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(Dix heures huit minutes)
M. Lavoie (président): A l'ordre, messieurs!
Affaires courantes.
Dépôt de rapports de commissions élues.
Dépôt de rapports du greffier en loi sur les projets de loi
privés.
Présentation de motions non annoncées.
Le député de Saguenay.
Changement de membre de commission
M. Lessard: Je voudrais faire motion pour que M. Bédard
(Chicoutimi) remplace M. Burns à la commission de l'agriculture.
Le Président: Cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
M. Léger: Vote enregistré, M. le
Président.
Le Président: Qu'on appelle les députés.
Vote sur cette motion
Le Président: A l'ordre, messieursl
Que ceux qui sont en faveur de la motion de l'honorable
député de Saguenay veuillent bien se lever, s'il vous
plaît!
Le Secrétaire adjoint: MM. Morin, Léger, Charron,
Lessard, Bédard (Chicoutimi), Bourassa, Levesque, Mailloux, Garneau,
Cloutier, Phaneuf, Berthiaume, Giasson, Goldbloom, Simard, Quenneville, Mme
Bacon, MM. Lalonde, Tetley, Drummond, Lacroix, Forget, Houde (Abitibi-Est),
Desjardins, Perreault, Brown, Bacon, Lamontagne, Veilleux, Brisson,
Séguin, Houde (Limoilou), Lafrance, Pilote, Picard, Carpentier, Dionne,
Harvey (Charlesbourg), Pelletier, Bellemare (Rosemont), Bérard, Bonnier,
Boutin, Chagnon, Marchand, Ostiguy, Caron, Côté, Dufour, Harvey
(Dubuc), Lachance, Lecours, Malépart, Massicotte, Mercier, Picotte,
Tardif, Tremblay, Vallières, Samson, Bellemare (Johnson), Choquette,
Roy, Leduc.
Le Secrétaire: Pour: 64 Contre: 0 Le
Président: Cette motion est adoptée.
Présentation de projets de loi au nom du gouvernement.
Présentation de projets de loi au nom des
députés.
Déclarations ministérielles. Dépôt de
documents. Questions orales des députés.
Le député de Chicoutimi.
QUESTIONS DES DEPUTES
SAQ et CECO M. Bédard (Chicoutimi): M. le
Président, ma question s'adresse au ministre des Finances responsable de
la SAQ. Hier, le ministre a déclaré à la Chambre, si j'ai
bien compris la réponse qui paraît au ruban 4010, qu'il
n'était pas intervenu auprès de la SAQ pour imposer la compagnie
Polarin, mais qu'il avait pu transmettre à la SAQ le nom de cette
compagnie sans l'imposer. Pour clarifier la situation, étant
donné que cet aspect de l'affaire tourne autour du sens ou de
l'interprétation qu'il faut donner à cette intervention du
ministre, est-ce que le ministre accepterait de rendre publique cette partie du
dossier transmis par la CECO qui concerne la compagnie Polarin afin que l'on
puisse juger de la nature exacte de l'intervention du ministre?
M. Garneau: M. le Président, encore une tentative du
député de Chicoutimi pour essayer de...
M. Bellemare (Rosemont): Salir.
M. Garneau: ... mettre en doute mon intégrité,
comme il a essayé de le faire, hier je lisais le journal Le Jour
de ce matin il a essayé d'impliquer aussi M. Raymond Letarte dans
cette chose alors que M. Letarte n'était même pas à mon
emploi au cours de l'année 1970, il est entré à mon emploi
uniquement le 1er avril 1971. Un autre ballon, M. le Président,
qui...
M. Bédard (Chicoutimi): Répondez à la
question.
M. Garneau: Attendez, attendez, vous êtes donc bien
pressé ce matin.
M. Léger: Allez-vous le déposer ou non? Le
Président: A l'ordre!
M. Garneau: Est-ce que le chef de l'Opposition est si
pressé que cela, ce matin?
M. Morin: Nous voulons vous donner l'occasion de vous
justifier.
M. Garneau: M. le Président, je n'ai rien à
justifier devant ces messieurs de l'Opposition. Je suis conscient d'avoir fait
mon devoir et, pour ce qui est du rapport dont parle le député de
Chicoutimi, je n'ai pas pris connaissance du rapport. Je n'ai pas lu le
rapport. Je ne peux donc pas le dévoiler ou en dévoiler des
parties, je ne sais pas ce qu'il peut être, ce que pourrait être
dévoilé, je ne le connais pas, je ne l'ai pas lu et j'ai
refusé de pouvoir en prendre connaissance, même si on avait voulu
me dire ce qu'il y avait dedans. J'ai demandé, une seule chose: s'il y a
des gestes administratifs qui doivent être posés à la
Société des alcools, dites-le-moi afin que je puisse
intervenir.
J'ai demandé au Solliciteur général que le
président de la Société des alcools puisse être
informé des décisions administratives qui devraient être
prises s'il y a lieu. Le président de la Société des
alcools a rencontré le sous-ministre de la Justice qui lui a fait part
des choses qui pourraient
être faites ou qui ne devraient pas être faites, compte tenu
de l'enquête policière qui continuait. Pour ma part, je suis
satisfait de ce qui a pu être accompli entre le président de la
société et le sous-ministre de la Justice afin que la justice
puisse continuer son cours, puisse s'administrer normalement, et que
l'enquête policière puisse se poursuivre normalement sans que des
gestes trop intempestifs puissent nuire à cette enquête et c'est
mon intention de continuer de cette façon.
M. Bédard (Chicoutimi): Puisque le ministre des Finances
dit qu'il n'a pas pris connaissance du rapport de la CECO et du contenu des
témoignages qui ont été rendus à l'enquête
à huis clos à la CECO, quelles raisons peut invoquer le ministre
des Finances pour refuser de déposer, accepter de déposer cette
partie du dossier de la SAQ qui a été transmise par la CECO au
Solliciteur général.
M. Garneau: M. le Président, je viens de dire que je ne
l'ai pas. Je ne l'ai pas lu, comment voulez-vous que je le dépose?
M. Bédard (Chicoutimi): Acceptez-vous de le déposer
si vous n'avez pas peur?
M. Garneau: Je pourrais vous demander de le déposer, vous,
si vous l'avez. Moi, je ne l'ai pas, je ne peux pas le déposer. Si vous
l'avez, déposez-le.
M. Bédard (Chicoutimi): Ce n'est pas ce que je vous
demande, si vous n'avez pas peur, je ne vous demande pas si...
Le Président: A l'ordre! A l'ordre!
Je pense que c'est une répétition de votre première
question. Posez une question différente, autrement je vais passer
à la prochaine question.
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, ma
question va s'adresser au Solliciteur général.
Le Président: A l'ordre!
Une Voix: Parle-nous de la bière.
M. Bédard (Chicoutimi): Etant donné que cet aspect
tourne autour du sens qu'il faut donner à cette intervention du
ministre, le Solliciteur général accepterait-il de déposer
cette partie du dossier transmis par la CECO qui concerne la compagnie Polarin
et est-il en mesure de nier?
M. Levesque: J'invoque le règlement. M. le
Président, à toutes ces questions, le Solliciteur
général a répondu d'une façon complète et
entière, à moins que nous soyons complètement sourds ou
complètement dépourvus, l'attitude du Solliciteur
général a été clairement établie
vis-à-vis de ce dossier.
M. le Président, c'est une répétition continuelle
de choses auxquelles le Solliciteur général a donné une
réponse complète et entière. Je me demande d'où
vient cet acharnement de la part du député de Chicoutimi
j'allais employer un mot, mais je ne l'emploierai pas dont la
stupidité est évidente.
M. Bédard (Chicoutimi): C'est à vos yeux, cela!
C'est à vos yeux. Déposez le rapport.
M. Lessard: M. le Président, sur la question de
règlement.
Le Président: A l'ordre, messieurs! A l'ordre! M.
Goldbloom: C'est le salisseur adjoint!
M. Bédard (Chicoutimi): Déposez-la cette partie du
rapport!
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît,
messieurs!
M. Lessard: Le postier de l'Assemblée nationale, M. le
Président, vient de parler.
Le Président: Messieurs, sur la question de
règlement.
M. Lessard: Sur la question de règlement, M. le
Président, le député de Chicoutimi n'a jamais
demandé, jusqu'ici, le dépôt...
Une Voix: Debout!
M. Lessard: ... des discussions, de la preuve concernant
l'affaire Polarin. Ce que le député de Chicoutimi demande, c'est
de déposer à l'Assemblée nationale cette partie du dossier
qui concerne l'affaire Polarin. Jamais, M. le Président, jusqu'ici, le
député de Chicoutimi n'a posé cette question. Il ne s'agit
pas de renouveler une question qui a déjà été
posée, mais il s'agit d'une nouvelle question. Je pense que cette
question...
M. Levesque: Sur la question de règlement, M. le
Président, il a été clairement établi en cette
Chambre qu'il n'était pas d'intérêt public...
M. Lessard: A l'ordre, Article 171. Que le Solliciteur
général le dise.
M. Levesque: Un instant, la politesse élémentaire.
M. le Président, il a été clairement établi qu'il
n'était pas dans l'intérêt de la bonne marche de
l'enquête policière qui est en cours que d'autres réponses
que celles qui ont été données ne le soient. C'est clair.
Tout le monde a compris cela, sauf le député de Chicoutimi. Il me
semble que nous avons des règlements et que nous pouvons les suivre. Il
me semble qu'il y a le grand règlement qui est à la base
même de tous les règlements: c'est le bon sens.
M. Lessard: M. le Président, que le Solliciteur
général le dise.
Le Président: A l'ordre!... A l'ordre!
M. Lalonde: M. le Président, j'ai eu l'occasion, il y a
quelques jours, d'expliquer clairement la position que le Solliciteur
général doit avoir en l'occurrence. C'était
essentiellement pour défendre l'intégrité de
l'administration de la justice que je me trouvais dans l'impossibilité
d'infirmer ou de confirmer les dires des membres de l'Opposition et plus
particulièrement du député de Chicoutimi relativement
à un rapport qui a été remis au ministère de la
Justice.
M. Morin: ... Nixon!
M. Lalonde: Voulez-vous me laisser répondre s'il vous
plaît?
Le Président: A l'ordre!
M. Lalonde: C'est essentiellement pour défendre
l'intégrité de l'administration de la justice. C'est un rapport
qui appartient à la catégorie des rapports policiers, donc qui
doivent faire l'objet d'un traitement confidentiel pour permettre aux
enquêtes de se compléter d'une façon intégrale et
que le ministère de la Justice puisse y donner suite.
Ce qui est de plus en plus clair, M. le Président, c'est que la
position du député de Chicoutimi et de l'Opposition en
général est indéfendable. On a vu hier, dans les journaux,
l'étalage de toutes sortes de faits qui, à cause du climat
créé par les questions de l'Opposition, semblent être
partie du rapport, des choses qu'on ne peut ni infirmer ni confirmer, dont on
ne peut même pas parler. Si, actuellement, cet étalage nuit aux
enquêtes et le directeur de la Sûreté, hier, m'a
confirmé que ce n'est que de nature à nuire aux enquêtes
je ne sais pas si c'est cela, au fond, que le député de
Chicoutimi recherche, mais c'est cela, en fait, qu'il va trouver.
Je pense que ces faits étaient à la connaissance,
d'après ce que je peux comprendre, de certains journalistes qui, eux,
les ont traités avec plus d'honnêteté intellectuelle que le
député de Chicoutimi puisqu'ils n'en ont pas parlé,
sachant qu'il y avait une enquête.
Si les enquêtes donnent des résultats moins importants que
ceux qu'on escomptait avoir, le député de Chicoutimi plus
particulièrement en aura la responsabilité.
Le Président: Dernière question
supplémentaire.
M. Bédard (Chicoutimi): Que le Solliciteur
général ne s'inquiète pas, je suis capable de prendre mes
responsabilités et qu'il cesse de se cacher derrière le paravent
de l'intérêt public et des minienquêtes. Dernière
question, M. le Président.
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît,
messieurs!
M. Levesque: J'invoque le règlement, le
député de Chicoutimi vient d'enfreindre clairement les
dispositions de l'article 99 de notre règlement en invoquant des motifs
indignes à l'endroit du Solliciteur général. Le
Solliciteur général ne fait que son devoir; il n'a pas le choix.
Ce que vient de dire le député de Chicoutimi quant aux motifs
qu'il impute au Solliciteur général de se cacher derrière
ce paravent, à ce moment-là, M. le Président, c'est le
député de Chicoutimi qui se rend indigne et irresponsable.
Le Président: Dernière question additionnelle.
M. Bédard (Chicoutimi): Alors, M. le Président, le
Solliciteur général peut-il nier qu'il y a des témoignages
qui ont été donnés sous serment, devant la CECO, à
l'effet que la compagnie Polarin a été imposée par un
ministre ou par un de ses adjoints immédiats...
Le Président: A l'ordre! Si on revient à la CECO,
c'est sous enquête. Est-ce qu'on revient à la CECO? Si c'est la
CECO, je ne peux pas le permettre.
M. Lacroix: ...
M. Bédard (Chicoutimi): ... on est rendu à
l'enquête à huis clos et vous avez rendu une décision sur
ce problème.
M. Lacroix: M. le Président, question
supplémentaire. Je m'adresse à l'honorable Solliciteur...
M. Lessard: M. le Président, avant de poser une question
supplémentaire...
Le Président: II y a déjà une question.
M. Lacroix: Est-ce que les questions supplémentaires sont
seulement pour le parti de l'Opposition?
Le Président: Bien non, mais...
M. Lessard: M. le Président, pour vous
éclairer...
Le Président: Un instant, un instant! Je n'ai pas besoin
d'être éclairé. Il y a eu une question et je me demande
s'il y a une réponse. Après cela, je vais vous le permettre. Je
ne peux pas avoir deux questions à la fois, c'est la raison de mon
intervention.
M. Lalonde: M. le Président, j'ai répondu à
cette question il y a quelques jours.
Le Président: Bon. Question additionnelle. L'honorable
député des Iles-de-la-Madeleine.
M. Lacroix: M. le Président, je m'adresse au Solliciteur
général. Le député de Chicoutimi étant
avocat, je me demande si le Solliciteur général ne devrait pas
instituer une enquête pour savoir de quelle façon un
député avocat a pu obtenir des in-
formations sur des dépositions faites à huis clos à
une commission d'enquête? Là, M. le Président, quand le
chef de l'Opposition a dit qu'il avait des informateurs dans tous les
ministères, cela vient de vous prouver qu'on a affaire à une gang
de traîtres en face de nous.
M. Morin: J'invoque mon privilège. Je nie de mon
siège avoir jamais déclaré quoi que ce soit de
semblable.
M. Lacroix: Vous êtes un irresponsable... Le
Président: A l'ordre!
M. Lacroix: ... parce que vous l'avez dit au leader
parlementaire.
Le Président: L'honorable député de
Saguenay.
M. Lessard: M. le Président, question additionnelle...
M. Lalonde: M. le Président, j'ai une question; est-ce que
je peux répondre?
Le Président: Allez.
M. Lalonde: Naturellement, le document qui a été
remis au ministère de la Justice est de la nature d'un rapport de police
et donc doit être traité confidentiellement. Si nous
découvrons que des fonctionnaires ou d'autres personnes se sont rendus
coupables de violation de leur serment d'office à cet égard, nous
prendrons les mesures nécessaires.
M. Bellemare (Rosemont): M. le Président, question de
privilège. Et c'est sérieux, M. le Président, je mets mon
siège en jeu, je parle de mon siège. Je mets mon siège en
jeu, M. le Président. Que le député de Chicoutimi accuse
un ministre ou un collègue d'avoir participé dans Polarin, je
suis prêt à me retirer de la politique.
Le Président: A l'ordre! A l'ordre!
M. Bellemare (Rosemont): Mais qu'il accuse!
Le Président: A l'ordre!... A l'ordre!... A l'ordre,
messieurs! Un peu de... Question principale?
M. Bédard (Chicoutimi): Répondez à nos
questions, c'est ce que vous avez à faire pour le moment.
Le Président: Question additionnelle.
M. Lessard: Question supplémentaire.
M. le Président, ma question s'adressera au Solliciteur
général. Le Solliciteur général peut-il nous dire
s'il est exact qu'il a été affirmé sous serment devant la
CECO, qui est maintenant sous sa juridiction, que l'intervention du ministre
des
Finances ou de ses adjoints immédiats avait porté non
seulement sur le choix de la compagnie Polarin, mais également sur le
prix qui serait payé par la Société des alcools du
Québec pour les produits pour lesquels la Société Polarin
servait d'intermédiaire?
M. Garneau: Je soulève une question de
privilège.
M. Bédard (Chicoutimi): C'est au Solliciteur... Le
Président: Question de privilège.
M. Garneau: M. le Président, si cela continue, cela voudra
dire que n'importe quel député en cette Chambre pourrait poser
des questions hypothétiques, pourrait laisser sous-entendre des choses
qui sont complètement fausses, alors qu'il n'a aucune preuve, et
uniquement par la tournure d'une question mettrait en doute
l'intégrité d'un membre de cette Chambre.
M. Lessard: Est-ce exact ou si ce n'est pas exact?
M. Lacroix: Assieds-toi, autrement tu vas sortir, puis vite.
M. Garneau: M. le Président, en ce qui me concerne, j'ai
répondu à cette question en Chambre. Je ne connais pas le
document, je n'ai pas lu le document, je ne sais pas s'il y a des gens qui ont
fait des déclarations. Moi, je sais ce que j'ai fait. M. le
Président, je dirai au député de Saguenay,
également, que pour ce dont il est question administrativement,
c'est-à-dire l'achat d'alcool en fût, depuis des années et
des années la Société des alcools du Québec payait
l'alcool de grain 90% "proof" $1.90 le gallon. Que ce soit acheté par
une entreprise de gauche, une entreprise de droite ou une entreprise du centre,
c'était $1.90 le gallon.
Lorsque nous avons fait la réforme de la Société
des alcools, M. le Président, et que nous avons mis en place de
nouvelles structures, nous avons décidé de procéder par
soumissions publiques pour l'achat des alcools en fût et l'achat des vins
en vrac commercialisés par la Société des alcools.
M. Lessard: M. le Président, une question de
règlement. M. le Président, question de règlement.
Le Président: Une question de règlement. M.
Lessard: J'invoque le règlement.
Le Président: Vous terminerez votre question de
privilège.
M. Lessard: D'abord, premièrement, j'ai posé ma
question au Solliciteur général. Deuxièmement, M. le
Président, je ne pense pas que le ministre des Finances puisse, à
ce moment-ci, soule-
ver une question de privilège, parce que je n'ai pas brimé
ses droits ici à l'Assemblée nationale.
M. Lacroix: Salisseur professionnel! Le Président:
A l'ordre! A l'ordre!
M. Lessard: M. le Président, je n'ai sali personne.
Des Voix: Oui.
Le Président: A l'ordre! Si j'ai bien compris votre
question au début, vous impliquiez le ministre des Finances.
M. Lessard: Je demande, M. le Président, qu'il me
réponde oui ou non.
Le Président: A l'ordre! Bien oui! Mais rien
n'empêche quelqu'un qui est impliqué de soulever une question de
privilège.
M. Lessard: Avant qu'il la soulève, je demande au
ministre, au Solliciteur général qu'il me réponde s'il est
exact que...
Le Président: Que quoi?
M. Lessard: Je la repose ma question, M. le Président, si
vous permettez. Le Solliciteur général peut-il nous dire...
Le Président: A l'ordre! Question de privilège.
Terminez votre question de privilège.
M. Garneau: M. le Président, il a posé sa question
et c'est sur sa question que j'ai invoqué mon privilège de
député. Si le Solliciteur général...
Le Président: C'est ce que j'avais compris d'ailleurs.
M. Garneau: ... se croit en mesure de répondre, il
répondra par la suite. M. le Président, je voudrais revenir pour
dire que justement, en 1971, avec le dépôt du rapport Thinel et
les recommandations qui ont été faites, la Société
des alcools a été créée pour remplacer l'ancienne
régie. Quand il y a une tradition qui existe depuis 1921 et que, du jour
au lendemain on procède par soumissions publiques, vous savez, M. le
Président, avec l'expérience politique que vous avez, que cela
crée des remous parmi toutes les organisations, autant les compagnies de
fabricants que celles qui agissent comme représentants de ces
compagnies.
Nous avons décidé de procéder par soumissions
publiques. Depuis que la Société des alcools existe, depuis 1971,
depuis juillet 1971, il n'y a pas eu d'alcool en fût ni de vin en vrac
qui ont été achetés par l'intermédiaire d'agents
représentant ces compagnies. Pour les alcools en fût, étant
donné que c'étaient des entreprises canadiennes cri ne
peut pas aller demander des soumissions publiques en Europe nous avons
de- mandé des soumissions publiques auprès des entreprises qui
fabriquaient au Québec. Il n'y en a pas eu, on a fait disparaître
ces intermédiaires. Qu'on ne vienne pas m'accuser, aujourd'hui, de
n'avoir rien fait ou de ne pas avoir mis en application un rapport qui m'a
coûté passablement de temps et d'énergie avec les
administrateurs actuels de la Société des alcools pour tenter de
rendre un peu plus transparent ce qui était très
embrouillé aux yeux du monde au cours des années qui ont
précédé.
M. Lessard: M. le Président...
Le Président: C'est la dernière question
supplémentaire.
M. Lessard: ... je demande au Solliciteur général
s'il veut répondre à ma question.
M. Lalonde: La question ne fait qu'illustrer la manoeuvre
inqualifiable de l'Opposition à cet égard. On peut me poser 30
questions, 50 questions, on peut supposer toutes sortes de choses dans ces
questions, mettre en doute l'intégrité de mes collègues,
ou d'autres personnes, donner des noms, comme on l'a fait hier, sachant
très bien que je ne peux ni infirmer ni confirmer. Ce genre de
démagogie est une tentative pour m'amener à dévier des
devoirs que ma fonction m'impose. Je ne suivrai pas l'Opposition dans cette
voie.
Le Président: Dernière question additionnelle.
L'honorable député d'Anjou.
M. Lessard: Question additionnelle. M. Tardif: M. le
Président...
Le Président: Un instant. L'honorable député
d'Anjou.
M. Tardif: ... est-ce que le Solliciteur général
peut assurer tous les membres de cette Chambre qu'il va faire enquête
afin de déterminer si Me Henry von Keyserlingk n'aurait pas trahi son
serment de procureur de la couronne en transmettant des renseignements
confidentiels à des personnes qui ne sont pas ou qui n'étaient
pas autorisées à recevoir les renseignements en question?
Des Voix: Ah! Ah! Une Voix: Très bien.
M. Lalonde: Si nous avons des indications sérieuses
à cet effet, naturellement, nous ferons enquête.
M. Lessard: Question principale.
Le Président: Question principale, l'honorable
député de Saguenay. Je reviendrai immédiatement
après avec le député...
Démission des commissaires de la CECO
M. Lessard: Ma question s'adresse au Solliciteur
général. Le Solliciteur général peut-il nous dire
s'il a reçu des trois commissaires de la CECO, les juges Dutil, Dionne
et Cordeau, des lettres lui indiquant que, pour des raisons personnelles, ils
démissionneraient dès la remise de leur rapport sur les dossiers
Violi et Dubois et qu'entre-temps, ils ne tiendraient aucune audience publique
sur les autres facettes de leur mandat, même si l'enquête à
huis clos, sur plusieurs de ces sujets, est déjà fortement
avancée?
M. Lalonde: Non, je n'ai pas reçu de lettre de
démission des commissaires. Il y a eu des discussions, ces derniers
jours, sur l'opportunité que chacun d'eux voulait considérer de
demander d'être remplacé sur le banc actuel; je devais les voir
aujourd'hui, à ce propos, et je les rencontrerai peut-être au
début de la semaine prochaine.
M. Lessard: Est-ce que le Solliciteur général veut
dire...
Une Voix: Hé, c'était la dernière! Des
Voix: Oh! Oh!
Le Président: Non, c'est une question principale.
Excusez.
M. Dufour: Oh, bien oui! Faut le dire.
Le Président: Allez.
M. Dufour: On a notre voyage de lui!
M. Lessard: Est-ce que le Solliciteur général veut
dire qu'il n'a aucunement reçu d'informations ou de lettres de
démission de la part des trois commissaires de la CECO?
Le Président: Cela vient d'être dit.
Des Voix: II vient de répondre.
M. Lessard: D'informations ou de lettres.
M. Levesque: Le bon temps dont on parlait, où la
surdité...
Le Président: C'est une répétition.
M. Lessard: M. le Président, je veux avoir clairement, je
veux demander clairement.
M. Lalonde: Le député, s'il n'est pas capable de
comprendre, il lira ma réponse dans la transcription des
Débats.
Le Président: Le député de
Rouyn-Noranda.
Assurance-automobile
M. Samson: M. le Président, ma question s'adresse au
ministre des Consommateurs, Coopératives et Institutions
financières, cela concerne directement le dossier des tarifs de
l'assurance-automobile. Est-ce qu'il a été porté à
l'attention du ministre qu'un ou des garagistes auraient communiqué par
écrit avec un ou des courtiers d'assurances en vue de leur offrir des
ristournes de 5% du montant des réparations pour les accidents
d'automobiles, lesquels montants finissent par apparaître dans les taux
d'assurance-automobile? Est-ce que le ministre a eu connaissance de cela?
Mme Bacon: M. le Président, le service des assurances ne
m'a pas informé de telle manoeuvre, si manoeuvre il y a. J'aimerais
peut-être que la question soit plus précise de la part du
député de Rouyn-Noranda. Tout de même, je ferai
enquête auprès du service des assurances à savoir s'il a eu
des informations en ce sens. Mais dans le moment, nous n'en avons pas
été informés.
M. Samson: Je précise ma question, M. le Président.
Est-ce que le ministre est au courant que le garage Nadeau et Prémont de
Québec a écrit à un ou des courtiers d'assurances pour
leur offrir 5% de ristourne sur les réparations d'automobiles? Dans un
passage de la lettre, on y dit qu'évidemment le tout va rester
confidentiel et qu'à titre d'exemple...
M. Bacon: Les gens n'ont pas réussi.
M. Samson: Non, ils n'ont pas réussi cette fois-là.
...une facture de $1,000, nous vous enverrons un chèque de $50. Est-ce
que le ministre est au courant de ce cas?
Mme Bacon: Non, M. le Président, mais nous ferons
enquête dans ce cas particulier. J'apprécie qu'on me donne des
informations précises pour nous permettre de faire enquête.
M. Samson: M. le Président, si j'ai l'autorisation de la
Chambre, je suis même prêt à déposer une copie de la
lettre.
Le Président: Est-ce qu'il y a consentement? Oui,
d'accord.
M. Choquette: II n'y a pas consentement. Le Président:
Est-ce qu'il y a consentement? M. Choquette: II n'y a pas
consentement. Le Président: II n'y a pas consentement.
M. Samson: M. le Président, je la reprends et je la
publierai, cela ne me dérange pas. Cela ne me
dérange pas, à chaque fois qu'on dérange le parti
des nu-pieds, c'est comme cela.
Le Président: A l'ordre! A l'ordre! A l'ordre, messieurs,
s'il vous plaît! S'il vous plaît, messieurs!
Le député de Beauce-Sud.
Indexation de l'aide sociale et des allocations
familiales
M. Roy: M. le Président, j'ai une question à poser
au ministre des Affaires sociales. Le 25 novembre dernier, je demandais au
ministre des Affaires sociales s'il entendait indexer toutes les
catégories de bénéficiaires de la Loi de l'aide sociale.
Le ministre nous a répondu, à ce moment, qu'il entendait annoncer
la politique du gouvernement prochainement. J'aimerais demander au ministre, ce
matin, s'il est prêt à nous annoncer sa politique? Dans un
deuxième temps, est-ce que le gouvernement provincial va indexer les
allocations familiales ou s'il va imiter le gouvernement fédéral
à l'effet de retarder l'indexation pour un an?
M. Forget: M. le Président, j'ai indiqué
effectivement que l'annonce serait prochaine. Elle est encore plus prochaine
qu'elle ne l'était.
M. Roy: M. le Président...
Le Président: Un peu de silence, s'il vous plaît! Un
peu de silence.
M. Roy: Avec le bruit qu'il y a à l'Assemblée
nationale, je n'ai rien compris de la réponse du ministre. J'aimerais
que le ministre parle un peu plus fort. Deuxièmement, j'aimerais qu'il
nous dise quelles sont les intentions du gouvernement vis-à-vis des
allocations familiales du Québec, à savoir si elles vont
être indexées à partir du 1er janvier, c'est-à-dire
dans moins de deux semaines. J'aimerais savoir du ministre quelles sont les
intentions du gouvernement à ce sujet?
M. Forget: M. le Président, nous allons, dès
aujourd'hui, au conseil des ministres, discuter de cette question. Il s'agit
d'une réaction qu'on nous demande à une décision
annoncée hier soir seulement par le gouvernement fédéral.
Les annonces seront faites en temps et lieu.
M. Bourassa: M. le Président, si on avait terminé
la session hier à six heures, on aurait pu aujourd'hui donner une
réponse. C'est l'obstruction du député de Beauce-Sud qui
nous a empêché de siéger.
Le Président: Dernière question.
M. Choquette: Si cela continue de même on va vous faire
siéger lundi.
M. Bellemare (Johnson): Non, non!
Le Président: A l'ordre! A l'ordre!
M. Choquette: Sur une question de règlement, M. le
Président.
Le Président: Un peu de silence, s'il vous
plaît!
M. Choquette: J'invite mes anciens collègues à ne
pas nous provoquer, c'est tout.
Le Président: Dernière question. Le chef de
l'Opposition officielle. Dernière question principale.
Situation économique
M. Morin: Lundi dernier, M. le Président, le ministre de
l'Industrie et du Commerce a dressé un bien triste bilan de
l'économie du Québec en 1975, plus réaliste cependant que
les propos habituels du premier ministre. J'aimerais lui demander, ce matin,
s'il peut nous dire si, devant une conjoncture qui s'est sensiblement
dégradée depuis quelques mois et qui menace de s'aggraver encore
au cours des mois qui viennent, tant pour ce qui est du chômage que pour
ce qui est de l'inflation, s'il a l'intention, enfin, de mettre de l'avant un
programme de relance économique en 1976?
M. Bourassa: M. le Président...
M. Morin: Je veux dire: ailleurs qu'à la baie James, dans
les régions où les Québécois habitent.
M. Massicotte: Un client des...
M. Bourassa: M. le Président, je crois que le chef de
l'Opposition n'est pas exact. C'est évident que la situation
économique de l'an dernier a été moins bonne pour des
raisons bien connues. Mais si nous regardons la croissance au taux annuel
composé depuis cinq ans, nous voyons au Québec, par exemple, que
le revenu personnel par habitant a augmenté de 14% par rapport à
13% pour le Canada; que le revenu personnel a augmenté de 14.8% par
rapport à 14.6% pour le Canada; que les salaires au Québec ont
augmenté de 14.4% par rapport à 14.2% pour le Canada; que les
investissements globaux ont augmenté de 20% au Québec par rapport
à 16% pour le Canada; que les investissements manufacturiers ont
augmenté de 25% en moyenne à Québec par rapport à
18% pour le Canada.
M. Morin: Ils sont en chute libre à l'heure actuelle.
M. Bourassa: Alors si nous examinons... Le Président:
A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Bourassa: Et l'inflation au Québec, M. le
Président, a augmenté en moyenne, depuis cinq ans, de 8.1% par
rapport à 8.5% pour le Canada.
M. Morin: Non, cela est inexact. Le Président: A
l'ordre, s'il vous plaît! M. Bourassa: Ce sont des chiffres...
M. Morin: II joue avec les chiffres. M. Bourassa: Laissez-moi
terminer. M. Morin: C'est un véritable jongleur. M. Dufour:
...
M. Bourassa: Ce sont des chiffres... Le Président:
A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Bourassa: Ce sont des chiffres officiels que je pourrai faire
parvenir, c'est le document officiel. J'ai obtenu les chiffres, c'est le
document officiel qui a été soumis par le ministre de l'Industrie
et du Commerce.
On voit, dans tous ces indicateurs économiques, depuis cinq ans,
une performance québécoise supérieure à celle du
Canada qui, elle-même, a été l'une des meilleures du monde.
Le chef de l'Opposition est donc très mal placé pour critiquer la
politique économique du gouvernement.
M. Morin: M. le Président...
Le Président: Une question additionnelle?
M. Morin: Oui, j'ai une question additionnelle. Mais avant la
question additionnelle...
M. Lachance: Des excuses! M. Tardif: A genoux!
M. Morin: ... je pense que le premier ministre, en matière
de création d'emplois, induit la Chambre en erreur. J'ai les chiffres
devant moi.
Une Voix: Question!
Le Président: A l'ordre!
M. Léger: Une question de privilège.
Le Président: II ne s'agit pas d'un débat,
messieurs.
M. Morin: Non, mais c'est une question de privilège, M. le
Président.
Le Président: Ecoutez, si vous me demandez d'être
l'arbitre des statistiques d'un côté et de l'autre, je me
défile immédiatement. Je ne me sens pas la capacité de
juger des statistiques données soit de la droite, soit de la gauche.
M. Morin: C'est malheureux, M. le Président...
Le Président: A l'ordre!
M. Morin: ... parce que je pense que vous pourriez rappeler le
premier ministre à l'ordre!
Le Président: A l'ordre! Avez-vous une question?
Il n'y a plus de questions, je m'excuse. J'avais prévenu que
c'était la dernière question principale. Si vous avez une
dernière question supplémentaire, je vais vous l'accorder.
M. Morin: M. le Président, pour être complet, j'en
aurais deux. Je n'abuserai pas.
Le Président: Groupez-les.
M. Morin: Mais le premier ministre va dire que je groupe trop de
questions ensemble et qu'il est incapable d'y répondre.
Le Président: Allez, allez!
M. Morin: J'ai déjà entendu cela. J'ai
déjà entendu des réponses de ce genre, M. le
Président.
Le Président: A l'ordre! S'il vous plaît.
M. Morin: Prenons le domaine des investissements financiers.
Est-ce que vous voulez me laisser poser ma question?
M. Bourassa: Vous m'avez dit que j'avais induit la Chambre en
erreur avec certains chiffres. Pouvez-vous les donner?
M. Morin: M. le Président, dans le domaine des
investissements manufacturiers...
M. Bourassa: Non, non. Question de privilège, M. le
Président.
Le Président: Une question de privilège.
M. Bourassa: Le chef de l'Opposition vient de dire que j'ai
induit la Chambre en erreur avec des chiffres que j'ai donnés.
Pourrait-il confirmer ses accusations ou les retirer?
M. Morin: Oui, volontiers, M. le Président. Justement,
c'est ce que j'allais faire. J'ai les chiffres devant moi. Au cours des cinq
dernières années, la croissance de l'emploi a été
plus faible ici, au Québec, avec 22%, qu'elle ne l'a été
dans toutes les autres provinces, y compris les Maritimes. La
Colombie-Britannique a connu une croissance de 35%; les Maritimes, 29%;
l'Ontario, 25%; les Prairies, 22%, et la moyenne canadienne est de 25%. C'est
bien clair. Infirmez ces chiffres si vous en avez le culot!
Le Président: A l'ordre!
M. Bourassa: M. le Président, j'ai dit, en réponse
à une question, que nous avions créé, en
1971, 1972, 1973, 1974 et 1975, 330,000 nouveaux emplois c'est ce
que j'ai dit à la Chambre alors que de 1965 à 1970, il
s'en était créé environ 260,000. Donc, que durant nos cinq
années au pouvoir, nous avions créé beaucoup plus
d'emplois que les cinq années précédentes alors qu'il y
avait eu l'Expo.
M. Morin: Ah oui!
Le Président: Dernière question
supplémentaire!
M. Morin: Comme c'est malin. La main-d'oeuvre augmente aussi
depuis dix ans.
M. Bourassa: Je demande au... Le Président: A
l'ordre, messieurs! M. Vallières: Assis!
M. Bourassa: Le chef de l'Opposition a dit que j'avais induit la
Chambre en erreur. C'est exactement la réponse que j'ai donnée
l'autre fois. Je lui demande de retirer ses paroles.
M. Morin: Non, M. le Président.
M. Bourassa: Je lui demande de retirer ses paroles.
M. Morin: M. le Président...
Le Président: Un instant, un instant!
M. Lacroix: Cela fait assez longtemps qu'il ment à la
Chambre ce menteur-là!
M. Morin: M. le Président, j'espère que tout cela
ne m'empêchera pas de poser mes deux questions
supplémentaires.
M. Bourassa: M. le Président, je demande au chef de
l'Opposition de retirer ses paroles.
Le Président: Est-ce que vous avez... Dans tout le
brouhaha... Les propos du premier ministre sont-ils exacts, selon lesquels vous
auriez déclaré que le premier ministre aurait induit la Chambre
en erreur?
M. Morin: M. le Président, je ne peux pas les retirer
parce que c'est la vérité.
Le Président: A l'ordre, à l'ordre! C'est moi qui
serai obligé de décider.
Prenez-vous cela à votre compte? Vous dites que vous l'avez dit.
Moi, dans tout le brouhaha...
M. Morin: M. le Président...
M. Lessard: Une question de règlement, M. le
Président.
Le Président: Un instant!
M. Lessard: M. le Président, une question de
règlement.
Le Président: Oui.
M. Lessard: Vous avez dit tout à l'heure que concernant
les statistiques, ce n'est pas vous qui alliez décider lequel a
raison.
Le Président: A l'ordre!
M. Lessard: Est-ce que vous allez juger à savoir si les
statistiques du premier ministre sont les vraies statistiques ou si ce sont
celles du chef de l'Opposition?
Le Président: A l'ordre! Ce que vous avez dit est exact.
Je ne veux pas me faire l'arbitre de l'argumentation d'un côté ou
de l'autre. Par contre, si l'honorable chef de l'Opposition a pris à son
compte la phrase dans laquelle il accuse le premier ministre d'avoir induit la
Chambre en erreur, je crois que c'est une accusation que nos règlements
ne permettent pas. Cette partie me concerne, pas les statistiques. Uniquement
cette accusation. Si vous la prenez à votre compte, je vous demande de
la retirer sans aucun commentaire.
M. Morin: M. le Président, puis-je simplement dire que ce
n'est pas la première fois que j'utilise une expression comme
celle-là en Chambre?
Des Voix: A l'ordre!
Le Président: A l'ordre! A l'ordre! Vous récidivez
actuellement. A l'ordre! Asseyez-vous! Asseyez-vous! Asseyez-vous!
C'est moi qui décide si je considère qu'une accusation est
antiparlementaire.
A l'ordre!! c'est moi qui le décide. Autrement, il n'y a pas de
président.
A l'ordre! A l'ordre!
Messieurs, un peu de calme. Autrement, si on n'a pas besoin de
président, on peut abolir le poste. Le règlement
prévoit...
A l'ordre! Le règlement prévoit des responsabilités
et des devoirs au président. Il y a une coutume, que certaines
auccusations, certaines épi-thètes ne sont pas permises et,
à l'occasion, très rarement, j'ai demandé de les
retirer.
Une accusation d'un collègue qu'elle vienne de la droite ou de la
gauche, qu'un collègue en accuse un autre d'induire
délibérément la Chambre en erreur, je crois que ce n'est
pas permis dans un Parlement de notre nature.
Je demande, pour la deuxième fois, sans aucun commentaire...
M. Morin: ... j'ai voulu éviter de traiter de premier
ministre de menteur, M. le Président.
Le Président: Pour la deuxième fois, je vous
demande de le retirer. Pour la troisième fois, je vous demande, est-ce
que vous retirez?
M. Morin: M. le Président, les faits ne me permettent pas
de le faire.
Le Président:... sans commentaires?
M. Morin: Non, M. le Président je ne retire pas
l'expression que j'ai utilisée.
M. Lessard: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président: Je vous enlève le droit de parole
pour la journée, pour la séance.
Messieurs, messieurs, messieurs, j'espérais plus de collaboration
en cette veille d'une fête de fraternité et je me rends compte que
vous ne désirez pas m'offrir une telle collaboration...
M. Morin: M. le Président, ma collaboration vous est
acquise.
Le Président: Je vous ai enlevé le droit de parole,
c'est fait. Avez-vous l'intention de continuer à parler? Parce que je
prendrai mon dernier recours et je vous demanderai de quitter la salle, sans
aucun délai et je vous le dis.
M. Morin: Je voudrais une directive de votre part.
M. Lessard: Je soulève une question de
règlement.
Le Président: II n'en est pas question, si je vous ai
enlevé le droit de parole, je ne vous accorderai pas une demande de
directive.
M. Morin: Je me rends à votre décision.
Le Président: Bon, d'accord. L'incident est clos et vous
n'avez plus le droit de parole pour la séance d'aujourd'hui.
M. Lessard: C'est incroyable.
Le Président: La période des questions est
terminée et nous allons passer aux affaires du jour.
M. Lessard: M. le Président, je soulève une
question de règlement.
M. Levesque: M. le Président...
M. Lessard: C'est la première fois, M. le
Président, question de règlement. C'est la première fois
que vous enlevez le droit de parole au chef de l'Opposition.
Le Président: A l'ordre! Je ne vous permettrai pas de
critiquer ma décision et je vous demande de reprendre votre
siège. Je vous demande de re-prende votre siège
immédiatement. Je ne permettrai pas qu'on critique ma décision.
Vous pouvez être contre ou pour, mais vous devez la respecter.
Voulez-vous vous asseoir? Pour la première fois, je vous demande
de vous asseoir; pour la deuxième fois, je vous demande de vous
asseoir.
Affaires du jour.
M. Levesque: Article...
Le Président: A l'ordre, messieurs, s'il vous
plaît!
M. Levesque: Article 5.
Projet de loi no 9 Prise en considération du
rapport
Le Président: A l'ordre, messieurs! Article 5).
L'honorable député de Saint-Jean, pour l'honorable
député de Gatineau, propose la prise en considération du
rapport de la commission permanente de l'Assemblée nationale qui a
étudié le projet de loi no 9, Loi concernant le financement des
partis politiques et modifiant de nouveau la Loi électorale.
Il y a eu un amendement de déposé de la part du
député d'Outremont. De toute façon, j'ai peut-être
certains doutes sur votre amendement, mais cela ne vous enlève le droit
de parole d'aucune façon. C'est parce que je me demande si, en changeant
le chiffre $400,000 par $1, l'article 70 du règlement ne s'appliquerait
pas...
M. Levesque: C'est évident.
Le Président: Bien oui, mais un instant. Par contre, cela
n'enlève le droit de parole d'aucune façon. Lorsqu'on dit qu'un
amendement est irrecevable si son effet est d'écarter la question
principale, je me demande, si, en changeant $400,000 pour $1, on ne
l'écarte pas; si un amendement était de $200,000 ou de $100,000,
c'est un amendement. De toute façon, cela ne vous enlève pas
votre droit de parole et vous pouvez parler de la même façon;
c'est sur la présentation même de l'amendement. Vous avez un droit
de dix minutes d'intervention sur le rapport.
Motion d'amendement M. Jérôme
Choquette
M. Choquette: Merci, M. le Président. Cependant, je dois
dire, au début de mes observations. M. le Président vous
me permettrez de ne pas acquiescer à votre point de vue sur la
recevabilité de la motion que j'ai présentée hier par
l'entremise du député de Beauce-Sud je tiens à ce
moment-ci à dire que cette motion de réduction de la
dépense, envisagée par le projet de loi no 9, de $400,000
à être distribués entre les partis politiques provinciaux
qui font partie de la chapelle, que cette dépense de $400,000 qu'on se
prépare à faire, je pense que nous sommes tout à fait dans
notre droit et, dans la période d'austérité que nous
vivons actuellement et qui a, forcé le gouverne-
ment à imposer des coupures dans tous les domaines de
l'administration publique, il est tout à fait opportun et
légitime pour moi d'attirer l'attention de ce Parlement et de
l'Assemblée nationale sur l'intérêt qu'il y aurait de
réduire cette dépense prévue de $400,000 à la somme
de $1 ainsi que je l'ai proposé dans ma motion.
M. le Président, je ne reviendrai pas sur les arguments de
principe que j'ai soulevés en deuxième lecture. Je ne crois pas
qu'il s'agisse ici d'une loi qui soit saine dans son principe. En d'autres
termes, je ne pense pas que le gouvernement ait des responsabilités
spécifiques à l'égard des partis politiques. Je ne
reviendrai pas sur l'argument que j'ai soulevé sur le plan des
principes, sur cet argument selon lequel, à mon sens, il s'agit, dans
l'occurrence, d'une dépense de fonds publics qui est inacceptable sur le
plan des principes. Mais je veux, au moment où nous abordons le rapport
sur la discussion du projet de loi no 9, mettre l'accent sur la
nécessité qui s'impose pour tous les administrateurs publics,
à quelque niveau qu'ils se situent, au niveau du gouvernement
fédéral, des gouvernements provinciaux ou des gouvernements
municipaux, de couper leurs dépenses dans une période
inflationniste comme celle que nous connaissons à l'heure actuelle.
M. le Président, je trouve qu'il est tout à fait
scandalisant de voir le gouvernement arriver avec ce projet de loi au moment
où, hier soir même, il demandait à ce même Parlement
d'appliquer des mesures anti-inflationnistes, imitant en cela les
autorités fédérales. Quelle logique, M. le
Président, dans le comportement gouvernemental! Quelle façon
d'envisager l'administration publique que de poser des gestes qui veulent faire
croire à la population québécoise que l'on va restreindre
les dépenses publiques pendant que, le lendemain, alors qu'on proroge la
session, les partis politiques avec le gouvernement en tête ont
accepté un cadeau de $400,000 à se distribuer comme si on
était des larrons en foire.
Eh bien! M. le Président, je le dis aujourd'hui, ce projet de loi
va illustrer le genre d'administration que nous donne le premier ministre
actuel du Québec.
Ce projet de loi, M. le Président, il est tout à fait
à sa mesure. Je pense que, si le premier ministre dans son for
intérieur voulait, à ce moment-ci, faire l'examen consciencieux
de la législation qu'il se prépare à présenter, je
suis sûr que s'il s'écoutait plutôt que d'écouter la
facilité et la façon de procéder par des
expédients, eh bien! ce premier ministre retirerait immédiatement
ce projet de loi.
M. le Président, je vais vous montrer en quelques mots,
jusqu'à quel point il y a un caractère insolite, sinon
indéfendable, à ce projet de loi. Alors que le gouvernement
fédéral annonce ce matin, dans les journaux, qu'il va couper ses
dépenses futures de $1 milliard $600 millions, l'austérité
que le gouvernement fédéral s'impose alors qu'il coupe ses
dépenses, cette austérité n'est pas pour les partis
politiques provinciaux qui font partie de la chapelle et qui vont se diviser le
produit des $400,000.
L'austérité, pour les contribuables fédéraux
qui vont subir l'imposition d'une surtaxe de 10% ainsi qu'il est annoncé
ce matin, n'est pas, cette austérité, pour les partis politiques
provinciaux qui font partie de la chapelle. L'austérité, pour les
contribuables québécois qui devront probablement subir une
augmentation d'impôt au printemps, eh bien! cette austérité
n'est pas pour les partis politiques provinciaux qui font partie de la
chapelle. L'austérité, pour les contribuables de la
Communauté urbaine de Montréal qui subiront incessamment une
hausse de leurs impôts fonciers, cette austérité, M. le
Président, n'est pas pour les partis politiques provinciaux qui font
partie de la chapelle.
L'austérité, dans l'administration du budget provincial
qui entraîne le gel des effectifs et en vertu duquel on impose des
coupures draconiennes dans tous les ministères, cette
austérité, M. le Président, ne s'applique pas aux partis
politiques provinciaux qui font partie de la chapelle.
L'austérité, pour les enseignants à qui on a fait des
offres salariales basses au point d'être provocantes, cette
austérité ne s'applique pas aux partis politiques provinciaux qui
font partie de la chapelle.
L'austérité, pour les chômeurs, à qui le
gouvernement fédéral coupe les vivres, eh bien! cette
austérité, M. le Président, ne s'applique pas aux partis
politiques provinciaux qui font partie de la chapelle.
L'austérité, pour les personnes régies par la Loi du
salaire minimum et la réglementation du salaire minimum, cette
austérité ne s'applique pas aux partis politiques provinciaux qui
font partie de la chapelle.
L'austérité, pour les juges provinciaux j'attire
l'attention du ministre de la Justice qui gagnent presque $20,000 de
moins que les juges de la Cour supérieure, à cause de
l'application justement de ces mesures anti-inflationnistes, cette
austérité qu'on applique aux juges provinciaux ne s'applique pas
aux partis politiques provinciaux qui font partie de la chapelle.
L'austérité, pour les bénéficiaires de l'aide
sociale, l'austérité qu'on leur applique ne s'applique pas aux
partis politiques provinciaux qui font partie de la chapelle.
M. le Président, le montant de $400,000 que l'on veut faire
adopter par cette loi est scandaleusement élevé et résulte
d'une négociation entre les partis politiques intéressés
qui s'apparentent à un complot inqualifiable. Les partis
intéressés se sont entendus comme larrons en foire, pour
dépouiller les contribuables québécois d'une façon
éhontée qui mérite d'être dénoncée
à la face de la province.
Il est temps, M. le Président, que des hommes
s'élèvent dans le Parti libéral, pour dénoncer le
maquignonnage auquel s'est livré leur chef avec les autres partis
politiques. Ce genre de choses ne peut durer, M. le Président. Terminons
par l'hypocrisie du Parti québécois qui hier faisait le geste
vide de sens, celui de renoncer aux augmentations d'indemnité de ses
parlementaires, mais qui aujourd'hui accourt auprès du gouvernement pour
l'aider à adopter cette loi, en vertu de laquelle il, le Parti
québécois, recevra et acceptera $135,000
pour sa collaboration, M. le Président. Que le Parti
libéral reçoive de son côté $200,000 en
reconnaissance de la bonne administration que le gouvernement libéral
donne aux Québécois, dont la Société des alcools
est un exemple cité dans cette Chambre encore ce matin.
Je termine mes propos en disant que je voudrais qu'on se prononce sur ma
motion tendant à réduire la somme à distribuer entre les
partis politiques provinciaux qui font partie de la chapelle à la somme
de $1.
Le Président: L'honorable député de
Lafontaine.
M. Marcel Léger
M. Léger: Je serai d'accord sur certains des propos de
l'ancien ministre de la Justice quand il dit que cette loi ne changera pas
complètement et n'apportera pas complètement le contrôle du
financement et le contrôle de la divulgation des noms des donateurs pour
les caisses électorales. Je suis d'accord avec lui que cela n'aide pas
les partis qui veulent s'autofinancer. Cette loi aurait pu être
l'occasion d'augmenter les possibilités d'un parti de recevoir des
donations ouvertes, claires, et favorisant tous les citoyens, comme la loi
fédérale le permettait par une déduction d'impôt
pour les dons faits à un parti politique, mais d'une façon
ouverte et officielle.
Le gouvernement provincial du Québec était peut-être
le seul qui pouvait apporter une loi sur le financement des partis politiques
qui ait ressemblé à celle du gouvernement fédéral
puisque le gouvernement provincial a son propre impôt. Il n'a pas voulu
le faire et c'est significatif.
Je ne suis quand même pas d'accord avec les affirmations du
député d'Outremont quand il parle de l'indexation des traitements
des députés. Nous étions au courant qu'on aurait pu,
après l'année 1975, en cette Chambre, en 1976, affirmer
candidement que les ministres ou les députés libéraux vont
remettre leur indexation. Nous sommes d'accord que, dans une période
d'austérité, les députés se privent de cette
indexation parce que cela n'entre pas dans les normes actuelles et dans
l'esprit d'austérité qu'on veut faire pour régler le
problème de l'inflation. Mais il faut que tous les députés
soient touchés par cela et non pas seulement certains qui le fassent
pour aller chercher des profits politiques en disant: Moi, je le donne.
Personne ne peut vérifier si c'est le cas. La seule façon
était d'avoir une motion obligeant tous les député de la
Chambre, et c'est ce que j'ai fait hier, à l'unanimité,
d'accepter que l'indexation soit reconnue.
Le Président: A l'ordre! Un instant! L'honorable
député d'Outremont en a parlé comme exemple, rapidement,
comme une courte digression. Je ne voudrais pas que vous fassiez indirectement
ce que vous n'avez pas le droit de faire, et débattre aujourd'hui,
directement, votre motion qui a été refusée par le
consentement de la Chambre hier.
M. Léger: D'accord. Rapidement, je veux simplement noter
une réponse à une intervention du député
d'Outremont. Ce que nous voulions, et c'est pour cela que j'ai
présenté ma motion hier, c'est que tout le monde, que tous les
députés se prononcent en faveur de ce principe. On aurait pu le
faire par un amendement à la loi pour l'année 1976, quitte
à la revoir en 1977. Comme on n'a pas eu l'unanimité qui
était essentielle, pour nous, nous ne croyons pas que des
députés doivent être payés moins cher que d'autres.
C'est pour cela que nous croyons que tous les députés, de quelque
parti que ce soit, doivent suivre la même ligne de conduite. Le
gouvernement aurait dû présenter sa motion à temps pour
qu'elle soit débattue, et corriger la loi pour 1976.
J'avais promis de ne pas m'éterniser là-dessus. Le point
important, dans cette loi qui nous est présentée, est que cette
loi je l'ai dit n'est pas une loi de financement des partis
politiques, c'est une loi de subvention à des partis politiques. Nous
croyons qu'il est essentiel que l'Etat, représentant l'ensemble des
citoyens, fournisse une portion des revenus dont un parti politique a besoin
pour fonctionner entre les quatre ans d'une session ou d'une
Législature. C'est absolument normal, mais ce n'est qu'une subvention
que le gouvernement donne.
Je comprends que le député d'Outremont puisse s'opposer
à cela. Probablement que c'est sur le principe. Je pense aussi que le
fait que son parti ne soit pas reconnu en Chambre ne favorise, dans cette loi,
aucune mesure qui permettrait d'en bénéficier lui-même
d'une partie. C'est normal, sentant que lui-même ne sera pas, comme il
l'a dit, un des larrons en foire, il s'oppose à ce que les autres
pensent d'une façon différente. Ce n'est pas de $120,000 dont le
Parti québécois aurait besoin, c'est de beaucoup plus que cela.
La preuve est que nous allons aller chercher ailleurs notre argent, par un
financement populaire, public, que tout le monde connaît, où
près de 40,000 souscripteurs de notre parti donnent des sommes. C'est
ouvert.
M. Lacroix: A Moscou et à la FTQ aussi.
M. Léger: Pardon?
M. Lacroix: A Moscou et à la FTQ.
M. Léger: Voulez-vous parler de votre siège? Si
vous voulez intervenir, intervenez de votre siège.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Lessard: Vous pouvez intervenir, si vous voulez. Venez dire ce
que vous dites.
M. Léger: Le député des
Iles-de-la-Madeleine, dites-le de votre siège.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Léger: M. le Président, il y a un point
important dans le projet de loi qui n'a pas été touché et
dans le rapport que nous avons aujourd'hui, c'est un point, je pense,
très important au niveau de la participation de l'électorat
québécois à l'élection d'un gouvernement. C'est le
point que nous avons fait valoir, qui a été refusé et qui
n'est pas compris dans le rapport. Nous croyons que, dans ce rapport, on
devrait voir la correction concernant la date du recensement. M. le
Président, je pense qu'il est important que tout le monde sache les
conséquences graves sur une élection provinciale du fait que le
gouvernement a changé la date du recensement. Auparavant, on avait
reculé d'une semaine la date du recensement et le leader du gouvernement
était justement là quand nous avions adopté cette loi il y
a quelques mois. Cette fois-ci, on a demandé dans le projet de loi no 9
de reporter à trois semaines plus tard la date du recensement,
après la fête du travail. Et ceci amène les
conséquences suivantes graves: Premièrement, si la fête du
travail tombe le 1er septembre, lorsque les brefs sont émis avant le 22
août et je le dis lentement pour le journal des Débats, car
c'est important qu'on sache les conséquences de cela le scrutin
peut alors avoir lieu jusqu'au 26 septembre, mais avec les anciennes listes.
Cela veut dire deux inconvénients majeurs...
Le Vice-Président (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous
plaît!
J'ai laissé continuer quelque peu, mais vous comprendrez que cela
n'a aucun rapport avec la motion d'amendement du député
d'Outremont. Ecoutez, si vous en voyez, moi je n'en vois pas du tout. Les
listes de scrutin et les scrutins, on parle d'un montant, une motion
d'amendement de $400,000 à $1 sur le financement de partis
politiques.
M. Roy: M. le Président, j'invoque le
règlement.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): Question de
règlement, le député de Beauce-Sud.
M. Roy: Sur un point de règlement, M. le Président,
lors de la discussion qui suit le dépôt du rapport, on peut se
référer, c'est une tradition qui est établie à
l'Assemblée nationale, à tout ce que le projet de loi contient et
à ce dont il est fait mention dans le rapport. Il n'est pas uniquement
question de la motion comme telle, malgré qu'on peut discuter de la
motion d'amendement, c'est bien normal, mais ce n'est pas exclusif aux motions
d'amendement. D'ailleurs, je me réfère aux propos qu'a tenus le
président de l'Assemblée nationale tout à l'heure, celui
qui vous a précédé au fauteuil.
M. Lessard: M. le Président, sur la question de
règlement.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): Le député
de Saguenay.
M. Lessard: M. le Président, vous savez très bien
que, sur le rapport, la considération du rapport, nous avons le droit de
parler à la fois sur les amendements et à la fois sur le projet
de loi. Je pense que c'est un règlement que vous connaissez très
bien et on n'a pas à distinguer les amendements et le projet de loi
principal. Nous pouvons parler sur les deux.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): Actuellement, nous
discutons sur l'amendement proposé par le député
d'Outremont et il y aura un vote sur cet amendement.
M. Lessard: M. le Président, ce n'est pas cela, nous
discutons de la considération du rapport.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): Actuellement, nous
discutons de la motion d'amendement du député d'Outremont.
M. Lessard: Nous considérons le rapport et, en
considérant le rapport, nous discutons des amendements et même
plus que cela, s'il y avait eu plusieurs amendements, les leaders
parlementaires auraient dû se rencontrer pour discuter des
différents amendements qui auraient dû être apportés
et voir si les amendements étaient ou n'étaient pas les
mêmes. Lorsque nous considérons le rapport, nous avons non
seulement la possibilité de discuter des amendements il aurait pu
avoir dix amendements, quinze amendements mais les amendements sont
organisés à la suite d'une réunion avec les leaders. Nous
avons actuellement un seul amendement, l'amendement s'intègre dans la
considération du rapport, nous considérons le rapport et nous
avons le droit de parler à la fois de l'amendement et à la fois
du rapport. J'espère que...
Le Vice-Président (M. Lamontagne): Parfait, nous
continuerons à parler sur les deux à la fois, mais il y aura deux
votes.
M. Léger: D'accord, M. le Président, je vous
remercie de votre sage décision.
J'étais en train de dire que, dans ce rapport on n'a pas inclus
une correction majeure que nous avions proposée à l'occasion de
l'étude article par article. J'en répète les
conséquences graves pour les prochaines élections au
Québec.
Je disais que retarder de trois semaines la date du recensement
je prends l'hypothèse que si la fête du travail tombe un premier
septembre, lorsque les brefs sont émis avant le 22 août, le
scrutin peut avoir lieu jusqu'au 26 septembre avec les anciennes listes
cela a comme conséquences, d'abord, que les anciennes listes sont faites
au plus loin de la date possible, c'est-à-dire qu'elles sont faites
depuis un an. Or, l'objectif premier de la liste électorale permanente
était d'avoir des listes à jour, et c'est pour cela qu'on la
faisait à chaque année.
Mais là, M. le Président, on aurait une élection
provinciale avec les anciennes listes non corri-
gées, avec les déménagements du mois de juillet et,
en plus de cela, on aurait une campagne électorale en plein
été, au moment où les électeurs ne seraient pas
capables, en grand nombre, de participer à ce choix, à ce
dialogue, à cette confrontation entre les partis politiques qui
préparent une élection qui aurait lieu au mois de septembre.
C'est donc une décision qui va à rencontre du bien
général des électeurs, de tous les citoyens du
Québec. C'est sûr que cela permet aux partis politiques de
s'adapter, d'organiser, chacun dans son milieu, la possibilité de se
préparer à la révision, de voir à ce que des noms
qui ne sont pas là soient mis sur les listes, mais ce n'est pas aux
partis politiques de faire le travail des citoyens.
Il ne faut pas demander aux citoyens eux-mêmes de faire des
efforts héroïques alors qu'on sait fort bien qu'on n'a jamais
atteint un grand pourcentage de votes à l'occasion des élections,
sauf aux élections provinciales où il y a tellement
d'intérêt qu'on va jusqu'à 85% ou 86%. Mais dans les
élections municipales, dans les élections fédérales
et même dans les élections scolaires, on a un pourcentage de vote
tellement bas justement parce qu'on n'a pas incité les gens à
s'en préoccuper, on n'a pas favorisé aux citoyens la
possibilité de jouer un rôle social de participation de plus en
plus grand.
Donc, la première hypothèse est que l'élection
pourrait avoir lieu très tôt, avec tous les inconvénients
que cela comporte: campagne en été, mauvaises listes et,
troisièmement, le fait qu'il y a eu des déménagements qui
viennent d'avoir lieu.
Maintenant, si les brefs sont émis après le 21 août,
le scrutin ne peut avoir lieu avant le 10 novembre. Là on se trouve
à utiliser une nouvelle liste avec un recensement. C'est donc dire
qu'une élection à l'automne ne pourrait se tenir, avec la loi 9
qu'on nous présente aujourd'hui, entre le 26 septembre et le 10
novembre. Donc le choix que le gouvernement aurait serait de faire une
élection hâtive dans une période où les gens ne sont
pas revenus dans les milieux urbains ou de choisir une date tellement tardive
que cela ne donne pas le choix de faire une élection à
l'automne.
A ce moment, si on la fait quand même, à cause du climat
que nous avons au Canada et au Québec, il serait de plus en plus
difficile d'avoir une réponse et d'être chanceux d'avoir une
journée aux alentours du 10 novembre et après le 10 novembre pour
que partout au Québec tout le monde puisse s'exprimer sans
problème de climat.
Un autre inconvénient du fait que l'élection aurait lieu
après le 10 novembre, c'est qu'à cause d'un recensement fait
trois semaines plus tard, nous aurions...
Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît! Je
vous inviterais à compléter en dedans d'une minute, votre temps
est écoulé.
M. Léger: Excusez-moi. Je parlais au nom du parti. Au nom
du parti, dix minutes?
Le Vice-Président: Allez-y.
M. Léger: J'ai droit à vingt minutes. Le
Président: Une demi-heure. M. Levesque: Allez-y.
M. Léger: M. le Président, j'essaie de vous
éclairer...
M. Levesque: Allez-y.
M. Léger: ... pour ne pas faire de...
M. Levesque: II veut nous faire un cadeau de Noël.
M. Léger: M. le Président, une autre
conséquence, c'est le fait que les quelque 1500 municipalités du
Québec vont subir l'inconvénient d'avoir des élections qui
sont faites à date fixe, soit en dehors des dates habituelles,
c'est-à-dire au milieu ou à la fin de novembre, alors que le plus
tard est toujours le premier dimanche de novembre et il pourrait y avoir des
problèmes de non-participation des citoyens à des dates si
tardives.
Je pense que les municipalités n'utiliseront pas les listes
électorales permanentes, ce qui serait malheureux, parce que cela
entraînerait des frais énormes pour ces municipalités ou,
si elles les utilisent, à ce moment, on doit reporter les
élections municipales des 1585 municipalités du Québec
à une date tellement éloignée qu'on risque de compromettre
le résultat démocratique d'une élection municipale.
Pire que cela j'ai parlé du 1er septembre si la
fête du travail tombait le 7 septembre, nous pourrions avoir des
élections qui ne se feraient qu'après le 16 novembre. C'est donc
dire une impossibilité d'avoir des élections en période
d'automne, sous le risque de les faire en hiver, ou le problème est de
les faire tellement tôt que le mois mort d'une élection,
c'est-à-dire la partie de la préparation, du recensement, serait
le mois de septembre, alors que le mois mort devrait être le mois
d'août.
M. le Président, on voit que cette loi a été
préparée uniquement en fonction des problèmes
administratifs que la situation actuelle apporte malgré que les partis
politiques se sont adaptés à ces difficultés du
recensement au début de septembre. Si on s'est adapté, je pense
que c'est que le bureau du président des élections et les partis
politiques doivent s'adapter à cela, mais ce qu'il faut d'abord sauver,
c'est le principe que l'électeur doit avoir une possibilité
normale et humaine de voter.
M. le Président, de la façon que la loi est
présentée, on rend tellement difficile aux citoyens la
possibilité d'aller s'enregistrer que tous les citoyens du Québec
qui ne seraient pas mis sur la liste électorale... Le
député de Saint-Louis me disait justement hier que, dans son
comté, le dernier recensement lui a montré qu'il manquait 20,000
noms sur sa liste. Il y a tellement de déménagements dans son
comté qu'il manquait, après un recensement, 20,000 noms. Dans la
plupart des
comtés, il y a au moins 10% des électeurs qui auraient
droit de vote qui ne pourraient pas être sur la liste électorale
à cause de cela.
Il faut donc voir nécessairement à ce qu'en septembre il y
ait automatiquement, s'il y a une élection, un recensement. Autrement,
on fausse le processus logique d'une élection au Québec. Je pense
qu'il est absolument essentiel qu'on repense cela avant d'adopter la
troisième lecture à moins qu'on ait des intentions bien
précises derrière ce projet de loi qui favoriseraient non pas la
démocratie mais qui favoriseraient le parti qui, lui, sait la date
où il déclenche des élections. Je pensé que c'est
très grave et c'est normal qu'on le dise ici. Il faut corriger cela de
façon que le citoyen qui n'est pas sur la liste... A ce jour, comment
les gens peuvent-ils savoir s'ils sont sur la liste ou non? Quand on dit que
20,000 personnes, dans le comté de Saint-Louis, ne sont pas sur la
liste, quand on dit qu'une moyenne de 10% des gens n'ont pas été
recensés, ces 10%, c'est 3,000, 4,000, 5,000 personnes par
comté.
M. le Président, demandez à un citoyen: Va t'enregistrer.
D'accord, si on le lui dit. Mais comment peut-il savoir qu'il n'est pas sur la
liste quand il y a un nombre tellement élevé de personnes qui ne
sont pas conscientes qu'elles ne sont pas sur la liste et qui ne s'en doutent
même pas? Le jour du vote, elles s'en vont au bureau de scrutin voter et
on leur dit: Votre nom n'est pas sur la liste. Là, elles sont en maudit
pour une journée et attendent un an après cela.
Ce n'est pas facile de le savoir. Quels sont les moyens qu'on a
trouvés dans l'ère 1975 pour informer l'électeur qui n'est
pas sur la liste et l'inciter à aller voter? Les annonces dans les
journaux? Je veux bien croire que beaucoup de gens lisent les journaux mais ce
n'est quand même pas une majorité de gens qui lisent les
journaux.
Deuxièmement, ce n'est pas la majorité des gens qui lisent
les journaux qui vont lire la page d'annonce qui leur dit: Vérifiez si
votre nom est sur la liste.
Et qu'est-ce qu'on a? On a des listes électorales
affichées sur les poteaux. Cela ne dure pas plus qu'une demi-heure sur
un poteau. C'est un objet a retirer rapidement par les enfants qui passent ou
par n'importe quel citoyen qui veut savoir ce qui se passe. J'achève, M.
le Président.
Troisièmement, qu'est-ce qu'on a trouvé? Envoyer une liste
électorale imprimée à toutes les adresses qui ont
été recensées. Autrement dit, tous ceux qui sont sur la
liste, on leur dit: Regardez bien, vous êtes dessus, on vous envoie une
liste. Ceux qui ne sont pas sur la liste ne reçoivent pas de liste
électorale pour vérifier s'ils sont dessus.
Le système, M. le Président, est désuet. Il devrait
y avoir une distribution de porte en porte. Un système existe
déjà, on appelle cela "housekeeper delivery". A toutes les
portes, on devrait recevoir indifféremment, que ce soit quelqu'un qui
soit sur la liste ou non, la liste électorale de façon que les
gens sachent si leur nom est dessus et non pas uniquement ceux qui la
reçoivent.
M. le Président, je termine sur ces considérations en
disant que peut-être que le PNP aurait réagi autrement s'il avait
été un parti reconnu en Chambre mais il n'a pas le droit
d'accuser d'autres partis de vouloir améliorer un système de
financement des partis politiques qui ne règle pas le problème
majeur.
M. le Président, on le sait, la question de favoriser les partis
qui doivent eux-mêmes se financer, à même les fonds de tous
les citoyens qui les appuient, et qui prouvent que, lorsqu'on a beaucoup de
citoyens qui financent un parti, cela veut dire que ce parti représente
une majorité de gens.
Quand il n'y en a que quelques-uns qui donnent la grosse partie du
financement à un parti, c'est parce que ce parti-là travaille
pour la petite minorité.
Le deuxième point, M. le Président, c'est qu'il faut
nécessairement que ce projet de loi permette la divulgation des
donateurs pour permettre que ce soit fait clairement sur la voie publique et
qu'on leur permette de réduire leur impôt, ce qui serait une
incitation pour permettre aux citoyens de bien vouloir participer à
l'action politique et ainsi être mieux renseignés quand ils
votent. Merci, M. le Président.
M. Roy: M. le Président...
Le Vice-Président (M. Lamontagne): L'honorable
député de Beauce-Sud.
M. Fabien Roy
M. Roy: Je viens d'écouter les propos de mon
collègue, l'honorable député de Lafontaine, qui disait que
le PNP ne pouvait pas bénéficier de ce projet de loi et que
c'était une des raisons de notre attitude, selon lui.
M. le Président, je veux le rassurer tout de suite. Sur des
questions de principe, il ne peut pas y avoir de compromis; il ne faut jamais
qu'il y ait de compromis.
Il y a un principe qui est fondamental, c'est que nous n'avons pas
été élus pour nous servir; nous avons été
élus pour servir la population. Je ne vois pas un seul argument,
à l'heure actuelle, un seul argument qui puisse justifier le
gouvernement libéral, le Parti libéral à se camoufler
derrière ce projet de loi pour se faire un cadeau, à la veille
des fêtes, je ne dirais pas de près de $200,000, je dirai de
près de $400,000, parce que cette loi, en vertu de l'article 39, est
rétroactive, c'est-à-dire qu'elle entre en vigueur à
compter du 1er janvier 1975. Donc, c'est $400,000 pour l'année 1975 plus
$400,000 pour l'année 1976, ce qui fait exactement $800,000, dont
environ $380,000 seront donnés au Parti libéral;
c'est-à-dire que le Parti libéral profite de sa grosse
majorité pour prendre le gros paquet, le gros montant, le gros lot dans
ce projet de loi, en tentant de distribuer des montants inférieurs aux
autres partis politiques, selon les reconnaissances ou les tolérances
qui ont été acceptées après les élections du
29 avril 1973.
M. le Président, il y a aussi un principe qu'on ne peut pas, je
pense, dans un régime démocratique comme le nôtre, mettre
de côté. Il appartient à l'électeur de choisir son
parti. Ce n'est pas au gouvernement à déterminer quels seront les
partis qui auront les faveurs du gouvernement, qui auront des caisses
électorales grâce à des subventions gouvernementales ou
non. Ce n'est pas au gouvernement à faire ce genre de choses. Le
gouvernement n'a pas de mandat là-dessus, ce n'est pas une des
responsabilités du gouvernement.
M. le Président, quand on est rendu au point où nous en
sommes présentement, où le ministre des Affaires sociales, ce
matin, n'était même pas capable de me répondre, pour
rassurer la population du Québec quelques jours avant la fête de
Noël, à savoir si les allocations familiales du Québec
seraient indexées; à savoir si les allocations d'aide sociale,
surtout pour certaines catégories de bénéficiaires,
seraient indexées; alors que le ministre des Affaires sociales du
même gouvernement n'est pas capable de nous répondre ce matin, on
s'apprête à prendre $800,000 dans le trésor public pour
tâcher de donner 50% de cet argent pour que le gouvernement se vote, lui,
50% de cet argent à son parti politique, quand on sait si bien, quand on
connaît, à l'heure actuelle, la caisse électorale du Parti
libéral, quand on sait de quelle façon elle est alimentée
et quand on sait qu'il n'y a aucune disposition, dans cette loi, qui permette
de vérifier et qui permette, en quelque sorte, d'éviter les abus
qui doivent être dénoncés. Il n'y a absolument rien.
Alors, le gouvernement se cache derrière la loi pour essayer de
se justifier auprès de la population, parce que le premier ministre a
promis qu'il allait faire quelque chose pour assainir les caisses
électorales. Il va se promener dans le Québec, évidemment,
lorsqu'on le connaît, et il dira: Nous avons posé un geste pour
l'assainissement des caisses électorales, alors que ce ne sera qu'une
farce, une image, une mascarade, une hypocrisie pour tâcher, encore une
fois, de tromper l'électeur du Québec et de tromper le
contribuable du Québec. M. le Président, je ne peux pas et nous
ne pouvons pas souscrire à ce genre de choses. Nous ne pouvons pas, M.
le Président.
Il y a un autre point sur lequel je veux quand même attirer
l'attention de la Chambre, c'est sur ce qui s'est dit, à un moment
donné, au cours de la séance d'hier. Si, ce matin, il y a une
journée supplémentaire à la session, à cause de
l'étude de ce projet de loi, qu'on ne vienne pas accuser deux
députés.
Ce projet de loi a été déposé en
première lecture le 13 novembre; il a été discuté
en deuxième lecture le 4 décembre. Et nous ne nous sommes pas
gênés, mon collègue d'Outremont et moi-même, pour
dire que nous étions contre. Le gouvernement savait que nous
étions contre ce projet de loi, et nous avons dit au gouvernement que
nous allions prendre tous les moyens, en vertu du règlement de la
Chambre, pour que le projet de loi ne soit pas accepté. Cela, le
gouvernement le savait.
Or, si le gouvernement avait la ferme intention d'appeler son projet de
loi envers et contre tous, il aurait pu le présenter pour étude
en commission avant le 18 décembre, c'est-à-dire avant la
journée d'hier, de façon que les délais prévus au
règlement, les différentes étapes prévues dans
notre règlement pour adopter un projet de loi puissent être
respectées. On a voulu jouer de la petite stratégie politique de
fin de session pour obliger, en quelque sorte, les deux députés
qui étaient contre ce projet de loi à donner leur consentement,
pour qu'il y ait consentement unanime, et que le projet de loi puisse
être adopté. Donc, on aurait dit à l'Assemblée
nationale: Ils sont fous, ils ont donné leur consentement pour qu'il
passe, mais ils sont contre la loi. C'est de cette façon qu'on a voulu
procéder.
M. le Président, je tiens à dire à l'honorable
leader du gouvernement, avec votre permission, que sur ce genre de
stratégie politique nous ne fonctionnons pas, nous ne marchons pas. Cela
ne nous empêchera pas, évidemment, de dire ce que nous en
pensons.
Il y a quand même d'autres dispositions dans ce projet de loi. Et
si le projet de loi doit être adopté par l'Assemblée
nationale après des modifications, par conséquent, pour que les
dispositions que nous acceptons dans ce projet de loi soient acceptées,
la motion proposée par mon collègue d'Outremont devrait
également être acceptée de façon à enlever
une section de la loi, c'est-à-dire la motion symbolique de
réduire le budget de $400,000 à $1.
M. le Président, je pense en toute honnêteté, et en
toute justice pour les contribuables du Québec, que le gouvernement
devrait procéder de cette façon. Sinon, on a nettement
l'impression que nous assistons à un échange de cadeaux, que nous
assistons à une distribution de "candies" dans une période
d'austérité, dans une période où le gouvernement
est obligé de couper des budgets dans tous les domaines
d'activité économique à cause des contingences
budgétaires et à cause de la loi qu'il a fait adopter par
l'Assemblée nationale hier.
M. le Président, je demande donc à la Chambre de se
pencher sérieusement sur l'amendement proposé par mon
collègue et d'accepter cet amendement, de façon que les autres
dispositions de la loi puissent être adoptées devant
l'Assemblée nationale.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): L'honorable
député de Saguenay.
M. Lucien Lessard
M. Lessard: M. le Président, très
brièvement, je voudrais dire quelques mots sur ce projet de loi. Je
trouve quand même curieux que le Parti national impopulaire
s'élève contre ce projet de loi. Je pense qu'un parti politique
reconnu par la population pas le Parti national populaire, il n'est pas
encore reconnu par la population est une institution à
l'intérieur d'un système parlementaire très
important. Nous avons toujours dit qu'il y a un principe fondamental, en
politique, qui est important, a savoir: Ois-moi qui te paie, dis-moi qui te
finance, je te dirai pour qui tu gouvernes.
J'ai l'impression, M. le Président, quand j'entends le Parti
national impopulaire, qu'ils ont tout simplement l'intention de se faire
financer parce qu'ils n'ont pas de problèmes d'argentpar
les caisses électorales occultes. Je dis, M. le Président...
M. Choquette: Question de règlement, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): L'honorable
député d'Outremont, question de règlement.
M. Choquette: Le député de Saguenay qui,
manifestement, n'avait pas préparé une intervention intelligente
sur ce rapport et qui est en train de s'égarer, nous prête des
intentions.
Une Voix: II ne vous les prête pas, il vous les donne.
M. Choquette: II nous les donne, d'abord. M. le Président,
je pense que ceci est contraire au règlement et que vous devriez faire
preuve d'une sévérité qui s'apparente à celle du
président de la Chambre à l'égard du chef de
l'Opposition.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): L'honorable
député de Saguenay.
M. Lessard: M. le Président, je dis que...
M. Choquette: J'ai soulevé une question de
règlement, je lui demande de retirer ses paroles. Il n'a pas le droit
d'imputer des motifs à un député en Chambre.
Une Voix: II retire ses paroles.
M. Lessard: A quel motif? Quel motif ai-je prêté au
député?
M. Choquette: Vous nous prêtez des motifs...
M. Lessard: Est-ce que j'ai prêté des motifs au
député d'Outremont?
M. Choquette: Certainement.
M. Lessard: Décidez M. le Président.
Décidez, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): Je n'ai pas
écouté, moi. Je ne l'ai pas écouté.
M. Lessard: M. le Président, je veux tout simplement dire
que ce projet de loi est un premier pas vers la démocratisation des
partis politiques, un premier pas, M. le Président, pour permettre que
la population ait des partis politiques qui soient libres du financement des
grosses compa- gnies. C'est pourquoi le Parti québécois a
appuyé ce projet de loi et va continuer d'appuyer ce premier pas,
même si c'est un balbutiement, vers la démocratisation de la vie
politique au Québec.
Des Voix: Vote.
M. Levesque: M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): Est-ce que tout le
monde est prêt à se prononcer sur l'amendement pour commencer.
M. Levesque: Un instant. Est-ce que j'ai le droit de parole?
Le Vice-Président (M. Lamontagne): Le droit de parole que
vous voulez?
M. Levesque: Oui.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): Le leader du
gouvernement.
M. Gérard-D. Levesque
M. Levesque: M. le Président, je n'aurais que deux mots
à dire là-dessus. Je crois qu'après avoir entendu certains
opinants, on semble avoir oublié que ce projet de loi n'est pas
né d'hier, ni d'aujourd'hui, ni depuis les mesures anti-inflationnistes,
mais fait partie d'un trait de législation qui a été
prévu et planifié déjà depuis longtemps. On sait,
M. le Président, que nous avons voulu nous attaquer à la
réforme électorale et ceci n'est qu'un aspect de cette
réforme. Le gouvernement a présidé à la disparition
des comtés protégés, aux questions du recensement, aux
questions de la réforme de la carte électorale et d'autres
mesures qui ont été prises, afin de donner au Québec une
loi électorale et des comportements électoraux qui soient dignes
de notre population et de nos aspirations, et aspirations les plus
légitimes.
M. le Président, nous n'avons pas terminé cette
réforme. Il nous reste encore à nous attaquer aux contributions
à des fonds électoraux. Ce sera la prochaine réforme
à laquelle nous pourrons nous attaquer, mais il ne faudrait pas prendre
la présente réforme comme hors de son contexte, ce serait
là une erreur et peut-être faire preuve d'une démagogie qui
serait de mauvais aloi. Ceci est une partie de réforme, cela fait partie
d'un train de législation et il n'y a d'autre désir chez nous, M.
le Président, que de nous assurer que la réforme totale et
entière soit faite. Si nous sommes rendus à cette étape,
nous devons y procéder comme nous avons fait pour les autres
étapes. Il est normal que, dans la question du financement des partis
politiques, on touche quelque chose qui doit avoir lieu entre les
élections.
Chronologiquement, nous croyons qu'il était important de passer
à cette phase avant la prochaine qui se trouve à être les
contributions aux fonds électoraux. Alors, M. le Président, je
crois
qu'on ne devrait pas s'opposer à quelque chose qui a
été désiré, par la population et, je pense bien,
par l'ensemble des partis politiques qui a toujours préconisé un
assainissement dans le domaine électoral, un assainissement des fonds
électoraux, un assainissement quant au financement des partis. Cela ne
peut pas se faire par personne, il faut qu'il y ait des fonds, les partis ne
peuvent pas fonctionner, ne peuvent pas avoir toutes leurs activités,
sans qu'ils aient besoin de fonds. Si ces fonds sont publics et qu'ils sont
bien connus, la source des fonds, à ce moment-là, M. le
Président, ne fera pas l'objet de doutes qui seraient de nature à
jeter un malaise, de l'ombre, de l'incertitude, du malaise dans toute cette
situation.
Cela fait partie de l'ensemble d'une question à laquelle nous
nous attaquons, et nous nous y attaquons sérieusement.
Qu'il y en ait qui s'opposent à ce projet de loi, si
j'étais malin, je dirais peut-être qu'ils sont faciles à
identifier parce que l'intérêt est la mesure de l'action, mais je
ne le dirai pas. Je ne veux pas, en cette veille de Noël, être
désagréable pour quiconque, mais je voudrais simplement
répéter que cette loi s'inscrit dans un désir
d'assainissement et dans un désir de pouvoir réellement remplir
nos devoirs vis-à-vis de la population du Québec, mais avec toute
sérénité, avec toute objectivité, étant de
plus en plus sûr que cela se produise pour tous les partis politiques,
dans la plus grande honnêteté et dans la plus grande
objectivité.
Le Président: Nous allons mettre aux voix la motion
d'amendement de l'honorable député d'Outremont. Que ceux qui sont
en faveur de cet amendement veuillent bien lever la main, s'il vous
plaît!
M. Lessard: Vote enregistré, M. le Président.
M. Choquette: Vote enregistré.
Le Président: Vote enregistré. Qu'on appelle les
députés!
Vote sur la motion d'amendement
Le Président: A l'ordre, messieurs!
Que ceux qui sont en faveur de la motion d'amendement proposé par
le député d'Outremont veuillent bien se lever, s'il vous
plaît.
Le Secrétaire adjoint: MM. Choquette, Roy.
Le Président: Que ceux qui sont contre cette motion
d'amendement veuillent bien se lever, s'il vous plaît.
Le Secrétaire adjoint: MM. Bourassa, Levesque, Garneau,
Cloutier, Phaneuf, Lachapelle, Giasson, Goldbloom, Simard, Quenneville, Mme
Bacon, MM. Lalonde, Tetley, Bienvenue, Forget, Cadieux, Houde (Abitibi-Est),
Desjardins, Perreault. Brown, Bossé, Bacon, Lamontagne, Veil- leux,
Brisson, Séguin, Cornellier, Houde (Limoilou), Lafrance, Pilote,
Carpentier, Dionne, Harvey (Charlesbourg), Pelletier, Bellemare (Rosemont),
Bérard, Bonnier, Boutin, Chagnon, Marchand, Ostiguy, Caron,
Côté, Déziel, Dufour, Harvey (Dubuc), Lachance, Lapointe,
Malépart, Massicotte, Mercier, Pagé, Picotte, Tremblay,
Vallières, Verreault, Morin, Léger, Charron, Lessard, Samson,
Bellemare (Johnson), Leduc.
Le Secrétaire: Pour: 2 Contre: 63
Le Président: Cette motion d'amendement est
rejetée.
Vote sur le rapport
Le Président: Maintenant nous allons procéder
à la mise aux voix du rapport proposé par le député
de Saint-Jean, pour le député de Gatineau, c'est-à-dire
à l'adoption du rapport de la commission permanente de
l'Assemblée nationale qui a étudié le projet de loi no 9,
Loi concernant le financement des partis politiques et modifiant de nouveau la
Loi électorale.
Peut-on procéder au vote renversé? Si tout le monde est
d'accord.
M. Choquette: Si vous voulez. Le Président: Oui.
Le Secrétaire adjoint: Pour: 63 Contre: 2 Le
Président: Ce rapport est agréé.
Troisième lecture
M. Levesque: Aura-t-on le consentement pour la troisième
lecture, M. le Président?
M. Roy: II est évident que nous pourrions nous opposer
à ce que la troisième lecture se fasse aujourd'hui.
Une Voix: Pourquoi?
M. Roy: Nous avons voulu illustrer un principe lors de la
discussion sur l'amendement que nous avions proposé concernant les
économies que nous voulons faire faire. M. le Président, si, d'un
côté, on peut difficilement donner notre accord sur la demande de
consentement de la Chambre que vous serez obligé de faire, je tiens
à vous dire que nous allons nous abstenir pour ne pas empêcher la
Chambre de procéder. Nous allons nous abstenir.
Le Président: Y a-t-il consentement unanime à
l'effet de procéder à la troisième lecture du projet de
loi?
M. Roy: Avec deux abstentions, M. le Président.
Une Voix: Ce n'est pas unanime. Il faudrait que vous
sortiez...
Le Président: Messieurs, s'il vous plaît!
Il y a consentement unanime à ce que l'honorable vice-premier
ministre propose la troisième lecture du projet de loi 9, Loi concernant
le financement des partis politiques et modifiant de nouveau la Loi
électorale.
M. Levesque: Adopté.
M. Choquette: Je suis debout, M. le Président. Je vais
prendre la parole. M. le Président, je n'ai pas l'intention...
Le Président: Un instant, s'il vous plaît! Je
voudrais bien clarifier la situation. C'est malheureux que cela arrive au
moment du dernier débat. En vertu de l'article 10, le règlement
sessionnel... Je ne veux pas être désagréable à
quiconque, mais il faudrait faire quand même l'historique de ce
règlement sessionnel. Or, en vertu de notre règlement, en
troisième lecture, le grand principe est qu'uniquement les partis
reconnus, en vertu de la loi et du règlement, ont le droit
d'intervenir.
Mon interprétation est qu'il n'y a que deux partis reconnus dans
cette Assemblée en vertu de notre règlement, soit le parti
ministériel et l'Opposition officielle. De consentement entre ces deux
partis et avec le consentement de la Chambre, au début de la session de
1974 et au début de la session de 1975, il y a eu un règlement
sessionnel qui étendait, de consentement, ce droit de parole au
représentant du Parti créditiste, à l'époque, et au
chef de l'Union Nationale, à partir de 1975. La rédaction est la
suivante, à l'article 10.6 a): Le président peut accorder
à un député n'appartenant pas à un parti reconnu un
temps de parole analogue à celui que prévoit le règlement
pour les chefs des partis reconnus autres que le premier ministre et le chef de
l'Opposition officielle."
Si on s'en tient à l'interprétation littérale de la
rédaction, on pourrait dire qu'il s'agit d'une discrétion qui a
été accordée au président.
Celui-ci peut accorder un temps de parole à un
député n'appartenant pas à un parti reconnu, soit en
l'occurence, les représentants du Parti national populaire ou, nous
avons un indépendant, le député de Taillon. Mais si je me
rappelle bien, cette rédaction n'a pas été faite dans
l'intention de donner un pouvoir discrétionnaire au président. Je
vous parle de l'esprit de la rédaction. C'est qu'on voulait couvrir
tout le monde était d'accord accorder dans tous les
débats et non pas à l'occasion d'un débat que le
président peut, une fois, donner le droit de parole au
député de Rouyn-Noranda ou au député de Johnson et
une autre fois le refuser. Si on fait l'interprétation strictement
littéraire, il peut, cela voudrait dire qu'une fois je pourrais et une
autre fois je ne pourrais pas.
Ce que je veux dire, c'est que l'esprit, à ce moment-là,
était d'accorder ce droit de parole dans tous les débats, soit
sur les déclarations ministérielles ou ailleurs, au
député de Rouyn-Noranda et au député de Johnson. Je
n'aime pas les pouvoirs discrétionnaires et je ne suis pas pour m'en
attribuer de nouveaux.
Le Parti national populaire n'existait pas lors de l'adoption, à
deux occasions, de ce règlement sessionnel. Aujourd'hui, tel que le
règlement me le permet, c'est mon intention, étant donné
que je ne désire pas exercer des pouvoirs discrétionnaires, ne
voulant pas non plus créer des antécédents et des
précédents qui seront réglés à l'occasion
par l'Assemblée, j'ai l'intention, tel que le règlement me le
permet, de...
Je ne dirai pas mon intention tout de suite. Je voudrais plutôt
vous laisser la parole sur la question de règlement si vous voulez
plaider et je rendrai ma décision après.
M. Choquette: Très brièvement, M. le
Président, c'est que quelles qu'aient été les intentions
des rédacteurs du règlement sessionnel auquel vous avez fait
allusion, ce ne sont sûrement pas les intentions de ceux qui y ont
participé tels que vous, tels que le leader du gouvernement, tels que le
leader de l'Opposition qui doivent être votre ligne de conduite. On sait
très bien que dans l'interprétation des lois et des textes
juridiques, il faut se baser sur la rédaction telle qu'elle a
été couchée par écrit, telle qu'elle a
été inscrite au texte auquel on se réfère de telle
sorte que, M. le Président, je ne pense pas que vous puissiez prendre en
considération vos intentions à l'époque de la
rédaction de ce texte. Vous devez vous baser sur l'interprétation
raisonnable et logique que l'on doit donner au texte tel qu'il existe et tel
qu'il est reconnu par le règlement sessionnel.
Je pense que dans ces conditions, M. le Président, vous devez,
compte tenu des circonstances et du désir que j'exprime de prendre la
parole en troisième lecture sur ce projet de loi, m'autoriser à
le faire d'autant plus que je ne pense pas que la manoeuvre que je fasse et que
mon désir de prendre la parole constitue en soi je pense que nos
intentions sont assez évidentes par les gestes que nous avons
posés ce matin de faire encourir des délais inutiles
à la Chambre ou une mesure dilatoire quelconque.
Je pense, M. le Président, que vous devez m'autoriser, comme chef
de parti, surtout en vous prévalant de ce texte, à prendre la
parole en troisième lecture.
Le Président: Est-ce qu'il y a d'autres
députés qui désirent m'éclairer?
M. Levesque: M. le Président, je voudrais bien que l'on
comprenne qu'il n'y a rien de personnel dans les remarques. L'estime que je
porte à tous les députés de cette Chambre inclut les
députés d'Outremont et de Beauce-Sud. Mais, M. le
Président, vous avez fait part à la Chambre de dispositions de
notre règlement et d'amendements ses-sionnels et je crois que pour avoir
le droit de s'exprimer à ce moment-ci, à cette étape-ci de
l'étude de ce projet de loi, il devrait y avoir consentement
unanime.
M. le Président, si nous étions au point où le
député d'Outremont avait une déclaration extrêmement
importante qu'il n'aurait pas eu l'occasion
de faire avant, je pense bien que le consentement unanime serait plus
facile, mais, à ce moment-ci, on sait qu'il y a à peine quelques
minutes, le député d'Outremont a eu l'occasion de dire tout ce
qu'il voulait sur ce projet de loi, à l'étape du rapport.
Personne ne l'a contredit, personne ne l'a interrompu et il a eu,
à ce moment-là, toute la latitude nécessaire. Je ne vois
pas l'à-propos d'un consentement unanime, à ce moment-ci, et
particulièrement du fait que nous avons été
retardés depuis hier, justement à cause d'une procédure
à laquelle a recouru, et c'était son droit, le
député d'Outremont et à laquelle a concouru le
député de Beauce-Sud, je ne vois pas pourquoi, à ce
moment-ci, alors que nous avons des travaux extrêmement importants qui
nous attendent au cabinet et qui sont très importants pour la province,
je puis vous le garantir, je ne vois pas pourquoi nous procéderions
autrement et c'est pourquoi je crois que vous n'avez pas le choix et nous
n'avons pas l'intention de donner notre consentement.
M. Choquette: Nous apprécions votre collaboration.
Le Président: L'honorable député de
Saguenay. Le représentant de l'Opposition officielle, je m'excuse.
M. Lessard: M. le Président, très
brièvement, je pense que nous sommes à la dernière
journée de la session. Il n'y a pas de précédent à
créer; je pense que nous devrions permettre unanimement au
député d'Outremont d'exprimer ce qu'il veut dire en
troisième lecture et, quant à moi, M. le Président, quitte
à modifier les règlements je pense que nous aurons des
réunions pour modifier les règlements et je pense que c'est
important que nous puissions modifier les règlements quant
à nous, en tout cas, pour autant que ce n'est pas un
précédent et cela, je pense, est assez important, pour autant que
ce n'est pas un précédent, nous serions d'accord pour permettre
au député d'Outremont d'exprimer ses divergences sur le projet de
loi, en troisième lecture.
Le Président: L'honorable député de
Johnson.
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, ayant
moi-même bénéficié d'un statut un peu
privilégié le 19 mars dernier, je pense que vous deviez accorder
à l'honorable député d'Outremont, ce matin, le droit de
parole pour quelques instants. Il est sûr que ce qu'il a à dire ne
peut pas être très long puisqu'il a déjà fait son
intervention en deuxième lecture et sur la motion qu'il a
présentée.
Mais, devant le geste aussi très significatif qu'il a posé
dans l'intérêt de tout le monde ce matin, je pense qu'en ne
refusant pas sa collaboration, il a prouvé à tout le monde qu'il
faisait là un geste qui mérite d'être signalé.
En vertu de nos règlements, M. le Président, il aurait pu
facilement, et de son droit comme parlementaire, comme député de
cette Chambre, s'opposer et on aurait été obligé de
revenir, pour être selon le règlement, lundi ou mardi.
Alors, M. le Président, dans les circonstances, ayant
moi-même bénéficié de cet amendement à
l'article 10, je pense que je suis le mieux placé pour vous demander que
les quelques paroles qu'il a à adresser... Je sais...
Le Président: Veuillez vous adresser à la Chambre,
je ne me reconnais pas ce pouvoir.
M. Bellemare (Johnson): Bon, à la Chambre. Alors,
messieurs, faites donc un geste noble, faites donc un geste
généreux et accordez donc, pour quelques instants, ce droit de
parole à l'unanimité. Cela finirait, je pense, la session dans un
accord et dans une fraternité qui seraient dignes d'éloges.
M. Roy: M. le Président, quelques mots seulement, d'abord
pour remercier mon collègue de Saguenay ainsi que le chef de l'Union
Nationale, le député de Johnson, de leur appui aux demandes que
nous avons faites. M. le Président, je voudrais vous résumer
brièvement toutes les discussions qui ont eu lieu depuis le
début, au moment où nous nous sommes retrouvés, à
l'Assemblée nationale, quatre partis, c'est-à-dire quatre groupes
de parlementaires de formations politiques différentes. On se rappellera
les propos qu'avait tenus à l'occasion le défunt Pierre Laporte,
notre collègue. Il avait dit qu'il fallait, de toute urgence, faire en
sorte que la Loi de la Législature et le règlement de la Chambre
soient adaptés en tenant compte des circonstances du moment, de
façon à ne pas brimer les droits de ceux que la population a
élus pour la représenter ici même à
l'Assemblée nationale.
M. le Président, le règlement en a tenu compte à
venir jusqu'à maintenant. Et avec les amendements sessionnels qui ont
été adoptés le 21 mars 1974 et qui ont été
adoptés à nouveau le 19 mars 1975, le règlement vous donne
assez de souplesse pour tenir compte des circonstances. Vous aviez dit
vous-même à ce moment-là que vous ne pouviez pas
prévoir tout ce qui pourrait survenir au cours de la 30e
Législature. C'est évident, c'est clair. Alors, il y a des
circonstances qui sont survenues, M. le Président; vous devez en tenir
compte. Je pense que le principe qui doit être retenu au-dessus de
n'importe quel autre principe, c'est qu'il faut permettre aux élus du
peuple de se faire entendre devant l'Assemblée nationale et de faire
connaître leurs opinions quand il y a des projets de loi comme celui que
nous avons devant nous ce matin.
M. Choquette: M. le Président, si vous permettez...
Le Président: Vous êtes déjà
intervenu.
M. Choquette: Oui, je veux conclure sur la question de
règlement et, comme je l'ai dit, M. le Président, je pense que
mon attitude est assez significative; c'est que je n'ai pas l'intention de
faire
perdre du temps inutilement à cette Chambre. Je dis ceci: Vous
n'avez pas le droit de vous défiler devant vos responsabilités en
vertu de ce règlement sessionnel. Ce n'est pas votre habitude que de
vous décharger des responsabilités qui vous incombent. Pour moi,
le texte est absolument clair; il ne souffre d'aucune espèce
d'ambiguïté. Vous ne pouvez même pas envoyer la question pour
obtenir un consentement que le leader du gouvernement nous refuse par
mesquinerie. J'ai posé ce matin un geste de bonne volonté
à l'égard de tous les députés de la Chambre...
Le Président: A l'ordre!
M. Choquette: ... pour leur permettre de retourner dans leurs
familles, alors que je suis sorti délibérément de la
Chambre pour qu'on puisse aborder la discussion en troisième lecture. Eh
bien! voilà comment on est payé de reconnaissance, M. le
Président, par ce parti mou et hypocrite à la fois.
Le Président: A l'ordre!
M. Choquette: M. le Président, je vous le dis, vous n'avez
pas le droit...
Le Président: A l'ordre! A l'ordre! Je suis debout.
Ecoutez, j'ai expliqué tout à l'heure, j'ai fait l'historique de
cet article. J'ai eu l'occasion d'en discuter avec certains leaders
parlementaires, autant de la droite que de la gauche. J'ai remarqué,
dans les propos également du député de Saguenay et
même du député de Johnson, que l'interprétation ne
semble pas aussi claire que semble le désirer le député
d'Outremont. Dans cette explication, j'ai fait mon lit et je n'ai pas
l'intention d'en dévier. Je vous dis que ce n'est pas un pouvoir
discrétionnaire que j'ai. Cela a toujours été mon habitude
de juger je ne suis pas ici comme un juge, comme un tribunal mais
je respecte plus l'esprit que la lettre même du règlement.
Il est vrai également qu'il y a une sous-commission qui va
étudier le règlement il est vrai qu'on ne peut pas tout
prévoir dans un règlement durant l'intersession, je suis
prêt à collaborer, lors de la prochaine session pour que cet
article sessionnel soit clarifié. Mais mon interprétation demeure
la même, quitte à solliciter le consentement de la Chambre pour
qu'un droit de parole de quelques minutes soit accordé, autrement je
demande des directives. Et s'il n'y a pas un consentement unanime, c'est avec
beaucoup de regret que je ne pourrai pas accorder la parole au
député d'Outremont.
Est-ce qu'il y a un consentement unanime?
Des Voix: Non.
M. Lessard: M. le Président, quant à nous...
Le Président: A l'ordre! A l'ordre! A l'ordre Est-ce qu'il
y a un consentement unanime?
M. Leduc: Non, M. le Président.
Le Président: D'accord. Cette motion de troisième
lecture est-elle adoptée?
Des Voix: Adopté.
M. Roy: M. le Président, je m'excuse, elle ne sera
certainement pas adoptée à l'unanimité. Alors, je demande
un vote enregistré.
Le Président: Est-ce qu'il y a un vote?
M. Lessard: M. le Président, d'accord, vote
enregistré.
Le Président: Est-ce qu'on peut se servir du vote de tout
à l'heure qui est à peu près...
M. Levesque: Vote enregistré. Le Président: Qu'on
appelle les députés.
Vote de troisième lecture
Le Président: A l'ordre, messieurs!
Que ceux qui sont en faveur de cette motion de troisième lecture
du projet de loi no 9 veuillent bien se lever, s'il vous plaît.
Le Secrétaire adjoint: MM. Bourassa, Levesque, Garneau,
Cloutier, Lachapelle, Giasson, Goldbloom, Quenneville, Mme Bacon, MM. Lalonde,
Tetley, Bienvenue, Forget, Cadieux, Houde (Abitibi-Est), Desjardins, Perreault,
Brown, Bossé, Bacon, Lamontagne, Veilleux, Brisson, Séguin,
Cornellier, Houde (Limoilou), Lafrance, Pilote, Picard, Carpentier, Dionne,
Faucher, Saint-Germain, Harvey (Charlesbourg), Pelletier, Bellemare (Rosemont),
Bérard, Bonnier, Boutin, Chagnon, Marchand, Ostiguy, Caron,
Côté, Déziel, Dufour, Har-vey (Dubuc), Lapointe,
Malépart, Massicotte, Pagé, Picotte, Tremblay, Vallières,
Verreault, Morin, Léger, Charron, Lessard, Bédard (Chicoutimi),
Samson, Bellemare (Johnson), Leduc.
Le Président: Que ceux qui sont contre cette motion
veuillent bien se lever, s'il vous plaît.
Le Secrétaire adjoint: MM. Choquette, Roy.
Le Secrétaire: Pour: 63 Contre: 2
Le Président: Cette motion est adoptée. Maintenant
l'Assemblée va suspendre ses travaux pour dix minutes.
M. Levesque: II y a la sanction?
Le Président: Oui, nous allons suspendre pour dix minutes,
pour la sanction.
M. Levesque: D'accord.
Le Président: Nous irons faire sanctionner...
M. Levesque: La prorogation aura lieu après, le
lieutenant-gouverneur revient ici après.
Le Président: Oui, nous allons à la sanction
immédiatement et les travaux reprendront dans une dizaine de
minutes.
L'honorable lieutenant-gouverneur.
Prorogation de la session L'honorable
lieutenant-gouverneur
Le Lieutenant-gouverneur: Madame et messieurs de
l'Assemblée nationale, toutes les sociétés
développées du monde vivent présentement une
période relativement difficile. La conjoncture économique
internationale impose, en effet, à tous les gouvernements des
contraintes évidentes dans la poursuite de leur objectif de
développement. Le Québec ne fait pas exception et tout au long de
cette troisième session de la 30e Législature, vous en avez bien
pris conscience et vous avez voulu, au niveau de l'action, prendre les mesures
appropriées pour maintenir à son plus haut degré la
confiance que les Québécois ont dans l'avenir de leur
société.
Cette Assemblée a, en effet, eu l'occasion de continuer de
développer les politiques économiques, sociales et culturelles du
Québec et d'apporter des améliorations significatives à la
qualité de la vie démocratique et de l'administration publique
québécoise.
Madame et messieurs de l'Assemblée nationale, en prorogeant cette
troisième session de la 30e Législature, je veux, au nom de tous
les Québécois, vous remercier du travail accompli et vous offrir,
à l'occasion de la fête de Noël, mes voeux les plus
sincères. C'est avec confiance que le Québec tourne maintenant
son regard vers l'année qui vient, une année que tous les
Québécois veulent remplie de joie, de bonheur et de
prospérité.
The people of Quebec is now looking forward with confidence to the
coming year, a year that they wish to be filled with joy, happiness and
prosperity.
Cette nouvelle année nous permettra de partager, à
l'occasion de la tenue des Jeux olympiques, avec toute la jeunesse du monde,
notre fierté d'être Québécois et notre
détermination à bâtir ici une société moderne
ouverte sur les autres et respectueuse de la liberté et de la
dignité humaine.
Le Président: C'est le désir de l'honorable
lieutenant-gouverneur de la province de Québec que cette
Législature soit prorogée sine die. Et, conséquemment, la
présente Législature est prorogée sine die.
Souhaits des Fêtes
M. Bourassa: D'abord, je me permettrai de demander le
consentement unanime de la Chambre pour permettre au chef de l'Opposition de
dire...
Le Président: Ce n'est même pas nécessaire,
la session et la séance sont terminées.
M. Bourassa: J'aurais voulu faire un cadeau de Noël au chef
de l'Opposition.
M. Morin: J'accepte quand même le cadeau.
M. Robert Bourassa
M. Bourassa: D'accord. Nous pourrons reprendre la bataille des
statistiques.
Je veux souhaiter de joyeuses fêtes à tous mes
collègues de l'Assemblée nationale, du caucus et des partis de
l'Opposition. Encore une fois, nous avons accompli un travail très
productif et, encore une fois, cela devient une tradition, nous n'avons pas eu
besoin de la motion de la fin de session; c'est dire que ceci est dû
très largement au travail des leaders, notamment du leader du
gouvernement, au ministre de la Justice.
Je n'ai pas l'intention de résumer, sauf en quelques mots, le
travail d'une année, ce qui a été fait en 1975; dans le
domaine financier, on le sait, des réductions très
importantes.
Dans le domaine économique, la situation a été plus
difficile, mais nous avons quand même eu une performance
supérieure à celle du Canada. Dans le domaine de
l'intégrité administrative, nous avons mené une lutte sans
précédent au crime organisé. Nous avons enfin poursuivi de
grands projets où sont impliqués l'avenir économique du
Québec et la fierté des Québécois.
Il sera essentiel, au cours des prochains mois, de retrouver,
d'établir et de continuer au maximum cette solidarité des
Québécois, de manière à réussir les Jeux
olympiques.
M. le Président, je veux également souhaiter de Joyeuses
Fêtes à tout le personnel de l'Assemblée nationale, tous
ceux qui travaillent directement et indirectement à la poursuite et au
maintien des services de la session de même qu'aux membres de la tribune
de la presse.
M. Jacques-Yvan Morin
M. Morin: M. le Président, à la fin d'une
année qui a été difficile pour beaucoup de
Québécois, il nous faut souhaiter avant tout, à l'occasion
de la fête de Noël et au seuil de cette nouvelle année, que
les jours sombres feront place à une situation plus saine sur les plans
économique et social.
Pour cela, il faudra naturellement qu'en 1976 les
Québécois développent leur sens communautaire et, plus
qu'hier, fassent passer les préoccupations collectives avant
l'intérêt personnel.
S'il est un moment où l'on peut se rappeler ces exigences de
notre condition sociale et de notre condition nationale, c'est bien le temps de
Noël où nous sommes plus disponibles pour partager, plus
disponibles pour nous sentir en famille. C'est dans ce sens que je veux
souhaiter de bonnes et heureuses Fêtes à tous mes collègues
de l'Assemblée nationale, à vous, M. le Président, ainsi
qu'aux fonctionnaires de l'Assemblée, aux secrétaires, à
tous nos collaborateurs, les huissiers, les pages, tous ceux sans qui la
tâche de légiférer et de définir des politiques
saines pour
l'avenir du Québec, serait beaucoup plus lourde à porter
qu'elle ne l'est. A tous donc, M. le Président, un Noël de joie et
une année heureuse et prospère. Merci.
Le Président: L'honorable député de
Rouyn-Noranda.
M. Camil Samson
M. Samson: M. le Présidnet, en cette fin de session et
à la veille de Noël, je pense que nous devons nous rappeler, en
tant que parlementaires, que le travail d'un parlementaire est un travail dur
et parfois même de haute pression. Mais cela ne doit pas nous faire
oublier que, même si nous avons dû, depuis le déput de la
présente session ou de la session qui a été
prorogée croiser le fer durement entre adversaires, parfois, le
"Paix sur la terre aux hommes de bonne volonté" doit nous rappeler
qu'une fois la bataille terminée, nous devons reconnaître,
même dans l'adversité, des hommes, des êtres humains.
M. le Président, c'est à eux que je souhaite un joyeux
Noël et une bonne et heureuse année, parce qu'on ne se reverra pas
avant ce temps-là, à tous les membres de l'Assemblée
nationale, madame et messieurs, et également à vos familles. Mes
voeux s'étendent à tout le personnel qui gravite autour de
l'Assemblée nationale, que ce soient les membres de la tribune de la
presse, les employés du restaurant Le Parlementaire qui, comme vous le
savez, ont un travail assez difficile, le journal des Débats, les
huissiers, les pages, les employés en général, nos
secrétaires et même, comme quelqu'un l'a suggéré,
ceux qui vous assistent à la salle de lecture.
M. le Président, si, au cours de cette session, dans mon travail
j'ai dû croiser le fer durement j'avais blessé
quelqu'un en particulier, je vous dis qu'à la veille de Noël, nous
devons oublier cela. Nous devons, à la veille de Noël, penser
à cette fête qui doit réunir tous les hommes de bonne
volonté.
M. le Président
Le Président: Mes chers collègues, nous allons nous
quitter dans quelques instants pour nous revoir très prochainement.
Je voudrais, au nom de toute l'Assemblée et en mon nom personnel,
réitérer nos meilleurs voeux et notre appréciation
à tous ceux qui gravitent, comme le disait le député de
Rouyn-Noranda, autour de cette première institution du
Québec.
Je vous souhaite, à vous tous, à tous les vôtres et
également à nous tous, autant pour cette période qui suit
la session que, surtout, pour la nouvelle qui reviendra très
bientôt, beaucoup d'amour et beaucoup de paix.
J'espère que nous pourrons nous donner la main, ici, avant de
sortir et peut-être lever un verre à la bonne santé du
Québec. Merci.
(Fin de la séance à 12 h 46)