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(Dix heures huit minutes)
M. LAVOIE (président): A l'ordre, messieurs !
Affaires courantes.
Dépôt de rapports de commissions élues.
Dépôt de rapports du greffier en loi sur les projets de loi
privés.
Présentation de motions non annoncées.
Présentation de projets de loi au nom du gouvernement.
M. LEVESQUE: Article a).
Projet de loi no 77 Première lecture
LE PRESIDENT: Le ministre des Institutions financières,
Compagnies et Coopératives propose la première lecture de la Loi
modifiant la loi des compagnies de fidéicommis.
Le ministre des Institutions financières.
M. TËTLEY: M. le Président, le projet de loi no 77, Loi
modifiant la loi des compagnies de fidéicommis, a les buts suivants:
l'article 1 du projet fait disparaître les définitions des
expressions "capital-actions permanent" et "capital-actions temporaire" dont la
notion n'est plus retenue. Les articles 2 et 3 exigent que le capital
versé d'une compagnie soit maintenu à $1 million en ce qui a
trait au capital-actions ordinaire.
Les articles 4, 6, 7, 8 et 9 sont amendés. L'article 10 permet la
substitution du nom de la compagnie qui achète et à laquelle
s'applique l'article 9 du projet dans tous les documents où la compagnie
qui vend était en cause en l'une des capacités ou qualités
mentionnées dans le paragraphe 7) de l'article 2 de la Loi des
compagnies de fidéicommis.
Toutefois, cette dernière compagnie ne peut poser d'autres actes
que ceux nécessaires à sa dissolution.
LE PRESIDENT: Cette motion de première lecture est-elle
adoptée?
M. BURNS: Vote enregistré, M. le Président. LE PRESIDENT:
Qu'on appelle les députés.
Vote de première lecture
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! Que ceux qui sont en faveur de cette
motion de première lecture veuillent bien se lever, s'il vous
plaît.
LE SECRETAIRE ADJOINT: MM. Levesque, Parent (Hull), Mailloux, Choquette,
Gar- neau, Cloutier, Phaneuf, Lachapelle, Goldbloom, Quenneville, Hardy,
Tetley, Drummond, Lacroix, Toupin, Vaillancourt, Arsenault, Giasson, Perreault,
Brown, Bédard (Montmorency), Cornellier, Houde (Limoilou), Lafrance,
Pilote, Lamontagne, Ostiguy, Gallien-ne, Faucher, Harvey (Charlesbourg), Pepin,
Bellemare (Rosemont), Bérard, Bonnier, Boudreault, Boutin, Marchand,
Caron, Côté, Dufour, Harvey (Dubuc), Lapointe, Lecours,
Malépart, Massicotte, Mercier, Pagé, Picotte, Tardif,
Vallières, Morin, Burns, Léger, Lessard, Bédard
(Chicoutimi), Samson, Roy.
LE SECRETAIRE: Pour: 57 Contre : 0
LE PRESIDENT: Cette motion est adoptée.
LE SECRETAIRE ADJOINT: Première lecture de ce projet de loi.
First reading of this bill.
LE PRESIDENT: Deuxième lecture, prochaine séance ou
séance subséquente.
Présentation de projets de loi au nom des
députés.
Déclarations ministérielles.
Dépôt de documents.
Questions orales des députés.
L'honorable député de Chicoutimi.
QUESTIONS DES DÉPUTÉS Taxe
scolaire
M. BEDARD (Chicoutimi): M. le Président, ma question s'adresse,
soit au ministre de l'Education, soit au ministre des Finances, étant
donné qu'il s'agit d'une question concernant la taxe scolaire. Je
voudrais savoir du ministre si on a porté à son attention le fait
que, malgré la diminution du taux normalisé de $1.30 à
$1.25 les $100 d'évaluation, le produit de la taxe scolaire au
Québec, non seulement n'a pas diminué, comme promis aux
municipalités, mais, au contraire, a augmenté substantiellement,
à cause de l'inflation qui a amené une augmentation
extraordinaire de l'évaluation foncière. Je voudrais savoir du
gouvernement qui se vante continuellement de combattre l'inflation sans
hausser les taxes quelle sera son attitude face à cette hausse de
taxe, déguisée ou non, qui touche des milliers de
contribuables.
M. GARNEAU: M. le Président, je dois vous dire d'abord que le
ministre des Finances n'est pas responsable de l'application de l'article 373
de la loi qui régit les commissions scolaires. Cet article existe depuis
toujours et je ne peux pas être responsable de son application
intégrale.
Cependant, je dois dire que plusieurs de mes collègues, en
particulier ceux du Saguenay-Lac-Saint-Jean, sinon tous, m'ont fait part de
certaines des rencontres qu'ils avaient eues avec des officiers municipaux.
J'ai d'ailleurs eu également des rencontres avec la
Fédération des commissions scolaires. l'Union des
municipalités du Québec et l'Union des conseils de comté,
tout cela en collaboration avec mon collègue de l'Education. Nous sommes
actuellement à compiler tous les résultats qui nous sont
nécessaires pour prendre une décision, parce qu'il y a
également eu l'effet des taxes scolaires pour payer des dépenses
inadmissibles, dans le cadre des versements des subventions d'équilibre
budgétaire. Je pense bien qu'il faut en laisser la liberté aux
administrateurs des commissions scolaires locales; on ne peut pas nous en
imputer le blâme, puisque ce sont des décisions qu'elles avaient
droit de prendre, dans le cadre de leur juridiction.
Tout ceci étant dit, je soumets à l'attention des
députés de cette Chambre que nous terminerons cette analyse dans
un avenir assez prochain. Le gouvernement décidera, par la suite,
à quel moment il fera part de ses décisions.
M. BEDARD (Chicoutimi): Je comprends le ministre lorsqu'il dit qu'il
veut concernant les dépenses inadmissibles laisser quand
même la liberté aux commissions scolaires. Mais, il est
sûrement au courant qu'il y a des...
LE PRESIDENT: Question, s'il vous plaît.
M. BEDARD (Chicoutimi): ... commissions scolaires au complet qui ont
menacé de démissionner devant la situation. Je voudrais demander
au ministre s'il est exact pour prendre un exemple dans la région
du Saguenay-Lac-Saint-Jean seulement, l'augmentation de l'évaluation
dépasse 25 p.c. qu'à l'échelle du Québec
l'augmentation du produit de la taxe scolaire approcherait les $50 millions,
dont le gouvernement serait le bénéficiaire.
M. GARNEAU: M. le Président, j'ai indiqué, tout à
l'heure, qu'on ne pouvait pas me reprocher l'application de l'article 373 de la
loi qui régit les commissions scolaires. Si la loi dit que les
rôles d'évaluation doivent être portés à la
valeur réelle, bien, ils seront portés à la valeur
réelle. Je ne vois pas pourquoi une propriété ne serait
pas portée au rôle à sa valeur, telle qu'elle existe, cette
valeur sur le marché. Ce qu'il reste à déterminer, c'est
à quel taux cette valeur réelle qui est portée au
rôle d'évaluation des commissions scolaires sera taxée.
C'est justement sur ce sujet qu'ont eu lieu nos consultations avec la
Fédération des commissions scolaires, avec l'Union des
municipalités, l'Union des conseils de comté. Je vous dis que je
n'annoncerai pas ce matin de décision. Quand nous serons prêt
à l'annoncer, nous l'annoncerons.
LE PRESIDENT: Dernière question.
M. BEDARD (Chicoutimi): Une dernière question
supplémentaire, M. le Président. Dans l'étude ou dans les
consultations qu'il fait à l'heure actuelle et dont le ministre nous
informe, est-ce qu'il a l'intention de prendre en considération le fait
que l'augmentation de la valeur d'une maison à cause de l'inflation ne
procure au propriétaire aucun revenu additionnel lui permettant de payer
des taxes scolaires additionnelles? Est-ce qu'en conséquence le
gouvernement peut juger bon ou est-ce qu'il a l'intention de baisser
immédiatement le taux normalisé de $1.25 à $1, tel que,
d'ailleurs, je l'avais demandé au premier ministre dans un
télégramme en date du mois de septembre? Depuis septembre, on
s'est aperçu qu'il avait une hausse de taxe déguisée
là-dedans.
LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. GARNEAU: M. le Président, si nous suivions toutes les demandes
du député de Chicoutimi -- et cela s'inscrit dans la suite du
débat très long qu'il y a eu hier concernant les Affaires
sociales ce ne sont pas des baisses de taxes qu'il faudrait
prévoir mais de très fortes augmentations de taxes.
M. BEDARD (Chicoutimi): A $1, vous allez rétablir tout simplement
la situation qui existait.
DES VOIX: A l'ordre!
M. GARNEAU: M. le Président, dans les formules dont nous avons
discuté avec l'Union des conseils de comté, la
Fédération des commissions scolaires, l'Union des
municipalités, il y a plusieurs façons d'atteindre un même
objectif et c'est là-dessus que nous travaillons. Mais, comme je l'ai
indiqué antérieurement dans mon autre réponse, je ne suis
pas prêt à annoncer des décisions aujourd'hui. Même
s'il y avait d'autres questions supplémentaires, je ne suis pas
prêt à faire d'annonces. Quand nous serons prêts, nous
l'annoncerons.
De toute façon, ce n'est pas un délai de deux ou trois
semaines qui va changer quelque chose, puisqu'il s'agit de déterminer
quelle sera la politique qui ser applicable à partir du 1er juillet
1975.
M. CLOUTIER: M. le Président...
M. BEDARD (Chicoutimi): ... démissionner et les gens qui sont
pris pour payer la taxe.
LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît! A l'ordre!
M. CLOUTIER: M. le Président, est-ce que je pourrais ajouter un
mot, puisque le député de Chicoutimi a posé la question et
au ministre des Finances et au ministre de l'Education?
Je voudrais simplement préciser que les dépenses
inadmissibles donnent une certaine souplesse au système scolaire et que
si on devait les supprimer, nous ne pourrions pas tenir compte des
disparités régionales, nous ne pourrions pas tenir compte des
désirs des populations locales.
Elles créent cependant un problème et le problème,
c'est qu'elles ne paraissent pas toujours clairement sur les comptes et que le
contribuable ne sait pas à quoi s'en tenir. Or, le gouvernement demande,
dès cette année, aux commissions scolaires et aux
municipalités qui ont à faire la perception des taxes
d'identifier cet article de façon claire et précise.
M. BURNS: M. le Président...
LE PRESIDENT: Un instant, un instant. Vous savez qu'il y a une
espèce de tradition qui a été établie, qu'il y a
deux questions du côté de l'Opposition officielle, et je
n'oublierai pas le député de Frontenac ni le député
d'Anjou.
L'honorable député de Maisonneuve.
Travaux des installations olympiques
arrêtés
M. BURNS: M. le Président, en l'absence du ministre du
Travail, je vais adresser ma question au leader du gouvernement. Le leader est
sans doute au courant, comme tout le monde, que les travaux...
M. CHOQUETTE: Un petit peu plus fort.
M. BURNS: Le leader est sans doute au courant, comme tout le monde que
le travail sur le site des jeux olympiques à Montréal est
arrêté depuis une semaine et qu'il semble que la raison de base
soit que les sous-contractants refusent de payer les $0.50 l'heure
additionnelle que la ville de Montréal s'était dite prête
à accorder en vue d'ajuster les salaires à la hausse du
coût de la vie.
D'ailleurs, cela pose d'autres problèmes pour les
sous-contractants, apparemment, puisque d'autres syndiqués qui ne sont
pas sur le site des jeux olympiques réclament eux aussi ces fameux $0.50
l'heure d'augmentation.
La question que je pose au leader du gouvernement est de savoir si le
cabinet des ministres s'est penché sur le problème et s'il a
envisagé, entre autres, la possibilité d'ouvrir le décret
qui actuellement est une des pierres d'achoppement à cette hausse de
$0.50 l'heure qui, à mon avis, est parfaitement justifiée, vu la
hausse du coût de la vie.
M. LEVESQUE: M. le Président, je prends avis de la question.
M. BURNS: En même temps que vous prenez avis de la question,
peut-être êtes-vous en mesure de me donner une réponse
immédiate ou pourrez-vous me donner une réponse en même
temps à la question suivante: Avez-vous envisagé, outre cette
hausse ou cette possibilité d'ouvrir le décret, d'autres moyens
pour faire reprendre les travaux sur le site des jeux olympiques à
Montréal pour qu'ils soient terminés à temps?
M. LEVESQUE: Même réponse.
M. BURNS: Même réponse. Merci.
LE PRESIDENT: L'honorable député de Beauce-Sud.
Loi sur le crédit forestier
M. ROY: M. le Président, j'aurais une question au ministre des
Terres et Forêts. Le projet de loi sur le crédit forestier ne
paraît pas au feuilleton non plus ce matin. J'aimerais savoir du ministre
des Terres et Forêts si cette loi concernant le crédit forestier
est prête et, si oui, quand le ministre entend la déposer devant
l'Assemblée nationale.
M. TETLEY: Au printemps.
M. DRUMMOND: M. le Président, il y a encore des choses à
régler et je ne suis pas certain du tout que je serai en mesure de
déposer la loi avant la fin de la session.
M. ROY: M. le Président, j'avais posé une question
à ce sujet au ministre le 28 juin 1974. J'ai une question
supplémentaire à lui poser à la suite de cela. M. Drummond
avait répondu ceci: "M. le Président, cette loi est
approuvée en principe par le conseil des ministres. C'est à
l'étude actuellement au comité de législation. Je voudrais
bien qu'on soit en mesure de la déposer avant la fin de la session et,
plus que ça, si le temps nous le permet, j'aimerais adopter la loi, si
possible".
Je fais référence au 28 juin. Je demanderais au ministre
s'il peut nous donner les raisons réelles, véritables pour
lesquelles cette loi n'est pas encore prête et nous dise pourquoi il ne
la dépose pas.
M. DRUMMOND: M. le Président, il n'y a aucun problème en
ce qui concerne le fond et le principe du bill.
Il y a seulement la question des mécanismes à
régler, qui sont plus compliqués que je pensais au commencement.
Alors, c'est dommage parce que c'est un aspect fondamental de la politique
forestière et j'étais certain que ce serait déposé
dès le retour. Je suis un peu triste aussi de ne pas être en
mesure de le déposer avant Noël.
LE PRESIDENT: L'honorable député de Frontenac.
Grève des étudiants de CEGEP
M. LECOURS: M. le Président, est-ce que le
ministre de l'Education pourrait faire le point sur la situation qui
prévaut dans les CEGEP et les universités, et peut-il nous dire
quand les étudiants pourront-ils reprendre leurs cours?
M. CLOUTIER: M. le Président, je remercie le député
de Frontenac, et c'est avec plaisir que je fais faire le point sur la
situation. La situation est sérieuse et j'irais même
jusqu'à dire très sérieuse. J'ai lancé plusieurs
appels aux étudiants, leur demandant de reprendre leurs activités
éducatives, compte tenu de l'ouverture du ministère de
l'Education et compte tenu du fait qu'il y a eu des progrès en ce qui
concerne le dossier du programme des prêts-bourses. Apparemment, ces
appels n'ont pas été entendus et il y a une bonne quinzaine de
CEGEP qui sont l'objet sinon d'occupation, du moins de débrayage.
Les rencontres entre le groupe d'étudiants et les fonctionnaires
du ministère continuent en ce moment. Je m'étais réjoui de
ce qu'enfin les étudiants avaient réussi à se donner une
organisation apparemment structurée, mais je mettais certains doutes sur
la représentativité. Je suis obligé de dire que ces doutes
paraissaient assez justifiés puisque nous avons rencontré un
premier groupe au début et il y a déjà cinq figures
nouvelles. Il est assez difficile d'avoir une véritable
continuité dans cette optique.
De plus, M. le Président, j'ai fait connaître, en
déposant ici à l'Assemblée nationale un document, la
position du ministère de l'Education, qui allait le plus loin possible
du point de vue de ce qui était réalisable et du point de vue de
ce qui était réaliste, tout en invitant les étudiants par
leurs différentes organisations à collaborer à une
véritable refonte du système de prêts-bourses. Il ne semble
pas que les étudiants soient très intéressés
à participer à une véritable réforme du programme
de prêts-bourses; ils souhaitent plutôt, semble-t-il, des avantages
immédiats et voudraient que le ministère de l'Education puisse
affirmer certains principes et puisse se lier à certains principes.
Or, une étude rapide des demandes des étudiants
actuellement permet de conclure qu'il faudrait consacrer au système de
prêts-bourses instantanément, sans faire d'étude, une somme
de $350 millions à $400 millions.
Je pense bien que simplement le fait de citer ces chiffres montre qu'il
y a là, je crois, il faut l'admettre, des décisions qui ne
peuvent pas être improvisées et, de toute façon, je l'ai
déjà dit, il y a un problème de justice sociale
vis-à-vis des autres groupes de la société qui se pose et
qui doit être évalué.
En revanche, M. le Président, si les étudiants acceptaient
les progrès déjà réalisés et voulaient bien
jouer le jeu avec le ministère pour une réforme très
ambitieuse que je souhaite, à ce moment-là il me semble que tout
pourrait rentrer dans l'ordre immédiatement. Voilà donc la
situation en ce qui concerne ce qui se passe dans les différents CEGEP
et institutions d'enseignement, voilà la situation en ce qui concer- ne
le dialogue engagé qui continue entre les étudiants et le
ministère de l'Education. Il me reste maintenant à me demander ce
qui va arriver, parce qu'au cours d'une réunion hier, avec tous les
directeurs généraux, le point a été fait dans les
différents CEGEP.
Les fonctionnaires sont actuellement en train d'évaluer quelles
seront les conséquences sur la validité des différentes
sessions. Je n'ai pas encore tous les résultats. S'il est
nécessaire de revoir en fin de semaine les directeurs
généraux, nous le ferons, et il faudra, dès le
début de la semaine prochaine, prendre des décisions. Les
étudiants ont encore une chance de rentrer, sans que des
décisions, peut-être désagréables, puissent leur
être appliquées.
En effet, on me dit qu'il y a, dans un bon nombre d'institutions
d'enseignement, des assemblées générales dès lundi,
et je sais pertinemment que la majorité des étudiants veut
étudier, mais il y a un certain nombre de meneurs qui semblent vouloir
actuellement bloquer le système. Or, il appartient à ces
étudiants qui veulent étudier de se présenter à ces
assemblées générales et de faire connaître leur
point de vue et de le faire connaître clairement. Et ce que je peux dire,
M. le Président, c'est qu'il n'y a pas là de menace de mon
côté du tout. Je suis tout de même responsable d'un secteur
et j'entends prendre toutes mes responsabilités, et je dis bien toutes,
et de la façon qui sera nécessaire, avec fermeté et sans
un moment d'hésitation.
Avec les directeurs généraux des CEGEP n'oublions
pas que les CEGEP sont autonomes et que les directeurs généraux
doivent prendre part à toute décision ainsi qu'avec les
hauts fonctionnaires du ministère, j'ai l'intention, au plus tard lundi,
de réévaluer la situation et nous nous arrangerons pour
rétablir l'ordre.
M. MARCHAND: Une question additionnelle...
LE PRESIDENT: Une question supplémentaire et, après, le
député de Saint-Jacques.
M. MARCHAND: M. le Président, je voudrais demander au ministre
quel est le pourcentage des fomentateurs de trouble dans les CEGEP et quel est
le pourcentage des étudiants sérieux qui veulent vraiment
continuer à faire leur cours, à étudier
sérieusement et ne pas suivre le petit fomentateur de trouble qu'est le
député de Saint-Jacques?
LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. CLOUTIER: M. le Président, il est évident que je ne
peux pas faire de pourcentage, mais je suis convaincu que l'immense
majorité des étudiants veut étudier...
M. MARCHAND: C'est ça.
M. CLOUTIER: Maintenant, il faut bien admettre que cette immense
majorité n'est pas
toujours renseignée et renseignée adéquatement,
malgré tous les efforts que nous avons faits et que nous continuerons de
faire au cours de la fin de semaine. M. le Président, est-il assez clair
de dire que le ministère de l'Education a entrepris une révision
du programme de prêts-bourses, que cette révision n'a pas
donné les résultats escomptés à la suite d'un
cheminement difficile, que ces erreurs sont désormais corrigées
et que la deuxième phase de révision est en cours, que cette
phase peut amener un changement total et que les étudiants sont
invités à s'y associer.
En revanche, il va de soi qu'il n'est pas possible de dire oui
immédiatement à des demandes qui vont, par exemple, de la
gratuité scolaire au niveau universitaire, avec tout ce que cela
comporte de conséquences, non seulement financières mais
également sociales, aux demandes qui consistent à donner un
véritable revenu garanti aux étudiants, avec également ce
que cela comporte sur le plan de la responsabilité financière et
sociale.
J'en appelle donc au bon sens et je répète que les
étudiants de bonne volonté ont la possibilité de faire
connaître leur point de vue. Que se passe-t-il, actuellement, dans la
plupart des institutions? Il y a des assemblées générales
plus ou moins improvisées où quelques centaines
d'étudiants prennent des décisions pour une totalité
d'étudiants. C'est une situation, bien sûr, qui n'est pas
entièrement démocratique.
Je ne veux pas dire que les étudiants avec lesquels nous
dialoguons actuellement sont nécessairement des fomentateurs de
troubles, mais, en revanche, je crois qu'un peu de réalisme et de bon
sens doivent être mis dans cette situation. Il est grand temps de le
faire.
LE PRESIDENT: Question additionnelle. L'honorable député
de Saint-Jacques.
M. CHARRON: M. le Président, si le règlement jouait aussi
largement en ma faveur, je pourrais donner une version un peu différente
de celle que vient de donner le ministre de l'Education sur la situation. Pour
la première fois depuis le début, j'ai l'impression...
DES VOIX: Question, question.
LE PRESIDENT: A l'ordre! Question. A l'ordre, messieurs!
M. CHARRON: ... que c'est éloigné. M. le Président,
depuis ce matin, les négociations ont repris au ministère de
l'Education, après avoir été suspendues. Je veux demander
au ministre si, dans les propositions que les fonctionnaires du
ministère de l'Education feront ce matin aux étudiants en
réponse à leurs propositions de mercredi dernier, il y a
engagement nouveau de la part du ministère de l'Education sur la
question de la contribution des parents.
J'explique immédiatement, M. le Président. Comme la
formation d'un comité conjoint était dans les conditions remises
par le ministre lui-même à l'Assemblée nationale au
début de la semaine, comité conjoint qui devait se pencher sur la
question de la contribution des parents, y a-t-il, au départ, engagement
du ministère de l'Education qu'on en arrivera à la suppression de
la contribution des parents dans un temps relativement éloigné ou
rapproché?
M. CLOUTIER: M. le Président, d'abord, et malheureusement, les
étudiants, jusqu'ici, n'ont pas accepté la formation d'un
comité conjoint.
M. CHARRON: Ils ne l'ont pas fait parce qu'ils n'ont pas
l'engagement.
M. CLOUTIER: M. le Président...
M. CHARRON: Ils n'iront pas dans un comité où ils n'ont
pas d'engagement.
M. CLOUTIER: M. le Président...
M. LACROIX: Laissez donc répondre le ministre, impoli.
M. CLOUTIER: M. le Président, j'ai essayé de m'exprimer
clairement et le député de Saint-Jacques ne semble pas avoir
saisi. Faire disparaître d'un seul coup, dans le système tel qu'il
existe, la contribution des parents signifie de $200 millions à $230
millions.
M. CHARRON: Non, ce n'est pas...
M. CLOUTIER: Soyons sérieux, M. le Président.
M. CHARRON: ... ça, la demande.
M. CLOUTIER: Quant à prendre un engagement de principe, il est
impossible de prendre un engagement de principe à moins d'évaluer
les conséquences financières et, je l'ai dit également,
les conséquences sur le plan social. En revanche, je suis prêt,
pour ma part, à envisager l'élaboration d'un nouveau
système de prêts-bourses. Je l'ai dit il y a deux ans, lors de la
discussion des crédits. Dans ce nouveau système, si l'on dissocie
les prêts des bourses, il me paraît possible de faire
disparaître la contribution des parents en ce qui concerne les
prêts. En ce qui concerne les bourses, il y a des éléments
techniques à voir. C'est ce que nous disons aux étudiants,
actuellement.
Si ces étudiants veulent véritablement en arriver à
des accords et non pas à un affrontement qui semble se dessiner, il me
semble qu'on peut en arriver à quelque chose de valable.
M. CHARRON: M. le Président...
LE PRESIDENT: Vous avez une question additionnelle?
M. CHARRON: Oui. Puis-je demander au ministre s'il comprend que les
étudiants n'ac-
cepteront pas d'aller dans un comité où il n'y a pas
d'engagement un tant soit peu formel de la part du ministère de
l'Education quant aux objectifs poursuivis?
M. MARCHAND: II parle des enfants, mais il n'est pas capable d'en
faire.
M. CHARRON: Est-ce que le ministre conçoit que les 25 ou 28 CEGEP
encore en grève ce matin ont fait cette grève et que les
étudiants maintiennent cette grève pour aboutir simplement
à la formation d'un comité sans mandat précis, sans
engagement formel de ni l'un ni l'autre, juste pour discuter et faire
éteindre le mouvement?
M. CLOUTIER: Ce n'est pas exact, M. le Président. D'abord, le
ministère, avec les étudiants, parce qu'il y avait concordance de
vues, a été capable de s'entendre sur quatre ou cinq points
majeurs, des points concernant, par exemple, le niveau de prêts, des
points concernant les périodes d'inscription, des points concernant la
décentralisation. C'est de l'acquis. C'est de l'acquis, M. le
Président. De plus, pour ce qui est des problèmes en suspens, il
faut absolument que nous les travaillions au sein d'un comité. Il n'est
pas exact de dire qu'il n'y a pas un accord sur le mandat.
En revanche, M. le Président, comment voulez-vous que des
administrateurs responsables, quand il s'agit d'un tel montant et de telles
conséquences sociales, puissent s'engager nécessairement à
faire disparaître un élément de calcul? Je suis convaincu,
pour ma part, qu'il faut changer complètement le système. Si on
reste à l'intérieur du système qui consiste à tenir
compte des ressources possibles des étudiants et la contribution
des parents, comme la contribution des étudiants, fait partie de ce
système je prétends, moi, qu'il s'agit d'un système
inflationnaire et qu'il faudrait consacrer $200 à $300 millions à
cette opération, ce qui est clairement impossible vis-à-vis des
priorités québécoises. En revanche, que les
étudiants consentent à travailler avec nous, changeons de
système et, personnellement, je crois qu'il est possible de faire
disparaître la contribution parentale en ce qui concerne les prêts
et peut-être de la faire disparaître en ce qui concerne les
bourses. Ceci exige des études qui sont d'ailleurs très
avancées au ministère, mais qui ne sont pas
complétées.
Non, M. le Président, je ne prendrai pas, quelles que soient les
pressions, de décisions irresponsables.
LE PRESIDENT: L'honorable député de Lafontaine. Suivront
l'honorable député d'Anjou et l'honorable député de
Rouyn-Noranda.
Subvention à la ville de Bromont
M. LEGER: M. le Président, ma question s'adresse au ministre des
Affaires municipales.
Est-il exact qu'au moment où un très grand nombre de
municipalités ont des difficultés à obtenir du
gouvernement des subventions pour équilibrer leur budget, la ville de
Bromont, du maire Désourdy, a reçu une subvention de $1,200,000
sans avoir fait aucune demande au ministère et sans que cette subvention
se rattache à aucun projet en particulier?
M. GOLDBLOOM: M. le Président...
M. LEGER: Est-ce que c'est vrai ou si c'est faux?
M. GOLDBLOOM: ... ce serait une façon, peut-être, de faire
de la politique, mais il me semble qu'on doit être assez responsable.
Qu'on lise quelque chose dans un journal...
M. LEGER: Est-ce exact ou si c'est faux?
M. GOLDBLOOM: ... ce n'est pas l'Evangile.
Je m'excuse auprès de mes amis de la presse écrite et
parlée, mais soyons sérieux. Il y a eu une demande en bonne et
due forme. Il y a eu une analyse très détaillée du
dossier. C'est comme résultat de cette analyse que la conclusion a
été tirée par les fonctionnaires
spécialisés. La recommandation a été faite. Elle a
été entérinée successivement par le ministre, par
le Conseil du trésor et par le conseil des ministres. C'est une chose
que nous faisons à chaque fois qu'il y a une demande. Il y a eu une
demande et l'analyse a été faite selon les mêmes
barèmes que nous appliquons à toute demande de même
nature.
M. LEGER: M. le Président, est-ce que le ministre peut nous dire
quelle a été cette demande et à quel projet particulier
cette somme de $1 million va être affectée pour la ville de
Bromont?
M. GOLDBLOOM: M. le Président, il y a un certain nombre de
municipalités dans la province qui connaissent des difficultés
financières majeures. Nous donnons des sommes importantes à
certaines municipalités, chaque année. Je peux, par exemple,
citer les communautés urbaines et régionales et les principales
municipalités de la province. Nous savons fort bien que la demande du
genre de subvention qu'on dit d'équilibre budgétaire est une
demande que nous devons scruter avec plus de soin que toute autre demande,
parce qu'il y a...
M. LEGER: C'est pour Bromont, que je vous le demande. Par quel
critère et pour quel projet à Bromont?
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je m'excuse...
M. LEGER: C'est ma question.
LE PRESIDENT : A l'ordre, s'il vous plaît !
Ce n'est pas permis. Ce n'est pas permis. Vous savez voulez-vous
lire l'article du règlement? que le ministre a droit quand
même à une certaine latitude pour expliquer la politique de son
ministère.
M. LEGER: M. le Président, est-ce que je pourrais avoir une
directive? Est-ce que sur n'importe quelle question un ministre peut
répondre ce qu'il veut sur autre chose?
LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre, messieurs! A l'ordre!
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je pense que le règlement
de la Chambre est assez clair. La période des questions est pour des
sujets qui sont d'intérêt provincial et de nature urgente.
S'il s'agit d'un cas particulier, ce n'est pas mon habitude de
répondre: Versez la question au feuilleton. Mais le député
comprendra qu'il me pose à brûle-pourpoint une question sur un cas
particulier, un cas que je...
M. LEGER: Vous savez fort bien ce que je veux dire. C'est
général.
LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LEGER: C'est un cas particulier qui se voit
généralement.
LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît! Je vous rappelle
à l'ordre pour la deuxième fois. A l'ordre, messieurs, s'il vous
plaît!
M. GOLDBLOOM: M. le Président, j'ai établi...
UNE VOIX: ... on aurait la paix.
LE PRESIDENT: S'il vous plaît, messieurs!
M. GOLDBLOOM: ... un principe dans l'administration de mon
ministère, c'est que je dois appliquer à toutes les demandes les
mêmes critères d'objectivité. Il n'y a pas de
discrétion dans les subventions que je donne. Je suis ouvert à la
présentation de faits particuliers, il y en a, il y a des
particularités dans des municipalités où il faut tenir
compte de faits particuliers. Ces cas sont rares. Mais quand il y a une demande
de subvention d'équilibre budgétaire, notre réponse au
départ est décourageante parce que donner de telles subventions,
c'est une incitation à de l'exagération et à de la
mauvaise administration.
Alors, c'est dans cet état d'esprit que nous avons examiné
la demande et c'est dans cet état d'esprit que nous sommes venus quand
même à la conclusion qu'une subvention était
justifiée.
LE PRESIDENT: Je veux profiter de l'occasion pour faire une remarque au
ministre, à la suite des remarques qu'il a faites étant
donné qu'il a expliqué que les réponses qu'il apporte
doivent être sur un sujet de juridiction provinciale et
d'intérêt public et urgent. A l'occasion de ceci, vous avez voulu
donner la politique générale de votre ministère. Vous avez
glissé également que le député de Lafontaine vous a
posé une question sur un cas précis pour lequel vous n'avez pas
le dossier immédiatement. Je dirais que, même si cela s'applique
à un cas particulier, la ville de Bromont, l'intérêt public
est quand même concerné par la communauté bromontoise, si
vous voulez.
Je voudrais quand même que les réponses ne soient pas trop,
trop longues. Cette semaine, également, à l'occasion d'une autre
réponse, je crois que le ministre a expliqué très
largement. Il aurait été facile peut-être, en l'occurrence,
si vous n'avez pas la réponse sur le sujet particulier, de prendre avis,
et on pourrait passer à une autre question.
M. LACROIX: Le député de Lafontaine est "dur de
comprenure".
M. LEGER: M. le Président, ma question est très
précise: la politique générale du gouvernement en fonction
des subventions pour équilibrer les budgets. Je lui présente un
cas particulier, ce matin, et je lui demande s'il peut nous dire, dans le cas
de Bromont qui a reçu $1,200,000, qui est une somme énorme, quel
est le projet particulier. Parce que l'équilibre budgétaire, on
sait ce que cela veut dire. Et, deuxièmement, est-ce que le ministre
peut nous dire si on peut avoir une copie de la demande faite par Bromont et,
en même temps, est-ce que le ministre peut nous donner la liste des
municipalités du Québec, demain ou après-demain, qui ont
demandé...
LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LEGER: ... une subvention d'équilibre budgétaire?
LE PRESIDENT: A l'ordre! UNE VOIX: Prenez avis.
LE PRESIDENT: Ecoutez, il y a plusieurs manières de
répondre pour un ministre également. Il pourrait dire: Au
feuilleton, ou je prends avis, ou qu'on fasse une motion pour
dépôt de documents. Est-ce qu'il y a seulement vous et moi qui
devons connaître le règlement?
M. LEGER: J'invoque le règlement et je vous demande une
directive.
LE PRESIDENT: Bon.
M. LEVESQUE: Apprenez-le avant de l'invoquer.
M. LEGER: M. le Président, quand je pose
une question au ministre et qu'il n'est pas prêt à me
donner l'ensemble de la réponse, n'est-il pas normal de lui demander de
déposer les documents à une séance subséquente?
M. MERCIER: Quel article?
LE PRESIDENT: Non, il n'est pas normal. Ce qui est normal...
M. LEGER: On ne peut pas demander qu'un...
LE PRESIDENT: A l'ordre! Ce qui est vraiment moral, dans la tradition
parlementaire, c'est si on veut un document public, et cela a toujours
été la manière conventionnelle, il faut faire une motion
pour dépôt de documents. D'ailleurs, il y en a des dizaines et des
vingtaines au feuilleton actuellement.
Question suivante. L'honorable député d'Anjou. J'ai
prévenu que l'autre question...
M. BURNS: M. le Président, sur la question de règlement,
je veux tout simplement vous demander...
LE PRESIDENT: Cela peut se faire à l'occasion...
M. BURNS: Cela peut se faire...
LE PRESIDENT: Je l'ai dit, mais la règle
générale...
M. BURNS: D'accord.
LE PRESIDENT: D'accord, cela peut se faire à l'occasion. Cela
s'est fait, mais...
M. BURNS: Je le mentionne, M. le Président, parce que je ne
voudrais pas qu'on nous prive...
LE PRESIDENT: Non, non, d'accord.
M. BURNS: ... à l'avenir de demander, sans formalité,
à un ministre s'il est d'accord pour le déposer.
LE PRESIDENT: Je vous donne la règle et la formalité
normale.
M. BURNS: D'accord.
LE PRESIDENT: L'honorable député d'Anjou.
Maison des Soeurs Grises
M. TARDIF: M. le Président, ma question s'adresse à
l'honorable ministre des Affaires culturelles. Est-ce que le ministre des
Affaires culturelles est au courant de l'intention d'une société
immobilière de Montréal d'acquérir la maison mère
des Soeurs Grises, à Montréal, pour la démolir, à
l'exception de la chapelle, et y construire un vaste ensemble immobilier?
Si oui, est-ce que le ministre estime que les mesures actuellement
prises par son ministère sont suffisantes pour protéger cet
ensemble architectural intimement lié à l'histoire de
Montréal? Finalement, si le ministre estime que ces mesures ne sont pas
suffisantes, est-ce qu'il peut indiquer aux députés de cette
Chambre ce qu'il entend faire à cet égard?
M. HARDY: M. le Président, je crois comprendre que l'honorable
député d'Anjou s'inspire d'un article publié dans un
quotidien de Montréal, en première page, cette semaine.
J'ai déjà eu l'occasion, en cette Chambre, de donner des
détails que j'estimais assez complets sur ce problème mais,
devant les élucubrations que j'ai lues dans cet article, je pense qu'il
est important pour les membres de cette Chambre, comme pour l'ensemble de
l'opinion publique et particulièrement ceux qui s'intéressent
davantage à ces questions, que je refasse et je vais le faire le
plus brièvement possible, M. le Président l'historique de
ce dossier.
M. le Président, si ce journal, ce quotidien, a un tant soit peu
de respect pour ses lecteurs, a un tant soit peu de souci pour la
qualité de l'information, il donnera aux faits que je vais donner ce
matin, à la diffusion de ces faits, autant d'importance qu'il en a
donné, encore une fois, aux élucubrations du journaliste de ce
quotidien.
UNE VOIX: C'est beaucoup demander!
M. HARDY: Dans ce dossier, M. le Président, il y a d'abord eu une
recommandation de la Commission des biens culturels, à l'effet de
classer la propriété des Soeurs Grises. Le ministre a fait
parvenir aux Soeurs Grises, le 23 août, un avis d'intention à
l'effet de classer la chapelle qui se trouve sur cette
propriété.
Par la suite, un avis de classement de la chapelle a été
signé le 5 novembre et a été signifié aux Soeurs
Grises. Je rappelle et je le dis bien clairement que cette
décision de classer la chapelle reposait sur la recommandation de la
Direction générale du patrimoine. Ce n'est pas une
décision arbitraire ou fantaisiste du ministre, comme le journaliste en
question l'a malicieusement laissé entendre dans son article. La
décision qui a été prise le 5 novembre reposait sur une
recommandation de la Direction générale du patrimoine du
ministère.
De toute façon, le fait de classer la chapelle en vertu de la Loi
des biens culturels protégeait l'ensemble de la propriété,
avait le même effet sur l'ensemble de la propriété que sur
la chapelle elle-même.
M. BURNS: M. le Président, j'invoque le règlement. Je ne
veux pas priver le ministre je
m'excuse auprès du ministre de faire une
déclaration ministérielle.
M. HARDY: Ce n'est pas une déclaration ministérielle.
M. BURNS: M. le Président, je ne veux pas le priver de le faire.
On est en train d'étudier des crédits. Si le ministre a
actuellement une longue déclaration à faire, il me semble que
l'endroit tout indiqué pour le faire serait lors de l'étude des
crédits supplémentaires.
M. HARDY: M. le Président, sur la question de
règlement.
M. BURNS: Une minute. C'est pour une raison bien simple, M. le
Président. C'est que, si les ministres se mettent à faire des
déclarations ministérielles au sein de la période des
questions, ce sont les députés de l'Opposition qui se voient
privés de leurs droits.
M. HARDY: M. le Président, sur la question de règlement,
d'abord le leader de l'Opposition est complètement hors d'ordre et dans
les patates. Sur la question de règlement, qu'il regarde les
crédits supplémentaires du ministère des Affaires
culturelles et il s'apercevra qu'il n'y a rien pour le patrimoine.
Donc, si je veux respecter le règlement...
M. BURNS: M. le Président, loin de là. Sur la question de
règlement, le ministre devrait savoir il a déjà
présidé que tout est ouvert, même s'il n'y a pas de
crédits particuliers quant à cela.
M. HARDY: Voyons donc! Bien voyons donc!
M. BURNS: Voyons donc!
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! C'est bien difficile : Où
commence, où finit une déclaration ministérielle ou une
réponse? On lit, à l'article 165: Une question posée
à un ministre doit se rapporter à une matière
d'intérêt public bon à un acte dont le
ministre est responsable, ou aux intentions du ministre ou du gouvernement
à l'égard d'une mesure législative ou administrative.
Je crois que le ministre est en droit de répondre à cette
question, mais je demanderai la collaboration des ministres pour le respect
d'un autre article du règlement qui dit que "la réponse à
une question doit se limiter au point qu'elle touche, être brève
et claire et ne contenir ni argument ni expression d'opinion.
Toutefois, une certaine latitude est accordée aux ministres".
Il s'agit de respecter d'une manière convenable tous ces
impératifs pour offrir une collaboration au président et aux
travaux de l'Assemblée.
M. LESSARD: Question de règlement, M. le Président.
M. HARDY: Les questions sont trop longues. Et les réponses sont
trop longues.
M. LESSARD: M. le Président, sur la question de règlement,
je pense qu'à tous les vendredis d'ailleurs, ça rejoint
justement la question...
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. LESSARD: ... des déclarations ministérielles du
ministre un député ministériel pose des questions
en vue justement...
LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre! A l'ordre!
A l'ordre, messieurs! A l'ordre, s'il vous plaft.
Je veux donner la permission au ministre de répondre, laissez-moi
faire.
M. HARDY: M. le Président, je dirai une seule petite chose. Il
s'agit d'une question qui est assez d'intérêt public pour qu'un
journal lui ait donné plus d'importance qu'à la visite du premier
ministre en France cette semaine, dans sa première page.
LE PRESIDENT: A l'ordre!
UNE VOIX: Vous vous êtes fait passer un sapin.
M. LESSARD: Soulevez une question de privilège.
M. HARDY: M. le Président, j'essaie de donner les faits d'une
façon la plus concise possible. Si les députés de
l'Opposition ne veulent pas d'information, qu'ils le disent. S'ils
prétendent que la période des questions a uniquement pour but de
faire leur petite politique.
Un nouvel avis de classement, toujours pour la chapelle, a
été signé, le 4 décembre 1974, pour fins
d'enregistrement au cas où il y aurait des tiers acquéreurs. Je
demande, M. le Président, de nouveau aux journalistes qui
s'intéressent à ces questions je ne leur fais pas de
reproche; au contraire, je les encourage. C'est une excellente chose de
continuer à sensibiliser l'opinion publique de lire la loi. S'ils
ont besoin d'information supplémentaire, il y a un excellent service
d'information au ministère; qu'ils communiquent avec le service
d'information.
Enfin, M. le Président, toujours en réponse à la
question du député d'Anjou et à l'article auquel il a fait
allusion, je déclare de mon siège que toutes les décisions
prises dans ce domaine comme dans d'autres ne tiendront aucunement
compte des promoteurs des intérêts financiers ou de leurs
mandataires, ni des articles ou de l'imagination des journalistes. Le
"scribouilla-ge", le "grenouillage" et le "grouillage" de qui que ce soit
n'auront aucune influence sur les décisions du ministre en
matière de classement de monuments historiques, comme dans toute autre
matière. C'est clair?
LE PRESIDENT: Une question additionnelle.
M. CHARRON: Très courte à part cela, M. le
Président. Je veux demander au ministre des Affaires culturelles
pourquoi, si, selon ses propos du 27 novembre dernier en Chambre, il avait
l'intention de faire classer comme bien culturel la chapelle des Soeurs Grises,
n'a-t-il pas fait déposer l'avis au registre, comme l'article 28 de la
loi à laquelle il nous a référés l'oblige à
le faire.
M. HARDY: A quel registre, le registre du ministère?
M. CHARRON: Oui.
M. HARDY: M. le Président, il s'agit de questions techniques. Il
y a un contentieux au ministère et je ne suis pas pour me tenir au
bureau du contentieux pour vérifier chaque détail. Il y a des
avocats compétents, des juristes compétents au contentieux qui
s'occupent de toute cette mécanique.
M. CHARRON: L'article 28 vous y oblige.
M. HARDY: Ce que le ministre a à faire, lui, c'est qu'une fois
que la Commission des biens culturels s'est prononcée et une fois que le
service des monuments ou la Direction générale du patrimoine
s'est prononcée, il a à décider si, oui ou non, il classe
un monument. Quant à la mécanique, quant à l'inscription
au registre et à toutes les autres mesures légales qui doivent
être prises, vous ne voulez quand même pas que le ministre soit
à fois architecte, ethnologue! archéologue, juriste au
contentieux, comptable, etc.
M. CHARRON: Je demande seulement que vous respectiez la loi; l'article
28 de la loi l'exige.
LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. HARDY: M. le Président, nous avons un excellent contentieux au
ministère des Affaires culturelles, qui voit à ce que la loi soit
respectée et nous la respectons.
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
A l'ordre! A l'ordre! A l'ordre!
Deux dernières courtes questions sans question
supplémentaire. L'honorable député de Rouyn-Noranda et le
député de Maisonneuve.
M. SAMSON: M. le Président, sans question supplémentaire,
j'aime mieux ne pas poser ma question.
LE PRESIDENT: Bon, suivant.
Polyvalentes d'Hochelaga-Maisonneuve
M. BURNS: M. le Président, ma question s'adresse au ministre de
l'Education. Je l'ai prévenu de ma question hier, parce que c'est une
question à caractère local, bien qu'elle demeure, à mon
humble avis, d'intérêt public.
C'est le problème des polyvalentes d'Hochelaga-Maisonneuve.
Très brièvement, M. le Président, je situe la question:
depuis au-delà d'un an, les citoyens d'Hochelaga-Maisonneuve se
demandent ce qui va advenir de cette, d'abord éventuelle, grosse
polyvalente...
M. CHOQUETTE: Je veux soulever une question de privilège avant
que le député de Rouyn-Noranda ne quitte la Chambre, si le
député de Maisonneuve me permet cette interruption. Hier, M. le
Président, vous avez empêché le ministre de la Justice de
donner une réponse au député de Rouyn-Noranda;
aujourd'hui, vous le soumettez à des réserves à l'effet
qu'il ne peut poser de question supplémentaire. M. le Président,
j'invoque, le privilège du député de Rouyn-Noranda qui,
comme tout député dans cette Chambre, a le droit de poser des
questions.
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! Je voudrais faire remarquer à
l'honorable ministre de la Justice que la période des questions est
déjà dépassée de quinze minutes.
M. CHOQUETTE: Oui, mais c'est une question de privilège, M. le
Président.
LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. BURNS: M. le Président, simplement pour faire ce bref
historique, au début, il devait y avoir une polyvalente, mais les
citoyens de Maisonneuve, semble-t-il, s'y sont opposés et on s'est
dirigé vers deux polyvalentes. Maintenant, le conseil scolaire et la
CECM semblent tergiverser quant à une décision finale qu'on remet
actuellement, semble-t-il, au 15 janvier prochain. Ce que je veux savoir du
ministre, c'est si le ministère a l'intention d'intervenir soit
auprès du conseil scolaire ou de la CECM ou si c'est le ministère
lui-même qui retarde la mise en place ou l'installation de ces deux
polyvalentes pour les citoyens d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. CLOUTIER: M. le Président, je remercie le député
de Maisonneuve qui m'avait prévenu de sa question hier. Apparemment, il
n'a pas eu le temps de me la poser. Je tiens à dire également,
que le député de Sainte-Marie en a discuté avec moi
à maintes reprises parce qu'il
est également impliqué dans cette affaire. Il ne s'agit
pas du tout de tergiversations de la part ni du conseil ni de la CECM, et
encore moins d'un manque d'action de la part du ministère. La situation
est la suivante: la CECM avait projeté de construire une école de
2,400 élèves dans Hochelaga-Maisonneuve, mais elle a
révisé sa position par la suite et a envisagé une
deuxième hypothèse qui consistait à construire deux
écoles de 1,200 élèves. Il s'agit de l'école
Eulalie-Desrochers et de l'école Saint-Emile. Il m'est impossible, M. le
Président, de répondre brièvement; il faut au moins que je
donne ces renseignements élémentaires.
Actuellement, le conseil scolaire est en train d'élaborer un plan
quinquennal pour tous les investissements de l'île de Montréal, et
toutes les écoles sont remises en question à cause des
modifications de la clientèle scolaire. Il y a eu quelques
décisions qui ont été prises touchant deux ou trois
écoles mais il s'agissait de projets qui étaient rendus à
la phase des soumissions. Dans tous les autres cas, le conseil scolaire
travaille actuellement ce plan d'immobilisation en collaboration avec toutes
les commissions scolaires, y compris la CECM et le ministère. Ce plan ne
sera pas prêt avant l'été prochain. C'est uniquement
à ce moment-là qu'il sera possible de planifier les
investissements sur l'île de Montréal. C'est un rôle du
conseil scolaire, celui de faire l'arbitrage. Je ne sais pas si j'ai
donné suffisamment de renseignements, je pourrais détailler
davantage. Ce que je veux dire, c'est que le ministère va certainement
tenter, dans les limites budgétaires, de répondre aux besoins des
populations, mais pour le moment il n'y a certainement aucun blocage.
M. BURNS: Est-ce que je dois comprendre de la réponse du
ministre...
LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre!
M. ROY: M. le Président, j'aurais une directive à vous
demander, à ce moment-ci.
LE PRESIDENT: Un instant, là!
M. ROY: Tout à l'heure, je n'ai pas voulu soulever la question de
privilège...
LE PRESIDENT: Oui. Allez-y.
M. ROY: ... pour ne pas ajouter encore de chaos dans l'Assemblée
nationale où nous manquons énormément de décorum.
Vous avez rendu une décision, je regrette infiniment auprès de
mon collègue de Maisonneuve, mais je ne voudrais pas qu'il y ait deux
poids, deux mesures.
LE PRESIDENT: J'ai empêché la question
supplémentaire, justement. Est-ce que l'honorable ministre des Affaires
sociales...
M. FORGET: Je vous remercie, M. le Président.
LE PRESIDENT: ... désirerait apporter une réponse à
une question?
Publicité électorale à la mairie de
Montréal
M. FORGET: En effet, le député de Verdun, plus tôt
cette semaine, m'a posé une question, mais n'en ayant pas eu
préavis, j'ai indiqué que je ferais enquête et que je
dévoilerais à l'Assemblée les résultats de cette
enquête le plus tôt possible. La question du député
de Verdun se posait dans le contexte de la parution d'une page de
publicité payée dans un journal de Montréal, dans le
contexte des élections municipales du mois dernier. La question peut se
diviser, je crois, en deux parties: Premièrement, est-ce que l'organisme
qui a payé cette publicité est un organisme qui appartient au
réseau des établissements d'affaires sociales et comme tel,
soumis à la surveillance du ministère?
Deuxièmement, est-ce que cet organisme a utilisé des fonds
publics pour payer cette publicité électorale?
Quant à la première partie de la question, il semble qu'en
effet l'organisme qui a payé cette publicité est un organisme qui
appartient au réseau de nos établissements. Il s'agit d'un
établissement qui dispose d'un permis de CLSC émis pour
l'année courante par le ministère. C'est cependant un organisme
qui existait avant même la mise en vigueur de la Loi sur les services de
santé et les services sociaux, cet organisme ayant été
créé en 1968 et ayant été financé durant ses
premières années par le ministère fédéral de
la Santé nationale, le financement du gouvernement du Québec
datant de trois ans environ. Cependant, c'est un des aspects qui restent
à déterminer, cet organisme n'a pas cru bon jusqu'à
maintenant d'appliquer les dispositions de la Loi sur les services de
santé et les services sociaux, de manière que ses structures
actuelles ne correspondent pas encore aux exigences de la loi.
Pour ce qui est de la deuxième question, à savoir si des
fonds publics ont été utilisés pour cette
publicité, c'est une situation qui n'est pas totalement claire. Ce qui
apparaît c'est que le centre communautaire dispose, comme certains autres
établissements de santé y compris des hôpitaux, d'un
certain fonds commun qui est alimenté par la facturation que font les
médecins du centre à la Régie de l'assurance-maladie.
Ce fonds commun serait, d'après les informations que j'ai et que
je chercherai à faire confirmer, la source de financement qui a
été utilisée pour payer cette publicité dans les
journaux; c'est un montant de $320, donc ce n'est pas une très grosse
somme. Cependant le principe est important. Ce qu'il reste à
déterminer ce sont les lients juridiques qui lient le centre
communautaire comme tel à ce fonds commun des médecins qui y
travaillent, puisqu'il n'est pas clair, à ce moment-ci, dans quelle
mesure le centre communautaire a autorité sur la disposition que font
les membres de ce pool,
si vous voulez, sur les sommes qui y sont versées.
Indépendamment des conclusions auxquelles nous pourrons arriver
relativement à cette question, il demeure que, même s'il n'est pas
question d'argent public, il me paraît assez délicat, pour un
établissement qui dans son ensemble est un établissement public,
qu'un tel établissement, qu'il contrôle ou non toutes les actions
de ses membres et les décisions qu'ils peuvent prendre quant à
l'utilisation de certains fonds communs auxquels ils contribuent, il me
paraît délicat, dis-je, qu'un établissement public
prête son nom à une opération clairement électorale.
Ceci constituerait, à mon avis, un précédent.
C'est pourquoi nous voulons examiner plus longuement les implications
d'une telle attitude. Mais sur le plan des principes, comme je l'ai
affirmé d'ailleurs dès que la question m'a été
posée, il me paraît qu'un établissement public, dans le
secteur des services de santé et des services sociaux, ne doit
même pas prêter son nom à une activité
électorale puisque cet organisme n'est pas créé pour ces
fins. Il est créé pour servir le public, sans distinction, sans
discrimination et sans même apparence de discrimination, ce qui pourrait
évidemment être nié par une pratique ou une appartenance
très claire à une option politique ou à un parti
politique.
M. LEGER: Une question supplémentaire, M. le Président,
une courte. Est-ce que le ministre, dans le même esprit...
M. ROY: M. le Président, une question de règlement...
LE PRESIDENT: A l'ordre! Je suis prêt à rendre...
M. ROY: J'aurais une question de règlement, une question de
privilège.
LE PRESIDENT: Une question de privilège sur quoi encore?
M. ROY: M. le Président, le ministre des Affaires sociales vient
de donner une longue réponse durant la période de questions et
nous allons probablement reprendre l'étude des crédits du
ministère des Affaires sociales, budget supplémentaire. Le
ministre des Affaires sociales aurait pu le faire à l'intérieur
du programme no 16, en ce qui concerne la direction générale et
toute l'administration de son ministère dans tous les domaines.
M. le Président, on a privé mon collègue de
Rouyn-Noranda de poser une question; hier il a été privé
du droit de poser une question. Quand ce n'est pas lui c'est moi, et on donne
une permission au ministre ce matin; sa réponse pouvait être faite
à l'intérieur de l'étude des crédits. Je ne suis
pas sur la question supplé- mentaire de mon collègue, le
député de Lafontaine, mais sur la déclaration même
du ministre. Il y a quand même des limites.
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! A l'ordre, messieurs! Tout le monde
se rappelle, d'ailleurs, que la question avait été posée
lors de la période des questions par le député de Verdun.
Dans le journal des Débats, il y a un chapitre, une identification bien
précise sur la période des questions. Peut-être que pour un
lecteur du journal des Débats qui voudrait trouver une réponse
à une question, alors qu'un ministre a pris avis de la question, il est
plus logique, je crois, que le ministre réponde et que sa réponse
soit rapportée à l'intérieur de ce chapitre qui s'appelle
Questions.
D'ailleurs, chaque fois que j'accorde à un ministre le droit de
répondre, c'est en dehors de la période permise, la
période des questions, chaque fois. Je vous demande votre collaboration.
Egalement, à pratiquement toutes les séances, à peu
d'exceptions près, les deux députés du Parti
créditiste, à peu près à chaque séance,
peuvent poser des questions.
M. ROY: Peuvent.
LE PRESIDENT: Peuvent. C'est assez rare... Aujourd'hui, votre chef, le
député de Rouyn-Noranda, chef parlementaire... Un instant, s'il
vous plaît! ... avait la préséance pour poser la
première question. Hier, il ne l'a pas pu, on sait dans quelles
circonstances. Aujourd'hui, il vous a donné la préséance,
comme collègue, et ce n'est pas ma faute s'il n'a pas eu l'occasion de
la poser aujourd'hui. Si vous visitez d'autres Parlements, il y a plusieurs
Parlements où c'est assez rare que certains députés
puissent trouver le moyen de poser une question souvent dans une période
d'un mois et je dirais même d'une session, dans certains Parlements
où il y a 300 ou 400 députés.
J'essaie de vous apporter ma collaboration totale. A chaque
séance, le parti de l'Opposition officielle pose trois, quatre ou cinq
questions principales, le Parti créditiste deux. On a eu des
séances où il y en a eu neuf, dix ou onze. On va faire
l'inventaire, si vous voulez. D'accord? A l'ordre, messieurs! A l'ordre!
J'inviterais l'honorable député de Lafontaine, pour sa
question supplémentaire, à revenir à la prochaine
séance. Nous en sommes à 55 minutes, aujourd'hui, pour la
période des questions.
M. LEGER: M. le Président, je n'ai pas d'objection mais,
normalement, vous admettez qu'à la suite d'une réponse...
DES VOIX: A l'ordre! A l'ordre!
M. LACROIX: Rappelez-le donc à l'ordre!
M. LEVESQUE: Règlement!
M. LEGER: ... d'un ministre, habituellement, on peut poser une question
supplémentaire.
LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre! Votre leader parlementaire a
accepté cette consigne, tout à l'heure, lorsque je lui ai permis
une question principale sans question supplémentaire. A l'ordre,
messieurs!
Affaires du jour.
M. LEVESQUE: Article 1.
Travaux parlementaires
M. BURNS: M. le Président, une question en vertu de l'article 34,
avant.
UNE VOIX: II est trop tard.
M. BURNS: C'est une question que je pose au leader du gouvernement, M.
le Président, mais en vous regardant, vous. Je pense que depuis quelques
jours on s'aperçoit que la période des questions pose des
problèmes au point de vue de la durée, surtout, au point de vue
de la possibilité aux membres de l'Opposition de poser des questions. Je
sais que vous aviez dit que vous suggéreriez au leader du gouvernement
de convoquer la commission de l'Assemblée nationale pour examiner les
remaniements de procédure qui devraient être apportés
à notre règlement.
Je demande au leader, toujours en vous regardant, M. le
Président, quand on a l'intention de faire siéger la commission
parlementaire pour ces fins.
M. LEVESQUE: Je suggère que le député de
Maisonneuve pose la question la semaine prochaine. Pour vous dire franchement,
cette semaine, je n'ai pas eu l'occasion d'y consacrer beaucoup de temps.
LE PRESIDENT: Article 1. L'honorable leader parlementaire.
Motion concernant les heures des séances de la
Chambre
M. Gérard-D. Levesque
M. LEVESQUE: M. le Président, nous avons ici, un feuilleton, une
motion qu'on appelle la motion traditionnelle de fin de session. Inutile pour
moi de m'étendre sur cette question qui est bien connue. Le gouvernement
actuel n'a jamais abusé de l'effet d'une telle motion. Ce que nous
voulons simplement, c'est permettre aux députés d'avoir
l'occasion de s'exprimer et d'ajouter quelques heures à la semaine
régulière mais sans, pour cela, créer une situation qui
serait inacceptable. C'est pourquoi, dans la motion, nous retrouvons les
dispositions suggé- rées par l'Opposition officielle en certaines
circonstances, particulièrement, quant à l'heure de fermeture
où nous avons fait disparaître cette formule qui était,
autrefois, "jusqu'à ce que la Chambre décide de s'ajourner" et
nous avons introduit cette disposition qui nous oblige, à moins d'un
consentement unanime, à terminer nos travaux à minuit.
Je sais que personne d'entre nous ne voudrait se trouver ici
précisément le 24 décembre, comme c'est déjà
arrivé. Alors, je pense qu'il est raisonnable que nous essayions de
conclure nos travaux pour nous permettre au moins d'acheter un cadeau à
nos êtres chers.
Dans les circonstances, M. le Président, je crois qu'on verra,
d'ailleurs, la semaine prochaine que, même avec la meilleure
volonté du monde, nous ne pouvons pas trouver tout le temps que nous
voudrions. Même lundi prochain, nous avions l'intention de siéger
et, après consultation, il y avait et cela, je le dis en toute
franchise, en toute objectivité des deux côtés de la
Chambre, des rendez-vous pris. Alors, il est difficile de siéger lundi.
Il nous reste maintenant à reprendre nos travaux le mardi 10
décembre. Comme on sait qu'il y a, à certains moments de la
semaine prochaine, des heures qui sont déjà prises pour d'autres
travaux que ceux de la Chambre, je crois qu'il est prudent, à ce
moment-ci, d'adopter cette motion. Ce n'est pas une motion qui se veut dure. On
a déjà commencé à la traiter ainsi ce matin. Je
lisais dans un journal que c'était le rouleau à vapeur, etc. Ce
n'est pas du tout l'intention du gouvernement de l'utiliser ainsi. Nous allons
faire comme nous avons fait dans le passé, nous allons essayer de
l'utiliser avec intelligence et nous allons surtout avoir en vue
l'efficacité de la Chambre et, en même temps,
l'intérêt public.
LE PRESIDENT: L'honorable député de Maisonneuve.
M. Robert Burns
M. BURNS: M. le Président, s'il est une fin de session où
la motion traditionnelle de rouleau à vapeur n'est pas justifiée,
c'est bien celle-ci. On n'a qu'à jeter un coup d'oeil au feuilleton,
actuellement, et on se rend compte je le dis sans
méchanceté de la pauvreté des articles qu'il y a au
feuilleton. Actuellement, outre l'étude des crédits qui en soi
doit se terminer ou peut se terminer après huit heures de discussion, il
y a 18 projets de loi inscrits au feuilleton, parmi lesquels on retrouve des
choses qui, dans la plupart des cas, ne comporteront pas de débat en
deuxième lecture. Je pense tout simplement aux projets de loi inscrits
au nom du ministre du Revenu, qui sont des lois techniques amendant les
diverses lois fiscales. Si on se fie à ce qui s'est passé ces
dernières années, elles seront sans doute automatiquement
envoyées en commission et, puisque ce sont des lois à
caractère purement technique,
elle seront normalement étudiées par les
spécialistes concernés.
Déjà, si on enlève ces lois, M. le Président
je vois les articles 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19 et 20 qui sont inscrits
au nom du ministre il nous reste à peine une dizaine de lois.
Hier même, M. le Président, l'Opposition a démontré
sa capacité de collaborer avec le gouvernement. Nous avons
adopté, en l'espace de quelques heures seulement, les projets de loi 61,
62 et 63. Je pense que, depuis le début de la session je le dis
pour tous les membres de l'Opposition, que ce soit le député de
Johnson ou les députés du Ralliement créditiste et,
évidemment, les députés de l'Opposition officielle
tous les membres de l'Opposition ont fait l'impossible pour collaborer avec le
gouvernement.
Si on arrive en fin de session à nous imposer un horaire du style
dix heures le matin à minuit, je me demande comment l'Opposition sera en
mesure de faire efficacement son travail. Et cela, je pense que ça
devrait préoccuper le leader du gouvernement. Je sais que sa
première préoccupation est de terminer la session avec un bilan
de lois adoptées. Mais, avec ce qu'il y a au feuilleton, il me semble
que pour une fois, s'il y a une année où la motion de fin de
session n'est pas justifiée, c'est bien le cas actuellement.
Je dois dire, d'ailleurs, à l'intention du leader que s'il
voulait se garder quelque temps pour acheter des cadeaux à ses
être chers, il pourrait fonctionner avec le système actuel; il
aurait toutes ses matinées pour aller magasiner. Cela permettrait
peut-être la même chose aux députés de l'Opposition
et on ferait notre travail simplement, dans un cadre normal. Le matin, la
plupart du temps, il y a soit des commissions parlementaires ou encore les
députés de l'Opposition préparent le travail de
l'après-midi. Cela permet un rythme de travail plus normal.
Je ne me fais pas d'illusion, M. le Président, je sais fort bien
que si le leader a décidé de faire adopter sa motion, avec la
majorité qu'il a en Chambre, c'est sûr que je connais d'avance le
sort qui va être réservé à cette motion. Mais, M. le
Président, nous, de l'Opposition officielle, nous ne serons
sûrement pas en mesure de voter pour une telle motion.
LE PRESIDENT: L'honorable député de Beauce-Sud.
M. Fabien Roy
M. ROY: Quelques mots seulement pour dire que cette motion, lorsque je
l'ai vu apparaître cette année, m'a énormément
surpris parce que je voyais le peu de projets de loi qu'il y avait au
feuilleton de la Chambre. Je voyais également que les lois qui ont
été présentées par le ministre du Revenu et qui
paraissaient en appendice hier, qui ont été
déposées tout de suite hier, ne feront pas l'objet de longs
débats.
Ce sont des choses qui ont déjà été
décidées par le gouvernement. Cela faisait partie du discours du
budget et a été étudié lors de l'étude des
crédits de chacun des ministères. Or, M. le Président,
cette motion me paraît tout à fait superflue à moins que
c'est là qu'est le point il y ait un menu
législatif très chargé qui peut nous arriver au
début de la semaine prochaine. S'il n'y a pas de menu législatif
chargé, il est évident que la motion a plus ou moins de
conséquences, plus ou moins de valeur, mais si le menu législatif
est excessivement chargé et c'est ce que je ne sais pas, M. le
Président je me pose de sérieuses questions.
M. le Président, je serais prêt, en ce qui me concerne,
à peut-être faire un compromis avec le gouvernement. Il y a dans
cette motion deux points particuliers sur lesquels j'ai déjà
insisté dans le passé. Quand on parle "d'utiliser encore plus
efficacement le temps disponible d'ici la prorogation de la présente
session", je dois dire à l'honorable leader du gouvernement et lui
rappeler que nous nous sommes déjà retrouvés avec la
même motion au mois de février lorsque la Chambre a repris ses
travaux et que nous avons dû attendre la prorogation de la session avant
que la motion ne tombe. Ceci a placé dans une situation un peu difficile
les membres de l'Opposition il s'agit de l'autre Législature, M.
le Président je pense que l'expérience est quand
même là pour le démontrer.
Deuxièmement, il y aurait un amendement que je
suggérerais. Je n'en ferai pas une motion d'amendement, mais une
suggestion à l'endroit du leader du gouvernement. D'après
l'article 174, on sait que c'est un privilège pour tout membre de
l'Assemblée nationale, non seulement pour les membres de l'Opposition,
mais pour les ministériels également, lorsqu'ils ne sont pas
satisfaits des réponses fournies par les ministres, de donner avis au
président avant cinq heures pour qu'un minidébat soit inscrit.
Jamais ce minidébat ne s'est tenu à l'intérieur des
travaux de l'Assemblée nationale et n'a empêché le travail
de qui que ce soit, de quelque ministre que ce soit ou l'adoption d'un seul
projet de loi. Ces minidébats ont toujours eu lieu après que la
Chambre eut décidé de s'ajourner. Qu'il y ait un minidébat
ou deux minidébats une fois de temps en temps après minuit le
soir, cela ne peut donc changer en rien la progression ou la marche de nos
travaux.
Je demanderais au leader du gouvernement ces deux petits amendements. Au
lieu de "la présente session", qu'on dise "jusqu'à l'ajournement
des Fêtes" ou "la prorogation des Fêtes", d'une part, et qu'on
exclue l'article 174. Si ces deux amendements étaient apportés,
je serais prêt, en ce qui me concerne...
Le premier amendement, en vue d'utiliser encore plus efficacement le
temps disponible "d'ici la prorogation de la présente session", dirait
"jusqu'à l'ajournement des Fêtes", au cas où la session ne
serait pas prorogée mais ajournée au début de l'an
prochain, soit au
début de février ou au début de mars. C'est une
chose qui s'est déjà produite et que nous avons dû subir.
Nous avons dû subir la motion qui avait été adoptée
au mois de décembre alors que je sais très bien que ce
n'était pas l'intention du leader du gouvernement dans le temps. Pour ce
qui a trait à l'article 174, qu'on l'exclue de la motion.
Quant au reste, M. le Président, je ne ferai pas de débat,
je ne répéterai pas ce que j'ai déjà dit dans le
passé, même si je pourrais le répéter. Mais comme
c'est la fin de nos travaux, que la motion est déjà beaucoup
moins lourde qu'elle ne l'était dans le passé, le gouvernement ne
pouvant siéger après minuit à moins d'avoir le
consentement unanime, en ce qui me concerne, je serais prêt à ce
compromis.
M. LEVESQUE: M. le Président, est-ce qu'il y en a d'autres qui
veulent...
LE PRESIDENT: Non.
M. Gérard-D. Levesque
M. LEVESQUE: Alors, le droit de réplique, M. le
Président.
Je veux simplement dire que j'apprécie d'avance la collaboration
que l'Opposition voudra bien nous donner pour que nous puissions continuer
à travailler dans le meilleur intérêt des citoyens du
Québec et que nous puissions utiliser ces heures qui nous restent avant
l'ajournement ou la prorogation, selon les termes employés par le
député de Beauce-Sud, avec la plus grande efficacité
possible et le maximum de bonne utilisation.
M. le Président, on me demande s'il y a possibilité
d'apporter certaines modifications. Je l'ai fait pour l'Opposition officielle,
il y a déjà quelque temps, dans la formulation de cette motion.
Je n'ai pas d'objection, bien que je trouve que cette demande soit un peu
superflue, je ne dirai pas farfelue, enfin...
M. ROY: ... moi pas, là!
M. LEVESQUE: Je ne parle pas fort.
M. ROY: Cela peut se gâter.
M. LEVESQUE: Je ne parle pas fort, je n'élève pas la voix.
Nous allons faire un compromis et nous allons suggérer, M. le
Président, d'enlever, à la septième ligne avant la fin,
les mots: "Que l'article 174 soit suspendu".
LE PRESIDENT: Compromis. Est-ce qu'il y a consentement unanime à
ce que les mots "que l'article 174 soit suspendu"...
M. ROY: Maintenant, pour ce qui a trait à ma première
demande, le leader du gouvernement n'a pas dit son intention. Est-ce que c'est
réellement l'intention du gouvernement que cette motion soit
appliquée uniquement d'ici les Fêtes?
M. LEVESQUE: C'est l'intention du gouvernement de demander la
prorogation de la session. Si jamais il arrivait que, pour des circonstances
particulières, il y avait un ajournement, à ce moment-là
ce serait aussi nécessaire d'avoir la motion pour le dernier petit bout
de la session qui resterait. Alors, je ne vois pas l'intérêt.
LE PRESIDENT: Sûrement que vous me permettrez ceci, sans amender.
Si on voulait corriger parfaitement la situation, il faudrait apporter un
amendement à l'article 174. Je pense que cela ne sera pas
nécessaire, si vous êtes d'accord, parce qu'il est dit qu'à
23 heures, dans l'article 174, le président doit, nonobstant l'article
31, retarder l'ajournement. Il faudrait dire: A 24 heures. Mais, si tout le
monde convient que le minidébat aura lieu à minuit, ce sera
l'interprétation que je donnerai à l'article 174.
M. BURNS: C'est logique, M. le Président.
LE PRESIDENT: Ce seront les "late, late shows".
Est-ce que cette motion est adoptée?
M. BURNS: M. le Président, pour démontrer ma collaboration
au leader du gouvernement, je ne demanderai pas de vote enregistré. Je
vais tout simplement demander d'enregistrer la dissidence des
députés de Sauvé, de Lafontaine, de Saguenay, de
Chicoutimi et de Maisonneuve. Malheureusement, j'aurais voulu inscrire celle du
député de Saint-Jacques, mais il vient de quitter la Chambre.
LE PRESIDENT: Si je comprends, adopté sur division, avec la
dissidence des honorables députés de Sauvé, de
Maisonneuve, de Lafontaine, de Saguenay et de Chicoutimi.
Adopté sur division.
M. LEVESQUE: Article 2. Commission plénière, l'honorable
député de Roberval.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre, messieurs!
M. LEVESQUE: Avec le consentement de la Chambre, vu que nous voulons
permettre aux députés de prendre connaissance d'un projet de loi
qui vient de nous arriver, est-ce qu'on nous autoriserait à le
déposer?
M. BURNS: D'accord.
M. LEVESQUE: C'est le projet de loi no 90, Loi modifiant la loi de la
protection du malade
mental. Le ministre des Affaires sociales aimerait bien qu'on puisse
l'avoir pour étude, en fin de semaine.
Alors, M. le Président, est-ce qu'on pourrait faire la
première lecture?
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre, messieurs!
Est-ce qu'il y a consentement unanime pour la présentation
après la première lecture?
M. LEGER: Oui, M. le Président.
Projet de loi no 90 Première lecture
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): L'honorable ministre des Affaires
sociales propose la première lecture du projet de loi no 90, Loi
modifiant la Loi de la protection du malade mental.
Cette motion de première lecture est-elle adoptée?
M. LEGER: Adopté, M. le Président.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Adopté.
LE SECRETAIRE ADJOINT: Première lecture de ce projet de loi.
First reading of this bill.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Deuxième lecture prochaine
séance ou séance subséquente.
M. FORGET: M. le Président, ce projet de loi a pour objet
d'améliorer le fonctionnement de la Commission de protection du malade
mental en particulier en donnant un pouvoir d'initiative à la
commission, en prévoyant également des avis à la
commission des personnes qui sont placées en cure fermée dans les
établissements psychiatriques, et en prévoyant certaines
dispositions pour en faciliter l'application.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Nous avions procédé
à l'adoption en première lecture.
M. LEVESQUE: Adopté, première lecture, deuxième
lecture prochaine séance...
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Prochaine séance ou
séance subséquente.
DES VOIX: D'accord.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): La commission plénière,
l'honorable député de Châteauguay.
Budget supplémentaire Commission
plénière (suite)
M. KENNEDY (président de la commission plénière): A
l'ordre, messieurs!
M. LEGER: M. le Président, nous sommes dans les affaires
sociales.
LE PRESIDENT (M. Kennedy): Oui.
M. LEGER: Je vais profiter de ce que le ministre a fait une
déclaration ministérielle, en réponse à une
question de la veille, pour lui poser immédiatement, au début, la
question supplémentaire que je voulais lui poser tantôt et que je
n'ai pas pu lui poser, la période des questions étant
terminée. Le ministre a parlé tantôt de l'enquête
qu'il a faite sur l'organisme public qui s'était occupé de mettre
une annonce pour fins électorales. Il a dit aussi qu'il était
pour examiner plus longuement cette situation d'organisme public qui prend des
fonds publics pour des fins électorales, pour un parti particulier.
Le ministre pourrait-il continuer sa réflexion et voir comment
fonctionnent d'autres organismes publics, comme les municipalités qui
ont fourni à des dîners bénéfices du Parti
libéral comme à Val-David....
LE PRESIDENT (M. Kennedy): A l'ordre, messieurs! Ce n'est pas pertinent
au débat.
M. LEGER: ... des Affaires sociales qui s'occupe de cela.
LE PRESIDENT (M. Kennedy): Ceci n'est pas pertinent au débat.
Nous sommes au programme 8, élément 1.
M. LEGER: M. le Président, j'invoque le règlement. Le
ministre...
J'invoque le règlement, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Kennedy): Quel article?
M. LEGER: Le ministre a fait une réponse en Chambre, et c'est ce
ministre-là qui, lors de l'étude de ses crédits, doit
répondre sur l'ensemble du fonctionnement de son ministère. Je
lui pose la question sur laquelle il s'est penché pour le prolongement
du mandat qu'il a pris hier. C'est parfaitement dans l'ordre, quitte au
ministre à me répondre ou à ne pas me répondre,
c'est une autre affaire. Mais c'est pertinent au débat puisque cela
touche une des fonctions de son ministère actuellement.
M. GARNEAU: M. le Président, sur un point de règlement.
Hier, lors de l'étude du programme no 4, qui s'appliquait aux services
commu-
nautaires, le député de Beauce-Nord, profitant d'une
certaine ouverture du débat, avait voulu faire une intervention sur les
soins spécialisés et ultra-spécialisés, et la
présidence, sur l'invitation des députés de Chicoutimi et
de Saguenay qui lui ont demandé de faire appliquer la pertinence du
débat, a demandé au député de Beauce-Nord de garder
ses observations pour l'article 8. Alors, j'inviterais également la
présidence à tenir la même ligne de conduite c'est
d'ailleurs ce que vous avez tenté de faire, M. le Président,
également en intervenant sur ce point de règlement et
indiquer au député de je ne sais pas quel comté, le
député à barbe là, que les mêmes
règlements devraient s'appliquer, d'autant plus que ses propres
collègues l'ont invoqué hier.
M. BEDARD (Chicoutimi): M. le Président, sur ce que vient de dire
le ministre des Finances, je veux inscrire mon désaccord.
M. MERCIER: Quel article?
M. BEDARD (Chicoutimi): M. le Président, je n'ai pas d'article,
j'ai le droit de parole.
LE PRESIDENT (M. Kennedy): A l'ordre! Je voudrais bien que l'on revienne
à la pertinence du débat.
M. BEDARD (Chicoutimi): M. le Président, la pertinence du
débat...
LE PRESIDENT (M. Kennedy): Si vous avez un point de privilège
à soulever, d'accord, je ne peux pas vous enlever ce
privilège.
M. BEDARD (Chicoutimi): M. le Président, sur ce que vient
d'affirmer le ministre des Finances dans son point de règlement, s'il
veut bien faire un effort de réflexion ou un effort de mémoire,
il se rappellera sans doute que le député de Chicoutimi, au
contraire, a permis et a demandé au président de permettre au
député de Beauce-Sud...
M. MERCIER: Ce n'est pas à vous de permettre; c'est au
président.
LE PRESIDENT (M. Kennedy): A l'ordre!
M. BEDARD (Chicoutimi): ... de s'exprimer librement, même si son
intervention ne se situait pas dans le cadre du programme 4, mais plutôt
dans le cadre du programme 11. Je tiens à le dire, M. le
Président, parce que, quand j'ai fait cette suggestion au
président de l'Assemblée pour permettre une discussion plus
large, moins réglementaire, justement le ministre des Finances m'avait
dit qu'on n'avait pas à se mêler de cela et à donner des
permissions.
M. GARNEAU: M. le Président... UNE VOIX: C'est faux!
M. BEDARD (Chicoutimi): Alors, qu'il ne vienne pas dire le contraire ce
matin.
M. GARNEAU: ... la seule remarque qu'il faut ajouter, c'est que cette
générosité du député de Chicoutimi
était venue après un débat de procédure qui avait
duré au moins une dizaine de minutes.
M. BEDARD (Chicoutimi): Vous le savez que ce n'est pas vrai.
LE PRESIDENT (M. Kennedy): A l'ordre, messieurs !
M. BEDARD (Chicoutimi): Pas en ce qui me regarde. Ce n'est pas vrai,
vous le savez, à part cela.
M. GARNEAU: J'invite le député de Chicoutimi à
relire le journal des Débats d'hier.
M. BEDARD (Chicoutimi): Ce n'est pas correct.
LE PRESIDENT (M. Kennedy): A l'ordre, messieurs! Programme 8,
élément 1 : Réadaption de l'enfance et des adultes.
M. BEDARD (Chicoutimi): M. le Président, nous en étions,
comme vous le dites, à l'élément 1 du programme 8. Lorsque
nous avons ajourné hier, j'avais soulevé le problème grave
à l'heure actuelle, au niveau de l'ensemble du Québec, des jeunes
qui sont détenus dans des prisons pour adultes. A ce moment-là,
j'ai fait référence à des cas très précis
que nous avions soulevés, entre autres à l'affaire Berthelet, au
centre Berthelet, également au centre Saint-Vallier et également
à la situation qui existait et qui existe encore présentement
à la prison de Hull, où huit enfants sont détenus, alors
qu'on sait que tant du point de vue légal que du point de vue
humanitaire, cette situation est inacceptable.
Le ministre, devant l'exposé de cette situation, a quand
même donné certaines réponses pour expliquer les
difficultés qui se présentaient à l'heure actuelle. Il y a
les difficultés qu'il a énoncées et il y en a une autre
que je voudrais souligner à son attention pour savoir de sa part
jusqu'à quel point elle est importante. C'est un problème qui
fait suite à une constatation faite par M. Raymond Labelle,
président du comité de citoyens pour le bien-être des
détenus de Hull, qui disait ceci sur la situation des huit enfants
détenus dans la prison: "Le ministère de la Justice a
refusé que les éducateurs viennent s'occuper des mineurs à
la prison, pour ainsi faire des pressions sur le ministère des Affaires
sociales et l'inciter à retirer les jeunes de cette institution
d'adultes; autrement dit, c'est une guerre interne que nous
déplorons".
Ce que je voudrais demander au ministre des Affaires sociales, c'est
jusqu'à quel point il croit
qu'il serait peut-être plus efficace que toute cette question qui
regarde les jeunes détenus en prison, dans l'avenir, relève non
pas de deux ministères, mais d'un seul qui pourrait être celui des
Affaires sociales. Est-ce que le fait, face à un problème aussi
grave, qu'il y ait deux ministères impliqués et cela se
comprend carrément n'apporte pas des difficultés tant au
niveau des décisions qu'au niveau des solutions à apporter pour
en aboutir à une politique très claire et efficace sur ce
sujet?
M. FORGET: La question qui m'est posée est une question
très vaste. On m'invite presque à faire un commentaire sur
l'ensemble de la législation visant l'enfance inadaptée. Les
relations de deux ministères dans ces questions, l'intervention
traditionnelle de deux ministères ont été remises en cause
par un projet de loi sur la protection de la jeunesse il y a deux ans et tout
le monde sait combien difficile est la tâche d'apporter des
précisions qui soient satisfaisantes à tous les
égards.
Il demeure qu'il ne faut pas simplifier le problème.
J'hésite un peu à me lancer dans une explication de mes
conceptions sur le sujet avant d'avoir pu précisément, par une
nouvelle formulation de la Loi de la protection de la jeunesse, en arriver
à des conclusions et à des recommandations plus fermes. Il me
paraft cependant important, puisque la question comporte cet aspect, d'affirmer
que la coexistence de l'action de deux ministères, celui de la Justice
et celui des Affaires sociales, est inévitable dans un domaine qui
implique à la limite un phénomène de criminalité
criminalité juvénile, je veux bien, mais
criminalité tout de même et où la solution à
d'autres problèmes, même non de nature criminelle, implique
également que l'on affecte de façon profonde les droits
individuels, soit des enfants, soit des familles elles-mêmes.
Il me paraît normal, dans de telles circonstances, où des
droits fondamentaux sont affectés, que des procédures judiciaires
par exemple soient impliquées, puisque, malgré tout et
malgré toutes les imperfections que l'on peut trouver dans les
procédures judiciaires, il demeure que c'est encore la meilleure
façon que l'on a trouvée dans les sociétés
civilisées pour permettre à différentes parties de
discuter, d'intervenir dans des décisions qui affectent
profondément des droits fondamentaux. Sans aucun doute les
décisions qu'ont à prendre les professionnels des services
sociaux, les professionnels de la santé peuvent avoir des impacts
très considérables sur les droits individuels des familles et des
individus dans le règlement de problèmes de délinquance,
de problèmes de protection sociale des enfants et de problèmes
analogues.
Donc, je crois qu'il faut aménager cette collaboration des deux
ministères. C'est sur le plan d'un aménagement de leurs
compétences réciproques qu'il faut voir à des
développe- ments possibles. Il faut préciser les rôles,
mieux les circonscrire, assurer les communications de façon plus
satisfaisante mais je pense qu'il serait malheureux de vouloir simplifier le
problème en en faisant une simple question de structure, de structure
unique d'un organisme qui pourrait s'occuper de tous les aspects des
problèmes. Je crois que c'est une solution qui n'en serait pas une
puisque l'on retrouverait, à l'intérieur même d'une telle
structure unique, les mêmes problèmes de communication, les
mêmes problèmes de trouver un mode de coopération, un
rôle respectif pour chacune de ses composantes: la composante judiciaire
et la composante sociale. C'est l'essence même du problème que
nous nous attacherons à régler lorsqu'un projet de loi pourra
être présenté sur la protection de la jeunesse.
J'ai indiqué déjà combien d'autres prérequis
sont nécessaires. Heureusement, les journaux en font état
aujourd'hui même. La Commission de réforme du code civil a rendu
public son rapport sur la refonte du droit des personnes et du droit de la
famille. Je crois que nous avons là un cadre de références
extrêmement utile pour apporter, au cours des prochains mois, des
modifications finales à la Loi de la protection de la jeunesse.
M. BEDARD (Chicoutimi): M. le Président, le ministre en est
sûrement conscient, loin de moi l'idée de vouloir essayer de
simplifier le problème. Je sais très bien qu'il est complexe et
qu'une étude appropriée doit en être faite. Mais le fait
que le problème soit complexe ne justifie pas qu'on n'essaie pas
d'accélérer les choses pour qu'une solution à ce
problème puisse être apportée.
A l'heure actuelle, le ministre le sait, il l'a même
affirmé, des situations comme celles que j'ai mentionnées dans le
cas du centre Berthelet, dans le cas du centre Saint-Vallier et, maintenant,
à la prison de Hull se multiplient à un rythme qui est quand
même assez inquiétant, d'où l'urgence du problème,
d'où l'urgence d'une solution même si le problème est
complexe. Il me semble que le ministre des Affaires sociales et le ministre de
la Justice, qui sont concernés par ce problème, devraient essayer
d'accélérer et de coordonner leurs efforts pour qu'au plus vite
il y ait les amendements qu'on promet depuis pas mal de temps à la Loi
de la protection de la jeunesse, à la Loi des jeunes
délinquants.
Il y a également tout le problème et le ministre le
sait des enfants battus, des enfants maltraités. Le sens de mon
intervention est d'essayer que le ministre puisse nous dire d'abord, comme il
nous l'a dit, qu'il ne voyait pas comment le ministère des Affaires
sociales pourrait être le seul concerné par cette question,
jusqu'à quel point ça pourrait avancer les études et les
solutions. Maintenant, puisque les deux ministères sont
concernés, est-ce que, en termes de temps, le ministre des Affaires
sociales croit que ce sera dans un avenir très proche que ces
amendements, à la Loi de la protection de la jeunesse et à la Loi
des jeunes délinquants, se feront et qu'une loi, en ce sens-là,
sera présentée pour essayer de régler le problème,
qui, encore une fois, je le sais, est très complexe? Cela fait un an,
déjà, qu'on parle de présenter des amendements.
M. FORGET: M. le Président, on parle de projets de loi et on
semble en faire le seul élément de solution. Si j'ai
indiqué...
M. BEDARD (Chicoutimi): Je sais, M. le ministre, que ce n'est pas...
M. FORGET: Allez-y, répondez-vous à vous-même si
vous voulez le faire.
M. BEDARD (Chicoutimi): M. le ministre, pour avoir une réponse,
je sais que ce n'est pas le seul élément de solution mais c'est
sûrement un début de solution. Vous affirmez une chose que je n'ai
pas dite. Tout à l'heure, vous avez semblé affirmer que
j'essayais de simplifier le problème. Je sais que le problème est
complexe, je sais qu'il faut des études assez poussées pour en
arriver à une solution.
Ce que je vous demande: Pratiquement, concrètement, quand
aurons-nous un commencement de solution, qui pourrait être le
dépôt d'une loi efficace?
M. FORGET: Vous n'avez pas de pensées subséquentes? Je
peux commencer ma réponse?
M. LESSARD: Cela dépend comment vous allez interpréter les
paroles du député. Répondez à la question du
député et arrêtez d'interpréter ses paroles. C'est
ça qu'on vous demande. Vous tentez d'interpréter et de passer
à côté des questions posées par le
député ou qui seront posées, tout à l'heure, par
moi. Répondez aux questions, n'interprétez rien, et on va vous
laisser répondre.
M. FORGET: Si les paroles du député se prêtent
à l'interprétation, M. le Président, c'est qu'il ne
s'exprime pas clairement. Il a indiqué, en premier lieu, que la
réponse, peut-être, à tous ces problèmes consistait
à une fusion de responsabilités ministérielles. J'ai
indiqué qu'à mon avis il n'en était rien, qu'il y avait
des problèmes qui étaient plus profonds que ceux-là et
qu'il ne fallait pas les simplifier. Il avait pourtant lui-même
indiqué qu'il voyait là peut-être une solution au
problème. J'ai été en désaccord avec lui sur ce
point-là. Je suis encore en désaccord avec lui lorsqu'il me dit:
Quand verrons-nous des débuts de solution concrète à ce
problème? Il y en a déjà des débuts de solution
concrète mais il définit les solutions concrètes comme des
mesures législatives et, là-dessus, je ne suis pas en accord avec
lui non plus.
Ce n'est pas par des lois que l'on change le fonctionnement de la
société, dans tous les cas. Il y a aussi d'autres choses que l'on
peut faire avant même que des lois soient adoptées. Il a pu
constater, s'il s'est donné la peine de le faire, dans nos
crédits de cette année, et il pourra le faire à nouveau
l'an prochain dans les crédits de l'exercice subséquent, que nous
avons commencé à mettre en place des ressources
multidisci-plinaires qui travailleront en coopération très
étroite avec la Chambre de la famille de la cour Supérieure.
Il s'agit là d'un début de solution concrète pour
amener justement une meilleure collaboration des services sociaux et des
services judiciaires.
Nous n'avons pas besoin d'une loi pour faire cela, nous avons besoin de
crédits. Les crédits à l'exercice de cette année
seront, de façon majorée, à l'exercice de l'an prochain,
de manière à apporter des solutions concrètes,
précisément comme le député de l'Opposition nous
demande de le faire. Il y a d'autres mesures concrètes qui doivent
être prises et qui ont déjà commencé à
être prises. Il y a, au niveau d'une collaboration effective dans les
faits, entre les cours de Bien-Etre et le ministère des Affaires
sociales, des progrès très considérables qui ont
été effectués au cours des deux dernières
années, et particulièrement au cours des derniers mois.
Ces mesures commencent déjà à porter des fruits.
Bien évidemment ce sont des fruits dans l'ordre des
réalités et non pas dans l'ordre des textes. Les textes viendront
en leur moment. J'ai indiqué pourquoi ils n'étaient pas venus
plus tôt, et j'aimerais savoir de quelle manière on pourrait nous
suggérer de modifier des textes qui sont des textes de mise en
application de mesures concrètes en fonction de l'état du droit
dans lequel nous nous trouvons, alors que l'on sait très bien qu'il y a
un comité où nous siégeons qui a proposé...
M. BEDARD (Chicoutimi):C'est ça que je vous demande. Si vous
m'aviez répondu cela dès le début. Dites-les donc les
mesures concrètes.
M. FORGET: ... des modifications. Laissez-moi finir ma
réponse.
M. BEDARD (Chicoutimi): C'est ça que je vous demande depuis le
début.
M. FORGET: Vous avez des réponses, alors maintenant,
écoutez-les. Tout le monde sait qu'il y a un comité de
révision de la Loi sur les jeunes délinquants. C'est une loi
fédérale que les cours de Bien-Etre doivent appliquer. Il est
clair que leurs pouvoirs et la façon de les exercer doivent être
déterminés par cette réforme qui sera assez substantielle
de la Loi sur les jeunes délinquants.
De la même façon, le droit familial va créer des
situations nouvelles, relatives, par exemple, aux droits de parenté et
à la déchéance de
l'autorité parentale. Il serait futile de faire des
réformes dans les droits sur un plan de procédures, alors que les
dispositions substantives de la loi sont en train d'être
modifiées. Ce sont des arguments de simple bon sens. Des mesures
concrètes sont prises puisque ces différents rapports soumis
à l'intention de l'Assemblée nationale, ou à l'intention
du gouvernement du Canada, appelleront chacun des actions concrètes sur
le plan de la législation. Mais il y a une progression logique à
respecter dans tout cela. Sur le plan des activités de probation,
déjà, des mesures concrètes sont prises de façon
à améliorer ces services et à en améliorer
l'accessibilité. Ce sont des mesures concrètes dont nous aurons
l'occasion de faire état plus pleinement, encore une fois, lors de la
discussion des crédits de l'an prochain, mais déjà des
actions sont entreprises sur ce plan.
M. BEDARD (Chicoutimi): Le ministre parle toujours de mesures
concrètes que nous aurons l'occasion de discuter lors des crédits
de l'an prochain. Il ne fera sûrement pas reproche à l'Opposition
d'essayer de savoir quelles sont ces mesures concrètes et d'essayer de
voir quelles sont les solutions, alors qu'à l'heure actuelle, le
gouvernement est pris avec les problèmes. On a les problèmes
Berthelet, Saint-Vallier, la prison de Hull, et cela se multiplie. Est-ce que
le ministre veut condamner l'Opposition à n'avoir d'indications sur les
politiques que le ministère prend face à des problèmes,
à n'avoir des réponses que lors de l'étude des
crédits? Est-ce que le ministre fait reproche à l'Opposition,
lorsque les problèmes se présentent, de poser tout de suite les
questions? C'est simplement ce que nous faisons, M. le Président.
Se faire répondre continuellement que des mesures
concrètes sont prises, je comprends que c'est la réponse la plus
facile, mais le ministre devrait comprendre que ce n'est pas suffisant. La
discussion serait beaucoup moins longue... Le sens de nos questions est
justement pour lui demander quelle est la portée de ces mesures
concrètes. Quelles sont-elles ces mesures concrètes, d'une
façon très claire, pour qu'on puisse suivre l'évolution,
autrement dit, de ces mesures qui sont prises par le gouvernement?
M. FORGET: Là, dessus, M. le Président...
M. BEDARD: Que le ministre accepte de répondre correctement
à nos questions et il n'y aura pas de discussions interminables sur ce
point.
M. FORGET: Je m'interroge là-dessus, mais de toute façon,
je n'ai aucune objection à terminer mon énumération de ces
mesures concrètes. J'ai déjà mentionné les
ressources polyvalentes, les ressources multidisciplinaires que nous mettons
à la disposition de la Chambre de la famille de la cour
Supérieure. Je n'ai pas un budget précis de ces ressources, mais
il s'agira de quelques centaines de milliers de dollars pour l'engagement de
psychologues, de travailleurs sociaux, qui, en conjonction avec le travail de
la cour, pourront éclairer la cour sur les problèmes de
placements, sur les problèmes familiaux qui sont soumis à la cour
Supérieure, lors de requêtes en divorce, en séparation de
corps, les réclamations de pension alimentaire, etc.
Il y a également le placement des enfants, dans ces
circonstances, ou la garde des enfants par l'un ou l'autre des conjoints. Il
s'agit là d'un travail, je pense qu'il n'est pas besoin de le
décrire ici, tout le monde sait un peu en quoi cela peut consister. Le
seul problème qui existe c'est: Combien d'argent pourrons-nous mettre
à la disposition, dans le fond, de ces services pour collaborer avec la
cour Supérieure? La seule référence aux crédits de
l'an prochain, c'est qu'il est évidemment hors d'ordre pour moi et
impossible, tant que le livre des crédits de l'an prochain n'est pas
déposé de vous dire: II y aura tel ou tel montant, ces
décisions faisant actuellement l'objet de discussions au sein du
gouvernement.
Pour ce qui est d'autres mesures, il y a dans le domaine de la probation
très certainement des mesures que nous pouvons prendre pour encourager
une prise en charge plus continue des problèmes des cas de protection de
l'enfance, par exemple, par les centres de services sociaux en prolongeant leur
action de protection par une action de probation dans les cas où la
probation devient une mesure retenue par le tribunal. Il nous semble qu'il
s'agit là d'une façon plus globale, plus complète
d'aborder les problèmes de l'enfance inadaptée, de personnaliser
la nature de la relation qui existe entre un professionnel chargé d'un
dossier et l'enfant qui fait l'objet de différentes mesures au cours
d'une période de plusieurs années. Cet aménagement du
travail des officiers de probation comme prolongement du travail des centres de
services sociaux constitue, à mon avis, peut-être la mesure la
plus importante qu'il soit possible de prendre pour améliorer la
qualité des services à ce niveau.
La question sur laquelle il faudra s'interroger c'est le contenu
spécifique à l'activité de l'agent de probation pour
lequel des exigences spéciales devraient être prévues dans
la loi, avec nécessité peut-être de référence
au ministre de la Justice ou à un service spécialisé de la
justice. Cette question va faire l'objet de discussions, mais il ne faut pas
ignorer la contribution que peut faire l'expérimentation d'une nouvelle
formule pour, précisément, trouver des réponses à
ces questions. C'est par le vécu de ces situations que l'on peut voir se
dégager quelle est la formule qui, au plan des textes
législatifs, a le plus de chance de s'appliquer et a le plus de chance
de répondre aux besoins des enfants et aux besoins de la
société pour une protection puisque, comme on le sait,
malheureusement le
problème de la délinquance juvénile subit une
modification de nature. Non seulement y a-t-il un peu plus de jeunes qui
viennent en difficulté avec la loi, mais les raisons pour lesquelles ils
viennent en difficulté avec la loi sont d'un caractère de
gravité peut-être plus accusé maintenant que ce
n'était le cas il y a quelques années. Donc, ces problèmes
de savoir quelles sont les exigences au plan des activités judiciaires
qui doivent être inscrites dans les textes méritent que l'on s'y
penche, non seulement sur un plan théorique, non seulement en regardant
des mémoires et des recommandations théoriques de groupes bien
intentionnés, mais qui n'ont pas nécessairement à faire
l'expérimentation de ces solutions, mais en faisant des essais, en
voyant comment les lois, après, peuvent s'ajuster à la
réalité.
Je préfère immensément que nous ayons des textes
éventuellement qui collent à une réalité qui a
été éprouvée plutôt que d'essayer par une loi
de faire une réorganisation dans un domaine où encore trop de
choses nous sont inconnues. C'est dans cette perspective que des mesures
concrètes, qu'on ne peut pas pleinement décrire puisqu'elles sont
de nature presque expérimentale, font l'objet déjà
d'actions de la part du ministère.
M. BEDARD (Chicoutimi): En tout cas, il y a une expérience qui
j'espère est terminée pour le ministère, sur laquelle il a
tiré ses conclusions, c'est que c'est inacceptable que des enfants
puissent être détenus dans des prisons pour adultes et cela
demande une action immédiate.
M. FORGET: M. le Président, j'ai indiqué hier que ce
n'était certainement pas une politique de faire détenir des
enfants dans les prisons communes. J'ai indiqué les mesures...
M. LESSARD: ... les politiques.
M. FORGET: ... que nous avions prises, qui impliquent des constructions.
Les constructions ne surgissent pas du sol en une nuit. On sait
évidemment la gestation malheureusement trop lente d'un certain nombre
d'ouvrages qui sont financés par le gouvernement pour satisfaire, en
grande partie, aux exigences de l'Opposition et du public, exigences
légitimes, à ce que toutes les étapes de ces travaux
soient l'objet d'une procédure forcément longue, forcément
coûteuse, mais très explicite quant à la
nécessité de soumissions et d'étapes multiples dans les
autorisations. Nous devons vivre avec ces réalités, ce qui fait
que des autorisations données il y a un an et demi ne se sont pas encore
concrétisées par des édifices qui sont utilisables
aujourd'hui, malheureusement. Maintenant, toutes ces autorisations sont
données. La même chose s'applique dans le cas des autorisations
pour l'engagement du personnel.
Le centre Saint-Vallier a fait l'objet, malgré tout ce qu'on en
dit, fort injustement, depuis quelque temps, d'une réorganisation
profonde. Il a fait l'objet, sur un plan physique, d'un aménagement qui
permet, malgré tout, de vivre de façon acceptable dans un local
qui, en soi, n'a jamais été conçu pour cette fin et qui ne
peut probablement pas être adapté pour une fin de cette nature. On
prévoit une reconstruction de ce centre. On prévoit un centre de
jour pour les jeunes qui ont enfreint la loi et on prévoit un
accroissement du personnel dans l'immédiat, même dans les locaux
actuels, mais encore faut-il le temps de recruter tout ce monde.
Les autorisations sont données qui permettront au centre
Saint-Vallier de fonctionner à pleine capacité. Pour ce qui est
du centre Berthelet, je ne veux pas recommencer ici ce que j'ai dit hier, mais,
dans le journal de ce matin ma présence en Chambre jusqu'à
onze heures m'a empêché de vérifier si c'était vrai
ou pas on dit déjà qu'on envisage de remettre en fonction
deux unités de lits dans le centre Berthelet. Il y en a qui ont
échappé aux actions de destruction d'il y a deux semaines. On
pourra, à ce moment-là, probablement réintégrer
ceux de ces jeunes qui sont dans les prisons communes. Mais il y en a beaucoup
moins qu'il n'y en avait au départ, puisque nous les avons
réintégrés dans toute la mesure du possible en
collaboration avec les juges de la cour de Bien-Etre.
M. LESSARD: M. le Président, je suis bien d'accord que les
édifices ne peuvent pas naître ou surgir du sol
immédiatement. Je comprends très bien qu'il faut quand même
accepter une certaine période pour s'adapter. Mais les agents de
probation, cependant, même si cela ne surgit pas des universités
comme cela non plus, actuellement, cela existe. Il y a des agents de probation,
â ma connaissance, qui sont en chômage parce que, justement, ils
semblent ne pas trouver d'emplois.
Un exemple bien pratique. J'aime apporter des exemples pratiques parce
que j'estime que les exemples que je rencontre dans mon comté, il doit
s'en rencontrer ailleurs. Depuis deux ans, dans une région qui couvre
Charlevoix, à partir de Baie-Saint-Paul jusqu'à Blanc-Sablon
cela veut dire 600 milles, je pense, peut-être plus que cela
tout le comté de Duplessis, tout le comté de Saguenay et
une partie du comté de Charlevoix, il y a un agent de probation. Il y a
un agent de probation.
Il est absolument impossible, pour cette personne, de faire un travail
efficace. Tous les jeunes qu'il avait suivis, depuis un certain temps,
actuellement il n'est pas capable de les suivre, avec les conséquences
tragiques qu'on connaît et que le ministre, probablement, connaît.
Quand un jeune n'a pas la possibilité d'être suivi par un agent de
probation, il refait bien souvent les actes qu'il avait posés auparavant
et pour lesquels il a été condamné.
II y a là un problème fondamental et qui est urgent. Il y
a une série d'articles dans le Soleil, depuis quelques jours, sur la
situation de la cour du Bien-Etre social et sur la situation des agents de
probation qui se disent: On ne peut rien faire. Ce jeune ne pourra pas
être suivi, parce qu'il n'y a pas de personnel qui prend la place, par la
suite, du juge.
Je suis d'accord, M. le Président, qu'on ne peut pas faire surgir
des édifices. Cependant, on peut prendre des moyens pour empêcher
l'augmentation de la criminalité, de la délinquance
juvénile. D'après l'exemple que j'ai dans ma région, cela
ne semble pas être une grande préoccupation du ministère
des Affaires sociales, parce que le ministère des Affaires sociales se
voue à un travail absolument inutile dans notre région. Je dis
ceci au ministre: Quant à avoir un agent de probation avec un
secrétaire à temps partiel, sacrez donc tout cela à terre.
Cela ne vaut rien. Laissez la jeunesse se débrouiller comme elle pourra.
Cela ne sera pas pire que la situation dans laquelle on vit.
C'est malheureux de dire cela comme cela, M. le Président. C'est
bien malheureux. Je pense qu'il y a une action à faire de la part du
ministère des Affaires sociales. On doit se préoccuper du
problème de la délinquance au moment ou cela débute, mais
cela prend une politique qui va continuer le travail devant la cour du
Bien-Etre.
Actuellement, il n'y a absolument rien qui peut se faire. L'agent de
probation que nous avons dans notre région ne peut que rester dans son
bureau, toucher un petit peu les cas les plus dramatiques; il ne peut
absolument rien faire en profondeur.
Je redis que les dépenses minimes qu'on accepte de faire sont des
dépenses inutiles. La révolte, les protestations commencent
à surgir de tous les milieux, de toutes les régions du
Québec et les agents de probation commencent à intervenir et
à faire valoir qu'ils ne peuvent rien faire dans le système
actuel.
Je comprends que le ministre va encore me répondre: Vous verrez
aux prochains crédits. Mais, d'ici les prochains crédits, il y
aura des jeunes aux prises avec les problèmes, et ce problème
n'est pas là depuis trois ou quatre mois; dans ma région, il y
est depuis deux ans. On avait trois agents de probation à un moment
donné et deux ont démissionné. Je comprends, on ne les
paie pas. C'est un problème qui est assez important, ils n'ont pas de
salaire, donc ils s'en vont ailleurs. On en avait trois, on avait un bureau qui
était un peu organisé et depuis deux ans, maintenant, tout est
disparu. Il nous reste un gars qui est agent de probation en même temps
que directeur du bureau et il a une secrétaire à temps partiel.
Comment voulez-vous qu'il y ait une politique concernant la jeunesse au
Québec? On peut bien avoir des bonnes idées, des bons discours et
dire: Au prochain budget et aux prochains crédits, mais ce n'est pas
cela qui va régler les problèmes concrets des jeunes que l'on vit
au niveau des régions. Ce n'est pas tout d'en parler. Le ministre nous
disait tout à l'heure que ce n'est pas par des lois qu'on allait
corriger la situation; c'est certain que ce n'est pas par des lois que l'on va
corriger complètement toutes les situations. Mais il y a
déjà eu une loi qui a été présentée
à l'Assemblée nationale par votre prédécesseur, la
Loi de la protection de la jeunesse, et on l'a retirée parce qu'il y
avait certaines protestations, on voulait améliorer la situation. Mais,
au moins, une loi c'est souvent un début. Je comprends qu'il faut
prendre des mesures concrètes et que ça ne s'inscrit pas
nécessairement dans une loi mais, que ce soit une loi ou autre chose,
qu'on fasse quelque chose.
En ce qui concerne le problème particulier que je soulève
je dis qu'actuellement les politiques pour combattre la délinquance
juvénile au Québec, si ça correspond à ce que le
ministère des Affaires sociales fait dans notre région, c'est
zéro multiplié par zéro et ça égalera
toujours zéro. Vous paierez une personne avec une secrétaire, si
vous voulez, qui seront limitées à remplir de la paperasse du
ministère des Affaires sociales comme c'est le cas de plus en plus
actuellement. Mais, le travail auprès des individus, auprès des
jeunes, on ne sera pas capable de le faire, et c'est ce qui se présente
actuellement chez nous. D'après ce que je vois et d'après les
protestations dont je prends connaissance d'autres régions du
Québec et d'après ce que j'ai pu lire dans les articles qui ont
paru dans le Soleil depuis quelques jours, je pense que c'est la même
situation partout.
Alors, je sais que la réponse du ministre sera: Attendez le
prochain budget.
M. FORGET: M. le Président, je vais décevoir le
député de Saguenay en ne le référant pas au
prochain budget mais je le réfère à ses propres remarques,
où il a indiqué en effet quelle est la nature du problème
auquel on doit faire face dans la région de la Côte-Nord du
Saint-Laurent. Les officiers de probation, c'est un exemple. On pourrait en
citer d'autres. Il a le malheur, et le bonheur, de venir d'une région
où, pour des raisons que l'on connaît en large part, les taux de
rémunération sont relativement élevés dans le
secteur privé et où, dans le secteur public et le domaine
parapublic, on est astreint à des taux uniformes de
rémunération dans tout le Québec.
Pour attirer vers cette région des gens qui n'en sont pas natifs
mais qui ont certaines qualifications, il s'avère que nous sommes en
face d'une situation difficile, qui n'est pas nécessairement propre
à la seule région de la Côte-Nord mais qui est commune
à cette région et à un certain nombre d'autres. Devant une
telle situation, mes collègues ont indiqué que nous avions
l'esprit ouvert à des discussions dans le cadre des négociations
qui vont s'entreprendre dans le secteur public et le domaine
parapublic pour voir dans quelles mesures on pouvait apporter un
assouplissement pour ce type de problème.
Mais il ne s'agit pas, de la part du ministère des Affaires
sociales, d'une restriction dans le nombre de postes d'officiers de probation.
Au contraire, vous avez signalé qu'il y avait trois officiers de
probation il y a quelques années et qu'il n'y en a plus qu'un. Ce n'est
pas que nous ayons diminué le nombre de postes, on l'a dit, il s'agit de
démissions qui ont été provoquées par des facteurs
économiques généraux, la possibilité
peut-être pour les individus, je n'en sais rien, de gagner davantage dans
le secteur privé, etc.
Ce problème est donc un problème général.
Dautres ressources spécialisées y font face également. Il
faut quand même se souvenir que, pendant longtemps, tous les organismes
qui ont eu à faire quelque chose dans le domaine de la
négociation, les syndicats entre autres, ont vu dans des taux uniformes
à travers le Québec la solution d'un certain nombre de
problèmes. Ces problèmes étant maintenant résolus,
peut-être est-il possible de considérer d'autres
possiblités. Mais il demeure que c'est là la nature, la source,
au moins, d'une grande partie du problème auquel on vient de faire
allusion.
Je crois que, malgré tout, dans l'optique actuelle, dans le cadre
des ententes actuelles, il est possible d'entrevoir que la prise en charge, par
les centres de services sociaux, des activités de probation est
susceptible, dans une certaine mesure, de soulager au moins, ou
d'améliorer la situation puisqu'on peut anticiper que le taux
général de rémunération, les conditions de travail
dans les centres de services sociaux permettront d'offrir un pouvoir
d'attraction supplémentaire et au moins de garder les gens qui sont
là, peut-être en attirer d'autres. C'est peut-être,
indépendamment de toute autre chose qui peut se produire, un
début de solution. H est clair qu'un officier de probation pour tout ce
territoire, ce n'est pas une solution, ce n'est pas efficace. Mais nous avons,
dans une certaine mesure, les mains liées par les conventions
collectives actuellement en vigueur.
Cependant, comme j'ai dit, il y a des solutions au moins dans ce cadre
et en dehors de ce cadre, par la prise en charge par les centres de services
sociaux, une mesure qui est déjà mise en route.
M. LESSARD: M. le Président, je suis obligé de
reconnaître que je suis d'accord avec le ministre et que, tant au niveau
des agents de probation que dans d'autres services spécialisés,
il nous est impossible d'obtenir les services nécessaires à
cause, justement, du coût de la vie considérable et des salaires
qu'on donne parallèlement dans l'entreprise privée.
Mais cela veut dire une chose, par exemple, et cela concerne
à peu près tous les ministères, même dans
l'éducation c'est la même chose c'est que si on parle
d'égalité des soins pour tout le monde et pour tous les
Québécois, il faut prendre les moyens nécessaires pour
donner cette égalité des soins. Cela veut dire que s'il faut
donner, par la suite, des primes d'éloignement revenir à
la situation qu'on a abolie en 1967 à partir des enseignants et,
après cela, ça s'est entendu pour tout le monde pour
amener des gens dans ces régions afin que les gens de ces régions
obtiennent les mêmes services que ceux des régions comme
Montréal, Québec ou ailleurs, il va falloir le faire. Sans cela,
cela veut dire que les gens des régions périphériques, ne
pourront donc pas, par suite d'une politique salariale, obtenir des services
égaux par rapport à d'autres régions du Québec.
LE PRESIDENT (M. Kennedy): Le député de Taschereau.
M. LESSARD: On revient toujours à cette conclusion,
d'ailleurs.
M. BONNIER: M. le Président, je ne veux pas prolonger le
débat, quoique je sois conscient que la question que je veux poser au
ministre peut avoir pour effet d'élargir sensiblement les
préoccupations de cette question en ce qui regarde les enfants
mésadaptés sociaux. Je ne sais pas si c'est à cet
élément ou plus tard qu'il faudrait discuter des
préoccupations fondamentales du ministère quant à l'aide
qu'il veut apporter aux familles elles-mêmes, à un certain nombre
de familles. On sait qu'il se développe des mésadaptés
sociaux non seulement à cause de l'ambiance générale de la
société, des difficultés qu'ils peuvent rencontrer dans
leur voisinage, mais il est un fait qu'un certain nombre de parents ont de la
difficulté à comprendre dans quelle espèce de
société ils vivent et comment faire face à ces
difficultés. Je me demande si, à même ces budgets, il ne
serait pas possible au ministère des Affaires sociales de mettre sur
pied un programme d'aide aux familles pour être un peu plus autonomes
dans l'éducation de leurs enfants et comprendre un peu plus les
phénomènes qui se passent, de façon à entretenir
avec ces jeunes un dialogue.
En effet, simplement mettre sur pied des édifices, même si
ce ne sont pas des prisons, je pense bien que le ministre lui-même et les
membres de cette Chambre savent très bien que ce n'est pas
nécessairement la meilleure solution. Ce sont simplement des mesures
curatives, mais, sans doute, les meilleures mesures préventives se
trouvent-elles dans une ambiance familiale adéquate et dans une relation
également adéquate entre les parents et les enfants.
LE PRESIDENT (M. Kennedy): Est-ce qu'il y a d'autres commentaires
généraux sur le programme 8?
M. BONNIER: M. le Président, je m'excuse. Ce n'est pas un
commentaire; c'est une question que je voudrais poser au ministre pour savoir
jusqu'à quel point le ministère a des préoccupa-
tions dans ce sens-là, soit à cet élément en
ce qui regarde les enfants mésadaptés sociaux ou d'une
façon générale. Maintenant, si vous me dites que c'est
hors d'ordre...
LE PRESIDENT (M. Kennedy): Non. C'est soit le programme 8 ou le
programme 9, dans les remarques générales.
M. FORGET: M. le Président, pour répondre au
député de Taschereau, à ce sujet il est exact que nous
avons des préoccupations de prévention, puisque c'est, je pense,
le sens des remarques que fait le député, relativement aux
problèmes de l'enfance. Il est clair que, lorsqu'on parle des centres de
détention et des cours de Bien-Etre, on arrive assez loin dans le
processus de détérioration et qu'il n'est plus temps, à ce
moment-là, de parler de prévention.
La prévention doit se faire, en premier lieu, dans le milieu
scolaire. En effet, où sont les enfants, où sont les jeunes? Ils
sont dans les écoles. C'est la raison pour laquelle, depuis quelques
années, les services sociaux en milieu scolaire ont connu un
développement très rapide. C'est en étant présents
dans le milieu scolaire que des travailleurs sociaux professionnels peuvent
observer des comportements déviants ou le signe d'une déviance
possible chez certains individus. Ces problèmes peuvent résulter
soit de situations familiales, ou de situations propres aux jeunes. Les
travailleurs sociaux professionnels, étant présents dans ce
milieu, peuvent alors intervenir assez rapidement soit auprès des
autorités scolaires, soit auprès des parents eux-mêmes, de
manière à alerter les uns et les autres sur l'existence de ces
problèmes, sur les attentions spéciales qui doivent être
apportées à l'enfant. Ils peuvent aider également la
famille à trouver des solutions à ces problèmes qui
peuvent être des problèmes de comportement, des problèmes,
peut-être, de relations à l'intérieur de la famille.
Si des ressources plus spécialisées sont
nécessaires, des travailleurs sociaux étant dans ces situations
peuvent faire des références soit au département de la
santé communautaire, s'il y a des aspects de santé
impliqués, soit au centre de services sociaux ou à des ressources
de consultation psychosociales plus spécialisées dans le
traitement des problèmes de la famille. Certaines cliniques existent
également en milieu hospitalier, qui peuvent aider les familles qui ont
des difficultés sur des plans même de relations interpersonnelles,
compliquées peut-être de problèmes d'apprentissage chez
l'enfant, etc.
Alors, c'est très clairement dans le milieu scolaire qu'il faut
situer les efforts de dépistage et de prévention. C'est la raison
de l'insistance du gouvernement, depuis quelques années, pour
développer rapidement ces services. J'ai indiqué, dans une
allocution prononcée devant le congrès de l'enfance
exceptionnelle, les priorités que nous attachions au
développement de ces services et aussi l'importance qui devait de plus
en plus être attachée au développement de tels services au
niveau primaire. Jusqu'à maintenant, les efforts ont porté
largement sur le niveau secondaire. Or, il est évident que certains de
ces problèmes, peut-être parmi les plus aigus, apparaissent
déjà au niveau de l'école primaire. Il est
nécessaire que, dans ces milieux, des personnes soient à
l'affût de ces situations, avertissent les parents et leur donnent
également la confiance dont ils ont besoin pour s'en occuper.
Souvent, certains parents ont l'impression, devant des problèmes
qui naissent et dont ils sentent vaguement la présence, qu'ils sont
complètement démunis et ne savent pas par quel bout traiter le
problème. Or, il y a une possibilité de le faire à
l'intérieur même de la famille, pourvu que la famille
bénéficie de certains conseils pratiques, soit rassurée
sur sa capacité à intervenir et qu'on lui indique
également les ressources spécialisées qui peuvent l'aider
dans ses efforts. C'est dans cet esprit que les services sociaux en milieu
scolaire représentent, pour moi, la meilleure garantie possible que l'on
va s'occuper des problèmes au bon moment. C'est la raison pour laquelle
nous voulons continuer à les développer.
LE PRESIDENT (M. Kennedy): Programme 8, adopté?
M. BEDARD (Chicoutimi): Une seconde! On était à
l'élément 1, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Kennedy): S'il y a des questions sur des
éléments particuliers...
M. BEDARD (Chicoutimi): Elément 1, adopté. Concernant
l'élément 2, qui représente une somme de $3,381,600,
j'aimerais avoir de la part du ministre des détails sur l'affectation de
cette somme.
M. FORGET: II y a ici une majoration totale de $3,381,600, qui est
répartie de la façon suivante: révision de l'approbation
initiale du budget, $1,200,000 en chiffres ronds; révision du taux
d'accroissement pour le prix des fournitures qui a considérablement
augmenté durant l'année, $1,360,000; griefs des conventions
collectives, accroissement des salaires des cadres, perfectionnement et
assurance-salaire, au total environ un peu plus de $250,000; $500,000 pour les
déficits de 1973 non inclus dans la base de calcul du budget de 1974, et
différents autres coûts, $78,000.
M. BEDARD (Chicoutimi): D'accord.
LE PRESIDENT (M. Kennedy): Elément 2, adopté.
Elément 3.
M. BEDARD (Chicoutimi): Je poserais la même question au ministre
qu'à l'élément 2.
M. FORGET: D'accord. A cet élément il y a: révision
de l'approbation initiale des budgets, $115,000; révision du taux
d'accroissement du coût des fournitures, $382,000; application des
conventions collectives et autres modifications découlant des conditions
de travail du personnel, environ $72,000; $95,000 pour les déficits de
1973 non inclus dans la base, et $20,000 de majorations diverses.
M. BEDARD (Chicoutimi): D'accord. Elément 3, adopté. Il
reste l'élément 4.
M. BONNIER: Est-ce que je pourrais poser une question à
l'élément 4?
LE PRESIDENT (M. Kennedy): Oui.
M. BONNIER: II me semble qu'à l'étude des crédits,
une question avait été posée relativement à un
certain nombre de foyers qu'on pourrait peut-être qualifier de foyers
protégés, en particulier pour une catégorie de malades
mentaux qui ne nécessitent pas l'hospitalisation mais qui ont besoin,
quand même, d'être dans certains foyers plus
spécialisés. Une étude devait être entreprise en vue
de la qualification de ces foyers. Je me demande si cette étude a
été poursuivie et si on est avancé dans l'étude de
ces foyers.
M. FORGET: Techniquement, il s'agit d'un élément du
programme 11-2, Soin des maladies mentales. Je n'ai pas d'objection à
faire un bref commentaire sur ce sujet. Comme on le sait, devant
l'Assemblée, il y a la loi 41 qui modifie la Loi sur les services de
santé et les services sociaux. Il y a eu une certaine suspension, si
vous voulez, des actions en attendant une version finale de cette loi et en
prévision d'une réglementation à adopter en vertu de cet
amendement à la Loi sur les services de santé et les services
sociaux.
Malgré tout, des discussions ont eu lieu en cours d'année
de façon à revoir le statut de ces établissements, mais
nous n'entrevoyons pas de régler cette question avant l'an prochain
puisque, encore une fois, il y a ces amendements à la loi et
réglementation. Nous allons revoir, une fois cela fait, l'ensemble du
dossier et chercher à appliquer les dispositions de la loi qui
prévoient que pour ce qui est des foyers affiliés de plus de dix
places, il s'agira de centres d'accueil. Evidemment, les dispositions de la loi
relative aux centres d'accueil devront trouver une application.
LE PRESIDENT (M. Kennedy): Elément 4, adopté.
M. BEDARD (Chicoutimi): Adopté, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Kennedy): Le député de Beauce-Nord.
M. SYLVAIN: Sur l'élément 4 du programme 8,
Réadaptation des adultes, par votre entremise, M. le Président,
j'aimerais faire une courte intervention. Je voudrais poser une question au
ministre. Suite à la parution d'un document de travail en juin 1974,
intitulé Eléments d'une politique de réadaptation des
adultes, il semble qu'il y ait eu un début de polémique, au sujet
de vos vues dans le document, entre les ateliers protégés et les
ateliers indépendants qu'on appelle plus spécialement des centres
de réadaptation au travail, comme il en existe un dans mon
comté.
Suite à l'étude du document présenté par le
ministère des Affaires sociales, il y a eu, de la part d'une quinzaine
d'ateliers indépendants du Québec, dont le Centre de
réadaptation au travail de Beauce Inc., des suggestions et
recommandations faites sur les parties du document que le ministère
avait fourni et sur lesquelles les deux genres d'ateliers n'étaient pas
d'accord. J'aimerais principalement demander au ministre, dans cette politique,
pourquoi on a ramené les stagiaires dans les ateliers
indépendants à cette formule d'aide sociale plus $10 pour frais
de voyage. D'ailleurs, je pourrais énoncer tous les arguments que les
ateliers indépendants ont fournis, puisque j'ai eu la chance
d'étudier avec eux le dossier, principalement sur ces formalités
de paiement aux stagiaires. On se souviendra qu'avant le dépôt de
ce document, avant le mois de juillet 1974, on payait ces stagiaires par
rapport à la production au travail. Maintenant, les stagiaires sont
payés sous forme d'aide sociale, la même chose que l'ensemble des
assistés sociaux du Québec.
Pour notre part, nous avions, au Centre de réadaptation de Beauce
Inc., une quarantaine d'individus qui n'étaient pas une clientèle
comme celle des ateliers protégés. Ce n'étaient ni des
handicapés mentaux, ni des handicapés physiques; c'étaient
des handicapés psychosociaux, pour des causes aussi multiples que
l'alcoolisme, le désaccord entre les conjoints, etc. Ils étaient
une quarantaine qui, pour l'année 1974, particulièrement, par un
travail qu'ils faisaient, ont produit un chiffre d'affaires d'au-delà de
$200,000. Il semble que remettre l'handicapé psycho-social qui
travaillait dans un atelier indépendant, cela allait faire renaftre chez
lui ce sentiment de l'assisté social, et cela a provoqué la
disparition dans notre comté d'une trentaine de ces personnes. Elles
travaillaient à l'atelier de réadaptation et sont disparues de
cet atelier, pour s'asseoir tranquillement chez elles et profiter de l'aide
sociale, ni plus ni moins.
Il semble qu'un des objectifs que le ministère poursuit dans la
réadaptation des adultes ou des handicapés psycho-sociaux, c'est
bien la valorisation de l'individu et aussi l'intégration de cet
individu défavorisé au marché du travail. Je me demande
pourquoi c'est la question que je pose et je reviendrai peut-être
dans une autre question on a pris ce bonhomme qui avait un salaire,
suite à la production d'un travail... Je
vous dirai les conséquences que cela a eu pendant les trois
dernières années où ce centre en particulier a
fonctionné. 74 p.c. des gens qui sont passés par ce centre ou cet
atelier sont encore sur le marché du travail; depuis 1971, c'est 74 p.c.
de réussite. Un autre des facteurs qu'il faudrait prendre en
considération, c'est que cet individu qui travaillait, ce stagiaire qui
travaillait pour un salaire, il était permis à son épouse
aussi de l'aider financièrement. Or, dans les barèmes de l'aide
sociale, dans ce calcul, l'épouse ne peut plus contribuer au revenu de
cet individu. On a pris ce bonhomme qui se valorisait en faisant un travail et
en produisant la même chose que celui qui n'était pas un
handicapé social et on l'a ramené au statut pur et simple de
l'assisté social, du moins en ce qui concerne le paiement ou la
rémunération des stagiaires. Cela a semblé
décourager énormément d'individus vis-à-vis de
cette réadaptation par le travail. D'autant plus que les ateliers qui
sont indépendants étaient déjà liés,
puisqu'ils constituaient des compagnies sans but lucratif, à des
compagnies ou à des fournisseurs par des contrats avec des chiffres
parfois assez fabuleux.
Je me rappelle un contrat d'exécution de ruches d'abeilles de
$40,000. A l'heure actuelle, la main-d'oeuvre manque dans ce centre de
réadaptation au travail.
A mon sens, il est très malheureux que cet atelier
indépendant, qui marchait selon les vues, du moins, des gens, en disant:
C'est un assisté social, c'est un malade social et qui, à un
moment donné, travaille comme les autres, qui produit comme les autres,
qui gagne comme les autres. On le rattrape, on le met à l'échelle
et toute la valorisation qu'on avait voulu donner par ce centre ou cet atelier
indépendant, à mon sens, est en fin de compte
détruite.
M. FORGET: M. le Président, cette question des ateliers
protégés, encore là, techniquement mais je ne le
mentionne qu'à titre de référence ne figurent pas
à cet article du budget, mais au programme 15. De toute manière,
je n'ai pas l'intention de vous ennuyer avec les ramifications de notre
budget.
Pour ce qui est du problème qui est soulevé par le
député de Beauce-Nord, je crois qu'il y a une confusion des
genres, entre l'atelier protégé tel qu'il a été
souvent promu dans certains milieux, et l'atelier protégé qui,
seul, peut se justifier dans un programme de réadaptation. Une chose est
certaine, c'est que la justification des ateliers protégés ne
peut pas venir de leur> activité économique. Leur
activité économique est réelle dans certains cas, mais
elle n'est qu'un aspect de motivation et un aspect de réhabilitation.
Sur un plan économique, s'il fallait juger les ateliers
protégés, évidemment que le bilan serait négatif
puisque, quelle que soit l'importance des contrats qu'ils peuvent avoir, les
contrats de sous-traitance qu'ils peuvent avoir dans certaines industries, cela
demeure un aspect secondaire quant à leur financement.
Tous les ateliers protégés sont largement
subventionnés par le gouvernement et c'est en termes d'une contribution
à la réadaptation des stagiaires que l'on peut seul
évaluer leur rôle. L'activité de production doit être
la plus réelle possible, la plus proche possible de ce qu'ils pourraient
trouver sur le marché normal du travail, mais ne se justifie qu'en ces
termes de créer un milieu et une façon d'agir qui est
réhabilitante parce que normalisante.
A cet égard, il faut donc trouver dans la réhabilitation
le but des ateliers protégés. Pour qu'elle joue son rôle,
un ingrédient essentiel est requis, c'est la motivation de ceux que l'on
veut réhabiliter. Sans motivation, il est clair que l'on ne peut pas
réhabiliter les gens. Lorsque l'on nous dit que les gens qui ont
été dans des ateliers l'ont fait parce qu'ils recevaient
davantage que s'ils étaient bénéficiaires de l'aide
sociale, à mon avis, l'on indique que cette motivation n'était
pas la motivation d'une réhabilitation, d'une réinsertion
sociale, n'était pas déterminante chez eux; elle pouvait bien
sûr être présente, mais à titre de
considération secondaire.
Si tel est le cas, il est clair que, particulièrement dans des
régions où il a risque d'avoir un sous-emploi de la
main-d'oeuvre, les ateliers vont fleurir, en quelque sorte, l'Etat va s'engager
dans des activités économiques et subventionner des
activités économiques, au risque même de détruire la
petite entreprise dans certaines régions, puisque l'Etat devient
à ce moment-là un concurrent très inégal sur
certains marchés. Il est donc très important qu'on le fasse
seulement pour ceux qui veulent bien être réhabilités et
qu'il n'y ait pas d'élément de gain pour eux dans leur insertion,
dans un processus de réhabilitation et qu'ils n'y demeurent pas plus
longtemps qu'il est nécessaire pour, précisément, terminer
et achever cette réhabilitation.
Le fait de les faire payer par l'administration de l'aide sociale a tout
simplement pour but d'éviter qu'ils ne reçoivent donc davantage
qu'ils ne recevraient s'ils étaient assistés sociaux, un droit
qu'ils ont de toute manière. Nous n'avons donc rien changé quant
à leurs possibilités de recevoir l'aide sociale, ils pouvaient la
recevoir avant. Ils peuvent continuer, mais nous assurons, par ce
mécanisme de paiement, qu'il ne recevront pas plus qu'ils recevraient
autrement. Ce qui a été un problème dans le passé:
certains ateliers se prévalant des revenus qu'ils recevaient de leur
contrat, malgré les subventions qu'il recevaient par ailleurs, se sont
autorités à verser des suppléments qui sont, à mon
avis, absolument injustifiables. Nous avons cependant permis à ces
personnes d'obtenir une somme légèrement supérieure
à ce qu'est l'aide sociale pour compenser les frais additionnels que
leur cause le trajet, le voyage, les déplacements nécessaires
pour aller à l'atelier, et certaines dépenses de vêtements,
etc., qui sont plus considérables dans ce cas.
Ceci s'inscrit, dans le contexte des règlements d'aide sociale,
dans la limite de ce qu'il est permis à quelqu'un de recevoir sans voir
son montant d'aide sociale diminuer.
Donc, il nous paraît important, au moment même où le
problème de la réadaptation d'un certain nombre de
clientèles désavantagées, inadaptées ou
handicapées est posé avec de plus en plus d'insistance par
différents groupes de la société, à mon avis, que
cette nouvelle voie que prennent les services sociaux, si vous voulez il
s'agit de services sociaux, il s'agit de services de réadaptation
à des activités sociales, à des activités
économiques soit une voie saine, c'est-à-dire basée
sur la motivation des bénéficiaires à subir, à
traverser ce processus de réabilitation et à l'assumer pour
eux-mêmes, pour la capacité qu'ils vont développer par ce
stage à travailler normalement sur le marché du travail, basant
seulement là-dessus leur présence dans les
établissements.
LE PRESIDENT (M. Kennedy): Programme 8, adopté?
M. SYLVAIN: M. le Président, il faut toujours prendre le temps de
parler, à un moment donné. Ils ne m'ont pas élu ici pour
venir chanter!
M. BEDARD (Chicoutimi): Là, vous avez l'expérience de ce
qu'on nous fait continuellement.
M. MERCIER: C'est vous autres qui accaparez toujours les discussions.
C'est à notre tour. Un jour, ce sera ton tour!
M. BEDARD (Chicoutimi): Ce n'est pas facile, n'est-ce pas? Oui, oui! Un
jour, ce sera votre tour d'être ici!
M. MERCIER: Ce n'est pas pour demain!
LE PRESIDENT (M. Kennedy): A l'ordre! Je voudrais simplement
rétablir les faits.
M. MERCIER: Ce n'est pas pour demain!
LE PRESIDENT (M. Kennedy): A l'ordre, s'il vous plaît! Le
député de Beauce-Sud. Je voudrais qu'il fasse les corrections qui
s'imposent parce que je ne lui ai pas enlevé le droit de parole. Si je
ne l'ai pas vu, je le regrette. Cela fait quand même depuis onze heures
que nous sommes au programme 8.
M. SYLVAIN: Non, non ! M. le Président, ce n'est pas à
votre égard personnellement mais, à un moment donné, c'est
important, dans mon comté, comme cela l'est pour Bellechasse. C'est le
même atelier pour Beauce-Sud aussi. C'est un problème, dans notre
cas, parce que...
LE PRESIDENT (M. Kennedy): A l'ordre!
Je voudrais simplement, à ce moment-ci, rappeler aux membres de
cette Chambre que la dernière phrase du troisième paragraphe de
l'article 128 de notre règlement, se lit comme ceci: "Dans le cas d'un
budget supplémentaire dont l'étude a été
envoyée globalement à la commission plénière, ce
délai d'étude ne doit pas dépasser huit heures pour
l'ensemble des crédits".
Le secrétariat m'informe que présentement, nous avons
dépassé cinq heures sur les affaires sociales. Je veux que tout
le monde soit conscient de la contrainte du règlement.
M. SYLVAIN: J'aimerais vous informer, M. le Président, que
j'essaie d'être le plus bref possible et que, dans ces cinq heures, j'ai
pris cinq minutes pour un problème qui est crucial dans trois
comtés.
M. LACROIX:......on a assez écouté l'autre bord!
M. LEGER: Cela, c'est bien le député des
Iles-de-la-Madeleine. A chaque fois que l'Opposition parle, c'est contraire
à son intérêt.
UNE VOIX: La mémère de Lafontaine!
LE PRESIDENT (M. Kennedy): A l'ordre! ... A l'ordre!
M. SYLVAIN: M. le Président, c'est dans le cadre ce sera
la fin de mon intervention de cette discussion que je peux avoir par
votre entremise avec le ministre des Affaires sociales. J'ai
écouté et j'ai saisi sa réponse, mais si on regarde les
résultats, un des objectifs du ministère des Affaires sociales
dans cette question de l'assisté social ou du handicapé
psycho-social doit être la réintégration au travail.
Je me demande si, en fixant cette politique de
rémunération des stagiaires et en ne faisant aucune distinction
entre l'atelier protégé, tel qu'il a été
conçu au niveau du ministère des Affaires sociales, qui regroupe
des clientèles de handicapés mentaux et de handicapés
physiques, et l'atelier de réadaptation au travail, je me demande,
dis-je, comment on pourra arriver, quand on voit les résultats dans ces
ateliers indépendants, qui sont vérifiables. Quand, 74 p.c. des
handicapés psychosociaux qui sont passés par ce centre de
réadaptation sont sur le marché du travail, comment voulez-vous
que sur les 40 personnes qu'on avait au début de l'année 1974,
pour prendre ce cas et je sais que ce sont des arguments qui pourraient
être invoqués par d'autres ateliers de réadaptation par le
travail comment voulez-vous, avec sept ou huit handicapés
psychosociaux, qu'on ait les mêmes résultats?
Le bonhomme aime mieux rester chez lui et recevoir de l'aide sociale, au
lieu de faire comme avant, de venir travailler pour gagner son salaire.
C'était une formule. Je ne regarde
que les résultats pour ce bonhomme qui, à un moment
donné, peut être un handicapé psychosocial. Comment? Un
manque d'initiative, un manque de motivation, un manque d'autonomie,
alcoolisme, limites des conjoints, mésentente conjugale, endettement,
insécurité financière. Cela peut dépendre de son
milieu, du climat de dépendance traduit par le comportement, d'un manque
de formation à la base, pas de métier, etc., Ce n'est pas un
malade mental, ce n'est pas, non plus, un handicapé physique, mais le
gars n'est pas motivé. Il faut aller le chercher et ce centre de
réadaptation, en lui donnant un travail, le valorisait.
J'ai connu personnellement beaucoup de gens qui sont passés par
ce centre de réadaptation au travail et qui, aujourd'hui, ont un emploi
dans des entreprises que je connais bien. A ce moment-là, on avait au
moins, pour prendre un cas particulier, une quarantaine de personnes qui
travaillaient et qui produisaient au niveau de ce centre de réadaptation
au travail. Tout le monde, en commençant par tous les centres de
main-d'oeuvre, les commissions scolaires, les conseils municipaux, a voulu
collaborer à réadapter cet individu qui est un malade
psycho-social.
A l'heure actuelle, pour ce qui est de cet atelier de
réadaptation, que je connais très bien, que j'ai connu même
avant la politique, on a perdu les pédales, en ce sens qu'on n'est plus
capable de réadapter ceux qui devraient l'être comme
assistés sociaux. On retourne à l'assisté social assis
chez lui, en attendant son chèque, point.
Il y aurait beaucoup d'arguments, parce que cette nouvelle politique de
réadaptation des adultes ne fait pas de distinction entre les ateliers
protégés et ces ateliers de retour à la vie normale par le
travail ou par une production de travail. Un document que j'ai lu avec grande
attention a été soumis au ministère des Affaires sociales
par ce centre de travail. Ce document, qui a été approuvé
aussi par les autres centres indépendants, faisait certaines suggestions
que je ne voudrais pas répéter, car le ministre l'a certes dans
ses dossiers ou a certes pris connaissance de ce document en contrepartie du
document de travail des Affaires sociales. Faire une distinction entre
l'atelier protégé occupa-tionnel et l'atelier de
réadaptation au travail, il me semble que c'est important dans la
question de valorisation, de réintégration du malade
psycho-social dans notre société.
Etablir une politique distincte pour reconnaître les deux types
d'ateliers et qu'ils aient chacun leur politique. Je ne fais que
répéter les paroles de ceux qui peuvent être
compétents dans le domaine. Je ne suis pas compétent dans le
domaine. Ce sont des personnes, qui sont des directeurs généraux,
qui disent, à un moment donné: Venez à la source chercher
de l'information auprès de ceux qui travaillent à la
journée avec ces handicapés psychosociaux. C'est un rapport que
j'ai lu avec attention, bien que ce soit inclus dans mon mandat de
député. C'est très important. Il me fait
énormément de peine de voir que, dans ce document,
Eléments d'une politique de réadaptation des adultes, on ait fait
un cercle autour d'ateliers protégés et qu'on n'ait pas fait de
distinction avec la réadaptation par le travail. Il y a deux personnes
qui sont venues dans mon bureau de comté, M. le Président, qui
ont été très très déçues, et cela se
voit très facilement. Le gars qui est réadapté par
l'atelier de travail, ce n'est plus un assisté social,
indépendamment que la rémunération vienne du produit de
son travail ou d'une part des subventions que donne votre ministère aux
centres de réadaptation.
Ce n'est plus un assisté social dans son comportement, dans sa
mentalité. Et c'est important, si on veut ôter cette
mentalité à l'assisté social pour, en fin de compte,
atteindre l'objectif de réintégration au travail.
Je me suis aperçu, pour ma part, dans trois comtés, du
moins dans le mien proprement, parce qu'il y en a d'autres ici qui sont
capables de représenter leur comté, qu'il y avait
énormément de bonnes suggestions, de bons commentaires et pas
à l'encontre du dossier élément d'une politique de
réadaptation, parce qu'on semble accepter certains grands principes,
mais des points mis de l'avant par ceux qui travaillent à la
journée dans ces centres de réadaptation.
J'aimerais bien, M. le ministre et je terminerai là-dessus
que vous rencontriez ces directeurs généraux ou ces
personnes, ou ces fonctionnaires qui travaillent au niveau des centres de
réadaptation au travail, qui sont des compagnies à but non
lucratif, qui oeuvrent avec toutes les formations, les organismes qui peuvent
donner un coup de pouce au ministère des Affaires sociales. On reproche
aux municipalités, aux commissions scolaires, à tous les
organismes de laisser faire le ministère des Affaires sociales dans
cette question de réadaptation, mais là, pour une fois, les
centres de réadaptation au travail sont mêlés et
liés directement à ces organismes et souvent on trouve des fruits
à travailler avec ces organismes.
J'aimerais que vous rencontriez, M. le ministre, suite à cette
nouvelle politique de réadaptation des adultes, ces directeurs
généraux dont je me fais le porte-parole, principalement de ceux
qui travaillent au sein du Centre de réadaptation de Beauce
Incorporé, afin de comprendre réellement ce qu'ils ont voulu
exposer dans le mémoire, dans cette contrepartie à votre document
et afin qu'on vive cette réadaptation des handicapés
psycho-sociaux les pieds à terre, et afin qu'à un moment
donné ce gars qui avait senti ou vu l'espoir de retourner à la
vie normale dans la même société que les autres, ce gars
qui avait senti l'espoir de continuer à travailler, d'être
réadapté, ne revienne pas sur la banquette de l'assisté
social pur et simple. C'est ce qui s'est produit et je pourrais vous donner des
preuves tangibles de gens qui, depuis six
mois, étaient enthousiasmés et qui, depuis la nouvelle
politique de juin ou depuis l'avis du sous-ministre Brunet, en juillet 1974,
sont retournés s'asseoir chez eux; c'étaient 40 personnes qui
travaillaient.
Ce qu'on fait avec notre centre de réadaptation, après
l'effort, bénévole souvent, de tous ceux qui l'ont monté
durant les trois ans, après les résultats positifs de 74 p.c. des
gens qui sont passés par là et qui sont sur le marché du
travail, c'est dans le cadre d'une politique du ministère des Affaires
sociales qu'il faut répondre à cette question, du moins en ce qui
me concerne dans Beauce-Nord.
M. FORGET: M. le Président, il est évident que les propos
du député sont considérés à leur
mérite et il a fait des observations qui sont très
intéressantes. D'ailleurs c'est afin de recevoir non seulement des
observations comme celles-là mais celles auxquelles il fait allusion
dans le mémoire en question que le ministère a fait circuler dans
tous les milieux intéressés un document de travail aux fins de la
consultation sur une politique sur les centres de réadaptation au
travail.
Donc, nous attendions que quelques mois se soient écoulés
avant de faire le point sur les éléments qui sont exposés
dans ce document et qui expriment, au moins au point de départ, les
options qui ont été retenues par le ministère, sujet
à une consultation pour en vérifier la validité dans tous
les cas.
Il est possible que des distinctions doivent être faites. C'est
d'ailleurs en anticipant que des distinctions pourraient être faites en
différents types de clientèle, et donc peut-être
différents types d'ateliers, que j'ai suscité également,
en collaboration avec mes collègues du ministère de l'Industrie
et du Commerce, de l'Education et du Travail, un comité
interministériel qui a siégé depuis quelques mois et qui a
pour but de définir les rôles respectifs de nos différents
ministères.
Il est clair que, si ces programmes de réadaptation doivent
prendre de l'essor, chacun des ministères que j'ai
énumérés a un rôle à jouer. Il est possible
que la réadaptation, dans le sens où le député de
Beauce-Nord vient de l'exposer, la réadaptation dans ce sens-là
et pour ce type de clientèle doive se faire selon des modalités
différentes de celle qui est appropriée pour un autre type de
clientèle.
A ce moment-là, il est fort possible que la responsabilité
pour ces programmes de réadaptation, pour ces clientèles ainsi
distinguées relève d'un autre ministère que le
ministère des Affaires sociales. Je ne suis pas sûr, M. le
Président, que mon ministère soit le mieux approprié pour
faire le genre de réadaptation à laquelle les remarques du
député s'adressaient. Je crois qu'il y a des implications
à ce qu'il dit qui sont très vraies, mais qui ne peuvent
être valablement prises en compte que dans un contexte peut-être
différent de celui qui est le nôtre au ministère des
Affaires sociales.
Je ne veux pas soulever le spectre d'une division des
responsabilités alors que rien n'est décidé. Mais je crois
qu'il est important de souligner que les problèmes d'organisation
industrielle, ne serait-ce que ça, les problèmes de
définition de débouchés pour des activités de ces
ateliers, les problèmes de concurrence possible et d'application
possible de la loi sur le salaire minimum, les lois du travail en
général, pour les stagiaires de ces ateliers, posent un certain
nombre de questions extrêmement difficiles à trancher et qui
pourraient peut-être être mieux tranchées dans un contexte
différent de celui que fournit mon ministère.
Donc, c'est à la lumière de la consultation actuellement
en cours, des remarques que le député a faites et d'autres que
ses collègues voudront probablement faire sur le même sujet et des
conclusions du comité interministériel qui a été
formé il y a quelques mois que nous pourrons revoir l'ensemble de ce
dossier et proposer peut-être, tout ceci étant hypothétique
au niveau des conclusions, un nouvel aménagement des
responsabilités dans ce domaine.
M. LEGER: M. le Président, est-ce que le ministre, à ce
sujet-là, pourrait nous dire vers quelle période son
comité interministériel qui se penche sur la question pourra
déboucher sur des solutions pratiques concernant la réadaptation,
en milieu social, en milieu de travail, en milieu de loisirs? Dans mon
comté de Lafontaine, quasiment la majorité des foyers
affiliés relèvent de l'hôpital Saint-Jean-de-Dieu. Les gens
viennent s'installer dans différents milieux de 15, 20 personnes, un
milieu affectif peut-être un peu plus normalisé.
Ils se font envoyer dans différents autres milieux de travail
alors qu'ils n'ont pas encore la préparation psychologique à une
adaption immédiate dans le nouveau monde dans lequel ils doivent vivre.
Est-ce que le ministre prévoit la possibilité d'implantation soit
d'ateliers protégés, soit de centres psychopratiques
d'adaptation? Ce sont peut-être des grands mots, mais c'est une
adaptation psychologique de ces personnes aux différents domaines
où elles devront être des adultes responsables plus tard.
Le ministère et son groupe se préparent-ils à
trouver des formules dans ce sens-là? Sont-il ouverts à des
suggestions venant de milieux qui connaissent ce domaine pour amener la
réalisation d'ateliers protégés ou de centres
psychopratiques pour donner une adaptation encore plus nuancée entre le
foyer affilié et le domaine du travail, le domaine social, le domaine du
loisir?
M. FORGET: Oui, sans aucun doute, M. le Président. Nous sommes
ouverts à toutes sortes de suggestions. Je pense, pour répondre
à la question du député de Lafontaine, que, vers la fin du
premier trimestre de l'année en cours, nous devrions avoir un certain
nombre de recommandations à la suite de la consultation, à
la suite des travaux du comité interministériel qui devait
me faire rapport, je crois, à la fin d'octobre, mais qui m'a
demandé un prolongement de son mandat, étant donné
l'impossibilité où il était de conclure son travail tout
de suite.
J'ai eu l'occasion de prendre connaissance, lors de visites à
l'étranger, lors de visites dans d'autres provinces, d'un certain nombre
de formules qui sont utilisées. Nous avons eu l'occasion, dans le
passé également, de recevoir les communications d'un certain
nombre de travaux parfois fort élaborés, soit de groupes
commandités par le ministère, soit de groupes de
l'extérieur. C'est un sujet où les idées sont
extrêmement nombreuses, malgré tout, et où la plus grande
difficulté vient non pas de trouver des idées, mais d'en faire un
tout qui soit cohérent et qui soit compatible avec les
responsabilités de plusieurs ministères dans ce domaine. C'est la
raison pour laquelle le comité interministériel va avoir un
rôle particulièrement important pour éclairer la
contribution des différents ministères.
Il est clair qu'il y a plusieurs clientèles et plusieurs
formules. Quand on parle d'ateliers protégés, on parle, dans le
fond, essentiellement d'au moins une demi-douzaine de choses différentes
qui n'ont presque pas, à la limite, de rapport les unes avec les autres.
Il est clair, par exemple, que dans les hôpitaux psychiatriques,
traditionnellement et ça va continuer il y a des ateliers
occupationnels, mais il y en a déjà de deux sortes.
Il y a ceux qui s'occupent de la déficience mentale profonde et
qui ne visent qu'à meubler les heures creuses dans le fond des personnes
qui ne seront jamais réadaptées à faire quoi que ce soit,
puisqu'elles sont dans une situation malheureusement sans espoir. Mais il y a
aussi, dans ces milieux pour les malades psychiatriques, des activités
de réadaptation proprement dites, encore qu'il ne s'agisse dans certains
cas que d'une réadaptation extrêmement sommaire. Mais il y a un
certain nombre d'autres catégories et, à la limite, celles que le
député de Beauce-Nord soulignait, qui sont des personnes qui,
peut-être, sont tout à fait capables de travailler, l'ont
déjà fait, mais, à cause d'un épisode d'alcoolisme,
un épisode d'emprisonnement, elles sont dans une situation où la
société les rejette à moins qu'elles fassent la preuve
qu'elles peuvent fonctionner effectivement de façon continue pendant
plusieurs mois et qu'un employeur puisse les recommander.
Il s'agit là d'un problème bien différent. C'est
pour ça qu'il y a une variété très grande et on
parle un peu trop des ateliers protégés comme d'une chose unique.
Une des conclusions, je pense, à laquelle on devrait venir c'est qu'il
existe une multiplicité de problèmes et donc il devra y avoir une
multiplicité de solutions.
M. LEGER: Est-ce que le ministre pourrait dire qui est responsable de
son comité interministé- riel qui se penche sur cette question?
Autrement dit à qui devraient être envoyées des
propositions, des suggestions sur le sujet précis que je viens de
mentionner? Il y a plusieurs ministères concernés, mais lequel?
Quel ministre est responsable d'être le centre...
M. FORGET: Nous avons assumé la tâche pour le moment,
puisque tout le monde spontanément nous référait le
problème, quoique nous avions, comme j'ai indiqué, des doutes
quant à notre responsabilité pour tout le problème, tout
l'éventail du problème. Toutes les suggestions nous ont
été référées et peuvent continuer de
l'être. Nous nous organiserons pour mettre ces documents, le cas
échéant, à la disposition du comité.
Le comité, à moins qu'on prolonge encore une fois son
mandat et qu'on n'ait donc pas de rapport, je ne prends pas d'engagement que le
comité en prendra nécessairement connaissance.
Maintenant, à la lumière du document que nous avons
distribué et des commentaires nombreux qu'on nous promet sur le
document, le ministère lui-même pourra prendre connaissance
également des autres mémoires.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): L'honorable ministre des Finances.
M. GARNEAU: M. le Président, est-ce que je pourrais vous
suggérer de faire rapport au président?
M. CORNELLIER (président de la commission
plénière): M. le Président, j'ai l'honneur de faire
rapport que la commission n'a pas terminé ses travaux et demande la
permission de siéger à nouveau.
LE PRESIDENT: Permission accordée. Prochaine séance.
M. LEVESQUE: M. le Président, avant de demander l'ajournement
à mardi 10 heures, je voudrais simplement mentionner que nous allons
donner priorité tout probablement dès mardi matin aux projets de
loi sur le revenu, les huit projets de loi de 67 à 74, les projets de
loi au nom du ministre des Affaires sociales, particulièrement le projet
de loi no 41, Loi sur les services de santé et les services sociaux.
M. BURNS: M. le Président, est-ce que quant aux projets de loi no
67 jusqu'à 74, qui sont ceux inscrits au nom du ministre du Revenu, le
ministre a l'intention de les déférer à la commission
parlementaire des finances, des comptes publics et du revenu, directement? En
ce qui concerne l'Opposition officielle, je ne sais pas ce que mon
collègue de Beauce-Sud en pense, nous serions d'accord que, dès
qu'on aura adopté la deuxième lecture, on envoie automatiquement
les projets de loi sans plus en commission puisque ce sont des problèmes
à caractère très technique, justement en vue d'avancer les
travaux de la Chambre.
M. ROY: Je suis absolument d'accord sur cette suggestion, M. le
Président. Je pense que cela permettrait d'éviter au leader du
gouvernement d'avoir recours à cette petite motion de ce matin. On
pourrait faire en sorte que cela procède avec
célérité, que tout le monde soit au travail.
M. LEVESQUE: M. le Président, c'est ce que nous ferons en
arrivant mardi matin, dans ce cas. La commission pourra siéger
immédiatement après l'adoption en deuxième lecture.
Probablement que nous aurons en commission également mais je ne
veux pas le dire d'une façon définitive La loi des agents
de voyage. Est-ce que ce sont les mêmes qui sont...
M. BURNS: Attention, il y a aussi la commission sur le rapport Gauvin
qui va siéger.
M. LEVESQUE: Non, pas mardi. M. BURNS: Non? M. ROY: Fini hier.
M. BURNS: C'était le dernier mémoire? D'accord.
M. LEVESQUE: C'est ce qu'on m'a dit.
Donc, quand nous aurons disposé des projets de loi sur le revenu,
projet de loi no 41, pas nécessairement dans l'ordre que je viens de
mentionner. Nous pourrons, avec la même réserve, procéder
à l'étude des projets de loi 4, Inter-Port; 46, immigration; 20,
assurance-récolte; 57, réserves écologiques, et il y aura
également la prise en considération de rapports qui nous
parviennent des commissions élues.
Alors je pense bien qu'avec ceci nous pourrons entreprendre, dès
mardi, les travaux indiqués, plus ceux, si nous avons le temps, qui sont
au feuilleton.
M. BURNS : Avec la permission du président, est-ce que le projet
de loi no 24, c'est-à-dire les amendements au code du travail, fait
partie des priorités du gouvernement d'ici la fin de la session? Si oui,
est-ce que le gouvernement envisage d'entendre les parties
intéressées avant d'adopter le projet de loi no 24?
M. LEVESQUE: Je ne crois pas qu'il soit question d'auditions; le projet
de loi est déjà annoncé pour la deuxième lecture.
Je n'ai pas eu l'occasion de discuter du sort du projet de loi avec le ministre
du Travail récemment, je ne l'ai donc pas indiqué comme
priorité pour mardi. Mais dès que le ministre du Travail sera
revenu, je lui en parlerai et je serai heureux de faire part de ses vues
à la Chambre.
M. BURNS: D'accord.
M. LEVESQUE: M. le Président, tout en souhaitant à chacun
une bonne fin de semaine, je propose l'ajournement de la Chambre à
mardi, dix heures.
LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
M. BURNS: Adopté.
LE PRESIDENT: L'Assemblée ajourne ses travaux à mardi, dix
heures.
(Fin de la séance à 13 h 3)