Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
(Quinze heures neuf minutes)
M. LAVOIE (président): A l'ordre, messieurs !
Affaires courantes.
Dépôt de rapports de commissions élues.
Dépôt de rapports du greffier en loi sur les projets de loi
privés.
Présentation de motions non annoncées.
LE PRESIDENT: Le député de Fabre.
Appel d'OXFAM-Québec
M. HOUDE (Fabre): M. le Président, est-ce que je pourrais, avec
la permission de la Chambre et à l'aide d'un très court
préambule, demander si tous les collègues de l'Assemblée
nationale seraient d'accord pour répondre au cri d'alarme lancé
depuis midi trente par OXFAM-Québec qui demande à tous les
citoyens du Québec d'envoyer des télégrammes afin de
soutenir, d'une part, les grévistes, les inspecteurs de
céréales qui ont accepté d'aller inspecter un bateau,
présentement bloqué dans le port de Montréal, rempli,
dit-on, de milliers de tonnes de céréales qui sont attendues
impatiemment par 700,000 habitants du Bangla Desh qui sont menacés de
mourir de faim?
En tant que parlementaires, nous devrions, tous ensemble, soit
individuellement soit par le président de l'Assemblée nationale,
supporter OXFAM-Québec qui veut que ce bateau démarre car,
apparemment, ils ont seulement dix jours pour sauver ce chargement.
M. MORIN: Devant la gravité de la situation, M. le
Président, l'Opposition officielle est tout à fait d'accord pour
donner son consentement à cette motion.
M. SAMSON: M. le Président, bien entendu, personne ne peut ni
parler ni voter contre une telle motion. Nous donnerons, évidemment,
notre consentement en espérant qu'il sera peut-être possible d'en
faire une autre aussi en pensant qu'il y a un millier d'Haïtiens qui sont
également en danger.
Le PRESIDENT: A l'ordre!
M. SAMSON: M. le Président, je parle sur la motion. J'ai le
droit, c'est une motion débattable.
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. SAMSON: Si on ne veut pas nous permettre de parler, qu'on ne
présente pas de motion.
LE PRESIDENT: Un instant. Allez! Parlez sur la motion.
M. SAMSON: Oui, c'est sur la motion que je parle, M. le
Président. Je dis qu'elle est bonne et valable, je félicite
même l'honorable député qui a présenté cette
motion-là. Cette motion a été présentée si
je comprends bien, dans un sens très humanitaire. Ce qui est valable
là l'aurait été dans une autre circonstance et...
LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît! Un instant. Avec votre
permission, je ne voudrais pas être désagréable, j'aurais
une suggestion à faire à l'Assemblée. Etant donné
que toute motion, à moins que ce soit une motion dans les formes
conventionnelles, doit être écrite.
Est-ce que je pourrais proposer à la Chambre que l'honorable
député de Fabre rédige sa motion le plus rapidement
possible, d'ici une demi-heure? Il y a quand même des modalités.
Il y a eu des questions, hier, à l'Assemblée, sur ces
problèmes de céréales et tout, question de grève
des inspecteurs. Dans le courant de l'après-midi, on pourrait
peut-être interrompre quelques minutes le débat pour
présenter la motion du député, s'il y a consentement. Je
voudrais bien trouver une formule qui soit élégante et acceptable
pour tout le monde pour que cette motion puisse être adoptée. Il
semble que c'est le voeu unanime de l'Assemblée.
M. BURNS: M. le Président, moi, personnellement, je serais de cet
avis, je donne mon consentement d'avance. Je pense que c'est le
député de Johnson qui devrait quand même donner son
consentement à ce qu'on ampute le temps de sa motion pour revenir
à la question très importante soulevée par le
député.
M. BELLEMARE (Johnson): M. le Président, je suis bien d'accord,
parce que je partage entièrement le point de vue du
député, et je suis sûr que tous et chacun dans cette
Chambre vont accepter très gentiment cette demande.
LE PRESIDENT: Cela voudrait dire parce que j'aime bien lorsque
les lignes sont bien tracées qu'on pourrait consentir à ce
que, dès que cette motion sera prête...
M. LEVESQUE: Un instant, M. la Président, le ministre de
l'Agriculture voudrait intervenir.
M. TOUPIN: M. le Président, si vous me permettez, je voudrais
faire simplement une petite intervention. Je viens d'apprendre ce n'est
peut-être pas officiel que la grève des inspecteurs de
grains est réglée en principe, depuis à peine une dizaine
de minutes. C'est M. Jean Chrétien, je pense, qui l'a annoncé.
C'est intéressant que nous le sachions tous, parce que tout ce qui se
discute présentement est relié directement à cette
grève. Donc, cela me fait plaisir d'informer la Chambre que M.
Chrétien vient d'annoncer, sinon officiellement tout au moins
officieusement, que la grève est en voie de règlement.
M. BELLEMARE (Johnson): Est-ce que le ministre pourrait faire le contact
direct avec son voisin de comté, pour savoir si c'est réellement
vrai?
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. TOUPIN: C'est parce qu'il n'est pas dans son comté
aujourd'hui.
M. BELLEMARE (Johnson): Non, non, mais tiens voilà La
Palice...
M. TOUPIN: J'ai compris.
LE PRESIDENT: Messieurs, est-ce qu'il y aurait...
M. TOUPIN: ...
LE PRESIDENT: Est-ce qu'on serait d'accord pour qu'une fois cette motion
rédigée, on la présente d'ici une demi-heure? Et on ne
pourrait la présenter à l'Assemblée qu'à ce moment,
pour ne pas écourter le temps de parole sur la motion de l'honorable
député de Johnson. Chaque parti aura droit à cinq minutes
sur la motion présentée par le député de Fabre.
M. LEVESQUE: M. le Président, il faudrait attendre que
l'information soit contrôlée.
LE PRESIDENT: Oui. Et, si l'information est confirmée, la motion
n'aura plus sa raison d'être, peut-être, mais on verra tout
ça dans une demi-heure. Cela va?
M. LEVESQUE: Peut-être pas dans une demi-heure, M. le
Président, mais dans un temps raisonnable.
LE PRESIDENT: Pardon?
M. LEVESQUE: Je ne voudrais pas qu'on fixe ça
immédiatement, mais dire "un délai raisonnable."
LE PRESIDENT: Dans le courant de la journée?
M. LEVESQUE: Oui.
LE PRESIDENT: Bon. Merci, messieurs!
M. SAMSON: M. le Président, est-ce que je peux vous demander la
permission d'utiliser le même privilège que vient d'utiliser
l'honorable député de Fabre, puisque là on ne me permettra
pas de tellement élaborer dans le sens que je voulais le faire? Est-ce
que je peux proposer une motion non annoncée, à ce moment-ci, sur
un sujet tout aussi d'intérêt humanitaire que celui de l'honorable
député de Fabre? Est-ce que je peux le faire, M. le
Président?
LE PRESIDENT: Ce n'est pas à moi que vous devez demander la
permission; demandez la permission à cette auguste Assemblée.
M. SAMSON: Est-ce que j'ai le consentement unanime de cette auguste
Assemblée?
M. LACROIX: II faudrait toujours savoir de quoi il s'agit.
M. SAMSON: Oui? Est-ce qu'on me permet de l'expliquer et, par la suite,
si c'est jugé opportun, je pourrai...
M. LEVESQUE: S'agit-il d'une motion? M. SAMSON: Pardon? M. LEVESQUE:
S'agit-il d'une motion? M. SAMSON: Oui. Dans le même... M. LEVESQUE: Une
motion.
M. SAMSON: ... sens que le député de Fabre vient de faire
la sienne, M. le Président.
M. LEVESQUE: Sur quel sujet?
M. SAMSON: II ne l'a pas lue; il s'est expliqué. Vous avez
décidé et vous avez porté jugement.
M. LEVESQUE: M. le Président...
M. SAMSON: Voici ce qu'il en est, M. le Président.
M. LEVESQUE: ... j'invoque le règlement. Je ne crois pas qu'il
soit opportun de créer de tels précédents, parce
qu'à l'avenir, aux motions non annoncées, nous aurons
peut-être des histoires fort intéressantes, fort sérieuses,
mais les histoires de chacun. Je pense que ceci déroge à l'esprit
de notre règlement, sinon à sa lettre. Dans les circonstances, je
ne peux pas accorder mon consentement.
M. SAMSON: M. le Président, j'invoque le règlement. C'est
deux poids, deux mesures.
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! ... A l'ordre ... A l'ordre,
messieurs! ... Messieurs! Deux poids, deux mesures, cela s'adresse à
toute l'Assemblée. Ce n'est pas un choix du président; c'est
l'Assemblée qui en a décidé ainsi. Et chaque membre a ses
droits. Qu'est-ce que vous voulez, ce n'est pas ma faute si l'honorable
député de Fabre a obtenu le consentement unanime et si, dans
votre cas, vous ne l'avez pas obtenu. Et ce n'est pas une question de
règlement, je m'excuse.
M. SAMSON: Bien, vous en porterez l'odieux de l'autre
côté!
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. BURNS: M. le Président...
M. SAMSON: Vous en porterez l'odieux.
M. BURNS: M. le Président...
M. SAMSON: Vous en porterez l'odieux de l'autre côté.
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! A l'ordre !
M. BURNS: ... j'aimerais simplement enregistrer, pour le bon entendement
de la question soulevée par le député de Rouyn-Noranda,
que l'Opposition officielle n'avait pas d'objection à ce qu'il fasse sa
motion.
LE PRESIDENT: Bon.
Présentation de projets de loi au nom du gouvernement.
Présentation de projets de loi au nom des
députés.
Déclarations ministérielles.
Dépôt de documents.
Questions orales des députés.
QUESTIONS DES DÉPUTÉS
LE PRESIDENT: L'honorable député de Lafontaine.
Activités socio-culturelles du
Haut-Commissariat
M. LEGER: M. le Président, ma question s'adresse au ministre des
Affaires culturelles. Est-ce que le ministre pourrait dire à cette
Assemblée où en est rendu le processus de transfert des
activités socio-culturelles du haut-commissariat et du ministère
de l'Education au ministère des Affaires culturelles, puisque le
ministre nous avait dit, lors de l'étude des crédits, le 28 mai
dernier, que...
UNE VOIX: Question!
M. LEGER: J'ai demandé où en était rendu le
processus, parce que le 28 mai dernier, lors de l'étude des
crédits, le ministre nous avait dit que la décision de principe
avait été prise au Conseil exécutif, que le processus de
transfert était engagé au niveau des programmes et des budgets.
Le congrès même du Parti libéral, en fin de semaine
dernière, a justement entériné la conclusion de
transférer le socio-culturel du haut-commissariat aux Affaires
culturelles. Où en est-on rendu?
M. HARDY: M. le Président, comme l'a dit dans son
préambule l'honorable député de Lafontaine, il s'agit
d'une question qui est présentement du ressort du Conseil
exécutif. Quand les décisions finales auront été
prises par le conseil des ministres, les ministres concernés en feront
l'annonce à cette Chambre, mais tant et aussi longtemps que toutes les
décisions ne sont pas prises au conseil des ministres, ce n'est pas
l'endroit pour discuter de cette question. Le conseil des ministres est une
chose, l'Assemblée nationale en est une autre.
M. LEGER: Une question supplémentaire, M. le Président.
Est-ce que le ministre des Affaires culturelles dément ce qu'il a
affirmé lors de l'étude des crédits, alors qu'il avait dit
bien précisément qu'il devrait y avoir une seule autorité
en matière culturelle, que tout le domaine socio-culturel devrait
relever d'une autorité qui est le ministère des Affaires
culturelles? "Le Conseil exécutif a eu l'occasion de se prononcer sur
cette question et le principe a été reconnu", a-t-il dit. Vrai ou
faux?
M. HARDY: M. le Président, comme d'habitude, le
député de Lafontaine ne comprend rien ou feint de ne rien
comprendre. Je n'ai renoncé d'aucune façon aux principes que j'ai
énoncés antérieurement. D'ailleurs, je pense que si le
député de Lafontaine lit les journaux, il a pu voir que ces
principes, je les ai renouvelés. Mais j'ai dit que la décision
appartenait au conseil des ministres et que ce n'est pas ici que nous allons
discuter de cette décision finale, Dans le processus normal de nos
institutions parlementaires, le conseil des ministres prend une décision
et quand elle est prise, on l'annonce à la Chambre, mais on ne fait pas
la discussion en Chambre.
M. LEGER: Dernière question, M. le Président. Est-ce que
le ministre des Affaires culturelles ou le ministre responsable du
Haut-Commissariat à la jeunesse, aux loisirs et aux sports sont au
courant, mais d'abord est-ce que le ministre est au courant du fait que le
ministre responsable du Haut-Commissariat à la jeunesse, aux loisirs et
aux sports a proposé justement un ministère des loisirs dans
lequel il y aurait la portion du socio-culturel? Est-ce que le ministre sait
que cela faisait partie de la campagne électorale du ministre
responsable du Haut-Commissariat à la jeunesse, aux loisirs et aux
sports...
LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre!
M. LEGER: ... et que ce projet est annoncé dans tous les journaux
actuellement?
M. LACROIX: Soyez donc sérieux!
M. LEGER: Etes-vous au courant de cela? Etes-vous dans le même
parti?
LE PRESIDENT: L'honorable député de Chicoutimi.
Règlements sur les services sociaux
M. BEDARD (Chicoutimi): M. le Président, ma question s'adresse au
ministre des Affaires sociales. Le ministre pourrait-il nous dire s'il est
exact qu'un projet de règlement portant sur la contribution des
bénéficiaires de services de santé et de services sociaux
fait actuellement l'objet de consultations de la part du ministère?
M. FORGET: Oui, M. le Président.
M. BEDARD (Chicoutimi): Je m'attendais à cette réponse, M.
le Président. Arrêtez donc de rire comme des "niaiseux".
LE PRESIDENT: A l'ordre! Votre question.
M. BEDARD (Chicoutimi): Est-ce que le ministre...
UNE VOIX: C'est stupide.
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs, s'il vous plaît !
M. BEDARD (Chicoutimi): Ils n'ont jamais entendu cela, un oui, comme
réponse à une question.
LE PRESIDENT: A l'ordre! Vous ne m'aidez pas en faisant ce que vous
faites.
A l'ordre, messieurs, s'il vous plaît! S'il vous plait.
M. BELLEMARE (Rosemont); Vous voyez bien qu'il niaise, M. le
Président.
LE PRESIDENT: Je pense qu'il y en a plusieurs actuellement. A l'ordre,
s'il vous plaît !
M. BEDARD (Chicoutimi): Je vois que vous avez un bon jugement.
LE PRESIDENT: J'en ai inclus plusieurs, attention !
Bon! question, s'il vous plaît.
M. BEDARD (Chicoutimi): Etant donné qu'un tel projet de
règlement fait présentement l'objet de consultations, est-ce que
le ministre peut nous dire pourquoi ce projet de règlement n'a pas
été publié au préalable dans la Gazette du
Québec comme l'avait été celui qui, le printemps dernier,
avait dû être abandonné par le gouvernement, suite aux
pressions du public?
M. FORGET: M. le Président, le projet de règlement du
printemps dernier n'a pas été abandonné. C'est du
même projet de règlement qu'il est question encore aujourd'hui et
qui continue de faire l'objet des consultations auxquelles le
député a fait allusion.
M. BEDARD (Chicoutimi): Est-ce que le ministre peut nous assurer
qu'avant d'être adopté ce projet de règlement pourra faire
l'objet d'une commission parlementaire où toutes les parties
intéressées pourront être entendues?
M. FORGET: M. le Président, les consultations qui sont en cours
et qui sont venues d'ailleurs à la connaissance du député
de Chicoutimi nous montrent que des consultations ont lieu effectivement et
avec toutes les parties intéressées.
Dans les circonstances, étant donné la
variété des groupes et des intérêts
représentés, il semble que les efforts faits par le
ministère seront suffisants pour s'assurer que le projet qui a
déjà fait l'objet de discussions publiques sera conforme dans sa
version finale aux voeux exprimés de part et d'autre.
LE PRESIDENT: L'honorable député de Rouyn-Noranda.
Déportation d'Haïtiens
M.SAMSON: M. le Président, je voudrais poser une question
à l'honorable ministre de l'Immigration.
M. MARCHAND: De quel parti, M. le Président?
M. SAMSON: Je vais lui laisser une chance de venir à son pupitre.
Je voudrais demander au ministre de l'Immigration s'il est véridique
qu'il aurait déclaré dernièrement à Sherbrooke
qu'il ferait entièrement confiance au président Duvalier en ce
qui concerne certaines déclarations ou garanties que celui-ci aurait
faites quant à la sécurité des Haïtiens
déportés du Canada vers Haiti?
M. BIENVENUE: M. le Président, j'apprécie cette question
du député de Rouyn-Noranda que je n'ai pas plantée
suivant l'expression populaire parce que je ne l'ai pas vu depuis
plusieurs jours, mais qui va dispenser cette Chambre d'entendre une question de
privilège que, comme je vous l'avais indiqué, je voulais soulever
après la période des questions.
Le député de Rouyn-Noranda a raison de se poser la
question, à savoir si j'ai réellement dit telle chose, puisque,
en cette Chambre, mardi dernier, lors de la motion de blâme contre le
gouvernement du député de Rouyn-Noranda, j'avais dit, au sujet de
cette question là, je fais un aparté pour dire à
nouveau que la question n'était pas plantée, mais que ce sont mes
notes pour la question de privilège que j'ai devant moi et je me
cite: "Je ne parlerai pas de la visite de ce journaliste, M. Lavergne, en
Haiti,
au cours de la fin de semaine, bien que, pour ajouter à une
assertion qui a été faite, un réseau de
télévision ait filmé, ait enregistré avec images et
son les paroles du président de la République haïtienne". Je
continue de me citer: "Je ne porte pas de jugement, je n'y étais pas,
mais l'offre de surveillance inédite par des missions pouvant se rendre
en Haiti sans date précise représente quand même quelque
chose et ne ferait que confirmer ce que les Nations Unies elles-mêmes ont
découvert il y a peu de temps, etc."
Alors, je n'étais sûrement pas, sous prétexte
d'être à Sherbrooke, pour dire plus ou le contraire de ce que
j'avais dit en Chambre. En conséquence, M. le Président, pour que
ce soit bien clair, je n'ai jamais de près ou de loin, directement ou
indirectement, dit que j'accordais, pour reprendre le texte de ce jeune
journaliste quasi imberbe, une foi entière aux engagements pris par le
président Jean-Claude Duvalier.
Ce que j'ai dit, c'est la partie citée à savoir "qu'il
jouait la réputation de son pays en s'engageant publiquement", et que
j'étais impressionné par une telle offre, rien de plus.
D'ailleurs on verra dans le même article, M. le Président, qu'on
me faisait dire que le Québec aurait dorénavant des agents
d'immigration dans toutes les capitales du monde.
Je pense que je n'ai pas besoin de poursuivre davantage
là-dessus. Je profite de la question du député de
Rouyn-Noranda pour dire qu'il en est de même au point de vue de ma
dénégation face à un article que je serais tenté
d'appeler une poubelle et qui est intitulé: "Après quelques
feintes, Québec a fermé le dossier des Haitiens". C'est un
article du Soleil d'hier, signé par une dame Paule-France Duffaux, au
sujet de laquelle j'ai déjà fait des commentaires qu'avait
entendus à l'époque mon ami le député de
Maisonneuve. C'est une poubelle remplie d'un tel tissu de faussetés,
d'imagination, d'hypothèses plus ou moins fantaisistes que le
règlement et le temps de cette Chambre m'empêcheraient d'y
répondre pour les nier toutes et chacune.
Il y avait plus de mensonges que de mots dans l'article.
M. SAMSON: M. le Président, est-ce que j'ai bien compris le
ministre si je dis que le dossier n'est pas fermé pour lui? Est-ce que
j'ai bien compris le ministre lorsque je dis que, pour le ministre, le dossier
n'est pas fermé? Est-ce que je vous ai bien compris?
M. BIENVENUE: Jamais aucun dossier n'est fermé lorsqu'il est
question d'éventuelles souffrances ou misères humaines.
M. SAMSON: M. le Président, ceci m'amène à une
question supplémentaire, compte tenu de l'importance de ce dossier et
des déclarations de différents groupes qui ont participé
à un débat télévisé dernièrement.
Est-ce que le ministre accepterait de convoquer la commission parlementaire de
l'immigration aux fins d'y étudier ce dossier et, advenant qu'il accepte
de convoquer cette commission parlementaire, est-ce qu'il accepterait d'y
inviter spécifiquement M. le ministre Andras ainsi qu'un
représentant... M. le Président, est-ce que j'ai votre permission
de continuer?
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M.SAMSON: II y a des rouges qui ne prennent pas ça au
sérieux, mais c'est sérieux.
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. SAMSON: Est-ce que le ministre accepterait également d'y
inviter un représentant de la Communauté chrétienne de
Montréal, peut-être même un représentant officiel du
gouvernement d'Haiti et toute personne jugée utile pour les fins de ce
débat?
M. BIENVENUE: Je viens, d'une part, de dire qu'il n'y avait pas de tels
dossiers fermés pour moi. Entre le fait que le dossier ne soit pas
fermé et le fait qu'il ne soit pas survenu d'autres
événements à ma connaissance justifiant une telle demande,
je dis qu'il n'est pas question, pour le moment, de convoquer la commission.
J'ai bien dit pour le moment.
M. SAMSON: M. le Président...
LE PRESIDENT: Dernière question supplémentaire.
M. SAMSON: ... est-ce que le ministre est au courant des derniers
développements dans ce dossier-là? Il ne semble pas au courant
des derniers développements. Il y a encore des groupes qui s'ajoutent
à ceux que nous avons cités la semaine dernière. Est-ce
que le ministre ne considère pas que ce serait là un
élément valable et d'importance qui justifierait la convocation
de sa commission parlementaire?
M. BIENVENUE: M. le Président, les barèmes ou les normes
que je suivrais pour convoquer une telle commission n'auront jamais affaire, de
près ou de loin, au nombre des groupes qui s'ajoutent pour appuyer telle
thèse.
LE PRESIDENT: L'honorable député de Johnson.
Commission d'enquête sur le crime
organisé
M. BELLEMARE (Johnson): M. le Président, ma question s'adresse
à l'honorable ministre de la Justice. Est-ce que l'honorable ministre a
pris connaissance de la démission prochaine du juge Rhéal Brunet
de la CECO? Est-ce qu'il a l'intention d'apporter des changements au
statut de la Commission d'enquête sur le crime organisé,
dont la juridiction relève présentement de la Commission de
police? Est-ce qu'il a l'intention de revenir à l'ancien système?
Est-ce qu'il a aussi l'intention de faire des commentaires à la suite de
la démission du juge Brunet?
M. CHOQUETTE: M. le Président, il ne s'agit pas d'une
démission du juge Brunet, il s'agit tout simplement du fait que son
mandat, comme membre de la Commission de police, va expirer à la fin du
mois de décembre. Le juge Brunet est maintenant en fonction depuis deux
ans, à la Commission de police; il a eu la responsabilité de
l'enquête sur le crime organisé, comme président du banc de
la Commission de police, qui préside à cette enquête. Il a
demandé que son mandat ne soit pas renouvelé parce qu'il ressent
le besoin de laisser son poste pour des raisons personnelles.
D'autre part, j'ai eu un et peut-être même deux entretiens
avec le juge Brunet au cours desquels le juge Brunet m'a fait part de ses
recommandations quant à l'avenir de l'enquête sur le crime
organisé. Je pense que le juge Brunet, qui a vécu ces deux
années d'expérience au sein de la Commission de police, mais dans
la partie des responsabilités de la Commission de police qui concerne
l'enquête sur le crime organisé, est une personne tout à
fait autorisée à donner son avis au ministre de la Justice quant
à la poursuite de cette enquête, quant à la formule que
nous devrions adopter pour la continuation de cette enquête. C'est la
raison pour laquelle j'ai entendu les propos, les suggestions, les
recommandations du juge Brunet avec un vif intérêt.
Je pourrais ajouter, pour le bénéfice du
député de Johnson, que le juge Brunet et ses collègues,
MM. Cordeau et Courtemanche, doivent même me faire un court rapport
écrit pour me faire part de leurs suggestions quant à la
continuation de l'enquête sur le crime organisé. Je pourrais dire
au député, en terminant ma réponse à sa question,
que l'opinion du juge Brunet est à l'effet que cette enquête doit
se poursuivre.
Evidemment elle a connu des réussites sur certains aspects. Je
crois qu'elle a fait la lumière sur beaucoup de choses. Elle a permis
une action plus énergique de la justice à l'égard de
certains individus, mais elle a également connu des difficultés.
Maintenant, ces difficultés n'ont pas l'heur nécessairement de me
surprendre, à cause de la difficulté du sujet sur lequel les
commissaires avaient à enquêter. Car, on sait très bien
que, dans ce monde-là, il est fort difficile de délier les
langues et de faire parler les témoins.
J'examine à l'heure actuelle toute cette situation, je prends les
conseils du juge Brunet. Je regrette évidemment son départ, car
le juge Brunet s'est donné à sa tâche avec beaucoup
d'énergie et d'honnêteté. Mais je dois m'incliner devant sa
décision et je dois prendre des dispositions pour l'avenir, que je vais
prendre et annoncer dans un avenir rapproché
M. BELLEMARE (Johnson): M. le Président, juste une question
additionnelle. Est-ce que c'est le désir du ministre d'apporter des
changements au statut de la commission, présentement?
Deuxièmement, est-ce l'intention du ministre aussi de nommer un
procureur chef pour diriger le travail de la commission?
M. CHOQUETTE: M. le Président, j'examine, à l'heure
actuelle, les structures de l'enquête et je n'exclus aucune solution de
prime abord. Mais je ne suis pas encore arrivé à des conclusions
définitives sur ce sujet. Par conséquent, je ne peux pas
répondre affirmativement à la première question du
député de Johnson.
D'autre part, quant à la nomination d'un procureur chef, j'ai
sûrement l'intention de recruter un avocat eminent pour prendre la
responsabilité du contentieux auprès de la commission
d'enquête, car je crois que, malgré que le travail des procureurs
ait été bon, il mérite d'être renforcé
à l'heure actuelle.
LE PRESIDENT: L'honorable député de Lafontaine.
Pollution atmosphérique
M. LEGER: M. le Président, j'aurais aimé poser des
questions au ministre des Finances et au ministre de l'Industrie et du
Commerce, j'espère qu'ils seront là demain. Ils sont absents
aujourd'hui. Nous avons des questions importantes à leur poser. Je vais
plutôt poser une question...
UNE VOIX: ... ministre du Travail.
M. LEGER: Le ministre du Travail, lui, il vient le mercredi,
habituellement.
M. LEVESQUE: Quelle est la dernière fois où le
député a posé des questions au ministre des Finances et au
ministre de l'Industrie et du Commerce?
M. LEGER: Très souvent, mais ça dépend des
journées.
M. le Président, ma question s'adresse au ministre des Affaires
municipales, responsable de la qualité de l'environnement. Le ministre
est certainement au courant des dernières études statistiques
publiées par le Conseil économique du Canada sur les taux de
pollution atmosphérique sur les onze principales et plus grosses villes
du Canada. Est-ce que le ministre peut nous dire quelles sont les raisons qui
font que la ville de Montréal est au dernier rang, aussi bien quant au
nombre d'unités d'impact nocifs sur la population que la diminution
de
pollution quantifiée? Vous me permettrez deux chiffres, M. le
Président, pour clarifier ma question. Sur les unités d'impact
nocifs sur les citoyens, Montréal est au plus haut rang, 23.4 p.c,
comparativement à Toronto, par exemple, qui n'a que 16 p.c, et d'autres
villes assez grosses, 19 p.c, et cela, toutes proportions gardées.
Deuxièmement, la raison de la diminution...
M. LEVESQUE: Question
LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît! A l'ordre!
M. LEGER: M. le Président, est-ce que je peux vous demander une
directive?
UNE VOIX: Respectez donc le règlement!
M. LEGER: Une question de règlement et demande de directive.
LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre! J'en aurais une à vous donner
justement sur votre question. Un instant, vous me la poserez après.
Ecoutez! Vous savez que dans l'ancienne coutume parlementaire et
même dans notre ancien règlement, il n'était pas permis de
poser une question à partir d'articles de journaux. Pour la simple
raison qu'on sait que tout ce qui est dit dans les journaux, n'est pas
nécessairement la Bible ou la Torah et qu'il y a toujours un certain
danger, lorsqu'il y a des chiffres qui sont donnés dans des journaux,
qu'on ne puisse les vérifier. Dans votre première partie, vous
dites: Comment se fait-il qu'à Montréal le taux est plus haut?
D'accord. Mais lorsque vous enchaînez en donnant des chiffres que la
Chambre ne peut vérifier, vous voyez peut-être le
bien-fondé de cette tradition parlementaire. C'était la remarque
que je voulais faire sur votre question.
M. LEGER: Merci, M. le Président. Ma demande de directive
était la suivante: Comme, très souvent, beaucoup de
députés "backbenchers" libéraux interrompent les opinants
et que cela passe inaperçu et que personne ne le sait...
LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LEGER: ... est-ce que, M. le Président...
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! A l'ordre! Bon!
M. LEGER: ... ce ne serait pas une bonne idée de nommer les
députés qui se cachent derrière l'anonymat pour
déranger les intervenants, de façon que cela passe...
LE PRESIDENT: Al'ordre! ... Al'ordre! ... Je pense qu'il faudrait que
j'en nomme de tous les côtés, à certaines occasions. Bon!
Continuez avec votre question.
M. LEGER: Alors, ma question, je la répète. Le Conseil
économique du Canada, je pense, a des statistique vérifiables et
je demande au ministre...
LE PRESIDENT: Messieurs, s'il vous plaît! M. LACROIX: Faites-le
donc asseoir...
M. LEGER: Oui, il n'y aura plus de question. Cela va être...
LE PRESIDENT: Al'ordre! Revenez...
M. LEGER: ... de la bonne dictature à la Louis-Philippe
Lacroix.
LE PRESIDENT: ... à votre question, s'il vous plaît !
M. LACROIX: ... encore un âne.
M. LEGER: C'est le député des Iles-de-la-Madeleine
qui...
LE PRESIDENT: A l'ordre! ... A l'ordre! .. Je demanderais que vous ne
vous provoquiez pas l'un et l'autre. Cela s'applique aux deux. Bon, revenez
à votre question. S'il vous plaît, messieurs! ... Si vous voulez
avoir votre nom dans le journal des Débats, cela ne sera pas long, je
vais identifier les députés qui interrompent.
M. LEGER: M. le Président...
M. BEDARD (Chicoutimi): Ils vont avoir l'air moins intelligents.
M. LEGER: ... pour quelle raison avons-nous le plus haut taux, toute
proportion gardée, dans la ville de Montréal, et,
deuxièmement, pour ce qui est de la diminution de la pollution dans les
deux dernières années, pourquoi sommes-nous une des
municipalités qui ont le plus bas taux de diminution comparativement
à Toronto? Exemple: à Montréal, C'est 11 p.c. et 51 p.c.
à Toronto.
LE PRESIDENT; A l'ordre, s'il vous plaît! M. LEGER: Non, c'est un
exemple.
LE PRESIDENT: Je ne voulais pas de chiffres, c'est clair.
M. LEGER: M. le Président...
LE PRESIDENT: Je vous l'ai dit dans ma directive. A l'ordre!
M. LEGER: Pas dire de chiffres? Voyons! M. le Président,
j'invoque le règlement. Depuis
quand, M. le Président, ne peut-on pas toucher à des
chiffres qui prouvent nos affirmations?
LE PRESIDENT: A l'ordre! Je vous ai donné la raison tout à
l'heure. Bon.
L'honorable ministre des Affaires municipales.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, la raison en est relativement
simple, même si le problème est fort complexe. Si l'on regarde les
principales villes industrialisées du Canada, on peut constater assez
clairement la raison pour laquelle Montréal est dans la pire
situation.
Toronto est beaucoup plus éparpillée sur son territoire et
n'a pas le genre de concentration d'industries que nous avons, notamment dans
le coin de l'île de Montréal que représente l'honorable
député de Lafontaine.
Les autres villes industrialisées, comme Hamilton et Windsor,
n'ont pas le même problème. Dans le cas de Hamilton, notamment,
les industries sont en aval de la ville. Ce n'est malheureusement pas notre
cas. Nous avons la plus forte concentration d'industries dans notre
région du Canada; nous sommes donc obligés de lutter contre un
problème qui est extrêmement complexe.
Ce n'est pas seulement depuis deux ans qu'il y a une
amélioration, M. le Président; c'est depuis au moins six ans.,
peut-être sept. Les chiffres, chaque année, démontrent une
amélioration. Cette amélioration est réussie à
coups de millions de dollars, millions de dollars qui doivent être
dépensés par d'autres que les contribuables.
Nous avons un phénomène additionnel que connaît fort
bien l'honorable député de Lafontaine. Nous sommes dans une
situation historique qui nous donne des carrières en plein centre de
notre secteur résidentiel de l'est de Montréal. Alors, tant et
aussi longtemps que nous aurons ces carrières et tant et aussi longtemps
que nous aurons les concentrations d'industries que nous avons je ne
connais aucune ville au Canada qui a six raffineries concentrées sur un
territoire aussi restreint nous serons obligés de continuer de
lutter, de payer des millions de dollars et de prendre des années pour
investir ces millions pour corriger le problème. Mais les
autorités de la Communauté urbaine de Montréal, en
collaboration avec celles du gouvernement du Québec, font un effort
soutenu et sincère et, au fur et à mesure que des
améliorations sont obtenues, les chiffres sont là pour
démontrer qu'il y a des résultats. Alors, la situation n'est pas
aussi dramatique qu'on voudrait peut-être le prétendre.
M. LEGER: Une question supplémentaire, M. le Président.
Même en tenant compte de la concentration des usines polluantes et aussi
'les carrières, est-ce que le ministre peut nous dire quels moyens il
entend prendre, tant au niveau du gouvernement du Québec que de demandes
précises auprès de la Communauté urbaine de
Montréal, pour améliorer cette situation, puisque, partout
ailleurs, il y a une meilleure diminution qu'à Montréal?
Deuxièmement, est-ce que les citoyens doivent se contenter de dire: II
n'y a pas grand-chose à faire; on est pire qu'ailleurs, il n'y a rien
à faire? Qu'est-ce que le ministre entend faire pour corriger une
situation comme celle-là, M. le Président, et spécialement
sur l'interaction des matières polluantes dans l'air?
M. GOLDBLOOM: M. le Président, le député de
Lafontaine ne doit pas chercher à interpréter des mots d'une
façon négative et péjorative. Je n'ai certainement pas dit
que la population de Montréal doit se contenter d'une situation
difficile. Elle ne s'en contente pas, moi, je ne m'en contente pas, ni les
autorités de la Communauté urbaine de Montréal.
Chaque fois qu'il y a une plainte précise, ce sont les
inspecteurs de la communauté urbaine qui vont faire l'inspection et
déterminer la cause, déterminer les mesures à prendre.
Quand il s'agit de mesures de nature générale, c'est le
gouvernement de la province qui les détermine. Le député
sait que nous avons déjà établi des mesures
précises pour certaines industries. Une chose qu'il ne sait
peut-être pas, c'est qu'après un très long travail nous
avons mis la dernière main au règlement sur la pollution
atmosphérique en vertu de la Loi de la qualité de
l'environnement.
La rédaction de ce seul règlement aura pris une
année entière, et cela avec des études précises
dans toutes sortes d'industries, des convocations de ces industries pour leur
indiquer ce qu'il y avait à faire et pour étudier avec elles la
possibilité d'intervention, la disponibilité d'équipement,
le temps nécessaire pour commander cet équipement, le temps
nécessaire pour l'installer et le roder, le coût impliqué,
tout cela.
Il a fallu rédiger quelque chose qui s'appliquera en
général aux industries et qui s'appliquera dans les faits, de
façon pratique. Alors, c'est ce que nous avons réussi, c'est un
tour de force; ce sera publié très prochainement dans la Gazette
officielle du Québec et ce sera la réponse principale.
Il y a une autre réponse que je veux donner et qui ne manque pas
d'importance parce que l'honorable député de Lafontaine se
promène en disant: La santé des gens en souffre. C'est une
affirmation qu'il fait sienne, mais nous avons chargé une équipe
universitaire pour étudier exactement ce qui se passe dans la
région métropolitaine, et dans deux autres régions, l'une
industrielle, l'autre résidentielle, autour de Montréal. Nous
recevrons ces données assez prochainement, au cours de 1975. Nous
saurons alors, avec plus de certitude que jamais par le passé, si
vraiment la santé des gens est en danger ou non.
LE PRESIDENT: Dernière question supplémentaire.
M. LEGER: Question supplémentaire, M. le Président. Le
ministre peut-il nous renseigner, d'abord répondre à la
dernière question que j'ai posée, concernant l'interaction des
matières polluantes dans l'air? Ma question supplémentaire est
celle-ci: Quel a été l'accueil des compagnies à ce nouveau
règlement et quelle sera la méthode de contrôle et de
surveillance pour la bonne réalisation de ces règlements?
M. GOLDBLOOM: Quant à l'interaction des polluants, M. le
Président, il est évident que nous devons l'étudier, c'est
un sujet qui est relativement récent; ce n'est pas depuis de très
nombreuses années que l'on se penche, dans le milieu scientifique, sur
cette question d'interaction. Mais, cela nous préoccupe
certainement.
Quant aux mesures à prendre, quant aux moyens d'exiger et de
réussir l'application du règlement, c'est évidemment par
la présence continue de ceux qui auront à contrôler les
résultats. Les équipes de la CUM avec celle du gouvernement du
Québec vont continuer leur collaboration. Je peux informer le
député que j'ai rencontré, il y a approximativement une
dizaine de jours, le directeur de ce service de la communauté urbaine.
J'ai rencontré par la suite le président de la communauté
urbaine pour discuter justement de cette préoccupation.
LE PRESIDENT: L'honorable député de Matane.
Déferlement de la mer en
Gaspésie
M. COTE: M. le Président, en l'absence du ministre des Richesses
naturelles, ma question s'adresse au vice-premier ministre. Depuis quelques
jours les riverains de la Gaspésie et particulièrement du
comté de Matane ont à subir des dommages considérables dus
au déferlement de la mer. Le ministère des Richesses naturelles
a-t-il été sensibilisé au problème? Si oui, le
ministère peut-il nous dire s'il autorisera des personnes du
ministère à aller évaluer les dégâts
causés aux riverains?
M. LEVESQUE: M. le Président, nous allons sans aucun doute donner
priorité à cette question soulevée par le
député de Matane. Le ministre des Richesses naturelles m'a
prévenu qu'il ne pouvait pas être en Chambre cet
après-midi, mais nous allons prendre les dispositions nécessaires
pour répondre adéquatement à cette situation.
LE PRESIDENT: L'honorable député de Beauce-Sud.
Vente du sirop d'érable
M. ROY: M. le Président, ma question s'adresse à
l'honorable ministre de l'Agriculture. A une question que je lui posais,
mercredi dernier, le 27 novembre, concernant le problème du sirop
d'érable, le ministre de l'Agriculture avait déclaré qu'il
discutait présentement, dans le cadre de la raffinerie de sucre de
Saint-Hilaire, pour savoir ce que la raffinerie pourrait faire comme aide
possible pour utiliser ce sirop pour fabriquer du sucre.
Le ministre serait-il en mesure de me dire aujourd'hui où en sont
rendus les pourparlers, les démarches avec la raffinerie de sucre
à ce sujet?
M. TOUPIN: M. le Président, les démarches et les
recherches se poursuivent en collaboration avec le gouvernement
fédéral pour que nous puissions non seulement tenter de trouver
un débouché pour une partie de ce produit mais aussi pour la
totalité des produits, comme je l'ai toujours soutenu, trouver une
méthode de paiement et d'entreposage pour, par la suite, commercialiser
ce produit le moment venu.
M. ROY: M. le Président, j'ai l'impression que le ministre n'a
pas compris la question ou il ne sait pas du tout de quoi il parle lorsqu'il
s'agit de sirop d'érable.
DES VOIX: Ah! Ah!
M. ROY: M. le Président, le ministre a déclaré
qu'il avait entrepris des pourparlers avec la Raffinerie de sucre de
Saint-Hilaire. Est-ce que le ministre pourrait me dire s'il est exact que les
pourparlers ont eu lieu pour demander à la raffinerie de prendre
uniquement le sirop de la classe D, première question; deuxième
question, que la date limite qu'on aurait imposée pour la livraison du
sirop serait le 13 décembre; troisième partie de la question,
est-ce qu'il est exact que le prix qu'on aurait offert à ce
moment-là était seulement de $0.20 la livre?
M. TOUPIN: M. le Président, ce que le député de
Beauce-Sud dit, ce fut partie des discussions, effectivement. Nous avons
discuté dans cette perspective; la Raffinerie de sucre de Saint-Hilaire
dit: Nous sommes prêts à acheter à condition qu'on ne fasse
pas de déficit avec un tel produit. Je les comprends parce que
maintenant nous administrons la Raffinerie de sucre de Saint-Hilaire comme une
entreprise et elle ne peut pas se permettre de faire de perte pour aider des
groupes de producteurs donnés. Ce n'est pas le rôle de la
raffinerie que de subventionner des groupes de producteurs. C'est le rôle
d'autres organismes. Effectivement, il y eut ces chiffres avancés; on a
discuté également des quantités, des classes, mais le
dossier n'est pas encore fermé. Nous sommes toujours en discussion, dans
le dossier, avec le ministère de l'Agriculture fédéral
pour trouver la bonne solution et de l'entreposage et de la mise en
marché un peu plus tard.
M. ROY: Est-ce que le ministre... LE PRESIDENT: Dernière.
M. ROY: ... serait en mesure de nous dire, M. le Président,
d'abord s'il est exact que la date limite est le 13 décembre, à
cause justement des procédés de fabrication, et des dates limites
concernant l'exploitation de la Raffinerie de sucre de Saint-Hilaire? Et est-ce
que le ministère a bien examiné qu'on plaçait les
producteurs devant l'impossibilité de livrer leur sirop pour que le
classement puisse se faire dans les délais prévus? Avant de
décider quel est le sirop classé D, il faut qu'on procède
au ramassage de tout le sirop d'érable, et la date limite qu'on aurait
imposée à ce moment-là était le 13 décembre.
Est-ce que le ministre sait que le prix a été refusé
catégoriquement par les producteurs, compte tenu du prix du sucre
actuellement et compte tenu des prix qui ont déjà
été payés?
Est-ce que le ministre pourrait nous donner plus de précisions
à ce sujet, d'abord concernant la date? Cela nous intéresse
énormément.
M. TOUPIN: M. le Président, il y eut discussion de date, bien
sûr, parce que la raffinerie posait ses conditions et elle avait raison
de les poser en tant qu'entreprise de transformation d'un produit, mais je ne
crois pas qu'il y ait eu de date fixe d'arrêtée; lors des
discussions, nous avons parlé de date X, Y ou Z tout comme nous avons
parlé de prix et tout comme nous avons parlé de quantités
et de catégories. Il n'y eut rien, absolument rien
d'arrêté.
Ce qui me surprend, c'est que le député de Beauce-Sud
soutienne que des offres furent faites aux producteurs de façon
officielle. Je ne le pense pas. Il y eut des discussions avec les groupements
de producteurs et nous les tenons au courant continuellement des discussions
que nous avons au ministère. Mais cela n'a pas débordé
encore cette question d'étude pour trouver la solution dans le plus bref
délai. Le député de Beauce-Sud va me demander quand la
solution sera trouvée. Ce que je peux vous dire c'est qu'elle sera
trouvée avant la prochaine récolte.
LE PRESIDENT: Dernière... M. ROY: M. le Président...
LE PRESIDENT: ... j'avais dit que c'était la dernière.
M. ROY: ... dernière question additionnelle. LE PRESIDENT: A
l'ordre!
M. ROY: Est-ce que le ministre pourrait nous dire quelle est la date
limite à laquelle la Raffinerie de sucre de Saint-Hilaire serait en
mesure de prendre le sirop d'érable dont il a été
question? Et est-ce que le ministre pourrait dire devant l'Assemblée
nationale s'il est exact, et j'aimerais avoir plus de précisions
à ce sujet, que c'est le prix de $0.20 qui a été
offert...
LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. ROY: M. le Président, c'est difficile de...
LE PRESIDENT: A l'ordre! Si j'ai bien compris, le ministre a
déjà répondu à cela. C'est ce que j'ai compris,
moi, que les négociations n'étaient pas terminées. Est-ce
que c'est ce que vous avez dit? On n'est pas pour répéter les
questions et réponses à tour de rôle.
M. TOUPIN: C'est exact, M. le Président. Le député
de Beauce-Sud me pose une question, sa troisième, qui est exactement
celle qu'il m'a posée précédemment, avec la
différence qu'il insiste davantage sur une question de date. Je vous
l'ai dit, mais je le répète encore, il n'y eut pas de date
d'arrêtée...
LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre! Si je n'ai pas permis la question,
je ne permettrai pas une répétition de la réponse.
Dernière question, le député de Beauce-Nord.
Entretien des routes à
Saint-Edouard-de-Frampton
M. SYLVAIN: Ma question s'adresse, M. le Président, au ministre
des Transports et concerne une situation qui sévit présentement
dans la municipalité de Saint-Edouard-de-Frampton au niveau d'un rang,
situation qui est décrite dans le Soleil d'aujourd'hui, dans le cahier
B, où l'on affirme que quatre familles sont isolées parce qu'on
refuse de déneiger leur bout de rang. Si vous me le permettez je
suis au préambule j'irai un peu plus loin en disant que,
d'après l'article, tout le transport scolaire de même que le
transport commercial de ce chemin est bloqué depuis la première
tempête. C'est une question que je prétends urgente parce qu'elle
met en cause la vie et la santé de quatre familles.
Est-ce que le ministère des Transports est au courant de cette
situation? Est-ce que le ministère des Transports sait que les
démarches que ces contribuables ont faites au niveau des deux conseils
municipaux, qui refusent d'entretenir ce chemin d'hiver subventionné,
ont été infructueuses? Enfin quelle action le ministre des
Transports ou son ministère entendent-ils prendre pour régler
cette situation qui est absolument déplorable pour ces quatre familles
qui sont sans recours et sans moyens?
M. MAILLOUX: M. le Président, le député de
Beauce-Nord m'a fait prendre connaissance du problème en me montrant
l'article du journal tantôt, mais je dois dire qu'en ce qui touche la
politique de subvention aux municipalités pour l'entretien des routes en
hiver, il y a une condition sine qua non: C'est que la municipalité doit
avertir le ministère de son intention d'entretenir une route en
période hivernale. A ce moment-là, les municipalités
ont
le droit de recevoir une subvention pour toute route municipale
donnée. Quelle que soit cependant la situation dans laquelle sont ces
personnes, il demeure qu'il appartient d'abord aux deux municipalités
concernées d'indiquer si c'est leur intention que cette route soit
entretenue. Si oui, le ministère des Transports est prêt à
accorder la subvention qui est accordée partout dans le
Québec.
LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a consentement...? Une courte question?
M. BLANK: II y a une courte question que j'aimerais poser au ministre
des Affaires municipales.
LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a consentement unanime là?
M. BURNS: Non.
LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a consentement? Non. Bon. Messieurs, avant
de passer aux affaires... Un instant, j'ai une question de privilège,
une courte question de privilège à la demande du ministre des
Affaires culturelles.
Questions de privilège M. Denis Hardy
Occupation du Bureau de surveillance du
cinéma
M. HARDY: M. le Président, on a écrit et dit que le
ministre des Affaires culturelles avait demandé l'intervention de la
police relativement à l'occupation du Bureau de surveillance du
cinéma. Ceux qui ont écrit, dit ou formulé cette
affirmation ont menti. Le tout est totalement contraire aux faits.
Je sais, comme mon collègue le ministre du Revenu l'a
rappelé tantôt, que nous baignons dans une certaine
atmosphère de mensonge. Voltaire semble avoir beaucoup de fils
spirituels en ce moment, mais il n'en reste pas moins, M. le Président,
que la vérité a ses droits. Or, j'affirme ne jamais avoir
demandé l'intervention de la police relativement à l'occupation
du Bureau de surveillance du cinéma. J'ai à maintes reprises en
cette Chambre, au moins en deux occasions, et par la voie des média,
lancé un appel à ceux qui entravaient le fonctionnement normal du
Bureau de surveillance du cinéma, leur demandant de cesser d'entraver
son fonctionnement.
J'ai même, par la voix de mon directeur de cabinet, jeudi dernier,
demandé au président du Bureau de surveillance de négocier
avec ceux qui occupaient afin que le Bureau de surveillance recommence à
fonctionner normalement.
M. le Président, je tenais à rétablir ces faits. Je
tiens à dire que la responsabilité du maintien de l'ordre public
et du respect de la loi appartient jusqu'à nouvel ordre au ministre de
la Justice. Je pense que jusqu'ici ce dernier a démontré qu'il
était totalement en mesure d'assumer ses responsabilités et qu'il
n'a pas besoin d'intervention de qui que soit.
M. CHOQUETTE: Question de privilège, M. le Président.
LE PRESIDENT: Question de privilège?
M. Jérôme Choquette
Evacuation du bureau de surveillance du
cinéma
M. CHOQUETTE: Oui. Vous allez voir que ça ne soulèvera pas
de débat. M. le Président, je dois dire que c'est moi qui ai
donné les ordres à la police de faire évacuer les lieux.
J'ai pensé que ce n'était pas une méthode admissible,
acceptable ou légale de faire pression sur le gouvernement par
l'occupation d'édifices publics. Je regrette les inconvénients
que j'ai causés aux occupants, mais c'est moi qui ai donné les
ordres.
LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît! En vertu de l'article
34?
M. MORIN: En vertu de l'article 34. Avant de passer aux affaires du
jour, M. le Président, je voudrais vous demander une directive. Hier, en
réponse à la question que je posais au leader du gouvernement au
sujet des auditions concernant le projet de loi sur les droits de l'homme, le
leader...
M. LEVESQUE: Si le chef de l'Opposition me le permet, dans quelques
instants, il aura la réponse à cette question.
M. MORIN: Je demande une directive au président. Le leader m'a
dit...
LE PRESIDENT: Je pense que, dans les circonstances, je vais la prendre
en délibéré.
M. MORIN: Si vous voulez bien me laisser terminer ma question, ensuite,
vous pourrez la prendre en délibéré. Le leader nous a
appris hier, de même que le ministre de la Justice, qu'il serait possible
d'entendre toutes les personnes intéressées par le projet de loi.
Le leader a ajouté qu'il allait donner les avis requis dans la Gazette
officielle à cet effet. La seule question que je me pose, et c'est pour
ça que je vous demande une directive est celle-ci: Peut-on
procéder de la sorte? Peut-on donner des avis sans un ordre de la
Chambre?
M. LEVESQUE: M. le Président, je propose...
LE PRESIDENT: Sur la question de directive?
M. LEVESQUE: Non. Je sais que vous avez demandé de
délibérer.
LE PRESIDENT: Non, quand même! M. LEVESQUE: Alors, je le
respecte.
LE PRESIDENT: On m'a posé une question. Pour le bon
éclairage des travaux, si vous avez une motion à faire, je pense
qu'on peut relier cela. Si directive il y a, je la donnerai après.
Motion pour faire siéger la commission des
affaires sociales
M. LEVESQUE: En attendant, M. le Président, je voudrais faire
motion pour que la commission des affaires sociales puisse siéger, une
fois que nous aurons entamé les affaires du jour, à la salle 81-A
afin d'étudier, article par article, le projet de loi no 64, Loi
modifiant le régime de rentes du Québec.
LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
M. ROY: Vote enregistré, M. le Président. On demande le
vote enregistré.
LE PRESIDENT: Qu'on appelle les députés!
Vote sur la motion
LE PRESIDENT: Que ceux qui sont en faveur de la motion de l'honorable
leader parlementaire du gouvernement veuillent bien se lever, s'il vous
plaît.
LE SECRETAIRE ADJOINT: MM. Levesque, Parent (Hull), Mailloux, Choquette,
Garneau, Cloutier, Phaneuf, Lalonde, Lachapelle, Berthiaume, Goldbloom, Simard,
Hardy, Tetley, Lacroix, Bienvenue, Forget, Toupin, L'Allier, Harvey
(Jonquière), Vaillancourt, Cadieux, Arsenault, Houde (Fabre),
Desjardins, Giasson, Perreault, Fortier, Kennedy, Bacon, Blank, Veilleux,
Brisson, Séguin, Saindon, Cornellier, Houde (Limoilou), Lafrance,
Pilote, Lamontagne, Ostiguy, Fraser, Picard, Gratton, Assad, Carpentier,
Dionne, Faucher, Saint-Germain, Harvey (Charlesbourg), Larivière,
Pelletier, Shanks, Springate, Pepin, Bellemare (Rosemont), Bérard,
Bonnier, Boudreault, Boutin, Chagnon, Marchand, Leduc, Caron,
Côté, Déom, Dufour, Harvey (Dubuc), Lachance, Lapointe,
Lecours, Malépart, Massicotte, Mercier, Parent (Prévost),
Picotte, Sylvain, Tardif, Tremblay, Vallières, Verreault, Morin, Bums,
Léger, Bédard (Chicoutimi), Samson, Roy, Bellemare (Johnson):
LE SECRETAIRE: Pour: 88 Contre: 0
LE PRESIDENT: Cette motion est adoptée et cette commission peut
siéger immédiatement.
M. LEVESQUE: M. le Président, réponses à des
questions au feuilleton. Article 13.
M. MORIN: M. le Président, je vous ai demandé une
directive, j'aimerais bien la recevoir.
Questions inscrites au feuilleton
M. LEVESQUE: On y reviendra dans un instant, si vous voulez.
Article 13), question de M. Bellemare (Johnson). Je fais motion pour que
cette question soit transformée en motion pour dépôt de
document.
LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée? Adopté.
M. LEVESQUE: Réponse de M. Toupin. M. TOUPIN: Document
déposé.
M. LEVESQUE: Article 15), même motion M. le Président.
LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée? Adopté.
M. LEVESQUE: Réponse de M. Bourassa. Pour M. Bourassa, document
déposé.
Article 29), question de M. Bédard (Chicoutimi), réponse
de M. Mailloux.
M. MAILLOUX: Lu et répondu. (Voir annexe)
M. LEVESQUE: Article 58), motion de M. Bellemare (Johnson),
dépôt de M. Toupin.
M. TOUPIN: Document déposé.
M. LEVESQUE: M. le Président, demain...
M. ROY: Avant, M. le Président, puisque nous sommes à la
période des questions et étant donné que le temps avance
rapidement, j'aimerais savoir de l'honorable leader du gouvernement s'il peut
nous donner l'assurance que pour les questions, qui sont inscrites au
feuilleton depuis le début de mars, nous pourrons avoir les
réponses avant la fin de l'année. Je fais
référence aux articles 1) du 19 mars, 2) du 20 mars, 3) du 21
mars; il y en a aussi dans les demandes de dépôt de documents, les
articles 45),-46), 47), 48), 49), ce sont tous des articles qui datent du mois
de mars. Il y a l'article 48) entre autres, que j'ai inscrit à mon nom,
et pour lequel je n'ai jamais eu de réponse du gouvernement et pour
lequel je n'ai jamais eu le moindre indice qu'on pouvait répondre.
J'aimerais savoir, étant donné que l'année avance
rapidement, si le leader du gouvernement peut me donner, aujourd'hui une
certitude, une garantie à l'effet que toutes les mesures seront prises
pour qu'on réponde à ces questions avant l'ajournement de la
Chambre.
M. LEVESQUE: Le gouvernement a répondu à plus de
questions, je crois, cette année, que jamais dans le passé. La
seule chose, M. le Président...
M. BELLEMARE (Johnson): Ah non! Ah non!
M. LEVESQUE: J'espère que le député de Johnson sera
le dernier à protester.
M. BELLEMARE (Johnson): Non, non!
M. LEVESQUE: II fait travailler tous les ministères et organismes
du gouvernement pour satisfaire sa curiosité...
M. BELLEMARE (Johnson): Ah oui!
M. LEVESQUE: ... même si légitime à certains
moments.
M. BELLEMARE (Johnson): Bon. Je pense bien que...
M. LEVESQUE: M. le Président.
M. SAMSON: M. le Président, est-ce que je pourrais
demander...
M. LEVESQUE: Je voudrais d'abord répondre au député
de Beauce-Sud.
M. SAMSON; Ah, je m'excuse! Je pensais que vous aviez fini.
M. LEVESQUE: Non! Je voudrais simplement lui dire que même si le
gouvernement avait répondu à un nombre record de questions, nous
allons continuer à faire l'impossible pour répondre aux questions
posées. Nous n'avons rien à cacher. La seule chose, c'est que je
ne peux pas me rendre responsable, personnellement, des travaux qui se font
dans chacun des ministères et chacune des régies. Mais je vais
encore insister cette semaine parce que rien ne me ferait plus plaisir que de
voir le feuilleton vidé.
J'ai même eu des assurances de certains de mes collègues
que cela se ferait, dans leur cas, d'ici quelques jours. Alors... Oui?
M. SAMSON: Je voudrais demander au leader, M. le Président, s'il
n'a pas le document à déposer pour l'article 55),
aujourd'hui.
M. LEVESQUE: Cela s'ajoute probablement...
M. SAMSON: Je crois savoir que le ministre...
M. LEVESQUE: ... à la nomenclature du député de
Beauce-Sud.
M. SAMSON: ... des Affaires sociales serait, je pense, prêt
à le faire.
M. LEVESQUE: Alors, il est prêt mais peut-être qu'on
pourrait le faire à la prochaine séance. Avec le consentement, on
pourrait le déposer.
M. SAMSON: Ah! Vous ne pouvez pas le déposer.
M. LEVESQUE: Je ne l'ai pas ici.
M. SAMSON: Vous ne pouvez pas le déposer aujourd'hui.
M. LEVESQUE: Je n'ai pas d'objection, si on peut trouver les papiers.
Nous avons le document. Nous pouvons le déposer. Nous essaierons de le
déposer, même dans la journée, si le ministre des Affaires
sociales me fait signe que oui. Alors, nous allons essayer de
récupérer le document et le déposer immédiatement,
aujourd'hui même si possible. Sinon, cela ira à demain. D'accord?
D'accord.
Travaux parlementaires
M. LEVESQUE: M. le Président, demain matin, au salon rouge,
à dix heures, la commission des institutions financières,
compagnies et coopératives, étude du rapport Gauvin. Donc, salon
rouge, dix heures, demain matin.
A la salle 81-A, à dix heures, si nécessaire, la
commission des affaires sociales, si elle n'a pas terminé
aujourd'hui.
A la salle 91-A, également à dix heures demain matin, la
commission de la fonction publique pour l'étude article par article des
projets de loi no 61, 62 et 63, adoptés hier en deuxième
lecture.
LE PRESIDENT: Quant à votre demande de directive sur les travaux
de la commission parlementaire de la justice, qui doit étudier le projet
de loi no 50 après la deuxième lecture, j'ai des renseignements
que m'a fournis, il y a quelques instants, le leader parlementaire du
gouvernement. Pour trouver une solution à ce petit imbroglio,
étant donné qu'il y a une motion de votre parti au feuilleton, vu
qu'on me donne certaines intentions, du côté minis-
tériel, pour l'audition des témoins, ce que je propose,
c'est de consulter le leader parlementaire de l'Opposition officielle avec le
leader parlementaire du gouvernement, pour en venir à une formule qui
pourrait satisfaire les partis.
M. MORIN: II n'aurait, pour régler le problème très
rapidement, qu'à accepter la motion que j'ai déposée.
LE PRESIDENT: Je ne peux pas me prononcer pour la majorité de
cette Assemblée, pas encore !
Affaires du jour.
M. BIENVENUE: Article 54, M. le Président.
LE PRESIDENT: Motion de l'honorable député de Johnson.
Motion de M. Maurice Bellemare sur l'affaire
Boutin
Note de l'éditeur: Cette motion se lit comme suit: Que
soit convoquée la Commission permanente de l'Assemblée nationale,
afin d'étudier les moyens à prendre pour qu'à l'avenir un
député, mis en accusation par un de ses collègues, aux
termes de l'article 80 du règlement, ne puisse éviter le jugement
de ses pairs.
M. Maurice Bellemare
M. BELLEMARE (Johnson): M. le Président, cette motion fait suite
à un engagement très formel que j'avais pris lors de
l'élection dans le comté, au mois d'août 1974,
événement qui restera un fait dans l'histoire politique de la
province.
A cette époque, M. le Président, malgré le fait
qu'une commission parlementaire était déjà saisie depuis
le 28 juin d'une mise en accusation formelle d'un député de cette
Chambre en vertu de l'article 80 de notre règlement, le gouvernement a
permis, en acceptant la démission de ce député, que les
agissements de ce dernier, agissements que le premier ministre, d'ailleurs,
avait lui-même qualifiés d'une culpabilité technique,
soient soumis au verdict des électeurs du comté de Johnson,
plutôt que de les soumettre au jugement de ses pairs.
C'est l'honorable député de Maisonneuve, M. le
Président, qui avait, le 28 juin de cette année,
présenté à la Chambre une motion dûment faite qui se
lisait comme ceci : "Que la commission de l'Assemblée nationale se
réunisse le jeudi 14 juillet 1974, à la salle 81-A, en vue de
procéder à une enquête sur les faits suivants qui, s'ils
étaient fondés, rendraient le député de Johnson, Me
J.C. Boutin, inéligible et inhabile à siéger à
l'Assemblée nationale.
Savoir:
Avoir agi, avant et depuis son élection, pour et au nom du
procureur général du Québec et d'autres ministères
du gouvernement du Québec devant les tribunaux, occupant ainsi une
charge ou un office auquel des honoraires sont attachés, contrairement
aux dispositions de l'article 75 de la Loi de la Législature, ou
exécutant ainsi un contrat se rattachant au service public et en vertu
duquel des deniers doivent être payés, contrairement à
l'article 79 de la Loi de la Législature". Journal des Débats, le
mercredi 26 juin 1974, volume 15, no 45, page 1321.
M. le Président, deux jours plus tard, la motion du
député Burns est modifiée en ajoutant, après le nom
du député de Johnson, Me Jean-Claude Boutin, les mots suivants:
"indigne de siéger à l'Assemblée nationale parce
qu'inéligible et inhabile, en vertu des articles 75 et 79 de la Loi de
la Législature, savoir..." Journal des Débats du vendredi, 28
juin 1974, volume 15, no 47, page 1374.
M. le Président, si je suis maintenant élu
député de Johnson, je veux rendre un hommage tout particulier de
remerciements et d'amitié au député de Maisonneuve pour
avoir posé ce geste. Je n'ai pas eu souvent l'occasion de lui dire
merci. La population toute entière se joint à moi pour souligner
cet acte de courage, puisqu'en vertu de l'article 80 de notre règlement,
il mettait son siège en jeu, cet article disant que "si l'enquête
ne prouve pas que l'accusation est fondée, le député qui
l'a portée peut être trouvé coupable d'une violation des
droits de l'Assemblée ou d'un de ses membres". Il a été
courageux, il a porté une accusation et le résultat, vous le
connaissez.
Je soutiens qu'en agissant ainsi, c'est-à-dire en permettant
qu'un député mis formellement en accusation en vertu de l'article
80 de notre règlement, puisse éviter le jugement de ses pairs, le
gouvernement, à mon sens, a porté atteinte à
l'autorité sacrée de cette Assemblée. Plus, il s'est rendu
coupable d'un mépris complet des traditions de démocratie
parlementaire qui ont fait la force et la grandeur de notre système de
gouvernement depuis 180 ans ici même au Québec.
L'affaire Boutin n'est pas un précédent, sûrement
pas. Il y en a eu plusieurs autres dans l'histoire. Il s'agit de relire
certains journaux de l'époque pour en retrouver. Mais il y en a une,
particulièrement, que j'ai vécue dans cette Chambre et dont vous
aussi, M. le Président, vous avez été témoin.
L'affaire Boutin que nous avons connue au mois de juillet dernier n'est pas
sans me rappeler celle qui, il y a dix ans presque jour pour jour, avait
opposé deux députés: le député des
Trois-Rivières, Me Yves Gabias, et le procureur général de
l'époque, le député du comté de Saint-Maurice,
l'honorable René Hamel. Comme dans l'affaire de cet été,
l'Assemblée nationale avait adopté une motion du
député de Trois-Rivières demandant à la Chambre de
procéder à une enquête totale pour
constater si le député de Saint-Maurice était
coupable d'un acte, et s'il était prouvé, qui le rendait indigne
de siéger à l'Assemblée nationale.
Cela se passait, M. le Président, le 8 juillet 1964; il y a dix
ans que ce malheureux spectacle nous a été donné. Le 8
juillet 1964, le premier ministre de l'époque, l'honorable Jean Lesage,
avait proposé cette motion qui est contenue aux procès-verbaux de
l'Assemblée nationale: Que l'enquête que la Chambre vient
d'ordonner pour constater si l'accusation portée par le
député du collège électoral de
Trois-Rivières contre le député du collège
électoral de Saint-Maurice est fondée soit
référée au comité des privilèges et des
élections et que ce comité soit autorisé à
requérir la comparution des témoins et la communication des
pièces et dossiers qu'il jugera nécessaires, ledit comité
devant faire rapport à la Chambre le plus tôt possible au cours de
la présente session.
Le comité des privilèges et des élections se
réunissait donc, M. le Président, le 21 juillet 1964.
Après avoir entendu pendant plusieurs jours les témoins
assignés et après avoir délibéré
particulièrement sur des preuves soumises, les membres de cette
commission parlementaire ont unanimement fait rapport à la Chambre,
à l'Assemblée nationale, et je cite encore, M. le
Président, les Débats de l'Assemblée législative du
mercredi 29 juillet 1964, à la page 5002: "En conséquence, le
comité en vient à la conclusion suivante: La preuve
révèle que l'accusation portée par l'honorable
député de Trois-Rivières contre le député de
Saint-Maurice n'est pas fondée".
Je n'ai pas besoin de vous dire, M. le Président, que l'honorable
député de Trois-Rivières a subi les conséquences de
notre ancien règlement et qu'il a été mis en dehors de
cette Chambre pour trois sessions. Même l'ancien procureur
général, M. Lapalme, s'était élevé contre la
trop grande pénalité qu'on imposait au député de
Trois-Rivières. Nous sommes intervenus plusieurs fois dans des
débats pour demander que la peine soit retirée ou qu'on
raccourcisse les délais. Je crois qu'après certains pourparlers
avec l'honorable premier ministre nous avons pu obtenir qu'à la session
suivante l'honorable député de Trois-Rivières revienne
à son siège.
M. BACON: L'indemnité avait été aussi
payée.
M. BELLEMARE (Johnson): Pardon?
M. BACON: Son indemnité avait été payée
aussi.
M. BELLEMARE (Johnson): Oui, certainement. J'allais, M. le
Président, dire à l'honorable député que M.Lesage
avait fait preuve de grandeur de coeur et de générosité.
Je n'aurai pas besoin de le dire. Tout comme quand il m'a mis dehors!
L'honorable M. Lesage, il m'avait fait mettre dehors un vendredi matin, il
n'était pas de bonne humeur parce que je l'avais traité de
dictateur. Ce n'était pas grave pourtant, comparativement à ce
qu'on dit aujourd'hui. Ce n'était pas beau, mais il m'a mis dehors. Il
m'a fait enlever mon indemnité parlementaire pendant une semaine. Mais,
à la fin de la session, il m'a appelé, il était revenu
à une meilleure humeur, et a dit: On va arranger ça. J'ai dit: Je
vous remercie beaucoup mais j'aurais été mieux en Chambre que de
ravoir mon indemnité.
Si je rapporte ce précédent de 1964, c'est pour
démontrer aux députés et à cette Chambre et
particulièrement à toute la population du Québec qu'il est
conforme à une tradition parlementaire que la Chambre puisse juger de la
véracité des accusations qui sont portées contre un de ses
membres par un autre membre.
Cela c'est important, parce qu'un député peut se lever et
en accuser un autre formellement, sans preuve souvent. Et c'est pour ça
que nos règlements sont faits pour pouvoir juger et des accusations et
de ceux qui les portent. On peut salir des réputations en lançant
à la figure d'un de nos collègues peut-être une accusation
mal fondée, et ça ce n'est pas du bon parlementarisme. On doit
dans cette Chambre se respecter et particulièrement éviter
d'attaquer nos réputations personnelles. Quand l'accusé est en
cause, qu'on lui fournisse en vertu de l'article 80, des preuves
évidentes, qu'une commission parlementaire siège et qu'il se
fasse juger par ses pairs.
En 1964, on n'a pas craint, même si on n'avait pas la
majorité à la commission parlementaire, d'aller jusqu'au bout.
Pourquoi, en 1974, devant une situation identique la majorité
était du côté du gouvernement, encore a-t-on
écourté la période normale, la comparution de
témoins, le dépôt de certaines preuves, pourquoi a-t-on
fait ça? On avait, procédé légalement, on avait
procédé selon les articles de notre règlement, on avait
été prudent, on ne voulait pas salir de réputations
impunément.
On avait pris des précautions normales telles que le veut le
parlementarisme. Avait-on quelque chose à cacher? De qui avions-nous
peur? Il est un principe établi du droit parlementaire depuis des
siècles que le Parlement a et lui seul, juridiction sur le
contrôle des privilèges parlementaires et des
procédés parlementaires. Sur ce point, je voudrais bien vous
citer un point particulier d'un auteur, qui est reconnu comme un des auteurs
les plus éminents, et qui est contenu dans Parliamentary Practice: May.
Et May dit ceci, je fais la traduction: C'est un privilège de la Chambre
de voir à sa constitution interne, d'établir les
règlements et tels que reconnus par la loi. Et il continue: Lorsqu'il
existe un doute sur la qualification d'un de ses membres de siéger, la
Chambre a en plus le droit, qu'elle a exercé à plusieurs reprises
d'ailleurs, d'enquêter, elle seule, la Chambre, sur le cas soumis
à son attention et de décider
s'il y a lieu d'émettre ou non un nouveau bref d'élection.
La Chambre, dit May, c'est la seule responsable vis-à-vis d'un acte
posé par un de ses députés.
M. le Président, je pense que la citation de May prouve à
l'évidence combien cette règle semble claire et précise.
Pourquoi, en juillet dernier, le gouvernement a-t-il permis que cette
règle si souvent invoquée soit violée impunément?
S'il suffit de démissionner de son poste de député ou de
ministre pour échapper au jugement de ses pairs, et revenir
siéger après une élection partielle, il n'y a plus rien
à comprendre. C'est une insulte intolérable aux
députés de cette Chambre et au peuple qu'ils
représentent.
Et particulièrement au député courageux qui, lui, a
mis son siège en jeu et a porté officiellement une accusation
contre son collègue. Ce n'est pas au peuple du Québec, ni
à aucun peuple d'aucun pays de décider de la
non-culpabilité d'un homme, surtout par une élection partielle.
La justice n'est pas une affaire de vote, la justice n'est pas une affaire de
sondage, de popularité ou de pouvoir à gagner. Une fois que le
peuple a élu son représentant, ce dernier doit suivre le cours
normal des lois de la Législature, puisque la Législature est
souveraine dans sa régie interne.
Si on suit la logique du gouvernement en juillet dernier, on affirme,
par le fait même, que, pour les membres de l'Assemblée nationale,
les fautes que l'on peut commettre dans l'exercice de son mandat sont plus vite
effacées que pour des simples citoyens. Poussons ce raisonnement dans
toutes ses conséquences. A titre d'exemple, si demain matin un
médecin était accusé d'avortement illégal et s'il
en appelait, par-dessus la tête des tribunaux, à un jury
formé de femmes québécoises, de dames de la province, on
peut penser qu'il serait peut-être acquitté. Cependant, nul
n'oserait soutenir dans de pareilles circonstances, qu'il appartient à
une foule ou à un vote populaire de se substituer à la
magistrature établie dans la province.
Les lois ont été votées par notre Parlement pour
être exercées par lui, mais on doit être jugé par des
tribunaux, par le pouvoir judiciaire. Le pouvoir exécutif est ici; le
pouvoir judiciaire, il est à sa place. A plus forte raison, il
n'appartient pas aux électeurs d'un comté de se substituer
à l'autorité suprême de cette Assemblée. Lorsqu'un
député est cité à comparaître devant une
commission parlementaire, suite à une accusation formelle portée
en vertu de l'article 80 du règlement, la Chambre, la commission
parlementaire doit le juger; c'est une règle de pratique que nous ne
devrions jamais laisser passer. Ce sont ses pairs et en vertu de la
procédure parlementaire de tous les Parlements... J'ai fait des
recherches et il y a eu, dans d'autres provinces, des cas similaires. Il y en a
eu en Angleterre, dernièrement. Il y en a eu dans notre province, avant
le cas Gabias. Je pourrais vous les citer mais mes vingt minutes s'envolent
rapidement.
Si on doit revenir à ce qui existait autrefois, le "mob
rule"...
UNE VOIX: Le quoi?
M. BELLEMARE (Johnson): Le "mob rule". On les pendait sur la place
publique et c'était fini. C'était le peuple qui parlait. Comme
l'a dit votre premier ministre: Vox populi, vox Dei. Vous avez vu ce qui est
arrivé; le député de Johnson est arrivé, mais ce
n'était plus Boutin. C'était correct.
M. BACON: Vous, vous avez dit: Veni, vidi, vici.
M. BELLEMARE (Johnson): J'ai dit aussi: Secut erat in principio. Comme
il a été au commencement, comme il sera à la fin. J'ai
parlé trois langues.
UNE VOIX: Le bill 22.
M. BELLEMARE (Johnson): M. le Président, comme mon temps s'envole
et que je voudrais bien terminer pour la plus grande joie de ces honorables
amis qui, dans le fond, ne regrettent pas son départ, la morale a des
exigences et le Parlement a aussi des exigences qu'il faut, à mon sens,
respecter. Si nous voulons que notre mandat de député soit,
à l'avenir, un mandat clair et net, qui attire le respect et la
dignité envers celui qui occupe cette position, il faudra que tous les
députés se plient à cette directive.
Ce règlement dit que lorsqu'un député est mis en
accusation, une commission parlementaire est constituée et il doit
être jugé par ses pairs. En demandant à la population de
tout un comté de blanchir un accusé, c'est tout notre
système de démocratie parlementaire et de justice que l'on fausse
à sa base. Ce n'est pas parce que notre loi est décirte par
certains comme étant une suite de "technicalités" vétustes
que l'accusé peut installer sur les banquettes du jury 27,000
électeurs qui vont venir, eux, prononcer un verdict. Le seul but,
c'était de le soustraire à ses véritables juges,
c'est-à-dire à ses pairs, et non pas de faire une élection
partielle pour demander à 27,000 électeurs de le juger. Il y a
des règles dans cette enceinte et je crois qu'elles doivent être
suivies.
La victoire de l'Union Nationale dans Johnson a démasqué
au grand jour une pratique très répandue parmi les
ministériels. Je parle ici de patronage par ordinateur. En effet,
l'ex-député de Johnson a blâmé le système du
patronage par ordinateur puisqu'il a dit que sa culpabilité était
une culpabilité technique. Je cite sa version dans la Presse de
Montréal du lundi, 5 août: "Si mon nom a pu continuer
d'apparaître dans certains dossiers du procureur général,
c'était pour des raisons techniques conséquentes, entre autres,
au fait que la procédure d'expédition des mandats aux avocats par
le ministre de la Justice est mécanisée mainte-
nant". C'est le patronage, M. le Président, qui est
mécanisé. C'est raffiné aujourd'hui avec des ordinateurs.
On met le nom des libéraux sur des cartes, on passe ça à
la machine et vous voyez sortir le fruit de la victoire libérale: le
patronage mécanisé sur ordinateur. Cela est raffiné. Mais
là, M. le Président, ils en ont poigné un et il a mis les
mains dedans. Ce n'est peut-être pas le seul. Faites attention, il va
peut-être y en avoir d'autres.
UNE VOIX: Nommez-les.
M. BELLEMARE (Johnson): II y en a un qui a obtenu un jugement
dernièrement, je pourrais vous le nommer, celui-là. Cela ferait
votre affaire? Oui. Je le respecte, il n'est pas à son siège,
mais vous viendrez me voir, je vais vous le dire, parce que je veux respecter
la parole que j'ai donnée au début pour ne pas salir la
réputation de personne. Il y en a un qui a été assez
habile pour obtenir un jugement du juge en chef de la cour,
dernièrement, pour le blanchir. Oui, puis je vais vous le nommer. Un
instant. Il ne faudrait pas que celui qui chante ait un jour regret de cette
aventure.
M. le Président, on a reproché à des membres de
l'Union Nationale d'avoir été les experts du patronage pour des
graines de semence, pour des camions vendus par des agents d'assurance, pour
des actions achetées lors du conflit du gaz naturel et, aujourd'hui,
c'est par centaines de milliers tous les jours, à toutes les commissions
parlementaires, qu'on en découvre un ici et là. M. le
Président, ceci vous fait faire la grimace, mais c'est à cause
des règlements, vous, probablement, puis à cause de la motion,
mais je reviens à la motion. Je pense m'en tenir à la motion
quand je dis, par exemple, que c'est une bonne leçon pour ceux qui ont
institutionnalisé le patronage par ordinateur. Montrez-moi un seul
membre de l'Union Nationale, du Ralliement créditiste ou du PQ, un
avocat qui est sur un programme d'ordinateur et qui exerce aujourd'hui
auprès des cours de justice. Pas un.
M. HARDY: ... PQ.
M. BELLEMARE (Johnson): Comment est-ce que vous dites ça,
vous?
M. HARDY: ... sortir des PQ...
M. BELLEMARE (Johnson): Alors, nommez-m'en un.
LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. BELLEMARE (Johnson): Mais je vais vous en nommer des dizaines, par
exemple, qui vivent grassement par les soins du gouvernement et de
l'ordinateur. C'est ça qui s'est produit, c'est ça que les gens
de Johnson ont hâte de savoir.
On a été battu, on le sait. Vous nous le reprocherez quand
vous voudrez mais on a payé notre dette. Maintenant, ce sera à
vous autres à payer prochainement la vôtre. Le temps s'en vient.
"Mane, thesel, phares", vous avez été pesés et
trouvés trop légers. Vos jours sont comptés.
LE PRESIDENT: Bon. La motion.
M. BELLEMARE (Johnson): M. le Président, je voudrais revenir
à ce patronage que vous avez constaté. On met le nom d'un avocat
libéral dans un ordinateur. Il y a une cause du Bureau des
véhicules automobiles ou de la Régie des alcools. Et on met le
"ticket" dans la machine. Là, la machine part. Put, put, put, put. Et,
au bout, tombe pas une accusation mais une copie, tombe pas un bon de commande
mais, au bout de l'ordinateur, un billet qui dit: C'est tel palais de justice,
à telle heure, c'est telle amende et c'est tel avocat qui va plaider
cette cause. C'est automatique. Mais le nom de celui qui sort, ce n'est pas un
autre qu'un franc libéral bien reconnu. C'est bien dans la motion: Se
faire juger par ses pairs. Cela en est un qui n'a pas voulu se faire juger par
ses pairs. Et c'est ça qui s'est produit. Le billet d'infraction est
sorti et c'était M. Boutin qui sortait au bout. Il avait probablement
oublié de demander à la machine de sortir son nom !
M. BOUTIN: Question de règlement. LE PRESIDENT: Question de? M.
BOUTIN: Question de règlement. LE PRESIDENT: Question de
règlement.
M. BOUTIN: Je veux dire que je voudrais avoir une précision sur
le nom de M. Boutin, pour le journal des Débats.
M. BELLEMARE (Johnson): Comment?
LE PRESIDENT: Indiquer... Parce qu'à ce moment-là il y
avait deux députés qui portaient ce nom.
M. BELLEMARE (Johnson): Ah oui! Ah oui! Excusez-moi. Me J.-C.
Boutin...
LE PRESIDENT: Bon.
M. BELLEMARE (Johnson): ... Jean-Claude, député de
Johnson. Alors, je m'excuse auprès de l'honorable député
mais je ne l'ai jamais mis en cause, au contraire. J'ai, pour l'ancien maire
d'Amos, beaucoup de considération pour son travail très efficace,
particulièrement pour le sérieux qu'il apporte aux
débats.
UNE VOIX: N'en mettez pas trop.
M. BELLEMARE (Johnson): Non, non. Seulement, lui, il devrait servir de
modèle à plusieurs autres. Je crois que...
M. LACROIX: ... la même chose dans le comté
d'Abitibi-Ouest.
M. BELLEMARE (Johnson): Ah bien non, il connaît son candidat,
d'ailleurs. C'est lui-même qui l'a choisi comme son remplaçant,
comme maire.
LE PRESIDENT: Bon. S'il vous plaît, messieurs.
M. BELLEMARE (Johnson): Cela devient des faits historiques, M. le
Président.
Je crois que la réaction et l'attitude du gouvernement dans ce
qui est convenu d'appeler maintenant l'affaire Boutin, l'accusé Boutin,
si vous aimez mieux l'accusé Boutin, ce n'est pas vous ont
mis en péril la souveraineté et les privilèges de cette
Assemblée nationale. Demander à des électeurs d'un
comté de juger les actes d'un député qui remet en question
son droit de siéger à l'Assemblée nationale constitue,
à mon avis, une atteinte sérieuse à l'autorité de
cette Assemblée.
Il ne faudrait pas qu'il soit possible, à l'avenir, de recourir
à de tels procédés. Si un député,
maintenant, est accusé par un de ses collègues,
conformément à l'article 80 de nos règlements, le
député mis en accusation ne devrait pas avoir le droit
d'éviter le jugement de ses pairs en démissionnant et en
demandant au peuple de l'absoudre lorsque ce député a
été appelé à se justifier devant une commission
parlementaire.
Cela devient un non-sens dans le cas d'un député qu'on a,
personnellement, en mettant son siège en jeu, accusé d'une
manière bien précise. Alors que la commission formée est
à étudier le cas du député après certaines
dépositions, cela devient impensable qu'un honorable
député de cette Chambre puisse démissionner en plein
débat, sans avoir à subir le jugement de ses pairs, tel que le
veut le parlementarisme. Cela n'a pas existé seulement dans la province
de Québec. Cela a existé en Ontario. Cela a existé dans un
cas en Colombie-Britannique. Cela ne sera pas long encore.
LE PRESIDENT: Ce n'est pas moi, c'est la Chambre.
M. BELLEMARE (Johnson): Oui, oui, deux ou trois minutes. Est-ce qu'il y
a consentement? Deux minutes.
LE PRESIDENT: Soyez d'accord parce qu'il y en a qui me disent qu'il y a
consentement et il y en a d'autres qui me disent qu'il n'y a pas
consentement.
M. VEILLEUX: Je suis d'accord, M. le Président.
M. ROY: D'accord, M. le Président. LE PRESIDENT: Oui? Bon.
M. BELLEMARE (Johnson): Alors, M. le Président, l'affaire Boutin
n'est pas un cas unique, non. Ce que, cet après-midi, je veux bien
plaider devant vous, c'est que c'est la manière de procéder,
quand on est devenu un parlementaire. On est attaché, comme
parlementaire, par notre serment d'office, mais on est aussi sujet à la
réglementation et à la procédure de la Chambre. Et la
Chambre, qui est, d'après May, souveraine et qui doit établir ses
règles de procédure et, particulièrement, tous ses
règlements, May dit qu'elle est souveraine.
Pourquoi alors jouer un autre jeu, démissionner, et s'en aller
devant ses électeurs et dire: Messieurs, je suis venu vous voir parce
qu'on m'a accusé?
M. LACROIX: Est-ce que le député de Johnson me permettrait
une simple observation?
M. BELLEMARE (Johnson): Certainement.
M. LACROIX: Si le député de Champlain veut aller un peu
plus loin...
M. BELLEMARE (Johnson): Pas de Champlain.
M. LACROIX: Si l'ex-député de Champlain, maintenant
député de Johnson, veut aller un peu plus loin dans ses
recherches historiques concernant ces cas, il constatera qu'aux alentours des
années 1900, M. Henri Bourassa avait porté des accusations contre
le député de Bellechasse qui, à ce moment-là,
était l'honorable M. Turgeon.
M. BELLEMARE (Johnson): Cela, monsieur...
M. LACROIX: L'honorable M. Turgeon et l'honorable député
Bourassa avaient démissionné.
M. BELLEMARE (Johnson): Cela, je l'ai dans mon dossier. Si j'avais eu le
temps, je vous l'aurais lu.
M. LACROIX: II y a eu des élections partielles...
M. BELLEMARE (Johnson): J'en ai un autre aussi qui s'appelle...
M. LACROIX: ... dans le comté de Bellechasse, et M. Bourassa
s'est fait battre par M. Turgeon.
M. BELLEMARE (Johnson): Oui, et on a un exemple de M. Bona Arsenault,
qui a été, à un moment donné, après
procès, condamné. Il est retourné se présenter et
il s'est fait réélire, l'honorable Bona Arsenault qui est ici,
qui est l'ancien ministre, à qui on a donné un siège
en
arrière, que je salue d'une manière particulière
pour son courage d'avoir accepté ce poste particulier.
UNE VOIX: Un grand politicien!
M. LACROIX: C'est que le jugement est venu après une autre
élection.
M. BELLEMARE (Johnson): II y en a un autre aussi.
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. BELLEMARE (Johnson): Dans mes dossiers, j'en ai un autre, mais c'est
un libéral. Il s'appelait Cauchon.
M. LACROIX: II était échappé de votre parti,
lui!
M. BELLEMARE (Johnson): M. le Président, je continue. Je veux
terminer parce que lui, il vient de m'enlever cinq minutes!
Je pense que les moyens à prendre pour éviter qu'on passe
par-dessus la tête de l'Assemblée nationale, pour des motifs dont
il est permis de douter de la droiture, ne devraient plus se
répéter dans cette Chambre. Quand un député, pour
protéger la responsabilité entière de l'Assemblée
nationale, de ses droits et de ses privilèges, quand un
député, de son siège, a porté une accusation
formelle, qu'une commission a été nommée et que la
commission siège, à partir de ce moment-là, le
député devrait être jugé, même s'il
démissionne.
Cela, M. le Président, serait la logique du sain parlementarisme.
D'ailleurs, M. le Président et je termine tous les gens de
mon comté ont voulu savoir de M. l'avocat J.-C. Boutin, l'accusé
Boutin, qu'est-ce qui s'est passé. Jamais il n'a voulu répondre
à une ligne ouverte. Jamais il n'a voulu aller publiquement expliquer ce
qui s'était passé véritablement. C'étaient des
choses...
UNE VOIX: II aurait gagné!
M. BELLEMARE (Johnson): Oui, ah oui! ah oui! Vous viendrez lire cela, M.
le Président. Il y en a à peu près 2,000 qui auraient
gagné. Ce n'est pas moi qui ai écrit cela. Cela s'est
écrit pendant l'élection de Johnson. Cela ne s'est pas
écrit contre Bellemare. Cela n'a pas coûté un cent. Ces
gens-là ont fait leur devoir, ils ont parlé de la moralité
publique.
Non, ce n'est pas moi qui ai contrôlé les journaux, mais
les journaux vous ont contrôlés, par exemple, pour une fois.
LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. BELLEMARE (Johnson): M. le Président, on a beau dire que je
suis un lion, j'ai un oeil d'aigle mais j'ai aussi la ruse d'un bon renard.
M. le Président, je termine en vous remerciant de cette grande
indulgence, et en remerciant mes collègues d'avoir bien voulu supporter,
pendant quelques minutes, cette diatribe un peu virulente. Mais j'ai voulu
attirer votre attention sur la responsabilité qu'a l'Assemblée
nationale de décider, en dernier ressort, d'une accusation portée
contre un député de cette Chambre, en bonne et due forme, qui ne
doit pas se soustraire au verdict de ses pairs en allant dans une
élection partielle se faire réélire et revenir en Chambre
pour narguer celui qui a eu le courage de l'accuser. Merci, M. le
Président.
LE PRESIDENT: L'honorable député de Saint-Jean.
M. Jacques Veilleux
M. VEILLEUX: Aux fins du débat, M. le Président,
permettez-moi de relire attentivement la motion du député de
Johnson, qui dit: "Que soit convoquée la commission permanente de
l'Assemblée nationale afin d'étudier les moyens à prendre
pour qu'à l'avenir, un député mis en accusation par un de
ses collègues aux termes de l'article 80 du règlement ne puisse
éviter le jugement de ses pairs".
M. le Président, j'ai écouté attentivement le
député de Johnson. Il a essayé de démontrer aux
membres de l'Assemblée nationale et aux gens qui assistent au
débat cet après-midi que, dans le cas de Me Boutin, à
l'époque député du comté de Johnson, les
députés de l'Assemblée nationale n'avaient pas obéi
à l'article 80 de notre règlement.
J'ai suivi de l'extérieur, à l'époque, les
débats qui entouraient cette affaire, parce que j'étais retenu
à une autre commission parlementaire, celle qui discutait du projet de
loi no 22. Si on regarde attentivement l'article 80 de notre règlement,
j'ai la très nette impression qu'aucun membre de l'Assemblée
nationale ou du parti ministériel n'a dérogé à
l'article 80 parce qu'effectivement une commission parlementaire avait
été convoquée. Il y a eu des discussions sur le
libellé de la motion du député de Maisonneuve et, pendant
que ces discussions se faisaient, le député de Johnson à
l'époque, Me Boutin, a démissionné.
Lorsqu'un député est accusé de quelque chose, que
je sache, on est encore dans un pays démocratique; une personne
attaquée en cette Chambre a le choix entre comparaître devant une
commission parlementaire, tel que l'avait décidé au début
le député de Johnson de l'époque, ou encore
démissionner. Je ne vois pas les membres de l'Assemblée nationale
continuer à faire le procès de quelqu'un qui a accepté
volontairement la chose ultime qui pouvait lui arriver, soit d'être dans
l'obligation de démissionner.
Si quelqu'un ici, parmi les 110, est accusé, il a encore la
possibilité d'accepter de démissionner et j'espère que
cette liberté continuera
d'exister. Advenant le cas où quelqu'un ici est accusé de
patronage notamment, il peut comparaître devant une commission
parlementaire et le jugement à la commission parlementaire peut
être: coupable et non coupable. Si c'est non coupable, le
député actuel de Johnson l'a dit tout à l'heure, celui qui
en porte la responsabilité, c'est le député accusateur. Il
a donné l'exemple du cas Hamel, Gabias, en 1964. A l'époque, la
commission parlementaire a dit: Le député Hamel n'est pas
coupable. A ce moment-là, cela se retournait contre l'accusateur. Dans
le cas présent, le député de Johnson de l'époque a
dit: Moi, je démissionne.
Je me demande le pourquoi d'une résolution comme ça,
compte tenu qu'on a encore au Québec, à l'Assemblée
nationale, la liberté de demeurer député ou encore de
démissionner.
Le député de Johnson a soulevé quelques points
très intéressants. Avec emphase, il disait: II ne faut pas salir
impunément la réputation des membres de l'Assemblée
nationale. Je suis personnellement d'accord sur une telle attitude du
député de Johnson. Il serait temps parce qu'on a
essayé de le faire indirectement qu'en cette Chambre les
députés, de quelque faction politique qu'ils soient,
arrêtent de laisser planer sur l'un et sur l'autre des doutes
quelconques. Si quelqu'un a des accusations à porter, il doit le faire
en vertu des règlements. Les règlements prévoient une
procédure et cette procédure doit être suivie.
J'aurais probablement été d'accord avec le
député de Johnson je l'ai écouté un peu
si dans le libellé de sa proposition il avait dit: Un
député qui est accusé de quelque chose s'en va devant une
commission parlementaire et, au cours de la commission, s'il décide de
démissionner, qu'on prévoie dans la loi que ce
député n'ait pas le droit de se présenter de nouveau
à une élection complémentaire, suite à cette
démission. Dans ce cas, j'aurais probablement été d'accord
avec le député de Johnson.
Mais si je lis la motion du député de Johnson, j'ai la
très nette impression à la fin, il aura le droit de me
donner plus d'explications, en exerçant son droit de réplique
que le député de Johnson blâme ni plus ni moins
l'Assemblée nationale de ne pas avoir continué le procès
d'une personne qui a démissionné, qui s'est rendue devant ses
électeurs, qui en ont élu un autre.
M. le Président, on a le droit, en tant que membres de cette
Chambre, de juger quelqu'un qui est membre de cette Chambre. Que je sache, je
ne crois pas que ce soit le privilège de l'Assemblée nationale de
juger quelqu'un qui n'est pas membre de l'Assemblée nationale. A moins,
M. le Président, vous me direz si je fais erreur parce que vous
connaissez les règlements beaucoup plus que moi que quelqu'un
à l'extérieur de cette Chambre accuse cette Chambre de quelque
chose. A ce moment-là, selon les règlements, on peut le faire
comparaître devant une commission. Si quelqu'un était, au moment
d'une session, membre de cette Chambre, qu'il démissionne, se
présente de nouveau devant ses électeurs et que ses
électeurs ne lui confirment pas la confiance qu'ils lui avaient
donnée quelques mois avant, que je sache, M. le Président, nos
règlements ne nous permettent pas de juger cette personne.
M. le Président, je dis que si on accepte la motion du
député de Johnson, cela veut dire qu'on n'accepte plus qu'un
député mis en accusation devant cette Chambre puisse
démissionner. Je dis que c'est un droit que chaque membre de cette
Assemblée doit conserver. Ce droit de choisir le moment où il
doit démissionner ou de décider qu'il doit continuer de
siéger en cette Chambre entre les périodes électorales. Le
député de Johnson a accusé le gouvernement libéral
de faire du patronage par ordinateur. Là, il parle de pitons, de
claviers et puis, comme il le disait lui-même, du bon de commande qui
sort au bout. M. le Président, j'ai la très nette impression, en
écoutant le député de Johnson, qu'avant qu'il tienne ces
propos, le Québec n'avait jamais connu de patronage. Jamais, selon les
propos tenus par le député de Johnson, avant ce qu'on a
appelé l'affaire Boutin, le Québec n'avait connu de patronage.
Jamais, M. le Président, le Québec n'avait connu quelque
problème que ce soit. Jamais le Québec n'a connu le
problème de la margarine, par exemple. Jamais cela n'a existé au
Québec, ces problèmes-là.
Le député de Johnson le disait: Un député
doit s'en tenir aux règlements. Je dis que dans l'affaire qui est venue
devant les membres de l'Assemblée nationale à l'été
1974, le député de Johnson de l'époque et les
députés de l'Assemblée nationale s'en sont tenus aux
règlements. Les règlements permettaient à quelqu'un de se
défendre devant une commission parlementaire et ils permettaient
à cette même personne de démissionner au moment où
elle le voulait. Alors, je ne vois pas l'opportunité d'une telle motion.
En terminant, parce que mes 20 minutes passent rapidement, personnellement je
ne suis pas d'accord on me dit que j'ai dix minutes, mes dix minutes
s'achèvent, M. le Président...
M. BIENVENUE: Dix minutes. M. BURNS: Consentement.
M. VEILLEUX: Dépassé, est-ce que j'ai le consentement pour
faire une conclusion?
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Non, il vous reste 30 secondes.
M. ROY: Comme je suis consulté pour le consentement, j'aimerais
dire à mon collègue, le député de Saint-Jean, qu'il
me fait plaisir de lui donner mon consentement, même s'il me l'a
refusé personnellement à trois reprises.
M. BIENVENUE: M. le Président, je refuse mon consentement.
Demandez-lui de conclure.
M. VEILLEUX: Je conclus dans quinze secondes en disant que je ne suis
pas d'accord sur le libellé de la motion du député de
Johnson, mais j'aurais été probablement d'accord si la motion
avait dit qu'en cas de démission, dans un cas comme celui qu'a
mentionné le député de Johnson, le démissionnaire
ne puisse se représenter à l'élection
complémentaire qui suivrait cette démission. Compte tenu que ce
n'est pas le libellé de cette proposition, je me dois, M. le
Président, de voter contre. Merci.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de
Maisonneuve.
M. Robert Burns
M. BURNS: M. le Président, mes commentaires vont être
brefs, je vais même me limiter, j'espère, à en
deçà des dix minutes réglementaires. Je veux vous dire
d'abord que je suis entièrement d'accord sur l'intention qui me semble
apparaître dans cette motion, mais que j'ai certaines réticences
à adopter la motion telle que libellée, et voici pourquoi; je
pense que je dois expliquer ma position.
Si on se réfère aux pages B-6268 et autres des
Débats de l'Assemblée nationale, en particulier de la commission
de l'Assemblée nationale, on verra que j'ai longuement argumenté
qu'à mon avis il était de la juridiction ou de la
compétence de l'Assemblée nationale de connaître l'essence
de la mise en accusation telle que je l'avais formulée et auquel s'est
référé le député de Johnson. Je pense que
mon opinion va être claire là-dessus et je la maintiens toujours.
J'ai cité nombre d'auteurs, je ne peux que vous citer entre autres la
cause de Stein-kopf, cause qui relève de la Législature du
Manitoba, en 1964, que j'avais citée et longuement commentée
à cette occasion-là à la page B-6261.
Il y avait également Chalmer's and Hood Philips on Constitutional
Law, 6th edition, également commenté longuement dans ces
textes-là de sorte que je ne veux pas les reprendre. Mon avis à
ce moment-là était contraire à celui du ministre de
l'Immigration, qui à l'époque défendait, à toutes
fins pratiques, le député Jean-Claude Boutin. Je m'attaquais
principalement, dans l'opinion du ministre de l'Immigration, à cette
affirmation générale qu'il faisait à l'effet qu'il
n'était pas sûr, qu'il entretenait des doutes que ce soit de la
juridiction de l'Assemblée nationale de juger un de ses pairs.
Or tous les auteurs, et référez-vous au journal des
Débats du 25 juillet 1974 que j'ai cité, tous les auteurs sont
unanimes, que ce soit Campion, Erskine May et non pas Willie Mays comme disait
mon collègue de l'Immigration; je pense que l'opinion est assez claire
chez les auteurs. Je peux tout simplement vous citer un peu le
résumé de tout ça qui apparaît dans la cause de
Steinkopf et qu'on peut retrouver à la page 759 des Western Weekly
Reports, où on lit dans le jugement de la cour du Manitoba les mots
suivants: "It has been clearly established, as early as the reign of Queen
Elizabeth that the qualification...
UNE VOIX: En français.
M. BURNS: Voulez-vous que je vous le traduise? Je vais vous le traduire
après. "That the qualification of members of Parliament must be decided
by the House of Commons itself."
Ce jugement pour ceux qui n'appliquent pas encore les
dispositions du bill 22 dit, à toutes fins pratiques: II a
été établi très clairement, et aussi loin que sous
le règne de la première reine Elizabeth, qu'il était de la
compétence des membres du Parlement de décider ce genre de
problème. Le genre de problème, dans la cause de Steinkopf,
c'était un député qui s'était placé dans la
même situation que Me Jean-Claude Boutin.
De toute façon, je ne répéterai pas toute cette
argumentation-là. Là où, dans le libellé de la
motion, je diffère un peu d'opinion avec le député de
Johnson, même si je suis d'accord sur l'intention derrière sa
motion, c'est que sa motion semble dire qu'un député qui est mis
en accusation ne pourrait pas démissionner. Or, c'est le droit strict,
de quelque député que ce soit mis en accusation en vertu de la
Loi de la Législature ou en vertu de l'article 80 de notre
règlement, c'est son droit le plus strict de décider qu'il ne
sera pas jugé par ses pairs et de démissionner. Mais, je ne
voudrais pas...
M. BELLEMARE (Johnson): II fait son choix avant, c'est correct.
M. BURNS: II fait son choix. ... qu'on se retrouve dans un imbroglio du
style de celui qui concernait l'ancien député de Johnson. Lorsque
j'ai fait ma motion, qui a été adoptée, soit dit en
passant, à l'unanimité en Chambre, donnant mandat à la
commission de l'Assemblée nationale de faire enquête dans ce cas,
il y a même eu trois séances de la commission de
l'Assemblée nationale, il me semblait qu'il était clair, dans
l'intention de l'Assemblée nationale, qu'un député avait
pris le risque de mettre un collègue en accusation, qu'il mettait son
siège en jeu s'il n'était pas capable de faire preuve de ses
avancés mais que, d'autre part, il n'y aurait pas de chichis au sujet de
la compétence de la commission pour faire enquête.
Or, ce n'est pas ce qui est arrivé. Dès la première
séance, le ministre de l'Immigration, qui parlait au nom du gouvernement
à cette commission, a soulevé des questions de détails, je
l'admets, que j'étais même prêt à corriger dans ma
motion parce qu'il y avait une autre accusation possible. Il y avait l'aspect
de l'arti-
cle 75 de la Loi de la Législature ou l'article 79 de la
Législature. Moi, j'étais prêt à dire "et l'article
79" pour satisfaire le ministre de l'Immigration. Là où je
n'étais pas prêt à suivre l'argumentation du ministre,
c'était lorsqu'il nous disait qu'il doutait très
sérieusement de la capacité de la commission de prendre
connaissance de l'accusation. Or, l'Assemblée nationale avait
elle-même décidé que c'était de sa compétence
et l'avait même confiée à une commission.
Si on doit corriger quelque chose par la motion du député
de Johnson et je pense qu'elle peut corriger quelque chose pour
l'avenir; souhaitons qu'il n'y ait pas d'autres de ces cas-là mais on ne
sait jamais, il se peut qu'il y en ait d'autres, comme le disait le
député de Johnson, on ne sait jamais ce que je
souhaiterais pour l'avenir c'est qu'on s'enlève de l'esprit que ce n'est
pas de notre juridiction de prendre connaissance de telles accusations; c'est
de notre juridiction la plus stricte. Le jour où on refuse de
reconnaître cela, on prive l'Assemblée nationale de l'un de ses
droits les plus stricts, c'est-à-dire de juger ses pairs. C'est
séculaire, ce droit-là, ça remonte au XVIIe siècle,
ça a toujours été comme ça, de sorte que pour
être véritablement en accord avec la motion du
député de Johnson, moi, j'y verrais un petit ajouté.
Si le député de Johnson est prêt je ne ferai
pas de motion d'amendement à modifier, de consentement avec
l'Assemblée nationale, en ajoutant les mots suivants à la fin de
sa motion, je pense que ça me permettrait de voter en faveur de cette
motion sans aucune réticence. Le texte actuel de la motion du
député de Johnson se lit comme suit: Que soit convoquée la
commission permanente de l'Assemblée nationale afin d'étudier les
moyens à prendre pour qu'à l'avenir un député, mis
en accusation par un de ses collègues, aux termes de l'article 80 du
règlement, ne puisse éviter le jugement de ses pairs.
J'ajouterais si le député de Johnson est d'accord pour
l'incorporer à sa motion, je ne ferai pas de motion d'amendement; sinon,
je ferai une motion d'amendement j'ajouterais les mots suivants: sous
prétexte qu'il n'est pas de la compétence de l'Assemblée
nationale de connaître de telles accusations.
Cela, M. le Président, laisse le choix au député
accusé de démissionner, s'il le choisit ainsi. Cela lui permet de
dire: Bon, d'accord.
D'ailleurs, dans cette campagne électorale qui a eu lieu dans
Johnson, le député de Johnson et tous les autres orateurs des
autres partis que le Parti libéral ont ouvertement et carrément
et j'en suis, M. le Président interprété la
démission de l'ex-député de Johnson comme un aveu de
culpabilité.
S'il choisissait, lui, de faire ça, libre à lui, mais
qu'il le choisisse sous prétexte que ce n'était pas de la
compétence de l'Assemblée nationale de connaître de cette
mise en accusation, je dis: Je ne suis pas d'accord. Je ne sais pas quel serait
l'avis du député de Johnson. Je n'ai malheureusement pas de
copie; je l'ai rédigé. Je ne sais pas si c'est du consentement
unanime, mais le député de Johnson m'avise qu'il est d'accord
pour incorporer à sa motion les mots que je suggère d'ajouter. A
mon avis, cette intention se trouve déjà dans la motion du
député de Johnson. C'était peut-être le texte, le
libellé qui laissait croire que ce que le député de
Johnson voulait était que ce soit impossible pour un
député mis en accusation de démissionner. Je ne pense pas
que ce soit son intention.
M. BELLEMARE (Johnson): Non, il peut faire un choix.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Vous ne voulez pas présenter
de motion d'amendement?
M. BURNS: Je ne veux pas faire d'amendement; je ne veux pas priver de
leur droit de parole...
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Vous voulez que la motion, telle que
présentée par le député de Johnson, se lise avec
les mots additionnels que vous soumettez?
M. BURNS: Si c'est du consentement unanime de la Chambre.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): On va les entendre une
dernière fois, puis...
M. BURNS: Pour la raison bien simple qu'une motion d'amendement va
limiter nos collègues à ne parler que de mon amendement. Comme on
a seulement deux mercredis et que je sais que le député de
Trois-Rivières veut intervenir sur le fond, ça lui permettra
d'intervenir sur le fond, sur le mérite de la motion.
M. BIENVENUE: Pouvez-vous le relire?
M. BURNS: Sûrement. J'ajouterais à la fin les mots
suivants: "Sous prétexte qu'il n'est pas de la compétence de
l'Assemblée nationale de connaître ou de prendre connaissance
en termes juridiques, on peut dire de connaître de telles
accusations". Donc, "sous prétexte qu'il n'est pas de la
compétence de l'Assemblée nationale de connaître de telles
accusations".
M. BIENVENUE: En d'autres termes, il pourrait démissionner pour
le reste, mais pas pour ça.
M. BURNS: Non, non, vous ne me comprenez pas, M. le ministre. Je dis
tout simplement...
M. BACON: Que l'Assemblée nationale a le droit d'étudier
cela, mais ne doit pas se cacher derrière un prétexte.
M. BURNS: ... que le gars, s'il le veut, puisse démissionner.
C'est ça que je veux dire simplement.
M. BELLEMARE (Johnson): Qu'il ait le choix.
M. BURNS: Si vous voulez, vous pouvez le reformuler dans un meilleur
français, dans un autre style, mais il me semble que ça respecte
très bien la motion. En effet, si vous le lisez à la suite,
maintenant, cela veut dire ceci: "Que la commission de l'Assemblée
nationale soit convoquée afin d'étudier les moyens à
prendre à mon avis, les moyens à prendre, c'est quel genre
de procédure on suivrait dans un cas comme celui-là pour
qu'à l'avenir un député mis en accusation par un de ses
collègues aux termes de l'article 80 du règlement ne puisse
éviter le jugement de ses pairs, sous prétexte qu'il n'est pas de
la compétence de l'Assemblée nationale de connaître de
telles accusations". Remarquez que, si j'avais pu, j'aurais reformulé
différemment la motion. Mais je ne peux pas changer la motion
complètement, elle est là.
A mon avis, l'intention que le député de Johnson voulait
donner à sa motion est parfaitement respectée, mais, en
même temps, on respecte aussi le droit d'un député qui est
mis en accusation de décider de démissionner, s'il le veut
bien.
M. BIENVENUE: Un tel député ne pourrait pas invoquer le
fait que ce n'est pas de la compétence de l'Assemblée
nationale.
M. BURNS: C'est ça.
M. BIENVENUE: Aucune objection à cela.
M. BURNS: Voilà.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Est-ce qu'il y a consentement
unanime?
M. BELLEMARE (Johnson): Je crois comprendre le député de
Maisonneuve. Dans l'amendement qu'il formule, on dit qu'avant d'aller devant
une commission parlementaire il aurait le choix, soit d'aller à la
commission parlementaire s'il décide d'y aller, il acceptera le
jugement de ses pairs ou soit de démissionner avant?
M. BURNS: II peut le décider en cours de route aussi. Si,
à un moment donné, l'accusation est prouvée de
façon telle qu'il se dise: De toute façon, le verdict de
l'Assemblée nationale va m'être défavorable,
peut-être qu'il choisira, à ce moment, de démissionner, ce
qui est parfaitement son droit.
M. BELLEMARE (Johnson): Pourquoi pas avant?
M. BURNS: Pourquoi pas avant, dit le dépu- té de Johnson?
Pourquoi pas avant? C'est le même cas qu'une accusation en cour
criminelle. Il me semble qu'un accusé a le droit d'entendre le genre de
preuve qu'on a contre lui avant de prendre une décision. Il arrive
très souvent qu'un accusé en droit criminel, dès le moment
de la mise en accusation, plaide coupable, mais il arrive aussi qu'en cours de
procès, voyant le style de preuve qu'on a contre lui, il plaide
coupable. Ce serait un peu ça, à mon avis.
M. LACROIX: Présumé innocent jusqu'à preuve du
contraire.
M. BURNS: Exactement.
M. BIENVENUE: En deux mots...
M. BURNS: Je suis entièrement d'accord avec vous.
M. BIENVENUE: ... si on se comprend bien, le député de
Maisonneuve voudrait que le député de Johnson dise par sa motion
qu'un tel accusé étant devant ses pairs, la commission ne puisse
pas invoquer la non-compétence de la commission.
M. BELLEMARE (Johnson): Ah bien, c'est sûr.
M. BURNS: C'est ça.
M. BELLEMARE (Johnson): C'est sûr, c'est sûr.
M. BIENVENUE: Bon. D'accord?
M. BELLEMARE (Johnson): Que le Parlement soit souverain.
M. BURNS: C'est ça. Tout le monde est d'accord.
Adopté.
LE VICE-PRESIDENT (M.Lamontagne): Le consentement unanime?
M. BURNS: Non?
M. BIENVENUE: Consentement à ce que ce soit ajouté.
LE VICE-PRESIDENT (M.Lamontagne): Ajouté, évidemment. Que
les mots...
M. BELLEMARE (Johnson): Sous prétexte...
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de
Maisonneuve.
M. BELLEMARE (Johnson): ... qu'il n'est pas de la
compétence...
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Je vais la relire une dernière
fois. Après les mots
"éviter le jugement de ses pairs", ajouter les mots "sous
prétexte qu'il n'est pas de la compétence de l'Assemblée
nationale de connaître de telles accusations".
M. BIENVENUE: Est-ce que le député de Maisonneuve avait
terminé?
M. BURNS: Oui, j'ai terminé.
Questions inscrites au feuilleton (suite)
M. BIENVENUE: M. le Président, je ne me lève pas sur le
présent débat. Je voudrais, avec le consentement de la Chambre,
demander la permission de revenir à l'article des questions
écrites des députés.
UNE VOIX: Oui, d'accord.
M. BIENVENUE: Je le fais au nom de M. Forget. C'est pour la
réponse à la question no 55) sur une motion de M. Samson.
M. LACROIX: Document déposé.
Motion de M. Maurice Bellemare (suite) M. BACON: M. le
Président...
LE VICE-PRESIDENT (M.Blank): Le député de
Trois-Rivières.
M. Guy Bacon
M. BACON: ... il se passe parfois des choses assez drôles et assez
contradictoires lorsque nous regardons le feuilleton...
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Est-ce que vous parlez sur l'amendement ou
sur la motion?
M. BURNS: II n'y a pas d'amendement.
M. LACROIX: II n'y a pas d'amendement.
M. BIENVENUE: II n'y a pas d'amendement, M. le Président.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): D'accord.
M. LACROIX: La motion a été corrigée.
M. BIENVENUE: C'était un "jackpot", M. le Président.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Tout le "jackpot" d'accord.
M. BACON: De grâce, M. le Président, ne nous mêlez
pas plus qu'on a tenté de nous mêler ou qu'on tente de nous
mêler à un moment donné. Moi, je ne suis pas avocat, je ne
suis pas aussi instruit que vous, M. le Président, et j'ai un peu de
difficulté à me retrouver là-dedans. Il me semble qu'on a
accepté tantôt.
Bon. Quand on regarde le feuilleton d'aujourd'hui à l'article
54), le député de Johnson va me comprendre, je trouve qu'il y a
une contradiction extraordinaire. Article 54), 29 octobre, M. Bellemare
(Johnson), motion. Je vous fais grâce d'une nouvelle lecture de la
motion.
Si l'actuel député de Johnson est dans cette Chambre,
c'est justement parce que le processus, qui semble ne pas avoir
été suivi est un peu ce qui l'a amené dans cette
Chambre.Je me demande s'il n'y a pas une contradiction et je me demande si ce
n'est pas un peu contre le coeur du député de Johnson, cette
motion.
De toute façon, je pense que c'est à peu près
ça. Quand je regarde la situation qui est désirée par
cette motion, on perdrait, à ce moment-là, notre parrain.
On essaie de dire comment on doit sortir un député de
l'Assemblée nationale. J'aimerais analyser un peu comment on entre
à l'Assemblée nationale. Le député de Johnson,
à un moment donné, nous a fait une tirade sur un médecin
qui serait accusé d'avoir pratiqué un avortement et qui serait
jugé par ses pairs. Ce n'est pas la même chose, entrer au
Collège des médecins et entrer à l'Assemblée
nationale.
M. BELLEMARE (Johnson): M. le Président, je soulève un
point d'ordre.
M. HARDY: Attendez.
M. BELLEMARE (Johnson): Non, non, je soulève un point d'ordre.
D'après le règlement, dès que quelque chose n'est pas
conforme, on doit rappeler à l'ordre. M. le Président, j'ai dit
"devant les tribunaux", pas devant ses pairs, "devant les tribunaux".
M. BACON: A toutes fins utiles, soit devant les tribunaux ou devant ses
pairs, il reste toujours que, à un moment donné, s'il
était trouvé coupable, il serait retiré de l'Ordre des
médecins ou il y aurait une sanction de l'Ordre des médecins.
Mais comment entre-t-on à l'Assemblée nationale ou comment
sommes-nous entrés, nous, à l'Assemblée nationale? D'abord
et avant tout, il reste qu'il y a un parti politique qui nous accepte, à
un moment donné, comme candidat, par un mécanisme qu'on appelle
une convention. Cela est la première étape.
Je ne pense pas que dans l'Ordre des médecins, je ne pense pas
que dans l'Ordre des avocats, après avoir étudié quelques
années, on se présente à une convention pour devenir
avocat ou devenir médecin.
Deuxième étape, M. le Président, extrêmement
importante celle-là, l'élection. Le député de
Johnson sait peut-être mieux que n'importe
qui comment il faut se batailler pour réussir à gagner son
siège. Cela, c'est le mécanisme qui fait qu'on entre à
l'Assemblée nationale.
Une fois entré à l'Assemblée nationale, M. le
Président, le député de Johnson a dit tantôt: II
faut se soumettre au règlement jusqu'à la fin. J'en suis, M. le
Président, mais, selon ses normes de justice ou les mécanismes de
justice qu'il a bien voulu mettre en évidence, je craindrais des
campagnes de salissage. Je craindrais que, pour toutes sortes de raisons et
pour rien, on puisse susciter des accusations. A un moment donné, cette
commission de l'Assemblée nationale passerait son temps à faire
des examens sur ce que les députés ont fait: Sont-ils coupables?
Pas coupables? Va-t-on l'empêcher de démissionner?
J'aimerais savoir par quel mécanisme, à un moment
donné, on m'empêchera de démissionner, moi aussi, la
journée où je déciderai de ne plus être le
député de Trois-Rivières. J'aimerais savoir comment on va
me garder ici.
C'est comme si, un jour, vous employez quelqu'un chez vous. Il
décide, un bon matin, de ne plus travailler. A moins de lui tordre le
cou et de faire n'importe quoi, le gars ne veut plus travailler, il ne
travaille plus pour vous. Je connais la logique de l'actuel
député de Johnson. Je suis sûr que cette motion, ce que le
ministre des Affaires culturelles disait tantôt, c'est le fruit d'une
petite promesse électorale aux électeurs de Johnson. D'autant
plus que le libellé de la motion, tel qu'il l'avait formulée
je ne parle pas des rajouts... Je me demande ce que le
député de Johnson pense du jugement de ses électeurs. Les
mêmes gens qui ont élu Jean-Claude Boutin, à un moment
donné, en octobre 1973, ont décidé, eux cela, c'est
le tribunal public de le juger. Ce sont eux qui le devaient.
D'après moi, mon premier patron, ce n'est pas l'Assemblée
nationale, ce ne sont pas les gens qui sont ici mais ce sont mes
électeurs. C'est le peuple qui est mon patron !
Je ne comprends pas le député de Johnson de ne pas
accepter cela. M. le Président, si on continue ce processus
d'entrée, je me demande qui est le meilleur juge. A part mes
électeurs, à part les militants dans mon parti, dans mon
comté, je me demande qui mieux peut me juger. M. le Président, je
ne vois rien d'absolument mal dans le fait qu'un individu qu'on accuserait de
quelque chose dise: Oui, moi je démissionne et je me fais juger par mes
pairs. Quant à moi, qu'on fasse n'importe quelle sorte de procès
et des avocasseries, qu'on en fasse à la journée longue, moi je
peux démissionner, retourner chez moi et dire à mes
électeurs: Vous allez me juger. On semble m'accuser de telle chose. Et
on connaît combien cela peut être truqué et organisé.
Le député de Johnson disait, à un moment donné: Le
candidat libéral, M. Boutin, a refusé d'aller ou c'est
peut-être le député de Maisonneuve à des
lignes ouvertes ou a refusé de s'expliquer.
Un bon jour, M. le Président, vous pouvez être
accusé d'une chose que vous n'avez pas faite, dont vous n'êtes
absolument pas coupable; vous n'avez absolument jamais entendu parler de cette
chose. Comment allez-vous aller vous défendre?
Je pense que toujours la meilleure défense, ce sont ceux qui nous
ont envoyés ici. C'est l'idée, ce pourquoi chacun de nous est
entré à l'Assemblée nationale, parce qu'il y a des gens
qui ont décidé, dans des comtés. Le peuple, M. le
Président, a décidé qu'on ferait un bon
représentant, il a décidé de nous envoyer ici. C'est
à lui de prendre la décision, si on doit en sortir.
M. le Président, à ce niveau, réellement j'ai eu
beau examiner et essayer de retrouver la bonne logique que je reconnais
à l'actuel député de Johnson, que je connais depuis
longtemps, mais réellement je ne vois absolument rien et je ne vois
d'aucune façon comment il peut baser cette logique. Si on compare ou
examine la façon d'entrer à l'Assemblée nationale, on doit
aussi examiner la façon d'en sortir; je pense que cela doit se faire
à peu près de la même façon.
M. le Président, j'aurais des grosses tentations mais je vais
conclure presque là-dessus. Le député de Johnson dit que
la dernière élection dans le comté de Johnson a
démasqué le patronage. J'avoue qu'il m'ébranle. J'avoue,
M. le Président, qu'il m'ébranle. Quand quelque chose est dit par
un expert, vous savez, j'y attache un petit peu plus d'importance qu'à
autre chose.
C'est facile de se faire une conscience. Il dit: L'Union Nationale a
payé sa dette, c'est fini, n'en parlez plus. M. le Président, que
le député de Johnson n'aille pas dire à des gens de ma
génération, de ma région ce qu'il vient de dire...
M. BELLEMARE (Rosemont): Surtout de Trois-Rivières.
M. BACON: ... je pense que le patronage, on faisait ça en
série, c'était tout le monde qui était pris
là-dedans. Je comprends qu'on n'avait pas le temps de faire des
procès.
Que le député de Johnson, et je l'ai surveillé
cette semaine, nous dise donc comment étaient octroyés les
prêts et bourses dans le temps qu'il était député de
Champlain. Comment, qui? Il n'y avait pas un nom de libéral dans les
dossiers des prêts et bourses.
M. BELLEMARE (Johnson): Un instant, M. le Président, il y a une
limite.
M. BACON: Je reviens à la motion, M. le Président.
M. BELLEMARE (Johnson): Je suis bien prêt à en prendre,
à en accepter, mais qu'il ne me mette pas au défi de nommer de
ses collègues, des professionnels qui n'étaient pas de mon parti
et qui sont aujourd'hui des professionnels et qui ont eu des bourses, et qui
ont eu du travail l'été.
M. BACON: Je termine là-dessus, M. le Président.
M. BELLEMARE (Johnson): Le député qui parle a
été lui-même invité par le député de
Champlain dans le temps, à assister à des réunions; je ne
l'ai pas mis de côté parce qu'il était libéral. Je
le connaissais dans ce temps-là, je l'invitais aux réunions des
étudiants. Est-ce qu'il peut dire le contraire? Il est venu se parader
au nom du député de Champlain.
M. BACON: Ne vous fâchez pas.
Je vais conclure, M. le Président, en disant que, sous l'Union
Nationale, quand on rendait hommage, c'était dans les comptes publics,
n'ayez pas peur, les noms de ces gens étaient dans les comptes
publics.
Je termine en disant que je suis convaincu, fondamentalement convaincu,
et je suis sûr que l'ex-député de Champlain penche de mon
côté, que ce sont nos pairs qui sont nos patrons, que nous venons
ici pour défendre le peuple et que c'est au peuple à nous
juger.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Le député de
Beauce-Nord.
M. Denis Sylvain
M. SYLVAIN: M. le Président, vous me permettrez d'intervenir quoi
que brièvement sur cette motion. Elle m'aurait intéressé
davantage si on y avait trouvé un aspect plus positif qu'un aspect
négatif. On demande de convoquer l'Assemblée nationale pour
étudier les moyens à prendre pour qu'à l'avenir un
député mis en accusation par un de ses collègues ne puisse
éviter le jugement de ses pairs. J'aurais préféré
lire dans cette motion que la commission de l'Assemblée nationale soit
convoquée pour étudier tous les moyens afin d'éviter
à un député, quel qu'il soit, d'être mis en
accusation. Cela, c'est positif, c'est gagner de la crédibilité
auprès du public.
On tient déjà pour acquis que, dans une Assemblée
nationale, avec des députés de quelque parti qu'ils soient, on
sera mis en accusation, on aura à craindre quelque chose d'un
député. Cela, c'est travailler de façon négative et
non de façon positive.
Il y a particulièrement cette décision, prise par l'avocat
Boutin, qui était l'ex-député de Johnson, qui, au fond, a
frappé la commission de l'Assemblée nationale où j'ai
été appelé à siéger. On se souviendra de
cette décision de démissionner qui à un moment
donné a été lancée en l'air lors d'une
réunion de la commission, et il motivait l'appel au peuple pour se faire
juger.
Bien que l'intervenant qui m'a précédé, le
député de Trois-Rivières ait été brillant en
disant que c'est le peuple qui nous nomme, que c'est à lui à qui
nous devons rendre compte, et que c'est au peuple à nous juger, je dirai
que, dans des cas particuliers, pour ma part, c'est une opinion personnelle sur
la motion, le peuple est très mal préparé pour juger.
Selon les articles 42 et 45 de la Loi de la législature, selon le
règlement de l'Assemblée nationale, particulièrement son
article 80, le peuple est mal préparé.
D'autant plus que, pour plaider une cause devant le peuple, il faut
avoir des plaideurs de chaque côté. Or, les moyens n'ont pas
été les mêmes. J'ai été appelé
moi-même à parcourir le comté de Johnson durant une
période de trois ou quatre jours et à considérer de quelle
façon on plaidait la cause de Jean-Claude Boutin. Le PQ l'a
plaidée principalement avec un papier où il était inscrit:
200 causes par semaine à $20 la cause, $4,000 par semaine;
multiplié par 50 semaines, $200,000 par année. C'était
plus malhonnête de la part du PQ et de l'organisation de Bachand de faire
circuler cette publicité que Boutin ne l'a été
lui-même.
On sait, M. le Président je peux vous en faire la preuve:
on peut prendre le district judiciaire de la Beauce où il y a un avocat
ou deux avocats qu'un avocat qui aurait l'ensemble des causes
pénales d'un district judiciaire peut gagner entre $20,000 et $25,000
par année. C'est se foutre du monde. C'est pour cela que je vous dis que
les gens sont mal préparés. On prend tout ce qui passe, on prend
tout ce qui se dit. Si vous examinez le nombre des causes qui ont
été signées par Boutin, qui ont été
présentées au protonotaire pour assermentation, si vous examinez
les chèques qui ont été remis en honoraires à
Boutin, vous direz que, pour une question de $300 ou $400, Boutin a dû
démissionner. Peut-être, peut-être!
M. BURNS: M. le Président, j'invoque le règlement. Je n'ai
pas d'objection à ce qu'on discute du principe, je n'ai pas d'objection,
non plus, à ce qu'on se réfère à M. Jean-Claude
Boutin, mais il serait peut-être bon que le député qui
parle actuellement sache qu'il y a devant les tribunaux des causes qui traitent
justement du problème qu'il est en train de traiter; j'en ai même
une copie ici, M. le Président, si jamais vous voulez en prendre
connaissance. Alors, il y a une action de $100,000 contre M. Bachand et il y en
a une autre de $75,000 je ne savais pas que je valais cela, M. le
Président - contre moi. Alors, M. le Président, il faudrait quand
même qu'il voie à respecter le sub judice lui aussi.
M. SYLVAIN: M. le Président, sur cette question de
règlement, j'accepte l'intervention du député de
Maisonneuve, mais je ne la comprends pas. Parce que, depuis trois semaines ou
depuis le début de cette session, il a traité exclusivement dans
ses questions de questions qui sont sub judice devant la commission Cliche.
M. BURNS: Justement parce que je suis l'opinion du président.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Le président l'a
arrêté dans ses questions.
M. BURNS: C'est ça, je n'y suis pas revenu depuis que le
président me l'a dit.
M. SYLVAIN: M. le Président, je dis que le peuple dans des cas
particuliers n'est pas préparé. Quant à moi, si j'avais
été un électeur de Johnson, peut-être qu'il m'aurait
été plus facile, par ma formation, de connaître les dessous
de la cause Boutin, mais pour un électeur ordinaire, pour le voteur
régulier, ce n'était pas facile. On n'a pas décrit le
problème de façon plus honnête que Boutin n'a agi avec la
Loi de la Législature.
Alors, je ne voudrais pas, M. le Président, que chaque fois qu'un
député est mis en accusation, il puisse être jugé
par le peuple. Je voudrais encore moins et je me baserai sur certaines
argumentations que, chaque fois qu'un député est mis en
accusation aux termes de l'article 80 par un de ses collègues, il puisse
être jugé par la commission de l'Assemblée nationale.
Là-dessus, je reviens aux termes mêmes du député de
Johnson qui fait cette motion, qui nous parle du pouvoir exécutif et du
pouvoir judiciaire séparés; il fait déjà une
très grande distinction. Il nous a déjà dit que, quand un
médecin faisait un avortement, il était poursuivi devant les
tribunaux. Vous avez dit devant les tribunaux et non pas devant le
Collège des médecins, et avec raison.
Il faut bien comprendre que, quand un député est mis en
accusation aux termes de l'article 80 je ne répéterai pas
l'article 80 c'est sur un acte indigne. On a cherché pendant deux
mois ce que c'était un acte indigne. On a cherché quelle
était la juridiction et la compétence de l'Assemblée
nationale ou du tribunal de droit commun. Je me dis que la commission de
l'Assemblée nationale doit avoir les pouvoirs d'un comité de
discipline, la même chose que le comité de discipline du Barreau
et que le comité de discipline du Collège des médecins,
avec des pouvoirs de sanction, avec des pouvoirs de suspension, avec des
pouvoirs de radier quelqu'un.
Cela, c'est quand on est indigne par son comportement, par ses actes,
par ses gestes.
Mais quand on est député et, indépendamment qu'on
soit député, qu'on commette une infraction à quelque loi
que ce soit, dont la Loi de la Législature qui est une loi statutaire,
on devrait être, au même titre que n'importe quel citoyen,
poursuivi devant un tribunal de droit commun. On devrait être poursuivi
devant un tribunal de droit commun. De plus, M. le Président, quand on
demande à la commission de l'Assemblée nationale de siéger
pour entendre l'accusation portée par un député contre un
autre, nous sommes par notre solidarité, qu'on le reconnaisse ou qu'on
ne le reconnaisse pas, à la fois juge et partie.
La principale qualité d'un tribunal est l'impartialité. Je
me demande quel problème de conscience nous aurions eu et quel
problème politique, quel problème de solidarité ceux qui
siégeaient au niveau de la commission de l'Assemblée nationale
auraient eu à entendre la cause Boutin. Est-ce que ç'aurait
été là la meilleure façon de servir le public qui
nous a élus? Il y a une loi qui s'appelle la Loi de la
Législature qui nous défend, comme députés, de
poser certains actes et je ne vois pas que le pouvoir exécutif, à
travers le pouvoir législatif, devienne un pouvoir judiciaire.
On a ajouté à la motion du député de
Johnson:... "sous prétexte qu'il n'est pas de la compétence de
l'Assemblée nationale de connaître telle accusation". Je me
demande quelle compétence. Si elle l'a, je me demande quelle
compétence a l'Assemblée nationale ou une commission pour porter
un jugement sur une infraction à une loi de la province de
Québec. Nous venons justement, en faisant ça, de mêler les
pouvoirs. Nous sommes législateurs, par ce biais nous sommes un pouvoir
exécutif et nous devenons un pouvoir judiciaire.
Or, M. le Président, relativement à cette motion, je
trouve qu'à l'heure actuelle nous ne pouvons, suite à une
accusation d'un député envers un autre, et relativement au cas
Boutin, aller devant un tribunal du peuple parce qu'on n'est pas capable de
l'informer, on ne sera jamais capable de l'informer honnêtement sur le
cas qui s'est réellement passé. Nous sommes très mal
placés, très très mal placés, à une
commission de l'Assemblée nationale, pour juger d'une infraction d'un
député à une loi statutaire.
Tant, M. le Président, qu'on voudra maintenir cette commission de
l'Assemblée nationale pour juger des infractions d'un
député à une loi statutaire, on perdra toute notre
crédibilité dans le public. On dira encore que les
députés jugent les députés, etc., comme ça
s'est fait. Dans le cas de Boutin, c'est peut-être une très bonne
décision qu'il a prise. Qu'on le critique parce qu'il a dit: Je vais
aller devant un tribunal du peuple, il valait mieux faire face au peuple de la
province de Québec pour Jean-Claude Boutin, après avoir
démissionné, que de rester à attendre ce jugement de la
commission de l'Assemblée nationale.
M. le Président, enfin, je voterai contre cette motion. Elle ne
répond pas du tout à mes attentes, pas du tout. Si la commission
de l'Assemblée nationale avait à se réunir à
l'heure actuelle, elle devrait étudier les moyens pour que dans ce
siècle moderne, un député ne soit pas toujours
"pogné" à gauche puis à droite par n'importe qui, puis
n'importe comment, puis n'importe où. C'est ça qu'elle aurait
à faire. Pas étudier les moyens pour être sûr que
quand tu pognes un gars les mains dans le sac, il est fait, puis tu
l'écrases. Ce n'est pas comme ça que l'Assemblée nationale
va remonter son prestige. Ce n'est pas comme ça que chacun des
députés va remonter son prestige, indépendamment du
pouvoir ou de l'Opposition.
Il n'y a pas de problème là-dessus. Il n'y a pas de
problème. J'ai déjà mis le député de
Maisonneuve au défi, avec sa clique d'investigateurs, de
vérificateurs, avec ses vendus, de venir me vérifier n'importe
quand. N'importe quand. Il n'y a pas de problème. C'est probablement
pour ça que vous ne l'avez pas fait encore à l'heure actuelle.
Cela fait longtemps que je vous attends. S'il y en a qui ont eu l'air
gênés, qui se sont cachés en arrière de leurs
lunettes quand vous avez accusé, moi je n'ai pas ça puis je n'ai
pas de paravent. Je suis un "back-bencher". Or, cette motion ne répond
pas du tout à mes attentes.
J'aurais aimé que la commission de l'Assemblée nationale
siège pour prendre les moyens afin que celui qui devient
député au Québec, du jour au lendemain, ne passe pas pour
un professionnel qui était conscient, qui était honnête et
qui, parce qu'il est devenu député, ne l'est plus.
Je termine là-dessus, M. le Président. J'assistais
à un souper du Club Richelieu de Sainte-Marie-de-Beauce, lundi soir
dernier, et quand on m'a demandé de parler comme député,
comme membre du Club Richelieu, j'ai dit: M. le Président, je me
priverai de parler parce que, depuis que je suis à mon poste de
député, je me sens beaucoup moins drôle, je ne ferai pas de
farce. Merci.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Le député des
Iles-de-la-Madeleine.
M. Louis-Philippe Lacroix
M. LACROIX: M. le Président, je voudrais parler très
brièvement sur la motion présentée par l'honorable
député de Johnson parce qu'elle se réfère d'une
façon tout à fait particulière à cette cause que
l'on a appelée et qu'on appelle encore l'affaire Boutin. Quand
j'écoutais le député de Johnson j'ajouterai aux
remarques faites par le député de Trois-Rivières
j'ai constaté que, quand le diable se fit vieux, il se fit moine.
J'ai personnellement participé à la campagne
électorale complémentaire dans le comté de Johnson. A ce
moment-là, il n'y a jamais eu de preuves. D'ailleurs, j'en ai
déjà parlé avec le député de Johnson. Je lui
ai demandé: Est-ce qu'il y a eu malhonnêteté dans cette
cause? Il a dit: II n'en est pas question. D'ailleurs, le député
également...
M. BELLEMARE (Johnson): L'ex-député.
M. LACROIX: Avec vous, j'en ai parlé, une fois, à votre
siège. Je vous ai demandé: Est-ce qu'il y a eu preuve de
malhonnêteté? Vous m'avez dit: Non, ce n'est pas la question.
D'ailleurs, quand le député de Maisonneuve a
présenté l'affaire, il n'a jamais dit qu'il y avait eu
malhonnêteté. Mais, tout le long de la campagne électorale
dans le comté de Johnson, c'était l'accusé Boutin. Il
s'agissait d'erreurs techniques et des erreurs techniques, il peut y en avoir.
D'après l'article 79 de la loi de la Législature, un
député ne peut absolument rien faire d'autre que d'être
simple député, il ne peut occuper aucune autre fonction et avoir
des intérêts dans absolument rien, parce que la loi dit: Ni
directement ni indirectement, et ça peut aller très loin, cette
chose-là.
Vous pourriez être restaurateur; un fonctionnaire arrête
chez vous prendre un repas, se fait signer un reçu et vous pourriez
même être accusé de par la Loi de la Législature.
C'est de l'enfantillage. On arrive à salir des réputations. Du
moment qu'une accusation est portée contre un député,
qu'on le veuille ou qu'on ne le veuille pas, le député, sa
famille, ses enfants sont salis. La réputation ternie ne se
récupère jamais. Vous vous êtes référé
à la cause Gabias-Hamel. J'étais présent à ce
moment-là; cela ne date que de dix ans et savez-vous combien il reste
dans cette Chambre de députés présents en 1964, y compris
vous, M. le Président? Nous sommes exactement quinze
députés qui siégeaient en 1964 qui sommes encore ici, dans
cette Chambre. Le député de Trois-Rivières avait
porté son accusation. Alors qu'on lui faisait remarquer qu'il portait
une accusation très grave, il avait un paquet de documents comme
ça et il avait dit: M. le Président, j'ai des preuves
là-dedans pour faire pendre le député de Saint-Maurice.
Cela s'est révélé faux, on a détruit la vie
politique du député de Saint-Maurice comme on a détruit
l'avenir politique du député de Johnson.
Je pense qu'il s'agit tout simplement de pécadilles et je crois
que dans cette Chambre, même si la commission parlementaire avait
jugé le député de Johnson, si les membres de la commission
parlementaire avaient jugé que l'accusation n'était pas
fondée, qu'est-ce qu'on aurait vu dans les journaux?
Qu'est-ce qu'on aurait entendu à la radio et à la
télévision? On aurait dit que c'est grâce à
l'immense majorité du Parti libéral qu'on avait refusé de
reconnaître le bien-fondé de l'accusation. Si jamais nous l'avions
reconnu coupable, les mêmes médias d'information auraient dit:
Voilà bien les Libéraux, ils laissent tomber leur
député. Nous étions dans une situation sans issue. C'est
de même qu'on salit, c'est de même qu'on porte des jugements et
c'est pourquoi, aujourd'hui, de moins en moins de personnes veulent se lancer
dans la politique, parce qu'elles ne veulent pas se voir salir. Elles ne
veulent pas voir leur femme et leurs enfants et leur parenté être
victimes de ces manoeuvres des adversaires politiques.
Je pense que s'il fallait que, d'un côté à l'autre
de la Chambre, on se cherche des poux continuellement, la vie politique
deviendrait intenable. Nous ne serions plus capables d'attirer personne dans la
vie politique. Le député de Johnson sait très bien que
cela s'est fait, à une certaine époque, alors que la
majorité gouvernementale était l'équivalent de celle qu'il
y a
aujourd'hui. S'il avait fallu qu'un député de l'Opposition
porte des accusations, combien cela aurait été facile. J'ai ici
des charmantes lettres, des lettres qui en disent long et qui témoignent
d'un système qui était beaucoup plus grave que les accusations
que nous avons portées contre le député de Johnson.
M. le Président, il faut que cessent ces accusations qui
salissent et qui ternissent la réputation de cette Chambre. Dans cette
Chambre, les députés sont aussi honnêtes que toutes les
autres personnes de toutes les autres classes de la société.
Mais, par exemple, nous avons des anges gardiens qui logent ici en haut. On ne
se gêne pas pour porter des accusations toutes plus fortes les unes que
les autres. On donne combien d'importance aux accusations, mais quand vient le
temps, par exemple, de s'excuser, on n'a pas tout le temps le courage du
député des Iles-de-la-Madeleine qui s'est excusé,
lorsqu'il a porté des accusations qui se sont avérées non
fondées, lorsque j'avais des renseignements que je n'avais pas eu le
temps de vérifier et qui n'étaient pas exacts. M. le
Président, il reste toujours que les familles ont à souffrir d'un
tel état de choses. Je ne crois pas que les membres d'une commission
parlementaire soient les mieux habilités pour juger d'un autre
député. Je pense que le député de Beauce-Nord,
tantôt, avait une proposition fort valable. Quant à moi, je ne
crois pas du tout à l'impartialité des membres de cette Chambre,
qu'ils soient du parti ministériel ou d'un des partis de l'Opposition,
pour juger de la conduite d'un de leurs collègues.
M. le Président, je voudrais revenir à ce que je disais
tantôt. Le député Henri Bourassa, je ne me souviens pas
quel comté il représentait. Il avait porté une accusation
contre le député de Bellechasse, alors l'honorable M. Turgeon.
Celui-ci avait sommé M. Bourassa de prouver son accusation. Il avait
refusé de le faire et l'honorable M. Turgeon a dit au
député Bourassa: Démissionnez de votre siège, j'en
ferai autant et nous irons nous faire juger par la population du comté
de Bellechasse ou par la population de votre comté. A ce moment, il
avait été convenu que la lutte se porterait dans le comté
de Bellechasse, et l'honorable M. Turgeon avait défait M. Bourassa.
C'est valable.
L'élection dans le comté de Johnson, je pense qu'elle
s'est faite dans un contexte tout à fait particulier et tout à
fait injuste à l'endroit du député, Jean-Claude Boutin,
que l'on a fait passer pour un homme malhonnête, pour une personne qui
n'avait pas bien rempli son mandat.
Pourquoi dans la Loi de la Législature oblige-t-on un
député, du moment qu'il est élu, à se
départir immédiatement de tous ses intérêts ou de
différentes autres choses, alors que, dans le cas d'un juge, on lui
donne trois mois pour liquider les affaires de son bureau? Pourquoi ne
permettrions-nous pas à un député d'avoir au moins un
délai aussi long pour pouvoir liquider ses affaires de façon
à éviter les choses qui se sont produites dans le cas de M.
Boutin?
Je pense que nous sommes d'une extraordinaire
sévérité lorsqu'il s'agit d'un adversaire politique; le
"fair play" n'existe pas dans ce temps-là. On essaie de faire de la
surenchère pour ternir une réputation, pour salir un parti
politique, afin non pas d'obtenir la vérité, non pas d'obtenir la
justice, mais d'essayer d'accaparer quelques votes même si cela
coûte énormément cher à un individu et à ceux
qui en dépendent.
Je voterai contre cette motion parce que je la trouve souverainement
injuste. Ce qui est encore plus inacceptable c'est que cette motion a
été apportée pour remplir une promesse
électorale.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Le droit de réplique je suis
un expert dans cette question est la semaine prochaine.
M. BELLEMARE (Johnson): Comment? UNE VOIX: S'il y a consentement.
M,BELLEMARE (Johnson): Ah! D'accord. Je pensais terminer cet
après-midi.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Non, c'est la semaine prochaine.
M. BELLEMARE (Johnson): Ah! Je n'ai pas d'objection.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Vous avez deux semaines.
M. BELLEMARE (Johnson): Ah oui! Je n'ai pas d'objection. C'est parce que
la session avance très rapidement. Pour donner la chance à
d'autres partis d'apporter peut-être une autre motion, j'aurais
terminé.
M. MORIN: Nous n'avons pas d'objection, M. le Président...
M. BURNS: Pas d'objection.
M. MORIN: ... à ce qu'on en finisse.
M. BELLEMARE (Johnson): Oui. D'ailleurs, si l'honorable
député d'Anjou voulait me permettre, ce serait cinq minutes.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Non, non.
M. BELLEMARE (Johnson): La motion serait terminée.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): A l'ordre! A moins qu'il n'y ait
consentement unanime, on ne peut pas changer le règlement.
M. HARDY: M. le Président, j'invoque le règlement. S'il y
a une question importante, qui intéresse tous les membres de cette
Chambre, c'est bien la motion du député de Johnson. Je
verrais très mal que l'on interdise à quelque membre de
cette Chambre son droit de parole. Je pense qu'il n'est pas question de faire
d'arrangements. Cette motion touche tous les membres de cette Chambre. Alors,
tous devraient avoir l'occasion de s'exprimer.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Le député d'Anjou.
M. Yves Tardif
M. TARDIF: M. le Président, en lisant le libellé de la
motion, je me suis demandé de quelle façon on pourrait,
éventuellement, mettre en vigueur le souhait formulé par le
député de Johnson dans la motion que nous discutons cet
après-midi.
Ainsi, même si quelqu'un était accusé par un autre
député d'avoir commis une infraction à la Loi de la
Législature ou était accusé d'avoir commis une infraction
qui le rend indigne de siéger, comment pourrions-nous l'empêcher
de démissionner? On ne pourrait certes pas prendre un revolver et
l'empêcher de démissionner, s'il prenait la décision de
démissionner.
Certes, la personne en question, qui choisirait cette solution, n'aurait
pas nécessairement des motifs inavouables. Ainsi, cela pourrait
être une personne qui craindrait le salissage qui pourrait
résulter de la discussion qu'il y aurait en commission permanente de
l'Assemblée nationale. C'est Voltaire qui a écrit: "Mentez,
mentez, il en restera toujours quelque chose."
D'une telle discussion, un député pourrait avoir la
conviction que même s'il en sortait blanchi, aux yeux d'un certain
secteur de la population, aux yeux d'une certaine partie de la population, il
resterait des doutes qui ne s'effaceraient jamais.
D'autre part, la personne pourrait également décider,
parce qu'elle serait financièrement indépendante ou pour toute
autre raison que ce soit, qu'elle ne serait pas intéressée
à suivre ce processus long, exigeant, qui durerait peut-être
parfois quelques semaines et qui la tiendrait au sein de l'actualité. Je
pense que c'est le choix d'une personne de pouvoir décider, à un
moment donné, si elle met fin à sa carrière politique
d'une façon permanente ou d'une façon temporaire, et je ne pense
pas qu'on puisse empêcher un député de présenter sa
démission à quelque moment que ce soit. Cela constituerait
d'ailleurs, à mon avis, une exception, un accroc au principe
général qui veut qu'un député peut
démissionner à peu près en n'importe quel temps. Il peut
le faire au cours de la session lorsque, de son siège, il se lève
et déclare à l'Assemblée qu'il démissionne. Il peut
également le faire en communiquant par écrit au président
de l'Assemblée nationale, avec deux témoins, qu'il offre sa
démission.
J'aimerais également traiter brièvement de la question de
l'objectivité des membres de cette commission permanente. Je ne doute
pas que les membres qui faisaient et qui font partie de la commission de
l'Assemblée nationale soient objectifs. Le fond du problème n'est
pas tellement de savoir s'ils sont objectifs, mais ce qu'ils paraîtraient
être aux yeux du public.
Ainsi, si c'est un membre du gouvernement qui est accusé par un
membre de l'Opposition et qu'il est acquitté, on va déclarer tout
bonnement que c'était normal qu'il en soit ainsi parce que la
majorité, après tout, était portée à
défendre un des siens et n'allait sûrement pas le condamner.
Si, d'autre part, l'affaire se termine par une condamnation et qu'il
s'agit d'un député du gouvernement qui est condamné par
les membres de la commission permanente de l'Assemblée nationale, une
certaine partie de la population va avoir comme réaction qu'il
s'agissait peut-être d'un député déplaisant, d'un
député ennuyant que le gouvernement a laissé tomber parce
qu'il constituait une entrave à la bonne action du gouvernement.
Si, d'autre part, il s'agit d'une condamnation qui est effectuée
à l'encontre d'un député de l'Opposition qui a
été accusé, une partie de la population va avoir la
réaction de dire: C'est un peu normal.
C'est normal qu'ils le condamnent parce qu'après tout, les
membres du gouvernement ont la majorité dans cette commission permanente
et il va de soi qu'ils n'étaient pas pour laisser échapper cette
occasion qui se présentait à eux de condamner un membre de
l'Opposition.
J'aurais aimé que le député de Johnson nous dise si
c'est une situation qui existe ailleurs. Il a fait appel à des grands
principes pour parler du tribunal ultime que constituent les
députés de l'Assemblée nationale. Mais j'aurais
aimé qu'il nous explique si le cas qui est mentionné dans sa
motion existe ailleurs, à l'étranger, que ce soit dans les
systèmes parlementaires ou dans les systèmes présidentiels
de type américain ou français.
Si la suggestion contenue dans la motion du député de
Johnson est si excellente, j'aurais aimé qu'il nous dise où elle
est appliquée, de façon que nous puissions faire des
comparaisons.
Si, d'autre part, il s'agit d'une espèce de droit nouveau qu'il
propose, j'aurais aimé que le député de Johnson nous le
dise afin que nous puissions porter un jugement bien fondé, que nous
sachions s'il serait souhaitable que nous nous dirigions vers cette formule
alors qu'aucun autre Parlement ne l'a empruntée jusqu'à
présent.
D'autre part, dans la motion du député de Johnson,
j'estime que le mandat qui serait confié à cette commission
permanente de l'Assemblée nationale, si la motion en question
était adoptée, serait un mandat beaucoup trop restreint
étant donné que la motion se lit de façon qu'un
député ne puisse éviter le jugement de ses pairs. Si, au
cours de l'étude effectuée en
commission parlementaire, la commission permanente de l'Assemblée
nationale en arrivait à la conclusion que le mandat qui lui a
été confié par l'Assemblée nationale ne pourra pas
être rempli parce que la solution suggérée par
l'Assemblée nationale n'est pas la meilleure dans les circonstances, que
se produirait-il à ce moment-là?
Il s'agirait alors d'une commission permanente qui aurait
effectué un travail qui en somme ne donnerait aucun résultat si
ce n'est que de déclarer à l'Assemblée nationale qu'il
s'agit finalement, non pas de la meilleure solution, mais d'une solution qui
peut être surpassée par plusieurs autres.
C'est pour cela que je pense que le député de Johnson
aurait eu tout intérêt à ne pas restreindre le mandat de
cette commission permanente de l'Assemblée nationale afin que nous
puissions étudier toutes les possibilités, toutes les solutions
possibles au problème qu'il a évoqué.
M. le Président, la motion du député de Johnson
aurait pu alors avoir un impact plus considérable puisque le mandat
confié à cette commission aurait été plus
général; il nous aurait permis de faire le tour du
problème, il nous aurait permis d'étudier les solutions possibles
et il nous aurait permis également de faire des recommandations quant
à ces représentations.
M. le Président, le député de Johnson a choisi, de
retour à sa carrière politique, de nous faire discuter d'une
motion qui s'attache à la vie parlementaire. Je ne le blâme pas
d'avoir présenté cette motion mais je pense qu'il s'agit tout
simplement, en fait, de donner suite à une promesse électorale
qu'il avait faite au cours de l'été. Le député de
Johnson aurait pu, en vue d'autres problèmes qui existent au
Québec, attendre avant de présenter cette motion. C'est bien beau
de vouloir donner suite aux promesses qu'on fait durant une campagne
électorale, mais je ne pense pas que ce soit la meilleure façon
de rendre service à ses électeurs.
Pour ces raisons, M. le Président, j'estime, quant à moi,
que la motion présentée par le député de Johnson,
qui a été subséquemment modifiée par le
député de Maisonneuve, peut difficilement être acceptable
pour les membres de cette Chambre.
LE PRESIDENT: L'honorable ministre de l'Immigration.
M. BIENVENUE: Vu l'heure, M. le Président, et comme j'ai une
longue intervention à faire, je demande l'ajournement du
débat.
M. le Président...
M. VEILLEUX: M. le Président, en vertu du règlement,
j'aurais une question à poser au leader parlementaire adjoint. Demain,
je dois être dans mon comté étant donné que la
commission mixte internationale des eaux limitrophes sera présente
à Saint-Jean. Il y a un article, au feuilleton, où c'est moi qui
ai demandé la suspension du débat, notamment en regard du projet
de loi no 20; est-ce l'intention du gouvernement d'attendre à mardi
prochain?
M. BIENVENUE: J'avais prévu la question, M. le Président,
en annonçant ce qui suit comme menu pour demain.
Troisième lecture du projet de loi no 56; la prise en
considération du rapport de la commission permanente des richesses
naturelles et des terres et forêts; étude du projet de loi no 27,
Loi modifiant la loi des terres et forêts; budget supplémentaire;
et, s'il devait rester du temps, la continuation du débat de
deuxième lecture du projet de loi no 46.
LE PRESIDENT: Est-ce que ça affecte...?
M. VEILLEUX: C'est pour demain, mais la commission peut siéger au
moins deux jours à Saint-Jean. Est-ce l'intention du gouvernement
d'attendre à la semaine prochaine, notamment pour le projet de loi no
20?
LE PRESIDENT: Est-ce que vous aviez déjà parlé?
M. VEILLEUX: Non, c'est moi qui ai demandé...
LE PRESIDENT: Non, en vertu du règlement, si vous n'avez pas
commencé à parler, vous ne perdez pas votre droit de parole,
c'est un autre député qui prend la parole et vous pourrez parler
sur la même motion à un autre moment. Vous ne perdez pas votre
droit de parole du fait que vous n'avez pas commencé à
parler.
M. VEILLEUX: A condition, M. le Président, que ce ne soit pas
fini.
LE PRESIDENT: Que ça ne soit pas...
M. VEILLEUX: Fini.
LE PRESIDENT: Ecoutez, à moins que...
M. VEILLEUX: C'est parce que la semaine passée, il y a eu des
ententes avec les partis d'Opposition puis on s'est fait jouer par le Parti
québécois...
LE PRESIDENT: De deux choses, soit qu'on vous accompagne...
M. VEILLEUX: ... qu'on ne parle pas. On nous accuse de ne jamais parler,
pour une fois je voudrais parler. C'est pour cela que je demande...
LE PRESIDENT: Alors, d'accord, messieurs. Très bien. Mais
ça je n'ai pas juridiction sur cela.
M. BIENVENUE: Nous avons noté. Je demande l'ajournement de la
Chambre à demain après-midi, quinze heures, M. le
Président.
LE PRESIDENT: L'Assemblée ajourne ses travaux à demain,
quinze heures.
(Fin de la séance à 18 h 3)
ANNEXE
Dépannage secours dans le parc des Laurentides
Question de M. Bédard (Chicoutimi) 1. Le ministère
des Transports a-t-il des équipes de dépannage-secours dans le
parc provincial des Laurentides? 2. Si oui, de combien d'hommes et de voitures
sont formées ces équipes? 3. A quel moment de la semaine ces
équipes sont-elles en action?
Réponse de M. Mailloux 1. Oui 2. 1 camionnette et 1 homme
par équipe. 3. 7 jours par semaine 16 heures à 24 heures Minuit
à 8 heures a.m.