Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
(Quinze heures huit minutes)
M. Richard (président): A l'ordre, messieurs!
Affaires courantes.
Dépôt de rapports de commissions élues.
Dépôt de rapports du greffier en loi sur les projets de loi
privés.
Présentation de motions non annoncées.
M. le leader du gouvernement.
Motion pour faire siéger les commissions dans
l'intersession
M. Burns: M. le Président, avec le consentement de la
Chambre, j'ai deux choix: ou bien je mets cette motion au feuilleton ou je vous
la présente. Je pense que le chef de l'Opposition ne devrait pas s'y
opposer. C'est une motion qu'il a déjà lui-même
présentée et qui est habituellement très courante en fin
de session. S'il a la moindre objection, je vous dis tout de suite que je
retire ma demande de consentement; je la mettrai au feuilleton.
C'est pour faire siéger les commissions dans l'intersession et
possiblement les sous-commissions aussi. Je vous livre le projet de proposition
que je fais et qui se lit comme suit: Je propose, avec le consentement unanime
de la Chambre, que les commissions parlementaires de l'Assemblée
nationale soient autorisées à siéger après la
prorogation de la présente session et les projets de loi, ordres ou
affaires qu'elles auront étudiés pourront être inscrits au
feuilleton ou rapportés a l'Assemblée au début de la
prochaine session au stade où ils se trouveront sur motion du leader
parlementaire du gouvernement dans le délai prévu à
l'article 6 du règlement; que les sous-commissions soient
également autorisées à siéger avec tous les droits
et privilèges accordés aux membres des commissions.
Je vous mentionne tout de suite que je ne prévois pas de
sous-commissions, mais je l'ai mis pour le cas où il y en aurait. C'est
tout simplement pour permettre... Vous voulez en avoir une copie?
M. Lavoie: En avez-vous une copie?
M. Burns: Oui. J'ai la copie du feuilleton.
M. Levesque (Bonaventure): J'aimerais le lire.
M. Burns: D'accord. Voulez-vous suspendre quelques secondes, M.
le Président?
Le Président: Non. La séance est suspendue pour
quelques secondes. A l'ordre, messieurs! M. le leader du gouvernement.
M. Burns: M. le Président...
M. Lavoie: M. le Président, nous sommes d'accord pour
cette motion. Nous allons la considérer comme acceptable. Nous allons
donner no- tre consentement pour qu'elle soit faite. Par contre, nous allons
demander immédiatement un vote enregistré.
M. Bellemare: On ne voit pas d'objection non plus, parce que
c'est une motion qui a déjà été faite en Chambre,
par le gouvernement précédent, sur laquelle il y avait eu
unanimité pour qu'une sous-commission puisse siéger et que les
membres soient payés comme pour une commission. Je n'ai aucune
objection.
Vote sur la motion
Le Président: Qu'on appelle les députés!
Que ceux qui sont en faveur de la motion présentée par le
leader du gouvernement veuillent bien se lever, s'il vous plaît!
Le Secrétaire adjoint: MM. Burns, Mme Cuerrier, MM.
Cardinal, Bédard, Laurin, Morin (Louis-Hébert), Marois,
Léonard, O'Neill, de Belleval, Mme Payette, MM. Lessard, Proulx, Lazure,
Léger, Tardif, Grégoire, Michaud, Paquette, Marcoux, Alfred,
Fallu, Bertrand, Godin, Desbiens, Laplante, Mercier, Marquis, Lacoste,
Ouellette, Perron, Brassard, Clair, Lavigne, Dussault, Jolivet, Baril,
Bordeleau, Boucher, Gravel, Lévesque (Kamouraska-Témiscouata),
Gagnon, Levesque (Bonaventure), Lavoie, MacKasey, Forget, Gar-neau, Mailloux,
Goldbloom, Saindon, Raynauld, Mme Lavoie-Roux, MM. Giasson, Lamontagne,
Lalonde, Caron, O'Gallagher, Ciaccia, Marchand, Gratton, Biron, Bellemare,
Grenier, Russell, Goulet, Fontaine, Brochu, Le Moignan, Cordeau.
Le Président: Que ceux qui sont contre la motion du leader
du gouvernement veuillent bien se lever, s'il vous plait!
Que ceux qui s'abstiennent...
Une Voix: Ceux qui sont absents sont contre.
Le Président: A l'ordre!
Le Secrétaire: Pour: 69 Contre: 0
Le Président: La motion est adoptée.
M. Burns: M. le Président, toujours aux motions non
annoncées, après consultation avec les partis d'opposition, il
paraît qu'il serait agréable à cette Chambre de
siéger demain matin à compter de dix heures, de sorte que j'en
fais motion et voudrais que cela devienne un ordre de la Chambre. Que
l'Assemblée nationale reprenne ses travaux demain matin, à
compter de dix heures, pour, par la suite, suspendre à une heure,
reprendre ses travaux à trois heures jusqu'à six heures,
suspendre de six heures à huit heures quinze pour terminer ses travaux,
demain soir, à onze heures. J'en fais motion, M. le
Président.
M. Bellemare: Parlant sur la motion de l'honorable leader, il est
bien entendu que l'ordre que
nous devons suivre est celui que l'on suit habituellement le lundi
à trois heures, avec une période de questions ordinaire et tout
cela.
M. Burns: Vous voulez dire que les questions seront à dix
heures le matin?
M. Bellemare: Oui.
M. Burns: Je suis entièrement d'accord.
Le Président: Est-ce que cette motion est
adoptée?
M. Lavoie: Adopté.
Le Président: Adopté. Cela devient un ordre de la
Chambre.
Présentation de projets de loi au nom du gouvernement.
Présentation de projets de loi au nom des députés.
Déclarations ministérielles.
M. le ministre des Communications. Déclaration
ministérielle
Ouverture d'une station de télévision de
langue anglaise à Chicoutimi
M. Louis O'Neill
M. O'Neill: M. le Président, je désire vous
informer, ainsi que les membres de l'Assemblée nationale, que la
division des services anglais de la société Radio-Canada met en
ondes aujourd'hui une station de télévision en langue anglaise
à Chicoutimi.
L'occasion me paraît excellente de vous faire part de ma position
dans le domaine de la radio-télédiffusion. Les objectifs d'une
politique québécoise dans ce secteur sont d'assurer que
l'identité nationale et culturelle du Québec soit
protégée et qu'elle se renforce; de concilier l'affirmation des
valeurs culturelles et francophones du Québec et le progrès
économique; de protéger et de promouvoir la langue
française; d'accroître la production de langue française et
d'augmenter le choix des francophones sans pour autant réduire, dans la
mesure du possible, le choix des anglophones.
Mes prédécesseurs reprochaient à Radio-Canada de ne
pas améliorer d'abord la qualité de ses services français
au Québec, soit en s'implantant régionalement pour libérer
les affiliés qui assureraient, par la suite, le deuxième service
français tant attendu, par exemple, dans le Bas-Saint-Laurent et
le Nord-Ouest soit en corrigeant la couverture de son service de radio
MA inexistant de nuit en maints endroits, soit en accélérant la
couverture de son service français de radio MF confiné aux seules
régions métropolitaines.
Ai-je besoin de vous mentionner que je par- tage pleinement cette
attitude de mes prédécesseurs? Le Québec demande depuis
plusieurs années que la société Radio-Canada reconnaisse
son gouvernement comme un interlocuteur privilégié et qu'en
conséquence les plans de Radio-Canada soient soumis à mon
ministère de qui relève la responsabilité de coordonner le
développement des communications au Québec.
Radio-Canada refuse de reconnaître ce fait et c'est
déplorable. Tout au plus, Radio-Canada nous informe de certaines
décisions, lorsqu'elles touchent le Québec et lorsqu'elles ont
été soumises à l'organisme fédéral de la
réglementation, le CRTC. Si Radio-Canada reconnaissait à l'Etat
du Québec la compétence qui est sienne dans ce domaine, je suis
assuré que ses initiatives correspondraient beaucoup plus à la
réalité socio-culturelle québécoise. Dans certaines
régions du Québec, en effet, comme l'Outaouais, le Nord-Ouest,
les Cantons de l'Est ou l'Estrie, Montréal et la Baie-des-Chaleurs, il y
a une nette disproportion entre les services anglais disponibles et le nombre
d'anglophones qui y vivent.
Il m'apparaît tout à fait normal que les citoyens du
Québec aient un accès intégral à la programmation
française, dans les domaines de la radio MA et MF et de la
télévision, et c'est cette première étape que
devrait franchir Radio-Canada, avant de procéder à la mise en
ondes de stations anglaises de radio et de télévision.
M. le Président, nous estimons que seule une compétence
complète du Québec sur l'ensemble des communications peut assurer
un développement harmonisé dans ce secteur et éviter les
anomalies que nous déplorons. Ceci implique que Radio-Canada se
décide à collaborer avec l'Etat du Québec. C'est une
simple question de bon sens, et le refus actuel de la société
Radio-Canada de reconnaître la compétence du Québec
constitue une attitude inadmissible que nous dénonçons. Les
citoyens du Québec en ont soupé de ce genre de
fédéralisme qui ressemble à de l'impérialisme
culturel.
Le Président: M. le chef de l'Opposition officielle.
M. Gérard D. Levesque
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, on pourrait
s'étonner de voir que c'est un ministre péquiste qui s'occupe
d'informer l'Assemblée nationale des politiques
fédérales.
De toute façon, M. le Président, sans vouloir
élaborer sur les motifs qui ont poussé le ministre à nous
entretenir de ce sujet dans une déclaration ministérielle, qu'il
me suffise de souligner l'intérêt évident et bien connu
qu'a manifesté le Parti libéral du Québec dans un domaine
comme celui des communications, alors que, comme le rappelait d'ailleurs le
ministre, nous avons constamment réclamé un nouveau partage des
pouvoirs entre le gouvernement fédéral et le gouvernement des
provinces, particulièrement dans les domaines qui touchent la culture et
plus précisément celui des communications.
Nous avons été, cependant contrairement à ce
que j'observe aujourd'hui extrêmement plus positifs dans notre
approche à ce problème. On se rappellera qu'au cours de
l'année 1976 en particulier, sans oublier les efforts qui ont
été faits auparavant, mais particulièrement au cours de
l'année 1976, nous avons rencontré les premiers ministres et les
ministres des Affaires intergouvernementales, les ministres de la Justice des
autres provinces du Canada ainsi que les hauts fonctionnaires de ces
ministères, afin de bien faire sentir à nos collègues des
autres provinces combien nous attachions de l'importance à un nouveau
réaménagement des pouvoirs entre le gouvernement
fédéral et le gouvernement des provinces, particulièrement
à la faveur du rapatriement de la constitution qui était
envisagé d'une façon assez prochaine à ce
moment-là.
Nous avons eu les conférences d'Edmonton et de Toronto, où
nous avons réussi à obtenir un quasi-consensus de toutes les
provinces du Canada, justement dans ce domaine des communications entre autres.
Je dois donc dire, M. le Président, que lorsque le ministre parle de ses
prédécesseurs, je m'imagine qu'il fait allusion à cette
prise de position énergique de la part du gouvernement antérieur
et qui s'acheminait vers une véritable réforme
constitutionnelle.
Je ne sais pas, cependant, si je puis prêter des motifs à
l'honorable ministre des Communications, mais il me semble que, sans discuter
du fond de la question il ne l'a pas fait d'ailleurs
peut-être pour les gens du Saguenay-Lac-Saint-Jean la venue d'une telle
station de télévision est bienvenue. Je ne toucherai pas
davantage au fond de la question, mais me posant des questions sur
l'opportunité de cette déclaration ministérielle, je me
demande si simplement, plutôt que d'un effort pour continuer ce travail
que nous avons commencé, nous ne sommes pas témoins ici d'un
autre élément de cette préparation au
référendum.
Le Président: M. le ministre des Communications.
M. O'Neill: M. le Président, puisqu'on nous pose des
questions sur les motifs, je pense que l'intention était très
claire. C'est d'attirer l'attention de cette Assemblée sur un
problème que nous estimons majeur et dont la solution semble, moins que
jamais, prendre forme dans le contexte actuel. Il y a là quelque chose
de grave. Je crois que c'est vraiment la bonne occasion pour le gouvernement de
laisser entendre à ceux qui sont sensibles à ce problème
et qui ne veulent pas se contenter d'interminables conférences que la
solution se trouve ailleurs. D'ailleurs, les grandes lignes de cette solution
seront précisées dans un prochain avenir.
Le Président: Dépôt de documents. M. le
leader du gouvernement.
DEPOT DE DOCUMENTS
Rapport annuel de la Régie de
l'assurance-récolte
M. Burns: Au nom du ministre de l'Agriculture, qui est
actuellement à quelque part entre Drummondville et Québec, j'ai
l'honneur de présenter le rapport annuel de la Régie de
l'assurance-récolte du Québec pour l'exercice terminé le
31 mars 1976.
M. Levesque (Bonaventure): N'essayez pas d'éliminer la
période des questions, là.
Le Président: Questions orales des
députés.
QUESTIONS DES DEPUTES
Tenue du référendum
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président... Le
Président: Le chef de l'Opposition.
M. Levesque (Bonaventure): J'ai une question à poser
à mon ami, le ministre d'Etat au développement culturel.
En fin de semaine, dans le cadre de l'émission "Response", si je
ne m'abuse, au réseau anglais de Radio-Canada, samedi soir, entre 6 h 30
et 7 heures, j'ai eu, par hasard, le plaisir d'entendre le ministre.
Je l'ai entendu parler du référendum sur
l'indépendance et de la possibilité pour les
Québécois anglophones de voter dans l'affirmative. Le ministre
d'Etat au développement culturel a déclaré que la chose
était bien possible puisque, en fait, ce que propose le Parti
québécois n'est pas l'indépendance, c'est, a dit le
ministre, tout simplement un genre de nouveau contrat, de nouvelles relations
entre le groupe francophone et le groupe anglophone. Le ministre d'Etat au
développement culturel peut-il dire à cette Chambre si
j'interprète bien les propos qu'il a tenus, parce que je les ai entendus
moi-même? Je ne voudrais pas passer par un autre. Dans un cas comme dans
l'autre, peut-il dire clairement à cette Chambre si le Parti
québécois est toujours en faveur de l'indépendance du
Québec?
Le Président: M. le ministre et député de
Bourget.
M. Laurin: II me fait plaisir de répondre pour la
première fois à mon excellent collègue de Bonaventure que
je retrouve avec plaisir. Evidemment, il sera bien difficile, tant que nous
n'aurons pas formulé exactement la question et ce n'est pas pour
demain de répondre d'une façon trop précise au
député de Bonaventure. Mais je peux quand même renvoyer
immédiatement le député de Bonaventure au programme du
Parti québécois, qui existe depuis plusieurs années,
ainsi
qu'à plusieurs déclarations qui ont été
faites dans cette Chambre ou ailleurs et qui ont été
rapportées par les journaux et dont il ressort d'une façon
évidente que le Parti québécois n'a jamais eu l'intention
de se séparer de qui que ce soit, mais a toujours eu la
résolution très ferme de construire un Québec doté
de tous les attributs qui lui permettent d'être maître chez lui,
d'être maître de ses décisions économiques, de ses
décisions politiques, donc une visée extrêmement positive
et qui répond à une volonté depuis longtemps
exprimée au cours de l'histoire par un très grand nombre de
Québécois, en particulier francophones.
M. Lavoie: Des phrases, des phrases!
M. Burns: Voulez-vous des réponses ou si vous n'en voulez
pas?
Le Président: A l'ordre! Une Voix: II y en a une...
Une Voix: Des réponses...
M. Burns: En voulez-vous des réponses ou si vous n'en
voulez pas? C'en est une.
M. Garneau: C'est ce qu'on veut savoir. Ce n'est pas une
réponse, c'est un "zing-zing" comme cela.
Le Président: A l'ordre, messieurs! Je voudrais rappeler
au leader du gouvernement que ce n'est pas à lui de présider
cette Chambre.
M. Laurin: C'est là la première partie de ma
réponse au député de Bonaventure, d'où il ressort
que la souveraineté que nous réclamons est un moyen pour
satisfaire des aspirations séculaires et de plus en plus
légitimes des Québécois.
La deuxième partie de ma réponse est que le Parti
québécois a toujours été très conscient que
le Québec est une terre américaine qui fait partie d'un ensemble
économique avec lequel nous avons eu et nous aurons encore des relations
que nous estimons, que nous voulons fructueuses et que, dès l'origine du
parti, il a été dit, très clairement, dans notre programme
et dans la façon dont nous l'avons élaboré que ce que nous
recherchons, c'est une nouvelle association avec nos collègues des
autres provinces du Canada.
Cette association...
M. Levesque (Bonaventure): ...
M. Laurin: ... devrait être négociée en
fonction de nos intérêts réciproques et, bien entendu, en
fonction des intérêts primordiaux du Québec. C'est dans ce
sens que je pouvais parler d'un nouveau contrat beaucoup plus avantageux que
celui que nous possédons actuellement puisque, dans le contrat que nous
possédons, nous avons assisté de plus en plus, au cours des
vingt-cinq dernières années, à une érosion des
pouvoirs du Québec, à une centralisation excessive des pouvoirs
à Ottawa et que nous assistons au maintien d'une situation où le
Québec est toujours minoritaire dans les conférences
fédérales-provinciales, toujours minoritaire dans la
députation qu'il envoie à Ottawa. C'est une situation qui s'est
traduite par un asservissement de plus en plus prononcé du Québec
aux visées centralisatrices de la nation "cana-dian ". C'est la raison
pour laquelle, tout en affirmant notre souveraineté, nous entendons
négocier un nouveau type de contrat qu'on appelle un contrat
d'association avec nos voisins pour le plus grand avantage des deux parties
concernées.
Le Président: Une question accessoire, M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. MacKasey: M. le Président, j'adresse ma question au
ministre et je le félicite pour sa participation au programme au canal 6
et surtout pour sa compétence dans les deux langues officielles du
Canada.
J'ai appris beaucoup du Parti québécois et j'étais
bien d'accord avec les sentiments du ministre surtout lorsqu'il parlait de la
pauvreté des gens, de la nécessité de la réforme et
de la législation de cette session pour aider les pauvres en augmentant
le salaire minimum et bien d'autres choses. Mais, quand même, en
réponse à une question de Laurent Laplante... Je la cite en
anglais parce que la question était posée en anglais: "But, Dr
Laurin, it is not only worse than I thought, you offered all that without
independence en parlant du programme du Parti québécois
and you could not attract the Anglophones, so you offered all that plus
independence. Do you believe that you will get any support from the Anglophones
two years from now?"
En réponse, le ministre a dit ceci: "You know even that
independence is a catch word, it is not really what we have said for the last
eight years. " Si vous n'avez pas parlé de l'indépendance depuis
huit ans, voulez-vous, s'il vous plaît, M. le ministre, traduire au moins
pour moi, qui n'ai pas la même compétence que vous, en
français, s'il vous plaît, what you mean by "you know even that
independence is a catch word"? Independence is it independence or is it not
independence?
M. Laurin: Evidemment, je suis obligé de prendre la parole
du député de Mont-Royal...
M. MacKasey: Notre-Dame-de-Grâce.
M. Laurin: Notre-Dame-de-Grâce.
M. MacKasey: Grâce, c'est le bon français.
M. Burns: II est venu sauver le fédéralisme dans
Notre-Dame-de-Grâce.
Le Président: A l'ordre!
M. MacKasey: Je suis content de voir un autre Irlandais dans la
Chambre avec moi.
M. Laurin: J'aurais donc préféré avoir la
transcription exacte des propos que j'ai tenus, parce qu'on sait qu'il est
toujours facile, lorsqu'on tire une phrase hors de son contexte, de faire
pendre n'importe quel individu. C'est Voltaire qui disait qu'avec deux lignes
écrites par n'importe qui, il pouvait se flatter de le faire pendre.
Ceci dit, je ne...
M. Levesque (Bonaventure): Nous pouvons, si vous me permettez, M.
le Président, faire parvenir une copie au ministre de ce qu'il a dit,
s'il l'a oublié. Nous pourrons lui rafraîchir la
mémoire;...
M. Laurin: D'accord.
M. Levesque (Bonaventure): ... nous avons même un
enregistrement de ses paroles sur bande sonore, si cela l'intéresse.
Alors, lorsque...
M. Burns: M. le Président...
Le Président: A l'ordre, messieurs!
M. Laurin: Ceci dit, je ne refuse pas du tout de m'expliquer
auprès du député de Notre-Dame-de-Grâce. Ce que nous
avons toujours dit depuis huit ou neuf ans, c'est que nous visons une pleine
souveraineté. C'est toujours le mot que nous avons employé
dès l'origine du parti. La souveraineté a un sens
éminemment positif, en ce sens qu'elle recouvre tous les pouvoirs qui,
nous l'avons senti, nous manquaient pour être les maîtres d'oeuvre
de notre politique, aussi bien économique que sociale, que culturelle.
On peut tirer le mot "indépendance" dans toutes sortes de
directions...
M. Lavoie: ...
M. Laurin: ... alors que le mot "souveraineté" est un mot
qui est tiré du langage de l'économie politique et qui connote
une plénitude du pouvoir. C'est la raison pour laquelle, dans nos
écrits aussi bien que dans nos paroles, nous employons beaucoup plus
souvent le mot "souveraineté". Cependant, c'est bien sûr que le
mot "souveraineté" et le mot "indépendance" ont beaucoup de
points de jonction, beaucoup d'éléments communs et l'un a une
saveur populaire beaucoup plus grande également.
M. Levesque (Bonaventure): Saveur... M. Lavoie:
Populaire...
M. Laurin: On peut donc... Comme la langue française est
très riche en synonymes et en images, nous l'employons également,
mais, si nous avons décidé d'employer plus souvent le mot
"souveraineté", c'est parce qu'il était aussi compatible avec
l'autre élément de notre programme dont je parlais tout à
l'heure au député de Bonaventure et qui était la notion
d'association. Ce n'est pas une notion nouvelle. Ceux qui connaissent notre
programme savent que, depuis huit ans, nous prêchons la même chose
en anglais, en français, à tous les auditoires, au Québec
comme ailleurs. Il n'y a rien de nouveau dans la déclaration que je
faisais aux reporters qui me questionnaient.
M. MacKasey: Une question supplémentaire, M. le
Président.
Le Président: Une dernière question
supplémentaire là-dessus.
M. le député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. MacKasey: Je remercie le ministre pour son explication. Est-ce
qu'on peut dire que selon le ministre les mots "indépendance" et
"souveraineté" sont exactement la même chose?
M. Laurin: Dans mon esprit, exactement.
M. Levesque (Bonaventure): Le mot "indépendance" est un
mot-piège, d'après ce que...
Le Président: A l'ordre, M. le chef de l'Opposition!
M. Laurin: Je vous réfère à Webster et vous
verrez qu'au mot "catchword" il y a plusieurs définitions.
Une Voix: Laquelle...
Le Président: A l'ordre! M. le député
d'Outremont, question principale.
Loi fédérale des banques
M. Raynauld: M. le Président, je voulais poser une
question au ministre des Finances. Comme il est absent, je pense que je vais
l'adresser au ministre des Affaires intergouvernementales. Est-ce que le
ministre pourrait informer l'Assemblée de la position que le
gouvernement du Québec a prise sur la révision de la loi
fédérale des banques? Est-ce que le mémoire commun des
provinces représente bien le point de vue du gouvernement du
Québec? Est-ce que le ministre a l'intention de compléter cette
présentation en touchant à de nombreux autres aspects de cette
question et, enfin, est-ce qu'il a l'intention de déposer ici les
études, les analyses qui sont faites soit dans son ministère,
soit au ministère des Finances, soit au ministère des
Institutions financières?
M. Morin (Louis-Hébert): Etant donné l'absence de
mon collègue des Finances, étant donné aussi que la
question soulevée est complexe et multiple, j'en prends avis. Vous aurez
une réponse, je vous le garantis, M. le député, dans les
jours qui viennent.
M. Levesque (Bonaventure): II ne faudrait pas s'en prendre au
ministre des Finances tellement, parce que la moitié des ministres sont
absents.
M. Gratton: Question additionnelle, M. le Président.
J'allais justement vous demander si c'est toujours le député de
Lafontaine, maintenant ministre délégué à
l'environnement, qui s'occupe de prendre les présences et de faire
connaître aux journalistes qui est là et qui n'est pas
là.
Construction de logis à prix modique
M. Biron: Ma question s'adresse au ministre responsable de la
Société d'habitation du Québec. Considérant que la
construction est un levier économique très important, qui a un
effet d'entraînement dans l'économie, est-ce que vous avez,
à l'heure actuelle, étudié des mesures qui pourraient
être prises immédiatement pour la construction de nombreuses
maisons ou de logis à prix modique partout dans le Québec,
financés en grande partie par la Société centrale
d'hypothèques et de logement?
M. Tardif: J'ai, en effet, rencontré le président
de la Société d'habitation du Québec dès que
celui-ci a repris ses fonctions, au lendemain du 15 novembre. J'ai exigé
de lui un rapport détaillé des activités de la
Société d'habitation au cours des derniers mois et j'ai
également demandé qu'on m'indique les taux d'inoccupation,
c'est-à-dire de vacance de logement dans différentes villes au
Québec dans le but, justement, de jeter les jalons, si vous voulez,
d'une politique d'incitation à la construction de logements.
J'espère bien que dès le mois de janvier je pourrai ouvrir ce
dossier.
M. Biron: Question additionnelle. Concernant la pénurie
grave de logements à Montréal, est-ce que, à travers vos
études, vous avez pensé aussi à la construction de
plusieurs milliers de logements à prix modique sur l'emplacement du
vieux port de Montréal qui pourrait aider financièrement la ville
de Montréal?
M. Tardif: Je pense qu'il y a eu suffisamment d'études de
faites jusqu'à maintenant depuis le rapport Legault, le rapport
Castonguay, pour ne citer que ces deux-là; nous avons tous les
instruments voulus pour décider d'une politique en matière de
logement.
Il suffit tout simplement de la formuler, ce qui n'a pas
été fait par les gouvernements antérieurs. Nous le ferons
très bientôt, croyez-moi.
M. Biron: Je pense que ce serait urgent de formuler une telle
politique, surtout à l'heure actuelle où on veut imposer un
nouveau fardeau financier à Montréal. Je voudrais savoir du
ministre quand nous pourrons avoir une réponse là-dessus.
M. Lessard: Le 26 décembre!
M. Tardif: Cela va se faire au début de l'année. Il
y aura des choses qui seront révélées à ce
moment-là, au début de l'année. Je dis que
présentement, un mandat a été donné à la
Société d'habitation du Québec de fournir des
réponses précises.
Services ambulanciers au Québec
M. Fontaine: M. le Président, ma question s'adresse au
ministre des Affaires sociales. Le ministre pourrait-il nous dire s'il a
été porté à sa connaissance que plusieurs services
ambulanciers du Québec ne fonctionnent plus ou sont sur le point de
fermer leurs portes et, dans l'affirmative, quelles sont les solutions
envisagées par le ministère?
Le Président: M. le ministre des Affaires sociales.
M. Lazure: M. le Président, il existe dans le
Québec 119 zones de services ambulanciers et, aux derniers
renseignements pris ce matin, on peut dire qu'il y a environ 95 de ces zones
qui sont bien desservies dans le moment. Je suis conscient de problèmes
qui existent dans une douzaine de zones, Kamouraska-Témiscouata,
Champlain-Trois-Rivières, Arthabaska, etc. Ce qui cause la plupart des
problèmes dans ces quelques zones, c'est qu'il n'y a pas un nombre
suffisant de voyages d'ambulance, actuellement, pour permettre aux
propriétaires de ces services de fonctionner de façon
rentable.
J'ai demandé la semaine dernière aux fonctionnaires
responsables de ce dossier d'aller rencontrer les propriétaires dans
chacune de ces zones où cela ne fonctionne pas bien et de conclure des
arrangements ad hoc, des arrangements appropriés pour chacune de ces
zones. Une des raisons aussi de ce malaise, c'est que les normes qui ont
été instaurées sous l'ancien gouvernement concernant les
ambulanciers sont peut-être, aux dires des propriétaires, un peu
trop élevées, en ce sens que les dépenses que doivent
faire les propriétaires d'ambulance quant à l'équipement
paraissent un peu élevées.
En conclusion, il semble quand même que pour 80% des zones, 80% du
territoire, le service ambulancier fonctionne bien. Quant aux autres, nous nous
en occupons au jour le jour et nous espérons arriver, un peu plus tard,
à un système qui n'aura pas ces 10% ou 12% d'insatisfaction.
Le Président: M. le député de
Charlevoix.
M. Mailloux: M. le Président, ma question s'adresse au
ministre des Transports...
M. Fontaine: Une question additionnelle.
Le Président: Une question additionnelle, M. le
député de Nicolet-Yamaska? Très bien.
M. Fontaine: Est-ce que c'est l'intention du ministre de
continuer à centraliser ces services et même de les
étatiser?
M. Lazure: Je n'ai pas parlé de centraliser le
service ambulancier. Je viens d'expliquer qu'il y a 119 zones qui
fonctionnent de façon autonome, si vous voulez. Il n'existe pas,
à ma connaissance, de services centralisés d'ambulances. Je n'ai
pas dit qu'il devrait y en avoir un et j'ai encore bien moins parlé
d'étatisation des ambulances.
Ce qui m'intéresse dans le moment, ce n'est pas la
centralisation, l'étatisation ou la décentralisation, c'est que
les gens du Québec qui ont besoin de transport ambulancier l'aient de
façon rapide, efficace et pas trop chère.
Le Président: Monsieur...
M. Roy: Une question additionnelle, M. le Président, sur
le même sujet.
Le Président: Une dernière question additionnelle
là-dessus; M. le député de Beauce-Sud.
M. Roy: J'aimerais demander au ministre si c'est son intention,
l'intention du ministère des Affaires sociales, d'apporter des
modifications, voire des adoucissements aux règlements qui ont
été imposés depuis quelques mois, de façon à
permettre à ces régions qui connaissent énormément
de difficultés actuellement d'être capables de réorganiser
je dis bien réorganiser leurs services ambulanciers,
qu'ils soient en mesure de le faire dans les meilleurs délais et en
évitant aux contribuables des coûts additionnels qui obligeraient
les municipalités à voter des budgets pour subventionner les
services ambulanciers.
M. Lazure: J'ai précisément demandé aux
responsables de ce service au sein du ministère de
réétudier les normes dont je parlais tantôt. Je vous ai dit
tantôt que plusieurs propriétaires se plaignent de ce qu'elles
sont trop élevées. J'ai lu les normes la semaine dernière
et, à première vue, elles me paraissent un peu
élevées dans certains cas. C'est une des possibilités
d'adoucir les normes, si vous voulez.
Je dois dire qu'une autre mesure a été prise la semaine
dernière dans quelques zones. Nous avons conclu des arrangements avec
l'Ambulance Saint-Jean et, dans quelques zones, l'Ambulance Saint-Jean fournit
temporairement les services ambulanciers.
Le Président: Une dernière question accessoire; M.
le député de Saint-Laurent.
M. Forget: J'aimerais que le ministre des Affaires sociales
précise un peu sa pensée relativement à ces normes qui
l'ont frappé comme étant peut-être excessives. En effet, je
crois que certains propriétaires d'ambulances n'ont pas encore
complété leur équipement ou leur
rééquipement et une telle affirmation de la part du ministre des
Affaires sociales est susceptible de figer leur planification jusqu'à ce
que cette chose-là soit tirée au clair. Pourrait-il nous indiquer
dans quelle mesure les règlements actuellement en vigueur lui paraissent
excessifs, ceci étant dit sous bénéfice d'in- ventaire,
bien entendu, puisque, comme il vient de l'indiquer, il a demandé qu'une
étude plus approfondie en soit faite?
En terminant, j'aimerais aussi demander au ministre des Affaires
sociales s'il a modifié les territoires des différentes zones qui
couvrent le Québec puisque, selon ma mémoire, il y a non pas 119,
mais 173 zones d'ambulances. S'il y en a moins, cela voudrait dire que, depuis
un mois, on a presque doublé la superficie de ces zones. Je crois que
c'est un facteur susceptible de compliquer considérablement,
également, la planification des services par les services
ambulanciers.
M. Lazure: En ce qui concerne la première partie de votre
question, M. le Président, la question du député de
Saint-Laurent, je répète pour la troisième fois ce que
j'ai dit, à savoir que plusieurs propriétaires de services
ambulanciers avaient fait valoir que les normes étaient trop
élevées et non pas moi. J'ai ajouté qu'à
première vue certaines normes me paraissaient un peu exigeantes. J'ai
demandé aux fonctionnaires, la semaine dernière, de
réévaluer ces normes. En gros, je le répète encore
une fois, ces normes me paraissent bonnes, me paraissent raisonnables. Il y en
a peut-être quelques-unes qui sont un peu exagérées.
Une Voix: Lesquelles?
Le Président: A l'ordre, messieurs!
M. Lazure: L'autre partie de la question du député
de Saint-Laurent, à savoir les zones, je ne vais pas prétendre
aller vérifier le travail des 4200 fonctionnaires que dirigeait encore
récemment le député de Saint-Laurent. J'ai eu un rapport
la semaine dernière selon lequel il y avait 119 zones. Maintenant,
est-ce qu'il y en a 169, 149? Je vous avoue candidement que je n'ai pas
vérifié son assertion. Ce que je peux vous dire, c'est que je
n'ai pas autorisé de changement sur le zonage des services
ambulanciers.
Le Président: M. le député de Charlevoix.
Question principale.
Entretien des routes
M. Mailloux: M. le Président, ma question s'adresse au
ministre des Transports. Comme il est en poste depuis peu de temps, ce n'est
pas mon intention de le rendre responsable des tragédies
routières que nous connaissons depuis quelques semaines.
Le ministre des Transports voudrait-il me dire si des ordres ont
été donnés au ministère, à la suite de
restrictions budgétaires ou autrement, pour que, dans l'entretien des
routes en période hivernale, on se serve d'un des abrasifs qui
coûte le moins cher, soit le sable, et que l'on néglige de
déposer du sel et du calcium. Je pense que les media d'information,
depuis les dernières semaines, ont fait connaître l'ensemble de
l'état du réseau routier du Québec. Mais, en circulant sur
le
réseau routier, je constate moi-même que l'on se sert de
l'abrasif le moins dispendieux, le sable, et que la chaussée est dans un
état lamentable.
Je voudrais savoir si c'est par suite de restrictions budgétaires
ou si ce sont les fonctionnaires du ministère qui ont donné des
ordres à ce sujet.
Le Président: Le ministre des Transports.
M. Lessard: M. le Président, peut-être que depuis
que l'on a constaté que l'ancien ministre des Transports ne
l'était plus, on a décidé d'utiliser du sable dans son
comté; moi-même j'ai eu à me plaindre à plusieurs
reprises depuis deux ans, de l'utilisation de ce sable.
Je dois dire que j'ai eu plusieurs plaintes. Justement, je vais corriger
cela.
M. Garneau: II est rendu dans le Saguenay maintenant?
M. Lessard: Probablement. Peut-être est-il rendu dans le
Saguenay. J'ai eu à plusieurs reprises à me plaindre
moi-même de la glace qui recouvrait l'asphalte de la route chez nous. Je
considère que c'est une question extrêmement importante. Je sais,
le ministre des Transports m'en avait informé, qu'il y a eu un certain
nombre d'accidents. Je sais que les conditions atmosphériques ont
été assez difficiles au cours de la semaine dernière et le
seront aussi au cours de cette semaine.
J'ai moi-même reçu des plaintes, non seulement du
comté de Charlevoix mais aussi du comté de Saguenay, et j'ai
communiqué avec tous les chefs divisionnaires; je dois dire qu'il n'y a
eu aucun gel concernant l'entretien des chemins d'hiver. Je
répète que l'on n'a fait aucun gel de montant d'argent
prévu à ce sujet.
J'ai demandé aux chefs divisionnaires de vérifier
l'entretien de façon complète et de donner des ordres très
sévères aux entrepreneurs et aussi aux employés du
ministère des Transports pour que l'entretien se fasse d'une
façon efficace, parce que je n'ai pas l'intention d'accepter, non
seulement dans mon comté, mais dans les autres comtés du
Québec aussi, que les chemins soient mal entretenus, car il s'agit de la
vie des citoyens et je pense que notre gouvernement en est conscient.
M. Grenier: Le ministre des Transports pourrait-il nous dire s'il
y a une politique à long terme d'établie pour des comtés,
comme par exemple, qui longent les frontières du Maine, du Vermont, du
New Hampshire, qui sont, en conséquence, des comtés très
montagneux? Bénéficient-ils pour l'entretien des routes d'hiver
des mêmes budgets que des comtés comme, par exemple, Iberville ou
des comtés où il n'y a à peu près pas de
montagnes?
M. Lessard: M. le Président, il y a des normes
différentes. Les montants qui sont accordés aux entrepreneurs
pour l'ouverture des chemins d'hiver sont supérieurs ou
inférieurs selon les régions.
Sur la Côte-Nord autant que dans d'autres comtés, les
montants peuvent être différents en tenant compte du climat, en
tenant compte justement de la géographie de chacun de ces
comtés.
Centre d'analyse et de documentation
M. Bellemare: M. le Président, ma question s'adresse au
ministre leader de la Chambre, en l'absence du premier ministre. Il existe dans
la province, depuis un certain nombre d'années, un service central
d'analyse et de documentation, qu'on appelle le CAD. Je sais que cela fait rire
les journalistes et plusieurs députés qui sont au courant de bien
des faits et gestes de l'ancien leader pour obtenir certains renseignements du
gouvernement précédent; je voudrais savoir, maintenant que vous
êtes en place, si vous avez trouvé dans le fond des tiroirs
beaucoup d'égratignures d'ongles, s'il y avait des documents importants
et si ces documents sont restés à votre disposition ou si, comme
l'a dit un journaliste dernièrement, tout a été
transporté au ministère de la Justice, ce pourquoi M.
Néron aurait dit que c'était une nouvelle
prématurée. Est-ce que M. Néron est encore à
l'emploi du CAD? Est-ce que des déclarations formelles seront faites par
le gouvernement et particulièrement par le premier ministre sur certains
dossiers clés contre lesquels l'ancien leader de l'Opposition se
défendait et demandait au gouvernement de les produire?
Vous les avez probablement en main maintenant, va-t-on les voir, ces
documents?
Je demande au leader, M. le Président, de me dire la situation
exacte, aujourd'hui, où en est le Centre d'analyse et de documentation.
Il y a déjà quelques jours que l'Assemblée nationale s'est
réunie. Il y a bien eu un petit entrefilet dans les journaux, que j'ai
lu comme tout le monde, mais on reste inquiet sur certains dossiers qu'on dit
avoir été...
Le Président: Pourrais-je demander à M. le
député de Johnson de formuler sa question?
M. Bellemare: Cela fait quatre fois que je la formule, M. le
Président.
M. Burns: M. le Président, j'attends qu'il finisse pour
pouvoir répondre. La meilleure façon pour le moment, afin
d'être très juste à l'endroit de la question importante,
à mon avis, du député de Johnson, est de lui dire ceci. Il
y a une partie de sa question à laquelle je peux répondre; il y a
une partie à laquelle je ne peux répondre. Celle à
laquelle je peux répondre, c'est qu'il y a effectivement certains
documents, comme l'a confirmé le premier ministre, qui ne sont plus
à la disposition de ce qu'on appelle le Centre d'analyse et de
documentation. Où sont-ils? Je l'ignore.
Quant à la deuxième partie de la réponse, je ne
peux pas la donner immédiatement et le député de Johnson
va me comprendre. Dès demain, il y aura une réunion d'un groupe
ministériel pour examiner justement ce problème. Je pense que
le
premier ministre, ou moi-même, sera en mesure de donner une
réponse beaucoup plus complète, d'ici quelques jours.
Possiblement que le ministre de la Justice lui-même pourrait vous
donner, dans l'immédiat, une réponse peut-être beaucoup
plus circonstanciée que la mienne. Si c'est votre désir, avec la
permission du Président, je verrais très bien la
possibilité que le ministre de la Justice complète ma
réponse qui, je l'admets, est tout à fait partielle.
M. Bellemare: Simplement, avant que le ministre de la Justice,
que je connais très bien d'ailleurs, puisse me répondre ce
sera très court je pense que la réunion des ministres a eu
lieu vendredi soir, pour informer le leader, à ce sujet. D'après
le détail qui m'est parvenu ce matin, on allait faire la
déclaration cet après-midi.
M. Burns: Vous êtes très mal informé, M. le
député de Johnson. Vous n'avez pas encore vos entrées au
Conseil des ministres.
M. Bellemare: Faites attention!
Le Président: M. le ministre de la Justice.
M. Bédard: M. le Président, simplement pour ajouter
quelques précisions. Il est exact qu'il y a une série de dossiers
concernant des enquêtes qui ont été faites, soit avant
l'engagement de fonctionnaires ou après l'engagement de certains
fonctionnaires, qui ont été transportés au
ministère de la Justice. Je dois vous avouer qu'avec le travail qu'il y
a à faire, nous n'avons pas eu le temps de consacrer quelque minute que
ce soit à l'analyse de ces dossiers. Il y a également un nombre,
que je ne peux pas préciser, de dossiers qui étaient
entreposés dans une pièce verrouillée. Maintenant, nous
avons trouvé la clé, nous allons prendre possession de ces
dossiers également. S'il y a des éléments de nature
à intéresser la Chambre, nous verrons à l'en informer.
M. Bellemare: Juste une question supplémentaire, M. le
Président.
Le Président: Je rappelle à M. le
député de Johnson que, comme il y avait quatre questions la
première fois, une la seconde, il en est à sa sixième. Ce
sera donc la dernière.
M. Bellemare: Vous êtes un bon compteur, M. le
Président. Je m'incline. Mais, je voudrais savoir si un des membres de
la Chambre, qui faisait partie de l'ancien gouvernement, quel qu'il soit, a un
dossier dans ce qu'on appelle le CAD.
M. Bédard: Je crois que le député n'a pas
très bien saisi ma réponse. Je lui ai dit que je n'avais
même pas eu le temps de regarder le contenu de quelque dossier que ce
soit qui a pu être acheminé vers le ministère de la
Justice. Assurément, le moins que je puisse dire est que sa question est
prématurée, puisque les seuls dossiers sur le contenu desquels on
m'a donné quelques informations étaient simplement des dossiers
dans lesquels il y avait des informations concernant des fonctionnaires,
à la suite d'enquêtes faites, soit avant l'engagement, soit
après l'engagement de cesdits fonctionnaires.
Il n'y a aucune indication qu'il y a des dossiers concernant les
personnes qu'a mentionnées le leader de l'Union Nationale.
Le Président: Une toute dernière question au leader
parlementaire de l'Opposition.
Enseignement de la langue anglaise
M. Lavoie: J'aurais une question à poser au ministre
responsable de l'application de la loi 22. J'aurais un court préambule.
On sait qu'à l'origine de la loi 22 nous vivions au Québec des
milliers de transferts d'élèves du réseau francophone vers
le réseau anglophone. Peut-être, qu'une certaine déficience
ou certaines lacunes de l'enseignement de la langue seconde dans le milieu
francophone expliquaient ces milliers de transferts.
J'aimerais poser la question suivante au ministre: Entendez-vous prendre
des mesures urgentes et bien précises pour l'amélioration de
l'enseignement de la langue seconde dans le réseau francophone pour
qu'on ne se retrouve pas devant l'anomalie où les anglophones qui
acceptent le fait français deviennent, eux, bilingues et que nos enfants
francophones demeurent unilin-gues à cause de l'incompétence ou
du refus de certains professeurs radicalisés du milieu francophone de
vouloir enseigner la langue seconde?
Le Président: M. le député de Bourget.
M. Laurin: Je remercie beaucoup le leader parlementaire de sa
question. Ce sont là des considérations sur lesquelles nous nous
pencherons sûrement avec attention dans l'élaboration du futur
projet de loi.
M. Lavoie: Dernière question supplémentaire,
très courte, M. le Président.
Quels moyens entendez-vous prendre, dans certaines commissions scolaires
où, malheureusement, cette politisation ou cette radicalisation existe,
pour que, justement, ces professeurs de langue seconde se décident
à enseigner cette langue que nous reconnaissons nécessaire en
Amérique, ici, la langue anglaise? Quels sont les moyens que vous voulez
prendre pour les forcer à enseigner cette langue seconde?
M. Laurin: Je laisse au député de Laval la
responsabilité de ses énoncés. Je ne suis pas sûr
que je les partage. Il faudrait que nous fassions une enquête approfondie
là-dessus. Quoi qu'il en soit, ce prolongement de sa première
question fera aussi l'objet de notre attention.
Le Président: Fin de la période des questions
orales.
Affaires du jour.
M. Burns: M. le Président, avant que nous entreprenions
les affaires du jour, dans l'intérêt de tous nos collègues
de la Chambre, je vous demanderais, s'il vous plaît, d'entendre le
ministre des Transports qui, relativement aux funérailles de M.
Réal Caouette, a une annonce à faire à la Chambre.
Le Président: M. le ministre des Transports.
Avis du ministre des Transports Funérailles de
M. Réal Caouette
M. Lessard: M. le Président, j'ai été
informé que plusieurs parlementaires, particulièrement des
représentants de partis, désiraient se rendre aux
funérailles de M. Réal Caouette. A cette fin, j'ai donc
l'intention, malgré le fait que j'aie donné des directives assez
sévères sur l'utilisation de l'avion gouvernemental, je pense,
parce que c'est normal, de mettre à la disposition des parlementaires,
pour demain, l'avion du gouvernement afin qu'ils puissent se rendre aux
funérailles d'un parlementaire, M. Réal Caouette.
Je désirerais que ceux ou celles qui seront
délégués par les différents partis politiques
communiquent avec moi, afin que je puisse leur indiquer l'heure du
départ, demain après-midi.
M. Burns: Ce sera demain après-midi parce que le ministre
des Transports me fait signe que ce sera le jet qui sera mis à la
disposition des parlementaires. C'est réglé; de toute
façon, il s'agit de communiquer avec le bureau du ministre des
Transports.
M. le Président, aux affaires du jour...
Le Président: Oui.
Projet de loi no 85
Ordre de révocation de l'étude en
commission élue
M. Burns: ... je fais d'abord une motion pour révoquer
l'ordre du 16 décembre relativement au projet de loi no 85, Loi
concernant la ville de Hull. On se souviendra que ce projet de loi a
été déféré à la commission
parlementaire des transports, des travaux publics et de
l'approvisionnement.
Alors, je fais motion pour que cet ordre soit révoqué et
que, du même coup, le projet de loi revienne devant la commission
plénière de l'Assemblée nationale.
Le Président: M. le leader de l'Opposition.
M. Lavoie: M. le Président, au nom de l'Opposition
officielle, nous n'avons aucune objection à cette révocation et
même nous irions plus loin pour prouver notre collaboration
entière et passagère pour que nous puissions faire les
écritures de la commission plénière et même de la
troisième lecture, si l'Union Nationale est d'accord et s'il n'y a pas
d'objection.
M. Bellemare: En vertu de l'article 89, je pense que le leader
demande un acquiescement unanime, parce que l'article 89 est bien clair quand
il y a révocation d'un ordre de la Chambre. Je pense que j'y
adhérerais moi aussi, parce que nous avons pris connaissance du bill et
il n'y a absolument rien de contentieux dans le bill de Hull... Ce n'est pas le
bill 82, c'est le bill 85.
M. Burns: 85. C'est cela.
M. Bellemare: Alors, je n'ai pas d'objection.
M. Burns: M. le Président, si je comprends bien, le projet
de loi, de façon unanime, est ramené devant la commission
plénière. La Chambre est consentante à inscrire les
écritures habituelles, c'est-à-dire commission
plénière et troisième lecture, de sorte que le projet de
loi est adopté à compter de maintenant. Est-ce que je comprends
bien mes chers amis de l'Opposition dans leurs remarques?
M. Levesque (Bonaventure): Pas aussi longtemps que le
président n'aura pas demandé si la motion est adoptée.
Le Président: L'ordre de révocation est-il
adopté?
M. Lavoie: Adopté.
Le Président: Adopté. Alors...
M. Bellemare: M. le Président, on s'était entendu
que c'était sous le nom du parrain du bill que devait être
proposé ce changement. Le parrain, je ne sais pas ce qu'il fait.
M. Burns: Le parrain est là, mais le leader est là
aussi.
M. Lavoie: Un sous-ministre peut agir pour un de ses
collègues.
M. Charron: Article 90.
M. Burns: S'il y a quelqu'un qui peut le faire, c'est bien moi,
M. le député de Johnson.
M. Bellemare: L'article 90 dit que c'est le ministre.
Commission plénière
Le Président: La commission plénière,
adopté?
M. Lavoie: Adopté.
Le Président: Rapports, adopté?
M. Lavoie: Adopté.
Troisième lecture
Le Président: Troisième lecture, adopté.
M. Levesque (Bonaventure): Adopté.
M. Lavoie: Adopté.
Une Voix: ...
M. Burns: Je peux vous dire que ce n'est pas le dernier. Mme le
Président, j'appellerais, avec votre permission, l'article 6, aux
affaires du jour
Projet de loi no 84 Deuxième lecture
Mme le Vice-Président (Mme Cuerrier): M. le
ministredesTransports propose la deuxième lecture du projet de loi no
84, loi concernant certainesenten-tes en matière de transport.
M. le ministre des Transports.
M. Lucien Lessard
M. Lessard: Mme le Président, le projet de loi 84 concerne
certaines ententes en matière de transport. Je prendrai quelques minutes
pour expliquer l'objet de ce projet de loi, en exposant d'abord le
problème existant et pourquoi nous devons reconduire les dates qui
étaient prévues dans l'ancien projet de loi. Les trois
régions du Haut-Saguenay, de la communauté régionale de
l'Outaouais et de la rive sud de Québec offrent présentement des
services de transport en commun à leurs résidents. De tels
services de transport leur sont nécessaires, compte tenu de la
densité de leur population. Depuis longtemps, ces services
étaient fournis par des entrepreneurs en transport de l'industrie
privée.
Toutefois, depuis quelques années, ces entrepreneurs
rencontraient des difficultés financières de plus en plus grandes
et menaçaient de mettre fin à leurs services. Face à ces
problèmes, le ministère des Transports du Québec a
entrepris des études qui ont permis de constater qu'à l'heure
actuelle le service de transport qu'est le transport en commun urbain est une
nécessité sociale en même temps que, du point de vue
économique, il comporte nécessairement un déficit pour
celui qui l'exploite. En attendant la présentation d'une politique
définitive à ce sujet, la solution immédiate
apportée à un tel problème a été l'octroi de
subventions.
Ces subventions, dans les trois régions ci-dessus
mentionnées, ont été versées via le comité
intermunicipal formé pour chacune d'elles. Ce comité
intermunicipal est formé en vertu de la Loi des cités et villes,
Statuts refondus 1964, chapitre 193, et fonctionne selon les modalités
prévues à cette loi. Ce comité peut donc, par le biais des
municipalités qui le composent, aider les entrepreneurs de sa
région. Toutefois, un tel comité présente des
difficultés de fonctionnement qui en diminuent l'efficacité et il
faudra donc prévoir une loi pour modifier ces comités.
Le ministère des Transports a donc mis sur pied une politique de
transport en commun et je dis que ce fut d'abord la responsabilité de
l'ancien gouvernement. Cette politique a été adoptée par
le Conseil des ministres au mois de décembre 1975. Il y était
prévu la rédaction d'un projet de loi la concrétisant.
Cependant, en décembre 1975, malgré les demandes constantes du
ministre actuel de la Justice, Me Bédard, à ce moment-là,
député de Chicoutimi, ce projet de loi n'étant pas encore
complété, on a prolongé pour un an les ententes existantes
en matière de transport en commun dans les deux régions faisant
l'objet du présent mémoire. Cette prolongation s'est faite par le
biais des articles 27 et 28 du projet de loi no 251 adopté en
décembre 1975, Loi modifiant la Loi des Transports et d'autres
dispositions législatives, 1975, chapitre 45.
Le projet de loi concrétisant la politique de transport en commun
adopté en 1975 et qui portait le nom de projet de loi constituant les
corporations municipales et intermunicipales de transport devait être
présenté à l'Assemblée nationale lors de la session
d'automne 1976 pour qu'il puisse être applicable dans les trois
régions qui nous préoccupent à partir du 1er janvier 1977.
La tenue des élections a empêché la présentation de
ce projet de loi qui est maintenant reporté à la prochaine
session puisque l'actuel ministre des Transports, en collaboration avec ses
fonctionnaires, a l'intention de réétudier ce projet de loi et
nous avons l'intention de tenir compte de la priorité qu'entend donner
le nouveau gouvernement au transport en commun. C'est pourquoi nous voulons
prendre le temps de réviser le projet de loi.
Toutefois, dans les trois régions impliquées, les ententes
municipales de transport en commun n'en finissent pas moins le 31
décembre 1976 de telle façon que, si nous n'acceptons pas la
reconduction de ces ententes, ces différentes municipalités
risquent de ne pas avoir de service de transport en commun bientôt. Or,
pour les populations concernées, il est vital de continuer à
bénéficier de service de transport en commun. La solution
consiste donc à prolonger, pour une autre année, les ententes
municipales qui doivent normalement échoir le 31 décembre 1976 et
ce dans les trois régions de l'Outaouais, au Saguenay et la rive sud de
Québec.
Compte tenu du fait que le projet de loi constituant les corporations
municipales et intermunicipales de transport pourra être
révisé en tenant compte de la politique prioritaire du
gouvernement actuel et pourra en même temps être
présenté à la prochaine session, il est loisible de penser
que les dispositions qu'il renferme pourront être appliquées en
1977.
II sera alors possible, dans les trois régions visées,
d'apporter une solution à long terme au problème du transport en
commun. Il sera en même temps également possible d'insérer
dans le projet de loi des dispositions pouvant mettre fin aux ententes
municipales dès que les organismes prévus par la nouvelle loi
pourront être opérationnels. Merci, M. le Président.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Charlevoix.
M. Raymond Mailloux
M. Mailloux: Mme le Président, ce n'est pas mon intention,
en intervenant dans ce débat, de faire objection au projet de loi que
d'ailleurs j'aurais présenté moi-même dans les mêmes
circonstances. Je voudrais, si vous me le permettez, profiter de la
circonstance qui m'est offerte pour dire d'abord que je parle au nom du Parti
libéral, quant au temps, et rappeler certains principes que, comme
prédécesseur de celui qui vient de parler, j'avais mis de l'avant
dans l'implantation du transport en commun dans des régions où le
transport en commun doit être organisé, mais où la
densité de population n'est pas aussi forte que celle que l'on
connaît à Montréal, dans la région de Hull, de
Québec ou ailleurs.
Pour ce faire, je me référerai à certaines notes
d'un discours que je prononçais en décembre 1975 et où, en
politique de transport, je pense qu'on trouve un peu le consensus des grandes
idées que nous mettions de l'avant à ce moment-là. Cette
politique vise à assurer une meilleure planification du
développement du transport urbain au Québec. Dans cette optique,
notre démarche respectait deux principes importants. Le transport
collectif en milieu urbain est une des fonctions locales plutôt que
provinciales, et les différents modes de transport doivent tendre
à payer eux-mêmes les coûts qu'ils engendrent à la
société, compte tenu toutefois, comme facteur d'équilibre,
d'une aide particulière apportée au transport collectif en milieu
urbain.
En effet, il nous paraît, ou il nous paraissait que
l'élaboration du système de transport collectif constitue une
activité indissoluble de l'aménagement du territoire impliquant,
dans la plupart des cas, plusieurs municipalités. Par conséquent,
il nous semble normal que les municipalités regroupées assurent
la responsabilité première en matière de transport en
commun et soient appelées à déterminer leurs besoins
prioritaires dans ce domaine comme dans d'autres domaines.
D'autre part, le rôle du gouvernement québécois
devrait consister essentiellement à fixer le cadre légal
d'exercice des fonctions municipales et à apporter une aide technique et
un appui financier, selon des règles connues.
En ce qui a trait au second principe, nous sommes conscients que les
tarifs de transport en commun ne peuvent augmenter indéfiniment et que
des hausses très fortes risquent de compromettre l'augmentation de la
clientèle.
Cependant, il faut aussi tenir compte de la qualité des services
offerts et de la hausse des coûts d'exploitation, particulièrement
dans le contexte anti-inflationniste actuel. Au cours des dernières
années, cinq commissions de transport ont été mises en
place aux fins d'assurer le service de transport en commun dans les principales
agglomérations urbaines de Québec, soit la Communauté
urbaine de Montréal, la ville de Laval, la rive sud de Montréal,
la Communauté urbaine de Québec et la Communauté
régionale de l'Outaouais. Ces commissions desservent aujourd'hui une
population de près de trois millions d'habitants.
Il existe aussi des besoins reconnus de transport en commun dans les
agglomérations dont vient de parler celui qui m'a
précédé, soient celles du Haut-Saguenay, de la Mauricie,
de la rive sud de Québec et de Sherbrooke. Dans toutes ces
régions les organismes de transport font aussi face à des
problèmes financiers en raison des revendications de la population en
faveur du maintien et de l'amélioration du service de transport en
commun.
Dans ces cas, grâce à une structure moins lourde que celle
des commissions de transport, nous avions, nous, cherché à
assurer aux administrateurs municipaux un contrôle sur la nature et la
qualité du service, tout en permettant le maintien de l'entreprise
privée. C'est pourquoi nous avons l'intention, c'est pourquoi nous
avions l'intention, dis-je, de privilégier la Corporation
intermunicipale de transport en commun il y a des verbes qui sont
difficiles à apprendre Mme le Président comme structure de
fonctionnement dans ces agglomérations, mais il y a les autres
agglomérations où la municipalisation du service de transport
s'avérera éventuellement nécessaire.
La mise en place de cette structure devra respecter le cheminement
suivant. Mme le Président, je parle toujours au nom du Parti
libéral.
Ma première démarche consistera en une requête au
lieutenant-gouverneur en conseil de la part des municipalités
représentant une partie importante d'une agglomération. Ce
prérequis n'exclut pas la possibilité qu'exceptionnellement une
municipalité puisse créer sur son propre territoire une
corporation de transport ou un service distinct au sein de sa propre
organisation. A la suite de cette requête, le lieutenant-gouverneur en
conseil pourrait former un comité consultatif composé de
personnes élues dans les municipalités concernées, en y
ajoutant, s'il y a lieu, des représentants de municipalités
susceptibles d'être impliquées ou desservies,
bénéficiant de l'aide technique du ministère des
Transports.
Ce comité procédera à certains travaux
préliminaires en vue de l'organisation du service de transport en commun
dans l'agglomération concernée et consultera les
différents organismes du milieu. Une fois cette démarche
complétée, le ministère des Transports aurait
décrété ou non la mise sur pied de l'organisme
appelé à gérer le transport en commun de
l'agglomération ou la partie de l'agglomération
concernée.
Les amendements dont vient de parler tantôt
le ministre des Transports à la Loi des transports doivent
être adoptés d'ici la présente session et je pense que le
parti ministériel, si cela avait été le Parti
libéral, aurait été pris probablement dans la même
optique d'avoir à reporter à la session du début de
l'année les amendements et à la Loi des Affaires municipales et
à la Loi des transports pour permettre l'implantation de ces
organismes.
Les corporations municipales ou intermunicipales de transport en commun
deviendraient des organismes autonomes. Toutefois, son conseil d'administration
ou les conseils d'administration seraient formés exclusivement de
représentants élus dans chaque municipalité, le
président de la corporation nommé par ceux-ci. La corporation
pourra désigner un gérant si nécessaire.
En ce qui concerne l'exploitation proprement dite des transports en
commun dans chacune de ces agglomérations, nous accorderions
priorité à l'entreprise privée avant de demander à
la corporation d'assumer elle-même ce rôle. Ainsi, la corporation
inviterait d'abord les entrepreneurs privés à soumissionner pour
effectuer le service dans le réseau qu'elle est appelée à
desservir. Ce réseau aura été préalablement
précisé dans un plan et devis de transport approuvé par le
ministère des Transports. Il sera suggéré qu'une offre de
contrat soit soumise pour plusieurs années, par exemple cinq ans et
plus, afin d'attirer les investissements privés dans ce domaine.
Lorsque l'exploitation du réseau s'effectuera selon ces
modalités, la propriété et l'entretien du véhicule
seront du ressort exclusif de l'entrepreneur, sous réserve de certaines
restrictions en vertu du programme d'aide à l'achat de matériel
roulant. S'il se révèle impossible de procéder en vertu de
cette formule, la corporation pourra devenir propriétaire du
réseau et l'exploiter elle-même. Advenant la
nécessité d'acquérir des biens détenus par un ou
des entrepreneurs privés, cette acquisition devrait s'effectuer en
prenant en considération la valeur réelle de l'entreprise,
c'est-à-dire les actifs. En plus d'assurer le transport des passagers,
la corporation serait appelée à déterminer les parcours
à desservir, la qualité des véhicules et du service de
même qu'à élaborer une structure de tarifs et à
définir les règles de partage des contributions municipales. Ces
règles devraient tenir particulièrement compte des
bénéfices reçus par les usagers de chaque
municipalité.
La corporation devrait présenter son budget annuel ainsi que ses
états financiers au ministère des Transports. Entretemps, le
gouvernement devrait avoir l'intention de reconnaître les
démarches effectuées au cours des derniers mois par certaines
municipalités, en vue d'une municipalisation afin
d'accélérer ce processus.
Ainsi, les agglomérations du Haut-Saguenay, de la Mauricie, de la
rive sud du Québec et de Sherbrooke pourraient bénéficier
de cette politique qui toucherait quelque 400 000 habitants dès le
prochain exercice financier.
Par ailleurs, afin d'améliorer la situation financière des
organismes publics de transport et de faciliter la municipalisation
proposée, nous avions cherché à développer une
politique d'aide financière statutaire devant bénéficier
aux commissions de transport et aux futures corporations municipales ou
intermunicipales de transport. Cet appui financier a été
examiné sous quatre aspects, soit la réalisation de certaines
études, l'aide à l'acquisition d'un ou des réseaux
existants, l'aide à l'achat d'équipement roulant et l'aide aux
déficits d'exploitation.
Ainsi, le gouvernement du Québec assurerait désormais
entièrement le coût des études d'implantation et
d'amélioration des services de transport en commun, après
approbation de ces projets par le ministère des Transports, et cette
aide permettrait entre autres la réalisation d'études
origine-destination ainsi que l'élaboration des plans et devis de
transport de futures corporations de transport.
D'autre part, advenant l'impossibilité du maintien du service par
l'entreprise privée et la nécessité de la prise en charge
de l'exploitation d'un réseau de transport par une corporation
intermunicipale, le gouvernement du Québec pourrait défrayer
jusqu'à 33% du financement de la prise en charge du service impliquant
l'acquisition des biens d'un entrepreneur privé, 33% qui est
actuellement d'ailleurs payé.
Le gouvernement du Québec maintiendrait aussi sa participation
financière de 30%, à l'achat d'autobus fabriqués au
Québec, autobus dont je vous parlerai tantôt, dont
bénéficient les commissions de transport. Cette aide sera
étendue aux corporations intermunicipales exploitant un
réseau.
De plus, l'entrepreneur privé, chargé de l'exploitation du
réseau, pourrait aussi bénéficier de cette aide sous
réserve du respect intégral de son contrat avec la corporation
intermunicipale. A défaut du respect du contrat, les corporations
posséderaient un droit permettant de récupérer une partie
ou la totalité des véhicules acquis, en tenant compte de la
valeur de la contribution gouvernementale et de la dépréciation
réelle des biens concernés.
A cet effet, le ministère des Transports soumettrait un contrat
type déterminant les conditions d'accessibilité à cette
subvention. D'autre part, le gouvernement continuerait d'assurer une aide
spécifique au service de la dette du métro et, par
conséquent, il assurerait 60% de celle-ci, ce qui est fait
maintenant.
Finalement, préoccupé par les hausses constantes et
rapides des déficits des commissions de transport, le gouvernement
adopterait une formule d'aide statutaire au déficit d'exploitation, mais
contenant un élément incitatif relié à
l'achalandage de chacun des réseaux de transport.
Comme cette conférence était prononcée en 1975, Mme
le Président, mon successeur constate que les deux parties dont je viens
de traiter, ont, en fait, été votées par la Chambre et
sont actuellement en vigueur.
J'ai voulu, par ces quelques commentaires, dire l'intention qu'avait le
ministère des Trans-
ports, sous ma gouverne, d'implanter des services de transport
organisés dans certaines collectivités du Québec. Je
remarquais tantôt que le ministre, mon successeur, semblait un peu
sourciller quand je lui mentionnais la possibilité que soient maintenues
les entreprises privées dans les agglomérations concernées
par le projet de loi no 84.
Quelles que soient les intentions du présent gouvernement, Mme le
Président, il ressort qu'après une expérience de huit
années que j'ai connue à différents titres au
ministère des Transports, les commissions de transport, en qui je crois
d'ailleurs, je ne voudrais pas mettre en doute la bonne administration de la
Commission des transports, pas plus celle de Québec que celle de
Montréal, que de l'Outaouais ou des cinq qui existent actuellement...
mais l'on constate, quand même, à chaque fois qu'il y a
étatisation, nationalisation, qu'il y a prise en charge par le
gouvernement, je pense que mon successeur est bien conscient des services
publics que nous avons pris en charge dans les services de traversiers, on a vu
des arrêts de travail constants. Par exemple, l'an passé, ici,
à la traverse Québec-Lévis; on a vu les doléances
au moment où nous avons pris en charge la traverse Matane-Godbout,
où les doléances des syndicats ont été telles que
l'augmentation des coûts dépasse les 300%.
Si le gouvernement veut faire preuve de sagesse dans l'implantation de
nouveaux services de transport en commun à mettre en place dans les
municipalités de moindre importance qui en exigent, je pense qu'avant de
mettre l'entreprise privée de côté, entreprise
privée qui a maintenu le coût et a maintenu les services à
même, je pense, ses goussets, il serait important de faire une
réflexion profonde sur les études que j'avais fait faire dans le
temps, études qui étaient assez concluantes.
Avant de me rasseoir, j'ai dit tantôt que je ferais un court
commentaire relativement au problème d'autobus qui est relié
étroitement au problème du transport en commun. On me permettra
de faire un grief à l'endroit de l'actuel gouvernement. Pour ceux qui
étaient de ce côté-ci de la Chambre, il y a deux ans au
moment où la Commission des transports de Montréal a fait la
demande pour l'achat de 500 autobus, si l'Opposition du temps avait
assuré le gouvernement...
Mme le Vice-Président: Est-ce que vous parlez sur le
principe du projet de loi?
M. Mailloux: Je pense, Mme le Président, que la discussion
est quand même assez large et c'est une réflexion qui n'est pas
une accusation en soi. La semaine dernière, on a tellement parlé
de favoriser l'entreprise québécoise, on a tellement parlé
de vouloir diminuer le taux de chômage que je voudrais quand même
faire une observation qui serait peut-être pertinente si on veut
favoriser l'entreprise québécoise.
Ma réflexion est la suivante. Je pense que c'est pas mal
relié quand même à l'organisation des transports en commun.
Au moment où la
Commission des transports a fait une demande pour l'achat de 500
autobus, il y a une compagnie allemande qui voulait s'implanter dans le
Québec, la compagnie MAN. Mon collègue, M. Saint-Pierre, ayant
poursuivi des démarches pendant de nombreux mois, avait eu l'assurance
que, devant l'attribution de subventions à la compagnie MAN, c'est dans
le Québec que cette compagnie se serait implantée.
J'accepte...
Mme le Vice-Président: Vous allez un peu en dehors des
notes explicatives. Cela ne m'a pas l'air d'y être très
relié.
M. Mailloux: Mme le Président, je pense que vous avez
raison de dire que c'est en dehors du principe même du projet de loi.
C'était une réflexion que je voulais faire qui aurait
peut-être aidé le gouvernement dans l'achat éventuel
d'autobus.
Mme le Vice-Président: Voulez-vous faire...
M. Mailloux: Je reviendrai à la charge, soyez-en
assurée, dans les mois qui vont suivre pour dire au gouvernement quelle
sorte d'appui il aurait reçu de celui qui parle actuellement, si une
semblable venue d'une entreprise étrangère s'était offerte
au Québec, et quel accord nous aurions donné au gouvernement,
accord que nous n'avons pas eu dans le temps. Mais, de toute façon, en
temps et lieu, je ferai l'impossible pour vous dire de quelle façon un
gouvernement réellement sérieux devra agir, dans l'avenir, s'il
veut aider réellement les commissions de transport dont on parle
aujourd'hui.
Mme le Vice-Président: Je vous remercie de votre
coopération.
M. le député de Pointe-Claire?
M. Russell: De Brome-Missisquoi.
Mme le Vice-Président: De Brome-Missisquoi, pardon.
M. Armand Russell
M. Russell: II me fait plaisir de me lever pendant quelques
minutes pour faire certaines observations sur cette brique que le gouvernement
a bien voulu nous déposer afin d'étudier ce qui concerne
l'aménagement régional de tout le transport en commun. On s'est
rendu compte, à l'étude de cette loi, de l'importance que nous
devons apporter à cette question et au fait d'agir avec beaucoup de
rapidité afin de ne pas nuire à ceux qui sont déjà
impliqués actuellement. Simplement, je voudrais faire remarquer au
ministre qu'on a vu, en arrière de ce projet de loi, qu'il y avait un
problème très aigu, pas simplement dans ces municipalités
qui sont concernées.
Beaucoup de municipalités, comme Trois-Rivières et
même la rive sud de Montréal, actuellement nagent dans des
problèmes insolubles au point de vue économique et tout ceci
dépend sur-
tout du transport en commun. Le gouvernement devra étudier
d'abord les rapports qui ont été déposés par de
nombreuses commissions et, surtout, le ministre des Transports actuel pourra
consulter son collègue, le député de Chicoutimi. J'ai lu
certaines des remarques qu'il avait faites à l'occasion de
l'étude des crédits du ministère des Transports. Il
semblait, lui, avoir une formule pour pouvoir établir une loi-cadre pour
régler tous les problèmes de chacune de ces municipalités,
comme Trois-Rivières, Sherbrooke et d'autres dans la région.
Même, je suis certain que, si le député de Shefford
était ici... Il connaît cela, le transport en commun, parce qu'il
y est quand même impliqué, mais, malheureusement, il est absent.
Il va se reprendre certainement à l'occasion d'autres projets semblables
pour faire part au ministre des Transports actuel de leur importance.
Tout simplement, je voulais lui dire que nous allons souscrire à
l'adoption de ce projet de loi. Il est important pour ceux qui sont
déjà impliqués, pour qu'on ne crée pas de malaises
additionnels à la situation actuelle, mais nous comptons sur le ministre
pour avoir d'ici à la prochaine session ou qu'il dépose à
la prochaine session une loi-cadre sur laquelle pourront s'appuyer toutes les
municipalités dans chacun de ces milieux urbanisés et qui
favorisera aussi, comme le disait si bien l'ancien ministre des Transports,
l'entreprise privée dont je suis un farouche défenseur.
Je crois que c'est là une solution pratique et économique
pour régler un problème qui est urgent actuellement et important.
Donc, je termine là-dessus en disant que nous allons appuyer ce projet
de loi malgré son épaisseur et même si nous avons dû
prendre plusieurs heures pour l'analyser.
Mme le Vice-Président: M. le ministre des Transports
veut-il exercer son droit de réplique?
M. Lucien Lessard
M. Lessard: II est bien certain, et nous en sommes très
conscients, que ce projet de loi ne règle pas tous les problèmes.
Le député de Chicoutimi, à maintes et maintes reprises,
est intervenu en cette Chambre pour le souligner à l'ancien ministre des
Transports et vous conviendrez quand même, M. le leader parlementaire de
l'Opposition, que ce n'est pas dans quelques semaines qu'il nous est possible
d'élaborer, à moins d'être imprudents, un projet de loi qui
règle tous les problèmes.
M. Bellemare: Quand vous étiez là, vous
aviez...
M. Lessard: Nous avons quand même appris à
réfléchir avant d'agir et nous avons justement retardé
l'adoption du projet de loi qui avait été prévu par
l'ex-gouvernement en vue de le réviser et en vue de l'analyser en
relation avec nos priorités à nous, avec les priorités du
nouveau gouvernement. Ces priorités, elles sont assez bien connues, nous
les avons fait connaître au cours de la cam- pagne électorale,
à savoir privilégier le transport en commun.
Nous ne voulons rejeter aucune solution. Le député nous
disait tout à l'heure que nous devions favoriser l'entreprise
privée. Vous vous coupez une solution possible. Lorsque l'entreprise
privée n'est pas capable de satisfaire à un besoin essentiel, il
faut, je pense, que l'Etat compense. Quant à nous, je n'ai pas
sourcillé lorsque le ministre des Transports a parlé de la
nationalisation l'ex-ministre des Transports, c'est la
différence, comme on le disait tout à l'heure, entre le
présent et le passé lorsque l'ex-ministre des Transports a
parlé de nationalisation. Mais, nous n'avons je n'en ai pas
parlé du tout aucunement parlé de nationaliser ces
entreprises. Ce que nous voulons, par exemple, et je l'espère bien,
c'est présenter une véritable politique de transport en commun
qui, probablement, ne couvrira pas exclusivement les régions qui sont
prévues en vertu du projet de loi. Je dis bien le transport en commun
urbain pour le moment.
M. Bellemare: Le ministre me permet-il une question?
M. Lessard: Oui, allez-y, mon cher monsieur le leader.
M. Bellemare: Je sais que la réponse va être
instantanée, le connaissant comme je le connais; je sais que cela va
être pour la prochaine session que ce dépôt de documents et
que ce projet de loi vont être faits. Je demande au ministre si c'est
bien la réalité, s'il va être prêt pour la prochaine
session.
M. Lessard: Voici, M. le Président. Nous verrons en temps
et lieu.
M. Bellemare: Comment?
M. Lessard: Nous avons l'intention
d'accélérer...
M. Bellemare: Comment, je n'ai pas compris?
M. Lessard: M. le Président, nous avons l'intention
d'accélérer la solution aux problèmes sociaux, politiques
et économiques du Québec.
M. Bellemare: Ah! Cela a changé.
M. Lessard: Jusqu'ici, je pense que le nouveau gouvernement du
Parti québécois a démontré qu'il en avait assez des
études et qu'il avait l'intention d'agir.
D'ailleurs, M. le Président, dès le jeudi 16
décembre, je déposais ou je rendais publique une étude de
l'ancien gouvernement je le souligne qui relevait de l'ancienne
administration, de l'ex-ministre des Transports, une étude
intitulée: "Plan de transports, inventaires et propositions,
études de transports intégrés de la rive sud de
Montréal".
Pourquoi ai-je rendu publique cette étude?
C'est tout simplement pour permettre à l'ensemble de la
population concernée, comme nous le ferons, M. le Président, au
cours du mandat de ce gouvernement, de se faire entendre auprès du
gouvernement parce que nous avons décidé de gouverner à
ciel ouvert et non pas de gouverner à la cachette, M. le
Président.
Nous continuerons de faire ainsi et il est certain...
M. Bellemare: ...
M. Lessard: ...que, dans les plus brefs délais, comme
disait l'ancien gouvernement nous, on espère que les
délais seront plus brefs que tardifs nous déposerons cette
politique en commun, en relation avec la politique du ministère des
Affaires municipales. Nous espérons que cela pourra être pour la
prochaine session. En attendant, contentez-vous de ce projet de loi. Merci.
M. Bellemare: C'est un gros cadeau. Pour un homme qui
était bien prêt!
Mme le Vice-Président: Cette motion de deuxième
lecture est-elle adoptée?
M. Bellemare: Oui, adopté.
Le Secrétaire adjoint: Deuxième lecture de ce
projet de loi.
M. Burns: Mme le Président, il est possible je ne
sais pas, c'est à mes amis d'en face que je m'adresse que nous
soyions également en mesure, à ce qu'on me dit, de faire les
écritures nécessaires pour adopter ce projet de loi, sans autre
forme...
M. Bellemare: Je ne me prononce pas pour le parti qui vient de
tomber dans l'Opposition, mais je me prononce pour nous autres qui allons au
pouvoir, on n'a pas d'objection.
M. Burns: Vous vous prononcez au nom du parti qui vient d'arriver
dans l'Opposition.
M. Bellemare: Non, on y était déjà.
M. Mailloux: Non, nous sommes d'accord pour les écritures,
la commission et la troisième lecture également.
Commission plénière
M. Burns: Mme le Président, je vous suggère, avec
la collaboration de nos amis d'en face, que nous fassions les écritures
requises, c'est-à-dire que la commission plénière soit
considérée comme ayant eu lieu et la troisième lecture
également.
Mme le Vice-Président: En commission
plénière, adopté. Le rapport, adopté.
Troisième lecture.
M. Bellemare: Non, jamais, à la prochaine séance.
Vous n'avez jamais voulu faire cela, vous autres, même dans les moments
les plus cruciaux.
M. Burns: Alors, troisième lecture, Mme le
Président, à une séance subséquente.
Mme le Vice-Président: Alors, troisième lecture,
à une séance subséquente.
M. Burns: Je vous en ai donc donné, des mauvais
exemples.
M. Bellemare: Oui.
M. Burns: Dans l'adultère. Alors, Mme le Président,
l'article 8, s'il vous plaît!
Projet de loi no 78 Deuxième lecture
Mme le Vice-Président: M. le ministre des Affaires
municipales propose la deuxième lecture du projet de loi no 78, Loi
prolongeant et modifiant la Loi pour favoriser la conciliation entre locataires
et propriétaires.
M. le ministre des Affaires municipales.
M. Guy Tardif
M. Tardif: Mme le Président, le projet de loi
déposé devant vous prolonge d'une année la Loi pour
favoriser la conciliation entre locataires et propriétaires, amende le
fond de cette loi, continue le moratoire sur les transformations à
copropriété et empêche pour un an certaines reprises de
possession. Le maintien de la loi de conciliation n'a rien de nouveau. Aussi
invraisemblable que cela paraisse, c'est la 26e année consécutive
qu'un ministre se présente pour prolonger cette loi d'une année.
J'espère que ce sera la dernière fois. C'est une mesure que ce
gouvernement se voit dans l'obligation de répéter, parce qu'il y
voit, actuellement, le seul moyen de conserver un statu quo nécessaire
en attendant une réforme globale du domaine de l'habitation dont le
besoin se fait de plus en plus sentir, ainsi que le soulignait tantôt le
député de Lotbinière. En attendant, il faut continuer de
mettre à la disposition des locataires le seul moyen que nous ayons de
leur éviter des hausses abusives et des expulsions arbitraires. Le taux
d'inoccupation des logements locatifs continue de graviter autour de 1%, et
c'est pourquoi nous proposons de prolonger l'application de la loi jusqu'au 30
juin 1978. Certaines modifications à la loi sont aussi
suggérées. Les premières intègrent à la
fonction publique les employés de la commission. Ceci leur permettra de
jouir à l'avenir de tous les avantages qu'entraîne un statut de
fonctionnaire, principalement au niveau de la sécurité d'emploi
et du régime de retraite.
Les secondes visent à améliorer la protection
apportée par la loi aux nouveaux locataires. De plus, le projet modifie
la méthode de calcul utili-
sée dans ces cas pour la détermination du loyer et
élargit la notion de nouveau locataire, de façon que celui qui
occupe un local sans en être le locataire, puisse, s'il signe un bail par
la suite, profiter des dispositions des articles 29b et 29d de la loi.
Le projet de loi prolonge aussi le moratoire sur les transformations en
copropriété et d'autres cas semblables
décrétés l'an dernier et ce parce que la situation n'a
guère changé depuis. Encore une fois, il s'agit d'éviter
que la situation ne se détériore davantage en attendant la mise
sur pied prochaine d'une nouvelle politique d'habitation.
Certaines modifications, cependant, ont été
apportées au moratoire. On prévoit maintenant un délai de
six mois pour l'enregistrement des déclarations autorisées avant
le gel des conversions. Ce délai nous paraît amplement suffisant
pour ceux qui veulent véritablement effectuer la transformation; les
autres verront leur autorisation annulée de plein droit. De même,
le projet vient renforcer les dispositions visant certains modes de conversion
d'immeubles locatifs afin de mettre un terme aux agissements de personnes qui
semblent vouloir ne pas tenir compte de la loi actuelle. De plus, les
acquéreurs qui auraient été lésés dans une
transaction avec des personnes qui ne respectent pas certaines dispositions
pourront recourir à une procédure expéditive de
détermination des dommages et le Procureur général pourra
obtenir une injonction contre ceux qui dérogent trop souvent à la
loi.
C'est toujours le souci d'éviter une plus grande
détérioration de la situation qui fait que le gouvernement
propose, en dernier lieu, de prolonger automatiquement le bail des locataires
dans les immeubles principalement utilisés à des fins de location
résidentielle. Il faut éviter, pour le moment, de transformer des
locaux d'habitation en locaux commerciaux ou de démolir des appartements
encore occupés. Je l'ai dit, la situation est suffisamment grave et le
déséquilibre suffisamment grand pour que nous fassions tout en
notre pouvoir pour protéger les locataires. Dans l'attente d'une
solution plus globale, toutefois, ce moratoire n'empêchera pas,
évidemment, l'éviction des locataires indésirables et le
propriétaire enregistré au dépôt du projet de loi
conservera son droit à la reprise de possession pour occuper
personnellement les lieux ou pour les faire occuper par un parent.
Dans le discours de deuxième lecture de l'an dernier portant sur
la prolongation de la loi de conciliation, on vantait les vertus pacificatrices
de cette loi et on insistait, vu les conditions économiques, sur la
nécessité de reconduire cette loi en attendant une solution plus
globale. C'est parce que le gouvernement précédent n'a pas su
mettre au point cette solution plus globale que nous sommes obligés,
pour un temps, de prolonger, avec les modifications proposées, la loi de
conciliation. Mais cette mesure, je le répète, ne doit être
considérée que comme une étape dans la voie de la mise sur
pied d'une politique d'ensemble dans le domaine de l'habitation.
Mme le Vice-Président: M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Victor Goldbloom
M. Goldbloom: Mme le Président, mon intervention sera
brève. Avant de l'aborder, j'aimerais vous demander une directive. En
vous la demandant, je voudrais profiter de cette première occasion que
j'ai de m'adresser à vous personnellement pour vous féliciter de
votre nomination, du choix, pour une fois, probablement une rare fois,
judicieux de la part du gouvernement. En vous demandant la directive,
j'aimerais vous inviter à trancher une question qui a été
soulevée tout à l'heure sans formalité. Je vous la pose
formellement.
Préférez-vous l'appellation "Mme le président" ou
"Mme la présidente"? Si je vous pose la question, c'est parce que j'ai
eu l'occasion de représenter le Canada n'en déplaise
à mes amis d'en face à une conférence des Nations
Unies. La commission au sein de laquelle je représentais le Canada
était présidée par une femme, la représentante des
Philippines. Plusieurs pays ont pris la parole en français.
Je me rappelle que la Belgique a dit: Mme le Président; la Suisse
a dit: Mme la Présidente. Les pays de l'Afrique occidentale ont aussi
fait preuve d'une divergence là-dessus. Nous avons tous attendu le
délégué de la France qui a fini par prendre la parole et
j'ai le regret de vous dire, Mme le Président, que le
délégué de la France a dit: Mme la Présidente.
Alors, je ne sais pas ce qui est correct. J'aimerais que vous tranchiez la
question, pour que je ne blesse pas votre sensibilité.
Mme le Vice-Président: Je suis un petit peu
embarrassée à ce moment-ci, à savoir si votre question est
recevable. De toute façon, je vais vous répondre au mieux de ce
que j'en sais. Il s'agit de la fonction de président, ici, chez le
président de l'Assemblée nationale; c'est à cela que nous
nous en sommes tenus. Quand je le remplace ici, je remplace le président
de l'Assemblée nationale en fonction. Je préférerais Mme
le Président, pour le moment.
Nous avons d'ailleurs demandé un renseignement à la
Régie de la langue française qui a dit: Eventuellement, on
devrait en venir ce n'est pas prévu encore à dire
Mme la Présidente. En tout cas, nous nous en tiendrons à cela si
vous voulez bien.
M. Goldbloom: Mme le Président, merci. J'aborde donc
l'examen de ce projet de loi qui n'est essentiellement pas nouveau, mais qui
comprend quand même quelques éléments nouveaux que nous
aurons l'occasion d'examiner en détail en commission.
J'ai entendu, et pas pour la première fois, Mme le
Président, un ministre des Affaires municipales c'était
généralement le ministre de la Justice dans le
passé, dire: C'est la nième fois
que cette loi temporaire est modifiée, prolongée d'une
année. Je n'ai pas fait le relevé nécessaire dans le
journal des Débats; je ne sais même pas si le journal des
Débats existait à l'époque, la deuxième
année, mais peut-être que le ministre qui a présenté
le projet de loi, la deuxième année, a même dit: C'est
temporaire et nous espérons que ce sera pour la dernière fois que
cette loi temporaire sera présentée.
J'ai deux commentaires à cet égard, Mme le
Président. C'est d'abord que la Loi pour favoriser la conciliation entre
locataires et propriétaires semble plus permanente que les gouvernements
successifs qui l'ont modifiée; deuxièmement, que cette
permanence, cette quasi permanence doit avoir une raison quelconque. Il me
semble que les gouvernements successifs auraient pu trouver moyen de rendre
vraiment permanent un mécanisme de conciliation entre locataires et
propriétaires s'il n'y avait pas de problèmes fondamentaux
à l'intérieur de cette prolongation annuelle. Je voudrais tout
simplement inviter mon nouvel ami, le ministre des Affaires municipales,
à une certaine prudence à cet égard, parce que nous
devrons, je pense, prendre ensemble le temps d'examiner à fond
l'historique de ce processus, les mécanismes, le jeu du marché
dans ceci. Parce qu'après tout, nous pensons généralement
à la protection du locataire; nous avons toujours l'impression que c'est
le locataire qui est le plus vulnérable du duo qui doit s'entendre, qui
doit être aidé à s'entendre ou qui doit trouver quand
même un contrat entre les deux parties.
Je soumets respectueusement qu'il y a quand même une
vulnérabilité de l'autre côté. Nous avons tous
tendance à penser au locateur, au propriétaire, comme à
une personne riche, bien nantie, avec beaucoup d'unités de logement
à offrir sur le marché. On sait, Mme le Président, que ce
n'est pas nécessairement vrai.
Au contraire, il y a beaucoup de petits propriétaires qui ont
également besoin d'une certaine protection, si les mécanismes du
marché sont imparfaits. Le fait de renouveler ce régime est un
aveu que nous ne trouvons pas présentement, dans le contexte actuel, le
jeu du marché suffisant ou suffisamment juste pour lui laisser le soin
de régler des problèmes entre propriétaires et
locataires.
M. le Président... Mme le Président, je m'excuse, les
habitudes de dix années et demie disparaissent difficilement, je crois
bien que, de ce côté de la Chambre, en ce qui concerne
l'Opposition officielle, nous avons nettement l'intention de voter pour cette
prolongation du régime, mais c'est, comme je viens de l'exprimer, en
attendant l'occasion d'aller en profondeur dans cette question fort
délicate et d'aider le gouvernement à trouver le meilleur moyen
de régler à long terme ce problème qui existera toujours
entre locataires et propriétaires. Merci.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Bellechasse?
M. Fontaine: Nicolet-Yamaska.
Mme le Vice-Président: Nicolet-Yamaska. M. Serge
Fontaine
M. Fontaine: Mme le Président, mon intervention pourrait
s'intituler "Plus cela change, plus c'est pareil". Depuis 1951, à chaque
mois de décembre, l'Assemblée nationale doit étudier un
projet de loi semblable à celui qui nous est présenté,
ici, en deuxième lecture, par le ministre des Affaires municipales.
Encore l'an dernier, le gouvernement libéral d'alors ramenait ce
projet de loi qui, cette fois-là, était vivement et
paradoxalement critiqué par l'actuel leader du gouvernement
péquiste. Je voudrais citer les paroles mêmes du leader du
gouvernement qui ont été recueillies dans le journal des
Débats le 5 décembre 1975. Je cite les paroles de M. Burns: "M.
le Président, au risque de vouloir nécessairement radoter..."
Oui, radoter... Je recommence pour que vous compreniez bien. "M. le
Président, au risque de paraître vouloir nécessairement
radoter, c'est peut-être la sixième occasion qu'il m'est
donné de reprocher au gouvernement de ne pas, une fois pour toutes,
donner un caractère de permanence à la loi que nous amendons
encore une fois aujourd'hui."
M. Burns: Puis-je vous dire que j'aurais été
déçu si vous ne m'aviez pas soulevé cette question?
M. Bellemare: Ce n'est pas fini, attendez.
M. Fontaine: Je continue. "M. le Président, je n'ai pas
l'intention de revenir sur ce sujet; j'ai dit au cours de toutes les
années 1970 à 1974 inclusivement et je répète
simplement mes remarques tous les mois de décembre. Nous revenons avec
cette perpétuelle remise en vigueur de la Loi favorisant la conciliation
entre propriétaires et locataires. "Il me semble, sans que je pousse mes
commentaires plus loin, qu'il serait temps qu'on accorde à cette loi le
caractère de permanence qu'elle doit avoir. Ceux qui voudront avoir de
plus longues explications sur ma pensée pourront se
référer à toutes mes interventions depuis 1970 au mois de
décembre, lorsque ce projet de loi nous est ramené."
A cela, l'actuel chef intérimaire de l'Opposition officielle
avait répondu qu'il valait mieux, pour effectuer cette refonte, attendre
que le groupe de travail sur l'habitation ait remis son rapport ainsi que le
groupe de travail sur l'urbanisation. Mme le Président, j'ai l'honneur
d'apprendre à cette Assemblée que lesdits rapports ont
été déposés.
Une Voix: Les deux.
M. Fontaine: L'un, le premier rapport, du groupe de travail sur
l'habitation depuis janvier 1976, l'autre, le rapport du groupe de travail sur
l'urbanisation, le 13 février 1976.
M. Burns: C'est du coulage, c'est effrayant!
M. Fontaine: Le Parti québécois, en formant
l'actuel gouvernement, était sans doute au courant des recommandations
de ces groupes de travail depuis le début de 1976. Comment le
gouvernement actuel et, en particulier, son leader parlementaire peuvent-ils
avoir l'audace de nous ramener pour la nième fois ce projet de loi?
Bien sûr, ils nous diront qu'ils n'ont pas eu le temps.
M. Bellemare: De lire les rapports.
M. Fontaine: De lire les rapports. Excuse facile. Cela montre
bien, Mme le Président, qu'il est facile de faire des promesses, mais
que, lorsque nous arrivons devant la réalité, il est beaucoup
plus difficile de les tenir.
M. Lavoie: Vous verrez.
M. Fontaine: Je voudrais, cependant...
M. Bellemare: C'est aussi un de vos élèves? C'est
un avocat.
M. Fontaine: Je voudrais en particulier attirer l'attention des
membres de cette Assemblée, principalement sur l'article 2 qui me semble
être un sapin. Cet article n'est ni plus ni moins qu'une première
loi spéciale qui est votée par le Parti québécois
et qui est un décret pour les 230 syndiqués de la Régie
des loyers.
M. Burns: Je ne voudrais pas, Mme le Président, dans
l'examen du projet de loi, tel que le défend le règlement,
à ce stade-ci... Le député aura amplement l'occasion et je
lui dis d'avance que ce projet de loi sera déféré à
la commission parlementaire des affaires municipales. Il pourra, à son
meilleur loisir, discuter les détails du projet de loi avec toute la
latitude que nous donne le règlement là-dessus.
M. Bellemare: Mme le Président, en deuxième
lecture, en vertu de notre règlement, il y a longtemps que le ministre,
leader parlementaire, sait que c'est le principe que nous étudions
présentement. Comme il a malheureusement cité l'article 2 qu'il
n'aurait pas dû citer, nous comprenons qu'il fait un effort merveilleux.
Ce n'est pas un parlementaire de 30 ans, ni de 22 ans, ni de 10 ans. Il parlera
sur le principe, je pense qu'il a le droit de s'expliquer sur le principe et de
dire qu'en vertu de la loi...
M. Burns: D'accord. Ce n'était pas pour allonger le
débat que je faisais cela, mais pour le raccourcir.
M. Bellemare: ... je pense qu'il a le droit de parler sur le
principe qui veut que, dans la loi, il y ait quelque chose qui n'est pas
correct.
M. Burns: D'accord, Mme le Président.
M. Fontaine: Etant donné que j'ai abordé ce premier
principe, je voudrais en aborder un autre.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: II y a un autre principe qui est mis en jeu dans ce
projet de loi. C'est celui de vouloir, par le biais de ce projet de loi,
augmenter la juridiction de la Cour des petites créances. Je pense qu'il
s'agit d'un élément important de ce projet de loi et que nous
verrons à discuter de ce problème à la commission
parlementaire.
Connaissant l'état d'esprit du leader du gouvernement et du
ministre responsable de cet épineux problème, nous, de l'Union
Nationale, sommes assurés que le gouvernement, dès la prochaine
session, se fera un devoir de présenter une loi visant à refondre
en profondeur cette loi si souvent amendée. Je vous remercie, Mme le
Président.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Frontenac
M. Gilles Grégoire
M. Grégoire: Mme le Président, j'aurais l'intention
de dire quelques mots sur ce projet de loi, si vous me le permettez, sur le
principe de la loi, exactement. J'avais envie de m'opposer carrément
à la prolongation de cette loi, chapitre 20,1950/51, car ce n'est pas
inutilement qu'on la remet d'année en année. C'est qu'elle est
pleine de trous, pleine de failles, et que jamais personne n'a osé
apporter un changement global, une réforme globale à cette
loi.
Je prends note des intentions du ministre et de la déclaration
qu'il vient de faire selon laquelle il y aura une réforme globale de la
loi dans le courant de l'année. On peut présumer qu'elle aura
lieu d'ici un an puisque le ministre vient de nous dire qu'il n'a pas
l'intention de revenir l'année prochaine avec une demande de
prolongation. S'il n'a pas l'intention de revenir avec une demande de
prolongation, c'est donc qu'il veut faire la réforme globale dès
cette année, dans le courant de l'année, et je l'en
félicite.
Après vingt-six ans, il était temps qu'on ait un bon
ministre des Affaires municipales qui, lui, se déciderait...
M. Bellemare: Tardivement.
M. Grégoire: ... non tardivement, à faire cette
réforme car, Mme le Président, cette loi est pleine de trous. Je
voudrais m'opposer à plusieurs énoncés là-dedans
dont celui par lequel on veut verser tous les employés de la
Régie des loyers à la Fonction publique. Je voudrais m'y opposer
parce qu'à l'heure actuelle toutes les décisions prises à
cette Régie des loyers sont prises par des personnes qui ne sont pas,
à mon avis, les plus compétentes pour prendre ces
décisions. Ce sont des avocats
qui décident de fixer les prix entre locateurs et locataires
alors que, moi, je prétends que ce devraient être des comptables
qui, eux, ont de meilleures notions des affaires, des dépenses et des
revenus d'un immeuble. On voit des avocats, à la Régie des
loyers, de 27, 28, 30 ans ce n'est pas l'âge qui compte qui
quittent leur bureau, peut-être parce qu'ils n'y ont pas assez
d'occupations, pour aller occuper une demi-journée ou une journée
complète par semaine afin d'essayer de trancher des cas entre locateurs
et locataires et, dans la majorité des cas, ils n'ont rien compris au
sens des chiffres qui leur sont exposés.
Je voudrais donc qu'on exclue de cet envoi global de tous les
fonctionnaires de la Régie des loyers vers la Fonction publique
je pense qu'en commission plénière on aura l'occasion de le faire
les avocats qui ont à décider et à prendre des
décisions concernant cette conciliation entre locateurs et locataires.
Car, si on les envoie tous à la Fonction publique immédiatement,
lorsque viendra le temps de les changer je crois que ce sera fait un
jour pour des comptables, ils seront alors dans la Fonction publique et
on aura encore du monde à envoyer sur les tablettes.
Je demanderais que pour ces avocats on fasse exception dans la
présente loi. Je crois également...
M. Lavoie: Question de règlement, Mme le Président.
On s'aventure dans les détails et le député de Frontenac
n'aura plus rien à dire en commission tout à l'heure. C'est pour
cela que je veux lui préserver sa bonne intervention au moment opportun,
qui est en commission, et non pas durant le débat en deuxième
lecture. Nous devons nous en tenir uniquement au principe, s'il y a lieu, de
prolonger la Loi pour favoriser la conciliation entre locataires et
propriétaires. On ne peut pas, à ce stade, aller dans les
détails du projet de loi.
M. Grégoire: Mme le Président, je crois que le
leader parlementaire de l'Opposition a raison. Je m'en tiendrai donc au
principe en demandant au ministre un effort spécial pour que cette loi
soit réformée globalement. Le principe de la loi est bon. Il faut
que les locataires soient protégés dans la majorité des
cas. Mais, à l'heure actuelle, cette loi qu'on appelle conciliation est
plutôt une source de chicanes entre propriétaires et locataires.
Alors, sur le principe même, c'est à regret qu'on l'appuie pour la
prolonger d'un an, mais je crois que le ministre a besoin de ce délai
d'un an pour en faire la réforme globale.
Mme le Vice-Président: M. le chef de l'Opposition.
M. Gérard D. Levesque
M. Levesque (Bonaventure): Mme le Président, je ne
voudrais ajouter que quelques mots à la suite des propos que je viens
d'entendre. Je voudrais, premièrement, rappeler au député
que lorsqu'il dit qu'enfin le ministre des Affaires muni- cipales va apporter
une politique globale, après 25 ans ou je ne sais trop quoi, il faudrait
bien se rappeler que cette responsabilité n'a été
dévolue au ministre des Affaires municipales que depuis à peine
deux mois. C'était une responsabilité du ministre de la Justice.
Alors, en toute justice, je crois qu'il fallait apporter cette correction.
Deuxièmement, Mme le Président, je demanderais au
député, afin de pouvoir discuter d'une façon bien
éclairée en commission plénière, ou en commission
élue selon les voeux du leader parlementaire du gouvernement, d'examiner
de plus près la loi pour voir si les questions des administrateurs, il a
parlé des avocats qui sont administrateurs de la régie, je l'ai
bien entendu dire que ces avocats quittaient leur bureau pour aller entendre
les parties, etc.
Si je comprends bien, le projet de loi, nous aurons l'occasion de le
discuter en commission, il faudrait bien voir que l'article 4 je ne veux
pas parler de cela, mais il en a parlé se réfère au
secrétaire, au secrétaire adjoint et les autres fonctionnaires et
employés. Il n'est pas question, en mon sens, des administrateurs. Ceci
étant dit, peut-être que le député aurait
pensé, je ne veux pas être désagréable à son
endroit mais, si on enlève ces deux éléments de ses
propos, je me demande pourquoi il s'est levé...
M. le Président, je voudrais maintenant tenir une promesse que
j'avais faite. Je sais qu'il est tellement important de tenir ses promesses.
J'avais fait une promesse à l'honorable leader du gouvernement que je ne
pouvais pas passer sous silence les nombreuses interventions et je vois que le
député de Saint-Jacques, le ministre resposable du
haut-commissariat....
M. Lavoie: Témoin.
M. Levesque (Bonaventure): ...a un peu contribué à
cela. Je suis heureux de le voir là également. J'avais fait la
promesse que je ne pouvais pas laisser passer ce projet de loi sans rappeler
des propos extrêmement éloquents de l'honorable
député de Maisonneuve et même de certains de ses
collègues. Je vois que le député de Nicolet-Yamaska a
déjà commencé à faire ce travail. Je le remercie.
Je n'aurai pas à le citer quant à cette année mais, quand
on retourne en 1970, ces frais émoulus...?
Mme le Vice-Président: M. le leader de l'Opposition,
est-ce que vous parlez sur un principe du projet de loi?
M. Levesque (Bonaventure): Oui. Le principe du renouvellement
annuel, alors que cette loi, prolongeant et modifiant la loi pour favoriser la
conciliation entre locataires et propriétaires, subissait, le jeudi 10
décembre 1970 sa deuxième lecture, on lit ceci, Mme le
Président: "J'espère que suite aux reproches que le
député de Maskinongé faisait à l'égard du
député d'Outremont on ne me fera pas les mêmes reproches
lorsque le groupe dont je fais partie sera au pouvoir. Dans ce temps, je
ten-
terai de les mettre en vigueur si on me le permet". Est-ce que je dois
conclure qu'on ne le lui a pas permis?
Nous nous demandons véritablement s'il ne s'agirait pas,
après 19 ans cela était 19 ans dans ce temps de
nous poser la question suivante. Je cite et je réponds à
l'interrogation du ministre des Affaires municipales.
M. Burns: M. le chef de l'Opposition?
M. Levesque (Bonaventure): Dix-neuf ans, mais c'était
parce que c'étaient les propos qui avaient été
prononcés en 1970 par l'honorable député de Maisonneuve et
que je continue de citer, "...de nous poser la question suivante, disait-il:
Pourquoi ne rendrions-nous pas ce texte législatif permanent au lieu de
continuellement, de façon rituelle, revenir tous les ans devant
l'Assemblée nationale pour prolonger à nouveau les dispositions
de ce projet de loi. Selon nous, cela favoriserait une politique à long
terme de la Commission des loyers, de rendre, de donner à cette loi, le
caractère permanent dont elle a besoin.
M. Lavoie: ...des termes bien plus virulents que cela.
M. Levesque (Bonaventure): Nous voudrions, plutôt que de
voir une loi prolongée d'année en année, pour des fins que
nous approuvons, évidemment, voir cette loi avoir un caractère de
permanence. Nous nous demandons, disait-il encore une fois, pourquoi le
gouvernement provincial, par l'entremise de l'Assemblée nationale, ne
prend pas l'initiative d'étendre cette loi à toutes les
municipalités. En 1971, l'honorable député de Maisonneuve
revenait à la charge. C'était un mardi 14 décembre, projet
de loi 282. J'aurais le goût, disait-il dans cette discussion du projet
de loi en deuxième lecture, de me péter les bretelles. Vous avez
bien reconnu le député de Maisonneuve. Pour nous, ce fut une
grande déception de voir ce projet de loi revenir dans son état
actuel, c'est-à-dire cette loi temporaire que d'année en
année, etc. Je ne peux m'empêcher de dire au ministre ma
déception de le voir revenir cette année avec un petit projet de
loi qui n'est pas véritablement une refonte.
Pour le moment, malheureusement, c'est tout ce que nous avons au
Québec pour protéger le locataire. Même si cela est
très peu, c'est toujours cela. C'est pour cela que nous votons en
faveur.
En 1973, projet de loi no 3, deuxième lecture, le vendredi 21
décembre, nous déplorons, disait le député de
Saint-Jacques cette fois-ci, il vient à la rescousse
à nouveau l'absence de mécanismes permanents de ce genre.
Et, renchérissant, le député de Maisonneuve disait:
"C'est avec beaucoup de déception que nous voterons en faveur de ce
projet de loi... C'est encore toujours la solution du moindre mal que nous
sommes obligés de prendre dans l'Opposition." Le 22 décembre, le
lendemain, le député de Saint-Jacques, n'étant pas
satisfait de sa première intervention, revient à la charge: "Vous
ne trouvez pas, quand même, M. le Président, qu'une loi qui,
lorsqu'on fait l'énumération de toutes les modifications qu'elle
a subies, couvre presque une page mériterait d'être
remplacée par une loi permanente," 1974, le vendredi 13 décembre.
Le député de Maisonneuve: "M. le Président, je suis
je vous le dis au départ extrêmement déçu...
Je me pose de très sérieuses questions relativement à
l'intention de ce gouvernement de véritablement protéger le
consommateur en général."
Là, il savait de quoi il parlait: "II y a deux façons de
rendre cette loi permanente. D'une part, en établissant les normes
je demanderais au ministre des Affaires municipales de bien
écouter; la solution est ici et les règles de façon
stricte et permanente, mais aussi en rendant permanent l'organisme qui
régit, qui contrôle les loyers. Encore une fois, cette
année, on nous dit que l'application de la Loi pour favoriser la
conciliation... est prolongée, etc. Qu'on l'appelle le tribunal des
loyers ou qu'on l'appelle toute autre chose, cela importe peu, mais qu'on
accorde à ce tribunal le caractère de permanence. C'est ce que
nous voulons et c'est ce que cette loi n'accorde pas... Qu'est-ce qui nous
empêche de bâtir pour l'avenir un organisme qui régisse les
loyers, qui aura ses traditions, qui aura sa permanence?"
On m'indique qu'on aurait voté contre cette fois. Je ne sais pas
si c'est exact, mais c'est une indication que l'on me donne. On pourra le
vérifier. En troisième lecture, le lundi 23 décembre, le
député de Maisonneuve: "M. le Président, l'étude du
projet de loi sur les relations entre propriétaires et locataires juste
avant Noël est devenue une tradition si fortement ancrée que c'est
peut-être la vraie raison qui empêche le ministre de la Justice de
nous présenter une loi permanente." 1975, le mercredi 26 novembre, en
première lecture, le Parti québécois vote contre. En
deuxième lecture, le vendredi 5 décembre, M. le
député de Maisonneuve revient à la charge: "M. le
Président c'est ce qu'a cité, mon ami, le
député de Nicolet-Yamaska au risque de paraître
vouloir nécessairement radoter... Là, je ne radoterai pas en le
répétant une autre fois, mais je tiens à lui rappeler la
citation du député de Nicolet-Yamaska. Le député de
Maisonneuve disait: "Depuis juin 1951 qu'on répète ce
scénario et que tout le monde sait que le projet de loi a quand
même essentiellement, intrinsèquement, un caractère de
permanence, pourquoi ne pas définitivement en arriver à dire: Ce
projet de loi devient de la législation québécoise et,
lorsqu'il méritera d'être amélioré, on
l'améliorera?"
Le jeudi 11 décembre, en commission et vous voyez la
persévérance, la ténacité, la suite dans les
idées du député de Maisonneuve il dit: "M. le
Président, juste pour le "fun", lisons cet article 1." M. le
Président, je ne l'ai pas pour le "fun", mais nous n'avons qu'à
lire celui qui est au nom du ministre des Affaires municipales, pour le "fun".
Je n'ai même pas à citer le député de Maisonneuve,
parce qu'il a cité exactement l'article 1 du projet de loi qu'on nous
demande de voter aujourd'hui. Juste pour le "fun", est-ce qu'il n'y aurait pas
lieu de lire cet article comme l'a fait le...
Le Vice-Président: M. le chef de l'Opposition, pourvu que
vous vous en teniez au principe.
M. Levesque (Bonaventure): Oui, justement pour le "fun", on va
s'en tenir au principe. Je ne voudrais pas, non plus, faire une lecture qui
peut être assez longue, mais tout le monde connaît,
évidemment, cette longueur qui fait écho à un
renouvellement annuel, depuis 1951, de ce projet de loi. Là, en citant
le député de Maisonneuve, j'aurais vu, évidemment, cet
article 1, presque mot à mot. Il continuait, le député de
Maisonneuve: "Admettons-le entre nous, il s'agit là d'un projet de loi
de caractère permanent. Ce n'est pas normal que, tous les ans, on vienne
changer les millésimes de l'application de la loi, il me semble en tout
cas." C'est exactement ce que l'on fait dans ce projet de loi. On ne change que
le millésime.
C'est exactement ce que nous reprochait le député de
Maisonneuve. "Je ne peux pas accepter, et c'est pourquoi je vais vous demander
d'inscrire ma dissidence à l'article 1 disait-il qu'on
procède d'une façon à peine camouflée à
garder une permanence à une loi qui, techniquement, n'en a pas. On
pourrait tout au moins, avec ce qu'on a actuellement, adopter une loi qui a le
caractère permanent que nous demandons, quitte à suivre, à
un moment donné, les avis des personnes très
éclairées qui vont éventuellement faire leur rapport."
On pourrait continuer les citations de ce genre. J'ai voulu le faire
sans malice et sans méchanceté, simplement pour souligner qu'il
est facile de critiquer, qu'il est facile de proposer, mais, lorsqu'on arrive
à réaliser... A ce moment-là, je me tourne vers le
ministre des Affaires municipales et je lui dis que je suis heureux de
l'engagement qu'il a pris de soumettre à cette Chambre dès 1977,
si j'ai bien compris, au début de la prochaine session, une politique
globale en matière d'habitation et de logement. Il sera sans doute
inspiré des rapports que notre gouvernement a demandé de
préparer, le rapport Castonguay et le rapport Legault, qui sont
d'ailleurs connus du gouvernement actuel depuis plusieurs mois, qui ont
été rendus publics lorsque ces rapports ont été
remis au gouvernement.
Je ne voudrais pas passer sous silence le fait que le ministre
lui-même n'a peut-être pas eu tout le temps nécessaire pour
nous présenter cette politique globale, mais, après avoir entendu
toutes ces citations, le groupe, dont il fait partie, devait avoir des
idées assez claires là-dessus, il me semble. Cela me surprend
qu'on n'ait pas introduit une seule notion nouvelle dans le projet de loi qu'on
nous présente. Je suis fort aise de souligner, cependant, qu'on a, si je
m'en tiens au texte de la loi, tenu compte de ce que nous avions apporté
comme améliorations l'an dernier et que c'était tellement bien
qu'on a songé à le renouveler tout simplement.
M. Burns: Ah, ah, ah!
M. Levesque (Bonaventure): Oui.
M. Burns: Démagogie totale!
M. Levesque (Bonaventure): Ce n'est pas de la démagogie,
c'est simplement rendre justice à l'ancien gouvernement.
M. Burns: Pas du tout!
M. Levesque (Bonaventure): Si on s'attend que vous le fassiez,
nous allons attendre longtemps! Je voudrais simplement souligner à
l'honorable ministre des Affaires municipales l'importance qu'il y a de tenir
compte de tous les facteurs, comme le disait mon collègue l'ancien
ministre des Affaires municipales et député de D'Arcy McGee.
C'est bien facile de dire: Nous allons aider les locataires de telle
façon, sans tenir compte du contexte dans lequel se construisent de
nouvelles habitations et de nouveaux loyers. C'est de cet ensemble de choses
dont devra tenir compte le gouvernement et particulièrement le ministre
des Affaires municipales.
Lorsque nous avons décidé de faire cette mutation, de
faire ce transfert du ministère de la Justice au ministère des
Affaires municipales, c'est justement parce que nous avions à l'esprit
l'importance d'une politique globale d'habitation et de logement et que nous
croyons qu'au ministère des Affaires municipales, on était mieux
équipé qu'au ministère de la Justice pour préparer
ce projet. Mes voeux accompagnent donc le nouveau ministre qui relève
là un défi de taille. Je suis convaincu qu'il se rend compte
qu'il devra regarder de très près la situation et ne pas
improviser. On peut peut-être apporter un projet de loi rapide et faire
plaisir, d'une façon superficielle, aux locataires; peut-être, de
cette façon-là, qu'on serait en train de leur nuire
éventuellement.
Lorsque l'on verra les rapports Legault et Castonguay, on verra qu'il y
a des questions gui se posent sur l'existence même de la Régie des
loyers et sur les effets que la Régie des loyers, ou ses politiques, ont
peut-être eu sur les logements en général. On sait que les
logements disponibles sont à un taux très bas, moins que 1%, dans
la région métropolitaine de Montréal et dans la province
même, si je ne m'abuse.
C'est donc dire qu'il faudrait, en même temps que nous nous
occupons de cette question d'une Régie des loyers, nous occuper
d'inciter, de trouver des mesures incitatives pour que les logements soient
plus nombreux et plus disponibles, car nous avons à faire face,
là, à cette grande loi de l'offre et de la demande. Ceci
étant dit, je ne veux pas poursuivre davantage, mais je tiendrais
simplement à assurer le gouvernement de notre plus grande
disponibilité et notre meilleure collaboration dans
l'intérêt des locataires, dans l'intérêt de tous ceux
qui s'intéressent à cette question tellement importante sur le
plan social et également sur le plan économique.
M. Robert Burns
M. Burns: Mme le Président, c'est évident que je
m'attendais à recevoir des remarques comme
celles qui ont été faites par le député de
Nicolet-Yamaska ou par le chef de l'Opposition, étant donné les
prises de position que j'ai, régulièrement cela au moins
vous allez me l'accorder de façon constante et sans jamais
déroger à une certaine ligne, prises dans le passé
relativement à cette loi.
Il est évident, également, qu'aujourd'hui, comme leader du
gouvernement le chef de l'Opposition n'est pas sans le savoir je
préside le comité de législation, que,
nécessairement, le projet de loi qui nous est soumis aujourd'hui nous a
été soumis à ce comité de législation avant
de venir devant cette Chambre, et que j'y ai donné mon consentement.
Je pense qu'on peut faire toutes sortes de farces autour du fait que,
dans le passé, je disais: Je suis extrêmement déçu
que, pour la nième fois, nous revenions avec ce projet de loi. Mais il
ne faudra pas oublier qu'à chaque fois à chaque fois
c'était à ceux qui maintenant sont dans l'Opposition
officielle que j'adressais ces remarques et qu'à chaque fois je me
faisais donner une fin de non-recevoir, sur une base d'incapacité
totale. On me faisait le signe qui a été la marque même,
peut-être, de ce gouvernement et on me disait: Je ne suis pas capable. On
ne pouvait pas aller plus loin. Ma ténacité là-dessus
et celle du député de Saint-Jacques d'ailleurs
s'est toujours maintenue, parce qu'on disait: "Non, vous êtes capables".
La preuve, c'est qu'en 1970, nous avions cinq réclamations très
particulières relativement à cette loi. Je vous les rappelle.
Avant 1970, cette loi ne s'appliquait pas à l'ensemble du
territoire au Québec. Elle ne s'appliquait qu'aux municipalités
qui en décidaient par voie de règlement. C'était notre
première réclamation: nous voulions que tous les territoires au
Québec puissent être couverts par cette loi. Nous l'avons obtenu
à force de revenir et de replanter le clou. On se rappellera
également qu'en 1970, seulement les loyers qui étaient
inférieurs à $125 par mois étaient couverts par cette loi.
Nous avions dit, à l'époque et l'année suivante
également que ce n'était pas acceptable, qu'il fallait que
tout loyer soit couvert, quel que soit son montant. En somme, la
généralisation des loyers couverts par cette loi devait
être sujette à révision par l'administrateur et par la
Commission des loyers. Nous l'avons obtenu, et c'est à force de cette
ténacité.
Malheureusement, les trois autres demandes que nous faisions ne sont pas
arrivées à terme. La loi permanente, bien sûr, et
là, on peut rigoler puis on peut me dire: Vous n'avez pas de loi
permanente aujourd'hui puis vous endossez cette loi, vous vous apprêtez
à le faire. Je vous dis simplement ceci: Que ceux qui voudront rigoler
à ce sujet peuvent le faire, mais j'espère que cela est fait de
bonne guerre. Moi, je m'y attendais, je m'attendais très bien à
ce qu'on me fasse cela, mais les gens vont très bien comprendre, le
député de Nicolet-Yamaska et le chef de l'Opposition vont
comprendre, comme tous nos autres collègues en cette Chambre, qu'un
gouvernement qui a pris le pouvoir le 15 novembre, qui a formé son
Conseil exécutif le 26 novembre est dans l'incapacité totale de
vous présenter une loi refondue.
Il est placé devant la situation très claire de causer un
dommage très sérieux à l'une des catégories de
consommateurs au Québec les plus malmenés, à mon avis,
c'est-à-dire les locataires, en disant: On va attendre à
l'année prochaine pour faire une loi totale, globale et, en attendant,
on laisse tomber cette loi. Ce que le gouvernement a décidé de
faire, ce que le ministre des Affaires municipales, entre autres, a
décidé de faire, c'est que, peu importent les petites
"ricaneries", comme dirait le député de Johnson qu'on pourrait
nous faire...
M. Bellemare: Les petites taquineries.
M. Burns: ...ces petites taquineries qu'on pourrait nous faire,
on a dit: II faut quand même assumer dès ce moment-ci c'est
d'ailleurs le sens même de cette présente session on est
obligé d'assumer nos obligations et de les assumer de façon
sérieuse, de façon que surtout une catégorie de citoyens
au Québec n'en souffre pas. La façon de le faire, c'était
de voter cette loi. Je peux vous assurer je ne parle pas au nom du
ministre des Affaires municipales simplement, comme un des membres du
Conseil des ministres, que les réclamations que j'ai faites depuis 1970,
je vais tenter, avec toute la conviction dont je puis faire preuve à
certaines occasions auprès du ministre des Affaires municipales, de voir
à ce que, l'année prochaine et vous me citerez,
l'année prochaine, si ce n'est pas cela, ne vous gênez pas,
l'année prochaine, d'accord? je vous mets au défi. vous me
direz: Le député de Maisonneuve, le leader du gouvernement, nous
a dit: Le 20 décembre, à 17 h 40, qu'il tenterait de convaincre
son collègue des Affaires municipales de mettre ces choses-là en
application. Ne vous gênez pas, l'année prochaine, si on vous
revient avec une loi prolongeant cette loi.
Mon collègue de Saint-Jacques, soit dit en passant, qui est le
leader adjoint de la Chambre pour ceux qui ne le sauraient pas, en mon
absence, c'est lui qui est le leader du gouvernement me mentionne qu'il
ne faut pas que je mette mon siège en jeu. Je vous dis qu'en ce qui me
concerne, ces choses-là, ces points-là, vous pourrez vous
référer à mon intervention de 1970 et vous verrez qu'il y
avait cinq points que je réclamais qui ne sont pas encore actuellement
dans la loi que nous présentons. J'y crois tellement, à ces cinq
points, du moins à ceux qui restent encore, c'est-à-dire le seuil
d'augmentation, la loi permanente, le tribunal permanent, etc., que j'ai
l'impression qu'avec mon collègue des Affaires municipales et les autres
membres du cabinet ainsi que les membres ministériels qui sont
préoccupés par cette situation, que, l'année prochaine,
vous n'aurez pas l'occasion de me refaire le coup que vous avez tenté de
me faire aujourd'hui, c'est-à-dire citer des paroles que j'avais dites
dans le passé.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Johnson.
M. Maurice Bellemare
M. Bellemare: Mme le Président, c'est avec beaucoup de
joie que, pour la première fois dans ma carrière politique, qui
date de 32 ans, je présente au président, qui est devenu madame,
mes hommages et surtout mes voeux les meilleurs.
Je pense que j'ai eu l'occasion de passer plusieurs présidents
sauf qu'aujourd'hui... Pardon?
M. Levesque (Bonaventure): Faites-lui attention, quand il
commence comme cela.
M. Bellemare: Je suis heureux de voir enfin le rôle de la
femme, chez nous, même dans ce Parlement, réévalué,
et qu'on a voulu confier cette responsabilité parlementaire, qui pour
moi est un principe fondamental de tout ce parlementarisme traditionnel que je
vis depuis des années... J'en suis fort aise.
Je viens d'entendre le leader parlementaire nous chanter cette romance
dont il a seul le pouvoir et surtout, dans ses couplets variés, sait
nous attirer la sympathie. Que c'est beau et que c'est grand de cet homme si
merveilleux, aux talents si redoutables, il s'est adjoint un autre homme d'une
excellence, un orateur très distingué aussi. Je le sais pour
avoir déjà subi ses foudres. Pas seulement le maire de
Montréal, mais moi aussi.
Je dis que je m'étonne qu'un homme qui a joué dans sa
carrière, en vertu du principe du projet de loi, me dise qu'il est
président du comité du conseil de la législation.
M. Burns: Comité de législation.
M. Bellemare: Je m'étonne qu'un homme comme lui, qui a
été, pendant toute sa vie, voué au service des
travailleurs, syndicalistes, qui les a défendus avec une foudre
extraordinaire, tellement qu'à certaines occasions on a
été obligé de lui fermer certaines portes, tellement
c'était virulent. Je m'étonne, Mme le Président je
m'habituerai, vous verrez que cet homme qui est attaché,
fondamentalement, au principe du respect de la fonction publique, dans cette
province, ait, comme président du comité de la
législation, comme ancien syndicaliste, laissé
pénétrer, au sein même de cette loi, un article
extraordinaire qui, au point de vue de principe, fausse complètement
tout ce que l'on peut appeler mécanisme dans le Code du travail des
conventions collectives.
C'est indiscutable, Mme le Président, que cet homme-là,
nous lui avons forcé la main. Je connais trop sa sympathie
vis-à-vis de ces syndicalistes pour qu'il soit aveuglé au point
de ne pas avoir vu, ou s'il l'a vu, de l'ignorer, ce principe qui, dans notre
loi, est presque regrettable j'allais dire un mot qui dépassait
ma pensée qui n'est pas raisonnable.
Jamais je n'aurais cru qu'un avocat aussi distingué du Barreau,
un maître dans la défense des droits des ouvriers, aurait permis
que, dans une législation qu'on dit anodine... On dit que c'est la
répétition de la même loi, de tous les gestes, que cela
s'est fait depuis 20 ans, on a lu des articles j'ai compris tout cela,
mais pas l'autre, pas l'autre jamais! Pourquoi ne vous êtes-vous pas
rebellé, vous le grand défenseur des syndicalistes, contre ce
principe? Merci, merci, merci. Je savais que ma voix serait entendue!
Pourquoi, Mme le Président, a-t-on laissé introduire ce
faux principe dans une loi à caractère inoffensif? Non, cela ne
paraît pas. Locataire, propriétaire, tout le monde gobe cela et
cela ne paraît pas, mais, il y a là, Mme le Président, un
geste extraordinaire, un geste posé, un principe qui vaut
énormément pour l'avenir. Je sais que le ministre leader serait
prêt, si d'autres avaient le courage comme moi de se lever parmi leur
parti et de lui demander de le retirer, à le faire. Oui, Mme le
Président. Je n'ai pas le droit, moi, de faire cela, mais...
Mme le Vice-Président: Je suis en train de me demander si
vous parlez d'un article du projet de loi...
M. Bellemare: Non, je parle, madame, avec beaucoup de respect,
d'un principe de la loi.
Mme le Vice-Président: ...parce que je ne sais pas encore
ce que vous allez dire.
M. Bellemare: Je n'ai pas encore cité d'article, mais tout
le monde l'a reconnu, tout le monde l'a trouvé et surtout le ministre
leader, lui qui s'est battu pendant des années pour que cela n'arrive
pas. Là, sous son gouvernement, d'une manière anodine, il nous
présente cela sous l'aspect d'une loi salvatrice. Vous appelez cela une
loi salvatrice ce principe, Mme le Président?
Ecoutez, je suis dans le syndicalisme depuis près de 30 ans et je
pense que j'ai lu, moi, à travers les lignes. Quand on ira en commission
parlementaire, ne soyez pas surprise, Mme le Président, si je vais faire
une lutte à mort au gouvernement sur cela. On n'a pas le droit, en
respect pour la tradition des travailleurs, de faire ce qu'on fait là,
de faire un décret, d'organiser une convention collective et de la
reconnaître surtout avec un ministre de la Fonction publique qui ne dit
rien, qui se laisse faire. Il y a une limite, Mme le Président. On prend
230 employés, c'est un principe que je défends aujourd'hui, et on
les consacre en vertu d'une loi qui semble inoffensive. Cela, Mme le
Président, je n'endurerai pas cela. Jamais! Il y a trop de gens ici dans
cette Assemblée nationale qui savent ce que sont les relations de
travail, qui savent ce qu'est le fonctionnarisme, qui connaissent les droits
acquis par les syndicalistes, qui vont, demain matin, avaler une couleuvre de
la sorte.
Non, Mme le Président, je pense que c'est dépasser tout ce
qu'on peut imaginer.
Mme le Vice-Président: Je vous demanderais
de garder vos arguments pour la discussion en commission, si vous
voulez.
M. Bellemare: Mme le Président, en vertu de notre
règlement, c'est bien dommage, mais oui, j'ai le droit. Si ma voix est
forte, en vertu du règlement, il est permis de plaider avec
ténacité, avec ardeur, avec conviction; c'est en vertu de notre
règlement. Je voudrais vous dire que je ne dépasse pas les
bornes, c'est peut-être un peu choquant pour les membres du gouvernement
qui nous entendent, mais Mme le Président...
Mme le Vice-Président: C'est à cause de cela...
M. Bellemare: ... je vous en supplie, laissez-moi terminer.
Mme le Vice-Président: Alors, rapidement.
M. Bellemare: Cela fait peut-être du bien à
certaines gens qui n'ont pas la parole. Peut-être que le
député de Lafontaine ferait comme moi, s'il était
capable.
Mme le Vice-Président: Remarquez que ce n'est pas parce
que je voulais prendre position en faveur de quelque chose...
M. Bellemare: Mme le Président, je continue donc avec la
même ténacité, avec la même conviction, de dire au
gouvernement que c'est mauvais ce qu'il fait; c'est un mauvais exemple au point
de vue syndicaliste. Il y en a qui ont subi des foudres d'autres gouvernements
pour avoir résisté à certaines pressions et n'avoir pas
voulu plier. Aujourd'hui on a devant nous un gouvernement qui nous donne un
mauvais exemple. Vouloir imposer, par un décret, par une loi, la
reconnaissance officielle d'une convention collective et d'un statut, cela,
c'est un principe.
Mme le Président, à partir de ce moment... c'est
difficile. Mais, je dis et je répète qu'en vertu de la tradition
parlementaire, selon toutes nos lois et coutumes, selon la
réglementation qui nous a été présentée
depuis des années, on n'a jamais posé un geste aussi antisyndical
que celui-là. Cela, c'est dangereux pour demain. J'avertis le
gouvernement, aujourd'hui, de ne pas présenter une loi comme
celle-là et, particulièrement sous la présidence de
l'honorable leader du gouvernement qui est président du comité de
la législation et qui l'a laissée passer, je dis que c'est
quasiment un crime de lèse-majesté vis-à-vis des
travailleurs. Nous n'avons pas le droit, quand on est rendu où vous
êtes rendus aujourd'hui, de mal servir la cause.
M. Burns: On vous en parlera en commission, si vous le voulez.
Est-ce que cela vous tente?
M. Bellemare: Oui, d'accord.
M. Burns: Cela va me faire plaisir à mort d'aller donner
un coup de main à mon collègue. On va vous en parler de tout cela
en commission, n'importe quand. Moi, je pense que ce n'est pas la place
actuellement.
M. Bellemare: Mme le Président, il n'a pas le droit de
m'interrompre. Vous savez ça.
M. Burns: Non, mais tenez-vous-en donc...
M. Bellemare: Le leader doit donner l'exemple.
M. Burns: Mme le Président, sur une question de
règlement.
M. Bellemare: Bon, c'est d'accord. Là, vous êtes en
règle.
M. Burns: Est-ce que vous pouvez rappeler, s'il vous plaît,
Mme le Président, à notre collègue de Johnson, les termes
de l'article 120 de notre règlement, qu'il est en train... Même
s'il ne cite pas l'article, c'est une fausse idée, même si on ne
cite pas d'article, le seul et unique discours que nous entendons, depuis le
début, de la part du député de Johnson il avait le
droit d'en faire la remarque, j'en conviens tout ce que nous entendons
actuellement de la part du député de Johnson, c'est une
plaidoirie à rencontre de l'article 2 de la loi. Cela, quiconque a lu la
loi s'en aperçoit tout de suite. Même si on ne cite pas d'article,
vous savez, M. le député de Johnson... Cela a changé pas
mal, le règlement, depuis 1971.
M. Bellemare: Vous m'avez déjà dit cela. M.
Burns: Je vous le dis.
M. Bellemare: Vous m'avez déjà dit cela.
D'ailleurs, Mme le Président, quand je relis l'article 120, je le
connais, je l'ai lu et relu. Je ne suis pas ici pour être celui qui va
continuellement faire le thuriféraire. Je suis ici pour remplir mon
rôle. Je pense que, comme législateur, j'ai parfaitement le droit,
sans citer l'article, de parler du principe. Est-ce que, Mme le
Président, c'est un principe de la loi?
Mme le Vice-Président: M. le député de
Johnson, je vais vous faire confiance. Vous allez savoir comment intervenir;
voulez-vous?
M. Lavoie: Mme le Président, sur cette question de
règlement.
Mme le Vice-Président: Oui.
M. Lavoie: Je crois que le député de Johnson, en
vertu de l'esprit, de la lettre de notre règlement actuel et de l'esprit
de notre tradition parlementaire, a le droit et je ne voudrais pas citer
l'ancien règlement de se référer à un
article lorsqu'il s'agit d'un principe. Il peut y avoir plus qu'un principe
dans un projet de loi. Je crois que son intervention est tout à fait
pertinente, étant
donné qu'il s'agit, dans l'article... Sans mentionner et sans
disséquer le projet de loi, il peut aborder l'essence ou le sujet dont
traite un article, lorsqu'il s'agit d'un principe assez important du projet de
loi. C'est mon humble opinion.
Mme le Vice-Président: Je répète donc au
député de Johnson que je lui fais confiance. Il va savoir comment
il faut intervenir.
M. Bellemare: Quand on lit l'article...
Mme le Vice-Président: Si je lui fais confiance, il
devrait tenir compte de cela.
M. Bellemare: Mme le Président, je n'ai pas besoin de vous
dire que l'article 120 contient deux phases. D'abord, le principe et aussi tout
ce qui peut s'y rattacher intrinsèquement et fondamentalement.
Mme le Vice-Président: D'ailleurs, de toute façon,
j'ai l'impression que votre intervention est déjà complète
par elle-même.
M. Bellemare: C'est moi qui vais décider cela, Mme le
Président...
Mme le Vice-Président: Oui, oui. Allez.
M. Bellemare: ...la longueur. En deuxième lecture, le
règlement me permet...
M. Lavoie: Une demi-heure.
M. Bellemare: ...une demi-heure.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Johnson.
M. Lavoie: Vingt minutes.
M. Bellemare: Vingt minutes pour un représentant.
Pour me montrer gentil, avant...
M. Burns: J'aimerais que vous vous montriez gentil en regardant
l'heure.
M. Bellemare: Oui, avant six heures. Je sais que cela va faire
bien plaisir.
M. Burns: D'accord.
M. Bellemare: Mes vues sont connues, je l'espère, sur le
principe de cet article que je ne veux pas nommer. Là, Mme le
Président, je demande à l'honorable leader du gouvernement de
faire un effort. Je le supplie de mon siège, de faire un effort et ne
pas léser ces droits des ouvriers surtout le respect des
conventions collectives et, particulièrement, des lois de la convention
qui régissent la fonction publique par une loi qui est
intrinsèque et qui les rend complètement de travers avec la Loi
de la fonction publique.
Je le supplie de m'écouter et de rendre service à la
collectivité. C'est la grâce que je souhaite à l'honorable
ministre.
Mme le Vice-Président: M. le ministre des Affaires
municipales.
M. Guy Tardif
M. Tardif: Mme le Président, je remercie d'abord, à
la suite des nombreuses interventions, le député de D'Arcy McGee
pour son offre de collaboration. Je sais qu'il a reçu ce dossier tout
chaud, à peine quelques semaines avant le déclenchement des
élections, de son collègue l'ex-ministre de la Justice.
Evidemment, c'est sans doute à ce ministère qu'on pourra
également me fournir des dossiers sur le sujet, d'autant plus,
après avoir entendu le député de Bonaventure faire
état, année après année depuis 1970, des
commentaires du député de Maisonneuve, qu'il existe, au
ministère de la Justice, un projet de loi tout prêt, m'a-t-on dit.
Depuis trois ans qu'il est sur les tablettes. Les fonctionnaires l'ont, sauf
qu'il semblait manquer une volonté politique de sortir ce projet.
Cependant, on a dit tantôt et avec raison que peut-être tout ce
qu'il y avait de permanent dans cette loi votée d'année en
année, c'était son renouvellement depuis 26 ans, depuis 1951.
Je voudrais dire qu'en ce court laps de temps de trois semaines, le
gouvernement a réussi à introduire un élément de
permanence dans la loi, ce qui n'a jamais été le cas auparavant:
c'est qu'en vertu de la loi qui vous est présentée les
employés deviendront des employés permanents et non plus
engagés à titre temporaire, occasionnel, remerciés selon
le bon vouloir et le bon plaisir du prince. C'est peut-être un premier
élément de permanence qu'on a réussi à faire dans
trois semaines et que, évidemment, de nombreuses années
auparavant, on n'avait pas réussi à faire.
Donc, on vous présentera, soyez-en assurés, un projet de
loi beaucoup plus global sur toute la question de l'habitation. Pour l'instant,
il s'agissait de protéger des gens qui étaient menacés
d'éviction. Je reconnais le travail qui a été fait par
l'ancien gouvernement, à peu près à la même date
l'an dernier. Encore une fois, un projet de loi plus global sera
présenté lors de la prochaine session. Merci, Mme le
Président.
M. Burns: Mme le Président, je m'excuse, je
m'aperçois qu'il est six heures. A moins qu'on demande un vote
enregistré sur ce projet de loi, on pourrait peut-être
considérer la deuxième lecture comme adoptée...
M. Lavoie: Non. Sur division. M. Burns: Sur division.
Mme le Vice-Président: Cette motion de deuxième
lecture est-elle adoptée?
M. Lavoie: Sur division. M. Bellemare: Sur division.
Le Secrétaire adjoint: Deuxième lecture de ce
projet de loi.
Mme le Vice-Président: Adopté. Sur division.
Motion de déférence à la
commission des affaires municipales
M. Burns: Mme le Président, maintenant que la
deuxième lecture est adoptée, je ferai motion pour que ce projet
de loi no 78 soit déféré à la commission
parlementaire des affaires municipales.
Mme le Vice-Président: Cette motion est-elle
adoptée?
M. Lavoie: Adopté.
Mme le Vice-Président: Adopté.
M. Burns: J'indique à tous nos collègues,
étant donné que nous allons suspendre nos travaux jusqu'à
vingt heures quinze, qu'à vingt heures quinze, nous reprendrons avec le
projet de loi no 82, je crois. N'est-ce pas, M. le ministre?
M. Tardif: Oui.
M. Burns: Nous reprendrons également avec un projet de loi
qui s'appelle: Loi concernant le déficit olympique de la ville de
Montréal et modifiant la charte de la ville de Montréal,
également au nom du ministre des Affaires municipales, à vingt
heures quinze.
Mme le Vice-Président: Les travaux de cette
Assemblée sont suspendus jusqu'à vingt heures quinze, ce
soir.
(Suspension de la séance à 18 h 4)
Reprise de la séance à 20 h 23
Mme le Vice-Président: A l'ordre, messieurs!
M. Burns: L'article 9), Mme le Président.
Projet de loi no 82
Deuxième lecture
Mme le Vice-Président: M. le ministre des Affaires
municipales propose la deuxième lecture du projet de loi no 82, Loi
concernant le déficit olympique de la ville de Montréal et
modifiant la charte de la ville de Montréal.
M. Guy Tardif
M. Tardif: Mme le Président, le projet de loi qui est
devant cette assemblée, comme indiqué dans les notes
explicatives, comprend deux parties: d'une part, le règlement de ce
compte en souffrance de quelque $200 millions, c'était $200 millions
à l'origine, c'est devenu $214 millions, par suite des
intérêts ajoutés, on le verra tantôt, et il inclut
d'autre part un certain nombre de dispositions visant à faire en sorte,
nous l'espérons, que cette Assemblée ne soit pas saisie, encore
une fois, d'un problème semblable à l'avenir.
Ces deux parties nous apparaissent inséparables, n'en
déplaise à une lettre qui a été publiée dans
les journaux ce matin.
D'une part, cette loi donne suite à une décision de
l'ancien gouvernement. Je me permettrai, Mme le Président, de citer
à cet effet un extrait du discours du budget disant en page 47 que "le
coût net des Jeux olympiques, une fois les constructions
terminées, atteindra $1 milliard, dont environ $140 millions de travaux
à parachever après la tenue des jeux". "On devra donc de
continuer le rapport de l'ex-ministre des Finances financer $860
millions avant la tenue des jeux et, de cette somme, la ville de
Montréal devra prendre à sa charge $200 millions, en plus des
intérêts liés à ses propres
déboursés." Et le rapport ajoutait: "II est normal que
l'administration municipale de Montréal supporte une partie des
coûts d'équipements sportifs dont la métropole sera la
principale bénéficiaire."
Certes, on aurait souhaité, tant nous, j'imagine, que les gens de
l'ancien gouvernement, que Montréal décide d'assumer de bonne
grâce cette partie, sa quote-part du déficit olympique. Des
rencontres ont eu lieu entre les représentants de l'ancien gouvernement
et la ville de Montréal et nous avons également rencontré
l'administration de Montréal. Dans les deux cas, il y a eu refus
catégorique de la part des autorités de la ville de
Montréal d'assumer leurs responsabilités face à ce
déficit, à cette estimation de leur quote-part du
déficit.
A cause de ce refus, nous avons donc été dans l'obligation
de légiférer, d'une part, pour régler la dette et, encore
une fois, pour éviter que semblable situation ne se
répète.
Si on reprend les grandes lignes du projet qui est devant cette
Assemblée, on constate, d'abord, un certain nombre de dispositions en ce
qui a trait au règlement des $200 millions. D'abord, il est
décidé, proposé, de mettre à la charge de la ville
de Montréal cette quote-part établie à $214 millions et
qui représente à peine 20% du déficit total des Jeux
olympiques.
Ce que nous avons lu dans les journaux ce matin, ce que nous avons vu
à la télévision ces jours derniers ne parle que d'un
chiffre de $200 millions, $214 millions avec les intérêts. Nulle
part il n'est question du déficit global de $1 milliard. Nulle part il
n'est question du déficit de $800 millions qui a été
assumé par l'ensemble des Québécois.
Tout porte à croire, d'après ces articles et les
interventions, que ce déficit ne serait que de $214 millions et qu'il
serait à la seule charge de la ville de Montréal. Je pense que
c'est là une impression qu'il y a lieu de corriger. C'est bien
uniquement à peine 20% qu'il s'agit de faire assumer par la ville. Je
dis à peine 20%, parce que ce n'est même pas cela, si l'on
considère que la ville de Montréal récupère le
centre Claude-Robillard, récupère le centre Desmarteau et
récupère le bassin pour les compétitions d'aviron, ce qui
représente une valeur aux livres, en tout cas, d'après le rapport
toujours contenu dans le discours du budget, de $140 millions.
C'est donc dire que la contribution de la ville de Montréal
à l'ensemble du déficit olympique, une fois cet actif
enlevé, ne s'établit qu'à $60 millions. Sur $1 milliard,
c'est à peu près 6% du coût total des jeux.
Deuxième élément de cette loi, c'est qu'il est
proposé que la ville soit financée par un emprunt. Mais comme on
sait, par le refus essuyé à deux reprises, la ville refuse de
contracter cet emprunt; la Commission municipale va le faire en son nom. Cet
emprunt qui devra être amorti sur vingt ans pourra toutefois être
financé sur des périodes plus courtes. Une disposition importante
en rapport avec ce financement des $200 millions, a trait au mode de taxation
pour aller chercher ces fonds. En effet, il est proposé d'établir
un taux différencié et encore là, dans les journaux, on a
fait état que le petit propriétaire allait écoper
indûment de cette loi.
Je dois dire immédiatement que tel n'est pas le cas, que, dans
les taux différenciés, nous avons catégorisé en
résidences, en établissements industriels et commerciaux et en
terrains vacants et que ces derniers vont écoper pour un taux nettement
plus élevé que les autres réunis, que les industries et
commerces vont également supporter la plus grande partie du fardeau
fiscal. Finalement, la somme qui sera imputée aux propriétaires
d'immeubles résidentiels sera la plus faible de toutes.
Evidemment, une dernière disposition en ce qui concerne les $200
millions stipule qu'en cas de défaut de la ville de Montréal de
rembourser à échéance les emprunts contractés, le
ministre des Finances pourra payer ces emprunts à même le produit
de la taxe de vente.
Ceci, en gros, résume les principales dispositions quant à
la façon de régler la note en souffrance.
Pour ce qui est de l'avenir, des balises que nous avons cru devoir
insérer dans cette loi pour éviter, encore une fois, une
répétition de situations semblables, il y a, d'une part,
l'obligation qui va être faite au comité exécutif de la
ville de Montréal de demander des soumissions publiques pour toute
dépense excédant $10 000.
Il y aura également obligation, pour le comité
exécutif, d'aller devant le conseil même lorsqu'il n'y a qu'un
seul soumissionnaire. Peut-être, eu égard aux jeux que nous avons
connus, une disposition des plus importantes selon nous est-elle celle
où nous proposons, par cette loi, de mettre un terme à ces
travaux à pourcentage, ces travaux qui paient d'autant plus
l'entrepreneur qu'ils coûtent plus chers.
Deuxième disposition: nous demandons à la ville de nous
présenter, de nous soumettre un programme triennal de ses
immobilisations. Nous proposons que le fonds de roulement de la ville de
Montréal qui était, jusqu'à la tenue des Jeux olympiques,
de $100 millions et qui a été monté, au cours des jeux,
à $250 millions, soit de nouveau réduit à $100 millions.
Nous proposons également que les règlements d'emprunt de la ville
de Montréal, qui étaient, comme l'a souligné fort
justement le maire de Montréal, hier, dans son allocution
télévisée, de tout temps soumis à l'approbation de
la Commission municipale, soient aussi, dorénavant, soumis à
l'approbation du ministre des Affaires municipales, comme cela se fait dans le
cas des autres municipalités.
Enfin, dernière disposition importante, selon nous, ce projet
propose, concernant l'une des dispositions de la charte de la ville de
Montréal qui prévoit la consultation populaire soit des
électeurs ou des propriétaires, que cette consultation qui
pouvait se faire à la demande du conseil municipal par règlement,
par résolution au conseil, puisse se faire à la demande de la
Commission municipale.
Voilà en gros les dispositions qui, selon nous, loin d'imposer un
carcan à la ville de Montréal, sont de nature à faire en
sorte que cette Assemblée n'ait pas à se pencher encore une fois
sur une situation semblable et soit forcée de légiférer
pour forcer une ville d'assumer sa dette.
Depuis le dépôt de ce projet de loi en première
lecture, nous avons eu l'occasion de connaître, d'entendre plusieurs
réactions ou propos, pas toujours éclairés et pas toujours
désintéressés, dois-je le dire.
Je veux ici indiquer que ce projet de loi, même s'il s'inscrit
dans la politique de décentralisation des pouvoirs prônée
par le Parti québécois, serait à l'étude, de toute
façon, devant cette assemblée, l'issue du scrutin eût-elle
été différente aux élections.
Le Parti québécois a promis durant la campagne un
gouvernement efficace, humain et responsable. On a affirmé, en
manchettes, que le projet de loi 82 était une tutelle. Nous croyons, au
contraire, qu'il vient assurer une décentralisation des pouvoirs et
qu'il ne veut aucunement imposer
des contrôles tatillons. Nous n'avons pas demandé de venir
approuver le budget de la ville de Montréal ni ses dépenses de
fonctionnement, ce qu'une tutelle impose habituellement. Nous voulons
simplement être un gouvernement responsable en nous assurant que les
règles de base d'un sain régime financier soient
respectées.
Ces règles sont simples: II faut, dans tout budget, un
équilibre entre les revenus et les dépenses. Il faut au
gouvernement un droit de regard sur le programme d'immobilisation. Il ne faut
plus être placé devant un fait accompli.
Troisièmement, il nous faut surveiller les politiques d'emprunt.
Les règles de gestion financière existantes se sont
révélées, je pense, nettement insuffisantes. A preuve,
elles n'ont pas empêché les comportements pour le moins abusifs de
la ville de Montréal. Nous proposons de fixer de nouvelles règles
qui, nous l'espérons, seront efficaces.
L'ensemble des nouvelles règles du jeu que le gouvernement a
décidé d'établir pour une meilleure gestion
financière de Montréal ne doit pas être
considéré comme une semi-tutelle non plus. Il s'agit
essentiellement d'une remise à la normale du processus de gestion
financière de Montréal, la normalité étant
définie par rapport au régime habituel des autres
municipalités au Québec.
J'aimerais citer le diagnostic posé dans le rapport Castonguay,
à la page 297, qui résume bien le climat administratif de
Montréal, et qui justifie pleinement, selon moi, le projet de loi qui
est devant cette Assemblée.
Je cite: "Depuis un certain nombre d'années, il a
été difficile, pour quiconque de l'extérieur,
d'évaluer avec quelque précision l'état des finances de la
ville de Montréal. Depuis le début de l'aventure des Jeux
olympiques en particulier, la situation n'a cessé d'évoluer
rapidement et de devenir davantage confuse. Un tel état de choses ne va
pas sans soulever des problèmes extrêmement sérieux et les
contribuables de la ville de Montréal peuvent maintenant se demander ce
que l'avenir leur réserve, non seulement en ce qui a trait au niveau des
taxes municipales, mais également en ce qui a trait à la solution
des problèmes trop longtemps négligés
d'aménagement, de restauration et de rénovation, de protection de
l'environnement, de loisirs, d'espaces verts et j'en passe. Ils peuvent, en
réalité, se demander si, suite aux récentes
décisions touchant l'aménagement des équipements
olympiques de la ville de Montréal, il n'est pas en voie de tomber sous
la tutelle du gouvernement". C'était dans le rapport Castonguay avant le
dépôt de la présente loi. "Un tel climat d'incertitude
n'est pas, par ailleurs, de nature à faciliter les rapports entre la
ville de Montréal et les autres villes membres de la Communauté
urbaine de Montréal, non plus que le bon fonctionnement de cette
dernière. On peut même craindre que la pénurie
d'information valable sur l'état des finances de la ville de
Montréal soit suffisante pour en éloigner certaines entreprises
qui pourraient songer à s'y implanter". On sait que la commission
Castonguay ajoutait la néces- sité je cite "d'une
analyse rigoureuse et objective de l'état des finances de la ville de
Montréal".
A l'époque, nous, du Parti québécois, avions
appuyé cette initiative, conscients que nous étions que seule la
pleine lumière d'une telle enquête pouvait normaliser les
agissements administratifs et financiers des dirigeants de la ville de
Montréal. Notre raisonnement pouvait se résumer ainsi: Puisque le
gouvernement d'alors n'a pas su détourner le moindrement la trajectoire
dangereuse, et quelquefois mégalomane, de ces Olympiques, les plus
coûteuses de l'histoire, y sacrifiant aussi bien les espaces verts que le
transport en commun ou l'épuration des eaux, il ne fallait pas compter
sur le précédent gouvernement pour régler même la
succession des Olympiques.
Seul le poids de l'opinion publique, canalisée par une
enquête publique telle que proposée par Castonguay, pouvait alors
freiner ce chapelet de dépenses excessives et incontrôlées
d'où les malversations n'étaient pas absentes.
Cette absence de volonté de Québec s'est
concrétisée par le fait qu'on ait attendu quelques mois avant les
jeux seulement pour créer la Régie des installations olympiques,
alors que le Parti québécois avait réclamé ce
contrôle un an auparavant, et ce appuyé par des faits publics de
gaspillage qui ne laissaient aucun doute sur la direction que prenaient ces
jeux.
Maintenant que tout est consommé, si on peut dire, une telle
enquête nous apparaît peut-être moins nécessaire. Le
mal est fait. Pour ce qui est du passé, nous avons demandé au
Conseil du trésor d'entreprendre la première étape d'une
enquête sur l'escalade des coûts. Pour ce qui est du futur, les
règles que la présente loi apporte quant aux soumissions, quant
aux règlements d'emprunt quant aux projets d'investissements, quant
à l'utilisation de la formule de consultation populaire suffisent, selon
nous, à garantir qu'il n'y aura plus jamais d'écart de ce genre
à l'avenir. Au total, il est clair que Montréal est un
gouvernement impressionnant par son budget et par ses opérations, mais
que les modes de contrôle démocratique y sont trop faibles par
comparaison avec ce qui se passe à l'Assemblée nationale, par
exemple.
M. Marchand: Ce n'est pas d'aujourd'hui.
M. Tardif: II va de soi qu'une telle constatation n'est pas le
seul fait de Montréal, mais les erreurs dans l'évolution de la
plus grosse ville du Québec doivent servir de clochette d'alarme pour
tout le Québec. Le gouvernement par cette loi réagit
courageusement aux erreurs coûteuses du passé. Ce qui est en cause
je pense que les gens de l'ancien gouvernement le savent comme nous,
comme le maire de Montréal c'est la crédibilité
administrative non seulement de Montréal, mais de toutes les
municipalités du Québec.
A la base, la situation financière de Montréal n'est pas
mauvaise. Ceux qui se forcent à la comparer à celle de New York
sont dans l'erreur. Les finances de Montréal vont bien et sa cote
sur
les marchés de capitaux est bonne. C'est justement pour cette
raison que le gouvernement a décidé d'agir, cependant, avant
qu'elle ne se détériore. Le projet de loi 82 a une incidence
préventive majeure. Nous voulons conserver à Montréal sa
bonne réputation sur le marché des capitaux. Nous voulons, par le
cas de la plus grosse ville du Québec, confirmer la confiance
générale des prêteurs dans tout le système municipal
québécois.
Maintenant, on sait que le Québec, comme on dit, veille au grain
quand il s'agit d'assainir et de clarifier le climat financier municipal. Dans
le cas précis de Montréal, je crois qu'on ne pourrait continuer
longtemps à laisser cette ville assumer sa part de déficit au
moyen d'emprunts à court terme qui ont déjà
coûté très cher. Une saine administration exige nettement
la fin du petit jeu des comptes à recevoir. Il s'agit d'immobilisations
qui, dans notre système, se financent par des emprunts et non pas sur le
budget courant.
En ce sens, aussi, les cinq balises introduites dans la loi sont
indissociables de la question des $200 millions. C'est un problème
d'ensemble dont il s'agit, et chacun des éléments de solution
apporté dans le projet de loi concourt au seul et même objectif:
assurer la crédibilité administrative de Montréal et de la
plupart des autres municipalités du Québec.
Les $214 millions, d'où viennent-ils? M. Drapeau a feint, hier,
de ne pas savoir sur quoi était basée la part de Montréal
au déficit olympique de plus de $1 milliard. Faudra-t-il lui rappeler
qu'il est au courant de cette dette depuis au moins le mois de mars 1976, alors
que des réunions entre les fonctionnaires du ministère des
Finances et ses propres fonctionnaires ont eu lieu, alors que l'ex-ministre des
Finances, dans son budget, également, a fait état de cette dette
qui, à l'époque, n'était pas évaluée
à $200 millions, mais bien à $259 millions et qui a
été réduite par une opération plus ou moins magique
dont, évidemment, il faudra peut-être demander la solution
à l'ex-ministre des Finances?
Mais, au moment précis où ceci a été
établi au mois de mars dernier, la dette prévue était de
$259 millions et non pas de $200 millions. Cette somme de $200 millions
représente, pour $140 millions, la valeur des installations restant
à Montréal de l'aventure olympique, notamment, comme je l'ai
mentionné, le centre Claude-Robillard et le centre Etienne-Desmarteaux,
de sorte, comme je l'ai mentionné également, que la
véritable part de Montréal au déficit n'est que de $60
millions, les derniers $14 millions n'étant que le coût
d'intérêt payé depuis le 11 mai jusqu'à maintenant.
Ceci par suite du refus du maire de reconnaître sa part de
responsabilité dans le financement des équipements
olympiques.
Mais, en fait, ce sont les Montréalais qui jouiront encore de
l'équipement du parc olympique évalué, lui, à $952
millions. Même si on dit que la ville ne récupère que les
deux centres Etienne-Desmarteaux et Claude-Robillard, il reste que la plupart
des installations, toutes les installations ou presque sont dans la
région de Montréal et que c'est également la population
qui pourra bénéficier de ces installations.
Si M. Drapeau crie trop à l'injustice, nous pourrions sans doute
réviser à la hausse ce montant qui nous semble quant à
nous plus que raisonnable.
M. Marchand: ...Ahuntsic va être contente.
M. Tardif: Je voudrais, sans passion et calmement, faire
remarquer au maire de Montréal évidemment je lui reconnais
le droit de défendre les intérêts de la ville de
Montréal qui, dans une réplique enflammée s'est
senti outragé du projet de loi 82 et du déficit olympique qu'il
s'évertue encore à nier, qu'au moment même où nous
sommes réunis à cette Assemblée, aujourd'hui, depuis ce
matin ce déficit s'est accru de $40,000. Cela va s'accroître ainsi
de $40,000 à tous les jours. C'est ce que cela coûte pour
maintenir ce troupeau d'éléphants blancs qu'a mon collègue
ministre responsable du Haut-Commissariat à la jeunesse, aux loisirs et
aux sports. Le Québec, et non pas Montréal, paie jour
après jour le déficit d'exploitation de la RIO.
Quand un des collègues de M. Drapeau avance la thèse qu'on
fait payer $214 millions, alors que la valeur des installations restant
à la ville ne dépasse pas $140 millions, je suis d'accord, et je
m'empresse de lui dire que s'il veut ravoir ce que mon collègue des
sports et loisirs, encore une fois, appelle ce troupeau
d'éléphants blancs, il va lui en coûter beaucoup, que le
déficit continue de s'accroître et que c'est le Québec qui
l'absorbe présentement et qui l'absorbera tous les jours.
Il ne faudrait pas également, que M. Drapeau, qui crie encore une
fois à l'injustice, oublie que c'est le Québec qui, depuis 1967,
alimente le robinet de Terres des hommes de façon quasi inconditionnelle
au rythme de quelques millions par année. Encore là, il s'agit
d'une sorte de privilège à Montréal par rapport aux autres
municipalités du Québec. Cela aussi fait partie de ce contexte
des grandes dépenses de la ville de Montréal.
Quand on parle des revenus fantastiques que le ministre du Revenu aurait
encaissés dans le village olympique, c'est aussi à ce
déficit perpétuel et quotidien du stade et du vélodrome
que je pense. Si les Olympiques n'ont pas été une
opération rentable pour Montréal, le moins que l'on puisse dire,
c'est qu'elles furent catastrophiques pour le gouvernement du Québec et
je trouve déplorable et cynique que certains tentent de nous charrier
là-dessus dans l'opinion publique.
Je voudrais faire remarquer à ceux des députés ici
qui viennent peut-être de l'extérieur de Montréal que
lorsque le Québec, dans sa politique générale de
subventions aux municipalités, accorde une subvention pour les aider aux
dépenses de construction d'une aréna ou d'un centre sportif, il
est exceptionnel que la subvention à cet effet dépasse 40% des
coûts. Par exemple, quand Saint-Joseph-de-Beauce a fait construire son
aréna au coût total de $600 000, la ville a reçu
$100 000 de subventions. C'était un cas normal et moyen et tout
le monde était heureux.
Dans le cas de Montréal, la subvention, si l'on peut dire, n'est
pas du tout du même ordre.
M. Marchand: Par rapport à quel montant de taxes?
M. Tardif: Je voudrais que ceux qui pensent que cela ne suffit
pas et que le Québec devrait absorber 100% des coûts aillent
expliquer à ma place, au maire de telle ou telle municipalité,
pourquoi lui ne recevra jamais plus de 40% pour ses activités de loisirs
ou sportives. En tout cas, il faut au moins leur expliquer pourquoi c'est
Montréal qui, de toutes les villes du Québec, était la
plus défavorisée en équipements sportifs au point que le
gouvernement devait y investir $1 milliard.
Le cas de Montréal est exceptionnel. Il n'est pas d'exemple aussi
puissant au Québec, d'une municipalité qui assume de ses deniers
autant de responsabilités régionales et même
nationales.
Il faudra, sur un élan de volonté commun de
Montréal et de la communauté urbaine, que des services soient un
jour transférés régionalement et donc payés au
niveau où ils sont réellement utilisés.
Je pense au Jardin botanique de Montréal, par exemple, qui
dessert nettement toute la région. Il est difficilement concevable que
seuls les Montréalais le supportent de leurs deniers. On pourrait
multiplier les exemples. Ces considérations sont d'ailleurs dans la
ligne directe du chapitre IX du rapport Castonguay sur les finances urbaines en
général et sur celles de la ville de Montréal en
particulier.
Pour ce qui est du coût du déficit olympique, on se
demandera peut-être les raisons qui ont amené le gouvernement
à décider que les citoyens de Montréal allaient assumer
ces $200 millions et non pas la région du Montréal
métropolitain. Il faut tout d'abord bien avoir à l'esprit que
tous les Québécois, incluant majoritairement les résidents
de l'agglomération montréalaise, ont déjà
commencé et vont payer la très grande partie du déficit
olympique, tant par la taxe spéciale sur le tabac et les cigarettes que
par l'achat des billets de loterie avec un espoir plutôt mince d'en
profiter un jour et, par exemple, de faire du vélo au
vélodrome.
Tout ce que le gouvernement a fait, en fin de compte, c'est de faire
payer aux Montréalais une partie un peu plus importante du
déficit olympique. Quant aux résidents de l'agglomération
montréalaise, en dehors de la ville même, nous croyons
également qu'on ne peut leur faire porter un fardeau plus imposant que
celui des autres Québécois pour la bonne raison qu'ils pourront
plus facilement avoir accès aux installations olympiques.
La ville de Montréal, avec des représentants élus
démocratiquement, s'est engagée dans la réalisation des
Jeux olympiques. Il en est survenu ce que chacun sait. Il serait donc injuste,
très injuste, de demander à des contribuables des autres villes
de la région de Montréal de payer maintenant plus que les autres
Québécois pour consolider une situation financière
défavorable à Montréal alors qu'ils n'ont jamais eu
l'occasion de se prononcer par élection sur les gens qui ont
moussé le projet olympique.
A ce compte, ils ne sont pas plus responsables du déficit
olympique que les résidents de Natashquan ou de Lévis. Il est
essentiel de comprendre ceci: le gouvernement veut faire payer un
cinquième du déficit olympique par les Montréalais et ce
sont tous les Québécois de Gaspé à Rouyn, qui vont
payer l'essentiel des quatre cinquièmes qui restent. Il est important
que les citoyens de Montréal sachent cela pour comprendre le geste
actuel du gouvernement.
Le deuxième aspect de la démarche qui m'a semblé
négligé aussi, c'est cette décision ferme de
répartir la taxe, comme je l'ai mentionné, selon une
échelle progressive. Nous n'avons pas voulu que la taxe olympique
devienne essentiellement une taxe sur le logement, ce qui aurait
été le cas sans l'introduction de cette progressivité.
Même si le détail de la progressivité n'est pas encore
arrêté, nous envisageons que la taxe spéciale vise d'abord,
comme je l'ai mentionné, les terrains vacants, ce qui ne chagrinera
personne d'autre que les spéculateurs fonciers, ensuite, elle frappera
surtout les industries et les commerces et troisièmement, dans l'ordre
d'importance relative, les logements et les habitations.
Ce projet de loi doit être resitué dans un contexte
d'exception. La ville de Montréal possède une charte qui lui
donne beaucoup de pouvoirs, pouvoirs qu'elle a conquis au fil des ans depuis la
formation du système municipal au Québec. Montréal est
devenu une très grosse ville. Or, il n'est pas besoin d'être un
spécialiste de la chose municipale montréalaise pour
réaliser que les pouvoirs de Montréal, que le budget de
Montréal n'ont pas la contre-partie démocratique à
laquelle on devrait s'attendre quand on regarde leur étendue ou leur
grosseur.
Par exemple, il est incroyable que le conseil municipal de
Montréal, y compris le parti d'opposition du Rassemblement des citoyens
de Montréal, n'ait pas été le forum principal de
discussions au sujet des dépenses olympiques. Je pense, par exemple, au
site du village ou encore au sujet de l'utilisation de Terre des hommes. Tous
ces grands débats publics se sont, en majeure partie,
déroulés hors du conseil municipal qui ne trouvait devant lui, la
plupart du temps, que des orientations déjà tracées
ailleurs, qui ne pouvait jamais contre-interroger les décisions de
l'exécutif de la ville. On sait les récriminations justement
fondées du RCM à ce sujet.
Dans ce contexte, le gouvernement du Québec doit intervenir et
même aurait dû intervenir il y a des années puisque le
débat démocratique autour de la chose publique
montréalaise n'avait jamais réellement eu lieu. Le rapport
Castonguay, on le sait, propose que les grandes villes du Québec
deviennent le lieu réel d'un affrontement démocratique sur leurs
politiques. Pour notre part,
nous avons l'intention de donner suite à ces propositions, du
moins dans leur substance. A ce moment, il n'est pas interdit de penser que
certaines des mesures du présent projet de loi, ces mesures que je
considère être des balises, soient abrogées quand le
gouvernement aura la certitude que des modifications à la charte de
Montréal permettraient aux conseillers municipaux de jouer le rôle
normal qu'on attend d'hommes politiques locaux. Ce rôle, je le
répète, les conseillers municipaux de Montréal n'ont pas
pu le jouer à l'intérieur du débat olympique et ce n'est
formellement la faute de personne puisque les lois régissant
Montréal n'obligeaient pas l'exécutif à impliquer les
conseillers dans ses décisions. Quand cela sera transformé, quand
l'hôtel de ville sera devenu, par modification de ses structures, une
sorte de parlement municipal, alors il est probable que plusieurs des
dispositions et des balises de cette loi pourront être retirées ou
améliorées. Cette constatation à l'effet que les pouvoirs
et l'influence de Montréal n'ont pas été assortis, au
cours des ans, d'un accroissement de la qualité de la vie
démocratique à l'hôtel de ville, je n'hésite pas
à l'étendre à toutes les grosses villes au Québec.
Je vous remercie.
Mme le Vice-Président: M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Victor Goldbloom
M. Goldbloom: Mme le Président, nous abordons, ce soir,
l'étude d'un projet de loi à peu près sans
précédent dans l'histoire du Québec. C'est un projet de
loi qui est d'une importance très grande non seulement pour la ville de
Montréal, mais pour l'ensemble des municipalités, parce que nous
avons devant nous un premier geste posé par un nouveau gouvernement
à l'endroit d'une municipalité du Québec et non la
moindre. Nous devons nous demander, Mme le Président, où ce
gouvernement veut nous mener avec ce projet de loi.
M. le ministre des Affaires municipales a caractérisé le
geste que pose le gouvernement et, donc, le projet de loi, de courageux. Mme le
Président, je suis obligé de lui répondre: Oh courage, que
d'excès sont commis en ton nom!
M. Lessard: Que d'autres ont été commis avec de la
lâcheté!
M. Goldbloom: M. le ministre des Affaires municipales a reconnu
que ce projet de loi comporte deux parties. En effet, il comporte au moins deux
principes. J'en décèle même davantage, mais il y en a deux
qui sont fondamentaux.
Il y a le règlement du problème des $200 millions. Il y a
aussi des contraintes qui sont imposées à la ville de
Montréal, à son conseil municipal, dûment et
démocratiquement élu, en ce qui concerne l'administration et
notamment l'administration financière de la ville.
Mme le Président, le ministre des Affaires municipales a
tenté, un peu par anticipation, de nier qu'il s'agit ici de la mise en
tutelle partielle de la ville. Mais, Mme le Président, quand on lit dans
un projet de loi que la Commission municipale du Québec, et c'est du
droit nouveau, à ma connaissance il est vrai que je ne suis ici
que depuis dix années et demie va se substituer à la ville
de Montréal pour négocier, à sa place, l'emprunt en
question; quand on lit, un peu plus loin, que cette même Commission
municipale est substituée de droit à la ville ou à l'un de
ses fonctionnaires dès que la ville ou dès que ce fonctionnaire
néglige d'accomplir un geste prévu dans les modalités
inscrites dans la loi, Mme le Président, si ce n'est pas une tutelle, je
me demande ce que c'est. Il aurait effectivement été plus
logique, voire même plus honnête, de faire porter à ce
projet de loi le titre "Loi concernant le déficit olympique et
décrétant la tutelle partielle de la ville de
Montréal".
Je me pose des questions très profondes sur ce nouveau rôle
qu'on fait jouer à la Commission municipale du Québec. Il y a des
mécanismes qui existent déjà quant à la
négociation d'emprunts. La ville, contrainte par une telle loi, serait
obligée de s'en servir et le fait que cette loi imposerait à la
ville le règlement du problème des $200 millions devrait
permettre aux prêteurs éventuels de reconnaître que c'est
une obligation qui est imposée par le gouvernement, qui serait alors
nous devons parler au conditionnel, le projet de loi n'est pas encore
adopté que la ville aurait acquis une obligation de régler
le problème.
Il est vrai que la ville a été réfractaire à
cette idée. Mais voilà que le gouvernement
précédent ayant établi ce partage $200 millions pour la
ville, $800 millions pour d'autres; l'ancien gouvernement n'était pas
allé dans ces détails. J'espère que dans sa
réplique ou dans l'étude du projet de loi en commission
parlementaire, le ministre des Affaires municipales nous fournira plus de
détails sur les diverses hypothèses qui ont été
examinées par lui et par son gouvernement avant de tirer cette
conclusion.
Mme le Président, il y a un principe dans ce projet de loi qui me
semble comporter un élément de danger considérable.
On dit qu'à partir de l'entrée en vigueur d'une
éventuelle loi, la Loi de l'impôt sur la vente en détail ne
s'appliquera plus à la ville de Montréal et que nonobstant cet
article, le gouvernement pourra se permettre de faire des versements; mais il
est évident que le gouvernement a accepté de mettre en jeu, comme
sécurité, la taxe de vente de cette province. Cela aussi,
à ma connaissance, c'est du droit nouveau et du droit nouveau sur lequel
nous devons nous poser des questions très profondes et ces questions
exigent des réponses de la part du ministre des Affaires
municipales.
Il y a un autre principe nouveau dans une certaine mesure, je le
reconnais qui est inscrit dans ce projet de loi, c'est celui des taux
différenciés de taxe foncière pour les diverses
catégories d'immeubles. Il est vrai que, sur l'île de
Montréal notamment, il y a déjà certaines
différences qui
existent, notamment en ce qui concerne la taxe scolaire, mais aussi en
ce qui concerne la taxe municipale. Les industries, les immeubles qui valent
plus de $100 000 sont, effectivement, sur l'île de Montréal,
soumis à une taxation additionnelle. Il y a cette différence,
mais il n'est pas clairement indiqué, à la lecture de ce projet
de loi, qui va déterminer les taux en question. Je dois demander s'il
s'agit ici de l'ouverture d'une porte qui devrait, en toute logique, être
franchie par le gouvernement et, donc, par toutes les municipalités du
Québec.
En cette période de notre histoire où nous mettons en
marche la réforme en profondeur de l'évaluation foncière,
est-ce en ce moment, sans appliquer à tout le processus de
l'évaluation foncière ce principe des taux
différenciés, par un projet de loi dit d'urgence, que nous devons
inscrire, dans les lois du Québec, ce nouveau concept qui, s'il est bon
pour la ville de Montréal, devrait, en toute logique, être bon
pour toutes les municipalités? Et si ce principe est bon pour toutes les
municipalités, la question que j'ai posée tout à l'heure
acquiert une importance plus grande, qui va déterminer si nous sommes
sur le seuil d'un nouveau régime où chaque municipalité
aura la liberté d'ajuster ses taux pour les diverses catégories
de propriétés ou si c'est le gouvernement qui va
déterminer, pour toutes les municipalités, ces taux
différenciés? C'est une question qui va en profondeur dans tout
le régime de l'administration municipale au Québec,
Mme le Président, quand on voit ce que s'apprête à
faire le gouvernement, qui invoque non seulement son courage, mais
également l'urgence de son geste, nous devons examiner avec lui la
nature de cette urgence. Il y en a sans doute une en ce qui concerne le
règlement du problème des $200 millions, j'en conviens. Nous
n'avons pas les explications du gouvernement actuel en détail
là-dessus, mais j'en conviens quand même. Mais quand nous
regardons les autres éléments du projet de loi, nous sommes
obligés de nouveau de nous poser des questions.
Nous nous convainquons, avec beaucoup plus de difficultés, de
l'urgence d'aller en profondeur dans la charte de la ville de Montréal,
pour y modifier les droits, les prérogatives, les fonctions du conseil
municipal dûment élu. Là, il ne s'agit plus d'un
problème urgent qui nécessite une intervention d'exception. On
modifie en profondeur plusieurs éléments de la charte de la ville
de Montréal, une charte bâtie à travers les années,
puisque presque tous les ans il y a eu un hiatus, surtout pendant
l'année olympique mais il y a quand même un projet de loi,
un bill privé dans le langage commun, qui a été
déposé par la ville de Montréal, qui n'a pas encore
été étudié, qui n'a pas d'existence par rapport aux
travaux de la Chambre, parce que ce projet de loi n'a pas été
réinscrit et le moment n'est pas encore venu de le faire, mais c'est
quand même un document qui peut être consulté.
Normalement, Mme le Président, quand il s'agit de modifications
à la charte d'une ville, c'est d'abord la ville qui prend une certaine
initiative, comme Montréal l'a fait, en envoyant au gouvernement du
temps, un projet de loi privé et c'est ensuite la commission
parlementaire des affaires municipales qui est chargée d'examiner ce
projet de loi, d'entendre très précisément quand il s'agit
d'un bill privé, d'entendre les intéressés en
commençant par les dirigeants municipaux. Le gouvernement a
nécessairement, en vertu des pouvoirs de l'Assemblée nationale,
la possibilité d'aller plus loin, la possibilité de rejeter ces
propositions de la ville et aussi d'innover, de prendre l'initiative d'apporter
des modifications à la charte.
Mais, Mme le Président, c'est depuis dix années et demie
que je suis ici dans cette enceinte et c'est la première fois
à moins que ma mémoire ne me fasse défaut que l'on
modifie la charte d'une ville par un bill public, sans même permettre aux
intéressés de venir s'exprimer. C'est grave, Mme le
Président!
Ce que je trouve curieux, en ce moment précis, c'est qu'avec au
moins une vingtaine de collègues dans cette Chambre, j'entends encore
les six voix des députés péquistes, qui étaient ici
de 1973 à 1976, réclamant à répétition la
convocation d'une commission parlementaire pour entendre des'
intéressés. Le leader parlementaire du gouvernement, en
réponse à une question, vendredi, a dit: Ce n'est pas possible,
parce qu'il y a urgence.
Mme le Président, je viens de vous dire, il y a quelques
instants, que, si le projet de loi se limitait aux règlements du
problème des $200 millions, l'argument de l'urgence se justifierait
probablement. Mais, quand on va plus loin, l'on touche à
l'administration courante de la ville de Montréal telle que
prévue dans sa charte. Je vous rappelle, Mme le Président, que
cette charte n'est pas un document nouveau et qu'elle a été
modifiée, presque tous les ans et que les pouvoirs qui s'y trouvent ont
été ou bien consentis par un gouvernement antérieur de sa
propre initiative ou bien accordés en réponse à une
requête de la part de la ville.
Si nous remontions dans l'histoire législative de
l'Assemblée, nous trouverions sûrement des pouvoirs qui avaient
été accordés à la ville de Montréal par un
gouvernement antérieur dont l'actuel premier ministre était
membre.
Mme le Président, il me semble que, si nous trouvons que tous les
gouvernements antérieurs qui ont touché à cette charte ont
commis des erreurs et que ces erreurs deviennent aujourd'hui entre les mains
d'une administration municipale des prétendus abus, il y a lieu de
reprendre le même processus et, devant la commission parlementaire des
affaires municipales, d'examiner en profondeur l'historique de ces pouvoirs et
les prétendus abus commis par ceux qui ont ces pouvoirs entre leurs
mains.
Je vous soumets respectueusement, Mme le Président, que, si nous
voulons, comme Assemblée nationale, aller en profondeur dans la Charte
de la ville de Montréal, il y a d'autres problèmes analogues,
connexes qui ne sont pas touchés par ce projet de loi. On parle, dans le
projet de loi, des
soumissions publiques, des conditions d'appels de soumissions publiques
et d'octrois de contrat. On parle d'autres éléments de
l'administration financière, du fonds de roulement et ainsi de suite. On
ne parle cependant pas de'l'adoption du budget de la ville, problème qui
a fait l'objet de maints commentaires et de maintes demandes de modifications.
Il y a un manque de cohérence et de logique dans ce qui nous est
proposé ici.
Mme le Président, je suis obligé de trouver que,
nonobstant le fait qu'il y a un problème et que ce problème doit
être réglé, cette loi est démesurée. Je ne
suis pas seul à avoir cette opinion. Il y a, évidemment, mes
collègues de l'Opposition officielle, mais il y a aussi les
éditorialistes des principaux journaux: le Devoir, la Presse. Tutelle
abusive; la loi 82 ne réglera pas le problème. Alors, je ne suis
pas seul à trouver que le projet de loi va trop loin, qu'il est
même abusif et antidémocratique.
Nous avons une tradition au Québec, une tradition invoquée
souvent par le Parti québécois quand il siégeait de ce
côté-ci de la Chambre: autonomie municipale, respect de
l'autorité locale et tout cela.
M. Lessard: Vous l'avez respectée longtemps.
Une Voix: C'est dans votre programme. Relisez votre
programme.
Mme le Vice-Président: A l'ordre!
M. Lessard: Vous n'avez rien fait; vous l'avez respecté
longtemps.
M. Goldbloom: Décentralisation et tout cela.
M. Lessard: Vous avez laissé pourrir la situation.
M. Goldbloom: Alors, ce n'est pas... Une Voix: Relisez
votre programme.
Mme le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Lavoie: Mme le Président, j'aimerais que vous rappeliez
d'une manière tout à fait particulière le ministre des
Transports à l'ordre. Vous avez une image, vous qui n'étiez pas
ici, de son comportement lorsqu'il siégeait de ce côté-ci.
J'espère qu'il va se déphaser ou se rephaser du fait qu'il ait
changé de côté de la Chambre.
M. Lessard: Mme le Président, sur la question de
règlement, je ne suis pas entièrement d'accord avec
l'ex-président de l'Assemblée nationale. Cependant, quand on
entend dire des choses comme on en entend ce soir de la part du ministre des
Affaires municipales...
M. Lavoie: A l'ordre! Mme le Président, il ne s'agit pas
de la question de règlement.
M. Lessard: ... on a envie de réagir. Alors qu'il n'a
jamais...
M. Lavoie: A l'ordre!
M. Lessard: ...assumé ses responsabilités.
Mme le Vice-Président: Je vous en prie, M. le ministre des
Transports.
M. Lavoie: Le ministre des Transports pourra revenir s'il veut
parler du fond de la question.
Mme le Vice-Président: Le ministre des Transports.
M. Goldbloom: J'ai qualifié ce projet de loi de
démesuré, d'abusif et d'antidémocratique. Je dois vous
dire que je décèle dans l'attitude du gouvernement, dans
l'envergure des mesures proposées dans le projet de loi, dans certains
commentaires, même dans ceux faits ce soir dans son discours par le
ministre des Affaires municipales et dans d'autres commentaires faits au cours
des derniers jours par d'autres membres du gouvernement à ce sujet et
à d'autres sujets, je dois vous l'avouer, je décèle dans
l'attitude du gouvernement un certain élément de hargne
personnelle à l'endroit d'un certain homme, et cet homme est le maire de
Montréal.
Je pense, Mme le Président, que nous devons tous, et surtout
quand nous siégeons du côté ministériel de la
Chambre, être modérés dans nos propos et assumer nos
responsabilités avec autant d'objectivité que possible.
M. Burns: Comme vous l'avez fait. Comme vous avez laissé
faire tout ce qui s'est passé. C'est de toute beauté.
Des Voix: A l'ordre!
M. Goldbloom: Mme le Président, quand le Parti
québécois siégeait de ce côté de la Chambre,
il était omniscient. Rendu de l'autre côté, il l'est un peu
moins et nous pouvons en juger par les réponses que nous avons eues aux
questions quotidiennes, sauf que, dans ce projet de loi, je retrouve
l'omniscience dangereuse d'hier. Je trouve devant moi un gouvernement rempli de
lui-même et dictatorial.
M. Blank: On prend note de cette objection. M. Goldbloom:
Et puisque, Mme le Président...
M. Burns: Voyons donc! Le gars le plus faible qu'on ait vu.
Mme le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Goldbloom: Puisque, Mme le Président, par la
déclaration du début du discours du ministre des Affaires
municipales et par l'analyse que
j'ai faite, au cours de mon intervention, de ce projet de loi, nous
devons voir deux éléments majeurs dont un peut comporter un
élément d'urgence, mais l'autre non; et puisque cet autre est
d'une importance fondamentale pour tout le régime administratif,
gouvernemental, législatif sous lequel nous vivons, et puisqu'il serait,
à mon sens et de l'avis de l'Opposition officielle, désirable et
nécessaire que les intéressés puissent venir se faire
entendre devant la commission parlementaire des Affaires municipales,
exactement comme les six députés péquistes le
réclamaient à tort et à travers, continuellement, pendant
qu'ils étaient de ce côté de la Chambre, Mme le
Président, afin de rendre cela possible, je voudrais terminer en vous
proposant une motion.
Motion de report à un mois
M. Goldbloom: Cette motion s'inspire de l'article 121 de notre
règlement et, en vertu de cet article, je propose que la motion en
discussion soit amendée en remplaçant le mot "maintenant" par les
mots "dans un mois", et que nous profitions de cette période de temps
pour faire siéger la commission parlementaire des affaires municipales
et convoquer devant elle tous les intéressés qui pourraient
avantageusement s'exprimer sur ce projet de loi et éclairer la lanterne,
notamment, du gouvernement.
M. Michel Gratton M. Gratton: Mme le Président.
Mme le Vice-Président: J'allais demander si quelqu'un
voulait parler sur la motion. M. le député de Gatineau.
M. Gratton: Mme le Président, sur la motion d'amendement
proposée par le ministre des Affaires municipales, j'aimerais vous
parler de ce siège qu'occupait il y a à peine quelques mois le
député de Saguenay...
M. Burns: La motion.
Mme le Vice-Président: S'il vous plaît!
M. Burns: La motion.
M. Gratton: ...parce que ça presse tant que
ça?...
M. Burns: Oui.
M. Gratton: ... et vous assurer tout de suite, Mme le
Président, que mes propos ne ressembleront pas à ceux que tenait,
à ce moment-là, le député de Saguenay.
Mme le Vice-Président: Voulez-vous vous en tenir à
la motion, s'il vous plaît?
M. Burns: La motion, c'est une motion d'amendement,
ça.
Une Voix: Qui préside?
M. Gratton: Pourtant, je n'ai jamais eu l'habitude dans le
passé d'outrepasser mes droits, mes privilèges de
député et j'inviterais les députés
ministériels à ne pas perdre les pédales tout de suite. Je
ne vous ai pas attaqués, je n'ai rien dit encore, je parlais de mon bon
ami, le député de Saguenay.
Mme le Président, sur cette motion...
M. Bellemare: Qu'est-ce que vous avez trouvé dans son
tiroir...
M. Gratton: ...à l'effet de...
En fait, dans le tiroir, il s'agit du Dr Philippe Demers, ancien
député de Saint-Maurice.
Cette motion d'amendement à l'effet de remplacer le mot
"maintenant" par les mots "dans un mois" vise essentiellement, Mme le
Président, à faire en sorte qu'on respecte une tradition, qu'on
respecte la tradition de ne pas amender la charte d'une ville sans que les
autorités élues de cette ville aient l'occasion de se manifester
et de faire valoir leurs arguments face à des modifications ou à
des amendements proposés.
Qu'on soit d'accord ou nonpersonnellement, à titre de
député du comté de Gatineau, je suis d'un comté de
l'Outaouais qui, je dois bien l'avouer, a retiré bien peu d'avantages de
la tenue des Jeux olympiques qu'on vienne d'où on voudra, qu'on
soit d'accord ou non avec le partage de ce déficit de $1 milliard, qu'on
soit d'accord ou non pour que la ville de Montréal en paye un
pourcentage, soit 20%, 30% ou 40%, qu'on soit d'accord qu'il y ait urgence
à présenter un projet de loi à ce temps-ci de
l'année, dans une mini-session, pour régler le paiement du
déficit par la ville de Montréal, je le comprends. Mais, Mme le
Président, quand on profite de l'urgence d'une question qui est celle du
paiement d'une partie du déficit par la ville de Montréal pour
modifier de façon très considérable la charte de la ville
de Montréal, je pense qu'il y a danger, comme l'a si bien exprimé
le député D'Arcy McGee tantôt.
C'est un peu comme si on avait profité de l'occasion de la
présentation et de l'adoption du projet de loi 85, par exemple, Loi
concernant la ville de Hull, que nous avons adoptée cet
après-midi, pour modifier certains éléments de la charte
de la ville de Hull pour se donner je ne sais pas quelle satisfaction. Que ce
soit par vengeance ou par hargne, comme le disait tantôt le
député D'Arcy McGee, que ce soit pour les raisons qu'on voudra,
j'ai nettement l'impression que c'est exactement ce que le gouvernement fait
avec le projet de loi no 82.
S'il y avait possibilité pour moi de proposer une motion pour
scinder le projet de loi no 82 en deux, c'est-à-dire la partie du
déficit et la partie des amendements à la charte, je le ferais
volontiers, Mme le Président. Mais, comme il n'y a au-
cune disposition du règlement qui me permet de demander qu'on
scinde ce projet de loi, je me vois dans l'obligation d'appuyer la motion du
député de D'Arcy McGee selon laquelle on reporte, au moins pour
un mois, l'adoption de ce projet de loi de façon à donner
l'occasion aux autorités de la ville de Montréal de venir nous
entretenir, nous éclairer sur les modifications que le ministre des
Affaires municipales propose à sa charte.
On me répondra, bien entendu, que la chose est trop urgente, on
n'a pas le temps. Je sais fort bien, lorsque le député de
Saguenay, le député de Maisonneuve, leader du gouvernement
maintenant, nous entretenaient, de la même façon que je le fais
présentement, dans les années antérieures, la
réponse était toujours la même. Sauf que jamais, depuis les
quatre ans que je siège en cette Chambre, en tout cas, le gouvernement
libéral n'a profité d'un projet de loi soi-disant d'urgence pour
modifier la charte d'une ville sans que celle-ci n'ait l'opportunité de
venir nous démontrer le bien-fondé de ses allégations.
Même le RCM, l'Opposition officielle à la ville de
Montréal, voudrait venir nous entretenir de certaines de ses
suggestions. Je pense que ce n'est pas à nous de décider qui, des
autorités élues de la ville de Montréal, devrait venir
à ces commissions parlementaires, mais c'est à la ville de
Montréal elle-même de déléguer ceux qui pourraient
le mieux éclairer notre lanterne.
Mme le Président, le ministre des Affaires municipales
lui-même tantôt mentionnait le fait que la commission Castonguay a
recommandé une enquête publique sur les finances, sur
l'administration financière de la ville de Montréal. I nous
disait qu'avant maintenant, il aurait fallu qu'il y en ait une, que maintenant
que le déficit olympique est connu, on n'en a plus besoin. C'est quand
même assez paradoxal que les membres du Parti québécois,
qui siégaient en cette Chambre lorsqu'ils étaient dans
l'Opposition, ont réclamé plusieurs fois cette enquête
publique. Ce que nous vous demandons ce soir, ce n'est pas une enquête
publique, c'est strictement le droit, pour les autorités municipales, de
venir nous parler en commission parlementaire, d'amendements fondamentaux
à sa charte.
Pour conclure, Mme le Président, je pense qu'il s'agit là
d'un principe que chacun d'entre nous, députés
ministériels comme de l'Opposition, devrait défendre avec
énergie et vigueur. Si nous permettons au gouvernement de
procéder de cette façon à la fin d'une session, au
début et à la finje regarde le député de
Maisonneuve quand je dis cela, parce que, si j'étais aussi
éloquent que lui, je pourrais répéter les paroles qu'il a
dites combien de fois, peut-être avec raison, messieurs, mais
sûrement pas avec autant de raisons qu'on en a ce soir.
M. Burns: C'est votre héritage qu'on a actuellement.
M. Gratton: Mme le Président, lorsque le
député de Maisonneuve parle de l'héritage du gouvernement
précédent...
M. Burns:... ce n'est pas drôle cela, d'accord.
M. Gratton: Jamais... vous allez me laisser finir.
Une Voix: A l'ordre!
Mme le Vice-Président: M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: Jamais le gouvernement libéral n'a
parlé de modifier la charte de la ville de Montréal de quelque
façon que ce soit sans que les autorités de la ville de
Montréal puissent se faire entendre.
Ce parti dont l'un des héros, le député de
Maisonneuve, qui se targue d'être démocratique...
M. Burns: Bien oui, bravo!
M. Gratton: ... qui se targue de vouloir démocratiser nos
institutions parlementaires et autres, se permet, utilise...
M. Burns: Je l'ai fait pendant six ans.
Mme le Vice-Président: Discutez sur la question
d'amendement.
M. Lavoie: Mme le Président, pourriez-vous rappeler
à l'ordre celui qui devrait donner l'exemple, celui qui est responsable
de la réforme parlementaire? Le superministre de la réforme
parlementaire. Vous devriez le ramener à l'ordre.
Mme le Vice-Président: C'est déjà fait.
M. Burns: Vous m'ennuyez éperdument avec votre
façon de fonctionner.
M. Gratton: J'ai la parole.
M. Lavoie: Ce sont des comportements de la sorte que l'honorable
député de Dorion...
M. Bellemare: Parlant sur le point d'ordre...
Mme le Vice-Président: A l'ordre, M. le
député de Johnson!
M. le député de Gatineau.
M. Bellemare: Je soulève un point de règlement. Je
comprends que l'honorable ministre, leader du gouvernement, aura de la
misère à se corriger. Lui qui nous a dit que ce serait, en
Chambre, un vrai paradis, Mme le Président, je pense que cela commence
mal.
M. Burns: Pour que ce soit un paradis... M. Bellemare:
Prenez donc le temps... M. Burns: Oui mais...
M. Bellemare: ... et ayez de la patience, parce que cela va vous
en prendre beaucoup.
M. Burns: II faudrait peut-être qu'il y ait des anges en
Chambre pour que ce soit le paradis.
Mme le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Gratton: Mme le Président, moi qui assidûment ai
servi pendant quatre longues années à titre de "back-bencher"
ministériel, en commençant par la "poolroom" là-bas, pour
me retrouver ici, près du député de Saint-Jacques, un
autre de mes bons amis, et qui ai entendu, pendant combien de temps, combien
d'heures, de semaines, de mois et d'années, le genre de
discussion...
Mme le Vice-Président: La motion d'amendement.
M. Gratton: Je m'excuse, Mme le Président. Je peux
continuer? Mme le Président, en terminant...
Mme le Vice-Président: Ecoutez, M. le leader.
M. Lavoie: J'ai demandé à mon collègue de
continuer son discours, Mme le Président. Je lui ai dit de continuer son
discours, c'est tout. La liberté de parole, j'espère que cela va
demeurer dans cette Assemblée.
Mme le Vice-Président: Vous parliez sur la motion
d'amendement, M. le député de Gatineau.
M. Gratton: Oui, Mme le Président. C'est avec plaisir que
je terminerai ici mon intervention sur la motion d'amendement. Je vous
répéterai que j'appuie cette motion pour reporter à un
mois l'étude du projet de loi, à cause des raisons que j'ai
invoquées. Je vous dirai, Mme le Président, que je suis un peu
déçu qu'à ma première expérience comme
député de l'Opposition, je suppose, parce que je ne dis pas comme
le gouvernement, on semble ne pas vouloir me laisser dire ce que j'ai à
dire. Si c'est la façon dont cette réforme parlementaire dont
tout le monde parle doit s'effectuer, Mme le Président, je m'excuse,
mais je devrai trouver une autre façon de faire connaître mes
opinions.
Je pense que, si j'ai été élu dans le comté
de Gatineau, c'est pour représenter les gens du comté de Gatineau
et ce n'est pas nécessairement pour faire la courbette devant le leader
parlementaire du gouvernement ou devant tout ministre, si je ne suis pas
d'accord avec eux.
Mme le Vice-Président: Oui, M. le député de
Gatineau.
M. le député de Lotbinière.
M. Rodrigue Biron
M. Biron: Mme le Président, j'aimerais parler très
brièvement sur la motion du député de D'Arcy-McGee pour
appuyer sa motion visant à reporter à un mois l'étude de
ce projet de loi. Je vais être très bref. Je veux, comme le
député de
D'Arcy-McGee, diviser le bill 82 en deux parties, la première
étant celle qui regarde véritablement le dossier des Olympiques.
Ce n'est pas que l'Union Nationale soit contre l'idée de faire payer ce
déficit olympique de $200 millions par la ville de Montréal, mais
nous aurions aimé avoir en main, avant de pouvoir décider, un
dossier bien étoffé, bien préparé. Nous aurions
voulu avoir en main des chiffres précis sur ce qu'ont rapporté
les Olympiques à la province de Québec, à la ville de
Montréal, de même qu'au gouvernement canadien, au gouvernement
d'Ottawa.
On aurait aimé, avant de pouvoir prendre une décision dans
ce sens-là, avoir ce dossier au complet. Je m'aperçois
aujourd'hui qu'on veut aller très rapidement du côté du
gouvernement, peut-être avec raison parce qu'on a critiqué et
personnellement, au cours des derniers mois, j'ai critiqué aussi
l'indécision chronique de l'ancien gouvernement.
D'un autre côté, je ne voudrais pas voir cette
indécision chronique remplacée par trop de hâte, trop
d'incohérence dans les décisions qu'on est appelé à
prendre et surtout par des règlements de compte personnels entre
certains ministres, députés ou hauts fonctionnaires et certains
hommes publics à d'autres paliers de gouvernement.
Je voudrais qu'on fasse preuve d'imagination, de souplesse, de largeur
de vue dans les différentes options qu'on est appelé à
prendre au niveau de la province vis-à-vis des décisions. J'ai
dit, à l'ouverture de la présente session, que j'avais le
goût de voir fonctionner un vrai gouvernement et que le parti de l'Union
Nationale collaborerait en entier dans la gouverne d'un vrai gouvernement
lorsqu'on prendrait de bonnes décisions, lorsqu'on nous
présenterait quelque chose qui vaudrait la peine qu'on se penche dessus,
un dossier sérieux avec une ouverture sur les problèmes
d'aujourd'hui et surtout bien désireux de respecter les traditions
parlementaires et les traditions de notre province.
Si l'on retardait d'un mois, je pense que cela nous permettrait
d'entendre véritablement les représentants de Montréal;
pas seulement le maire Drapeau, mais aussi l'opposition à l'hôtel
de ville de Montréal et les citoyens de Montréal. Cela nous
permettrait d'entendre beaucoup de groupes sociaux ou économiques de la
ville de Montréal qui viendraient nous dire ce qu'ils pensent des
Olympiques et du déficit olympique, étant donné qu'on ne
connaît pas encore ce dossier. Personnellement, j'ai fait des chiffres
rapides pour nous permettre de savoir exactement où on va dans le
dossier des Olympiques. Même avec des chiffres rapides, en ayant
très peu en main, j'ai pu constater que les Olympiques avaient
rapporté à la province de Québec, depuis leur
début, un montant de $400 millions, comme cela a aussi rapporté
au gouvernement fédéral, à Ottawa, un montant de $400
millions environ.
J'aurais aimé voir présenter par ce gouvernement, qui se
dit un gouvernement québécois, un dossier bien
étoffé et le voir aller è Ottawa avec un nouveau dossier,
avec de nouveaux chiffres, avec
quelque chose de réellement nouveau pour faire rouvrir le dossier
des Olympiques par le gouvernement d'Ottawa. Bien sûr, le gouvernement
canadien a payé quelque chose pour les Olympiques, mais nous
prétendons que le gouvernement canadien n'a pas payé la part
qu'il devait payer comme responsable d'un pays qui reçoit les Olympiques
chez lui. Tout ce que le gouvernement actuel du Québec voudra faire pour
une présentation bien préparée vis-à-vis du
gouvernement fédéral, à Ottawa, les nouvelles demandes
pour rouvrir ce dossier, quant à nous, nous sommes prêts à
les appuyer. Nous jugeons injustifié pour le moment, n'étant pas
au courant complètement de tous les chiffres, de ce que cela a
rapporté, d'imposer maintenant aux Montréalais seuls le
déficit des Olympiques. C'est pour cette raison que nous appuyons la
motion de l'honorable député de D'Arcy McGee.
Mme le Vice-Président: M. le ministre des Affaires
municipales.
M. Tardif: Evidemment, j'ai entendu toutes ces interventions
visant à demander la tenue de la commission parlementaire. Je me demande
si mes collègues d'en face, le député de D'Arcy McGee,
celui de Lotbinière et celui de Gatineau ont bien lu le journal Le
Devoir de ce matin où était publiée in extenso la lettre
que M. le maire de Montréal, Jean Drapeau, m'a fait tenir hier soir,
à mon domicile, à Montréal. Je vais vous lire simplement
la première page de cette lettre qui est assez longue. "M. le ministre,
vendredi midi, vous avez eu la courtoisie et je vous en remercie
de me téléphoner pour me faire part de la question
formulée par un membre de l'Assemblée nationale, à savoir
si vous pouviez vous renseigner sur l'opinion de l'administration municipale de
Montréal quant à l'utilité d'être entendue à
une séance de la Commission des affaires municipales sur le projet de
loi no 82. "Le texte de ce projet de loi ne m'est parvenu qu'en fin
d'après-midi vendredi. Après en avoir pris connaissance
immédiatement avec mon collègue le président du
comité exécutif et le directeur des finances de la ville, j'ai
téléphoné à votre bureau à Québec
pour vous faire transmettre ma réponse négative. Je la confirme
ici en vous expliquant les motifs". Le reste de la lettre est dans le
Devoir.
M. Bellemare: Mme le Président, je soulève un point
de règlement.
M. Lavoie: Mme le Président...
M. Bellemare: En vertu de notre règlement, il est dit,
à l'article 177, que quand un ministre cite, ne serait-ce qu'en partie,
un document, il peut être requis, sans aucune autre
formalité...
M. Burns: On est d'accord. On est d'accord. M. Bellemare:
...de le déposer.
M. Tardif: Oui, monsieur, je le déposerai volontiers, sauf
qu'il est dit, je pense, également, que si ce document a
été imprimé, est un document public, il n'est pas
nécessaire de le faire.
M. Bellemare: Non, ce n'est pas ce qui est dit, Mme le
Président, pas du tout. Pas du tout, excepté si le ministre
déclare qu'il est dans l'intérêt public...
M. Tardif: Je me rendrai à...
M. Bellemare: ...de ne pas le déposer, et rien d'autre
chose.
M. Tardif: Je déposerai la lettre. Je dépose la
lettre du maire.
M. Bellemare: Non, non, immédiatement.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Johnson, je vous demanderais de vous adresser au président, s'il vous
plaît, quand vous parlez.
M. Bellemare: A qui ai-je parlé?
Une Voix: C'est votre problème, pas le nôtre.
M. Blank: M. le Président...
M. Tardif: Mme le Président, en réponse à
votre question.
M. Bellemare: Dans le débat, c'est clair.
M. Tardif: II est déposé. Je voudrais que mon
collègue d'en face relise le paragraphe 176 pour ce qui est des
documents qui peuvent être obtenus normalement par d'autres moyens; en
achetant le Devoir à $0.10, vous allez l'avoir.
M. Bellemare: Article 177, prenez le haut de la page, regardez
l'article 177. Non, non celui-là est bien pire, l'article 177, j'ai
déjà été ministre, moi, je le sais, par
expérience.
M. Harry Blank M. Blank: Mme le Président...
Mme le Vice-Président: Le député de
Saint-Louis.
M. Blank: ... comme député d'un comté qui
est dans la ville de Montréal, j'ai un intérêt particulier
à ce bill, et je ne comprends pas la raison de la vitesse avec laquelle
on tente d'adopter ce bill à ce moment-ci, même sur les deux
côtés, celui du déficit olympique et celui de l'amendement
à la charte de la ville de Montréal. Le ministre lui-même a
dit qu'à ce moment-ci il est passé au Conseil du trésor
pour faire enquête sur le coût et les raisons de l'augmentation du
coût des installations olympiques. Comment peut-il fixer le montant
à ce moment-ci, et essayer de le faire payer
par la ville de Montréal, comment le faire payer à la
ville de Montréal, je ne parle pas de la ville de Montréal, ce
sont les citoyens de la ville de Montréal qui paient?
M. Burns: J'invoque le règlement, Mme le Président.
Je voudrais qu'on nous parle sur la raison pour laquelle le projet de loi
devrait être reporté à un mois. C'est uniquement cela la
motion. Là, on est rendu au fond, on est rendu au mérite du
projet de loi. Moi, je n'ai pas d'objection à ce que vous le fassiez,
qu'on voie ce qu'on fait avec ce projet, c'est tout.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Saint-Louis, voulez-vous vous en tenir à la pertinence du
débat?
M. Blank: Quand je parle des raisons pour lesquelles les citoyens
de Montréal ne doivent pas à ce moment être obligés
de payer, c'est parce qu'il y a une enquête que le Conseil du
trésor mène actuellement, c'est la raison pour laquelle je
demande de retarder le bill. Si le député de Maisonneuve ne
comprend pas mon français, je peux lui parler en anglais,
peut-être qu'il comprendra mieux. Je ne sais pas, oui, vraiment, c'est sa
langue maternelle, c'est plus facile pour lui.
M. Burns: Demandez au président.
M. Blank: Mais ce que je trouve très intéressant,
et c'est peut-être la raison particulière de cette hâte
d'adopter ce bill immédiatement, c'est qu'on doit se souvenir
qu'à Montréal il y a un parti d'opposition de la ville qui est
pratiquement une succursale du Parti québécois. Ils sont tous les
ennemis du maire de Montréal, Jean Drapeau, en adoptant ce bill en
vitesse, le ministre et le gouvernement pensent qu'ils font une faveur à
ce groupement. Mais ils ont fait erreur, parce que ce groupement, le RCM, ne
veut pas qu'on adopte ce bill en vitesse, il veut venir ici se faire entendre.
Ils ont peur maintenant de les faire venir ici parce qu'ils sont leurs
collègues, leur succursale, ils ont peut d'une division dans ce grand
groupement démocratique qui, maintenant, sera dictateur avec un bill
semblable.
Pour ces raisons, je veux donner une chance à ces gens; moi, je
n'ai pas peur de l'opposition de la ville de Montréal, pas peur du tout;
même si le conseiller de mon quartier s'est présenté contre
moi comme candidat péquiste, je n'ai pas peur de ces gens, je veux
entendre ici ce qu'il va dire de ses amis qui sont rendus à
Québec, et c'est pour ces raisons que j'appuie la motion du
député de D'Arcy McGee.
M. Maurice Bellemare M. Bellemare: Mme le Président...
Mme le Vice-Président: M. le député de
Johnson.
M. Bellemare: Je voudrais simplement ajouter ma voix à
celles qui m'ont précédé pour dire que je comprends mal
l'esprit démocratique du gouvernement qui nous avait laissé
entendre, dans un programme fort bien préparé, qu'il y aurait des
changements quant aux attitudes que prendrait le nouveau gouvernement dans le
respect des droits démocratiques des cités et villes et
particulièrement, Mme le Président, quand nous ouvrons cette page
8, où il est question de nos municipalités, le gouvernement, le
Parti québécois disait ceci avec beaucoup d'éloquence:
Nous nous engageons fermement à revaloriser le pouvoir local de chacun
des gouvernements locaux.
M. Grégoire: En vertu de l'article 177, j'espère
que vous allez déposer le document.
M. Bellemare: Ce n'est pas le seul que j'ai.
M. Burns: C'est une question de règlement très
sérieuse. En vertu de l'article 177, le député de Johnson
doit déposer le document.
M. Lavoie: A ma connaissance, le député de Johnson
n'est pas encore ministre.
Mme le Vice-Président: Je n'avais pas entendu que M. le
leader de l'Opposition avait demandé la parole. M. le
député de Johnson.
M. Bellemare: II ne faudrait pas, Mme le Président
j'ai pratiqué cela au souper que vous vous surpreniez, nous
allons citer de temps à autre de ces articles qui ont fait de ce parti
le gouvernement d'aujourd'hui. C'est à la base même de la justice
distributive que je voudrais lui dire combien son programme a eu de l'effet. Si
c'est vrai qu'il a eu de l'effet, maintenant qu'il y est rendu, pourquoi ne pas
le pratiquer avec cette véhémence que nous avons connue de ces
honorables messieurs quand ils étaient dans l'Opposition.
M. Burns: Voulez-vous le déposer?
Mme le Vice-Président: M. le député de
Johnson, aimeriez-vous que je vous relise la motion d'amendement?
M. Bellemare: La motion d'amendement? Revaloriser le pouvoir
local des gouvernements municipaux. Alors, la motion...
Mme le Vice-Président: Voulez-vous vous en tenir à
la pertinence du débat?
M. Bellemare: ... c'est de pouvoir remettre l'étude de ce
bill à un mois. Je comprends, pour tout le monde dans ce parlement, je
crois qu'il serait juste et raisonnable que le bill, qui vient d'être
annoncé il y a à peu près quinze jours, soit, demain par
exemple, examiné par chacun de nos partis politiques pour qu'ils
puissent entendre à la commission parlementaire qui était si
utile dans le
passé on l'exige beaucoup moins aujourd'hui et devant
laquelle on voulait tant entendre gens... Pourquoi, dans un geste comme celui
qu'on s'apprête à poser, quand il s'agit de la métropole du
pays, quand il s'agit de passer un bill très important, où nous
allons donner, au Canada tout entier et au monde tout entier, peut-être
un mauvais exemple surtout de l'administration efficace et surtout du respect
des libertés démocratiques... Madame, je je pense que c'est
exercer véritablement mon droit, ce soir, de vous demander de reporter
par cette motion à un mois l'étude de ce bill, parce que
l'exemple que nous allons donner ce soir va être écrit demain dans
tous les journaux, non seulement de la province, mais du Canada entier. La
métropole ne mérite pas ce traitement. Je pense qu'il faudrait
agir avec beaucoup de prudence et de discernement. Je m'engage à
l'étudier à fond, si on a en main les documents
nécessaires, mais non pas ainsi l'adopter d'urgence et l'adopter demain
matin, parce qu'on a décidé que la session finirait à
telle date, tel jour. Non, Mme le Président. Je pense qu'ici plus que
jamais, il faudrait que nos parlementaires... Je cite quelqu'un qui a dit
à la télévision et à la radio: Les parlementaires
sont là; ils doivent jouer un rôle démocratique, respecter
la liberté d'expression, mais, particulièrement, revaloriser le
pouvoir de la ville de Montréal.
M. Biron: ... est en Chambre
M. Bellemare: Elle est en Chambre actuellement. Elle est ici pour
dire et répéter que l'esprit démocratique qui doit animer
ces débats doit être la première préoccupation de
nos députés. C'est pourquoi je pense que la motion visant
à reporter à un mois l'étude de ce projet est juste et
raisonnable. Si nos honorables amis d'en face voulaient comprendre qu'il y a
là non pas un esprit de vengeance et un esprit retardataire, mais une
expression bien libre d'une conscience professionnelle qui veut
véritablement s'exprimer d'une manière vraiment bien
éclairée sur ce grand défi que l'on porte à la
démocratie parce que nous agissons, ce soir, en conformité avec
un programme politique.
Je pense qu'il est important, plus que jamais, que la ville de
Montréal ne soit pas mésestimée par les autres provinces
et particulièrement par les autres pays. Montréal est la
métropole de notre province, mais aussi du pays. Il faudra respecter ces
données aussi dans le jugement qu'on aura à porter tout à
l'heure dans l'étude, en deuxième lecture, de notre projet de
loi.
C'est pourquoi, cette motion visant à retarder d'un mois ce
projet de loi, je la trouve fort appropriée et je souscris amplement
à cette expression de la volonté des gens qui peut-être,
par ma voix, se font entendre ce soir.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Bellechasse.
M. Bertrand Goulet
M. Goulet: Mme le Président, je juge injustifié que
l'on veuille faire adopter ce projet de loi dès maintenant. Aux
ministres et députés de Saint-Jacques et de Crémazie, je
dis ceci: Afin d'empêcher que l'on n'ait des doutes sur votre
sincérité au dialogue, méditez bien cette petite
pensée: La hantise de la vengeance des hommes passe avant la recherche
du bien commun et de l'intérêt public. J'appuie donc la motion du
député de D'arcy McGee.
M. Ciaccia: Allez-y; Mme le Président.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Mont-Royal.
M. John Ciaccia
M. Ciaccia: J'appuie la motion du député de D'Arcy
McGee. Ce qui me préoccupe principalement dans ce projet de loi
cela a déjà été dit, mais je crois que c'est
nécessaire de le répéter parce que nous ne pouvons jamais
le répéter assez souvent c'est l'aspect de la protection
de la démocratie et des droits démocratiques non seulement de la
ville de Montréal, mais de tous les membres de cette Chambre.
Comme exemple, je pourrais comparer ce projet de loi à un projet
de loi qui voudrait enlever ou modifier les droits d'une personne, d'un
individu. On n'oserait pas, en tant qu'Assemblée d'un Parlement
démocratique, enlever les droits d'une personne sans, au moins, avoir eu
l'occasion d'entendre cette personne, d'avoir tous les faits. Après
avoir délibéré et après avoir donné
l'opportunité à cette personne de se faire entendre, alors nous
pourrions prendre une décision.
Puisque nous le ferions pour une personne, un individu, comment alors
n'est-il pas encore plus important de le faire pour la métropole du
Canada, la ville de Montréal?
Ce n'est pas assez qu'un projet de loi soit juste. Je ne discute pas, a
ce moment, les questions de pourcentage, les montants que la ville doit payer
ou non. Ce n'est pas assez qu'il soit juste. "It is not enough that a law be
just but justice must appear to be done".
C'est ça qui est important. Si, après que vous aurez
entendu la ville de Montréal et toutes les autres parties
intéressées, vous en veniez à la même conclusion et
vous adoptiez ce projet de loi, alors vous aurez fait votre devoir, cette
Assemblée aura accompli son devoir. Nous aurons agi en justice. Mais en
agissant comme nous le faisons maintenant, nous donnons l'impression
d'être une dictature, nous donnons l'impression que la majorité ne
prend pas ses responsabilités. C'est très facile pour une
majorité de passer n'importe quelle loi; c'est la majorité en
Chambre, mais ce n'est pas ça le processus démocratique. Le
processus démocratique, c'est de suivre les traditions
démocratiques, de respecter les droits de ceux qu'on affecte et
après qu'on a donné l'occasion à tout le monde de se faire
entendre, nous pouvons prendre des décisions.
Mme le Président, j'appuie, pour ces raisons, la motion
d'amendement du député de D'Arcy-McGee, je suis d'accord sur les
raisons que tous
mes autres collègues de ce côté de la Chambre ont
données et je demande qu'en toute justice... Comme exemple, c'est un
très mauvais exemple que vous allez donner au début de cette
session en adoptant un genre de loi qui donne l'exemple d'une dictature. Ce
n'est pas ça l'esprit. Nous devons respecter l'esprit des lois et nous
ne le faisons pas en procédant de cette façon.
Alors, Mme le Président, j'appuie la motion du
député de D'Arcy McGee.
M. Denis de Belleval
M. de Belleval: Mme le Président, je parlerai contre la
motion du député de D'Arcy-McGee. La motion du
député de D'Arcy-McGee nous ramène à la logique
même du personnage qui l'a présentée, Mme le
Président. L'ancien ministre des Affaires municipales a donné en
cette Chambre, durant les trop nombreuses années où il a
exercé la responsabilité de son ministère...
Des Voix: A l'ordre!
M. de Belleval: ... l'exemple...
M. Bellemare: La motion.
M. de Belleval: ... de l'utilisation constante de mesures
dilatoires, d'irresponsabilité...
M. Lavoie: Mme le Président... je demande la parole, s'il
vous plaît.
M. de Belleval: ... financière et aujourd'hui, ce
soir...
M. Lavoie: Question de règlement.
M. de Belleval: ... encore une fois, Mme le Président, il
veut par une motion...
M. Lavoie: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. de Belleval: ... dilatoire, empêcher le gouvernement de
prendre ses responsabilités.
M. Lavoie: A l'ordre!
Question de règlement, s'il vous plaît.
Mme le Vice-Président: M. le leader de l'Opposition.
M. Lavoie: Je crois que ce n'est pas l'occasion de faire le
procès du député de D'Arcy-McGee, de notre
collègue, de tous et chacun, en cette Assemblée. Ce n'est pas le
temps de faire le procès de l'ancien gouvernement; vous aurez d'autres
occasions pour ça. Je crois que le conseil que vous nous donniez,
à certains de nos collègues tout à l'heure, de parler de
l'à-propos de la motion devrait s'appliquer également à
notre collègue d'en face. C'est tout ce que j'avais à dire.
M. Burns: Sur la question de règlement, Mme le
Président. Je pense que mon collègue, le minis- tre de la
Fonction publique, a parfaitement le droit, à l'occasion d'une mesure
qui est tout à fait dilatoire c'est exactement ça
de se poser des questions sur les raisons qui ont pu motiver le parrain de
cette motion, lui qui dans le passé s'est montré...
M. Lavoie: Point d'ordre. Les mêmes remarques que je
faisais tout à l'heure s'appliquent au député de
Maisonneuve.
M. Burns: Je n'ai rien dit encore, je n'ai rien dit. Cela vous
fatigue, hein? C'est achalant, hein? Cela commence.
Mme le Vice-Président: M. le leader du gouvernement, votre
question de règlement.
M. Burns: Mme le Président, mon collègue, le
ministre de la Fonction publique, n'a fait tout simplement, comme le disait le
leader de l'Opposition tout à l'heure, qu'une entrée en
matière relativement à la personne qui a présenté
le projet de loi, relativement aussi peut-être à un certain nombre
de dossiers auxquels il a été mêlé.
Je pense qu'au stade d'une motion à caractère tout
à fait dilatoire, comme celle que nous avons actuellement, il me semble
que cela m'ap-paraît comme tout à fait dans l'ordre. Cela fait
mal, c'est achalant, mais il faut que cela se fasse. Nous, on le supporte,
supportez-le vous autres aussi.
Mme le Vice-Président: Le ministre de la Fonction
publique.
M. le député de Gatineau, question de
règlement.
M. Gratton: Sur la même question de règlement, je
voudrais tout simplement vous dire, Mme le Président, que tantôt,
lorsque je me suis levé et que j'ai simplement fait allusion au fait que
j'occupais maintenant le siège du député de Saguenay, vous
m'avez tout de suite rappelé à l'ordre. Je pense que l'honorable
ministre devrait subir le même traitement.
Mme le Vice-Président: Vu que la question était
réglée, M. le ministre de la Fonction publique.
M. de Belleval: Mme le Président, je disais donc que la
motion dilatoire du député de D'Arcy McGee était l'image
même des mesures dilatoires, des mesures d'irresponsabilité
financière, des mesures d'insouciance dont l'ancien gouvernement a fait
preuve vis-à-vis du dossier olympique depuis trois ans et c'est cette
insouciance d'irresponsabilité qui fait qu'aujourd'hui nous nous
retrouvons...
M. Pagé: ...
M. Lavoie: A l'ordre!
M. de Belleval: ... messieurs, devant un déficit de $1
milliard.
Mme le Président, j'ai la parole, pourriez-vous...
Mme le Vice-Président: M. le ministre de la Fonction
publique, voulez-vous vous en tenir à la pertinence du débat,
s'il vous plaît?
M. de Belleval: Comme je le disais, Mme le Président,
cette mesure est à l'image de l'ancien gouvernement. Toutefois,...
M. Lavoie: Vous n'avez pas le droit de revenir, la
décision a été rendue par Mme le Président,
à la motion d'urgence.
M. Burns: La décision n'a pas été prise
là-dessus, voyons donc.
Mme le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. de Belleval: Mme le Président, je dois constater que la
vérité choque les oreilles de nos amis d'en face, mais il faut
bien la dire. Le milliard de dollars qu'aujourd'hui nous avons devant nous et
qui fait l'objet du projet de loi...
Une Voix: De motion.
M. de Belleval: Ce milliard de dollars n'est pas arrivé
seul, par l'opération du seul maire Drapeau, mais par l'opération
de l'irresponsabilité et des mesures dilatoires, comme celles que nous
voyons ce soir, qui ont été le fait de l'ancien gouvernement.
Pour notre part, nous avons décidé de prendre nos
responsabilités et de les prendre à temps, pas de les prendre un
an et demi, deux ans après le fait, lorsque tous les dégâts
sont devenus irréparables. Je note d'ailleurs que l'ancien ministre des
Finances, celui-là même qui était responsable de surveiller
la bonne santé des finances de la province et, par ricochet, de celles
de la ville de Montréal, n'est pas ici, en Chambre ce soir pour
rendre...
Une Voix: Pertinence.
M. de Belleval: ... compte de sa gestion pendant les 18 derniers
mois, parce que ce que nous avons ce soir, Mme le Président, c'est la
succession...
M. Gratton: Question de règlement, Mme le
Président.
M. de Belleval: ... indigne d'un gouvernement, d'un
ex-gouvernement que nous ne pouvons refuser malheureusement et que le peuple de
Montréal et que le peuple de Québec ne pouvaient refuser.
Mme le Vice-Président: J'entends la question de
règlement.
M. Gratton: Vous allez sûrement être fatiguée
que je me lève sur des questions de règlement, mais tout ce que
je demanderais que vous fassiez, Mme le Président, c'est d'indiquer au
ministre que la motion dont il doit nous parler n'est pas celle de
deuxième lecture du projet de loi no 82, mais de l'amendement
proposé par le député de D'Arcy McGee pour reporter
l'étude ou l'adoption du projet de loi à un mois. Il me semble
qu'il pourrait dire tout ce qu'il dit, mais en fonction de la motion
d'amendement. Je pense qu'avec un petit effort, il pourrait y revenir.
Mme le Vice-Président: Comme vous le dites, M. le
député, le ministre de la Fonction publique parlait
d'irresponsabilité et parlait sur la motion d'amendement, à ce
que je comprenais.
M. le Ministre de la Fonction publique.
M. de Belleval: Mme le Président, je constate que la
nervosité a changé de côté dans cette
assemblée ce soir. Je poursuis donc. Nous avons donc dû
présenter dès maintenant ce projet de loi. Il est devenu urgent,
parce que la santé financière même de Montréal qui,
pour l'instant, heureusement, est encore satisfaisante, risquait, à
court terme, de devenir beaucoup moins florissante et d'influencer par
ricochet, la santé financière d'autres municipalités
également.
M. Lavoie: Mme le Président...
M. de Belleval: II ne veut pas me laisser terminer.
M. Lavoie: Je voudrais, tout à fait poliment,
établir que l'honorable ministre...
Mme le Vice-Président: Vous invoquez une question de
règlement, M. le leader de l'Opposition?
M. Lavoie: C'est cela.
Mme le Vice-Président: C'est cela?
M. Lavoie: ...bien calmement, que l'honorable
député parle actuellement et je pense bien que le leader
du gouvernement va être d'accord avec moi sur la motion
elle-même, la santé économique et financière de la
ville de Montréal. C'est l'objet de la motion de fond de deuxième
lecture. Nous discutons actuellement d'une motion d'amendement, à savoir
pourquoi, oui ou non, la deuxième lecture devrait être
reportée à un mois.
Si vous voulez parler, vous parlez exactement sur la motion de fond de
deuxième lecture. C'est tout simplement cela que je voudrais
mentionner.
Le Président: Le ministre de la Fonction publique.
M. de Belleval: M. le Président, j'essayais donc
d'expliquer à nos amis d'en face'qu'il était devenu urgent d'agir
et que, par conséquent, il était tout à fait
inapproprié d'appuyer la motion du député de D'Arcy McGee,
motion dilatoire, à l'image même du député de d'Arcy
McGee et de l'ancien gouvernement.
Il est donc devenu urgent d'agir. Il était d'ail-
leurs urgent d'agir, il y a douze mois, il y a dix-huit mois. Mais,
aujourd'hui, nous sommes obligés de récupérer la
succession infâme de l'ancien gouvernement, de sa gestion irresponsable
sur le plan des finances de la municipalité de Montréal et, par
ricochet, sur les finances de la province de Québec.
Le Président: A l'ordre!
M. de Belleval: Le projet de loi vise donc à obliger la
ville de Montréal à se soumettre à de saines pratiques
financières, ce qui aurait dû être fait depuis fort
longtemps, ce que l'ancien gouvernement aurait dû faire et ce que le
député de D'Arcy McGee aurait dû faire il y a un an et deux
ans.
Aujourd'hui, M. le Président...
M. Lavoie: M. le Président, question de règlement.
J'aimerais vous faire remarquer que l'honorable député de
Charlesbourg, ministre de la Fonction publique, a épuisé son
droit de parole. Il a le droit de parler dix minutes sur une motion de forme et
il parle déjà depuis environ douze minutes.
M. Burns: Ah! Ah! M. le Président, c'est la farce la plus
monumentale venant de la part du député de Laval, sur la question
de règlement. Le ministre de la Fonction publique a été
interrompu à cinq reprises, je croisje ne les ai pas
comptées, mais je réglerais pour quatre mais, chaque fois,
comment voulez-vous qu'on calcule le temps? Je vous demande, en grâce, au
nom du ministre de la Fonction publique, de lui permettre de conclure. Mais que
le député de Laval vienne nous dire qu'il a dépassé
son temps, alors que c'est lui principalement de même que ses
collègues qui l'ont interrompu, je pense que cela m'apparaît
évident.
Le Président: Pourriez-vous conclure rapidement, s'il vous
plaît?
M. de Belleval: Avec plaisir. Je conclus donc qu'il est devenu
urgent de rétablir, au sein de la ville de Montréal de sains
principes de gestion financière, que ces principes de gestion
financière doivent être complétés non seulement pour
le passé, mais aussi pour l'avenir, de dispositions qui rendront
confiance à l'ensemble de la communauté québécoise,
mais aussi à l'ensemble de la communauté internationale qui, par
divers biais, concourt au bien-être financier des Montréalais et
des Québécois.
En particulier, il est devenu nécessaire de prévoir,
à long terme, les investissements triennaux de la ville de
Montréal.
M. Lavoie: M. le Président, je m'excuse. Si je suis
intervenu durant le discours de l'honorable député tout à
l'heure, à quatre ou cinq reprises, c'est justement pour la même
raison que j'interviens à ce moment-ci, pour indiquer à
l'honorable député et ministre qu'il est encore sur la motion de
deuxième lecture et qu'il n'est pas sur la motion d'amendement. C'est
aussi simple que cela. Tant que ce règlement ne sera pas assez bien
respecté, j'interviendrai.
Le Président: J'ai entendu des remarques, tout à
l'heure, réclamant que la liberté de parole soit respectée
par les membres de cette Chambre. Je pense qu'en la matière, si on veut
que la liberté de parole soit respectée pour tous, il est
extrêmement important que la présidence ne soit pas trop rigide,
parce qu'il n'y a pas de règle absolument rigide.
Quand je jugerai que les opinants s'éloigneront trop de la
véritable question en jeu, n'ayez crainte, je puis assurer
l'Assemblée que je les arrêterai. J'entendais réclamer, des
deux côtés tout à l'heure, la liberté de parole.
C'est précisément la liberté de parole des membres qui est
en jeu et c'est pour cela qu'il ne faut pas être trop rigide en la
matière. Je vous demanderais de nouveau de terminer rapidement, M. le
ministre de la Fonction publique.
M. de Belleval: Merci, M. le Président. Il faut donc que
des mesures strictement financières soient complétées
immédiatement et urgemment, pour rétablir la confiance
nécessaire dans les finances et la bonne gestion de la ville de
Montréal, de mesures budgétaires comme la soumission normale de
budgets triennaux, ce à quoi le propre gouvernement de cette province
s'oblige lui-même, et aussi l'approbation des emprunts comme pour
l'ensemble des municipalités du Québec.
Une Voix: A l'ordre! A l'ordre!
M. de Belleval: Je termine, M. le Président, si je peux
avoir un peu de tranquillité de la part de nos amis d'en face.
Une Voix: Vous n'en aurez jamais!
M. de Belleval: De la même façon, il est devenu
urgent et voilà pourquoi je pense pouvoir continuer à
parler sur cette motion dilatoire pour rétablir cette confiance,
de soumettre la ville de Montréal à une mesure à laquelle
se soumet lui-même le gouvernement de cette province, à savoir
être obligé de faire des demandes de soumissions publiques avant
de conclure des contrats. Il me semble qu'il ne s'agit pas là de mesures
extraordinaires, dictatoriales, excessives, mais de simple bon sens, de gestion
prudente, là encore, ce que l'ancien gouvernement n'a pas réussi
à imposer, depuis deux ans, à la ville de Montréal.
Des Voix: A l'ordre! A l'ordre! M. Armand Russell
M. Russell: M. le Président, je voudrais, par votre
entremise, si vous le permettez, tenter de changer le ton du débat. Il
s'agit, à mon sens,
d'une situation qui est assez importante pour qu'on mette de
côté l'esprit de partisanerie de quelques-uns des membres de cette
Chambre. Il y a peut-être des gens qui prennent cette loi à la
légère. En ce qui me concerne, je pense qu'il est important
d'appuyer la motion du député de D'Arcy McGee et je vais vous
donner les raisons.
Premièrement, moi-même et plusieurs de mes collègues
de cette Assemblée semblons ne pas posséder les informations
nécessaires pour savoir pourquoi on imposerait à la ville de
Montréal ce fardeau de payer $214 millions. On sait que la ville de
Montréal n'est qu'une partie de l'île. Si on parle de
retombées économiques, il est évident que les villes de
Verdun, LaSalle et les autres je pourrais en nommer d'autres, mais j'en
passe en ont certainement bénéficié comme la ville
de Montréal. Pourquoi $214 millions à la ville de Montréal
plutôt que $300 millions ou que $100 millions? Je pense qu'il serait
important que le ministre des Affaires municipales, par l'entremise de ses
fonctionnaires et peut-être aussi du ministère des Finances,
puisse nous fournir toutes les informations. Cela prendrait peut-être
quelques semaines.
Il faudrait avoir cela en commission, pour pouvoir se rendre compte de
la justification du montant de $214 millions pour l'imposer d'abord non pas au
maire de Montréal, non pas au conseil de Montréal, mais aux
contribuables de la ville de Montréal, car ce sont eux qui vont payer la
facture. Quand je parle des contribuables de la ville de Montréal, je ne
parle pas seulement des gros manufacturiers, des grosses corporations, des gros
marchands; je parle du petit propriétaire qui va payer comme les autres.
Cela est important et je suis convaincu que c'est important que le
député de Dorion lui aussi puisse avoir cette information. Il n'a
pas eu le temps d'aller chercher cette information, il ne semble pas l'avoir.
J'ai écouté tout à l'heure le ministre des Affaires
municipales. Je pensais qu'il allait nous étaler tous les chiffres afin
de démontrer à cette Chambre la justification de ce montant de
$214 millions dont on a entendu parler la semaine dernière et toute la
fin de semaine dans les journaux, à la radio, à la
télévision. Le maire est intervenu, tout le monde est intervenu
et personne n'a semblé pouvoir déposer dans les journaux,
à la radio, à la télévision du moins je ne
l'ai pas vu les faits réels de la justification du montant de
$214 millions imposé à la ville de Montréal, aux
contribuables de la ville de Montréal. C'est pour cette raison que
j'appuie la motion d'amendement qui est en discussion actuellement.
Il y a aussi un autre principe qui est en jeu et où je ne vois
pas d'urgence. Là, je pense que cette motion est encore plus
justifiée. On tente, Mme le Président, d'amender la charte de la
ville de Montréal, et pourquoi? On n'a pas donné d'argument qui
justifie de violer un principe, d'amender une charte sans convoquer les
intéressés. Les intéressés ce sont qui? Ce sont les
représentants élus de la ville de Montréal qui ont le
droit de se faire entendre. Mme le Président, si je ne réclamais
pas ce droit pour les représentants de la ville de Montréal, les
élus de la ville de Montréal, je ne ferais pas mon devoir, parce
que j'ai siégé pendant des années comme premier magistrat
de municipalité et de ville et je connais le rôle important de ces
administrateurs. On n'a pas le droit, que ce soit un gouvernement élu ou
défait, on n'a pas le droit comme législateur d'imposer des
règles aussi radicales que celles qu'on veut imposer actuellement sans
consulter les intéressés.
Donc, pour tous ces motifs et beaucoup d'autres que je pourrais
évoquer, mais je ne veux pas faire perdre le temps de la Chambre, je
sais que le leader que, pendant des années, j'ai vu comme beaucoup
d'autres travailler fort pour essayer de représenter ce qu'il a
fait durant ce temps les minorités non représentées
en Chambre, ceux qui n'avaient pas la chance de se faire entendre et que lui
avait pris à sa charge... Le devoir sacré de les
représenter en Chambre c'est ce rôle, Mme le Président, que
je veux jouer à sa place ce soir, représenter ceux qui ne sont
pas en Chambre et qu'on refuse de convoquer pour les entendre. C'est ce que je
veux faire ce soir et je le fais avec toute la sincérité que je
peux posséder. Loin de moi l'intention de vouloir retarder un
débat. Je pense que le nombre d'années que j'ai vécues en
Chambre, ici, dépasse de beaucoup cette ambition que je peux avoir de
simplement faire de la politicaillerie.
Il y a là deux principes à mon sens éminemment
importants. Je sais que le ministre du Travail, qui a concouru dans
l'administration municipale, qui s'est fait le grand défenseur des
petits dans la ville de Montréal, s'il était ici ce soir se
lèverait pour défendre le même principe, de la même
façon que je le fais. Je sais qu'il le ferait. Il n'est pas ici,
malheureusement, mais on doit l'aider à le faire et je demanderais au
ministre des Affaires municipales, par votre entremise, Mme le
Président, de reconsidérer ce bill. Il peut le scinder en deux.
S'il veut le reporter à deux mois, je suis prêt à l'appuyer
dans ce choix, le reporter à deux mois si un mois n'est pas assez. Il y
aurait deux façons. On pourrait peut-être le scinder en deux,
s'entendre sur les principes, mais je pense qu'il y a là quelque chose
d'important et que le leader parlementaire devrait, avec son ministre des
Affaires municipales, reconsidérer un peu toute la situation de cette
loi qu'on veut tenter d'adopter à la vapeur.
C'est pour toutes ces raisons que j'appuierai la motion d'amendement qui
a été déposée par le député de D'Arcy
McGee.
Le Président: M. le député d'Outremont.
M. André Raynauld
M. Raynauld: M. le Président, je voudrais simplement
prononcer quelques mots pour appuyer la motion du député de
D'Arcy McGee. Je pense que toutes les raisons ont déjà
été données.
Pour m'en tenir à l'essentiel, je dirai que si on pouvait
accepter à la rigueur qu'il faut régler de façon urgente
la question de la taxe olympique ou le paiement du déficit olympique, je
pense qu'il est impossible d'attacher le même degré d'urgence
aux autres parties de ce projet de loi, un en particulier, qui est
extraordinaire, quand on le pense en termes d'urgence, celui d'imposer à
la ville de Montréal de déposer ou de proposer des programmes
d'immobilisation de trois ans. Il s'agit là vraiment de planification et
je ne pense pas que cet aspect du projet de loi soit urgent au point qu'il
faille à tout prix éviter de rencontrer les gens concernés
par ces choses. Après tout, les gens de la ville de Montréal
n'ont pas violé la loi, à ma connaissance, les gens de
Montréal n'ont pas non plus sacrifié la santé
financière de leur ville. On a dit tout à l'heure que cette
situation financière était encore satisfaisante et bonne. C'est
ainsi, en tout cas, que le marché le juge. Par conséquent, nous
devrions avoir tout le temps, en particulier pour les articles du projet de loi
qui regardent l'avenir, d'examiner ce projet de loi avec toute l'attention
qu'un problème aussi important exige. Merci.
Le Vice-Président: M. le ministre des Transports.
M. Lucien Lessard
M. Lessard: Je voudrais dire quelques mots sur la motion qui est
présentée par le député de D'Arcy McGee, à
savoir de retarder d'un mois le projet de loi qui est présenté
concernant la ville de Montréal. M. le Président, je serais
presque d'accord avec le député de D'Arcy McGee d'accepter la
motion qu'il nous a présentée ce soir, si le maire Drapeau
n'avait pas été entendu depuis plusieurs années ici,
à l'Assemblée nationale, en commission parlementaire, car, s'il y
a quelqu'un qui a été entendu ici, à l'Assemblée
nationale, concernant les Jeux olympiques et concernant les $200 millions,
c'est bien le maire Drapeau.
Savez-vous ce qui se passerait si nous entendions d'ici un mois le maire
Drapeau en commission parlementaire? Nous verrions encore l'ex-ministre des
Affaires municipales, le député de D'Arcy McGee, se plier, soumis
comme il était devant le maire Drapeau, et lui dire à nouveau
qu'il est entièrement d'accord avec lui. Voilà ce que nous avons
vu depuis trois ans, ici, à l'Assemblée nationale, l'ex-ministre
des Affaires municipales, le roseau du Parlement de l'ancien gouvernement du
Québec, se plier constamment devant le maire Drapeau.
Nous avons tout entendu du maire Drapeau. Nous avons vu l'ex-ministre
des Finances exiger et demander, lors justement du budget, que le maire Drapeau
paie ses $200 millions. Nous avons entendu en commission parlementaire le maire
Drapeau dire au député de D'Arcy McGee, alors qu'encore une fois
il restait silencieux, et répéter à l'ex-ministre des
Affaires municipales qu'il n'entendait pas payer ces $200 millions. Même
si le maire Drapeau venait ici en commission parlementaire, même si nous
convoquions le maire Drapeau en commission parlementaire, nous recevrions
probablement la même réponse que vous, l'ex-ministre des Affaires
municipales, avez reçue et à laquelle vous n'avez pas eu le
minimum de courage de répondre.
Devant l'ensemble des Québécois, nous avons une
responsabilité à assumer et nous devons l'assumer au cours de
cette session parlementaire. Je comprends qu'il se pose un certain nombre de
problèmes et que le député de D'Arcy McGee dise qu'il
faudrait diviser le projet de loi en deux. Je comprends que le
député de D'Arcy McGee voudrait probablement entendre le maire de
Montréal pour savoir s'il faudrait modifier ou ne pas modifier la charte
de Montréal.
Ce n'est pas le gouvernement du Québec qui a
exagéré vis-à-vis du maire Drapeau. Le maire à fait
tout ce qu'il a voulu avec l'ancien gouvernement.
Si nous sommes obligés aujourd'hui, sans pouvoir retarder d'un
mois pour entendre le maire Drapeau, de modifier la charte de Montréal,
c'est parce que le maire Drapeau a tenu le gouvernement du Québec sous
sa propre tutelle depuis trois ans, alors que l'ex-ministre des Affaires
municipales et le gouvernement d'en face n'ont absolument rien fait et ont
laissé le maire Drapeau contrôler ce gouvernement.
Or, le nouveau gouvernement du Québec ne veut plus être
sous la tutelle du maire Drapeau. Le nouveau gouvernement du Québec ne
veut plus que l'ensemble du Québec soit sous la tutelle du maire
Drapeau.
Il est vrai que nous devons revaloriser le rôle des
municipalités, comme le disait tout à l'heure le prochain leader
de l'Union Nationale. Mais, si nous devons faire adopter ce projet de loi
d'urgence, c'est parce qu'on a laissé dévaloriser la ville de
Montréal, parce que l'ex-gouvernement du Québec a laissé
complètement dévaloriser les finances de la ville de
Montréal. C'est pourquoi il est urgent pour l'ensemble des
Québécois non seulement de faire payer ces $200 millions ou $214
millions c'est tout-à-fait normal; je pense que personne ne peut
contester cela par la ville de Montréal, mais il est urgent,
comme le fait le ministre des Affaires municipales, d'établir des
balises, des contrôles au maire de Montréal, de telle façon
qu'il ne mette pas le gouvernement du Québec dans la situation que vous
avez connue depuis trois ans et à laquelle vous n'avez pas su faire
face.
Le gouvernement actuel du Québec, par l'intermédiaire du
ministre des Affaires municipales, a décidé, lui, contrairement
à l'ex-ministre des Affaires municipales, le roseau de l'ex-gouvernement
du Québec, de prendre ses responsabilités et nous allons les
prendre, nos responsabilités vis-à-vis de la ville de
Montréal. Nous allons, M. le Président, adopter ce projet de loi.
Nous allons refuser la motion du député de D'Arcy McGee parce que
nous disons que le maire de Montréal a eu toutes les chances
nécessaires, à la suite des demandes de l'ex-ministre des
Finances, à la suite des demandes répétées de
l'ancien ministre des Finances, et tout le temps nécessaire pour
réfléchir et pour penser aux différents moyens de financer
ces $214 millions.
Or, comme le disait le ministre des Affaires municipales tout à
l'heure, le maire de Montréal, Jean Drapeau, a décidé que
cette commission parlementaire était inutile. Il l'a dit lui-même
au ministre des Affaires municipales actuel. Nous disons, quant à nous,
qu'il est vrai qu'elle est inutile parce que le maire Drapeau a eu toutes les
occasions nécessaires depuis trois ans pour se faire entendre ici
à l'Assemblée nationale, comme le roseau de l'ancien gouvernement
le lui a permis et comme le roseau de l'ancien gouvernement, l'ex-ministre des
Affaires municipales, s'est toujours soumis devant le maire de Montréal,
le maire Drapeau.
Nous, notre ministre des Affaires municipales, nous l'appuyons. Il est
responsable et il se tiendra debout devant le maire Drapeau.
Le Vice-Président: M. le député de Laurier.
M. André Marchand
M. Marchand: M. le Président, c'est sûrement pour
appuyer la motion du député de D'Arcy Mc-Gee que je me
lève ce soir, comme représentant d'un grand comté de
Montréal, à 100% montréalais.
Insulté comme tous mes commettants devant l'action du
gouvernement, comme nous l'avons été, d'ailleurs, depuis
l'ouverture de la session, que ce soit par le manque d'anglais ou lorsqu'on a
décroché la prière j'ai eu peur que l'on
décroche le crucifix je suis encore insulté devant
l'insulte que l'on fait au comité exécutif de la ville de
Montréal, lorsqu'on dit au maire Jean Drapeau: Tu n'as plus d'affaire
aux Jeux olympiques.
M. le Président, je me demande si on a peur d'écouter le
maire Jean Drapeau à une commission parlementaire. On sait qu'il est
sûrement plus compétent que le ministre des Affaires municipales.
D'ailleurs, il l'a prouvé depuis longtemps. Il est sûrement plus
compétent que le ministre responsable des Jeux olympiques que
j'appelais, lorsqu'il était député, le ministre en
culottes courtes et aujourd'hui, je me demande comment je l'appellerais.
M. le Président, je regrette infiniment que l'on refuse la motion
du député de D'Arcy McGee d'inviter les membres
compétents, les gens de Montréal, et je me demande ce que le
député de Crémazie va dire à ses commettants; pas
seulement lui, le député de Dorion, qui me regarde en pleine
face, et le député de Maisonneuve, les autres
députés de Montréal, ce que vous allez dire à vos
commettants lorsque les taxes de la ville de Montréal vont augmenter
parce que les propriétés seront augmentées et que les
locataires subiront des hausses de loyer. Ne me faites pas non, monsieur, vous
contredirez ça, vous avez un droit de réplique, M. le ministre
des Affaires municipales, mais vous n'avez pas seulement un droit de
réplique. Vous allez avoir à répondre devant les gens de
Montréal, devant vos commettants, devant ceux de Laurier, ceux que j'ai
toujours respectés et que j'ai toujours défendus. C'est pour
ça que je me lève ce soir. J'ai honte du gouvernement que j'ai
devant moi, qui va imposer à la ville de Montréal la taxe de $219
millions, quand les millions ont couru dans toute la province de Québec
avec les Jeux olympiques. Quand tout s'est fait en dehors de la ville de
Montréal, est-ce que les ouvriers qui ont travaillé aux Jeux
olympiques n'ont pas apporté des taxes à la ville de
Montréal, êtes-vous capable de me le dire, vous? Est-ce qu'ils
venaient tous de la ville de Montréal? Dites-moi donc ça,
vous.
Tout à l'heure, M. le Président, le ministre des Affaires
municipales a lu la lettre du maire Jean Drapeau et, moi aussi, je l'avais lue.
Elle a paru dans le Devoir, c'était très bien, le premier
paragraphe qu'il a lu. Mais s'il avait été honnête, le
ministre des Affaires municipales aurait au moins lu la deuxième page.
C'est à peu près ce que je viens de dire. Je ne sais pas si vous
me donnez la permission, parce que je pense que si je lisais la deuxième
page, ce serait peut-être en deuxième lecture.
Avec la permission du ministre des Affaires municipales et avec votre
permission, je pourrais peut-être lire la deuxième page, ce qui
serait peut-être un éclaircissement. Si vous me donnez la
permission, je lirai la deuxième page.
Le Vice-Président: Mesdames et messieurs...
M. Marchand: ... le ministre des Affaires municipales...
Le Vice-Président: A l'ordre, M. le député
de Laurier! Je ne pense pas, ne connaissant pas par coeur cette deuxième
page, que je puisse d'avance donner la permission. Tout ce que je peux
permettre au député de Laurier, c'est de commencer sa lecture en
admettant qu'il puisse être interrompu en tout temps si cette lecture
n'est pas pertinente au débat sur la motion du député de
D'Arcy McGee.
M. Marchand: M. le Président, je pense bien que je
reviendrai en deuxième lecture sur le bill 82, bill qui
m'intéresse énormément comme député de
l'île de Montréal, comme député de Laurier. J'aurai
le plaisir de relire cette deuxième partie lors de mon intervention de
deuxième lecture. Mais j'ai dit que le ministre des Affaires municipales
avait peur d'entendre le maire Jean Drapeau à cette commission
parlementaire, et je pense que le ministre des Affaires municipales a peur,
contrairement à ce que j'aurais pu penser avant de venir à cette
Assemblée nationale, car tous les organisateurs du RCM, je les vois
devant moi. Je vois ici que M. Auf Der Maur se dit préoccupé par
le précédent créé par ce refus et il dit: "Je
comprends les soucis de M. Charron, mais cela peut être un mauvais
précédent. " Cela veut dire beaucoup, M. le Président.
Ce sont les implications qui peuvent concerner la future élection
municipale de la ville de Montréal.
Si on veut refuser aujourd'hui la commission parlementaire des Affaires
municipales, c'est qu'à
la prochaine élection on veut battre le plus grand maire que
Montréal ait jamais connu. Il a fait des erreurs, j'en suis
assuré, mais tout ce qu'il a fini en "o", il l'a fini. Les Expos,
l'Expo... êtes-vous d'accord?
Le Vice-Président: Mesdames, messieurs, à l'ordre!
M. le député de Laurier.
M. Marchand: Je reviens toujours au fait que l'on refuse
d'accepter le maire Drapeau et même les gens, leurs amis du RCM à
la commission des Affaires municipales. Je suis gêné. Je pense que
je n'oserais pas dire le mot, M. le Président, parce que, si j'osais
dire le mot, je dirais qu'il y a un peu de lâcheté dans cette
affaire. Naturellement, je ne voudrais pas dire cela devant le
député de Dorion, parce que...
Mme Payette: Au point où vous en êtes.
M. Marchand: Ah! On l'a fait intervenir. M. le Président,
je voudrais quand même terminer en disant que j'appuie totalement la
motion du député de D'Arcy McGee.
Le Vice-Président: M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Fernand Grenier
M. Grenier: M. le Président, seulement une remarque
très brève sur la motion. Je serais favorable, bien sûr,
à ce que cette motion se retarde d'un mois pour nous permettre de
vérifier et d'entendre peut-être d'autres députés du
côté du Parti québécois.
Nous avons vécu, je me rappelle, en 1966 et M. le
Président, vous en avez été un témoin oculaire
une campagne que nous avons menée, une campagne semblable
à celle-là, en éducation, dans le temps. Celle-ci
très démocratique, j'ai entendu un candidat PQ dans mon
comté dire à tout le monde cette année: "Revaloriser le
pouvoir local notamment en remettant aux municipalités certains pouvoirs
actuellement exercés par le gouvernement québécois et en
augmentant les ressources financières à leur disposition". J'ai
entendu un candidat du Parti québécois faire largement sa
campagne avec cela.
M. Burns: M. le Président, la motion.
Le Vice-Président: A l'ordre! Je rappellerais au
député de Mégantic-Compton qu'il doit s'en tenir à
la pertinence du débat sur la motion du député de D'Arcy
McGee.
M. Grenier: Merci, M. le Président. Pour en venir à
cette motion, j'aimerais que la motion, qui vise à retarder le
débat d'un mois, permette à ces députés du Parti
québécois, qui se sont promenés avec le programme, de
venir nous dire si cela correspond au style de campagne qu'ils ont
menée. Le gouvernement qu'a prêché le Parti
québécois au cours de la campagne électorale et qui a le
style autoritaire et antidémocratique qu'on voit ce soir avec cette
autorité qu'on donne au ministre, le pouvoir de décision qu'on
donne actuellement, j'aimerais l'entendre et je pense qu'il sentirait
peut-être que, dans Montréal, quand il retournera dans une
élection subséquente, ces gens, qui l'ont appuyé dans
cette campagne parce qu'ils voulaient faire entendre leurs commettants à
l'Assemblée nationale, se rendent compte qu'il n'y a plus place ni pour
l'autorité de la ville de Montréal, ni pour les corps publics de
Montréal. Je ne suis pas si certain que cela, que ces
députés, où j'ai siégé personnellement sur
ces fauteuils, en arrière là-bas, en mangeant des "peppermints"
comme plusieurs de ceux-là... Je ne suis pas si sûr de cela, que
leurs commettants seraient heureux de la loi que nous allons passer ce soir, ou
demain.
J'aimerais bien qu'on prenne ce mois pour pouvoir entendre ces
députés qui siègent au troisième rang venir nous
dire que les citoyens de Montréal auraient un mot à dire sur
cette taxe qu'on veut leur imposer.
Il faudrait se rappeler que cela a l'air simple, une loi comme
celle-là, mais les gens de Montréal pourraient avoir la
mémoire longue et pourraient se souvenir dans trois ou quatre ans que
vous avez adopté cette loi. J'en suis un témoin oculaire; cela
m'est déjà arrivé de voir adopter des lois de ce genre et,
parce que je laissais aux "paters" des premières rangées le soin
de régler les lois, j'ai dû en récupérer le
"comeback" en revenant dans mon comté. J'appuie la proposition du
député de D'Arcy McGee.
M. Lessard: M. le Président, est-ce que le
député me permettrait une question?
Le Vice-Président: A l'ordre! Le député de
Mégantic-Compton ayant épuisé son droit de parole, il est
trop tard. Il était déjà assis, M. le ministre des
Transports.
Mme le député de l'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je voudrais...
Le Vice-Président: A l'ordre!
Mme Lavoie-Roux: Je veux appuyer la motion...
Le Vice-Président: Un instant, Mme le député
de l'Acadie. Mesdames, messieurs, à l'ordre, s'il vous plaît!
Mme Thérèse Lavoie-Roux
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je veux appuyer la
motion du député de D'Arcy McGee. Comme plusieurs de mes
collègues de cette Chambre l'ont fait remarquer depuis le début
des échanges qui ont eu lieu ce soir, le projet de loi comporte deux
principes. Si j'appuie la motion, je mets de côté, pour le moment,
ce que je considère
comme le premier principe, à savoir la dette olympique qui, selon
le projet de loi devrait être du ressort de la ville de Montréal,
selon le projet de loi. C'est davantage pour m'attacher au deuxième
principe qui est celui des modifications que cette loi propose d'apporter
à la charte de Montréal.
Au nom de mes concitoyens de Montréal, particulièrement du
grand nombre qui se retrouvent à l'intérieur de mon comté,
je ne puis que m'inquiéter devant ce qui m'apparaît comme un geste
centralisateur de la part du gouvernement. Pour avoir vécu pendant assez
longtemps à l'intérieur d'un gouvernement local où,
à maintes reprises, on déplorait ce que l'on considérait
comme les tendances centralisatrices des différents ministères,
ce qu'on propose à l'intérieur de ce projet de loi, la
deuxième partie, me semble suffisamment grave, comme
précédent et comme répercussions possibles, qu'il me
semble essentiel qu'on prenne une décision dans ce sens uniquement
après avoir entendu toutes les personnes concernées, ceci
d'autant plus qu'il s'agit de personnes élues par les citoyens de
Montréal. Le sens des représentations que je fais est vraiment de
permettre à la démocratie de jouer à plein et de demander
au gouvernement d'être très prudent avant de poser un geste qui va
dans le sens d'une centralisation.
Je sais qu'il y a déjà des indications dans le sens de
gestes centralisateurs de la part du gouvernement. Je ne sais pas si les
paroles qu'on prête, par exemple, à M. le ministre des Affaires
sociales sont exactes, mais on rapporte qu'il se proposerait même
d'intervenir dans les universités, auprès d'écoles ou de
facultés pour qu'on modifie l'orientation des programmes. Il y a
quelques jours, le ministre de l'Education sautait pardessus...
M. Burns: A l'ordre! A l'ordre!
Le Vice-Président: A l'ordre, mesdames, messieurs! Mme le
député de l'Acadie... A l'ordre , M. le leader du gouvernement! A
l'ordre! A l'ordre, M. le leader du gouvernement! Je rappellerai à Mme
le député de l'Acadie qu'elle s'exprime présentement sur
la motion du député de D'Arcy McGee et qu'il n'est pas question
d'aller au fond d'autres problèmes.
Mme Lavoie-Roux: Je terminerai en disant que j'appuie la motion
du député de D'Arcy McGee à cause de l'importance de
l'enjeu qui sera joué au moment de la discussion du projet de loi.
Le Vice-Président: M. le député de
Jean-Talon.
M. Raymond Garneau
M. Garneau: M. le Président, vous comprendrez qu'au moment
où je me lève pour intervenir sur la motion du
député de D'Arcy McGee un nombre de membres de cette Chambre
peuvent peut-être croire et soutenir que l'ancien ministre des Finances
est placé dans une curieuse situa- tion. J'ai déjà eu
l'occasion de dire, à l'occasion d'une intervention que j'ai faite
antérieurement en cette Chambre, que le gouvernement auquel
j'appartenais s'est présenté devant la population le 15 novembre
dernier et que, pour des raisons que je ne veux pas reprendre ici,
l'électorat du Québec a décidé de le remplacer par
un autre gouvernement. J'ai dit que j'avais accepté le résultat
de l'élection, mais j'accepte aussi, il faut bien l'entendre, la
signification de ce geste posé par la population et, en particulier, par
une partie importante de la population de l'île de Montréal.
Je considère donc que le parti auquel j'adhère et qui
formait l'ancien gouvernement a eu la réponse de la population.
Maintenant, ce n'est plus à lui à fournir les réponses
à l'ensemble de l'électorat, mais plutôt au nouveau
gouvernement. On pensera peut-être que je veux me cacher derrière
certaines phrases pour abdiquer...
M. Burns: Je m'excuse, mais ce n'est pas le discours du budget,
au cas où le député ne le saurait pas.
Le Vice-Président: A l'ordre!
M. Burns: La motion!
Le Vice-Président: A l'ordre!
M. Burns: C'est une motion...
Le Vice-Président: A l'ordre! A l'ordre! M. le
député de Jean-Talon.
M. Garneau: Je pense bien être resté sur le fond de
la motion et j'imagine que le...
Le Vice-Président: A l'ordre! Je considère que M.
le député de Jean-Talon n'a pas à se justifier
après l'intervention même du leader du gouvernement.
M. Garneau: Merci, M. le Président.
Je mentionnais donc que l'électorat ayant décidé,
le 15 novembre dernier, il a porté un jugement sur les gestes de
l'ancienne administration.
Peu importe ce que nos amis d'en face veuillent maintenant soutenir, il
leur appartient de porter la responsabilité des gestes qu'ils posent.
C'est pourquoi je considère...
Le Vice-Président: M. le député de
Jean-Talon, je viens de mentionner que nous n'étions pas liés par
l'opinion même du leader parlementaire du gouvernement, et je pense que
vous ne devez pas abuser de la patience, de l'impartialité et de la
largeur de vue de la présidence.
M. Garneau: M. le Président, je pense bien qu'avec tout le
respect que je dois à la présidence, le type d'argumentation que
je veux développer pour dire que je suis pour ou contre une motion
m'appartient comme opinant, et si je veux indiquer ce pourquoi je suis en
faveur de la motion du dé-
puté de D'Arcy McGee, il faut bien que j'étale un certain
nombre d'arguments, parce qu'autrement je devrais tout simplement me lever et
dire que je suis pour ou contre la motion.
Dans le cas présent, ce que j'essaie de démontrer, M. le
Président, c'est que les raisons qui m'amènent à voter en
faveur de cette résolution, c'est justement le résultat de
l'élection du 15 novembre dernier, et je crois qu'on peut être
d'accord ou pas d'accord avec mon argumentation, mais c'est le type
d'argumentation que j'ai choisi et je pense qu'ayant la liberté de
parole en cette Chambre, à l'intérieur de cette motion, on ne
peut pas m'empêcher de choisir les arguments que je veux pour soutenir
une motion.
M. le Président, je vais voter pour cette résolution,
cette proposition du député de D'Arcy McGee, parce qu'elle est
importante quand on la situe dans le cadre de l'autonomie municipale. J'ai
entendu tout à l'heure le ministre des Transports parler de l'ancien
gouvernement en termes extrêmement virulents et en accusant l'ex-ministre
des Affaires municipales, d'avoir plié devant les autorités de la
ville de Montréal.
M. le Président, mon ancienne fonction à
l'intérieur de cette Chambre m'amène à dire que ceux qui
se plient actuellement, ce sont les gens du gouvernement d'en face, ceux qui se
plient, ils ne se plient pas devant Montréal, mais ils se plient devant
les marchés financiers de New York, parce que c'est cela la
vérité, ne vous trompez pas.
M. Burns: M. le Président, une question de
règlement. Moi, je n'ai pas d'objection, si vous saviez comme j'accepte
de me faire engueuler, je l'accepte, j'en ai assez engueulé du monde,
mais, mon Dieu Seigneur, M. le Président, il me semble que ce serait
normal qu'au moins le député de Jean-Talon s'en tienne à
la motion, qui est de reporter l'étude du projet de loi en
deuxième lecture à un mois. Ce n'est que cela qu'on lui
demande.
Le Vice-Président: Le député de Laval.
M. Lavoie: Je m'excuse, M. le Président, sur la question
de règlement.
C'est vrai qu'il n'est pas facile pour vous de trancher cette question
de règlement qui est soulevée actuellement. Je voudrais me tenir
au-dessus du débat. Nous avons eu, en somme, sur la question de
règlement et d'interprétation de la pertinence du débat
c'est cela dont je veux vous entretenir nous avons eu, et c'est
normal, trois personnes qui ont présidé ce débat depuis le
dîner ce soir. Une certaine personne, la vice-présidente, a
peut-être permis un peu moins de latitude que le président. Ce
n'est pas un reproche que je veux lui faire; c'est une interprétation
personnelle, je ne veux aucunement critiquer ses décisions.
M. Burns: La permanence de la présidence, que pensez-vous
de cela? Bien, voyons donc!
M. Lavoie: S'il vous plaît, j'essaie d'apporter une
contribution.
Le Vice-Président: A l'ordre, mesdames et messieurs! M. le
leader de l'Opposition, un instant, s'il vous plaît. A l'ordre!
Je pense que le leader de l'Opposition officielle a suffisamment et
tellement d'expérience qu'il sait qu'il ne peut point diviser la
présidence, même s'il pouvait en vertu de l'article 87, je pense,
proposer une motion de division d'une motion principale. Nous ne sommes pas
dans le même domaine et je le prierais d'être modéré
dans les allusions qu'il pourrait faire envers la présidence.
M. Lavoie: Je vais tenter, encore, de mieux choisir mes mots. Ce
n'est pas mon intention de blesser qui que ce soit, mais à certains
moments je sais que la personne qui occupait le fauteuil a fait respecter le
règlement d'une manière plus sévère. Je ne voudrais
pas dire à l'occasion de quel discours, je ne voudrais porter aucun
jugement.
Entre autres, il faut considérer également que
l'Assemblée nationale est une soupape; c'est un forum populaire et je
suis d'accord, à beaucoup de points de vue, avec le leader du
gouvernement. On a permis au ministre de la Fonction publique, au ministre des
Transports des attaques plutôt sévères contre le
député de D'Arcy McGee, ancien ministre des Affaires municipales
et également contre l'ancien ministre des Finances. Je ne me scandalise
pas de cela. C'est la place, ici, vraiment, pour se dire nos
vérités, et surtout lorsque l'enveloppe ou le temps permis
à un député comme le député de Jean-Talon
est uniquement de dix minutes, je crois que cela doit être pris en
considération par la personne qui occupe le fauteuil. Surtout dans des
débats sur une motion dilatoire ou de remise, une motion secondaire,
lorsque le corridor ou l'enveloppe n'est que de dix minutes, je suis bien
prêt à accepter une certaine latitude, ce que je me suis permis de
pratiquer pendant que j'étais là.
Cela s'adresse, je crois, à tout le monde. Si quelqu'un a le
droit de parler pendant vingt minutes ou dix minutes, surtout dans des
débats limités, que la pertinence du débat ne soit pas un
couperet pour empêcher la liberté de parole.
Une Voix: C'est un bâilon!
Le Vice-Président: M. le leader du gouvernement.
M. Burns: J'ai une opinion tout à fait contraire de celle
du leader de l'Opposition, pour une raison bien simple, c'est qu'il s'agit
là d'une motion qui est en soi dilatoire, qui en soi est faite pour
remettre à plus tard la discussion d'un projet de loi qui nous est
soumis à tous les membres de l'Assemblée nationale. Tout à
coup, quelqu'un nous dit: On ne veut pas que la deuxième lecture soit
adoptée maintenant, mais dans un mois.
Je dis que c'est très bien et c'est parfait. On l'a
utilisée nous aussi, alors que nous étions dans l'Opposition,
cette technique-là, très souvent d'ailleurs, peut-être plus
souvent que le gouvernement ne l'aurait voulu. Je l'accepte, c'est une
technique
tout à fait acceptable dans le cadre de ce que disait tout
à l'heure le leader de l'Opposition.
Mais, à ce moment-là, M. le Président, il faut
absolument se dire que cette tactique-là doit être, parce
qu'exceptionnelle, très restreinte. C'est un principe de droit
absolument reconnu. Ce n'est pas moi qui l'ai inventé. Quand on passe et
que l'on déroge aux règles générales, et c'est le
cas, à ce moment-là, il faut interpréter les choses de
façon restrictive. Je dis, à ce moment-là...
M. Lavoie: Pas trop, parce que je ne vous reconnaîtrai
plus.
M. Burns: ... je dirai tout simplement ceci: Je vous enverrai ma
photo et regardez-moi bien comme il le faut. Vous aurez ma photo, d'accord?
Le Vice-Président (M. Cardinal): A l'ordre!
M. Burns: Je dis simplement, M. le Président, que, dans un
cas comme celui-là, il ne s'agit pas de dire pourquoi on est pour ou
contre le projet de loi, il s'agit de dire pourquoi il faut remettre l'examen
du projet de loi à un mois. C'est ce qu'il faut dire. Je n'ai pas
entendu, encore une seule fois, depuis que le député de
Jean-Talon parle, une seule raison pour laquelle cela n'avait pas de bon sens
de l'adopter tout de suite.
Si le député de Jean-Talon veut nous dire pourquoi il faut
l'adopter dans un mois, je suis prêt a l'écouter toute la nuit
s'il le veut, mais comme il est près de onze heures, je proposerais la
suspension du débat.
M. Lavoie: Je pense que c'est l'opinant, ce n'est pas vous qui
avez la parole.
M. Burns: Ai-je la parole actuellement?
M. Lavoie: Elle est finie, la question de règlement.
Le Vice-Président: Est-ce que le député de
Jean-Talon avait terminé?
M. Garneau: Non, non, je n'avais pas terminé.
M. le Président, je disais qu'une des raisons qui forçait
le gouvernement à refuser notre motion était justement une date
limite que semblait nous indiquer le premier ministre, qu'en ce sens, la seule
raison qui justifiait le gouvernement de ne pas accepter la motion du
député de D'Arcy Mc-Gee, c'est parce qu'il avait justement pris
comme attitude de se mettre à genoux devant les financiers new-yorkais
et, là-dessus, je demande la suspension du débat.
M. de Belleval: J'invoque le règlement, M. le
Président, j'invoque l'article 99, qui interdit à un
député d'imputer des motifs indignes à un
député. Je pense que le député de Jean-Talon nous
impute des motifs indignes.
Le Vice-Président: A l'ordre, à l'ordre! A l'ordre,
mesdames et messieurs! M. le député de Jean-Talon.
M. Garneau: Je demande l'ajournement du débat, M. le
Président.
Le Vice-Président: Cette motion est-elle
adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté.
Le Vice-Président: La Chambre ajourne ses travaux à
demain...
M. Burns: Vous n'avez pas de motion d'ajournement des travaux,
c'est le débat. Je vous fais une motion d'ajournement de nos travaux
à demain, dix heures. Pour ceux qui ne le savent pas, c'est demain, dix
heures. Il y a un ordre de la Chambre, ceux qui ne seront pas là, vous
allez manquer bien des belles choses.
M. Bellemare: En vertu de l'article 34, je voudrais demander au
leader, l'ordre des travaux pour demain.
M. Burns: C'est fini, je ne peux pas vous donner de
réponse.
Une Voix: Démocratique! Démocratique!
Le Vice-Président: A l'ordre, il est passé 11
heures. Le débat sur la motion est ajourné et les travaux
aussi.
La Chambre ajourne ses travaux à demain, dix heures.
(Fin de la séance à 23 h 4)