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(Dix heures onze minutes)
M. LAVOIE (président): A l'ordre, messieurs!
Affaires courantes.
Dépôt de rapports de commissions élues.
Dépôt de rapports du greffier en loi sur les projets de loi
privés.
Présentation de motions non annoncées.
Présentation de projets de loi au nom du gouvernement.
M. LEVESQUE: M. le Président, puis-je demander le consentement
unanime pour que nous puissions avoir un dépôt de rapports au
cours de la journée, à mesure que les commissions feront
rapport?
M. BURNS: D'accord.
M. LEVESQUE: D'accord. M. le Président, article a).
Projet de loi no 79 Première lecture
LE PRESIDENT: L'honorable ministre de la Justice propose la
première lecture de la Loi modifiant le code civil et la Loi concernant
le louage de choses.
L'honorable ministre de la Justice.
M. CHOQUETTE: M. le Président, le projet de loi no 79, Loi
modifiant le code civil et la Loi concernant le louage de choses, modifie
certains articles du code civil en matière de bail et la Loi concernant
le louage de choses.
L'article 1 permet au locataire de procéder par voie de
requête pour obtenir l'autorisation de retenir le loyer afin de
procéder aux réparations ou aux améliorations que le
locateur fait défaut d'effectuer, conformément à l'article
1612 du code civil.
Les articles 2, 3 et 4, qui amendent les articles 1631, 1646 et 1647 du
code civil, obligent les parties à envoyer, pour la résiliation
d'un bail à durée indéterminée et pour la
résiliation d'un bail par un nouveau locateur, un avis écrit de
leur intention.
L'article 5, qui modifie l'article 1650 du code civil, vise à
déplacer les exceptions que l'on retrouve à l'article 1659 de
façon que les dispositions impératives du code en matière
de bail d'habitation ne s'appliquent ni à la location de chambres, ni
à la location de maisons de villégiature.
L'article 6 est un article de concordance nécessité par la
modification résultant de l'article 5 du projet.
L'article 7 modifie l'article 1661 de ce code afin de prévoir un
délai maximum pour l'envoi des avis de résiliation de bail et
d'augmentation de loyer.
L'article 8, qui modifie l'article 1664 f) de ce code,
réglemente, sans les interdire, les clauses d'indexation de loyer dans
les baux de plus de douze mois.
L'article 9 du projet a pour effet de prolonger de quatorze mois les
baux d'un an ou plus qui se terminent le 30 avril ou le 1er mai 1975, sauf
entente ou avis au contraire des parties, et ce en vue de déplacer
graduellement la date de terminaison des baux. L'article 10 abroge les
deuxième et troisième alinéas de l'article 17 de la Loi
concernant le louage de choses par lesquels sont créés des
régimes d'avis distincts dépendant de la date de terminaison des
baux. Les articles 11 et 12 constituent des dispositions transitoires.
L'article 13 rend applicable depuis le 1er janvier 1974 l'article 10 du
présent projet de loi.
LE PRESIDENT: Cette motion de première lecture est-elle
adoptée?
M. BURNS: Adopté. DES VOIX: Vote.
LE PRESIDENT: Adopté. Deuxième lecture, prochaine
séance ou séance subséquente.
Projet de loi no 80 Première lecture
LE PRESIDENT: L'honorable ministre de la Justice propose la
première lecture de la Loi prolongeant et modifiant la loi pour
favoriser la conciliation entre locataires et propriétaires.
M. CHOQUETTE: Projet de loi no 80. Loi prolongeant et modifiant la loi
pour favoriser la conciliation entre locataires et propriétaires. Ce
projet a pour effet de prolonger d'une autre année la loi pour favoriser
la conciliation entre locataires et propriétaires et d'apporter certains
amendements à cette loi temporaire. L'article 1 du projet énonce
que la loi concernée est prolongée jusqu'au 30 juin 1976.
L'article 2 réduit le quorum de la Commission des loyers à deux
membres. L'article 3 permet au locataire qui reçoit un avis de
résiliation de bail du nouveau locateur d'un immeuble, en vertu des
articles 546 et 547 du code civil, de former une demande de prolongation de
bail et de fixation de loyer. L'article 4 est un article de concordance
nécessité par les dispositions du code civil. L'article 5
clarifie et complète l'article 20 a) de ladite loi. L'article 6 a pour
but d'obliger un administrateur à fixer, le cas échéant,
une augmentation justifiée de loyer pour l'année suivante s'il
rejette une demande du propriétaire visant à reprendre possession
du loyer, à convertir l'immeuble, à le démolir ou à
résilier le bail. Cet article vise aussi à donner à
l'administrateur le pouvoir de calculer et de fixer l'augmentation du loyer
découlant d'une
clause d'indexation si les parties ne s'entendent pas sur le calcul du
montant de l'augmentation découlant de telle clause.
Les articles 7 à 10 visent à uniformiser les
modalités de la reprise de possession du logement par un
propriétaire qui veut l'habiter lui-même ou y loger un membre de
sa famille et ce, qu'il s'agisse d'un bail prolongé ou non.
Cette reprise de possession aura lieu à l'expiration du bail ou
à l'expiration du délai prévu par le deuxième
alinéa de l'article 1646 du code civil dans le cas du nouvel
acquéreur de l'immeuble. L'article 11 est un article de concordance
nécessité par l'article 21 du projet. L'article 12 permet
à tout propriétaire de s'adresser à l'administrateur pour
obtenir l'éviction d'un locataire indésirable, qu'il s'agisse
d'un bail prolongé ou non.
L'article 13 est un article de concordance nécessité par
l'article 21 du projet. L'article 14 permet, outre le recours en
réduction du loyer, d'obtenir la résiliation du bail si les
services et commodités du local d'habitation sont diminués. Il
donne aussi au propriétaire le droit de réclamer pour l'avenir le
rétablissement du loyer antérieur lorsque le loyer a
été réduit par suite d'une diminution de service et que le
propriétaire a, par la suite, remédié au défaut.
L'article 15 étend aux baux non prolongés le pouvoir de
résilier tels baux, lorsque l'immeuble menace ruine ou devient
dangereux.
L'article 16 réglemente les modalités de la conversion
d'un immeuble en co-propriété en permettant, d'une part, au
propriétaire de faire enregistrer sa déclaration de
co-propriété, même si l'immeuble est occupé par des
locataires, et en protégeant, d'autre part, ses locataires
jusqu'à l'expiration de leurs baux respectifs. L'article 17 est un
article de concordance nécessité par l'article 16 du projet.
L'article 18 oblige un locataire qui veut résilier son bail pour l'une
des causes mentionnées à l'article 1664 a) du code civil,
autorisation d'aller résider dans une habitation à loyer modique,
un foyer d'hébergement pour personne âgée ou un centre
d'accueil, à en demander l'autorisation à l'administration.
Les articles 19 et 20 font disparaître certaines
ambiguïtés relatives aux droits, pour un nouveau locataire, de
demander une réduction de loyer et élimine, par ailleurs, un
pouvoir discrétionnaire qui était accordé à
l'administrateur. L'article 21 permet à l'une des parties de demander,
pour cause, l'autorisation de produire une demande ou de signifier un avis en
dehors des délais fixés prévus par la loi.
Il établit aussi le droit, pour toute partie, de faire homologuer
à la cour Provinciale une décision émanant de
l'administrateur ou de la commission des loyers.
L'article 22 édicte de manière exhaustive les types de
baux ou d'immeubles qui ne sont pas assujettis à la loi pour favoriser
la conciliation entre locataires et propriétaires. Le paragraphe 7 de
l'article 34 modifié exempte, notamment, de l'application de la loi, les
immeubles construits depuis 1974 et ce, pour une période de cinq ans.
L'article 23 est un article de concordance et les articles 24 et 25 constituent
des dispositions transitoires.
LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
Qu'on appelle les députés!
M. BURNS: Vote enregistré, M. le Président.
Vote de première lecture
LE PRESIDENT: Que ceux qui sont en faveur de cette motion de
première lecture veuillent bien se lever, s'il vous plaît.
LE SECRETAIRE ADJOINT: MM. Bourassa, Levesque, Parent (Hull), Mailloux,
Choquette, Cloutier, Phaneuf, Lalonde, Lachapelle, Goldbloom, Simard,
Quenneville, Hardy, Tetley, Lacroix, Bienvenue, Forget, Toupin, Harvey
(Jonquière), Vaillancourt, Arsenault, Houde (Fabre), Giasson, Perreault,
Brown, Fortier, Kennedy, Bacon, Blank, Bédard (Montmorency), Veilleux,
Saint-Hilaire, Séguin, Saindon, Cornellier, Houde (Limoilou), Lafrance,
Pilote, Lamontagne, Picard, Gratton, Gallienne, Carpentier, Dionne, Harvey
(Charlesbourg), Larivière, Pelletier, Pepin, Bérard, Bonnier,
Boudreault, Boutin, Chagnon, Leduc, Caron, Dufour, Harvey (Dubuc), Lapointe,
Lecours, Malépart, Massicotte, Mercier, Sylvain, Tardif, Tremblay,
Vallières, Samson, Roy, Bellemare (Johnson).
LE PRESIDENT: Que ceux qui sont contre cette motion veuillent bien se
lever, s'il vous plaît.
LE SECRETAIRE ADJOINT: MM. Burns, Léger, Charron, Lessard,
Bédard (Chicoutimi).
LE SECRETAIRE: Pour: 69
Contre: 5
LE PRESIDENT: Cette motion est adoptée.
LE SECRETAIRE ADJOINT: Première lecture de ce projet de loi.
First reading of this bill.
M. CADIEUX: M. le Président, je suis arrivé quelques
secondes en retard et si j'avais eu à voter, j'aurais voté avec
le gouvernement.
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! A l'ordre!
Deuxième lecture, prochaine séance ou séance
subséquente.
M. LEVESQUE: Article d).
Projet de loi no 59 Première lecture
LE PRESIDENT: Article d)? L'honorable ministre des Affaires
intergouvemementales propose la première lecture de la Loi du
ministère des Affaires intergouvernementales.
L'honorable ministre.
M. LEVESQUE: M. le Président, ce projet de loi remplace la Loi du
ministère des Affaires intergouvernementales et la Loi des agents ou
délégués généraux et redéfinit les
pouvoirs et devoirs du ministre des Affaires intergouvernementales.
LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
M. BURNS: Adopté.
LE PRESIDENT: Adopté.
LE SECRETAIRE ADJOINT: Première lecture de ce projet de loi.
First reading of this bill.
LE PRESIDENT: Deuxième lecture, prochaine séance ou
séance subséquente.
M. LEVESQUE: Article e).
Projet de loi no 65 Première lecture
LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Affaires intergouvernementales
propose la première lecture de la Loi concernant les immunités et
privilèges diplomatiques et consulaires.
L'honorable ministre des Affaires intergouvernementales.
M. LEVESQUE: M. le Président, ce projet de loi accorde aux
diplomates et consuls ainsi qu'à leur personnel les immunités et
privilèges en matière judiciaire et en matière fiscale que
reconnaissent généralement les usages internationaux.
LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
M. BURNS: Adopté.
LE PRESIDENT: Adopté.
M. SAMSON: Les projets multinationaux!
LE SECRETAIRE ADJOINT: Première lecture de ce projet de loi.
First reading of this bill.
LE PRESIDENT: Deuxième lecture, prochaine séance ou
séance subséquente.
M. LEVESQUE: Si nous recevons d'autres projets de loi, nous pourrons,
avec le consentement, les déposer.
M. BURNS: D'accord, M. le Président. M. LEVESQUE: Merci.
M. BELLEMARE (Johnson): II a été question, tout à
l'heure, de certains rapports de commissions parlementaires. Est-ce que je dois
comprendre que le rapport sur le projet de loi no 4, qui a été
étudié en commission parlementaire, sera déposé
aujourd'hui, à cause de l'article 123?
M. LEVESQUE: On parle du projet de loi no 4?
M. BELLEMARE (Johnson): Oui, no 4.
M. LEVESQUE: Oui. Je l'ai mentionné tout à l'heure. J'ai
demandé le consentement.
M. BELLEMARE (Johnson): Oui. Alors, si j'ai à déposer, en
vertu de l'article 123 de notre règlement, certains amendements, je
pourrai le faire quand même.
M. LEVESQUE: Jusqu'à 22 heures.
M. BELLEMARE (Johnson): Jusqu'à 22 heures.
M. LEVESQUE: Oui.
M. BELLEMARE (Johnson): Mais je peux le faire même avant que ce
soit déposé.
M. LEVESQUE: M. le Président, peut-être que nous pourrions
passer à l'article h).
Projet de loi no 94 Première lecture
LE PRESIDENT: Article h). L'honorable ministre des Affaires municipales
propose la première lecture de la Loi concernant les régimes de
retraite des maires et des conseillers ' des cités et des villes.
L'honorable ministre.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, ce projet porte sur la
création d'un régime général de retraite pour le
maire et les conseillers des municipalités de cités et de villes.
Le régime sera administré par la Commission administrative des
régimes de retraite des employés du gouvernement et des
organismes publics.
Une municipalité désireuse de le faire doit adhérer
au régime par règlement. Une fois le règlement en vigueur,
chaque membre du conseil peut décider de participer au régime. La
cotisation du participant est de 5.5 p.c. de son traitement admissible et la
contribution de la municipalité est de 8 p.c. de ce traitement.
Le droit à la pension s'acquiert par 96 mois de participation. La
pension devient payable à l'âge de 60 ans ou à compter de
la cessation de services, si celle-ci se produit ultérieurement. La
pension est viagère avec une garantie de quinze ans.
Le projet ne met pas fin, pour les membres du conseil en fonction le 31
décembre 1974, au régime de retraite en vigueur dans la
municipalité. Il prévoit, cependant, que ce dernier régime
n'est pas accessible aux personnes élues à compter du 1er janvier
1975.
Le projet prévoit des possibilités de transfert et de
rachat d'années de services accomplies antérieurement à la
participation d'une personne au régime général. Il permet
aux maires et conseillers qui étaient en fonction en 1972 et qui
avaient, à cette date, été en fonction au moins 96 mois de
participer au régime général même s'ils ne sont plus
en fonction maintenant.
LE PRESIDENT: Cette motion de première lecture est-elle
adoptée? Adopté.
LE SECRETAIRE ADJOINT: Première lecture de ce projet de loi.
First reading of this bill.
LE PRESIDENT: Deuxième lecture, prochaine séance ou
séance subséquente.
Présentation de projets de loi au nom des
députés.
Déclarations ministérielles.
Dépôt de documents.
Questions orales des députés.
QUESTIONS DES DÉPUTÉS
LE PRESIDENT: L'honorable député de Lafontaine.
Expropriés de Sainte-Scholastique
M. LEGER: M. le Président, ma question s'adresse au ministre des
Affaires municipales concernant les otages québécois sur le
territoire fédéral de Sainte-Scholastique. Est-il vrai que le
gouvernement québécois a voté une subvention de $45,000
pour aider le Centre d'information et d'animation communautaire de
Sainte-Scholastique, mais que SATRA aurait conservé une tranche de
$15,000 qui n'aurait pas été remise sur une somme globale de
$45,000 qui aurait été votée depuis 1973, à la
demande du ministre des Communications via le ministère des Affaires
municipales?
M. GOLDBLOOM: M. le Président, c'est une question terriblement
locale et j'en prends avis pour aller aux renseignements.
M. LEGER: Question supplémentaire, M. le Président.
J'ai plutôt l'impression que c'est le fédéral qui
prend le Québec pour une question locale. Le ministre peut-il me dire
s'il est exact que le bail type présenté par le gouvernement
québécois n'est pas reconnu à Sainte-Scholastique, qui est
un local de 93,000 acres, et en dépit de nombreux recours des
Québécois à la Régie des loyers dont les
décisions n'ont pas été respectées par le
gouvernement fédéral?
M. GOLDBLOOM: M. le Président, j'en prends avis aussi. J'irai aux
renseignements et je donnerai la réponse dès que j'aurai les
renseignements pertinents.
M. LEGER: Question supplémentaire, M. le Président, le
ministre de la Justice se préparait à se lever, peut-être
qu'il pourrait répondre à la prochaine?
M. CHOQUETTE: Oui, sûrement pour le bail type. Le bail type
s'applique à tout le monde au Québec; le gouvernement
fédéral, s'il loue un immeuble pour des fins d'habitation, n'est
pas exempté du bail type.
M. LEGER: Et le recours à la Régie des loyers qui a
été gagné par les citoyens de Sainte-Scholastique auxquels
le gouvernement québécois a donné raison...
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. LEGER: ... et que le gouvernement fédéral ne respecte
pas?
LE PRESIDENT: S'il vous plaît, messieurs, s'il vous plaît
!
M. LEGER: Le gouvernement ne respecte pas les décisions rendues
par la Régie du Québec.
M. CHOQUETTE: M. le Président, sans pouvoir répondre d'une
façon catégorique, au député de Lafontaine, j'ai
l'impression que la Loi de la conciliation entre locataire et
propriétaire s'applique à Sainte-Scholastique comme ailleurs au
Québec.
M. LEGER: Ma dernière question supplémentaire, M. le
Président.
Puisque le ministre me pose la question, étant donné qu'il
recherche...
LE PRESIDENT: Non, non ! il ne vous a pas posé de question.
M. LEGER: Non, qui a répondu à ma question.
LE PRESIDENT: J'ai compris; étant donné que le ministre me
pose une question.
M. LEGER: M. le Président, étant donné que le
ministre recherche une participation fédérale au coût de la
police provinciale, va-t-il réclamer, pour la participation de la
Sûreté du Québec, par son escouade antiémeute
à Sainte-Scholasti-que et dans les bureaux fédéraux, une
compensation fédérale pour cette participation provinciale?
M. CHOQUETTE: M. le Président, il ne s'agit pas de participation
de l'escouade antiémeute à Sainte-Scholastique. Nous sommes
prêts à faire la police sur le territoire québécois
dans son ensemble.
Alors, je n'ai pas à réclamer pour des interventions
épisodiques, partielles, de notre police. Je pense que ce serait mal
situer le débat avec le gouvernement fédéral; et le situer
au niveau où le met le député de Lafontaine, ce serait
peut-être même faire tort à la cause que nous faisons valoir
aux autorités fédérales.
Alors, nous avons présenté une position qui me
paraît logique, compréhensive et compréhensible aussi, mais
je ne pense pas qu'en relevant des incidents d'interventions de la
Sûreté du Québec ceci fasse beaucoup avancer le point de
vue que nous avons exprimé, parce qu'il n'est pas question, d'aucune
façon de mettre en doute le droit du gouvernement du Québec
d'assurer la police sur son territoire.
M. LEGER: Dernière question supplémentaire, M. le
Président.
LE PRESIDENT: C'était la dernière. Je m'excuse.
M. LEGER: Non, je ne l'avais pas dit.
LE PRESIDENT: Je m'excuse. On peut vérifier au journal des
Débats, si vous voulez. L'honorable député de
Saint-Jacques.
M. LEGER: ... reste tranquille.
Mouvement étudiant
M. CHARRON: M. le Président, hier matin le ministre de
l'Education se servait d'une déclaration d'un enseignant pour provoquer
le mouvement étudiant. Je veux demander ce matin, au ministre de
l'Education, s'il a pris connaissance de la position du conseil
d'administration du CEGEP Bourgchemin qui, hier soir, reconnaissait une valeur
éducative aux gestes posés par les étudiants...
DES VOIX: Ha! Ha!
M. CHARRON: C'est exact, M. le Président. LE PRESIDENT:
Messieurs, s'il vous plaît!
M. CHARRON: Si vous me permettez, le conseil d'administration du CEGEP
Bourg-chemin, se définissant hier comme une maison d'éducation et
non pas uniquement d'instruction, reconnaissait une certaine valeur aux gestes
posés par les étudiants, refusait d'annuler la session et
recommandait instamment au ministre de l'Education de reprendre les
négociations avec les étudiants sur des bases plus solides, avec
des engagements plus précis de sa part.
M. CLOUTIER: Je pense, M. le Président, que les éclats de
rire qui ont accueilli la déclaration du député de
Saint-Jacques sont assez évidents. Il est clair...
M. CHARRON: Ce n'est pas ma déclaration, c'est la position du
CEGEP Bourgchemin qui a été accueillie comme cela.
M. CLOUTIER: La déclaration du député de
Saint-Jacques qui faisait état je le corrige avec plaisir
d'une résolution d'un CEGEP. Il va de soi, M. le Président, que
c'est là une attitude que j'entends discuter avec les autorités
du CEGEP. J'ai une rencontre cet après-midi avec les directeurs
généraux et, pour l'instant, je n'ai pas l'intention de faire de
déclaration. Je me suis longuement expliqué depuis une quinzaine
de jours là-dessus et j'ai également précisé que
j'entendais, après cette rencontre, probablement demain, faire une mise
au point qui viserait à l'accessibilité des locaux et
également au retour en classe ainsi qu'au maintien de l'ordre.
M. CHARRON: M. le Président, est-ce que les décisions qui
seront prises cet après-midi, lors de la réunion des directeurs
généraux de CEGEP, auront un effet pour l'ensemble de la province
et qu'ainsi se trouveraient annulées certaines décisions locales
qui ont déjà été prises, par exemple pour le CEGEP
Bourgchemin hier soir, le CEGEP André-Laurendeau à
Montréal et d'autres qui ont déjà, sur le plan local, pris
des décisions d'aménagement du calendrier?
M. CLOUTIER: L'aménagement du calendrier scolaire relève
des instances locales. Mais cet aménagement doit être
approuvé par le ministère de l'Education. Nous allons suivre les
procédures normales et habituelles.
LE PRESIDENT: Question additionnelle, l'honorable député
de Rimouski.
M. SAINT-HILAIRE: Question additionnelle, M. le ministre. Est-ce qu'il
est exact que le seul litige à l'heure actuelle entre le gouverne-
ment et les parents, la contribution des parents, d'après les
rumeurs qu'on entend chez les étudiants à l'heure actuelle,
serait le seul litige qui existe?
M. CLOUTIER: M. le Président, si c'est le seul
élément litigieux, il n'y a strictement aucune raison de
continuer à débrayer. J'ai dit aux étudiants à
maintes reprises que j'étais d'accord sur la disparition de la
contribution des parents dans le calcul des bourses mais car il y a un
mais non pas dans le système actuel qui est un système
inflationnaire. Si nous devions prendre cette décision, il en
coûterait immédiatement $70 millions à la
société québécoise et, de manière à
assurer l'indépendance des étudiants, au-delà de $250
millions.
En revanche, j'ai ajouté que, si nous dissocions ce qui
est l'orientation que je préconise les prêts des bourses,
il était parfaitement possible de faire disparaître la
contribution des parents pour les prêts et ceci, dès l'an
prochain. C'est clair et précis. En revanche, pour les bourses, des
études doivent être conduites parce qu'il est bien évident
que si on donne des bourses à tout le monde, à ce
moment-là on en arrive à une espèce de principe
d'universalité et on se trouve à privilégier ceux qui
n'ont pas véritablement besoin d'aide. En admettant...
M. CHARRON: Ils n'ont jamais demandé l'universalité.
M. CLOUTIER: M. le Président, est-ce que je peux parler? Le
député de Saint-Jacques ricane, c'est sont droit. Cela ne passe
pas au journal des Débats, mais il m'interrompt.
M. CHARRON: Vous dites des faussetés. LE PRESIDENT: A l'ordre,
s'il vous plaît.
M. CHARRON: Ils n'ont jamais demandé cela.
LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre, s'il vous plaît! A l'ordre,
messieurs! A l'ordre! Veuillez répondre et, si vous avez une question
additionnelle, vous la poserez. Allez!
M. CLOUTIER: Je comprends que le député de Saint-Jacques
s'énerve dans cette situation. Je ne sais pas jusqu'à quel point
il s'en sent responsable...
M. CHARRON: Je m'énerve toujours quand j'entends mentir.
M. CLOUTIER: ... en tout cas, une chose certaine, c'est qu'il n'a
pas...
M. CHARRON: C'est le mensonge qui m'énerve.
M. CLOUTIER: ... la responsabilité de la régler et je
tiens à préciser que cela ne se règle pas dans la panique;
cela se règle dans le calme. Et c'est ce que je tente de faire
actuellement avec mes collègues du gouvernement. Le problème est
réel, je ne l'ai jamais nié.
M. CHARRON: J'en ai une additionnelle.
M. CLOUTIER: M. le Président, étant donné cette
interruption, je suis obligé de répéter ce que j'ai dit de
manière à répondre à l'excellente question du
député de Rimouski.
Ce que j'ai dit, c'est que le principe de faire disparaître la
contribution des parents peut être accepté par le gouvernement,
mais ne peut pas être accepté dans le système actuel. Il
faudrait évoluer et c'est l'orientation que je préconise
vers un système qui dissocierait les prêts des bourses.
Pour les prêts, nous pouvons, dès l'an prochain, faire
disparaître la contribution des parents, car je suis le premier à
admettre qu'il y a là quelque chose d'archaïque et de
dépassé dans une société, étant donné
la maturité des étudiants et des jeunes, étant
donné également le fait qu'ils deviennent majeurs à
dix-huit ans. En revanche, pour ce qui est des bourses, je vois mal comment
nous pourrions adopter une espèce de principe d'universalité. Il
faut, autrement dit, rester dans l'optique de la sélectivité, ce
qui impose, d'une façon ou de l'autre, une espèce de "meanstest".
Il peut s'agir de calcul qui tient compte de la contribution des parents, de la
contribution des étudiants, etc.
C'est justement ce que j'ai voulu faire: inviter les étudiants
à travailler avec le ministère de l'Education. Mais enfin,
qu'est-ce qu'il a, celui-là?
M. CHARRON: Non, non, monsieur! Je vous ai...
M. LEGER: Vous êtes bien nerveux!
M. CLOUTIER: M. le Président, est-ce que ce n'est pas votre
devoir de maintenir l'ordre? Nous ne sommes pas dans un jardin d'enfance.
M. CHARRON: Une question additionnelle, M. le Président.
LE PRESIDENT: Est-ce que vous avez terminé?
M. CLOUTIER: Bien, écoutez, je me le demande. Je n'en ai pas
l'impression. J'essaie de parler et, constamment, je me fais interrompre par le
député de Saint-Jacques.
M. CHARRON: Je ne vous ai pas interrompu. C'est parce que vous m'agacez
de la façon dont vous rapportez ces affaires.
LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. CLOUTIER: M. le Président, je suis désolé et
ravi en même temps d'agacer le député de Saint-Jacques.
M. CHARRON: M. le Président, une question additionnelle.
Après ce moment de suffisance et d'autoadmiration quotidienne du
ministre de l'Education, est-ce que je peux revenir à une question? Cela
vous permettra de vous admirer encore en me répondant. Mais
répondez à ma question.
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! A l'ordre, s'il vous
plaît.
M. CHARRON: Pourquoi n'avez-vous jamais pris d'engagement de principe,
quant à votre position sur la contribution des parents? Pourquoi
n'avez-vous jamais quantifié la grande largesse de vue et la grande
bonté de coeur que vous affichez à l'Assemblée nationale,
chaque matin? Pourquoi n'avez-vous jamais dit de combien vous disposiez, pour
que toutes vos promesses contenues dans les documents du ministère de
l'Education deviennent tangibles et qu'ainsi les étudiants aient
suffisamment d'information pour pouvoir s'asseoir à la table et
négocier? Dernière question additionnelle, M. le
Président: Pourquoi n'avez-vous jamais informé la Chambre que les
étudiants n'ont jamais demandé la disparition de la contribution
des parents d'une façon unilatérale, qui coûterait, d'un
premier bond, $70 millions à l'Etat, mais qui lui reviendrait parce que
la contribution des parents ne serait plus déductible pour fins
d'impôt? Cela, vous avez négligé de le dire.
M. le Président, les étudiants n'ont jamais demandé
la disparition de la...
LE PRESIDENT: A l'ordre! Bon, la question est posée.
M. CLOUTIER: M. le Président, j'avais félicité le
député de Saint-Jacques à une ou deux reprises pour ses
interventions depuis le début de la session; il les avait faites sur un
ton parlementaire, calme et poli. Je retrouve le député de
Saint-Jacques de l'année dernière; ce sont les insultes, la
démagogie et les attaques personnelles.
M. CHARRON: Moi aussi, je vous retrouve, suffisant, puis gonflé
comme vous l'avez toujours été.
LE PRESIDENT: A l'ordre! Libre à vous de répondre à
la question.
M. CLOUTIER: Je ne réponds pas à une question posée
sur ce ton et je vous prie poliment, M. le Président, parce que vous
êtes responsable de l'ordre dans cette Chambre, de demander au chef de
l'Opposition de prier son jeune député de s'adresser correctement
à ses collègues.
LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. CHARRON: Très bien, restez là, en haut.
LE PRESIDENT: Le député de Rouyn-Noranda.
Ramifications de la pègre
M. SAMSON: M. le Président, je voudrais poser une question au
ministre de la Justice. Dimanche dernier, un journal rapportait une
déclaration de Me Choquette, pas le ministre de la Justice, le cousin,
Me Auguste Choquette, Ti-Gus. Il semblerait que c'était la
journée des Choquette dimanche. Voici ce qu'on y rapporte, M. le
Président...
M. CHOQUETTE: Ti-Gus fait beaucoup de déclarations dont je ne
suis pas responsable.
M.SAMSON: D'ailleurs, M. le Président, j'avais entendu la
même déclaration de l'autre. Ce n'est pas ma faute, M. le
Président, si ça fait rire tout le monde quand je parle du
ministre de la Justice.
LE PRESIDENT: Question.
M. SAMSON: Le journaliste rapporte que Me Choquette serait en mesure de
prouver que la pègre fait chanter des juges, des gens haut placés
dans tous les domaines: judiciaire, politique, policier, diplomatique, etc.
Egalement, Me Choquette aurait demandé qu'un individu de
Sainte-Hélène-de-Bagot puisse comparaître devant la
commission Cliche. Voici la question. A la suite de cela, il aurait
été victime de ce qu'il appelle la clique du Barreau, le syndic
du Barreau. Quant à lui, en terminant sa déclaration, il dit que
le syndic du Barreau doit être convoqué devant la Commission
d'enquête sur le crime organisé.
Je voudrais demander au ministre de la Justice si, compte tenu de ces
déclarations qui me semblent, si elles sont vraies, très
sérieuses, il a à sa disposition les moyens pour vérifier
tout ça et pour apporter les correctifs qui s'imposent dans les
circonstances.
M. CHOQUETTE: M. le Président, je crois que M. Auguste Choquette
réclame qu'une situation fasse l'objet d'un examen soit par la
commission Cliche, soit par la Commission d'enquête sur le crime
organisé. Comme ces deux commissions ont une autonomie absolue dans la
conduite de leurs affaires, je serais mal venu d'intervenir et de dicter une
ligne de conduite à l'un ou l'autre des responsables de ces commissions.
Cependant, étant donné que M. Choquette trouve qu'il y a
là matière à enquête par l'une ou l'autre de ces
commis-
sions, je n'ai pas de doute qu'il va le signaler au nouveau
président de la Commission d'enquête sur le crime organisé,
aussitôt que celui-ci aura été officiellement nommé,
qu'il attirera son attention là-dessus et que les personnes qui pourront
éclairer la commission sur certains aspects de l'action du crime
organisé pourront être interrogées par la commission.
M. SAMSON: Question supplémentaire, M. le Président. De
quelle façon le ministre de la Justice peut-il intervenir en ce qui
concerne la déclaration faite par Me Choquette à l'effet que,
parce qu'il a demandé que quelqu'un comparaisse devant la commission
Cliche, le syndic du Barreau lui est tombé dessus? C'est là le
sens de sa déclaration. C'est pourquoi il soutient que, quant à
lui, le syndic devrait comparaître devant la Commission d'enquête
sur le crime organisé. C'est vis-à-vis du Barreau, il me semble,
que Me Choquette a le plus de problèmes qui sont reliés à
certaines déclarations qu'il a faites parce que, semble-t-il, une
personne serait entraînée à la prostitution malgré
son dossier psychiatrique, et le tout serait relié à cette
personne qui aurait pu comparaître devant la commission Cliche.
M. CHOQUETTE: Une partie, au moins, de la situation que décrit M.
Auguste Choquette a déjà fait l'objet d'une enquête par
l'escouade de la moralité de la police de la Communauté urbaine
de Montréal. Quant aux démêlés de Me Choquette avec
le Barreau, ce n'est pas beaucoup à moi d'intervenir. Si M. Choquette a
des reproches à faire au syndic du Barreau, je pense qu'il pourrait
peut-être le signaler à l'Office des professions ou encore au
bâtonnier général. S'il a, d'autre part, des reproches
vraiment de nature criminelle à l'égard de qui que ce soit, il
peut les signaler au ministère de la Justice ou à nos corps de
police, de façon que des enquêtes se fassent et que, s'il y a eu
des crimes, leurs auteurs soient traduits devant les tribunaux.
Mais vous comprenez que, tout cela est assez vague. Je pense que ceci
exigerait, de la part de celui qui dénonce certaines personnes, qu'il
veuille bien aller faire des affirmations, des déclarations aux corps de
police ou à l'une ou l'autre des commissions qui ont des
responsabilités dans les enquêtes sur la criminalité, que
ce soit dans le monde syndical ou dans le domaine du crime organisé. Je
sais que je ne donne peut-être pas une réponse entièrement
satisfaisante au député de Rouyn-Noranda, mais c'est à
cause de la nature même des plaintes de Me Choquette qu'il est
très difficile pour moi de donner une réponse satisfaisante.
Si quelqu'un a à se plaindre d'une situation, il n'est pas
suffisant de faire une déclaration dans les journaux; il faut encore
aller voir les autorités compétentes, qui ont des
responsabilités. Si M. Choquette a matière sur laquelle faire
enquête, qu'il porte plainte, qu'il vienne se plaindre officiellement,
qu'il signale ceci à l'attention des autorités.
M. SAMSON: Est-ce que...
LE PRESIDENT: Dernière question additionnelle.
M. SAMSON: Est-ce que le ministre est au courant que Me Choquette
déclare également que la police connaîtrait cette situation
d'ailleurs, le ministre vient de nous en parler et que certaines
autorités voudraient agir, mais que, par contre, d'autres
autorités les paralyseraient? Est-ce que là, quand même, il
n'y aurait pas matière à justifier le ministère de la
Justice d'intervenir et de vérifier ces faits?
M. CHOQUETTE: Oui, mais vous comprenez que je ne fais pas la police et
la justice, moi, à la lecture des journaux. Si je devais entrer en
action chaque fois que je lis un article dans un journal, je serais en train de
poursuivre toutes sortes de pistes, dans toutes sortes de directions. Il faut
que les gens qui ont des plaintes à formuler les signalent au
ministère de la Justice.
Je connais, d'ailleurs, un peu la situation dont il est question dans la
déclaration de M. Choquette, pour en avoir entendu parler. Mais je n'en
ai pas été saisi d'une façon précise. Entendre
parler des déboires de M. Choquette avec le Barreau, cela me fait de la
peine, mais qu'est-ce que je peux y faire précisément, à
moins que lui ne vienne dire à la police ou au ministère de la
Justice: II y a telle ou telle chose dont je me plains? Tant que je n'ai pas
une situation comme ça, je ne peux pas me saisir, proprio motu, de toute
espèce de situation qui peut se produire.
Je dis au député de Rouyn-Noranda que c'est la situation
actuelle et que, si M. Choquette a quelque chose à signaler...
D'ailleurs, dans la dernière phrase que vous m'avez lue, on parle de
certaines autorités qui paralysent d'autres activités; qu'est-ce
que je vais faire avec cela, moi, des autorités qui paralysent d'autres
autorités?
M. SAMSON: Quelles sont ces autorités? C'est cela qu'on veut
savoir.
M. CHOQUETTE: Je ne le sais pas, moi. Il faudrait me dire quelles
autorités paralysent quelles autorités.
M. SAMSON: Vous ne communiquez pas entre cousins?
LE PRESIDENT: Le député de Saguenay. M. CHOQUETTE:
Pardon?
M. SAMSON: Vous avez arrêté de vous parler entre
cousins?
M. CHOQUETTE: Non, je n'ai pas du tout arrêté de lui
parler, mais il ne faut quand même pas prendre...
M. MERCIER: M. le Président...
M. LESSARD: M. le Président, ma question s'adressera au
ministre...
M. MERCIER: M. le Président, ça fait cinq fois.
LE PRESIDENT: Un instant, un instant s'il vous plaît. Un à
la fois.
M. CHOQUETTE: Je voudrais terminer la réponse au
député.
M. MERCIER: Regardez dans ce bout-ci de temps à autre.
M. CHOQUETTE: Le député m'a fait quelques observations,
alors qu'il était assis à son siège, mais je veux quand
même répondre. Ce n'est pas que j'aie arrêté de lui
parler. Je n'ai pas arrêté de lui parler. Je ne suis pas pour me
baser sur des Dimanche-Matin, des Dernière-Heure et des patentes comme
ça pour administrer la justice.
LE PRESIDENT: Un instant, s'il vous plaît. Je m'excuse
auprès du député de Bellechasse, parce qu'il y a quand
même une coutume qui a été établie, je crois, en ce
qui concerne les députés ministériels de m'avertir, si
c'est possible, avant la séance, comme l'ont fait ce matin le
député de Rimouski et le député de Verdun. Vous
savez qu'en général la période des questions est plus, en
vertu de la coutume et de la tradition, réservée à
l'Opposition. Peut-être que je ne suis pas assez aux aguets pour
surveiller les députés. D'ailleurs, il y en a tellement qui se
lèvent, qui ne gardent pas leur siège, que je demanderais
à tout le monde quasiment de poser des questions ou à
plusieurs.
M.MERCIER: M. le Président, je vais vous dire que la coutume ne
s'est pas rendue sur les dernières banquettes en arrière, parce
qu'on ne le savait pas qu'on devait vous prévenir.
LE PRESIDENT: C'est une question d'arrangement, je crois, et je vais
essayer de vous reconnaître dans quelques minutes.
M. MERCIER: Je vous remercie.
LE PRESIDENT: L'honorable député de Saguenay.
Service ambulancier sur la Côte-Nord
M. LESSARD: Merci, M. le Président. Ma question s'adresse au
ministre des Affaires sociales. Ma question est urgente malgré le fait
qu'elle soit d'intérêt régional.
M. le Président, très brièvement, depuis le 20
octobre dernier, toute la région de Forestville est privée
et cela couvre un bassin de popula- tion assez important de services
ambulanciers. A partir du 1er janvier prochain, ce sera toute la population de
la Côte-Nord, en partant de Tadoussac jusqu'à Port-Cartier, qui
sera privée de services ambulanciers. Différents organismes de la
Côte-Nord sont intervenus auprès du ministre et le ministre
étudie la situation. Je demande au ministre, ce matin, avant qu'il
arrive des cas très graves, quelles sont les mesures concrètes
qu'entend prendre le ministre, à brève échéance,
pour prévenir de telles situations et faire en sorte que la population
de la Côte-Nord puisse profiter de services aussi essentiels que les
services ambulanciers. Est-ce que le ministre a l'intention de permettre aux
centres locaux de services de santé d'assurer les services ambulanciers,
étant donné que l'entreprise privée ne veut plus le
faire?
M. FORGET: M. le Président, non seulement cette question est-elle
à l'étude, en effet, depuis quelques semaines et même
quelques mois, mais cette étude a débouché sur des
conclusions que j'ai soumises, il y a quelques semaines, au conseil des
ministres, mais dont la mise en oeuvre suppose l'action conjointe de quelques
ministères et non seulement du ministère des Affaires
sociales.
On sait, par ailleurs, qu'en juin dernier était publié un
projet de règlements en vertu de la Loi de la protection publique, dans
laquelle étaient énoncées, pour la première fois de
manière officielle, des normes devant régir les ambulances,
à la fois pour ce qui est de la qualification du personnel et
également pour ce qui est de l'équipement et de la qualité
de l'équipement devant être utilisé, de manière
à assurer la protection du public.
Depuis la publication de ce projet de règlements, de nombreuses
consultations ont eu lieu avec les organismes intéressés, y
compris les propriétaires d'ambulances et les associations qui les
regroupent, de manière à s'assurer que l'application de ces
règlements, tout en permettant une amélioration de la protection
de la santé publique, ne conduise pas à une situation où
ces services doivent être abandonnés.
Il demeure que, depuis l'origine, les services d'ambulances au
Québec ont été donnés par des entreprises
d'ambulances qui se sont fait payer pour les services à la population.
Il ne m'est pas possible, actuellement, en vertu des lois en vigueur,
d'étendre la couverture des programmes existants au titre de
l'assurance-hospitalisa-tion ou de l'assurance-maladie sans qu'une nouvelle loi
soit présentée. Et une telle loi aurait, selon la théorie
que l'on retient, pour ce qui est de l'implication de l'Etat dans la fourniture
des services ambulanciers, des implications très
considérables.
Comme je l'ai indiqué tout à l'heure, j'ai formulé
une série de mesures qui sont susceptibles d'apporter une solution,
particulièrement dans les régions éloignées. Et
à la suite des discussions de ces propositions au conseil des ministres,
un travail de collaboration a été
entrepris avec d'autres ministères pour apporter, dans les plus
brefs délais possible, une réponse concrète à ce
problème.
M. LESSARD: M. le Président...
LE PRESIDENT: Une question supplémentaire.
M. LESSARD: ... dernière question additionnelle. Etant
donné la responsabilité du ministère de protéger la
santé publique des citoyens, est-ce que, à court terme la
situation dure depuis le 20 octobre dans la région de Forestville
le ministre entend prendre des mesures d'urgence, en attendant son plan qui va
s'élaborer, pour assurer un service ambulancier à la population
de Forestville, comme à la population de la Côte-Nord, comme
à d'autres parties du Québec aussi qui sont aux prises avec le
même problème? On ne peut pas attendre longtemps.
Est-ce que le ministre a l'intention de prendre des mesures
concrètes, très prochainement, pour qu'un service ambulancier
existe dans cette région comme dans d'autres régions du
Québec? Est-ce que le ministre a l'intention d'attendre que des morts
restent sur la rue avant de prendre des mesures?
M. FORGET: Oui, M. le Président.
M. LESSARD: On l'a, le problème. Et quelles sont ces mesures?
M. FORGET: Elles seront annoncées en temps et lieu, lorsque nous
aurons conclu ces travaux avec les ministères impliqués.
M. LESSARD: S'il arrive un problème... LE PRESIDENT:
L'honorable... Un instant.
M. LESSARD: ... vous l'aurez dans la face, je vous le garantis.
LE PRESIDENT: A l'ordre!
L'honorable député de Johnson... A l'ordre!
Subventions aux municipalités
M. BELLEMARE (Johnson): M. le Président, ma question s'adresse
à l'honorable ministre des Affaires municipales. Est-ce que le ministre
peut nous dire si c'est sont habitude d'accorder une subvention à une
municipalité sans qu'aucun projet particulier soit concerné, sauf
pour assurer le dynamisme et l'esprit progressif d'une municipalité?
M. GOLDBLOOM: M. le Président, c'est une question à
laquelle j'ai donné une certaine réponse avant-hier, je pense.
Nous avons, évidemment, des projets qui sont soumis. Et, dans chaque
cas, nous analysons le revenu que produira l'accomplissement de ce projet, le
solde, s'il y en a, et la capacité des contribuables en
général de supporter ce solde. Et nous arrivons à une
conclusion qu'il y a ou qu'il n'y a pas lieu d'accorder une subvention.
Il y a, en outre, des municipalités qui demandent de l'aide en
général parce que l'équilibre entre revenus et
dépenses est défavorable. Dans la majorité des cas, nous
refusons de telles subventions. Je pense qu'on peut facilement constater le
danger. Ce serait un encouragement à la mauvaise administration et aux
dépenses exagérées si le gouvernement arrivait souvent
avec des subventions simplement pour rétablir un équilibre
budgétaire.
Nous sommes obligés quand même de le faire dans certains
cas où la situation est vraiment critique.
M. BELLEMARE (Johnson): Une question supplémentaire, M. le
Président. Une des plus belles municipalités, une des
municipalités les plus riches de la province de Québec, la ville
de Bromont, vient de se voir accorder $1.2 million pour assurer son dynamisme
pour les dix dernières années.
Je trouve que le ministre...
LE PRESIDENT: A l'ordre, à l'ordre! A l'ordre, s'il vous
plaît! Cette question a déjà été posée
et le ministre a répondu, je crois, hier ou avant-hier, d'une
manière assez détaillée. Vous pouvez formuler votre
question; mais si c'est la même, je ne pourrai pas la permettre.
M. BELLEMARE (Johnson): M. le Président, c'est que cette
municipalité de Bromont, qui vient de recevoir une subvention pour $1.2
million, fait scandale à côté d'autres
municipalités...
DES VOIX: Ah! Ah!
M. BELLEMARE (Johnson): J'arrive...
LE PRESIDENT: A l'ordre! Où est le point d'interrogation?
M. BELLEMARE (Johnson): Je fais un préambule, comme le fait
souvent le chef de l'Opposition.
LE PRESIDENT: Votre préambule, vous l'aviez fait avant. On sait
qu'il s'agit de Bromont. Posez une question. C'est dans le respect du
règlement. Autrement, ce ne sera plus une période de questions
mais une période de débats.
M. BELLEMARE (Johnson): M. le Prési-
dent, est-ce que le ministre a l'intention d'accorder une subvention
spéciale pour assurer le dynamisme et l'esprit progressiste de la ville
d'Acton Vale dans mon comté?
M. GOLDBLOOM: M. le Président, en ce qui concerne n'importe
quelle municipalité, si elle fait la demande d'analyse de sa situation
financière, je serai très heureux de faire faire cette analyse et
de tirer les conclusions qui s'imposeront, selon le fardeau supporté par
les contribuables. Dans le cas particulier de la ville de Bromont, je voudrais
très respectueusement et amicalement suggérer que l'honorable
député de Johnson consulte le journal des Débats du mardi
de cette semaine. Il trouvera une réponse détaillée sur la
situation de cette ville.
LE PRESIDENT: Maintenant, quelques dernières petites et courtes
questions et réponses dans l'ordre suivant et sans trop de questions
supplémentaires: le député de Verdun, le chef de
l'Opposition officielle, le député de Bellechasse, le
député de Beauce-Sud.
L'honorable député de Verdun.
Le ministère de la Justice et les unions
ouvrières
M. CARON: M. le Président, ma question s'adresse à
l'honorable ministre de la Justice, qui fait un excellent travail, en passant,
de même que les autres.
LE PRESIDENT: Question, s'il vous plaît. Question!
M. CARON: Le ministre de la Justice pourrait-il informer la Chambre des
plaintes reçues par le ministère de la Justice et des
dispositions qu'il a prises à leur sujet dans le domaine des relations
de travail, et en particulier dans la construction, depuis le 1er janvier
1974?
M. CHOQUETTE: M. le Président, je remercie le
député de Verdun de m'avoir donné un préavis de sa
question, ce qui me permettra de lui donner une réponse très
complète. Je le remercie également de son petit hors-d'oeuvre
d'ouverture, très apprécié par mes collègues!
LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît, messieurs!
DES VOIX: Ah! Ah!
LE PRESIDENT: J'espère que vous n'avez qu'une page.
M. CHOQUETTE: J'en ai deux, M. le Président. Toutes les plaintes
reçues au ministère de la Justice ont été
confiées, pour enquête, soit à la Sûreté du
Québec, soit aux enquêteurs spéciaux du ministère.
Chaque rapport d'enquête a été ou sera soumis au procureur
de la couronne concerné, pour décision, et chaque dossier est
vérifié par les avocats du ministère.
Les dossiers sont examinés en fonction du code criminel et du
chapitre 45, Loi sur les relations de travail dans l'industrie de la
construction. Dans les cas des dossiers classés après
enquête, nous retrouvons comme principale raison l'impossibilité
d'identifier les auteurs des infractions.
Pour la période de janvier à septembre 1974, le
ministère de la Justice a reçu 668 plaintes: 79 enquêtes ne
sont pas encore terminées, 589 enquêtes sont terminées, 90
dossiers ont fait l'objet de poursuites, soit en vertu des dispositions du code
criminel, soit en vertu du chapitre 45 des lois du Québec, qui est la
Loi sur les relations de travail dans l'industrie de la construction.
En vertu du code criminel, nous relevons 208 chefs d'accusation
d'intimidation, cinq chefs pour voie de fait, un chef de méfait, deux
chefs de vol et un divers, soit 217 chefs d'accusation.
En vertu du chapitre 45 des Lois du Québec, lois sur les
relations de travail dans la construction, nous relevons 61 accusations. Le
total des chefs d'accusation, en vertu du code criminel et des plaintes en
vertu du chapitre 45, s'élève donc à 278 infractions qui
font l'objet de poursuites devant les tribunaux.
A ce jour, nous avons obtenu cinq condamnations, et Un acquittement a
été prononcé, qui fait d'ailleurs, je pense, l'objet d'un
appel. Pour la période des mois d'octobre, novembre et décembre
1974, nous relevons, entre autres, 573 poursuites, en vertu du chapitre 45 des
Lois du Québec, lesquelles ont été logées hier ou
récemment ou seront logées incessamment.
A ce chiffre, il y aura sans doute lieu d'ajouter d'autres accusations
à venir et qui font actuellement l'objet d'enquêtes.
Dans ce domaine, j'ai donné instructions d'instituer des
poursuites relativement aux arrêts de travail qui sévissent
à Montréal à l'heure actuelle ainsi qu'à
l'égard des miniententes conclues au-delà des dispositions
prévues au décret de la construction.
LE PRESIDENT: L'honorable chef de l'Opposition officielle.
Subvention à OXFAM
M. MORIN: Ma question est destinée au premier ministre, et en
guise de bref préambule, j'aimerais rappeler que, l'année
dernière, à pareille époque, à la suite d'une
suggestion que j'avais faite à la Chambre, le gouvernement avait
décidé d'accorder une subvention de $50,000 à OXFAM. Je me
souviens les collègues s'en
reppelleront que le premier ministre avait même
téléphoné spécialement à M. Yvon Deschamps
pour lui annoncer la bonne nouvelle.
Or, malgré tous les problèmes des Québécois,
il y a des peuples aujourd'hui dans le monde qui ont des problèmes
encore plus graves. J'aimerais demander au premier ministre si c'est
l'intention du gouvernement, cette année, de renouveler sa subvention
à OXFAM. Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu, même, d'augmenter la
subvention, compte tenu du fait que la situation de la faim est encore plus
catastrophique cette année que l'an dernier et que le coût des
aliments a augmenté de façon très sensible?
M. BOURASSA: M. le Président, j'ai signé hier la
subvention de $50,000, j'ai renouvelle la subvention que j'avais donnée
l'année dernière. La question du chef de l'Opposition arrive une
journée en retard.
M. MORIN: Très bien.
M. BOURASSA: Je le félicite de son intérêt constant
pour des oeuvres aussi valables et qui méritent l'appui de tous les
gouvernements et de tous les citoyens.
LE PRESIDENT: L'honorable député de Bellechasse.
Transport en vrac
M. MERCIER: M. le Président, ma question est à l'endroit
du ministre d'Etat aux Transports relativement au domaine du transport en vrac.
Pour faire suite aux représentations faites au cours des derniers mois
et à la situation constatée dans plusieurs comtés du
Québec, particulièrement les comtés ruraux, le ministre
peut-il nous dire si le ministère des Transports envisage dans
l'immédiat de réviser sa réglementation touchant le
transport en vrac? Si oui, à quel moment ou quand ces modifications
seront-elles apportées?
M. BERTHIAUME: M. le Président, la réponse à la
question du député de Bellechasse est oui. Nous sommes à
réviser le règlement no 12 sur le transport en vrac; c'est un
processus assez long étant donné que nous avons voulu consulter
à peu près toutes les parties concernées par ce
problème, soit les associations d'entrepreneurs ou d'artisans,
l'Association du camionnage, etc. Nous venons de terminer cette étape de
consultation, nous sommes à faire la synthèse des revendications
des différents groupes.
En ce qui a trait à la date à laquelle le nouveau
règlement pourrait être adopté, je n'aimerais pas me
compromettre d'une façon précise, mais ce serait probablement au
printemps, soit mars ou avril, mais encore là je ne voudrais pas me
compromettre quant à cette date à cause de la complexité
de la révision.
M. MERCIER: Question additionnelle, M. le Président. Après
cette révision, ou parallèlement à cette révision
en cours, le ministère envisage-t-il pour bientôt l'implantation
de systèmes de balances aux points de chargements ou aux points de
départ dans différents secteurs du Québec, afin
d'éviter que des transporteurs soient pénalisés
involontairement lorsqu'ils arrivent aux installations là où il y
a des balances du ministère et que ces gens sont en faute?
Deuxième volet de ma question, est-il juste qu'il y ait
actuellement, dans tout le secteur de l'Est du Québec, seulement une
balance, soit dans le secteur de Charny-Saint-Romuald, ce qui
pénaliserait une série de transporteurs dans une région
donnée?
Ce serait une politique de discrimination comparativement aux autres
secteurs du Québec où les transporteurs ne sont pas
"bâdrés" par la balance.
M. BERTHIAUME: M. le Président, la deuxième partie de la
question du député de Bellechasse m'étonne un peu parce
qu'il déclare que c'est la seule balance qu'il y ait dans l'Est du
Québec. Je ne pourrais pas dire exactement où il y en a d'autres,
mais je me souviens qu'il y a un peu plus d'un an maintenant, le
ministère des Transports a commencé un programme d'implantation
ou d'installation de balances dans la province. Je ne pourrais pas dire de
façon précise aujourd'hui, de mémoire, où en est ce
programme.
M. MERCIER: M. le Président, simplement pour
préciser...
LE PRESIDENT: Dernière.
M. MERCIER: ... au ministre d'Etat, j'ai été
informé et j'ai posé la question: Est-il juste qu'il n'y aurait
qu'une balance actuellement en opération dans l'Est du Québec et
qui serait dans le secteur du pont de Québec?
M. BERTHIAUME: Je ne crois pas que ce soit exact. D'ailleurs, je me
souviens, la semaine dernière le député de Portneuf m'a
parlé d'une balance qu'il y a dans son comté, alors je ne sais
pas si vous considérez cela comme étant dans la partie est du
Québec. De toute façon, nous avons également des balances
portatives qui sont utilisées par les surveillants routiers et nous
faisons des vérifications un peu au hasard sur tout le territoire du
Québec.
M. MERCIER: Dernière, M. le Président. Est-ce
qu'effectivement, le ministère envisage pour bientôt
l'implantation de balances permanentes? Je pense aux transporteurs de bois
à pâte ou d'autres sortes de transport, qui partent de la
frontière de l'Etat du Maine et du Québec, dans nos comtés
respectifs, et qui sont pénalisés lorsqu'ils arrivent ici,
à la balance du pont de Québec. Ils le sont involontairement
de
leur part, mais ils sont obligés évidemment de subir des
amendes de $200 et plus. Alors, actuellement, plusieurs subissent
préjudice à cause de cela et je demande au ministère s'il
a l'intention de corriger d'une manière quelconque cette situation qui
pénalise actuellement les transporteurs de nos régions alors
qu'on m'informe que, dans d'autres régions du Québec, ils ne sont
pas "bâdrés" par les balances.
M. BERTHIAUME: M. le Président, il y a des balances à
plusieurs endroits de la province. Je ne peux pas les nommer de mémoire,
mais il y en a un peu partout dans la province. Evidemment, notre programme
vise à traiter tout le monde sur le même pied et à faire
respecter nos lois pour protéger le réseau routier sur lequel on
met des centaines de millions chaque année. Finalement, c'est le
contribuable qu'on protège en ayant un tel programme.
Maintenant, s'il y a des problèmes spécifiques auxquels le
député de Bellechasse fait allusion, il me permettra de les
analyser et peut-être que nous pourrions avoir une rencontre
privée où on pourra analyser spécifiquement les
problèmes qui peuvent survenir à un endroit ou un autre.
M. MAILLOUX: M. le Président, à la réponse...
LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Transports.
M. MAILLOUX: ... que vient de fournir le ministre d'Etat aux Transports,
je voudrais ajouter ceci: C'est que la loi des pesanteurs a été
faite pour protéger les routes du Québec. Il y a plus d'une
balance puisqu'il y en a un peu partout au Québec, mais il n'y en a pas
assez. Il faudrait quand même ajouter ceci, c'est que les transporteurs
de bois, les transporteurs de minerai ont eu des surcharges permises que
d'autres transporteurs n'ont pas. Je pense que, dans ces deux secteurs
d'activité, ils sont quand même privilégiés quant
aux pesanteurs permises sur les routes du Québec.
M. MERCIER: Dernier commentaire additionnel, M. le
Président...
LE PRESIDENT: A l'ordre! Je...
M. MERCIER: ... à l'endroit du... Une question.
LE PRESIDENT: Je m'excuse, écoutez! Est-ce qu'il y a
consentement? Il y a consentement, allez!
M. MERCIER: M. le Président, simplement un court préambule
à la question posée au ministre des Transports. Je suis d'accord
avec lui sur le fait que les lois ont été faites pour
préserver le réseau routier, etc. Sauf que, comme j'ai
mentionné dans ma question au ministre d'Etat aux Transports, parmi les
transporteurs, même avec la meilleure volonté du monde, il y en a
qui sont en infraction et courent après l'infraction, mais il y en a
d'autres qui sont conscients de leurs responsabilités, qui veulent se
conformer à la réglementation du transport en vrac mais dont dans
l'incapacité ou l'impossibilité de le faire parce que,
d'après ce qu'on m'a informé, lorsque le bois de pulpe est
mouillé, il n'a pas la même pesanteur que lorsqu'il est sec, pour
le même volume de cargaison ou de chargement sur une plate-forme de
camion.
Alors, la question qu'on nous pose, à savoir, si le
ministère pourrait implanter des balances aux points de chargement ou
aux points de départ de ces gens qui partent de la frontière ou
du comté de Bellechasse, ou de Beauce-Sud, ou de Montmagny-L'Islet,
etc., qui font 60 à 70 milles et lorsqu'ils arrivent au pont de
Québec, ils sont en infraction; cela leur coûte $200 et plus.
M. MAILLOUX: M. le Président, c'est un choix louable au
ministère des Transports d'installer partout des balances où il
en faut dans le Québec; cela coûte beaucoup d'argent que je n'ai
pas. Je voudrais quand même ajouter ceci: C'est que, dans toutes les
infractions qui ont fait suite à la loi des pesanteurs, ce ne sont pas
tant les petits camionneurs qui sont en cause, malgré qu'il y en ait
quelques-uns qui récidivent; 90 p.c. des infractions qui ont
été relevées l'ont été a de très
grosses entreprises de transport.
LE PRESIDENT: Dernière question, l'honorable député
de Beauce-Sud.
Confiscation d'oeufs
M. ROY: M. le Président, ma question s'adresse encore au ministre
de l'Agriculture.
Il y a une quinzaine de jours, l'Association des producteurs d'oeufs du
Québec avait dénoncé FEDCO comme étant un syndicat
fantoche, conçu et contrôlé par le gouvernement. Ce matin,
nous apprenons que FEDCO a procédé à la saisie d'oeufs
chez des aviculteurs mécontents, membres de l'Association des
producteurs d'oeufs du Québec et, en particulier, les oeufs produits par
la ferme avicole du président de l'association lui-même, ce qui
est en train d'amorcer un conflit qui risque de s'étendre.
J'aimerais savoir du ministre de l'Agriculture s'il est bien au fait de
la situation et s'il peut nous dire ce que compte faire son ministère
face à ce problème et à cette situation.
M. TOUPIN: M. le Président, je vais prendre avis de la question,
d'abord, en ce qui concerne les saisies chez ce producteur. J'aimerais, dans
cette recherche, savoir quel est le statut de ce producteur dans le cadre des
règlements actuels
de la commercialisation des oeufs au Québec et au Canada. Quant
à l'opinion que le député de Beauce-Sud veut avoir de ma
part concernant le problème actuel, je préférerais
attendre encore quelques jours avant de répondre à cette
question, parce que nous sommes, encore une fois, au ministère, à
réexaminer cette question et à voir comment se posent les
relations entre les différents groupements de producteurs. Que
voulez-vous, c'est une mésentente entre des groupements de producteurs.
Ce sont des producteurs qui ne sont pas d'accord sur la façon de mettre
un produit en marché.
Il y a des groupes qui disent: C'est ça, la meilleure
méthode, puis l'autre groupe dit: Non, ce n'est pas celle-là;
c'est l'autre qui est la meilleure méthode. On va examiner à
nouveau ce dossier et, dans quelques jours ou dans quelques semaines, je serai
plus en mesure de répondre à cette dernière partie de la
question.
M. ROY: Une question additionnelle, M. le Président. Est-ce que
le ministre de l'Agriculture a l'intention de maintenir les
arrêtés en conseil actuellement en vigueur, qui permettent aux
grandes chaînes d'alimentation de s'approvisionner en dehors de FEDCO et
de boycotter les producteurs agricoles et les producteurs d'oeufs membres de
FEDCO? Il y a justement un témoignage qui a été rendu. Un
producteur avait l'habitude de livrer à la compagnie Steinberg. Quand il
a adhéré à FEDCO et que la compagnie Steinberg l'a appris,
elle lui a fait Savoir qu'elle n'avait plus besoin de ses oeufs. Cette
stratégie prévaut actuellement dans plusieurs régions du
Québec, surtout en ce qui a trait aux grandes chaînes
d'alimentation, parce qu'elles ont le privilège de pouvoir
s'approvisionner en dehors de FEDCO, suite aux arrêtés en
conseil.
Je demande au ministre s'il a l'intention de maintenir ces
arrêtés en conseil longtemps et s'il a l'intention de sévir
contre ces grandes chaînes d'alimentation qui sont en train de
contrôler tout le commerce de détail au Québec et qui
pénalisent les agriculteurs membres de FEDCO.
M. TOUPIN: M. le Président, d'abord, il ne s'agit pas d'un
arrêté en conseil. Il s'agit d'une entente intervenue entre la
Fédération des producteurs d'oeufs du Québec et
l'Association des détaillants en gros et détail du Québec.
C'est une entente qui a été signée, si ma mémoire
est fidèle, en 1971 ou en 1972. Cette entente contenait les dispositions
suivantes: les chaînes et les magasins de gros, les institutions
s'engageaient à acheter, si ma mémoire est fidèle, 45 p.c.
de la production d'oeufs du Québec. C'est sans doute de cette entente
que fait mention le député de Beauce-Sud. Je ne sais pas quand
elle expire, peut-être au cours des prochains mois et peut-être au
cours de l'année 1975. Je vais voir quand cette entente expirera, mais,
tant et aussi longtemps qu'elle est en vigueur, étant donné
qu'elle est intervenue entre deux parties, lesquelles ont le droit l'une et
l'autre de signer une entente, je ne vois pas pourquoi je me verrais
obligé de briser cette entente.
M. ROY: M. le Président, j'aurais une dernière courte
question.
LE PRESIDENT: Une très brève, parce qu'il y a vraiment de
l'abus ce matin.
M. ROY: Une très brève question. Non, M. le
Président, je pense que... Bon, d'accord.
LE PRESIDENT: Non, non, d'accord. Je vous dis très brève,
allez.
M. ROY: J'aimerais savoir du ministre s'il a l'intention de soumettre ce
problème devant la commission parlementaire de l'agriculture et si cette
commission parlementaire de l'agriculture pourrait siéger le plus
tôt possible, pour que nous puissions examiner toute cette question et
faire comparaître devant la commission les organismes
intéressés, ainsi que les producteurs intéressés,
de façon qu'on fasse la lumière, une fois pour toutes, sur ce qui
me semble, à moi, un privilège qu'on a accordé aux grandes
chaînes d'alimentation.
M. TOUPIN: M. le Président, il n'y a pas de privilège.
Evidemment, j'ai expliqué tantôt pourquoi que ça se faisait
ainsi. Les producteurs du Québec ont le droit de signer des ententes
avec des acheteurs et c'est ce qui s'est produit entre cet organisme et les
acheteurs intéressés.
En ce qui concerne la commission parlementaire, je vous dis, M. le
Président, très honnêtement, que nous examinons très
sérieusement cette possibilité. Peut-être pas d'ici la fin
de la session mais peut-être après, en janvier ou février.
Nous examinons cette possibilité. Mais avant de me prononcer
là-dessus, j'aimerais voir comment le problème se pose.
J'ai entre les mains le mémoire de l'Association des
distributeurs; j'ai également la version de la Fédération
des producteurs d'oeufs du Québec. Il me paraît qu'on doive
d'abord examiner ces choses-là avant de prendre une décision de
quelque ordre que ce soit.
LE PRESIDENT: L'honorable premier ministre aimerait apporter une
réponse à une question posée hier, je crois.
Vente de cinq CL-215
M. BOURASSA: Oui, j'ai promis hier au député de
Rouyn-Noranda de lui apporter une réponse à la question sur la
vente des cinq CL-215. Je crois que, jeudi dernier, il y a eu une
déclaration j'ai la copie ici qui a été
transmise à Telbec: "Contrairement à certains rapports de presse,
M. Kearns, président de
Canadair, a confirmé que le gouvernement du Québec a
apporté une aide extrêmement importante dans la conclusion de la
récente transaction de $10 millions concernant l'achat de cinq CL-215
par le gouvernement français".
Curieusement, cette nouvelle, qui visait à réfuter des
informations de nature à déprécier mon voyage en France,
n'a reçu, à ma connaissance, aucune publicité dans la
presse écrite.
M. SAMSON: Question supplémentaire, M. le Président. Ce
n'est pas tellement clair, ce que vient de dire le premier ministre.
M. BOURASSA: M. le Président...
M. SAMSON: Si vous voulez me permettre de poser ma question. Si vous me
permettez de poser ma question...
M. BOURASSA: C'est le président de Canadair qui dit...
M. SAMSON: Non, non! ce n'est pas cela que je veux savoir. Vous venez de
dire que, d'après cette déclaration, le gouvernement du
Québec a apporté une aide extrêmement importante. A qui
a-t-il apporté une aide importante, à Canadair ou au gouvernement
fédéral? Qui négociait cette affaire-là?
M. BOURASSA: M. Kearns a confirmé que le gouvernement du
Québec a apporté une aide extrêmement importante ce
sont des mots quand même assez clairs dans la conclusion de la
récente transaction de $10 millions concernant l'achat de cinq CL-215
par le gouvernement français.
M. SAMSON: Je demande au premier ministre à qui...
M. BOURASSA: Le rôle du gouvernement a donc été
extrêmement important dans cette transaction. Il y a eu des
informations...
M. SAMSON: ... le gouvernement du Québec a apporté une
aide extrêmement importante. L'avez-vous apportée à
Canadair ou si vous l'avez apportée au gouvernement
fédéral qui avait le dossier?
M. BOURASSA: Le député devrait comprendre je
m'excuse, M. le Président que le rôle du gouvernement
là-dedans est de permettre aux parties de s'entendre. Ce n'est pas nous
qui achetons, ce n'est pas nous qui payons, mais c'est nous qui pouvons
intervenir comme le ministère de l'Industrie et du Commerce le
fait régulièrement pour stimuler les exportations du
Québec.
On a publié toutes sortes de choses sur le rôle du
gouvernement là-dessus, on a dit que je n'avais aucun mérite.
Là, il y a un démenti formel dans une déclaration du
président de Canadair, M. Kearns. Le député, hier, me
mentionnait que quelqu'un aurait dit à la télévision que
ce n'était pas vrai. Là, c'est le président de la
compagnie qui a fait cette déclaration formelle qui a été
transmise sur le réseau Telbec. A ma connaissance du moins dans
la presse écrite puisque je n'étais pas ici, je n'ai vu
aucune donnée qui permettrait de faire la mise au point sur cette
question.
M. SAMSON: Quelles sont les subventions que le gouvernement du
Québec apporte dans cette transaction?
M. BOURASSA: Aucune subvention, M. le Président.
LE PRESIDENT: Affaires du jour.
UNE VOIX: Attendez-vous qu'on vous envoie des fleurs?
LE PRESIDENT: Affaires du jour.
Questions inscrites au feuilleton
M. LEVESQUE: M. le Président, article no 5 du feuilleton du
mercredi 11 décembre 1974. Question de M. Léger; je propose que
cette question soit transformée en motion pour dépôt de
documents.
LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée? Adopté.
M. LEVESQUE: Réponse de M. Phaneuf. M. PHANEUF: Documents
déposés.
M. LEVESQUE: Article no 11, question de M. Bellemare (Johnson); je
propose que cette question soit transformée en motion pour
dépôt de documents.
LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée? Adopté.
M. MAILLOUX: Documents déposés.
M. LEVESQUE: Article no 12, question de M." Bellemare (Johnson);
réponse de M. Mailloux. Je formule la même motion.
LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée? Adopté.
M. MAILLOUX: Documents déposés.
M. LEVESQUE: Article no 29, question de M. Bellemare (Johnson);
même motion, M. le Président. Réponse de M. Tetley.
LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée? Adopté.
M. TETLEY: Documents déposés.
M. LEVESQUE: Article no 79, motion de M. Léger;
dépôt de M. Phaneuf.
M. PHANEUF: Documents déposés.
M. LEVESQUE: Article no 80, motion de M. Léger;
dépôt de M. Phaneuf.
M. PHANEUF: Documents déposés. M. LEVESQUE: M. le
Président, je...
M. ROY: M. le Président, le premier ministre, il me semble, avait
dit hier qu'il répondrait à une question qui est en appendice au
feuilleton, pour nous donner les détails.
M. LEVESQUE: Attendez, M. le Président, nous allons vous
répondre chaque jour, si possible, qu'on attende.
M. ROY: C'est parce qu'il avait été dit hier que la
réponse nous serait donnée aujourd'hui.
M. LEVESQUE: J'ai dit qu'on ne répondait pas aux questions hier,
mais qu'on essaierait de répondre dans les jours qui viennent.
M. ROY: Demain, vous avez dit demain.
M. LEVESQUE: Moi, j'ai dit demain?
M. ROY: Oui.
M. LEVESQUE: Je n'ai pas parlé de demain.
M. BOURASSA: M. le Président, je n'avais pas...
M. LEVESQUE: Demain, j'apporterais des réponses.
M. BOURASSA: Le député demande toute une série de
détails. S'il veut une réponse précise avec tous les
détails, je ne peux pas les lui donner aujourd'hui. Je lui ai dit que
j'avais reçu un rapport au ministère des Affaires
intergouvemementales qui fixait à $37,000 le coût du voyage. Le
détail de ces $37,000, il faut quand même avoir toutes les
informations. Au niveau des détails, nous attendons des informations de
Paris.
UNE VOIX: ...
LE PRESIDENT: A l'ordre!
Travaux parlementaires
M. LEVESQUE: M. le Président, je fais motion pour
qu'immédiatement, la commission des institutions financières,
compagnies et coopératives puisse siéger à la salle 81-A
pour poursuivre l'étude du rapport Gauvin.
LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
DES VOIX: Adopté.
LE PRESIDENT: Adopté. Cette commission peut siéger
immédiatement.
M. LEVESQUE: M. le Président...
M. BURNS: M. le Président, pourquoi le leader n'indique-t-il pas
le salon rouge, comme il est de coutume, concernant le rapport Gauvin? Est-ce
qu'il y a une objection?
M. LEVESQUE: C'est indiqué ici: "Si c'était un voeu de la
commission..."
M. LEGER: Le rapport Gauvin.
M. LEVESQUE: ... je n'ai pas d'objection si la commission décide
de changer de local.
M. LEGER: ... on reçoit les gens du rapport Gauvin.
M. LEVESQUE: II y a une réception? M. LEGER: II y a une
réception.
M. LEVESQUE: Je pense que la salle a été
réservée.
M. le Président, je suggère que nous disposions, si
possible, de certains articles au feuilleton; quelle serait l'opinion de
l'Opposition quant aux articles 12 à 17?
M. BURNS: A la suite de nos conversations de ce matin, entre le leader
du gouvernement et moi-même, je lui ai indiqué, je suis prêt
à revenir et à maintenir ces indications, qu'en ce qui nous
concerne, nous verrions facilement adopter sans aucune discussion les rapports
qui paraissent aux articles 13, 15, 16 et 17 au feuilleton. Ce sont des
endroits...
M. LEVESQUE: M. le Président...
M. BURNS: Nous n'avons pas d'amendement.
M. LEVESQUE: D'accord, alors, j'appelle ces articles.
Rapport sur le projet de loi no 64
LE PRESIDENT: L'honorable député de Taschereau propose
l'adoption du rapport de la commission permanente des affaires sociales, qui a
étudié le projet de loi no 64, Loi modifiant le régime de
rentes du Québec.
Est-ce que ce rapport est agréé?
M. BURNS: Agréé.
LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a des amendements à ce rapport?
Ce rapport est agréé avec les amendements.
Rapport sur le projet de loi no 39
LE PRESIDENT: Article 15). L'honorable député de
Lotbinière, pour l'honorable député de Drummond, propose
l'adoption du rapport de la commission permanente des corporations
professionnelles qui a étudié le projet de loi no 39, Loi
modifiant le code des professions et d'autres dispositions
législatives.
Ce rapport est-il agréé avec les amendements, s'il y a
amendements?
M. BURNS: Agréé. LE PRESIDENT Agréé.
Rapport sur le projet de loi no 19
LE PRESIDENT: L'honorable député d'Anjou propose
l'adoption du rapport de la commission permanente de l'industrie et du
commerce, du tourisme, de la chasse et de la pêche, qui a
étudié le projet de loi no 19, Loi des agents de voyages.
Ce rapport est-il agréé avec les amendements, s'il y a
lieu?
M. BURNS: Agréé, M. le Président. LE PRESIDENT:
Agréé.
Rapport sur les projets de loi 67, 68, 69, 70, 71, 72,
73 et 74
LE PRESIDENT: L'honorable député de Bellechasse propose
l'adoption du rapport de la commission permanente des finances, des comptes
publics et du revenu, qui a étudié les projets de loi nos 67, 68,
69, 70, 71, 72, 73 et 74. Ces rapports sont-ils agréés avec les
amendements, s'il y a amendements?
M. BURNS: Agréé.
LE PRESIDENT: Agréé.
M. LEVESQUE: Est-ce qu'on peut procéder pour l'étape
suivante dans ces projets de loi?
M. BURNS: Non, M. le Président. Je préférerais
qu'on attende à demain.
M. LEVESQUE: D'accord. Quant à l'article 2), est-ce qu'il y a
discussion ou non? D'accord?
L'article 2), M. le Président.
LE PRESIDENT: L'honorable leader parle- mentaire du gouvernement, pour
l'honorable ministre des Institutions financières, Compagnies et
Coopératives...
M. LEVESQUE: M. le Président, je vous prie de m'excuser. Je ne
suis pas sûr... Il est possible que le ministre ait un amendement de
dernière minute et, à ce moment-là, je pense qu'on serait
mieux, malgré que je remercie l'Opposition de sa collaboration,
d'attendre à demain également pour ça...
M. BURNS: D'accord.
M. LEVESQUE: ...ou plus tard dans la journée.
M. LESSARD: Là, c'est le gouvernement qui ne collabore plus?
M. LEVESQUE: C'est ça!
Alors, M. le Président, article no 4).
LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Affaires sociales.
M. BURNS: Avant, M. le Président... LE PRESIDENT: Reprise du
débat.
M. BURNS: ...est-ce qu'on peut raisonnablement penser que les
indications que le leader du gouvernement nous avait données hier
relativement aux autres projets qui ne sont pas venus hier...
M. LEVESQUE: Voici...
M. BURNS: ...seront à l'ordre du jour aujourd'hui?
M. LEVESQUE: Nos intentions, à très court terme, c'est de
terminer dans quelques instants, puisque nous sommes dans la réplique,
l'article 4) et de le déférer à la commission des affaires
sociales, prendre l'article 9) et également le déférer
à la commission des affaires sociales pour qu'avec le projet de loi no
41, déféré hier ces trois projets de loi
puissent être étudiés en commission dès qu'une salle
sera disponible et dès que les règlements nous permettront de
tenir une telle commission.
Ensuite, je suggérerais l'article 10) et l'article 1 ), pas
nécessairement dans l'ordre que je viens de le dire. Est-ce que cela
rallie votre approbation?
M. BURNS: A l'article 1), ce serait quel ministère qu'on
examinerait? Ce seraient les crédits...
M. LEVESQUE: C'est votre choix.
M. BURNS: Toujours le ministère des Affaires sociales ou...
M. MORIN: Et après?
M. LEVESQUE: Si la commission des affaires sociales siège alors
en bas, on prendra d'autres choses en attendant.
M. BURNS: D'accord.
M. LEVESQUE: On s'entendra sur ça.
UNE VOIX: ...
M. LEVESQUE: Oui, je pense que cela va être possible.
D'accord. Article no 4).
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Reprise du débat sur la motion de
deuxième lecture. Je pense que c'était la réplique du
député de Saint-Laurent.
M. LEVESQUE: Et il y aura suspension à midi trente, pour
reprendre nos travaux à quinze heures.
M. BURNS: D'accord.
M. LEVESQUE: Et nous siégeons ce soir.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Est-ce que vous avez encore quelque chose
à dire dans votre réplique?
Projet de loi no 90 Deuxième lecture
M. Claude Forget
M. FORGET: M. le Président, au moment de l'ajournement du
débat hier, j'avais, en utilisant mon droit de réplique,
indiqué quelles étaient, parmi les remarques que nous avions
entendues lors du débat de deuxième lecture, celles qui me
paraissaient pouvoir mériter un commentaire de façon
générale. En particulier, j'avais indiqué que, sur la
question de l'indemnité, qui a été demandée au
bénéfice du Conseil des médecins et dentistes et des
comités de ce conseil, que la question dépassait les bornes du
débat, tel qu'on l'avait abordé à ce moment-là,
mais que cette question demeurait ouverte.
Pour le reste, je crois que l'étude article par article en
commission élue nous donnera l'occasion d'échanger des
réflexions sur les difficultés qui ont pu être
soulevées de manière générale. Je crois que,
à ce moment-ci, relativement au projet de loi no 90, j'ai suffisamment
exposé les raisons qui militent en faveur de son adoption et qui
militent également en faveur de l'adoption de l'article 1, du moins
quant à sa substance, puisqu'il s'agit là d'une disposition
nécessaire, à mon avis, pour pouvoir mettre en oeuvre le
mécanisme de protection du malade mental qui est envisagé dans
cette loi.
Pour cette raison, je demande que le projet de loi soit adopté en
deuxième lecture et déféré à la
commission.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Est-ce que cette motion de deuxième
lecture du projet de loi no 90 est adoptée?
M. BEDARD (Chicoutimi): Vote enregistré, M. le
Président.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Qu'on appelle les
députés.
Vote de deuxième lecture
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! Que ceux qui sont en faveur de la
motion de deuxième lecture du projet de loi no 90, Loi modifiant la loi
de la protection du malade mental, veuillent bien se lever, s'il vous
plaît.
LE SECRETAIRE ADJOINT: MM. Levesque, Mailloux, Saint-Pierre, Phaneuf,
Berthiaume, Goldbloom, Simard, Quenneville, Tetley, Lacroix, Bienvenue, Forget,
Harvey (Jonquière), Vaillancourt, Cadieux, Arsenault, Houde (Fabre),
Giasson, Perreault, Fortier, Kennedy, Bacon, Blank, Bédard
(Montmorency), Veilleux, Saint-Hilaire, Séguin, Saindon, Cornellier,
Houde (Limoilou), Lafrance, Pilote, Lamontagne, Picard, Gratton, Gallienne,
Carpentier, Dionne, Faucher, Harvey (Charlesbourg), Larivière,
Pelletier, Springate, Pepin, Beauregard, Bérard, Bonnier, Chagnon,
Leduc, Caron, Denis, Dufour, Harvey (Dubuc), Lapointe, Le-cours,
Malépart, Massicotte, Mercier, Pagé, Parent (Prévost),
Picotte, Sylvain, Tardif, Tremblay, Vallières, Verreault.
LE PRESIDENT: Que ceux qui sont contre cette motion veuillent bien se
lever, s'il vous plaît.
LE SECRETAIRE ADJOINT: MM. Morin, Burns, Charron, Lessard, Bédard
(Chicoutimi), Samson, Roy.
LE PRESIDENT: Que celui qui désire s'abstenir veuille bien se
lever, s'il vous plaît.
LE SECRETAIRE ADJOINT: Abstention: M. Bellemare (Johnson).
LE SECRETAIRE: Pour: 66
Contre: 7
Abstention: 1
LE PRESIDENT: Cette motion est adoptée.
LE SECRETAIRE ADJOINT: Deuxième lecture de ce projet de loi.
Second reading of this bill.
Projet de loi déféré à la
commission
M. LEVESQUE: M. le Président, je propose que ce projet de loi no
90, Loi modifiant la loi de la protection du malade mental, soit maintenant
déféré à la commission parlementaire des affaires
sociales pour étude article par article.
LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
M. BURNS: Adopté.
LE PRESIDENT: Adopté.
M. LEVESQUE: Article no 9.
Projet de loi no 40 Deuxième lecture
LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Affaires sociales propose la
deuxième lecture du projet de loi no 40, Loi de la Commission des
Affaires sociales.
L'honorable ministre des Affaires sociales.
M. Claude Forget
M. FORGET: M. le Président, l'honorable lieutenant-gouverneur de
la province a pris connaissance de ce projet de loi, et il en recommande
l'étude à l'Assemblée.
J'ai eu l'occasion d'indiquer, lors de la présentation , en
première lecture, de ce projet, les objectifs qui étaient
poursuivis. On se rappelle, en effet, que le domaine de juridiction des
affaires sociales comprend plusieurs aspects qui touchent de très
près les droits fondamentaux des citoyens.
Lorsque c'est le cas, il est évident ceci est de plus en
plus évident dans le monde dans lequel nous vivons que le
bénéficiaire ne peut être soumis irrévocablement
à des décisions administratives. Déjà, on a
institué, dans le domaine des affaires sociales, des droits d'appel en
vertu de la Loi de l'aide sociale et du régime des allocations
familiales, puis en vertu de la Loi de la protection du malade mental, chapitre
42 des lois de 1972.
Nous avons également annoncé qu'il y aurait
possibilité d'appels pour les questions relatives aux contributions
exigibles de certains bénéficiaires et ces appels, ainsi que
d'autres, tel que les requêtes en contestation ou annulation
d'élections, qui sont prévues dans le cas de la Loi sur les
services de santé et les services sociaux et son amendement de cette
année, le projet de loi no 41, ou encore par d'autres projets de loi,
seraient regroupés dans une même instance.
Dans certains cas, comme on le sait, dans la Loi sur les services de
santé et les services sociaux, des dispositions ont été
prévues pour permettre des appels des décisions administra- tives
et, dans plusieurs cas, ces appels sont actuellement de la compétence
soit de la cour Provinciale, soit assez souvent du ministre lui-même
Cette Commission des affaires sociales se verra, en plus, confier des
responsabilités nouvelles qui nous ont été
suggérées par les travaux accomplis en commission parlementaire
par un certain nombre de groupes qui nous ont fait des représentations
à cet égard.
En premier lieu, il nous paraît convenable d'introduire dans ce
projet de loi la possibilité de recevoir et d'évaluer des
requêtes préparées par les conseils régionaux en
vertu du deuxième alinéa de l'article 16 a) de la Loi sur les
services de santé et les services sociaux. Ces requêtes, comme on
le sait, découlent de plaintes formulées par les usagers
relativement à la qualité ou à l'accessibilité des
services de santé ou des services sociaux.
Il sera donc possible pour la commission de faire porter son travail sur
l'audition de ces requêtes et sur la détermination des
remèdes appropriés pour corriger les motifs de plaintes ou
encore, si le motif de la plainte est tel qu'une réparation
adéquate ne peut être faite, pour suggérer et même
ordonner la mise en place de procédures nouvelles pour prévenir
de semblables événements dans l'avenir.
En outre et ceci est un développement important des
pouvoirs attribués à la commission des affaires sociales
il a été jugé opportun de confier à la commission
des affaires sociales les appels qui peuvent être logés
relativement aux prestations reçues en vertu du régime de rentes.
A l'heure actuelle, les décisions administratives prises par le
régime de rentes font l'objet d'une première demande de
révisions qui sont effectuées au sein même du régime
de rentes par la Régie des rentes du Québec, et un droit de
révision supplémentaire existe qui est exercé devant le
tribunal d'appel des pensions du Canada. Il s'agit du tribunal d'appel qui a
servi, qui sert encore et qui continuera à servir relativement au
Régime de pensions du Canada et qui a servi jusqu'à maintenant
pour les appels en vertu du régime de rentes du Québec.
Nous avons remarqué, au cours des derniers mois, une accumulation
importante de demandes d'autorisation d'aller en appel ou d'appels devant cette
instance, et il nous a paru que le moment était venu d'assurer une
meilleure accessibilité à des mécanismes d'appel et de
révision en confiant à une commission québécoise,
à une instance québécoise, donc plus accessible et qui
peut d'ailleurs se déplacer à travers le territoire, l'audition
et l'enquête de ces demandes d'appel.
L'existence d'une commission des affaires sociales habilitée
à prendre des décisions relatives aux conflits ou aux
problèmes qui lui sont soumis permettra d'établir une
jurisprudence dans ce domaine de révision des décisions
administratives. On sait que le projet de loi permettra et même ordonnera
à la commission
de publier ces décisions, sans toutefois dévoiler le nom
des parties impliquées, de manière que les administrateurs des
différents régimes qui sont couverts par l'application de la
commission puissent s'inspirer de cette jurisprudence et orienter en
conséquence les décisions qu'ils prennent dans le cours de
l'administration de cette loi.
Sur le plan de la procédure elle-même devant la commission,
certaines recommandations et certains changements surviendront au niveau de
l'étude en commission article par article, mais il me paraît
approprié d'en énumérer au moins quelques-uns à ce
moment-ci. En particulier, les règles relatives au quorum des
différentes divisions sont modifiées dans certains cas de telle
façon que, par exemple, dans les cas des appels logés en vertu de
l'aide sociale et des allocations sociales, y compris les allocations
familiales, le quorum est porté de un à deux. Les appels
visés en vertu de la loi du régime de rentes du Québec
seront entendus devant trois membres, tous avocats. Donc le quorum, dans ce
cas-là, sera de trois personnes, et il s'agit évidemment de
décisions...
M. BELLEMARE (Johnson): M. le Président, je m'excuse
d'interrompre l'honorable ministre. C'est une loi fort importante et nous
n'avons pas quorum.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Qu'on appelle les
députés.
L'honorable ministre des Affaires sociales.
M. FORGET: Outre ces modifications, M. le Président, aux
règles de quorum pour les différentes divisions, et outre
également, sur le plan de la procédure, l'introduction donc d'une
nouvelle division du régime de rentes, nous avons apporté ou nous
avons l'intention d'apporter, lors de l'étude en commission, un certain
nombre d'amendements qui affecteront d'autres aspects de la
procédure.
Par exemple, dans le projet déposé et adopté en
première lecture, on retrouvait une obligation de signifier au ministre,
dans un certain nombre de cas, les déclarations ou les requêtes
prévues par la loi. Dans l'amendement que j'envisage d'apporter au
projet, cette obligation de signifier au ministre de la part du
requérant lui-même est supprimée et elle est
remplacée par une obligation pour le secrétaire ou, si vous
voulez, le greffier de la commission de donner au ministre copie des
réclamations dans un certain nombre de cas où la nature de la
réclamation elle-même suppose qu'il doit intervenir dans la
procédure de manière à fournir des explications et
à motiver les décisions dont on cherche appel.
Le ministre peut, dans ces cas où une telle déclaration
lui est signifiée par le secrétaire de la commission, intervenir
au sens juridique, au sens du code de procédure civile, dans les
procédures et non pas, tel que je l'ai indiqué en commission
parlementaire, intervenir de façon autoritaire dans le
déroulement de cette procédure. Des modifications, enfin, devront
être apportées au Régime de rentes du Québec
relativement à la référence à la commission des
affaires sociales des décisions dont on cherche appel, de manière
à assurer la correspondance ou la concordance à cet
égard.
Enfin, pour ce qui est des membres de la commission, le nombre de
membres permanents est porté de deux à trois et le nombre maximum
de commissaires est porté de neuf à onze membres. Il est, en
effet, prématuré, M. le Président, d'envisager pour
l'immédiat de préciser davantage ou de s'obliger davantage
à la constitution d'une commission très nombreuse, étant
donné qu'un certain nombre de ces appels sont nouveaux et que d'autres
seront plus accessibles qu'ils ne l'étaient dans le passé. C'est,
je crois, à l'expérience d'une année ou d'une année
et demie qu'il nous sera possible de voir quel est le fardeau qui reposera sur
les épaules des commissaires et de voir dans quelle mesure il sera
opportun de rendre plus permanent ou d'accroître le nombre des
commissaires, de manière à assurer une administration de la
justice, en quelque sorte de la justice administrative dans le cas de cette
commission, qui soit efficace, qui minimise les délais.
Il est clair que plusieurs centaines de causes seront entendues par une
telle commission chaque année, mais, encore une fois, leur nombre
précis est difficile à évaluer pour le moment. Il y a, en
plus des amendements que je viens de souligner, un certain nombre d'ajustements
de détail dans certaines dispositions sur lesquelles notre attention a
été attirée lors des séances de la commission
parlementaire. Mais, dans l'ensemble, le projet a été bien
reçu par les groupes qui se sont prononcés à son
égard en commission parlementaire et bien reçu également,
je crois, par l'opinion publique qui a vu là une manifestation
concrète de l'intention de notre ministère et du gouvernement
dans son ensemble d'assurer une administration personnalisée, humaine
des lois, particulièrement dans le secteur des affaires sociales, en
regroupant sous un même toit tous les recours en appel des
décisions administratives soit au niveau du ministre, soit au niveau de
l'ensemble du réseau, grâce à l'introduction de cette
possibilité d'une requête par les conseils régionaux en
exécution de leurs responsabilités de recevoir et d'examiner les
plaintes provenant des citoyens, soit en exécution également des
décisions des organismes décentralisés du gouvernement,
comme la Régie des rentes non seulement dans son administration des
allocations familiales, mais également dans son administration du
régime de rentes lui-même.
Voilà, M. le Président, l'ensemble des modifications, mais
aussi l'esprit qui a présidé à la conception et à
la préparation de ce projet de loi. A cause de l'appui qu'il s'est
mérité d'ores et déjà dans la population et au sein
de cette Assemblée, il va sans dire, c'est un projet que nous pouvons
sans aucune hésitation adopter en
deuxième lecture et déférer à la commission
parlementaire pour étude article par article.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): L'honorable député de
Chicoutimi.
M. Marc-André Bédard
M. BEDARD (Chicoutimi): M. le Président, concernant ce projet de
loi no 40, qui a fait l'objet d'auditions publiques par l'intermédiare
d'une commission parlementaire, il est clair que l'Opposition approuve la
création d'un tribunal spécialisé dans le secteur des
Affaires sociales. D'ailleurs, cette action législative gouvernementale
s'imposait puisque, de plus en plus, les citoyens avaient de la
difficulté à se retrouver à travers un dédale de
commissions qui faisaient en sorte qu'il était difficile pour les
citoyens de faire valoir le respect de leurs droits fondamentaux.
Nous espérons qu'une justice plus humaine sera ainsi rendue dans
un secteur où la technocratie, toujours plus envahissante, avait
dépersonnalisé l'administration des lois et règlements et
la prestation des services de santé et des services sociaux. Cependant,
et nous essaierons de le faire valoir par amendements lors de l'étude
article par article, nous aurions aimé que le projet de loi
prévoie qu'il puisse se présenter certaines situations
exceptionnelles qui pourraient difficilement être réglées
par la commission, puisque celle-ci doit observer à la lettre les
règlements qui la régissent. Nous croyons que dans le texte de
loi no 40, la commission pourrait référer de tels cas
exceptionnels directement au ministre qui pourrait alors exercer sa
discrétion.
D'ailleurs, la discrétion du ministre s'exerce déjà
en ce qui concerne l'exonération du paiement d'une contribution exigible
d'un bénéficiaire. Nous soumettons que cette discrétion
devrait être consignée législativement, étant
donné qu'il y a des situations vraiment exceptionnelles qui demandent
une action immédiate et qui, encore une fois, peuvent être
difficilement réglées par la commission qui est obligée
d'observer les règlements qui la régissent.
Comme nous le constatons, ce projet de loi fusionne trois commissions ou
trois organismes administratifs déjà existants, à savoir
la Commission d'appel de l'aide et des allocations sociales, le Comité
d'arbitrage chargé de décider des conflits entre
établissements et médecins, conformément à
l'article 92 de la Loi sur les services de santé et les services sociaux
et, enfin, la Commission de révision chargée d'entendre les
demandes de révision portées en vertu de la Loi de la protection
du malade mental. Comme nous le savons déjà, le projet de loi no
90, concernant la protection du malade mental, a été
présenté pour la deuxième lecture.
Ce projet de loi aura pour effet d'amender, d'une certaine façon,
le projet de loi no 40 dont nous parlons.
Nous avons motivé notre position au sujet du projet de loi no 90,
étant donné qu'il enlevait l'obligation, pour un juge, d'entendre
ou d'interroger une personne qui était l'objet d'une requête pour
un placement en cure fermée, allant jusqu'à prévoir que le
juge lui-même qui aura à entendre une telle requête, en
vertu du projet de loi no 90, devrait être dans l'obligation de voir
à ce que la personne qui est amenée devant lui soit
représentée par un avocat ou par une autre personne.
Concernant le projet de loi no 40, lorsqu'il y aura appel des cas qui
relèveront de cette section de la protection du malade mental, nous
essaierons de faire valoir également en commission, lors de
l'étude article par article, qu'il y aurait avantage à ce que la
commission qui est créée impose l'obligation que les personnes
qui font appel devant elle, en vertu de la section de la protection du malade
mental, soient représentées et que la commission ait l'obligation
de voir à ce qu'elles soient représentées pas
nécessairement par un avocat, mais par une personne capable d'assumer la
défense de leurs intérêts.
Nous pensons, entre autres, à ces avocats populaires qui, nous le
savons, se sont spécialisés dans l'étude de certaines lois
à portée sociale. Nous croyons qu'ils jouissent de la confiance
des bénéficiaires, à la fois parce qu'ils sont issus du
même milieu, et parce qu'ils sont compétents dans des secteurs qui
sont peut-être un peu plus négligés au niveau de la
pratique courante du droit.
Le ministre a fait état de certains amendements qu'il proposerait
à la commission des affaires sociales lors de l'étude article par
article de ce projet de loi, concernant, entre autres, les quorums, concernant
également le mode de signification au ministre. Je crois que nous devons
en prendre note, parce que le ministre aurait pu ajouter que si certains
organismes ont fait des demandes d'amendements dans ce sens, l'Opposition, lors
de la dernière séance de la commission parlementaire, avait
également acheminé à la commission des amendements sur ces
sujets précis.
Le projet de loi oblige les membres de la commission à un rapport
annuel. Nous croyons que la commission devrait, si elle le juge
nécessaire, suggérer également dans son rapport annuel des
amendements aux lois, règlements et procédures administratives
qu'elle fut appelée à examiner.
Nous croyons qu'un rapport annuel dans ce sens contribuerait à
améliorer non seulement son mode de fonctionnement, son
efficacité mais serait de toute première utilité pour le
ministère des Affaires sociales puisque ces commissaires de ladite
commission seront, durant toute la durée de leur mandat, au contact
quotidien des problèmes qui seront acheminés vers eux par les
bénéficiaires.
Nous voyons très difficilement que le minis-
tère des Affaires sociales puisse se priver d'un rapport qui
serait d'autant plus étayé qu'il serait fait par des personnes
ayant vécu l'expérience quotidienne d'avoir à juger des
cas très précis. Nous ferons un amendement en ce sens au niveau
de la commission, et nous espérons qu'il sera accepté par le
gouvernement.
En conclusion, l'Opposition est d'accord avec le principe de ce projet
de loi et la création d'un tribunal unique, d'une commission d'appel des
affaires sociales.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Gratton): Est-ce que d'autres membres de
cette Assemblée ont l'intention de prendre la parole?
UNE VOIX: Vote.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Gratton): Sinon, l'honorable ministre des
Affaires sociales exercera son droit de réplique.
M. FORGET: M. le Président, je n'ai pas l'intention d'exercer mon
droit de réplique. Je crois que nous pouvons passer tout de suite au
vote sur cette motion. Nous aurons l'occasion de discuter du projet de loi
pleinement, article par article; je crois que nous sommes maintenant au stade
où c'est ce type de discussions qui est le plus productif.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Gratton): Est-ce que cette motion de
deuxième lecture est adoptée?
M. BEDARD (Chicoutimi): Adopté. M. le Président.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Gratton): Adopté.
LE SECRETAIRE ADJOINT: Deuxième lecture de ce projet de loi.
Second reading of this bill.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Gratton): Troisième lecture?
Projet de loi déféré à la
commission
M. BIENVENUE: Non, M. le Président. Je propose que ce projet de
loi soit maintenant déféré à la commission
parlementaire des affaires sociales pour y être étudié
article par article.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Gratton): Cette motion de
déférence à ia commission parlementaire est-elle
adoptée?
M. BEDARD (Chicoutimi): Adopté, M. le Président.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Gratton): Adopté.
M. BIENVENUE: Article 12), M. le Président. Prise en
considération du rapport. C'est à la page 4 du feuilleton, M. le
Président.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Gratton): Le leader adjoint du gouvernement
propose la prise en considération du rapport de la commission permanente
des institutions financières, compagnies et coopératives qui a
étudié le projet de loi no 26, Loi des agents de
recouvrement.
M. BURNS: M. le Président, sur cet article, j'aurais la
représentation suivante à faire. Je sais qu'il y a deux
amendements de proposés par le député de Lafontaine, et le
député de Lafontaine est, actuellement, à la commission
permanente des institutions financières, compagnies et
coopératives, de sorte que je pense que s'il y avait moyen, on pourrait
remettre cet article à plus tard dans la journée.
Je n'y ai pas d'objection. Le député de Lafontaine m'a dit
ce matin qu'il était prêt à argumenter, sauf qu'il n'est
pas doué du don d'ubiquité. Il ne peut pas être aux deux
endroits en même temps.
Il y a une autre possibilité que je peux suggérer au
leader adjoint du gouvernement, si cela l'intéresse, quoique je vois que
le ministre n'est pas là, c'est l'article 14. C'est moi qui ai fait les
amendements. Alors, je suis prêt à l'étudier n'importe
quand.
M. BIENVENUE: Article 14, M. le Président.
Rapport sur les projets de loi 61, 62 et 63
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Gratton): La motion originale est en suspens
et le leader adjoint du gouvernement propose maintenant la prise en
considération du rapport de la commission permanente de la fonction
publique, qui a étudié le projet de loi no 61, Loi modifiant le
régime de retraite des employés du gouvernement et des organismes
publics, le projet de loi no 62, Loi modifiant le régime de retraite des
fonctionnaires, et le projet de loi no 63, Loi modifiant le régime de
retraite des enseignants.
L'honorable député de Maisonneuve.
M. BURNS: M. le Président, lors de l'étude de ce projet de
loi no 62 je n'ai aucune remarque à faire relativement aux autres
puisque le rapport vise les projets de loi nos 61, 62 et 63 en
commission, le député de Johnson et moi-même avions
demandé au ministre s'il n'y aurait pas lieu d'amender l'article 12 du
projet de loi, plus particulièrement en remplaçant le paragraphe
b) par le suivant je sais que cet amendement, c'est le
député de Johnson qui l'avait fait "par l'addition,
à la fin, des
paragraphes suivants: "15. les membres du personnel de la Caisse de
dépôt et placement du Québec nommés avant le 1er
juillet 1973. "16. Les membres du personnel des commissions de formation
professionnelle instituées en vertu de la Loi sur la formation et la
qualification professionnelles de la main-d'oeuvre, Lois du Québec 1969,
chapitre 51".
Nous avions également soulevé le problème à
l'article 24 du projet de loi et nous proposions d'amender le paragraphe c) en
insérant, dans la huitième ligne, après la
parenthèse, les mots suivants: "ou d'une commission de formation
professionnelle instituée en vertu du chapitre 51 des Lois de 1969".
Voici ce qui arrive, M. le Président. Au moment où le
chapitre 51, Loi sur la formation et la qualification professionnelles de la
main-d'oeuvre, a été adopté, il a, par ses articles 54 et
64, abrogé les anciennes commissions d'apprentissage en les
remplaçant par des commissions de formation professionnelle. Les
employés des commissions d'apprentissage, à ce moment, se sont vu
offrir un choix, ce choix étant d'être intégrés au
ministère du Travail comme tel ou de rester à l'emploi des
futures commissions de formation professionnelle.
Quand nous avons soulevé le problène en commission
parlementaire, le ministre de la Fonction publique nous a répondu, et
nous avons même dit: Cela nous satisfait parce que, croyons-nous, il n'y
a pas de problème. Or, il y en a un problème depuis ce temps,
depuis le moment où nous avons étudié le projet de loi
article par article. Je ne sais pas si c'est le cas du député de
Johnson, mais j'ai eu de nouvelles représentations par des
employés des commissions de formation professionnelle.
Actuellement, ils sont, depuis le mois de juillet 1973, régis par
le régime universel de retraite, c'est-à-dire ce qu'on appelle
communément le REGA, le régime pour les employés du
gouvernement et des organismes publics.
Il est évident qu'il est avantageux pour des employés qui
ont de nombreuses années d'ancienneté de maintenir leur
participation au régime de retraite des fonctionnaires parce que ce
régime coûte moins cher, parce que la participation du
gouvernement à ce régime est beaucoup plus importante et aussi
parce qu'il y a des droits acquis pour un grand nombre de fonctionnaires qui
veulent maintenir ces bénéfices malgré la venue du
régime universel, malgré la venue du REGA.
Or, il arrive que parmi les employés qui étaient à
l'emploi des commissions d'apprentissage et qui ont opté
c'était leur choix pour rester à l'emploi des commissions
de formation professionnelle lors de l'adoption du chapitre 51 des lois de
1969, vous avez, actuellement, toujours à l'emploi de ces commissions,
des gens qui ont jusqu'à 17, 18 et 20 ans d'ancienneté pour les
commissions d'apprentissage.
Si on ne fait pas les amendements que je propose au rapport, on agit,
à mon avis, de façon discriminatoire à l'endroit de ceux
qui sont restés à l'emploi des commissions de formation
professionnelle, quand on examine ce qu'on a fait à l'endroit des
employés qui, des comités d'apprentissage, sont passés au
ministère du Travail. C'est pour cela que je fais cette proposition
d'amender l'article 45 de la loi qui paraît actuellement dans l'article
12 il y a déjà un amendement et d'amender l'article
24 du projet de loi no 62.
Qu'est-ce qu'on ferait si on refusait cet amendement? On aurait deux
catégories de gens qui ont déjà travaillé pour des
commissions d'apprentissage. Une première catégorie est celle de
ceux qui sont devenus fonctionnaires au ministère du Travail qui, elle,
se voit reconnaître pour fins de régime de retraite des
fonctionnaires, c'est-à-dire l'ancien régime qui est
appelé à disparaître, ses années de service. Ces
employés peuvent racheter, à l'intérieur du régime
de retraite des fonctionnaires, les années de service qu'ils ont
passées à la commission d'apprentissage.
Les autres qui sont, dans le fond, restés à l'emploi des
commissions de formation professionnelle, on ne leur reconnaît pas,
à l'intérieur de ce régime de retraite des fonctionnaires,
les années d'ancienneté qu'ils auraient faites dans les
commission d'apprentissage.
On fait vraiment un système de deux poids, deux mesures. Si ceux
qui sont passés au ministère du Travail peuvent
bénéficier encore du régime de retraite des
fonctionnaires, pourquoi ne le ferions-nous pas pour les autres employés
qui sont restés à l'emploi des commissions de formation
professionnelle? A toutes fins pratiques et c'est l'argumentation du
ministre on refuse de considérer ces gens comme des
fonctionnaires. Or, ils ont absolument toutes les mêmes conditions de
travail que celles qu'on applique aux fonctionnaires; ce sont effectivement des
fonctionnaires. Et on pourrait le faire très facilement, comme on le
fait aujourd'hui, comme on est prêt à le faire pour les gens qui
sont à l'emploi de la caisse de dépôt, comme on le fait
pour les gens qui sont à l'emploi de la Société des
alcools, de la Commission de contrôle des permis d'alcool, la Commission
du salaire minimum, la Commission des accidents du travail. C'est, à
toutes fins pratiques, une commission ou ce sont des commissions qui ne
s'autofinancent peut-être pas mais qui sont reliées à des
organismes publics et qui fonctionnent tout comme des organismes publics. La
meilleure preuve c'est qu'on reconnaît, à compter de juillet 1973,
cette qualité de ces employés puisqu'on les insère dans le
régime universel, le gros régime de l'ensemble des fonctionnaires
et professionnels à l'emploi du gouvernement.
Alors, je dis qu'on fait pour eux, pour ceux qui sont restés dans
les commissions d'apprentissage, un système de deux poids deux mesures.
On leur reconnaît le droit de participer au régime universel, mais
on ne reconnaît pas leur
qualité de fonctionnaires, donc leur choix ou leur
possibilité de rester couverts par le régime de retraite des
fonctionnaires et, par conséquent, d'acheter à un coût
moindre parce que c'est l'aspect, c'est une question de coût
les années qu'ils ont passées à la commission
d'apprentissage qui, à toutes fins pratiques, a été abolie
comme je le disais tout à l'heure par la loi de 1969, chapitre 51.
M. le Président, je pourrais argumenter pendant des heures mais
je me répéterais. Je n'ajouterais pas grand-chose à ce que
je viens de dire. Il me semble que, décemment, on se doit de
reconnaître le droit de ces employés d'être régis par
le régime de retraite des fonctionnaires, qui est appelé à
disparaître avec les années, c'est-à-dire au fur et
à mesure que les anciens fonctionnaires en sortiront, et c'est le
régime universel, le REGOP qui va s'appliquer uniquement. Mais pour le
moment et pour encore plusieurs années, le régime de retraite des
fonctionnaires continue à exister. C'est pourquoi, M. le
Président, je fais la proposition qu'on apporte ces deux amendements au
rapport.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de
Johnson.
M. BELLEMARE (Johnson): M. le Président, je crois que mon
collègue de Maisonneuve a véritablement bien situé le
problème. C'est surtout un petit groupe très restreint qu'on
léserait en lui enlevant certains droits acquis. Il faut penser que la
commission d'apprentissage, dès sa formation, a été
composée de gens qui faisaient partie de différents syndicats et
qui étaient membres du conseil, ni plus ni moins. Ils travaillaient dans
la plomberie, dans le chauffage ou dans la menuiserie, composaient des
entités distinctes et étaient régis par la loi des
conseils d'apprentissage.
Ces gens qui n'étaient pas des fonctionnaires, mais qui
étaient rétribués à même certaines sommes que
payait la province aux centres d'apprentissage, qui leur donnaient certaines
subventions, avaient à leur service des gens extrêmement
compétents pour juger, d'abord, de la qualification d'un plombier quand
il y avait quelqu'un qui demandait d'entrer dans la section de la plomberie ou
qui voulait passer des examens comme menuisier ou qui voulait passer, par
exemple, des examens en électricité.
Il y avait un comité, qu'on appelait le comité paritaire,
qui siégeait et qui, à ce moment-là, rendait
d'énormes services quant à la qualification de ces
gens-là. Mais les sommes étant votées par la province,
étant distribuées aux conseils d'apprentissage, ont fait que ces
gens ont acquis, presque sans le vouloir, une certaine conception qu'ils
étaient des employés de la province, contrairement au statut que
possédaient dans le temps les vrais fonctionnaires, ceux qui, même
avant les conventions collectives, étaient reconnus comme des
fonctionnaires. Parce qu'ils étaient payés sur le même
système, ayant les mêmes jours de congé, le même
statut presque au point de vue de leurs fonctions que les employés de la
province, ces gens sont venus à penser un jour qu'ils étaient des
fonctionnaires, jusqu'au jour où on leur a adopté la Loi sur la
formation professionnelle où on a rétabli un peu l'ordre et on a
fait un nouveau champ d'action pour ces gens qui appartenaient autrefois aux
centres d'apprentissage et qui ont été transférés
à la Commission de la formation professionnelle.
Cette loi a amené plusieurs personnes à se poser bien des
questions, particulièrement dernièrement, relativement aux trois
grands secteurs des pensions qui sont le secteur du régime universel,
adopté le 1er juillet 1973, le secteur du régime de pension des
fonctionnaires et le secteur du régime de pension de la CEQ, des
instituteurs. Il est arrivé que pour se justifier, pour
bénéficier du régime universel ils avaient comme
point d'arrêt le 1er juillet 1973 quelques-uns sont devenus, en
vertu du régime universel, aptes à être qualifiés
pour bénéficier des avantages du régime universel.
Pour les quelques autres, ils sont très peu nombreux, pour toutes
sortes de raisons que je n'ai pas alléguées, vu qu'on ferme
hermétiquement la porte, on devrait apporter ces trois amendements, que,
avec mon collègue de Maisonneuve, j'ai débattus devant la
commission parlementaire l'autre jour. Je pense à ce cas un peu typique
des inspecteurs dans la protection des chantiers, qui est organisée par
la CIC, la Commission de l'industrie de la construction de Montréal. Il
y a là des hommes qui sont engagés pour la protection par la
Commission de l'industrie de la construction, qui ne sont pas des
employés de la province, mais qui sont payés sûrement
à même certaines sommes qui sont votées par le
ministère pour aider à la protection sur les chantiers de
construction, pour appliquer la loi de la protection au travail.
Si ces gens-là, demain matin, demandaient d'être couverts
par un régime de retraite, ils ne le pourraient pas parce qu'ils ne sont
pas des fonctionnaires.
M. le Président, je pense que nous devons maintenant suspendre,
tel qu'il a été entendu, à midi et trente. Je pense qu'il
y aurait avantage à ce que l'honorable ministre, à l'heure du
lunch, revoie ces trois amendements. Dans le fond, M. le Président, on
prive certaines personnes, peu nombreuses, d'un avantage que donne la loi du
Régime de retraite des fonctionnaires qui, comme le disait le
député de Maisonneuve, est beaucoup moins dispendieux et rendrait
de grands services à ces gens qui se sentent présentement
lésés.
M. BIENVENUE: M. le Président, je demande la suspension des
travaux jusqu'à cet après-midi, quinze heures.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Cette motion est-elle adoptée?
L'Assemblée suspend ses travaux jusqu'à quinze heures.
(Suspension de la séance à 12 h 31 )
Reprise de la séance à 15 h 6
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. LEVESQUE: M. le Président, je fais motion pour qu'une fois les
travaux de la commission des institutions financières, compagnies et
coopératives terminés ou ajournés l'on procède
immédiatement à la convocation de la commission des affaires
sociales, pour l'étude, article par article, des projets de loi qui lui
ont été déférés.
LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
M. MORIN: Adopté.
LE PRESIDENT: Adopté. C'est vous qui aviez la parole. Vous avez
terminé.
Nous sommes à l'article: Prise en considération du rapport
sur les projets de loi nos 61, 62 et 63.
Est-ce qu'il y a des députés qui désirent prendre
la parole sur cette considération du rapport?
M. PARENT (Hull): M. le Président, je regrette de n'avoir pas
été présent en Chambre au moment où les
députés ont pris la parole sur ce rapport et quand on a
apporté des amendements en vue de permettre aux employés des
commissions de formation professionnelle d'être régis par la Loi
du régime de retraite des fonctionnaires.
Si j'étais absent de la Chambre, c'est qu'au même moment je
recevais, à mon bureau, le Syndicat des fonctionnaires des
employés de la fonction publique qui m'a remis le projet de convention
collective, pour la convention collective qui expire le 30 juin 1975.
Tout ce que j'aurais à dire, M. le Président, sur la
réception de ce rapport, c'est que je ne crois pas possible, même
si je suis très sympathique à la question des employés des
commissions de formation professionnelle, d'accepter l'amendement qui aurait
pour effet d'astreindre ces employés au régime de retraite des
fonctionnaires.
La Loi de la commission de formation professionnelle, le chapitre 51 de
1969, a établi, à son article 21, les conditions de travail du
personnel des commissions de formation professionnelle et a même
prévu que ces conditions de travail ne soient pas
déterminées par négociation, qu'elles le soient par voie
de règlements du lieutenant-gouverneur en conseil.
Il est donc évident, M. le Président, que les
employés de ces commissions ne sont pas nommés et
rémunérés en vertu de la Loi de la fonction publique.
Donc, ils ont été exclus automatiquement à cause
des conventions collectives de ce groupe de la Loi du régime de retraite
des fonctionnaires.
Il ne m'est donc pas possible, par la Loi du régime de retraite
des fonctionnaires, d'apporter un amendement qui aurait pour effet de modifier
la loi, chapitre 51, de 1969, qui établissait déjà et
régissait les conditions de travail de ces employés dans les
centres de formation professionnelle.
C'est donc à regret que nous ne pouvons pas amender par cette loi
une loi qui est déjà dans les statuts. La seule façon
qu'il y aurait de procéder, ce serait d'amender cette loi. Mais il y a
également les conséquences où cela pourrait s'ajouter
à d'autres employés qui ne sont pas couverts par le régime
de retraite des fonctionnaires; à ce moment-là, cela ouvrirait la
porte pour que d'autres pressions soient exercées pour permettre
à ces autres groupes d'être couverts par cette loi.
Les employés des commissions de formation professionnelle sont
régis par le régime de retraite universel. Ils ont le
privilège de racheter les années de travail antérieures.
Il est vrai que ce n'est pas aux mêmes conditions. Il est vrai que les
bénéfices ne sont pas les mêmes. Mais la loi a voulu, en
1969, établir la méthode, non pas de leur intégration en
vertu de la Loi de la fonction publique, mais par voie de convention
collective. C'est à ce moment-là qu'on aurait dû
négocier pour que, dans les conventions collectives, ces employés
soient nommés et rémunérés selon la Loi de la
fonction publique et également qu'ils aient le privilège de
participer au régime de retraite des fonctionnaires.
La loi est maintenant générale, parce que tous les
employés, qu'ils soient de la Fonction publique ou qu'ils soient du
secteur des Affaires sociales, qu'ils soient du secteur de l'Education, tous
les employés nommés ou engagés depuis le 1er juillet 1973
sont automatiquement sous la Loi du régime de retraite universel.
Je comprends, comme je l'ai dit, que les avantages ne sont pas les
mêmes. Le rachat des années, même s'il est permis,
coûte plus cher. Mais il m'est impossible de considérer un
amendement, comme je le dis, puisque les conditions de travail ont
déjà été déterminées par une loi. Ce
n'est pas la Loi du régime de retraite des fonctionnaires qu'il faudrait
amender mais bien la Loi de la formation professionnelle de la main-d'oeuvre de
1969, s'il y avait quelque chose à faire.
J'ai donc le regret de refuser cet amendement qui est proposé
dans la présentation du rapport.
LE PRESIDENT: Nous allons procéder à la mise aux voix des
deux amendements proposés par l'honorable député de
Maisonneuve qui sont rejetés, j'imagine, sur division
à l'article 12, ainsi qu'à l'article 24 du projet de loi no 62.
Ces deux amendements sont rejetés sur division.
Maintenant, nous allons passer à l'adoption du rapport.
L'honorable député de Laurentides-Labelle, pour l'honorable
député des Mille-Iles, propose l'adoption du rapport de la
commission
permanente de la fonction publique qui a étudié les
projets de loi nos 61, 62 et 63. Ces rapports sont-ils
agréés?
DES VOIX: Agréé.
LE PRESIDENT: Agréé.
M. MORIN: Sur division.
LE PRESIDENT: Agréé sur division.
M. LEVESQUE: Article 3.
LE PRESIDENT: La parole serait donnée à l'honorable
député de...
M. BELLEMARE (Johnson): M. le Président, est-ce qu'on a
changé le programme qu'on nous avait donné ce matin?
M. LEVESQUE: Non, non! Cela fait longtemps que c'est donné. C'est
en route.
M. BELLEMARE (Johnson): Ah! l'article 3, oui. C'est l'article 10 du
jour?
M. LEVESQUE: Non. L'article 3, c'est le projet de loi no 46.
M. BELLEMARE (Johnson): Sur l'immigration?
M. LEVESQUE: Oui. Mais il est toujours en cours, celui-là.
M. BELLEMARE (Johnson): Oui, mais, ce matin, vous nous avez dit que ce
serait, premièrement, la Loi de la commission des affaires sociales,
deuxièmement la régie, troisièmement, la loi sur les
réserves écologiques, quatrièmement, la commission
plénière pour l'étude des crédits.
M. LEVESQUE: Ce n'était pas exhaustif, M. le Président.
Est-ce qu'il y a objection de votre part?
M. MORIN: Non. En ce qui nous concerne, cela va.
M. LEVESQUE: C'est que je m'aperçois que le député
de Saint-Jacques n'est pas ici.
M. MORIN: Dans ce cas, il vaudrait peut-être mieux passer à
un autre article et nous y reviendrons aussitôt qu'il sera là.
LE PRESIDENT: Est-ce que le député de Saint-Jacques avait
commencé à parler?
M. MORIN: Je pense qu'il avait fait la motion d'ajournement.
LE PRESIDENT: Mais, s'il n'avait pas com- mencé à parler,
il ne perd pas son droit de parole.
M. MORIN: Je ne me souviens pas s'il avait commencé.
LE PRESIDENT: II n'avait pas commencé à parler. Cela veut
dire qu'il pourrait reprendre plus tard s'il y en a d'autres qui
désirent parler sur cette question.
M. LEVESQUE: Pour accommoder les députés, est-ce qu'on ne
pourrait pas appeler l'article 12? Je pense qu'il y en a un qui n'est pas
adopté dans les rapports.
M. BELLEMARE (Johnson): Ce matin, M. le Président, on a fait
remarquer que le ministre des Institutions financières avait
peut-être lui-même un amendement à apporter. C'est pourquoi
on n'a pas voulu y toucher. Est-ce que vous avez consulté votre
collègue depuis ce temps?
M. LEVESQUE: Le ministre des Institutions financières est en
train de débattre une motion d'ajournement, je crois, à la salle
81. Nous pouvons attendre qu'il remonte dans quelques minutes.
M. BELLEMARE (Johnson): Si lui n'a pas d'amendement, je ne sais pas si
le chef de l'Opposition en a, mais moi je n'en ai pas.
M. MORIN: A l'article 12.
M. LEVESQUE: Ce à quoi se réfère le
député de Johnson, je pense que c'est l'article no 2 de notre
feuilleton où il y avait une possibilité que le ministre ait un
amendement.
M. BELLEMARE (Johnson): Non, non, c'est 12.
M. LEVESQUE: S'il y a amendement, est-ce que nous pourrions...
Pardon?
M. VEILLEUX: C'était à l'article 2, pas à 12.
M. LEVESQUE: C'était à 2.
M. BELLEMARE (Johnson): C'est-à-dire que c'était à
12, parce que, ce matin...
M. BIENVENUE: Je pense que le député de Lafontaine
n'était pas là lorsque j'ai appelé l'article 12, avant la
suspension du midi.
M. BELLEMARE (Johnson): En tout cas, vous allez demander au ministre des
Institutions financières s'il a un amendement à apporter. Je n'ai
pas d'objection, c'est simplement pour lui donner la chance, s'il a un
amendement, de le faire.
M. LEVESQUE: M. le Président, peut-être pourrions-nous
régler cette situation. Vu que c'est à très court terme,
on pourrait revenir ensuite à ces articles que je viens d'appeler,
à mesure que les députés qui sont retenus ailleurs seront
revenus.
Nous pourrions peut-être prendre l'article no 3, si nous avions
d'autres opinants, quitte à permettre au député de
Saint-Jacques de revenir sur la question.
M. MORIN: L'essentiel est que nous n'en venions pas au vote avant que le
député de Saint-Jacques ait pu exprimer son avis.
M. LEVESQUE: Au moment d'exercer le droit de réplique, nous ne
l'exercerions pas et nous demanderions la suspension des travaux pour quelques
minutes, si nous en étions là.
M. MORIN: Bien.
M. LEVESQUE: Article no 3.
LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a des députés qui
désirent prendre la parole sur le projet de loi no 46, Loi modifiant la
loi du ministère de l'Immigration?
L'honorable député de Johnson, dans quelques minutes.
M. BELLEMARE (Johnson): Je ne suis pas sûr si je n'aie pas
parlé là-dessus, je veux vérifier si j'ai
déjà dit quelque chose.
LE PRESIDENT: On va attendre quelques minutes.
M. LEVESQUE: Nous allons revenir à l'article 10. Je pense que
ceci permettrait au moins au ministre des Terres et Forêts de
procéder à son discours de deuxième lecture. Je ne sais
pas qui, de l'autre côté, s'intéresse
particulièrement à cette question.
M. MORIN: Ce sera le député de Saguenay. M. LEVESQUE:
Est-ce possible?
M. MORIN: Je vais tenter de rejoindre le député.
M. LEVESQUE: On sait que le chef de l'Opposition est polyvalent, il
pourrait peut-être prendre n'importe quel de ces projets de loi.
M. MORIN: Je vais d'abord écouter le ministre, si cela ne vous
fait rien.
M. LEVESQUE: Oui, il s'en vient.
LE PRESIDENT: A condition d'avoir le ministre.
M. LEVESQUE: Article 10).
Projet de loi no 57 Deuxième lecture
LE PRESIDENT: Le ministre des Terres et Forêts propose la
deuxième lecture du projet de loi no 57, Loi sur les réserves
écologiques.
M. Kevin Drummond
M. DRUMMOND: M. le Président, le lieutenant-gouverneur de la
province a pris connaissance de ce projet de loi et il en recommande
l'étude à l'Assemblée. Le texte de loi que nous soumettons
à cette assemblée a pour but d'assurer une protection absolue
à quelques portions très limitées de patrimoine naturel du
Québec qui, au même titre que certains biens culturels et
historiques, constituent des reliques extrêmement rares dont certaines
sont déjà dangereusement menacées de destruction.
Dans son esprit même, M. le Président, cette loi vise
à la préservation d'échantillons qualitatifs du patrimoine
biologique du Québec et à assurer la population de la
préoccupation de mon ministère face à la sauvegarde d'une
certaine qualité de vie à long terme, en préconisant des
mesures appropriées à la protection de ce que la nature a mis des
millénaires à construire.
Je tiens à mentionner que l'idée de créer des
réserves écologiques et d'en assurer leur protection par une loi
spécifique a été lancée par le Programme biologique
international lequel, durant près de cinq années, a réuni
un grand nombre de scientifiques oeuvrant au sein de groupes de travail qui ont
finalement proposé au gouvernement la création d'un réseau
de réserves écologiques visant essentiellement la sauvegarde des
échantillons représentatifs de la majorité, sinon de la
totalité, des écosystèmes ou milieux naturels et ce, dans
le but de les aider à la conservation, à la recherche
scientifique et à l'éducation.
Ces diverses initiatives réalisées dans le cadre du PBI
ont donc permis de constituer un inventaire des territoires de plusieurs pays
et d'inventorier ce qui pouvait être en voie de disparition ou de
dégradation dans le patrimoine biologique de chaque nation. C'est
à l'été de 1972, que fut lancé au Québec le
concept de réserves écologiques comme partie intégrante de
la politique forestière du gouvernement.
A ce moment, un groupe de Québécois, rattaché au
Programme biologique international, avait identifié plusieurs sites
potentiels de réserves écologiques partout au Québec.
Permettez-moi, M. le Président, d'en citer quelques-unes: celle de
Mont-Louis, où on rencontre les plus grands et les plus vieux pins
blancs du Québec, dont certains vivent depuis 700 ans; la réserve
écologique de la rivière Kinonge, dans la réserve de
Montebello, caractérisée par son érablière noire et
ses caryers ovales; la réserve de l'Ile-aux-Ours, à Berthier,
caractérisée par son érablière argentée,
celle de l'Ile-aux-Têtes, sur le
Richelieu, où l'on retrouve l'unique peuplement de chênes
bleus du Québec, et celle de Saint-Antoine-Abbé, où l'on
retrouve l'unique peuplement de pins rigides du Québec. C'est d'ailleurs
ce même groupe, auquel se sont adjoints plusieurs spécialistes du
ministère des Terres et Forêts et de quelques autres
ministères concernés, qui a soumis au ministre des Terres et
Forêts un projet de loi type sur les réserves écologiques
dont les principaux éléments sont inclus dans le projet de loi no
57.
Nous tenons à souligner que la Colombie-Britannique a
déjà adopté, en 1971, une loi des réserves
écologiques. Le projet de loi no 57, pour sa part, donne au
Québec la possibilité de lui emboîter le pas en fournissant
les moyens légaux nécessaires à l'établissement
d'un réseau de réserves écologiques qui sont sur son
territoire.
Avant d'aborder les points saillants de ce projet de loi, je tiens
à attirer l'attention sur le fait que celui-ci ne saurait contrevenir ou
faire double emploi avec aucune autre loi existante et que, par ailleurs, les
dispositions prévues dans cette loi pourraient aussi permettre d'assurer
la protection de tous les éléments biologiques constituants d'une
réserve écologique. Ce projet de loi sur les réserves
écologiques autorise le lieutenant-gouverneur en conseil à
réserver des territoires, dont la qualité et la composition
biologique sont uniques, représentatives des écosystèmes
du Québec ou nécessaires à la survie de certaines
espèces végétales et animales menacées de
disparition ou d'extinction. D'autre part, en plus d'exposer les objectifs des
réserves écologiques, le projet de loi no 57 prévoit des
dispositions précises concernant leur création, leur
conservation, leur utilisation et leur administration.
Il permet de doter les réserves écologiques d'un
caractère de permanence afin de conserver les milieux naturels à
l'état sauvage en les soustrayant à toute altération par
suite de l'influence humaine.
Vue sous cet angle, M. le Président, la Loi des réserves
écologiques doit s'appliquer sur les terres publiques, mais peut et
devra, dans certains cas particuliers, s'appliquer également à la
propriété privée.
Par ailleurs, étant donné la valeur que la population du
Québec attache de plus en plus à la qualité de la vie sous
toutes ses formes et vu l'importance de préserver notre patrimoine
biologique sous forme d'échantillons vivants représentés
par les réserves écologiques, le présent projet de loi
prévoit des dispositions qui permettront à l'Etat de prendre les
décisions les plus sages et les plus éclairées possible,
puisqu'il préconise un mécanisme par lequel toute personne
physique ou morale pourra faire valoir clairement et sans ambiguïté
possible ses vues en rapport avec la modification ou l'abolition d'une
réserve écologique.
En effet, il se peut que, pour des motifs exceptionnels, de telles
mesures doivent être envisagées. Elles devront toutefois
être annoncées dans la Gazette officielle du Québec
après que le conseil consultatif aura donné son avis. Par
ailleurs, ce projet de loi stipule que toute personne pourra, dans les trente
jours qui suivent la publication de l'avis de modification dans la Gazette
officielle, en appeler par écrit auprès du ministre des Terres et
Forêts pour signifier sa demande ou son opposition pour la modification
ou l'abolition d'une réserve écologique.
Toujours dans cette même perspective et dans le but d'assurer la
plus grande protection possible, ce projet de loi prévoit que toute
exploitation, tant faunique que forestière, agricole ou minière
sera interdite sur l'étendue d'une réserve, de même que
tous les types de travaux susceptibles de rompre l'équilibre naturel qui
y prévaut.
De plus, le projet de loi interdit l'introduction d'espèces
animales ou végétales dans une réserve
écologique.
Parallèlement, le présent projet de loi interdit la
pénétration et la circulation dans une réserve
écologique sans l'autorisation expresse du ministère des Terres
et Forêts, autorisation que celui-ci pourra accorder dans un secteur
défini pour fins de recherche scientifique et d'éducation
exclusivement.
Grâce à ces dispositions, le ministère des Terres et
Forêts veut assurer la population du Québec que les milieux
biologiques uniques menacés de perturbation soient
protégés, tout en donnant la possibilité aux scientifiques
québécois de pouvoir mener dans ces mêmes milieux des
recherches à long terme.
Je tiens de plus à faire mention du fait qu'ainsi
créées, certaines réserves écologiques pourront
éventuellement servir de sites protégés pour les besoins
de recherches des autres ministères de ce gouvernement concernés
par la mesure des interrelations des diverses composantes de l'environnement
naturel. En outre, il n'est pas incompatible de concilier le concept de
réserve écologique avec celui de centre écologique,
puisque le premier favorise le second en lui fournissant les
éléments exceptionnels d'éducation en conservation.
C'est dans cette direction que le ministère des Terres et
Forêts s'est engagé, depuis quelques années, avec
succès, notamment par la mise sur pied du centre écologique de
Duches-nay, de la réserve de Parke et du centre d'interprétation
du lac Berry.
Signalons que ces initiatives de l'Etat témoignent d'une
continuité de notre pensée qui considère que la
forêt doit être utilisée à d'autres fins que la
récolte de matières ligneuses, mais aussi pour satisfaire
à un besoin pressant de familiarisation du public avec la grande nature.
Ce besoin se manifeste par une popularité sans précédent
des activités de plein air, favorisées par notre politique
d'accès à la ressource et d'éducation populaire, suite
logique de notre action en ce domaine.
II est aussi évident que les réserves écologiques
s'avéreront un héritage naturel inestimable, alors que, pour les
scientifiques, elles constitueront de véritables secteurs témoins
permettant de mesurer et de comparer l'évolution
d'écosystèmes protégés avec celle des milieux
utilisés par l'homme.
Sur le plan scientifique, je crois que ce projet de loi est des plus
justifiés tant dans le domaine des affaires culturelles que dans le
domaine du patrimoine biologique. Il est clair que nous sommes loin de
connaître toutes les particularités de notre territoire.
Toutefois, je tiens à préciser que nous allons
procéder à l'évaluation de chaque projet de recherche
avant d'accorder toute permission donnant accès à ces
réserves écologiques pour des fins scientifiques. Quelles que
soient les activités de recherche qui pourraient y être
entreprises, celles-ci devront préalablement être soumises
à l'approbation du ministère des Terres et Forêts.
Il va de soi que nous consulterons les municipalités en ce qui a
trait à l'implantation d'une réserve écologique sur leur
territoire de façon que nos décisions en ce domaine soient
conformes avec les plans d'aménagement et de zonage qui seront mis en
vigueur.
Je tiens, de plus, à préciser qu'il en sera de même
avec les autres ministères de ce gouvernement et je pense ici au
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, à celui
de l'environnement, à celui des Richesses naturelles et à celui
des Travaux publics.
Avant de terminer l'essentiel de mes commentaires sur les principes de
ce projet de loi, je désire faire mention qu'afin de permettre une mise
en application rapide et efficace du projet de loi no 57 et afin d'en arriver
à une gestion plus souple du projet de loi le présent projet
prévoit aussi la création du conseil consultatif des
réserves écologiques qui aura pour tâche principale
d'assister le ministre des Terres et Forêts dans la formulation des
gestes du gouvernement dans ce domaine, de le conseiller sur
l'établissement de réserves écologiques et la formulation
des règlements, en un mot, pour tout ce qui a trait à
l'administration des réserves écologiques.
Par ailleurs, je tiens à préciser que le
secrétariat de ce conseil consultatif relèvera directement du
bureau du ministre. En outre, un plan prévoyant la création d'un
réseau de réserves écologiques a déjà
été préparé pour l'ensemble du territoire du
Québec et servira de départ pour amorcer, le plus rapidement
possible, la mise en application de la loi, alors que nous envisageons de
répartir l'implantation de ces réserves sur une période de
cinq ans.
Au point de vue financier, l'administration de la Loi sur les
réserves écologiques entraînera des dépenses
d'immobilisation et d'installation des réserves dont une certaine
proportion pourra éventuellement être défrayée par
des sources extérieures au ministère des Terres et
Forêts.
En concluant, M. le Président, nous croyons que cette loi
qualitative servira à protéger les échantillons uniques de
notre patrimoine naturel. En cette matière, le gouvernement prouve qu'il
désire prendre ses responsabilités en présentant ce projet
de loi et en proposant des mesures de conservation satisfaisant les populations
actuelles aussi bien que les générations à venir, qui
peuvent avoir la certitude ferme que l'Etat ne permettra pas le sacrifice, au
profit de quiconque, de ce que la nature a mis tant de millénaires
à façonner. Merci, M. le Président.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Le député de Saguenay.
M. Lucien Lessard
M. LESSARD: M. le Président, le ministre nous présente cet
après-midi le projet de loi no 57, concernant les réserves
écologiques. Soyez assuré que, du côté du Parti
québécois, nous n'avons aucunement l'intention de nous opposer
à ce projet de loi et que nous allons voter pour le principe de ce
projet de loi.
Cependant, il y a un certain nombre de questions que nous devons nous
poser. En effet, nous nous demandons si le ministre des Terres et Forêts
ne voudrait pas, avec quelques projets très limités, essayer de
redorer son blason. A défaut d'avoir fait disparaître les
concessions forestières, le ministre nous présente un projet de
loi concernant les réserves écologiques.
Mais, M. le Président, logiquement, ce projet de loi aurait
dû normalement être présenté après un projet
de loi concernant l'aménagement des parcs au Québec. Il s'agit
d'un projet de loi fort limité et je pense que, même si nous
sommes d'accord sur la création de réserves écologiques au
Québec, ceci devrait normalement s'insérer à
l'intérieur d'une politique de planification des parcs, au
Québec.
Or, nous attendons encore, en vain, depuis plusieurs années, une
politique d'aménagement des parcs, au Québec, ce qui permet au
gouvernement fédéral de s'immiscer dans un domaine qui,
normalement, devrait être sous notre responsabilité.
M. le Président, les réserves écologiques sont
nécessaires au Québec. Une loi concernant les réserves
écologiques devrait au moins venir après une loi-cadre concernant
l'aménagement des parcs au Québec. Mais comme, dans ce
gouvernement, on est habitué bien souvent, on met la charrue avant les
boeufs, il nous arrive un projet de loi du ministère des Terres et
Forêts, concernant la création de réserves
écologiques, sans que le ministre du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche nous ait présenté, au préalable, une loi
concernant les parcs.
Le projet de loi no 57 qui nous est soumis aujourd'hui, Loi sur les
réserves écologiques, nous provient du ministère des
Terres et Forêts, ce qui est quand même assez surprenant.
Normalement, on se serait au moins attendu à
ce que ce projet de loi provienne, selon les pouvoirs de chacun des
ministères, du ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche. En effet, c'est le ministère du Tourisme, de la Chasse et
de la Pêche qui est responsable de la gestion d'un réseau de parcs
et de réserves, lequel, quoique très modeste et je le
déplore, M. le Président n'en existe pas moins au
Québec.
Sauf ces parcs éloignés qui font un bel effet sur la carte
géographique du Québec, mais dont le ministre du Tourisme
lui-même avoue qu'ils n'existent à peu près pas en
pratique, nous n'avons pas véritablement au Québec une loi
concernant l'aménagement de notre territoire touristique.
Cependant, nous comprenons un peu pourquoi c'est le ministre des Terres
et Forêts qui nous présente cette loi. En effet, pour qui
connaît le degré de coopération, de collaboration et de
confiance réciproque qui existe entre les différents
ministères du gouvernement, il n'est pas surprenant que ce soit le
ministre des Terres et Forêts qui nous arrive avec un projet comme
celui-ci.
En effet, comme je le disais au début, à défaut
d'avoir réussi l'une des recommandations les plus importantes du livre
vert concernant les terres et forêts, à savoir l'abolition des
concessions forestières, il faut bien que ce ministre se contente de
nous présenter un projet de loi concernant les réserves
écologiques.
J'aurais aimé, en discutant d'un projet de loi aussi important,
que le ministre du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche soit ici cet
après-midi. Je sais que son adjoint... Ah! Le ministre vient d'arriver.
Mais j'avais vu tout à l'heure son adjoint, le député de
Fabre, qui était présent. Je croyais que c'était lui qui
allait représenter le ministre cet après-midi pour nous indiquer
en quoi ce projet de loi s'insère de façon logique, rationnelle,
à l'intérieur des plans et des projets prévus par le
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche.
Peut-être le ministre du Tourisme est-il en train de nous
préparer une loi sur la gestion des boisés privés auxquels
il est directement intéressé via la reproduction du cheptel de
chevreuils, alors que le ministère des Terres et Forêts ne semble
pas s'en préoccuper encore.
Vous voyez une certaine contradiction. Pendant que c'est le ministre des
Terres et Forêts qui nous présente une loi concernant les
réserves écologiques, ce sera le ministre du Tourisme, de la
Chasse et de la Pêche qui va nous présenter une loi concernant
l'aménagement des boisés privés.
Peut-être aussi que le gouvernement a renoncé à
coordonner, dans sa planification ordonnée, les activités des
ministères dans leur juridiction respective. Peut-être qu'il n'y a
absolument pas moyen de coordonner les activités de l'un et de l'autre
de ces ministères. Peut-être qu'il n'y a pas moyen de s'entendre
entre le ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche et le ministère des Terres et Forêts concernant
l'aménagement de notre territoire. Je trouve cela déplorable. Je
trouve que si l'un et l'autre de ces ministères ne sont pas capables de
s'entendre, au moins on devrait confier l'aménagement de notre
territoire à une autre direction du gouvernement, soit l'Office de
planification et de développement économique du
Québec.
Quoi qu'il en soit, il faut dire que ce projet de loi était
attendu depuis quelque temps déjà, au moins depuis deux ans.
A ce moment, un groupe de travail faisant partie du Programme biologique
international suggérait en juin 1972, ce qui avait d'ailleurs
été suggéré lors de la commission parlementaire
étudiant le livre vert, la création d'un réseau de
réserves écologiques au Québec. En plus d'avoir fait
l'objet, comme je le disais, d'un mémoire, présenté
à la commission parlementaire des Terres et Forêts, cette
proposition avait été traduite dans un projet de loi type
intitulé "Loi des réserves écologiques", dont le projet de
loi actuellement à l'étude s'est largement inspiré mais
semble avoir oublié certains articles qui me paraissent
particulièrement importantsj'y reviendrai tout à l'heure,
M. le Président en particulier concernant la conservation ou la
possibilité d'annulation de ces réserves écologiques.
C'est aussi dans l'exposé d'une politique forestière,
document qui était bourré de bonnes intentions et qui remonte
déjà à trois ans, que le ministre des Terres et
Forêts nous annonçait son intention de classer l'ensemble des
terres forestières selon quatre zones pour fins d'aménagement et
de gestion: zone forestière de production, zone forestière de
protection, zone de récréation et, enfin, réserve
écologique. Les deux derniers types de zonage, zone de
récréation et réserve écologique, sont
particulièrement intéressants en ce qu'ils ressemblent à
s'y méprendre à ce qu'on retrouve dans les parcs provinciaux,
ceux-ci se trouvant, comme on le sait, sous la juridiction du ministère
du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche. Mais, M. le Président,
pendant que le ministre nous présente ce projet de loi, il est
très avare de renseignements, concernant justement certaines conditions
de la création de ces réserves écologiques et concernant
la nature de ces réserves écologiques.
En effet, que seront ces fameuses réserves que nous propose le
gouvernement actuellement par l'intermédiaire du ministre des Terres et
Forêts? Le préambule du projet de loi nous informe qu'elles seront
exclusivement réservées à la recherche scientifique ou,
s'il y a lieu, à l'éducation ou à la protection
d'espèces menacées, d'espèces qui sont actuellement
menacées de disparition. Mais, M. le Président, où seront
ces réserves écologiques? A-t-on l'intention de réserver
au-delà du 52e parallèle la création de réserves
écologiques au Québec? Quels seront les gens les plus
touchés par les différentes
interdictions que nous indique le ministre dans sa loi, en particulier
l'interdiction de la chasse et de la pêche? Par quels moyens le ministre
des Terres et Forêts assurera-t-il leur inviolabilité alors qu'il
est incapable d'être seulement informé de ce qui se passe sur le
territoire de sa juridiction?
On le voit, M. le Président, par exemple, dans le cas de la
canalisation de la rivière Nouvelle par la Canadian International Paper,
où le gouvernement a cru bon de se vanter d'avoir fait cesser en
quelques heures une situation dont il avait pris dix ans à se rendre
compte. Je pourrais souligner encore, pour la nième fois, au ministre
des Terres et Forêts comme au ministre du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche, le cas de la rivière Pentecôte qui a
été tout simplement sacrifiée par exactement la même
compagnie, la CIP, dans mon comté.
Le ministre des Terres et Forêts n'a pas cru bon d'intervenir pour
forcer la compagnie au moins à réparer les dégâts
qui avaient été constitués par suite d'une
négligence que je dirais criminelle de la part de la compagnie. Or, le
ministre des Terres et Forêts m'a renvoyé au ministère des
Richesses naturelles, suite aux communications que je lui avais faites à
ce sujet, et le ministre des Richesses naturelles m'a renvoyé au
ministère du Tourisme.
Par la suite, j'ai l'impression que le ministère du Tourisme, de
la Chasse et de la Pêche m'a renvoyé au ministère des
Terres et Forêts. C'est là, M. le Président, la
planification qui nous a été démontrée par ce
gouvernement et qui est particulièrement illustrée par le fait
que ce soit le ministère des Terres et Forêts qui nous
présente une loi concernant les réserves écologiques,
alors que le ministre du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche n'a pas
encore cru bon de nous présenter sa loi-cadre qui est exigée par
tous les organismes de chasse et de pêche et tous les organismes
touristiques au Québec depuis plusieurs années.
Dans le livre vert présenté par le ministre en 1972, on
peut lire ce qui suit au sujet des réserves écologiques: "En
effet, en dépit de toutes les mesures adoptées pour conserver les
forêts du Québec, l'utilisation intensive des milieux forestiers
risque d'entraîner à plus ou moins brève
échéance la disparition de tous les habitats naturels stables et
leur remplacement par des forêts artificielles. Le zonage de certaines
unités de végétation forestière en réserve
écologique aura justement pour but de préserver pour la
postérité quelques échantillons de forêt vierge.
"Ces réserves devront être exemptes d'influences humaines, et on
continue en disant: On distinguera essentiellement deux types de
réserves écologiques, soit d'une part les réserves
naturelles intégrales instituées dans un but de protection absolu
et dans lesquelles l'accès sera interdit sauf pour des fins
scientifiques ou historiques et, d'autre part, des réserves naturelles
désignées établies dans le but de surveiller et d'orienter
scientifiquement l'évolution de la nature. "Dans ces dernières,
seules les modifications motivées par l'étude de
l'évolution du milieu seront tolérées. Il faut souligner
ici que le nombre et la superficie couverte par ces réserves seront
relativement faibles et qu'elles seront généralement
situées à l'intérieur de territoires tampons".
Alors, M. le Président, pour mieux cerner ces réserves qui
font l'objet du présent projet de loi, il faudrait peut-être nous
référer à un colloque tenu à l'université
Laval, par le Centre d'études nordiques en mai dernier et d'où il
ressortait que la majorité de ces réserves se situeraient dans
les territoires nordiques du Québec.
En effet, d'après un panelliste à ce colloque, cette loi
assurera la protection de sites renfermant des caractéristiques
biologiques importantes du Québec et tout particulièrement
et je répète, et tout particulièrement du Nord
québécois. J'aurais aimé recevoir certaines
précisions du ministre à ce sujet, il semble que ces
réserves auraient déjà été établies,
puisqu'on en aurait mentionné quelques-unes lors de ce colloque.
En effet, on aurait mentionné la possibilité de la
création d'une réserve au mont d'Youville, sur la rivière
Chukotat, à l'est du cap Smith; aussi, la possibilité de la
création d'une réserve à Povungnituk, entre le village et
le lac. On aurait parlé d'un certain nombre de réserves qui
auraient été en délimitation, soit les réserves
Maricourt, lac des Phoques, pointe du Louis-XIV, monts Otish, péninsule
de Ministikawatin, lac Mistassini, etc.
Encore une fois, il semble que le ministère des Terres et
Forêts aurait surtout l'intention de créer des réserves
écologiques dans les régions qui sont plutôt situées
dans le nord du Québec. C'est au cours du même colloque que nous
pouvions apprendre que des travaux auraient été faits,
échelonnés entre 1970 et 1974, dans ces régions. Ce qui
voulait dire qu'on devait certainement y travailler depuis cinq ans. Ces
travaux auraient été subventionnés conjointement par le
Conseil national des recherches et le ministère des Terres et
Forêts.
Nous nous demandons à quoi devrait servir cette superprotection
d'environnements choisis, à tel point que le public s'en verra interdire
l'accès; d'autant plus que si ces réserves sont
concentrées particulièrement dans le nord, nous pouvons, d'ores
et déjà, affirmer que l'accessibilité de ces territoires
est difficile pour le public. Dans le journal Le Soleil du 7 mai 1974, on
pouvait lire ce qui suit: "En fait, les réserves écologiques
serviront à maintenir, de façon parfaitement intacte, les
territoires où l'on pourra faire, en toute quiétude, des mesures
ou observations à long terme sans risque de se voir déloger par
le premier projet de mise en valeur".
Autrement dit, si nous déterminons que tel
territoire est consacré comme réserve écologique,
nous pouvons au moins espérer que ce ne sera pas changé du jour
au lendemain, selon les pressions qui pourront être faites auprès
du ministre des Terres et Forêts ou auprès du ministre du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche. Cependant, je voudrais aussi
souligner qu'un des panelistes au colloque du Centre d'études nordiques
affirmait ceci: "II ne faudrait pas croire qu'il n'y a pas de conflit à
l'horizon, surtout au niveau des mines, des droits de chasse et de pêche
et, éventuellement, le droit d'utiliser le gravier du sol pour des fins
routières ou autres".
On sait que la loi concernant les parcs au Québec a
été constamment violée. Il semble que c'est vrai, elle
aime cela. Cette loi a été constamment violée par suite du
fait que les ministres du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche n'ont
jamais pris leurs responsabilités et n'ont jamais respecté la loi
concernant les parcs et les réserves au Québec.
On sait, M. le Président, que, malgré le fait qu'il
était, en vertu de la loi, défendu de faire de l'exploitation
minière ou de l'exploitation forestière à
l'intérieur de ces parcs, quantité de compagnies je
pourrais citer le cas du parc de la Gaspésie minières ou
forestières ont réussi à passer outre à la loi et
à obtenir, soit du ministère des Terres et Forêts, soit du
ministère des Richesses naturelles sans avoir pu obtenir, au
préalable, l'autorisation du ministère du Tourisme, de la Chasse
et de la Pêche le droit d'exploitation à l'intérieur
de ces territoires.
Nous nous demandons, aujourd'hui, encore une fois, lorsque le ministre
nous présente le projet de loi no 57 concernant la création de
réserves écologiques, malgré le fait qu'il reconnaît
à l'intérieur de sa loi qu'il ne pourra se faire aucune
exploitation forestière ou minière, si certaines compagnies ne
réussiront pas à obtenir certaines autorisations d'exploitation.
A ce sujet, l'article 5 du projet de loi me permet de soulever un certain
nombre de points d'interrogation. Même si, en vertu des
règlements, je n'ai pas le droit de citer un article, je pense que cela
entre dans le principe de ce projet de loi et, en laissant tomber le
numéro de l'article, vous me permettrez de lire ce qui suit: "Une
réserve écologique peut être abolie par le
lieutenant-gouverneur en conseil, qui peut aussi en modifier les
limites..."
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous plaît!
Juste pour vous donner une information. On m'informe que la commission des
affaires sociales doit siéger immédiatement à la salle
81-A, vu que l'autre commission vient juste de se terminer. C'est pour donner
l'information à tous les députés qui siègent
à cette commission de se rendre à la salle 81-A.
M. LESSARD: Alors, M. le Président, il est extrêmement
important, quand nous constituons des réserves écologiques,
d'avoir au moins l'assurance que le ministre qui est responsable de
l'administration de ces réserves ne soit pas soumis aux pressions des
grandes compagnies minières et des grandes compagnies
forestières.
M. le Président, le projet de loi no 57 ne m'assure pas que le
ministre pourra être libre de ces pressions et surtout que la population
concernée sera consultée lorsqu'on décidera d'abolir une
réserve écologique qui aura été, au
préalable, créée par le ministre des Terres et
Forêts. D'ailleurs, M. le Président, lorsque nous avions
parlé de la création de ces réserves écologiques,
comme lorsque nous avions parlé de la création des parcs au
Québec, j'avais soumis, tant au ministre des Terres et Forêts
qu'au ministre du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, une suggestion
qui avait été copiée sur ce qui existe en
Colombie-Britannique, à savoir que l'Office de planification et de
développement économique du Québec soit responsable,
à défaut de s'entendre entre ministères, de
l'administration ou de l'abolition particulièrement de ces
réserves écologiques.
J'avais également suggéré qu'aucune réserve
écologique ne pourrait être abolie sans que nous puissions avoir
au préalable une commission parlementaire pour étudier le
problème. Rappelez-vous le problème qu'avait soulevé
l'aménagement de la Jacques-Cartier par l'Hydro-Québec. Je suis
assuré que n'avait été la pression populaire, n'avait
été le réveil qui s'est fait à ce sujet,
particulièrement dans la région de Québec, le gouvernement
se serait plié aux décisions de l'Hydro-Québec.
Or, l'article 5 de ce projet de loi ne m'assure pas que ces
réserves écologiques pourront être maintenues, ou, lorsque
nous aurons à constater leur abolition, nous ne pourrons la constater
que par une décision du ministre ou du lieutenant-gouverneur en
conseil.
Je souhaiterais que cet article soit modifié. En effet, on y lit
ce qui suit: "Une réserve écologique peut être abolie par
le lieutenant-gouverneur en conseil, qui peut aussi en modifier les limites, si
le ministre a préalablement: "a) demandé l'avis du conseil
consultatif; "b) donné avis dans la Gazette officielle du Québec
de l'intention d'abolir la réserve écologique ou d'en modifier
les limites; et "c) accordé un délai de trente jours à
compter de la publication de cet avis pour permettre aux
intéressés de lui transmettre leur opposition écrite".
Le paragraphe c) correspond partiellement à ce que nous avions
demandé au ministre. Les personnes pourront toujours, à
l'intérieur d'un délai de 30 jours, faire valoir leur opposition
au ministre. Mais il s'agit de personnes divisées, de personnes qui sont
parsemées à travers le territoire du Québec. Je pense
qu'on devrait ajouter que le ministre des Terres et Forêts ne pourra
abolir aucune réserve écologique sans avoir au préalable
convoqué la commission parlementaire pour entendre les parties.
D'ailleurs, le projet de loi qui avait été soumis
par les ingénieurs forestiers était beaucoup plus
explicite à ce sujet.
Je voudrais simplement rappeler encore le ministre du Tourisme,
de la Chasse et de la Pêche en est certainement informé que
lorsqu'on a décidé de faire disparaître 12 p.c. du
territoire de l'Association de chasse et pêche de la réserve de
Baie-Comeau-Hauterive, encore là les gens n'ont pas été
consultés et ce n'est qu'ensuite que la population a constaté une
décision qui avait été prise par le ministre du Tourisme,
de la Chasse et de la Pêche, sans aucune consultation.
Vous me direz que cela avait été publié dans la
Gazette officielle du Québec. Je dis oui, c'est vrai. Mais et je
pourrais même poser la question aux députés quels
sont les gens parmi la population du Québec qui lisent la Gazette
officielle, si on excepte les députés? Je voudrais bien aussi
savoir il n'y a pas de sondage à ce sujet combien de
députés lisent la Gazette officielle. Il me semble qu'on devrait
au moins dans le projet de loi, comme on l'a fait d'ailleurs dans un
gouvernement étranger, au gouvernement d'Ottawa, obliger le ministre
à publier, en même temps qu'il le fait dans la Gazette officielle,
une annonce dans les journaux régionaux. Je parle ici des journaux
régionaux, naturellement, qui couvrent la région où une
réserve écologique devrait disparaître.
On devrait publier, dans ces journaux, une annonce et demander aux
différentes personnes qui sont intéressées à faire
valoir auprès du ministère des Terres et Forêts leur
opposition ou leur appui, si c'est le cas. Mais, M. le Président, quand
on passe par la Gazette officielle, ce n'est pas particulièrement une
publicité qui est lue par beaucoup de personnes. Il me semble qu'on
devrait au moins élargir cette annonce et en vertu de la loi, l'indiquer
dans la loi, forcer, obliger le ministre à faire paraître dans les
journaux régionaux une annonce concernant l'abolition, si c'est le cas,
des réserves écologiques.
De plus, M. le Président, il serait, je pense, comme cela se fait
ailleurs, nécessaire, lorsqu'un organisme ou un individu fait
opposition, tel que c'est permis en vertu du paragraphe c), à
l'abolition des réserves écologiques, qu'on ait automatiquement
une commission parlementaire pour étudier le problème. L'article
c), M. le Président, ce sont des bons voeux, mais lorsque deux, trois ou
quatre personnes divisées sur tout le territoire feront opposition
à la disparition des réserves écologiques, nous savons
très bien que cela ne fera pas le poids, comparativement à une
grosse compagnie qui exploite la forêt ou qui exploite des mines,
d'autant plus que ces personnes ne seront pas en contact les unes avec les
autres.
Je pense donc, M. le Président, que si nous croyons aujourd'hui
à la nécessité de créer des réserves
écologiques, il faut au moins assurer le public et assurer aussi
l'Assemblée nationale que ces réserves écologiques
pourront être conservées pour l'avenir, pour la
postérité, et ne pourront être abolies sans au
préalable obtenir la convocation d'une commission parlementaire pour
étudier tout le problème.
L'exemple de la Jacques-Cartier, je pense, illustre la
nécessité d'une telle commission parlementaire.
D'autre part, M. le Président, comme dans de nombreux autres
projets de loi, le ministre nous indique que tout cela va être
créé par règlement et nous ne connaissons absolument rien
encore de ces règlements. Je pense que les règlements sont bien
plus importants dans ce projet de loi que la loi elle-même, dans le sens
que, dans la loi, on accepte le principe, mais la création des
réserves écologiques, par exemple, va être faite en vertu
de règlements. J'espère justement que le ministre acceptera,
lorsque ces règlements seront prêts et j'espère
qu'ils le sont que ces règlements soient étudiés
non seulement en commission élue mais en commission parlementaire
où les parties, les individus comme les organismes pourront se faire
entendre.
C'est pourquoi, M. le Président, il me semble que ce projet de
loi aurait dû être inséré à l'intérieur
d'un projet de loi plus général concernant la création des
parcs et réserves au Québec. Ceci nous aurait permis de ne pas
être dans l'obligation de convoquer deux commissions parlementaires mais
de convoquer une commission parlementaire pour étudier
l'aménagement des parcs et des réserves et, en même temps,
insérer à l'intérieur de ces parcs et de ces
réserves la création de réserves écologiques.
Je pose une autre question au ministre: Les réserves
écologiques seront interdites, en vertu de la loi, au public, mais qui
sera responsable de la surveillance de ces réserves?
Est-ce que ce sera des agents de conservation du ministère des
Terres et Forêts? Est-ce que le ministre nommera ses propres agents? Qui
sera responsable? Ou encore est-ce qu'on n'aura absolument aucun responsable,
de telle façon que ça pourra être protégé sur
papier sans que ce le soit concrètement? Qui donc sera responsable de la
surveillance de ces réserves?
Une autre question à laquelle je voudrais que le ministre
réponde: Pourquoi est-ce le ministère des Terres et Forêts
qui prend sous sa responsabilité d'établir, de gérer,
d'administrer des réserves écologiques intégrales, alors
que c'est le ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche
qui est responsable de l'application de la Loi des parcs et des
réserves? Est-ce qu'il y a un conflit entre le ministère du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche et le ministère des Terres
et Forêts?
J'aimerais savoir qui est responsable de quoi. C'est ça,
malheureusement, que nous avons à déplorer et j'en ai vécu
l'expérience puisque, je le soulignais tout à l'heure, je n'ai
jamais été capable de savoir qui était responsable de la
protection des rivières au Québec puisque, des Terres et
Forêts on m'envoyait aux Richesses
naturelles, et des Richesses naturelles on m'envoyait au
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, et du
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche on me renvoyait
au ministère des Terres et Forêts.
M. VEILLEUX: Tu n'engraisses pas pendant ce temps-là.
M. LESSARD: Nous autres, nous travaillons, contrairement aux
députés libéraux.
Il reste que c'est très mauvais pour l'administration du
Québec. C'est bien beau de faire des farces, mais j'ai d'autres exemples
à ce sujet où on se renvoie la balle entre le
fédéral et le provincial. Pendant ce temps, le pauvre
contribuable est poigné avec des problèmes et il n'est pas
capable de les régler. Ce problème... Oui, on pourrait en donner
des exemples.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous plaît!
Il faut revenir au Québec, et près des rivières le
plus possible.
M. LESSARD: D'accord, M. le Président, d'accord, mais j'ai le
droit à des digressions, en vertu de l'article 120 du règlement.
Puisqu'on permet ces digressions j'ai le droit d'y répondre.
Je dis qu'à l'intérieur de ce gouvernement on se s'entend
pas, et le contribuable québécois est poigné parce qu'il
ne reçoit aucune réponse d'un ministère comme de l'autre.
Si on crée des réserves écologiques, qui sera responsable
non seulement de la création mais qui sera responsable de
l'administration de ces réserces écologiques?
On lit aussi, dans le livre vert tome II, à la page 27, ce qui
suit: "La réserve écologique se situera à
l'intérieur d'un territoire tampon". Ce territoire sera-t-il un parc,
une réserve normale du ministère du Tourisme, de la Chasse et de
la Pêche? Ces territoires tampons, c'est quoi? Est-ce que ce sera
à l'intérieur d'une réserve ou d'un parc provincial qui
aura au préalable été déterminé par le
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche?
Cela, on ne le sait pas. Sans mettre en question la
nécessité de réserves intégrales, il faut aussi,
par ailleurs, constater que la rentabilité de telles réserves
approche du point zéro. Ces réserves seront-elles
créées en consultation avec la population? Ces réserves
seront-elles créées dans des territoires qui ne seront pas
accessibles à la population?
Si c'était le cas, je pense que certaines conditions
fixées par le projet de loi sont, tout simplement, de bons voeux,
puisque ce sont globalement, si c'est au-delà du 52e parallèle,
des territoires difficilement accessibles. Alors, M. le Président, je
voudrais bien que le ministre puisse répondre aux questions que je
résume: Qui sera responsable de l'administration de ces
réserves?
UNE VOIX: Pas vous autres.
M. LESSARD: Bien, cela pourrait venir plus vite que vous ne le pensez,
mais nous, ce sera d'autres politiques qu'on pourra faire. C'est que nous, M.
le Président, avant de présenter un projet de loi partiel comme
celui-ci, très partiel, cela devra s'inscrire à
l'intérieur d'une politique générale d'aménagement
du territoire. C'est là qu'est le problème fondamental.
M. TARDIF: Quelle année?
M. LESSARD: Cela peut venir plus vite que certains députés
libéraux ne le pensent. M. le Président, le problème
fondamental est celui-ci: Est-ce qu'on fait des politiques partielles, morceau
par morceau, des politiques à la pièce ou si on décide
d'avoir au Québec une politique d'aménagement global du
territoire? Ce problème rejoint justement les problèmes auxquels
est confronté le ministre du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche
concernant l'abolition des clubs privés. Un mémoire, semble-t-il,
aurait été présenté par des fonctionnaires du
ministère au ministre, mais, encore une fois, ce mémoire sera
probablement enterré par suite du fait que nous n'avons, au
Québec, aucune politique d'aménagement global du territoire. Que
ce soit concernant les réserves écologiques, que ce soit
concernant les parcs provinciaux, que ce soit concernant les territoires de
chasse et de pêche, on n'a absolument aucune politique et chaque
ministère décide de faire à la pièce son petit
morceau, sans aucune intégration avec les politiques du ministère
du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche.
M. le Président, je dis que, malgré le fait que nous
serons dans l'obligation de voter pour ce projet de loi, parce qu'un pas vaut
mieux que rien nous sommes, au moins, assurés, avec un certain
nombre de réserves, qu'une partie du territoire du Québec sera
protégée cependant, c'est absolument insatisfaisant et
c'est mettre la charrue devant les boeufs. Ce qu'il nous aurait fallu faire,
c'est étudier un projet concernant l'aménagement des parcs et des
réserves au Québec, à l'intérieur duquel se serait
inscrit le projet du ministre des Terres et Forêts. Ce n'est pas le cas,
M. le Président; on devra se contenter de cela, on n'a pas le choix,
comme il a fallu, M. le Président, se contenter du projet de loi no 27
du ministre des Terres et Forêts.
M. BIENVENUE: Je voudrais savoir, M. le Président, si le
député me permettrait une question. Oui? Me permettez-vous une
question?
M. LESSARD: Oui, oui, allez-y.
M. BIENVENUE: J'entendais le député dire, il y a un
instant, qu'il semblerait qu'un rapport aurait été soumis au
ministre par des fonction-
naires. Je veux demander ceci au député: Son emploi du mot
"semblerait" signifie-t-il qu'il le sait, mais il ne veut pas le dire ou s'il
n'est pas sûr?
M. LESSARD: Bien, M. le Président, si le ministre a lu les
journaux depuis quelque temps concernant justement le ministère du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, il devrait en avoir conscience ou
il devrait être au courant. Maintenant, c'est de notoriété
publique qu'un rapport a été présenté au
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche. Je sais bien
que le ministre va nous cacher encore ce rapport et j'aurai l'occasion,
probablement demain, de demander le dépôt de ce rapport.
M. BIENVENUE: Alors, j'avais raison de dire que ce n'est pas "il
semblerait"; un rapport a été déposé
effectivement.
M. LESSARD: M. le Président, c'est que n'ayant pas ce rapport, je
me fie aux déclarations des journalistes, qui semblent avoir
été confirmées par le ministre du Tourisme, de la Chasse
et de la Pêche. C'est d'ailleurs pourquoi j'ai utilisé les termes
"il semblerait". Je pourrais ajouter qu'un rapport a été
présenté au ministre du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche, mais ce n'est pas le premier rapport. J'en ai fait mon deuil
encore une fois, ce n'est pas le premier rapport.
On se rappelle le livre blanc du ministère du Tourisme, de la
Chasse et de la Pêche, livre blanc qui avait été
commandé par l'ex-ministre du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche, Mme Claire Kirkland-Casgrain, puis qui a été encore
mis au panier. On n'a plus besoin de rapport au ministère du Tourisme,
de la Chasse et de la Pêche. Il y en a en quantité concernant
l'aménagement du territoire. On n'a plus besoin de rapport à ce
gouvernement. Il s'agit d'avoir un peu de décision, d'appliquer,
à un moment donné, des rapports qui ont été
présentés depuis des années et des années et qu'on
réétudie constamment.
On ne vous demande plus d'étudier, on vous demande d'appliquer
certaines choses qui ont été préparées par vos
fonctionnaires. D'ailleurs, dans ce ministère comme dans d'autres
ministères, on est en train d'écurer pas mal de monde, si
vous voulez me passer l'expression.
UNE VOIX: Je ne la passe pas.
M. LESSARD: Ecoutez, c'est un terme très français. Un
terme très français. Les gens ont leur voyage. Ils
préparent constamment des rapports, et ces rapports sont mis sur les
tablettes parce qu'on n'a pas assez de pouvoirs de décision. C'est
d'ailleurs les questions que je me pose. Quand le ministre nous présente
un projet de loi comme celui-là, comme lorsque nous avons
étudié le projet de loi no 34 concernant la protection de
l'environnement, la question fondamentale que nous posons est celle-ci: est-ce
que le ministre va avoir le courage d'affronter les compagnies
forestières, comme les compagnies minières, pour appliquer sa
loi? C'est encore la même question qu'on pose actuellement.
Est-ce que le ministre va être capable de respecter la
création de ces réserves écologiques? Etant donné
qu'on a plus ou moins confiance en ce gouvernement, c'est pour ça que je
demande qu'une modification soit faite à l'article 5, afin de forcer le
ministre à convoquer une commission parlementaire avant d'abolir une
réserve écologique. D'abord, est-ce que le ministre
protégera l'intégrité de ces territoires? Encore une fois,
c'est bien beau faire des lois...
Nous serons d'accord sur ce projet de loi, malgré les
réserves que je viens d'indiquer, à savoir que j'aurais
aimé beaucoup mieux que ce soit inséré à
l'intérieur d'un projet de loi-cadre concernant l'aménagement du
territoire. Nous serons d'accord sur ce projet de loi, mais, cependant, nous
nous demandons s'il ne s'agit pas encore une fois d'un projet de loi sur
papier, d'un projet de loi qui ne sera pas respecté par la suite, comme
cela a été le cas à de nombreuses reprises pour les parcs
et réserves du territoire du Québec.
C'est avec ces réserves, M. le Président, que nous
appuierons ce projet de loi, tout en espérant qu'au moins il pourra
être respecté.
Je voudrais indiquer au ministre que bien qu'il ait presque
plagié je ne le lui reproche pas le projet de loi qui
avait été préparé par les ingénieurs
forestiers du Québec, qui étaient, je pense, des fonctionnaires
de son ministère, j'aimerais beaucoup mieux que le ministre nous
présente cet après-midi le projet de loi tel qu'il avait
été préparé par ces fonctionnaires de son
ministère et qui a été inséré à
l'intérieur, justement, de l'étude des ingénieurs
forestiers concernant l'aménagement des parcs et des
réserves.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): L'honorable député de
Beauce-Sud.
M. Fabien Roy
M. ROY: M. le Président, le projet qui est devant nous
actuellement est présenté par l'honorable ministre des Terres et
Forêts et porte le numéro 57, Loi sur les réserves
écologiques. C'est un projet de loi qui n'est pas tellement volumineux
puisqu'il ne comprend que seize articles, y compris celui de sa mise en
vigueur. C'est quand même un projet de loi extrêmement
important.
Je dois dire, au tout début, que nous avons devant nous encore
une loi-cadre dans laquelle le ministre, caché, derrière le
lieutenant-gouverneur en conseil, se fait donner tous les pouvoirs de
créer des réserves écologiques en nombre très
limité, parce que son budget va le conditionner, mais
illimité en principe, parce qu'il peut en faire
énormément. Une loi-cadre de cette importance met
évidemment en cause un principe pour lequel nous avons
déjà eu à intervenir à l'Assemblée
nationale. Comment intervenir dans ce projet de loi et demander au ministre
s'il prévoit faire suffisamment de réserves écologiques au
Québec et voir si les endroits qui ont été choisis sont
des endroits judicieux, des endroits qui respectent les droits des uns et les
droits des autres et qui évitent les abus des uns et les abus des
autres? Nous n'avons rien de cela dans le projet de loi.
C'est tout simplement une loi-cadre qui autorise le ministre à
s'organiser un système de réglementation de façon à
pouvoir décider de l'endroit, de la grandeur et de la façon
d'organiser une réserve écologique au Québec. Est-ce que
nous sommes en faveur des réserves écologiques au Québec?
C'est à peu près la seule chose que nous pouvons discuter sur le
projet de loi actuellement en discussion. Il est évident que nous sommes
en faveur des réserves écologiques au Québec, c'est une
chose qui s'impose de toute urgence, et depuis fort longtemps. Mais de
là à adopter le projet de loi no 57, qui est un chèque en
blanc au ministre des Terres et Forêts, je dis qu'il y a une marge
importante. C'est le point sur lequel je veux attirer l'attention du
ministre.
Nous ne sommes informés d'aucune façon du nombre de
réserves écologiques que le ministre veut faire. Nous savons
cependant, après avoir fait certaines recherches et en nous basant sur
le Programme biologique international, qu'il y a 116 emplacements au
Québec qui pourraient faire l'objet d'une réserve
écologique. Nous savons cela, M. le Président. Le ministre
veut-il se baser sur ce programme? Veut-il se baser uniquement sur ce plan ou
s'il a d'autres ambitions, s'il a l'intention de s'étendre ailleurs?
Dans ce projet de loi, il y a également une discrétion qui
a été soulignée par mon collègue le
député de Saguenay, à l'effet que le ministre peut
décider de mettre fin à une réserve écologique et
d'abolir cette réserve. En vertu de quels critères, pourquoi et
en vertu de quels intérêts? Ce sont encore des choses que nous
ignorons. On nous demande de voter un projet de loi, on nous demande tout
simplement de donner au ministre un chèque en blanc, un grand cadre dans
lequel il pourra agir de la façon la plus discrétionnaire
possible. C'est d'autant plus grave et d'autant plus sérieux que ce
projet de loi comporte également la possibilité pour le ministre
d'organiser ces réserves dans deux catégories de territoires au
Québec. Il y a évidemment les terrains de la Couronne; ça
ne pose pas de problème majeur, parce que le gouvernement est
déjà propriétaire du territoire. Mais on sait que ces
territoires font déjà en grande partie l'objet de concessions
à des compagnies minières, des compagnies fores- tières,
à d'autres formes de compagnies, à des clubs privés de
chasse et de pêche, de très grands clubs privés de chasse
et de pêche, propriété étrangère. On sait
ça, M. le Président.
Est-ce que cela veut dire que le projet de loi qui est actuellement en
discussion permettra au ministre de dédommager ceux qui ont eu des
privilèges gratuits pour exploiter, à leurs grés et
caprices, dans leurs seuls intérêts, leurs intérêts
économiques, ou encore pour d'autres fins, les territoires du
Québec? C'est encore une question à laquelle, malheureusement, je
ne puis répondre. Je me demande même si le ministre pourrait me
répondre. Est-ce qu'on a l'intention, en vertu de cette loi, de trouver
un moyen détourné pour reprendre en main, se faire redonner
certains territoires ou encore favoriser un rachat qui ne ferait qu'avantager
ceux qui auraient des baux, ceux qui étaient, en quelque sorte, les
administrateurs du territoire ou ceux encore qui avaient eu des
privilèges du gouvernement en retirant du gouvernement des subventions
ou des allocations de dédommagement et de déménagement?
C'est là une question sur laquelle nous avons le droit de nous
interroger. Voilà pour ce qui a trait aux terrains de la couronne.
Mais il y a également des dispositions, dans ce projet de loi,
qui disent ceci: "S'il juge le ministre qu'un terrain
privé est nécessaire pour la constitution d'une réserve
écologique, son agrandissement ou son maintien, le lieutenant-gouverneur
en conseil peut, aux conditions qu'il détermine, autoriser le ministre
à l'acquérir de gré à gré, par
échange ou par expropriation".
Quels sont les critères qui vont guider le ministre et quelles
sont les dispositions qui seront adoptées, lorsqu'il sera question de
faire des échanges, en conformité avec les dispositions de
l'actuel projet de loi?
M. le Président, dans le passé, le ministère des
Terres et Forêts donnait des territoires entièrement
boisés, des territoires sur lesquels il n'y avait jamais eu de coupe de
bois, en échange de lots glanés. Quand je parle de lots
glanés, ce sont des lots où on avait fait la coupe à blanc
pour pouvoir établir des colons durant l'époque de la
colonisation, durant la dernière crise économique, des lots
coupés à blanc, des lots qui n'avaient aucune valeur. En
échange, on donnait à ces compagnies et à ces entreprises
des lots boisés qui avaient une valeur extrêmement grande et
extrêmement importante.
Est-ce que le ministère des Terres et Forêts pourra
procéder encore de cette façon et échanger certains
territoires avec certaines entreprises, des territoires qui n'ont plus aucune
valeur économique pour ceux qui les détiennent, pour ceux qui les
ont sur baux de location ou autrement, contre d'autres territoires vierges,
d'autres territoires qui ont une grande valeur économique?
M. le Président, en ce qui me concerne, je ne suis pas en mesure
de répondre à cette question.
On dit toujours que le passé est garant de l'avenir. Si le
passé est garant de l'avenir, je pense qu'il est de notre devoir et de
notre responsabilité de nous poser de sérieuses questions.
Quelles sont les intentions du ministre à ce sujet? Ce sont des choses
que nous ignorons et des choses pour lesquelles il n'y a aucune disposition
dans l'actuel projet de loi.
Plus loin, dans le même paragraphe, on dit... "ou par
expropriation". Voilà, une autre épée de Damoclès
sur la tête des citoyens du Québec qui sont propriétaires.
Il n'y en avait pas assez, il en faut d'autres. Pas pour organiser un
territoire écologique dans une région donnée, non, non.
Pour avoir l'autorisation d'en organiser quand cela va convenir au
ministère des Terres et Forêts, aux endroits où il va
décider lui-même, de la manière qu'il va le décider
lui-même, ou par expropriation.
Quelle expropriation? Est-ce en vertu de la loi qui n'est pas encore en
vigueur? Est-ce en vertu des anciennes lois de l'expropriation? M. le
Président, encore là, le gouvernement n'est pas capable de nous
répondre. Le gouvernement ne veut pas répondre à cette
question.
La loi de l'expropriation, que nous avons amendée à deux
ou trois reprises en Chambre, si ma mémoire est bonne, n'est pas encore
appliquée pour protéger les expropriés contre les abus
énormes que nous retrouvons partout, dans tous les comtés de la
province de Québec, face aux expropriations qui deviennent de plus en
plus nombreuses.
Nous avons des expropriations concernant la voirie. Cela, nous le
savons. Il y en a des expropriations concernant la voirie. On a ajouté
à cela les expropriations concernant les services publics. C'est encore
une autre forme d'expropriation qui constitue une autre épée de
Damoclès sur la tête des propriétaires au Québec. Il
y a l'expropriation concernant les parcs. On a vu le parc Forillon,
Sainte-Scholastique... Je pourrais en citer bien d'autres.
De quelle façon ces gens ont-ils été
compensés, en vertu de quelles lois et comment? Est-ce qu'ils ont
été protégés? On a vu une nouvelle forme
d'expropriation rétroactive que le gouvernement a décidé
d'appliquer il n'y a pas tellement longtemps, particulièrement dans mon
comté, bien entendu, la fameuse loi de la réserve des trois
chaînes, ce qui n'est pas encore réglé. Mais il s'agit
d'une expropriation hypocrite. Là, nous avons l'expropriation concernant
les réserves écologiques, qui vient s'ajouter aux autres
expropriations. Il y a, évidemment, beaucoup d'expropriations et il y en
aura davantage dans notre fameux régime de supertaxation, de taxes
pyramidales qui font en sorte qu'un bon matin un petit propriétaire
d'une petite maison familiale, un petit propriétaire de ferme se voit
littéralement exproprié parce qu'étant sur le
bien-être social il ne peut pas avoir suffisamment d'argent pour payer
ses taxes qui augmentent considérablement chaque année. Il y a
toutes sortes d'expropriations.
Je suis inquiet, en ce qui me concerne, pour l'avenir des
Québécois. Jamais on n'a tant parlé que
présentement de la libération des Québécois. Mais
la vraie liberté existe quand on est chez soi.
M. MERCIER: La pertinence du débat, M. le Président.
M. SAMSON: M. le Président, puisqu'on réclame la
pertinence du débat, je pense qu'on devrait, en même temps,
réclamer le quorum, parce que beaucoup de nos collègues
ministériels auraient...
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Bon!
M. SAMSON: ... avantage à être ici pour écouter
ça.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Lorsqu'on demande le quorum, cela se
fait sans commentaire.
M. SAMSON: M. le Président, je m'excuse, mais...
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Qu'on appelle les
députés!
M. SAMSON: ... je n'ai pas été élu pour ne pas
faire de commentaires; je vais faire des commentaires.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Ah oui, mais pas sur le quorum !
M. VEILLEUX: Où étiez-vous mardi? Il n'y avait aucun
créditiste...
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous plaît!
...
L'honorable député de Beauce-Sud.
M. ROY: M. le Président, à l'intention de mon
collègue qui vient de me rappeler la pertinence du débat, mon
illustre voisin de comté, je lui demanderais de prendre le projet de loi
parce que je m'imagine bien que le caucus libéral n'a pas
été consulté et de regarder l'article 3, le dernier
mot du premier paragraphe; il va voir le mot "expropriation". C'est justement
de l'expropriation que j'étais en train de parler, pour son
information.
M. MERCIER: Vous vous étiez éloigné un peu.
M. ROY: C'est un terme du projet de loi...
M. MERCIER: Vous vous étiez éloigné un peu.
M. ROY: ... et je pense que c'est très
pertinent au débat. Je viens de dire que ce projet de loi...
Est-ce que miss Assemblée Nationale voudrait reprendre son siège,
s'il veut prendre la parole?
M. TARDIF: Non!
M. ROY: Je disais que, dans ce projet de loi, il y a des dispositions
qui viennent ajouter une autre forme d'expropriation pour menacer la
propriété de nos Québécois. Si nous étions
assurés d'avance que toutes ces réserves écologiques
seront faites dans le meilleur intérêt du Québec et des
Québécois, sans discrimination envers qui que ce soit, sans
jamais favoriser les grosses entreprises, et qu'on prenne toutes les mesures
justement pour qu'il y en ait un nombre suffisant, mais sans abuser de ce
projet de loi, je me poserais moins de questions.
Je n'ai aucune certitude à ce jour des intentions réelles
du gouvernement, à savoir jusqu'où il peut aller ou encore
jusqu'où il veut aller. Je dis que la loi constitue un chèque en
blanc, par lequel le gouvernement se donne tous les pouvoirs pour faire ce
qu'il veut dans ce domaine, c'est-à-dire en créer un petit
nombre, un nombre moyen ou un très très grand nombre, M. le
Président, on ne sait pas du tout dans quelle région du
Québec cela pourra se faire.
C'est un point sur lequel je veux attirer l'attention non seulement du
ministre, mais de mes collègues du côté ministériel,
parce qu'il semble, encore une fois, qu'on vient d'ajouter une autre menace
assez sérieuse au droit de propriété. Je parle du droit de
propriété des petits propriétaires.
Qu'on pense, M. le Président, que les petits propriétaires
qui veulent garder certains territoires forestiers se sont adressés
justement à l'honorable ministre pour tâcher d'avoir des lois dans
ce sens, et que le ministre n'est même pas capable, en vertu de je ne
sais trop quoi, de présenter sa loi. Par contre, M. le Président,
alors que la Loi de l'expropriation n'est même pas appliquée, loi
adoptée par l'Assemblée nationale, alors qu'on n'a aucune
indication sérieuse, officielle du moins, à savoir quand la Loi
de l'expropriation sera appliquée, de façon à
protéger les expropriés du Québec, on vient ajouter une
nouvelle loi dans laquelle le gouvernement se donne le plein mandat, le mandat
total de pouvoir faire l'expropriation qu'il jugera à propos... Qu'"il"
jugera à propos. Ce n'est pas l'Assemblée nationale, ce ne sont
pas nos collègues, ici, du côté ministériel. C'est
le ministre et les hauts fonctionnaires de son ministère. Cela, M. le
Président, tout le monde le sait.
On sait, M. le Président, toute la meute "d'étatiseux" qui
rêvent de la propriété collective, au Québec, et qui
vont, par tous les moyens possibles, rendre la propriété
privée de plus en plus inaccessible ou encore favoriser la
dépossession et on constate que les statistiques canadiennes nous
démontrent que c'est le Québec qui a le plus petit pourcentage de
propriétaires... Le Québec est pourtant notre patrie; le
Québec est pourtant notre propriété. Comment se fait-il
que nous en sommes rendus là? Quelle est l'action de notre gouvernement?
Quelles sont les intentions de notre gouvernement? Quelles sont les lois que le
gouvernement entend présenter et entend adopter à
l'Assemblée nationale, de façon à permettre à un
plus grand nombre de Québécois d'être réellement
propriétaires chez eux, dans leur province?
M. le Président, je dis et je l'ai dit au tout
début que nous sommes pour le principe qu'il y ait, au
Québec, des réserves écologiques, que c'est
nécessaire mais nous ne sommes pas prêts, cependant, à
donner un chèque en blanc et à donner le mandat que le
gouvernement demande. Je dis, M. le Président, qu'à la suite des
observations très sérieuses qui nous ont été faites
par des organismes sérieux, dans lesquelles on s'est plaint de
l'adoption, à l'Assemblée nationale, de trop de lois-cadres et du
trop grand pouvoir de réglementation que se donne l'Exécutif, le
lieutenant-gouverneur en conseil, il est temps que le législateur, que
l'Assemblée nationale du Québec commence à prendre ses
responsabilités et dise non au gouvernement.
M. le Président, je dis non à ce projet de loi, mais je ne
dis pas non au principe des réserves écologiques. Je dis non
à ce projet de loi parce qu'il s'agit d'une loi-cadre dans laquelle le
gouvernement se donne trop de pouvoirs. Il est temps qu'on applique un frein,
parce que nous sommes en train d'ouvrir une porte à trop d'abus.
M. le Président, en dernière partie de la discussion, je
voudrais attirer l'attention du ministre sur les dispositions de son projet de
loi qui concernent la création d'un conseil consultatif, conseil
consultatif dont quinze personnes feront partie et dont six seront choisies par
les fonctionnaires du gouvernement. Les autres, à quel endroit
seront-elles prises, M. le Président? Est-ce que le ministre a
déjà des noms de retenus à l'avance? On ne le sait pas.
Est-ce que M. Paul Desrochers fera partie de ce conseil? On ne le sait pas.
Est-ce que le député de Saint-Jean a une recommandation
particulière à faire, M. le Président? On ne le sait pas
non plus.
M. VEILLEUX: M. le Président, une question de
privilège.
UNE VOIX: Yvon Dupuis!
M. VEILLEUX: Oui, Yvon Dupuis. Il se cherche "une job"!
M. SAMSON: Ah! c'est bien, cela. Cela lui ressemble pas mal!
UNE VOIX: Armand Bois.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre, messieurs!
M. ROY: M. le Président, vous êtes en mesure de constater
avec quel sérieux nos collègues...
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Vous avez posé les questions
vous-même. Je pense que...
M. ROY: J'ai été interrompu, M. le Président.
M. SAMSON: II a demandé les recommandations.
M. ROY: On m'a interrompu. M. le Président, je ne vous apprendrai
rien en vous disant que le gouvernement fait ses nominations de façon
totalement discrétionnaire. Parfois, il arrive que, dans un projet de
loi par lequel on crée un conseil consultatif ou un conseil
supérieur, il est clairement dit qu'un certain nombre de membres du
conseil sera choisi à tel endroit, sera nommé par tel groupement,
telle association. On dit que tel autre membre sera nommé par un autre
groupement ou une autre association ou encore on définit clairement
à quel endroit la majorité des membres sera choisie,
nommée en vertu de quels critères.
Mais dans ce projet de loi c'est un article qui est
complètement blanc quinze personnes, dont six seront choisies
parmi les fonctionnaires du gouvernement, mais entièrement
nommées par le gouvernement et quand on sait que, pour ces nominations,
je suis convaincu que je ne vous apprendrai pas une nouvelle en vous disant
qu'on tient beaucoup compte des services rendus au parti dans le passé.
Je sais, M. le Président, que vous savez cela, services rendus au
parti.
M. CADIEUX: Arrêtez donc cela. Vous n'êtes pas
sérieux.
M. ROY: On sait que ce sont des choses qui se produisent lors de la
nomination de ces personnages.
M. CADIEUX: Vous savez que ce n'est pas vrai.
M. ROY: On n'a qu'à faire la liste. Je comprends que la
pureté d'esprit de mon collègue de Beauharnois se trouve un peu
choquée, mais je sais qu'on ne le consultera même pas.
M. CADIEUX: On a siégé là-dessus depuis plusieurs
heures.
M. ROY: II y a un deuxième point. Il y a également les
nominations qui se font de façon totalement discrétionnaire.
M. CADIEUX: II y a eu trois caucus là-dessus.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous plaît!
Vous pourriez continuer tout à l'heure, à
l'extérieur de l'Assemblée nationale. Je vous invite à
continuer, mais sans provocation si possible.
M. ROY: Je m'excuse, M. le Président. M. CADIEUX: Baissez le ton.
M. SAMSON: C'est la vérité.
M. ROY: Lorsque vous dites sans provocation, je m'excuse, mais ceci
n'est pas dans notre règlement. On peut faire des débats, les
mots "sans provocation" n'ont pas été inscrits dans notre
règlement et, comme je sais que vous êtes soucieux du respect de
notre règlement, vous ne m'imposerez pas cette contrainte aujourd'hui.
Ce serait une contrainte qui pourrait comporter trop d'abus parce qu'en ce qui
me concerne, je n'ai jamais eu l'intention et je n'ai pas l'intention non plus
de parler pour faire plaisir au gouvernement ou encore pour faire plaisir au
parti ministériel.
Nous avons des choses à dire, c'est l'endroit idéal pour
le dire. Alors, M. le Président, qu'on nous laisse donc nous exprimer
comme bon nous semble pour tâcher de faire ressortir les points que nous
voulons faire ressortir dans nos interventions.
M. le Président, relativement aux nominations, je reviens
à celle des membres du conseil. Est-ce que le gouvernement a quelqu'un
de particulier en vue? J'aimerais que le ministre, dans sa réplique,
nous donne plus de détails et de précisions là-dessus.
C'est un sujet d'intérêt public pour lequel on ne peut pas faire
autrement que se préoccuper. Tous les membres de l'Assemblée
nationale ont intérêt à en savoir davantage, savoir quelles
sont les intentions du ministre. Est-ce qu'on se propose, par exemple, d'aller
chercher certaines personnes dans certaines grosses entreprises et les inviter
à être membres de ce conseil pour tâcher que les
intérêts des grosses entreprises, particulièrement ceux des
sociétés multinationales, soient bien protégés?
M. CADIEUX: Aucune entreprise qui a fait faillite.
M. ROY: M. le Président, c'est moins sûr. Parce que votre
affaire en est presque une faillite, l'affaire du gouvernement actuel.
M. CADIEUX: La vôtre, la vôtre, la vôtre, la
vôtre! On ne vous demandera pas...
M. ROY: C'est moins sûr.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre! A l'ordre, s'il vous
plaît! Je ne peux pas laisser continuer comme ça, tout de
même. Je pense que l'élémentaire
préséance...
L'honorable député de Beauce-Sud.
M. ROY: M. le Président, quel est le budget dont disposera le
ministre pour appliquer cette loi et créer des réserves
écologiques? Est-ce qu'il s'agit tout simplement d'une loi-cadre qu'on
veut présenter à la population du Québec comme quoi le
gouvernement s'intéresse à faire des réserves
écologiques? Si le ministre des Finances n'accorde pas de budget, si
minime soit-il, mais n'accorde pas au moins un budget dans ce domaine pour
permettre au gouvernement de commencer l'application de sa loi dans certaines
régions, alors où et pourquoi un tel projet de loi? S'il n'y a
pas de budget prévu et s'il n'y a pas un certain programme
planifié selon un certain nombre d'années pour, par exemple, cinq
ans, pourquoi avoir au Québec quinze réserves écologiques,
vingt réserves écologiques ou vingt-cinq réserves
écologiques? Ce sont toutes des choses que nous ne savons pas. Ce sont
toutes des choses que nous ignorons et au sujet desquelles nous avons le droit
de nous poser des questions.
En dernier lieu, M. le Président, la question a été
posée par mon collègue de Saguenay, je pose la même
question: Pourquoi le ministère des Terres et Forêts se
chargerait-il de l'administration de cette loi alors que c'est le
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche qui s'occupe de
l'administration des parcs? Est-ce que nous allons en venir à une
espèce de conflit d'intérêts entre les deux
ministères, à une certaine rivalité entre les deux
ministères? Il ne peut résulter d'un tel état de choses,
d'un tel fouillis, que nous retrouver devant des conflits
d'intérêts et des conflits de fonctionnaires comme nous en avons
déjà eus dans le passé et comme nous en soupçonnons
encore à ce moment-ci. Je pense qu'il est du devoir du gouvernement de
légiférer de la meilleure façon possible, et de s'assurer
qu'une fois les lois adoptées par la Chambre elles seront
administrées et tiendront compte d'un ensemble de politiques
gouvernementales de façon à assurer le mieux-être des
Québécois.
Encore une fois, M. le Président, je dis, en terminant: Oui au
principe des réserves écologiques du Québec; mais je dis:
Non à la loi 57.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): L'honorable député de
Fabre.
M. Gilles Houde
M. HOUDE (Fabre): M. le Président, je sais que le ministre des
Terres et Forêts aura sûrement l'occasion, dans sa réplique,
de répondre aux multiples questions qui ont été
posées par mes deux collègues de l'Opposition. Je dois avouer
que, dans l'ensemble, il y a eu énormément de questions,
énormément de suggestions concernant ce secteur important des
terres et forêts. Je voudrais, d'autre part, rassurer le
député de Saguenay concernant l'une ou l'autre de ces questions
touchant la loi-cadre des parcs et lui dire, après l'avoir
demandé au ministre du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche,
qu'en effet, la loi-cadre des parcs est retardée peut-être de
quelques mois. Mais, de toute façon, il ne faut pas s'inquiéter,
elle sera bel et bien déposée très bientôt, bel et
bien débattue. Dans l'ensemble en tout cas, il n'y a pas
d'incompatibilité entre la loi présentée aujourd'hui et la
loi-cadre des parcs qui sera présentée très bientôt
par le ministre du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche.
Je voudrais aborder en quelques minutes un aspect qui me paraît,
comme citadin représentant d'un comté urbain, assez nouveau dans
le domaine du ministère des Terres et Forêts. Quitte à
paraître brutal pour le ministre des Terres et Forêts, je lui dirai
que pendant de longues années, pour nous citadins, pour nous qui vivons
dans les villes, et pour nous qui n'avons pas tellement de connaissances
touchant le ministère des Terres et Forêts, ce ministère
pour les amants de la nature, pour ceux qui s'intéressent aux
activités de pleine nature, communément appelées de plein
air, le ministère des Terres et Forêts était d'abord un
ministère presque inconnu. Le ministère des Terres et
Forêts était également, lorsqu'il était un peu
connu, synonyme de coupeur de bois. Ceux qui aimaient les activités
récréatives de pleine nature, très souvent, avaient
peut-être des raisons de chialer ou de critiquer, dans le passé,
le ministère des Terres et Forêts. C'est un aspect que, je dirais,
80 p.c. de la population connaissent de ce ministère, à savoir
que c'est le ministère qui s'occupe de la coupe de bois, du bois, des
moulins à papier, etc.
Ce qui m'a porté à prendre la parole aujourd'hui, c'est
que c'est l'une des premières fois, depuis neuf ans que je siège
dans cette Chambre, que le ministère des Terres et Forêts annonce
publiquement une espèce de nouvelle orientation dans sa philosophie en
tant que ministère. C'est une orientation qui, pour ma part en tout cas,
me fait énormément plaisir parce qu'elle vient s'ajouter au
travail déjà connu, soit du ministère du Tourisme, de la
Chasse et de la Pêche, ou encore d'un organisme comme le
Haut-Commissariat, ou du ministère de l'Environnement, etc.
Une dimension qui me paraît assez nouvelle et, je pense, pour
laquelle il faut se réjouir, je veux parler de son rôle dans le
secteur de la conservation et dans le secteur de l'éducation.
Indépendamment de toutes les modalités ou de toutes les
questions qui ont été posées, à tort ou à
raison, dans certains cas je ne veux pas discuter de ce secteur
ce qui me paraît drôlement intéressant aujourd'hui, c'est
que nous avons un ministère de plus, un organisme
de plus au gouvernement, qui vient officiellement, par un texte de loi,
s'intéresser à une des grandes demandes de la population en
général, à savoir la protection de notre territoire, la
protection de la faune et de la flore et la protection de plus en plus
nécessaire d'espaces verts qui seront de plus en plus nombreux, je
l'espère, dans l'avenir.
Pour donner un peu une idée de ce qui me paraît, en tout
cas à moi, nouveau à l'intérieur des Terres et
Forêts, je pourrai citer un passage de ce que disait récemment,
à la fin d'octobre, un haut fonctionnaire de ce ministère: "Au
Québec, il n'est plus question de s'opposer à la
pénétration du public en milieu forestier. En effet, depuis la
libéralisation du système en 1968, le libre accès à
la forêt est un fait acquis et toute idée de retour en
arrière pour créer une barrière entre la population et la
forêt est complètement dépassée. Les usagers de la
forêt ne sont plus des indésirables qu'il faut tolérer,
mais des hôtes qu'il faut accueillir et, malheureusement,
éduquer".
Voilà, je pense, quand même un concept fort valable. Dans
cette nouvelle section créée à l'intérieur du
ministère des Terres et Forêts, il y a la section scientifique,
bien entendu le ministre en a parlé tout à l'heure assez
abondamment mais il y a également la section dite
éducative de conservation. Vous me permettrez de vous citer un extrait
d'un discours du ministre des Terres et Forêts, M. Kevin Drummond,
prononcé le 7 octobre 1971, qui disait: "L'action du ministère
des Terres et Forêts en matière d'éducation en conservation
s'étendra et pourra se faire dans les programmes suivants: 1 )
Constitution d'une banque de matériel éducatif et de
vulgarisation; 2) Aide technique à l'établissement de stations
écologiques et de sentiers d'initiation à l'écologie; 3)
Assistance aux nombreux organismes oeuvrant dans le domaine de
l'éducation en conservation; 4) Collaboration avec les divers agents
ministériels de protection de l'environnement et, finalement,
établissement de réserves forestières
intégrales".
M. le Président, bien sûr, il y a peut-être des
points faibles où ça peut paraître confus actuellement
quant à l'élaboration de certains projets de loi et à la
planification globale. Cela fait des années et des années que
j'entends parler de planification globale, d'aménagement du territoire,
tout ça. Personnellement, tant que ça ne sera pas devenu une
réalité, je suis parfaitement conscient, de même que les
gens de l'Opposition, qu'il faut continuer à le demander, à
l'exiger et à souhaiter justement une planification globale.
Mais étant réaliste, ayant les deux pieds sur terre,
même si globalement tout n'est pas parfait, je me réjouis, en tout
cas, que même une particule ou une partie du gouvernement ou d'un
ministère s'intéresse à ce qui est l'avenir dans notre
société: le plein air, la pleine nature. Je me réjouis
quand je vois aujourd'hui des choses qui n'existaient même pas il y a
quelques années à peine, quand je vois que des ministères
se donnent la peine d'engager des hauts fonctionnaires, d'engager des
spécialistes dans des sciences ou dans des secteurs comme
l'écologie dont on ne connaissait même pas, sauf les plus
instruits, le vocabulaire il y a à peine quelques années. Je me
réjouis quand je pense à ces débouchés pour les
étudiants et les étudiantes de plus en plus nombreux et
nombreuses qui veulent se spécialiser dans ce secteur. Quand je pense,
par exemple, qu'à peu près partout dans le monde une des
activités les plus populaires qui existent, c'est la randonnée
pédestre, alors qu'ici encore, il n'y a pas tellement longtemps, je
pourrais citer des rapports de fonctionnaires, à l'intérieur d'un
ministère, qui disaient qu'une telle activité ça
n'existait pas, c'était presque stupide, etc.
Aujourd'hui, on se rend compte que partout dans nos forêts et dans
nos parcs la population demande des sentiers de nature. La population exige de
plus en plus la possibilité de flâner et de voir ce qui se passe
dans la nature afin de s'éloigner de tous les grands centres urbains, de
la pollution, etc.
Quand, il y a à peine une dizaine d'années, une
équipe avait rapporté à la télévision une
expression que nous venions à peine de connai"-tre et qui nous venait
d'Europe, le "ski touristique", on a presque fait rire de soi.
Je me souviens qu'en 1966, à l'occasion de commissions
parlementaires, nous disions au ministre, M. Loubier à l'époque,
qu'avant longtemps le ski de fond ou le ski touristique deviendrait au
Québec une activité des plus populaires. On pourrait le retracer
dans le journal des Débats: il y a dix ans, je disais que le
ministère de l'Industrie et du Commerce devrait peut-être faire un
inventaire et vérifier si quelques manufacturiers
québécois ne pourraient pas fabriquer des raquettes et des skis
de fond. C'est qu'on m'avait appris, quand j'étais très jeune,
que l'industrie de la chaussure avait peut-être été
l'industrie la plus considérable du Québec. On peut se poser des
questions: Pourquoi ne sommes-nous pas des exportateurs de bottines de ski?
Nous les faisons venir de tous les pays. On fait venir nos skis de fond
d'à peu près tous les pays, seule une petite quantité
étant fabriquée ici. Voilà des activités qui
s'inscrivent dans le cadre d'une loi comme celle-là, entre autres, le
ski de fond.
Dieu sait si à l'intérieur des parcs nous faisons des
efforts, Dieu sait si conjointement ou parallèlement... Je ne veux pas
discuter de la structurite ou des grandes structures. Ce qui est important, en
ce qui me concerne, c'est que nous avons que ça relève des
Terres et Forêts ou du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche
à Duchesnay une des pistes de ski de fond parmi les plus extraordinaires
d'Amérique. Nous en avons à l'intérieur des parcs, nous
commençons à en avoir dans l'entreprise privée. Nous
savons qu'il y en aura de plus en plus, que ça ne
diminuera pas. Les citoyens du Québec sont devenus des adeptes de
ce genre d'activité. Les citoyens du Québec vont exiger, comme
ceux de la Colombie-Britannique, comme ceux de l'Alberta, que de plus en plus,
le long de nos routes, on ait la possibilité de stationner l'auto pour
parcourir une piste de vingt minutes, comme c'est indiqué un peu partout
dans l'Ouest.
J'ai hâte de voir ça. Que ce soit grâce aux Terres et
Forêts, ou à la Voirie, peu importe, j'ai hâte de pouvoir
dire que les citoyens du Québec peuvent circuler à travers la
province et que, à peu près à tous les cinq ou dix milles,
une indication dise : sentier de randonnée pédestre ou sentier de
nature, cinq minutes, dix minutes, vingt minutes l'équivalent d'un mille
ou d'un mille et quart, avec difficultés grandes, moyennes ou petites,
selon qu'on sera des adeptes de la varappe, de l'escalade ou de l'alpinisme.
Voilà un peu ce qui me préoccupe, voilà ce qui
m'intéresse.
Quand je vois un ministère, comme je le disais tantôt, qui
avait en tout cas dans le milieu que je fréquente, le milieu de
la nature cette mauvaise réputation d'être composé
d'abatteurs d'arbre, je tiens pour acquis les efforts que l'on fait maintenant
pour contrôler, mieux surveiller la coupe du bois, secteur que je ne
connais absolument pas. Si le ministère a fait, dans le passé,
son possible pour ne pas détruire nos forêts ce qui,
malheureusement, est arrivé trop souvent je tiens pour acquis
qu'à l'avenir il fera son très grand possible pour
améliorer ce secteur. Qu'on cesse, dans certains milieux, de chercher la
bête noire. S'il y en a qui en trouvent dans cette loi, d'abord, le
ministre sera là pour répondre aux questions, mais le principe,
c'est, il me semble, que tout le monde dans cette Chambre devrait se faire
propagandiste de cette loi.
Quand c'est le temps de contester, quand c'est le temps d'organiser des
parades pour venir dire qu'on enlève un espace vert à tel
endroit, on est là, ordinairement, et, très souvent, on encourage
les gens à contester. Mais quand c'est positif... Est-ce qu'on va
finalement comprendre également que tout n'est pas mauvais au
Québec? Est-ce qu'on va finalement comprendre que nous avons aussi des
parcs, des réserves qui nous font honneur? Ils doivent être
améliorés, certainement, mais nous avons quand même un
potentiel existant assez extraordinaire. Quant à moi, je voterai avec
grand plaisir pour cette loi.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Est-ce qu'il y a d'autres opinants? Est-ce
que le ministre... Le député de Bellechasse.
M. Pierre Mercier
M. MERCIER: M. le Président, seulement quelques mots pour
exprimer, au nom de la population que je représente, mon accord
relativement à ce projet de loi no 57 et je ne comprends pas les
inquiétudes telles qu'exprimées, il y a quelques minutes, par le
député de Beauce-Sud, relativement à ce projet de loi.
Je voudrais, de façon particulière, féliciter le
député de Fabre pour, tout de même, les aspects qu'il a
fait ressortir, découlant d'un tel projet de loi éventuellement
et les aspects fort intéressants, relativement aux possibilités
futures que pourra présenter l'acceptation d'une telle loi.
Je crois que, pour une fois, alors qu'on a déploré dans le
passé, dans certains secteurs du Québec, des lacunes où
l'utilisation de terrains et de secteurs de territoires à d'autres fins
pour lesquelles la vocation première de ces territoires aurait
sûrement été davantage bénéfique pour la
population du Québec, alors que le gouvernement maintenant arrive avec
un projet de loi pour éviter ces lacunes du passé, l'on semble
maintenant trouver des failles ou tenter de trouver des poux à un projet
qui va justement, à l'avenir, assurer la sauvegarde, la
préservation des parties de territoires ou des secteurs de notre
province pour des fins telles que spécifiées dans l'esprit du
législateur ou du ministère qui propose cette loi.
Pour ma part, je voudrais féliciter le ministre des Terres et
Forêts pour l'excellente initiative de ce projet de loi qui rencontre les
aspirations de plusieurs associations et corps intermédiaires du
Québec, et encore une fois, je m'explique difficilement ou je ne
comprends pas les inquiétudes soulevées par le
député de Beauce-Sud, alors que le ministre prévoit
également, dans le projet de loi, la création d'un comité
consultatif pour lui suggérer certaines politiques ou
aménagements du territoire relativement à ces réserves
écologiques.
Je voudrais, en terminant, dire que c'est avec plaisir que je voterai en
faveur de ce projet de loi et félicite à nouveau le ministre des
Terres et Forêts.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Le chef de l'Opposition officielle.
M. Jacques-Yvan Morin
M. MORIN: M. le Président, je voudrais dire très
brièvement à quel point je me réjouis personnellement de
ce projet de loi, bien que je doive exprimer quelques réserves
mineures.
A la suite du Programme biologique international, le Québec s'est
rendu compte qu'il était l'un des derniers pays à ne pas avoir
été sensibilisés à cet immense mouvement, qui
traverse l'Amérique du Nord et l'Europe en ce moment et même
d'autres pays, en faveur de la conservation de la faune et de la flore.
On a dit que les Québécois et cela était
peut-être un reflet du niveau général de l'enseignement
dans ce pays n'étaient pas sensibles à la beauté
naturelle des sites et j'ai entendu
combien de fois, des gens rire d'eux-mêmes en disant que s'ils
n'avaient pas le respect notamment des arbres, c'était parce que nous
avions l'habitude de voir un ennemi derrière chaque arbre qui se
présentait. Mais je suis persuadé qu'on s'est trompé et
que les Québécois sont beaucoup plus sensibles, en fait, qu'on ne
le pense à la beauté des sites, à la conservation de la
nature.
Mais voilà, la révolution industrielle, sur laquelle les
Québécois ont eu peu de prise, révolution industrielle qui
est passée sur le Québec, comme sur toute l'Amérique du
Nord d'ailleurs, comme un rouleau compresseur, cette transformation a
saccagé la nature dans bien des régions du Québec et du
Canada.
Ce n'est pas que les gens y aient été insensibles, c'est
plutôt parce que les grands entrepreneurs ne l'étaient pas et que,
lorsqu'ils créaient une usine, leur dernier souci était de se
demander dans quelle mesure l'eau s'en trouverait polluée, le site
gâché. Et il n'est que de se promener par tout le Québec,
même en ne s'éloignant pas du Saint-Laurent, pour trouver à
tous les milles des exemples de saccage des sites, de pollution de l'eau, du
sol quand ce n'est pas de l'atmosphère.
Les Québécois n'ont jamais voulu défigurer leur
pays mais d'autres se sont chargés de le faire pour eux et cela a fini
par avoir une certaine influence sur le comportement des
Québécois. Mais si l'on retourne quelques décennies en
arrière, avant que cette révolution industrielle ne se fasse en
pagaille, on pourrait trouver au contraire la preuve que les
Québécois savaient intégrer leur vie au cadre naturel.
Je me réjouis de cette préoccupation nouvelle du
ministère; je le dis très simplement au ministre. C'est un projet
modeste certes, mais ce sera l'une des bonnes lois de cette session. Cette
préoccupation nouvelle qui, venue des Etats-Unis, où l'on s'est
rendu compte, après avoir saccagé le pays, qu'il était
grand temps d'essayer de revenir en arrière, cette préoccupation
qui s'est répandue au Québec comme une tramée de poudre,
je pense que nous devons l'appuyer; je crois que ce projet de loi vient
même un peu tard.
Les jeunes sont de plus en plus nombreux à s'intéresser
à l'écologie. Et j'ai dans ma famille même des adolescents
qui songent à s'y intéresser au point qu'ils songent à
faire des études spécialisées dans ce domaine. D'ailleurs,
mon fils n'est pas le seul. De plus en plus, on trouve des jeunes qui veulent
en quelque sorte refaire le pays, non pas effacer toutes les traces, les
cicatrices qui longtemps vont continuer à marquer son visage, mais
essayer au moins d'empêcher que les comportements du passé ne se
perpétuent dans l'avenir.
Il est grand temps qu'un tel projet de loi soit adopté. La
pollution dans les villes est telle que nos citoyens éprouvent le besoin
de s'échapper. Mais pour pouvoir s'en échapper, il faut qu'il y
ait des lieux d'accueil; il faut qu'il y ait des coins de nature au
Québec qui demeurent ce qu'ils étaient, à l'état
vierge. Comme je suis moi-même très sensible à la
beauté de la nature, comme le sont sans doute plusieurs
députés dans cette Chambre, je puis très bien imaginer
tout ce que pourront apporter ces réserves à nos citoyens dans
l'avenir.
Nous avons été négligents dans le passé, il
ne faut pas se le cacher. Nous avons été négligents au
point que le pouvoir fédéral a été obligé de
prendre des responsabilités que nous ne prenions pas. Je ne sais si le
ministre est sensible à cette dimension du problème, je ne sais
pas si l'un des motifs qui l'ont amené à présenter ce
projet de loi, était justement le fait que les fédéraux,
eux, sont en train, au nom d'impératifs qui répondent au besoin
de protéger l'écologie, de créer des parcs
fédéraux qui sont en fait des réserves
écologiques.
Je ne cherche pas à faire dire au ministre qu'il s'oppose au
pouvoir fédéral, il y en a déjà suffisamment chez
ses collègues pour se montrer velléitaires dans ce domaine.
J'apporte personnellement mon appui à ce projet de loi en le
motivant par le fait que, désormais, si le ministre donne suite à
sa loi-cadre si vraiment il a l'intention de multiplier ces
réserves écologiques il se trouvera, de fait, à
empêcher l'extension illimitée du pouvoir fédéral
sur le territoire québécois.
J'aurais souhaité que le ministre nous donne une idée un
peu plus précise des zones où il envisage de créer ces
réserves écologiques. On a parlé surtout du Grand-Nord,
dans la presse. On a mentionné, au Colloque d'études nordiques de
l'université Laval, il y a quelques mois, les territoires nordiques du
Québec, en donnant même des précisions: le mont d'Youville,
sur la rivière Chukotat, à l'est du cap Smith, Povun-gnituk, le
golfe de Richmond, la pointe Louis-XIV, les monts Otish, la péninsule de
Ministika-watin, le lac Mistassini et plusieurs autres.
Mais toutes ces réserves, que je sache, se trouvent dans les
territoires nordiques. J'eus souhaité que le ministre
peut-être voudra-t-il le faire tout à l'heure, en réplique
nous donne une idée un peu plus précise de ce qu'il
voudrait accomplir dans la vallée du Saint-Laurent, car ce n'est pas
seulement dans le Grand-Nord qu'il faudra constituer ces réserves
écologiques. Si elles sont éloignées des villes, il faudra
abandonner pour longtemps les projets qui étaient décrits, il y a
un instant, par le député de Fabre qui, lui, songeait davantage
aux loisirs et aux sports qu'à la conservation de la faune et de la
flore. Le ministre voudra peut-être, tout à l'heure, nous dire ce
qu'il en est.
M. le Président, j'ai dit que je n'avais que quelques
réserves. Il me semble que confier la sélection des sites
uniquement au pouvoir exécutif ou, en tout cas, ne pas associer le
pouvoir législatif à la création de ces zones
écologiques protégées n'est pas la bonne façon de
procéder. On souligne, depuis déjà des années, chez
les politologues, l'emprise croissante du pouvoir exécutif sur toutes
choses. Ce projet de loi vient confirmer cette tendance à confier des
ques-
tions de plus en plus importantes au pouvoir exécutif, par voie
de délégation. Ce projet de loi s'est fait attendre, ce projet de
loi est excellent, mais ne serait-il pas opportun que le ministre, au moment
où il sera prêt à créer dans les faits des
réserves écologiques, soumette ses projets à la Chambre?
Il ne va pas, évidemment, créer tout le réseau des
réserves immédiatement, mais je souhaiterais, pour ma part, que
lorsqu'un certain nombre auront été désignées, il
les apporte dans cette Chambre, afin que nous puissions lui faire des
suggestions.
La manière dont les choses se présentent actuellement ne
me paraît pas de nature à associer les Québécois au
processus de création de ces zones écologiques. Si j'ai bien
compris, tout va se passer entre technocrates, soit gouvernementaux, soit
universitaires. J'ai beaucoup d'estime pour mes collègues universitaires
mais je pense que la population devrait être dans le coup, et l'une des
façons de la mettre dans le coup, c'est que nous en débattions
ici, à l'Assemblée. Cela forcerait chaque député
à s'intéresser à la question, cela forcerait chaque
député à consulter ses commettants et nous pourrions, de
la sorte, M. le Président, en arriver à cet état de choses
souhaité par le député de Fabre, il y a un instant,
où les Québécois auraient le sentiment de rentrer dans
leur patrimoine, de se le réapproprier, au moins pour une part.
Merci.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Le député de Laviolette.
M. Prudent Carpentiei
M. CARPENTIER: M. le Président, je serai très bref dans
mes remarques. J'aimerais apporter certaines précisions concernant ce
projet de loi qui, à mon sens, est un des plus valables pour notre
société québécoise.
On entend l'Opposition critiquer constamment tout ce qui peut se faire
dans des domaines comme celui-là. Je pense qu'il faut s'arrêter
parfois et essayer de faire des analyses beaucoup plus sérieuses et
beaucoup plus avancées sur l'ensemble de ces projets qui font que notre
société constamment va de l'avant dans différents
domaines, comme le mentionnait si bien tantôt le député de
Fabre.
Certains membres de l'Opposition sont en faveur d'un pareil projet de
loi, mais sont contre, en définitive, des pouvoirs qui peuvent revenir
au ministre responsable d'un tel développement. Comment pourrions-nous
essayer d'effectuer un pareil changement et d'appliquer une loi aussi
nécessaire que celle-là sans, du même coup, conférer
au ministre concerné les responsabilités que comporte un pareil
projet de loi?
J'entendais également tantôt le chef de l'Opposition qui
parlait de certains saccages que nous avons connus dans la province de
Québec, soit en polluant l'eau, le sol, l'air, les forêts ou en
essayant de détruire constamment nos forêts. Je voyais très
bien, à travers sa pensée, qu'il parlait de nos compagnies
forestières dans la province de Québec qui, à certains
moments, ont fait des coupes à blanc. J'aimerais ici apporter une
certaine précision. Dans certains coins, au point de vue de nos
forêts, il est absolument nécessaire et ceci est
conseillé par nos plus éminents ingénieurs forestiers
de faire des coupes à blanc pour avoir une
régénération, une reproduction constante sur nos
territoires québécois.
Combien de personnes ignorent cette situation! Je crois qu'il est temps
qu'on arrête un peu de charrier dans ces différents domaines pour
essayer de faire plutôt une analyse sérieuse des situations et
connaître à fond les coins où il est nécessaire de
faire de pareilles opérations. Combien de nos compagnies ont fait des
coupes sélectives sur la recommandation précise du
ministère des Terres et Forêts, ce qui a contribué au
développement chez nous de nos industries de pâtes et papiers.
Nous voyons progresser actuellement cette régénération
dans nos forêts. Mais il y en a plusieurs, à mon sens, qui
oublient facilement ce genre d'opérations. Encore là, je crois
qu'il faudrait s'arrêter un petit moment et analyser d'une façon
beaucoup plus sérieuse ces données que l'on lance parfois sans
étude préalable.
Pour ce qui est de la pollution de l'eau, du sol et de l'air, je
comprends que, depuis que la province de Québec existe, un mouvement
industriel s'est fait connaître de façon extraordinaire dans notre
province. Est-ce que nous allons commencer à changer, du soir au matin,
tout ce qu'il peut y avoir d'industries dans nos régions respectives
pour essayer de réduire la fumée qui peut s'échapper de
nos usines ou le surplus d'eaux usées qui s'en va dans nos
rivières? Est-ce qu'on va essayer d'empêcher sur le plan
industriel tout ce qui peut se passer?
Evidemment, il y a des investissements extraordinaires, à mon
sens, à faire dans ce domaine. Je crois que nous devons féliciter
le ministre responsable de l'environnement pour l'effort constant qu'il a fait
depuis que ce ministère a été formé, effort qui a
donné dans bien des cas des résultats vraiment tangibles et
efficaces. Je crois que quelque chose a été fait dans ce domaine
et qu'il ne faudrait pas essayer de toujours associer à cette pollution
tout ce qui peut s'y rattacher. Je crois que c'est là un peu peine
perdue. Nous devons, au contraire, essayer d'étudier ensemble les
interventions qui s'imposent dans certains domaines. Je pense qu'il faudrait
s'arrêter parfois de parler du saccage dont certains aiment tant à
parler.
Une autre remarque. J'aimerais féliciter le chef de l'Opposition
pour avoir mentionné tantôt l'implantation de parcs nationaux dans
la province de Québec.
Je me souviens combien de ses collègues, lorsque nous avons vu
l'installation de ces parcs
nationaux, se sont débattus farouchement contre leur
implantation. Eh! bien, je dois le féliciter parce qu'aujourd'hui il
nous a dit qu'il était satisfait de l'implantation des parcs nationaux
dans la province de Québec.
M. MORIN: C'est une curieuse interprétation, cela.
M. CARPENTIER: Nous devrions également mentionner, M. le
Président, les efforts constants de l'industrie privée pour
développer chez nous ces centres écologiques. Je pourrais vous
apporter plusieurs exemples, M. le Président. Franchement, lorsque l'on
voit l'industrie privée s'aventurer en dépensant des sommes fort
considérables pour bâtir chez nous, dans nos régions
respectives, des centres de ski ou encore des centres de plein air, je crois
que nous devons rendre hommage à ces gens parce que, conscients de leurs
responsabilités, ils vont de l'avant dans ce domaine, et cela vient
précisément rejoindre les buts du ministre actuel pour
bâtir chez nous ce dont nous avons besoin.
Je pense que les gens du Québec sont conscients de leurs
responsabilités dans ce domaine. Comme l'a mentionné si bien le
député de Fabre tantôt, je crois que ces centres
d'écologie sont absolument nécessaires dans nos régions et
je suis persuadé qu'avec une telle loi, avec les pouvoirs qui seront
conférés au ministre par l'entremise du lieutenant-gouverneur en
conseil, cette loi rendra d'innombrables services à l'ensemble de la
population. Je vous dis, M. le Président, que je serai pour ce projet de
loi.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Le ministre veut-il exercer son droit de
réplique pour clore le débat?
M. Kevin Drummond
M. DRUMMOND: Oui. M. le Président, je veux remercier tous ceux
qui ont participé à ce débat de deuxième lecture.
Je pense que globalement cela a été fait d'une façon
très positive. J'ai remarqué un appui quasiment total en ce qui
concerne ce projet de loi et je veux quand même répondre à
certaines questions qui ont été posées pendant les
discours.
Le député de Saguenay semblait essayer de provoquer une
crise entre le ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche
et le ministère des Terres et Forêts en ce qui concerne ce projet
de loi et en ce qui concerne l'administration de la loi. Je veux dire tout
simplement que ce n'est pas le cas du tout, car on avait accepté ce
projet de loi au niveau de l'OPDQ et le ministre du Tourisme était bien
d'accord là-dessus. On a aussi posé la question: Pourquoi le
ministère des Terres et Forêts est-il arrivé avec
l'administration de cette loi? Je pense que cela relève du fait que
c'était inclus dans la politique forestière lorsque cela a
été discuté et que les mémoires ont
été soumis à la commission. Pendant les discussions, cela
a été considéré comme faisant partie
intégrale de la politique forestière et on a
procédé de cette façon.
Je suis prêt à admettre, M. le Président, que cela
aurait été formidable si on avait, en même temps que cette
loi-ci, des lois plus globales en ce qui concerne l'aménagement de tout
le territoire québécois. Les lois qui concernent ce
problème sont en discussion actuellement, mais il a été
jugé par le comité qu'il était logique de procéder
quand même avec la Loi sur les réserves écologiques parce
que cela ne brisait aucune décision à laquelle on va arriver en
ce qui concerne l'arbitrage vis-à-vis de l'aménagement du
territoire, étant donné que nos actions porteront vraiment sur
des superficies restreintes.
Alors, le grand problème ne se pose pas. C'est pour cette raison
que c'était jugé prioritaire de procéder aussi vite que
possible avec la loi sur les réserves écologiques. Il semble que
j'ai reçu une attaque sur deux fronts, du député de
Sauvé et du député de Saguenay, en ce qui concerne la
participation de la commission parlementaire concernant, d'un
côté, la mise en place des réserves écologiques et,
dans l'autre cas, demandant si on veut abolir en partie ou en entier une
réserve écologique. Je pense franchement qu'en ce qui concerne
l'installation des réserves écologiques ça ne pose pas
grand problème dans cette matière, parce que je pense que le
comité consultatif peut faire son devoir à cet égard de
façon très efficace et que les résultats seront bien
reçus par tout le monde.
Par contre, je pense que le député de Saguenay
soulève une question probablement plus vitale. En effet, si on
établit une réserve écologique on le fait
sérieusement et on ne prend pas à la légère
n'importe quelle abolition ou n'importe quelle diminution d'un territoire pour
une réserve écologique. Je pense que peut-être il a raison
et je vais penser à cela entre le moment de la suspension et la reprise
de l'étude en commission. De fait, peut-être ce serait louable de
préconiser une commission parlementaire si on veut abolir en tout ou en
partie une réserve écologique.
Si on arrive à ça, je ne pense pas que ce serait
nécessaire de mettre quelque chose dans la loi concernant les annonces
dans les journaux régionaux, parce que je pense que cela va de soi. Il y
avait aussi des questions en ce qui concernerait la responsabilité pour
la surveillance. Si une réserve se trouve à l'intérieur
d'un parc ou d'une réserve, ce serait le ministère du Tourisme
qui serait responsable pour la surveillance. Dans une concession
forestière ou une forêt domaniale, ce serait le ministère
des Terres et Forêts. On peut préconiser que, dans certaines
autres zones, ça pourrait être partagé ou fait par les
municipalités et nous. Cela va varier selon les circonstances.
Le député de Sauvé et je pense bien le
député de Beauce-Sud avaient demandé où vont
se trouver, où seront situées ces réserves. C'est
difficile pour moi d'y répondre, évidemment, parce que ces
réserves seront établies selon les études du comité
consultatif. Alors, je ne peux pas répondre, mais je peux dire, comme
j'avais dit dans mon discours, au commencement, que c'est très logique,
évidemment, on va commencer avec les études déjà
effectuées à l'intérieur du PBI. Alors, ça nous
donne un point de départ pour les études et le travail. Ce n'est
pas à moi de dire où on va les situer.
Je pense que ça relève de ce comité de faire les
recommandations au gouvernement. Je pense que ça termine mon
intervention à ce moment-ci. Je veux encore remercier tous ceux qui ont
contribué d'une façon positive au débat. Je pense vraiment
que c'est une loi qui est très importante en ce qui concerne les
directions que prend le gouvernement.
Merci.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Est-ce que la motion de deuxième
lecture du bill 57 est adoptée?
Adopté.
LE SECRETAIRE ADJOINT: Deuxième lecture de ce projet de loi.
Second reading of this bill.
UNE VOIX: Vote enregistré.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Vous n'êtes pas cinq.
M. SAMSON: Si on ne peut pas avoir un vote enregistré, on
pourrait au moins demander que ce soit adopté sur division.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Sur division.
M. SAMSON: Bien, écoutez, si vous consentez à un vote
enregistré de l'autre côté.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Oui, adopté sur division.
M. SAMSON: On a demandé un vote enregistré, mais on n'est
pas cinq.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): On n'est pas cinq.
M. SAMSON: Si on avait la collaboration du parti ministériel, on
pourrait le prendre.
UNE VOIX: Non!
M. SAMSON: Comment non?
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): C'est adopté, c'est fini.
M. SAMSON: Cela vous en prend seulement trois autres.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Adopté. Est-ce qu'on va en
commission plénière ou en commission élue?
M. SAMSON: La prochaine fois qu'il va vous en manquer pour un vote
enregistré, on ne vous aidera pas!
M. BIENVENUE: M. le Président, je fais motion pour que vous
quittiez maintenant le fauteuil, avec tout le respect que je vous dois, et que
nous formions la commission plénière pour étudier ce
projet de loi article par article.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): La motion, pour que je quitte maintenant
le fauteuil afin de former la commission plénière, est-elle
adoptée?
Adopté?
Commission plénière
M. PILOTE (président de la commission plénière): A
l'ordre, messieurs! Article 1, adopté. L'honorable député
de Beauce-Sud.
M. ROY: Concernant l'article 2, M. le Président, dans le projet
de loi 57, le projet de loi qui concerne les réserves
écologiques, il faut dire que ce projet de loi n'oblige pas le ministre
à en créer. Il peut en créer. C'est différent. On
vient d'accepter le principe du projet de loi concernant les réserves
écologiques. Je suis bien d'accord, je l'ai dit, tout à l'heure,
que nous étions d'accord qu'il y en ait, des réserves. L'article
2 se lit comme suit: "Le lieutenant-gouverneur en conseil peut, par
règlement, constituer en réserve écologique tout
territoire composé de terres publiques s'il est d'avis que cette mesure
est nécessaire pour: a) conserver ce territoire à l'état
naturel;" etc, etc. J'aimerais savoir du ministre aujourd'hui combien de
territoires le ministre compte-t-il établir dans un avenir
rapproché? Est-ce qu'il y a une planification préparée au
ministère des Terres et Forêts? Est-ce qu'il y a un plan
d'aménagement comme tel? J'aimerais, avant d'aller plus loin, avoir ces
explications.
M. DRUMMOND: M. le Président, quand j'ai exercé mon droit
de réplique et pendant mon discours j'ai dit que, comme base, au
départ, le comité qu'on va établir étudierait
probablement, en premier lieu, les recommandations faites dans le cadre du
Programme biologique international et, je pense bien, ces sites dont les noms
auront été publiés. Ce seront ces sites qui seront en
discussion.
Je pense, à ce moment-ci, qu'il y a 84 sites définis et
supervisés sur environ un total de 3,000 milles carrés. Alors ce
serait la base pour l'étude du comité.
M. ROY: Dans le rapport du Programme biologique international, le PBI,
on parle de 116 emplacements potentiels de réserves écologiques,
3,044 milles carrés de territoire, soit 0.5 p.c. du territoire
québécois. Le ministre nous parle de 86 territoires.
M. DRUMMOND: Disons 83, 84 territoires qu'on va étudier.
M. ROY: 84 territoires que vous avez étudiés.
M. DRUMMOND: C'est une base pour l'étude du comité
consultatif. Cela ne veut pas dire qu'ils vont tous les recommander au
gouvernement, mais cela donne une indication de l'inventaire déjà
effectué sur lequel on va travailler.
M. ROY: Quel est le calendrier d'exécution, de mise en place?
Quel est l'échéancier du ministère?
M. DRUMMOND: Aussitôt qu'on pourra établir le comité
consultatif, on va commencer la rédaction des règlements. Le
programme tel qu'on le voit actuellement, ce sera probablement dans cinq
ans.
Il faudrait probablement cinq ans avant que tout le réseau soit
mis en place. Ce serait peut-être logique, mais cela va aller de cette
façon. Je ne peux pas préciser davantage à ce moment-ci,
parce que cela relève du comité de faire son propre travail.
Alors, c'est ça qui entre en ligne de compte.
LE PRESIDENT (M. Pilote): L'article 2 est adopté? Adopté.
Article 3?
UNE VOIX: Adopté.
M. ROY: L'article 3, M. le Président, j'en ai parlé tout
à l'heure. "S'il juge qu'un terrain privé est nécessaire
pour la constitution d'une réserve écologique, son agrandissement
ou son maintien, le lieutenant-gouverneur en conseil peut, aux conditions qu'il
détermine, autoriser le ministre à l'acquérir de
gré à gré, par échange ou par expropriation".
Je n'ai pas précisé d'amendement comme tel, je n'en ai pas
préparé, non plus. Je demande au ministre, qui a ses conseillers
juridiques et les principaux fonctionnaires de son ministère avec lui,
de nous dire s'il ne serait pas préférable, de façon
à donner les meilleures garanties possible aux personnes qui peuvent
être expropriées en vertu des dispositions de cet article, que le
ministère des Terres et Forêts doive faire son expropriation en
tenant compte des dispositions de la Loi de l'expropriation, qui a
été adoptée il n'y a pas tellement longtemps à
l'Assemblée nationale et qui a été
réamendée, mais qui n'est pas encore obligatoire au
Québec? Est-ce que ce ne serait pas un bon moyen, à ce moment-ci,
d'ajouter, après le mot "expro- priation", selon les dispositions de la
loi... Je ne me souviens pas du chapitre de la loi.
M. DRUMMOND: M. le Président, il semble que, selon le "wording"
de l'article, aussitôt que les dispositions de la loi en question sur
l'expropriation seront proclamées, ces dispositions tomberont et que les
autres seront appliquées. Alors, cela est contenu dans ça.
M. ROY: Je m'excuse, mais il y a du bruit dans l'Assemblée
nationale. Je ne voudrais pas insister davantage, mais j'aimerais que le
ministre puisse répéter ce qu'il vient de nous dire.
M. DRUMMOND: Grosso modo, lorsque tous les articles de la Loi de
l'expropriation seront proclamés, ce sera cette loi qui sera
appliquée automatiquement.
M. ROY: Le ministre nous donne la certitude qu'automatiquement, c'est la
Loi de l'expropriation qui sera appliquée.
M..DRUMMOND: C'est cela, lorsque ce sera proclamé.
M. ROY: Parfait.
M. DRUMMOND: D'accord?
M. ROY: Parfait. Je le remercie. C'est que dans d'autres
ministères, par exemple, la loi n'est pas encore appliquée et
c'est la raison pour laquelle j'ai posé ma question. Cette loi a
été bien adoptée par l'Assemblée nationale et elle
répond à des besoins... Alors je suis bien heureux, en ce qui me
concerne, que le ministère des Terres et Forêts l'utilise, s'en
prévale.
LE PRESIDENT (M. Pilote): L'article 3 est-il adopté?
Adopté. Article 4?
M. ROY: M. le Président, sur les terrains privés, c'est
justement là que j'ai des réserves: "Le lieutenant-gouverneur en
conseil peut aussi, aux conditions qu'il détermine, autoriser le
ministre à acquérir des droits réels ou personnels sur des
terrains privés afin de faciliter l'utilisation d'une réserve
écologique."
Etant donné que la loi est adoptée en deuxième
lecture, M. le Président, j'aimerais savoir s'il n'y aurait pas lieu,
s'il ne serait pas d'intérêt public, compte tenu de ce que j'ai
dit tout à l'heure en deuxième lecture, qu'il y ait des
dispositions dans cet article à l'effet que lorsqu'il s'agit
d'expropriations de terrains privés, le tout devrait être soumis
au lieutenant-gouverneur en conseil par un arrêté en conseil et
non pas uniquement au niveau d'une décision administrative, au sein
même du ministère.
Lorsqu'on parle d'expropriations de terrains privés, je trouve
que c'est extrêmement sérieux.
II faut quand même avoir le minimum de garanties
nécessaires pour éviter qu'il y ait des abus.
M. le Président, je veux bien être honnête avec le
ministre. Nous adoptons une loi qui va être en vigueur l'an prochain,
dans deux ans, dans trois ans, peut-être dans cinq ans, peut-être
dans dix ans, si le gouvernement n'apporte pas d'amendement devant la Chambre.
Je ne dis pas que le ministre va être ministre dix ans, là. C'est
justement le problème. Si le ministre n'est pas ministre dix ans, prend
des engagements aujourd'hui, autrement dit, lui, pendant qu'il est là,
il ne peut quand même pas s'engager au nom de ses successeurs au
ministère.
Alors pour éviter tous les abus, éviter une
quantité d'abus qui peuvent être possibles je ne dis pas que
le ministre a l'intention d'en faire, je fais la nuance et je pense que c'est
important que lorsque le gouvernement devra avoir recours à
l'expropriation, que le bordereau ou la liste des expropriations soit soumis au
lieutenant-gouverneur en conseil et que cela fasse l'objet d'un
arrêté en conseil.
M. DRUMMOND: Je ne comprends pas moi-même non plus toute l'ampleur
de la question.
M. ROY: Quand le gouvernement décide d'accorder une subvention
à une entreprise, il faut un arrêté en conseil dans lequel
on donne le nom de l'entreprise et le montant de la subvention. Vous
m'expliquerez que ce n'est pas discrétionnaire uniquement au niveau du
ministère comme tel ou de la régie interne, de l'administration
interne du ministère, mais que ça doit faire l'objet d'un
arrêté en conseil.
Ce que je demande au ministre, c'est que, lorsqu'il sera
nécessaire d'avoir recours à l'expropriation, il soit obligatoire
d'avoir recours à un arrêté en conseil.
M. DRUMMOND: II faudrait un arrêté en conseil, par
définition, pour que le lieutenant-gouverneur donne son accord.
M. ROY: Dans l'article de la loi, le lieutenant-gouverneur en conseil
peut aussi, aux conditions qu'il détermine, autoriser le ministre
à acquérir des droits réels ou personnels sur des terrains
privés afin de faciliter l'utilisation d'une réserve
écologique.
M. DRUMMOND: Je pense que...
M. ROY: ... Acquérir des droits réels ou personnels sur
des terrains privés. Le ministre se fait autoriser. S'il reçoit
une autorisation globale, c'est la distinction que je veux faire, il peut
recevoir une autorisation globale alors que, dans l'arrêté en
conseil, j'estime qu'il serait nécessaire que les cas
d'expropriation...
M. DRUMMOND: M. le Président, si vous lisez l'article 3
déjà adopté, vous avez votre réponse.
M. ROY: Un instant.
Le ministre interprète les dispositions de l'article 3 à
l'effet que chaque cas d'expropriation fait déjà l'objet d'un
arrêté en conseil. Il peut y avoir un ou plusieurs cas dans chacun
des arrêtés en conseil.
M. DRUMMOND: C'est cela.
M. ROY: Ce n'était pas l'interprétation que je donnais
personnellement à cet article. Je voyais plutôt une autorisation
globale plutôt qu'une autorisation particulière.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Article 4, adopté.
Article 5?
L'honorable député de Saguenay.
M. LESSARD: M. le Président, à l'article 5, je suis
heureux d'abord de constater que le ministre est prêt à
étudier la proposition que je lui avais soumise au cours de la
discussion en deuxième lecture. Le ministre m'avait indiqué
je ne sais pas si je devrais parler pendant quatre minutes pour lui
permettre de réfléchir qu'il y penserait lors de la
période de suspension de l'Assemblée nationale. Cependant, je
voudrais que le ministre, puisque cette période va lui permettre de
réfléchir, analyse la possibilité suivante: D'abord,
d'après un exemple concret, quand c'est publié exclusivement dans
la Gazette officielle, bien souvent on se réveille en retard. Même
comme député, je peux vous donner un exemple bien concret. Il est
arrivé une demande d'augmentation de tarif concernant une compagnie de
transport chez nous qui touchait toute la population qui était
directement impliquée et, malheureusement, on a vu cela en retard parce
que ce n'est pas tout le monde qui lit la Gazette officielle. Même les
députés ne peuvent pas toujours en prendre connaissance.
Je pense que dans un cas comme celui-là, on pourrait non
seulement le publier dans la Gazette officielle mais, comme ces réserves
écologiques s'inscrivent à l'intérieur d'une région
déterminée, le publier dans les journaux régionaux. Je
n'irais pas jusqu'à exiger du ministre qu'il y ait automatiquement la
convocation d'une commission parlementaire, mais si on fait la publication dans
la Gazette officielle et dans les journaux régionaux et qu'il arrive
justement que, suite à cette publicité, un organisme ou un
individu proteste ou s'oppose, je dirais que le ministre devrait convoquer la
commission parlementaire.
C'est d'ailleurs l'objectif poursuivi par les fonctionnaires du
ministère des Terres et Forêts, je pense, qui avaient
préparé un avant-projet de loi, lorsqu'ils disaient à
l'article 14 de cet avant-projet de loi: Le ministre est tenu de donner avis
dans la Gazette officielle je vais plus loin que cela, et je dis aussi
dans les journaux régionaux qui couvrent le territoire concerné
et toute personne intéressée peut
dans un délai... Cela, le ministre le donne au paragraphe c)
"accordé un délai de trente jours à compter de la
publication de cet avis pour permettre aux intéressés de lui
transmettre leur opposition écrite".
J'ajouterais un paragraphe d), vous le rédigerez comme vous le
voudrez, c'est votre problème, je ne suis pas avocat, je ne veux pas
l'être non plus parce que cela complique souvent bien plus que ça
éclaire la situation. Lorsqu'il y a opposition, le ministre doit tenir
une audition publique pour permettre à toutes les parties de se faire
entendre. Cette audition publique ne peut avoir lieu que trente jours
après la publication de l'avis public prévu au paragraphe
concerné. Le ministre est certainement au courant des accrocs qu'on a
faits à la Loi des parcs et réserves du Québec.
C'était peut-être pour des bonnes intentions. Je ne doute pas, M.
le Président, qu'il puisse arriver qu'on doive modifier le territoire
d'une réserve écologique ou qu'on doive permettre l'exploitation
peut-être des ressources de ce territoire, mais je dis, par exemple, que
les populations concernées devraient au moins avoir la
possibilité de se faire entendre. Et l'exemple, je pense, le plus
frappant, qui illustre le mieux la situation ç'a été
lorsqu'est arrivé le problème de la Jacques-Cartier.
Je termine sur ces mots, M. le Président, en espérant que
le ministre pourra réfléchir, au cours de la période du
dîner, afin de nous arriver avec un amendement qui correspondrait
à l'esprit de l'amendement que je viens de lui soumettre.
M. ROY: M. le Président, il est six heures.
M. LEVESQUE: Un instant. M. le Président, puis-je vous demander
de faire rapport?
M. PILOTE (président de la commission plénière): M.
le Président, j'ai l'honneur de faire rapport que la commission n'a pas
fini de délibérer et demande la permission de siéger
à nouveau.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Houde, Limoilou): Quand
siégera-t-elle?
M. LEVESQUE: Bientôt, vous allez voir. Dans un instant. Juste pour
la suspension. M. le Président, tel que convenu, je demanderais de
revenir au dépôt de rapports de commissions élues.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Houde, Limoilou): Adopté.
M. LEVESQUE: Non, un instant.
M. BURNS: II faut savoir ce qu'on adopte.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Houde, Limoilou): Le député de
Portneuf.
Rapport sur le projet de loi no 4
M. PAGE: M. le Président, au nom du député de
Taschereau, qu'il me soit permis de déposer le rapport de la commission
de l'industrie et du commerce, du tourisme, de la chasse et de la pêche
qui a siégé le mercredi 11 décembre aux fins
d'étudier le projet de loi no 4, Loi constituant la
Société Inter-Port de Québec, dont elle a adopté
tous les articles avec leurs amendements.
M. BURNS: Question de règlement. Il y a des étrangers dans
la Chambre, M. le Président, je vous demande de le constater.
M. HARDY: Le député de Maisonneuve devient
traditionaliste, c'est bien; il s'améliore.
M. BURNS: Le siège d'où vous parlez est un siège
étranger.
M. LEVESQUE: M. le Président, je vais vous demander, à
l'instant, de quitter votre fauteuil pour que la Chambre se forme de nouveau en
commission plénière. Je suggérerais la suspension pour que
nous reprenions nos travaux à huit heures quinze et que nous continuions
en commission plénière ce que nous avons commencé. Par la
suite, nous pourrons poursuivre l'étude du budget supplémentaire,
si tout le monde est d'accord.
M. BURNS: Quel ministère?
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Houde, Limoilou): Le leader du
gouvernement...
M. LEVESQUE: Un instant, s'il vous plaît! M. BURNS: Quel
ministère?
M. LEVESQUE: II y a les Finances, les Affaires culturelles,
l'Agriculture et les Affaires sociales, s'ils ont terminé en bas.
M. ROY: J'aimerais savoir si c'est l'intention du gouvernement d'aller
au-delà de la limite prévue par le règlement. Si ma
mémoire est bonne, il ne nous en reste même pas pour deux heures.
Il nous resterait à peu près deux heures. Est-ce que ça
veut dire que ça pourrait aller au-delà de la limite de temps
prévue?
M. LEVESQUE: Je ne veux pas parler au nom du ministre des Finances. Le
député de Beauce-Sud connaît le règlement. Nous
n'avons pas l'intention de poursuivre non plus...
M. ROY: Sans que ce soit indéfiniment...
M. LEVESQUE: Lorsque les huit heures réglementaires seront
terminées, vous formulerez le voeu d'avoir un prolongement et le
ministre des Finances jugera. La Chambre jugera à ce
moment-là.
M. le Président... Ah! vous êtes encore là? Vous
avez changé de mine, un peu, M. le Président. Je propose...
M. BURNS: Vous avez meilleure mine que tout à l'heure, M. le
Président.
M. LEVESQUE: M. le Président, je propose que vous quittiez
maintenant le fauteuil et que la Chambre se forme en commission
plénière.
LE PRESIDENT: Cette motion pour la formation de la commission
plénière est-elle adoptée?
M. BURNS: Adopté.
LE PRESIDENT: Adopté. L'honorable député du
Lac-Saint-Jean.
M. PILOTE (président de la commission plénière): A
l'ordre, messieurs!
M. LEVESQUE: Vingt heures quinze.
LE PRESIDENT: La commission suspend ses travaux jusqu'à vingt
heures quinze.
(Suspension de la séance à 18 h 5)
Reprise de la séance à 20 h 27
Projet de loi no 57 Commission plénière
(suite)
LE PRESIDENT (M. Pilote): A l'ordre, messieurs! Nous étions
à étudier, article par article, le projet de loi no 57, Loi sur
les réserves écologiques. Nous étions rendus à
l'article 5. Le député de Saguenay présentait un
amendement à l'article 5.
M. HARVEY (Charlesbourg): M. le Président, certainement que le
député de Saguenay me permettra, puisque j'ai l'honneur de
revendiquer d'être le député honoraire de Bellechasse, de
saluer dans les galeries une forte représentation du beau et grand
comté de Bellechasse, représentée par M. Mercier.
M. MERCIER: M. le Président, avec votre permission, je ne veux
pas utiliser une question de privilège, mais comme le
député de Charlesbourg vient de le mentionner, je savais que le
règlement me défendait de le faire, c'est pour cela que je me
suis abstenu de saluer cette délégation de mon comté,
comptant évidemment des collaborateurs précieux, en compagnie de
leurs charmantes épouses. Alors, je leur souhaite la plus cordiale
bienvenue à l'Assemblée nationale.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Je voudrais rappeler au député
de Charlesbourg...
M. LESSARD: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Pilote): ... et également au
député de Bellechasse qu'il est interdit de faire des salutations
semblables, mais je salue personnellement les gens de Bellechasse.
M. LESSARD: C'est ça, M. le Président, même le
président est en dehors des règlements.
De toute façon, M. le Président, cela me fait plaisir de
saluer les gens de Bellechasse.
M. le Président, je n'ai pas présenté d'amendement.
J'ai soumis une suggestion au ministre des Terres et Forêts concernant
les modifications qui pourraient avoir lieu en ce qui concerne les
réserves écologiques. J'aimerais connaître, avant
d'intervenir, la réponse du ministre. Est-ce que le ministre est
d'accord sur ma proposition qui était celle-ci: Lorsqu'il y a opposition
après publication dans la Gazette officielle du Québec,
publication dans les journaux régionaux, alors, lorsqu'il y a
opposition, le ministre doit tenir une audition publique pour permettre
à toutes les parties de se faire entendre? Cette audition publique ne
peut avoir lieu que 30 jours après la publication de l'avis public
prévu. On le dit au paragraphe 2, mais dans l'article, en fait, on
devrait le dire normalement dans le projet de loi, au paragra-
phe 5. J'ai soumis cette proposition au ministre. J'aimerais savoir
quelles raisons forcent le ministre à refuser, semble-t-il, en tout cas,
cet amendement.
M. DRUMMOND: M. le Président, ce n'est pas un refus en ce qui
concerne le principe. Cela semble surtout être une question
légale. Je veux d'abord dire que le député de Saguenay
avait suggéré un amendement en ce qui concerne la publication
dans un ou des journaux de la région affectée.
A cet égard, je pense bien qu'on peut suggérer une
modification qui se lirait comme suit: "Que l'alinéa b) de l'article 5
est remplacé par le suivant: b) donné avis de l'intention
d'abolir la réserve écologique ou d'en modifier les limites dans
la Gazette officielle du Québec ainsi que dans un ou deux journaux
publiés dans la région concernée ou, à
défaut de journaux publiés dans cette région, dans un ou
deux journaux publiés dans la région la plus voisine." Je pense
qu'en ce qui concerne cette suggestion, cela marcherait.
En ce qui concerne la nécessité de convoquer la commission
parlementaire ou d'avoir des audiences publiques s'il y a objection, je suis
informé par les légistes que cela ne tient pas au point de vue
légal. Je ne suis pas un grand légiste dans cela, mais je sais
bien que si, quand il y a des objections, n'importe quel ministre, qui est
responsable neuf fois sur dix, doit faire convoquer la commission
parlementaire, à cause du fait que c'est quelque chose d'assez grave, il
semble qu'au point de vue légal il y a des problèmes. Si on ne
siège pas, où sera publiée la convocation de la commission
parlementaire? Je pense qu'on fait la moitié de la distance au point de
vue du projet de loi en préconisant la publication dans les journaux de
la région. Mais au point de vue légal, au point de vue de
l'application du projet de loi, ce n'est pas le ministre qui peut convoquer une
commission parlementaire.
C'est le leader du gouvernement qui a cette responsabilité. En ce
qui concerne la mise en application et la protection, dans la loi, je pense que
l'amendement qu'on apporte sert les fins que l'on poursuit.
M.LESSARD: M. le Président, la seule réponse que je
reçois du ministre, c'est que cela ne se tient pas au point de vue.
juridique. J'aimerais savoir, du ministre, qui fait la loi. A ce que je sache,
nous sommes dans une Législature et nous avons, justement, comme
responsables et comme membres de cette Législature, à faire des
lois. Toute loi que nous ferons, les légistes devront s'y soumettre.
M. le Président, je ne vois pas comment les légistes
pourraient contrevenir à une décision qui a été
prise à l'Assemblée nationale. D'ailleurs, si je propose cet
amendement, c'est qu'il existe déjà ailleurs, concernant les
parcs provinciaux. En Colombie-Britannique, par exemple, il n'y a pas une
limite de parc qui est modifiée sans qu'il y ait au préalable une
commission parlementaire.
Si je le demande, c'est justement parce que j'ai une expérience
pratique, concrète de ce qu'on a fait avec la Loi des parcs, au
Québec, qui disait à peu près la même chose que dit
le ministre, actuellement, dans son projet de loi concernant les
réserves écologiques, à savoir que dans les parcs, au
Québec, on ne pouvait pas faire d'exploitation minière, on ne
pouvait pas faire d'exploitation forestière.
M. le Président, il y a des députés qui ont
l'intention de faire des conférences! Je comprends que le
député de Bellechasse a des gens de son comté dans les
galeries, mais on continue de discuter de choses sérieuses, je
pense.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Je rappellerais le député de
Saguenay à l'ordre. Je pense que je suis capable...
M.LESSARD: Ah! vous me rappelez à l'ordre?
LE PRESIDENT (M. Pilote): Je pense que je suis capable de mener cette
Chambre.
M. LESSARD: Vous me rappelez à l'ordre?
LE PRESIDENT (M. Pilote): II suffit de s'adresser à moi.
M. LESSARD: M. le Président, avant de me rappeler à
l'ordre, je vous demanderais de rappeler à l'ordre les
députés qui parlaient pendant que j'intervenais.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Très bien. Vous vous adressez à
moi.
M. SAINDON: ... à l'ordre, c'est à lui de le faire, pas
à toi.
LE PRESIDENT (M. Pilote): La parole est au député de
Saguenay.
M. LESSARD: J'indiquais quand même au président de la
commission qu'il était difficile de discuter ce soir parce que des
députés faisaient des conférences.
LE PRESIDENT (M. Pilote): La parole est à l'honorable
député de Saguenay.
M. LESSARD: M. le Président, je disais que quand on veut faire
une véritable loi, il ne faut pas la faire sur papier, il faut
prévoir des mécanismes pour que cette loi puisse s'appliquer et
surtout pour qu'elle ne soit pas inutile par suite des pressions qui peuvent
venir soit des compagnies forestières, soit des compagnies
minières ou d'autres compagnies et qui pourraient annuler cette loi.
Nous avons eu l'occasion, à plusieurs reprises, de constater que
la loi concernant les parcs du Québec a été constamment
violée, soit parce
que le ministre des Terres et Forêts accordait un permis à
une compagnie forestière sans avoir consulté au préalable
le ministre du Tourisme de la Chasse et de la Pêche et c'est
arrivé ou encore parce que certaines compagnies
forestières détruisaient des barrages sans avoir au
préalable consulté le ministère des Richesses
naturelles.
Oui, nommez-en. La CIP sur la rivière Pentecôte a
détruit complètement un barrage et une rivière sans avoir,
au préalable, obtenu la permission du ministère des Richesses
naturelles alors que la loi dit je résume, je ne la cite pas au
texte, je ne l'ai pas ici qu'aucun barrage ne peut être
détruit ou modifié par une compagnie sans qu'elle ait, au
préalable, obtenu l'autorisation du ministère des Richesses
naturelles.
Or, la compagnie CIP a modifié sciemment un barrage je
discute toujours sur l'article 5, M. le Président et jamais le
ministère n'est intervenu pour faire corriger la situation.
Or, je dis qu'il est absolument important, lorsque nous faisons une
loi... On n'est pas ici pour s'amuser à l'Assemblée nationale, on
a eu le projet de loi no 34 concernant l'environnement et cela a donné
quoi en réalité? Cela n'a donné absolument rien. Les
compagnies continuent d'exploiter; les compagnies continuent...
M. CARPENTIER: M. le Président, est-ce que le
député me permettrait une question?
M. LESSARD: Allez-y, il n'y a pas de problème.
M. CARPENTIER: A propos de cette rivière que vous mentionnez,
avant la construction de ce barrage, est-ce que la compagnie que vous
mentionnez...
M. LESSARD: Protecteur des compagnies!
M. CARPENTIER: ... ne l'a pas retournée à son état
naturel, à ce qui existait avant? Donnez donc des explications!
M.LESSARD: Pardon? Est-ce que vous pourriez répéter? Je
n'ai pas compris.
M. CARPENTIER: Je comprends que c'est dur pour vous de comprendre.
M. LESSARD: Allez-y.
M. CARPENTIER: Qu'en était-il de cette rivière avant la
construction de ce barrage? Tout simplement, on a demandé de la
retourner à son état naturel, à ce qui existait avant.
Donnez donc des explications là-dessus avant de charrier sur n'importe
quoi.
M. LESSARD: M. le Président, vous avez entendu cet
après-midi le député de Laviolette qui a fait le
panégyrique des compagnies forestières au Québec. Je vous
dis ceci et je ne veux pas élaborer: La rivière Pentecôte
était une des belles rivières du Québec, une belle
rivière à saumon. Si la compagnie pouvait remettre la
rivière telle qu'elle était, ce serait une richesse naturelle
pour la région alors que, actuellement, c'est une rivière
complètement inutile, une rivière détruite justement par
suite d'une décision inopportune d'une compagnie forestière. Je
comprends le député, M. le Président, il a défendu
au cours de son intervention de cet après-midi les compagnies
forestières, Peut-être qu'il a eu une autre expérience chez
lui mais, chez nous, M. le Président et je ne voudrais pas y
revenir l'expérience a été beaucoup plus
dramatique. On a créé temporairement des emplois pour faire
disparaître des richesses.
Je disais, M. le Président, si on revient au projet de loi, qu'il
me semble qu'il serait absolument normal, pour pouvoir protéger le
ministre, pour pouvoir protéger le lieutenant-gouverneur en conseil, si
vous voulez, qu'on accepte la motion que j'ai présentée,
l'amendement que j'ai présenté, c'est-à-dire que lors
qu'il y a opposition, on puisse convoquer la commission parlementaire.
Le ministre me dit qu'au point de vue juridique, ce n'est pas
acceptable. Je dis que ce ne sont pas les juristes qui font la loi, ce sont les
députés de l'Assemblée nationale. Et si nous indiquons
dans la loi qu'une commission parlementaire devra être convoquée,
elle devra l'être. Cela existe ailleurs, et je l'exigerai,
d'ailleurs.
Je l'exigerai, d'ailleurs, lorsque le ministère et
j'espère que ça viendra bientôt du Tourisme, de la
Chasse et de la Pêche présentera une loi concernant les parcs au
Québec. Toutes les provinces qui ont décidé de faire une
véritable loi concernant l'aménagement du territoire ont inscrit
dans cette loi la nécessité de convoquer une commission
parlementaire. Il ne s'agit pas d'un problème juridique, il s'agit d'un
problème politique. Quand les hommes politiques, quand les
députés décideront de l'inscrire à
l'intérieur de la loi, les juristes, par la suite, devront tout
simplement s'y soumettre.
M. le Président, nous avons vécu l'expérience de la
Jacques-Cartier, II est vrai que ce n'était pas inscrit dans la loi que,
lorsqu'on modifiait un parc au Québec, il devait y avoir
nécessairement la convocation d'une commission parlementaire. Mais
à la suite de pressions populaires, le gouvernement a
décidé de convoquer la commission parlementaire. Si ce n'avait
été du réveil de différents organismes, je pense
que l'Hydro-Québec aurait gagné son point, et je pense
qu'actuellement nous aurions probablement perdu un territoire qui est
considéré comme un territoire d'une richesse inouïe, au
Québec.
Et l'Hydro-Québec l'aurait exploitée puis l'aurait
massacrée. Et si ce n'avait été justement de la commission
parlementaire qui a été convoquée par le ministre du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, ce territoire serait perdu. Alors
je dis: Protégeons donc nos réserves écologiques.
II y a un projet de loi qu'on étudie. Protégeons donc le
ministre. Je ne veux pas laisser le ministre soumis au "lobbying" des
différentes compagnies forestières comme des différentes
compagnies minières, parce que je sais que ces compagnies ont des forces
bien plus importantes, bien souvent, que les simples citoyens du Québec.
Je voudrais que le citoyen du Québec ait au moins la possibilité
de se faire entendre avant qu'on modifie une réserve
écologique.
Un autre exemple concret que je pourrais donner: dans notre
région, le ministère du Tourisme a fait disparaître 12 p.c.
c'est simplement un pourcentage de la réserve de chasse et
pêche de Baie-Comeau-Hauterive. Cela a donné quoi comme
résultat? Ces 12 p.c. étaient à peu près les 12
p.c. les plus rentables et, aujourd'hui, l'Association de chasse et pêche
de Baie-Comeau-Hauterive a tout simplement délaissé son
territoire et a donné au ministère du Tourisme, de la Chasse et
de la Pêche la responsabilité d'administrer ce territoire, avec
toutes les dépenses que ça comporte. Le problème est
justement que le ministère n'a pas pris ses responsabilités. Ce
territoire est en train de disparaître parce que le ministère n'a
pas su prendre ses responsabilités.
Moi, je n'accepterai pas je suis d'accord sur le principe du
projet de loi que ce soit un projet de loi fait sur papier. On en a
trop, des projets de loi faits sur papier. Je veux que ce soit un
véritable projet de loi, je veux que les citoyens aient la
possibilité de dire leur mot et d'intervenir auprès du ministre
la seule façon, c'est devant une commission parlementaire
pour s'opposer à l'annulation d'une réserve
écologique.
M. CARPENTIER: M. le Président... LE PRESIDENT (M. Blank):
Allez-y.
M. CARPENTIER: ... suite à l'intervention du député
de Saguenay, est-ce qu'au cours de ce débat nous sommes capables
d'oublier les efforts qui ont été faits? Il m'a rappelé,
tantôt, ce que j'ai dit cet après-midi, mais sommes-nous capables
d'oublier ce qui a été fait par l'industrie privée dans
les régions de la Côte-Nord? On oublie de parler du nombre
incalculable d'emplois qui ont été créés au cours
des dernières années par les différentes compagnies et
entreprises privées de toutes sortes. Sommes-nous capables d'oublier ce
qui s'est fait sur ces différents plans? Le développement de nos
villes, par exemple. Lorsque l'on voit, par exemple, sur la
Côte-Nord...
Le PRESIDENT (M. Blank): Je ne veux pas arrêter le
député, mais c'est un peu en dehors du sujet.
M. CARPENTIER: Je reviens à l'article, M. le Président.
Mais c'est simplement un préambu- le, comme le font si souvent les
députés de l'Opposition. Je pense que vous accepterez ce court
préambule. Je vais essayer d'être le plus bref possible, M. le
Président.
Lorsque l'on voit, par exemple, une ville comme Sept-Iles qui a
passé, dans les dix dernières années, de 8,000 de
population à 40,000, n'est-ce pas là un développement
extraordinaire dans notre province? Lorsque l'on voit Port-Cartier, par
exemple, passer de 800 de population à 4,500, depuis les
dernières années, est-ce que ce n'est pas là quelque chose
d'extraordinaire sur le plan industriel? On essaie par tous les moyens
possibles de condamner constamment le gouvernement.
M. LESSARD: M. le Président, une question de
règlement.
M. CARPENTIER: Je veux bien croire que le député de
Saguenay veut essayer d'intervenir de toutes sortes de façons, mais
jamais je n'accepterai les revendications qu'il a faites, tantôt,
concernant ce que j'ai dit cet après-midi.
LE PRESIDENT (M. Blank): Question de règlement.
M. CARPENTIER: M. le Président, je considère que le projet
de loi qui est présenté actuellement mérite toute notre
attention.
M. LESSARD: M. le Président, une question de
règlement.
LE PRESIDENT (M. Blank): A l'ordre! Une question de
règlement.
M. LESSARD: Une question de règlement, M. le
Président.
Il ne s'agit pas, M. le Président, de parler des
développements de la Côte-Nord et je pense que ces
développements peuvent se faire sans pour autant détruire ce
qu'on a déjà, sans pour autant détruire certains
sites.
LE PRESIDENT (M. Blank): Quelle est la question de règlement?
M. LESSARD: M. le Président, la question de règlement est
celle-ci. Nous avons à étudier le problème des
réserves écologiques, et l'intervention que j'ai faite concernant
l'article 5 a été à peu près la suivante: Avant
d'abolir une réserve écologique, tel que le propose le ministre
des Terres et Forêts, je voudrais simplement qu'une commission
parlementaire puisse être convoquée. C'est là qu'est le
problème fondamental, M. le Président, et ce n'est pas le
développement de la Côte-Nord dont on parle actuellement.
M. CARPENTIER: M. le Président, qu'on revienne à l'article
et qu'on discute honnêtement sur ce qui est inscrit dans le projet de
loi.
Lorsque l'on voit les développements de l'Iron Ore, qui
fournissent 8,000 emplois, Wabush Mining, 3,000 emplois, Québec Cartier
Mining, 7,000 emplois, Rayonier-Québec, 5,000 emplois...
LE PRESIDENT (M. Blank): A l'ordre! A l'ordre! ... A l'ordre! ...
M. CARPENTIER: Est-ce que ce ne sont pas là des
développements...
LE PRESIDENT (M. Blank): ... A l'ordre! ... ... A l'ordre, s'il vous
plaît ! ... Ce n'est pas dans ce projet de loi-ci qu'on discute cela.
M. LESSARD: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Blank): D'accord. Je suis d'accord, cela ne parle pas
de cette question.
M. LESSARD: M. le Président, encore une question de
règlement.
Si le député veut discuter de ces problèmes, quand
il parle de Rayonier-Québec, 5,000 emplois, on va en discuter, M. le
Président, mais pas à l'intérieur du projet de loi no
57.
LE PRESIDENT (M. Blank): D'accord.
M. VEILLEUX: M. le Président, sur la question de règlement
soulevée par le député de Saguenay. Tout à l'heure,
le député de Saguenay a parlé de tout, sauf du projet de
loi qui veut décréter certaines zones du Québec zones
écologiques ou même, à certains moments, les gens ne
pourraient pas pénétrer. Le député de Saguenay,
lui, s'est permis de parler des rivières à saumon, il s'est
permis de rappeler la loi du ministère de l'environnement.
Il veut empêcher le député de Laviolette de faire
une introduction pour contredire les propos qu'il a tenus tout à
l'heure. Je dis que le député de Laviolette est autant dans le
coeur du débat que le député de Saguenay tout à
l'heure.
Si vous voulez couper la parole au dépuré de Laviolette
là-dessus parce qu'il serait en dehors du règlement, je vous prie
de demander au député de Saguenay d'arrêter de parler des
rivières à saumon et du ministère de l'environnement et de
revenir au projet de loi.
LE PRESIDENT (M. Blank): D'accord.
M. VEILLEUX: Si vous lui donnez cette liberté, j'ose
espérer que nous, les pauvres députés du Parti
libéral, nous aurons la même liberté que les pauvres
députés du Parti québécois.
M. CARPENTIER: M. le Président, juste une simple remarque.
LE PRESIDENT (M. Blank): Est-ce que le député de
Laviolette veut discuter de l'article 5, sur la motion d'amendement
apportée par le député de Saguenay?
M. CARPENTIER: Oui, M. le Président. LE PRESIDENT (M. Blank):
D'accord.
M. CARPENTIER: Je ne peux pas concevoir qu'on permette aux
députés de l'Opposition de discuter de tout au cours de
l'étude d'un projet de loi, et qu'on nous refuse le droit de parole sur
certains points.
LE PRESIDENT (M. Blank): D'accord. Le ministre des Terres et
Forêts.
M. DRUMMOND: M. le Président, le député de Saguenay
cite, d'une certaine façon, la Colombie-Britannique comme étant
d'avant-garde en ce qui concerne leur processus et tout ça. Je trouve
qu'ils sont plus concis que nous, en Colombie-Britannique, dans leur loi. Si je
peux citer leur loi sur les réserves, les "ecological reserves"
parce que ce n'est pas bilingue là-bas l'article 3 se lit comme
suit: "The Lieutenant-Governor in Council may, by notice signed by the Minister
and published in the Gazette, establish ecological reserves of Crown land."
Article 4: "The Lieutenant-Governor in Council may, by notice signed by the
Minister and published in the Gazette, add to or cancel in its entirely or
delete any portion of an ecological reserve established under section 3."
Voilà, le ministre a tous les pouvoirs, sans consultation, en ce
qui concerne les réserves écologiques, en Colombie-Britannique.
J'essaie, depuis mon entrée... Un instant, écoutez-moi...
M. LESSARD: ...une loi des parcs et des réserves, par
exemple.
M. DRUMMOND: ...je n'ai rien dit lorsque le député de
Saguenay parlait.
LE PRESIDENT (M. Blank): A l'ordre, s'il vous plaît! A
l'ordre!
M. DRUMMOND: J'accepte bien le fait que le député de
Saguenay veuille protéger le ministre qui est responsable de
l'application de la loi. Aussi longtemps que je serai ministre, je peux me
protéger aussi bien que n'importe quelle autre personne, parce que je
pense que tout politicien a cet instinct de survie.
Et, en disant ça, je pense qu'en adoptant le projet de loi avec
la modification qu'on suggère en ce qui concerne la publication
partout,... Dans la majorité des cas, c'est le ministre qui
décide de convoquer la commission parlementaire. Mais si une personne,
qui peut être le député de Saguenay ou un autre, veut faire
des objections pour d'autres fins et si, à cause de ça, il faut
appeler une commission parlementaire, cela n'a pas de bon sens non plus, cela
devient
une question de politique au lieu d'une question de logique.
L'article 5, tel qu'amendé, n'est peut-être pas la
perfection.
Je pense toutefois que cela va donner à toute la population, dans
la région, l'occasion d'indiquer son objection et ensuite, il n'y a rien
là-dedans qui dit que le gouvernement ne peut pas appeler la commission
pour l'étudier, loin de là, parce que dans plusieurs cas,
peut-être que c'est la meilleure façon de ventiler la
question.
Alors je ne vois pas pourquoi le député de Saguenay ne
peut pas accepter l'article tel qu'amendé.
LE PRESIDENT (M. Blank): La motion est rejetée sur division.
Article 5, adopté?
M. LESSARD: Sur division, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Blank): Sur division. Adopté. Article 6?
M. LESSARD: M. le Président, à l'article 6, c'est
justement pourquoi je soulevais la question à l'article 5. Au dernier
paragraphe, on dit: "Le ministre peut toutefois, aux conditions
déterminées par règlement, permettre l'un ou l'autre des
actes ou travaux visés aux alinéas précédents pour
faciliter l'étude scientifique de l'évolution du milieu".
Encore là, c'est simplement pour souligner le fait que le
ministre a la pleine responsabilité de décision. Je comprends que
ce soit dans l'intérêt de faciliter l'étude scientifique,
mais le ministre peut utiliser cet article pour permettre à peu
près n'importe quoi à l'intérieur des réserves
écologiques.
M. DRUMMOND: M. le Président, je pense qu'on peut traduire les
choses de plusieurs façons, mais je ne pense pas que le
député de Saguenay soit contre l'article tel que
rédigé, en tout cas.
LE PRESIDENT (M. Blank): Adopté? Article 6, adopté.
Article 7?
M. LESSARD: Cela va donner du travail au ministre. L'article 7 va donner
du travail au ministre. C'est qu'à chaque fois qu'un individu ou un
groupe décide de pénétrer à l'intérieur des
réserves écologiques, il devra au préalable obtenir
l'autorisation du ministre.
M. DRUMMOND: Je pense que c'est fondamental dans toute la loi parce que,
tel que le comprend très bien le député de Saguenay, le
but, l'objectif de la loi, c'est de vraiment préserver
intégralement le milieu naturel. Alors, il faut cela. Ce n'est pas pour
le tourisme, une réserve écologique. C'est vraiment pour la
préservation du milieu. Alors c'est là pour cela.
M. LESSARD: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Article 7, adopté?
M. MORIN: Oui.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Article 8.
M. DRUMMOND: A l'article 8, M. le Président, j'ai un amendement
à suggérer. Le deuxième alinéa de l'article 8 est
remplacé par le suivant: "Le présent article ainsi que les
articles 6 et 7 s'appliquent au gouvernement du Québec et à ses
mandataires", c'est-à-dire que les articles 6 et 7 étaient
peut-être ambigus. Alors cela veut dire que la province et ses
mandataires sont comme les autres pour ce qui concerne les réserves
écologiques.
M. MORIN: Cela va.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Article 8, adopté avec
amendement. Article 9?
M. LESSARD: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Adopté. Article 10?
M. MORIN: A propos de l'article 10, M. le Président, puisque nous
abordons maintenant les institutions qui vont permettre l'établissement
de ces réserves écologiques, j'aimerais demander au ministre
comment il pense administrer ces nouvelles réserves. On nous a
expliqué, tout à l'heure, que l'objectif était la
préservation intégrale du milieu de la faune et de la flore. On
crée un Conseil consultatif qui va donner des avis au ministre, lui
permettant de créer toute une série de réserves
écologiques. Mais le ministre s'est-il interrogé sur le fardeau
administratif que cela représente? Le ministre se rend-il compte que, si
son projet de loi est sérieux et si le nombre des réserves
écologiques qui vont être créées dépasse le
moindrement la trentaine, cela entraîne un fardeau administratif
considérable qui, à mon avis, peut être pris en charge par
son ministère, mais qui devrait déjà faire l'objet d'un
souci particulier de sa part? Je me demande si le ministre s'est penché
sur la possibilité de créer un organisme
spécialisé.
Le ministre, je le sais, a des grandes qualités, mais il n'est
pas écologiste. Bien sûr, il y aura des écologistes au
conseil consultatif, mais, pour l'administration au jour le jour de ce qu'il
est en train de mettre en oeuvre, ne devrait-il pas faire appel à une
structure nouvelle confiée à des gens qui connaissent cela? Je
lui pose la question et, selon sa réponse, j'interviendrai à
nouveau ou n'interviendrai pas.
M. DRUMMOND: M. le Président, je pense que la question est
pertinente, mais je veux avouer, au commencement, que j'ai beaucoup confiance
en la qualité des fonctionnaires du ministère des Terres et
Forêts et en leur dévouement pour des projets comme celui-ci.
Je pense que la première chose, c'est évidemment la
création d'un conseil consultatif qui va comprendre des
représentants de plusieurs ministères, aussi bien que de
l'extérieur. En créant une réserve écologique, il
faudra un profil de la réserve et, dans tout cela, des recommandations
en ce qui concerne et la surveillance et les modalités
d'administration.
Ce n'est pas à dire que l'administration s'effectuera
intégralement, en tout cas, par le ministère, parce qu'au niveau
d'un parc, comme on l'a dit cet après-midi, l'administration sera
effectuée par le ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche. Alors, chaque cas peut être différent et sera
probablement différent selon les modalités, selon plusieurs
facteurs. C'est toujours facile de suggérer une nouvelle structure pour
faire fonctionner quelque chose, mais je pense que dans tout cela nous avons
des structures sur place. A cela, on ajoute le conseil consultatif qui va
suggérer comment faire l'administration et va trouver les moyens de
procéder de la façon la plus efficace.
Je dirais que c'est peut-être plus organique que
hiérarchique en établissant des lois. On va apprendre avec le
temps, mais les solutions seront différentes selon les critères
établis pour chaque réserve.
M. MORIN: M. le Président, que le ministre me comprenne bien. Si
j'ai posé la question, ce n'est pas pour lui créer des
embêtements. Comme je l'ai dit en deuxième lecture, j'approuve son
projet de loi; je m'en réjouis.
Mon intention n'est pas non plus de mettre en doute la bonne
volonté des gens qui entourent le ministre. J'ai eu l'occasion de les
voir en commission autour de vous. Je sais qu'ils sont compétents mais
ils ne sont peut-être pas écologistes. Vous allez créer un
système qui peut devenir important. J'espère que cela ne restera
pas un vain morceau de papier, comme tant d'autres lois du Québec; je
reprends là-dessus les paroles du député de Saguenay tout
à l'heure. Ce que je vous demande, c'est: Avez-vous autour de vous des
gens dont la compétence est particulière dans ce domaine? En
avez-vous des gens qui soient spécialisés dans le domaine de
l'écologie? Si vous voulez être pris au sérieux, si vous
voulez qu'on ne puisse dire que notre projet est un simple morceau de papier
qui risque de demeurer sans lendemain, il faut que vous nous disiez si vous
avez des hommes en place, s'il y a déjà des spécialistes
en écologie dans son ministère. J'aimerais que vous nous le
disiez. Vous nous dites...
M. DRUMMOND: M. le Président...
M. MORIN: Un instant, M. le ministre. Vous allez avoir tout le loisir de
me répondre. Vous nous dites: Cela ne relèvera peut-être
pas des Terres et Forêts; peut-être que le Tourisme, la Chasse et
la Pêche va s'en occuper également. Vous avez dans une autre
partie de votre discours dit que justement ce n'était pas destiné
au Tourisme, à la Chasse et à la Pêche; il s'agit justement
de réserves qui vont échapper, on le souhaite en tout cas, au
Tourisme, à la Chasse et à la Pêche et qui vont même
être fermées en principe, sauf pour des fins pédagogiques
et scientifiques. Si c'est le cas, si vous êtes sincère en nous
disant cela, vous aurez sûrement prévu un minimum de structures
pour surveiller les réserves que vous êtes en train de
créer. Dites-nous au moins combien vous avez de spécialistes dans
votre ministère pour mettre ces réserves en marche ou, alors,
nous devrons conclure que c'est un écran de fumée, que vous n'y
songez pas sérieusement.
M. DRUMMOND: M. le Président, je pense que le
député de Sauvé mêle un peu les oranges avec les
pommes, ou même peut-être...
M. LESSARD: C'est le ministre qui fait cela.
M. DRUMMOND: ... avec les patates. Il y a toujours une différence
entre "Une " et "staff". C'est au comité consultatif qu'on va trouver
l'expertise partout dans le gouvernement parce que j'ai dit au commencement que
ce n'est pas strictement une affaire des Terres et Forêts, c'est clair.
C'est interdisciplinaire, c'est interministériel; cela comprend la
communauté scientifique. Il ne s'agit de dire que nous avons X, Y ou Z
écologistes au ministère. La réussite de cette loi va
dépendre d'abord de la qualité des conseils qu'on recevra du
conseil consultatif. Ensuite, la question de l'administration va
découler de cela. On va arriver à un système
d'administration réserve par réserve. Ah! oui, c'est ce qui va
arriver.
M. LESSARD: On parle de surveillance.
M. DRUMMOND: On ne peut pas mettre des boîtes ici partout en
disant que c'est clair avant d'arriver avec une situation donnée. Il y a
une expression en architecture je m'excuse, d'autres citent de grands
savants ou la constitution en anglais qu'on va comprendre
j'espère, et qui dit "form follows function". La première chose
est donc de trouver la fonction, ensuite la forme de l'administration va suivre
logiquement. On ne peut pas établir des carrés ici et là
sans savoir ce qui va arriver à chacun. C'est cela, M. le
Président.
Je pense à cela, j'y pense souvent; les gens du ministère
prennent cela au sérieux, ils y pensent aussi. Mais ce n'est pas dire
que ce sera nécessairement facile si on parle de surveillance. C'est un
problème certain, mais le problème de
surveillance ne sera pas le même dans une région que dans
une autre. Ce n'est pas dire qu'avant d'avoir l'expérience, ce sera la
perfection. Je n'ai jamais vu la perfection, sauf dans certains discours de
deuxième lecture de certaines lois. Voilà où on voit la
perfection, mais lorsqu'on arrive dans les faits, ce n'est jamais la
perfection. Mais on va dans la bonne direction. Alors, "form follows function"
et on va y arriver.
M. MORIN: M. le Président, si tant est que les structures suivent
les fonctions, ce avec quoi je ne suis pas en désaccord au niveau des
principes, je voudrais que le ministre nous dise quand même, histoire de
nous rassurer, combien de fonctionnaires spécialisés vont
être mis à cette tâche d'ici un an ou deux.
J'imagine que, d'ici un an ou deux, la loi va être mise en oeuvre,
j'imagine qu'un certain nombre de réserves vont être
établies. Qu'il nous donne un ordre de grandeur et cela me suffira.
M. DRUMMOND: M. le Président, en ce qui concerne un ordre de
grandeur, nous avons au niveau de la conservation, au niveau de la recherche,
des services bien établis. La question est franchement de voir comment
va évoluer la chose. On préconise de dépenser
peut-être un quart de million de dollars cette année pour faire
commencer le projet un peu partout, mais si on parle du nombre de gens, de la
qualité, comme je l'avais dit, je pense que la question du
député de Sauvé est de savoir si on est sérieux ou
non.
M. LESSARD: C'est ce qu'on veut savoir. Est-ce que vous êtes
sérieux, est-ce que vous avez prévu?
M. DRUMMOND: Très bien. Oui, je suis sérieux. Je travaille
depuis longtemps à l'application et à la mise en vigueur d'une
politique forestière intégrale et je pense qu'on commence pas mal
à y arriver. Ce n'est pas encore la perfection, mais, quand même
le député de Saguenay et le leader de l'Opposition vont
l'admettre je pense bien, les démarches sont dans la bonne direction. Je
sais très bien que changer toute l'optique prend du temps et il n'est
pas question de dire qu'on aura par exemple six personnes
déléguées à cette tâche, ça ne dirait
rien.
Je veux connaître les problèmes tels qu'ils sont
posés, comment on peut y arriver de la meilleure façon. C'est
ça et je pense que c'est sérieux. Ce serait moins sérieux
si je parlais trop d'argent, si je parlais trop du personnel, des effectifs. Je
dis que la première priorité du ministère est de voir
à ce que le personnel soit bien utilisé, bien employé.
C'est un personnel compétent, alors, on va travailler de cette
façon.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): A l'ordre!
M. MORIN: En réponse au ministre, je lui dirai simplement que
nous allons suivre et que je vais personnellement suivre ce dossier de
très près, parce qu'il m'intéresse. Je voudrais demander
au ministre, dans cette perspective, pourquoi il n'est pas prévu dans le
projet de loi que son conseil consultatif fasse un rapport, à tout le
moins un rapport annuel à cette Assemblée, pour que nous sachions
ce qui se passe, que nous puissions suivre la question au moins une fois par
année et éventuellement faire des représentations au
ministre. Il me semble que les autres régies gouvernementales
à vrai dire ce n'est pas une régie que les autres
organismes gouvernementaux suivent cette pratique qui consiste à
informer la Chambre par le truchement du ministre au moins une fois par
année.
Je n'en fais pas une proposition expresse, mais le ministre ne
considérerait-il pas d'inclure dans la loi quelque chose de ce
genre?
M. DRUMMOND: Peut-être qu'au lieu de le faire inclure dans la loi,
je peux demander, parce que c'est une vraie bonne suggestion, que le
comité consultatif me fasse chaque année un rapport que le
ministre serait prêt à déposer en Chambre. C'est dans le
journal des Débats, c'est plein de bon sens et je pense que ça
donnera satisfaction au leader de l'Opposition.
M. CARPENTIER: M. le Président... M. LESSARD: M. le
Président...
M. CARPENTIER: Concernant toujours l'article 10 et suite aux remarques
très à propos du ministre responsable des Terres et Forêts,
je trouve un peu curieux, moi, que le chef de l'Opposition vienne en
contradiction avec lui-même en disant que trop de ministères
veulent s'en occuper. Au cours de l'après-midi, il disait qu'il n'y a
pas assez de monde dans la province de Québec pour s'occuper des sites
écologiques ou du moins de ce problème. Ce soir, il trouve que
trop de ministères sont impliqués dans ce système et il
contredit complètement ce qu'il a dit cet après-midi.
M. MORIN: II n'a rien compris!
M. LESSARD: M. le Président, être niaiseux ça se
confirme quand un député intervient en Chambre.
M. VEILLEUX: Surveille tes paroles.
M. LESSARD: Le député, non, je n'ai rien à retirer.
Si le député veut faire quelque chose, qu'il se rende à la
salle de lecture.
M. CARPENTIER: M. le Président, question de privilège.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Le député de
Laviolette, question de privilège.
M. CARPENTEIR: Je demande à l'honorable député de
Saguenay...
M. LESSARD: II n'y a pas de question de privilège.
M. CARPENTIER: ... de retirer ses paroles.
M. LESSARD: II n'y a pas de question de privilège, M. le
Président, en commission.
M. HARDY: Bien, voyons donc! M. LESSARD: Non, aucune.
M. CARPENTIER: Je n'accepterai jamais les propos du député
de Saguenay.
M. LESSARD: Même le ministre des Affaires culturelles nous l'a
déjà confirmé.
M. CARPENTIER: Jamais. UNE VOIX: La loi Lessard. M. CARPENTIER: Jamais,
au grand jamais!
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): A l'ordre, s'il vous plaît!
L'honorable député de Saguenay.
M. LESSARD: M. le Président, le ministre nous dit, suite à
la suggestion qui a été faite par le chef parlementaire de
l'Opposition, qu'il est prêt à accepter qu'un rapport soit
présenté au ministre et, par la suite, qu'il soit transmis
à l'Assemblée nationale. Je dis que ce n'est pas une
réponse satisfaisante dans ce sens qu'aujourd'hui le ministre, Kevin
Drummond, s'engage, devant la commission plénière, à ce
que ce soit fait mais, demain, ce pourra être un autre ministre, et ce
qui n'est pas inscrit dans la loi, on n'est pas dans l'obligation de s'y
soumettre.
Des bonnes intentions, on en a eu dans le passé. On en a eu
concernant le projet de loi no 34 encore, présenté par le
ministre des Affaires municipales, M. Goldbloom, qui a montré
d'excellentes intentions. Et après? Cela a donné quoi?
M. PERREAULT: Attendez donc les règlements.
M. LESSARD: La réponse du ministre, qui a été faite
au chef de l'Opposition, n'est absolument pas satisfaisante. Si le ministre
veut nous présenter un projet de loi qui soit efficace, qui ne soit pas
d'inutiles voeux qu'on fait constamment, depuis un certain temps, concernant
justement la protection du territoire, que le ministre inscrive, à
l'intérieur de l'article 10, la nécessité pour le
comité consultatif de présenter annuellement un rapport à
l'Assemblée nationale. Pas au ministre, à l'Assemblée
nationale, comme c'est demandé pour des organismes comme
l'Hydro-Québec ou pour d'autres organismes. Le ministre aura le choix de
nous dire oui ou non, et c'est ce qu'on demande.
En ce qui concerne maintenant l'administration du territoire,
l'administration des réserves écologiques, nous obtenons du
ministre encore des réponses insatisfaisantes. Au cours de cet
après-midi, j'ai soulevé ce problème et le ministre nous a
répondu: Quand ce sera à l'intérieur du territoire d'un
parc provincial, ce sera les employés du ministère du Tourisme,
de la Chasse et de la Pêche qui appliqueront les règlements
prévus. Quand ce sera en dehors des parcs, ce sera les employés
du ministère. Quand ce ne sera pas ni en dehors ni à
l'intérieur, ce sera d'autres employés.
Je dis que c'est le temps, justement, de le faire à l'occasion de
la discussion de ce projet de loi. C'est le temps qu'on ait un ministère
responsable de l'aménagement du territoire, au Québec. Si le
ministre des Terres et Forêts n'a pas les employés
nécessaires pour surveiller des territoires comme ceux qu'il crée
actuellement, qu'il en donne la responsabilité au ministère du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche. On veut savoir qui est responsable
de quoi. Il me semble que c'est logique, ça.
M. DRUMMOND: On a dit, en ce qui concerne l'administration, que si une
réserve écologique se trouve à l'intérieur d'un
parc, ce serait normal que l'administration de la réserve soit
confiée au ministère du Tourisme. Si c'est à
l'intérieur d'une forêt domaniale, c'est normal que ce soit...
M. LESSARD: Normal?
M. DRUMMOND: Oui, c'est normal...
M. LESSARD: Ce n'est pas normal.
M. DRUMMOND: ... que ce soit le ministère des Terres et
Forêts qui s'en occupe. Il y en aurait d'autres lorsque...
M. LESSARD: Justement.
M. DRUMMOND: ... c'est à l'intérieur d'une
municipalité, où il y aurait d'autres règles du jeu, selon
les circonstances. Je ne suis pas cartésien, moi, j'essaie de trouver
des solutions, pas de trouver des boîtes.
M. LESSARD: C'est justement, M. le Président, c'est là
qu'on voit qu'on a placé la charrue avant les boeufs.
UNE VOIX: Les"beux".
M. LESSARD: Si on avait eu une loi-cadre d'abord, concernant
l'aménagement du territoire, on saurait qui est responsable de quoi.
Actuellement, le ministre nous présente un projet de loi partiel,
un projet de loi à la pièce. Aux questions que pose le chef de
l'Opposition comme aux questions que je lui pose, le ministre nous
répond: Voici, si c'est à l'intérieur des concessions
forestières, ce sera le ministère des Terres et Forêts. Si
c'est à l'intérieur des parcs, ce sera le ministère du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche. Ceci nous démontre
justement qu'aucun ministère n'est responsable de l'aménagement
du territoire au Québec. C'est la façon dont administre ce
gouvernement. C'est justement pourquoi, au cours de cet après-midi, en
deuxième lecture, je disais que ce projet de loi, que j'accepte, parce
que vaut mieux quelque chose que rien, aurait dû être
présenté à l'intérieur d'un projet de loi qui
aurait couvert l'administration ou l'aménagement du territoire
québécois.
M. le Président, on se contente, actuellement, de la
création de quelques réserves écologiques, puis on ne sait
pas qui va être responsable de l'administration et de la surveillance de
ces réserves écologiques, parce que le ministre nous dit: Une
partie, ce sera le ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche et, l'autre partie, ce sera le ministère des Terres et
Forêts.
M. DRUMMOND: M. le Président, on rêve toujours du ciel,
mais il faut vivre avec la vie telle qu'elle existe.
M. LESSARD: II faut vivre avec l'incompétence du
gouvernement.
M. DRUMMOND: Un instant, je n'interromps jamais, moi. Le
député de Sauvé a dit que ce sera une des vraies bonnes
lois de cette session; je pense qu'il a dit ça.
M. MORIN: Oui, à condition qu'elle soit appliquée.
M. LESSARD: Oui, en principe.
M. DRUMMOND: Alors, cela reste encore ça. On continue d'essayer
à trouver des voies. Ce serait bien beau d'avoir un
superministère quelconque qui serait responsable de l'administration de
tout le territoire. Cela ne marche pas comme cela, comme le sait fort bien le
député de Saguenay. On a des ministères sectoriels et on
va développer un système d'arbitrage en ce qui concerne les
terres agricoles, les terres forestières, en ce qui concerne les besoins
des municipalités vis-à-vis des terres agricoles. C'est clair et
net. Le fait qu'on présente ce projet de loi aujourd'hui n'a rien
à faire avec ces problèmes; on va là-dedans pour
préserver des échantillons. C'est cela qu'on essaie de faire.
En ce qui concerne l'application de la loi, moi ou mes successeurs, les
prochains ministres des Terres et Forêts, nous serons responsables de
l'application de la loi. La responsabilité est là. Quant à
savoir si on va confier l'administration à un autre ministère ou
comment on va y arriver, c'est une autre question. Mais c'est le ministre des
Terres et Forêts qui est responsable de l'application de la loi, c'est
clair et net.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Article 10, adopté?
M. LESSARD: Maintenant, à l'article 10, on parle de la
création "d'un conseil consultatif des réserves
écologiques composé d'au plus quinze personnes, dont au moins six
sont choisies parmi les fonctionnaires du gouvernement ou de ses organismes,
nommées pour une période n'excedant pas cinq ans". Les neuf
autres, par qui vont-elles être nommées?
M. DRUMMOND: Pardon?
M. LESSARD: Six vont être nommées parmi les fonctionnaires
du gouvernement.
M. VEILLEUX: Non, parmi, pas six.
M. DRUMMOND: Hein? Qu'est-ce que vous dites?
M. LESSARD: Non, c'est ça que je dis. Le conseil consultatif est
"composé d'au plus quinze personnes, dont au moins six...
M. DRUMMOND: Sont choisies parmi les fonctionnaires.
M. LESSARD: ... sont choisies parmi les fonctionnaires du gouvernement
ou de ses organismes, nommées pour une période n'excédant
pas cinq ans". Il en reste neuf autres à nommer. Il y en a six qui sont
nommées parmi les fonctionnaires du gouvernement. Les neuf autres, c'est
le ministre qui va les nommer, mais il va les nommer de quelle
façon?
M. DRUMMOND: Disons, M. le Président, que comme n'importe quelle
décision, on va demander des noms. Tous les gens
intéressés vont faire des suggestions et le ministre va prendre
ses responsabilités.
M. VEILLEUX: Comme d'habitude.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Article 10, adopté. Article
11?
UNE VOIX: Adopté. M. LESSARD: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Adopté. Article 12?
Adopté?
M. LESSARD: Article 12?
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Article 12.
M. LESSARD: M. le Président, je regarde les
pénalités. On dit: "Quiconque contrevient à la
présente loi commet une infraction et est passible, en plus du paiement
de frais, d'une amende de $25 à $300 dans le cas d'une première
infraction et, pour toute récidive dans les deux ans, d'une amende de
$300 à $1,000."
Il faut quand même mettre des montants, mais je pense que toute
personne devrait être tenue responsable des dommages qu'elle fait et des
réparations que cela entraîne. S'il s'agit de réparations,
comme cela a été le cas à un moment donné, comme je
l'ai vécu, si cela coûte $100,000, elle devrait réparer
pour $100,000. En tout cas, on va accepter les montants...
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Article 12, adopté. Article
13?
M. LESSARD: Une minute. Le ministre a une réponse.
M. DRUMMOND: Non, non. C'est seulement pour dire que s'il est question
de dommages et que la cour décide qu'elle est responsable des dommages,
je pense bien que l'amende est à part.
M. LESSARD: D'accord. Adopté.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Article 13?
M. VEILLEUX: A l'article 13, M. le Président, j'aurais...
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Saint-Jean.
M. VEILLEUX: ... un renseignement à demander au ministre des
Terres et Forêts, d'autant plus que l'adjoint parlementaire à la
Justice pourrait peut-être me donner un avis juridique. On dit que toute
personne doit comparaître devant un juge de paix dans les 24 heures de
son arrestation.
On sait que dans un autre domaine, par exemple la chasse, les
braconniers se font prendre assez souvent parce qu'ils sont en vacances. Si
c'est un samedi matin, dans les 24 heures, c'est le dimanche matin. Que je
sache, les juges de paix, le dimanche matin, dorment eux aussi, ils sont en
congé. Ne vaudrait-il pas mieux prévoir à
l'intérieur de 48 heures ou...
M. DRUMMOND: Est-ce que le député de Saint-Jean
suggère que ce soit 48 heures?
M. VEILLEUX: C'est-à-dire que c'est une suggestion que je
fais...
M. DRUMMOND: Oui.
M. VEILLEUX: ... compte tenu du fait que si la personne se fait
arrêter le samedi matin, le juge de paix, le dimanche matin, n'est pas
là. On pourrait peut-être dire dans les 48 heures de son
arrestation, à cause de cette exception, ou est-ce attaquer la charte
des droits de l'homme que d'indiquer 48 heures? A moins d'avoir un juge de paix
disponible le dimanche.
M. DRUMMOND: 48.
M. VEILLEUX: 48 heures.
M. DRUMMOND: 48 heures, cela va, c'est une bonne suggestion.
M. VEILLEUX: Vous acceptez la suggestion?
M. DRUMMOND: D'accord.
M. LESSARD: Ce serait bien plus facile de suggérer au ministre de
la Justice d'avoir un juge de paix disponible 24 heures par jour à la
population. On m'indique que tous les juges de paix... Mais, M. le
Président,...
M. DRUMMOND: ... problème...
M. LESSARD: ... par expérience, je sais que ce n'est pas le
cas.
M. VEILLEUX: C'est pour ça...
M. DESJARDINS: Pour votre cas personnel?
M. VEILLEUX: C'est compte tenu de l'expérience...
M. LESSARD: Non, non, M. le Président, pour d'autres
interventions. Je dois dire que peut-être, théoriquement...
Justement, on parle de théorie et de pratique. Théoriquement, ils
sont probablement disponibles 24 heures, mais en pratique ce n'est pas le
cas.
M. DESJARDINS: Est-ce que le député de Saguenay me permet
une question? Est-ce que son intervention viserait des braconniers qu'il
connaît?
M. LESSARD: Pardon? M. le Président, j'exige que le
député de Louis-Hébert repose sa question.
M. DESJARDINS: Certainement, M. le Président. Est-ce que
l'intervention du député de Saguenay vise des braconniers de sa
connaissance? Est-ce le but de votre intervention? Je ne le sais pas.
M. LESSARD: M. le Président, c'est que cela vise des gens qui ont
eu l'occasion...
DES VOIX: Ah! Ah!
M. LESSARD: M. le Président, je n'ai aucun problème.
DES VOIX: Ah! Ah!
M. LESSARD: M. le Président, j'ai déjà mis au
défi n'importe quel député libéral de soulever une
question concernant un certain problème que j'ai eu au sujet de mes
fusils.
DES VOIX: Ah! Ah!
M. LESSARD: Je dis, M. le Président, que je continuerai de
contester des privilèges qui sont accordés à des
propriétaires de compagnies privées comme c'est le cas en ce qui
concerne des rivières à saumon. Je continuerai de le faire, M. le
Président.
M. DESJARDINS: Ce n'est pas pertinent, M. le Président.
M. LESSARD: Ce que peuvent dire les députés
libéraux, M. le Président, cela ne m'inquiète pas. Je
continuerai de le contester.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Article 13, adopté avec
amendement. Article 14.
UNE VOIX: Adopté.
M. MORIN: Adopté. Cela va.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Adopté.
Article 15.
UNE VOIX: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Article 16.
M. LESSARD: Pas de problème, cela ne m'inquiète pas. On
peut en discuter.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Adopté?
M. MORIN: C'est la police montée qui vous fait intervenir le
député de Louis-Hébert comme cela?
M. HOUDE, Limoilou (président de la commission
plénière): M. le Président, j'ai l'honneur de faire
rapport que votre commission a étudié le projet de loi no 57 et
l'a adopté avec amendements.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Pilote): Ce rapport est-il
agréé? Agréé.
UNE VOIX: Agréé.
M. LEVESQUE: M. le Président, article 1.
Etude du budget supplémentaire
Commission plénière (suite)
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Pilote): Le leader parlementaire propose que
je quitte le fauteuil et que la Chambre se forme en commission
plénière pour l'étude des crédits.
M. LEVESQUE: Le budget supplémentaire. Adopté.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Pilote): Cette motion est-elle
adoptée? Adopté.
M. LESSARD: D'accord, adopté, mais...
M. LEVESQUE: En commission plénière. Affaires
culturelles.
M. MORIN: Je suggère qu'on laisse le temps au
député de Saint-Jacques d'arriver avec ses documents.
M. LEVESQUE: De bonne grâce.
M. MORIN: A moins que vous vouliez procéder avec les finances.
Nous sommes prêts dans un cas comme dans l'autre.
M. LEVESQUE: Peut-être...
M. GARNEAU: Les fonctionnaires qui accompagnent le ministre de
l'Agriculture attendent depuis huit heures et quart. M. Toupin étant
dans un bureau. On est allé le chercher également. Moi, je peux
être ici, de toute façon, toute la soirée.
On a pensé de commencer par les Affaires culturelles.
M. MORIN: A votre guise.
M. HARDY: M. le Président, le chef de l'Opposition, qui a une
compétence universelle, pourrait peut-être commencer.
M. HOUDE, Limoilou (président de la commission
plénière): A l'ordre, messieurs! Etude du budget
supplémentaire 1974/75.
Affaires culturelles. Programme 2. Sauvegarde et mise en valeur des
biens culturels. Elément 1.
M. HARDY: M. le Président, à l'élément 1, il
s'agit de $30,000 pour l'achat d'un fonds d'archives. Il est urgent d'acheter
ce fonds d'archives parce que, d'une part, ce fonds d'archives sera très
important pour des recherches dans le vieux Québec.
Et également, comme il s'agit d'une succession, les
exécuteurs, les procureurs de la succession veulent évidemment
que l'on se décide; ils ne veulent pas attendre encore plusieurs
mois
pour pouvoir régler la succession. C'est la raison pour laquelle
nous demandons ces crédits supplémentaires de $30,000 pour
acheter le fonds qui s'appelle exactement le fonds Staveley.
M. CHARRON: Pardon, comment s'appelle-t-il exactement?
M. HARDY: Comment s'appelle le fonds? Staveley.
M. CHARRON: M. le Président, pour ce qui est de cet article
précis, cet achat de $30,000, il n'y a pas d'objection. Mais puisque
vous l'avez appelé Programme de sauvegarde et de mise en valeur des
biens culturels, vous me permettrez peut-être de saisir cette occasion
pour faire le point relativement à certains points contestés dans
le domaine de la sauvegarde des biens culturels. Contestés ou
délicats actuellement.
Le ministre se doutera que je commencerai d'abord par l'édifice
des Soeurs Grises, de Montréal.
M. HARDY: Vous allez être religieux.
M. CHARRON: Je commence d'abord par la protection des biens
religieux.
D'abord, je pense que je devrais vous donner l'occasion, sans
emportement parce que là vous n'êtes pas dans une période
de questions, surtout sans excès de langage à l'égard de
publications, mais vraiment pour l'information de la Chambre, de nous informer
quant à l'état réel du dossier actuellement.
Deuxièmement, quand je vous ai posé la question, lors de
la période des questions, il y a quelque temps, sur le délai que
vous aviez mis à signifier au registre votre intention de classer comme
bien culturel la chapelle et, selon votre entendement, mais qui ne
semble pas partagé par les propriétaires de l'édifice en
question actuellement: le rayonnement de 500 pieds de la chapelle qui serait
classé comme monument historique vous n'avez pas répondu
à ma question à ce moment-là. Dans le cadre de la
période de questions, cela m'est difficile d'intervenir et de revenir
à la charge quand je n'ai pas une réponse suffisante. Mais vous
savez comme moi que la loi no 2, sur les biens culturels, à l'article 28
consacre une importance quant à l'annonce que vous émettez une
inscription au registre et que, dans le délai entre les deux, tant que
ce n'est pas encore inscrit au registre, les propriétaires de
l'édifice en question en sont encore, en quelque sorte,
libérés. Ce n'était pas sans fondement que j'intervenais
quand je vous demandais de procéder le plus rapidement possible quant
à cette inscription. Ou alors on ne comprend pas de la même
façon la loi que nous avons voté ensemble et que nous avons
endossée au moment où nous l'avons adoptée.
M. HARDY: Comme me le suggère le député de
Saint-Jacques, je vais tenter d'être très froid, très
calme. Que voulez-vous, chacun a son tempérament, et la sauvegarde des
biens culturels me tient à ce point à coeur que je peux rarement
en parler sans y mettre beaucoup de feu et de flamme.
Mais je vais tenter, M. le Président, très calmement,
d'abord parce que je suis, ce soir, un peu fatigué, alors je suis moins
enclin à me laisser aller à mon tempérament, de refaire
l'historique aussi précis que possible. Je ferai remarquer que la
dernière fois que j'ai fait cet historique, j'ai omis, j'ai
oublié une seule petite chose qui a été
relevée immédiatement le lendemain par un journaliste de la
Presse et cet oubli était dû largement à
l'interruption de votre collègue de Maisonneuve qui trouvait que je
répondais trop longuement.
Alors, revenons au tout début. Au mois de juillet dernier, la
Commission des biens culturels formule la recommandation de classer toute la
propriété des Soeurs Grises. La Direction générale
du patrimoine, elle, recommande au ministre, à ce moment-là, de
procéder uniquement au classement de la chapelle. Il faut bien
comprendre, contrairement à ce que certains journalistes ont
laissé croire, que la Commission des biens culturels, c'est un organisme
consultatif auprès du ministre mais le ministre reste toujours
libre.
Evidemment, la discrétion du ministre, il ne l'exerce pas selon
sa fantaisie du jour; pour les décisions qu'il prend dans ce domaine
comme dans d'autres, il se fie à ses fonctionnaires. Alors, la Direction
générale du patrimoine, à partir du dossier que nous
avions à ce moment-là, recommanda au ministre de procéder
au classement de la chapelle et ce classement a été fait le 5
novembre. L'avis de classement de la chapelle est signé par le ministre
le 5 novembre et signifié aux religieuses dans les jours qui suivent. Ce
qui se fait normalement, c'est que, quand l'avis nous revient après la
signification, le contentieux l'envoie au bureau d'enregistrement pour qu'il
soit inscrit à l'index des immeubles, pour que cela paraisse dans le
titre.
Or, il est arrivé qu'il y avait quelques petites erreurs de
description, quoique au contentieux on m'a dit qu'on avait
procédé exactement comme dans les autres cas. De toute
façon, ceux qui sont chargés, au bureau d'enregistrement de
Montréal, d'enregistrer les titres nous ont retourné l'avis
après un certain temps, nous disant de corriger la description. Au
moment où cela s'est fait, les religieuses ne pouvaient pas toucher
à la chapelle, mais un tiers acquéreur pouvait le faire, parce
que, tant que l'avis n'est pas enregistré au bureau d'enregistrement un
tiers acquéreur n'y est pas soumis. Or, quand on m'a fait part
qu'à cause de quelques détails techniques l'avis de classement
n'était pas enregistré au bureau d'enregistrement, pour
éviter tout danger de destruction, j'ai immédiatement
toujours utilisant la Loi sur les biens culturels signé et fait
signifier un nouvel avis
d'intention couvrant toute la propriété, ce qui avait
encore pour résultat, pendant 60 jours, de geler complètement
toute la propriété.
Entre-temps, nous avons fait corriger l'avis d'enregistrement, la
description, et, le 12 décembre, cet avis était effectivement
enregistré au bureau d'enregistrement. Au moment où on se parle,
la chapelle est classée non seulement pour les soeurs, mais envers et
contre tous. Personne ne peut acheter la chapelle...
M. CHARRON: La chapelle?
M. HARDY: Toujours la chapelle.
M. CHARRON: D'accord.
M. HARDY: ... et ne peut lui faire quoi que ce soit sans obtenir
l'autorisation du ministère des Affaires culturelles. Egalement, au
moment où l'on se parle, personne et ce jusqu'au 2 février
prochain ne peut toucher à la moindre parcelle de la
propriété des Soeurs Grises à cause de l'avis d'intention.
Entre-temps, au moment où l'on se parle toujours, des arpenteurs sont
à délimiter ce qu'on appelle l'aire de protection. En vertu de la
loi, 500 pieds autour d'un immeuble classé deviennent, à toutes
fins pratiques, dans la même situation que l'immeuble classé
lui-même. Alors, nous sommes actuellement à délimiter
l'aire de protection. Quand le plan de cette aire de protection sera fini
on m'a dit encore aujourd'hui que ce serait fait avant le 25
décembre cette aire de protection décrite sera
également enregistrée au bureau d'enregistrement, de telle sorte
qu'encore là toute personne qui pourrait acheter la partie de la
propriété qui n'est pas classée ne pourrait pas y toucher
sans notre permission.
La troisième chose qui peut arriver, puisque nous continuons
notre étude du dossier, c'est que si la Direction du patrimoine,
à la suite de la poursuite de cette étude du dossier, en arrivait
à une conclusion autre, à une recommandation autre que celle
qu'elle m'a déjà faite, théoriquement je pourrais encore,
en plus de la chapelle, classer certaines parties ou ne pas les classer. Parce
qu'il faut bien se rendre compte je ne sais pas dans quelle mesure le
député de Saint-Jacques connaît cette
propriété qu'il y a, sur l'ensemble de cette
propriété, des parties, la chapelle, par exemple, qui,
intrinsèquement, ont une valeur, mais il y a une aile, je ne sais de
quel côté, qui a été construite en... D'abord, il y
a la partie sur Sainte-Catherine, les immeubles commerciaux, qui n'a aucune
valeur historique; il y a une autre aile aussi de la maison qui n'a pas de
valeur.
Ce qu'il est très important de savoir en ce moment, c'est qu'il
n'y a aucun danger que la moindre partie de ce quadrilatère,
propriété des Soeurs Grises, ne soit touchée sans notre
permission.
Ce qu'il faut également savoir, c'est que c'est l'intention ferme
du ministre, dans ce cas comme dans d'autres, de protéger non seulement
l'immeuble ou les parties de cet immeuble qui ont une valeur historique, mais
aussi de protéger l'environnement, afin que les parties de l'immeuble
qui auront été classées gardent toute leur valeur.
Je ne sais pas s'il y a encore des points obscurs.
M. CHARRON: Oui, il en reste quelques-uns quand même, mais la mise
au point du ministre contribue à en éliminer quelques-uns. L'avis
d'intention que vous avez émis début décembre couvrait
toute la propriété. Il a pour effet, comme vous l'avez dit,
d'après la Loi sur les biens culturels, l'avis d'intention de
classement, n'est-ce pas, que vous avez émis au début de
décembre couvrant toute la propriété des Soeurs Grises
à Montréal de geler jusqu'au 2 février, dites-vous...
M. HARDY: Soixante jours.
M. CHARRON: Soixante jours, très bien, jusqu'au 2 février,
toute la propriété. Bon! on la protège, mais qu'est-ce qui
peut arriver après le 2 février sur ce sujet précis?
M. HARDY: Ce qui va arriver c'est que, comme je vous l'ai dit
tantôt, l'aire de protection des arpenteurs qui sont en train de
délimiter le site de façon très précise, de poser
les bornes de l'aire de protection, qui, à l'oeil, d'après nous,
couvre tout, va être précisée de façon scientifique.
Ce travail devrait être terminé, m'a-t-on dit encore aujourd'hui,
avant Noël.
Ce travail terminé, nous procéderons immédiatement
à l'enregistrement de ce plan de l'arpenteur au bureau d'enregistrement.
A partir de là, si l'enregistrement de ce plan intervient, je ne sais
pas, moi, le 6, le 7, le 10 ou le 15 janvier, à partir du moment
où le plan d'arpentage de l'aire sera enregistré, tout l'immeuble
des soeurs au fond est gelé en ce sens qu'on ne peut pas même
toucher la partie non classée sans obtenir la permission du
ministre.
M. CHARRON: D'accord. Avant de poser cette question, j'ai quand
même voulu non pas vous faire admettre mais vous consulter sur le
bien-fondé de la position que je défendais lors de la
période des questions, il y a peu de temps. Vous avez vous-même
admis, je crois, qu'un tiers acquéreur n'était pas soumis,
n'était pas concerné entre l'émission de votre avis
d'intention et l'enregistrement. Est-ce que j'avais raison de
m'inquiéter de ce délai, puisque effectivement il pouvait
permettre une transaction?
M. HARDY: Vous auriez eu raison si vous aviez eu en face de vous un
ministre qui n'aurait pas exercé toute la vigilance que j'ai
exercée c'est-à-dire, non, non, blague à part...
M. CHARRON: Ecoutez, j'ai parlé stricte-
ment en termes légaux, vous avez admis avec moi que le
délai pouvait occasionner...
M. HARDY: Si je n'avais pas envoyé l'avis d'intention, oui,
c'est-à-dire que, quand j'ai constaté que l'avis de classement
n'était pas enregistré, le jour où j'ai constaté
cela, si j'avais laissé aller les choses, il y aurait eu danger
effectivement, danger très théorique, dans les circonstances,
mais il y aurait eu danger...
M. CHARRON: D'accord. D'accord.
M. HARDY: ... qu'un tiers acquéreur achète la partie non
classée et la démolisse. C'est la raison pour laquelle j'ai
immédiatement envoyé l'avis d'intention couvrant toute la
propriété pour m'assurer que, malgré le non-enregistrement
de l'avis de classement, on ne pouvait pas toucher à la balance de la
propriété. Cela a été la grande raison de l'envoi
de ce nouvel avis d'intention.
M. CHARRON: M. le Président, je voulais vérifier si je
connaissais bien la loi sur les biens culturels et...
M. HARDY: Vous connaissez bien la Loi sur les biens culturels, mais vous
étiez sceptique vis-à-vis de la vigilance du ministre.
M. CHARRON: Cela, oui. Tenez, je vais vérifier, dès ce
moment, la vigilance du ministre des Affaires culturelles. Vous savez que la
question a été soulevée à la Chambre des communes
à Ottawa. Vous savez que la question de la protection de la maison des
Soeurs Grises a été soulevée à la Chambre des
communes à Ottawa et que le secrétaire d'Etat, M. Faulkner, votre
allié de la souveraineté culturelle artificielle, a maintenu, en
répondant aux questions, que...
M. HARDY: Pas Faulkner, non, vous vous trompez, là, je vais vous
corriger tout de suite, c'est le ministre responsable des parcs.
M. CHARRON: Héritage-Canada. Très bien.
M. HARDY: Bien oui, ce n'est pas le secrétaire d'Etat qui
s'occupe de ça.
M. CHARRON: C'est vrai, c'est vrai, vous avez raison. Le ministre a
répondu vaguement, mais avec une indication précise, qu'il
devrait prendre en considération le ministre des Affaires culturelles du
Québec.
La société, la compagnie je ne sais pas quelle
sorte de corporation c'est, cela s'appelle Héritage-Canada, en tout cas
avait attiré l'attention du ministre en question sur l'avenir de
la propriété des Soeurs Grises et disait qu'il s'en occupait.
M. HARDY: Oui, je suis très heureux de répondre
là-dessus parce qu'on entend tellement dire, de ce temps-ci, de la part
de gens qui sont censés être très Québécois:
Voyez comme le gouvernement fédéral s'occupe de notre patrimoine.
Il est beaucoup plus intéressé, beaucoup plus vigilant que le
gouvernement du Québec. Dans le domaine du patrimoine, ce que le
gouvernement fédéral fait, d'une façon
générale, quant aux immeubles historiques, c'est tout simplement
que lorsqu'il reconnaît qu'un immeuble a une valeur historique, il appose
une plaque pour dire: Tel personnage a vécu dans cet immeuble, etc. Mais
il n'y a aucune loi fédérale, comme la nôtre, la Loi des
biens culturels, qui assure une protection à un immeuble dont on a
reconnu la valeur.
Quand la Commission des monuments historiques du Canada fait une
recommandation pour apposer une plaque, on a une plaque mais, demain matin,
vous et moi pouvons acheter cette propriété sur laquelle il y a
une plaque d'apposée, la raser, la démolir complètement et
personne n'y peut rien.
M. DESJARDINS: Y compris la plaque.
M. HARDY: Y compris la plaque. La seule façon de la sauvegarder,
c'est de l'acheter. Or, le gouvernement fédéral possède
très peu d'immeubles. Il n'a même pas accepté d'acheter
ici, sur la Grande-Allée, la maison de M. Saint-Laurent qui est un
ancien premier ministre du Canada. C'est ce que le gouvernement fait.
Il y a cette autre société dont vous vous demandiez le nom
exact, Héritage-Canada, qui est une espèce de corporation
semi-privée, semi-publique. C'est une corporation dans laquelle il y a
des fonds privés et où le gouvernement met un certaint montant.
Cette compagnie achète parfois des maisons qui ont une valeur
historique. Je sais qu'Héritage-Canada possède une maison
à Percé, une des maisons sur...
M. CHARRON: Sur la falaise.
M. HARDY: ... sur la falaise, oui, et loue cette maison, continue
à l'occuper. Je doute fort que le gouvernement fédéral
parce que ce n'est pas dans sa politique générale
ni encore moins Héritage-Canada parce qu'il n'a pas les fonds
pour acheter la propriété des Soeurs Grises se portent
acquéreurs de cette propriété. De toute façon, je
dis bien clairement que si jamais le gouvernement fédéral
s'intéressait d'une façon plus particulière à cette
maison, cette propriété des Soeurs Grises, je trouverais
très normal, dans le cadre d'un fédéralisme respectueux
des parties composantes, que le gouvernement fédéral nous accorde
un montant d'argent suffisant, par un accord quelconque, pour que le
gouvernement du Québec s'en porte acquéreur. Il est
évident qu'avec les budgets dont on dispose actuellement, le
gouvernement du Québec ne peut se porter acquéreur d'une
propriété qui est évaluée actuellement
à environ $15 millions.
Mais si, dans le cadre d'une entente Canada-Québec, un peu comme
on fait pour la Place Royale, le gouvernement fédéral acceptait
de nous fournir des sommes d'argent qui nous permettrait d'acheter cette
propriété, de la restaurer et de lui donner une vocation, je n'y
verrais aucune objection. Ce à quoi je m'opposerais, c'est à
l'achat par le gouvernement fédéral... Encore une fois, c'est un
peu académique de le dire parce qu'il ne le fait pas, de façon
générale; ce serait vraiment une exception à sa politique
générale. Je trouverais plus normal que la collaboration du
gouvernement fédéral s'inscrive dans un programme comme celui
qu'on a à Place Royale plutôt que d'acheter lui-même cette
propriété.
M. CHARRON: Si j'ai bien entendu le ministre et pour que ce soit clair,
vous vous opposeriez à ce que le gouvernement central se rende
propriétaire de l'édifice.
M. HARDY: Oui, et je déclarerais que si le gouvernement
fédéral faisait cela, il ne respecterait pas l'esprit de notre
constitution ni celui du fédéralisme canadien.
M. CHARRON: Bon. Dernière question sur ce sujet, M. le
Président, qui n'est quand même pas l'objet...
M. HARDY: Dans le cadre de l'entente, il pourrait très bien
l'acheter et nous remettre la propriété, sans aucune condition.
Je ne refuserais pas cela.
M. CHARRON: Vous accepteriez que le gouvernement central l'achète
et vous la remette...
M. HARDY: Et s'il nous la revend pour $1, je n'ai pas d'objection.
Est-ce que vous auriez objection?
M. CHARRON: Ah! qu'il vous la revende $1, bon.
M. HARDY: Oui, oui, qu'on devienne les propriétaires.
M. CHARRON: L'important c'est que vous finissiez par être le
propriétaire.
M. HARDY: L'important est que nous soyons propriétaires et que ce
soit nous qui décidions de la restauration et qui décidions de la
vocation. C'est ça qui est important. C'est ça la
souveraineté culturelle.
La souveraineté culturelle, c'est que nous soyons, nous, les
architectes de notre politique. C'est nous qui établissons les
critères; c'est nous qui déterminons les vocations. L'argent,
d'où qu'il vienne, je ne suis pas scrupuleux là-dessus.
M. CHARRON: Bien moi, je le suis un peu... M. HARDY: Là, vous
retournez à Duplessis.
M. CHARRON: ... parce que j'ai rarement vu, au cours des
dernières années, en particulier dans le domaine où le
ministre des Affaires culturelles est le titulaire, des interventions
fédérales qui n'ont pas eu de conséquences autres qu'avait
souhaité le Québec, au départ.
M. HARDY: Place Royale, Fort Ingall, le musée
d'archéologie, le musée de Rimouski. Tous des endroits où
le gouvernement fédéral a fourni des sommes très,
très importantes, et c'est nous et uniquement nous qui avons
décidé des critères, des programmes et de tout.
UNE VOIX: Le musée des Iles-de-la-Madeleine.
M. HARDY: Le musée des Iles-de-la-Madeleine.
M. CHARRON: Est-ce que c'est nous et uniquement nous, les
Québécois, qui en sommes propriétaires?
M. HARDY: Oui, bien évidemment.
M. CHARRON: Bon, vous n'accepteriez jamais autre chose que la
propriété québécoise. Dans l'hypothèse
où le gouvernement fédéral voudrait s'en rendre
propriétaire, vous exigeriez qu'il vous la revende à vous par la
suite? D'accord.
M. HARDY: C'est-à-dire que j'exigerais, je considère que
c'est cela qui est conforme au fédéralisme tel que je le
conçois.
M. CHARRON: Suspendons cette question jusqu'à ce que
l'actualité nous la rapporte elle-même.
UNE VOIX: En pleine face. M. CHARRON: En pleine face.
M. HARDY: Quand vous parlez comme ça, j'ai toujours l'impression
que vous souhaitez que le gouvernement fédéral intervienne pour
que vous puissiez dire: Regardez comment ça va mal au Canada, le
fédéralisme.
M. MORIN: Bien voyons!
M. CHARRON: Je n'ai même plus besoin de le souhaiter.
M. LACROIX: Une partie de votre salaire est payée avec l'argent
du gouvernement fédéral par les péréquations.
M. CHARRON: Si vous me prêtiez cette
intention, je vous dis tout de suite que je n'aurais même pas
besoin de l'avoir, si je l'avais. Mais la question que je veux vous poser est
autre, maintenant. Ecartons l'hypothèse de l'intervention
fédérale, propriétaire ou aménagement, quoi que ce
soit. L'édifice si on en croit l'exposé que vous venez de
nous en faire en février prochain, sera classé,
protégé, avec une aire de protection qui entoure la
totalité de la propriété. Est-ce que le ministre est au
courant des projets d'aménagement de cet édifice, une fois le
travail de classement complètement réalisé?
M. HARDY: C'est-à-dire que j'ai lu, comme le député
de Saint-Jacques, beaucoup d'hypothèses. Il peut y avoir beaucoup de
projets. Il y a une firme qui a, nous le savons, nous avons même
déjà reçu la copie une promesse de vente des
soeurs. La Direction générale du patrimoine a déjà
en sa possession actuellement des plans, des maquettes. Mais il faut bien se
dire une chose, c'est ce qui est important, le jour où la
propriété est classée, cela ne veut pas dire que l'on
empêche totalement toute construction. Entre autres, le
député de Saint-Jacques le sait, il y a cette partie, sur la rue
Sainte-Catherine où il y a des immeubles qui n'ont aucune valeur
intrinsèque. Si quelqu'un veut réaménager ces immeubles,
sans que cela mette en cause la valeur de l'ensemble du site, on ne s'y
opposera pas. Mais le tout va être jugé et je le
répète et c'est ce qui est important, et c'est là que je
parlais de gredouillage, de scribouillage de qui que ce soit les
décisions quant aux projets sur ce site, comme partout ailleurs dans le
Vieux Québec, seront prises à partir de considérations
d'ordre technique, à partir des recommandations que pourront me faire et
la commission des biens culturels et la Direction générale du
patrimoine.
Soyez sans crainte, je n'ai pas d'instinct suicidaire sur le plan
politique au point de prendre des décisions dans ce dossier qui ne
correspondront pas à des opinions très claires des services
techniques de mon ministère.
M. CHARRON: Autre question qui a été soulevée,
dernièrement, dans l'actualité; la protection du Petit
Séminaire de Montréal. C'est faux de parler de protection, parce
qu'il était déjà en voie de démolition quand le
ministre est intervenu pour l'arrêter.
M. LACROIX: On peut vous faire recycler, là.
M. CHARRON: Est-ce qu'il y a des projets aux Affaires culturelles...
M. LACROIX: Beau petit Jésus de plâtre.
M. CHARRON: ... maintenant qu'on a arrêté la
démolition au Petit Séminaire à moitié
détruit, de restauration ou de reconstruction quelconque?
M. HARDY: Dans le cas du Petit Séminaire, je ne sais pas si c'est
le Petit Séminaire ou le Grand Séminaire, en tout cas, de la
propriété des Sulpiciens sur la rue Sherbrooke-Ouest, les
tours...
M. CHARRON: Non, non! ce n'est pas de celui-là que je parle,
c'est de celui sur la rue Saint-Paul.
M. HARDY: Ah! Sur la rue Saint-Paul.
M. CHARRON: Cela s'appelle le Petit Séminaire.
M. HARDY: Actuellement, la façade de ce que vous appeliez le
Petit Séminaire, sur la rue Saint-Paul, est classée. Là
encore, quand la façade est classée, il y a l'aire de protection
de 500 pieds autour.
M. CHARRON: On avait même commencé la
démolition.
M. HARDY: Pardon?
M. CHARRON: C'est-à-dire que vous êtes intervenu ou je ne
sais pas si vous êtes intervenu, mais la démolition...
M. HARDY: Je suis bien heureux que le député de
Saint-Jacques soulève cette question.
M. CHARRON: ... était entreprise.
M. HARDY: J'en profite pour rendre un hommage tout spécial...
UNE VOIX: Pas au député de Saint-Jacques?
M. HARDY: Bien, au député de Saint-Jacques, oui, parce
qu'il s'intéresse à la sauvegarde du patrimoine. Alors, c'est
bien. S'il faisait toujours des choses aussi bonnes que s'intéresser au
patrimoine...
M. LACROIX: II est fort dans les chapelles et les séminaires.
M. HARDY: Mais, actuellement, même si le budget de la Direction
générale du patrimoine a presque doublé dans le budget
actuel, à cause d'abord de l'intérêt manifesté de
plus en plus pour la conservation du patrimoine et surtout à cause du
développement qui se fait, entre autres, à Montréal et
à Québec, le personnel actuel de la Direction
générale du patrimoine, et plus particulièrement le
personnel du service des monuments, travaille d'une façon
extraordinaire. Cela a peut-être l'air drôle de dire ça de
fonctionnaires, mais ce sont vraiment des gens, actuellement, à qui
c'est impossible de demander plus physiquement.
M. CHARRON: Ils sont plus efficaces que ceux des
prêts-bourses.
M. HARDY: Pardon?
M. CHARRON: Ils sont plus efficaces que ceux des prêts-bourses,
dirait votre collègue de l'Education.
M. HARDY: En tout cas, moi, je leur rends hommage publiquement ce soir.
M. Junius, le directeur général du patrimoine,...
M. CHARRON: C'est vrai, c'est exact.
M. HARDY: ...le directeur de son service et tous les gens qui
travaillent avec lui font un travail extraordinaire.
M. CHARRON: J'endosse ça.
M. HARDY: Mais, malgré cela, il y a encore des choses qui nous
échappent. C'est dans cet esprit, je pense, pour nous aider, que le
ministre des Affaires municipales se prépare à déposer un
projet de loi qui , va pouvoir nous donner un certain laps de temps pour
l'étude des dossiers. C'est aussi à cause de cette situation, que
je reconnais comme extrêmement urgente, que je me prépare à
demander au conseil des ministres de m'accorder des budgets suffisants au cours
du prochain exercice financier pour répondre aux besoins. Il y a
d'autres domaines où on peut peut-être remettre à demain ce
que l'on ne peut pas faire aujourd'hui: développement du
théâtre, de la musique, mais, dans le domaine du patrimoine, il
faut agir aujourd'hui, parce que ce que l'on démolit aujourd'hui, quand
bien même on aurait l'argent pour le faire dans six mois ou dans un, il
sera trop tard.
Alors, dans le domaine du patrimoine, c'est une nécessité
absolue de pouvoir répondre aux demandes, aux besoins quotidiens.
M. CHARRON: Adopté, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Alors, programme 2, adopté.
Programme 3, gestion interne et soutien, élément 1?
M. CHARRON: Est-ce que le ministre peut nous expliquer cette
dépense, seulement?
M. HARDY: Les $106,000? Ces $106,000 se ventilent de la façon
suivante. C'est surtout consacré aux industries culturelles. Vous savez
que c'est un nouveau service qui a été mis sur pied au cours de
l'exercice financier actuel, où l'on fait des recherches surtout dans
différents domaines des industries culturelles: le disque, le
vidéo-cassette, la chanson, en fait tous les nouveaux secteurs que nous
n'avions pas touchés jusqu'ici au ministère des Affaires
culturelles. Donc, il y a $38,000 pour couvrir cinq postes à ce service.
Il y a $46,000 pour des travaux de recherche qui n'avaient pas
été prévus. Nous avons augmenté les travaux de
recherche. Un certain nombre de contrats ont été donnés
à des étudiants de l'université Laval, je pense une
vingtaine. Ce sont des étudiants en MBA, qui font des recherches sur des
secteurs précis. Enfin, il y a $8,000 pour du matériel, de
l'équipement, toujours pour le service des industries culturelles.
M. CHARRON: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Adopté. Programme 4, arts
plastiques, élément 1?
M. HARDY: Au programme 4, il y a $548,000.
On doit les mettre au budget supplémentaire mais ce sont $548,000
qui nous viennent du fédéral dans le cadre de l'entente sur les
musées associés.
M. CHARRON: $448,000.
M. HARDY: C'est-à-dire qu'il y a $100,000 que nous avons
déjà touchés et il y a $448,000 à venir, ce qui
fait $548,000. C'est dans le cadre des musées associés pour le
Musée de Québec et le Musée d'art contemporain de
Montréal, des programmes de diffusion. On a un service d'autobus qui va
chercher les gens, les étudiants. Il y a un service de catalogage,
etc.
Il y a également $100,000 pour le fonctionnement des
musées de Gaspé et de Rivière-du-Loup, parce que
même si ces musées ne sont pas encore construits, ils existent au
fond. Il y a des directeurs de musée dans les deux cas et il y a du
travail qui se fait. Jusqu'ici, ces budgets étaient pris à
même l'ODEQ. Mais à partir de cette année, les budgets de
l'ODEQ s'en vont en s'amenuisant. Nous devons, nous, maintenant, intervenir
dans le budget de fonctionnement. Ces $100,000 sont pour Gaspé et
Rivière-du-Loup.
M. CHARRON: Où en sont ces deux musées dans leur
implantation?
M. HARDY: Dans le cas de Rivière-du-Loup, les travaux sont
commencés depuis quelques semaines. Dans le cas de Gaspé, nous
n'avons pas encore... On en est aux travaux préliminaires, aux plans et
nous prévoyons qu'on sera en mesure de demander des soumissions
publiques au printemps.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Programme 1, Programme 2,
adopté.
M. CHARRON: Oui.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Programme 4, adopté.
Programme 5, Arts d'interprétation, élément 2.
M. HARDY: II s'agit d'une augmentation de
$267,800 sur le budget qui a été voté pour les arts
d'interprétation. Il s'agit de nouvelles demandes qui ont
peut-être été suscitées un peu par le discours que
je prononçais le 4 avril. Si le député de Saint-Jacques se
rappelle...
M. CHARRON: Le grand discours du 4 avril. M. HARDY: La grande charte de
la culture. M. CHARRON: La charte du 4 avril.
M. HARDY: J'y disais combien il était nécessaire que le
ministère des Affaires culturelles encourage les troupes d'amateurs, ne
se concentrent pas seulement dans le grand professionnalisme.
M. CHARRON: Ce discours devrait être gravé dans le plomb
!
M. HARDY: Oui. Evidemment, ce discours... M. CHARRON: Le ministre aussi,
d'ailleurs.
M. HARDY: ... comme disait M. Duplessis, autrefois, a suscité des
appétits, des appétits que je considère très sains.
Nous avons eu des demandes. C'est pour répondre à ces demandes
que nous avons besoin de ce budget supplémentaire pour les arts
d'interprétation.
M. CHARRON: Vous ne pouvez pas déposer la liste de ces
demandes...
M. HARDY: C'est-à-dire que c'est assez délicat à ce
temps-ci parce que nous avons les demandes, nous avons une idée
approximative, mais l'analyse des dossiers n'est pas totalement
terminée.
Je pourrais donner des cas où cela a été
payé: L'Orchestre symphonique de Joliette, $2,000; le Festival de la
chanson de Granby, $3,000. Mais comme nous le faisons d'une façon
traditionnelle, lors de l'étude des crédits du budget
régulier, je déposerai la liste totale des subventions qui ont
été accordées autant à même ce budget
supplémentaire qu'à même le budget régulier.
M. CHARRON: Est-ce que les demandes que vous avez reçues, ces
appétits, comme vous les avez appelés, si vous deviez y
répondre...
M. HARDY: Je n'ai pas utilisé le mot appétits dans un sens
péjoratif.
M. CHARRON: Non, non, moi non plus. Si vous deviez y répondre au
complet, est-ce que cela dépasserait largement la somme que vous nous
demandez d'adopter ce soir?
M. HARDY: Je pense bien qu'avec les demandes qui continuent toujours
d'arriver, nous devrons sûrement en refuser, même des demandes
valables. En d'autres termes, des $267,000 que nous demandons actuellement,
rien ne retournera au fonds consolidé.
M. CHARRON: Adopté, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Adopté.
Affaires culturelles terminées.
Agriculture. Programme 1, Recherche et enseignement. Elément
1.
M. LESSARD: Est-ce que le ministre, M. le Président, a d'abord
des commentaires généraux concernant le budget
supplémentaire qu'il nous présente en agriculture?
M. TOUPIN: Non, M. le Président, je n'ai pas de commentaire
particulier, j'aimerais voir le budget, par poste et donner des explications
pertinentes pour chacun des postes.
M. LESSARD: M. le Président, j'en aurais.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Saguenay. - M. LESSARD: M. le Président, assez brièvement, le 21
novembre 1974, suite à la contestation d'un certain nombre
d'agriculteurs, qui ont protesté de façon énergique et qui
souvent étaient exaspérés, le ministère de
l'Agriculture et surtout le gouvernement du Québec a
décidé d'ajouter quelques millions supplémentaires dans ce
secteur.
Le premier ministre du Québec, M. Robert Bourassa, faisait, suite
à cette décision, une déclaration le 21 novembre 1974. "Le
gouvernement actuel disait-il est tellement conscient des besoins
de l'agriculture québécoise qu'il a augmenté de 100 p.c.
le budget dans ce domaine depuis quatre ans et demi alors que, de 1960 à
1970, soit en dix ans, ce budget n'avait augmenté que de quelque 35 p.c.
Nous avons ainsi démontré disait encore le premier
ministre que nous sommes prêts â poser des gestes concrets
afin que se développe ce secteur essentiel de notre économie". Le
premier ministre du Québec est, semble-t-il, économiste sur
papier et est capable de jouer avec les chiffres. Il semble, lorsqu'il fait une
déclaration comme celle-là, considérer les agriculteurs du
Québec comme des analphabètes, des gens qui ne sont pas capables
de connaître que deux plus deux font quatre. Il faut être
très démagogue pour affirmer une chose comme celle-là. Le
député de Saint-Jean sera certainement intéressé,
lui qui est intéressé, qui a tenté de se battre
probablement lors du congrès national du Parti libéral, pour
faire reconnaître une place pour l'agriculture dans ce
gouvernement...
M. VEILLEUX: Question de règlement, question de
privilège.
M. LESSARD: II n'y a pas de question de privilège.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Sur une question de règlement,
le député de Saint-Jean.
M. VEILLEUX: Pas le congrès national, le congrès
provincial du Parti libéral.
M. LESSARD: M. le Président, je voudrais... Je comprends que le
député de Saint-Jean veut simplement être un
provincialiste. Nous, nous voulons être un gouvernement, un Etat normal
et dans un Etat normal; si nous y étions, et si nous avions un
gouvernement normal, nous aurions autre chose aujourd'hui comme politique
agricole.
Je voudrais que le ministre, même s'il part de sa place pour aller
fumer, écoute et qu'on arrête le charriage concernant
l'agriculture au Québec.
En effet, en 1970, le budget du Québec était de
$3,900,000,000. En 1970, le budget de l'agriculture était de $82
millions, soit 2 p.c, le budget de l'agriculture représentait 2 p.c. du
budget total du Québec. Il faut quand même arrêter de
charrier avec les chiffres. Quand le premier ministre nous dit qu'il a
doublé son budget, on va voir ce que ça représente tout
à l'heure proportionnellement à l'ensemble du budget du
Québec.
En effet, M. le Président, en 1974, quatre ans après, le
budget du Québec est de $6.6 milliards; le budget de l'Agriculture, $115
millions, soit 1.7 p.c. du budget total du Québec, soit un recul de 0.3
p.c. par rapport au budget de 1970. Ce n'est pas cela, doubler le budget. Oui,
je dis doubler, M. le Président, en chiffres absolus, mais relativement
à l'ensemble du budget du Québec, c'est complètement faux,
ce que disait le ministre, Si on avait justement augmenté en proportion
le budget du ministère de l'Agriculture, ce serait autrement. Or, M. le
Président, en 1974, un recul du budget de l'Agriculture de 0.3 p.c. Ah!
le ministre nous dira qu'il a réussi à obtenir
misérablement, difficilement, des crédits supplémentaires.
En effet, le 18 juin, budget supplémentaire de $250 millions pour le
Québec; Agriculture, $8.5 millions. Le 28 novembre, c'est le budget que
nous avons à étudier aujourd'hui, autre budget
supplémentaire: $411,900,000; Agriculture, $38.4 millions. Le total du
budget, M. le Président, du Québec pour l'Agriculture,
actuellement, $162 millions, soit 2.2 p.c. du budget total du Québec.
Voyez comment on peut charrier avec des chiffres, M. le Président. Que
le gouvernement...
M. LACROIX: Combien de cultivateurs de moins?
M. LESSARD: ... augmente le budget à peu près
l'équivalent du budget de 1970.
M. LACROIX: Combien de cultivateurs de moins?
M.LESSARD: M. le Président, il y a des cultivateurs de moins
justement à cause des politiques du gouvernement actuel.
M. LACROIX: Cela prouve que vous ne connaissez rien.
M. LESSARD: Parce que le gouvernement n'a jamais pris ses
responsabilités et n'a jamais...
M. LACROIX: Soyez plus sérieux que cela. M. LESSARD: ... reconnu
l'agriculture... M. TARDIF: ... écologique.
M. LESSARD: ... comme un véritable secteur qu'il fallait
développer au Québec.
M. LACROIX: ... est capable d'être...
M. LESSARD: Et le député des Iles-de-la-Madeleine...
M. LACROIX: Mon vicaire est capable d'être plus sérieux que
cela.
M. LESSARD: ... M. le Président, en affirmant que le nombre
d'agriculteurs a diminué, vient de confirmer les politiques
néfastes du ministère de l'Agriculture depuis 1970.
M. LACROIX: Cela, c'est du charriage. Vous savez que c'est faux.
M. LESSARD: De plus, M. le Président, s'il y a eu des budgets
supplémentaires, ce n'est pas à cause du ministre de
l'Agriculture. Ce n'est pas à cause du ministre de l'Agriculture, c'est
parce que les agriculteurs ont dû descendre dans la rue,..
M. TARDIF: ...
M. LESSARD: ... ont dû passer par-dessus la tête du ministre
de l'Agriculture actuel pour aller voir le premier ministre. Les agriculteurs,
M. le Président, ont dû contester parce que jamais le ministre de
l'Agriculture n'avait été capable de répondre à
leurs demandes.
M. TARDIF: ... il va se fâcher...
M. LACROIX: Soyez calme, votre coeur, votre coeur!
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): A l'ordre, s'il vous plaît!
L'honorable député de Saguenay.
M. LACROIX: Si vous voulez faire un beau vieux, allez-y
tranquillement.
M. MORIN: Vous n'êtes pas en route pour cela, vous!
M. LESSARD: M. le Président...
M. TARDIF: II ne se rendra pas vieux.
M. LACROIX: Je ne pourrai jamais faire un beau vieux, mais je vais faire
un vieux tout court.
M. LESSARD: ... il est curieux que quand le ministre de l'Agriculture a
menacé de démissionner de son poste pour obtenir des budgets
supplémentaires, parce qu'il était insatisfait des budgets qu'on
lui a accordés, il n'a réussi qu'à obtenir $4.5 millions
pour les agriculteurs. Le ministre de l'Agriculture a menacé de
démissionner devant les étudiants de l'Ecole polytechnique
à Montréal. Parce que les agriculteurs décident de
contester et de descendre dans la rue, c'est $15 millions...
Le cornichon là, le député, votre place est
là-bas, si vous voulez intervenir...
M. BELLEMARE (Rosemont): M. le Président...
M. LACROIX: On peut siéger d'où on veut.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Question de règlement.
M. BELLEMARE (Rosemont): ... je demanderais au député de
Saguenay de retirer la parole qu'il vient de dire à l'endroit de mon
collègue qu'il a appelé "le cornichon". C'est antiparlementaire
et je lui demande de retirer ses paroles.
M. LESSARD: Est-ce que le député de Rosemont pourrait
préciser, M. le Président quel collègue j'ai appelé
cornichon?
M. BELLEMARE (Rosemont): Mon collègue le député
d'Anjou.
M. LESSARD: Vous venez de confirmer que c'est le cas.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): A l'ordre, s'il vous plaît A
l'ordre!
M. BELLEMARE (Rosemont): Je demande au député de Saguenay,
encore une fois, de retirer ses paroles. A la page 94 de l'ancien
règlement vous pourrez lire que c'est antiparlementaire.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Pas à ma connaissance. A
l'ordre, s'il vous plaît. Le député de Saguenay.
M. LESSARD: D'accord, que le député de Rosemont me lise la
page 94 de l'ancien règlement pour m'expliquer que cornichon est
antiparlementaire.
M. BELLEMARE (Johnson): Cela te ferait du bien de la lire.
M. LESSARD: M. le Président, je disais donc que ce n'est pas
à cause du ministre de l'Agriculture que les agriculteurs ont obtenu un
budget supplémentaire. C'est parce que les agriculteurs ont
décidé de se tenir debout puis d'exiger certaines choses du
ministère. Et qu'est-ce qu'on a fait? Le gouvernement a réussi
à se libérer, en fait, à se soulager du problème.
On a donné $15 millions aux agriculteurs alors que c'était $40
millions à $50 millions dont on avait besoin. $15 millions aux
agriculteurs, particulièrement à leur organisme, l'Union des
producteurs agricoles, en leur disant: Répartissez les $15 millions
entre vous. Autrement dit, on a appliqué la politique: diviser pour
régner. On vous donne un petit gâteau avec un petit peu de
"crémage", puis divisez-le entre vous, malgré que le gâteau
soit trop petit pour vos besoins.
Alors, M. le Président, je pense que le ministre n'a aucune
raison aujourd'hui de se réjouir et de venir nous dire qu'il a un budget
de $38,400,000. Je pense que c'est le minimum. Si les agriculteurs, c'est
ça qui est malheureux, si les agriculteurs ne s'étaient pas
battus dans la rue pour obtenir des budgets supplémentaires, ils
seraient encore limités actuellement à leur budget de $115
millions.
Et cette situation, M. le Président, me paraît très
dangereuse, dans le sens qu'on attend que les gens descendent dans la rue
ç'a été le cas aussi pour les étudiants
pour répondre à leurs besoins. Et c'est justifier des
contestations qui seraient inutiles si on avait un véritable
ministère de l'Agriculture. Et je pense que d'autres groupes sociaux du
Québec, s'ils prennent l'exemple des agriculteurs, vont aussi être
dans l'obligation de descendre dans la rue, avant de voir le gouvernement du
Québec répondre à leurs besoins.
Il ne s'agit pas, M. le Président, d'être agitateur, il
s'agit tout simplement de constater un fait: le gouvernement encourage la
contestation au Québec.
M. HARDY: Qui l'encourage?
M. LESSARD: Ce gouvernement répond aux aspirations des
Québécois, répond aux aspirations des agriculteurs quand
ces gens-là décident de descendre dans la rue.
M. LACROIX; Quand vous les faites descendre.
M. TARDIF: Agitateur.
M. LESSARD: C'est dangereux. Alors c'est pourquoi...
M. LACROIX: Rappelez-vous votre dernier congrès. Les enfants,
après ça les assistés sociaux, les agriculteurs, il faut
les soulever. Vous faites ce travail là.
UNE VOIX: Vous faites une bonne "job". M. TARDIF: Tu dois être
fier de toi, Lulu.
M. LACROIX: Vous détruisez pour essayer de vous faire une
image.
M. MORIN: M. le Président...
M. LESSARD: M. le Président, on n'a pas encore enlevé
personne.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): A l'ordre! L'honorable
député de Saguenay.
M. LACROIX: Vous rappelez le député de Saguenay à
l'ordre, si je comprends bien, M. le Président?
M. MORIN: M. le Président, voulez-vous rappeler les
ministériels à l'ordre?
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): A l'ordre, s'il vous plaît!
L'honorable député de Saguenay. La parole est au
député de Saguenay.
M. QUENNEVILLE: Dans son meilleur.
M. LESSARD: J'aimerais bien voir le député responsable de
l'ODEQ intervenir parce qu'il est responsable d'un certain nombre
d'agriculteurs dans le Bas Saint-Laurent aussi.
M. QUENNEVILLE: Oui.
M. LESSARD: Et puis dans l'Est du Québec.
M. QUENNEVILLE: Oui.
M. LESSARD: J'aimerais bien le voir intervenir. Toutes les productions
et tous les encouragements qu'on a faits dans cette région concernant
l'élevage du boeuf, c'est rendu à quel point, aujourd'hui,
à quel niveau? Les éleveurs ne sont même pas capables de
vendre leur production actuellement.
J'aimerais que le ministre responsable de l'ODEQ, qui rit pendant que je
parle, intervienne pour exiger du ministre de l'Agriculture que des budgets
supplémentaires soient accordés pour la région de l'Est du
Québec.
M. TOUPIN: C'est intenable, ce que vous dites, mon cher
collègue.
M. LESSARD: M. le Président...
M. QUENNEVILLE: Comment voulez-vous qu'on réponde à cela?
Cela n'a pas de sens.
M. LESSARD: ... le ministre pourra intervenir tout à l'heure.
M. TOUPIN: Comment voulez-vous qu'un gouvernement fasse vendre ses
produits?
M. LESSARD: M. le Président, le ministre pourra intervenir plus
tard.
M. TOUPIN: Soyez au moins rationnel, c'est le minimum qu'on puisse
exiger d'un député, la rationalité.
M. LESSARD: Je termine, M. le Président, d'ailleurs.
M. QUENNEVILLE: II est grandement temps.
M. LESSARD: A l'ordre!
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): A l'ordre!
M. LACROIX: Au lieu de manger du Canadien, vous devriez manger du boeuf,
ça aiderait au commerce.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): A l'ordre! A l'ordre!
M. BELLEMARE (Rosemont): Vous devriez manger du poisson, ça donne
de l'intelligence.
M. LESSARD: J'ai l'impression que le député de Rosemont
n'en mange pas beaucoup, M. le Président.
M. BELLEMARE (Rosemont): Plus que vous, du moins.
M. LESSARD: Je termine, M. le Président.
M. MORIN: C'est un gros mangeur d'autres choses.
M. BELLEMARE (Rosemont): Le chef de l'Opposition inclus.
M. LESSARD: Je termine, M. le Président, en disant que le
ministre de l'Agriculture n'a pas à se glorifier, actuellement. On se
demande s'il y a encore un ministre de l'Agriculture à Québec.
Malheureusement, que ce soit sur la création d'un office des grains de
provende, que ce soit sur l'approvisionnement du Québec en grains de
provende, depuis quelque temps le ministre nous répond à peu
près à chaque fois, lorsque nous avons à poser des
questions en Chambre: Ce n'est pas ma responsabilité, c'est la
responsabilité du gouvernement d'Ottawa. On peut se demander non
seulement si on a un gouvernement mais on peut se demander, actuellement, si on
a un ministre de l'Agriculture au Québec.
M. TOUPIN: M. le Président...
M. LESSARD: Ah, le ministre a des commentaires, maintenant?
M. TOUPIN: ... je n'avais pas...
M. LESSARD: J'attendais ses commentaires, tout à l'heure.
M. TOUPIN: ... l'intention de parler sur ce budget supplémentaire
pour une raison très simple, c'est que je n'ai à me glorifier de
rien. Les fonctions que j'assume ne sont pas des fonctions de glorification, ce
ne sont pas non plus des fonctions pour essayer de vendre à quiconque
des salades qui ne se tiennent pas. Mon rôle est purement et simplement
d'essayer d'aider les agriculteurs du Québec. C'est mon rôle.
Je voudrais seulement relever quelques petites idées qui ont
été émises de l'autre côté, très
rapidement. Quand le député de Saguenay fait des comparaisons
budgétaires, qu'est-ce qu'il essaie de démontrer? Est-ce qu'il
essaie de démontrer que les budgets sont les objets principaux du
développement de l'agriculture...
M. LESSARD: C'est quand même assez important, M. le
Président.
M. TOUPIN: ... laissez-moi terminer... ou s'il essaie de
démontrer que les affirmations faites par le premier ministre ne sont
pas tout à fait justes? Si c'est la deuxième démonstration
qu'il cherche à faire, c'est essentiellement politique. Si c'est la
première, c'est-à-dire celle qui veut qu'un budget soit
nécessaire pour le développement de l'agriculture, j'ai
l'impression qu'il n'a par réfléchi suffisamment sur la question.
Je vais m'expliquer très rapidement là-dessus.
Ce n'est pas le nombre de millions de dollars qu'un ministère
possède qui fait que le secteur dont est responsable ce ministère
se développe. C'est la façon dont on utilise les millions qui
sont disponibles. C'est ce qui est fondamental dans le ministère que je
dirige. Les budgets dont le ministère a eu besoin jusqu'à
maintenant, il les a toujours obtenus.
Quand il ne les a pas obtenus dans les budgets réguliers, il les
a obtenus dans les budgets supplémentaires. Je ne suis pas le seul
ministère, M. le Président, à avoir des budgets
supplémentaires. Il y en a combien qui sont impliqués dans le
budget actuel? Il y en a combien?
M. LESSARD: C'est un cataplasme. M. TOUPIN: Mais il y en a combien?
M. LESSARD: Vous n'avez jamais été capable d'avoir des
politiques...
M. TOUPIN: Non, non, ce n'est pas une question de cataplasme. C'est une
question de responsabilité. Quand le gouvernement décide de
mettre un programme en place, il fait des prédictions
budgétaires...
M. LESSARD: L'élevage du boeuf, vous avez décidé de
mettre ça en place?
M. TOUPIN: II se donne un budget régulier.
M. LESSARD: L'élevage du boeuf, pourquoi avez-vous donné
$15 millions de plus?
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): A l'ordre! A l'ordre!
M. VEILLEUX: M. le Président, une question de
règlement.
M. TOUPIN: Vous ne voulez pas que je les débâtisse vos
arguments? Si vous ne voulez pas que je débâtisse vos arguments,
je ne parlerai pas. Je vais vous les débâtir les uns après
les autres.
M. VEILLEUX: Je m'excuse auprès de mon collègue de
l'Agriculture.
Une question de règlement.
M. TOUPIN: J'espère qu'on ne s'embarquera pas
là-dedans.
M. VEILLEUX: Le ministre de l'Agriculture a écouté avec
une patience d'ange le député de Saguenay et...
M. LESSARD: Non, non, il est intervenu.
M. VEILLEUX: ...depuis que le ministre de l'Agriculture essaie
d'expliquer la philosophie qui anime son ministère, le
député de Saguenay agit exactement comme un gros concombre vide,
plein de petits noyaux, qui essaie d'éclabousser les gens. Pourriez-vous
lui demander de se taire qu'on écoute attentivement le ministre de
l'Agriculture?
M. LESSARD: Le député de Saint-Jean est... UNE VOIX: Un
vrai yo-yo.
M. TOUPIN: Je disais, M. le Président, qu'à chaque
début d'année un budget régulier est voté en
fonction de programmes. Il est possible qu'en cours d'année des sommes
d'argent manquent pour l'administration des programmes. Il y a alors deux
façons de procéder: ou on met fin au programme, ou on refinance
le programme. C'est ça qui est un budget supplémentaire. Tous les
ministères sont susceptibles d'avoir des budgets supplémentaires,
tous, sans exception. Certains en ont plus que les autres, selon les besoins
immédiats que peuvent avoir certains secteurs, par rapport à
certains autres. C'est ça qu'est la philosophie d'un budget
supplémentai-
re. Donc, tenter de discuter du problème agricole autour d'un
budget, c'est simplement éviter la question fondamentale. Donc si on
veut éviter la question fondamentale, dans le cas du
député de Saguenay, c'est attribuable à deux choses: ou il
ne connaît pas l'agriculture puis il aime mieux ne pas en parler,
ou...
UNE VOIX: Cela, c'est sûr.
M. LESSARD: L'ODEQ, il connaît cela, lui.
M. TOUPIN: ... il cherche...
M. LESSARD: J'ai hâte de voir ce qu'il va faire.
M. QUENNEVILLE: Je ne dis pas que je connais ça, par exemple.
M. LESSARD: Vous ne connaissez rien dans la planification puis vous
êtes là.
M. QUENNEVILLE: Qu'est-ce que vous connaissez dans l'agriculture?
M. LESSARD: Vous ne connaissez rien dans la planification.
M. QUENNEVILLE: Vous ne connaissez absolument rien, pas plus que vous
connaissez quelque chose dans l'ODEQ.
M. LESSARD: Vous ne connaissez rien dans la planification, puis vous
êtes responsable de l'ODEQ.
M. QUENNEVILLE: Ce n'est pas le rôle du ministre de l'ODEQ de voir
à l'agriculture.
M. TARDIF: Agitateur.
M. QUENNEVILLE: Vous devriez savoir ça.
M. LESSARD: Vous ne connaissez rien.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): A l'ordre, messieurs!
M. QUENNEVILLE: Vous vous occupez de la Gaspésie et vous devriez
vous occuper de la Côte-Nord.
M. TARDIF: II ne s'occupe même pas de son comté.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): A l'ordre!
M. TOUPIN: M. le Président, il y a deux raisons: ou il ne
connaît pas l'agriculture et cela le gêne d'en parler, ou il veut
faire, avec l'agriculture, de la politique. Je pense que le
député de Saguenay a choisi de faire de la politique avec
l'agriculture. Je puis lui dire une chose.
M. LESSARD: Vous ne faites pas de politique, vous? Vous faites quoi?
M. TOUPIN: Ecoutez, je puis lui dire une chose. S'il veut être
pris au sérieux par les agriculteurs, qu'il commence par parler avec eux
sérieusement de leurs problèmes. Je m'en vais le démontrer
nettement. Quand les agriculteurs sont descendus dans la rue, qu'est-ce que les
agriculteurs demandaient? $15 millions? $40 millions? $50 millions? Non, ce
n'est pas cela qu'ils demandaient. Ils demandaient une politique de revenu pour
les agriculteurs. C'est ça qu'ils demandaient. La politique des revenus
pour les agriculteurs, le gouvernement l'a amorcée, en 1972, en 1971,
dans quatre productions en particulier. Si le député de Saguenay
se rappelle bien ce qui s'est passé au cours de la manifestation, on a
parlé d'un seul problème; celui du bovin. C'est le seul
problème dont on a parlé avec, au bout, l'objectif des revenus
agricoles. Mais on n'a pas parlé, au cours de la campagne, des
productions où déjà il existe une politique de revenu
assuré pour les agriculteurs. On n'en a pas parlé.
Les producteurs laitiers, par exemple, qu'est-ce que les producteurs
laitiers ont dit vis-à-vis des politiques du gouvernement? Rien, ou
très peu de choses. On a parlé donc d'une politique de revenu qui
est déjà amorcée au ministère, et d'ici peu de
temps, le député de Saguenay va se rendre compte que le
gouvernement est sérieux avec ce qu'il fait. Il va s'en rendre compte et
très sérieusement.
Si on revient au problème du budget, c'est assez
intéressant ce qu'on peut constater en réfléchissant
seulement un peu. Ce n'est pas nécessaire de s'asseoir dans un bureau et
de se mettre la tête entre les mains pour tirer des conclusions qui
soient valables d'un budget.
Prenons le budget du ministère de l'Agriculture avec $115
millions, alors qu'actuellement, au Québec, il reste pas tout à
fait 50,000 agriculteurs. En 1970, il y avait probablement près de
62,000 à 65,000 agriculteurs. Alors, faites la division. $115 millions
pour 48,000 à 50,000 agriculteurs, par rapport à $80 millions
pour 60,000 à 65,000 agriculteurs. Alors, faites le calcul et vous allez
vous rendre compte jusqu'où le professionnel de l'agriculture en a
bénéficié.
D'accord. Le député de Saguenay dira: Bien oui, cela
dépend de vos politiques s'il y a des agriculteurs qui sont partis. Vous
l'avez dit tantôt: Cela dépend de vos politiques si les
agriculteurs sont partis. Non, non, non, cela ne dépend pas de nos
politiques. Cela dépend purement et simplement de la rationalisation
d'un secteur économique. C'est de cela que ça dépend.
Il y a des agriculteurs qui sont partis. Il y en a encore qui vont
partir. Je ne me gêne pas pour le dire. Jusqu'à ce que l'on soit
rendu à 40,000 ou le jour où cela arrêtera qu'un certain
nombre d'agriculteurs se déplacent, c'est-à-dire partent d'un
secteur agricole pas rentable pour eux,
parce que la ferme qu'ils ont n'est pas assez grande ou mal
équipée, tant que ce mouvement ne se continuera pas encore
pendant quelques années, nous allons continuer à perpétuer
un problème de pauvreté et un problème social dans le
milieu agricole.
Nous allons continuer à le faire. Si le député de
Saguenay croit que c'est cela qu'on doit faire avec l'agriculture: maintenir
les petites fermes moins rentables, donner des subventions en masse pour
maintenir l'agriculture, bien, qu'il le dise.
UNE VOIX: Du bien-être.
M. TOUPIN: Qu'il arrête de tourner autour du pot et qu'il dise
ça publiquement. Qu'il aille le dire aux agriculteurs. C'est ça,
sa responsabilité en tant que membre de l'Opposition. C'est de donner,
lui aussi, ses idées, si toutefois il en a sur ce secteur-là.
C'est ça qui est important pour lui, pour le moment tout au moins.
C'est, personnellement, ce que j'essaie de faire, d'expliquer aux agriculteurs
et aux non-agriculteurs comment le problème agricole se pose.
Le député de Saguenay disait, toujours dans ce
cadre-là, que les agriculteurs à cause du budget, etc., passaient
par-dessus la tête du ministre de l'Agriculture pour aller voir le
premier ministre. Bien non, M. le Président. Cela dénote
seulement une chose: que le gouvernement actuel s'intéresse en tant que
tel aux problèmes agricoles. C'est pour ça que les ministres et
le premier ministre ont accepté de recevoir les agriculteurs. Ce n'est
que pour ça. Ce n'est pas pour d'autre chose que ça. Ce n'est pas
nouveau ça, que les agriculteurs rencontrent le conseil des ministres.
Ce n'est pas d'hier. Ils le font tous les ans. Ils ne sont pas les seuls,
à part ça, à le faire. Plusieurs autres le font. Ils
viennent rencontrer le conseil des ministres pour discuter avec lui de leurs
problèmes.
Donc, tout ce qui fut dit jusqu'à maintenant par le
député de Saguenay, très sérieusement, j'ai
l'impression que cela n'a rien à voir en termes de contenu
sérieux pour tenter de trouver les meilleures solutions aux
problèmes des agriculteurs. Je sais qu'ils ont des problèmes. Ils
vont en avoir encore dans l'avenir. Ce ne sont pas les seuls à en avoir.
Tous les secteurs de la société, actuellement, nous paraissent
vivre des situations problématiques sérieuses. Les contestations
actuelles le dénotent. Les contestations passées l'ont
dénoté. Les grèves, qui se manifestent un peu partout dans
tous les secteurs économiques, le démontrent aussi. Il y a des
malaises sociaux et des malaises économiques. C'est évident.
Mais il ne s'agit pas simplement d'en parler. Il ne s'agit pas
simplement de les animer. Il s'agit aussi de tenter de les régler, ces
conflits. C'est pour ça que les gouvernements existent. C'est ça
le rôle qu'on joue présentement. Il ne servirait à rien de
laisser se perpétuer une situation sociale malade ou maladive. Ce qui
est important, c'est de trouver la solution qui va corriger cette
situation.
Je n'ai absolument pas à me glorifier de ce budget
supplémentaire. J'ai simplement à dire que ce budget était
nécessaire et que, l'an prochain, d'autres budgets
supplémentaires seront aussi nécessaires.
On les obtiendra sous mille et une formes mais on les aura, au bout du
compte, pour régler les problèmes qu'on veut régler. C'est
rien que pour cela. Ce n'est pas pour autre chose que cela. Mais chaque fois
qu'on dit plus, surtout en termes politiques, tout compte fait, on ne dit rien
sur les vrais problèmes agricoles.
M. le Président, maintenant, si le député de
Saguenay le désire, je suis prêt à prendre article par
article et discuter comment ces sommes seront dépensées et
comment on les retrouve à chacun des chapitres.
M. LESSARD: M. le Président, assez brièvement, d'abord
lorsque le ministre nous dit que lors de la contestation, ce ne sont que les
producteurs de boeuf qui ont contesté, je dis au ministre qu'encore une
fois, il s'est trompé. Il s'agissait là, devant l'effondrement
des prix, d'un exemple pour démontrer que dans tous les secteurs de
l'agriculture il fallait en arriver à des prix minimaux, à des
prix qui devaient être fixés selon les coûts de production.
Si le ministre... Dans le lait nature, M. le Président, c'était
la même chose. Une demande a été faite à la
Régie des marchés agricoles et nous verrons d'ici quelque temps
si le gouvernement a décidé de répondre aux demandes des
agriculteurs.
Quand le ministre, M. le Président, nous dit que ce n'est pas une
question de budget, je dis que théoriquement c'est vrai, mais en
pratique on sait que tous les secteurs qui obtiennent des budgets importants
sont des secteurs qui se développent des secteurs qui sont reconnus
comme étant des secteurs dynamiques par le gouvernement et,
malheureusement, cela n'a pas été le cas pour le secteur
agricole.
M. TOUPIN: Ce n'est pas vrai, M. le Président.
M. LESSARD: M. le Président, est-ce que le député
de Saint-Jean voudrait intervenir contre le ministre de l'Agriculture, qui
intervient au moment où je parle?
M. le Président, ...
M. TOUPIN: Ce sont simplement des affirmations gratuites que vous
faites.
M. LESSARD: Ce n'est pas gratuit, M. le Président. Arrêtez
donc de nous dire des choses qui sont absolument ridicules.
M. TOUPIN: Avez-vous des statistiques pour...
M. LESSARD: Des choses qui sont absolu-
ment ridicules. Vous l'avez affirmé vous-même...
M. TOUPIN: Avez-vous des statistiques pour prouver vos dires? Est-ce que
vous savez que le prix du lait nature a plus que doublé depuis 1970?
Est-ce que vous savez que le prix du poulet a plus que doublé depuis
1970? Vous savez cela. Si vous ne le savez pas, allez donc puiser aux
statistiques. Après, vous pourrez parler.
M. QUENNEVILLE: Rien.
M. LESSARD: ... le prix de la moulée, qu'est-ce que cela a fait,
depuis 1970?
M. TOUPIN: Les statistiques...
M. LESSARD: Est-ce que vous savez, M. le Président, le prix des
intrants, qu'est-ce que cela a fait, depuis 1970?
M. TOUPIN: Oui, je le sais et je vais le dire à part cela.
M. LESSARD: Est-ce que vous savez, M. le Président, quelle
est...
M. TOUPIN: Voulez-vous que je vous le dise? Voulez-vous que je vous le
dise? Je vais vous le dire, moi.
M. LESSARD: ... la situation des agriculteurs?
M. TOUPIN: Le prix des intrants a augmenté de 70 p.c. et le prix
des produits a augmenté de 100 p.c. En partant d'un indice de 100, il
reste 30 p.c. nets dans la poche des agriculteurs, depuis 1970. Essayez de
débâtir cela si vous êtes capable. Essayez de le faire !
M. LESSARD: Et le prix du boeuf de boucherie, le prix du porc?
M. TOUPIN: Ecoutez, pour le prix du porc, il n'y a pas de
problème! Vous le savez, les producteurs de porc n'ont pas chialé
depuis un bout de temps. Le député de Saguenay le sait, à
100 p.c.
M. LESSARD: J'en ai rencontré un, justement.
M. TOUPIN: Un, écoutez! Il a rencontré un producteur de
porc. Toute une affaire! Cela devait être le "superporc! "
M. LESSARD: M. le Président, les moins doués pour les
mathématiques, même le premier ministre, savent très bien
que vendre à perte 100 bêtes au lieu d'en vendre 50, cela ne
crée pas des revenus, cela crée des déficits.
M. TOUPIN: On n'a pas attendu pour intervenir là-dessus.
M. LESSARD: Les moins doués en mathématiques, même
le ministre de l'Agriculture et même le premier ministre Bourassa savent
très bien que vendre 100 bêtes à perte, cela fait bien plus
mal que d'en vendre 50 à perte. Or, M. le Président,
actuellement, dans le boeuf...
M. TOUPIN: On n'a pas attendu que les agriculteurs manifestent pour
intervenir. Prenez le budget. Si vous voulez, on va le regarder maintenant.
Vous allez voir les gestes qu'on a posés. Vous allez voir les gestes
qu'on a posés, bien avant que les agriculteurs descendent. Vous allez
voir que le budget qui a été donné aux agriculteurs ne va
pas du tout dans le bovin, il va bien ailleurs. On va l'étudier, par
exemple, le budget. On va voir ce qu'il y a dans ce budget. Si vous avez peur
d'en discuter, c'est une autre affaire mais moi, je suis prêt à
discuter du budget. C'est pour cela qu'on est ici.
M. LESSARD: Quelles sont les mesures?
On sait que le gouvernement américain a décidé de
boycotter l'importation du boeuf en provenance du Canada. A qui ça fait
mal? Aux producteurs québécois. Quelles sont les mesures que le
ministre de l'Agriculture a prises pour intervenir auprès du
fédéral? Le ministre nous répond tout le temps: Ce n'est
pas ma faute! c'est la faute du gouvernement fédéral. Quelles
sont les mesures que le ministre a prises?
M. TOUPIN: Où est votre logique?
M. LESSARD: Quelles sont les mesures que le ministre a prises pour nous
assurer l'approvisionnement de grains de provende?
M. TOUPIN: Où est votre logique? Tantôt, vous nous accusiez
de ne pas développer la production bovine au Québec et,
maintenant, vous nous accusez d'être les principaux responsables de sa
mévente. Où est votre logique?
M. TARDIF: II n'en a pas de logique. M. LESSARD: Voyons donc!
M. TOUPIN: Vous avez chialé à grands discours parce que
les viandes américaines rentraient sur le marché canadien. Le
gouvernement fédéral, à la suite de rencontres avec les
ministres de l'Agriculture des provinces, décide de mettre un embargo,
avec le prétexte, bien sûr, des drogues dangereuses.
M. LESSARD: Prétexte.
M. TOUPIN: C'est bien évident. Alors, qu'est-ce que ç'a
provoqué? Cela a provoqué
une mesure égale de la part des Américains. Qu'est-ce
qu'on a réglé, tout compte fait? Quand vous parlez de nous
entourer de temps en temps, pensez à ça.
M. LESSARD: M. le Président, c'est ridicule, encore une fois.
Encore une fois, le ministre de l'Agriculture répond en nous disant
qu'on veut s'entourer de barrières. On ne veut pas s'entourer de
barrières; on veut avoir la possibilité de négocier. Le
ministre de l'Agriculture actuellement ne peut rien faire.
M. TOUPIN: C'est ce que nous faisons actuellement.
M. LESSARD: Non, le ministre de l'Agriculture ne peut absolument rien
faire et, chaque fois que nous lui posons des questions, il nous répond:
Ce n'est pas ma faute, ce n'est pas ma responsabilité; cela
dépend du ministre de l'Agriculture d'Ottawa. C'est là. Il ne
s'agit pas de mettre des frontières autour du Québec. Il s'agit
d'avoir un gouvernement normal qui nous permettra de négocier
d'égal à égal avec d'autres gouvernements.
M. TARDIF: Dis cela en français.
M. TOUPIN: C'est ce qui se fait présentement. Vous n'inventez
rien là. Vous n'inventez absolument rien quand vous dites cela.
M. LESSARD: Mais il faudrait que le ministre, cependant, en prenne
conscience, si on n'invente rien. Il faudrait que le ministre prenne conscience
que, dans la guerre des poulets et des oeufs, on a tout perdu.
M. TOUPIN: On a tout perdu. Ah bon!
M. LESSARD: On a tout perdu.
M. TOUPIN: Où sont vos statistiques?
M. LESSARD: Parce que, pendant qu'on a des surplus...
M. MERCIER: Des chiffres.
M. TOUPIN: Pouvez-vous me démontrer s'il y a eu diminution ou
augmentation de la production des oeufs au Québec depuis deux ans?
M. LESSARD: Oui, mais qui subit... M. TOUPIN: Pouvez-vous le
démontrer? M. TARDIF: Réponds à ça.
M. LESSARD: Le surplus d'oeufs, qui en subit les conséquences
aujourd'hui?
M. TOUPIN: Moi, je vais vous le démontrer.
Ne déplacez pas le problème, n'essayez pas de prendre un
problème politique et de le mêler avec un problème
économique. La production des oeufs au Québec...
M. LESSARD: Attendez un peu là. Le problème politique et
le problème économique...
M. TOUPIN: La production des oeufs au Québec a
augmenté...
M. LESSARD: ... cela se rejoint. Pendant qu'on avait des surplus d'oeufs
au Québec, d'où provenaient les oeufs? Les grandes chaînes
d'alimentation comme vous le demandait...
M. TOUPIN: Vous voulez que je vous donne des statistiques.
M. LESSARD: ... le député de Beauce-Sud...
M. TOUPIN: Voulez-vous que je vous les donne, les statistiques?
M. LESSARD: Ils venaient d'où? Ils venaient des Etats-Unis.
M. TOUPIN: Avez-vous peur d'apprendre? On va vous le montrer.
La production des oeufs au Québec depuis 1970, de 45 p.c. qu'elle
était pour nos besoins alimentaires, a atteint cette année 60
p.c. C'est 15 p.c. d'augmentation. C'est vrai que cela a créé des
perturbations en Ontario, au Manitoba. C'est un fait, parce que ces provinces
ont dû reculer dans leur territoire un peu. Elles en produisaient
davantage, elles en produisaient trop. Ce n'est pas un gain pour le
Québec, ça? C'est quoi, si ce n'est pas un gain? Comment peut-on
interpréter ça autrement que comme un gain?
UNE VOIX: II ne comprend rien.
M. TOUPIN: C'est dans cette perspective-là qu'il faut discuter
quand on discute sérieusement des problèmes agricoles, pas comme
on le fait ce soir, puisque, tout compte fait, ce n'est pas très
sérieux.
M. LESSARD: Le pourcentage des oeufs qui ne sont pas vendus par FEDCO et
qui sont, à un moment donné, soustraits de la paie du producteur,
qui paie pour cela et qui en subit les conséquences?
M. TOUPIN: M. le Président...
M. LESSARD: Qui en subit les conséquences? C'est le producteur
qui en subit les conséquences...
M. TOUPIN: Oui.
M. LESSARD: ... parce que justement le ministre ne prend pas ses
responsabilités.
M. TOUPIN: Alors, je vais vous apporter d'autres statistiques pour
éclairer comme il faut vos lanternes, si toutefois il y en a.
Prenez les statistiques de production et les statistiques de prix que
les producteurs d'oeufs du Québec ont eus. Prenez les années
1969, 1970, 1971 et faites le prix moyen. Prenez 1972, 1973, 1974 et faites le
prix moyen et vous allez trouver une augmentation de prix moyen qui approche 70
p.c. Laissez-moi terminer; n'ayez donc pas peur.
M. LESSARD: ... augmentation?
M. TOUPIN: Oui, oui, cela veut dire que les prix ont augmenté de
70 p.c. et les prix se sont stabilisés. Quand le gouvernement est-il
intervenu au niveau des producteurs d'oeufs depuis 1971? Il n'est pas
intervenu. Pourquoi n'est-il pas intervenu? Tout en augmentant notre
production, en négociant des ententes avec les acheteurs, en s'entendant
avec les autres provinces c'est de la négociation, cela on
est parvenu à atteindre ces objectifs. Alors, si vous êtes
capables de nous prouver en termes de statistiques qu'il y a
véritablement recul du secteur agricole, démontrez-le en termes
de statistiques. Ne nous arrivez pas rien qu'avec des discours qui ne tiennent
pas, qu'on fait dans les campagnes électorales mais pas ailleurs, pas
ici en tout cas.
M. LESSARD: Un recul, M. le Président. C'est confirmé
à tous les jours.
M. TOUPIN: Démontrez-le.
M. LESSARD: C'est confirmé à tous les jours, M. le
Président.
M. TOUPIN: La...
M. LESSARD: Si le ministre avait assisté au congrès de
l'UPA, il aurait constaté, concernant l'augmentation des encans,
l'augmentation des faillites dans ce secteur, que de plus en plus il y a pas
mal moins d'agriculteurs, de jeunes agriculteurs qui sont
intéressés à se lancer dans cette production. On n'a pas
besoin d'être économiste pour voir de telles choses. On a juste
à les constater, M. le Président. Le ministre aurait dû, au
lieu d'aller dire aux agriculteurs, comme il l'a dit, essayer de se sortir
à un moment donné: Que les agriculteurs québécois
augmentent leur productivité s'ils veulent voir leurs revenus
s'accroftre. Que le ministre augmente donc sa productivité s'il veut
voir les agriculteurs augmenter leur productivité. Que le gouvernement
du Québec prenne donc ses responsabilités pour développer
l'agriculture au Québec au lieu de donner complètement les
responsabilités au gouvernement fédéral.
M. TOUPIN: La seule différence qu'il y a c'est que moi, je peux
quantifier la productivité vis-à-vis des producteurs quand je
l'ai affirmée alors que vous, vous ne pouvez pas la quantifier quand
vous parlez du ministère de l'Agriculture. C'est la différence.
Et je m'en vais la quantifier...
M. MERCIER: II a raison. M. TARDIF: ... pas capable.
M. TOUPIN: ... à part de cela, je n'aurai pas de problème.
Vous parlez des encans et vous parlez du problème bovin actuellement.
Allez dans certains abattoirs québécois et demandez-leur
où est-ce qu'ils s'approvisionnent actuellement en bovin? Ils ne
s'approvisionnent pas au Québec parce que les producteurs du
Québec ne vendent pas leur bovin cette année, c'est moi qui leur
ai dit de ne pas le vendre, de les garder, parce que ce n'était pas
payant.
M. LESSARD: Leurs veaux?
M. TOUPIN: Regardez la déclaration que j'ai faite...
M. LESSARD: Leurs veaux?
M. TOUPIN: Les veaux, la même chose.
M. LESSARD : Les veaux, ils sont allés pour les vendre...
M. TOUPIN: Exactement la même chose.
M. LESSARD: ... et ils ne sont même plus capables de trouver un
prix pour leurs veaux actuellement aux encans.
M. TOUPIN: Voyons donc! Les gars ne vendent pas parce que les prix ne
sont pas bons et ils ont raison de ne pas vendre à part de cela. Et je
les encourage à ne pas vendre.
M. LESSARD: II y a des gens qui' veulent vendre et ils ne trouvent
même pas un prix pour.
M. TOUPIN: Ce n'est pas vrai, cela.
M. LESSARD: Je vous le confirmerai demain matin, je voulais vous poser
une question ce matin à ce sujet.
M. TOUPIN: Bon, supposons...
M. LESSARD: Je vous le confirmerai, un fait concret.
M. TOUPIN: D'accord, apportez-moi la preuve et à ce
moment-là je ne m'obstinerai plus là-dessus. Tout ce que je peux
vous dire c'est qu'actuellement les producteurs de bovins du Québec ne
les vendent pas et je ne veux pas
qu'ils les vendent parce que ce n'est pas le temps de les vendre. C'est
pour cela d'ailleurs qu'on a mis...
M. LESSARD: Ils n'ont pas le choix, il faut qu'ils vendent parce que
vous ne leur avez pas donné assez d'argent...
M. TOUPIN: Mais ils ne vendent pas.
M. LESSARD: ... pour être capables de les hiverner.
M. TOUPIN: Ils ne vendent pas. Je ne vous dis pas qu'ils veulent
vendre.
M. LESSARD: Ils essaient de vendre et ils ne trouvent pas de prix sur le
marché.
M. TOUPIN: II ne faut pas qu'ils vendent non plus, en plus. C'est pour
cela qu'on a donné des subventions, il faut qu'ils gardent leurs bovins.
On ne donne pas des subventions pour les bovins qui ont été
vendus et abattus, on donne des subventions pour les bovins qui sont là
dans les étables actuellement. C'est à eux autres qu'on donne des
subventions, pas à ceux qui ont été vendus. On veut qu'ils
gardent les bovins, qu'ils attendent un meilleur marché pour les bovins.
C'est ce qu'on veut. Ce n'est rien d'autre.
Vous parliez tantôt encore des ventes aux enchères, les
encans, etc. Ce n'est pas d'hier qu'il y a des encans. Cela se fait...
M. LESSARD: ... c'est depuis que le ministre est ministre
actuellement...
M. TOUPIN: Bon, d'accord, on va finir.
M. LESSARD: ... et ministre responsable qu'il s'en fait le plus.
M. TOUPIN: Bien oui.
M. LESSARD: Depuis que le gouvernement, élu, depuis 1970 que les
encans ont augmenté au Québec.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): A l'ordre !
M. TARDIF: ...
M. TOUPIN: Les encans ont augmenté et ce qui est assez
drôle c'est que je rencontre l'Association des encanteurs et ils me
disent que tous les ans il y en a quatre, cinq qui font faillite. Bon, je ne
sais pas exactement ce qui se passe, mais tout ce que je puis vous dire, c'est
que les statistiques le dénotent et cela je peux le démontrer
n'importe quand, le besoin de relève agricole actuellement pour le
Québec se situe entre 600 et 750 jeunes. Il ne faut pas qu'il en entre
beaucoup plus que cela parce que s'il en vient plus que cela sur le
marché, de deux choses l'une: ou le prix des fermes va augmenter
à un rythme très rapide, ou on va manquer de fermes. Je parle des
fermes rentables, je ne parle pas des petits morceaux de terre.
M. LESSARD: Les fermes?
M. TOUPIN: Les fermes rentables. Selon les statistiques du crédit
agricole de 1974, je vais vous les sortir, le nombre de subventions
données cette année dépasse les 700 jeunes qui se sont
établis, cette année. C'est le double de ce qui se faisait en
1970, c'est le double.
Vous allez trouver, dans le budget supplémentaire, $1,300,000 de
plus pour ça, pour des subventions versées à des jeunes
qui se sont établis en agriculture.
M. LESSARD: Vous calculerez les faillites.
M. TOUPIN: Cela, c'est de la relève. Cela, ce sont des chiffres.
Essayez de débâtir ça, si vous êtes capable.
M. LESSARD: Avez-vous calculé les faillites de jeunes, cette
année? Vous calculerez les faillites de jeunes, l'année prochaine
aussi, puis dans deux ans.
M. TARDIF: Les faillites et les chiffres. M. TOUPIN: Apportez-les, les
faillites. M. TARDIF: Les chiffres, Lulu. UNE VOIX: Agitateur. M. TARDIF:
Yo-yo.
M. TOUPIN: Est-ce qu'on les prend maintenant article par article.
M. LESSARD: Alors, M. le Président, programme 1...
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Programme 1 adopté.
M. LESSARD: Non, M. le Président, $100,000 sont prévus au
programme 1, recherche agricole. J'aimerais que le ministre nous fasse un
éventail des dépenses concernant ce programme. Ce qu'il
prévoit.
M. TOUPIN: $100,000 pour le programme recherche agricole, c'est
ça? C'est simplement $100,000 dont le ministre a eu besoin de plus,
surtout pour l'impression de ces...
M. LESSARD: Très bien.
M. TOUPIN: D'accord, je me trompais d'article. Très bien. Les
$100,000 c'est l'inflation, tout compte fait. C'est l'achat d'aliments dont
les différentes stations de recherche avaient besoin; un peu plus
que par les années passées, et à cause de l'augmentation
des prix, ç'a coûté plus cher.
M. LESSARD: M. le Président, j'aimerais, très
brièvement, à ce titre, même si l'enseignement agricole
maintenant relève du ministère de l'Education, souligner au
ministre qu'il y a quelques jours, j'ai eu l'occasion d'aller visiter une
polyvalente et de voir dans quel genre de milieu on enseignait les techniques
agricoles au Québec. Il s'agissait d'un local qui était
entouré d'autres locaux où on enseignait la menuiserie, la
mécanique, autrement dit, où on enseignait certains
métiers, et j'ai eu l'occasion de constater qu'il était
extrêmement difficile de s'entendre puisque la machinerie alentour du
local fonctionnait. Je voudrais le souligner très brièvement, il
s'agit de l'école Sainte-Thérèse-Martin, de Joliette.
Je trouve que si c'est ça l'enseignement agricole au niveau des
polyvalentes du Québec, on va avoir de la difficulté à se
trouver de la relève d'ici quelques années. C'est ridicule, ce
que j'ai vu, et j'inviterais le ministre à intervenir. Si j'avais
été enseignant là parce qu'il y a un enseignant qui
a du courage si j'avais été enseignant, M. le
Président, jamais je n'aurais accepté d'enseigner dans un local
comme celui-là. Je voudrais dire au ministre que c'est un
problème sérieux. Qu'il intervienne auprès du ministre de
l'Education. Qu'il ait au moins une certaine supervision sur l'enseignement
agricole. Qu'il intervienne auprès du ministre de l'Education pour faire
en sorte que l'enseignement agricole dans les polyvalentes soit au moins pris
au sérieux, ce qui ne semble pas être le cas actuellement.
Et, je vous avoue, M. le Président, qu'ayant déjà
été dans l'enseignement pendant quand même sept ans, j'ai
trouvé que c'était de l'héroïsme, pour un enseignant
dans le secteur agricole, de travailler dans des conditions aussi
déplorables. Et je cite l'école l'école
Sainte-Thérèse-Martin, de Joliette.
M. TOUPIN: C'est fantastique, M. le Président...
M. LESSARD: ... Le député responsable de l'ODEQ pourrait
nous parler de cette école-là. Je ne sais pas s'il l'a
visitée...
M. TOUPIN: ... d'entendre le député de Saguenay dire que
l'agriculture est donc mal comprise, que l'agriculteur est donc mal compris. Il
est donc mal foutu ce gars-là, c'est formidable.
M. LESSARD: Ce n'est pas ça que je dis, M. le Président,
c'est ridicule, je vous dis...
M. TOUPIN: Laissez-moi terminer.
M. LESSARD: Je vous dis: Prenez donc vos responsabilités.
M. TOUPIN: Laissez-moi terminer.
M. LESSARD: Je vous dis que j'ai eu l'occasion de visiter, dans le
comté de Joliette, une école où on enseignait
l'agriculture et c'est vraiment ridicule. Dans d'autres écoles, c'est la
même chose. Je vous dis que si vous voulez avoir de la relève, il
va falloir que vous vous préoccupiez un peu, à un moment
donné, des jeunes.
M. QUENNEVILLE: M. le Président, il y avait six
élèves, exactement.
M. LESSARD: II n'y en avait pas six, M. le Président. Cela fait
longtemps que le ministre n'est pas passé dans son comté.
M. QUENNEVILLE: II y en avait exactement six.
M. MERCIER: Est-ce que le député de Saguenay me
permettrait une question?
M. LESSARD: Non, je réponds au ministre. Cela fait longtemps que
le ministre n'est pas passé dans son comté.
M. QUENNEVILLE: Cela fait à peu près trois jours.
M. LESSARD: Trois jours et il y avait six élèves?
M. QUENNEVILLE: II y avait pas six élèves cette
année, il n'y en a pas du tout.
M. LESSARD: II n'y en a pas du tout cette année?
M. QUENNEVILLE: Non.
M. LESSARD: II n'y avait pas d'élèves cette
année?
M. QUENNEVILLE: Des élèves, pas dans la technique
agricole.
M. LESSARD: Pas dans la technique agricole? M. le Président, j'ai
visité, il y a trois semaines, le comté du
député.
M. QUENNEVILLE: ...
M. LESSARD: Je suis allé à l'école
Thérèse-Martin de Joliette et j'ai eu l'occasion de rencontrer
une trentaine de jeunes, dans leur classe, qui étudiaient les techniques
agricoles. Et le député responsable de ce comté m'affirme
que cette année il n'y avait pas d'enseignement agricole à cette
école.
M. QUENNEVILLE: II y en avait six, l'an dernier, en tout cas.
M. LESSARD: Six l'an dernier et ... M. QUENNEVILLE: Oui.
M. LESSARD: ... je vous dis qu'il y en avait trente, cette
année.
M. QUENNEVILLE: Je vais vérifier et je vous le dirai.
M. LESSARD: Je vous dis, M. le Président, que le ministre vient
de me confirmer qu'il n'y en avait pas. Alors, cela veut dire qu'un
député étranger à la région connaît
plus le comté du député de Joliette que ce dernier.
M. QUENNEVILLE: J'ai l'impression qu'il connaît surtout les autres
comtés, le sien pas tellement.
M. MERCIER: J'aimerais poser une question.
M. LESSARD: M. le Président, que le ministre ne se casse pas la
tête...
M. QUENNEVILLE: Je connais le vôtre pas mal plus que vous.
M. LESSARD: ...les problèmes de mon comté, je les
connais.
M. QUENNEVILLE: Ah! Vous n'en parlez pas souvent et vous n'êtes
jamais là à part cela.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): A l'ordre, s'il vous plaît
!
M. MERCIER: Est-ce que le député ...
M. LESSARD: Et j'attends le ministre à un coin de rue, quelque
part, et j'espère qu'il a fait fonctionner certains dossiers qui lui ont
été transmis.
UNE VOIX: Des menaces!
M. MERCIER: Est-ce que le député de Saguenay pourrait me
dire si c'est cela qu'il est allé vérifier dans mon comté,
hier soir, pour une rencontre avec les...
M. LESSARD: Justement, parce que les députés
libéraux ne s'occupent pas de leurs problèmes, alors, j'ai
été obligé d'aller dans le comté de
Bellechasse.
M.MERCIER: Prouvez-le! Vous êtes allé faire de
l'agitation.
M. LESSARD: J'ai été obligé d'aller dans le
comté de Bellechasse...
M. MERCIER: Je dois vous dire que mes relations avec l'UPA sont
excellentes.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): A l'ordre! A l'ordre!
M. LESSARD: En compagnie du député de Beauce-Sud, parce
que le député de Bellechasse ne s'occupe pas de défendre
les intérêts...
M. MERCIER: Justement, il a fallu que vous vous y mettiez à tous
les deux pour essayer d'annihiler l'action du député de
Bellechasse puis faire de la contestation.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Le député de
Saint-Jean.
M. VEILLEUX: M. le Président, le député de Saguenay
vient de dire qu'hier soir il était dans le comté du
député de Bellechasse.
M. LESSARD: Pas encore...
M. VEILLEUX: Pendant les heures de la session, il me semble que les
règlements disent que l'on doit être à l'Assemblée
nationale ou pour un travail dans son comté. J'ai hâte de voir le
rapport du député de Saguenay sur son absence hier à
l'administrateur de l'Assemblée nationale.
M. MERCIER: II est venu faire de l'agitation dans mon comté.
M. LESSARD: M. le Président, je n'ai absolument aucune
inquiétude concernant mes absences à l'Assemblée
nationale. Il y a un certain nombre de députés libéraux
qui vont avoir, d'ici quelque temps, des inquiétudes.
M. TARDIF: Nommez-les!
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): A l'ordre!
Le député de Maskinongé.
M.LESSARD: Alors je demandais...
M. PICOTTE: M. le Président, le député de
Saguenay...
M. LESSARD: Sur quoi est-ce que vous intervenez? Une question de
règlement?
M. PICOTTE: Une question de règlement. Le député de
Saguenay aurait peut-être avantage à retourner dans l'enseignement
pour voir ce qui se passe...
M. LESSARD: II va falloir aller dans votre comté.
M. PICOTTE: ...à Louiseville à la polyvalente. Il a
parlé d'autres polyvalentes tantôt et il ne sait pas du tout ce
qui se passe quand il dit cela.
II y a une option agricole à la polyvalente de Louiseville. Il y
a plusieurs étudiants, il y a de bons budgets qui nous sont
dispensés, c'est très bien organisé, contrairement
à ce qu'il vient de dire, à ce que le député de
Saguenay vient de laisser croire à toute la Chambre. Il aurait
peut-être profit à retourner dans l'enseignement pour
vérifier ce qui se fait. Il y a une grosse différence entre une
option agricole et peut-être tout simplement l'exploration agricole.
Quand il parle de l'école Thérèse-Martin, il est fort
probable que ces étudiants font de l'exploration en menuiserie, en
soudure et peut-être aussi en agriculture. Si c'est de l'exploration
agricole, c'est très différent de l'option agricole. Vous
viendrez visiter la polyvalente de Louiseville. Venez visiter les endroits
où c'est bien organisé. Je vous invite et j'irai avec vous, je
vous apprendrai certaines choses que vous ne connaissez pas, de la façon
dont vous parlez.
M. LESSARD: M. le Président, je continue d'affirmer que je n'ai
pas visité un groupe d'étudiants en exploitation agricole; j'ai
visité un groupe d'étudiants qui étudiaient en techniques
agricoles, dans le comté de Joliette.
DES VOIX: Joliette.
M. HARDY: En français maintenant.
M. LESSARD: Dans le comté de Joliette.
M. TOUPIN: Ce qui fait l'objet de nos discussions, ce soir...
M. LESSARD: Et j'ai visité, M. le Président,
l'école Thérèse-Martin.
UNE VOIX: Tu n'es pas à l'université.
M. LESSARD: Je précise l'école
Thérèse-Martin. Je ne dis pas que c'est la même chose
partout. Je n'ai pas affirmé que c'est la même chose partout.
Cependant, si les députés libéraux...
M. le Président, je comprends qu'il y a beaucoup de
députés que cela n'intéresse pas; je comprends qu'il y a
beaucoup de députés libéraux qui ne comprennent pas les
problèmes que vivent actuellement les agriculteurs du Québec.
M. TARDIF: Oui, après t'avoir écouté.
M. LESSARD: M. le Président, comme le député
d'Anjou n'est pas intéressé à discuter de ce
problème, qu'il sorte donc.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): A l'ordre! s'il vous plaît.
Revenons aux crédits.
M. LESSARD: M. le Président, d'accord, à l'ordre! Mais
vous allez demander au député d'Anjou, par exemple, de me laisser
intervenir comme je veux le faire à l'Assemblée nationale.
M. TARDIF: M. le Président, j'invoque le règlement.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Une question de règlement.
L'honorable député d'Anjou.
M. TARDIF: M. le Président, le député de Saguenay a
affirmé que je ne m'intéressais pas... Veux-tu t'asseoir pour
commencer.
M. LESSARD: II n'y a pas de question de règlement
là-dedans.
M. TARDIF: M. le Président, laissez-moi exposer ma question de
règlement, tout d'abord...
M. LESSARD: II n'y a aucune question de règlement
là-dedans.
M. TARDIF: ... et demandez-lui donc d'être poli et de s'asseoir.
Il n'y a pas grand différence quand il est debout ou assis, mais
demandez-lui donc de s'asseoir pour commencer.
Deuxièmement, je m'intéresse aux questions de
l'agriculture parce que je suis ici ce soir et j'écoute les conneries du
député de Saguenay depuis une heure. Si je ne suis pas
intéressé, je me demande ce que c'est, le manque
d'intérêt. Parce qu'il dit des imbécillités.
Même si je ne connais pas grand-chose, le simple bon sens me fait
constater que ce qu'il dit n'a tout simplement pas de bon sens.
M. le Président, le député de Saguenay est dans
l'erreur lorsqu'il dit qu'on ne s'intéresse pas à cette question.
On a bien beau être un député urbain, on s'intéresse
à cette question. Mais j'essaie d'écouter pour voir ce que les
autres députés ont à dire, au lieu de dire des
imbécillités, des âneries comme le député de
l'autre côté, le minable député de Saguenay, en dit
depuis une heure.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): A l'ordre, s'il vous plaît!
Revenons à l'étude du budget supplémentaire.
M. LESSARD: Oui, M. le Président, au niveau de la recherche. M.
le Président, ce que le député d'Anjou dit, c'est que je
dis des conneries lorsque je dis au ministre de l'Agriculture que
l'enseignement agricole au Québec se fait de façon
déplorable. Le député d'Anjou, qui prétend que je
dis des conneries lorsque j'affirme cela, devrait justement prendre
connaissance d'un certain nombre de recommandations qui ont été
faites par l'Union des producteurs agricoles.
M. TARDIF: Des conneries depuis une heure.
M. LESSARD: Le député d'Anjou, M. le
Président...
M. MORIN: II ne comprend rien.
M. LESSARD: ... qui ne comprend rien d'ailleurs, devrait...
M. TARDIF: Cela t'a été soufflé par ton chef ou un
de tes deux chefs.
M. LESSARD: Non, cela se voit. On n'a qu'à voir le
député d'Anjou pour constater qu'il ne comprend pas grand-chose
de ce qui se passe à l'Assemblée nationale.
M. le Président, ce que je voulais demander au ministre sur cet
article en particulier...
M. TOUPIN: Même si c'était seulement pour dix minutes,
travaillons sérieusement un peu.
UNE VOIX: Adopté, programme 1, M. le Président.
M. LESSARD: M. le Président, est-ce que j'ai encore la parole?
Est-ce que vous pourriez agir comme président, M. le
Président?
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): A l'ordre, s'il vous plaît! Je
suis capable d'agir comme président, mais suivez aussi le
règlement.
M. LESSARD: Je le suis, le règlement.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): On discute de l'élément
1, Recherche agricole.
M. CARPENTIER: M. le Président, à l'entendre parler, on le
croirait seul en Chambre.
M. LESSARD: Bien, pas à vous entendre parce que je viens de vous
entendre parler.
M. CARPENTIER: J'espère que vous allez finir par comprendre.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Je vais me fâcher.
M. MORIN: M. le Président, sur un...
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): A l'ordre !
M. MORIN: ... point de règlement.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): A l'ordre! Bon. Question de
règlement.
M. MORIN: Chacun sait que c'est la coutume en cette Chambre, lorsqu'on
aborde l'élément 1 d'un programme, que l'Opposition puisse
interroger le ministre sur tout aspect des politiques de son ministère.
C'est ce que fait le député de Saguenay et je ne pense pas qu'on
puisse lui contester ce droit. Et plus, on l'interrompra, plus cela prendra de
temps, naturellement. C'est ce que font, depuis tout à l'heure, les
député, nos vis-à-vis. Je dois dire que, franchement, ce
genre de comportement m'étonne un peu.
Qu'on laisse le député de Saguenay parler et on en aura
fini rapidement.
UNE VOIX: Gardez vos leçons pour vous.
M. VEILLEUX: M. le Président, sur la question soulevée par
l'honorable chef de l'Opposition officielle...
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Saint-Jean.
M. VEILLEUX: ... où il dit qu'avant d'entreprendre l'étude
des crédits, on étudie globalement, oui, M. le Président,
c'est ce qu'a fait le député de Saguenay. Et il a dit, à
un certain moment: J'ai terminé la discussion générale,
nous arrivons au programme 1, Recherche et enseignement. Mais il continue les
mêmes "fai-sez-ci, faisez-ça" qu'il faisait au début.
Rappelez-le aussi à l'ordre, M. le Président, pour que, une fois
pour toutes, on travaille sérieusement, comme on l'a fait toute la
journée. Remarquez une chose: Moi, je suis présent ici depuis dix
heures ce matin. Les débats se sont faits dans l'ordre. Et dès
que le député de Saguenay est venu entreprendre l'étude
des crédits du ministère de l'Agriculture, le "free for all" a
commencé. Même le député de Saint-Jacques, lorsqu'il
a discuté des crédits du ministère des Affaires
culturelles, l'a fait dans l'ordre. Demandez donc au député de
Saguenay de suivre, pour une fois, son collègue de Saint-Jacques qui,
lui, a bien agi, épaulé par le député de
Sauvé. Vous pourriez peut-être demander au député de
Sauvé de demander au député de Saguenay de suivre
l'exemple, pour une fois, du député de Saint-Jacques et
d'entreprendre sérieusement l'étude des crédits du
ministère de l'Agriculture.
M. LESSARD: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Saguenay.
M. LESSARD: ... tel que l'a dit le député de Saint-Jean,
je suis toujours à l'article Recherche et enseignement...
M. PICOTTE: Programme 1.
M. LESSARD: ... au programme 1. Et n'avaient été les
interventions inopportunes des députés libéraux, j'aurais
probablement terminé parce que je parlais précisément de
l'enseignement agricole à l'école Thérèse-Martin de
Joliette.
M. QUENNEVILLE: ... combien d'élèves l'an dernier?
M. LESSARD: Je pense que le député du
comté avait raison, l'an dernier il y en avait six ou huit.
M. QUENNEVILLE: M. le Président, je regrette infiniment...
M. LESSARD: Cette année...
M. QUENNEVILLE: ... il n'y en avait pas l'an dernier, aucun.
M. LESSARD: Cette année...
M. QUENNEVILLE: M. le Président, cette année il y en a
25.
M. LESSARD: Alors, vous voyez... Ah! Ah! Le ministre...
M. QUENNEVILLE: Non! Quand je ne le sais pas, au moins je me renseigne.
Vous devriez faire la même chose.
M. MERCIER: Cela confirme ce que l'on disait tout à l'heure, il
est allé faire de l'agitation.
M. LESSARD: Est-ce que vous pourriez me dire, M. le Président, si
c'est moi qui change la discussion, si c'est moi qui ne respecte pas les
règlements actuellement? Est-ce que vous pourriez me le dire, M. le
Président? Je vous demande une directive. Et si ce n'est pas le cas, M.
le Président, je vous demande d'intervenir...
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Voici.
M. LESSARD: ... auprès de vos collègues, les
députés libéraux. Je sais que vous n'avez jamais eu le
courage d'intervenir.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): A l'ordre !
M. LESSARD: ... comme président en commission parlementaire.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): A l'ordre ! A l'ordre !
M. LESSARD: Vous n'avez jamais eu le courage de faire quoi que ce
soit.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): A l'ordre! A l'ordre!
M. LESSARD: Démissionnez donc si vous n'êtes pas capable
d'occuper votre poste.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): A l'ordre!
M. TARDIF: Assois-toi.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): A l'ordre !
UNE VOIX: Agitateur.
M. BELLEMARE (Rosemont): M. le Président, question de
privilège.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Rosemont.
M. BELLEMARE (Rosemont): Je demanderais que pour un prochain
débat, s'il y a lieu, on fasse siéger un de nos collègues
très intègre, le député de Chicoutimi, comme
président. Pour autant que je sache je m'excuse
suivant...
M. LESSARD: Question de privilège, M. le Président.
M. BELLEMARE (Rosemont): ... l'énumération qu'il a...
M. LESSARD: En quoi y a-t-il une question de privilège?
M. BELLEMARE (Rosemont): Je m'excuse, M. le Président. Ce n'est
pas le député de Saguenay.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): A l'ordre, s'il vous plaît ! A
l'ordre !
M. BELLEMARE (Rosemont): M. le Président, est-ce que j'ai encore
la parole?
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Non, c'est terminé. Il n'y a
pas de question de privilège.
M. LESSARD: En quoi y a-t-il une question de privilège?
M. BELLEMARE (Rosemont): J'ai beaucoup de respect pour la
présidence. Si je n'ai plus la parole, M. le Président, je vais
m'asseoir.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): C'est cela.
M. BELLEMARE (Rosemont): Par contre, je veux dire que la
rémunération du député de Saguenay...
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): A l'ordre, à l'ordre, à
l'ordre, à l'ordre !
M. BELLEMARE (Rosemont): II a siégé une fois, pour votre
information. La prochaine fois, qu'on lui demande qu'il siège.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): J'inviterais le député
de Saguenay à discuter de...
M. LESSARD: M. le Président, encore une fois, le...
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): ... recherche et enseignement.
M. BELLEMARE (Rosemont): Je n'accepterai pas qu'on vous traite, M. le
Président, de partial. Je n'accepterai jamais qu'on dise que j'ai un
collègue partial.
M. LESSARD: Encore une fois, M. le Président, le
député de Rosemont est dans les patates, pour utiliser une
expression agricole.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): A l'ordre!
M. LESSARD: Sur la question de privilège, je dis, M. le
Président...
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Là, vous provoquez.
M. LESSARD: ... que le député de Rosemont vient
d'affirmer...
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Revenez au programme 1, recherche et
enseignement.
M. LESSARD: Non, non. Le député de Rosemont vient
d'affirmer une chose qui est fausse. Je n'ai jamais été
président d'une commission.
M. BELLEMARE (Rosemont): Je m'excuse, je n'ai pas parlé du
député.
M. LESSARD: Ah! Corrigez pour le journal des Débats.
M. BELLEMARE (Rosemont): J'ai parlé du député de
Chicoutimi. Je m'excuse, si j'ai mêlé les noms. Je m'excuse. Je
retire mes paroles. Je voulais dire le député de Chicoutimi.
Auprès du député de Saguenay, je m'excuse.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): J'invite mes collègues au
calme, s'il vous plaît. La parole est au député de
Saguenay. Mais je voudrais que le député de Saguenay ne provoque
pas, non plus, les autres membres de l'Assemblée.
M. LESSARD: M. le Président, en quoi ai-je provoqué les
autres membres de l'Assemblée?
M. PICOTTE: Envoie, continue! Grand défenseur de la classe
agricole !
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Est-ce que le député de
Saguenay veut intervenir encore ou s'il...
M. LESSARD: Je veux intervenir, M. le Président, mais demandez
donc à vos collègues de garder le silence.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Ils gardent le silence, actuellement.
L'honorable député de Saguenay.
M. LESSARD: Je demandais, M. le Président, au ministre de
l'Agriculture, étant donné l'expérience que j'ai eue dans
le comté de Joliette, en visitant l'école
Thérèse-Martin, où j'ai pu constater des conditions
absolument déplorables dans l'enseignement agricole, s'il avait
l'intention d'intervenir auprès de son collègue, le ministre de
l'Education, qui est actuellement responsable de l'enseignement agricole, afin
de faire en sorte que, dans les polyvalentes, on puisse prendre cet
enseignement ou cette option de façon un peu plus sérieuse et
qu'on puisse donner aux étudiants des locaux qui seront satisfaisants,
en même temps que prévoir l'achat de matériel qui pourra
être utilisé par les étudiants.
Malgré le fait, tout à l'heure, qu'un député
soit intervenu pour dire que, dans une polyvalente précise, les
techniques agricoles étaient enseignées dans des conditions
satisfaisantes, je dois malheureusement dire au ministre que, d'après
les informations qui nous parviennent de différentes régions du
Québec, ce secteur d'enseignement n'est plus considéré,
actuellement, dans les polyvalentes, depuis que la responsabilité de
l'enseignement a été enlevée au ministère de
l'Agriculture.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable ministre de
l'Agriculture.
M. TOUPIN: M. le Président, je veux être très court
sur ces questions. C'est d'abord du ressort du ministère de l'Education.
Je voudrais simplement relever un certain nombre de points.
Le député de Saguenay craignait, tantôt, un danger
de manque de relève à cause de l'absence d'option. On a ouvert
une option, cette année, à Joliette, et déjà, 30
jeunes s'y sont inscrits. Cela me paraît être une
démonstration assez évidente de l'intérêt des
jeunes, tout au moins, pour le secteur agricole. C'est le premier argument.
Le deuxième argument, c'est que, dans les polyvalentes où
les options agricoles sont organisées depuis quelques années,
l'équipement est en place, la tradition commence à
s'établir et on a des professeurs plus compétents, non pas parce
que ceux qui sont dans d'autres polyvalentes moins organisées le sont
moins, mais plus compétents dans le sens de plus d'expérience,
etc.
Chaque fois qu'une option agricole commence dans une école
polyvalente, il y a toujours, bien sûr, des problèmes
d'organisation.
Maintenant, personnellement, ce que je constate et ce que je veux
constater encore plus dans l'avenir, c'est que ce ne sont pas 30 jeunes qu'on
devrait voir, mais 40 et 45. Mais 30, pour une année, c'est formidable,
parce que, lorsque l'option s'est ouverte, la première année,
à Nicolet, je pense qu'il n'y en avait que sept ou huit. Dans d'autres
écoles polyvalentes, en Mauricie par exemple, certains jeunes n'ont pas
cru bon de s'inscrire; ils sont allés s'inscrire à Nicolet.
Ce qui est important, c'est qu'il y ait des jeunes dans les polyvalentes
et qu'on commence tranquillement à initier des jeunes au secteur
agricole.
Quant à tout l'aspect technique, à l'organisation des
cours et à la préparation des cours, il y a tout un
mécanisme de collaboration avec le ministère de l'Education. Pour
répondre clairement à la question du député: Oui,
je vais intervenir auprès du ministre de l'Education pour lui dire de
mieux organiser les options.
M. LESSARD: Je suis bien d'accord, M. le Président, avec le
ministre, mais, l'an dernier, le député de Joliette nous a dit
qu'il n'y en avait pas. L'année d'avant, je pense qu'il y en avait
huit...
M. TOUPIN: II n'y en avait pas.
M. LESSARD: ... et, tout à coup, cela est tombé à
zéro parce que les conditions étaient absolument ridicules.
M. QUENNEVILLE: Je regrette.
M. LESSARD: Cette année, il y en a 27 ou 30. Je suis d'accord
avec le ministre, tant mieux s'il y en a 27 ou 30, mais l'année
prochaine, quand les jeunes constateront la situation dans laquelle on enseigne
les techniques agricoles, on a malheureusement des chances qu'il n'y en ait
plus 27 ou 30, que ça puisse diminuer. Ce que je dis au ministre et pas
plus que ça j'inviterais le député de Joliette
à aller visiter l'école Thérèse-Martin c'est
qu'il faut quand même créer des conditions satisfaisantes pour
l'enseignement agricole. Actuellement, dans différentes régions
du Québec, on se plaint qu'il s'agit d'un enseignement qu'on
délaisse, que les responsables de l'enseignement régional
laissent pour compte et qu'on ne donne pas les moyens financiers
nécessaires pour faire en sorte que cet enseignement puisse être
efficace. C'est tout.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Programme 1, adopté?
M. LESSARD: Adopté, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Adopté. Programme 2,
financement agricole. Elément 2?
M. LESSARD: Financement agricole, M. le Président, crédit
agricole. J'aimerais obtenir quelques explications du ministre. Est-ce qu'il
s'agit strictement de prévoir des augmentations de dépenses de
l'Office du crédit agricole ou de prévoir des montants
supplémentaires à accorder?
M. TOUPIN: Dans le crédit agricole, il y a deux
éléments, deux parties. Premièrement, il y a $1,600,000;
c'est la différence du taux d'intérêt entre le taux du
marché au moment où le budget a été voté et
l'augmentation du taux d'intérêt depuis le temps. C'est la
différence entre les 2 1/2 p.c. et l'intérêt que paie
l'Office du crédit agricole sur les emprunts qu'il fait au
ministère des Finances.
Le deuxième élément, c'est la mise en valeur. Les
programmes de mise en valeur, ce sont les subventions. Les subventions ont
été plus nombreuses que prévu. Donc, plus de jeunes se
sont installés en agriculture cette année, parce qu'on a
augmenté le nombre de subventions. C'est un indice évident qui ne
trompe pas. Quand on paie, c'est parce qu'il y a un nouveau jeune qui
s'installe, entre 18 et 40 ans. Alors, c'est un fait évident qu'il y en
a eu; je ne sais pas combien, mais il y a $1,300,000 qui ont été
versés là-dedans. C'est pour cela, les deux points.
M. LESSARD: Adopté, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Programme 2, adopté. Programme
3, aide à la production agricole?
M. LESSARD: M. le Président, j'aimerais avoir des explications
concernant ce programme. Ce programme prévoit-il une extension des
projets ou des plans de réalisation de travaux ou s'il s'agit simplement
de compenser pour l'inflation ou l'augmentation des coûts des travaux qui
avaient été prévus par le ministère de
l'Agriculture?
M. TOUPIN: A quel élément? C'est le programme
commercialisation là?
M. LESSARD: A l'élément 3, mise en valeur des productions
animales. Je voudrais avoir la ventilation.
M. TOUPIN: D'accord, M. le Président, je vais donner la
ventilation de cela. Pour la mise en valeur des productions animales, c'est
$2,775,000. Il y a eu d'abord un premier million de dollars qui a
été versé pour les médecins
vétérinaires, c'est-à-dire l'assurance-santé
animale. Il y a eu de nouveaux médecins vétérinaires qui
se sont inscrits au programme. Il n'y a pas eu d'augmentation des tarifs mais
il y a eu augmentation des services pour les médecins
vétérinaires en place vis-à-vis des agriculteurs. Ici,
c'est important de le rappeler, avant que le programme ait été
mis en place, il n'y avait pas au Québec 80 médecins
vétérinaires; présentement, on approche les 220
médecins vétérinaires au Québec. Les besoins sont
de l'ordre de 250 à peu près; c'est l'objectif qu'on
s'était fixé et on va l'atteindre. Ce sont des services qu'on met
à la disposition des agriculteurs, des services nouveaux qui ne
coûtent pas cher à part cela aux agriculteurs. Cette année,
cela a coûté $1 million de plus que prévu. C'est le premier
élément.
Le deuxième élément, c'est le contrôle
lai-
tier: $150,000. Il y a plus d'agriculteurs que prévu qui se sont
inscrits au programme. Encore là, c'est à l'honneur des
agriculteurs: ils épousent nos programmes, ils embarquent dans nos
programmes. Cela a coûté $150,000 de plus, le contrôle
laitier. Je pense que le député de Saguenay sait ce que c'est. Ce
sont des producteurs qui s'inscrivent à un programme et, à l'aide
de ce programme, des techniciens suivent l'évolution de la production
par unité de production. Ce qui a fait, par exemple, qu'en 1970 la
moyenne de production par vache au Québec était de 5,000 livres
et qu'en 1974 elle va dépasser 7,000 livres pour approcher probablement
8,000 livres. Donc, 3,000 livres d'augmentation de production par unité
dans trois ou quatre ans, c'est extrêmement bon. L'expérience des
autres provinces dénote que cela a pris plus de temps. On est parti un
peu en retard là-dedans aussi.
Il y a eu par la suite les médicaments
vétérinaires. Le gouvernement achète les
médicaments vétérinaires en grande quantité et les
fait distribuer aux agriculteurs par les médecins
vétérinaires. Cela fait économiser aux agriculteurs 40
p.c. sur le coût des médicaments. Les $500,000 qui sont ici, est
pour acheter...
M. LESSARD: ... c'est que c'est ce que vous pourriez obtenir si vous
aviez un office des grains de provende.
M. TOUPIN: Bien, il y a des problèmes qui peuvent se comparer
dans les discussions mais qui peuvent difficilement s'appliquer avec les
mêmes méthodes de travail. Cela peut être une alternative
à utiliser dans le domaine des provendes, on pourra en parler un peu
plus loin lorsqu'on arrivera à ces problèmes. On a donc dû
acheter pour $500,000 de plus de médicaments.
Il y a de l'immobilisation, c'est-à-dire de la capitalisation
pour $150,000. C'est un système de gicleurs pour les étables
je pense que c'est à Saint-Hyacinthe du Centre
d'insémination artificielle. Ensuite, il y a eu des dépenses de
transfert qui sont reliées d'abord à l'insémination
artificielle, ce qui a coûté $400,000 de plus. Encore là,
les agriculteurs se prévalent davantage du programme: 28 p.c. des
unités s'en servaient en 1970 et en 1974 il y a au-delà de 52
p.c. des agriculteurs qui se prévalent du programme. Il a eu là
un progrès vraiment fantastique, qui a coûté $400,000 de
plus.
Pour l'hivernement des bovins, cela a coûté $325,000 de
plus que prévu. Donc, là-dedans nos objectifs ont
été dépassés. Les producteurs ont produit plus
qu'on avait prévu, ce qui a coûté $325,000 de plus.
Ensuite, il y a eu les pertes de bovins, c'est un élément
particulier, les bovins qui sont malades, les vaches laitières
notamment. Quand on peut identifier la maladie la mesure exacte je ne la
connais pas quand on peut identifier le type de maladie et que cela
correspond au programme, on verse une indemnité. Tout cela fait un total
de $2,775,000.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Programme 3, adopté?
M. LESSARD: M. le Président, le ministre nous a expliqué
la mise en valeur des productions animales, c'est le programme 3,
élément 3. Est-ce que je pourrais obtenir des explications
concernant l'élément 4?
M. TOUPIN: La mise en valeur des productions végétales.
D'accord, on va en dire un mot. D'abord, il y a eu une première
dépense qui est attribuable, d'une part, à l'inflation et,
d'autre part, à une plus grande utilisation. C'est la subvention qu'on
fait presque en totalité, je pense, pour le transport de la pierre
à chaux.
Ce qui a fait au fond qu'on utilise plus de chaux qu'on n'en utilisait,
c'est tout notre programme d'auto-approvisionnement qu'on a lancé en
1973. Par exemple, les acrages de luzerne au Québec ont presque
doublé, on a augmenté les acrages de l'orge également, le
mais fourragé aussi, le trèfle, le mais-grain un peu moins
par exemple mais surtout les productions fourragères, la luzerne,
c'est fondamental, et le mais fourragé, certaines quantités
également de céréales. Alors, ç'a
coûté plus cher de chaux. C'est pour ça qu'il y a
$1,100,000 de ce côté.
Il y a $1,800,000 qui sont affectés pour les pertes de
récolte. Les enquêtes se mènent actuellement. Ce sont les
productions où présentement il n'y a pas de programme
d'assurance-récolte. Cela concerne une bonne partie des productions
maraîchères notamment, en dépit du fait qu'on a
ajouté depuis trois ans, cinq ou six nouveaux programmes, mais il y a
encore plusieurs productions maraîchères qui ne sont pas couvertes
et on a prévu là-dessus $1,800,000.
M. LESSARD: Un montant pour compenser les pertes?
M. TOUPIN: Oui, oui, il faut compenser les pertes subies...
M. LESSARD: Est-ce que, dans ce montant...
M. TOUPIN: ... par la température ou autres.
M. LESSARD: ... vous avez prévu justement les pertes d'un certain
nombre d'agriculteurs de la région de Berthier à qui vous aviez
fait un certain nombre de promesses, suite aux inondations causées par
des décisions de la Commission canadienne du contrôle des eaux?
Vous aviez prévu un montant, semble-t-il, de...
M. TOUPIN: D'abord...
M. LESSARD: La Commission mixte internationale. Vous aviez promis un
montant de $80,000 et ce montant n'a pas été versé
encore.
M. TOUPIN: Alors, si vous voulez, on va distinguer les
problèmes.
M. LESSARD: Je suis d'accord, j'en profite pour en parler à
cet...
M. TOUPIN: Oui, oui, mais c'est parce que je pense que vous ne parlez
pas de la bonne chose. Je sais...
M. LESSARD: Non, je suis d'accord que je ne parle pas...
M. TOUPIN: ...ce dont vous voulez parler, mais vous l'exprimez mal. Les
$80,000 dont il est question ne sont pas reliés du tout à la
Commission internationale du contrôle des eaux. C'est relié
purement et simplement à une petite tempête qui a eu lieu dans le
comté de Berthier et dans le comté de Joliette, une petite
tornade, ç'a coûté $80,000. J'ai dit aux producteurs que,
oui, on interviendrait. On va les retrouver dans $1,800,000.
M. LESSARD: Ah! Vous l'avez, très bien. C'est
décidé.
M. TOUPIN: Oui.
M. LESSARD: Vous les avez versés, c'est là-dedans.
M. TOUPIN: Oui, oui, bien sûr que c'est là-dedans.
M. LESSARD: Dans ce programme, parce qu'ils attendaient encore la
promesse du ministre. Cela fait un certain temps.
M. TOUPIN: Bien écoutez...
M. LESSARD: Concernant justement les...
M. TOUPIN: Je n'en ai pas fait une promesse, j'ai dit aux producteurs
qu'on prendrait une décision, puis on l'a prise.
M. LESSARD: Concernant maintenant les producteurs qui ont subi les
inondations à cause de la Commission mixte internationale, je
demande...
M. TOUPIN: C'est-à-dire que c'est la Commission du contrôle
des eaux. Tout ça a été réglé dans le cadre
des ententes fédérales-provinciales pour les inondations de
l'année 1973/74. Alors les producteurs de Berthier tous ceux qui
ont été inondés, pas seulement ceux-là, les autres
aussi ont reçu des indemnités en fonction des normes qui
ont été rendues publiques.
Et une fois que j'ai discuté avec eux de la façon dont le
gouvernement réglerait ce problème, les producteurs se sont dit
satisfaits de cette intervention.
Alors, je n'ai pas eu par après d'autres échos.
M. LESSARD: Les montants sont versés?
M. TOUPIN: Ah oui, pour la plupart d'entre eux. Ecoutez là, je ne
voudrais pas aller trop loin, mais je sais que plusieurs d'entre eux ont
reçu présentement des indemnités.
M. LESSARD: Maintenant, en ce qui concerne les 23 ou 24 producteurs dont
parlait le ministre tout à l'heure, à la suite de la tornade,
est-ce que les chèques sont envoyés?
M. TOUPIN: Non, parce qu'on est en train de discuter le budget
supplémentaire. Je ne peux pas payer quand je n'ai pas d'argent.
M. LESSARD: D'accord, M. le Président.
M. TOUPIN: Quand il sera adopté, on payera.
UNE VOIX: II vient de comprendre. M. LESSARD: Améliorations
foncières.
M. TOUPIN: C'est ça le programme des productions
végétales, ça coûte exactement $2,900,000. Je viens
de vous les donner.
M. LESSARD: Améliorations foncières, M. le
Président, assainissement des sols.
M. TOUPIN: L'amélioration foncière. D'abord, il y a les
premiers $300,000 qui sont attribuables aux recherches faites par les firmes
d'ingénieurs. Il y a eu augmentation des coûts, des honoraires
dans le cadre général du gouvernement, ce qui a
coûté $300,000 sur l'ensemble des contrats que nous avions avec
deux firmes, parce que le ministère n'a pas accepté de traiter
avec une seule firme, il traite avec deux, de telle sorte qu'on est capable de
faire des comparaisons. L'autre, c'est l'inflation, c'est la hausse des
coûts de l'huile, des pièces et autres fournitures des
entrepôts, puis l'outillage. Cela concerne la machinerie en particulier,
c'est $50,000. Après ça, il y a eu du matériel
d'équipement en vue de la mise en marche de l'entente-cadre.
L'entente-cadre, c'est l'entente avec le gouvernement
fédéral.
M. LESSARD: D'accord.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Programme 3, adopté. Programme
4.
M. LESSARD: Programme 4 adopté, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Adopté. Programme 5.
M. LESSARD: Programme 5, M. le Président, c'est le programme, je
pense, le plus important. Est-ce que le ministre pourrait, en particulier, nous
donner des explications concernant l'élément 3, $27,600,000 dont
probablement $15 millions qui ont été promis aux agriculteurs. Le
ministre pourrait-il nous donner un éventail?
M. TOUPIN: C'est le programme 5.
M. LESSARD: Oui, M. le Président, nous avons adopté le
programme 4.
M. TOUPIN: Cela va.
Oui, je vais expliquer ce que contient ce programme.
M. LESSARD: Le ministre vient de prendre conscience de ma
collaboration.
M. TOUPIN: Une petite erreur technique. Quand il n'y aura plus que cela
à se reprocher, ça va être bien intéressant.
D'abord, c'est toute la commercialisation agricole. Une première
somme de $800,000 a été promise aux producteurs de lait qui
décideraient de changer leur système de
réfrigération; plutôt que de conserver les bidons, de s'en
aller en vrac.
On a mis une mesure assez généreuse à leur
disposition qui peut atteindre jusqu'à $1,000, dans les remboursements
d'intérêts qu'on fait et dans les subventions directes qu'on
verse. C'est presque le double de ce qui se donnait, selon l'ancienne mesure
qu'on avait abolie et qu'on a reprise par après à cause d'un
problème particulier qui se posait dans un coin particulier du
Québec et qui n'était pas tout à fait
réglé.
D'ailleurs le député de Beauce-Sud va probablement en
parler demain, j'attends une question là-dessus.
M. LESSARD: ... en parler tantôt.
M. TOUPIN: La rationalisation de la mise en marché, c'est
toujours...
M. LESSARD: M. le Président, nous allons parler du programme 1.
Je ne voudrais pas en parler trop longtemps; élément 1.
M. TOUPIN: Elément 1, d'accord.
M. LESSARD: M. le Président, je sais que l'heure avance et,
d'autre part, nous avons déjà passé passablement d'heures
sur le budget supplémentaire et nous n'avons que huit heures. Je
voudrais simplement souligner au ministre, concernant le comté de
Bellechasse, qu'il y a quand même 143 producteurs dans cette
région qui sont encore au bidon, et à cause de leur
âge...
M. MERCIER: Un peu moins, M. le Président, il en reste moins que
ce que vous dites.
M. LESSARD: Bien, encore là, je m'aperçois que je suis
plus renseigné que le député de Bellechasse. En tout
cas...
M. MERCIER: M. le Président, je voudrais apporter tout simplement
une précision.
UNE VOIX: A l'ordre!
M. MERCIER: J'ai rencontré les producteurs laitiers, en avril
dernier, à Saint-Léon-de-Standon, les producteurs laitiers qui
étaient encore au bidon. Le député de Saguenay, qui est
allé faire de l'agitation dans mon comté, hier soir, je le
spécifie, est encore dans l'erreur, dans les patates. Il est encore
à la bouteille.
M. LESSARD: M. le Président, 143, 140, 141, de toute
façon, j'ai eu l'occasion hier de rencontrer un certain nombre de
producteurs de ce comté, et d'après...
M. MERCIER: Et de Beauce-Nord.
M. LESSARD: ... les informations que j'ai pu obtenir, cela
représentait environ 143 producteurs.
M. MERCIER: Non.
M. LESSARD: Considérant l'âge de ces producteurs, et
considérant...
M. MERCIER: Est-ce que le député de Saguenay...
M. LESSARD: Je ne veux pas, je veux faire ça de façon
très brève.
DES VOIX: A l'ordre!
M. MERCIER: Seulement une précision, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): A l'ordre !
M. MERCIER: Est-ce qu'il y avait seulement des producteurs laitiers de
Bellechasse ou s'il y en avait de Beauce-Nord et Beauce-Sud?
M. LESSARD: II pouvait y en avoir de Beauce-Nord...
M.MERCIER: Ah!
M. LESSARD: ... j'ai dit, M. le Président...
DES VOIX: Ah!
M. MERCIER: Vous avez dit de Bellechasse.
LE PRESIDENT (M. Houle, Limoilou): A l'ordre, s'il vous plaît! A
l'ordre! L'honorable député de Saguenay.
M. MERCIER: Vous auriez dû vous informer à votre
collègue de Bellechasse, je vous aurais donné tous ces chiffres,
parce qu'on s'en occupe des producteurs laitiers. Vous le demanderez aux
dirigeants de l'UPA de mon comté.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): A l'ordre! A l'ordre! L'honorable
député de Saguenay.
M. LESSARD: Est-ce que le député de Bellechasse a
terminé, M. le Président?
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Il a terminé.
M. LESSARD: Demandez-lui donc, je suis prêt à lui
céder la parole.
M. MERCIER: J'en aurais tellement à dire que je vais vous laisser
faire.
M. LESSARD: S'il veut intervenir, je suis prêt à lui
céder la parole.
UNE VOIX: Adopté.
M. LESSARD: Alors, M. le Président...
M. MERCIER: Qu'il s'occupe de ses oignons puis qu'il nous laisse donc
faire, lui!
M. TARDIF: Agitateur!
M. LESSARD: Je comprends que le député d'Anjou ne peut
agiter absolument rien, lui!
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): A l'ordre! Programme 5.
M. LESSARD: Je comprends, il est mieux de rester assis dans sa chaise et
de dormir.
M. TARDIF: Je ne dors pas, j'écoute. DES VOIX: Vote!
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Est-ce que le député de
Saguenay a terminé son intervention? Alors, allez-y.
M. LESSARD: Je suis encore debout à ce que je sache.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Allez-y!
M. TARDIF: On ne s'en rend pas compte.
M. LESSARD: J'ai eu l'occasion, hier, de rencontrer un certain nombre de
producteurs de lait en bidon, à Saint-Malachie. Nous avons eu l'occasion
de constater, avec le député de Beauce-Sud, que ces gens ne
demandaient qu'à vivre, et qu'une coopérative, la
Coopérative de
Montmagny, acceptait de recevoir le lait en bidon. Mais si le
gouvernement n'intervient pas et si le ministre n'intervient pas... Ce n'est
pas une question de revenir en arrière, je ne voudrais pas que le
ministre pense que le député de Saguenay voudrait revenir en
arrière, lâcher le vrac et revenir au lait en bidon, mais il y a
quand même un certain nombre de producteurs qui ne demandent qu'à
vivre. Cela ne coûterait pas plus cher au gouvernement, d'autant plus que
ces gens paient pour le transport de leur lait à la laiterie de
Montmagny. Or, d'après la directive du ministère...
M. MERCIER: Une question de règlement, M. le
Président.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Une question de règlement.
L'honorable député de Bellechasse.
M. MERCIER: M. le Président, j'aimerais, sur cette question de
règlement, informer le ministre de l'Agriculture et le
député de Saguenay que le ministère de l'Agriculture a
été saisi de cette question, le printemps dernier, relativement
aux producteurs laitiers du sud de Dorchester, faisant partie maintenant du
comté de Bellechasse, et qu'on a tenu une rencontre d'information avec
tous les producteurs laitiers...
M. LESSARD: En quoi y a-t-il une question de règlement, M. le
Président?
M. MERCIER: C'est une question de règlement, M. le
Président.
M. LESSARD: En quoi y a-t-il une question de règlement?
M. MERCIER: On a tenu une rencontre d'information avec tous les
producteurs laitiers...
M. LESSARD: M. le Président...
M. MERCIER: Qui a la parole, M. le Président?
M. LESSARD: Vous avez soulevé une question de règlement,
et ce n'est pas une question de règlement.
M. MERCIER: Je suis sur une question de règlement.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): A l'ordre!
M. MERCIER: Pour faire une mise au point, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Ce n'est pas une question de
règlement, c'est une question de privilège.
M. MERCIER: Une question de privilège, M. le
Président.
M. LESSARD: Relisez votre règlement, il n'y a pas de question de
privilège. C'est l'article 96. Lisez l'article 96 des
règlements.
M. MERCIER: Sur une question de privilège, M. le
Président.
Est-ce que j'ai la parole?
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): A l'ordre ! A l'ordre !
M. MERCIER: M. le Président, c'est une question de
privilège.
M. LESSARD: II n'y a pas de question de privilège en
commission.
M. MERCIER: Ce n'est pas à vous à décider, cher
ami. Agitateur professionnel, ce n'est pas à vous à
décider.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): A l'ordre ! A l'ordre !
M. MERCIER: Question de privilège, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): D'accord, une question de
privilège.
M. LESSARD: M. le Président, lisez votre règlement.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Je le connais le règlement, je
n'ai pas besoin que le député de Saguenay me
prévienne.
M. LESSARD: II n'y a pas de question...
M. MERCIER: Une question de privilège...
M. LESSARD: II n'y a pas de question de privilège en commission,
M. le Président.
M. MERCIER: M. le Président, est-ce que j'ai la parole?
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): A l'ordre! A l'ordre!
M. LESSARD: L'article 96, il n'y a pas de question de privilège
en commission.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): A l'ordre! Assoyez-vous,
assoyez-vous.
M. MERCIER: M. le Président, une question de
privilège.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Question de privilège de
l'honorable député de Bellechasse.
M. MERCIER: Je veux tout simplement...
M. LESSARD: Lisez l'article 96 des règlements.
M. MERCIER: ... corriger ce que le député de Saguenay
tente d'insinuer...
M. LESSARD: M. le Président, question de règlement. Il
veut corriger...
M. MERCIER: ... relativement à l'ensemble des
députés libéraux, mais particulièrement au
député de Bellechasse.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): A l'ordre! A l'ordre!
M. MERCIER: Je dois vous dire qu'on n'a pas attendu que le
député de Saguenay, en compagnie du député de
Beauce-Sud...
M. LESSARD: Ce n'est pas un cadeau d'avoir des présidents comme
ça.
M. MERCIER: ... aillent passer dans nos comtés pour essayer de
faire de l'agitation. On s'est occupé de nos producteurs laitiers avant
le passage du député de Saguenay et le passage du
député de Beauce-Sud.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): A l'ordre ! A l'ordre !
M. MERCIER: Lors de cette rencontre avec tous les producteurs laitiers
qui étaient encore au bidon, on a organisé, en collaboration avec
le ministère de l'Agriculture, les dirigeants de la coopérative
laitière de Sainte-Claire et des représentants de l'UPA...
M. LESSARD: M. le Président...
M. MERCIER: ... une rencontre d'information auprès des
producteurs laitiers.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Une question de règlement,
l'honorable député de Saguenay.
M. MERCIER: Je suis toujours sur ma question de privilège.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): D'accord.
M. LESSARD: II n'y a pas de question de privilège. Lisez
l'article 96, question de règlement. Ah! Je comprends, vous ne
connaissez rien dans vos règlements.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): A l'ordre! ... J'avertis le
député de Saguenay qu'il n'a pas le droit de faire des
interventions semblables. Je le connais autant que lui, le règlement. A
l'ordre! ...
M. LESSARD: Commencez par apprendre vos règlements.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): A l'ordre! ... Aie, s'il vous
plaît! ... Je rappelle à l'ordre le député de
Saguenay! ... Je rappelle à l'ordre le député de Saguenay
pour la deuxième fois! ... L'honorable député de
Bellechasse.
M. MERCIER: Je vous remercie, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Laisse-les faire. Ce sont des
insignifiants.
M. MERCIER: Je crois réaliser, M. le Président, que le
député de Saguenay, cela lui fait mal au coeur de constater que
les députés libéraux et particulièrement le
député de Bellechasse se sont occupés des producteurs
laitiers avant qu'il puisse passer dans le comté pour faire de
l'agitation.
A tout événement, le ministère de l'Agriculture
je voudrais lui en rendre témoignage a été
saisi de cette question et du problème que les producteurs laitiers
rencontraient, ceux qui étaient encore aux bidons. C'est
compréhensible, puisque, dans plusieurs cas, ces producteurs laitiers
sont rendus, dans certaines paroisses, à un âge assez
avancé. Ils n'ont pas l'assurance d'une relève sur leur ferme et
ne veulent pas investir de $2,500 à $5,000 pour installer, si vous
voulez, des réservoirs réfrigérés pour le transport
du lait en vrac.
C'est dans cet esprit que nous avons organisé une rencontre
d'information en collaboration avec le ministère de l'Agriculture, la
Coopérative laitière de Sainte-Claire et les autres participants
au niveau de l'UPA, pour justement tenter de résoudre le problème
de ces producteurs laitiers, et cela avant que le député de
Saguenay passe pour faire de l'agitation dans le comté.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Saguenay.
M. LESSARD: Je ne soulèverai pas une question de
privilège, M. le Président, mais je vais vous lire, pour la
nième fois, l'article 96 des règlements. Sur la question de
règlement, je vais vous lire l'article 96 des règlements et
j'aimerais que vous le lisiez.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Lisez-le.
M. LESSARD: "Le député qui prend la parole pour donner des
explications sur le discours qu'il a déjà prononcé ne peut
le faire que lorsque le discours qui les provoque est terminé, à
moins que celui qui le prononce ne consente à être
interrompu".
M. TARDIF: Tu as consenti.
M. LESSARD: "Les explications doivent être brèves et ne
doivent apporter aucun élément nouveau dans la discussion et
elles ne peuvent engendrer un débat". Je vous indique, M. le
Président, qu'en aucun cas je n'ai lésé les
privilèges du député de Bellechasse pour tenter de lui
couper la parole. Ce que je voulais dire, c'est que, si le député
de Bellechasse avait l'intention d'intervenir sur ce problème, il
pouvait le faire en vertu de l'article 96 des règlements, mais
après mon intervention.
Or, M. le Président, vous avez tout simplement
démontré qu'encore une fois vous ne connaissiez pas le
règlement.
UNE VOIX: Ah!
M. HARVEY (Charlesbourg): Retirez vos paroles.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Je regrette, mais...
M. LESSARD: Je ne retire rien; j'affirme une chose réelle.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Alors, le programme 5,
adopté?
M. LESSARD: Non, M. le Président.
M. BELLEMARE (Rosemont): C'est incroyable.
M. LESSARD: Le député de Bellechasse nous a dit tout
à l'heure qu'il était intervenu en faveur justement d'un certain
nombre de producteurs de lait qui le livrent encore en bidons.
N'eût été l'intervention inopportune de certains
députés libéraux, ce serait probablement
terminé.
Je voudrais simplement demander au ministre s'il n'y aurait pas lieu de
prolonger pour une période de trois ou quatre ans la possibilité
de livrer le lait en bidons, étant donné qu'il y a
déjà une laiterie, soit la laiterie de Montmagny c'est sur
cela que le député de Bellechasse a pris les nerfs tout à
l'heure qui est prête à accepter...
M. MERCIER: Cela a été discuté il y a quelques
mois.
M. LESSARD: ... la livraison en bidons et à acheter ce lait.
Etant donné que cela concerne un certain nombre de producteurs
qui sont âgés ou qui ont des limitations concernant leurs terres,
je demande au ministre s'il a l'intention, du jour au lendemain, disons
à partir de 1975, de forcer ces gens à se transformer en vrac.
Comme on me l'a expliqué hier, j'ai pu constater que, si on les
forçait à se transformer en vrac, plus de 80 p.c. de ces
producteurs arrêteraient tout simplement de produire et seraient
probablement dans l'obligation de vivre de l'aide sociale.
Ces gens, comme je le disais, ne demandent qu'à vivre et, si le
ministre acceptait d'étendre la période prévue pour la fin
de la livraison en
bidons à trois ou quatre ans, le problème pourrait sans
doute être réglé. En même temps, je pense que ces
gens pourraient continuer de vivre, continuer de gagner leur vie en conservant
tout simplement leur production laitière qui est plutôt je
suis bien d'accord un budget d'appoint pour eux.
M. TOUPIN: M. le Président, j'ai déjà
discuté de ce problème à plusieurs reprises avec le
député de Bellechasse. On va continuer à regarder ensemble
le problème.
Laissez-moi répondre. A la suite aussi des constatations qu'a
faites le député de Saguenay quoique, depuis
déjà longtemps, j'aie été mis au courant du
problème certainement qu'on va regarder cela sérieusement
pour voir ce qu'on peut faire de plus.
Maintenant, quand vous demandez une prolongation, je dois vous dire que
ce n'est pas nous qui décidons des prolongations. Ce sont les
entreprises. D'accord? Alors, je n'ai pas d'objection à rencontrer les
entreprises qui ont fixé des délais, à en discuter avec
les entrepreneurs et si, toutefois, s'engage ce que je crains...
M. LESSARD: En ce qui concerne les fusions, qui donne les subventions?
Qui donne les subventions en ce qui concerne les fusions d'entreprises?
M. TOUPIN: Voulez-vous me laisser terminer, s'il vous plaît? Vous
allez voir que je ne vous provoquerai pas du tout. Je vais faire cela bien
lentement. Je vais vous expliquer cela. Vous allez voir, cela ne sera pas
compliqué.
M. LESSARD: Demandez cela à vos collègues, je n'ai
provoqué personne.
M. TOUPIN: Bon. Alors, je vous dis que ce ne sont pas les fonctionnaires
du ministère qui décident cela, ni le ministre de l'Agriculture.
Ce sont les entreprises qui ont décidé de le faire.
Je sais qu'on a subventionné les entreprises pour assurer des
regroupements et les rendre plus efficaces. Je sais cela, ce sont nos
programmes.
On va rencontrer les coopératives, on va regarder avec elles ce
que ça veut dire en termes de coûts et on va regarder
également ce que ça veut dire en termes de règlement de
problèmes. Est-ce qu'on va régler un problème ou si on va
en perpétuer un? C'est dans ce cadre qu'on envisage le règlement
de ce problème. Une chose est évidente, c'est que notre mesure de
transfert des bidons en vrac va demeurer tant qu'il y aura des producteurs qui
n'auront pas fini de se transformer d'un système à l'autre. On ne
peut pas aller plus loin que cela.
M. LESSARD: D'accord. Le ministre peut-il nous déterminer une
période de temps, parce qu'une directive a été
émise par le ministère de l'Agriculture selon laquelle, à
partir de janvier 1975, les laiteries n'accepteraient plus la livraison en
bidons et que les agriculteurs devraient transformer la livraison en vrac?
Je pense que le ministre de l'Agriculture ne doit pas attendre des
semaines et des semaines avant d'informer ces producteurs qu'ils pourront
continuer de produire du lait en bidons et il devrait le faire dans le plus
bref délai possible.
M. TOUPIN: Ce que je veux dire au député de Saguenay,
c'est que ce n'est pas le ministère qui a pris cette décision.
Laissez-moi terminer. Ce sont les entreprises qui ont pris cette
décision. La décision que le ministère a prise, c'est la
suivante: II a mis une mesure d'aide pour le transfert du système de
bidons au vrac et il a dit cette mesure s'arrêtera en 1975. Je vous ai
dit tantôt que je continuerais cette mesure si toutefois il reste encore
de ces gars-là.
Le problème du transport, maintenant, regardons le avec les
entreprises qui ont donné des directives. Essayons de trouver
là-dedans la solution. Il faut que je l'examine avant de prendre une
décision. Cela fait déjà deux mois que nous travaillons
à ce problème.
M. LESSARD: Je suis d'accord quand le ministre dit que ce n'est pas le
ministère de l'Agriculture qui a pris la décision, mais il y a
quand même une chose que je dis au ministre, c'est que quand il y a
fusion, la Coopérative fédérée semble actuellement
être intéressée à acheter la Coopérative de
Montmagny.
M. BIENVENUE: Question de privilège. M. le
Président,...
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Le leader adjoint.
M. BIENVENUE: M. le Président, je m'excuse d'interrompre le
député de Saguenay.
M. HARVEY (Charlesbourg): Qu'il prenne rendez-vous avec le ministre,
s'il veut s'instruire.
M. BIENVENUE: J'aimerais que le député de Saguenay
termine, mais le règlement ne me laisse pas le choix, M. le
Président, je vous demande de faire rapport.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Avec plaisir.
M. HARVEY (Charlesbourg): Cela fait plus de huit heures.
M. MORIN: M. le Président, nous n'avons pas encore fait la
moitié des crédits. J'estime que, pour faire notre besogne de
façon complète, de façon propre, il faut continuer.
M. BIENVENUE: M. le Président...
M. MORIN: Nous avons couvert, à l'heure
qu'il est, $179 millions de crédits sur $411 millions,
c'est-à-dire moins de la moitié. Qu'on ne vienne pas nous dire
que nous avons pris trop de temps; nous avons pris le temps qu'il fallait.
Quant au retard, ce sont les interruptions des députés
ministériels qui nous l'ont valu.
M. MERCIER: Ah! bon, ah! oui.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): A l'ordre!
M. MERCIER: Nous n'avons pas droit de parole, nous.
M. MORIN: M. le Président, nous sommes prêts à
continuer.
UNE VOIX: II rappelle bien plus souvent les députés
ministériels à l'ordre.
M. BIENVENUE: M. le Président, je m'excuse infiniment
vis-à-vis du député de Sauvé qui sait tout le
respect que j'ai pour lui...
M. HARVEY (Charlesbourg): Mais il n'est pas sauvé.
M. BIENVENUE: ... mais quelles que soient les considérations, le
règlement l'emporte et je vous demande de faire rapport en regardant
l'horloge qu'il y a là.
UNE VOIX: Très bien.
M. MORIN: M. le Président, je veux soulever un point de
règlement.
M. LESSARD: Le temps des Fêtes commence...
M. MORIN: M. le Président, sur un point de règlement.
M. LESSARD: ... pour certains députés libéraux.
M. MORIN: Les huit heures ne constituent pas une règle absolue et
il est possible de continuer le travail.
M. HOUDE, Limoilou (président de la commission
plénière): M. le Président, votre com- mission n'a pas
fini de délibérer et demande la permission de siéger
à nouveau.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Kennedy): Est-ce que cette permission est
accordée?
M. MORIN: M. le Président, sur un point de règlement.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Kennedy): Quel article?
M. MORIN: Sur un point de règlement simplement...
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Kennedy): Quel article? Bien, quel
article?
M. MORIN: ... qui concerne la limite des huit heures.
M. LESSARD: Une directive au président.
M. MORIN: Je vous demande une directive, est-ce que nous pouvons
continuer l'étude des crédits à une séance
subséquente?
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Kennedy): C'est ce qu'on vient de demander,
on vient de dire que...
M. MORIN: Bien. UNE VOIX: Très bien.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Kennedy): ... la commission faisait rapport
et demandait la permission de siéger à nouveau. J'ai
demandé si cette autorisation était accordée.
M. MORIN: Je vous remercie, M. le Président.
M. BIENVENUE: M. le Président, pour être bien clair, les
huit heures prévues par le règlement à l'article 128 sont
dépassées depuis 20 minutes et je vous demande d'ajourner la
Chambre à demain matin, dix heures.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Kennedy): La Chambre ajourne ses travaux
à demain matin, dix heures.
(Fin de la séance à 23 h 58)