Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
(Quinze heures seize minutes)
M. Richard (président): A l'ordre, messieurs!
Je voudrais demander au public qui veut assister aux
délibérations de ne manifester sous aucune forme que ce soit. Je
vous remercie de votre collaboration.
Dépôt de rapports de commissions élues.
Dépôt de rapports du greffier en loi sur les projets de loi
privés.
Présentation de motions non annoncées. Présentation
de projets de loi au nom du gouvernement.
M. Burns: Article a), M. le Président.
Projet de loi no 78 Première lecture
Le Président: Le ministre des Affaires municipales propose
l'adoption de la Loi prolongeant et modifiant la Loi pour favoriser la
conciliation entre locataires et propriétaires.
M. Tardif: M. le Président, le projet de loi no 78 vise
à prolonger jusqu'au 30 juin 1978 l'application de la Loi pour favoriser
la conciliation entre locataires et propriétaires et y apporte certaines
modifications, notamment l'intégration du personnel de la Commission des
loyers à la fonction publique et une protection additionnelle pour le
sous-locataire qui devient locataire à la fin du bail. De plus, le
présent projet de loi prolonge d'une autre année le moratoire
décrété en décembre 1975 sur les conversions en
copropriété et sur d'autres formes de transformations d'immeubles
occupés par des locataires. Il donne aussi droit à la
prolongation des baux jusqu'au 30 juin 1978 aux locataires occupant des
immeubles utilisés principalement à des fins de location
résidentielle, sauf les causes ordinaires de résiliation de
bail.
M. Lavoie: M. le Président, je crois que c'est le moment
où il nous serait permis de poser une question au leader parlementaire
du gouvernement, j'ai vu, à la fin des notes explicatives, que cela
concerne spécialement le problème du développement
domiciliaire Val Martin, à Laval. Le leader du gouvernement a-t-il
l'intention d'inviter, peut-être, en commission parlementaire les
représentants des locataires et des propriétaires après la
première lecture pour pouvoir entendre les parties? Je crois que c'est
le moment précis de poser cette question.
M. Burns: Je l'ai donc posée souvent cette question. La
réponse est que, si nous voulons que ce projet de loi soit adopté
dans les délais voulus, il faudra que cela ne se fasse pas après
la première* lecture. La commission pourra décider si elle veut
entendre, après la deuxième lecture, les gens en commission.
M. Levesque (Bonaventure): Le leader a appris rapidement.
M. Burns: Je vous ai souvent regardé faire.
Le Président: Cette motion de première lecture
est-elle adoptée?
Des Voix: Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Première lecture de ce
projet de loi.
Le Président: Adopté. M. Burns: Article
c).
Le Président: Deuxième lecture, séance
subséquente.
Projet de loi no 85 Première lecture
Le Président: Le ministre des Travaux publics et de
l'Approvisionnement propose la première lecture de la Loi concernant la
ville de Hull. M. le ministre des Travaux publics et de
l'Approvisionnement.
M. Lessard: M. le Président, j'ai le plaisir de
présenter le projet de loi no 85, Loi concernant la ville de Hull. Ce
projet vise essentiellement à donner une description corrigée de
certains lots du quartier no 4 de la ville de Hull.
M. Levesque (Bonaventure): ... vous étiez toujours contre
la ville de Hull et ses projets de loi.
M. Lessard: Ce n'est pas notre projet de loi, c'est un autre.
M. Levesque (Bonaventure): Cela ne prend pas de temps.
Le Président: Cette motion de première lecture
est-elle adoptée?
M. Lavoie: Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Première lecture de ce
projet de loi.
Le Président: Deuxième lecture, séance
subséquente.
Présentation de projets de loi au nom des
députés.
Déclarations ministérielles. Dépôt de
documents.
M. le ministre de l'Education.
DÉPÔT DE DOCUMENTS
Rapport annuel du Conseil des
universités
M. Morin (Sauvé): J'ai l'honneur de déposer devant
cette Assemblée le septième rapport annuel du Conseil des
universités portant sur l'année 1975-1976.
Le Président: Rapport déposé.
M. le ministre des Affaires municipales.
Rapport annuel du ministère des Affaires
municipales
M. Tardif: M. le Président, j'ai l'honneur de vous
remettre les rapports d'activités du ministère des Affaires
municipales et de la Commission municipale pour l'année terminée
le 31 mars 1976.
Le Président: Rapport déposé. M. le ministre
des Finances.
Rapports sur les mandats spéciaux
M. Parizeau: M. le Président, en vertu de l'article 42 de
la Loi de l'administration financière, j'ai l'honneur de déposer
l'état des rapports et des dépenses encourues au 13
décembre 1976 sur les mandats spéciaux autorisés depuis
l'ajournement de l'Assemblée nationale.
Le Président: Rapport déposé. Le ministre
des Finances.
Rapport annuel du Curateur public
M. Parizeau: M. le Président, il me fait plaisir, en
outre, de déposer le rapport annuel du Curateur public pour
l'année se terminant le 31 décembre 1975.
Le Président: Rapport déposé. Le ministre
des Affaires sociales.
Rapport annuel du ministère des Affaires
sociales
M. Lazure: M. le Président, j'ai le plaisir de
déposer le rapport des activités du ministère des Affaires
sociales pour l'année 1975/76.
Le Président: Rapport déposé.
Le ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre
Rapport annuel du Conseil consultatif du travail et de
la main-d'oeuvre
M. Couture: M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer le septième rapport annuel du Conseil consultatif du
travail et de la main-d'oeuvre.
Le Président: Rapport déposé.
Le ministre de la Fonction publique.
Rapport annuel de la Commission administrative du
Régime de retraite
M. de Belleval: M. le Président, je dépose le
rapport pour l'année 1975 de la Commission administrative du
Régime de retraite.
Le Président: Rapport déposé. Période
des questions orales.
QUESTIONS ORALES DES DÉPUTÉS
Politique linguistique du gouvernement
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, j'ai une
question à l'adresse du ministre d'Etat à la réforme
parlementaire. Au moment où, hier en cette Chambre, le
député de L'Acadie commentait une déclaration
ministérielle assez mineure, vous l'admettrez du
vice-premier ministre et ministre de l'Education, son présumé
tuteur, le ministre d'Etat au développement culturel, annonçait
que le gouvernement entendait réévaluer l'ensemble de la Loi sur
la langue officielle. Le ministre peut-il nous dire si les ministres tuteurs
doivent eux aussi se rapporter à cette Chambre? Je songe en particulier
au principe de la responsabilité ministérielle. Puis-je demander
au ministre d'Etat à la réforme parlementaire d'établir
clairement devant cette Chambre s'il y a quelqu'un qui s'est battu dans
le passé pour cela, c'est bien lui, je lui rends hommage s'il a
l'intention de demander à ses collègues d'avoir un minimum de
respect pour l'Assemblée nationale et de faire d'abord ici, aux
représentants élus de la population, les déclarations
qu'ils ont à faire et de pouvoir par la suite, cela va de soi, faire des
représentations à la presse et donner les renseignements
additionnels pertinents?
M. Burns: A cause de la nature de la question, non pas que je ne
veuille pas y répondre, je pense, qu'elle s'adresse beaucoup plus
à celui qui préside le Conseil exécutif. C'est pour cela
que je demanderais au premier ministre de vous donner la réponse
à cette question.
M. Levesque (Bonaventure): Je n'ai pas d'objection à ce
que le premier ministre, comme chef du gouvernement, réponde à
toutes les questions adressées aux ministres. Je n'ai pas d'objection et
je comprends sa grande prudence.
Ma question ne portait pas sur le superétagement du Conseil des
ministres; ma question s'adressait à celui qui est responsable de la
réforme parlementaire. C'est justement à ce titre-là que
je m'adressais à mon ami, le député de Maisonneuve. Je ne
voulais pas que l'on commence, à ce moment-ci, le débat sur la
Loi de l'Exécutif, débat qui pourra se faire dans les prochains
jours, mais ce à quoi je m'opposais, c'est à la façon
dont
on avait procédé pour annoncer, en dehors de cette
Chambre, une politique qui me paraissait plus importante, dans ses
conséquences, que celle que nous a annoncée le vice-premier
ministre et ministre de l'Education, une politique qui, à mon sens,
n'était que la toute petite fin ou le petit bout de l'iceberg.
M. Léger: A l'ordre!
Le Président: M. le chef de l'Opposition, oui.
M. Lévesque (Taillon): Cela prendra la forme... Je veux
dire que, dès le commencement, si vous voulez, de la réalisation
des politiques qui sont annoncées en ce qui concerne, par exemple, tout
ce qui est relié à la loi 22, à la politique linguistique,
à mesure qu'il y aura des décisions, même administratives,
elles seront communiquées à la Chambre. D'ailleurs, je crois que
le ministre d'Etat pas tuteur responsable, par mandat
spécifique, de tout ce qui concerne la loi 22 aura, peut-être
demain, une déclaration à faire qui est un changement
administratif et qui, je crois, doit être communiqué à la
Chambre. D'accord.
Pour ce qui est de la perspective générale de
révision de la loi 22, moi, je crois qu'on est parfaitement
autorisé, comme n'importe quel gouvernement, non seulement à ses
débuts, à donner des intentions générales en
public. Après tout, il n'y a pas beaucoup de semaines, c'étaient
des choses que l'on discutait dans une autre arène et ces intentions
générales sont bien connues. Quand viendra le moment de passer
à l'action, il est évident que l'Assemblée nationale ne
pourra pas être "court-circuitée"; ce n'est pas notre intention,
non plus.
M. Levesque (Bonaventure): Une question additionnelle. Si je
comprends bien le chef du gouvernement, est-ce qu'il veut dire, à ce
moment-ci, que, lorsqu'il s'agira des superministres, qui n'ont pas à
administrer, apparemment, quoi que ce soit, on ne pourra pas s'attendre
à avoir, ici, dans cette Chambre, des déclarations
ministérielles ou autres, qui donneraient suite à une
volonté gouvernementale?
Il faudra attendre que les pupilles s'expriment selon les
disponibilités du budget qu'ils administrent.
M. Lévesque (Taillon): Ecoutez, il y a déjà
d'inscrite au feuilleton, parmi les questions écrites, une question dans
le même sens du leader parlementaire, je crois; elle était
là hier. Il y a déjà aussi, je crois, une question dans le
même sens du député de Lotbinière et tout cela est
relié aux explications qu'on aura à donner. Je crois que si on
veut vraiment employer utilement la chance de développer cette
perspective, toutes ces explications pourront être données et
discutées, en plus, au moment où on discutera, justement, des
amendements à la Loi de l'Exécutif qui sont reliés
à cela.
Entre-temps, je me permettrais de faire remarquer au chef de
l'Opposition que tuteurs, pu- pilles, superministres, ce sont plutôt des
mots de propagande qui, actuellement, ne font pas beaucoup avancer le
débat. Cela a été très clairement établi que
les ministres sont tous égaux au moment de décisions au Conseil
des ministres. Il n'y a pas de tuteurs, il n'y a pas de pupilles. Mais
plutôt que de s'embarquer dans une discussion qui, déjà,
est une discussion idéologique, est-ce qu'on ne pourrait pas attendre
que la loi soit devant nous?
M. Lavoie: Une question supplémentaire. Je reviens
à l'essence de la question même qui s'adressait au ministre
responsable de la réforme parlementaire. Je voudrais bien qu'on conserve
aux parlementaires leur statut privilégié d'interlocuteurs
privilégiés de l'administration publique, et surtout, comme
hier...
Le Président: Est-ce que vous pourriez poser une question,
M. le leader parlementaire de l'Opposition?
M. Lavoie: Est-ce que le ministre d'Etat à la
réforme parlementaire désire que les parlementaires demeurent des
interlocuteurs privilégiés, surtout lorsque le Parlement
siège, comme hier, et qu'on arrête d'administrer par des
conférences publiques, par des conférences de presse?
Est-ce que vous êtes d'accord pour qu'on conserve ce statut aux
parlementaires, surtout lorsque le Parlement est en session, afin que des
expériences comme hier ne se répètent plus?
M. Burns: Ma réponse est oui. M. Lavoie: Merci.
Négociations du gouvernement avec les
médecins vétérinaires
M. Picotte: Ma question s'adresse au ministre de l'Agriculture.
Connaissant sans doute les problèmes qu'a présentement
l'Association des médecins vétérinaires, en
négociation avec le gouvernement du Québec, est-ce que le
ministre de l'Agriculture pourrait faire le point sur ces négociations
et, par la suite, nous faire connaître quand il prévoit une
solution possible?
Une Voix: II était ici tantôt,
évidemment.
M. Lavoie: Où est-il le ministre de l'Agriculture?
Une Voix: Voilà.
M. Garon: Vous avez l'air content de me voir.
M. Levesque (Bonaventure): On pourrait peut-être attendre
quelques instants si l'honorable ministre...
Des Voix: A l'ordre!
M. Garon: II faut dire que j'ai une lourde succession à
prendre dans le domaine de l'agriculture.
M. Levesque (Bonaventure): Ou c'est le ministre. Je pensais que
c'était le ministre qui était lourd.
M. Picotte: Vous n'étiez pas prêt.
M. Garon: Oui, j'ai eu l'occasion de rencontrer les
médecins vétérinaires au cours de la première
semaine qui a suivi ma nomination. Par la suite, un mandat financier a
été demandé au Conseil du trésor. Aussitôt
que nous aurons obtenu le mandat financier, nous rencontrerons les
médecins vétérinaires.
M. Picotte: Question additionnelle. Comme vous le savez sans
doute, les agriculteurs, présentement, n'ont pas de pièces
justificatives à l'effet qu'ils reçoivent les services
professionnels d'un médecin vétérinaire. Est-ce
l'intention du ministère de l'Agriculture de défrayer quand
même les coûts des services que des agriculteurs reçoivent
présentement, même s'ils ne peuvent pas présenter de
factures au ministère de l'Agriculture? Sinon, le ministre
prévoit-il obliger les médecins vétérinaires
à donner ces pièces justificatives pour que lesdits agriculteurs
se fassent rembourser?
Une Voix: II ne comprend pas le bonhomme.
M. Lavoie: On peut suspendre la séance, si vous
voulez.
Une Voix: Voulez-vous un caucus?
M. Picotte: Est-ce qu'il y a un superministre qui s'occupe de ce
point-là?
Une Voix: On siège demain.
Le Président: A l'ordre, messieurs!
M. Garon: C'est la pratique qui a été
établie. Maintenant, la pratique qui a été établie
c'est celle que vous avez établie par arrêté
ministériel et c'est celle qui est suivie.
M. Picotte: II peut prendre avis de la question, M. le
Président.
M. Garon: Actuellement, on fonctionne de la façon que vous
avez établie. On verra pour l'avenir.
M. Levesque (Bonaventure): Laquelle?
M. Garon: Ce sont les factures qui doivent être
retournées au ministère.
M. Picotte: Ce n'est pas du tout ce que j'ai demandé. Je
sais que ce sont des factures qui doivent être retournées au
ministère...
Le Président: A l'ordre!
M. Picotte: Question additionnelle, M. le Président.
Le Président: J'aimerais bien que vous le demandiez au
président quand vous voulez poser une deuxième question
additionnelle.
M. Picotte: Question additionnelle, M. le Président.
Le Président: Oui.
M. Picotte: Merci.
Le problème est que les médecins
vétérinaires ne remettent pas de facture à l'agriculteur
qui reçoit présentement des services professionnels. J'aimerais
savoir si le ministère de l'Agriculture va quand même
défrayer le coût de ces services professionnels, étant
donné que l'agriculteur ne peut pas produire de facture, ou s'il va
obliger les médecins vétérinaires à fournir
à l'agriculteur les factures nécessaires pour qu'il puisse se
faire rembourser.
M. Garon: Je prends avis de la question. Nous appliquons la
politique que vous avez établie. On paie dès la réception
des factures.
Le Président: Le député de
Lotbinière.
Tenue du référendum
M. Biron: M. le Président, ma question s'adresse au
premier ministre. Face à l'importance pour la stabilité politique
et économique du Québec et pour les agents de l'économie
d'être éclairés le mieux et le plus tôt possible sur
la date du référendum, le premier ministre peut-il nous dire s'il
est exact qu'il se donnerait jusqu'à un an de réflexion avant
d'annoncer la date et les règles du référendum que son
parti et son gouvernement ont promis à la population?
M. Lévesque (Taillon): Oui. Je remercie le
député de Lotbinière de m'avoir donné un
préavis rapide de la question; parce que cela me fait penser que
déjà il y avait une longue question écrite, presque comme
un scénario, qui était venue du leader de l'Opposition, qui aura,
d'ailleurs, sa réponse dans les délais prévus.
Pour ce qui est de la précision que demande le
député de Lotbinière, cela me permet de rectifier un titre
qui ne correspondait pas tout à fait au texte ni surtout à
l'intention qui avait présidé aux remarques que j'avais faites
qui étaient, je crois, dans un éditorial, non pas un
éditorial, mais une longue entrevue, dans un quotidien de
Montréal.
Le titre était: Référendum dans un an. Alors, ce
que j'avais dit et ce que je répète, c'est que nous avons un
mandat quant à nous, nous l'interprétons comme cela, parce
que c'est un engagement de tenir ce référendum à
l'intérieur des quelques prochaines années, avant les prochaines
élections.
La date doit être annoncée. Je pense que c'est là le
minimum d'honnêteté, d'intégrité de n'importe quel
gouvernement qui veut appliquer une politique comme celle-là. La date
devra être annoncée de façon très claire et assez
longtemps d'avance afin que tout le monde ait sa chance d'être pour ou
contre ce qui est normal et équitablement.
Ce que j'ai dit à ce moment-là, c'était que ce soit
dans quelques mois, dans un an (points de suspension). Cela peut aussi
être dans un an et demi, dans deux ans, peu importe, pourvu que les
délais permettent que cette date, clairement annoncée, donne
à tout le monde le temps de se préparer pour le jour où le
référendum sera tenu.
Cela répond-il à votre question?
M. Biron: Une question supplémentaire, M. le
Président. Je voudrais savoir, justement, pour la stabilité
économique du Québec, si le premier ministre a
considéré la possibilité de tenir le
référendum à la fin de son mandat normal de quatre ans, en
même temps que la prochaine élection provinciale?
M. Lévesque (Taillon): Non, je ne peux dire que l'on
exclut quelque hypothèse que ce soit, pourvu que ce soit à
l'intérieur de la période durant laquelle court l'engagement que
nous avons pris.
Jusqu'ici cette hypothèse n'a pas été
étudiée.
M. Roy: M. le Président...
M. Lavoie: Question supplémentaire sur la même
question principale.
Le Président: Question supplémentaire.
M. Lavoie: Le premier ministre ne considère-t-il pas que
ce délai d'un an, ou de deux ans, ou de trois ans n'est pas quelque peu
bizarre du fait que, déjà en 1973... Je vais
répéter si vous voulez. Le premier ministre ne trouve-t-il pas
bizarre ce délai d'un an, de deux ans ou de trois ans, soit pour
l'annonce de la date du référendum, et après pour la tenue
de ce référendum lorsque, déjà en 1973, le parti
qu'il représente semblait prêt à faire face à cette
séparation immédiate lorsqu'il a présenté son
budget de l'an I?
M. Lévesque (Taillon): Pas de réponse ni de
commentaire, M. le Président.
Le Président: M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: M. le Président, ma question s'adresse au ministre
de l'Agriculture.
M. Biron: M. le Président, question
supplémentaire.
M. Bellemare: M. le Président, je vous avais
demandé la parole.
M. Roy: Question supplémentaire, très bien.
Le Président: II ne faut tout de même pas abuser des
questions supplémentaires, je vous le rappelle. Une dernière
question supplémentaire.
M. Biron: M. le Président, celle-ci s'adresse au ministre
d'Etat à la réforme parlementaire. Peut-il donner l'assurance aux
partis d'Opposition que, lorsque le référendum se
préparera, on pourra être traité exactement sur le
même pied que le gouvernement concernant les ressources
financières et humaines nécessaires pour se préparer pour
le prochain référendum?
M. Burns: Ce que je peux dire pour le moment, c'est qu'il y aura
une loi-cadre qui sera étudiée ici. A ce moment, chacun aura
l'occasion de faire valoir son point de vue. Si quelqu'un se sent brimé,
je pense que le gouvernement aura sûrement l'obligation de s'ajuster
à cette situation.
Le Président: Question principale de M. le
député de Beauce-Sud.
Propriétaires de petits abattoirs
M. Roy: Merci, M. le Président. Ma question s'adresse au
ministre de l'Agriculture Nous sommes informés que le ministre de
l'Agriculture aurait rencontré ce matin les représentants de
l'Association des propriétaires de petits abattoirs qui, comme on le
sait, seraient soumis, selon la déclaration de l'ancien gouvernement,
à la fermeture de leurs entreprises le 31 décembre si elles n'ont
pas obtenu leur permis. M. le Président j'aimerais demander au nouveau
ministre si son ministère serait prêt à retarder la date
d'application de cette nouvelle réglementation étant donné
que, selon les informations que nous avons et j'aimerais savoir si elles
sont exactes également aucun des propriétaires de petits
abattoirs n'a réussi à obtenir le permis puisque la nouvelle
réglementation n'aurait pas encore été connue par eux.
M. Garon: A ce sujet, j'aurai une déclaration
ministérielle à faire avant longtemps.
M. Roy: Peut-on demander au ministre si cette déclaration
ministérielle va être faite au cours de la semaine ou si cela ira
au début de la semaine prochaine?
M. Garon: D'ici la fin de semaine ou au début de la
semaine prochaine.
M. Roy: Merci, M. le Président.
Le Président: Le député de Johnson.
Conflits de travail à l'Université Laval
et à l'UQAM
M. Bellemare: M. le Président, ma question s'adresse au
ministre de l'Education. Je voudrais
que le ministre, si c'est possible, fasse le point aujourd'hui sur la
situation des universités, Laval d'abord, à Québec, et sur
l'UQAM, à Montréal, où se situe présentement, d'une
manière définitive, cette malheureuse grève qui dure dans
les deux secteurs.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, voilà, en
effet, des conflits de travail qui ont trop duré. Je voudrais assurer
cette Chambre, aussi bien que le député de Johnson, que nul n'y
est plus sensible, nul ne peut y être plus sensible que le ministre de
l'Education.
Je suis tenu au courant des développements dans les deux cas,
aussi bien celui de l'Université Laval que celui de l'UQAM, de jour en
jour, pour ne pas dire d'heure en heure. J'ai pris soin de rencontrer toutes
les parties dans les deux conflits. Je suis en mesure, cet après-midi
sans pour autant m'immiscer dans la négociation elle-même,
pour les raisons que je mentionnerai tout à l'heure de relater
à cette Chambre, grosso modo, les faits, les points en litige dans ces
deux conflits.
Pour ce qui est d'abord de l'Université Laval, on se souviendra
que la grève a été déclenchée le 7
septembre, avant même l'inscription des étudiants. Un
médiateur, le doyen Soberman, de la faculté de droit de
l'Université Queen's a été agréé tant par
l'administration universitaire que par le syndicat des professeurs, il y a
déjà plusieurs semaines. En ce moment même, la
médiation se poursuit elle a duré, d'ailleurs, toute la
nuit dernière dans l'espoir d'en arriver si possible à une
convention collective dûment signée par les parties.
On m'a informé quelques minutes avant que je
pénètre dans cette enceinte, cet après-midi, qu'il demeure
un certain nombre de points sur lesquels la médiation achoppe. Cela
pourrait amener le médiateur à déposer un rapport dans
lequel, je pense, il nous ferait part de ses conclusions et de ses
recommandations, lesquelles devront, évidemment, être
débattues par les parties. Les principaux points sur lesquels on achoppe
à l'heure actuelle sont, me dit-on, les suivants: la question du grief
sur le non-renouvellement du premier contrat; le type d'échelle
fondé sur l'ancienneté, sur l'âge ou sur d'autres
critères; les méthodes qui seront utilisées pour
évaluer les professeurs; le rôle du directeur de
département, son statut, sa place au sein de l'assemblée
départementale. Il reste donc il faut en être conscient
des points importants sur lesquels il n'y a pas encore d'accord. Si, par
hasard, la médiation ne devait pas aboutir au cours des prochaines
heures, à ce qu'on m'indique, le doyen Soberman remettra aux parties son
rapport avec des recommandations. Du moins, j'ose l'espérer.
Il restera ensuite à régler la question du protocole de
retour au travail, ce qui n'est pas, non plus, une mince étape à
franchir, comme le député s'en rendra compte puisqu'il a
autrefois eu l'expérience des relations de travail.
J'ose espérer je ne puis aller plus loin que cela pour
l'instant compte tenu du fait que des milliers d'étudiants sont
en cause et ont déjà perdu un semestre qu'il faudra
espérons-le, rattraper d'une manière ou d'une autre, que ce
conflit pourra être réglé avant Noël et je puis
assurer cette Chambre que je m'y emploie de mon mieux. J'entends le
député qui dit que c'est impossible; je ne le crois pas. Au
contraire, je vais m'employer à ce que ce soit réglé avant
Noël.
Des Voix: Ah!
M. Morin (Sauvé): Ah! Bien sûr, personne ne peut
fermer les yeux sur le fait que je vois les parties, mais je ne suis pas le
négociateur et je respecte l'autonomie des universités, en plus
de respecter le Code du travail. C'est en fait le Code du travail qui
s'applique, comme le ministre le sait, puisque la loi 95 ne s'applique pas aux
négociations au niveau des universités. Je veux dire: L'ancien
ministre, puisque justement les relations de travail étaient son premier
souci à l'époque je vois que cela continue. Tant mieux.
M. le Président, je me tourne maintenant vers la question de
l'UQAM. Les enseignants sont en grève depuis le 18 octobre dans ce cas,
c'est-à-dire depuis cinq semaines après l'inscription des
étudiants. Des rencontres exploratoires, qu'on a à tort
qualifiées de conciliation ou de médiation dans certains
journaux, des rencontres purement exploratoires ont eu lieu entre, d'une part,
M. Bruno Meloche, et, d'autre part, MM. Gilbert, Matteau et Cheneval qui
occupent diverses fonctions soit au sein de la FNEQ, soit au sein du SPUQ. Je
pense que tout le monde connaîtra la signification de ces sigles.
A l'heure actuelle, je dois faire rapport à cette Chambre qu'il
n'y a guère d'indice qu'on ait beaucoup progressé. Les questions
en litige étaient les suivantes, du moins il y a une heure ou deux,
puisque cela évolue évidemment d'heure en heure: l'embauche et
l'évaluation des professeurs, l'octroi de la permanence, les promotions,
la réglementation relative à la commission des études et
enfin, bien sûr, les salaires; dans les deux cas, d'ailleurs, les
salaires.
M. Bellemare: L'audition des griefs.
M. Morin (Sauvé): Oui, cela est inclus parmi les choses
que je viens de mentionner.
M. Bellemare: Non, non.
M. Morin (Sauvé): II y a également une autre
question qui est fort importante et sur laquelle je voudrais vous donner des
indications très brèves. Le syndicat voudrait que certaines
dispositions générales et particulières ayant trait
à la commission des études soient incorporées dans la
convention collective et puissent donc faire l'objet de négociations
tandis que l'administration, de son côté, voudrait que les
garanties accordées aux professeurs ne soient pas inscrites dans la
nouvelle convention puisqu'elles sont déjà inscrites
dans les statuts de l'université. C'est là une question
fort importante, on pourra en juger et qui, bien sûr, pourrait avoir des
répercussions dans les autres universités, selon la solution qui
interviendra.
M. le Président, je me résume. Le Code du travail
s'applique à ce conflit puisque la loi 95 ne s'y applique pas. Les
universités, dois-je le rappeler, sont des institutions autonomes. J'ai
donc deux bonnes raisons, à ce stade des négociations, de ne pas
m'immiscer dans le bien-fondé des revendications ou des réponses
qui y sont apportées d'un côté comme de l'autre.
M. Bellemare: Question supplémentaire. D'abord,
l'honorable ministre a dit que c'était à la suite d'une
première convention à Laval. Je pense qu'il a erré. C'est
la première convention qui est à se traiter
présentement.
M. Morin (Sauvé): Je n'ai pas dit cela.
M. Bellemare: Vous n'avez pas dit cela? On relira le journal des
Débats. La deuxième question est celle-ci. Je voudrais savoir de
l'honorable ministre, quand il parle de griefs, s'il comprend dans sa
réponse ceux qui sont dans l'administration, les professeurs qui donnent
présentement des cours et les élèves qui suivent ces cours
et savoir s'ils vont être pénalisés par la
non-reconnaissance par l'université de ces choses-là.
Ma dernière question. Pourquoi, après l'avoir entendu,
lui, dans ses jérémiades extraordinaires vous savez, M. le
Président, il en avait, des jérémiades ne pas faire
siéger la commission parlementaire? Cela fait longtemps qu'on l'a
entendue sur des questions de bien moindre importance. La commission
parlementaire, il faut qu'elle siège! Comprenez-vous, messieurs, de
l'autre côté? Qu'est-ce qu'il fait, aujourd'hui?
Le Président: Le député de Johnson! Le
député de Johnson! Je pense que ce n'est pas le temps propice
pour faire un débat. Pourriez-vous poser une question, si vous avez une
question à poser?
M. Bellemare: Merci. C'est la fougue, M. le Président, il
faudrait que vous me pardonniez cela un peu. Après les avoir entendus
comme je les ai entendus et à les voir ne rien faire, je vous garantis
que cela me révolte un peu.
Le ministre pourrait peut-être, très gentiment, nous dire:
Oui, M. le député de Johnson, nous allons immédiatement
demander au premier ministre et au leader de convoquer la commission
parlementaire pour que chacun des députés puisse entendre les
parties. Cela s'éternise. Je demande au ministre de l'Education, lui qui
était un prototype de ces commissions parlementaires, de bien vouloir
nous dire s'il n'y a pas possibilité dans ce sens.
M. Morin (Sauvé): En fait de jérémiades, il
me semble me souvenir d'un certain nombre auxquelles le député de
Johnson lui-même s'est associé lorsque nous étions ensemble
dans l'Opposition.
M. Bellemare: Oui, et je continue de vous appuyer.
M. Morin (Sauvé): Pour paraphraser le poète: J'en
sais d'immortelles qui, dans sa bouche, étaient de purs sanglots!
En ce qui concerne les étudiants ou les professeurs qui ont
continué de fréquenter les cours, il n'y a pas de réponse
que je puisse donner là-dessus cet après-midi puisque ce serait,
dans la perception que j'ai des choses, m'immiscer dans la négociation.
J'ai dit, en réponse à la première des questions du
député, que je n'avais pas l'intention de le faire.
Pour ce qui est de la commission parlementaire, à ce stade-ci des
négociations, elle serait prématurée, ne ferait que jeter
de l'huile sur le feu...
M. Bellemare: Ah! Ah!
M. Morin (Sauvé): ... et empêcherait les parties de
négocier comme elles le font en ce moment.
M. Bellemare: Vous avez eu des...
M. Morin (Sauvé): Si jamais je me persuade que cela est un
moyen propre à résoudre ces conflits, j'en parlerai avec mon
collègue, le leader du gouvernement, et nous aviserons.
Le Président: Le député de D'Arcy-McGee.
Services de protection de l'environnement
M. Goldbloom: Ma question s'adresse au ministre de
l'Environnement qui a annoncé à répétition qu'il
augmenterait de 300 fonctionnaires le personnel des services de protection de
l'environnement. Je voudrais lui demander ce qui est arrivé au juste
quand il s'est présenté devant le Conseil du trésor?
M. Léger: Je remercie l'ancien ministre de l'environnement
de me poser une question dont il connaît fort bien la réponse,
puisqu'il a décidé de faire adopter, quand il était au
pouvoir, des règlements sans se donner les outils pour les
appliquer.
Maintenant, c'est mon rôle d'essayer d'appliquer une partie des
règlements qu'il a mis en vigueur et d'essayer de faire adopter d'autres
règlements pour qu'au moins on commence, à l'environnement,
à réaliser des choses qui sont attendues depuis longtemps. A la
question qu'il me pose, je dirais simplement que nous avons, au Conseil du
trésor, discuté de cette possibilité d'obtenir le
personnel accru et je puis l'assurer que, très bientôt, il aura
une réponse qui lui démon-
trera que nous avons plus de personnel obtenu dernièrement qu'il
n'en a obtenu pendant trois ans.
Le Président: Une question additionnelle.
M. Goldbloom: Une question additionnelle, M. le Président.
Si je comprends bien, le ministre dit tout simplement qu'il est revenu
bredouille. Je voudrais lui poser une question additionnelle en vertu de
l'article 133 de l'Acte de l'Amérique du Nord britannique. Je voudrais
lui demander: "Are you beginning to learn how the other half lives?"
M. Léger: Je n'ai pas saisi la deuxième partie de
la question. Quant à la première...
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît! A l'ordre,
messieurs! J'ai demandé, tout à l'heure, au public de ne pas se
manifester, de quelque façon que ce soit.
M. Léger: M. le Président, quant à la
première partie de la question, je pense que l'ancien ministre sera
heureux de savoir, au moment de l'étude des crédits du prochain
budget, l'ampleur des effectifs des services de l'environnement.
Subventions aux municipalités
M. Grenier: M. le Président, je pourrais peut-être
m'adresser à certains autres ministres mais je vais m'adresser au
ministre des Affaires municipales pour une réponse plus précise.
Est-ce l'intention du gouvernement de continuer les engagements qu'avait pris
l'ancien gouvernement vis-à-vis des lettres qu'on récolte dans
nos comtés, quand on fait du bureau le lundi? Il y a des engagements qui
ont été pris par l'ancien ministre des Affaires municipales et de
l'environnement et, aujourd'hui, on est obligé de répondre devant
nos commettants que ce même ministre, après les élections,
a dit qu'il n'y avait plus rien qui tenait. Alors, nous avons des documents
à l'appui depuis quelque temps. Je pense que nos commettants ont raison
de s'inquiéter, puisqu'ils ont pris des engagements vis-à-vis de
leurs municipalités. Il y a eu des Pères Noël dans la
dernière campagne, puis il y avait aussi des Bonhommes Sept Heures.
M. Tardif: M. le Président, j'aurai une déclaration
ministérielle à faire sur le sujet des subventions aux
municipalités. Tout ce que je peux dire à ce stade-ci, c'est que
non seulement mon collègue, le député, mais moi aussi, je
suis inondé, comme lui, de requêtes venant d'à peu
près 250 à 300 municipalités qui ont reçu, entre le
18 octobre et le 15 novembre, comme par hasard, des promesses de subventions
pour lesquelles aucun crédit n'était disponible. J'aurai des
réponses à faire à ce sujet lors d'une déclaration
ministérielle.
M. Goldbloom: M. le Président, une question de
privilège.
Le Président: A l'ordre, messieurs!
M. Goldbloom: Une question de privilège, M. le
Président. Je voudrais apporter une précision à la
situation; d'abord, le chiffre de 250 à 300 est nettement
exagéré, il n'y a même pas 75 municipalités et,
deuxièmement...
M. Mailloux: Ecoutez donc la réponse.
M. Goldbloom: ... il faut comprendre, M. le Président, que
les subventions accordées aux municipalités l'ont
été sur une base de dix années, le premier versement
commençant dans une année financière suivant celle au
cours de laquelle la lettre a été accordée. Puisque
c'était l'intention du gouvernement de faire les ajustements
nécessaires pour tenir compte de cela dans le budget de l'an prochain et
puisque c'est à un autre gouvernement de décider du budget de
l'an prochain dans tous ses détails, il convenait que je laisse à
ce nouveau gouvernement le soin de faire, parmi les centaines et les centaines
de municipalités qui formulent chaque année des demandes, son
choix et son choix quant à l'ampleur du poste budgétaire en
question.
Le Président: A l'ordre!
M. Burns: M. le Président, on dirait que le
député ne se souvient pas qu'il n'a plus les moyens de faire des
déclarations ministérielles.
Le Président: Voulez-vous vous asseoir, M. le leader
parlementaire? Je pense que l'incident est clos.
Le député de Rouyn-Noranda.
Institutions parabancaires québécoises
M. Samson: Je voudrais adresser une question à l'honorable
premier ministre. Sachant qu'à l'occasion de la dernière
conférence des premiers ministres et celle des ministres des Finances le
Québec a dû, en quelque sorte, défendre sa juridiction en
ce qui concerne les caisses populaires et les institutions parabancaires
québécoises, puis-je demander au premier ministre si c'est
l'intention du gouvernement d'envisager la possibilité d'en venir
à utiliser ces institutions québécoises comme agents
financiers privilégiés du gouvernement?
M. Lévesque (Taillon): C'est très vaste comme
perspective. Je vais prendre avis de la question et je vais étudier cela
très sérieusement avec mes collègues.
M. Samson: Dois-je comprendre que le premier ministre me
suggère de poser cette question à un des ministres aux
priorités?
M. Lévesque (Taillon): Je pense qu'il aurait la même
réponse.
M. Samson: Cela ne changerait pas grand-chose.
Le Président: Fin de la période des questions
orales.
Affaires du jour.
M. Burns: Aux affaires du jour, j'ai consulté quelques-uns
de mes collègues, malheureusement pas tous, de l'Opposition. J'aimerais
connaître leurs intentions relativement à l'article 4) et à
l'article 6). Je vais être très franc avec vous, si l'article 4),
au feuilleton, et l'article 6) ne suscitaient pas de débat de
deuxième lecture et si on pouvait procéder au vote
immédiatement, j'appellerais ces articles, sinon, je vais appeler
plutôt l'article 2).
Le Président: Le leader de l'Opposition officielle.
M. Lavoie: Je suis d'accord pour que vous appeliez
immédiatement l'article 2).
M. Burns: M. le Président, j'appelle l'article 2).
M. Bellemare: Comme leader parlementaire, je voudrais aussi
donner ma version, si vous n'avez pas d'objection. J'ai consulté, comme
m'a demandé le...
M. Lavoie: Question de règlement.
M. Bellemare: Oui, c'est vrai, je ne suis pas un parti reconnu
encore. Vous n'avez pas besoin de...
M. Lavoie: Non, il ne s'agit pas de cela. Je crois que lors d'un
message inaugural, s'il y a un discours qui est privilégié, c'est
le discours du chef de l'Opposition officielle. Je vous inviterais à
passer immédiatement à ce discours. Et après ce discours,
si vous voulez qu'on discute des autres articles, nous sommes ouverts à
toute suggestion constructive.
M. Burns: Je suis entièrement d'accord. C'est pour cela
que j'ai appelé l'article 2).
Débat sur le message inaugural
Le Président: Prise en considération du message
inaugural, M. le chef de l'Opposition officielle.
M. Gérard D. Levesque
M. Levesque (Bonaventure): Mon premier devoir et l'un des plus
agréables qui soit, c'est celui de vous offrir, à vous, M. le
Président, au nom de tous les membres de l'Opposition officielle, nos
sincères félicitations pour votre élection à la
présidence de l'Assemblée nationale.
Je vous dis, dès maintenant, que c'est avec confiance et respect
que l'Opposition officielle vous a accueilli et qu'elle continuera de vous ac-
corder, à vous et à vos collaborateurs, une pleine et
entière collaboration.
Je sais le soin particulier que vous avez mis, au cours des
dernières semaines, à vous préparer à assumer vos
responsabilités. C'est là une preuve additionnelle de votre
volonté, de votre désir de bien remplir le rôle important
qui vous est dévolu.
Vous devenez donc aujourd'hui, M. le Président, le gardien des
droits des parlementaires du Québec et le premier responsable de la
sauvegarde et de la promotion de l'autorité de l'Assemblée
nationale elle-même.
Mes électeurs de Bonaventure m'ont permis de siéger en
cette Assemblée depuis maintenant plus de 20 ans. Cette vie
parlementaire m'autoriserait peut-être à dire ma conviction que
c'est d'abord ici, en cette Assemblée, que le Québec se fait.
Ici, tout au long des années, j'ai vu des hommes et des femmes,
tous d'authentiques Québécois, prendre sur eux les
inquiétudes et les espoirs du peuble québécois. C'est ici
en cette Assemblée qu'ont toujours fini par prendre forme les
idées et les ambitions les plus nobles de la société
québécoise.
Sans doute y a-t-il des moments et il y en aura encore
où cette Assemblée peut paraître emprunter des voix bien
éloignées de celles qu'elle doit suivre pour être à
la hauteur de sa tâche.
On ne sait que trop que cette Assemblée peut être, à
l'occasion, le lieu d'affrontements partisans, stériles, ou de
discussions plus ou moins futiles. C'est notre responsabilité collective
et individuelle d'éviter pareilles choses qui portent atteinte au
prestige et à l'autorité de l'Assemblée nationale.
Bien consciente du rôle de l'Assemblée, M. le
Président, l'Opposition officielle entend y assumer la plénitude
de ses responsabilités. Avec beaucoup d'à-propos, en
annonçant la formation de son Conseil des ministres, le premier ministre
rappelait à tous ses collègues à qui il confiait une
fonction ministérielle qu'ils étaient et demeuraient avant tout
des députés membres de l'Assemblée nationale.
Je pourrais, évidemment, sourire en pensant à d'autres
idées qui ont peut-être inspiré cette déclaration du
premier ministre, mais je reviens en disant que je me plais à voir, dans
ces remarques comme dans la désignation d'un ministre chargé de
la réforme parlementaire, l'expression de la volonté du
gouvernement de maintenir et de renforcer l'autorité de
l'Assemblée nationale et le principe de la responsabilité
ministérielle.
J'espère que le gouvernement y pensera deux fois avant de mettre
de côté le système parlementaire pour le remplacer par un
régime présidentiel, comme le propose le programme du Parti
québécois.
Connaissant déjà les penchants hautement technocratiques
de certains membres du Conseil des ministres, il serait pour le moins hasardeux
de faire, des superministres que nous avons déjà, des
super-hauts-fonctionnaires.
J'ai été au gouvernement pendant suffisamment
d'années pour savoir jusqu'à quel point il est important, pour la
bonne conduite même des affaires ministérielles, qu'un membre du
gouvernement soit placé dans la même situation que n'importe quel
autre député en cette Chambre, qu'il ait quotidiennement à
répondre de ses actes devant l'Assemblée et qu'il puisse avoir
l'occasion de connaître, dans sa circonscription, les besoins de ses
commettants.
Le rôle de l'Opposition officielle, nous allons, M. le
Président, le jouer pleinement. Notre guide unique sera
l'intérêt supérieur du Québec et des
Québécois. Là où il faudra approuver, nous n'aurons
aucune hésitation à le faire. Là où il faudra
critiquer, nous le ferons. Là où il faudra carrément nous
opposer, nous aurons recours à toutes les subtilités de notre
règlement pour marquer notre dissidence et amener le gouvernement
à réviser ses buts, si possible.
Sur le plan proprement législatif, nous chercherons toujours, une
fois le principe d'un projet de loi accepté, à souligner les
limites de la législation gouvernementale en regard des besoins des
Québécois.
Nous chercherons à nous assurer de l'application immédiate
et efficace de toute la législation. Nous voulons, en effet, avant
d'adopter un projet de loi, avoir l'assurance que le gouvernement a pris toutes
les mesures administratives nécessaires pour mettre en vigueur la
législation, qu'il a obtenu les autorisations budgétaires
pertinentes M. le ministre des Finances et qu'il dispose d'un
personnel suffisant M. le ministre de la Fonction publique. Nous
espérons également que le gouvernement donnera suite à
l'engagement que nous avons pris de reconnaître aux membres de
l'Assemblée nationale une participation plus directe et j'attire
l'attention de mon ami de Maisonneuve et plus continue au niveau de la
législation déléguée.
Sur le plan administratif et financier, l'Opposition officielle entend
exercer un contrôle rigoureux des gestes de l'administration. Le
règlement de l'Assemblée nationale nous fournit les moyens
nécessaires à l'exercice de cette responsabilité. Nous
comptons bien que nos amis d'en face donneront suite, maintenant qu'ils sont au
gouvernement, aux suggestions qu'ils nous faisaient alors qu'ils étaient
dans l'Opposition.
En somme, et c'est là la responsabilité de l'Opposition,
nous ferons porter sur le gouvernement toute la pression nécessaire pour
maintenir et accroître la qualité de l'administration publique
québécoise et, surtout, pour amener le gouvernement à
respecter les engagements pris au cours de la campagne électorale. Je le
signale en passant, les engagements pris par les candidats du Parti
québécois.
Nous avons déjà relevé à ce dernier titre
des choses extrêmement intéressantes et que les électeurs
de chacune des circonscriptions du Québec attendent avec impatience
puisqu'on leur a dit qu'absolument rien n'empêchait leur
réalisation immédiate. Money is no problem. On verra bien.
M. le Président, le règlement n'autorise aucun membre de
cette Chambre à vous donner une directive. J'ai commencé
également à m'en apercevoir. Je veux, cependant, dès
aujourd'hui, vous inviter à profiter de la vaste expérience du
leader parlementaire de l'Opposition officielle, le député de
Laval. Vous aurez, bien sûr, à entendre des voix relativement
autorisées de cette Chambre. Par exemple, celle de mon ami, le
député de Maisonneuve, un homme d'une grande compétence
qui a été associé de près à la
préparation du code Lavoie et même celle du député
de Johnson, bien que sa compétence se porte plutôt sur l'ancien
règlement. J'en profite pour le remercier de m'avoir, à un moment
donné, lorsque j'ai assumé les fonctions de leader parlementaire
du gouvernement, passé son livre tout annoté, ce vieux
règlement sur lequel il s'était penché tellement souvent
et avec lequel il avait poursuivi des luttes épiques. Oui, mais, M. le
Président, je ne vous dirai pas de vous en méfier, et là
je parle des deux, ce sont des gens d'expérience. Je vous rappellerai
simplement que celui qui, à mon sens, peut le mieux vous aider, celui
qui connaît le mieux notre règlement, celui qui en est le
père, celui qui connaît le mieux la nature de vos
responsabilités, ce ne peut être que le député de
Laval, M. le Président, sans doute l'un des meilleurs présidents
qu'ait connus notre Assemblée. Je vous invite donc, M. le
Président, sans vouloir exercer aucune pression je vous prie de
me croire sur votre grande impartialité et votre grande
intégrité, à l'écouter avec la plus grande
attention.
Il y a, semble-t-il, des cycles dans la vie politique. En 1956, je
devenais député de l'Opposition. Quatre ans plus tard, en 1960,
je devenais membre du cabinet libéral et ce, pour six ans. En 1966
vous remarquez, 1956, 1966 j'étais de nouveau dans
l'Opposition. Quatre ans plus tard, en 1970, j'étais de nouveau au
pouvoir, dans le cabinet libéral, et ce, pour six ans. En 1976, M. le
Président, me voici de nouveau dans l'Opposition, trois points de
suspension.
M. Burns: Jusqu'à 1990.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, je n'ai pas
à être inquiet. Les mathématiques ne peuvent mentir...
Une Voix: C'est vrai.
M. Levesque (Bonaventure): ... et la façon avec laquelle
vient de réagir le député de Maisonneuve indique bien
qu'il n'a jamais été très fort en chiffres.
Le Parti libéral du Québec sera de nouveau au gouvernement
du Québec et dès 1980 sinon avant. C'est enregistré au
journal des Débats. Vous pourrez me corriger, mais attention, vous
verrez. Tout cela pour dire, M. le Président, que, le 15 novembre
dernier, le Parti libéral du Québec a dû laisser à
d'autres, la direction des affaires publiques québécoises.
J'offre mes félicitations à tous les nouveaux élus et
particulièrement à celui qui, avec
moi, fut de cette équipe qu'on disait du tonnerre. Convenons,
avec probablement plus de justesse, que cette équipe d'alors a au total
bien servi le Québec et les Québécois. Le hasard a voulu
que, l'un et l'autre, nous soyons les seuls survivants du cabinet Lesage et que
nous nous trouvions maintenant, l'un en face de l'autre. J'ai eu la chance
d'être un collaborateur étroit de deux premiers ministres, MM.
Lesage et Bourassa, de qui je garde le meilleur souvenir. L'un et l'autre, dans
des circonstances différentes, ont eu à assumer la direction des
affaires publiques québécoises. Ils ont, à mon avis, tous
les deux réussi à traduire, dans la réalité
québécoise, les grands idéaux de réforme et de
justice qui sont à la base de la philosophie et de l'action du Parti
libéral du Québec.
Avoir à gouverner le Québec, c'est évidemment avoir
la responsabilité de bâtir ici une société moderne
et dynamique, une société qui garantit à ses citoyens une
vie de qualité. C'est aussi et, par surcroît, assumer la
responsabilité particulière d'assurer la défense et la
promotion d'un héritage culturel qui nous est propre au sein du Canada
et sur le continent nord-américain. Je sais, pour l'avoir vu de
près, jusqu'à quel point cette dernière dimension de la
condition québécoise peut être exigeante pour le
chef...
Je ne peux laisser passer ce moment pour remarquer avec plaisir que la
présidence...
M. Lavoie: ...vient de changer de sexe.
M. Levesque (Bonaventure): ...vient d'être témoin
d'un certain changement. Je suis heureux de saluer le député de
Vaudreuil-Soulanges, vice-présidente de l'Assemblée
nationale.
M. le Président, je parlais justement de la promotion de
l'héritage culturel qui nous est propre et je mentionnais que, pour
l'avoir vu de près, je sais jusqu'à quel point cette
dernière dimension de la condition québécoise peut
être exigeante pour le chef du gouvernement québécois.
Je sais aussi que l'actuel premier ministre du Québec en est bien
conscient. Sans partager plusieurs de ses convictions, nous lui souhaitons bien
volontiers la meilleure des chances du monde. Je veux reconnaître au
présent chef du gouvernement du Québec bien des mérites:
son intelligence, son esprit de travail, sa ténacité. Je me dois
cependant de lui rappeler que son option séparatiste n'est
partagée que par une minorité de Québécois et qu'il
entreprend ainsi la tâche de présider au gouvernement du
Québec dans un climat d'incertitude tel que la réalisation de ses
objectifs, en particulier dans l'ordre économique et social, se trouve,
de ce fait, largement hypothéquée. C'est là, il me semble,
la donnée fondamentale de la situation difficile dans laquelle se trouve
placé le nouveau gouvernement du Québec. C'est une situation qui
soulève deux grandes questions auxquelles il est d'une importance vitale
d'apporter, sans délai, des réponses claires et précises,
premièrement, la question de la séparation du Québec du
reste du Canada et, deuxièmement, la question des orientations de la
politique économique du gouvernement.
Là-dessus, j'en préviens immédiatement le premier
ministre, l'Opposition officielle prendra tous les moyens dont elle dispose
pour forcer le gouvernement à mettre cartes sur table et à le
faire rapidement, car j'ai la conviction qu'il ne peut y avoir, dans les
conditions présentes rien de pire que l'incertitude.
Je sais que le premier ministre est conscient que c'est toute la
crédibilité de son gouvernement qui est aussi mise en cause.
C'est en fait une question d'honnêteté et
d'intégrité intellectuelle.
Je fais cet appel au premier ministre, non pas pour le simple plaisir de
pouvoir ainsi, aux tout premiers jours de son gouvernement, réussir
à l'embarrasser: c'est trop important pour cela; je lui fais cet appel
parce que je sais et il le sait tout autant que moi que c'est ce
même appel que lui adresse l'ensemble de la population
québécoise qui se rend bien compte qu'il ne sera pas possible de
répondre adéquatement à ses besoins économiques et
sociaux tant et aussi longtemps que l'on ne sera pas parvenu, au gouvernement,
à dire clairement où l'on va.
Or, il arrive que la conjoncture économique internationale impose
des contraintes particulièrement sérieuses aux efforts qui
doivent être faits pour faire face à des problèmes aussi
concrets que le chômage et la protection du pouvoir d'achat des
individus. Il arrive également que la conjoncture économique
canadienne et québécoise restreint nécessairement la marge
de manoeuvre financière du gouvernement, celle-là même dont
il a absolument besoin pour répondre à des besoins sociaux que le
parti ministériel, et tous les partis de l'Opposition, admettons-le, ont
déjà reconnus comme prioritaires, par exemple les besoins des
personnes âgées et le logement.
Quand je dis que le climat d'incertitude dans lequel le Québec
est plongé risque de compromettre la réalisation des objectifs de
développement du Québec, c'est à cela que je pense, aux
nouveaux emplois qu'il faut créer, au pouvoir d'achat des gens qu'il
faut protéger, aux besoins des personnes âgées, des
familles, des plus démunis de notre société qu'il faut
satisfaire. Comme je regrette, M. le Président, que, dans cette
surabondance de déclarations d'intentions finalement assez naïves
auxquelles se sont livrés nos amis d'en face, il ne s'en est pas
trouvé pour avoir un minimum d'honnêteté intellectuelle
pour dire aux Québécois les choses qui doivent être
maintenant dites, dire si le gouvernement péquiste a toujours
l'intention d'engager le Québec dans la voie de la séparation,
dire lesquels parmi eux sont les irréductibles de l'indépendance,
lesquels sont pour l'étapisme feutré du député de
Louis-Hébert et lesquels paraît-il qu'il s'en trouve
ne veulent rien savoir du séparatisme.
Où ces gens-là veulent-ils conduire le Québec? Au
séparatisme? A un marché commun avec le reste du Canada? A un
nouveau fédéralisme? Où ces gens-là nous
mènent-ils? C'est important
de le savoir. Les décisions d'un gouvernement moderne ne peuvent
être prises sans égard à l'avenir. Il faut être
capable de prévoir ce que demain sera pour pouvoir prendre d'une
façon éclairée et responsable les décisions qui
s'imposent aujourd'hui. Je ne parle même pas de la question de savoir,
pour les emprunts du gouvernement, de l'Hydro-Québec ou de la baie
James, dans quelle monnaie les remboursements vont être faits; je parle
de questions aussi simples que celles de savoir si, en érigeant un mur
de Chine autour du Québec, on va avoir encore une société
qui va partager les mêmes valeurs, le même système
économique et social que le reste du Canada et que le continent
nord-américain.
C'est important de le savoir et de le savoir maintenant, parce que cela
a des implications majeures dans l'orientation future des politiques
économiques, sociales et culturelles de l'Etat. En un mot, ce projet de
société que vous dites avoir, quel est-il? Oui, quel est-il?
C'est d'autant plus important de le connaître avec précision que
vous proposez la séparation du Québec. Les entreprises ont des
décisions à prendre. Les travailleurs et les citoyens dans leur
ensemble s'interrogent eux aussi. Nul ne peut raisonnablement bâtir
l'avenir dans l'incertitude.
Voilà, me semble-t-il, la question fondamentale à laquelle
le gouvernement doit chercher à répondre le plus tôt
possible. C'est important: c'est absolument vital.
De grâce, s'il vous plaît, cessez donc de prendre, comme
vous le faites, littéralement d'assaut les media d'information pour
éviter les vraies questions qui se posent aujourd'hui à vous.
Cessez de nous parler de réorganisation, de réévaluation,
de restructuration d'à peu près tout ce qui existe au
Québec. Le monde a commencé avant vous et vous aurez
peut-être à savoir, plus vite que vous ne le croyez, qu'il peut
très bien continuer sans vous.
Je ne conteste pas les bonnes intentions dont nous ont fait part, depuis
quelque temps, tout ce qu'il y a de ministres délégués, de
ministres responsables, de ministres d'Etat, de ministres en titre et de
ministres adjoints et changés de, etc. Je ne conteste pas leurs bonnes
intentions. Je leur demande simplement de faire preuve de plus
d'honnêteté et de plus d'intégrité intellectuelle.
Vous le savez très bien, tout ce que vous envisagez de faire, dans vos
secteurs respectifs, est directement lié à votre capacité
à dissiper au plus tôt l'équivoque fondamentale qui
résulte de votre option constitutionnelle. Que tous nos amis du Parti
québécois en cette Chambre demandent aux superministres penseurs,
qui forment le haut comité des priorités, qu'ils n'oublient pas
la grande priorité, celle dont dépendent le bien-être et la
sécurité de tous et chacun de vos électeurs, celle qui
vous permettra à chacun, dans vos comtés, de tenir les promesses
que vous avez faites, cette priorité de votre gouvernement, celle de
lever au plus tôt l'hypothèque de l'incertitude. S'il vous faut
vous astreindre à la technique de l'étapisme du
député de Louis-Hébert, demandez à vos
superministres penseurs de trouver les moyens de faire vite car vous aurez
tôt fait de vous rendre compte que les pressions légitimes de vos
électeurs se feront de plus en plus pressantes.
Vous avez tellement promis. Surtout, je m'adresse toujours aux
"backbenchers" péquis-tes: N'allez pas vous imaginer que vos
électeurs croiront bien longtemps les jérémiades que nous
préparent les scénaristes fantômes qu'on dit être
attachés au bureau du premier ministre et à qui on a
confié le soin de préparer le scénario du
référendum. Ce scénario, il est bien facile de l'imaginer.
De ce qu'on appelait jadis le "bunker" on vous indiquera d'abord
écoutez-moi bien; je passe par vous, Mme la Vice-Présidente
de dire à vos électeurs que tout ce que vous ne pourrez
pas tenir de vos promesses, c'est la faute de l'ancien gouvernement. N'oubliez
pas cela. Cela va être la première chose qu'on va vous dire. Vous
allez dire cela partout: C'est la faute de l'ancien gouvernement.
Répétez après moi: C'est la faute de l'ancien
gouvernement.
Une Voix: C'est la faute de l'ancien gouvernement.
M. Bellemare: II y en a un qui l'a
répété.
M. Levesque (Bonaventure): Merci. On avait déjà
commencé à le faire. On dira: C'est bien pire que ce à
quoi nous nous attendions. Il faudra également tenir cette phrase bien
précieusement dans votre bagage en fin de semaine. Vous voulez
répéter après moi? On vous dira cela et vous
répéterez cela à vos électeurs un certain temps. Et
puis, dans un deuxième temps, directement du "bunker", on vous indiquera
ensuite de dire à vos électeurs que tout ce que vous ne pourrez
pas tenir de vos promesses, c'est la faute au fédéralisme.
Répétez après moi: C'est la faute au
fédéralisme.
Des Voix:C'est la faute au fédéralisme.
M. Levesque (Bonaventure): Premièrement, c'est la faute de
l'ancien gouvernement et, ensuite, c'est la faute au fédéralisme.
N'oubliez pas cela, c'est votre deuxième leçon. Apprenez bien
cela. Ensuite, on vous dira la deuxième phrase, après
celle-là: C'est épouvantable ce que l'on perd du fait même
de notre appartenance au régime fédéral.
On vous dira cela et vous le répéterez pendant un certain
temps, jusqu'au jour où quelques-uns d'entre vous réussiront
à parler aux superministres penseurs, ce jour-là, pour leur dire
que certains de vos électeurs vous auront répondu. Mais c'est
vous maintenant, le gouvernement, c'est vous qui êtes responsables de
l'administration. Alors, je vous prie de me croire, le jour du premier
référendum sera arrivé et alors on vous indiquera une
autre chose très importante. Pendant la durée du
référendum, dites que vous êtes pour l'indépendance
du Québec, cela, vous ne pourrez l'éviter, mais surtout, surtout,
faites bien attention d'engager, de quelque façon que ce soit, votre
responsabilité personnelle et celle du gouvernement quant
à l'issue, parce que malgré tout ce que l'on peut faire, on pense
bien qu'on va le perdre, le référendum; alors il faudra faire
bien attention à ce moment-là.
Et vous, mes chers députés péquistes, vous
répéterez cela à vos électeurs et ces mêmes
électeurs se demanderont alors comment un gouvernement battu sur un
aspect aussi fondamental de sa politique peut bien avoir encore un semblant de
légitimité pour demeurer le gouvernement et oser proposer aux
Québécois qu'on reprenne ad infinitum le même
scénario.
J'emprunte peut-être la voix de l'ironie, mais j'exagère
à peine. C'est bien cela, la situation à laquelle nous avons et
nous aurons à faire face, nous, députés
ministériels, nous, de l'Opposition, et tous les
Québécois. Je dis simplement, aujourd'hui, que ce scénario
est dangereux et qu'il risque de causer un tort irréparable au
Québec. Donc il importe que le gouvernement lève au plus
tôt l'incertitude qui découle de son option constitutionnelle.
C'est une priorité absolue.
Intimement liée à cette première incertitude de la
politique gouvernementale, il en est une autre, tout aussi importante, qu'il
importe de dissiper rapidement: Quelle sera la politique économique du
gouvernement péquiste? Est-ce celle dont faisait état dans le
Devoir du 3 novembre, le candidat de Gouin, devenu ministre de l'Industrie et
du Commerce, quand il disait je vais lui donner le temps de se
rafraîchir la mémoire je le cite et, si je ne le cite pas
correctement, je le prierais de me le faire savoir: "Un gouvernement
péquiste devra mettre la priorité absolue sur la relance de
l'économie, ne pas lancer de nouveaux programmes sociaux avant quelques
années et attendre plus longtemps encore, avant d'établir sa
monnaie."?
Le moins que je puisse dire, c'est que l'influence du nouveau ministre
de l'Industrie et du Commerce, sur ses nouveaux collègues, me semble
bien faible. Leurs nombreuses déclarations depuis leur assermentation
vont exactement dans le sens contraire.
Soyons bons joueurs et mettons cela sous le couvert de
l'inexpérience et de la naïveté. Mais, est-ce de cette
inexpérience, est-ce de cette naïveté dont le Québec
a besoin présentement, dans la présente conjoncture
économique, alors que la composition elle-même du cabinet offre
aussi peu de garanties sur le plan économique? Convenons, un instant,
d'oublier tout ce que l'on a entendu et que rien de tout cela n'est
sérieux.
Imaginons même, pour un instant, que la relance économique
intéresse le gouvernement.
Que nous offre de vraiment substantiel le nouveau gouvernement? Rien.
Non, ne soyons pas injustes. Il y a le superministre, député de
Fabre, qui nous a dit que l'objectif du gouvernement était de
réduire le chômage à 3%. Quelques jours auparavant, le
ministre de l'Industrie et du Commerce nous avait dit que c'était 4%. 3%
ou 4%, sauf erreur, M. le Président, ce que l'on nous propose,
maintenant, c'est en gros la création de deux fois 100 000 emplois par
année.
M. Lavoie: 200 000 emplois.
M. Levesque (Bonaventure): Je donnerais bien un conseil amical
à ce sujet à nos deux amis, mais ils n'en ont pas besoin. Le
monde a commencé avec l'arrivée au pouvoir du Parti
québécois, du budget de l'an I et de l'an II, nous sommes
passés à l'année 0. L'Opposition officielle entend
apporter au gouvernement son entière collaboration dans la
réalisation de tout objectif de relance économique qu'il pourrait
nous proposer.
Pour nous, la relance économique, dans cette conjoncture
internationale difficile que nous connaissons, c'est une priorité
absolue. Nous attendons avec intérêt les projets concrets du
gouvernement à ce sujet. Si vous le voulez, comme il s'agit d'une chose
qu'il faut faire maintenant, qu'on cesse de faire la manchette avec le projet
si intéressant soit-il de la zone franche de Mirabel.
Dans le domaine économique, il y a cependant une chose capitale,
c'est la confiance. Cela m'apparaît la chose dont le gouvernement aurait
pu s'occuper en tout premier lieu.
A l'exception d'une réunion plus ou moins secrète du
premier ministre avec des représentants des milieux financiers, on n'a
pas fait grand-chose à cet égard. Soit dit en passant, il serait
intéressant d'entendre en cette Assemblée le premier ministre
nous dire les propos qu'il a tenus à ces représentants des
milieux économiques, bien qu'hier il ait commencé à lever
lentement le voile sur cette réunion.
Leur a-t-il dit combien de référendums il prévoyait
devoir tenir avant d'abandonner son idée de séparer le
Québec du reste du Canada? Leur a-t-il dit ce que voulaient dire
exactement les engagements de son parti consignés dans le programme du
Parti québécois, édition 1975? On y parle, par exemple, de
rapatrier les principaux centres de décision en s'appuyant
prioritairement sur les entreprises publiques et coopératives et assurer
au pouvoir public des moyens supplémentaires d'action: grand
réservoir financier; outils d'intervention dans l'économie; plan
de développement économique; réglementation des
investissements étrangers et du système financier. On y parlait
de démocratiser le fonctionnement de l'économie en favorisant les
formes collectives d'organisation et en assurant la participation des
entreprises aux décisions.
Est-ce la cogestion? Qu'on réponde donc à ces questions.
On parlait, par exemple, dans ce programme, d'assurer la diffusion de
l'information en rendant publics les dossiers économiques du
gouvernement et en exigeant que toutes les entreprises incorporées
publient leurs états financiers. On y parlait encore de favoriser, comme
forme prioritaire d'intervention dans l'économie, une extension soutenue
du secteur privé, entreprises d'Etat et mixtes, particulièrement
dans les secteurs dont l'impact est majeur. Quels sont ces secteurs?
En somme, ce que je demande au premier ministre, ce qu'un très
grand nombre de Québécois
demandent, c'est que son gouvernement entreprenne dans l'ordre
économique son mandat sur la base de la confiance. Le premier ministre
sait tout autant que moi que le monde des affaires est capable de faire la part
des choses et que, sous réserve de la capacité du chef de
gouvernement de maîtriser les dissensions au sein de son équipe et
de lever l'incertitude du séparatisme ce qui est absolument
nécessaire de faire maintenant c'est de partir, en matière
économique, sur la base de la confiance, c'est-à-dire, sur la
base des règles du jeu clairement établies et solidement
défendues par le gouvernement. Autrement et c'est ce que je crois
le plus pour l'instant si le gouvernement devait tarder à
préciser ses orientations et sa politique économique, le monde
des affaires va choisir d'attendre et de voir ce qui va arriver. Or, point
n'est besoin de se faire prophète de malheur que cela serait
désastreux pour le développement du Québec et le maintien
de l'amélioration du niveau de vie des Québécois.
On pensera ce que l'on voudra dans certaines chapelles péquistes,
les Québécois tiennent à leur niveau de vie qui est en
fait l'expression la plus palpable de ce qu'une société est en
mesure d'offrir à ses citoyens. J'ajoute simplement et cela est
singulièrement vrai si le gouvernement devait tarder à se
définir sur le plan économique, ce ne sont pas tellement les gens
fortunés ou même ceux de la classe moyenne, non plus que les
centaines de milliers de travailleurs des secteurs public et parapublic qui en
souffriraient le plus, ce sont bien plutôt les gens de revenu modeste et
les populations des régions éloignées, ceux-là
mêmes que le gouvernement dit vouloir aider, qui seraient les
premières victimes de l'imprévoyance et de
l'irresponsabilité du gouvernement.
Pour conclure cette partie de mon exposé, je dirai que
l'Opposition officielle demande au gouvernement de déterminer et de
préciser dès maintenant son attitude en ce qui concerne le
séparatisme et les orientations de sa politique économique.
Dans le contexte actuel, ce sont là des urgences qui sont
intimement liées au progrès du Québec et à la
sécurité économique et sociale des Québécois
et de leurs familles.
L'Opposition officielle entend assumer, à cet égard, la
plénitude de sa responsabilité et exercer toutes les pressions
nécessaires pour amener le gouvernement à mettre
immédiatement cartes sur table sur ces deux questions vitales.
Je vous indique, tout de suite, là où nous nous situons.
Nous sommes contre le séparatisme et la socialisation à outrance
de l'activité économique. Quant au reste, c'est-à-dire
tous les autres engagements et promesses du Parti québécois et de
ses candidats, nous donnons volontiers la chance au coureur, à condition
qu'il coure parce qu'au rythme où il a promis, il aura grandement besoin
de faire vite et qui fait vite parfois est forcé d'improviser et de
parler bien fort et d'abondance pour camoufler son inaptitude à tenir
parole.
Avec tous mes collègues de l'Opposition, nous serons là
pour exercer une vigilance de tous les instants et forcer le gouvernement
à se comporter en gouvernement responsable. C'est là une
donnée fondamentale de la vie démocratique de notre
société et nous entendons bien la respecter pleinement.
Le 15 novembre dernier, Mme la Vice-Présidente, les
Québécois ont décidé de changer de gouvernement. En
bons démocrates, les libéraux du Québec respectent cette
décision de la majorité des Québécois. Quelles que
soient les déceptions personnelles, bien légitimes, que nous
puissions avoir, des intérêts supérieurs commandent
maintenant au Parti libéral du Québec de se remettre sans tarder
à la tâche et de témoigner ainsi, une fois de plus, de
l'attachement des libéraux du Québec aux valeurs
démocratiques de notre société.
C'est vers l'avenir que nous nous tournons maintenant. Cependant, avant
de tourner la page sur les six années au cours desquelles le Parti
libéral du Québec a eu à assurer la direction des affaires
publiques québécoises, je me dois de souligner le travail
acharné de tous mes collègues libéraux, ministres et
députés, qui, même dans la défaite d'hier, peuvent
être fiers de la contribution qu'ils ont apportée au
progrès et au développement du Québec, et à
l'amélioration de la qualité de vie des
Québécois.
Je veux, en particulier, dire à celui qui a eu la lourde
responsabilité de présider au gouvernement du Québec
depuis 1970 toute notre admiration. Ce n'est pas le moment de rappeler
aujourd'hui les réalisations de Robert Bourassa. Je veux, cependant,
signaler qu'aucun premier ministre du Québec n'a eu, d'une façon
aussi soutenue, à faire face à autant de difficultés que
celles qu'il a connues.
Le Québec est une société extrêmement
exigeante pour le chef du gouvernement. Je sais que le nouveau premier ministre
en est conscient. Il a, je pense, déjà parlé de tue-monde
pour décrire la tâche du premier ministre du Québec. En
fait, peu de sociétés modernes ont à ce point
changé aussi vite que la nôtre. Peu de sociétés
modernes ont ainsi eu à faire face à des tensions sociales aussi
intenses, tensions qui se manifestent avec d'autant plus de force que le
Québec doit mener, sur le plan culturel, un combat de tous les
instants.
Si le Québec a pu, au cours des six dernières
années, en dépit de tout, connaître des progrès
économiques, sociaux et culturels que personne ne peut nier, je crois
sincèrement que, par-delà les engagements politiques de chacun,
les Québécois savent que les qualités personnelles de
Robert Bourassa ont compté pour beaucoup.
Le 15 novembre dernier, il a accepté, de la façon que l'on
sait, le verdict de la population. Nous qui avons été ses
collaborateurs, nous n'avons pas été surpris de son attitude
courageuse. Je veux, aujourd'hui, lui transmettre, ainsi qu'à son
épouse et à ses enfants, les meilleurs voeux de cette
Assemblée.
Le Parti libéral du Québec doit donc se remettre à
la tâche et, comme nos amis d'en face nous le disaient à
l'époque, sans que nous les ayons
crus ils avaient pourtant raison Nous sommes l'Opposition
officielle, c'est-à-dire le prochain gouvernement du Québec.
Le rôle de l'Opposition officielle, comme je l'ai indiqué
tantôt, nous allons le jouer pleinement, en particulier d'abord en ce qui
concerne le domaine économique et la question de l'indépendance
du Québec. L'indépendance du Québec est-il besoin
de le rappeler? dont les Québécois ne veulent pas. 60% ont
voté contre le séparatisme et, parmi les quelque 40% des
Québécois qui ont voté pour le Parti
québécois, tout indique, les relevés d'opinions tout
autant que les témoignages que nous entendons chaque jour, que beaucoup
plus de la moitié des électeurs péquistes sont
également opposés à l'idée de
l'indépendance. Le Parti libéral, qui lui, a clairement l'option
canadienne, doit donc s'engager, dès à présent, à
se préparer à servir de nouveau le Québec et à
prendre à la première occasion la relève du présent
gouvernement.
De toute évidence, le gouvernement péquiste, ceux et
celles qui le composent, son programme et ses premières heures en
témoignent, le gouvernement péquiste, dis-je, s'enfermera
très vite dans l'univers clos des structures technocratiques et de
l'organisation à outrance des rapports économiques sociaux et
individuels. Ce sera et j'en ai la conviction l'orientation
fondamentale de sa politique et de son action comme l'illustre
déjà si bien le superbe étagement des nouvelles
responsabilités ministérielles.
Dans ces conditions, de plus en plus de gens au Québec seront
amenés à prendre fermement parti en faveur de la liberté
individuelle et du sens des responsabilités du citoyen. Le Parti
libéral du Québecj'en ai la conviction peut
être le lieu de rassemblement de tous ceux-là qui croient que
l'individu et l'humain passent avant l'organisation des systèmes et des
structures. Au modèle suédois que nous propose, en fait, le Parti
québécois, le Parti libéral du Québec devra opposer
l'expérience suédoise, une expérience bien concrète
décriée par tout un courant d'opinions en Suède et
rejetée par le peuple suédois lui-même lors des
dernières élections dans ce pays. Le Parti libéral du
Québec devra rappeler au Parti québécois que le seul
modèle de société qui convienne au Québec est celui
qui nous invite à continuer de partager fondamentalement, dans l'ordre
des valeurs, celles qui sont propres au continent nord-américain sur
lequel nous nous situons. Un tel modèle de société
j'en ai la conviction est par ailleurs tout à fait compatible
avec la réalisation des objectifs d'affirmation et de promotion des
valeurs culturelles qui sont nôtres au sein du Canada.
Prendre le parti de la liberté individuelle au Québec,
cela a déjà une signification précise. Est-il, en effet,
tellement osé de s'inquiéter, dès à présent,
d'un certain conformisme de la pensée qui s'est installé presque
à demeure dans des milieux qui devraient être les derniers
à se plier à ce conformisme? Est-il tellement trop osé de
s'inquiéter de cette quasi-unanimité des valeurs politiques,
économiques, sociales et culturelles que véhiculent une grande
partie de la production culturelle et artistique québécoise ainsi
que certains grands prophètes du monde de l'enseignement, du
syndicalisme et de la fonction publique? Comment est-il simplement possible que
si peu de gens, dans ces milieux pourtant épris de liberté,
fassent entendre un autre son de cloche? Je sais qu'il y a la situation
particulière dans laquelle la société
québécoise est placée au sein du Canada et sur le
continent nord-américain. Il faut le comprendre. L'histoire et les
réalités démocratiques, économiques, sociales et
culturelles des Québécois l'explique aisément. J'admets
tout cela, mais je me demande s'il s'agit là d'un signe de santé
sur le plan de la créativité, de l'imagination et du dynamisme
d'un peuple. Est-ce là le signe d'une société libre? Je ne
le crois pas. Il fut pourtant une époque pas tellement lointaine
où un gouvernement a trouvé dans une situation analogue une base
d'opération extrêmement intéressante pour lui et qui, on se
le rappelle, avait été si vertement dénoncée
à l'époque par l'actuel ministre des Affaires culturelles et des
Communications. Aujourd'hui, quand je me trouve en face d'un gouvernement
péquiste, je ne peux m'empêcher de souligner le danger que courent
ces milieux de devenir en quelque sorte la chose du gouvernement. Le
Québec de 1976 n'est pas celui de 1950. Le Québec est
irrémédiablement ouvert sur le monde heureusement.
Il n'en demeure pas moins que, dans l'ordre politique dans lequel je me
situe, je me dis qu'il est important de souhaiter qu'il se trouve encore au
Québec suffisamment de gens de ces milieux pour prendre leurs distances
et pour mener avec ouverture d'esprit une réflexion sur l'avenir qui
sache, bien sûr, reconnaître toute son importance à notre
condition de Québécois, mais qui soit capable d'aller
au-delà pour témoigner de valeurs plus universelles et
probablement plus humaines. C'est, en tout cas, dans cette perspective et
encore une fois dans le domaine politique où nous nous situons que le
Parti libéral du Québec entend profiter de son séjour dans
l'Opposition pour "se ressourcer" si vous me permettez l'expression
en n'hésitant pas, quant à lui, à s'inscrire, au
besoin, en faux contre tous ceux-là qui, d'une façon consciente
ou non, convieraient le Québec à revivre une expérience
des années 1950 qui, quant à moi, a été tout
à fait concluante.
Je ne crois pas qu'il y ait lieu de dramatiser à ce sujet;
d'autant moins que des voix autorisées des milieux auxquels je me
réfère ont déjà signalé le danger, en
particulier en ce qui concerne l'intervention absolument saugrenue du Conseil
national du Parti québécois dans le processus de décisions
de l'Etat. Si je comprends bien, tout cela va se régler samedi, mais,
enfin, nous attendrons.
Je souhaite simplement que des voix tout aussi nombreuses de ces milieux
sauront témoigner de leur attachement aux valeurs démocratiques
de notre société lorsqu'il s'agira de dire au gouvernement qu'on
ne peut se servir de l'appareil gouvernemental pour faire accepter à la
population une option constitutionnelle dont elle ne veut
pas. Si, comme on l'a dit, un référendum se
prépare, il faudra alors dire à nos amis d'en face qu'avant que
l'Assemblée nationale ne l'ait autorisé spécifiquement, un
référendum ne se prépare pas avec les fonds publics. Il
faudra, M. le Président, que l'Assemblée nationale l'autorise et
à ce moment, comme l'a mentionné il y a quelques minutes, dans
une question, le chef de l'Union Nationale, il va falloir que nous ayons, de
part et d'autre, les moyens financiers et techniques pour bien souligner le
pour et le contre, voir les deux côtés de la médaille.
C'est là une question d'honnêteté,
d'intégrité intellectuelle dont je parlais tout à l'heure.
C'est là une responsabilité à laquelle le gouvernement
devra être de plus en plus sensible, parce que c'est l'avenir de toute
une société qui se joue. Nous n'avons pas l'intention
d'être dans une situation que créerait le gouvernement et qui
s'éloignerait des principes de justice qui doivent présider
à ce grand choix du peuple québécois. Dans l'ordre
économique et social, je crois que le Parti libéral du
Québec devra orienter son effort de réflexion en adoptant une
attitude essentiellement pragmatique.
Je pense bien que l'on peut certainement affirmer que dans la plupart
des pays occidentaux et en tout cas très clairement en
Amérique du Nord un courant nettement majoritaire de l'opinion a
depuis longtemps reconnu les dangers et les limites d'une approche trop
idéologique des problèmes de développement et de
croissance économique d'une société moderne. Je crois que
le Parti libéral du Québec, comme il l'a fait au cours des six
dernières années, doit continuer d'éviter recueil des
dogmatismes et des systèmes préétablis. L'économie
québécoise est une économie ouverte. Elle doit le demeurer
parce que les Québécois, quoi qu'on puisse en dire, y trouvent
des avantages considérables. D'ailleurs, cette ouverture n'est-elle pas,
en fait, à l'échelle du Québec, que l'expression de la
réalité inéluctable de l'interdépendance sans cesse
accrue des économies modernes?
Il ne saurait alors être question, pour le Parti libéral du
Québec, de songer à doter le Québec d'un système
économique fondamentalement différent de celui du reste du Canada
et de l'Amérique du Nord. Il est bien évident, cependant
et l'action du Parti libéral du Québec de 1960 à 1976 et
de 1970 à 1976 en témoigne que le Québec doit
appuyer, peut-être davantage qu'ailleurs, son développement sur
l'Etat, toute une série de raisons historiques, démographiques et
économiques nous le suggèrent.
L'expérience québécoise, à cet égard,
nous indique, par contre, qu'il faut être bien prudent et lucide dans ce
domaine, éviter par-dessus tout de croire aux solutions-miracles. L'Etat
ne peut être une panacée à tous nos problèmes
économiques.
Fondamentalement, c'est le dynamisme de l'entreprise qui est le facteur
déterminant de la croissance économique. C'est ce que le Parti
libéral du Québec a toujours dit et c'est ce qu'il devra
continuer de défendre. Il importe toutefois, comme je l'ai
indiqué tantôt, que le Québec puisse appuyer ses efforts de
développement économique sur une action soutenue et
éclairée des pouvoirs publics. Je dirais que, dans ce domaine
comme dans les autres, il faut avoir suffisamment de lucidité et de
clairvoyance pour conditionner toute intervention de l'Etat dans la vie
économique à l'épreuve d'une analyse rigoureuse des
coûts et bénéfices. Là comme ailleurs, les montants
d'argent ou les deniers publics doivent être dépensés d une
façon productive, productive en terme économique,
c'est-à-dire une question de stricte rentabilité, productive
également en terme social, c'est-à-dire une question d'emplois
créés ou assurés, une question d'impact sur la
région, la ville ou le village en cause.
C'est sur cette base qu'au gouvernement du Québec nous avons
voulu fonder notre action, lorsqu'il s'est agi pour nous de créer la
Société de développement industriel, d'investir des sommes
additionnelles importantes dans SIDBEC, REXFOR, SOQUEM, SOQUIP ou d'appuyer des
projets particuliers comme Tembec et Cabano. L'interdépendance des
économies modernes, le rôle déterminant de l'entreprise
privée et l'intervention éclairée et responsable de l'Etat
dans la vie économique m'apparaissent donc être les voies les plus
sûres du progrès et du développement économique du
Québec.
Je sais bien que nos amis d'en face opposeront à cela le refrain
du contrôle de l'économie québécoise par les
Québécois et pour les Québécois. On connaît
déjà trop bien leur chanson. On voit déjà ce que
cela donne. Maintenant qu'ils sont au gouvernement, alors qu'ils disaient avoir
la réponse à peu près à tout, ils semblent
maintenant n'avoir réponse à rien.
Dans le domaine économique, sur le plan concret, c'est le vide
absolu, le vide de leur refrain du contrôle de l'économie
québécoise par les Québécois et pour les
Québécois. Quand je les entends parler de nationalisation et
d'entreprises d'Etat, je me demande vraiment s'ils pensent aux
bénéfices concrets que la population et les travailleurs en
tireraient.
Je me demande s'ils se rendent compte des montants d'argent, des deniers
publics considérables qui seraient nécessaires et qu'ils
consacreraient à acheter des usines existantes sans créer un seul
emploi nouveau. Quand je les entends parler de réglementation de ceci ou
de cela, je me demande s'ils savent simplement comment une entreprise
fonctionne, quelles sont les exigences de la concurrence et du marché et
les contraintes de la technologie et du crédit.
Quand je les entends parler des multinationales, je me demande s'ils
savent comment, très concrètement, aujourd'hui, demain, l'an
prochain, les jeunes diplômés de nos universités
trouveraient de l'emploi au Québec s'il n'y avait pas chez nous de
grandes industries à haute technologie.
Prendre en main les leviers économiques québécois,
je ne crois certainement pas que nous puissions y parvenir en cherchant
à séparer le Québec du reste du Canada. Nous aurons bien
en main les leviers économique québécois quand,
collectivement et individuellement, nous choisirons de nous engager
à faire du développement économique la grande
priorité de notre société, celle qui est à la base
du progrès social et culturel de toutes les sociétés
modernes.
Le Parti libéral du Québec a choisi cette voie en 1970 et
des progrès considérables ont été accomplis. Le
Parti libéral du Québec doit encore aujourd'hui et dans l'avenir
être le parti de la croissance économique, une croissance
économique fondée sur des entreprises québécoises
dynamiques et pouvant compter aussi sur l'apport du capital étranger,
une croissance économique façonnée par une meilleure
éducation économique de notre population, une croissance
économique appuyée sur des relations de travail responsables, une
croissance économique qui nous sera assurée dans la mesure
même où les Québécois sauront épargner et
investir dans l'avenir de leur société.
C'est alors, et alors seulement, que les politiques et programmes
économiques de l'Etat pourront prendre leur signification
véritable. Le développement de la croissance économique
est la base du progrès social. Je le répète. C'est la base
du progrès culturel de toutes les sociétés modernes,
incluant la nôtre.
Nos honorables amis d'en face vont, dans les prochains mois, comprendre
toute la signification de cette règle première, fondamentale, de
la condition des collectivités modernes, eux qui se lancent dans des
promesses plus ou moins irréalistes et dont ils n'ont pas l'air de
savoir qu'il faut que cela se finance. Il y a des besoins sociaux prioritaires
dans notre société. Nous les avons énumérés
dans notre dernier programme électoral, les principaux étant ceux
des personnes âgées, l'habitation et le logement, la santé
et la sécurité des travailleurs, le revenu des agriculteurs,
l'enfance et la famille, le consommateur, le domaine des sports et des loisirs
et l'amélioration de la qualité de l'éducation et des
services de santé et des services sociaux.
Sauf erreur, tous les partis politiques représentés en
cette Chambie sont à peu près tombés d'accord sur un tel
programme social. Nous avons, bien sûr, dit à la population
québécoise la manière dont nous entendions le
réaliser. Il y a, à ce niveau, des divergences entre nous dont
nous aurons sans doute l'occasion de parler.
En ce qui concerne le Parti libéral du Québec, nous nous
sommes volontairement abstenus de prendre des engagements que nous jugions
irréalistes et qui étaient au-delà de la capacité
de payer des contribuables québécois, capacité, il ne faut
pas l'oublier, qui est directement tributaire de !a situation
économique. Sans doute parce qu'ils ne prévoyaient jamais
être portés au pouvoir, nos amis d'en face manifestant,
vous l'admettrez, Mme la Vice-Présidente, à cet égard, un
sens de l'éthique politique assez douteux n'ont pas eu la
même honnêteté intellectuelle, la même réserve,
le même sens des responsabilités. Ils sont aujourd'hui, pris avec
leurs promesses. Aussi, n'est-il pas surprenant de les voir maintenant
littéralement prendre d'assaut les media d'information comme pour
masquer leur incapacité d'agir.
Ce que la population québécoise attend du gouvernement, ce
n'est pas qu'on lui promette ciel et terre; c'est qu'on identifie clairement
les priorités sociales, qu'on en établisse le coût exact et
qu'on détermine un échéancier précis de
réalisation. Je veux bien que, dans son ardeur juvénile, le
nouveau gouvernement réussisse à faire des manchettes avec des
comités d'étude à qui on fixe des délais qu'on veut
impératifs; je n'en tiens pas grief au gouvernement: il vient d'arriver.
Je lui dis simplement que les Québécois, demain, exigeront
beaucoup plus que cela.
C'est le Parti libéral du Québec qui a fait la
réforme de l'éducation, c'est le Parti libéral du
Québec qui a fait la réforme sociale. Le nouveau gouvernement ne
doit pas oublier qu'il doit voir à ce que ces deux grands projets de
notre société continuent d'être menés et
administrés avec efficacité. Il va falloir que les ministres
passent un peu plus de temps dans leurs ministères pour prendre,
à cet égard, les décisions qui s'imposent. C'est
regrettable pour eux, mais la plupart de ces décisions ne justifient pas
de conférence de presse. Elles n'en sont pas moins importantes. Ce sont
des questions de bonne et de saine administration de la chose publique. Ce sont
des questions qui mettent en cause toute la crédibilité,
auprès de la population, des programmes concernés.
Mal administrés, les programmes existants perdent très
vite leur signification. Assurez-vous de la bonne gestion des programmes
existants avant de vous lancer, comme vous le faites, dans toutes les
directions à la fois.
Il est un autre aspect de la réalité
québécoise au sujet duquel je voudrais dire quelques mots; c'est
celui des relations entre les francophones et les non-francophones du
Québec. Je représente en cette Chambre un comté qui est
précisément composé d'une majorité de parlant
français et d'une minorité, d'environ 15%, de parlant anglais.
Depuis vingt ans que je suis ici, j'ai servi les électeurs de
Bonaventure du mieux que j'ai pu.
Je crois pouvoir dire en cette Chambre, que si j'ai pu me mériter
ainsi la confiance de mes électeurs, c'est en grande partie parce que je
me suis toujours fait un point d'honneur de reconnaître à tous et
à chacun de mes concitoyens, les mêmes droits. Pour moi, tous,
sans distinction aucune, de langue, de religion ou de fortune, sont des
citoyens à part entière du Québec, tous sont
d'authentiques et de véritables Québécois. Je suis de ceux
qui croient que, malgré tout ce que l'on peut en dire, le Québec
a connu, au cours de toutes ces années, des progrès remarquables
dans à peu près tous les domaines.
Une nouvelle société québécoise est apparue,
une société ouverte sur le monde, dynamique, créatrice et
soucieuse de satisfaire aux exigences de l'idéal de justice et de
liberté qui constitue notre héritage commun. Cette nouvelle
société québécoise dont nous pouvons à juste
titre être fiers, chaque Québécois l'a bâtie de ses
mains, de son travail et de son amour du Québec.
Oui, le Québec existe aujourd'hui, sans même que nous ayons
eu besoin de nous séparer du reste du Canada. Le Québec existe
dans le coeur et
l'esprit de tous les Québécois, c'est-à-dire les
Québécois de langue et de culture françaises, et, au
même degré, dans le coeur et l'esprit des Québécois
de langue et de culture anglaises, et de tous ceux-là qui ont choisi de
venir, chez nous, partager nos ambitions et nos espoirs.
La dernière élection générale a mis en
relief l'existence d'un fait politique et social d'une importance majeure pour
l'avenir de notre société et dont il me faut faire état,
aujourd'hui, en cette Assemblée, afin que nous acceptions tous ensemble
d'y accorder une attention particulière. En effet, la dernière
élection générale au Québec a été
l'occasion pour plus d'un million de Québécois non francophones
de projeter au premier plan de la discussion de nos affaires publiques, le
sentiment qu'ils avaient d'être considérés chez eux, au
Québec, comme des citoyens de second rang.
Mon propos n'est pas ici de chercher à démontrer qui, du
Parti libéral du Québec, du Parti québécois ou de
l'Union Nationale, a recueilli le plus grand nombre de suffrages de ce groupe
de Québécois. Je cherche tout simplement, et d'une façon
beaucoup plus positive, à dire à cette Assemblée et
à tous les partis politiques qui y sont représentés, qu'il
y a là quelque chose de très sérieux. Je sais bien que
l'on a parlé de certaines dispositions de la Loi sur la langue
officielle et que cette question a pris une place très importante du
débat public. Nous aurons l'occasion, le premier ministre l'a
déjà indiqué, de nous en saisir, et ce, au cours des
prochains mois. Je voudrais dire, aujourd'hui, à cette Chambre, que le
problème qui se pose à nous me semble beaucoup plus profond que
cela. C'est la conviction qu'ont acquise mes collègues libéraux
qui ont eu à rencontrer leurs électeurs non francophones et
à discuter avec eux.
Pour le bien comprendre, et pour pouvoir y apporter des solutions
adéquates, il faut, je pense, reconnaître que dans ce que nous
avons entrepris, ici au Québec, depuis 1960, pour moderniser notre
société et nous donner des institutions politiques,
économiques, sociales et culturelles adaptées à nos
besoins, nous n'avons collectivement pas su associer suffisamment nos
concitoyens non francophones à la réalisation des grands
objectifs que nous poursuivions, et ces derniers n'ont pas non plus
suffisamment cherché à s'inscrire dans le mouvement qui prenait
son élan.
Il n'y a pas de blâme à jeter sur quiconque. Je crois que
c'est là un fait indiscutable qu'il faut avoir le courage et
l'honnêteté de reconnaître. Ainsi, par exemple, chacun
d'entre nous se rappelle les débats que nous avons eus ici, en cette
Assemblée, sur la création du ministère de l'Education, la
formation des communautés urbaines, la restructuration scolaire de
l'île de Montréal, l'intégration des forces
policières et la réforme des services de santé et des
services sociaux. Dans ces occasions, avons-nous senti vraiment que, de part et
d'autre, nous faisions oeuvre commune? Nous touchions pourtant alors à
des choses qui rejoignaient directement chaque citoyen dans sa vie
quotidienne.
Ne devons-nous pas le reconnaître, sans le vouloir et en toute
bonne foi, alors, nous pouvions donner à certains de nos concitoyens
l'impression d'être ignorés et que tôt ou tard nous devions
nous attendre à ce que ces gens-là expriment leurs
inquiétudes légitimes. N'est-ce pas un peu à cela que tous
les partis politiques en cette Chambre ont eu à faire face lors de la
dernière campagne électorale?
Quant à moi, je crois qu'il s'agit là d'un problème
sérieux dont il faut nous occuper sans délai parce qu'il met en
cause les valeurs les plus fondamentales de notre société. Il ne
devrait jamais y avoir au Québec de citoyens de seconde classe. Les
Québécois sont trop attachés à l'idéal
démocratique. Ils ont un sens trop élevé de la justice et
de l'égalité pour le tolérer. J'entends bien qu'au niveau
du Parti libéral du Québec, on entreprenne, dès
maintenant, de trouver une façon de corriger cette situation. Je ne
doute pas que ce soit là aussi le désir des autres formations
politiques du Québec.
J'ai donc cherché, aujourd'hui, à dire à cette
Assemblée, au nom des centaines de milliers de libéraux du
Québec que, dans la défaite du 15 novembre dernier, ils
demeuraient tous profondément attachés aux grandes valeurs
démocratiques de la société québécoise. Les
libéraux du Québec demeurent fiers d'avoir, depuis 1960, pendant
plus de douze ans, vu leur parti apporter une contribution extrêmement
positive au progrès du Québec et à l'amélioration
de la qualité de vie des Québécois. Les
Québécois ont décidé de se donner un nouveau
gouvernement, les libéraux acceptent, sans amertume aucune, le verdict
et, sans délai, ils entendent assumer pleinement leur rôle
d'Opposition officielle et profiter de ce séjour dans l'Opposition pour,
une fois de plus, entreprendre la tâche de réunir, au sein du
Parti libéral du Québec, une nouvelle équipe d'hommes et
de femmes qui à la première occasion seront prêts à
servir le Québec.
J'ai voulu dire au nouveau gouvernement certaines choses qui
m'apparaissaient essentielles. Ne cherchez pas à imposer aux
Québécois le séparatisme dont ils ne veulent pas.
Comprenez l'importance majeure qu'il y a dès maintenant, de vous
consacrer à apporter des solutions concrètes et immédiates
aux problèmes économiques des Québécois en
définissant clairement vos orientations économiques et en
créant un climat de confiance.
J'ai indiqué, enfin, à cette Assemblée, les grandes
orientations qui m'apparaissaient devoir guider le Parti libéral du
Québec au cours des prochaines années, orientations qui se
préciseront et qui se compléteront à l'intérieur
des structures du parti, des structures démocratiques du parti.
Je souhaite, enfin, la meilleure des chances possible au nouveau
gouvernement. L'Opposition officielle combattra votre option constitutionnelle.
Elle jouera à plein son rôle d'Opposition officielle dans tous les
domaines. Ne nous avez-vous pas dit et redit depuis 1973 que l'Opposition
officielle, c'est le prochain gouvernement, nous sommes bien d'accord.
Cependant, dans l'immédiat, nous
devons constater que le gouvernement actuel n'a pas encore posé
de geste de nature à dissiper le climat d'incertitude qu'a
provoqué dans tous les milieux sa politique, tant sur le plan
économique que constitutionnel. Ceux qui hier avaient des
réponses à tout semblent maintenant n'avoir de réponse
à rien. En conséquence, je propose en concluant cet exposé
que cette assemblée regrette que le gouvernement n'ait rien fait pour
dissiper le climat d'inquiétude et d'incertitude qui est absolument
néfaste au bien-être des Québécois et de leur
famille. Je vous remercie, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Cuerrier): M. le
député de Lotbinière.
M. Rodrigue Biron
M. Biron: Mme la Présidente, au moment où avec
émotion je prononce mon premier discours dans cette enceinte de
l'Assemblée nationale du Québec, mes premières
pensées vont à l'endroit des gens de mon pays, des gens de
Lotbinière, à l'endroit de celles-là et de ceux-là
qui m'ont fait l'insigne honneur de m'accorder leur confiance.
J'entends, et je veux le redire ici, être digne de leurs
sentiments à mon égard et, ici, tout comme dans mon comté,
semaine après semaine, jour après jour, j'entends être le
représentant de tous les électeurs de Lotbinière sans
distinction aucune, quant à moi, du choix qui a été le
leur le 15 novembre dernier.
M. le Président, avant de livrer ce message qui est le mien
aujourd'hui, au nom de mes commettants et en tant que chef de l'Union
Nationale, je tiens à vous souhaiter plein succès dans l'exercice
de vos difficiles fonctions, à vous assurer de ma collaboration franche,
pleine et entière, ainsi que de celle de mes députés dans
le rôle d'arbitre qui est le vôtre. Nous croyons au respect de
l'autorité et je vous assure que nous respecterons la discipline et les
règles que vous voudrez bien imposer.
Vous voudrez bien assurer aussi vos collègues, le
vice-président de cette Assemblée, le député de
Prévost, et le président de l'Assemblée nationale, de ce
même tribut de respect de ma part à leur endroit.
Je sais que vos formations professionnelles vous ont
préparés adéquatement a bien remplir le poste que l'on
vous a confié et que vous en répondrez débat après
débat avec impartialité et diplomatie. La voie en ce sens a
été bien tracée par votre prédécesseur
immédiat qui, si l'on se fie, à ce jour, à son
intervention lors de la séance d'ouverture de l'Assemblée
nationale, était plus à l'aise et mieux inspiré, à
tout le moins, dans son fauteuil du dernier Parlement que dans celui de leader
de l'Opposition officielle.
Nous voici dans un nouveau Parlement, pour ne pas dire dans un Parlement
nouveau, où tous, de quelque formation politique que nous soyons, nous
avons à déplorer l'absence d'hommes ou de femmes qui, sans
déshonneur pour autant, ont connu la défaite électorale,
privant ainsi la collec- tivité québécoise, dans plusieurs
cas, d'une compétence sûre. C'est le prix d'un changement, un
changement qui nous vaut un nouveau gouvernement, un cabinet et un conseil de
ministres tout neufs et un premier ministre tout renouvelé dans sa
parure, à qui ainsi qu'à tous les élus du 15 novembre
dernier j'offre mes félicitations les plus sincères.
J'assure le premier ministre du Québec de notre collaboration
positive, dynamique, sincère et efficace dans l'administration du
Québec. Ce changement nous vaut également une Opposition nouvelle
et une Union Nationale revivifiée. Hier, quelque 5% du suffrage et un
député; aujourd'hui, tout près de 20% des voix et onze
députés. Quel chemin parcouru en bien peu de temps, et ceci
je tiens à le signaler à l'attention de tous les
députés de cette Chambre grâce, notamment, au
travail inlassable et au dévouement fécond d'un des plus grands
parlementaires de toute l'histoire de ce Parlement, le doyen de
l'Assemblée nationale, que je remercie de son amitié, le
député de Johnson.
Je suis fier de diriger une équipe où se retrouvent
côte à côte, riches d'une expérience parlementaire,
les députés de Johnson, de Mégantic-Compton, notre whip,
de Brome-Missisquoi son élection, sans pour autant diminuer ici
son mérite personnel, est en quelque sorte un hommage à la
mémoire du regretté ex-premier ministre du Québec,
l'honorable Jean-Jacques Bertrand et de Richmond. L'Union Nationale
déjà regroupe d'ex-adhérents à d'autres formations
politiques et comme autant d'espoirs nouveaux, mais tout aussi motivés
et représentatifs, les honorables députés de Bellechasse,
de Gaspé, de Huntingdon, de Nicolet-Yamaska, de Pointe-Claire et de
Saint-Hyacinthe.
Autant nous de l'Union Nationale, et ce dans le même esprit qui
nous a animés tout au cours de la récente campagne
électorale, nous voulons être une Opposition à la fois
positive, constructive et vigilante, autant nous voulons placer les
intérêts supérieurs et collectifs du Québec d'abord
et du Canada également au-dessus des intérêts à
court terme et à long terme de notre parti.
C'est à toute la population du Québec que nous voulons
répondre de nos faits et gestes. C'est auprès d'elle et avec
elle, d'abord, que nous prendrons notre orientation, que nous dessinerons le
chemin à parcourir, la stratégie même à suivre. Le
parti qui est nôtre ne sera qu'un outil, pas moins, mais pas plus. En
tant qu'élus du peuple, nous ne pouvons servir deux maîtres.
C'est pourquoi, incidemment, contrairement à certains de nos
amis, nous n'avons ni maître, ni frère à Ottawa, tout au
plus des cousins. Notre conseil national à nous, Mme la
Vice-Présidente, est l'électorat québécois dans son
ensemble. C'est pourquoi il ne faut pas s'en surprendre. Sans négliger
les travaux parlementaires qui nous incombent, nous parcourrons sans
relâche, et dès le début de 1977, l'ensemble du territoire
québécois, en contact constant avec les citoyens du
Québec, à leur écoute réelle, anxieux de mieux
connaître
encore leurs besoins, leurs aspirations et leurs appréhensions.
Nous voulons ainsi nous assurer d'une représentativité
authentique de l'ensemble des Québécois car il nous importera de
connaître, en tout temps, le pouls des Québécois, de tous
ceux qui vivent au Québec, comme il nous importe de bien
interpréter dès maintenant les leçons du 15 novembre
dernier.
M. le Président, que faut-il conclure du 15 novembre dernier
sinon que de constater et d'apprécier que le peuple du Québec,
dans une proportion de quelque 66%, deux Québécois sur trois, a
exprimé clairement une volonté de changement, se
prononçant à 41% des suffrages exprimés pour un nouveau
gouvernement? La vague, 70 élus, qui a porté le Parti
québécois au pouvoir n'a eu d'égal que le
mécontentement, l'insatisfaction profonde des Québécois.
Les sondages nous avaient parlé de 66% d'insatisfaits à l'endroit
des ministériels libéraux.
Les Québécois ont donc opté non pas pour un
changement radical du système économique, non pas pour un
changement brutal de régime constitutionnel, mais pour une
administration plus saine de leur province, de leur gouvernement et,
avouons-le, pour un coup de barre en avant dans maints dossiers qui
pourrissaient littéralement dans l'indécision chronique et, enfin
également, pour un style de gestion plus ouvert, plus
démocratique et pour un gouvernement dans lequel ils croyaient se
retrouver davantage.
L'interprétation, par trop enthousiaste d'ailleurs, de plusieurs
de nos amis d'en face, dans certains de leurs propos publiés depuis leur
victoire du 15 novembre, le cheminement idéologique du PQ, son programme
actuel, l'hypothèse des nationalisations, sa raison d'être
habilement dissimulée au cours de la récente campagne
électorale, des déclarations antérieures de plusieurs de
ces têtes d'affiche, voilà autant de facteurs qui contribuent
à provoquer, sinon à alimenter, à nourrir l'incertitude
qui prévaut actuellement dans plusieurs couches de notre population,
dans plusieurs secteurs de notre société, notamment dans le
milieu des affaires et de l'industrie, piliers, qu'on le veuille ou non, de
notre économie, et partenaires, de toute façon, de notre
progrès social.
Le Québec et son gouvernement je ne l'apprends à
personne, je l'espère n'a pas les moyens ni le droit, avec un
taux de chômage de 10% dont 25% chez les moins de 25 ans, avec un
déficit de $1 milliard, de même prendre le risque de prêter
flanc, sinon de provoquer, encore moins de voir s'installer un climat
d'inquiétude. Je lance donc aujourd'hui un appel pressant au nouveau
gouvernement et au nouveau premier ministre du Québec à l'effet
qu'ils s'emploient, sans délai, et sur toutes les tribunes pertinentes
à la fois, à éliminer l'incertitude qui prévaut
actuellement à la suite de l'élection du 15 novembre dernier.
Trêve de promesses à gogo, trêve de déclarations
ministérielles quotidiennes davantage vagues, équivoques ou
ambivalentes que génératrices de consensus fécond, de
grâce pour une période de temps qui soit la plus longue possible.
Que des décisions et des gestes posés, pensés,
réfléchis et cohérents marquent l'action du gouvernement.
Il ne faudrait quand même pas que l'incohérence ou encore
l'activisme succède à l'indécision chronique des
ministériels sortant de charge. La chance au coureur, nous en sommes.
Cela veut dire à l'intérieur des règles du jeu, mais pas
si cela veut dire hors piste ou encore courir prématurément
à perdre haleine.
Que le Parti québécois s'essouffle vite, je le veux bien,
mais pas le peuple du Québec ni l'économie, d'autant plus qu'elle
est déjà essoufflée. Que l'on profite donc de la lune de
miel pour paver la voie, d'autant plus qu'il y a davantage mariage d'amour que
de raison, à un bonheur durable entre administrateur et
administré et non pas pour mettre la province dans le pétrin.
Quant à nous de l'Union Nationale, la priorité va à
l'économie. C'était le cas au cours de la récente campagne
électorale et c'est toujours le cas. Nous déplorons incidemment,
tout comme le président du Conseil du patronat du Québec, M.
Pierre Des Marais, l'absence en règle générale d'hommes
honnêtes... pardon d'affaires au sein du Parti québécois.
Avec la volonté d'assurer la sécurité aux
Québécois, nous offrons notre collaboration au gouvernement
qu'ils ont choisi.
C'est donc dans cet esprit que nous multiplions et multiplierons nos
rencontres au Québec et éventuellement ailleurs au pays et
même aux Etats-Unis, auprès de représentants de l'un ou
l'autre des agents économiques. L'économie, pour nous, à
l'Union Nationale, est le chemin le plus sûr pour travailler à
l'égalité des chances pour tous. La revalorisation du capital
humain, selon nous, passe par la relance économique, relance bâtie
avec les partenaires actuels de l'économie. L'une et l'autre sont
intimement liées. La relance économique, au Québec, tous
s'accordent à le dire, doit passer par la relance de la petite et
moyenne entreprise. La petite et moyenne entreprise au Québec est
l'industrie agro-alimentaire. On me permettra de m'interroger ici sur son essor
à court terme quand on nous faisait avant hier, d'Ottawa, dans le cadre
de la conférence fédérale-provinciale sur les perspectives
de l'agriculture, l'annonce d'une baisse de revenu net des agriculteurs en
1977.
Au Québec, la PME est également en certains cas
l'industrie du textile dont le nouveau ministre québécois de
l'Industrie et du Commerce nous dit qu'il suffit d'en favoriser la
localisation, la modernisation, le recyclage. Je lui souhaite bonne chance
quand on sait que les réponses de l'industrie du textile sont
déjà toutes prêtes et témoignent de ceci:
l'industrie n'attend rien d'autre de la part du gouvernement du Québec
qu'un soutien face à Ottawa, au moins égal à celui dont
les industriels de l'Ontario, province non séparée, jouissent
depuis plusieurs années. Je lui souhaite bonne chance à notre
ministre de l'Industrie et du Commerce quand on sait que Yarntex, Beau-Fil, de
Louiseville, PME familiale, a dû fermer ses portes récemment, soit
le 1er décembre dernier, jetant sur le pavé quelque 200
travailleurs. Pourtant,
Beau-Fil fonctionnait sur une base rentable dans un genre de produits
quasiment uniques. Le problème: Québec. L'administration
libérale, me dira-t-on, est intervenue trop tard alors qu'Ottawa
s'était déjà avancé pour $400 000. Résultat:
Beau-Fil n'a pu satisfaire à l'échéance qui était
sienne pour acquérir l'entreprise. A Québec, on avait joué
avec le dossier du MIC à la SGF, de la SGF au MIC et du MIC à la
SDI. Incidemment, M. le ministre, il va falloir mettre de l'ordre
là-dedans.
La PME au Québec, et ce selon les dossiers mêmes du MIC,
c'est 4500 petites industries qui emploient moins de 50 personnes et qui
représentent 21% de la main-d'oeuvre et 19% du volume d'affaires
industrielles de la province de Québec. Au Québec, la PME est
aussi l'industrie touristique, l'industrie hôtelière. Comme l'a
dit le nouveau ministre québécois du Tourisme le 3
décembre dernier, il ne faut pas oublier que le tourisme étranger
constitue un apport appréciable en devises étrangères.
C'est bien important quand on établit la balance des paiements. Oui, la
PME c'est cela et tout cela. C'est par là que doit passer la relance
économique au Québec et c'est par là que doit passer la
revalorisation du capital humain. Et pourtant, grande déception. Le
discours inaugural ne nous en parle pas, pas un mot, silence.
Bien sûr, nous croyons comprendre que 1977 nous apportera des
réponses. L'on nous dira sans doute que le tout est à
l'étude ou encore que l'éventuelle politique d'achat du
gouvernement sera orientée vers les PME, etc. D'accord, mais en
attendant que ces mesures, leur bienfait et leur éventuelle action aient
une influence sur les PME, celles-ci risquent de trouver le temps long ou
encore, pour certaines, de fermer leurs portes, parce que le même
gouvernement n'a pas étudié sérieusement, comme le lui
avait recommandé son propre ministre de l'Industrie et du Commerce, les
effets directs et indirects sur l'entreprise de la hausse du salaire minimum
à $3 l'heure, décrétée pour le 1er janvier 1977,
d'autant plus que presque toutes les entreprises dites nationales et
multinationales paient déjà plus que le salaire minimum. Cette
mesure frappe donc en plein front les PME québécoises.
Il aurait été souhaitable, comme l'écrivait
récemment l'éditorialiste Mathias Rioux, que les ministres du
nouveau gouvernement provincial coordonnent davantage leurs déclarations
et surtout qu'ils expliquent clairement comment ils entendent concilier les
intérêts de l'entreprise avec ceux des travailleurs.
Le ministre de l'Industrie et du Commerce a parlé d'autres
méthodes pour hausser le revenu minimum, comme de
dégrèvements sélectifs d'impôt ou même de
transferts directs. Pour répondre aux besoins urgents des PME,
récemment, M. Jean Sexton, professeur agrégé en relations
industrielles à Laval et spécialiste en main-d'oeuvre, a
proposé la formation de bureaux sectoriels de main-d'oeuvre, parce que,
a-t-il précisé, souvent la taille et les moyens techniques et
financiers des PME ne leur permettent pas de se livrer à l'exercice de
la planification de leurs besoins en main-d'oeuvre.
Quant à moi, je dis et c'est partie de notre programme
à l'Union Nationale que c'est le temps de réévaluer
les programmes d'enseignement en matière économique afin de
donner aux jeunes Québécois le goût et le sens de
l'entreprise. Je précise même ici autre volet de notre
programme que c'est le temps d'inclure dans les programmes
d'enseignement des stages d'apprentissage de sorte que l'étudiant puisse
accéder au marché du travail dans le secteur d'activité
qu'il a choisi avec, en plus de ses connaissances théoriques, une
expérience pratique reconnue.
Cette approche de liaison école-travail, en plus de favoriser les
jeunes, les étudiants, leur donne un débouché viable sur
le marché du travail. Voilà ce qui peut précisément
aider la petite et moyenne entreprise québécoise à se
donner les services de techniciens, de spécialistes en administration,
en mise en marché, en génie, etc., qu'autrement elle ne pourrait
se permettre.
Enfin, n'est-il pas immoral de laisser actuellement en chômage des
jeunes 25% chez les moins de 25 ans qui, par leur formation,
pourraient aider à l'essor de la petite et moyenne entreprise
québécoise?
J'aurais une suggestion à faire au gouvernement en ce sens. Pour
une période d'un an, le ministère de l'Industrie et du Commerce,
à ses frais, pourrait certainement engager plusieurs centaines de jeunes
techniciens ou administrateurs présentement en chômage et les
répartir dans tous les PME québécoises afin d'aider leur
développement économique.
Laissez-moi aussi vous dire, Mme la Présidente, ma grande
déception de voir que ni dans le discours inaugural ni dans le budget
supplémentaire présenté par M. le ministre des Finances,
le gouvernement n'a prévu une aide appréciable pour l'agriculture
du Québec, l'agriculture qui, pourtant, est la base fondamentale
même de l'économie québécoise, l'agriculture qui est
une petite entreprise qui appartient véritablement à des
Québécois, et qui connaît une période de crise et de
marasme. Il est important que le gouvernement se penche, de toute urgence, sur
le problème de l'agriculture au Québec et spécialement sur
le problème des producteurs laitiers en vue de mettre à leur
disposition les montants d'argent et l'aide technique nécessaires pour
leur permettre de reprendre les quotas de production de l'année
1975.
Il est impensable qu'une industrie comme l'agriculture recule d'un pas
dans l'ère moderne d'aujourd'hui.
Voilà au total quelques réflexions en marge de l'appel que
je lançais tantôt au gouvernement pour qu'il s'attaque
prioritairement à la relance économique s'il veut vraiment
éliminer l'incertitude.
Notre souci pour la relance économique ne nous fait pas oublier
pour autant l'autre relance dont il est question depuis quelques temps, celle
du débat constitutionnel ou, à tout le moins, celle de la reprise
des conférences fédérales-provinciales. Mardi, se
terminait à Ottawa une conférence des onze premiers ministres du
Ca-
nada. Les réactions vont de l'insatisfaction au
mécontentement en passant par la satisfaction pour l'Ontario et pour le
Nouveau-Brunswick. Il y a eu un compromis; un pas réel vers la
décentralisation a été parcouru. Le front commun des
provinces, s'il n'a paru que temporaire, aura été suffisamment
fort pour amener Ottawa à un compromis qu'il n'avait, apparemment,
même pas anticipé. Beaucoup reste à faire, bien sûr,
mais il faut, d'ores et déjà, signaler des progrès
réels.
Premièrement, les provinces auront plus d'autonomie dans les
programmes d'éducation post-secondaire et de santé.
Deuxièmement, il reste que la proposition d'un transfert de points
d'impôts répond à l'une des demandes
répétées des provinces, ce qui constitue, sinon un
succès, du moins un net progrès par rapport aux visées
résolument plus centralisatrices du début des années
soixante. C'est d'ailleurs l'avis du chroniqueur Marcel Pépin de la
Presse. Il n'y a donc, à mon avis, pas de raison valable, pour le
nouveau gouvernement du Québec, pour son ministre des Finances en
particulier, de jouer la grande victime. Peu est gagné de la
dernière ronde des négociations, mais tout n'est pas perdu.
Bien sûr, nous appuyons les demandes légitimes et combien
fondées du gouvernement du Québec pour qu'Ottawa participe
à nos coûts de police, pour qu'Ottawa, surtout, accepte et
nous y reviendrons de rouvrir le dossier du déficit olympique et
d'accroître sa part dans le partage du coût de ce déficit
car, comme cela augure, le Québec, et Montréal en particulier,
continuera de payer ce déficit bien après 1983. Bien sûr,
nous nous opposerons toujours à ce qu'Ottawa, sous prétexte
d'accroître l'efficacité de sa politique monétaire, prenne
en main l'un de nos meilleurs outils collectifs, nos caisses populaires, nos
coopératives d'épargne et de crédit.
Il va falloir, sur ce dernier point notamment, qu'Ottawa, et pour le
temps qu'il est encore là, M. Trudeau, substitue la souplesse et la
rationalité à l'autoritarisme et à l'arbitraire, mais il
va falloir aussi que le gouvernement actuel du Québec comprenne que
toute forme d'association implique une négociation et que toute
négociation implique, hélas, des tiraillements. Comme le disait
Marcel Adam dans la Presse du 13 décembre dernier, si le gouvernement
péquiste n'accepte pas mieux le caractère fastidieux mais normal
de toute négociation, je vois mal comment il pourrait mener à
bien celle, autrement plus difficile et frustrante, qu'il se propose
d'entreprendre si jamais le Québec choisit la séparation et que
le Canada accepte une nouvelle association économique. Encore que,
quoique nous ne doutions pas de sa bonne foi, le gouvernement péquiste
devra choisir, dans ses relations avec Ottawa, l'intérêt à
long terme des Québécois et non pas l'intérêt
à court terme du Parti québécois. Incidemment, disons ici
que les libéraux provinciaux sont bien mal placés aujourd'hui
pour s'en prendre à "la gang" à Trudeau. C'était hier,
à nos côtés et au côté du Parti
québécois, qu'il fallait dénoncer la centralisation
à outrance d'Ottawa, tout comme il ne revenait pas à un
porte-parole du Parti libéral, parti qui a privé, par le bill 22,
de leurs droits acquis 1,4 million de Québécois d'expression
anglaise, d'oser faire la leçon à qui que ce soit quant à
l'utilisation de l'une ou l'autre des deux langues officielles du Canada en ce
Parlement. Nous avons compris que la brièveté du discours
inaugural pouvait expliquer qu'il n'ait été rédigé
qu'en français.
Aujourd'hui, pour autant, je fais la suggestion au premier ministre de
voir à ce que, tout au moins, une partie du prochain discours inaugural
soit formulée en langue anglaise et ce, dans un souci
d'équité et de respect le plus élémentaire pour nos
compatriotes québécois de culture et d'expression anglaises qui,
à nos côtés, génération après
génération, ont contribué et contribuent encore à
bâtir le Québec et le Canada.
Quant à l'Union Nationale, en lieu et place de la
séparation du Canada prônée par le gouvernement
québécois au pouvoir, nous préconisons la signature d'un
nouveau contrat constitutionnel, et déjà nous nous mettons
à la tâche, pour définir notre conception du Canada de
demain, un Canada qui ne devra plus reposer sur le statu quo mais prendre sa
vie, sa forme, dans les régions, dans les personnalités des
provinces qui le composent. Nous voulons relever le défi de promouvoir
et de défendre le bien canadien de demain. Ce faisant, nous
travaillerons dans la ligne et la continuité d'un Maurice Duplessis,
d'un Jean Lesage ou d'un Daniel Johnson.
En 1867, ce sont les provinces qui ont décidé, d'un commun
accord, de donner naissance à la Confédération canadienne.
Nous sommes donc les créateurs et les constituants du
fédéralisme canadien et nous devons, de temps à autre,
nous pencher sur notre oeuvre et faire en sorte de la parfaire et de l'adapter
aux besoins modernes. On sait combien les changements ont été
rapides et profonds en ces dernières années, pas seulement chez
nous, mais dans le monde entier. Nous pouvons, par conséquent, nous
inspirer de ce qui se fait ailleurs, tout en nous rappelant qu'il n'existe pas
deux pays identiques et que c'est à nous, à nous seuls, qu'il
appartient de bâtir le Canada dans lequel nous voulons vivre.
Je crois que, pour procéder avec un maximum de clarté et
d'efficacité, il est important que nous sachions distinguer, dès
le départ, entre deux catégories de problèmes. Il y a
d'abord tous les problèmes qui n'ont aucun rapport direct avec la langue
ou la culture, autrement dit, ceux où les intérêts du
Québec coïncident avec ceux des autres provinces, le
fédéralisme demeure une formule valable pour résoudre ce
genre de problèmes. Le Canada est un pays géographiquement si
vaste et si diversifié que, même si sa population était
culturellement homogène, il ne saurait être convenablement
administré par un gouvernement unique. C'est dire qu'il y a certains
domaines dont toutes les provinces voudront conserver la maîtrise. Il y a
également certains domaines que le Québec, aussi bien que les
autres provinces, peut trouver intérêt à confier à
une direction commune. Il ne s'ensuit pas que le partage des
compétences, tel qu'établi
en 1867, pour un pays largement rural, dont la population
dépassait à peine trois millions d'habitants, soit encore celui
qui convienne le mieux au Canada d'aujourd'hui. La constitution actuelle
contient des anachronismes de forme et bien des dispositions
périmées. Chose encore plus grave, à cause de ces
obscurités, souvent même de ces silences sur les vrais
problèmes d'aujourd'hui, elle n'est plus un instrument dynamique de
coordination et de progrès. Les Pères de la
Confédération ne pouvaient pas prévoir les formidables
changements technologiques qui devaient transformer les structures de la
société et le rôle des gouvernements.
Ils ont agi, à partir des réalités de leur temps,
pour élaborer ce qui était déjà notre
cinquième constitution depuis 1760. A moins d'agir en fonction des
réalités d'aujourd'hui, comme l'ont d'ailleurs fait une
cinquantaine d'autres pays depuis la fin du dernier conflit mondial, en se
donnant de nouvelles constitutions, je n'entends pas par là qu'il faille
détruire tout ce qui a été patiemment édifié
pendant un siècle et recommencer à zéro.
Il nous reste cependant que même en ce qui concerne les
problèmes qui ne mettent pas directement en cause nos particularismes
culturels, les changements à faire demeurent assez nombreux et assez
profonds pour nécessiter l'élaboration d'une constitution
nouvelle. Le Canada n'est pas seulement une fédération de dix
provinces, il est aussi la demeure de deux communautés linguistiques et
culturelles. Il me semble que cette dualité culturelle devrait
être accueillie non pas comme un facteur de division ou d'isolement, non
pas comme un mal nécessaire qu'il faudrait s'efforcer de circonscrire
dans toute la mesure du possible, mais bien comme une faveur exceptionnelle de
l'histoire qui confère au Canada une double dimension. Elle met en
rapport direct et intime non seulement avec le monde anglophone, mais encore
avec plus de 20 nations qui ont part à la langue et à la culture
française.
La constitution du Canada nouveau doit proclamer l'association de nos
deux communautés culturelles et linguistiques et établir
clairement les droits collectifs de ces deux communautés. Il faudra
établir un organisme permanent, une sorte de véritable tribunal
constitutionnel qui devra surveiller l'application de ces droits
collectifs.
Oui, résolument, nous nous attaquons et nous devons tous nous
attaquer à rebâtir un Canada viable où ce soit davantage
respirable pour chaque province. Pour l'heure, le Parti québécois
n'a pas le droit d'usurper son mandat de vrai gouvernement
québécois, lui, qui, toute la dernière campagne
électorale durant, a caché volontairement, certains diront pour
des fins électorales, son vrai visage séparatiste, ne parlant
alors jamais de séparation. Le Parti québécois n'a pas le
droit, dis-je, d'usurper son mandat et de plaider maintenant à la course
vers le référendum, vers l'indépendance. Qu'il s'en tienne
à son mandat strict!
Revenant sur ma question formulée en Chambre, au premier
ministre, cet après-midi, je demande formellement au gouvernement, dans
le but d'éviter, premièrement la menace d'une stagnation
économique et, deuxièmement, la perte d'investissements
précieux à une période de notre histoire où nous
traversons une crise économique désastreuse avec le taux de
chômage le plus élevé dans l'histoire du Québec, en
somme, dans le but de mettre fin immédiatement à l'incertitude
économique et politique qui règne actuellement au Québec,
que le premier ministre reporte la tenue du référendum sur
l'opinion des Québécois, quant à la séparation du
Québec, à la fin de son mandat normal de quatre ans. C'est dans
l'intérêt de tous les Québécois que je fais cette
suggestion au premier ministre. En même temps, alors, les
Québécois se prononceront, premièrement par
référendum sur leur option constitutionnelle et
deuxièmement, comme dans toute autre élection
générale, sur leur choix d'un gouvernement qui devra tenir compte
du résultat du référendum et agir en conséquence.
Il y va de la mission première qui est la nôtre, comme élus
du peuple, de voir à l'élimination de l'incertitude, donc de la
recherche d'une stabilité politique et économique, de meilleures
garanties pour le présent gouvernement, de voir, avec succès pour
la population, à des tâches bien plus urgentes que la
séparation.
Il m'apparaît que le projet aussi grandiose et vital qu'est celui,
quelle que soit notre option, de dessiner pour tout un peuple, ici au
Québec et partout au Canada, une nouvelle association canadienne vaut
bien quatre ans de préparatifs de part et d'autre et surtout de
consultation; que la consultation au référendum sur ce projet ne
vaut pas le sacrifice que coûterait en emplois, en investissements et
autrement un climat d'incertitude qui durerait trop longtemps.
Nous entreprenons donc, ensemble, un travail difficile, mais exaltant.
Je crois que c'est aussi une oeuvre de foi qui doit se réaliser dans la
coopération, l'enrichissement mutuel et l'affirmation de notre
identité.
Moi, pour l'instant, j'ai le goût de voir fonctionner un vrai
gouvernement et de collaborer avec lui.
Motion de censure
M. Biron: Avant de terminer, je voudrais déposer une
motion pour que cette Assemblée blâme le gouvernement pour ne pas
avoir annoncé immédiatement les mesures concrètes pour
assurer la relance économique du Québec et atténuer le
degré élevé de chômage qui sévit à
l'heure actuelle.
La Vice-Présidente (Mme Cuerrier): Le député
de Rouyn-Noranda.
M. Camil Samson
M. Samson: Mme la Présidente, je devrai, au cours de mes
premières paroles, féliciter la présidence, cela veut dire
le nouveau président, vous-même ainsi que votre collègue
vice-président. Je sais, peut-être, sinon plus que certains, au
moins autant que certains autres, comment ce travail est
difficile, comment ces fonctions sont difficiles. Il s'agit de maintenir
l'ordre dans cette Assemblée. Parfois nous avons certains débats
qui surchauffent un peu cette Assemblée et où il est difficile
à la présidence de pouvoir maintenir un climat qui veut que cette
Assemblée soit bien celle des Québécois et où
règne un sain parlementarisme.
Toutefois, vous avez toute ma collaboration. Bien sûr, au cours de
ce prochain mandat, que plusieurs d'entre nous, j'espère tous,
exerceront ensemble, j'espère que le rôle de la présidence
ne sera pas trop difficile.
Nous avons eu, avec la venue d'un nouveau gouvernement, un discours
inaugural qui, bien sûr, est un discours inaugural qui paraîtra
dans les annales du Québec comme étant un peu particulier. Ce
n'est pas un discours inaugural auquel on nous a habitués, en tout cas.
J'ai, avec beaucoup de bonne volonté, cru comprendre que ce n'est pas
là la politique du nouveau gouvernement.
Je me demande jusqu'à quel point, cependant, ce nouveau
gouvernement n'est-il pas, sinon autant, plus rusé que l'ancien
il a peut-être appris plus vite que les autres pour nous arriver
avec un discours inaugural qui ne reflète rien de la politique de ce
gouvernement. C'est un peu comme si on assistait au grand ménage des
Fêtes. Avant les Fêtes on passe le balai. On va tout imputer
à l'ancien gouvernement.
Remarquez bien que je suis parmi ceux qui seraient tentés de vous
dire qu'on n'a pas tout à fait tort. Cela ne veut pas dire que cela
soustrait l'actuel gouvernement de ses responsabilités
immédiates.
Dans le discours inaugural, il n'y avait pas autre chose que la
volonté de ce gouvernement de terminer la session qu'on avait
commencée au cours de l'hiver 1976. C'est comme cela que je
perçois cela. Quand on nous parle d'une session pour... Je voudrais
souligner à mes honorables amis du Parti québécois qu'il
ne serait peut-être pas bon d'applaudir trop vite parce que cela a
peut-être l'effet du boomerang qu'ils vont retrouver tantôt, mais
il demeure que je les remercie de l'avoir fait.
Quand on nous dit que cette session servira à régler des
questions qui sont urgentes, bien sûr, j'en suis. Il y a des lois qui
doivent être adoptées avant la fin de l'année, et cela
était prévu dans le dernier budget. Il y a également le
budget supplémentaire qui était non seulement prévisible,
mais déjà annoncé depuis longtemps. Il y aura
peut-être quelque chose de nouveau au cours de cette mini-session, mais
ce qui me paraît le plus nouveau, quelque chose de réellement
nouveau qui dépasse tout ce que ce gouvernement pense avoir
trouvé de nouveau, c'est votre élection, Mme la
Présidente, au poste de vice-présidente de cette
Assemblée. Cela, c'est du nouveau, mais, quant au reste, c'est du
réchauffé.
Je pense que, malgré le fait que cette session ne durera pas
longtemps, en principe du moins, malgré le fait que cette session ne
devrait pas durer longtemps, nous sommes en droit, nous de l'Opposition autant
que ceux qui se retrouvent du côté ministériel, de nous
attendre, au moins, à des politiques annoncées. Bien sûr,
il est plus facile, pour le gouvernement d'attendre pour annoncer ses
politiques après les Fêtes, au mois de février,
peut-être au mois de mars. C'est plus facile parce que cela va lui donner
un peu plus de temps pour se préparer. Je les comprends, Mme la
Présidente, et vous allez admettre avec moi qu'il faut les comprendre;
ils ne pouvaient pas être prêts, ils ne s'attendaient pas
d'être élus. Cela a été une surprise dont les
premières victimes ont été les membres du gouvernement
eux-mêmes.
J'avoue qu'elle a quand même été plus
agréable que d'autres genres de surprises que d'autres ont connues.
Au début de ce mandat, Mme la Présidente vous
m'excuserez pour le lapsus, je ne serai pas le seul à en faire pendant
les premiers temps, mais cela va venir, on va s'habituer vite. Surtout à
votre sourire... il n'y a pas de coalition de prévue. Mme la
Présidente, je pense que déjà, au début du mandat
de ce gouvernement, comme il était convenu, il y a eu conférence
fédérale-provinciale où l'honorable ministre des Finances,
le premier ministre se sont rendus tour à tour à Ottawa avec le
ministre des Affaires intergouvernementales et ils ont obtenu le
résultat qui est devenu, en quelque sorte, le résultat
traditionnel des conférences fédérales-provinciales. Ce
n'est pas parce que c'est un nouveau gouvernement qu'ils ont obtenu plus de
succès, ce n'est pas non plus parce que c'est un nouveau gouvernement
qu'ils en ont eu moins que les autres d'avant. Il est devenu une tradition que
ces conférences fédérales-provinciales sont presque des
conférences où le grand-père invite les provinces pour
leur dire ce qu'il veut faire. Il n'est pas prêt à les
écouter trop trop. Il l'a encore prouvé une dernière fois;
il a la tête dure, le grand-père.
Or, le résultat a été exactement le même que
ceux obtenus par ceux-là qui les ont précédés. Ce
qui veut dire que ce n'est pas nécessairement suite à ce nouvel
échec cela n'en est rien qu'un de plus cela veut dire que
la question qu'on doit poser n'est pas nécessairement celle où on
doit se demander si on doit, à l'avenir, penser en termes de
fédéralisme ou de séparatisme. Je pense que c'est mal
poser la question. On doit plutôt, en tant que Québécois,
poser la question d'une autre façon. C'est ma profonde conviction.
Sommes-nous capables, en toute sérénité, de
réclamer et d'obtenir les outils qui sont nécessaires au
gouvernement du Québec pour assurer la survivance des
Québécois, survivance avec un grand S, survivance
économique, politique, sociale, culturelle, et tout cela en dehors de
débats émotifs? C'est comme cela que je pose la question.
Mme la Présidente, avec tout le respect que je vous dois et la
permission de mes collègues, je demanderais la suspension du
débat et je vous donnerai la réponse à vingt heures
quinze.
La Vice-Présidente (Mme Cuerrier): Cette Assemblée
est suspendue jusqu'à vingt heures quinze.
(Suspension de la séance à 18 heures)
Reprise de la séance à 20 h 27
Le Président: A l'ordre, mesdames et messieurs!
Le député de Rouyn-Noranda.
Hommages à M. Réal Caouette
M. Samson: M. le Président, avec la permission des membres
de cette Chambre et la vôtre, avant de continuer mon discours, je
voudrais dire quelques mots en hommage à un grand parlementaire canadien
qui vient de décéder à cinq heures vingt, ce soir. Il
s'agit de M. Réal Caouette, âgé de 59 ans, un homme qui
était engagé en politique depuis environ 40 ans. Il avait
été élu à la Chambre des communes pour la
première fois en 1946. Réélu en 1962, il était le
chef du parti du Crédit social du Canada.
Il a eu l'occasion de faire sa marque comme défenseur des
libertés individuelles. C'est d'ailleurs sous sa direction que les
créditistes ont entamé et poursuivi à ce moment-là,
au Parlement canadien, une lutte que je considère historique en faveur
du fait français au Canada.
A l'instar de plusieurs grands hommes politiques, il a accompli son
devoir jusqu'à la fin. Il a payé de sa vie le choix qu'il avait
fait de lutter pour ses convictions. Réal Caouette est celui qui m'a
tracé la voie en politique. Il fut pour moi un professeur et un exemple
car son ardeur au travail n'avait d'égale que sa grande
sincérité.
A Mme Caouette, à ses enfants et à toute la famille, qu'il
me soit permis d'offrir, au nom du Ralliement créditiste du
Québec, en mon nom personnel et en celui de mon épouse, nos plus
sincères condoléances.
M. Burns: M. le Président...
Le Président: M. le leader du gouvernement.
M. Burns: Je voudrais, au nom du gouvernement, me joindre aux
propos que vient de tenir le député de Rouyn-Noranda. Peu
importent les opinions politiques de quelque personne que ce soit, je pense
qu'on est obligé de reconnaître que, d'abord et avant tout,
Réal Caouette a toujours été un Québécois
qui a marqué plusieurs années de la vie politique au
Québec, qui y a consacré sa vie, ses efforts selon ce qu'il
pensait devoir arriver de ce Québec.
Je me joins au député de Rouyn-Noranda pour, au nom du
gouvernement, adresser mes plus sincères condoléances à sa
famille, et à ses amis.
Je pense, j'espère, en tout cas, que c'est quelque chose qui sera
un voeu unanime du Parlement d'adresser de telles condoléances à
sa famille et à ses amis.
Le Président: M. le chef de l'Opposition officielle.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, vous me
permettrez, au nom de l'Opposition offi- cielle, d'ajouter un témoignage
à l'endroit de ce grand Canadien, de cet authentique
Québécois dont nous avons appris il y a quelques instants le
décès. M. Caouette a été sûrement un des
hommes politiques qui a été le plus actif, un des hommes qui
s'est le plus consacré à la défense de ses convictions, et
ce n'est pas sans émotion que nous avons appris qu'il nous avait
quittés.
Je me le rappelle en particulier en 1956, lorsqu'il faisait partie des
rangs de ceux qui avaient un combat à mener, et c'est en 1956 en
particulier que j'ai eu l'occasion de le connaître davantage; mais j'ai
également eu l'occasion de suivre sa carrière politique et
d'admirer encore une fois sa persévérance et sa foi profonde dans
le Canada. Il a été un défenseur inconditionnel du
fédéralisme canadien. Je voudrais souligner en particulier son
ardeur au travail et, en même temps dire que jusqu'à la fin, il a
suivi l'actualité politique, même sur son lit d'hôpital; il
a voulu être présent jusqu'à la fin.
Je crois que nous pouvons tirer des leçons très
profitables de l'exemple qu'il a voulu donner à la vie politique,
à la vie parlementaire, et je suis convaincu que je me fais le
porte-parole non seulement de l'Opposition officielle, mais également de
l'ensemble de la députation en offrant avec ceux qui m'ont
précédé, nos condoléances les plus vives et les
plus sincères à l'endroit de Mme Caouette, des enfants, de la
famille et de tous ses électeurs et électrices, qui avaient
toujours pour lui une dévotion indéfectible.
Le Président: M. le député de
Lotbinière.
M. Biron: M. le Président, je veux joindre ma voix et
celle de l'Union Nationale à la voix des autres chefs de parti ici pour
offrir nos vives condoléances à la famille de M. Caouette.
Monsieur Caouette a marqué la politique fédérale
surtout à cause de grandes qualités comme la
ténacité, en particulier. Je me souviens, j'étais tout
petit gars, à l'époque. Réal Caouette nous parlait du
revenu minimum garanti. Il y a cru toute sa vie, il s'est battu pour cela. Il
nous parlait aussi de la pension de vieillesse à l'âge de 60 ans
pour justement récompenser un peu ceux qui ont bâti notre pays. Il
y a tenu toute sa vie aussi.
Je pense aussi que Réal Caouette a innové
énormément en politique. Qu'on se souvienne de son
bénévolat et du bénévolat des membres de son parti
à travers le pays. Qu'on se souvienne des campagnes de financement
populaire que le Crédit social a menées. Finalement, je pense
qu'aujourd'hui d'autres partis politiques ont pu copier ces innovations de
Réal Caouette et du Crédit social du Canada.
Je veux joindre ma voix à celle de mon parti pour offrir nos
sympathies à la famille de M. Caouette et au parti du Crédit
social du Canada et en particulier à son chef M. André Fortin,
député de Lotbinièreà la Chambre des communes
à Ottawa. Nous vous offrons nos sympathies.
Le Président: M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: Je viens d'apprendre avec tristesse le
décès d'un grand homme politique qui a su défendre avec
courage et énergie ses convictions politiques et qui a su travailler
dans l'intérêt de sa population, dans l'intérêt du
Québec, comme de travailler dans l'intérêt du pays tout
entier.
Je pense que cet homme politique constitue pour tous les hommes
politiques, quels qu'ils soient et de quelque formation politique que ce soit,
un exemple de courage, de ténacité, d'énergie puisqu'il
n'a pas choisi la voie la plus facile pour défendre ses convictions et
ses politiques.
Je pense que beaucoup de Québécois et beaucoup de
Canadiens aujourd'hui lui doivent beaucoup. C'est pourquoi, je veux joindre ma
voix à celle de ceux qui m'ont précédé pour offrir
à sa famille, à Mme Caouette l'expression de mes plus vives
condoléances et cela en mon nom personnel, au nom des électeurs
de Beauce-Sud, au nom des membres du Parti national populaire, en somme, au nom
de toute la population du Québec.
Le Président: Le député de Rouyn-Noranda.
M. Samson: M. le Président...
M. Burns: M. le Président, avec la permission du
député de Rouyn-Noranda, cela va être très bref. Je
m'excuse et j'espère que cela ne sera pas compté sur le temps du
député de Rouyn-Noranda.
Je veux simplement faire part à la Chambre d'une entente qui
existe entre tous les partis représentés dans cette enceinte
relativement à la journée de demain et je souhaiterais et
j'en ferai la proposition que cela devienne un ordre de la Chambre, que
la Chambre siège demain à compter de 10 heures pour suspendre ses
travaux à 12 h 30 et reprendre à 14 h 15 pour terminer au plus
tard ce qui laisse entendre que cela pourrait se terminer avant si les
travaux que nous avons prévus et dont nous avons discuté avec les
partis de l'Opposition se terminaient avant à cinq heures demain
après-midi, soit à 17 heures.
Alors, j'en fais motion pour que cela devienne un ordre de la
Chambre.
Le Président: Cette motion est-elle adoptée? M.
Lavoie: D'accord. Adopté.
Le Président: J'en fais un ordre de
l'Assemblée.
Le député de Rouyn-Noranda.
Débat sur le message inaugural (suite) M. Camil
Samson
M. Samson: Avant de suspendre les débats pour le
dîner, j'expliquais aux membres de cette Chambre que, quant à moi
et au parti que je représente, la vraie question qui devrait se poser,
plutôt que de parler en termes, sur le plan constitutionnel, de
fédéralisme ou de séparatisme, puisque, selon moi,
c'était mal poser la question, la vraie question, c'est: Dans quelle
proportion sommes-nous capables, en toute sérénité, de
réclamer et obtenir les outils qui sont nécessaires au
gouvernement du Québec pour assurer la survivance des
Québécois dans le domaine économique, politique, social,
culturel, et le tout en dehors des débats émotifs?
La réponse que j'aurais à ce genre de question et
c'est la coïncidence des événements que nous venons de
connaître qui me ramène à vous dire que cette
réponse, nous ne l'avons pas trouvée hier, ni aujourd'hui
la réponse qu'on amène à cette question, c'est que le
Québec devrait, dans le cadre de la Confédération
canadienne, pouvoir contrôler les juridictions qui lui sont utiles et
nécessaires. Cela veut dire un statut spécial pour le
Québec.
Nous considérons donc que, dans ce contexte, il est important que
le Québec puisse contrôler son crédit. Il est
également important qu'il puisse contrôler sa fiscalité
directe, son commerce et son immigration.
M. le Président, puisque nous avons rendu, il y a à peine
quelques instants, un dernier hommage à un grand parlementaire canadien,
je me réfère à lui, car c'est sous sa direction qu'en
janvier 1964, le Parti créditiste, parti fédéral seulement
à ce moment, avait adopté pour la première fois sept
résolutions à l'occasion d'une assemblée
générale de ses membres. Ces résolutions sont revenues
régulièrement à chaque congrès. C'est donc pour
vous dire jusqu'à quel point il y a déjà longtemps que
notre parti considère puisque ces propositions et ces
résolutions étaient venues d'un parti qui, à
l'époque, n'oeuvrait pas sur la scène politique provinciale, mais
uniquement sur la scène politique fédérale qu'il y
a des gens, dans d'autres Parlements, qui partagent aussi les opinions que je
viens d'émettre.
Il est absolument de la plus haute importance que le
fédéralisme canadien modifie ses cadres après plus de cent
ans de confédération; il est normal que nous ayons besoin de
revoir ce texte. Il est normal que nous puissions, en tant que Canadiens, en
tant que Québécois, nous ajuster à la nouvelle
réalité. Cette nouvelle réalité est que le
Québec est la seule province canadienne où nous avons une
majorité indéniable de francophones. C'est donc une province
différente des autres sur le plan culturel, sur le plan linguistique.
Bien sûr, pour obtenir tout ce que nous réclamons sur les plans
linguistique et culturel, nous avons besoin de leviers économiques
suffisamment forts, car le meilleur moyen de protéger une culture et de
protéger notre langue, c'est par l'économique. En voulant donner
certains exemples, malgré que les exemples soient souvent boiteux, on a
souvent entendu dire que la langue est pratique pour deux choses: pour parler,
bien sûr, mais également pour véhiculer la nourriture
à l'intérieur du corps.
Si on ne l'utilise pas de cette dernière façon, c'est bien
rare qu'on soit capable de parler longtemps. Donc, il nous faut absolument
pouvoir l'utiliser d'abord et avant tout pour être capables de nourrir le
corps et de rester en vie et, après
cela, deuxièmement, on est capable de revendiquer et de conserver
ses droits linguistiques, si on est bien en vie.
M. le Président, compte tenu des circonstances
particulières, je ne parlerai pas plus longtemps sur le message
inaugural, mais j'estime que mon devoir en tant que parlementaire et membre de
l'Opposition est d'être vigilant. Quant aux lois qui nous seront
présentées, compte tenu de leur teneur, objectivement et
positivement, si ces lois rencontrent les objectifs, les principes que je viens
d'énoncer, je n'aurai pas honte de voter en leur faveur. S'il arrive
qu'on nous présente des lois qui ne correspondent pas à mes
opinions ou à celles de gens que je représente, ce sera mon
devoir de voter contre, de faire la lutte contre. Je veux assurer cette Chambre
que, comme membre de l'Assemblée nationale, je considère mon
rôle comme celui d'un membre élu qui représente un
comté, qui représente une partie de la population. Pour moi, il
n'est pas question de savoir si on est au pouvoir ou dans l'Opposition
officielle ou le deuxième parti de l'Opposition ou le troisième
ou le quatrième; ce qui m'intéresse, c'est de savoir dans quelle
proportion tous ceux, ici présents, sont capables, en fonction des
objectifs primordiaux de la nation, de passer au-delà de certains
intérêts de parti et personnels parfois pour en arriver à
défendre d'abord et avant tout les droits des Québécois.
Je vous remercie, M. le Président.
Le Vice-Président: M. le député de
Beauce-Sud.
M. Fabien Roy
M. Roy: Merci, M. le Président. Mes premières
paroles seront pour vous féliciter, M. le Président, de votre
nomination à ce poste important de présider aux travaux de
l'Assemblée nationale. Je veux vous offrir ma plus entière
collaboration pour que les travaux de cette Chambre se déroulent dans
l'ordre et dans le respect mutuel afin que tous et chacun des
députés membres de cette Assemblée nationale, de quelque
formation politique que ce soit, puissent s'exprimer en toute liberté
selon les dispositions de notre règlement et être en mesure de
défendre les intérêts et les droits des gens qui les ont
mandatés pour les représenter ici.
Je veux adresser également des félicitations à Mme
la Vice-Présidente ainsi qu'à M. le Vice-Président de leur
élection à ces postes. Il est également convenu que mon
appui et ma collaboration vous sont offerts.
M. le Président, je veux aussi rendre hommage et remercier les
électeurs de Beauce-Sud qui, pour la troisième fois, m'ont
accordé leur confiance. Je veux leur rendre cet hommage particulier
puisqu'ils m'ont quand même donné, en pourcentage de votes
exprimés, la plus belle majorité du Québec. Je ne dis pas
cela pour m'en glorifier personnellement, mais bien pour leur rendre cet
hommage particulier, parce que cette victoire a été leur victoire
à eux.
Ce mandat, j'ai l'intention de le remplir dans le meilleur
intérêt des électeurs de mon comté et de travailler
également dans le meilleur intérêt du Québec, sans
oublier évidemment de travailler pour l'amélioration des
conditions de vie de tous les Québécois, tant sur le plan
culturel qu'économique et social.
Il y a un mois, la population du Québec s'est donné un
nouveau gouvernement, a choisi une nouvelle équipe pour diriger ses
destinées. Elle a mis sa confiance en quelque chose de nouveau. Dans un
régime démocratique, le peuple est souverain. C'est le peuple qui
a la possibilité de choisir. Et notre révolution à nous,
au Québec il est heureux qu'il en soit ainsi c'est la
boîte de scrutin; notre arme, c'est le crayon. C'est par ces moyens que
la population peut décider de changer de gouvernement, voire même
de changer de régime politique. Ce choix, il faut le respecter et j'ai
bien l'intention de le respecter.
J'entends aussi collaborer et apporter mon appui à toute mesure
susceptible de répondre aux besoins et aux aspirations des
Québécois. J'ai l'intention également d'appuyer des
projets de loi qui sont présentés par le gouvernement, qui
répondent aux idéaux, aux objectifs, aux principes que j'ai
toujours défendus dans cette Assemblée au cours des deux mandats
précédents.
J'ai également l'intention d'appuyer les mesures administratives
que le gouvernement entend prendre et auxquelles il s'est déjà
engagé puisque dans bien des cas, alors que ce parti, alors que ce
gouvernement, cette équipe ministérielle siégeait du
côté de l'Opposition, nous avons dû bien souvent faire front
commun et nous avons appuyé, ensemble, bien des mesures.
J'ose espérer et je souhaite que le nouveau gouvernement
maintienne son attitude, maintienne ses prises de position. A ce
moment-là, je compte bien lui apporter ma collaboration, toute la
collaboration nécessaire. Cependant, j'ai bien l'intention,
également, de faire valoir mon point de vue si, toutefois, des mesures
gouvernementales n'étaient pas susceptibles de répondre aux
principes, comme je l'ai dit tout à l'heure, que j'ai défendus
dans cette Assemblée.
J'entends bien pouvoir exercer mes droits de député, mes
droits de parlementaire. Je n'ai pas l'intention d'abuser de mon poste dans
l'Opposition pour faire de l'obstruction systématique. J'entends
travailler avec tous les membres de cette Assemblée dans le meilleur
intérêt du Québec et dans le meilleur intérêt
de tous les Québécois.
Ce gouvernement a à faire face à un défi, un
défi nouveau que je qualifierais d'historique puisque le Québec
est à un tournant de son histoire et nul ne peut en arrêter la
marche. Il s'agit de l'orienter, il s'agit de le diriger. C'est pourquoi il
faudra de la clarté dans les objectifs et de la précision dans
les moyens, surtout beaucoup de prudence et de sagesse. Qu'il suffise de nous
rappeler comment un gouvernement, fort de l'appui de 55% de la population et de
102 députés sur 110 à l'Assemblée nationale, peut
se retrouver le lendemain d'une élection. Qu'il suffise de nous rappeler
que
la population du Québec est notre juge, que le peuple du
Québec est souverain. C'est pourquoi les lois que nous adopterons en
cette Chambre, les mesures administratives que le gouvernement adoptera seront
de nul effet si cela ne répond pas aux besoins de la population du
Québec ou encore si la population du Québec n'y croit pas.
C'est pourquoi je pense qu'il est important que tous et chacun d'entre
nous, ici, dans cette Assemblée, tant du côté
ministériel que du côté de l'Opposition, prenions bien soin
d'examiner sérieusement les responsabilités que nous avons devant
nous et que nous regardions ensemble le défi je dis bien
historique qui se pose au Québec d'aujourd'hui.
Il y a, en plus, plusieurs questions qui demandent des réponses
à court terme. Il est évident qu'il est plus facile de poser des
questions que de trouver des réponses. Je pense que la question
linguistique démontre clairement le sérieux de ces
problèmes. En moins de dix ans, deux gouvernements se sont fait
hara-kiri sur cette question et elle n'est pas réglée. Je ne
pense pas qu'elle soit réglée demain non plus. Est-ce qu'on a
pris les bons moyens? C'est une question que nous devons nous poser tous
ensemble. Pour ma part, je répète ce que j'ai déjà
dit à cette Assemblée au moment où la dernière loi,
la loi 22, a été présentée. J'ai dit que je n'y
croyais pas, j'ai dit que ce n'était pas par une loi de ce genre que
nous allions régler le problème. Je pense que les
événements, malheureusement, m'ont donné raison puisque
j'avais dit au gouvernement qu'il était en train de s'enliser dans un
bourbier dans lequel il ne verrait jamais le fond. Je regrette même que
les événements m'aient donné raison sur cette question.
Celle-ci n'est pas réglée et il va falloir travailler, chacun de
son côté, écarter les considérations de politique
partisane et travailler tous ensemble au-dessus des considérations de
parti, dans le meilleur intérêt du Québec.
Il y a également la question constitutionnelle pour laquelle il
va également falloir se mettre à table pour offrir à la
population une formule qui réponde aux besoins et qui tienne compte de
la réalité. M. le Président, le gouvernement du
Québec est le seul gouvernement, parmi les dix gouvernements
provinciaux, qui a la responsabilité de la survie d'une culture, la
survie d'une nation, la survie d'un peuple comme tel. Aucun autre des dix
gouvernements provinciaux n'a cette responsabilité. Ce n'est pas le
gouvernement de l'Ontario, ce n'est pas le gouvernement du Nouveau-Brunswick ni
celui de la Colombie-Britannique qui a à assurer la survie de la culture
anglaise, de la culture des anglophones au Canada. Par contre, le
Québec, lui, comme gouvernement, est le gouvernement des
Québécois, le gouvernement des francophones. Il a une
responsabilité plus grande que tous les autres gouvernements des autres
provinces à ce niveau, puisque c'est le seul je dis bien et je
répète le seul gouvernement qui est capable de garantir et
d'assurer la survie de la culture française, la survie de la nation
canadienne-française, la nation québécoise.
C'est pourquoi ce gouvernement ayant plus de responsabilités, il
va de soi qu'il a besoin de plus de pouvoirs. Ces pouvoirs, il va falloir se
les donner; il y a des pouvoirs que nous pouvons nous donner
immédiatement. Je compte bien et j'espère que la nouvelle
équipe se mettra immédiatement à la tâche du
moins il semble y avoir beaucoup de bonnes intentions de ce côté
pour qu'on se donne les outils, qu'on se donne les moyens de relever ce
défi qui se pose devant nous. Quant au statu quo, je pense qu'il n'est
plus possible pour longtemps. Peu importe les opinions personnelles qu'on peut
avoir, je pense qu'il est important qu'on se rende compte de
l'évidence.
M. le Président, il y a également les relations de
travail. Nous avons vécu des événements au Québec,
au cours des derniers mois, qui ont fait mal, qui ont fait mal à une
bonne partie de notre population. Il y a une bonne partie de cette population
qui en a même été marquée. Je pense que personne, M.
le Président, n'est intéressé au Québec, que ce
soient les travailleurs, que ce soient les gens de la Fonction publique, les
gens des secteurs parapublics, les citoyens du Québec ou les
contribuables, personne, dis-je, n'est intéressé à revivre
ces événements. C'est pourquoi il faudra se mettre à table
également et trouver de nouvelles formules de façon que les
droits de ces travailleurs de l'Etat soient respectés, mais
également les droits du citoyen afin que celui qui paye pour des
services, qui paye pour tous ces services, que ce soit dans le domaine de
l'éducation, dans le domaine de la santé ou d'autres, puisse
avoir les services pour lesquels il paye et pour lesquels lui-même n'a
aucun pouvoir, face justement à ces grands syndicats, face
également aux demandes de ces groupes organisés.
C'est pourquoi le gouvernement devra se mettre à table et trouver
de nouvelles formules de façon que nous n'ayons pas à revivre les
événements malheureux que nous avons vécus au
Québec dans le domaine du travail. Quant au Code du travail, on l'a dit,
on l'a répété à plusieurs reprises, je me souviens
des demandes que nous avons faites au cours du dernier Parlement et je me
souviens très bien que les représentants du Parti
québécois qui forment l'équipe ministérielle
actuelle étaient d'accord également pour y demander des
modifications.
Nous osons espérer que, pendant la période de temps
où on va préparer la prochaine session, on sera en mesure de
préparer une législation qui permettra aux membres de
l'Assemblée nationale de se mettre à table et d'apporter au Code
du travail les modifications qui s'imposent et qui ont été
réclamées par tout le monde.
Je ne voudrais pas abuser de ce temps de parole, mais j'aimerais
également parler un peu de l'économie en général.
On sait que les problèmes économiques au Québec sont
nombreux. L'économie rurale en a pris pour son rhume au cours des
dernières années. Je pense que la santé de
l'économie rurale est un indice de la santé économique
d'une nation tout court. C'est pourquoi je
compte bien que les titulaires des ministères à vocation
économique qui auront à travailler aux dossiers touchant
l'économie rurale en particulier je veux parler de l'agriculture,
du secteur des terres et forêts, de l'industrie minière, je veux
parler également des ressources naturelles en général
sauront mettre leurs efforts en commun pour tâcher d'arriver
à des formules susceptibles de relancer l'économie rurale du
Québec de façon que les populations qui habitent toutes ces
belles régions de notre territoire et qui sont près de nos
ressources naturelles, de cet immense potentiel que nous avons à notre
disposition, puissent travailler pour en arriver à ce que tous les
agents d'économie puissent se mettre à la tâche de
façon à pouvoir améliorer l'économie du
Québec, puisque plus l'économie du Québec sera forte, plus
évidemment notre pouvoir de négociation, de marchandage, de
persuasion sera fort.
Dans n'importe quelles relations, que ce soit dans les relations de
travail, dans les relations interprovinciales ou dans les relations
internationales, il y a toujours un rapport de force qui compte. Lorsqu'il faut
commencer par "clencher" la porte ou cogner à la porte en
commençant par commander, évidemment, on se place dans une
situation vulnérable à ce moment-là, et quand on se place
dans une situation de faiblesse, c'est assez difficile de revendiquer, c'est
assez difficile d'exiger. Si nous voulons être en position de force pour
négocier à tous les niveaux où ce sera nécessaire
de négocier pour faire en sorte que tous nos Québécois,
où qu'ils soient et quels qu'ils soient, puissent travailler à
bâtir ce Québec de demain, c'est pourquoi, en terminant, j'invite
tous les membres de cette Assemblée à travailler positivement
dans le meilleur intérêt du Québec et des
Québécois. Je dis que l'intérêt du Québec
doit être placé bien au-dessus des intérêts de la
partisanerie politique. Merci.
Le Vice-Président: M. le leader du gouvernement.
M. Burns: M. le Président, je propose l'ajournement du
débat sur le discours ou le message inaugural, comme vous le
voudrez.
Le Vice-Président: Cette motion est-elle
adoptée?
M. Lavoie: Adopté.
M. Burns: Adopté.
Le Vice-Président: Motion adoptée.
M. Burns: M. le Président, j'appellerais l'article 6).
Projet de loi no 70 Deuxième lecture
Le Vice-Président: Le ministre des Finances propose la
deuxième lecture de la Loi modifiant de nouveau la Loi sur les
impôts et modifiant la Loi concernant l'application de la Loi sur les
impôts.
M. le ministre des Finances.
M. Jacques Parizeau
M. Parizeau: Lors du dépôt, le 11 mai 1976, du
discours sur le budget 1976/77, le précédent gouvernement
je m'excuse, M. le Président, c'est une question de procédure
proposait, à la lumière des conclusions d'un comité
interministériel composé de fonctionnaires des ministères
des Finances et du Revenu, de modifier les différentes facettes de la
fiscalité de certaines compagnies de portefeuille, telles les
corporations de placement, les corporations de fonds mutuels, les corporations
de placement appartenant à des personnes ne résidant pas au
Canada.
En conséquence, ces corporations seraient traitées, en
pratique, de la même façon qu'elles le sont aux autres niveaux,
canadien et québécois. De plus, le statut fiscal dont jouissaient
ces corporations, soit un taux d'imposition de un vingtième de un
pourcent, leur sera retiré et ce taux sera portée 12%.
Cette proposition aura pour objectif de rendre plus équitable le
régime fiscal touchant ces catégories de compagnies. En outre, le
précédent gouvernement se proposait de modifier la Loi sur les
impôts aux fins d'élargir certaines dispositions de la Loi
concernant les particuliers et de les rendre applicables à
l'année d'imposition 1976. La déclaration TP-1 1976 et le guide
qui l'accompagne incorporent déjà ces modifications et sont donc
imprimés. Le projet de loi que je présente aujourd'hui, soit la
Loi modifiant de nouveau la Loi sur les impôts et modifiant la Loi
concernant l'application de la Loi sur les impôts, en plus d'adopter la
mesure fiscale du discours sur le budget de 1976/1977, relativement aux
compagnies de portefeuille, prévoit donc les dispositions suivantes qui
ont pour objet: a) de relever de $2500 à $3500 le maximum de la
déduction permise comme contribution à un régime
enregistré de retraite; b) de relever le maximum de la déduction
pour frais de garde d'enfants, lequel sera le double de celui qui
prévaut sous la loi actuelle; c) de permettre à un particulier,
selon certaines circonstances, de réclamer le montant de la
déduction pour invalidité d'une personne à charge; d) de
permettre le report, entre conjoints, de la totalité ou d'une partie de
certaines déductions permises aux fins du calcul du revenu imposable, la
déduction à l'égard d'un revenu d'intérêt ou
d'un revenu de retraite, des frais médicaux ou d'exemptions en raison de
l'âge; e) de relever de $2500 à $3500 le maximum de la
déduction dont peut se prévaloir un employeur à
l'égard des versements qu'il fait à une fiducie régie par
un régime d'intérêt sans différé; et f) de
relever de $2500 à $3500 dans le cas d'un particulier participant
à un régime enregistré de retraite, et de $4000 à
$5500 dans les autres cas, le maximum du montant admissible en déduction
dans le calcul du revenu d'un particulier qui verse des primes à un
régime enregistré d'épargne-retraite, et finalement, de
prévoir de nouvelles règles déterminant, comme je l'ai
indiqué précédemment, le revenu imposable, le taux
d'imposition et la qualification de certaines compagnies de portefeuille.
Toutes ces dispositions, sauf la dernière, ont donné lieu,
sous le précédent gouvernement, à un certain nombre
d'instructions qui avaient été données, quant à
l'impression, comme je le disais tout à l'heure, des formules
d'impôt. Ce travail d'impression est terminé et il va de soi que
si, dans la mesure où nous ne proposons pas rapidement à
l'occasion de cette mini-session, les propositions dont on vient de parler, il
aurait fallu, littéralement, faire réimprimer toutes les
formules.
Je terminerai en soulignant que le lieutenant-gouverneur a pris
connaissance de ce projet de loi et en recommande l'étude à
l'Assemblée.
Le Président: Le député de Jean-Talon. M.
Raymond Garneau
M. Garneau: Je pense que cette Chambre comprendra facilement que
mon intervention en deuxième lecture sur le projet de loi à
l'étude sera très courte étant donné que j'aurais
probablement fait le même discours que celui que vient de faire le
ministre des Finances si le résultat des élections du 15 novembre
dernier avait été différent.
M. Claude Dubois
M. Dubois: M. le Président, vu la nature très
technique de ce projet de loi et compte tenu du fait qu'il s'agit, en grande
partie, de mesures de concordance avec la législation
fédérale en matière d'impôts, je serai bref. A la
lecture de ce projet de loi, on constate qu'il s'agit, dans l'ensemble, de
mesures fiscales pour venir en aide aux petits contribuables et à ceux
de la classe moyenne. A titre d'exemples je peux citer l'élargissement
de la déduction de frais de garde d'enfants, les montants admissibles en
déduction pour invalidité d'une personne à sa charge, la
hausse du maximum du montant versé à un régime
enregistré de retraite qui est admissible en déduction dans le
calcul du revenu d'un particulier, la hausse du maximum du montant versé
à un régime d'intéressement différé qui est
admissible en déduction dans le calcul de revenu d'un particulier.
Voilà, en somme, une série de modifications à la loi
actuelle qui auront un effet bénéfique direct sur la situation
financière de plusieurs contribuables et, en conséquence, nous
n'avons d'autre choix, dans l'intérêt du bien-être des
Québécois, que d'appuyer le gouvernement à ce stade de
l'adoption de ce projet de loi.
Lors de l'étude article par article, en commission parlementaire,
j'indiquerai, au besoin, au ministre du Revenu les points qui méritent
le plus grand éclaircissement et qui nécessitent une explication
additionnelle de sa part. Mais, pour le moment, M. le Président, je
voudrais profiter de cette occasion pour rappeler au ministre du Revenu et
à tous les membres de l'équipe ministérielle que,
malgré ces modifications que nous accueillons avec plaisir, il demeure
néanmoins que le Québec jouit toujours, à l'heure
actuelle, de la réputation de la province la plus taxée au
Canada.
Il appartient au gouvernement d'agir dans les meilleurs délais
pour mettre fin à cette situation qui pénalise injustement les
contribuables québécois. Au cours de la campagne
électorale, le Parti québécois a fait plusieurs promesses
aux électeurs. Parmi celles-ci, il y en a une qui revêt un
caractère d'urgence et qui touche directement le domaine fiscal. Je fais
allusion à la promesse, tant de fois répétée par le
Parti québécois lorsqu'il était dans l'Opposition,
d'indexer l'impôt sur le revenu des particuliers. Cette mesure de justice
sociale qui nous mettrait sur le même pied que tous les citoyens
canadiens doit absolument devenir une réalité. C'est avec
empressement que j'exhorte le ministre et ses collègues à agir le
plus tôt possible en ce sens. Merci.
Le Vice-Président: Cette motion de deuxième lecture
est-elle adoptée?
M. Burns: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté.
Motion de déférence à la
commission des finances
M. Burns: Article 4. C'est vrai, je m'excuse. Je propose la
déférence de ce projet de loi à la commission
parlementaire des finances, comptes publics et revenu.
Le Vice-Président: Cette motion est-elle
adoptée?
M. Burns: Adopté.
M. Lavoie: Quand siégera-t-elle?
M. Burns: C'est la semaine prochaine.
M. Lavoie: La semaine prochaine. Adopté.
Le Vice-Président: Adopté.
M. Burns: Article 4, M. le Président.
Projet de loi no 47
Deuxième lecture
Le Vice-Président: M. le ministre des Affaires municipales
propose la deuxième lecture du projet de loi no 47 autorisant les
municipalités à percevoir un droit sur les mutations
immobilières.
M. le ministre des Affaires municipales.
M. Guy Tardif
M. Tardif: M. le Président, le projet qui est devant cette
Assemblée vise à fournir aux municipalités une source de
revenus additionnels en leur ouvrant un nouveau champ fiscal, à savoir
la possibilité d'imposer un droit sur les transferts des immeubles au
taux de 3/10 de 1% sur la valeur de
la contrepartie de ce transfert jusqu'à concurrence de $50 000 de
valeur et de 6/10 de 1% de l'excédent.
Ce projet est présenté d'une part, parce qu'il
était déjà dans le discours du budget de l'ancien ministre
des Finances, mais aussi il est présenté ici parce qu'il est,
selon nous, justifiable et parce qu'il s'inscrit dans le sens des politiques
mises de l'avant par le Parti québécois.
Il est justifiable, d'une part, parce que des transferts de
propriétés coûtent aux municipalités de l'argent
alors que celles-ci ne touchent rien et que vendeurs, promoteurs, arpenteurs,
constructeurs, sans parler des notaires, perçoivent un droit lors des
mutations d'immeubles. D'autre part, également, les améliorations
apportées par les municipalités depuis les infrastructures, les
rues, l'éclairage, les parcs et les services offerts par celles-ci
contribuent à la plus-value des propriétés qui changent
ainsi de main. Ce projet nous apparaît donc justifiable, mais il nous
apparaît aussi en accord avec la politique du Parti
québécois; cela, pour deux raisons. D'une part, il vise à
donner aux municipalités une source de revenus directs différents
de leurs revenus de transferts qui se sont accrus de façon à
créer, dans les municipalités, un état
véritablement de dépendance. D'autre part, en laissant aux
municipalités la décision de prélever ou non cette taxe,
ce projet respecte l'autonomie municipale.
Quant à la nature du projet dont les modalités ont
déjà été données, je dois dire qu'il existe
une taxe semblable en Ontario où l'on prélève 3/10 de 1%
sur les premiers $50 000 et 6/10 de 1% sur l'excédent de $50 000. Avec
cette différence, toutefois, que cette taxe en Ontario est obligatoire.
Le rendement de cette taxe, maintenant, selon évidemment
révolution du marché et si toutes les municipalités du
Québec décidaient de se prévaloir du droit qui leur serait
donné, le rendement de cet impôt pourrait se situer entre $20
millions et $25 millions par année. Ces droits porteront sur la valeur
de tout immeuble transféré et seront payables par
l'acquéreur sur réception d'un avis de cotisation de la
municipalité où l'immeuble est situé. Toutefois, aucune
municipalité ne pourra lever ces droits sans avoir au préalable
adopté un règlement à cet effet et donner avis au
registrateur au moins deux mois avant leur entrée en vigueur. Ils ne
pourront être abolis en deçà d'un an de leur entrée
en vigueur.
Sur le plan des exonérations, les droits sur les transferts
d'immeubles ne s'appliquent pas aux transferts visés par les
exonérations suivantes:
Premièrement, les transferts impliquant des personnes ayant entre
elles certains liens de parenté ou impliquant certains organismes
gouvernementaux;
Deuxièmement, les transferts n'impliquant aucun changement dans
la propriété réelle des intérêts
concernés;
Troisièmement, les transferts affectant certains immeubles
à vocation agricole ou industrielle;
Quatrièmement, les transferts exonérés pour des
raisons administratives.
Quant à certaines autres considérations, on peut dire que
le rendement, évidemment, de cet impôt, comme je l'ai
mentionné, connaîtra des fluctuations annuelles assez
élevées. La région métropolitaine de
Montréal, quant à elle, drainera environ 50% du rendement total
de cet impôt. Quant au taux de croissance annuelle, il sera plutôt
faible. Nous sommes bien conscients qu'il s'agit là d'une mesure
très partielle qui ne dispensera pas d'une réforme de la
fiscalité municipale, mais, dans la mesure, encore une fois, où
ceci nous apparaît justifiable et en accord avec la politique du Parti
québécois visant à donner aux municipalités une
plus grande autonomie, nous avons donc repris cette mesure de l'ancien
gouvernement. Je vous remercie.
Le Vice-Président: M. le député de
D'Arcy-McGee.
M. Victor Goldbloom
M. Goldbloom: M. le Président, à l'instar de mon
collègue de Jean-Talon, je pourrais dire que, si le résultat du
15 novembre avait été différent, j'aurais fait à
peu près le même discours. C'est une réponse à une
demande formulée maintes fois par les municipalités du
Québec et notamment par celles qui sont membres de l'Union des
municipalités du Québec, c'est-à-dire par les cités
et villes. On se rappellera, M. le Président, que la ville de
Québec, dans un projet de loi privé, a demandé un tel
droit, mais avec un chiffre beaucoup plus important que celui que l'on retrouve
dans le projet de loi actuel.
Nous avons, à l'époque, trouvé que c'était
exagéré de percevoir, sur une transaction immobilière, un
droit aussi élevé. Nous n'avons quand même pas, à
l'époque, rejeté le principe, il s'est retrouvé dans le
discours du budget de cette année et c'est pour cette raison qu'il y
avait un processus qui était mis en marche à l'intérieur
du ministère, qui nous mène à l'adoption aujourd'hui, en
deuxième lecture, de ce projet de loi.
Je pense, M. le Président, que, puisque le débat en
deuxième lecture porte sur le principe, le principe ayant
déjà été établi par le gouvernement
précédent, je n'ai pas autre chose à dire, sauf de me
garder la réserve de pouvoir aller dans les modalités qui
n'avaient pas été décidées en détail par
l'ancien gouvernement lors de l'examen en commission plénière ou
élue, selon le cas. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président: M. le député de Johnson.
M. Maurice Bellemare
M. Bellemare: M. le Président, c'est pour ajouter juste un
mot aux déclarations qui viennent d'être faites par l'honorable
ministre et dire que nous sommes d'accord sur le principe de ce projet de loi
que nous avons nous aussi ajouté, en des termes un peu
caractéristiques, dans notre programme électoral, pensant que
cela rendrait sûrement de grands services aux municipalités et
particulièrement ce pouvoir discrétionnaire qu'on laisse
entre les mains des municipalités sans aucune obligation, parce que,
comme on le dit dans la loi, on peut, par règlement du conseil, imposer
un droit de transfert d'immeubles à un tiers de 1% et tout le surplus
jusqu'à $50 000 à un sixième de 1%.
Je crois que, dans les exonérations aussi, quand on viendra
devant la commission parlementaire, nous pourrons peut-être faire au
ministre des suggestions quant aux exonérations qui sont comprises. Je
pense que le ministre verra d'un bon oeil ces quelques suggestions que nous
pourrons apporter, parce qu'il y aura peut-être des questions très
importantes au point de vue des familles, des relations familiales, surtout
quand il s'agira d'exonérer des personnes physiques. Je crois que nous
ferons les suggestions avec le meilleur souci de trouver la meilleure
solution.
D'avance, M. le Président, je suis d'accord pour dire que notre
parti reconnaît le principe de ce bill et nous serons favorables quand
nous serons appelés à voter en faveur.
Le Vice-Président: M. le député de
Beauce-Sud.
M. Fabien Roy
M. Roy: M. le Président, le projet de loi qui vient de
nous être présenté par le ministre des Affaires municipales
avait, bien sûr, été annoncé lors du derniers
discours du budget de la part du ministre des Finances.
M. le Président, quelques mots seulement pour dire qu'au moment
où ce projet de loi avait été annoncé, j'avais
beaucoup de réserve. Evidemment, parce qu'il était impossible
d'en connaître toutes les modalités. Il est évident et nous
admettons très bien qu'il faut absolument trouver des moyens pour venir
en aide aux municipalités du Québec qui sont aux prises avec des
difficultés financières qui sont en quelque sorte dans un
étau financier. Il faut s'efforcer de trouver une forme de revenus
additionnels.
Cependant, il a été bien dit, tout à l'heure ici,
à cette assemblée, que les cités et villes avaient
demandé, depuis longtemps, l'établissement d'une taxe, telle que
formulée dans ce projet de loi et que, par contre, l'Union des conseils
de comté s'y opposait.
Il est évident que le premier principe que nous retrouvons dans
la loi respecte la liberté des municipalités. Autrement dit, les
municipalités seront libres de bénéficier de cette loi ou
de ne pas s'en prévaloir. Je pense que le principe de liberté
mérite quand même qu'on y apporte une attention spéciale et
qu'on en tienne compte dans le vote qui sera pris ou dans la décision
que nous serons appelés à prendre.
Cependant, j'aurais une observation à faire au nouveau ministre
des Affaires municipales.
Il ne faudrait pas, dans les municipalités où on ne se
prévaut pas des dispositions de cette loi, que les notaires soient
obligés de remplir ou de faire remplir les formules nécessaires
aux personnes qui voudront, en quelque sorte, transférer ou vendre leur
propriété. Ainsi ils ne seraient pas surchargés par des
frais administratifs additionnels, par des frais légaux additionnels,
les frais que ceci pourrait exiger du fait que le notaire serait obligé
de remplir un formulaire, de remplir un questionnaire et de le faire parvenir
au bureau d'enregistrement qui, lui, doit en tenir compte.
Comme je ne pourrai pas, malheureusement, assister au débat en
commission parlementaire, je tiens quand même à aviser les membres
de cette Assemblée qui font partie de la commission et qui seront
présents de faire en sorte qu'on prévoie dans la loi de ne pas
obliger les notaires, lorsque des contrats seront faits pour des
propriétaires dans des municipalités qui ne seront pas
concernées par ce projet de loi, à demander des frais
additionnels.
M. le Président, c'est la réserve que j'avais à
faire étant donné les circonstances. Les exonérations
qu'on retrouve dans la loi, je pense, comprennent les catégories de
personnes, les catégories de propriétaires que je voulais
protéger en m'opposant au projet de loi au moment où il a
été annoncé à cette Assemblée. Etant
donné que ces dispositions sont contenues dans le projet de loi,
étant donné qu'il s'agit de nous rendre aux demandes des
cités et villes du Québec qui veulent, autrement dit, une source
additionnelle de revenu, j'appuierai le projet de loi.
Le Vice-Président: Mesdames, messieurs, personne n'a
invoqué le règlement. Le député de Beauce-Sud a
dépassé le principe. Je l'ai accepté pour montrer
jusqu'où la présidence peut aller dans son impartialité.
Il a énoncé, dans le fond, presque des amendements au projet de
loi.
Cette motion de deuxième lecture est-elle adoptée?
M. Bellemare: Adopté.
M. Roy: Je m'excuse, M. le Président, c'est un lapsus. Je
voulais dire que je voterais en faveur.
Le Vice-Président: Parfait. Cette motion de
deuxième lecture est-elle adoptée?
M. Lavoie: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Deuxième lecture de ce
projet de loi.
Le Vice-Président: M. le leader du gouvernement.
Motion de déférence à la
commission des affaires municipales
M. Burns: Je propose que ce projet de loi no 47 soit
déféré à la commission parlementaire des affaires
municipales.
M. Bellemare: Quand siégera-t-elle?
M. Burns: La semaine prochaine.
M. Bellemare: Avant Pâques?
M. Burns: Avant Pâques, sûrement.
Le Vice-Président: Cette motion est-elle
adoptée?
M. Lavoie: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Burns: Je m'apprête à proposer l'ajournement des
travaux, pour aujourd'hui, jusqu'à demain matin. Selon l'ordre qui a
été donné tout à l'heure par la Chambre, nous
siégerons de 10 heures, demain matin, à 12 h 30 alors que nous
suspendrons jusqu'à 14 h 15 pour terminer au plus tard, et
j'espère avant, à 17 heures demain après-midi.
M. Garneau: Est-ce que le leader du gouvernement me permettrait
de lui dire que, s'il assure la Chambre et l'Opposition officielle qu'il n'a
pas l'intention d'appeler la loi 83, l'article 7) et s'il n'avait pas
l'intention d'appeler la commission avant la semaine prochaine, je ne
m'opposerais pas à son adoption en deuxième lecture. Si cela peut
l'aider, quant à moi, pour autant qu'il m'assure que la commission des
finances ne siégera pas avant la semaine prochaine, je n'aurais pas
d'objection à ce que l'article 7) franchisse l'étape de la
deuxième lecture.
M. Burns: D'accord, je peux assurer le député de
Jean-Talon que je n'appellerai aucune commission parlementaire avant la semaine
prochaine. Si on m'assurait qu'à l'article 7) il n'y a pas de discours
de deuxième lecture, à ce moment-là, j'appellerais
l'article 7).
M. Garneau: L'article 5) aussi.
M. Burns: La Loi de l'administration financière.
Le Vice-Président: M. le député de
D'Arcy-McGee.
M. Goldbloom: M. le Président, dans le même ordre
d'idées, le projet de loi je n'ai pas le numéro devant moi
qui concerne la ville de Hull, qui est purement technique, pourrait
subir le même sort à condition que la commission parlementaire
siège seulement la semaine prochaine.
M. Burns: Je peux vous assurer, à mon tour, qu'il n'y aura
pas de commission parlementaire autre que celle qui siégera demain, qui
est la commission plénière qui examinera les crédits
supplémentaires. Je n'ai pas l'intention, avant la semaine prochaine, de
faire siéger des commissions parlementaires.
Le Vice-Président: M. le député de
Johnson.
M. Bellemare: Pour ce qui est de l'article 5), la Loi des droits
sur les transferts de terrains et de l'article 7) Loi modifiant la Loi de
l'administration financière, aucun discours, M. le Président.
M. Burns: M. le Président, je suis inquiet, j'ai peur
qu'on ajourne ce soir. Pas de danger?
M. Bellemare: Non, non, pas de danger, non, non.
M. Burns: Parce que, vous savez, j'ai le coeur faible de ce
temps-ci; il ne faudrait pas m'énerver trop trop. Il ne faudrait pas me
faire des surprises comme cela.
M. Bellemare: Vous êtes attiré par d'autres
tentations ailleurs.
Le Vice-Président: Le député de Laval.
M. Lavoie: M. le Président, pour prouver la collaboration
temporaire et complète mais surtout temporaire de l'Opposition
officielle, si l'Union Nationale est d'accord, il pourra en être de
même de l'article 5), le projet de loi no 65, à la condition
également que la tenue de la commission ne se fasse pas avant la semaine
prochaine.
M. Burns: M. le Président, avant de faire ma motion
d'ajournement, je peux peut-être vous indiquer justement quel est le menu
des travaux de demain ou...
M. Bellemare: M. le Président, je suis obligé de
m'opposer, parce que j'ai un de mes députés qui sur ce bill a
préparé un discours, c'est le député de
Pointe-Claire.
M. Burns: C'est l'article 5), le projet de loi... M.
Bellemare: C'est l'article 5)...
M. Burns: D'accord.
M. Bellemare: ...sur les transferts de terrains.
M. Burns: Seulement les projets de loi où vous ne croyez
pas devoir faire un discours de deuxième lecture.
M. Bellemare: L'article c), c'est le bill qui nous a
été distribué cet après-midi, la loi 85. C'est
simplement un projet qui vise à donner une description corrigée
de certains lots du quartier no 4. Je n'ai aucune objection.
M. Burns: Est-ce que cela vaut également pour l'Opposition
officielle concernant le projet de loi 85?
M. Lavoie: Le projet de loi 85, c'est Hull. M. Burns: Oui.
M. Lavoie: Oui.
M. Bellemare: Nous sommes rendus à l'article 11.
M. Lavoie: Oui.
M. Bellemare: Le bill 77.
M. Lavoie: On va attendre après Pâques.
Une Voix: Ou la Trinité.
M. Burns: Je ne voyais pas d'urgence à ce projet de
loi.
M. Bellemare: On va demander au président de faire une
motion.
M. Burns: M. le Président, avec votre permission, je
remercie les collègues de l'Opposition pour leur collaboration.
Grâce à ces consentements, je vous demanderais d'appeler, s'il
vous plaît, l'article 7.
Projet de loi no 83 Deuxième lecture
Le Vice-Président: L'article 7. M. le ministre des
Finances propose la deuxième lecture du projet de loi 83, Loi modifiant
la Loi de l'administration financière.
M. le ministre des Finances.
M. Jacques Parizeau
M. Parizeau: II s'agit essentiellement d'une clarification
apportée à la Loi de l'administration financière à
la suite de l'opposition, si l'on peut dire, d'avis juridiques quant à
l'application de cette loi ou l'incorporation en vertu de cette loi des
dispositions relatives à certains emprunts garantis par le gouvernement
de Québec, singulièrement celui de SIDBEC.
Il s'agit de confirmer que, lorsque le gouvernement garantit le
remboursement d'un emprunt, l'exécution d'obligations en
général, on s'oblige à payer une somme d'argent et que la
loi prévoit le paiement des sommes requises à même le fonds
consolidé du revenu, les articles 47 et 48 de la Loi de l'administration
financière ne s'appliquent pas.
Ces derniers articles stipulent que tous les contrats comportant
l'obligation de payer une somme d'argent ne sont valides que si le
Contrôleur des finances certifie qu'il existe un solde disponible sur un
crédit existant. Mais il va de soi que si une loi spécifique,
comme c'est le cas du bill 22 applicable à SIDBEC, prévoit que
les sommes seront disponibles, la garantie du gouvernement peut
s'appliquer.
L'article 66 semblait dire cela, mais ne le disait peut-être pas
d'une façon suffisamment claire. Ce qui est proposé dans ce bill,
c'est simplement de clarifier la portée de l'article 66.
Le Vice-Président: Cette motion de deuxième lecture
est-elle adoptée?
M. Bellemare: Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Deuxième lecture de ce
projet de loi.
Le Vice-Président: Adopté. Le leader du
gouvernement.
M. Burns: Etant donné les indications qu'on m'a
données du côté de l'Opposition, même si le projet de
loi, techniquement, ne devrait pas être appelé avant demain, je
présume qu'il y a consentement pour que le projet de loi inscrit au nom
du ministre des Travaux publics... Oh! c'est vrai, je m'excuse, il faudra que
j'apprenne à toujours les faire, ceux-là.
Motion de déférence à la
commission des finances
M. Burns: Je propose que le projet de loi 83 soit
déféré à la commission parlementaire des finances,
des comptes publics et du revenu.
Le Vice-Président: Cette motion est-elle
adoptée?
M. Lavoie: Adopté.
M. Burns: Alors, je reviens à ce que je disais, M. le
Président...
Le Vice-Président: Oui, M. le leader parlementaire.
M. Burns: Ce matin, le ministre des Travaux publics et de
l'Approvisionnement a proposé la Loi concernant la ville de Hull. En son
absence et avec le consentement de la Chambre, je pourrais m'en faire le
proposeur.
Le Vice-Président: Le projet de loi no 85? M. Burns:
Oui, le projet de loi no 85.
Projet de loi no 85
Deuxième lecture
Le Vice-Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement, au nom du ministre des Travaux publics et de l'Approvisionnement,
propose I adoption en deuxième lecture du projet de Loi no 85 concernant
la ville de Hull.
M. le leader du gouvernement.
M. Burns: M. le Président, je souhaite que ce projet de
loi soit adopté.
Le Vice-Président: La motion en deuxième lecture
est-elle adoptée?
Le Secrétaire adjoint: Deuxième lecture de ce
projet de loi.
Le Vice-Président: Adopté.
Motion de déférence à la
commission des transports
M. Burns: Nous revenons, et je remercie, effectivement... Ma
motion, c'est vrai, je vais m'atta-cher quelque chose au dos. Je propose que ce
projet de loi no 85 soit déféré à la commission des
transports, des travaux publics et de l'approvisionnement.
Le Vice-Président: Cette motion est-elle
adoptée?
Une Voix: Adopté.
Le Vice-Président: M. le leader du gouvernement.
M. Burns: Demain, après la période des questions,
nous reprendrons le débat concernant le discours inaugural. Dès
qu'il sera terminé, nous...
M. Marchand: Ce soir?
M. Burns: Non, pas ce soir. Immédiatement après,
nous entreprendrons l'étude de l'article 1, c'est-à-dire la
commission plénière sur l'étude des crédits
supplémentaires.
Il est à espérer que nous puissions régler ce
problème avant cinq heures, et, si c'est fait à ce moment, on
pourra quitter à n'importe quel moment. Si ce n'est pas terminé
avant cinq heures, on reviendra lundi après-midi avec la continuation du
débat relativement aux crédits supplémentaires.
Le Vice-Président: Le député de Laval.
M. Lavoie: M. le Président, est-ce que je comprends bien
qu'après les affaires courantes demain matin, le premier ministre
demandera au président d'être reconnu pour faire son intervention
sur le message inaugural dès la reprise du débat?
M. Burns: On vous dévoile nos batteries, c'est effrayant.
On gouverne à ciel ouvert vous devez trouver que c'est nouveau, cela
vous surprend?
M. Lavoie: II faudrait vous rappeler ma question et votre
engagement de ce matin, que les conférences de presse soient un peu
arrêtées et qu'on administre au Parlement. Le ciel ouvert est au
Parlement également.
M. Burns: Oui, oui, d'ailleurs, M. le leader de l'Opposition, le
premier ministre a l'intention, je pense, en tout cas j'ai entendu dire qu'il
avait l'intention de vous en toucher un mot demain justement. Evidemment, le
premier ministre a l'intention de demander au président de le
reconnaître à la première occasion qui lui sera fournie
après la période des questions.
Le Vice-Président: Le député de Johnson.
M. Bellemare: Faites-vous ce soir votre motion spéciale en
vertu de l'article 30, deuxièmement, pour demander à la Chambre
de siéger lundi ou la ferez-vous seulement demain?
M. Burns: Demain.
M. Bellemare: D'accord.
Le Vice-Président: Dois-je comprendre que M. le leader du
gouvernement, avec toutes ses phrases, a fait une motion d'ajournement à
demain, dix heures?
M. Burns: M. le Président, je la fais actuellement. Je
propose que la Chambre ajourne ses travaux à demain, dix heures.
Le Vice-Président: Messieurs, un instant! M. le leader de
l'Opposition et député de Laval.
M. Lavoie: Je veux intervenir pour concourir à la
motion.
Le Vice-Président: Cette motion est-elle
adoptée?
M. Lavoie: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté. Madame, messieurs,
ajournement à demain dix heures.
(Fin de la séance à 21 h 36)