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(Quinze heures onze minutes)
M. Richard (président): A l'ordre, messieurs!
Communication de M. Jean-Noël Lavoie
Le Président: J'ai une communication à transmettre
à cette Assemblée, émanant de M. le député
de Laval, Jean-Noël Lavoie. Québec, le 14 décembre 1976. Me
Clément Richard, président de l'Assemblée nationale,
Hôtel du Gouvernement, Québec. M. le Président, la
présente est pour vous informer que MM. Gérard D. Levesque et
Robert Lamontagne ont été choisis par l'aile parlementaire du
Parti libéral du Québec respectivement chef parlementaire et whip
de l'Opposition officielle et le soussigné a été
désigné leader parlementaire de l'Opposition officielle. Veuillez
agréer l'expression de mes sentiments les meilleurs. Signé
Jean-Noël Lavoie.
Afin de discuter du partage du temps pour le débat sur le
discours inaugural, je voudrais convoquer les leaders parlementaires à
la salle derrière le fauteuil et, à cette fin, je vais suspendre
les travaux de l'Assemblée pendant quinze minutes.
Explications de M. le Président
Moment de recueillement à l'ouverture d'une
séance
Le Président: A l'ordre, messieurs!
M. Lavoie: M. le Président, avec votre permission, avant
d'entreprendre les affaires courantes, j'aimerais que vous nous expliquiez la
décision que vous avez prise. C'est un genre de directive qui
relève de l'article 32. Il est vrai que le nouveau règlement dit
bien: "A l'heure fixée pour l'ouverture d'une séance, le
président fait son entrée, les députés et le public
se lèvent et ils observent un moment de recueillement".
Lorsque ce règlement a été rédigé, en
1972, je crois, à la suite d'un consensus entre les différents
partis...
M. Burns: M. le Président, j'invoque le
règlement.
M. Lavoie: ... j'avais conservé la prière. Je ne
veux pas soulever de débat.
M. Burns: J'invoque le règlement. Justement, deux articles
plus loin que celui auquel vient de se référer le leader de
l'Opposition, on a l'article 34 où, à loisir, le leader de
l'Opposition pourra vous poser des questions, mais au moment voulu.
Actuellement, il y a des... Je ne m'opposerai pas, je trouve que c'est une
question tout à fait normale, mais pour que nos travaux fonctionnent tel
que le règlement nous le suggère, je propose au leader du
gouvernement... de l'Opposition... Cela fait deux lapsus en deux jours!
M. Lavoie: Cela viendra! Cela viendra! M. Burns: II n'y a
pas de danger, je pense. M. Lavoie: Peut-être plus vite qu'on
pense.
M. Burns: Je suggère au leader de l'Opposition de ramener
cette question au stade où nous le précise l'article 34 de notre
règlement.
M. Lavoie: M. le Président, je vais changer ma
formulation, dans ce cas-là. Etant donné que cela vient de se
produire, j'en fais une question de privilège. Je voudrais soulever
cette question de privilège pour dire que, lorsque cette nouvelle
rédaction a été faite, à la suite d'un consensus
entre les leaders parlementaires et les différents partis, il avait
été convenu de continuer la lecture d'une prière, qui a
été réduite mais qui donnait le nécessaire.
J'aimerais, sur cette question de privilège, le souligner et
faire remarquer que cette...
M. Burns: M. le Président, question de
règlement.
M. Lavoie: ...prière devrait continuer.
M. Burns: Question de règlement. Je ne vois pas qu'il y
ait là matière à question de privilège, M. le
Président, lorsque vous ne faites que suivre le règlement. Des
mots mêmes du leader de l'Opposition, vous avez suivi le règlement
et il a même cité l'article qui visait votre façon de
suivre le règlement. S'il y a un cas où il n'y a pas de question
de privilège, c'est lorsque le président de l'Assemblée
nationale applique le règlement. S'il y a des questions de motivation ou
de je ne sais pas quoi...
Je ne sais pas ce que le leader de l'Opposition a dans la tête
mais, s'il les a ces questions, c'est en vertu de l'article 34; cela est
immédiatement après les affaires courantes qu'il pourra poser ses
questions.
M. Samson: M. le Président, ce n'est pas en vertu de
l'article 34, mais en vertu de l'économie générale de
notre règlement que je voudrais vous demander une directive. J'ai
également, M. le Président, pris connaissance de cet état
de fait. Compte tenu de l'économie générale du
règlement, et surtout de l'article 1, cinquièmement, si je me
rappelle bien, où l'on doit faire référence
également à la tradition établie, je vous demande la
directive suivante: je vous demande si dans l'avenir nous pourrons revenir
à la prière, qui était une tradition établie, et
j'aimerais bien voir continuer cette tradition.
Le Président: Je pense que normalement cela devrait
être demandé en vertu du troisième paragraphe de l'article
34. Néanmoins, compte tenu du fait que cela puisse soulever certaines
questions parmi les membres de cette Assemblée, je voudrais rassurer
tout le monde; c'est d'abord pour
respecter la lettre du règlement, c'est-à-dire de
l'article 32, et un nouveau règlement puisque ce règlement
est nouveau prévaut toujours sur la tradition. Quand on a
songé à adopter un nouveau règlement, cela est
précisément pour qu'il prévale sur la tradition quand il
est clair.
L'article 32 m'est apparu suffisamment clair et, d'autre part, il y a un
second motif. C'est par respect pour les membres de cette Assemblée, qui
ne sont pas nécessairement tous de la même dénomination
religieuse, et c'est par respect pour l'Assemblée que j'ai choisi un
mode de prière que je laisse à la liberté de chacun.
Chacun aura le loisir, au moment de la période de recueillement, de
faire la prière qu'il entend, et c'est par respect pour
l'Assemblée que j'ai pris cette décision.
Affaires courantes.
Dépôt de rapports de commissions élues.
Rapports de commissions élues
Rapport de la commission de l'Assemblée
nationale
M. Bertrand: M. le Président, conformément aux
règlements de l'Assemblée nationale, j'ai l'honneur de
déposer le rapport de la commission de l'Assemblée nationale qui
s'est réunie ce quinzième jour de décembre 1976, afin de
désigner les membres qui feront partie des commissions élues
permanentes, ainsi que ceux désignés pour agir comme
présidents de celles-ci.
Le Président: Rapport déposé.
M. Burns: A ce stade-ci, est-ce que je peux demander à
l'Assemblée nationale s'il y a consentement pour adopter ce rapport?
Etant donné que, d'une part, la plupart des partis politiques
représentés à l'Assemblée nationale étaient
présents à la réunion de la commission de
l'Assemblée nationale; étant donné que, peut-être de
façon malhabile et je le dis en toute humilité à
l'endroit du député de Rouyn-Noranda et à l'endroit du
député de Beauce-Sud j'ai tenté, même en leur
absence, de les assigner à des commissions parlementaires où ils
pourraient se faire valoir, mais en leur disant, comme j'ai eu l'occasion de le
dire à un des deux députés, que, s'il était
possible de corriger des choses qui ne faisaient pas leur affaire parce que je
les aurais assignés à une commission parlementaire plutôt
qu'à une autre, je le ferai le plus rapidement possible, je demande tout
simplement si on peut se dire ensemble que ce rapport peut être
adopté, quitte à ce qu'on y apporte les correctifs
nécessaires.
M. Lavoie: Vous n'avez pas de permission à demander
d'après le règlement. Vous n'avez qu'à le soumettre sans
débat ni amendement et nous allons l'adopter immédiatement.
M. Burns: Je veux tout simplement qu'il n'y ait pas de
problème là-dessus, que personne ne se sente brimé. C'est
pour cela que je l'ai soulevé.
M. Roy: Je n'aurais qu'une question à poser au leader du
gouvernement pour confirmer ce qui a été discuté ce matin,
à savoir que, s'il y a des changements à faire, sur une motion ou
à la suite d'une rencontre avec le leader du gouvernement, nous
puissions proposer les changements de commission qui pourront s'avérer
nécessaires compte tenu des circonstances. Comme le disait le leader du
gouvernement, on a procédé de la meilleure façon possible
ce matin, mais nous n'avions pas été consultés comme tels.
Si on nous accorde le privilège de pouvoir faire les changements en
temps et lieu, nous n'avons pas d'objection à l'adoption du rapport.
M. Burns: La réponse est un oui sans aucune
ambiguïté à votre question. Cela vaut pour le
député de Rouyn-Noranda également.
Le Président: Adopté. M. Lavoie:
Adopté.
Le Président:
Dépôt de rapports du greffier en loi sur les projets de loi
privés.
Présentation de motions non annoncées.
Motions non annoncées
M. Lévesque (Taillon): Pour expliquer la motion non
annoncée, mais, j'en suis sûr, bien accueillie que je vais faire
très rapidement c'est probablement la seule pour un bout de temps
qui va être aussi bien accueillie je voudrais dire que la rose qui
est ici n'a rien à voir avec un style qui a cours en d'autres lieux.
C'est une heureuse coïncidence, parce qu'aujourd'hui même, qui est
le premier jour de travail sérieux de cette première session,
c'est en même temps le jour où la benjamine de l'Assemblée
nationale rajeunit d'une autre année, Mme Leblanc, député
des Iles-de-la-Madeleine...
Je suis sûr que c'est déjà fait et que cela va tous
nous rajeunir, même ces aînés comme le député
de Johnson, j'irais jusque-là, de lui offrir unanimement nos
félicitations et nos voeux perpétuels de rajeunissement. C'est
déjà fait.
Une Voix: Adopté.
Changements de membres de commissions
parlementaires
M. Burns: M. le Président, toujours aux motions non
annoncées, je voudrais proposer deux modifications quant à des
membres élus de commissions parlementaires; je proposerais d'abord
qu'à la commission du travail, de la main-d'oeuvre et de l'immigration
le nom de M. Claude Vaillancourt remplace celui de M. Jean Alfred et je
ne sais pas si on veut que je fasse les deux motions en même temps
qu'à la commission de l'Assemblée nationale, on remplace le nom
de M. Gilles Boucher par celui de M. Guy Bisaillon.
Le Président: Cette motion est-elle adoptée? M.
Lavoie: Adopté.
Projets de loi au nom du gouvernement
Le Président: Présentation des projetsde loi au nom
du gouvernement.
M. Burns: M. le Président, article d). Le
Président: M. le premier ministre.
Projet de loi no 76 Première lecture
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, je voudrais
tout simplement expliquer, en partant des notes qui sont là d'ailleurs
et qui s'expliquent toutes seules, le projet de loi que j'aurai l'honneur de
parrainer à partir de maintenant en cette Chambre; ce projet a pour
objet essentiel il s'agit de la Loi de l'Exécutif de
créer de nouvelles fonctions de ministre d'Etat et de ministre
délégué; il apportera aussi des modifications
administratives au statut des fonctionnaires attachés au
secrétariat général du Conseil exécutif.
Le Président: Cette motion de première lecture
est-elle adoptée?
M. Lévesque (Taillon): Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Première lecture de ce
projet de loi.
Le Président: Deuxième lecture, séance
subséquente.
M. Burns: Article a), M. le Président, s'il vous
plaît.
Le Président: Le ministre des Affaires municipales.
Projet de loi no 47 Première lecture
M. Tardif: M. le Président, j'ai l'honneur de
présenter le projet de loi 47, Loi autorisant les municipalités
à percevoir un droit sur les mutations immobilières. En fait, ce
projet permettra aux municipalités d'imposer un droit sur le transfert
des immeubles au taux de 3/10 de 1% sur la valeur de la contrepartie de ce
transfert, jusqu'à concurrence de $50,000 de cette valeur, et de 6/10 de
1% de l'excédent.
Le Président: Cette motion de première lecture
est-elle adoptée?
M. Lavoie: Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Première lecture de ce
projet de loi.
Le Président: Deuxième lecture, séance
subséquente.
M. Burns: Article b).
Le Président: Monsieur le ministre des Finances.
Projet de loi no 65 Première lecture
M. Parizeau: M. le Président, j'ai l'honneur de
présenter le projet de loi no 65 modifiant la Loi des droits sur les
transferts de terrains. En raison du caractère technique de la question,
je me limiterai à la lecture des notes explicatives.
L'article 1 modifie la notion de transfert. L'article 2 prévoit
les circonstances dans lesquelles le régistrateur doit refuser
d'enregistrer un acte de transfert. L'article 3 clarifie la notion de transfert
réputé dans le cas du transfert d'une participation au capital ou
au revenu d'une fiducie. L'article 4 uniformise les règles relatives aux
paiements différés prévues à l'article 31 de la Loi
des droits sur les transferts de terrains et clarifie leur application.
L'article 5 corrige des renvois. L'article 6 est une précision.
L'article 7 précise qu'il y a exonération lorsqu'un terrain est
acquis par un cession-naire dans le but de protéger une
sûreté. L'article 8, enfin, prévoit une exonération
lors de l'acquisition d'un terrain affecté à l'exercice d'une
entreprise par un cessionnaire qui l'occupait le 11 mai 1976.
Le Président: Cette motion de première lecture de
la Loi modifiant la Loi des droits sur les transferts de terrains est-elle
adoptée?
M. Lavoie: Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Première lecture de ce
projet de loi.
Le Président: Deuxième lecture, séance
subséquente.
M. Burns: Article c).
Le Président: Le ministre des Finances.
Projet de loi no 70 Première lecture
M. Parizeau: M. le Président, j'ai l'honneur de
présenter le projet de loi no 70 qui vise à amender de nouveau la
Loi sur les impôts et la Loi concernant l'application de la Loi sur les
impôts. Il s'agit de ceci.
L'article 1 augmente de $2500 à $3500 le maximum du montant
versé à un régime enregistré de retraite qui est
admissible en déduction dans le calcul du revenu d'un particulier.
L'article 2 est de concordance. L'article 3 augmente de $2500 à $3500 le
maximum du montant versé à un régime en registre de
retraite qui est admissible en déduction dans le calcul du revenu d'un
employeur. L'article 4 permet la déduction de frais de garde d'enfants
à un particulier qui suit un cours de formation professionnelle des
adultes ou qui effectue de la recherche et majore le maximum de la
déduction permise. L'article 5 aug mente de $2000 à $4000 et de
$500 à $1000 les montants dont un particulier doit tenir compte pour
établir le maximum de la déduction permise pour frais de garde
d'enfants.
L'article 6 augmente de $2000 à $4000, de $15 à $30, de
$60 à $120 les montants dont un particulier qui est un homme doit tenir
compte pour établir le maximum de la déduction permise pour frais
de garde d'enfants.
L'article 7 établit l'ordre dans lequel les déductions
prévues dans le calcul du revenu imposable doivent être faites par
un particulier.
Les articles 8 à 11 sont de concordance.
L'article 12 permet à un particulier de réclamer, dans
certains cas, le montant de la déduction pour invalidité d'une
personne à sa charge.
L'article 13 est de concordance et permet à un particulier de
déduire la totalité ou une partie de la déduction de son
conjoint, à l'égard des montants d'intérêt et de
retraite, d'exemption en raison de l'âge et de frais médicaux.
L'article 14 augmente de $2500 à $3500 le maximum du montant
versé à un régime d'intéressement
différé qui est admissible en déduction dans le calcul du
revenu d'un particulier.
L'article 15 augmente de $2500 à $3500 et de $4000 à $5500
le maximum du montant qui est admissible en déduction dans le calcul du
revenu d'un particulier qui verse des primes à un régime
enregistré d'épargne-retraite.
L'article 16 est de concordance.
Les articles 17 à 20 prévoient de nouvelles règles
déterminant le revenu imposable, le taux d'imposition et la
qualification des corporations de placements.
Les articles 21 et 22 sont de concordance.
L'article 23 établit que les règles qui régissent
une corporation de placements s'appliquent à une corporation de fonds
mutuels.
Les articles 24 à 27 prévoient de nouvelles règles
déterminant la qualification, le taux d'imposition et le revenu
imposable des corporations de placements appartenant à des personnes ne
résidant pas au Canada.
Le Président: Cette motion de première lecture
est-elle adoptée?
M. Lavoie: Adopté.
Le Président: Deuxième lecture, séance
subséquente.
M. Burns: Article i), M. le Président.
Projet de loi no 83 Première lecture
Le Président: Le ministre des Finances propose la
première lecture de la Loi modifiant la Loi de l'administration
financière.
M. le ministre des Finances.
M. Parizeau: M. le Président, j'ai l'honneur de
présenter le projet de loi no 83, modifiant la Loi de l'administration
financière.
Ce projet de loi confirme que, lorsque le gouvernement garantit le
remboursement d'emprunt, l'exécution d'obligations en
général ou s'oblige à payer une somme d'argent et que la
loi prévoit le paiement des sommes requises à même le fonds
consolidé du revenu les articles 44 et 48 de la Loi de l'administration
financière ne s'appliquent pas. En conséquence, l'article 66 de
la Loi de l'administration financière, lequel s'applique lorsque aucun
recours direct au fonds consolidé n'est prévu par la loi, est
modifié de façon: a) à inscrire expressément dans
la loi la règle précitée; et b) à supprimer une
modification apportée en 1968 à l'article 66 de la Loi de
l'administration financière, soustrayant ainsi à l'application
des articles 47 et 48 de ladite loi les garanties de remboursement que le
gouvernement accorde.
Le Président: Cette motion de première lecture
est-elle adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté. Le Président:
Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Première lecture de ce
projet de loi.
Le Président: Deuxième lecture, séance
subséquente.
M. Burns: Article g).
Projet de loi no 80 Première lecture
Le Président: Le ministre de la Fonction publique propose
la première lecture de la Loi modifiant le Régime de retraite des
employés du gouvernement et des organismes publics. M. le ministre de la
Fonction publique.
M. de Belleval: M. le Président, j'ai I'honneur de
présenter le projet de loi 80, Loi modifiant le Régime de
retraite des employés du gouvernement et des organismes publics. Ce
projet prévoit que certains employés des services de santé
et des services sociaux, lorsqu'ils sont intégrés à
des
fonctions auxquelles s'applique le Régime de retraite des
employés du gouvernement et des organismes publics, participent à
un régime spécial similaire à leur ancien régime,
établi par le lieutenant-gouverneur en conseil, à moins que par
scrutin ils n'optent pour le Régime de retraite des employés du
gouvernement et des organismes publics.
Le Président: Cette motion de première lecture
est-elle adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Première lecture de ce
projet de loi.
Le Président: Deuxième lecture, séance
subséquente.
M. Burns: Article h).
Projet de loi no 81 Première lecture
Le Président: M. le ministre des Affaires sociales propose
la première lecture de la Loi modifiant le Régime des allocations
familiales du Québec. M. le ministre des Affaires sociales.
M. Lazure: M. le Président, j'ai l'honneur de vous
présenter le projet de loi no 81, Loi modifiant le Régime des
Allocations familiales du Québec. Ce projet a pour principal objet de
majorer, à compter du 1er janvier 1977, les montants d'allocations
familiales accordés aux enfants du quatrième rang et plus.
Le Président: Cette motion de première lecture
est-elle adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Première lecture de ce
projet de loi.
Le Président: Deuxième lecture, séance
subséquente.
M. Burns: Article j).
Projet de loi no 84 Première lecture
Le Président: M. le ministre des Transports propose la
première lecture de la Loi concernant certaines ententes en
matière de transport. M. le ministre des Transports.
M. Lessard: M. le Président, j'ai l'honneur de
présenter le projet de loi no 84 intitulé Loi concer- nant
certaines ententes en matière de transport. Ce projet reconduit pour un
an deux ententes relatives au transport, l'une dans le Haut-Saguenay, l'autre
dans la région de la rive sud de Québec. Je ne doute pas que ce
projet de loi soit adopté à l'Assemblée nationale cette
fois.
Le Président: Cette motion de première lecture
est-elle adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté. Le Président:
Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Première lecture de ce
projet de loi.
Le Président: Deuxième lecture, séance
subséquente.
M. Burns: Article e).
Projet de loi no 77 Première lecture
Le Président: M. le ministre d'Etat à la
Réforme parlementaire propose la première lecture de la Loi
concernant la Loi de la Législature et la Loi électorale. M. le
ministre.
M. Burns: M. le Président, j'ai l'honneur de
présenter le projet de loi no 77, Loi concernant la Loi de la
Législature et la Loi électorale. Ce projet a pour objet de
réduire de douze à onze, pour la durée de la
présente Législature, le nombre de députés que doit
avoir fait élire un parti pour que, premièrement, le
député qui le dirige, son leader parlementaire et son whip aient
droit aux indemnités prévues à l'article 98a de la Loi de
la Législature; deuxièmement, le parti lui-même ait droit
de partager dans l'allocation prévue à l'article 390a de la Loi
électorale.
L'article 1 corrige deux erreurs de copiste qui se sont produites en
1973.
Le Président: Cette motion de première lecture
est-elle adoptée?
M. Bellemare: Adopté. Le Président:
Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Première lecture de ce
projet de loi.
Le Président: Deuxième lecture, séance
subséquente.
Présentation de projets de loi au nom des députés.
Déclarations ministérielles.
Le ministre de l'Education.
Déclaration ministérielle
Loi sur la langue officielle
M. Jacques-Yvan Morin
M. Morin (Sauvé): M. le Président, le moment est
venu pour le gouvernement de régler un certain nombre de
difficultés liées à l'application de la loi 22 dans le
domaine de l'enseignement. Nous avons pris soin, avant de déterminer
notre attitude, de consulter les parties concernées par les
événements que nous avons vécus depuis la rentrée
scolaire et j'en ai discuté personnellement avec le Conseil
supérieur de l'éducation dont la loi fait, à juste titre,
mon principal conseiller.
Chacun se souviendra que, durant la récente campagne
électorale, le premier ministre et moi-même avons
déclaré, à maintes reprises, que le Parti
québécois, s'il était porté au gouvernement,
procéderait, au cours des mois suivants, à un remaniement
important de la Loi sur la langue officielle. Notre attitude est
demeurée la même et les travaux préliminaires ont
déjà commencé, d'ailleurs, au comité
interministériel de développement culturel en vue de revoir cette
loi.
Toutefois, des problèmes concrets se posent de façon
immédiate, dont la solution ne saurait attendre la nouvelle loi.
Qu'advient-il, en effet, des enfants dont les parents ont refusé
d'accepter le verdict des tests linguistiques et qui se trouvent, de
façon illicite, dans les locaux de certaines écoles anglophones?
Comment agir à l'endroit des quelque 250 enfants qui ont demandé,
pour une première fois, leur admission à l'école anglaise
et qui, n'ayant pas encore subi les tests mis au point par l'ancien
gouvernement, n'ont pu entreprendre leurs études?
Ces questions sont d'autant plus pressantes que la loi actuelle ne
saurait être modifiée de façon improvisée et que,
selon l'article 100, même les règlements adoptés pour la
compléter et pour la mettre en oeuvre doivent faire l'objet d'une
consultation, laquelle s'étend sur trois mois. C'est donc une
réponse provisoire et partielle que j'entends apporter à des
problèmes concrets.
Mon intention n'est pas de laisser présager, par cette
réponse, ce que seront les solutions de nature permanente que le
gouvernement voudra proposer à cette Assemblée de matière
linguistique. En effet, tous comprennent, je pense, que nos objectifs dans ce
domaine dépassent largement la langue d'enseignement. Dans notre esprit,
ce sont toutes les sphères de la vie québécoise qui
doivent être francisées: le travail, l'administration publique,
les affaires, l'exercice des professions, les communications. Le choix de la
langue de l'école, c'est en quelque sorte la résultante de tout
cela. Si la vie se déroule en français, alors, bien sûr,
les citoyens enverront, tout naturellement, leurs enfants à
l'école française.
Cette clarification des objectifs du Québec nous paraît
essentielle. Les problèmes soulevés par la langue de
l'école ne pourront faire l'objet d'un large accord social qu'une fois
qu'il sera éta- bli, hors de tout doute, que la langue française
est, dans les faits comme en droit, la langue de travail au Québec.
Certes, cet objectif fondamental est parfaitement conciliable avec la
connaissance, par les individus, d'une seconde, voire même d'une
troisième langue, mais il doit être perçu dès
maintenant comme entraînant des changements importants dans la vie
socio-économique du Québec.
Tous les Québécois, de quelque origine qu'ils soient,
ayant compris cela, il paraîtra tout naturel, tout en étant
d'accord pour le maintien de l'école anglophone pour les
Québécois de langue maternelle anglaise, que l'école
française soit normalement fréquentée par la très
grande majorité des Québécois et particulièrement
par ceux qui viendront se joindre à nous en provenance de pays
étrangers.
Ces choses étant dites, je reviens aux mesures temporaires que
nous entendons prendre dans le domaine scolaire, en attendant la nouvelle
législation.
Le premier principe qui doit nous guider est celui du respect des lois
et des règlements qui sont en vigueur pour l'instant. Dans un pays
démocratique, tant que la loi n'est pas modifiée, elle demeure et
tous les citoyens doivent la respecter, comme j'ai eu l'occasion de l'affirmer
très clairement, lors de l'assemblée du Consiglio educativo, le 7
novembre dernier.
Dans l'application de la loi, nous voulons, par ailleurs, nous montrer
soucieux de pédagogie et non traiter les enfants pris dans cette
querelle comme s'ils étaient des adultes. Il y a de multiples
façons de faire respecter les lois. C'est avec soin que nous avons
cherché celles qui tiennent compte des principes de la psychologie et de
la pédagogie.
Guidés par ces principes vers une application équitable de
la loi, nous avons donc pris les décisions que voici: En premier lieu,
quant au groupe d'enfants, au nombre d'environ 250, qui, pour diverses raisons,
n'ont pas encore passé les tests, mon ministère et les
commissions scolaires concernées sont invités, dans les jours qui
viennent, à prendre les mesures nécessaires pour qu'ils puissent
les passer, comme la majorité l'a déjà fait, et que
l'application des tests se déroule dans les meilleures conditions
pédagogiques possible.
Ces mesures auront donc pour objet de faire respecter les conditions
suivantes: Premièrement, des équipes spéciales ont
été mises sur pied et des instructions données, afin que
tout se déroule dans l'esprit, dans le climat que j'ai indiqués.
Deuxièmement, les parents seront admis, à titre d'observateurs,
à accompagner leurs enfants. Notre décision d'appliquer les tests
aux enfants qui ne les ont pas encore passés est fondée sur le
souci de ne point privilégier un groupe d'enfants par rapport à
un autre.
Je tiens à préciser, cependant, que cette décision
ne préjuge en rien, encore une fois, de l'attitude que nous adopterons
lorsque la loi sera modifiée. En second lieu, quant aux parents dont les
enfants n'ont pas réussi les tests linguistiques et
qui ont choisi de les mener quotidiennement dans les locaux de certaines
écoles anglophones de la région de Montréal il y en
a environ 920 dans cette situation à l'heure actuelle, dont presque tous
sont du niveau de la maternelle il me paraît nécessaire,
avant d'arrêter l'attitude définitive de mon ministère,
d'attendre le résultat de l'intervention du Protecteur du citoyen.
J'ai le plus grand respect, comme les membres de cette Chambre n'en
doutent point, pour la compétence du Protecteur du citoyen, et cette
décision est fondée sur le respect de cette compétence.
D'ailleurs, l'intervention du Protecteur du citoyen est prévue à
l'article 94 de la Loi sur la langue officielle, et el[e est d'autant plus
indiquée que le Protecteur a déjà découvert une
dizaine d'erreurs administratives.
Cependant, dès maintenant j'invite les parents concernés
à réfléchir à la portée du geste qu'ils ont
posé. Comme je viens de le rappeler, tant qu'une loi adoptée
démocratiquement n'a pas été abrogée ou
modifiée, tous les citoyens sont tenus de s'y soumettre. Nous avons
appuyé ce principe alors que nous étions dans l'Opposition. Nous
n'avons pas de raison de changer d'avis étant de ce côté de
la Chambre. Un tel comportement, dans les circonstances, est d'autant plus
indiqué que l'évolution récente du Québec
démontre que l'affirmation du fait français et en particulier la
marche vers la francisation du milieu de travail sont des
phénomènes irréversibles.
De surcroît nos nouveaux compatriotes doivent être
conscients du fait que la société québécoise s'est
généralement montrée accueillante à leur endroit et
qu'il est dans l'intérêt de tous de poser des gestes aptes
à en faire des citoyens québécois à part
entière.
En terminant, je veux souligner à nouveau le caractère
transitoire des mesures que j'ai indiquées quant à l'application
des tests linguistiques. Au cours des mois qui viennent, le gouvernement et
particulièrement le ministre d'Etat au développement culturel,
ainsi que le comité interministériel qu'il dirige ne
ménageront aucun effort pour présenter à cette
Assemblée une législation linguistique qui tienne compte des
choix exprimés récemment par la population du Québec. Je
vous remercie, M. le Président.
Mme Thérèse Lavoie-Roux
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, permettez-moi de dire
que cela m'étonne de voir que le ministre de l'Education ait choisi le
cadre solennel d'une déclaration ministérielle pour, à
toutes fins pratiques, ne rien annoncer de nouveau.
D'une part, peut-être devons-nous lui être reconnaissants,
puisqu'il reconnaît les efforts de francisation déployés
par l'ancien gouvernement dans les différentes sphères de la vie
québécoise, qu'il s'agisse du travail, de l'administration
publique, des affaires, des communications, etc. Il reconnaît même
que ce processus amorcé par le gouvernement précédent est
devenu irréversible. Nous nous en réjouissons.
D'autre part, en ce qui touche les mesures transitoires qu'il entend
prendre temporairement dans le domaine scolaire, nous sommes d'accord avec le
ministre lorsqu'il rappelle le principe qui doit nous guider, à savoir
celui du respect des lois et des règlements et de l'appel qu'il fait aux
parents dans ce sens. Cependant, la solution qu'il met de l'avant pour les 250
enfants qui n'ont pas subi les tests, nous nous l'expliquons mal, alors que ni
la loi, ni les règlements touchant le chapitre V de la loi 22 ne
contraignent les commissions scolaires à utiliser des tests pour faire
l'évaluation de l'aptitude linguistique des enfants.
De fait, nous savons que certaines commissions scolaires ont
utilisé d'autres moyens, à savoir les entrevues, pour faire cette
évaluation. (Voir l'article 42). De plus, l'article 43 indique que le
ministre conserve une latitude d'imposer des tests ou non, s'il le juge
à propos.
On est étonné que le ministre n'ait pas trouvé
là les moyens, d'une part, de corriger une situation que la population a
largement, pour ne pas dire unanimement, déplorée durant la
dernière campagne électorale; d'autre part cela a sans
doute aussi son importance d'éviter que le ministre de
l'Education ne soit en contradiction avec le premier ministre, qui à
maintes reprises a déploré et proclamé que les tests
linguistiques devraient être abolis. Tout au moins, nous aurions
souhaité qu'à l'intérieur de la loi et des
règlements tels qu'ils existent on utilise la souplesse qui s'y trouve
pour éviter que les enfants les plus jeunes ne soient soumis à
des tests inutilement.
Nous ne pouvons souscrire à l'argumentation mise de l'avant par
M. le ministre de l'Education, à savoir que par souci de ne point
privilégier un groupe d'enfants il veut soumettre les autres aux
mêmes conditions, même si on semble avoir fait la preuve que ces
conditions étaient mauvaises. Si on a administré, même avec
les meilleures intentions, une mauvaise potion à un certain nombre de
patients, je ne crois pas qu'on soit justifié d'étendre les
dégâts en répétant l'erreur qui a été
commise.
Le Président: Le député de
Lotbinière.
M. Biron: M. le Président, très brièvement,
il est évident que...
M. Lavoie: Je crois que cela nécessite le consentement
unanime de la Chambre.
M. Biron: Je vous remercie de votre consentement.
M. le Président, très brièvement, il est
évident que les mesures nouvelles proposées par le ministre de
l'Education sont transitoires, provisoires. Nous sommes heureux de voir qu'il y
a quand même quelque chose de positif. On entend traiter tout le monde
exactement sur...
M. Burns: M. le Président, je m'excuse auprès du
député de Lotbinière. L'article 179, deuxième
paragraphe, se référant aux déclarations
ministérielles, se lit comme suit: "A la suite d'une déclaration
ministérielle, le chef de l'Opposition officielle et les autres chefs de
partis reconnus ou leurs représentants ont le droit de faire un bref
commentaire... " Je vous soumets bien respectueusement je m'en excuse
auprès du député de Lotbinière
qu'actuellement le député de Lotbinière n'a pas la
possibilité, le droit, de soumettre ses commentaires à la suite
de la déclaration ministérielle. Encore une fois, il ne s'agit
pas de bâillonner qui que ce soit, il s'agit tout simplement de respecter
le règlement et d'empêcher que de malheureux
précédents puissent se produire.
M. Bellemare: M. le Président, je comprends que le
règlement fait force de loi, qu'entre la lettre qui tue, comme disait
saint Paul, et l'esprit qui vivifie il y a toute une marge. Je voudrais
simplement faire remarquer à l'honorable leader parlementaire qu'on
semblait avoir donné le consentement unanime après l'intervention
du leader de l'Opposition. Maintenant, il reste une chose certaine, c'est qu'il
y a beaucoup de présomptions dans notre cas. Les avis étant
donnés, la première lecture ayant été faite,
l'acceptation presque unanime étant donnée, je verrais mal que le
leader du gouvernement insiste fortement sur l'application du
règlement.
Je comprends qu'il a parfaitement raison. En vertu de l'article 179,
deuxièmement, nous sommes prêts à nous soumettre à
votre décision, M. le Président, si ce n'est pas conforme au
règlement, si nous n'avons pas l'engagement formel de l'unanimité
de la Chambre. C'est simplement pour vous rappeler qu'il y a déjà
tellement de présomptions qu'on avait même cru à
celle-là.
M. Samson: M. le Président, sur le point de
règlement. J'aurais pu intervenir sur le point de règlement en
vertu de l'article 179, non pas à deuxièmement mais à
premièrement; j'aurais pu intervenir alors que l'honorable ministre de
l'Education s'adressait a l'Assemblée nationale pour sa
déclaration ministérielle. En effet, si on lit bien le texte et
si on veut s'en tenir au règlement à la lettre et non pas
à un certain "fair play" qui est nécessaire en cette Chambre, je
me serais normalement attendu que l'honorable leader du gouvernement se
lève et invoque l'article 179, premièrement, qui dit que "pendant
au plus cinq minutes, un ministre peut, sur un sujet d'intérêt
public, etc." Or, le ministre de l'Education avait une déclaration
ministérielle qui, sûrement, de l'aveu de tout le monde,
dépassait pas mal les sept minutes qui paraissent à l'article
179, premièrement. Si on veut appliquer le règlement à la
lettre, il va falloir qu'on fasse une guerre de règlement et je pense
que cela n'avancera pas les choses.
Quant à nous, M. le Président, je pense qu'il a
été du côté de l'Opposition, en tout cas
démontré d'une façon assez satisfaisante que
l'unanimité se faisait pour permettre à l'honorable chef de
l'Union Nationale un droit de réplique sur cette déclaration
ministérielle.
Bien sûr, nous aimerions, moi et, j'imagine, le
député de Beauce-Sud, avoir également une
possibilité de répliquer sur la présente
déclaration. Mais, comme il est dit à l'article 179 que
généralement on fait parvenir à l'avance aux chefs de
parti une copie de la déclaration et que nous n'en avons pas eu, je ne
réclamerai pas aujourd'hui et cela va peut-être rassurer le
leader du gouvernement de droit de réplique, ni de permission de
répliquer sur cette déclaration ministérielle parce que je
n'en ai pas reçu de copie. Mais je pense qu'il serait bien vu de tout le
monde que l'on permette au chef de l'Union Nationale de répliquer sur
cette déclaration ministérielle qui elle, ne représentait
pas la lettre du règlement à l'article 179.
Le Président: II est évident que l'article 179,
deuxièmement, m'interdit de permettre à M. le
député de Lotbinière de répliquer ou d'intervenir
dans un commentaire à la suite de la déclaration
ministérielle de M. le ministre de l'Education. Mais, s'il n'y a pas
consentement unanime, je ne peux malheureusement pas le permettre au
député de Lotbinière. Je voudrais savoir de cette
Assemblée s'il y a consentement unanime.
M. Burns: Non, M. le Président. Le Président:
Dépôt de documents.
DÉPÔT DE DOCUMENTS
M. Burns: M. le Président, le ministre du Tourisme, de la
Chasse et de la Pêche a, je crois, un rapport à
déposer.
Rapport annuel du ministère du Tourisme de la Chasse et de la
Pêche
M. Duhaime: M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer le rapport annuel 1975/76 du ministère du Tourisme, de la
Chasse et de la Pêche.
Une Voix: C'est un bon rapport
Le Président: Document déposé.
Rapport annuel du Conseil supérieur de l'éducation
M. Morin (Sauvé): M. le Président, j'ai I'honneur
de déposer devant cette Assemblée le rapport du Conseil
supérieur de l'éducation pour l'année 1974/75.
Permettez-moi d'attirer l'attention de nos collègues sur le fait que,
contrairement aux rapports antérieurs, celui-ci ne se confine pas
à un rapport d'activités, mais contient une première
partie portant sur l'état et les besoins de l'éducation.
Le Président: Document déposé.
Rapport annuel du ministère de la Fonction
publique
M. de Belleval: M. le Président, je dépose le
rapport du ministère de la Fonction publique pour l'exercice
1975/76.
Le Président: Document déposé.
Rapport annuej du ministère de
l'Immigration
M. Couture: M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer le rapport annuel du ministère de l'Immigration 1975/76,
préparé sous l'ancien gouvernement.
Le Président: Document déposé.
Assermentation du Protecteur du citoyen
Le Président: Avec la permission de cette
Assemblée, je voudrais déposer quelques documents. En premier
lieu, le document qui contient l'assermentation du nouveau Protecteur du
citoyen, Mme Luce Patenaude, assermentation qui a eu lieu en cette Chambre le
31 août 1976
Arrêtés ministériels
concernant
la commission de régie interne
de l'Assemblée nationale
Le Président: En deuxième lieu, je dépose
copie de deux arrêtés en conseil concernant la commission de
régie interne de l'Assemblée nationale. Le premier de ces
arrêtés, no 4148, du 1er décembre 1976, nomme les
commissaires suivants: MM. Robert Burns, Denis de Belleval et Guy Joron. Le
second, no 4149, du 1er décembre 1976, nomme les commissaires
suppléants suivants: MM. Jacques-Yvan Morin, Camille Laurin et Claude
Charron.
Questions orales des députés
QUESTIONS DES DÉPUTÉS
Climat économique et situation de
l'emploi
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, ma
première question s'adresse au premier ministre.
Quelles sont les mesures concrètes que le premier ministre entend
prendre pour établir un climat de confiance dans les milieux
économiques du Québec, dans les autres provinces canadiennes et
même à l'étranger, et quelles sont les dispositions
concrètes que le gouvernement entend prendre pour donner suite aux
engagements de son parti en vue d'améliorer la situation de l'emploi
durant le prochain hiver?
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, en ce qui
concerne le climat économique général, surtout en ce qui
concerne ce qu'on pourrait appeler l'image c'est tellement important
du Québec dans les milieux financiers du Canada ou de
l'étranger, je pense que les événements ont
déjà prouvé, depuis un mois, que ce climat est loin de
correspondre à l'état catastrophique que certains pouvaient
évoquer. Au contraire, il semble que la confiance dans la
capacité collective du Québec de faire face à ses
engagements et que la confiance de la communauté aussi bien
québécoise qu'internationale dans ces milieux n'est pas du tout
ébranlée par des événements qui, quant à
nous, sont très positifs. Il semble que ce soit, de façon
générale, la conclusion qui est en train de se dégager. Je
crois qu'il y a déjà des faits qui permettent de
l'établir.
Pour ce qui est des mesures concrètes pour faire face au
chômage cet hiver, en particulier, est-ce que c'est cela?... Je vais tout
simplement vous dire ceci, M. le Président, en réponse à
cette partie de la question du chef de l'Opposition, c'est que je suis
obligé de commencer par un rappel très rapide des faits. Nous
avons cherché, en arrivant, au départ c'était la
première chose à faire je crois, s'il y avait des choses
de prévues. Après les Olympiques, on se souviendra, sans faire de
référence excessive au passé, que des gens, qui
étaient à ce moment de l'autre côté de la Chambre et
qui représentaient le parti ministériel d'aujourd'hui, avaient
demandé si on avait préparé ce qu'on peut appeler
l'après-olympique et si les choses pouvaient être prévues,
mises, comme on le dit, dans le pipe-line politique du gouvernement pour
essayer de réduire l'impact du chômage qui, depuis plusieurs mois,
devenait de plus en plus catastrophique. Je dois dire que nous n'avons rien
trouvé. Je suis obligé de dire, comprenant les circonstances
quelque peu précipitées qui ont marqué les derniers mois
du dernier gouvernement avant le nôtre, je dois dire que je comprends. Il
reste que le fait brutal est là, il n'y avait rien.
Je me suis informé, avec mes collègues qui sont venus
à Ottawa, de ce qu'il pouvait y avoir du côté
fédéral. Après tout, on paie notre part de ce
régime, eux n'ont pas eu ces bouleversements. J'ai découvert avec
eux qu'il y avait quelques mesures, mais extrêmement minimales, pour
autant qu'on le sache après les annonces qui ont été
faites il y a quelques jours par le ministre des Finances au
fédéral, M. Macdonald. C'est-à-dire que cela prendrait la
forme d'un certain nombre de PIL additionnels, de projets d'initiatives locales
qui seraient lâchés très vite, mais qui représentent
des sommes très modestes et, additionnellement, un peu plus d'argent
pour des travaux du gouvernement fédéral, aussi bien du
côté des projets d'initiatives locales que des travaux normaux du
gouvernement fédéral devant être orientés en
priorité vers les régions où le chômage est
particulièrement élevé. Ce qui veut dire que le
Québec en recevrait sa part, de même que les Maritimes,
probablement.
Pour ce qui est de ce que nous pouvons mettre en marche et ce qu'on a
déjà essayé de mettre en marche, en tenant compte du fait
très simple et très concret qu'il y a de terribles contraintes
budgétaires, que nous n'avons pas créées mais qui sont
quand même là et que chacun connaît et qui
représententc'est le moins qu'on puisse dire une marge de
manoeuvre à peu près inexistante, malgré cela, nous avons
quand même commencé à essayer de débloquer les
choses en espérant qu'on pourra les amener dans le paysage le plus vite
possible.
Si le chef de l'Opposition n'y voit pas d'objection, tout simplement sur
cette perspective concrète de mise en marche, on me permettra
peut-être de passer la deuxième partie de la réponse
à mon collègue le ministre d'Etat au développement
économique.
M. Landry: M. le Président, le nouveau gouvernement n'a
pas été long à se rendre compte que la marge de manoeuvre
rigoureusement budgétaire était extrêmement mince et, comme
l'a dit le premier ministre, pratiquement inexistante.
Dans ces conditions, puisque le gouvernement est convaincu de la
nécessité d'une action rapide et de la mise en oeuvre de mesures
contra-cycliques pour faire face aux mois que nous présumons sombres de
la prochaine année, nous nous sommes retournés du
côté de la puissance économique de la masse énorme
de $2 milliards que fait en achats le gouvernement du Québec, achats de
biens neufs tangibles, $2 milliards annuellement.
Ces achats sont faits d'une façon fatale, de toute
manière. Il s'agit de les orienter de telle sorte qu'en plus
d'être une opération budgétaire ils deviennent une
opération économique et, à cette fin, nous avons pris
connaissance des nombreux travaux faits sur la politique du gouvernement du
Québec depuis des années. Ironie du sort, ayant été
moi-même fonctionnaire il y a longtemps, j'avais déjà
travaillé dans des comités. Imaginez-vous le nombre faramineux de
comités qui ont eu lieu sur la question depuis un certain nombre
d'années. Rapidement, nous avons fait un tour d'horizon de ces
comités. Nous serons en mesure de mettre fin à la phase des
comités sur la politique d'achat et passer à la phase
décisionnelle dès le premier mois de 1977 pour orienter la
prodigieuse puissance d'achat du gouvernement du Québec vers des
objectifs économiques touchant la petite, la moyenne entreprise
québécoise et par conséquent le taux de chômage.
Deuxièmement, M. le Président...
M. Garneau: II n'a pas fini? Une Voix: Cela est un
discours.
M. Landry: Deuxièmement, même si nous en sommes
réduits à racler des fonds de tiroir à cause de l'incurie
historique que l'on sait, nous sommes en train, à l'aide des divers
ministères et des divers organismes sectoriels, d'établir
égale- ment à court terme un train de mesures précises
dirigées contre le taux de chômage que nous connaissons
présentement. Ces mesures seront communiquées en temps et lieu.
Je vous dis, M. le Président, que notre tâche n'est pas facile
à cause de l'état dans lequel nous avons trouvé un
très grand nombre de projets dans les divers ministères qui
étaient littéralement paralysés par l'incurie
décisionnelle de ceux qui nous ont précédés.
M. Garneau: Une question additionnelle sur la question
principale. Je voudrais dire d'abord à ce gouvernement qui nous a battu
aux dernières élections qu'il ne se bâdre pas de nous
mettre sur le dos tous les péchés d'Israël. C'est vous qui
êtes là maintenant et c'est à vous de répondre aux
questions. M. le Président, la question que je voudrais poser au
ministre dont je ne connais pas exactement le titre... C'est à
l'économie, je crois.
Une Voix: Superministre.
M. Garneau: Je voudrais lui demander s'il pourrait dire à
cette Chambre quel est le pourcentage des achats faits à
l'extérieur du Québec au cours des dernières
années.
NI. Landry: Les nombreuses commissions d'enquête que vous
avez instituées ne nous ont pas encore permis, à cause de la
divergence des opinions exprimées, de fixer exactement le volume des
achats faits à l'extérieur du pays. Il y a fatalement des choses
qui sont présentement achetées à l'extérieur et qui
continueront d'être achetées à l'extérieur, mais
nous sommes... Je n'apprendrai pas aux gens d'en face que nous sommes dans une
économie occidentale développée et que les échanges
sont nécessaires. Mais ceci dit, nous avons quand même le devoir,
à cause de la conjoncture déplorable dans laquelle nous sommes
et nos partenaires commerciaux le comprendront parce que cela s'est
toujours fait comme cela dans les économies occidentales
d'utiliser au maximum notre masse de dépenses pour promouvoir l'emploi
chez nous.
M. Garneau: Une question supplémentaire, M. le
Président. Comment le ministre peut-il expliquer à cette Chambre
que la politique d'achat chez nous créera des emplois au Québec
s'il ne sait pas quel est le pourcentage d'achats fait à
l'extérieur actuellement? C'est là-dessus qu'il base sa
politique.
M. Landry: Vous aviez l'habitude de faire des prévisions
précises et des promesses précises sur le nombre d'emplois,
habitude déplorable d'ailleurs.
M. Garneau: M. le Président, le ministre n'a pas
répondu à ma question. S'il fait l'affirmation qu'il ne
connaît pas le pourcentage des achats du gouvernement à
l'extérieur du Québec, comment peut-il soutenir que la politique
dont il vient de lancer quelques éléments va régler le
problème de
l'emploi chez nous? J'aimerais qu'il nous explique cela.
M. Landry: Vous devriez savoir qu'avec l'action de tous les
réseaux ce pourcentage peut varier de semaine en semaine, selon
l'attitude des divers acheteurs, de la conjoncture sur divers marchés,
des variations monétaires, puisqu'en l'absence de politique on
appliquait une norme commerciale reconnue qui était d'acheter au
meilleur prix.
Si les prix varient, le contenu de la masse d'achats
québécois peut varier également de semaine en semaine.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, une question
additionnelle au premier ministre sur ma question principale. Le premier
ministre peut-il nous dire si, lors de la rencontre qu'il a eue, tel qu'on
m'informe, avec les hommes d'affaires tout récemment, on lui aurait dit
que son option séparatiste constituait un actif pour la relance
économique du Québec?
M. Lévesque (Taillon): Ce qu'on m'a surtout dit je
suis obligé de le dire comme on me l'a dit c'est que la
première chose à laquelle on s'attendait, surtout après
les problèmes qu'avaient créés certaines priorités
qui avaient été choisies par l'ancien gouvernement,
c'était, autant que possible, à une bonne administration des
fonds publics et des priorités du Québec.
La deuxième chose qui paraissait prioritaire je crois que
là, cela rejoint une préoccupation malheureusement assez peu
réalisée du gouvernement sortant c'était un climat
à la fois de travail, de productivité, etc., qui serait plus
intéressant pour le développement économique et pour les
entreprises. Finalement, ils espéraient aussi nous voir résoudre,
le plus vite possible, l'incertitude au point de vue de l'avenir politique du
Québec. Je leur ai expliqué, à ce moment-là... Je
réponds à la question aussi honnêtement et aussi
franchement que je le peux et je pense que cela résume les conversations
qu'on a eues, pour ne pas entrer dans toute la tuyauterie des entretiens. Ils
espéraient je n'ai pas besoin de dire au chef de l'Opposition que
c'était également mon voeu le plus sincère, et je leur ai
dit, celui du gouvernement que serait résolue le plus vite
possible l'incertitude qui pèse, on l'admettra, depuis pas mal longtemps
sur les structures politiques et l'avenir collectif du Québec. De toute
façon je n'ai pas entendu d'avis divergents ils
admettaient ce genre d'incertitude comme moins grave que les deux autres, en ce
qui les concernait, et, deuxièmement, ils admettaient que c'était
le droit le plus strict et exclusif des citoyens québécois de se
brancher là-dessus et que ce n'était pas leur affaire,
finalement.
M. Garneau: M. le Président, en relation avec la
récente conférence des provinces sur les accords financiers, je
voudrais demander au ministre des Finances s'il pourrait expliquer à
cette Chambre comment fonctionne la proposition qui semble être sortie;
je ne pense pas pouvoir employer le terme "acceptée", d'après les
informations qui ont été transmises par la presse. Comment va
fonctionner le paiement du point d'impôt additionnel qui a
été, semble-t-il, consenti pour compenser la garantie de recette
fiscale et pouvez-vous expliquer les raisons pour lesquelles
l'équivalent des deux points d'impôt n'a pas été
donné sur les points d'impôt comme tels, un point sur
l'impôt et l'autre point sur des transferts financiers?
J'aimerais qu'il explique à la Chambre comment va fonctionner ce
mécanisme.
M. Parizeau: Effectivement, en compensation très
partielle, d'ailleurs, de la garantie de recette fiscale, le gouvernement
fédéral a proposé de verser l'équivalent non pas
des quatre points d'impôt que demandait le consensus des provinces, mais
l'équivalent de deux points d'impôt. Je dis l'équivalent
pour la raison suivante; c'est qu'effectivement il y a un point d'impôt
véritable et, d'autre part, comme le disait le député de
Jean-Talon, l'équivalent d'un point en transferts financiers.
Des explications qui ont été données, mais qui ne
sont pas écrites enfin, on le constatera dans les jours qui
viennent, quand tout cela sera rédigé, parce que cela a
été l'aboutissement d'une tractation il semble que
l'origine de cette espèce de bizarrerie vienne de ce qu'en se retirant
des trois programmes conjoints, l'assurance-hospitalisation,
l'assurance-santé et le postsecondaire, le gouvernement
fédéral offrait en compensation moitié en points
d'impôt, moitié en transferts financiers. Lorsqu'on a
abordé la question de la garantie de recette fiscale, ils ont repris la
même formule: moitié en points d'impôt, cela faisait un, et
moitié en transferts fiscaux pour le reste.
M. Garneau: Est-ce que le ministre des Finances pourrait nous
dire quelle a été l'attitude du gouvernement du Québec
face à la proposition du fédéral d'offrir un per capita de
$20, ce qui était dans l'air depuis un certain temps, pour
représenter la compensation ou la contribution canadienne aux services
de santé et de soins à domicile?
Est-ce que le gouvernement du Québec a accepté cette
proposition ou si elle n'a pas été discutée du tout durant
la conférence?
M. Parizeau: Cette question a été abordée
par le gouvernement fédéral à plusieurs reprises pendant
la conférence. Les provinces n'ont pas voulu en discuter en raison du
caractère très changeant, sur le plan technique, de ces offres
par le ministre fédéral de la Santé. Effectivement, les
dernières décisions à ce sujet étant entrées
48 heures avant le début de la conférence, il a été
entendu que cette question serait abordée plus tard, probablement en
janvier.
Le Président: Le député de
Lotbinière.
Augmentation du salaire minimum
M. Biron: M. le Président, je voudrais poser une question
au ministre du Travail concernant le salaire minimum. Est-ce qu'avant de
décréter la hausse du salaire minimum il y a eu consultation avec
des représentants autorisés de la petite et moyenne entreprise
et, deuxièmement, qu'est-ce qu'on s'attend de faire pour remédier
au scandale touchant la non-application de la Loi du salaire minimum dans
beaucoup d'endroits au Québec?
M. Couture: M. le Président, je dois dire d'abord que
là hausse du salaire minimum, de toute façon, devait avoir lieu,
parce que c'était la tradition, depuis 1970, à tous les six mois,
de chercher un réajustement du salaire minimum. Donc, quand nous sommes
arrivés en fonction, nous étions en face d'un réajustement
possible du salaire minimum. D'ailleurs, la Commission du salaire minimum
préparait une recommandation à ce sujet. Notre attitude a
été de vouloir au moins que cet ajustement soit le plus
raisonnable possible.
Evidemment, nous n'avions pas le temps d'effectuer toutes les
études nécessaires pour préparer un bon ratio pour une
hausse acceptable ou convenable au niveau même des salariés.
Là-dessus, je crois que nous n'avions pas le temps de connaître
parfaitement toutes les implications économiques de cette hausse, sauf
que nous nous sommes dit, comme gouvernement responsable et en tant que
ministre, je sentais cette responsabilité sociale : Au moins, il
faut maintenir le pouvoir d'achat des salariés affectés par le
salaire minimum. C'est simplement ce que nous avons fait. Nous n'avons
même pas augmenté leur salaire, nous avons voulu simplement
maintenir leur pouvoir d'achat.
En réponse à votre deuxième question, je crois que
nous sommes en mesure de vous dire qu'effectivement, à la suite
je crois que c'est aussi la responsabilité du gouvernement sortant
de nombreuses plaintes et de nombreux griefs, il est évident que
dans certains secteurs l'application du salaire minimum est rendue parfois
inopérante. Nous avons, face à cette réalité, mis
sur pied un comité de travail pour préparer des mesures pouvant
assez rapidement nous permettre soit d'amender la Loi du salaire minimum, soit
de créer des dispositions nouvelles pour que son application soit
efficace. A ce stade-ci, je peux simplement vous dire que nous sommes
conscients de cette réalité, qu'il y a au ministère du
Travail et de la Main-d'Oeuvre des études qui se font pour justement
réaliser cet objectif.
M. Biron: Une question supplémentaire au ministre de
l'Industrie et du Commerce. Est-ce qu'il y a des entreprises nationales ou
multinationales qui payent le salaire minimum au Québec à l'heure
actuelle?
M. Tremblay: M. le Président, ceci est une question
technique qui exigerait une étude précise. Je prends acte et avis
de la question.
M. Pagé: Sur le même sujet ma question
s'adresse oui oui, mais c'est sur le même sujet, mais en question
principale au ministre du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche.
Etant donné l'importance économique de l'industrie touristique au
Québec, le ministre pourrait-il informer cette Assemblée s'il a
établi devant le Conseil des ministres l'impact précis de la
hausse du salaire minimum sur la capacité concurrentielle des
établissements hôteliers au Québec?
Si oui, peut-il déposer en cette Chambre les études ou les
mémoires sur lesquels il s'est fondé pour donner son consentement
à la hausse du salaire minimum?
M. Duhaime: Je vais prendre avis de cette question et je
répondrai dans les meilleurs délais.
M. Lalonde: M. le Président...
M. Pagé: M. le Président...
Le Président: M. le député de Johnson.
M. Pagé: M. le Président, j'étais debout
avant.
Le Président: C'est une question additionnelle?
M. Pagé: C'est une question additionnelle.
M'autorisez-vous...
Le Président: S'agit-il d'une question additionnelle?
M. Pagé: C'est additionnel et sur le même sujet.
J'ai demandé au ministre du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche
si d'une part il avait fait des représentations auprès du
ministre du Travail lorsque la question a été débattue au
Conseil des ministres. C'est très facile de me répondre, il peut
le faire et, sur la foi de cette réponse, il pourra par la suite nous
proposer ou me proposer de terminer sa réponse demain par des documents
ou autre chose. Mais je lui ai fondamentalement demandé: Avez-vous
été consulté? Si vous avez été
consulté, avez-vous fait part au ministre du Travail de l'impact que
cela avait sur l'industrie hôtelière?
M. Duhaime: En réponse à la question, ce que je
puis dire, pour l'instant, c'est que la hausse du salaire minimum pour les gens
qui peuvent être affectés dans l'industrie touristique,
l'arrêté est là, très clair, la hausse n'est pas la
même. Il y a eu des représentations qui ont été
faites. Mais, pour répondre bien clairement à votre question
quant à l'impact réel, et j'en suis conscient, je pense qu'il
faudra faire une recherche. Je prends avis de cette question. Je vous
répondrai dans les meilleurs délais.
M. Lalonde: M. le Président, ma question s'adresse au
premier ministre. J'aimerais savoir si le premier ministre peut nous dire s'il
a exigé de ses ministres seniors...
M. Bellemare: M. le Président, c'est une question
principale. Il était convenu que nous avions nos deux questions à
la suite des deux questions du gouvernement. Je pense que nous allons respecter
les deux questions et que nous allons passer maintenant...
M. Lalonde: La question principale. Un instant, c'est une
question de règlement, j'aimerais parler. Est-ce que le
député de Johnson soulève une question de
règlement?
M. Bellemare: Non, c'est une question de... M. Lalonde:
Alors, j'ai demandé la parole...
M. Bellemare: Nous avons convenu que les deux premières
questions seraient à l'Opposition officielle et les deux suivantes
principales seraient à nous autres. Après cela...
M. Lalonde: Question de règlement.
M. Bellemare: ... on continuerait de vaquer aux autres
questions.
Le Président: Quatrième question, le
député de Johnson.
Convention collective dans l'industrie de la
construction
M. Bellemare: Ma question s'adresse au ministre du Travail. Je
voudrais simplement faire un très bref résumé pour
éclairer un peu le ministre et lui expliquer le conflit. Le
règlement nous permet un bref préambule. Je veux le faire en
vertu du préambule qui nous est accordé.
Une Voix: ...
M. Bellemare: Vous êtes pires que ceux qui vous ont
précédés. Dans le domaine de la construction, l'honorable
premier ministre M. Bourassa annonçait le 19 octobre que le conflit dans
la construction était réglé définitivement, que les
ententes étaient signées. Nous nous sommes aperçus, le 15
novembre, que ce n'était pas vrai, que la convention collective
n'était pas signée et que les électriciens de
Montréal avaient refusé de signer la convention collective parce
qu'il y avait deux clauses qui devaient être provincialement reconnues et
qui ne l'avaient pas été. D'abord, les intempéries qui
étaient reconnues dans la convention collective de Montréal et
les frais de déménagement. Sous la pression de la FTQ, vendredi
dernier, on a forcé un peu la main des électriciens et là
on a obtenu, c'est là ma question...
M. Lavoie: M. le Président...
M. Bellemare: C'est là ma question...
M. Lavoie: Cela fait 30 ans et il n'a pas encore appris à
poser une question.
M. Bellemare: M. le Président, c'est de la taquinerie et
je ne l'endurerai pas de l'ancien président. Je continue et je pose ma
question.
Le Président: M. le député de Johnson. A
l'ordre. M. le député de Johnson!
Je souhaiterais, ce serait plus facile si vous regardiez un peu de
biais et on n'aurait pas de problème je voudrais que vous
arriviez à la question.
M. Bellemare: J'arrive, M. le Président. C'est
peut-être fatigant pour un gouvernement qui a tant promis et a si peu
fait, mais en tout cas. Ma question est celle-ci: A la signature de la
convention collective, la FTQ et les électriciens ont convenu qu'il y
aurait une commission parlementaire qui réglerait ces deux questions
d'électricité. Je demande au ministre si la commission
parlementaire du travail et de la main-d'oeuvre va siéger pour
régler maintenant ces deux questions de l'intempérie et des frais
de déménagement dans la convention collective de la
construction.
M. Couture: Je dois dire, d'une part, que la convention
collective est signée. En ce qui a trait à votre autre question,
ce n'est pas le temps maintenant de vous dire si la commission parlementaire va
siéger, j'en aviserai la Chambre aussitôt que possible.
M. Samson: M. le Président...
Le Président: Le député de
Rouyn-Noranda.
M. Bellemare: Ai-je droit à une question
supplémentaire?
Le Président: Une question additionnelle, oui.
M. Bellemare: Vous êtes bien gentil de m'ac-corder une
question supplémentaire.
J'ai rarement vu quelqu'un, M. le Président, se tirer d'affaire
aussi facilement que le ministre du Travail. Je vous le dirai plus tard. C'est
une condition sine qua non. Les électriciens ont signé à
la condition qu'une commission parlementaire siège pour régler le
problème. Le ministre a-t-il vérifié? S'il n'est pas au
courant, je lui pardonne, c'est parfait, mais s'il est au courant, qu'il le
dise.
M. Couture: II n'a jamais été question de la date
de la tenue de la commission parlementaire. Il n'a jamais été
question d'une date précise pour cette commission, alors, quand nous
saurons quand cette commission parlementaire devra siéger, nous vous
aviserons.
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président: Le député de
Rouyn-Noranda.
M. Samson: M. le Président, ma question s'adresse...
M. Lavoie: Je m'excuse d'intervenir, mais comme témoin,
j'ai bien entendu mon collègue le député de
Marguerite-Bourgeoys dire "M. le Président" avant le
député de Rouyn-Noranda. C'est un impératif de notre
règlement. Le premier qui se lève et qui s'adresse à vous
en disant M. le Président, c'est une obligation pour vous de lui donner
la parole.
Le Président: Alors, dois-je vous fournir la
réponse que le député de Johnson m'a fournie? Je ne l'ai
point vu. Le député de Rouyn-Noranda.
Réglementation aux affaires sociales
M. Samson: M. le Président, je voudrais adresser une
question à l'honorable ministre des Affaires sociales. A la commission
parlementaire qui a siégé en juin dernier, l'ancien ministre des
Affaires sociales avait invité divers représentants d'organismes
qui regroupent des assistés sociaux. Et faisant suite à cette
commission parlementaire, le ministère devait faire connaître une
nouvelle réglementation. Le ministre est-il en mesure de me dire
aujourd'hui à quel moment il pourra faire connaître à la
Chambre cette nouvelle réglementation qui avait été
promise à ce moment-là?
M. Lazure: M. le Président, je regrette de ne pouvoir
donner une réponse précise aujourd'hui. J'ai posé la
question moi-même aux fonctionnaires du ministère il y a quelques
jours et on doit me donner une réponse sous peu. Alors, aussitôt
que je l'aurai je vous la ferai connaître.
M. Samson: Question additionnelle, M. le Président. Le
ministre accepterait-il, en même temps, de prendre connaissance des
suggestions qui avaient été faites quant au test de loyer qui est
actuellement de $85, et la possibilité de l'augmenter? Le ministre
accepterait-il également, dans le même ordre d'idées, de
s'informer s'il serait possible que les chèques, normalement dus le 5
janvier prochain, puissent être expédiés un peu plus
à bonne heure aux assistés sociaux pour qu'eux aussi puissent
passer des fêtes comme les autres?
M. Lazure: M. le Président, cette question a
été discutée hier à l'intérieur du
ministère, et la réponse première a été que
ce n'était pas possible, techniquement parlant. Je me suis permis de ne
pas accepter cette réponse première. Alors, j'ai demandé
de retourner auprès des techniciens en question et il semble que cela
sera possible, mais probablement pas pour ce mois-ci. Je pense moi-même
qu'il est aberrant qu'on ne puisse pas déprogrammer un ordinateur qui
est programmé quand il s'agit, comme le député de
Rouyn-Noranda le dit avec raison, de donner un service efficace à la
population. Alors, en conclusion, nous allons faire l'impossible pour que les
chèques qui, normalement, arriveraient le 5 janvier puissent arriver
avant.
Dorénavant, je puis vous assurer que d'ici quelques mois,
aussitôt que ce sera mécanique- ment possible, les chèques
arriveront au moins cinq ou six jours plus tôt.
Le Président: Le député de
Marguerite-Bourgeoys.
Déclarations relatives à l'intégrité de
l'administration
M. Lalonde: M. le Président, ma question s'adresse au
premier ministre. Je voudrais savoir si le premier ministre peut nous dire s'il
a exigé de ses ministres, les seniors, les juniors et les autres, une
déclaration écrite de leurs avoirs et de leurs dettes qui
pourraient entrer en conflit avec leurs responsabilités
ministérielles, avant leur nomination. Deuxièmement, dans
l'affirmative, quand et à quel endroit ces déclarations
peuvent-elles être consultées par le public? Enfin, encore dans
l'affirmative, je veux demander au premier ministre s'il est d'accord pour
déposer à l'Assemblée le texte de ces déclarations
ainsi que le texte des directives auxquelles les déclarations
donneraient suite.
M. Lévesque (Taillon): Sur les trois questions qui
englobent un seul sujet qui est celui des conflits d'intérêts et
de la protection qu'on doit assurer sans délai, par directives et par
réglementation de quelque forme que ce soit, de
l'intégrité de l'administration au niveau du cabinet, tout ce que
je peux dire pour l'instant au député est que nous avons
déjà un brouillon qu'on a pu étudier qui incorpore ce qui
nous paraît c'est encore à l'étude, mais ce ne sera
pas à l'étude longtemps, il faut qu'il soit fini avant la fin de
l'année valable dans les directives qu'avait fini par mettre en
vigueur l'ancien gouvernement. A la lumière de certaines choses que
nous, comme parti d'Opposition, avions développées dans ce qu'on
appelle nos codes d'éthique, etc., tout cela est en train de passer, si
vous voulez, à l'étude pour que ce soit aussi
sévère qu'il est humainement possible, mais que ce soit quand
même légitime. Aussitôt que ce sera prêt, je peux
assurer le député et la Chambre que ce sera déposé,
que ce sera rendu public aussi. Cela peut prendre quelques jours. Si ce n'est
pas au moment où l'Assemblée nationale siège pendant cette
très brève session, à moins qu'elle doive se prolonger, de
toute façon ce sera rendu public immédiatement parce qu'il faut
que ce soit en vigueur immédiatement, dès que ce sera prêt.
Il s'agirait, dans le cas des déclarations, entre autres, de choses qui
devraient être faites je pense que là on rejoint des textes
que le député connaît, que les anciens membres du
gouvernement connaissent le ou vers le premier janvier et à
chaque mois de janvier subséquent. Aussitôt que ce sera prêt
ce sera déposé. Cela pourra être consulté aussi par
quiconque est intéressé à le savoir, à commencer
par, forcément, les media d'information. Cela répond-il à
la question du ministre? Pardon, de l'ancien ministre.
M. Lalonde: Oui, M. le Président, cela répond
à ma question. Je n'ai pas de conclusion à appor-
ter. Je demande au premier ministre si j'ai bien compris qu'il a
nommé les ministres sans vérifier leurs avoirs et leurs
dettes.
M. Lévesque (Taillon): Non, écoutez, leurs avoirs
et leurs dettes, c'est une chose. Ce qu'on a appliqué dès le
départ et c'est la seule chose qu'on devait appliquer est
ce qui est déjà prévu par la loi, c'est-à-dire la
démission de tout organisme au niveau de conseil d'administration, etc.,
tel que c'est exigé par la loi. Pour ce qui est des directives, tout le
monde ayant été averti, dès le départ, que ces
directives s'en venaient et de les consulter, maintenant on est à pied
d'oeuvre pour essayer de les terminer avant la fin de l'année pour
qu'elles commencent à s'appliquer en janvier comme, je pense, n'importe
qui qui ne veut pas être absolument plus rigide que le bon sens
l'admettrait. On admettra que si cela se fait en dedans des premiers mois ou
six semaines du nouveau gouvernement, c'est quand même plus rapide que
certaines expériences qu'on a connues dans le passé.
Le Président: Une dernière question.
M. Marchand: M. le Président, j'aimerais demander au
premier ministre s'il s'est assuré que son ministre des Finances a
démissionné de son poste de conseiller financier de Caloil,
compagnie qui possède 40% des terrains expropriés à
Saint-Augustin.
M. Lévesque (Taillon): Je pense que le ministre des
Finances peut répondre lui-même.
M. Parizeau: Je n'ai jamais été membre du conseil
d'administration de Caloil. Je n'ai jamais eu d'intérêts dans
Caloil.
M. Marchand: N'étiez-vous pas conseiller financier?
M. Parizeau: Non, cela a été un de mes clients il y
a quatre ans.
M. Marchand: Je demande si vous l'êtes encore.
M. Parizeau: Non, non, il y a quatre ou cinq ans. Cela fait
plusieurs années.
Le Président: La période des questions orales est
maintenant terminée. J'ai reçu avis...
M. Burns: M. le Président, me permettez-vous simplement
d'aviser la Chambre?
C'est un message que j'ai reçu du secrétaire
associé à l'Assemblée nationale, M. Raymond Desmeules.
J'en profite, premièrement, pour informer les gens de la nature de cette
lettre et tous les députés à l'Assemblée nationale.
Cela pourrait faciliter le travail des gens qui administrent le
côté technique de l'Assemblée nationale. Je vous lis cette
lettre, qui m'est adressée en date du 10 sep- tembre. "Tel qu'entendu
lors de la réunion..." Pardon, le 10 décembre...
M. Lavoie: S'il n'y a pas urgence, pourrais-je demander que ce
soit remis à la prochaine séance, à demain? Je crois qu'il
est important que le chef de l'Opposition officielle puisse prononcer son
discours.
M. Burns: C'est très bref. Je peux résumer la
lettre, si vous le voulez. Comme tout le monde le sait, les
députés et le personnel de l'Assemblée nationale doivent
avoir une photographie avec une carte. Dans le but de renouveler cela, il y a
ici, à côté de l'Assemblée nationale, dans les jours
qui suivent, des photographes qui sont à votre disposition dans le
fumoir, du côté ministériel. On vous invitera à le
faire. C'est rien que cela que j'avais à dire. Je ne veux pas perdre de
temps avec cela.
Le Président: J'ai reçu avis, une heure avant
l'ouverture de la séance, d'une motion d'urgence que veut proposer le
député de Johnson en vertu de l'article 78 de notre
règlement. J'invite le député de Johnson à formuler
sa motion et à donner de brèves explications avant que je statue
sur sa recevabilité.
Demande de présentation d'une motion
d'urgence
Conflit à l'UQUAM et à
l'Université Laval
M. Maurice Bellemare
M. Bellemare: Je vous remercie, M. le Président.
Conformément à l'article 78, il est question de motion d'urgence
avant l'appel des affaires du jour. Pour que ce soit une motion d'urgence, il
faut que ce soit une affaire déterminée et importante, de la
compétence de l'Assemblée nationale, et dont l'étude
s'impose d'urgence. Ce sont le conflit de l'UQUAM et le conflit de
l'Université Laval.
M. le Président, tout d'abord, l'intérêt public
recommande, puisque c'est une chose déterminée et importante,
c'est-à-dire d'intérêt public, de l'appeler devant cette
Chambre pour que vous la jugiez. Je crois qu'il n'est pas nécessaire de
disserter longtemps pour établir ici l'importance surtout de ces deux
grands conflits de travail qui perturbent actuellement l'Université
Laval, l'un depuis le 8 septembre 1976, et l'autre, l'UQUAM, depuis le 18
octobre 1976. Ceci touche l'intérêt public, parce qu'il y a
actuellement 40 000 étudiants; il y en a 22 000 à
l'Université Laval et 18 000 à l'UQUAM qui sont paralysés,
ne reçoivent pas les cours qu'ils devraient normalement suivre et qui
attendent actuellement une réponse du gouvernement.
D'ailleurs, je partage entièrement l'idée
énoncée par l'actuel ministre des Affaires culturelles,
l'honorable député de Chauveau, et ses deux collègues,
deux professeurs de l'université, MM. Du-
mont et Hamelin, qui écrivaient ceci ces derniers jours et avec
beaucoup d'éloquence: "Doit-on laisser ainsi l'université se
dégrader? Voilà un problème qui mérite de
préoccuper immédiatement non seulement les professeurs, mais
aussi toute la société québécoise".
M. le Président, je pense que cette allusion mérite
d'être signalée comme d'intérêt public.
En deuxième lieu, M. le Président, puisque je dois
établir la compétence pour que ma motion devienne recevable, il
s'agit d'une affaire sûrement provinciale. L'Assemblée nationale,
sur cela, doit reconnaître qu'elle a, en matière de relations de
travail, des obligations et une compétence qui lui appartiennent et qui
lui sont propres. Pour l'Université Laval, c'est une première
négociation, c'est une première convention collective, c'est
vrai. Mais, encore là, c'est de la compétence du ministère
du Travail de s'occuper de trouver les moyens pour faciliter l'entente. A
l'UQUAM, c'est le renouvellement d'une première convention collective et
un conciliateur du ministère provincial a été
déjà délégué par M. Meloche, qui a
représenté les intérêts du gouvernement.
Il s'agit également d'un problème qui touche directement
le domaine de l'éducation, même de juridiction provinciale.
L'éducation étant reconnue en vertu de l'acte constitutionnel
comme un domaine exclusif au domaine provincial, qu'il suffise ici, M. le
Président, de vous noter les cris d'alarme qui sont relatés dans
tous les éditoriaux que je pourrais vous lire.
Mais, puisque le temps ne me le permet pas, puisque je dois vous donner
des explications très brèves, je le ferai tout à l'heure
pendant l'explication de ma motion d'urgence. En troisième lieu, M. le
Président, il y a urgence. Il n'y a pas un être, il n'y a pas un
membre de cette Chambre qui ne peut pas constater actuellement le malaise qui
existe dans la province depuis que ces deux grands conflits ont
éclaté. Je dois démontrer, M. le Président, qu'il
s'agit d'une affaire qui doit être réputée, comme
d'extrême urgence.
Le Président: A l'ordre! Est-ce que je pourrais demander
au député de Johnson de conclure, s'il vous plaît? C'est un
débat d'urgence qu'il demande; ce n'est pas le moment de faire le
débat avant que j'aie statué sur sa recevabilité.
M. Bellemare: Vous avez parfaitement raison, M. le
Président. J'ai voulu mettre cela très bref, mais, en vertu du
règlement, il y a ces cinq points sur lesquels je voulais appuyer ma
demande d'une motion d'urgence, que je fais valoir. A vous personnellement qui
connaissez si bien les questions syndicales et ouvrières, je n'ai pas
besoin de répéter quels sont les impératifs qui vont vous
appeler, probablement, à me rendre une décision favorable. Je
suis sûr, M. le Président, que si le médiateur, M.
Soberman, était ici, il serait de mon avis. Mais, puisque vous me le
demandez, M. le Président, je me soumets de bonne grâce et je dis
qu'il y a un danger que cela continue. Même si, à
l'Université Laval, il y a un rapprochement très sensible et
qu'on doit déposer prochainement le rapport de la médiation de M.
Soberman, il y a encore tout le protocole qui n'est pas fait et si les cours ne
commencent pas en janvier, c'est une année ratée
complètement. Il y a une urgence capitale pour le gouvernement que l'on
passe à cette étude et que l'on sache, du gouvernement, ce qu'il
y a véritablement de fait ou ce qu'on se propose de faire pour
empêcher 40 000 étudiants dans la province de perdre
complètement leur année.
Je comprends, M. le Président, que vous allez me dire qu'en vertu
de l'article 23, j'ai le droit, en réponse au discours inaugural, d'y
faire allusion, mais avec les ententes prises tout à l'heure de laisser
une heure à l'Union Nationale, pour que le chef fasse son discours, je
ne vois pas comment je pourrais vous expliquer, dans mon discours, l'urgence
qu'il y a.
Vous sachant, M. le Président, favorable à ma
requête et sachant avec quelle dextérité vous allez juger
le problème, vous allez condescendre, je l'espère, à
m'accorder ces quelques minutes, qui me sont permises par le règlement,
pour parler de ma motion.
Décision de M. le Président
Le Président: Je suis prêt à rendre ma
décision sur cette motion d'urgence.
C'est l'article 78 de notre règlement qui nous guide dans la
décision que nous avons à prendre sur la recevabilité
d'une motion d'urgence. Le président décide si elle est recevable
en tenant compte des quatre éléments suivants:
premièrement, son objet; deuxièmement, les responsabilités
administratives du gouvernement; troisièmement, l'urgence d'en discuter;
quatrièmement, la possibilité que la motion puisse être
discutée à l'Assemblée dans un délai raisonnable
par d'autres moyens.
Quant à l'objet de la motion, le premier paragraphe de l'article
78 en énumère les éléments. Il faut que l'affaire
soit déterminée importante et de la compétence de
l'Assemblée nationale. Je prends la parole du député de
Johnson quant à l'importance de la question et à la
compétence de l'Assemblée nationale en cette matière.
Cependant, je retiens seulement le dernier élément que j'ai
mentionné il y a quelques instants pour décider qu'elle est
irrecevable dans l'état actuel du déroulement des travaux de
cette Assemblée. Cet élément est le suivant: la
possibilité que la motion puisse être discutée à
l'Assemblée dans un délai raisonnable par d'autres moyens.
Or, cette Assemblée est justement rendue à l'étape
où devrait s'engager, dans les heures ou les jours à venir, le
débat sur le message inaugural, où une très grande
latitude est accordée aux opinants quant aux sujets dont ils veulent
traiter, qu'ils soient urgents ou non. L'article 23, paragraphe 2 du
règlement accorde à chacun des membres de cette Assemblée,
le droit de faire un discours de 30 minutes dans lequel tous les sujets peuvent
être abordés et, évidemment, une question que le
député de Johnson considère urgente.
Ce sera là une occasion propice pour discuter de la grève
dont il est question dans la motion d'urgence, d'autant plus qu'aucun
député n'a encore entamé le temps mis à sa
disposition par le règlement dans sa participation au débat sur
le message inaugural. Je déclare donc la motion d'urgence irrecevable
dans les circonstances.
Affaires du jour.
Présentation des crédits
supplémentaires
M. Parizeau: M. le Président, un message de l'honorable
lieutenant-gouverneur, signé de sa main.
Le Président: Message de Son Honneur le
lieutenant-gouverneur de la province. L'honorable lieutenant-gouverneur de la
province de Québec transmet à l'Assemblée nationale les
crédits supplémentaires no 2 pour l'année
financière se terminant le 31 mars 1977, conformément aux
dispositions de l'article 54 de l'Acte de l'Amérique du Nord
britannique, 1867, en recommandant ces crédits à la
considération de la Chambre. Signé: Hugues Lapointe. Hôtel
du gouvernement, Québec, le 14 décembre 1976
Motion pour étude des crédits en
commission plénière
M. Burns: M. le Président, je propose que tous les
crédits du budget supplémentaire soient transmis pour
étude à la commission plénière de
l'Assemblée nationale.
Le Président: Cette motion est-elle adoptée?
M. Bellemare: Non, M. le Président, je demande un vote
enregistré, s'il vous plaît.
Le Président: Qu'on appelle les députés!
Vote sur la motion
Le Président: A l'ordre, messieurs! Est-ce que je pourrais
demander au ministre des Affaires intergouvernementales de s'asseoir? Que ceux
qui sont en faveur de la motion du leader parlementaire du gouvernement
veuillent bien se lever, s'il vous plaît!
Le Secrétaire adjoint: M. Lévesque (Taillon),
Burns, Mme Cuerrier, MM. Cardinal, Bédard, Laurin, Morin (Sauvé),
Morin (Louis-Hébert), Parizeau, Marois, Landry, Léonard, Couture,
Tremblay, Bérubé, Duhaime, O'Neill, de Belleval, Joron, Mme
Payette, MM. Lessard, Proulx, Charron, Lazure, Léger, Garon, Tardif,
Grégoire, Chevrette, Michaud, Paquette, Vaillancourt (Jonquière),
Marcoux, Alfred, Vaugeois, Martel, Fallu, Rancourt, Mme Leblanc, MM. Bertrand,
Godin, Desbiens, Johnson, Laplante, Bisaillon, de Bellefeuille, Guay, Mercier,
Laberge, Marquis, Lacoste, Ouellette, Perron, Brassard, Clair, Gosselin,
Lefebvre, Lavi- gne, Dussault, Charbonneau, Beauséjour, Jolivet,
Bordeleau, Boucher, Lévesque (Kamouraska-Témiscouata), Gagnon,
Levesque (Bonaventure), Lavoie, Vaillancourt (Orford), Forget, Garneau,
Mailloux, Goldbloom, Saint-Germain, Raynauld, Mme Lavoie-Roux, MM. Giasson,
Lamontagne, Lalonde, Blank, Caron, O'Gallagher, Picotte, Larivière,
Ciaccia, Marchand, Gratton, Pagé, Verreault, Springate, Biron,
Bellemare, Russell, Goulet, Fontaine, Brochu, Shaw, Le Moignan, Dubois,
Cordeau, Samson, Roy.
Le Président: Que ceux qui sont contre cette motion
veuillent bien se lever, s'il vous plaît! Que ceux qui s'abstiennent
veuillent bien se lever, s'il vous plaiît!
Le Secrétaire: Pour: 102 Contre: 0
Le Président: Cette motion est adoptée.
M. Burns: Je dois signaler que cela aussi est un moment
historique, c'est la première fois qu'on gagne un vote. Je veux dire en
Chambre.
M. Bellemare: A l'ordre! C'est la deuxième fois. La motion
Charron sur l'histoire.
M. Burns: C'est vrai, vous avez raison. M. Bellemare: Oui,
monsieur!
M. Blank: Quand j'ai donné mon vote comme président
au Parti québécois, on a gagné le vote aussi.
Répartition du temps alloué aux partis
sur le message inaugural
M. Burns: C'est vrai. M. le Président, j'aurais une
demande à faire à la Chambre. Il y a une entente qui existe entre
les différents représentants des partis politiques relativement
à la façon, à la manière de traiter du discours ou
du débat, si vous voulez, sur le message inaugural. A la suite de cette
rencontre, j'informe la Chambre que nous nous sommes entendus pour que le temps
soit réparti de la façon suivante: que le gouvernement ait une
enveloppe de deux heures qui pourrait être utilisée soit par un
député ou un ministre, ou encore par plusieurs, mais une assiette
de deux heures; que l'Opposition officielle ait également cette
enveloppe de deux heures qu'elle pourra utiliser à sa guise, soit par
une personne ou par plusieurs personnes la représentant; que l'Union
Nationale ait également cette enveloppe qu'elle puisse utiliser dans une
période d'une heure, soit par une personne ou par plusieurs personnes.
Finalement, que le député de Rouyn-Noranda et le
député de Beauce-Sud aient chacun une demi-heure pour faire
valoir leur point de vue.
Je demanderais à la Chambre de faire de cette entente un ordre de
la Chambre et j'en fais motion.
Le Président: Cette motion est-elle adoptée?
M. Lavoie: A la condition, bien entendu je prends la
parole du leader du gouvernement que cette session constitue par
elle-même une session et qu'elle sera prorogée.
Une Voix: Et non pas ajournée.
M. Lavoie: Qu'elle ne sera pas ajournée à la
période des fêtes.
M. Burns: D'accord.
M. Lavoie: Nous avons cet engagement...
M. Burns: Je suis prêt à prendre l'engagement...
M. Lavoie: ...que vous inviterez le lieutenant-gouverneur
à venir proroger?
M. Burns: ...qu'à nouveau, au tout début du
printemps nous inviterons... Si vous ne prenez pas ma parole, vous pouvez le
demander au premier ministre, mais nous avons l'intention de proroger
aussitôt que les travaux courants de la présente session auront
été terminés.
Le Président: Cette motion est-elle adoptée? M.
Lavoie: Adopté. M. Bellemare: Adopté.
Le Président: Motion adoptée, et j'en fais un ordre
de l'Assemblée nationale.
M. Burns: II y a eu un certain nombre de discussions dans le
courant de la journée sur la possibilité de siéger ce
soir. J'en avais fait la suggestion hier.
Je n'ai pas à entrer dans les détails, mais des incidents
de parcours, si je puis dire, sont intervenus et qui me mènent à
croire que, même si j'appelais l'article 1, je présume qu'à
dix-huit heures le consentement requis ne nous serait pas donné pour
poursuivre la séance ce soir. Alors, je fais devant cette situation, M.
le Président, motion d'ajournement de cette Chambre à demain
quinze heures.
M. Lavoie: II est bien entendu que l'article 1 sera appelé
et, dès après les affaires courantes, la période des
questions, le chef de l'Opposition officielle pourra faire son intervention sur
le message inaugural d'une manière privilégiée.
M. Bellemare: Une motion d'urgence.
M. Lavoie: Le même sort que celle d'aujourd'hui.
M. Bellemare: Ce n'est pas vous, s'il vous plaît, qui
êtes orateur.
M. Burns: Pour répondre au leader de l'Opposition, je peux
l'assurer qu'en ce qui me concerne je vais, avant la séance de demain,
et longtemps avant la séance de demain, c'est-à-dire au moins une
heure avant, tenter de rejoindre les divers partis. Il y aura peut-être
sans que cela nuise à la préséance du discours du
chef de l'Opposition, parce que je pense que ce discours est naturellement
privilégié lieu de passer très brièvement si
c'est possible, sans nuire à la place qui est normalement
réservée au chef de l'Opposition, certains petits projets de loi
qui ne demandent pas de débat.
Si cela n'est pas possible, je vous garantis que ce sera d'abord
l'article 1, d'accord?
Le Président: Cette motion est-elle adoptée? M.
Lavoie: Adopté.
Le Président: Alors, l'Assemblée ajourne ses
travaux à demain, 16 décembre, à quinze heures.
(Fin de la séance à 17 h 50)