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(Quinze heures quinze minutes)
M. Lavoie (président): A l'ordre, messieurs!
Affaires courantes.
Dépôt de rapports de commissions élues.
Dépôt de rapports du greffier en loi sur les projets de loi
privés.
Présentation de motions non annoncées.
Changement de membre de commission
M. Burns: Je propose que le nom de M. Marc-André
Bédard soit remplacé par celui de M. Robert Burns à la
commission parlementaire de l'agriculture.
M. Levesque: Vote enregistré. Le Président:
Qu'on appelle les députés!
Vote sur la motion
Le Président: A l'ordre, messieurs! Que ceux qui sont en
faveur de la motion de l'honorable député de Maisonneuve
veuillent bien se lever, s'il vous plaît.
Le Secrétaire adjoint: MM. Morin, Burns, Léger,
Lessard, Bédard (Chicoutimi), Levesque, Blank, Mailloux, Garneau,
Phaneuf, Lachapelle, Berthiaume, Cournoyer, Goldbloom, Quenneville, Drummond,
Lacroix, Harvey (Jonquière), Vaillancourt, Arsenault, Houde (Fabre),
Massé, Perreault, Brown, Kennedy, Bacon, Bédard (Montmorency),
Veilleux, Brisson, Séguin, Saindon, Cornellier, Houde (Limoilou),
Lafrance, Pilote, Picard, Carpentier, Faucher, Harvey (Charlesbourg), Shanks,
Springate, Pepin, Bérard, Bonnier, Chagnon, Marchand, Ostiguy, Caron,
Déziel, Harvey (Dubuc), Lachance, Lecours, Malépart, Massicotte,
Mercier, Pagé, Sylvain, Tardif, Tremblay, Samson, Choquette, Roy.
Le Secrétaire: Pour: 62 Contre: 0
Le Président: Cette motion est adoptée.
M. Levesque: M. le Président, je voudrais faire une motion
qui prendrait effet probablement durant l'intersession.
Convocation de la commission de l'assemblée
nationale
Le Président: Continuez. Je proposerais peut-être
qu'il y ait une première réunion de la commission de
l'assemblée nationale dans le courant de la semaine, si c'était
possible, pour former des sous-comités.
M. Levesque: D'accord. Alors, M. le Président, je fais
motion pour que la commission de l'assemblée nationale se
réunisse aux fins, premièrement, de proposer les transformations
qui s'imposent à la Loi de la Législature; deuxièmement,
de proposer les modifications nécessaires au règlement de
l'Assemblée nationale; troisièmement, d'examiner la question de
la législation déléguée et la façon dont le
pouvoir réglementaire doit être assujetti au contrôle
parlementaire. Cette commission serait autorisée à faire, de
temps à autre, des rapports exprimant ses observations et ses vues sur
ces affaires et à envoyer chercher les personnes, les pièces et
les dossiers dont on aura besoin. Les documents de travail seront soumis
à l'attention des membres de la commission.
M. Burns: M. le Président, relativement à la
motion, est-elle débattable?
Le Président: Je n'en suis pas sûr. M. Burns:
II me semble que oui.
Le Président: Dites quelques mots et je verrai. Si c'est
trop corsé, peut-être que ça ne le deviendra plus.
M. Burns: Vous voulez que je dise quelques mots pour vous donner
le temps d'y penser. Je vous vois venir.
M. le Président, ce sera très bref. Je suis très
heureux, très heureux qu'une conférence de presse de l'Opposition
ait donné, déjà dans l'immédiat, des
résultats aussi concrets. Le chef de l'Opposition et moi-même, ce
matin, nous avons donné une conférence de presse relativement au
peu de substance que le gouvernement nous a amenés à examiner
tout au cours de cette session. Trois des problèmes que nous avons
soulevés étaient l'absence de projet concret de révision
de la Loi de la Législature, bien que c'était annoncé dans
le discours inaugural qui avait été présenté au
mois de mars dernier par le lieutenant-gouverneur, au nom du gouvernement,
l'absence de toute mesure relativement à la réglementation
nouvelle qui devait, éventuellement, nous être
présentée et l'absence surtout de mesures, de la part du
gouvernement, relativement à la réglementation
déléguée, chose qui, tout le monde le sait, avait
été l'objet de remarques de la part du Barreau et de la part,
entre autres, des jeunes chambres.
En ce qui nous concerne, M. le Président, nous voterons pour
cette mesure, mais j'espère que les 81 autres points que nous avons
soulevés ce matin feront également l'objet, de la part du
gouvernement, d'attitudes très précises relativement à sa
législation, quitte à ce qu'il avoue, par le fait même,
qu'il n'a pas dans plus de 25% des cas, donné suite à des
propositions et à des espoirs qu'il donnait à la population lors
du dépôt du discours inaugural.
En ce qui nous concerne, M. le Président, quant à cette
partie très infime des remarques que nous faisions ce matin, nous sommes
entièrement d'accord sur le fait de voter pour qu'on se mette en marche
dans ces domaines.
M. Levesque: M. le Président, exerçant mon droit de
réplique, je voudrais tout simplement rappeler à l'honorable
député de Maisonneuve que je n'ai aucunement l'intention de lui
enlever la jouissance dont il vient de nous faire part et je ne voudrais pas
lui enlever ces quelques moments d'euphorie. Mais la vérité ayant
ses droits, vous savez comme moi, M. le Président, que cette motion fait
suite à une décision qui a été prise il y a
déjà pas mal de temps.
Quant aux remarques de l'honorable député de Maisonneuve
à l'effet qu'il y avait certains points qu'il a couverts dans sa
conférence de presse, je dois d'abord m'excuser auprès de lui de
ne pas être au courant de cette conférence de presse;
deuxièmement, M. le Président, quant aux points qu'il a
soulevés avec le chef de l'Opposition...
M. Burns: Vous en prendrez bien...
M. Levesque: ... nous allons sûrement avoir l'occasion d'en
prendre connaissance.
M. Burns: C'est ce que j'allais dire, vous en prendrez
connaissance en temps et lieu.
M. Levesque: Le droit de réplique appartient à un
seul, d'après nos règlements.
M. Burns: C'était pour vous aider dans votre droit de
réplique.
M. Levesque: Je ferai remarquer à l'honorable
député de Maisonneuve que les points qu'il peut soulever ne sont
pas nécessairement ceux qui sont attendus par la population. Le
gouvernement actuel est très sensible aux besoins réels de la
population mais essaie de se dissocier d'une certaine sphère dans
laquelle d'autres ont évolué et qui ont connu récemment
les résultats de ces fréquentations.
Le Président: Cette motion est-elle...
M. Burns: M. le Président, en vertu de l'article 96. On
interprète mal ce que je viens de dire. Je n'ai pas dit, et à
aucun moment dans mon intervention c'est peut-être pour cela que
le leader du gouvernement devra réviser ce qu'il vient tout juste de
dire que c'était le programme du Parti québécois
qui avait fait l'objet de la conférence do presse de ce matin;
c'était, au contraire, le dis cours inaugural et c'était à
peine 25% des promesses, des quelque 83 promesses faites dans le discours
inaugural qui ont été soulevées de notre part,
n'ayant...
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît! Ecoutez,
c'est cela, je m'en doutais, je m'en doutais.
M. Levesque: ... pour que j'aie la réplique dont parle les
règlements. M. le Président, je suis heureux de voir que le
député de Maisonneuve dissocie le programme du Parti
québécois des besoins véritables du peuple.
Le Président: A l'ordre! Cette motion est-elle
adoptée?
M. Burns: Adopté.
Le Président: Adopté.
Est-ce qu'il y a d'autres motions non annoncées?
M. Levesque: Continuons.
Le Président:
Présentation de projets de loi au nom du gouvernement.
Présentation de projets de loi au nom des
députés.
Déclarations ministérielles. Dépôt de
documents. Questions orales des députés.
QUESTIONS DES DÉPUTÉS
Conflit au sujet du gaz naturel
M. Lessard: M. le Président, on me souligne encore
l'absence du Solliciteur général. Etant donné que le
député de Chicoutimi avait des questions importantes à lui
poser, en son absence j'adresserai ma question au ministre des Richesses
naturelles. Je désirerais avoir certaines explications concernant une
déclaration qu'il a déjà faite en Chambre. En effet,
à la suite d'une question que je soulevais il y a quelques semaines
concernant le conflit entre SOQUIP et Trans-Canada Pipe-Lines, le ministre des
Richesses naturelles me répondait qu'il ne saurait que faire avec tout
le gaz naturel qu'il pourrait importer de l'Alberta.
Le ministre pourrait-il me dire, suite à cette
déclaration, si la politique gouvernementale a été
modifiée depuis le 3 juin 1974, alors que M. Guy Saint-Pierre, ministre
de l'Industrie et du Commerce, déclarait, devant la Chambre de commerce
du Canada et d'Israël, que les quotas qui sont présentement
imposés dans l'importation du gaz naturel par le Québec sont
totalement, entièrement et sans aucun doute inacceptables. Il ajoutait:
Plusieurs investissements industriels qui représentent des millions de
dollars sont actuellement gelés et ne peuvent se concrétiser,
parce que nous ne pouvons être assurés de notre approvisionnement
en énergie. M. Saint-Pierre de conclure, et je termine, M. le
Président: Nous ne pouvons tolérer une telle situation et au
cours des prochaines semaines, nous avons l'intention d'établir
clairement notre position. Sans doute M. Saint-Pierre parlait-il de
négociations avec le gouvernement fédéral à ce
sujet.
J'aimerais savoir, M. le Président, s'il y a conflit entre les
déclarations de M. Saint-Pierre et la dernière déclaration
du ministre des Richesses naturelles à ce sujet et comment on explique
en fait deux déclarations si contradictoires.
M. Cournoyer: II n'y a pas de conflit entre la déclaration
de M. Saint-Pierre et la mienne. Les
circonstances dans lesquelles M. Saint-Pierre a fait sa
déclaration sont assez particulières. Il s'agit de 1974.
Nous sommes en 1975 et il s'agit de savoir ce que nous ferions avec un
surplus de gaz dans la province de Québec. Comme la Corporation du gaz
métropolitain exerce son option de ne pas prendre de gaz actuellement,
il est fort juste de dire que nous ne saurions quoi faire avec le gaz que nous
aurions en surplus, en vertu de la politique canadienne. Il n'y a pas de
débouché actuel pour le gaz.
En vertu d'une politique et je l'annoncerai, la politique, quand
j'aurai décidé de le faire, n'est-ce pas? Je vous ai dit cela
aussi la dernière fois de développement du gaz ou de
l'utilisation du gaz, il est fort possible que nous insistions pour qu'un
réseau existe. Mais comme il n'existe pas au moment où nous
parlons, le trop plein de gaz, nous le refoulons vers l'Ontario alors
qu'effectivement une de mes sociétés, la société
SOQUIP, a acheté du gaz en Alberta directement, pour les besoins de
SIDBEQ. Quand cela arrive ici, dans le même tuyau, personne ne se demande
si c'est du gaz qui sent ce que devrait sentir le gaz de SOQUIP par rapport au
gaz de Panalberta Gas Trunk; il arrive dans le même tuyau.
Quand on me dit, d'un côté, qu'on refoule du gaz vers
l'Ontario, je suis, semble-t-il, légitimé de dire que le conflit
qui existe est un conflit qui est sans nom pour le moment parce que si j'en
avais plus, comme le député me disait dans sa déclaration
préliminaire la semaine dernière, je répète ce que
je disais, je ne saurais qu'en faire.
M. Lessard: Question additionnelle. J'ai ici un article du
journal La Presse du 17 décembre 1974 où on dit: Si le Canada
continue à exporter 38% de son gaz, Gaz métropolitain sera
forcé d'importer d'Algérie.
Comment le ministre peut-il concilier sa déclaration, qu'il vient
de réaffirmer, avec le fait que la société Gaz
métropolitain n'a pu recevoir, l'an dernier, selon cet article, de
l'Alberta tout le gaz naturel nécessaire pour satisfaire sa
clientèle et ne peut obtenir le volume de gaz canadien requis pour
prolonger son réseau à Bécancour, à Sherbrooke,
Trois-Rivières et Québec? L'an dernier, l'Alberta a refusé
à la société Gaz métropolitain la moitié ou
une partie du gaz dont elle avait besoin.
M. Cournoyer: Etant donné qu'on parle d'articles de
journaux, si vous laissez les journalistes s'engueuler les uns les autres, je
vous répète que la Gazette de la semaine dernière disait
qu'on avait trop de gaz ici, qu'on n'en avait pas besoin. Prenez les
journalistes ensemble. Moi, je ne me souviens pas où on a
déclaré cela, ce que le député de Saguenay rapporte
comme ayant été déclaré en 1974. En 1975, il y a
quelqu'un qui a dit la même chose que moi; je ne connais pas le nom et je
ne sais même pas qui c'est. Il a écrit cela dans la Gazette, la
semaine passée. Ce sont les journalistes qui se disent des affaires; ce
n'est pas moi qui ai dit cela.
M. Lessard: La société Gaz
métropolitain...
M. Cournoyer: C'est le journal qui dit cela. Cela ne veut pas
dire que, parce qu'un journal dit quelque chose, c'est vrai.
M. Lessard: Je ne comprends plus où est le ministre; je ne
comprends absolument plus rien.
M. Cournoyer: II rapporte quelque chose qu'il a entendu.
M. Lessard: Le ministre de l'Industrie et du Commerce disait
quoi, l'an dernier?
Le Président: A l'ordre! A l'ordre!
M. Cournoyer: M. le Président, c'est un débat.
M. Lessard: Cela a changé comme cela dans un an.
Le Président: A l'ordre! A l'ordre! Le chef de
l'Opposition officielle.
Commission des droits de la personne
M. Morin: M. le Président, ma question est destinée
au ministre de la Justice, mais elle intéresse également cette
Assemblée. La Commission des droits de la personne a été
créée, il y a six mois; elle est entrée en fonction
depuis. Or, elle est menacée de tomber dans l'illégalité
à compter du 1er janvier prochain si l'Assemblée nationale ne
nomme pas les membres qui lui manquent, à l'heure actuelle, en vertu de
l'article 58 de la Charte des droits.
A titre de préambule, pour mieux expliquer la situation, je
voudrais rappeler que la loi prévoit que la commission est
composée d'au moins sept membres, sauf jusqu'au 1er janvier 1976; d'ici
là, trois membres suffisent à ce que la commission soit
valablement constituée. Si l'Assemblée nationale ne nomme pas les
membres qui manquent en ce moment, il en manque deux pour arriver au
nombre minimum la commission cesse donc d'être valablement
constituée dans deux semaines. Elle ne pourra plus prendre de
décision, elle n'aura plus quorum et ne pourra plus fonctionner, sauf
dans l'illégalité. J'aimerais donc demander au ministre de la
Justice, de qui relève la commission sur le plan administratif, si le
gouvernement a l'intention de proposer à cette Assemblée, avant
la prorogation de la Chambre, de combler les vacances, afin de s'assurer que la
commission sera dans la légalité à compter du 1er janvier
1976.
M. Levesque: Oui, M. le Président.
M. Morin: J'ai une question supplémentaire. Je me
réjouis de cette réponse.
Le Président: A l'ordre! Est-ce que, dans une
telle circonstance, iI y a place pour des questions
supplémentaires?
M. Morin: Oui, M. le Président... Le Président:
Allez.
M. Morin: ... comme vous allez le constater.
La commission est constituée, à l'heure actuelle,
exclusivement de Montréalais; même Me Meayer, qui a
démissionné, était Montréalais. Ne serait-il pas
opportun c'est la question que je pose au ministre d'assurer une
plus grande représentativité de la commission, de façon
qu'elle reflète véritablement tout le milieu
québécois, en choisissant les nouveaux membres, dans les autres
régions du Québec, par exemple?
M. Levesque: M. le Président, je suis heureux de voir
cette apparence de conversion de la part du Parti québécois qui
s'intéresse à d'autres choses et à d'autres
régions.
M. Morin: M. le Président, je ne comprends pas très
bien...
M. Burns: La réponse, c'est quoi?
M. Morin:... la réponse que vient de donner le ministre.
Nous avons voté pour ce projet de loi. Nous nous y intéressons
depuis le début, le ministre le sait.
Voudrait-il bien répondre à ma question, maintenant?
M. Levesque: Si le chef de l'Opposition n'a pas compris, je le
félicite de son intérêt régional. C'est nouveau chez
le chef de l'Opposition de s'intéresser aux régions de
Québec.
M. Burns: Oui, mais ce n'est pas cela qu'on vous demande. On vous
demandé si vous allez donner suite à la diversification
régionale.
Le Président: A l'ordre, messieurs!
M. Levesque: On répondra très bientôt
à la curiosité légitime du chef de l'Opposition, car,
dès demain ou mercredi, les propositions seront connues.
M. Morin: M. le Président, j'ai une autre question.
Le Président: Dernière question
supplémentaire.
M. Morin: Oui, je le veux bien. On observe également que
la commission ne comporte pas de représentant de tous les milieux
socio-économiques québécois, l'accent ayant
été mis sur la représentation des milieux ethniques
plutôt que sur les milieux socio-économiques; de même, parmi
les six premières nominations, on ne note la présence que d'une
seule femme.
J'aimerais donc demander au ministre, dont la commission relève,
sur le plan administratif, si le gouvernement a l'intention de proposer
à cette Assemblée que les milieux féminins, qui
constituent la moitié de la population et l'ensemble des milieux
socio-économiques soient représentés au sein de la
commission. Et, dernière question: Pour s'assurer que cette
représentativité soit pleine et entière, n'y aurait-il pas
lieu de nommer neuf membres à la commission? Cela est d'ailleurs permis
par la loi, qui prévoit un minimum de sept membres.
M. Levesque: M. le Président, on dirait que le chef de
l'Opposition est en train de faire un exercice que nous avons fait
déjà depuis assez longtemps. C'est évident que nous avons
pensé à la représentation régionale, à une
représentativité adéquate du côté des femmes
du Québec. Il est évident que nous avons pensé à
tous les milieux socio-économiques et, s'il fallait répondre
adéquatement à ce voeu, ce n'est pas neuf membres que cela
prendrait; nous en avons déjà cinq. Ce n'est pas deux ou quatre
de plus qui pourraient répondre entièrement à toutes ces
préoccupations si on voulait réellement que ce conseil
réponde à tous les critères qui nous sont chers à
nous aussi, mais ce serait difficile de tout trouver, par exemple, dans une
personne. Il faut tenir compte de tous les groupes ethniques, des sexes, des
régions et d'un tas de facteurs, à moins que l'on puisse trouver
des personnes qui incarnent en elles-mêmes une majorité de ces
facteurs. C'est assez difficile avec deux ou quatre personnes additionnelles de
répondre à tous ces voeux, mais c'est ce que nous cherchons,
c'est vers quoi nous tendons.
J'espère que les noms que nous proposerons sauront satisfaire, au
moins partiellement, les désirs très légitimes que vient
de nous exprimer le chef de l'Opposition.
M. Morin: M. le Président, je n'en ai pas proposé
quinze, neuf constitueraient déjà un progrès.
Le Président: A l'ordre, messieurs! Le
député de Rouyn-Noranda.
Sécurité des écoliers
M. Samson: M. le Président, ma question s'adresse à
l'honorable ministre de l'Education ou au ministre d'Etat à l'Education,
suivant le cas. Je voudrais savoir si le ministre a pris connaissance du fait
qu'une commission scolaire, plus précisément la Commission
scolaire des Mets, a été condamnée à payer $3,000
d'amende parce qu'il y avait, durant les heures de récréation, un
manque de surveillance à ses écoles. Elle fut donc
condamnée pour négligence.
Le juge a même mentionné qu'il était assez grave,
que même le directeur de cette école ne se rappelait pas,
personnellement, cet incident où un élève a
été blessé en pleine cour d'école. Je voudrais
savoir si l'on a pris connaissance de ce jugement et si, également, on
ne voudrait pas, au
ministère de l'Education, profiter de cette leçon qui a
été donnée à une certaine commission scolaire pour
un manque de surveillance des enfants pour voir si toutes les commissions
scolaires font bien leur devoir, particulièrement en des jours comme
aujourd'hui où, dans les rues, on répand du sel et du calcium,
où, sur les trottoirs, on répand du sel et du calcium pour la
sécurité des gens et où, dans les cours d'école
où les enfants sont appelés à jouer, il y a de la glace et
on ne répand rien pour tenter d'assurer leur sécurité.
M. Garneau: M. le Président, je prends avis de la
question. J'essaierai de donner une réponse au député de
Rouyn-Noranda demain. Je ne suis pas au courant du fait particulier qu'il porte
à mon attention.
M. Samson: Est-ce que le ministre ou le ministre d'Etat à
l'Education peut nous dire s'il a été porté à son
attention certaines plaintes à l'effet que dans certaines cours
d'école, soit de la ville de Québec ou d'ailleurs, il y aurait
particulièrement danger surtout parce que aujourd'hui, c'est
glacé et que c'est plusieurs jours comme cela, durant d'hiver...?
M. le Président, je vois des députés
libéraux, qui réclament pourtant du calcium et du sable dans
leurs rues...
M. Marchand: Pas dans les cours d'école! M. Samson:
... et sur leurs trottoirs...
Le Président: A l'ordre, messieurs! ... A l'ordre, s'il
vous plaît! Avec la permission du député de Rouyn-Noranda,
je me demande si cette question doit être reçue. S'il parle du
sable dans les rues de Montréal et de Québec, il y a d'autres
compétences, qui sont les compétences municipales. Pour ce qui
est du sable dans les cours d'école, même si les commissions
scolaires sont des créatures du ministère de l'Education et du
gouvernement, je crois qu'il s'agit d'une autre compétence. Autrement,
cela va devenir plus ou moins un conseil municipal ici.
M. Samson: M. le Président, sur le point de
règlement, même si c'est une commission scolaire, le
ministère de l'Education est une créature provinciale et il me
semble que le ministère de l'Education a des choses à dire, que
le ministère de l'Education peut au moins s'inquiéter de ce fait.
N'attendez pas d'avoir encore des poursuites comme celle-là, n'attendez
pas qu'il y ait des...
Le Président: A l'ordre, à l'ordre! ... Je
m'excuse, à l'ordre, s'il vous plaît! Si vous aviez formulé
votre question autrement pour lui donner une implication provinciale, je
l'aurais peut-être acceptée, mais vous continuez dans le
même sens.
M. Choquette: Sur la question de règlement, M. le
Président...
Le Président: Oui.
M. Choquette: ... puis-je venir à la rescousse du
député de Rouyn-Noranda...
Des Voix: Ha! Ha!
M. Choquette: ... pour oui, oui dire qu'elle est
bien dirigée vers le ministre de l'Education parce que c'est une
question enfantine?
Des Voix: Ha! Ha!
Le Président: A l'ordre, messieurs!
M. Marchand: La jalousie, cela ne mène nulle part!
M. Lafrance: II va aller loin!
Le Président: A l'ordre, messieurs! A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Samson: M. le Président, ma question a une
portée provinciale, quoi qu'en pense l'orphelin du "Prenatal Party"!
Des Voix: Ha! Ha!
M. Samson: Je voudrais demander, M. le Président, au
ministre d'Etat à l'Education s'il a eu connaissance de plaintes
reçues à cet effet?
M. Lachapelle: Non, M. le Président.
Le Président: L'honorable député de
Saint-François.
Accès des handicapés aux haltes
routières
M. Déziel: M. le Président, j'adresse ma question
à l'honorable ministre des Transports. M. le ministre, au nom de quinze
organismes membres de l'Association régionale des loisirs pour
handicapés de l'Estrie incorporée, je m'adresse à vous,
avec confiance, afin de vous demander d'être notre pilote en vue de
l'obtention d'une accessibilité architecturale dans la construction de
haltes routières.
Nous savons que présentement un Canadien sur sept est
handicapé et que ceux-ci éprouvent beaucoup de difficultés
d'accès à ces haltes routières.
Le Président: A l'ordre! Pourriez-vous poser votre
question, s'il vous plaît? Posez votre question, s'il vous
plaît.
M. Déziel: ... de respecter cette requête, sachant
fort bien que ce genre d'aménagement est chose pratique aux Etats-Unis
et dans d'autres provinces canadiennes. Serait-il également possible de
faire une analyse de coût qui pourrait être apportée comme
modifications à celles qui sont déjà existantes?
M. Mailloux: M. le Président, dans le brouhaha qui a suivi
la question de l'honorable député, je n'ai pas entièrement
saisi la question posée, mais j'avais cru comprendre qu'on demandait au
ministère de vérifier si les handicapés physiques
pourraient aller plus facilement vers les aires de stationnement et les aires
de repos le long des routes. Je prends avis de la question, étant
donné que je ne suis pas familier avec la construction de ces endroits
de repos, et ultérieurement je donnerai réponse au
député de Saint-François.
Le Président: L'honorable député de
Chicoutimi.
Grève dans l'industrie des pâtes et
papiers
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, ma
question s'adresse au ministre du Travail, concernant les pâtes et
papiers. Je voudrais savoir si le ministre est en mesure de faire le point sur
cette grève dans l'industrie des pâtes et papiers qui dure depuis
si longtemps. Egalement, s'il a envisagé un type d'intervention de
manière à avancer un règlement possible et rapide dans ce
secteur?
M. Harvey (Jonquière): A la première partie de la
question, non, je ne suis pas en mesure, dans le moment, de faire le point. A
la deuxième partie, quand ce sera possible, je le ferai avec plaisir,
d'abord devant cette Chambre.
M. Bédard (Chicoutimi): Question supplémentaire, M.
le Président, le ministre a-t-il l'intention, peut-être, d'imiter
la démarche qui a été faite par le ministre du Travail de
l'Ontario qui a cru bon de rencontrer les représentants de l'industrie
des pâtes et papiers?
M. Harvey (Jonquière): M. le Président, non, je
n'ai pas l'intention d'imiter le geste du ministre du Travail de l'Ontario, de
rencontrer uniquement les propriétaires des usines de papier.
M. Bédard (Chicoutimi): Avez-vous l'intention de faire
quelque chose?
M. Harvey (Jonquière): Avez-vous une autre question
supplémentaire ou si vous radotez?
M. Bédard (Chicoutimi): Avez-vous l'intention de faire
quelque chose?
M. Harvey (Jonquière): Oui, M. le Président, j'ai
l'intention...
M. Bédard (Chicoutimi): Dites-le!
M. Harvey (Jonquière): ... de faire tout ce que m'impose
ma charge de ministre du Travail. Actuellement, comme depuis le début de
la première grève dans le domaine du papier, le 20 août,
qui a commencé à Beaupré, j'ai des spécialistes qui
travaillent sur ce dossier. Ils ont été dérangés
parce qu'un autre gouvernement, celui qui est disparu la semaine
dernière dans une élection populaire, a été le seul
gouvernement en Amérique du nord à légiférer dans
le secteur privé et à retarder de 90 jours le droit de
grève de gens qui avaient décidé de faire la grève
dans le domaine du papier. Les nôtres, nos syndiqués du
Québec, parce que traditionnellement...
M. Burns: ... le seul gouvernement à
légiférer dans le secteur privé?
M. Harvey (Jonquière): ... le "pattern", comme on
l'appelle...
M. Burns: C'est quoi cette affaire-là?
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît,
messieurs!
M. Burns: La construction, c'est quoi?
Le Président: A l'ordre, à l'ordre, à
l'ordre, messieurs!
M. Harvey (Jonquière): M. le Président,
traditionnellement, le patron de convention collective s'établissait en
Colombie-Britannique pour rapidement être établi de nouveau en
Ontario et ensuite au Québec. Ce sont les syndiqués
eux-mêmes qui, devant le geste posé par le gouvernement de la
Colombie-Britannique, ont été coincés à attendre le
droit de faire la grève de nouveau par ces syndiqués, à la
fin des 90 jours de la loi spéciale, dans le secteur des pâtes et
papiers.
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président,
dernière question supplémentaire.
Le Président: Dernière.
M. Bédard (Chicoutimi): Le ministre dit que ses
fonctionnaires sont en train de travailler à la présentation d'un
rapport qui doit lui être soumis.
Le ministre est-il en mesure de nous dire quand ce rapport des
fonctionnaires de son ministère doit lui être soumis?
M. Harvey (Jonquière): D'abord, mes rapports avec mes
fonctionnaires sont constants, je les laisse travailler sur les dossiers. Des
rapports, j'en ai...
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, je
m'excuse.
M. Harvey (Jonquière): Un instant, M. le Président,
il m'a posé une question, je vais lui répondre.
M. Bédard (Chicoutimi): II est en train de...
Le Président: Un instant.
M. Bédard (Chicoutimi): Je demande...
Le Président: Un peu de calme, messieurs!
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président...
Le Président: A l'ordre, messieurs!
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président...
Le Président: Un instant, s'il vous plaît. Quand
vous avez posé votre question, on vous a laissé faire. J'ai toute
mon attention pour suivre la réponse. Est-ce que vous avez le droit
d'intervenir? Je ne le pense pas.
M. Bédard (Chicoutimi): Simplement... Le
Président: En vertu de quoi?
M. Bédard (Chicoutimi):... parce que le ministre a l'air
d'avoir mal compris la question.
Le Président: Attendons, s'il a mal compris.
M. Harvey (Jonquière): M. le Président, je vais lui
donner...
Le Président: Un peu de calme, tout le monde.
M. Bédard (Chicoutimi): Je ne lui demande pas quels sont
ses rapports avec ses fonctionnaires.
M. Harvey (Jonquière): M. le Président, je vais lui
donner un cours. D'abord, tous les matins, en ce qui concerne les grèves
légales...
M. Bédard (Chicoutimi): Vous n'avez pas de cours à
donner; vous n'avez qu'un problème à régler pour le
moment.
M. Harvey (Jonquière): ... et tous les lock-out au
Québec...
Le Président: S'il vous plaît!
M. Levesque: M. le Président, question de
règlement.
M. Harvey (Jonquière): Est-ce que vous pouvez
demander...
Le Président: Question de règlement.
M. Levesque: M. le Président, les commentaires et les
interruptions que font continuellement les députés de
l'Opposition, particulièrement ce que l'on vient d'entendre, c'est une
répétition de la part du député de Chicoutimi. Il
pose une question et, ensuite, intervient continuellement pendant la
réponse. S'il n'est pas satisfait de la réponse, qu'il attende;
ensuite, qu'il se lève et qu'il suive le jeu parlementaire. Nous
essayons d'écouter, de comprendre les questions de l'Opposition,
particulièrement celles du député de Chicoutimi. Nous
écoutons religieusement, nous faisons des efforts
considérables.
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président...
M. Levesque: Nous lui demandons simplement d'attendre que la
réponse soit donnée.
M. Bédard (Chicoutimi): ... je ne demande pas un cours du
ministre du Travail; je lui dis qu'il y a un problème à
régler.
Le Président: A l'ordre! L'honorable ministre du
Travail.
M. Harvey (Jonquière): Tous les matins, tous les jours, la
première chose qu'un ministre du Travail fait celui qui m'a
précédé à ce poste...
M. Lessard: Son agenda.
M. Harvey (Jonquière): ... faisait la même chose que
moi c'est un rapport sur toutes les grèves légales et les
lock-out au Québec. Donc, ces rapports, je les reçois. Pour faire
comprendre un seul de ces rapports, au député de Chicoutimi, cela
me prendrait 26 heures et il n'y a pas de journée de 26 heures.
Le Président: Je vous permets exceptionnellement une
dernière question, parce que vous aviez convenu avec moi que
c'était votre dernière.
M. Bédard (Chicoutimi): Face à la gravité du
problème dans l'industrie des pâtes et papiers, je voudrais
simplement savoir si le ministre a l'impression d'avoir donné une
réponse à la question que je lui posais.
M. Harvey (Jonquière): Oui, M. le Président, parce
que nous suivons ce dossier d'une façon très sérieuse.
Soyez assurés que ceux qui y sont assignés ont des instructions
de tout faire pour régler la grève qui sévit
présentement et qui affecte l'économie de régions en
totalité. J'ai à l'esprit la région de la Gaspésie,
la région de la Mau-ricie, celle que j'habite moi-même. Il est
bien sûr qu'actuellement la grande priorité au niveau du secteur
de la conciliation et de la médiation est de régler, si possible,
la grève dans les pâtes et papiers.
Il y a, cependant, des contraintes, mais les meilleurs hommes
disponibles au ministère, sous la direction de mon sous-chef,
travaillent à ce dossier urgent afin d'essayer de régler le plus
vite possible ce conflit.
M. Burns: Question additionnelle. Le Président:
Oui.
M. Burns: Est-ce que la réprobation qui était
évidente dans la réponse qui a été donnée
par le ministre du Travail, relativement à l'intervention d'un
gouvernement provincial au Canada dans un
secteur privé, équivaut à un changement de
politique de la part du gouvernement, ce même gouvernement qui est
intervenu au moins à deux reprises dans le secteur de la
construction...
M. Veilleux: Ce n'est pas une question additionnelle.
M. Burns: ... et au moins une fois par une tentative de
présentation d'un projet de loi, qui est la loi 89? Est-ce qu'il y a un
changement de politique de la part du ministère du Travail depuis ce
temps? Est-ce cela qu'il fallait comprendre de la réprobation du
ministre du Travail?
M. Harvey (Jonquière): M. le Président, il n'y a
pas de changement de politique de la part du gouvernement et ce que le
député de Maisonneuve affirme en cette Chambre est tout
simplement un commentaire. C'est une question d'opinion, c'est la sienne.
M. Burns: M. le Président, question de
règlement.
Le Président: Dernière. Il n'y a pas de question de
règlement.
M. Burns: Non, ce n'est pas un commentaire, M. le
Président. Je vous dis que ce n'est pas un commentaire.
Le Président: Posez une question.
M. Burns: M. le Président, on a dit que c'était un
commentaire, ce n'est pas cela. Je demande directement au ministre si sa
réponse veut dire qu'il réprouve une politique qui a
déjà été appliquée dans une province. Par
conséquent, c'est cela ma question...
Le Président: A l'ordre, messieurs!
M. Burns: ... on efface un changement d'attitude de la part du
gouvernement qui, à l'avenir, nous dit qu'il n'interviendra pas dans des
conflits privés comme ceux de la construction et comme il a tenté
de le faire par le bill 89 en réglementant la grève dans le
secteur privé.
M. Harvey (Jonquière): M. le Président, j'ai
répondu non à la question du chef de l'Opposition. Ma remarque,
tout à l'heure, à l'endroit du gouvernement de la
Colombie-Britannique était à l'effet que ç'avait
retardé, son attitude, le règlement spécifique des
pâtes et papiers au Québec, en raison de l'historique qui voulait
que le "pattern" établi d'abord en Colombie s'en venait en Ontario et
par la suite au Québec. Quand ils sont retournés travailler, eux,
ils avaient trois mois de grève de faite et les nôtres
commençaient à dix, douze jours de distance à compter du
20 août, en débutant à Beaupré; c'est cela que j'ai
dit au député, en réponse à la question.
Le Président: Dernière question. On verra si ce
n'est pas trop long.
Le député de Lafontaine.
Jeux olympiques
M. Léger: M. le Président, ma question s'adresse au
ministre responsable du Haut-Commissariat aux sports, aux loisirs et à
la jeunesse. Est-ce que le ministre est au courant que les membres de
l'Association olympique canadienne auraient l'intention, en se basant sur un
dossier élaboré par "Game Plan", de ne pas présenter
d'équipes canadiennes de handball aux Jeux olympiques de 1976, parce que
celles-ci, les deux équipes féminine et masculine, en
majorité composées d'athlètes québécois
d'ailleurs, n'auraient pas fait leurs preuves au niveau mondial? Est-ce que le
ministre est au courant?
M. Phaneuf: Je suis au courant, parce que j'ai lu les journaux ce
matin, comme le député de Lafontaine. Je n'ai pas
été averti de cet avis qui pourrait être donné par
le comité national. Chose certaine c'est que, pour toutes les
disciplines indépendamment des critères qui sont imposés
par le comité olympique pour toutes les disciplines, nous pouvons
participer aux Jeux olympiques, compte tenu que le pays hôte a ce
droit.
Maintenant, est-ce qu'on va participer ou non? Je prends avis de la
question, je vérifierai. Lorsque j'aurai la réponse, je la
donnerai, mais vous vous êtes basé strictement sur des
ouï-dire des journaux ce matin.
M. Léger: M. le Président, je voudrais simplement
rappeler au ministre que cela provient du président de la
Fédération québécoise de handball du Québec,
qui lui-même a signé l'article; ce n'est pas un journaliste, c'est
le président de la fédération. Je veux demander au
ministre s'il est au courant que, sur à peu près 100,000 joueurs
de handball au Canada, 80% sont du Québec, donc c'est ici qu'est la
pépinière des joueurs de handball. Est-ce que le ministre peut
nous garantir qu'il fera toutes les démarches, afin que telle chose ne
se produise pas, c'est-à-dire empêcher une équipe
canadienne composée surtout de Québécois de participer aux
Jeux olympiques étant donné que l'esprit même des Jeux
olympiques ce n'est pas nécessairement de gagner, mais d'y
participer?
M. Phaneuf: M. le Président, le député de
Lafontaine me demande si je suis au courant. A cause du biais des subventions,
je pense que je suis pas mal au courant du nombre de Québécois
qui doivent participer dans cette équipe. Je suis au courant de la
qualité des athlètes québécois...
M. Léger: ... dit des chiffres tantôt, 26. Le
Président: A l'ordre, à l'ordre, à l'ordre!
M. Phaneuf: Taisez-vous quand c'est le temps, puis
écoutez. Quand vous avez posé votre ques-
tion, faites comme le règlement l'exige. Quant à la
deuxième partie de sa question, j'ai l'impression que le
député de Lafontaine a tendance à faire beaucoup de
racisme en cette Chambre en ce qui a trait aux Olympiques et aux
athlètes olympiques.
M. Léger: M. le Président, j'invoque le
règlement. M. le Président, je pose la question de
privilège, je pose la question de privilège. Je pense que le
ministre des sports devrait avoir plus d'intérêt à la
participation des Québécois...
Le Président: A l'ordre! A l'ordre! A l'ordre! A l'ordre!
Vous n'êtes pas sur la question de privilège, vous êtes au
fond de la question. Si c'est une question de privilège, parlez-moi de
la question de privilège.
M. Léger: M. le Président, le ministre vient de
dire que j'ai une attitude raciste. M. le Président, la question de
privilège est la suivante, je veux que le ministre retire ses paroles et
qu'il comprenne qu'il m'impute des motifs indignes, selon l'article 99. Je
pense que le ministre, avant d'imputer des motifs indignes à un
député en le qualifiant de raciste, devrait tout simplement
s'occuper des Québécois à l'intérieur de
l'équipe canadienne et ne pas reprocher à un
député...
Le Président: A l'ordre! A l'ordre! Ecoutez, vous diminuez
énormément votre argumentation. Au début j'aurais
été peut-être porté à vous écouter
lorsque vous avez dit attitude raciste. Mais à la fin, quand vous allez
au fond de la question, vous diminuez et vous annulez votre question de
privilège.
Des Voix: Ah!
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Burns: Question de règlement.
Le Président: A l'ordre! Un instant, je n'ai pas
terminé.
Attitude raciste, je vous l'ai dit au départ, on n'est pas pour
éplucher le dictionnaire et on n'est pas pour sortir le glossaire des
mots antiparlementaires. Il s'en est dit des vertes et des pas mûres de
tous les côtés de la Chambre. On a dit: Attitude fasciste,
attitude... Il y a eu d'autres expressions.
Une Voix: Fasciste, ce n'est pas pareil. Le Président:
Ah, ce n'est pas pareil! M. Burns: Sur la question de
règlement. Le Président: A l'ordre, messieurs!
M. Burns: Sur la question de règlement, il y a eu des
décisions, M. le Président si vous le voulez,
éventuellement, je vous donnerai la référence dans
le passé, en vertu de l'ancien règlement, au sujet de quelqu'un
qui se faisait accuser d'être fasciste, parce qu'il y a eu une
époque, révolue, je l'espère, où il y avait des
partis fascistes. A ce moment, est-ce qu'on a cette tendance ou si on ne l'a
pas? Ce n'est pas juger, c'est un peu comme si je disais que je vous accuse
d'être libéral. Ecoutez, si je me mets à dire cela, vous
allez dire: C'est mon droit.
M. Mercier: C'est un compliment.
M. Burns: D'autre part, il n'y a aucun besoin de sortir de
dictionnaires, il n'y a simplement...
Des Voix: Ah!
Le Président: A l'ordre, messieurs! A l'ordre! A l'ordre,
s'il vous plaît!
M. Burns: C'est là-dessus que le député de
Lafontaine a raison de se plaindre, c'est là-dessus que le ministre
devrait, je pense, retirer ses paroles. On n'a pas besoin d'avoir fait des
années et des années d'étude pour se rendre compte que
lorsqu'on accuse quelqu'un de racisme il y a eu récemment,
à l'ONU, une décision qui ne paraît pas comme étant,
je ne veux pas entrer dans les détails, un compliment pour Israël.
Quand on accuse le député de Lafontaine, et directement comme l'a
fait le député de Vaudreuil-Soulanges, de racisme, il me semble
qu'on impute, comme le dit l'article 99, à l'alinéa 9, des motifs
indignes à un député.
Le député de Lafontaine est parfaitement en droit de
s'offusquer de se faire traiter de raciste. Il nous semble que l'histoire
politique ou la vie politique du député en question prouve
exactement le contraire.
Des Voix: Oh! Oh!
M. Burns: Cela peut susciter une certaine rigolade chez quelques
députés. Il y en avait même qui disaient que communiste,
felquiste, péquiste et raciste c'était toutes les mêmes
choses. Si on veut être ignorant à ce point, qu'on continue de
l'être. Ceux qui continuent à l'être, dans ce
coin-là, je les laisse faire. Mais, M. le Président, c'est
à vous que je fais appel comme meneur des débats et comme
étant capable, avec la connaissance que vous avez de la langue
française, de sentir l'imputation de motifs indignes qu'il y a dans une
accusation de racisme.
Le Président: Bon. Avant cette explication, je n'avais pas
l'intention de faire retirer les mots "avoir une attitude raciste" parce que
strictement antiparlementaires; l'honorable ministre n'avait pas attaqué
ou n'avait pas attribué au député de Lafontaine
l'étiquette directe. Il n'a pas dit: Le député de
Lafontaine est un raciste. Il n'a pas dit cela.
Selon votre deuxième argumentation, en vertu de l'article 99, il
n'a pas le droit d'imputer des motifs indignes à un
député; je crois que dans les circonstances, et en vertu de la
deuxième argumen-
tation, je ne vous ferai pas retirer directement le mot "raciste" parce
que vous ne l'avez pas appliqué directement au député de
Lafontaine, mais je vous demanderais de ne pas lui imputer des motifs
indignes.
M. Lacroix: Traite-le de péquiste, c'est encore pire!
M. Phaneuf: M. le Président, je veux bien me soumettre
à votre directive...
Le Président: A l'ordre, messieurs!
M. Phaneuf: ... mais prenez le temps de relire la question:
Est-ce que c'est parce qu'il y a 80% de Québécois que...
Le Président: A l'ordre!
M. Phaneuf: Je m'excuse, il y a un peu...
Le Président: A l'ordre!
M. Phaneuf: II relie directement une décision du national
à partir du moment où il y a 80% de Québécois.
Le Président: A l'ordre!
M. Léger: M. le Président, question
supplémentaire.
Le Président: Dernière question
supplémentaire.
M. Léger: Est-ce que le ministre peut répondre
à la question que je lui pose maintenant qu'il est au courant que c'est
le président de la Fédération québécoise de
handball au Québec qui dit que l'équipe canadienne devrait
participer...
M. Mercier: II va vérifier.
M. Léger: Est-ce que le ministre va défendre les
intérêts de la Fédération québécoise
de handball dont 80% des joueurs de handball au pays sont
Québécois? Est-ce que le ministre va s'occuper de défendre
la préoccupation de la fédération qui veut participer aux
Jeux olympiques quels que soient les résultats puisque l'esprit
olympique, comme je le disais tantôt, est de participer et non pas
nécessairement de gagner?
Est-ce que le ministre a cet intérêt, plutôt que de
dire que parce qu'on demande que des Québécois soient
présents à l'équipe canadienne, c'est du racisme? Est-ce
que le ministre peut répondre qu'il va s'en occuper?
M. Phaneuf: M. le Président, quand, étant juge,
j'ai toujours pris la défense de l'intérêt des
Québécois et je prendrai, comme d'habitude,
l'intérêt des Québécois. Mais je dis et je
répète que la décision relève du national. Ce sont
des équipes qui doivent représenter le Canada et, comme
d'habitude, j'ai l'intention de continuer à défendre
l'intérêt des Québécois en ce domaine.
M. Léger: Comment?
M. Phaneuf: De la même façon que je l'ai toujours
fait.
Le Président: A la prochaine séance, j'accorderai
une certaine priorité, après les questions de l'Opposition
officielle, au député de Beauce-Sud, mais je regrette,
aujourd'hui, je ne le peux pas.
Recevabilité de la motion de
M. Robert Burns concernant
la conduite de M. Oswald Parent
Le Président: Avant de passer aux affaires du jour,
j'aimerais bien statuer sur la motion du député de Maisonneuve,
rendre ma décision sur la motion qui est inscrite au nom du
député de Maisonneuve.
M. Levesque: Est-ce que vous voulez...?
Le Président: Avec votre permission, je voudrais bien
statuer sur cette motion...
M. Burns: Est-ce qu'on peut vous éclairer, je ne sais pas,
moi?
Le Président: A l'ordre! A l'ordre, messieurs! Un peu de
calme, s'il vous plaît! On a toute la journée, de toute
façon, et on a toute la semaine; on en a encore plus, on a
jusqu'à la fin de l'année. Un peu de calme.
Oui, vous pouvez m'éclairer rapidement.
Une Voix: Avez-vous acheté vos cadeaux de Noël?
M. Robert Burns
M. Burns: Je veux simplement vous dire deux mots pour justifier
ma motion. Je pense qu'on ne parlera pas du fond, on ne parlera que de la
recevabilité. Je pense que c'est le problème qui vous concerne
actuellement.
Quand je disais, M. le Président: Est-ce que je peux vous
éclairer, ce n'est pas de façon péjorative que je le
disais, c'est uniquement dans le sens: Est-ce que je peux argumenter en faveur
de ma motion?
J'ai déposé une motion en date du 12 décembre
réprouvant, je ne la lirai pas au complet, la conduite du
député de Hull, M. Oswald Parent, pour avoir
délibérément induit la Chambre en erreur. Ces faits, on
les retrouve au journal des Débats à la suite d'une question du
chef de l'Opposition, la journée du jeudi 4 décembre. Le chef de
l'Opposition adressait sa question au ministre des Affaires
intergouvernementales, lequel a tout simplement déféré la
réponse, donné mandat au ministre d'Etat aux Affaires
intergouvernementales, le député de Hull en question, de donner
la ré-
ponse au chef de l'Opposition. Dans cette réponse, ce sont les
faits que je veux relever, sans argumenter au fond, je vous le dis d'avance, je
n'irai pas plus loin. Mais je vais vous dire pourquoi il me semble que
l'article 68 a une certaine application dans le cas présent. J'extrais,
à la page 2363 du rapport de la séance du 4 décembre, la
réponse du ministre. Après un échange entre le chef de
l'Opposition, le ministre des Affaires intergouvernementales, l'intervention du
président, l'intervention du ministre d'Etat aux Affaires
intergouvernementales parce que la question originale du chef de
l'Opposition, c'est bon de le situer, concernait l'intégrité du
territoire et l'intervention de la Commission de la capitale nationale
relativement à la région de Hull; c'est le cadre de la question
à la page 2363, on s'aperçoit que le ministre d'Etat,
député de Hull, répond de la façon suivante: "Oui,
beaucoup plus pour le Parti québécois qui prône
l'intégrité du territoire quand le président
régional du Parti québécois dans la région de
l'Outaouais vient de vendre un terrain de gré à gré au
gouvernement fédéral."
M. le Président, c'est une affirmation qui, en apparence, peut
paraître anodine. Mais si c'en était resté là
peut-être qu'on aurait dit: II y a purement et simplement erreur de la
part du ministre en question. Possiblement que le ministre a lancé cela
au hasard et cela aurait pu être conçu comme le fruit des
débats très souvent surchauffés que nous vivons à
l'Assemblée nationale, comme quelque chose que quelqu'un lance au hasard
dans un débat.
Mais ce qui m'indique que le ministre d'Etat avait quand même
derrière la fête quelque chose de beaucoup plus précis,
c'est qu'il continue, après une remarque du chef de l'Opposition, une
autre remarque de sa part et une remarque du député de
Lafontaine, dans le sens suivant, selon la page 2364 de la même
journée du 4 décembre, en disant: "Dans la région de
l'Outaouais en vendant sa propriété à 84 boulevard
Saint-Joseph". C'est cela, M. le Président.
Et, à la suite de tout le débat, par la suite, c'est ce
qui est grave, le ministre s'est même rendu compte qu'il avait fait
erreur. Si, encore une fois, il s'était levé et avait dit: J'ai
fait erreur, il n y a pas de problème. S'il s'était
excusé. Ce sont des choses que des personnes qui ont la grandeur
nécessaire sont capables de faire. Je n'ai pas à vous citer, M.
le Président, de notre côté, certaines occasions où
des députés du Parti québécois se sont
excusés parce qu'ils avaient mal compris certaines situations ou encore
avaient été purement et simplement dans l'erreur.
Si le député de Hull avait fait cela, j'aurais dit: C'est
parfaitement normal et ce n'est pas de propos délibéré
qu'il a osé donner des précisions aussi directes, aussi
immédiates que de donner l'adresse de la soi-disant
propriété du président régional du Parti
québécois. Il est bon de savoir que le président
régional du Parti québécois de Hull s'appelle M. Pierre
Paquin; que ce M. Pierre Paquin est également en société,
avec d'autres membres de sa famille, dans une compagnie qui a principalement
pour but de vendre de l'assurance. Non, non, je ne fais pas ma motion, M. le
Président.
M. Levesque: De l'assurance, on est rendu dans ceci, envoie
donc!
M. Burns: Je vous dis simplement ceci, mais là et
c'est cela que je prétends être visé par l'article 68
l'article 68 nous dit et je vous souligne qu'à quelques
reprises vous nous l'avez suggéré qu'une motion de fond,
annoncée est nécessaire pour mettre en question la conduite du
lieutenant-gouverneur, du président ou d'un vice-président de
l'Assemblée, des présidents des commissions ou d'un membre de
l'Assemblée et cette motion est privilégiée.
A partir de la réponse que j'ai vue de la soi-disant correction
de la part du ministre, qu'on retrouve le 9 décembre, aux pages 2456 et
suivantes, je me dis: Je viens d'avoir la preuve que le ministre le fait de
façon délibérée, non seulement il ne se
rétracte pas, alors qu'il avait commis une erreur claire, mais il
utilise cette rétractation ou cette pseudo-rétractation pour
revenir à la charge alors qu'il admet, dans le texte même de sa
pseudorétractation, que le dénommé Pierre Paquin n'avait
aucunement été directement mêlé à cette
transaction pour le 84 boulevard Saint-Joseph à Hull.
Ce sont les événements qui me permettent, à mon
avis, de le dire: Non seulement il ne fait pas cela, il démontre une
mauvaise foi telle qu'il rappelle, sans qu'il y ait aucune raison de le faire
dans le débat, que cet individu fait partie de la société
d'assurance Henri Paquin Inc., qu'il n'a rien à faire avec le
débat et que c'était d'ailleurs pour cela qu'on lui demandait de
se rétracter.
M. le Président, je n'ai qu'un seul argument qui puisse tenter de
vous convaincre que l'article 68 a le sens que j'ai le droit, comme membre de
l'Assemblée nationale, de réprouver la conduite du
député de Hull et c'est l'article 99, paragraphe 9. Encore une
fois, on l'a cité, tout à l'heure, dans un débat sous un
autre angle.
Mais, il m'est défendu, à l'Assemblée nationale,
comme il est défendu à tout député qui prend la
parole, d'imputer des motifs indignes ce n'est pas le cas;
c'était le cas de tout à l'heure ou de refuser d'accepter
sa parole.
Pourquoi l'interdiction m'est-elle imposée de refuser d'accepter
la parole d'un député? C'est parce que c'est tout simplement un
pendant de la Loi de la Législature qui vous donne à vous, comme
à moi, comme à tous les membres de l'Assemblée nationale,
une immunité totale à l'endroit des déclarations que nous
faisons en Chambre.
S'il y a une immunité qui est favorable et qui, à toutes
fins pratiques, disons-le, est un privilège à l'endroit des
députés, il me semble qu'à ce moment-là il faut
prétendre qu'ils disent la vérité. C'est la base. Ces deux
éléments ne peuvent pas se dissocier. D'une part, on dit qu'il y
a immunité pour toutes les déclarations qui sont faites à
l'Assemblée nationale par quelqu'un. M. le Président,
vous avez rendu des décisions, dans certains cas,
protégeant et voulant même précéder...
M. Levesque: Vous parlez sur le fond.
M. Burns: Je parle sur la question de règlement. En tout
cas, jusqu'à ce que le président me dise que je parle sur le
fond. Je ne parle pas sur le mérite, ni sur le fond du problème.
Simplement je prétends qu'il y a lieu à utilisation de l'article
68.
Vous nous avez, comme je le mentionnais, à de nombreuses reprises
indiqué que, si on avait des choses à dire contre la conduite
d'un député en Chambre c'est le cas il y avait un
moyen. Ce moyen, c'étaient les dispositions de l'article 68.
J'ajoute, M. le Président, simplement cette notion de
l'immunité qui protège les députés. Je ne
remonterai pas à l'origine, je ne ferai pas l'historique. Vous le
connaissez probablement beaucoup mieux que moi. Mais, si cette immunité
parlementaire existe, il y a un pendant à cela. C'est que non seulement
les députés qui sont en Chambre doivent prendre la parole du
député qui s'adresse à l'Assemblée nationale, mais
qu'au moins le député a l'obligation formelle, fondamentale, de
dire la vérité. S'il se trompe, comme au début cela nous
apparaissait que le député de Hull s'était trompé,
il a au moins le droit de ne pas recommencer et de ne pas revenir cinq jours
plus tard et c'est cela, M. le Président de recréer
la même ambiguïté dans l'esprit des gens.
D'une part, vous avez une société, une compagnie, une
corporation, incorporée en vertu de la loi des consommateurs,
coopératives et institutions financières, qui a une autonomie
particulière et, d'autre part, vous avez un individu, qui s'appelle
Pierre Paquin. M. Pierre Paquin, peut-être, dans d'autres circonstances,
aurait voulu c'est un élément dont vous devez aussi tenir
compte dans votre décision poursuivre. Je ne sais pas s'il a subi
des dommages à cause: de cela. Je n'ai pas fait d'enquête. Je vous
le dis tout de suite, M. le Président. Mais peut-être que M.
Paquin a subi des dommages et s'il en a subi, peut-être que, dans
d'autres circonstances, il aurait voulu poursuivre le ministre à
l'extérieur de la Chambre. Il ne le peut pas.
M. le Président, ce ne me serait pas permis, à moi, de
réprouver à l'Assemblée nationale ce type d'intervention
qui, à mon avis, dégrade l'Assemblée nationale? Pour le
moment, je n'irai pas plus loin que cela.
M. Levesque: C'est le fond.
M. Burns: Oui, M. le Président, j'abordais le fond.
M. Levesque: Bien oui, mais...
M. Burns: J'abordais le fond, mais je m'arrête là.
Je vous dis, M. le Président, bien humblement et avec tout le respect
que j'ai pour votre décision, qu'il m'apparaît que, s'il y a un
cas, à l'Assemblée nationale, où l'article 68 s'applique,
il s'agit bien de celui-ci. Non seulement, au départ, on pouvait douter
de l'attitude du ministre, mais il y a une récidive, une récidive
que je pourrais, jusqu'à ce moment-ci, qualifier de basse, mais que je
ne voudrais pas qualifier autrement sans vouloir entrer au mérite de la
question.
Je pense, M. le Président je vous le soumets
respectueusement que la motion privilégiée, en vertu de
l'article 68, devrait être acceptée.
M. Gérard-D. Levesque
M. Levesque: M. le Président, seulement un mot, l'article
68 est un article de notre règlement qui est plutôt un article
exceptionnel. En effet, il touche une procédure qui est rarement
utilisée dans les Parlements de type occidental, de type britannique.
C'est une procédure qui doit être utilisée avec beaucoup de
soins et beaucoup de précautions.
M. le Président, deuxièmement, je n'ai pas de connaissance
du fond du problème. Je n'ai pas fait d'enquête pour savoir qui
avait raison, qui avait tort et je ne suis pas en mesure, même, de
toucher au fond de cette question. J'ai remarqué, cependant,
d'après ce qui a été dit, que, dans un deuxième
temps, le député de Hull et ministre de la Fonction publique
avait apporté certaines précisions quant à une
référence qui avait été faite à un
frère de la personne, plutôt qu'à la personne
elle-même.
Troisièmement, j'ai remarqué que les propos dont on se
plaignait et que l'on attribuait au député de Hull avaient trait
à la vente d'un terrain ou d'une propriété ou d'un
immeuble au gouvernement fédéral. Il n'était pas question
d'un crime, il n'était pas question de quoi que ce soit, simplement de
la vente d'un immeuble au gouvernement fédéral. Je ne pense pas
que ce soit tellement une insulte; je ne pense pas que vendre un immeuble au
gouvernement canadien peut constituer quelque chose qui puisse donner prise
à des procédures judiciaires en libelle ou quelque chose du
genre.
Quatrièmement, je résume un peu ma pensée avec
ceci: étant donné les dispositions de l'article 68, étant
donné le peu de matière qui se trouve dans les propos auxquels on
s'oppose, étant donné les précisions additionnelles
données par le député de Hull, et étant
donné qu'il n'y a pas, à ma connaissance, de sujet qui puisse
faire l'objet d'une telle discussion ou d'une telle motion aussi importante; en
plus, étant donné que ces paroles s'adressaient à un
étranger, un pur étranger que personne ne connaît quant
à nous ici en Chambre, peut-être que quelques-uns peuvent en avoir
une connaissance personnelle, quant à moi on ne connaît pas ces
gens-là, ce sont des étrangers, et s'il fallait appliquer cette
règle à tout ce qui s'est dit dans l'Opposition,
particulièrement l'Opposition officielle que l'on connaît, qui a
déblatéré sur tout le monde, la parenté, la petite
parenté et la grande parenté; on a tout dit, on a fait des
procès d'association...
M. Burns: Trouvez-moi un cas!
M. Levesque: ... il y a... s'il fallait retourner toutes les
calomnies qui ont été utilisées, toutes les insinuations,
on n'en finirait pas, et l'article 68 serait appelé tous les jours.
M. Burns: Trouvez-moi un cas?
M. Levesque: Ils ne passeront pas par l'article 1, 2, 3 ou 4, ce
serait toujours l'article 68, M. le Président, et ce ne serait pas
l'Opposition qui s'en servirait...
M. Burns: Le cas de Paragon.
M. Levesque: ... ce serait le gouvernement qui,
continuellement...
M. Burns: Où est Boutin, aujourd'hui?
M. Levesque: ... dans les propos de l'Opposition, que ce soit en
Chambre ou en dehors de la Chambre, serait obligé d'y recourir. Alors,
je pense, encore une fois, qu'il ne faut pas abuser d'une procédure
exceptionnelle.
M. Burns: M. le Président, en vertu de l'article 96,
encore une fois, je n'ai jamais...
Le Président: On va l'amender, l'article 96,
bientôt.
M. Burns: Non, M. le Président, quand on m'impute des
paroles que je n'ai pas dites, je suis quand même obligé et j'ai
le droit, et je pense que c'est normal, que je les réfute...
M. Levesque: ... parlé nommément du
député de Maisonneuve, j'ai été très...
M. Burns: Vous n'avez pas parlé du député de
Maisonneuve, vous avez tenté de réfuter mon argumentation!
M. Levesque: J'ai dit l'Opposition officielle, cela inclut le
député de Maisonneuve.
M. Burns: Je n'ai jamais... Oui, c'est cela, mais vous venez
aussi de parler de l'argumentation que je viens de faire. Je n'ai jamais, M. le
Président, au grand jamais parlé de l'importance, de la lourdeur
ou du peu d'importance de l'affirmation comme affirmation de la part du
ministre. Ce que j'ai dit, M. le Président, et c'est cela la chose
grave, je n'ai jamais dit autre chose que cela. Ce qu'il y a de grave, c'est
qu'il y a quelqu'un qui a menti à la Chambre, de façon
délibérée. Il ne suffit que de lire les pages que j'ai
citées, tant de la séance du 4 décembre que de celle du
24.
M. Levesque:... je proteste et on doit prendre pour un fait que
le député de Hull n'a jamais menti de façon
délibérée. Il n'est pas question de cela et il devrait
retirer ses paroles.
M. Burns: ... du 9 décembre.
Décision du Président
Le Président: A l'ordre! A l'ordre! A l'ordre! Je suis
prêt à rendre ma décision, en vertu du règlement. A
l'ordre! A l'ordre, messieurs!
Au tout début, je me pose la question à savoir si je ne
serais pas en mesure même de rejeter cette motion sur la forme, ce que je
ne ferai pas, d'ailleurs. Je me pose la question à savoir s'il ne
faudrait pas plutôt appliquer l'article 49 que la question de
privilège. Je vous dis que je ne la rejetterai pas en vertu de cela. Je
la rejetterai peut-être pour une autre raison.
Je pense bien que dans la grande tradition parlementaire, lorsqu'un
député induit la Chambre en erreur, cela a toujours
été considéré comme une question de
privilège et ceux qui désiraient la soulever le faisaient
constamment pour faire remarquer qu'un de leurs collègues induisait la
Chambre en erreur. C'était toujours fait sur une question de
privilège, selon l'article 49, après un avis au président.
L'article 49, troisièmement, dit que si un député
désire qu'action soit prise en vertu de l'article 49, c'est l'article 79
et suivants qui s'appliquent.
Disons que je ne considérerai pas, pour rejeter cette motion,
cette argumentation des articles 49 et 79. Cette motion du député
de Maisonneuve fait suite à une certaine digression contenue dans une
réponse du ministre de la Fonction publique à une question du
chef de l'Opposition officielle le 4 décembre. Quelques jours
après, le député de Maisonneuve donnait avis de la motion
qui apparaît aujourd'hui au feuilleton et qui y est inscrite depuis le 12
décembre. J'avais retenu moi-même la parution au feuilleton
pendant quelques jours. Le 9 décembre, le ministre apportait des
précisions. Je voudrais relire quand même la déclaration du
ministre de la Fonction publique du 9 décembre, à la page 2456 du
journal des Débats: "M. Parent (Hull): II me paraît
approprié d'apporter des précisions concernant une réponse
que j'ai fournie jeudi dernier au chef de l'Opposition officielle au sujet de
M. Pierre Paquin, président régional du Parti
québécois".
M. Burns: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président: A l'ordre! Est-ce que cela veut dire que je
viole le règlement? Au cas où... Bien, attendons que cela arrive.
Non, non, attendez. Ce n'est pas sérieux, quand même.
M. Burns: M. le Président, je n'argumente pas, cela va
être bref, cela va être deux secondes.
Le Président: Je refuse. Je vais vous dire pourquoi. Un
instant, je refuse. Si vous invoquez le règlement... Un instant!... A
l'ordre, s'il vous plaît!... Attendez donc un instant!... Oh! la la la la
la la!... Je vais vous dire pourquoi je ne peux pas accepter votre question de
règlement. Cela veut dire, si vous l'invoquez, que je viole le
règlement actuellement et il faudrait que je tranche alors que je suis
partie et juge en même temps. C'est la raison pour laquelle je ne
vous accorde pas votre question de règlement... Laissez-moi finir
et si vous n'êtes pas satisfait... A l'ordre!... Bon, je vais
arrêter d'argumenter et je vais arriver à la conclusion.
M'appuyant sur le fait que la personne visée incidemment par le
député de Hull n'est pas un membre de l'Assemblée;
considérant en outre que le député de Hull, soit le 9
décembre 1975, a jugé bon d'apporter des précisions qui
ont rétabli le fait que la personne en cause n'était pas
directement concernée par la transaction; troisièmement,
considérant enfin que l'article 68 de notre règlement doit
trouver application dans des cas graves, flagrants et importants de la conduite
reprochable d'un collègue; pour ces raisons, et surtout dans le milieu
politique, dans ce forum populaire où nous sommes, où il y a
souvent, on le sait, couramment, tous les jours, des
demi-vérités, et je ne dis pas de mauvaise foi ou des
déclarations incomplètes, de stratégie ou autres,
où on cite et on prend pour compte des articles de journaux, des
statistiques.
J'aimerais peut-être me rappeler que, lorsque j'avais pris une
action en libelle devant les tribunaux, après deux jours d'enquête
j'étais convaincu que j'avais couvert tous les points de mon action en
libelle. J'étais convaincu que mon procès était
écrit dans le ciel, que le juge devait normalement me donner raison
après avoir, avec de très bons avocats, couvert tous les angles
de l'action en libelle. Le juge m'avait débouté de mon action, en
disant qu'en politique il ne faut pas avoir la peau trop sensible ni être
trop susceptible.
C'est pour toutes ces raisons, et je ne veux pas ouvrir des portes
à l'article 68. Cela arrive à tout bout de champ; aujourd'hui, on
a eu un autre exemple lorsque le ministre du Travail a dit que le gouvernement
n'était jamais intervenu qu'uniquement la Colombie-Britannique
était intervenue, par des lois pour mettre fin à des
grèves dans le milieu privé. Le député de
Maisonneuve l'a rappelé à l'ordre, pour lui dire que cela avait
déjà été fait ici au Québec. Constamment,
dans notre milieu politique, il y a des demi-vérités ou des
déclarations incomplètes ou on prend à témoin des
articles de journaux ou autres.
Par contre, je ne voudrais pas inviter les membres de cette Chambre
à des déclarations plus ou moins prouvées. Je profite de
l'occasion pour donner un conseil, afin que, le plus possible, à
l'Assemblée, les déclarations qu'on y fait, on puisse les
vérifier d'avance et qu'à tout bout de champ on ne soit pas pris
dans des circonstances où un député peut accuser un autre
de vouloir induire la Chambre en erreur.
Pour toutes ces raisons je ne crois pas que je doive accepter la
recevabilité de cette motion, tout en ne mettant pas de
côté l'autre voie pour y parvenir, qui serait peut-être la
plus normale, qui serait 49 et 79.
M. Burns: M. le Président, puis-je vous dire que je me
plie à votre décision? Je la respecte. Je l'accepte même.
Je m'excuse tout à l'heure d'avoir bondi, je vous dis que je me plie
à votre décision. Il n'en demeure pas moins, en ce qui me
concerne, que vous avez rendu une décision sur le fond et non sur la
forme.
M. Levesque: Le numéro...
Travaux parlementaires
M. Roy: En vertu de l'article 34, le leader nous avait
informé la semaine dernière non, je ne lâcherai pas
là-dessus, M. le Président que la commission du travail et
de la main-d'oeuvre allait siéger pour faire entendre la Commission des
accidents du travail. Je ne vois rien au feuilleton ce matin; serait-ce qu'on
aurait changé d'idée et que la séance n'aura pas lieu?
J'aimerais savoir quelles sont les intentions du gouvernement.
M. Levesque: Non, non, nous avons l'intention de la faire
siéger. La seule chose c'est que je pensais peut-être qu'elle
pourrait siéger en même temps que celle qui étudiera la loi
qui touche les accidents du travail. Il s'agira probablement d'une très
courte loi, on pourrait en même temps continuer la période; je
pensais à demain soir. C'est peut-être aujourd'hui même que
je pourrais le confirmer. Mais nous avons l'intention d'avoir une
première séance de la commission. C'est évident qu'on ne
pourra pas peut-être terminer le travail avant la fin de la
présente session, mais nous avons l'intention de convoquer la Commission
des accidents du travail pour venir répondre aux questions des membres
de la commission du travail et de la main-d'oeuvre.
M. Roy: Maintenant j'aimerais demander au leader...
M. Levesque: Qu'on ne me demande pas exactement l'heure, parce
que j'ai besoin encore d'un peu de temps pour planifier la fin de la session et
j'essaie de garder du temps pour avoir au moins une séance avec la
Commission des accidents du travail. C'est ce que j'essaie. Je ne pourrais pas
m'engager, parce que je ne suis pas en mesure de le faire, mais j'avais
pensé peut-être que, demain soir, ce serait possible; je vise
cela, mais je ne peux pas le dire d'une façon définitive.
M. Roy: J'aimerais demander quand même au leader du
gouvernement si la commission parlementaire va être limitée
uniquement au projet de loi qui va lui être soumis. Le leader du
gouvernement sait très bien que ce n'est pas la même chose,
lorsqu'on discute de l'étude d'un projet de loi en commission
élue ou lorsqu'on veut entendre les témoins comme tels...
M. Levesque: Je voudrais dire au député,
immédiatement, que la commission va être là pour le projet
de loi de toute façon. C'est ce que je veux dire. Alors supposons que le
projet de loi prend une heure, disons, on ferme cette partie des affaires et on
continue avec l'autre mandat.
C'est vrai que ce n'est pas la même chose. C'est vrai que la
commission ne communique pas et ne témoigne pas lors de l'étude
article par article d'un projet de loi. Mais je dis que, tant qu'à les
avoir ici, près de l'Assemblée nationale, on pour-
rait le faire en soirée demain, peut-être. Je verrai; j'en
reparlerai avec le député d'ailleurs, s'il le désire.
M. Roy: J'aimerais demander au leader du gouvernement si cela va
être l'étude du projet de loi qui va avoir
préséance. Est-ce qu'il faudra commencer par l'étude du
projet de loi article par article et, si nous avons le temps, par la suite,
nous pourrons poser des questions? Il est bien important que l'on fasse la
distinction qui s'impose.
M. Levesque: On peut faire mieux que cela, on peut y aller
indépendamment du projet de loi je n'ai pas d'objection, non plus.
M. Roy: C'est ce que je préfère, qu'on aille
indépendamment du projet de loi.
M. Levesque: Cela me fait plaisir de faire plaisir au
député. D'autres choses?
M. Roy: Pour le moment, c'est assez.
M. Levesque: On ne peut pas être plus ouvert, plus gentil
surtout pour la première journée.
M. Roy: Surtout le lundi.
Le Président: Affaires du jour.
M. Levesque: Article 3), M. le Président.
Projet de loi no 257 Troisième lecture
Le Président: L'honorable ministre des Affaires
municipales propose la troisième lecture du projet de loi no 257, Loi
concernant l'installation de stations au sol transportables à l'occasion
des Jeux olympiques de Montréal.
Cette motion de troisième lecture est-elle adoptée?
M. Burns: Adopté.
Le Président: Adopté.
M. Levesque: Article 14).
Projets de loi nos 80 et 84 Rapport de la
commission
Le Président: L'honorable député de:
Mille-Iles, pour l'honorable député de Portneuf, propose
l'adoption du rapport de la commission permanente de la justice qui a
étudié les projets de loi nos 80 et 84. Cette motion est-elle
adoptée?
M. Burns: Adopté.
Le Président: Adopté. M. Levesque: Article
15).
Projet de loi privé no 213 Troisième
lecture
Le Président: L'honorable député
d'Abitibi-Est propose la troisième lecture du projet de loi no 213, Loi
concernant la ville de Chibougamau. Cette motion est-elle adoptée?
M. Burns: Adopté. Le Président:
Adopté.
M. Levesque: M. le Président, est-ce qu'on pourrait
suspendre pour deux minutes? J'ai des consultations à faire avec mes
honorables amis d'en face. Deux minutes.
Le Président: L'Assemblée suspend ses travaux pour
quelques minutes.
Travaux parlementaires (suite)
M. Levesque: M. le Président, je fais motion pour que la
commission parlementaire des finances, des comptes publics et du revenu
siège immédiatement au salon rouge pour poursuivre l'étude
du projet de loi relatif aux mesures antiinflationnistes, le projet de loi no
64.
Le Président: Cette motion est-elle adoptée? M.
Burns: Adopté.
Le Président: Adopté et cette commission peut
siéger immédiatement.
M. Levesque: M. le Président, article 8.
Projet de loi no 259 Deuxième lecture
Le Président: Le ministre des Transports propose la
deuxième lecture du projet de loi no 259, Loi de la
Société du port ferroviaire de Baie-Comeau-Hauterive.
M. Mailloux: M. le Président, le lieutenant-gouverneur en
conseil ayant pris connaissance du projet de loi en recommande l'étude
à la Chambre.
M. le Président, c'est mon intention de ne pas intervenir en
deuxième lecture sur ce projet de loi, à moins que j'apporte
quelques brefs commentaires en réplique à l'Opposition officielle
qui fera un discours de deuxième lecture. De toute façon, je ne
fais pas moi-même de discours de deuxième lecture.
Le Président: Le député de Saguenay.
M. Lucien Lessard
M. Lessard: M. le Président, assez brièvement, je
voudrais quand même faire un certain
nombre de commentaires sur le projet de loi no 259 qui me paraît,
même à la fin d'une session, un précédent assez
important, en ce qui concerne l'administration des ports de mer par une
société sans but lucratif qui serait constituée des villes
de Baie-Comeau et de Hauterive. Généralement cette administration
se faisait par l'entremise de la Société des ports du
gouvernement fédéral. Or, nous constatons justement que, par ce
projet de loi no 259, nous confions à la Société du port
ferroviaire de Baie-Comeau-Hauterive l'aménagement, l'administration et
l'amélioration d'un port ferroviaire à Baie-Comeau.
M. le Président, je n'ai pas besoin de vous souligner qu'à
plusieurs reprises et même le ministre des Transports l'avait
déjà souligné nous avons eu à nous plaindre
de l'administration des quais ou de l'administration des ports de mer par le
gouvernement fédéral. On se rappelle que l'an dernier, il y a
quelques mois, au quai de Tadoussac nous avions subi des problèmes, ce
qui a arrêté pendant plusieurs semaines les services entre
Sainte-Catherine et Tadoussac. Il y avait difficilement de la coordination
entre, d'une part, le gouvernement provincial qui administrait comme tels les
services et, d'autre part, le gouvernement fédéral qui avait
à faire l'entretien ou l'administration ou l'amélioration des
ports en question. Ce projet de loi je trouve quand même curieux
que le ministre ne le souligne pas pour une des premières fois,
confie à une société québécoise,
c'est-à-dire à une administration municipale ou à une
société constituée de deux administrations municipales,
l'administration et l'amélioration, ce qui va certainement permettre au
milieu de gérer ce port de mer selon les intérêts du milieu
et selon les intérêts nécessités par le
développement économique.
Je sais que, par ailleurs, le milieu a besoin et va chercher de l'argent
chez les deux gouvernements. En effet, le gouvernement fédéral
s'est engagé à verser une somme de $2 millions, le gouvernement
provincial, une somme aussi, je pense, de près de $2 millions. En ce qui
concerne les villes de Hauterive et de Baie-Comeau, elles fourniront chacune
$500,000, ce qui nécessitera, justement, probablement des communications
entre le gouvernement ou d'autres communications entre le gouvernement et ces
deux villes pour recevoir ou pour pouvoir financer ces investissements.
De toute façon, je pense que le milieu et c'est aussi
important a travaillé énormément sur la
concrétisation de ce projet de loi.
Un rapport a été soumis, il y a quelque temps, par le
ministre des Transports, qui réunissait non seulement le milieu, mais
les deux paliers de gouvernement. Le milieu veut avoir ce projet de loi et nous
souhaitons qu'il permette non seulement l'administration du port de mer en
question par le milieu, mais aussi une gestion beaucoup plus propice au
développement économique du milieu.
Quant à moi, à la suite d'une consultation du milieu, qui
a été faite non seulement par moi-même, mais aussi par le
ministre des Transports, puisqu'il a été constamment en
communication avec ce milieu, je ne peux que souscrire à ce projet de
loi parce que c'est certainement à l'avantage de toute la
région.
Le Vice-Président (M. Blank): Cette motion de
deuxième lecture est-elle adoptée? Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Deuxième lecture de ce
projet de loi. Second reading of this bill.
Projet de loi déféré à la commission
M. Levesque: M. le Président, je propose que ce projet de
loi no 259 soit maintenant déféré à la commission
parlementaire des transports, des travaux publics et de
l'approvisionnement.
Le Vice-Président (M. Blank): Cette motion de
déférence est-elle adoptée?
M. Burns: Adopté.
Le Vice-Président (M. Blank): Adopté.
M. Burns: J'ai des réticences là-dessus. A moins
qu'on fasse des comités pléniers. Cela voudrait dire deux
commissions parlementaires.
M. Levesque: Alors, vingt heures quinze ce soir.
M. le Président, je fais motion immédiatement pour que
même si la Chambre siège, la commission parlementaire des
transports puisse siéger à partir de vingt heures quinze pour
étudier le projet de loi no 251, Loi modifiant la Loi des transports et
d'autres dispositions législatives et le projet de loi no 259, Loi
constituant la Société du port ferroviaire de
Baie-Comeau-Hauterive.
Le Vice-Président (M. Blank): Cette motion est-elle
adoptée.
M. Burns: Adopté, M. le Président. Le
Vice-Président (M. Blank): Adopté.
M. Levesque: M. le Président, nous allons maintenant
aborder l'étude en deuxième lecture de deux projets de loi au nom
du ministre des Affaires municipales. Ce sont les articles 6 et 10. L'article 6
concerne la reprise du débat sur la motion du ministre relativement au
projet de loi no 255. Article 6.
Le Vice-Président (M. Blank): Sur la motion de
deuxième lecture du projet de loi no 255, le député de
Chicoutimi.
M. Levesque: Si le député me permet, ce sera
à la salle 81-A que se réunira la commission des transports.
Une Voix: Au salon rouge? M. Levesque: A la salle 81-A.
Projet de loi no 255
Deuxième lecture (suite)
M. Marc-André Bédard
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, il est
clair que le projet de loi no 255, qui demande le regroupement de certaines
municipalités de la région de Québec, est un projet de loi
de toute première importance. Cependant, nous aurons, comme d'habitude,
la fin d'une session, avec toute la précipitation que cela comporte,
pour étudier un projet de loi aussi important que le projet de loi
255.
Le ministre des Affaires municipales, à maintes et maintes
reprises dans le passé, avait promis des amendements majeurs à la
loi sur le regroupement de différentes municipalités.
Malheureusement, M. le Président, dans ce secteur, comme dans
bien d'autres, la promesse du ministre n'a pas eu de suites, de telle
façon qu'aucun amendement majeur à la loi sur les regroupements
n'a été proposé par le ministre au cours de cette session.
Comme conséquence, le gouvernement est encore obligé de recourir
à une procédure, que je qualifierais de "patchage", pour
effectivement régler ce problème des fusions au niveau de
certaines municipalités de la région de Québec.
M. le Président, encore une fois, nous sommes pris à
discuter d'une loi spéciale, alors que nous savons qu'il existe une loi
générale sur les regroupements, qui ne peut répondre
à la situation étant donné qu'on a trop tardé
à apporter certains amendements qui s'imposaient. Nous sommes, encore
une fois, devant un projet de loi qui ressemble beaucoup à une fusion
forcée.
Je comprends que, pour contredire ce que j'avance, on argumentera que
les différents conseils municipaux ont été
consultés et que même, dans un ou deux cas, il y a eu la tenue
d'un référendum. Il reste que cette tenue d'un
référendum n'a eu lieu qu'exceptionnellement et qu'encore une
fois on s'en est tenu à la seule consultation des élus des
conseils municipaux.
Loin de moi la pensée de vouloir représenter que les
élus des conseils municipaux ne sont pas capables d'avoir des
idées très précises sur l'enli-gnement que doit prendre
leur municipalité en fonction de l'avenir, mais il reste qu'un projet de
loi de cette nature engage, quand même, l'avenir non seulement des
conseils municipaux, mais aussi celui de toutes les populations
concernées.
Dans ce cas comme dans bien d'autres que je pourrai vous citer, au
niveau de la consultation, les citoyens n'ont eu droit qu'à la tenue
d'une commission municipale qui a peut-être permis à certains
d'entre eux de se faire entendre, mais on sait que ce mécanisme n'est
pas le plus efficace pour permettre aux citoyens de se faire entendre.
M. le Président, quand on regarde le projet de loi no 255, qui
vient après le projet de loi qui avait été
présenté l'an passé concernant le regroupement des
municipalités dans le Haut-Saguenay, on est presque porté
à se dire que, pour le ministère des Affaires municipales, les
fusions forcées sont devenues presque la règle et que les fusions
effectuées selon le respect de la loi 276 sont devenues des
exceptions.
Le Parti québécois, non seulement à l'occasion de
ce projet de loi, mais à l'occasion d'autres projets de loi de
même nature, a pu expliciter jusqu'à quel point il est contre
cette manière de procéder, jusqu'à quel point il croit en
la nécessité d'une vraie consultation au niveau, non seulement
des amendements de conseils élus des municipalités, mais une
consultation au niveau de l'ensemble des citoyens.
A maintes occasions nous avons pu réitérer ce que nous
croyons être une nécessité, à savoir que, lorsqu'on
engage l'avenir de populations, il y a une nécessité d'effectuer
une véritable consultation vis-à-vis de ces populations qui sont
concernées.
Je tiens à vous dire, M. le Président, qu'il est clair que
le Parti québécois au pouvoir verra à ce que les fusions,
les annexions et les regroupements soient limités au maximum et
seulement dans les cas où ceci s'impose pour l'avenir économique
d'une région.
Il est clair que la règle de conduite du Parti
québécois, selon son programme, est à l'effet, non pas
d'être contre les fusions, mais d'être pour les fusions
volontaires. Quand nous disons fusions volontaires, nous ne posons pas
seulement comme conditions que les conseils des différentes
municipalités concernées soient d'accord, mais également
et ceci est très important qu'on trouve le moyen de
consulter l'ensemble des populations concernées pour que celles-ci
puissent véritablement exprimer leur idée face à l'avenir
de la collectivité.
M. le Président, si je comprends bien, nous n'aurons même
pas l'occasion d'entendre les parties, lors de l'étude article par
article de ce projet de loi. Cependant, nous savons qu'il y a eu quand
même certaines discussions qui se sont élevées, certaines
divergences qui se sont manifestées en ce qui a trait à la
possibilité de rattacher Saint-Michel-Archange à la ville de
Québec, plutôt qu'à la future ville de Beauport. Mais,
encore une fois, nous n'aurons même pas l'occasion d'entendre les parties
concernées.
Nous savons également qu'il y avait quand même eu une sorte
d'entente presque légalisée entre la ville de Québec et la
municipalité de Saint-Michel-Archange, à l'effet que les deux se
regroupent. Il semble très clair, par le projet de loi, qu'on ait, non
seulement omis de penser à une consultation populaire, mais qu'on ait
plutôt opté pour la solution qui est de passer par-dessus cette
entente de principe qui s'était concrétisée entre la
municipalité de Saint-Michel-Archange et la ville de Québec.
M. le Président, encore une fois, il n'y a pas eu d'amendement
majeur, tel que promis, à la loi sur les regroupements, dans le cas des
fusions concernant la région de Québec, comme dans d'autres qui
ont été apportées ici, au cours de la
session; je pense à celle de Rimouski, que nous aurons à
discuter tout à l'heure, où il s'agit d'une annexion. Encore une
fois, le gouvernement nous oblige à fonctionner par loi
spéciale.
Il est évident que nous croyons que pour le développement
économique de la région de Québec, des regroupements
s'imposaient. Loin de nous l'idée de contester la
nécessité d'une initiative dans ce sens. Il reste que nous sommes
quand même fondamentalement contre la manière législative
de procéder. Autrement dit, nous avons et vous le savez
une loi générale concernant les regroupements. Encore une fois,
dans le cas de Rimouski que nous étudierons tantôt comme dans le
cas présent, eh bien, le gouvernement nous force à
légiférer avec une loi spéciale plutôt que de suivre
la loi générale. Afin que le ministre réalise
jusqu'à quel point nous sommes contre cette manière de
légiférer, cette technique législative, nous voterons
contre le principe de cette loi en deuxième lecture, parce que, encore
une fois, nous sommes obligés de procéder de cette façon
à cause de la négligence du ministre des Affaires municipales
à réaliser une promesse qu'il avait faite d'apporter des
amendements majeurs à la loi sur le regroupement, qui auraient permis
autant de fusions mais faites après consultation avec les populations
concernées.
M. Harvey (Charlesbourg): M. le Président, le
député de Chicoutimi me permettrait-il une question?
M. Bédard (Chicoutimi): Allez-y.
M. Harvey (Charlesbourg): Le député de Chicoutimi
parlerait-il le même langage si le projet de loi avait été
fractionné en trois projets de loi sur la question du principe, à
savoir les unités de regroupement, la volonté absolue d'un
secteur en particulier qui est inclus dans l'unité
générale, d'autres avec leur chance de se faire valoir, comme ce
fut le cas sur la côte de Beaupré où, finalement, il y a
une décision qui est prise à la lumière de la
volonté absolue de se fusionner et, troisièmement, l'aspect
touchant uniquement Saint-Michel-Archange?
Ma question est la suivante: Est-ce que le député aurait
un autre langage à tenir s'il parlait uniquement de l'unité de
regroupement du grand Charlesbourg?
M. Bédard (Chicoutimi): Je n'aurais pas d'autre
manière de parler ni d'autre position que celle que nous tenons à
l'heure actuelle. Ce contre...
M. Harvey (Charlesbourg): Vous êtes contre la fusion.
M. Bédard (Chicoutimi): Non, nous ne sommes pas je
l'ai très bien dit dans mon exposé contre les fusions.
Nous sommes contre les fusions forcées. Nous ne sommes pas... Attendez.
Dans le cas présent, nous sommes contre par-cequ'il y a une loi
générale sur les regroupements et, encore une fois, on nous
oblige à procéder par loi spéciale, de la même
manière qu'on va nous obliger tout à l'heure à
procéder par loi spéciale dans le cas de Rimouski où il
s'agit d'une annexion.
M. le Président, nous soutenons que si le ministre donnait suite
à ses promesses, si le ministre cessait d'être négligent,
autrement dit, si le ministre avait proposé des amendements majeurs, tel
que promis, à la loi sur les regroupements, nous ne serions
peut-être pas, à l'heure actuelle, encore dans l'obligation de
procéder à des regroupements qui s'imposent et je le dis
bien qui peuvent s'imposer; nous ne serions pas obligés
d'être encore dans la position de les accepter par une loi
spéciale. Nous tenons à bien insister sur ce point; nous
espérons que le ministre des Affaires municipales va venir à bout
de donner suite aux différentes promesses qu'il fait lorsqu'il s'agit de
la direction des affaires municipales.
M. le Président, depuis deux sessions je l'ai dit il n'y a
pas tellement longtemps et je tiens à le répéter au
ministre des Affaires municipales depuis 1973, ici, à
l'Assemblée nationale, en affaires municipales, nous avons passé
notre temps à étudier en commission des amendements à des
chartes privées. Nous avons passé notre temps à
étudier des éléments mineurs au niveau de la
législation concernant les affaires municipales alors qu'il y a des
problèmes majeurs.
De plus en plus, il y a la nécessité d'avoir à la
direction du ministère des Affaires municipales un ministre qui,
à un moment donné, donne des directions générales
concernant la conduite des affaires municipales. Vous le savez, M. le
Président, que les négligences du ministre des Affaires
municipales sont vraiment inquiétantes. Première
négligence. A l'heure actuelle, malgré la promesse du ministre
des Affaires municipales, nous n'avons même pas eu encore la convocation
d'une commission parlementaire pour étudier la refonte des lois
municipales. Si nous l'avions eue, cette commission parlementaire, M. le
Président, si nous nous étions penchés c'est
fondamental sur cette refonte des lois municipales, nous ne serions pas
toujours dans l'obligation, ici, à l'Assemblée nationale,
d'étudier des projets de loi qui aboutissent à des amendements
dans tout ce qu'il y a de chartes de villes au Québec. Avant longtemps,
toutes les municipalités du Québec, toutes les villes du
Québec vont avoir droit à leurs petits bills privés ou
à leurs petites lois spéciales. C'est dans ce sens que c'est
nécessaire, a un moment donné, je crois, de faire un travail de
fond pour uniformiser les lois du point de vue municipal.
Une deuxième négligence fondamentale du ministre des
Affaires municipales. On sait qu'il s'est engagé, et c'est important,
à nous proposer une loi pour contrer la spéculation
foncière à l'intérieur des municipalités. Cette loi
est de toute première importance, parce que nous savons et
Québec peut en être la preuve sur bien des aspects que,
dans certains cas, la spéculation foncière est en train de
refréner le développement de certaines municipalités et de
certaines villes. M.
le Président, encore là, absolument aucune action de la
part du ministre des Affaires municipales. Il n'a même pas réussi
encore à définir au moins ce qu'on entend par spéculation
foncière.
Egalement, troisième négligence de la part du ministre des
Affaires municipales. Concernant l'aménagement du territoire, cela fait
longtemps qu'on nous propose une loi, un projet de loi sur une
nécessité qui est l'aménagement du territoire. Encore
là, M. le Président, nous sommes absolument devant rien de la
part du ministre des Affaires municipales et je suis convaincu que ceci
contribue à bloquer bien des projets dans bien des villes, bien des
municipalités, bien des régions du Québec.
Une autre promesse, une autre négligence, M. le Président,
du ministre des Affaires municipales. Il sait jusqu'à quel point il est
nécessaire, à l'heure actuelle, de repenser tout le
système de la fiscalité municipale au Québec. Encore
là, vous le savez, durant la présente session, nous sommes
simplement confrontés à étudier des amendements mineurs
à la Loi sur l'évaluation foncière. Mais, encore une fois,
nous n'avons pas la conviction M. le Président, d'une véritable
préoccupation du ministre des Affaires municipales dans ce domaine. Une
autre négligence du ministre des Affaires municipales concernant la
nécessité de légiférer au plus vite en
matière d'urbanisme. Depuis 1971 et peut-être 1972, il y a un
projet de loi qui a déjà été déposé
en cette Chambre et le ministre des Affaires municipales n'y a pas donné
suite.
Alors, M. le Président, concernant le projet de loi no 255...
Le Vice-Président (M. Blank): C'est cela, c'est ce que je
vous demande.
M. Bédard (Chicoutimi): ... c'est une autre
négligence encore du ministre des Affaires municipales. On devrait
presque le qualifier de négligent, parce que c'est encore une autre
négligence, puis, encore une fois, un non-respect par rapport à
des promesses qu'il a faites, à savoir celle d'apporter des amendements
majeurs à la loi concernant les regroupements de municipalités.
Comme le ministre n'a pas agi dans ce cas, comme dans tous les autres cas que
je viens de mentionner, et que le ministre semble plutôt se complaire
à distribuer des petites enveloppes de subventions aux
députés de l'Assemblée nationale, pour les remettre dans
chacune de leur circonscription, en attendant, on se ramasse sans aucune ligne
directrice, aucune véritable ligne de pensée, d'action au niveau
de l'ensemble des affaires municipales.
C'est pourquoi nous voterons contre le principe de ce projet de loi,
encore une fois non pas que nous soyons contre les fusions qui se font ou que
nous ne reconnaissions pas la nécessité de les faire, ces
fusions, mais parce que nous sommes obligés de procéder par loi
spéciale en raison de la négligence du ministre des Affaires
municipales.
Le Vice-Président (M. Blank): Le député de
Montmagny.
M. Bédard (Montmorency): De Montmorency, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Blank): Le député de
Montmorency. Excusez-moi.
M. Marcel Bédard
M. Bédard (Montmorency): Je n'ai pas l'intention de
prendre trop du temps de cette Chambre pour parler de ce projet de regroupement
des villes du Québec métropolitain. Vous n'êtes pas sans
savoir que j'ai passablement parlé sur le sujet. Il y a eu passablement
d'articles de journaux qui ont couvert, à tort ou à raison,
certains problèmes soulevés par ce regroupement. Cependant, j'ai
changé l'allure de ma présentation en entendant les
éconcés du député de Chicoutimi tels que vous les
avez entendus comme moi, il y a quelques instants.
Il parle, dans son énoncé, de consultation populaire. Je
peux vous dire, pour l'unité de regroupement que je représente,
soit celle de Beauport qui, à toutes fins pratiques, est à 85%
dans le comté que je représente à cette Assemblée
nationale, qu'en ce qui concerne les référendums, nous en avons
eu deux dans deux municipalités sur six, lesquels ont donné une
supériorité de 67.1% pour la fusion alors cela est
très important que les deux conseils municipaux en question
étaient à 100% contre le principe de la fusion. Donc, pour une
fois, ce sont les citoyens qui ont pris position.
De plus, pour montrer jusqu'à quel point nous avons
consulté, on a obligé une consultation additionnelle, celle de
l'assemblée publique. Il y a eu trois assemblées publiques dans
notre unité de regroupement, soit une à
Sainte-Thérèse-de-Lisieux, une à Villeneuve et l'autre
à Giffard. Pourquoi? Parce qu'il y a eu un seul citoyen, dans chacune de
ces trois municipalités, qui n'était pas satisfait de la fusion
telle que présentée. Ce citoyen a été entendu, mais
certainement pas pour nous apporter des solutions additionnelles à la
requête qui avait été présentée durant
l'été.
M. Veilleux: Ce n'était pas un séparatiste?
C'était un séparatiste, probablement.
M. Bédard (Montmorency): Le deuxième point de
l'énoncé du député de Chicoutimi parle de la
politique du Parti québécois. Cela m'a fait plaisir de l'entendre
parce que je me demandais quelle était la politique du Parti
québécois. Le député de Chicoutimi a
déclaré: Nous somme d'accord avec les fusions volontaires lorsque
les conseils municipaux sont pour, mais il nous faut additionner des moyens de
consultation appropriés. Sans pour cela nous suggérer des moyens
de consultation.
Je viens de vous parler de certains moyens de consultation. Je vous
dirai ce qui a été fait dans l'unité de regroupement de
Beauport. Des consultations, il y en a eu passablement parce que la fusion sur
laquelle nous avons une décision à prendre aujourd'hui date de
février et mars 1970. C'est à cette période qu'il y a eu
une demande d'étude
de fusion pour les six municipalités de la côte. En
novembre 1970, il y a eu le dépôt du rapport Hawey sur la fusion
des municipalités. En 1971-72, il y a eu diverses propositions
d'unité de regroupement dans la Communauté urbaine de
Québec par le ministère des Affaires municipales. Le 3 août
1972, ce fut le dépôt du rapport Fortier-Hawey sur l'unité
de regroupement municipal de la côte de Beau-port et des autres
unités de regroupement dans la région de Québec. A cette
date, on avait investi au-delà de $120,000 en études. Je suis
rendu uniquement en août 1972.
Le 7 octobre 1972 il y avait publication, par le ministre des Affaires
municipales, dans la Gazette officielle du Québec, de quatre
unités de regroupement. En octobre et en novembre 1972, en janvier et
février 1973, discussions par les municipalités de la côte
de Beauport sur l'unité de regroupement de Beauport. En juin et juillet
1974, demande de mise à jour de l'étude de l'unité de
regroupement. En 1974. Cette demande s'intitulait comme suit: Que les services
de la firme Fortier-Hawey soient retenus aux fins de mettre à jour
l'étude de l'unité de regroupement comprenant la corporation de
Saint-Michel-Archange, les municipalités de Giffard, Beauport,
Villeneuve, Cour-ville, Montmorency et Sainte-Thérèse-de-Lisieux.
En mars 1975, le ministre des Affaires municipales confie un autre mandat
à la firme Fortier-Hawey, au montant de $70,000, encore pour
étudier et pour dire à la population qu'il y a beaucoup
d'avantages à se regrouper.
Parce que je peux vous dire que pour l'unité de Beauport, M. le
Président, cette fusion de sept municipalités se fait sur un
territoire de quatre milles et demi de longueur, de l'est à l'ouest, et
de trois milles, au maximum, du nord au sud. Il y avait sept entités
municipales. Je suis certain que vous êtes capable d'apporter les
conclusions nécessaires.
En juin 1975, il y avait remise du projet, de documents de travail aux
divers conseils municipaux. Le 31 juillet c'était
l'échéance de la requête de fusion qui, à toutes
fins pratiques, était 99% présente dans le projet de loi. Le
gouvernement, tel qu'a mentionné le député de Chicoutimi,
nous force à légiférer par une loi spéciale, mais
j'aurais aimé qu'il se pose la question pourquoi nous avons une loi
spéciale, alors que la requête était, à toutes fins
pratiques sûre que six municipalités sur six avaient adopté
la requête de fusion que vous trouvez dans le projet de loi. Mais la
raison pour laquelle nous en venons à un projet de loi, c'est parce
qu'il fallait apporter quelques amendements à la requête. Et nous
verrons, en commission parlementaire, la différence entre la
requête et le projet de loi recommandé. Ce sont des
problèmes d'application. Les légistes ont travaillé sur le
projet de requête et c'était mieux pour toute la population
d'avoir une loi pour apporter ces différents amendements.
Je terminerai, M. le Président, en vous disant que les avantages
principaux de notre unité de regroupement seraient, premièrement,
de créer un pôle d'attraction fort dans l'est du Québec
métro- politain. C'est nécessaire. De plus, il nous faut
créer une ville forte, capable de faire face aux éventuelles
décisions de planification dans la région. Je n'ai simplement
qu'à vous mentionner, comme projet capital pour les prochaines
années, l'approvisionnement en eau potable dans le Québec
métropolitain. Je puis dire qu'avec 23 centres de décision ce
n'est pas facile parce que chacun veut avoir sa petite usine de pompage sur la
rivière Montmorency. Je profite de l'occasion pour remercier et
féliciter le ministre d'avoir refusé la construction d'une usine
de pompage additionnelle pour la ville de Courville, usine de pompage qui
aurait été construite à 100 pieds de l'usine de pompage de
Beauport.
M. le Président, une ville telle que proposée par le
projet de loi no 255 nous donne une meilleure administration. Le
résultat direct c'est la diminution des taxes, parce que je n'ai
qu'à vous mentionner qu'à l'heure actuelle, il y a au-delà
de $650,000 de déficit d'opérations le 31 décembre 1974,
sans parler des $150,000 de déficit d'opérations pour 1975. M. le
Président, j'ai l'honneur de vous annoncer que Beauport, elle,
présentera à ses citoyens un surplus d'opérations
d'au-delà de $300,000.
M. le Président, j'ai tellement dit, j'ai beaucoup dit, je suis
certain que ce projet de regroupement, le projet de loi no 255, sera
très apprécié par les citoyens que je représente.
En terminant, je demande au ministre de créer {d'autres fusions de
municipalités à la grandeur de la province de Québec. Ce
seront les citoyens qui sauront nous remercier d'avoir pris la décision
et d'avoir pris nos responsabilités. Je vous remercie, M. le
Président.
Le Président suppléant (M. Picard): Le
député de Charlesbourg.
M. André Harvey
M. Harvey (Charlesbourg): M. le Président, très
brièvement, j'aimerais attirer l'attention de cette Chambre sur les
avantages marqués découlant du projet de loi no 255 concernant,
en particulier, le regroupement de certaines municipalités de la
région de Québec, et plus particulièrement, dans la
section nord, c'est-à-dire la partie touchant les villes de
Charlesbourg, Orsainville, Charlesbourg-Est et Notre-Dame-des-Laurentides. Il
faut se dire d'abord que ce projet de fusion n'a pas été
conçu ou préconisé suite à l'expression d'un simple
désir, mais plutôt en considération d'un besoin que je
qualifierais de presque naturel. En effet, depuis 1969, des projets en ce sens
faisaient déjà l'objet d'études, et subséquemment,
d'autres études sont venues, commanditées par le ministère
des Affaires municipales, conjointement avec les fonctionnaires des
municipalités concernées plus haut. Cela s'est passé dans
les années 1971 et 1972.
D'autre part, M. le Président, la loi 276, en 1971, apparaissait,
pour le regroupement des municipalités chez nous, de toute façon
comme un
impact pour la région. Mais les responsables municipaux y
envisageaient un recours éventuel. Davantage, la ville de Québec
y voyait-elle des faveurs inévitables pour sa grande capitale, mais
peut-être qu'aujourd'hui, en regard de ce qui se passe, même le
secteur nord d'une région homogène y retrouve son profit.
M. le Président, l'objet de la présente loi a donc comme
but de pallier cette faille et entend poursuivre deux objectifs primordiaux,
deux objectifs qui me sont chers, à savoir toutes les implications
économiques et sociales de la question. Et cela en précisant bien
que ce problème n'est pas plus politique puisque tous les partis
politiques, quels qu'ils soient, favorisent les unités de regroupement
des municipalités.
Ainsi, que l'on considère les problèmes de la
communauté urbaine auxquels doit faire face chacune des villes
précitées alors qu'avec la fusion, il y aurait unification des
secteurs et, par le fait même, un rendement supérieur, en termes
qualitatifs, des services à rendre à l'ensemble de la population.
C'est là, je pense qu'il s'agit d'atteindre ces doubles objectifs.
D'autre part, notons le déséquilibre flagrant dont
souffrait la population de Notre-Dame-des-Laurentides et peut-être
Charlesbourg-Est relativement au taux d'imposition de taxes qui sont, dans le
cas de Notre-Dame-des-Laurentides, presque deux fois plus élevées
que les taxes qui sont actuellement perçues par la ville de Charlesbourg
qui offre, soit dit en passant, des services de très grande
qualité.
Cette anomalie devait être corrigée grâce au
présent projet de loi dont l'une des fins vise à uniformiser,
à mieux répartir et à équilibrer les diverses taxes
à payer par chacun des contribuables. La requête contient la
volonté même des administrations municipales. Je dois ici
féliciter tous les fonctionnaires municipaux des quatre villes
concernées pour le travail acharné qu'ils se sont donné au
cours de l'été ainsi que messieurs les maires et les conseillers
des municipalités concernées.
Est-il besoin de mentionner, M. le Président, que ce projet de
loi rendra possible désormais la fin de toute spéculation comme
celle qui existe dans le secteur de Notre-Dame-des-Laurentides, par exemple,
alors que nous avons investi des milliers et des milliers de dollars, pour ne
pas dire des millions, dans le sous-sol, quand nous avons des terrains vacants
qui ne demandent pas mieux que d'être lotis dans un contexte où
nous avons une région qui s'identifie particulièrement dans un
domaine d'expansion en termes de construction domiciliaire. Le présent
projet de loi aura donc comme effet de favoriser cette expansion
régionale et enraiera également une situation devenue
impossible.
Sur un autre plan, M. le Président, je tiens à souligner
les liens naturels qui unissent les villes, et ce par le truchement
d'échanges de services, plus particulièrement pour ce qui est des
villes de Charlesbourg et d'Orsainville. En effet, les villes de Charlesbourg
et d'Orsainville, possédant des ser- vices municipaux fort bien
rodés et structurés, ont rendu possible l'instauration d'une
collaboration soutenue, surtout pour ce qui a trait aux services policiers et
de protection contre l'incendie. Egalement, l'excellence du service du
contentieux a permis une consultation quotidienne entre les fonctionnaires de
chacune d'elles, particulièrement au cours des derniers mois. Que dire
aussi, M. le Président, de la haute qualité d'organisation de la
Cour municipale offerte par la ville de Charlesbourg et desservant
également tout le territoire nord de la région
concernée.
Somme toute, M. le Président, la fusion proposée des
villes précédemment mentionnées s'exercerait dans un cadre
des plus bénéfiques pour l'ensemble de cette région. Que
l'on considère seulement, à y regarder de près, que seuls
les services des travaux publics n'auraient plus à y être
intégrés, ce qui ne représente aucun problème en
soi puisque cette intégration se ferait avec toute la garantie que les
postes existant avant la fusion, les fonctions et les salaires ne seraient en
aucun cas touchés par cette dernière.
Enfin, M. le Président, j'ajouterai, avant de terminer, que toute
ville ne peut que vivoter, en ce sens qu'elle ne parvient à se maintenir
en place que grâce aux subventions gouvernementales correspondant au
nombre d'habitants la composant, lesquels souffrent nécessairement d'un
fardeau de taxes très élevées, alors qu'avec la fusion la
population s'accroît d'autant.
Cela permet ainsi de bénéficier de subventions statutaires
du gouvernement votées lors de budgets accordant à la population
de meilleurs services sur des plans qualitatifs et quantitatifs.
Donc, M. le Président, je tiens à préciser que
c'est un projet de loi réaliste, conçu avant tout pour une
population soucieuse de poursuivre son expansion économique et sociale.
A la suite de récentes consultations, elle s'est avérée
très favorable au projet. Les représentants municipaux
concernés, à l'instar de tous les citoyens, se sont
également déclarés unanimement favorables au projet, sauf
évidemment quelques rares exceptions. Mais, dans le cas des quatre
municipalités concernées, il est important de dire que tous les
maires et tous les conseillers, unanimement, ont endossé la
requête qu'ils ont d'ailleurs préconisée ensemble autour
d'une table ronde qui a fonctionné puisque la coopération et une
collaboration dans l'intérêt de toute la population y ont
présidé.
Je termine, M. le Président, en citant le ministre des Affaires
municipales, M. Goldbloom, lequel stipulait lors de son discours
prononcé en Chambre vendredi dernier que le présent projet de loi
prévoyant le renforcement de l'administration municipale dans cette
région de la capitale provinciale découle d'une action entreprise
par les municipalités elles-mêmes. La résultante:
Identification plus forte de cette population homogène à la
grandeur du Québec métropolitain mais dans la région nord
en particulier, chances certaines d'améliorer les structures et
l'administration régionale.
C'est la volonté de toute une population, M. le
Président; cette population, je l'écoute, je l'informe
mais je la laisse choisir et elle a choisi. Merci, M. le Président.
Le Président suppléant (M. Picard): L'honorable
député de Beauce-Sud.
M. Fabien Roy
M. Roy: M. le Président, quelques remarques au sujet du
projet de loi no 255 qui est actuellement devant nous. Je viens
d'écouter religieusement les propos qu'ont tenu mon collègue le
député de Montmorency et l'autre collègue derrière
moi, le député de Charlesbourg, qui nous ont fait une
espèce d'éloge du projet de loi en cours.
M. le Président, je dis qu'il y a d'abord une question de
principe qui se pose au préalable. Il y a des lois qui ont
été votées, ici, au Parlement de Québec, depuis
1970, des lois qui ont été amendées par la suite de
façon à permettre aux municipalités qui désirent se
fusionner d'avoir en quelque sorte un cadre dans lequel elles pourraient agir
et procéder. Ces lois permettent quand même des mécanismes
de consultation auprès des populations concernées.
Mais, M. le Président, depuis quelques mois, l'Assemblée
nationale est devenue la partie composante qui décide qui doit se
fusionner ou qui ne doit pas se fusionner. Sommes-nous ici pour décider
de la régie interne des différentes municipalités du
Québec ou pour faire des lois générales, des lois-cadres
qui permettront à ceux qui occupent les premières
responsabilités de l'administration publique, c'est-à-dire les
municipalités du Québec, d'être capables, à
l'intérieur de ces lois, de concert avec la population et après
consultation de la population, de déterminer quelles sont les meilleures
décisions à prendre pour donner à leurs citoyens, à
leurs administrés les services que ceux-ci leur demandent?
Au lieu de cela, on est en train de transformer l'Assemblée
nationale en une espèce de tribunal de fusion volontaire ou
involontaire. C'est un tribunal de fusion qu'on est en train de faire. Nous
avons étudié, la semaine dernière, des fusions
forcées qui vont revenir possiblement ce soir ou demain, encore, devant
l'Assemblée nationale.
Une Voix: C'est faux.
M. Roy: Là, nous étudions un projet de loi qui
concerne la charte de la ville de Beauport et la charte de la ville de
Charlesbourg.
M. le Président, il y a quand même des moyens pour
permettre à ces populations de décider. Pour quelle raison
n'a-t-on pas pris la peine de consulter toutes les populations
concernées? Le député-maire de Beauport a dit tout
à l'heure qu'il y a deux municipalités qui ont été
consultées et on parle d'une fusion d'un certain nombre de
municipalités. Pour quelle raison n'a-t-on pas procédé
à la consultation de ces populations? Avait-on peur de ces
consultations?
Une Voix: C'est faux.
M. Roy: Si on n'a pas peur de la consultation, il n'y a pas de
problème à consulter la population.
M. le Président, voulez-vous rappeler le perroquet de Saint-Jean
à l'ordre, s'il vous plaît?
Le Président suppléant (M. Picard): Je crois qu'il
vous a entendu. Vous pouvez continuer.
M. Veilleux: M. le Président, est-ce que le mot
"perroquet" est un terme parlementaire?
Le Président suppléant (M. Picard): C'est une
question de règlement ou quoi?
M. Roy: M. le Président, dire le contraire, ce serait
mentir et il n'est pas permis de mentir à l'Assemblée
nationale.
M. le Président, je disais donc qu'on n'a pas
procédé à une consultation logique et normale des
populations qui sont concernées par ces projets de loi. Pourquoi les
municipalités, les dirigeants municipaux n'ont-ils pas
procédé de cette façon? Si la population était
d'accord, il n'y avait pas de problème à la consulter, puisque
l'accord aurait été donné. Mais, si on avait peur de
consulter les populations, c'est parce qu'il y avait des réticences,
soit parce qu'on manquait d'information, soit parce que, justement, on
n'était pas convaincu des bienfaits des fusions. C'est encore
peut-être qu'on avait peur un peu d'en entreprendre trop. Il y a
peut-être cela aussi; il y a peut-être le fait que des petites
municipalités avaient réussi à s'administrer en ayant un
niveau de taxe moins élevé que d'autres.
On a parlé de l'égalisation au niveau de la taxe
foncière. C'est bien beau parler d'égalisation, mais qu'est-ce
qu'on fait de l'initiative et quelle est la motivation, à l'heure
actuelle, d'une municipalité au Québec, d'administrer le plus
sainement possible, de faire des économies, de façon à
pouvoir surcharger le moins possible ses contribuables? Il n'y a plus aucun
intérêt à le faire. Si une municipalité a le malheur
d'avoir un taux de taxe inférieur aux autres, on organise toutes sortes
de stratégies pour tâcher de dévorer cette petite
municipalité. On fait cela au nom de la justice distributive. Il y a
quand même des limites. On dit de plus en plus qu'il faudra que les
populations et les administrations se prennent en charge, qu'il faudra qu'elles
prennent leurs responsabilités. Il faudra qu'on procède, il
faudra quand même qu'on leur permette ces choses.
On nous arrive à l'Assemblée nationale avec des lois du
type du projet de loi no 255, qui est une charte de fusion de plusieurs
municipalités en deux villes, c'est-à-dire la ville de Beauport
et la ville de Charlesbourg.
M. le Président, ce projet de loi comme tel n'a rien de mauvais,
mais c'est quand même une charte de regroupement, une charte qui
détermine les villes. Est-ce que et je suis d'accord avec les
propos que tenait le député de Chicoutimi tout à l'heure
nous aurons une charte qui sera déposée à
l'Assemblée nationale chaque fois qu'une ville sera créée
à la suite de fusions, au Québec?
M. le Président, il y a quand même des limites. Il faudra
quand même qu'on commence à s'interroger sérieusement sur
l'énorme fardeau, que cela imposera à l'Assemblée
nationale pour pouvoir suivre ces lois ou encore pour les étudier afin
de prendre les décisions qui s'imposent, les meilleures
décisions.
J'entendais mon collègue de Charlesbourg, tout à l'heure,
nous dire qu'il n'y avait pas de problème à Charlesbourg, que
tout était parfait, que tout le monde était d'accord. Si je parle
sur ce projet de loi, c'est justement parce qu'on va préparer d'autres
projets de loi du même type pour venir dans mon comté, M. le
Président. On se servira de ces projets de loi comme
précédents. C'est la raison pour laquelle j'en parle, M. le
Président.
M. le Président, je me réfère au journal Le Soleil
du 14 août 1975; cela ne fait pas dix ans, cela ne fait quand même
pas cinq ans, non plus; cela ne fait même pas un an; cela fait quelques
mois à partir du moment où il y a eu des décisions d'en
venir à des projets de loi. Voici ce qu'on dit: "Charlesbourg et le
projet de fusion: Embrouillamini, c'est le nom qui convient à
l'assemblée d'information qui s'est tenue, hier soir, à
Charlesbourg au sujet du projet de fusion de cette ville avec Orsainville,
Notre-Dame-des-Laurentides et Charlesbourg-Est. Plus de 200 contribuables, des
citoyens, des contribuables s'étaient massés dans la salle du
conseil municipal pour recevoir des renseignements des représentants de
la firme Fortier, Hawey et des membres du conseil sur les répercussions
d'un regroupement municipal". L'article de M. Routhier continue ainsi: "Grande
réticence; de nombreuses interventions avaient pour objet de
dénoncer la rapidité avec laquelle les autorités veulent
procéder. D'autres blâmaient le conseil et la firme Fortier, Hawey
de ne pas avoir les éléments nécessaires pour se prononcer
de façon compétente sur les avantages et les désavantages
d'une fusion."
Plus loin dans l'article on dit ceci: "Fusion et confusion. Le
débat a longtemps dévié sur la possibilité de
préparer des plans quinquennaux. Le maire, M. Jean-Claude Thibault, et
les conseillers ont répondu qu'il était impossible de faire des
projections pour une période de cinq ans. D'ailleurs, le conseiller
Desrosiers a dit qu'il ne sert à rien de faire un tel travail puisqu'un
nouveau conseil peut décider de ne pas le réaliser".
En continuant l'article, voici ce que les autorités municipales
disent: La fusion accorde à une ville un pouvoir économique et de
pression plus grand. C'est plus facile de décrocher des subventions,
etc., a laissé entendre le maire. C'est justement le point que je veux
soulever à ce moment-ci. Les municipalités ne sont pas libres
actuellement, dans le domaine des fusions; il y a toute une question de
marchandage, de pression politique, qu'elles doivent faire pour obtenir des
subventions comme telles et ces subventions sont faites en fonction du
regroupement. Le député de Saint-Jean dit: Nommez-les. Il n'a
qu'à regarder le discours du budget qu'a fait son collègue, le
ministre des Finances, lors du dépôt du dernier budget devant
l'Assemblée nationale; il va se rendre compte que, plus les
municipalités sont grandes, plus elles ont des subventions.
M. le Président, ce n'est pas une façon de régler
les problèmes...
M. Veilleux: Question de règlement, M. le
Président.
M. Roy: ... des contribuables et le problème des
municipalités du Québec.
Le Président suppléant (M. Picard): A l'ordre!
M. Roy: Ce n'est pas une façon, M. le
Président.
Le Président suppléant (M. Picard): A l'ordre, s'il
vous plaît! Question de règlement.
M. Veilleux: II devrait venir dire aux gens de Saint-Jean ce
qu'il pense des $256,000 qu'ils ont reçus du budget, s'ils sont pour ou
s'ils sont contre.
Le Président suppléant (M. Picard): A l'ordre, s'il
vous plaît! Le député de Beauce-Sud.
M. Roy: M. le Président, ce n'était pas une
question de règlement. Si le député veut intervenir, il a
tout le loisir de le faire, il n'a qu'à demander à prendre la
parole tout à l'heure au lieu de passer son temps à interrompre
ses collègues comme il le fait depuis que j'ai pris la parole.
Les remarques qui sont faites par les collègues du
côté ministériel démontrent jusqu'à quel
point ce n'est pas à l'Assemblée nationale du Québec de
trancher ces questions. On entend d'un collègue: Bien oui, les gens du
comté de Beauce, est-ce qu'ils connaissent le problème de
Charlesbourg? On demande à un moment donné aux gens de
Saint-Jean: Est-ce que les gens de Saint-Jean connaissent les problèmes
des gens de la Beauce? Est-ce que le député de Vanier
connaît les problèmes de la ville de Chicoutimi, des villes de
Jonquière, d'Arvida ou de Baie-Comeau?
M. Dufour: Non, mais de Charlesbourg, oui.
Le Président suppléant (M. Picard): A l'ordre, s'il
vous plaît!
M. Roy: Non. Mais, M. le Président, on n'est pas au
courant de tous ces problèmes et on nous demande, nous ici à
l'Assemblée nationale, qui ne pouvons pas être au courant de tous
les problèmes qu'il y a dans les municipalités du Québec,
de décider si oui ou non telle ville et telle autre ville doivent
fusionner.
Cela me donne raison sur la question de principe que j'ai posée
au tout début, M. le Président. Mes collègues ont
tenté de démontrer qu'à l'Assemblée nationale les
députés qui représentent d'autres circonscriptions, qui
représentent d'autres régions ne peuvent pas être au
courant de
tous les problèmes et de tous les avantages versus les
inconvénients qui peuvent découler d'une fusion. M. le
Président, il va falloir que le gouvernement agisse d'une autre
façon. C'est ce que je veux dire. Il va falloir que le gouvernement
procède d'une autre manière. Si la loi qui favorise le
regroupement des municipalités du Québec ne correspond pas aux
besoins, ne donne pas aux municipalités qui ont des projets de ce genre
la possibilité d'agir logiquement, d'agir adéquatement, d'agir
dans le meilleur intérêt de leurs gens, je dis que ces projets de
loi doivent être modifiés.
C'est la raison pour laquelle je dis que le gouvernement, en
procédant de cette façon, veut tout simplement faire
régler le problème par des gens qui ne sont pas suffisamment au
courant de la question.
Ce sont des gens qui ne sont pas directement impliqués par ces
problèmes, des gens qui n'ont pas, autrement dit, de comptes à
rendre dans un comté sur le vote qu'ils sont appelés à
donner concernant les projets de fusions municipales, les fusions de villes
dans d'autres régions du Québec.
Or, M. le Président, il y a eu au cours de l'été
des comités des citoyens et des ligues de propriétaires qui ont
tenu une série de réunions dans la banlieue de Québec. Ils
ont étudié le projet de fusion, ils ont étudié les
projets de la Communauté urbaine de Québec. Il y a eu des
assemblées, je pense, dans chacune des municipalités, dans
chacune des villes. Il y a eu une assemblée générale
à un moment donné et voici ce que disent ces gens: "En effet, la
position inébranlable des comités de citoyens et ligues de
propriétaires est qu'une fusion comme un regroupement ne doivent
être considérés que s'ils ont été voulus
à la majorité des votants de chaque municipalité. Et on
continue en disant: "A condition qu'ils soient complètement
informés et librement consultés lors d'un
référendum tenu à ces seules fins."
La seule concession que les organismes signataires consentent à
la régionalisation s'exprime à deux niveaux. Premièrement,
coopérative volontaire de services matériels régionaux.
Cette coopérative livrerait ses services aux seules municipalités
qui en feraient la demande, parce qu'elles y auraient intérêt
selon l'avis donné par les corps intermédiaires. Je continue le
mémoire, M. le Président. On me parle de la communauté
urbaine et je suis d'accord, mais concernant une fusion, la fusion qu'on veut
faire à l'heure actuelle, on en comprend les dessous et les à
côté.
Au sujet de cette coopérative de services, si justement cette
coopérative de services avait été mise sur pied et avait
fonctionné selon la façon demandée par les citoyens
contribuables, nous n'en serions peut-être pas à examiner
aujourd'hui et à nous prononcer sur le projet de loi no 255.
Peut-être que ce projet de loi n'aurait tout simplement pas
été nécessaire.
M. le Président, je dis qu'on comprend mal actuellement, au
niveau gouvernemental, le rôle que devraient jouer les
municipalités du Québec, leurs responsabilités, les
besoins et les désirs des administrés dans chacune de ces
municipalités.
C'est une question de finance, c'est une question de services et une
question de subvention, mais le gouvernement, par toutes sortes de moyens,
actuellement, procède de façon incitative, je ne dirai pas
arbitraire, je connais trop le ministre, M. le Président, pour dire
qu'il veut procéder lui-même comme ministre des Affaires
municipales, de façon très arbitraire. Le ministre est soumis
à toutes sortes de pressions politiques, pressions régionales,
pressions politiques partisanes, pressions gouvernementales, promesses
électorales, engagement d'un tel, engagement d'un autre, tout cela. Le
ministre est pris puis il est obligé de naviguer dans tout cela tant
bien que mal. C'est la raison pour laquelle il va falloir qu'il y ait plus de
précision, il va falloir qu'il y ait une meilleure clarté dans la
loi qui favorise le regroupement des municipalités du Québec, de
façon que ce soit les citoyens concernés qui décident de
leur fusion et non l'Assemblée nationale du Québec.
Ce m'apparaît, M. le Président, un principe fondamental,
parce que tout à l'heure, il y aura d'autres députés dans
cette Assemblée nationale qui auront des problèmes identiques et
le député sera coincé entre les administrateurs de ces
municipalités et la population qui habite ces municipalités.
Le législateur sera coincé, il sera pris entre deux feux
et il devra naviguer là-dedans. Ce n'est pas une façon logique,
ce n'est pas une façon normale d'administrer. Ce n'est pas non plus une
façon logique pour le gouvernement de procéder.
On parle beaucoup de l'intégrité du territoire. On en
parle beaucoup. Qu'est-ce qu'on fait actuellement pour protéger
l'intégrité territoriale des limites municipales du
Québec? Que fait le gouvernement provincial pour protéger
l'intégrité territoriale? On peut se poser de sérieuses
questions. J'aurai l'occasion d'intervenir sur d'autres projets de loi pour
dire que ça commence à être très urgent que le
gouvernement se décide à légiférer dans ce domaine
de façon à donner une meilleure sécurité, une
meilleure stabilité à l'administration municipale. Actuellement,
les administrations municipales ont des problèmes multiples. Il y en a
qui ont des problèmes insolubles. Il ne faudra pas un grand nombre
d'années avant qu'une bonne quantité de ces municipalités
soient mises sous tutelle. Je pense qu'il va falloir dire ces choses et il
faut, je pense bien, prévenir le gouvernement de ce
côté.
Je termine en disant ceci, pour résumer ma pensée: Toute
fusion valable devrait avoir lieu seulement après que la population de
chacune des municipalités intéressées ait pu se prononcer
séparément, par un référendum, à la
majorité absolue des électeurs inscrits. Le
référendum ne devrait avoir lieu qu'après que la
population ait été complètement informée et
librement consultée lors d'un référendum tenu à ces
seules fins. De plus, il serait temps que les dispositions soient prises afin
que le territoire des municipalités soit intégralement
respecté par les municipalités voisines et également par
le gouvernement provincial.
Pour toutes ces considérations, je ne dirai pas que le bill est
mauvais en soi, mais il y a un prin-
cipe préalable et c'est la consultation. Pour ces raisons, je ne
pourrai voter pour ce projet de loi, je vais voter contre.
M. Harvey (Charlesbourg): En vertu de l'article 96...
Le Vice-Président (M. Blank): Article 96.
M. Harvey (Charlesbourg): ... le député a menti
à cette Chambre et il me paraît important de rétablir les
faits.
M. Roy: M. le Président, je m'excuse. "A menti à
cette Chambre". Je m'excuse. Question de règlement. Je ne
tolérerai pas ces choses.
M. Harvey (Charlesbourg): En vertu de l'article 96, M. le
Président.
M. Roy: Que le député ne soit pas d'accord, que le
député donne des informations supplémentaires à la
Chambre, c'est normal, mais je n'accepterai pas que le député
vienne dire que j'ai menti à l'Assemblée nationale. Je me suis
basé sur les documents que j'avais en main.
M. Harvey (Charlesbourg): Article 96. M. Roy: Je me suis
basé...
Le Vice-Président (M. Blank): A l'ordre, à l'ordre,
à l'ordre! A l'ordre, s'il vous plaît! Si c'est au sujet du mot
"menti", je pense qu'il peut utiliser un autre mot.
M. Harvey (Charlesbourg): En vertu de l'article 96, je pense,
comme député concerné dans le projet de loi, que je ne
dois pas laisser passer des anomalies d'information qui ont été
promulguées par le député de Beauce-Sud. Je pense
qu'à cet effet le député disait que les fusions
étaient faites sur une base forcée, sans tenir compte des
aspects...
M. Roy: M. le Président, vous n'êtes plus sur une
question de règlement. Question de privilège.
Le Vice-Président (M. Blank): D'accord.
M. Roy: Le député peut invoquer l'article 96
à condition qu'il ait été mal cité. Je n'ai pas
cité le député de Charlesbourg d'aucune façon;
donc, sa question de règlement ne s'applique pas.
Le Vice-Président (M. Blank): C'est exactement ce que je
veux dire au député de Charlesbourg. Ce n'est pas à une
réplique que vous avez droit, vous avez le droit de rétablir les
faits dans votre discours.
M. Harvey (Charlesbourg): Oui, M. le Président. C'est en
regard de mon discours puisque j'avais mentionné, quelques secondes
avant que le député ne se laisse aller, que chez nous on re-
tournait en 1969 pour avoir études par-dessus études pour
favoriser la fusion. Sa référence à un M. Routhier, du
Soleil: II est un membre actif contestataire de la fusion à Villeneuve,
en particulier. Ce n'est pas une référence à donner
à cette Chambre. En plus la seule raison pour évoquer une loi
dans le cas du regroupement intégré avec les regroupements de la
région de Québec, c'est une question d'ordre technique dont une
municipalité...
M. Roy: M. le Président, je m'excuse. Nous avons un
règlement à l'Assemblée nationale ici...
Le Vice-Président (M. Blank): D'accord. M. Roy: ...
et il doit être respecté.
Le Vice-Président (M. Blank): Je suis d'accord avec vous.
Le ministre des Affaires municipales, sur son droit de réplique.
M. Harvey (Charlesbourg): Le ministre pour rétablir les
faits, d'ailleurs.
M. Victor Goldbloom
M. Goldbloom: M. le Président, paraît-il que le
parti des nouilles pourries est contre les fusions.
M. Roy: Est-ce que le ministre a le courage de
répéter ce qu'il vient de dire pour qu'on l'entende? Est-ce que
le ministre voudrait répéter ce qu'il vient de dire pour qu'on
l'entende?
M. Goldbloom: J'ai dit: Le parti des nouilles pourries est contre
les fusions.
M. Roy: M. le Président, les propos que je viens
d'entendre ne sont pas dignes du ministre des Affaires municipales que nous
connaissons. D'habitude, le ministre des Affaires municipales tient des propos
pas mal plus gentils à l'endroit des députés. M. le
Président, je voudrais quand même lui dire que je n'ai pas voulu
lui être désagréable.
Le Vice-Président (M. Blank): Une question de
privilège ou quoi? D'accord.
M. Roy: Alors, si le ministre veut parler sur ce ton, je tiens
à l'avertir qu'à six heures il ne pourra pas faire voter son
projet de loi à la Chambre, parce que je vais invoquer le
règlement chaque fois. J'ai tenu des propos, puis j'invite le
ministre...
Le Vice-Président (M. Blank): A l'ordre, s'il vous
plaît. A l'ordre! S'il vous plaît. A l'ordre, s'il vous
plaît! ... A l'ordre! ... A l'ordre!...
Le député de D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: M. le Président, blague à part,
soyons logiques. Ce que nous avons devant nous, c'est un problème qui
touche une agglomération urbaine des plus importantes. Si nous devons
faire fonctionner cette agglomération, nous devons lui donner une
certaine unité de pensée, une certaine unité de direction.
Il y a un certain nombre d'années, un autre gouvernement a voulu faire
cela avec la création de communautés urbaines et, aujourd'hui, on
constate que ce mécanisme, cette structure ne semble pas avoir
répondu à l'attente et aux désirs de la population.
Pourtant, il faut améliorer la cohérence de l'action sur ce
territoire qui a, par sa nature même, une cohérence structurelle.
Le territoire lui-même ayant une cohérence, il faudra que sa
structure administrative en ait aussi. C'est ce que nous essayons de faire
ici.
M. le Président, si l'on regarde ce que la carte nous
démontre, si nous regardons la côte de Beauport, par exemple, nous
constatons que là il y avait deux municipalités où le
désir a été exprimé de tenir un
référendum. C'était à Villeneuve et à
Sainte-Thérèse-de-Lisieux. Si l'on regarde la carte, on peut
comprendre assez facilement que, si les citoyens de
Sainte-Thérèse-de-Lisieux s'étaient exprimés contre
l'idée de fusion, il aurait été relativement facile
d'exclure cette municipalité de regroupement, parce qu'elle est
périphérique. Mais si les gens de Villeneuve s'étaient
exprimés contre la fusion, nous nous serions trouvés dans une
situation assez embêtante, parce que nous avons là une situation,
et il serait bon de le rappeler, où dans presque toutes les
municipalités et surtout les petites municipalités en population,
il y aura comme résultat de la fusion une baisse de la taxation et il y
aura le règlement de problèmes financiers qui sont assez
importants, et l'exemple de Courville est peut-être le plus
impressionnant.
Si on n'a pas Villeneuve, on n'est pas en mesure d'aller chercher
Courville. Nous sommes obligés de donner l'aide nécessaire aux
municipalités pour leur permettre de fonctionner. Il me semble beaucoup
plus logique de fournir cette aide à une nouvelle ville
intégrée où on aura un équilibre de taxation,
où l'on aura progressivement un équilibre de services et
où l'on aura une unité d'administration que de donner des
montants ici et là pour panser les plaies qui existent, mais qui
n'auraient que des pansements dans une telle situation.
Je pense que nous avons une responsabilité qui dépasse la
question des municipalités individuelles quand elles sont si nombreuses
dans une région qui a besoin d'unité et de structures. Et puisque
nous avons l'initiative des municipalités elles-mêmes nous avons
une situation où nous répondons, dans une très large
mesure, à ce qui est demandé par les municipalités, au nom
de leurs citoyens.
M. le Président, je pense que la logique nous commande d'agir
pour renforcer nos principales agglomérations. C'est ce que nous faisons
par ce projet de loi.
Le Vice-Président (M. Blank): La motion de deuxième
lecture du projet de loi no 255, Loi regroupant certaines municipalités
de la région de Québec, est-elle adoptée?
Des Voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Blank): Adopté.
M. Burns: Sur division, M. le Président. Inscrivez, s'il
vous plaît, la dissidence du député de Chicoutimi et du
député de Maisonneuve.
M. Roy: Vous inscrirez aussi celle du député de
Beauce-Sud.
Le Secrétaire-adjoint: Deuxième lecture de ce
projet de loi. Second reading of this bill.
Projet de loi déféré à la
commission.
M. Levesque: M. le Président, je propose que ce projet de
loi soit déféré à la commission parlementaire des
affaires municipales.
Le Vice-Président (M. Blank): Cette motion de
déférence est -elle adoptée? Adopté.
M. Levesque: Article 10.
Projet de loi no 68 Deuxième lecture
Le Vice-Président (M. Blank): Le ministre des Affaires
municipales propose la deuxième lecture du projet de loi no 68, Loi
concernant la Communauté urbaine de Montréal.
M. Victor Goldbloom
M. Goldbloom: M. le Président, l'honorable
lieutenant-gouverneur de la province a pris connaissance de ce projet de loi et
en recommande l'étude à la Chambre.
Il me semble, M. le Président, que cette étude peut
être relativement rapide. Je pense que tout le monde comprend la
situation devant laquelle nous nous trouvons. Le budget de la CUM entrant en
vigueur automatiquement, il n'y a pas eu, dans ce budget, de modification et
les comptes de taxes devraient être expédiés en vertu de ce
budget original qui ne tiendrait pas compte des $14 millions de coupures dans
les dépenses et de $60 millions de subventions de la part du
gouvernement.
Or, M. le Président, puisque ce ne serait pas logique d'envoyer
aux contribuables des comptes de taxes inutilement élevés, nous
avons accepté la demande formulée par le président du
comité exécutif de la communauté urbaine et nous
présentons ce projet de loi pour régulariser la situation.
Des Voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Blank): La motion de deuxième
lecture de ce bill 68 est-elle adoptée?
M. Burns: Adopté.
M. Bédard (Chicoutimi): Adopté.
Le Vice-Président (M. Blank): Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Deuxième lecture de ce
projet de loi. Second reading of this bill.
M. Levesque: M. le Président, je propose que ce projet de
loi soit déféré à la commission
plénière et qu'on fasse les écritures sauf pour une ou
deux questions, je pense, qui doivent être posées à ce
moment-ci sans que vous ayez à quitter votre fauteuil, avec le
consentement.
M. Burns: C'est cela, M. le Président. Commission
plénière
Le Vice-Président (M. Blank): D'accord. On peut faire les
écritures nécessaires. Avez-vous des questions?
M. Bédard (Chicoutimi): Je voudrais simplement demander au
ministre de quel budget il s'agit et qu'est-ce qui va arriver si les $60
millions n'étaient pas prévus au budget?
M. Goldbloom: Je m'excuse, M. le Président, je n'ai pas
compris la question.
M. Bédard (Chicoutimi): De quel budget s'agit-il lorsque
vous vous référez à l'article...
M. Goldbloom: Du budget qui a été proposé
par le comité exécutif de la communauté urbaine, qui a
été l'objet d'un débat, lors d'une assemblée du
conseil. Deux résolutions ont été proposées, qui
auraient eu pour effet de réduire les dépenses, mais il n'y a pas
eu de résolution pour introduire, dans le budget, côté des
revenus, le montant de $60 millions promis par le gouvernement dans une lettre.
Il n'y a pas eu, donc, adoption d'un budget modifié.
C'est le budget pour l'année 1976 qui est entré
automatiquement en vigueur, mais sous sa forme originale, au moment où
le débat a pris fin, automatiquement, à minuit le jour de la
séance.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce que ce budget de $60
millions est pour des raisons spécifiques que pourrait nous donner le
ministre des Affaires municipales?
M. Goldbloom: II est évident, M. le Président, que
nous ne pouvons, sauf en insérant les détails dans la loi,
diriger la communauté urbaine à appliquer une partie quelconque
d'un tel montant à un poste budgétaire en particulier. Nous avons
quand même fait des recommandations qui découlent d'une discussion
que nous avons eue avec les autorités de la communauté urbaine.
Donc, les $60 millions doivent, normalement, être appliqués de la
façon suivante: $25 millions contre le service de dette du métro;
$20 millions contre les frais d'exploitation du système de transport en
commun, et $15 millions contre les frais d'administration en
général, contre le budget général de la
communauté urbaine.
M. Bédard (Chicoutimi): Ces $60 millions, est-ce qu'ils
s'ajoutent au budget, en plus des actuelles quotes-parts des
municipalités, ou encore les $60 millions seraient-ils déduits
des dépenses prévues, avant de faire la répartition?
M. Goldbloom: C'est-à-dire, M. le Président, que si
les $60 millions ne sont pas ajoutés au budget, la quote-part de chaque
municipalité sera beaucoup plus élevée et le taux de la
taxe serait beaucoup plus élevé.
L'application des $60 millions et des coupures au montant de $14
millions, du côté des dépenses, ont pour effet de limiter
l'augmentation du taux de la taxe à approximativement $0.02 là
où le transport en commun est donné et permettent de maintenir le
taux actuel dans les autres municipalités qui ne sont pas desservies par
la Commission de transport de la communauté urbaine. Donc, on
réduit les quotes-parts des municipalités en donnant la
subvention.
M. Bédard (Chicoutimi): Dernière question, M. le
Président. Au lieu de toujours procéder par subvention, puisque
c'est quand même une solution de cataplasme, est-ce que le ministre
envisage la possibilité, à un moment donné, de penser
à un réaménagement fiscal qui donnerait des sources
directes de taxation à la Communauté urbaine de Montréal
comme à la Communauté urbaine de Québec?
M. Goldbloom: M. le Président, je vous fais remarquer que
les précisions que je viens de donner quant à l'attribution des
divers montants à divers postes budgétaires recoupent ce qui
vient d'être annoncé la semaine dernière par le ministre
d'Etat aux Transports comme politique d'aide au transport en commun. Si l'on
regarde le budget de la Communauté urbaine de Montréal, on
constate qu'il y a deux articles majeurs; il y a les services policiers et il y
a le transport en commun. Si l'on regarde les tendances dans les deux cas, on
verra que la tendance à la hausse est beaucoup plus prononcée
dans le cas du transport en commun ces dernières années.
Or, en ajoutant une aide statutaire au transport en commun, on fournit
à peu près les trois quarts du montant qui est donné en
subvention générale et discrétionnaire en ce moment. Donc,
il y a déjà dans ce geste une transformation de subvention
discrétionnaire en subvention statutaire sur laquelle la
communauté urbaine, comme les autres communautés, pourra compter
dorénavant.
Le Vice-Président (M. Blank): Le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Tetley: M. le Président, tout simplement comme
député de Montréal, je dis que j'approuve le projet de loi
et je note que...
Le Vice-Président (M. Blank): Vous êtes en
commission maintenant.
M. Tetley: Oui, je suis en commission. Je pose une question: M.
le ministre, êtes-vous au courant que j'approuve le projet de loi? De
plus, êtes-vous au courant, s'il faut poser des questions, que je ne
demande pas un vote, mais que, lors du dernier vote, plusieurs
députés étaient dans la brume d'Air Canada?
Il y avait le député de Laporte, le député
de Notre-Dame-de-Grâce, le député de Gatineau, le
député de Hull, le député d'Abitibi-Est, le
député de Fabre et le député d'Abitibi-Ouest, le
député de Papineau. Etiez-vous au courant, M. le ministre des
Affaires municipales?
M. Burns: Les députés qui étaient dans la
brume, les députés qui étaient tous dans la brume vous
dites?
M. Tetley: C'était la brume fédérale d'Air
Canada, M. le député de Maisonneuve. C'est cela ma question.
Le Vice-Président (M. Blank): ... prochaine séance
ou à une séance subséquante.
M. Levesque: M. le Président, je propose, ah c'est
déjà terminé.
Le Vice-Président (M. Blank): Troisième lecture,
séance subséquente ou...
Travaux parlementaires (suite)
M. Levesque; Alors, M. le Président, je voudrais donner
les renseignements suiyants à la Chambre. Nous allons nous réunir
de nouveau à vingt heures quinze ce soir et nous entreprendrons
l'étude du projet de loi apparaissant à l'article 9), soit la
deuxième lecture du projet de loi no 89, Loi des droits sur les
mines.
Il est possible que nous entreprenions également la
deuxième lecture du projet de loi no 205, Loi concernant la cité
de Rimouski. Ce soir, la commission des transports, des travaux publics et de
l'approvisionnement siégera à partir de vingt heures quinze,
à la salle 81-A. Demain matin, à dix heures précises, la
commission parlementaire de la justice siégera pour l'étude des
projets de loi mentionnés au feuilleton, nos 109 et 158, au salon
rouge.
Nous prévoyons que cela ne prendra qu'une demi-heure pour
disposer de ces deux projets de loi privés. A dix heures trente, au
salon rouge également, la commission parlementaire des affaires sociales
se réunira pour poursuivre l'étude du projet de loi no 253, Loi
visant à assurer les services de santé et les services sociaux
essentiels en cas de conflit de travail. A la salle 81-A, également
à dix heures trente, la commission des affaires municipales se
réunira pour étudier les projets de loi qui lui ont
été déférés récemment, incluant
aujourd'hui.
M. Burns: Est-ce que cela veut dire aussi les projets de loi nos
100 et 196?
M. Levesque: Un instant. Non. M. Burns: D'accord.
M. Levesque: Parce que ces projets de loi n'ont pas
été déférés dans le même sens que je
viens de l'indiquer, c'est-à-dire que ces projets de loi sont des
projets de loi privés et je me référais à des
projets de loi d'ordre public.
M. Burns: Ce sont tous les projets de loi qui ont
été déférés.
M. Levesque: Oui, j'apprécie la précision du
député de Maisonneuve. Si on veut voir exactement ce qui sera
déféré, il y a le projet de loi no 68, Loi concernant la
Communauté urbaine de Montréal; le projet de loi no 255, la Loi
regroupant certaines municipalités de la région de Québec;
le projet de loi no 254, Loi modifiant la Loi sur l'évaluation
foncière; le projet de loi no 256, Loi modifiant la Loi de la
Communauté régionale de l'Outaouais. Ce sont les quatre projets
de loi qui ont été déférés à la
commission parlementaire des affaires municipales. Ce sont ces quatre projets
de loi.
M. Burns: Puis-je vous poser un problème à
caractère très pratique? Si jamais, ce soir, la commission des
transports n'avait pas terminé ses travaux, qu'est-ce qui arriverait?
Vous avez les deux députés, en ce qui concerne l'Opposition, qui
s'en occupent qui vont être pris à la commission des
transports.
M. Levesque: Oui.
M. Burns: L'un de ces deux députés est le
député de Chicoutimi qui, normalement, devrait nous
représenter à la commission des affaires municipales.
M. Levesque: Si ce n'est pas terminé ce soir, nous
terminerons demain après-midi, probablement. Demain matin,
également, à la salle 91-A, à dix heures trente, si nous
n'avons pas disposé et il est probable que ce soit le cas
ce soir du projet de loi no 89, Loi des droits sur les mines, ce projet de loi
pourra être étudié à la salle 91-A, a dix heures
trente.
C'est dire que demain après-midi, après la période
des questions, nous pourrons possiblement revenir à l'une ou l'autre de
ces commissions ou encore à la commission des transports selon le
cas.
Ou encore, si la situation le motivait, suspendre et aller en
commission. Tout cela, évidemment,
dépend des travaux qui seront accomplis d'ici demain
après-midi.
M. le Président, je propose la suspension de l'Assemblée
jusqu'à vingt heures quinze.
Le Vice-Président (M. Blank): La Chambre suspend ses
travaux jusqu'à vingt heures quinze.
(Suspension de la séance à 18 h 14)
Reprise de la séance à 20 h 25
Projet de loi no 89 Deuxième lecture
Le Vice-Président (M. Blank): A l'ordre, messieurs!
Le ministre des Richesses naturelles propose la deuxième lecture
du projet de loi no 89, Loi des droits sur les mines.
M. Jean Cournoyer
M. Cournoyer: Le lieutenant-gouverneur de la province a pris
connaissance de ce projet de loi et il en recommande l'étude à
l'Assemblée.
M. Harvey (Jonquière): Adopté.
M. Lessard: A-t-il compris le lieutenant-gouverneur en conseil?
Expliquez-nous cela.
M. Cournoyer: L'honorable lieutenant-gouverneur, c'est un de mes
"chums". N'écrivez pas cela.
La révision du régime d'imposition des compagnies
minières a donné lieu à l'adoption par cette
Assemblée du projet de loi no 58, dont j'avais d'ailleurs fait une
lecture rapide en deuxième lecture. Ce projet de loi proposait une
modification provisoire de la structure des droits sur les mines pour la
période du 1er avril 1974 au 31 mars 1975.
Le projet de loi qui est devant vous a pour but de compléter
cette réforme par des mesures de nature plus permanente que le
gouvernement veut apporter à l'imposition des compagnies
minières. Cette réforme a un double objectif. Tout d'abord, le
prélèvement de droits sur les mines vise à permettre
à la population de recevoir une plus juste rémunération
pour l'utilisation de ses richesses naturelles.
Toutefois, il importe d'assortir ces droits d'autres mesures
destinées à inciter à l'exploration, à favoriser la
croissance et le développement du secteur minier et à encourager
la transformation du minerai au Québec. Dans l'élaboration d'une
nouvelle politique d'imposition minière, il a forcément fallu
tenir compte du régime fiscal en vigueur dans les autres provinces et de
certaines contraintes propres à l'économie minière
québécoise.
Faut-il se rappeler que l'exploitation minière a permis non
seulement le développement de régions, qui seraient autrement
demeurées désertes, mais aussi la création d'une industrie
de transformation des métaux, qui est maintenant l'une des composantes
principales de notre structure industrielle. Une saine fiscalité
minière doit non seulement comporter des incitations à
transformer le minerai actuellement exporté à l'état brut
ou en concentré, mais aussi des mesures destinées à
favoriser la découverte et l'extraction de minerai pour alimenter des
usines de transformation déjà en exploitation au
Québec.
Vu l'aspect hautement technique du régime d'imposition des
compagnies minières, il convient de ne présenter ici que les
principales caractéristiques des mesures les plus importantes.
Dans la poursuite du premier objectif, des droits progressifs
fondés sur les bénéfices miniers constituent encore l'une
des meilleures formes d'imposition dans ce domaine. C'est ainsi qu'une mine
dont le minerai est de haute teneur et de grande valeur sera
proportionnellement imposée plus fortement qu'une exploitation
marginale. La structure actuelle de nos droits sur les mines est ainsi
constituée et c'est sur cette base qu'est proposée une nouvelle
échelle dont les taux varieront de 15% à 30% des
bénéfices miniers.
Une structure de taux progressive peut susciter des problèmes aux
entreprises qui exploitent des substances dont les prix connaissent des
variations prononcées. Les bénéfices d'une année
peuvent être très importants et être frappés de
droits élevés alors que, l'année suivante, ils peuvent
être inexistants ou même se transformer en perte. Il convient donc
de prévoir la possibilité de l'étalement du revenu ainsi
que le report des pertes sur deux ans. De cette façon, les droits seront
moins influencés par les mouvements à court terme et le seront
davantage par la richesse de la mine elle-même.
La poursuite du deuxième objectif, soit une meilleure utilisation
de nos ressources, nécessite l'application de mesures incitatives
destinées à encourager l'exploration minière au
Québec et une transformation plus poussée de notre minerai.
En premier lieu, les actifs miniers et les actifs servant au traitement
du minerai acquis après le 31 mars 1975 pourront être amortis
selon la méthode de l'amortissement uniforme au taux de 30% au lieu de
15% comme précédemment.
Les frais d'exploration et de mise en valeur continueront d'être
radiés au taux de 100%.
De plus, nous introduirons, pour certaines dépenses
engagées après le 31 mars 1975, deux nouveaux types d'incitation:
une allocation d'exploration et une allocation d'investissement. La
première autorisera les compagnies à réclamer, dans le
calcul de leurs revenus miniers, une déduction égale à $1
pour chaque tranche de $3 de dépenses d'exploration faites au
Québec à l'exclusion de celles engagées sur le site de la
mine après l'entrée en production. La deuxième permettra
aux compagnies de réclamer le même type d'allocation gagnée
suivant le même mécanisme sauf que les dépenses admissibles
s'appliqueront aux nouveaux investissements dans la concentration, le
"smeltage" et l'affinage à l'inclusion des actifs servant au traitement
forfaitaire.
Cette dernière mesure pourra également s'appliquer dans
des cas d'investissements au palier de la fabrication, dans la mesure où
le lieutenant-gouverneur en conseil en aura donné l'approbation.
En d'autres termes, ces deux types d'allocation sont semblables à
l'épuisement gagné dans le calcul de l'impôt sur les
bénéfices des industries extractives. Une entreprise
minière devra avoir in- vesti soit dans l'exploration, soit dans la
concentration, dans le "smeltage", le raffinage ou la fabrication pour tirer
avantage de ces incitations nouvelles.
Enfin, l'allocation de traitement demeurera à 8% du coût
des actifs québécois servant à la concentration. Elle sera
portée à 15% de celui des actifs servant au "smeltage" et au
raffinage; en outre, le taux de 15% s'appliquera au coût des
installations de concentration, lorsque ce minerai est traité au
Québec à un stade ultérieur par l'entreprise.
Comme par le passé, l'allocation de traitement conservera son
minimum de 15% et son maximum de 65% du profit minier.
Il est bien difficile d'estimer précisément les recettes
fiscales immédiates provenant de la nouvelle imposition des entreprises
minières. Comment, en effet, prévoir à la fois le niveau
des prix des matières premières et le comportement des
entreprises à l'égard des nouveaux stimulants à
l'exploration et à la transformation?
Des études effectuées par les ministères des
Richesses naturelles et des Finances permettent, cependant, de prévoir
une augmentation des recettes fiscales provenant de l'industrie minière
et d'affirmer que le rendement des investissements dans le secteur minier
québécois sera tout aussi intéressant que celui des
investissements chez nos concurrents ou encore dans d'autres secteurs
industriels, compte tenu des risques inhérents au secteur minier.
M. le Président, en définitive, tous les textes du projet
de loi no 89 s'inspirent, d'abord et avant tout, du discours du budget
prononcé par le ministre des Finances lors de l'étude de ce
discours du budget, au début de cette année. Il a
été amendé, cependant, pour tenir compte des dispositions
contenues dans le discours du budget de M. Turner au gouvernement
fédéral.
En définitive, le projet de loi no 89 est un texte technique,
comme je le disais, qui écrit en texte législatif des
décisions du gouvernement déjà annoncées à
la population.
Le Président Suppléant (M. Picard): L'honorable
député de Saguenay.
M. Lucien Lessard
M. Lessard: M. le Président, je conçois que ce
n'est pas le projet de loi le moins technique que nous ayons eu à
étudier ici, à l'Assemblée nationale. En effet, lorsque
nous parlons d'imposition de droits sur les mines, il semble qu'on ait
utilisé à peu près le pire jargon administratif pour
essayer de mêler tout le monde.
Le projet de loi 89 confirme, je pense, ce que j'affirme. Le ministre
tente de nous dire que les objectifs qui étaient poursuivis en proposant
à l'Assemblée nationale ce projet de loi étaient d'abord
de permettre à la population de profiter beaucoup plus de ces richesses
naturelles comme droit financier qui est remis sous forme de taxes et
d'impôts et, en même temps, on visait l'objectif
d'augmenter la transformation des richesses naturelles chez nous.
Autrement dit, de pouvoir profiter d'une meilleure utilisation de notre
ressource.
Je dois cependant souligner au ministre que son discours ne m'a pas
convaincu et que les différentes modalités prévues dans ce
projet de loi ne me convainquent pas que le projet de loi a pour but d'apporter
plus de recettes comme droits miniers à l'intérieur soit du
ministère des Finances ou au niveau du ministère des Richesses
naturelles. Il est vrai que ce projet de loi fait suite au discours sur le
budget de 1975/76. Dernièrement, nous avions adopté un projet de
loi temporaire et j'avais indiqué, lors de la discussion de ce projet de
loi, que je réservais mes remarques pour la discussion d'un autre projet
de loi qui devait venir puisque c'est celui-là qui nous est
proposé et qui devrait normalement entrer en vigueur le 1er avril
1975.
Essayons de voir d'abord certains éléments importants que
nous retrouvons dans ce projet de loi. D'abord le niveau d'imposition ou les
droits et impôts sur les revenus. Il est vrai que la présente loi
augmente les impositions ou les droits miniers comparativement à
l'année 1973 et, pour être plus précis, avant le 1er avril
1974.
En effet, M. le Président, nous constatons que, dans le discours
du budget justement de 1975/76, on déterminait ou on précisait,
à la page 60, la structure d'imposition en vigueur avant le 1er avril
1974. On soumettait, en même temps, l'imposition qui devrait être
en vigueur entre le 1er avril 1974 et le 31 mars 1975, quitte à donner
toujours les réformes qu'on proposait à partir du 1er avril
1975.
Or, ce projet de loi institue des droits miniers inférieurs
à ceux en vigueur au cours de l'année 1974/75 pour les
entreprises ayant des profits supérieurs à $4 millions. Pourquoi
a-t-on décidé justement de réduire l'imposition par
rapport à l'année 1974/75? Le ministre ne nous en dit rien.
Malgré la technicité que cela peut comporter, certains ont
même affirmé que, par rapport à 1974/75, c'est $15 millions
que le Québec pouvait perdre sous forme de droits miniers, alors que le
ministre nous disait, tout à l'heure, que ce projet de loi avait pour
objectif d'augmenter le rendement des mines pour l'ensemble des
Québécois.
On constate, par exemple, dans le projet de loi qui nous est soumis,
que, pour les entreprises réalisant des profits de $4 millions à
$10 millions, le taux a été abaissé de 22.5%, qu'il
était entre 1974 et 1975, à 20%. Pour celles ayant des profits de
$10 millions à $20 millions, le taux est substantiellement réduit
de 30% à $25%, toujours en comparaison à ce qui est
précisé dans le discours du budget à la page 60. Nous
constatons justement ces réductions à la suite de l'adoption du
projet de loi no 89 où on précise, dans un article de ce projet
de loi, les taux d'imposition, alors qu'à la page 60 du discours du
budget on précisait les taux d'imposition pour l'année 1974/75,
plus particulièrement du 1er avril 1974 et du 31 mars 1975.
Par exemple, pour l'année 1974/75, pour des profits qui sont
supérieurs ou entre $150,001 et $1,150,000, le taux d'imposition
était de 13.5%. Pour des profits de $1,150,000 à $2,150,000, le
taux était de 16.5%. Pour des profits de $2,150,000 à $4,150,000
le taux était de 19.5%. Dans la loi qui nous est soumise ce taux, pour
des profits allant jusqu'à $3 millions, est diminué ou
réduit à 15%. C'est donc inférieur à la moyenne de
l'imposition qui avait été établie pour l'année
1974/75. Pourquoi a-t-on décidé de réduire? J'aimerais
bien que le ministre puisse nous en informer.
Quand nous allons chez des compagnies qui font des profits beaucoup plus
considérables, nous constatons, par exemple, qu'au cours de
l'année 1974, selon l'ancien système d'imposition, pour des
profits de $4,150,001 à $10,150,000 le taux d'imposition était de
22.5% antérieurement alors que maintenant il est diminué à
20%. Quant aux profits dépassant $10 millions, il est maintenant
réduit à 25% entre $10,150,000 et $20,150,000. Ce que je veux
souligner, à travers ces chiffres, c'est qu'il y a d'abord, par rapport
à 1974/75, une réduction assez importante dans les droits miniers
qui sont fixés en vertu de la loi 289. Peut-être
s'avérerait-il nécessaire que cela se fasse, mais jusqu'ici je
n'ai pas eu les explications nécessaires du ministre.
Déjàet je pense qu'il faut le souligner avant
que ces changements ne soient apportés, le Québec imposait moins
les compagnies minières que la plupart des provinces minières
canadiennes, en particulier la Colombie-Britannique et l'Ontario. Dans un
article publié dans Economie et finance du journal La Presse du samedi
28 décembre 1974, un rapport de Price Waterhouse démontre que le
taux d'imposition du Québec, en ce qui concerne les droits miniers, est
passablement inférieur à ce qui est demandé en
Colombie-Britannique et ce qui est demandé en Ontario.
Il faut cependant souligner, M. le Président, que cela semble
être supérieur à ce qui est exigé ou à ce qui
est demandé pour le Manitoba. Ces chiffres sont d'ailleurs
confirmés par un document qui a été déposé
à l'Assemblée nationale, suite à la discussion des
crédits, en date du 4 juillet 1975, par le ministre des Finances, et qui
démontre assez clairement, dans des tableaux qui ont été
fournis par le ministre, que sans tenir compte du rapport de pertes, de
l'étalement et de l'amortissement des actifs à 30%, le
Québec exige beaucoup moins des compagnies minières que l'Ontario
ne le fait. Pour des bénéfices de $20 millions imposables ou de
$5 millions imposables, nous constatons justement que cette imposition moindre
est confirmée tant par le rapport Price Waterhouse que par le
dépôt du document par le ministre des Finances du
Québec.
Mais en plus, c'est là que cela me paraît passablement
exagéré, de constater en tout cas il appartiendra au
ministre de me le prouver que le Québec retire beaucoup moins de
ses ressources naturelles, beaucoup moins sous forme d'imposition en droits
miniers par rapport à l'Ontario et à la Colombie-Britannique,
nous constatons que la liste des exemptions et déductions
accordées aux entreprises minières ne finit plus de s'allonger.
Il faut regarder le discours du budget 1975/76, aux pages 57, 58, 59, 60 et 61
pour
constater combien est longue la liste d'exemptions qu'on permet aux
compagnies minières, alors que c'est un système qui ne semble pas
s'appliquer ailleurs.
Mais en plus justement de ce qui était déjà
prévu ou de ce qui était déjà accordé sous
forme d'exemptions on sait qu'un ex-ministre libéral M. Kierans, a
déjà, dans une étude qu'il avait publiée,
affirmé que les compagnies minières, tant au Canada qu'au
Québec, profitaient largement de différents types d'exemptions.
Le tableau qui nous est donné dans le discours du budget de 1975/76 nous
confirme justement combien nombreuses sont les exemptions dont profitent les
compagnies minières.
On peut même se demander j'espère que le ministre
nous l'expliquera quelle est l'imposition réelle de ces
compagnies minières. On constate, par exemple, dans un article du projet
de loi qui nous est soumis, qu'avant d'établir le revenu ou le profit
annuel pour l'exercice d'une compagnie minière, on fait à peu
près une vingtaine d'exemptions, on soustrait à peu près
une vingtaine d'exemptions. Il y a des exemptions qui sont normales telles que
la rémunération ou les salaires des employés de service et
des ouvriers préposés à l'exploitation minière,
telles que les dépenses générales et administratives
directement reliées à l'exploitation et ainsi de suite.
On précise toute une série d'exemptions, mais on ajoute
aussi, M. le Président, comme exemptions, le coût des travaux
faits pendant l'exercice financier pour des puits, excavations, galeries,
tranchées, sondages ou autres moyens d'exploration ou de mise en valeur.
On ajoute aussi les frais d'exploration minière, etc. Mais en plus de
tout cela, en plus de déduire toute cette série d'exemptions, on
permet en même temps d'ajouter comme exemptions, en vertu de la loi qui
nous est soumise, des déductions sur le revenu net de 25%. On ajoute la
possibilité d'amortissement du coût de capital, soit actuellement
30%, et on ajoute aussi toute une série de mesures telles que le taux de
dépréciation des actifs, qui autrefois était de 15%, et
est maintenant rendu à 30%, suivant la nouvelle loi qui sera
adoptée.
On permet aux compagnies minières de capitaliser à leur
façon les dépenses de mise en valeur et d'exploration. Avant, la
compagnie devait amortir ses dépenses d'au moins 15%. Alors là on
permet, comme le ministre le disait tout à l'heure, semble-t-il pour
arriver à une plus grande transformation de nos ressources, un plus
grand étalement. On ajoute une nouvelle allocation spéciale
d'exploration de 33 1/3%. Evidemment en plus du fait que ces dépenses
font toujours l'objet de déductions à 100% au titre de
dépenses courantes dans le calcul du revenu net. Autrement dit, M. le
Président, lorsqu'on a à préciser l'allocation
spéciale d'exploitation à moins que je ne me trompe
si une compagnie, par exemple, fait des dépenses d'exploration pour un
montant de $35 millions, en vertu d'un article du projet de loi, que je n'ai
pas le droit de nommer, cette compagnie aura le droit de déduire
complètement de son revenu net toutes les dépenses d'exploration
et aura, en plus, le droit de déduire une allocation spéciale de
33 1/3% de ce même montant qui a déjà été
déduit. Ce sont là des doubles déductions.
On ajoute une nouvelle allocation spéciale de 33 1/3% pour les
dépenses d'investissement dans l'équipement de traitement, et
toujours selon le même principe, en plus du fait que ces dépenses
peuvent être dépréciées entièrement dans le
calcul du revenu net. Encore là, c'est exactement la même chose
que les dépenses d'exploration. On les déduit entièrement
pour établir le revenu net et, après cela, on a encore droit
à une déduction de 33 1/3%.
Je trouve que cela commence à être des déductions
très importantes. De plus, on augmente de 8% à 15% de la valeur
des équipements de transformation l'allocation dite de traitements.
Cette allocation était autrefois de 8% et on l'augmente à 15%,
ceci dans le cas, comme le disait le ministre, où il y a "smeltage" ou
affinage.
Je comprends bien, M. le Président, qu'il faut encourager les
compagnies minières à transformer le plus possible notre minerai
chez nous, mais pas au prix de le leur donner pour rien non plus, un peu comme
le disait un ancien premier ministre de la Colombie-Britannique, être la
souris blanche. C'est la question que je me pose.
J'aurais bien aimé que le ministre évalue. Je comprends
qu'il ne peut pas tout évaluer, qu'il ne peut pas entièrement
prévoir les recettes ou la diminution de recettes que peut comporter ce
projet de loi. Mais on aurait pu, au moins, faire des estimations en vue non
seulement d'informer l'Opposition, mais d'informer aussi le groupe
ministériel. Jusqu'ici, je pense qu'on est dans le noir. Le ministre
nous dit: Cela va améliorer les recettes sous forme d'imposition des
droits miniers. Par ailleurs, le projet de loi nous confirme toute une
série de nouvelles exemptions ou d'augmentations d'exemptions qui
n'existaient pas selon l'ancienne formule des droits miniers.
On ajoute, dans le projet de loi, une nouvelle clause
d'étalement, qui pourrait s'avérer fort généreuse
pour certaines entreprises où il y a fluctuation des prix. Par exemple,
une nouvelle formule d'étalement va être fonction du prix du
marché. Il peut bien arriver qu'une compagnie, qui n'est qu'une filiale,
ici, au niveau du Québec, vende à des prix inférieurs
à la compagnie mère aux Etats-Unis. A ce moment-là, quel
sera le prix du marché, celui déterminé par la filiale ou
celui déterminé par le ministère des Richesses
naturelles?
Il y a une autre question que je me pose. Je me demande si le
ministère des Richesses naturelles est équipé sur le plan
technique pour faire l'analyse de tous ces détails techniques en ce qui
concerne les droits miniers et l'imposition de ces droits miniers. Il me semble
que le ministère des Richesses naturelles est plus ou moins
préparé pour cela, parce qu'il y a déjà un
ministère du Revenu qui a la responsabilité de ramasser les
impositions. Comme on sait que, dans le passé, le ministère des
Richesses naturelles n'a pas démontré véritablement un
certain dynamisme pour imposer aux compagnies des politiques minières
à l'avantage des Québécois, je vous dis, M. le
Président,
que je suis très sceptique concernant les contestations que
pourra faire le ministre des Richesses naturelles contre certaines politiques
des compagnies. Je me demande, beaucoup plus que cela, si le ministère
des Richesses naturelles a les techniciens nécessaires ce n'est
pas un blâme que je fais sur le plan de l'évaluation des
revenus ou de l'impôt, alors qu'il y a un autre ministère qui est
censé être spécialisé sur cela.
Un autre élément qui m'inquiète dans ce projet de
loi, c'est qu'on permet, pour la première fois, des transferts
c'est assez curieux et des étalements de profits et pertes d'un
exploitant à un autre. Est-ce que cela doit se faire entre des
compagnies qui sont la propriété à 100% des mêmes
actionnaires? Ou est-ce qu'une compagnie pourra dire que, dans telle
entreprise, elle ne contrôle que 50%, alors qu'elle contrôle 80%
d'une autre entreprise et, à ce moment-là, prendre les profits
qu'elle a faits dans l'entreprise où elle contrôle 80% et, comme
elle a fait des déficits ailleurs, faire les transferts des
déficits à l'autre entreprise, de telle façon que, cette
année-là, elle pourra ne pas payer d'impôt?
C'est assez technique, mais c'est un problème qui est
précisé, à un moment donné, ou qui nous laisse
songeurs, puisqu'il est mentionné dans le projet de loi.
Ceci pourrait entraîner, je pense, des réductions
d'impôt excessives pour, surtout, les grandes compagnies
étrangères, les géants de l'industrie, en plus
d'encourager encore plus la concentration de l'extraction minière entre
les mains d'un nombre réduit de compagnies, ceci, probablement, au
profit des plus grosses.
Voici, M. le Président, comment c'est exprimé dans le
discours du budget, à la page 61, où on dit que "les pertes ne
seront pas reportables comme telles; cependant, elles pourront être
imputées, suivant une formule à déterminer, contre le
revenu minier positif des deux années suivantes, dans le cadre de la
formule d'étalement et ce, tant à l'intérieur d'une
compagnie donc sur plusieurs années que pour l'ensemble
des entreprises taxées comme liées". C'est-à-dire que, les
entreprises pourront, à ce moment-là, avoir la
possibilité, en vertu du projet de loi qui nous est soumis, de
transférer leurs pertes de l'une à l'autre. Je me demande, en fin
de compte, quel jeu pourra être fait, par différentes compagnies,
pour éviter de payer de l'impôt. On sait que certaines compagnies,
étant donné que c'est extrêmement complexe et
extrêmement technique, ont des experts pour profiter de toutes les
possibilités que leur offre la loi.
Je pense, M. le Président, que ce projet de loi qui nous est
soumis permet certainement aux compagnies de profiter de tous les avantages
qu'on leur accorde. Je me demande à moins que le ministre me
donne d'autres explications si ces avantages n'iront pas à
l'encontre de l'objectif qui était visé par le ministre des
Richesses naturelles, à savoir permettre aux Québécois de
retirer beaucoup plus de leurs richesses naturelles, tant sous forme de droits
miniers ou d'imposition qu'aussi sous forme de transformation.
Je voudrais à ce sujet, quand on parle du traitement du minerai
québécois, chez nous, qui est quand même un problème
assez important, vous citer, assez longuement, un rapport qui vient
d'être déposé à l'Assemblée nationale, aux
pages 146 et 148. Le rapport vient d'être déposé, il s'agit
du rapport Tetley, ou rapport du comité interministériel sur les
investissements étrangers, Québec, septembre 1973, texte
révisé de mars à juin 1974 et dont on a extirpé
deux chapitres, les chapitres les plus importants.
Je voudrais vous souligner, concernant le secteur minier, des
affirmations qui sont très importantes et qui nous permettent de nous
interroger parce qu'il ne s'agit pas d'un rapport qui a été
préparé par l'Opposition; il s'agit d'un rapport qui a
été préparé par le gouvernement, par les
spécialistes du gouvernement.
On sait, malheureusement, que beaucoup de ces rapports qui sont
préparés par des spécialistes du gouvernement ne sont pas
par la suite appliqués.
Aux pages 146 et 147, on lit ceci, M. le Président: "On remarque,
écrit-on, que plus de 70% des minerais et des concentrés sont
exportés tels quels. Il ne serait pas exact, cependant, de
prétendre que le secteur minier est globalement mal
intégré à l'économie québécoise. Au
contraire, certains métaux donnent naissance à des chaînes
industrielles complètes; exemple, les fonderies de cuivre qui alimentent
raffinerie de Montréal-Est qui, à son tour, approvisionne des
câbleries québécoises. La séquence n'est
peut-être pas aussi complète en aval de raffinerie de zinc de
Valley-field, mais on ne peut prétendre que cela est négligeable.
On a espéré, pour le nickel, que Falcon-bridge construise une
affinerie à Bécancour, mais les difficultés de
marché ont probablement contribué à retarder le
projet.
Il est vrai aussi qu'il arrive fréquemment que les usines
québécoises fondent et affinent le minerai de l'Ontario ou
d'ailleurs alors que le minerai québécois est exporté sous
forme de concentré. D'autre part écrit-on certaines
opérations plus complexes sont souvent détournées du
Québec sans pour autant que les facteurs habituels de localisation ne
soient déterminants. Peut-être est-il possible de classer dans ces
catégories le laminage du cuivre ou du zinc et, ce qui est bien plus
important, celui de l'aluminium qui est fait à Kingston, près de
la frontière québécoise, bien sûr, mais en Ontario.
Ces localisations peuvent influencer à leur tour l'implantation d'usines
de produits métalliques. Enfin, est-il besoin de signaler que les prix
de vente de plusieurs métaux de base sont fixés en fonction d'un
certain nombre de points de référence, particulièrement,
par exemple, par rapport à New York, et qu'en vertu de ce système
les utilisateurs de cuivre de Montréal où, pourtant, le
métal est affiné, assument une partie des frais de transport
jusqu'au point de référence,
soit New York, ce qui joue évidemment à l'encon-tre de
Montréal comme point de localisation des usines de transformation.
Simplement, comme commentaire, c'est quand même assez scandaleux,
M. le Président, de voir que les utilisateurs vont payer à
Montréal le même prix fixé à New York alors que,
justement, ce produit est affiné à Montréal. Cela va donc
à l'encontre du développement économique de la
région de Montréal comme de tout le Québec.
Même si les données nécessaires pour en
connaître l'importance en pratique font défaut, il semble que le
système des points de base ou des prix de parité soit beaucoup
plus répandu qu'on ne le croit généralement.
L'étude de ces facteurs serait sans doute l'un des
éléments des études structurelles qu'entreprendraient les
ministères pour chacun des secteurs industriels. Enfin
écrit-on toujours, M. le Président ce qui est vrai pour
les métaux de base ne l'est guère pour le minerai de fer ou pour
l'amiante qui sont les deux autres productions québécoises
d'importance. Certains des minerais du Québec, à cause de leur
éloignement et de l'échelle à laquelle ils doivent
être exploités pour parvenir au marché à des
coûts concurrentiels, ne deviennent véritablement ressource que
par rapport à des utilisateurs extrêmement importants, disposant
eux-mêmes de marchés propres et de capitaux abondants. Dans ces
conditions, les effets d'entraînement à l'aval de telles
implantations ne sauraient être que minimes, à moins que
l'initiative de la mise en exploitation de ces gisements ne soit prise par des
Québécois, qu'ils soient utilisateurs, comme pourrait
l'être SIDBEC, ou qu'ils aient progressé vers l'exploitation, y
compris la commercialisation, des métaux à partir d'un travail de
découverte et de mise en valeur. Exemple: la mise en exploitation du
minerai polymétallique de Mingan par SOQUEM.
Autrement dit, M. le Président, ce qui importe, en ce qui
concerne le minerai de fer et l'amiante, c'est que nous puissions compter sur
nos propres moyens et exploiter nous-mêmes, en tout cas en partie, ces
minerais et profiter de sociétés que nous possédons
déjà, comme SOQUEM. Le même rapport, M. le
Président, qui est intitulé "Le cadre et les moyens d'une
politique québécoise concernant les investissements
étrangers" continue en parlant de l'amiante, et nous attendons en vain,
justement, une politique du ministère des Richesses naturelles
concernant ce secteur: Les mines d'amiante dont la première a
été mise en exploitation il y a 100 ans n'ont pas donné
lieu à un développement très important au Québec
dans le secteur secondaire. Sans doute une certaine proportion de l'amiante
québécois est-il transformé au Canada. Selon les chiffres
avancés par l'Association des mines d'amiante du Québec en 1973,
le Canada aurait fabriqué pour $93 millions de produits de l'amiante
alors que la consommation canadienne se serait élevée à
$96 millions.
On produit donc moins, M. le Président, que ce que l'on consomme,
alors qu'on sait qu'une grande partie des mines d'amiante est ici au
Qué- bec. Cependant les statistiques officielles du gouvernement
fédéral indiquent qu'en 1969 la production canadienne ne se
serait élevée qu'à $50 millions, donc à peine plus
de $20 millions au Québec.
L'amiante québécois est transformé en produits
nécessaires pour les besoins du marché canadien, savoir: sabots
de freins, vêtements ignifuges, panneaux isolants ou utilisés au
Canada comme additifs à l'asphalte ou aux dalles dites de vinylle
amiante. L'essentiel des fibres québécoises est toutefois
exporté et transformé principalement aux Etats-Unis. On
allègue fréquemment la faible proportion de l'amiante
utilisé dans les produits finis et le caractère pondéreux
de ces derniers pour expliquer l'installation des usines aux Etats-Unis
plutôt qu'au Québec.
Cet argument vaut peut-être pour l'asphalte ou les tuiles, mais
incontestablement moins pour les objets entièrement en amiante tels les
panneaux isolants. Des études sur la localisation des usines aux
Etats-Unis par rapport à la répartition géographique de la
demande par produit et l'exportation de produits fabriqués aux
Etats-Unis avec l'amiante québécois vers les tiers pays
produiraient les éléments permettant de prendre les mesures qui
conviennent pour que le Québec tire un profit plus équitable de
cette partie de son patrimoine.
Aux pages 146 et 147 du rapport Tetley... Si j'ai pris le temps de lire
ce qui est indiqué dans ce rapport, c'est que je veux au moins que le
ministre en prenne connaissance. Ce sont des choses que nous avons dites
à plusieurs reprises, sur lesquelles nous sommes intervenus depuis 1970,
tant en commission parlementaire qu'ici à l'Assemblée nationale,
afin de réclamer non seulement une politique dans le secteur de
l'amiante, mais une politique concernant globalement le développement de
l'ensemble de nos ressources naturelles. Toujours on nous indiquait qu'on
était impuissant à élaborer une telle politique.
Je pense que c'est le rapport Tetley lui-même qui demande au
ministre, qui demande au gouvernement du Québec d'établir une
telle politique, afin que les Québécois, non pas en donnant leurs
richesses, puissent profiter beaucoup plus des conséquences positives du
développement des richesses naturelles chez nous. Or, le projet de loi
qui nous est soumis n'apporte pas de solution. Au contraire, nous affirmons
qu'il marque un recul par rapport à l'ancienne loi des droits sur les
mines.
En effet, il y avait un articie dans l'ancienne loi, soit la loi de
1965, chapitre 35, article 17, où on affirmait la possibilité
pour le Québec de tripler les droits si le traitement se faisait hors du
Québec, c'est-à-dire d'exiger des droits additionnels lorsqu'une
compagnie exportait à l'état brut la matière
première. Je comprends qu'on n'a jamais appliqué cet article de
la loi, mais si on l'avait fait, probablement que nous pourrions profiter d'une
plus grande transformation de notre minerai chez nous. Dans le projet de loi
qui nous est soumis, ce soir, projet de loi no 89, cette possibilité de
tripler
les droits miniers quand la compagnie exportait en grande partie son
minerai n'est plus prévue. On abolit cette disposition, d'une part, et,
d'autre part, on permet une déduction supplémentaire de 15% des
investissements faits dans des équipements de traitement ou
transformation si l'exploitant fait la fonte et l'affinage, et de 8% s'il n'en
fait pas.
C'est, je pense, un cadeau de plus, puisque l'ancienne loi
prévoyait un maximum de 8%. En somme, au lieu d'avancer, au lieu
d'exiger, au lieu d'en arriver à ce que les Québécois
profitent de plus grandes retombées économiques de nos ressources
naturelles, nous avons l'impression, à moins que le ministre ne me donne
d'autres explications il semble avoir refusé de nous les donner
tout à l'heure qu'on ajoute des cadeaux
supplémentaires.
Il faut aussi remarquer que ces déductions de 15% s'ajoutent
à une première dépréciation de 30% accordée
sur ces mêmes immobilisations et précisée à
l'article 10 du projet de loi que je ne peux pas vous lire, mais qu'on pourra
discuter en commission parlementaire. Ces dépenses d'investissement sont
déduites deux fois du profit. Enfin, pour comble, on accorde ce genre de
cadeau à toutes les exploitations minières. Ceci me paraît
ridicule parce que la situation est différente, puisque dans au moins
deux cas, soit ceux du cuivre et du zinc, ces minéraux sont
déjà transformés au Québec. Donc, on n'a pas besoin
d'accorder des avantages, puisqu'au moins dans ces deux secteurs ils sont
déjà transformés en grande partie au Québec.
Le Québec s'est toujours et un ancien ministre
libéral le confirmait de façon particulière, soit M.
Kierans fait siphonner ses richesses naturelles à l'état
brut, puisque plus de 70% du minerai extrait du sous-sol
québécois est exporté à l'état brut. Dans
plusieurs secteurs de l'industrie minière, l'extraction n'enrichit pas
les Québécois. Au contraire, dans plusieurs secteurs miniers,
l'extraction appauvrit les Québécois parce qu'il ne s'agit pas de
richesses qui sont renouvelables. D'année en année, les
Québécois, s'ils ne retirent pas sous forme de
conséquences positives en droits miniers des avantages du
développement de leurs ressources naturelles, sont de plus en plus
appauvris. Elles les appauvrissent puisque les bénéfices sont
ridicules par rapport à la réduction des réserves
minières.
Quand on pense, par exemple je vais simplement donner quelques
chiffres que, dans le secteur du fer, moins de 1% est transformé
en métaux au Québec; dans le secteur de l'amiante, là
où, comme on l'a dit à plusieurs reprises, on a une force qu'on
n'a pas dans d'autres secteurs, moins de 5% sont transformés en produits
semi-finis ou finis; dans le secteur du zinc, là, la situation est
meilleure, puisque plus de 70% sont transformés en métaux; dans
le secteur du cuivre, 100% sont transformés en métaux et
même plus, on traite du minerai ontarien. Ce qu'on a fait dans le secteur
du cuivre ou ce qu'on a fait dans le secteur du zinc pourrait certainement
être fait dans le secteur de l'amiante. Dans ces conditions, les lois de
l'in- tégration des filiales américaines, Québec Cartier
Mining, Iron Ore, Canadian Johns-Manville, Bell Asbestos, etc., lois qui sont
la cause première de ce siphonnage à l'état brut,
continueront à jouer comme avant. De toute façon, ces entreprises
continueront de traiter le minerai selon les lois dictées par leur
statut de multinationales. C'est plus payant de faire transformer par la
société mère le minerai que de le transformer chez nous,
au Québec. Elles agiront comme prévu et récolteront les
cadeaux qui se présenteront.
Ces concessions fiscales coûtent très cher aux
Québécois et ne permettent pas justement d'avoir des
résultats positifs dans la transformation accrue de notre minerai. Quant
aux velléités du ministre des Richesses naturelles d'augmenter le
taux de transformation de l'amiante, secteur où six sur six des
principales entreprises sont étrangères, ce serait de
l'hypocrisie de prétendre que les déductions accordées par
ce projet de loi pour fins de traitements changeront quelque chose au
siphonnage actuel. J'espère que je peux me tromper.
Je voudrais aussi souligner l'importance de la nouvelle politique
fédérale sur les droits miniers au Québec puisqu'on sait
que le gouvernement fédéral a annoncé dans son budget
qu'il refuserait de considérer comme déductibles de l'impôt
fédéral sur le revenu les droits miniers payés aux
provinces. Certes, il a, par la suite, accordé une déduction de
25% des bénéfices miniers, mais il n'en demeure pas moins que ce
geste démontre clairement l'intention du gouvernement
fédéral de ne pas reconnaître comme ressource
financière exclusivement provinciale la rente sur les richesses
naturelles. Et ceci est un recul considérable puisqu'on sait qu'en vertu
de la constitution les richesses naturelles doivent relever de la juridiction
du gouvernement québécois ou du gouvernement des provinces. En
maintenant un taux fédéral de 36% et une déduction
uniforme de 25%, le fédéral force les provinces à
l'accepter comme bénéficiaire d'une partie des profits
exceptionnels liés à la rareté des richesses naturelles.
Autrement dit, une grande partie de nos richesses ou des profits de nos
richesses naturelles sont siphonnés non seulement par les compagnies
minières mais aussi par le gouvernement fédéral. Et jamais
le ministre des Richesses naturelles, comme le premier ministre du
Québec n'ont protesté contre cette nouvelle intrusion du
gouvernement fédéral dans le secteur des richesses
naturelles.
Cette façon de concevoir l'imposition des richesses naturelles
s'est manifestée récemment par l'attitude rigide du ministre
fédéral des Finances qui a affirmé que le
fédéral ferait tout en son pouvoir pour éviter que la
Saskatchewan nationalise les gisements de potasse privant ainsi son
gouvernement des impôts sur le revenu de ses sociétés, un
peu comme nous l'avions fait pour les ressources énergétiques
pour l'électricité en 1962. C'est également cette
façon inacceptable de voir l'imposition des richesses naturelles qui a
forcé le ministre québécois des Finances à
capituler devant le fédéral et à accorder aux entreprises
miniè-
res une déduction de 25%. Le ministre confirmait ce fait dans une
déclaration ministérielle du 4 décembre 1975 et
considérait comme droit acquis l'imposition fiscale du secteur des
richesses naturelles et la récupération par le
fédéral d'une partie dans la rente qui l'accompagne.
Mais M. le Président, ceci est particulièrement
néfaste du fait que les Québécois sont à peu
près absents en grande partie dans le secteur des richesses naturelles.
Je voudrais, encore une fois, vous citer un paragraphe qui me paraît
très important, toujours du rapport Tetley, où à la page
146, on analyse la participation des Québécois dans le secteur
des richesses naturelles et où on affirme que les
Québécois sont presque absents de l'exploitation minière.
Non seulement on n'en retire presque rien, non seulement le
fédéral s'ingère dans cette ressource, mais encore, comme
Québécois, nous sommes absents. En effet, écrit-on, une
compilation basée sur la valeur en 1970 de la production de chacune des
sociétés minières selon leur origine, Québec,
Canada, Etats-Unis et autres pays, indique en effet que leur participation ne
représente au total que 8.6% de la production minière au
Québec, soit 3.6% dans les substances métalliques, 2.2% dans les
minéraux industriels et 85% dans les minéraux de construction.
Ainsi, les Québécois sont surtout actifs dans les productions
marginales, comme par exemple le granit, le calcaire, le grès, le marbre
et le sable. De plus, le chiffre d'affaires de chacune des
sociétés québécoises qui sont détenues par
des Québécois les désigne comme de petites entreprises. La
spécialisation des Québécois dans la fabrication de ces
produits provient du fait qu'elle nécessite normalement moins de
capitaux, de connaissances techniques et de capacité d'organisation que
celles des autres substances minérales et que ces produits peuvent
généralement être écoulés sur le
marché local ou régional.
Donc, nous sommes absents dans le secteur du développement de nos
ressources naturelles, ceci confirmé par le rapport Tetley, et le projet
de loi no 89 ne contient aucune proposition pour redonner aux
Québécois la place qui leur revient en tant que
propriétaires des richesses naturelles. Pourtant, dans un avis remis, le
16 septembre 1974, au ministre des Finances, l'avocat-conseil Jean-Paul
Laçasse suggérait l'utilisation des droits miniers comme
façon d'inciter les compagnies minières à s'associer
à des Québécois tout en permettant aux
Québécois de retirer collectivement une partie plus
équitable des bénéfices. On peut lire,
particulièrement aux pages 18 et 19, les paragraphes suivants où
M. Jean-Paul Lacasse écrit ce qui suit: Face à la volonté
de l'Etat de promouvoir la mise en valeur et l'exploitation des ressources
minérales dans l'intérêt de la population du Québec
je peux dire que je doute de cet objectif, mais enfin les
contraintes juridiques sont de taille.
Ainsi, il n'est pas possible, écrit M. Lacasse, de
prévoir, dans le cas des droits d'exploitation accordés dans le
passé, le paiement de redevances par l'exploitant. Celles-ci peuvent
être prévues à l'occasion des aliénations à
venir mais, dans le contexte des propositions du récent budget Turner,
il n'est pas sûr que tel soit le meilleur remède.
Par ailleurs, dit M. Lacasse, la possibilité pour l'Etat d'exiger
pour l'avenir une participation à toute exploitation des ressources du
domaine public, en considération du fait que ce sont ses propres
ressources qui sont alors exploitées, apparaît comme une mesu e
juridiquement valable. Pour ce qui a trait aux aliénations faites dans
le passé, il n'y a, à défaut de lois rétroactives,
que la possibilité de modifier la loi des droits sur les mines de
façon telle qu'il devienne avantageux pour l'entreprise extractive
d'accorder à l'Etat une participation à l'exploitation de la
mine.
Il en est d'ailleurs de même si l'Etat choisissait d'instaurer
pour l'avenir le système de redevances et d'imposer dans la Loi des
droits sur les mines des droits tels que l'exploitant se verrait volontairement
forcé d'opter pour le régime des redevances. Les notions de
participation à l'exploitation et de redevance ne sont, en fait, que
deux volets d'une même réalité, celle d'une stipulation par
le propriétaire des ressources minérales qu'une partie du produit
ou du revenu lui revient en considération du fait qu'il permet leur
exploitation.
C'est en cela qu'elles diffèrent de l'impôt sur le revenu
ou même de taxes comme les droits sur les mines, lesquels ne sont pas
attachés à la qualité de propriétaire originel, du
bénéficiaire, d'où la facilité de modifier le
régime de ces derniers et la difficulté de modifier celui des
redevances. Encore là, M. le Président, dans un avis
suggéré en date du 16 septembre 1974 par l'avocat-conseil du
ministère des Finances, on propose une nouvelle formule concernant
l'établissement des droits miniers. Or, d'après la loi qui nous
est soumise, on constate qu'on n'a pas suivi ces avis.
Pour les nouveaux gisements, le Québec n'a pas non plus de
politique. Pourtant pour l'avenir, il est possible de légiférer
comme d'autres provinces l'ont fait. En Ontario, par exemple, 75% du
contrôle des nouvelles exploitations doivent être autochtones,
c'est-à-dire que 75% doivent être contrôlées par des
Ontariens.
En Saskatchewan et au Manitoba, ce pourcentage est de 50%; chez nous,
rien, sinon des slogans du gouvernement québécois. Je voudrais,
à ce sujet, faire lecture d'un extrait du discours du premier ministre
à Francfort le 21 octobre 1975, à la page 116, où on dit:
"Dans le cadre de notre politique de porte ouverte aux investissements
étrangers, il existe trois secteurs pour lesquels nous avons, soit
à Ottawa, soit à Québec, quelques restrictions.
Il s'agit des ressources naturelles, du secteur des biens culturels et
celui des institutions financières et monétaires. Pour
l'exploitation affirme toujours M. Bourassa des ressources
naturelles, nous demanderons aux entreprises étrangères
intéressées de s'associer à des intérêts
québécois. Au cas où il ne serait pas possible aux
entreprises étrangères de trouver des partenaires privés,
nous avons créé trois sociétés provinciales
spécialisées dans l'exploitation et l'exploration de nos
ressources naturelles".
Alors que M. Bourassa a affirmé cela ailleurs,
pas au Québec mais à Francfort, en Allemagne, un mois plus
tard, de retour, il revenait à plus de réalité ou à
son image telle qu'il nous la montre depuis 1970. En effet, un mois plus tard,
le premier ministre refusait de s'associer, par l'intermédiaire de
SOQUEM, à Brinco pour exploiter le plus gros gisement d'amiante connu et
non encore exploité. Le ministre aussi, M. le Président, refusait
d'accepter une des recommandations du rapport Alexandre en ce qui concerne
l'amiante.
M. Cournoyer: M. le Président, une question de
règlement. Puis-je poser une question parce que vous venez de faire une
affirmation dont j'aimerais connaître la nature?
M. Burns: Une question de règlement, M. le
Président. Il n'est pas question de question de règlement. Qu'il
demande la permission au député de poser une question. S'il
accepte, d'accord. Sinon...
M. Cournoyer: M. le Président, me permettez-vous de vous
poser une question?
M. Lessard: Oui, oui.
M. Burns: Bon. C'est de même que cela se fait.
M. Cournoyer: Vous avez raison. Pourquoi êtes-vous venu
m'interrompre, vous? Je ne vous ai pas posé de question à vous.
C'est lui qui avait la parole.
M. Burns: Vous soulevez une question de règlement. C'est
cela.
M. Cournoyer: C'est lui qui parlait tout à l'heure.
Qu'est-ce c'est que cette histoire?
M. Burns: Une question de règlement.
M. Cournoyer: II a le droit de m'interrompre, et moi, je n'ai pas
le droit d'interrompre l'autre. Qu'est-ce que c'est que cette histoire?
Il n'y a que vous qui avez le droit d'interrompre tout le monde à
l'Assemblée nationale...
M. Burns: Ce n'est pas vrai.
NI. Cournoyer:... quand vous le voulez, le président avec,
n'importe qui, tout le temps.
M. Burns: Ce n'est pas vrai.
M. Cournoyer: Bien non, je vous ai vu cet après-midi. Je
vous ai regardé faire. J'ai suivi exactement la technique que vous avez
suivie.
M. Lessard: A l'ordre, M. le Président!
Le Vice-Président (M. Blank): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Cournoyer: Exactement comme vous avez fait cet
après-midi.
Le Vice-Président (M. Blank): A l'ordre! M. Burns:
Ce n'est pas vrai!
Le Vice-Président: A l'ordre, à l'ordre! Est-ce que
vous permettez la question?
M. Lessard: M. le Président, je continue.
Le Vice-Président (M. Blank): Pas de question?
M. Lessard: Je voulais bien répondre à une question
du ministre, mais je ne voulais pas que cela devienne une bataille ou une
chicane.
Le Vice-Président (M. Blank): Est-ce que le ministre peut
poser sa question?
M. Lessard: De toute façon, je vais expliquer au ministre
des Richesses naturelles l'affirmation que je viens de faire.
En effet, M. le Président, à plusieurs reprises, ici, nous
avons interrogé le premier ministre pour savoir s'il avait l'intention,
par l'intermédiaire d'une société
québécoise, de s'associer à Brinco qui, justement, devait
investir une somme de $100 millions dans le secteur de l'amiante. Le premier
ministre nous a dit que c'était là une question de
priorité, qu'il n'avait pas les fonds nécessaires pour s'associer
à Brinco. De la même façon, le premier ministre nous a
précisé à plusieurs reprises qu'il n'avait pas l'intention
d'acheter la société Asbestos Corporation, contrairement à
l'une des recommandations du rapport Alexandre.
Je voudrais justement parler et terminer sur ce point du
secteur de l'amiante qui apparaît un des secteurs où le
gouvernement aurait pu faire quelque chose et n'a absolument rien fait. En
effet, le gouvernement refuse depuis cinq ans d'adopter une politique de
l'amiante. Il a même refusé, comme je le disais tout à
l'heure, d'appliquer la principale recommandation du rapport Alexandre, soit
celle d'acheter une seule entreprise, Asbestos Corporation, dont on sait
qu'elle est évaluée autour de $36 millions alors que, l'an
dernier, les profits avaient été évalués à
$12 millions.
M. le Président, je vais terminer dans six minutes. Ce faisant,
par son incurie, le gouvernement prive les Québécois de millions
de dollars qui devraient lui revenir comme rente à titre de principal
propriétaire de gisements d'amiante dans le monde. Au moins pour une
période transitoire, et ceci afin de permettre aux
Québécois de retirer collectivement des bénéfices
économiques qui leur reviennent d'ici à ce qu'une politique de
reprise en main soit appliquée, le gouvernement devrait doubler les
droits miniers exigés sur les gisements d'amiante. Or, le projet de loi
no 89 ne permet aucunement cette possibilité.
Ceci est possible, M. le Président, sans avoir à
craindre les effets de la concurrence étrangère,
étant donné la position dominante du Québec sur le
marché mondial, puisque nous connaissons la situation du Québec
dans ce secteur.
En effet, le Québec produit 30% de l'amiante extrait dans
l'ensemble du monde entier; 50% de la production d'amiante du monde occidental,
si on excepte la Russie; exporte 50% de l'amiante vendu sur le marché
international. Le Québec occupe 76% du marché américain.
Le Québec produit une fibre de qualité supérieure à
bien d'autres pays. On a tenté, à plusieurs reprises, de trouver
des gisements ailleurs qu'au Québec et qu'au Canada et nous savons que
les compagnies semblent impuissantes à trouver de tels gisements.
Je termine, M. le Président, en vous disant que, tant dans le
secteur de l'amiante que dans d'autres secteurs, le gouvernement nous a
toujours démontré son impuissance. Le gouvernement nous a
toujours dit qu'il ne voulait pas déranger le secteur minier,
déranger les compagnies minières. A plusieurs reprises ici,
à l'Assemblée nationale, j'ai affirmé que le
ministère des Richesses naturelles était le ministère des
compagnies minières. Lorsque j'ai à parler sur le projet de loi
qui nous est soumis, à moins que le ministre ne me convainque d'autre
chose, je constate, encore une fois, que ce projet de loi prévoit autant
d'exemptions non pas pour permettre à l'ensemble de la population de
profiter des retombées du développement économique de nos
richesses naturelles, mais pour permettre aux compagnies, probablement, de
profiter encore beaucoup plus de l'exploitation de ces richesses
naturelles.
Dans ces conditions, il est facilement pensable que les augmentations de
prix découlant d'une augmentation des droits seront
transférées aux acheteurs étrangers en effet, 95%
de la production est exportée et que la position concurrentielle
du Québec ne sera pas sérieusement affectée.
M. le Président, à moins que le ministre, dans la
réponse qu'il nous donnera tout à l'heure, ne nous
présente véritablement quels sont les avantages positifs de ce
projet de loi par rapport à l'ancien projet de loi; à moins que
le ministre ne nous précise quels sont les millions de dollars ou les
recettes supplémentaires que nous pourrions retirer suite à
l'adoption de ce projet de loi, à moins que nous n'ayons clairement des
tableaux qui démontrent l'augmentation de ces recettes, nous devrons
voter contre ce projet de loi, parce que nous disons que c'est un projet de loi
déguisé. C'est un projet de loi qui cache la
réalité, à savoir qu'il permet encore non pas aux
Québécois, mais aux compagnies minières de profiter
beaucoup plus de l'exploitation des ressources naturelles au Québec.
Le Vice-Président (M. Blank): Y a-t-il d'autres opinants
qui désirent parler, avant que le ministre exerce son droit de
réplique? Le député de Notre-Dame-de-Grâce m'a dit
qu'il désirait parler.
M. Cournoyer: M. le Président...
M. Burns: Le vote, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Blank): II a le droit de
réplique.
M. Burns: C'est cela. Alors, c'est ce que cela veut dire. M. le
Président, vous avez accordé la parole...
M. Tetley: M. le Président, donnez-moi la permission de
prendre la parole quelques minutes. J'étais à une mini
miniréunion.
Le Vice-Président (M. Blank): II n'a pas
commencé...
M. Lessard: S'il peut donner plus d'explications que le
ministre.
Le Vice-Président (M. Blank): ... le ministre encore.
M. Tetley: Je demande la permission de la Chambre.
M. Burns: Oui, oui. M. Tetley: Ah, merci!
M. Lessard: A la condition que vous donniez plus d'explications
que le ministre.
M. William Tetley
M. Tetley: M. le Président, tout simplement quelques
minutes de commentaires au sujet du projet de loi no 89, Loi des droits sur les
mines, présenté par l'honorable et distingué
député de Robert Baldwin.
C'est un premier pas vers le but final, qui est le but de tout le monde,
de contrôler complètement nos ressources naturelles, mais c'est un
but difficile que le député de Saguenay nous demande d'atteindre.
Il a cité le rapport que j'ai déposé la semaine
dernière, intitulé "Le cadre et les moyens d'une politique
québécoise concernant les investissements étrangers".
C'est un rapport de principe qui contient des buts à très
long terme. Je dois noter que c'est très difficile pour tout pays, pour
toute juridiction d'imposer une loi parfaite au sujet des investissements
étrangers.
Je cite un M. Parizeau qui a fait un rapport très important,
très valable, intitulé Le rapport Parizeau, déposé
en juin 1969. Lui, dans ce rapport qui affectait les investissements
étrangers et les institutions financières, avait une
recommandation. Il y a tout simplement six ans, il a écrit: Le
comité ne recommande pas l'adoption de lois destinées à
empêcher l'acquisition ou le contrôle des institutions
financières par des intérêts étrangers.
Une Voix: Bravo!
M. Tetley: En ce temps-là, il refusait ou ne re-
commandait pas des lois qui empêchaient l'achat, par des
étrangers, de nos institutions financières. Je veux montrer au
député de Saguenay que c'est difficile ce qu'il demande. Comme le
premier ministre l'a expliqué, je crois, dans une réponse
très intelligente la semaine dernière, le Québec pense
à son avenir, pense à ses richesses, pense à ses richesses
naturelles. Mais un pas à la fois.
Et comme M. Parizeau, il y a six ans, a refusé
complètement...
M. Lessard: Un pas de recul.
M. Tetley: ... à recommander tout empêchement
à l'achat de nos institutions financières, sans doute a-t-il
changé son point de vue depuis; voici aussi que cela prend du temps
avant que l'on doive se lancer dans cette aventure et nous avons adopté
quand même plusieurs lois, SOQUIP, SO-QUEM, etc. où le
gouvernement intervient pour le bien-être de l'Etat et de la province de
Québec. Je parle de la Loi sur les assurances que j'ai
déjà déposée, exactement dans le sens de notre Loi
des investissements étrangers, les actions du ministère de
l'Industrie et du Commerce, REXFOR et bien d'autres initiatives importantes. Et
nous allons continuer mais un pas à la fois.
Je vous remercie, M. le Président, et je remercie l'Opposition de
m'avoir accordé le temps d'exprimer ma pensée.
Le Vice-Président (M. Blank): Le ministre des Richesses
naturelles, pour son droit de réplique.
M. Jean Cournoyer
M. Cournoyer: M. le Président, je comprends que mon
collègue de Saguenay a parlé tantôt du domaine
éminemment technique de ce projet de loi et je comprends qu'il a aussi,
dans son exposé, oublié qu'il y avait un article en particulier
qu'il me rappelait de réintroduire tantôt. Comme on ne peut pas le
citer, je suivrai son exemple là-dessus, je lui rappellerai qu'il se
situe vers la fin et que le ministre a refusé totalement de retirer
l'article qui traitait du triple des droits qui étaient chargeables dans
le cas où les minerais étaient exportés sans qu'il y ait
de transformation au Québec. Comme il se trouve vers la fin et que,
habituellement, il se retrouvait en dessous des articles qui traitaient des
droits en particulier et que l'insistance du ministre a fait qu'après
coup les fonctionnaires qui rédigeaient ont été
obligés de le réintroduire, je comprends parfaitement pourquoi le
député de Saguenay ne l'a pas vu à cet endroit mais il se
retrouve effectivement là. Je le rappelle en toute amitié au
député de Saguenay.
D'autre part...
M. Lessard: 107.
M. Cournoyer: ... il arrive que...
M. Lessard:... parole.
M. Cournoyer: Je n'ai pas besoin d'excuse. Je le rappelle parce
que je comprends pourquoi on n'a pas pu le voir, parce qu'il n'était pas
à la même place que d'habitude.
D'autre part, M. le Président, je prends le rapport de mon
collègue William Tetley, qu'il a soumis d'ailleurs au Parlement la
semaine dernière. Je rappelle que tout ce qui a été dit
sur ce rapport se centrait ou tendait à démontrer qu'un
très haut fonctionnaire du Québec en était l'auteur. On
parlait du secrétaire de ce comité, M. André Marier.
Je peux dire à la Chambre que, compte tenu du fait que le
discours du budget nous ne l'avons pas conçu chez nous, car il a
été conçu au bureau du ministère des Finances;
compte tenu du fait aussi que, comme le disait le député de
Saguenay, nous ne sommes pas tellement équipés pour écrire
les lois de la façon dont le ministre du Revenu devrait peut-être
les écrire pour mieux collecter ce qu'il était censé
collecter compte tenu du discours du budget du ministre des Finances, il peut
arriver que nous ayons un peu de difficulté à nous expliquer, le
député de Saguenay et moi, sur ce milieu particulier.
Je peux lui dire cependant que, quant à la philosophie que nous
entendons appliquer au ministère des Richesses naturelles, elle peut
s'inspirer beaucoup plus de ce livret, étant donné que le
conseiller spécial du ministre s'appelle André Marier et
qu'André Marier était le gars qui a écrit cette histoire
avec l'aide, bien sûr, de mon collègue Tetley. Et M. Marier est
chez moi depuis déjà trois mois. Je comprendrai qu'il a
été affecté à la rédaction d'une politique
de l'énergie, compte tenu du fait qu'il est extrêmement urgent
d'arriver, au Québec à une politique de l'énergie vu les
impératifs que le gouvernement fédéral semble vouloir nous
imposer.
J'ai un jeune homme tout frais émoulu de l'université, qui
est un économiste chevronné, diplômé en
économie minérale et qui est affecté à la
rédaction d'une politique minérale pour le Québec. Mais
une politique minérale n'est pas une politique fiscale. La politique
fiscale, la politique de droits, c'était une politique pour collecter de
l'argent d'une façon honnête de la part de ceux qui disent: Vous
avez payé un certain nombre de droits puisque vous investissez au
Québec et que vous prenez nos richesses ou nos ressources au
Québec. Et cela, c'est une politique fiscale, une politique qui fait que
les citoyens sont égaux devant l'Etat, que les compagnies sont
égales devant l'Etat. C'est cela qui fait que la rédaction des
lois fiscales est tellement difficile: c'est qu'on ne veut jamais accrocher
ceux qui ne devraient pas être accrochés.
On arrive avec une exception ou une terminologie qui est
différente, parce qu'on pensait... Mettons, par exemple, que nous
voulons imposer, à partir de 1975, les profits des compagnies d'une
façon substantielle, c'est-à-dire qu'on aille donc les imposer
à 75%, par exemple. C'est substantiel, étant donné que le
gouvernement fédéral en prend déjà 50%, cela fait
125% en tout. On ne serait pas pire. Il arrive que si nous faisions cela, nous
nous placerions dans une position extrêmement pré-
caire face à la volonté des gens de nous aider à
nous aider. Quand vous nous blâmez, par exemple, d'avoir un peu de
difficulté sur le marché des obligations
étrangères, il faut quand même être logique et de se
poser la question.
Toutes les sommes d'argent requises pour prendre et effectivement
exercer le degré d'indépendance souhaité par le Parti
québécois, où prendrait-on ces sommes d'argent?
J'ai la douloureuse impression, très souvent, lorsque je regarde
les bilans et particulièrement depuis que je suis responsable de la
Commission hydroélectrique de Québec, que pour nationaliser tout
ce qui devrait être nationalisé au Québec, il faudrait que
j'emprunte aux Etats, et pour emprunter aux Etats, je ferais comme d'autres
gouvernements, je demanderais à ceux qui me vendront de me prêter
l'argent pour que je puisse leur assurer le bénéfice auquel ils
ont droit ou pensent avoir droit.
On me dit, par exemple, qu'il faut que j'achète le contrôle
d'Asbestos Corporation. Bien sûr que c'est un de mes fonctionnaires qui
m'a suggéré cela. C'est un excellent fonctionnaire. Je ne doute
pas du tout de la compétence et surtout de l'honnêteté
intellectuelle de M. Alexandre, en particulier, mais quand on me dit $36
millions, j'ai des nouvelles pour vous. Ce n'est pas le prix qu'on m'a dit, et
si ce n'est pas le prix qu'on m'a dit, je ne dis pas du tout que le
député a menti, je dis que son information peut avoir
été erronée et je dis cela en toute bonne foi, parce que
la mienne aussi peut l'avoir été.
M. Lessard: C'est l'estimation du rapport.
M. Cournoyer: Ecoutez, pour acheter Asbestos Corporation, le
contrôle d'Asbestos Corporation, ce ne sont pas $36 millions qu'il
faudrait selon d'autres personnes à qui j'ai parlé, qui sont
aussi importantes, aussi intéressantes et aussi compétentes et
aussi probablement indépendantes d'esprit que M. Alexandre.
En conséquence, j'ai dit que je n'accusais pas le
député de Saguenay...
M. Lessard: En bourse, c'est $30 millions.
M. Cournoyer: ... d'avoir menti...
M. Burns: C'est $30 millions.
M. Lessard: C'est $30 millions à la Bourse.
M. Cournoyer: Pardon?
M. Lessard: C'est $30 millions à la Bourse.
M. Cournoyer: $30 millions. Il a dit $36 millions, il s'est
trompé. C'est vrai, ce n'est pas moi qui ai dit que vous avez menti,
c'est lui.
M. Lessard: Oui, j'ai dit $36 millions selon l'estimation de
votre fonctionnaire.
M. Cournoyer: Selon l'estimation d'un autre fonctionnaire, c'est
un peu plus haut que $36 millions; selon l'estimation du vrai fonctionnaire
d'Etat québécois, M. Burns, c'est $30 millions. Si vous
êtes capable de l'acheter pour $30 millions, je me demande pourquoi vous
ne l'achetez pas, vous, par exemple.
M. Burns: Parce que je ne les ai pas dans mes poches, ce
soir.
M. Cournoyer: La raison, c'est que moi non plus, je ne les ai pas
dans mes poches, ni ce soir ni demain matin.
M. Lessard: Les Olympiques!
M. Cournoyer: Ah! Je me demande si je dois continuer.
M. Lessard: Oui, allez-y. M. Veilleux: Retenez-vous.
M. Cournoyer: Oui, je vais me retenir. Quand je regarde le
député de Maisonneuve me "watcher" le bras accoté sur ce
qui retient l'Etat québécois, je me demande jusqu'à quel
point je pourrai me retenir.
M. Burns: Accoté du côté gauche.
M. Cournoyer: Accoté du côté gauche, je vois
ça.
Acheter le contrôle d'Asbestos Corporation. Je dois, comme
ministre, me poser sérieusement la question: A qui profiterait une telle
décision?
Une Voix: Aux péquistes.
M. Cournoyer: Non. Aux péquistes? Non. Vous
êtes-vous déjà demandé si, effectivement, il ne
serait pas préférable, pour ceux qui détiennent maintenant
les intérêts d'Asbestos Corporation, que le gouvernement
s'offrît à les acheter? Comme je me suis posé la question,
j'en suis venu à la conclusion que si c'était à vendre et
que personne d'autre que l'Etat québécois pouvait l'acheter, je
ne vois pas pourquoi je ne les laisserais pas continuer à faire, avec
l'argent qu'ils ont investi et réinvesti dans la province de
Québec, l'opération de la mine d'Asbestos sans que, pour autant,
le gouvernement du Québec soit appelé à débourser
la somme de $30, de $36, de $40 ou de $50 millions pour obtenir exactement le
même résultat après.
On m'a demandé d'acheter ce contrôle pour qu'effectivement
nous en arrivions à une transformation plus poussée de l'amiante
dans la province de Québec. On ne dit pas, en même temps, qu'on
est tenu au Québec, maintenant, d'examiner le degré de pollution
de l'amiante dans l'atmosphère québécoise et le
degré de difficulté que nous aurions, même si nous
étions au gouverne-
ment, à réaliser la norme idéale du nombre de
fibres par centimètre cube dans l'atmosphère ambiante d'une
industrie de transformation de l'amiante au Québec. On me dira: M.
Cournoyer, vous êtes responsable, vous devez donner l'exemple. Je
donnerais l'exemple en disant: Zéro, ici. Je serais en
compétition, non, en concurrence, dirons-nous en français, avec
des pays qui ne sont pas les Etats-Unis mais qui ont décidé, eux,
de ne pas s'en faire outre mesure avec le nombre de fibres d'amiante qu'il y a
dans l'atmosphère ambiante d'une industrie de transformation de
l'amiante.
Je parlerai du Mexique, en particulier, et je parlerai d'autres endroits
au Québec, pas au Québec, au Canada et surtout, je parlerai
beaucoup plus d'autres endroits à l'extérieur du continent
nord-américain.
Mesdames et messieurs, dirait-il s'il était en train de faire un
discours à Asbestos, posons-nous la question: Est-ce que nous,
Québécois, avec l'argent des Québécois, parce qu'on
parle de capital, nous pourrions nous donner la permission d'investir dans des
endroits, dans des industries qui seraient, à toutes fins utiles,
à fabriquer du matériau qui coûterait moins cher pour les
Québécois s'il était importé d'ailleurs? Là,
je repose la question parce qu'on est dans le textile très souvent
aussi. Je la pose au député de Saguenay, s'il le faut.
M. Lessard: L'amiante, on n'a pas une force?
M. Cournoyer: Non, non, M. le Président, laissez
faire.
M. Lessard: On n'a pas une force, l'amiante? M. Cournoyer:
Non, non, M. le Président.
M. Lessard: $600 millions pour s'amuser, rien pour le
développement économique.
Des Voix: A l'ordre, à l'ordre!
M. Cournoyer: M. le Président, je n'ai pas interrompu le
député de Saguenay pendant qu'il parlait.
M. Lessard: Vous m'avez posé une question. Des Voix:
A l'ordre!
M. Lessard: II m'a posé une question, j'y
réponds.
M. Cournoyer: Si vous voulez me poser une question, je vais
m'asseoir et posez-moi votre question. Je vais faire comme vous tantôt,
à la condition que je ne sois pas interrompu par le député
de Maisonneuve.
M. Lessard: D'accord.
M. Burns: Pas de problème!
M. Lessard: Est-ce que le ministre pourrait m'expliquer comment
il se fait, par exemple, que du côté ministériel on n'ait
pas les sommes d'argent nécessaires pour investir dans le
développement économique, en particulier, dans le secteur de
l'amiante?
Pendant ce temps, on s'amuse à aller investir $600 millions par
suite de la négligence du gouvernement à Montréal, dans
les Jeux olympiques, par négligence du gouvernement, parce qu'on aurait
pu...
M. Cournoyer: M. le Président...
M. Lessard: ... on aurait pu faire en sorte que cela coûte
pas mal moins cher.
M. Burns: La question n'est pas finie, attendez.
M. Cournoyer: La question n'est pas finie. Mais c'est un
commentaire, M. le Président, ce n'est même pas une question,
c'est un commentaire.
M. Lessard: Je vous la pose: Comment se fait-il que nous n'ayons
pas les sommes d'argent pour notre développement économique dans
des secteurs comme l'amiante, alors qu'on fait des fo-lichonneries à
Montréal...
M. Cournoyer: M. le Président... M. Lessard: ...
pour $600 millions?
Le Vice-Président (M. Blank): A l'ordre! Laissez-le
répondre à la question.
M. Lessard: Ce n'est pas une question cela?
M. Cournoyer: M. le Président, je ne permettrai plus au
député de Saguenay de me poser des questions qui ne sont pas des
questions, mais des commentaires.
Vous m'avez dit je vais prendre la partie "questionnante" de
votre intervention commentatrice est-ce que le ministre pourrait nous
expliquer pourquoi il n'a pas d'argent à investir dans l'amiante
lorsqu'il y a de l'argent à investir dans un déficit? Le mot
"négligence", ce sont vos affaires. Je vous dirai une chose, M. le
Président, c'est que le gouvernement du Québec a toutes les
raisons du monde d'avoir investi dans les Jeux olympiques ce qu'il a investi.
Quand vous décrouvrirez ce qu'il a investi vous allez pouvoir voir que
ce n'était pas $50 millions. Je vous dis que c'est loin de cela. Je n'ai
pas encore compris, moi, que le premier ministre du Québec ait
décidé de payer un déficit de $600 millions. Cela, je ne
l'ai pas compris. Vous, vous l'avez interprété comme cela, mais
moi je n'ai pas entendu cela encore, que le gouvernement du Québec a
décidé d'investir $600 millions dans les Jeux olympiques. Moi je
n'ai pas entendu cela.
M. Veilleux: C'est vrai.
M. Cournoyer: L'interprétation que vous donnez, c'est
votre privilège, faites ce que vous voulez.
M. Burns: Un million de plus ou de moins ce n'est pas grave.
M. Cournoyer: On n'est pas à une menterie près, de
la part des gens...
M. Burns: On n'est pas à un milliard près,
d'après vous.
M. Cournoyer: ... une omission ou une exagération. Je n'ai
jamais entendu le premier ministre du Québec dire qu'il avait investi
$600 millions dans les Jeux olympiques de Montréal.
M. Lessard: ... combien?
M. Cournoyer: C'est vous qui dites cela. Il n'y a personne qui a
dit ce que serait le déficit.
M. le Président, de toute façon, le premier ministre du
Québec et moi-même nous nous sommes entendus pour ne pas acheter
l'Asbestos Corporation tout de suite. On va l'acheter quand elle vaudra moins
qu'elle vaut là, pas avant.
M. Lessard: Arrêtez vos études.
M. Cournoyer: Bien on n'a pas d'affaire, comme gouvernement
québécois, à prendre l'argent des Québécois
et dire: On va l'investir dans quelque chose qui ne marche pas, quelque chose
qui ne marcherait pas, à part cela.
M. Lessard:... pas de profit l'an dernier.
M. Cournoyer: Oui, $12 millions de profits. C'est cela, M. le
Président, il m'a encore interrompu. Mais apparemment il y a eux autres
qui ont le droit de faire cela, mais à la minute où je les
interromps le moindrement, les points de règlement avec la technique
habituelle du député de Maisonneuve, je suis fini. Je sais
qu'effectivement il connaît cela les points de règlement il a
été élevé rien qu'à cela, l'ordre, la loi et
l'ordre. Je me demande quand est-ce que c'est qu'il va rejoindre M. Roy. C'est
probablement pour la semaine prochaine aussitôt que le grand ordonnant,
M. Cho-quette, lui aura permis de se joindre à eux.
M. Burns: Vous aimeriez cela.
M. Cournoyer: C'est ce qui s'en vient.
M. Burns: Cela vous aimeriez cela.
M. Cournoyer: Quand deux juristes se rencontrent, ils parlent le
même langage.
M. Burns: Cela vous aimeriez cela.
M. Cournoyer: Allez-y dans l'ordre, la troisième
force.
M. Burns: Vous allez être déçu longtemps
à part cela.
M. Cournoyer: Vous n'irez pas.
M. Burns: Vous allez avoir le temps d'être dans
l'Opposition.
M. Lessard: Vous êtes habitué de vous promener de
force à force, vous. Quand ça fait pas dans l'Union nationale,
vous transférez au Parti libéral.
M. Cournoyer: M. le Président, ne serait-il pas
gentil...
Le Vice-Président (M. Blank): Messieurs, s'il vous
plaît le projet de loi.
M. Cournoyer: ... de retrouver le député de
Maisonneuve dans la troisième force?
M. Burns: De toute façon vous avez été
partout, ce n'est pas grave cela.
Vous avez été partout, cela ne vous dérange pas. Ce
n'est pas grave.
M. Cournoyer: Vous, vous serez dans la troisième force
avant longtemps.
M. Burns: Moi, c'est bien de valeur, je suis toujours du
même côté.
M. Cournoyer: C'est quoi votre côté, au juste? M.
Burns: C'est du côté du monde du Québec. M. Veilleux:
L'Opposition.
M. Burns: Non, du côté du monde, c'est cela la
différence.
M. Cournoyer: M. le Président, un jour...
M. Burns: ... toutes sortes de couleurs de temps à autre,
selon les circonstances.
M. Cournoyer: Je me suis posé la question cet
après-midi, pourquoi le député de Maisonneuve proposait
qu'il soit remplacé à la commission de l'agriculture? J'ai
compris qu'il y avait conflit d'intérêts.
M. Burns: Vous n'avez rien compris.
M. Cournoyer: Depuis qu'il est devenu agriculteur il devenait
haïssable.
M. Burns: Vous n'avez rien compris.
M. Cournoyer: Je n'ai rien compris? Ce n'est pas cela?
M. Burns: C'est bien vrai, comme d'habitude, d'ailleurs.
M. Cournoyer: Comme d'habitude.
M. Burns: Cela fait assez longtemps que je travaille avec vous
pour le savoir.
M. Veilleux: Est-ce que le ministre me permet une question?
M. Lessard: Si ce sont des questions comme l'autre, je ne veux
pas en entendre.
M. Veilleux: Non, une bonne question.
Vous dites que le député de Maisonneuve est agriculteur,
est-ce que c'est dans le comté de Maisonneuve? Dans quel comté
est-il agriculteur le député de Maisonneuve, dans le comté
de Maisonneuve?
M. Cournoyer: Comme le ministre du Revenu, dans le comté
de sa résidence secondaire.
M. Burns: Le ministre est fourré, il n'est pas capable de
répondre.
M. Cournoyer: Dans le comté de sa résidence
secondaire, c'est tout ce que j'ai dit.
M. Burns: Remarquez que ce n'est pas à moi qu'il l'a
demandé.
M. Cournoyer: Sur toutes les affirmations faites par le
député de Saguenay, j'imagine, M. le Président, que nous
pourrons, avec l'aide des rédacteurs du projet de loi, de son texte,
article par article, discuter avec le député de Saguenay
directement du contenu de ces remarques par rapport à la
réalité de ce qu'on voulait décrire. Mais je pense que
nous ferons cela, M. le Président, avec la permission du leader
parlementaire lors de l'étude article par article de ce projet de
loi.
Je vous remercie de l'attention que vous m'avez apportée.
Le Vice-Président (M. Blank): Est-ce que la motion de
deuxième lecture du projet de loi 89 est adoptée?
Des Voix: Adopté.
M. Burns: M. le Président, un instant s'il vous
plaît!
Le Vice-Président (M. Blank): Adopté sur division
avec la dissidence du député de Maisonneuve, du
député de Saguenay et du député de Beauce-Sud.
M. Lessard: C'est cela.
M. Burns: On ne peut rien vous cacher. C'est parfait, c'est
cela.
M. Levesque: Le député de Beauce-Sud?
Le Vice-Président (M. Blank): Le député de
Beauce-Sud aussi.
M. Levesque: Oui ou non?
Le Vice-Président (M. Blank): II est contre le projet de
loi.
Projet de loi déféré à la
commission
M. Levesque: M. le Président, je propose que ce projet de
loi soit maintenant déféré à la commission
parlementaire des richesses naturelles et des terres et forêts.
Le Vice-Président (M. Blank): Cette motion de
déférence est-elle adoptée?
M. Burns: Adopté.
Le Vice-Président (M. Blank): Adopté.
M. Levesque: Cette commission, comme je l'ai déjà
annoncé, siégera demain matin à dix heures trente,
à la salle 91-A. Je tiens à rappeler encore une fois, avant que
nous passions à autre chose, que la Chambre ne siégera pas demain
matin, mais plutôt demain après-midi à quinze heures et
qu'il y aura au salon rouge la commission parlementaire de la justice à
dix heures; à dix heures et demie, ce seront les affaires sociales qui
étudieront le projet de loi no 253, article par article.
Le ministre des Affaires sociales a très bien compris le mandat
que lui donne présentement l'Assemblée nationale. A la salle
81-A, et le ministre des Affaires municipales est fort intéressé
à ceci, tous les projets de loi qui ont été
déférés après la deuxième lecture à
cette commission seront étudiés demain, article par article,
à partir de dix heures trente, à la salle 81-A.
Le ministre des Richesses naturelles sait que dans son cas c'est la
salle 91-A, à dix heures et trente.
Projet de loi privé no 205 Deuxième
lecture
M. Levesque: M. le Président, j'aurais une simple
requête à faire. Pouvons-nous disposer de la deuxième
lecture du projet de loi apparaissant à l'article 16, projet de loi no
205, Loi concernant la cité de Rimouski.
Le Vice-Président (M. Blank): Cette motion de
deuxième lecture du projet de loi no 205, Loi concernant la cité
de Rimouski, est-elle adoptée?
Le député de Saguenay.
M. Lucien Lessard
M. Lessard: Très brièvement, je voudrais souligner
que nous voterons contre le principe de ce projet de loi et pour les raisons
suivantes. Cet après-midi, le ministre des Affaires municipales
présentait une loi spéciale concernant les fusions dans la
région de Québec.
Nous avions eu, au cours de cette session, il y a quelques jours, une
loi spéciale concernant Rimouski ou plus particulièrement
l'annexion d'une partie des territoires de Rimouski. Je voudrais, M. le
Président, dans cette brève intervention, souligner encore une
fois, comme l'a fait le député de Chicoutimi cet
après-midi, la négligence et l'incurie du ministre des Affaires
municipales. En effet, à la commission parlementaire, il a
été clairement prouvé que dans la région de
Rimouski on avait décrété, en vertu de la loi 276, qui
avait été adoptée à l'Assemblée nationale,
une unité d'aménagement regroupant les villes de Rimouski,
Rimouski-Est et Pointe-au-Père.
Il fut aussi démontré que toutes les étapes
prévues, en vertu de la loi 276, avaient été
respectées. Il fut aussi prouvé qu'au moins deux des trois
conseils municipaux étaient d'accord avec le regroupement
volontaire.
Nous avons affirmé que nous étions contre les
regroupements imposés, mais qu'en ce qui concerne la région de
Rimouski toute une série d'étapes avaient été
suivies, étapes qui sont prévues en vertu d'une loi qui a
été clairement adoptée à l'Assemblée
nationale, la loi 276, qui avait été proposée par l'ancien
ministre des Affaires municipales, M. Maurice Tessier, lui-même maire de
la ville de Rimouski.
Or, on se rappelle dans quelles circonstances le gouvernement du
Québec avait décidé d'enlever à M. Maurice Tessier
la responsabilité des affaires municipales rurales. En effet, M. Tessier
avait élaboré toute une politique de regroupements volontaires et
M. Tessier, semble-t-il, avait l'intention d'appliquer le projet de loi no 276
qui avait été voté ici, à l'Assemblée
nationale. Je me rappelle avoir discuté de ce projet de loi no 276 et
avoir dit au ministre des Affaires municipales que ce projet de loi
n'était pas encore satisfaisant, parce qu'il ne permettrait
véritablement pas d'inciter les différentes municipalités
québécoises à fusionner.
On nous avait dit: Pas de problème, votez pour le projet de loi
no 276, soyez assurés que toutes les étapes vont être
respectées et qu'on va l'appliquer. Dans la région de Rimouski,
même la Commission municipale, tel que prévu dans la loi 276,
était allée siéger pour entendre les différentes
parties, entendre le monde, entendre la population.
M. le Président, avant les élections de 1973, on a
décidé de suspendre une décision concernant le
regroupement de la ville de Rimouski, de la municipalité de Rimouski-Est
et de Pointe-au-Père parce que, sur le plan politique, on avait peur
d'agir. Parce qu'on avait peur d'agir, parce qu'à ce moment-là
c'était le ministre actuel des Affaires municipales, on n'a pas agi, on
n'a pas respecté une loi qui avait été clairement
adoptée à l'Assemblée nationale.
C'est le reproche que nous faisons continuellement à ce ministre
des Affaires municipales. Il ne sait ni dire oui, ni dire non. Il dit toujours
"noui" Pour lui, des décisions, il ne connaît pas cela. A cause de
l'incurie et de l'irresponsabilité administrative du ministre des
Affaires municipales, nous avons dû adopter une loi spéciale et,
plus que cela, nous avons dû même passer par-dessus un article de
notre règlement, à savoir l'article 99, paragraphe 4, qui
interdisait à un député qui a la parole de parler d'une
affaire qui était devant les tribunaux.
M. le Président, à cause toujours de l'incurie du
gouvernement et particulièrement du ministre des Affaires municipales,
nous avons dû adopter une loi spéciale et, de plus, intervenir
pour régler un conflit judiciaire.
M. le Président, comme députés, ici, à
l'Assemblée nationale, est-ce qu'on va fonctionner continuellement par
lois spéciales? Est-ce qu'on va fusionner les quelque 1,600
municipalités du Québec par des lois spéciales? Cela va en
prendre des lois spéciales! C'est dans ce sens que nous ne pouvons pas
être solidaires du ministre des Affaires municipales. D'accord, au nom de
l'urgence, mais particulièrement pour le développement
économique de l'Est du Québec, il nous a fallu, comme Opposition,
accepter même qu'on outrepasse un article du règlement de
l'Assemblée nationale. Il nous a fallu passer sur des principes
très importants, à savoir l'entrée du législatif
dans le judiciaire.
A cause de quoi? A cause de la négligence du ministre; à
cause du fait que le ministre avait, en vertu de l'Assemblée nationale,
selon les pouvoirs de l'Assemblée nationale, une loi pour faire non
seulement l'annexion d'une partie du territoire de la ville de Rimouski-Est,
mais faire la fusion, qui s'impose d'ailleurs, de l'ensemble de ce territoire,
fusion qui aurait été faite de façon démocratique,
puisque toutes les étapes prévues en vertu de la loi 276 avaient
été respectées. Or, qu'a-t-on fait de cette loi? Qu'est-ce
que le ministre des Affaires municipales a fait de cette loi? Rien. Il l'a
placée dans le fond des tiroirs du ministère des Affaires
municipales, sous la poussière. Non seulement il n'a rien fait, mais
malgré le fait que cette loi soit inopérante et ne permette pas,
justement, d'en arriver à développer de véritables
politiques de fusion des municipalités au Québec, le ministre n'a
rien fait pour proposer des amendements; de telle façon, M. le
Président...
M. Boutin: Parlez au Président!
M. Lessard: ... que nous constatons, à travers le
territoire du Québec, des situations aussi ridicules, par exemple, que
chez nous, où nous avons la ville de Forestville et Saint-Luc-de-Laval
qui sont exactement situées sur des territoires contigus, où la
population serait d'accord pour en arriver à une fusion, si on la
consultait, et le ministre des Affaires municipales a peur d'agir; le ministre
des Affaires municipales n'applique pas des lois qui ont été
adoptées à l'Assemblée nationale.
M. le Président, qu'on me prouve le contraire...
M. Lachance: Parlez au Président!
M. Lessard: ... qu'on me prouve le contraire,
M. le Président, et je serai prêt à retirer mes
paroles. Le ministre des Affaires municipales a été placé
là pour ne rien faire, parce qu'il ne peut rien décider. C'est la
caractéristique de ce ministère. Malgré des demandes de
nombreux conseils municipaux, c'est la caractéristique de ce
ministère: il ne fait rien.
Un conseil municipal de mon comté, celui de la ville de Hauterive
avait demandé de déterminer une unité d'aménagement
concernant la possibilité de fusion Baie-Comeau-Hauterive. Il y a
quelque temps, le conseil municipal recevait une lettre du ministre des
Affaires municipales, par suite du fait qu'il semblait y avoir quelques
protestations, mais qu'on pouvait quand même prendre des
procédures pour en arriver à une fusion qui, selon des rapports
d'experts, s'imposait, qui a répondu à la ville de Hauterive
qu'il n'était pas question de la possibilité de fusion des villes
de Baie-Comeau et de Hauterive.
M. le Président, rien ne se décide à ce
ministère, par suite du fait qu'un ministre, on n'en a pas. Un ministre,
c'est là pour décider; lui, il se spécialise dans les
non-décisions et il est impossible d'élaborer une
véritable politique de fusion au Québec.
C'est dans ce sens que je dis que nous voterons contre ce projet de loi,
parce que nous ne voulons pas être solidaires de l'incurie qui
caractérise non seulement le ministère des Affaires municipales,
mais qui caractérise le ministre lui-même. Il faut souligner au
ministre que, lorsque des lois sont adoptées à l'Assemblée
nationale et prévoient toute une série d'étapes et de
procédures pour en arriver à des fusions volontaires, nous
devons, comme députés, et lui comme ministre, utiliser cette loi
générale, autant que pouvoir se peut. C'est dans ce sens que nous
disons que le ministre des Affaires municipales, en ce qui concerne la loi
d'annexion qui nous est présentée ce soir, avait tous les
éléments en main pour régler non pas partiellement le
problème, non pas pour régler en partie le problème, mais
pour le régler de façon définitive. Or, il n'a rien
fait.
M. le Président, nous voterons contre ce projet de loi, contre le
principe de ce projet de loi.
Probablement qu'en troisième lecture nous nous rallierons,
étant donné les différents amendements qui ont
été proposés à la suggestion du
député de Chicoutimi. Il a proposé des amendements
très importants qui ont permis au ministre des Affaires municipales de
se sortir du bourbier dans lequel il était enfoncé.
M. le Président, à cause de ces amendements qui, en tout
cas, évitaient l'entrée du législatif dans le judiciaire,
probablement que nous nous rallierons au projet de loi. Mais nous nous opposons
au principe parce qu'il s'agit d'une loi spéciale qui règle un
problème très spécifique et très particulier, alors
que le ministre avait tous les moyens nécessaires pour justement en
arriver à un règlement définitif d'une situation qui n'est
pas normale dans la région de l'Est du Québec Le ministre n'en a
absolument rien fait parce qu'il ne peut rien décider ou il ne veut rien
décider. Il ne sait jamais s'il doit dire oui ou s'il doit dire non. Il
dit: "noui."
Le Vice-Président (M. Blank): Le député de
Beauce-Sud.
M. Fabien Roy
M. Roy: M. le Président, avant d'aborder le fond du projet
de loi no 205, je pourrais je dis bien, je pourrais soulever une
question de règlement. C'est une question qui a été
soulevée d'ailleurs en commission parlementaire, dont le
président a rendu une décision que j'ai acceptée, M. le
Président, puisqu'il n'appartenait pas à une commission
parlementaire élue de proposer un amendement ou une suspension d'une ou
de plusieurs règles qui régissent nos travaux parlementaires,
c'est-à-dire le règlement de l'Assemblée nationale.
Il n'en demeure pas moins que le projet de loi que nous avons devant
nous a fait l'objet d'un procès devant les tribunaux, puisque cela a
été entendu devant les tribunaux le 13 novembre dernier, devant
le juge Vincent Masson, et que la cause est actuellement en
délibéré. Notre règlement est très clair;
c'est un règlement qui a été accepté par tous les
membres de l'Assemblée nationale, à l'unanimité. Le
député de Saguenay vient d'en faire mention; l'article 99,
paragraphe 4, dit qu'il est interdit: "De parler d'une affaire qui est est
devant les tribunaux ou devant un organisme quasi judiciaire ou d'une affaire
qui est sous enquête, lorsque, dans ce dernier cas, les paroles
prononcées peuvent être préjudiciables à une
personne."
En ce qui nous concerne à l'heure actuelle, ce sont les trois
premières lignes de cet article: "De parler d'une affaire qui est devant
les tribunaux ou devant un organisme quasi judiciaire." M. le Président,
je ne soulèverai pas de question de règlement, je n'ai pas
l'intention de le faire. Mais je dis ceci à l'intention du leader du
gouvernement: En admettant le principe personne ne peut le nier
que l'Assemblée nationale est l'autorité suprême, qu'elle
peut modifier les lois, qu'elle peut changer les lois, qu'elle est
supérieure aux tribunaux, il n'en demeure pas moins qu'il y a une
disposition dans notre règlement qui a voulu justement protéger
les tribunaux et le système judiciaire du danger d'intrusion du
législatif à un moment donné. Or, M. le Président,
je suis personnellement convaincu qu'il aurait fallu une motion,
déposée en vertu de l'article 84, qui suspend un article de notre
règlement de façon à ne pas créer de
précédent qui pourrait constituer un précédent
extrêmement dangereux. Evidemment, nous sommes à la fin d'une
session et faire un débat de procédure qui pourrait prendre une
journée ou deux, M. le Président, ou que la motion finirait par
être acceptée inévitablement étant donné la
forte majorité du gouvernement, ne viserait qu'à faire perdre
énormément de temps à la Chambre.
Je tiens quand même à souligner, parce que cela
m'apparaît fondamental, que nous nous sommes donné un
règlement qui régit nos travaux parlementaires, qui statue pour
le droit de parole des députés, qui statue sur une certaine
procédure et qui est très clair. Il donne quand même assez
de souplesse au gouvernement pour qu'il puisse intervenir dans n'importe quel
domaine lorsque c'est
nécessaire. Plus d'une fois, le gouvernement s'est servi des
dispositions de l'article 84 pour suspendre un ou des règlements de
l'Assemblée nationale de façon à procéder plus
rapidement.
Cela aurait été la façon normale de procéder
dans les circonstances. Le gouvernement ne l'a pas fait, je dis tant pis, le
gouvernement ne l'a pas fait, mais il sera peut-être le premier à
crier, suite au précédent qu'il est en train de créer
lui-même. M. le Président, je dis que si nous mettons le
règlement de côté, sans en tenir compte à cause
d'une circonstance ou de telle autre circonstance à un moment
donné, il n'est pas étonnant que notre institution parlementaire
manque de plus en plus de décorum et suscite de moins en moins
d'intérêt vis-à-vis des membres mêmes de
l'Assemblée nationale.
Or, M. le Président, si le gouvernement était intervenu,
en vertu de l'article 84, il est évident qu'il aurait eu à faire
face à un débat, et c'est probablement cela que le gouvernement a
voulu éviter. Cela nous aurait permis de dire au gouvernement qu'il
fallait une circonstance exceptionnelle pour suspendre le règlement de
la Chambre pour discuter d'une question qui est devant les tribunaux.
Or le gouvernement, on peut le supposer facilement, n'était pas
intéressé du tout, du tout, à ce que ce débat se
fasse à l'Assemblée nationale. C'est la raison pour laquelle on a
procédé d'une autre façon, bill privé
transféré en commission avant la deuxième lecture, avant
que nous ayons le temps de nous prononcer. Nos règlements sont quand
même là, on ne peut pas se prononcer lorsqu'un projet de loi est
déposé en première lecture puisque nous ne l'avons pas en
main. Mais le gouvernement, lui, l'avait lu ce projet de loi; avant de le
déposer à l'Assemblée nationale, le gouvernement, lui,
était au courant du procès qui avait lieu à Rimouski.
Le gouvernement était au courant, lui, des raisons pour
lesquelles ce procès avait eu lieu à Rimouski. Le gouvernement
savait toutes ces choses-là et il n'en a pas informé la Chambre.
Nous avons fini par avoir de l'information, après que le projet de loi
eut été déposé devant l'Assemblée nationale,
après qu'il a été transféré en commission
parlementaire élue pour que nous puissions interroger les
intéressés et en discuter. C'est seulement après que nous
avons pris connaissance de ces choses que nous avons pu soulever la question,
mais ce n'était pas à l'Assemblée nationale,
c'était en commission parlementaire.
Or, nous avons avec le projet de loi no 205 l'exemple le plus typique
d'un gouvernement, qui légifère à la petite
journée, sans avoir de plan d'ensemble, sans savoir où il va
lui-même, pour tâcher de régler des petits conflits
particuliers qui sont suscités dans certains endroits de la province, de
façon à régler des petits problèmes politiques,
parce que telle ou telle personne peut faire une certaine forme de chantage
vis-à-vis du gouvernement...
M. Levesque: J'invoque le règlement. J'invo- que le
règlement. Lorsque l'on parle d'un gouvernement qui
légifère, M. le Président, je tiendrais à faire
remarquer à l'honorable député de Beauce-Sud qu'il s'agit
ici d'un bill privé. S'il a des reproches à faire, qu'il les
fasse à ceux qui ont présentés ce projet de loi ou
même à celui qui l'a parrainé mais qu'il ne parle pas d'une
législation gouvernementale.
Une Voix: Très bien.
M. Roy: M. le Président, le gouvernement s'abrie avec un
petit bill privé de cette nature. Il n'y avait rien qui obligeait le
gouvernement à accepter ce bill privé. Il n'y avait rien qui
obligeait...
M. Levesque: D'accord, M. le Président, on pourra
parler...
M. Roy: M. le Président il n'est pas de question de
privilège...
M. Levesque: Une question de règlement.
M. Roy: ... ni question de règlement à ce
moment-ci, M. le Président, je suis sur un débat de fond de
deuxième lecture.
Le Vice-Président (M. Blank): Une question de
règlement, une minute s'il vous plaît.
M. Levesque: M. le Président, sur cette question de
règlement, je tiens à répéter que, quelles que
soient les paroles que prononcera le député de Beauce-Sud, il ne
pourra pas changer le fait que nous avons devant nous à ce moment-ci un
bill privé et qu'il ne peut pas dire que le gouvernement a
légiféré. Il peut condamner, il peut reprocher à la
majorité ministérielle, à la commission d'avoir
recommandé le projet. Il pourra reprocher à la majorité
ministérielle d'avoir peut-être voté dans quelques instants
ou quelques minutes pour ce projet de loi; c'est son droit. Mais qu'il ne parle
pas de législation gouvernementale, lorsqu'il s'agit d'un bill
privé. Cela il ne peut pas le faire.
M. Burns: M. le Président, sur la question de
règlement; jusqu'à maintenant, nous avons entendu le ministre
dire qu'il endossait le projet de loi.
M. Levesque: Certainement, on peut reprocher au ministre
d'endosser, mais on ne peut pas parler du gouvernement qui
légifère, qui a préparé telle et telle loi; on sait
comment une loi privée est préparée. Elle est
déposée, d'après notre règlement, au
secrétariat des commissions, elle est déposée en
première lecture mais pas par le gouvernement et nous avons la preuve
tous les jours de cette façon-là.
M. Burns: Est-ce que vous voulez dire que le gouvernement va
s'abstenir? Est-ce que le gouvernement va s'abstenir sur ce vote? Est-ce que le
gouvernement va s'abstenir sur ce vote en deuxième lecture?
M. Levesque: C'est étudié par un greffier en loi
attitré à l'Assemblée nationale. Pardon? Le gouvernement
prendra ses responsabilités...
M. Burns: D'accord, on vous jugera là, mais ne dites pas
au député de Beauce-Sud avant le coup...
M. Levesque: ... comme toujours. Je dirai ce que je voudrai au
député de Beauce-Sud. Le député de Maisonneuve,
flirt ou pas flirt, ne me fera pas dire ce que je n'ai pas dit, ne me fera pas
changer d'idée...
M. Burns: II n'est pas question de flirter du tout.
M. Levesque: ... lorsque je dis...
Le Vice-Président (M. Blank): A l'ordre, à l'ordre,
à l'ordre! Les deux députés enfreignent le
règlement.
Le député de Beauce-Sud.
M. Roy: L'honorable leader du gouvernement a terminé sa
petite colère. Il pourra en faire d'autres, le leader du gouvernement ne
m'empêchera pas de dire que nous avons un gouvernement qui
légifère à la petite semaine. La preuve est que c'est le
gouvernement, le leader parlementaire du gouvernement lui-même, lorsque
le projet de loi no 205, un projet de loi privé, comme il l'a dit
et c'est vrai, je n'ai jamais dit que ce n'était pas un projet de loi
privé non plus a été présenté
à l'Assemblée nationale pour le dépôt en
première lecture et lorsqu'il a été
déféré en commission parlementaire, il doit s'en souvenir,
il a présenté une motion pour la suspension des règles.
C'est dans le journal des Débats. Il n'a même pas suivi le cours
normal, il lui a fallu une motion pour suspendre les règles de
procédure normale. Et on viendra me dire que ce n'est pas un
gouvernement qui légifère à la petite semaine? Je ne sais
pas quel mot, je ne sais pas quel terme on peut employer...
M. Levesque: J'invoque le règlement. M. Roy: Une
autre petite colère du leader.
M. Levesque: Le député de Beauce-Sud
récidive.
Le Vice-Président (M. Blank): Ce n'est pas une question de
règlement. Si vous voulez répondre après, vous
répondrez après, mais je pense que ce n'est pas une question de
règlement.
M. Levesque: C'est une question de règlement, lorsqu'on
revient et qu'on fausse la vérité comme cela...
Le Vice-Président (M. Blank): Oui, mais... M. Levesque:
... sur une question de règle- ment... C'est justement parce que
c'est le règlement de la Chambre qui est remis en question.
Le Vice-Président (M. Blank): Oui, mais vous aurez le
droit de lui répondre après.
M. Levesque: Je ne lui répondrai même pas.
Le Vice-Président (M. Blank): Le député de
Beauce-Sud.
M. Lessard: Question de règlement. C'est certainement une
loi, puisqu'on en discute en deuxième lecture actuellement, une loi qui
a été...
Le Vice-Président (M. Blank): A l'ordre, à l'ordre!
Ce n'est pas une question de règlement. Le député de
Beauce-Sud.
M. Déom: M. le Président, question de
règlement.
Le Vice-Président (M. Blank): Une autre.
M. Déom: Est-ce que je puis vous demander une directive?
Est-ce que le député de Beauce-Sud a le droit de revenir sur une
décision qui a été prise par le président de la
Commission des affaires municipales sur le point de règlement qu'il
soulève actuellement?
Le Vice-Président (M. Blank): II a le droit de parler. Il
n'a pas fait une autre motion de suspension ou une question de
règlement. Il parlait seulement de ce qui s'est passé en dehors
de la deuxième lecture.
M. Déom: J'avais l'impression qu'il était en train
de critiquer la décision du président de la commission et, pour
moi, en vertu du règlement de l'Assemblée, c'est
inadmissible.
M. Roy: Je pense que le député est trop proche du
fumoir. S'il avait été ici au début, lorsque j'ai
commencé à parler sur ce projet de loi...
Le Vice-Président (M. Blank): II était ici, il
était de l'autre côté.
M. Déom: J'étais ici.
M. Roy:... j'ai bien dit que je ne soulevais pas une question de
règlement, que je ne ferais pas un débat de procédure.
J'ai bien dit, et je le dis à l'intention de l'honorable
député qui est près du fumoir, que le gouvernement aurait
dû, pour l'Assemblée nationale et avant même que le projet
de loi soit déposé je ne remettais pas en cause le fait
que le Parlement est souverain, que le Parlement est au-dessus du pouvoir
judiciaire qu'il n'aurait été que normal que le
gouvernement procède en se servant des dispositions de l'article 84 du
règlement, comme le leader du gouvernement lui-même le fait en
d'autres occasions, lorsqu'on est obligé de suspendre certaines
règles pour procéder à l'Assemblée nationale.
Je constate que c'est un projet de loi assez piquant pour le
gouvernement puisqu'on se sent piqué quand on veut en parler et qu'on
veut en parler un peu fort du côté gouvernemental. Que ce soit un
projet de loi privé ou un projet de loi public, il y a un fait qui
demeure: c'est un projet de loi de fusion forcée, qu'il soit
privé ou public. C'est un projet de loi de fusion forcée, c'est
un projet de loi qui répond à une question, corrige une question
qui, actuellement, est en délibéré devant les tribunaux
à la suite d'un procès qui a eu lieu à Rimouski devant le
juge Vincent Masson le 13 novembre 1975. Pas 1974; 1975. Un projet de loi pour
lequel le Barreau du Québec, par l'entremise de M. Henri Grondin,
bâtonnier de la province, est venu lui-même devant la commission
parlementaire protester contre ce projet de loi parce que c'est un exemple
typique de l'intrusion flagrante du législatif dans le pouvoir
judiciaire.
Ce que je veux dire sur le principe de ce projet de loi, c'est que pour
que le gouvernement fasse fi du règlement de la Chambre, pour que le
gouvernement passe par-dessus les recommandations, qu'il passe par-dessus les
réserves, qu'il passe par-dessus la tradition qui veut que le Parlement
ne doit jamais intervenir dans des questions qui sont devant les tribunaux, il
fallait que ce soit une question d'urgence, une question exceptionnelle.
Il fallait que cela représente un problème d'une
gravité importante. Or, je n'ai pas vu dans ce projet de loi les
caractéristiques que je viens de mentionner. Je n'ai pas entendu, devant
la commission parlementaire, un seul témoin qui aurait dit que
c'était une question capitale, fondamentale, que l'intérêt
public, l'intérêt du Québec était en jeu. On n'a pas
pu démontrer non plus, en commission parlementaire, que c'était
uniquement une question de parc industriel. On a dit qu'il y avait, dans ce
secteur de regroupement forcé, une zone commerciale. Et c'est justement
à cause de cette zone commerciale qu'est venue tant de réticence
de la part de la plus petite des deux municipalités concernées,
c'est-à-dire la municipalité de Rimouski-Est.
M. le Président, je me demande sérieusement si le
gouvernement se rend compte du précédent extrêmement
dangereux qu'il est en train de créer ou qu'il va créer si jamais
il fait adopter cette loi à l'Assemblée nationale. Cela veut dire
que toute autre ville pourra décider de présenter devant
l'Assemblée nationale un bill privé pour tâcher de faire
décider par les députés de l'Assemblée nationale
une annexion forcée sans que les parlementaires ou sans que les
députés aient la possibilité de pouvoir examiner toutes
les facettes possibles de la question en cause.
M. le Président, il est évident que nous avons
été quand même assez limités en commission
parlementaire. Nous n'étions pas sur les lieux. Les deux parties
concernées ont fait quand même leur possible pour nous donner le
maximum d'information et je pense que nous devons être honnêtes
envers elles. On a fait le maximum d'efforts. Mais cela ne résout pas le
problème. Le problème reste là, puis le gouvernement
s'apprête, actuellement, à créer une injustice assez
sérieuse, assez grave à l'endroit de la municipalité de
Rimouski-Est. Est-ce qu'on est rendu au point où il va falloir
absolument, de toute nécessité, que les ambitions des villes plus
grandes d'aller chercher des territoires, les territoires qui font leur
affaire, s'il vous plaît, dans les petites municipalités autour
d'elles soient sanctionnées par le gouvernement provincial? C'est une
question extrêmement sérieuse et c'est là qu'on pourrait se
rapporter aux propos qui ont été tenus ici à
l'Assemblée nationale, cet après-midi, disant qu'on est rendu,
à l'heure actuelle au point où, dans tous les cas de fusion, il
faut qu'il y ait un projet de loi qui soit présenté devant
l'Assemblée nationale du Québec.
M. le Président, c'est vrai que c'est un bill privé. Mais
qu'est-ce qui nous dit qu'à la suite du précédent que nous
sommes en train de créer à l'heure actuelle il n'y aura pas dix
autres, quinze, vingt, vingt-cinq bills privés au cours de
l'année 1976? Et de quelle façon le gouvernement pourra-t-il se
justifier de refuser un nouveau bill privé s'il accepte celui-là?
Dans mon esprit, ce n'est pas clair. Il me semble qu'il y a de
l'intérêt privé je le dis et je pèse mes
paroles qui est en cause, il n'y a pas seulement l'intérêt
public. Il y a de l'intérêt privé qui est sous-jacent
à ce projet de loi no 205. On aura l'occasion, évidemment, au
cours des mois qui vont suivre, de vérifier les faits pour voir si,
justement, les appréhensions que nous avons ici à
l'Assemblée nationale ne se réaliseront pas, parce que nous avons
là un point qui devrait faire réfléchir le
gouvernement.
Il y a, autour de la ville de Rimouski, d'autres terrains, d'autres
territoires. Je pense que la ville de Rimouski a peut-être
été dans l'obligation de procéder ainsi à cause
justement d'une autre exigence du gouvernement provincial. On ne peut faire
autrement que de se poser des questions, et de sérieuses questions,
lorsqu'on prend connaissance du mémoire présenté par la
ville de Rimouski sur le projet de loi en question. A la page 14, je cite un
paragraphe: "En effet, la subvention de l'entente Canada-Québec,
$1,700,000, est conditionnelle à l'octroi de la subvention provinciale,
$570,000 qui, elle-même, dépend de deux conditions. M. le
Président, les deux conditions ce n'est pas l'entente
Canada-Québec; c'est bien dit que c'est la subvention provinciale qui
impose ces deux conditions.
Donc, le gouvernement du Québec. Que la ville de Rimouski
investisse une somme de $380,000 dans la première phase du projet
évidemment on ne dit pas dans combien d'années, si c'est dans un
an, si c'est dans deux, cinq ou dix ans pour que soit
réglée la question de juridiction territoriale contestée
par Rimouski-Est. C'est le gouvernement du Québec lui-même qui
impose comme condition fondamentale sa subvention de $570,000 pour que soit
réglée la question de juridiction territoriale contestée
par la ville de Rimouski-Est.
M. le Président, ce n'est même pas l'entente
Canada-Québec qui l'impose et c'est dans le mémoire qui est
présenté par la cité de Rimouski.
C'est là qu'on peut se poser de sérieuses questions sur
les intentions véritables du gouvernement du Québec. Et c'est ce
qui me reporte aux propos qui ont fait bondir le leader du gouvernement quand
on parle de législation à la petite semaine, de
législation à la petite journée.
La ville de Rimouski n'avait peut-être pas le choix de se
présenter devant l'Assemblée nationale pour demander un projet de
loi privé pour satisfaire aux exigences du gouvernement du
Québec. C'est là le point. De ces deux conditions, seule la
seconde pose actuellement un problème, et ce n'est pas le
député de Beauce-Sud qui le dit, c'est la ville de Rimouski.
La cité de Rimouski est prête immédiatement à
investir sa part du côté du coût des travaux, des
études de planification et de génie. Ces travaux sont
terminés. Certains travaux d'aménagement ont dû être
réalisés pour permettre l'implantation d'une industrie qui ne
pouvait s'accommoder d'un délai imposé par la contestation de
Rimouski-Est.
M. le Président, c'est là le point, c'est le gouvernement
provincial lui-même qui intervient.
M. Levesque: J'invoque le règlement.
Le temps du député est dépassé depuis deux
minutes, M. le Président. J'ai vérifié avec le greffier,
il parle depuis vingt-deux minutes. Je dois donc vous demander de faire
respecter le règlement de celui qui l'invoque impertinemment et
impunément.
M. Roy: M. le Président, je ne ferai pas de débat
de procédure sur cette question. Je comprends que le leader du
gouvernement a trouvé le temps long. Je dis en terminant qu'il y a un
principe dans ce projet de loi que nous ne pouvons pas accepter...
Le Président: A l'ordre! Y a-t-il consentement unanime
à ce que le député de Beauce-Sud continue?
M. Levesque: Non.
Le Président: A l'ordre!
L'honorable ministre des Affaires municipales.
M. Goldbloom: M. le Président, très
brièvement...
M. Burns: Question de règlement, je voudrais simplement
savoir s'il s'agit d'un droit de réplique?
M. Levesque: Oui.
M. Burns: II s'agit d'un droit de réplique?
M. Levesque: Non, ce n'est pas le droit de réplique...
Le Président: Non, c'est l'intervention. C'est votre
première intervention.
Il ne s'agit pas du droit de réplique.
M. Goldbloom: M. le Président,
M. Levesque: II y en a un qui a le droit de réplique,
c'est celui qui propose un projet de loi.
M. Burns: Correct. Je voulais seulement savoir cela.
M. Levesque: Le leader de l'Opposition devrait savoir qui a
proposé le projet de loi, c'est le député.
M. Burns: J'ai vu des droits de réplique exercés
par d'autres ministres, imaginez-vous et je vais vous citer un cas, pas plus
tard que la semaine dernière, si vous voulez. Correct?
M. Tardif: Lequel?
M. Burns: Je vais vous en citer un, si nécessaire.
Le Président: A l'ordre! Je crois qu'un ministre peut
toujours répondre pour un autre ministre et exercer le droit de
réplique d'un autre ministre, en vertu du principe qu'un ministre peut
toujours agir pour un autre. Mais en l'occurence, je ne crois pas qu'il
s'agisse d'un droit de réplique, l'honorable ministre des Affaires
municipales désire participer au débat.
M. Levesque: C'est cela, il désire participer au
débat.
M. Victor Goldbloom
M. Goldbloom: M. le Président, je n'avais pas l'intention
d'intervenir dans ce débat, n'étant pas le parrain de ce projet
de loi, qui est de nature privée...
M. Burns: Jamais.
M. Goldbloom:... ayant été appelé, comme les
autres membres de la commission parlementaire et, aujourd'hui, comme les autres
membres de l'Assemblée nationale, à porter un jugement sur ce qui
est proposé par la cité de Rimouski.
Je voudrais quand même souligner deux ou trois points qui ont
été soulevés par les opinants qui sont intervenus. Il y a
eu, à quelques reprises, au cours de la discussion à la
commission parlementaire, des allusions d'ordre général à
des intérêts privés.
Nous avons interrogé les témoins pendant de nombreuses
heures. Nous avons mis de côté les règles de pratique
à cet égard parce que nous aurions pu nous limiter à un
certain nombre de minutes seulement. Nous avons continué pendant
plusieurs heures pour essayer de voir clair dans toute cette situation. Nous
n'avons jamais eu de précisions et nous n'en avons pas non plus ce soir
sur la nature de ces intérêts privés qui pourraient exister
dans ce domaine.
Je pense, M. le Président, que rendus à cette
étape du débat sur ce projet de loi, on devrait citer ce
que les membres du clergé disent en célébrant des mariages
en anglais: "Speak now or forever hold your peace". S'il y a quelqu'un qui a
quelque chose à dire, j'aimerais bien le savoir, mais des allusions
générales à des intérêts privés ne
m'aident pas à mieux juger la valeur de ce projet de loi.
Je redis ce que j'ai dit à plusieurs reprises, M. le
Président, en prenant cette décision difficile sur le projet de
loi en question, que j'ai dû être convaincu qu'il y avait un
intérêt supérieur, un intérêt régional
qui implique l'avenir du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie. Et c'est
parce que les faits prédominants qui ont été cités
ont été effectivement qu'il y a un tel intérêt qu'il
y a risque de perdre un investissement majeur, et cette perte ne serait pas
simplement celle de la cité de Rimouski ou de l'agglomération
rimouskoise mais de toute la région. Si tel est le risque réel,
nous devons, à mon sens, réagir et nous avons réagi.
Je ne voudrais pas laisser entendre que cette réaction est une
bénédiction de toutes les actions prises et de tout ce qu'il y a
dans le projet de loi. Nous avons dû faire la part des choses et tirer
des conclusions.
M. le Président, je voudrais indiquer assez clairement, et
notamment à l'honorable député de Beauce-Sud qui a
exprimé la crainte que ce que nous nous apprêtons à
accepter soit un précédent et que toutes les annexions puissent
se faire de cette façon, que tel n'est pas le cas. La loi est claire et
existe pour permettre à des municipalités de demander et, selon
le cas, selon la valeur de la demande, obtenir des annexions. Nous avons
amélioré la loi récemment justement pour protéger
les intérêts des municipalités rurales qui sont
généralement visées par les demandes d'annexions des
cités et villes ou même d'autres municipalités
régies par le code municipal.
J'aimerais informer la Chambre, M. le Président, qu'au cours de
la dernière semaine ou à peu près j'ai
refusé deux annexions parce que je ne trouvais pas, à l'examen du
dossier, que ces annexions étaient justifiées et étaient
dans l'intérêt des personnes concernées.
Enfin, M. le Président, je dois vous faire remarquer certaines
choses qui découlent du discours du député de Saguenay. Je
laisse de côté ses petites allusions à ma personne. Je note
cependant qu'il trouve que la loi que nous appelons communément le bill
276, Loi favorisant le regroupement des municipalités, n'est pas
je voudrais que ce soit clair dans l'esprit du député de
Saguenay, un esprit qui n'est pas souvent clair la Loi des fusions
volontaires. Cette loi n'existe plus. C'est la Loi favorisant le regroupement
des municipalités. Le député de Saguenay trouve que c'est
une bonne loi.
Il trouve que la loi aurait dû suivre son cours et avoir comme
résultat la fusion de Rimouski, Rimouski-Est et
Sainte-Anne-de-la-Pointe-au-Père. Il ne faut pas avoir une connaissance
très poussée, très détaillée de
l'état d'esprit des gens de Rimouski-Est pour savoir qu'ils sont
carrément opposés à cette fusion et le sont depuis
très longtemps. Pourtant, c'est le Parti québécois qui
parle avec enthousiasme des fusions volontaires.
M. Burns: Volontaires, c'est cela, volontaires.
M. Goldbloorn: Oui, pourtant, le député de Saguenay
dit: C'est une loi démocratique et la façon démocratique
de régler le problème aurait été de laisser courir
la loi et d'effectuer la fusion des trois municipalités en vertu de
l'unité de regroupement créée par mon
prédécesseur.
Je n'ai pas voulu faire cela, M. le Président, parce que je
connais l'attitude des gens de Rimouski-Est. Je me suis donc trouvé dans
une situation, comme vous tous, assez désagréable; une situation
dans laquelle nous devions juger de l'opportunité de transférer
certaines parcelles de territoire. Je me permets de vous rappeler, M. le
Président, que c'est celui qui vous parle qui a insisté pour
retrancher une partie importante de ce qui était demandé par la
cité de Rimouski et pour ne laisser que ce qui semblait essentiel
à la réalisation du parc industriel.
M. le Président, nous nous sommes trouvés dans une
situation où nous aurions voulu trouver un moyen de permettre la
réalisation du parc industriel sans gruger le territoire de
Rimouski-Est. Mais notre examen des faits, notre interrogation des
témoins ne nous a pas permis de trouver une autre solution valable, une
solution qui aurait été aussi satisfaisante sur le plan
géographique et pratique, une solution qui aurait été
aussi économique. En effet, les solutions de rechange mises de l'avant
par certaines personnes, à l'examen même, auraient
coûté beaucoup plus cher.
M. le Président, je note avec intérêt le point de
vue exprimé par les divers opinants qui m'ont
précédé et je souligne, en terminant, ce que mon
collègue, le ministre de la Justice, a souligné, que le
rôle du gouvernement, dans le cas présent, n'est pas celui de
prendre l'initiative de la législation; c'est bien de s'asseoir, un peu
en tribunal, d'écouter les opinants, les témoins et de tirer des
conclusions.
Le moindre des maux nous semble de procéder de façon
à assurer la réalisation du parc industriel. C'est pour cette
raison que nous avons accepté le projet de loi.
M. Burns: Avant que le député de Laporte s'exprime,
est-ce que je peux poser une question au ministre des Affaires municipales?
Il a terminé son intervention en disant: C'est pour cela que nous
avons pris cette attitude; en tout cas, vous avez parlé du "nous",
à la première personne du pluriel.
Est-ce que le ministre peut nous dire ce qu'il veut dire par "nous"?
Est-ce que cela veut dire le gouvernement ou si cela veut dire le caucus
libéral?
M. Harvey (Charlesbourg): Les membres de la commission.
M. Burns: Cela veut dire quoi exactement?
M. Goldbloom: Non, cela veut dire les membres du
côté ministériel de la commission parlementaire.
Le Président: L'honorable député de Laporte.
M. Déom: M. le Président...
Le Président: Si je comprends bien, est-ce qu'il y a
d'autres députés qui désirent intervenir dans ce
débat? Autrement, cette réplique mettra fin au débat.
M. Burns: M. le Président, je veux intervenir dans ce
débat mais pas au niveau de la deuxième lecture. Justement, c'est
peut-être un des endroits où c'est utile de savoir que le
processus va nous ramener éventuellement, je présume, en
commission plénière. Ce sera plutôt en commission
plé-nière que j'aurai une intervention à faire et non pas
au niveau de la deuxième lecture. Je pourrais la faire en
deuxième lecture mais je pense que cela pourrait trop se rattacher
à un des articles du projet de loi. Pour autant qu'on s'entende
là-dessus, je me réserve pour la commission
plénière.
Le Président: L'honorable député de
Laporte.
M. Déom: M. le Président, je comprends que vous
m'avez accordé le droit de réplique.
Le Président: Oui.
M. Déom: Mais, étant donné que j'ai
plusieurs choses à dire pour répondre au député de
Beauce-Sud et devant l'heure tardive, je demande l'ajournement du
débat.
Le Président: Cette motion est-elle adoptée?
M. Burns: Adopté, M. le Président.
Le Président: Adopté.
M. Levesque: M. le Président...
M. Burns: La meilleure intervention qu'on a entendue
aujourd'hui.
M. Levesque: M. le Président, j'ai déjà fait
part à l'Opposition officielle, au moins et à quelques
collègues auxquels j'ai pu le dire, qu'il y avait eu erreur dans le
dépôt d'un projet de loi qui apparaît à l'article 11.
Le texte qu'on m'avait fait parvenir n'était pas du tout le texte sur
lequel on s'était entendus. On en avait parlé d'ailleurs avec le
leader parlementaire de l'Opposition officielle et le ministre du Travail et le
texte qu'on m'a fait parvenir juste au moment du dépôt
n'était pas celui qui était censé nous arriver. Alors, M.
le Président, je cherche une procédure à ce moment-ci pour
substituer le véritable bill 65 et peut-être qu'on pourrait
demander la révocation de la deuxième lecture, de la
première lecture, etc.
M. Burns: Et présenter l'autre.
M. Levesque: Et présenter l'autre que j'ai ici et dont
j'ai les copies pour les membres de l'Assemblée.
Le Président: Est-ce qu'il y a consentement?
M. Burns: M. le Président, la révocation, on est
consentants à cette procédure. Je pense que c'est la façon
normale de le faire, à l'article 11; après cela, on pourra
remplacer.
Projet de loi no 65
Révocation des première
et deuxième lectures
Le Président: L'honorable leader parlementaire du
gouvernement, au nom de l'honorable ministre du Travail, propose la
révocation de la deuxième et de la première lecture du
projet de loi no 65, Loi modifiant la Loi des accidents du travail. Cette
motion est-elle adoptée?
M. Burns: Adopté, M. le Président. M. Levesque:
Adopté.
Le Président: Vous proposez maintenant la première
lecture?
M. Levesque: Première lecture du projet de loi.
Première lecture
Le Président: Consentement de l'Assemblée?
L'honorable leader parlementaire du gouvernement, pour l'honorable ministre du
Travail, propose la première lecture du projet de loi no 65, Loi
modifiant la Loi des accidents du travail. Notes explicatives, s'il vous
plaît.
M. Levesque: M. le Président, ce projet hausse de $9,000
à $13,500 le salaire maximum dont il doit être tenu compte pour la
fixation des compensations. Je dirai à ce moment-ci que l'autre texte
était un texte qui était en préparation à la
Commission des accidents du travail en vue d'une refonte éventuelle mais
je dois dire que ce n'était pas le texte qui était prévu
pour ce moment-ci de nos travaux.
M. Burns: Cela pourra nous servir de document de travail, quand
même.
Le Président: Cette motion de première lecture
est-elle adoptée?
M. Burns: Adopté, M. le Président. Le
Président: Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Première lecture de ce
projet de loi. First reading of this bill.
Le Président: Deuxième lecture, prochaine
séance ou séance subséquente.
Travaux parlementaires (suite)
M. Levesque: Encore une fois, M. le Président, il y aura
quatre commissions qui siégeront demain matin: commission de la justice,
à dix heures; commission des affaires sociales, à dix heures
trente, les deux au salon rouge; ensuite, à la salle 81-A, la commission
parlementaire des affaires municipales et, à la salle 91-A, la
commission parlementaire des richesses naturelles et des terres et
forêts.
Est-ce qu'il y a autre chose? Sinon, je propose que nous ajournions.
M. Burns: Vous pourriez peut-être simplement nous indiquer
ce que vous avez l'intention de soumettre en Chambre, demain
après-midi.
M. Levesque: Nous avons convenu que c'était l'article 4)
d'aujourd'hui, le projet de loi no 258, je crois, qui était prévu
pour la commission plénière.
M. Burns: Est-ce que vous le laisserez en commission
plénière ou s'il ira en commission élue?
M. Levesque: Je pense que je le laisserai en commission
plénière. Je dois dire qu'évidemment l'article 11), dont
on vient de parler, ne devrait pas être très long, si on regarde
la longueur du projet.
M. Burns: II y a beaucoup de choses à dire
là-dessus.
M. Levesque: Oui? M. Burns: Oui.
M. Levesque: II y aurait également le projet de loi en
deuxième lecture de COGEMA qui parait à l'article 17),
après avoirterminé ou avant, je ne le sais pas.
M. Burns: II y a l'article 5) aussi. M. Levesque: II y a
l'article 16...
M. Burns: On est actuellement en train de tenir le débat
qui avait été ajourné par le député de
Beauce-Sud.
M. Levesque: Je ne suis pas en mesure de dire ce qui arrivera
là, mais peut-être que, demain, on pourra s'en reparler.
M. Burns: D'accord.
M. Levesque: II y a le projet relatif à la cité de
Rimouski qu'il faudrait terminer et il y a les rapports des commissions
peut-être. Je pense bien que nous avons suffisamment de pain sur la
planche.
M. Burns: Disons qu'en priorité vous reviendriez avec le
projet de loi no 258 en commission plénière, c'est-à-dire
la Loi concernant certaines installations d'utilité publique et
modifiant la Loi d'Hydro-Québec. Ce serait votre priorité,
n'est-ce pas?
M. Levesque: Oui. Projet de loi no 258?
M. Burns: Oui, c'est cela.
M. Levesque: Oui.
M. Burns: Vous commencerez avec cela.
M. Levesque: Je ne peux pas en assurer le député,
mais je crois que, le plus tôt possible, on pourrait commencer
celui-là. Mais je ne peux pas l'assurer vu que je ne connais pas les
disponibilités humaines, de part et d'autre.
M. Burns: D'accord. M. le Président, c'est beaucoup plus
à vous que je pose la question qu'au leader du gouvernement relativement
aux travaux. Malgré ce que vient de me dire le leader du gouvernement,
il est possible que la motion qui apparaît en appendice soit
appelée. C'est une motion privilégiée, au nom du
député de Matane, en vertu des articles 79 et 81 du
règlement.
Est-ce que vous avez une indication, de votre côté,
à nous donner? Je ne veux pas non plus vous mettre dans une position
où vous voudriez nous rendre d'avance une décision. Ah non! Le
député de Matane est là. Sur la recevabilité, je
présume que vous vous êtes penché sur ce problème.
Si jamais ce problème était tranché, cela me permettrait
également d'indiquer à mon groupe parlementaire que cette motion
privilégiée serait étudiée demain puisqu'elle est
en appendice actuellement et qu'elle a été mise en avis la
semaine dernière.
Le Président: Justement, je dois rencontrer l'honorable
député de Matane après la séance de ce soir pour
m'entretenir sur cette question; étant donné que j'ai eu une
lettre à mon bureau concernant cette affaire, je voulais consulter
l'honorable député de Matane, ce que je ferai dans quelques
minutes. Malheureusement, je n'aurai pas de réponse à vous
apporter ce soir.
M. Burns: Parfait, M. le Président. Je ne vous demande pas
de vous prononcer ce soir. Je déduis de votre réponse que cette
motion ne sera pas appelée demain, si je comprends bien. Il faudrait
quand même que de notre côté aussi, si nous voulons
intervenir, nous ayons quelque chose à dire parce que je dois dire que
cela implique beaucoup de principes en matière parlementaire et c'est
fort possible que nous ayons un tas de choses à dire relativement
à cette motion. Si vous me dites qu'elle n'est pas appelée
demain, à ce moment-là, cela va évidemment modifier un peu
les directives que je pourrais donner à mon groupe parlementaire.
Le Président: Je sais difficilement quoi vous
répondre. Je dois m'entretenir avec l'honorable député de
Matane et s'il me libère... Comme parrain de la motion, il peut insister
pour qu'on en discute demain. C'est la raison de notre rencontre.
M. Burns.: D'accord, je tiens pour acquis qu'il faut que je me
prépare comme si...
Le Président: Au cas...
M. Burns: ... cette motion était appelée
demain.
Le Président: Au cas...
M. Burns: D'accord.
M. Levesque: Je propose l'ajournement de la Chambre à
demain, quinze heures.
Le Président: Cette motion est-elle adoptée?
M. Burns: Adopté.
Le Président: L'Assemblée ajourne ses travaux
à demain, quinze heures.
(Fin de la séance à 22 h 55)