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(Dix heures onze minutes)
M. LAVOIE (président): A l'ordre, messieurs!
Affaires courantes.
Dépôt de rapports de commissions élues.
Dépôt de rapports du greffier en loi sur les projets de loi
privés.
Présentation de motions non annoncées.
Présentation de projets de loi au nom du gouvernement.
Présentation de projets de loi au nom des
députés.
Déclarations ministérielles.
Dépôt de documents.
Questions orales des députés.
L'honorable chef de l'Opposition officielle.
QUESTIONS DES DEPUTES
Indiens et Inuit de la baie James
M. MORIN: M. le Président, c'est une question que je dirigerais
vers le premier ministre. A la suite de la décision de la cour
Suprême repoussant l'appel des Indiens et des Inuit de la baie James sur
la décision de la cour d'Appel de suspendre l'injonction du juge Malouf,
pourrait-on nous dire où en sont, en ce moment, à la veille de la
fin des travaux de cette Chambre, les négociations avec les Indiens et
les Inuit?
M. BOURASSA: M. le Président, nous avons fait, il y a, je crois,
trois semaines ou plus de deux semaines, des propositions aux
représentants des Indiens sur plusieurs points. Nous attendons
maintenant des contrepropositions de leur part de manière à
permettre l'accélération des négociations. J'ai dit, hier,
qu'indépendamment des jugements des différentes cours nous
souhaitions arriver à un règlement acceptable et pour les Indiens
et pour le gouvernement du Québec, de manière à pouvoir
poursuivre les travaux de la baie James. J'ai mentionné également
jusqu'à quel point ces travaux nous paraissaient très importants
pour l'avenir énergétique des Québécois. Comme je
l'ai dit à plusieurs reprises au chef de l'Opposition, les autres
solutions, comme la construction de 18 centrales nucléaires sur le bord
du Saint-Laurent, entraîneraient des conséquences
écologiques immenses, énormes pour les Québécois,
indépendamment des questions de coût.
Hier, le chef de l'Opposition me posait des questions sur le coût,
en ce qui a trait au transport de l'électricité. Il faudrait
qu'il s'informe également de l'augmentation des coûts pour la
construction des centrales nucléaires. Lorsqu'on a parlé d'une
centrale nucléaire de $300 millions, l'an dernier, à Gentilly, il
faudrait peut-être s'informer à quel coût maintenant c'est
rendu. Tout ça doit être jugé en regardant les
différents choix qui s'offrent aux Québécois en
matière énergétique et il est indéniable que
l'hydraulique a des avantages, comparativement, beaucoup plus
intéressants pour les Québécois que les autres formes.
M. MORIN: Question additionnelle, M. le Président.
Je ne voulais pas me laisser entraîner dans la question des
centrales nucléaires le premier ministre ne perd jamais une
occasion de nous y ramener mais je voudrais vous rappeler, M. le
Président, que j'ai déjà posé trois fois, dans
cette Chambre, la question relative aux centrales de 750 mégawatts et
plus. Je n'ai jamais eu de réponse. Je l'attends encore. Or, je la
repose comme question additionnelle, puisqu'il a relié la question des
centrales nucléaires à la question des Indiens. Je repose la
question du Premier ministre. Quand va-t-il nous faire connaître
puisqu'il me disait, tout à l'heure, que je devais me renseigner, je ne
demande pas mieux les chiffres que j'ai demandés, que M. le
député Joron a déjà demandés il y a un an et
demi, à l'égard de ces centrales nucléaires? Là,
peut-être qu'on pourra parler en connaissance de cause.
M. BOURASSA: M. le Président, le chef de l'Opposition est
justifié de poser la question. Il l'a posée au ministre des
Richesses naturelles, qui l'a transmise à l'Hydro-Québec. Le chef
de l'Opposition, d'une façon indirecte, semble attaquer l'option
hydraulique de l'Hydro-Québec et du gouvernement du Québec. Il
pose toujours des questions sur le coût de l'hydraulique. Il ne pose
jamais de questions sur le coût des centrales nucléaires, sauf
celle-ci. Il y avait 50 programmes qui ont été analysés
par PHydro-Québec. Pour donner une réponse complète
c'est ce qu'on nous a dit pour donner une réponse significative
au chef de l'Opposition, il faut donc examiner les différents
programmes, de manière à comparer l'un par rapport à
l'autre. Les coûts ont augmenté pour la construction, on le sait,
non seulement pour les centrales, mais pour l'ensemble des constructions au
Québec. Ce n'est pas une réponse qui peut être
donnée très rapidement. Mais je réfère le chef de
l'Opposition à un article paru dans la revue "Forces", au premier
trimestre. Il va y avoir des explications qui sont données sur les
avantages économiques de l'hydraulique, indépendamment des
coûts. Déjà, je crois que c'est très favorable pour
l'hydraulique, mais il y a les avantages économiques, le nombre
d'emplois créés, les retombées économiques, le
contenu québécois par rapport au contenu canadien, au contenu
nord-américain. Le chef de l'Opposition va être très bien
informé. Il va probablement se rallier enfin à la sage
décision du gouvernement du Québec.
M. MORIN: M. le Président, je ne voudrais pas transformer cette
période des questions en
débat. Le premier ministre a l'air de vouloir le faire. Je veux
simplement poser une ou deux questions bien précises. Quand allons-nous
avoir les chiffres? Ce n'est pas comme si c'était la première
fois que nous les demandions. Est-ce que j'ai la parole, M. le
Président?
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. MORIN: Nous les avons demandés il y a maintenant un an et
demi. On nous fait tramer, pour mieux nous dire, ensuite, que nous ne sommes
pas renseignés.
Qu'on nous renseigne et nous poserons des questions intelligentes et
nous ferons valoir des arguments intelligents.
M. BOURASSA: M. le Président, j'ai attendu pour la publication du
budget du Parti québécois.
M. MORIN: M. le Président, question additionnelle. Pour revenir
à la baie James, car c'est quand même important, est-ce que le
premier ministre, sans entrer dans les détails, parce que je ne veux pas
compromettre les négociations avec les Indiens et les Inuit, pourrait
nous donner une idée des points on a dit dans la presse qu'il y
en avait une dizaine sur lesquels porte cette négociation?
M. BOURASSA: II y a plusieurs points: la compensation financière,
les droits de chasse et de pêche, le rôle des représentants
des Indiens pour ce qui a trait à la collaboration avec la
Société de la baie James, les territoires qui pourraient leur
être réservés. Sur tous les points qui pouvaient
paraître sujets à discussion avec les représentants des
Indiens, nous avons fait des propositions. Il y a aussi les changements qui
hypothétiquement, si c'est possible, pourraient être
apportés aux barrages. Sur tous ces points, qui ont fait l'objet de
propositions, on se déclare prêt à discuter avec les
représentants des Indiens. Comme je l'ai dit tantôt au chef de
l'Opposition, on a fait des propositions il y a près des trois semaines
et on espère pouvoir recevoir des contrepropositions très
rapidement, de manière à accélérer la
négociation.
Contribution du gouvernement à OXFAM
M. BOURASSA: M. le Président, tandis que je suis debout, je
voudrais répondre à une question du chef de l'Opposition pour ce
qui a trait à la contribution du gouvernement du Québec à
OXFAM. Nous avons décidé, hier, de faire une contribution de
$50,000 à OXFAM. Le Conseil exécutif ou le bureau du premier
ministre possède un budget de subventions; donc, ce sera puisé
à même ce budget de subventions. J'ai
téléphoné à M. Yvon Deschamps, hier, pour lui
apprendre la nouvelle. On sait que M. Deschamps fait un travail
extrêmement méritoire pour cette oeuvre et, si l'Opposition me le
permet, je pourrai lui remettre le chèque ce soir en arrivant à
Montréal.
M. MORIN: M. le Président...
M. BOURASSA: Si les travaux sont terminés à une heure
raisonnable.
M. MORIN: ... je pense qu'il convient de féliciter le
gouvernement pour cette initiative. Je suis d'autant plus heureux de le faire
que c'est un geste de générosité qui se présente
à la veille d'une fête qui est censée être celle de
la fraternité humaine. Je crois que c'est un geste symbolique.
On ne pouvait sans doute pas faire un geste plus que symbolique, parce
que de toute façon la pénurie qui sévit là-bas ne
pourrait sans doute être réglée même avec des
millions de dollars, mais c'est un geste concret. M. le Président, je
sais que ce n'était pas une question, mais...
LE PRESIDENT: Je pense bien qu'il y a consentement.
M. MORIN: C'est un geste qui nous fait oublier un peu tous nos petits
problèmes que nous avons depuis quelques semaines, "petits
problèmes" il faut s'entendre, petits à l'échelle
planétaire. Le geste du gouvernement nous permet de nous élever
un peu au-delà de toutes nos querelles, dont certaines sont importantes
et dont certaines ne sont pas terminées d'ailleurs, je tiens à le
dire. Cela nous permet de les oublier pendant quelques instants dans ce geste
de solidarité internationale. Croyez bien que du côté de
l'Opposition, M. le Président, le premier ministre ne rencontrera aucune
objection à ce que ce montant soit expédié le plus vite
possible par l'intermédiaire d'OXFAM. Merci.
LE PRESIDENT: Le député de Rouyn-Noranda.
Candidat libéral défait
M. SAMSON: M. le Président, ma question s'adresse au premier
ministre. En fait j'aurais peut-être plusieurs questions à lui
poser. Il s'agit de questions que j'ai déjà posées depuis
quelque temps et auxquelles le premier ministre devait faire certaines
vérifications et nous apporter des réponses. Je me demande si le
premier ministre a eu le temps de faire ces vérifications. Il a
semblé assez occupé dernièrement...
C'en est une justement, ça M. le premier ministre, sur votre
candidat libéral. Je voudrais savoir, peut-être que vous avez eu
le temps de faire certaines vérifications, peut-être aussi que le
premier ministre a eu le temps d'entendre dire que le candidat libéral a
dû témoigner devant la cour cette semaine. Une dame
siégeant au conseil d'administration du Foyer Pie XII l'aurait
accusé d'avoir voulu exercer du
chantage sur les membres du conseil du Foyer Pie XII...
Et, je vous parle de ce qui a été rapporté à
la radio et sur les journaux et j'imagine que votre CAD aurait dû vous
tenir au courant de ça.
M. le Président, peut-être que le premier ministre pourrait
profiter de sa réponse pour me dire s'il a eu le temps de faire
certaines vérifications et surtout s'il a eu le temps de communiquer
avec le candidat libéral défait pour lui faire comprendre qu'il
n'a pas été élu dans le comté de Rouyn-Noranda, que
ce n'est pas lui le député, qu'il n'a pas de mandat. Il serait
peut-être bon...
LE PRESIDENT: Question s'il vous plaît.
M. SAMSON: Oui, mais c'est une bonne question, M. le Président,
vous allez le reconnaître...
LE PRESIDENT: Votre préambule est très intelligible.
M. SAMSON: M. le Président, vous allez quand même
reconnaître que nous avons, je pense, le présumé
consentement de la Chambre, comme, tantôt, nous l'avons accordé
à l'honorable chef de l'Opposition pour déroger un peu et faire
mieux comprendre au premier ministre qu'il serait peut-être bon qu'il
fasse une déclaration publique à ce sujet, pour dire ce qu'il
avait l'intention de dire l'autre jour et qu'il a peut-être oublié
de nous dire. Cela s'est déjà présenté. Je pense,
que le premier ministre le sait. Je lui pose d'ailleurs cette question,
justement, au premier ministre: Est-ce que vous ne vous rappelez pas que le
même cas s'est présenté, il y a trois ans et demi, dans le
comté de Montmagny, et que vous aviez dû prendre des dispositions
à ce moment-là?
Prix de l'essence
M. SAMSON: Le premier ministre pourrait peut-être nous donner une
réponse là-dessus, ce matin. Puisque c'est la veille des
Fêtes, j'aurais aussi une autre question très importante. C'est
encore une question que j'ai posée et à laquelle je n'ai pas eu
de réponse. Le premier ministre devait faire des vérifications.
Il s'agit du prix de la gazoline dans la région du Nord-Ouest,
comparativement à la région de l'Ontario, située à
proximité. Je demande au premier ministre s'il est au courant que le
prix de la gazoline est déjà de $0.10 plus cher en Ontario qu'au
Québec et qu'à Rouyn-Noranda, c'est $0.10 plus cher qu'en
Ontario. Est-ce que le premier ministre a eu le temps de faire des
vérifications afin de nous dire ce que le gouvernement peut faire et
quelles sont ses intentions?
Je comprends qu'il y aura une conférence
fédérale-provinciale, mais la population chez nous demande une
position plus ferme que cela, au moins une position publique. Je crois que vous
avez raison de me regarder, M. le Président. Vous m'avez suffisamment
permis d'élaborer.
M. BOURASSA: Je suis heureux de voir que le chef parlementaire est de
bonne humeur, ce matin.
M. SAMSON: M. le Président, je pose la question de
privilège. Le premier ministre n'a pas raison de présumer que je
pourrais ne pas être de bonne humeur. Je voudrais dire au premier
ministre que c'est peut-être, ce soir, ou vers la fin des travaux que
nous aurons à revenir sur cette question et, à ce
moment-là, il aurait peut-être raison de me demander si je suis de
bonne humeur.
M. BOURASSA: D'ici à ce soir, M. le Président, il reste
quand même un certain temps. Pour répondre aux deux questions, on
ne m'a rien soumis d'irrégulier dans l'attitude du candidat
libéral. Je dois dire que j'ai demandé à mon chef de
cabinet d'examiner la situation. Je n'ai pas encore eu de rapport. La
même chose pour la deuxième question. J'ai demandé au
ministère des Richesses naturelles de vérifier les faits soumis
dans la question du député. Le chef parlementaire du Parti
créditiste doit savoir que le gouvernement du Québec doit assumer
des frais additionnels, sans revenus additionnels, contrairement au
gouvernement fédéral qui, en raison du mode de taxation
utilisé, a des revenus additionnels avec l'augmentation du prix.
Le gouvernement du Québec, non seulement n'a aucun revenu
additionnel, étant donné que c'est tant par gallon, mais doit
assumer des déboursés additionnels, notamment pour ce qui a
trait, je l'ai déjà dit, aux autobus scolaires, aux autos de la
Sûreté, au chauffage des édifices publics. Alors le
coût accru du pétrole se trouve à impliquer pour le
gouvernement d'autres déboursés. C'est pourquoi les
disponibilités du gouvernement du Québec sont moins grandes que
celles d'un gouvernement qui, lui, profite de revenus accrus. C'est ça
que nous allons discuter à la conférence
fédérale-provinciale.
M. SAMSON: Une question supplémentaire, M. le Président.
Est-ce que le premier ministre a été mis au courant que certains
distributeurs de produits pétroliers de l'Ontario offriraient de vendre
des produits pétroliers à des détaillants au Québec
à dix sous meilleur marché que le prix d'approvisionnement au
Québec? Et parait-il que les grandes compagnies qui fournissent les
détaillants au Québec effectueraient un blocus empêchant
ces détaillants de se procurer l'essence de l'autre côté de
la frontière qui est en fait, seulement à 30 milles de
Rouyn-Noranda.
M. BOURASSA: Mais quel genre de blocus,
M. le Président? Je ne vois pas comment ils peuvent... Ils ne
peuvent pas bloquer les frontières.
M. SAMSON: M. le Président, le CAD devrait être capable de
renseigner le premier ministre, puis je pense que vous devez être capable
de comprendre que les grandes compagnies sont capables de bloquer, sans qu'on
bloque les frontières, vous avez compris ça, M. le premier
ministre.
M. BOURASSA: Je vais vérifier avec le CAD comme le dit le
député de Rouyn-Noranda.
M. SAMSON: M. le Président, une question supplémentaire.
Est-ce que le premier ministre pourrait ce matin...
LE PRESIDENT: La dernière.
M. SAMSON: Oui, M. le Président.
Est-ce que le premier ministre pourrait, ce matin puisque le CAD
ne lui a pas encore fait rapport sur la question d'Henri Miljour, candidat
libéral défait faire une déclaration publique,
à l'effet que le candidat libéral défait n'a aucun statut
et ne représente pas officiellement le gouvernement du Québec?
Est-ce que vous pouvez nous dire ça?
M. BOURASSA: M. le Président, le représentant du
comté de Rouyn-Noranda c'est le député qui siège en
cette Chambre. C'est la loi et on respecte la loi.
M. SAMSON: M. le Président, je demande au premier ministre, je
veux que le premier ministre me dise publiquement que le candidat
libéral défait n'a aucun statut, est-ce que vous êtes
prêt à faire ça?
LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre, messieurs?
M. BOURASSA: Je ne comprends pas l'inquiétude du
député de Rouyn-Noranda, et ce qu'il entend par statut. Il a les
droits de tous les citoyens. M. Miljour est un citoyen respectable.
Je pense qu'il est aussi respecté par la population de son
comté, mais le député du comté est le
député qui siège en cette Chambre. Il me semble que c'est
assez clair. Je ne comprends pas pourquoi le député n'est pas
satisfait de ma réponse.
M. SAMSON: Dernière question supplémentaire, M. le
Président. Si le premier ministre ne répond pas, je poserai la
question de privilège.
Je voudrais demander au premier ministre s'il est disposé
à dire publiquement que le candidat libéral défait n'est
pas un agent négociateur pour le gouvernement, autrement dit
voulez-vous comprendre mieux que ça qu'il n'est pas reconnu comme
patroneux officiel du gouvernement. Etes-vous prêt à le dire
publiquement ou si vous allez encore glisser?
LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. SAMSON: Ah non, on n'est pas aux Iles-de-la-Madeleine !
LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre, messieurs!
M. SAMSON: Est-ce que le premier ministre est prêt au moins
à faire cet effort pour dire à la population qu'il
reconnaît qu'elle n'a pas élu le candidat libéral? Est-ce
que vous êtes prêt à dire ça, que Miljour ce n'est
pas votre agent négociateur et qu'il n'a aucun statut pour
négocier au nom du gouvernement comme il le fait présentement?
Etes-vous prêt à le dire?
M. BOURASSA: M. le Président, il est difficile d'admettre la
question du député. Dans sa question, il accuse le gouvernement
de faire du patronage. Il dit "le patroneux officiel" alors qu'on sait que le
gouvernement ne fait pas de patronage.
LE PRESIDENT: A l'ordre! Messieurs, à l'ordre!
M. SAMSON: Je pose la question de privilège, M. le
Président. Le premier ministre me prête des intentions. Je n'ai
pas accusé le gouvernement... Je pose la question de privilège.
Je n'ai pas accusé le gouvernement de faire du patronage officiel. Je
sais qu'il en fait officieusement. Je n'ai pas accusé le gouvernement de
patronage, tout le monde le sait. Mais je voudrais savoir, je pense que j'ai le
droit de savoir ça, la population qui m'a élu a aussi le droit de
savoir que ce n'est pas au bureau du patroneux libéral du comté
de Rouyn-Noranda que les votes sont allés. Je pense que vous devriez au
moins, à la veille des Fêtes, prendre position
là-dessus.
Ecoute électronique
LE PRESIDENT: L'honorable député de Maisonneuve.
M. BURNS: M. le Président, ma question s'adresse...
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. BURNS: ... au ministre de la Justice. Le 27 novembre dernier, le
ministre se souviendra qu'en réponse à une de nos questions sur
l'écoute électronique, il nous révélait avoir
demandé à ses fonctionnaires de préparer un
règlement sur le sujet.
Le règlement devait être prêt, selon ce qu'il nous a
dit à ce moment-là, dans une dizaine de
jours. Je pense que j'ai été patient auprès du
ministre, je ne lui ai pas posé la question depuis le 27 novembre.
J'aimerais savoir si ce règlement a été
préparé, s'il a été soumis au conseil des
ministres. Sinon, où est-ce qu'il en est dans la préparation de
ce règlement sur l'écoute électronique?
M. CHOQUETTE: M. le Président, en réponse à la
question du député de Maisonneuve, je dois lui dire que nous
avons fait préparer un projet de règlement par la Commission de
police avec le concours de hauts fonctionnaires du ministère de la
Justice. Par la suite, ce règlement a été discuté
avec certains corps de police importants du Québec pour vérifier
s'il pouvait comporter des inconvénients majeurs dans sa mise en
application. Ces consultations ont eu lieu. Par la suite, j'ai
décidé de soumettre le règlement au Conseil consultatif de
la justice, pensant que ce conseil pourrait également donner un avis
intéressant, peut-être faire des suggestions pour que le
règlement soit parfaitement adéquat, dans le sens qu'il
contrôle d'une façon suffisante l'usage ou l'utilisation de ces
procédés sans pour autant constituer un frein à l'action
légitime de la police.
Je n'ai pas accéléré les procédures quant
à l'adoption du règlement en question étant donné
que pendant ce temps-là, à Ottawa, vous avez vu que le bill C-176
a subi certains avatars lorsqu'il s'est rendu à la Chambre haute et
qu'il a été renvoyé à la Chambre basse, d'autant
plus que l'adoption de cette loi fédérale semblait imminente au
moment où le député m'avait interrogé à
l'époque. Je me disais: II est clair et évident que, quant
à la réglementation de l'utilisation de ces
procédés par nos corps de police, il serait certainement
avantageux qu'on se situe dans le cadre général de la
législation fédérale sur le sujet. A l'heure actuelle,
étant donné que le gouvernement fédéral n'a pas
encore adopté le bill C-176, nous ne savons pas exactement à quoi
nous en tenir sur la teneur éventuelle de ce bill. Je vais continuer mes
consultations au niveau du Conseil consultatif de la justice pour avoir son
avis. Je vais procéder dans les délais raisonnables en
espérant d'un autre côté que le gouvernement
fédéral légifère mais d'une façon qui soit
réaliste. Si on me demandait mon avis sur le bill C-176, malgré
que je suis tout à fait d'accord sur le principe du bill, qui veut que
l'on assure la protection de la vie privée, je ne suis pas d'accord sur
toutes les modalités de cette loi. Je crois qu'elle serait nuisible
à l'action efficace de la police. Mais ce n'est pas à nous et
à moi de décider. Je me situerai dans le cadre
général de la législation fédérale. Pour le
moment, j'attends donc, d'une part, l'avis du Conseil consultatif de la
justice, qui devrait me parvenir dans le cours ou au début de janvier.
D'autre part, j'attends la loi fédérale. J'essaierai de
coordonner et de faire en sorte que nous puissions avoir une
réglementation à assez brève échéance ici au
Québec pour que les citoyens et les députés qui
représentent les citoyens puissent être assurés qu'il n'y a
pas d'abus dans ce secteur.
M. BURNS: Dans le cadre de ces consultations auxquelles se
réfère le ministre, est-ce que le ministre acceptera,
éventuellement, de déposer une copie de ce projet de
réglementation, ou encore de le discuter à la commission
parlementaire de la justice, si, évidemment, les travaux le permettent,
à ce moment-là?
M. CHOQUETTE: Je retiens la suggestion du député de
Maisonneuve, non pas pour lui donner une réponse favorable de
façon catégorique, ce matin, mais étant donné que
c'est un sujet qui préoccupe à juste titre le
député, ainsi que le chef de l'Opposition et les autres membres
de la Chambre, je pense bien qu'en temps et lieux je n'aurais pas d'objection
à ce qu'on organise une discussion sur le projet, qui prendra une forme
ou une autre. En fait, le but que nous recherchons est le contrôle
adéquat de ces méthodes, afin qu'il n'y ait pas d'abus. D'un
autre côté, nous savons bien qu'elles existent et il ne sert
à rien de nier la réalité et l'évolution technique.
Il faut faire la part de l'action de la police dans ce domaine.
LE PRESIDENT: L'honorable député de Saint-Jacques.
Vente d'encyclopédies
M. CHARRON: M. le Président, ma question s'adresse au ministre
des Institutions financières. Plusieurs citoyens, en particulier du
centre-sud de Montréal, ont signé, récemment, des contrats
de vente d'encyclopédies sous la pression de vendeurs itinérants
de la compagnie Sondec. Par la suite, cette compagnie prétend ou laisse
croire qu'elle a été autorisée à le faire par la
Commission scolaire de Montréal. Je vais demander si le ministre a
été saisi de cette question de la compagnie Sondec, s'il a fait
enquête et s'il est prêt à donner des informations à
la Chambre ce matin.
M. TETLEY: Non, M. le Président, mais je vais faire enquête
le plus tôt possible.
M. CHARRON: J'ai une question additionnelle, M. le Président.
Est-ce que le ministre serait prêt, dans l'hypothèse où son
enquête confirmerait ce que je viens d'avancer, c'est-à-dire que
ces vendeurs ont fonctionné avec une caution de la commission scolaire,
à amender les règlements de la protection du consommateur dans le
sens de faire disparaître ce genre de caution qui influence inutilement
le consommateur?
M. TETLEY: Oui, M. le Président. Mais je me demande si ces
personnes ont vraiment la caution du ministère de l'Education.
LE PRESIDENT: Deux dernières courtes questions. L'honorable chef
de l'Opposition officielle et le député de Beauce-Sud.
Centrales nucléaires
M. MORIN: M. le Président, le premier ministre nous invitait,
tout à l'heure, à nous renseigner sur le coût des centrales
nucléaires. Il insiste beaucoup sur cette question depuis quelques
jours, au point que je suis porté, soupçonnant anguille sous
roche, à lui poser la question suivante, parce qu'il doit être
renseigné là-dessus: Dans l'état actuel de vos
connaissances, quelles sont les répercussions de l'abandon des 735,000
volts comme moyen de transport de l'électricité de la baie James?
Quelles sont ces répercussions à trois niveaux?
Premièrement: Combien de lignes de transmission additionnelles vont
devoir être construites? Je suis convaincu qu'il en a une
idée.
Deuxièmement: Quel est le coût, du point de vue de
l'immobilisation, de ces lignes de transmission additionnelles?
Troisièmement: Quelles sont les répercussions sur le
coût du kWh?
Même si nous connaissions le coût de
l'électricité nucléaire, tant que nous n'aurons pas ces
réponses, nous ne pourrons pas comparer, nous ne pourrons pas nous faire
une idée intelligente sur la question.
M. BOURASSA: M. le Président, je félicite le chef de
l'Opposition pour le caractère concret de sa question. Lorsqu'il l'a
posée la première fois, j'ai communiqué avec le
président de l'Hydro-Québec pour lui faire part de la question et
pour vérifier les faits. Il m'a dit qu'il me ferait parvenir une
réponse le plus rapidement possible. Cela suppose quand même
certains calculs. Cela suppose certaines prévisions de coûts.
Il m'a dit que ça prendrait un peu de temps avant qu'il me donne
une réponse complète et précise sur cette question.
M. MORIN: Dernière question additionnelle, M. le
Président. Est-ce que le premier ministre pourrait s'engager à
communiquer ces renseignements à l'Opposition officielle, tant sur la
question des répercussions de la transmission par voie de 735,000 volts
que sur les questions que nous avons soulevées depuis un an et demi au
sujet du coût des centrales nucléaires de 750 mégawatts et
plus? Est-ce que le premier ministre pourrait s'engager à nous
communiquer ces chiffres, même entre les deux sessions, aussitôt
qu'il les aura?
M. BOURASSA: M. le Président, je voudrais quand même
comprendre la position du chef de l'Opposition. Est-ce que le chef de
l'Opposition, par toutes ses questions, manifeste son opposition au
développement de la baie James ou si c'est simplement pour avoir une
plus grande information? Si ça ne doit pas être
interprété comme une opposition au développement de la
baie James, je pense qu'il serait peut-être, pour le bien même du
chef de l'Opposition, bon de le préciser. Il pose continuellement des
questions là-dessus, donnant l'impression qu'il préfère
l'option nucléaire et thermique et on sait les problèmes. C'est
ce qu'il avait dit à sa brillante conférence de presse
télévisée avec M. André Payette. Il semble
préférer l'option nucléaire et thermique alors que
ça suppose des coûts additionnels beaucoup plus importants, une
pollution beaucoup plus grande sur le bord du Saint-Laurent, avec les
déchets radioactifs et les retombées économiques...
LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plait!
M. MORIN: Le premier ministre, non seulement me prête des
intentions mais me fait dire des choses que je n'ai pas dites. Je tiens
à dire que premièrement, en ce qui concerne
l'électricité thermique, je ne l'ai jamais envisagée comme
étant une option économiquement rentable. Je l'ai
mentionné au milieu de plusieurs phrases et le premier ministre, sautant
sur ce mot, essaie de me faire dire des sottises. Et je vois bien, à son
sourire, qu'il est tout à fait conscient des petits crocs-en-jambe qu'il
essaie de me faire. Oui, oui, mais ça devient enfantin, M. le
Président.
M. BOURASSA: ... clairement par le chef de l'Opposition, très
clairement.
M. MORIN: M. le Président, en tout cas, sur mon privilège,
je voudrais que le chef du gouvernement, le premier ministre, cesse de me
prêter des intentions et nous donne tous les renseignements. Il n'a pas
répondu à ma question; je lui demandais s'il me communiquera les
chiffres quand il les aura? C'est ce que je veux savoir.
M. BOURASSA: M. le Président, je dis oui au chef de l'Opposition,
mais une façon plus normale de procéder dans des questions de
cette nature, c'est peut-être de les poser au feuilleton. Le gouvernement
doit répondre dans tous les détails lorsque la question est
posée au feuilleton. Si nous avons d'accord la
réponse avant la session, je la ferai parvenir au chef de l'Opposition.
Mais si je puis me permettre de lui donner un conseil de procédures,
c'est probablement le premier que je donne depuis que je suis élu
député, c'est de procéder également par une
question au feuilleton. Alors là il aura une double assurance d'avoir
une réponse, comme nous essayons toujours de donner des réponses
appropriées.
LE PRESIDENT: Dernière question, l'honorable député
de Beauce-Sud.
Caisse de dépôt et placement
M. ROY: M. le Président, j'aurais une question à poser
à l'honorable premier ministre. J'aurais pu la poser à
l'honorable ministre des Finances mais je sais que le premier ministre
répond toujours de façon précise, de façon claire,
alors je vais lui adresser ma question. Est-ce que le premier ministre, en tant
que chef du gouvernement du Québec, entend prendre des mesures, au cours
de 1974 et dès le début de 1974, en vue d'utiliser la Caisse de
dépôt et placement comme agent financier pour et au nom du
gouvernement du Québec? Ma question est claire, je voudrais avoir une
réponse claire.
M. BOURASSA: M. le Président, le ministre des Finances avait
déjà fait connaître, je crois, des lettres adressées
notamment par le président de la Caisse de dépôt et
placement sur cette question et qui donnaient le point de vue de la Caisse de
dépôt et placement elle-même sur le problème
soulevé par le whip, ou le chef, ou le leader parlementaire du Parti
créditiste.
M. ROY: M. le Président, je n'ai pas demandé le point de
vue de la Caisse de dépôt et placement parce que celle-ci est
censée être au service du gouvernement. J'ai demandé le
point de vue de l'honorable premier ministre. J'espère qu'au moins dans
une de ses résolutions de fin d'année, pour l'année qui
commence, il pourra donner à l'Assemblée nationale du
Québec une réponse précise. Vous, M. le premier ministre,
en tant que chef du gouvernement du Québec, qu'elle est votre position
sur ce sujet? Est-ce que vous êtes prêt à demander à
la Caisse de dépôt et placement qu'elle prenne des dispositions de
façon à agir comme agent financier du gouvernement?
M. BOURASSA: M. le Président, ça pose tout le
problème du rôle de la Caisse de dépôt et placement.
On sait que la Caisse de dépôt et placement s'est dite prête
à investir pour l'achat du journal Le Soleil, mais il reste que toutes
les contributions de la Caisse de dépôt et placement ou les
sources de financement, c'est l'ensemble des contribuables
québécois.
Le gouvernement ne peut pas interférer dans les décisions
de la Caisse de dépôt. Pour répondre plus directement
à la question du député, le ministre des Finances me dit
que, pour 1974, il n'est pas réaliste de répondre par
l'affirmative à la question du député de Beauce.
M. ROY: On va conclure que c'est le cartel financier, le syndicat
financier qui va continuer...
LE PRESIDENT: A l'ordre!
Messieurs, avant c'est une question qui concerne le député
de Maisonneuve... Il y a des rapprochements. Messieurs, avant de passer aux
affaires du jour, le député de Maisonneuve m'a remis hier soir un
avis sur une question de privilège, au sujet de la prise et de la
transcription des débats de l'Assemblée, question qu'il entend
soulever avant l'appel des affaires du jour.
Sans accepter ça directement comme une question de
privilège, j'aimerais bien vous entendre sur votre question. Je verrai
si c'est une question de privilège en cours de route.
Transcription du journal des Débats
M. BURNS: D'accord, M. le Président. Cela va être
très bref. Je veux tout simplement expliquer les circonstances qui ont
motivé cet avis que je vous ai donné cette nuit, que je devais
vous donner avant la séance d'aujourd'hui. Alors, depuis quelques jours,
mes collègues et moi-même avons remarqué que lorsque en
particulier un député de l'Opposition parlait et qu'il se faisait
invectiver par des députés ministériels, en relisant le
transcript préliminaire qu'on nous faisait parvenir on s'apercevait
qu'un certain nombre de ces invectives n'apparaissaient pas au journal des
Débats, ce qui avait pour effet de rendre à certains moments
incohérentes certaines paroles de l'Opposition, puisque l'Opposition
répondait à l'occasion à ces invectives.
Alors, sans tenter d'obtenir plus d'informations, nous avons cru
comprendre qu'il s'agissait d'instructions que soit vous-même ou le
directeur du journal des Débats aurait données aux personnes qui
contrôlent la console à l'arrière de la Chambre. Ce matin,
je lis dans le Journal de Québec un article de M. Normand Girard qui
semble confirmer cette impression que nous avions. Je comprends que vous aviez
déjà donné une première directive sur laquelle nous
avons été entièrement d'accord, c'est-à-dire celle
que les micros des députés soient fermés lorsque vous
faites un rappel à l'ordre, lorsque vous êtes debout. M. le
Président, nous n'avons pas d'objection que votre directive dans ce
sens-là soit suivie. Mais si l'autre directive, si elle existe, est
maintenue, à ce moment-là ça va devenir assez difficile
aux lecteurs du journal des Débats de comprendre le sens d'un certain
nombre de choses. Si vous me permettez, je vais citer simplement le dernier
paragraphe de cet article auquel je me référais, de M. Girard, et
que je fais mien au point de vue des remarques.
Je trouve que c'est une opinion très juste à cet effet. M.
Girard termine son article en disant... "En vertu des instructions
données au journal des Débats par son directeur M. Benoît
Massicotte, à l'invitation du président de la Chambre, Me
Jean-Noël Lavoie, l'on pourra dorénavant crier n'importe quoi
à n'importe qui à l'Assemblée nationale et être
assuré de l'immunité et de l'anonymat le plus absolu". Je pense
que c'est ça, M. le Président, la question qui se pose. Les
députés, sachant qu'ils peuvent
maintenant lancer des invectives à l'Opposition ou l'Opposition
au gouvernement remarquez que ça joue dans les deux sens
certains n'en profiteront-ils pas, sous le couvert de cet anonymat, pour rendre
les débats encore plus difficiles qu'ils ne le sont en temps normal? Il
me semble, M. le Président, que c'est ça le sens de ma question
de privilège.
J'espère que, s'il y a eu une directive dans ce sens, M. le
Président aura l'amabilité de la réviser.
LE PRESIDENT: Justement, étant donné que vos commentaires
exigent une réponse de ma part, au lieu de la considérer comme
une question de privilège, je vais considérer que c'est une
question posée en vertu de l'article 167 au président sur les
affaires de l'Assemblée.
Brièvement, tel que vous le mentionnez, le président avait
donné déjà une directive à l'effet que, lorsqu'il
était debout et qu'il rappelait l'Assemblée à l'ordre,
tous les micros aux pupitres se fermaient. Je pense que personne n'a
d'objection à cela.
Récemment, j'ai eu des remarques, des commentaires de l'honorable
vice-président, le député de Saint-Louis, me soulignant
que, lorsqu'un député avait la parole d'un côté ou
de l'autre, nécessairement son micro étant ouvert vu qu'il
était en droit de parler, s'il y avait des interruptions d'autres
membres de la Chambre, à la console, on se dépêchait
d'ouvrir les différents micros où il y avait interruption.
J'ai donné cette directive, que vous rappelez et qui est
mentionnée dans un quotidien de Québec, à M. Massicotte du
journal des Débats pour la raison suivante: c'est que celui qui est en
droit de parler en Chambre doit obtenir la parole du président; c'est
l'opinant, en général, qui est debout et qui s'adresse à
l'Assemblée. Je trouvais personnellement bizarre, s'il y avait en
même temps trois, quatre, cinq, six, dix interruptions ou invectives, que
les techniciens, même avec toute leur expérience, puissent ouvrir
justement tous les bons micros. Pourquoi en ouvrir deux? Pourquoi en ouvrir
trois? Pourquoi en ouvrir quatre, alors qu'il peut y en avoir vingt?
Première raison.
Deuxième raison. Vous savez qu'en vertu du règlement le
président, dans le contexte ou l'économie de ce règlement
a un contrôle, en somme, direct sur celui qui a obtenu le droit de parole
légalement. Il peut faire corriger ou faire retirer des paroles
antiparlementaires que ce membre de l'Assemblée dirait alors qu'il a, en
droit, la parole. Lorsqu'il y a des invectives, des épithètes,
des blagues ou quoi que ce soit un peu partout dans l'Assemblée, le
président, souvent, n'a pas de contrôle sur cela. Ces paroles sont
dites souvent hors du contrôle du président. Ces paroles, dans le
brouhaha ou dans la chaleur des débats, ne viennent pas à
l'oreille du président. C'est pour ces raisons, vu que le
président n'a pas contrôle sur ces paroles pour les faire retirer
ou pour rappeler ce député qui est hors d'ordre à l'ordre,
que j'ai donné ces directives.
Vous avez raison de dire que cela peut rendre le journal des
Débats inintelligible à certains moments. Par contre, le journal
des Débats n'est pas une oeuvre littéraire, non plus. C'est
plutôt une transcription, comme la sténographie devant les
tribunaux ou quelque chose comme cela.
J'ai donné cette directive de bonne foi pour que le
président garde, quand même, un certain contrôle sur ce qui
se dit en Chambre, pour que ces paroles, qui étaient toujours
considérées anciennement comme du désordre ou du bruit, ne
soient pas enregistrées! Je suis prêt à en discuter
à la première occasion, soit à la commission de
l'Assemblée nationale ou avec les leaders parlementaires pour qu'on
prenne une position sur cette question.
M. ROY: M. le Président...
M. MORIN: Sur mon privilège, je suis tout à fait
disposé, ainsi que le leader de mon groupe parlementaire à
discuter de la chose. Il n'en reste pas moins que, depuis quelques jours, la
transcription est parfaitement incohérente à l'occasion et
j'aimerais que la décision que vous prendrez soit rétroactive.
Par exemple, hier ou avant-hier oui, j'insiste et c'est sur mon
privilège j'ai été interrompu...
LE PRESIDENT: C'est une question supplémentaire.
M. MORIN: Si vous voulez, M. le Président... à plusieurs
reprises, quelquefois de façon intelligente. Cela arrive qu'une
interruption soit intelligente ou qu'elle nous force à préciser
notre pensée. Je pense, par exemple, à une ou deux interruptions
du ministre de la Justice au moment où je parlais. Je lui ai
répondu, mais, quand on lit la transcription, c'est totalement
incohérent, parce que cela fait des coq-à-1'âne continuels.
Bien sûr, quelquefois, les interruptions sont moins
élégantes de la part des bancs du gouvernement.
Mais on y répond quand même, parce que, quelquefois, on ne
peut pas laisser passer certaines interruptions. Même si les micros sont
fermés, il y a des honorables membres d'en face qui ont la voix pas mal
tonitruantes et il semble que ça devrait, en tout cas, se "ramasser" de
toute façon dans les Débats.
J'aimerais vous demander s'il est possible, éventuellement, que,
lorsque seront imprimées les transcriptions de ces derniers jours, on
revienne en arrière et qu'on tente de réintroduire les
interruptions, les interventions qui ont été supprimées
dans les transcriptions jusqu'ici.
LE PRESIDENT: C'est très délicat. Un commentaire sur votre
remarque. Vous dites qu'à l'occasion le ministre de la Justice peut vous
faire une interruption intéressante, intelligente
et qu'il y en a deux autres, en même temps, une intelligente et
une autre non intelligente. Est-ce que ce sera l'opérateur de la console
qui aura la liberté par hasard, de choisir uniquement la
non-intelligente et de ne pas prendre les deux intelligentes? Est-ce que ce
sera l'opérateur qui sera le censeur des interruptions? Ce sont des
questions que je me pose.
M.MORIN: M. le Président, en pratique, quand on lisait le journal
des Débats, ça demeurait cohérent. Je sais bien que,
quelquefois, c'est celui qui parle le plus fort qui finit par percer, mais
ça demeure cohérent. Tandis qu'en ce moment ce n'est pas
cohérent. Vous n'avez qu'à lire les transcriptions d'hier ou
d'avant hier, par exemple; je vous avoue que, par moments, on se demande ce que
l'opinant peut bien avoir dans la tête, parce qu'il saute d'un sujet
à l'autre, revient en arrière. Enfin, je vous proposerais
d'étudier la question sérieusement et de tenir compte de mon
point sur la rétroactivité.
LE PRESIDENT: D'accord.
M. ROY: M. le Président, sur la même question. Puisqu'on
parle du journal des Débats, j'aimerais souligner un autre point.
Lors-qu'arrivent les fins de session, le journal des Débats prend
énormément de temps à arriver à nos bureaux. Le
dernier journal des Débats que nous avons en main, c'est celui du 14
décembre. Je regarde ici dans mon pupitre, on peut avoir les
épreuves.
LE PRESIDENT: Celui du 19 est au pupitre du...
M. ROY: Je ne comprends pas comment cela se fait. On a été
encore défavorisés parce que le dernier journal des Débats
que nous avons, c'est celui du 14 décembre. J'ai pris des informations
hier et on m'a dit qu'il serait imprimé incessamment. M. le
Président, est-ce qu'on peut vous suggérer qu'une réunion
des leaders ou des représentants de chacun des partis politiques
puissent avoir lieu dans les meilleurs délais? Ainsi, pour la reprise de
nos travaux parlementaires au mois de février ou au mois de mars, tout
dépendra de la date, on pourra s'entendre et faire les correctifs de
façon que le journal des Débats puisse nous être
apporté de façon beaucoup plus rapide pour qu'il puisse nous
servir comme document de référence.
LE PRESIDENT: D'accord, je vais faire des vérifications,
aujourd'hui même, avec M. Massi-cotte.
Affaires du jour.
M. LEVESQUE: M. le Président, d'abord la commission parlementaire
de la justice siégera à 81-A, à onze heures, pour
poursuivre l'étude des projets de loi no 2 et 3.
LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
UNE VOIX: Adopté.
LE PRESIDENT: Adopté.
M. LEVESQUE: M. le Président, à la suite de
représentations reçues de certains membres de cette Chambre, nous
croyons préférable, dans le cas du projet de loi paraissant
à l'article no 13, le projet de loi no 19, Loi concernant Place du
Centre, à Hull, de demander la révocation de l'ordre de
deuxième lecture afin de proposer que ce projet de loi soit
déféré après la première lecture à la
commission parlementaire des affaires municipales.
LE PRESIDENT: Cette motion de révocation est-elle
adoptée?
M. BURNS: Adopté.
LE PRESIDENT: Cette motion de déférence après la
première lecture est-elle adoptée?
M. BURNS: Adopté.
LE PRESIDENT: Adopté.
M. LEVESQUE: Avec les règles de pratiques ordinaires, M. le
Président.
M. BURNS: D'accord.
M. LEVESQUE: Ce sont les mêmes règles qu'hier, quant aux
bills 2 et 3, pour le rapport.
LE PRESIDENT: Quant au rapport et quant aux travaux de la
commission.
M. LEVESQUE: Ce sont les mêmes règles qu'hier.
LE PRESIDENT: Assimilées à la commission
plénière, ça va. Le bill 19.
M. LEVESQUE: Alors, M. le Président, nous sommes entre vos
mains.
LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a une entente sur la question de la
longueur du débat?
M. BURNS: M. le Président, je serais disposé à dire
que l'entente qui a déjà été utilisée,
à l'occasion d'autres débats, soit poursuivie,
c'est-à-dire que si jamais tout le temps à notre disposition
était utilisé, cela signifierait environ de 55 à 60
minutes pour l'Opposition, quoique maintenant il en reste un peu moins.
LE PRESIDENT: II va nous manquer du temps.
M. BURNS: Bien, de toute façon, la même
répartition de temps, mutatis mutandis. Il est possible que le
débat je n'incite pas mes collègues à le faire
ne dure pas toute la période de deux heures; dans tel cas le
problème ne se posera pas. Mais la même répartition de
temps, je la suggère...
LE PRESIDENT: Nous allons nous consulter.
M. BURNS: D'accord.
Motion de censure
concernant l'aide
sociale
LE PRESIDENT: L'honorable député de Chicoutimi sur
l'article no 1), motion privilégiée en vertu de l'article 24 du
règlement.
M. Marc-André Bédard
M. BEDARD (Chicoutimi): M. le Président, nous avons
déposé une motion privilégiée se lisant ainsi: "Que
cette Assemblée blâme le gouvernement d'avoir diminué
l'aide sociale accordée à l'égard des enfants à
partir du troisième, confisquant ainsi la majeure partie de l'assistance
additionnelle accordée aux familles par le nouveau régime
d'allocations familiales, et élargissant encore davantage le
fossé entre les riches et les pauvres."
Je sais très bien que chez les gens qui gagnent $23,000 par
année et plus, il peut paraître pour certains, à l'approche
des Fêtes, qu'il y aurait des sujets plus agréables que de parler
de l'écart qui existe et qui s'agrandit continuellement entre les riches
et les pauvres dans notre société québécoise, ou de
sujets qui abordent, d'une façon globale, le système de la
pauvreté.
Il est évident que nous n'avons pas, nous, les mêmes
problèmes que ceux dont nous allons parler parce qu'un de nos
problèmes peut-être, à ce temps-ci de l'année, est
d'avoir le temps d'acheter nos cadeaux des Fêtes alors que le
problème des défavorisés, à ce stade-ci de
l'année, est plutôt de ne pas avoir l'argent nécessaire,
non seulement pour acheter des cadeaux des Fêtes, mais également,
dans certains cas, même pour assurer la subsistance de leur famille.
Lors du discours inaugural, le gouvernement a parlé, d'une
façon générale, de la qualité de la vie. Nous nous
sommes réjouis des bonnes intentions du gouvernement contenues dans le
discours inaugural, bonnes intentions qui s'exprimaient par l'intention du
gouvernement d'établir, tel que le disait le discours inaugural, une
politique cohérente et dynamique de sécurité du revenu
pour répondre aux besoins des citoyens et des familles
québécoises.
Nous soumettons que c'était très bien comme style, que
c'était très bien pour faire image mais qu'à la
lumière des mesures qui ont été adoptées
jusqu'à maintenant par ce gouvernement, nous sommes obligés,
nous, de l'Opposition, de constater que la réalité est bien loin
des intentions manifestées par le gouvernement lors du discours
inaugural.
Lorsqu'on voit des priorités, en termes de législation,
que s'est fixées ce gouvernement, lorsqu'on voit le traitement, face
à ces législations, qui est fait aux citoyens et aux familles
québécoises les plus défavorisées, autrement dit,
le traitement fait aux familles défavorisées, entre autres,
à celles qui sont inscrites au bien-être social. Autrement dit,
ces familles devraient être dans les premières
préoccupations du gouvernement, afin de leur permettre
d'améliorer leur sort, de mener une vie plus décente parce que
ces familles, peut-être plus que toutes les autres dans notre
société, sont assoiffées de justice sociale, de
dignité...
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous plaît! Je
voudrais juste vous informer de l'entente intervenue pour qu'il n'y ait pas de
malentendu. Le Parti québécois a droit à 40 minutes, le
Parti libéral, à 30 minutes, et le Parti créditiste,
à 15 minutes. Il faut que ce soit bien entendu entre les partis. Encore
une fois, 40 minutes, cela veut dire si le Parti créditiste et le Parti
libéral ou un autre parti ne prenait pas son temps, ce temps n'est pas
donné à un autre parti.
M. BEDARD (Chicoutimi): Merci, M. le Président. Je disais, M. le
Président, que la législation qui a été
présentée jusqu'ici ne semble pas faire la preuve de ce qui
était contenu dans le discours inaugural à l'effet que les
intentions du gouvernement étaient de se pencher d'une façon tout
à fait particulière, d'une façon privilégiée
sur le sort des familles les plus défavorisées, entre autres
celles qui reçoivent des allocations de bien-être social. Ces
familles, peut-être plus que toutes les autres, encore une fois, dans le
Québec, sont assoiffées de dignité, sont assoiffées
de justice sociale et ont un besoin urgent de ressources afin de joindre les
deux bouts. Je sais bien, M. le Président, qu'on nous apportera
l'argument que ce gouvernement a quand même voté la Loi sur les
allocations familiales. Nous n'avons pas hésité à dire que
c'était une bonne mesure pour l'ensemble des familles
québécoises, que c'était également une mesure qui
s'imposait face à la hausse du coût de la vie, face à
l'inflation qui ne cesse d'augmenter. Nous avions dit cependant, à ce
moment-là, au gouvernement que, même si c'était une bonne
mesure, il ne fallait quand même pas lui donner plus de portée ou
plus d'effet qu'elle n'en avait, que ce n'était pas, autrement dit, le
commencement ou la base même d'une lutte de front contre la
pauvreté, que ce n'était pas une mesure qui contribuerait
à diminuer l'écart entre les riches et les pauvres.
D'ailleurs, concernant cette affirmation,
quelques jours après, le conseil national du bien-être
social venait confirmer cet avancé, alors qu'il exprimait les
conclusions d'une étude qui montrait d'une façon très
claire que l'écart, si on se base sur l'année 1971 à
maintenant, entre les riches et les pauvres, qui était dans la
proportion de 1 à 6 au niveau du salaire, non seulement n'avait pas
diminué mais au contraire, avait augmenté. Ce rapport allait plus
loin dans le sens qu'il abordait d'une façon tout à fait
particulière l'instauration des allocations familiales pour le 1er
janvier de cette année. Le rapport en question disait que le nouveau
régime des allocations familiales qu'on présumait voir entrer en
vigueur le 1er janvier 1974 au Canada bénéficiera davantage aux
riches qu'aux pauvres.
Il baisait ses conclusions sur l'argument suivant je continue
à lire le rapport qui disait "II est vrai que les pauvres se
réjouissent du fait que la moyenne des versements passera de $7.21
à $20 par enfant, mais il ne faut pas oublier que, pour les familles
ayant le même nombre de personnes à charge, le total des
bénéfices sera plus élevé pour celles dont le
revenu est supérieur et moins élevé pour celles dont le
revenu est plus bas".
Egalement, ce rapport exprimait que la seule manière de faire une
lutte à la pauvreté était d'en venir, et ce au plus vite,
à l'instauration d'un revenu annuel garanti. Il est évident que
nous étions d'accord avec cette conclusion, puisque dans le programme du
Parti québécois, étaient mentionnés, comme vous le
savez, M. le Président, la préoccupation, le désir et la
promesse de l'établissement d'un revenu annuel garanti, et ce dans les
plus courts délais.
Alors, M. le Président, l'écart entre les riches et les
pauvres n'a pas diminué; il a augmenté. Il a augmenté
encore plus dans le Québec, face à une décision qui a
été prise par le gouvernement à l'effet de diminuer les
tables ou les barèmes d'aide sociale. Effectivement, M. le
Président ceci a été clairement annoncé par
l'honorable ministre des Affaires sociales le gouvernement a
trouvé bon ou a trouvé sage, dans une politique de justice
sociale, de diminuer ses barèmes d'aide sociale aux familles les plus
défavorisées, plus que cela, de diminuer les barèmes
d'aide sociale aux familles qui ont trois enfants et plus. Autrement dit, cette
décision frappe d'une façon particulière les familles les
plus nombreuses.
En effet, ce programme annonçait qu'à partir de janvier
1974 une famille de quatre enfants, ayant deux adultes, verrait ses prestations
d'aide sociale, qui étaient de $342 jusqu'à maintenant, baisser
à $313 par mois, c'est-à-dire une diminution de $29 par mois. Une
famille de cinq enfant verrait diminuer son aide sociale de $40 par mois. Une
famille de six enfants verrait diminuer également ce qu'elle recevait de
l'aide sociale d'un montant de $57 par mois. Ce qui est encore pire, M. le
Président, c'est que cette mesure aussi s'appliquait, et d'une
façon encore plus rigoureuse, envers les familles ayant un adulte-,
autrement dit, l'exemple de la veuve qui est seule avec plusieurs enfants. A ce
moment-là, le nouveau régime d'aide sociale a pour effet de
diminuer mensuellement, pour une veuve qui a trois enfants et plus, les
prestations qu'elle pouvait recevoir en vertu du régime d'aide
sociale.
A partir de 1974, cette mère de famille recevra $24 de moins par
mois, si elle a la charge de trois enfants; $51 par mois si elle a la charge de
quatre enfants; $62 par mois si elle a la charge de cinq enfants et $79 par
mois si elle a la charge de six enfants et plus. Cette mesure a, à notre
humble avis, comme conséquence d'élargir encore le fossé
qui existe entre les riches et les pauvres. Une chose certaine, ce n'est pas
une politique nataliste, comme on a pu le laisser supposer, parce qu'on
s'aperçoit d'une chose: c'est que plus une famille est pauvre et plus
elle a d'enfants, plus elle est pénalisée par les nouveaux
barèmes d'aide sociale qui seront en vigueur à partir du 1er
janvier.
Comme exemple, si vous me le permettez, M. le Président, tout
d'abord, dans un premier temps, une famille qui a un revenu de $15,000 par
année, c'est évident, va recevoir le même montant que la
famille dont le revenu est de $6,000 par année. Ce qui est inacceptable,
M. le Président, c'est qu'on a modifié en même temps les
barèmes de l'aide sociale de telle façon que ces familles qui
reçoivent de l'aide sociale ne voient pas leur revenu haussé de
l'augmentation nette des allocations familiales. Je donne un exemple : Une
famille de quatre enfants dont le revenu est de $20,000 par année
recevra la somme, par le biais des allocations familiales, de $1,284. Elle
verra son revenu global familial augmenter de $1,284 alors que le revenu de la
famille qui reçoit de l'aide sociale, elle, et qui a quatre enfants,
augmentera seulement de $516. Je pense qu'un exemple comme celui-ci montre
jusqu'à quel point non seulement on ne diminue pas l'écart qui
existe entre les riches et les pauvres, mais qu'au contraire on l'accentue
constamment.
M. le Président, cet écart augmente, ce qui est le plus
regrettable, de plus en plus à mesure que la famille est plus nombreuse.
Par exemple, le revenu total annuel sera, pour une famille d'un adulte,
diminué; l'écart qui existera par rapport à la famille qui
a un très gros revenu augmentera. La famille qui recevra du
bien-être social et qui aura la charge de quatre enfants par
exemple, une veuve et quatre enfants recevra pour le
bénéfice des enfants $612 de moins par année que la
famille qui est plus aisée et plus favorisée. Celle qui a cinq
enfants à charge recevra $744 de moins que la famille aisée, ceci
étant toujours dû au fait qu'on a diminué les
barèmes de l'aide sociale aux familles les plus
défavorisées.
De même la famille d'un adulte qui a six enfants à charge
verra son revenu global aug-
menter de $948 de moins que la famille qui est dans des conditions
favorables et qui a déjà un salaire permettant d'assurer sa
subsistance. Au niveau d'une famille qui a deux parents, cet
écart-là augmente encore une fois de la même
manière, toujours à mesure que la famille est plus nombreuse.
Par exemple, une famille de quatre enfants qui est sur l'aide sociale
verra son revenu global familial augmenter de $372 de moins que la famille dont
le chef gagne un salaire de $10,000 ou $20,000 et plus. Celle qui a la charge
de cinq enfants verra son revenu global familial augmenter de $480 de moins que
la famille aisée. Et celle qui a six enfants à charge verra
encore une fois son revenu global familial augmenter de $684 de moins que la
famille aisée et qui en fait est plus favorisée.
M. le Président, ce qui est grave à mon sens dans cette
décision qui a été prise par le ministère des
Affaires sociales c'est qu'en changeant les barèmes d'aide sociale aux
familles qui sont sur l'aide sociale on pénalise les enfants des
familles nombreuses et on pénalise en fait les familles pauvres parce
que celles-ci auront moins. C'est ce que dira probablement le ministre tout
à l'heure, je comprends que les allocations familiales, en soi, vont
leur rapporter une certaine hausse du point de vue du revenu.
Cela je l'ai dit tout à l'heure, ça apporte une hausse de
revenu à l'ensemble des familles québécoises. Mais il y a
des familles qui reçoivent moins que d'autres, qui en
bénéficient moins que d'autres. Ces familles-là, ce qui
est malheureux, ce sont justement les familles les plus
défavorisées, celles qui sont sur l'aide sociale. M. le
Président, le ministre l'a affirmé en dehors de cette Chambre, et
même ici en Chambre, j'ai la réponse du ministre qui m'avait
été faite à une question que je lui posais.
Je sais que l'ensemble des familles, encore une fois, va recevoir, du
fait de l'application du régime des allocations familiales, une hausse
sensible dans leur revenu global familial. Mais, comme l'a dit en
réponse à une question le ministre de la Santé, cette
hausse va varier de 6 p.c. à 32 p.c. Alors avec la diminution des
barèmes d'aide sociale, justement il y a une grande partie des familles
défavorisées qui, elles, se situent bien plus dans les 6 p.c. que
dans les 32 p.c. d'augmentation.
Les 32 p.c. d'augmentation, il est bien facile de dire quelles sont les
familles qui les recevront. Cela n'est pas compliqué. Ce sont les
familles riches pas les familles très riches, je le comprends
celles qui ne sont pas sur l'aide sociale. Elles vont voir leur revenu
familial global augmenter de 32 p.c., mais il y a beaucoup de familles
défavorisées qui vont se trouver dans la catégorie de
celles qui ne voient augmenter leur revenu global familial que de 6 p.c, entre
6 p.c. et 32 p.c.
Le ministre a dit, en cette Chambre, que, de toute façon, il
fallait quand même changer les barèmes d'aide sociale, dans le
sens qu'il fallait, par les mesures qui étaient proposées, en
arriver à ce que les familles pauvres ou sur l'aide sociale gagnent plus
que le salaire minimum garanti et qu'il fallait laisser une marge entre ce que
ces familles sur l'aide sociale recevaient et le salaire minimum garanti, de
manière à permettre, en fait, une certaine incitation au
travail.
Je soumets qu'un tel raisonnement est la pire forme de mépris,
à mon sens, envers les familles défavorisées. C'est le
genre de raisonnement qui semble tenir pour acquis que les familles qui sont
dans le besoin désirent rester pauvres, que les familles qui sont dans
le besoin ne veulent pas travailler, que ces familles n'aspirent pas à
la dignité, à fierté et au droit d'assurer
elles-mêmes la subsistance de leur famille et non par le biais du
bien-être social.
M. le Président, il faudrait se poser la question à un
certain moment afin de savoir jusqu'à quel point les responsables ou les
chefs de famille qui sont sur l'aide sociale peuvent travailler. La grande
majorité des chefs de famille qui bénéficient de l'aide
sociale sont inaptes au travail. En fait, il y a 63,142 adultes sur 187,507
je prends les chiffres même du ministère ce qui
représente 33.6 p.c. seulement des chefs de famille qui sont sur l'aide
sociale qui sont aptes à travailler. Cela veut dire que l'accusation
qu'on fait souvent, et à tort, à mon sens, à l'effet que
les chefs de famille qui sont sur l'aide sociale ne désirent pas
travailler, et se contentent de leur sort, à mon sens, n'est pas
justifiée.
Parmi ces chefs de famille qui sont sur l'aide sociale, qui ont la
charge d'enfants, qui sont seuls, il y en a 66.4 p.c. qui ne sont pas aptes au
travail. Parmi les chefs de famille qui sont sur l'aide sociale, qui sont aptes
au travail, il y a quand même des nuances à apporter. Il y a parmi
ces 33.6 p.c. aptes au travail, 1,022 femmes mariées, chefs de famille;
10,302 veuves; 5,098 femmes séparées ou personnes
séparées légalement; 14,148 qui sont
séparées de fait; 1,062 divorcées; 7,044 chefs de famille
célibataires, pour un total de 38,676 femmes, chefs de famille.
Comme on peut le voir, dans ce tableau, il y a un très grand
nombre de veuves qui ont la charge d'enfants et qui reçoivent l'aide
sociale, et qu'on qualifie comme aptes au travail. Je crois, M. le
Président, parce qu'il y a des priorités à faire, que ces
veuves qui ont charge d'enfants pourraient être cataloguées
également parmi les chefs de famille qui ne sont pas aptes au travail,
parce qu'il est évident que si on oblige ces veuves qui ont charge
d'enfants à aller travailler, on laisse une famille complètement
démunie de tout lien qui peut unir chacun des membres de la famille
entre eux.
A mon sens, M. le Président, on encouragerait, si on obligeait
ces veuves à aller travailler, si on les considérait aptes au
travail, la délinquance juvénile qui, on le sait, se retrouve
surtout parmi les familles pauvres et les familles nombreuses, on obligerait
ces chefs de famille à
placer des enfants dans des institutions. Tout cela amènerait des
dépenses très substantielles pour le gouvernement lorsqu'on sait
jusqu'à quel point la lutte à la délinquance
juvénile de même que le placement d'enfants dans les institutions
représentent de frais et de dépenses pour le gouvernement.
M. le Président, je crois que lorsque le ministre des Affaires
sociales se permet de dire qu'il doit rester une marge entre, d'une part, ce
que reçoivent les familles qui reçoivent l'aide sociale et,
d'autre part, le salaire minimum, et lorsque le ministre des Affaires sociales
croit que ceci est justifié parce qu'il faut garder une sorte
d'incitation au travail, nous soumettons que c'est un raisonnement qui est
faux. Il serait beaucoup plus logique de ne pas se laisser bloquer au niveau
des mesures sociales, au niveau de la justice sociale, de ne pas prendre
prétexte du fait que le salaire minimum garanti n'est pas assez
élevé. Je pense qu'il y aurait possibilité de penser
à débloquer justement la marge, le montant, je dirais d'augmenter
le salaire minimum garanti. Il ne faut quand même pas prendre ce
prétexte pour se permettre de diminuer les barèmes d'aide
sociale, parce que cette mesure, je le dis encore une fois, a carrément
comme conséquence et nous le voyons dans les chiffres
d'élargir de plus en plus le fossé entre les riches et les
pauvres.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): L'honorable député de
Beauce-Sud.
M. Fabien Roy
M. ROY: M. le Président, sur cette motion présentée
par l'honorable député de Chicoutimi, je pense bien ne pas
surprendre le gouvernement et ne pas surprendre l'honorable ministre des
Affaires sociales en disant que je voterai, à deux mains, pour cette
motion de blâme à l'endroit du gouvernement.
Si le député de Chicoutimi n'avait pas
présenté cette motion, n'eût été les
difficultés que nous rencontrons au niveau de notre droit de parole et
pour toutes les raisons que vous connaissez à notre reconnaissance, nous
aurions présenté une motion identique ou en quelque sorte
analogue à celle présentée par l'honorable
député de Chicoutimi.
A grand renfort de publicité au cours de la dernière
campagne électorale, nous avons vu le gouvernement annoncer $1 milliard,
on aime cela les grands chiffres, les gros chiffres, les chiffres imposants,
pour tâcher de faire en sorte d'améliorer la
sécurité du revenu des défavorisés,
d'améliorer le revenu des familles pauvres et de faire en sorte que nos
familles au Québec puissent avoir un meilleur revenu pour assurer des
conditions de vie décente, je dis bien décente, à leurs
membres.
Le gouvernement est arrivé avec une loi, suite à une loi
du gouvernement fédéral, et les
Québécois auront le privilège d'avoir deux
chèques d'allocation familiale à partir du 1er janvier, un
chèque du gouvernement fédéral et un tout petit
chèque du gouvernement provincial. On donne, d'une main, par voie
législative, par une loi votée à l'Assemblée
nationale du Québec, alors que l'exécutif, alors que le
ministère, par voie de réglementation, en enlève ailleurs,
sans consulter la Chambre. Cela, on n'a pas un mot à dire
là-dedans, nous, les élus du peuple. Ce sont les fonctionnaires
et le ministère des Affaires sociales qui décident des
critères, des barèmes, des montants qui vont être
alloués aux familles du Québec. Les députés n'ont
d'affaire là-dedans. Depuis que la loi 26 a été
adoptée le 12 décembre 1969, par un gouvernement et un parti
politique, dont on cherche encore les membres à l'Assemblée
nationale aujourd'hui, on est en face de cette situation. Depuis que je fais
partie de l'Assemblée nationale du Québec, le 29 avril 1970, je
n'ai jamais cessé, je n'ai jamais manqué l'occasion d'intervenir,
de faire pression, de faire des motions de censure pour blâmer le
gouvernement de façon à pouvoir maintenir, en permanence, et
accentuer non pas un régime de revenu garanti, non, mais un
régime de persécution sociale, un régime de
pauvreté garanti et permanent.
Alors, pendant qu'on augmente les allocations familiales pour certaines
catégories de personnes, pour les familles du Québec, je ne parle
pas de ceux qui sont aptes au travail parce qu'il y a deux catégories
d'assistés sociaux, on n'a pas encore compris cela, au gouvernement,
qu'il y a deux catégories. Il y a une catégorie de personnes qui
sont aptes au travail. Mais il y a quand même d'autres catégories
de personnes, telles que les veuves, les mères nécessiteuses, les
invalides, les aveugles, qui ne sont pas capables d'aller gagner de l'argent,
ne sont pas capables d'occuper un emploi. Ces gens sont conditionnés,
sont soumis à une persécution épouvantable, inhumaine et
les mots me manquent pour pouvoir m'exprimer avec toute la force et la vigueur
que je voudrais pour faire bien comprendre au gouvernement qu'il va falloir en
venir à corriger cette situation... Il faut quand même faire du
bureau de comté dans nos comtés respectifs et recevoir les gens
chez nous. Nous, les députés, on prend le temps de recevoir nos
électeurs au moins une journée par semaine. On reçoit les
familles. On reçoit les veuves, les mères nécessiteuses,
les invalides, quand ils sont capables de se transporter eux-mêmes pour
venir nous raconter leurs souffrances, venir nous raconter dans quelles
conditions le gouvernement provincial les fait vivre, venir nous raconter dans
quelles conditions et à quel interrogatoire constant, à quelle
inquisition constante ces personnes sont soumises.
Depuis quatre ans, on n'a pas réussi encore à ouvrir
l'oreille, à trouver une oreille attentive pour tâcher de faire en
sorte d'obtenir une séparation entre ces deux catégories
d'assistés sociaux. Quand on parle d'incitation au travail,
je suis entièrement d'accord sur l'incitation au travail. Mais
qu'on ne vienne pas me parler d'incitation du travail à un père
de famille de 52 ans, malade; qu'on ne vienne pas me parler d'incitation au
travail à une mère de famille, veuve, qui a six enfants avec elle
à la maison. Là, je ne marche pas dans les affaires d'incitation
au travail.
Lorsqu'on voit qu'à chaque mois le montant est augmenté de
$5, à chaque mois il y a des variations à la suite des
enquêtes, des promenades et des petits pèlerinages qu'on leur fait
faire, le mois suivant: Une coupure de $10, une coupure de $12.
Ds ont besoin de quelque chose, des besoins spéciaux, il faut
avoir deux soumissions, il faut avoir toutes sortes de choses, des
conditionnements. Dans les milieux ruraux, ils ne peuvent même pas
trouver des personnes qui sont en mesure de leur offrir ces services parce
qu'au point de vue du commerce on n'est pas organisés comme dans les
grands centres urbains. On n'a jamais fait de distinction entre les personnes
des milieux ruraux, des petites paroisses, des petites localités et les
personnes dans les grands centres. On a mis tout le monde sur le même
pied, la planification totale équivaut à tout le monde
égal.
Mais, M. le Président, on ne s'est jamais rendu compte, par
exemple, que dans ces petites paroisses rurales il y avait des
difficultés qui étaient différentes de celles que l'on
rencontre dans les milieux urbains. Mais on pouvait voir enfin, par la loi des
allocations familiales, un adoucissement, en quelque sorte une
amélioration des conditions de vie de ces personnes. Voici de quelle
façon on a procédé. J'ai ici un tableau de la situation en
date du 1er octobre 1973 comparativement avec la situation proposée en
date du 1er janvier 1974. Pour une personne seule, l'aide sociale était
de $149, elle est augmentée à $170. Je ne parlerai pas sur ce
point. Pour une personne seule avec un enfant, de $199 à $238. Mais pour
une personne seule, une veuve qui a trois enfants, elle pouvait retirer, avec
les allocations familiales, $313 par mois, pas dans les milieux ruraux, le
maximum, à condition de ne pas être dans la zone 1 de logement. Il
faut être en ville pour ça, même si les loyers, à
l'heure actuelle, dans les milieux ruraux, dans les petits centres ruraux sont
devenus quasi identiques aux prix des centres urbains. Les coûts de
construction, les salaires, la main-d'oeuvre et les matériaux de
construction sont à peu près les mêmes. Il n'y a plus de
différence en ce qui a trait au coût de l'habitation entre les
milieux ruraux et les milieux urbains. Mais, quand même, il y a trois
zones; on me dit qu'on fait disparaître les zones. On va rapetisser la
zone plus haute au niveau de la première zone. Mais pour une personne
seule, pour une veuve qui a trois enfants, le total qui était de $313 va
être augmenté à $332 avec l'allocation familiale, une
augmentation de 6 p.c; 6 p.c. d'augmentation. C'est complète- ment
différent et ça fait passablement de nuances avec la grande
publicité qu'on a faite au cours de la campagne électorale.
L'aide sociale pour cette personne était de $281, l'allocation familiale
de $32, alors l'allocation sociale de $281 est réduite, par voie de
réglementation, à $257. Par contre, il y a une petite
augmentation d'allocation familiale qui fait en sorte que ça donne
seulement une augmentation de 6 p.c. On sait très bien que seulement
l'augmentation du coût de la vie, coût afférent à
l'habitation, tous les coûts qu'une personne doit rencontrer, soit au
niveau des vêtements, logement, nourriture et autre, sont de beaucoup
supérieurs à 6 p.c. cette année. Il s'agit de regarder les
tableaux publiés par le Bureau fédéral de la statistique
ou encore par le ministère provincial de l'Industrie et du Commerce,
spécialisé en statistiques provinciales. On se rend alors compte
que le coût de la vie a été de beaucoup supérieur
à cela. Pour une personne qui a quatre enfants, l'augmentation est
seulement de 8 p.c, alors qu'on donne une augmentation de 11 p.c. pour les
familles pour ceux qui ont six enfants.
M. le Président, je ne sache pas que le fait d'avoir un nombre
d'enfants plutôt qu'un autre peut constituer des variations pouvant
justifier cet état de choses au niveau de la fixation des barèmes
de l'aide sociale. Le coût de la vie est le même pour tout le
monde. Pour quelle raison, dans telle catégorie de famille, parce qu'on
touche encore le plus grand nombre de familles, fait-on en sorte que ce soit
ces familles qui aient la plus petite augmentation qui ne permet même pas
le rattrapage de l'année? En même temps qu'on a fait une grande
réforme, une réforme qui est censée être bonne pour
les années à venir.
M. le Président, devant tous ces faits, je pourrais donner
énormément de détails si la motion allait plus loin. Je
pense que la motion, s'il m'était permis de l'amender, je le ferais mais
nos règlements ne le permettent pas. Mais il serait bon qu'on prenne le
temps je fais la suggestion au nouveau ministre des Affaires sociales,
rempli de bonnes intentions de convoquer une commission parlementaire
spéciale avant la reprise de nos travaux parlementaires.
Qu'on prenne donc le temps d'examiner toutes ces choses-là. Qu'on
prenne donc le temps d'écouter les députés de
l'Opposition. Qu'on prenne donc le temps d'écouter les
députés qui sont assis à l'arrière, qui ont les
mêmes problèmes que nous, qui ont à répondre
exactement de la même façon à leurs électeurs. Je
pense que ce serait quand même important. Il faut justement parler de ces
choses-là pour rencontrer vos collègues, M. le ministre, qui
viennent nous dire dans les corridors, à la salle à manger et un
peu partout: On a les mêmes problèmes que vous autres. Tu as
parlé à mon goût ce matin. Ne lâche pas. On se fait
dire cela, M. le Président. Je pense que, si j'en nommais, il
y en aurait qui seraient gênés. J'ai trop de respect, parce
que je considère que sur le plan personnel, ce sont quand même des
amis. Je vais taire les noms, M. le Président. Mais qu'on ne me provoque
pas, M. le Président. Vous prenez des risques terribles.
M. le Président, pour toutes ces considérations, je pense
réellement que chaque fois qu'il y a des modifications à la Loi
de l'aide sociale, qu'on change les barèmes ou qu'on change les montants
à être alloués aux personnes ou aux familles, ceci devrait
être examiné je le dis en toute sincérité
ici même à l'Assemblée nationale ou que la Chambre
devrait permettre la tenue d'une séance de la commission parlementaire
pour que les élus du peuple puissent s'exprimer sur ces questions. Je
pense que, si l'on veut toucher au problème de la sécurité
sociale, c'est une chose qui est extrêmement importante, parce qu'il
s'agit de la vie et de la sécurité de milliers et de milliers des
nôtres, de milliers de personnes défavorisées. Je pense,
à ce moment-là, M. le Président, qu'on n'a pas le droit de
laisser entre les mains de l'Exécutif ou entre les mains des
fonctionnaires ces dispositions, de façon qu'on ne permette pas l'examen
de toutes ces questions, qu'on ne permette pas aux membres de
l'Assemblée nationale de s'exprimer sur ces questions. Je pense que
c'est trop important, qu'il y a trop de conséquences dans ce
domaine-là. Je sais que tous les députés de quelque parti
que ce soit sont aussi intéressés que je peux l'être
à prendre part à ces discussions, à prendre part à
ces débats et également à faire part de leurs
observations, de leurs recommandations à l'honorable ministre, ainsi
qu'à ses proches collaborateurs, les officiers du ministère des
Affaires sociales, pour qu'on puisse faire toutes les suggestions pertinentes
de façon à protéger adéquatement toutes nos
familles du Québec et surtout les personnes
défavorisées.
M. le Président, je terminerai là-dessus, on a dit que le
régime d'allocations familiales ne serait pas imposé. M. le
Président, je regrette, mais le gouvernement de la province de
Québec n'impose pas les allocations familiales, mais c'est le seul
gouvernement au Canada qui ne donne pas d'exemption pour le nombre d'enfants.
Cela revient absolument au même, M. le Président. On joue sur les
mots. D'ailleurs, je vois le ministre du Revenu, à l'heure actuelle, qui
regarde sa loi. C'est bien clair que les allocations familiales ne sont pas
imposées, mais il n'y a aucune exemption de base par enfant dans la Loi
du ministère du Revenu de la province de Québec. Alors, en
réalité, un père de famille, qui a neuf enfants et qui
gagne $125 par semaine je pourrais donner des noms, M. le
Président paie de l'impôt sur le revenu à la
province, comme s'il était seul avec sa femme.
M. HARVEY (Jonquière): M. le Président, est-ce que le
député de Beauce voudrait, tout en sauvegardant la pertinence du
débat, bien relire la Loi des allocations familiales provinciale et bien
prendre en considération également ce que nous avons
déclaré à l'effet que les nouvelles allocations ne seront
pas imposables et que ceux qui bénéficiaient des exemptions pour
les 16 et 17 ans, en raison de l'intégration des régimes
existants et des allocations scolaires, les conserveront. Donc, le
député de Beauce n'a pas le droit d'affirmer de tels mensonges en
cette Chambre.
M. ROY: M. le Président, le ministre ne fait que confirmer ce que
j'ai dit. Je n'ai pas parlé de 16, 17 et 18 ans; j'ai parlé de
moins de 16 ans. M. le Président, comme vous commencez à me
regarder d'une façon un peu particulière parce que mon temps de
parole est épuisé, je dirai donc que je félicite le
député de Chicoutimi d'avoir présenté cette motion
et je dis, à l'adresse du ministre et de tous les membres de
l'Assemblée nationale, que nous allons voter, mon collègue de
Rouyn-Noranda et moi-même, à deux mains pour cette motion de
blâme.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): L'honorable ministre des Affaires
sociales.
M. Claude Forget
M. FORGET: M. le Président, ce gouvernement a
démontré très clairement que la lutte à la
pauvreté et la justice sociale comptaient parmi les premiers de ses
objectifs. Il l'a démontré de manière éclatante et,
en le faisant, il s'est mérité l'appui de la population et son
approbation. Ce gouvernement et celui qui parle en particulier
considéreront toujours comme des alliés ceux qui veulent aller
plus loin sur le même chemin, qui veulent augmenter la justice sociale,
qui veulent renforcer les efforts qui sont faits dans la lutte contre la
pauvreté. C'est avec un esprit ouvert que nous pouvons écouter
des critiques constructives, non seulement à l'Assemblée
nationale mais dans d'autres réunions, dans d'autres milieux. Nous
serons toujours disposés à entendre des propositions
constructives de manière à poursuivre les efforts
déjà amorcés qui, bien entendu, n'ont pas atteint leur
plein degré de perfection et qui demanderont des efforts additionnels
durant les années à venir.
Toutefois, en écoutant nos collègues de l'Opposition faire
des commentaires ce matin, j'ai le sentiment, M. le Président, que la
meilleure réponse qui pourrait leur être faite, c'est de leur
retourner une motion de non-confiance car il me semble que leurs propos ne
reflètent pas les préoccupations qui devraient normalement
être celles d'une loyale Opposition et qui consisteraient
précisément à formuler des choix ou des prolongements
constructifs à ce qui a déjà été entrepris.
Au contraire, on veut exploiter l'ignorance inévitable d'une certaine
partie de la population vis-à-vis des mesu-
res administratives et législatives qui sont complexes et qui
peuvent, pour cette raison, être mal comprises. Au lieu d'aider,
précisément, à la compréhension de ces mesures, on
cherche à exploiter cette complexité inévitable de telles
mesures pour des gains à court terme et des déclarations à
l'emporte-piece que l'on pourra citer devant certains publics alors qu'on
citera devant d'autres publics l'approbation unanime que cette Chambre a
donnée aux mesures fondamentales de sécurité du revenu que
nous avons présentées durant cette session.
Les débats auxquels cette Chambre s'est livrée
relativement aux allocations familiales nous ont permis d'entendre des
expressions que je qualifierais de non parlementaires, mais qui sont
passées malgré tout comme des expressions peut-être
acceptable à la marge mais qui sont très graves quand on les
considère en elles-mêmes. L'on nous a accusés de
formulation démagogique, de présentation démagogique de
projets de loi; l'on nous a accusés, sur le plan constitutionnel, d'une
débâcle ou d'une retraite impardonnable. Or, malgré tout
ces prétendus défauts de fond, des mesures que nous avons
présentées, on ne s'est pas fait faute de voter pour elles parce
qu'on sait très bien que ce que ces mesures apportent à la
population, emporte de loin dans l'opinion publique les objections factieuses
qu'on a pu formuler à leur encontre.
J'aimerais peut-être laisser là le débat et demander
aux membres de l'Opposition de s'écouter les uns les autres parce qu'ils
se sont fourni les uns aux autres un grand nombre d'éléments de
réponse. Malgré tout, en supposant qu'ils ne sont peut-être
pas disposés à faire cet effort, je veux bien faire un
commentaire très bref sur un certain nombre des accusations qu'ils ont
portées et qui sont sans fondement.
On a allégué que l'équité entre les familles
ayant les mêmes charges familiales, mais ayant des revenus
différents, ne serait pas satisfaite par la mesure annoncée
touchant les allocations familiales. On a cité, pour ça, un
rapport d'un organisme canadien, sans se rendre compte que les faits qui
sous-tendent ce rapport sont peut-être vrais lorsqu'on les applique au
Canada, mais qu'ils sont faux lorsqu'on les applique au Québec.
En effet, le Québec se distingue des autres provinces et je
trouve une certaine ironie à avoir à le souligner aux membres de
l'Opposition officielle. Il se distingue dans son régime fiscal touchant
les familles cela, le député de Beauce-Sud nous l'a
rappelé tantôt puisqu'en effet le régime fiscal
applicable aux familles ne prévoit pas d'exemptions d'impôts pour
les enfants jusqu'à seize ans. Cette mesure a été
adoptée il y a plusieurs années et, parmi d'autres, elle
contribue à rendre fausse et inapplicable au Québec la
prétention du Conseil canadien de développement social qui s'est
basé sur ce fait pour prétendre que, dans l'ensemble, le
régime fiscal et les allocations familiales bénéficiaient
davantage aux familles à très forts revenus qu'au familles
à faibles revenus.
Une autre mesure qui est propre au Québec et qui est
incorporée dans la législation sur les allocations familiales
renforce également cet effet de progressivité dans les mesures
sociales et le régime fiscal combiné ceci a
été souligné, mais j'y reviens puisque ça n'a
évidemment pas été compris puisque le régime
québécois d'allocations familiales prévoit un montant qui
est progressif selon le rang des enfants. Cette progression selon le rang des
enfants est précisément la mesure qui est susceptible de diminuer
les inégalités, puisque plus de la moitié des enfants au
Québec se trouvent dans des milieux défavorisés. De cette
manière, la redistribution que permettent les allocations familiales va
de façon prépondérante dans des familles à faibles
revenus, qui sont, en même temps, des familles nombreuses.
Pour ce qui est de la réduction des barèmes d'aide
sociale, je crois qu'alors qu'on pouvait tantôt être accusé
peut-être d'ignorance vis-à-vis de certaines dispositions de nos
lois fiscales et même des dispositions implicites aux allocations
familiales, on essaie ici d'exploiter la complexité inévitable de
ces systèmes, d'exploiter la réduction apparente dans le soutien
du revenu aux assistés sociaux de manière à
prétendre que ce sont les assistés sociaux qui font les frais de
cette majoration de la sécurité sociale. Ce qu'il serait
intéressant de souligner, c'est que le réaménagement
combiné de l'aide sociale et des allocations familiales permet surtout
aux travailleurs du Québec, qui sont dans des catégories de
revenus à peine supérieures au seuil de pauvreté, de
bénéficier par ces mesures d'une majoration substantielle de
revenus. C'est à ces classes de revenus qu'est principalement
destinée l'augmentation substantielle, le triplement en quelque sorte,
des allocations familiales au Québec, et ce sont eux qui en
bénéficieront.
Pour ce qui est des classes de revenus supérieures, on s'est plu
à nous citer des revenus de $15,000 ou $20,000, mais il ne faut pas
oublier que pour ces classes de revenus, la part fédérale des
allocations familiales étant sujette à l'impôt, dans
l'ensemble le régime demeure progressif. Il demeure progressif puisque,
ne l'oublions pas et je le rappelle les exemptions fiscales
n'existent pas dans notre régime actuel au Québec.
D'ailleurs, prétendre que la diminution des barèmes de
l'aide sociale est ce qui a permis de financer une augmentation des allocations
familiales est totalement faux. Le budget du gouvernement permettra de le
constater de manière éclatante, puisqu'il s'agit d'une majoration
totale des sommes qui sont consacrées à la sécurité
du revenu, à l'aide sociale, de l'ordre d'une quarantaine de millions de
dollars.
Cette majoration est substantielle et elle prouve de façon
très claire que cette majoration des allocations familiales, sur une
base universelle, n'a pas été faite aux dépens des
assistés sociaux mais qu'elle s'accompagne, au contrai-
re, d'une majoration substantielle des avantages consentis aux
bénéficiaires de l'aide sociale.
Quelles sont les autres personnes avantagées par ce
réaménagement? Ces autres personnes sont les personnes seules,
les familles sans enfant qui, jusqu'à maintenant, étaient
à un niveau de revenu très loin du seuil de pauvreté, et
qui s'en rapprochent de façon spectaculaire si bien qu'à partir
du 1er janvier 1974, les personnes seules disposeront d'un revenu de $170 par
mois au Québec, ce qui est presque l'équivalent de ce qu'il y a
encore quelques mois, la sécurité de la vieillesse, qui est en
partie un régime contribu-toire, comme vous le savez, permettait
d'accorder aux personnes de 65 ans et plus.
Bien sûr, un progrès additionnel est imaginable, mais il
faut voir le pas immense qui a été accompli et ne pas se
complaire dans des diminutions factices dans le niveau de
sécurité de revenu des assistés sociaux qui, encore une
fois, est plus que compensé au titre de ce programme par des majorations
dans le programme des allocations familiales.
Pour ce qui est du salaire minimum et de l'incitation au travail, j'ai
remarqué que nos Oppositions sont partagées et opposées
entre elles quant à l'opportunité de ces mesures. On nous a dit
que nous méprisions les défavorisés en faisant même
allusion à ce concept d'incitation au travail. Je ne me fais, pour ma
part, aucune illusion sur la force de persuasion ou d'incitation que peut
constituer une différence de quelques dizaines de dollars au maximum
entre le revenu que l'on peut gagner en étant
rémunéré au niveau du salaire minimum et ce que l'on peut
recevoir au titre de l'aide sociale.
Il est toutefois important de ne pas mépriser, d'une autre
façon, les travailleurs québécois qui ont droit au moins
à ce sentiment de justice en recevant un peu plus malgré tout, ne
serait-ce qu'une dizaine de dollars par mois de plus, en participant à
l'effort collectif dans cette province, en participant au marché du
travail plutôt qu'en prenant la décision inverse, de devenir
dépendants des prestations sociales. Et ces décisions
irrationnelles que l'on imposait aux travailleurs du Québec
jusqu'à tout récemment, c'est précisément cela que
nous avons voulu éliminer par un réaménagement des
régimes.
Nous ne nous faisons encore une fois aucune illusion sur l'effet positif
de l'incitation, mais encore faut-il qu'il n'y ait pas de désistations
à la participation au marché du travail. C'est dans cet esprit
que les mesures ont été réaménagées et on
nous en fait maintenant la critique.
On nous en fait la critique au nom de l'étiquette qu'on veut
coller aux gens, l'étiquette d'inaptes au travail. On nous accuse de
mépris envers les assistés sociaux mais on s'empresse
aussitôt de défendre cette notion par un mépris au moins
égal à celui qu'on nous impute faussement envers des gens que
l'on a classifiés une fois pour toutes, dans son esprit, comme
incapables de travailler, incapables de contribuer à l'effort
collectif.
Il y a des degrés dans l'inaptitude au travail, et toute mesure
qui cherche par des moyens administratifs à classifier les gens,
à leur mettre des étiquettes dont ils ne pourront jamais se
défaire est très certainement beaucoup plus susceptible d'une
accusation de mépris envers la population qu'une attitude inverse.
Pour ce qui est du niveau du salaire minimum, il ne m'appartient pas de
faire des commentaires détaillés sur ce niveau mais il est bien
entendu que tous les Québécois espèrent une majoration du
salaire minimum, mais ceci ne peut pas se faire par un fiat gouvernemental qui
ignore les conditions de l'économie du Québec.
Il serait futile de majorer ce niveau de manière à nous
procurer une satisfaction symbolique, alors que l'état de notre
économie est tel qu'il ne peut supporter un taux comparable à des
provinces plus riches ou aux Etats américains voisins.
C'est une majoration qui se fait, malgré tout, de manière
périodique. Ce qui importe, c'est que nos programmes de
sécurité du revenu soient coordonnés de manière que
les barèmes de l'aide sociale suivent de près, mais ne
précèdent pas, les majorations dans le niveau du salaire minimum.
Le gouvernement actuel a montré, dans le passé, qu'il
était disposé à modifier le niveau du salaire minimum
aussi souvent et de la manière la plus appropriée qu'il
était nécessaire et possible, dans les circonstances.
Enfin, M. le Président, on a faussement décrit la position
du gouvernement sur le sujet des allocations familiales et du
réaménagement qu'il implique, au niveau de l'aide sociale, comme
étant une politique nataliste. Il ne s'agit pas d'une politique
nataliste que celle qui nous a fait adopter des barèmes progressifs,
selon le rang des enfants. C'était, rappelons-le, la seule
manière de rejoindre le maximum d'enfants défavorisés,
à même les sommes d'argent disponibles, puisque encore une fois,
la plupart des enfants défavorisés se trouvent dans des familles
nombreuses. H aurait été bien évidemment
préférable, s'il était financièrement possible de
le faire, d'accorder à tout le monde la même garantie que nous
donnons aux assistés sociaux et qui consiste précisément
à une garantie minimum de $37 par mois ou de $42 par mois, selon
l'âge, à tous les assistés sociaux pour tous et chacun de
leurs enfants. Cette garantie se divise en deux programmes, mais elle n'est pas
moins réelle pour autant.
Une équité naturelle est nécessaire,
indépendamment de toute politique nataliste. Les revenus d'emploi, on le
sait très bien, ne reflètent pas les charges familiales. Tant et
si bien qu'à n'importe quel niveau de revenu, si nous voulons avoir une
politique familiale, c'est-à-dire une politique qui reflète, dans
nos institutions telles que le régime fiscal et la
sécurité du revenu, les préoccupations que nous avons
envers les familles du Québec, il est nécessaire d'établir
pour tout niveau de revenu
cette correction des revenus, ce correctif, cette compensation pour les
charges familiales. C'est la raison pour laquelle le régime
d'allocations familiales du Québec est un régime universel qui
bénéficie à tous les niveaux de revenus. Mais ce qu'il est
important de noter, c'est qu'à chaque niveau de revenu, il y a des gens
qui ont des enfants et il y a des gens qui n'en ont pas. De cette
manière, par des allocations familiales plutôt que par des
exemptions fiscales, nous assurons une équité horizontale et une
équité entre des familles du même palier de revenus, en
évitant, d'autre part, l'avantage relativement plus grand que des
exemptions peuvent accorder aux familles plus riches. Les allocations
familiales sont, de l'aveu de tous, la manière la plus juste pour
rencontrer, à la fois, ces deux objectifs. C'est-à-dire objectif
d'équité verticale entre familles de mêmes revenus et
objectif de progression dans les avantages quant à ce qui est de
familles de niveau de revenus différents.
Pour toutes ces raisons, M. le Président, j'estime qu'il est
impensable que cette Chambre reçoive cette motion de non-confiance
vis-à-vis de la politique de notre gouvernement. Cette politique s'est
inspirée des objectifs mêmes que prétendent vouloir
défendre les membres de l'Opposition, c'est-à-dire la
sécurité du revenu pour tous, la lutte à la
pauvreté. Les moyens qui ont été utilisés sont ceux
qui sont possibles actuellement, étant donné l'état de
notre économie, étant donné l'état de nos finances
publiques, et ce sont des moyens extrêmement puissants pour
résoudre précisément les problèmes de
pauvreté. Ils ne sont pas parfaits, mais extrêmement puissants,
puisqu'en l'espace de quelques mois, nous partons d'un niveau de
sécurité de revenu qui se situait à environ de 50 p.c.
à 60 p.c. des seuils de pauvreté pour atteindre, dans presque
tous les cas, un seuil qui dépasse 85 p.c. ou 90 p.c. C'est un
progrès immense en peu de temps, et c'est très certainement un
jalon significatif sur la voie des progrès futurs.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): La réplique de l'honorable
député de Chicoutimi mettra fin au débat.
M. Marc-André Bédard
M. BEDARD (Chicoutimi): M. le Président, je regrette, à la
suite de cette motion, la réponse de l'honorable ministre. L'honorable
ministre m'a fait une sorte de réponse de petit politicien. D'ailleurs,
cela semble être dans ses habitudes. On fait de la petite politique
à l'intérieur du ministère des Affaires sociales lorsque
l'on fait l'annonce du réaménagement des services de santé
dans la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean. On mentionne certaines
personnes dans cette Chambre sans mentionner les préoccupations que le
député de Chicoutimi a eues constamment dans les
représentations qu'il a faites à l'honorable ministre des
Affaires sociales.
Si l'honorable ministre des Affaires sociales pense que nous avons fait
de la démagogie en parlant tout à l'heure, pourquoi, dans sa
réponse, n'a-t-il pas tout simplement contredit les chiffres que nous
avons donnés? Cela n'est pas de la démagogie. Mon intervention
s'est basée presque essentiellement sur des chiffres que j'ai
apportés à l'honorable ministre des Affaires sociales, même
sur ses propres déclarations. Je vais lui reposer la question. Il aura
l'occasion de répondre. Il nous dit, et cela on le sait, que les
allocations familiales ont augmenté les revenus familiaux de l'ensemble
des familles québécoises. Ce n'est pas cela le fond de la
question. On le sait ça.
Ce qu'a dit le ministre, à ce moment-là, c'est que cela
augmentait, mais pas selon le même pourcentage pour toutes les familles
et que les augmentations allaient de 6 p.c. à 32 p.c. Ma question
était très simple: Où se situent les familles pauvres dans
l'augmentation de 6 p.c. à 32 p.c? La réponse du ministre a tout
simplement confirmé, d'une façon très claire, que les
familles qui sont au-dessus du seuil de la pauvreté, que les familles
qui sont riches ont une augmentation de 32 p.c. Et que c'est très clair
que les familles nombreuses et pauvres qui sont sur l'aide sociale se situent
entre 6 p.c. et 32 p.c. Autrement dit, ce sont elles qui reçoivent le
moins. C'est ce que nous voulions tout simplement démontrer. Notre
motion était tout à fait logique. Les familles qui sont sur
l'aide sociale reçoivent moins que les autres. A ce moment-là on
continue tout simplement d'élargir le fossé entre les riches et
les pauvres. C'est cela la motion de censure. Ce n'est pas de nous parler des
allocations familiales, on a déjà parlé de la loi des
allocations familiales. C'est justement de répondre aux chiffres que
nous avons apportés.
Nous avons apporté un autre exemple. Quand on contredira ces
exemples, à ce moment-là je serai prêt à faire
certaines corrections. On a apporté l'exemple suivant: Une famille qui
gagne $20,000 ou $10,000 et qui a quatre enfants à sa charge voit son
revenu global familial augmenter de $1,284 environ alors qu'une famille qui est
sur l'aide sociale et qui a également quatre enfants à charge ne
voit son revenu global familial augmenter que de $516. C'est toujours bien une
marge qui veut dire quelque chose. Si cela ne veut pas dire quelque chose pour
des gens qui gagnent $33,000, à qui on vote des augmentations de $5,000,
si cela ne veut rien dire pour des gens qui gagnent $33,000 et plus, pour des
familles riches, je pense que cette différence, qui ne s'évalue
pas en termes de dizaines de dollars mais de centaines de dollars, cela veut
dire quelque chose quand une famille se situe non pas au seuil de la
pauvreté mais en bas du seuil de la pauvreté.
M. le Président, c'est ce deuxième exemple
que nous avions apporté au ministre des Affaires sociales, et je
considère que dans toutes les acrobaties dont il a fait preuve dans sa
réponse, il n'a pas donné la réponse à cet exemple
que nous avions apporté à ces chiffres, rien n'a
été démenti. L'honorable ministre des Affaires sociales
nous accuse de faire de la démagogie ou de vouloir exploiter l'ignorance
des gens qui sont moins bien informés. Est-ce que nous avons
donné des chiffres faux ce matin, M. le Président? Qui informe le
mieux la population? Qu'on nous prouve que les chiffres qu'on a donnés
ce matin ne sont pas vrais. A ce moment-là, j'endosserai le reproche
qu'a fait l'honorable ministre des Affaires sociales. Mais il n'y a rien de
contredit dans les chiffres que nous avons apportés ce matin. Au
contraire, je me demande qui exploite le plus, si ce n'est le gouvernement qui
affirme d'une façon globale que le régime des allocations
familiales va amener le bien-être pour toutes les familles
québécoises, mais qui ne prend pas la peine de dire à
cette même population et de dire à ceux qui sont les plus
défavorisés que, malheureusement, il y en a qui vont recevoir
moins que les autres. Et cela s'appelle informer la population, M. le
Président. On n'a pas dit que les familles, dans l'ensemble, ne seraient
pas satisfaites. Le débat de ce matin, c'est très clair...
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Houde, Limoilou): J'invite
immédiatement le député de Chicoutimi à
terminer.
M. BEDARD (Chicoutimi): Le débat de ce matin était
très clair, la motion de blâme était très claire. Je
sais que les députés libéraux ne sont pas
intéressés par ce côté. Les Fêtes approchent.
Je voudrais avoir le temps de terminer.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Houde, Limoilou): Le temps est
terminé.
M. BEDARD (Chicoutimi): Notre motion de blâme était
à l'effet que le fossé s'élargissait entre les riches et
les pauvres, nos chiffres n'ont pas été démentis, au
contraire, ils ont été confirmés par le ministre des
Affaires sociales. Et je me rends compte jusqu'à quel point ce que nous
affirmons est vrai et, de plus en plus, je suis heureux d'avoir...
LE PRESIDENT: A l'ordre! ... A l'ordre! ... Qu'on appelle les
députés!
Vote sur la motion de censure de M. Bédard
(Chicoutimi)
LE PRESIDENT: Que ceux qui sont en faveur de la motion de l'honorable
député de Chicoutimi veuillent bien se lever, s'il vous
plaît!
LE SECRETAIRE ADJOINT: MM. Morin, Burns, Charron, Bédard
(Chicoutimi), Samson, Roy.
LE PRESIDENT: Que celle et ceux qui sont contre cette motion veuillent
bien se lever.
LE SECRETAIRE ADJOINT: MM. Levesque, Mailloux, Choquette, Garneau,
Phaneuf, Lalonde, Goldbloom, Quenneville, Mme Bacon, MM. Tetley, Drummond,
Lacroix, Bienvenue, Forget, Toupin, Harvey (Jonquière), Houde
(Abitibi-Est), Desjardins, Giasson, Perreault, Brown, Kennedy, Bacon,
Lamontagne, Veilleux, Brisson, Séguin, Cornellier, Houde (Limoilou),
Pilote, Ostiguy, Picard, Carpentier, Faucher, Marchand, Shanks, Springate,
Pepin, Bou-dreault, Boutin (Johnson), Caron, Déziel, Dufour, Harvey
(Dubuc), Lachance, Lapointe, Lecours, Malouin, Massicotte, Mercier,
Pagé, Picotte, Tremblay, Verreault.
LE SECRETAIRE: Pour: 6 Contre: 54
LE PRESIDENT: La motion est rejetée. M. LEVESQUE: Article 4).
Projet de loi no 8 Troisième lecture
LE PRESIDENT: L'honorable ministre de la Justice propose la
troisième lecture du projet de loi 8, Loi modifiant de nouveau la loi
des tribunaux judiciaires.
L'honorable ministre de la Justice.
M. Jérôme Choquette
M. CHOQUETTE : M. le Président, je pensais que le ministre des
Institutions financières était désireux de m'entendre
longuement sur ce projet de loi.
M. TETLEY: Au contraire.
M. CHOQUETTE: Ah! bon, au contraire. Alors, je vais me rendre à
son invitation, M. le Président; je serai extrêmement bref. Je
propose l'adoption de cette motion de troisième lecture.
LE PRESIDENT: L'honorable chef de l'Opposition officielle.
M. Jacques-Yvan Morin
M. MORIN: M. le Président, je me permettrai, au moment de la
troisième lecture de ce projet de loi, de parler d'une question que
nous avons à peine effleurée durant nos débats et
qui a trait au salaire des juges par rapport au danger de
vénalité. Je ne sache pas que le fait pour un juge de gagner
$33,000 ou $38,000 plutôt que $28,000 ou que $25,000 l'expose moins aux
pressions et au danger de dépendance par rapport à ces
pressions.
M. le Président, je voudrais dire au ministre de la Justice, qui
a invoqué cet argument à quelques reprises, que je trouve cela
très insultant pour nos magistrats. Le ministre, dans le débat du
6 juillet dernier, à la page 2280 des Débats, et de nouveau
à quelques reprises, mais très brièvement, au cours des
débats de la présente session sur cette question, a fait allusion
à ces pressions indues de l'extérieur, à propos de la
rémunération des juges.
Peut-être existent-elles à l'occasion, M. le
Président, mais ce n'est pas par le biais des salaires, ce n'est pas par
le truchement d'une augmentation de salaire qu'on va régler un
problème qui relève avant tout de la moralité publique et
de la moralité individuelle.
Le ministre dit, à la page 2282 des Débats de la
dernière session: "La rémunération des juges doit
être décente pour assurer leur intégrité". M. le
Président, il faudrait se demander, si on entrait dans la logique du
ministre, ce que c'est qu'un salaire "décent" par rapport aux tentations
qui pourraient se présenter dans la vie d'un juge. A notre avis, ce
n'est pas une question d'argent. Je pourrais invoquer bien des exemples de
vénalité, non seulement au Québec, bien entendu, mais dans
d'autres provinces et dans d'autres pays, de la part de personnes qui sont
déjà riches, qui sont déjà à l'aise, mais
qui, pourtant, succombent à la tentation d'accepter des pots-de-vin.
Je voudrais le rappeler au ministre de la Justice, parce qu'avec la
possibilité d'une augmentation nouvelle du traitement des juges
nommés en vertu de l'article 96 par le pouvoir fédéral
nous pourrions nous trouver encore, dans une session subséquente, devant
une demande d'augmentation du salaire des juges de la cour Provinciale. Je
voudrais lui dire que c'est une question de moralité personnelle.
Cela a peu à voir avec la question des salaires. C'est une
question qui repose donc avant tout sur l'éducation qu'un homme a
reçue, sur son intégrité personnelle, sur son
système de valeurs, sur les qualités humaines que l'on acquiert,
non pas une fois qu'on est sur le banc, mais les qualités humaines
résultant de l'expérience de toute une vie dans la profession
d'avocat par exemple. Ce sont des qualités que l'on acquiert aussi
dès la jeunesse, à la maison, au collège, à
l'école. Pour tout résumer, ce sont des qualités
d'intégrité que l'on apprend, que l'on acquiert à
l'école de la vie.
Or, le choix des juges, s'il est bien fait je tiens pour acquis
qu'il est bien fait et que nous nous écartons notamment du
système traditionnel des nominations politiques. Oui, le ministre fait
la vierge offensée, mais le ministre sait très bien qu'il y a eu
encore récemment des nominations politiques.
M. CHOQUETTE: Je ne veux pas nier que l'expérience politique va
souvent qualifier quelqu'un très bien pour devenir juge.
L'expérience politique donne une dimension, fait comprendre des
problèmes sous différents aspects. Il ne faut pas croire que
toute nomination d'un homme politique est une nomination
répréhensible. Je pense que le chef de l'Opposition n'abonde pas
dans le sens des préjugés qui sont répandus dans certains
milieux.
M.MORIN: M. le Président, je n'irai pas jusqu'à dire que
toutes les nominations politiques entraînent des risques de
vénalité. Si par exemple l'actuel ministre de la Justice devient
un jour juge, ce qu'on nous a laissé entendre au cours de cette session,
je serai de ceux qui seront persuadés de son intégrité. Je
suis persuadé d'avance de son indépendance. Mais les nominations
politiques, dans certains cas, comportent ce risque, et le ministre ne peut pas
le nier. Si je suis prêt à admettre que toutes les nominations
politiques n'entraînent pas ce risque, il devra lui, en retour, admettre
que certaines nominations politiques entraînent ce risque. Hélas!
M. le Président, la vie politique, le tempérament qu'il faut pour
accéder à la vie politique et le tempérament qu'il faut
pour faire un bon juge ne sont pas nécessairement la même chose.
Quoique j'admettrai que, dans les deux cas, l'une des qualités requises
c'est d'être au-dessus du risque de vénalité.
M. le Président, si, au lieu de penser résoudre ce
problème par le biais des salaires, le ministre nous avait
proposé un système de sélection des juges, comme celui que
nous aurions aimé voir apparaître dans une loi, si le ministre
avait prêté l'oreille à nos suggestions, alors nous
pourrions croire que cette augmentation de salaire a été faite
vraiment dans le même objectif. Mais ce n'est pas le cas. Nous ne somme
pas devant une loi qui permettrait d'améliorer le système du
choix des juges.
Dans un discours antérieur, sur lequel je ne veux pas revenir in
extenso, parce que je n'ai pas l'intention d'utiliser toute l'heure qui est
mise à ma disposition, je ne voudrais pas revenir dans tous les
détails, nous avons suggéré l'instauration d'un
mécanisme de nomination des juges, tant pour les trois catégories
de juges que l'on trouve actuellement dans la Loi des tribunaux judiciaires que
pour les juges dits administratifs. Le ministre se souviendra que j'ai
épilogue longuement sur cette question.
Il n'y a aucune raison, aucune raison pour différer
indéfiniment l'implantation d'un système qui serait calqué
ou inspiré du "Merit System" qu'on trouve déjà dans
plusieurs régions de l'Amérique du Nord.
M. CHOQUETTE: ... the "Pork-barrel System of Judicial Appointment"
M. MORIN: Exactement. J'espère que cette intervention lumineuse
du ministre de la Justice va être notée au journal des
Débats. Je me suis élevé en commission contre ce fameux
système du "Pork-barrel System of Judicial Appointment" et le ministre
sait très bien ce que signifie ce système puisqu'il le pratique.
Il l'a pratiqué, il y a quelques mois encore, et je n'entrerai pas dans
les circonstances de l'application du "Pork-barrel System", puisqu'on pourrait
croire que cette expression se réfère aux personnes qu'il a
nommées, ce qui n'est pas le cas, je m'empresse de l'ajouter.
Il n'y a donc aucune raison pour différer l'instauration d'un
système qui ferait que nous aurions une procédure de nomination
des juges qui soit vraiment étanche, qui soit institutionnalisée.
Et je terminerai là-dessus rapidement. Si le choix des juges est bien
fait, si le choix est fait de manière impartiale, on n'a pas à
craindre la vénalité parce qu'on s'assurera de la
réputation, des antécédents, des personnes qui seront
choisies. Et si le système est suffisamment étanche, si les
consultations auxquelles il donne lieu sont suffisamment étendues, si
les personnes qui participent au choix des juges sont elles-mêmes bien
choisies, alors, on ne pourra plus invoquer cet argument de
vénalité des juges et on ne nous fera pas croire, si ce
système de sélection est bien fait, qu'un juge qui gagne $28,000
risque davantage d'être l'objet de tentations qu'un juge qui en gagne
$33,000. C'est faux.
Nous connaissons des fonctionnaires qui gagnent beaucoup moins que cela,
qui reçoivent quelquefois des traitements de $7,000, de $10,000, voire
$15,000, des fonctionnaires qui, eux aussi, de par les fonctions qu'ils
exercent, sont appelés à prendre des décisions qui
touchent des intérêts qui, peut-être, ont des
conséquences pour des personnes qui sont intéressées
à ce que la décision leur soit favorable. Je ne veux pas le
faire; je pourrais donner combien d'exemples. Tous les députés
qui sont ici, tous ces messieurs les ministres sur les banquettes d'en face
savent très bien que, parmi même leurs fonctionnaires subalternes,
il y en a qui sont appelés à prendre des décisions
où l'impartialité est la première qualité du
fonctionnaire. Même si le fonctionnaire gagne moins de $10,000, il peut
être appelé, dans certains cas, à faire des
recommandations, ne seraient-ce que des recommandations qui influeront sur des
décisions.
Alors, est-ce qu'il faudra aussi augmenter tous ces fonctionnaires qui
gagnent moins de $10,000 ou de $15,000 pour qu'ils soient au-dessus du risque
de vénalité? Je serais porté à le croire puisqu'on
vient de le faire pour les juges. Alors, j'attends avec beaucoup
d'intérêt la négociation des salaires dans le secteur
public. Combien de fonctionnaires sont en condition d'être l'objet de
pressions de la part d'intérêts particuliers? Certainement un
très grand nombre. Combien de fonctionnaires voient peser sur leurs
épaules des responsabilités extrêmement lourdes? Alors,
nous verrons, au moment où l'on abordera cette question des traitements
de la fonction publique, si le gouvernement est vraiment logique, si cet
argument qu'a fait valoir le ministre de la Justice n'est pas un argument de
circonstances pour essayer de nous faire croire qu'il était essentiel
d'augmenter les juges de $28,000 à $33.000.
Il y a des fonctionnaires à la Voirie, aux Travaux publics, aux
Affaires municipales qui ne cèdent pas aux pressions dont ils sont
l'objet et qui, pourtant, ne gagnent pas $28,000, M. le Président, ne
gagnent pas non plus $20,000 ou même $15,000. S'ils n'y cèdent
pas, malgré ce traitement quelquefois insuffisant, c'est parce qu'ils
sont intègres, c'est parce qu'ils ont reçu dans leur famille,
dans le milieu où ils ont été éduqués et
dans leur vie professionnelle, parce qu'ils ont reçu, dis-je, un certain
nombre de valeurs. Le salaire qu'ils reçoivent n'a rien à y voir,
à moins qu'il soit en dessous de tout. Je crois que, dans beaucoup de
cas, le salaire n'a rien à voir avec l'intégrité.
M. le Président, en conclusion, je dirai que nous avons
peut-être connu des cas de fonctionnaires ou des cas de juges qui,
malgré le haut traitement qu'ils recevaient, ont cédé
à des pressions de l'extérieur et on accepté
peut-être des pots-de-vin. Mais ils ne sont pas nombreux, je crois, les
magistrats qui ont cédé à ce genre de pressions,
malgré le traitement dont on nous dit qu'il est inférieur
à ce qu'il devrait être. Quel que soit le niveau de leur salaire
ou de leur revenu, et justement parce qu'ils reçoivent de tels salaires,
il y a des juges, des magistrats qui en veulent toujours davantage. J'entends
les magistrats parmi ceux qui seraient vénaux. Ce n'est pas en
augmentant leur salaire à $35,000, voire à $38,000 ou à
$45,000 qu'on vaincra chez un magistrat vénal cette propension. Non,
c'est en choisissant bien les magistrats.
M. le Président, je voudrais dire en terminant que nous estimons
que cette augmentation n'était pas justifiée. Non pas, encore une
fois, parce que nous en voulons aux magistrats, non pas parce que nous
n'estimons pas que leur rôle est essentiel. Je l'ai dit, dans ma toute
première intervention sur cette question: dans notre
société, ils remplissent un rôle, une fonction essentielle.
Mais nous voulions que cette question soit examinée dans le contexte
social plus large dans lequel elle doit être située.
Merci, M. le Président.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): L'honorable député de
Beauce-Sud.
M. Fabien Roy
M. ROY: M. le Président, au nom de notre groupement politique,
j'ai quelques observa-
tions seulement sur cette motion de troisième lecture du projet
de loi no 8, intitulé Loi modifiant de nouveau la loi des tribunaux
judiciaires.
M. le Président, je ne répéterai pas ce que j'ai
dit en deuxième lecture sur ce sujet, bien que les propos que j'ai tenus
tiennent encore. Je regrette cependant une chose.
A la suite de notre intervention de deuxième lecture, je
m'attendais que l'honorable ministre de la Justice se lève et qu'il nous
donne des précisions, qu'il nous donne des détails et des
informations ou encore qu'il nous annonce certaines nouvelles à l'effet
que le gouvernement, dans le domaine de la justice, a quelque chose de nouveau
à offrir aux Québécois. Mais, malheureusement, je n'ai
rien entendu.
Lors du discours de troisième lecture, tout à l'heure,
j'espérais, encore une fois, que l'honorable ministre de la Justice se
lève et qu'il nous fasse part de ses intentions. Mais il a parlé
environ une minute pour nous dire tout simplement qu'il demandait l'adoption du
projet en troisième lecture.
En ce qui nous concerne nous l'avons dit et
répété à plusieurs reprises même si
nous sommes en troisième lecture, je regrette énormément
que le gouvernement n'ait pas tenu compte de nos propos et n'ait pas
manifesté ses intentions en nous annonçant des précisions
claires et nettes à l'effet que tel ou tel amendement, correction ou
amélioration allaient être apportés à l'appareil
judiciaire du Québec.
Si nous n'avons pas pris part au débat de trois jours
là-dessus, c'est que nous ne voulions pas, en ce qui nous concerne,
considérer les juges comme des otages pour tous les problèmes
socio-économiques que nous connaissons. D'un autre côté,
nous ne voulions pas que les juges soient considérés comme les
boucs émissaires de l'incurie je dis bien de l'incurie du
gouvernement. Je trouve que le gouvernement a été passablement
malhabile en nous présentant un projet de loi de cette nature et en
parlant de réforme ou de modifier à nouveau la Loi des tribunaux
judiciaires uniquement je dis bien uniquement sur la question du
salaire des juges. Je dis que le gouvernement a été très
malhabile dans sa loi, parce qu'il va être obligé de revenir
encore devant la Chambre avec une loi identique, compte tenu de l'inflation
galopante que nous connaissons, pour faire des rajustements. Il ne sera pas
tenu de le faire uniquement là-dedans. Il va être tenu de le faire
aussi dans d'autres domaines.
Mais le gouvernement aurait dû présenter son projet de loi
en disant: Nous allons apporter des réformes, nous allons faire en sorte
de présenter des mesures précises, des mesures énergiques
en vue d'offrir aux Québécois une vraie justice, une justice
réelle, en dépolitisant la justice et en établissant des
critères de compétence pour que la nomination des juges ne se
fasse pas uniquement sous la forme de récompense politique. Je ne dis
pas que c'est toujours le cas, mais ce fut malheureusement trop le cas dans le
passé.
Je dis que le gouvernement aurait dû apporter dans son projet de
loi des précisions dans ce domaine. A ce moment-là, cela aurait
été beaucoup plus facile de faire une discussion objective de la
Loi modifiant à nouveau la loi des tribunaux judiciaires parce qu'on
n'aurait pas fait ou on n'aurait pas été tenté de faire
tout simplement une lutte de classes.
A l'endroit de mes collègues du Parti québécois, ce
n'est pas un reproche que je leur fais, mais je dis tout simplement que,
lorsqu'ils parlent de déséquilibre social, ils ont raison. Nous
avons, à l'heure actuelle, des déséquilibres sociaux qui
s'accentuent au Québec. Mais il faudrait le faire de façon
beaucoup plus globale que de la façon dont on a tenté de le faire
dans la Loi modifiant de nouveau la loi des tribunaux judiciaires.
On a seulement à se référer aux propos que j'ai
tenus à l'occasion de la deuxième lecture du projet de loi. Nous
avons demandé ce n'est pas la première fois que nous le
demandons qu'on fasse en sorte de changer la procédure
judiciaire, de façon à réduire les délais qui sont
beaucoup trop longs. Il y a beaucoup trop de plaintes dans la population
à l'effet que la justice prend trop de temps, la justice est trop
lente.
D y a des procès qui, à force d'être remis et
d'être remis, prennent deux ans, trois ans, quatre ans avant de passer.
Lorsque les personnes ont à se présenter en cour, lorsqu'elles
sont convoquées en cour, il manque la moitié des témoins
ou encore il y a des témoins qui sont décédés ou
des témoins qu'il est impossible de retracer. Or, combien de personnes,
à l'heure actuelle, au Québec, ont été
lésées par ces faits, combien de personnes? Le ministre de la
Justice est au courant, il a énormément de dossiers dans ses
bureaux et dans les bureaux du ministère. Si on faisait et si le
ministère se donnait la peine de faire un relevé pour regarder
toutes les lacunes qu'il y a de ce côté, je pense qu'il y aurait
eu matière à apporter dans la Loi des tribunaux judiciaires en
même temps qu'on a voulu rajuster le salaire des juges, compte tenu de
l'augmentation du coût de la vie, et on aurait pu faire en sorte
d'apporter des améliorations réelles. Pour ce qui a trait
à des jugements, c'est encore la même chose. J'ai
été obligé de référer au ministère de
la Justice des cas où des personnes attendent pendant un an, parfois
même plus avant d'avoir le jugement de leur cause.
M. le Président, ce sont toutes des choses que la population du
Québec demande, qu'elle a le droit de demander. Le gouvernement avait
l'occasion idéale, l'occasion rêvée, avec son projet de loi
no 8, d'apporter quelque chose de nouveau dans la Loi des tribunaux judiciaires
pour faire en sorte que la justice soit plus conforme, réponde davantage
aux besoins et aux désirs des Québécois qui doivent
quand
même avoir recours aux tribunaux judiciaires. M. le
Président, le pouvoir judiciaire, je l'ai dit et je le
répète encore une fois, ne doit pas être entre les mains
uniquement du pouvoir exécutif. Le pouvoir judiciaire doit relever de
l'Assemblée nationale du Québec et c'est ici, à
l'Assemblée nationale, et le ministre a raison, que nous faisons ces
recommandations et que nous demandons, encore une fois, nous profitons de
l'occasion qui nous est offerte pour demander au ministre de la Justice de
tenir compte de ces remarques, de tenir compte de nos observations, de tenir
compte de nos demandes pour que, lorsque le gouvernement devra revenir devant
l'Assemblée nationale du Québec et bien avant, il nous apporte
une vraie réforme de la justice dans le meilleur intérêt de
tous les Québécois.
LE PRESIDENT: Le droit de réplique de l'honorable ministre de la
Justice.
M. Jérôme Choquette
M. CHOQUETTE: M. le Président, je voudrais tout d'abord remercier
le député de Beauce-Sud pour les conseils précieux qu'il a
donnés au gouvernement en matière de réforme au
système judiciaire. Il peut être assuré que j'ai
noté avec un très vif intérêt toutes ses suggestions
et ses observations. Mais s'il avait suivi plus intensément les
débats à l'occasion de ce projet de loi, il saurait ce que j'ai
dit à ce sujet-là, que le gouvernement était actuellement
en train d'exaucer ses prières, que le ministère de la Justice
était en train de préparer une réforme d'ensemble du
système des tribunaux, incluant la nomination des juges, incluant le
système disciplinaire pour autant qu'il s'applique aux juges. Par
conséquent, le député de Beauce n'aurait peut-être
par prononcé une intervention tout à fait dans le genre de celle
qu'il a prononcée, s'il avait lu ce que j'ai dit à la commission
parlementaire sur le budget. Ceci n'enlève pas de mérite à
l'intervention du député de Beauce en soi.
Ceci n'enlève surtout pas de mérite à l'attitude
qu'il a prise au cours de la discussion de ce projet de loi avec son
collègue, le député de Rouyn-Noranda. Eux n'ont pas
adopté l'attitude négative qu'a adoptée le Parti
québécois, qui, par des délais trop considérables,
a peut-être été la cause du fait que nous soyons
empêchés de présenter cette réforme. Toutes ces
paroles qui ont été prononcées par nos honorables
collègues pendant ces jours et ces jours, est-ce qu'elles n'ont pas
empêché le ministre de la Justice, pendant ce temps-là, de
faire un travail utile pour qu'il se rende aux admonestations du chef de
l'Opposition? Celui-ci me disait tout à l'heure: Apportez-nous un
système de sélection et de nomination impartial et objectif des
magistrats.
Alors, je suis prêt à le suivre sur le terrain qu'il m'a
offert si aimablement mais je lui dirais: Est-ce qu'il trouve qu'il a
contribué à faire naître ce système en clouant le
ministre de la Justice à son siège pendant des jours et des jours
pour l'empêcher de travailler efficacement pour le bien-être des
Québécois et le progrès du système judiciaire? Je
lui pose la question.
M. MORIN : M. le Président, je voudrais simplement
répondre ceci très brièvement, que le ministre a eu des
années...
LE PRESIDENT: Pour rétablir les faits.
M. MORIN: Oui, c'est tout.
LE PRESIDENT: S'il vous a mal interprété.
M. MORIN : Oui. Le ministre prétend que nous l'avons cloué
à son siège. Très franchement ce n'est pas en neuf jours
qu'on aurait pu nous apporter un système vraiment idoine de
sélection des juges. Il y a des années que nous avons saisi le
ministre de ce problème. Qu'il ne vienne pas nous faire croire que
durant cette session il aurait pu résoudre le problème. S'il
avait la volonté de le faire, il y a longtemps qu'il l'aurait fait.
M. CHOQUETTE: Peut-être, M. le Président, que j'aurais
été en mesure de le faire. Je ne le garantis pas mais
peut-être que je l'aurais été. De toute façon, ceci
est du passé et je ne voudrais pas mettre de l'huile sur ce feu qui
s'est presque réduit à l'état de cendre à l'heure
actuelle.
Le ministre des Institutions financières m'interrompt
constamment, M. le Président, en voulant abréger mes remarques,
en voulant brusquer le ministre de la Justice et le gouvernement pour que nous
ayons un vote qui serait pris d'une façon trop rapide sur ce projet de
loi.
M. le Président, je trouve qu'il n'est pas dans
l'intérêt de ce Parlement de brusquer l'adoption de la loi ainsi
que me le propose le ministre des Institutions financières.
Là, je commence à comprendre l'Opposition, M. le
Président, qui ne veut pas se faire pousser dans le dos et adopter des
lois à toute vapeur. C'est la raison pour laquelle je suis toujours, au
moment où je vous parle, en train de proposer l'adoption de cette
troisième lecture. Je crois que ça suffit, M. le
Président.
M. BURNS: Vote, s'il vous plaît, M. le Président,
enregistré.
LE PRESIDENT: Qu'on appelle les députés!
Vote de troisième lecture
LE PRESIDENT: Que ceux qui sont en faveur de la motion de
troisième lecture du
projet de loi no 8 veuillent bien se lever, s'il vous plaît.
LE SECRETAIRE ADJOINT: MM. Bourassa, Lévesque, Mailloux,
Choquette, Garneau, Phaneuf, Lalonde, Goldbloom, Quenneville, Tetley, Drummond,
Lacroix, Bienvenue, Toupin, Houde (Abitibi-Est), Desjardins, Giasson,
Perreault, Brown, Bacon, Lamontagne, Veilleux, Brisson, Séguin,
Cornellier, Houde (Limoilou), Pilote, Ostiguy, Picard, Carpentier, Faucher,
Marchand, Shanks, Springate, Pepin, Bonnier, Boudreault, Boutin (Johnson),
Caron, Déziel, Dufour, Harvey (Dubuc), Lachance, Lapointe, Lecours,
Malouin, Massicotte, Mercier, Pagé, Picotte, Tremblay, Verreault,
Samson, Roy.
LE PRESIDENT: Que ceux qui sont contre veuillent bien se lever.
LE SECRETAIRE ADJOINT: MM. Morin, Burns, Charron, Lessard, Bédard
(Chicoutimi).
LE SECRETAIRE: Pour: 54 Contre: 5
LE PRESIDENT: La motion est adoptée.
M. LEVESQUE: M. le Président, après consultation,
j'aimerais suggérer que la suspension se fasse jusqu'à 14 h
30.
LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a consentement?
M. BURNS: Bien, il y a consentement.
LE PRESIDENT: L'Assemblée suspend ses travaux jusqu'à 14 h
30.
(Suspension de la séance à 13 heures)
Reprise de la séance à 14 h 39
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre, messieurs!
M. LEVESQUE: En attendant, avec le concours du leader de l'Opposition
officielle, on pourrait peut-être disposer de deux bills
privés.
M. BURNS: Les bills 111 et 170?
M. LEVESQUE: Oui. Je propose la deuxième lecture et la
troisième lecture de ces deux projets de loi.
Projet de loi no 111 Deuxième lecture
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): L'honorable député de
Louis-Hébert propose la deuxième lecture du projet de loi no 111,
Loi fusionnant Prêt et revenu Ltée et Fiducie prêt et
revenu.
Le député de Saint-Jacques.
M. CHARRON: Nous sommes d'accord.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de
Rouyn-Noranda.
M. SAMSON: Vous n'allez toujours même pas vous imaginer qu'on va
laisser passer des projets de loi comme cela, M. le Président. C'est
beaucoup trop vite. Je voulais dire au leader du gouvernement que c'est notre
droit...
M. LEVESQUE: S'il y a des objections, je les retire
immédiatement. Il s'agit de bills privés. Ce ne sont même
pas des bills du gouvernement. Si vous ne voulez pas les adopter, dites-le.
M. SAMSON: S'il m'avait laissé continuer, j'allais dire au leader
du gouvernement que nous sommes parfaitement d'accord.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Cette deuxième lecture
est-elle adoptée?
DES VOIX: Adopté.
LE SECRETAIRE ADJOINT: Deuxième lecture de ce projet de loi.
Second reading of this bill.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): L'honorable leader du gouvernement,
au nom du député de Louis-Hébert, propose la
troisième lecture du projet de loi 111, Loi fusionnant Prêt et
revenu Ltée et Fiducie prêt et revenu.
DES VOIX: Adopté.
M. CHARRON: Non. Pas maintenant, selon le règlement.
Projet de loi no 170 Deuxième lecture
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): L'honorable député de
Limoilou propose la deuxième lecture du projet de loi 170, Loi modifiant
la loi refondant la charte de la Commission des écoles catholiques de
Québec. Cette motion de deuxième lecture est-elle
adoptée?
DES VOIX: Adopté.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Adopté.
LE SECRETAIRE ADJOINT: Deuxième lecture de ce projet de loi.
Second reading of this bill.
M. LEVESQUE: Je vous ferai remarquer que normalement, après la
deuxième lecture, il y a déférence à la commission.
Mais, pour permettre aux honorables membres de l'Assemblée d'être
plus informés sur le contenu de ces deux projets de loi, nous avions
référé déjà ces deux projets de loi aux
commissions élues.
M. CHARRON: C'est d'ailleurs pour ça, M. le Président, que
nous n'intervenons pas en deuxième lecture. En effet, les remarques que
nous avions à faire là-dessus ont été faites en
commission par le député de Lafontaine.
M. LEVESQUE: C'est pour ça que j'ai suggéré la
troisième lecture.
M. CHARRON: Non, non!
M. LEVESQUE: Alors, faisons les écritures en commission
plénière et attendons pour la troisième lecture. Qu'est-ce
que vous voulez, il faut au moins avoir une procédure entre la
deuxième et la troisième.
M. CHARRON: D'accord, commission plénière, si vous voulez;
vous pouvez faire rapport
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Pour les projets de loi 171 et 170,
que les officiers de la Chambre fassent les écritures nécessaires
en commission plénière.
M. LEVESQUE: Alors, troisième lecture?
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Prochaine séance ou
séance subséquente.
M. LEVESQUE: C'est-à-dire cette séance ou séance
subséquente. Bill no 6, article 18). Est-ce que j'ai le bon
numéro? Article 18).
Projet de loi no 6 Rapport de la commission
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): C'est le projet de loi no 6. Prise en
considération du rapport de la commission permanente des finances, des
comptes publics et du revenu sur l'étude du projet de loi 6, Loi
modifiant de nouveau la loi sur les impôts et certaines autres
dispositions législatives d'ordre fiscal.
DES VOIX: Adopté.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Ce rapport est-il
agréé?
DES VOIX: Agréé.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Agréé.
M. LEVESQUE: Troisième?
M. BURNS: Non.
M. LEVESQUE: D'accord.
Projet de loi no 17 Rapport de la commission
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Prise en considération du
rapport de la commission permanente des affaires municipales sur l'étude
du projet de loi 17, Loi modifiant la loi des dettes et emprunts municipaux et
scolaires. Ce rapport est-il agréé?
L'honorable député de Maisonneuve.
M. BURNS: Encore une fois, toutes les remarques qui avaient à
être faites l'ont été par le député de
Lafontaine, en commission. Alors, M. le Président, je suis d'accord pour
qu'on accepte ce rapport.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Ce rapport est
agréé.
LE SECRETAIRE: Est-ce que ce rapport est agréé?
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Oui, oui, je l'ai demandé. Le
député de Maisonneuve a fait des observations après avoir
agréé.
M. LEVESQUE: Alors, article 8).
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Article 8).
UNE VOIX: II n'y a pas de ministre.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): II n'y a pas de ministre.
M. LEVESQUE: Pardon?
UNE VOIX: Le ministre n'est pas là.
M. LEVESQUE: Article 9).
Projet de loi no 13 Deuxième lecture
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): La reprise du débat sur la
motion de M. Toupin proposant que le projet de loi 13, Loi autorisant de
nouveaux crédits pour fins de prêts agricoles, soit maintenant lu
pour la deuxième fois.
L'honorable leader du gouvernement.
M. LEVESQUE: Alors, M. le Président, je propose que nous
appuyions unanimement un projet de loi qui aidera de nouveau les agriculteurs
de la province. J'en profite pour féliciter le ministre de l'Agriculture
qui se penche continuellement sur les problèmes agricoles. Voici un
autre exemple où nous voyons le souci du ministre de l'Agriculture
d'aider la classe agricole. Il a un dossier extrêmement enviable. C'est
un des grands ministres de l'Agriculture que le Québec ait connu. Voici,
encore une fois, un projet de loi qui illustre bien cette préoccupation
constante qui est celle du député de Champlain à l'endroit
des cultivateurs du Québec.
Nous voyons, encore une fois, ces sommes consacrées au
crédit agricole augmentées de nouveau, et maintenant nous
dépassons le demi-milliard de dollars. Je crois que c'est assez
impressionnant et je crois également que ceci n'est qu'une des
nombreuses mesures de ce grand éventail que sont les initiatives du
député de Champlain, ministre de l'Agriculture dans le
gouvernement actuel. Alors, félicitation au ministre !
M. BIENVENUE: M. le Président, je me fermais les yeux et je
croyais entendre, dans des situations analogues, une fois par année,
mais avec des chiffres plus modestes, feu Maurice Duplessis.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): L'honorable député de
Maisonneuve.
M. BURNS: M. le Président, si cela peut faire plaisir au ministre
de l'Immigration, la comparaison qu'il vient de faire, j'ai eu à la
vivre, moi, depuis quelques semaines, et je trouve qu'elle est exacte.
M. le Président, je veux tout simplement dire quelques mots sur
ce projet de loi intitulé Loi autorisant de nouveaux crédits pour
fins de prêts agricoles.
Comme tout le monde le sait, c'est un projet de loi qui nous revient
régulièrement, aussi régulièrement que nous
arrivent les Fêtes de Noël et du Jour de l'An. Cela nous arrive
toujours. A chacune des occasions que nous avons de rencontrer une fin de
session, je vois ce projet de loi ramener constamment de nouveaux
crédits agricoles.
M. le Président, je veux être bien compris. Nous n'avons
rien contre ce fait. C'est évident qu'il est nécessaire que ces
crédits agricoles soient votés. C'est évident qu'on est
obligé, à chaque fin de session, de revenir avec un tel projet de
loi.
Cependant, M. le Président et je pense que cela a
été le sens, un peu, des interventions de mes collègues de
l'Opposition depuis que le projet est à l'étude on
considère, un peu comme on l'a dit au ministre de la Justice en
matière de loyers, qu'il s'agit là de petites
"réformettes", dans le fond, qui semblent vouloir masquer la
réalité, qui semblent vouloir constamment dire: On autorise de
nouveau crédits, on demande de nouvelles sommes.
C'est bien beau, cela, M. le Président. Ce sont des mesures
absolument populaires, dans le sens qu'il n'y a personne qui peu être
contre. C'est sûr que nous allons voter pour cela. Justement à
cause du fait que le député actuel de Champlain est une personne
qui connaît ce milieu, qui a connu, je pense, les réclamations du
milieu agricole, qui a connu, à cause de ses activités
professionnelles antérieures, les besoins du milieu agricole.
Nous sommes un petit peu étonnés de voir à chaque
fin de session le ministre actuel de l'Agriculture nous revenir, dans le fond,
avec des cataplasmes sur des jambes de bois. C'est ça le sens des
interventions que les députés de l'Opposition ont faites à
l'endroit du projet de loi.
Pas, encore une fois, que nous soyons contre, mais c'est un peu comme
quand on dit à un paralytique: Ecoute, ta chaise roulante elle va
être un petit peu plus chromée, les roues vont être un petit
peu plus grosses. On n'essaie pas de guérir le paralytique. C'est dans
ce sens que nous formulons nos critiques à l'endroit de ce projet de
loi, pas dans le sens que ce n'est pas bon d'accorder des crédits
agricoles, sûrement pas dans ce sens.
Mais profitant de l'expérience vécue dans son milieu
professionnel par le ministre de l'Agriculture, nous espérons et
nous aurions espéré dans le passé qu'il vienne avec
quelque chose de plus concret, des solutions beaucoup plus permanentes et
beaucoup plus globales aux problèmes des agriculteurs du
Québec.
C'est dans le fond la préoccupation qui nous fait intervenir sur
ces projets de loi. C'est ce que nous croyons qui doit être fait
également comme critique et j'insiste sur ce fait positive
à l'endroit du projet de loi que systématiquement le ministre
nous ramène en fin de session.
Quand je dis critique positive, c'est qu'on en
est rendu par le fait d'adopter ce genre de projet de loi
à avoir oublié cette époque de M. Duplessis qu'on
rappelait il y a quelques minutes, où l'agriculture était une
espèce d'institution parallèle et ayant la même valeur que
la religion, la langue, etc. Ce n'est pas ça l'agriculture.
L'agriculture je suis sûr que le ministre le comprend
c'est une des fonctions économiques importantes du Québec
actuel. Et c'est à l'heure de 1973 que nous aimerions voir le ministre
de l'Agriculture approcher le problème des agriculteurs, non pas dans le
sens de dire: On vous donne votre petite forme d'aide sociale à vous
autres à tout bout de champ de temps à autre. On ne se penche pas
sur les véritables problèmes, sur j'insiste cette
fonction économique du milieu agricole.
C'en est une, M. le Président, c'est une partie non
négligeable de notre société qu'on a tendance nous
surtout, les urbains à oublier à un moment donné,
parce que les statistiques disent que, de plus en plus, il y a des gens qui
quittent le milieu agricole et s'en viennent en milieu urbain. On a
peut-être tendance, et je l'avoue, à penser que, de plus en plus,
ce milieu, cette partie importante de notre société est à
la veille de disparaître.
Je pense, au contraire, M. le Président, que ce qui reste de
milieu agricole au Québec doit faire l'objet de préoccupations
constantes et ce n'est pas avec des réformettes, ce n'est pas avec des
sous qu'on met de temps à autre dans les crédits agricoles qu'on
va régler le problème de ce milieu. C'est dans ce sens-là
que nous avons voulu faire nos interventions et c'est dans ce sens-là
que j'espère nous aurons convaincu le ministre de l'Agriculture de
penser à la prochaine fin d'année, à la fin de
l'année 1974.
Je suis un de ceux qui espèrent que le ministre de l'Agriculture
ne reviendra pas avec un projet aussi cataplasme que celui-ci, qu'entre temps
et j'espère qu'il a déjà pris de l'avance il
y aura eu des études concrètes de faites, il y aura eu des
projets mis sur papier, il y aura eu un certain nombre de solutions
trouvées, discutées avec les représentants normaux des
agriculteurs et, entre autres, avec l'Union des producteurs agricoles qui,
actuellement, représente légalement sur le plan syndical les
agriculteurs. J'espère que ces consultations, si elles n'ont pas toutes
été faites, se termineront d'ici la fin de l'année 1974 et
que le ministre, à la fin de cette année 1974, nous arrivera non
pas avec un projet qui, dans le fond, comme une aspirine ne guérit pas
le fond du problème, ne s'attaque qu'aux symptômes sans
guérir le mal; le mal, M. le Président, c'est de laisser croire
à tout le monde que le problème des agriculteurs va être
réglé de temps en temps, mettant un petit peu de crédits,
comme on s'apprête à les voter, dans ce projet de loi, à
leur disposition.
M. le Président, je pense que la solution se doit d'être
globale. Sans être un expert c'est pour ça que je ne
formule pas de solution je suis en mesure de me rendre compte que les
solutions qu'on nous propose sont toujours des solutions secondaires, sont des
espèces de gouttes qu'on échappe constamment dans le verre.
On imagine pouvoir régler le problème. Je sais que le
ministre de l'Agriculture me comprend lorsque je dis ça. Puis je sais
qu'il me comprend davantage parce que ça vient de quelqu'un qui
représente un comté urbain.
Il n'y en a pas beaucoup d'agriculteurs dans Maisonneuve, M. le
Président, à part les agriculteurs à leur retraite. Il
reste quand même que, comme personne intéressée à
l'ensemble de la société québécoise, je ne pouvais
pas m'empêcher d'intervenir sur ce projet de loi et, par ces
brèves remarques, de donner mon point de vue de citadin ou d'urbain.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Le chef de l'Oppositon
officielle.
M. MORIN: M. le Président, je voudrais également dire
quelques mots, en particulier compte tenu des propos que tenait l'autre jour le
leader du gouvernement dans cette Chambre, au moment où nous
étudiions justement ce projet de loi. Je comptais m'exprimer quoique,
pas plus que mon collègue de Maisonneuve, je ne sois un agriculteur et
que, pas plus que lui, je ne sois versé en la matière. Mais ce
qui m'avait frappé dans les propos du leader du gouvernement,
c'était son attitude. Vous pourriez retrouver des passages dans les
Débats où il nous disait: Vous n'avez pas d'affaire à
parler là-dessus; vous ne connaissez pas ça, comme si notre
fonction, en tant qu'Opposition officielle, excluait l'agriculture parce
qu'aucun de nos membres n'est en titre un agriculteur.
S'il fallait juger les choses de cette façon, je pense qu'il ne
se trouverait pas du côté des gouvernementaux beaucoup de
personnes pour parler sur ces problèmes non plus. Et pourtant, il faut
en parler.
C'est pourquoi je me permettrai de faire quelques remarques à
l'intention du ministre de l'Agriculture. Je voudrais attirer son attention sur
une étude qui a été faite, au cours de la dernière
année, par le service d'étude et de recherche de l'Union des
producteurs agricoles. Cette étude a fondé un certain nombre de
résolutions qui ont été présentées et
acceptées, par la suite, au 21e congrès général de
l'UPA, du 20 au 22 novembre 1973.
Le ministre, sans doute, a pris connaissance de ces résolutions
et du résultat de ces recherches, mais je voudrais brièvement
rappeler quelques points qui m'ont paru saillants.
Je voudrais le faire d'abord parce que je crois que le ministre sera
intéressé à entendre cela et, ensuite, pour bien marquer
que l'Opposition officielle se prononcera sur ces questions agricoles comme sur
les autres. Je n'admets pas que le leader du gouvernement nous dise, en somme:
Taisez-vous. Vous n'avez pas d'affaire à vous prononcer sur ces
questions, sous prétexte que parmi nous il n'y a pas d'agriculteur.
Cette étude faite par le service de recherche a donné des
résultats qui sont très intéressants et qui devaient
être présentés aux autorités de la
Société du crédit agricole, qui est un organisme
fédéral. Dans le document qui a été
présenté à la SCA, on dégage certaines orientations
qu'on voudrait voir prendre par cet organisme.
Je me suis étonné et je n'ai pas encore eu la
réponse de l'UPA quoique j'aie tenté de savoir pourquoi ces
recommandations ou les résultats de ces recherches avaient
été adressés seulement à la Société
du crédit agricole. Est-ce que cela serait que cette
Société du crédit agricole, la SCA, est
considérée comme étant un organisme plus sérieux
que l'Office québécois?
Je n'y répondrai pas. C'est simplement un soupçon qui
m'effleure l'esprit cet après-midi. Les objectifs que devrait poursuivre
la Société du crédit agricole fédéral
devraient, d'après l'UPA, être les suivants: Premièrement,
tout changement apporté au système de crédit actuel
devrait permettre aux agriculteurs de demeurer propriétaires de leur
moyen de production afin qu'ils ne deviennent pas salariés des
entreprises multinationales.
Deuxièmement, le système de crédit devrait
permettre aux agriculteurs de s'adapter aux changements technologiques afin que
le consommateur puisse profiter de prix avantageux et qu'en même temps
l'agriculteur lui-même puisse vivre au même niveau que toutes les
autres classes de la société.
Troisièmement c'était le dernier objectif contenu
dans ce rapport le système de crédit agricole devrait
être plus souple et, par le fait même, mieux s'adapter aux
différences régionales de production à travers le
Canada.
M. le Président, malgré les améliorations qui ont
été apportées aux diverses lois du crédit agricole
et là je parle tant du point de vue fédéral que du
point de vue provincial malgré aussi les résolutions des
congrès régionaux de l'UPA qui sont maintenant très
nombreuses, dans ce domaine, il a été mis en lumière des
problèmes évidents que pose l'application de ces politiques. Des
fermes bien organisées ont dû ou sont à l'heure actuelle
démantibulées par des ventes aux enchères. Les jeunes ne
peuvent obtenir l'équité nécessaire pour l'achat d'une
vaste entreprise, une entreprise de ces proportions, et délaissent
l'agriculture à l'heure actuelle en nombre impressionnant.
Les maximums de crédit de l'office cette fois, je parle de
l'office québécois ne satisfont pas aux exigences des
capitalisations des entreprises agricoles de type moderne.
Les organismes de crédit accordent beaucoup trop d'importance aux
garanties que peut fournir l'emprunteur, sans considérer, comme ils le
devraient, sa production en puissance, ses projets, le sérieux de ses
projets et aussi sa formation, qui est une sorte de capital humain, qui est
difficile, je l'avoue, à évaluer, plutôt que de faire comme
on a fait jusqu'ici et de toujours s'attacher à des garanties d'ordre
parfaitement concret.
Un des problèmes majeurs de l'agriculture au Québec,
actuellement, et qui est, évidemment, relié de très
près aux politiques de crédit, est celui de
l'établissement des jeunes, dont je voudrais dire quelques mots. Je
parle de l'établissement des jeunes en agriculture, naturellement. A
cause des conditions de vie qui prévalent dans l'agriculture, de
l'instabilité des prix, de l'incompréhension aussi des classes
sociales envers l'agriculture, des structures actuelles de nos fermes, des
difficultés pour un jeune qui veut s'y établir d'avoir ou
d'obtenir l'équité nécessaire pour répondre aux
exigences des politiques actuelles de crédit, les jeunes
délaissent l'agriculture.
Considérant peut-être les éléments qui ont
été mis en lumière par les services de recherche de l'UPA
et aussi par les résolutions que je mentionnais tout à l'heure,
les demandes des congrès régionaux aussi, nous pouvons apporter
beaucoup de crédit aux résolutions qui ont été
adoptées par le congrès général de l'UPA, en
novembre dernier. En particulier, je voudrais attirer l'attention du ministre
sur deux catégories de résolutions.
La première porte sur le crédit à long terme. La
première résolution opinait qu'une entente intervienne entre
l'Office québécois et la Société du crédit
agricole, afin que les agriculteurs n'aient qu'un endroit auquel s'adresser
pour bénéficier du crédit agricole. A l'heure actuelle,
vous savez le chassé-croisé auquel sont soumis les agriculteurs
lorsqu'ils veulent se financer, ayant deux portes auxquelles ils puissent
s'adresser. Je les comprends très bien de vouloir n'avoir plus devant
eux qu'un interlocuteur et qu'une politique. A l'heure actuelle, nous sommes en
plein dédoublement des services. Ce n'est pas le seul domaine, bien
sûr, où il y ait une politique québécoise et une
politique fédérale. Avez-vous remarqué, M. le
Président, que chaque fois qu'il y a un dédoublement des
services, comme c'est le cas ici, les fonds fédéraux sont
toujours plus abondants que ceux dont peut disposer le Québec, pour des
raisons sur lesquelles je n'ai pas à m'étendre, cet
après-midi?
La deuxième résolution disait que "les critères des
organismes prêteurs pour accorder un prêt soient fondés sur
la valeur marchande de la ferme, mais également sur le potentiel
productif de cette dernière, sa rentabilité et la formation de
l'exploitant".
Dans les banques, quand on fait un emprunt, est-ce qu'on ne
considère pas, par exemple pour une entreprise industrielle, non
seulement sa valeur marchande, mais aussi sa capacité de production, ses
bilans pour les trois ou cinq dernières années, sa
rentabilité non seulement à court terme, mais à long
terme, la formation et l'expérience de ceux qui sont à la
tête de cette entreprise industrielle? Pourquoi ne donnerait-on pas le
même poids à ces critères lorsque l'on tombe dans le
domaine d'une entreprise agricole? En effet, de plus en plus, aujourd'hui,
l'agriculture, c'est une entreprise.
Troisième résolution: "Que le maximum sur les prêts
soit enlevé et que ce dernier puisse couvrir 90 p.c. de la valeur totale
de la ferme". Je ne suis pas qualifié pour me prononcer de
manière définitive sur cette résolution. J'attire
simplement l'attention du ministre. J'imagine qu'avant que je devienne
entièrement d'accord avec cette résolution, il faudrait que je
sois davantage éclairé sur sa véritable portée.
Les trois ou quatre autres résolutions me paraissent
également importantes. "Que le montant maximum d'emprunt à 2 1/2
p.c. d'intérêt soit porté à $30,000 pour un
individu, une société ou une corporation; qu'un agriculteur, qui
achète une ferme supplémentaire, puisse contracter un emprunt
différent en donnant en garantie uniquement la ferme achetée",
sans être obligé, comme c'est souvent le cas à l'heure
actuelle, de refinancer toute son entreprise ce qui, évidemment, lui
occasionne beaucoup de frais qui sont inutiles. Cette résolution
n'est-elle pas parfaitement raisonnable?
Quelques mots encore, avant de terminer c'est le deuxième
point que je voudrais aborder sur les problèmes de la
relève en agriculture. J'ai trouvé, pour ma part, fort
intéressantes les quelques résolutions qui on été
adoptées par le congrès de l'UPA. Bien que je ne sois pas
agriculteur, j'ai eu l'occasion, parce qu'il y a des agriculteurs dans ma
famille et parce que j'ai fréquenté, pendant un certain temps,
des gens qui travaillent à l'UPA, d'entendre un peu parler de ces
problèmes, de m'y frotter et de pouvoir juger tout de même, en
gros, du bien-fondé des résolutions de ce congrès.
"Considérant, nous dit la résolution, les montants versés
pour la création de nouveaux emplois dans l'industrie (une moyenne de
$5,000 par emploi); considérant les effets d'en-trafnement d'un emploi
créé dans le secteur primaire; considérant que l'Etat
verse un subside de $10,000 à celui qui s'établit en agriculture
afin de lui assurer un départ stable qui lui permette d'avoir des
conditions de vie comparables à celles qu'il aurait dans d'autres
secteurs d'activités; considérant que l'UPA étudie des
formules qui permettraient aux jeunes désireux de s'établir en
agriculture de louer des terres avec option d'achat, en attendant d'avoir
l'équité nécessaire pour l'acquérir;
considérant qu'une période d'apprentissage structurée
précédant l'établissement soit défrayée par
l'Etat et le producteur et que les fils d'agriculteurs
bénéficient de cette politique, il est résolu, dit cette
résolution du congrès, que l'UPA étudie l'ensemble de la
question du crédit en agriculture au cours de la prochaine année
et qu'elle rencontre les autorités concernées pour discuter d'une
politique globale et cohérente de crédit et de son
application.
M. le Président, ces deux séries de résolutions
je laisse de côté toutes les autres et il y en a eu une
bonne cinquantaine, lors de ce congrès lorsqu'on s'en sert comme
d'un barème je pense que les agriculteurs sont bien placés
pour connaître leurs besoins réels et raisonnables et qu'on
confronte avec ces exigences le projet de loi qui nous est soumis au cours de
cette session, je dois conclure, à mon grand regret, que le projet ne
nous donne pas les politiques auxquelles les agriculteurs
québécois peuvent s'attendre. Merci beaucoup.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): L'honorable ministre de
l'Agriculture.
M. TOUPIN: M. le Président, je n'ai pas l'intention de faire un
discours très long sur cette question parce que le but de cette loi
n'était pas d'amener l'Assemblée à repenser ou à
réorienter toutes les lois relatives aux crédits à
l'agriculture. Le but de cette loi est très simple, c'est de mettre
à la disposition des agriculteurs des sommes additionnelles.
A aller jusqu'à maintenant, comme le leader du gouvernement le
disait au début, le gouvernement a consenti plus de $500 millions aux
agriculteurs, comme prêts, et en y ajoutant ces $15 millions, on
dépassera précisément ces $500 millions.
D est bien évident que ce n'est pas l'occasion pour nous de dire
immédiatement ce que nous préparons ou ce que nous
prévoyons pour améliorer l'ensemble des lois du crédit
agricole au Québec, mais je voudrais seulement faire remarquer quelques
points au chef de l'Opposition ainsi qu'à son groupe, ceux qui ont pris
la parole, sur ce qui se fait présentement dans le crédit
agricole.
Les résolutions de l'UPA sont des sources d'information
très intéressantes pour le chef de l'Opposition, d'autant plus
qu'il les lit avec beaucoup de facilité et que, de temps en temps, il y
apporte une interprétation mais il n'ose pas s'aventurer trop trop dans
le champ de l'interprétation ou dans le champ de l'élaboration
sur les propositions faites. Il s'en tient plutôt au chapitre de la
lecture des résolutions.
Mais je voudrais l'informer, en plus de ce qu'il apprend à l'UPA,
de ce qui s'est fait seulement depuis une couple d'années dans le
secteur du crédit agricole. En 1972, le gouvernement du temps, qui est
aussi le gouvernement actuel, avait apporté des amendements assez
substantiels aux lois du crédit agricole. Le but de ces amendements
était précisément de mettre à la disposition des
agriculteurs non pas des sommes additionnelles mais des moyens nouveaux, des
moyens ajoutés à ceux qui existaient déjà pour que
les agriculteurs aient accès davantage aux prêts agricoles, sous
toutes leurs formes.
Pas seulement le prêt sur hypothèque, mais aussi les
prêts à court, à moyen et à long terme. Par exemple,
par la Loi de l'amélioration des fermes, on prête aux agriculteurs
jusqu'à $15,000 par année.
Ce dernier n'a qu'à offrir certains biens en garantie et le
gouvernement se porte garant de
tous les prêts consentis dans la province de Québec, et il
donne un rabais de 3 p.c. aux agriculteurs qui empruntent en vertu de cette
loi. Si nous ajoutons à cette dernière la nouvelle loi qu'on a
adoptée l'an dernier, sur le crédit à la production
ça rejoint ce que le chef de l'Opposition disait tantôt à
l'effet qu'on ne tienne pas compte seulement des biens fonciers, mais qu'on
tienne compte aussi de la valeur productive de la ferme qui est venue
précisément répondre à ce besoin, nous avons
à ce niveau devancé un peu les résolutions que nous
retrouvons présentement dans les cahiers de l'UPA.
Nous les avons devancés un peu à ce chapitre. Ces
crédits à la production peuvent s'échelonner sur une
période de deux ou trois ans, selon le cycle de la production et le
gouvernement garantit en entier ces prêts. Donc, ni les caisses ni les
banques ne prennent de risques très grands. J'en profite, en passant,
pour dire que les banques et les caisses ne sont peut-être pas tout
à fait assez ouvertes à prendre des risques en agriculture.
Il y aurait avantage à ce que ces dernières prennent le
temps d'étudier comme il le faut le problème de l'agriculture, la
rentabilité de l'agriculture, la stabilité économique de
l'agriculture, et probablement qu'elles seraient plus
intéressées, qu'elles auraient une propension plus grande
à faire confiance aux agriculteurs du Québec.
Seulement un exemple bien concret: en 1970, les agriculteurs
québécois avaient tiré à peu près $700
millions de la vente de leurs produits. Nous nous étions fixé,
nous, pour 1975 près de $1 milliard et, cette année, nous
dépassons les $935 millions de vente de produits agricoles. Donc,
l'économie agricole est dynamique, il n'y a pas de doute possible.
Que des agriculteurs quittent les fermes, c'est sûr que, sur le
plan social, c'est déplorable. Cela ne veut pas dire qu'on
réglera le problème des agriculteurs qui quittent les fermes en
proposant à l'Assemblée nationale de mettre $15 millions de plus
à la disposition de l'Office du crédit agricole.
Cela veut dire, cependant, qu'on va aider à ceux qui sont
déjà là et qui développent les entreprises les plus
rentables. Qu'il parte des agriculteurs, c'est sûr que ça
crée un problème social. Cela ne veut pas dire, pour autant, que
ça crée un problème économique pour l'agriculture.
Ce qui est important pour l'agriculture québécoise, c'est qu'elle
mette à la disposition des consommateurs les biens de consommation dont
ces derniers ont besoin et auxquels, bien sûr, ils ont droit et qu'en ce
faisant ceux qui sont dans l'agriculture puissent tirer de ce secteur un revenu
qui soit raisonnable.
De plus en plus, le nombre de fermes au Québec dont les ventes
dépassent $10,000 par année s'accroît à un rythme
accéléré. Peut-être pas aussi rapide qu'on le
voudrait, mais, tout au moins, c'est un rythme qui s'accélère
d'année en année.
Tous ceux qui vendent pour plus de $10,000 de produits, on compte qu'ils
peuvent tirer un revenu net de $5,000.
Bien sûr, ceux qui vendent pour $20,000, $30,000, $40,000 de
produits, ceux-là peuvent aller chercher $10,000 ou $12,000 de revenus
nets. Donc, ce qui est important pour nous, pour le moment, c'est de mettre des
crédits à la disposition des agriculteurs, c'est d'adapter les
lois aux besoins modernes de l'agriculture. Je reste convaincu, quant à
moi, que les lois agricoles ne peuvent pas être statiques au chapitre du
crédit ainsi qu'au chapitre de la mise en marché. Il nous faudra
les adapter de jour en jour, de mois en mois et d'années en année
et nous vous proposerons probablement, au cours du présent mandat, de
nouveaux amendements à la Loi du crédit agricole. A ce
moment-là, on pourra mesurer véritablement l'impact qu'ont
donné les amendements qu'on a apportés en 1972 et ceux qu'on
visera avec les amendements qu'on tentera d'apporter au cours du présent
mandat. Et là, on pourra faire le tour de la question, on pourra
approfondir la question.
C'est intéressant de constater que de plus en plus de
députés de comtés urbains s'intéressent aux
problèmes agricoles. C'est intéressant de le constater et je suis
convaincu que les agriculteurs seront les premiers à être un peu
surpris, même à l'accepter et à en être contents,
à en être satisfaits. Mais n'oubliez pas que si vous voulez
discuter comme il faut des problèmes de l'agriculture, il faudra que
vous alliez plus loin que de crier seulement qu'il part des agriculteurs. Il
faudra que vous alliez beaucoup plus loin que de constater que les politiques
de crédits agricoles ne sont pas tout à fait assez
adaptées. Il faudra que vous alliez au coeur du problème, voir
comment se comporte l'économie d'une ferme, la gestion d'une ferme,
l'économie d'un marché, la gestion d'un marché; les
marchés internes et les marchés externes; comment s'organise une
commercialisation des produits. C'est ce que vous devrez faire si vous voulez
continuer à manifester le même intérêt et si vous
voulez que l'intérêt que vous manifestez soit pris au
sérieux. Les agriculteurs ne se laisseront pas leurrer là-dessus,
soyez-en assurés. Ils comprennent vraiment leurs problèmes et si
on veut être écouté d'eux, il faut bien les comprendre ces
problèmes, il faut bien les manifester ces problèmes.
Donc, en terminant, M. le Président, je sais que c'est une loi
qui revient tous les ans, peut-être dans l'avenir devrons-nous prendre
une nouvelle technique pour mettre des crédits à la disposition
des agriculteurs, mais pour le moment, c'est cette technique qui
prévaut: quand des crédits manquent à l'Office du
crédit agricole, on demande à l'Assemblée nationale de lui
en consentir de nouveaux. Des années ça peut venir une fois,
d'autres années, ça peut venir deux fois et c'est le cas pour le
présent projet de loi. Les statistiques que nous possédons
actuellement dénotent clairement que les
derniers amendements que nous avons apportés à la Loi du
crédit agricole ont permis aux agriculteurs d'emprunter 107 p.c. de plus
qu'ils avaient emprunté avant, et ça a permis aussi à
l'Office du crédit agricole de donner 400 subventions à
l'établissement par rapport aux années antérieures. Donc,
il n'y a pas de doute possible que les amendements qui ont été
apportés ont produit des résultats. L'argent que l'office demande
est nécessaire pour que ce dernier puisse continuer à offrir des
prêts aux agriculteurs. Et nous sommes convaincus, quant à nous du
gouvernement, que les lois que nous avons apportées et celles que nous
nous préparons à proposer dans le secteur agricole auront
toujours comme objectif premier et principal l'amélioration des
conditions économiques des agriculteurs.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Cette motion de deuxième
lecture est-elle adoptée?
Adopté.
LE SECRETAIRE-ADJOINT: Deuxième lecture de ce projet de loi.
Second reading of this bill.
M. LEVESQUE: Les écritures.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Les écritures de la commission
plénière?
M. LEVESQUE: Non, troisième lecture, même séance ou
séance subséquente.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Troisième lecture, même
séance ou séance subséquente.
M. LEVESQUE: Article 8.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Le leader du gouvernement propose que
je quitte à nouveau le fauteuil et que l'Assemblée se forme en
commission plénière, pour l'étude du projet de loi 12, Loi
modifiant le régime de rentes du Québec. Le député
du Lac Saint-Jean.
Projet de loi no 12 Commission
plénière
M. PILOTE (président de la commission plénière): A
l'ordre, messieurs! Article 1. Adopté. Article 2.
M. BURNS: A l'article 2, M. le Président, qui abroge l'article
34, j'aimerais bien que le ministre nous donne quelques explications sur la
raison technique de l'abrogation de l'article 34. Pas seulement dans mon
intérêt personnel à moi, mais dans l'intérêt
de tous ceux qui sont intéressés à voir l'évolution
de ce système de régime de rentes indexé.
M. LEVESQUE: Avez-vous objection à ce que les détails
techniques soient donnés directement?
M. BURNS: Pas du tout, M. le Président, je consens.
M. FORGET: L'article 34, en fait, et l'article 35 sont abrogés,
mais ces articles sont reportés dans une autre partie de la loi, qui
traite des prestations; ils ne disparaissent pas complètement. La raison
pour laquelle ce transfert est effectué, c'est que l'indice des rentes
n'a plus d'effets à l'avenir sur les contributions. Les contributions
sont du ressort du ministre du Revenu. Alors on transporte ces articles dans la
section des prestations, qui relèvent du ministre des Affaires
sociales.
C'est la seule raison du transfert. C'est un simple transfert d'article
dans la loi.
M. BURNS: C'est pour ça que je mentionnais que c'était une
abrogation d'ordre technique; en fait, la substance qui s'y retrouve
actuellement est reportée ailleurs.
M. FORGET: Aux articles 129 a) et 129 b).
M. BURNS: D'accord, merci.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Adopté?
M. BURNS: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Article 3.
M. BURNS: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Adopté. Article 4.
M. BURNS: Aussi.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Adopté?
M. BURNS: Oui. Adopté.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Article 5. Adopté?
M. BURNS: A l'article 5, j'aimerais que le ministre nous dise exactement
sur quelle base il en est arrivé à ces chiffres. Est-ce que c'est
tout simplement une question de s'ajuster avec les points de vue
fédéraux là-dessus ou est-ce simplement à la suite
d'études que son ministère en est arrivé à la
conclusion qu'il fallait changer les changer, je pense bien que tout le
monde est d'accord là-dessus et porter à ce montant les
maximums admissibles?
M. FORGET: Comme on s'en souviendra peut-être, lors du
débat de deuxième lecture, j'ai indiqué que l'an dernier,
mon prédécesseur avait pris l'initiative de majorer le maximum
des gains admissibles, ce qui a détruit le parallélisme entre le
régime des pensions du Canada et le régime de rentes du
Québec. Les discussions qui ont eu lieu au cours de l'année ont
pour effet
de nous ramener à une plus grande mesure de parallélisme
avec comme objectif éventuel quant au maximum des gains admissibles, de
le faire coïncider avec l'indice des gains industriels au Canada.
Cependant, la formule définitive en vertu de laquelle cela sera fait n'a
pu être arrêtée en temps utile pour 1974. Ces deux
majorations constituent des étapes provisoires dans la majoration qui
est envisagée et dont l'objectif est tel que je l'ai décrit,
c'est-à-dire un alignement du maximum des gains admissibles sur l'indice
des gains industriels.
M. BURNS: Est-ce que, pour l'avenir, vous avez l'intention de
développer une espèce de système entre le
fédéral et le gouvernement du Québec pour vous ajuster
conjointement au fur et à mesure ou bien si, encore une fois, on va
attendre que le fédéral légifère ou que nous, nous
le précédions, peu importe?
M. FORGET: II y a une formule qui est en voie d'élaboration dans
le moment. Comme je l'ai indiqué, nous n'avons pas pu en arrêter
toutes les caractéristiques en temps utile pour que cela s'applique en
1974, d'où l'opportunité de cette mesure qui est une mesure
transitoire. Il y aura éventuellement une formule d'indexation qui
reliera le maximum des gains admissibles à l'indice des gains
industriels de façon automatique.
Donc, ce projet de loi en annonce un futur, à une date pas
tellement éloignée, où la formule sera
modifiée.
M. BURNS: Ah, bon.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Article 5. Adopté?
M. BURNS: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Adopté. Article 6.
M. BURNS: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Adopté. Article 7.
M. BURNS: M. le Président, juste avant...
LE PRESIDENT (M. Pilote): Un instant. L'honorable député
de Frontenac.
M. BURNS: Oui, d'accord.
M. LECOURS: Je voulais seulement commenter l'article 120 du
régime de rentes du Québec et demander des explications au
ministre. En ce qui concerne les travailleurs qui ont payé, pendant
deux, trois ou quatre ans, des cotisations au régime de rentes du
Québec mais qui deviennent malheureusement invalides avant l'âge
de 65 ans, serait-il possible de faire une étude actuarielle dans le but
de leur faire avoir une prestation basée sur le prorata des
années pendant lesquelles ils ont contribué au régime de
rentes du Québec? Est-ce qu'il y a des possibilités pour
cela?
M. BURNS: Sur ce même point, avant que le ministre ne
réponde, je dois dire que je suis entièrement d'accord avec le
député de Frontenac. J'allais vous demander, vu que cela n'est
pas un article qui est dans le projet de loi modifiant le régime de
rentes, si vous voulez que nous en discutions à ce stade-ci avant
d'arriver à l'article 129 ou si vous aimez mieux que nous en discutions
à la fin?
LE PRESIDENT (M. Pilote): On va en discuter immédiatement.
M. BURNS: A ce stade-ci, je pense bien. Je tiens simplement à
dire que je suis entièrement d'accord avec le député de
Frontenac sur ce point. L'article 120 est un article qui aura de moins en moins
d'importance au fur et à mesure que la loi sera en application. Je dis:
De moins en moins. Il en aura toujours si jamais quelqu'un devenait invalide
après quatre ans de travail ou après quatre ans à la suite
de son arrivée sur le marché du travail, mais à l'origine,
ce texte était surtout, je pense, pour dire:
On commence à une date précise qui est 1967. Il faudrait
quand même qu'on ait suffisamment de liquidité dans le fond pour
pouvoir justifier des rentes d'invalidité. Mais ma petite
expérience de représentant de la population de Maisonneuve m'a
démontré à plusieurs reprises je dis à
plusieurs reprises, des dizaines de cas, depuis quatre ans, m'ont
été soumis que des gens en arrivent à cette
situation absolument frustrante d'avoir travaillé pendant quatre ans, en
vertu de l'ancien régime, quatre ans comptant pour se qualifier en vertu
de l'article 120, et ils ne sont pas admissibles. Ils deviennent invalides au
début de la cinquième année, ils travaillent pendant un
mois ou deux, donc ils n'ont pas les gains admissibles de $600. On leur refuse
une pension d'invalidité. Je me souviens que, le dernier cas qui m'a
été soumis, j'ai dit à la personne en question: II n'y a
pas moyen qu'en cherchant comme il faut vous trouviez des gains admissibles au
cours de la dernière année? Elle a dit: Non, si je suis invalide,
j'ai cessé complètement de travailler, je n'étais pas
capable. Je pensais, par exemple, à du travail supplémentaire ou
à des choses comme ça. Ainsi la personne aurait pu, si
véritablement elle les avait exécutés, avoir les gains
admissibles nécessaires pour la cinquième année. J'ai
consulté la loi, j'ai même communiqué avec des
fonctionnaires qui sont appelés à administrer le régime de
rentes pour voir s'il n'y avait pas une technique quelconque qui pouvait passer
à côté de cette injustice, en fait, que la loi consacre.
C'est une injustice, sur le plan technique, purement et simplement. Mais, sur
le plan de l'individu, on va comprendre que cette personne devenue invalide se
retrouve à peu près à
98 p.c. de la qualification requise pour obtenir sa rente
d'invalidité.
Je me demandais si le ministre ne serait même pas prêt
à envisager une formule qui est beaucoup moins draconienne et qui
pourrait même, je le suggère, être rétroactive. Je ne
sais pas quel coût ça pourrait comporter, évidemment, et
c'est pour ça que je n'en fais pas la proposition formelle. De toute
façon, je n'ai pas le droit de modifier un projet de loi de façon
à faire de ma proposition un "money bill", comme on dit en termes
parlementaires. Mais je me demande si le ministre ne serait pas prêt
à envisager la possibilité de rendre beaucoup plus juste
l'application de cette mesure, comme le disait le député de
Frontenac, en appliquant un sorte de prorata. Je m'explique là-dessus.
Si la personne a des gains admissibles pour quatre ans, alors que l'article 120
lui demande cinq ans de gains admissibles pour se qualifier à cette
fameuse pension d'invalidité, pourquoi ne pas envisager une mesure qui
dirait : Vous n'êtes pas admissible à la totalité de la
rente d'invalidité mais, comme vous avez quatre ans de gains
admissibles, vous êtes admissible pour les quatre cinquièmes? Ou
si vous avez trois ans de gains admissibles, pour les fins de cette rente
d'invalidité, vous avez droit au moins aux trois cinquièmes de la
rente d'invalidité? Remarquez que c'est peut-être une solution,
comme on dit en termes populaires, un peu "ouichi ouacha", mais c'est la seule
à laquelle j'ai pu penser actuellement, à moins que le ministre
en ait d'autres, à moins aussi que la caisse, qui dans le fond justifie
ces prestations, soit suffisamment en santé maintenant. C'est
peut-être ça aussi, la possibilité qu'elle soit
suffisamment en santé, une raison pour revoir cette disposition, puis
dire: On peut mettre de côte ce blocage systématique qu'on faisait
à l'égard de ceux qui ne s'étaient pas qualifiés
avec cinq ans de gains admissibles. Maintenant que la caisse est en bonne
santé, on peut peut-être revoir ça, puis on peut
peut-être les payer ces gens. Ce que je veux souligner, je suis convaincu
que c'est ça qui motivait le député de Frontenac à
soulever cette question, c'est cette espèce de frustration
Sue le travailleur subit lorsqu'il reçoit ce refus, sait d'une
part que, devenu invalide, ses chances sont même devenues moindres de se
rendre à l'âge où il percevra quelque chose du
régime de rentes. Devant ce fait, il est placé, je connais
d'ailleurs la précision avec laquelle vos fonctionnaires qui
administrent ce régime-là vérifient l'exactitude des
rapports médicaux, vous les faites même doubler, je pense, par
votre propre service médical.
Même si le médecin traitant dit: M. Untel souffre d'une
invalidité totale et permanente, je sais que votre service les fait
vérifier à nouveau.
Mais, comme on a déjà toutes les précautions pour
voir à ce que des gens ne contournent pas la loi, ne se servent pas de
cette histoire pour se faire organiser, dans le vrai sens du mot, une rente
d'invalidité, je me dis qu'il y a peut-être lieu, maintenant que
le régime est en vigueur depuis plus que ses cinq ans de départ,
de réviser un peu la situation et d'essayer de mettre de
côté cette frustation qui est absolument aberrante, à mon
avis. Je sais que, si j'étais placé dans ce cas-là,
j'aurais fait des colères et, si j'avais été cardiaque,
cela m'aurait probablement achevé, si cela avait été la
raison de ma mise en état d'invalidité.
Or, ce sont les quelques remarques que j'avais à faire
là-dessus. Je nesais pas si vous y avez songé. Je ne sais pas si
vos fonctionnaires se sont penchés sur ce problème.
M. FORGET: M. le Président, je ne voudrais pas faire des
commentaires trop détaillés à ce moment-ci. Je pense qu'on
peut prendre note des préoccupations qu'ont exprimées les
députés de Frontenac et de Maisonneuve, sur cette question. On
touche un aspect qui fera, parmi un assez grand nombre d'autres, l'objet d'un
autre projet de loi, peut-être à la prochaine session, si c'est
possible dans le temps. Evidemment, il y a un très grand nombre de
questions celle-là et d'autres au point de vue de la situation
relative des femmes qui travaillent, etc., dans le régime qui
reviendront devant cette Chambre pour discussion.
C'est évident qu'il y a, dans le régime de rentes, tel
qu'il fonctionne dans le moment, des aspects non contributoires qui sont
particulièrement marqués dans le problème que vous
soulevez et qu'on ne peut pas facilement résoudre sans que d'autres
excès apparaissent. C'est sans aucun doute une préoccupation dont
on peut tenir compte malgré tout.
LE PRESIDENT (M. Pilote): L'honorable député de
Frontenac.
M. LECOURS: Je crois que la loi présentement, du point de vue
médical, est très bien appliquée. Est-ce qu'il serait
possible d'avoir une évaluation du nombre de demandes qui ont
été refusées parce que les cinq ans de contribution
n'étaient pas complétées? Est-ce une chose qu'il est
possible de connaître?
M. FORGET: Je regrette, mais je ne peux pas répondre sur-le-champ
à cette question.
M. BURNS: Vous n'avez pas une idée de l'ordre d'importance de ces
demandes; approximativement?
M. FORGET: Environ 10 p.c. des demandes.
M. BURNS: 10 p.c. des demandes. Evidemment, c'est un pourcentage qui est
appelé à diminuer au fur et à mesure que...
M. FORGET: Justement, cela va en diminuant effectivement.
M. BURNS: ... les années vont avancer, pour les raisons qu'on
mentionnait tantôt.
Bon, écoutez, le ministre nous dit qu'il va
revenir avec d'autres amendements, probablement à la prochaine
session, sur la Loi du régime de rentes. Je lui soumets, bien
humblement, cette demande conjointement pour une fois que deux
députés peuvent le faire alors qu'ils ne sont pas du même
parti avec le député de Frontenac. Je me souviens d'en
avoir parlé avec le député de Frontenac. Je sais que c'est
une de ses préoccupations aussi.
J'espère que vous tenterez, avec vos conseillers, de trouver une
solution à cette situation.
M. FORGET: Oui. J'aimerais, d'ailleurs, peut-être compléter
la réponse que j'ai faite tantôt de la manière suivante.
C'est qu'il y a plusieurs questions qui se posent relativement au régime
de rentes, que nous avons délibérément
décidé de ne pas soumettre à la Chambre à ce
moment-ci, sachant la brièveté de la session, l'importance de ces
questions et la nécessité peut-être d'en débattre
plus pleinement.
M. BURNS: Elle n'est pas si brève que ça, la session.
M. FORGET: Bien, la brièveté, au moins, de la session
avant le 1er janvier.
M. BURNS: Ah bon!
M. FORGET: Le but essentiel était d'abolir la limite ou le
plafonnement de l'indice des rentes à 3 p.c. Il nous a paru important
d'assurer cet objectif pour le 1er janvier 1974, quitte à reprendre
en donnant toute la latitude aux membres de cette Chambre d'en
débattre tous les autres points qui peuvent être
soulevés relativement au régime à une autre occasion.
M. BURNS: D'accord. Maintenant, j'imagine...
M. FORGET: On soulève la question des veuves. Evidemment, cette
question peut aussi faire l'objet d'une étude.
M. BURNS: C'est un peu le point que je voulais soulever. On a
parlé, M. le ministre, vous et moi, entre autres, et d'autres
députés, lorsque nous avons étudié le régime
de retraite des fonctionnaires, qui est un autre projet de loi que vous
parrainez, du fameux problème du veuf invalide.
M. LEVESQUE: C'est dans l'autre.
M. BURNS: C'est aussi dans cette loi-ci, c'est à l'article 121,
l'article suivant celui dont nous discutons actuellement. L'article 121 du
régime de rentes est un des articles, car il y a plusieurs articles de
la loi où on parle du veuf invalide, mais comme on parlait de l'article
120, j'ai vu que, dans l'article 121, on avait aussi cette expression du fameux
veuf invalide.
Je me souviens que le ministre m'avait dit, lorsque nous avons
examiné, en commission élue, le régime de retraite des
fonctionnaires, que si, dans le régime de retraite des fonctionnaires,
on gardait cette définition du veuf invalide, c'était d'une part
pour une question de coûts m'aviez-vous dit que c'était un
millième de 1 p.c. du coût et que cela représentait environ
$100,000 par année, si ma mémoire est bonne, il me semble que ce
sont les chiffres que vous m'aviez donnés mais la question de
fond, vous me l'aviez remise sur la table en me disant: Nous avons suivi cette
norme dans le régime de rentes des fonctionnaires parce qu'on parle
d'une veuve et d'un veuf invalide, dans le cas de la Loi du régime de
rentes. Est-ce que cela aussi fera partie d'évaluations, par exemple,
que vous feriez à l'occasion de futurs amendements à cette
fameuse loi?
Encore une fois, c'est tout le problème discriminatoire qui se
pose et une question de principe fondamental là-dedans: Pourquoi dit-on
que la veuve peut retirer quelque chose du régime de rentes alors que le
veuf, lui, pour retirer, doive être invalide? Il y a quelque chose de
discriminatoire là-dedans. Pour une fois que c'est à
l'égard des hommes, on ne va pas se gêner pour le dire, même
si on n'est pas membre du "Men's Lib". Je pense que c'est un cas qui
mérite d'être étudié.
C'est le genre de loi qui, en 1973, me paraît vieillotte, me
paraît faussement calculatrice. Pour en arriver à balancer le
coût d'opération d'un régime de rentes, on trouve des
méthodes qui sont absolument pas modernes au point de vue
législation. Je connais les préoccupations du ministre actuel et
de son ancien patron sur la modernisation de tout ce système de lois
sociales, et il me semble que si on en est à quelques semaines ou
quelques mois d'une amélioration de la Loi du régime de rentes,
ce serait aussi un endroit où il faudrait se pencher sur d'autres
améliorations, c'est-à-dire en enlevant cette distinction
discriminatoire qui oblige un veuf à être invalide pour percevoir
ce que sa femme a gagné comme régime de rentes.
M. FORGET: J'ai moi-même mentionné la situation
discriminatoire des hommes et des femmes au titre du régime de rentes
tantôt. D'autre part, j'aimerais faire cette mise au point. C'est que ce
n'est pas moi mais mon collègue, le ministre de la Fonction publique,
qui a parrainé le projet de loi sur le régime de retraite. Alors
je suis un petit peu embêté pour répondre aux questions que
le député me pose quant à ses interventions en
commission.
M. BURNS: Je m'excuse, M. le ministre. Vous avez parfaitement raison.
Vous voyez à quel rythme les projets de loi se succèdent. J'en
suis rendu à me tromper même de ministre. Je ne me rappelle plus
de ceux à qui j'ai parlé.
C'est un fait, c'est au ministre de la Fonction publique que j'avais
adressé ces remarques et
c'est lui qui m'avait dit: On est, d'une part, encarcanés par le
coût additionnel que cela pourrait comporter et, d'autre part, parce que
le régime de rentes, lui, fait cette distinction entre veuve et veuf
invalide. C'est pour cela que je vous le soumets, à vous.
M. FORGET: Lorsqu'un autre projet de loi sur le régime des rentes
sera présenté, ce qui, comme je le dis, est une certitude mais
à une date qui demeure pas tout à fait certaine, dans un avenir
prochain, ces questions seront reprises. Il y aura peut-être un
problème de concordance.
Il faudra voir si les deux lois doivent être concordantes ou pas.
D'un autre côté, je pense qu'il ne faudrait peut-être pas
prolonger trop le débat sur ça, parce que ce sont des articles
qui, comme tels, ne font pas l'objet d'un amendement dans le moment, quoique je
prends, évidemment, note des préoccupations des honorables
membres.
M. BURNS : Je le dis au ministre pour ce projet de loi et pour tous les
autres que nous aurons à discuter ensemble: II est possible, dès
que votre projet de loi s'intitule Loi modifiant le régime de rentes du
Québec, de mettre en cause toute la loi qui est modifiée, et pas
seulement les modifications à apporter. C'est dans ce sens que je le
fais, mais je le fais de façon positive, afin que le ministre sache
qu'il y a, chez les députés de l'Opposition et, même, chez
certains députés ministériels, des préoccupations
à ce niveau, en vue d'un prochain projet de loi. Cela pourra
peut-être éviter, lors de l'étude du prochain projet de
loi, un certain nombre de discussions si vous vous rendez à nos demandes
là-dessus.
M. FORGET: On sera optimiste à cet égard.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Article 7, adopté?
M. BURNS: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Article 8?
M. BURNS: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Article 9?
M. BURNS: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Article 10?
M. BURNS: Vous voyez, même à l'article 9, j'aurais pu
soulever ce problème de l'article 121, parce que c'est là qu'on
parle, entre autres, de la rente d'invalidité. On aurait pu en parler
là, comme on aurait pu en parler au moment où l'article en
question passait. Mais, adopté.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Article 11?
M. BURNS: Notre veuf invalide qui arrive à l'article 11.
Voyez-vous, on aurait pu en parler là. On en a parlé d'avance.
Est-ce que le leader du gouvernement préférerait que j'en reparle
ici?
M. LEVESQUE: Je me suis aperçu, dans le bill 4, loi créant
le régime de retraite des employés du gouvernement et des
organismes publics, par les amendements présentés par le
député de Maisonneuve, qu'il semblait encore être
intéressé au veuf invalide.
M. BURNS: C'est parce que j'ai peur de devenir veuf et de ne pas
être invalide.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Article 11, adopté. Article 12?
Adopté. Article 13?
M. BURNS: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Article 14? Adopté.
M. PILOTE (président de la commission plénière): M.
le Président, j'ai l'honneur de faire rapport que la commission
plénière a siégé et a adopté les articles du
projet de loi no 12, sans amendement.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Ce rapport est-il
agréé? Agréé.
M. LEVESQUE: Troisième lecture?
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Troisième lecture,
présente séance ou séance subséquente.
M. LEVESQUE: Vous ne pouvez pas nous blâmer d'essayer.
M. BURNS: Un gars a le droit de s'essayer. M. LEVESQUE: Article 19).
Projet de loi no 4 Rapport de la commission
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Prise en considération du
rapport de la commission permanente de la fonction publique sur l'étude
du projet de loi no 4, Régime de retraite des employés du
gouvernement et des organismes publics.
Ce rapport est-il agréé?
M. BURNS: Non, M. le Président.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): L'honorable député de
Maisonneuve.
M. BURNS: Si vous me donnez deux secon-
des, j'aimerais consulter le rapport lui-même que je n'ai pas
devant moi.
Relativement à ce rapport de la commission parlementaire de la
fonction publique qui a étudié le projet de loi no 4, j'avais,
à l'occasion de la discussion article par article, suggéré
au ministre de la Fonction publique, justement, d'enlever du régime de
retraite des fonctionnaires cette espèce de distinction qu'on faisait
et on vient d'en parler dans l'étude du projet de loi
précédent entre la veuve qui, elle, pouvait recevoir un
certain nombre de bénéfices en vertu du régime de
retraite, et le veuf qui, lui, en plus d'être veuf, devait ou doit
d'ailleurs, dans le projet de loi, être un veuf invalide.
M. LEVESQUE: ... s'il veut être éligible. M. BURNS:
Pardon?
M. LEVESQUE: II n'est pas obligé d'être invalide, seulement
pour être éligible.
M. BURNS: Oui, pour être éligible, c'est ça. Il faut
qu'il se rende invalide pour devenir éligible.
M. le Président, malgré la discussion que j'ai eue avec le
ministre des Affaires sociales sur l'autre projet de loi, malgré les
discussions que j'ai eues aussi avec le ministre de la Fonction publique
à ce sujet, je prétends qu'alors qu'on revise le régime de
retraite à être appliqué... Est-ce que je peux demander, M.
le Président, qu'on garde un peu le silence?
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous plaît ! On
entend difficilement.
M. BURNS: Ma voix n'est pas de celles qui peuvent percer une foule qui
parle autour de moi.
M. LEVESQUE: ... le propre député du leader qui faisait le
plus de bruit.
M. BURNS: Je l'ai vu faire, il murmurait, M. le Président. Je ne
l'entendais même pas.
Je disais donc, M. le Président, que je comprends le ministre des
Affaires sociales, d'une part, de nous dire: On s'apprête à faire
toute la révision ou une révision importante de la loi du
régime de rentes. Mais je ne pense pas que parce qu'on ait à
copier, dans la loi concernant le régime de retraite des employés
du gouvernement, des dispositions qui se trouvent dans le régime de
rentes, on doive nécessairement les appliquer telles quelles. C'est pour
ça que j'ai fait la proposition au ministre de la Fonction publique qui
m'a dit et ça coïncidait à peu près avec mes
informations que le coût que représenterait une telle
modification serait à peu près de l'ordre de $100,000 par
année. Mais, M. le Président, $100,000, cela peut peut-être
paraître énorme à ce stade-ci, mais c'est à peine un
millième de 1 p.c. du coût de l'ensemble du régime. C'est
pourquoi j'avais proposé, à l'article 58, qu'il soit
amendé en le remplaçant par le suivant: "Dans la présente
loi, l'expression "veuf" désigne l'époux non divorcé d'une
employée décédée. A défaut d'un époux
non divorcé, "veuf" désigne la personne qui prouve, à la
satisfaction de la commission, que pendant au moins sept ans
précédant immédiatement le décès de
l'employée: a) elle a résidé avec cette employée;
b) cette employée l'a publiquement représentée comme
conjoint; c) ni l'un ni l'autre n'était marié à une autre
personne et, d) elle a subvenu entièrement ou dans une large mesure aux
besoins de cette personne."
M. le Président, je mentionne tout simplement que si cet
amendement avait été adopté... Si jamais le leader du
gouvernement qui, j'imagine, représente aujourd'hui le ministre de la
Fonction publique lors de la considération de ce projet de loi, avait
changé d'idée depuis la commission où nous avons
discuté de ce problème, il faudrait que le mot "invalide" soit
aussi retranché aux articles ce n'est pas limitatif mais c'est le
premier qui me saute à l'esprit 59, 60 et 61 du projet de loi,
où encore une fois on a toujours cette fameuse distinction entre veuve,
d'une part, et veuf invalide, d'autre part.
M. le Président, je sentais qu'il était nécessaire
de ramener cette proposition au niveau de la considération du rapport.
Ce n'est pas parce que le ministre m'a dit que ça comportait un certain
nombre de coûts additionnels au régime qu'il ne faudrait pas se
pencher sur d'abord et avant tout une question de principe, sur laquelle,
semble-t-il, tous les députés de cette Chambre soient d'accord.
Et c'est ça qui est assez étonnant, qu'on perpétue une
situation discriminatoire, simplement pour une question de coût.
J'appelle ça moi, de l'hypocrisie pure et simple. Je ne traite
pas le ministre d'hypocrite, qu'il ne me fasse pas des gros yeux. Je dis que
c'est une attitude d'hypocrisie que de légiférer de cette
façon-là. Je ne dirige pas ça à l'endroit d'un
ministre en particulier. S'il y en a un qui se sent visé, ça ce
n'est pas mon problème, M. le Président. Je dis tout simplement
qu'on légifère, et dans la loi du régime de rentes et dans
la loi concernant le régime de retraite des employés du
gouvernement, d'une façon discriminatoire que tout le monde
réprouve.
Je suis certain que le député de Bonaventure, quand il va
se lever pour me donner la réplique là-dessus, va m'admettre
qu'il est contre cette forme de discrimination, dans le texte; c'est ça
qu'il y a de plus choquant. Je suis sûr qu'il va me dire ça. Je
suis sûr aussi qu'il va me dire que ce sont pour des raisons
financières qu'on agit comme ça. Or, je trouve absolument
aberrant de légiférer de cette façon-là. Si on me
dit: Bien, j'ai tant de millions de dollars à mettre dans tel projet et
que, si j'enlève le mot invalide, il y a tel autre
bénéfice qui ne pourra pas être donné, je dis
à ce moment-là: Ce n'est
pas une approche à de la législation saine, à ce
que je mentionnais tantôt comme étant de la législation
moderne.
Egalement, dans les amendements que j'ai proposés, je me
référais à l'article 31 de ce même projet de loi,
où on retrouve une définition du traitement admissible. En
commission, j'ai argumenté que les syndicats ou le front commun des
syndicats de la fonction publique avaient parfaitement raison. J'en appelle au
ministre du Travail, qui heureusement aujourd'hui est avec nous, lui qui
comprendra davantage peut-être ce que je m'apprête à dire.
Le front commun intersyndical avait parfaitement raison lorsqu'une des
critiques qu'il adressait à l'égard de ce projet de loi no 4
était qu'un certain nombre d'ententes intervenues entre les
représentants du gouvernement et les représentants des syndicats
n'avaient pas été respectées dans le projet de loi.
Je n'ai pas besoin, M. le Président, de faire tout l'historique
qui a mené dans certains cas à la signature de conventions
collectives entre les employés de la fonction publique et le
gouvernement et ses mandataires, que ce soit des commissions scolaires ou
autres. Je n'ai pas besoin de refaire tout cet historique également qui
a mené dans certains cas, et en particulier dans le cas des
employés représentés par la CEQ, à
l'émission d'un décret imposant un certain nombre de conditions
de travail aux employés.
Mais une chose a toujours été claire entre les parties,
c'est-à-dire entre le gouvernement, à la table des
négociations, et les trois centrales syndicales qui
représentaient les employés de la fonction publique, ce qui
était très clair c'est que le régime de retraite tel qu'il
sera adopté par un futur projet de loi, le futur projet de loi en
l'occurrence étant celui que nous discutons actuellement, ne mettrait
pas de côté les droits acquis qui existaient déjà en
vertu des régimes de retraite en application.
Tout le monde sait qu'il y a déjà, même si on adopte
ce projet de loi, des régimes de retraite qui couvrent les
employés qu'on veut viser par ce projet de loi.
Or, si je lis l'article 31, on déroge à ce principe,
à cet engagement que le gouvernement a pris de ne pas mettre de
côté des droits acquis. Si vous regardez les ententes, et plus
particulièrement le protocole d'entente qui a été
signé entre les représentants des employés de la fonction
publique et le gouvernement, en date du 4 mai 1972, il y a un article de
mémoire je ne peux pas vous le citer qui vous dit exactement ce
que je suis en train de vous expliquer, c'est-à-dire que le futur
régime de retraite pourra être mis en vigueur, mais pour autant
que les droits acquis soient protégés. On le dit à peu
près de cette façon, et on rend un petit peu plus explicite la
définition de "traitement admissible" à l'article 2.
Or, on s'aperçoit que dans l'article 31, le traitement admissible
ne comprend pas un certain nombre de choses. On le définit par la
négative. "Le traitement admissible" ne comprend pas: a) les bonis et
les honoraires; c'est dans le protocole d'entente. b) la
rémunération pour les heures supplémentaires de travail;
c'est dans le protocole d'entente. Aucun problème jusque
là. c) les primes d'éloignement, de logement et de repas;
c'est toujours aussi dans le protocole d'entente et il n'y a pas de
problème. d) les prestations d'assurance-salaire, y compris les
prestations provenant de régimes optionnels d'assurance-salaire;
cela aussi, c'est dans le protocole d'entente. Donc pour ces quatre premiers
paragraphes, il n'y a aucune espèce de doute, le gouvernement respecte
le protocole d'entente. Mais, tout à coup, il nous arrive au paragraphe
e) avec la disposition suivante: "toute autre rémunération exclue
par règlement ou partie de rémunération exclue par le
ministre conformément aux critères adoptés par
règlement." A mon avis, c'est exactement ne pas respecter le protocole
d'entente. C'est comme si je signais et votre expérience de
notaire, M. le Président, vous fera comprendre rapidement l'exemple que
je vais vous donner avec vous un contrat et que je disais: Les
conditions où je pourrai briser le contrat sont les suivantes: un, deux,
trois, quatre, et qu'à un certain moment, j'en ajoute une autre dans ma
tête que j'aurai la chance de faire accepter pas
législation est qu'à toutes les fois que je le
déciderai, je pourrai briser le contrat avec vous.
C'est cela qu'on fait en laissant au lieutenant-gouverneur en conseil ce
pouvoir réglementaire, qui est déjà très vaste
à l'article 136 de ce projet de loi où nous avons du paragraphe
a) jusqu'au paragraphe w), des spécifications du pouvoir
réglementaire. Or, ce pouvoir réglementaire, on l'exerce à
l'égard d'une des choses assez importantes dans un régime de
retraite, c'est-à-dire ce qu'on va considérer comme traitement
admissible.
Le gouvernement, d'une part, signe de bonne foi, semble-t-il, avec les
représentants des salariés de la fonction publique un protocole
d'entente dans lequel il définit, à toutes fins pratiques, ce que
sera ce traitement admissible, puis il se retourne de bord dans sa loi et dit:
Maintenant, comme employeur, je me trouve aussi être législateur
et je me donne le pouvoir réglementaire d'exclure certains autres
bénéfices pour fins de calcul du traitement admissible.
Je considère que c'est une attitude non seulement inacceptable,
mais répréhensible de la part d'un gouvernement, de la part de ce
gouvernement à titre d'employeur, il ne faut jamais l'oublier. Dans ce
sens, j'ai proposé et je propose également d'ailleurs, avec les
amendements qui sont devant nous, que l'article 31 soit amendé en
retranchant le paragraphe e), c'est-à-dire ce paragraphe qui non
seulement ne fait pas partie du protocole d'entente mais qui, au contraire,
laisse entre les mains du gouverne-
ment, de façon discrétionnaire, le pouvoir de
décider que tel ou tel traitement ou tel ou tel bénéfice
ne sera pas considéré comme un traitement admissible aux fins de
la loi.
Je suis prêt à admettre que le ministre de la Fonction
publique, lorsque nous avons discuté en commission, m'avait fait valoir
le point de vue suivant.
Il me disait qu'un certain nombre de personnes ne sont pas régies
par des conventions collectives et devront, elles, faire l'objet de
réglementation. Alors, j'ai dit: Bravo, si c'est ça, mettons-le;
disons-le à l'article 31 paragraphe e) que ce sont des gens qui ne sont
pas régis par des conventions collectives qu'on vise là. Le
ministre de la Fonction publique n'a même pas voulu accepter ça,
M. le Président.
Alors, c'est là que je me demande s'il n'a pas anguille sous
roche. Je me demande si le gouvernement n'a pas l'intention d'utiliser ce
pouvoir réglementaire, disons-le, encore une fois, très vaste
quant à l'application de cette loi pour passer des petites choses de
côté à l'égard de ces employés. D'une part,
comme employeur, il a cette attitude débonnaire de dire: Je discute avec
vous, je signe des protocoles d'entente et, d'autre part, il dirait:
Maintenant, j'ai un pouvoir réglementaire: je vais vous organiser bien
correct, puis vous ne vous en rendrez pas compte.
Ce n'est peut-être pas ça qu'on veut, mais c'est ça
que ça peut vouloir dire dans le concret. Cela va tellement loin que
c'est le ministre lui-même de la Fonction publique qui pourrait
l'utiliser, ce pouvoir réglementaire. Alors, le ministre de la Fonction
publique ne nous le cachons pas c'est, à toutes fins
pratiques, le directeur du personnel des employés du gouvernement. C'est
le chef d'un service qui s'appelle le service du personnel du gouvernement. On
remet donc, entre les mains non seulement de l'employeur, mais de celui qui a
à prendre les décisions à l'égard des
employés la possibilité de poser des gestes à
l'égard ceux qui ont déjà travaillé sur des
régimes de retraite ou des fonds de pension savent sûrement que
c'est à l'égard d'un des éléments essentiels de la
mise en application d'un fonds de pension de ce que doit être le
traitement admissible. C'est de base, c'est avec ça qu'on calcule les
prestations, c'est avec ça qu'on nourrit le fonds et c'est avec
ça qu'on calcule aussi la santé de ce fonds de retraite, de ce
régime de retraite.
Pour toutes ces raisons, M. le Président, je prends cette
dernière chance de demander au gouvernement de réfléchir
et de ne pas adopter le projet de loi dans sa forme actuelle. Je dois admettre
que, lors de l'étude en commission de ce projet de loi, on a
été, du côté gouvernemental, très ouvert
à accepter certains de nos amendements. Je ne comprends pas pourquoi,
après avoir accepté plusieurs amendements de cette nature,
lorsqu'on arrive sur l'article 31, sur ce traitement admissible, on "buck",
comme on dit, complètement. On refuse d'entendre les arguments, on
refuse de voir cette relation absolument malsaine d'employeur qui a, en
même temps, entre les mains, à l'endroit de ses employés,
un pouvoir de législation ou de réglementation, sur un point
j'insiste là-dessus particulièrement important,
lorsqu'on examine un fonds de pension, c'est-à-dire le traitement
admissible aux fins de l'application de ce fonds.
M. le Président, je termine en vous disant que c'est grosso modo
dans le même sens que j'ai proposé des amendements, que ce soit
sur le veuf invalide ou sur le pouvoir réglementaire du gouvernement.
J'ai proposé que l'article 136 soit amendé en retranchant le
paragraphe h), qu'à l'article 154 on retranche le paragraphe e),
qu'à l'article 160 on retranche le paragraphe e) et qu'à
l'article 193 on retranche le paragraphe d). C'étaient mes
amendements.
M. le Président, ce sont les quelques remarques que j'avais
à faire au sujet des amendements que j'ai soumis et que je demande que
le gouvernement reconsidère au niveau du rapport de la commission de la
fonction publique qui a étudié le projet de loi no 4. Comme
ça fait une semaine et un peu plus que nous avons siégé
sur l'étude de ce projet de loi, j'espère que le leader du
gouvernement sera en mesure de me donner des nouvelles agréables
relativement à la réflexion qui a peut-être porté le
gouvernement à amender son projet de loi dans le sens que je le
suggère.
M. LEVESQUE: M. le Président, seulement quelques mots pour dire
au député de Maisonneuve que ses remarques en commission, comme
celles qu'il a faites ici, à l'étude du rapport, sont toujours
écoutées avec beaucoup d'attention, particulièrement vu
son expérience dans le domaine particulier où il s'est
spécialisé.
Il est un fait que le gouvernement, au stade de la commission
élue, a accepté d'étudier plusieurs suggestions et
même d'accepter, comme le mentionnait le leader parlementaire de
l'Opposition officielle, plusieurs des amendements suggérés par
le député de Maisonneuve.
Evidemment, bien que j'attache beaucoup d'importance et que je
reconnaisse d'ailleurs la crédibilité et la compétence du
député de Maisonneuve, il ne faudrait pas qu'il s'attende
qu'à chaque fois qu'il a des amendements de les réussir toujours
à 100 p.c. C'est comme aux examens, quand on réussit 50 p.c. dans
chacune des matières et 60 p.c. dans l'ensemble, ou est-ce vice versa,
on peut être reçu. Je pense qu'il réussit très bien
l'examen, mais je ne pense pas que l'on puisse lui accorder 100 p.c.
Maintenant, il y a ici, évidemment, deux séries de
propositions. La première, comme l'a bien expliqué le
député de Maisonneuve, touche les amendements ayant trait au
pouvoir de réglementation du lieutenant-gouverneur en conseil dans la
définition de ce qui constitue un traitement admissible. Là,
évidemment, on touche aux articles 31, 136, 154, 160 et 193, où
le
député de Maisonneuve suggère des amendements. Mais
tous ces amendements, dans le fond, sont de concordance. Le fond de tout cela,
c'est que le député de Maisonneuve préférerait ne
pas laisser au lieutenant-gouverneur en conseil le soin ou le pouvoir de
réglementation, et qu'il aimerait voir plutôt bien
détaillé, de A à Z, tout ce qui pourrait arriver, tout ce
qui pourrait survenir.
D'un autre côté, je pense bien que le leader de
l'Opposition l'a lui-même reconnu, il y a toute une série
d'employés qui sont couverts par ce projet de loi du régime de
retraite, et des employés qui sont couverts par des conventions
collectives de travail, comme il l'a mentionné. Il y en a qui ne sont
pas couverts par des conventions collectives de travail, tels par exemple, le
personnel de maîtrise, le personnel des organismes privés, les
collèges d'enseignement, les institutions de bien-être, les
protections civiles. Il y a cet autre groupe d'employés qui ont droit,
en vertu de conventions collectives de travail, à des paiements
forfaitaires. Il y a des exemples de cela. On les retrouve dans la convention
collective avec l'Association des hôpitaux de la province, les paiements
de congés de maladie accumulés au 1er décembre de chaque
année. Il y a également, dans le décret des enseignants,
paiement de la part de l'employé du rabais de la Commission de
l'assurance-chômage, l'indemnité d'auto-assurance. Il y a
également un autre groupe d'employés qui, dans certains cas,
peuvent recevoir, à même leur traitement, une partie qui tient
lieu de profit ou de bénéfice d'opérations. Il y a un
autre groupe d'employés couverts ou de circonstances
particulières comme l'utilisation de banques de congés de maladie
pour effectuer le paiement requis dans le rachat d'années de service non
contribuées. Il y a même d'autres rémunérations
inconnues à cette date.
Alors, disons que c'est justement à cause de cette série
de dirconstances et de différents statuts d'employés qu'on a
voulu introduire, pour plus de flexibilité, cette dimension, cette
disposition dans la loi et cela aux divers articles soulignés par le
député de Maisonneuve.
Quant aux articles impliquant le paiement de prestations à
l'époux invalide par suite du décès de l'employé
féminin participant au régime, on touche, à ce
moment-là, aux article 58, 59, 60 et 61 où là encore, en
deuxième lieu, le député de Maisonneuve aimerait nous voir
recevoir son amendement.
Evidemment, M. le Président, il n'y a pas de mal en soi, dans la
proposition du député de Maisonneuve. Je dois admettre que les
conséquences budgétaires ont une importance, mais
également les conventions collectives ont de l'importance
là-dedans. Ceci est prévu aux conventions collectives de travail.
Dans ce cas, le régime de retraite des employés du gouvernement
et des organismes publics... Laissez-moi terminer parce que, moi, je fais tout
ce que je peux faire pour vous l'expliquer.
C'est un régime équilibré, c'est-à-dire que
la participation des employés et des employeurs est
prédéterminée et les prestations qui découlent du
régime doivent être équivalentes aux montants obtenus des
employés et des employeurs. Accorder une prestation à
l'époux d'une employée participante sans restriction quant au
niveau d'invalidité aurait pour conséquence de
déséquilibrer le régime, comme le leader parlementaire le
devinait bien, en occasionnant des déboursés annuels non
prévus de quelques centaines de milliers de dollars.
De plus, de telles modifications et j'insiste là-dessus
parce qu'on en a parlé tout à l'heure, lors de l'étude du
régime de rentes du Québec, où le veuf invalide
était revenu à la surface auraient un effet d'entrafnement
quant à la loi du régime de rentes du Québec, qui doit
couvrir, comme on peut le deviner, une population beaucoup plus
considérable.
M. le Président, en terminant, je tiens à faire remarquer
que les amendement suggérés par le leader parlementaire de
l'Opposition officielle ont été, en grande partie,
examinés attentivement et acceptés. Mais il reste que ces
amendements-ci, qui ont d'ailleurs déjà fait l'objet
d'études des membres de la commission élue de la fonction
publique, ont été refusés par la commission, par un vote
majoritaire. Cependant, à cause des circonstances, à cause des
éléments que j'ai pu aussi bien que possible mettre en relief,
nous croyons de notre devoir de maintenir le texte tel que rédigé
et amendé, présenté dans le rapport de la commission.
De ce fait, nous respectons le contenu c'est cela qui est
important, je pense bien des conventions collectives de travail et
garantissons aux employés à qui ce régime est applicable
les bénéfices qu'ils ont choisi par l'intermédiaire de
leur représentants syndicaux.
M. BURNS: Est-ce que le leader me permet une question?
M. LEVESQUE: Oui.
M. BURNS: J'ai suivi son argumentation et, sur les deux points, je suis
entièrement d'accord avec lui qu'il faille respecter totalement les
conventions collectives. Son deuxième point, il le défend en
disant: Le veuf invalide, c'est une notion qui existe dans les conventions
collectives. Soit, je suis prêt à l'admettre. Mais, s'il me soumet
cela, je suis prêt à retirer mon amendement sur le veuf invalide,
pour autant qu'il accepte aussi mon point de vue sur les protocoles d'entente,
relativement à l'article 31. Si cela ne vise pas des employés qui
sont régis par des conventions collectives, pourquoi ne pas dire
à l'article 31, au lieu de l'enlever, comme je le suggère dans
l'amendement, dans le même but de respecter les ententes collectives: En
tenant compte des conventions collectives? Ce pouvoir réglementaire
s'appliquerait uniquement dans le cadre des conventions collectives
déjà établies.
Ce sont d'ailleurs des amendements qu'on a acceptés, quand je les
ai proposés, à plusieurs autres occasions. Je n'ai pas compris
vraiment pourquoi, à l'article 31, on le refusait alors que partout
ailleurs, lorsque je demandais qu'on mentionne les mots "en tenant compte des
conventions collectives", on l'ait mis et qu'ici on ne le mette pas. C'est ce
que je me demande.
A ce moment-là, si on est logique, je vais retirer mon amendement
sur le veuf invalide mais...
M. LEVESQUE: Je comprends la suggestion du député de
Maisonneuve, où il aimerait conserver l'article 31 dans sa forme
actuelle, en y ajoutant cette disposition. Mais je ne suis pas prêt,
parce que je n'ai pas tous les éléments qui constitueraient les
conséquences d'une telle addition.
Je serais très imprudent, à ce stade de l'étude de
ce projet de loi, d'acquiescer, même si, à première vue, il
me semble et, là, ce n'est pas une réponse de
professionnel que ça ne serait pas si grave que ça. Mais,
là, je ne voudrais pas être dans une situation où j'aurais
à me mordre les doigts.
LE PRESIDENT: Nous allons procéder à la mise aux voix par
vote à main levée. Je pense que les amendements proposés
par l'honorable député de Maisonneuve pourraient se diviser en
deux blocs. Que ceux qui sont en faveur des amendements apportés aux
articles 31, 136, 154, 160 et 193 veuillent bien lever la main.
Que ceux qui sont contre veuillent bien lever la main.
Les amendements sont rejetés.
Deuxièmement, que ceux qui sont en faveur de l'amendement
proposé à l'article 58 et, conséquemment, aux articles 59,
60 et 61 veuillent bien lever la main.
Que ceux qui sont contre veuillent bien lever la main.
Amendement rejeté.
Sur le rapport. Que ceux qui sont en faveur de l'adoption du rapport
veuillent bien lever la main. Rapport adopté.
M. LEVESQUE: Troisième lecture? M. BURNS: Non.
M. LEVESQUE: Un gars peut s'essayer, vous l'avez dit.
M. LESSARD: Vous pouvez refuser momentanément.
M. LEVESQUE: Cela fait une semaine que c'est momentanément.
Même pour un an?
LE PRESIDENT: Article suivant.
M. LEVESQUE: Un instant, je cherche quelqu'un.
Projet de loi no 14 Deuxième lecture
LE PRESIDENT: L'honorable ministre du Travail propose la deuxième
lecture du projet de loi no 14, Loi modifiant la loi sur les relations du
travail dans l'industrie de la construction.
L'honorable ministre du Travail.
M. COURNOYER: M. le Président, lorsque nous avons adopté
le bill 9, au début de juin ou fin mai, nous avons, de part et d'autre
de cette Chambre, manifesté, particulièrement au sujet de la
rétroactivité, des intentions que je considère comme des
intentions parlementaires.
C'est-à-dire que, du côté du Parti
québécois, le député de Saint-Jacques avait
proposé formellement qu'il y ait une clause à l'effet que les
dispositions de l'entente ou de la convention collective soient en vigueur
d'une façon rétroactive à compter du 1er mai 1973. Je
tiens à rappeler que je n'avais jamais refusé cette intention
mais que j'avais mentionné, lors des minutes, que le texte que nous
avions en face de nous était nettement à cet effet. J'avais dit
que, si les parties avaient convenu parties majoritaires que les
augmentations de salaire avaient lieu le 1er mai, ces intentions seraient
remanifestées par le lieutenant-gouverneur en conseil dans le
décret, qui n'avait pas le choix de changer quoi que ce soit dans la
convention ou l'entente entre les parties. Nous avons passé à
travers le procédé et on peut dire que l'immense majorité
des entrepreneurs de la construction se sont conformés à cette
interprétation que nous avions tous ici puisque, si je comprends bien
les débats, nous avons dit: C'est ce que ça veut dire, donc les
gens vont s'y conformer.
Un certain nombre d'entrepreneurs ont refusé cependant
l'interprétation donnée par la Commission de l'industrie de la
construction, par le ministre du Travail et aussi, par voie de
conséquence, par le Parlement à l'effet que des dispositions de
la convention collective pouvaient, au moment de leur publication, avoir un
effet rétroactif. Parce qu'ils ont contesté je note que le
ministre du Revenu n'est pas intéressé par ce que je dis, je le
comprends, je ne suis pas tellement intéressé quand il parle du
revenu de la province; ce n'est pas le mien.
Pour en arriver à une conclusion, M. le Président, j'ai
pris une décision à la suite d'une note qui m'a été
soumise par l'administrateur de la Commission de l'industrie de la
construction. Un certain nombre de personnes avaient effectivement payé,
par le truchement de la Commission de l'industrie de la construction, des
sommes qu'elles croyaient devoir en vertu de la loi 9, à
l'époque. D'autre part, la Commission de l'industrie de la construction
était, face à des contestations possibles de la part des autres
entrepreneurs qui ne veulent pas
suivre cette interprétation de la commission. Donc, la suggestion
de l'administrateur de la commission a été à l'effet de
clarifier la loi. Le projet de loi 14, nous le présentons aujourd'hui
malgré les protestations du Conseil du patronat du Québec,
malgré les protestations de l'Association de la construction de
Montréal, qui a pourtant signé l'entente qui disait que
c'était à compter du 1er mai, et malgré aussi,
malheureusement pour elle, les protestations de la Fédération de
l'industrie de la construction, qui, elle, n'avait pas signé cette
entente. Nous avons cru bon au ministère du Travail, et le conseil des
ministres a approuvé cette position, qu'il n'y avait pas lieu que les
tribunaux judiciaires interprètent une décision qui était
d'ordre politique à l'époque et qui déterminait qu'il y
avait effectivement rétroactivité si la convention comportait une
application à compter du 1er mai.
Pour éviter et je le dis, peut-être que je fais
erreur que les tribunaux viennent dire au Parlement qu'elle était
son intention dans les textes qui sont écrits et qui pourrait être
différente de l'intention manifestée dans les
procès-verbaux de l'Assemblée nationale, compte tenu des
procédures qu'ils ont en cours, j'ai cru bon de clarifier cette loi pour
le présent mais aussi pour l'avenir. Et l'article le plus important du
projet de loi, c'est l'article 2, qui clarifie pour l'avenir que ce seront les
parties qui décideront à quelle date les choses arrivent. Je
tiens à mentionner juste pour l'explication au Conseil du patronat
qui dit que c'est épouvantable que je remplace les parties
entre la période de publication de l'avis et la période de
publication du décret, entre ces deux moments, il y a possibilité
pour des parties de s'opposer au décret, il y a possibilité de
modification du décret, c'est-à-dire de modification de
l'entente, dans des termes très restrictifs.
Le ministre ne peut recommander au lieutenant-gouverneur en conseil des
modifications que s'il a le consentement des parties, d'une façon
générale, suite aux objections, ou encore recommander ces
modifications si elles sont discriminatoires vis-à-vis de l'une des
parties, en ce sens qu'elles ne seraient applicables qu'à cette partie
quand elles ne sont pas applicables à la majorité. A ce
moment-là le ministre a l'autorité de soustraire une
disposition.
Le texte de l'article dans le projet 14, texte principal, va tout
simplement dire au ministre que, s'il y a une date à corriger, il va la
corriger, étant donné le pouvoir qu'il a, mais après avoir
passé par l'obligation d'entendre les objections, de toute part, qui
peuvent survenir à la suite de la publication de l'avis.
Si nous laissons tomber, dans le premier article, le troisième
paragraphe de l'article 15, c'est strictement pour qu'on corrige une chose qui
aurait pu, peut-être, être corrigée à
l'époque, mais sur laquelle nous sommes passés. C'est que nous
donnons le pouvoir aux parties minoritaires, en particulier, de se
défendre. Il pourrait arriver, si nous laissons l'article 15 tel qu'il
est, que nous créions, à compter de la publication d'un avis, une
situation qui, par ailleurs, serait illégale en vertu des autres
articles et qui deviendrait abolie seulement à la publication du
décret.
Parce que nous indiquons maintenant très clairement que le
décret entre en vigueur, en fait, aux dates fixées par les
parties à l'entente qui, elles, sont majoritaires, nous disons qu'il n'y
a pas lieu maintenant de le mettre en vigueur à l'avis. Nous le mettons
en vigueur à la publication du décret.
Je regrette que ça ne plaise pas au patronat du Québec. Ce
n'est pas la première fois que ça ne lui plaît pas, des
nouvelles législations. Dans l'industrie de la construction,
l'évolution actuelle nous permet d'envisager des possibilités de
rétroactivité, alors qu'en 1934 ou en 1960, c'était
pratiquement impensable, compte tenu de la multiplication des décrets et
des situations conflictuelles qui existaient. Mais parce que maintenant nous
avons une seule convention collective, un seul décret pour l'industrie
de la construction, que ce décret ne répond plus à des
caractères de prépondérance qui étaient absolument
flous dans l'esprit du législateur dans la Loi des décrets de
convention collective, mais qui viennent très précisément
représenter la majorité en vertu de la Loi sur les relations du
travail dans l'industrie de la construction, on se dit à ce
moment-là: On va appliquer dans l'industrie de la construction ce qui
s'applique normalement dans les autres industries du Québec,
c'est-à-dire qu'on négocie tout ce qui est conditions de travail
et que personne ne peut abuser du fait qu'on n'a pas de convention collective
pendant un certain temps.
On en a abusé. Les patrons peuvent considérer que nous
leur enlevons un privilège qu'ils avaient, c'est-à-dire celui
d'attendre pour signer leur convention collective, étant donné
qu'ils ne payaient rien entre les deux époques, celle de la fin du
décret et celle de renouvellement du décret. Bon, nous
replaçons très probablement, à mon sens, les choses
là où elles doivent être et ce sont les travailleurs de la
construction qui bénéficient d'une convention collective et non
pas les employeurs. Dans le domaine de la construction en particulier, les
augmentations salariales, qui n'ont jamais été
rétroactives, jamais, le seront cette année en vertu de cette
loi. A l'avenir, les parties négocieront la date de mise en vigueur des
décrets, mais ces parties auront le caractère de
représentativité qui est maintenant reconnu par la Loi sur les
relations du travail dans l'industrie de la construction et qui n'existe pas au
même degré dans la Loi des décrets de convention
collective.
Compte tenu de tout ça, je dis au Conseil du patronal que je
consacre, oui, le principe d'une possibilité de
rétroactivité si les parties s'entendent lors de la prochaine
convention collective. Je ne laisserai pas cela aux tribunaux, comme
ils le disent: "Soit laisser libre cours aux tribunaux ou amorcer des
discussions sérieuses avec les parties directement impliquées."
Je n'ai pas l'idée, du tout, de faire en sorte que les tribunaux
déterminent une intention qui, par ailleurs, était très
claire ici au Parlement, au mois de juin. Ce n'est pas aux tribunaux de
déterminer pour le Parlement ce qu'il pensait. Que le texte ne
reflète pas exactement ce que nous pensions, c'est une chose, mais,
comme il y a une possibilité qu'on interprète ce texte d'une
façon différente que le Parlement l'a manifesté ici, je
clarifie le texte pour que le tribunal judiciaire ne remplace pas l'intention
du Parlement, juste sur un accident textuaire. "Quant au reste, qu'on
défère à une commission parlementaire toute la
législation pertinente au secteur de la construction." Nous avons
convenu ici qu'il y aurait une étude en commission parlementaire au mois
de septembre. Il y a eu des élections entre-temps et la commission n'a
pas pu se réunir, mais il y aura une commission parlementaire, comme je
l'ai annoncé. Elle aura lieu, mais elle ne portera pas sur le seul texte
du bill 14 qui est devant vous; elle portera sur le régime des relations
du travail dans l'industrie de la construction, comme cela a été
annoncé au mois de mai, compte tenu des représentations qui
avaient été faites à cette époque. Ce que j'ai
refusé à l'époque au Parti québécois, je le
refuse aujourd'hui au Conseil du patronat du Québec, puis je n'ai pas de
craintes du tout de le faire.
Si on me dit que je vais continuer d'amender mes lois comme cela au fur
et à mesure, et qu'on assistera demain au dépôt d'un autre
bill venant corriger le bill 14, corrigeant toute la législation
pertinente, bien, si la Loi sur les relations de travail dans l'industrie de la
construction a besoin de recevoir des modifications, elle recevra des
modifications, quelle que soit l'opinion que le Conseil du patronat peut avoir
sur le fait que nous en apportions. Autrement, je serais en présence
d'une stagnation de nos lois. Et si, dans le domaine de la construction, nous
épousons cette stagnation parce que, dans les autres provinces du
continent nord-américain, cela n'existe pas, j'ai bien l'impression que
cela ne prendra pas de temps qu'on va se retrouver dans un autre état
que celui dans lequel nous vivons actuellement.
Nous sommes prêts, dans le domaine du travail, à modifier
les lois aussi souvent qu'elles ont besoin d'être modifiées,
à cause du caractère très mobile des relations de travail.
Et ceux qui veulent s'asseoir sur une stagnation, que ce soit le Conseil du
patronat, l'Association de la construction de Montréal ou la
Fédération de l'industrie de la construction, devront compter sur
un autre gouvernement, mais pas sur celui qui est ici.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Houde, Limoilou): L'honorable
député de Saint-Jacques.
M. CHARRON: M. le Président, j'ai l'intention d'intervenir
brièvement, tellement brièvement même, que le ministre du
Travail n'aura pas le temps de changer de comté pendant mon
intervention.
J'ai quelques remarques seulement à faire. D'abord, je veux
remercier le ministre du Travail d'avoir signalé, dans les
premières paroles de son intervention, que cet amendement que nous
apportons à la Loi sur les relations de travail dans l'industrie de la
construction avait effectivement été défendu par le Parti
québécois et plus précisément par celui qui vous
parle au moment où nous avons étudié le projet de loi no
9. Je remercie même ce qui n'est pas pratique courante, je le
signale à son intention le ministre d'avoir eu
l'honnêteté de le signaler non seulement à
l'Assemblée nationale alors que l'Opposition est présente, mais
même devant l'opinion publique à l'extérieur de la
Chambre.
En effet, dimanche dernier, j'avais l'occasion de participer à
une émission publique dans un poste de radio de Montréal et,
juste avant cette émission à laquelle je participais, je ne sais
pour quelle raison, j'ai entendu le ministre du Travail qui commentait sur les
mêmes ondes d'une station radiophonique de Montréal la raison pour
laquelle il avait déposé le projet de loi 14 que nous
étudions cet après-midi. Sur les ondes publiques, le ministre du
Travail a donné crédit à l'Opposition, a signalé
qu'il se rendait maintenant à une demande de l'Opposition et a
parfaitement légitimement rapporté les faits qui avaient
entouré cette discussion en disant qu'à l'époque, il
n'avait pas cru bon de le faire et qu'il avait donné les raisons pour
lesquelles il n'avait pas cru bon de le faire mais que, maintenant, il se
sentait dans l'obligation de le faire.
C'est vrai, comme l'a dit le ministre du Travail, que nous avions
présenté, au moment de l'étude du bill 9, qui est devenu
la Loi modifiant la loi des relations de travail dans l'industrie de la
construction, un amendement qui visait à donner si peu
parlementaire et traditionnel dans nos droits que cela soit en quelque
sorte un effet rétroactif à la loi que nous adoptions sur un
chapitre bien particulier, c'est-à-dire l'entente que les parties
patronale et syndicale avaient finalement conclue et signée avant que
nous adoptions la loi 9.
Le ministre et les députés qui étaient ici à
l'époque se rappelleront du climat dans lequel nous avons
étudié le projet de loi 9. En effet, nous étions
entourés dans les galeries de représentants des
différentes centrales syndicales, en fait des trois centrales syndicales
qui ont partie à faire dans le monde de la construction. C'est sous
leurs yeux, pour ne pas dire plus, que nous avons eu à étudier et
à passer chacun des articles du projet de loi. Je ne veux pas me donner
plus de mérite que j'en ai, sans vouloir dire que j'avais
été à l'époque, soit le 31 mai 1973, lors de la
précédente Législature, plus fin
et plus "smart" que le ministre du Travail peut l'être.
Avant de participer à ce débat, j'ai relu toutes les
discussions qui ont porté sur cet amendement que j'avais
présenté et que j'ai, moi-même, d'ailleurs finalement
retiré. Je le dis peut-être à mon démérite,
mais il n'y a jamais eu d'amendement il a été
déposé, je l'ai retiré après les assurances que le
ministre m'avait données et que j'ai cru efficaces qui
remplaçait le but visé pour mon amendement.
M. le Président, nous avions fait l'unanimité des quatre
partis de la Chambre, à ce moment-là, et le ministre a
bien raison de le signaler de nouveau sur l'intention politique du
législateur pris dans son corps le plus global, soit l'Assemblée
nationale, indépendamment des partis politiques quels qu'ils soient. Le
législateur comme tel, avec un grand L, avait fait l'unanimité de
ces divisions internes sur cette question à l'effet que ce
n'était pas parce que nous avions pris deux semaines, je crois, pour
adopter ce projet de loi tout le temps que l'étude de ce projet
de loi demandait que des travailleurs représentés par des
centrales syndicales allaient en payer le prix. Ce n'était pas parce que
nous, nous avions bien fait notre travail je crois que chacune des
parties qui avait discuté de ce projet de loi pouvait sortir avec cette
considération-là que d'autres, qui avaient
négocié et qui étaient parvenus à une entente
allaient payer pour le nôtre.
C'est donc dans cette intention4à que j'avais
présenté un amendement qui disait à peu près ceci
je pourrais presque le reprendre textuellement qu'aucun des
travailleurs ne serait pénalisé et que seraient
rétroactifs au 1er mai l'augmentation de salaire et tous les
bénéfices marginaux que venait de gagner la centrale syndicale
qui, manifestement, représentait le plus grand nombre de travailleurs de
la construction. Le ministre du Travail m'avait offert des raisons que je
considère encore aujourd'hui comme sérieuses. N'eût
été de cette mauvaise interprétation de la commission de
l'industrie de la construction, cette interprétation douteuse,
probablement que nous n'aurions pas à étudier le projet de loi
14.
Le ministre avait refusé cet amendement en disant qu'il se
sentait mal à l'aise d'obliger la Fédération de
l'industrie de la construction à payer de façon
rétroactive les travailleurs, alors qu'elle n'était pas partie
liée et qui n'avait pas signé cette entente, en fait qui le
devenait, partie liée, simplement par l'adoption de ce projet de loi.
C'étaient des réserves que j'avais contestées à
l'époque, parce que je tenais à défendre mon amendement,
et je le croyais plus important que les considérations que faisait
valoir le ministre. J'ai quand même l'impression que le ministre
défendait un point qui était discutable et qui avait alors
été discuté. Le ministre avait invoqué
également la difficulté de donner à une loi un effet
rétroactif de ce genre et m'avait demandé si, comme
parlementaire, je voulais créer ce précédent qui, j'en
conviens parfaitement, était dangereux.
Moi, je n'avais pas l'impression de donner à la loi un effet
rétroactif, je voulais simplement qu'on affirme que l'entente serait
respectée intégralement. Et intégralement voulait dire la
date du 1er mai 1973. Finalement, le ministre avait invoqué une raison
qui me paraissait encore meilleure que les deux précédentes.
C'était celle de dire qu'un autre article du projet de loi l'obligeait
à respecter cette entente, telle qu'elle était signée,
à lui donner force de convention collective aux termes de la loi et du
décret dont il avait à donner avis d'abord et qu'il devait
publier ensuite. Le ministre nous disait, autant à moi qu'aux
députés du Parti créditiste et de l'Union Nationale qui
siégeaient à l'époque avec nous; "Si, dans la loi, c'est
le 1er mai, alors ce sera le 1er mai. Je n'ai pas à ajouter de
considérations supplémentaires en acceptant l'amendement du
député de Saint-Jacques."
A ce moment, je dois dire que cette interprétation du ministre,
le fait que l'article 18, en fin de compte, lui donnait cette obligation,
m'avait rabattu sur un terrain plus politique que juridique. J'avais alors
abandonné, en théorie, la déposition sur la table d'un
amendement en bonne et due forme, pour me contenter des assurances politiques
du ministre.
M. le Président, vous me permettrez de citer le journal des
Débats du jeudi, 31 mai 1973,1a précédente
Législature, à la page 1151. Je disais au ministre du Travail: Je
veux être certain de mon affaire.
Le ministre du Travail, M. Cournoyer, dans le journal des Débats,
dit: "Moi, je sais que votre avocat ordinaire il voulait dire le
député de Maisonneuve, il aurait pu dire extraordinaire
n'est pas ici et que vous ne voulez surtout pas vous faire passer un joyeux
Québec."
Je revenais à la charge et je disais au ministre du Travail: "Je
m'en sacre de m'en faire passer un, mais je ne veux pas que les gars, qui ont
déjà signé, s'en fassent passer un."
Le ministre du Travail répliquait: "Moi, je vous dis que ce que
j'ai à publier, c'est l'entente des parties. Si elle comporte que c'est
le 1er mai, c'est ce que je dois publier dans la Gazette officielle et c'est ce
qui sera en vigueur à compter de sa publication dans la Gazette
officielle. Compris? "
Je lui disais: "Le fait de publier je m'en assure pour la
dernière fois le décret comportant la date du 1er mai
implique donc un effet rétroactif dès le moment de sa
publication..."
M. Cournoyer répondait: "Oui."
Je lui demandais: "...au 1er mai. C'est ça? "
II me dit: "Cela implique que, si j'ai une entente majoritaire, qui
comporte le 1er mai, je la publie. C'est une disposition de la convention
collective qu'on m'a soumise. Si elle est faite par la majorité des
travailleurs, d'un côté, et par la majorité des employeurs,
de l'autre, elle est
en vigueur à compter de sa publication, telle qu'elle est
écrite."
Plus loin, lorsque j'acceptais de retirer l'amendement que j'avais
déposé, le président disait: "Le député de
Saint-Jacques a retiré son amendement."
J'intervenais à nouveau et je disais: "Je retire mon amendement,
M. le Président, avec la certitude morale que son but sera quand
même atteint, sans que je le mette dans le projet de loi." Mais je
disais: "Si jamais je m'aperçois qu'il m'a menti..."
Le ministre du Travail me répondait: "Si j'ai menti, c'est
l'avocat qui se sera trompé et non le parlementaire."
Je lui répondais: "D'accord. Cela, je le sais bien. Un ministre,
cela ne ment jamais. Les règlements m'interdisent de le dire, à
part ça, que vous mentez."
Or, l'avocat s'est trompé et je ne peux pas lui en tenir
énormément grief aujourd'hui puisqu'il s'en est fallu de peu
qu'une interprétation du projet de loi, par la Commission de l'industrie
de la construction, qui aurait été différente aurait pu
empêcher le ministre d'apporter le projet de loi no 14.
Si j'ai recité les débats qui avaient marqué la
discussion alentour de cet amendement, ce n'est pas, encore une fois, pour nous
lancer des fleurs inutilement. Mais c'est pour donner raison au ministre. Le
ministre a insisté, tout à l'heure, pour dire que l'intention
politique du législateur était manifeste. H ne voudrait pas
qu'elle soit mal interprétée maintenant parce que, en fait, comme
vous l'avez entendu vous-même dans la lecture on ne peut plus claire de
notre intention, on ne peut pas permettre une interprétation
différente. C'était clair. C'était parce que nous
étions convaincus que c'était le 1er mai et que personne n'y
échapperait.
Malheureusement les circonstances ont fait autrement et le ministre du
Travail doit intervenir avec ce projet de loi aujourd'hui. J'apporterai donc,
comme je l'ai fait au moment de la discussion sur le projet de loi 9, mon
consentement et le consentement de l'Opposition officielle à ce genre de
dispositions.
J'avais en tête de terminer cette intervention avec un rappel au
ministre du Travail de ce qu'il semble ne pas avoir oublié. En effet, le
projet de loi 9, au moment de sa discussion, avait connu toutes sortes de
débat, vous vous en souviendrez comme moi.
Lors de son débat en deuxième lecture, soit donc avant
l'étape de la commission plénière, le député
de Maskinongé, je crois, à l'époque, avait
présenté un amendement pour le rapport à six mois ou
à un mois, je ne me rappelle plus, de la loi, enfin peu importe la
durée; l'objectif était d'entendre les parties.
Le parti ministériel, à l'époque, avait combattu
contre les trois partis d'Opposition, solidaires sur cette question, cet
amendement à la motion de deuxième lecture en nous donnant
l'assurance, comme vient de répéter le ministre, qu'il y aurait,
après l'adoption de ce projet de loi, une espèce de séance
de la commission parlementaire où on ferait le point non simplement sur
l'ensemble de la conduite, dans ce domaine, de l'industrie de la construction,
domaine vital dans l'économie québécoise, mais aussi sur
les effets de la loi 9 elle-même que nous étions en train de
voter.
Je conviens parfaitement avec le ministre que les mois de septembre et
octobre n'ont pas été tout à fait la période
propice pour ce genre de discussions. Le ministre était affairé
à se trouver un autre comté. Il ne s'agissait pas pour nous de
convoquer une commission parlementaire pour le déranger dans ses
voyages.
Mais, je crois que maintenant que le calme est rétabli, que
l'ordre est revenu et que cette Chambre a toute la latitude voulue, il serait
temps, maintenant, dans l'intersession, de faire le point. Peut-être que
la mi-février conviendrait. Je donne une date comme cela peu
importe la date pour rappeler au ministre du Travail la
disponibilité de l'Opposition officielle pour faire le tour de cette
question, comme nous en avions reçu l'assurance au moment du projet de
loi que nous amendons aujourd'hui avec la loi 14.
J'ai été heureux d'entendre le ministre du Travail nous
signaler qu'il ne l'avait pas oubliée, cette promesse qu'il avait faite.
Je lui dis, à mon tour, que nous ferons du mieux que nous pourrons;
comme sur le projet de loi no 38, comme sur le projet de loi no 9, comme, en
fin de compte, à toutes les séances de la commission
parlementaire ou de l'Assemblée nationale qui ont porté sur ce
sujet bien précis des relations du travail dans le monde de l'industrie
de la construction; et je lui promets à nouveau notre
disponibilité et notre travail le plus constant pour améliorer
ces relations de travail.
Nous approuverons donc, M. le Président, sans aucune
hésitation, le projet de loi no 14.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Houde, Limoilou): Le député de
Beauce-Sud.
M. ROY: M. le Président, quelques mots à la suite de ce
que viennent de dire l'honorable ministre du Travail et le député
de Saint-Jacques, relativement au projet de loi no 14, qui vient en quelque
sorte modifier la loi no 9 qui a été adoptée le 1er juin
de l'année dernière, à la suite d'un débat qui a
duré plusieurs jours. M. le Président, la modification qu'on
apporte aujourd'hui à la loi est en quelque sorte un changement de
dispositions pour en venir à faire que la loi soit plus complète,
plus conforme, autrement dit pour qu'on rende la rétroactivité
obligatoire.
Je ne sais pas si j'ai bien compris, M. le Président. Je ne suis
pas un expert dans les relations du travail dans l'industrie de la
construction. C'étaient mes collègues de Dorchester et de
Frontenac... Oui?
M. COURNOYER: Juste une note, M. le Président, pour que le
député ne s'aventure pas sur la rétroactivité. La
première partie de la loi, c'est-à-dire l'article 2 permet aux
parties de signer leur convention comme elles le voudront, au moment où
elles le voudront, et d'y inclure une clause qui dise qu'elle va s'appliquer le
1er mai, si elles le veulent.
C'est dans ce sens que, oui, elle permet aux parties qui, en vertu du
bill 9, ont été déclarées majoritaires, de
retourner à la date où elles voudront retourner, comme cela se
fait dans les entreprises ordinaires. On décide quand un convention ou
une telle clause de la convention entre en vigueur. Ce sont les parties qui le
font en vertu de l'article 2 du bill. Cela ne rend pas la
rétroactivité obligatoire; cela rend la convention des parties
obligatoire au moment où elles ont choisi de la rendre obligatoire.
M. ROY: Je remercie énormément l'honorable ministre de
cette précision. Vous comprendrez que, dans les circonstances où
nous sommes, avec les difficultés que nous avons au niveau de la
recherche, M. le Président, avec tout l'ensemble de lois qui nous ont
été présentées au cours des derniers jours, il est
évident que nous nous devons, de notre côté, de faire notre
possible pour tâcher d'être le mieux renseignés possible
avant de prendre position sur certains projets de loi.
Ce que j'aimerais quand même dire au ministre à ce sujet,
c'est que je n'ai pas l'intention de revenir sur l'attitude ou la position que
nous avions prise au moment où la loi a été votée.
En effet, nous avions voté contre la loi 9, en deuxième lecture
et nous avions également voté contre en troisième lecture.
Deux formations politiques avaient voté contre l'Union nationale
et le Ralliement créditiste en deuxième et en
troisième lecture.
M. le Président, cette loi vient en quelque sorte
améliorer, régulariser, clarifier, je dirais bien, une situation
pour permettre aux parties contractantes, comme vient de le dire le ministre,
de conclure la convention collective et de fixer les dates et les engagements
de part et d'autre. Cela apporte beaucoup d'améliorations à la
loi 9. A ce moment, on donne beaucoup plus de latitude et je pense que c'est
beaucoup plus démocratique pour permettre aux ouvriers et aux employeurs
de négocier et de convenir certaines ententes.
Cependant, M. le Président, il y a un point que j'aimerais, quand
même, soumettre à l'attention de l'honorable ministre. Il s'agit
de certaines dispositions. Même s'il y a peu d'articles dans la loi
je sais qu'en deuxième lecture on ne peut pas se
référer directement aux articles de la loi il y a quand
même certaines dispositions qui prévoient que "l'obligation pour
un employeur de tenir certains registres et d'en fournir copie à la
Commission de l'industrie de la construction, continue de s'appliquer
après l'expiration du décret."
C'est un point, et je pense que l'occasion est idéale pour le
souligner à l'attention de l'honorable ministre.
Cette obligation vaut, à l'heure actuelle, pour tout le
territoire du Québec, pour tout employeur du Québec, y compris
une personne qui effectue des petites réparations sur sa
propriété si on interprète la loi à la lettre.
J'aimerais que le ministre me dise le contraire si ce n'est pas cela.
Selon les informations que nous avons obtenues de la Commission de l'industrie
de la construction et après avoir examiné les lois, toute
personne qui effectue des travaux dans l'industrie de la construction est tenue
de faire un rapport à la Commission de l'industrie de la construction en
incluant, je dis bien, les petites réparations qui se font sur les
propriétés.
Les personnes qui font des réparations à leur
propriété n'ont pas toujours recours à un entrepreneur. Le
ministre le sait. Et ces personnes sont tenues, pour suivre la loi, aux
mêmes exigences que les gros employeurs dans l'industrie de la
construction. J'ai déjà eu l'occasion de le souligner à
l'attention de l'honorable ministre, ceci a pour effet qu'un certain nombre de
personnes sont continuellement hors la loi, parce que ces dispositions sont
trop difficiles d'application. Cela ne vaut même pas la peine de faire
toutes les recherches et démarches nécessaires pour
répondre aux exigences de la loi, alors qu'on a des réparations
mineures à faire, surtout dans le domaine de la résidence, dans
le domaine de la petite propriété dans les milieux ruraux.
Et je pense que le gouvernement aura toujours énormément
de difficultés avec l'application des lois et des décrets dans
l'industrie de la construction parce que le gouvernement en a embrassé
trop grand. Le gouvernement a voulu tout couvrir dans tous les domaines, dans
toutes les régions rurales du Québec. Je sais que le
règlement ne le permet pas, mais je peux quand même faire une
certaine allusion. On constate par exemple que, pour aller faire des petites
réparations mineures dans une petite propriété
privée, résidentielle, dans une petite municipalité
rurale, la personne doit avoir tous ses certificats de qualification
professionnelle, ainsi que son permis de travail.
Et la personne qui fait effectuer les travaux doit faire rapport
à la Commission de l'industrie de la construction et faire les retenues
à la source, même pour engager son voisin, à condition que
le voisin ait justement ses cartes de qualification professionnelle et son
permis de travail.
Je pense que c'est là le problème auquel le
ministère du Travail a à faire face et c'est là que
commencent les difficultés dans le domaine de l'industrie de la
construction. Loin de nous l'idée de vouloir faire en sorte qu'il n'y
ait pas de loi dans l'industrie de la construction pour protéger les
travailleurs dans les grands centres, pour protéger les chantiers de
construction, les contrats importants.
Mais, quand même, on ne peut pas logique-
ment sur le plan théorique oui, mais pas sur le plan
pratique obliger tout le monde à être soumis à
toutes ces règles même lorsqu'il s'agit de petits travaux et de
travaux mineurs. Je le souligne encore à l'attention de l'honorable
ministre, parce que la loi est encore très claire là-dessus. Tous
les citoyens se doivent d'observer la loi. Si le gouvernement devait demain
matin faire appliquer sa loi de façon intégrale dans toutes les
régions du Québec partout, je me demande combien de poursuites le
ministère du Travail serait obligé d'intenter.
Est-ce que le ministère du Travail va intenter les poursuites ou
s'il va se montrer tolérant à l'endroit de ces petits travaux? Il
n'a pas tellement de choix. Il y a une loi, la loi doit être
observée, elle doit être suivie. Et le gouvernement se doit
d'exercer une certaine surveillance pour s'assurer que la loi est suivie et
respectée. Si le gouvernement ne le fait pas, ça veut dire
qu'à partir de ce moment on commence à faire de la
discrimination.
Cela fait longtemps qu'on en parle à l'Assemblée nationale
ça fait au moins trois ans, mon ex-collègue de Dorchester
en a parlé souvente-fois ici à l'Assemblée nationale. Nous
avons eu l'occasion de faire des débats, d'en parler à la
commission parlementaire et le problème n'est pas encore
réglé. On amène le projet de loi no 14, Loi modifiant la
loi des relations de travail dans l'industrie de la construction, et ce
problème ne se règle pas non plus. On se retrouve dans la
même situation, avec les mêmes problèmes, ou le gouvernement
poursuit les populations des milieux ruraux ou il fait appliquer sa loi.
De deux choses l'une: dans quelle région le gouvernement va-t-il
choisir de ne pas la faire appliquer sa loi et dans quelle région le
gouvernement va-t-il choisir de ne pas la faire appliquer, sa loi? Elle est
appliquée ou elle ne l'est pas. Qu'on tâche donc de faire en sorte
que dans la loi il y ait certaines distinctions très nettes, très
précises, de façon que si c'est inclus dans la loi, la loi
permette certains pouvoirs de réglementation et que, dans la
réglementation, on complète, on fasse les compléments
nécessaires, les additions nécessaires de façon qu'on ne
se retrouve pas devant des problèmes. Voici un exemple, M. le
Président, pour souligner que le gouvernement va trop loin
là-dedans. Une dame de mon comté me téléphone cet
été pour faire réparer un escalier à
l'arrière de la maison. M. le Président, je cite cet exemple
à l'intention de l'honorable ministre, vous avez ces mêmes
problèmes dans vos comtés. Cette dame a été
obligée de faire exécuter ces travaux, parce qu'elle n'a
trouvé personne avec une carte de compétence détenant un
permis de travail, du fait qu'elle ne l'a pas fait, qu'elle ne pouvait pas
satisfaire à ces obligations, par une personne et, évidemment,
elle n'a pas fait de rapport à la Commission de l'industrie de la
construction. Cela veut dire que si le ministre, demain matin, décide de
faire appliquer sa loi, cette pauvre dame seule, veuve, âgée, va
être poursuivie devant les tribunaux pour non-observance de la loi. Dans
les milieux ruraux, M. le Président, le ministre le sait
vous avez tous les travaux de construction concernant la classe agricole, les
cultivateurs, qui ne sont pas régis par le décret de la
construction. Il y a des personnes qui vont faire des travaux de construction
pour la classe agricole pendant six, sept mois par année et qui vont
faire quelques petits travaux de réparation dans des résidences
sur le plan de la petite propriété privée mais non
agricole et ces mêmes travailleurs d'expérience dans l'industrie
de la construction ne peuvent pas avoir leur carte de compétence, ne
peuvent pas avoir leur permis de travail parce qu'ils n'ont pas le nombre
d'heures requis, et ils ne peuvent pas faire de petits travaux chez eux.
Or, M. le Président, je me permets de dire à l'honorable
ministre que dans son projet de loi 14, il n'y a aucune amélioration
dans ce sens. Si la loi est votée telle quelle et si le gouvernement
n'apporte pas d'amélioration, de modification pour faire des
distinctions dans ces choses, cela veut dire que je voterai pour qu'une partie
de la population de mon comté se retrouve dans
l'illégalité, je voterai pour que ces personnes se fassent
poursuivre devant les tribunaux et soient considérés comme des
criminels.
M. le Président, quand le gouvernement se décidera, dans
ses lois des relations de travail, de regarder l'ensemble de la population et
le bien-être de la population, tout en respectant les droits des
travailleurs et en respectant également les droits des citoyens et la
réalité québécoise, il nous fera plaisir de voter
pour son projet de loi. Mais comme, à l'heure actuelle, je le dis en
toute sincérité, M. le Président, voter pour cette loi
signifie pour moi qu'on perpétue l'injustice dans les régions
rurales du Québec, qu'on n'a rien clarifié au niveau des petits
travaux de réparation à la petite propriété
privée, à la petite propriété domiciliaire, je ne
peux pas, en ce qui me concerne, me faire le complice de ce genre de chose
parce que j'obligerais ainsi le ministre à faire respecter la loi et
à poursuivre la population ou je dirais au ministre: D'accord, on va
voter pour votre loi mais je vous encourage à être tolérant
et à ne pas la faire respecter par une partie de la population.
M. le Président, devant une semblable équivoque, je n'ai
pas d'autre alternative, je n'ai qu'une seule solution, bien que je sois pour
que les ouvriers de la construction soient payés. Pour les
considérations que je viens de signaler à l'honorable ministre,
je ne peux pas être pour le projet de loi 14.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): L'honorable ministre du Travail.
M. COURNOYER: Bon, M. le Président, je note ce que les
députés de Saint-Jacques et de Beauce-Sud ont dit sur ce projet
de loi. Je suis
très heureux de l'attitude prise par le député de
Saint-Jacques qui dit qu'au moins le ministre s'est rendu à une
interprétation qu'il avait lui-même donnée avant, à
la suite de la suggestion faite par son parti à l'époque et par
lui-même.
Quant à la discussion sur le problème des qualifications,
M. le Président, je souhaiterais que le député de
Beauce-Sud soit d'accord avec ce projet de loi. Je ne voudrais pas qu'il soit
d'accord avec ce qu'il vient de qualifier comme étant excessif. Soyez
d'accord avec le projet de loi. Quant à la qualification requise, je ne
voudrais pas prendre votre exemple de cette pauvre vieille qui a
décidé de faire réparer son escalier et qui accuserait le
gouvernement, demain matin, de ne pas voir à la qualification de ceux
qui lui vendent leurs services parce qu'elle s'est cassé la gueule dans
le même escalier.
Vous comprenez ce que je veux dire, c'est que la qualification des
ouvriers de la construction ce n'est pas d'hier ça. Le code civil il
existe depuis un bout de temps. La garantie de cinq ans, ça existe dans
le code civil sur les immeubles. On ne laisse pas n'importe qui construire
aujourd'hui. On va s'en venir, M. le Président, avec probablement une
loi de qualification des entrepreneurs pour protéger le consommateur,
dont votre petit consommateur. Cela j'en suis convaincu qu'il va falloir y
arriver.
Mais au moment où nous avons l'obligation de faire affaires avec
un entrepreneur qualifié, ce n'est pas pour détruire le petit
consommateur ou l'obliger à des choses, c'est strictement pour le
protéger. Il n'y a pas d'autres raisons que ça. Remarquez bien
qu'une personne pourrait bien vouloir choisir elle-même la façon
dont elle veut être protégée. Il faudrait peut-être
faire une barrière autour de Beauce-Sud, puis dire: Dans Beauce-Sud
c'est tellement différent du reste de la province que les lois ne
s'appliqueront pas là; c'est-à-dire la qualification ça ne
devrait peut-être pas s'appliquer dans Beauce-Sud ou dans Rouyn-Noranda,
pour ce que ça vaut.
Cela ne devrait pas s'appliquer la qualification. Vous savez bien que
vous êtes dans la même province que nous autres. Vous savez bien
que, quand on établit un système de qualification, ce n'est pas
seulement pour protéger le travailleur. Si c'était rien que pour
protéger le travailleur, moi je vous dis qu'en vertu des principes de
sécurité syndicale il est triplement protégé. Il y
a des sécurités d'emploi qu'il n'avait jamais eues auparavant. On
n'a pas besoin de le protéger comme ça. La qualification
professionnelle soit des entrepreneurs, soit des travailleurs est fonction de
la protection du consommateur, premièrement.
On peut discuter longuement là-dessus. Mais c'est fonction de la
protection du consommateur. On ne reprendra pas des exemples tragiques, qui
sont très gros, on ne fera pas de la démagogie sur des morts,
mais sur le nombre d'accidents qui existent dans l'industrie de la
construction, dans des petites constructions comme vous dites, encore plus que
sur les grosses constructions. Mais la Commission des accidents du travail paye
pareil, que ce soit dans les petites ou dans les grosses. Quand un gars se
casse la gueule, dans une petite maison, c'est la Commission des accidents du
travail, donc toute la société, qui paye parce qu'il ne savait
même pas son métier. Cela existe aussi ces obligations-là.
Puis la protection de l'individu qui veut travailler. Il faut le
protéger parfois contre lui-même. On est obligé de le
faire. Ne pensez pas .que c'est de gaieté de coeur qu'on limite.
Pensez-vous que je suis bien content de dire au député de
Roberval moi que son "Jack of all trade" ou encore, comme d'autres
députés m'en font mention souvent ici, que les personnes qui font
toutes les réparations dans le coin elles sont tout seules? Combien de
fois c'est arrivé que le député de Roberval, le
vice-président de l'Assemblée nationale, m'a dit: M. le ministre,
quand est-ce que vous allez permettre à la population de mon
comté d'avoir les services auxquels elle a droit? Le type ne passe pas
son règlement de qualification; il n'est pas capable parce qu'il ne sait
pas écrire, il ne sait pas lire.
Un autre tantôt il est venu me voir ici puis il a dit: M.
Cournoyer, il ne sait pas lire, le pauvre gars, comment est-ce qu'il peut
passer un examen écrit? Cela va ça? Mais s'il ne peut pas passer
un examen écrit, qu'il ne sait pas lire la loi, cette loi-là est
faite pour le protéger. Combien de règles de
sécurité sont enfreintes aujourd'hui par les petits travailleurs
parce qu'ils ne les connaissent pas, ils ne savent pas. Si nous
établissons bientôt un système de protection du travailleur
dans le domaine de la sécurité, nous allons être
obligés encore une fois de serrer la vis, serrer la vis à qui? au
consommateur, pour protéger le travailleur.
Pensez-vous que j'aime ça? Mais je n'aime pas du tout qu'on se
casse la gueule à mont Wright par exemple, puis je n'aime pas du tout
qu'on se casse la gueule à Saint-Ephrem, puis je n'aime pas qu'on se
casse la gueule nulle part dans la province, parce que moi j'en suis
responsable de ça comme ministre. Puis je vais vous proposer encore des
lois restrictives. Aujourd'hui je n'ai qu'une partie de la loi. Cette loi que
j'ai devant vous aujourd'hui ça règle un problème de la
rétroactivité. Je ne voudrais pas, M. le député de
la Beauce, que vous soyez d'accord sur le système d'enregistrement et le
système qui veut qu'un individu soit obligé de faire des rapports
à la Commission de l'industrie de la construction.
Je vous demande de ne pas être d'accord sur ça, parce que
vous m'avez demandé vous-même devant cette Assemblée qu'il
y ait convocation de la commission parlementaire sur le premier sujet, la
qualification, et je vous ai dit oui, la semaine dernière. Sur le
deuxième sujet au mois de mai, vous avez demandé qu'on
étudie le
régime des relations de travail et qu'on prenne soin de ces
aspects très particuliers du petit, de l'artisan en particulier que vous
représentez souvent ici à l'Assemblée nationale ou encore
du consommateur qui est petit, qui n'est pas capable de payer les taux qui sont
fixés au décret, ou qui n'est pas capable de se conformer non
plus aux différentes conditions du système de la
construction.
Vous allez avoir tout cela, je l'ai dit au député de
Saint-Jacques tantôt, mais en temps et lieu. Je n'ai qu'un
problème à régler ici dans le bill 14. J'essaie de les
régler, tant et aussi longtemps que je serai ministre, et je vais les
régler l'un après l'autre, pas tous en même temps. Je ne
suis pas fort dans le global. Je vais essayer de les régler l'un
après l'autre.
Aujourd'hui, on a un problème d'interprétation d'une loi
qui s'appelle le bill 9 qui a été adoptée
par l'Assemblée nationale. J'ai demandé à cette
Assemblée nationale de ne pas permettre aux tribunaux
d'interpréter différemment les intentions du Parlement, et de
permettre aux parties de décider quand leurs conventions vont entrer en
vigueur. C'est cela que le texte de loi veut dire. Je ne vous demande pas
d'être en faveur. Mais je vous dis: Ne soyez pas contre à cause
d'un accident ou d'une chose qui est à côté. Je ne touche
qu'une chose ici dans le pouvoir de règlement.
Je n'ai pas l'intention de ne pas toucher au reste, mais après
que nous aurons procédé à l'examen que vous avez
demandé, au mois de mai, et dont j'ai convenu, au début de cette
session, devant la commission parlementaire du travail, de la main-d'oeuvre et
de l'immigration.
M. ROY: Je désire me prévaloir des dispositions de
l'article 96, pour préciser, pour clarifier les propos que j'ai tenus
parce que j'ai l'impression que le ministre m'a mal compris.
Je n'ai jamais parlé contre la qualification professionnelle.
J'ai dit tout simplement qu'on refusait à des ouvriers qualifiés,
compétents, expérimentés et qui possèdent
même 25 années d'expérience le droit de continuer d'exercer
leur métier parce que certaines exigences ne s'appliquent pas dans les
régions rurales du Québec. C'est cela que j'ai dit. Nous sommes
en faveur de la compétence. Nous l'avons toujours dit et nous
approuverons toujours les mesures qui permettront aux ouvriers d'être de
plus en plus compétents. Ce que nous ne voulons pas, ce sont les carcans
qui briment les droits des gens qui sont considérés comme de
vulgaires criminels et qu'on traîne devant les tribunaux.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Houde, Limoilou): Cette motion de
deuxième lecture est-elle adoptée?
M. ROY: Sur division.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Houde, Limoilou): Adopté sur
division.
LE SECRETAIRE ADJOINT: Deuxième lecture de ce projet de loi.
Second reading of this bill.
Commission plénière et 3e lecture
M. LEVESQUE: Est-ce qu'on peut faire les écritures?
M. CHARRON: Oui, et la troisième lecture si vous voulez.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Houde, Limoilou): Alors, des écritures
et la troisième lecture. Sur division.
Rapport, écritures et troisième lecture adoptés sur
division.
M. LEVESQUE: Je propose que vous quittiez le fauteuil, M. le
Président, et que la Chambre se forme en commission
plénière.
Budget supplémentaire Commission
plénière
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Houde, Limoilou): Le leader du gouvernement
propose que je quitte le fauteuil et que la Chambre se forme en commission
plénière.
M. BURNS: Au niveau des crédits du Conseil exécutif,
j'aurais quelques remarques à faire. Le moment précis de les
faire m'a été suggéré par le président de
l'Assemblée nationale. Il y a quelques jours sauf erreur,
c'était mardi j'avais demandé un débat d'urgence
sur les nouvelles qui étaient successivement parues, d'abord, dans La
Presse du 15 décembre, sous le titre: "Québec investit $2
millions dans le contre-espionnage," qui furent reprises dans le Journal de
Québec du 17 décembre, sous le titre: "Une agence d'espionnage
financée, depuis deux ans, par le gouvernement québécois?
" Malheureusement l'extrait du journal que j'ai là ne m'indique pas de
quel journal il s'agit, mais, dans un journal du 16 décembre, on voit
aussi un autre titre: "$2 millions de Bourassa pour espionner les
Québécois." Finalement, j'ai aussi, devant moi, un extrait du
Montreal Star du 13 décembre, qui titre: "Twelve men keep Bourassa
posted. Watchdogs alert for trouble." Toutes ces nouvelles, tous ces titres de
journaux se réfèrent, en particulier, à un soi-disant
Centre d'analyse et de documentation que, maintenant, on appelle, pour fins de
référence facile, le CAD.
Ce qui m'a étonné, c'est que, dans l'entrevue que le
premier ministre a donnée à un journaliste du Star et qui est
rapportée dans le Montreal Star du 13 décembre, sous le titre que
je citais tantôt: "Twelve men keep Bourassa posted. Watchdogs alert for
trouble", je vois un
certain nombre d'admissions que cela existe, ce Centre d'analyse et de
documentation. Même, je vois des silences qui sont très
éloquents.
Si, véritablement, un tel Centre d'analyse et de documentation,
avec les fins que le journal La Presse de la semaine dernière nous
donnait, existe, moi, je voudrais, comme représentant de la population,
élu normalement pour voir à l'adoption de crédits
et l'occasion, comme le disait le président de l'Assemblée
nationale, est très bien choisie lorsqu'on discute les crédits du
Conseil exécutif vous dire: Comment se fait-il qu'on n'a pas eu
conscience d'adopter des crédits pour ce fameux Centre d'analyse et de
documentation, s'il existe? Ce que je veux, au départ, demander
clairement, une fois pour toutes, au ministre qui est chargé de
défendre les crédits du Conseil exécutif, c'est ceci:
Est-ce que, véritablement, ce CAD, ce Centre d'analyse et de
documentation existe? Est-ce qu'il émarge au budget de l'Etat du
Québec? Si oui, à quel endroit?
La raison pour laquelle je soulève cela au niveau du Conseil
exécutif, en plus de suivre tout simplement la suggestion du
président de l'Assemblée nationale, c'est que toutes ces
nouvelles relient ce fameux centre au Conseil exécutif ou au cabinet ou
même au premier ministre par l'entremise d'une personne qui s'appelle
Julien Chouinard, qui est secrétaire exécutif, je crois.
J'espère ne pas tromper dans son titre: en tout cas, il est
secrétaire exécutif en ce qui me concerne.
M. GARNEAU: Secrétaire général.
M. BURNS: Secrétaire général du Conseil
exécutif. Alors, si ce centre d'analyse et de documentation existe, si
le trait d'union avec le conseil des ministres est M. Julien Chouinard, c'est
peut-être le moment idéal pour soulever cette question. Si je la
soulève, c'est qu'une des personnes mises en cause est un fonctionnaire
du gouvernement, M. Gilles Néron, qui est directeur du Centre d'archives
et de documentation c'est peut-être une autre forme de CAD, le
Centre d'archives et de documentation, peu importe; lui aussi relève du
secrétariat général du Conseil exécutif a
répondu aux accusations disons accusations pour le moment
dans La Presse qui sortait, le 15 décembre, cette
nouvelle-là.
Mais il y a répondu d'une façon qui, elle aussi, me laisse
un certain nombre d'inquiétudes à l'esprit. Il répond en
douze points ou en douze paragraphes et cela, on le retrouve dans le Journal de
Québec, du 17 décembre.
Après avoir dit quelque chose qui, à mon avis, comporte
très peu de signification puisque je ne connais pas les
compétences de M. Néron en matière constitutionnelle et en
matière de division des pouvoirs, entre la juridiction
fédérale et la juridiction provinciale, il commence par nous
dire: De toute façon, s'il y en avait un tel CAD, cela relèverait
de la Gendarmerie royale du Canada et ce n'est pas notre juridiction, le
contre-espionnage. Alors, je passe pardessus cette afirmation qui, à mon
avis, est absolument non pertinente au débat. En effet, même si le
contre-espionnage, vu du point de vue international, est, sans aucun doute, de
juridiction fédérale et, donc, qu'il serait peut-être
utilisé par la Gendarmerie royale du Canada, il n'est pas impossible
qu'un Etat provincial, qu'un gouvernement comme le Québec ait un centre
parallèle de contre-espionnage.
Mais je m'attache plus particulièrement aux autres
réponses parmi les douze points qui sont, à mon avis, très
ambigus. Chacune des affirmations de ce M. Néron est reliée
à lui-même. Je vous donne des exemples. Sa deuxième
négation est la suivante: "Je n'ai jamais subi d'entraînement de
la part de spécialistes, non plus que personne d'autre de notre service.
Je n'ai jamais mis les pieds au Maroc." L'article de la Presse, au
début, disait qu'il avait subi son entraînement au Maroc. "Je n'ai
jamais reçu de leçon dans l'art de la documentation grâce
à une entente qui aurait existé avec le gouvernement
français; une telle entente n'existe, d'ailleurs, pas. Je n'ai jamais
subi d'entraînement qui a coûté $0.01 au gouvernement du
Québec." Cela continue comme ça. Je vous fais grâce de ses
autres citations. Il dit: "Je ne dirige pas un service qui fait ça. Je
ne fais pas ça." Je pense qu'il est important que ces
dénégations de la part de M. Néron prennent une forme
beaucoup plus officielle, si elles doivent être maintenues.
Alors, ce que je demande au ministre, ce n'est pas de dire que M.
Néron avait raison. C'était peut-être vrai, ce que dit M.
Néron. C'est peut-être vrai qu'il n'y a rien à faire avec
ça. C'est peut-être vrai aussi que la nouvelle, qui est parue dans
La Presse, est, à cet égard-là, nommant M. Néron,
inexacte.
J'aimerais bien savoir cependant s'il y a, sous la direction de M.
Julien Chouinard, soit dit en passant, qui aurait toute la préparation
pour cela à cause de ses antécédents, il n'y a pas un tel
centre de contre-espionnage. Quand je parle des antécédents de M.
Julien Chouinard, si je ne me trompe, il a déjà été
sous-ministre adjoint à la justice. Sous-ministre en titre? Bon. Il est
avocat. On connaît son habileté. On connaît également
le ministre de la Justice qui était là lorsqu'il était
sous-ministre en titre, c'est-à-dire M. Claude Wagner qui, je pense, est
une personne qui n'aurait pas dédaigné avoir un tel centre
d'analyse et de documentation. Et même s'il n'existait pas à ce
moment, ce M. Wagner avait sans doute toutes les aptitudes pour faire
fonctionner un tel genre de centre de contre-espionnage. En tout cas, ses
attitudes, moi qui n'étais alors qu'un simple citoyen, je les jugeais
comme celles d'une personne qui était capable de cela.
Le premier point que j'aimerais clarifier est le suivant: Est-ce que M.
Julien Chouinard a sous ses ordres des personnes, est-ce qu'il dirige ou est-ce
qu'il est l'entremetteur, d'une façon
ou de l'autre, d'un de ces services avec le Conseil exécutif?
M. GARNEAU: M. le Président, évidemment, le ministre
d'Etat à l'OPDQ administre le Service de placement étudiant et
les crédits supplémentaires qu'il s'était
préparé à défendre devant cette Chambre
concernaient le placement étudiant.
Relativement aux questions que pose le député de
Maisonneuve, évidemment, il y a d'abord le fond du problème tel
qu'il a été posé par un article paru dans un journal de
Montréal et repris par d'autres quotidiens, fond de la question qui, me
semble-t-il, a été relevé avec beaucoup d'à-propos
par M. Néron. Les négations que le député de
Maisonneuve vient de soumettre à cette Chambre, de la part de M.
Néron, ont pour but et avaient pour but c'est comme cela que je
les ai interprétées de bien démontrer que l'article
lui-même, tel qu'il a paru, recherchait certainement beaucoup plus la
sensation que la vérité. Parce que si vous faites abstraction,
dans cet article de journal, des commentaires qui rendaient l'article suave et
qui le rendaient extrêmement intéressant le gars qui avait
suivi un entrafnement au Maroc et qui avait été avec le
gouvernement français dans un autre type d'entrafnement cela
faisait une toile de fond qui donnait une très grande emprise à
l'imagination fertile des gens.
Mais la réalité est tout autre. C'est pour cela que M.
Néron a voulu répliquer. Il l'a fait, si je peux me permettre
d'employer cette expression, par des affirmations négatives, par des
termes extrêmement directs, disant que l'article en question était
un tissu de faussetés et d'inexactitudes.
Ce que je peux dire, en ce que les crédits sont concernés,
est que si on regarde l'évolution des crédits du bureau du
premier ministre, du Conseil exécutif évidemment, il faut
faire abstraction des crédits de l'OPDQ et du président
général des élections si on prend, par exemple, le
programme no 3, qui concerne le cabinet du premier ministre et le
secrétariat général, on voit que l'augmentation, en
1973/74 par rapport à 1972/73, est à peu près nulle. Si on
se reporte dans les crédits antérieurs et qu'on fait l'addition
des crédits qui ont été demandés à cette
Chambre pour fins administratives du secrétariat général,
du Conseil exécutif et pour l'administration centrale du Conseil
exécutif, on s'aperçoit que le taux de croissance des
dépenses, dans ces secteurs, a été relativement bas,
c'est-à-dire que c'est à peu près le même taux de
croissance que dans les autres secteurs.
Donc, le fait que le gouvernement ait investi $2 millions dans cette
aventure me paraît complètement en dehors de la
vérité, parce que si on avait passé $2 millions sur des
crédits qui totalisent pour cette année $2,553,000,
évidemment, cela aurait paru, avec...
M. BURNS: Mais on en parle comme d'un investissement de deux
années passées, je pense.
M. GARNEAU: Oui, mais en 1972/73 l'ensemble du même programme
représentait $2,547,000. Le programme no 3, qu'on retrouve dans le livre
principal des crédits. Et la comparaison pour 1973/74 est de $2,553,000.
Si on reprend c'est pour ça que j'ai envoyé chercher les
crédits de 1971/72 aux pages 81 et suivantes et qu'on regarde ce
qu'il y avait pour l'administration, $1,500,000 pour le secrétariat du
conseil parce qu'évidemment c'était une reconstitution des
données basées sur des catégories de dépenses pour
les ramener sur une base de programme on s'aperçoit qu'il y avait
environ $1,800,000 en 1971/72. Probablement qu'en 1970/71 c'était
à peu près la même affaire, je n'ai pas eu le temps de
vérifier.
Donc, sur l'ampleur des crédits une augmentation soudaine de $2
millions, ça aurait été réellement impossible,
parce que, à sa face même, ça aurait été des
augmentations de l'ordre de 25 p.c. à 30 p.c, ce qui aurait sauté
aux yeux de n'importe quel observateur. Mais il demeure que, dans un cabinet de
premier ministre, il y a toujours eu des personnes qui sont au service de
l'Exécutif, et particulièrement du bureau du premier ministre,
pour s'enquérir des situations qui se présentent.
Je vais vous donner un exemple. On m'informe que, dans le Bas-du-Fleuve,
il y a une situation extrêmement dramatique, des arbres qui sont
tombés sur la route, qui ont brisé des lignes
d'électricité; on demande même de décréter
l'état d'urgence dans certains coins du Bas-du-Fleuve. Si on demande
à quelqu'un: Qu'est-ce que c'est que le fond de l'histoire, est-ce que
vous êtes capable de ramasser les informations que ça prend pour
porter un jugement? C'est clair qu'il y a des gens qui, de tout temps, ont fait
ça d'ailleurs.
Dans nos cabinets de ministre, nous avons des adjoints qui dans nos
secteurs particuliers vont ramasser de la documentation pour présenter
au ministre des dossiers qui soient le plus complet possible pour être en
mesure de prendre des décisions en étant bien informés de
l'état de la situation.
Au moment des négociations collectives il se produisait
différentes choses à travers la province, par exemple soit les
événements qui se sont produits à Sept-Iles ou dans
d'autres endroits. Il fallait, à un moment donné, qu'au niveau du
bureau du premier ministre il y ait des personnes qui ramassent des
informations, sans quoi le premier ministre et les membres du Conseil
exécutif auraient été dans l'impossibilité d'avoir
les informations les plus précises qui amenaient dans certains cas
à prendre des décisions dans un sens ou dans'l'autre.
Et que M. Néron ait travaillé dans ce secteur, je suis
parfaitement d'accord; qu'il relève du secrétaire
général du Conseil exécutif, cela va de
soi, puisque les services administratifs de tout le Conseil
exécutif ont comme supérieur hiérarchique administratif le
secrétaire général du conseil; ça a toujours
été comme ça. Et en ce qui me concerne, je ne vois pas
qu'il y ait dans cette affaire de quoi fouetter un chat.
M. BURNS: Je prends la parole du ministre, mais le ministre me
répond en administrateur alors que je m'adresse à lui en homme
politique. Et c'est la distinction que je veux faire. Si on veut avancer
davantage dans cette espèce d'examen de la question, je le renverrai
à ce fameux article où le premier ministre a accordé une
entrevue à un journaliste du Star.
Il y a un certain nombre de choses comme ça. J'imagine que le
ministre des Finances est ici avec toute l'autorité nécessaire
pour répondre au nom du Conseil exécutif, mais j'aimerais qu'il
nous précise un certain nombre de faits ou, s'il ne le peut pas,
j'aimerais bien que le premier ministre...
M. GARNEAU: ... pas, je vous le dirai.
M. BURNS: J'aimerais bien d'autre part, vu que c'est la dernière
occasion probablement que j'aurai avant le mois de mars prochain, discuter de
ce problème de façon libre.
M. GARNEAU: Est-ce que je comprends que l'Opposition officielle entend
vouloir clôturer nos travaux aujourd'hui?
M. BURNS: Ah! non, ce n'est pas ce que j'ai dit. Si le président
m'a indiqué qu'il fallait que je soulève cette question au niveau
des crédits, je ne pense pas qu'on ait à discuter de
crédits avant le mois de mars prochain. Cela va? Je lis dans cet article
du Star les mots suivants et c'est les réponses du premier
ministre dans cet article du Star que je trouve inquiétantes: "Asked
whether this included political violence, he replied parce qu'il venait
de dire dans l'entrevue que les choses comme la violence étaient des
choses qu'il était intéressant de savoir, et c'est normal que le
chef du gouvernement le sache.
Il fallait qu'il sache quelle était la situation de la violence,
si elle s'exerçait un peu partout. Alors je cite: "Ask whether this
included political violence? He replied: No, well not hold-ups." Je cite du
journal. Et il continue: "I don't know how you could define it, Cabano, things
like that." M. le Président, on sait ce qui est arrivé à
Cabano, on sait que ce n'était pas des "hold-ups", c'est bien sûr,
et on sait qu'il n'y a pas eu de violence à Cabano; on sait qu'il y a eu
de la contestation cependant. C'est là le premier indice qui
cette réponse venant d'une personne que j'imagine responsable, qui
détient le titre de premier ministre de la province nous laisse
croire un certain nombre de choses auxquelles il faut répondre.
C'est-à-dire qu'on ne peut laisser dans une espèce de
clair-obscur cette situation.
Je cite d'autres extraits de l'entrevue qui sont, pour le moins,
étonnants, M. le Président. D'abord, il refuse
complètement de donner les noms de qui que ce soit qui pourrait
être dans le groupe. Déjà ça donne prise à
cette espèce de croyance que le ministre tantôt qualifiait
d'inexacte. Mais on sait qu'on peut dire que les choses sont inexactes mais
qu'elles ne sont pas fausses, fondamentalement. Je lis encore dans cet article:
"Mr. Bourassa would not reveal any names, nor say who the heads of the
information group were, other than that they were in close contact with the
Justice Department."
Autre aspect, M. le Président, qui peut nous faire poser des
questions. Si ce service a pour but, comme vient de le dire le ministre des
Finances, et comme le dit également le premier ministre, de tenir le
Conseil exécutif au courant de la situation locale, régionale au
Québec, ça va. Mais là, à tous les doutes, on en
ajoute un de plus ou une raison de plus de douter, c'est que c'est relié
au ministère de la Justice. Les mots exacts qui sont entre guillemets
dans l'article que je cite, c'est: "... in close contact with the Justice
Department." Donc, à proximité du ministère de la Justice.
On sait ce qui se passe depuis quelque temps, on connaît le
problème de l'écoute électronique; sans être
paranoïaque, M. le Président, ces temps-ci il est normal de se
poser un certain nombre de questions sur la façon dont on utilise nos
forces policières et les services de renseignements.
Je continue toujours avec cet article et là ce sont des doutes
qui s'additionnent, qui arrivent avec un doute tellement grand que, sans mettre
en doute les paroles que le ministre des Finances vient de me dire, je peux lui
demander de me donner plus de renseignements à ce sujet. La question du
journaliste est la suivante: "Do they en parlant des gens du service
practice the use of electronic listening devices? " Vous remarquerez la
réponse, ce n'est pas une négation complète;
réponse: "That would surprise me enormously." Cela le surprendrait mais
ce n'est pas non. Et on parle d'un service que le premier ministre, au
début de l'article, admet comme existant, admet comme étant
là pour l'informer et admet comme travaillant en collaboration
très proche avec le ministère de la Justice. Autre question,
à la suite de: "That would surprise me enormously." La question: "Don't
you know? " Réponse du premier ministre: "I don't ask any questions
about the work they do, I want to be informed.
It would surprise me greatly if they were using electronic listening
devices. These are used by Police forces not civilians."
M. le Président, le premier ministre admet, je n'ai pas entendu
le premier ministre nier le contenu de cet article jusqu'à maintenant.
Il aurait pu très facilement depuis la date de la publication de cet
article, c'est-à-dire depuis le 13 décembre, soulever une
question de privilège en Chambre et dire: C'est absolument faux, le
journaliste n'a pas rapporté mes paroles, etc.
Mais on continue, c'est encore pire, il dit: II y a un tel service, ce
service je ne le sais pas s'il se sert d'écoutes électroniques;
ça me surprendrait même énormément, dit-il. Mais il
dit: Cela ne m'intéresse pas. Je trouve ça grave qu'il ne soit
pas intéressé à ce service qui l'informe, qui est
conçu comme ça pour l'informer; peu importe les méthodes
qu'il utilise, ça ne l'intéresse pas le premier ministre. Bien,
M. le Président, franchement, ça me donne encore une fois de
sérieux doutes. Et je continue, j'achève d'ailleurs, ne vous
énervez pas.
Je continue dans ces question: "But you have not said whether the
members of this group are policemen or civilians". Et c'est quoi la
réponse du premier ministre? Cela aussi ça nous laisse de grands
doutes dans l'esprit, surtout sachant qu'il travaille en collaboration avec le
ministère de la Justice, surtout admettant que d'habitude
l'écoute électronique est utilisée par les policiers. Il
répond: "If I say they are policemen, you will take off running, because
policemen who work in a squad it is completely normal that the Premier be
informed on what is happening on the scene, when specific incidence happen. You
can relax they are not investigating your activities."
Encore une fois c'est une façon du premier ministre
d'éviter le fond du problème. Il dit aux journalistes: Ecoutez,
si je vous répondais que ce sont des policiers, vous partiriez en peur.
Vous seriez tout énervés. Mais ne vous inquiétez pas, ce
ne sont pas vos activités qu'ils examinent. A ce moment-là,
ça ne me rassure pas moi que ce ne sont pas les miennes. Ce n'est pas
d'ailleurs le but de ma question au ministre des Finances, régler mon
cas personnel, que ce service-là m'espionne ou ne m'espionne pas.
D'ailleurs je ne fais pas d'affirmation dans ce sens-là, loin de
là.
Ce que je veux savoir c'est l'existence même de ce service. C'est
la juridiction de ce service-là, comment il est venu à
naître, qui le dirige, comment il fonctionne, qui sont les personnes qui
sont à l'emploi de ce Centre d'analyse et de documentation admis par le
premier ministre et admis par le ministre des Finances comme existant. Combien
coûte-t-il au Québec? Cela peut être une réponse que
le ministre des Finances peut nous donner. Coûte-t-il $2 millions?
Tantôt vous m'avez donné, je le disais au début, une
réponse d'administrateur; vous m'avez dit: Comment voulez-vous qu'il
coûte $2 millions puisque les crédits, si on les regarde en
arrière, sont au total pour tout le Conseil exécutif d'à
peu près $2 millions?
Et, s'il coûte une somme, à quel budget émargent les
sommes affectées à ce centre, à ce CAD? Mais j'aimerais,
M. le Président, je le demande au ministre, et dans
l'intérêt de l'Opposition et dans l'intérêt des
autres membres qui siègent en cette Chambre et surtout dans
l'intérêt de l'ensemble de la population, qu'il essaie de nous
clarifier une fois pour toutes ce problème-là. Qu'il nous dise
exacte- ment c'est quoi, d'où ça vient. Je sais que c'est pour
vous informer, j'ai bien compris ça. Mais comment se fait-il que ce
groupement soit venu en vigueur?
Comment est-il dirigé? Combien il coûte, etc? Je lui
demande de faire la lumière sur tout le problème.
M. GARNEAU: Le député de Maisonneuve a posé une
série de questions. Je pense qu'il voulait utiliser l'article pour
étayer un peu sa pensée ou les craintes qu'il a sur l'ensemble de
la situation. Il ne s'attend pas que je réponde, une à une,
à toutes les questions qui ont été soulevées par le
journaliste et auxquelles le premier ministre a répondu. C'est pour cela
que je vais me permettre de commencer par la dernière question, qui a
rapport au coût. Evidemment, il s'agit de salaire de personnes, qu'elles
soient classées comme secrétaires particuliers adjoints du
premier ministre ou employées au bureau du premier ministre. Je ne
pourrais pas répondre avec précision à la question du
député de Maisonneuve, aujourd'hui. Il y a, quoi, deux, trois
salaires qui entrent là-dedans? Je ne pourrais pas y répondre,
mais je peux essayer de m'enquérir pour connaître...
M. BURNS: Je m'excuse. M. GARNEAU: Oui.
M. BURNS: Quand le ministre dit qu'il ne peut pas me répondre
aujourd'hui...
M. GARNEAU: Parce que je ne le sais pas.
M. BURNS: D'accord. Je ne vous fais pas grief là-dessus. Quand
vous me dites que vous n'êtes pas en mesure de me donner une
réponse aujourd'hui, est-ce que cela veut dire parce que je vois
la suspension pour l'heure du dîner arriver que cela vous serait
possible de nous la donner, lors de la reprise, à huit heures?
M. GARNEAU: Si je suis en mesure d'obtenir les informations,
certainement. Je voudrais plutôt revenir sur l'ensemble des propos qu'a
tenus le député de Maisonneuve, propos qu'il tient à
partir d'un article de journal et des questions qui ont été
posées au premier ministre avec les réponses qui ont
été faites.
Quand le député de Maisonneuve dit qu'il peut y avoir des
inexactitudes sans que cela soit complètement de la fausseté, je
suis bien d'accord avec lui. Moi-même, j'ai déjà
travaillé dans un bureau de premier ministre, pendant un certain temps.
Comme secrétaire exécutif du premier ministre M. Lesage, avant
1966, j'étais appelé à obtenir, pour le premier ministre,
des informations. Dans ce temps-là, il n'y avait pas de nom. Si
c'était une question de telle ou telle nature, cela pouvait être
moi qui étais appelé à essayer de communiquer avec le
maire de la place, avec le chef de police de la place, avec
une autre personne, un industriel en cause pour Vérifier et
obtenir des informations et transmettre un rapport au premier ministre. Dans
d'autres cas, cela pouvait être le chef de cabinet de M. Lesage, cela
pouvait être une autre personne.
Alors, on le faisait là où était sentie d'une
façon un peu plus précise la nécessité d'être
bien informé. C'est pour cela, tout à l'heure, que je vais
revenir sur la question de la relation avec le ministère de la Justice.
C'est important parce que le ministère de la Justice, c'est d'abord les
officiers du ministère et aussi la Sûreté du
Québec.
Lorsque, durant le temps des négociations des conventions
collectives, il y avait, par exemple, dans des écoles un
débrayage, soit de la part des étudiants, soit de la part des
enseignants, et qu'il nous fallait prendre une décision quelconque,
c'est clair qu'il y avait des gens au bureau du premier ministre qui essayaient
d'obtenir les informations, tantôt au ministère de l'Education,
tantôt à la Sûreté du Québec, tantôt au
ministère de la Justice pour être capables d'avoir un rapport
complet.
C'est pourquoi, lorsque le premier ministre dit que ce ne sont pas des
policiers, mais qu'ils sont en contact avec des gens de la Sûreté
je ne sais pas, moi, s'il y a un barrage de route quelque part, dans le
Témiscamingue, il est évident qu'ils vont communiquer avec le
maire de la place, avec le chef de police et probablement avec les
représentants de la Sûreté qui sont là la
réponse du premier ministre peut paraître vague, mais elle traduit
quand même une réalité. On ne peut pas dire que jamais il
ne téléphone ou il ne communique avec un agent de police ou que
jamais il ne communique avec un maire. C'est un ensemble d'informations.
M. BURNS: Pardon, M. le ministre. Il dit beaucoup plus que cela. Il dit:
"They work in close contact with the Department." Cela veut dire que c'est
quasiment un service parallèle au ministère de la Justice.
M. GARNEAU: Bien, ce n'est pas un service parallèle. C'est que
les officiers de police qui font des enquêtes, c'est en vue de quoi? En
vue de voir s'il y a des plaintes à porter suivant les lois existantes,
que ce soit une infraction au point de vue criminel, au point de vue civil, des
choses comme ça. Les policiers ont un travail à faire, qu'ils
font dans ce sens, mais s'il nous faut intervenir politiquement, soit par une
loi, soit par des subventions, soit par une décision administrative
quelconque, pour tenter de trouver une solution à un problème
local qui a créé un certain nombre de perturbations...
Si je prends par exemple Sept-Iles, lorsqu'il y a eu les
événements du mois de mai, il est évident que les
policiers pouvaient avoir un travail à faire sur le plan de
l'application des lois, et nous, en tant que membres du gouvernement, nous
devions aussi prendre un certain nombre de décisions, peut-être
sur le plan politique, soit par législation, soit par mesures
administratives. Il est évident que les gens qui ramassent les
informations pour l'intention du premier ministre et du conseil des ministres
doivent être en contact avec les gens de la Sûreté.
Pour ce qui est de la question de l'utilisation de l'écoute
électronique, pour ma part, et je sais que le député de
Maisonneuve en est convaincu, connaissant le premier ministre comme il le
connaît, il sait probablement le genre de réponse que le premier
ministre fait souvent. Dans sa façon d'aborder les choses quand il n'est
pas absolument sûr d'une chose, il garde toujours une certaine
réserve. Je pense que c'est la prudence élémentaire qui
l'a amené à le faire, mais de là à tirer comme
conclusion qu'il s'agit d'une espèce de mafia dotée de toutes
sortes d'équipements électroniques, etc., qui existe là,
je trouve qu'évidemment ça dépasse l'entendement.
M. BURNS: Vous, êtes-vous en mesure de le nier?
M. GARNEAU: Et moi personnellement, si c'était vrai tout
ça, je pourrais bien me poser des questions pour moi, puis mon
collègue et les autres pourraient poser des questions, mais on n'est pas
nerveux du tout.
M. BURNS: Non, vous n'êtes pas nerveux, mais est-ce que vous
êtes en mesure de me nier que ce centre d'analyse et de documentation, ou
appelons-le comme vous voulez...
M. GARNEAU: Je suis obligé de vous faire la même
réponse que le premier ministre a faite. Pas parce que je sais dans ma
tête que cela se fait, puis que je vous donne une réponse comme
ça, juste pour camoufler. Moi, je ne peux pas affirmer qu'un gars qui a
pas pris une décision ou une latitude qu'il n'a jamais été
autorisé de prendre, ce bonhomme n'a pas fait des écarts à
un moment donné à quelque endroit. Je ne vais quand même
pas affirmer des choses dont je ne suis pas absolument sûr, puis personne
ne serait capable de le faire.
M. BURNS: II y a combien de personnes, M. le Ministre...
M. GARNEAU: C'est ça que je veux essayer de savoir. Je ne sais
pas si on peut les considérer comme affectées là. Vous
connaissez bien Jean-Claude Rivest. Jean-Claude Rivest fait un travail de
rédaction pour le premier ministre. Si, à un moment donné,
le premier ministre lui demande de vérifier si les gens de Rouyn-Noranda
qui se plaignent sur l'attitude de M. Miljour, ont raison, est-ce qu'on va le
considérer comme membre du comment appelez-vous ça?
CAD...
M. BURNS: CAD.
M. GARNEAU: ... ou si on va le considérer comme faisant partie du
personnel du premier ministre? Alors, c'est de cela que je vais essayer de
m'informer...
M. SAMSON: M. le Président, est-ce qu'il me serait permis...
M. GARNEAU: ... et je vous donnerai la réponse après
l'ajournement.
M. SAMSON: Je pose une question de privilège, M. le
Président, puisque j'ai entendu le ministre des Finances parler de
Miljour et de mon comté.
M. GARNEAU: C'était une boutade.
M. SAMSON: M. le Président, ce que l'honorable ministre des
Finances vient de dire, bien entendu, si M. Rivest allait vérifier
à Rouyn-Noranda pour voir si c'est bien vrai ce qui s'est passé,
nous ne pourrions sûrement pas le considérer comme un membre du
CAD parce que je n'ai pas l'impression qu'il ferait une vérification
objective.
M. GARNEAU: Alors pour la dernière partie de la question du
député de Maisonneuve, si je suis capable d'avoir l'information,
je la donnerai volontiers à la reprise des travaux.
M. BURNS: Est-ce qu'il y a des policiers ou des anciens policiers dans
ce groupe, M. le Président?
M. GARNEAU: Je ne le sais pas. Comme je ne connais pas le nom des
personnes qui peuvent y être affectées, alors je vous dirai...
M. BURNS: Est-ce que vous seriez d'accord à soit inviter le
premier ministre à venir nous donner des réponses, si c'est lui
qui les a, ou soit vous-même venir nous les donner et à suspendre
au moins cet article? Pardon?
M. GARNEAU: ... crédit là-dessus, on peut quand même
aborder...
M. BURNS: Non, mais écoutez...
M. GARNEAU: ... et revenir tout à l'heure.
M. BURNS: ... je vous dis pourquoi je l'ai soulevé. C'est la
directive du président de l'Assemblée nationale. C'est le seul
endroit, m'a-t-il dit, où je pouvais possiblement le soulever. Comme
vous le savez, même si ce sont des crédits supplémentaires,
je ne suis pas limité à parler simplement de
l'élément direction et soutien administratif.
M. GARNEAU: Non mais ce que je voulais dire au député de
Maisonneuve, c'est que même si nous abordions la question du placement
étudiant, il reste cinq minutes, on va être encore sur les
crédits de l'Exécutif au retour, après le dîner. Je
pourrai répondre à ces questions si le premier ministre n'y est
pas personnellement.
M. BURNS: Je ne veux pas vous couper votre heure de dîner non plus
mais vous allez tenter d'obtenir des renseignements. Vos services
d'information...
M. GARNEAU: Je vais faire marcher...
M. BURNS: ... vont vous informer sur ce service d'information.
M. GARNEAU: C'est ça.
M. BURNS: Bon. Alors, à ce moment-là, cela me satisfait si
l'on peut avoir le plus précisément possible des réponses
là-dessus. Surtout à la veille d'un ajournement et de l'absence
de séances tians les jours qui vont venir, il me semble que ce n'est pas
normal que ce point d'interrogation reste dans l'air. Malgré les efforts
que fait le ministre des Finances, il ne me satisfait pas dans ses
réponses pour enlever ce doute ou faire, comme je le disais
tantôt, toute la lumière sur la situation.
M. ROY: M. le Président, sur le même point, est-ce que le
ministre des Finances accepterait de déposer la liste des noms et
adresses des personnes qui sont rattachées à ce service? Les
salaires également. Le nom, l'adresse, et les salaires.
M. GARNEAU: Je ne le sais pas, M. le Président. Je veux
m'enquérir, avant, des réponses que j'apporterai aux questions
que m'a posées le député de Maisonneuve. Mais je suis
assez surpris, en fait, de tout cela parce que je suis certain que, dans vos
cabinets respectifs, vous avez des gens qui font la même chose. Est-ce
qu'on va vous demander de déposer la liste des personnes...
M. ROY: Oui mais vous avez les noms, vous avez les adresses et c'est
vous autres qui déterminez les salaires.
M. GARNEAU: Vous avez tous les noms des personnes qui travaillent au
bureau du premier ministre, de a à z, aussi.
M. BURNS: Ce qui m'étonne davantage, M. le ministre, c'est que
quand j'ai commencé à parler de cela et je ne veux pas lui
imputer des intentions ni quoi que ce soit mais je tiens à souligner le
fait je présume qu'il m'a entendu, le premier ministre
était en arrière de la Chambre, et il a quitté la Chambre,
à ce
moment-là, après m'avoir regardé, donc sachant de
quoi je parlais.
Remarquez que c'est pour cela que j'insiste pour avoir des
renseignements. Vous allez admettre que si vous étiez à ma place,
vous ne laisseriez pas passer ce genre de réponses que vous me donnez
actuellement. J'en voudrais des plus précises.
Il est six heures, M. le Président.
M. LEVESQUE: M. le Président, nous allons suspendre la commission
plénière avec le consentement jusqu'à 19
heures 30.
M. BURNS: D'accord.
M. LEVESQUE: 19 heures 30. Sept heures et demie.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): La commission suspend ses travaux
jusqu'à 19 heures 30.
(Suspension de la séance à 18 heures)
Reprise de la séance à 19 h 35
LE PRESIDENT (M. Cornellier): A l'ordre, messieurs! La commission
plénière reprend ses travaux.
M. BOURASSA: Nous aurions pu adopter toutes les troisièmes
lectures, terminer les crédits et faire venir le lieutenant-gouverneur
dans les cinq minutes qui viennent de s'écouler, pendant lesquelles on a
attendu le leader parlementaire de l'Opposition.
M. ROY: Je veux, quand même, rassurer mon collègue, le
leader parlementaire de l'Opposition, et, en même temps, dire au premier
ministre de ne pas trop se bercer d'illusions, parce que nous n'étions
pas loin.
M. BOURASSA: On n'a rien fait.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): A l'ordre, messieurs! Est-ce que le leader
parlementaire a des commentaires à formuler à ce stade-ci.?
M. BURNS: J'ai des commentaires à formuler sur le problème
du Centre d'analyse et de documentation. C'est là-dessus qu'on s'est
laissés, n'est-ce pas? Le ministre des Finances m'avait indiqué
que, durant l'heure du dfner, il prendrait un certain nombre d'informations. Je
suis content de voir le premier ministre présent, parce que je pense
qu'il peut, lui aussi, nous donner un certain nombre d'informations. Je le dis
très sérieusement. Comme le premier ministre n'était pas
là lorsque j'en ai discuté, l'ambiguïté de la
situation demande, je pense, que soit le ministre des Finances ou soit le
premier ministre fasse un certain nombre de rectifications, s'il y a lieu, ou
de confirmations, s'il y a lieu aussi, relativement à tout ce
problème de Centre d'analyse et de documents pour qu'on sache, une fois
pour toutes, dans la population à quoi on a affaire dans cet organisme.
J'espère que le premier ministre n'utilisera pas son habileté
verbale habituelle pour éviter les questions ou pour éviter de
donner des réponses. Non, je le félicite là-dessus.
Remarquez que, si je ne voulais pas répondre à des questions, je
prendrais sa technique à lui; il en a une très bonne.
Mais ce n'est pas ça, actuellement que je lui demande. Je lui
demande, tout simplement, de nous dire carrément et clairement de quoi
il s'agit. Qu'il fasse la lumière là-dessus. C'est un peu ce que
j'ai demandé au ministre des Finances. Il n'y a peut-être rien
là-dedans, je suis prêt à l'admettre. Peut-être qu'il
y a beaucoup, cependant. Qu'il y ait peu ou beaucoup, j'aimerais que le premier
ministre nous dise jusqu'à quel point il y a des choses qui peuvent
être l'objet d'inquiétudes pour nous. Je n'ai pas
d'inquiétudes, encore une fois, sur le plan individuel, mais sur le plan
collectif. C'est dans ce sens que je pose cette question.
Si on en est rendu à une situation où tout le monde se
dit, et je ne peux pas m'empêcher de faire le parallèle avec les
tables d'écoute qui ont été installées chez des
avocats, avec tout ce que ça comporte le premier ministre le sait
au point de vue de la violation du secret professionnel, les tables
d'écoute qui ont été installées chez des dirigeants
très pacifiques de sociétés telles que la
Société Saint-Jean-Baptiste, avec les tables d'écoute qui
ont été installées chez des personnes d'un comité
de presse, je m'excuse si je ne cite pas exactement le nom de leur groupe. Ce
sont des choses qui ont été découvertes récemment.
L'année dernière, vous aviez également d'autres personnes
absolument pas du style contestataire, absolument pas du style violent, dont il
n'y avait rien à craindre quant à l'équilibre de la
société, qui ont été l'objet d'une écoute
électronique. Je ne peux m'empêcher de faire ce parallèle,
M. le Président, et je ne peux m'empêcher non plus, comme
député de l'Opposition, de demander au premier ministre de faire
toute la lumière là-dessus s'il le peut.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): L'honorable premier ministre.
M. BOURASSA: M. le Président, j'ai eu l'occasion de
répondre brièvement aux questions du député de
Rouyn-Noranda. Je comprends très bien que le leader parlementaire de
l'Opposition soulève la question de l'écoute électronique.
C'est un sujet à la mode un peu partout dans le monde; on voit les
débats actuellement en France. C'est pourquoi, à la mi-juillet,
j'avais annoncé, après discussion avec le ministre et les hauts
fonctionnaires du ministère de la Justice, l'établissement d'un
code d'utilisation. Le leader parlementaire de l'Opposition a posé une
question au ministre de la Justice ce matin. On aura très probablement
l'occasion, entre les deux sessions, d'examiner ce code d'utilisation de
manière à clarifier cette situation et à permettre un
cadre d'action qui soit plus clair que celui qui peut exister actuellement.
Pour ce qui a trait au Centre d'archives et de documentation, on a
grossi démesurément le rôle de ce centre. Je pense qu'il
est normal que nous ayons un centre de coordination. Nous avons connu certains
incidents depuis trois ans. On peut mentionner, par exemple, la grève
générale de la fonction publique. Il était utile d'avoir
au Conseil exécutif un centre de coordination. Si le gouvernement, par
exemple, avait décidé de demander aux cadres de ne pas se
présenter au travail à cause de la possibilité
d'incidents, il était normal pour lui d'avoir des outils pour rejoindre
tout le monde le plus rapidement possible. Il est également normal que
nous soyons informés de première main de ce qui se passe à
l'occasion d'incidents dans différentes régions.
Mais, c'est une douzaine de personnes qui travaillent à faire
l'analyse des situations et à faire des recommandations au gouvernement
et ça se fait d'une façon tout à fait normale. D'une
façon tellement normale qu'on a invité le chef de l'Opposition
à venir le visiter, en plein travail, à trois heures et demie de
l'après-midi; on l'a appelé, il a dit qu'il était trop
occupé.
Je comprends, j'accepte volontiers l'excuse qu'il a donnée.
Evidemment il trouvait que son travail en Chambre était autrement plus
important que de visiter un centre dont on avait grossi l'importance dans les
journaux, alors j'ai compris tout de suite le réalisme du chef de
l'Opposition, mais on lui a demandé de venir le visiter et il aurait pu
se faire accompagner du leader parlementaire de l'Opposition qui lui...
M. BURNS: C'est un peu comme une invitation à quelqu'un à
qui on attache les pieds. On lui dit, veux-tu courir le mille.
M. BOURASSA: Pas du tout, le leader de l'Opposition en a...
M. BURNS: On nous tient en Chambre, puis après ça on nous
invite à voir le CAD en question.
M. BOURASSA: On pourra trouver un autre moment. Le leader de
l'Opposition en a vu d'autres. Je n'ai pas l'impression que ça
l'énerve tellement l'affaire du CAD, il fait son boulot, parce que
c'est...
M. BURNS: Cela m'énerve pour la population.
M. BOURASSA: ... Je comprends. Non, ça ne l'énerve pas la
population. Il y a eu des articles dans les journaux là-dessus. Est-ce
qu'à chaque fois qu'un journaliste écrit quelque chose dans un
journal on doit faire un débat d'urgence, on doit en parler durant des
heures et des heures? J'ai donné toutes les explications, M.
Néron les a données aux journalistes. On a invité les
journalistes également à visiter l'endroit. Je peux
répondre, si le député a d'autres questions à poser
sur les personnes qui y travaillent; on a essayé de ramasser le plus
possible d'informations durant l'heure du souper. Je ne sais pas ce que
ça donnerait de donner les noms, mais je peux les donner.
M. BURNS: C'est ça, c'est exactement ce que j'ai
demandé.
M. BOURASSA: Bien, vous avez Paul Ber-nier, Léo Fillion, Gaston
Deschênes, Pierre Demers. Il n'y a pas d'anciens policiers puis il n'y a
pas d'espionnage.
M. BURNS: Cela fait cinq personnes que vous nommez.
M. BOURASSA: Bien ensuite il y a le personnel de bureau. Je ne sais pas
si on doit impliquer tous ces gens dans ce genre de débat, alors qu'ils
font un travail tout à fait normal, mais si le leader de l'Opposition
insiste je peux donner leurs noms.
M. BURNS: Oui, j'insiste. D'ailleurs ce n'est pas méchant pour
eux de le demander.
M. BOURASSA: Non. Clément Deslisle...
M. BURNS : Ils sont à l'emploi du gouvernement.
M. BOURASSA: Y compris les secrétaires?
M. BURNS: Tout le monde qui travaille à ce service-là.
M. BOURASSA: ... Louise Dufresne, Nicole Pageau, Jeanne Saillant; ce
sont les noms que j'ai pu avoir à ce moment-là.
M. BURNS: Alors ce sont toutes les personnes qui travaillent
là?
M. BOURASSA: Bien il y a une douzaine de personnes puis je viens de
donner dix noms environ, il y en a un ou deux qui me manquent. C'est assez
difficile à ce temps-ci de l'année de retracer toutes les
informations. Je pourrai compléter ces informations...
M. BURNS: Ce n'est pas moi qui vous fait siéger à ce
temps-ci de l'année. C'est...
M. BOURASSA: Non, non je dis à l'heure du souper; le centre
apparemment ne fonctionne pas ce soir...
M. BURNS: J'ai demandé au ministre des Finances, avant l'heure du
dîner, s'il pouvait nous dire combien coûtait ce service chaque
année.
Est-ce qu'il y a moyen d'obtenir cette information, soit de vous, M. le
premier ministre, ou soit du ministre des Finances?
M. BOURASSA: II y a 48 employés qui travaillent au
secrétariat général.
M. BURNS: Pardon?
M. BOURASSA: II y a 48 employés qui travaillent au
secrétariat du Conseil exécutif. Il y en a une douzaine pour le
CAD, le Centre d'archives et de documentation, et le budget c'est
environ un quart est donc d'environ $200,000.
M. BURNS: Cela n'est pas très précis, ce que vous me
donnez.
M. BOURASSA: Qu'est-ce que vous voulez de plus précis? Le budget
des salaires...
M. BURNS: Vous me dites qu'il y en a un quart, donc environ $200,000. Je
vous demande combien coûte ce service.
M. BOURASSA: Le budget est d'environ $200,000.
M. BURNS: $200,000 pour ce service?
M. BOURASSA: Oui. C'est ce que j'avais répondu au
député de Rouyn-Noranda.
M. BURNS: Bon.
M. BOURASSA: Le leader parlementaire de l'Opposition a fait un
parallèle entre M. Choui-nard et M. Wagner. Je pense qu'il ne
connaît pas M. Chouinard pour le comparer à M. Wagner.
M. BURNS: Je connais très bien M. Chouinard...
M. BOURASSA: Cela n'est pas du tout...
M. BURNS: ... et je connais très bien M. Wagner aussi.
M. BOURASSA: ... le même genre d'individu. M. Chouinard n'est pas
du tout le même genre d'individu que M. Wagner. C'est un homme
très modeste et...
M. BURNS: Ce n'était pas au niveau de la modestie, M. le
Président, que je faisais les comparaisons, mais j'ai eu
personnellement, professionnellement affaire à M. Chouinard, à
une époque où le député de Mercier ne savait
même pas s'il allait faire de la politique.
M. BOURASSA: Alors qu'il était sous-ministre de la Justice.
M. BURNS: C'était l'époque, justement, où les
policiers provinciaux ont tenté de se faire reconnaître et,
probablement que M. Chouinard ne faisait que transmettre les ordres de M.
Wagner ou peut-être que c'était l'inverse. Je n'ai pas,
d'ailleurs, en Chambre cela serait indécent, d'ailleurs, de ma
part à critiquer la conduite de M. Chouinard. Loin de là.
C'est d'ailleurs, un fonctionnaire très compétent, je tiens
à le dire. J'ai eu l'occasion de travailler avec lui au moment où
nous avons refait les règlements de la Chambre et j'ai été
en mesure de constater jusqu'à quel point M. Chouinard était une
personne compétente et jusqu'à quel point le gouvernement avait
fait un bon choix quant à cette espèce de haut fonctionnaire qui
l'assiste au niveau du Conseil exécutif.
Ce n'est pas du tout dans ce sens que j'ai fait des comparaisons. Je me
demandais simplement si M. Chouinard n'avait pas subi des traumatis-mes d'avoir
travaillé avec M. Wagner, non pas au niveau de la modestie, mais au
niveau de l'idéologie.
M. BOURASSA: Non. M. Chouinard, qui est le haut-fonctionnaire par
excellence, est habitué à transmettre les directives qu'il
reçoit de son ministre. Je ne connais pas la situation qui existait en
1962 ou 1963, mais, si je comprends bien le député, il a
l'impression que les relations qu'il a eues avec M. Chouinard...
M. BURNS: C'est une affaire que j'avais dite complètement en
passant et vous m'embarquez, M. le premier ministre.
M. BOURASSA: Je retire mes paroles.
M. BURNS: Je vous demande de ne pas continuer dans ce sens, car vous
m'embarquez dans une affaire que je n'avais vraiment même pas
envisagée. M. Chouinard, au cas où les gens en douteraient, a mon
respect le plus total. Ce n'était pas du tout à ce niveau que
j'avais soulevé la question. J'aimerais autant qu'on cesse de parler de
M. Chouinard.
M. BOURASSA: Ce n'est pas moi qui ai abordé le sujet.
M. BURNS: Non, non, sauf que, de la façon dont vous êtes
revenu sur le sujet, je trouve que cela m'embarque dans un tas de discussions
qui pourraient peut-être laisser croire que je ne me rends pas compte de
l'utilité de M. Chouinard auprès du conseil des ministres, ce qui
est absolument faux.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Adopté?
M. BURNS: M. le Président, je veux simplement savoir, entre
autres une question que j'avais posée au ministre des Finances et
peut-être que ce sera le premier ministre qui devra y répondre
comment est venue la création de ce Centre d'analyse et de
documentation. Le ministre des Finances a commencé à me
répondre; je dois dire qu'avec les renseignements qu'il avait il a
tenté de me donner toutes les informations possibles, mais il m'a dit:
Voici il y a eu peut-être un certain nombre d'étapes que je n'ai
pas pu vivre. Alors je demande au premier ministre s'il peut nous donner
l'historique de la création de ce Centre d'analyse et de
documentation.
M. BOURASSA: Le centre est né du besoin qu'on a ressenti d'avoir
une plus grande coordination. Je comprends que l'événement est
arrivé après la création du centre, mais cela a
prouvé a posteriori l'utilité du centre. Je parle de la
grève générale de mars et d'avril 1972 où il
était commode de pouvoir rejoindre le plus de monde possible, aussi
rapidement que possible. Même chose dans le cas de la grève des
policiers provinciaux. Il fallait que le premier ministre ou que le
gouvernement soit informé aussi rapidement que possible de ce qui se
passait dans les différentes régions. Je pense que le leader de
l'Opposition doit admettre que la qualité de l'information est
essentielle à la justesse des décisions qu'il faut prendre. Si le
gouvernement est mal informé, il peut prendre des décisions
très regrettables.
C'est pour avoir la meilleure qualité, améliorer au
maximum la qualité de l'information afin de prendre les décisions
en connaissance de cause. Il y a un journaliste, ce matin et ce n'est
pas un journaliste qui pêche par excès de sympathie pour le
gouvernement qui admettait que l'existence du centre pouvait avoir des
avantages en informant le gouvernement sur des situations réelles. Le
gouvernement, sentant qu'il est bien informé sur une situation, peut
prendre des mesures en conséquence. D'où, la
nécessité d'avoir une coordination et d'avoir la meilleure
information possible dans une situation assez mouvante que nous connaissons ces
années-ci.
M. BURNS: Je dois dire au premier ministre que j'admets qu'un
gouvernement normalement conscient se doit d'avoir des services d'information.
C'est absolument incontesté. Comment il les utilise et ce qu'ils font?
Cela est une autre affaire. C'est cela que je veux faire comme distinction. Je
ne blâmerai jamais le gouvernement de tenter d'obtenir des informations
sur la région X, Y ou Z au point de vue social, au point de vue des
préoccupations des gens. Bien au contraire, je vais féliciter le
gouvernement.
Mais c'est tout cet aspect, absolument, comment dirais-je,
indéterminé de la fonction de ce Centre d'analyse et de
documentation qui nous inquiète. Et, plus particulièrement, je
relevais, cet après-midi, dans l'article du Devoir qui a
été cité, en date du 13 décembre, l'interview du
premier ministre avec un journaliste j'ai dit du Devoir mais c'est le
Star qui disait que sa principale préoccupation, à ce
groupe, était les phénomènes de violence. Le premier
ministre prenait la peine de dire qu'il ne s'agit pas de violence au sens de
"hold up", de vol à main armée. "I do not know how you can define
it" disait le premier ministre. "Cabano, things like that". Cabano, c'est
évidemment un mouvement de contestation, un mouvement de personnes qui
ne sont pas d'accord avec la façon dont le gouvernement administre un
certain nombre de choses. Cela me laissait un certain nombre aussi de doutes.
Mais...
M. BOURASSA: ... cause la contestation. M. BURNS: Pardon?
M. BOURASSA: Le centre a pour but d'analyser les causes de la
contestation. Je pense que c'est utile pour le gouvernement.
M. BURNS: Bien oui.
Mais le premier ministre va comprendre que je doive me poser des
questions lorsque j'entends cette première affirmation et que je la mets
côte à côte avec sa réponse relativement à
la possibilité de l'utilisation de l'écoute
électronique à l'intérieur de ce groupe.
Est-ce que le premier ministre est en mesure de me dire, alors qu'il ne
pouvait pas le faire quand la question lui a été posée par
le journaliste du Star... Je m'excuse si je répète quelque chose
que j'ai dit avant l'heure du dfner...
M. BOURASSA: J'ai entendu le député.
M. BURNS: Bon, alors le premier ministre sait ce dont je parle.
L'article en question que le premier ministre, d'ailleurs, a sans doute lu,
parce qu'il lit tout ce qui le concerne, il lit sûrement toutes les pages
où on parle de lui...
M. BOURASSA: Non seulement ce qui me concerne, mais également ce
qui concerne le député de Maisonneuve, y compris la mise au point
du Conseil exécutif, ce matin, sur son chef de cabinet. Mais on ne
reviendra pas là-dessus.
M. BURNS: Oui, je l'ai. Voulez-vous en parler? Est-ce que ça vous
tente d'en parler?
M. BOURASSA: Non, non.
M. BURNS: C'est hors d'ordre, remarquez.
M. BOURASSA: On n'en parle pas. Le député de Maisonneuve
sait qu'on est d'accord pour dire que le Parti québécois est trop
bourgeois, actuellement. On n'est pas pour reprendre un débat...
M. BURNS: Ah non, je ne suis pas du tout d'accord avec cela.
M. BOURASSA: Non?
M. BURNS: Je suis d'accord pour dire avec vous, comme vous pourriez
peut-être me le dire, si jamais vous étiez complètement
franc, que le Parti libéral, lui, est beaucoup trop bourgeois...
M. BOURASSA: On peut reparler de notre législation.
M. BURNS: ... et beaucoup trop représentant d'une classe de la
société.
M. BOURASSA: Regardez votre...
M. BURNS: Mais de toute façon, M. le Président, ce n'est
pas dans ce domaine que je veux obtenir des précisions de la part du
premier ministre. D'ailleurs, je sais qu'il n'admettrait jamais ce que je viens
de lui poser comme question.
M. BOURASSA: De toute façon, on m'empêcherait de le
faire.
M. BURNS: M. le Président...
M. BOURASSA: Pour répondre et expliquer, le ministre des Finances
a très bien répondu et je peux répéter. C'est que
lorsqu'on m'a posé la question, j'ai dit non, mais évidemment, je
ne peux pas...
M. BURNS: Mais depuis ce temps, M. le premier ministre, vous avez sans
doute vérifié.
M. BOURASSA: J'ai vérifié. Il n'y en a pas. Il n'y a pas
d'espionnage électronique.
M. BURNS: II n'y a pas d'espionnage électronique?
M. BOURASSA: Non.
M. BURNS: II n'y a aucune personne, dans ce CAD, qui a pour fonction
soit de faire de l'espionnage électronique, soit de se mettre en contact
avec des policiers, comme vous le mentionnez d'ailleurs dans cet article, pour
faire de l'espionnage électronique?
M.BOURASSA: M. le Président, on m'a donné l'assurance
qu'aucun espionnage électronique n'était fait par les membres du
CAD.
M. BURNS: Est-ce que je peux vous demander qui vous a donné cette
assurance?
M. BOURASSA: C'est M. Chouinard. Le cas relève de la
responsabilité de M. Chouinard. D'ailleurs, j'en étais convaincu.
Mais, comme l'a dit le ministre des Finances, comme on ne peut pas
vérifier tous les jours ce qui se fait, j'ai dit non, mais s'il y avait
eu une possibilité... Dans mon esprit, c'était pour
vérifier immédiatement, mais j'étais convaincu qu'il n'y
avait pas de recours à l'écoute électronique. J'ai
vérifié et il n'y en a pas.
Donc, ce que j'ai dit au journaliste correspondait à la
vérité qu'il n'y en avait pas et il n'y en a pas.
M. MORIN: C'est un bon point de réglé, M. le Premier
ministre.
Vous avez dit il y a un instant que ce service, non seulement est
chargé de vous renseigner, mais il est chargé également
d'analyser les causes de la contestation.
M. BOURASSA: A certains endroits, quand il y a des incidents.
M. MORIN: Dois-je comprendre que ce service comporte des gens qui sont
spécialisés là-dedans comme des sociologues par exemple ou
des psychologues, ou si ce sont simplement des fonctionnaires sans
entraînement particulier pour ce genre d'analyse?
M. BOURASSA: Disons que ce sont des gens qui sont surtout limités
à l'analyse de faits. Qu'est-ce qui a expliqué la contestation au
Témiscamingue, à Cabano, à SOGEFOR, en
Abitibi, lorsque des routes étaient bloquées? Je veux
rafraîchir la mémoire du chef de l'Opposition. Tout est calme
depuis plusieurs mois, mais durant un an ou deux, il arrivait
fréquemment que les routes étaient bloquées ou qu'il y
avait toutes sortes de contestations, et parfois des contestations qui
étaient violentes.
Ce sont des analyses de faits qui étaient faites par ces
gens.
M. MORIN: C'est une analyse, somme toute, assez superficielle des
causes. Quand vous dites causes, vous voulez dire des causes immédiates,
les faits eux-mêmes, et non pas...
M. BOURASSA: Je ne dirais pas superficielle, je dirais partielle, parce
que ces gens étaient là pour nous informer sur les causes
immédiates.
M. MORIN: Parce qu'évidemment l'objet premier d'une contestation,
en général, c'est le pouvoir. Et je pense qu'il
n'échappera pas au premier ministre les dangers que ça pourrait
comporter. Si le pouvoir se mettait à analyser et à
interpréter toutes les contestations, ce serait par rapport à
lui-même nécessairement. Je pense que les dangers ne lui
échapperont pas.
M. BOURASSA: Non, on fait simplement constater la situation.
M. MORIN: Merci.
M. LESSARD: Simplement avant de terminer, concernant les crédits
du Conseil exécutif, est-ce que le ministre des Finances pourrait nous
donner certaines explications concernant le $1,575,700? Comment ça se
dépense?
M. GARNEAU: Ces sommes ont été affectées au Service
de placement étudiant par l'ampleur qu'a prise le programme et les
demandes qui sont survenues en particulier dans le programme 2 plus 1, et
également l'approche par projet des ministères.
Nous avons dû, quelque temps après le dépôt du
budget, faire deux appels au fonds de secours pour un montant de $575,000 dont
une partie pour des comptes qui sont entrés après l'année
financière 1972/73 pour lesquels des crédits étaient
disponibles. Mais les comptes n'étaient pas entrés et on n'a pas
été capable de les payer à même l'année
financière 1972/73. C'est donc revenu sur l'année 1973/74, qui
englobait des crédits qui devaient servir pour cette année, mais
qui payait des comptes pour l'année antérieure.
Donc, le $1,575,700 sert à rembourser le fonds de secours pour
$575,700 et il y a également...
M. LESSARD: Au Service de placement étudiant?
M. GARNEAU: Tout le montant est au
Service de placement étudiant. Et le million additonnel c'est
l'accroissement des sommes qui ont été mises dans ce programme
à cause de l'ampleur qu'il a pris, les demandes de la part des
entreprises. En fait, via le Service de placement étudiant, soit
directement dans les ministères ou par ce qu'on a appelé approche
par projet ou encore dans le programme 2 plus 1 dans les entreprises, il y a eu
32,500 étudiants qui se sont prévalus de ce programme,
comparativement à 6,000 ou 7,000 les années
antérieures.
Alors, c'est pour répondre à ces deux facteurs que les
crédits ont été augmentés.
M. LESSARD: Autrement dit, il y a eu une augmentation du nombre de
projets prévus par le gouvernement?
M. GARNEAU: C'est ça. Evidemment, les demandes des entreprises
ont été beaucoup plus grandes que prévu; cela a
réagi beaucoup plus.
M. LESSARD: Maintenant, est-ce que le gouvernement a un contrôle
justement sur ces projets, parce qu'une partie est payée par le
gouvernement fédéral?
M. GARNEAU: C'est ça. Pour ce qui est de l'approche par projet,
les demandes étaient faites par les ministères. Disons que, si le
ministère des Terres et Forêts avait un projet pour établir
des sentiers de nature ou des choses comme ça là, tous les
salaires étaient payés par le gouvernement. Il y a eu des projets
aux Affaires sociales aussi avec la collaboration de la Croix Rouge et la Plume
Rouge. C'étaient des salaires payés directement par le
gouvernement, à 100 p.c. L'autre partie avec les entreprises, il
s'agissait d'un montant payé par le gouvernement, disons 20 p.c, 30 p.c.
ou 40 p.c. du salaire, et le reste était payé par l'entreprise
qui engageait ces étudiants via le placement-étudiant.
M. LESSARD: Alors, justement, sur cette deuxième catégorie
de projets avec les entreprises, comme c'est remboursé en grande partie
par le gouvernement fédéral, le gouvernement du Québec n'a
pratiquement aucune initiative. C'est automatique avec l'entreprise?
M. GARNEAU: Non, ce programme n'était pas relié à
une activité du gouvernement fédéral; c'était une
activité du service de placement-étudiant qui était en
cause. Le fédéral avait un programme concernant les jeunes, mais
c'était complètement séparé. Celui-ci est une
initiative purement provinciale, québécoise et qui
émargeait au budget de l'OPDQ et du Conseil exécutif.
M. LESSARD: Cela donne comme montant global, au service étudiant,
en ajoutant ces $1,575,700?
M. GARNEAU: $3.5 millions.
M. LESSARD : Autour de $3.5 millions.
M. GARNEAU: Oui, $3,500,000. Il y avait eu $2.5 millions prévus
lors du dépôt du budget original, tel qu'annoncé dans le
discours du budget, et on ajoute $1.5 million dont $210,000 pour payer une
somme de l'année 1972/73, à cause du jeu de la fin de
l'année financière.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Est-ce que ces crédits sont
adoptés?
M. GARNEAU: Est-ce que vous êtes disposés à
poursuivre les Travaux publics?
M. ROY: Oui.
M. LESSARD: Oui.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Les crédits du Conseil
exécutif sont adoptés. Nous procédons maintenant aux
crédits du ministère des Transports.
M. LESSARD: Est-ce qu'on termine les Transports?
M. MAILLOUX: M. le Président, en commençant l'étude
des crédits des Transports, j'avais promis aux membres de l'Opposition
de donner la liste de tous les clubs de motoneige qui ont été
subventionnés dans la province, dans le montant de $315,000. J'ai remis
tantôt au député de Saguenay cette liste et je voudrais
donner la même copie aux membres du Parti créditiste.
J'avais informé les membres de la commission que la
différence qui était demandée, de $365,000, couvrait les
clubs dont l'agrément a été accepté par le
ministère et que la somme de $15,000 supplémentaires était
pour les organismes que j'ai mentionnés à la dernière
séance.
Quant au montant de $200,000 supplémentaires, il concerne la
signature d'une entente entre le gouvernement du Québec, la Commission
de transport de la communauté régionale de l'Outaouais, la
Commission de transport régionale Ottawa-Carleton et la Commission de la
capitale nationale relativement à l'établissement d'un circuit de
ceinture ou l'équivalent pour le transport de voyageurs par autobus,
reliant les deux réseaux d'autobus de la région d'Ottawa-Hull, et
l'échange de correspondances entre les deux réseaux.
Cet arrêté en conseil autorisait un montant de $300,000
dans l'année financière en cours. Comme il n'y avait pas de
crédits au budget principal, un montant de $100,000, étant en
disponibilité au même élément de programme, a
déjà été versé et le montant
supplémentaire de $200,000 est pour combler la différence.
M. LESSARD: Quant à moi, pour le service aux usagers, il n'y a
pas d'autres questions.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Programme 2, élément 2.
M. MAILLOUX: Est-ce qu'on désire le détail?
UNE VOIX: Oui.
M. MAILLOUX: M. le Président, il y a d'abord un montant de
$300,000 qui concerne la conversion du système de renouvellement du
permis de conduire. Il y a eu 1,200,000 envois supplémentaires. Il y a
l'augmentation en flèche des permis de conduire pour les motoneiges, les
taxis, 100,000 nouveaux permis, principalement dans le domaine de la motoneige.
Il y a le système de points de démérite, où il y a
eu 200,000 envois supplémentaires. Il y a l'augmentation
générale de l'ordre d'environ 10 p.c. qui fait un premier montant
de $300,000.
M. LESSARD: Pour l'émission des permis de conduire concernant
justement les conducteurs de motoneige, est-ce qu'il y a un montant
d'exigé? Je ne le crois pas.
M. MAILLOUX: II y a un montant minime, je pense, qui a été
exigé. Les membres de la commission se rappellent que c'était la
première année où un tel permis était exigible.
M. LESSARD: Un montant minime mais vous ne pouvez pas...
M. MAILLOUX: Très, très minime.
M. LESSARD: Donc, ça apporte un certain revenu au
gouvernement.
M. ROY: La différence entre les $300,000 et les $930,000?
M. MAILLOUX: Oui, je donne la différence, M. le Président.
Il y a également un montant de $50,000 de frais de voyage pour
l'implantation des examens pour motoneigistes; b) permis de chauffeurs de taxis
et frais de voyage encore pour la surveillance accrue des écoles de
conduite.
Il y a également un montant de $75,000 pour les commissions aux
émetteurs. Les bureaux à salaire sont surchargés et le
surplus de la clientèle se déverse dans ces bureaux. Augmentation
des transactions supérieure à la normale, 5 p.c. de la taxe de
vente en commissions, pour $75,000. Il y a également...
M. ROY: Un instant, avant de parler des commissions aux
émetteurs, dans les bureaux d'enregistrement, il y a toujours $0.50 de
plus qu'une personne doit payer pour renouveler son permis de conduire ou son
enregistrement. Maintenant, dans les autres postes, comme Québec, par
exemple, ou Montréal, ce sont des salariés qui sont à
même le budget de la
fonction publique. Alors, comment expliquez-vous le montant de $75,000
en augmentation de commissions?
M. MAILLOUX: Le problème qui se pose, tel que vient de le dire le
député de Beauce-Sud, dans les bureaux gouvernementaux est qu'il
n'y a pas des frais, tandis que pour la majorité des clients en fin de
semaine ou à des heures anormales il y a des bureaux à commission
qui peuvent accommoder les clients pour le montant de $0.50 qui est
mentionné. Je pense qu'étant donné que le ministère
doit payer des commissions supplémentaires, c'est pour cette raison que
le montant de $75,000 est demandé.
M. ROY: Oui, mais les commissions supplémentaires...
M. MAILLOUX: Elles sont plus importantes que prévu dans le cours
des mois actuels aux bureaux à commission.
M. ROY: Mais à qui les commissions supplémentaires? Est-ce
que c'est aux employés salariés dans les bureaux du gouvernement
ou si c'est une commission additionnelle que vous donnez dans les bureaux?
M. MAILLOUX: C'est la commission aux émetteurs qui doit
être payée dans un laps de temps donné. Je sais que dans
les mois précédents... On m'informe que le montant de $75,000 est
pour les heures supplémentaires dans les bureaux gouvernementaux et non
pas à commission.
M. ROY: Les heures supplémentaires. D'accord.
M. MAILLOUX: II y a également, pour les plaques
d'immatriculation, augmentation du coût unitaire des plaques de $0.29
à $0.35 plus augmentation normale du nombre des plaques et le
remboursement de fonds de suppléance au ministère des Finances
pour lancer l'opération Photographie des chauffeurs de taxi. Le tout
pour un montant de $275,000 pour l'augmentation des plaques et un montant de
$230,000 pour le dernier article que j'ai mentionné, ce qui fait un
grand total de $930,000 à l'article 2, paragraphe 2.
M. ROY: Au niveau de l'émission des plaques, si ma mémoire
est bonne, à la suite de ce que nous avons entendu à la
commission parlementaire de l'industrie et du commerce, le gouvernement a
changé d'endroit pour faire les plaques. Est-ce que la dépense
que vous avez ici, prévue au budget, a été
occasionnée par le fait que vous avez changé d'endroit?
M. MAILLOUX: Je me rappelle qu'en discussion avec le ministre de
l'Industrie et du Commerce, nous avions forcément le problème
d'une industrie que connaît le député de Beauce-Sud et qui
était en difficulté et qui appartient en partie à la
Société générale de financement.
M. ROY; D'accord.
M. MAILLOUX: Alors, il a fallu encourager directement une industrie pour
éviter la fermeture. Je ne pourrais cependant affirmer que le
ministère devrait faire la même chose cette année.
M. ROY: Au niveau de cet encouragement, est-ce que le ministre peut nous
dire si cet encouragement a été fait en tenant compte des
coûts que le gouvernement devait payer ailleurs ou si cela a
été fait à un prix préférentiel?
M. MAILLOUX: Je dois confesser que cela coûtait plus cher que ce
que nous aurions pu obtenir d'une industrie de la rive-sud qui avait offert des
prix de concurrence. Mais j'ai donné tantôt la raison pour
laquelle, étant donné la situation financière difficile de
la compagnie de Valcartier où était présente la
Société générale de financement, malgré
l'excédent des coûts, je pense qu'il était sage de ne pas
laisser fermer les portes de cette industrie. Et l'ex-collègue de
Portneuf du député de Beauce-Sud se rappelle qu'il y avait eu une
insistance de la part de ce représentant également.
M. ROY: Est-ce que le ministre pourrait nous dire de quel ordre peut se
situer cette subvention indirecte?
M. MAILLOUX: Sans vouloir mal informer le député, je pense
que c'était de l'ordre d'environ 10 p.c.
M. ROY: 10 p.c. sur?
M. MAILLOUX: Sur le coût des plaques.
M. ROY: $275,000?
M. MAILLOUX: C'était plus que cela. Je pourrais donner
l'information plus directe au député ou aux membres des deux
partis de l'Opposition. Je sais que l'augmentation était de 10 p.c. pour
l'ensemble des plaques à manufacturer.
M. ROY: Je remercie le ministre.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Programme 2. Adopté?
M. ROY: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Programme 5.
M. LESSARD: Au programme 5, M. le Prési-
dent, il y a un montant total de prévu de $1,220,000; soutien
administratif: $420,000. Est-ce qu'il s'agit de nouveau personnel qu'il a fallu
engager? Est-ce que le ministre pourrait nous donner des explications?
M. MAILLOUX: Si je peux retrouver les documents que je trafne depuis dix
jours... Il y a un montant de $230,000 pour la mise en marche de plusieurs
systèmes mécanisés relatifs à l'implantation de
nouvelles lois. Il y a également un montant de $40,000 pour des
dépenses de location d'équipements, dépenses qui sont plus
élevées que les prévisions initiales. Et il y a un montant
de $150,000 pour l'utilisation d'un papier spécial pour le traceur
numérique Calcon. Augmentation du coût de la papeterie et mise en
marche du nouveau ministère des Transports.
M. LESSARD: Qu'est-ce qui a nécessité ce nouveau papier
spécial? Est-ce que ce sont les systèmes?
M. MAILLOUX: Les nouveaux systèmes d'informatique.
M. LESSARD: Pour moi ça va, M. le Président, au sujet du
no 2.
M. ROY: Cela va.
Le soutien technique, article 3, programme 5. Il y a $800,000
demandés.
M. MAILLOUX: C'est au sujet du matériel, la réparation du
matériel de même que la majoration dans les coûts de
remplacement des pièces; il y a des montants de $300,000 et $500,000
pour tout le service du matériel. Devant l'augmentation
considérable des coûts, il faut ajouter le montant de $800,000
pour couvrir cet article-là.
M. ROY: D'accord.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Adopté. Programme 5,
adopté?
UNE VOIX: Oui.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Programme 8.
M. ROY: L'aide au transport scolaire au niveau
élémentaire. Je n'ai pas évidemment les demandes de
crédits du début de l'année, mais est-ce que le ministre
pourrait nous dire s'il s'agit d'une addition, d'un montant
supplémentaire et s'il y avait déjà une prévision
dans le budget initial?
M. MAILLOUX: II y a deux problèmes dans ce programme. Il y a
d'abord un montant de $264,000 pour le transport des enfants des immigrants,
montant qui ne paraissait pas au budget initial. L'on se rappelle que, dans le
transport scolaire de la province de Québec, nous avons dû
reconduire tous les contrats de transport scolaire d'une année, quand le
ministère de l'Education a retourné vers les Transports ce
programme. Il y a dans ce montant le transport scolaire des enfants des
immigrants et il y a également la clause "escalatoire" qui était
accordée sur l'ensemble des contrats que nous avons reconduits, pour un
montant global de $4,600,000.
M. ROY: Le transport scolaire au niveau secondaire, est-ce à peu
près la même chose?
M. MAILLOUX: II y a un montant au niveau élémentaire, il y
a un montant au niveau secondaire et il y a environ $260,000 pour le nouveau
transport accordé aux enfants d'immigrants. Il y a transport
élémentaire et secondaire de tous les contrats reconduits pour
une année, Cela concerne l'augmentation qui avait été
acceptée.
M. ROY: D'accord.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Programme 8, aodpté?
M. LESSARD: Travaux publics, programme 1.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Travaux publics, programme 1.
M. LESSARD: Acquisition d'espaces existants, $543,600. Est-ce que le
ministre pourrait nous donner certaines explications? J'aurais d'abord une
question de politique générale. L'ex-ministre des Travaux publics
nous avait parlé d'une politique générale qui devait
être élaborée par le ministère des Travaux publics,
concernant, soit la location, soit la construction d'immeubles. Est-ce que le
ministre peut nous dire si cette étude est maintenant terminée ou
a commencé ou a été faite?
M. MAILLOUX: Est-ce que le député pourrait recommencer le
début de sa question?
M. LESSARD : Je ne voudrais pas élaborer, mais simplement avoir
un oui ou un non. L'ex-ministre des Travaux publics nous avait parlé
d'une politique générale qui devait être
élaborée par le ministère des Travaux publics concernant,
soit la construction d'immeubles par le gouvernement du Québec, ou la
location d'immeubles. Est-ce que cette étude a été faite,
ou est-ce qu'elle est terminée ou pas?
M. MAILLOUX: II y a eu une première expérience qui a
été faite, je pense, dans Saint-Jérôme pour
permettre au ministère de compléter l'étude du
problème. Le ministère a,
par la suite également, procédé à quelques
négociations, option bail-achat.
Nous sommes actuellement à compléter les bases de la
demande de contrats pour permettre à ceux qui sont
intéressés à soumissionner d'avoir tous les
éléments de soumission.
M. LESSARD: Maintenant, concernant l'acquisition d'espaces existants, il
s'agit de locations?
M. MAILLOUX: Le premier montant de $543,000, ce sont des clauses
"escalatrices" reliées aux baux payés auparavant dans le
programme 2 et que nous devons assumer.
M. LESSARD: Une minute. Par clauses "escalatrices", vous voulez dire
quoi?
M. MAILLOUX: Qui apparaissent dans ces baux.
M. LESSARD: Dans les baux.
M. MAILLOUX: C'est ça. Il y a les avenants et les hausses, lors
du renouvellement de baux existants également, qui donnent le montant
global de $543,000.
M. LESSARD: Mais comment cela se fait-il, étant donné que
ces clauses "escalatrices" étaient prévues dans le contrat?
M. MAILLOUX: Oui. La plupart des contrats contiennent des clauses
"escalatrices" qui, définitivement, prévoient des augmentations
prévisibles. Il y a certains baux, évidemment, qui contiennent
ces clauses.
M. LESSARD: Donc, étant donné que c'était
prévisible, on ne l'avait pas prévu dans le budget.
M. MAILLOUX: II y a ça et il y a les avenants et les hausses sur
les nouveaux contrats. Mais il y a principalement les hausses sur les nouveaux
contrats qu'a dû négocier le ministère des Travaux
publics.
Il y a un aménagement dans le complexe G au montant de $175,000
pour le ministère des Affaires municipales. Il y a un montant de
$400,000, installation du ministère de l'Education dans les ensembles
urbains à Montréal, achat de meubles, etc. Il y a $100,000 pour
l'installation des bureaux du ministère des Institutions
financières dans la tour de la Bourse, à Montréal. Il y a
également un montant de $200,000 pour des projets mineurs de
réaménagement un peu partout dans le Québec. Il y a
$150,000 pour la centralisation à Saint-Jean, comprenant la location
d'un édifice pour le centre administratif. Il y a un montant de $600,000
pour l'aménagement de la Place de la capitale.
M. LESSARD: Alors, M. le Président, quant à moi, cela
va.
M. MAILLOUX: Elément 1-5, ameublement et décoration pour
$183,000; c'est l'ameublement des locaux loués Place de la capitale.
M. LESSARD: Adopté, M. le Président, quant à
moi.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Programme 1,adopté. Programme
2?
M. MAILLOUX: Programme 2; il y a l'élément 2-1, $39,000
pour services de génie, engagement de techniciens pour services
techniques de Québec. Il y a $473,000 pour des réparations
à contrat; ce montant est nécessaire pour payer des contrats de
réparations urgentes qui n'ont pu être prévues au budget.
Il y a un montant de $150,800 pour fournitures et approvisionnement. Ce montant
se justifie par une augmentation des matériaux utilisés par les
ouvriers en régie.
Elément 2-2; il y a la gestion des immeubles, $50,000, engagement
de personnel pour organiser la direction régionale, autres
régions, suite au nouveau plan d'organisation du ministère. Il y
a $95,000 pour le réengagement de cinq techniciens
spécialisés à contrat, du 1er octobre 1973 au 31 mars
1974, pour entretien préventif aux complexes G, H et J, de même
que des montants prévus pour les hausses de taxe de service. Il y a un
montant de $349,900 pour le nettoyage dans les édifices G, H et J, cinq
mois n'étaient pas inclus dans les dépenses de 1972/73, donc, ils
n'ont pas été ajoutés à l'enveloppe de base, plus
seize nouveaux édifices non prévus. Il y a un montant de $705,000
pour l'huile à chauffage et l'électricité; le montant
prévu initialement ne comprenait pas l'augmentation des prix
réels, ni l'augmentation des superficies exploitées.
Elément 2-3, $82,900, gardiennage non prévu au complexe
scientifique.
Elément 2-4, poste et messageries. Il y a $640,000 pour les frais
de poste, les montants prévus ne comprenaient pas les hausses de tarif,
ni l'augmentation de 10 p.c. du volume du courrier.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Programme 2.adopté?
M. LESSARD: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Les crédits supplémentaires
du ministère des Travaux publics et de l'Approvisionnement sont
adoptés.
Nous passons maintenant...
M. GARNEAU: Est-ce que vous pouvez prendre le ministère de la
Fonction publique?
M. LESSARD: Combien en reste-t-il?
M. GARNEAU: II reste, en fait, la Fonction publique, les Finances, la
Justice et les Richesses naturelles.
M. LESSARD: Voici, M. le Président...
M. GARNEAU: On peut prendre le ministère des Richesses
naturelles, si vous voulez.
M. LESSARD: Je ne sais pas. On peut prendre les Richesses naturelles
mais nous nous étions entendus pour revenir à l'Assemblée
nationale pour discuter du projet de loi du ministre des Transports. On
pourrait peut-être régler ce projet de loi, ce qui nous
permettrait, lorsque la commission...
M. GARNEAU: Je n'ai pas d'objection.
M. LESSARD: ... de la justice va terminer, d'aller siéger
après. Une fois adopté, on pourrait revenir aux Richesses
naturelles. Comme c'est mon problème, on réglerait cela et je
serais disponible pour discuter en commission.
M. GARNEAU: Je n'ai pas d'objection.
M. ROY: A moins que le député de Saguenay ait
énormément de questions à poser parce qu'en ce qui me
concerne, cela se limite à une couple de questions et sauf la Justice,
je serais bien prêt à ce qu'on procède
immédiatement.
M. GARNEAU: La Fonction publique, c'est uniquement une question
de...
M. ROY: Le temps d'ajourner, de revenir et tout cela...
M. LESSARD: Une minute. Il nous reste les Richesses naturelles et la
Fonction publique. Si vous me permettez, quelques minutes et je
vérifie.
M. GARNEAU: En fait, la Fonction publique, il s'agit simplement de temps
additionnel qui a été pris. C'est pour payer le Centre de
traitement électronique des données, du ministère de la
Fonction publique au ministère des Finances, à cause de
l'augmentation des heures d'utilisation de l'équipement du centre de
traitement, à la suite de la convention collective, pour l'incorporation
des nouvelles classes.
Il y a eu un nombre d'heures plus grand que requis et c'est pour couvrir
ces factures qui viennent du Centre de traitement électronique des
données du ministère des Finances, qui est payé par le
ministère de la Fonction publique.
M. LESSARD: Cela va.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Programme 1 de la Fonction publique,
adopté?
M. ROY: Adopté.
M. LESSARD: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Adopté. Nous passons
maintenant...
M. GARNEAU: Je n'ai pas d'objection. Si vous voulez compléter, je
suis d'accord. Ou je suis prêt...
M. LESSARD: Non, ça va. M. GARNEAU: Cela va?
M. LESSARD: Cela va. Je regarde cela et... Sur les Richesses naturelles,
est-ce qu'on pourrait avoir le détail des $421,600? Je comprends que
c'est pour le Nouveau-Québec.
M. ROY: Avant les $421,000, il y a quand même
l'élément 1 et l'élément 2 du programme 5. Je
m'excuse, là...
M. LESSARD: Je m'excuse.
M. ROY: ... auprès de l'honorable député de
Saguenay. Il y a la protection contre le dérèglement hydraulique.
Est-ce que le ministre veut nous donner des détails? Est-ce qu'il s'agit
de travaux qui sont faits dans certains comtés?
M. GARNEAU: Juste une minute, s'il vous plaît, parce que le
sous-ministre adjoint des Richesses naturelles est ici et je l'ai envoyé
chercher. Cela ne sera pas long. Je m'excuse auprès des
députés. Le sous-ministre adjoint était ici tout à
l'heure et je lui ai donné mes documents en plus. Il est allé
souper et il devait revenir à huit heures.
Compte tenu des circonstances, est-ce qu'on pourrait remettre
celui-là? Il va peut-être entrer d'une minute à
l'autre.
M. ROY: Est-ce que le ministre accepterait de me donner la liste et tous
les détails, nous faire parvenir cela, nous remettre un document avec
toute la liste au complet?
M. GARNEAU: Le problème, c'est que j'ai remis moi-même,
tout à l'heure, au sous-ministre, les documents que j'avais.
M. ROY: Ultérieurement?
M. GARNEAU: Ultérieurement, je n'ai pas d'objection à
répondre aux questions par écrit, si vous le voulez. Si vous
voulez poser vos questions, je les transmettrai.
M. ROY: Est-ce que le député de Saguenay serait
d'accord?
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Est-ce que vous accepteriez cela?
M. ROY: Oui, j'accepterais cela. M. LESSARD: Oui.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Alors on peut approuver...
M. LESSARD: Qu'on nous remette, M. le Président,
l'éventail des dépenses.
M. GARNEAU: Je n'ai pas objection à envoyer des détails
par écrit. Je les demanderai au ministère et je vous les ferai
parvenir à tous les deux. D'accord?
M. ROY: D'accord. Nous allons l'adopter conditionnellement.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Les crédits du ministère des
Richesses naturelles sont adoptés?
M. GARNEAU: Adopté. Je vais faire parvenir les renseignements
demandés.
Du côté des Finances, il y a essentiellement deux
problèmes. Il y a un montant de $88,000 qui sera imputable à
l'implantation du nouveau régime d'allocations familiales, pour la
conciliation des chèques. C'est l'élément 1 du programme
2. Excusez-moi. Je ne sais pas s'il y a d'autres détails qu'on veut
avoir là-dessus.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Programme 2, ministère des
Finances. Adopté?
M. ROY: Effectuer et administrer les emprunts du gouvernement et de
certains organismes parapublics. Quand vous parlez de $88,000, est-ce que c'est
pour payer du personnel ou si c'est pour ajouter au service de la dette?
M. GARNEAU: C'est pour payer du personnel qui est affecté
à la conciliation des chèques du nouveau programme d'allocations
familiales. Il s'agit d'une masse de chèques qui est énorme, qui
sera envoyée à chaque mois et il faut faire la conciliation. Ce
sont essentiellement des employés qui sont engagés pour faire ce
travail. En fait, il y a des millions de chèques.
M. ROY: Ce sont des chèques émis par la province? Pas
l'autre chèque qui est émis par le fédéral.
M. GARNEAU: C'est ça.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Adopté. Programme 4.
M. GARNEAU: C'est pour couvrir l'augmentation du coût des
conventions collectives des fonctionnaires du gouvernement à la suite de
l'application de la clause du 1.71. En fait il s'agit des sommes qui sont
requises pour atteindre les mêmes fins que celles qui ont
été demandées au ministère des Affaires sociales et
de l'Education et qu'on a étudiées antérieurement. Il
s'agit de l'application de la clause du 1.71 du coût de la vie.
M. LESSARD: Les juges ne sont pas compris dans ce montant?
M. GARNEAU: Non. Ni le salaire des députés.
M. ROY: Je remarque dans votre programme que vous n'avez aucune
prévision pour les dépenses électorales. Il y a quand
même eu des élections générales le 29 octobre
dernier. Est-ce qu'on doit...
M. GARNEAU: II s'agit de dépenses statutaires. Ce sont des
dépenses qui sont prévues par la loi même et qui ne sont
pas votées; ce sont des dépenses statutaires.
M. ROY: Mais est-ce que je dois conclure également que le
gouvernement aura un autre budget supplémentaire avant le 31 mars?
M. GARNEAU: II s'agit de crédits qui n'ont pas à
être votés. Il serait impossible, par exemple, pour la Chambre de
refuser de voter des crédits pour payer des frais d'élections
générales. C'est ce qu'on appelle des crédits statutaires.
C'est obligatoire pour le ministre des Finances de payer ces choses.
M. MORIN: C'est-à-dire que, si vous dites qu'il serait impossible
à la Chambre de le faire, la Chambre n'aurait qu'à modifier la
loi. Entendons-nous bien.
M. GARNEAU: Dans le contexte actuel...
M. MORIN: Non, je comprends, il n'y a pas besoin de budget.
M. GARNEAU: ... si je présentais $12 millions de crédits,
en fait on n'aurait pas la possibilité de refuser.
M. MORIN: D'accord.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Programme 4, adopté.
Les crédits du ministère des Finances sont
adoptés.
Il reste les crédits du ministère de la Justice.
M. GARNEAU: Je pense qu'il faudrait attendre le ministre de la Justice.
Ce serait difficile pour moi de répondre à toutes les
questions.
M. LESSARD: Vous faites rapport, M. le Président?
M. GARNEAU: II restera la Justice. Peut-être faire rapport et on
reviendra tantôt.
M. CORNELLIER (président de la commission
plénière): M. le Président, la commission
plénière n'a pas fini de délibérer et demande la
permission de siéger à nouveau.
LE PRESIDENT: Très bien. M. BIENVENUE: Article 10).
LE PRESIDENT: L'honorable député de Saguenay.
Projet de loi no 27 Deuxième lecture
M. LESSARD: M. le Président, très brièvement. Ce
que nous avions fait valoir concernant ce projet de loi qui nous demande de
voter une somme de $20 millions à la Société de
développement immobilier du Québec, c'est que nous n'avions pas
les informations nécessaires qui nous permettaient de voter ce projet de
loi. C'est pourquoi nous avons demandé la convocation de la commission
parlementaire des Travaux publics afin d'obtenir ces informations. Avec mes
collègues du Parti créditiste, considérant que le leader
parlementaire a accepté que la commission puisse siéger,
considérant le fait que le ministre, suite aux discussions que nous
avons eues, est prêt à apporter un certain nombre d'amendements au
projet de loi, considérant aussi le fait que nous aurons probablement
l'occasion dans la période intersessionnel-le de discuter de toute
l'administration de la Société de développement
industriel, je suspends ce débat quant à moi au niveau de la
deuxième lecture. Et je pense que le ministre a lui-même une
réponse à nous donner.
M. MAILLOUX: M. le Président, si j'avais le consentement unanime
de la Chambre, je pourrais donner immédiatement les modifications qui
sont apportées et suggérer par la suite, s'il y a acceptation du
projet de loi en deuxième lecture, que nous allions en commission, ce
qui permettrait aux membres de l'Opposition et aux membres du Parlement de
questionner s'ils le désirent les membres de la
société.
M. ROY: Est-ce que le ministre accepterait de faire la lecture du
document qu'il a en main? Il serait consigné au journal des
Débats avant que le vote de deuxième lecture soit pris.
M. MAILLOUX: M. le Président, j'ai remis d'ailleurs des copies
des modifications au projet de loi 27. Il faudrait remplacer l'article 1 par le
suivant: "L'article 18 de la Loi de la société de
développement immobilier du Québec, 1971, chapitre 43, est
modifié en ajoutant après le paragraphe c) le suivant: d)
garantir le parachèvement des travaux de construction et
d'aménagement de la Place Desjardins." Il s'agirait de remplacer
l'article 2 par le suivant: "L'article 19 de ladite loi est modifié en
ajoutant l'aliéna suivant: le ministre des Finances est autorisé
à avancer à la société tout montant jugé
nécessaire jusqu'à concurrence de $20 millions, à un taux
d'intérêt et aux conditions que détermine le
lieutenant-gouverneur en conseil; ces avances doivent être
remboursées au ministre des Finances avant le 31 décembre 1976."
L'article 3 demeure.
M. le Président, est-ce que...
M. ROY: Je m'excuse. Alors, comme cela change la nature de la loi avant
le vote de deuxième lecture, on présume que le vote de
deuxième lecture va se faire sur la nouvelle rédaction que vient
de lire le ministre. Consentement unanime, M. le Président.
LE PRESIDENT: La rédaction, du consentement...
M. SAMSON: M. le Président, est-ce qu'on ne pourrait pas, pour
simplifier la situation, accepter évidemment, ce sera au journal
des Débats, les déclarations que mon collègue de
Beauce-Sud vient de faire sans changer la rédaction de cette
motion de deuxième lecture, que nous prenions en considération la
déclaration qui vient d'être faite par le ministre. Cela va pour
notre gouverne et pour la gouverne des membres de cette Chambre. Nous savons
que le ministre vient d'annoncer des amendements qu'il apportera en commission
plénière, si j'ai bien compris. Compte tenu de ces amendements
qui sont annoncés, évidemment nous pouvons accepter cette motion
de deuxième lecture. Hier M. le Président, je parle sur
mon droit de parole en deuxième lecture à ce moment-ci parce que
je n'avais pas épuisé ce droit de parole en deuxième
lecture les propos que nous avions tenus étaient
évidemment compte tenu des circonstances, des informations que nous
avions. Nous avons des informations supplémentaires et nous avons des
amendements qui nous sont annoncés. Cela ne veut pas dire que nous
sommes totalement informés, il y a peut-être encore des
informations que nous aimerions avoir. Le samedi, il est difficile, comme vous
le savez, M. le Président, de contacter les gens qui pourraient
peut-être nous fournir toutes ces informations, mais nous en avons
suffisamment et nous croyons que, de part et d'autre en tout cas, ces
amendements sont apportés de bonne foi et, de bonne foi...
M. ROY: A notre satisfaction.
M. SAMSON: ... nous donnerons ils nous donnent satisfaction
présentement notre consentement pour appuyer le projet de loi en
deuxième lecture.
LE PRESIDENT: L'honorable chef de l'Opposition officielle.
M. MORIN : M. le Président, le ministre a fait diligence pour
répondre à la plupart des questions que nous avions
soulevées hier soir, ou était-ce avant-hier soir? Au point
où nous en sommes, il est parfois difficile de se rappeler à quel
moment avait lieu tel ou tel débat. Nous sommes éclairés
sur la plupart des dispositions et nous avons été à
même de coopérer avec le ministre, d'ailleurs, de même
qu'avec nos collègues du Parti créditiste pour améliorer
ce projet de loi. Le gouvernement, très volontiers, a laissé
tomber quelques paragraphes qui nous causaient de l'anxiété et a
apporté, je dois dire, des précisions, notamment à
l'article 2, c'est-à-dire au futur article 19 tel qu'il sera
modifié, lesquelles précisions nous rassurent sur les conditons
auxquelles ces $20 millions vont être avancés et non plus, comme
le disait le projet, simplement versés à la SDI.
C'est pourquoi, M. le Président, compte tenu du fait que le
ministre nous a dit que nous pourrions entendre éventuellement, au cours
de la prochaine session, les représentants de la Place Desjardins Inc.,
de même que ceux de la SDI, je ne sais plus trop,...
M. MAILLOUX: Place Desjardins.
M. MORIN: ... en tout cas ceux qui s'occupent de Place Desjardins, en
commission, nous consentons volontiers à ce que ce projet de loi passe
sans encombre.
LE PRESIDENT: Cette motion de deuxième lecture est-elle
adoptée? Adopté.
LE SECRETAIRE ADJOINT: Deuxième lecture de ce projet de loi.
Second reading of this bill.
LE PRESIDENT: Commission plénière.
Le leader parlementaire propose la formation de la commission
plénière pour étudier le projet de loi no 27. Cette motion
est-elle adoptée?
Adopté.
M. LESSARD: M. le Président, vous comprendrez que...
M. LAMONTAGNE (président de la commission
plénière): Un instant s'il vous plaît.
M. MAILLOUX: Un moment, j'aurai la présence de deux
fonctionnaires qui pourraient m'éclairer sur les réponses
à donner.
Commission plénière
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Projet de loi no 27, article 1.
M. LESSARD: D'abord, M. le Président, quelques remarques
peut-être qui vont nous apporter des explications du ministre. Alors, les
amendements sont soumis?
M. MAILLOUX: M. le Président, je pense avoir soumis à la
table tous les projets d'amendements.
M. LESSARD: Est-ce que le président a en main les deux
amendements qui? ... Les trois amendements, disons?
M. MAILLOUX: Oui.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Je vais lire l'article 1 tel que
proposé par l'amendement. L'article 18 de la Loi de la
Société de développement immobilier du Québec 1971,
chapitre 43 est modifié en ajoutant après le paragraphe c) le
suivant: d) garantir le parachèvement des travaux de construction et
d'aménagement de la Place Desjardins.
M. MAILLOUX: Le suivant.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le suivant:
M. LESSARD: M. le Président, cet amendement-là, comme
l'autre qui suivra d'ailleurs, modifie considérablement le principe du
projet de loi et, en fait, les autres éléments qui venaient par
la suite, qui étaient dans le premier projet de loi, soit e), f ), g) et
h), empêchent que cette partie de l'article 1 soit adoptée. Ces
articles nous suggéraient énormément de questions ou de
points d'interrogation, quant à nous, puisque nous désirions,
avant, entendre les responsables de la Place Desjardins.
Cependant, M. le Président, et ces remarques devraient
normalement être expliquées avec l'amendement no 2, nous
constatons nous aussi, qu'il s'agit là, je pense bien, d'un complexe
fort important; c'est la première fois que des Québécois
s'associent véritablement pour construire un complexe aussi imposant.
C'est la première fois surtout, je pense, que le gouvernement du
Québec s'associe avec l'un de nos mouvements les plus importants au
Québec, soit le Mouvement Des jardins.
Alors quant à nous, il est important, je pense bien, que le
gouvernement s'engage à garantir le parachèvement des travaux de
construction et d'aménagement de la Place Desjardins. C'est pourquoi
nous sommes prêts à accepter en autant que nous pourrons
par la suite entendre les responsables de la Place Desjardins que le
gouvernement s'engage à garantir la construction de Place Desjardins,
mais on verra que l'article 2 tantôt nous apportera certaines
explications.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de Beauce-Sud.
M. ROY: M. le Président, un court commentaire
général.
On se rappellera qu'en deuxième lecture j'avais fait part de
certaines observations et j'avais même apporté beaucoup de
réserves concernant le projet de loi tel que rédigé en
premier lieu.
Or, les modifications que nous a proposées le ministre tout
à l'heure nous donnent satisfaction, parce qu'il n'y a pas
contradiction, il n'y a pas un changement d'attitude à partir du moment
où la première loi, la Loi de la Société de
développement immobilier du Québec, a été
adoptée en 1971. Il s'agit tout simplement d'assurer à la
corporation les garanties nécessaires pour que les travaux puissent
être complétés et terminés.
Nous avons maintenant la certitude, comme la loi en fait mention, que
les $20 millions ne seront pas en quelque sorte uniquement un transfert
d'argent, compte tenu du fait que Québec doit l'emprunter sur les
marchés financiers. Avec la rédaction actuelle, le gouvernement
nous donne la certitude qu'il y aura un taux d'intérêt aux
conditions que déterminera le lieutenant-gouverneur en conseil. Si ces
montants d'argent avaient été placés, tel que
mentionné dans le projet de loi initial, il n'y a aucun doute qu'on
aurait dû demander aux Québécois de payer la somme de 10
p.c. annuellement, si on inclut l'intérêt et les frais d'escompte,
les frais d'administration, ainsi que les frais d'échange. Il en aurait
coûté environ 10 p.c, ce qui veut dire qu'il aurait fallu ajouter,
dans le service de la dette de la province, $2 millions par année qu'on
aurait fait payer aux Québécois à même le budget
général du Québec.
C'était une des appréhensions que nous avions.
C'était une des réserves que nous avions émises sur le
projet de loi initial. Mais, comme l'article 19 est modifié, que le
ministre propose qu'on y ajoute un alinéa et que les sommes doivent
être remboursées avant le 31 décembre 1976, je pense que
cela respecte entièrement les décisions qui avaient
été prises et les engagements initiaux que le gouvernement avait
pris à ce moment. Quant à nous, cela nous donne
entièrement satisfaction.
J'aimerais que le ministre nous confirme aujourd'hui qu'il y aura
effectivement, tel qu'il en fut discuté, convocation d'une commission
parlementaire, fin février ou en mars. Je ne veux pas fixer la semaine,
mais il faudrait que nous puissions, à ce moment, convoquer devant la
commission parlementaire les administrateurs de Place Desjardins pour qu'ils
viennent nous produire des rapports, des chiffres, qu'ils viennent rassurer en
quelque sorte le gouvernement et informer les parlementaires de la façon
dont fonctionnent les travaux, de toutes les fluctuations qui ont pu se
produire en cours de route, compte tenu de l'inflation que nous avons connue,
de la hausse des coûts de construction. Egalement, il faudrait un bon
rapport, nous donnant en quelque sorte les informations les plus
précises possible quant à la rentabilité du projet.
Nous comptons là-dessus. C'est avec toutes ces réserves
que nous avons adopté la deuxième lecture de ce projet de loi et
que nous sommes prêts à accepter les articles tel que
rédigés, tel que proposés, immédiatement, de
façon que la commission parlementaire puisse faire son rapport. Mais,
avant, j'ai hâte d'entendre le ministre nous donner des précisions
à ce sujet.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Article 1?
M. MAILLOUX: M. le Président, alors même que le projet de
loi n'est pas accepté en commission plénière, je voudrais
profiter de cette circonstance pour remercier les partis de l'Opposition qui
ont consenti, dans les heures qui ont précédé, en
rencontrant les responsables de Place Desjardins Inc., que ce projet de loi
soit modifié, mais qu'il soit conservé dans l'essentiel qu'il
était nécessaire d'obtenir avant le 31 décembre.
Je voudrais ajouter qu'en ce qui concerne les paragraphes qui sont
retranchés, les paragraphes e) k), g) et h), il est possible que Place
Desjardins doive se représenter devant la Chambre pour obtenir certaines
autres modifications. Toutefois, je veux assurer la Chambre qu'avant la reprise
de la session du printemps la commission pourra entendre les parties et pourra
entendre valablement, avec documents à l'appui, les responsables qui
font partie du bureau d'administration de la société
Desjardins.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): L'honorable député de
Saguenay.
M. LESSARD: En ce qui nous concerne, la modification à l'article
1 est adoptée mais je voudrais très brièvement
parce qu'on discute globalement des amendements justement pour rendre
intelligibles ces modifications, lorsque nous avons eu à discuter du
projet de loi tel que rédigé la première fois, le
gouvernement nous demandait de verser $20 millions à la
Société de développement immobilier du Québec.
Avec les amendements, nous constatons que ce n'est plus un versement,
c'est un prêt que le gouvernement verse à la Société
de développement immobilier, prêt qui sera remboursable avant le
31 décembre 1976. Donc, comme le disait le député de
Beauce-Sud, cela respecte exactement le principe du projet de loi qui avait
été soumis par l'ex-ministre des Travaux publics, en mai 1971,
c'est-à-dire que le gouvernement continue de s'engager, dans le
capital-actions, à fournir une somme maximum de $10 millions. Or, les
$20 millions ne viennent pas, comme malheureusement on pouvait le
prévoir, hier, s'ajouter aux $10 millions dont on avait parlé en
mai 1971, mais c'est simplement un prêt qui est remboursable avant le 31
décembre
1976. Donc, à ce moment, par la suite la société
devra normalement se soumettre aux conditions qui avaient été
fixées en mai 1971, en ce qui concerne son financement,
c'est-à-dire se financer par obligations.
Quant aux amendement tels que proposés, en ce qui nous concerne
ce projet de loi devrait être accepté.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Article 1, adopté tel
qu'amendé. Article 2, adopté tel qu'amendé. Article 3,
adopté.
M. LAMONTAGNE (président de la commission
plénière): M. le Président, j'ai l'honneur de faire
rapport que la commission a adopté le projet de loi 27 avec
amendements.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Piloté): Est-ce que ce rapport est
agréé?
DES VOIX: Agréé.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Pilote): Agréé, avec
amendements.
M. LEVESQUE: M. le Président, article 3), troisième
lecture.
Projet de loi 20 Troisième lecture
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Le leader du gouvernement, pour
l'honorable ministre de l'Industrie et du Commerce, propose la troisième
lecture du projet de loi 20, Loi modifiant la charte de la
Société générale de financement du
Québec.
L'honorable député de Beauce-Sud.
M. ROY: Est-ce que le ministre a un commentaire à faire, une
observation à faire?
M. LEVESQUE: Non.
M. ROY: Est-ce que le Parti québécois a...
M. BURNS: M. le Président,...
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): L'honorable...
M. BURNS: ... nous sommes d'accord sur la troisième lecture de ce
projet de loi, nous sommes prêts à l'adopter.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): L'honorable député de
Beauce-Sud.
M. ROY: M. le Président, avant l'adoption de ce projet de loi,
j'aimerais quand même apporter quelques observations à la suite de
l'étude que nous en avons faite en commission parlementaire.
Ce projet de loi a pour objet de demander au gouvernement des
crédits additionnels de l'ordre de $25 millions. Nous avons eu
l'occasion d'entendre le directeur général de la SGF lors de
l'audience de la commission parlementaire qui a siégé à
cet effet.
Du montant de $25 millions, selon les renseignements que nous avons eus,
il y en a déjà $11 millions d'engloutis, de
dépensés d'avance. Il y a d'abord le déficit de $9
millions qu'on nous a annoncé, à notre grande surprise, dans le
cas de Marine Industrie pour cette année. Il y aura également
d'autres montants qui devront être ajoutés à d'autres
industries, à d'autres entreprises de la SGF, laissant ici environ $14
millions pour faire des programmes d'expansion dans des projets nouveaux.
C'est avec regret que j'ai encore à faire ces commentaires et
à parler de cette façon devant l'Assemblée nationale. Nous
venons tout juste d'adopter, en deuxième lecture, un projet de loi au
sujet d'une société dans laquelle le gouver nement a des
participations et le gouvernement a décidé je l'en
félicite, je dis bien que je l'en félicite de marcher sur
une base d'affaires. Malheureusement, on ne fonctionne pas sur une base
d'affaires dans le cas des autres et dans le cas de la SGF. On est en train de
se demander si, pour certaines entreprises, ce n'est pas une sorte de
bien-être spécial, une sorte de bien-être social de luxe. Je
tiens à féliciter l'honorable ministre des Transports d'avoir eu
l'honnêteté de nous dire ici, à l'Assemblée
nationale, ce soir, que justement à l'intérieur des
crédits que nous a demandés le ministre des Finances, tout
à l'heure, il y a des dépenses prévues pour le
ministère des Transports et, indirectement, bien camouflées
à l'intérieur d'un budget. Je félicite l'honorable
ministre des Transports d'avoir l'honnêteté de nous dire: Voici,
dans le cas des Industries Valcartier, on a donné le contrat de
fabrication des plaques, mais à 10 p.c. plus cher qu'ailleurs, parce
qu'il fallait dépanner une industrie qui était mal prise et dans
laquelle le gouvernement a des intérêts. On a donc
procédé de façon discriminatoire vis-à-vis d'autres
industries que nous avions, d'autres entreprises privées au
Québec, propriétés de Québécois, qui ont
été privées de ces contrats. Ces personnes auraient
payé des taxes et des impôts au gouvernement.
Cette façon d'administrer le Québec et cette façon
de mal administrer, je dis bien, ces cas de mauvaise administration dans le cas
de nos sociétés paragouvernementales, eh bien, nous, en ce qui
nous concerne, nous amènent à dire encore une fois au
gouvernement: Nous ne pouvons pas accepter ce genre de choses. Tant et aussi
longtemps que l'on fonctionnera de cette façon, le gouvernement va nous
entendre parler, va nous entendre dénoncer ce genre de choses.
Je pense qu'on ne devrait pas faire en sorte que nos
sociétés gouvernementales, au niveau des groupes
d'administrateurs, on en fasse un
club je dis bien un club de joueurs de monopoly, qui
jouent avec l'argent du peuple sans rien risquer eux-mêmes. Le jour
où l'on décidera d'intervenir dans certains domaines de
l'activité économique des Québécois, mais sur une
base d'affaires, en respectant et en appliquant les mêmes principes qu'on
applique dans les autres entreprises, revenant dans des secteurs, à un
moment donné, où cela pourrait être nécessaire de
revenir, d'abord pour permettre une plus grande participation de nos
Québécois à l'activité économique et,
deuxièmement, peut-être je dis bien peut-être
que cela pourrait être nécessaire aussi pour mettre à la
raison ou concurrencer certains cartels qui nous écrasent et
contrôlent des secteurs d'activités économiques...
Mais ce n'est pas de la façon dont le gouvernement procède
que nous allons régler nos problèmes. Nous sommes en train de
nous doter d'entreprises dans lesquelles nous avons, à l'heure actuelle,
quelque centaines de millions de dollars, d'investis et ces entreprises nous
arrivent toujours, à la fin de chaque année ou dans la
majorité des cas, avec des annonces de grandes déceptions.
On cherche à en voir les causes, on cherche à savoir
pourquoi et il est malheureusement impossible de savoir pourquoi, quels sont
les détails, quels sont les contrats, les sous-contrats qu'on donne.
On se demande, M. le Président et on est justifié
de se le demander si ce ne sont pas des officines dans lesquelles on
camoufle un certain gros patronage dans l'émission de contrats, en
donnant des franchises.
Le ministre des Finances fait signe que non, mais on pourra
peut-être avoir des petites surprises d'ici à quelques semaines,
si ce n'est pas d'ici à quelques mois, à ce sujet. On pourra
peut-être se rendre compte qu'à l'intérieur de cela il y a
des choses qui échappent au gouvernement lui-même. C'est pourquoi
je dis que j'ai hâte que nous avons hâte et que les
Québécois ont hâte que, dans les sociétés
gouvernementales, on administre et on fonctionne comme on fonctionne ailleurs,
dans l'entreprise, sur des bases d'affaires.
On se fait souscrire par le gouvernement de la province $25 millions,
$35 millions, $40 millions, $50 millions et $60 millions; on leur donne cela en
capital-actions, ils n'ont pas de dividendes à payer là-dessus,
ils n'ont pas d'intérêts à payer là-dessus. Non,
bien non! C'est dans le Service de la dette de la province. Et on taxe les
Québécois là-dessus. Le Service de la dette augmente de
façon pyramidale et on oblige les Québécois à payer
des taxes et des impôts pour permettre à des entreprises de
subsister en leur donnant des contrats comme l'exemple que j'ai
expliqué, un contrat qui a été mentionné ici, ce
soir, à l'Assemblée nationale à des taux
préférentiels, en concurrençant ceux qui paient les taxes
et les impôts et qui contribuent, en quelque sorte, au dévelop-
pement économique et à alimenter le Trésor
québécois.
Je pense que, sur ce point, le gouvernement a un examen de conscience
très sérieux à faire. Je vois l'honorable ministre des
Finances. Je sais qu'il est consciencieux et qu'il est intéressé
à ce que le Québec soit bien administré. Je lui soumets
ces choses. J'espère qu'il prendra note de nos remarques. Mais, en ce
qui nous concerne, tant et aussi longtemps qu'on fonctionnera de cette
façon dans les sociétés gouvernementales, nous serons, M.
le Président, malheureusement je dis bien malheureusement
obligés de nous opposer au projet de loi no 20, qui nous demande de
voter $25 millions, sans bilan ou à peu près, sans rapport de
rentabilité, sans nous donner, autrement dit, de projections pour
l'avenir, sans nous donner aucune précision. Seul le président
général de la Société générale de
financement est venu se faire entendre à la commission parlementaire.
Alors que d'autres grands personnages, au Québec, font des discours
ronflants, donnent des leçons d'administration à nos
administrateurs, se vantent, font des déclarations et des
conférences de presse partout, il est impossible, pour les
parlementaires, de les voir aux commissions parlementaires venir rendre compte
de leur administration devant le gouvernement, devant les élus du
peuple.
Je regrette, M. le Président, qu'il y ait seulement eu le
président général de la Société
général de financement qui soit venu à la commission
parlementaire se faire entendre. Je regrette également les circonstances
qui ont entouré la convocation de cette commission parlementaire. Encore
là, nous avons été pris, M. le Président, dans un
étroit corridor, dans un court laps de temps. Nous avons
été limités, en quelque sorte, alors qu'il aurait
été extrêmement intéressant pour le gouvernement
lui-même, pour la gouverne des députés de
l'Assemblée nationale, et pour les Québécois que ces gens
viennent s'expliquer, viennent rendre compte de leur administration devant le
Parlement de Québec.
Je vous garantis, M. le Président, que si ces gens étaient
obligés, chaque année, de venir devant la commission
parlementaire de l'Assemblée nationale du Québec, ils seraient
beaucoup plus prudents. Je pense que ce serait une bonne police d'assurance que
le gouvernement pourrait avoir pour tâcher de faire en sorte que ces gens
cessent de considérer le gouvernement comme une bourse tellement bien
remplie qu'on ne peut jamais en voir le fond et où on peut aller
chercher toutes les sommes dont on a besoin. On peut administrer cela de
n'importe quelle façon, on n'a à peu près pas de comptes
à rendre, parce qu'on a un gros salaire, on a la sécurité
d'emploi, les dépenses sont payées et on ne risque rien
personnellement.
M. le Président, pour toutes ces considérations, nous
voterons contre le projet de loi no 20.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Pilote): L'honorable chef de
l'Opposition.
M. MORIN: Ce n'est pas pour faire un discours que je me lève,
mais pour vous poser une question, M. le Président. En commission, j'ai
proposé un article supplémentaire pour préciser que la SGF
devrait désormais, maintenant qu'elle est devenu un organisme totalement
public, faire un rapport annuel au ministre dont elle relève.
M. LEVESQUE: Ce doit être là.
M. MORIN: Est-ce que le ministre peut m'assurer...
M. LEVESQUE: C'est enregistré au journal des Débats, j'ai
entendu le chef de l'Opposition dicter lui-même l'amendement, et j'ai
également entendu le ministre agréer.
M. MORIN: C'est juste.
M. LEVESQUE: Alors, normalement...
M. MORIN: Si le leader du gouvernement me dit que tout a
été fait en bonne et due forme, je n'ai plus rien à
dire.
M. LEVESQUE: On peut vérifier.
M. MORIN: C'est parfait, tout est en ordre, merci.
M. LEVESQUE: M. le Président, simplement un mot pour demander au
député de Beauce-Sud de faire une sorte d'examen de conscience
avant de prononcer un discours comme celui qu'il vient de faire. Lorsqu'il y a
des problèmes quelque part, c'est le premier à demander au
gouvernement d'intervenir. Il blâme le gouvernement lorsqu'il y a la
moindre mise à pied quelque part: Qu'est-ce que le gouvernement fait? Ce
que le gouvernement a fait, il a posé plusieurs gestes dont la
création de la Société générale de
financement.
Si le député de Beauce-Sud est contre toute intervention
de l'Etat dans l'économie, qu'il le dise donc bien clairement, qu'il
cesse de faire ces discours à l'emporte-pièce. Se voulant le
grand défenseur de l'entreprise privée, il oublie qu'à
certains moments, lorsque l'entreprise privée ne remplit pas son
rôle ou ne répond pas au moins aux aspirations, aux expectatives
de la population,... Expectatives?
M. BURNS: Expectatives. M. MORIN: Aux aspirations.
M. LEVESQUE: Aux aspirations, c'est ça, j'ai dit les deux. On a
le choix. A ce moment, je crois que... Vous m'avez fait perdre le fil. Ce que
je veux dire au député de Beauce, c'est ceci: nous sommes
nous-mêmes en faveur de l'entreprise privée, nous croyons que
c'est un moteur important de notre économie, mais nous croyons
également que l'Etat, par ses organismes comme la SGF, a un rôle
à jouer également, et surtout lorsque l'entreprise privée
ne réussit pas à répondre aux besoins et aux aspirations
de la population.
Je crois que la SGF a fait un travail considérable et souvent
dans des secteurs difficiles, et dans des circonstances souvent difficiles.
Alors, avant, simplement du revers de la main, de faire la leçon
à tout le monde, je crois qu'au contraire, on devrait essayer d'appuyer
une entreprise comme celle-là qui est en train de réaliser des
choses importantes, mais également d'acquérir des traditions. Et
la SGF est de plus en plus en mesure de répondre au rôle qu'on lui
avait confié et de remplir le mandat qui est celui que nous lui avions
donné il y a quelques années.
Nous avons évidemment donné certains coups de barre, nous
avons à faire des réajustements de tir, des
réorientations, mais tout cela c'est dans l'ordre des choses. Je crois
que nous devons faire confiance à la Société
générale de financement. Cela n'empêche pas que
régulièrement et l'occasion est donnée aux membres
de l'Assemblée nationale il est bon d'interroger, de se
renseigner, même à certains moments de critiquer non pas toujours
d'une façon affirmative, mais constructive, oui. 11 est normal que les
membres de l'Assemblée nationale, par le truchement des commissions
parlementaires, puissent aider la Société générale
de financement à ne pas oublier son rôle, son mandat et la raison
pour laquelle elle a été créée. Mais je ne crois
pas que l'on doive d'une façon générale condamner toutes
les entreprises mixtes et surtout ne pas décourager ces initiatives qui
commencent seulement à porter des fruits.
Et je suis convaincu qu'avec cette nouvelle injection et surtout cette
surveillance qui est ajoutée dans ce projet de loi, surveillance qui
sera assurée par un contrôle sur la destination des sommes
additionnelles mises à la disposition de la société, et
cette surveillance faite par le lieutenant-gouverneur en conseil, je pense que
nous avons des éléments assez importants pour faire confiance
à la Société générale de financement.
Nous reviendrons dans quelque temps, à l'occasion d'une
commission parlementaire ou en une autre circonstance. Les honorables membres
de cette Chambre pourront interroger le gouvernement et la
Société générale de financement sur les gestes et
actes que cette société aura posés et également le
gouvernement, s'il a accepté de remettre, de verser certaines sommes
additionnelles à la société.
M. ROY: Est-ce que le député me permettrait une question,
avec votre permission, M. le Président? Une sous-question, avec la
permission de la présidence. Est-ce que vous seriez...
M. LEVBSQUE: H n'y a pas de permission à donner, le
président n'a qu'à faire respecter le règlement.
M. ROY: Non, je vous demandais...
M. LEVESQUE: Alors, le règlement dit que c'est fini, le droit de
réplique c'est ça.
M. SAMSON: Ouais? Ah, c'est d'accord... M. ROY: C'était une toute
petite question. M. SAMSON: ... on va le considérer.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Pilote): Cette motion de troisième
lecture est-elle adoptée? Adopté.
M. ROY: Sur division.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Pilote): Sur division.
M. ROY: Le député de Rouyn-Noranda et le
député de Beauce-Sud, je l'ai dit dans mon discours en
troisième lecture que nous étions contre la troisième
lecture.
M. SAMSON: Dissidence.
M. ROY: Par dissidence, contre.
M. LEVESQUE: Le député de Rouyn-Noranda est pour ce projet
de loi?
M. SAMSON: Ne me tentez pas trop. M. LEVESQUE: Article 5.
Projet de loi no 7 Troisième lecture
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): L'honorable leader du gouvernement,
pour le ministre des Richesses naturelles, propose la troisième lecture
du projet de loi 7, Loi modifiant la loi d'Hydro-Québec.
M. LESSARD: Adopté. M. LEVESQUE: Merci.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): La troisième lecture est-elle
adoptée?
M. ROY: Une minute.
M. SAMSON: Une minute.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): L'honorable député de
Rouyn-Noranda.
M. SAMSON: M. le Président, est-ce que ça vous tenterait
de le refuser?
M. LEVESQUE: On n'ose plus.
M. ROY: Ne recommencez pas parce que je peux vous garantir une chose,
vous allez être obligé d'ajourner tout de suite.
M. SAMSON: M. le Président... UNE VOIX: Pourquoi pas?
M. SAMSON: ... on est calme, calme, M. le Président. Lors du
débat en deuxième lecture, j'ai eu l'occasion de parler du projet
de loi 7 visant à faire en sorte qu'à l'avenir
l'HydroQuébec aura à payer une redevance fixe de $20 millions au
lieu on parle du projet de loi 7. M. le Président, j'ai le regret
de voir que l'honorable ministre des Transports semble à
côté de la route. Je ne le blâme pas.
Alors, M. le Président, cette redevance, à l'avenir, sera
fixe de $20 millions comparativement à $30 millions, ce qui était
l'évaluation. Cette différence de $10 millions, je l'ai
mentionnée, et à mon grand regret les remarques que nous avons
faites en deuxième lecture ne semblent pas avoir été
prises en considération par le ministre des Richesses naturelles. Je
dois vous dire que, lors de mon discours de deuxième lecture, j'ai fait
savoir au gouvernement que cette philosophie que nous retrouvons toujours dans
les lois qui nous sont présentées, celle de donner de la main
gauche et d'aller chercher de la main droite avec un gros intérêt,
est une philosophie qui revient trop souvent dans les projets de loi qui nous
sont présentés par le gouvernement. A l'appui de nos
revendications, nous disions que ces $10 millions que l'HydroQuébec,
à l'avenir, ne paiera plus, nous les retrouverons dans les taxes et
finalement c'est toujours le consommateur qui aura à payer. Alors
ça ne changera rien dans les faits. Le gouvernement, une fois de plus, a
raté une magnifique occasion de faire en sorte que le financement de
l'Hydro-Québec amène non seulement un assainissement de son
administration mais encore des réductions de tarifs tellement
rêvées et tellement promises il y a déjà une dizaine
d'années, par quelqu'un que vous connaissez bien.
Je pense que le gouvernement, une fois de plus, a raté l'occasion
de prendre des dispositions pour faire en sorte qu'un financement sans
intérêt ou à intérêt minime soit fait dans le
cas de l'Hydro-Québec. Au lieu de payer des millions et des millions
d'intérêt comme c'est le cas pour l'Hydro-Québec,
$199,671,000 par année, pour une entreprise publique qui est
censée appartenir à la population, on n'a pas de raisons, M. le
Président, de se payer des intérêts à
nous-mêmes, c'est à peu près ça qu'on fait en
quelque sorte.
Alors, compte tenu du temps de l'année, compte tenu des
problèmes de l'Hydro, il y a eu tempête comme vous le savez, on ne
voudrait pas tourner le fer dans la plaie. Je vois le leader parlementaire du
gouvernement, qui a un visage très sympathique, qui semble presque nous
dire, tout en ne voulant pas le dire, que ce serait peut-être bon que
nous donnions une chance à tout le monde de regagner son foyer pour la
période de Noël; je pense que c'est normal. Pour une fois sans se
parler, M. le Président, je pense qu'on se comprend.
Pour toutes ces raisons, je n'utiliserai pas au complet mon temps, le
temps qui est ordinairement alloué au parti reconnu que nous sommes.
Est-ce qu'il y a quelqu'un qui veut s'opposer? Vous êtes pour?
M. le Président, vous avez bien remarqué que l'ensemble de
la députation libérale semble d'accord sur les propos que je
viens de tenir et même le leader du gouvernement esquisse un sourire
à ce moment-ci. Je pense que c'est de bon augure et je n'abuserai pas de
ce droit de parole de troisième lecture que vous nous avez
accordé. Et le Parti créditiste, parti reconnu à
l'Assemblée nationale... Est-ce qu'il y a des objections?
Pas d'objections, M. le Président. Comme vous voyez, on se
comprend à l'approche des Fêtes. Vous savez, dans quelques heures
à peine, on entendra dire: Paix sur terre aux hommes de bonne
volonté. M. le Président, c'est ce soir que ça commence.
Avez-vous remarqué toute cette différence, depuis hier soir. On
se comprend tellement bien ce soir, plus on approche de la nativité,
plus on approche de notre reconnaissance, mieux on se comprend, mieux on
travaille.
Avez-vous remarqué que les projets de loi sont discutés et
surtout le gouvernement même a changé sa philosophie. Le
gouvernement en est arrivé...
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Est-ce que vous pourriez m'indiquer
de quel projet de loi vous parlez?
M. SAMSON: M. le Président, je parle d'un projet commun à
tous. Cependant, malheureusement, même si j'ai eu l'approbation de la
majorité libérale, qui comme vous le voyez ce soir est
très bien représentée, ils sont tous là, même
si j'ai leur approbation ce soir et cela ça me fait de la peine
je ne pourrai malheureusement pas appuyer en troisième lecture le
projet de loi no 7, pour toutes les raisons que j'ai données. Si, en
regardant les figures de mes honorables collègues du Parti
libéral, je croyais comprendre qu'ils auraient besoin de plus
d'explications, c'est avec plaisir que je continuerais mais je pense qu'ils ont
compris.
UNE VOIX: On a compris.
M. SAMSON: Vous avez compris?
M. le Président, l'assistant de monseigneur Grégoire a
compris, ce qui veut dire que tout le monde a compris. Alors, malheureusement
nous ne pourrons pas appuyer ce projet de loi, nous voterons contre ce projet
de loi en troisième lecture. Mais nous insistons pour qu'à
l'intersession le gouvernement réétudie toute cette situation.
Nous espérons qu'à la reprise des travaux en mars le gouvernement
reviendra avec un projet de loi visant à apporter les correctifs que
nous avons suggérés, que nous n'avons malheureusement pas
retrouvés en commission parlementaire et qui ne sont pas dans le rapport
qui nous a été présenté.
Je vous remercie de votre aimable collaboration.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Cette motion de troisième
lecture est-elle adoptée?
M. LEVESQUE: Adopté.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Adopté.
M. ROY: Adopté. En inscrivant le député de
Rouyn-Noranda et le député de Beauce-Sud contre la loi.
Le leader, vous devriez nous reconnaître... DES VOIX:
Adopté.
M. LEVESQUE: 6. Troisième lecture adoptée.
Projet de loi no 22 Troisième lecture
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): L'honorable ministre des Affaires
municipales propose la troisième lecture du projet de loi 22, Loi
concernant la communauté urbaine de Montréal. Cette
troisième lecture est-elle adoptée?
DES VOIX: Adopté.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Adopté.
Projet de loi no 9 Troisième lecture
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): L'honorable ministre des Transports
propose la troisième lecture du projet de loi 9, Loi modifiant le Code
de la route.
Cette troisième lecture est-elle adoptée?
L'honorable député de Rouyn-Noranda.
M. SAMSON: M. le Président, malheureusement, dans mon discours
précédent, je n'ai pu appuyer en troisième lecture le
projet de loi no 7 pour les raisons que j'ai données. Et pour toutes les
raisons que j'ai données l'autre soir lorsque le ministre nous a
présenté son projet de loi, nous allons voter pour, en
troisième lecture.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Cette troisième lecture
est-elle adoptée?
DES VOIX: Adopté. M. LEVESQUE: 8.
Projet de loi no 12 Troisième lecture
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): L'honorable ministre des Affaires
sociales propose la troisième lecture du projet de loi 12, Loi modifiant
le Régime de rentes du Québec.
M. LEVESQUE: Adopté.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Cette troisième lecture
est-elle adoptée?
M. MORIN: Adopté.
Projet de loi no 13 Troisième lecture
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): L'honorable ministre de l'Agriculture
propose la troisième lecture du projet de loi 13, Loi autorisant de
nouveaux crédits pour fins de prêts agricoles.
L'honorable député de Beauce-Sud.
M. ROY: Avant qu'elle ne soit adoptée, je veux me
prévaloir de mon droit de parole pour dire tout simplement à
l'honorable ministre de l'Agriculture que les propos que j'ai tenus durant la
deuxième lecture de ce projet de loi tiennent toujours. Je termine mon
intervention à ce moment-ci et cette fois, je voterai en faveur de votre
projet de loi.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Cette motion de troisième
lecture est-elle adoptée?
DES VOIX: Adopté.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Adopté.
M. LEVESQUE: 10.
Projet de loi no 27 Troisième lecture
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): L'honorable ministre des Transports
propose la troisième lecture du projet de loi 27, Loi modifiant la Loi
de la Société de développement immobilier du
Québec. Cette motion de troisième lecture...
L'honorable député de Beauce-Sud.
M. ROY: Adopté.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Cette motion de troisième
lecture est-elle adoptée?
DES VOIX: Adopté.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Adopté.
M. LEVESQUE: L'article 11 est adopté. On laisse tomber les
articles 12 et 15.
M. MORIN: On laisse tomber? M. LEVESQUE: On laisse tomber. M. MORIN: Oui
d'accord.
M. LEVESQUE: C'est-à-dire que 13 est en commission...
M. MORIN: Oui.
M. LEVESQUE: ... pour étude durant l'intersession...
M. MORIN: Oui c'est cela.
M. LEVESQUE: ... et 12, 14 et 15 seront reportés, en vertu de la
motion. 16 et 17, les deux bills privés.
M. MORIN: C'est reporté également, n'est-ce pas?
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Non! Nous sommes rendus à la
troisième lecture.
Projet de loi no 111 Troisième lecture
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): L'honorable leader du gouvernement,
pour le député de Louis-Hébert, propose la
troisième lecture du projet de loi 111, Loi fusionnant Prêt et
Revenu Ltée et Fiducie Prêt et Revenu. Cette motion de
troisième lecture est-elle adoptée?
DES VOIX: Adopté.
Projet de loi no 170 Troissième lecture
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): L'honorable député de
Limoilou propose la troisième lecture du projet de loi 170, Loi
modifiant la loi refondant la charte de la Commission des école
catholiques de Québec.
M. MORIN: Adopté.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Cette motion de troisième
lecture est-elle adoptée?
DES VOIX: Adopté.
Projet de loi no 6 Troisième lecture
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): L'honorable ministre du Revenu
propose la troisième lecture du projet de loi 6, Loi modifiant de
nouveau la loi sur les impôts et certaines autres dispositions
législatives d'ordre fiscal. Cette motion de troisième lecture
est-elle adoptée?
M. MORIN: Adopté.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): L'honorable député de
Beauce-Sud.
M. ROY: Avant que cette troisième lecture ne soit adoptée,
je veux tout simplement dire quelques mots sur ce projet de loi. D'abord, c'est
une loi qui est très technique, mais il y a des précisions dans
ce projet de loi, que nous avions demandées il y a deux ans.
Nous avions même fait des représentations, l'année
dernière. Il s'agit de l'article 2 de ce projet de loi qui "permet au
contribuable qui avait droit de déduire dans le calcul de son revenu le
montant de tous les impôts sur le revenu provenant d'une charge ou d'un
emploi ou les bénéfices payés à un Etat
étranger et réclamer cette déduction de son impôt
autrement payable". M. le Président, j'aimerais rappeler ici un petit
souvenir à l'honorable premier ministre. L'honorable premier ministre,
au cours de la campagne électorale, est venu dans le beau comté
de Beauce, naturellement, comme il se devait sans doute de le faire, puisqu'il
a visité tout le Québec. Je me rappelle très bien que, sur
les ondes du poste de radio local...
M. MERCIER: La pertinence du débat.
M. BOURASSA: Quatre-vingt-deux comtés.
M. ROY: Vous aviez fait 82 comtés.
M. SAMSON: Vous auriez pu laisser faire la Beauce.
M. ROY: M. le Président, voyez-vous, vous auriez pu faire 84
comtés! Cela ne vous a rien donné, M. le premier ministre, de
venir chez nous.
M. BOURASSA: Si j'étais allé deux fois dans vos
comtés, vous ne seriez pas ici.
M. SAMSON: M. le Président, sur une question de
règlement.
Si le premier ministre était allé deux fois dans la Beauce
et deux fois à Rouyn-Noranda, il aurait été battu dans son
comté.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): L'honorable député de
Beauce-Sud.
M. ROY: Parce que j'ai gagné 800 votes, quand vous êtes
venu M. le premier ministre, et c'est ce qui m'a permis de me faire
élire.
M. le Président, à l'occasion de cette émission
là, je rappelle toutes ces choses au premier ministre des
personnes qui ont téléphoné travaillaient aux Etats-Unis.
On sait que, dans la Beauce, il y a beaucoup de personnes qui vont gagner leur
vie aux Etats-Unis. Elles doivent payer de l'impôt dans l'Etat, payer
l'impôt au gouvernement fédéral américain, faire une
déclaration d'impôt au fédéral au Canada et en faire
un dans la province de Québec. J'avais souligné à
plusieurs reprises ces faits à l'Assemblée nationale. Cette loi
vient enfin corriger et préciser la loi, de façon que ces
personnes ne soient pas soumises à une double imposition dans
l'avenir.
M. le Président, si j'avais voté contre toutes les autres
réformes fiscales, je dois dire au gouvernement, à ce moment-ci,
que, chaque fois que le gouvernement apportera des améliorations pour le
contribuable du Québec, nous serons toujours heureux d'appuyer ses
projets de loi. C'est donc avec plaisir que je voterai, en troisième
lecture pour le projet de loi no 6.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Cette motion de troisième
lecture est-elle adoptée?
M. MORIN: Adopté.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Adopté.
Projet de loi no 4 Troisième lecture
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): L'honorable leader du gouvernement,
pour le
ministre de la Fonction publique, propose la troisième lecture du
projet de loi 4, Régime de retraite des employés du gouvernement
et des organismes publics. Cette motion de troisième lecture est-elle
adoptée?
M. MORIN: Adopté.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Adopté.
Projet de loi no 17 Troisième lecture
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): L'honorable ministre des Affaires
municipales propose la troisième lecture du projet de loi 17, Loi
modifiant la loi des dettes et emprunts municipaux et scolaires.
M. ROY: M. le Président.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): L'honorable député de
Beauce-Sud.
M. ROY: Sur ce projet de loi no 17, il est évident qu'il concerne
les dettes scolaires, les dettes municipales, les dettes prolongées, les
dettes renouvelées, les dettes approuvées, les dettes
consolidées, ainsi que les règlements d'emprunt. En quelque
sorte, il s'agit d'une loi pour régir les dettes.
M. le Président, si cette loi n'a rien de mauvais en soi,
puisqu'elle contribue simplement à réglementer le système
tel que nous le connaissons, système d'endettement public pyramidal, je
dois dire, cependant, que je suis très déçu que le
gouvernement n'ait pas, au lieu de présenter une loi de ce genre,
présenté une loi devant l'Assemblée nationale pour faire
en sorte de sortir de l'endettement pyramidal les municipalités et les
commissions scolaires du Québec. On se rappellera, M. le
Président, qu'à cette Assemblée nationale nous avons
suggéré à plusieurs reprises la création d'un
office de crédit municipal et scolaire pour permettre à nos
organismes municipaux et scolaires d'être en mesure d'avoir du
crédit au meilleur taux possible, en utilisant certains
mécanismes ou en amendant certaines lois pour faire en sorte que cet
office de crédit municipal puisse en quelque sorte comptabiliser le
crédit de la province de Québec.
M. le Président, nous avons des municipalités,
actuellement, au Québec, qui doivent payer jusqu'à 14 p.c, 15
p.c. d'intérêt sur leurs emprunts à long terme, et je
m'explique. Nous avons des municipalités qui ont été
obligées de faire des emprunts sur les marchés européens.
A cause de la dévaluation du dollar, à cause du taux de change,
à l'heure actuelle, ces municipalités sont fortement
pénalisées; elles ont pris des engagements assez onéreux
et ce sont les contribuables résidant dans ces municipalités qui
devront en assumer les frais.
Pourtant, je trouve quand même curieux qu'aujourd'hui, pour
construire des réseaux d'égout et d'aqueduc, pour construire des
trottoirs, pour construire des routes, des rues, on soit obligé d'aller
en Allemagne pour emprunter alors que nous avons organisé un
système d'autofinancement au Canada pour construire des avions pour
aller détruire l'Allemagne durant la guerre de 1939-1945. Je fais une
analogie mais c'est pour démontrer justement jusqu'à quel point
on peut être ridicule dans certaines situations.
Je regrette je dis bien je regrette mais je dois quand
même souligner au gouvernement, à ce moment-ci, qu'il n'a encore
rien fait, absolument rien fait pour tâcher de permettre aux
municipalités et aux commissions scolaires du Québec de se
financer au meilleur taux possible en utilisant le crédit de la province
de Québec au lieu de se créer des servitudes envers les pays
étrangers, envers les puissances financières internationales,
comme c'est le cas à l'heure actuelle.
Il s'agit, comme je le disais tantôt, d'une loi très
technique, une loi, en quelque sorte, qui protège les citoyens mais qui
ne fait absolument rien, je le dis, une loi qui ne règle pas le
problème de l'endettement et les problèmes des besoins d'emprunt
de nos municipalités.
On sait que les municipalités du Québec, actuellement, ont
des besoins urgents de capitaux pour donner à leurs habitants les
services municipaux urgents auxquels ils ont droit.
M. le Président, voulez-vous rappeler le député de
Saint-Jean à l'ordre, il passe son temps à frapper sur son
pupitre...
M. VEILLEUX: M. le Président,...
M. ROY: ... encore une fois comme il a l'habitude de le faire. Je l'ai
vu faire. Je comprends que c'est un type nerveux...
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Je vais le surveiller.
M. ROY: Le président va le surveiller, très bien.
M. VEILLEUX: Question de privilège.
M. ROY: J'ai seulement deux mots à dire et je termine
là-dessus.
M. VEILLEUX: Question de privilège.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Question de privilège.
M. VEILLEUX: Je veux simplement dire au député de Beauce
que j'arrive à mon siège, que j'arrive de l'arrière;
alors, je n'ai certainement fait aucun bruit.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): L'honorable député de
Beauce-Sud.
M. VEILLEUX: D'ailleurs, je lui ai fait la promesse, hier, que je ne
ferais plus de bruit et je n'en ferai plus.
M. ROY: M. le Président, je n'engagerai pas de débat
à ce temps-ci. C'est une promesse qui est tenue de la façon que
vous savez, M. le Président, une autre petite promesse
libérale.
Je demande à l'honorable ministre des Finances d'examiner ce
côté de la question, cet aspect du problème,
problème très sérieux et très grave au
Québec si nous voulons nous en sortir et si nous voulons demeurer
propriétaires de notre province.
Je termine mes observations là-dessus. Si la loi est très
technique, comme je l'ai dit tout à l'heure, nous allons l'approuver
parce qu'elle n'a rien de mauvais en soi, elle ne fait que régir les
dettes, régir et parler d'endettement, ce qui démontre
très bien dans quel bourbier le gouvernement se trouve enlisé
à l'heure actuelle.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): L'honorable ministre des Affaires
municipales.
M. GOLDBLOOM : J'aimerais quand même prendre 30 secondes pour dire
deux choses à l'honorable député de Beauce-Sud.
Premièrement, que le ministre des Finances et celui qui vous parle
surveillent de très près les emprunts qui sont proposés
par les municipalités sur les marchés étrangers et que si
ces emprunts sont assumés par les municipalités, c'est
après l'examen de chaque dossier par les deux ministres
concernés.
Deuxièmement, que l'élément le plus important de
cette loi est simplement de faciliter l'entrée sur le marché
d'une municipalité qui doit renégocier un emprunt. Nous donnons
plus de souplesse, plus de liberté et une plus grande période de
temps pour permettre justement à la municipalité de trouver le
moment le plus favorable pour s'adresser au marché.
UNE VOIX: Adopté.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Cette motion de troisième
lecture est-elle adoptée?
Adopté.
M. LEVESQUE: Alors, M. le Président,... Pardon?
M. BURNS: Prenez votre siège. Bon, très bien, vous y
êtes.
M. LEVESQUE: J'y suis. Je regarde si c'est bien le cas!
Je crois bien que nous devrons, M. le Président, suspendre pour
quelques instants si la commission parlementaire de la justice n'a pas
terminé ses travaux. Il n'y aurait, à ce moment-là,
qu'à recevoir le rapport, qui est fait selon les règles de la
commission plénière.
Alors le président de la commission devra vous faire rapport, M.
le Président de l'Assemblée, pour que nous puissions adopter la
troisième lecture des projets de loi nos 2 et 3 et, ensuite, terminer
l'étude des crédits, vu qu'il reste les crédits du
ministère de la Justice à adopter et que c'est le même
ministre qui est retenu par les travaux en commission.
La Justice? D'accord.
Je propose, M. le Président, que vous quittiez maintenant le
fauteuil et que la Chambre se forme en commission plénière.
Budget supplémentaire Commission
plénière (suite)
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): L'honorable leader du gouvernement
propose que la commission plénière se forme à nouveau pour
l'étude des crédits.
M. HOUDE, Limoilou (président de la commission
plénière): A l'ordre, s'il vous plaît! Crédits
supplémentaires 1973/74, ministère de la Justice.
Programme 2. Adopté?
M. BURNS: En ce qui me concerne, M. le Président,
adopté.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Programme 4, adopté?
M. BURNS: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Programme 6, adopté?
M. BURNS: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Programme 7, adopté?
M. BURNS: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Alors les crédits du
ministère de la Justice sont adoptés.
M. HOUDE, Limoilou (président de la commission
plénière): M. le Président, j'ai l'honneur de faire
rapport que votre commission a adopté tous les crédits
supplémentaires 1973/74.
LE PRESIDENT: Ce rapport est-il agréé?
Agréé.
Avez-vous le projet de loi?
M. LEVESQUE: II y a le projet de loi no 21.
Projet de loi no 21 Deuxième et
troisième lecture
LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Finances propose la
première, deuxième et troisième lecture du projet de loi
no 21, Loi octroyant à Sa Majesté des deniers requis pour les
dépenses du gouvernement pour l'année financière se
terminant le 31 mars 1974 et pour d'autres fins du service public.
Cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
LE SECRETAIRE ADJOINT: Première, deuxième et
troisième lectures de ce bill. First, second and third readings of this
bill.
M. LEVESQUE: M. le Président, on pourrait suspendre pour quelques
minutes, à loisir.
LE PRESIDENT: Suspension des travaux jusqu'au son des cloches, d'ici
quelques minutes.
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! Le député de
Pointe-Claire.
Projet de loi no 2
Rapport de la commission et 3e lecture
M. SEGUIN: M. le Président, j'ai l'honneur de faire rapport que
la commission de la justice siégeant en commission parlementaire a
adopté les projets de loi 2 et 3 avec amendements.
LE PRESIDENT: Ces rapports concernant les projets de loi nos 2 et 3
sont-ils agréés?
M. BURNS: Agréé. LE PRESIDENT: Troisième lecture.
M. CHOQUETTE: Prochaine séance? M. BURNS: D'accord.
M. SAMSON: Avez-vous besoin du consentement unanime?
LE PRESIDENT: Je n'ai pas de commentaires à faire. L'honorable
ministre de la Justice propose la troisième lecture du projet de loi no
2. Cette motion est-elle adoptée?
M. BURNS: Non, M. le Président, sur le projet de loi no 2, je
pense que mon collègue de Chicoutimi a quelques mots à nous
dire.
LE PRESIDENT: L'honorable député de Chicoutimi.
M. BEDARD (Chicoutimi): M. le Président, je dois dire que les
délibérations de cette commission se sont tenues dans un
très bon climat, dans la légalité parfaite, avec
l'honorable ministre de la Justice, de telle façon que nous n'avons
aucune motion à faire concernant les règlements. Egalement
ça s'est déroulé dans une atmosphère très
sereine et a donné un résultat dont l'Opposition est très
heureuse, en ce sens que par les amendements que nous avons apportés, de
même que ceux qui ont été apportés par l'honorable
ministre de la Justice et d'autres députés au niveau de la
commission, après une discussion sans trop de formalité sur ces
amendements ...
Vous voulez que je vous nomme? Entre autres un amendement apporté
par les honorables députés de Sainte-Anne, de Taschereau. Je
crois que les délibérations ont eu comme effet de bonifier
définitivement le projet de loi qui avait été soumis
à la commission.
Entre autres, ce n'est pas notre intention d'entrer dans le
détail de chacun des amendements qui ont été
apportés, mais qu'on nous permette de souligner par exemple que certains
délais ont été changés de manière à
rendre le projet de loi plus conforme à la réalité, plus
humain et tenant compte des circonstances.
Egalement, il y a eu un amendement que je crois important, surtout parce
qu'il regarde le problème du stationnement pour les locataires qui sont
dans les grandes villes. Cet amendement a pour effet que le bail d'un espace de
stationnement qui sera signé entre le locateur et le locataire pour les
fins de la fixation de loyer sera régi par les dispositions du
présent projet de loi, ce qui pourra éliminer, à mon sens,
la possibilité qui pouvait exister pour un locateur de poser à un
moment donné, directement ou indirectement des conditions de prix de
stationnement au locataire, telles que ceci équivalait à faire
indirectement ce qui ne lui était pas permis directement.
Il y a bien d'autres amendements qui ont été
apportés, mais je crois que l'amendement le plus important qui a
été apporté concernant cette loi, c'est à l'effet
que la présente loi va s'appliquer d'une manière universelle,
pour toutes les catégories de loyers à travers le Québec,
pour tout le territoire du Québec également. Nous sommes
très heureux que cet amendement ait été accepté; il
a été proposé également par l'honorable ministre de
la Justice. Ceci nous rappelle, si vous le permettez, quand même, qu'au
mois de décembre 1970 cette proposition avait été
formulée par l'Opposition, mais qu'on avait cru que cette disposition,
en 1970, était irréaliste ou provenait d'une Opposition
irresponsable. Je suis très heureux qu'au cours de cette session on en
soit venu à accepter que la loi s'applique d'une manière
universelle, encore une fois, à toutes les catégories de loyers,
de même qu'à tout le territoire du Québec. Nous en sommes
heureux parce que ce qui est bon, en termes de loi, peut peut-être
arriver en retard, mais n'arrive jamais trop tard. Je vous remercie, M. le
Président.
M. CHOQUETTE: M. le Président, si vous me permettez, en
réplique au député de Chicoutimi, je n'ai pas l'intention
de prendre cette occasion pour répliquer à ses propos sur un ton
virulent, mais bien plutôt adopter le ton des délibérations
qui ont eu lieu en commission parlementaire de la justice, aujourd'hui et hier.
Je remercie nos collègues de l'Opposition, ainsi que ceux du
côté gouvernemental, qui ont contribué d'une façon
extrêmement intelligente et efficace à améliorer les
projets de loi 2 et 3.
Certes nos légistes du ministère de la Justice et
moi-même nous avions fait un travail considérable avant de
proposer ces projets de loi. Mais on se rend compte encore une fois que des
projets de loi, si bien étudiés soient-ils au moment où on
les présente, ont des carences, des défauts, des lacunes,
souffrent de certains aspects qui méritent d'être corrigés.
Aujourd'hui, nous pouvons dire avec beaucoup de satisfaction, et je le dis en
regardant nos collègues de l'Opposition ainsi que nos autres
collègues de notre côté de la Chambre, que nous avons
réussi véritablement à améliorer des projets de loi
qui, à mon sens, auront des répercussions très importantes
au point de vue social sur le Québec. Je me félicite, M. le
Président, de l'effet des projets de loi.
Je suis confiant qu'ils apporteront une mesure de bien-être
à la population québécoise, sans aucun doute. J'en suis
également heureux du ton qui a présidé à ces
discussions et qui a permis de faire du progrès dans
l'intérêt de tous les Québécois. Merci.
Projet de loi no 3
Rapport de la commission et 3e lecture
LE PRESIDENT: Si je comprends bien, le député de
Chicoutimi parlait sur le bill 3. Est-ce que le bill 2 a été
adopté? De toute façon cette motion de troisième lecture
du projet de loi no 2 c'est le louage de choses ou quoi? est-elle
adoptée?
Adopté.
M. BURNS: M. le Président, je demande un vote enregistré.
Cependant je suis prêt à accepter que le vote enregistré
soit le même pour les deux, le bill 2 et le bill 3.
LE PRESIDENT: Qu'on appelle les députés.
Projet de loi no 2 Vote de 3e lecture
LE PRESIDENT: Que ceux qui sont en faveur de cette motion de
troisième lecture du projet de loi no 2 veuillent bien se lever, s'il
vous plaît!
LE SECRETAIRE ADJOINT: MM. Bourassa, Lévesque, Mailloux,
Choquette, Garneau, Phaneuf, Goldbloom, Drummond, Forget, Harvey
(Jonquière), Desjardins, Giasson, Perreault, Lamontagne, Veilleux,
Brisson, Séguin, Cornellier, Houde (Limoilou), Pilote, Ostiguy,
Carpen-tier, Faucher, Marchand, Shanks, Springate, Beauregard, Bonnier,
Boudreault, Leduc, Ca-ron, Harvey (Dubuc), Lachance, Lapointe, Lecours,
Massicotte, Mercier, Pagé, Sylvain, Tremblay, Verreault, Morin, Burns,
Charron, Lessard, Bédard (Chicoutimi), Samson, Roy.
LE SECRETAIRE: Pour: 48
Contre: 0
LE PRESIDENT: La motion est adoptée. Si j'ai bien compris, le
même vote sur la motion de troisième lecture du projet de loi no
3.
Pour: 48
Contre: 0
Cette motion de troisième lecture du projet de loi no 3 est
adoptée.
Commission de la liberté de la presse
M. LEVESQUE: M. le Président, je propose qu'une commission
spéciale soit formée sur le problème de la liberté
de presse et que les membres suivants en fassent partie: MM. Bacon, Bonnier,
Bourassa, Déom, Hardy, L'Allier, La-londe, Leduc, Parent
(Prévost), Veilleux, plus...
M. BURNS: Le député de Saint-Jacques, M. Charron, et le
député de Sauvé, l'honorable chef de l'Opposition, M.
Jacques-Yvan Morin.
M. LEVESQUE: L'honorable! M. ROY: Roy, Beauce-Sud.
LE PRESIDENT: Peut-être, pour le journal des Débats,
voulez-vous indiquer le député de Saint-Jacques et les
autres.
M. LEVESQUE: M. Charron, M. Morin et M. Roy.
LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
DES VOIX: Adopté.
LE PRESIDENT: Adopté.
Sous-comité des dépenses
électorales
M. LEVESQUE: M. le Président, je propose que le
sous-comité des dépenses électorales de la commission de
l'Assemblée nationale soit formé et qu'il soit composé des
membres
suivants: MM. Blank, Boudreault, Boutin (Johnson), Brown, Caron,
Desjardins, Giasson, Hardy, Houde (Abitibi-Est), Pagé, et...
M. BURNS: M. le Président, l'honorable chef de l'Opposition, M.
Jacques-Yvan Morin, et l'honorable M. Burns, qui vous parle.
M. ROY: Ainsi que M. Samson, de Rouyn-Noranda.
M. BOURASSA: Glissement à droite.
M. LEVESQUE: M. le Président, pour compléter, nous
ajoutons MM. Morin, Burns et Samson.
LE PRESIDENT: II faudrait un consentement unanime pour cette motion.
J'imagine qu'il n'y a pas d'objection; c'est pour ne pas créer un
précédent, parce que, normalement, le sous-comité devrait
être formé par la commission de l'Assemblée nationale.
M. BURNS: D'accord, M. le Président.
LE PRESIDENT: Mais s'il y a consentement unanime...
M. BURNS: Consentement.
LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
DES VOIX: Adopté.
LE PRESIDENT: Adopté.
M. LEVESQUE: Simplement pour vous rappeler, M. le Président, que
la commission de l'Assemblée nationale avait elle-même
autorisé la formation de cette sous-commission lors de notre
dernière réunion.
LE PRESIDENT: Comme vous le dites si bien: Trop fort ne casse pas.
M. LEVESQUE: Très bien.
Commissions parlementaires permanentes
M. LEVESQUE: M. le Président, je propose que le nombre des
membres de toutes les commissions parlementaires permanentes et
spéciales de l'Assemblée nationale, qui siégeront
après la prorogation de la présente session, soit doublé
en respectant la proportion actuelle au sein de ces commissions de chaque parti
reconnu. Tout membre additionnel attribué à chaque parti reconnu
est désigné, pour chaque séance, par le leader
parlementaire ou le whip de ce parti. M. le Président, ceci est pour
tenir compte des séances qui auront lieu entre, comme je le mentionnais,
la prorogation de la présente session et le début de la prochaine
session.
M. BURNS: M. le Président, je ne veux pas causer de
difficulté à mon ami, le député de Bonaventure.
Mais, avant d'adopter cette motion-ci, il serait peut-être mieux de faire
adopter une motion pour permettre aux commissions parlementaires de
siéger durant l'intersession.
M. LEVESQUE: C'est prévu par le règlement.
M. BURNS: C'est prévu, oui.
M. LEVESQUE: Toutes les commissions peuvent siéger en tout temps.
Il y a une procédure pour donner les avis.
M. BURNS: Alors, nous doublons tout simplement.
M. LEVESQUE: Oui. M. BURNS: D'accord.
LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
Bon, avec votre permission, nous allons suspendre quelques minutes en
attendant la visite de l'honorable lieutenant-gouverneur.
Discours de prorogation
LE PRESIDENT: Messieurs, l'honorable lieutenant-gouverneur va faire son
entrée. Veuillez vous lever, s'il vous plaît.
L'honorable Hugues Lapointe
LE LIEUTENANT-GOUVERNEUR: Madame et messieurs de l'Assemblée
nationale, Madam and Gentlemen of the National Assembly,
En prorogeant cette première session de la 30e
Législature, je veux vous remercier pour le travail accompli.
Cette courte session vous aura permis de prendre des mesures très
importantes pour assurer la sécurité du revenu des
Québécois. L'adoption de la Loi sur les allocations familiales et
les modifications au régime de rentes ont en effet consacré la
mise en place des éléments essentiels de la politique
québécoise de sécurité du revenu.
Dans le domaine économique et social, dans celui de la justice,
des affaires municipales, de la fonction publique et de l'agriculture, vous
avez étudié d'autres mesures législatives qui, bien que de
caractère plus limité, revêtent une importance
particulière pour les Québécois.
L'année qui s'achève aura non seulement été
la meilleure année économique du Québec, mais elle aura
aussi été celle de la poursuite de la réforme sociale et
culturelle. Cette Assemblée a été directement
associée à ces progrès de la société
québécoise.
Madame et messieurs de l'Assemblée nationale, en prorogeant cette
première session de la 30e Législature, je vous souhaite un
joyeux Noël et une bonne et heureuse année. Que Dieu bénisse
le Québec et tous ceux qui l'habitent.
Madam and gentlemen of the National Assembly, in proroguing this first
session of the 30th Legislature, I wish you a merry Christmas and a Happy New
Year.
May God bless Quebec and all who live here.
Souhaits des fêtes M. Robert Bourassa
M. BOURASSA: Simplement quelques mots pour souhaiter de joyeuses
Fêtes à tous les membres de l'Assemblée nationale.
Nommément, on peut mentionner le travail du leader parlementaire du
gouvernement, mes collègues du conseil des ministres et du caucus, et
une attention spéciale pour les nouveaux députés, qui ont
eu à prendre contact avec les nouveaux règlements et avec le
travail parlementaire. Tout cela s'est fait d'une façon très
positive, très constructive.
Je ne veux pas oublier les membres de l'Opposition, le chef de
l'Opposition dont c'était également la première
expérience. Il s'est acquitté de ses fonctions avec
efficacité puisqu'on termine la session avant les Fêtes.
Egalement le leader parlementaire de l'Opposition, mon camarade le
député de Maisonneuve, qui s'est révélé
comme le Stanley Knowles du Parlement québécois. Et je voudrais
signaler le travail que nous avons fait, comme on va remettre un compte rendu
de ce qui a été fait au cours de l'année. Une centaine de
lois, encore une fois ont été votées, des lois très
importantes.
Je veux mentionner également le travail qui a été
fait par tous les membres du personnel, M. le Président, votre travail
personnel, de vos assistants, de tous ceux qui collaborent avec vous
directement et indirectement. On sait ce que ça comporte pour le
personnel de l'Assemblée nationale.
Ils ont travaillé dans les derniers jours des sessions, des jours
proches des Fêtes, et avec des longues séances. Je veux mettre en
relief d'une façon toute particulière le travail qu'ils ont fait.
Je ne veux également pas oublier les représentants du Parti
créditiste qui me regardaient, on les a reconnus pour la
troisième lecture, on les reconnaît également pour la fin
de la session.
J'espère qu'au cours des prochains mois nous pourrons nous
préparer à entreprendre une autre session, la prochaine session
qui, évidemment, sera beaucoup plus longue, une autre session qui sera
fructueuse et qui travaillera dans l'intérêt de tous les
Québécois. Encore une fois, joyeuses fêtes et bonne
année à tous !
M. Jacques-Yvan Morin
M. MORIN: Permettez-moi, M. le Président, avant de
présenter mes voeux aux membres de cette Assemblée, de distribuer
quelques voeux particuliers. Au premier ministre, je souhaite en 1974 beaucoup
de questions de l'Opposition, et je souhaite qu'il passe au moins autant de
temps à y répondre que nous prenons de temps à les lui
poser.
Au leader du gouvernement en Chambre, je souhaite qu'il obtienne
rapidement son siège au Sénat, quoique cela nous privera de ses
aimables motions de fin de session, mais il pourra toujours en gratifier ses
collègues sénateurs, lesquels ont tout le temps devant eux.
Au ministre des Richesses naturelles, à qui j'ai eu plus d'une
fois l'occasion de m'adresser au cours de ces dernières semaines, je
souhaite ce qu'on pourrait appeler un oléoduc des Danaides qui, au
contraire du célèbre tonneau, serait constamment plein de
pétrole.
M. le Président, cette Assemblée doit vous être
reconnaissante pour le travail que vous avez accompli en dirigeant ces
débats avec beaucoup de patience et beaucoup de dignité dans des
circonstances parfois délicates. Nous vous en remercions et vous
emportez avec vous nos meilleurs voeux pour l'année nouvelle qui ne sera
pas nécessairement plus paisible que la dernière, en tout cas
certainement pas moins longue.
On comprendra également que je veuille offrir mes voeux au
député de Roberval, vice-président de
l'Assemblée.
Nous souhaitons que nos différends au sujet de la
procédure soient maintenant chose du passé et que nous entrions
dans l'année nouvelle du bon pied. Je souhaite également au
ministre de la Justice de toujours faire ses motions d'ajournement au bon
moment.
M. le Président, puis-je, par votre entremise, rejoindre tous vos
collaborateurs infatigables. Je songe, en particulier, à ceux qui sont
devant moi, qui ont dû travailler de longues heures
supplémentaires, ainsi qu'à tout le personnel de cet hôtel
du gouvernement, qui mérite bien ces vacances. Je désire leur
offrir nos voeux les plus vifs pour Noël et l'An nouveau.
Enfin, à vous tous, collègues députés, je
souhaite le paradis à la fin de vos jours, chose qui, je
l'espère, n'est pas trop hypothétique et je vous souhaite
également une chose qui me paraît moins hypothétique, avant
la fin de vos jours, l'indépendance.
LE PRESIDENT: Le député de Rouyn-Noranda.
M. Camille Samson
M. SAMSON: M. le Président, nous aimerions joindre nos voeux
à ceux du premier ministre et du chef de l'Opposition officielle. M. le
Président, avec votre permission et le consentement unanime, nous
aimerions...
LE PRESIDENT: Vous avez les deux.
M. SAMSON: ... vous dire, que nous avons, quant à nous,
considéré cette dernière session comme une très
bonne expérience. Nous avons eu des débats, je pense, assez
importants. On a eu quelques débats sympathiques. Même si,
parfois, tout en n'étant pas malicieux du tout, nous avons eu des
débats énergiquement sérieux, je pense que cette
expérience-là, compte tenu de la nouvelle situation
parlementaire, a démontré importance du rôle de
l'Opposition dans notre système parlementaire. Quant à nous du
Parti créditiste, même si on n'a pas toujours eu ce que nous
désirions, il reste que nous avons certaines particularités assez
intéressantes; nous demeurons, en cette Chambre, le seul parti qui n'a
pas donné de problèmes à son whip durant cette
session.
M. le Président, nous avons presque toujours eu des caucus au
complet. Il est arrivé rarement qu'il nous ait manqué des
députés à notre caucus. C'est pour nous une
expérience très enrichissante.
Je voudrais, en terminant, offrir mes meilleurs voeux de joyeux
Noël et de bonne et heureuse année à tout le monde, à
vous, M. le Président, au premier ministre, au chef de l'Opposition
officielle, à tous nos collègues députés, aux
ministres. Je voudrais également ne pas oublier ceux qui sont nos
serviteurs, les employés de l'Assemblée nationale, les officiers,
les huissiers, ceux aussi qui nous servent si bien au restaurant et qui
prennent bien soin de nous pendant que nous sommes éloignés de
notre maison. Il y a également les membres de la presse que j'aimerais
ne pas oublier. Je leur souhaite à eux aussi de très bonnes
Fêtes. Nous avons pendant un bon moment perdu le soleil en cette
enceinte, puis nous avons retrouvé autre chose. Je souhaite à
tous ceux qui pourront le faire d'aller retrouver du soleil et de la chaleur
pendant quelques jours. Cela permettra peut-être à ceux qui
pourront le faire j'espère pouvoir le faire aussi de
retrouver ce que nous avons perdu ces derniers jours puisque
l'Hydro-Québec a eu quelques problè- mes, et je pense que
certains de nos collègues ont manqué de chaleur.
Nous vous souhaitons de bonnes vacances et retrouvez-en de la
chaleur.
M. le Président Jean Noël Lavoie
LE PRESIDENT: Messieurs, avant de proroger cette session sine die,
permettez-moi de vous remercier de votre collaboration; d'une manière
particulière, les leaders parlementaires parfaitement reconnus ou en
voie de reconnaissance. Nous n'avons pas vraiment eu l'occasion de nous
connaître à fond, surtout la nouvelle députation, mais
j'espère qu'avec les services de l'Assemblée nous tenterons de
trouver d'autres activités et d'autres rencontres dès la
prochaine session.
Je voudrais souligner la collaboration efficace des deux
vice-présidents de l'Assemblée nationale, l'honorable
député de Saint-Louis et l'honorable député de
Roberval, les officiers de la Chambre, les pages, qu'on oublie assez
facilement, le personnel du Journal des Débats.
Nos hommes en vert, les gardiens, les policiers et toute
l'équipe, cette famille de l'Assemblée nationale. Encore une
fois, merci. Cela a été des moments intéressants et
vivifiants.
Je vois le leader de l'Opposition officielle. Je dois même
féliciter cette équipe qui nous a permis de réviser nos
règlements et de faire un cours pratique de procédure
parlementaire. Soyez assurés que, personnellement, cela allume mes
propres lumières pour la prochaine session. J'essaierai de revenir bien
préparé afin de ne pas vous forcer à retarder trop souvent
vos travaux par des suspensions pour des décisions qu'on tentera
ensemble de rendre le plus sages possible.
Prorogation sine die
LE PRESIDENT: Merci, mes meilleurs voeux vous accompagnent.
En terminant, c'est la volonté et le voeu de l'honorable
lieutenant-gouverneur que cette première session de la 30e
Législature soit prorogée sine die. En conséquence, la
première session de la 30e Législature est prorogée sine
die. Merci.
(Fin de la séance à 22 h 37)