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(Dix heures cinq minutes)
LE PRESIDENT (M. Lavoie): A l'ordre, messieurs !
Affaires courantes.
Dépôt de rapport de commissions élues.
M. LEGER: M. le Président, juste une question d'information ou de
directive. Est-ce qu'on pourrait attendre qu'il y ait un peu plus de ministres
en Chambre? Ils commencent à arriver. Une période de questions
sans ministre devant nous autres...
DES VOIX: Ah! Ah!
M. LEGER: II en arrive, il en arrive!
M. BOURASSA: Est-ce qu'il veut se rétracter sur les accusations
de la semaine dernière?
M. LEGER: Pardon?
M. BOURASSA: Est-ce que le député veut se rétracter
sur les accusations faites la semaine dernière?
M. LEGER: Attendez votre tour, vous verrez. Il y a une enquête qui
s'en vient là-dessus, vous allez être très surpris.
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! M. BOURASSA: ... enquête.
LE PRESIDENT:
Dépôt de rapports de commissions élues.
Dépôt de rapports du greffier en loi sur les projets de loi
privés.
Présentation de motions non annoncées.
Présentation de projets de loi au nom du gouvernement.
Présentation de projets de loi au nom des
députés.
Déclarations ministérielles.
Dépôt de documents.
Questions orales des députés.
QUESTIONS DES DÉPUTÉS
LE PRESIDENT: L'honorable chef de l'Opposition.
Asbestos Corporation
M. MORIN: II nous est un peu difficile de poser des questions ce matin,
M. le Président. Il manque...
DES VOIX: Ah! Ah!
M. MORIN: ... les deux tiers des ministres.
UNE VOIX: Au feuilleton!
M. MORIN: J'avais une question pour le ministre des Richesses
naturelles, qui est absent. Je vais donc la poser au premier ministre.
Une étude des fonctionnaires de la Direction
générale des mines du ministère des Richesses naturelles a
recommandé, récemment, la nationalisation de 1'Asbestos
Corporation. J'aimerais demander au premier ministre quelles sont ses
intentions à l'égard de cette recommandation. Peut-on s'attendre
à ce que ce soit là la fameuse "nouvelle politique" de l'amiante
que le ministre des Richesses naturelles avait annoncée pour 1974? Sur
les derniers jours de l'année, le premier ministre peut-il nous dire si,
enfin, il y aura une politique de l'amiante au Québec, et si tel est le
cas, est-ce bien celle qui consiste à nationaliser 1'Asbestos
Corporation?
M. BOURASSA: M. le Président, lorsque nous avons discuté,
au conseil des ministres évidemment, je ne peux pas
révéler le contenu des discussions des mesures
financières qui ont été annoncées jeudi dernier,
qui permettent au gouvernement d'aller chercher $50 millions de plus dans les
compagnies exploitant les richesses naturelles du Québec, $48 millions
à $50 millions, c'est-à-dire taxer davantage les grosses
compagnies pour aider les petits contribuables.
Cela pouvait résumer la déclaration du ministre des
Finances. Le ministre des Richesses naturelles nous a fait part qu'il avait des
propositions à discuter avec nous au sujet des mesures à prendre
par le gouvernement du Québec vis-à-vis de l'exploitation des
richesses naturelles. Il n'est pas allé dans le détail, tel que
le suggère le chef de l'Opposition, c'est-à-dire la
nationalisation d'une compagnie. Il n'a pas parlé de cette question,
mais il a dit que les mesures annoncées par le ministre des Finances
pourraient être complétées à l'aide de propositions
de son ministère par d'autres mesures dans les prochains mois. Mais nous
n'avons pas encore discuté de ces mesures au conseil des ministres.
M. MORIN: Mais les mesures annoncées par le ministre des Finances
ne sont pas de nature à régler le problème de
l'exploitation des richesses naturelles par et pour les
Québécois! J'aimerais, au premier ministre, demander ceci: compte
tenu du fait qu'il y a appréciation du prix des richesses naturelles,
que le Québec doit en tirer une plus grande rente économique et
que celle-ci demeure insuffisante dans le budget du ministre des Finances, le
premier ministre a-t-il réfléchi ou le ministre des
Richesses naturelles, qui vient de faire une entrée remarquée en
Chambre ne pourrait-il pas nous dire s'il a déjà
pensé à ce problème?
J'imagine que le premier ministre et le ministre ont
réfléchi à la situation de l'industrie de l'amiante au
Québec. Quelle est leur politi-
que? Je le demande au ministre des Richesses naturelles parce que c'est
lui-même qui a déclaré qu'il annoncerait cette nouvelle
politique en 1974. Nous sommes tout près de la fin de 1974 et, bien que
nous aurons l'occasion de siéger sans doute encore de nombreux jours
avant le 31 décembre...
LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a une question, s'il vous plaît?
M. MORIN: ... ce serait peut-être l'occasion pour le ministre de
nous décrire sa politique.
M. BOURASSA: M. le Président, il n'est pas sûr qu'on va
siéger encore de nombreux jours, parce que, si l'Opposition se rend
compte de ce qu'elle impose aux familles, par exemple, des journalistes et de
tous ceux qui travaillent à l'Assemblée nationale...
M. BURNS: Voyons donc, c'est vous, ça! C'est vous qui imposez
quelque chose.
M. BEDARD (Chicoutimi): Nous l'imposons à nos familles.
M. BURNS: Si vous faisiez des sessions normales en présentant vos
projets contentieux au début, au lieu de les présenter à
la fin...
LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. BOURASSA: Si l'Opposition se rend compte de ce qu'elle fait par son
"filibuster" et par son opposition systématique. Parce qu'il n'y a pas
seulement les députés; il y a toux ceux qui travaillent à
l'Assemblée nationale, il y a les journalistes, il y a plusieurs
centaines de personnes qui sont affectées, pour les fêtes de
Noël, par l'attitude de l'Opposition.
M. MORIN: Vous nous l'imposez à nous-mêmes.
M. BEDARD (Chicoutimi): On se l'impose à nous aussi.
M. BOURASSA: Pensez un peu à ceux qui travaillent à
l'Assemblée nationale, qui voudraient être avec leur famille
durant le temps des Fêtes.
M. MORIN: Oui.
M. BEDARD (Chicoutimi): Vous auriez dû y penseravant.
M. MORIN: Nous y pensons.
M. BOURASSA: Cela ne parait pas, parce que vous faites de l'opposition
systématique.
LE PRESIDENT: Est-ce qu'on pourrait revenir à l'amiante, s'il
vous plaît?
M. BOURASSA: Je comprends que le chef de l'Opposition ne soit pas de
bonne humeur ce matin, je comprends. Les échos que j'ai eus en fin de
semaine, M. le Président, c'est qu'on ne parle plus de la piastre
à Lévesque, on parle du chèque à Morin.
M. MORIN: M. le Président, permettez-moi une question de
privilège. Je ferai remarquer au premier ministre qu'avant d'être
le "chèque à Morin", cela a été le "chèque
à Lavoie". C'est vous, M. le Président, qui me l'avez remis,
n'est-ce pas?
Je voudrais que le premier ministre cesse de faire de la
démagogie sur mon dos. Et avant d'être le chèque du
président, ce chèque a été celui de trois ministres
libéraux.
M. BOURASSA: Le chef de l'Opposition...
M. MORIN: M. le Président, c'est sur un point de
privilège. Je voudrais aussi demander aux députés qui
étaient avec moi à Bruxelles et qui ont joui des mêmes
privilèges, dont le député des Iles-de-la-Madeleine, de
faire preuve d'un peu plus de justice dans leurs propos.
M. le Président, le député des Iles-de-la-Madeleine
a touché un chèque aussi, pour aller à Bruxelles.
M. LACROIX: Oui.
M. MORIN: Le député des Iles-de-la-Madeleine a
été également un "chou de Bruxelles"; cela vient en
grappe, les choux de Bruxelles.
M. LACROIX: Mais j'y avais droit, moi, à l'allocation, tandis que
le chef de l'Opposition n'y avait pas droit, d'après la Loi de la
Législature.
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! A l'ordre! A l'ordre! A l'ordre!
M. BOURASSA: Le chef...
M. LESSARD: Petit premier ministre ! Petit premier ministre! ... Vil!
Bas! ...
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! ... A l'ordre, messieurs!
M. LEGER: Le juge qui se moque des personnes qui comparaissent.
M. BOURASSA: Bien oui, bon! ... Ils en ont perdu...
M. LEGER: Cela ne s'est jamais vu.
M. BURNS: Pas capable de se hisser plus haut qu'un "back-bencher",
imaginez, le premier ministre !
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. BOURASSA: Bon! s'il vous plaît, du calme! Ils en ont perdu le
sens de l'humour, M. le Président. On ne peut plus faire de l'humour
avec le chef de l'Opposition.
Pour répondre à sa question, j'ai dit tantôt au chef
de l'Opposition que le ministre des Richesses naturelles avait dit au conseil
des ministres qu'il était sur le point d'amener des propositions
touchant l'exploitation des richesses naturelles. Est-ce que ce sera avant la
fin de l'année 1974 ou au début de l'année 1975? Nous
verrons cela dans quelque temps. Mais le ministre des Richesses naturelles a
annoncé au conseil des ministres qu'il fera des propositions d'ici
quelques semaines.
M. MORIN: En question supplémentaire, M. le Président. Au
sujet des événements récents dans le domaine de l'amiante
et notamment de la destruction du moulin King Beaver, est-ce que le ministre
des Richesses naturelles à moins que le premier ne s'y fie pas
pour répondre aux questions pourrait nous dire où en sont
aujourd'hui les tractations en ce qui concerne la reconstruction de
l'usine?
Et deuxièmement, en ce qui concerne les travailleurs, où
en sont les mesures pour créer de l'emploi pour tous ces travailleurs
qui sont quelque 800 et qui ont été littéralement
jetés sur le pavé par l'incendie du moulin?
M. MASSE: M. le Président, j'ai eu l'occasion de répondre
d'une façon assez précise au cours de la semaine dernière
à cette question du député de Saguenay. Je pense qu'on est
à court de questions ce matin. J'ai dit que la compagnie devrait prendre
une décision de reconstruction d'ici quelques mois. Et c'est toujours la
même réponse que j'ai à offrir ce matin.
Remboursement de dépenses
M. LESSARD: M. le Président, ma question s'adresse au premier
ministre. Est-ce que le premier ministre pourrait nous assurer ce matin si le
ministre de l'Agriculture a remboursé les dépenses lorsqu'il a
utilisé l'avion du gouvernement pour se rendre en Floride, ainsi que le
député des Iles-de-la-Madeleine?
M. BOURASSA: II va y avoir des plaintes.
M. LESSARD: Y-aura-t-il des plaintes portées contre le ministre
de l'Agriculture et contre le député des Iles-de-la-Madeleine,
tel que le ministre des Transports nous l'avait dit?
M. BOURASSA: Le député devrait savoir qu'il n'y a pas eu
d'infraction à la Loi de la Législature, d'abord, et
deuxièmement, malgré qu'il n'y a pas eu d'infraction à la
Loi de la Législature, il y a eu remboursement. Cela a été
dit par le ministre des Transports.
M. LESSARD: II y a eu infraction à l'équité des
ministres.
M. TETLEY: ... il a dit...
LE PRESIDENT: Le député de Rouyn-Noranda.
Comptes d'électricité
M. SAMSON: M. le Président, je voudrais demander au ministre des
Richesses naturelles s'il a été mis au courant que
l'Hydro-Québec aurait commencé à faire parvenir à
certains abonnés, en même temps que leur facture, un formulaire
à remplir leur demandant de le retourner avec un chèque de $50
comme dépôt en garantie sur les comptes à venir? Si le
ministre est au courant de cette situation, peut-il nous dire si le
Gouvernement a l'intention d'intervenir pour empêcher l'Hydro d'utiliser
ce moyen? Les $50 en dépôt qui resteront toujours en
dépôt pour garantir la facture des clients ne rapporteront que 4
p.c. d'intérêt alors que, comme nous le savons, le taux de
location de l'argent est d'environ 12 ou 13 p.c. présentement.
M. MASSE: Ce fait m'est inconnu. Cela me surprendrait
qu'Hydro-Québec exige de ses abonnés des paiements à
l'avance, mais vous faites peut-être une distinction entre les clients
actuels et les nouveaux abonnés. Je m'informerai auprès
d'Hydro-Québec, pour répondre plus tard.
M. SAMSON: Est-il vrai qu'Hydro-Québec pourrait le faire en vertu
d'un règlement adopté par le gouvernement du Québec selon
un arrêté en conseil qui a été passé en 1967,
je pense?
M.. SAMSON: Je prends avis de la question, M. le Président.
LEE PRESIDENT: Le député de Johnson.
Foyer Joseph-Denis
M. BELLEMARE (Johnson): Ma question s'adresse au ministre des Affaires
sociales. Je lui en ai parlé la semaine dernière. C'est au sujet
du foyer Joseph-Denis, à Trois-Rivières. Depuis le mois de juin
dernier j'en ai d'ailleurs parlé avec le député de
Trois-Rivières aussi; il est bien au courant de la situation il y
a eu des faits qui ont été rapportés au public qui
étaient assez dramatiques. A la suite, une enquête a
été faite par l'organisme lui-même et elle a duré
plusieurs mois. On a transmis le résultat de l'enquête ces jours
derniers, qui est publique maintenant. Dans ce résultat d'enquête,
il est remarqué
particulièrement que le ministre des Affaires sociales doit, le
plus tôt possible, nommer un enquêteur spécial pour relever
tous les faits et demander l'application de sanctions, s'il y a lieu.
M. FORGET: M. le Président, en effet, j'ai entre les mains ce
rapport qui, quoique daté du 3 décembre 1974, ne m'est parvenu
qu'à la fin de la semaine dernière. En face des demandes
extrêmement sérieuses, comme l'a indiqué le
député de Johnson, qui sont contenues dans ce rapport, mes
collaborateurs du ministère l'étudient de manière à
voir quelle action nous devons prendre à la suite de ces
recommandations.
M. BELLEMARE (Johnson): Autre question supplémentaire. Vu que ce
rapport est public, qu'il est presque publié en entier dans les
journaux, le ministre aurait-il des réticences à déposer
ce rapport pour l'information de ceux qui, particulièrement, sont
intéressés?
M. FORGET: En principe, non, mais j'aimerais, malgré tout, en
prendre pleinement connaissance puisque des noms de personnes peuvent y
être inclus. Comme ces personnes n'ont pas nécessairement
bénéficié de toutes les protections possibles, selon les
lois, dans la préparation du rapport, je veux m'assurer que son
dépôt et sa publication ne seraient pas de nature à porter
préjudice à qui que ce soit, étant donné les faits
qu'il peut contenir.
M. BACON: Une question supplémentaire, M. le
Président.
M. BELLEMARE (Johnson): M. le Président, dernière question
supplémentaire. Je crois que tous les noms qui sont contenus dans ce
rapport, bien que je n'en connaisse pas tout le contenu, ont déjà
été publiés dans les journaux de la région. Je ne
vois pas quel préjudice on pourrait avoir à le déposer,
à ceux particulièrement qui sont intéressés par ce
problème, dans la région.
M. BACON: Une question supplémentaire, M. le
Président.
LE PRESIDENT: Dernière.
M. BACON: Est-ce que le ministre, s'il tient à donner suite
à une des suggestions de faire faire une enquête par un
enquêteur spécial, peut nous assurer qu'il nommera quelqu'un en
dehors du ministère et des CRSSS et de tout ce qui est relié au
ministère des Affaires sociales, soit un enquêteur absolument
indépendant?
M. FORGET: M. le Président, il est de coutume de nommer des
personnes, lorsque nous décidons d'en nommer en vertu de l'article 128
de la Loi sur les services de santé et les services sociaux, qui sont
les plus indépendantes et les plus impartiales possible, mais qui, bien
entendu, doivent aussi connaître le milieu dans lequel elles sont
appelées à intervenir.
LE PRESIDENT: Le député de Chicoutimi.
Parc fédéral au Saguenay
M. BEDARD (Chicoutimi): M. le Président, ma question s'adresse au
premier ministre. Dans une dépêche en date du 29 septembre 1971,
en provenance du gouvernement du Québec, on lisait ce qui suit: "La
politique du gouvernement québécois quant à l'implantation
des parcs nationaux sur le territoire du Québec devrait être
précisée prochainement par le premier ministre Bourassa". Je
voudrais demander au premier ministre s'il peut nous faire le bilan des
négociations qui ont eu lieu, mercredi dernier, entre le gouvernement du
Québec et le ministre responsable des Affaires indiennes à
Ottawa, concernant la cession éventuelle à Ottawa d'un territoire
de quelques centaines de milles carrés le long de la rivière
Saguenay, dans le but d'en faire un parc fédéral.
M. BOURASSA: J'ai rencontré brièvement le ministre des
Affaires indiennes pour discuter du cas de la région de Saguenay. Il
doit y avoir une rencontre au niveau des fonctionnaires d'ici la mi-janvier
pour voir s'il n'y aurait pas une formule qui pourrait être
trouvée de manière à satisfaire les exigences du
Québec et à faire profiter la population de la région des
avantages d'un tel parc. D'ici la mi-janvier, une rencontre devrait avoir lieu
là-dessus.
M. BEDARD (Chicoutimi): Je voudrais demander au premier ministre s'il
est exact qu'il existe deux plans: un qui représenterait environ 230
milles carrés et l'autre de 355 milles carrés.
M. BOURASSA: C'est-à-dire...
M. BEDARD (Chicoutimi): Est-ce que c'est exact?
M. BOURASSA: Les discussions sur l'étendue, sur l'endroit ou sur
la superficie elle-même, on n'a pas abordé ces détails dans
ma discussion avec le ministre, M. Buchanan. Cela sera fait à la
mi-janvier.
M. BEDARD (Chicoutimi): Ce que je demande au premier ministre...
LE PRESIDENT: Dernière.
M. BEDARD (Chicoutimi): J'en aurais une autre. Ce que je demande au
premier ministre, c'est s'il existe deux plans distincts du Québec
à soumettre en vue des négociations au gouvernement d'Ottawa?
M. BOURASSA: Bien, on m'a parlé de deux superficies
possibles.
M. BEDARD (Chicoutimi): Bon! LE PRESIDENT: Dernière.
M. BEDARD (Chicoutimi): Dernière question. Je voudrais demander
au premier ministre si, au cours des négociations, il envisage la
possibilité d'un échange qui aurait comme effet qu'une partie des
terrains qui ont été cédés au gouvernement d'Ottawa
autour de Mirabel, soient retournés au gouvernement du Québec en
échange de la cession de territoires du parc fédéral du
Saguenay.
M. BOURASSA: M. le Président, cela a été fait dans
d'autres cas, comme le député le sait. C'est un
élément de la situation. Mais il y a d'autres facteurs qu'il faut
considérer, par exemple le rôle des agents du ministère du
Tourisme au sein du parc fédéral-provincial, qui dépendra
de la formule finale. Mais c'est simplement un élément de la
situation parmi plusieurs autres.
LE PRESIDENT: L'honorable député de Lafontaine.
Hausse d'assurance sur les maisons
M. LEGER: M. le Président, ma question s'adresse au ministre des
Institutions financières, Compagnies et Coopératives. Le ministre
est-il au courant du fait qu'un organisme canadien qui regroupe un grand nombre
de compagnies d'assurance a recommandé une hausse de 39 p.c. des primes
d'assurance sur les maisons au Québec? Et, deuxièmement, est-ce
que le ministre croit que cette hausse de 39 p.c. de l'ensemble de l'assurance
sur les maisons, qui comprend la protection contre le feu, le vol, etc., est
justifiée? Sinon, est-ce qu'il entend faire enquête sur cette
hausse que préparent les compagnies d'assurance?
M. TETLEY: M. le Président, je vais prendre avis. J'ai
déjà parlé aux fonctionnaires concernant cette question,
et j'espère répondre le plus tôt possible, demain,
mercredi, ou je ne sais pas, aussitôt que possible.
M. LEGER: J'espère qu'il ne répondra pas mercredi, cela va
être Noël.
Question supplémentaire. Est-ce que le ministre, qui va prendre
avis de la question, a l'intention quand même de faire enquête sur
les possibilités d'augmentation?
Je lui pose cette question parce que, la dernière fois où
il y a eu une annonce d'augmentation des taux d'assurance de 10 p.c. on a eu un
débat, ici, et pendant qu'on débattait la question, qui a
été reportée, la hausse a été
acceptée. Je lui demande s'il veut faire enquête pendant qu'il est
encore temps, alors qu'il n'y a que des recommandations de faites.
M. TETLEY: Je vais étudier la question avant de prendre une
décision.
LE PRESIDENT: L'honorable député de Beauce-Sud.
Télédiffusion de programmes
sportifs
M. ROY: M. le Président, ma question s'adresse à
l'honorable ministre des Communications. Vendredi dernier, je lui demandais
s'il était au courant qu'il y avait un contrat qui existait entre
CFCF-TV, canal 12, et Canadian Sport Network, à l'effet que ce canal de
télévision avait obtenu les droits de télédiffusion
français et anglais exclusifs au Québec. J'avais également
demandé au ministre quelles étaient les intentions de son
ministère, quelles étaient les intentions du gouvernement, les
actions qu'ils avaient posées, compte tenu que ces programmes de
télévision doivent commencer incessamment.
M. L'ALLIER: M. le Président, vendredi dernier, j'ai pris avis de
la question du député. J'attends la confirmation des faits qu'il
souligne à cette Chambre et je lui ferai part, dès que je les
aurai, de l'action éventuelle du ministère dans ce domaine.
M. ROY: M. le Président, comment le ministre peut-il expliquer le
fait qu'il n'est pas au courant de cette situation alors qu'un
communiqué a été émis aux journaux, le 25 juillet
dernier, communiqué qui a été publié? Dans celui-ci
M. Hamilton fait connaître clairement ses intentions, lorsqu'il dit: Nous
avons acquis les droits, à la télévision française,
des parties pour qu'aucune station française ne les ait. Nous garderons
donc jalousement la propriété de ces droits parce que notre but
est précisément d'augmenter notre cote d'écoute chez les
foyers francophones, chez lesquels le hockey est très très
populaire.
Je demanderais au ministre s'il a l'intention d'étrenner pour de
vrai la loi 22, de façon que la souveraineté culturelle du
Québec ne soit pas seulement des voeux pieux mais qu'on procède
logiquement et concrètement. Il y a là un cas où il y a
matière à intervention de la part du gouvernement, de
façon que cette provocation à l'endroit des francophones prenne
fin.
LE PRESIDENT: Vous m'avez donné avis que vous aimeriez apporter
une réponse. Est-ce que vous pourriez profiter de l'occasion pour
répondre à cette question?
M. L'ALLIER: Oui, M. le Président. Pour ce qui est de la question
qui vient d'être posée, je
ne peux pas dire autre chose que ce que j'ai dit. Nous allons
vérifier les faits et les circonstances qui entourent les faits, s'ils
sont fondés. Deuxièmement, je ferai des commentaires à ce
moment-là.
M. Laurent Laplante à
Radio-Québec
M. L'ALLIER: Je vous avais donné avis que je voulais
compléter la réponse que j'avais faite au député
d'Anjou relativement à Radio-Québec et notamment quant à
la nature et la durée des engagements et du salaire qui serait
versé à M. Laplante.
Or, avant de répondre à cette question, M. le
Président, je voudrais bien souligner que l'événement ou
l'incident Radio-Québec aura certainement permis de préciser
à la fois l'autonomie de Radio-Québec et aussi l'exercice de la
responsabilité de ministre responsable de l'organisme. Le contrepoids
à l'autonomie de Radio-Québec, c'est précisément
l'opinion publique et l'exercice, en cette Chambre, de mes
responsabilités. En quatre ans, c'était la première fois
que je faisais un commentaire sur Radio-Québec et j'ai l'intention, dans
l'avenir, à chaque fois que les circonstances, dans mon esprit, le
justifieront, de procéder de cette façon.
Je n'ai pas l'intention d'intervenir en sous-main à
Radio-Québec et sous la table pour essayer de faire changer des
attitudes ou des décisions. Radio-Québec est parfaitement libre
de ses décisions et la décision d'engager M. Laplante a
été confirmée par Radio-Québec et sera
respectée.
Ceci étant dit, Radio-Québec m'a fourni les informations
suivantes: M. Laplante, qui est rédacteur en chef adjoint et
éditorialiste à un quotidien montréalais, a vu ses
services retenus pour une période de treize émissions
hebdomadaires consécutives, d'une durée d'une demi-heure, comme
animateur.
A l'occasion de cette série d'émissions, M. Laplante
percevra un salaire ou des honoraires qui sont conformes à ce qui est
habituellement payé pour ce genre d'emploi, à savoir un contrat
de treize semaines pour $3,666. C'est-à-dire $282 par demi-heure
d'émission hebdomadaire.
Ce que j'ignorais, c'est qu'on a aussi proposé à M.
Laplante, qui l'a accepté, un autre contrat, celui de recherchiste sur
sa propre émission, et que ce deuxième contrat de recherchiste
s'étend du 20 janvier au 23 avril 1975.
Donc, comme recherchiste à l'émission qu'il animera, M.
Laplante recevra un honoraire de $3,317 soit $255 par demi-heure
d'émission hebdomadaire. Au total, M. Laplante recevra donc de
Radio-Québec, pour la durée de son contrat qui est renouvelable,
tel que spécifié au contrat, à la satisfaction des deux
parties, $537 par semaine, en plus de continuer d'assumer ses
responsabilités dans l'emploi qu'il a dans un quotidien
montréalais.
Sur ce dernier point, je n'ai aucun commentaire à faire. Les
éditorialistes et rédacteurs de quotidiens nous ont
habitués à croire qu'il s'agissait d'une fonction qui occupait
pleinement celui qui les exerçait. Nous sommes sans doute dans le
processus d'évolution de cette fonction. Ce qui m'importe, c'est que
cette émission, qui est importante et dont nous n'avons jamais remis en
cause l'importance, se réalise et ce dans les meilleures conditions.
Je conclurai cet incident en disant que si, par l'incident Laplante,
nous avons pu attirer l'attention de l'opinion publique ou des citoyens sur
Radio-Québec, et peut-être réciproquement
l'intérêt ou l'attention de Radio-Québec sur les
préoccupations des citoyens, c'est une excellente chose parce que les
deux, je pense, en ont besoin. Radio-Québec commencera à diffuser
le 19 janvier prochain, et l'émission dont il s'agit ici sera
diffusée à compter du 24 janvier prochain. Merci.
M. LESSARD: M. le Président, ma question s'adresse au ministre
des Transports.
LE PRESIDENT: L'honorable député de Saguenay.
Quai Sainte-Catherine
M. LESSARD: Est-ce que le ministre des Transports pourrait donner suite
à une question que je lui posais il y a quelques semaines concernant la
possibilité pour le gouvernement de compenser des augmentations de
tarif, étant donné le bris du quai de Sainte-Catherine, et
l'augmentation de ces tarifs suite à la décision de la commission
des transports?
M. MAILLOUX: M. le Président, il est vrai que le bris des
installations portuaires de Tadoussac a amené des surcharges aux
populations de Saguenay et de Duplessis, et la commission des transports a
accepté une augmentation des tarifs de 5 p.c. pour les charges
complètes et de 10 p.c. pour les charges brisées. J'ai fait
préparer un projet d'arrêté en conseil qui sera soumis dans
les jours suivants. Je veux croire que malgré que la note soit
élevée, il sera possible au gouvernement de compenser afin que
les populations des deux comtés mentionnés n'en soient pas
pénalisées.
LE PRESIDENT: Affaires du jour. Une dernière question, le
député de Beauce-Sud.
Promotion de l'avortement
M. ROY: M. le Président, j'aurais une question à poser au
ministre de la Justice. C'est une question que j'ai déjà
posée en Chambre; elle paraît, d'ailleurs, au journal des
Débats du
mardi, 17 décembre, à la page 3589. J'avais demandé
au ministre de la Justice s'il était au courant que l'on se servait
d'une série d'émissions radiophoniques, payée en vertu de
la Loi de l'aide juridique, pour faire la promotion de l'avortement. Le
ministre avait dit qu'il prenait avis de la question, qu'il allait faire
enquête et qu'il allait en informer la Chambre. J'aimerais savoir
où en sont rendues les démarches du ministre.
M. CHOQUETTE: Voici, M. le Président, il s'agit d'une
émission qui s'appelle La minute juridique. En fait, c'est un programme
d'information qui a été organisé par la Commission des
services juridiques à l'intention du public par l'intermédiaire
des postes de radio.
Dans le cadre de ce programme, on informe le public du droit et de la
loi telle qu'elle existe dans certains domaines; il peut s'agir, par exemple,
de relations entre propriétaires et locataires, il peut s'agir d'actions
en dommages. En somme, on a tenté de situer à l'intérieur
de ce programme d'information les questions qui, normalement,
préoccupent la plupart des gens et c'est ainsi que, parmi ces minutes
juridiques, il y a eu celle qui portait sur l'avortement légal. A ce
point de vue, je voudrais quand même préciser à l'endroit
du député de Beauce-Sud que l'information fournie n'était
pas pertinente à l'avortement illégal, mais bien a l'avortement
légal.
Cependant, je dirais que, pour ma part, je considère qu'on aurait
bien pu se dispenser de donner de l'information juridique même sur
l'avortement légal. Celles qui veulent avoir recours à ce
procédé, eh bien, elles savent qu'elles doivent s'adresser
à des médecins et qu'il n'y a qu'un endroit où on peut
procéder à des avortements légaux et c'est dans les
hôpitaux. C'est la raison pour laquelle je ne vois pas beaucoup le grand
intérêt qu'il y avait pour la Commission des services juridiques
de publier une information, même légale et valable, sur ce
sujet.
M. ROY: M. le Président, est-ce que le ministre pourrait me dire
s'il a pris des dispositions afin de faire modifier ces programmes
radiophoniques de façon à y mettre fin? Il y a la question
légale, mais après avoir entendu l'émission, elle
était réellement biaisée, de façon à inviter
les gens en leur faisant croire qu'il y avait beaucoup plus de droits qu'il n'y
en a en réalité. L'émission était vraiment,
vraiment tendancieuse pour en faire une promotion pour l'avortement. C'est
pourquoi j'ai cru de mon devoir d'attirer l'attention du ministre
là-dessus.
M. CHOQUETTE: Je ne reproche pas au député d'avoir fait
son devoir et d'avoir attiré notre attention sur cela. Je ne crois pas,
en fait, que l'information fournie était une invitation à
l'avortement. Par contre, à partir du moment où on donne une
certaine information sur le sujet, c'est sûr et certain que cela peut
être interprété comme une invitation ou, enfin, au moins
une possibilité d'avoir recours à cela. Je crois que les avis
peuvent être partagés sur une telle question, d'autant plus qu'il
s'agit de l'avortement légal qui est reconnu par le code criminel et qui
peut se faire dans les hôpitaux du Québec.
M. ROY: Que ce soit présenté de façon
différente.
M. CHOQUETTE: Certains peuvent réprouver cela, même sur le
plan moral. Dans ce domaine, vous comprenez que l'unanimité n'existe pas
et c'est même un domaine où les avis sont le plus partagés.
Il y a des gens qui sont radicaux dans leurs opinions sur ce sujet de
l'avortement, autant pour que contre. Alors, c'est un sujet très
controversé.
Je ne suis pas en mesure de dire à la Commission des services
juridiques d'arrêter de faire cette publicité. D'autre part, je me
suis enquis auprès du président de la Commission des services
juridiques et je ne crois pas que cette annonce paraisse de nouveau; du moins,
si elle devait le faire, ce sera une fois seulement. Je n'ai pas voulu
intervenir pour dire au président que je lui interdisais de faire
paraître de nouveau cette annonce, parce que je respecte quand même
l'autonomie de la Commission des services juridiques.
Je lui ai fait part de mon sentiment à l'effet qu'on aurait
probablement eu avantage à se dispenser de cette information
particulière.
LE PRESIDENT: Avec le consentement, une dernière courte
question.
L'honorable député de Lafontaine.
Installations olympiques
M. LEGER: Merci, M. le Président. Ma question s'adresse au
ministre d'Etat responsable du gouvernement auprès du COJO. Plutôt
que de soulever une question de privilège demain, j'ai
préféré lui poser une question aujourd'hui sur le sujet.
Le ministre, à la suite de plusieurs questions, m'avait promis de
déposer à la Chambre les prévisions budgétaires des
Jeux olympiques si elles s'avéraient différentes de celles qui
avaient déjà été supposées. Tout le monde
sait maintenant, M. le Président, que les Jeux olympiques vont
coûter le double des prévisions antérieures et qu'il y a
des revenus supplémentaires aussi. Alors, je demande au ministre s'il
peut déposer aujourd'hui ou demain, tel qu'il l'a promis à la
Chambre, les nouvelles prévisions budgétaires qui sont contenues
dans le rapport que le COJO a fait à la ville de Montréal.
M. LALONDE: M. le Président, je n'ai pas encore reçu les
prévisions budgétaires comme telles de la ville de
Montréal.
Le rapport auquel fait référence le député
de Lafontaine est probablement celui qui a été
préparé par le coordonnateur mandataire de la ville de
Montréal et qui fait la réévaluation des coûts du
Parc olympique, tel que je l'avais annoncé il y a quelques mois.
Maintenant, nous sommes en communication constante avec les autorités de
la ville de Montréal, dont j'ai eu un rapport ce matin à l'effet
que les autorités de la ville de Montréal sont encore en train
d'étudier la question, de façon à faire les coupures
nécessaires ou à trouver des sources de financement
additionnelles. Je n'ai pas eu la décision finale. Seule la ville de
Montréal peut prendre sa propre décision, à savoir quel
sera son budget pour les installations olympiques.
M. LEGER: Vous n'avez pas vu le rapport?
M. LALONDE: M. le Président, j'ai dit et je peux encore
répéter pour le bénéfice du député de
Lafontaine que le rapport de la société Lalonde, Valois, Lamarre,
Valois, ne constitue pas des prévisions budgétaires comme telles.
C'est une réévaluation du projet du Parc olympique. Il reste
à la ville de Montréal le choix d'accepter d'aller de l'avant
avec ce Parc olympique tel qu'évalué dans le rapport par les
ingénieurs ou de faire des modifications que j'ignore, maintenant, mais
que je ne pourrai connaître que lorsque la ville de Montréal aura
décidé quel sera le projet final et nous en aura fait part.
M. LEGER: Quand?
M. LALONDE: Je m'attends à cette décision d'ici quelques
jours.
LE PRESIDENT: Affaires du jour.
Motion pour faire siéger une commission
M. LEVESQUE: M. le Président, je veux faire une motion pour
qu'une commission siège. On notera au vote, probablement, si on le
regarde de près, qu'il y aura sans doute plus des deux tiers des
députés et 21 ministres qui apparaîtront à ce vote,
s'il est demandé, et que ce ne sera pas les deux tiers qui manquent
mentionnés par le chef de l'Opposition.
M. BURNS: Ecoutez, je veux rectifier quelque chose.
M. LEVESQUE: Un petit mensonge.
M. BURNS: On voyait que les ministres arrivaient et on a tout
simplement... Vous vous référez au début de la
séance...
M. BOURASSA: Oui.
M. BURNS: ... lorsqu'on a demandé de retarder? Nous n'avons pas
dit qu'ils n'étaient pas là. Nous avons dit: Retardez donc un
peu...
M. BOURASSA: On accepte vos excuses.
M. BURNS: II n'est pas question d'excuses. Je veux que quand vous nous
citiez...
M. LEGER: Ils arrivaient un à un.
M. LEVESQUE: Au Salon rouge, commission des affaires municipales, projet
de loi numéro 98, loi concernant certaines municipalités de
l'Outaouais et du Saguenay. Je fais motion pour que cette commission puisse
siéger immédiatement.
LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
M. BURNS: Un vote enregistré, M. le Président.
LE PRESIDENT: Qu'on appelle les députés.
Vote sur la motion
LE PRESIDENT: Que ceux qui sont en faveur do la motion du leader
parlementaire du gouvernement veuillent bien se lever, s'il vous
plaît.
LE SECRETAIRE ADJOINT: MM. Bourassa, Levesque, Mailloux, Saint-Pierre,
Choquette, Garneau, Lalonde, Lachapelle, Berthiaume, Cournoyer, Goldbloom,
Simard, Quenneville, Mme Bacon, MM. Tetley, Drummond, Lacroix, Bienvenue,
Forget, Toupin, Massé, L'Allier, Harvey (Jonquière), Arsenault,
Houde (Fabre), Desjardins, Giasson, Perreault, Fortier, Bacon, Blank, Veilleux,
Brisson, Cornellier, Houde (Limoilou), Lafrance, Pilote, Lamontagne, Picard,
Gratton, Assad, Carpentier, Dionne, Faucher, Harvey (Charlesbourg),
Larivière, Pelletier, Shanks, Pepin, Bellemare (Rosemont), Bonnier,
Chagnon, Marchand, Caron, Côté, Harvey (Dubuc), Lapointe, Lecours,
Malépart, Malouin, Massicotte, Mercier, Pagé, Picotte, Sylvain,
Tremblay, Morin, Burns, Léger, Lessard, Bédard (Chicoutimi),
Samson, Roy, Bellemare (Johnson).
LE SECRETAIRE: Pour: 74 Contre: 0
LE PRESIDENT: Cette motion est adoptée et cette commission peut
siéger immédiatement.
Motion pour faire siéger la commission sur le
projet de loi no 87
M. LEVESQUE: M. le Président, je fais motion pour que la
commission de l'Assemblée nationale puisse siéger, lorsque les
circonstances et la procédure le permettront, pour étudier
article par article, le projet de loi no 87, Loi modifiant la loi de la
Législature et la loi de l'exécutif.
M. BURNS: Vote enregistré, M. le Président.
LE PRESIDENT: Pardon?
M. BURNS: Le vote enregistré.
LE PRESIDENT: Vote enregistré. Est-ce qu'on peut faire changer
les votes, ou quoi?
M. BURNS: Non, M. le Président. Je voudrais bien vous être
agréable, M. le Président.
LE PRESIDENT: Que les députés restent ici, s'il vous
plaît.
Est-ce qu'on peut voter immédiatement?
Vote sur la motion
LE PRESIDENT: Que ceux qui sont en faveur de cette motion veuillent bien
se lever, s'il vous plaît.
LE SECRETAIRE ADJOINT: MM. Bourassa, Levesque, Mailloux, Saint-Pierre,
Choquette, Garneau, Lalonde, Lachapelle, Berthiaume, Cournoyer, Goldbloom,
Simard, Quenneville, Mme Bacon, MM. Tetley, Drummond, Lacroix, Bienvenue,
Forget, Toupin, Massé, L'Allier, Arsenault, Houde (Fabre), Desjardins,
Giasson, Perreault, Fortier, Bacon, Blank, Veilleux, Brisson, Cornellier, Houde
(Limoilou), Lafrance, Pilote, Lamontagne, Picard, Gratton, Assad, Carpentier,
Dionne, Faucher, Harvey (Charlesbourg), Larivière, Pelletier, Shanks,
Pepin, Bellemare (Rosemont), Bonnier, Chagnon, Marchand, Caron,
Côté, Harvey (Dubuc), Lapointe, Lecours, Malépart, Malouin,
Massicotte, Mercier, Pagé, Picotte, Sylvain, Tremblay, Samson, Roy,
Bellemare (Johnson).
LE PRESIDENT: Que ceux qui sont contre veuillent bien se lever, s'il
vous plaît.
LE SECRETAIRE ADJOINT: MM. Morin, Burns, Léger, Lessard,
Bédard (Chicoutimi).
LE SECRETAIRE: Pour: 68 Contre: 5
LE PRESIDENT: Cette motion est adoptée. Dans quelle salle? Salon
rouge ou...?
M. LEVESQUE : On pourra peut-être le déterminer à ce
moment-là.
M. BURNS: Cela peut être long, M. le Président. On est
peut-être aussi bien de prendre la salle où on est le plus
confortable, le salon rouge!
M. LEVESQUE: Est-ce l'air climatisée que l'on recherche ou le
confort des fauteuils?
M. BURNS: Les fauteuils nous permettent de rester là
longtemps.
M. LEGER: L'air climatisé permet de refroidir les esprits.
M. VEILLEUX: On va prendre la salle 91-A!
M. BURNS: Vous n'avez pas d'endroit encore plus inconfortable que
91-A?
M. LEVESQUE: M. le Président, est-ce qu'on voudrait disposer de
certains articles de troisième lecture, à ce moment-ci?
M. BURNS: En ce qui me concerne à l'article 2, nous avons
l'intention de voter contre la troisième lecture. Je me contenterais
d'enregistrer les dissidences des députés de Sauvé,
Lafontaine, Saguenay, Chicoutimi et de Maisonneuve.
M. LEVESQUE: Disposons de ça tout de suite.
M. ROY: Article par article, s'il vous plaît. M. LEVESQUE:
Oui.
M. ROY: Nous allons également inscrire notre dissidence, les
députés de Rouyn-Noranda et de Beauce-Sud.
M. BELLEMARE (Johnson): Et le député de Johnson.
Projet de loi no 90 Troisième lecture
LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Affaires sociales propose la
troisième lecture du projet de loi no 90, Loi modifiant la loi de la
protection du malade mental. Cette motion est adoptée sur division, avec
la dissidence des honorables députés de Sauvé,
Maisonneuve, Lafontaine, Saguenay, Chicoutimi, Rouyn-Noranda, Beauce-Sud et
Johnson.
Adopté sur division.
M. BURNS: Quant aux articles 3, 4, 5 et 6, nous serions prêts
à les adopter. A l'article 7, j'ai un discours de troisième
lecture à faire, qui peut durer un certain temps. Il y a
également un discours de troisième lecture à l'article
8.
Projet de loi no 40 Troisième lecture
LE PRESIDENT: L'article 3, l'honorable ministre des Affaires sociales
propose la troisième lecture du projet de loi no 40, Loi de la
commission des affaires sociales. Cette motion est-elle adoptée?
M. BURNS: Adopté.
LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Affaires sociales propose la
troisième lecture du projet de loi no 41, Loi modifiant la loi sur les
services de santé et les services sociaux.
Projet de loi no 41 Troisième lecture
M. FORGET: M. le Président, j'aimerais, en vertu de l'article
125, faire une motion pour retourner en commission plénière pour
des amendements de forme, largement, au projet de loi no 40 et au projet de loi
no 41 également.
LE PRESIDENT: On peut faire les écritures pour la
révocation de l'ordre de troisième lecture et la formation de la
commission plénière, l'adoption du rapport de la commission et
l'adoption du projet de loi tel qu'amendé.
Cette motion de troisième lecture est adoptée.
M. ROY: Le projet de loi no 41, M. le Président?
LE PRESIDENT: Le projet de loi no 41, oui.
M. SAMSON: Le projet de loi no 40 seulement. Le projet de loi no 41, on
vote contre.
LE PRESIDENT: Le projet de loi no 41?
UNE VOIX: On vient de le lire, le projet de loi no 41.
M. FORGET: Le projet de loi no 40 également, M. le
Président.
M. ROY: Pour les projets de loi no 40 et 41, je pense qu'il serait bon
d'avoir des motions différentes, parce que nous avons une position
différente sur ces projets de loi.
LE PRESIDENT: Oui. Le projet de loi no 40 est adopté.
M. ROY: C'est cela.
LE PRESIDENT: Mais pour le projet de loi no 41...
M. ROY: Au projet de loi no 41, on notera la dissidence du
député de Rouyn-Noranda et du député de
Beauce-Sud.
LE PRESIDENT: Bon. Adopté sur division, avec la dissidence des
honorables députés de Rouyn-Noranda et de Beauce-Sud.
Projet de loi no 92 Troisième lecture
LE PRESIDENT: Article 5. L'honorable ministre de la Justice propose la
troisième lecture du projet de loi no 92, Loi modifiant certaines
prescriptions.
Cette motion est-elle adoptée?
M. BURNS: Adopté, M. le Président.
LE PRESIDENT: Adopté.
M. ROY: Lequel, M. le Président?
LE PRESIDENT: Article 5, projet de loi no 92.
Projet de loi no 79 Troisième lecture
LE PRESIDENT: Article 6. L'honorable ministre de la Justice propose la
troisième lecture du projet de loi no 79, Loi modifiant le code civil et
la Loi concernant le louage de choses.
UNE VOIX: Adopté.
LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
M. BURNS: Adopté.
LE PRESIDENT: Adopté.
M. LEVESQUE: Article 10.
Projet de loi no 201 Deuxième lecture
LE PRESIDENT: Article 10. L'honorable député de
Maisonneuve.
M. Robert Burns (suite)
M. BURNS: M. le Président, au moment où nous nous sommes
quittés, très tard samedi soir...
Si vous permettez, M. le Président, ma voix
n'est pas tellement forte ce matin. On va laisser sortir les gens qui
ont à sortir.
M. le Président, le leader me demande ce qui se passe. J'ai
demandé qu'on attende que les gens quittent avant de reprendre le
débat.
M. le Président, au moment où nous nous sommes
quittés samedi soir, j'étais à dire quelles
étaient, selon moi, les deux conditions qui risquaient de remettre de
l'ordre dans la construction. La première, à mon avis,
était la rediscussion de l'ensemble de la législation qui couvre
ce domaine très important de notre économie, soit l'industrie de
la construction. En particulier, j'avais mentionné que, dès les
premières années de la mise en vigueur de la loi 290,
déjà des représentants patronaux et des
représentants syndicaux se disaient insatisfaits de cette loi qui se
voulait un règlement total du problème. J'ai même
mentionné à ce moment-là, je n'ai aucune crainte de le
répéter, qu'il est certain que la loi 290, Loi concernant les
relations de travail dans l'industrie de la construction, avait
réglé un certain nombre de problèmes mais que les plus
cruciaux, soit ceux de la représentativité, ceux des
méthodes de négociation, ceux des techniques de formation des
tables de négociations n'avaient pas été
réglés eux.
Il y en a bien d'autres qui pourraient être rediscutés avec
les parties et je ne suis pas naif quand je dis qu'il faudrait ramener les
parties à la commission parlementaire et rediscuter avec elles.
Je sais fort bien qu'il n'y aura peut-être pas de consensus absolu
à ce moment-là, que certaines associations patronales tenteront
de nous vendre l'idée qu'il y a trop d'associations. Il y en a
même qui vont peut-être tenter de nous vendre l'idée qu'il
n'y a pas assez d'associations représentatives.
La même remarque vaut pour le côté syndical.
Cependant mon raisonnement est le suivant: Si on prend la peine
nous-mêmes, en commission parlementaire, de tenter de trouver ce mince
filet où il peut y avoir, sinon consensus, quelque chose qui se
rapproche le plus possible d'un consensus, par la suite nous serons capables de
faire cette loi ou cet habit fait sur mesures pour les gens de l'industrie de
la construction, en souhaitant qu'à ce moment-là on aura remis la
paix dans ce domaine bouleversé, comme on le sait.
J'ajouterais, je le répète, qu'il y a une condition
préalable à cette rediscussion. Même si ça
paraît dur de le dire, cette condition préalable, à mon
avis, c'est le remplacement du ministre qui détient le portefeuille du
Travail actuellement, ceci à cause du manque de confiance qu'ont les
parties à l'endroit de cet interlocuteur.
Le ministre m'a fourni un argument additionnel à la fin de la
séance. J'ignore si ça a été enregistré au
journal des Débats et j'ignore si c'est la fatigue qui s'était
emparée de lui et qu'il ne lançait pas dans le débat le
fond de sa pensée. Mais, si ce qu'il pense est exact, il me donnait une
preuve additonnelle qu'il est temps qu'il soit remplacé au
ministère du Travail, lorsqu'il a lancé à l'endroit des
chefs syndicaux l'expression "sépulcres blanchis".
Comment peut-on envisager que l'actuel ministre du Travail soit un
interlocuteur valable auprès des associations patronales et
auprès des associations syndicales lorsqu'une des deux parties sent
qu'elle n'a pas la confiance du ministre, alors qu'elle-même ne veut pas
accorder sa confiance au ministre?
Si on traite les chefs syndicaux de sépulcres blanchis on les
traite, ni plus ni moins, d'hypocrites. Comment peut-on, quand nous croyons
qu'une personne est un hypocrite, valablement discuter avec cette personne?
J'arrête là mes propos, qui ont été amplement
élaborés l'autre soir, simplement pour dire qu'également
à la fin de la séance j'entendais le premier ministre me dire:
Quand vas-tu arriver avec des solutions concrètes? C'en sont deux
solutions concrètes. Je n'ai pas le monopole de l'intelligence, je ne
peux pas vous rédiger une nouvelle loi 290.
C'est justement ma thèse que ce n'est pas à nous d'imposer
au milieu de la construction des normes qui ne seront pas au moins en grande
partie partagées par eux, qu'on n'aura pas vérifiées avec
eux, d'abord ce que ça prend pour faire marcher cette industrie, ce que
ça prend pour que les conflits de travail soient réduits à
leur plus strict minimum, ce que ça prend pour, en somme, normaliser les
rencontres entre patrons et employés, entre associations patronales et
associations syndicales dans le milieu de l'industrie de la construction. M. le
Président, je serais bien téméraire si j'essayais de vous
arriver aujourd'hui avec une solution globale. C'est justement cela mon point
de vue de base, que la solution globale va venir des parties, lorsque ces
parties seront placées dans une situation, tant au point de vue de
l'interlocuteur qu'au point de vue de la structure d'une commission
parlementaire, pour nous dire, les unes après les autres et avec les
divergences que, sans doute, on notera d'une partie à l'autre, ce que
ça prend. Et là, on prendra nos responsabilités.
Mais la solution, M. le Président, parce qu'on n'a pas
discuté, parce qu'on ne se sent pas en position de discuter avec les
parties patronales et syndicales, la solution ce n'est pas d'arriver, comme je
disais l'autre jour, lorsqu'on a besoin d'un marteau, avec une masse. C'est ce
que le projet de loi actuel propose, c'est une masse alors qu'on a besoin d'un
marteau. M. le Président, quand on arrive à fausser le
système de cette façon, non seulement on ne réglera pas le
problème mais on devra revenir, dans quelques mois ou peut-être
dans une année, si on est chanceux, en disant: II faut mettre de l'ordre
dans l'industrie de la construction, et proposer un autre amendement. C'est ce
que j'appelle du "patchage", au lieu d'arriver avec une solution qu'on va
tenter de faire globale, qu'on va tenter
de faire coller au milieu. Je vous prédis, M. le
Président, que non seulement l'amendement à la loi actuelle ne
mettra pas d'ordre dans la construction mais il va augmenter le
désordre.
Je demandais au premier ministre samedi soir, lorsqu'il m'invectivait au
sujet de ces propos, quand vous allez modifier le décret, quand vous
allez modifier, sans le consentement des parties concernées, le
décret, si les parties, qu'elles soient patronales ou syndicales,
refusent ces modifications, est-ce que c'est vous qui allez prendre votre
marteau et allez compléter le chantier du site des Jeux olympiques
à Montréal? Est-ce que c'est vous qui allez prendre votre scie et
allez compléter les formes nécessaires? Est-ce que c'est vous qui
allez monter dans les poteaux et agir comme "rigger"? Je dis, M. le
Président, que c'est être irréaliste que de tenter une
solution draconienne comme celle-ci, alors que le milieu de la construction est
particulièrement survolté, avec cette toile de fond que je
mentionnais, qui s'appelle la commission Cliche et tout ce qu'on en
apprend.
M. le Président, à toutes fins pratiques, le projet de loi
no 201 est une loi spéciale, caractéristique d'à peu
près. Et peut-être le seul dénominateur commun qu'on peut
retrouver, depuis quatre ans, des lois du travail qu'on a vécues sous ce
gouvernement, le seul dénominateur commun c'est que c'est une loi
d'exception. C'est exceptionnel que quand vous avez des parties qui
négocient ensemble, des parties qui viennent à une table des
négociations et se donnent un contrat qui, éventuellement,
devient un décret je sais que celui-là a été
imposé, je sais que l'autre aussi a été
négocié avec des difficultés particulières, de
telle sorte qu'il est difficile de penser qu'il y avait eu consensus dans l'un
et l'autre cas. Mais, le décret tient lieu de contrat entre les parties
il est exceptionnel qu'on vienne de l'extérieur, que le
gouvernement vienne de l'extérieur modifier des conditions. Je disais
que si l'une des conditions qu'on veut modifier c'est d'accorder les fameux
$0.50 l'heure réclamés par les gens de la construction, sur le
site du village olympique à Montréal, si on veut faire reprendre
le plus rapidement ces travaux en accordant les $0.50, qu'on le dise dans la
loi; je n'aurai pas d'objection, je ne me battrai pas contre cela.
C'est là, M. le Président, que je dis qu'on en demande
trop et c'est là que je dis que c'est une loi exceptionnelle. C'est une
loi d'exception qu'on passe aujourd'hui. Et pourtant, Dieu sait que nous avons
demandé, dans un autre cas, une loi d'exception que nous croyons,
jusqu'à un certain point, justifiée; mais on ne la demandait pas
par voie de loi exceptionnelle, on la demandait par voie d'amendement au code
du travail. Je pense à la formule Rand qui est toujours au feuilleton,
qu'on pourra adopter tout à l'heure si vous voulez.
Il reste que l'on a, actuellement, deux conflits qui perdurent, pas dans
le domaine de la construction, mais dans un domaine particulier qui s'appelle
la United Aircraft et dans un autre domaine qui s'appelle la Canadian Gypsum.
Le seul point d'achoppement sérieux qui reste, après un an et
demi ou deux ans de grève je fais une comparaison, M. le
Président; vous allez voir que je suis dans l'ordre encore si on
adoptait la formule Rand on pourrait permettre de voir régler la
grève, en ajustant les employeurs à la majorité des
employeurs décents au Québec. Imaginez-vous donc, il y en a des
employeurs décents et il y en a des indécents aussi. Les deux que
je viens de mentionner, même le ministre les a traités de
dégueulasses et là-dessus, je suis entièrement d'accord
avec lui, dans le cas de la United Aircraft et de la Canadian Gypsum.
Mais qu'est-ce qu'on a fait, alors qu'on soumettait au gouvernement une
solution? On nous a dit: On n'est pas prêt, on ne le sait pas, etc. Je
dis que, lorsque c'est le temps de faire une mesure qui a un caractère
un peu exceptionnel en faveur des travailleurs et contre les employeurs, ce
ministère n'est pas prêt à le faire. Quand il s'agit de
reprendre en main des pouvoirs qui appartiennent aux parties, ce qui est encore
plus exceptionnel que d'imposer la formule Rand, bien, là, il est
prêt à le faire sans aucune hésitation, dans les conditions
absolument incroyables de la bousculade de fin de session. On ne se fait aucun
remords de venir se mettre le nez dans toutes les dispositions du
décret, parce que c'est cela que permet le projet de loi no 201.
Si encore, je le répète, le problème concerne
l'emplacement des Jeux olympiques à Montréal et si le
problème est les $0.50 l'heure, qu'on le dise et on va adopter, en ce
qui me concerne, sans aucune difficulté ce projet de loi.
Il est évident que, dans ces circonstances, je ne peux aucunement
voter pour le projet de loi. Je sais que, si le gouvernement a l'intention de
l'adopter, il va le faire avec sa majorité et il va dire que cela a
été adopté et qu'on a imposé le droit du
lieutenant-gouverneur en conseil de modifier le décret, sans le
consentement des parties, de l'abroger, de le maintenir. Voici une suggestion
constructive que je fais à l'endroit du premier ministre. Il faudrait
que se rendant compte du caractère exceptionnel de la présente
loi, éventuellement, le gouvernement accepte, s'il croit
là, je ne partage pas ses vues que ce projet de loi est
absolument nécessaire, d'en atténuer au moins les effets en le
rendant temporaire, par exemple, en ne permettant pas que ces pouvoirs
exceptionnels que le gouvernement veut se donner continuent à
s'appliquer après le mois de juin 1975.
Si c'est pour mettre de l'ordre temporairement et immédiatement
dans l'industrie de la construction et si le gouvernement, malgré que je
ne partage pas ses vues, pense que c'est la seule solution, bien qu'il se rende
compte du fait qu'il ne joue pas les règles normales du jeu et qu'il
rende ces règles nouvelles temporaires.
Je pense que cela devra être un minimum pour atténuer les
effets de cette loi exceptionnelle. Malgré le pouvoir qu'accorde ce
nouveau projet de loi au gouvernement, c'est-à-dire ce droit de
prolonger, d'abroger ou de modifier le décret sans le consentement des
parties, il faudra aussi que cette affirmation soit allégée.
Quand on dit, dans une loi, que cela peut se faire sans le consentement des
parties, je pense qu'il y a tendance pour la partie qui a le pouvoir, en
l'occurrence le lieutenant-gouverneur en conseil, de se ficher de toute
consultation. Il faudra qu'il y ait au moins, quand même, consultation
avec les parties concernées et, au moins qu'il y ait tentative d'assurer
un minimum de consensus.
Alors, pour toutes ces raisons, M. le Président, je termine
là mes remarques qui, je pense, avec la première partie du point
de vue que j'ai énoncé samedi soir, complètent nos vues
sur ce projet de loi que je devrai réprouver par mon vote, contre lequel
je voterai. Nous aurons possiblement quelques amendements à soumettre
lorsque nous étudierons le projet de loi article par article.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Le député de Beauce-Sud.
M. Fabien Roy
M. ROY: M. le Président, le gouvernement a déposé
un projet de loi portant le numéro 201. Evidemment, en fin de semaine,
j'avais hâte de connaître un peu les réactions à ce
projet de loi, réactions du milieu intéressé. Voici ce que
j'ai trouvé dans les journaux de fin de semaine. Je pense que c'est
peut-être bon que le ministre en prenne note s'il ne l'a pas fait
à ce moment-ci. "La prise en main de la construction par le gouvernement
constitue une victoire pour la ville de Montréal et la FTQ. Du
côté de la ville, le projet de loi 201 permet d'espérer le
retour à la normale sur les chantiers olympiques paralysés par la
grève des ferrailleurs. Pour la FTQ, ce projet de loi constitue une
victoire morale venant légaliser les augmentations salariales obtenues
par une grève illégale dans la construction le printemps dernier.
Le ministre Cour-noyer a déjà reconnu le bien-fondé des
revendications salariales pour l'indexation des salaires. Même si la CSN
lutte également pour ce principe, l'intervention gouvernementale est
fort malvenue pour Michel Bourdon de la Fédération du
bâtiment et du bois, qui craint le rétablissement de deux taux
différents dans la construction à Montréal et en province.
La CSN entend s'opposer énergiquement à une telle mesure puisque
la majorité de ses syndiqués de la construction travaillent en
dehors de la métropole. Du côté patronal, enfin, on
s'oppose, officiellement du moins, au projet de loi 201 en déclarant que
les problèmes de la construction ne sont pas des problèmes de
salaire, mais touchent plutôt la productivité. L'intervention du
gouvernement fait toutefois l'affaire de certaines associations patronales qui
pourront faire porter l'odieux des augmentations de salaire sur le ministre du
Travail."
Ce n'est pas d'aujourd'hui qu'il y a des problèmes dans
l'industrie de la construction. Ce n'est pas d'aujourd'hui que cela va mal. Il
y a des intérêts privés qui sont en cause. Il y a
également des intérêts politiques. Je pense qu'il faudra le
dire un bon matin.
Tant et aussi longtemps qu'on poursuivra trois objectifs aux mêmes
endroits, sous prétexte de l'intérêt des travailleurs,
d'une part, et que, d'autre part, on semble vouloir travailler à
détruire systématiquement l'économie
québécoise pour bâtir le socialisme au Québec et
que, d'un autre côté, on retrouve toutes sortes de petits conflits
d'intérêts comme ceux que la commission Cliche a
découverts, je me demande sincèrement et logiquement comment le
gouvernement peut espérer faire un pas vers la bonne
compréhension, vers l'acceptation mutuelle de normes, de règles,
avec un projet de loi semblable.
Pour régler quoi, M. le Président? Je me le demande et je
doute de la bonne intention du ministre parce que le ministre lui-même a
eu, je ne dirai pas l'indélicatesse, mais a commis l'erreur magistrale
de déclarer en pleine Assemblée nationale que les chefs des
centrales syndicales sont des sépulcres blanchis.
Comment le ministre peut-il inviter ces gens à s'asseoir avec lui
pour en venir à trouver une solution, en venir à trouver
réellement des méthodes, des moyens pour tâcher de sortir
de l'impasse dans laquelle le gouvernement se trouve, mais surtout l'impasse
dans laquelle l'industrie de la construction se trouve?
M. le Président, je pourrais rappeler au ministre les propos que
nous avons tenus lors de l'adoption du fameux bill 9 pour lui dire, tout
simplement, que le projet de loi qui est actuellement devant nous n'est que la
suite "logique" et je dis bien "logique" entre guillemets du
fameux bill 9, parce qu'il ne pouvait que conduire le gouvernement à
aller plus loin, parce que son projet de loi no 9 a été celui
qui, au lieu de faire en sorte de régler, de trouver des solutions pour
tâcher que le gouvernement sorte de l'impasse, le projet de loi no 9 n'a
fait que jeter de l'huile sur le feu et aggraver la situation.
Comment le ministre pourra-t-il appliquer une loi et faire accepter la
loi qu'il nous soumet actuellement, le projet de loi no 201, qui dit que le
lieutenant-gouverneur en conseil peut aussi, sur la recommandation du ministre,
prolonger, abroger ou modifier le décret, sans le consentement des
associations de salariés ou d'employeurs quand il est d'avis que dans
l'intérêt public cette solution est la seule qui puisse
remédier à la situation existante?
Comment le ministre peut-il faire appliquer une loi lorsqu'on traite
ceux qui font partie de
l'autre côté, ceux qui représentent les
travailleurs, les dirigeants des centrales syndicales de sépulcres
blanchis?
Je me demande, M. le Président, si ce n'est pas simplement la
provocation je pose la question au ministre ce vers quoi le
gouvernement semble vouloir se diriger dans une lutte à finir, une fois
pour toutes. C'est ça qu'il est important de se demander.
M. le Président, tant et aussi longtemps que, dans l'industrie de
la construction, vous retrouverez sur les mêmes chantiers, pour grouper
les mêmes catégories de travailleurs, trois centrales syndicales,
comment pourra-t-on faire l'unanimité, alors qu'elles ont des
intérêts divergents? L'une d'entre elles prend tous les moyens
pour s'assurer le contrôle exclusif de l'industrie ds la construction.
L'autre se débat pour garder ses droits en faisant en sorte que dans le
maraudage elle ne puisse pas perdre un certain pourcentage de ses
syndiqués. Alors que la nouvelle centrale syndicale cherche, elle,
à prendre sa place.
Si nous avions un tel système dans la fonction publique,
où irions-nous? Si nous avions un tel système dans le monde de
l'éducation, dans le monde de l'enseignement, où irions-nous?
C'est là le problème. Cela est du côté syndical.
Du côté patronal maintenant, on sait depuis fort longtemps
que les gros entrepreneurs veulent à tout prix se débarrasser des
petits. Les gros entrepreneurs font uniquement affaires, ou presque,
exclusivement avec le gouvernement; le gouvernement peut rouvrir les contrats,
peut, un moment donné, faire en sorte d'augmenter les taux, parce qu'on
prend l'argent dans le fonds consolidé du revenu. Mais, lorsque les
petits constructeurs font de la petite construction pour l'entreprise
privée, est-ce qu'ils sont capables de faire la même chose?
J'aimerais que le ministre puisse nous éclairer là-dessus.
Actuellement, les normes qui s'appliquent dans la construction de gros
édifices en plein coeur de la ville de Montréal se retrouvent
dans les milieux ruraux, où on construit de petits édifices.
Est-on aux prises avec les mêmes problèmes, les mêmes
difficultés? C'est là le point.
Est-ce qu'on veut faire en sorte d'éliminer complètement
la petite propriété privée dans la province de
Québec, en laissant exclusivement le champ libre à la grosse
propriété multinationale, qui avec des millions peut toujours "se
tirer d'affaire" je ne veux pas faire référence à
ce qui s'est dit à la commission Cliche ou encore à la
propriété de l'Etat, propriété collective? Veut-on
qu'il n'y ait plus personne au Québec qui soit propriétaire, que
ce soit l'Etat qui soit propriétaire, d'une part, et quelques grosses
entreprises multinationales, d'autre part, parce qu'elles le socialisme ne les
a jamais dérangées?
M. le Président, je ne suis pas un spécialiste dans les
relations de travail et je ne suis pas spécialiste non plus dans tout ce
qui regarde toutes les subtilités qu'on retrouve dans le décret
de la construction et dans toutes les lois que le gouvernement a fait adopter,
les lois qui sont en vigueur, ou encore toute l'historique de la question. Mais
j'entendais le ministre nous dire qu'il n'y avait pas un endroit dans
l'Amérique du Nord où il y avait autant de lois dans le domaine
de la construction que le Québec et que le Québec avait
été à l'avant-garde. Je pense que ce n'est pas une
référence, quand on regarde dans quelle situation on se trouve,
au Québec. Ce n'est sûrement pas une référence. Il
n'y a plus personne qui se comprend dans le domaine de la construction. Non
seulement le ministre ne comprend pas, les employeurs ne se comprennent pas,
les travailleurs ne se comprennent pas non plus. Lorsque les travailleurs
arrivent sur le marché du travail, au printemps parce que nous
avons quand même quatre, cinq mois où il est pratiquement
impossible de faire de la petite construction au Québec sans en
augmenter les coûts de façon considérable lorsqu'ils
sont prêts à prendre le travail, à la fin d'avril, au
début de mai, ils se retrouvent toujours aux prises avec des
arrêts de travail, avec des grèves, de façon qu'ils perdent
les meilleurs mois de l'année. Ceci a pour conséquence de
coûter combien aux petits propriétaires? Cela coûte combien
à la province? Cela coûte combien à nos
sociétés québécoises? Qu'on regarde les
conséquences de cet état de choses, actuellement, les
conséquences qu'elles auront dans la construction d'un complexe que nous
avons appuyée ici à l'Assemblée nationale, le complexe
Desjardins, qui, pour une fois, permettait à la collectivité
canadienne-française de pouvoir s'installer dans le monde des affaires
à Montréal. Où va-t-on aller de ce côté? La
question des Jeux olympiques, on ne m'apprendra rien ce matin en me disant
qu'on veut tout faire pour les bloquer les Jeux olympiques, pour des
considérations politiques.
Cela, je vais quand même avoir le courage de le dire, un bon
matin. Il y a des conflits politiques dans l'industrie de la construction et
les travailleurs en font les frais, et les contribuables du Québec
également en font les frais. Quelles sont les règles du jeu qui
devraient être établies de façon à ce que l'on
puisse en sortir? Quand même, l'industrie de la construction est la
deuxième industrie en importance dans l'économie
québécoise. Depuis que nous avons été élus,
le 29 avril 1970, nous avons eu des lois d'urgence et des problèmes. Il
n'y a pas un secteur d'activité économique où nous avons
eu autant de problèmes que celui du monde de la construction.
Et le gouvernement veut s'arroger le pouvoir, aujourd'hui, de prolonger,
abroger ou modifier le décret sans le consentement des associations de
salariés ou d'employeurs? Mais, où est-ce qu'on va? Où
allons-nous?
M. COURNOYER: Lisez l'autre bout aussi.
M. ROY: Oui, oui! Quand il est d'avis, lui, le gouvernement, qu'il est
de l'intérêt public,
quand lui est d'avis qu'il est de l'intérêt public, quand
et où, et en vertu de quels critères? Cela, c'est la question
qu'il est important de se poser.
Si le gouvernement le gouvernement n'a pas tellement de temps
pour agir n'en vient pas à trouver des solutions
équitables, des solutions valables pour dénouer la crise, je ne
dirai pas l'impasse, dans l'industrie de la construction, nous allons avoir des
lendemains qui vont nous coûter cher.
Est-ce qu'on s'est déjà interrogé, du
côté gouvernemental? Je suis heureux, ce matin, que le premier
ministre soit ici. Je pense que les propos de mon collègue de Johnson
ont fait du bien. Depuis deux jours, je remarque que le premier ministre est
plus souvent à l'Assemblée nationale.
M. BOURASSA: Question de privilège, M. le Président.
M. ROY: Non, il n'y a pas de privilège. M. BOURASSA: Question de
privilège. M. ROY: Je le félicite. Je vous félicite.
M. BOURASSA: Non, non, mais question de privilège.
Le député sait fort bien que, le 23 décembre ou
samedi soir dernier, les rencontres que je peux avoir avec les groupes ou les
fonctionnaires ne peuvent pas se faire étant donné le temps de
l'année. Quand je ne suis pas en Chambre, cela ne veut pas dire que je
ne fais rien. C'est bien plus facile, pour un chef de gouvernement, de
s'asseoir tranquillement en Chambre que de régler les problèmes
administratifs. Donc, il ne faut pas interpréter l'absence du chef du
gouvernement en Chambre comme... C'est le cas de tous les chefs de gouvernement
des sociétés modernes. Il faut interpréter cela en pensant
que le travail parlementaire n'est pas le seul travail du chef du
gouvernement.
M. ROY: Ce n'est pas du tout ce que j'ai dit, M. le Président.
J'ai dit que j'étais heureux de voir que le premier ministre
était à son siège à l'Assemblée nationale.
Que le premier ministre sorte de temps en temps, on n'a rien contre ça.
On n'a rien contre ça, au contraire. Mais le premier ministre a quand
même des ministres, pour s'occuper de l'administration de la province,
dans ses ministères. Je comprends qu'il a des problèmes, le
gouvernement; des problèmes, il en a. Ils se multiplient de mois en mois
et de semaine en semaine. Mais...
M. CHOQUETTE: De jour en jour.
M. ROY: De jour en jour. Je suis d'accord avec le ministre de la Justice
là-dessus. Il y a un point sur lequel je veux attirer l'attention du
gouvernement. Est-ce que, du côté gouvernemental, on a
déjà fait une étude sérieuse pour voir, au niveau
de la propriété au Québec, la propriété
québécoise, si nous gagnons du terrain de ce côté ou
si nous nous en allons tout simplement vers la ruine? Est-ce qu'on a fait des
comparaisons avec les autres provinces? Ce sont des questions qui sont
intéressantes. Ce sont des questions que nous devons nous poser.
J'ai pris l'initiative de faire faire une recherche pour trouver une
réponse à ces questions. J'ai eu la surprise la
désagréable surprise de constater que la province qui a le
plus petit pourcentage de propriétaires au Canada, c'est la province de
Québec. La province de Québec, 47.44 p.c. des
propriétaires contre 52.56 p.c. de locataires, alors que la moyenne
canadienne, en 1971, était de 60.27 p.c. de propriétaires et
39.73 p.c. de locataires.
Si on regarde, d'un autre côté, dans le milieu anglophone
québécois, le pourcentage de propriétaires est de beaucoup
supérieur au pourcentage de propriétaires du côté
francophone, on se rend compte que c'est un désastre. On n'est
même plus chez nous dans la province de Québec. La
propriété est de plus en plus difficile d'accès. On est en
train de se faire déposséder complètement comme peuple et
on se retrouve avec des problèmes de cette façon dans l'industrie
de la construction. Le gouvernement, depuis trois ans, n'a pas
été capable de trouver une solution valable pour dénouer
l'impasse.
On nous a apporté de petites lois... Un instant.
M. BOURASSA: ... votre solution.
M. ROY: On nous a apporté de petites lois, à la sauvette,
à la dernière minute.
Il est quand même étonnant qu'aujourd'hui, 23
décembre, à onze heures trente du matin, nous soyons rendus
à adopter une petite loi qui donne au gouvernement les pouvoirs de tout
régler lui-même, quand on sait ce qu'il a fait jusqu'à
maintenant, au lieu de changer les règles du jeu, au lieu de trouver des
moyens permettant aux gens de trouver un terrain d'entente et de
dénoncer, si c'est nécessaire, ceux qui ne font pas leur
devoir.
M. le Président, alors qu'en 1961 nous avions un plus grand
pourcentage de propriétaires 49 p.c. des Québécois
étaient propriétaires en 1971, on a réduit cela de
2 p.c. Quel est le pourcentage, aujourd'hui, en 1974? Le gouvernement s'est
tellement peu soucié de ce problème qu'on n'est même pas
capable d'avoir des statistiques récentes. Il faut référer
aux statistiques de 1971 et nous sommes à la fin de 1974. On pourrait au
moins avoir les statistiques de 1973. Nous ne les avons même pas. Alors,
Terre-Neuve, 79.98 p.c. de propriétaires, près de 80 p.c;
l'Ile-du-Prince-Edouard, 75 p.c. de propriétaires; Nouvelle-Ecosse, 71
p.c. de propriétaires; Nouveau-Brunswick, 69 p.c. de
propriétaires; l'Ontario, 63 p.c. de propriétaires. Il y a 16
p.c. de plus de propriétés privées dans l'Ontario qu'il
n'y en a dans la province de Québec.
Là, on parle des propriétaires versus les locataires, mais
regardons donc la propriété commerciale de la province de
Québec aujourd'hui. La propriété est rendue à peu
près impossible, inaccessible. On a travaillé dans les milieux
ruraux je parle du développement des milieux ruraux et des
milieux semi-urbains pour faire en sorte que la propriété
puisse être accessible à un plus grand nombre possible; nous avons
travaillé et il y en a d'autres qui ont travaillé dans ce
domaine, pour faciliter l'accès à la propriété
privée. Or, le plus grand embêtement et le plus grand obstacle que
nous ayons à ce jour, c'est le gouvernement provincial, notre
gouvernement.
Il y a quand même des limites, M. le Président. Si on ne
veut pas se réveiller demain matin, M. le Président, et nous
retrouver dans une situation qui fait...
M. CHOQUETTE: Est-ce que le député de Beauce-Sud me
permettrait une question? Il a cité des statistiques sur les proportions
entre propriétaires et locataires au Québec, comparativement
à d'autres provinces canadiennes. Est-ce que le député
prétend qu'il s'agit d'une situation nouvelle ou est-ce qu'il s'agit
d'une situation traditionnelle?
M. ROY: M. le Président...
M. CHOQUETTE: Sur le nombre de propriétaires.
M. ROY: M. le Président, c'est une tradition qui semble
s'installer au Québec.
M. CHOQUETTE: Malheureusement, oui, vous avez raison.
M. ROY: Malheureusement.
M. CHOQUETTE: Malheureusement.
M. ROY: A l'intention du ministre, qui semble vouloir reporter sur
d'autres gouvernements...
M. CHOQUETTE: Je dis que c'est malheureux.
M. ROY: ... l'état de la situation, j'aimerais quand même
signaler que, de 1960 à 1974, le Parti libéral a
été au pouvoir...
M. CHOQUETTE: II y a eu l'Union Nationale, il y a eu Taschereau, il y a
eu...
M. ROY: ... pendant dix ans.
M. CHOQUETTE: Cela fait seize ans.
M. ROY: Pendant dix ans. Je ne veux pas faire l'éloge ou faire le
bilan des gouvernements qui ont précédé, mais je sais une
chose, cepen- dant, c'est que, depuis 1970, dans la province de Québec
et là je ne m'en prendrai pas aux autres gouvernements
c'est encore beaucoup plus difficile que ce ne l'était auparavant,
depuis 1960.
Je me rappelle qu'à partir de 1960 c'est devenu de plus en plus
difficile d'une année à l'autre d'être propriétaire
dans la province de Québec. C'est devenu de plus en plus difficile.
Depuis 1970, c'est encore plus difficile qu'avant. Si on continue, en 1980,
est-ce que cela veut dire que nous allons nous retrouver avec à peu
près 30 p.c. de propriétaires dans la province de Québec
et 70 p.c. de locataires? Je pense qu'il est bon de se poser la question de ce
côté-là.
Qu'on prenne le temps d'examiner la question et qu'on prenne le temps de
regarder ce qui se passe dans l'industrie de la construction et nous allons
trouver là le problème. Il y a des gens qui ont été
obligés de fermer leur entreprise, depuis deux ans, de discontinuer
complètement; il y a des gens qui ont été obligés
d'abandonner complètement, depuis deux ans, dans la province de
Québec, leurs projets de construction de propriétés
privées, à cause justement de tous ces décrets !
M. le Président, on se rappellera les interventions que nous
avons faites à l'Assemblée nationale parce qu'on a amené
devant les tribunaux, comme de vulgaires criminels, d'honnêtes
travailleurs. Que le ministre de la Justice ne vienne pas nous dire, M. le
Président, que c'est un autre gouvernement que le gouvernement
libéral qui a toléré cet état de fait.
M. CHOQUETTE: Je ne comprends pas le sens de l'intervention du
député. Est-ce que le député reproche au
gouvernement d'avoir institué des actions devant les tribunaux?
M. ROY: Oui.
M. CHOQUETTE: Dans quel cas?
M. ROY: Dans quels cas? Les travailleurs de la construction, en vertu de
tout ce qui s'est déroulé, les règlements, les normes, les
décrets et les arrêtés en conseil.
M. CHOQUETTE: Parlez-vous des permis de travail?
M. ROY: Oui, des permis de travail, des cartes de qualification
professionnelle et tout ce que vous voulez, mais surtout des fameux permis de
travail.
M. CHOQUETTE: C'est rien qu'à ça que vous vous
référez?
M. ROY: Oui, surtout les fameux permis de travail administrés par
la Commission de l'industrie de la construction. Avec ce que nous aurons
l'occasion de découvrir, par suite de
l'enquête qui a eu lieu et qui se continuera après les
Fêtes du moins, nous l'espérons tout n'est pas sorti
de ce côté-là.
M. CHOQUETTE: Mais je suis sûr que le député de
Beauce-Sud ne reproche pas au gouvernement de traduire les chefs syndicaux qui
sont de véritables bandits devant les tribunaux et faire la
vérité sur leur conduite. Je suis sûr que le
député de Beauce-Sud ne reproche pas cela au gouvernement.
M. ROY: M. le Président, le ministre de la Justice veut m'amener
sur un autre terrain. Je vais demeurer sur le terrain où j'étais.
Lorsque je dis que dans le Québec, en 1972... On se rappellera combien
j'ai dénoncé cette situation devant l'Assemblée nationale,
les fameux permis de travail. Il fallait avoir un permis de travail pour aller
faire des petites réparations de $50 sur des propriétés
privées dans des petits villages ruraux du Québec.
Il y a des gens, à un moment donné, qui se sont fait
prendre, des gens de mon comté, des gens de tous les comtés de la
province de Québec qui ont été poursuivis. Le ministre se
rappellera que l'an dernier j'ai dû, à un moment donné,
l'appeler personnellement le ministre du Travail se le rappellera
pour faire sortir pour la fête de Noël, pour permettre à un
père d'une grosse famille de mon comté de retourner dans sa
famille passer Noël avec les siens alors qu'il était en prison
comme un criminel pour avoir posé de la brique, dans l'industrie de la
construction, et un autre pour avoir engagé un vieux briqueteur pour
faire une réparation mineure dans un petit village rural d'une
population de 600 âmes. Qu'on ne vienne pas me dire que ce sont des
politiques justes, honnêtes, que c'est un gouvernement qui sait où
il va.
M. COURNOYER: ... où l'on va.
M. ROY: Qu'on ne vienne pas me dire cela. Il y a quand même des
limites! Qu'on poursuive des criminels, comme l'a dit le ministre de la Justice
tantôt, quand c'est prouvé que ce sont des criminels, je n'ai rien
contre ça, au contraire, le gouvernement fait son devoir. Mais quand on
est rendu à poursuivre d'honnêtes travailleurs dont le seul crime
est d'avoir travaillé, d'avoir exercé un métier qu'ils
exerçaient déjà depuis 20, 22, 24 ans, et les tramer
devant les tribunaux, je pense que c'est aller très loin.
Présentement, si on ne fait pas en sorte et je terminerai
mon intervention là-dessus parce que je suis entièrement d'accord
avec la proposition de mon collègue de Maisonneuve de convoquer
la commission parlementaire du travail et de la main-d'oeuvre, de façon
qu'on convoque les parties... Mais avant que la commission parlementaire ne
siège, j'aimerais qu'il y ait une rencontre entre les
représentants de chaque parti politique de façon que nous
puissions déterminer l'agenda et décider de quelle façon
cette commission parlementaire va travailler. J'en fais la suggestion au
ministre. Le premier ministre m'a demandé si j'avais des suggestions
tantôt. Convoquons les parties devant la commission parlementaire...
M. BOURASSA: ... solution.
M. ROY: ... permettons-leur de venir s'exprimer, nous dire ce qu'elles
pensent. Mais je ne veux pas, par exemple, que cette commission soit
manipulée par une stratégie gouvernementale qui fera encore en
sorte qu'on ne pourra pas connaître toute la question...
M. CHOQUETTE: Qui va venir nous dire ce qu'ils pensent?
M. ROY: M. le Président.
M. CHOQUETTE: J'ai demandé au député...
M. BELLEMARE (Johnson): Laissez-le faire son intervention.
M. CHOQUETTE: Que le député de Johnson se mêle donc
de ses petits, lui.
Je parle au député de Beauce-Sud, je parle à un
député sérieux.
M. BELLEMARE (Johnson): Je vais vous le dire dans deux minutes, qui est
sérieux.
M. CHOQUETTE: M. le Président, je m'oppose aux interventions du
député de Johnson qui sont irrégulières...
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): A l'ordre! A l'ordre! A l'ordre! Vous avez
posé une question au député de Beauce-Sud. Le
député de Beauce-Sud vous donne-t-il la permission de la
poser?
M. CHOQUETTE: J'accepte de demander au député de
Beauce-Sud s'il va me donner la permission de lui poser une question... et le
député de Johnson m'empêche de lui poser cette
question.
M. BELLEMARE (Johnson): M. le Président...
M. CHOQUETTE: Je le lui demande, mais vous m'empêchez...
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Dites-vous oui ou non?
M. ROY: M. le Président, je voudrais donc que le ministre cesse
d'être si nerveux. Qu'il reste donc assis tranquille. Je ne sais pas s'il
n'a pas eu l'occasion de se reposer au cours de la journée de dimanche.
Mais qu'il reste calme, bien tranquille.
M. CHOQUETTE: Je suis calme.
M. ROY: Je ne vous ai pas permis de poser de questions. Quand vous avez
dit que pour le député de Johnson, c'était
irrégulier de poser des questions, vous étiez tout à fait
dans l'irrégularité également.
M. BELLEMARE (Johnson): C'est ça.
M. CHOQUETTE: ... permission. Voulez-vous arrêter de faire des
signes comme ça?
M. ROY: Je n'ai pas accordé la permission, M. le
Président. Depuis quinze minutes le ministre de la Justice cherche
à m'amener sur un autre terrain. J'ai dit non. Je dis qu'à la
commission parlementaire qui devrait siéger, on devrait faire en sorte
que les représentants...
M. CHOQUETTE: Quels représentants?
M. ROY: Les représentants de la partie patronale, les
représentants de la partie syndicale, les représentants...
M. CHOQUETTE: Et vous pensez qu'ils vont nous apprendre quelque chose de
nouveau?
M. ROY: ... M. le Président, du monde du travail. Qu'on donne la
latitude nécessaire à la commission parlementaire du travail et
de la main-d'oeuvre de convoquer et de choisir ceux qu'elle voudra convoquer
devant la commission parlementaire. Alors, si tel personnage ne fait pas
l'affaire, si tel autre personnage ne fait pas l'affaire, ce n'est quand
même pas le ministre de la Justice qui a le pouvoir de dire qui va
être chef de la CSN; ce n'est quand même pas le ministre de la
Justice qui a le pouvoir et le devoir de décider qui va être le
chef de la FTQ. Non, ce n'est quand même pas, M. le
Président...
M. CHOQUETTE: En tout cas, il y a une chose dont vous pouvez être
sûr, ce n'est sûrement pas mon choix.
M. ROY: ... le chef, le président... Ce n'est quand même
pas le ministre de la Justice qui a le pouvoir et le privilège de
décider qui va être le président de la CSD. Voyons! M. le
Président, les travailleurs ont choisi des représentants; ils ont
des interlocuteurs. Mais si, en commission parlementaire du travail et de la
main-d'oeuvre, on juge qu'on devrait interroger d'autres personnes, qu'on
prenne les moyens pour convoquer ces personnes devant la commission
parlementaire.
Auparavant, M. le Président, je dis au ministre que cette
commission parlementaire avant d'être convoquée, il devrait y
avoir une rencontre entre les représentants des différents partis
politiques, de façon à ce qu'on prépare l'ordre du jour.
M. le Président, on ne sortira pas de l'impasse, et le premier ministre
non plus ne semble pas avoir de solution pour sortir de l'impasse à
l'heure actuelle. Nous allons sortir de l'impasse je vais oser faire une
petite prédiction, M. le Président quand il y aura de la
bonne volonté de part et d'autre, quand on sera intéressé
de part et d'autre à mettre les petits intérêts
privés, les petits intérêts particuliers, les
intérêts politiques de côté, qu'on pensera pour la
province et qu'on pensera également pour les travailleurs. C'est
à ce moment-là, M. le Président. Je le dis et j'en profite
pour faire appel aux différents responsables de quelque niveau que ce
soit, de quelque milieu que ce soit, les responsables actuels...
M. CHOQUETTE: Vous êtes comique. Vous êtes comique à
force d'être naif.
M. BELLEMARE (Johnson): M. le Président.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): A l'ordre! Laissez-le finir.
M. ROY: Je fais appel, M. le Président...
M. CHOQUETTE: Vous êtes même ridicule.
M. ROY: ... également au ministre de la Justice qui, par ses
propos, aggrave la situation ce matin, par ses propos haineux...
M. CHOQUETTE: C'est vrai, haineux. M. ROY: ... M. le Président...
M. CHOQUETTE: Et fondés.
M. ROY: ... ses propos provocateurs. Comment le gouvernement peut-il
avec de tels propos tenus par l'honorable ministre de la Justice actuellement,
faire en sorte que les différentes personnes responsables, nous
puissions les inviter à s'asseoir autour d'une table, et mettre...
M. CHOQUETTE: Vous n'êtes pas sérieux. M. ROY: ... la
politique de côté?
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): A l'ordre!
M. ROY: M. le Président, je ne pensais pas réellement que
notre ministre de la Justice était si politiquement engagé, pour
ne pas changer le mot qui finit par "ent" et "g" la même chose, je serais
tenté de changer le "g" de la deuxième syllabe par "r". Le
ministre m'aura compris, M. le Président. Quand même, est-ce que
le gouvernement est rendu à ce point de vouloir un affrontement à
tout prix avec tout ce secteur de l'activité économique?
L'attitude du ministre de la Justice ce matin, M. le Président, nous
laisse songeurs.C'est une attitude qui n'est pas digne de notre Justice au
Québec, qui a la
responsabilité et le devoir de faire appliquer nos lois dans la
province; tenir des propos comme il vient d'en tenir à
l'Assemblée nationale, M. le Président, je trouve cela indigne de
sa part. C'est de la provocation.
La loi du ministre, c'est de la provocation; les propos du ministre ce
matin, c'est de la provocation. Et on veut régler le
problème?
M. CHOQUETTE: ... La commission Cliche, c'est de la provocation?
M. ROY: Est-ce qu'on veut régler le problème, M. le
Président? La Commission de l'industrie de la construction devrait
comparaître également devant la commission parlementaire du
travail et de la main-d'oeuvre. C'est un fouillis, M. le Président,
complet, un fouillis total dans lequel personne ne s'y retrouve mais dans
lequel également ceux qui ont des postes de direction cherchent leurs
intérêts ou cherchent à faire de la politique. M. le
Président, je dis que je fais un appel ce matin. Tout le monde s'envoie
des cartes de Noël, tout le monde s'envoie des voeux: "Paix sur la terre
aux hommes de bonne volonté". C'est vrai, je dis qu'il y a encore
possibilité de trouver un minimum de bonne volonté dans les
différents milieux, de façon à ce que nous puissions
réunir tout ce monde ensemble. Qu'ils viennent à la commission
parlementaire nous faire des suggestions, qu'ils viennent nous expliquer
l'orientation qu'ils veulent donner à l'industrie de la construction,
qu'ils viennent nous dire les modifications qui seraient nécessaires
dans les lois. Qu'ils viennent nous le dire eux-mêmes et non pas, vous,
venir nous présenter une petite loi comme nous avons ce matin.
La loi que nous avons ce matin, je me pose la question si ce n'est pas
l'outil que certains cherchent et espèrent pour provoquer au
Québec, ce qu'on cherche par tous les moyens à provoquer depuis,
trois ans, une grève générale.
Je me demande si le ministre ne fournit pas justement le prétexte
à ceux qui veulent saboter l'économie québécoise,
à ceux qui veulent changer le régime; si le ministre, par sa loi,
ne leur fournit pas justement le prétexte qu'ils cherchent depuis fort
longtemps. Ils peuvent dire: Le gouvernement a adopté une loi
inacceptable. Elle est inacceptable aussi. Prolonger, abroger ou modifier le
décret sans le consentement des associations de salariés ou
d'employeurs quand il est d'avis que c'est dans l'intérêt
public... Alors, les syndicats n'ont plus un mot à dire
là-dedans, les travailleurs n'ont plus un mot à dire
là-dedans et les associations patronales n'ont plus un mot à dire
là-dedans. C'est le ministre, c'est le lieutenant-gouverneur en conseil
qui décide.
M. CHOQUETTE: Je demande la permission au député de poser
une question.
M. ROY: Non, M. le Président.
M. CHOQUETTE: Une petite question. M. ROY: Non, M. le
Président.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): A l'ordre! Vous poserez la question au
député de Johnson après.
M. ROY: Je ne permettrai pas au ministre d'ajouter encore des propos
malheureux au propos extrêmement malheureux qu'il a tenus tout à
l'heure...
M. CHOQUETTE: Non, non, c'est une question.
M. ROY: ... je ne le lui permettrai pas. Si le ministre de la Justice
veut intervenir dans le présent débat, le règlement le lui
permet, il a droit à 20 minutes. Alors, que le ministre de la
Justice...
M. CHOQUETTE: Je veux poser une question au député.
M. ROY: ... nous réponde. S'il a quelque chose à dire
à ce sujet, qu'il le dise qu'il exprime ses opinions. Mais qu'il
n'exprime pas ses opinions, cependant, comme un petit politicien; qu'il exprime
ses opinions comme un membre du cabinet, comme un ministre responsable, un
ministre qui a des responsabilités dans le Québec, d'immenses
responsabilités.
Il est évident qu'un projet de loi de ce genre ne doit, dans les
circonstances, être accepté pour aucune considération.
C'est jeter de l'huile sur le feu et prendre le risque de conduire le
Québec... J'ai l'impression que le gouvernement fait une erreur
épouvantable, une erreur magistrale, et je me demande si cela ne
pourrait pas aller jusqu'à provoquer le fait que l'anarchie qui
règne dans l'industrie de la construction s'étende à tous
les autres secteurs de l'activité économique au
Québec.
Il y a tellement d'anarchie dans ce domaine, il y a tellement de manque
de leadership, il y a tellement de lois qui s'enfargent, il y a tellement de
réglementations que plus personne ne s'y comprend, et adopter un projet
de loi de ce genre ne fait qu'aggraver la situation.
Je demande au ministre, aujourd'hui, d'essayer de faire en sorte de
jeter du lest, de baisser la vapeur, de diminuer la tension qui prévaut
de ce côté. Il faudrait que le ministre de la Justice retire les
propos qu'il a tenus. Il faudrait que le ministre du Travail retire les propos
qu'il a tenus l'autre soir. Il a le droit de penser ces choses, mais il n'a pas
le droit, comme ministre du Travail, de les dire. C'est cela qui est
différent, c'est cela qui est important.
Que le ministre annonce que dès le début de janvier la
commission parlementaire sera convoquée...
M. COURNOYER: M. le Président, puis-je poser une question au
député?
M. ROY: ... et que les parties intéressées pourront venir
devant la commission parlementaire de façon à pouvoir
s'exprimer.
M. COURNOYER: Puis-je poser une question?
M. ROY: J'ai terminé, M. le Président, et je voterai
contre le projet de loi.
M. COURNOYER: M. le Président, je voudrais poser une question
avant de terminer. En vertu de quelle loi n'ai-je pas le droit de dire mon
opinion sur du monde que je pense être des sépulcres blanchis?
M. ROY: M. le Président, le ministre, en me posant cette
question, me prouve que, justement, il n'est plus en mesure d'assumer ses
fonctions. Comment peut-il...
M. COURNOYER: La question était en vertu de quelle loi...
M. ROY: ... aller s'asseoir avec des gens...
M. COURNOYER: Je vous pose la question: En vertu de quelle loi qui me
défend à moi d'avoir une opinion sur quelqu'un? Si cela est vrai
que cela existe, une question semblable, vous avez toujours eu raison depuis le
début de votre exposé. Le ministre du Travail n'a pas choisi
André Desjardins, il n'a pas choisi non plus Marcel Pepin et il n'a pas
choisi Bourdon, et quand ces gens viennent ici faire des règlements avec
les parties contractantes patronales, n'accusez pas le ministre, il ne fait que
suivre ce que ces gens lui disent de faire au nom de ce qu'ils
prétendent être la collectivité qu'ils représentent.
Faites attention de faire la distinction et lisez comme il faut les lois de la
construction et vous allez voir que ce sont eux qui ont le pouvoir et pas nous
autres.
M. ROY: M. le Président, je veux dire au ministre que ce n'est
pas en vertu d'une loi qu'il s'est exprimé, c'est en vertu d'un manque
de jugement.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): L'honorable député de
Johnson.
M. VEILLEUX: C'est pour vous encourager un peu.
M. Maurice Bellemare
M. BELLEMARE (Johnson): Voyons! Non, non, cela a été fait
dans Johnson.
M. le Président, je me lève ce matin pour apporter au
débat une contribution bien parti- culière. Comme l'honorable
ministre, en terminant son exposé l'autre soir, a dit: Maintenant, la
parole est à ceux qui veulent s'opposer, fort de cette invitation, je
devrais dire d'abord que c'est sûrement une situation d'urgence. C'est
surtout aussi, à cause de la situation d'urgence, une loi d'exception.
Et Dieu sait que les lois d'exception dans bien des cas et dans bien des
parlements ont été employées.
Je n'ai pas besoin de vous dire que nous vivons, depuis 1964, par le
chapitre 141, sous un nouveau régime qui s'est appelé le code du
travail.
Il y a à peine dix ans que cette législation nouvelle
parmi les travailleurs a été incorporée à nos
statuts. Difficile dans les premières années d'application,
extrêmement compliquée, pour ceux qui avaient autrefois
pratiqué une certaine procédure en vertu de la loi des
décrets ou autres, a été l'application du nouveau code du
travail.
Donc, difficultés multiples parmi les travailleurs et parmi les
employeurs qui n'étaient pas assujettis ou qui ne voulaient pas
s'assujettir aux directives, et particulièrement, aux aléas de la
loi.
Donc, dix ans d'existence d'un code du travail qui a été
fort contesté, qui a été mis en doute par bien des
légistes et qui a été amélioré en plusieurs
circonstances. En 1968, on a connu, dans les relations du travail et de
l'industrie de la construction, une législation toute spéciale,
une législation encore qui était une législation
d'urgence, une législation qui n'a pas ramené, bien sûr, le
climat de fraternité et de coopération puisqu'on a mis
ensemble... Pardon?
M. CHOQUETTE: Vous êtes doux, ce matin.
M. BELLEMARE (Johnson): Non. Je n'ai pas fini, je commence.
M. CHOQUETTE: Vous êtes d'une douceur extrême.
M. BELLEMARE (Johnson): Je ne sais pas si le ministre anticipe le
ministère du Travail par sa participation ce matin. On l'a
annoncé comme le prochain ministre du Travail. Que la Providence nous
épargne ce fléau!
M. CHOQUETTE: Je suis d'accord.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Cornellier): A l'ordre, s'il vous
plaît.
M. BELLEMARE (Johnson): II n'est seulement pas ministre du Travail et
vous voyez déjà sa rigidité à tourner le fer...
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Cornellier): A l'ordre, s'il vous
plaît. Revenons au débat.
M. BELLEMARE (Johnson): Merci, M. le Président. Je continue, je
redeviens doux. Je suis moins fin que tout à l'heure.
M. VEILLEUX: Oui, pas mal!
M. BELLEMARE (Johnson): La loi des relations de travail dans l'industrie
de la construction, en 1968, a causé bien des difficultés. Le
législateur vivant à l'époque a voulu, lui aussi,
répondre à un besoin nouveau, et surtout par des critères
nouveaux il a mis dans un décret des gens qui avaient sûrement des
idées divergentes, mais il n'y avait pas moyen de faire autrement. Celui
qui vous parle en sait quelque chose. D se souvient des longues veilles
passées à essayer de concilier, d'abord, avant l'adoption de la
loi. Mais, après, pour appliquer le premier décret. M. le
Président, à la FTQ, la CSN à l'époque, la
CSD n'existait pas sont venues se joindre la Corporation des
martres-électriciens, la Corporation des maîtres en tuyauterie,
l'Association de la construction de Montréal, l'Association provinciale
des constructeurs d'habitations du Québec et l'Association des
constructeurs des grandes routes et des grands travaux. C'était tout un
chantier. C'était, à ce moment, dans la province, apporter
quelque chose de neuf, quelque chose qui brimait certains droits et des
employés et des patrons et des syndicalistes, mais il fallait, pour le
bien public et pour assurer l'ordre, cette loi des relations de travail dans la
construction.
Dieu sait combien cela a été difficile d'application. En
1970, par le bill 38, qu'on appelle, qui est, aux statuts, le bill 34, on a
même apporté des modifications dans les relations de travail de la
construction, et on a apporté, en 1973, le bill que, je pense, si
j'avais été ici, j'aurais critiqué fortement, le bill 9,
qui enlevait à ce décret l'unanimité des parties
contractantes pour le remplacer et le mot est grave par la
majorité. Et cela, dans les relations de travail, on sait ce que cela
peut revêtir.
Des conditions de travail difficiles. Je voudrais sur cela attirer votre
attention.
C'est en 1351 qu'a eu lieu la première grève en
Angleterre; c'est entre 1721 et 1750 qu'on a fait le premier code du travail,
en Angleterre. Aux Etats-Unis, la première grève en 1747; premier
code du travail en 1801. Des précédents, oui, et je dirai, tout
à l'heure, pourquoi il y a eu des précédents; des lois de
carcan obligatoire peut-être, dans certains domaines, mais trop de
pouvoirs au ministre, et je le dirai très calmement.
M. le Président, en 1969, celui qui vous parle a imposé
à un syndicat, la FTQ, qui contrôlait la sécurité
sociale, par le biais du Comité paritaire dans la construction, le
transfert ici, à la Caisse de dépôt, de $50 millions, qu'il
contrôlait à ce moment, directement. On a fait le transfert de ces
$50 millions à la Caisse de dépôt pour qu'il y ait plus de
contrôle. Aujourd'hui, après l'enquête Cliche, on
s'aperçoit... On a été critiqué, on a
été tramé sur la rue. On m'a fait brûler, ici devant
le parlement, en effigie, c'est sûr, mais j'ai eu le courage quand
même de faire transporter $50 millions du fonds de la FTQ, le
sous-comité des affaires sociales, dans la Caisse de dépôt
pour qu'il y ait un contrôle. Ce n'était pas facile, dans
l'effervescence des idées du temps, mais il y avait là une
obligation morale pour le ministre de le faire. Je l'ai fait. Donc, je suis
fier du bill 290, n'en déplaise à tous ceux qui voudront m'en
faire reproche. Le bill 290 a établi, au moins, une base raisonnable
entre les parties. Qu'elles soient dissidentes, ce n'est pas nouveau dans les
relations patronales-ouvrières, au contraire. Aujourd'hui, il y a des
raisons et des motifs qui poussent peut-être le gouvernement à
nous apporter une loi qui n'est probablement pas unique; il y a, aux
Etats-Unis, plusieurs précédents qui ont été
créés et particulièrement au Canada, quand le gouvernement
fédéral, dans la grève des marins, a mis sous tutelle et a
pris le contrôle complet de toutes les relations de travail dans
l'organisation des marins. Je reviendrai sur cela tout à l'heure.
Il y a des précédents. Je suis sûr que le ministre a
été inspiré de certains facteurs très importants.
Je dirai lesquels et, dans la deuxième partie, je lui suggérerai
d'autres possibilités et, enfin, je dirai pourquoi je serai contre.
Premièrement, je pense que ce qui nécessite cette loi d'urgence,
une loi d'exception, les révélations qui ont été
faites, dernièrement, devant la commission Cliche en donnent un certain
volet. L'honorable ministre de la Justice a parfaitement raison quand il dit
qu'il y a un malaise considérable, au sein des syndicats, même au
sein des associations patronales qui, de connivence avec certains chefs
syndicaux, ont outrepassé le décret qui était formel.
Deuxièmement, une raison objective, à mon sens, c'est la
baisse constatée dans la productivité sur les chantiers de
construction, surtout quand on regarde les statistiques de l'année
dernière, celles de 1972 et qu'on les compare avec celles de l'Ontario
et des Etats-Unis. Il y a dans les statistiques un décalage
extrêmement important pour l'intérêt public de la province,
quand on considère particulièrement l'Ontario, notre voisine et
notre concurrente, en affaires simplement, et la province de Québec
depuis les neuf derniers mois. Le ministre le sait; il a en main probablement
ces statistiques, comme moi je les ai. Cela nous est founi par le gouvernement
fédéral et je n'ai probablement pas à lui
répéter cette différence énorme dans la
productivité.
C'est l'honorable ministre de l'Industrie et du Commerce qui,
dernièrement, disait que nous étions en perte de vitesse de 30
p.c. et que des investissements de $150 millions étaient presque
disparus de la province à cause de ce point particulier. Donc, il y a
certainement un intérêt public.
Il y a, troisièmement, aussi de grands chantiers en danger de
voir monter le coût extrava-
gant de leurs constructions, à cause probablement du coût
qu'ils ont estimé lorsqu'ils ont signé un contrat, qui est
valable pour deux ans, trois ans ou cinq ans. J'en connais un contrat qui est
de cinq ans et il n'a pas la clause où il résorbe la
différence entre le coût de production et l'inflation, ils sont
à contrat fixe. C'est une grande victoire pour la ville de
Montréal, ce bill je le dis en passant autant pour la FTQ,
comme le disait si bien mon collègue tout à l'heure, qui va avoir
reconnu par ce bill toutes les grèves illégales qu'ils ont faites
pour l'indexation. Je ne peux pas féliciter le gouvernement pour
ça, certainement pas. On donne à la FTQ...
M. BOURASSA: Attendez.
M. BELLEMARE (Johnson): ... une absolution totale.
M. BOURASSA: Attendez de voir ce que l'on va faire avec.
M. BELLEMARE (Johnson): Pardon?
M. BOURASSA: Attendez de voir ce que l'on va faire avec le projet de
loi.
M. ROY: Bien, dites-nous le.
M. BELLEMARE (Johnson): Non, mais écoutez, M. le
Président, je récite mon discours. Si le premier ministre voulait
être sage, comme il l'est toujours, bien poli, cela me ferait bien
plaisir. Il me semble que je ne dis rien d'injurieux. Je récite ma
thèse, à moi. Elle n'est peut-être pas agréable par
bouts, elle ne le sera pas tout à l'heure. Mais c'est sûr et
certain que je vais le faire avec un ton qui ne choquera personne, qui ne
mettra personne en colère.
M. BOURASSA: Tant mieux.
M. BELLEMARE (Johnson): M. le Président, dans le milliard de
construction, à Montréal, il y a de grands travaux qui se font et
qui vont bénéficier de ce projet de loi. Il y a aussi le fait que
d'autres, à cause de ce projet de loi... La peur, c'est le commencement
de la sagesse. Peut-être que le ministre ne s'en servira pas de sa loi,
mais elle est là. C'est une loi de protection. Il n'est pas dit que,
demain matin, le ministre du Travail va exercer son pouvoir de prolonger ou
d'abroger. Ah! Là, par exemple, cela deviendrait un ministre qu'il
faudrait changer 24 heures après, parce qu'il manquerait de
responsabilité publique, Lui, en vertu des pouvoirs qu'il donne
aujourd'hui, déciderait sans consulter les partis, de prolonger,
d'abroger ou de modifier le décret, oh! , comme le dit mon
collègue de Beauce-Sud, ce serait la véritable anarchie. Mais il
écrit dans une loi, il récite dans une loi certains principes. Il
dit, dans son projet de loi, c'est là que je lui poserai tout à
l'heure certaines questions: Quand il est d'avis que dans
l'intérêt public c'est la seule solution. C'est là que je
vois que la loi peut être exercée. Peut. Le ministre peut, ce
n'est pas doit. Il peut. Quand l'intérêt public, et seul
l'intérêt public peut le commander, il pourrait exercer ce
pouvoir.
Mais je dirai tout à l'heure aussi, dans quelques minutes,
pourquoi il y a là un danger quand même. L'exemple de Cartier
Mining, l'exemple de mont Wright, l'exemple des travaux de la Place Desjardins,
l'exemple de la baie James, où la province investit des milliards de
dollars, l'exemple des Jeux olympiques de Montréal; je pense que
là ce sont de grands travaux qui doivent se réaliser et qui, pour
l'économie générale d'une province, ne doivent pas
être dérangés par des ralentissements de travail ou par
tous autres moyens illégaux qui peuvent se produire.
Qu'attend plutôt le gouvernement pour proscrire l'obstruction
patronale à l'accréditation syndicale? Cela serait quelque chose
de bien dans une loi, introduire cela dans notre loi. Ce serait une loi
nouvelle, une loi qui existe dans d'autres provinces comme en
Colombie-Britannique, où le patron n'a pas le droit de faire aucune
obstruction systématique, comme cela se fait, pour que
l'accréditation devienne une réalité.
Pourquoi qu'on n'introduit pas dans notre code du travail, dès
aujourd'hui, dès la prochaine session, une réglementation pour
empêcher ce qu'on appelle des agences de grève qui
préparent des "scabs"?
Cela, dans les relations patronales-ouvrières, ce sont des choses
importantes, très importantes pour protéger le droit des
syndicalistes, qui veulent véritablement exercer, en vertu de la loi,
leurs droits et leurs privilèges.
Pourquoi le gouvernement ne réglemente-t-il pas ce que
l'honorable juge en chef Deschênes disait dernièrement? Les
injonctions ne sont pas un instrument pour écraser la masse des
travailleurs! Là encore, M. le Président, le gouvernement
devrait, à mon sens, légiférer pour empêcher l'abus
qu'ont fait certaines personnes des injonctions.
Qu'attend le gouvernement pour faciliter la syndicalisation en la
faisant résulter d'un vote majoritaire des travailleurs? Pas seulement
d'un vote majoritaire d'une assemblée constituée mais d'un vote
majoritaire de tous les travailleurs. Le gouvernement serait, je pense, bien
inspiré de mettre cela dans le code du travail.
Qu'est-ce que le gouvernement attend, M. le Président, pour
imposer des sanctions très sévères à ceux qui ne
veulent pas sérieusement négocier? Quand, après les
délais accordés en vertu du code du travail, il y a des
délais qui sont respectés par les syndicalistes et que le patron
ne veut pas sérieusement négocier? Qu'attend le gouvernement pour
imposer cela dans sa loi?
M. le Président, qu'attend le gouvernement pour permettre, dans
certains cas bien particuliers, la réouverture des conventions
collectives
quand il y a des changements technologiques ou qu'il y a des changements
dans la vie économique, comme, par exemple, l'inflation qu'ont à
subir bien des gens? Cela aurait été, je pense, des choses qui
auraient été, à ce jour, peut-être,
nécessaires pour établir le climat que tout le monde
recherche.
M. le Président, ces quelques suggestions que je fais, ce sont
des choses que l'expérience du ministre lui a fait toucher du doigt tous
les jours. Pourquoi ne pas établir la formule Rand, avec des conditions
telles que le voulait le juge: Un vote présidé par un officier du
ministère du Travail, un vote que tout le monde devrait être
capable de donner, quand il s'agit d'accréditation ou quand il s'agit de
grèves, même si on ne paie pas sa contribution.
Je pense que la formule Rand serait aujourd'hui une chose assez bien
reçue, sauf si on y mettait certaines conditions, conditions
d'application, bien sûr. Mais pourquoi prolonger une grève comme
celle qu'il y a, présentement, à la Canadian Gypsum? La seule et
unique raison, toutes les questions normatives étant acceptées,
c'est la formule Rand.
Je comprends que le ministre va me dire: Ils ont d'autres installations,
à la Canadian Gypsum, à travers la province, et on n'a pas la
formule Rand. Je comprends cela. Mais est-ce que, M. le Président, on
doit tenir douze mois ou treize mois des gens en grève à cause
d'une seule et unique raison comme celle-là?
M. le Président, si j'avais eu l'occasion de parler sur la
formule Rand je ne l'ai pas eue parce que je n'étais pas encore
tout à fait habitué à mon règlement mais je
commence à m'habituer, Dieu merci, assez bien j'aurais dit ces
choses sur la formule Rand.
M. le Président, pourquoi ce projet de loi est-il un carcan?
Pouquoi le projet de loi est-il d'urgence? Pourquoi ce projet de loi est-il
d'exception? Le ministre ne croit-il pas sincèrement, M. le
Président, puisque je dois m'adresser à vous, que cela va causer
une mauvaise réputation à nos travailleurs? Elle est
déjà pas mal hypothéquée, cette
réputation.
Le député de Maisonneuve disait: II faudrait changer le
ministre. Je l'ai été moi-même, et j'ai entendu
l'Opposition plusieurs fois, dans le temps, me dire: II faut changer le
ministre. Je l'ai entendu cet argument moi aussi, plusieurs fois. Le ministre,
c'est un expert en droit ouvrier. Il a des défauts, mais il ne les a pas
tous. Chose certaine, qui, demain matin, mon cher, pourrait te remplacer? Pas
le ministre de la Justice, certain, M. le Président. Ce serait le plus
mauvais ministre!
M. CHOQUETTE: Merci beaucoup!
M. BELLEMARE (Johnson): Le plus mauvais!
M. CHOQUETTE: ... M. le député.
M. BELLEMARE (Johnson): Non, M. le Président. Changer le ministre
du Travail? Non, ce n'est pas le ministre qu'il faut changer. C'est la
mentalité du gouvernement.
M. CHOQUETTE: Le premier ministre vous approuve, je tiens à vous
le dire.
M. BELLEMARE (Johnson): Laissez-moi finir. C'est la mentalité du
gouvernement vis-à-vis des classes laborieuses. D'abord, indexation du
salaire minimum. Cela, ça presse. Il y a 1,300,000 employés qui
vivent sur des décrets et qui vivent en vertu du salaire minimum. Cela,
c'est dans ma province, sur les 2,400,000 travailleurs. Il y en a donc 800,000
qui sont, en vertu des conventions collectives, extrêmement bien
protégés.
Mais les 1,300,000 qui ne le sont pas, eux, c'est la
responsabilité du gouvernement d'y voir. Je pense qu'on
rétablirait dans les relations de travail, pas seulement dans les
relations patronales-ouvrières, un meilleur climat.
J'ai eu l'occasion, lors de mon discours sur l'augmentation de
salaire... Je regrette infiniment qu'un de mes collègues ait dit que
j'étais un vendu, que je m'étais laissé acheter par le
gouvernement. Je ne parle pas au nom des autres; je parle en mon nom. Je
regrette infiniment cette épithète. Je ne suis pas un vendu. Je
suis un homme de principes, toute ma carrière l'a prouvé. Ce
n'est pas le gouvernement qui pourrait m'acheter avec quelques piastres. J'ai
déjà refusé des occasions de devenir autre chose qu'un
député où j'aurais peut-être pu faire beaucoup plus
d'argent. J'ai refusé parce que j'aime mon métier, j'aime ma
profession, j'aime être membre de l'Assemblée nationale pour y
apporter ma contribution. Mais vendu, c'est une expression qui dépasse
probablement la pensée de celui qui l'a dit ou écrit. Je ne veux
pas passer pour un vendu. J'ai mes opinions, j'ai dit pourquoi j'étais
en faveur du salaire des députés. Un député qui
travaille, qui se respecte, qui paie de sa personne doit être bien
payé, bien rémunéré.
C'est vrai que la popularité du ministre est à la baisse,
mais ça ne dépend pas de lui seul. Cela dépend de
l'attitude qu'a prise son gouvernement dans les relations de travail et
ça, c'est dans l'opinion publique, plus que la réputation
même du ministre qui n'est pas mise en doute.
Les principes généraux étant établis, je dis
que, dans la loi, il y a plusieurs failles. Premièrement, cette loi
d'exception, comme l'a dit ce matin le ministre.
M. BURNS: Cela viendra bien.
M. BELLEMARE (Johnson): Peut-être, mais pas avant 20 ans.
Le député de Maisonneuve le disait, et il avait raison,
que le décret n'a pas d'années d'existence dans la loi qui nous
est présentée. Le 1er juin 1975, le décret de la
construction, c'est bien sûr, expire. Je vois venir le ministre ainsi que
le gouvernement. Alors, comme la loi
n'a pas de date de durée, d'existence, là, par exemple, on
fait une erreur. Le gouvernement devrait être précautionneux et
mettre dans sa loi une date. Que ce soit 1976, je ne le chicanerai pas, mais
pas beaucoup plus loin, parce que les impératifs qui doivent se
réaliser d'ici 1976 sont d'ordre public. Je pense que le ministre serait
bienvenu de la préciser. Il ferait plaisir non seulement au
député de Johnson, mais à une foule d'autres personnes qui
sont inquiètes parce que la date de durée est permanente. On n'a
pas fixé d'années de durée. Cela, je pense que ça
devient quelque chose de très important dans une loi d'exception.
Comme je le dirai dans deux minutes, quand on a mis en tutelle les
marins à Ottawa, on avait mis une date limite et ça s'est
réglé avant la date limite qu'on avait imposée.
M. BURNS: Les élévateurs aussi.
M. BELLEMARE (Johnson): Les élévateurs, en
Colombie-Britannique, non. Peut-être celle-là est aussi. En tout
cas, je sais qu'il y a plusieurs autres précédents où on a
mis des dates.
Le ministre pourrait peut-être mettre le 1er janvier 1976. Le
décret pourrait être prolongé c'est ce qui est dans
la loi du 1er juin 1975 au premier janvier 1976, six mois pour permettre
que les grands travaux nécessaires en 1976 puissent s'achever.
M. COURNOYER: Juste un point d'information.
Le décret actuel expire en mai 1976, tel qu'il est écrit,
celui que nous avons à discuter.
M. BELLEMARE (Johnson): Le décret expire le 1er mai 1976.
M. COURNOYER: II n'expire pas le 1er janvier; il expire en mai 1976.
M. BELLEMARE (Johnson): II expire en mai 1976?
M. COURNOYER: Le 1er mai.
M. BELLEMARE (Johnson): Le ministre ne mettrait-il pas, quand
même, une date limite dans sa loi?
M. COURNOYER: Je croyais que vous pensiez que le décret expirait
en janvier 1976. J'ai voulu, tout simplement, vous éviter d'avoir une
argumentation pour janvier, alors qu'en fait il n'expire qu'en mai.
C'est juste un point d'information que je vous donnais parce que
peut-être j'avais mal compris. Je ne négocie pas avec vous
actuellement.
M. BELLEMARE (Johnson): Mon information était que le
décret expirait le 1er juin 1975.
Alors, si le décret expire le 1er mai 1976, je verrais d'un bon
oeil que le ministre mette le 1er janvier 1977, au moins, pour ne pas lui
donner d'autres pouvoirs que ceux qui sont commandés aujourd'hui par
l'intérêt public pour que cette loi d'exception ne devienne pas
une loi permanente.
Cela, ce serait important. En vertu de cette loi, M. le
Président, le ministre possède des droits
discrétionnaires; par exemple, en vertu de l'article 12, la grève
est suspendue. Il n'y a plus de grève possible, c'est sûr. Le
maraudage, c'est sûr.
Je pense, M. le Président, qu'il y a une foule d'autres articles
dans le code, que je n'ai pas besoin de citer au ministre, qui empêchent
véritablement les bonnes relations patronales-ouvrières par la
suspension effective de la véritable négociation dans cette
industrie. Il y a là des droits qui sont certainement trop grands pour
une période indéfinie. La convention expire le 1er mai 1976.
D'ici à ce temps-là, M. le Président, il peut se produire
bien des choses. Le ministre, en vertu de sa loi, peut abroger quand c'est le
seul intérêt public qui le commande, mais qui va le faire, M. le
Président? Le ministre seul, le cabinet des ministres? Je pense que
c'est dangereux, M. le Président. Comme d'ailleurs toutes les
grèves et lock-out sont suspendus, ne sont valides qu'à
l'expiration, lorsque le ministre mettra une date à son
décret.
Entre suspendre les droits, M. le Président, et les annuler, il
n'y a pas une grande différence dans cette loi. Les suspendre ou les
annuler, c'est exactement pareil. Et là, cela devient dangereux; cela
devient extrêmement difficile pour ceux qui sont régis par ce
décret, parce que c'est une loi matraque. Et cette loi matraque, M. le
Président, le ministre lui, parce qu'il subit une baisse de
popularité dans l'opinion publique, certaines personnes vont
peut-être lui faire des requêtes pour qu'il applique la loi, soit
du côté patronal ou syndical. Le ministre me comprend.
Je pense, M. le Président, qu'il y a dans cette loi matraque des
droits acquis qui sont brimés, des droits acquis par les hautes luttes
qu'ont faites le syndicalisme et le patronat pour faire reconnaître
certains droits acquis qui sont dans le décret et qui vont être
sous la juridiction exclusive du ministre. Je pense que cela est mauvais.
Maintenant, M. le Président, ce n'est pas tout de parler pour une
loi en énonçant certains principes généraux qui ont
pu motiver le ministre à apporter cette loi à la toute
dernière minute; ce n'est peut-être pas tout non plus de dire au
ministre pourquoi il y a des dangers. Je lui fais une suggestion: plutôt
que ce soit lui, le ministre, qui prenne toute la responsabilité de
l'application d'une telle loi, pourquoi n'établirait-il pas une tutelle?
Une tuelle bien pensée de trois membres composée entre les
parties, et le gouvernement et les syndicats et les em-
ployeurs? La tutelle, M. le Président, d'après le
dictionnaire, est une institution bien établie en vue de protéger
les gens dont la responsabilité est déficiente. M. le
Président, je crois qu'elle existe d'ailleurs dans le code civil pour
des mineurs. Elle a été établie occasionnellement par des
lois spéciales pour protéger, surveiller, soit des personnes ou
des groupes irresponsables.
Là, M. le Président, la tutelle pourrait, six jours par
semaine, à temps plein, exercer un contrôle véritable sur
l'application de la loi; voir si le ministre doit prolonger, si le ministre
doit abroger, si le ministre a une bonne raison de le faire en vertu de la loi,
selon l'intérêt public. Ni plus ni moins se protéger et
protéger son ministère et protéger le gouvernement. Avec
une tutelle, M. le Président, qui serait six jours par semaine au
travail, qui pourrait établir certains critères de surveillance,
la loi va être adoptée, mais est-ce que ceux qui ont la
mentalité d'appliquer certains principes pour retarder certains travaux
vont le faire demain matin? Ecrire de la législation dans le recueil des
lois, c'est facile; mais l'appliquer et changer la mentalité du jour au
lendemain, le ministre ne croit-il pas que peut-être je ne le
souhaite pas il pourrait y avoir une recrudescence dans le mal qu'il
veut corriger?
Cela pourrait arriver, parce que la loi n'a pas de dent, parce que la
loi n'impose pas, comme le code du travail le fait, certaines
responsabilités et, si on ne les accomplit pas, certaines amendes. Dans
le code du travail, à l'article 126, vous avez, par exemple: Qui fait
défaut de se conformer à une obligation, à une prohibition
imposée par le présent code, ou par un règlement du
lieutenant-gouverneur en conseil, ou par un règlement ou une
décision d'un enquêteur, d'un commissaire-enquêteur du
tribunal, commet une infraction et est passible, à moins qu'une autre
peine ne soit applicable, d'une amende de $25 à $100, de $100 à
$1,000 pour chaque récidive, dans les deux cas.
Mais l'article 129 va plus loin que cela dans le code du travail: Si
plusieurs personnes forment l'intention commune je n'accuse personne,
mais je constate des faits de commettre une infraction, chacune d'elles
est coupable de chaque infraction commise par l'une d'elles dans la poursuite
de la commune intention et punissable en vertu de la loi.
Là, je crois que l'honorable ministre devrait penser
sérieusement à mettre des dents à sa loi, à nommer
trois membres qui composeraient une commission de tutelle, avec probablement
des gens qui auront la responsabilité d'aller surveiller les travaux.
Quand, sur un travail ordinaire, un briqueleur je prends cet exemple
parce qu'il a été donné avant-hier pose 300 briques
au lieu de 1,200 dans une journée, bien il y a certainement quelqu'un
qui s'est occupé à retarder le travail. Quand un bon plombier,
ordinairement, fait neuf installations de tuyauterie de chambre de bain dans
une journée et qu'on est rendu à l'installation d'une chambre de
bain par jour, il y a certainement là quelque chose qu'il faut essayer
de réprimer. Mais ce n'est pas le ministre du Travail qui va aller voir
sur les chantiers de construction si les gens qui y travaillent vont abuser,
vont faire exprès pour retarder, en employant des moyens peut-être
diversifiés pour arriver à cette fin.
Si l'honorable ministre voulait véritablement
l'intérêt public et la protection de ceux qui ont investi et qui
veulent investir de nouveau dans la province de Québec, je pense qu'il
faudrait une loi avec trois commissaires, qui pourraient être
appelés des commissaires-tuteurs et qui exerceraient, en vertu de la
loi, les privilèges qu'ont, en vertu du code civil, les tuteurs. Ils
feraient rapport par des enquêteurs, il pourrait y en avoir trois, quatre
ou cinq. Ce n'est pas tellement répandu dans la province encore ce
système de retardement des travaux, on le constate dans certains grands
chantiers. C'est là qu'il faudrait que le gouvernement exerce une
vigilance de tous les instants et ce n'est pas le ministre du Travail qui peut
le faire. Le ministre du Travail est obligé, tout d'abord, de
défendre sa réputation à tous les matins. Tous les matins,
on ouvre le journal et c'est épouvantable tout ce qu'on peut trouver
contre le ministre du Travail; on lui demande sa démission, on fait
toutes sortes d'accusations. Après l'avoir été
moi-même, pendant plusieurs années, je sais comment cela affecte
le moral d'un homme public, mais on est exposé à cela parce qu'on
a accepté la responsabilité. Plus lui que moi, il avait une
préparation assez particulière pour être ministre du
Travail; il a fait son droit du travail, il a représenté le
patronat pendant des années, il avait une expérience. Mais les
choses se sont aggravées, la crédibilité du ministre est
en perte de vitesse. Pourquoi aller s'ajouter un autre fardeau comme
celui-là de présenter une loi matraque? Tout le monde pense,
quand on n'a pas lu le projet de loi, que c'est une loi que le ministre va
appliquer demain matin. Non, je sais que le ministre l'a fait mettre dans les
statuts comme précaution. Je ne pense pas que le ministre, le matin du 3
janvier, fasse la demande au conseil des ministres d'adopter un ordre en
conseil pour que la loi soit en vigueur.
Non, mais cela peut être un bon outil de négociation quand
il dira: Messieurs, c'est assez, votre affaire. Vous allez négocier de
bonne foi. Vous allez respecter le décret. Vous allez vous assujettir
aux conditions que vous avez acceptées. Sinon, j'ai en main une loi qui
me permet, comme on dit au premier article, d'abroger ou de modifier même
le décret.
Je pense que le ministre en a déjà suffisamment. Il a
toute la responsabilité de son ministère qui est énorme,
aujourd'hui. Il a la responsabilité du tribunal du travail. Il a toute
la loi de l'accréditation et des commissaires-enquêteurs. Il a la
loi de la commission des accidents du travail. Il a la loi des décrets
et je pense qu'il n'y a pas loin de 50 décrets. Il a la
responsabili-
té de mettre en pratique le code du travail. Il doit rendre sa
décision dans maints conflits ouvriers. Il a, actuellement, 25
grèves dans la province de Québec et Dieu sait qu'il y en a qui
durent depuis longtemps. C'est la responsabilité du ministre du
Travail.
Ce sont des conditions quasi inhumaines pour un ministre du Travail.
Mais le ministre du Travail reflète actuellement et paie
chèrement l'attitude du gouvernement qui, du point de vue du travail,
n'a pas apporté les remèdes qu'il fallait apporter.
Je termine, avec plaisir pour mes honorables amis d'en face, en disant
que dans des cas extrêmes, je pense que la loi d'urgence est
nécessaire, mais que par exemple, à cette loi d'urgence, il
faudrait d'abord mettre une date pour la durée de l'application du
décret. Deuxièmement c'est ma recommandation la plus forte
je pense qu'on devrait nommer trois commissaires, des
commissaires-tuteurs qui auraient l'avantage d'avoir certains
spécialistes, certains enquêteurs qui iraient sur les lieux de
travail faire ce que le ministre ne peut faire six jours par semaine, et
rappeler à certaines personnes qu'il y a un décret et que le
décret oblige à telle et telle conditions et que si cela n'est
pas fait, le ministre a une loi qui lui permettra de modifier le décret.
Je pense que c'est un bon outil, mais ce n'est pas à lui à
l'appliquer. Ce n'est pas à lui.
Le ministre devrait être plus prudent, surtout dans une descente
comme celle qu'il subit présentement dans l'opinion publique. Ce n'est
pas beau qu'un ministre se fasse descendre tous les jours. Qu'il n'aille donc
pas ajouter à l'odieux de ce qui est déjà terrible pour
lui. S'il voulait véritablement prendre les conseils d'un vieux, un
vieux chef, pas comme le PQ, mais un vieux chef, je lui dirais qu'il y a de la
prudence à exercer dans ce domaine, parce que ce n'est pas en rudoyant
les masses, ce n'est pas en sortant le bâton qu'on va adoucir ou qu'on va
roder certains éléments de la société. Non. Le
ministre devrait être prudent, devrait mettre une date à son
décret, devrait mettre une date à sa loi et devrait
particulièrement former une commission de trois tuteurs qui auraient la
responsabilité de détecter ce qui est d'intérêt
public ou non. Et en vertu de la loi, ce qui est d'intérêt public
sera recommandé au ministre et, à ce moment, le ministre agirait,
mais il ne serait pas seul à décider. Je pense que le premier
ministre rendrait un service signalé à son ministre s'il voulait
écouter les recommandations d'un homme qui a vécu un peu cette
expérience.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Cornellier): Le premier ministre.
M. Robert Bourassa
M. BOURASSA: J'ai écouté les porte-parole de l'Opposition
et dans l'ensemble, quitte à commenter brièvement leurs
propositions de tantôt, on ne peut pas dire que les suggestions qui ont
été faites par l'Opposition sont de nature à régler
le problème.
Dans le cas du député de Maisonneuve, on a parlé
comme solution de la convocation de la commission parlementaire, comme si,
automatiquement, le simple fait de convoquer la commission parlementaire
pourrait nous permettre de régler le problème.
Je ne dis pas qu'à plusieurs occasions cette formule n'a pas
été efficace, mais nous ne croyons pas, de notre
côté, que, dans l'état où se trouve actuellement la
situation de la construction, la convocation de la commission parlementaire
pourrait apporter quelque chose.
Cela a été la même chose dans le cas du
député de Beauce-Sud. Si nous étions convaincus que cela
pourrait être une amorce de solution, nous n'aurions aucune
hésitation à convoquer la commission parlementaire, comme nous
l'avons fait à plusieurs reprises. Mais je crois que nous avons
utilisé toutes les étapes possibles. Le ministre du Travail a
travaillé avec acharnement, depuis quelques mois, pour essayer d'arriver
à une solution qui nous éviterait d'arriver avec un projet de loi
qui, nous l'admettons, est relativement radical.
Quant à la suggestion du député de Johnson, qui a
quand même une expérience dans ce secteur, de créer trois
tuteurs, je ne vois pas en quoi cela pourrait améliorer la situation.
Cela pourrait créer une étape de décision additionnelle
qui pourrait retarder la solution de problèmes qui sont
immédiats. Il n'y a rien qui empêche le ministre du Travail ou le
gouvernement de nommer un groupe de travail, qui ne serait pas aussi rigidement
encadré que dans la formule proposée par le député
de Johnson, mais qui pourrait faire au gouvernement ou au ministère du
Travail des recommandations que pourraient faire les tuteurs dont parle le
député de Johnson.
Si je comprends bien la formule proposée par le
député de Johnson, c'est de créer un organisme
légal, qui aurait des pouvoirs formels et qui se trouverait, à
mon avis, à retarder le processus de décision dans l'action
gouvernementale, alors que nous faisons face à des problèmes
extrêmement urgents.
M. le Président, quand le député de Johnson parlait
de l'indexation du salaire minimum, c'est au coût de la vie, je suppose,
c'est l'indexation au coût de la vie, si j'ai bien compris. Si je peux me
permettre une question: A quoi serait accrochée l'indexation du salaire
minimum? A l'augmentation du coût de la vie ou du salaire moyen des
ouvriers?
M. BELLEMARE (Johnson): M. le Président, le premier ministre ne
m'amènera dans aucun guet-apens. Il va faire son discours, puis, s'il a
besoin de renseignements, je lui en donnerai.
M. BOURASSA: Non, c'est parce que le député de Johnson,
tantôt, a dit qu'avant de faire adopter cette loi il devrait y avoir
l'indexation du salaire minimum. Je suppose que c'est au coût de la vie.
Si ce n'est pas le cas, je voudrais savoir sur quelle base. Or, je dis au
député de Johnson c'est également proposé
par le Parti québécois que, si nous adoptions cette
formule d'indexation à l'augmentation du coût de la vie, depuis
deux ans et demi, l'indexation du salaire minimum aurait augmenté de 25
p.c. Cela rejoint l'autre projet de loi qui est en discussion actuellement, sur
l'augmentation du salaire des députés. C'est ce que je
répondais à des journalistes qui me questionnaient
là-dessus. Si on indexait selon la formule du Parti
québécois et du député de Johnson, depuis deux ans
et demi, le salaire minimum n'aurait augmenté que de 25 p.c, alors qu'en
fait il a augmenté de 53 p.c. C'est simplement pour faire
réaliser aux partis d'opposition la faiblesse de certaines de leurs
propositions, parce que, si on les appliquait, ceux qui sont assujettis au
salaire minimum, ce n'est pas 53 p.c. d'augmentation qu'ils auraient eus depuis
deux ans et demi, mais 25 p.c.
M. BELLEMARE (Johnson): Le premier ministre sait que ce n'est pas cela
du tout.
M. BOURASSA: Non, c'est sur quoi, d'abord?
M. BELLEMARE (Johnson): C'est sur les conventions collectives
déjà signées par les autres je l'ai dit dix fois dans mon
discours, M. le Président. Tous les autres, les 800,000, ont des
conventions collectives qui les favorisent. Il y a des conventions collectives
partout, dans tous les domaines. Pourquoi ne pas indexer le salaire minimum sur
ceux qui ont déjà négocié des conventions
collectives? Même en prenant la plus basse échelle des conventions
collectives, il serait alors de l'ordre de $3.25 ou de $3.50. C'est ça
que le premier ministre veut essayer de prendre avec une indexation. C'est
toute la différence.
M. BOURASSA: Si on prend la moyenne des augmentations du salaire au
Canada, je crois, sauf erreur, que c'est 10.7 p.c. pour 1974; c'est un peu la
moyenne des conventions collectives, des augmentations de salaire, soit 10.7
p.c. Or, nous avons 53 p.c. pour deux ans et demi.
M. BELLEMARE (Johnson): Le premier ministre est...
M. BOURASSA: Le député de Johnson comprend ce que je veux
dire.
M. BELLEMARE (Johnson): Non, je ne comprends pas.
M. CHOQUETTE: II ne veut pas comprendre.
M. BOURASSA: Ou il ne veut pas comprendre, parce que...
M. BELLEMARE (Johnson): M. le Président, est-ce que le premier
ministre me permettrait d'intervenir deux minutes?
M. BOURASSA: Oui, oui.
M. BELLEMARE (Johnson): Est-ce que le premier ministre sait qu'il y a
des milliers de conventions collectives signées où les petits,
par exemple, qui travaillent, comme balayeurs à la Wayagamack, à
la Consolidated Paper, ont, eux autres, $3.40, $3.45 l'heure? En prenant le
plus bas taux de toutes les conventions collectives, quand on prend ceux des
décrets, qu'on prend ceux du salaire minimum, il y a une
différence épouvantable.
C'est ça, le malaise dans notre société. Il est
là, le malaise. Ce n'est pas par des chiffres qu'on va régler
ça, en citant des comparaisons qui nous sont plus favorables les unes
que les autres. C'est en prenant celles qui nous font le plus mal, celles des
conventions collectives les plus basses avec les décrets du salaire
minimum.
M. BOURASSA: M. le Président, je pense que j'ai été
assez clair. J'ai pris soit l'indexation au coût de la vie, soit la
moyenne d'augmentation du salaire des travailleurs au Canada. Dans les deux
cas, cela se situe entre 10 p.c. et 12 p.c. par année.
M. BELLEMARE (Johnson): ... plus élevé.
M. BOURASSA: 10 p.c. et 12 p.c. par année, alors que le salaire
minimum, par le gouvernement actuel, a été augmenté de 53
p.c. Alors, je réplique aux partis d'Opposition...
M. BURNS: Vous comparez des pommes et des oranges.
M. BOURASSA: Non, M. le Président. M. BURNS: Bien, voyons
donc!
M. BOURASSA: L'indexation proposée par le Parti
québécois c'était à lui de donner des
explications aux députés donnerait des résultats
considérablement moindres dans le taux d'augmentation du salaire minimum
que ce que nous avons fait depuis deux ans et demi. Et ils le savent.
M. LESSARD: ... 50...
M. BOURASSA: M. le Président, ce que je veux dire au
député de Johnson, c'est que le problème de la
construction, il le sait, est l'un des plus compliqués actuellement au
Québec, et depuis longtemps. C'est M. Bertrand, ancien premier ministre,
qui disait, dans une interview après l'élection du 29 avril 1970,
que l'une des principales raisons pour lesquelles il avait dé-
clenché les élections était qu'il trouvait le
problème de la construction presque insoluble. C'est pourquoi il avait
déclenché, d'une façon un peu précipitée,
les élections de 1970. Cela a été dit dans une interview
par M. Bertrand. Donc, la complexité du problème n'est pas
nouvelle.
M. BELLEMARE (Johnson): Vous n'étiez pas au cabinet des
ministres, cette fois-là.
M. BOURASSA: De toute façon, cela a été
déclaré par M. Bertrand qui était le chef du parti et chef
du gouvernement.
Ce que je veux dire, c'est que les solutions qui ont été
proposées... Le député de Maisonneuve a proposé,
comme autre solution, la démission du ministre. C'est évident que
lorsque personne ne trouve aucune solution de rechange que ce soit les
intéressés ou l'Opposition, la solution facile à proposer,
c'est la démission du ministre. Quand on n'a pas autre chose à
dire, quand on n'a pas de solution de rechange, on demande la démission
du ministre. C'est tellement facile !
Si nous regardons les faits et c'est toujours la même
façon, pour le gouvernement, de répondre aux accusations
quel a été le résultat de l'action du ministre du Travail
dans le domaine des relations du travail?
Le ministère du Travail a reçu, en 1974, 1,064 demandes
d'interventions conciliatrices. Dans 850 de ces cas, l'intervention du
ministère a évité la grève. Sur 210 grèves
qui ont eu cours au Québec, il n'en restait, à la fin de
décembre, que 27, ce qui donne un pourcentage de 97.7 p.c. de
succès. Est-ce qu'il y a un autre ministre du Travail au Canada, est-ce
qu'il y a un autre ministre du Travail qui a 98 p.c. de succès comme
moyenne? Est-ce qu'on demande la démission d'un ministre qui
réussit à régler les conflits dans une moyenne de 98 p.c?
Vous pensez que la population du Québec va vous prendre au
sérieux? Le gouvernement, devant les accusations qui sont faites
tellement gratuitement contre lui ou l'un de ses ministres, a coutume de
répondre par des faits clairs, que personne ne peut démentir.
Là, je viens d'en donner: une moyenne de réussite de 98 p.c.
Ce n'est pas étonnant que le ministre du Travail garde la
confiance du gouvernement, garde la confiance du caucus, garde la confiance de
la population du Québec.
M. LESSARD: Ne le faites pas pleurer, il a la larme facile.
M. BOURASSA: M. le Président...
M. LESSARD: Ne le faites pas pleurer, il a la larme facile.
M. BOURASSA: ... le député de Maisonneuve a attaqué
le gouvernement sur des négociations présumément
illégales concernant la baie
James. J'ai eu l'occasion de répondre, à plusieurs
reprises, à ces questions. Qu'est-ce qu'on reproche au gouvernement dans
cette question? De faire des rencontres ou d'examiner des formules pour voir si
on ne pourrait pas appliquer, à la baie James, la solution de Churchill
Falls; pour voir si on ne pourrait pas appliquer à la baie James la
solution qui existe à la Manicouagan pour la CSN?
M. BURNS: Pourquoi...
M. BOURASSA: Est-ce que le député de Maisonneuve est
conscient, par exemple, de ce que pouvait créer une grève en
1978, à la baie James?
M. BURNS: Cela peut se discuter avec toutes les centrales, cela.
M. BOURASSA: Je vais vous répondre. M. BURNS: Oui, oui.
M. BOURASSA: S'il y avait une grève, en 1978, à la...
M. BURNS: Ne changez pas de sujet, là.
M. BOURASSA: ... baie James, les conséquences seraient
catastrophiques pour les Québécois...
M. BURNS: Ne changez pas de sujet.
M. BOURASSA: ... non seulement pour la question des coûts mais
pour la question de la fourniture d'électricité. Or, le
gouvernement examine ou le ministère du Travail et le gouvernement
voient s'il n'y aurait pas possibilité, avec la centrale la plus
importante...
M. BURNS: ... officiel.
M. BOURASSA: ... d'avoir des amendements aux lois. C'est évident
que cela aurait pris une loi d'exception. Le député de
Maisonneuve le sait. Cela aurait pris une loi d'exception, on n'a pas
été d'accord. Le ministre du Travail n'a pas été
d'accord, le gouvernement n'a pas voulu accepter, pour l'instant, de faire une
loi d'exception. Actuellement, selon des chiffres que j'ai déjà
cités, qui ne sont pas nouveaux, il y a 32 p.c. des travailleurs
à la baie James qui sont de la CSN. Alors que la moyenne provinciale est
de 23 p.c, il y en a 32 p.c. qui sont de la CSN, selon des chiffres que j'ai
donnés il y a un mois.
M. BURNS: Raison de plus de jaser avec leurs représentants
aussi.
M. BOURASSA: M. le Président, comment peut-on blâmer... Si
c'est tout ce qu'on a à reprocher au gouvernement, imaginez la faiblesse
de l'Opposition et la force du gouverne-
ment. Si tout ce qu'on a à reprocher au gouvernement, c'est
d'essayer de trouver une formule qui va éviter aux
Québécois des dommages considérables dans quelques
années, ce n'est pas solide. C'est ce qui a été fait, des
rencontres pour voir s'il n'y aurait pas des amendements à la loi qui
pourraient être apportés; cela n'a pas donné de
résultat. C'est tout. Mais jusqu'à quel point, M. le
Président...
M. BURNS: 14 rencontres?
M. BOURASSA: M. le Président, quel que soit le nombre de
rencontres, je ne suis pas au courant du nombre exact de rencontres, il
est...
M. BURNS: II n'y aurait pas pu en avoir une des 14 avec la CSD et la
CSN, non?
M. BOURASSA: M. le Président, quel que soit le nombre de
rencontres, que ce soit pour ce projet de loi ou pour d'autres projets de loi
le gouvernement ou l'Hydro-Québec, dans ce cas, mais, dans
d'autres lois, ce sera le gouvernement ou les ministères on peut
tenir le nombre de rencontres nécessaires pour voir si c'est important
de modifier la loi.
Mais jusqu'où peut-on défier le bon sens, du
côté de l'Opposition, M. le Président, en faisant des
reproches comme ceux-là au gouvernement? On ne devrait rien faire,
absolument rien faire? Arriver avec des grèves en 1977 ou 1978, au point
critique et, à ce moment-là, augmenter les coûts de la baie
James d'une façon considérable et risquer de ne pas pouvoir
donner l'électricité nécessaire aux
Québécois?
M. BURNS: Vous n'avez pas besoin de cela, cela augmente tout seul avec
les contrats que vous avez signés !
UNE VOIX: A l'ordre, à l'ordre!
M. BOURASSA: Risquer d'être incapables de fournir aux
Québécois l'électricité dont ils ont besoin pour
faire fonctionner leur industrie? C'est cela que vous voudriez qu'on fasse?
Qu'on n'assume pas les responsabilités les plus
élémentaires pour le bien-être des
Québécois?
M. le Président, depuis quand va-t-on reprocher au gouvernement
de voir s'il n'y a pas possibilité d'amender des lois pour le
bien-être des Québécois? C'est renversant de voir certaines
accusations de l'Opposition et cela démontre jusqu'à quel point
ils n'ont pas d'arguments contre le gouvernement pour lui reprocher d'examiner
le cas avec les intéressés. C'est la FTQ qui est la centrale la
plus importante. Il faut discuter d'abord avec la centrale la plus
importante.
S'il y avait eu entente, par hypothèse, il aurait fallu
déposer un projet de loi. Les autres parties auraient pu se faire
entendre, auraient pu protester. Elles auraient pu dire: Pourquoi...
M. BURNS: Devant un fait accompli, n'est-ce pas? C'est ça.
M. BOURASSA: M. le Président...
M. BURNS: C'est ça. Vous changez les règles du jeu
constamment. Vous êtes habitué.
M. LACROIX: ... tantôt.
M. LEVESQUE: A l'ordre, à l'ordre! On ne vous a pas
interrompu.
M. BOURASSA: J'ai écouté patiemment le
député de Maisonneuve.
M. BURNS: Le premier ministre m'a interrompu à plusieurs
reprises, alors je me sens très libre à son endroit.
M. BOURASSA: Une ou deux fois, beaucoup moins...
LE PRESIDENT: Je vais inviter le premier ministre à s'adresser
à moi.
M. BOURASSA: D'accord.
LE PRESIDENT: Je vais tenter de ne pas l'interrompre.
M. BOURASSA: Je n'ai pas interrompu le député de
Maisonneuve, beaucoup moins que d'habitude.
M. BURNS: Non? Combien de fois?
M. BOURASSA: Beaucoup moins que d'habitude, une ou deux fois.
M. BURNS: Regardez le journal des Débats pour voir combien de
fois vous m'avez interrompu.
M. BOURASSA: M. le Président, donc pour répondre au
député de Maisonneuve, le gouvernement a négocié
avec la centrale la plus importante, celle qui reçoit 72 p.c. des
travailleurs. Le gouvernement doit négocier avec les
représentants syndicaux. Le député de Maisonneuve qui a
une expérience dans le domaine du syndicalisme le sait. Quand le
gouvernement doit agir, sous d'autres rapports, contre ces mêmes
représentants, il le fait. Il l'a fait, par l'intermédiaire du
ministère de la Justice, lorsqu'il a poursuivi le président de la
FTQ construction, par"preferred indictment", accusation
privilégiée. Il n'a pas craint de prendre les mesures les plus
radicales lorsque c'était nécessaire de le faire. Mais, par
ailleurs, il faut qu'il discute avec les représentants dûment
élus par leurs syndiqués avec le gouvernement.
On peut faire toutes sortes de démagogies avec cela, mais
là comme ailleurs, je fais
confiance au bon sens de la population. Je donne les faits, les raisons,
et je pense que l'action du gouvernement, dans toutes ces questions, est
inattaquable. On doit quand même essayer de prendre des mesures qui
répondent aux besoins des Québécois.
M. BURNS: Le premier ministre me permet-il une question?
M. BOURASSA: Oui.
M. BURNS: Vous parlez de l'attitude du gouvernement qui est
inattaquable. Est-ce que, pour la vérifier véritablement, cette
attitude inattaquable, le premier ministre est prêt à demander
à M. Paul Desrochers d'aller témoigner devant la commission
Cliche sur ses 14 rencontres qui ont eu lieu illégalement avec une des
centrales?
M. BOURASSA: M. le Président, je viens de démontrer au
député de Maisonneuve que le gouvernement, le ministère,
des fonctionnaires ont examiné des possibilités d'amender la loi.
En quoi est-il illégal pour le gouvernement d'examiner la
possibilité de modifier la loi?
M. BURNS: Avec une partie seulement.
M. BOURASSA: Le député de Maisonneuve sait que dans le cas
de la CSN il y a un monopole à Manicouagan.
M. BURNS: Ils sont couverts par le code du travail et non par la Loi de
l'industrie de la construction.
M. BOURASSA: M. le Président, je ne sais pas si le
député de Maisonneuve...
M. BURNS: ... ce qui se passe et vous pourrez donner des arguments. Ce
n'est pas le même cas du tout.
M. LEVESQUE: A l'ordre!
M. BOURASSA: Le député de Maisonneuve...
M. BURNS: II y a eu accréditation à Manicouagan avant
même...
M. LEVESQUE: ...
M. BURNS: Ils sont accrédités pour...
LE PRESIDENT: Je demanderais au premier ministre de s'adresser à
la présidence au lieu de causer avec le leader parlementaire de
l'Opposition.
M. BOURASSA: Je lui pose une question. Ou bien le député
de Maisonneuve est naïf ou il est malhonnête. Tout ce qu'a fait le
gouverne- ment, dans cette question, ce sont des rencontres illégales?
Ce serait défendu pour tout fonctionnaire, tout ministère, de
discuter des amendements à la loi? Ce serait illégal pour tous
les fonctionnaires, avant de proposer des amendements à la loi, d'en
discuter entre eux? C'est ce que dit le député de
Maisonneuve?
M. BURNS: Ce n'est pas défendu.
LE PRESIDENT: Là, c'est moins permis.
M. BOURASSA: De discuter, M. le Président, pour arriver...
M. BURNS: Je vais quitter mon siège, M. le Président,
parce que ça me provoque.
LE PRESIDENT: Bon, très bien!
M. BOURASSA: M. le Président, évidemment il a
quitté son siège parce qu'il sentait qu'il n'avait plus aucune
argumentation. Le député de Maisonneuve lance
l'illégalité comme ça, il s'appuie sur rien, sur aucun
texte de loi, il dit simplement que c'est illégal parce qu'il a vu cela
quelque part, alors que tout ce que faisait le gouvernement c'était de
discuter s'il n'y avait pas possibilité d'amender la loi.
Je pense que nous ne pouvons pas du tout accepter je pense que je
m'exprime, ce matin, d'une façon très modérée
nous ne pouvons certainement pas accepter les accusations du
député de Maisonneuve sur les efforts que fait le
ministère du Travail ou le gouvernement pour essayer d'avoir des lois
réalistes, à la lumière de précédents qui se
sont faits soit à Churchill Falls, soit à l'Expo 67. On a
même parlé du cas des Jeux olympiques. Imaginez, s'il fallait
annuler les Jeux olympiques à cause de grèves, qui serait
blâmé?
M. le Président, tout ceci pour vous démontrer la
justification de cette loi. Je n'ai pas à répéter ce qu'a
dit le ministre du Travail, tantôt, sur l'importance de la construction
dans l'économie. Hier, on mentionnait à un réseau de
télévision qu'il y aurait 80,000 travailleurs qui seraient en
grève à cause des problèmes de la construction
actuellement. Le gouvernement ne fait, tout simplement, qu'assumer ses
responsabilités les plus élémentaires. Le ministre du
Travail et le gouvernement ont tout essayé. Au cours de la semaine, nous
retardions jour après jour le dépôt du projet de loi, parce
que nous faisions confiance à une petite possibilité d'entente
entre les parties; on a vu que cela n'a donné aucun résultat. Ce
n'est pas en convoquant une commission parlementaire, du moins dans
l'état actuel de la situation, avec les délais qui courent, qu'il
sera possible certainement d'arriver à une entente, lorsque les parties
n'ont pas pu s'entendre depuis plusieurs mois.
Nous sommes conscients que cette loi va constituer, pour le ministre du
Travail et pour le gouvernement, une lourde tâche. C'est tou-
jours plus facile de jouer les Ponce Pilate en face de problèmes
aigus. Mais ce n'est pas notre attitude traditionnelle, au contraire. Nous
voulons assumer nos responsabilités, même lorsqu'elles sont
très difficiles. La meilleure preuve de la complexité du
problème a été démontrée ce matin devant le
vide presque total des propositions qui ont été faites par
l'Opposition.
En conclusion, M. le Président, je veux dire que le gouvernement
veut agir en face d'une situation aussi importante, aussi cruciale, pour
l'économie du Québec et indirectement pour son progrès
social. En effet, si le Québec devait, à cause des
problèmes de la construction, traverser une récession ou faire
face à des difficultés économiques plus importantes que le
reste du Canada; si le Québec, à cause de la situation de la
construction, ne pouvait pas profiter pleinement des Jeux olympiques qui vont
lui permettre de traverser les difficultés économiques qui sont
prévues pour l'an prochain d'une façon plus facile, on serait
certainement en droit de blâmer le gouvernement si le gouvernement ne
faisait rien.
Nous avons à ce jour fait le maximum et, en particulier, le
ministre du Travail a fait le maximum pour apporter des solutions à ces
problèmes. Il est blâmé actuellement sans avoir les
pouvoirs d'apporter des correctifs à cette situation. Tout ce que nous
faisons avec cette loi, c'est que nous nous donnons les moyens d'agir pour
régler le problème. Je compte sur un minimum de lucidité
de la part de l'Opposition pour nous appuyer, pour nous donner les moyens
d'agir afin de régler le problème. Si l'Opposition ne devait pas
voter pour ce projet de loi, c'est qu'une fois de plus elle placerait la
partisanerie politique au-dessus des véritables intérêts
des Québécois. Merci, M. le Président.
LE PRESIDENT: Est-ce que le ministre du Travail entend exercer son droit
de réplique, ce qui mettra fin au débat de deuxième
lecture?
M. COURNOYER: Je pense bien que le premier ministre a
répliqué à ma place et ce qu'il a dit, je l'aurais
répété.
LE PRESIDENT: Est-ce que cette motion de deuxième lecture est
adoptée?
DES VOIX: Vote!
M. BURNS: Je demanderais un vote enregistré, M. le
Président.
LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a cinq députés?
M. ROY: Oui, oui!
LE PRESIDENT: Ce n'est pas une question technique.
Qu'on appelle les députés !
Vote de deuxième lecture
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
Que ceux qui sont en faveur de cette motion de deuxième lecture
du projet de loi no 201, Loi modifiant la loi sur les relations du travail dans
l'industrie de la construction, veuillent bien se lever, s'il vous
plaît.
LE SECRETAIRE ADJOINT: MM. Bourassa, Levesque, Mailloux, Saint-Pierre,
Choquette, Garneau, Lalonde, Lachapelle, Berthiaume, Cournoyer, Goldbloom,
Simard, Quenneville, Mme Bacon, MM. Hardy, Tetley, Drummond, Lacroix,
Bienvenue, Toupin, Massé, L'Allier, Harvey (Jonquière),
Desjardins, Giasson, Perreault, Brown, Fortier, Bacon, Blank, Veilleux,
Brisson, Cornellier, Houde (Limoilou), Lafrance, Pilote, Lamontagne, Picard,
Gratton, Assad, Carpentier, Dionne, Faucher, Saint-Germain, Harvey
(Charlesbourg), Larivière, Pelletier, Shanks, Pepin, Bellemare
(Rosemont), Bérard, Bonnier, Chagnon, Marchand, Caron,
Côté, Dufour, Harvey (Dubuc), Lapointe, Lecours, Malépart,
Malouin, Massicotte, Mercier, Pagé, Parent (Prévost), Picotte,
Sylvain, Tardif, Tremblay, Vallières.
LE PRESIDENT: Que ceux qui sont contre cette motion veuillent bien se
lever, s'il vous plaît.
LE SECRETAIRE ADJOINT: MM. Morin, Burns, Léger, Charron, Lessard,
Bédard (Chicoutimi), Roy, Bellemare (Johnson).
LE SECRETAIRE: Pour: 71 Contre: 8
LE PRESIDENT: Cette motion est adoptée.
LE SECRETAIRE ADJOINT: Deuxième lecture de ce projet de loi.
Second reading of this bill.
Projet de loi déféré à la
commission
M. LEVESQUE: M. le Président, je propose que ce projet de loi no
201 soit maintenant déféré à la commission
parlementaire du travail et de la main-d'oeuvre pour étude article par
article.
LE PRESIDENT: Avec les délais normaux? M. LEVESQUE: Est-ce qu'il
y a des délais?
LE PRESIDENT: Pour le rapport à l'Assemblée.
M. BOURASSA: Si l'Opposition... On verra. M. LEVESQUE: On s'en
reparlera.
M. BURNS: Moi, M. le Président, je ne peux pas m'engager d'avance
à ne pas suivre les délais.
LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
M. LEVESQUE: Adopté. LE PRESIDENT: Adopté.
M. LEVESQUE: M. le Président, nous allons suspendre la
séance et même ajourner afin que les commissions puissent
siéger.
Mais peut-être ce serait mieux de suspendre et ajourner un peu
plus tard dans la journée.
M. BURNS: II faudrait que vous fixiez votre heure tout de suite.
M. LEVESQUE: C'est-à-dire qu'on peut revenir pour quelques
minutes pour ajourner, à un moment donné, disons peut-être
huit heures ce soir.
Avant de proposer l'ajournement ou la suspension jusqu'à huit
heures.
M. le Président, vous semblez être...
LE PRESIDENT: Je verrais plutôt dans ce cas, un ajournement,
jusqu'à huit heures.
M. LEVESQUE: Jusqu'à huit heures. D'accord.
Travaux parlementaires
M. LEVESQUE: Avant de proposer l'ajournement jusqu'à huit heures,
je proposerais, M. le Président, que les commissions suivantes
siègent. Premièrement, continuer les travaux très rapides
qui se déroulent au salon rouge. Je regrette d'informer le leader
parlementaire de l'Opposition officielle que je ne peux pas me rendre à
son voeu quant aux fauteuils du salon rouge, ils sont déjà
occupés. Quant au projet de loi no 87, pour l'étude de la Loi de
la Législature, ce sera à 91. La Commission du travail et de la
main-d'oeuvre sera à la salle 81.
M. LEGER: C'est la proposition du député de
Saint-Jean.
M. LEVESQUE: Oui, pour respecter le voeu du député de
Saint-Jean.
M. le Président, ces commissions...
LE PRESIDENT: Cette motion d'ajournement est-elle adoptée?
M. LEVESQUE: Non, un instant M. le Président. Les commissions
siégeront à partir de quinze heures, les trois. Je propose
l'ajournement de la Chambre à huit heures, ce soir.
LE PRESIDENT: Cette motion d'ajournement est-elle adoptée?
M. BURNS: Adopté.
LE PRESIDENT: L'assemblée ajourne ses travaux à
aujourd'hui...
M. LEVESQUE: M. le Président, un instant. On comprend bien que
lorsque j'ai parlé de suspension ou d'ajournement, cela a le même
effet. On ne recommence pas une autre séance avec...
M. BURNS: Avec la période de questions? Oui, oui!
M. LEVESQUE: Alors suspension, M. le Président.
LE PRESIDENT: De consentement unanime, l'Assemblée suspend ses
travaux jusqu'à vingt heures.
(Suspension de la séance à 13 h 9)
Reprise de la séance à 20 h 5
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. LEVESQUE: M. le Président, puis-je d'abord souligner que la
commission de l'Assemblée nationale poursuit ses travaux ou doit le
faire à la salle 81-A?
M. BOURASSA: Ou au salon rouge. Est-ce qu'on aimerait mieux au salon
rouge, c'est un petit peu plus...
DES VOIX: non.
M. BURNS: Vous êtes obligé de faire une motion, je
crois.
M. LEVESQUE: On l'a faite, elle est adoptée.
M. BURNS: Non. Vous l'avez faite...
M. LEVESQUE: Ah! oui, elle a été adoptée ce
matin.
M. BURNS: ... ce matin mais le président de la commission a
ajourné les séances de la commission suivant l'ordre de la
Chambre.
M. LEVESQUE: Quand cela?
M. BURNS: A suspendu jusqu'à nouvel ordre de la Chambre.
UNE VOIX: C'est cela.
M. BURNS: C'est bien cela?
M. LEVESQUE: J'avais compris, M. le Président, que nous avions
même voté là-dessus ce matin.
M. BURNS: Suspension jusqu'à nouvel ordre de la Chambre.
Motion pour faire siéger la Commission de
l'Assemblée nationale
M. LEVESQUE: Un instant, on va s'enquérir. Alors, je propose,
appuyé par le député de Maisonneuve, que la commission de
l'Assemblée nationale siège immédiatement à la
salle 81-A pour poursuivre l'étude du projet de loi no 87.
M. BURNS: Vote enregistré, M. le Président.
LE PRESIDENT: Qu'on appelle les députés!
Vote sur la motion
LE PRESIDENT: Que ceux qui sont en faveur de la motion du leader
parlementaire du gouvernement veuillent bien se lever, s'il vous
plaît.
LE SECRETAIRE ADJOINT: MM. Bourassa, Levesque, Mailloux, Saint-Pierre,
Choquette, Garneau, Lachapelle, Berthiaume, Goldbloom, Simard, Quenneville,
Mlle Bacon, MM. Hardy, Tetley, Drummond, Lacroix, Bienvenue, Massé,
Harvey (Jonquière), Cadieux, Houde (Fabre), Houde (Abitibi-Est),
Desjardins, Giasson, Perreault, Brown, Fortier, Bossé, Bacon, Veilleux,
Houde (Limoilou), Lafrance, Pilote, Lamontagne, Picard, Gratton, Assad,
Faucher, Saint-Germain, Harvey (Charlesbourg), Larivière, Pelletier,
Shanks, Pepin, Bellemare (Rosemont), Bonnier, Marchand, Caron,
Côté, Harvey (Dubuc), Lapointe, Lecours, Malépart, Malouin,
Massicotte, Mercier, Parent (Prévost), Picotte, Sylvain, Tardif,
Tremblay, Vallières, Samson, Roy.
LE PRESIDENT: Que ceux qui sont contre cette motion veuillent bien se
lever, s'il vous plaît.
LE SECRETAIRE ADJOINT: MM. Morin, Burns, Léger, Lessard,
Bédard (Chicoutimi). Abstention: M. Bellemare (Johnson).
UNE VOIX: Le député de Jeanne-Mance.
M. LACROIX: Est-ce qu'on pourrait ajouter le nom du député
de Saint-Hyacinthe?
LE SECRETAIRE: Pour: 66
Contre : 5
Abstention: 1
LE PRESIDENT: Cette motion est adoptée et cette commission peut
siéger immédiatement.
M. LEVESQUE: A l'article 24, j'aimerais révoquer l'ordre de la
deuxième lecture et faire motion pour que le projet de loi no 88, Loi
modifiant la loi de la protection de la santé publique, soit
déféré à la commission parlementaire des affaires
sociales, selon les règles de pratique de déférence
après la première lecture.
LE PRESIDENT: Cette révocation...
M. BURNS: Oui, M. le Président. Adopté.
LE PRESIDENT: L'ordre de deuxième lecture est adopté?
Adopté. Et cette motion de déférence du projet de loi
après la première lecture est adoptée? Adopté.
M. LEVESQUE :Hya deux rapports, M. le Président.
LE PRESIDENT: Le député de Dubuc.
Rapport sur le projet de loi no 98
M. HARVEY (Dubuc): Au nom du député de Lévis, qu'il
me soit permis de déposer le rapport de la commission élue
permanente des affaires municipales qui a étudié, attentivement,
le projet de loi no 98, Loi concernant certaines municipalités de
l'Outaouais et du Haut-Saguenay, dont elle a adopté tous les articles
avec leurs amendements.
LE PRESIDENT: Rapport déposé. Le député de
Sainte-Marie.
Rapport sur le projet de loi no 201
M. MALEPART: M. le Président, conformément à notre
règlement, j'ai l'honneur de déposer le rapport de la commission
élue permanente du travail et de la main-d'oeuvre et de l'immigration
qui a étudié le projet de loi no 201, Loi modifiant la loi sur
les relations de travail dans le domaine de la construction.
M. LEVESQUE: Article 23.
Projet de loi no 84 Deuxième lecture
LE PRESIDENT: Le ministre de la Justice propose la deuxième
lecture du projet de loi no 84, Loi concernant les juges.
Le ministre de la Justice.
M. Jérôme Choquette
M. CHOQUETTE: M. le Président, l'honorable lieutenant-gouverneur
de la province a pris connaissance de ce projet de loi et il en recommande
l'étude à la Chambre.
M. le Président, le projet de loi que j'ai l'honneur de
présenter ce soir a, je l'avoue aisément, une portée
modeste. En effet, le projet de loi en question n'a pas pour objet de modifier
la base de traitement des juges de nos cours Provinciales, puisque la base de
leur salaire ou de leur traitement a été établie par une
loi qui date de l'année dernière.
Cependant, le projet de loi vise à tenir en considération
les facteurs inflationnistes de l'économie pour autant qu'ils affectent
les traitements de nos magistrats et à leur accorder, seulement pour
l'année 1975, un forfaitaire une indemnité, un montant
payé exclusivement en fonction de l'augmentation du coût de la
vie, de telle sorte que le traitement de base des juges demeure celui qui avait
été établi l'année dernière, mais qu'un
montant additionnel leur sera versé à titre forfaitaire, et ceci
pour l'année 1975 seulement, pour tenir compte de l'accroissement du
coût de la vie.
Quant aux calculs de ce forfaitaire, je ne veux pas le discuter trop
longuement et l'expliquer à cette Chambre d'une façon qui
prendrait le temps des travaux de la Chambre. En fait, le calcul du forfaitaire
que no.us proposons est essentiellement celui qui a été
adopté en ce qui concerne les membres de l'Assemblée nationale
par la Loi de la Législature, mais en fait qui est actuellement à
l'étude devant une commission parlementaire après son adoption,
en principe, en deuxième lecture.
Je n'avais pas la prétention de dire au député de
Maisonneuve que ce projet de loi était d'ores et déjà
adopté en troisième lecture, même signé par le
lieutenant-gouverneur en conseil.
M. BURNS: Le ministre va reconnaître que c'est à la
commission parlementaire qu'il peut y avoir des modifications, s'il y en a.
Alors, c'est uniquement cette précision que je voulais faire faire.
M. CHOQUETTE: J'accepte de faire la précision qu'on demande de
moi. Je disais tout simplement que le système de calcul du montant
forfaitaire qui sera donné aux juges pour l'année 1975, ce
système est identique à celui qui est proposé dans la Loi
de la Législature qui est actuellement à l'étude devant
l'une des commissions de cette Assemblée. Dans ces circonstances, je ne
me sens pas dans l'obligation de décrire la façon de calculer ce
forfaitaire.
On s'étonnera peut-être, cependant, que le gouvernement ne
propose qu'une indexation, enfin un calcul du forfaitaire que pour une
année, c'est-à-dire 1975, et n'aille pas plus loin pour adopter
une solution identique pour les années qui suivront, ainsi qu'il est
proposé dans le projet de loi qui concerne les traitements des
députés.
Je réponds immédiatement à cette interrogation en
disant que la question du traitement des juges est assez complexe. Elle pose
des problèmes au point de vue de la détermination du niveau de
leur traitement par rapport à d'autres occupations dans la
société, d'autres occupations comparables, semblables ou qui
requièrent des qualités qui se rapprochent de celles des juges ou
une formation qui soit assez proche de celle des juges.
Cette question du traitement, de la rémunération et de la
détermination des fonctions de travail des juges comprend non seulement
la question du traitement proprement dit mais aussi toutes les questions qui
sont relatives à la pension des juges, au montant versé à
leurs veuves au cas de décès, aux bénéfices
marginaux qui sont accordés aux juges en vertu de la loi. Donc que je ne
me sentais pas suffisamment renseigné, à ce moment-ci, pour
prendre une position définitive sur la question de leur traitement et
des conditions de travail qui s'attachent à leurs fonctions et ainsi
proposer un projet de loi qui aurait réglé d'une façon
définitive et complète tout l'ensemble de la question.
C'est la raison pour laquelle j'ai préféré, M. le
Président, régler purement et simplement la question du
coût de la vie dans ce projet de loi que je présente ce soir, et
c'est la raison pour laquelle je disais, au début de mes remarques, que
la portée de ce projet de loi était modeste.
En effet, j'ai l'intention, au cours de l'année qui vient, de
publier un livre blanc, qui a d'ailleurs été annoncé
depuis assez longtemps, sur l'ensemble des problèmes qui concernent
l'administration de la justice et le fonctionnement des tribunaux, comme
d'ailleurs de la fonction judiciaire, comme d'ailleurs du mode de nomination
des juges, comme d'ailleurs de la discipline et du contrôle des
qualités des juges. Donc, j'ai l'intention, M. le Président de
publier un ouvrage qui cherchera à exprimer une politique en
matière judiciaire, mais qui tiendra compte de tous les aspects de
l'administration de la justice parmi lesquels, évidemment, il y a la
question du traitement, de la rémunération des juges, de leur
pension et de ce qui concerne leurs conditions de travail.
C'est la raison pour laquelle, devant notre désir d'exprimer une
politique générale dans ce domaine, j'ai pensé qu'il n'y
avait pas lieu d'arriver immédiatement avec des solutions qui se
voudraient définitives à ce problème de la
rémunération et des conditions de travail des magistrats.
D'autant plus, qu'arrivant en fin de session, il me semble que cela aurait
été imposer à l'Assemblée nationale une
étude d'un sujet qui représente sans aucun doute des aspects
complexes. Donc, à tout considérer, j'ai pensé que la
solution la plus pratique était de régler la question de
l'augmentation du coût de la vie en réglant ce problème par
le moyen d'un forfaitaire payé exclusivement pour l'année 1975,
me réservant ainsi, au cours de l'année, la latitude d'exprimer
une politique générale dans le domaine et de présenter une
loi à l'Assemblée nationale, au moment où nous serons
moins bousculés par les délais que nous ne le sommes
actuellement.
J'ajouterais finalement, M. le Président, que le gouvernement
fédéral vient de proposer, par une loi qu'il a
déposée, des augmentations très importantes de traitement
pour ses juges, ses juges de la cour Supérieure et ses juges des "County
Courts" et que ces augmentations de traitement qui sont proposées aux
juges fédéraux ont un effet d'entraînement sur les
traitements de nos propres juges provinciaux.
Il ne sert à rien de se cacher que les traitements payés
aux juges fédéraux ont une influence, au moins par voie de
comparaison, sur les traitements qui sont ou qui peuvent être
payés à nos juges.
Pour que les honorables députés aient à l'esprit le
montant des traitements proposés par le gouvernement
fédéral à ses juges en vertu de la loi qui a
été déposée, il y a quelques jours, à
Ottawa, je vais mentionner brièvement les chiffres les plus
pertinents.
Ainsi, les juges de la cour Supérieure sont actuellement
payés $38,000. Or, le gouvernement fédéral propose
qu'à compter d'avril 1974 les juges de la cour Supérieure soient
payés $45,500 donc, une augmentation de $7,500 rétroactive
au mois d'avril 1974 et que le traitement de ces mêmes juges de la
cour Supérieure soit porté, en avril 1975, à $53,000.
Quant aux juges des "County Courts", la loi fédérale propose
qu'à compter d'avril 1974 ils reçoivent un traitement ae $34,000,
qu'en avril 1975 leur traitement soit porté à $40,000 et qu'en
avril 1976 leur traitement soit porté à $46,000.
Quoi que l'on puisse penser des chiffres contenus dans la loi
fédérale, sur lesquels je m'abstiendrai de faire des
commentaires, il n'y a pas de doute que ces traitements proposés
à l'égard des juges fédéraux qui, pour certains
d'entre eux, remplissent des fonctions assez semblables à celles de nos
juges de nos cours Provinciales... Je réfère, par exemple, aux
juges des "County Courts", qui ont une juridiction intermédiaire entre
celle des juges de la cour Supérieure et celle de nos juges de la cour
Provinciale. Car l'on sait que, dans les autres provinces canadiennes,
l'Ontario, la Colombie-Britannique, il y a tout un système de "County
Courts" qui n'existe pas au Québec.
Au Québec, les fonctions des "County Courts" sont, en fait,
réparties entre les juges de la cour Supérieure ici et les juges
de la cour Provinciale.
Donc, M. le Président, si l'on prend comme point de repère
le traitement qui est proposé par la loi fédérale aux
juges des "County Courts", eh! bien, on note que les autorités
fédérales ont décidé de leur accorder des
augmentations de traitement très considérables.
Evidemment, je ne dis pas que ces traitements ont été
adoptés. La loi fédérale vient tout juste d'être
déposée; elle sera probablement discutée en cours
d'année et adoptée. Peut-être y aura t-il des modifications
apportées au projet de loi fédéral, de telle sorte
qu'après l'adoption de la loi fédérale, peut-être ne
nous retrouverons-nous pas devant des chiffres identiques à ceux que
j'ai mentionnés tout à l'heure.
Compte tenu, donc, de nos propres travaux dans le domaine de
l'établissement d'un mode de paiement des traitements des juges
provinciaux, compte tenu des propositions fédérales, compte tenu
des propositions que nous ferons en cours d'année quant à une
politique qui permettra au gouvernement dans l'avenir de fixer les salaires de
ces juges et les conditions de travail de ces juges avec plus de méthode
et plus de précision que celle qui a prévalu
généralement dans le passé quant à la
détermination de ces traitements et de ces conditions de travail, j'ai
cru qu'il suffirait à ce moment-ci de faire face au problème
immédiat de l'augmentation du coût de la vie, de telle sorte que
l'Assemblée nationale autoriserait le paiement d'un forfaitaire pour
tenir lieu de l'accroissement du coût de la vie.
Je conclus donc, M. le Président, mes observations en disant tout
simplement que je pense que les juges de nos cours Provinciales ont droit,
comme toutes les autres classes de la société, de voir
l'Assemblée nationale et les membres de cette Assemblée leur
donner un traitement qui soit conforme à la fonction qu'ils remplissent
dans la société. Les juges n'ont pas beaucoup de pouvoirs de
pression; c'est un groupe qui n'a pas le droit de se syndiquer, mais c'est un
groupe qui, en fait, voit ses conditions de travail déterminées
par législation de l'Assemblée nationale. Je crois, M. le
Président, qu'il faut, lorsque l'on fixe leur traitement, prendre en
considération tous les aspects des fonctions que remplissent les
magistrats. Je crois, M. le Président, que je n'ai pas besoin de dire
jusqu'à quel point la fonction judiciaire est essentielle à une
société qui se veut ordonnée et juste. Je pense que nous
voulons tous, peut-être par des moyens différents à
certaines occasions, peut-être que nos collègues de l'Opposition
et nous-mêmes sommes séparés sur certains aspects, certains
moyens de réaliser cet objectif, mais je crois que nous sommes quand
même réunis sur un objectif, c'est-à-dire que nos
magistrats devraient avoir cette impartialité et cette
sérénité qui leur permettent de trancher les litiges qui
viennent devant eux, sans considération autre que celles des faits et du
droit, sans aucune autre considération que de rendre justice.
A ce point de vue, on me permettra de dire que la qualité de la
magistrature au Québec est très bonne.
Je pense que, même si dans certaines circonstances nos magistrats
ont été critiqués, il y a progrès constant dans la
magistrature québécoise et qu'on entend de moins en moins de
critiques à l'égard de cette magistrature. Je sais pour ma part
que les juges en chef de toutes nos cours, avec la collaboration de leurs
juges, ont fait un effort dans les dernières années pour
accroître le volume de travail accompli par les cours.
Aujourd'hui on siège plus tôt le matin et plus longtemps
durant la journée. Les juges de certaines cours font un effort intense.
On n'a qu'à constater ce qui se passe, par exemple, à la cour des
Sessions de la paix à Montréal. On n'a qu'à voir d'autres
de nos cours où vraiment le volume des affaires judiciaires est
très considérable, et je crois que nos magistrats ont
décidé de faire face à ce volume des affaires judiciaires.
Ils sont convaincus qu'ils doivent faire en sorte que les délais
judiciaires ne soient pas trop longs, que la magistrature ne peut pas jouer un
rôle passif et qu'elle doit aller de l'avant pour permettre aux
justiciables d'obtenir justice rapidement et ainsi faire en sorte que les
problèmes judiciaires ne trament pas d'une façon qui soit trop
considérable.
Donc, comme ministre de la Justice, en présentant cette loi, je
me fais comme un devoir de conscience à leur égard,. Je dois dire
à la
Chambre que la magistrature m'a donné sa collaboration, pas
seulement au ministre de la Justice, mais à la société en
général, en faisant en sorte que les affaires judiciaires se
traitent beaucoup plus efficacement et rapidement qu'autrefois. Et je suis
heureux que la magistrature ait réagi d'une façon aussi moderne
aux problèmes contemporains de l'administration de la justice.
Je dis donc en m'assoyant qu'en concédant ce forfaitaire
basé sur l'accroissement du coût de la vie nous ne faisons, de
notre côté, que rendre justice aux magistrats qui ont des
problèmes semblables à tous les autres citoyens au point de vue
de l'inflation et de l'augmentation du coût de la vie.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): L'honorable député de
Maisonneuve.
M. Robert Burns
M. BURNS: M. le Président, sur ce projet de loi no 84 que le
ministre de la Justice nous présente en deuxième lecture, il y a
une chose dans tout ce qu'il a dit que je puis admettre, et sans aucune
difficulté, c'est que la base de traitement, dans le projet de loi,
n'est pas modifiée. Et je n'ai pas du tout l'intention de revenir
là-dessus, je pense que nous avons eu un assez long débat
à ce sujet l'année dernière.
Cependant, encore une fois, on nous présente un projet de loi
d'augmentation de salaire des juges en fin de session, et à quelle date,
en particulier? Le 23 décembre. Deuxième lecture. Comme si ce
genre de choses devrait être caché à l'opinion publique.
Comme si ce genre de choses devait passer sous silence autant que possible,
alors que tout le monde est occupé à magasiner et à
regarder ailleurs que ce que les élus du peuple font.
Et je ne peux m'empêcher de faire le parallèle avec
l'augmentation du salaire des députés, qui est actuellement en
discussion dans une autre salle du parlement.
Je ne peux, eu égard à ces deux parallèles, avoir
une autre attitude que celle que j'ai eue relativement au salaire des
députés, et je veux que cela soit bien clair. Dans tout ce que le
ministre de la Justice a dit, il est sûr qu'énormément de
juges font leur travail. C'est sûr que le ministre de la Justice peut
avoir un certain nombre quoique là-dessus, je suis un peu moins
convaincu de problèmes à trouver des juges
compétents, en ce sens que certains avocats se sentent un peu moins
attirés vers la profession à cause du salaire. Là-dessus,
on pourrait discuter assez longtemps, connaissant le nombre d'avocats, en
pratique privée, qui n'attendent que le moment où ils vont monter
sur le banc, avoir cette pension absolument intéressante pour eux, avoir
ce salaire qui n'a aucune flexibilité, malgré la diminution de
leur productivité. Je pense que le ministre de la
Justice, qui, lui-même, l'autre soir, lors de l'étude du
projet de loi no 80, parlait de la diminution de productivité dans le
domaine de la construction, pourrait tirer de bonnes leçons... Vous en
avez parlé.
M. CHOQUETTE: Pas sur le bill.
M. BURNS: Oui. Pas sur ce projet de loi. Sur l'autre.
M. CHOQUETTE: Je n'ai pas parlé sur le bill 80.
M. BURNS: Le bill 80. Oui, c'est votre bill relativement à la
conciliation entre locataire et locateur. Vous vous rappelez?
M. CHOQUETTE: Quel rapport cela a-t-il?
M. BURNS: C'est cela. Je vous ai même demandé, M. le
ministre, si vous aviez décidé, comme tous les autres ministres,
c'est-à-dire celui de l'Industrie et du Commerce, celui du Travail et de
la Main-d'Oeuvre, le premier ministre, de tenter de passer le message sur la
diminution de productivité dans l'industrie de la construction.
M. CHOQUETTE: Ce n'est pas un gros message à passer. Je pense que
c'est assez évident. D'après vous?
M. BURNS: En tout cas, lorsque je vous ai entendu dire cela et que, ce
soir, je vous entends parler du salaire des juges, je trouve qu'il y a quand
même une disproportion entre les deux.
De toute façon, ce n'est pas cela qui est mon propos; ce n'est
pas la base de mon propos. Je dis que je m'étonne, très
sérieusement, de voir le gouvernement, encore une fois, en fin de
session, nous demander une augmentation de salaire des juges, qui s'appelle une
indexation et, je l'avoue, qui n'est pas plus que cela non plus. Qu'on ne se
trompe pas, on l'a mentionné au cours du débat sur l'augmentation
de salaire des députés, nous n'avions rien contre, en principe,
une forme d'indexation des salaires, même des gens qui reçoivent
$33,000 par année comme les juges, même des salaires des gens
comme les députés qui reçoivent $15,600 par année.
Ce n'est pas ce qui est le problème en discussion.
C'est la facilité avec laquelle ce gouvernement-ci trouve des
prétextes et est convaincu très facilement d'indexer le salaire
de ceux qui sont dans la société les moins mal pris. Là,
je m'aperçois qu'au moins le gouvernement est logique dans une chose,
c'est qu'il est d'abord et avant tout intéressé à hausser
le salaire de ceux qui en font le plus dans la société, avant de
s'occuper de ceux qui en font le moins.
M. le Président, à partir d'aujourd'hui, avec ces deux
preuves, celle de l'augmentation de traitement des députés et
celle de l'indexation des salaires des juges, j'espère que ce
gouvernement, et surtout le premier ministre n'aura pas le culot de revenir
nous parler de social-démocratie. Parce que la social-démocratie,
je ne sais pas si vous avez lu les mêmes livres que moi là-dessus,
mais elle a un but: c'est, autant que possible et sans brimer l'un et l'autre
bouts de la société, en haut et en bas des échelles de
salaires, de réduire cette différence. Qu'est-ce qu'on fait
actuellement? On ne réduit pas cette différence, on ne fait pas
de la social-démocratie, même si le premier ministre essaie de
placer le mot à chacune de ses interviews, même quand cela n'a
rien à faire dans le cadre de l'entrevue qui lui est
demandée.
Mais on va arrêter, bondance, de faire des farces! C'en est une
autre farce de ce gouvernement qui se dit social-démocrate. C'en est une
autre farce de dire: II faut absolument indexer le salaire des juges, parce que
ces pauvres messieurs et ces pauvres madames ne gagnent que $33,000 par
année. Qui laisse-t-on pour compte, actuellement? On laisse pour compte
je n'ai pas besoin de revenir là-dessus, mais je le mentionne
les gens qui sont au salaire minimum à $2.30 dont le salaire
n'est pas indexé. On laisse pour compte la moitié des
travailleurs syndiqués actuellement, qui risquent de jour en jour de se
placer dans l'illégalité pour faire rouvrir leur convention
collective, qui se sont littéralement fait organiser, parce qu'à
un moment donné on a dit: Les prévisions économiques pour
l'année à venir et l'augmentation normale du standard de vie des
travailleurs devraient vous faire accepter dans la convention collective
cela, on l'a fait en 1972, 1973 et 1974 une augmentation de 5 p.c, 6
p.c., 7 p.c. et même 10 p.c. par année. On a vu le cas très
récent des pompiers de Montréal à qui une sentence
arbitrale a donné 4.3 p.c. d'augmentation, tenant compte de deux
facteurs en particulier.
Les deux facteurs principaux, ce sont ceux que je mentionnais; d'abord,
il y a l'augmentation normale du standard de la vie d'un travailleur. C'est
évident qu'un travailleur qui commence à travailler à
$3.00 l'heure doit s'attendre que, même en faisant le même travail,
toutes choses étant normales, le revenu national augmentant, son propre
revenu doit augmenter.
Et le coût de la vie augmentant, son revenu doit augmenter aussi
pour se garder, eu égard à ces deux facteurs, en relation avec
l'augmentation du coût de la vie et avec l'augmentation de son standard
de vie.
Pourtant, j'entends le ministre, je l'ai noté, je l'ai mis entre
guillemets sur ma feuille, c'est bien le ministre de la Justice qui a dit: Tout
ce que nous demandons dans le projet de loi no 84, Loi concernant les juges
c'est et je cite ce qui est fait pour toutes les classes de la
société; ce qui est une fausseté.
Le ministre de la Justice ou bien n'a pas examiné ce qui se passe
actuellement dans la
société ou bien non je ne dirai pas que c'est de la
malhonnêteté, ce n'est pas de la malhonnêteté
il tente tout simplement de couvrir une augmentation de salaire qu'autrement il
ne saurait comment défendre devant l'Assemblée.
Les autres classes de la société, ce sont ceux que je
mentionnais tout à l'heure, ce sont ceux qui sont embrigadés dans
une convention collective qui, dans certains cas, ont encore un an, deux ans et
même trois ans à faire avant qu'ils puissent réexaminer les
conditions de travail qu'ils ont négociées?
Les autres classes de la société, ce sont les gens qui,
actuellement, reçoivent $2.30 l'heure et dont les $2.30 ne sont
même pas indexés, malgré qu'on l'ait demandé en
cette Chambre, il y a à peine six mois. Malgré que la
majorité gouvernementale nous ait même refusé de hausser
ces $2.30 à $2.50 et de les indexer, et malgré que la
majorité gouvernementale ait proposé un amendement qui rend
purement discrétionnaire, comme le projet de loi no 84, purement
discrétionnaire, entre les mains du gouvernement, l'indexation du
salaire minimum.
Ah oui! M. le Président, je vous rappelle entre autres que la
motion que j'avais moi-même proposée fixait à la base le
salaire minimum à $2.50, qu'à cette motion nous avions
ajouté le fait que le coût de la vie aidant, ces $2.50 devaient
varier en conséquence. Quand je dis "le coût de la vie aidant",
vous comprenez ce que je veux dire. Cela n'aide pas tellement pour quelqu'un
qui gagne $2.50 l'heure.
Qu'est-ce qu'on a fait comme amendement? Comme amendement à cette
motion, on a dit: $2.30, cela va être assez et, deuxièmement,
l'indexation, on en tiendra compte selon les circonstances. A ce que je sache,
ce même gouvernement, qui utilise le même pouvoir
discrétionnaire, l'utilise d'une façon différente dans le
cas des juges, et je ne veux pas faire de la démagogie avec ça,
je vous prie de me croire.
M. LEVESQUE: M. le Président, le député me
permet-il une question?
M. BURNS: Certainement.
M. LEVESQUE: N'est-il pas vrai que, depuis deux ans et demi,
c'est-à-dire entre mai 1972 et novembre 1974, l'augmentation du salaire
minimum a été de 53.3 p.c?
M. BURNS: Bien oui. Mais qu'est-ce que vous voulez?
M. LEVESQUE: Ce que je veux dire, c'est qu'il y a indexation.
M. BURNS: Si j'ai $0.02 et vous multipliez pas 50, cela va vite, cela
fait $1 d'augmentation. Mais si j'ai $33,000 et que vous multipliez par 10 p.c,
cela fait $3,000. Je veux dire...
M. LEVESQUE: Non, c'est parce que...
M. BURNS: ... il faut quand même tenir compte...
M. LEVESQUE: ... le député parlait d'indexation.
M. BURNS: ... d'un certain nombre de proportions. Bien oui.
M. LEVESQUE: C'est pour cela que le député mentionnait que
si c'était à $2.50...
M. BURNS: Bien oui mais...
M. LEVESQUE: ... et ensuite on indexait.
M. BURNS: Oui.
M. LEVESQUE: Ce que je dis simplement, c'est que l'effet de
l'augmentation depuis deux ans et demi dépasse même l'indexation
proposée par le député.
M. BURNS: Vous parlez en pourcentage. Moi, je vous parle en chiffres
absolus. C'est le problème. Si, à un moment donné, vous
trouvez que les $2.50 que nous demandions il y a quelque six mois est
insuffisant, bondance on va être les derniers à crier, si vous
mettez, au minimum, à $3 le salaire minimum. Ce n'est pas nous qui
allons crier là-dessus. Mais on va crier tant et aussi longtemps que
toutes les autres classes de la société, comme le disait le
ministre, n'obtiendront pas cette indexation.
J'admets que je fais cette distinction dans le cas des juges. Je la fais
de façon vraiment délibérée. Ils ne sont
heureusement pas dans notre cas. Ce n'est pas sur eux que je fais cette
représentation, ce n'est pas sur leur dos que je la fais. Je veux
être bien clair là-dessus. Que ce soit bien clair.
On se plaint de voir que mes collègues viennent me consulter mais
c'est parce qu'il y a une commission, apparemment, qui siège
actuellement, où on a des problèmes de procédure, M. le
leader. Si on avait été un peu plus nombreux, peut-être que
je pourrais être aux deux places. Bon. Pardon?
M. LEVESQUE: Et moi également, et d'autres également.
M. BURNS: Cela vous apprendra à être aussi égoistes
aux élections, M. le Président. Vous ne pouvez pas avoir toute la
substance de mon discours quand on se fait interrompre comme cela, en plein
milieu.
Je ne perds pas le fil de mes idées, quand même. Je disais
tout simplement que ce n'est pas sur le dos des juges que je veux faire cette
intervention. C'est sur le dos de ce gouvernement, dont je réprouve les
méthodes et la méthode que je réprouve le plus, c'est
juste-
ment d'amener ce type de loi en fin de session. Il s'agit justement du
type de loi qu'on doit amener, selon l'expression même du leader
parlementaire du gouvernement, visière levée. On ne doit pas
avoir peur d'amener ce type de loi. On ne doit surtout pas avoir peur que ce
problème soit discuté devant tout le monde.
M. le Président, est-ce qu'on est revenu au même
problème de procédure? Est-ce que je peux plaider cette affaire?
J'aimerais bien pouvoir plaider la question de procédure qui a lieu en
bas. Je ne peux pas faire cela devant vous, M. le Président. Je ne peux
pas vous dire que la question préalable ne s'applique pas ailleurs qu'en
deuxième lecture. Je ne peux pas vous dire cela, M. le Président.
Non? Non, on ne m'a pas imposé de question préalable encore mais
on en parle en bas, me dit-on.
M. le Président, je tiens la même attitude que dans le cas
qui nous préoccupe à l'autre commission, à la salle 81-A,
le traitement des députés, même si les juges sont dans une
position différente des députés et même si la
position des juges n'est pas indécente. Je ne peux pas blâmer les
juges quant à un projet de loi qui est présenté pour faire
augmenter leurs traitements par voie d'indexation. Mais la position est tout
aussi indécente je le dis sans aucune méchanceté
de la part du gouvernement, dans la forme de la présentation de
son projet de loi, et, deuxièmement, quand on sait comment le
gouvernement tient si peu compte des autres classes de la
société.
Parlons, par exemple, des accidentés du travail. Vous allez me
dire que c'est indexé. J'aimerais bien qu'on regarde le pourcentage
d'augmentation, année par année, des prestations des
accidentés du travail. Et Dieu sait qu'on a affaire justement à
une classe démunie et qui, au départ, malgré une
incapacité totale, temporaire ou permanente, se retrouve avec, au
maximum 75 p.c. de son salaire antérieur.
Je vais vous raconter une petite anecdote. Le ministre de la Justice
s'en souviendra. Il y a quelque temps, nous avons amendé la loi
concernant les accidents du travail pour permettre que les gains admissibles
antérieurs à un accident du travail puissent être
portés de $6,000 par année à $9,000 par année. On a
tenu compte du fait que le coût de la vie a augmenté, on a aussi
tenu compte que les revenus avaient augmenté. Mais je me rappelle
qu'à cette même occasion, quand j'ai dit qu'il y avait des gens,
avant 1970, avant 1971 et avant 1972 qui possiblement gagnaient plus que $6,000
et qui possiblement auraient intérêt à voir leurs gains
admissibles établis à plus que $6,000, donc au moins jusqu'au
maximum de $9,000, qu'est-ce qu'on m'a dit? On m'a dit que ce n'était
pas possible, que ça coûterait trop cher.
Pourtant on a affaire à des gens qui, actuellement, sur une base
de $6,000 se voient octroyer à peine 75 p.c. de leurs gains admissibles
et on dit: On ne peut pas les porter jusqu'à $9,000, c'est beaucoup
trop. La Commission des accidents de travail va faire faillite.
Moi, je le sais ce qui est arrivé. Le gouvernement a reçu
beaucoup trop de pressions. De qui? De ceux qui fournissent à la caisse
électorale du Parti libéral, c'est-à-dire des
employeurs.
Il n'y a pas de Ah! Ah! C'est exactement ce que je pense. C'est
drôle comme c'est toujours le petit dans la société qui,
à un moment donné, se fait dire: Tu en demandes trop. C'est-y
drôle! Quand on vise à une parité générale,
dans le domaine de la construction, on dit: Cela n'a pas de bon sens, les
employeurs de telle région ou de telle autre région ne pourront
pas les payer. On ne pense pas à l'éventuel consommateur. Jamais
je n'ai entendu cet argument. Quand on parle d'augmentation des prestations
d'accidents de travail on dit: Si ça coûte trop cher à la
commission, comme c'est une commission autofinancée, ce sont les
employeurs qui devront hausser leurs cotisations à cette commission. Je
n'ai pas entendu le ministre du Travail, à cette occasion, pleurer sur
le sort de gens qui avaient subi des accidents de travail en 1969 et qui
gagnaient à l'époque $12,000...
M. CHOQUETTE: Mais vous savez très bien que...
M. BURNS: ... Non, j'essaie de vous prouver que, malgré tous les
baratinages de votre premier ministre quand il nous parle de la
social-démocratie, vous faites de l'antisocial-démocra-tie.
M. CHOQUETTE: Le député me permettrait-il une
question?
M. BURNS: Certainement, M. le Président.
M. CHOQUETTE: Quand on parle des indemnités payées par la
Commission des accidents du travail, elles sont basées sur le paiement
de primes. Alors, si c'est basé sur le paiement de primes, comment
voulez-vous faire rétroagir des indemnités dans le passé,
alors que les primes étaient basées sur un montant de $6,000
comme gain admissible?
M. BURNS: Elle est basée sur un paiement de primes. Et ce que le
ministre de la Justice ne sait pas ce qu'il saura peut-être si, un
jour, il est ministre du Travail c'est qu'actuellement il y a tellement
de millions de réserve, à la Commission des accidents du travail,
que c'en est gênant. Ce qu'il y a de tellement grave, je ne veux pas
partir un débat là-dessus, mais vous m'avez posé la
question, c'est que vous avez une Commission des accidents du travail qui n'est
pas une compagnie d'assurance et qui fonctionne comme une compagnie
d'assurance, c'est-à-dire qu'elle a un fonds de réserve alors
qu'elle devrait n'en avoir pratiquement pas.
C'est ce que le ministre de la Justice devrait savoir. Quand il sera
ministre du Travail, après le 1er janvier, plus tard, quand on aura
"scrapé" l'autre...
M. CHOQUETTE: M. le Président, je pense que notre collègue
est hors du sujet, il est rendu dans les accidents du travail.
M. BURNS: C'est vous qui m'avez posé une question. J'essaie de
vous remettre sur la bonne "track".
M. CHOQUETTE: C'est vous qui vous êtes lancé dans les
accidents de travail.
M. BURNS: J'essaie de vous dire ceci au sujet de votre question. Quand
je donnais l'exemple des gains admissibles à $6,000, je dis qu'il y
avait du monde en 1969 et en 1970, avant l'amendement de la loi, qui gagnaient
$10,000, $12,000, $13,000 et qui ne peuvent même pas
bénéficier de l'amendement que nous avons adopté en 1972,
je crois, qui hausse les gains admissibles de $6,000 à $9,000. Et
savez-vous pourquoi? Je suis bien placé pour vous dire pourquoi parce
que je l'ai demandé au ministre du Travail; il a dit que cela
coûterait trop cher. Il y a des choses qu'on ne peut pas faire.
Je me dis, M. le Président, qu'aux petits dans la
société, on leur refuse quelque chose et, quand je parle
de petits, je parle de petits gagnants, je ne parle pas de petits au point de
vue de la valeur; j'espère que tout le monde me comprend
là-dessus parce qu'il y a souvent des travailleurs qui gagnent
très peu et qui sont plus intelligents que certains ministres. M. le
Président, je dis tout simplement que, quand on refuse ces choses
à des petits, je trouve bizarre qu'un mouvement qui se dit
social-démocrate vienne facilement lancer les $10,000 aux
députés, lancer les $20,000 à d'autres
députés, lancer les $5,000 d'augmentation par année
à d'autres députés et lancer des $3,000 et quelques
centaines de dollars aux juges, par année.
M. le Président, il y a une incohérence dans cette
attitude. Je ne vous dis pas qu'il faut prendre tous ces $10,000 lancés
à certains députés, $20,000 à d'autres, certains
ministres, et les $3,000 quelques centaines de dollars à certains juges;
je ne vous dis pas qu'il faut prendre tout cela dans un paquet et redistribuer
cela à l'ensemble des gens qui ne reçoivent pas cela. Ce n'est
pas ce que je vous dis. Je vous dis qu'il faut que vous soyez conséquent
avec vous-même. Je vous dis que, lorsque vous parlez de 10 p.c.
d'augmentation pour un juge, c'est pas mal plus important que 10 p.c. dont on
ne parle même pas pour quelqu'un qui gagne $2.30 de l'heure, qui ne gagne
pas $100 par semaine.
C'est là que je dis qu'il faut être conséquent.
Cette discussion, vous ne l'aimez peut-être pas, M. le ministre, je sais.
Je sais qu'elle ne vous plaît pas mais, c'est bien de valeur, moi je suis
élu pour venir vous dire des choses autres que ce que vous pensez. C'est
pour cela d'ailleurs que, dans mon comté, ce n'est pas un libéral
qui a été élu. Parce qu'il y avait quelqu'un qui pensait
autrement que le libéral qui se présentait. Je me sens tout
à fait autorisé, M. le Président, de venir vous parler au
nom d'une population de travailleurs de Maisonneuve dont, soit dit en passant,
à peu près 20 p.c. sont constamment entre la Commission des
accidents du travail et l'assistance sociale, quand entre les deux ils ne se
forcent pas pour se retrouver au salaire minimum. C'est d'eux autres que je
suis en train d'essayer de vous parler; c'est d'eux autres que j'espère
vous allez vous rendre compte qu'ils ont un problème bien
différent et bien plus achalant que celui des députés, des
juges et des ministres. Et je ne vous le dis pas, M. le Président, avec
de la démagogie. Ce que je dis ici c'est ce que je dis aux gens quand
ils viennent me dire: Cette loi n'a absolument aucun bon sens, en parlant de la
Commission des accidents du travail.
Vous avez des gens qui travaillent au salaire minimum et qui se blessent
au travail, M. le Président; qui tombent sur les accidents du travail et
qui sont obligés d'attendre six mois avant de recevoir le premier
chèque parce qu'il y a un fonctionnaire qui s'enfarge dans les fleurs du
tapis à quelque part et parce que le dossier se retrouve quelque part
entre Montréal et Québec. Bien moi j'ai le droit de me choquer,
M. le Président. Qu'on vienne nous dire que cela n'a pas de bon sens, le
pouvoir d'achat que perdent les juges; cela n'a pas de bon sens, le pouvoir
d'achat que perdent les députés; cela n'a pas de bon sens
qu'actuellement les pauvres directeurs de compagnies diminuent leur dividende
d'année en année à cause du coût de la vie. M. le
Président, j'ai le droit d'avoir un préjugé en faveur
d'une classe de la société et, je ne m'en cache pas, mon
préjugé est favorable à ceux qui, actuellement, en ont le
plus besoin, et ce ne sont sûrement pas les juges, ce ne sont
sûrement pas les députés.
M. le Président, je n'ai pas l'intention d'élaborer plus
longuement là-dessus. Vous connaissez ma pensée. En terminant, je
demande au ministre de la Justice qu'il ait au moins je ne dirai pas
l'honnêteté la prudence d'attendre pour adopter de
façon finale le projet de loi no 84 sur la hausse de salaire des juges.
Qu'il ait au moins la prudence d'attendre que le projet de loi concernant la
hausse de traitement des députés soit adopté dans toutes
ses étapes.
J'espère qu'on saura cadrer ces deux choses. Comme vous le voyez,
il n'est pas du tout question pour nous de venir vous faire une obstruction
systématique sur le projet de loi no 84. Il me semble que notre attitude
sur l'autre projet de loi est suffisamment significative que vous vous devez,
par prudence, d'attendre au moins ce qui va arriver dans l'autre projet de loi
avant de l'adopter de façon finale.
J'irais plus loin, M. le Président. Si vous avez
la prudence que je vous suggère, si vous prenez la peine de voir
quel sera le résultat on ne sait pas quel sera le résultat
de ce débat qui risque, à certains moments, d'être
un peu long je vous le dis d'avance sur l'augmentation de salaire
des députés, si vous prenez ce risque et que vous montrez cette
sagesse et cette prudence d'attendre que le projet de loi no 87 soit
adopté, j'irais aussi loin que de vous dire que vous vous forcez pour
avoir un nouveau problème l'année prochaine dans le cas des
juges.
Parce que si on veut être logique avec soi je vais encore
plus loin que vous et qu'on indexe le salaire des députés
selon l'augmentation moyenne entre le salaire de base d'une année
à l'autre, calculée pour l'ensemble des activités
économiques du Canada au cours de chaque mois de l'année, tel que
publié par Statistique Canada, et que vous veniez seulement avec un
projet de loi d'un an, vous risquez d'avoir un autre problème de la
même nature l'année prochaine, si le projet de loi concernant les
députés est adopté.
Quant à y être, même si je ne suis pas d'accord que
certaines classes de la société passent avant d'autres, surtout
quand ces classes en ont moins besoin que d'autres, réglez-le
définitivement, le problème des juges. Vous avez toutes sortes de
réticences, vous voulez faire réexaminer le traitement des juges.
Si vous ne l'avez pas fait réexaminer, je ne suis pas certain que ce
barème d'indexation soit une façon de dire qu'actuellement le
salaire des juges doit être haussé de telle et telle
façon.
Sinon, je dis que vous le faites exprès pour recréer un
problème l'année prochaine. C'est pour ça que je vous dis:
Attendez au moins, avant d'adopter le projet de loi, que celui du traitement
des députés soit réglé. Si, par hasard, le
gouvernement persistait dans son idée d'imposer cette hausse de
traitement avant de régler les autres problèmes urgents dans la
société, vous pourrez tout aussi bien faire la même chose
relativement aux juges; au moins, on n'en parlera plus et on saura à
quel gouvernement on a affaire.
Je prie instamment le premier ministre et tous ses ministres de cesser
de nous parler à partir de maintenant de social-démocratie dans
ce gouvernement. Les farces que le premier ministre peut faire à la
télévision ou à la radio dans ses émissions, quand
un journaliste lui pose une question et qu'il revire ça en
social-démocratie, je pense qu'il est temps qu'il arrête de les
faire.
Après des projets de loi comme ceux-là, j'espère
qu'il n'y a aucun Québécois qui va croire aux farces du premier
ministre. Parce que ce n'est rien d'autre que ça: c'est une farce de
parler de social-démocratie, quand un gouvernement se préoccupe,
la larme au coin de l'oeil, de gens qui gagnent entre $15,000 et $33,000 et
qu'il ne se préoccupe pas de gens qui n'ont même pas $100 par
semaine. J'appelle ça une grosse farce et je cherche la
définition d'une social-démocratie qui pourrait justifier une
telle attitude par un gouvernement. Moi, je ne la vois pas.
De toute façon, je vais voter contre ce projet de loi.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Le député de
Rouyn-Noranda.
M. Camille Samson
M. SAMSON: M. le Président, l'an dernier, à la même
époque, nous devions discuter d'un projet de loi pour ajuster le
traitement des juges, ainsi que pour effectuer un certain rattrapage, compte
tenu des mois et des années qui s'étaient passés avant le
dernier ajustement. Cette année, nous revenons devant le Parlement avec
une proposition je dis nous; je devrais dire le gouvernement, c'est dans
ce sens que je l'ai prononcé pour accorder une prime de vie
chère à cette catégorie de citoyens.
M. le Président, bien sûr, il serait assez facile, à
ce moment-ci et cela serait de toute façon, peut-être, la
méthode la plus facile de nous livrer à un grand
débat pour tenter de jouer les vierges pures, encore une fois.
Quand j'entends des discours comme celui de l'orateur qui m'a
précédé, je me dis combien il doit être facile de
jouer les anges quand on a des cornes tout le tour de la tête.
Vous savez, il y a une philosophie, en ce moment, qui court dans les
couloirs du parlement, surtout depuis l'arrivée du PQ en 1970. Cette
philosophie est celle de tenter et c'est tellement évident, c'est
tellement apparent par tous les moyens possibles de
déprécier tout ce qui peut représenter ou personnifier
l'autorité.
C'est évident que si on lance des choses ainsi contre toute forme
d'autorité... Nous parlons du cas des juges, mais je vous souligne que
nous avons entendu le même genre de discours dans tous les autres cas
où il s'est agi de quelqu'un qui représente ou qui personnifie
une autorité quelconque.
Donc, nous retrouvons là le jeu de ceux qui se font les
défenseurs d'une philosophie socialiste. Ce jeu est de tenter par tous
les moyens possibles de promouvoir la lutte des classes, et c'est facile. Vous
pouvez facilement mettre le trouble entre les gouvernants et les
gouvernés, entre les instituteurs et les étudiants, entre les
travailleurs et les patrons, etc. Dans quelque sphère que ce soit de la
société, si nous sommes dans une société
organisée, bien organisée, qui veut vivre en paix, nous avons
besoin du phénomène de l'autorité à tous les
paliers. Ce qui me fait réfléchir le plus en ce moment est de
voir que parmi ceux qui tentent de déprécier l'autorité,
parmi ceux-là mêmes, il y a un extrême respect de
l'autorité au sein de leur propre organisme car, s'il n'y avait pas ce
respect aveugle de l'autorité au sein de l'organis-
me auquel je me réfère, nous aurions vu des
députés, vendredi et samedi, se prononcer librement,
n'étant pas attachés à un quelconque soviet
suprême.
Mais ce qui est bon pour la guerre dans leur cas n'est pas bon pour la
paix dans le nôtre, semble-t-il toujours selon leur raisonnement et leur
philosophie. J'ai entendu le député de Maisonneuve, pour qui j'ai
beaucoup de respect, nous souligner qu'il connaît personnellement de
très bons avocats qui feraient d'excellents juges, mais a-t-il dit, ces
gens gagnent beaucoup plus que s'ils étaient juges, donc ils ne sont pas
intéressés à être élevés à la
magistrature. Je devrais peut-être dire, dans leur cas, à
être descendus au degré de la magistrature. Ils ne sont pas
intéressés, mais par contre, il a dit qu'il doutait, dans ses
mots à lui je les interprète et si je les
interprète mal, que l'on me corrige en quelque sorte de la
compétence de ceux qui voudraient absolument être juges.
Donc, si ceux qui nous feraient des bons juges, ne sont pas
intéressés parce qu'ils gagnent plus ailleurs, ceux qui sont
intéressés ne nous feraient peut-être pas des bons juges.
C'est le point d'interrogation qu'il a placé.
Dois-je en déduire, M. le Président, que c'est là
un souci de sa part et un désir de voir restreindre le nombre des bons
juges? Est-ce là une possibilité qui permettrait davantage
à quelques-uns de ses mais de pouvoir crier plus fort sur la place
publique et dénoncer la compétence ou l'incompétence des
magistrats? La porte qu'il a ouverte est trop grande pour que nous nous
permettions de ne pas douter qu'il y a peut-être un piège à
l'intérieur de la maison. Le jeu qui se déroule devant nos yeux
depuis quelque temps, c'est évident, est de tenter de semer le doute
dans l'opinion publique quant à l'intégrité de tout ce qui
représente l'autorité. Tout cela, en favorisant dans le
même temps, une lutte des classes. Et il est facile de dire à
quelqu'un qui n'a pas un gros revenu: Si tu n'en as pas tellement, c'est parce
que l'autre en a trop. Cela, en langage populaire, s'appelle de la
démagogie démagogique.
M. le Président, je vous souligne respectueusement que, si dans
l'ordre naturel, la nature avait voulu que tout le monde soit sur le même
pied, que tout le monde passe dans le même moule, Dieu aurait fait en
sorte qu'on vienne au monde tous de la même façon, avec le
même visage, la même stature, etc. etc. Pourtant, il y a tellement
de monde sur la terre que vous ne les compterez sûrement pas sur vos
doigts de la main, et je pense qu'il n'y en a pas deux qui sont faits de la
même façon. Cela n'est pas fait par l'industrie. M. le
Président, tous, regardons-nous, on a des différences physiques
apparentes, différences au point de vue capacité intellectuelle,
différences au point de vue de la compétence, différences
au point de vue intelligence. Si la nature avait voulu qu'on soit tous sur le
même pied, de la même façon, on ne nous aurait pas faits de
cette façon, on nous aurait faits comme des robots avec le même
moteur, la même transmission et le même différentiel. On
nous aurait faits comme des machineries, quand il y en aurait un qui
attraperait une maladie de coeur, on irait au garage chercher un autre coeur
puis on le remplacerait. Ils ont essayé cela et ça ne marche pas
dans le système. On pourrait faire cela pour tout ce qui est humainement
possible, pour tous les humains de la terre. On remplacerait tous les morceaux.
Mais, M. le Président, je n'ai pas encore trouvé le
mécanicien capable de mettre une cervelle à celui qui en
manque.
Si on était capable, dans plusieurs cas, surtout avec les
discours qu'on a entendus durant la fin de semaine, j'aurais été
prêt à payer ma part pour en remplacer certaines. Mais on nous a
souligné l'importance de régler tous les problèmes la
même journée. On a tenté de nous expliquer cela.
Imaginez-vous on est là sur terre avec nos différences, avec
notre esprit d'initiative qui est différent, avec nos aspirations qui
sont différentes, avec nos capacités qui sont différentes,
puis là on a tenté de passer tout le monde dans le même
moule, dans le même tuyau. C'est évident qu'il y en a
peut-être qui sont trop petits pour le tuyau, ils passent pas pire
ceux-là, mais ceux qui sont trop gros pour le tuyau, ils ne passent pas.
C'est un peu comme je vous disais samedi soir, avec cette philosophie, ils
voudraient ajuster les têtes aux chapeaux et non les chapeaux sur les
têtes.
Je vous souligne ceci: Quant à nous, pour être
conséquents avec ce qu'on a dit depuis toujours, on va avoir la
même attitude pour tout le monde. On va continuer à soutenir que
tous ont des droits, que la nature a permis d'en donner suffisamment pour tout
le monde. On va continuer à soutenir qu'il est physiquement possible et
qu'on peut le rendre possible financièrement en tout cas, de donner
à tous et à chacun de nos concitoyens ce que nous pouvons appeler
un revenu annuel garanti, de façon universelle, sans discrimination
envers qui que ce soit.
Cela veut dire qu'on peut permettre à tout le monde d'en avoir
suffisamment pour se loger, pour se nourrir, pour se vêtir, pour vivre
convenablement. Au-dessus de ce que j'appellerai ce minimum vital, laissons
donc les gens libres de pouvoir s'épanouir dans notre
société. Pourquoi tenter de rabaisser ceux qui ont des
capacités? Ce n'est pas en détruisant le château d'un riche
que vous allez améliorer la cabane d'un pauvre, mais en faisant notre
possible collectivement pour améliorer ce qui manque, pour en donner
plus à ceux qui n'en ont pas assez, oui. Mais ce n'est pas en en
enlevant aux autres qu'on va régler cela, voyons donc. Il y en a
suffisamment pour tout le monde dans notre société.
Je voudrais être bien interprété. Je ne suis pas
là pour défendre le gouvernement en matière
économique. J'ai fait mes griefs souvent. A chaque occasion qui m'a
été donnée, je les ai faits. Je vais continuer aussi. A
chaque
occasion qui nous sera donnée, nous allons continuer à
parler de revenu minimum garanti, ajusté régulièrement
selon l'indice du coût de la vie. Avec ça, sur une base
universelle pour tous, cela veut dire la vraie, la réelle
économie distributive. Nous n'aurions même pas besoin de ces
autres plans, de CAT ou de bien-être social et de choses comme ça,
qui sont sélectifs et qui constituent des injustices dans leur
application parce qu'ils sont sélectifs.
La loi est peut-être valable dans un certain sens, mais dans son
application, parce qu'il y a là un besoin de jugement de la part de ceux
qui appliquent la loi, de la part de certains fonctionnaires, parce qu'on est
obligé de faire de l'interprétation, c'est là que nous
retrouvons le plus d'injustices. Il y a des injustices à la Commission
des accidents du travail, envers les ouvriers, oui. Mais les plus grandes
injustices proviennent de l'application de la loi, de l'administration de la
loi. A ce chapitre, je n'ai pas de leçon à recevoir de personne,
non plus. Vous viendrez faire un tour dans mes bureaux pour voir les nombreux
dossiers qui sont ouverts au nom de nombreux ouvriers. Chez nous, tous les cas
qui nous sont référés, tous les cas particuliers, nous les
traitons, nous y travaillons. Nous tentons de faire corriger des erreurs
administratives, parce que, dans 95 p.c. des cas, les injustices
découlent d'erreurs administratives.
Bien sûr, on peut philosopher; bien sûr, on peut faire de la
politique dans les nuages. Mais, quand un ouvrier arrive à votre bureau,
qu'il a un problème particulier parce que la femme et les enfants n'ont
pas suffisamment de nourriture à la maison, pensez-vous que je
réglerais ce problème particulier en faisant de la haute voltige
philosophique? C'est en s'occupant de chacun de ces cas que nous
réussissons à aider ces gens, en attendant qu'il y ait des
réformes économiques dans notre province, qui permettraient
à tous d'en obtenir de façon universelle, sans qu'on soit
obligé de faire une enquête chaque fois, sur tous les cas.
Dans le cas du bien-être social, M. le Président, trop
souvent on a eu à se plaindre du fait que certains employés ou
fonctionnaires allaient fouiller dans les maisons privées pour faire
leurs enquêtes. Ce n'est pas dans la chambre à coucher, M. le
Président, qu'on peut déterminer si une personne mérite ou
ne mérite pas. Si c'est une personne humaine, si elle a des engagements
envers sa famille, elle a des besoins. Ce n'est pas au mérite qu'on doit
lui accorder de l'aide, mais selon ses besoins. C'est dans ce sens que le
Crédit social a toujours parlé et c'est pourquoi je ne suis pas
gêné de dire que nous allons continuer à faire notre
devoir, à revendiquer, à crier bien fort mais de façon
positive. Ce n'est pas en détruisant notre société que
nous allons améliorer le sort de ceux qui ont besoin d'aide.
Bien sûr, M. le Président, on s'est fait casser les
oreilles, depuis quelque temps, par la social-démocratie. Je vais vous
en parler, de la social-démocratie, je vais vous en parler de cela. On
me dit, à ma gauche, à mon immédiate gauche, M. le
Président: Ah! si c'était donc un vrai gouvernement
social-démocrate, on ne laisserait pas adopter des projets de loi en
dernier ressort, à la veille des Fêtes comme cela. On ne
discuterait pas d'un projet de loi d'augmentation ou de forfaitaire pour les
juges à la cachette, comme on a dit la même chose pour les
députés.
A la cachette, M. le Président, je dis non. On ne fait rien
à la cachette. Si la presse rapportait tout ce qu'on dit ici, le peuple
n'aurait pas l'impression qu'il se fait des choses à la cachette. Mais
malheureusement, M. le Président, regardez les journaux du matin,
regardez les journaux de tous les matins. Il y a un certain groupe qui parle,
mais il y a trois autres groupes qui parlent et les journaux du matin vont vous
rapporter ce qu'a dit un certain groupe et, pour les autres, c'est comme si,
tout à coup, les oreilles se seraient bouchées. On n'a rien
entendu.
A la cachette, M. le Président? Si la population du Québec
pouvait voir exactement ce qui se passe ici, toujours, à toutes les
heures, en tout temps, elle saurait de quelle façon nous entreprenons
les débats, ce que l'on pense. Malheureusement, ce que je dis ce soir,
ce que j'ai dit samedi soir, M. le Président, on retrouve cela
biaisé dans le journal le lendemain matin. C'est dommage qu'on soit
obligé de dire cela de cette façon. Cela me fait de la peine. Ce
n'est pas normal et cela me fait mal d'être obligé de dire cela.
Mais il va falloir un jour qu'on le dise, quelqu'un.
A la cachette, M. le Président? Si le gouvernement était
social-démocrate, il ne le ferait pas à la cachette, comme le
disait mon prédécesseur tantôt. M. le Président, un
gouvernement social-démocrate, au Canada, il y en a dans
différentes provinces justement.
Il y en a un en Colombie-Britannique, un gouvernement
social-démocrate, NPD, NDP comme ils disent là-bas: "New
Democrate Party, New Departure Party"! Parce qu'ils vont partir. M. le
Président, ces vierges saintes que sont les gouvernements
sociaux-démocrates n'adoptent rien à la cachette. En effet, quand
le premier ministre Dave Barrett a pris le pouvoir, une des premières
mesures qu'il a adoptées, a été de doubler les honoraires
des députés et les siens, comme premier ministre, pas à la
cachette, M. le Président, non. Il n'a même pas
présenté de projet de loi. La loi, là-bas, disait: Tant
d'émoluments pour chaque session. Alors tout ce qu'il a fait, c'est que
d'un trait de plume, il a ordonné deux sessions par année. Il a
doublé les sessions, il a doublé les salaires de tout le monde
d'un trait de plume.
Ce n'est pas à la cachette, cela, M. le Président? Bien
non, cela a pris presque deux ans avant que le peuple ne s'en
aperçoive.
C'est au mois de juin, par la loi no 159 des statuts de la
Colombie-Britannique, qu'ils ont
régularisé cette situation par la loi. Quand? La
dernière journée de la session en Colombie-Britannique. Tiens,
regarde donc cela. Quelle est la différence entre un gouvernement de
vierges offensées sociales-démocrates ou un autre gouvernement? A
ce chapitre je dis que le NDP, "New Departure Party", a fait au Canada ce
qu'aucun autre gouvernement, dans aucune des autres provinces, n'aurait
risqué de faire.
Je veux être bien clair. Notre position à nous, ce n'est
pas d'empêcher quiconque, dans notre société,
d'améliorer son sort. Au contraire, et je pense que c'est de cette
façon qu'on doit raisonner, notre position c'est de permettre à
tous d'améliorer leur sort. C'est pourquoi je n'ai aucune gêne
à appuyer le projet de loi qui est devant nous, parce que le forfaitaire
proposé est sur la même base que celui proposé pour les
députés, mais retenez bien cela, je pense que le
député de Maisonneuve ne l'a pas pris celle-là. Samedi
soir passé, le ministre des Finances, en cette Chambre, a lui-même
déclaré publiquement être disposé à signer
immédiatement toutes les conventions collectives
présentées par les centrales syndicales concernant les
employés publics et parapublics à la condition que la clause
d'indexation soit la même que celle proposée pour les
députés et pour les juges.
Je vous dis que dans, notre société, des indexations, des
forfaitaires, des primes de vie chère, il y en a eu tout au cours de
l'année précédente, il y en aura encore cette
année. S'il y a des groupes qui ont été oubliés,
c'est le devoir du gouvernement de faire en sorte de ne pas les oublier. Est-ce
parce qu'on va le refuser à un groupe, pour une loi que nous avons
devant nous, que nous allons régler le problème des autres? Non.
Il s'agit de penser aux autres. Je vous dis que je me suis battu depuis que je
suis en cette Chambre, depuis 1970, pour élever le niveau de vie de tous
nos concitoyens en partant de la base. Même si je vote pour le projet de
loi devant nous, préparez-vous, je vais continuer à lutter dans
le même sens, je vais continuer à crier de la même
façon, je vais continuer à revendiquer de la même
façon jusqu'à ce que nous ayons obtenu pour tous et chacun de nos
concitoyens un traitement équitable permettant à tous et à
chacun de vivre raisonnablement dans notre province de Québec.
Merci, M. le Président.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Le ministre, dans son droit de
réplique.
M. Jérôme Choquette
M. CHOQUETTE: M. le Président, je ne pensais pas que nous
assisterions, ce soir, à une réédition, en forme
miniature, du débat qui a déjà eu lieu sur l'augmentation
du traitement des députés. Mais je pense bien qu'il n'y a pas
lieu de s'en étonner, le député de Maisonneuve a reservi
essentiellement les discours qu'il a tenus en cette Chambre sur ces questions
qui ont été envisagées préalablement. Le
député de Rouyn-Noranda a fait une intervention avec force et
beaucoup de conviction par laquelle il signale son appui à ce projet de
loi.
Je m'étonne que le député de Maisonneuve ait saisi
cette occasion pour nous exposer, de nouveau, sa philosophie
égalitariste alors qu'en fait il affirme que, sur le plan de
l'indexation des traitements des magistrats, il n'a pas d'objection essentielle
ou fondamentale.
Alors, encore une fois, M. le Président, je m'étonne de la
logique du député de Maisonneuve qui, d'une part, affirme qu'il
partage une politique gouvernementale par laquelle on tient compte de
l'augmentation du coût de la vie. Mais lorsque nous arrivons avec des
mesures concrètes pour justement rendre fonctionnelles et
réaliser ces indexations, on trouve toujours un motif secondaire de s'y
opposer en alléguant que d'autres classes sociales ne reçoivent
pas un traitement aussi avantageux que celles que nous cherchons à
corriger ou celles que nous cherchons à améliorer dans un projet
déterminé.
M. le Président, je n'ai pas l'intention de me lancer, à
l'instar du député de Rouyn-Noranda, dans un exposé sur
cette façon de voir les choses, cette espèce de type de justice
essentiellement comparative, cette justice qui voudrait ramener les choses
à un dénominateur commun absolu, parce que je pense que le
député de Rouyn-Noranda l'a très bien fait et que, en
fait, j'aurais assez peu de choses à ajouter.
Cependant, j'aimerais quand même faire remarquer au
député de Maisonneuve que, lorsqu'il prend la Commission des
accidents du travail comme un point de comparaison avec la loi que je
présente à la Chambre ce soir, qu'il nous dit que lorsqu'on a
haussé le montant des revenus admissibles pour fins de calcul des
indemnités des accidents du travail de $6,000 à $9,000, eh bien!
qu'on ne l'a pas fait rétroactivement, je dis au député de
Maisonneuve: Le gouvernement actuel a quand même posé le geste de
hausser ces mêmes revenus admissibles de $6,000 à $9,000. Il ne
faudrait pas oublier, que justement c'est le gouvernement actuel qui a
posé des gestes concrets et qui donne des indemnités plus
considérables aux accidentés du travail.
Je ne suis pas ici, M. le Président, pour faire l'apologie de la
Loi des accidents du travail, ni l'apologie de la Commission des accidents du
travail. Des retards administratifs, il y en a sans doute à cette
commission. De la bureaucratie, il y en a incontestablement à cette
commission. Mais je pense qu'il ne faudrait pas procéder toujours avec
une façon mesquine et dire: On aurait pu faire rétroagir ces
dispositions au sujet des traitements admissibles de $9,000 à bien des
années en arrière. Il ne faudrait pas toujours adopter,
vis-à-vis des mesures présentées par le gouvernement, un
jugement mesquin et petit qui tend à réduire l'importance des
mesures
apportées par le gouvernement. C'est, je pense, ce que l'on peut
reprocher à l'argumentation du député de Maisonneuve. Au
fond, elle se passe dans une logique purement et simplement comparative, comme
si toutes les situations devaient se comparer les unes aux autres et comme si
on ne devait jamais poser de gestes en faveur de qui que ce soit, tant et aussi
longtemps qu'on n'aurait pas posé ces mêmes gestes à
l'égard de tout le monde.
Eh bien! ce n'est pas possible, M. le Président, pour le
gouvernement, de tout faire à la fois. Ce n'est tout simplement pas
réalisable que d'imposer au gouvernement une obligation morale de
réviser, de réformer tous les aspects sociaux et
économiques de la société québécoise. Et
quand même on voudrait faire croire à la population du
Québec qu'il est possible, du jour au lendemain, de tout réformer
et de rendre ce monde parfait, eh bien! M. le Président, les gens qui
ont le moindre jugement et la moindre expérience vont vous dire que,
premièrement, le travail législatif l'en empêche, le
travail strictement de voter ces lois est un empêchement. En plus de
cela, les contraintes financières seront toujours là pour nous
empêcher, d'une certaine façon, de régulariser toutes les
situations qui se présentent devant nous.
Alors, M. le Président, je pense que le député de
Maisonneuve nous a quittés, qu'il est rendu en orbite.
Il s'imagine que le gouvernement a toutes les disponibilités
financières pour réviser à la fois la Loi des
assistés sociaux, les accidents du travail, etc., etc., sans que nous
soyons obligés de nous reporter à certaines
réalités comptables qui sont les produits de l'impôt que
nous allons chercher dans la poche des contribuables. Il faudrait quand
même s'en souvenir, ces mesures sociales que nous apportons et que nous
allons continuer à apporter, il faut les financer, aller chercher
l'argent dans les poches des contribuables.
Or, cet aspect semble échapper au député de
Maisonneuve. Lorsqu'il pose des exigences à un vote favorable à
l'égard d'une mesure s'appli-quant à un groupe que nous cherchons
à indexer pour une année, ses exigences dépassent la
commune mesure avec la portée réelle de ce projet de loi. Je
voudrais dire, au sujet de la critique générale que le
député de Maisonneuve a faite à l'égard du
gouvernement sur le plan de la social-démocratie, que le gouvernement
actuel a fait plus en matière de justice qu'aucun autre gouvernement qui
l'a précédé.
Je peux lui dire, sans me vanter, que la Loi favorisant l'accès
à la justice, la loi des petites créances, est un des
modèles dans le monde actuel. Au lieu de prendre un air constamment
mesquin, piteux, critiqueux à l'égard des législations
québécoises et des mesures adoptées par le gouvernement,
est-ce que le député de Maisonneuve ne devrait pas, au nom de sa
philosophie, s'enorgueillir lorsqu'il est possible pour le Québec de
dire qu'il a une des lois les plus avancées au point de vue de la
justice populaire, au point de vue social dans le domaine de la justice, une
loi qui a vraiment laissé la porte ouverte à de l'air frais dans
ce système souvent vétuste qu'est notre système
judiciaire?
J'aimerais bien que, parmi les critiques du député de
Maisonneuve, il compte les réalisations québécoises, car
ce n'est pas vrai que le Québec est en retard sur toute la ligne,
contrairement à cette mentalité qu'il essaie de répandre
dans toutes les classes de notre société.
Ce n'est pas vrai que le Québec doit nécessairement tirer
de l'arrière, partout et toujours, tant et aussi longtemps que le Parti
québécois n'occupera pas les banquettes du gouvernement. Pendant
ce temps, nous agissons, M. le député de Maisonneuve. Nous avons
agi dans le domaine de l'aide juridique. Voilà un autre domaine
où le Québec ne cède le pas à aucun autre
gouvernement dans le monde.
Je puis vous dire que notre système d'aide juridique au
Québec est aussi avancé que celui de la Suède qui, elle,
avait commencé un système d'aide juridique bien avant nous, qui
avait expérimenté ces choses bien avant nous au Québec.
Nous avons rattrapé très rapidement le temps perdu et le budget
que nous allons consentir à l'aide juridique l'année prochaine,
qui sera environ de $18 millions, c'est l'équivalent de ce que la
Suède met dans son programme d'aide juridique qui passe pour le plus
avancé au monde.
Nous de ce côté de la Chambre, nous ne nous imaginons pas
que nous allons rendre cette société parfaite. Nous sommes assez
réalistes pour savoir que la perfection n'est pas de ce monde. Nous
sommes assez expérimentés pour savoir quels efforts il faut faire
dans n'importe quel nouveau programme législatif ou administratif avant
que celui-ci donne des bénéfices à la population.
Mais nous sommes prêts à faire ces efforts. Pendant que le
Parti québécois critique, nous réalisons. C'est la raison
pour laquelle le premier ministre n'a pas tort de parler de
social-démocratie. Peut-être que le premier ministre se paie un
peu la tête du député de Maisonneuve qui, avec son faux
sérieux, mérite qu'on se paie sa tête.
D'autre part, lorsque je compare nos mesures sociales, nos programmes
à l'égard des assistés sociaux au Québec, nos
programmes dans le domaine de la santé publique, de
l'assurance-santé, nos programmes en matière d'hôpitaux,
nos programmes en matière d'aide juridique, nos programmes en
matière de petites créances, M. le Président, je dis que
nous vivons dans une des sociétés les plus
sociales-démocrates, n'en déplaise au député de
Maisonneuve.
Quant à nous, nous avons l'intention de continuer dans la voie
que nous avons adoptée et ce n'est pas parce que nous voulons des
programmes pour donner justice au peuple; ce n'est pas parce que nous avons
l'intention de continuer dans cette voie qui veut donner la justice à
toutes les classes de la société que, par le fait même,
nous allons nier la justice à l'égard
de ceux qui rendent la justice, c'est-à-dire nos juges de nos
cours provinciales. Au contraire. Je pense que nous nous sentons moralement,
autorisés de rendre justice à ces magistrats justement en vertu
des mesures sociales que nous avons apportées pour tous les autres
éléments de la société.
Je voudrais faire remarquer au député de Maisonneuve que
cette augmentation, que cette somme forfaitaire qui sera donnée aux
juges pour cette année et qui s'élève aux environs de
$3,000, au niveau d'impôt sur le revenu que paient ces juges en
proportion de leur revenu, il leur en restera environ 50 p.c. ou 55 p.c. dans
leurs poches après qu'ils auront payé l'impôt sur le
revenu. Ce qui veut dire qu'en fait, l'augmentation qui leur est consentie,
sous forme d'indexation au coût de la vie pour cette année, ne
dépasse pas les bornes et n'atteint même pas ce que nous avons
consenti aux fonctionnaires du gouvernement du Québec.
Le député de Maisonneuve devrait quand même comparer
ce qui est offert aux magistrats par rapport à ce que les fonctionnaires
du gouvernement québécois auront à partir du 1er janvier
1975. Est-ce qu'on sait que les fonctionnaires du gouvernement du Québec
auront aux environs de 29 p.c. d'augmentation, le 1er janvier 1975? Est-ce
qu'on le sait de l'autre côté de la Chambre?
Il me semble que cette comparaison est élémentaire. Le
gouvernement donnera suite à ses obligations en vertu des conventions
collectives à l'égard de ses fonctionnaires. Ses cadres
obtiendront également des conditions avantageuses, les sous-ministres de
la même façon. Alors, n'est-ce pas le temps de donner justice
également aux juges qui eux n'ont pas de syndicat, qui eux n'ont pas de
force de négociation, qui eux n'ont pas de chefs syndicaux pour venir
taper le tambour en leur nom dans les media d'information et, le plus souvent,
faire des déclarations à l'emporte-pièce? Les juges sont
obligés de maintenir le silence dans la sérénité et
je pense que c'est notre devoir, comme l'a dit tout à l'heure le
député de Rouyn-Noranda, de faire ce que nous pouvons en faveur
de ces serviteurs de la société.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Est-ce que le projet de loi no 84 est
adopté en deuxième lecture?
M. BURNS: Sur division. Je vous prie d'inscrire ma dissidence.
LE VICE-PRESIDENT: Adopté sur division avec dissidence du
député de Maisonneuve.
LE SECRETAIRE ADJOINT: Deuxième lecture de ce projet de loi.
Second reading of this bill.
M. BIENVENUE: Article 22.
Projet de loi no 82 Deuxième lecture
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Le ministre des Transports propose la
deuxième lecture du projet de loi no 82, Loi modifiant la loi de
l'autoroute et le code de la route.
Le ministre des Transports.
M. MAILLOUX: M. le Président, je ne pense pas que le projet de
loi no 82 m'amène à faire un discours à
l'emporte-pièce. Comme ce sont simplement trois amendements mineurs, si
l'Opposition le permettait, ou je donnerais des informations sur les trois
articles dans l'immédiat ou on irait en commission...
M. BIENVENUE: Le ministre des Transports accepterait-il que je
l'interrompe avec mes excuses? J'ai oublié de proposer que
l'étude du projet de loi 84 du ministre de la Justice...
M. BURNS: II est trop tard.
M. BIENVENUE: ... soit déférée à la
commission de la justice.
M. BURNS: Une autre fois. Non. On est dans un autre article. On ne peut
pas changer.
M. LEVESQUE: Non, mais il faut faire quelque chose.
M. BURNS: Pardon? On a changé d'article. Non. J'écoutais
le ministre des Transports.
M. LEVESQUE: M. le Président, il faut toujours faire quelque
chose avec le projet de loi, n'est-ce pas?
M. BURNS: II est adopté en deuxième lecture. C'est
déjà beau.
M. LEVESQUE: Oui, mais le secrétaire général va
avoir de la misère.
M. BURNS: Dans le moment il est dans les airs.
M. LEVESQUE: On va être obligé de demander la
révocation de l'ordre de deuxième lecture.
M. BURNS: Vous pouvez demander la révocation de l'ordre.
M. LEVESQUE: Je suis obligé, M. le Président.
M. BURNS: Auquel je consens.
M. LEVESQUE: Alors, merci. Motion adoptée. Puis-je proposer que
ce projet de loi no 84 soit déféré à la commission
parlementaire de la
justice, pour étude article par article, à un moment
donné?
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Est-ce que cette déférence
est adoptée?
M. BURNS: M. le Président, sur division. Inscrivez ma
dissidence.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Sur division, avec la dissidence du
député de Maisonneuve.
M. LEVESQUE: Est-ce qu'on peut maintenant demander le renouvellement de
l'ordre de deuxième lecture et faire nos excuses au ministre des
Transports?
M. MAILLOUX: J'accepte les excuses.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Le ministre des Transports.
M. MAILLOUX: M. le Président, j'ai posé une question
à l'Opposition. Il n'y a pas de discours de deuxième lecture. Les
explications données en appendice au projet de loi sont telles qu'elles
éclairent suffisamment les parlementaires. S'il y a des informations
supplémentaires en commission, il me fera plaisir de les fournir.
M. BURNS: Je suis d'accord qu'on saute les discours traditionnels de
deuxième lecture et que nous passions je ne sais pas si c'est
l'intention du gouvernement de le faire en commission
plénière, s'il ne l'oublie pas.
M. LEVESQUE: M. le Président, je propose que ce projet de loi
soit déféré...
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Est-ce que ce projet de loi est
adopté en deuxième lecture, le projet de loi no 82?
Adopté.
LE SECRETAIRE ADJOINT: Deuxième lecture de ce projet de loi.
Second reading of this bill.
M. LEVESQUE: M. le Président, je propose que le projet de loi
soit déféré à la commission plénière
et que les écritures soient faites.
M. BURNS: Non, j'aimerais qu'on aille en commission
plénière pour entendre le ministre quand même.
M. LEVESQUE: D'accord.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): On demande que je quitte maintenant le
fauteuil et que la Chambre se forme en commission plénière pour
l'étude du projet de loi no 82. Est-ce que c'est adopté?
Adopté.
Commission plénière
M. BLANK (président de la commission plénière):
Article no 1.
M. MAILLOUX: La Loi des autoroutes, à l'article 15, dit ceci:
L'office a pour objet a) étude des projets; b) préparation des
plans et devis; c) construction. Le paragraphe g) se lit comme suit: L'emploi
d'agents pour assurer l'observance de la loi et des règlements
concernant ces voies de communications. Il s'agirait d'ajouter à ce
paragraphe g) "les agents nommés conformément au paragraphe g)
sont d'office agents de la paix".
M. BURNS: Je veux juste savoir quelle est l'intention de cet amendement,
M. le ministre.
M. MAILLOUX: Je vais essayer...
M. BURNS: Quels problèmes concrets avez-vous eus?
M. CHOQUETTE: L'intention de cet amendement c'est de confirmer que les
agents au service de l'Office des autoroutes sont bien des agents de la paix et
qu'il n'y ait pas d'ambiguité sur leur statut.
M. BURNS: Est-ce que vous avez eu des problèmes? Je veux savoir
si vous avez eu des problèmes concrets.
M. CHOQUETTE: Non, des problèmes théoriques. Il s'agit de
confirmer leur statut d'agents de la paix de façon à leur
permettre d'exercer leurs fonctions d'agents de la paix, sans aucune
ambiguïté ou équivoque.
M. BEDARD (Chicoutimi): Quels problèmes la situation
antérieure causait-elle?
M. BURNS: Est-ce qu'on a contesté dans le passé devant les
tribunaux leur statut d'agents de la paix?
M. CHOQUETTE: Non, pas encore.
M. BURNS: Est-ce que cela a quelque référence avec le
système de points de démérite?
M. CHOQUETTE: Non, cela concerne toute l'application des lois
pénales. En fait, en tant qu'agents ce sont eux qui décernent les
contraventions au code de la route, au code criminel, etc. Alors, il fallait
clarifier d'une manière sans équivoque qu'ils étaient bien
des agents de la paix et exerçaient ces fonctions comme agents de la
paix. Il n'y a rien d'autre que cela.
M. BURNS: Merci.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Adopté? Article 1, adopté.
Article 2.
M. MAILLOUX: A l'article 2, il s'agit de la Loi sur les infractions aux
charges, poids total à charge. L'article 49 b) du code de la route,
statuts refondus, édictés par l'article 90 du chapitre 55 des
lois, dit: "Dont le poids total en charge excède celui fixé par
le lieutenant-gouverneur en conseil, commet une infraction et est passible,
sous poursuite sommaire, d'une amende de $200." Alors, il s'agirait d'ajouter
"d'une amende minimum de $200 et de $2 par 100 livres excédant le poids
total en charge fixé et du paiement des frais."
Alors, après le mot "amende" il s'agirait d'indiquer "amende
minimum". Pour le poids total en charge, c'est l'amende minimum dans tous les
cas.
M. SAMSON: Quel est le but de cet amendement, M. le Président?
Minimum... On doit considérer que, dans certains cas, l'amende
était moins élevée. Et est-ce que cela a apporté
des abus...
M. MAILLOUX: M. le Président, je dirai immédiatement que,
l'an passé, avant la période de Noël, nous avions
amendé cette loi pour éviter que soit pénalisé un
camionneur en même temps sur le poids total en charge de même que
sur la charge axiale. Il ne peut être condamné maintenant, depuis
une année, sur les deux à la fois.
Tout le public s'est imaginé, évidemment, que
c'était une amende abusive. Au moment où elle a été
réduite, l'an passé, il avait bien été
indiqué que c'était l'amende minimum qui serait exigée
dans tous les cas de dépassement. Cela n'a pas été
indiqué dans la loi, "amende minimum", parce que c'est $200 dans tous
les cas où il y a un excédent de charge plus $0.02 par livre en
excédent du poids total en charge.
Alors, l'amende de $200 a toujours été l'amende minimum
d'ailleurs qui a été payée depuis une année. Cela
ne change rien, sauf que c'est pour la bonne compréhension de tous ceux
qui circulent sur les routes.
M. BEDARD (Chicoutimi): Cela enlève la possibilité au juge
d'aller en bas de $200, ce qui n'était pas le cas avant.
M. MAILLOUX: C'est ça.
LE PRESIDENT (M. Blank): Adopté. Article 3, adopté?
M. MAILLOUX: M. le Président, à l'article 3, l'article 71,
qui traite de la procédure quant aux poursuites, il s'agirait
d'ajouter... L'article 7 disait ceci: "Au cas de poursuite prise par la
corporation d'une municipalité locale, dans laquelle l'infraction a
été commise, le greffier ou secrétaire-trésorier de
cette municipalité doit, dans les quinze jours de la date du jugement,
faire rapport au procureur général de toute condamnation obtenue
par cette corpora- tion, lui remettre en entier le montant des amendes
imposées sour peine d'une amende de $20. Toutefois, lorsqu'il s'agit
d'une poursuite pour infraction à l'article 50, l'amende imposée
appartient en entier à la corporation municipale et, dans ce cas, le
greffier ou secrétaire-trésorier n'est pas tenu de faire le
rapport prévu par le présent paragraphe.
Alors: "Nonobstant le paragraphe 7 de l'article 71 du Code de la route,
la ville de Longueuil, la ville de Saint-Hubert et la ville de Greenfield Park
peuvent, par entente avec le procureur général, approuvé
par le lieutenant-gouverneur en conseil, renoncer en faveur du procureur
général à poursuivre les infractions commises dans
c'est indiqué son territoire, est-ce que c'est leur territoire
son territoire aux lois et règlements concernant la circulation et le
stationnement, et convenir du partage des amendes. "Dès la publication
dans la Gazette officielle du Québec d'une entente visée au
premier alinéa, le procureur général a l'autorité
voulue pour poursuivre les infractions qui y sont visées, et l'article
73 du Code de la route s'applique; en outre, le ministre des Finances a alors
l'autorité suffisante pour verser à la municipalité dont
il s'agit sa part du produit des amendes, à même le fonds
consolidé du revenu, dans la mesure où elles en font partie."
Alors, c'est pour permettre au procureur général de,
lui-même, faire les poursuites qui s'imposent et faire le partage avec
les municipalités pour lesquelles l'entente est prise.
M. CHOQUETTE: C'est pour permettre au ministre des Finances...
M. SAMSON: M. le Président ...
M. CHOQUETTE: ...de faire remise aussi.
M. SAMSON: ...est-ce qu'il y a eu des consultations avec les villes
concernées pour en arriver à ça? Est-ce qu'elles sont
d'accord?
M. CHOQUETTE: Absolument. Nous avons fait un accord avec ces villes
à l'effet que leur cour municipale est administrée, en fait, par
un juge de la cour Provinciale, qui siège comme juge municipal. Alors,
le gouvernement a pris en charge les cours municipales de ces villes.
Là, il s'agit de négocier des ententes spéciales avec
elles sur le plan des poursuites et des répartitions d'amendes. Il
s'agit aussi d'autoriser le ministre des Finances à remettre une partie
des amendes aux villes.
Il s'agit là d'un projet pilote d'intégration des cours
municipales au système judiciaire ordinaire.
C'est pour cela que nous avons besoin de cet article.
M. SAMSON: Est-ce que les villes n'ont pas réclamé que
l'entente soit connue avant l'adoption de la loi?
M. CHOQUETTE: J'ai un projet d'entente, ici, qui a été
négocié avec les villes. Je m'apprête à le signer
aussitôt que l'article sera adopté. Nous avons
négocié avec les villes en question et, nous en somme
arrivés à une entente, mais nous n'étions pas
autorisés à signer cette entente avant l'adoption de cet
article.
M. SAMSON: D'accord, mais l'entente est faite?
M. CHOQUETTE: Ah oui! M. SAMSON: Ah bon! d'accord. M. CHOQUETTE: Oui,
oui. M. SAMSON: Parfait.
M. CHOQUETTE: D'ailleurs, même, elle sera rétroactive au
1er octobre, parce que c'est le moment où les cours Municipales ont
été prises en charge par le gouvernement du Québec.
M. SAMSON: Est-ce que le ministre pourrait déposer une copie de
cette entente?
M. CHOQUETTE: Je peux vous la montrer, mais je ne sais pas si...
M. SAMSON: Vous ne voulez pas la déposer?
M. CHOQUETTE: Je vous la montrerai. Je vous en donnerai une copie.
M. SAMSON: D'accord.
LE PRESIDENT (M. Blank): Adopté. Article 4?
M. BURNS: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Blank): Article 5?
M. BURNS: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Blank): Article 6, adopté?
UNE VOIX: Adopté.
M. BLANK (président de la commission plénière): M.
le Président, j'ai l'honneur de faire rapport que le bill 82 a
été adopté par la commission plénière sans
amendement.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Brisson): Ce rapport est-il
agréé?
UNE VOIX: Agréé.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Brisson): Troisième lecture?
M. BURNS: A une séance subséquente.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Brisson): Séance
subséquente.
M. BIENVENUE: Article 7.
Projet de loi no 80 Troisième lecture
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Le ministre de la Justice propose la
troisième lecture du projet de loi no 80, Loi prolongeant et modifiant
la loi pour favoriser la conciliation entre locataires et
propriétaires.
M. CHOQUETTE: M. le Président, pour ma part, j'ai eu l'occasion
de discuter de ce projet de loi autant en deuxième lecture qu'en
commission. Je n'aurais rien d'autre à ajouter, mais je pense que le
député de Maisonneuve a quelque chose à dire. Je me
réserve donc le droit de lui répliquer.
M. BURNS: J'imagine que vous allez répliquer.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Le député de
Maisonneuve.
M. Robert Burns
M. BURNS: M. le Président, l'étude du projet de loi sur
les relations entre propriétaires et locataires juste avant Noël
est devenue une tradition si fortement ancrée que c'est peut-être
la vraie raison qui empêche le ministre de la Justice de nous
présenter une loi permanente. En effet, depuis, à ma
connaissance, au-delà de 20 ans, en fin de session, aux environs de
l'ajournement des Fêtes, nous avons un projet de loi de cette nature qui
ramène, qui fait revivre cette loi qui n'a rien de permanent en soi. En
ce qui me concerne, c'est la quatrième année d'affilée que
je vois ce projet de loi nous revenir.
Chaque année, le ministre nous ramène son projet de loi et
on peut être porté à oublier que le sort des 80 p.c. de la
population québécoise qui vit en loyer dépend un peu de
l'attention que nous portons, lors de l'adoption de cette loi, toujours
temporaire, et cela d'année en année.
Avec cette technique législative, M. le Président, le
gouvernement peut se permettre d'apporter une ou deux nouvelles mesures, chaque
année, sans trop mettre en danger les contributions que verse à
la caisse électorale le "lobby" des constructeurs et des
propriétaires de logements locatifs.
Ainsi, cette année, nous avons réussi à faire
accepter par le ministre de la Justice deux mesures qui vont améliorer,
je l'admets, le sort de certains locateurs et qui, en même temps, vont
permettre à l'establishment libéral de
mieux dormir. La première de ces mesures acceptées en
commission visait à rendre justice aux locataires habitant des immeubles
que le propriétaire veut transformer en condominiums. Avec les
amendements acceptés, ces locataires seront désormais
traités selon les mêmes règles que celles qui
régissent les autres locataires, n'étant plus
pénalisés par le choix du promoteur immobilier de changer la
destination de son immeuble.
La seconde mesure qui a été acceptée par le
ministre est certes la plus importante puisqu'elle permet de prévenir
les coupures d'électricité quand c'est le propriétaire qui
a la charge de cet approvisionnement. Cette amélioration, M. le
Président, que nous réclamions depuis deux ans, vient rectifier
une situation flagrante d'injustice qui pénalise bon nombre de
locataires quand leur propriétaire oublie de payer ses comptes.
Cependant, si ces deux améliorations peuvent contribuer à
assainir les relations entre la classe des locataires et celle des
propriétaires, il n'en reste pas moins qu'il serait très
prétentieux de crier victoire de notre part.
Car si on regarde l'ensemble des avantages concédés
à chacune des deux classes, on voit tout de suite que c'est la classe
des propriétaires qui bénéficie du plus grand nombre
d'avantages.
L'exemple le plus évident de cette préférence du
législateur, c'est sans doute le fardeau de la preuve qui repose encore
sur le locataire qui doit poursuivre son propriétaire devant la
régie s'il considère qu'il se fait exploiter. C'est là une
méthode bien originale de protéger le consommateur puisqu'on ne
protège que ceux qui se plaignent.
En 1974 le ministre pourra confirmer ces chiffres je pense
que ça concerne 3 p.c. des locataires. De plus, cette année le
ministère de la Justice a poussé le ridicule jusqu'à
soustraire de l'application de la loi tous les nouveaux logements, et ce pour
une période de cinq ans. Evidemment, je parle des logements, comme le
dit la loi, qui ont été bâtis après le mois de
décembre 1973.
Lorsqu'en commission nous avons demandé au ministre de nous
expliquer les véritables raisons de cette exclusion, c'est le
député de Louis-Hébert, adjoint parlementaire du ministre,
qui nous a répondu que si on voulait que les constructeurs d'habitations
construisent de nouveaux immeubles, il fallait permettre d'offrir leurs
logements à des prix très bas la première année et
de les remonter au premier renouvellement du bail, et cela sans aucun
contrôle.
On ne peut pas être vraiment fier d'un gouvernement dont la seule
méthode d'incitation à construire est d'encourager la fraude et
la mauvaise administration des constructeurs, et cela aux dépens de
l'évidente et éminente majorité des électeurs
locataires.
A ce propos, le ministre nous a d'ailleurs souligné que ce
n'était pas bien grave parce que les logements neufs ne
représentent quand même qu'un faible pourcentage de tous les
logements disponibles. Et, après tout, pourquoi se préoccuper de
2 p.c. ou 3 p.c. des locataires qui habiteront ces logements neufs puisque, de
toute façon, les locataires des logements couverts ne se plaignent que
dans une proportion de 3 p.c. des cas? Une telle insouciance est
peut-être seulement due à un manque d'information des locataires,
je l'admets. Selon les associations intéressées, cependant, si
seulement 3 p.c. des locataires se sont plaints à la régie cette
année, ce n'est pas que les propriétaires se sont montrés
plus raisonnables, mais c'est que les locataires n'ont pas confiance en la
régie ou en ignorent le fonctionnement, que cette même
régie n'est pas facilement accessible et que ses procédures de
fonctionnement sont arbitraires, incohérentes et trop complexes pour
être quali-fiables d'accessibles à tous.
En fait, la Régie des loyers n'est pas un organisme de protection
du consommateur comme on l'entend de nos jours. Son rôle a toujours
été et demeurera, hélas! tant et aussi longtemps que le
ministre n'acceptera pas de faire une réforme en profondeur, de
concilier les relations entre deux groupes comme si ces deux groupes
étaient sur un pied d'égalité.
Or, il faut bien admettre que le bail a cessé depuis longtemps
d'être un contrat d'adhésion. Si le législateur a cru bon
d'instaurer des mesures de protection du consommateur dans presque tous les cas
de contrats d'adhésion, qu'attend-il pour faire de même pour le
problème des consommateurs de logements, bien qui est probablement le
premier des biens de consommation, comme j'ai eu l'occasion de le dire et en
deuxième lecture et lors de l'étude du projet de loi en
commission parlementaire.
Je souligne au ministre qu'il peut très bien corriger
partiellement la situation actuelle sans devoir changer la loi pour cette
année, ceci n'étant plus possible. La Régie des loyers
possède beaucoup de pouvoirs qu'elle n'exerce pas ou qu'elle exerce mal,
faute de personnel et de budget. Peut-être qu'il n'est pas trop tard pour
corriger la situation sur le plan administratif.
De nombreux griefs ainsi que de nombreuses solutions ont
été exposés au ministère ces derniers temps ainsi
qu'au président de la régie, M. le juge Desjarlais. Parmi ceux-ci
retenons, par exemple, les remarques du Groupement des locataires du
Québec métropolitain qui constitue un effort constructif dans le
sens de l'amélioration du service dispensé par la Régie
des loyers. A titre d'exemple, mentionnons quelques-unes des réformes
que ces personnes proposent.
En premier lieu, ces gens du Groupement des locataires du Québec
métropolitain propose et j'endosse cette suggestion de
palier le manque d'information qu'ont les locataires du rôle en plus des
pouvoirs de la régie par une vaste campagne de publicité
axée, non pas sur le
bail type ou sur l'opportunité des nouvelles dispositions
législatives, mais sur les droits des locataires et sur la façon
de les exercer efficacement. De plus, pour contrer les déclarations des
associations de propriétaires face aux augmentations que les locataires
devraient considérer comme normales, faire, selon leur suggestion,
établir par le service technique de la commission des barèmes
d'augmentation type par région et par type d'habitation.
En second lieu, M. le Président, ces gens suggèrent de
rendre plus accessibles les services de la Régie des loyers, notamment
en multipliant les bureaux et en les ouvrant le soir et le samedi afin de
permettre aux travailleurs de s'y rendre sans avoir à subir des pertes
de salaire.
Finalement, en troisième lieu, multiplier le personnel afin
d'accélérer l'audition et le jugement des demandes dans un
délai raisonnable. Si le ministre de la Justice a été
capable de le faire pour le tribunal des petites créances, comme il se
plaisait à nous le dire lors de l'étude des crédits de son
ministère le printemps dernier, pourquoi ne pourrait-il pas faire de
même pour un organisme qui, temporaire depuis plus de 20 ans, risque de
devenir permanent à plus ou moins longue échéance?
M. le Président, en terminant, je dis tout simplement que je me
sentais le devoir de faire ces critiques constructives à l'endroit de la
Régie des loyers, vu l'absence cette année encore d'une solution
à caractère permanent, vu que le tribunal des loyers retarde, vu
qu'on devra sans aucun doute et je ne me fais pas d'illusion
là-dessus dès l'année prochaine encore une fois,
renouveler cette même loi. Mais tout au moins dans l'immédiat, et
cela, comme je le mentionne, ne demande aucun amendement à la loi pour
le faire, on devrait au moins tenter d'augmenter, pendant qu'on est pris avec
ce tribunal temporaire qu'est la Régie des loyers, l'efficacité
de la régie. C'est ce que je souhaite malgré toutes les
réserves que j'avais pour le projet de loi, et en deuxième
lecture et surtout les amendements qui nous ont tellement surpris et tellement
déplu. Malgré tout, M. le Président, je souhaite, parce
que c'est encore le seul organisme auquel les locataires peuvent s'adresser,
qu'on puisse faire les réformes administratives dans
l'immédiat.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Brisson): Est-ce que la troisième
lecture du projet de loi no 80, Loi prolongeant et modifiant la loi pour
favoriser la conciliation entre locataires et propriétaires, est
adoptée?
M. BURNS: Adopté, M. le Président.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Brisson): Adopté.
M. BIENVENUE: Article 9), M. le Président.
Projet de loi no 46 Deuxième lecture
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Brisson): Article 9). Le leader adjoint
propose la reprise des débats sur la motion de M. Bienvenue proposant
que le projet de loi no 46, Loi modifiant la loi du ministère de
l'Immigration, soit maintenant lu pour la deuxième fois.
Le député de Saint-Jacques.
M. BURNS: II est absent, M. le Président, alors il n'y a pas de
problème. Moi, j'ai épuisé mon droit de parole.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Brisson): Y a-t-il d'autres opinants? La
réplique de l'honorable ministre de l'Immigration.
M. Jean Bienvenue
M. BIENVENUE: M. le Président, le député de
Maisonneuve, dans ses remarques l'autre jour, lors de l'étude de ce
projet de loi, avait insisté, et avec raison, sur le sens des
statistiques émanant du premier Bulletin statistique annuel du
ministère que je dirige. Il avait relevé, avec inquiétude,
ce déséquilibre, notamment au chapitre de la langue des
immigrants qui viennent au Québec. Je voulais dire que c'est à
dessein que, pour ma part et avec mes hauts fonctionnaires, j'ai brusqué
la parution de ce premier bulletin; je l'ai accéléré
précisément pour démontrer l'urgence et l'importance
d'adopter ce projet de loi no 46 et de lui assurer un suivi. Cette urgence,
cette hâte, cette anxiété que j'éprouvais explique
davantage les cris d'alerte que j'ai lancés à plusieurs reprises
depuis un an et depuis deux ans, explique davantage le sens de mes
négociations auprès du ministère fédéral de
la Main-d'Oeuvre et de l'Immigration depuis bientôt deux ans, explique
davantage aussi les missions répétées que j'ai faites en
France, que mes hauts fonctionnaires ont faites, et ailleurs, dans l'espoir de
trouver les mécanismes pour freiner ce phénomène, pour
mettre fin à ce déséquilibre auquel j'ai fait
allusion.
Le député de Maisonneuve et je vais d'ailleurs lui
consacrer avec beaucoup de plaisir la quasi-totalité de ce droit de
réplique m'a posé l'autre jour des questions, ne
s'engageant pas, disons, de façon formelle à ce que son vote soit
conditionné par les réponses, mais laissant entendre que
peut-être ça pourrait influencer la position de son parti de
l'Opposition officielle sur la question.
Sa première question et j'ai extrait cela du journal des
Débats était la suivante: "A quel moment le ministre
doit-il annoncer les sommes nouvelles que le conseil des ministres mettra
à la disposition de son ministère? Quelles sont ces sommes et
comment entend-il les affecter? "
Evidemment, devançant la période normale pour la
révélation de ces chiffres, devançant l'étude des
crédits, et avec l'autorisation du ministre des Finances, je puis, sans
donner de chiffres mais le député de Maisonneuve est assez
habile avec son crayon pour se faire une idée assez juste dire
qu'en pratique la contribution du gouvernement du Québec à son
ministère de l'Immigration doublera au cours de la prochaine
année fiscale. Doublant ces sommes et à même ces sommes
doublées, nous poursuivrons des objectifs qui porteront sur
l'établissement des immigrants, alors que nous voudrons consacrer 36
p.c. de plus à cet article, les effectifs devant alors passer de 38
à 97 postes, également augmenter les effectifs de nos services
à l'étranger qui passeraient de 7 à 38 postes, nos
services de l'emploi dont les effectifs passeraient de 11 à 32 postes,
les effectifs de notre service aux immigrants-investisseurs qui passeraient de
6 à 9 et enfin le bureau régional de Québec qui verrait
ses effectifs passer de 6 à 7.
Toujours grâce à cette augmentation future du budget, nous
voudrions voir et nous entendons faire augmenter de 37 p.c.
l'élément 2 de notre programme qui porte sur l'adaptation des
immigrants.
Le député de Maisonneuve me posait aussi la question
suivante: "Quels sont les moyens et l'échéancier envisagés
par le ministre dans la multiplication de ses agents de recrutement à
l'étranger, et à partir de quel moment ses agents seront-ils
habilités à informer, recruter et sélectionner en toute
indépendance de leurs vis-à-vis fédéraux?
On vient de voir que la participation du Québec au
ministère que je dirige serait doublée lors de la prochaine
année fiscale. Pour ce qui est des moyens, toujours en vertu de ces
budgets accrus, le budget augmenterait au sujet des agents de recrutement
à l'étranger si mes objectifs se réalisent
de 82 p.c. Les effectifs passeraient de 7 à 38, et je donnerai tout
à l'heure quelques précisions à ce sujet.
Pour ce qui est de l'échéancier, dès le projet de
loi 46 qui est devant nous, adopté, res ipsa loquitur, 10 postes
nouveaux seraient ouverts, portant de 7 à 17 le nombre de ces postes; 3
postes additionnels seraient créés à Paris...
M. BURNS: ...
M. BIENVENUE: Res ipsa loquitur.
M. BURNS: C'est beau, ça fait bien dans un discours d'un ministre
de l'Immigration.
M. BIENVENUE: C'est bien. C'est en latin.
Trois postes nouveaux seraient créés à Paris, deux
à Port-au-Prince, en Haiti, deux à Montréal, pour des
missions itinérantes futures, un additionnel à Beyrouth, un
additionnel à Rome, et un nouveau parce que c'était
inexistant à Londres. Le reste, quant aux ouvertures de postes,
commencerait à courir à compter du 1er avril prochain.
Il faut, évidemment, tenir compte de certains impératifs.
Je pense, notamment, aux délais nécessaires à l'ouverture
des postes nouveaux et à ceux qui proviennent des questions d'ordre
pratique, notamment, de celles relevant de la juridiction du ministère
des Travaux publics ou encore des ambassades du fédéral à
l'étranger.
Dès leur arrivée en poste c'était le dernier
volet de cette deuxième question du député de Maisonneuve
les agents en question seront habilités à informer,
sélectionner et recruter les candidats suivant les pouvoirs que nous
voulons leur donner par ce projet de loi.
Je dois dire, cependant, que cela ne sera jamais en toute
indépendance vis-à-vis des autorités
fédérales. Je pense à certaines formalités
techniques. Je pense aux formules OS-8, aux formules F-1000 et aux visas qui
sont de la compétence fédérale.
En d'autres termes, tant et aussi longtemps que le Québec fera
partie d'un Etat souverain sur le plan politique, autre que lui-même, il
devra j'y reviendrai plus tard tenir compte d'une certaine
dépendance, à la fin de la ligne, à la fin du processus de
la venue des immigrants, vis-à-vis des autorités
fédérales.
Je disais, il y a un instant, que je donnerais quelques détails
sur ces postes nouveaux et sur les nouveaux pays qui seraient desservis. Je dis
tout de suite que nous envisageons de répartir comme suit, sur le plan
géographique, les futurs services extérieurs en question.
En d'autres termes, des villes que je vais maintenant
énumérer, nous couvririons les pays que je mettrai
également dans l'énumération. De Paris, ces agents
couvriraient la France, la Belgique, le Luxembourg, la Hollande, la Suisse,
l'Allemagne et l'Afrique francophone.
De Londres, évidemment, le Royaume-Uni. De Lisbonne, le Portugal,
l'Espagne, le Maroc et l'Afrique portugaise. De Rome, l'Italie, la Grèce
et la Yougoslavie. De Beyrouth au Liban, la Syrie, la Jordanie, l'Irak, la
Turquie, l'Egypte, l'Afghanistan, le Pakistan, la Somalie, l'Ethiopie et la
péninsule arabique.
De Port-au-Prince, les Caraïbes, l'Amérique centrale et le
Mexique. De Bogota ou de Sao Paulo, l'Amérique latine.
Nous augmenterons les effectifs qui partiront de Montréal. Du
ministère de l'Immigration du Québec à Montréal,
partiront des missions périodiques ou suivant les besoins à
destination de l'Amérique du Sud et de l'Afrique, à destination
des Etats-Unis d'Amérique, à destination de l'Asie et du
Pacifique et des stagiaires seront ajoutés toujours pour alimenter cette
banque de futurs fonctionnaires qui seront en poste à
l'étranger.
A Montréal toujours, grâce à cette augmentation
à venir des crédits à laquelle j'ai fait allusion, un
poste de chef de service, un cadre, sera ajouté, un inspecteur et un
responsable
d'inspection et de liaison, quatre analystes feront de la recherche et
de l'analyse en permanence sur la zone d'Europe, sur la zone d'Amérique,
sur celle du Moyen-Orient, de l'Asie et de l'Afrique et, enfin, un personnel de
soutien et de secrétariat sera ajouté.
Je dois dire, en toute justice, pour les intéressés, que
la collaboration intelligente, positive, agissante des autorités
fédérales m'est déjà acquise relativement à
l'ouverture de tous les futurs postes que je viens d'énumérer, le
tout conformément, je l'ai déjà dit, au désir
souventefois exprimé des autorités fédérales de
m'aider à augmenter considérablement le taux de l'immigration
francophone au Canada et au Québec.
Mon homologue fédéral m'a indiqué clairement qu'il
était prêt, quant à lui, là où il n'y a pas
de Maison du Québec, là où ils sont logés, comme
c'est le cas actuellement, dans les ambassades canadiennes, à recevoir
en aussi grand nombre que cela sera nécessaire des représentants
du ministère de l'Immigration du Québec.
Je parlais du désir, souventefois exprimé récemment
et répété par le premier ministre du Canada lui-même
de favoriser l'immigration des francophones. Je tire un extrait d'une
dépêche récente de la Presse canadienne, à partir
d'Ottawa, qui se lit comme suit: "Le gouvernement canadien entend prendre
toutes les dispositions nécessaires pour accroître le nombre des
immigrants de langue française, a déclaré hier, dans une
interview, le ministre de l'Immigration, M. Robert Andras. Le gouvernement, a
ajouté M. Andras, projette d'ouvrir plus de bureaux d'immigration dans
les pays francophones. Il veut que des fonctionnaires voyagent dans les pays de
langue française, pour y trouver des immigrants et il entend, à
ces fins, coopérer avec le gouvernement du Québec".
Dans une autre dépêche, plus récente, M. le
Président, du journal The Gazette du 3 décembre, le même M.
Andras à nouveau, faisait état, donc en une occasion
différente, de sa préoccupation et de celle de ses hauts
fonctionnaires, à ce sujet. Je lirai rapidement, avec votre permission,
une partie de cette dépêche intitulée: Accord to boost
francophone migrants. The new Québec-Ottawa Immigration agreement now
being drafted is designed to increase substantialy the flow of French-Speaking
immigrants to Québec. Immigration minister Robert Andras said in an
interview yesterday: The new agreement would be signed and made public early
next month il s'agit en l'occurrence du prochain mois de janvier
The agreement has been under negociation for almost 18 months. Andras described
the agreement as a revision or up-dating of the Lang-Cloutier agreement of a
few years ago under which Québec secured, for the first time, the right
to place immigration officials in selected Canadian Embassies abroad.
Québec shows missions mainly in Southern Europe. Andras said he could
not confirm
Québec Immigration minister Jean Bienvenue's estimate that the
new agreement would assure the Province four times as many French-Speaking
immigrants as anglophones". Je fais un bref aparté M. le
Président, pour dire que je ferai tout à l'heure un court
commentaire sur cette allusion que je viens de lire. Je reprends le texte, qui
se lit comme suit: "Utmost certainly the intent of it is to encourage
French-Speaking people to go to the province of Québec, the minister
said. Competency in French is going to be a matter of interest in both
Governments. Andras said Ontario also has a cooperative immigration agreement
with the Federal Government. He said immigration was a shared field of
jurisdiction under the BNA Act though Ottawa had primacy".
Lorsqu'on parle de cette "primacy", M. le Président, c'est
évidemment celle à laquelle je viens de faire allusion, et sur
laquelle je reviendrai, et qui porte sur ce que j'appellerai le dernier mot,
lors de la décision finale de choix d'un immigrant. "Québec
immigration officers will specialize in locating immigrants of special interest
to Québec and show them the advantages of settlement in that province
although federal officers will have final say in the selection".
M. le Président, cette entente à laquelle on fait allusion
je reprends ces propos à mon compte va être
l'aboutissement d'une longue, patiente, discrète négociation de
près de 18 mois, sans vacarme, sans bruit, dénuée de toute
forme d'hostilité, et qui, je pense, sera un pas combien remarquable en
avant relativement aux intérêts et à la présence du
Québec dans ce domaine de plus en plus délicat de
l'immigration.
J'aurai l'occasion, M. le Président, plus tard, d'y revenir, mais
je répète ma vive satisfaction, si rien ne devait survenir au
dernier instant, de voir l'évolution de ce dossier qui est sur le point
d'aboutir.
M. le Président, la question suivante que m'avait posée le
député de Maisonneuve se lisait comme suit: Par quels moyens le
ministre entend-il reprendre en main le contrôle réel et efficace
des instruments d'intégration des immigrants au Québec
français?
Je suppose, évidemment, qu'entre autres outils
d'intégration, le député de Maisonneuve faisait allusion
aux COFI qui sont peut-être le plus connu et le principal parmi tous ces
outils auxquels j'ai fait allusion.
Le 31 juillet 1974, le conseil des ministres donnait pleine juridiction
au ministère de l'Immigration sur les COFI. Depuis cette date, le
ministère a négocié les modalités de la prise en
charge directe des COFI avec le Conseil du trésor, avec la Commission de
la fonction publique, avec le ministère de la Fonction publique et,
enfin, le ministère des Travaux publics.
Le Conseil du trésor, par une lettre du 19 novembre dernier, a
approuvé le nouveau plan
d'effectifs du ministère de l'Immigration comprenant le personnel
des COFI. Et par le CT 85550 du 6 novembre dernier, il a approuvé le
nouveau plan d'organisation administrative supérieure incluant le
personnel de cadre de ces COFI.
La classification du personnel des COFI et les modalités de
l'intégration des personnes autrefois à l'emploi de la CECM sont
en cours et le Conseil du trésor vient tout juste cela fait
à peine quelques jours d'approuver le principe de leur
intégration à la Fonction publique dans la catégorie du
personnel académique. En un mot, ce seront des professeurs.
Reste cependant posé le problème de l'intervention des
Centres de main-d'oeuvre du Canada dans la désignation des
élèves envoyés aux COFI. Sortir du cadre de l'entente sur
la formation professionnelle des adultes coûterait $10 millions au
Québec, ce qui entraînerait un budget global du ministère
de... Je ne peux pas le dire, j'ai failli le dire, je m'excuse. J'ai mis les
"brakes" juste à temps, M. le Président.
Le député de Maisonneuve me posait une quatrième
question, dont...
M. BURNS: Cela ne vous tente pas d'être indiscret un peu?
M. BIENVENUE: Oui. M. BURNS: Oui.
M. BIENVENUE: Je verrai le député derrière le
fauteuil du président après.
M. BURNS: Bon.
M. BIENVENUE: La quatrième question du député de
Maisonneuve se lisait comme suit: "A quel moment le ministre entend-il aviser
le ministre fédéral de la Main-d'Oeuvre et de l'Immigration que
le Québec disposera seul de sa propre politique d'immigration et que
celle-ci ne saurait accepter quelque droit de contrôle ou le veto du
gouvernement fédéral? " La question étant à quel
moment, je la tourne un peu en disant: A quelle occasion? J'entendrais dire
cela, moi ou un autre, et l'occasion serait, évidemment, lors de
l'accès du Québec à l'indépendance.
A quelle date aurait lieu une telle occasion? Cette date, cette occasion
ou cette indépendance peut-être...
M. BURNS: Vous me le direz derrière le trône, cela aussi
!
M. BIENVENUE: Non, j'allais dire, M. le Président, que
peut-être mes petits enfants pourront-ils le demander à leurs
descendants! Trêve de plaisanterie, ce que je veux dire sur une note plus
sérieuse et je reprends ici ce que j'ai dit à des
centaines de reprises depuis trois ans c'est que dans toute
fédération comme la nôtre, le pouvoir central exerce
toujours et doit exercer auprès des provinces ou de ses Etats membres un
contrôle et, à la limite de toute l'opération, doit exercer
le veto qui en est la sanction, cela même si l'immigration chez nous est
un domaine de juridiction partagée.
La raison fondamentale en est que précisément nous n'avons
pas de contrôle ou de veto sur nos frontières. Je fais allusion
aux frontières du Québec, sauf, évidemment, lorsqu'elles
coincident avec celles du fédéral, et je pense notamment le long
de la frontière américaine et, qui plus est, nous n'avons pas de
frontières proprement dites, le Québec, au sens du droit
international public, nos frontières étant les frontières
du pays, de la fédération à laquelle nous appartenons.
Il n'existe pas de frontières au sens juridique du mot entre,
à titre d'exemple, nous et le Nouveau-Brunswick ou encore nous et la
province d'Ontario, et ce que cela entraîne.
M. le Président, je vais procéder par exemples pour me
faire mieux comprendre. Je pense au cas de tel immigrant, je pense au cas de X
ou Y, un immigrant qui serait entré en Colombie-Britannique ou en
Nouvelle-Ecosse sans le contrôle et sans le veto du gouvernement central
et, évidemment, encore moins ou encore davantage sans le veto du
gouvernement québécois. J'imagine qu'un tel immigrant, qui
convient parfaitement, de par ses aptitudes, de par son métier, de par
la langue qu'il parle, à l'une ou l'autre de ces provinces, puisse
parfaitement bien, en retour, ne pas convenir au Québec ou aux exigences
ou aux besoins du Québec sur le plan socio-culturel ou
socio-économique. Toutefois, rien ne l'empêche, cet immigrant,
d'entrer chez nous, d'entrer au Québec, qu'il vienne de la
Nouvelle-Ecosse par le Nouveau-Brunswick, qu'il vienne de la
Colombie-Britannique par l'Ontario, rien, absolument rien ne l'empêche
d'entrer chez nous et cela, sans même que nous le sachions.
Un immigrant qui décide d'entrer chez nous, nous l'ignorons. Le
plus bel exemple auquel je puis penser, M. le Président, parce que j'ai
fait le voyage moi-même dans le passé, assez souvent, est celui
d'un brave type qui est entré à Halifax et qui décide de
se rendre à Toronto en circulant sur ce train qu'on appelle
l'Océan Limitée, je ne sais pas s'il s'appelle toujours comme
cela mais dans mon temps, il s'appelait l'Océan Limitée. Rien ne
l'empêche de débarquer, comme passager, n'importe où, que
ce soit chez le député de Bonaventure ou chez le
député de Matapédia ou à Rivière-du-Loup, ou
à Lévis, et de décider de rester ici et de s'y
établir.
M. BURNS: M. le ministre, est-ce que vous me permettez une question?
M. BIENVENUE: Oui, oui.
M. BURNS: C'est intéressant parce que c'est un problème
juridique concret. J'admets d'ail-
leurs ce que vous dites. Mais est-ce qu'il n'y a pas lieu, à un
moment donné, dans vos ententes, étant donné que les
immigrants, pendant la période de probation, si on peut dire, je n'aime
pas le mot mais ce n'est pas comme cela qu'on l'appelle la
période durant laquelle il accède à sa citoyenneté
canadienne...
M. BIENVENUE: La période de cinq ans que vous voulez dire.
M. BURNS: ... durant les cinq ans, il y a du moins une période de
contrôle. Il y a quand même des points de contrôle. Est-ce
qu'il n'y a pas moyen, dans vos ententes avec le fédéral, de
garder un contrôle conjoint sur le déplacement de l'immigrant en
question? Est-ce que c'est envisagé par votre ministère?
M. BIENVENUE: Non, M. le Président. Evidemment, ce serait trop
long d'entrer à fond dans la question mais un tel contrôle est...
Il y a celui qui occupe le fauteuil qui est un expert en matière
d'immigration.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Le moment après que l'immigrant a
reçu son visa d'immigrant "landed immigrant arrived in Canada"
il n'y a aucun contrôle, à moins qu'il y ait infraction
à la loi criminelle ou quelque chose comme cela.
M. BIENVENUE: C'est cela. C'est la libre circulation.
M. BURNS: Merci, M. le Président.
M. BIENVENUE: Alors, M. le Président, à l'inverse de ce
que je viens de dire, d'autres provinces ne sont pas ou ne seraient pas
nécessairement d'accord sur nos candidats, sur les candidats que le
Québec aurait choisis et sur ces candidats qui décideraient d'en
sortir pour aller ailleurs. On voit qu'à l'inverse, le même
phénomène est susceptible d'arriver. Je dis à ce
moment-là, M. le Président, évidemment, tant et aussi
longtemps que c'est le statu quo sur le plan constitutionnel, tant et aussi
longtemps que le député de Maisonneuve et moi ne nous serons pas
entendus sur la date, derrière le fauteuil du président, qu'il
est peut-être heureux que le gouvernement central soit cette
espèce d'arbitre ou d'agent pondérateur qui peut assurer, dans
une certaine mesure, jusque dans une certaine limite, un minimum de protection,
de précautions, un minimum de garantie des provinces les unes envers ou
contre les autres à cause des critères qui ont servi à la
sélection des immigrants à l'étranger.
M. le Président, le député de Maisonneuve
vous voyez que je n'exagérais pas quand j'ai dit que je lui consacrerais
avec beaucoup de plaisir ce droit de réplique posait la
cinquième et dernière question suivante. Pardon, il y en a une
sixième. Il disait donc: Maintenant que le ministre, via la direction de
la recherche de son ministère, dispose des données statistiques
nécessaires, à quel moment le ministre entend-il définir
une politique concrète d'immigration pour le Québec, par exemple:
De combien d'immigrants avons-nous besoin annuellement en fonction de
l'ouverture du Québec sur le monde, en fonction de nos critères
linguistiques, en fonction de notre marché du travail?
La Direction de la recherche de ce ministère exploite seulement
les données du mouvement de l'immigration passée et actuelle. La
question du député de Maisonneuve pose tout le problème de
l'absence d'un outil unifié et cohérent de connaissance des
problèmes de population. Je pense à la population totale, active,
complémentaire, etc. C'est à ce problème que veut
répondre, c'est ce défi que veut relever ce projet de
ministère des ressources humaines, dont le premier ministre s'est le
premier fait le protagoniste à quelques reprises, notamment lors d'une
longue et intéressante interview exclusive qu'il accordait à M.
Gilles Gariépy, du journal La Presse, au mois d'août dernier,
interview que j'ai moi-même eu l'occasion de reprendre à mon
propre compte assez fréquemment au cours des derniers mois.
Alors, cet outil cohérent, unifié, de connaissances que
serait le futur, l'éventuel ministère des ressources humaines est
absolument indispensable pour répondre à la question que
soulève, avec raison, avec énormément d'à-propos le
député de Maisonneuve, surtout dans le contexte actuel de notre
incertitude future sur la population du Québec face à ce
phénomène de plus en plus inquiétant de
dénatalité.
A ce sujet, le ministère de l'Immigration a décidé
de tenir, à la fin de janvier prochain, un colloque à
Montréal où seront invités et où participeront des
experts du milieu universitaire, de différents milieux, du milieu de la
fonction publique, des experts en démographie, des experts tous
versés à un titre ou à un autre dans l'étude de ces
questions. J'attends beaucoup du résultat de ce colloque pour
l'orientation future ensuite du ministère que je dirige.
La sixième question à deux volets du député
de Maisonneuve se lisait comme suit: "Quels pays avons-nous l'intention de
favoriser comme sources d'immigration et comment les
Néo-Québécois seront-ils accueillis et
intégrés chez nous et sur quel type d'équilibre
démographique le Québec peut-il compter pour les années
qui viennent? " La réponse à la première question: "Quel
pays avons-nous l'intention de favoriser"? se trouve au tableau dont j'ai
tracé les grandes lignes, il y a quelques instants, dans ce projet
d'extension de nos services à l'étranger. Ce projet nous
permettra de contrôler de 70 p.c. à 80 p.c. du mouvement
d'immigration au Québec.
Comme on a pu s'en rendre compte, on y favorise les pays de recrutement
francophones et francophonisables et on tente de contrôler le mouvement
en provenance des pays non francophones et moins facilement francophonisables.
Donc, je le répète, grâce à cette extension
assez
considérable de nos services à l'étranger, le
Québec espère et croit pouvoir contrôler de 70 p.c.
à 80 p.c du mouvement de son immigration.
On songe, entre autres ici, au débat amorcé par la
publication à venir du livre vert fédéral qui
lui-même donnera lieu à une législation future, à
une refonte complète de la loi fédérale sur l'immigration.
On pense au problème de l'immigration visible, de l'immigration en
provenance des pays sous-développés.
Il faudrait se contenter de rappeler, comme je l'ai fait à
plusieurs reprises au cours des dernières semaines, que l'accueil et
l'intégration des nouveaux arrivants est la responsabilité du
peuple québécois dans son ensemble et pas seulement celle du
ministère de l'Immigration du Québec dont on connaît les
effectifs restreints et les moyens financiers combien modestes.
Ce que je prêche, M. le Président, presque tous les jours
depuis trois ans et au cours des dernières semaines, ayant parfois,
hélas! l'impression que je prêche dans le désert de la
xénophobie qui, parfois, atteint les couches plus profondes et plus
détestables du racisme. Le Parti québécois, à son
congrès récent, a reçu à ce sujet les
doléances de certains immigrants qui, avec raison, se sont plaints de la
façon dont ils sont peu ou pas accueillis, ou mal accueillis, en
certaines occasions. J'ai lu et mes collègues ont pu lire, M. le
Président, il y a quelques semaines, le récit navrant et
bouleversant de cet Haïtien, immigrant reçu officiellement au
Canada et au Québec, ayant son statut d'immigrant reçu, qui a
dû végéter d'un emploi à l'autre à
Québec, ici, dans cette pure et catholique ville de Québec, et il
n'y a pas de cachette, il ne faut pas hésiter à se le dire, parce
qu'il avait la peau noire.
J'ai reçu, M. le Président j'en avais
apporté quelques-unes avec moi dans mon dossier mais je vous avoue que
je préfère les laisser là devant moi où je les ai
sous les yeux des lettres combien terribles, la grande majorité
non signées, mais certaines d'entre-elles signées d'anglophones
et de francophones du Québec, jetant avec mépris leurs craintes,
leurs inquiétudes et parfois, ce qui est pire, leur haine de ces
étrangers qui ont choisi de venir vivre parmi nous. A l'occasion
d'émissions radiophoniques, M. le Président, j'ai eu des appels
dans le même sens de personnes qui oubliaient comment elles aimeraient
être traitées elles, si elles devaient aller vivre dans un nouveau
pays. Le journal La Gazette du 8 novembre dernier nous rapportait les propos de
Mme Thérèse Lavoie-Roux qui commentait avec stupéfaction
les traitements qui avaient été réservés à
certains enfants d'immigrants dans des écoles du secteur français
de Montréal, qui, en raison des exigences de la loi no 22, faisaient
leur apprentissage dans certaines écoles du réseau
français, et racontait des choses bouleversantes de la part des
élèves et de certains professeurs. Que l'on se rappelle, M. le
Président, avec quelle véhémence en certains milieux on a
fait le reproche aux immigrants d'avoir depuis 25 ans, de façon
traditionnelle, choisi le secteur anglophone pour faire éduquer leurs
enfants.
Alors, ce n'est pas tout, M. le Président, de critiquer et de les
inviter avec vigueur à venir chez nous, mais encore faut-il les y
accueillir. M. le Président, je pense que le jour où les
Québécois comprendront et accepteront, et que les immigrants ne
viennent pas, suivant la vieille expression, voler nos "jobs" et au contraire
occupent, pour partie d'entre eux, celles de ces "jobs" sur lesquelles nous
levons le nez, qu'au contraire ils ont créé et créent des
dizaines de milliers d'emplois au Québec, et à Montréal en
particulier, je crois que le jour où les Québécois
comprendront ce qu'ont compris avant nous les Etats-Unis d'Amérique et
l'Ontario je lirai quelques lignes, M. le Président, d'un extrait
du journal La Presse, un numéro assez récent à ce sujet
le Québec aura répondu à une des questions les plus
importantes que m'a posées le député de Maisonneuve, avec
combien, je le répète, d'à-propos et de justesse. Je pense
que le Québec aura répondu à cette question et se sera
grandi.
L'article auquel je faisais allusion, M. le Président et
j'achève était un article récent du journal La
Presse, numéro du 10 décembre, sous la signature de M. Jean
Poulin, intitulé: "La puissance de consommation de l'Ontario
dépend en grande partie de ses immigrants". Très rapidement, M.
le Président, je voudrais lire, avec votre permission, quelques passages
qui établissent, je pense, les points que j'ai modestement
soulevés devant vous. Je cite: "Comme les entreprises américaines
implantées en Ontario ont donné à cette province sa
puissance de production, ce sont les immigrants européens qui sont
à l'origine d'une part importante de la croissance, de sa puissance, de
consommation. "D'autres données fédérales, d'ordre
démographique celles-là, montrent que l'Ontario reçoit
à elle seule plus de la moitié de tous les immigrants qui entrent
au Canada chaque année. Il en résulte que la différence de
population entre les deux provinces, qui était de 400,000 en 1951, a
plus que triplé aujourd'hui, soit 1,913,000 au 1er janvier dernier".
Si le Québec avait pu recevoir le même nombre d'immigrants
étrangers que l'Ontario, cet écart serait réduit de
moitié sans tenir compte de leurs descendants. Or, gagner 950,000
habitants représente une avance économique considérable.
Comme le souligne le ministère de l'Immigration du Québec dans
son rapport annuel, le Québec a tout intérêt à voir
sa population augmenter. Cela signifie plus de producteurs et plus de
consommateurs, mais aussi plus d'emplois et plus de contribuables.
De plus, accueillir des adultes déjà formés
présente un double avantage: économie des coûts de
formation et utilité immédiate des nouveaux arrivants, etc.
Le député de Rouyn-Noranda m'avait pour
sa part posé une question qui se lisait comme suit: "Le ministre
de l'Immigration, avec toute la bonne volonté que je veux bien lui
reconnaf-tre, est pris dans un cadre, dans un carcan qui ne lui permet pas de
faire ce qu'il voudrait, en admettant qu'il veuille bien avoir au Québec
une immigration à majorité francophone, ce dont je ne suis pas
tellement certain. J'attendrai avec beaucoup d'intérêt sa
réplique. J'aimerais entendre le ministre nous dire que lui, son
désir est de favoriser une majorité d'immigrants francophones du
Québec."
Je l'ai dit, mille fois peut-être, le député de
Rouyn-Noranda est peut-être le seul qui ne l'avait pas entendu, je l'ai
dit à l'Assemblée nationale au cours d'interventions dans le
passé, je l'ai dit à l'étude de mes crédits, lors
de conférences de presse, lors d'allocutions publiques, etc., et je le
répète: L'objectif que je poursuis, la première
visée de notre action, celle de celui qui vous parle et celle de ses
hauts fonctionnaires, est de faire en sorte que la vapeur soit
renversée, que l'équilibre se rétablisse pour que les
immigrants venant au Québec soient, dans la proportion 80-20,
francophones, et cela à l'image actuelle, selon la proportion actuelle
de la population autochtone québécoise.
Et c'est à ce sujet que je voulais faire une mise au point autour
d'une autre erreur que j'ai retrouvée dans les journaux et qui a failli
induire en erreur mon collègue, le ministre fédéral de
l'Immigration. Je n'ai jamais, de près ou de loin, dit que grâce
à cette nouvelle entente que nous nous apprêtons à signer,
ou grâce à ce projet de loi, automatiquement le taux de
l'immigration francophone serait quadruplé. Ce que j'ai dit, ce
n'était pas la certitude ou l'assurance, mais bien l'espoir d'atteindre
ce résultat, l'objectif, le but.
Je rappelle cependant, à travers tout cela, à travers ces
aspirations sur le plan socio-culturel, que l'immigration sélective doit
reposer sur des assises non seulement socio-culturelles, mais aussi
socio-économiques combien vitales. En d'autres termes, je suis
prêt à la souplesse. Au lieu d'envisager et de me diriger vers cet
objectif de 80-20, je n'aurais aucune objection à ce que ça
devienne 79-21, si le coût de cet écart symbolique de 1 p.c.
favorisait ou reposait sur l'accueil au Québec de quelque douzaine
d'immigrants anglophones, mais amenant avec eux, comme ça
été le cas dans le passé, quelques millions de dollars
d'investissements.
Enfin, M. le Président, à sa dernière question le
député de Rouyn-Noranda voulait s'assurer qu'on informerait
davantage les futurs immigrants qui viennent au Québec qu'il s'agit
d'une province francophone et que le français est la langue de la
majorité, qu'il faut parler.
Je rappelle ce que j'ai dit précédemment, M. le
Président, quant à la multiplication de nos postes à
l'étranger, y compris au Royaume-Uni. C'est un des
éléments essentiels de ce projet de loi que celui de pouvoir,
à l'avenir, conjointe- ment avec les autorités
fédérales, partout où nous serons, informer,
sélectionner, et recruter les immigrants.
M. le Président, c'est un sujet sur lequel on peut parler encore
bien davantage. C'est un sujet qui est de plus en plus actuel. On n'a
qu'à lire les grands quotidiens. On n'a qu'à entendre les
préoccupations de l'homme de la rue. On n'a qu'à regarder, je
l'ai dit, ce phénomène de plus en plus inquiétant de la
dénatalité, sur le plan et culturel et économique. Mais je
crois que l'outil que le Québec s'apprête à se donner, sous
forme de cette loi 46, constitue vraiment un pas vers l'avant qui aurait
dû être fait bien auparavant, si le Québec veut vraiment
avoir son mot à dire dans le choix des citoyens qui viendront habiter
son territoire.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Cette motion de deuxième lecture du
projet de loi no 46 est-elle adoptée?
M. BURNS: Adopté. Ne pouvant demander un vote enregistré,
je vous prie d'enregistrer mon vote favorable.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Adopté.
Projet de loi déféré à la
commission
M. LEVESQUE: Je propose que ce projet de loi no 46 relativement à
la Loi de l'immigration soit déféré à la commission
parlementaire du travail, de la main-d'oeuvre et de l'immigration.
M. BURNS: C'est cela.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Cette déférence est-elle
adoptée?
M. BURNS: Adopté.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Adopté.
M. LEVESQUE: Article 26.
Rapport sur le projet de loi no 20
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): La Chambre a pris en considération
le rapport de la commission permanente de l'agriculture qui étudie le
projet de loi no 20, Loi sur l'assurance-récolte.
UNE VOIX: Adopté. M. BURNS: Sur division.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Ce rapport est-il adopté?
M. BURNS: Sur division.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Adopté sur division. Prochaine
séance ou cette séance-ci?
M. BURNS: Vous venez de manquer un discours.
M. LEVESQUE: Article...
M. BURNS: Séance subséquente.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Séance subséquente.
M. LEVESQUE: Article 19. On commence par l'article 19. Est-ce le cas? On
serait mieux de commencer avec l'article 19.
UNE VOIX: ... sur la même longueur d'ondes.
M. LEVESQUE: Article 19.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Est-ce que le ministre de l'Immigration
propose la deuxième lecture du projet de loi no 85, Loi modifiant...
M. LEVESQUE: Un instant.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Excusez-moi.
M. LEVESQUE: C'est cela, mais ce n'est pas le ministre de
l'Immigration.
Projet de loi no 85 Deuxième lecture
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Le ministre de l'Agriculture propose la
deuxième lecture du projet de loi no 85, Loi modifiant la loi favorisant
le crédit à la production agricole.
M. Normand Toupin
M. TOUPIN: L'honorable lieutenant-gouverneur de la province a pris
connaissance de ce bill et il en recommande l'étude à la Chambre.
Rapidement, ce projet de loi modifie une loi qui existait déjà.
On l'appelait le crédit à la production agricole. Elle groupait,
au fond, dans ses objectifs, deux productions en particulier, soit les
productions bovines, d'une part, et les productions
céréalières de l'autre.
Ce projet de loi, qui amende la loi qui existait, poursuit deux buts
bien précis. Le premier est d'élargir à toutes les
productions la possibilité d'avoir à leur disposition un
crédit à la production, c'est-à-dire une capacité
d'emprunt dans une banque ou dans une caisse populaire en vue de financer soit
un élevage de bovins, soit un élevage ovin ou une production
céréalière ou une production maraîchère.
Donc, c'est le premier objectif des amendements apportés.
Le second objectif, c'est que l'ancienne loi prévoyait des
prêts possibles jusqu'à $25,000. Celle-ci peut autoriser les
banques et les caisses à prêter jusqu'à $50,000. Ces
amendements auront également pour effet de rendre plus facile
l'application de cette loi, de décompliquer, si on peut s'exprimer
ainsi, son application au niveau des formules que les producteurs devaient
remplir pour avoir accès à cette loi.
Maintenant, le producteur n'aura plus besoin de fournir tous les
renseignements relatifs à ses objectifs de production, à ses
intentions, etc. Il n'aura qu'à présenter à sa banque ou
à sa caisse populaire un bilan de ses activités
économiques. La banque, la caisse populaire ou les autres institutions
de crédit prévues par la loi comme étant susceptibles
d'être des organismes accrédités pour prêter
pourront, à l'aide de cette comptabilité, mettre à la
disposition du producteur une marge de crédit pouvant atteindre $50,000,
plutôt que $25,000.
On facilite, d'une part, l'accès à l'emprunt et, d'autre
part, on double les possibilités d'emprunt d'un producteur pour son
crédit à la production, et ce crédit est
entièrement garanti par le gouvernement. Ces amendements s'inscrivent
dans les objectifs du ministère qui sont toujours les mêmes,
c'est-à-dire tenter de faire produire à l'agriculture du
Québec tout ce qu'elle peut produire pour satisfaire d'abord les besoins
de la consommation québécoise et après, bien sûr,
s'il y a des surplus dans certaines productions et des marchés
disponibles, exporter dans d'autres marchés du pays, dans d'autres
provinces et également sur les marchés internationaux.
M. le Président, il s'agit là en substance des objectifs
que poursuit ce projet de loi. C'est une loi essentielle surtout par les temps
qui courent, à cause des difficultés qu'ont les producteurs de
bovins à se financer, le prix étant bas. Même si le
gouvernement est intervenu au chapitre de subventions qui seront versées
seulement en février ou en mars, après avoir fait les
enquêtes requises, cette loi viendra, aussitôt qu'elle sera
adoptée, mettre à la disposition des producteurs cette marge de
crédit dont ils ont besoin pour financer leur élevage de
l'année 1974, ces bovins qui seront mis en marché à
l'automne 1975.
M. le Président, si cette loi était adoptée, elle
contribuerait, d'une part, à s'inscrire très nettement dans les
objectifs du ministère et elle contribuerait aussi et surtout
c'est là l'importance à aider les producteurs à
financer leur production tant bovine que céréalière pour
l'année 1975.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Cette motion de deuxième lecture du
projet de loi no 85 est-elle adoptée?
M. BURNS: Adopté, M. le Président.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Adopté.
LE SECRETAIRE ADJOINT: Deuxième lecture de ce projet de loi.
Second reading of this bill.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): La commission plénière ou la
commission élue?
Projet de loi déféré à la
commission
M. BIENVENUE: Je ne veux plus me faire attraper, M. le Président.
Je fais motion pour que ce projet de loi soit déféré
à la commission parlementaire de l'agriculture pour y être
étudié article par article.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Cette motion pour renvoi à la
commission est-elle adoptée?
M. BURNS: Adopté.
M. BIENVENUE: Adopté. Article 20, M. le Président.
Projet de loi no 97 Deuxième lecture
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Le ministre de la Justice propose la
deuxième lecture du projet de loi no 97, Loi sur les nantissements
agricole et forestier.
M. CHOQUETTE: Je le propose, M. le Président.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Est-ce que cette motion de deuxième
lecture est adoptée?
M. BURNS: Oui, M. le Président. En ce qui me concerne, je suis
favorable à l'adoption du projet de loi. Depuis longtemps existe le
nantissement agricole. Je pense que c'était une lacune, l'absence de
nantissement forestier, sachant maintenant qu'existent les producteurs
forestiers, particulièrement les petits producteurs indépendants
qui peuvent avoir besoin, à un moment donné, comme dans le cas du
nantissement agricole, de produire une valeur collatérale à
l'endroit de leurs emprunts. Je pense que, de nos jours, ceux qui s'adonnent
encore à la production forestière, à caractère
limité, on doit leur reconnaître cette possibilité
d'obtention de crédits. Je serai entièrement favorable à
ce projet de loi. Il me semble que c'est de reconnaître une
réalité qui aurait dû être reconnue depuis bien
longtemps. Tout ce que j'espère c'est que cela aura pour effet de
favoriser ce type particulier de producteurs agricoles. Il ne faut pas se
gêner pour le dire, ce sont des producteurs agricoles au sens strict du
mot mais qui sont dans la production forestière elle-même.
Surtout, c'est là l'avantage de la mesure, je pense, cela favorisera,
non pas les gros trusts forestiers, non pas les grandes compagnies
forestières, mais beaucoup plus les petits producteurs forestiers.
Dans ce sens-là, je ne vois pas pourquoi on hésiterait
à voter en faveur d'un tel projet de loi.
UNE VOIX: C'est de la social-démocratie.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Le député de Beauce-Sud.
M. SAMSON: Une minute, une minute, cela va trop vite.
M. ROY: M. le Président...
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Le député de Beauce-Sud, je
l'ai appelé.
M. ROY: ... le ministre de l'Agriculture va peut-être être
surpris ce soir. Il pourra peut-être considérer cela comme ses
étrennes de ma part. Je vais voter en faveur de son projet de loi.
M. BURNS: Non, mais surtout qu'il vient du ministre de la Justice !
M. ROY: Non, non... M. le Président...
M. SAMSON: Vous voyez, M. le Président, que cela valait la peine
de l'attendre.
M. BEDARD (Chicoutimi): Tu t'est trompé de
bénéficiaire.
M. ROY: Je voulais l'ajouter, mais mon collègue de Maisonneuve ne
m'en a même pas donné le temps, parce que je sais très bien
que ce projet de loi, présenté par le ministre de la Justice, est
une concordance suite à une demande du ministère de l'Agriculture
et de son ministre. C'est cela que je voulais dire. J'étais bien au
courant. Maintenant, si le ministre de la Justice veut partager une partie des
étrennes de son collègue, le ministre de l'Agriculture, je n'ai
aucune objection.
Je suis très heureux de cette mesure parce qu'il y a
déjà plusieurs années, je dirais même plus de dix
ans, que des organismes coopératifs, les caisses d'épargne et de
crédit le réclament. Le ministre de l'Agriculture se rappellera
un organisme d'épargne et de crédit où il a
travaillé et où j'ai eu à travailler moi-même,
c'est-à-dire les caisses d'établissement, puisqu'il a
été gérant de sa caisse d'établissement
également dans la région de Trois-Rivières. Les caisses
d'établissement ont consenti ce genre de prêts à la classe
agricole, lorsqu'il s'agissait d'établissements
agricoles, pour permettre aux agriculteurs de bénéficier
de prêts à moyen terme pour pouvoir répartir, sur un
certain nombre d'années, le coût de leurs investissements.
Je pense que c'est une mesure qui répond à un besoin
urgent. Et si j'avais un reproche à faire au gouvernement, je dirais:
Pourquoi il ne l'a pas présenté, ce projet de loi, avant
aujourd'hui? Mais nous l'avons devant nous.
Cependant, j'aimerais dire ceci à l'honorable ministre de
l'Agriculture. Je sais qu'il a un autre projet de loi de déposé.
Je n'ai malheureusement pas eu le temps de l'examiner. Mais il faudra que ce
projet de loi soit accompagné par une autre mesure, qu'on fasse en sorte
d'augmenter le montant des prêts permis en vertu de la Loi de
l'amélioration des fermes de façon à ce que ces
prêts puissent être garantis selon le pourcentage normal par le
gouvernement comme par les autres et permettre aux personnes
bénéficiaires de ce projet de loi, de ces emprunts, de pouvoir
bénéficier d'un certain remboursement d'intérêt.
Ce projet de loi est bien important dans plusieurs régions du
Québec, la mienne en particulier, parce que la forêt constitue un
revenu d'appoint très important pour l'agriculture. Lorsqu'on constate
que, dans l'achat ou le transfert des fermes, il y a parfois jusqu'à
$10,000 d'inventaire forestier, alors qu'on ne peut pas hypothéquer une
coupe de bois on peut seulement la nantir je pense que c'est un
projet de loi de ce genre que les institutions financières, non
seulement les caisses d'établissement, mais les caisses populaires
pourront ouvrir leurs portes et offrir ce service aux cultivateurs.
M. le Président, c'est avec plaisir que nous appuierons ce projet
de loi. J'aimerais que le ministre de l'Agriculture, à ce moment-ci,
s'il n'a pas pris la parole sur ce projet de loi, nous fasse connaître
quelles sont ses intentions et qu'est-ce qui existe actuellement au point de
vue de l'expansion des montants de prêts totaux, globaux, qui sont
consentis en vertu de la Loi de l'amélioration des fermes, de
façon que ce projet de loi présenté par le ministre de la
Justice soit réaliste, c'est-à-dire qu'il offre réellement
une solution nouvelle aux agriculteurs. Si le montant maximum permis par la Loi
de l'amélioration des fermes n'était pas élevé, il
est évident qu'on ne réglerait pas les problèmes, à
ce moment, parce que la majorité des agriculteurs ont emprunté
à la limite extrême du montant qui est prévu par la
loi.
M. TOUPIN: M. le Président, seulement quelques précisions
à la suite de ce que vient de dire le député de
Beauce-Sud. Il est évident que la loi que présente le ministre de
la Justice a pour fonction d'amender le code civil, je pense, si ma
mémoire est bonne. Je dois personnellement remercier le ministre de la
Justice de l'empressement qu'il a manifesté pour présenter les
amendements requis à cette loi pour, pre- mièrement, y inclure
une possibilité pour les forestiers, ce qui correspondra à des
besoins du ministère des Terres et Forêts, ultérieurement,
lorsque la Loi du crédit forestier viendra en discussion et,
deuxièmement, permettre aussi aux agriculteurs d'être capables de
porter en garantie ou en nantissement quelque chose comme $50,000 alors
qu'avant, c'était à peu près $15,000.
Cela vaut non seulement pour la Loi du crédit à la
production dont on a discuté tantôt, mais cela vaut aussi pour la
Loi du nantissement agricole qui sera amendée probablement à la
prochaine session et les autres lois qui permettent aux agriculteurs
d'emprunter dans les banques et dans les caisses.
Quant au montant que les banques et les caisses prêtent aux
agriculteurs, cela se situe dans l'ordre probablement de $50 millions ou $55
millions par année. C'est extrêmement important, cette source de
crédit, pour les agriculteurs. Ils ont besoin de plus que cela encore et
le but de cette loi est précisément de leur permettre d'emprunter
davantage et d'offrir, en plus des biens qu'ils possèdent et qu'ils ne
pouvaient pas offrir en garantie auparavant... Cette loi vient parachever ou
continuer les lois de crédit que nous avons déjà et va
offrir sans aucun doute aux agriculteurs des occasions nouvelles qui
n'existaient pas auparavant.
M. VEILLEUX: M. le Président, quelques mots seulement.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Le député de Saint-Jean.
M. VEILLEUX: Ce projet de loi ne touche pas beaucoup d'électeurs
de mon comté mais simplement, je suis très heureux que le
ministre de la Justice le présente ce soir en deuxième lecture,
parce que le fait de présenter ce projet de loi donne une leçon
de social-démocratie au député de Maisonneuve.
Le député de Maisonneuve, sur un projet
précédent, a critiqué le ministre de la Justice. Il a
critiqué le gouvernement sur la non-préoccupation qu'on avait des
gens autres que les juges, par exemple, en l'occurrence, et il faisait mention
du projet de loi des députés. Le ministre de la Justice, dans sa
réponse, a mentionné les mesures de social-démocratie que
lui-même avait mises en pratique...
M. ROY: N'en mettez pas trop...
M. VEILLEUX: ... depuis deux ans. Ce projet de loi constitue un exemple
type. Je vous demanderais, M. le Président, de dire au
député de Maisonneuve d'analyser en profondeur ce projet de loi
et il y verra la marque de la social-démocratie du gouvernement.
M. CHOQUETTE: M. le Président, je tiens à exercer mon
droit de réplique pour féliciter
tous les intervenants, de quelque formation politique qu'ils soient,
pour leurs propos extrêmement judicieux et agricoles!
M. ROY: Pourriez-vous répéter le dernier mot, s'il vous
plaît?
M. CHOQUETTE: Je dis judicieux et agricoles.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Cette motion de deuxième lecture du
projet de loi no 97 sera-t-elle adoptée?
M. BURNS: Adopté.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Adopté.
LE SECRETAIRE ADJOINT: Deuxième lecture de ce projet de loi.
Second reading of this bill.
M. LEVESQUE: Un instant. Dans le premier cas, on aurait pu
déférer le projet de loi à une commission parlementaire.
Pardon?
M. BURNS: Commission plénière. Je n'ai pas
d'objection.
M. LEVESQUE: Oui. Dans ce cas, si les deux projets de loi sont
reliés, je me demande pourquoi on n'irait pas faire les deux en
même temps, en commission plénière.
M. BURNS: Ce n'est pas la même commission, il y en a une, c'est la
justice.
M. LEVESQUE: Non, mais ici en commission plénière. Si on
passait les deux en commission plénière?
M. BURNS: Vous voulez dire le crédit à la production,
projet de loi 85...
M. LEVESQUE: Et le nantissement. M. BURNS: Je n'ai pas d'objection.
M. LEVESQUE: Alors, révoquez la déférence à
la commission de l'agriculture. L'ordre est révoqué.
M. BURNS: Adopté.
Projet de loi no 85 Commission
plénière
M. LEVESQUE: Je propose, M. le Président, que vous quittiez
maintenant le fauteuil et que la Chambre se forme en commission
plénière pour l'étude en commission plénière
des deux projets de loi, soit le projet de loi no 85 relativement au
crédit pour la production agricole, et le projet de loi no 97
relativement au nantissement agricole et forestier.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Cette motion que je quitte maintenant le
fauteuil et que la Chambre se forme en commission plénière pour
l'étude des projets de loi no 85 et 97 est-elle adoptée?
DES VOIX: Adopté.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Adopté.
M. BLANK (président de la commission plénière): A
l'ordre, messieurs!
Projet de loi no 85, Loi modifiant la loi favorisant le crédit
à la production agricole, article no 1. a).
DES VOIX: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Blank): b)?
DES VOIX: Adopté.
M. ROY: Quel projet de loi, M. le Président?
LE PRESIDENT (M. Blank): Le projet de loi no 85.
M. ROY: Nous n'en avons pas de copie, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Blank): Loi modifiant la loi favorisant le
crédit à la production agricole.
M. ROY: Mon dossier est resté à mon bureau, M. le
Président.
LE PRESIDENT (M. Blank): Une copie pour le député de
Beauce-Sud.
M. CHOQUETTE: De la loi?
LE PRESIDENT (M. Blank): Pas le vôtre, 85. Ce n'est pas
imprimé.
M. BURNS: II n'est pas dedans.
C'est une autre des vicissitudes de fin de session, qu'on ait un projet
de loi, pour qu'on l'étudie article par article.
M. LEVESQUE: Est-ce qu'on pourrait le suspendre quelques instants pour
en obtenir des copies?
Projet de loi no 97 Commission
plénière
LE PRESIDENT (M. Blank): D'accord, on suspend le projet de loi no 85 et
nous prenons le projet de loi no 97.
Article 1.
M. ROY: Projet de loi no 97, article 1. C'est très technique,
c'est parfait. Adopté.
LE PRESIDENT (M. Blank): Adopté. Article 2.
M. BURNS: Adopté. M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Blank): Adopté. Article 3.
M. ROY: Je n'ai pas vérifié, M. le Président, mais
les légistes ont dû quand même faire une bonne
vérification.
M. BURNS: Si je comprends bien, M. le ministre, ce qu'on fait, à
toutes fins pratiques, c'est qu'on étend tout simplement au domaine
forestier les nantissements qui existaient déjà pour le domaine
agricole et le domaine des animaux de ferme.
M. CHOQUETTE: Exactement.
M. BURNS: C'est simplement une concordance.
M. CHOQUETTE: C'est-à-dire oui. Autrefois on pouvait nantir des
troupeaux, des équipements agricoles, on pouvait les donner en garantie
d'un prêt, même si l'emprunteur gardait la possession des biens
nantis; on applique le même principe au domaine forestier.
M. BURNS: D'accord.
LE PRESIDENT (M. Blank): Adopté.
M. BURNS: Adopté, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Blank): Adopté. Article 4.
M. ROY: A l'article 4, M. le Président, il y a un point qui est
passablement technique. Etant donné que nous avons un spécialiste
en droit, l'article dit: "1979 c). A défaut par l'emprunteur ou, le cas
échéant, par celui qui a nanti ses biens, de remplir ses
obligations, le créancier peut, sans préjudice de tout autre
recours: 1. obtenir, sur demande, la remise des biens nantis". Dans le cas du
bois, il y a deux choses. Il y a le bois qui constitue la coupe de bois comme
telle, et il y a le bois qui est coupé. Il n'y a pas de distinction qui
est faite dans la loi à ce sujet-là. Il est évident qu'il
est normal qu'une personne peut exiger la remise des biens nantis lorsqu'il
s'agit du bois qui est coupé et qui est le long des routes,
procéder à la saisie du bois. Cela s'exécute facilement.
Mais dans le cas du bois qui n'est pas coupé, des coupes de bois, du
bois debout, est-ce qu'on a prévu une disposition dans la loi de
façon que le créancier puisse exercer un certain droit de
recours, mais un droit de recours réel?
M. BURNS: Lorsque le produit forestier en question est debout, en bois
debout comme on dit, comme une récolte, est-ce un des cas où la
saisie-brandon pourrait s'appliquer?
M. CHOQUETTE: Je crois que le député a raison.
M. BURNS: Parce que...
M. CHOQUETTE: Le député a raison.
M. BURNS: M. le Président, une récolte debout, comme une
exploitation forestière, est un immeuble, je pense, alors qu'une fois
coupée cela devient un meuble. Je pense que la saisie-brandon s'applique
aux récoltes debout. Donc je ne le sais pas est-ce que le
ministre de la Justice peut nous dire...
M. CHOQUETTE: Cela s'applique...
M. BURNS: ... si cela s'applique également aux forêts?
M. CHOQUETTE: Non, cela s'applique même au bois qui n'est pas
coupé, qui peut faire l'objet du nantissement. C'est-à-dire que
des arbres qui peuvent être exploités d'une façon
commerciale peuvent faire l'objet du nantissement et, par conséquent,
son sujets à la garantie dont il est parlé dansl'article 1979 c).
Alors, cela ne s'applique pas seulement au bois qui est coupé. On
pourrait nantir, par exemple, une forêt, la donner en garantie. Le
créancier, pour exécuter sa garantie, s'il n'est pas payé
suivant les termes du contrat de nantissement, pourrait exécuter son
obligation sur le bois debout.
M. ROY: Je m'explique, M. le Président. J'ai vécu
plusieurs de ces cas personnellement. Vous avez le cas, par exemple, d'une
personne qui nantit sa coupe de bois envers une caisse populaire ou une caisse
d'établissement et dont l'hypothèque, dans le cas de
l'agriculture, est détenue en premier rang par l'Office du crédit
agricole ou par la Société du crédit agricole
fédérale. Qu'est-ce qui arrive si la personne ne remplit pas ses
obligations et que le bois est debout? On peut toujours parler d'immeuble par
destination, mais qu'est-ce qui arrive si la personne veut recouvrer sa
créance? Parce qu'il ne s'agit pas du même créancier qui a
l'hypothèque des biens immobiliers. J'aimerais bien, à ce
moment-ci, qu'on nous dise clairement dans la loi, en vertu de l'article 1979
ou des autres, comment, dans un tel cas, parce qu'il s'agit en quelque sorte de
dispositions nouvelles de la loi, une personne pourrait exiger ou recouvrer sa
créance dans un pareil cas. Je prends un exemple entre autres, celui de
l'Office du crédit agricole comme tel. On sait que les prêts qui
sont consentis par l'Office du crédit agricole ou par la
Société du crédit agricole tiennent compte de
l'évaluation forestière, non pas pour l'attribution du
prêt, mais pour examiner la valeur complète, c'est-à-dire
la totalité de l'actif
de l'emprunteur. Ils calculent également les revenus forestiers
dans l'établissement des remboursements qu'il doit effectuer. Mais
là il ne s'agit pas du même organisme qui consent le prêt:
il s'agit d'un autre organisme que celui qui est créancier
hypothécaire de l'immeuble.
M. le Président, il se pourrait en vertu de la loi qu'il y ait
même deux hypothèques sur la propriété. Je vais
prendre un cas que nous rencontrons souvent en agriculture. Par exemple, un
homme vend sa ferme à son fils ou encore à un étranger, la
même distinction s'applique; sa ferme est payée par un montant
d'argent comptant qui est constitué à partir de montants d'argent
personnel qui sont consentis par l'acheteur ou l'emprunteur et par un montant
additionnel qui est versé par l'Office du crédit agricole, dont
le vendeur garde une deuxième hypothèque comme vendeur sur la
propriété.
Donc, il se trouve à avoir deux liens hypothécaires sur la
même propriété de ferme. Et comment l'institution
prêteuse, soit les caisses d'épargne-crédit ou les banques
pourront-elles s'organiser pour être capables de recouvrer leur
créance sans que les créanciers hypothécaire mettent un
obstacle, parce qu'ils pourraient le faire, selon moi et selon bien des avis
que nous avons eus?
M. LACROIX: Votre question est pertinente et le ministre de
l'Agriculture va y répondre.
M. TOUPIN: Le député de Beauce-Sud a sans doute raison de
poser cette question. Elle se situe dans un contexte réel, mais je crois
qu'il oublie une chose, c'est que tout bien hypothéqué ne peut
jamais faire l'objet d'un nantissement. Je vais aller plus loin. D'abord, il y
a une précision que je voudrais apporter. Lorsqu'on parle de la question
forestière, dans ce projet de loi, il ne s'agit pas, pour le moment, de
comprendre que les lois du crédit agricole actuelles vont consentir des
prêts pour les forestiers.
Nous avons prévu cet amendement dans la perspective d'un
programme du ministère des Terres et Forêts qui, lui, est à
préparer une loi sur le crédit forestier. Et dans le projet de
loi sur le crédit forestier qui sera discuté
ultérieurement seront prévues les modalités d'emprunt de
la part des producteurs et les modalités également de prêts
de la part des prêteurs.
Si nous nous référons aux lois du nantissement agricole de
l'Office du crédit agricole, c'est que chaque fois qu'un agriculteur
présente une demande d'emprunt pour fins de nantissement à une
banque, il doit en même temps déposer ses contrats
d'hypothèques, de telle sorte que la banque et la caisse ne pourront pas
prêter sur nantissement des biens faisant déjà l'objet
d'une hypothèque. D'ailleurs, les banques et les caisses
là-dessus sont extrêmement prudentes: elles ne peuvent pas
hypothéquer en nantissement un bien qui l'est déjà.
C'est seulement lorsque nous discuterons de la Loi du crédit
forestier que nous aborderons dans les détails cette question. Le projet
de loi ici ne prévoit pas ça. Tout ce qu'il prévoit, c'est
qu'il autorisera les banques et les caisses à accepter des nantissements
sur les forêts, soit les forêts comme le disait le
député de Maisonneuve en bois debout ou les forêts
coupées, soit en douze pieds, quatre ou huit pieds, etc., et voire
même aussi les fonds de terre forestiers qui peuvent être offerts
d'une part sous forme d'hypothèque en garantie ou d'autre part sous
forme de nantissement en garantie à une banque ou à une
caisse.
Mais la plupart du temps les biens immobiliers, les caisses et les
banques, ainsi que les institutions prêteuses les acceptent beaucoup plus
sous forme d'hypothèque en tant que garantie, et c'est seulement pour
les biens qui sont monnayables, négociables, qui peuvent être
offerts, tout compte fait, sous forme de nantissement aux banques et aux
caisses. C'est l'expérience qu'a vécue à venir
jusqu'à maintenant le crédit agricole et c'est exactement, je
pense, ce que le ministère des Terres et Forêts prévoit
dans son projet de loi du crédit forestier. C'est surtout à ce
moment que le député de Beauce-Sud aura des réponses
précises à la question qu'il pose.
Ce projet de loi, tout ce qu'il vient faire, c'est autoriser un
producteur à offrir en garantie du bois debout ou du bois coupé,
mais pas plus que ça. Les modalités de prêt ne sont pas
prévues dans ce projet de loi. Les modalités de prêt ou
d'emprunt, les responsabilités du prêteur et de l'emprunteur se
retrouveront dans la loi pertinente au crédit forestier, mais pas plus
que ça.
M. ROY: Je ne sais pas si je me suis mal expliqué ou si le
ministre m'a mal compris, à moins que le projet de loi ne soit tout
simplement adopté en attendant que le projet de loi du crédit
forestier se présente...
M. TOUPIN: ... pas plus loin que ça.
M. ROY: C'est justement là qu'est le point.
M. TOUPIN: II y a une autre précision que je voudrais apporter.
Ce projet de loi qui amende le code civil a pour fonction de donner au
producteur l'occasion d'offrir ses biens forestiers en nantissement, mais il a
aussi pour fonction d'élargir le champ des biens à être
offerts en nantissement pour que le producteur agricole puisse emprunter plus
de $15,000, jusqu'à $50,000. De telle sorte que ce projet de loi
permettra au producteur, par exemple, de donner en garantie sa récolte,
ce qui n'était pas possible auparavant.
On pourra donner en garantie d'autres biens qui n'étaient pas
éligibles auparavant, et cette loi autorisera le producteur à
offrir ses biens en garantie pour augmenter sa marge de crédit
dans une banque. C'est le but principal de cette loi et, par incidence,
on en a profité pour donner l'occasion au ministre des Terres et
Forêts de passer sa loi sur le crédit forestier.
M. ROY: ... une disposition, c'est dans le cas d'être
obligé d'avoir recours. En cas de recours, en cas... Je me
réfère et je reviens à l'article 1979 c): "A défaut
par l'emprunteur ou, le cas échéant, par celui qui a nanti ses
biens, de remplir ses obligations, le créancier peut, sans
préjudice de tout autre recours obtenir, sur demande, la remise des
biens nantis..."
UNE VOIX: Sur demande. M. ROY: Alors?
M. TOUPIN: C'est l'obligation. C'est la responsabilité de tout
emprunteur et c'est le devoir de tout prêteur que de tenter de
récupérer ses emprunts.
M. ROY: Je comprends cela, mais je voudrais dire au ministre
parce que le ministre a dit bien des choses tout à l'heure que
l'Office du crédit agricole n'hypothèque jamais une coupe de
bois, n'hypothèque jamais la forêt. Il n'y a que le fonds du
terrain qui est hypothéqué. C'est là qu'est le point.
M. CHOQUETTE: Ecoutez. Si vous avez une hypothèque sur un
immeuble consentie, supposons, à l'Office du crédit agricole
contre un prêt, l'hypothèque vaut contre le terrain et vaut contre
la forêt qui est dessus parce que les deux sont immeubles. Par
conséquent, ils sont entièrement couverts par
l'hypothèque. Et comme l'a dit, tout à l'heure, le ministre de
l'Agriculture, on ne pourrait pas avoir un nantissement de la forêt qui
est debout vu qu'elle sert déjà de garantie réelle au
prêt hypothécaire. Mais il est possible d'envisager la situation
où, en l'absence d'une hypothèque sur le fonds de terre, vous
pourriez avoir un nantissement qui s'appliquerait exclusivement au bois qui est
debout, et à ce moment, le créancier, en vertu de l'acte de
nantissement, qui voudrait exécuter sa garantie... Si le
député de Beauce-Sud m'écoutait, je pourrais lui donner
des explications...
M. BURNS: II vous écoute.
M. CHOQUETTE: ... le créancier pourrait exécuter sa
créance non pas contre le fonds du terrain mais exclusivement contre le
bois qui est debout ou le bois qui vient d'être coupé et qui
attend d'être transporté ailleurs. Ce sont deux droits
réels différents qui sont, d'une certaine façon, un peu
incompatibles. Ils ne peuvent pas coexister en même temps, mais ils ne
visent pas précisément la même chose malgré que le
bois debout, dans les deux circonstances est un droit réel.
M. BURNS: Je pense que nous comprenons très bien, M. le ministre,
ce que vous êtes en train de dire. Evidemment, quand on parle d'un
nantissement, on ne parle pas d'hypothèque.
M. ROY: C'est clair.
M. BURNS: Nous le comprenons et je pense que le député de
Beauce-Sud et moi nous entendons très bien avec vous là-dessus.
Mais ce nantissement qui, en soi, est quelque chose qui s'adresse à un
bien meuble, quand on entend... Non?
M. CHOQUETTE: Non. Je crois que le nantissement, dans le sens où
il est compris dans ce projet de loi, s'adresse autant à des biens
immeubles qu'à des biens meubles. Exemple, le bois qui est debout est un
bien immeuble.
M. BURNS: C'est cela.
M. CHOQUETTE: Donc, ce bois est susceptible de faire l'objet d'un
nantissement. Il peut faire l'objet d'une hypothèque, si on voulait
aussi, mais il peut aussi faire l'objet d'un nantissement. Par exemple, une
compagnie je vais donner une comparaison dans le domaine commercial
qui émet une émission d'obligations sur l'ensemble de ses
biens, par exemple, ses biens immeubles, tous ses camions, ses autobus, sa
machinerie, etc, vous avez un acte d'hypothèque qui s'applique à
la fois à ses biens immeubles et ses biens meubles. Vous avez, en somme,
dans le domaine commercial, l'analogie qui est exactement la même en ce
qui concerne ici le nantissement agricole. Prenez d'autres articles, en
particulier, dans 1979, le nantissement agricole touchera, par exemple, le
troupeau, il pourrait toucher la machinerie et vous avez des biens meubles.
M. BURNS: C'est cela.
M. CHOQUETTE: Et il peut toucher, d'un autre côté, des
bâtiments aussi, en même temps, et il peut toucher de la
forêt qui est debout. Donc, l'avantage du contrat de nantissement est de
couvrir l'ensemble d'une exploitation et de couvrir à la fois les biens
meubles et les biens immeubles.
Il est possible, cependant, dans la situation qu'a signalée le
ministre de l'Agriculture qu'advenant que vous ayez une hypothèque sur
le fonds de terre cela vous empêche de procéder à un
nantissement des mêmes biens ou d'une partie des mêmes biens,
puisque les arbres qui sont debout sont immeubles et seraient couverts par
l'hypothèque. Par conséquent, ils ne pourraient pas être
hypothéqués deux fois.
M. BURNS: Je ne suis pas un expert dans ça. Au risque de me
tromper ou au risque de passer
pour un grand naïf c'est simplement dans le but de clarifier
quelque chose est-ce que je vous ai bien compris quand vous m'avez dit
que le nantissement agricole peut s'appliquer à des biens immeubles?
M. CHOQUETTE: II peut s'appliquer autant à des immeubles
qu'à des meubles. Il s'applique à un ensemble. En fait,
l'avantage d'un contrat de nantissement, c'est qu'il peut couvrir l'ensemble
d'une exploitation. Il n'est pas comme un acte d'hypothèque qui
s'applique exclusivement à des immeubles, parce qu'avec un acte
d'hypothèque vous pouvez seulement hypothéquer des biens
immeubles. Vous ne pouvez pas inclure les biens meubles, tandis qu'avec l'acte
de nantissement vous pouvez inclure tout. Vous pouvez inclure, par exemple, les
scies pour scier le bois en question, le tracteur etc.
UNE VOIX: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Article 4, adopté?
M. ROY: Un instant.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Le député de
Beauce-Sud.
M. ROY: Un instant, M. le Président. Je ne veux pas faire de
l'obstruction systématique sur ce projet de loi, je veux être bien
clair, mais je me place au niveau d'une institution prêteuse, à ce
moment-ci. J'ai encore bien des choses à apprendre, même si j'ai
travaillé pendant de très nombreuses années dans ce
domaine particulièrement. J'ai été un peu surpris quand le
ministre m'a dit tout à l'heure qu'on peut nantir des bâtisses de
ferme. Cela ne se fait pas. Je n'en ai jamais vu. Peut-être que j'ai
encore bien des choses à voir, je vais l'admettre, mais la loi de
nantissement agricole ne permet pas le nantissement de bâtisses de ferme.
Cela est clair, net, c'est bien dans la loi.
Quand on parle de nantissement forestier, je me demande jusqu'où
la loi actuelle peut avoir une réelle valeur. Parce que si on avait
amendé la Loi du crédit agricole de façon qu'on puisse
hypothéquer, avec des clauses spéciales de nantissement,
là, je serais d'accord avec le ministre de la Justice. Mais, à ce
jour, vous avez 95 p.c. des fermes au Québec ou à peu près
je n'ai pas les statistiques qui sont déjà
hypothéquées envers l'Office du crédit agricole ou envers
la Société du crédit agricole fédérale.
Alors, s'il y a 95 p.c. des fermes qui, à cause de ce fait, sont
placées dans une situation où elles ne peuvent pas se
prévaloir de la loi actuelle, il reste seulement 5 p.c. des gens.
D'après ce que je sais de la loi je n'ai pas le droit,
évidemment, de parler de la future loi, que je ne connais pas, qui va
être présentée par le ministère des Terres et
Forêts suite aux nombreuses discussions qui ont eu lieu soit en
commission parlementaire, soit ici même à l'Assemblée
nationale, soit encore à l'occasion de l'étude des
crédits, il s'agit d'une loi qui serait à peu près
l'équivalent de la Loi de l'Office du crédit agricole pour faire
des prêts à long terme. Cela va bien. Mais, pour expliquer mon
point, je vais prendre un exemple typique. Une personne, une
société, une caisse d'épargne et de crédit ou une
caisse populaire a prêté $8,000 en vertu de la nouvelle loi du
nantissement agricole à un agriculteur. L'agriculteur ne fait pas les
versements. Il ne paie pas l'intérêt, non plus. Alors, le
créancier, en somme la caisse populaire, devra exercer ses droits
prévus à l'article 1979c), s'il veut se faire payer. Comment
pourra-t-il se faire payer s'il y a une hypothèque sur la ferme? C'est
là le point. Il faudrait qu'il y ait des dispositions précises
dans la loi je n'en retrouve pas dans la modification de la loi, dans le
code civil qu'il y ait une autorisation écrite expresse qui
permet à une personne de faire couper le bois pour percevoir son argent.
Si ce n'est pas prévu, comment le créancier pourra-t-il exercer
son droit de recours? C'est là le point.
M. TOUPIN: M. le Président, ce que le député de
Beauce-Sud apporte comme exemple pourrait se retrouver dans les faits.
M. ROY: Bien oui.
M. TOUPIN: Mais, il y a une chose, aussi, qui est évidente en
soi. C'est qu'une banque ou une caisse populaire, lorsqu'elle consent un
prêt à un agriculteur en vertu de la loi du nantissement, ou du
nantissement agricole ou du nantissement forestier éventuellement, si
toutefois une telle loi vient, avant d'accorder ce nantissement, la banque ou
la caisse populaire ou l'institution prêteuse s'assure que les biens qui
seront nantis pourront, un jour ou l'autre, faire l'objet, en tant que tels, du
remboursement du prêt si l'emprunteur décide de ne pas rembourser
la banque.
De telle sorte que, lorsqu'une banque ou une caisse prête sur
nantissement, elle prête pour beaucoup plus de biens qui sont parfois
nécessaires pour garantir l'emprunt. J'apporte un exemple. Le producteur
forestier qui, à l'hiver, fait 200 cordes de bois pour fins de vente au
printemps, il veut financer son entreprise. Il va trouver une banque et il dit:
Est-ce que vous êtes intéressée à nantir le bois que
j'ai? La banque va alors lui poser des conditions. Elle va dire: Oui, on est
d'accord. On va nantir ces biens. Mais, chaque fois que vous allez vendre le
bien, vous allez nous en informer ou l'acheteur éventuel devra nous en
informer, si cette condition existe. Si cette condition n'existe pas, la banque
peut dire: Je vais vous prêter mais seulement 10 p.c. sur le bois que
vous avez de coupé et pour le reste vous allez me donner votre camion en
garantie. Vous allez me donner votre autre morceau de forêt en garantie.
Vous allez me donner votre autre équipement en garantie, de telle sorte
que la banque et la caisse
se protègent toujours. Les institutions prêteuses,
là-dessus, n'ont jamais connu de problème jusqu'à
maintenant.
Ce qui est encore plus important, c'est que ce projet de loi va
permettre aux agriculteurs d'offrir des biens en garantie qu'ils ne pouvaient
pas offrir auparavant parce qu'on élargit l'éventail des biens
à être offerts. Ces éventails de biens, on ne les retrouve
pas dans ce projet de loi. On les retrouve dans les lois particulières
du crédit agricole ou éventuellement du crédit forestier.
C'est ainsi que les problèmes se règlent. Jamais les banques ou
les caisses n'ont porté plainte, ou à l'office ou au
ministère, parce qu'un agriculteur n'avait pas remboursé son
prêt. Ce n'est jamais arrivé. Mais c'est déjà
arrivé par ailleurs que l'agriculteur qui devait rembourser $5,000
d'emprunt n'a pas pu en rembourser plus de $3,000 parce qu'une faillite est
venue.
Donc, il y a une disposition de la loi dans le nantissement agricole du
ministère de l'Agriculture, administrée par l'office, qui dit que
le gouvernement garantit 10 p.c. du total des prêts, de telle sorte que
ni les banques, ni les caisses n'ont jamais perdu dans ces lois.
M. ROY: Je suis bien d'accord. Mais le point, ce n'est pas le moment
où le prêt est consenti. En...
M. TOUPIN: Sûrement.
M. ROY: ... supposant qu'une personne fait un prêt c'est la
dernière fois, M. le Président, que je me lève sur cette
question.
Si ce n'est pas clair, je vais tout simplement, à la fin de
l'étude de l'article, demeurer dissident sur ce point parce que je veux
que ce soit bien clair. Lorsque nous avons je parle un peu en
connaissance de cause à recouvrer des créances en vertu de
prêts qui sont consentis en vertu de la Loi de l'amélioration des
fermes, c'est-à-dire la Loi du nantissement agricole, lorsque c'est de
la machinerie agricole, nous l'identifions, nous avons les numéros de
série, nous avons tout. Alors il s'agit, de par la loi, de partir et
d'aller chercher la machinerie.
Dans le cas des animaux, c'est une chose qui peut aussi se faire.
Parfois, il faut faire très très vite parce que des camions, la
nuit... J'ai déjà vu des gens qui ont chargé leurs animaux
à minuit, deux heures du matin et le lendemain matin, ils étaient
abattus, ils étaient déjà dans les frigidaires et il y
avait même déjà des morceaux de viande qui étaient
partis chez les épiciers. Cela veut dire que c'est assez difficile
à récupérer, à ce moment-là.
Dans le cas du bois, il est évident que le bois est là,
mais le point où j'en suis et c'est là l'objet de ma
question c'est qu'advenant le refus de la personne d'exécuter son
engagement de couper tant de cordes de bois, vous allez me dire que le bois
demeure là, oui, mais on ne peut quand même pas le laisser
là indéfiniment parce qu'il n'y a pas d'assurance
là-dessus.
Nous savons, à l'heure actuelle, que dans les coupes de sapin et
d'épinette, pas dans les coupes mais dans les forêts de sapin et
d'épi-nette, entre autres, il y a eu de la maladie, il y a des insectes.
Il y a même des lots boisés qui sont menacés,
complètement menacés. Ce que je veux savoir du ministre
c'est le point c'est quel serait le recours? Je ne retrouve pas de
disposition dans la loi, actuellement, qui me donne satisfaction. Quelle serait
la disposition qui pourrait me donner tous les droits pour obliger cette
personne à couper le bois et, si elle refuse, d'engager quelqu'un et
aller en couper? Parce qu'il n'y a pas d'autre moyen, M. le Président.
Nous avons déjà été obligés de le faire dans
le passé. Si nous avons réussi à passer, c'est parce que
nous avions eu la chance heureuse d'être le deuxième
créancier hypothécaire et nous avons dû communiquer avec
l'Office du crédit agricole. Si je parle de ces choses, c'est que cela a
été extrêmement difficile d'avoir la permission de l'Office
du crédit agricole pour pouvoir aller faire la coupe du bois pour
pouvoir récupérer notre argent. Cela a été
extrêmement difficile.
Alors, si on veut y aller...
M. TOUPIN: Je ne veux pas faire de débat...
M. ROY: ... réellement et si on veut que cette loi rende
réellement service à la classe agricole, il faut faire en sorte
que le créancier hypothécaire ne soit pas pris de façon
à ne pas être en mesure de consentir des prêts à
cause, justement, de ces obstacles parce que, dans le crédit forestier,
il s'agit de quelque chose de nouveau, complètement nouveau. Il y a
quelques institutions, de très très rares institutions qui ont
osé le faire, et celles qui l'ont fait, dans le passé, ont quand
même quelques cas de jurisprudence qui incitent justement à la
prudence et à des précisions dans la loi.
M. TOUPIN: M. le Président, ce que je voudrais dire au
député de Beauce-Sud je ne veux pas argumenter très
longtemps là-dessus c'est que cette loi n'autorise pas pour
autant une banque à prêter à un agriculteur. Elle peut le
faire, mais elle vient compléter une loi du crédit.
C'est dans la loi de crédit que nous trouvons les conditions de
prêt garanti par le gouvernement. Si les prêts ne sont pas garantis
par le gouvernement, en vertu de cette loi toute banque et toute caisse peuvent
accepter des nantissements mais ce seront et la banque et la caisse qui
à ce moment-là détermineront les conditions du prêt.
La loi n'est pas faite pour ça, elle permet seulement de nantir, c'est
tout ce qu'elle fait.
On va retrouver dans les lois de crédit les conditions qui
doivent être posées pour que le
gouvernement garantisse cet emprunt. Cette loi-là, chaque fois
qu'on amende les lois de nantissement, on l'amende. C'est la loi du code
civil.
LE PRESIDENT (M. Blank): Article 6, adopté. Article 7,
adopté. On revient au bill 85.
Projet de loi no 85 Commission plénière
(suite)
LE PRESIDENT (M. Blank): Article 1 a), adopté. Article 1 b).
Avez-vous le bill?
M. ROY: Le projet de loi no 85? LE PRESIDENT (M. Blank): Oui.
M. ROY: Quand on n'a pas la loi, c'est difficile d'arriver...
Non, je l'ai la loi là mais cela vous démontre que nous
avons eu le temps d'en faire une étude judicieuse.
M. TOUPIN: Je peux, M. le Président, donner des explications
pertinentes à chacun des articles et dire pourquoi ces amendements. Si
des questions peuvent être posées par les députés de
l'Opposition, je serais bien disposé à y répondre.
J'aurai simplement un amendement à proposer à l'article 1,
que je suis prêt à déposer tout de suite, qui ne change
absolument rien au principe mais qui change la façon dont le principe
pourrait être appliqué.
Lors de la rédaction, nous avons rédigé l'article 1
sous une forme qui ne correspond pas directement aux objectifs visés.
L'amendement aurait simplement pour but, après le mot condition,
...l'article 1 se lit comme suit: Paragraphe a): Ajouter par l'addition,
à la fin du paragraphe c), des mots suivants: II signifie
également, dans le cas de propriété indivise d'une ferme,
plusieurs personnes physiques, à condition que, parmi celles-ci, celles
qui détiennent au moins 60 p.c. des droits de propriété
soient des exploitants agricoles.
L'amendement qu'on apporterait serait simplement celui-ci: On le lirait
comme ceci: II signifie également, dans le cas de
propriété indivise d'une ferme, plusieurs personnes physiques,
à condition que, parmi celles-ci, il se trouve un ou plusieurs
exploitants agricoles détenant au moins 60 p.c. des droits de
propriété de la ferme." C'est simplement la précision
qu'il faut apporter pour être certain que ce soient des
propriétaires qui ...cela ne va pas?
C'est un amendement qui apporte des précisions pour
déterminer exactement ce que c'est que les propriétaires qui
détiennent 60 p.c. des droits de propriété.
M. ROY: Dans la loi, donc vous modifiez la loi, à 60 p.c; dans
l'ancienne loi, avant qu'elle ne soit modifiée, c'était quoi?
M. TOUPIN: C'était 50 p.c. J'ai rédigé 60 p.c.
parce que le total des emprunts pourra être majoré jusqu'à
$50,000, alors qu'avant il était seulement de $25,000. On a
été plus exigeant vis-à-vis des propriétaires de
fermes dites de propriété collective.
M. ROY: D'accord.
L'article comporte quand même des sous-paragraphes: a, b, c, d, e,
f, g, h, M. le Président. Je vous dis qu'étudier une loi aussi
importante à onze heures moins cinq, le 23 décembre, alors qu'on
vient tout juste de l'avoir, les copies sont encore chaudes!
M. TOUPIN: Je n'ai pas d'inconvénient, M. le Président,
à ce qu'on le rediscute demain.
M. ROY: M. le Président, j'aimerais avoir le temps de jeter un
coup d'oeil.
M. LEVESQUE: Avec plaisir, on va demander au président de faire
rapport. Il y a un projet de loi dont l'étude est terminée; quant
à ce projet de loi, ce deuxième, nous ferons état de la
question.
M. ROY: M. le Président, je vois un nouveau membre de
l'Opposition, je vais changer de siège.
M. BOURASSA: ... la troisième lecture à présenter,
on va être d'accord.
M. LACROIX: M. le Président, ... discuter avec des enfants, on
n'aimerait pas discuter avec une personne intelligente.
M. BLANK (président de la commission plénière): M.
le Président, j'ai l'honneur de faire rapport que le projet de loi no 97
est adopté sans amendement, et pour le projet de loi no 85, je demande
la permission de siéger à nouveau.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Brisson): Est-ce que ces deux rapports sont
agréés?
M. BURNS: Agréé, M. le Président.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Brisson): Agréé.
Troisième lecture du projet de loi...
M. BURNS: Séance subséquente.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Brisson): ... séance
subséquente.
Rapport sur les projets de loi nos 7 et 201
M. LEVESQUE: M. le Président, j'aimerais suggérer que nous
prenions en considération les
rapports sur les projets de loi no 7 et 201; le projet de loi no 7, Loi
sur les assurances et le projet de loi no 201, Loi modifiant la loi sur les
relations de travail dans l'industrie de la construction.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Est-ce qu'on prend en considération
les rapports des commissions?
M. LEVESQUE: Oui.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Est-ce que ces rapports sont
adoptés? Les deux rapports sont adoptés?
M. BURNS: M. le Président, je ne sais pas, dans le cas des
assurances, si le ministre a des amendements; je pense que oui. Je ne veux
prendre personne par surprise; aussi, je vous indique que je ne serai pas
d'accord pour dépasser minuit.
M. LEVESQUE: Non, je suis d'accord... M. BURNS: Je voudrais que ce soit
bref.
M. LEVESQUE: ... mais les amendements sont incorporés.
M. TETLEY: Non, j'en ai ajouté un. Il y a plusieurs amendements
qui ont été adoptés à la commission, mais il y a un
seul amendement dont j'ai donné avis et que j'ai déposé,
suivant le règlement, avant quinze heures, vendredi dernier. C'est un
amendement à l'article 420zl. Je voulais ajouter le mot "raisonnable"
après le mot "proportion", afin que la proportion des investissements
soit raisonnable au Québec. Je voudrais retrancher après le mot
"Québec", dans la septième ligne dudit paragraphe, les mots
suivants "ainsi que la nature et la forme de ces investissements", parce qu'il
y avait un problème peut-être. Les compagnies d'assurance qui ont
des investissements compliqués, qui vendent et achètent des
actions et des obligations, pour $2 millions ou $3 millions par jour, seraient
peut-être affectées dans leurs investissements par une loi trop
compliquée, trop rigide. Avec les mots "proportion raisonnable", mes
conseillers m'ont avisé que c'était assez pour les
contrôler.
M. BURNS: Et vous enlevez le mot raisonnable.
M. TETLEY: Nous ajoutons le mot raisonnable, mais nous enlevons les
mots...
M. BURNS: Vous ajoutez raisonnable et vous enlevez ce qui reste
après "Québec".
M. TETLEY: C'est ça. M. BURNS: Adopté.
LE PRESIDENT: Si je comprends bien, l'amendement proposé par
l'honorable ministre des Institutions financières à
l'article...
M. TETLEY: 420zl.
LE PRESIDENT: ... 420zl du projet de loi no 7, est-il adopté?
Rapports adoptés maintenant?
M. LEVESQUE: Rapport du bill 7 adopté et bill 201,
adopté.
LE PRESIDENT: Est-ce que ces rapports de la commission qui a
étudié le projet de loi no 7 et de celle qui a
étudié le projet de loi no 201 sont adoptés?
M. BURNS: Adopté.
M. LEVESQUE: M. le Président, je propose maintenant l'ajournement
de la Chambre à demain, dix heures.
LE PRESIDENT: L'Assemblée ajourne ses travaux à demain,
dix heures.
(Fin de la séance à 23 h 58)