogmatique et très légaliste et de
refuser d'ajuster la loi à cette situation qui, admettons-le est tout
à fait à la limite des normes.
C'est pour cette raison, Mme le Président, que nous avons, du
côté gouvernemental, décidé de présenter le
projet de loi no 76, pour ajuster justement la situation à ce que
l'électorat nous a démontré comme son désir en ce
qui concerne l'Union Nationale. En ce qui nous concerne, ce serait de la
mesquinerie, je crois, de dire: Non, l'Union Nationale n'a pas 20% du vote;
donc, elle ne doit pas être reconnue. Non, l'Union Nationale n'a pas
douze députés; donc, elle ne doit pas être reconnue. Nous
avons plutôt pensé...
Excusez-moi, le premier ministre me souligne que je parlais en termes de
chiffres du projet de loi no 76, mais c'est le projet de loi no 77. Alors, je
fais cette correction.
Donc, nous pensions qu'il était normal que cette correction se
fasse. D'autre part, on se posera peut-être la question: Pourquoi ne pas
régler la situation de façon définitive en corrigeant de
façon permanente la Loi de la Législature, au lieu de dire que
l'Union Nationale n'est reconnue que pour la durée de cette
Législature?
La réponse à cela je précède
probablement les questions qui me seront soumises lors de la commission
plénière c'est que nous envisageons actuellement une
réforme globale de la Loi de la Législature. Dans ce sens, selon
les conseils qui m'ont été donnés par nos légistes,
ce serait probablement un manque de prudence de faire un changement unique,
pour un cas unique, alors qu'on envisage une réforme globale. Ce que
cela donne, cependant, c'est l'assurance à l'Union Nationale, une fois
ce projet de loi adopté, que, tout au long de cette Législature,
c'est-à-dire jusqu'aux prochaines élections, ce parti sera
considéré comme reconnu.
Alors, c'est la technique législative qui nous a, à toutes
fins pratiques, suggéré cette méthode de garder uniquement
la durée de la présente Législature, c'est-à-dire
jusqu'aux prochaines élections, pour la reconnaissance que nous donnons
à l'Union Nationale. Personnellement, je suis fier j'en parle non
seulement comme leader gouvernemental, mais aussi comme ministre d'Etat
à la réforme parlementaire de vous montrer cette
première ouverture que nous avons sur
la tendance que nous aurons et que nous maintiendrons tout au cours de
cette Législature où nous serons appelés à diriger
le gouvernement.
Cette tendance nous porte à dire: II y a, quand même, des
gens qui ont été élus pour faire un travail à
l'Assemblée nationale; nous voulons qu'ils aient en main tous les moyens
pour faire ce travail le mieux possible. Que cela s'appelle l'Opposition
officielle ou l'Union Nationale, même si ces deux partis doivent à
l'occasion nous critiquer et même souvent le faire de façon un peu
difficile à supporter pour nous, nous considérons comme
gouvernement qu'il est normal que cette Opposition ait tous les moyens en sa
possession pour le faire. C'est dans ce sens et uniquement dans ce sens que
nous proposons l'adoption du projet de loi no 77.
Mme le Vice-Président: M. le leader de l'Opposition.
M. Jean-Noël Lavoie
M. Lavoie: Mme le Président, tel que nous l'avions
annoncé déjà depuis quelques jours, l'Opposition
officielle sera d'accord sur ce projet de loi et nous voterons d'une
manière positive pour ce projet de loi.
Ce projet de loi vise surtout nos collègues de la gauche, ici, de
l'Union Nationale, qui, depuis quelques années, sont passés du
gouvernement à l'Opposition, à la non-reconnaissance, à la
semi-reconnaissance et, aujourd'hui, à une reconnaissance plutôt
complète. Je voudrais faire remarquer que parmi les projets de
réforme qu'a mentionnés le leader parlementaire du gouvernement,
cette réforme parlementaire date déjà de plusieurs
années, même avant la venue d'un ministre
délégué à la réforme parlementaire.
Même dans les années 1960, la réforme parlementaire avait
été amorcée du temps de MM. Bellemare, Bertrand, Pierre
Laporte et d'autres, dans une revalorisation du rôle de
l'Assemblée nationale et du Parlement.
D'ailleurs, c'est le Parti libéral auquel j'appartiens qui, le
premier, en 1970, a passé les amendements à la Loi de la
Législature pour établir ce principe de parti reconnu. Ce premier
geste qui a été posé en 1970 était justement
à l'avantage du parti qui forme le gouvernement aujourd'hui. Cette loi
avait été adoptée pour donner tous les
éléments et tous les moyens au PQ, alors naissant, aui faisait
ses premières armes, ici, à l'Assemblée Nationale. Cette
loi avait été, on le sait, ajustée au résultat
obtenu par les différents partis, autant le Parti créditiste,
à l'époque, que le Parti québécois. C'est la base
des normes que nous conservons encore aujourd'hui, avec la légère
modification que le gouvernement y apporte, que douze députés
devaient satisfaire aux résultats obtenus par le Parti
créditiste. Les 20% des voix étaient justement pour accorder au
Parti québécois, alors naissant, une reconnaissance officielle,
reconnaissance qui octroyait au chef du parti, au leader parlementaire et au
whip certains avantages pécuniaires nécessaires au bon
accomplissement de leurs devoirs.
En somme, sans vouloir atténuer les efforts du nouveau ministre
de la Réforme parlementaire, je voudrais lui dire qu'il est prisonnier
d'une lancée qui date déjà de quelques années,
avant même la création d'un tel ministère. La
démocratisation d'ailleurs, je n'y reviendrai pas nous
l'avons posée déjà non seulement dans des paroles, mais
par une loi qui date de 1970.
Le deuxième volet à ce projet de loi est justement de
donner l'occasion à l'Union Nationale de participer à un fonds
voté encore l'année dernière par l'ancien gouvernement,
que nous représentons temporairement de ce côté-ci de cette
Chambre, de participer à un fonds de recherche de $400 000, ce qui
permettra, je crois à l'Union Nationale d'y puiser une somme d'environ
$80 000. Encore là, cela a été un geste de
démocratisation qui a été posé avant la
création du ministère de la Réforme parlementaire, avant
la création d'un étagement de ministères par un
ministère tout à fait conventionnel, par un exécutif
conventionnnel qui avait déjà de très nombreux fruits
à son arbre.
Le Parti libéral, comme Opposition officielle, aura le droit de
recueillir dans ce fonds $140 000, d'après les proportions que nous
avons eues lors du dernier scrutin du 15 novembre. Ce fonds qui a
été créé par un amendement à la loi
électorale dit bien que cette allocation qui est accordée
à chacun des partis doit être utilisée par les partis
politiques pour payer les frais de leur administration courante, pour diffuser
leur programme politique et pour coordonner l'action politique de leurs
membres. Elle n'est versée que si ces frais sont réellement
encourus et payés.
Je voudrais donner un préavis à cette
Assemblée.
Vous pouvez être assurés qu'en ce qui concerne le Parti
libéral, ces fonds serviront à diffuser notre programme politique
et coordonner notre action politique. J'inviterais dès maintenant notre
parti soeur de gauche, l'Union Nationale, à se servir également
des fonds qui lui sont attribués, totalisant environ $20 000, pour qu'il
puisse diffuser son programme et coordonner son action politique.
Déjà, je voudrais assurer nos collègues d'en face
qu'en ce qui concerne le Parti libéral ces fonds serviront à
inviter nos autres collègues de cette Assemblée à serrer
les coudes surtout sur un programme politique que nous avons à coeur.
Nous inviterons, vous pouvez en être assurés, messieurs du
gouvernement, la population du Québec, les 60% qui se sont
exprimés lors du dernier scrutin contre l'idée de
l'indépendance ou de la séparation du Québec. Il y a
déjà 60% bien établis qui ont conservé
l'idée d'unité canadienne et l'option canadienne.
Sans doute que ces 60%, d'après certains sondages, devraient
représenter au moins 75% ou 80% et même plus. Nous voyons
déjà, dans la répartition des fonds, la minorité
gouvernementale non seulement dans le consensus constitutionnel, mais
également dans le partage des fonds parce que le gouvernement n'aura
droit qu'à 40% des $400 000, ce qui représente $164 000.
Nous voyons tout ce parallèle et cette analogie et soyez
assuré que le Parti libéral invitera tous les
Québécois bien-pensants, des Québécois à
part entière à se serrer les coudes pour combattre la politique
néfaste proposée par nos amis d'en face en ce qui concerne la
séparation du Québec du Canada car nous désirons, nous,
rester citoyens québécois à part entière, mais
également canadiens à part entière.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Lotbinière.
M. Rodrigue Biron
M. Biron: Vous ne serez pas surprise de voir que j'appuierai ce
projet de loi.
M. Lavoie: Et l'adoption également.
M. Biron: J'aurais aimé, Mme le Président, pouvoir
remercier le gouvernement pour l'adoption de ce projet de loi en
présence de mon collègue, le député de Johnson.
Peut-être que je l'aurais laissé, lui, le premier, remercier le
gouvernement parce qu'il s'est battu si longtemps pour la renaissance de
l'Union Nationale.
En fait, aujourd'hui, par ce projet de loi, le gouvernement
reconnaît ce que la population du Québec a reconnu le 15 novembre
dernier. Quand même, je suis très heureux et très fier de
voir que le Parti québécois, dans cette grande lancée de
refonte de la Loi électorale, veut tout de suite faire montre
d'honnêteté et de largesse de vue en reconnaissant l'Union
Nationale comme parti officiel dans cette noble Assemblée.
Je suis, Mme le Président, très fier de pouvoir ici,
à la tête de ce parti, assurer la continuation de ceux qui ont
présidé à la destinée de l'Union Nationale au cours
des quarante dernières années, dans cette noble
Assemblée.
L'histoire veut peut-être qu'aujourd'hui un parti purement
québécois reconnaisse un autre parti purement
québécois. Le premier, Maurice Duplessis, à la tête
de l'Union Nationale, a entrepris de nobles batailles contre le gouvernement
canadien...
M. Lavoie: II y a Honoré Mercier, aussi. Cela va plus
loin...
M. Biron: ... pour avoir ici, au Québec, les droits des
Québécois. Duplessis s'est battu pour l'autonomie
québécoise. Daniel Johnson, après lui, s'est battu pour
l'égalité ou l'indépendance au Québec. Jean-Jacques
Bertrand s'est aussi battu pour ces mêmes fins et Maurice Bellemare, bien
sûr, s'est battu aussi.
Finalement, nous assurons ici aujourd'hui le Parti
québécois de notre collaboration efficace comme nous l'avons fait
à plusieurs reprises depuis le début de cette session. Cela ne
nous empêchera pas de critiquer lorsqu'il y aura des mauvaises
décisions ou de mauvaises lois de présentées qui ne sont
pas, à notre point de vue, à l'avantage de tous les citoyens du
Québec.
Quand même, nous voulons collaborer, et notre présence ici
en tant que parti reconnu officiellement nous aidera à collaborer au
meilleur de nos connaissances et de nos capacités à construire un
Québec meilleur.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Fernand Grenier
M. Grenier: Mme le Président, vous me permettrez, bien
sûr, une courte intervention pour remercier le gouvernement, le leader
parlementaire pour cette adoption de la loi cet après-midi.
Personnellement, j'en suis profondément touché puisque j'ai
travaillé activement à bâtir ce parti, principalement
depuis 1970 à titre de président. J'ai tenté, à
quelques reprises, avec des figures connues dans le gouvernement au
moins une de redonner une image à notre parti au cours de
l'année 1969. Je n'ai pas réussi à ce moment. Je l'ai
tenté de nouveau en 1971 avec une autre, mais je n'ai pas réussi.
On s'est repris en 1976 et, cette fois, nous avons fait une trouée dans
le Québec. C'est celle-là que vous reconnaissez aujourd'hui.
J'apprécie également le jugement du gouvernement. Je pense
que, bien sûr, il y aura peut-être des députés du
gouvernement qui diront plus tard: C'est donc dommage qu'on ait donné
à ce parti les armes qu'il faut pour venir nous combattre chez nous.
Mais c'est cela une saine démocratie. C'est de fournir aux 20% de la
population du Québec ce dont ils ont besoin pour se faire entendre en
Chambre, et du personnel, et les montants d'argent nécessaires. C'est
cela que le parti gouvernemental a voulu reconnaître aujourd'hui.
Soyez assurés que notre collaboration sera toujours bien
positive, toujours constructive. C'est peut-être cette image nouvelle que
sera l'Union Nationale à partir de maintenant. Je suis assuré que
c'est celle-là que le gouvernement attend: ne pas démolir le
travail que fera le gouvernement, mais suggérer, parfois durement, y
aller de nos propositions.
J'entendais tout à l'heure le leader parlementaire du
gouvernement qui regardait vers sa gauche en parlant de "parti soeur."
J'espère qu'avant longtemps il parlera de sa gauche comme de son grand
frère. Je pense que ce qu'on a aujourd'hui nous permettra d'être
traités en grand frère de l'Opposition officielle avant bien
longtemps. Ce sont des remerciements que je fais tout simplement.
Quand on entendait le premier ministre dire l'autre jour qu'il voyait
une Chambre vraiment plus équilibrée par le vote de 1973, c'est
cela qu'on attendait. Quand il y avait une opposition réellement pas
représentée en Chambre entre 1973 et 1976, c'est peut-être
pour cela qu'on voyait tant de gens qui criaient dans la rue. C'est
peut-être pour cela qu'on aura maintenant une période d'accalmie
parce que, sans avoir un équilibre vraiment exact du pourcentage du
vote, on est beaucoup plus près des volontés du peuple du
Québec. C'est ce
que vous reconnaissez aujourd'hui dans votre projet de loi. Je pense que
vous pouvez avoir l'assurance de notre équipe elle est presque
complète malgré la commission qui siège en
basqu'elle donne un consentement unanime aujourd'hui. On est pleinement
satisfaits et je pense que vous obéissez aujourd'hui non pas à la
lettre de la loi, mais à son esprit.
Mme le Vice-Président: M. le chef de l'Opposition.
M. Gérard D. Levesque
M. Levesque (Bonaventure): Mme le Président, un mot
seulement pour tenir compte du temps. Devant ces remerciements à peine
voilés de la part de nos petits frères, je tiendrais à
leur rappeler qu'il n'y a rien de nouveau dans le geste posé par le
gouvernement. Ce n'est que dans la continuité des choses. Il faut se
rappeler que c'est nous qui avons proposé la loi actuelle. Si on
retrouve le nombre "douze" dedans et le pourcentage de "20%", c'est parce que
cela tenait compte du fait que douze députés créditistes
étaient assis à votre place...
Une Voix: Ils ont disparu depuis ce temps.
M. Levesque (Bonaventure): C'étaient des petits
frères qui sont disparus. Enfin, c'était parce qu'il y en avait
douze. Il y avait nos autres petits cousins en face qui étaient
seulement sept. Le "douze" ne marchait pas. Alors, on a sorti les "20%" parce
qu'ils avaient 23,4% du vote, à peu près.
M. Burns: Mais ils ont grandi vite, vos petits cousins.
M. Levesque (Bonaventure): Les petits cousins ont grandi vite.
Peut-être d'une façon précoce. Cela ne vit pas vieux quand
cela grandit trop vite.
Je voulais simplement rappeler ces faits à nos amis parce que
c'est ce que le gouvernement actuel fait, ce que le Parlement, parce
qu'il y a unanimité là-dessus, fait présentement
justement dans un sens de continuité. D'ailleurs, nous sommes revenus
à la charge en 1973 à la suite du vote qui avait
été donné et de la représentation qu'il y avait en
Chambre. Là, notre gouvernement a présenté un autre
amendement pour tenir compte de certains changements, particulièrement
chez les créditistes.
Je pense que cela s'appliquait également à l'Union
Nationale. On a apporté un amendement qui disait que ceux qui
s'étaient qualifiés dans la Législature
précédente seraient qualifiés encore. Vous ne pouvez pas
dire qu'on n'a pas fait l'impossible pour tenir compte, à la suite de
chacune des élections, de la représentation. C'est dans la
continuité que cela se fait. Vous n'avez pas à vous mettre
à genoux devant le gouvernement pour le remercier.
Il faut bien comprendre que, dans tous les partis ici
représentés, chacun a eu besoin d'un amendement pour se faire
reconnaître, sauf le Parti libéral qui est reconnu à
travers le Québec et à travers les temps. Parlant du Parti
libéral du Québec, je tiendrais à rappeler à nos
amis d'à côté je vois l'heure qui avance, je ne veux
pas abuser que, lorsqu'ils parlent de M. Duplessis et de tous les
Pères de la Confédération, il ne faudrait pas qu'ils
oublient une chose, c'est que le Parti libéral a toujours montré
une fermeté vis-à-vis de l'autonomie du Québec
également, vis-à-vis des droits du Québec. Le fait
d'être fédéraliste, cela ne veut pas dire qu'on accepte
toutes les politiques du gouvernement fédéral. Il y a là
une distinction importante. Nous avons maintes et maintes fois
dénoncé certaines politiques du gouvernement
fédéral, qu'il soit libéral ou qu'il soit conservateur, et
nous allons continuer, dans l'intérêt des Québécois,
de dénoncer toute politique qui ne fera pas notre affaire au niveau
fédéral. Mais nous demeurons Canadiens, nous voulons que le
Québec demeure à l'intérieur du Canada. A ce moment, il ne
faut pas faire de ces rapprochements qui seraient de nature à être
équivoques ou à créer une ambiguïté. Quant
à nous, c'est très clair: nous sommes fédéralistes,
mais pas nécessairement pour un gouvernement fédéral qui
préconise des politiques qui, à notre sens, ne favorisent pas le
Québec.
Mme le Président, vous me permettrez, en terminant, de dire que
nous sommes bien d'accord avec la motion de deuxième lecture. Nous
sommes très heureux de reconnaître l'Union Nationale et nous
espérons que cette reconnaissance permettra à ce groupement
politique de faire connaître à cette Assemblée ses vues et
d'apporter sa contribution, comme d'ailleurs cela a été
évoqué et exprimé il y a quelques instants.
Mme le Vice-Président: La réplique du leader du
gouvernement.
M. Robert Burns
M. Burns: Mme le Président, je suis très heureux de
voir que le premier projet de loi que je pilote en Chambre reçoive une
telle unanimité. Je remercie très sincèrement l'Opposition
officielle. Evidemment, quant à l'Union Nationale, je ne m'attendais pas
à avoir une très sérieuse objection là. Mais je
remercie, quand même, les députés de l'Opposition de
concourir à cette décision que nous avons prise, parce que
j'aurais été très déçu, comme ministre
d'Etat à la réforme parlementaire, que, dans un premier geste
d'ouverture sur les droits de l'Opposition, quelqu'un puisse, à un
moment donné, tenter de vouloir restreindre ces droits ou tenter d'y
voir une façon mesquine d'agir du gouvernement. Je vous dis, en tout
cas, en ce qui me concerne, que c'est une façon tout à fait
ouverte. C'est dans ce sens que nous le faisons et on espère que c'est
comme cela que sera compris notre geste.
Quant à notre ami, le chef de l'Opposition,
qui, il y a quelques secondes, se vantait d'être le seul parti de
l'Opposition à n'avoir jamais eu besoin d'une loi, je vous dis que,
même dans votre cas, après les prochaines élections, on
sera prêt à faire une loi comme celle-là pour vous
autres.
Mme le Vice-Président: Cette motion de deuxième
lecture est-elle adoptée?
Des Voix: Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Deuxième lecture de ce
projet de loi.
M. Burns: Mme le Président, je propose que ce projet de
loi no 77 soit déféré à la commission
plénière de l'Assemblée.
Mme le Vice-Président: Cette motion est-elle
adoptée?
M. Lavoie: Adopté. On peut procéder aux
écritures.
M. Burns: Si on n'a pas d'objection, je pense qu'on pourrait
faire les écritures.
Je tiens simplement à mentionner qu'on m'a fait un certain nombre
de représentations concernant la modification du système de
pension parce que ça vise, à l'article 1 de ce projet, des
corrections ou des correctifs à être apportés au
système de pension, lequel s'ajuste sur une base mensuelle et non pas
sur une base régulière.
Loin de mettre de côté les représentations qui m'ont
été faites, en particulier par le whip en chef de l'Opposition
officielle et je lui ai répondu aujourd'hui, j'espère
qu'il recevra très bientôt cette lettre. Je ne savais pas si la
lettre arriverait avant le projet de loi, mais je pense que c'est plutôt
le projet de loi qui arrive avant je ne suis pas prêt actuellement
à m'engager dans une modification, si partielle qu'elle soit, du
système de pension qui est calculé sur une base mensuelle, sans
qu'on revoie l'ensemble du projet. Cela poserait un problème, je pense,
vraiment systématique et compliqué pour nos gens qui administrent
le fonds de pension des députés. Dans ce sens, je fais simplement
cette remarque, au niveau de l'examen du projet de loi en commission
plénière.
M. Lavoie: Si je comprends bien, vous ne désirez pas
apporter ces amendements...
M. Burns: Pas maintenant.
M. Lavoie: ... durant la présente session.
M. Burns: Non, pas à cette session-ci. Je peux vous
assurer qu'avant de faire quelque amendement que ce soit là-dessus, je
consulterai les partis d'Opposition, puisque maintenant, on peut parler des
deux partis d'Opposition qui sont ici en Chambre. Cela veut dire les deux.
M. Lavoie: Est-ce que je pourrais demander au leader
parlementaire du gouvernement quand il s'attend d'apporter une refonte ou une
nouvelle Loi de la Législature? Dès le début de la
prochaine session?
M. Burns: Je souhaite et vraiment, quand je dis je
souhaite, c'est qu'au moment où je vous parle, je ne suis pas tout
à fait en mesure de vous dire si c'est possible je souhaite que
même pendant l'intersession, la sous-commission de l'Assemblée
nationale, qui existait en vertu de la Législature
précédente, puisse se réunir et, entre autres, puisse
examiner et, d'une part, les travaux qui ont été faits en vertu
de la Législature précédente et sous le gouvernement
précédent, et peut-être continuer ses travaux pour nous
présenter un rapport. C'est d'ailleurs un peu dans cet esprit que j'ai
proposé la motion, hier, de permettre aux sous-commissions et à
toutes les commissions parlementaires de siéger dans l'intersession. Je
n'ai pas encore, de façon formelle, la date de reprise de la prochaine
session, ce qui fait que je serai obligé, sans aucun doute, de demander
à la commission parlementaire de l'Assemblée nationale et
à ses sous-commissions, dont l'une est affectée à la
révision de la Loi de la Législature, de siéger dans
l'intersession.
M. Lavoie: Mme le Président, si vous voulez faire
siéger cette sous-commission durant l'intersession, il faudrait
l'instituer de nouveau, et pour l'instituer, il faudrait tenir une
séance de la commission de l'Assemblée nationale
également.
M. Burns: J'ai l'intention, M. le leader parlementaire de
l'Opposition je vous en donne un avis tout de suite de faire
siéger la commission parlementaire dans la journée de demain.
Quand je vous dis dans la journée de demain, c'est que je ne peux pas
vous dire encore, à cause de la séance du Conseil des ministres,
à quelle heure et à quel moment exactement, dans la
journée de demain, je pourrai faire siéger cette commission, mais
c'est mon intention de la faire siéger. C'est bon que je le mentionne
tout de suite. Je vous en donne avis, et cela vous permettra peut-être de
penser déjà aux députés que vous voudrez assigner
à ces sous-commissions. A toutes fins pratiques, j'ai l'intention de
recréer les sous-commissions qui existaient en vertu de la
Législature précédente.
M. Lavoie: Les écritures...
M. Burns: Les écritures, oui, je serais d'accord
aussi.
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce que le leader du gouvernement,
Mme le Président, nous dirait à quelle date environ il pense
pouvoir déposer, à la suite de toutes ces consultations et de ces
travaux, vers quelle date, lui, prétend-il pouvoir déposer une
loi refondue?
M. Burns: De la Législature? M. Lavoie: De la
Législature.
M. Burns: Encore une fois, je ne suis pas capable de prendre des
engagements fermes sans avoir l'air ridicule en ne les respectant pas.
Je souhaiterais que parmi les premiers projets de loi que nous
déposerions après l'examen des crédits des
différents ministères, au cours de la session du printemps,
celui-là soit de la lignée. Maintenant, comme je vous dis, cela
dépendra je pense que le chef de l'Opposition va très bien
me comprendre d'un tas de facteurs, de priorités qui seront
probablement fixés autrement par le gouvernement. Je souhaiterais que ce
soit un des premiers projets, tout au moins pour l'examiner, même si on
n'arrive pas à l'adopter au complet durant la prochaine session.
Commission plénière
Mme le Vice-Président: Le projet de loi no 77, en
commission plénière, est-il adopté?
M. Lavoie: Le rapport est adopté.
M. Levesque (Bonaventure): Rapport adopté.
Mme le Vice-Président: Le rapport est adopté.
Troisième lecture?
M. Burns: Est-ce qu'on veut faire la troisième lecture
tout de suite?
M. Lavoie: Troisième lecture, prochaine session.
M. Burns: Prochaine session?
Mme le Vice-Président: La troisième lecture
est-elle adoptée?
M. Lavoie: Non, non, demain. Mme le Vice-Président:
Bon.
M. Burns: J'ai également, maintenant que nous avons
disposé du projet de loi no 77... Troisième lecture, prochaine
séance ou séance subséquente. Soyons prudents.
Mme le Vice-Président: Troisième lecture,
séance subséquente.
M. Burns: Mme le Président, étant donné que
le projet de loi n'est pas adopté, je me sens mal à l'aise de
vous faire cette proposition, mais je donne avis tout de suite, au
député de Lotbinière en particulier et aux autres membres
de l'Opposition, qu'il faudra, pour véritablement compléter cette
reconnaissance de l'Union Nationale, amender le règlement de
l'Assemblée nationale, en particulier le paragraphe f) de l'article 1
qui, lui aussi, définit le parti reconnu. Cela a été
adopté dans la loi et je ne pense pas qu'il y ait de problème. En
temps normal, je devrais soumettre cet amendement à la commission de
l'Assemblée nationale et, par la suite, revenir en Chambre ou en- core
faire adopter une résolution par l'Assemblée nationale.
Je vous demanderai éventuellement votre consentement pour que,
par pure et simple motion non annoncée, nous amendions le paragraphe f)
de la même façon que nous venons d'amender la Loi de la
Législature, c'est-à-dire de changer, à la
troisième ligne du paragraphe f), le mot "douze" par le mot "onze" pour
donner à l'Union Nationale tous les droits qui sont permis à un
parti reconnu en vertu de notre règlement. S'il y a quelqu'un qui
pourrait s'en plaindre, c'est bien moi, je vais avoir un parti de plus sur le
dos. Moi, je suis prêt à le prendre.
M. Lavoie: Si cela vous soulage, je crois que dans le respect des
lois on vous permettra d'apporter cet amendement une fois que la loi sera
sanctionnée.
M. Burns: C'est ce pourquoi...
M. Lavoie: Sanctionnée, et non pas la troisième
lecture.
M. Burns: Ah bon! II faudra peut-être déranger Son
Excellence le lieutenant-gouverneur avant la période où nous
avions l'intention de le déranger. Le train de lois que nous soumettons
à l'Assemblée nationale...
M. Levesque (Bonaventure): Vous nous inviterez à aller
chez le lieutenant-gouverneur.
M. Burns: Je vous inviterai.
M. Levesque (Bonaventure): Oui!
M. Burns: Nous pensions peut-être attendre à la
toute fin avant de demander au lieutenant-gouverneur de venir sanctionner les
lois. Je suggérerais plutôt au leader de l'Opposition de modifier
son affirmation et de dire qu'il sera d'accord que je présente cet
amendement dès que la troisième lecture sera adoptée.
M. Lavoie: Vous solliciterez notre consentement, qu'on refuse
rarement.
M. Burns: C'est vrai. Alors, c'était un avis que je vous
donnais, une espèce de préavis que je vous donnais à
l'amendement que j'ai l'intention de proposer au règlement.
Mme le Président, ce matin nous avons terminé
l'étude du projet de loi no 76, Loi modifiant la Loi de
l'Exécutif et d'autres dispositions législatives. Le vote a
été pris à trois heures, dès le début de la
séance et à la suite du vote positif, j'ai proposé que le
projet de loi soit déféré à la commission
plénière. En conséquence, Mme le Président, je
propose que vous quittiez maintenant le fauteuil pour que nous étudiions
ce projet de loi en commission plénière.
M. Levesque (Bonaventure): Lequel?
M. Burns: Le projet de loi no 76, Loi modifiant la Loi de
l'Exécutif et d'autres dispositions législatives.
Mme le Vice-Président: Cette motion d'aller en commission
plénière est-elle adoptée?
M. Burns: Adopté.
Projet de loi no 76 Commission
plénière
Mme Cuerrier (président de la commission
plénière): A l'ordre, messieurs! Projet de loi no 76, Loi
modifiant la Loi de l'Exécutif et d'autres dispositions
législatives. Article 1.
M. Lévesque (Taillon): L'article 1 est tout simplement
celui qui ratifie concrètement la création des postes de
ministres d'Etat qui seraient installés, si vous voulez, dans la Loi de
l'Exécutif, après le premier paragraphe, c'est-à-dire tout
de suite après le premier ministre, président du conseil, et qui
placerait à la fin, après le ministre des Communications, les
ministres délégués, c'est-à-dire que c'est de la
concordance par rapport à la structure du Conseil des ministres avec les
décisions qui ont déjà été prises.
M. Lavoie: Un instant, s'il vous plaît.
M. Lévesque (Taillon): Oui, oui.
M. Lavoie: Mme le Président, l'ancienne Loi de
l'Exécutif prévoyait, à l'article 4, les ministres
conventionnels, si on peut dire.
M. Lévesque (Taillon): Pas encore.
M. Lavoie: Je crois qu'il y en avait 24 suivant les
ministères établis. L'article 5 prévoyait le poste de
Solliciteur général.
M. Lévesque (Taillon): Oui, oui, avec quinze ans de
pratique.
M. Lavoie: Quel était l'article qui prévoyait les
ministres d'Etat, les anciens ministres d'Etat, les autres personnes qui
étaient invitées à faire partie de l'Exécutif, ce
qu'on appelait les ministres sans portefeuille?
M. Lévesque (Taillon): Apparemment, vous retrouvez cela
sous-jacent dans le deuxième alinéa de l'article 4. Cela reste
là au besoin; cela n'a pas été abrogé,
c'est-à-dire: peut nommer ministre de la même manière. Il
n'y avait pas de définition de ministre d'Etat.
M. Lavoie: Avez-vous l'intention de biffer cette section?
M. Lévesque (Taillon): Non. Cela peut rester là
sous toutes réserves. Ce n'est pas opératoire pour l'instant,
c'est évident, mais on n'a pas vu de raison de l'enlever. Attendez un
instant. Oui, au deuxième alinéa de l'article 7, vous avez aussi
ce qui se trouve à représenter une sorte de
délégation, si l'on veut, mais qui en fait est plutôt pour
définir un peu le mandat possible. L'article 7 est un peu pour illustrer
ce que pouvait vouloir dire en pratique le deuxième alinéa
clé de l'article 4.
M. Lavoie: Cela voudrait dire, en somme, qu'il pourrait y avoir
des ministres, ce que vous appelez vos ministres d'Etat, qui ont des
responsabilités globales.
M. Lévesque (Taillon): Ou intersectorielles.
M. Lavoie: Oui. Je ne voudrais pas employer des termes comme
"seniorité" ou autres, mais vous auriez des ministres, on pourrait dire,
conventionnels, ce qu'on avait auparavant, des ministres avec portefeuille,
à chacun des ministères et également, sans vouloir les
appeler les ministres juniors, des ministres délégués qui,
eux, en somme c'est le cas de ceux que vous avez actuellement
n'ont pas de portefeuille bien identifié. Je crois que c'est le ministre
délégué à l'énergie et le ministre
délégué au haut-commissariat.
M. Lévesque (Taillon): ... et à
l'environnement.
M. Lavoie: Vous pourriez avoir une quatrième sorte de
ministres, si vous conservez ce deuxième paragraphe de l'article 4.
Comment les appelleriez-vous, ces ministres, étant donné que vous
ne pouvez plus les appeler ministres d'Etat, parce qu'ils sont
déjà en haut de l'échelle?
M. Lévesque (Taillon): Comme on n'y pense pas activement,
peut-être que le leader de l'Opposition pourrait nous faire des
suggestions, le cas échéant.
M. Lavoie: Ce n'est pas une invitation que vous me faites de
devenir ministre au quatrième échelon? Ce serait difficilement
acceptable.
M. Lévesque (Taillon): Je sais que le député
de Laval a toujours eu un très grand penchant pour le style. Il nous
trouvera peut-être quelque chose de stylistique.
M. Lavoie: De toute façon, ce sera un étagement de
plus, c'est tout.
M. Lévesque (Taillon): D'accord. Cela va pour l'article 1
du projet de loi no 76?
M. Lavoie: Cela va. Avant de passer à l'article 2,
j'aimerais peut-être intervenir assez brièvement et sans aucune
partisanerie exagérée pour... Cela fait peur?
M. Lévesque (Taillon): Juste le minimum qu'il faut.
M. Lavoie: Juste cela. En conservant ma tradition
d'objectivité, tout en péchant légèrement sur le
côté de la neutralité, j'aimerais poser la question
suivante au gouvernement qui, il n'y a pas tellement longtemps, il y a à
peine deux ans, faisait partie de l'Opposition officielle. Je me souviens d'un
certain 23 décembre 1974, lorsque, ensemble, l'Assemblée
nationale a étudié la Loi de la Législature et la Loi de
l'Exécutif, lors d'un fameux débat qui avait couvert une
période s'étendant d'avant Noël et pratiquement pendant
Noël et après Noël, entre Noël et le Jour de l'An. J'ai
voulu mentionner tout à l'heure que nous ne pensons pas, de ce
côté-ci, d'une manière plus ou moins sérieuse
entreprendre ce qu'on appelle communément des "filibusters" à
cette période-ci de l'année.
Mais nous avions assisté, à ce moment-là, à
un vrai "filibuster" de la part du Parti québécois, alors qu'il
siégeait comme Opposition officielle. Je voudrais savoir, sans faire
d'allusion trop piquante à l'ambiguïté et à la
contradiction qui commencent à être la marque du gouvernement
actuel tant durant la campagne électorale: indépendance,
souveraineté; on n'en parlait plus, on en parle plus maintenant; l'autre
volet, socialisant ou non, du Parti québécois...
Ce contexte d'équivoque et d'ambiguïté, de
contradiction semble devenir la marque du gouvernement actuel.
Ce n'est peut-être pas un discours de mon propre cru que je vais
vous apporter, mais je voudrais localiser où est le sérieux et la
logique du gouvernement actuel en le ramenant à un débat qui
s'est déroulé ici à l'Assemblée nationale, il y a
à peine deux ans, lors de l'étude de la loi qui avait
indexé ou rajusté le traitement des députés, de
tous les autres membres de l'Assemblée qui occupent des postes
spéciaux à l'Assemblée nationale, également les
membres de l'Exécutif. A ce moment-là, il y avait les ministres
avec portefeuille et les ministres sans portefeuille, d'autres qui occupent des
postes comme vice-président de l'Assemblée. On avait fait une
espèce de marchandage, des motions, une multitude de motions sur le
traitement que méritait un membre de l'Assemblée.
Justement, le député de Saint-Jacques, aujourd'hui
ministre délégué au haut-commissariat, selon le journal
des Débats du jeudi 26 décembre 1974, annonçait en
commission qu'il présenterait un amendement. Je le cite: "Vous pourrez
immédiatement deviner que l'amendement que je vais vous proposer pour la
fixation de l'indemnité de M. le Président de l'Assemblée
nationale, je proposerai le même amendement lorsque nous traiterons des
membres du Conseil exécutif ou, un peu plus loin, lorsque nous
traiterons du traitement du chef de l'Opposition officielle."
Un peu plus loin, à la même page: "Je suis d'opinion, M. le
Président, et c'est toujours le député de
Saint-Jacques qui parle avec mes collègues qui auront l'occasion
d'exprimer la leur à leur tour, qu'une indemnité
supplémentaire ne doit jamais doubler l'indemnité de base. Si,
par dé- finition, c'est une indemnité supplémentaire
à cause d'une charge supplémentaire, elle ne doit jamais
atteindre le double, sinon elle fait apparaître une chose plus que
le double, comme c'est le cas dans la rédaction actuelle de l'article no
48 c'est affirmer que la charge supplémentaire est plus
valorisante que la charge originale. Or, il faut toujours que la charge
originale demeure la base à partir de laquelle on fait le calcul
celle qui est la plus valorisée, le reste doit s'y greffer. On
peut être large dans ces cas en fonction de la charge."
Je vous avise immédiatement que je me pose la question si je ne
devrai pas proposer le même amendement que le député de
Saint-Jacques ou le député de Sauvé, chef de l'Opposition
officielle de l'époque, aujourd'hui ministre de l'Education.
Surtout, je profite de cette occasion-là, alors que vous proposez
une loi qui non seulement conserve les mêmes traitements pour les
députés, mais accorde, dans la loi actuelle, une augmentation de
traitement à vos ministres délégués, que j'assimile
un peu à nos anciens ministres d'Etat étant donné qu'ils
n'ont pas de portefeuilles et que, dans votre loi actuelle, tous les ministres
seront payés au même traitement le plus élevé, soit
celui d'un ministre avec portefeuille, le ministre conventionnel que nous
avions, je profite de cette occasion où vous apportez une augmentation
de salaire à certains membres du cabinet pour citer et rappeler au
gouvernement d'aujourd'hui les propos qu'il tenait alors qu'il siégeait
de ce côté de l'Assemblée.
Je continue les propos du député de Saint-Jacques. "Mais,
M. le Président, lorsqu'on double par exemple, la proposition est
de 1,1%..." (Je devrais corriger et dire plutôt 110%) "...c'est plus que
doubler le salaire de $21 000 auquel aura droit le Président de
l'Assemblée nationale comme simple député c'est
affirmer que son rôle de Président de l'Assemblée
nationale, en quelque sorte, est plus important que ce qui l'a amené
dans cette Chambre, soit son titre de député, dans le cas qui
nous occupe, de député de Laval, ce serait de n'importe quel
comté. C'est un peu une allégorie boiteuse, j'en conviendrai,
mais qui est basée sur un sain principe, un peu comme le principe qui
apparaît dans nos lois de l'impôt sur le revenu qui dit qu'aucune
allocation de dépenses ne doit totaliser plus que les 50% de ce qui est
calculé comme indemnité".
Je pourrai citer toute la page du journal des Débats du jeudi 26
décembre 1974, la page B-8943. Je retiens un autre paragraphe ici. Je
voudrais citer plutôt la page B-8945. Les propos que je vais citer sont
tenus par le député de Sauvé, aujourd'hui ministre de
l'Education, M. Morin. "A l'heure actuelle, ils gagnent en parlant du
président de l'Assemblée les trois quarts en plus, .75 en
gros, en plus du salaire des députés. Nous pensons qu'il n'y a
pas lieu de porter ce .75 à 1.10 pour le président et, dans le
cas des vice-présidents, nous pensons qu'il n'y a pas lieu de porter le
chiffre à .50, mais, au contraire, de le réduire à .30.
Mais ce n'est pas que nous voulons
réduire le rôle, minimiser le rôle constitutionnel
représentatif du président et des vice-présidents. Bien au
contraire. Toujours, M. Morin. Cet amendement que nous proposons
pour le président et les vice-présidents, nous entendons le faire
pour les ministres et pour le chef de l'Opposition tout aussi bien. Il n'y a
pas de raison, qu'il s'agisse des fonctions de ministre ou de chef de
l'Opposition, pour qu'ils soient payés deux fois le salaire d'un
député."
M. Morin, également à la page B-8947. "Un président
qui doit être à la hauteur de ces tâches de
représentation doit être bien rémunéré. C'est
bien certain. Mais, encore une fois, doit-il pour autant être payé
deux fois plus qu'un député ordinaire? C'est là la
question que soulève l'amendement du député de
Saint-Jacques."
M. Morin, à la page B-9003. "Notre but n'était pas de
réduire leur rôle en réduisant leurs émoluments.
Notre intention était plutôt de réduire le traitement non
seulement du président et des vice-présidents, mais
également celui des ministres et celui du chef de l'Opposition, parce
que nous estimons que, par rapport aux députés, ces traitements
vont être trop considérables."
Je ne citerai pas, mais on répète encore la même
argumentation aux pages B-9006, B-9007, B-9009, également toute la page
B-9065. Vous voyez, déjà 65 pages plus loin nous étions
dans le même "filibuster". Là, nous étions rendus au
vendredi 27 décembre, après la fête de Noël.
Là, non seulement cet amendement était apporté à ce
moment à l'article 2, mais il fut rapporté à l'article 7
lors d'une deuxième tentative du député de Sauvé et
du député de Saint-Jacques pour invoquer que le traitement de
1.10 était vraiment exagéré, autant pour le
président, le chef de l'Opposition que les ministres. Un
troisième amendement était apporté encore dans ce fameux
"filibuster" dans un autre article du projet de loi.
Ecoutez, je ne voudrais pas tourner le fer dans la plaie plus
longuement. Je voudrais uniquement connaître jusqu'où le
gouvernement actuel était sérieux en décembre 1974, s'il
est toujours sérieux, logique dans sa continuité. Je vais me
permettre, Mme le Président, de citer un texte et ce n'est pas
une question de marchandage ou de maquignonnage, je vais vous redonner la
parole. Vous l'aviez à ce moment, je vous la remets aujourd'hui en
défense et non pas en poursuite. Votre amendement qui diminuait le
multiplicateur de 1 à 1.10, ce qui faisait 210% pour les ministres en
titre, vous le réduisiez à .75. Je fais le même amendement
qui a été fait par le député de Saint-Jacques
à ce stade-ci de la discussion. Si vous croyez que c'est trop bas, vous
voyez la lourdeur de la tâche, le fardeau et je vois le sourire du
ministre des Finances je conçois que ce chiffre de 1.10 à
ce moment avait été pesé, avait été
considéré à la suite même d'un comité non
partisan où siégeaient M. Bonenfant et d'autres.
Cela a été fait après une multitude de
consultations. Personnellement, j'étais président de
l'Assemblée, à ce moment. Je n'ai pas participé au
débat. Je suis solidaire du multiplicateur qui avait été
décidé, soit 110%. Je n'étais pas d'accord, même si
je n'ai pas participé au débat, sur la réduction
proposée par le député de Saint-Jacques qui était
de 0,75. Si vous croyez, messieurs, que ce n'est pas suffisant 0,75, libre
à vous, membres de l'Exécutif, ministres de la couronne, de
l'augmenter, c'est votre droit. Vous aurez le droit d'apporter un
sous-amendement à mon amendement. A partir de maintenant, la parole est
à vous.
M. Lévesque (Taillon): Je pense que le
député de Saint-Jacques, ministre aujourd'hui, peut
peut-être évoquer brièvement le contexte dans lequel ce
"filibuster" s'est déroulé. Tout ce que je dirais, c'est
simplement ceci: On pourra reprendre le sujet dans le détail si le
leader de l'Opposition le veut, mais il me semble qu'il y aurait des moments
plus indiqués que celui de cet amendement purement structurel à
la Loi de l'Exécutif. Je comprends que cela paraît de bonne guerre
d'évoquer des choses comme cela. J'ai moi-même trouvé cela
instructif, mais ce n'est pas le moment où on peut faire des amendements
comme cela, je ne pense pas.
Si le député de Saint-Jacques veut évoquer de
nouveau ce contexte-là, il avait l'air d'en avoir le goût...
M. Charron: M. le Président, l'invitation que nous fait le
leader de l'Opposition officielle aujourd'hui de reprendre une partie d'un
débat qui portait strictement à l'époque sur la
rémunération des membres de cette Assemblée, qu'ils soient
ministres ou députés, me donne l'occasion de reprendre et de
réaffirmer un principe qui sous-tendait chacune des propositions que
nous faisions à cette époque et qui constitue encore, j'en suis
convaincu, l'opinion du gouvernement.
Il a été d'ailleurs réexprimé très
clairement le jour où un certain nombre de mes collègues et moi
avons été présentés aux Québécois
comme devant former le Conseil exécutif de la province par le premier
ministre lui-même. C'est que la charge première de ceux qui
forment le Conseil exécutif, de tous les membres de cette
Assemblée, leur titre premier, leur responsabilité
première, fondamentale, est celle d'être d'abord et avant tout
députés d'une circonscription du Québec et
représentants, dans cette Assemblée, d'une partie de la
population du Québec qui les a élus.
Ce principe est à la base de la formation du cabinet, le premier
ministre l'a rappelé lorsqu'il a présenté le cabinet
à l'opinion publique. Il est à la base du fonctionnement de cette
Assemblée puisque c'est d'abord comme députés que nous
avons le droit de siéger ici et que nous devons répondre aux
questions de l'Opposition comme à celles de nos collègues. Ce
principe demeure fondamental. Quand on nous a amenés, au moment de la
discussion d'une loi présentée par l'ancien gouvernement et qui
portait uniquement sur la rémunération des membres de
l'Assemblée, à le formuler sous forme d'amendement aux
propositions gouvernementales de l'époque, c'était ce principe
qui était à l'origine de nos amendements, et nous y souscrivons
encore.
Je suis convaincu que le responsable chargé par le premier
ministre de la réforme parlementaire aura, lors des consultations,
même avec les différents partis de l'Opposition, à refaire
tout le portrait du fonctionnement de l'Assemblée nationale, du
fonctionnement des députés, des rapports entre les
députés et les ministres, du rôle de l'exécutif par
rapport au législatif. Il n'oubliera pas, dans le cadre de cette
réforme générale qui devra se faire, cette
vérité fondamentale du fonctionnement de notre système
démocratique qui veut que nous sommes d'abord et avant tout
députés avant d'être membres du Conseil exécutif. Il
ne l'oubliera pas lorsqu'il façonnera le nouveau fonctionnement de
l'Assemblée nationale; il ne l'oubliera pas lorsqu'il rétablira
un équilibre des pouvoirs. Je suis convaincu que le député
de Laval est d'accord avec moi pour dire qu'il y a actuellement un
déséquilibre anormal entre les pouvoirs du législatif et
de l'exécutif et je suis convaincu que le député de
Maisonneuve, ministre d'Etat à la réforme parlementaire, ne
l'oubliera pas lorsqu'il s'agira de fixer également les traitements
qu'on doit recevoir, le nouveau partage et le rétablissement d'un
équilibre qui n'existe pas. Tout cela, je pense que le
député de Maisonneuve, dans une intervention antérieure
à la mienne au cours de ce débat, l'a fait valoir au
député leader de l'Opposition officielle, et je ne puis que
souscrire à cette intention maintenant.
M. Lavoie: Ne croyez-vous pas quand même... Je voudrais
répondre au premier ministre. Il me dit que ce n'est pas le moment
opportun de traiter de cette question. Je n'en vois pas d'autre. C'est le
moment le plus opportun alors que nous étudions ce projet de loi. Je ne
pourrais pas faire cet amendement sur un projet de loi de l'agriculture, quand
même!
M. Lévesque (Taillon): D'accord! N'en faites pas une
discussion, je suis d'accord, c'est l'endroit.
M. Lavoie: C'est l'endroit privilégié. Ecoutez,
quand même, j'ai entendu un son de cloche du ministre
délégué au haut-commissariat. Je vois que son
argumentation était beaucoup plus puissante et forcenée il y a
deux ans. Aujourd'hui, d'un autre côté de la Chambre...
M. Marchand: Du socialisme.
M. Lavoie: ... je me demande où était le
sérieux de ce "filibuster" qui avait duré une quinzaine de jours
et qui avait été télécommandé, d'ailleurs,
je pense, par le conseil national du parti. J'aimerais également savoir
si l'honorable député de Sauvé, ministre de l'Education,
nous tiendrait aujourd'hui les mêmes propos qu'il a tenus à ce
moment-là. Je l'inviterais immédiatement à le faire.
M. Lévesque (Taillon): Je ne vois pas quels propos il
tiendrait, mais une chose que je sais, par exemple, c'est que non, mais
le multiplicateur, les traitements additionnels, etc., concernant soit le
président de l'Assemblée, le vice-président, les
ministres, les députés tout ça affecte
l'économie générale de ce qu'on pourrait appeler la
rémunération parlementaire ou ministérielle. Une chose
certaine, on peut faire encore de l'éloquence un bout de temps et de
l'humour sur les Noëls passés, mais je peux dire tout de suite au
leader parlementaire qu'on ne s'embarquera pas dans son amendement. Cela ne
veut pas dire que la question ne doit pas être posée, affectant
tout, les parlementaires et l'économie, si vous voulez, des
échelles de rémunération. Il faudra la situer dans le
temps et voir si on peut ajuster, parce que c'est quand même une question
de principe, convenablement toute cette échelle de nouveau, en cours de
route, peut-être au moment de la réforme parlementaire quand on
entrera dedans, mais certainement pas aujourd'hui, trois semaines après
un changement de gouvernement. On n'a pas eu le temps d'y penser et j'avoue
que, quant à moi, en tout cas, je ne suis pas vraiment porté
à discuter de l'amendement. Si on veut le voter, on peut le voter.
M. Lavoie: Je croyais, d'ailleurs, donner une occasion tout
à fait avantageuse et propice non seulement aux anciens parlementaires
du dernier Parlement, mais également au premier ministre qui, lui, si je
me le rappelle bien, je crois, durant la campagne tout à fait
récente, disait, avec son honnêteté qu'on lui
reconnaît à certaines occasions, que, dans une certaine
conjoncture économique difficile, même lorsque nous nous
dirigerons vers l'indépendance, il va falloir que les
Québécois songent à payer une certaine partie de la note
et que, pour un certain moment, ils devront se serrer la ceinture.
Je fournis l'occasion aujourd'hui au premier ministre de se donner en
exemple à tous les Québécois, aux six millions de
Québécois en fermant sa ceinture d'un seul cran. Il ne veut
même pas profiter de l'occasion que je lui procure aujourd'hui.
M. Lévesque (Taillon): Votre
générosité me renverse, mais, enfin, donnez-nous le temps
de réfléchir sur ces questions aussi.
M. Lavoie: Si vous réfléchissez trop longtemps,
vous allez augmenter le cran vers l'extérieur et non pas vers
l'intérieur.
M. Lévesque (Taillon): Ecoutez! Même là,
faites attention, parce que cela affecte les députés, cela
affecte les ministres, cela affecte aussi deux années qui se sont
écoulées, qui n'ont quand même pas été des
années de baisse d'inflation, ni d'augmentation des revenus
réels. Cela affecte les indexations auxquelles, suivant l'exemple qui
avait été donné in extremis par l'ancien gouvernement, on
a renoncé. Pour l'instant, ne demandez pas qu'on réforme, en
plus, toute l'économie de ces histoires. Je sais bien que, pour vous,
c'est amusant d'y penser, mais nous, on n'a pas eu le temps
de réfléchir là-dessus. Je ne me sens pas du tout
tenu aux retombées d'un long débat de 1974.
M. Lavoie: D'accord. Je vous ai promis que je ne ferais pas une
longue diatribe de cette question, mais moi, qui ai été
habitué pendant de très nombreuses années à
entendre des discours et des interventions longues et épuisantes du
député de Sauvé et ministre de l'Education, je prends
acte, quand même, de son silence aujourd'hui. Je croyais quand même
que, lorsque vous aviez proposé cet amendement de ,75, en
décembre 1974, au lieu de 1,10, cela avait été vraiment
considéré, pensé, pesé et tout. Aujourd'hui, je me
rends compte que, même après deux ans c'est vrai que vous
avez plusieurs problèmes à régler ce fameux
"filibuster" de 1974, que je crois que nous pouvons pratiquement faire la
promesse de ne pas répéter cela dans des périodes
où, peut-être, notre présence est plus utile ailleurs
qu'ici.
Je me permets de douter du sérieux et de la logique de ce
"filibuster" du Parti québécois en 1974. Je demanderais, s'il n'y
en a pas d'autres qui désirent intervenir sur cet amendement, qu'on
prenne le vote.
Le Président (Mme Cuerrier): Que ceux qui sont en faveur
de cet amendement veuillent bien lever la main, s'il vous plaît!
Que ceux qui sont contre cet amendement veuillent bien lever la main,
s'il vous plaît!
L'amendement est rejeté.
L'article 1 du projet de loi no 76 est-il adopté? Est-il
adopté, M. le leader de l'Opposition?
M. Lavoie: Oui, adopté.
Le Président (Mme Cuerrier): Adopté. Article 2.
L'article 2 est-il adopté?
Une Voix: Adopté.
Le Président (Mme Cuerrier): Adopté. Articles.
M. Lavoie: Adopté.
Le Président (Mme Cuerrier): Article 3, adopté.
Article 4.
M. Lavoie: Adopté.
Le Président (Mme Cuerrier): Article 4, adopté.
Article 5.
M. Lavoie: Adopté.
Le Président (Mme Cuerrier): Article 5, adopté.
Article 6.
M. Lavoie: Adopté.
Le Président (Mme Cuerrier): Article 6, adopté.
Article 7.
M. Charron: Adopté.
Le Président (Mme Cuerrier): Article 7, adopté.
M. Charron: Mme le Président, je vais vous demander de
faire rapport.
Mme Cuerrier (président de la commission
plénière): J'ai l'honneur de vous faire rapport que le projet
de loi no 76 a été adopté sans amendement.
Le Président suppléant (M. Marcoux): Ce rapport
est-il agréé?
Une Voix: Agréé.
Le Président suppléant (M. Marcoux):
Agréé.
M. Charron: Troisième lecture, prochaine séance ou
séance subséquente.
M. Lavoie: Prochaine session.
Le Président suppléant (M. Marcoux):
Troisième lecture, prochaine séance ou séance
subséquente.
M. Charron: Mme le Président, voudriez-vous appeler
l'article 1?
Qu'il me soit permis de faire motion pour que la Chambre se forme
à nouveau en commission plénière pour l'étude des
crédits du budget supplémentaire.
Mme le Vice-Président: Cette motion est-elle
adoptée?
M. Lalonde: Adopté. Mme le Vice-Président:
Adopté.
Etude des crédits supplémentaires
Commission plénière (suite)
Mme Cuerrier (président de la commission
plénière): Nous étudions les crédits
supplémentaires pour l'année financière se terminant le 31
mars 1977.
M. le ministre des Finances.
Réponses du ministre des Finances
M. Parizeau: Avant que nous n'abordions les crédits, je
souhaiterais présenter des réponses aux questions qui avaient
été posées, vendredi, à l'occasion de la
première séance de la commission plénière sur les
crédits. La première de ces questions venait du
député de Jean-Talon, qui demandait par combien s'étaient
chiffrées les entrées de la taxe de vente au détail en
novembre, et jusqu'en novembre de cette année. Les chiffres de
novem-
bre ne sont pas encore disponibles et d'ailleurs à des fins de
comparaison avec l'année dernière ne serviraient pas a
grand-chose, en ce sens qu'en novembre 1975 nous traversions une grève
des postes qui avait complètement perturbé les rentrées.
Mais, d'avril à octobre, le montant cumulatif des entrées de
taxes de vente est de $680 914 000, ce qui représente par rapport
à la même période de l'année
précédente 15% de plus.
Or, les projections de taxes de vente, pour 1976/77, sont justement de
15% plus élevées que l'année précédente.
Alors, jusqu'à maintenant, en tout cas, on peut considérer que
les réalisations sont en ligne avec les projections.
La deuxième question avait été d'abord
soulevée par le chef de l'Union Nationale, député de
Lotbinière, et reprise par le député de Jean-Talon. Il
s'agissait des écarts de taux de rendement, entre les obligations du
Québec et celles de l'Ontario, exprimés en points de base.
J'avais à cette occasion indiqué qu'à titre d'exemple on
pouvait retenir 60 points de base comme étant l'écart ce vendredi
dernier ou tout au moins comme un exemple de tels écarts.
Vérification faite, si l'on compare deux émissions de
l'Ontario et du Québec ayant le même coupon 10 1/4% et la
même échéance 2001, l'écart vendredi était de
62 points de base. Si on prend deux autres émissions, l'une du
Québec, l'autre de l'Ontario, ayant un coupon de 10% et la même
échéance de 2001, l'écart était de 68 points de
base. Ceci se compare à des écarts au début de novembre
qui étaient de l'ordre de 30 à 35 points de base. Donc les
écarts se sont accrus mais, comme je le disais vendredi dernier, on a
déjà vu des écarts plus élevés.
Troisième question venant du député de Jean-Talon.
Il me demandait dans quelle mesure la marge de crédit du gouvernement
auprès des banques était utilisée et dans quelle
proportion. En date de vendredi dernier, il n'y avait aucun emprunt, aucun
usage de fait de cette marge de crédit. Elle avait été en
partie utilisée dans les jours qui avaient précédé
mais les remboursements s'étaient faits le 16, si bien que le 17 la
situation nette était de zéro.
Finalement, quatrième question venant du député de
Lotbinière et chef de l'Union Nationale, au sujet des rentrées de
fonds à la Caisse de dépôt. Si l'on tient compte des
augmentations venant du fonds général, des fonds
ségrégatifs et des fonds sous mandat, de 1974 à 1975,
c'est la période qui correspond aux derniers états financiers
publiés de la Caisse de dépôt, j'avais dit autour de $600
millions; c'étaient $649 millions.
Le Président (Mme Cuerrier): Affaires culturelles,
programme...
M. Garneau: Mme le Président, concernant les questions que
j'avais posées également j'avais donné avis au
ministre des Finances de cette question par écrit je voulais
savoir si des municipalités ou encore des commissions scolaires avaient
été autorisées, depuis son as- sermentation comme ministre
des Finances ou du nouveau gouvernement, à emprunter sur les
marchés étrangers.
M. Parizeau: Alors, cette question qui n'était pas apparue
à l'occasion de la séance plénière mais dont le
député de Jean-Talon m'avait donné préavis avant
qu'elle ne commence, vérification faite, aucune municipalité n'a
obtenu d'autorisation depuis que le présent gouvernement est au pouvoir
d'emprunter sur le marché américain. Ces emprunts se sont faits
essentiellement sur le marché canadien.
Emprunts sur les marchés
étrangers
M. Garneau: Le ministre des Finances pourrait-il nous dire si
à toutes fins pratiques les renseignements qui avaient paru je
lui en ai parlé dans le journal Le Soleil, le jour où il a
donné sa conférence de presse concernant le dépôt du
budget supplémentaire, rapportant les propos du ministre des Finances,
avait eu indiqué que ce dernier avait soumis à l'attention de la
presse que depuis l'assermentation du nouveau gouvernement les
municipalités continuaient à emprunter sur les marchés
étrangers et qu'elles n'avaient aucune difficulté. Je comprends,
d'après les propos qu'il tient, que ce reportage du Soleil était
inexact, parce que, après vérification, c'est bien au sujet des
marchés étrangers qu'on rapportait les propos du ministre des
Finances, non pas des marchés canadiens.
M. Parizeau: Effectivement, les propos que j'avais tenus quant
à l'activité d'emprunts d'une municipalité
j'ajoutais d'ailleurs les CEGEP et les hôpitaux qui avaient eu un
programme assez chargé d'emprunts au cours de ces semaines
concernaient le marché canadien, et non pas sur le marché
américain. La seule transaction qui, je pense, est significative
à cet égard a été l'achat de $5 millions
d'obligations par une maison de Montréal, revendues ensuite sur le
marché américain. Mais il ne s'agissait pas d'un emprunt en
dollars américains.
M. Garneau: Mme le Président, revenant à une
réponse que le ministre des Finances vient d'indiquer, je regarde
l'évolution de l'écart entre les taux d'intérêt
payés pour des émissions identiques dans le Québec et en
Ontario et je constate que l'écart serait rendu maintenant à 68
points de base si j'ai bien compris pour une émission dont
il a donné l'exemple et, dans un autre cas, à 62.
Je constate, Mme le Président, que dans l'espace de quelques mois
et cela recoupe la période électorale au terme du
troisième trimestre de 1976, ce qui veut dire la fin de septembre 1976,
et pour le dernier trimestre, l'écart entre le Québec et
l'Ontario, pour des émissions de type identique, était de 20
points de base, 23 points de base. Et quand je remonte les années
antérieures, l'année 1975, l'année 1974, je constate que
l'écart entre le
Québec et l'Ontario a été et s'est maintenu entre
20 et 23 points de base. Même pour l'année 1973, je vois que pour
un trimestre entre autres, le deuxième trimestre de 1973, l'écart
entre le Québec et l'Ontario était descendu aussi bas que trois
points de base. Il y a même eu des semaines, durant ce trimestre,
où les émissions du Québec se transigeaient à des
taux de rendement inférieurs à celles de l'Ontario.
Je dois donc constater que ce que je soulignais durant la lutte
électorale, soit que l'ambiguïté dans laquelle l'option
séparatiste et l'option du Parti québécois face à
l'avenir du Canada plaçaient les marchés financiers était
bien réelle. Cela coûte maintenant de l'argent je constate, par
exemple, que pour aller sur le marché financier, il faut concéder
quelques avantages à une nouvelle émission par rapport à
une émission existante. Cela veut dire que si je prends le
troisième trimestre de 1976 et que je le compare avec un emprunt que
devrait faire le gouvernement du Québec aujourd'hui, il lui faudrait
payer presque 1/2 de 1% de plus en taux d'intérêt sur les
marchés pour obtenir les même sommes d'argent. Quand on regarde le
programme d'emprunt dont nous a parlé le ministre des Finances lorsque
nous avons entrepris l'étude des crédits l'on constate que le
nombre de millions de dollars à emprunter est quand même
énorme: il s'agira de plus de $400 millions et il peut varier selon
l'évolution dans les obligations d'épargne, puisque, là
aussi, je dois constater que depuis le troisième trimestre il y a eu
tout près de $100 millions d'obligations d'épargne de
rachetées. Il faut même constater que cela augmentera le programme
d'emprunts à long terme du gouvernement. Si le gouvernement du
Québec emprunte $500 millions ou $400 millions d'ici la fin de
l'exercice ces emprunts se font habituellement pour des périodes
de quinze à vingt ans et que l'on calcule que le taux
d'intérêt augmente de 1/2 de 1% sur 20 ans, on doit constater avec
regret que pour l'économie du Québec et pour les contribuables
québécois, il s'agit là d'une charge qui représente
plusieurs millions de dollars et qui affectera, je crois, les investissements
du Québec et également les investissements privés, puisque
les taux d'intérêt payés par l'Etat, par la province, par
l'Hydro, affectent d'abord les taux payés par les CEGEP, les
hôpitaux et les commissions scolaires, également les centres
d'accueil et que, par ricochet, évidemment, cela frappe les emprunts que
le secteur privé doit effectuer pour financer des investissements
à long terme.
Je veux donc, déplorer cette attitude et soumettre à
l'attention du ministre des Finances qu'il doit, de même que son
gouvernement, le plus tôt possible, clarifier cette situation
d'ambiguïté sans laquelle les contribuables québécois
auront à supporter un coût additionnel considérable.
M. Parizeau: Mme le Président, je suis charmé
d'apprendre que le député de Jean-Talon considère les
besoins d'emprunts que j'ai exprimés comme étant énormes.
Sans doute, mais ce ne sont pas les besoins d'emprunts du nouveau gou-
vernement. Ce sont les besoins d'emprunts qui nous viennent du gouvernement
antérieur. La nuance est importante.
Il est clair, comme je l'ai déjà dit ce matin, que ces
besoins d'emprunts sont considérables. Il est évident que des
besoins de cette importance, découlant, comme on l'a déjà
dit, de règlements de conventions collectives qui ont été
très onéreuses, se conjuguent avec l'espèce
d'inquiétude psychologique qui a régné pendant quelques
jours sur les marchés financiers pour faire une pression sur les
écarts.
Il faudra que l'on revienne éventuellement là-dessus, que
l'on établisse un certain nombre de comparaisons. Nous avons connu au
Québec, dans le passé, des écarts supérieurs
à ceux-là et, à ces époques, on ne
considérait pas que c'était nécessairement et
inévitablement l'option d'un Parti québécois, qui, sauf
erreur, n'existait pas encore dans le cas de certains écarts
supérieurs à ceux-là, qui en était la cause.
Il est clair que je préférerais infiniment et, j'imagine,
le député de Jean-Talon aussi, qu'il n'y ait pas d'écarts
pareils à l'heure actuelle ou qu'ils soient plus faibles. Mais le fait
est qu'il faut tenir compte non seulement des considérations d'ordre
politique qu'il apportait, mais aussi des besoins d'emprunts très
considérables du secteur public québécois cette
année, qui ont été rendus plus considérables encore
par les crédits supplémentaires dont nous parlerons tout à
l'heure.
M. Garneau: Revenant sur le même sujet, je voudrais attirer
l'attention du ministre des Finances sur le fait que, si l'on regarde un peu
l'évolution des taux d'intérêts entre le Québec et
l'Ontario au cours de l'histoire, sans remonter à Adam et Eve, mais en
remontant à une époque aussi récente que 1970, on se
rendra compte que c'est au deuxième trimestre de 1970 que les
écarts entre le Québec et l'Ontario ont été les
plus élevés. Cela a atteint, à ce moment, jusqu'à
102 points de base, c'est-à-dire, 1.02% de plus pour un emprunt
québécois que pour un emprunt ontarien. Sur le même
thème qu'il vient de développer et que j'avais
développé antérieurement, je dois quand même
souligner que cela coïncide aussi avec l'époque où un
gouvernement, par la voix de ses ministres, parlait d'égalité ou
d'indépendance et à l'époque où le ministre des
Finances du temps s'était associé à la thèse que
proposait un des membres actuels du gouvernement, le ministre de l'Industrie et
du Commerce, c'est-à-dire la séparation du reste du Canada et
l'association avec les Etats-Unis.
Si je remonte un peu plus loin dans le temps, je me rends compte aussi
qu'en 1966, au moment où une équipe ministérielle qui
avait fièrement manifesté son option canadienne existait, nous
avions des écarts entre le Québec et l'Ontario, qui variaient
autour de 25 points de base, ce qui correspond à la situation qui
prévalait au troisième trimestre de 1976, à
l'arrivée d'un gouvernement qui proposait une thèse très
ambiguë également, avec une administration qui flottait toujours
entre
la figue et le raisin, nous avons vu, de 1966 à 1970, une
ascension lente et continuelle des taux d'intérêt, des
écarts entre le Québec et l'Ontario. Ces écarts, qui sont
passés au deuxième trimestre 1966 à 25, comme je vous le
mentionnais tout à l'heure, sont passés à 102. Et, de 1970
jusqu'à 1976, nous avons réduit ces écarts. Cela a
été réduit sur une période relativement courte,
parce que, au deuxième trimestre de 1970, nous étions revenus,
dès 1972 et avant même, à un écart de 19 sur le
premier trimestre.
C'est donc dire qu'il y a, à mon sens, une relation très
étroite entre les thèmes que développent les partis
politiques et aussi, je pense, c'est le cas dans la situation présente.
Quand le ministre des Finances parle du programme d'emprunt, il le relie
très justement, je crois, au règlement des conventions
collectives.
Mesures anti-inflationnistes et conventions
collectives
M. Garneau: Je profite de l'occasion pour demander au ministre
des Finances, ayant dit ce qu'il a dit, et considérant que le
règlement des conventions collectives parce que c'est comme cela
que j'analyse ses propos a été fait à des taux trop
élevés, s'il a l'intention de solliciter le plus rapidement
possible l'opinion de la Régie des mesures anti-inflationnistes du
Québec et de voir s'il n'y a pas lieu, pour le gouvernement, d'accepter
les recommandations, ou les suggestions, ou les décisions de la
régie si, par hasard, le gouvernement précédent avait
consenti des augmentations de salaires trop importantes? Si ce n'est pas
l'intention du gouvernement d'appliquer les normes anti-inflationnistes, je
voudrais dire au ministre des Finances que ce n'est plus l'ancienne
administration qui devra en porter le blâme, mais la sienne.
M. Parizeau: On pourrait récrire l'histoire des
écarts en fonction aussi de la façon dont les finances ont
été gérées. Je suis un peu étonné de
constater que le député de Jean-Talon voit dans l'accroissement
des écarts de 1967 à 1970 le reflet de thèses politiques
d'un parti, sauf erreur. Le goût que le parti de l'Union Nationale
pouvait avoir pour l'indépendance était nettement plus
accentué avant la déclaration dite d'Hawaii qu'après. Le
gouvernement de l'Union Nationale, au fur et à mesure de cette
époque, n'a pas accentué les comment dire
débats autour de l'égalité ou de l'indépendance. La
façon, cependant, dont ses projets d'ordre financier pouvaient
être perçus par les milieux financiers eux-mêmes explique
probablement davantage le fait que, graduellement à travers cette
époque, les écarts se soient agrandis.
Si la thèse politique du député de Jean-Talon
pouvait s'accréditer, ce serait l'inverse qui se serait produit. On
aurait vu des écarts considérables en 1966 et des écarts
s'atténuant jusqu'en 1970, sauf peut-être pendant cette campagne
électorale de 1970 où certains membres du gouvernement de l'Union
Nationale ont laissé passer un certain nombre de choses. Mais, en tout
cas, de 1966 à 1970, on aurait vu les écarts se refermer. Ce qui
n'est pas le cas. Il est bien possible aussi qu'une des raisons majeures pour
lesquelles les écarts ont été faibles de 1970 à
1972 ou 1973, c'est qu'en somme, l'augmentation de l'endettement du
gouvernement de Québec était pas mal plus faible qu'elle ne l'a
été depuis quelques années.
Sous l'effet conjugué, d'une part, d'un déficit
budgétaire croissant, du financement des jeux olympiques et du
financement de la baie James, la pression sur les marchés financiers a
été considérable depuis deux ans. Elle l'est
singulièrement cette année. Il va de soi que cela a un impact sur
les écarts, quand bien même on ne discuterait pas de politique du
tout au Québec. Si bien que la thèse qu'il faisait, quant
à l'évolution de certaines idées politiques et
l'évolution des écarts, on pourrait la présenter bien
autrement si on tenait compte, en particulier, des besoins d'emprunt du secteur
public. Je ne tiens pas, remarquez bien, à faire de l'exclusif
là-dedans. Il est clair qu'à l'heure actuelle i'augmentation des
écarts est liée à toute une série de facteurs. A
mon sens, la thèse du député de Jean-Talon, cependant, est
beaucoup trop exclusive.
Deuxièmement, pour ce qui a trait à la Régie des
mesures anti-inflationnistes, je ne pense pas que je vais tomber dans la trappe
qui consisterait essentiellement à faire en sorte que les augmentations
de salaires qui ont été consenties à l'occasion des
dernières négociations deviennent les augmentations de salaires
du présent gouvernement, à moins qu'ayant demandé l'avis
de la Régie, il n'accepte de les couper, ou se sente forcé de les
couper. Le précédent gouvenrement n'a pas, au fond et on
s'en rend compte en étudiant les augmentations de salaires qui ont
été consenties accordé une importance
particulière aux normes qu'il connaissait émanant de la
commission des mesures anti-inflationnistes, aussi bien d'Ottawa que de
Québec.
Ceci me semble être très différent du comportement
qui s'est produit à Ottawa. Après un accrochage entre le
gouvernement fédéral et la commission anti-inflationiste à
l'occasion des conflits des postiers, le gouvernement fédéral a
quand même, au fur et à mesure de ses négociations,
accordé une importance à des normes qu'il connaissait. Il est
tout à fait clair qu'en particulier au cours des dernières
semaines, qui ont amené le conclusion ou la signature des conventions le
gouvernement de Québec n'a pas accordé une importance
particulière aux normes de sa propre commission. A cet égard,
même s'il s'agit des crédits des finances que nous aurons
l'occasion d'examiner tout à l'heure, je ne veux pas en rendre
particulièrement responsable le député de Jean-Talon,
parce que je sais très bien à quel genre de pression le
gouvernement tout entier pouvait être soumis à ce moment. Il n'en
reste pas moins qu'ayant laissé de côté les normes de la
commission des mesures anti-inflationistes à l'occasion de ces
dernières semaines le gouvernement a si-
gné ces conventions collectives. La signature du gouvernement est
engagée. Si on veut rétablir un climat à peu près
possible je ne dis pas serein, ce serait trop demander dans les
relations avec les centrales syndicales, le gouvernement ne peut pas revenir
sur sa signature, ainsi que le premier ministre l'expliquait pendant sa
campagne électorale. Dans ce sens, la position que le gouvernement
défend ici est claire. Il reste maintenant à déterminer
avec la commission des mesures anti-inflationistes comment on procède
à partir de là. J'aurai l'occasion de faire une
déclaration à ce sujet, mais ce ne sera pas ce soir.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Lotbinière.
M. Forget: J'aimerais intervenir...
M. Biron: Je voudrais demander au ministre des Finances s'il a
l'intention de retarder les paiements de transfert aux municipalités et
aux commissions scolaires afin d'améliorer le "cashflow" de la province
et de demander aux commissions scolaires et aux municipalités de se
financer à même leur marge de crédit dans les banques.
M. Parizeau: Pour ce qui a trait aux municipalités, il ne
s'agit pas de retarder vraiment les paiements de transfert à l'heure
actuelle. Il s'agit de démêler, si on me passe l'expression, les
paiements de transfert. Toute une série de promesses ont
été faites, singulièrement au cours des dernières
semaines qui ont précédé l'élection, si bien que le
travail, à l'heure actuelle, consiste à savoir ce qui est
engagements fermes, ce qui est engagements moins fermes et ce qui n'est pas
engagements du tout, etc. Le travail à cet égard est assez
avancé.
Pour ce qui a trait aux commissions scolaires, il est clair que
déjà le gouvernement doit passablement d'argent à
celles-ci. Faire en sorte qu'elles empruntent davantage auprès des
banques parce que le gouvernement retarderait ses paiements n'est pas le genre
de solution qui me plairait personnellement, particulièrement. Est-ce
que je pourrai l'éviter complètement? C'est difficile de
m'engager à ce stade. J'ai trop vu des ministres des Finances autrefois
se servir de cette soupape pour ne pas imaginer qu'elle n'est pas là.
Mais je souhaiterais vivement ne pas avoir à l'utiliser.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: J'aimerais faire un bref commentaire sur un sujet que
le ministre des Finances vient de toucher et qui, à cause de son
importance, mérite, je pense, une certaine mise au point. Il s'agit des
augmentations salariales dans le secteur public et surtout dans le secteur
parapublic. Le ministre des Finances indique, à juste titre, que si l'on
veut un climat à peu près possible je suis content de voir
son réalisme à se sujet il est absolument primordial que
l'Etat, puis- que c'est l'Etat qui a signé et ce n'est pas un parti
politique, honore sa parole dans un tel processus. Cependant, il ne faut pas
sauter aux conclusions tout de suite et c'est sur ce point que j'aimerais
apporter une mise au point.
Je demeure persuadé, et jusqu'à preuve du contraire c'est
une conviction dont je ne démords pas, que les conventions collectives
que le gouvernement précédent a signées se conforment,
dans leur essence et leur totalité, aux normes anti-inflationistes.
Si on considère ces conventions collectives dans leur
totalité. Ce que je veux dire, c'est qu'il est à peu près
certain qu'effectivement, si on considère, pour une certaine
catégorie d'emplois en particulier, les infirmières, par exemple,
les hausses salariales qui ont été consenties en première
année, nous avons peut-être, sur un plan technique, un
léger dépassement, encore que cela dépende d'une
interprétation que l'on donne aux normes de la Régie des mesures
anti-inflationnistes, qui ne sont pas absolument sans
ambiguïté.
Cependant, si l'on considère la totalité des conventions
collectives signées pour trois ou quatre ans, nous nous retrouvons en
face d'augmentations cumulatives qui sont en deçà de ce que
permettent les normes anti-inflationnistes. Je crois que dans
l'évaluation qu'on fait de ces conventions collectives, c'est une chose
dont il devra être tenu compte. On doit se rappeler que les normes
anti-inflationnistes ont été édictées dans le
contexte général de contrats annuels. Le gouvernement
précédent ayant conclu des ententes de trois ou quatre ans, les
normes doivent être réinterprétées à la
lumière de ce contexte et aussi à la lumière d'une
règle absolument importante qui consiste dans les relations historiques.
Or, on sait très bien que, dans le secteur parapublic, qu'il s'agisse
des enseignants ou qu'il s'agisse du personnel des établissements de
santé, les relations historiques et les comparaisons que l'on peut en
tirer doivent aller trouver leur point d'appui, en quelque sorte, à
l'extérieur du Québec, puisque dans le cas des
infirmières, par exemple, il n'y a pas de marché privé
auquel on puisse comparer leur traitement. Si l'on tenait compte de ce
critère qui existe aussi, qui est tout aussi valable dans les normes
anti-inflationnistes, je crois qu'on aurait un jugement définitif et
final qui serait beaucoup plus nuancé et peut-être même
c'est ma conviction encore aujourd'hui qui serait favorable aux ententes
qui ont été signées.
Un dernier point, Mme le Président, puisque je ne veux pas
prendre trop de temps là-dessus. Je crois qu'il faut faire une
distinction entre deux choses. C'est une chose, en effet, que de dire que
l'Etat respectera ou ne respectera pas la parole donnée, mais c'est une
autre chose que d'affirmer, avant même de savoir si la question se pose,
de dire d'avance qu'on ne respectera pas, qu'on ne se conformera pas au
jugement de la Régie des mesures anti-inflationnistes. Je comprends
qu'il y avait une conjoncture électorale, mais c'est, malgré
tout, l'essentiel qui divise l'Opposition et le
gouvernement actuel et qui l'a divisé au cours des
dernières semaines. Nous n'étions pas prêts à dire,
avant même d'en avoir la preuve, que ces conventions collectives seraient
respectées en dépit d'un jugement défavorable de la
Régie des mesures anti-inflationnistes. Nous attendions de voir ce
jugement, parce que c'est une chose assez grave de dire: Nous avons
créé une institution, l'Etat a créé une institution
pour contrôler l'inflation, et d'avance, quelque soit le jugement que
portera cette régie, nous ne le respecterons pas. C'est une chose
beaucoup plus grave et tout aussi grave au point de vue de la
crédibilité de l'action étatique, de l'action
gouvernementale que celle que constituerait le non-respect de la parole
donnée vis-à-vis des centrales syndicales.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le ministre des
Finances.
M. Parizeau: Mme le Président, je voudrais, en
réponse à ce qui vient d'être dit, présenter
quelques réflexions très courtes, parce que, encore une fois,
j'aurai l'occasion de revenir beaucoup plus longuement là-dessus. Je ne
suis pas étonné qu'on réagisse comme on vient de le faire,
peut-être essentiellement pour la raison suivante: C'est que
beaucoup et je parle ici singulièrement des dernières
semaines qui ont précédé l'élection des
renseignements qui sont maintenant disponibles ne l'étaient pas à
ce moment-là quant aux coûts des conventions, quant aux
comparaisons d'échelles, etc. Je pense que lorsque ces chiffres seront
tous disponibles, on se rendra compte qu'effectivement, il y a des
dépassements qui sont peut-être un peu plus nombreux et un peu
plus importants que ce qui vient d'être souligné.
Deuxièmement, je reconnais que, dans le cas de certains groupes,
comme, par exemple, les infirmières et les ouvriers en particulier,
l'ancien gouvernement, à l'avance, avait averti qu'en raison du
caractère particulier de ces deux groupes, il allait offrir des
augmentations de salaires qui dépassaient les normes et qu'il en
était conscient. Ceci, bien sûr, la loi le lui permettait. On n'a
pas à reprocher ici à un gouvernement autrement que
discuter de son jugement à cet égard, mais enfin on n'a
pas à critiquer un gouvernement parce qu'en vertu des dispositions de la
loi il avertit à temps et détermine qu'effectivement, il faudra
des dépassements dans certains secteurs, pour des raisons qu'il a
expliquées.
Je pense qu'on se rendra compte, cependant, assez rapidement que, dans
d'autres secteurs, les augmentations n'ont pas été données
de cette façon et qu'en particulier certaines normes ont
été complètement rompues à la dernière
minute. Je me rends très bien compte qu'indiquer que le gouvernement
respectera sa parole, comme cela a été fait par le Parti
québécois pendant la campagne électorale, comporte des
exigences.
D'un autre côté, je ne vois pas comment et cela
continue, dans un certain sens, de me dépasser on a pu
négocier, dans le cas d'un certain nombre de groupes, sans se rendre
compte qu'on allait inévitablement vers un problème
sérieux avec la Régie des mesures anti-inflationnistes. Il y
aura, à un moment donné, une sorte d'explication, qu'il faudra
essayer de trouver, de négociations pendant quelques semaines où
on se rend compte que la pression est très forte et où on a
l'impression que tout se passe comme si le précédent gouvernement
avait oublié sa régie. Quant aux détails, quant aux
comparaisons de chiffres, j'aurai l'occasion de revenir là-dessus plus
tard.
M. Garneau: Mme le Président...
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Jean-Talon.
M. Garneau: ... quant au débat sur la Loi sur les mesures
anti-inflationnistes, je n'ai pas d'objection, personnellement, à ce
qu'il ait lieu maintenant. Je crois que l'ancien ministre des Affaires sociales
est disposé à le faire, surtout dans le contexte. Une des raisons
pour lesquelles je voulais me lever, c'était pour dire ce que le
ministre des Finances vient de dire concernant les infirmières. En ce
qui me concerne, j'approuve et j'appuie l'attitude du député de
Saint-Laurent, surtout en plaçant cela dans le contexte de ce que vient
de dire le ministre des Finances concernant les infirmières.
Si on fait une exception pour les infirmières comme nous avions
dit que nous le faisions, et qu'on admet que la Régie des mesures
antiinflationnistes va analyser l'ensemble du secteur des affaires sociales
pris globalement, je suis de l'opinion de l'ancien ministre des Affaires
sociales, le député de Saint-Laurent, à l'effet que les
conclusions, à mon sens, seront que les augmentations de salaires sont
à l'intérieur des normes anti-inflationnistes en faisant
l'exception des infirmières. Je pense qu'on pourra avoir ce débat
dans une autre circonstance et il sera beaucoup plus éclairé
lorsque nous aurons les décisions de la Régie des mesures
anti-inflationnistes.
Dans ce sens, je voudrais aussi ajouter, avant de passer à un
autre sujet, que la régie anti-inflation a eu à analyser des
conventions collectives entre des employeurs et des employés. Cette
régie a eu à analyser des conventions signées entre un
employeur, soit du secteur municipal et un groupe d'employés
représenté par son syndicat, soit dans le cas des policiers, par
exemple. La Régie des mesures anti-inflationnistes est intervenue. Il
s'agissait là de conventions collectives signées de bonne foi. Je
pense qu'il ne serait pas sain que le gouvernement, qui a édicté
des règlements, les interprète lui-même à sa
façon. C'est pourquoi il y avait une régie qui était
dotée d'un grand caractère d'autonomie. Nous verrons ce qui va en
sortir. J'ai hâte de voir la proposition ou l'analyse faite par la
Régie des mesures anti-inflationnistes. J'espère qu'elle sera de
la même nature que l'opinion donnée en ce qui regarde les
fonctionnaires où, dans le cas des fonctionnaires de l'Etat, la
régie a statué que la convention collective signée
était
conforme, dans son ensemble, aux mesures antiinflationnistes.
Je voudrais revenir à la question posée par le
député de Lotbinière, qui est fort intéressante. Je
suis un peu surpris. Evidemment, je pense que c'est de bonne guerre. Le
ministre des Finances fait un peu de politique en jouant sur la marge de $3
millions ou $4 millions, alors que le gros paquet à côté,
il n'en dit guère mot.
Je pense que, quand il aura fait l'addition et surtout après le
geste extrêmement prudent qu'a posé l'ancien ministre des Affaires
municipales concernant les propositions de règlement pour les
égouts et les aqueducs, il verra que c'est très marginal dans
l'ensemble du budget de la province: $10 milliards, s'il y a $3 millions, $4
millions ou $5 millions, ce n'est pas cela qui va placer les finances de la
province dans une situation délicate.
La question du député de Lotbinière était
beaucoup plus précise et j'étais heureux qu'il la pose, puisque
cela dénote qu'il a entendu, lui aussi, les mêmes opinions que
moi. Cela me permet de poser au ministre des Finances la question suivante en
la précisant, la même question que le député de
Lotbinière, le chef de l'Union Nationale:
Transferts aux commissions scolaires
M. Garneau: Est-ce l'intention du ministre actuel des Finances
d'utiliser, en entier, les crédits votés par cette
Assemblée, souvent dans sa forme actuelle, dans sa forme
antérieure, mais quand même des crédits votés par
l'Assemblée nationale en ce qui concerne les transferts aux commissions
scolaires. Est-ce qu'il a l'intention de payer en entier et d'utiliser 100% des
crédits autorisés par l'Assemblée nationale et les verser
aux commissions scolaires ou si, dans ces crédits autorisés, il
n'y a pas une marge qu'il a utilisée pour augmenter à $350
millions ces crédits périmés? Je voudrais en être
bien certain.
M. Parizeau: Oui c'est mon intention d'utiliser les
crédits prévus dans le budget pour les versements aux commissions
scolaires. En somme, nous n'avons pas périmé, en utilisant cela
dans le sens transitif direct, nous n'avons pas périmé des
crédits à cet endroit.
Le Président (Mme Cuerrier): Le député de
Brome-Missisquoi.
M. Russell: Mme le Président, est-ce que le ministre des
Finances pourrait nous dire si tous les paiements qui sont dus aux commissions
scolaires ont été faits pour les années
précédentes et l'année courante à ce jour ou s'il y
en a qui traînent encore depuis deux ou trois ans?
M. Parizeau: Je ne pourrais pas dire encore quel est
l'échéancier des retards. D'après ce que je peux voir, il
y a à peu près $300 millions qui sont en retard. Mais de combien
d'années, ce n'est pas la même chose, et là je n'ai pas
l'échéancier des retards spécifiques.
M. Russell: Quel est le montant que le ministre des Finances
possède actuellement de la taxe de vente qui est perçue et qui
n'est pas remise aux municipalités? Il semble y avoir chaque
année un ballon. Le ministre a toujours de la difficulté à
trouver la façon d'en faire la distribution aux municipalités.
Est-ce que ce montant est assez considérable?
M. Parizeau: Je ne pourrais pas dire, je vais vérifier et
je reviendrai avec la réponse.
M. Biron: Le ministre des Finances a parlé de $300
millions en retard aux commissions scolaires. Est-ce qu'on pourrait avoir
devant cette Chambre, dans un avenir rapproché, la liste de ces
commissions scolaires et les dates d'échéance, si c'est dû
depuis un an ou deux ans? $300 millions, c'est une somme
considérable.
M. Parizeau: C'est compte tenu des retards dans l'adoption des
budgets et qui ne sont pas nécessairement la faute du gouvernement.
D'ailleurs, à cet égard, ils peuvent être dus à des
tas de causes, compte tenu, d'autre part, des transferts qui sont
considérables. Non, ce n'est peut-être pas compte tenu de certains
retards qu'on a déjà vus dans le passé, ce n'est
peut-être pas extraordinaire. C'est vrai que cela devrait être
réduit au minimum. Le problème, évidemment, à
l'heure actuelle, c'est de savoir où est le minimum, compte tenu des
délais normaux dont on parlait tout à l'heure.
Est-ce que je pourrais demander quelques jours avant de répondre
à cette question? Est-ce que vous pourriez la faire par écrit, de
façon que je puisse y répondre par écrit? Je doute qu'on
puisse vraiment y répondre de façon spécifique avant la
fin de la présente session. Cela demande quand même, comment dire,
des recherches en dehors du ministère où je suis, et je voudrais
simplement être certain de ne pas la promette, mettons, d'ici deux jours,
et de ne pas pouvoir tenir ma promesse. Alors vous ferez la question par
écrit, j'y répondrai.
M. Russell: Si je comprends bien, Mme le Président, le
ministre veut avoir une communication directe par écrit, non pas
nécessairement par une question en Chambre, soit qu'on transmette une
demande par écrit directement au ministre, sans passer par une
demande...
M. Parizeau: Que ce soit une demande écrite, inscrite.
M. Russell: ...pas même à la Chambre. Au
feuilleton.
Le Président (Mme Cuerrier): Le député de
Jean-Talon.
M. Garneau: Mme le Président, je suis bien heureux que le
ministre des Finances ait indiqué qu'il a l'intention d'utiliser
l'ensemble des crédits
qui ont été autorisés par cette Assemblée
pour le paiement des sommes dues aux commissions scolaires. Comme c'est un
dossier auquel j'ai apporté beaucoup d'attention dans les mois qui ont
précédé l'élection, je dois dire au ministre des
Finances que si les fonctionnaires qui, je crois, sont les mêmes que ceux
qui me fournissaient les statistiques, les mêmes qui sont restés
en fonction, à moins qu'il y ait eu des changements récents dont
j'ignore la teneur, les statistiques que j'avais au moment où j'occupais
vos fonctions étaient à l'effet que si les crédits
autorisés par l'Assemblée nationale pour l'exercice financier
1976/77 étaient complètement versés aux commissions
scolaires, les sommes dues aux commissions scolaires le 30 juin 1975
c'est-à-dire la dernière année financière des
commissions scolaires pour lesquelles nous ayons un compte rendu
détaillé des opérations, puisque je ne crois pas que les
bilans des commissions scolaires soient encore tous entrés au
ministère de l'Education et tous analysés et si les
statistiques qu'on m'avait fournies dans le temps étaient justes,
je crois qu'elles l'étaient il y avait des crédits pour
payer l'ensemble des sommes dues aux commissions scolaires jusqu'au 30 juin
1975 et que les mêmes sommes étaient maintenues dans le budget
pour les années à venir puisque nous avions réinscrit $145
millions dans le budget de base.
Si ce budget de base était maintenu pour les autres
années, nous escomptions en fait prendre trois ans pour laver
complètement et ramener sur la véritable base 70/30 les
arrérages aux commissions scolaires qui s'étaient
accumulés au cours des années. C'est l'indication que je voulais
donner à cette Chambre, étant donné que j'avais les
statistiques qui m'avaient été fournies par les fonctionnaires et
de l'Education et du Conseil du trésor. A moins qu'il y ait eu des
raffinements dont j'ignore la teneur, le budget, s'il est utilisé en
entier cette année, devrait régler l'ensemble des sommes dues aux
commissions scolaires au 30 juin 1975.
M. Parizeau: Mme le Président, sur le plan des
statistiques, bien sûr, je ne disconviens en rien de ce que vient de dire
le député de Jean-Talon mais, si je comprends bien le
député de Lotbinière, ce qu'il voulait, ce
n'étaient pas seulement des statistiques globales, c'était le
détail. Si c'est le détail qu'il veut, évidemment, c'est
une autre opération. Donner une réponse avec des chiffres
statistiques globaux, je peux le faire demain matin. Donner le détail,
c'est une autre paire de manches. C'est tout ce que je voulais dire.
Le Président (Mme Guerrier): Cette Assemblée
est-elle disposée à passer à l'étude des
crédits des différents ministères? Affaires culturelles,
programme 1. Adopté?
Affaires culturelles
M. Garneau: II n'y a pas de question sur l'ensemble des
programmes du ministère des Affaires culturelles; s'il n'y en a pas
d'autres, on est prêt à considérer comme adoptés les
crédits additionnels de ce ministère.
Le Président (Mme Cuerrier): Elément 2,
adopté.
M. Biron: Mme le Président...
Le Président (Mme Cuerrier): Oui.
M. Biron: ... j'aurais juste une question sur les crédits
des Affaires culturelles. Je vois qu'on a un crédit pour les fêtes
de la saint Jean et je retrouve un peu plus loin, à la page du Conseil
exécutif, un autre crédit pour les fêtes de la saint Jean.
Tous ces crédits additionnés sont-ils véritablement pour
l'année 1976 ou si on a payé d'avance des montants pour 1977?
M. Parizeau: Pour 1976 seulement.
Le Président (Mme Cuerrier): Elément 3,
adopté. Affaires culturelles, programme 3, élément 1,
adopté, élément 2, adopté. Programme 4,
élément 2, adopté. Programme 5, élément 1,
adopté, élément 2, adopté.
Affaires municipales. Elément 1. Adopté.
Affaires municipales M. Garneau: Adopté.
Le Président (Mme Cuerrier): Elément 2.
Adopté. Elément 11.
M. Garneau: Adopté.
Le Président (Mme Cuerrier): Adopté.
M. Brochu: A l'élément 11, j'aimerais demander au
ministre s'il entre dans ce secteur les engagements qui avaient
été pris par l'ancien gouvernement pour les travaux
déjà en cours. Diverses municipalités, par exemple, suite
aux engagements qui avaient été pris par le gouvernement, ont
commencé certains travaux et se retrouvent dans la situation où
elles doivent reprendre les démarches pour ainsi dire à
zéro. Je compte entre autres la municipalité d'Asbestos à
ce chapitre; il y avait environ pour $3 millions, je pense, d'engagements pris
par le gouvernement pour des travaux d'égout et d'aqueduc qui sont en
train d'être complétés actuellement. A ce stade-ci, le
ministre peut-il nous indiquer s'il y aura un ordre de priorités dans
les études de ces demandes qui étaient en cours et si on donnera
une attention spéciale à celles qui sont déjà en
marche, parmi ces municipalités qui ont des projets?
Le ministre serait-il en mesure, maintenant, de faire le point sur cette
situation, s'il a eu le temps d'étudier le dossier et nous dire s'il y a
des priorités qui seront accordées éventuellement?
M. Parizeau: Pour le moment, tout ce que je
peux dire là-dessus, c'est que le million qui se trouve là
semble, au ministère des Affaires municipales, suffisant pour aller au
plus pressé. C'est très peu, compte tenu du genre de
problèmes que vous venez de soulever.
Je ne pense pas qu'on puisse vraiment démêler la question
qui vient d'être soulevée avant le prochain budget. En ce sens
qu'il y a, effectivement, des travaux qui ont été mis en cours
par certaines municipalités, souvent avec imprudence d'ailleurs,
c'est-à-dire sur des promesses verbales ou des promesses écrites,
mais qui n'avaient rien d'officiel. Bien sûr, les subventions ne sont pas
venues. A l'heure actuelle, il semble y avoir passablement de
municipalités qui éprouvent des difficultés
considérables d'avoir à transformer en obligations à long
terme certains crédits bancaires avec lesquels elles ont financé
des projets.
Je doute, personnellement, que tout cela puisse être
démêlé avant le prochain budget. Il est évident
qu'il faut y mettre une priorité considérable. Il est
évident aussi qu'il faut essayer d'y mettre plus d'argent qu'on a pu en
mettre jusqu'à maintenant.
Je ne vois vraiment pas, au point où nous en sommes à
l'heure actuelle, que je puisse présenter quelque chose de plus
précis.
M. Biron: Mme le Président, le ministre des Finances
pourrait-il nous donner des directives dans des cas particuliers? J'ai une
lettre ici de l'ancien ministre des Affaires municipales écrite à
l'ancien député de Saint-Hyacinthe autorisant, je crois, pour une
paroisse du comté de Saint-Hyacinthe, une subvention de $144 000.
L'ancien député de Saint-Hyacinthe a écrit au maire
de cette paroisse, disant: Cette lettre d'intention vous autorise à
procéder aux travaux à votre discrétion. Les travaux sont
maintenant en marche et, le 23 novembre, on reçoit une autre lettre pour
annuler tout cela.
Alors, quelles sont les directives que vous prévoyez donner
c'est arrivé à plusieurs reprises; je pense que l'ancien
ministre des Affaires municipales l'a dit au moins à 75 reprises
à ces municipalités qui sont déjà engagées,
celle-là en particulier, pour une somme de $144 000.
M. Parizeau: Elle est datée de quand cette lettre? La
première lettre?
M. Biron: Du 28 octobre et la lettre du député du 2
novembre.
M. Parizeau: Alors, cela fait partie du stock de lettres dont
nous découvrons des exemplaires. Je pense, personnellement, que
l'estimation de 1975 est conservatrice. Il y en a beaucoup en circulation. Je
pense que le ministre des Affaires municipales a passé passablement de
temps sur cette question et c'est lui qui aura à émettre des
directives, à savoir quoi en faire.
M. Biron: Pour le moment, vous n'avez aucune directive à
donner à ces municipalités?
M. Parizeau: Ce n'est pas moi qui dois les donner. Le ministre
des Affaires municipales aura à le faire. Je sais que normalement il
sera amené à le faire assez rapidement. Cela relève de
lui. Je ne peux donner, en tant que ministre des Finances, des directives aux
municipalités.
M. Biron: Méfiez-vous des lettres d'anciens ministres
libéraux.
M. Parizeau: Timeo Danaos...
M. Mailloux: Mme le Président, si on me le permet.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Charlevoix.
M. Mailloux: Si nous prenions la peine de lire attentivement la
lettre qui a été envoyée à ces
municipalités, on verrait la précaution qu'a prise l'ex-ministre
des Affaires municipales quand il dit que cette lettre devra par la suite faire
l'objet de l'acceptation du Conseil du trésor avant que les travaux ne
soient engagés. Il y a une précaution bien indiquée qui
est incluse dans les lettres qui étaient envoyées.
M. Grenier: C'est peut-être bon que je dépose un
document qui est très clair ici, il me semble, et qui pourrait
aller...
M. Russell: Vous pouvez le lire.
Le Président (Mme Cuerrier): Le député de
Compton.
M. Grenier: C'est une lettre qui est signée par M.
Goldbloom, en date du 5 novembre, et qui est envoyée à M. Orner
Dionne, député de Compton. "Faisant suite à votre
représentation que vous m'avez faite en faveur de la municipalité
de Saint-Isidore-d'Oakland, Mégantic-Compton, relativement à la
possibilité d'une aide financière afin de permettre la
réalisation des travaux d'extension du réseau d'aqueduc et
d'égout sanitaire avec protection contre les incendies dans quelques
rues de la municipalité, projetés par cette dernière et
décrétés au règlement no 120.
J'ai le plaisir de vous informer que le ministère des Affaires
municipales mettra à la disposition de cette municipalité une
subvention de $21 454. Cette subvention sera payée en un seul versement
en un seul, non pas répartie sur dix ans comme on le disait
l'autre jour et ce dernier sera effectué à même les
crédits mis à la disposition de mon ministère pour le
présent exercice fiscal. Je vous laisse le soin d'en informer la
municipalité en conséquence. Je vous prie d'accepter, mon cher
collègue, l'assurance de mes sentiments les meilleurs, "Victor
Goldbloom."
C'était le 5 novembre. Je pense qu'on était en
période électorale.
M. Mailloux: Mme le Président, il est vrai...
Le Président (Mme Cuerrier): M. le ministre.
M. Duhaime: Mme le Président, pourrait-on demander le
dépôt de cette correspondance?
Le Président (Mme Cuerrier): On est en commission
plénière, M. le ministre.
M. Charron: Pour l'information de la Chambre, le
député accepterait-il de déposer copie de cette
lettre?
M. Garneau: Avant que le député ne dépose
cette lettre, pourrait-il dire s'il existe une deuxième lettre annulant
cette subvention et en faire lecture à la Chambre?
M. Grenier: Le 23 a été une grosse journée
pour l'ancien ministre. Il a écrit plusieurs lettres.
M. Charron: Mme le Président, me permettez-vous de
signaler au député de Jean-Talon que, dans le ministère
que je dirige maintenant, il y a 169 lettres de ce genre qui ont toutes
été annulées j'en conviendrai très bien
le 17 novembre par une lettre du ministre défait, mais qui a
quand même occasionné, à plusieurs endroits, un
début de travaux avec lesquels j'ai à me déprendre
maintenant puisqu'il n'y avait, à ce moment, aucune disponibilité
financière pour faire ce genre d'engagement. C'est exactement pourquoi,
un peu plus loin dans le budget supplémentaire, on trouvera, avec la
collaboration du ministre des Finances, un montant de $1 million à mon
ministère pour faire face non pas à des programmes nouveaux que
le gouvernement a à faire, mais pour corriger les erreurs et les
maladresses du gouvernement sortant et aussi les fausses promesses faites en
pleine campagne électorale.
Le Président (M. Cuerrier): M. le député de
Jean-Talon.
M. Garneau: Je dois vous dire que les propos de...
M. Alfred: Mme le Président, j'aurai également
à déposer en Chambre une lettre de ce genre qui va
démontrer qu'une lettre a été envoyée, le 8
novembre 1976, à M. Marc Assad, député de Papineau, alors
que celui-ci a été limogé par l'administration
libérale, avant le 15 octobre.
Le Président (M. Cuerrier): M. le député de
Jean-Talon.
M. Garneau: Mme le Président, je ne sais pas au juste si
les députés de cette Chambre veulent se payer une pinte de bon
sang. Si c'est cela, je suis bien prêt à collaborer, vous savez,
je ne suis pas tellement nerveux. La seule chose que je voudrais dire aux gens
de l'Union Nationale qui soulèvent ces points est que j'espère
que le nouveau gouvernement fera comme celui de 1970 et qu'il respectera les
lettres qui avaient été envoyées par votre
prédécesseur, M. le député de Lotbinière,
lettres qui n'avaient pas été suivies par un geste de
responsabilité comme celui qu'a posé l'ancien ministre des
Affaires municipales et celui qui était responsable du
haut-commissariat.
Je dois dire à cette Chambre que, dans les deux cas je
pense qu'on peut vérifier auprès de l'administration
j'avais indiqué au ministre des Affaires municipales du temps, comme
ministre des Finances et c'est la raison pour laquelle j'interviens
à ce moment parce que cela donne suite aux propos que vient de tenir
l'actuel ministre des Finances et au ministre responsable du
haut-commissariat, qui m'avait demandé par écrit, depuis un
certain temps, des ajustements au niveau du budget des Affaires municipales et
du haut-commissariat mon intention de proposer à cette Chambre des
crédits additionnels.
Ces crédits additionnels étaient pour faire face à
ces obligations et répondre à certains travaux urgents dans des
municipalités, que ce soit au niveau des sports et des loisirs ou au
niveau d'aqueducs et d'égouts. On peut soumettre qu'il s'agissait
là de promesses faites à l'aveuglette, mais je dois vous dire
que, dans les deux cas, il y avait ces crédits. C'est la raison pour
laquelle c'est moi-même qui ai demandé aux deux ministres en
question, pour laisser à l'actuel gouvernement l'entière
décision et le champ de manoeuvre dont il a besoin pour agir ce
sont ses décisions, de telle sorte que, si vous décidez de les
réintroduire dans le budget 1976/77, cela fera partie de vos
réalisations, messieurs des banquettes ministérielles j'ai
demandé, dis-je, à ces deux ministres, compte tenu de la
situation que moi-même j'avais connue en 1970 et pour éviter que
des gens ne prennent des décisions trop hâtives, de bien indiquer
dans quel contexte cela avait été fait.
Le ministre des Affaires municipales m'a assuré que, dans les cas
où il s'agissait de crédits qui devaient être pris sur les
budgets supplémentaires, il avait indiqué que ces crédits
devaient recevoir l'autorisation du Conseil du trésor. Il semble bien
que, selon certaines lettres, cela n'ait pas été fait. Mais, de
toute façon, je veux indiquer au ministre des Finances actuel qu'il ne
réglerait pas un problème des libéraux, parce que, dans le
fond, nous répondions à des demandes qui étaient beaucoup
plus considérables de la part des citoyens des différentes
municipalités. Je vois que les députés qui ont
été élus dans ces municipalités font les
mêmes pressions que leurs prédécesseurs pour tenter de
trouver des solutions à des problèmes municipaux, qu'ils soient
des loisirs ou des services publics.
Je suggère au ministre des Finances il n'aura certainement
pas d'objections de ma part qu'il ajoute à son budget
supplémentaire ces sommes qui ne sont pas énormes lorsqu'on les
additionne. Je pense que ce serait assez facile de le vérifier. Cela ne
dépasserait pas les $5 millions ou $6 millions et cela réglerait
non pas des problèmes de l'ancien ministre en effet, il est rendu
député comme moi et il y a un autre ancien ministre qui n'est
plus membre de cette Chambre;
je pense bien que cela ne l'empêchera pas de dormir demain matin
mais cela réglerait les problèmes de l'ensemble des
municipalités qui sont affectées. Je dois vous dire que nous
avions pris cette décision, en 1970, de respecter, entre autres, les
engagements de l'ancien chef de l'Union Nationale, l'ancien
député de Bellechasse, M. Loubier. Nous avions également
respecté plusieurs des engagements, lorsque c'était possible de
le faire, concernant les hôpitaux. Je crois, surtout lorsqu'il s'agit de
centaines et de centaines de citoyens, que ce serait un geste qui serait
certainement très apprécié de la part du gouvernement par
les électeurs et les contribuables municipaux, que ce soit pour fins de
services municipaux ou de services de loisirs. Ce serait certainement
très apprécié que ces sommes soient
réintroduites.
Comme je constate la réaction des membres de cette Chambre, je
crois qu'il aurait été sans doute préférable que
nous ne posions pas ce geste et que nous laissions le nouveau gouvernement dans
l'obligation de respecter des lettres qui ont été envoyées
par un ancien ministre. Parce que nous avons voulu laisser à ce
gouvernement l'entière marge de manoeuvre et l'entière
liberté de décision de réintroduire ces sommes, je crois
qu'il devrait au moins en profiter pour ne pas pénaliser les
contribuables qui, de bonne foi, je crois, d'aussi bonne foi que le ministre
pouvait l'être... En effet, lorsqu'on regarde le nouveau ministre des
Affaires municipales... Je ne sais pas s'il est ici, dans cette Chambre. Non,
il n'est pas là.
M. Grenier: Les visages ne sont pas les mêmes.
M. Garneau: Si le nouveau ministre des Affaires municipales
était ici, il pourrait certainement témoigner que dans toutes les
régions du Québec il y a des travaux que les municipalités
veulent faire, des travaux d'aqueduc et d'égout pour lesquels des sommes
d'argent venant du gouvernement provincial sont nécessaires. Je suis
certain que cela serait un geste apprécié par les
électeurs de ces différents comtés qui ne sont pas
représentés ou ne sont plus représentés par des
députés libéraux. Cela réglerait le problème
d'une façon beaucoup plus positive que de vouloir reprocher à
l'ancien gouvernement d'avoir eu la délicatesse d'avertir les
contribuables et les autorités d'un geste qu'il avait posé et de
laisser au gouvernement le soin de prendre la décision finale.
Le Président (Mme Cuerrier): Le député de
Charlevoix.
M. Mailloux: J'ai été tantôt assez surpris de
voir applaudir les membres de l'Union Nationale qui sont à ma gauche.
J'étais moi-même au ministère des Transports à
l'arrivée du Parti libéral en 1970, et j'ai souvenance
qu'après avoir fait la cueillette de toutes les lettres d'intention
envoyées par vos collègues du temps, que ce soit M. Paul Allard,
M. Lafontaine ou d'autres, le ministère des Transports a dû
honorer jusqu'à $4,1 millions de lettres d'intention. J'affirme en cette
Chambre que jusqu'au dernier cent, même les lettres envoyées par
des députés élus ont été honorées par
mon prédécesseur, M. Bernard Pinard.
Tantôt, Mme le Président, à l'adresse du ministre
des Finances, je faisais référence à deux lettres qui ont
été envoyées dans mon comté, soit à la ville
de La Malbaievous pouvez prendre noteet à la
municipalité de Saint-Fidèle-de-Mont-Murray, à deux
subventions qui avaient été sollicitées depuis de nombreux
mois, pour lesquelles les municipalités avaient demandé des
soumissions publiques déjà à deux reprises et sur
lesquelles le ministère des Affaires municipales ne s'était pas
prononcé. Dans les deux lettres auxquelles je fais
référence, il était indiqué d'une manière
formelle qu'aucuns travaux ne pourraient commencer tant et aussi longtemps que
le Conseil du trésor ne se serait pas prononcé sur le
bien-fondé de la suggestion qui était faite par le ministre des
Affaires municipales.
Tantôt, on faisait référence aux subventions
payées en un seul versement. Je pense qu'à côté de
vous il y a un membre du Conseil du trésor. Il est vrai que dans la
dernière année, le Conseil du trésor avait
sollicité que les subventions d'un montant minime, $10 000, $15 000 ou
$20 000, qui étaient accordées à une municipalité
en particulier, plutôt que d'être réparties sur une
période de dix années, soient payées en un seul versement
je pense que c'était une pratique assez logique et que les
subventions importantes de $500 000, $600 000, $1 million ou $2 millions,
soient, elles, plutôt réparties sur dix ans.
De toute façon, il a peut-être été hasardeux
de la part d'un de mes collègues d'envoyer des lettres d'intention
à cette période. On remarquera que j'ai été plus
prudent au ministère des Transports où, en dehors des montants
qui m'étaient consentis par le Conseil du trésor,
autorisés par le Conseil du trésor ou par le Conseil des
ministres, j'ai refusé systématiquement d'envoyer toute lettre
d'intention durant cette période.
Je pense que quand on connaîtra les besoins importants de toutes
les régions du Québec en réseaux d'aqueduc et
d'égout, on comprendra peut-être davantage le problème
auquel faisait face mon collègue le député de D'Arcy
McGee.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Lotbinière.
M. Biron: J'ai écouté avec énormément
d'attention les propos tenus par l'ancien ministre des Finances et le
député de Charlevoix concernant ce qui est arrivé à
l'Union Nationale en 1970, et ils ont payé chèrement en 1973.
C'est peut-être ce qui va arriver, à la prochaine élection,
avec nos amis les libéraux.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: On parle d'une somme totale de $5 millions à $6
millions. M. Goldbloom est venu
dans mon comté, par hasard, le 8 novembre. Il ne voulait pas que
la lettre se perde. Il est venu la porter lui-même. $5 800 000 à
la seule municipalité de Saint-Damien. C'est vrai que c'est sur dix ans,
mais ce sont des engagements, $5 800 000. Lorsque le député de
Jean-Talon parle d'une somme totale de $5 millions à $6 millions, j'ai
tout eu dans mon comté!
M. Russell: Je ne veux pas...
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Russell: ... soulever de débat, je veux essayer de
contribuer à l'éclaircissement de cette situation de fait qui
existe actuellement. Quelques-uns ont déposé des lettres ici,
d'autres ont des représentations à faire verbalement, d'autres
encore ont reçu un paquet de lettres chacun dans son comté. Moi,
comme tous les autres, j'en ai reçu, j'en ai vu et j'en ai
examiné de plusieurs municipalités. Dans le contexte actuel, la
chose est assez importante pour qu'on puisse suspendre l'article et attendre
que le ministre des Affaires municipales soit ici pour connaître
exactement la politique qu'il a l'intention de suivre et afin qu'on puisse
intervenir auprès de ces municipalités pour aider à
clarifier cette situation.
Certaines municipalités ont été obligées de
commencer les travaux à la suite d'ordonnances émises par le
ministère des Affaires municipales ou la division de l'environnement et
ces travaux ne pouvaient pas être financés totalement par la
municipalité parce qu'elle n'avait pas le moyen de le faire. A la suite
du commencement de ces travaux et après l'augmentation des coûts,
le ministre des Affaires municipales est intervenu avec des engagements comme
quelques-uns ont été mentionnés tout à l'heure. Ce
qui m'a surpris, c'est qu'après les élections et le changement de
gouvernement, et même avant le changement de gouvernement, une
municipalité a reçu une lettre comme quoi la lettre d'engagement
qui avait été envoyée précédemment ne tenait
plus. C'est ce qui m'a surpris. On peut se référer aux
élections passées, j'en ai vu quelques-unes, j'ai vécu
quelques changements de gouvernement.
Je peux dire, à l'exception près de la courtoisie
habituelle, c'est qu'en 1960 cela n'a peut-être pas été
suivi à la lettre. En 1960, on a plusieurs engagements qui ont
été chambardés; il y avait un petit peu d'agitement, de
radicalisme à ce moment-là. En 1966, les engagements, sauf
quelques-uns, ont été suivis à la lettre. En 1970, je peux
dire que, sauf quelques-uns, le gouvernement précédent, qui vient
d'être défait, a respecté les engagements du gouvernement
du temps, excepté peut-être quelques hôpitaux, quelques
bâtisses administratives, quelques projets d'arénas qu'ils ont
refusé de respecter, mais les municipalités n'étaient pas
prises financièrement. Il s'agissait de cas où le gouvernement a
consenti volontairement à payer des dépenses, à respecter
des engagements qui avaient été pris ou à arrêter
les travaux.
Mais, dans le cas actuel, c'est important parce qu'il y a des
municipalités qui sont prises financièrement et on n'a pas le
droit, par un peu, je pourrais qualifier cela de mauvaise interprétation
d'engagements, de laisser des municipalités prises dans des situations
semblables.
Je pense qu'on devrait suspendre cet article, arrêter
peut-être de travailler sur les émotions politiques qu'on peut
avoir et laisser une chance au ministre des Affaires municipales. Je pense
qu'il est bien intentionné; il pourra peut-être consulter
l'ex-ministre des Affaires municipales et, ensemble, avec le ministre des
Finances, essayer de trouver une solution rationnelle à ces situations
qui, de fait, existent actuellement. J'ai deux ou trois municipalités
dans le comté que je représente, et je pense qu'en toute
objectivité on devrait régler leur problème. Il y en a
d'autres qui ont eu une lettre d'intention, mais, comme il n'y a pas
d'engagement pris, à ce moment-là c'est facile, peut-être
de dire: On va remettre cela d'un an ou deux. Mais, il faut aider celles qui
sont prises avec des contrats et qui n'ont pas le moyen de payer, qui sont
obligées de fonctionner sur des emprunts temporaires ou des taxes
additionnelles, là où des contribuables n'ont pas le moyen de
supporter le fardeau imposé par des erreurs administratives. Moi, je
n'ai pas d'objection à ce qu'un gouvernement en place, un
Exécutif en place prenne des engagements dans le temps des
élections parce qu'ils sont encore en fonction, mais j'ai objection, par
exemple, à ce qu'après qu'on a pris des engagements envers une
municipalité on tente de se désengager par une lettre; là,
je m'oppose un peu.
On a chacun nos manières de travailler, mais le fait demeure que
ces municipalités sont déjà engagées et je pense
qu'on devrait tâcher de trouver une solution plutôt que d'essayer
de faire de la politique sur le dos des municipalités.
M. Charron: Mme le Président...
Le Président (Mme Cuerrier): Juste une petite seconde.
Est-ce que tous les crédits des Affaires municipales sont
adoptés?
M. Charron: Non, Mme le Président. Sur cette motion
j'estime que le ministre des Finances aimerait bien répondre au
député. Je ne puis garantir ce soir la présence du
ministre des Affaires municipales pour lui faire plaisir, mais je sais que le
ministre des Affaires municipales a l'intention d'émettre une
déclaration ministérielle avant la fin de la session sur cette
question.
De toute façon, le ministre des Finances aura le loisir de
répondre aux interrogations du député ce soir, puisque
nous devrions continuer ce soir l'étude du budget supplémentaire.
Mais la séance de ce soir débutera d'abord par l'adoption, si
l'Opposition y consent rapidement, de deux projets de loi qui sont inscrits au
feuilleton en deuxième lecture, soit celui au nom du ministre de la
Fonction publique la loi 80 et la loi 81 au nom du ministre des
Affaires sociales. Par la suite, Mme le Président, nous devrions revenir
sur le sujet qui vient d'être laissé en plan, et avec droit de
parole
au ministre des Finances pour la poursuite de l'étude du budget
supplémentaire.
Je vous demanderais donc, Mme le Président, de faire rapport,
puisque nous ne pourrons poursuivre immédiatement l'étude du
budget supplémentaire à la reprise.
Mme Cuerrier (président de la commission
plénière): M. le Président, je vous fais rapport que
la commission n'a pas fini de délibérer et demande la permission
de siéger à nouveau.
Le Président: Quand siégera-t-elle?
M. Charron: Le plus rapidement possible, M. le
Président.
Le Président: Même séance. Adopté.
M. Charron: Je propose la suspension jusqu'à vingt heures
quinze.
(Suspension de la séance à 18 h 3)
Reprise de la séance à 20 h 21
Mme Cuerrier (vice-président): A l'ordre, mesdames,
messieurs!
M. Burns: Je propose à nouveau que nous revenions à
la commission plénière et que, par conséquent, vous
quittiez votre siège immédiatement.
Le Vice-Président: Cette motion est-elle
adoptée?
M. Garneau: Adopté.
Le Président (Mme Cuerrier): Affaires municipales,
programme 1, élément 1, adopté? M. le ministre des
Finances.
M. Parizeau: Lorsque nous avons suspendu cet après-midi,
Mme le Président, il était entendu que j'aurais quelques secondes
pour faire une dernière intervention sur ce poste des subventions aux
municipalités.
Tout ce que je voudrais dire ici, Mme le Président,
essentiellement, c'est ceci: Nul dans cette Chambre n'est plus alerté
que moi aux besoins des municipalités, singulièrement sur le plan
des travaux publics tels que les aqueducs et les égouts.
J'ai eu l'occasion d'en parler à plusieurs reprises en dehors de
cette Chambre. Il me paraît tout à fait évident que dans la
préparation du prochain budget qui sera, en fait, le premier budget du
nouveau gouvernement, des sommes importantes, beaucoup plus importantes que
celles qu'il y avait cette année, devront être trouvées
pour ce type de travaux. A cet égard, on n'a pas besoin de me
convaincre. Je pense que l'on prêche un convaincu.
Ceci étant dit, j'aurais seulement une observation à
faire, quant aux suggestions que me faisait le député de
Jean-Talon, pour, comment dire, rendre heureux tant de conseils municipaux au
Québec qui attendent des subventions.
Je suis tout à fait disposé à les rendre heureux,
mais je suis étonné, cependant, que l'on cherche à nous
rappeler tout à coup l'importance de l'énorme
arriéré qui existe au Québec sur le plan des travaux
municipaux, de l'arriéré scandaleux qui existe sur le plan de la
dépollution et du contrôle de la pollution, que, tout à
coup l'illumination soit venue au gouvernement précédent
essentiellement après le 15 octobre.
Il faudra qu'on m'explique, à un moment donné, pourquoi
tout à coup les langues de feu sont descendues pendant trois
semaines.
Je m'excuse d'entrer ici dans quelque chose qui me paraît un peu
émotionnel, cela n'est pas dans mes habitudes, mais je dois
reconnaître qu'après que ce budget, tel qu'établi pour les
affaires municipales pour l'année 1976/77, et compte tenu des
contraintes qui me paraissent tout à fait évidentes qu'il y avait
dans le budget du
précédent gouvernement, qu'on ait limité à
aussi peu d'argent des subventions pour des centaines de municipalités
qui en ont besoin, que tout à coup on voie la lumière pendant
trois semaines me paraît un phénomène surprenant.
J'espère être en mesure, à l'occasion du prochain budget,
de faire en sorte que l'on évite dorénavant que dans une
municipalité du Québec il y ait 132 cas de fièvre
typhoïde, que l'on évite que dans d'autres municipalités du
Québec il y ait 2000 cas de gastroentérite. Le Québec
n'est plus, à notre époque, vraiment capable d'accepter des
choses pareilles et de les considérer comme normales. Dans ce sens, il
va de soi que dans la préparation du prochain budget on va mettre un
accent considérable sur ce type de travaux. Déjà, il est
notoire que le Québec a pris un retard dramatique par rapport à
d'autres provinces canadiennes ou à d'autres Etats américains sur
ce plan, et j'ai bien l'intention de le corriger.
Ceci étant dit, et avec la permission de la présidence, je
voudrais simplement répondre à une question qui m'a
été posée par le député de Brome-Missisquoi
au sujet du ballon des paiements gouvernementaux, des transferts
gouvernementaux au titre de la taxe de vente. De la façon dont le
régime fonctionne à l'heure actuelle, les paiements aux
municipalités, quant à la taxe de vente, sont faits sur une base
bi-mensuelle, mais à partir des données de l'année
précédente. Ceci veut donc dire que, dans la mesure où les
affaires se développent dans une municipalité, les paiements du
gouvernement sont toujours un peu en retard par rapport à la
réalité. Une fois l'année terminée, les paiements
de rattrapage sont faits entre la fin de l'année et juin.
Normalement, le ballon dont le député parlait est quelque
part entre 5% et 15% du montant dû, rarement plus. Il arrive, cependant,
que certaines municipalités, tenant compte des développements
exceptionnels des affaires et des ventes sur leurs territoires, demandent des
sortes d'avances, si bien que le ballon peut être inférieur
à cela. Ce qu'on me dit, c'est que le ballon dont il parlait
dépasse rarement 15% et se situe habituellement entre 5% et 15% des
sommes dues dans le courant de l'année.
Le Président (Mme Cuerrier): Le député de
Brome-Missisquoi.
M. Russell: Quel montant global, en millions de dollars?
M. Parizeau: Si c'était 15%, nous allons prendre des
montants précis de transferts au titre de la taxe de vente, ce serait
autour de $50 millions. Les 15%, d'après ce qu'on m'assure, sont
vraiment la limite maximale. Si on prend 10%, cela ferait $32 millions.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Jean-Talon.
M. Garneau: Mme le Président, je prends acte des propos
que vient de tenir le ministre des Fi- nances concernant l'aide aux
municipalités. Evidemment, je suis surpris de voir jusqu'à quel
point le ministre des Finances peut verser rapidement dans la politique
partisane lorsqu'il ne prend pas le temps de lire des statistiques
financières concernant l'aide aux municipalités, en particulier
concernant l'épuration des eaux. Quand je regarde ce qui s'est fait au
cours des dernières années, je demanderais uniquement au ministre
des Finances de poursuivre au même rythme l'accroissement qui a
été consenti dans le budget des Affaires municipales concernant
l'épuration des eaux vannes. Je pense que s'il tient le même
rythme, nous aurons réussi à doter la presque totalité des
municipalités du Québec d'un réseau d'épuration des
eaux qui soit relativement conforme à certaines attentes de la
population.
Le budget de cette année comporte des transferts de $22 millions,
et probablement qu'avec le budget supplémentaire, même s'il n'y a
pas d'ajouts, il atteindra $24 millions ou $25 millions. Si je prends ce qui
était consacré à ce chapitre en 1972/73, ce n'était
même pas $1,5 million. C'est donc dire qu'il y a eu une
amélioration considérable. Je suis prêt à
reconnaître que ce n'est pas suffisant, mais je prends acte des propos
qu'il vient de tenir.
Je dois l'assurer que, s'il est capable et je le lui souhaite de
tout coeur de dégager des crédits additionnels en
provenance d'autres ministères, à moins qu'il ne veuille
augmenter le rythme de croissance des dépenses publiques d'une
façon draconienne, donc, s'il y a des suggestions valables à cet
effet, il trouvera de la part du député de Jean-Talon un appui
certain puisqu'il s'agit là d'une opération qui est absolument
essentielle dans les petits centres urbains, mais particulièrement dans
les grands centres urbains.
Comme on le sait, il y a la ville de Montréal, la région
métropolitaine de Québec, la ville de Hull, le bassin de la
rivière Yamaska et certains travaux dans des municipalités de
moindre dimension. Mais uniquement les trois ou quatre premières et la
région de Hull ont entrepris des travaux de plusieurs centaines de
millions de dollars. Cela dépasse peut-être sans doute les $2
milliards, avec l'augmentation des coûts. Il s'agit de réaliser et
de compléter ce réseau et, pour ce qui est de Montréal, de
le compléter par des usines d'épuration au point de chute des
égouts collecteurs.
J'appuie à 100% la proposition du ministre des Finances et
j'espère que le budget de l'an prochain traduira le même rythme de
croissance au niveau des dépenses en 1976, 1977 et 1978 que
l'année 1976/77 connaissait par rapport à l'année
précédente. Dans ce sens, nous atteindrons, je crois, des
objectifs qui sont désirés par l'ensemble des
Québécois et par tous les partis politiques en cette Chambre,
c'est-à-dire doter le Québec d'un réseau d'égouts
et d'usines d'épuration qui soient conformes aux exigences qu'ont
tracées les maires de municipalités et leur conseil municipal, au
nom de leurs citoyens.
Cela étant dit, M. le Président, on ne règle pas le
problème qui a été soulevé par des collègues
de l'Opposition en ce qui regarde certaines municipa-
lités qui étaient mal prises. En ce qui me concerne, je
ferais une suggestion au ministre des Finances. J'avais l'intention de lui
poser quelques questions sur l'augmentation du fonds de suppléance. Sans
augmenter le budget supplémentaire qui est inscrit au budget du
ministère des Affaires municipales au chapitre de l'aide aux
municipalités, j'inviterais le ministre des Finances et le ministre des
Affaires municipales, une fois qu'ils auront terminé l'étude cas
par cas des problèmes qui ont été soulevés par les
députés, à réfléchir à ceci. Je crois
que la marge de manoeuvre qui sera celle du ministre des Finances par rapport
au fonds de suppléance accru dont il propose l'adoption dans ce budget
supplémentaire pourrait constituer la source de crédits
autorisés par l'Assemblée nationale pour régler les
cas-problèmes où certaines municipalités pourraient
être en sérieuses difficultés financières s'il
n'était pas donné suite, par le gouvernement, aux engagements
pris par l'ancien gouvernement. Je le fais, tout simplement, à titre de
suggestion.
M. Parizeau: Mme le Président, je suis un peu
étonné de la sortie du député de Jean-Talon
à ce sujet. En dehors de cette Chambre et dans d'autres
capacités, y compris celle d'activités parascolaires comme
journaliste, j'ai toujours soutenu que de 1971 à 1974 le
député de Jean-Talon avait fort bien compris les problèmes
des municipalités, de budget en budget qu'il préparait. J'ai
toujours indiqué qu'à mon sens ce qu'il y avait de plus valable
dans ses politiques, c'était justement l'augmentation des subventions
aux municipalités.
Une chose est claire cependant depuis un an et demi ou deux ans, c'est
que les finances du Québec ne permettaient plus, sans vraiment une
modification radicale des priorités, de mettre suffisamment d'argent
là-dedans. Ceci étant dit, la question du fonds de
suppléance et son utilisation, tel que vient de le suggérer le
député de Jean-Talon, est-ce que je pourrais me permettre de la
commenter, puisque c'est une initiative à moi, que j'ai prise
c'est une des seules que j'ai pu prendre dans ces crédits
supplémentaires quand cela viendra au ministère des
Finances?
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: Mme le Président, comme mon
prédécesseur, j'étais très heureux d'entendre les
propos, les commentaires du ministre des Finances. Il a signalé
l'énorme retard ou "arriéré" qu'il y avait à
l'endroit des problèmes vécus par les municipalités du
Québec: besoin de services additionnels pour la population, besoin de
combattre la pollution, d'améliorer la qualité de
l'environnement. Il se dit également surpris par l'intérêt
tout à fait nouveau manifesté au cours de la dernière
campagne par le gouvernement d'alors.
Ce qui m'a plu particulièrement je le note et je vais en
aviser mes municipalités c'est qu'il nous a indiqué, de
façon fort nette et précise, qu'il avait une intention ferme,
dès son prochain budget, de consacrer les sommes ou les crédits
nécessaires de manière à apporter cette aide aux
municipalités du Québec. Si vraiment c'est l'intention du
ministre des Finances de mettre en application le programme qu'il a à
l'esprit et qu'il vient d'exposer, j'en suis fort heureux pour les
municipalités du Québec et particulièrement celles de mon
comté. A toutes fins utiles, je lui demanderais tout simplement, dans ce
désir de vouloir collaborer avec les municipalités, de consacrer
peut-être pas des sommes additionnelles ou plus importantes aux
municipalités de chez moi, mais, tout au moins, les montants qui ont
été accordés depuis trois ans aux municipalités de
Montmagny-L'Islet. Je crois qu'appliquer un principe d'équivalence
à ce que nos municipalités ont touché, ce serait
déjà très bien. Je ne demande pas qu'il fasse davantage,
mais qu'il fasse tout aussi bien que ce que l'ancien gouvernement a fait
à l'endroit des municipalités de chez nous.
Le Président (Mme Cuerrier): Le député de
Richmond.
M. Brochu: Mme le Président, j'aimerais revenir sur un
sujet qu'on a traité un peu avant le souper tout à l'heure et
apporter certaines précisions. J'aimerais faire une mise au point au
ministre aussi. Voyant que le ministre des Affaires municipales n'a pu se
rendre en Chambre, j'aimerais en faire part à la Chambre pour que ce
soit inscrit au journal des Débats. J'aurai l'occasion de lui faire
d'ailleurs des représentations à ce sujet.
J'aimerais faire une mise au point puis citer ici ce que j'appellerais
peut-être un cas type, qui est arrivé malheureusement depuis un
an. Ce n'est pas un cas qui date de la campagne électorale, mais qui
date quand même d'un an et où une municipalité se retrouve
finalement dans une situation assez précaire sur le plan financier.
Le ministre des Finances, lorsque j'ai fait cette intervention tout
à l'heure, laissait entendre qu'il s'agissait d'une promesse
électorale, mais c'est beaucoup plus, parce que cela avait
été en réalité un engagement financier en bonne et
due forme, pris non pas durant la campagne électorale, mais il y a un
an, plus exactement au mois d'août 1975, et qui trouve ses suites dans le
néant, pour ainsi dire, actuellement, à cause d'une maladresse
administrative, si vous voulez, ou parce qu'on s'en est servi durant la
campagne électorale comme d'un ballon politique devant servir d'autres
fins que celles auxquelles la subvention devait servir. Il s'agit de la
municipalité d'Asbestos.
J'en fais un cas type parce que je pense que cet exemple va s'appliquer
à plusieurs autres municipalités à travers le
Québec qui, si elles n'ont pas déjà fait des
représentations, vont en faire éventuellement. Pour bien situer
le problème, j'aimerais ici citer une résolution de la ville
d'Asbestos qui m'a été adressée et qui souligne exactement
le cheminement du problème auquel la ville à faire face
actuellement. Je vous fais grâce du début de la résolution
pour vous dire ceci:
"Attendu que la ville d'Asbestos a réalisé en 1975/76 des
travaux d'envergure, tel que décrété par les
règlements d'emprunt alors il y avait eu des règlements
d'emprunt en bonne et due forme nos 654, 657, 658, 660, 661 et 663,
dûment approuvés par la Commission municipale du Québec et
par le ministère des Affaires municipales, d'une part; "Attendu que, par
la suite de l'étude générale des règlements
précités, le ministre des Affaires municipales s'était
engagé, par lettre datée du 21 août 1975, à verser
une subvention d'un minimum de $2 millions avec majoration de cette subvention
si elle était répartie sur une période de dix ans;
"Attendu que par suite de la réalisation des travaux et analyse des
coûts, la subvention définitive a été fixée
à $3 254 900 par lettre signée par le ministre et datée du
25 octobre 1976".
On voit qu'arrive la période électorale; on avait
dûment accordé $2 millions, mais là on dit: Ce n'est pas
assez, on va vous en donner en masse pour être sûr que vous n'aurez
pas de problème. On monte cela à $3 254 900 par lettre
signée par le ministre et datée du 25 octobre 1976. "Attendu que
des émissions d'obligations ont été émises en vertu
du règlement 654 et doivent être souscrites en février 1977
sur les règlements nos 657 et 658 et que le remboursement du capital et
intérêts de ces émissions doit être inscrit au budget
1977 de la ville; à ces causes, il est proposé par M. Leopold
Fréchette, appuyé par M. Marcel Brown et résolu
unanimement de demander à Me Guy Tardif, ministre des Affaires
municipales, de confirmer dans les plus brefs délais la subvention
accordée à la ville d'Asbestos, au montant de $3 254 900,
subvention d'importance vitale pour l'équilibre du budget 1977."
Je pense que cela se passe, à ce stade-ci, de commentaires ou
d'autres détails. Je pense que la résolution est claire en soi.
On voit exactement le cheminement qui a été suivi dans cette
situation où on se retrouve avec un problème majeur.
Si vous me le permettez, aussi, pour bien clarifier la situation, pour
qu'il n'y ait pas d'ambiguïté ou d'interprétation qui puisse
être donnée, afin que et le ministre des Finances et le ministre
des Affaires municipales puissent être dûment au courant de toute
la situation, j'aimerais aussi mentionner quelques passages des lettres qui ont
été envoyées à ce moment-là, celle en
particulier datant du 21 août 1975 et qui avait été
signée, à ce moment-là, par le ministre.
C'est daté du 21 août 1975 et c'est adressé au
docteur Lucien Bachand, maire de la ville d'Asbestos. "M. le maire, je suis
heureux d'avoir pu on comprend les bons sentiments, etc. vous
rencontrer aujourd'hui avec votre conseil municipal et vos principaux
fonctionnaires. Maintenant que vous avez pu me fournir les coûts
définitifs des trois premières phases de la reconstruction de
l'infrastructure de la ville, suite aux récentes ouvertures de
soumissions, nous procéderons dans les meilleurs délais à
calculer la subvention que vous accordera le gouvernement du Québec.
Comme vous le saviez, nous avons déjà, peu après le
désastre qui a affligé votre ville, fait une estimation
approximative de l'ordre de grandeur de cette éventuelle
subvention."
Je fais un aparté, ici, pour m'expliquer. C'est que la ville
d'Asbestos avait connu des glissements de terrain assez importants qui ont
occasionné un déplacement de la ville. D'ailleurs, je profite de
l'occasion pour souligner que c'est peut-être la seule ville sous le
gouvernement libéral qui a bougé. Mais cela n'a pas
été à cause du qouvernement. Je reviens donc à ma
lettre.
Alors, le ministre continue: "Je suis donc en mesure de vous assurer
d'un minimum de $2 millions." Je pense que, si j'ai bien appris mon
français, il n'y a pas de conditionnel. Il n'y a pas de peut-être,
etc. "Je suis donc en mesure de vous assurer d'un minimum de $2 millions." Au
moins. Pour cela, il n'y a pas de problème. "L'analyse
détaillée du dossier pourra conclure à un montant plus
élevé. Si tel est le cas, ce sera ce dernier que vous recevrez ".
C'est un peu comme dans les beaux contes. Cela finit toujours bien. Si vous en
avez besoin de plus, il y en aura. Mais au moins on dit que pour les $2
millions de base, il n'y a pas de problème. Je continue la lettre, Mme
le Président. "Il va sans dire que si, vu l'importance du montant, le
gouvernement est obligé de le répartir sur dix années, la
subvention sera majorée pour tenir compte du service de la dette.
Confiant d'un meilleur avenir pour la ville d'Asbestos, je vous prie
d'agréer, M. le maire, l'expression de mes sentiments les meilleurs etc.
etc." C'est de toute beauté!
Par contre, la seule chose qu'il y a, c'est que ce n'est pas vrai. C'est
beau, mais ce n'est pas vrai. C'est là la lettre qui date non pas de la
période électorale, mais d'un an avant; donc c'est un engagement
formel. Je comprends que l'on vit peut-être dans une
société où une parole donnée a de moins en moins
d'importance, mais je pense que lorsqu'une personne est le ministre, le
député ou qu'elle occupe une fonction, non seulement la parole
donnée doit avoir plus d'importance, mais encore l'engagement
écrit doit-il en avoir davantage. Surtout pour que
l'intégrité de l'appareil gouvernemental et de nos
ministères soient reconnue par la population. Je pense que des choses
comme celles-là sont vraiment regrettables lorsque l'on voit par la
suite ce qui est arrivé.
Je vous fais grâce d'une autre lettre qui dit que l'on donne $1
million supplémentaire, parce qu'il y a une autre lettre. Aimeriez-vous
l'avoir? Certainement.
Cette fois-ci ce n'est pas adressé directement. Cela sera
intéressant aussi. Je vous remercie de me le suggérer. Cela n'est
pas adressé directement au maire d'Asbestos parce que nous avions un
secrétaire qui faisait les commission pour la publicité, pour les
photographes.
M. Mailloux: Mme le Président, vous me permettez un point
de règlement?
M. Brochu: C'est adressé... pardon?
M. Mailloux: Me permettez-vous un point de règlement?
Devant le fait que, depuis la fin de la dernière séance et le
début de cette séance, on attaque directement un des membres de
la Chambre qui actuellement est pris devant la commission des Affaires
municipales, je préviens la Chambre que ce poste budgétaire sera
retardé dans son acceptation si l'on continue à agir de cette
façon vis-à-vis de mon ex-collègue des Affaires
municipales.
M. Charron: Un point de règlement, Mme le
Président. Non seulement le député de D'Arcy McGee est-il
aussi aux prises avec les travaux de la commission des Affaires municipales,
mais il faut noter que le ministre des Affaires municipales lui-même,
directement impliqué et je dirais directement concerné par les
immenses problèmes que vient de lui laisser le député de
D'Arcy McGee comme héritage, ne peut être ici aujourd'hui pour
dire quelles difficultés il a à résoudre, dont un certain
nombre de problèmes comme celui que le député de Richmond
est en train de porter à l'attention de l'Assemblée
nationale.
J'estime tout à fait régulier que le député
de Richmond soulève, à partir d'un cas particulier, mais qu'un
grand nombre de députés de cette Assemblée seraient
capables de multiplier comme exemple précis, l'héritage lourd,
dans le domaine des Affaires municipales, du gouvernement libéral qui a
été défait le 15 novembre dernier.
M. Mailloux: Mme le Président, je n'ai aucune objection
quelconque à ce que tous les députés puissent intervenir,
comme c'est leur droit. Mais je pense que ce serait la plus
élémentaire décence que de permettre que celui qui est
responsable ou qui était responsable des affaires municipales puisse
être ici pour entendre les doléances qui sont faites de l'autre
côté de la Chambre, comme le ministre des Affaires municipales
pourrait être ici également, quitte à reporter
l'étude des affaires municipales à la fin de ce programme pour
que tous deux puissent être...
Le Président (Mme Cuerrier): Vous remarquerez...
M. Charron: Est-ce que je comprends que c'est la proposition du
député de Charlevoix de suspendre le débat sur...
M. Mailloux: Ce serait la plus élémentaire
décence.
Le Président (Mme Cuerrier): A l'ordre, messieurs! Je
ferai remarquer à cette Assemblée que j'ai été
assez large quant aux interventions, tout l'après-midi, tant que cela
touchait aux affaires municipales. Je vous demanderais de conclure assez
rapidement, s'il vous plaît!
M. Brochu: Mme le Président, je tiens tout d'abord
à bien souligner et à bien spécifier une chose. Je ne m'en
prends pas à la personne de l'ancien ministre député de
D'Arcy McGee, je m'en prends à l'attitude qui sous-tend tout le
débat actuellement et qui apporte les problèmes qu'on
connaît. Je vous ferai grâce de cette lettre qui ajoutait le
million en conséquence pour simplement souligner une dernière
lettre qui avait été envoyée, celle-là,
après la période du 15 novembre et qui disait, substantiellement
elle était adressée encore au maire d'Asbestos par la
même personne : "M. le maire, je vous informais récemment
que je recommanderais au Conseil du trésor une subvention pour votre
municipalité. Cette initiative découlait d'une décision du
Conseil des ministres de présenter avant la fin de l'année un
budget supplémentaire et d'augmenter aussi pour 1977/78 les
disponibilités au poste aide financière pour la construction de
réseaux d'aqueduc et d'égout". On continue en disant:
"Adressez-vous au nouveau gouvernement, etc., etc.
Je trouve extrêmement curieux si on regarde le
scénario ou le portrait de situation dans laquelle on se trouve
qu'il y a un an on a dit à une municipalité: "Engagez-vous,
faites vos règlements d'emprunt, on les accepte", etc. On commence les
travaux, on a même $6 millions engagés actuellement sur ce projet.
Le règlement d'emprunt est passé et la ville commence
déjà à le rembourser. Après cette période,
on dit: Voici, ce n'était pas passé au Conseil du trésor,
adressez-vous donc au nouveau gouvernement. Ce n'est pas une question de deux
semaines, cela fait au-delà d'un an.
C'est cela que j'ai voulu décrire comme type de situation
anormale, complètement inacceptable et tout à fait malheureuse,
Mme le Président, parce que je trouve que c'est une forme d'injustice
envers nos administrateurs municipaux qui se trouvent dans une situation fort
délicate et intolérable. D'ailleurs, le ministre responsable du
haut-commissariat a, je pense, très bien compris la situation. Il s'est
d'ailleurs retrouvé lui-même il l'a souligné tout
à l'heure avant le souper devant des faits accomplis à son
ministère. Il a trouvé dessituations exactement identiques
j'aurai d'ailleurs à lui faire certaines représentations à
ce chapitre où il est pris avec des engagements, des
immobilisations qui sont déjà commencées. Les gens sont
assis entre deux chaises et il faut qu'une décision soit rendue.
J'en profite pour demander au ministre responsable, aussi au ministre
des Affaires municipales, lorsque ce sera possible, de nous éclairer sur
la situation, et demander si ce serait possible de tenir compte, dans les
engagements futurs du gouvernement, du cas de ces municipalités qui sont
vraiment aux prises avec une situation désastreuse s'ils n'ont pas une
aide vraiment directe, immédiate à la suite de ces
déclarations d'intention, non seulement déclarations d'intention,
mais à ces engagements qui ont été pris. Il y a plusieurs
autres municipalités, j'ai, entre autres, celle de
Sainte-Clothilde-de-Horton, dans mon comté, où c'est la
même chose, maison pourrait en citer énormément de ce
côté.
Le Président (Mme Cuerrier): Voulez-vous conclure, M. le
député de Richmond, s'il vous plaît?
M. Brochu: Mme le Président, je me soumets volontiers et
de bonne grâce à vos recommandations. Je termine tout simplement
en faisant ce souhait et je demande ceci à notre nouveau gouvernement:
Que cette façon de procéder, de bonbon électoral
même plus, étant donné que le cas date de plus longtemps
que cette façon d'administrer sur le dos de nos administrateurs
municipaux disparaisse en même temps que va finir de se résorber
tout ce qui reste du Parti libéral au Québec. Je pense que ce
serait souhaitable, pour la bonne marche de notre administration, que le
gouvernement qui est devant nous aujourd'hui je lui reprocherai, si
l'occasion se présente, s'il n'agit pas de la bonne façon
à l'approche d'une autre élection, ne prenne pas d'engagement de
la sorte. Qu'il se présente au peuple sur des principes administratifs,
sur des choses réalisées ou sur des choses qu'il a l'intention de
faire, mais ne pas placer les gens entre deux chaises comme actuellement. J'en
fais la recommandation et je demande au ministre des Finances, comme au
ministre des Affaires municipales, de porter une attention spéciale
à ces cas vraiment désastreux.
M. Parizeau: Mme le Président, en réponse au
député de Richmond, je voudrais tout simplement lui indiquer dans
quelle situation un peu délicate je me trouve, dans le sens suivant. De
la même façon que je reconnaissais cet après-midi que la
signature du gouvernement sur une convention collective doit valoir quelque
chose et que ce doit être respecté, de la même façon
la signature des gouvernements, dans tous les autres domaines, doit être
respectée. Ce qui m'embête, à l'heure actuelle, de
m'engager sur des dossiers précis de telle ou telle ville, c'est que ce
n'est pas moi qui examine les dossiers de chaque ville pour savoir si,
effectivement, la signature du gouvernement est engagée ou non. Dans ce
sens, bien sûr, je suis forcé de remettre cela entre les mains du
ministre des Affaires municipales. Ceci étant dit, le principe
général que vous avez exposé, j'y concours de tout coeur.
La signature de l'Etat doit quand même valoir quelque chose.
M. Russell: Mme le Président, j'avais fait une suggestion
au début, afin de suspendre cet article. Je crois concourir avec le
député de Charlevoix et même le député de
Saint-Jacques, ministre des loisirs pour donner une chance à l'ancien
ministre des Affaires municipales et au nouveau ministre d'être ici. Ils
pourront répondre à la satisfaction des
députés.
M. Mailloux: Attaquez ceux qui sont ici, ils vont se
défendre.
M. Russell: On peut continuer à discuter sur le budget. Il
y a tellement d'autres articles qu'on peut étudier, si c'est le voeu
unanime de la Chambre.
Le Président (Mme Cuerrier): A l'ordre! Y a-t-il
consentement unanime dans cette commission pour reporter l'étude des
crédits sur les Affaires municipales?
M. Russell: De cet article.
M. Charron: Mme le Président, sur la suggestion faite par
le député de Brome-Missisquoi, le gouvernement n'a aucune
objection à ce que cela se fasse ce soir, mais nous tiendrions beaucoup
à ce que le budget supplémentaire puisse être
accepté ce soir.
Autrement dit, que l'on poursuive les débats en espérant
que nos collègues qui travaillent à la commission des affaires
municipales, où, me dit-on, le député de D'Arcy McGee est
assez volubile, terminent leurs travaux pour nous permettre d'achever
l'étude du budget supplémentaire ce soir. J'espère avoir
la collaboration du leader parlementaire de l'Opposition officielle sur ce
sujet.
M. Lavoie: Mme le Président, on me rapporte des choses, je
ne voudrais pas aller plus loin avant d'en connaître plus long. On me dit
que certains députés se sont permis de critiquer, c'est normal,
c'est l'endroit, mais je crois que ce serait une meilleure éthique, si
on veut attaquer quelqu'un, de l'attaquer de front. Comme disait un ancien chef
de l'Union Nationale: A visière levée. Cela vous retourne
quelques années en arrière. Je crois que s'il y a un membre de
cette Assemblée dont on ne devrait pas attaquer la probité et la
conscience professionnelle, autant au point de vue strictement personnel que
public, à cause de toutes les fonctions publiques qu'il a
occupées, c'est bien le député de D'Arcy McGee.
Pour le moment, nous allons nous opposer à l'adoption des
crédits en ce qui concerne les Affaires municipales, pour donner toute
l'occasion voulue au député de D'Arcy McGee de relire, s'il le
faut, la transcription du journal des Débats...
M. Grenier: Nous avons relu des documents du député
de D'Arcy McGee. On n'a pas fait d'interventions outre mesure.
On a pris les documents du député de D'Arcy McGee et on
les a lus; il n'y a rien d'extravagant là-dedans. Il n'y a pas
d'affaires personnelles là.
Le Président (M. Cuerrier): M. le député de
Mégantic-Compton. M. le leader de l'Opposition.
M. Lavoie: De toute façon, c'est le voeu du gouvernement
de passer à un autre poste budgétaire et nous allons donner
l'occasion au député de D'Arcy McGee de relire et de
répondre, s'il y a eu des attaques malsaines.
M. Roy: Mme le Président...
M. Charron: Ce que nous suspendrions, en acceptant la suggestion
faite par le député de Brome-Missisquoi, c'est le programme 11 du
ministère des Affaires municipales, les deux autres ayant
été précédemment adoptés.
Le Président: A l'ordre! Si vous me permettez...
M. Roy: Mme le Président, sur le point qui a
été soulevé, j'aimerais qu'on tienne compte des
dispositions de l'article 128 de notre règlement, dans la
deuxième partie, où il est dit que dans le cas d'un budget
supplémentaire dont l'étude a été envoyée
globalement à la commission plénière le délai
d'étude pour le budget supplémentaire n'est que de huit heures.
Si on veut revenir pour réexaminer un crédit
supplémentaire visant le ministère des Affaires municipales, il
faudrait qu'on décide immédiatement que, lors de la reprise de la
prochaine séance, on recommence par cet article. Pendant huit heures, et
avec tous les ministères qui sont concernés dans le budget
supplémentaire, nous risquons fort de ne pas retoucher aux
crédits du ministère des Affaires municipales si on
procède à l'étude de tous les autres ministères
jusqu'à la fin, avant de revenir au ministère des Affaires
municipales.
J'aimerais bien qu'on établisse clairement, peut-être
à la prochaine séance, qu'on puisse recommencer par cet
article.
M. Biron: Sur ce point-là, très brièvement,
au nom des députés de l'Union Nationale, nous n'avons jamais
voulu attaquer l'honnêteté ou la probité de l'ancien
ministre des Affaires municipales. Ce sont tout simplement des informations que
nous avons demandées au ministre des Finances, à savoir comment
se comporter devant certaines municipalités qui avaient eu des promesses
de subventions et que les subventions n'ont pas été versés
quand ces municipalités ont déjà entrepris des travaux. Il
n'a jamais été question d'attaquer l'honnêteté ou la
probité de l'ancien ministre des Affaires municipales.
Le Président (Mme Cuerrier): L'étude des
crédits du ministère des Affaires municipales est
suspendue...
M. Charron: ... n'est-ce pas, Mme le Président?
Le Président (Mme Cuerrier): D'accord. Si vous voulez,
nous allons revenir aux affaires municipales, programme 1,
élément 1. On avait dit, cet après-midi, que
c'était adopté. Adopté. Programme 2, élément
5, adopté.
M. Garneau: Mme le Président, je pense que la discussion
avait commencé sur l'élément au programme 2. Si je regarde
le programme 11, il vise l'aide financière à la construction de
réseaux d'aqueducs et dégoûts. Pour ma part, je n'ai pas
d'objection à ce qu'on dise que le programme 2 est adopté, mais
qu'on maintienne ouvert l'ensemble de cette discussion sur le programme 11. Je
n'ai pas d'objection.
M. Parizeau: Mme le Président, pour le programme 2, je
pense que l'explication est facile et n'a aucun rapport avec les discussions
que nous avons tenues depuis quelque temps. Le programme 2 s'explique de la
façon suivante: Programme 2, élément 5. Il s'agit de la
subvention d'équilibre budgétaire à la ville de
Montréal pour l'exploitation de Terre des hommes en 1975 et les
subventions aux municipalités de Sainte-Anne-de-Beaupré,
Saint-François-Xavier-de-la-Petite-Rivière et Saint-Joachim,
comté de Charlevoix, pour la réalisation de travaux correctifs
aux équipements, suite aux dommages importants occasionnés par
les fortes précipitations du mois de juillet.
Cela n'est pas contentieux, compte tenu de ce que nous avons
discuté.
Le Président (Mme Cuerrier): Elément 5,
adopté?
M. Garneau: Mme le Président, est-ce qu'il y a une raison
particulière pour laquelle le ministre des Finances ou le gouvernement a
rattaché la subvention de $4 millions à Terre des hommes? Est-ce
que c'est l'intention du gouvernement de poursuivre cette subvention à
Terre des hommes, puisque vous l'avez identifiée comme telle, alors que
nous l'avions laissée ouverte au niveau des subventions
d'équilibre budgétaire du ministère des Affaires
municipales? Est-ce l'intention du gouvernement, en l'identifiant clairement,
de la maintenir? Je vois les recherches qu'effectue M. Poitras. Habituellement,
cette subvention, lorsqu'elle était versée pour Terre des hommes,
l'était par le biais du ministère du Tourisme, de la Chasse et de
la Pêche. Si cet équilibre a été mis au niveau du
ministère des Affaires municipales, c'était pour des raisons bien
précises. Ma question est de savoir si c'est l'intention du
ministère des Finances ou du ministre du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche, de maintenir cette subvention à Terre des hommes.
M. Parizeau: II ne s'agit absolument pas d'intention dans un sens
ou dans l'autre; il s'agit d'un paiement de facture. Puisqu'il s'agit
essentiellement des comptes de 1975, quoi qu'il ait été fait de
ce côté n'implique rien pour l'avenir.
M. Garneau: Est-ce que je peux connaître l'opinion du
ministre des Finances? Je pense que c'est le moment pour les
députés de cette Chambre, lorsqu'on étudie un budget
supplémentaire, de poser des questions au gouvernement. La question que
je pose est celle-ci: Est-ce que le ministre des Finances entend continuer
cette mesure particulière d'aide à Terre des hommes, oui ou
non?
M. Parizeau: Si j'étais en mesure de répondre, je
présenterais le budget aujourd'hui. Ce que je présente
aujourd'hui, ce n'est pas le budget; c'est le budget supplémentaire no
2, enfin, les estimations budgétaires, les crédits
supplémentaires no 2. C'est la liquidation des comptes de 1975. Quant
à savoir ce que nous ferons dans l'avenir, cela viendra au discours du
budget.
M. Garneau: Le ministre des Finances sait fort bien que les
crédits des ministères doivent être approuvés
longtemps avant le discours sur le budget et que les budgets des
municipalités doivent être préparés et
déposés également bien souvent avant le discours sur le
budget. Si le ministre des Finances n'est pas en mesure de répondre
aujourd'hui, je suis prêt à accepter sa réponse de
toute façon, je suis obligé de l'accepter mais je voudrais
attirer son attention sur le fait qu'il faudra quand même que cette
décision soit connue publiquement par l'administration de
Montréal avant que son discours du budget ne soit lu en Chambre.
M. Parizeau: Le député de Jean-Talon peut-il me
donner un exemple où les crédits budgétaires sont sortis
quatre mois et demi avant le discours du budget? Une année
seulement?
M. Garneau: Je serais en mesure d'employer beaucoup d'articles de
journaux que j'ai lus depuis le 15 novembre et qui indiqueraient quelles sont
les intentions budgétaires du gouvernement. Je ne vois pas pourquoi le
ministre des Finances fait une tempête dans un verre d'eau sur une simple
question. S'il me dit: Non, je ne peux pas répondre, je vais accepter sa
réponse. Je lui demande à quel moment il va le dire, s'il est en
mesure de confirmer ou d'infirmer cette décision du gouvernement. Je ne
vois pas pourquoi il se choque là-dessus.
M. Parizeau: Je ferai appel à une formule utile dans les
circonstances de ce genre: En temps utile.
M. Garneau: C'est la réponse usuelle du gouvernement.
Le Président (M. Cuerrier): Elément 5,
adopté?
M. Garneau: De toute façon, ils ne répondent pas
aux questions.
Le Président (Mme Cuerrier): Le programme 11 est
suspendu.
M. Roy: Est-il suspendu avec reprise en priorité? Est-ce
que ce sera le premier point qui sera discuté à la prochaine
séance ou allons-nous y revenir après que tous les autres
ministères auront été discutés?
M. Charron: Ce que nous espérons, c'est qu'avant la fin de
l'étude du budget supplémentaire comme tel les travaux de la
commission parlementaire des affaires municipales soient terminés, ce
qui permettrait, avant même que vous fassiez rapport, que le ministre des
Affaires municipales puisse répondre aux questions. De l'avis de ceux
qui suivent les travaux de la commission actuellement, il est possible
d'espérer que nos collègues, critiques de l'Opposition officielle
en ma- tière d affaires municipales, et le ministre des Affaires
municipales soient des nôtres avant la fin de nos travaux. Autrement,
nous choisirons la solution de circonstance.
Affaires sociales
Le Président (Mme Cuerrier): Affaires sociales. Programme
2, élément 1. Adopté?
M. Forget: Mme le Président...
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: ...j'aimerais que le ministre des Finances ou le
ministre des Affaires sociales, le cas échéant, nous
décompose ce montant de près de $35 millions à l'aide
sociale. En particulier, j'aimerais qu'il puisse nous indiquer quelle est la
partie de ce budget supplémentaire pour l'aide sociale, qui est
attribuable à une indexation qui, si je comprends bien, se fera au taux
de 8,2%, selon l'indice des rentes pour l'année 1977, au-dessus de ce
qui avait été envisagé ou utilisé, du moins, comme
hypothèse de travail lors de la préparation du budget original.
Qu'est-ce qui est représenté par l'accroissement de la
clientèle au-delà des prévisions originales?
Qu'est-ce qui pourrait être attribuable à d'autres
éléments tels que, peut-être, une modification possible des
règlements au 1er janvier à la suite d'autres dispositions qui
sont devant cette Assemblée?
M. Parizeau: La première décomposition, Mme le
Président, que j'ai de ce montant est de presque $30 millions, à
toutes fins pratiques, pour l'aide aux ménages privés de moyens
de subsistance proprement dits et $4 900 000 pour les prestations à
être versées aux Indiens et aux Inuit. Alors revenons à ces
$30 millions, les $29 900 000. Le coût de l'indexation
représenterait, le coût additionnel, de $5 millions à $6
millions sur les $30 millions dont il s'agit.
M. Forget: Est-ce qu'on peut nous indiquer quels sont les autres
éléments?
M. Parizeau: Essentiellement l'accroissement de la
clientèle.
M. Forget: Est-ce qu'il serait possible de préciser si une
modification est envisagée aux barèmes de l'aide sociale, en
particulier pour ce qui est des enfants de premier, deuxième et
troisième rang, modification qui semblerait tout indiquée,
étant donné le projet de loi que nous étudierons
peut-être ce soir, si le temps le permet, mais qui, à tout
événement, a pour effet de majorer de façon
particulièrement sensible les prestations d'allocations familiales
fédérales pour les enfants de quatrième rang? L'on se
souviendra que, à compter de 1974, les barèmes de l'aide sociale,
eu égard à la présence des enfants dans une famille
bénéfi-
ciaire de l'aide sociale, avaient été ajustés de
manière que I on garantisse, pour les enfants de rang inférieur
au quatrième, le même niveau de prestations que celui que l'on
garantit pour les enfants de quatrième rang et plus. Il semblerait donc
tout à fait logique, dans le contexte d'une modification aux
barèmes des allocations familiales, que cet équilibre soit
rétabli. Je crois d'ailleurs que, puisque cette question était
à l'étude, qu'elle était d'ailleurs sur le point
d'être amenée par l'ancien gouvernement, le coût d'une telle
mesure pour les bénéficiaires de l'aide sociale s'élevait
à une somme relativement très modique. Je serais
intéressé de savoir si on a décidé, si le nouveau
gouvernement a décidé de ne pas donner suite à ces
recommandations des fonctionnaires et à figer en quelque sorte, par
conséquent, les barèmes de l'aide sociale au niveau actuel,
évidemment compte tenu de l'indexation.
M. Parizeau: II me semble que c'est une question qui sera
remarquablement intéressante à discuter quand on abordera
l'examen du bill portant sur le relèvement des allocations familiales.
Dans l'état actuel des choses, n'est-ce pas, le montant qui paraît
ici est composé essentiellement et ne peut vraiment se discuter que dans
le sens suivant: l'augmentation de la clientèle d'une part, que l'on
constate et puis, deuxièmement, ce sont les factures à payer et
l'indexation qui, de toute façon, devait être faite.
Bien sûr, le problème qui est soulevé me
paraît extraordinairement intéressant, mais il me semble que c'est
à l'occasion du projet de loi qu'il faudrait le faire.
M. Forget: Mme le Président...
M. Biron: Si je comprends bien, on a un accroissement
considérable de la clientèle au ministère des Affaires
sociales. J'aurais une question à poser aussi au ministre des Affaires
sociales. Est-il au courant que des officiers de son ministère, à
l'heure actuelle, recommandent à des couples de se séparer s'ils
veulent pouvoir bénéficier des allocations d'assistance
sociale?
M. Lazure: Je dois avouer que je ne suis pas au courant. Je vais
m'en informer. Cela ne me paraîtrait pas régulier qu'il y ait de
tels conseils de donnés.
M. Forget: Mme le Président...
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: Merci, Mme le Président. J'aimerais être
bien sûr que l'on se comprend quant à ce qui est de cette question
des allocations familiales. Entendons-nous bien. Je sais fort bien que nous
devons discuter des allocations familiales à l'occasion de
l'étude d'un autre article au feuilleton qui est une loi portant
spécifiquement sur ce sujet. Cependant et c'est le seul endroit
pour en discuter il serait normal, et nous avions envisagé, je
dois le dire, de le faire simultanément, il serait normal, dis-je,
qu'à l'occasion d'une majoration des allocations familiales qui profite
de façon privilégiée, et ce sera encore plus vrai à
l'avenir, aux enfants de quatrième rang, la même garantie
financière soit donnée à tous les ménages, à
toutes les familles bénéficiaires de l'aide sociale, de
manière que le même montant soit donné aux enfants de
premier, deuxième et troisième rang. Encore une fois, si je
comprends bien la réponse donnée par le ministre des Finances, le
nouveau gouvernement a répondu par la négative à cette
question, c'est-à-dire que les bénéficiaires de l'aide
sociale ne recevront pas cette garantie.
Encore une fois, je m'en étonne, puisqu'il s'agit d'un montant
relativement modeste, effectivement une fraction minime du budget
supplémentaire qu'on nous propose et qui aurait permis d'accorder une
telle garantie.
M. Parizeau: Je pense que le ministre des Affaires sociales va
répondre à cette question.
M. Lazure: Mme le Président, la question que
soulève le député de Saint-Laurent est fort complexe. Non
seulement sa question serait plus pertinente au moment de l'étude du
projet de loi sur les allocations familiales, mais à ce
moment-là, nous pourrions aussi donner de plus amples explications sur
les réconciliations qu'il y aura lieu de faire avec les barèmes
de l'aide sociale. C'est un projet qui est à l'étude
actuellement. Nous sommes conscients qu'il doit y avoir une concordance entre
les augmentations que nous allons proposer dans le projet de loi tantôt,
concordance avec tous les barèmes de l'aide sociale. Je pense que la
question pourra être débattue plus amplement un peu plus tard.
M. Forget: Mme le Président, je vais céder ma
parole au député de Rouyn-Noranda, mais j'aimerais revenir
après pour une brève question.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Rouyn-Noranda.
M. Samson: Je remercie le député de Saint-Laurent.
J'aurais quelques brèves remarques à faire concernant ce
programme qui intéresse particulièrement les personnes qui ont
besoin d'avoir recours au programme d'aide sociale qui est celui du revenu
familial. On a porté un fait à mon attention, et je pense que
cela a été porté à l'attention de plusieurs
députés aussi. Je ne sais pas si cela a tendance à se
généraliser, mais avant que cela se généralise, il
est peut-être bon que nous saisissions la Chambre de ce problème
et que le nouveau ministre des Affaires sociales puisse en prendre
connaissance, s'il n'a pas eu l'occasion d'en prendre connaissance
déjà, et peut-être apporter des correctifs qui pourront
s'imposer.
On nous rapporte qu'il y a une forte tendance, depuis quelques mois
ce n'est donc pas nécessairement depuis les élections
à partir des bu-
reaux d'aide sociale, à faire des vérifications
auprès des bénéficiaires et presque de l'ensemble des
bénéficiaires, si mes renseignements sont valables, et on utilise
les renseignements ainsi obtenus pour ou bien diminuer l'aide sociale de
certains bénéficiaires ou bien la couper totalement.
Je me reporte à certains faits bien précis qui nous
reviennent plus souvent. C'est que, semble-t-il, après inspection, on
avertit les assistés sociaux qu'à partir de telle date, il y aura
diminution de l'aide sociale parce que l'on présume, dans le cas d'une
veuve, par exemple, qui a des enfants, qu'il y aurait cohabitation. Or, si
c'est le cas, bien sûr, selon les règlements de l'aide sociale, la
personne qui cohabite doit assumer certains frais. Mais là où je
trouve que ce n'est pas normal, c'est que l'on avise d'abord les
bénéficiaires de ces changements sur une simple
présomption. On ne fait pas nécessairement la preuve qu'il y a
effectivement cohabitation.
Donc, c'est, en quelque sorte, la présomption de
culpabilité que nous ne trouvons pas dans nos lois, normalement, mais,
dans l'administration, c'est du droit administratif.
Dans ce droit administratif, il semble que la présomption de
culpabilité devient, en quelque sorte, une présomption qui se
généralise.
Or, Mme le Président, bien sûr on informe ces
bénéficiaires de leurs droits de révision de dossiers. Et
comme la révision de dossiers se fait généralement par un
représentant régional qui connaît passablement les
dossiers, il n'y a pas de changement après la révision dans la
majorité des cas. Mais il y a un autre appel possible. Là, on
informe le bénéficiaire qu'il a un droit d'appel à la
commission d'appel. Mais ce sur quoi je voudrais saisir ce soir la Chambre
c'est que tous ces droits d'appel qui semblent bien valables et bien beaux font
qu'entre-temps, en attendant que ces honorables hauts fonctionnaires aient le
temps de prendre l'appel en considération, il peut y avoir des personnes
et des enfants en cause dont le responsable familial n'a pas les moyens de
pourvoir à leur subsistance.
Je me demande, et je pose la question à l'honorable ministre, si
ceci a été porté à son attention, et sinon, s'il a
l'intention de faire les vérifications qui s'imposent et de voir s'il
n'y aurait pas lieu, lorsqu'un tel cas peut se présenter, de continuer,
tout en avertissant le bénéficiaire, les versements pour
s'assurer qu'il n'y a pas des enfants qui souffriront de cette situation
jusqu'à ce que la preuve puisse être faite qu'il y a effectivement
cohabitation.
Nous avons des cas qui sont portés à notre attention
où il serait extrêmement difficile de faire cette preuve et
pourtant, les allocations ont été coupées. C'est un cas.
En même temps, parce que je ne voudrais pas revenir avec trois ou quatre
questions inutilement, j'en profite pour demander au ministre aussi s'il lui
serait possible de nous faire part des décisions qui pourraient
éventuellement être prises quant à
l'éventualité d'en arriver à un paiement bimensuel de
l'aide sociale, sinon, au moins que le paiement mensuel soit fait avant la fin
du mois.
Autre chose, n'y aurait-il pas possibilité de prévoir un
mécanisme humain qui pourrait remplacer le mécanisme actuel,
c'est-à-dire, la fameuse machine ordinatrice qui effectue des paiements
et qui traite, en fait, les cas des assistés sociaux, surtout dans les
cas des machines locales. Je ne connais pas trop la terminologie qu'il faut
employer, mais il reste que c'est une petite machine qui transfère des
données à la machine centrale. J'ai été
informé qu'à Rouyn-Noranda la machine est brisée depuis
une couple de jours et, entre-temps, il n'y a pas moyen d'aider personne.
On m'a même dit qu'il y avait un expert de Los Angeles qui
était arrivé. On attend l'expert pour aider ces pauvres gens qui
sont dans le besoin. Je n'ai rien contre les experts. Je n'ai rien contre le
fait que la mécanographie peut nous aider, mais quand cela ne fonctionne
pas, n'y aurait-il pas moyen de prévoir quelque chose pour au moins
parer aux obligations les plus urgentes?
Si je soulève cette question, ce n'est pas parce que c'est
arrivé avant-hier et que cela a été porté à
ma connaissance avant-hier, c'est parce que cela a été
porté à ma connaissance à plusieurs reprises. Donc, cela
se produit. On fait affaires avec de la mécanique. Cela se produit
apparemment plusieurs fois, et chaque fois que cela se produit, on dirait que
c'est presque toujours au moment où les assistés en ont le plus
besoin et où c'est le plus pressant.
Il y a, dans certaines régions, si je ne m'abuse, des
mécanismes qui font qu'on peut aider les gens par une caisse de
dépannage. Je pense que, dans le Nord-Ouest québécois
il me semble que cela a l'air trop loin ou que c'est trop froid; il y a
quelque chose qui ne va pas, en tout cas la caisse de dépannage
n'existe pas.
M. Lazure: Les crédits sont gelés.
M. Samson: Ils sont peut-être congelés. Cela
pourrait peut-être arriver, mais il me semble qu'après l'avoir
demandé à quelques reprises à l'ancien ministre cela
devrait être pris en considération non seulement pour la
région que je représente, mais pour les autres régions qui
sont éloignées aussi où je sais, à moins que cela
n'ait été changé dernièrement, qu'il n'y a pas de
caisse de dépannage. Les fonctionnaires qui font leur travail du mieux
possible sont victimes et otages de la machine, comme les
bénéficiaires de l'aide sociale le sont. J'aimerais
connaître le point de vue du ministre des Affaires sociales sur ce
sujet.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le ministre des Affaires
sociales.
M. Lazure: Mme le Président, en ce qui concerne les
caisses de dépannage, j'ai pris note qu'une telle caisse n'existerait
pas dans la région du Nord-Ouest. Cela m'étonne. Je vais faire
une vérification. Normalement, ces caisses devraient exister partout.
Pour ce qui est du chèque mensuel, je remercie le député
de Rouyn-Noranda de me donner l'occasion d'informer l'Assemblée qu'il
est maintenant devenu possible de distribuer les
chèques, qui sont dans le moment mensuel, assez tôt pour
que les bénéficiaires les reçoivent le premier du mois et
non pas le cinq du mois. Ceci devrait commencer au mois de février.
La possibilité d'envoyer deux chèques par mois est
actuellement à l'étude. Personnellement, je favorise cette
distribution bimensuelle. Aussitôt qu'on aura d'autres renseignements, je
les communiquerai à la Chambre avec plaisir. Votre première
question, cette présomption de la cohabitation qui amènerait la
discontinuation de l'aide sociale, vous me l'apprenez. On ne m'a pas
informé de cette situation. J'en prends note et je vous donnerai des
renseignements dans quelques jours.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: Mme le Président, j'aurais d'autres questions
complémentaires à celles qui ont été posées
par mon collègue de Rouyn-Noranda. On a parlé de la caisse de
dépannage. J'aimerais dire, tout simplement, qu'il n'y a pas de caisse
de dépannage dans la région de la Beauce non plus. J'ai souvent
communiqué avec les bureaux d'aide sociale à ce sujet pour des
cas extrêmement urgents, des cas qui sont surtout devenus urgents
à cause de la machine pour laquelle on semble vouloir faire venir un
expert de Los Angeles pour aller dans le Nord-Ouest; il serait également
obligé de passer dans le comté de Beauce, Mme le
Président. Je me demande si ce n'est pas devenu un slogan ou un mot
d'ordre qu'on donne à la grandeur de la province à l'heure
actuelle pour essayer de se justifier du fait que, n'ayant pas de caisse de
dépannage, on essaie de trouver des moyens pour tâcher de faire
attendre les gens davantage. J'ai eu à intervenir, pas plus tard que
lundi, pour plusieurs dossiers. Des familles qui, normalement, auraient
dû recevoir leur chèque au début de décembre
n'auront même pas leur chèque pour Noël. Quand on songe qu'il
y a quatre, cinq ou six enfants dans ces familles, il est inutile de vous dire
que ce sont des problèmes qui sont extrêmement sérieux.
Mme le Président, j'aimerais demander également au
ministre s'il est possible pour lui de nous dire ce soir, étant
donné que nous sommes à l'étude de ses crédits,
puisqu'on a parlé d'indexation tout à l'heure, que l'aide sociale
a été indexée il y a deux ans et qu'elle a
été indexée également l'année
dernière, s'il est prévu que l'aide sociale sera indexée
cette année et quel est le pourcentage d'indexation qui sera
accordé par le ministère des Affaires sociales. Je pose cette
question au ministre. Je ne sais pas s'il est en mesure de nous le dire ce
soir. De toute façon, s'il n'est pas en mesure de nous le dire
immédiatement, quand sera-t-il en mesure de nous faire part de cette
nouvelle? En effet, nous avons plusieurs demandes qui nous sont faites par les
gens justement sur ce point afin de connaître les possibilités
qu'il peut y avoir de voir leur allocation augmenter au mois de janvier, compte
tenu des augmentations de loyer auxquel- les ils doivent faire face et compte
tenu également des augmentations du coût du chauffage. Cela dit,
Mme le Président, j'aimerais, avec votre permission, puisque le
règlement me le permet quand même, attirer l'attention du nouveau
ministre des Affaires sociales sur un point. Dans la préparation des
politiques de son ministère, dans le budget qui sera
présenté au gouvernement le printemps prochain, il y a un point
sur lequel je voudrais attirer son attention.
Dans les milieux ruraux, surtout, il y a plusieurs personnes qui,
étant propriétaires d'une résidence, sont également
propriétaires d'un petit chalet ou d'un lopin de terre, compte tenu du
fait que dans les milieux ruraux, comme on le sait, 85% de la population sont
propriétaires. Lorsqu'une femme devient veuve, soit à l'âge
de 61, 62 ou 59 ans ou lorsque des personnes deviennent invalides avant d'avoir
65 ans, les règlements de l'aide sociale les obligent à vendre
leur deuxième propriété pour pouvoir continuer à
être bénéficiaires de la Loi de l'aide sociale. On leur
accorde, à ce moment, un prêt sur une période de six mois,
en les obligeant à contacter un courtier immobilier ou quelqu'un qui
s'est spécialisé dans cette vente de terrain pour tâcher de
négocier la vente de leur terrain à un prix inférieur
à la valeur marchande. On n'a qu'à se référer aux
règlements et aux dispositions qui prévalent à la Loi de
l'aide sociale pour s'en rendre compte, et le ministre sera en mesure de
vérifier la justesse de mes propos.
Or, il arrive que des gens soient obligés de se départir
d'un petit emplacement de chalet ou d'un petit chalet alors que, lorsqu'ils
sont bénéficiaires d'allocation de sécurité
à la vieillesse, ils peuvent garder leur propriété. Les
barèmes pour accorder le supplément de revenu garanti par le
gouvernement fédéral ne se réfèrent pas aux
propriétés possédées par le
bénéficiaire, mais se réfèrent surtout au revenu de
cette personne. On oblige ces gens à se déposséder parfois
d'une deuxième propriété comme un chalet, et c'est la
situation particulière que je veux souligner. Il y a des familles
nombreuses qui assez souvent ont gardé cette deuxième
propriété pour permettre à ceux qui sont établis au
loin, voire aux Etats-Unis, comme c'est le cas dans les régions proches
des frontières américaines, ou dans les autres provinces
canadiennes, de pouvoir venir passer quelques semaines dans la province de
Québec au cours de la période de vacances. J'ai souvent
été témoin de cela, et je pense que tous les membres de
l'Assemblée nationale sont en mesure de le constater, ceux qui ont fait
du bureau et qui ont eu l'occasion d'examiner ces dossiers de près.
C'est pourquoi je demande je ne demande pas au ministre de me donner une
précision ce soir d'examiner cette situation avec toute
l'attention qu'elle mérite et de voir à ces nouvelles politiques
dans la préparation du nouveau budget. On devrait tenir compte de ce
facteur, parce que je ne pense pas que ceci pourrait constituer, pour le
gouvernement, des sommes astronomiques. Mais cela pourrait rendre service
à des gens, qui peuvent bénéficier de certains loisirs
puisqu'on accorde énormément d'importance aux loisirs du
troisième âge à ce
moment-ci. Je pense qu'il ne faudrait quand même pas que nos lois
visent à les déposséder avant d'avoir atteint l'âge
de la retraite. C'est un peu la situation qui prévaut et c'est la raison
pour laquelle je demande au ministre des Affaires sociales, au nouveau
gouvernement, de tenir compte de ce point de vue de façon à
pouvoir corriger la situation au plus tôt.
M. Biron: Mme le Président, je voudrais parler
brièvement sur une question de privilège. Cet après-midi,
le leader du gouvernement et le chef de l'Opposition ont voulu saluer, dans les
galeries, des personnages de marque. Ce soir, il me fait plaisir de saluer deux
des grands personnages de marque dans ma vie, mon fils et ma fille, qui
viennent saluer leur père, alors que son parti a été
reconnu cet après-midi.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le ministre des Affaires
sociales.
M. Lazure: Mme le Président, je remercie le
député de Beauce-Sud d'avoir attiré mon attention sur
cette réglementation concernant la deuxième
propriété et j'en ai pris note. En ce qui a trait à votre
première question, l'indexation des barèmes d'aide sociale, il
nous fait plaisir d'informer cette Assemblée que je dois faire une
proposition au Conseil des ministres demain qui viserait à indexer ces
barèmes.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: Pardon!
Le Président (Mme Cuerrier): Oui.
M. Forget: Merci. J'aimerais faire deux brefs commentaires, le
deuxième ayant pour but de m'assurer d'avoir bien compris la
réponse que nous a faite le ministre des Affaires sociales. J'aimerais,
avant, commenter l'annonce que vient de faire le ministre des Affaires sociales
relativement à la date d'émission des chèques d'aide
sociale. A ce sujet, je dois dire que je n'ai aucune félicitation
à lui faire.
En effet, cette question de la date de versement des chèques
d'aide sociale a longtemps été examinée et l'on a
remarqué une heureuse coïncidence dans la date d'émission
des chèques de l'aide sociale, particulièrement depuis 1974.
En effet, un très grand nombre de familles qui sont
bénéficiaires de l'aide sociale sont également
bénéficiaires de chèques d'allocation familiale qui sont
versés, comme on le sait, le 20 du mois et qui constituent un montant
approximativement équivalent à ce qu'elles reçoivent de
l'aide sociale. Ainsi, en ayant ses paiements le cinq et en ayant les paiements
d'allocation familiale le vingt, nous avions une division du mois en deux,
puisque ces deux dates sont séparées de quinze jours, si je sais
bien compter, ce qui permettait de mieux planifier le budget familial pour ces
familles.
En avançant ainsi du cinq au premier le versement de l'aide
sociale, tout ce que le nouveau gouvernement aura fait, c'est de rendre plus
compliquée la budgétisation pour ces familles, puisque, recevant
un chèque le premier, il s'écoulera trois semaines avant qu'elles
ne reçoivent un autre versement, cette fois-ci sous forme d'allocation
familiale, et seulement une semaine entre ce versement et le versement de
l'aide sociale pour le mois suivant.
Je ne sais pas si le ministre des Affaires sociales a l'intention, pour
l'an prochain, de nous réserver un autre grand succès comme
celui-là, en avançant du premier au 31 du mois
précédent les chèques d'aide sociale, mais je crois que ce
n'est pas un substitut pour une majoration des barèmes.
Je reviens, Mme le Président, à mon autre question du
début qui, je pense, est très importante. Si je peux comprendre
le sens des remarques du ministre des Affaires sociales, qui nous a dit que
c'était une question compliquée, je ne vois pas en quoi il est
compliqué de majorer les barèmes de l'aide sociale pour mieux
refléter le coût de la présence des enfants dans une
famille, pour les enfants de premier, deuxième et troisième
rangs. Cela me paraît la simplicité même. Si je comprends
bien, puisqu'on n'en parle pas dans ce budget supplémentaire, c'est
qu'il n'en sera pas question et que ces familles n'en
bénéficieront donc pas à compter de janvier prochain.
Je crois, encore une fois, que c'était une mesure facilement
adoptable par le nouveau gouvernement, qui avait été
envisagée et prévue et pour laquelle les calculs ont
été effectués; c'est une décision négative
qui désavantage le bénéficiaire de l'aide sociale. Je veux
m'inscrire tout de suite en protestation contre une mesure qui, encore une
fois, était à la portée de la main du nouveau gouvernement
et que celui-ci refuse de prendre pour des raisons qui ne nous ont pas
été expliquées.
M. Lazure: Mme le Président, je m'inscris en faux devant
cette conclusion du député de Saint-Laurent, puisque j'ai dit
tantôt que tout le secteur de l'aide sociale, non seulement de
l'indexation, mais de certaines concordances qu'il y avait à faire,
compte tenu du projet de loi qui est présenté pendant cette
session sur les allocations familiales, devait être discuté au
Conseil des ministres.
M. Forget: ...pas l'argent pour l'appliquer.
M. Lazure: Vous présumez de la conclusion de ces
discussions; c'est votre privilège. Quant à la première
partie de votre intervention, vous dites que cela n'est pas une surprise
tellement agréable pour vous ou pour cette Chambre, que les
chèques de l'aide sociale arrivent le premier du mois au lieu du cinq ou
du six. Mais je peux vous assurer que des centaines et des milliers de
bénéficiaires ont fait une telle demande dans le passé,
non seulement via le ministre actuel, mais via d'autres partis, puisque la
question a été soulevée la semaine dernière. Je
pense que le député de Saint-
Laurent était absent. Des milliers de citoyens désirent
recevoir le chèque le premier du mois, puisqu'ils doivent payer le loyer
ce jour-là.
Je ferai également remarquer au député de
Saint-Laurent que ces allocations d'aide sociale ne vont pas seulement aux
familles qui reçoivent des allocations familiales. Enfin, comme je le
disais tantôt, notre intention, mon intention, c'est de faire en sorte
qu'à l'avenir, et dans un avenir assez rapproché, l'aide sociale
soit distribuée deux fois par mois. Le faux problème que vous
soulevez sera évidemment réglé, puisqu'il est faux au
départ et puisqu'il y aura deux chèques par mois dans quelque
temps.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Rouyn-Noranda.
M. Samson: Mme le Président, je voudrais souligner que,
quoique je ne sois pas toujours d'accord avec ce qui est annoncé et que
je ne serai peut-être pas toujours d'accord, dans l'avenir, avec ce qui
sera annoncé, je suis d'accord avec ce qui est annoncé ce soir.
Ce que le ministre des Affaires sociales vient d'annoncer, je suis d'accord
avec cela. Cela m'a été demandé souvent.
C'est bien beau, les allocations familiales qui arrivent à une
certaine date du mois, de programmer la machine ordinatrice pour que le
paiement des allocations sociales soit fait quinze jours après, mais ce
qu'on oublie trop souvent, c'est qu'en matière d'aide sociale les
barèmes sont trop bas. Tout ce que l'ancien ministre je le lui ai
déjà dit à l'occasion de l'étude de crédits
a trouvé de bon pour aider ces gens-là, c'est de diviser
le mal en deux périodes dans le mois, mais il n'a jamais corrigé
le mal, par exemple. C'est ce qu'on demande, corriger le mal. Les
barèmes sont trop bas, tout le monde le sait.
L'ancien ministre devrait savoir, comme j'aimerais que le nouveau
ministre le sache il le sait peut-être que le premier du
mois, c'est généralement la date de paiement du loyer. Le test de
loyer, dans le barème actuel, est de $85 par mois. Or, il n'y a pas un
sacré loyer en bas de $100, $125 et $150 pour loger une famille de deux
ou trois enfants. Je parle de logement salubre. Donc, le barème ou le
test de loyer étant à peu près à 50% de l'exigence
réelle, ces personnes, même en recevant une allocation familiale
assez élevée, n'en ont pas suffisamment pour payer le loyer
à temps. Résultat: les paiements du loyer sont faits en retard
chez les assistés sociaux. Résultat: les propriétaires qui
ont des logements à louer en sont presque rendus à ne pas vouloir
les louer à des assistés sociaux. Résultat: ces personnes
deviennent des citoyens de deuxième et de troisième ordre par la
force des choses.
C'est pourquoi, quand on ramène cela au 1er du mois, pour le
moment en tout cas, on fait un pas. Quand on corrigera le test de loyer, comme
j'espère que cela va se faire bientôt, ce sera un autre pas.
Une autre correction qui devrait être apportée dans le
domaine des barèmes l'ancien ministre des Affaires sociales
devrait savoir cela, lui, surtout c'est que dans le barème actuel
on a des dispositions pour un adulte, deux adultes, un enfant, deux enfants,
trois enfants, mais il n'y a rien après le troisième.
Après le troisième enfant, on se fie seulement sur l'allocation
familiale. On a parlé, tantôt, du troisième ou du
quatrième enfant; il faudrait parler aussi du barème d'aide
sociale pour le quatrième enfant, le cinquième ou le
sixième parce qu'il y en a encore qui ont plus de trois enfants. Je
pense que le sixième enfant a autant le droit de manger que le premier.
Dans l'ancien barème, dans l'ancien règlement et celui qui existe
encore actuellement, c'était cousu d'injustices sociales. Ce n'est pas
pour rien qu'il y a eu une commission parlementaire; ce n'est pas pour rien
qu'on a écouté les représentants d'assistés
sociaux, du monde défavorisé qui sont venus nous expliquer ce que
nous savions déjà. Ils sont venus confirmer ce que nous savions
déjà. Cela s'est passé au mois de juin, et cela devait
être corrigé. On a dit, comme toujours à une commission
parlementaire quand on reçoit du monde: On va étudier votre cas
et on va essayer de corriger cela. Je ne sais pas si le cas a
déjà été étudié, mais je sais qu'il
n'a pas été corrigé, par exemple.
Je demande à l'actuel ministre et cela s'adresse
évidemment aussi au ministre des Finances parce que, bien sûr, on
ne pourra pas corriger cela sans faire appel un peu au ministre des Finances
parce qu'il est question d'argent que ce soit pris en
considération.
Une autre chose qui mérite d'être portée à
l'attention du ministre actuel, c'est qu'il arrive parfois c'est
arrivé dans plusieurs cas, puis cela pourra arriver encore que,
par des erreurs quelconques, soit d'une personne qui reçoit de
l'assistance sociale, soit d'un fonctionnaire c'est humain et c'est
normal qu'il y ait ce qu'on appelle des trop-perçus. Il y a une
division de la perception au ministère des Affaires sociales pour
percevoir les montants qu'on a versés en trop pour une raison ou pour
une autre ou qu'on peut avoir versés en trop. Même si c'est
contesté, en tout cas, le compte est envoyé et puis on essaie de
se faire rembourser par ces personnes.
Or, j'ai entendu dire là, je voudrais me le faire
confirmer; c'est quelqu'un qui m'a rapporté ce fait et je voudrais bien
savoir si c'est vrai que cela se passe comme cela qu'à la
division de la perception il y aurait eu apparemment des directives nouvelles
dernièrement, à l'effet qu'on voudrait même se faire
rembourser pour des personnes qui, à la suite d'un compte qui leur a
été envoyé, ont peut-être eu la chance de travailler
un mois ou deux, mais qui sont redevenues admissibles aux
bénéfices de l'aide sociale. On m'a rapporté que, dans
certains cas, les directives étaient qu'on pouvait prendre à
même les montants d'aide sociale qui seraient normalement versés
à un bénéficiaire pour rembourser un trop-perçu qui
date de quelques mois ou peut-être d'un an ou deux.
Il semblerait que ce soient des directives nouvelles. J'espère
bien que non, mais j'aimerais bien que le ministre puisse nous dire s'il est
vrai qu'il y
a de telles directives et, s'il y a de telles directives, j'aimerais
bien qu'on puisse en discuter.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le ministre des Affaires
sociales.
M. Lazure: Alors, je puis assurer le député de
Rouyn-Noranda et l'Assemblée que je n'ai pas émis de directives
dans ce sens et que, si directives il y a eu, cela a été fait
sous le gouvernement antérieur. Alors, je vais vérifier et je
pourrai renseigner l'Assemblée à ce sujet. Je profite de
l'occasion pour dire deux mots sur la complexité des règlements
d'application de l'aide sociale et aussi sur une certaine tendance que les gens
ont pu déceler dans les quelques années antérieures, une
certaine tendance à tracasser les gens, une tendance à la
tracasserie, surtout sur des montants qui sont relativement minimes. Ces
tracasseries s'adressent à des gens qui sont très démunis,
des gens qui sont les moins privilégiés dans notre
société.
Alors, j'ai certainement l'intention, avec mes collègues du
gouvernement actuel, de remédier à cette réglementation le
plus tôt possible. Je suis en train de prendre connaissance du journal
des Débats de la commission parlementaire du 8 juin 1976. Dans ce
journal des Débats, on retrouve plusieurs des remarques du
député de Rouyn-Noranda qui sont constructives et on retrouve
aussi, évidemment, plusieurs remarques très constructives de mes
collègues qui étaient alors dans l'Opposition officielle.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: Est-ce que je pourrais demander au ministre si c'est
dans son intention également de se pencher sur le problème des
personnes âgées en hébergement, qui, depuis
déjà plusieurs mois, sont toujours collées avec un
chèque, qui augmente aux six mois, du fédéral et dont on
va chercher les sommes par le provincial. On sait que le coût de la vie
continue d'augmenter et ces personnes, quand elles vivent seules dans une
chambre et son hébergées dans une résidence pour personnes
âgées, ont $55 par mois. Si elles sont deux, cela leur fait $110
mais, si elles sont seules, cela fait déjà plusieurs mois
qu'elles sont collées avec $55 et c'est nettement insuffisant.
Je ne sais si dans cette somme vous prévoyez déjà
aborder un peu ce problème, puis déjà leur venir en aide.
Si vous allez vous promener un peu dans les centres d'accueil, vous allez vite
vous rendre compte qu'elles sont dans un besoin réel. Je vois le
député de Saint-Jacques, le ministre délégué
au haut-commissariat, qui est vraiment mêlé à la question
dans son coin et qui témoigne de cette situation qui est vraiment
pénible dans nos centres d'accueil.
M. Lazure: Mme le Président, je connais cette situation
pour l'avoir moi-même combattue il y a un an, alors que j'étais
directeur d'un centre hospitalier où il y a une section pour soins
prolongés.
On perçoit là des sommes et, en même temps, on exige
que ces personnes déboursent une somme qui peut aller jusqu'à
$120 par mois, dont $10 par mois pour leurs besoins personnels. Encore une
fois, il s'agit d'une espèce de jungle où il y a une
infinité de règlements qui ont besoin d'être
révisés. Je demande l'indulgence de cette assemblée pour
prendre connaissance, d'abord, du dossier le plus complètement possible
et apporter des correctifs dans les mois qui viennent.
Le Président (Mme Cuerrier): Programme 2,
élément 1. Adopté. Programme 3, élément 1.
Adopté.
M. Russell: Je voudrais intervenir en ce qui concerne
l'administration des hôpitaux. Je me demande si je dois le faire à
ce programme ou attendre l'autre, dans le budget. Puis-je le faire à
celui-ci?
Le Président (Mme Cuerrier): Cela regarde quoi?
M. Russell: C'est l'administration des hôpitaux, les soins
médicaux.
M. Charron: C'est le programme 11, ou 13. M. Russell:
Programme 13. M. Charron: Programme 13.
Le Président (Mme Cuerrier): Elément 1,
adopté? Adopté. Elément 2, adopté. Elément
3, adopté. Programme 11, élément 1 adopté.
M. Biron: Mme le Président. Je comprends...
Le Président (Mme Cuerrier): Qui s'est levé le
premier, je n'ai pas vu? M. le député de Saint-Laurent.
M. Forget: Le ministre pourrait-il nous confirmer si ce montant
de $3 500 000 représente effectivement le coût des vaccins pour la
grippe porcine, c'est-à-dire la part du Québec dans le coût
de ces vaccins? Pourrait-il nous indiquer si, suite à la décision
qu'il rendait publique la semaine dernière de mettre fin à ce
programme, il envisage la possibilité d'obtenir de retourner les vaccins
qui ont été ainsi achetés pour une fin qui ne sera plus
désormais nécessaire ou s'il a l'intention de continuer le
stockage de ces vaccins afin de parer à une éventualité
possible dans ce secteur?
M. Parizeau: Avant que le ministre des Affaires sociales ne
commente les aléas de la grippe porcine, je voudrais simplement indiquer
ici que l'élément 1 du programme 11, soins des maladies
physiques: $3 500 000, ne comporte que les crédits nécessaires
pour couvrir le coût des soins hors province. Cela n'a manifestement rien
à voir avec la grippe porcine, à moins de supposer qu'elle est
entièrement extérieure.
Le Président (Mme Cuerrier): Le député de
Lotbinière.
M. Biron: J'ai compris qu'il y avait beaucoup de ces soins qui
étaient reçus par des citoyens de l'Outaouais et dans la
région d'Ottawa en particulier. Le ministre a-t-il déjà
envisagé quelque chose pour que ces citoyens québécois
puissent recevoir des services hospitaliers nécessaires au
Québec?
M. Lazure: Pour être franc, depuis les quelques semaines
que je suis en fonction, je n'ai pas étudié cette question.
Evidemment, les citoyens de cette région peuvent recevoir des soins
à Hull, en particulier, où il y a un hôpital
général, mais il y a quand même des citoyens qui ont
recours aux soins qui sont dispensés dans la province voisine. Les
dispositions actuelles prévoient des ententes interprovinciales pour
qu'il y ait des remboursements.
Pour revenir à la question du député de
Saint-Laurent, dans la déclaration de vendredi dernier, j'ai dit que
nous entrerions en pourparlers avec le ministre de la Santé à
Ottawa, afin d'explorer la possibilité de retourner une quantité
de vaccins. Nous avons l'intention de garder en stock une quantité de
vaccins aussi.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Lotbinière.
M. Biron: Bien sûr, s'il y a des ententes
interprovinciales, comme cela, pour des soins hospitaliers, je comprends qu'au
Québec on doive débourser une somme additionnelle de ce qui
rentre des citoyens de l'Ontario. Il y a beaucoup plus de citoyens du
Québec qui vont se faire soigner en Ontario. C'est donc que notre
service hospitalier n'est pas adéquat dans l'Outaouais, en
particulier.
M. Lazure: Je pense qu'il faut avouer que les services
hospitaliers sont plus adéquats dans la ville d'Ottawa que dans la ville
de Hull.
M. Forget: Mme le Président.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: Pour retourner à ma question de tout à
l'heure, je demanderais un éclaircissement au ministre des Finances. Mon
examen de ces crédits supplémentaires ne me permet pas de voir
à quel poste budgétaire le coût de ces vaccins a
été affecté. Est-ce qu'il en a effectivement tenu compte
dans ces crédits supplémentaires ou si cela figurera comme compte
à payer, en quelque sorte, dans les comptes publics? Il me semble que
les crédits réguliers déjà adoptés par
l'Assemblée nationale pour l'année en cours ne prévoyaient
pas forcément, parce qu'ils ont été
préparés à une époque antérieure à
cette question le montant nécessaire pour défrayer le
coût de ces vaccins.
M. Parizeau: Je pense que le député de Jean-Talon,
le collègue du député de Saint-Laurent, pourrait lui
rappeler que c'est passé sur un mandat spécial, ces vaccins
contre la grippe porcine. Donc, cela a été un des mandats
spéciaux avant que l'ex-gouvernement quitte le pouvoir.
Le Président (Mme Cuerrier): Programme 11,
élément 1, adopté. Programme 13, élément 2.
M. le député de Brome-Missisquoi.
M. Russell: Mme le Président, je voudrais demander au
ministre s'il peut informer la Chambre sur la politique qu'il entend suivre en
ce qui concerne les soins dans les hôpitaux actuellement. Dans le
comté que je représente, nous avons un hôpital qui a
été construit il y a déjà plusieurs années
et qui a à sa disposition 127 lits. On nous informe qu'actuellement,
avec les budgets qu'il détient, il ne peut en faire fonctionner que 65
à 70, lorsqu'on a des listes d'attente apparemment, qui me dit-on, sont
assez impressionnantes. Je demande au ministre s'il a l'intention de faire en
sorte de modifier cette politique, si c'est dû à la politique du
gouvernement. Si c'est l'administration des hôpitaux qui est mauvaise,
a-t-il l'intention de prendre des mesures pour qu'on utilise au maximum
l'équipement qui est sur place pour répondre à un besoin
qui semble pressant?
Je peux informer le ministre que l'expérience personnelle
vécue par celui qui vous parle a été désastreuse en
ce qui concerne les services dans cet hôpital. Je ne sais pas si c'est
dû au responsable de l'hôpital, mais le service se
détériore de jour, en jour. Actuellement il y a des
spécialistes qui déménagent dans d'autres hôpitaux.
Est-ce que nous allons veiller à cette situation qui se
détériore de jour en jour ou si nous prendrons des mesures
radicales, s'il le faut, pour corriger cette situation et utiliser au maximum
l'équipement qui est sur place.
M. Lazure: Mme le Président, je remercie le
député de Brome-Missisquoi...
Le Président (Mme Cuerrier): Le ministre des Affaires
sociales.
M. Lazure: ...d'avoir soulevé cette question. J'en profite
pour renseigner l'Assemblée sur la situation qu'il vient de
décrire, qui n'existe pas seulement dans son comté, mais dans
plusieurs comtés du Québec actuellement.
J'ai constaté avec un peu de stupéfaction ces jours
derniers qu'il existe au moins huit centres hospitaliers importants au
Québec où on a dépensé des sommes impressionnantes,
des millions de dollars, pour ajouter des lits, pour ajouter une aile à
l'hôpital ou réaménager l'hôpital et que, un an et
demi, deux ans après la fin de ces travaux, ces nouveaux locaux ne sont
pas encore occupés.
Je pense que c'est la conséquence d'une certaine incurie, d'un
certain manque de planification
à la fois des administrations hospitalières et à la
fois du ministère. Les fonctionnaires au ministère me laissent
entendre que les administrations hospitalières qui avaient à
réclamer de tels agrandissements s'étaient engagées
à utiliser ces nouveaux espaces sans demander de nouveaux budgets de
fonctionnement. La position du ministère, jusqu'au changement de
gouvernement, était de répondre aux administrations
hospitalières: Vous pouvez utiliser les nouveaux locaux, mais vous
n'avez pas de budget additionnel.
Les hôpitaux répondent au public et à leurs
employés: Nous avons des espaces nouveaux, mais nous n'avons pas de
budget pour utiliser ces espaces. Il s'agit d'un problème très
grave puisqu'on a englouti des millions de dollars dans ces travaux et, pendant
ce temps, on retrouve dans les même hôpitaux des salles d'urgence
où plusieurs patients passent plusieurs heures sur des civières.
On retrouve des espaces libres dans ces hôpitaux. C'est un des
héritages assez lourds que le gouvernement qui vient d'entrer en
fonction reçoit comme cela, au départ. C'est un des
problèmes les plus compliqués auxquels je fais face actuellement
dans le ministère.
Le Président (Mme Cuerrier): Le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Mme le Président, concernant le
problème des ambulances, actuellement, j'ai dans mon comté,
particulièrement à Nicolet, l'hôpital Christ-Roi qui
administre le service ambulancier et, depuis qu'ils sont en opération,
ils ont un déficit de $12 700; ce déficit était en date du
17 novembre. Ce service se termine le 5 mars 1977. Le ministre pourrait-il nous
dire si, dans ce budget, il y a des crédits qui seront votés pour
que ce service ambulancier puisse continuer à fonctionner? Actuellement,
ils demandent aux gens des contributions volontaires pour pouvoir continuer
à fonctionner avec ce service. J'ai même envoyé une lettre
au ministre, il y a quelques jours, qui lui rappelait les contributions
volontaires dans ce domaine et qui lui expliquait la situation. Je ne sais pas
si le ministre a contribué, mais il pourrait peut-être contribuer
dans le budget.
M. Grenier: L'ambulance bénévole.
M. Lazure: Mme le Président, les fonctionnaires de mon
ministère rencontrent, ces jours-ci, cette semaine, des
représentants de chacun des comtés, de chacune des zones
où il y a des déficiences graves actuellement dans le
fonctionnement du service ambulancier. Je me suis engagé, l'autre jour,
devant l'Assemblée à ce qu'on trouve des solutions, que ce soit
par les services de l'Ambulance Saint-Jean, que ce soit par les services d'un
hôpital public, que ce soit par les services d'une municipalité.
Je me suis engagé, avec l'aide des fonctionnaires, à trouver une
solution pour chacune des zones avant la date d'échéance des
contrats.
M. Grenier: Mme le Président, dans le même ordre
d'idées, au sujet des ambulances, vous dites dans les zones où
c'est plus pressant. Je vous mettrais en garde qu'il y a des régions qui
crient peut-être moins fort qu'ailleurs, mais le problème n'est
pas moins criant. Il y a des zones où les gens ne se sont pas plaints du
tout j'en ai une chez nous où on a vu tripler le prix des
ambulances avec les exigences et les normes qui ont été
demandées par le gouvernement. Il y a des gens qui ne vous ont
probablement pas écrit, mais qui paient le double et le triple pour les
voyages ambulanciers.
Je voudrais bien que vos gens qui vont s'inquiéter des zones des
gens qui parlent s'inquiètent aussi des zones des gens qui ne parlent
pas. C'est pas mal comme cela dans toute la province, je pense.
M. Russell: Mme le Président, je suis heureux de voir que
le ministre est conscient du malaise qui existe actuellement, dans les
hôpitaux. Mais je voudrais lui faire ma demande pour voir quelle
politique il a l'intention d'adopter. S'il ne peut pas nous donner une
réponse immédiatement, dans quel délai pourra-t-il
informer la population de la nouvelle politique qu'il entend suivre en vue de
parer à ces situations?
M. Lazure: Mme le Président, ce serait vraiment trop
prématuré d'essayer de formuler une politique après trois
semaines. Encore une fois, je vous répète qu'il s'agit là
d'un problème compliqué et certainement d'ici à la
prochaine session nous serons en mesure d'apporter des correctifs qui seront
transmis à l'Assemblée lors de l'ouverture de la prochaine
session. Je me permets un dernier commentaire à ce sujet. M. le
député de Saint-Laurent, ce matin, s'est indigné de
l'intervention du ministre des Affaires sociales dans la marche des
hôpitaux. C'était une ingérence dans l'autonomie des
conseils d'administration des hôpitaux.
Je veux répéter, encore une fois à cette
Assemblée et au public à travers l'Assemblée qu'aussi
longtemps qu'une corporation hospitalière, le conseil d'administration
d'un hôpital fait son travail de façon satisfaisante pour le
public, je n'ai pas l'intention de m'ingérer dans ses affaires.
A partir du moment où un hôpital ne fournit pas des
services d'urgence, à partir du moment où un hôpital
n'utilise pas des espaces qui ont coûté des millions, à ce
moment, j'informe le député de Saint-Laurent que j'ai l'intention
de m'en occuper, même s'il appelle cela une ingérence.
M. Forget: Mme le Président, je n'avais pas l'intention de
participer à cette discussion, mais puisque le ministre des Affaires
sociales revient à la charge sur cette question, je le fais aussi parce
que je crois qu'il contribue, par ses propos, à créer une
certaine équivoque.
En effet, il ne fait pas de doute que lorsque les problèmes qu'il
soulève surviennent, il est de la
responsabilité du ministre des Affaires sociales et de la
responsabilité équivalente d'autres ministres, dans d'autres
secteurs, d'intervenir. Le problème qui se pose n'est donc pas de savoir
s'il doit intervenir ou ne pas intervenir. S'il n'intervient pas, naturellement
il ne fait pas son devoir.
Mais il y a bien des façons d'intervenir. Lorsque le ministre des
Affaires sociales intervient, les lois que cette Assemblée a
adoptées prévoient un certain mode d'intervention et c'est un
mode qui tombe sous le sens commun que lorsque l'on n'a plus confiance dans la
gestion d'un établissement décentralisé qu'il
s'agisse d'une ville, on a un autre projet de loi devant nous qui en donne une
certaine illustration, qu'il s'agisse d'une commission scolaire, qu'il s'agisse
d'un centre hospitalier, c'est la même chose lorsqu'on n'a plus
confiance dans la direction de ces organismes, on change la direction des
organismes, mais on ne fait pas le travail à leur place, parce qu'il est
inconvenant et inapproprié que le ministre devienne un administrateur
d'école ou un administrateur municipal ou un administrateur de centre
hospitalier. De toute manière, même s'il prétendait le
faire, il en sera incapable, puisqu'il ne peut pas être partout à
la fois.
Pour ce qui est des façons qui sont prévues dans la loi
pour intervenir dans des instances décentralisées lorsqu'elles ne
font pas leur devoir, il y a la mise en tutelle. La mise en tutelle a
été utilisée abondamment dans le secteur des affaires
sociales et cela demeure une solution. Il y a aussi d'autres solutions qui ont
été utilisées moins souvent, telles que l'enquête
publique, etc., lorsque les faits en cause sont eux-mêmes
imprécis. Mais je soutiens encore une fois, Mme le Président, que
ce n'est pas du tout la question de savoir si le ministre a une
responsabilité ou pas. Il est évident qu'il en a une, mais il
doit l'exercer selon ce que les lois prévoient et sans se prendre pour
un autre, c'est-à-dire, sans se prendre pour un administrateur
d'hôpital, ce qu'il n'est pas, ce qu'il était peut-être,
mais il ne l'est plus par définition puisqu'il est maintenant un
ministre et il doit se comporter comme tel et non pas faire le travail des
autres.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le ministre des Affaires
sociales.
M. Lazure: Mme le Président, les remarques du
député de Saint-Laurent me font sourire un peu lorsqu'il me dit:
Si les administrateurs hospitaliers ne sont pas compétents, il ne s'agit
pas d'intervenir, il s'agit soit de les mettre en tutelle ou de les faire
destituer par les voies normales. Je me souviens, il n'y a pas si longtemps,
que l'ex-ministre des Affaires sociales se faisait accuser par un grand nombre
d'administrateurs hospitaliers, y compris l'Association des hôpitaux du
Québec, d'ingérence et d'injustice puisqu'il tenait l'ensemble
des administrateurs hospitaliers comme imcompétents publiquement quand
il les comparait aux administrateurs de l'Ontario. Cela me fait un peu
sourire.
Je sais fort bien qu'il y a des mécanismes de tutelle, mais je
vous dis encore une fois qu'en ce qui concerne les urgences, il serait assez
embêtant de placer en tutelle, dans la région de Montréal,
une dizaine d'hôpitaux, comme vous le saviez fort bien à
l'époque, tous les deux ou trois jours, qui fermaient leur salle
d'urgence. En faisant ceia, ils enfreignaient la loi. Quand il s'agit d'une
situation aussi généralisée, je ne pense pas qu'on doive
recourir à une mise en tutelle.
Je pense qu'on doit rappeler aux administrateurs hospitaliers qu'il y a
des sanctions prévues dans la loi et les règlements. C'est ce que
j'ai fait.
M. Shaw: Madam President, I would like to direct a question to
the minister of Social Affairs concerning a promise made prior to this election
by the previous minister of Social Affairs concerning Lake Shore General
Hospital, which leads the province in number of emergency cases received in any
given year, to the last six years, which has the highest proportion of bed
demand for a hospital in the province of Québec, and has asked for an
expansion of its budget of $2 million.
Is this $2 million grant that has been promised by the previous minister
of Social Affairs being considered in the supplementary budget?
M. Lazure: Mme le Président, je sais que dans le plan
quinquennal des immobilisations, il y a des sommes d'argent prévues pour
l'hôpital La-keshore. Je ne peux pas vous donner plus de détails
pour le moment, mais je le ferai avec plaisir si vous m'adressez une demande
écrite, afin d'avoir plus de détails. Je sais qu'il y a des
prévisions dans le plan quinquennal pour l'hôpital La-keshore.
Le Président (Mme Cuerrier): Programme 5,
élément 2, adopté? Agriculture. M. le député
de Maskinongé.
Agriculture
M. Picotte: Avant de procéder à l'adoption des
divers programmes, j'aimerais vous demander une directive. Est-ce qu'il est
possible, au tout début, de poser au ministre responsable de
l'Agriculture certaines questions d'ordre général, avant
l'adoption des programmes et des divers éléments?
Le Président (Mme Cuerrier): C'est une permission que vous
demandez au ministre de l'Agriculture?
M. Picotte: A vous, Mme le Président.
Le Président (Mme Cuerrier): A moi?
M. Picotte: Oui, Mme le Président. C'est possible?
Le Président (Mme Cuerrier): Je trouvais cela
étrange. Allez.
M. Picotte: Est-ce que je pourrais savoir de la part du ministre
de l'Agriculture, concernant surtout le "kidnapping" des terres arables au
Québec, s'il a l'intention sous peu de présenter une loi
concernant le zonage agricole, et dans quel délai nous promet-il de
présenter cette même loi?
M. Garon: Je vous répondrai que, dans le programme du
Parti québécois, un des points importants était le zonage
agricole. C'est un dossier que j'ai actuellement et que je me propose de voir
en entier dans le temps des Fêtes. Vous comprendrez que c'est un dossier
complexe. C'est un des points les plus importants du programme du Parti
québécois et on entend passer là-dessus le plus rapidement
possible. Il serait difficile, à ce moment-ci, de vous donner une date
précise.
M. Biron: Mme le Président, avant de passer à cette
étude du dossier de l'Agriculture, je voudrais demander au ministre de
l'Agriculture on sait qu'il y a eu des coupures dans certains
ministères depuis le 15 novembre s'il y a eu des coupures dans le
budget du ministère de l'Agriculture depuis cette date?
M. Garon: Pas davantage au ministère de l'Agriculture que
dans d'autres. C'est-à-dire qu'il n'y a pas eu de coupure
particulière au ministère de l'Agriculture. Les voyages à
l'étranger sont tous aussi coupés pour ce qui est de
l'Agriculture comme pour n'importe quel autre ministère. Les coupures
qui ont eu lieu ont été des coupures générales sur
des types de dépenses.
M. Biron: Est-ce que c'est possible qu'il y ait eu des coupures
très fortes au ministère de l'Agriculture, qui vont
empêcher le ministère de l'Agriculture d'aider les fermiers
québécois au cours de la prochaine année, quant aux
crédits périmés ou autres, pour plusieurs millions de
dollars?
M. Garon: Pas que je sache. Je ne crois pas que l'application
générale du CT, quant au type de gel auquel on procède,
ait eu sur l'agriculture un impact plus particulier ou plus spécifique
qu'ailleurs.
M. Biron: Merci. Considérant le très faible budget
laissé au ministre de l'Agriculture, est-ce qu'il se peut quand
même que ces coupures aient un impact finalement? Ce n'est pas un budget
de plusieurs centaines de millions de dollars, c'est un budget de quelques
millions de dollars, tout simplement.
M. Parizeau: C'est tout de même $200 millions.
M. Picotte: Mme le Président... M. Roy: Mme le
Président...
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: ... j'aimerais poser une question au ministre de
l'Agriculture, étant donné que l'ensemble des crédits
concerne l'aide à la production agricole et la commercialisation
agricole... Je vais les prendre d'une façon globale et c'est une
question globale que je vais poser. Cela ne comporte que des crédits de
$7 350 000 additionnels. Il y a eu de nombreuses interventions à
l'Assemblée nationale, débats auxquels le Parti
québécois avait participé, le député de
Saguenay, plus précisément, à l'époque, en
commission parlementaire. Des représentations ont été
faites au cours de l'été concernant la fameuse politique
laitière imposée par la Commission canadienne du lait, qui, comme
on le sait, a procédé à la saisie des revenus des
agriculteurs dans leur totalité. Des agriculteurs se sont fait saisir la
totalité de leur paie pendant trois quinzaines de suite, ils ont
été sans revenu. On sait qu'un très grand nombre d'entre
eux ont connu et connaissent encore des difficultés
considérables.
Le gouvernement provincial, dans les derniers jours de septembre,
premiers jours d'octobre, a annoncé, à grand renfort de
publicité, qu'il avait décidé d'injecter, j'emploie ses
termes, de faire une injection directe je ne parle pas de vaccin, je
parle de capitaux, de dollars de $25 millions.
M. Garon: $22 millions.
M. Roy: $22 millions. On a parlé de $25 millions, à
un moment donné. Disons $22 millions pour venir en aide aux agriculteurs
et compenser, en quelque sorte, pour les pertes subies par rapport aux
politiques de la Commission canadienne du lait. Evidemment, il y avait un
programme de $15 millions ou $16 millions qui devaient être versés
en subventions directes; il y avait $8 millions qui devaient contribuer au
remboursement des paies saisies, si je me réfère aux
déclarations qui ont été faites, mais on n'a jamais eu la
déclaration officielle, le document gouvernemental à ce sujet. On
s'est basé sur des renseignements qu'on a eus par les media
d'information.
Ces $25 millions ont été annoncés et ont fait
l'objet de passablement de verbiage de la part de nos ex collègues
ministériels au cours de la campagne électorale. Je retrouve dans
le budget du ministère de l'Agriculture, dans le budget
supplémentaire, $7 350 000. J'aimerais savoir du ministre si le
programme, dont la réglementation avait été
préparée par l'ancien gouvernement, l'ancien ministre de
l'Agriculture, a été modifié ou si on avait tout
simplement mis beaucoup de chiffres pour donner une meilleure image et laisser
l'impression qu'on aide davantage la classe agricole. J'aimerais que le
ministre fasse la lumière là-dessus.
J'aurai, Mme le Président, d'autres questions à poser sur
ce sujet.
M. Parizeau: Si vous le permettez, comme il s'agit
essentiellement de technique d'inscription ou de présentation
financière, je vais d'abord répondre quitte à ce que mon
collègue, le ministre de l'Agriculture, complète ces
informations. La
première partie... Il y a une tranche du programme annoncé
par le précédent gouvernement qui est passée dans un
mandat spécial; donc, elle ne paraît pas ici. La
deuxième...
M. Roy: Quelle somme?
M. Parizeau: $10 millions. Qui ne sont pas là, mais qui
sont déjà passés dans un mandat spécial. La
deuxième tranche devait être incorporée dans les
crédits de 1977/78, c'est-à-dire à partir du 1er avril et,
donc, ne paraît pas dans les crédits supplémentaires
jusqu'au 31 mars. C'est essentiellement pour cela que ni la première ni
la seconde tranche ne paraissent dans les budgets supplémentaires. Il y
en a une partie qui est passée avant et l'autre partie va passer
après.
M. Roy: Est-ce qu'on peut savoir, étant donné qu'il
y en a une partie qui va...
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Beauce-Sud, le député de Maskinongé m'avait demandé
la parole. Est-ce sur le même sujet?
M. Picotte: Non, je reviendrai après. C'est sur un autre
sujet.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: Merci, Mme le Président. J'aimerais savoir, du
ministre des Finances ou du ministre de l'Agriculture, si le fait que ces
sommes seront prises à même le prochain budget, si les
déboursés qui devaient être faits aux agriculteurs d'ici la
fin de l'année financière gouvernementale, puisque les politiques
de la Commission canadienne du lait, je pense, se terminent le 31 mars, si ma
mémoire est bonne, si les cultivateurs, si les agriculteurs du
Québec, les producteurs laitiers du Québec pourront
bénéficier quand même de ces chèques, de ces
montants avant le 31 mars.
M. Parizeau: Non, compte tenu de la façon dont le partage
des fonds a été fait, le mandat spécial et ensuite avril,
ce n'est qu'au début d'avril qu'ils auraient ces chèques,
normalement.
M. Roy: Mme le Président, étant donné que
les agriculteurs n'ont reçu à l'heure actuelle qu'un
chèque, qu'on leur a dit, que c'était tout simplement un acompte,
un chèchèque, comme on l'a appelé durant la campagne
électorale, qu'un autre chèque devait suivre
éventuellement, j'aimerais savoir s'il y a des crédits qui sont
prévus ici, dans les postes budgétaires à
l'intérieur du budget supplémentaire, pour faire un autre
versement aux agriculteurs du Québec bientôt. Je ne parle pas du
montant de la deuxième tranche qui serait prévue dans le budget
de 1977/78, mais étant donné qu'il y a eu $10 millions de mandat
spécial, étant donné qu'il y a actuellement $7 350 000,
mettons $6 350 000 qui doivent être affectés partiellement
à cela, j'aimerais savoir quand le gouvernement pré- voit faire
parvenir le deuxième chèque aux producteurs laitiers.
M. Parizeau: Je répète ce que je disais, Mme le
Président. Les $7 350 000 qui se trouvent ici, à toutes fins
pratiques, c'est du paiement de factures déjà passées. Ce
n'est pas de l'argent qu'on prévoit affecter dans les trois mois qui
viennent à quoi que ce soit. Vous comprenez, les travaux
mécanisés sur les fermes, ce sont des factures; le drainage
souterrain, ce sont des factures, ce sont des travaux déjà faits.
Alors, quand vous voyez $7 350 000, vous ne demandez pas si c'est la politique
du gouvernement du Parti québécois pour les trois prochains mois,
c'est la liquidation des factures du dernier gouvernement. Ceci étant
dit...
M. Picotte: Mme le Président...
M. Roy: J'aimerais quand même apporter une
précision. Je ne veux pas parler du tout du programme...
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: Oui.
Le Président (Mme Cuerrier): Quand est arrivé le
moment de donner de nouveau la parole, c'est le député de
Maskinongé qui l'avait demandée depuis longtemps.
M. Picotte: Ma question...
M. Parizeau: Si vous voulez me donner un moment, je vais en avoir
pour trente secondes. Ceci étant dit, je répète ce que je
disais avant. Le deuxième chèque ne peut intervenir, compte tenu
du budget des crédits supplémentaires tels qu'ils sont
présentés aujourd'hui, qu'au moment où il avait
été prévu en tout état de cause, c'est comme
cela qu'il est prévu pour le moment au début d'avril.
M. Picotte: A la suite d'une demande de l'UPA, une demande
formelle de l'UPA concernant une loi sur la stabilisation du revenu
agricole...
M. Roy: Mme le Président, là on change de sujet, la
question de l'aide à la politique laitière n'est pas
complètement vidée. Avant qu'on aborde un autre sujet, il me
semble qu'on devrait vider cette question. J'aurais une question, probablement,
à poser là-dessus.
Le Président (Mme Cuerrier): Vous reviendrez tantôt,
M. le député de Beauce-Sud, j'ai déjà donné
la parole au député de Maskinongé.
M. Picotte: D'ailleurs, cela se rejoint très bien. A la
suite d'une demande formelle de l'UPA concernant la stabilisation du revenu
agricole, loi d'ailleurs votée par le précédent
gouvernement, est-ce que le ministre a l'intention d'incorporer à
cette loi la production laitière, tel que demandé par
l'UPA, surtout à la suite des déboires qu'ont connus les
producteurs laitiers depuis quelques mois? Est-ce qu'il prévoit
incorporer à cette loi la production laitière?
M. Garon: Pas immédiatement. Je suis au courant de la
demande de l'UPA, que j'ai rencontrée pendant deux jours à
Montréal. Il n'est pas question de faire une stabilisation des revenus
dans le domaine laitier pour l'instant.
M. Picotte: Est-ce que cela veut dire que...
M. Garon: Cela fait partie de ce qui a été
étudié.
M. Picotte: Est-ce que cela veut dire que si
éventuellement il y avait encore pénurie du côté de
la production laitière, le ministère arriverait avec des
crédits additionnels, comme l'a dit le député de
Beauce-Sud tantôt concernant cette question, avec des millions
additionnels et des "candy", comme l'auraient aussi dit certains
députés, ou si vous avez l'intention quand même, d'ici peu,
d'incorporer à cette loi la production laitière? Ou allez-vous
procéder toujours par subventions? A ce moment-là, vous ne seriez
pas différents des autres gouvernements. Vous ne seriez pas un vrai
gouvernement, vous seriez exactement comme tout le monde? C'est cela?
M. Garon: Je pense que ce n'est pas là le problème.
L'affaire des $22 millions est arrivée à cause d'une circonstance
exceptionnelle du gouvernement fédéral que vous défendez
si bien où on a décidé de réduire d'une
façon draconienne les quotas dans la province de Québec.
C'était une mesure d'urgence visant un problème particulier
créé par le gouvernement fédéral.
M. Picotte: Est-ce uniquement dans la province de Québec?
Question additionnelle. Vous parlez de la province de Québec, mais
est-ce uniquement dans la province de Québec que les quotas ont
été réduits ou si c'est partout au Canada? A ce
moment-là, que préconisez-vous d'apporter pour que ce soit mieux
qu'ailleurs? C'est surtout cela, le sens de ma question. Je ne vous demande pas
ce qui se fait partout ailleurs, ni ce qui se passe, mais je vous demande:
Qu'allez-vous apporter de mieux, vous, comme vrai gouvernement?
M. Garon: II va y avoir des négociations,
éventuellement, sur les prochains quotas pour l'année qui s'en
vient. Actuellement, j'ai rencontré des gens de l'UPA, les deux
fédérations à ce sujet. A ce point de vue, on est en
discussion pour les montants qui sont demandés au point de vue des
quotas dans les prochaines négociations.
Le Président (Mme Cuerrier): Le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: Merci, Mme le Président. En ce qui me concerne, je
n'ai pas l'intention de jouer au ping-pong, Québec-Ottawa, sur cette
question. On en a passablement entendu parler au cours des derniers mois, ici,
à l'Assemblée nationale. Les producteurs laitiers du
Québec sont en face d'un problème et il est unique dans la
province de Québec. Il n'existe pas dans les autres provinces. Il est
unique dans la province de Québec, à l'heure actuelle. Je veux
savoir, en termes bien clairs, bien précis, si le programme provincial
de $22 millions, qui a été annoncé pour venir en aide aux
producteurs laitiers du Québec, sera continué par le nouveau
gouvernement. C'est ce que je veux savoir. Il y a eu une annonce de faite. Il y
a eu deux programmes distincts à l'intérieur de ce programme de
$22 millions. Je veux savoir s'il est maintenu, s'il est suspendu ou s'il sera
reporté à plus tard. Mais je veux savoir exactement a quoi m'en
tenir.
M. Parizeau: II est maintenu, comme il avait été
annoncé.
Le Président (Mme Cuerrier): Le député de
Lotbinière.
M. Biron: II est maintenu, mais on a annoncé $22 millions
au total, dont $16 millions devaient être payés
immédiatement. Vous nous avez parlé tout à l'heure de $10
millions. Je pense que les producteurs laitiers ont raison, maintenant, de
demander les $6 millions additionnels qui avaient été
donnés. On a parlé toujours de $16 millions. C'est important pour
les producteurs laitiers du Québec, surtout quand on songe et
c'est un peu ridicule aussi que, tout dernièrement, on nous
annonçait qu'il y avait une pénurie de lait et qu'on était
obligé d'augmenter le prix de la livre de beurre parce qu'on manquait de
lait. Il y a des politiques là-dessus qu'il faudrait certainement que le
ministre de l'Agriculture revoie. Ma question est: Qu'est-ce qu'on a fait
maintenant avec les $6 millions additionnels qu'on devait payer
immédiatement aux producteurs laitiers du Québec? On devait payer
$16 millions.
M. Parizeau: Ce que je comprends, c'est que ce sont des
ajustements qui devaient être faits en fin de période. C'est dans
ce sens qu'ils intervenaient dans le budget suivant, c'est-à-dire
1977/78, au départ de l'année. C'est dans ce sens que je
répondais tout à l'heure; Oui, le programme est maintenu comme il
avait été établi.
M. Biron: Je pense qu'on a $6 millions de différence,
quand même. On a annoncé un programme de $22 millions; $16
millions devaient être payés immédiatement et $6 millions
plus tard. Les $6 millions plus tard, je comprends qu'ils aillent au 1er avril
1977, mais il manque quand même $6 millions aux producteurs laitiers du
Québec.
M. Parizeau: Le mandat spécial, tel qu'établi pour
refléter les déclarations qui ont été faites
à cette époque il y a eu des déclarations publiques
par l'ancien gouvernement qui se sont reflétées par un mandat
spécial prévoyant des paiements comportait essentiellement
$10 millions.
Que dans certaines déclarations publiques ils soient allés
au-delà, il faudrait que je me trouve dans la situation très
bizarre d'avoir à défendre ce que des gens qui sont
antérieurs à nous ont pu annoncer et ce qu'ils ont pu faire. Il
reste que le mandat spécial, tel qu'établi avant que nous
prenions le pouvoir, était de $10 millions, indépendamment des
déclarations qui ont pu être faites dans le public. D'autre part,
le reste était payable en 1977/78. Si on nous demande si ce qui avait
été prévu en 1977/78 sera payé, on répond
oui.
M. Biron: Par contre, en terminant sur ce sujet, on a
annoncé $16 millions immédiatement à nos producteurs,
quand on a des mandats spéciaux pour seulement $10 millions.
Le Président (Mme Cuerrier): Le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Sur les questions...
M. Garon: Les quotas ont été réduits de
façon draconienne. Après cela, il y a eu des rajustements dans
les quotas. A ce moment-là, l'indemnité ne peut pas être la
même, parce que les pénalités au point de vue des quotas
ont été plus faibles qu'elles ne l'avaient été
initialement. Il y a eu des rajustements dans les quotas après.
M. Roy: Serait-ce possible que le ministère de
l'Agriculture, le ministre de l'Agriculture nous remettre une copie
intégrale de cette politique qui avait été
préparée par le gouvernement, de façon à ce que
nous sachions clairement à quoi nous en tenir relativement à ces
deux programmes d'aide spéciale que le gouvernement provincial avait
décidé d'accorder aux producteurs laitiers? Pourrait-on avoir une
copie du document, de l'arrêté en conseil et des documents
gouvernementaux concernant ce programme? Le ministre peut-il nous garantir
qu'il nous remettra ces documents?
M. Garon: Oui. M. Roy: Merci.
Le Président (Mme Cuerrier): Une question du
député de Bellechasse. Une de celui de Montmagny-L'Islet et une
du député de Jean-Talon.
M. Goulet: Merci, Mme le Président. Dans le même
sens que le député de Beauce-Sud et de mon chef, on parle de $10
millions. Durant la campagne électorale, ce que le Parti libéral
avait promis c'était $22 millions. Je l'en remercie pour les
agriculteurs, $22 millions globalement. Ces $22 millions représentaient
$1 par $2.35 de perte pour les agriculteurs. Vous nous arrivez avec $10
millions et $6 autres millions. On est rendu à 85 cents par $2.35. Le
$1.50 qu'il manque par $2.35 de perte, allez-vous, à un certain moment,
le prévoir dans un budget, l'an prochain, en 1977 ou 1978?
Avez-vous quelque chose de prévu pour cela? Il manquera encore
$1.50 par $2.35 de perte. On remboursera 85 cents. Ce sont des chiffres qui ont
couru durant la campagne et certains candidats péquistes ont dit qu'ils
avaient la solution. Je ne sais pas où ils l'ont prise, mais j'aimerais
l'avoir ce soir pour la donner aux agriculteurs, surtout de mon
comté.
M. Parizeau: Répondre maintenant c'est préjuger de
ce qui viendra dans le budget général, le premier que l'on
présentera. Je doute beaucoup personnellement qu'on ait la solution
indépendamment de toute politique que le gouvernement
fédéral pourrait adopter. Il y aura toujours une part
d'ajustement par rapport à la politique du gouvernement
fédéral.
Compte tenu de ce qui s'est passé l'été dernier,
compte tenu des pertes réelles qui ont été encourues, je
pense que vous avez raison de les souligner, il est évident que dans le
prochain budget, il faut d'une part, pour répondre à ce que
disait le député de Beauce-Sud, respecter les promesses qui ont
été faites et, d'autre part, voir si l'on fait quelque chose
par-dessus. Cela est peut-être un peu prématuré de
répondre à cela aujourd'hui.
L'important c'est de souligner à nouveau, comme je le disais tout
à l'heure, que les promesses qui ont été faites dans les
budgets 1977/78 quant à ces pertes seront maintenues. Il faudra voir si
l'on fera quelque chose par-dessus cela. Toujours sujet à un nouveau
changement dans la politique fédérale, bien sûr.
Le Président (Mme Cuerrier): Le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: J'aimerais savoir, du ministre des Finances, comme du
ministre de l'Agriculture, s'ils ont l'intention de continuer de
réclamer avec force une compensation du gouvernement
fédéral afin de pallier de façon raisonnable ces pertes
volumineuses que les producteurs laitiers du Québec ont subies au cours
de 1976. Ils devront continuer de les subir au cours des premiers mois de
l'année qui vient à la suite des mesures excessivement
restrictives de la Commission canadienne du lait dans la politique de
réduction dans les contingentements de volumes de lait produits au
Québec comme dans les autres provinces canadiennes.
Deuxièmement, on a parlé tout à l'heure
d'application d'une politique de stabilisation des prix de produits à
l'industrie laitière. J'ai apprécié que le ministre ne
veuille s'engager immédiatement. Nous savons tous que
présentement dans le domaine de l'industrie laitière il y a une
forme de stabilisation qui n'est pas de la nature de celle que l'on voudrait
appliquer ici au Québec à toutes les productions agricoles. Mais
il y a tout de même une forme de stabilisation, de contribution du
gouvernement fédéral. S'il fallait instaurer chez nous un
véritable programme de stabilisation de prix en ce qui touche
l'industrie laitière, il faudrait d'abord être assuré que
le gouvernement cana-
dien maintienne des formules compensatoires à l'endroit de cette
industrie. Si on allait instaurer une politique de stabilisation sans avoir la
certitude ou la conviction que le gouvernement canadien continue dans ses
politiques d'aide à l'industrie laitière, nous perdrions sur deux
plans.
Nous obligerions les producteurs laitiers du Québec à
contribuer personnellement à un fonds de stabilisation
complété par la quote-part de l'Etat et nous perdrions ce que
nous avons acquis de peine et de misère après de grandes luttes
du gouvernement central, du gouvernement d'Ottawa. J'apprécie bien que
le ministre de l'Agriculture ne veuille pas trop plonger rapidement dans un
programme de stabilisation de l'industrie laitière parce qu'il y a
là des éléments qu'on ne retrouve pas dans d'autres
productions agricoles chez nous.
Maintenant, en ce qui a trait aux engagements que l'ancien gouvernement
a pris, j'ai eu l'occasion de participer à des débats au Conseil
des ministres et j'en ai discuté avec mon collègue de
l'Agriculture. Le principe qui avait été retenu en matière
de remise était celui de verser aux producteurs laitiers du
Québec, dans un premier temps, une somme de $10 millions qui
était obtenue par mandat spécial. Dans une deuxième
opération, il devait y avoir, à la fin de l'année
financière de la Commission canadienne du lait, une première
remise dès la fin de l'année, au 31 mars ou dans les jours qui
suivraient, et une autre remise de $6 millions. Enfin, à la suite de la
statistique établie par la Commission canadienne du lait sur la
production effectivement faite au cours de l'année financière, on
devait déterminer de quelle façon les derniers $6 millions
pouvaient être appliqués s'il y avait lieu de les appliquer
à ce moment, compte tenu des productions, des dépassements de
quotas, du maintien de la production dans une proportion établie
à 95% et, enfin, devant tenir compte également des
pénalités qui avaient été payées par
certains producteurs à la suite des dépassements des nouveaux
quotas réduits.
M. Garon: ...quatre.
M. Giasson: ...dix, six...
M. Lessard: Vingt-deux, d'accord.
M. Giasson: Je veux dire que les cultivateurs devraient toucher
immédiatement $10 millions, une autre tranche de $6 millions dès
que le prochain budget sera accepté et l'ajustement final basé
sur les productions totales au Québec au cours de l'année
financière.
M. Parizeau: Parfaitement d'accord.
M. Lessard: Mme le Président, je voudrais répondre
très brièvement quand même à la première
question qui a été posée par le député de
Montmagny-L'Islet concernant la décision que le nouveau gouvernement
devrait prendre vis-à-vis du gouvernement fédéral au sujet
des politiques laitières de lait industriel. Je pense, Mme le
Président, et je suis intervenu à maintes reprises, comme
député de l'Opposition et critique de l'Opposition à ce
sujet, en ce qui me concerne en tout cas, que nous allons intervenir de
façon beaucoup plus forte, de façon beaucoup plus intensive
je ne doute pas à ce sujet de la décision du ministre de
l'Agriculture actuellement que vous l'avez fait auprès du
gouvernement fédéral pour faire en sorte qu'il modifie ses
politiques laitières.
Le Président (Mme Cuerrier): Le député de
Jean-Talon.
M. Garneau: Concernant le mandat spécial, je n'ai
malheureusement pas la copie qui a été déposée par
le greffier de l'Assemblée nationale concernant les montants
engagés pour le mandat spécial. Le ministre des Finances sait-il
combien il y en avait d'engagés sur les $10 millions? Le chèque
qui a été envoyé couvrait-il l'ensemble des $10 millions
ou une partie seulement des $10 millions? Si vous n'avez pas la réponse,
je comprendrai que c'est assez technique d'avoir un détail comme cela.
Peut-être, si vous l'avez, cela répondrait-il à plusieurs
préoccupations qui ont été soulevées dans ce
débat, à savoir si le montant total de $10 millions a
été effectivement payé ou si un autre chèque doit
être prévu à même ces $10 millions. A-t-il
été divisé en tranches selon les informations sur le
niveau de la production ou si la première tranche couvrait l'ensemble
des $10 millions et si elle a été effectivement payée? Si
vous n'avez pas la réponse aujourd'hui, je pense bien que cela se
comprendrait.
M. Parizeau: Non, je ne pourrais vraiment pas dire quelle partie
des $10 millions du mandat spécial a donné lieu effectivement
à l'émission de chèques. Je peux me renseigner cependant
et rapporter le renseignement.
M. Garneau: Cela répondrait sans doute à plusieurs
des préoccupations qui ont été soulevées.
M. Parizeau: Oui, c'est possible, bien sûr.
Le Président (Mme Cuerrier): Le député de
Bellechasse et, après, le député de Maskinongé.
M. Goulet: Merci. A la suite des propos du ministre des
Transports, ce que les producteurs agricoles demandent du gouvernement d'en
face n'est pas de renégocier des quotas, c'est de faire en sorte que le
fédéral respecte les quotas déjà
négociés.
Au Québec, cette année, les producteurs agricoles ont
été pénalisés pour 20%, alors qu'ils ont eu un
surplus de production de 8%. Ce ne sont pas des gros chiffres, mais cela dit
beaucoup. Ce qu'on vous demande, c'est d'être fermes face à
Ottawa, pas de négocier des quotas. Pour l'instant, qu'Ottawa respecte
les quotas qui ont été négociés
antérieurement et ce serait déjà suffisant.
M. Garon: Vous connaissez la raison d'agir d'Ottawa. Ils ne nous
demandent pas la permission pour faire leurs choses, habituellement.
Je vais vous dire une chose, parce qu'il y a différentes
questions qui m'ont été posées à plusieurs
reprises. Ma façon, depuis le 25 novembre, de travailler a
été de rencontrer différents organismes agricoles
eux-mêmes. J'ai déjà rencontré l'UPA une couple de
journées et je la rencontre encore au début de janvier. A ce
moment, je préfère, plutôt que de dire quelles sont les
politiques immédiates, rencontrer les gens dans les secteurs
concernés pour penser avec eux et établir avec eux ces
politiques. Plutôt que des pensées en serre chaude, avoir une
politique d'écoute pour pouvoir discuter avec eux. Je vous dis que,
jusque à maintenant, plusieurs personnes m'ont dit, à plusieurs
reprises: C'est la première fois qu'un ministre de l'Agriculture fait
cela, venir nous rencontrer comme cela pour parler avec nous de nos
problèmes.
M. Goulet: M. le ministre, les chiffres que je vous donne, ce ne
sont pas des chiffres que je suis allé chercher après le 25
novembre. Je suis allé les chercher avec les agriculteurs bien avant le
25 novembre et c'est eux, dans leur milieu, qui me les ont donnés et qui
m'ont fait ces revendications. Il me semble que vous auriez dû commencer
bien avant le 25 novembre, parce qu'avant le 15 novembre vous sembliez, tout le
monde, avoir les solutions. Ce sont les solutions que je suis allé
chercher auprès des agriculteurs avant le 15 novembre.
M. Garon: Je suis d'accord avec vous, excepté que, pour la
prochaine politique laitière, j'ai rencontré les deux
fédérations de producteurs de lait nature et de lait de
transformation, pour avoir une politique de concertation. J'ai même
rencontré les gens du domaine de l'industrie laitière pour avoir
une politique de concertation, non pas une politique de division, non pas une
politique où il y a deux ou trois groupes qui parlent un langage
différent, mais une politique unifiée et d'ensemble, une
politique uniforme. C'est à cela que je me suis attaché depuis le
25 novembre et c'est dans cette direction que je veux continuer à me
diriger pour qu'il y ait une politique d'ensemble et non pas une politique
complètement divisée et en chicane dans le domaine de
l'agriculture. C'est comme cela que je pense que l'agriculture dans le
Québec va se développer.
M. Picotte: Mme le Président, puisque le ministre parle
des deux productions, il est sans doute au courant...
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Maskinongé, est-ce que c'est une réponse à la
question?
M. Lessard: Mme le Président, je dois souligner ceci en
réponse au député qui a posé la question tout
à l'heure. Ce qu'il nous a dit, c'est exactement ce que nous avons
tenté de faire quand nous étions dans l'Opposition. Nous allons
continuer de le faire au pouvoir et je suis convaincu, avec la concertation
dont nous parle le ministre de l'Agriculture, que nous allons essayer, avec les
agriculteurs québécois, avec les producteurs de lait industriel
de négocier avec Ottawa. Comme vous le disait le ministre de
l'Agriculture, dans les circonstances actuelles, comme nous l'avons vu,
d'ailleurs, avec l'ancien ministre de l'Agriculture, M. Drummond, ce n'est pas
le gouvernement du Québec qui décide des quotas; c'est le
gouvernement d'Ottawa. Cela vous démontre que, tant et aussi longtemps
qu'on n'aura pas la responsabilité de nos affaires, tant et aussi
longtemps qu'on n'aura pas les instruments politiques pour négocier nos
marchés, on sera toujours poignés avec le gouvernement d'Ottawa
quoi que vous puissiez en dire, M. le député.
M. Burns: Mme le Président, j'ai une question de
règlement. Je ne veux pas brimer qui que ce soit à
l'Assemblée nationale. Je ne veux pas réduire le droit de parole
de qui que ce soit, mais je pense que nous avons déjà
décidé que nous étions rendus à examiner les
programmes les uns après les autres. Je ne suis pas sûr
qu'actuellement nous ne sommes pas en train de nous répandre un peu
partout. Je n'ai pas d'objection, sauf qu'il y a des gens qui vont venir me
demander quand finit la session. Cela va venir, je vous en assure, beaucoup
plus vite que vous ne le pensez, ces demandes.
Je demande simplement la collaboration des députés
d'Opposition pour nous en tenir aux différents programmes, tel que nous
l'avons décidé après les discussions d'ordre
général que nous avons eues la semaine dernière. Je vous
fais cette remarque, Mme le Président, en vous demandant, si possible,
sans brimer le droit de parole de qui que ce soit, de nous en tenir à
l'examen des programmes les uns après les autres; autrement, je vous
avoue qu'on va encore être ici à Pâques en train de discuter
de la mini-session.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Jean-Talon.
M. Garneau: Mme le Président, sur la question de
règlement soulevée par le leader gouvernemental, si je comprends
bien l'étude du budget supplémentaire, nous sommes au programme
1, qui est l'aide à la production agricole. S'il y a un endroit
où les députés de cette Chambre peuvent poser des
questions concernant les politiques gouvernementales d'aide à la
production agricole, c'est bien là.
Je ferai remarquer au leader du gouvernement que ce débat, de
toute façon, est limité à huit heures.
M. Burns: Je le sais très bien.
M. Garneau: Si les députés personnellement,
je n'ai pas abusé, je crois que j'ai posé sim-
plement une question sur ce programme de l'Opposition veulent
poser des questions, je ne peux rien y faire et lui non plus, parce que je
pense que c'est leur droit strict. C'est cela que je voulais souligner.
M. Burns: Comprenez bien le sens de mon intervention. Je me
demandais, avec le ministre des Finances, depuis quelque temps, si on
n'était pas en train de se répandre un peu partout. C'est
beaucoup plus une remarque que je fais qu'un rappel à l'ordre. D'accord?
Répandez-vous si vous voulez.
M. Garneau: ... plus tard au ministre de l'Agriculture.
Le Président (Mme Cuerrier): Le député de
Maskinongé.
M. Picotte: En ce qui me concerne, une dernière question
d'ordre général. Je sais que le lait se transporte dans de gros
camions-citernes et je comprends que le ministre des Transports vienne à
la rescousse du ministre de l'Agriculture. Quand même, je voudrais lui
poser une question, puisqu'il a parlé de deux productions
laitières, soit la production de lait industriel et la production de
lait nature. Il est sans doute au courant que c'est peut-être une source
de problèmes spéciaux, surtout du côté des quotas,
qu'il y ait deux productions laitières.
Est-ce que le ministre de l'Agriculture est d'avis, ou encore, est-ce
qu'il pourrait me mentionner s'il est d'accord qu'on devrait avoir uniquement
une production laitière au Québec et s'il a l'intention de faire
des démarches de ce côté, afin qu'il n'y ait qu'une
production laitière, pour une meilleure unification de production
laitière, du côté agricole?
M. Garon: Je remarque que vous n'écoutez pas la Semaine
verte, parce que j'en ai justement parlé. Dans le domaine du lait, j'ai
dit aux cultivateurs qu'il faudrait qu'ils en arrivent à une entente
entre eux, autrement le gouvernement va prendre position.
Dans une première étape, je souhaite que les producteurs
des deux fédérations forment une entente, s'entendent entre eux.
S'ils ne peuvent pas le faire, pour une raison ou l'autre, à ce
moment-là, le ministère de l'Agriculture et le gouvernement
prendront position.
Le Président (Mme Cuerrier): Le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Mme le Président, suite aux propos de
l'honorable ministre des Transports, il semble que la vraie solution serait la
séparation du Québec pour régler le problème du
lait. Je lui dis ceci. Nous consommons au Québec, actuellement, le gras
que nous produisons. Mais le problème est qu'à toutes les huit
livres de poudre de lait que nous produisons, nous en consommons seulement
trois livres. Il en reste donc cinq livres.
Si, dans une famille de dix enfants, nous ne sommes pas capables de
consommer plus de trois livres de poudre, qu'allons-nous faire lorsque nous
serons seulement dans le Québec? Qu'allons-nous faire avec les cinq
livres? Je pense que votre solution ne tient pas du tout. En tout cas, moi je
n'embarque pas.
M. Lessard: Demandez-vous donc combien on importe de beurre et
combien on importe de fromage. Demandez donc, justement au député
de Beauce-Sud, vous allez peut-être avoir la réponse.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: J'aurais une dernière question touchant
l'industrie laitière chez nous. Je voudrais d'abord indiquer au ministre
que, sur un dossier particulier, en industrie laitière au Québec,
j'ai rencontré une résistance assez farouche de la part de
fonctionnaires du ministère de l'Agriculture. C'était le dossier
touchant la possibilité de permettre un certain nombre de moyens, aux
petits producteurs, d'être en mesure de continuer de faire la livraison
de leur lait dans les contenants qu'on appelle les bidons.
Il s'agit, dans la plupart des cas, de fermes que je ne dirais pas
marginales, mais qui sont au bord de la marginalité, qui sont
exploitées par des producteurs laitiers, des agriculteurs dont
l'âge, sans être avancé, est plutôt moyen et qui,
souven-tefois, n'ont pas de relève derrière eux mais qui
voudraient encore, pour quelques années, continuer d'exploiter les
fermes laitières qu'ils possèdent. Ils sont placés dans un
contexte ou devant une volonté très évidente, depuis
quelques années du moins, d'aller vers une concentration des usines
laitières, de très grandes usines qui posent des exigences et des
conditions que ces cultivateurs de ferme moyenne ne peuvent accepter parce
qu'elles nécessitent des investissements assez lourds compte tenu de la
période au cours de laquelle ces gens devront continuer d'agir.
Or, j'ai dans ma région, plus précisément à
Montmagny, une coopérative laitière qui a continué, ces
dernières années et c'est la seule au Québec
à recevoir le produit de ces petits producteurs qui livraient le lait ou
la crème en bidons. Des directives restrictives provenant du
ministère de l'Agriculture les avaient avisés que
dorénavant le permis ne serait pas renouvelé, permis qui
était sous le contrôle de la Régie des marchés
agricoles. La cause, du moins celle qu'on nous a indiquée pour le refus
de renouvellement du permis, découlait de conditions qui étaient
posées par le service de l'inspection des produits laitiers qui voulait
obliger l'entreprise ou l'usine en question à faire certains
investissements afin de répondre, de façon plus convenable, aux
conditions de salubrité des lieux, d'hygiène et de qualité
de produit.
Ces petits producteurs, qu'on retrouve dans
les comtés de Kamouraska, Montmagny-L'Islet, Bellechasse,
Dorchester, Beauce, il y en a même du comté de Lotbinière,
voudraient que les fonctionnaires du ministère de l'Agriculture
révisent le dossier et qu'on revoie la capacité de permettre
à cette usine de continuer de fonctionner pour quelques années
encore, tant et aussi longtemps que le volume produit sur ces fermes le
justifierait.
J'inviterais le ministre de l'Agriculture, au cours des prochaines
semaines ou au cours des prochains mois parce que là, la
production à l'usine s'est arrêtée sur un ordre venant de
son ministère à examiner sérieusement ce dossier
afin que le permis d'exploitation soit renouvelé. Même s'il
fallait apporter certaines réparations soit à la machinerie ou
à l'usine elle-même, il faudrait voir la possibilité que le
ministère de l'Agriculture accorde des subventions qui pourraient
être de l'ordre de $50 000, pas plus que cela, pour permettre à
environ 200 petits ou moyens producteurs laitiers de continuer. Si on ne le
fait pas, ces gens vont être devant un problème de
continuité de vie.
Ils peuvent difficilement s'intégrer dans le monde industriel,
ils peuvent difficilement se trouver des emplois en dehors de
l'expérience qu'ils ont acquise. Je crois qu'on ferait aussi oeuvre
utile. Je n'ai pas de peine à croire que des députés comme
celui de Beauce-Sud, comme celui de Saguenay, qui un jour ont voulu examiner la
situation, pourraient m'appuyer car ils comprennent, je pense, la situation
vécue par ces gens.
M. Garon: ...souligné le problème. Je sais que le
député de Saguenay et le député de Beauce-Sud sont
venus me dire que vous aviez déjà défendu ces
problèmes. Ecrivez-moi donc un mot à ce sujet, M. le
député de Beauce-Sud et vous aussi le député de
Montmagny-L'Islet, puis on va regarder cela.
Le Président: Le député de Beauce-Sud.
M. Roy: Mme le Président, c'est un problème
extrêmement important; c'est un problème qui en plus d'être
un problème économique devient un problème social, comme
l'a dit le député de Montmagny-L'Islet. J'ai été
surpris de la demande qu'il vient de faire de l'appuyer. Je ne veux pas parler
au nom de mon collègue, le député de Saguenay, mais il
doit probablement avoir la même surprise.
M. Lessard: Parlez-en!
M. Roy: Pendant deux ans, Mme le Président, pendant deux
ans à l'Assemblée nationale, nous avons plaidé la cause de
ces gens et jamais on n'a pu entendre un mot du côté
ministériel, un mot de la part de quelqu'un. Je suis en train de me
demander si le député de Montmagny-L'Islet, mon excellent ami
d'ailleurs, n'a pas été dans mon bureau et que je n'aurais pas
oublié mon vieux dossier.
Je suis en train de me poser la question. Je suis très heureux
que le débat soit soulevé devant l'Assemblée nationale
parce que ce n'est pas encore réglé. Il y a encore quelque chose
à faire, mais je trouve quand même curieux que des gens qui,
pendant qu'ils étaient au pouvoir, pendant qu'ils avaient la
responsabilité et pendant qu'ils contrôlaient les décisions
provinciales, n'ont pas trouvé le moyen de décider semblent
vouloir aujourd'hui s'en remettre aux fonctionnaires. Je pense que, quand on a
élu un gouvernement, c'est un gouvernement qui doit gouverner. Or, M. le
Président, je m'excuse, Mme le Président étant un
un habitué de l'Assemblée nationale, vous comprenez que quand on
chasse le naturel il revient au galop, je m'en excuse, c'est une question
d'habitude j'aimerais dire ceci aux membres de cette Assemblée.
Le problème soulevé par le député de
Montmagny-L'Islet est un problème réel qui mérite qu'une
attention particulière soit portée. Je suis heureux de constater
qu'avec le député de Saguenay nous avons pu faire des
débats de ce côté et d'apprendre que le gouvernement se
penchera sur cette question et verra à faire en sorte d'aviser les
usines laitières pour qu'elles continuent à recevoir les produits
de ces petits producteurs, de ces producteurs qui, quand même, sont en
mesure de gagner leur vie à l'heure actuelle, je dirai même sans
subventions gouvernementales additionnelles à condition qu'on leur
permette tout simplement de continuer de livrer tous leurs produits. Je compte
que le nouveau ministre de l'Agriculture, fort de l'appui de son
collègue le député de Saguenay, saura donner suite
à l'excellente recommandation, d'ailleurs, faite par le
député de Montmagny-L'Islet et que nous avions faite il y a deux
ans ici à cette Assemblée.
M. Giasson: Mme le Président, je viens d'entendre des
propos qui veulent indiquer à cette Chambre que je n'aurais pas suivi le
dossier en cause. De mon siège de député, suite à
de nombreuses interventions que j'ai faites d'abord auprès de mes deux
ex-collègues MM. Drummond et Toupin, suite à des rencontres et
à des discussions que j'ai eues avec des fonctionnaires du
ministère de l'Agriculture, je suis parvenu à faire reporter
à une année la décision d'annuler le permis de la Fabrique
laitière de Montmagny.
Il avait été décidé, surtout au niveau des
fonctionnaires, qu'elle devait cesser de fonctionner à la fin de
l'année 1975. A la suite de discussions, de pressions et voulant les
convaincre du bien-fondé d'apporter une tolérance, de reporter la
décision d'enlever le permis, on a obtenu que l'usine de Montmagny
fonctionne une autre année, ce qui n'était pas prévu dans
les recommandations de hauts fonctionnaires vis-à-vis du ministre de
l'Agriculture d'alors.
Je ne suis peut-être pas intervenu à l'Assemblée
nationale, mais je considère, je l'avoue, avoir fait un travail qui
n'apparaissait pas dans le public, mais qui a fait en sorte que cette usine a
certainement fonctionné une année de plus que toute
prévision de certains fonctionnaires au ministère de
l'Agriculture.
Le Président (Mme Cuerrier): Programme 3,
élément 2, adopté. Elément 3, adopté.
M. Picotte: Mme le Président...
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Maskinongé.
M. Picotte: ... concernant les travaux mécanisés,
est-ce que le ministre de l'Agriculture pourrait me mentionner, aujourd'hui,
à l'Assemblée nationale... C'est vous qui en faites du
patronage...
M. Lessard: Plus de patronage.
M. Picotte: ... avec le ministère de l'Industrie et du
Commerce et les candidats défaits. Vous savez, j'ai posé la
question au premier ministre, d'ailleurs, ce matin.
Une Voix: Très bien.
M. Picotte: Concernant les travaux mécanisés,
est-ce que le ministre de l'Agriculture pourrait me mentionner s'il veut
immédiatement s'organiser pour que soit révisée cette
politique, surtout depuis qu'on a incité les agriculteurs à
agrandir leur ferme, c'est-à-dire à acheter des fermes voisines
et à avoir deux ou trois fermes? L'agriculteur a droit à quarante
heures de travaux mécanisés, selon les normes. Lorsqu'il a
acheté des terres avoisinant la sienne, il a toujours droit à ces
mêmes quarante heures, sauf, évidemment, s'il utilise
l'autofinancement, mais ce n'est pas le cas de tout le monde. Le ministre
s'engage-t-il à réviser cette politique dans les plus brefs
délais, afin que ces gens ne soient pas pénalisés à
l'avenir?
M. Garon: J'ai demandé, dès les premiers jours
où j'ai été au ministère, d'avoir des rapports sur
la politique des travaux mécanisés. Maintenant, sur cet aspect
particulier, je ne peux pas vous donner une réponse
immédiatement, mais j'ai demandé surtout que cela se fasse en
l'absence de patronage, que cela se fasse d'une façon équitable
pour tout le monde, que cela soit pour le bénéfice de
l'agriculture, d'une façon égale pour tout le monde.
M. Picotte: Adopté.
Le Président (Mme Cuerrier): Elément 3,
adopté?
M. Picotte: Adopté.
Le Président (Mme Cuerrier): Programme 5,
élément 1.
M. Picotte: J'aurais une question.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Maskinongé.
M. Picotte: Vu qu'il est question de producteurs d'oeufs, on
pourrait parler de FEDCO.
Concernant les nombreuses saisies qui ont été faites
surtout dans la Mauricie, concernant FEDCO et certains producteurs d'oeufs,
est-ce que le ministre de l'Agriculture pourrait me dire si, à l'avenir,
il a l'intention d'appliquer, à la rigueur et à la lettre, la loi
de FEDCO concernant les producteurs d'oeufs ou s'il entend demander à
plus de 50% des producteurs d'oeufs apparemment, selon les gens que j'ai
consultés, qui contestent déjà la loi de FEDCO, de se
réunir pour discuter d'une nouvelle politique future?
Le ministre entend-il tout simplement appliquer à la lettre la
loi de FEDCO ou s'il entend la réviser et présenter une nouvelle
loi dans le futur ici à l'Assemblée nationale?
M. Garon: A ce moment-ci je ne me prononcerai pas sur ces
questions, pour une raison très simple. C'est qu'il y a eu des
rencontres dans le bureau du juge en chef Deschênes de Montréal et
il doit y avoir des causes types qui doivent procéder, je ne suis pas
certain si c'est dans la semaine du 10 janvier ou du 17 janvier.
J'avais des rendez-vous avec des fédérations et j'ai
préféré rester complètement en dehors du
débat pendant que les causes procèdent devant les tribunaux.
Le Président (Mme Cuerrier): Programme 5,
élément 1, adopté.
M. Garon: Mais, par ailleurs, je peux vous dire
qu'auparavant...
Le Président (Mme Cuerrier): Le député de
Maskinongé et le député de Mégantic-Compton.
M. Giasson: En matière de commercialisation des produits
agricoles, j'aimerais savoir du nouveau ministre quelle est son opinion sur
l'application de certains plans conjoints. A-t-il l'intention de
reconnaître ou d'instaurer d'autorité des plans conjoints ou des
offices de producteurs sans tenir compte de la volonté de ceux qui sont
directement intéressés dans leur production? Autrement dit,
est-il prêt, d'autorité, à instaurer au Québec
certains plans conjoints sans aller, par le jeu du référendum,
chez les producteurs qui sont impliqués dans différents plans
conjoints qui ont fait l'actualité récemment au Québec? On
a même déjà eu cette possibilité de voir les
producteurs intéressés se prononcer au référendum
parce qu'on sent des demandes d'imposer des plans conjoints dans des champs de
production agricole sans respecter la volonté des producteurs
directement impliqués.
Le ministre des Transports...
M. Garon: Je suis au courant de cette question parce que j'en ai
discuté avec des gens.
M. Lessard: ...matin.
M. Garon: Voyez-vous, c'est une question plus complexe que cela
parce que vous n'êtes pas sans savoir que les cartes sont vendues en
disant qu'on est favorable au plan conjoint.
Alors, il y a une question qui... J'ai été saisi du
problème. J'en ai discuté avec les gens concernés, mais il
est trop tôt pour que je me prononce sur cette question. Le
député de Saguenay va me donner un coup de main.
Le Président (Mme Cuerrier): Le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: Mme le Président,...
Le Président (Mme Cuerrier): Mégantic-Compton.
M. Grenier: ...seulement une petite question. Le ministre qui va
faire sa déclaration ministérielle demain matin on
l'attend à l'ouverture pourrait-il me dire si cela va comprendre
une partie qui va traiter de nos petits abattoirs? Dans le document que vous
avez eu de l'association, de l'exécutif, le paragraphe B de la page 6
est extrêmement important pour la survie de ces gens. Allez-vous nous en
parler demain matin, M. le ministre, ou pouvez-vous nous en dire un mot ce
soir?
M. Garon: Demain matin.
Le Président (Mme Cuerrier): Programme 5,
adopté?
M. Garon: Je pense que c'est demain après-midi.
Le Président (Mme Cuerrier): Programme 5, adopté?
Adopté.
M. Burns: Mme le Président, j'ai l'honneur de vous
suggérer de faire rapport au président de l'Assemblée
nationale que nous n'avons pas terminé nos travaux et que nous
espérons siéger et les terminer lors d'une séance
subséquente.
Le Président (Mme Cuerrier): J'ai l'honneur de vous faire
part que la commission des crédits n'a pas terminé ses travaux et
qu'elle demande la permission de siéger à une séance
subséquente.
Le Vice-Président: Quand siégera-t-elle? M.
Burns: A une prochaine séance.
Le Vice-Président: A une prochaine séance ou
à une séance subséquente.
M. Burns: C'est cela.
Le Vice-Président: Pardon, M. le leader, ce rapport est-il
adopté?
M. Lavoie: II n'y a pas de rapport à adopter.
Le Vice-Président: Non, d'acoord. M. le leader du
gouvernement.
M. Burns: M. le Président, je m'apprête à
faire la motion traditionnelle d'ajournement à demain, dix heures. Je
peux indiquer peut-être à nos collègues ce qui sera le menu
de la journée de demain. Immédiatement après la
période de questions, je demanderai à nos collègues d'en
face d'être assez compréhensifs relativement à l'absence
d'un certain nombre de ministres parce qu'il y aura Conseil des ministres
demain, réunion que nous avons retardée à onze heures pour
qu'ils puissent participer à la période de questions et aux
travaux préliminaires, aux affaires courantes. Par la suite,
évidemment, il n'y aura en Chambre, à peu près, que les
ministres qui seront conce nés par les problèmes que nous
discuterons.
Je suggérerai, demain, à la Chambre, de continuer et de
terminer l'examen des crédits supplémentaires. Par la suite, on
pourra s'attaquer aux projets de loi qui sont inscrits au nom du ministre de la
Fonction publique, au nom du ministre pas nécessairement dans cet
ordre des Affaires sociales, au nom, également, si c'est
possible, du ministre des Finances. Ces projets sont inscrits actuellement en
deuxième lecture.
Je suggérerai également à la Chambre de recevoir le
rapport de la commission des Affaires municipales qui a siégé
relativement aux projets de loi no 47 et no 78, et je suggérerai
également à la Chambre d'adopter les troisièmes lectures
que vous retrouverez au feuilleton demain matin. C'est globalement, le projet
que je formule dans la journée. Si tout va bien, nous continuerons
l'examen du projet de loi 82 qui en est rendu toujours au stade de la motion de
report à un mois. Si tout va bien, nous pourrions peut-être nous
en aller chez nous demain soir. Sinon, peut-être jeudi, peut-être
vendredi, peut-être la semaine prochaine, en tout cas, peu importe. Je
vous donne à peu près le portrait tel que je le vois avec la
collaboration des députés de l'Opposition.
Le Président (M. Cuerrier): M. le leader de
l'Opposition.
M. Lavoie: Mme le Président, à chaque jour suffit
sa peine et actuellement nous avons le programme de demain, et demain vous nous
donnerez le programme d'après-demain.
M. Burns: C'est cela.
Pour ce soir, M. le Président, je propose l'ajournement de la
Chambre à demain, dix heures.
(Fin de la séance à 23 h 4)