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(Dix heures six minutes)
M. LAVOIE (président): A l'ordre, messieurs !
Affaires courantes.
Dépôt de rapports de commissions élues.
Rapport sur le projet de loi no 20
M. BROWN: Mr President, I have the honour to submit bill 20, an Act to
amend the Charter of the General Investment Corporation of Quebec, with the
amendments.
LE PRESIDENT: Si je comprends bien, c'était le rapport sur la Loi
de la Société générale de financement qui devait
être considéré comme étant un rapport de commission
plénière.
M. BURNS: Donc, pas le projet de loi lui-même, M. le
Président.
LE PRESIDENT: Bien, je vais faire approuver le rapport.
M. BURNS: Le rapport.
LE PRESIDENT: Ce rapport est-il agréé?
M. BURNS: Agréé.
LE PRESIDENT: Agréé.
Dépôt de rapports du greffier en loi sur les projets de loi
privés.
Présentation de motions non annoncées.
Présentation de projets de loi au nom du gouvernement.
M. LEVESQUE: Nous aurons, dans quelques instants, une copie du projet de
loi apparaissant à l'article c). Avec le consentement unanime de la
Chambre, j'en ferai le dépôt à ce moment-là.
M. BURNS: D'accord, M. le Président.
LE PRESIDENT:
Présentation de projets de loi au nom des
députés.
Déclarations ministérielles.
Présentation de projets de loi au nom des
députés.
Déclarations ministérielles.
Dépôt de documents.
Questions orales des députés.
QUESTIONS DES DEPUTES
LE PRESIDENT: L'honorable leader parlementaire de l'Opposition
officielle.
Vente du cidre
M. BURNS: M. le Président, ma question s'adresse au premier
ministre et concerne une décision récente à l'effet
d'accorder aux magasins à succursales des permis de vente de cidre.
Simplement en guise d'introduction très brève, on se souviendra
que, lors de la loi légalisant le cidre, le ministre de l'Agriculture,
d'une part, avait assuré tout le monde que cette vente serait faite
normalement dans les épiceries.
On se souviendra également que, lors de l'adoption des projets de
loi créant la Société des alcools du Québec et la
Commission de contrôle des permis d'alcool, et le ministre de la Justice
et le premier ministre avaient donné à cette Chambre l'assurance
que les permis de vente de bière et de cidre seraient, à toutes
fins pratiques, réservés aux petites épiceries.
Je pense qu'à plusieurs reprises, d'ailleurs, le premier ministre
a donné aux petits épiciers l'assurance que ce permis leur serait
réservé. Depuis la décision qui a été rendue
récemment d'accorder aux magasins Steinberg le permis de vendre du
cidre, il semble y avoir une espèce de consternation chez les
épiciers.
Le premier ministre est-il en mesure de nous dire quelles sont les
intentions de son gouvernement relativement à ces permis de vente de
cidre et, comme c'est la même nature, de bière? Parce que c'est
là qu'est la crainte, je pense, des épiciers. Si on accorde les
permis de vente de cidre aux magasins à succursales, ils se demandent si
les permis de vente de bière ne seront pas aussi accordés aux
magasins à succursales.
M. BOURASSA: II n'est pas du tout question, mais pas du tout, que le
permis de vente de bière soit accordé aux magasins à
succursales. Nous avons toujours fait une distinction très nette entre
le cidre et la bière. Dans le cas du cidre, ce sont des entreprises
québécoises qui sont appelées à une expansion.
D'ailleurs, c'est une décision de la Commission de contrôle ou de
la Société des alcools.
J'ai rencontré, il y a quelques jours pas lundi dernier,
mais l'autre lundi les représentants des épiciers et je
leur ai donné l'assurance absolue qu'il ne sera jamais question, tant
que nous serons là, que des permis de bière soient
accordés aux magasins à succursales. Je fais une distinction
très nette entre la bière et le cidre, à cause des faits
que je viens de donner au député.
M. BURNS: Question additionnelle. Etant donné qu'il s'agit d'une
décision d'un tribunal administratif, qui s'appelle la Commission de
contrôle des permis d'alcool, et comme je pense que le gouvernement n'a
pas l'intention d'intervenir dans le processus judiciaire ou l'exercice normal
d'une juridiction d'un tribunal administratif, comme dans l'esprit de tout le
monde, il
y a toujours eu un parallèle entre ces permis de bière et
de cidre, est-ce que le gouvernement serait prêt même à
aller jusqu'à amender la loi actuelle pour que l'affirmation que le
premier ministre vient de faire soit bien clairement établie afin qu'un
tribunal administratif n'ait pas même à interpréter cette
attitude, puisque c'est une question de politique?
M. BOURASSA: Oui, M. le Président, nous serions prêts
à amender la loi de manière à donner la plus grande
sécurité possible pour ce qui a trait aux permis de bière
aux épiciers.
LE PRESIDENT: L'honorable député de Lafontaine.
Projet Un fleuve, un parc
M. LEGER: M. le Président, ma question s'adresse au ministre des
Affaires municipales et protecteur de l'environnement, concernant le projet Un
fleuve, un parc. Le ministre avait-il, premièrement, endossé le
projet de M. Tony Le Sauteur, Un fleuve, un parc, en février dernier et
est-ce qu'il s'était engagé à fournir aussi une somme de
$250,000 pour l'étude du projet en question? Deuxièmement, est-ce
que le ministre a été consulté par qui et de quelle
façon pour l'émission par la ville de Longueuil d'un
permis de construction d'un hôtel Sheraton sur l'île Charron, ainsi
qu'un permis de construction d'aqueduc et d'égout? Comment se fait-il
que ceci a été fait malgré sa promesse de protéger
le projet Un fleuve, un parc sur l'île Charron, l'île
Sainte-Marguerite et toutes les îles qui font partie du projet Un fleuve,
un parc?
M. GOLDBLOOM: M. le Président, la réponse à chacune
des questions, c'est oui. J'ai exprimé un avis favorable quand on m'a
saisi du projet Un fleuve, un parc, qui est un projet très vaste. J'ai
fait commencer une étude par une firme d'ingénieurs-conseils pour
définir les hypothèses d'aménagement qui avaient
été avancées, pour faire préciser certaines
données scientifiques qui n'avaient pas été fournies par
des professionnels mais plutôt par des gens de moindre expérience.
La Fédération québécoise de la faune a
elle-même reconnu la nécessité de ces vérifications.
Quant au projet d'hôtel, il est connu depuis assez longtemps; il y a
depuis de nombreux mois de mémoire je ne pourrais me rappeler la
date précise que l'autorisation a été donnée
pour un système de traitement des eaux usées.
Le projet est connu depuis de nombreux mois. C'est un hôtel qui se
construira à côté du pont-tunnel Louis-Hippolyte
Lafontaine, et cette partie de l'île Charron n'avait pas
été visée, dans mon optique personnelle, pour un
développement en éventuel parc.
M. LEGER: Une question supplémentaire,
M. le Président. Est-ce que le ministre, qui a proposé
dernièrement que l'OPDQ s'occupe du plan d'aménagement, est au
courant du fait que le plan d'aménagement que le projet Le Sauteur
mettait de l'avant est un plan d'aménagement naturel et non pas un plan
d'aménagement artificiel? C'est-à-dire que l'implantation d'un
hôtel est un aménagement artificiel. Deuxièmement, est-ce
que le ministre a l'intention de déclarer un moratoire d'au moins deux
ans pour éviter tout autre empiètement de ce projet Un fleuve, un
parc avant qu'il soit réalisé? Finalement, comment le ministre
peut-il prévoir des sommes d'argent pour la réalisation et non
pas seulement les études d'aménagement, étant donné
qu'il y a un ensemble de plusieurs ministères qui n'ont pas
proposé de montants d'argent pour réaliser et non pas juste
étudier le projet?
M. GOLDBLOOM: M. le Président, c'est justement parce que
plusieurs ministères sont impliqués que l'OPDQ a
été invité à se pencher sur la question, a voulu
examiner tout le projet et a voulu se prononcer sur la possibilité
réelle d'aménager tel ou tel secteur. Je pense que là
où ce développement est proposé, c'est le seul endroit
où présentement on se propose de faire des choses
différentes de celles que nous espérerions. On sait que, par
injonction, nous avons fait arrêter des travaux qui auraient
constitué une jetée entre cette île et l'île
suivante. Cette injonction est maintenue et les travaux sont
arrêtés.
Donc, présentement, il s'agit de la construction d'un hôtel
et pas de plus que cela. Il s'agit d'un travail fait par l'OPDQ pour examiner
toute la situation et pour faire des recommandations et, entre-temps, d'un
travail qui est fait par une firme d'ingénieurs-conseils. La
première phase ayant été accomplie cette année, la
deuxième phase se poursuivra l'an prochain.
M. LEGER: Une question supplémentaire, M. le Président.
Est-ce que le ministre, pour que la population prenne au sérieux sa
décision, a l'intention de décréter un moratoire de deux
ans pendant la période d'étude de l'OPDQ pour s'assurer qu'il n'y
ait aucune autre construction et aucune autre surprise
désagréable comme celle-ci?
Est-ce que le ministre peut aller jusque-là pour assurer la
population que son projet aura lieu, parce qu'il y aurait un moratoire
empêchant toute construction durant ce temps?
M. GOLDBLOOM: La question que pose l'honorable député de
Lafontaine a des implications législatives et, justement, c'est un des
aspects qu'étudie présentement l'OPDQ. Est-ce que le gouvernement
peut effectivement empêcher les municipalités et les
propriétaires privés de faire cela autrement qu'en prenant tout
le territoire. Geste que le gouvernement n'est pas encore en mesure de faire?
Est-ce que l'on peut
autrement empêcher les gestes que voudraient poser d'autres
personnes? Mais nous ne sommes pas saisis de l'intention d'autres personnes ou
d'autres municipalités de faire du développement sur les
territoires en question.
M. LEGER: Ne vous faites pas prendre par surprise.
LE PRESIDENT: L'honorable député de Rouyn-Noranda.
Prix de l'essence
M. SAMSON: Ma question s'adresse à l'honorable premier ministre.
Je voudrais lui demander s'il a été mis au courant d'une
situation qui existe présentement dans le Nord-Ouest
québécois quant au prix de détail de l'essence vendue,
comparativement au prix de détail de la même essence vendue
à quelques milles de distance, c'est-à-dire de l'autre
côté des frontières de l'Ontario. On nous informe je
demande au premier ministre s'il a été informé de cette
situation qu'il y aurait une différence de $0.12 le gallon entre
l'essence vendue au détail dans le Nord-Ouest québécois et
l'essence vendue au détail dans l'Ontario, ce qui veut dire qu'en date
d'hier l'essence régulière se vendait $0.72 9/10, au
Québec, et $0.60 9/10, de l'autre côté de la
frontière. Je voudrais demander au premier ministre s'il a
été saisi de cette question. Si oui, quelles sont les mesures que
le gouvernement du Québec peut prendre pour aviser qui de droit et
tenter de corriger cette situation inacceptable?
M. BOURASSA: Je n'ai pas été mis au courant de la
situation particulière soulevée par le député de
Rouyn-Noranda. Durant plusieurs années, c'était un peu l'inverse,
à l'avantage du Québec. Là, nous devons subir,
étant donné la situation particulière vis-à-vis du
pétrole importé, les effets de la crise pétrolière
de façon plus aiguë que dans d'autres régions du Canada. Je
vais m'informer sur le cas particulier soulevé par le
député de Rouyn-Noranda. Il reste que ceci sera discuté
à la conférence fédérale-provinciale au mois de
janvier, à Ottawa. Nous devons admettre que la situation
particulière du pétrole actuellement fait que le Québec
est défavorisé par rapport à d'autres régions du
Canada. Nous étions favorisés jusqu'à l'an dernier.
M. SAMSON: Est-ce que le premier ministre trouve acceptable cette
situation? Est-ce que vous n'avez pas l'intention de faire quelque chose pour
que ce soit corrigé?
LE PRESIDENT: C'est une question d'appréciation.
M. SAMSON: M. le Président, ce n'est pas une question
d'appréciation, c'est une question de fait.
LE PRESIDENT: Vous demandez: Est-ce que le premier ministre trouve
ça raisonnable ou acceptable?
M. SAMSON: Non, non, acceptable.
LE PRESIDENT: Formulez-la différemment.
M. SAMSON : Etant donné que la situation est inacceptable, est-ce
que le premier ministre a l'intention de demander à son gouvernement de
faire quelque chose de plus que des voeux pieux vis-à-vis des
conférences fédérales-provinciales? C'est une situation
existante et je pense qu'il est assez urgent que le gouvernement du
Québec prenne des dispositions; douze cents le gallon, à 30
milles de différence, cela n'a pas de bon sens.
LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre!
M. BOURASSA: M. le Président, j'ai dit que je n'avais pas
été mis au courant de cette situation particulière. Quant
aux différences dans les prix, il y en a eu durant des années et
des années, à l'avantage du Québec. A cause de
l'évolution de la situation que nous connaissons actuellement sur le
plan international, cet avantage est disparu, étant donné que
nous importons du pétrole. Nous sommes maintenant, par rapport à
l'Ontario, dans une situation désavantageuse. Et c'est cela que nous
allons discuter dans quelques semaines à l'occasion de la
conférence fédérale-pronvinciale.
LE PRESIDENT: L'honorable député de Saint-Jacques.
Orchestre symphonique de Montréal
M. CHARRON: M. le Président, je suis étonné de ne
pas entendre de déclaration ministérielle, ce matin, du ministre
des Affaires culturelles, qui a certainement une bonne nouvelle à nous
faire connaître quant à l'Orchestre symphonique. Est-ce que je
peux demander au ministre des Affaires culturelles d'informer la Chambre sur
l'entente entre son ministère et l'Orchestre symphonique de
Montréal?
M. HARDY: M. le Président, je remercie l'honorable
député de Saint-Jacques de l'avis qu'il m'a donné de sa
question.
M. BOURASSA: C'est pour ça qu'il n'y a pas eu de
déclaration ministérielle, c'est pour donner une chance au
député.
M. HARDY: Nous avons décidé, M. le Président,
d'accorder une subvention spéciale de $320,000 à l'Orchestre
symphonique, pour aider cet organisme à faire face à la situation
financière difficile devant laquelle il était placé.
Cette subvention sera toutefois accompagnée de mesures
destinées à ce que le ministère des Affaires culturelles
puisse surveiller, d'une façon étroite, l'administration de
l'Orchestre symphonique de Montréal. Nous soumettrons à
l'administrateur et au conseil d'administration les moyens que nous jugerons
utiles pour améliorer l'administration, pour réduire les
coûts de fonctionnement sans nuire à la qualité de
l'orchestre. Toutefois, je considère que des situations comme celle que
l'Orchestre symphonique de Montréal vient de vivre, situation que l'on
avait connue également, le printemps dernier, avec les Grands Ballets,
ne doivent pas se répéter.
C'est-à-dire que le ministère des Affaires culturelles ne
doit pas servir de guichet de banque à des organismes lorsqu'ils sont
pris dans une situation financière difficile.
Alors, pour éviter que des situations semblables se
répètent à l'avenir, j'ai l'intention de mettre sur pied
un groupe de travail qui verra à élaborer une politique
d'ensemble, non seulement pour les orchestres symphoniques mais
également pour les Grands Ballets Canadiens et pour l'Opéra parce
qu'il s'agit d'organismes qui ont des points communs.
Cette politique d'ensemble devra tenir compte, en particulier, des
éléments suivants;:-. La vocation de ces organismes au sein de
là collectivité québécoise; les moyens les plus
valables pour ces organismes de réaliser leur vocation en
conformité avec les ressources financières dont nous disposons et
même les ressources humaines; les méthodes d'administration de ces
organismes; enfin, l'interdépendance et les relations aussi
étroites que possibles qui devraient exister entre l'Opéra du
Québec, les Grands Ballets et les orchestres symphoniques.
M. CHARRON: Question additionnelle, M. le Président. En dehors de
la formation de ce groupe de recherche et d'élaboration 'd'une politique
d'ensemble qui, de toute façon, est annoncée depuis plusieurs
années mais qui n'a jamais accouché, est-ce que la subvention,
annoncée ce matin, de $320,000 est accompagnée de conditions
quant au contingentement de musiciens québécois, par exemple, que
doit recevoir l'orchestre symphonique, les programmes de l'orchestre
symphonique ou toute autre gestion de l'Orchestre symphonique de
Montréal?
M. HARDY: M. le Président, nous avons, actuellement, beaucoup
d'informations du genre de celles que le député de Saint-Jacques
vient de donner. Mais je pense qu'il serait prématuré, puisque
c'est notre intention de faire une étude approfondie de la situation, de
préjuger, à ce moment-ci, du résultat de cette
étude en posant des conditions comme celles que le député
de Saint-Jacques mentionne.
Je pense que cette étude pourra se réaliser dans un laps
de temps relativement court et il est souhaitable, précisément
pour assurer l'objectivité de cette étude, que nous ne posions
pas de gestes qui déjà seraient de présumer des
conclusions de l'étude.
M. CHARRON: M. le Président, dernière question
additionnelle. Mais le ministre des Affaires culturelles ne sera pas surpris de
nous retrouver soucieux d'un tel geste, d'avancer de l'argent et de poser les
conditions après. L'Orchestre symphonique de Montréal avait
demandé également, de la part du gouvernement du Québec,
de ne pas simplement avoir un budget qui lui permettrait de boucler les
activités de l'année courante et de se retrouver, l'année
prochaine, avec le même problème, le même déficit et
le même appel à la population, comme au gouvernement,
d'ailleurs.
Je demande au ministre des Affaires culturelles si les $320,000 de
subvention qu'il annonce ce matin sans conditions précises
à l'Orchestre symphonique de Montréal sont calculés pour
simplement combler le déficit de la saison en cours ou s'ils comportent
déjà un certain montant pour assurer le départ de la
prochaine saison et la survie de l'Orchestre symphonique à plus long
terme?
M. HARDY: M. le Président, à ce stade-ci, je ne saurais
répondre à la question du député. Ce dont je suis
sûr, c'est que la subvention que nous accordons permettra à
l'Orchestre symphonique de continuer d'exister.
Quant à la réponse à l'ensemble de la question du
député de Saint-Jacques, c'est le groupe de travail que j'ai
l'intention de mettre sur pied qui nous la donnera.
Maintenant, je suis aussi soucieux que le député de
Saint-Jacques et les organismes que j'ai mentionnés d'arriver à
une politique permanente. Il est évident que cette situation qui fait
qu'à certains moments nous sommes obligés d'aller à la
rescousse des organismes est malsaine pour l'administration publique et pour
ceux qui sont responsables des fonds publics. C'est également malsain
pour ces organismes et ceux qui y oeuvrent, parce qu'ils ne savent jamais,
à une année d'intervalle, ce qui peut leur arriver.
C'est précisément pour trouver une solution permanente
à tous ces problèmes que le groupe de travail sera mis sur
pied.
LE PRESIDENT: L'honorable député de Chicoutimi. Les
suivants seront l'honorable député de Frontenac et l'honorable
député de Beauce-Sud.
Air Gaspé
M. BEDARD (Chicoutimi): Ma question s'adresse au ministre des
Transports. Le ministre reçoit sans doute des doléances des
Gaspé-siens et des Madelinots concernant la médiocri-
té des services fournis par Air Gaspé sur les routes
aériennes.
En face de cela, ma question est la suivante: Le ministre envisage-t-il
de subventionner en particulier la liaison des Iles-de-la-Madeleine avec le
Québec de la même façon, par exemple, qu'il subventionne
Montmagny Air Service pour relier l'Ile-aux-Grues à la terre ferme?
M. MAILLOUX: M. le Président, j'ai pris connaissance, comme tous
les gens de la province, des commentaires faits par la presse sur l'accident
qui est survenu récemment. La liaison entre les Iles-de-la-Madeleine et
la terre ferme est de juridiction fédérale et je ne sache pas
que, dans les semaines qui ont suivi ma présence comme titulaire du
ministère, j'aie reçu des habitants des Iles-de-la-Madeleine les
plaintes dont parle le député de Chicoutimi.
M. BEDARD (Chicoutimi): Le ministre nous mentionne la juridiction
fédérale. Est-ce que le ministre a une position face à la
demande de Québecair à Ottawa pour obtenir une route
aérienne visant à desservir Gaspé et les
Iles-de-la-Madeleine en concurrence avec Air Gaspé, malgré la
faible densité de la population?
M. MAILLOUX: M. le Président, je voudrais au moins prendre
connaissance des faits et des plaintes qui pourraient survenir avant de me
prononcer.
M. BEDARD (Chicoutimi): Une question supplémentaire, M. le
Président. Est-il exact qu'il y a un contrat de service pour le
transport des malades entre les Iles-de-la-Madeleine et les hôpitaux de
toute la région?
M. MAILLOUX: Les quoi?
LE PRESIDENT: Voulez-vous répéter votre question?
M. BEDARD (Chicoutimi): Est-il exact que le ministère a un
contrat de service de transport pour tous les malades entre les
Iles-de-la-Madeleine et les hôpitaux de toute la région?
M. MAILLOUX: La seule information que j'ai, M. le Président, est
que les avions du ministère des Transports, dans les cas d'urgence,
transporte les malades qui sont aussi éloignés que ceux des
Iles-de-la-Madeleine. Je veux prendre des renseignements avant de
répondre avec plus de précision à la question du
député de Chicoutimi.
UNE VOIX: Le ministre des Affaires sociales pourrait
répondre.
M. FORGET: Je vais compléter la réponse en indiquant que
le ministère des Affaires sociales a effectivement, depuis un certain
temps, un contrat de services pour le transport des malades des
Iles-de-la-Madeleine jusqu'à la terre ferme ou Québec. Ce contrat
avait fait l'objet de discussions dans un passé récent. Je ne
suis malheureusement pas en mesure de faire le point sur la question dans le
moment, mais un contrat a existé dans le passé, en effet, et
existe encore, je crois, à l'heure actuelle avec Air Gaspé.
LE PRESIDENT: L'honorable député de Frontenac. Je l'avais
annoncé déjà.
Juge à Thetford-Mines
M. LECOURS: M. le Président, j'aimerais poser une question au
député d'Outremont et ministre de la Justice. Considérant
les besoins urgents d'avoir un juge permanent résidant à
Thetford-Mines, attaché à la cour Provinciale du district
judiciaire de Mégantic, je demande au ministre s'il envisage, à
brève échéance, là nomination d'un tel juge.
M. CHOQUETTE: Je suis vivement intéressé par la situation
qui prévaut dans le comté du député qui m'a
interrogé. Il peut être assuré que le ministère de
la Justice va prendre toutes les mesures nécessaires pour que la Justice
soit dispensée d'une façon expéditive dans ce district
judiciaire.
Par conséquent, j'envisagerai des mesures à prendre, et
peut-être celle que me suggère le député dans sa
question.
M. LESSARD: Question additionnelle. Est-ce que le ministre envisage la
même possibilité pour le district judiciaire de Saguenay?
M. CHOQUETTE: Oui, je ne fais pas de distinction entre les comtés
des honorables députés qui siègent avec nous et les
comtés des honorables députés d'en face, parce que la
justice est égale pour tous au Québec.
LE PRESIDENT: L'honorable chef de l'Opposition officielle.
M. ROY: Vous m'aviez reconnu.
LE PRESIDENT: Vous êtes le suivant. Vous avez le temps.
Vente du Soleil
M. MORIN: M. le Président, une question que je destine, soit au
ministre d'Etat, député de Marguerite-Bourgeoys, soit au premier
ministre, en son absence. Il y a quelques jours, je demandais au ministre
d'Etat si le gouvernement avait l'intention de prolonger le moratoire
imposé à la vente du journal Le Soleil.
Le premier ministre, à cette occasion, m'a promis une
réponse pour le lendemain ou le
surlendemain. Or, le moratoire est expiré depuis maintenant
quatre jours. A-t-il été renouvelé? Si oui, combien de
temps va-t-il durer?
M. BOURASSA: A toutes fins pratiques, c'est évident que le
moratoire est prolongé. Nous essayons, tout en respectant l'autonomie
des parties, de trouver une solution de rechange. Le gouvernement est
intéressé nous l'avons dit à trouver une
solution de rechange. Il reste que le gouvernement ne peut pas forcer des
groupes ou des individus à acheter une entreprise particulière,
si ces groupes ou ces individus ne sont pas assurés d'une certaine
rentabilité.
Tout en laissant la liberté totale à des gens
intéressés à vouloir acheter le Soleil, il reste que nous
sommes prêts à collaborer avec tous ceux qui sont
intéressés à trouver une solution de rechange pour l'achat
du Soleil.
M. MORIN: Une question additionnelle, pour clarifier peut-être la
réponse du premier ministre. Il a dit: "A toutes fins pratiques, le
moratoire est prolongé". Je voudrais bien comprendre la portée de
ces paroles. Est-ce que cela signifie que ce prolongement est officiel ou s'il
n'est pas officiel?
M. BOURASSA: Cela signifie, M. le Président, que les discussions
se poursuivent entre les frères Gilbert et différents groupes ou
personnes pour la vente du Soleil. Il n'y a pas de nouveau actuellement, il n'y
a pas de nouveaux délais j'essaie de répondre d'une
façon aussi précise que possible au chef de l'Opposition
il n'y a pas de nouveau moratoire comme tel qui est fixé, disons,
à un mois, ou deux mois, ou trois mois. Nous travaillons à
essayer de trouver une solution de rechange dans le plus bref délai
possible. Etant donné qu'il y a eu un premier moratoire de trois mois,
si la vente avait eu lieu, par exemple, au début de septembre, je
suppose que les frères Gilbert auraient pu recevoir des
intérêts entre-temps. Cela signifie une certaine somme pour eux et
que le fait du moratoire leur a fait perdre forcément ces
intérêts. Jusqu'où le gouvernement peut-il intervenir dans
la liberté de commerce, même si ça a trait à
certains secteurs particuliers très stratégiques comme celui de
la presse ou de l'information ou des communications? C'est cela que nous
examinons actuellement.
M. MORIN: Question additionnelle encore, M. le Président.
LE PRESIDENT: Dernière?
M. MORIN: Non. Il faut quand même clarifier cette situation pour
bien nous comprendre. S'il n'y a pas de nouveau moratoire parce que
c'est bien ce que le premier ministre vient de dire est-ce que cela
signifie que la vente pourrait avoir lieu subrepticement, par exemple, sans que
le gouvernement puisse intervenir puisqu'il vient de se priver du moyen
d'intervenir?
M. BOURASSA: Bien, même si le gouvernement n'est pas en session
régulière, il peut toujours annoncer une loi si ça lui
paraît justifié et si ça lui paraît
nécessaire. Et le fait d'annoncer une loi qui peut être
théoriquement rétroactive, même si forcément on ne
peut recourir à des lois rétroactives qu'avec la plus grande
circonspection que veulent dire les gestes du chef de l'Opposition, il
n'est pas d'accord avec...?
M. MORIN: Je veux dire que je suis parfaitement d'accord sur le danger
de la rétroactivité dans un cas comme celui-là.
M. BOURASSA: D'accord, alors c'est ce que je viens de dire au chef de
l'Opposition. Il reste que nous ne pouvons pas siéger douze mois par
année, à chaque jour, mais le gouvernement ne doit pas se
paralyser tout simplement parce qu'il n'est pas en session. Donc, le
gouvernement peut toujours annoncer une loi, si ça lui parait
justifié. Le chef de l'Opposition est au courant que le journal Le
Soleil doit négocier prochainement une convention collective; quel sera
le coût de cette convention collective? C'est aussi un
élément de la situation. Quel sera le coût de cette
convention collective ou quel sera l'effet de la signature de cette convention
collective sur la rentabilité des investissements de ceux qui sont
intéressés à investir actuellement?
M. MORIN: Une dernière. LE PRESIDENT: Dernière.
M. MORIN: Toujours au premier ministre: Est-ce que le gouvernement a
l'intention, avant que la transaction ne soit conclue entre les parties
intéressées, de convoquer les parties devant une commission
parlementaire afin que toutes les parties intéressées puissent
être entendues et que la lumière soit faite de manière
complète sur cette affaire?
M. BOURASSA: M. le Président, je n'exclus pas une telle
convocation si elle me parait utile pour arriver à une solution. Mais,
pour l'instant, je pense que ce serait prématuré; plusieurs
groupes se sont montrés très intéressés à
acheter le Soleil mais ils sont à examiner les conséquences
économiques de leur décision. On sait que les caisses populaires
sont à examiner actuellement si elles doivent investir un certain
pourcentage dans l'achat du Soleil. Je ne peux pas évidemment, et je ne
le ferai pas, forcer les caisses populaires à prendre une telle
décision; elles ont leurs responsabilités vis-à-vis des
épargnants. Le gouvernement ne peut pas forcer des
acheteurs à investir une somme sans savoir ce qui adviendra
surtout avec une convention collective qui doit être signée
de la rentabilité d'un tel investissement. Ma seule
préoccupation dans toute cette affaire, du moins la principale
préoccupation il y a cette question de la liberté de la
presse qui est fondamentale et qui est admise pour tous c'est que les
1,000 ou 1,200 employés du Soleil puissent avoir une certaine
sécurité. Il y a quand même plusieurs journaux qui ont
fermé leurs portes depuis quelques mois ou quelques années, avec
toutes les conséquences que ça comporte pour les individus qui
sont en cause. Si le gouvernement s'intéresse à cette question,
c'est à cause de la concentration de la presse mais aussi parce qu'il
peut y avoir plusieurs milliers ou plusieurs centaines d'emplois qui sont en
cause si le Soleil devenait dans une situation financière
impossible.
LE PRESIDENT: Dernière question, l'honorable député
de Beauce-Sud.
Rapport du vérificateur
général
M. ROY: M. le Président, j'aurais une question à poser
à l'honorable ministre des Finances et je me réfère au
journal des Débats, pages 171 et 172 du mardi 4 décembre 1973.
Suite au dépôt du rapport du vérificateur
général.
Le ministre nous a déclaré à cette occasion qu'il
n'avait aucune objection, au contraire, à ce que la commission des
comptes publics siège. Et il ajoutait: "Je ne peux vous dire demain ou
après-demain: Si je vous disais demain et que d'autre chose était
prévu à l'ordre du jour des travaux de la Chambre, je ne serais
pas en mesure de respecter mon engagement. Alors, en termes de principe, il n'y
a certainement pas d'objection à ce que siège la commission des
comptes publics".
M. MERCIER: Question.
M. ROY: M. le Président, ma question est la suivante: Est-ce que
le ministre des Finances a eu des entretiens avec le leader du gouvernement
à ce sujet et est-ce qu'il pourrait nous dire si, oui ou non, la
commission des comptes publics va siéger avant la reprise des travaux
parlementaires, soit à la fin de février ou au début de
mars?
M. GARNEAU: M. le Président, j'ai déjà
répondu à cette question et, après entente avec le leader
parlementaire du gouvernement, la commission pourra siéger dès
que le vérificateur général aura déposé ici,
sur la table du secrétaire de l'Assemblée, à la
disposition des députés, le rapport pour l'année
financière qui s'est terminée le 31 mars 1973, ce qui veut dire
que la commission devrait siéger quelque temps au mois d'avril,
mi-avril, début de mai.
M. ROY: M. le Président, je pense que le ministre est au courant;
moi, je voudrais lui poser une question; Est-ce qu'il peut certifier que ce
rapport du vérificateur général sera déposé
le 31 mars? La fin de l'année financière du gouvernement est au
31 mars et je ne sache pas que le rapport peut être publié dans
les quinze jours qui suivent.
M. GARNEAU: D s'agit du 31 mars 1973 et non pas 1974.
M. ROY: Est-ce que ça veut dire que le gouvernement s'engage,
à ce moment-ci, à faire siéger la commission des comptes
publics séparément, même en dehors de l'étude des
crédits, ou si vous avez l'intention de faire comparaître le
vérificateur général lors de l'étude des
crédits du ministère des Finances?
M. GARNEAU: M. le Président, ce sont deux sujets
complètement distincts que l'analyse des crédits du
vérificateur général et l'objet pour lequel le
député de Beauce-Sud aimerait voir la commission des comptes
publics siéger, de telle sorte que ce sera certainement en commission
distincte.
LE PRESIDENT: Avant de passer aux affaires du jour...
M. LEVESQUE: C'est parce que je voulais annoncer la tenue de deux
commissions, M. le Président.
LE PRESIDENT: II y a une question de privilège du ministre de
l'Education.
M. LEVESQUE: D'accord.
Question de privilège
Article de journal M. François Cloutier
M. CLOUTIER: M. le Président, le journal Le Soleil, dans son
édition de mardi le 11 décembre, de mercredi le 12
décembre et de jeudi le 13 décembre, a publié un
mémoire en provenance du ministère des Affaires culturelles et
destiné au comité ministériel des affaires
intergouvernementales, lequel mémoire a fait l'objet d'une fuite et me
mettait en cause.
On me faisait dire, entre autres, que la souveraineté culturelle
n'était pas réalisable, que le domaine des subventions, à
cause des juridictions provinciales et fédérales, était en
état d'anarchie, et ainsi de suite. Ne reconnaissant pas mon style
habituel et ne reconnaissant pas, non plus, mon approche habituelle dans ce
genre de problème, j'ai communiqué immédiatement avec le
ministère des Affaires culturelles, plus précisément avec
le sous-ministre qui
m'a fait parvenir le texte d'un mémoire qui effectivement avait
été préparé par le ministère des Affaires
culturelles et qui faisait état d'un certain nombre de données
touchant le contentieux fédéral-provincial dans cette
matière.
Ce mémoire portait le titre suivant: "Mémoire du
ministère des Affaires culturelles du Québec au comité
ministériel des affaires intergouvernementales sur la politique
culturelle du Québec, Québec, mai 1973". Je précise ici,
M. le Président, qu'il est tout à fait normal, dans le cours de
l'administration classique, qu'un ministère prépare pour certains
comités des documents de base servant à étayer des
discussions à venir.
H s'est trouvé que le journal Le Soleil, dans son édition
du vendredi 14 ces déclarations ont, d'ailleurs été
reprises par la télévision a publié une page
frontispice du mémoire ayant fait l'objet de la fuite, qui se lisait de
la façon suivante: "Mémoire du ministre des Affaires culturelles
du Québec vous voyez la différence, il ne s'agit plus du
ministère au comité ministériel des affaires
intergouvernementales sur la politique culturelle du Québec". Bien qu'il
n'y ait pas de signature, mon nom apparaît "honorable François
Cloutier, ministre", à la machine à écrire, c'est exact,
et le commentaire se lit de la façon suivante: "L'ancien ministre des
Affaires culturelles, M. François Cloutier, mentait-il ou voulait-il
jouer avec les mots lorsqu'il a déclaré que le document sur la
souveraineté culturelle présenté par le Soleil au cours
des derniers jours n'était pas signé".
En fait, je m'étais fondé sur le document que l'on m'avait
remis, document que je n'avais d'ailleurs vu, ni approuvé, même si
j'avais autorisé que l'on fasse parvenir certaines données au
comité en question.
A la suite de cette publication, j'ai poursuivi mon enquête et
j'ai découvert une situation extrêmement amusante à
certains points de vue, en tout cas qui fait que je n'avais bien
certainement pas menti puisque j'avais basé mes allégations sur
le seul document dont je connaissais l'existence et que le journaliste en
question n'avait pas menti non plus parce qu'il y a eu au ministère des
Affaires culturelles un premier document préparé par un
fonctionnaire à la demande du sous-ministre. Comme cela se fait assez
souvent, dans toutes les administrations gouvernementales, ce projet
était intitulé: Mémoire du ministre des Affaires
culturelles au comité ministériel des Affaires
intergouvernementales et mon nom y apparaissait. C'est donc dire que le
document qui est parvenu au journaliste était ce document de travail, un
brouillon qui n'avait été approuvé par aucune instance au
ministère.
Ce document a été présenté au sous-ministre
qui l'a refusé, précisément parce que, selon une note
qu'il m'a fait parvenir par la suite, il le trouvait trop polémique et
trouvait qu'il n'était pas rédigé dans un style convenable
étant donné les circonstances. Il l'a corrigé de sa propre
main, ce qui a donné lieu à un deuxième document qui, lui,
portait le titre suivant: Mémoire du ministère des Affaires
culturelles du Québec, mais où mon nom a été
biffé, pour enfin en arriver au document dont j'ai fait état.
M. LEGER: Comme un bingo.
M. CLOUTIER: Cette affaire n'a qu'une importance relative. Que s'est-il
passé? Un journaliste a fait son travail. Je ne lui en veux absolument
pas. Il est au-dessus de tout blâme. Un fonctionnaire déloyal a
cru probablement bien agir. Je suis bien prêt à lui donner le
bénéfice du doute. Comme le disait Georges-Emile Lapalme dans ses
mémoires: "La ville de Québec est une ville où l'on vit de
politique, où l'on mange de la politique". J'ajoute que parfois, entre
deux apéritifs, il n'est pas anormal qu'un journaliste et un
fonctionnaire puissent échanger certaines confidences". Je suis
convaincu que l'histoire du Québec et du Canada ne sera pas
modifiée à cause de cette affaire! Je suis également
convaincu que l'histoire du contentieux fédéral-provincial ne
sera pas profondément bouleversée!
Cependant, si j'ai tenu à cette question de privilège,
cela n'est pas du tout pour dramatiser un incident que je considère
mineur; c'est pour éviter que l'on me cite à tort et à
travers. Déjà, le journal Le Soleil d'hier tentait de me mettre
en contradiction avec le premier ministre en me faisant dire que la
souveraineté culturelle était impossible. A deux ou trois
reprises, le député de Saint-Jacques est revenu sur les propos
que me prêtait le journal Le Soleil. Je veux clairement indiquer que je
ne les assume pas, qu'il s'agit du résultat du cheminement dont je viens
de vous parler. Je crois que la souveraineté culturelle est parfaitement
possible. Je considère d'ailleurs que nous avons fait de grands pas dans
cette direction. Nous avons mis en place tout un ensemble de mécanismes.
C'est bien à partir du mémoire que je fais cette
déclaration parce que, dans le mémoire, il est question de
contrats que nous pourrions passer avec le gouvernement
fédéral...
LE PRESIDENT: A l'ordre. Je me demande si, d'une question de
privilège, vous ne tombez pas dans une déclaration
ministérielle.
M. CLOUTIER: Dans ce cas, je m'en tiens strictement à ma question
de privilège. Je veux tout simplement dire que les propos que l'on me
prête sont des propos que je n'ai pas l'intention d'accepter et
d'assumer.
M. BURNS: Une question de règlement. Le ministre nous a
cité, en partie, trois documents. Il en a tout au moins des copies
devant lui. Je vous réfère à l'article 177 de notre
règlement qui nous dit: "Quand un ministre cite, ne serait-ce qu'en
partie un document il a cité en partie trois documents
...
LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. BURNS: ... il peut être requis sans autre formalité de
le déposer immédiatement". C'est ce que je demande. Je demande au
ministre...
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
UNE VOIX: Vous les avez déjà.
M. LEGER: Elles sont mal photocopiées.
LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre, messieurs!
M. MORIN: Les trois.
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. BURNS: M. le Président, j'ai entendu le ministre citer trois
extraits de chacun de ces documents. Je demande donc que, sans autre
formalité, il dépose ces documents. Je vous renvoie à un
précédent récent à la Chambre des communes, lorsque
M. Jean-Pierre Goyer, alors Solliciteur général du Canada, a
été requis par le président, M. Lamoureux, de
déposer des documents qu'il avait cités en partie. M. le
Président, je pense que cette Chambre voisine en pays étranger a
quand même beaucoup de leçons à nous donner au point de vue
administratif. Oui, oui, au point de vue de l'administration des
procédures parlementaires.
M. BOURASSA: Une autre conversion.
M. BURNS: Je pense que cela peut nous servir d'exemple à
plusieurs reprises et c'est pour ça que je vous cite le
précédent de M. Jean-Pierre Goyer. Je pense que c'est aussi
récent que l'année dernière, cet incident. Alors, je
demande au ministre de déposer les trois documents qu'il nous a
cités en partie, le tout en vertu de l'article 177 du
règlement.
M. LEGER: La Chambre est souveraine.
M. CLOUTIER: M. le Président, je n'ai, bien sûr, aucune
objection de principe à un tel dépôt. Cependant, je crois
qu'il n'est peut-être pas utile, qu'il n'est peut-être pas dans
l'intérêt public de prendre l'habitude de déposer des
documents de travail, qui sont, par définition, des documents
parcellaires. En revanche, comme j'ai cité la page frontispice, je
déposerai avec plaisir les trois pages frontispices.
M. BURNS: M. le Président...
M. LEGER: Surtout celle avec le nom qui est biffé.
M. BURNS: Le ministre de l'Education essaye de jouer au fin finaud avec
nous. Tout est bien évident.
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. BURNS: Le texte de l'article 177 ne dit pas de citer et je
prie le ministre de ne pas déchirer ses documents, ce n'est pas
utile.
M. LEGER: II est après déchirer la souveraineté
culturelle.
M. BURNS: Le texte de l'article 177, j'insiste, ne dit pas de
déposer la partie qui a été citée, mais de
déposer...
M. HARDY: Qu'est-ce que c'est un document?
M. BURNS: II y a un document auquel il a été
référé, qui a été cité, M. le
Président, il y en a même trois. Alors, je pense qu'il est normal
que nous demandions le dépôt de ces documents-là.
M. le Président, ce dépôt qui vient d'être
fait par le ministre de l'Education des pages frontispices ne me concerne pas
du tout. Ce n'est pas du tout cette demande que je fais.
M. CLOUTIER: ... opinion publique.
M. BURNS: C'est simplement l'application de l'article 177 que je
demande.
M. LEGER: Ce n'est pas le nom du ministre qu'on veut avoir, c'est le
texte.
LE PRESIDENT: Est-ce que le ministre a invoqué qu'il
n'était pas d'intérêt public de déposer ces
documents?
M. CLOUTIER: Oui, M. le Président, et c'est vraiment pour ne pas
créer de précédent.
M. BURNS: D'accord, à ce moment-là.
M. CLOUTIER: II se fait des milliers d'études dans les
ministères, si nous commençons à procéder de cette
manière-là...
M. MORIN: Je demande au ministre de reprendre ses trois pages titre. Le
ministre, M. le Président...
LE PRESIDENT: A l'ordre! ... A l'ordre! ...
M. MORIN: M. le Président, j'estime...
LE PRESIDENT: A l'ordre! ... A l'ordre! ...
M. MORIN: Je vous soumets que le ministre s'est moqué de cette
Chambre en déposant les trois pages titres seulement. Je demande qu'il
ait au moins l'honnêteté de les reprendre et de ne pas se moquer
de l'Opposition et de la Chambre.
M. CLOUTIER: Sur une question de privilège, M. le
Président.
M. LESSARD: ... la souveraineté culturelle.
M. CLOUTIER: J'ai trop de respect, M. le Président, pour
l'Assemblée pour avoir voulu m'en moquer. Mais c'est un fait que la page
frontispice du document dont on me prêtait la paternité a
été publiée...
M. LEGER: La souveraineté culturelle, trois pages.
M. CLOUTIER: ... in extenso dans le Soleil et a fait l'objet d'une
présentation à la télévision, alors que le
journaliste présentait devant la caméra cette fameuse page. Il me
paraît par conséquent normal, pour éclairer l'opinion
publique, de les déposer.
M. LEGER: Les trois pages, c'est toute la souveraineté culturelle
que vous pouvez avoir. Cela se résume à trois pages.
M. LESSARD: C'est la souveraineté frontispice.
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. BURNS: Si je comprends bien le dépôt des pages
frontispices n'a pas été fait. C'est bien ça?
M. CHOQUETTE: II est fait.
M. BURNS: II n'a pas été fait, il n'est pas
régulier. Le ministre invoque l'intérêt public. Alors si
c'est d'intérêt public de ne pas déposer le document.
Je ne lui ai pas demandé de déposer un document partiel.
J'ai demandé de déposer le document.
M. LEVESQUE: Avez-vous peur de la vérité?
M. BURNS: M. le Président, j'appuie le chef de l'Opposition
lorsqu'il lui demande de reprendre ses documents. Qu'il les retire tout
simplement et qu'il ne se moque pas de la Chambre, comme le dit le chef de
l'Opposition.
M. LESSARD: C'est la souveraineté frontispice.
Mise au point de M. le Président
LE PRESIDENT: Hier, messieurs, je mentionnais certaines
déclarations qui avaient été faites, en fin de semaine,
par l'honorable député de Lafontaine, et rapportées dans
le Journal de Québec du lundi, 17 décembre. Je lis ici quelaues
lignes de ce texte: "Le député pé-quiste de Lafontaine, M.
Marcel Léger, a déclaré qu'il ne tient plus à
siéger à l'Assemblée nationale et à
représenter les électeurs si le gouvernement continue à
priver l'Opposition officielle des deux seules armes qu'elle possède,
l'application des règlements et l'impartialité du
président de l'Assemblée...
DES VOIX: Ah!
LE PRESIDENT: Un instant, s'il vous plaît! ...laissant voir que ce
serait le gouvernement qui mènerait, en somme, le président de
l'Assemblée ou qui dicterait les ordres au président de
l'Assemblée."
Egalement, lors d'un communiqué de nouvelles à
Radio-Canada je crois que c'est lundi soir, le 17 décembre
M. Derome s'exprimait comme suit: "Les six députés du Parti
québécois, qui forment à l'Assemblée nationale
l'Opposition officielle, semblent décidés à quitter
l'enceinte parlementaire s'ils ne réussissent pas à obtenir les
moyens de jouer pleinement leur rôle. Le député de
Lafontaine, M. Marcel Léger, a accusé le président de
l'Assemblée nationale, Me Jean-Noël Lavoie, et les
présidents des commissions parlementaires de ne pas respecter les
procédures et d'être purement et simplement partiaux." Par la
suite, il y a une interview de M. Léger, je crois.
Si j'invoque la question de privilège, à ce stade-ci, je
voudrais bien qu'on comprenne qu'il ne s'agit pas d'un privilège
personnel de celui qui vous parle, mais plutôt d'un privilège
attaché au rôle que je joue comme occupant du fauteuil
présidentiel.
Je crois qu'il en découle plutôt un privilège de la
Chambre elle-même. En effet, je pense bien qu'il est reconnu, en droit
parlementaire, qu'il existe un principe voulant que le président
représente l'Assemblée elle-même dans ses pouvoirs, dans sa
procédure et dans sa dignité. A cet effet, je voudrais citer
juste quelques lignes de Beauchesne, quatrième édition, à
la page 60 : "Bien que l'occupant du fauteuil ait droit, en toute occasion,
à la plus grande attention et au plus profond respect des membres du
fait qu'il personnifie, officiellement, les pouvoirs, la dignité et
l'honneur de l'Assemblée, il n'en est pas moins le serviteur de la
Chambre. Il est choisi et nommé pour occuper le fauteuil avec la
confiance et la supposition que sa volonté sera conforme à celle
de l'Assemblée."
Egalement, Beauchesne, à la page 65: "La Chambre canadienne suit
la règle anglaise qui veut que la censure de l'Orateur puisse être
proposée et débattue. C'est là l'unique forme de
procédure qui permette la discussion des décisions de l'Orateur.
Jusqu'à ce qu'on y ait recours, les députés doivent faire
confiance à l'Orateur. La confiance à l'impartialité de
l'Orateur est une condition indispensable du fonctionnement de la
procédure, dit Erskine May, et il existe maintes conventions visant non
seulement à assurer l'impartialité de l'Orateur, mais encore
à assurer que son impartialité soit généralement
admise."
En somme, si vous voulez, c'est une courte,
mise en garde ou un conseil que je voudrais adresser aux membres de
cette Chambre. Il est évident que le président est un être
humain comme quiconque et qu'il est susceptible de faiblesses. Sans aucun
doute, il n'a pas toujours raison.
Par contre, s'il existe autour de l'Assemblée nationale, qui est
quand même l'institution peut-être la plus importante du
Québec, un climat de non-confiance, un climat intenable ou invivable et
que la présidence est toujours mise en cause, à chaque occasion,
à l'occasion d'une décision qui ne peut pas plaire à tout
le monde et qui, à certaines occasions, peut créer un certain
déplaisir vis-à-vis des membres.
Je pense bien qu'on est appelé à travailler ensemble dans
la législation du Québec et, si on crée cet
atmosphère ou ce climat qui devient invivable, je ne pense pas que ce
soit trop sain pour l'administration des affaires publiques.
Je termine justement cette mise en garde et ce conseil en citant de
nouveau Beauchesne, et encore là, ce n'est pas un privilège
personnel, le privilège de celui qui vous parle en tant que même
président de la Chambre, mais plutôt comme occupant de la
présidence.
Je dis ici, à la page 58, où je cite Beauchesne qui dit:
"Toute critique de la réputation ou de la conduite de l'orateur est
punissable au titre d'atteinte portée au privilège. Sa conduite
ne doit pas être critiquée en passant, au cours d'un débat
ou de quelque forme de procédure, sauf par voie de motion de fond. "La
confiance en l'impartialité de l'orateur est une condition indispensable
au fonctionnement de la procédure et il existe maintes conventions
visant non seulement à assurer l'impartialité de l'orateur mais
encore à assurer que son impartialité soit
généralement admise".
Je suis bien d'accord qu'on joue le jeu, qu'il y a une guerre. C'est de
bonne guerre que l'Opposition prenne les moyens de contrer le gouvernement,
avec tous les moyens permis. Si on veut c'est dans les règles du
jeu, c'est admis, cela s'est fait dans d'autres Parlements critiquer
vraiment, prouver et établir l'apartiali-té de celui qui
préside, qu'on joue le jeu totalement et qu'on inscrive, tel que le
règlement le prévoit, une motion de fond à cet effet.
C'est le seul moyen que le règlement et la coutume parlementaire
permettent.
M. MORIN: M. le Président, puis-je vous demander une directive,
un éclaircissement, si vous voulez?
J'admets que la seule façon dont nous puissions mettre la
conduite d'un président ou d'un vice-président en cause, c'est
par une motion de fond annoncée. J'admets également toutes les
citations que vous venez de nous donner, à l'effet que le
président ou les vice-présidents car cela vaut
également pour eux sont les serviteurs de l'Assemblée et
que nous sommes obligés de supposer que leur volonté est celle de
l'Assemblée, qu'ils vont être impartiaux, objectifs dans leurs
jugements.
Mais ne doit-on pas faire une distinction entre la conduite, d'une part
et en ce qui concerne l'Opposition, sur ce plan, nous n'avons aucun
reproche, je pense, à adresser au président de cette
Assemblée, sa conduite nous paraît avoir été
irréprochable et telle ou telle décision précise
sur un point de procédure, d'autre part, lorsque nous estimons que cette
décision est erronée. Parce que, comme vous l'avez dit
vous-même, le président n'a pas d'immunité contre l'erreur.
Il peut très bien rendre une décision que nous estimons non
fondée. On a même vu des discussions, au sein de cette
Assemblée, depuis le début de la présente session, au
sujet de savoir si telle décision était bien fondée.
Pour le cas où cela arriverait, où dans notre meilleur
jugement, M. le Président, que l'une de vos décisions serait
erronée sur un point technique qui ne met pas en cause votre conduite
globale, est-ce que nous n'avons pas la liberté, dans cette Chambre et
à l'extérieur de cette Chambre, de faire savoir que nous estimons
être en désaccord avec telle décision sans pour autant
mettre en doute votre conduite ou celle d'un vice-président?
M. LEGER: M. le Président, une question de privilège. Je
voudrais simplement noter que dans les déclarations que j'ai faites, ce
n'était jamais pour attaquer la personne comme telle.
M.HARDY: ... de jésuite!
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. LEGER: Je voulais simplement noter que nous avions été
lésés dans des décisions. Ce n'était pas la
personne comme telle que je respecte énormément et
j'ai peut-être fait annoncer cette motion en-dehors de la Chambre alors
qu'elle aurait dû être annoncée à l'intérieur
de la Chambre.
LE PRESIDENT: Bon. Incident clos. Affaires du jour.
M. MORIN: M. le Président... M. BURNS: La directive.
LE PRESIDENT: Vous comprendrez que la directive que vous me demandez est
assez subtile. Je ne suis pas en mesure de vous répondre
immédiatement. Ecoutez, faire la distinction philosophique et...
M. MORIN: Votre réponse à un moment ou à un autre,
cela nous convient.
LE PRESIDENT: ... et casuistique un peu, également.
M. MORIN: Cela nous convient d'avoir une réponse plus tard.
LE PRESIDENT: Très bien.
M. LEVESQUE: M. le Président, la commission parlementaire des
affaires municipales à la salle 81 étudiera immédiatement
le projet de loi 170, Loi modifiant la loi refondant la charte de la Commission
des écoles catholiques de Québec. Et une fois son travail
terminé, c'est alors la commission des institutions financières
qui étudiera le projet de loi 111, Loi fusionnant Prêt et Revenu
Ltée et Fiducie Prêt et Revenu. Le tout se passera, comme je l'ai
mentionné, à la salle 81 et dans les instants qui suivent.
LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
M. LEVESQUE: Pouvons-nous revenir tel qu'entendu à l'article
c)?
M. ROY: Est-ce que l'honorable leader du gouvernement pourrait nous
faire part également de l'ordre des travaux ici à
l'Assemblée nationale aujourd'hui?
M. LEVESQUE: Après l'article c). M. ROY: Merci.
Projet de loi no 25 Première lecture
LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Affaires sociales propose la
première lecture de la Loi modifiant la loi sur les services de
santé et les services sociaux.
M. FORGET: M. le Président, j'ai l'honneur de présenter ce
projet de loi no 25 modifiant la loi sur les services de santé et les
services sociaux. Il s'agit d'une série de modifications de nature
plutôt technique qui sont apparues à l'occasion de la mise en
application de cette loi durant les derniers 18 mois.
Avec la permission de l'Assemblée, étant donné
précisément le caractère plutôt technique des
amendements, j'aimerais être dispensé de la lecture des notes
explicatives.
M. BURNS: Je suis d'accord pour dispenser de la lecture des notes
explicatives, mais est-ce que le ministre ne pourrait pas nous donner un
résumé bref de ce que contient ce projet de loi? Je pense qu'il
s'agit d'un projet de loi d'importance qui amende une loi déjà
importante.
Si le ministre pouvait nous donner globalement une idée de ce que
contient le projet de loi.
M. FORGET: Je ne voudrais pas anticiper sur le débat de
deuxième lecture.
Je serai forcé, si l'on insiste, de lire effective- ment les
notes explicatives qui sont probablement le meilleur résumé de la
loi, à moins de consentement à ne pas le faire. Il s'agit
d'amendements techniques, addition de quelques définitions, levée
de quelques interdictions quant à certains contrats avec certaines
catégories d'établissements, définitions plus
précises de certains pouvoirs réglementaires et certaines
dispositions de concordance. Cela va?
M. BURNS: Cela suffit.
M. ROY: Est-ce qu'il a l'intention de l'envoyer à la commission
parlementaire avant la deuxième lecture?
M. LEVESQUE: Non.
M. ROY: II n'y a pas de modifications suffisamment majeures?
LE PRESIDENT: Cette motion de première lecture est-elle
adoptée? Adopté.
LE SECRETAIRE ADJOINT: Première lecture de ce projet de loi.
First reading of this bill.
LE PRESIDENT: Deuxième lecture prochaine séance ou
séance subséquente.
M. LEVESQUE: Pour répondre au député de Beauce-Sud,
je pense bien que l'Opposition officielle n'a pas laissé entendre
qu'elle se désistait de sa motion privilégiée. Dans les
circonstances, je pense bien que...
M. BOURASSA: On peut lui donner une chance de le faire. Non.
M. BURNS: Vous pouvez me donner une chance, mais j'ai le droit de ne pas
la prendre.
M. BOURASSA: D'accord.
M. LEVESQUE: Ah! oui, ils peuvent déposer leurs discours.
Nous procéderons ensuite à la Loi des tribunaux
judiciaires, à la prise en considération du rapport. Et nous
reviendrons probablement à la Loi des loyers par la suite. Mais tout
cela, c'est très difficile à déterminer à l'avance
quand on ne sait pas quelles sont les intentions de l'Opposition.
M. ROY: Est-ce que l'honorable leader du gouvernement pourrait nous dire
s'il a l'intention de continuer aujourd'hui, après ces projets de loi,
l'étude de la Loi modifiant la loi du crédit agricole dont la
deuxième lecture n'est pas terminée?
M. LEVESQUE: Aussitôt que possible.
M. ROY: C'est parce que cette loi devra être
déférée à la commission parlementaire.
M. LEVESQUE: Peut-être à la commission
plénière.
M. ROY: Nous sommes déjà à mercredi, et c'est
demain jeudi.
M. SAMSON: La semaine prochaine?
M. LEVESQUE: Commission plénière probablement.
M. ROY: La semaine prochaine?
M. LEVESQUE: En temps opportun, en temps utile, lorsque l'Opposition
aura terminé ses remarques.
M. BOURASSA: C'est l'Opposition qui décide.
M. ROY: Ce n'est pas l'Opposition qui décide, vous avez encore
des projets de loi à déposer.
LE PRESIDENT: Article 26.
M. BOURASSA: On est à la merci de l'Opposition.
LE PRESIDENT: L'honorable leader parlementaire de l'Opposition
officielle.
M. BURNS: M. le Président...
M. ROY: L'honorable leader du gouvernement a-t-il oublié de
donner des réponses à des questions au feuilleton ou...
M. LEVESQUE: Non.
M. ROY: ... s'il n'y avait pas de réponse aujourd'hui?
M. LEVESQUE: Nous pouvons le faire n'importe quel jour, probablement
demain.
M. ROY: D'accord.
LE PRESIDENT: L'honorable député de Maisonneuve.
Motion de M. Burns portant sur la conduite
du président de la Commission
étudiant le projet de loi no 8
M. Robert Burns
M. BURNS: M. le Président, j'ai la difficile et délicate
tâche de vous soumettre et de défendre la proposition que j'ai
inscrite au feuilleton, proposition qui se lit comme suit: Que cette
Assemblée réprouve la conduite de son vice-président, le
député de Roberval. Difficile, M. le Président, parce que,
au départ, je dois dire que la personne du député de
Roberval a toujours été considérée par nous comme
une personne très sympathique. C'est un de nos collègues que nous
estimons le plus sur le plan personnel, et j'aimerais au départ bien
placer la situation et dire à cette Chambre ainsi qu'en particulier au
député de Roberval qu'il ne s'agit pas pour nous de faire le
procès de l'individu que représente le député de
Roberval, bien au contraire. C'est plutôt, M. le Président,
à la fonction qu'il détient et à cause de cette fonction
que nous nous sommes senti l'obligation de soumettre cette motion.
Je n'ai pas besoin de dire jusqu'à quel point nous
considérons et je pense vous-même considérez
ces fonctions particulières de président de l'Assemblée
nationale, de vice-président de l'Assemblée nationale et de
présidents des commissions, qui maintenant sont des présidences
à peu près permanentes ou qui ont un certain caractère de
permanence, jusqu'à quel point nous considérons important et
nécessaire que ces fonctions soient respectées. C'est pour
ça que nous avons été obligés de nous en
référer à l'article 68 de notre règlement pour
faire la présente motion.
Comme le disait le président de l'Assemblée nationale il y
a quelques minutes lorsqu'il a soulevé, au nom de l'Assemblée
nationale, la question de privilège, il existe des méthodes dans
notre règlement de réprouver la conduite d'un certain nombre de
personnes en partant du lieutenant-gouverneur lui-même en passant par le
président de l'Assemblée nationale, les deux
vice-présidents ou quelque membre que ce soit de l'Assemblée
nationale. C'est pourquoi nous avons formulé cette motion en vertu de
l'article 68. C'est pourquoi je disais tantôt que c'est à moi
qu'on a imposé un peu à cause de ma fonction de leader
parlementaire de l'Opposition la tâche difficile et
délicate de défendre cette motion.
Tout cela tourne autour d'un problème de procédure. J'ai
entendu à plusieurs reprises, depuis ces derniers jours, des membres du
parti ministériel nous accuser de procédurite, nous accuser de
vouloir utiliser à son maximum toutes les finesses qu'on trouve dans
notre règlement. Je les ai entendus faire la comparaison avec notre
ancien collègue de Maskinongé, le député
défait aux dernières élections, M. Rémi Paul qui,
lui-même était... Je pense que c'est le ministre de la Justice qui
a dit: Vous savez quel sort est arrivé au député de
Maskinongé, qui en faisait de la procédurite.
Je pense que le ministre de la Justice a lancé cela comme une
boutade, parce que je connais trop son sens du "fair play" et son sens profond
du respect de l'opinion des autres pour croire véritablement à ce
qu'il a dit.
Cependant, je ne suis pas certain si les autres membres de cette
Assemblée, particulièrement les nouveaux, comprennent
véritablement le sens de l'utilisation de ce petit livre vert que,
justement, M. Rémi Paul avait baptisé le code
Lavoie, du nom de notre président actuel, qui a
présidé à l'amélioration de notre règlement
par ce petit livre vert.
La procédure, M. le Président que ce soit bien
clair pour tous les membres de cette Assemblée est probablement
la seule arme, l'unique arme et la dernière arme entre les mains d'une
Opposition qui veut pleinement jouer son rôle. C'est
particulièrement important comme moyen, comme instrument pour
l'Opposition de jouer son rôle, lorsque cette Opposition est
numériquement faible.
Je pense qu'on n'aurait pas besoin de parler longtemps sur le nombre de
membres de l'Assemblée nationale qui siègent dans l'Opposition,
par rapport à ce grand nombre de députés
ministériels auxquels nous avons à faire face.
Il est évident qu'avec cette disproportion numérique de
102, ou disons de 101, parce que le président en soi n'agit pas comme
député ministériel, de 101 contre 8, donc, si on se
penchait littéralement sur tous et chacun des problèmes en
disant: Bien voyons donc, messieurs de l'Opposition, vous voyez bien que nous
sommes numériquement plus forts que vous. Vous voyez bien qu'à
chaque fois qu'un vote est pris, vous allez vous faire battre au maximum
à chaque fois qu'on aura plus de huit députés en chambre,
il est évident dis-je, que si on prenait cette approche étroite
de la procédure, si on se limitait à fonctionner de façon
uniquement mathématique, dans cette Chambre, j'aurais tendance à
dire aux députés ministériels qui nous disent ça:
D'accord, je ne sais pas pourquoi on prend le temps de la Chambre pour tenter
de convaincre nos collègues d'en face alors qu'on sait d'avance qu'on ne
les convaincra pas, alors qu'on sait d'avance que le caucus ministériel,
que le conseil des ministres en particulier a déjà pris position
sur un certain nombre de points.
Cependant, cela va plus loin dans notre esprit, et c'est avec une
beaucoup plus grande ouverture d'esprit que nous utilisons cette approche de la
procédure. Selon nous, c'est, comme je le disais tantôt, l'unique
façon que nous avons de faire passer un message. Je dois dire que cette
unique façon serait utilisée probablement de façon bien.
différente si le rapport des forces numériques en Chambre
était différent, c'est-à-dire si ce rapport se retrouvait
dans un ordre beaucoup plus rapproché, tel que 40 p.c-50 p.c. de la
députation.
Or, depuis le début, nous avons dû à quelques
reprises avoir recours à cette procédure pour nous permettre de
faire passer, à certaines occasions, certains de nos messages. Mais
peut-être l'occasion, M. le Président, où nous devons
l'utiliser au maximum et avec tous les aspects stratégiques qu'on puisse
y trouver, avec je dirais même tous les effets de surprise qu'on puisse
retrouver dans un gouvernement, c'est bien quand un parti d'Opposition se dit
carrément et ouvertement opposé à toute forme d'adoption
d'un projet de loi donné.
C'était le cas, M. le Président, de la loi qui nous a
été présentée par le ministre de la Justice, Loi
modifiant à nouveau la loi des tribunaux judiciaires, et plus
particulièrement sous l'angle de l'augmentation du salaire des
juges.
Cela fait trois fois que cette loi revient devant l'Assemblée
nationale; une fois au cours de la présente session et deux fois au
cours des sessions de la précédente Législature. Je vous
rappelle, par exemple, que la première fois elle a été
déposée, sauf erreur, en décembre 1972, qu'elle n'a pas
été débattue, qu'elle est restée au feuilleton. Et,
comme le veut notre règlement, à la fin de la session de
décembre, ce projet de loi est mort de sa belle mort,
c'est-à-dire qu'il est tout simplement disparu du feuilleton. Nous n'en
avons plus entendu parler jusqu'au moment où, encore une fois, une fin
de session s'est présentée en juin ou juillet 1973 et, à
nouveau, on a réinscrit ce projet de loi au feuilleton.
A chacune de ces reprises, même la première fois lorsque le
projet de loi n'a pas été débattu, nous avons
manifesté notre opposition totale à cette forme de loi. Nous
avons mis devant le public notre position et nous avons dit pourquoi nous nous
objections à cette loi. Vous allez me dire, M. le Président,
peut-être pas vous mais les députés ministériels
nous diront si je fais une parenthèse sur notre attitude
relativement à ce projet de loi: Vous en assumerez les
conséquences. Nous disons: Oui. Nous sommes prêts à assumer
les conséquences de notre geste devant la population. Est-ce que la
population va applaudir notre geste? Est-ce que la population va, au contraire,
réprouver notre geste? Je ne le sais pas. Mais cela est un risque, une
position que nous prenons, en sachant bien à l'avance quelles sont les
conséquences de ce geste.
Or, ce geste, nous ne pouvons que l'exercer. Lorsque nous avons
décidé de façon définitive,
irrémédiable, irréductible de le mener jusqu'au bout, nous
avons cet instrument qui s'appelle la procédure. Cette procédure,
je le disais tantôt, est particulièrement importante à
l'intérieur d'un débat qu'on appelle un filibuster ou une
obstruction systématique. Et il n'y a personne dans cette Chambre, je
pense, qui se soit demandé très longtemps si cela était ou
non une obstruction systématique que nous faisions au projet de loi no
8. Nous l'avons avoué, nous l'avons dit ouvertement et nous l'avons dit
à chacune des occasions où ce projet de loi est venu devant nous,
que cela soit dans cette Législature-ci ou dans la Législature
précédente.
Je tiens d'ailleurs à féliciter en passant le leader du
gouvernement pour l'attitude ouverte qu'il a prise à notre égard
là-dessus. Je sais que cela n'est pas tellement drôle de voir six
députés en face de lui tenter à tout prix de bloquer son
projet de loi. Je sais également, connaissant son tempérament
irlandais, que cela devait à certaines occasions être difficile
pour lui de le supporter. Cependant, je le félicite de cette attitude
je ne dirais pas de résignation
complaisante mais presque devant l'utilisation des moyens
légaux, des moyens normaux qu'une Opposition a à sa
disposition.
Je reviens à mes propos, M. le Président, et je vous
rappelle les diverses étapes de ce projet de loi. Nous avons
discuté au maximum de nos possibilités en vue de retarder
l'adoption en deuxième lecture de ce projet de loi en Chambre et les
séances se sont tenues le jeudi de la semaine dernière et une
partie de la journée de vendredi.
Finalement, quand nos droits de parole, tant sur la motion principale
que sur la motion d'amendement, furent épuisés en deuxième
lecture, le projet de loi a suivi son cours normal, c'est-à-dire qu'il a
été déféré à la commission
parlementaire de la justice pour étude, comme le veut notre
règlement, article par article.
Les séances de cette commission ont commencé vers 5 h 30
vendredi soir, devant se continuer jusqu'à ce que, selon la motion du
leader du gouvernement, la commission elle-même décide d'ajourner
ou décide de la façon d'exercer le mandat qui lui avait
été confié par l'Assemblée nationale.
Nous avons, encore une fois, au cours de cette commission,
continué, de façon bien évidente et de façon
ouvertement avouée, à faire de l'obstruction systématique
ou nous avons continué, si l'on veut, en termes parlementaires, notre
"filibuster" à la commission. Le chef de l'Opposition et moi-même
étant membres de cette commission, nous avons utilisé toutes les
possibilités, et à leur maximum, du droit de parole qui nous est
accordé en vertu du règlement.
A cette commission est relié le député de Roberval,
encore une fois, non pas comme individu, non pas comme ce bon notaire du
Lac-Saint-Jean, rubicond et bon vivant que nous connaissons et que nous aimons
bien, mais par son poste, en tant que vice-président de
l'Assemblée nationale. Or, vous avez vous même, M. le
Président, reconnu l'importance des travaux de cette commission. Vous
avez reconnu également la difficulté que comporterait la
tâche de mener les débats de cette commission en désignant,
non pas un des présidents de commission qui siègent
habituellement et à qui on a accordé une certaine permanence dans
leurs fonctions, de par notre nouveau règlement, mais en choisissant un
de vos bras droits. Je ne sais pas si c'est le bras gauche ou le bras droit
parmi vos vice-présidents, mais vous avez choisi un de vos aides
immédiats pour présider cette commission.
M. le Président, c'est évident que cette fonction de
vice-président de l'Assemblée nationale est importante. On n'a
qu'à parcourir très brièvement les premiers articles de
notre règlement pour le constater. En particulier, on voit, à
l'article 12 que, si la charge de président devient vacante, "à
la première session d'une Législature, immédiatement
après l'élection d'un président, l'Assemblée
élit deux vice-prési- dents, en suivant la même
procédure que pour le choix d'un président". L'article 13 indique
l'importance de cette fonction : En l'absence du président, le
vice-président en exerce toutes les fonctions. Donc, je pense bien que
vous aviez vous-même, à toutes fins pratiques, reconnu,
jusqu'à quel point la tâche serait délicate de diriger les
travaux d'une commission, alors que cette commission était, disons-le,
victime d'une obstruction systématique de la part des
députés de l'Opposition.
Les travaux ont commencé à cette commission de
façon tout à fait normale, c'est-à-dire que le ministre de
la Justice a commencé par faire ses déclarations
préliminaires, jusqu'au moment où, au cours de discussions
préliminaires, on s'est rendu compte qu'un rapporteur n'avait pas
été désigné pour cette commission. C'est alors que
des motions ont commencé à être débattues de part et
d'autre, tant par le ministre de la Justice que par l'honorable chef de
l'Opposition et par moi-même. Au cours de ces débats, deux autres
députés de l'Opposition officielle ont tenté de prendre la
parole. Il s'agissait du député de Saint-Jacques et du
député de Saguenay. Or, on sait je l'admets d'avance
que des députés qui ne sont pas membres d'une commission,
en vertu de l'article 148, ne peuvent prendre la parole à une
commission, à moins qu'ils n'en obtiennent la permission. Je lis
l'article 148 qui décrit justement cette situation: "1 Tous les
députés ont accès aux commissions, mais ceux qui n'en sont
pas membres et les autres personnes doivent obtenir la permission pour s'y
faire entendre. "2. Les commissions doivent entendre les
députés qui ont proposé une loi qui est discutée,
et qui en font la demande". Ce n'était évidemment pas le cas du
deuxième paragraphe. C'était évidemment le cas du premier
paragraphe qui concernait les députés de Saguenay et de
Saint-Jacques.
Le ministre de la Justice, ce qui était parfaitement son droit, a
refusé de donner son consentement et de permettre aux
députés de Saint-Jacques et de Saguenay de prendre la parole. Je
dis que c'était parfaitement son droit mais, en passant, je tiens
à souligner que, de tout temps, à ma connaissance, depuis que
votre règlement est en application, il y a toujours eu consentement de
la part d'une commission pour permettre à des députés qui
n'en sont pas membres de prendre la parole. Je rappelle même au ministre
de la Justice que lorsque ce projet de loi, celui sur l'augmentation du salaire
des juges, est venu devant la Législature précédente, en
juillet 1973, cette commission avait permis au député de Bourget
d'alors, c'est-à-dire le Dr Camille Laurin, qui n'était pas
membre de la commission de la justice, de prendre la parole.
M. LEVESQUE: Sauf en période de "filibuster", il faut comprendre
ça.
M. BURNS: C'était également je cite
délibérément le cas de la loi no 8, c'est-à-dire de
ce que c'était dans la Législature précédente
un "filibuster".
M. CHOQUETTE: C'était quand même moins évident.
M. CHARRON: Le "filibuster" de l'Union Nationale sur...
M. BURNS: Sur le plan de la coutume, si vous voulez, même si
j'admets que c'était parfaitement le droit du ministre de la Justice de
refuser son consentement, je peux vous citer le cas où nous avons
discuté de la Loi de la division territoriale, le bill 62 dans la
Législature précédente, où clairement, encore une
fois et de façon absolument évidente pour tous, l'Union
Nationale, dirigée à ce moment par le député de
Chicoutimi, M. Jean-Noël Tremblay, et M. Rémi Paul, faisait, elle
aussi, un "filibuster". Tout le monde qui a voulu prendre la parole aux
séances de cette commission a pu le faire sans aucune
difficulté.
Mais là n'est pas mon point relativement au député
de Roberval. J'essaie tout simplement de vous faire un tableau de fond de cette
situation. On pourra me reprendre si j'ai mal interprété la
situation, mais c'est comme cela que je l'ai vu évoluer.
Quoi qu'il en soit, à la suite de ce refus parfaitement
régulier en vertu de notre règlement; il est sûr que le
ministre avait le droit de le faire du droit de parole aux honorables
députés de Saint-Jacques et de Saguenay, j'ai tenté
je vous réfère à la transcription que vous avez sans doute
vérifiée vous-même, M. le Président, depuis de
faire une motion pour que les députés de Saint-Jacques et de
Saguenay... J'avais même ajouté dans ma motion le
député de Jonquière, qui était là
présent, qui n'en avait pas demandé la permission, soit dit en
passant, mais qui me semblait normalement suffisamment intéressé
pour être là, donc pour pouvoir intervenir, s'il le voulait.
J'avais même inclus le ministre du Revenu, le député de
Jonquière.
Finalement, on a retiré le nom du député de
Jonquière parce que lui-même a dit: Je n'ai pas l'intention
d'intervenir. On a dit: D'accord. Mais les deux députés de
Saguenay et de Saint-Jacques, eux, avaient l'intention d'intervenir.
C'est à ce moment que, selon moi, le vice-président de
l'Assemblée nationale, qui présidait la commission, a rendu une
décision qui n'est pas du tout conforme à notre règlement
et qui n'est pas du tout dans son esprit. C'est sûr que le
député de Saint-Jacques, lorsqu'il s'est fait dire qu'il n'avait
pas le droit de parole, qu'il se faisait retirer la permission, par le ministre
de la Justice, de parler, c'est sûr qu'il fallait s'attendre à un
résultat particulier d'une éventuelle motion proposant le droit
de parole aux députés de Saguenay et de Saint-Jacques.
Mais, par contre, c'était mon argumentation et, soit dit en
passant, ce n'est pas en appel que je vous soumets ce problème je
pense que votre décision a été rendue hier et je m'y
conformerai c'est uniquement pour donner les faits qui justifient,
à notre avis, notre motion.
C'est à l'article 54 de notre règlement qu'on trouve la
définition d'une motion. On y lit ceci : "La motion est un acte de
procédure par lequel un député propose à
l'Assemblée de faire une chose, d'ordonner l'accomplissement d'une chose
ou d'exprimer une opinion sur un sujet".
Le député de Roberval, à ce moment-là, a dit
: II n'est pas question de motion. La permission a été
refusée, etc. Sauf que je ne lis pas, M. le Président, dans
l'article 148, qu'il faille une décision unanime d'une commission pour
donner le droit de parole à des députés qui ne l'ont pas
à cette commission.
Si je lis l'article 148, il est clair, dans mon esprit, qu'une
décision majoritaire d'une commission peut donner la permission à
un député. A toutes les places où, dans notre
règlement, il est nécessaire d'avoir unanimité, on le dit,
soit clairement ou soit par la façon de rédiger le texte. Or,
l'article 148 nous dit tout simplement: Qu'un député demande la
permission à la commission s'il veut l'avoir. Or, comment cette
commission peut-elle je vous renvoie à l'article 54
exprimer son opinion sur un sujet?
Si le député de Saint-Jacques et le député
de Saguenay ne pouvaient pas, M. le Président, avoir droit de parole
à la suite du refus du ministre de la Justice, comment pouvait-on mettre
devant cette commission un élément ou un moyen pour que cette
commission exprime son opinion?
Encore une fois, je tiens à dire qu'il est très facile de
faire l'équation suivante, équation qui pourrait se lire comme
ceci: Si le ministre de la Justice a refusé la permission aux deux
députés, comment, maintenant, cette commission majoritairement
formée de députés ministériels ne suivra-t-elle pas
l'opinion du ministre de la Justice? C'est une équation qui est facile
à faire. Sauf que et c'est là, M. le Président, que
je fais le lien avec la procédure si je pouvais faire une motion
à cette commission, je renouvelais, vous le savez fort bien je ne
m'en cache pas, c'était notre but mon droit de parole qui pouvait
être épuisé sur le sujet qui était en discussion
à ce moment-là. Dans le cadre d'un filibuster, dans le cadre
d'une obstruction systématique, il est particulièrement important
d'utiliser tous ces petits moyens de renouveler notre droit de parole. Or, on
m'a sans plus refusé même le droit de faire une motion alors que
je demandais tout simplement à la commission d'exprimer son opinion sur
un sujet bien précis, ce sujet étant la présence des deux
députés que j'ai mentionnés à la commission.
C'est bien sûr, encore une fois, que la
commission aurait voté contre, M. le Président, mais ce
qui est aussi sûr, d'autre part, c'est que, si cette motion avait
été acceptée, le député de Sauvé, le
chef de l'Opposition, et moi-même aurions pu parler sur ces motions,
aurions pu utiliser au maximum 20 minutes chacun sur ces motions.
C'est le premier accroc que j'ai vu, M. le Président. Quant au
reste de la commission, je tiens à souligner et à admettre
ouvertement que le député de Roberval s'est comporté comme
un parfait gentilhomme, qu'il a très bien mené les travaux de
cette commission, c'est-à-dire que lui aussi a été
très patient, lui aussi a été très
compréhensif à l'égard du fait que nous faisions de
l'obstruction systématique, etc. Nous venions, depuis près de
trois heures, de discuter en des termes qui, à l'occasion, ont fait
sourire, ont fait rire, ont fait rigoler, évidemment notre but
était clair et tout le monde le savait mais en des termes qui se
reliaient quand même au sujet en discussion. Nous avons discuté
pendant trois heures de temps du choix d'un rapporteur, chose qui,
habituellement, prend 20 secondes, dans une commission, et souvent moins.
Ce que j'ai senti, M. le Président, par ce refus du
député de Roberval de me permettre de faire la motion, dans ce
que j'appelle un premier accroc à son attitude qui, jusque là,
avait été impeccable, c'est que je me demandais si je n'avais pas
affaire à un député libéral qui commençait
à trouver que ça prenait un peu trop de temps, nos discussions.
C'est ça que je me suis demandé.
Et ça, si mon impression est bonne, j'ai l'obligation de soulever
ce problème devant l'Assemblée nationale, surtout qu'il y en a eu
un autre plus tard. Et j'y reviendrai à l'autre.
Mais, si véritablement les articles que vous connaissez bien,
c'est-à-dire l'article 163, qui nous dit entre autres que les
règles d'une commission sont mutatis mutandis les règles
applicables à l'Assemblée nationale et qui se lit comme suit: "A
moins de dispositions contraires, les règles relatives à
l'Assemblée s'appliquent aux commissions". Si c'est vrai, ça veut
dire qu'il faut lire l'article 10, qui est la description de vos fonctions
à vous en Chambre, comme s'appliquant au président d'une
commission.
Et plus particulièrement les paragraphes 2, 3 et 4 de l'article
10 qui décrivent ces fonctions que vous avez, M. le Président
comme suit : "2. Il préside les séances, sauf pendant que
l'Assemblée siège en commission";
Alors, mutatis mutandis, il préside la commission. "3. Il
maintient l'ordre et il exerce les pouvoirs requis à cette fin; "4.
...
M. LEGER: M. le Président, est-ce que je peux faire remarquer
je m'excuse auprès de mon collègue que nous n'avons
pas quorum, et que nous n'avons pas de commission qui siège
actuellement, elle est ajournée sine die?
M. LEVESQUE: II y a deux commissions.
M. LEGER: Où est l'autre? Je dois alors siéger sur les
deux à ce moment. Vous n'avez pas le droit à deux commissions en
même temps que la Chambre siège.
M. LEVESQUE: La commission des institutions financières suivait
la commission des affaires municipales.
M. LEGER: Est-ce qu'il y a eu une erreur? Est-ce qu'il y a eu une
annonce? Est-ce que c'était la commission des affaires municipales qui
s'occupait des deux?
M. LEVESQUE: Oui.
M. BURNS: C'est la commission des affaires municipales qui s'occupait
des deux.
M. LEVESQUE: Non, les Affaires municipales, pour le premier bill et pour
le deuxième bill, c'était les Institutions
financières.
M. BURNS: Elles devaient se succéder, je suppose.
M. LEVESQUE: C'est ça.
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. BURNS: J'étais à citer le paragraphe 4 de l'article 10,
qui à mon avis, selon la règle établie à l'article
163, s'applique au président d'une commission: "4. Il fait observer le
règlement et dirige les travaux de l'Assemblée'. Ce qu'il a fait,
M. le Président. "5. Il met les motions en délibération et
les questions aux voix et proclame le résultat des votes".
C'est un de ses principaux rôles, au président de
commission, de mettre aux voix les motions, de permettre à des gens de
s'exprimer. Or et je répète ce que j'ai dit tantôt
ce refus, ce premier refus ou cette première attitude chez le
député de Roberval comme président de commission et
fonction qui évidemment n'est pas sans relation avec la
désignation que vous aviez faite du député de Roberval
pour présider cette commission comme vice-président de
l'Assemblée nationale, c'est sûr qu'il savait que c'était
son principal rôle.
C'est ce pourquoi il était là, maintenir l'ordre, voir
à ce que les députés de l'Opposition puissent s'exprimer,
voir à ce que tous les éléments du règlement,
jusque dans sa fine pointe, puissent être appliqués. C'est
là que j'ai cru, pour la première fois, que j'avais affaire,
nonpas à un vice-président de l'Assemblée nationale, mais
à un député libéral qui volait au
secours de son ministre qui commençait à trouver qu'il en
avait assez, que ça prenait un petit peu trop de temps, ces jasettes de
l'Opposition.
Et je suis prêt à admettre à la
décharge du député de Roberval mais à
l'admettre tout en disant que c'est une question de fait mais à
ne pas l'accepter comme une chose définitive qu'il est difficile
pour un député qui a été élu sous la
bannière d'un parti politique, et je ne sais pas si vous en savez
quelque chose, M. le Président, ou pas, je ne vous pose pas la
question.
J'imagine que vous vous l'êtes déjà posée. Il
est sûrement très difficile et c'est demander beaucoup à un
homme, qui a été élu à une élection comme
membre de l'Assemblée nationale de façon partisane, en se
présentant sous une bannière bien identifiée, par la suite
d'oublier cette partisanerie, particulièrement au moment où il y
a ce qu'on appelle des temps chauds. Un "filibuster", M. le Président,
qu'on le veuille ou non, c'est un temps chaud. C'est un temps où il est
difficile pour quelqu'un qui a été élu sous la
bannière du Parti libéral d'oublier qu'il est libéral,
lorsqu'il a une fonction de neutralité, d'impartialité à
exercer. Je suis prêt à admettre tout cela, M. le
Président. Par contre, je pense que vous l'avez compris à de
nombreuses reprises, je pense que vos prédécesseurs à
l'Assemblée nationale comme présidents l'ont, eux aussi, compris
à de nombreuses reprises, c'est justement ce que l'on demande d'un
président de l'Assemblée nationale ou d'un vice-président
qui agit comme président lorsqu'il siège, ou encore d'un
président de commission.
Je me souviens qu'à plusieurs reprises nous avons eu, le
député de Laval et moi-même, des discussions à
l'occasion de la réforme de notre règlement, justement sur ce
point précis. Même, à certaines occasions, je me demandais
s'il n'y aurait pas lieu de décigner un président permanent de la
Chambre, qui serait non pas député, mais fonctionnaire
c'était une attitude ou bien encore de désigner une
circonscription à peu près réservée à un
président de l'Assemblée nationale, circonscription
électorale qui pourrait être la colline parlementaire, par
exemple.
C'est à ce point-là, M. le Président, que je me
suis souvent posé cette question, à savoir si c'est
véritablement possible, si c'est physiquement, psychologiquement
exigible d'un député, qui a été élu sous une
bannière particulière, comme porte-parole de son parti dans un
comté donné, une fois rendu à l'Assemblée
nationale, de lui demander d'oublier ses amitiés politiques. Je vous dis
tout de suite, M. le Président, que, si c'était à moi
qu'on le demandait, je refuserais parce que je sais que j'en suis absolument
incapable. C'est une question d'individu. Sûrement, le
député de Laval, lorsqu'on le lui a demandé la
première fois, s'est dit: Oui, je pourrai passer outre à cette
partisanerie qui, nécessairement, fait partie de nos entrailles, quand
on fait de la politique de façon constante et qu'on croit à ce
qu'on fait. Le député de Roberval, comme le député
de Saint-Louis se sont peut-être dit la même chose. Est-ce que dans
les faits, cependant, ç'a donné cela? Je me pose la question
concernant justement les séances de cette commission de vendredi soir
dernier. C'est le premier point.
S'il n'y avait eu que celui-là, M. le Président, je
dirais: On va oublier, on va passer l'éponge, on va simplement dire
qu'on a le droit d'être en désaccord sur la façon
d'appliquer la procédure, le député de Roberval et moi.
C'est arrivé à maintes reprises, d'ailleurs, que le
député de Laval, comme président, et moi-même avons
été en désaccord sur des interprétations du
règlement. Quand on en arrive à avoir des divergences d'opinions
sur l'interprétation du règlement, ça ne veut pas dire que
cette interprétation-là est nécessairement une question de
partialité ou de partisanerie politique. Sauf, M. le Président,
que par la suite il est arrivé un autre incident qui, lui, à mon
avis, confirme un peu l'impression que m'a donnée le
député de Roberval, lorsqu'il a tout simplement, dans un premier
temps, refusé ma motion qui visait à permettre le droit de parole
au député de Saint-Jacques et au député de
Saguenay. Cet incident, je l'ai relaté hier brièvement; je me
permettrai d'y revenir aujourd'hui. C'est vous-même, M. le
Président, qui m'avez demandé d'être bref hier, lorsque le
rapport de la commission de la Justice est revenu devant la Chambre et a
été déposé.
Cet incident commence au rouleau 54 du rapport ou de la transcription de
la commission de la justice, plus particulièrement à la page 2 de
ce rouleau 54, où on voit que le ministre de la Justice nous dit: "Je
constate qu'il est minuit, je propose l'ajournement des travaux de cette
Chambre à demain matin, dix heures, à la chambre rouge." Et
immédiatement après, M. le Président, on voit que c'est
votre humble serviteur qui prend la parole et qui argumente qu'il a le droit de
parole sur cette motion d'ajournement faite par le député
d'Outremont, le ministre de la Justice.
Ce droit de parole, pour qu'il soit bien clair aux yeux de tout le
monde, je le trouve consacré dans notre règlement à
l'article 157. Je vous fais grâce du début de l'article 157 qui
concerne le commission plénière, donc qui ne concerne pas une
motion d'ajournement d'un comité élu tel que nous étions
en commission de la justice, mais à la fin du premier paragraphe, on lit
la phrase suivante: "En commission élue, on député peut
proposer que la commission ajourne ses travaux ce que le ministre de la
Justice a fait ce qu'il avait parfaitement le droit de faire.
Mais le deuxième paragraphe, M. le Président, se lit comme
suit: "Ces motions sont mises aux voix, sans amendement, et elles ne peuvent
être faites qu'une fois au cours d'une séance, sauf par un
ministre. Elles ne peuvent
être débattues, sauf qu'un représentant de chaque
parti reconnu peut prononcer un discours de dix minutes chacun à leur
sujet. C'est ce que j'ai voulu faire, M. le Président. Lorsque le
ministre a dit: "Motion d'ajournement, je constate qu'il est minuit et je
propose l'ajournement à demain, dix heures, au salon rouge." J'avais un
droit strict de me prévaloir de l'article 157, de me prévaloir de
mon droit de parler au moins dix minutes à titre de représentant
d'un parti reconnu, au moins dix minutes sur la motion du ministre de la
Justice.
Er vous allez me dire, M. le Président, même si le ministre
de la Justice nie avoir dit ces paroles-là, je me souviens très
bien de l'avoir entendu, et la transcription laisse croire que c'est une voix
qui a dit: "On aurait dû faire cela à dix heures." Moi, je me
rappelle très bien que c'était le ministre de la Justice qui
l'avait dit. En tout cas, je ne veux pas rouvrir un débat avec le
ministre là-dessus. C'est sûr que si on calcule le temps à
rebours, ça va être important pour l'argumentation qui s'en vient,
relativement à cette chose-là. Si on calcule le temps à
rebours, si le ministre de la Justice avait été un peu plus
vigilant, si nos propos ne l'avaient pas tellement endormi au cours de ces
séances de la commission de la justice, le ministre, à 11 h 45,
aurait très bien pu proposer sa motion d'ajournement qui aurait
été parfaitement régulière, comme celle qu'il a
faite était parfaitement régulière aussi.
Mais, M. le Président, on aurait donné son plein sens au
deuxième paragraphe de l'article 157. On aurait d'une part permis
à un député de l'Opposition qui voulait s'exprimer au nom
de son parti reconnu, de parler ses dix minutes; alors, j'aurais parlé
à ce moment-là de minuit moins quart à minuit moins cinq
et le président, normalement, à ce moment-là, aurait fait
ce que disent les premiers mots du paragraphe de l'article 57, il aurait mis
cette motion aux voix.
Or, il n'en a rien été, M. le Président. Je vous
réfère aux deux dernières pages de la transcription de la
commission, pour vendredi soir dernier, le 14 décembre, les
dernières pages étant le rouleau 54, pages 1 et 2, et le rouleau
55,. pages 1 et 2. A aucun endroit, M. le Président, dans cette
transcription de nos débats, à aucun endroit, j'insiste bien,
voit-on que la motion du ministre de la Justice fut adoptée. Si j'avais
eu l'occasion de parler, c'est vrai que je ne peux pas faire d'amendement
à cette motion, j'aurais peut-être convaincu le ministre de
remettre ça à onze heures, au lieu de 10 heures le lendemain
matin.
De là l'utilité justement d'une intervention. J'aurais
peut-être dit: Ecoutez, je pense que tout le monde commence à
être un peu fatigué. Est-ce que cela serait une bonne idée
de tenir la séance à 11 heures demain matin? Cela donnera
à tout le monde une heure de sommeil de plus. Peut-être que le
ministre se serait rendu à ma suggestion. C'est pour cela que ce genre
de procédure est dans notre règlement. C'est pour cela qu'il est
nécessaire qu'il y ait un vote sur ce genre de procédure et c'est
pour cela qu'il est nécessaire aussi qu'avant le vote au moins un
représentant d'un parti reconnu puisse donner son opinion sur la motion
d'ajournement. Justement, malgré le nombre, malgré cette
disproportion numérique à laquelle je me référais
tantôt, on semble dire et c'est l'esprit général de
notre règlement au gouvernement : Vous êtes majoritaire.
Mais tenez donc compte de l'Opposition. Elle n'est pas là seulement pour
vous embêter, elle est souvent là pour vous aider. Vous en aurez
un exemple très bientôt. Vous avez un projet de loi qui nous sera
soumis je ne veux pas le discuter mais seulement vous citer à
titre d'exemple les cas où on a tenté d'aider le gouvernement
par l'honorable ministre du Travail bientôt pour rendre
rétroactives certaines dispositions de la Loi amendant la loi concernant
les relations du travail dans l'industrie de la construction.
Je me souviens que notre collègue de Saint-Jacques, lorsqu'on
avait étudié cette loi, a tout fait pour convaincre le ministre
du Travail que cette loi devait contenir une disposition rétroactive,
parce que, autrement, il y aurait des problèmes. Je me souviens que le
gouvernement nous avait dit: Pas nécessaire. Et on nous revient avec
cette loi. Cela est un exemple. Je pourrais en citer un tas d'autres mais je
vous cite celui-là. Or, c'est cela l'esprit de notre règlement.
Notre règlement est de dire d'accord, à certaines occasions.
C'est achalant d'avoir des députés de l'Opposition qui nous
talonnent. C'est fatiguant d'être obligé de répondre
à leurs questions. C'est fatiguant d'être obligé de leur
expliquer telle et telle mesure législative et c'est fatiguant et
harassant d'être obligé de dire aux députés de
l'Opposition pourquoi telle et telle mesure législative n'a pas
été adoptée ou n'est pas introduite dans un projet de loi.
Mais c'est cela l'esprit de notre règlement.
Et si, M. le Président, je n'ai pas d'abord et avant tout la
protection de la présidence pour mes droits en tant qu'Opposition
minoritaire, à qui vais-je me vouer pour faire progéter ces
droits? Est-ce que je vais commencer à faire du piquetage devant
l'Assemblée nationale? Est-ce que je vais commencer à soulever
des foules pour dire: Regardez comme mes droits sont bafoués à
l'Assemblée nationale et en commission parlementaire? Est-ce que je vais
être obligé de donner des conférences de presse? Est-ce que
je vais être obligé de me faire foutre à la porte et de
vous faire un show à chaque fois que mes droits seront bafoués,
que je considérerai, en tout cas, que mes droits seront mis de
côté? Est-ce que je devrai alerter l'opinion publique par des
méthodes de bouffonnerie comme certains députés l'ont fait
dans le passé? Heureusement, ce ne sont pas des députés de
la présente Législature.
Je ne tenterai pas de faire cela, mais je vais
faire une dernière tentative, et c'est le sens de ma motion. La
dernière tentative que nous faisons de vous rendre conscients, M. le
Président, vous et vos collègues, de cette situation, c'est la
motion que nous faisons aujourd'hui qui réprouve la conduite du
député de Roberval.
Je continue sur cette séance du vendredi soir, 14 décembre
1973. J'en étais rendu à vous raconter que si vous lisez les deux
dernières pages de la transcription du journal des Débats, vous
ne voyez nulle part que cette motion a été mise aux voix. Nulle
part, non plus, vous ne trouverez le mot "adopté" qui est le signe
conventionnel, général. On le voit partout dans nos
débats. D'ailleurs, on a vu le lendemain matin en notre absence
jusqu'à quel point ce mot "adopté" avait un sens et comment et
rapidement il revenait à chaque article parce que nous n'étions
pas là.
Je dis donc, M. le Président, qu'à aucun moment, entre
l'instant où le ministre de la Justice a fait sa motion d'ajournement et
celui de l'ajournement lui-même, qui s'est fait, soit dit en passant,
selon la transcription elle-même des débats, à quatre
minutes du lendemain du 14, c'est-à-dire le 15 au matin... Or, notre
argumentation a été la suivante: Si aucune motion n'a
été adoptée en temps utile je dis bien en temps
utile avant l'ajournement, cet ajournement est un ajournement sine die.
Cet ajournement est fait simplement parce que le temps où l'on peut
siéger est épuisé.
Je vous renvoie à la motion que le leader du gouvernement a fait
adopter au tout début, pour appuyer mes dires là-dessus, et qu'il
avait déposée le 6 décembre dernier. On dit clairement
dans cette motion "qu'à l'avenir et jusqu'à l'ajournement de la
présente session pour la période des Fêtes
l'Assemblée tienne une séance tous les jours de la semaine, sauf
le dimanche, de dix heures jusqu'à minuit, avec suspension", etc. etc.
Il est clair que, quand je dis qu'en temps utile il n'y a pas eu d'adoption de
motion d'ajournement, je veux dire avant minuit. C'est ça, le temps
utile. Il ne nous est absolument pas permis de par notre règlement
d'abord notre règlement dit même jusqu'à onze heures
ou encore par cette motion de siéger après minuit.
Or, avant minuit aucune motion d'ajournement n'a été
faite. A ce moment-là, quand je dis que cette motion d'ajournement
n'ayant pas été adoptée il s'agit d'un ajournement sine
die, je m'appuie sur deux autorités, M. le Président. La
première, c'est notre règlement actuel. A l'article 4, on nous
parle de divergences d'opinions en matière d'interprétation sur
un cas non prévu à notre règlement. Or ce n'est justement
pas prévu à notre règlement, quand est-ce qu'elle
s'ajourne la commission où on n'a pas eu de motion formelle
d'ajournement adoptée. Ce n'est pas prévu. Alors, à
l'article 4, lorsque l'on est dans cette situation-là, on dit ceci,
selon les termes mêmes de l'article 4: "... le président
décide en tenant compte des usages de l'Assemblée depuis son
origine."
Or, il y a quelque chose de plus qu'un usage, depuis son origine,
maintenant. C'est devenu un usage pour nous autres, parce que dans le
passé notre règlement antérieur, celui qui a
précédé celui qui règle nos travaux actuellement,
avait un article spécifique à ce sujet, au numéro 409. Je
vous le lis, même si je vous l'ai cité hier, ]e pense qu'il est
bon, pour compléter l'argumentation que je suis en train de faire, de
vous le reciter. Ce 409 du vieux règlement se lit comme suit: "Quand un
comité n'a pas été ajourné à une date fixe,
il est convoqué par le secrétaire sur la demande du
président ou, à son défaut, sur la demande de cinq membres
de ce comité". Cela est l'ancien article 409. M. le Président, je
vous ai cité hier un extrait qui appuie tout simplement ces dires, un
extrait de la seizième édition de Parliamentary Practice, de Sir
Erskine May, que tout le monde connaît bien et que nous avions l'occasion
de citer fréquemment en vertu de l'ancien règlement, que nous
citons beaucoup moins souvent. A la page 622 il est clair que cette proposition
que nous avons soumise, à l'effet que la commission était
ajournée sine die, est entièrement endossée par cet auteur
de droit parlementaire très respecté qu'est Erskine May.
Ces autorités, le vice-président les connaît sans
doute. Je pense bien qu'il a mis suffisamment de travail, dans sa
préparation à présider l'Assemblée nationale et
à présider des commissions, pour sans doute avoir eu
connaissance, à l'occasion, de cette règle. S'il s'était
trompé durant la nuit, c'est-à-dire à minuit quatre
minutes, lorsqu'il a décidé je dis bien que c'est lui qui
l'a décidé d'ajourner la séance de la commission de
la justice jusqu'au lendemain, à dix heures, selon le voeu je dis
bien que c'était un voeu du ministre de la Justice et non pas une
proposition adoptée en bonne et due forme le député
de Roberval aurait pu, tout au moins, se rendre compte que cet ajournement
prononcé par lui était irrégulier, que nous étions
à une heure qu'on ne peut plus considérer comme un temps utile,
au sens technique du mot, pour décider de quelque chose; donc, qu'on
n'était plus en temps utile pour adopter l'ajournement au lendemain du
ministre de la Justice, mais qu'il s'agissait bien d'un ajournement sine
die.
Ce fait, ajouté au fait que j'ai mentionné tantôt,
soit ce refus dont j'ai été l'objet de faire une motion
concernant le droit de parole des députés de Saint-Jacques et de
Saguenay, qui ne sont pas membres de la commission parlementaire de la justice,
ont motivé la motion que je fais aujourd'hui. Croyez bien que c'est avec
beaucoup de regret que je l'ai faite, la motion, parce qu'encore une fois, sur
le plan personnel, il n'y a absolument rien que l'on peut reprocher au
député de Roberval. C'est un collègue, pour nous, qui est
très agréable à rencontrer. Je pense qu'à plusieurs
reprises il a manifesté ce désir de se tenir au-dessus des
chicanes partisanes, du moins à l'Assemblée nationale. Je ne le
suis pas partout, mais je sais qu'ici c'est ce qu'il
avait fait jusqu'à maintenant. Cela m'a particulièrement
étonné, cette attitude, à deux reprises, du
député de Roberval. Peut-être était-ce la fatigue.
Peut-être qu'on lui en demandait trop après ces longues heures de
séances de garder cette neutralité, de garder cette
impartialité au-dessus des chicanes partisanes, au-dessus des
levées de boucliers d'un parti à l'autre. C'était
peut-être trop lui demander. Mais, pour moi, c'est archi-important. C'est
d'une importance primordiale que non seulement vous-même, comme vous
l'avez prouvé à plusieurs occasions, puissiez vous tenir
au-dessus de ces chicanes, mais que vos vice-présidents et tous et
chacun de vos présidents de commissions, lorsqu'ils président, se
tiennent au-dessus de ça.
C'est sûr que cela a fait énormément l'affaire du
gouvernement que la motion d'ajournement, qui n'a pas été
adoptée, soit considérée comme adoptée. C'est
sûr que cela a fait énormément l'affaire du ministre de la
Justice que sa motion, qui n'a pas été mise aux voix, soit
considérée comme adoptée. C'est bien sûr aussi que
cela a fait l'affaire du leader du gouvernement de voir ce projet de loi
contentieux adopté le lendemain en une quinzaine ou une trentaine de
secondes, en l'absence des députés de l'Opposition qui refusaient
de siéger parce qu'ils considéraient cette séance de la
commission parlementaire de la justice comme nettement
irrégulière.
Mais, ce sont des moyens qu'une Opposition peut utiliser et la meilleure
façon qu'une Opposition puisse continuer à utiliser ces moyens,
qui s'appellent la procédure, qui ne sont pas nécessairement que,
de petites fantaisies d'avocat ou des avocasseries, comme on les appelle
souvent, mais qui sont un instrument de travail pour l'Opposition, qu'on se le
dise bien, nous ne pensons pas pouvoir laisser passer cette occasion de la
soulever.
C'est pour cela, M. le Président, que j'ai fait ma motion et
c'est pour cela, j'imagine, que j'aimerais bien entendre mes autres
collègues parler à ce sujet, tant du côté
ministériel que du côté de l'Opposition. Mais je
considère que ce n'est pas un petit accroc en passant. C'est un accroc
important, à mon avis, eu égard aux circonstances
particulièrement explosives dans lesquelles on se trouvait.
Bien sûr, on se s'est pas lancé des invectives d'un bord
à l'autre de la table. J'admets aussi que le ministre de la Justice a
bien accepté, comme je vantais tantôt le leader du gouvernement de
le faire, avec résignation, cette obstruction systématique dont
il était l'objet. Mais, M. le Président, ce n'est pas tout que de
la bien accepter pendant un bout de temps et à un moment donné,
de dire: Bon, bien là, ça commence à être un petit
peu trop long, cela commence à prendre un petit peu trop de temps.
Là, M. le Président, c'est sûr que n'importe qui peut avoir
des sautes d'humeur et mette de côté des droits essentiels.
Ce qui est important, dans une telle bataille, c'est de garder cette
constance d'impartialité que, malheureusement, je n'ai pas je
peux me tromper retrouvée dans les deux décisions dont
j'ai fait mention tantôt. Ce sont les raisons pour lesquelles, M. le
Président, je me suis senti forcé, au nom du parti, comme leader
parlementaire de mon parti c'était mon devoir de soulever cette
question de faire la motion qui apparaît à l'article 26 de
notre feuilleton.
M. MORIN: Personne ne semble vouloir parler du côté des
banquettes ministérielles, M. le Président.
LE PRESIDENT: L'honorable chef de l'Opposition officielle.
M. Jacques-Yvan Morin
M. MORIN: Merci. Qu'il me soit permis, M. le Président,
dès l'abord, de dégager le sens juridique et politique du geste
que l'Opposition officielle pose en proposant cette motion de blâme, en
vertu de l'article 68.
Dans la situation fort délicate où nous nous trouvons, en
tant qu'Opposition officielle, n'étant que six ou huit, selon que l'on
inclut ou non les deux députés du Parti créditiste, pour
représenter 30 p.c. ou 45 p.c. de la population, des citoyens, selon que
l'on se réfère au vote du Parti québécois ou
à celui de toute l'Opposition, nous ne pouvons nous appuyer que sur deux
piliers essentiels de la démocratie parlementaire. Ces deux piliers, on
l'a rappelé à maintes reprises depuis quelques jours, M. le
Président, sont l'application stricte du règlement, l'application
objective du règlement, et un président impartial, qu'il s'agisse
de l'Assemblée ou qu'il s'agisse des commissions, dans l'application
dudit règlement.
Les exigences requises pour l'exercice des fonctions de président
de l'Assemblée, comme d'ailleurs des fonctions de président des
diverses commissions de cette Assemblée, sont généralement
reconnues, chez les auteurs, comme étant l'indépendance et
l'impartialité. Ces deux qualités, ces deux conditions se sont
développées très graduellement pendant plusieurs
siècles avant de prendre la forme que nous leur connaissons
aujourd'hui.
Je me permettrai de référer le président à
Campion, dans son "Introduction to the Procedure of the House of Commons". Il
estime que ce processus visant à obtenir une impartialité
toujours plus grande, une indépendance toujours plus grande du
président tant par rapport à la couronne, d'une part, que par
rapport aux partis, d'autre part, que ce processus s'est étendu sur une
durée de cinq siècles.
Il a même existé une vieille coutume je pense que M.
le président s'en souviendra, bien qu'elle soit tombée en
désuétude depuis déjà belle lurette jusqu'en
1727 au Parlement britannique selon laquelle l'élu au poste de
speaker devait résister ou ne se laisser porter à son
fauteuil que de force pour bien marquer par là qu'il s'estimait indigne
du poste, et il fallait tramer littéralement on a vu des
scènes célèbres dans l'histoire du parlementarisme
britannique le nouvel élu jusqu'à son fauteuil.
LE PRESIDENT: Cela s'est fait ici il y a une dizaine d'années
environ.
M. MORIN: C'est admirable!
LE PRESIDENT: Jusqu'à récemment.
M. MORIN: M. le Président, j'espère que je serai parmi
ceux qui pourront vous tramer à votre fauteuil la prochaine fois.
LE PRESIDENT: Dans quel sens?
M. MORIN: Dans le sens le plus traditionnel et le plus sympathique du
mot.
M. SAINT-PIERRE: Les libéraux vont être au pouvoir
longtemps!
M. MORIN: L'indépendance par rapport à la couronne a
cédé la place, au 18e siècle, en Grande-Bretagne, à
la dépendance par rapport au parti. On a même vu le speaker Abbot,
de 1802 à 1817, participer aux débats de façon
répétée et hautement partisane, au point qu'on a dû
entreprendre contre lui une procédure qui, dans le Parlement
britannique, est tout à fait exceptionnelle il y a très
peu de cas qu'on puisse mentionner dans l'histoire de ce Parlement soit
un vote de censure.
Mais peu à peu, dans le courant du 19e siècle, la
règle coutumière a émergé, selon laquelle un
président ne participe ni aux débats, ni aux votes. Et le dernier
cas en Grande-Bretagne a été celui du speaker Denison le 9 juin
1870. Depuis ce dernier précédent dans le sens inverse, la
coutume s'est maintenant enracinée et non seulement dans le
Parlement britannique, mais je pourrais citer les autorités de plusieurs
Parlements du Commonwealth à l'effet que le président,
à compter du moment où il accède à ce poste, cesse
d'appartenir à son parti ou à un parti tout court.
A quatre ou cinq reprises, on a même vu des speakers survivre
à des changements de gouvernement et être maintenus en place,
même si le parti auquel ils avaient appartenu auparavant était
défait à l'élection suivante.
Cela démontre de façon éclatante, éloquente,
à quel point ce poste de président, de "speaker", est essentiel
à la bonne marche des affaires d'une assemblée
délibérante comme la nôtre.
M. le Président, vous avez tout à l'heure décrit
admirablement votre rôle dans le fauteuil que vous occupez. J'estime
même que les paroles que vous avez prononcées à cette
occasion devraient, un jour ou l'autre, être citées dans Erskine
May, dans Bourinot ou dans quelque savant auteur, car il est rare qu'un
président ait l'occasion de préciser ses propres positions, sa
propre conception du rôle qu'il exerce.
Vous avez dit admirablement que vous êtes le serviteur de
l'Assemblée. De même, j'estime et vous en conviendrez, je
pense qu'un président de commission doit être le serviteur
de cette commission.
Citant de savants auteurs, vous avez dit que nous devons supposer que la
volonté du président est celle de la Chambre. De même, M.
le Président, n'est-il pas essentiel que nous puissions, nous de
l'Opposition en particulier, tenir pour acquis que la volonté d'un
président de commission doit être celle de la commission, y
compris les membres de l'Opposition qui y siègent?
Je me permettrai maintenant, très brièvement, d'analyser
les qualités requises pour qu'un député puisse faire un
bon président de commission. Nous avons justement vendredi soir, au
cours de cette longue séance, cette interminable séance,
abordé quelques-unes de ces qualités parce que, par moments, nous
nous sentions obligés de faire allusion au rôle du
président, au caractère impartial, objectif, non arbitraire de
ses décisions. On a dit au cours de cette longue séance qu'il
fallait que le président soit neutre. J'ai dit, et je
répète, que la neutralité n'est pas absolument
essentielle, ce n'est pas cela la qualité dominante en tout cas chez un
président de commission. La neutralité, si on ouvre le
dictionnaire, c'est le caractère, c'est l'état d'une personne qui
reste neutre. Ah! il faut se référer bien sûr au mot
"neutre". Cela me rappelle un peu les jeux qu'on peut trouver dans le Glossaire
du parler canadien que peut-être, M. le Président, aura eu
l'occasion de consulter. On tourne en rond dans ce glossaire souvent. On prend,
par exemple, au mot "barouette", on nous dit: voir "tombereau". On feuillette
le glossaire et on se rend au mot "tombereau", auquel endroit, on nous dit:
voir "charrette". Comme on veut épuiser la question, on tourne les pages
jusqu'au mot "charrette" pour trouver à nouveau: voir "barouette". C'est
un peu de cette façon que se présente cette question de
neutralité, comme d'ailleurs la question d'impartialité, la
question d'objectivité.
Au mot neutre, on nous dit: qui est dans l'état de
neutralité. A neutralité, on nous dit: caractère d'une
personne qui est neutre; et à neutre, on nous dit: qui est dans
l'état de neutralité. Nous sommes dans une sorte de cercle
vicieux qui ne nous avance pas beaucoup. Mais on trouve également
d'autres descriptions du mot neutre: qui n'appartient à aucun des
belligérants, à aucune des parties adverses; qui s'abstient de
prendre parti, de s'engager d'un côté ou de l'autre; qui n'est ni
acide, ni alcalin ce n'est certainement pas très pertinent au
débat et je n'insisterai pas, M. le Président qui
est dépourvu de passion, d'originalité, qui reste froid,
détaché. Bon! Je veux bien qu'un président tente
d'être neutre, mais si l'on veut dire par là qu'il doit se
détacher entièrement de son parti, surtout s'il s'agit d'un
président de commission, je n'exigerai pas, pour ma part, une
neutralité totale. Nous savions très bien ce soir-là, M.
le Président, que le député de Roberval, président
de la commission, n'était pas un être neutre et je n'étais
même pas enclin à réclamer sa neutralité. Mais il
eût fallu qu'il se montre impartial et qu'il se montre objectif et qu'il
évite des décisions qui nous ont paru arbitraires, M. le
Président.
M. le Président, qu'est-ce que l'impartialité? C'est, nous
dit le dictionnaire, la qualité d'une personne impartiale; c'est
l'antonyme du parti pris. Alors, on va au mot "impartial", pour voir de quoi il
s'agit et on nous dit: "qui n'est pas partial". Nous allons voir le mot
"partial" et nous trouvons: qui prend parti pour ou contre quelque chose, sans
souci de justice ni de vérité.
Je crois que, cette fois, nous y sommes. Nous attendions du
député, président de cette commission, qu'il ne prenne pas
parti pour ou contre l'Opposition ce soir-là, qu'il ait un souci
d'équité, de justice à notre endroit, qu'il n'ait point de
parti pris dans ses décisions. Ce n'est pas ce qui s'est passé.
Notamment, au sujet de la question du droit de parole, essayons de mesurer la
conduite du président, à l'aune des définitions que je
viens de donner.
M. le Président, combien de temps me reste-t-il?
LE PRESIDENT: Cinq minutes.
M.MORIN: Cinq minutes. Bien! Donc, voyons maintenant si ces
qualités essentielles ont été observées à la
Commission de la justice, vendredi soir dernier, notamment en ce qui concerne
le droit de parole. L'article 148-1), vous le savez, dit que "les
députés ont accès aux commissions, mais ceux qui n'en sont
pas membres doivent obtenir la permission pour s'y faire entendre." Or, il est
coutumier de laisser parler les députés, même s'ils ne sont
pas membres de la commission, et le président, ce soir-là, n'a
tenu compte ni de cet usage, ni du règlement.
Lorsque le député de Saint-Jacques a demandé
à intervenir à la commission, la réaction spontanée
du président à été la suivante: Ruban 44-B/J, page
3: "Le député n'a pas le droit de parole à cette
commission." Et, plus loin, après l'opposition très
marquée et très remarquée du ministre de la Justice au
droit de parole du député de Saint-Jacques, à R/45-B/J,
page 2, le président déclare: "Vous invoquez l'article 148 qui
nie le droit de parler." J'appuie sur ce "qui nie le droit de parler".
Nous étions en présence, M. le Président, d'une
attitude négative au départ, d'une attitude qui tendait à
nous restreindre systématiquement dans nos droits, alors que nous
aurions pu nous attendre, au moins au départ, à une attitude plus
ouverte. M. le Président, j'ai cité ce soir-là, au
président, le député de Roberval, un
précédent très pertinent, qui s'était produit dans
la même commission, le 6 juillet 1973, et qui est relaté au
fascicule no 117, à la page B/4048 des débats de la commission.
Je vous ferai remarquer qu'il s'agissait également, à cette
occasion, d'un "filibuster". Non seulement il s'agissait de la même
commission, mais il s'agissait du même projet de loi, no 85.
La question était la suivante; Allait-on autoriser M. Laurin, qui
n'était pas membre de la commission, à prendre la parole? "Le
président (M. Blank): Le député de Bourget demande la
permission de parler; il n'est pas membre de la commission. Est-ce que la
commission lui donne la permission de parler? "M. Laurin: C'est la coutume. "M.
Bossé: Tout le monde a le droit de parler."
Le ministre de la Justice, dans les minutes qui ont suivi cette
citation, s'est moqué du député de Dorion, M.
Bossé, et il a laissé entendre que ce n'était pas une bien
grande autorité. On dit souvent: La vérité sort de la
bouche des enfants. Je prétends que la vérité, dans ce
cas, sortait tout naturellement de la bouche du député de
Dorion.
M. le Président, je voudrais maintenant conclure, puisqu'il me
reste deux minutes, une minute et demie.
Il me semble que la motion qui a été soumise par le
député de Maisonneuve n'est peut-être pas suffisamment
précise. Elle est un peu générale, un peu trop parce que
nous ne voulons pas mettre en cause toute la conduite privée ou publique
du député de Roberval.
Motion d'amendement de M. Morin
M. MORIN: C'est pour cela que je fais la proposition suivante: Que la
motion en discussion soit amendée en ajoutant à la fin les mots
suivants "... pour avoir fait montre de partialité dans la façon
dont il a présidé la commission parlementaire de la justice lors
de l'étude du projet de loi no 8."
M. le Président, il est bien clair que nous voulons, par cet
amendement, préciser la conduite à laquelle nous en avons. En
dehors de cet incident malheureux à la commission parlementaire de la
Justice, nous n'avons rien à reprocher au député de
Roberval. Je dirais même que nous en aurions peut-être plus
à reprocher au ministre de la Justice, qui, toute la soirée, a
exercé une pression indue sur le président de la commission, que
nous n'avons de partialité à reprocher au président de la
commission lui-même. C'est pourquoi j'ai fait cette proposition pour
restreindre quelque peu le sens de la proposition principale.
Je vous remercie, M. le Président.
LE PRESIDENT: Est-ce que je pourrais avoir la motion?
M. MORIN: Oui. Attendez. M. VEILLEUX: Filibuster!
M. CHARRON: II y en a un qui vient d'avoir un éclair de
génie.
M. VEILLEUX: Une perte de temps.
M. CHARRON: II a découvert que c'était une obstruction
systématique. Cela vous a seulement pris deux semaines?
M. CHOQUETTE: Sur la recevabilité, j'aurais quelque chose
à dire.
LE PRESIDENT: Oui.
M. CHOQUETTE: On présente un amendement à la motion qui a
été inscrite au feuilleton. Je vous soumets respectueusement que
cet amendement n'en est pas véritablement un à la motion
principale. Au fond, il fait tout simplement reprendre le sens de la motion
principale et sans y ajouter quoi que ce soit. Cet amendement, en fait, ne peut
pas être considéré comme un amendement véritable
à la proposition principale. Pour ces motifs, je pense que la motion
n'est pas recevable et devrait être immédiatement
rejetée.
M. MORIN: M. le Président...
LE PRESIDENT: Le député de Saguenay. Le chef de
l'Opposition officielle.
M. MORIN: Je ne vais certainement pas empêcher mon collègue
de Saguenay de parler, mais je voudrais bien préciser. Contrairement
à ce que vient de dire le ministre de la Justice, qui adopte dans cette
Assemblée le même type d'attitude qu'il avait l'autre soir
à la commission... M. le Président, sur une question de
règlement...
LE PRESIDENT: Vous ne vous aidez pas. Tenez-vous en à la
pertinence du débat.
M. MORIN: Cette motion que je viens de faire, non seulement explicite la
proposition principale mais la nuance considérablement. Si on lit la
proposition principale telle quelle et si l'Assemblée l'adoptait, par
hasard, cette proposition pourrait peut-être porter à croire que
c'est toute la conduite de son vice-président, le député
de Roberval, qui est mise en question. Cela n'est pas le cas. Cela serait, je
pense, faire tort au député de Roberval que de présenter
la motion telle quelle. C'est pourquoi il nous paraît qu'elle doit
être précisée, en toute justice pour le
député de Roberval.
M. LESSARD: Question de règlement, M. le Président.
LE PRESIDENT: Rapidement.
M. LESSARD: La motion principale se lit comme suit: "Que cette
Assemblée réprouve la conduite de son vice-président, le
député de Roberval."
En vertu de l'article 70, nous avons le droit de faire les amendements
suivants: A l'article 70 on précise le genre d'amendement que nous
pouvons faire: "Un amendement doit se rapporter directement au sujet de la
motion proposée et ne peut avoir que les objets suivants: retrancher,
ajouter des mots ou les remplacer par d'autres". Nous constatons que la motion
d'amendement du chef de l'Opposition ajoute des mots, tel qu'il est
précisé à l'article 10, puisqu'il s'agit de
préciser le sens de la motion principale. C'est-à-dire qu'on
ajoute: "Pour avoir fait montre de partialité dans la façon dont
il a présidé la commission parlementaire de la justice, lors de
l'étude du projet de loi 8". J'estime, M. le Président que cette
motion est complètement recevable. J'estime qu'il n'appartient pas au
ministre de la Justice de nous dire en fait de quelle façon on va faire
nos motions. Il est dit à l'article 10 qu'on peut faire des motions pour
autant qu'on ajoute des mots, qu'on retranche des mots ou qu'on remplace ces
mots. Il me paraît clair que cette motion est complètement
recevable et qu'elle ne va aucunement à l'encontre de l'article 70 des
règlements.
M. BEDARD (Chicoutimi): C'est même une question de justice.
M. LESSARD: C'est même une question de justice.
Décision de M. le Président sur la
motion de M. Morin
LE PRESIDENT: A l'ordre! Je suis prêt à rendre ma
décision. Commençons par la fin. J'ai écouté
l'argumentation du député de Saguenay. Ce n'est pas parce
qu'à une motion principale on retranche, on ajoute ou on remplace des
mots que la motion est nécessairement recevable, non. Ce serait pousser
un peu loin cette affaire.
Je voudrais vous rappeler par contre l'article 62, qui nous
éclaire peut-être davantage: "Une motion écrite doit
contenir uniquement la proposition faite à l'Assemblée et elle ne
peut être précédée d'un exposé de motifs".
Précédée ou suivie, je pense qu'on ne peut pas faire
indirectement ce qu'on n'a pas le droit de faire directement. C'est un motif
que vous nous donnez: "Pour avoir fait montre..." Cela pourrait être
aussi bien: Considérant que la partialité
du président... Là ce serait un motif; c'est un motif qui
suit au lieu de précéder.
Je pense que les vraies conditions sont contenues, non pas à 70
mais à 62: "Elle ne doit pas contrevenir aux dispositions d'une loi, ni
renfermer des expressions," etc. Je pense bien également que tout le
monde avait compris, s'il y a eu une motion de reproches ou de
réprobation contre le député de Roberval, que ce n'est pas
parce qu'il avait commis l'adultère ou qu'il avait fait autre chose. Je
pense bien qu'il y avait une raison sous-jacente. Je pense qu'en vertu de
l'article 62 je peux difficilement accepter cette motion d'amendement.
M. BURNS: M. le Président, je vous demanderais une directive.
Est-ce que j'interprète vos paroles comme rejetant cet amendement en
particulier ou bien nous disant que la motion principale ne peut pas être
amendée?
LE PRESIDENT: Je n'ai pas dit ça.
M. BURNS: Vous n'avez pas dit que la motion principale ne pouvait pas
être amendée?
LE PRESIDENT: J'ai dit que l'amendement présenté, je ne
l'acceptais pas.
M. BURNS: Sans prolonger le débat, vous avez rendu une
décision là-dessus, je veux juste vous dire quelle était
l'intention du chef de l'Opposition en faisant cette motion. C'est que, depuis
que la motion est inscrite au feuilleton, on s'est fait dire par plusieurs
députés libéraux et plusieurs personnes...
M. MASSICOTTE: Vous placotez pour ne rien dire.
M. BURNS: Enervez-vous pas, restez tranquilles.
LE PRESIDENT: A l'ordre! Un instant.
M. BURNS: On s'est fait dire par plusieurs députés
libéraux: Mais en quoi réprouvez-vous sa conduite?
LE PRESIDENT: D'accord, écoutez...
M. BURNS: C'est dans ce sens qu'on l'a faite.
LE PRESIDENT: Vous comprenez que tout le monde a raison d'être
prudent; à ce stade-ci de la procédure, tout le monde est
prudent. Moi, je n'ai aucune objection s'il y a consentement unanime. Si c'est
cela que vous voulez exprimer actuellement, l'honorable député de
Maisonneuve, si la Chambre est d'accord, on peut ajouter ça à
votre proposition. Ce serait comme si, l'explication que vous en donnez, vous
vouliez l'intercaler ab initio à votre motion; je n'ai pas
d'objection.
UNE VOIX: C'est une admission de faiblesse de leur part.
LE PRESIDENT: Non, non, un instant.
M. BURNS: Si vous n'avez pas d'objection, je suis d'accord qu'on
l'inclue à ma motion.
LE PRESIDENT: Ou qu'elle reste telle quelle, je n'ai pas
d'objection.
Le consentement unanime? Qu'elle reste telle quelle dans ce
cas-là.
M. BURNS: Bien...
LE PRESIDENT: Je ne sais pas, je n'entends pas le consentement
unanime.
M. BURNS: Bien, il semble que oui, j'ai compris le leader...
M. LEVESQUE: M. le Président, si celui...
LE PRESIDENT: Ecoutez, écoutez...
M. LEVESQUE: ... qui est attaqué voulait...
LE PRESIDENT: ... je préfère qu'elle reste telle
quelle...
M. LEVESQUE: Bon!
LE PRESIDENT: ... pour les raisons que j'ai données, qu'il n'y
ait pas de motif; qu'on respecte le règlement et qu'on ne mentionne pas
de motif.
M. MORIN: M. le Président, vous exprimez une
préférence sur une proposition que je viens de faire.
LE PRESIDENT: Non. Je fais respecter le règlement. Ecoutez, un
instant. Je dis qu'une "motion écrite doit contenir uniquement la
proposition faite à l'Assemblée et elle ne peut être
précédé d'un exposé de motifs." Alors, si on
respecte le règlement, je dis que la motion telle qu'elle est du
député de Maisonneuve contient uniquement la proposition faite
à l'Assemblée. Vous explicitez dans vos débats que c'est
à l'occasion de cela; d'ailleurs, c'est assez clair dans l'exposé
autant du député de Maisonneuve que du député de
Sauvé, chef de l'Opposition officielle.
Suivant, s'il vous plaît.
M. LESSARD: M. le Président, tout à l'heure, je voulais
tout simplement dire aussi qu'à l'article 70 une motion
d'amendement...
LE PRESIDENT: Ma décision est rendue.
M.LESSARD: Non, non! ... en autant qu'elle se rapporte au sujet, et je
l'avais bien précisé, M. le Président.
LE PRESIDENT: Est-ce que vous prenez la parole sur cette motion?
M. LESSARD: Oui, M. le Président.
LE PRESIDENT: L'honorable député de Saguenay.
M. Lucien Lessard
M. LESSARD: M. le Président, sachez que ce n'est certainement pas
de gaieté de coeur que nous utilisons, aujourd'hui, l'article 68 de nos
règlements pour en appeler à la Chambre de la façon dont
ont été présidées les séances de la
commission parlementaire sur le projet de loi no 8. Ce n'est pas de
gaieté de coeur que nous avons, aujourd'hui, à mettre en cause
l'action d'un collègue qui se trouve être le député
de Roberval.
Mais vous comprenez, M. le Président, qu'il importe aussi pour
l'Opposition surtout lorsqu'il s'agit d'une Opposition qui ne comprend
que six députés et deux députés membres du Parti
créditiste que les règlements soient bien
respectés. Il est important que les règlements soient
respectés tant par les députés de l'Assemblée
nationale que par le président, les vice-présidents et les
présidents de commissions.
Cela est important pour deux raisons que nous avons déjà
soumises. Nous n'avons pas beaucoup d'instruments pour bloquer un projet de loi
dans cette Assemblée. D'accord, notre rôle, ici, n'est pas
strictement de nous opposer à quelque chose. Notre rôle, ici,
n'est pas strictement de bloquer le gouvernement dans ses projets de loi. Notre
rôle est, quelquefois, d'appuyer certains projets de loi qui nous
paraissent valables. Et nous l'avons fait, M. le Président, dans le
passé.
Notre rôle aussi c'est là l'objet, c'est là
l'importance d'une Opposition est de bonifier les projets de loi qui
sont présentés, ici, à l'Assemblée nationale.
Encore là, nous l'avons fait à maintes reprises.
Ce gouvernement, même s'il est formé de 102
députés, ne possède pas complètement toute la
vérité et nous avons la responsabilité de faire valoir au
gouvernement, comme nous l'avons fait sur certains projets de loi, comme nous
le faisons sur le projet de loi no 2 et comme nous le ferons sur le projet de
loi no 3, nous avons le devoir de faire valoir certaines choses qui nous
paraissent valables pour l'ensemble de la population
québécoise.
Mais, M. le Président, nous avons aussi le devoir, lorsqu'un
projet de loi nous paraît absolument inacceptable, de nous y opposer
jusqu'à la dernière énergie. C'est justement là, M.
le Président, l'un des projets de loi, le projet de loi concernant
l'augmentation des salaires des juges, auquel nous avons et nous l'avons
affirmé à maintes reprises l'intention de nous opposer
jusqu'à la dernière énergie.
Quels sont les instruments que nous possédons pour cela? Il nous
reste, M. le Président, deux choses. En particulier, une chose est
importante. Il nous reste le règlement. C'est le seul instrument que
nous puissions utiliser pour faire un blocage systématique. Nous devons
l'utiliser de façon rationnelle, d'accord, mais utiliser tous les moyens
que nous permet ce règlement pour bloquer un projet de loi qui nous
paraît inutile dans les circonstances et qui nous parait avoir
été présenté dans un mauvais temps.
Or, M. le Président, nous ne l'avons pas caché, nous
l'avons dit à maintes et maintes reprises, nous allons utiliser tout ce
que nous permet le règlement pour bloquer ce projet de loi. On sait, M.
le Président, que l'ancien règlement, le règlement
Geoffrion, nous permettait beaucoup plus de choses, nous donnait beaucoup plus
d'outils à nous autres, de l'Opposition, pour bloquer un projet de loi.
Nous avions un temps de parole passablement moins limité. Mais, M. le
Président, nous avons accepté, de l'Opposition, de limiter ce
temps de parole qui nous était donné. Nous avons accepté
de réduire ce règlement qui avait été longtemps
utilisé à l'Assemblée nationale, règlement qui
comprenait près de 800 articles. Nous avons accepté, comme
Opposition et nous le savions lorsque nous avons discuté
du code Lavoie, de limiter nos possibilités d'obstruction
systématique à un projet de loi.
Mais nous l'avons accepté, M. le Président, à
certaines conditions précises, qui n'ont pas été
explicitement exprimées lorsque nous avons eu à discuter du code
Lavoie mais qui étaient implicitement reconnues, je pense bien, par tous
les membres de l'Assemblée nationale.
C'était, lorsqu'il s'agissait pour l'Opposition de s'opposer
à un projet de loi, de nous permettre, dans l'impartialité du
président que ce soit le président de l'Assemblée
nationale ou le président des commissions d'utiliser toutes les
possibilités, tous les outils qui sont permis en vertu de ce code
Lavoie.
C'était là, je pense bien, la moindre des choses qu'on
pouvait nous accorder, à nous de l'Opposition, lorsque nous avons
accepté librement de limiter considérablement les
possibilités de nous opposer de façon systématique
à un projet de loi.
Nous estimons que dans la discussion du projet de loi no 8 et
particulièrement en commission parlementaire on nous a
empêchés, à cause de la partialité du
président, d'utiliser ces instruments. Je voudrais revenir sur quelques
exemples qui me paraissent fondamentaux.
Il y a trois points en particulier le député de
Maisonneuve en a traité deux où nous avons
été empêchés d'utiliser le règlement.
D'abord, lorsque le député de Maisonneuve a
présenté la motion pour faire en sorte que le
député de Saguenay et le député de Saint-Jacques
aient le droit de parole en commission.
Ensuite, lorsque nous en avons appelé de la décision du
président de la commission au président. J'expliquerai tout
à l'heure que, sur cette motion, je pense que le président de la
commission parlementaire avait raison.
Mais il y a aussi le troisième point lorsqu'à minuit le
ministre de la Justice a proposé l'ajournement.
D'abord, en ce qui concerne la motion, l'article 148 du règlement
nous dit ce qui suit: "Tous les députés ont accès aux
commissions, mais ceux qui n'en sont pas membres et les autres personnes
doivent obtenir la permisssion pour s'y faire entendre."
D'abord, il y a une imprécision dans ce règlement. Est-ce
qu'il s'agit de demander la permission au président? A ce moment, nous
n'avons même pas le droit de parole, donc nous parlons
illégalement. Mais, en tout cas, ne charrions pas, comme
députés observateurs à cette commission, on nous permet la
possibilité de demander la permission au président.
Mais il n'est pas dit à l'article 148 que cette décision
doit être unanime. Si le président remet sa décision
à la commission, il est absolument nécessaire dans ces
circonstances de prendre un vote. Mais prendre un votre sur quoi?
Comment l'Assemblée, comment une commission parlementaire
peut-elle décider de quelque chose s'il n'y a pas une motion? Et c'est
là le premier accroc au règlement. M. le Président, ce que
je trouve absolument anormal dans la conduite du président de la
commission à ce moment-là, c'est que toute notre économie
des règlements exige que, avant que des membres d'une commission
décident de quelque chose, il y ait d'abord une motion faite en bonne et
due forme.
M. le Président, dans le code Lavoie, c'est l'article 154 qui
précise ce qu'est une motion: "La motion est un acte de procédure
par lequel un député propose à l'Assemblée de faire
une chose, d'ordonner l'accomplissement d'une chose ou d'exprimer une opinion
sur un sujet". Et c'était justement l'expression d'une opinion sur un
sujet bien particulier: Est-ce que la commission veut permettre au
député de Saguenay et au député de Saint-Jacques de
s'exprimer à la commission parlementaire? C'était une expression
d'opinion que la commission parlementaire devait faire. Comment la commission
parlementaire pouvait-elle exprimer une opinion, s'il n'y avait pas motion? Et
on sait, M. le Président, et c'est important, quand on a accepté
le principe qu'on fait une lutte acharnée contre le projet de loi, que
cette motion est débattable, était débattable et nous
permettait, du moins permettait aux deux députés membres de la
commission de parler sur cette motion.
M. le Président, peut-être que ce règlement, comme
on le disait, n'est pas assez explicite. Dans ces circonstances, il est dit
à l'article 3 du code Lavoie, ce qui suit: "La procédure de
l'Assemblée nationale du Québec est réglée par des
lois, par le règlement, par des règlements adoptés pour la
durée d'une seule session, par des ordres spéciaux adoptés
par l'Assemblée et dont le fait est limité aux matières
pour lesquelles ils sont votés". Article 5: "Par les
précédents établis par suite de l'interprétation
des lois et des règlements". Alors, je ne remonte pas aux Anglais, le
député de Maisonneuve l'a fait tout à l'heure. Mais
concernant l'explication de ce qu'est une motion, nous, avons dans l'ancien
code que nous utilisions auparavant, le code Geoffrion, des explications assez
claires à ce sujet aux articles 136 et 137.
A l'article 136, on a exactement la même définition
qu'à l'article 54 des règlements du nouveau code Lavoie. Article
137: "Sauf les exceptions prévues au règlement en ce qui
me concerne, je ne pense pas que l'article 148 du code Lavoie soit une
exception prévue au règlement tout député
qui désire provoquer une décision de la Chambre on sait
qu'en vertu des articles 163, les règles de procédure de
l'Assemblée nationale s'appliquent en commission doit le faire au
moyen d'une motion..." C'est clair, ça. Il me semble que le
président de la commission parlementaire de la justice aurait dû
savoir cette chose qui est claire, cette chose qui est normale, cette chose qui
est utilisée dans doute l'économie de nos règlements.
Qu'on parle du code Morin, par exemple, au niveau des assemblées
délibérantes des syndicats ou autres, qu'on parle justement de
toutes les discussions qu'on fait à l'Assemblée nationale, ce
principe a toujours été reconnu qu'il n'y a pas une
décision qui peut se prendre, M. le Président, sans qu'il y ait
une motion...
M. CHOQUETTE: Le député de Saguenay me permettrait-il une
question?
M. LEGER: Pourvu que ce ne soit pas compté sur son temps.
M. CHOQUETTE: On a beaucoup de temps devant nous.
Le député de Saguenay a dit que le règlement du
code Lavoie sur cette question n'était peut-être pas clair
tout à l'heure, j'ai compris ça et que c'est pourquoi il
est allé se référer au code Geoffrion. Est-ce que j'ai
bien compris la pensée du député de Saguenay?
M. LESSARD: Oui, oui, d'accord.
M. CHOQUETTE: C'est ça. Ah, vous trouvez que notre
règlement n'est pas très clair, suffisamment clair?
M. LESSARD: M. le Président, lorsque nous avons eu à
discuter de ce règlement, le président lui-même nous a bien
souligné que nous en faisions l'expérience, et il est normal que
nous constations certaines choses qui, dans le règlement, bien souvent,
sont plus ou moins explicites. Dans ces circonstances...
M. CHOQUETTE: Est-ce que le député de Saguenay trouve
qu'il y aurait des clarifications à apporter à cet aspect du
règlement, qui mériteraient d'être étudiées
régulièrement par la Chambre?
M. LESSARD: C'est qu'il est très bien dit à l'article 3
que le ministre connaît, d'ailleurs que lorsque nous
arrivons dans une situation où le règlement n'est pas explicite,
nous acceptons que la décision soit appuyée sur des
précédents ou sur d'autres éminentes autorités.
C'est le cas, je pense, de M. Geoffrion, dont le code a
été utilisé longuement. Alors, nous pouvons utiliser ces
codes pour baser justement une décision ou pour expliciter un
règlement qui ne serait pas compris, qui ne serait pas clair dans le
code Lavoie. C'est dans ce sens, mais encore là, en ce qui concerne une
motion, il s'agit d'une chose claire, il s'agit d'une chose acceptée
dans toute l'économie de nos règlements. Ce que j'ai dit qui
n'était pas clair, c'est l'article 148, peut-être parce que selon
cet article, c'est la première fois qu'on nous refusait le droit de
parole à la commission. Mais il y a une chose claire, c'est qu'on ne
peut pas discuter sur une chose qui n'existe pas. On doit d'abord discuter sur
une motion.
M. le Président, j'ai d'autres points, mais on m'informe qu'il me
reste deux minutes. Je continue pour expliquer au ministre ce qu'est une
motion. Donc, sauf les exceptions prévues au règlement, tout
député qui désire provoquer une décision de la
Chambre doit le faire au moyen d'une motion et il faut recourir à la
motion, non seulement pour saisir la Chambre d'une affaire mais aussi pour
mener une affaire. Autrement dit, nous ne pouvons rien faire tant et aussi
longtemps que nous n'avons pas une motion sur la table. C'est cela que le
député de Maisonneuve a voulu faire lorsqu'il a
présenté sa motion pour que le député de Saguenay
et que le député de Saint-Jacques soient entendus.
Je demande la suspension du débat.
M. BIENVENUE: Le député a-t-il fini? M. LEGER: Non, il lui
reste une minute.
M. BIENVENUE: Quinze heures, M. le Président.
LE PRESIDENT: L'Assemblée suspend ses travaux, comme le dit si
bien le député de Crémazie, jusqu'à quinze
heures.
(Suspension de la séance à 13 h 1)
Reprise de la séance à 15 h 5
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. LESSARD: M. le Président, cependant, je dois souligner que la
motion qui nous est présentée, à savoir "que cette
Assemblée réprouve la conduite de son vice-président, le
député de Roberval", me paraît beaucoup trop large,
puisqu'il ne s'agit pas de blâmer les agissements du
vice-président au cours de son travail dans toutes les commissions qu'il
a eu à présider, mais précisément en ce qui
concerne le projet de loi 8.
Motion d'amendement de M. Lessard
M. LESSARD: C'est pourquoi j'apporte l'amendement suivant: "Que la
motion en discussion soit amendée en ajoutant à la fin les mots
suivants: Lors de l'étude, en commission parlementaire de la justice, du
projet de loi no 8.
M. LEVESQUE: M. le Président, il me semble, à
première vue, que cette motion d'amendement...
M. LEGER: Est très bien présentée, à
première vue.
M. LEVESQUE: ... est irrecevable. Je ne vois pas ce qu'elle ajoute au
fond de la motion. Je ne vois pas qu'elle change d'une façon
significative ou substantielle quoi que ce soit dans les termes de la motion
principale. Elle n'ajoute qu'une circonstance de temps. Je ne crois pas
qu'ajouter une circonstance de temps puisse constituer un amendement recevable.
Autrement, M. le Président, on pourrait multiplier les amendements, en
parlant de l'heure du jour, de l'heure de la nuit, du beau temps, en
précisant si c'est alors qu'il faisait beau dehors ou alors que le temps
était couvert.
M. LEGER: Non, il y avait une tempête.
M. LEVESQUE: Ce sont toutes des circonstances absolument futiles,
faisant partie, évidemment, d'un "filibuster" admis par l'Opposition et
reconnu comme tel, mais je crois que, même si c'est dans le contexte d'un
"filibuster", on doit faire bien attention de ne pas créer de
précédent de cette nature. A mon sens, à première
vue, cette motion d'amendement est complètement futile, n'ajoute ni ne
retranche quoi que ce soit substantiellement de la motion principale.
Je crois qu'elle n'est faite que dans le but de permettre à
certains de nos amis d'en face de poursuivre plus longuement les propos qu'ils
tiennent plus ou moins sérieusement depuis le début de ce
j'allais dire de ce conflit, mais ce n'est peut-être pas un conflit
il s'agit simple-
ment de le qualifier comme il se doit de part et d'autre. Il sera
évidemment qualifié par la population du Québec et je ne
voudrais pas en être l'auteur.
Mais revenant simplement, M. le Président, à la pertinence
du débat et à la recevabilité de cette motion
d'amendement, je dois, respectueusement, vous formuler mes craintes, mes
appréhensions, non pas que cela changera grand-chose parce que je
m'imagine bien que, si cette motion d'amendement est irrecevable, on doit en
avoir deux ou trois autres de prêtes. Alors, il n'y a pas de
problème.
Mais je ne voudrais pas, cependant, qu'à la faveur d'un contexte
comme celui-ci l'on permette n'importe quelle sorte d'amendements. Je suis
convaincu qu'en temps ordinaire quelqu'un qui arriverait avec un amendement
comme celui-ci, simplement pour ajouter "lors de l'étude en commission
parlementaire de la justice sur le projet de loi 8", la seule chose que cela
ajoute à la...
M. BURNS: Pour préciser exactement la motion. Cela s'appelle
préciser la motion.
M. LEVESQUE: Voyons, M. le Président! LE PRESIDENT: Bon!
M. LEVESQUE: Le député de Maisonneuve est obligé de
sourire !
M. BURNS: Non, je ne souris pas. C'est pour préciser la
motion.
M. LEVESQUE: On parle de cette motion de censure à l'endroit du
vice-président et là on pourrait, éventuellement,
multiplier ce genre d'amendements à l'infini. On pourrait en faire un
autre en disant "le salon rouge" et un autre qui dirait "au salon qui n'est pas
bleu". Alors, vous savez, cela ferait encore drôle. Ensuite, on pourrait
dire "dans quelle partie du salon cela s'est tenu", etc. En plus du manque de
sérieux de tel genre de motions, fondamentalement je ne la crois pas
recevable, non pas dans le contexte actuel. Je conçois que l'on veuille
apporter des amendements. Continuez, cela va bien. Mais, ce que je crois qu'il
ne faudrait pas faire, c'est de ne pas oublier que ceci peut constituer des
précédents. Je sais que vous vous êtes déjà
prononcés, vous et vos prédécesseurs, sur la
recevabilité d'amendements, particulièrement dans ce genre-ci,
qui sont absolument futiles. Je n'ai pas eu l'occasion de consulter les auteurs
là-dessus. Vu que cela nous arrive comme ceci, absolument à la
dernière seconde, je ne peux pas vous citer tous les auteurs quant
à la recevabilité des amendements.
Mais je suis convaincu que ce n'est pas dans l'esprit de notre droit
parlementaire de reconnaître la recevabilité de motions ainsi
rédigées.
M. BURNS: Sur la question de règlement, M. le Président,
je n'ai pas eu l'occasion de vous le dire complètement ce matin, lors de
votre première décision relative à un amendement qui a
été proposé par l'honorable chef de l'Opposition, pour une
raison bien simple, c'est que j'étais hors d'ordre, à ce
moment-là. Vous me l'avez souligné et j'ai accepté votre
indication très diplomatique que je vous amenais sur un terrain autre
que celui du règlement.
Or, là, M. le Président, la motion qui est faite par le
député de Saguenay en amendement à celle que j'ai
proposée, qui est inscrite au feuilleton, je pense, me permet de vous
dire ceci: Contrairement à ce que semble vouloir dire le leader du
gouvernement, l'amendement proposé par le député de
Saguenay ajoute quelque chose à la motion qui a été
proposée. C'est ici, M. le Président, que je me sens
autorisé à vous dire que, depuis que notre motion est en
appendice au feuilleton de nos travaux, il y a au moins dix
députés libéraux au moins dix, M. le
Président qui se sont adressés à moi.
M. BOUDREAULT: Nommez-les!
M. BURNS: Je n'ai pas à les nommer; je n'ai même pas le
droit de le faire en vertu du règlement. Apprenez donc votre
règlement, vous, avant d'intervenir.
M. BOUDREAULT: Nommez-les!
M. BURNS: Et, quand vous voudrez faire des interventions intelligentes,
levez-vous donc et faites-les donc en vertu de l'article 26!
M. BOUDREAULT: Tu as l'air intelligent, debout, toi!
M. TETLEY: Admettez que c'est un "filibuster", tout simplement!
M. BURNS: Voyons donc! c'est admis depuis une semaine, cela!
Réveillez-vous donc, le ministre !
M. TETLEY: Admettez-le aux journaux au lieu de donner l'impression que
vous êtes...
M. BURNS: Cela a été dit à tout le monde. Si le
ministre des Institutions financières suivait les travaux...
M. TETLEY: Ah! je suis les travaux et vos folies!
M. BURNS: ... il saurait fort bien que, depuis une semaine, on admet
cela.
M. TETLEY: Je suis vos travaux et ce n'est pas du travail !
M. BURNS: Vous ne suivez rien! Vous ne savez même pas ce qui se
passe ici !
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! A l'ordre! ... A l'ordre! Une
question de règlement. A l'ordre, s'il vous plaît! ... A
l'ordre!
M. TETLEY: Vaudeville!
M. CHOQUETTE: Un vaudeville!
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. BURNS: M. le Président...
M. CHOQUETTE: "Strip-tease" intellectuel, dégueulasse à
part cela!
M. BURNS: M. le Président...
LE PRESIDENT: A l'ordre! Un peu de calme, messieurs.
M. BURNS: II y a des gens qui ont de la difficulté à
ingurgiter leurs appéritifs peut-être, mais en tout cas...
M. TETLEY: Qui a pris un "drink" au lunch?
UNE VOIX: O.K., champion. LE PRESIDENT: A l'ordre! M. TETLEY:
Champion.
M. BURNS: II est là, puis il est là des fois, je ne
comprends plus rien.
LE PRESIDENT: A l'ordre! Parlons du règlement.
M. BURNS: Je suis bien prêt à vous en parler, M. le
Président.
M. MARCHAND: Je suis polyvalent.
M. BURNS: Je suis bien prêt à vous parler du
règlement, mais pour autant que les députés
ministériels me laissent faire.
LE PRESIDENT: Ne les invitez pas trop à...
M. BURNS: Non, je ne les invite pas, loin de là, mais seulement
quand un député qui n'intervient jamais me dit...
LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. BURNS: ... nommez-les! Je vous dis qu'il y a au moins dix
députés qui, depuis que ma motion parait en appendice du
feuilleton, me disent: Mais en quoi réprouvez-vous la conduite du
député de Roberval? Et comme vous l'avez si bien dit ce matin,
peut-être qu'il y a des gens qui pourraient penser qu'on l'accuse de
choses dont il n'est absolument pas coupable, c'est-à-dire d'avoir fait
un certain nombre de choses que je ne qualifie pas, qui, d'ailleurs, ne nous
intéressent pas au niveau de la Chambre s'il les a faites.
Notre problème est simplement de savoir en quoi on
réprouve la conduite du député. On vous dit
précisément ce en quoi on réprouve la conduite du
député de Roberval, et je vous souligne que si cet amendement
n'était pas jugé recevable, il y aurait de fortes chances qu'il y
ait de l'ambiguïté autour de cette conduite que nous
réprouvons.
Or, il est bien clair même si je l'ai dit au cours de mon
intervention ce matin, même si les autres députés qui ont
parlé après moi l'ont dit ce matin qu'il est très
important de situer le moment et ce devrait être dans
l'intérêt général de la Chambre où
nous réprouvons la conduite du député de Roberval.
Nous croyons...
LE PRESIDENT: Je suis prêt à rendre ma décision.
M. BURNS: Je termine là-dessus. Nous croyons...
LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. BURNS: ... qu'il est important, et pour la Chambre, et pour le
député de Roberval, et pour notre motion, de situer le moment
exact où nous réprouvons...
M. CHOQUETTE: Faux frère!
LE PRESIDENT: A l'ordre! Allez!
M. BURNS: Ce n'est pas moi, M. le Président.
LE PRESIDENT: Je vais rendre ma décision.
M. BURNS: Ce n'est pas moi, M. le Président, qui suis
énervé actuellement.
LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. BURNS: Ce n'est pas moi qui suis énervé. Alors, nous
croyons, M. le Président, je répète, qu'il est important
dans l'intérêt de la Chambre, du député de Roberval,
du député de Maisonneuve, qui a fait cette motion, et du
député qui a parlé sur cette motion de situer le moment
où nous réprouvons la conduite du député de
Roberval. Je veux tout simplement, en terminant, M. le Président, vous
renvoyer à une autorité parce que j'ai eu le temps de regarder;
M. Beauchesne, dans son précis de procédures parlementaires... M.
le Président... à la page 67 de la quatrième
édition... On est nerveux du côté ministériel, je ne
comprends pas cela. Je ne comprends vraiment pas cela. C'est l'esprit des
Fêtes qui s'empare des députés, M. le Président. Si
vous êtes tannés, vous n'avez qu'une chose à faire,
sacrez-moi votre camp chez vous!
M. SAINT-PIERRE: Très intelligent, très intelligent.
LE PRESIDENT: A l'ordre! ... A l'ordre! ... A l'ordre! ... A l'ordre,
messieurs! A l'ordre, s'il vous plaît ! Je vous inviterais à vous
en tenir strictement à Beauchesne; autrement je rends ma décision
immédiatement, strictement à Beauchesne.
M. BURNS: M. le Président, je vous cite un
précédent qui est rapporté dans Beauchesne, à la
page 65, quatrième édition; c'était le chef de
l'Opposition à ce moment-là, qui s'appelait M. Drew, à la
Chambre des Communes, à Ottawa...
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! S'il vous plaît, s'il vous
plaît !
M. BURNS: Cela ne me fait rien, M. le Président, je suis
prêt à attendre.
LE PRESIDENT: Non, non, Beauchesne, Beauchesne.
M. BURNS: Beauchesne. A la page 65, on lit ceci dans Beauchesne: "Le 4
juin 1956, M. Drew, chef de l'Opposition, proposait..." Vous allez voir, M. le
Président, jusqu'à quel point une Chambre, semblable à la
nôtre, qui suit à peu près les mêmes règles, a
accepté de préciser une motion.
Elle a accepté des raisons à l'appui d'une motion tout
à fait semblable à celle qui est devant vous actuellement et a
permis la motion suivante, M. le Président: "Vu l'acte sans
précédent par lequel M. l'Orateur a) contrairement à la
règle, à révoqué sa propre décision sans
avis et sans fournir l'occasion d'une discussion; b) a refusé maintes
fois de permettre à des députés de prendre la parole
à la Chambre dans des circonstances où, d'après le
règlement, ils avaient le droit d'être entendus; c) a
subordonné les droits de la Chambre à la volonté du
gouvernement, cette Chambre décide qu'elle n'a plus confiance en son
président." C'était une motion du même style, M. le
Président, mais qui a drôlement précisé l'attitude
qu'elle prenait quant à l'Opposition à l'égard d'attitudes
prises par un président de la Chambre, en l'occurrence.
Là, c'est le même cas, M. le Président. Je n'essaie
pas de vous dire que c'est moins important ou plus important que ce soit un
vice-président ou non, mais je vous dis que nous donnons des
circonstances, comme on en voit dans la motion du 4 juin 1956, proposée
par M. Drew.
LE PRESIDENT: Je suis prêt à rendre ma décision.
D'accord! Messieurs, j'ai pratiquement le goût de demander des directives
à la Chambre et surtout même au leader parlementaire de
l'Opposition officielle. Ce matin, lorsque j'ai rendu une décision sur
une motion proposée par le chef de l'Opposition officielle, c'est que,
je crois, vous m'y aviez invité, dans un sens, par vos propos, autant
par ceux du proposeur de la motion, qui était le député de
Maisonneuve, que par ceux du deuxième opinant, qui était le chef
de l'Opposition officielle. A ce moment, vous avez limité justement vos
propos à la conduite du vice-président de la Chambre, lors de
l'étude en deuxième lecture du projet de loi.
J'en suis venus à cette conclusion parce que je voyais bien que
ce n'était pas votre intention de critiquer la conduite en
général du député de Roberval. Cela a
été une des raisons, d'ailleurs, qui m'ont poussé,
premièrement, à rejeter la motion ou à vous inviter,
après, à l'intercaler comme si elle avait été
là dès le début. C'est pour ça que je m'adresse
à vous; ça veut dire que vous reconnaissez, en somme, que vous
étiez hors d'ordre ou que vous n'avez pas respecté la pertinence
du débat sur la motion principale, parce que j'aurais dû me lever
et vous dire: Parlez-moi de la conduite en général du
député de Roberval.
Laissez-moi donc terminer, s'il vous plaît! Un instant. Vous me
dites maintenant que vous voulez circonstancier et limiter votre motion pour
parler uniquement de ce qui est arrivé en commission. C'est ce que vous
avez fait d'ailleurs dans vos propos depuis le début. Bon. Autrement, la
pertinence du débat... Parce qu'il ne peut pas y avoir deux
débats sur la même chose. C'est reconnu, mais en acceptant votre
motion, cela signifie que je vous permets, que je vous ai permis un
débat que vous avez fait vous-même circonstancié sur le
travail du vice-président lors de l'étude du projet de loi et par
votre amendement, vous me demandez un autre droit de parole encore sur le
même moment, lors de l'étude en commission parlementaire de la
justice.
En somme, vous me demandez, en acceptant votre motion, deux droits de
parole sur le même sujet. Vous êtes libres de l'accepter, mais je
vous ferais de nouveau la même demande que je vous ai faite ce matin
alors que je n'ai pas eu le consentement unanime de la Chambre. Est-ce que
vous...
M. BURNS: Non.
LE PRESIDENT: Vous ne voulez pas l'ajouter ab initio?
M. BURNS: Non. C'est un amendement que nous proposons, un amendement
parfaitement recevable, je vous le soumets.
LE PRESIDENT: Un instant, s'il vous plaît. Je respecte la
procédure. Je respecte ce que vous avez l'intention de faire, ce que
vous avez appelé tout à l'heure le débat sous tous les
angles et je crois que cela est dans notre coutume parlementaire. C'est un peu
pour cela même que j'osais vous demander des directives
parce que la pertinence du débat, cela existe également.
Et c'est un autre principe sacré de notre droit parlementaire, aussi
sacré que le droit d'amendement. A l'article 98, il est dit: "Un
député qui a obtenu la parole doit limiter son discours à
la question qu'il soulève, à la question qu'il entend proposer ou
à la question dont l'Assemblée est saisie."
C'est pour cela qu'il y a quelque chose quand même je pense
que vous le reconnaf-trez avec moi sur la question principale et sur la
motion secondaire qui est l'amendement que vous proposez; en l'acceptant, je
devrai, en l'occurrence, vous limiter à l'amendement et, si vous avez
d'autres amendements, je crois que c'est votre droit, je vous demanderais
immédiatement de respecter la pertinence du débat.
Décision de M. le Président
LE PRESIDENT: En l'occurrence, cela vous donne pratiquement deux droits
de parole sur la même motion. Peut-être qu'à votre grande
surprise, je vais accepter votre amendement. Je l'accepte sur la pertinence du
débat. Et s'il y a d'autres motions d'amendement, vous respecterez
également la pertinence du débat.
M. BURNS: Je suis entièrement d'accord. Je veux simplement vous
dire...
LE PRESIDENT: Non, pas de commentaires, même favorables à
ma décision. Parlez sur la motion.
M. BURNS: Vous en avez de favorables...
LE PRESIDENT: Je n'en veux ni dans un sens, ni dans l'autre. Parlez sur
la motion.
M. Marcel Léger
M. LEGER: M. le Président, étant donné que
l'amendement apporté précise que l'Assemblée
réprouve la conduite de son vice-président, le
député de Roberval, spécialement pendant les débats
sur le bill 8, ce sont tous les principes qui découlent de cette
attitude, de ce comportement à l'intérieur du bill 8, qui sont en
cause, M. le Président.
M. le Président, au cours du bill 8...
LE PRESIDENT: Parlez-moi de l'étude en commission.
M. LEGER: Certainement.
LE PRESIDENT: Pas de toute l'étude du projet de loi. En
commission.
M. LEGER: En commission, M. le Président, et je pourrai vous
donner une lecture totale de tout ce qui s'est passé en commission,
parce que ce sont des feuilles brunes, en commission.
M. le Président, tout ce que je vais dire va être
nécessairement issu de ce qui s'est passé en commission et des
conséquences c'est la pertinence du débat de ce
geste, sur les principes que nous voulons sauvegarder pour les quatre ans
à venir. Cette attitude, ce comportement, pendant cette commission
parlementaire, fait que nous désirons aujourd'hui attirer l'attention de
la Chambre, de l'Assemblée nationale et de la population en
général, pour les quatre ans à venir, sur la façon
dont devront être tenus les travaux de cette Chambre, de sorte que, et
l'Opposition, et le parti au pouvoir se sentent en sécurité. En
effet, il y aura des présidents de commissions qui agiront en
étant au-dessus de toute subjectivité, qui mettront autant au
service des députés ministériels que des
députés de l'Opposition tout leur talent, leur
objectivité, leur compréhension des situations afin
d'éviter ce qui s'est passé lors de l'étude en commission
parlementaire du bill 8.
M. le Président, à cette occasion, il est arrivé
une chose que nous ne pouvons pas accepter. Un député de
l'Opposition, quand il veut retarder un projet de loi parce qu'il le juge pas
tout à fait à point, doit apporter des amendements. Il le fait
par des motions, etc. S'il juge que le projet de loi est bon, il l'approuve
comme tel et il le dit. S'il juge que le projet de loi est absolument
inacceptable, c'est son devoir le plus strict, comme député de
l'Opposition représentant des électeurs, de dire qu'il est contre
le projet de loi et de prendre tous les moyens, à l'intérieur du
règlement, pour faire valoir son objection majeure. En suivant le
règlement, pendant les commissions parlementaires, et
spécialement pendant la commission parlementaire sur le bill 8, nous
avons eu plusieurs occasions en retardant un projet de loi, de montrer à
la population pourquoi ce projet de loi n'est pas adopté rapidement.
C'est ça le grand problème de base, ce qui est le
rôle d'un Parlement et l'équilibre qui existe dans un Parlement,
qui vient de commencer et qui durera quatre ans, c'est la possibilité,
pour un gouvernement, de présenter des lois, la possibilité, pour
les partis d'Opposition, de s'opposer en utilisant tous les artifices que le
règlement de l'Assemblée nationale lui propose. A ce
moment-là, si on est carrément contre, il faut aller au bout de
tous les moyens qui retardent le projet de loi, qui sensibilisent la
population, laquelle, à ce moment-là, pourra s'exprimer
peut-être pour dire au ministre...
M. CHOQUETTE: J'invoque le règlement, M. le Président.
M. LEGER: ... qui le présente: Votre projet de loi n'est pas
bon.
M. CHOQUETTE: J'invoque le règlement. Le député ne
tient pas des propos...
M. LEGER: Celà ne sera pas pris sur mon droit de parole, M. le
Président?
M. CHOQUETTE: M. le Président, j'invoque le règlement. Le
député ne tient pas des propos pertinents à la motion
d'amendement qui est devant la Chambre. Il est en train de nous expliquer la
théorie du "filibuster" du Parti québécois. La
théorie du "filibustering", c'est une affaire qui concerne
peut-être le Parti québécois parce qu'il conçoit le
système parlementaire de cette façon. Mais cela ne regarde pas du
tout la motion d'amendement pertinente qui nous dit pourquoi cet amendement
doit être apporté pour réprouver ce que le
député de Roberval aurait prétendument fait de mal ce
soir-là à la commission parlementaire de la justice.
M. LEGER: M. le Président, je sais que le ministre de la Justice
est impatient. Il voudrait que son projet de loi passe plus vite...
LE PRESIDENT: La motion, s'il vous plaît.
M. LEGER: ... et qu'il voudrait bien...
LE PRESIDENT: La motion.
M. LEGER: M. le Président...
LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plait!
M. LEGER: ... étant donné qu'il est impatient, c'est
sûr qu'il ne peut pas accepter mes propos. Ce que je veux prouver ici,
c'est qu'à l'occasion du début même de cette commission
parlementaire, le ministre de la Justice lui-même a aidé le
député de Roberval à agir dans l'illégalité.
Je vais lire la partie où le ministre lui-même l'a dit. Je vais
citer les paroles de ce grand démocrate qu'est le ministre de la
Justice, et que le président, qui, à ce moment-là,
était le député de Roberval, a acceptées. A un
moment donné, quand j'ai demandé la parole, on a dit ceci.
Au moment où M. Houde, le député de Limoilou,
s'assoyait, M. Burns a dit: "Vous venez comme observateur... "Le
Président (M. Lamontagne): Oui, on ne peut pas comme d'autres qui sont
ici également... Je ne peux pas défendre à personne de
venir à la commission." Le président parlait. "M. Burns: Pas du
tout, ils ont le droit, ce n'est pas cela que je dis. "Le Président (M.
Lamontagne): II sont bien invités et on a essayé d'en inviter
d'autres également à partager notre soirée." "M. Burns: On
voulait simplement savoir, M. le Président, s'il y avait eu des
modifications surtout, ce n'est pas plus grave que cela." "Le Président
(M. Lamontagne): Comme vous le savez, en vertu de l'article 148 cela
c'est M. le Président qui parle et c'est très pertinent au
débat des règlements, pour une personne qui n'est pas
membre de la commission, pour obtenir le droit de parole, cela prend le
consentement de la commission. "M. Burns: Je pense aussi, là-dessus, M.
le Président, que cela a déjà été
décidé de nombreuses fois, que le député qui veut
intervenir, intervient." "Il n'y aura pas de consentement sur cela", disait le
ministre de la Justice, le grand démocrate. Cela voulait dire que lui ne
pouvait pas le permettre.
M. CHOQUETTE: M. le Président, j'invoque le règlement.
J'invoque le règlement.
M. LEGER: Et, à ce moment-là...
M. CHOQUETTE: J'invoque le règlement.
M. LEGER: Pas si fort.
M. CHOQUETTE: M. le Président...
M. CHARRON: Oh!
M. LEGER: Oh!
M. CHARRON: Oh, la police!
M. LEGER: Vous n'êtes pas le chef de police, là!
M. CHARRON: Oh, la police!
M. LEGER: Vous êtes le ministre de la Justice.
M. CHARRON: Oh, la police!
M. LEGER: Oh! Oh!
LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. SAINT-PIERRE: Ecoutez le règlement, écoutez.
M. CHARRON: Ne sortez pas...
M. CHOQUETTE: La motion d'amendement, M. le Président, vise le
député de Roberval, pas le ministre de la Justice. Je soutiens
que les propos du député de Maisonneuve ou enfin du
député de je ne sais plus d'où il sort celui-là, ne
sont pas pertinents.
M. LEGER: Alors, M. le Président, c'est toujours à la
séance du 14 décembre qu'est justement le point précis
où on a demandé la parole, et où le ministre a dit: "II
n'y aura pas de consentement sur cela."
J'ai dit: "Vous défendez une tradition... "Parce que M. Bourassa
venait régulièrement parler, sans être membre de la
commission, et on le laissait parler sans demander la permission. "Et ce soir,
vous changez la tradition."
M. Choquette a répondu: "Et temporairement, pour les fins de la
présente commission." Autrement dit, il changeait les
règlements...
M. CHOQUETTE: J'invoque encore le règlement...
M. LEGER: ... et le député de Roberval... M. CHOQUETTE:
... M. le Président.
M. LEGER: ... à la commission parlementaire du 14
décembre, qui agissait comme président, a accepté cette
chose-là...
LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît! Je crois que l'honorable
député de Lafontaine a le droit de nous citer, de nous lire ce
qui s'est passé en commission. Allez-y !
M. LEGER: Alors, M. le Président, c'était une occasion
précise où le ministre aurait pu montrer sa possibilité.
Le député de Roberval, président de la commission, a
accepté les mots du ministre comme étant le voeu de toute la
commission, alors qu'à ce moment-là, en demandant la parole, cela
nous permettait de proposer une motion, par un de nos députés qui
était membre de la commission. Le député de Roberval a
alors refusé d'aller plus loin là-dessus.
Un peu plus tard, M. le Président, c'était la même
chose avec la demande venant du député de Saint-Jacques et la
demande venant du député de Saguenay où, sans qu'il y ait
de motion, sans qu'on puisse en débattre, nous avons été
privés de nos droits de parole. M. le Président, comme je vous le
disais tantôt, le grand principe derrière cela, c'est qu'un parti
d'Opposition se sert de tous les moyens pour retarder un projet de loi contre
lequel il est. S'il est contre, il doit le retarder. En refusant un droit de
parole, en refusant d'accepter une motion il me reste une minute?
permettant à d'autres députés de s'exprimer
là-dessus et d'augmenter le temps de retard que nous voulons
réellement, M. le Président, on ne s'en cache pas... Les autres
partis de l'Opposition, dans la 29e Législature, étaient
gênés de le dire mais nous autres, on le dit: On est contre ce
projet de loi et on prend tous les moyens.
Nous n'avons aucune objection à ce que les députés
au pouvoir prennent aussi le règlement à leur compte pour trouver
des articles qui soient assez subtils pour nous empêcher de le faire.
Nous autres, on trouve des articles qui sont suffisamment à point pour
permettre de continuer mais ce que nous voulons, c'est que le président
qui, à ce moment, était le député de
Roberval lui-même accepte les bons coups qu'on lui
présente, les bons articles qu'on lui présente comme il acceptera
les bons articles du règlement.
Le règlement, M. le Président, et l'impartialité
d'un vice-président à une commission parlementaire sont
essentiels pour qu'un parti d'Opposition joue un rôle efficace au
Parlement. Et il fallait aujourd'hui, au début je termine, M. le
Président, là-dessus aujourd'hui, au départ de
quatre ans peut-être, que le gouvernement sache jusqu'à quel
point, même si nous sommes six, nous allons être capables...
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. LEGER: ... de tenir tête quand ce sera le temps et d'appuyer,
quand ce sera le temps.
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! L'honorable chef de l'Opposition
officielle.
M. Jacques-Yvan Morin
M. MORIN: M. le Président, j'ai commencé, ce matin,
à décrire les qualités qui sont requises d'un
président d'Assemblée ou encore d'un président de
commission. Je voudrais mesurer la conduite du député de Roberval
lors de la séance de vendredi soir, à la commission de la
justice, à l'aure de ces critères
J'ai déjà parlé de la neutralité, dont j'ai
dit qu'elle était difficile à trouver chez des hommes politiques
et dont j'ai dit qu'il ne fallait pas se surprendre outre mesure lorsqu'on ne
pouvait la trouver chez un président de commission. Après tout,
nous savons tous que les présidents de commissions, comme le
président de cette Assemblée, appartiennent à des partis
politiques, et c'est une bien grande qualité de leur part que de faire
comme vous le faites, d'essayer de vous extraire de ce contexte partisan pour
accéder à cette impartialité dont j'ai dit qu'elle
était la qualité principale d'un président, soit
d'Assemblée, soit de commissions.
A côté de la neutralité, sur laquelle je ne me
montrerai pas trop exigeant, M. le Président, on peut invoquer une autre
qualité qui est l'objectivité. Cette fois, je crois qu'il faut se
montrer d'une intransigeance totale à l'égard de ceux qui sont
appelés à présider les séances parlementaires.
L'objectivité, si je me reporte au dictionnaire, c'est la qualité
de ce qui est exempt de partialité, de ce qui est exempt...
M. HARDY: Quelle découverte! Cela prenait un universitaire!
M. MORIN: ... de préjugés. M. le Président, c'est
l'attitude d'esprit d'une personne objective, d'une personne impartiale, tel
que nous aurions aimé la trouver chez le...
M. HARDY: ... que vous ne vous prenez pas au sérieux !
M. MORIN: ... président de la commission en ce vendredi soir.
Hélas! ce n'est pas ce dont nous avons été
témoins.
J'ai montré, ce matin, comment le président de la
commission a écarté du débat deux de nos collègues,
deux députés.
Il allait ainsi contre l'usage et même contre le règlement,
usage pour lequel je m'étais
permis, tant à la commission que ce matin, de rappeler le
précédent qui avait eu lieu dans cette même commission de
la justice le 6 juin 1973 il y a donc à peine quelques mois
alors qu'il s'agissait également d'une technique de filibuster,
qu'il s'agissait également de députés appartenant,
à ce moment là, à trois partis d'Opposition et qui
tentaient de retarder l'adoption du même projet de loi.
J'ai cité in extenso l'échange qui avait eu lieu et je
n'ai pas l'intention de faire perdre leur temps à mes honorables
collègues cet après-midi en citant...
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. MORIN: J'espère que mon temps de parole sera plus long,
étant donné les interruptions.
LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. MORIN: J'ai des choses importantes à dire, je ne voudrais pas
perdre une minute. Je voudrais qu'il soit bien clair que je compte sur mes dix
minutes. Et comme l'autre soir dans la commission, alors que le
président s'était muni d'un chronomètre, il serait
peut-être opportun que vous vous munissiez cet après-midi d'un
chronomètre, que vous pourriez interrompre chaque fois que nous sommes
interrompus.
M. BACON: Parlez donc sur le sujet.
M. MORIN: ... dans ce débat.
LE PRESIDENT: Messieurs, s'il vous plaît!
M. MORIN: Je voudrais me référer à
l'enchaînement de circonstances qui a fait que le président de
cette commission a été obligé à la fin de la
séance de faire preuve d'arbitraire dans la décision
d'ajournement qu'il a prise.
Si je me réfère à l'article 157 du
règlement, il est dit: En commission élue, un
député peut proposer que la commission ajourne ses travaux.
Ces motions sont mises aux voix, elles sont débattables et elles
peuvent faire l'objet en ce qui concerne l'Opposition d'une intervention de dix
minutes.
Si on se reporte au ruban no 54-B/J, page 2, M. Choquette, le ministre
de la justice, dit: "Je constate qu'il est minuit. Je propose l'ajournement des
travaux de cette commission à demain matin, 10 heures, à la
chambre rouge." Ce à quoi le leader de l'Opposition, M. Burns, lui fait
observer, avec raison, que cette motion est débattable et qu'il a droit
à dix minutes d'intervention. Par la suite, M. Burns ajoute avec raison
qu'il devra y avoir un vote sur la question.
Le ministre proteste: "J'aurais pu faire ça à dix heures."
Et qu'il ne vienne pas à nouveau affirmer le contraire, comme il le
faisait hier. Le ministre l'a affirmé, je l'ai entendu de mes oreilles,
j'en mettrais la main au feu.
Soit dit en passant, combien de temps me reste-t-il?
UNE VOIX: Une minute.
LE PRESIDENT: Allez, continuez.
M. MORIN: Je veux savoir, pour pouvoir terminer à temps, combien
de temps il me reste.
M. BACON: Quand on n'a rien à dire ç'a l'air long.
UNE VOIX: Trois minutes.
M. MORIN: Le ministre a protesté: "J'aurais pu faire cela
à dix heures." Je voudrais citer des extraits du débat qui
montrent que le ministre, à cette heure, nous avait quitté
temporairement. A 22 h 38, c'est le ruban no 36-B/J, page 1. A la fin de la
page, je parlais à ce moment de l'endurance requise pour faire un bon
rapporteur de commission, parce que nous étions en train d'élire
un rapporteur de commission.
Et voici ce que je déclarais en constatant l'absence
momentanée du ministre de la Justice: "Je vois le ministre de la Justice
qui dort, on voit que ça demande de l'endurance. Autrement, on est vite
conquis par le caractère soporifique des propos que nous tenons, les uns
aux autres."
Voilà pourquoi le ministre de la Justice n'avait pas fait son
intervention à dix heures comme il aurait dû la faire.
Voilà pourquoi se réveillant tout à coup sur le
coup de minuit, comme la Belle au Bois dormant, comparaison, M. le
Président, dont j'admettrai volontiers qu'elle est boiteuse, bien que
j'aimerais beaucoup voir le ministre de la Justice en Cendrillon ou en Belle au
Bois dormant. M. le Président, pour revenir à la question
je crois qu'il me reste une minute mais je n'arriverai jamais à
terminer si on m'interrompt constamment.
DES VOIX: A l'ordre!
M. MORIN: Je voudrais revenir à l'exclusion du droit de parole de
deux de mes collègues, qui me paraît être l'un des accrocs
les plus remarquables qui ait été commis ce soir-là, parmi
d'autres, à l'encontre du règlement et des usages de cette
Assemblée.
Motion d'amendement de M. Morin
M. MORIN: II me parait qu'il convient de spécifier dans la motion
pourquoi nous blâmons le président, le député de
Roberval, de sa conduite et j'aimerais proposer le sous-amendement suivant, en
ajoutant les mots que voici: "Notamment, alors qu'il a refusé qu'une
motion
soit présentée pour permettre aux députés de
Saint-Jacques et de Saguenay de se faire entendre devant la commission". M. le
Président, je n'ai pas tout à fait terminé, est-ce qu'il
me reste encore du temps? On me dit que j'ai terminé mon temps; merci,
M. le Président.
LE PRESIDENT: La Chambre suspend ses travaux pour cinq minutes.
M. BURNS: M. le Président, est-ce que... LE PRESIDENT:
Brièvement.
M. BURNS: ... vous aimeriez entendre nos remarques? En effet, je
présume que, même si vous avez délibéré, vous
n'avez pas encore pris une décision; peut-être pas, en tout cas,
même si je présume que vous avez des bons indices. Je dis tout
simplement, M. le Président, qu'à la suite de l'amendement
formulé par le député de Lafontaine, qui situait la date
où notre réprobation était faite, il est normal de penser
qu'on précise aussi cette réprobation-là. L'amendement qui
vient de vous être proposé, M. le Président, vous situe non
seulement dans le temps, en précisant le moment où nous faisons,
à l'égard du député de Roberval, ce geste de
réprobation, mais vous situe le geste.
Ce matin, à l'occasion d'une autre motion sur laquelle je ne
reviens pas, je vous ai entendu dire: Tout ce que le député de
Maisonneuve a dit quand il a présenté sa motion nous laissait
entendre que c'était ça. Avant que vous quittiez votre
siège, il y a quelques minutes, je vous ai entendu dire une autre chose,
M. le Président, qui nous motive justement davantage à vous
présenter un sous-amendement du style de celui qui est actuellement
devant la Chambre.
Je vous ai entendu dire, M. le Président, que nous avions
laissé la porte toute grande ouverte par notre motion. Je vous ai
mentionné également que, par un certain nombre de questions que
des députés libéraux nous ont posées, on a senti le
besoin de restreindre nous-mêmes la portée de notre motion.
Actuellement, si on laissait la motion principale telle qu'elle était
avant que la motion d'amendement soit déposée, on aurait pu
parler de la conduite du député de Roberval, il y a un an, il y a
deux ans, c'est-à-dire depuis son élection même.
M. HARDY: Depuis sa naissance.
M. BURNS: Or, nous-mêmes, nous acceptons je vous le dis
d'avance de restreindre le corridor de nos interventions au fur et
à mesure que vous accepterez de recevoir les amendements et les
sous-amendements que nous avons proposés.
Cela, c'est une discipline qu'on va s'imposer nous-mêmes. Si
jamais, par malheur, nous oublions ce corridor, je suis sûr que vous
allez être assez vigilant pour nous rappeler à l'ordre le plus
rapidement possible.
Tout ce que nous demandons est qu'une fois qu'on a situé la
matière à réprobation à l'égard du
député de Roberval en lui disant que c'était lors de la
commission qui a siégé concernant le projet de loi no 8, vendredi
soir dernier, le 14 décembre, on lui dise en particulier et cela
était contenu dans les remarques que j'ai faites à l'appui de ma
motion que c'est lorsqu'il a refusé la possibilité de
déposer une motion pour faire siéger les députés de
Saguenay et de Saint-Jacques. C'est seulement cela. C'est la façon,
à mon avis, de restreindre le débat, de le préciser, de
voir à ce que, de plus en plus, on aille directement au point litigieux,
qu'on détermine de façon précise quel doit être,
à compter de maintenant, le genre de discussion que nous tiendrons
devant l'Assemblée nationale. C'est uniquement dans ce sens que nous
faisons cette motion. Nous pensons que cette motion de sous-amendement est tout
à fait acceptable en vertu des articles 69 et 70 de notre
règlement, également en vertu de l'article 62 que vous avez
cité ce matin, lequel article 62, soit dit en passant, nous parle de la
forme écrite d'une motion et non pas de la forme des amendements et des
sous-amendements.
Je vous soumets bien respectueusement, M. le Président, qu'avec
tous ces éléments non seulement nous acceptons de diminuer le
corridor, mais nous vous assurons à l'avance que nous allons tout faire
pour nous plier à cette espèce de rétrécissement de
l'étendue de la discussion que nous avons l'intention de tenir devant
vous.
Je vous soumets en dernier lieu qu'en cas de doute c'est un des
points que justement ce débat-ci soulève si jamais vous
étiez dans une situation où vous n'êtes pas certain si vous
devez pencher du côté de la recevabilité de l'amendement ou
du coté de la non-recevabilité, c'est votre rôle, je pense,
M. le Président, comme protecteur de la minorité, rôle qui
apparaît partout dans ce règlement, de pencher d'abord et avant
tout vers la recevabilité d'une motion qui vous vient de l'Opposition.
C'est la suggestion que je vous fais.
Décision de M. le Président
LE PRESIDENT: Nous avons délibéré quelques minutes
sur cette question de sous-amendement. Dans le cas de silence sans
être un silence l'interprétation du règlement actuel
de l'Assemblée nous permet de retourner à l'usage, à la
coutume. Je pense que tout le monde est d'accord sur ce qui s'est passé
ici, en vertu des anciens règlements, depuis que le Parlement existe.
Nous nous sommes rattachés notamment, par analogie, à l'article
180 de l'ancien règlement qui dit: "Nul sous-amendement ne doit
être au fond la répétition de la motion principale."
Beauchesne, également, 4ème édition, page 173, au milieu
de la page.
II est bien dit que, l'objet d'un sous-amendement étant de
modifier un amendement, il ne devrait pas élargir la portée de
l'amendement je suis bien d'accord, il ne l'élargit pas
actuellement. Mais l'autre phrase est assez intéressante: L'objet d'un
sous-amendement est de se rapporter à des questions non visées
par celui-ci. Ce qui veut dire par l'amendement. En somme que l'objet d'un
sous-amendement doit se rapporter à des questions non visées par
l'amendement. L'amendement vise quoi? Il établit le moment, lors de
l'étude en deuxième lecture du projet de loi. Et il est dit ici
que le sous-amendement doit se rapporter à quelque chose qui n'est pas
visé par l'amendement. En somme, cela voudrait dire que le
sous-amendement doit se rapporter à quelque chose de différent ou
non inclus dans l'amendement, à moins que mon interprétation soit
erronée, non contenu par l'amendement. En l'occurrence, ici je pense
bien que le sous-amendement est contenu dans l'amendement. Le sous-amendement
nous dit que c'est lors du débat pour permettre au député
de Saguenay et de Saint-Jacques de prendre la parole. C'est bien compris dans:
Lors du débat de l'étude en deuxième lecture. Vous
comprenez comme moi que, si c'est compris, comme quelqu'un le disait tout
à l'heure, on peut dire dans un autre sous-amendement: A huit heures et
demie et faire un débat entre huit heures et demie et neuf heures.
Après ça, entre neuf heures et neuf heures et demie et,
après ça, entre neuf heures et demie et dix heures. J'en viens,
je crois, à la conclusion que l'élément du sous-amendement
est contenu dans l'amendement que nous avons accepté tout à
l'heure. Pour ces raisons, je crois, Beauchesne semble nous dire de ne pas
accepter un sous-amendement de la sorte, étant donné qu'il
était contenu dans l'amendement qui est en discussion devant la
Chambre.
M. BURNS: Je ne vois pas, M. le Président, où vous voyez
que c'est contenu dans la motion principale.
LE PRESIDENT: Non, dans l'amendement.
M. BURNS: Ni dans l'amendement, je ne vois pas...
LE PRESIDENT: C'est lors de l'étude en deuxième
lecture.
M. BURNS: Bien oui, mais on précise, on diminue, on limite le
corridor, M. le Président.
M. CHARRON: On ne lui reproche pas sa conduite tout le long de la
commission.
LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. BURNS: J'ai même dit dans mon intervention, ce matin, M. le
Président, qu'il y avait un tas d'occasions, durant cette commission,
où nous avions apprécié, non seulement la bonne attitude
et la bonhommie avec laquelle le député de Roberval a
accepté nos interventions, mais j'ai dit que c'était la majeure
partie de ses attitudes que nous approuvions, M. le Président.
LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît! M. BURNS: Loin de
là, à l'intérieur...
LE PRESIDENT: A l'ordre! ... A l'ordre! ... Non, justement.
A l'ordre! ... A l'ordre! ...
Messieurs! Non seulement je ne veux pas limiter le débat, mais
c'est compris dans l'amendement; vous pouvez en parler et vous pouvez parler
d'autre chose, de tout le travail qui s'est fait en commission.
M. BURNS: Est-ce que je peux vous demander une directive?
LE PRESIDENT: Non, non! écoutez, ma décision, de toute
façon, je ne la changerai pas.
M. BURNS: Pour l'avenir, pour l'avenir.
LE PRESIDENT: Attendons que la rivière se présente, nous
la traverserons lorsqu'elle se présentera. Le suivant, le prochain
orateur.
M. BURNS: M. le Président, j'aime mieux voir venir la
rivière.
LE PRESIDENT: L'honorable député de...
M. BURNS: Vous ne voulez pas que je vous demande une directive?
LE PRESIDENT: Non, pour le moment. M. BURNS: Pas pour le moment?
LE PRESIDENT: Je n'aime pas donner des directives immédiatement
après une décision. Laissez passer un opinant au moins.
M. BURNS: Remarquez que vous êtes prudent, M. le
Président.
LE PRESIDENT: L'honorable député de Saint-Jacques.
M. Claude Charron
M. CHARRON: M. le Président, j'interviens donc on va se
placer comme il faut sur l'amendement présenté par le chef
de l'Opposition, par le député de Saguenay, et j'interviendrai
donc...
M. BURNS: Le député de Lafontaine...
M. CHARRON: Non, non, c'est Saguenay.
M. BURNS: C'est Saguenay, d'accord.
M. MALOUIN: Entendez-vous, pour commencer.
UNE VOIX: C'est la fontaine qui coulait dans le temps.
M. CHARRON: J'interviens sur l'amendement présenté par le
député de Saguenay. Je garde intégralement mon droit de
parole sur la motion présentée par le leader parlementaire de
l'Opposition.
M. BURNS: C'est ça.
M. CHARRON: M. le Président, l'amendement sur lequel j'interviens
dit que le blâme que nous portons aujourd'hui à la conduite du
député de Roberval, comme vice-président de la Chambre,
s'est produit lors de la commission parlementaire qui étudiait le projet
de loi no 8.
Or, sans être membre de cette commission, j'ai assisté aux
débats de huit heures quinze à minuit, jusqu'à
l'ajournement illégal de cette commission. Je puis donc témoigner
de tout ce qui s'est passé et, à mon tour, intervenir pour porter
blâme à la conduite du député de Roberval.
Pour vous situer encore mieux, M. le Président, si un
sous-amendement me le permettait, je vous dirais que tout cela se passait au
salon rouge. Le salon rouge est l'endroit où était, jadis, le
Conseil législatif, c'est-à-dire là où on laissait
pourrir les vieux politiciens. Maintenant, on les nomme juges.
M. LACROIX: Ils sont pourris avant d'entrer maintenant, quand on vous
regarde.
M. CHARRON: Maintenant on les nomme juges...
LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. CHARRON: ... à $28,000 par année et on va même
jusqu'à leur offrir $33,000.
LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. CHARRON: Tout cela se passait au salon rouge. C'était le 14
décembre de cette année, vendredi soir, pendant que la
majorité des députés libéraux étaient
déjà repartis chez eux.
Le député de Roberval venait présider la commission
parlementaire sur commande, je crois, parce que son poste de
vice-président de l'Assemblée ne l'oblige pas à couvrir
toutes et chacune des commissions parlementaires. Il y a, d'ailleurs, un
certain nombre de "backbenchers" qui ont occupé ces positions de
présidents de commissions depuis le début de la session et c'est
à eux, normalement, que cela revient.
Mais, à cause du litige du débat, vous aviez cru bon qu'un
vice-président même de la
Chambre vienne siéger à cette commission. Mettez-vous
à la place d'un vice-président qui arrive pour siéger
à une commission où, d'avance, le débat s'annonce comme
chaud, parce que l'Opposition officielle a clairement établi son
intention de s'opposer de tout son possible à une loi qui augmente de
$5,000 par année le salaire d'une catégorie de
privilégiés alors qu'elle en fait déjà $28,000.
C'était déjà clair, à partir de la deuxième
lecture, que nous allions nous opposer. Le député de Roberval
arrivait déjà dans un enfer.
Imaginez-vous aussi que le député de Roberval arrivait
à un endroit où tout le décor se prêtait à
l'influencer. D'abord, le ministre en question, qui siégeait
immédiatement à sa droite, est reconnu pour être le
policier en chef de la province. C'est un homme qui ne laisse pas beaucoup de
latitude à côté de lui. Il est évident que le
rayonnement que cet homme inspire sur l'ensemble de la commission a
influencé, lors de la commission parlementaire qui étudiait le
projet de loi no 8, la conduite du député de Roberval.
Mais il y avait aussi huit, neuf, dix, je ne sais plus, "backbenchers"
silencieux, comme d'habitude, qui se sont assis autour de la table et qui, par
la marque de commerce qui est devenue la leur, celle de se taire et d'assister
en silence à l'ensemble des débats, devaient influencer
grandement le député de Roberval dans son attitude. Il devait se
dire que cette attitude de résignation et de passivité,
qu'incarne la députation libérale, devait être la marque de
commerce qui devait présider à la commission. C'est ainsi que le
député de Roberval, psychologiquement, se trouvait enclin
à s'asseoir et à laisser passer des fautes, plutôt
qu'à intervenir et à exiger que le règlement soit
parfaitement respecté.
Vous allez me dire, M. le Président: Qu'est-ce que le
député de Saint-Jacques, qui n'est pas membre de la commission
parlementaire de la justice, faisait là? D'abord, comme vous le savez
depuis que nous siégeons ensemble dans cette Chambre, j'ai couvert
beaucoup de terrain. Je porte intérêt à beaucoup de choses
et j'étais très intéressé par le projet de loi no
8. C'est donc lors de la commission parlementaire qui étudiait le bill 8
que j'ai eu l'occasion d'observer la conduite du député de
Roberval.
J'y étais aussi parce que je suis député de
Saint-Jacques et que je représente une population qui, certainement,
n'accepte pas qu'une catégorie de population, qui fait $28,000,
reçoive une augmentation de $100 par semaine d'une façon aussi
anodine et que passe, aussi suavement, un gouvernement libéral, fier de
sa majorité.
J'avais donc droit...
M. LACROIX: Ditez-vous combien vous gagnez, vous?
M. CHARRON: M. le Président, je suis arrivé à la
commission parlementaire où, Dieu merci, le fou de basan ne
siégeait pas...
M. LACROIX: Je le gagne, mon argent, moi.
M. CHARRON: ... et je me suis retrouvé avec...
M. LACROIX: Je ne le vole pas comme le petit...
M. CHARRON: ... l'intérêt et l'envie d'intervenir. Je
connaissais la pratique parlementaire depuis quatre ans, selon laquelle, sans
être membre d'une commission, habituellement, à moins qu'il n'y
ait quelque esprit étroit qui siège à cette commission,
comme celui du député des Iles-de-la-Madeleine...
M. LACROIX: C'est mieux de l'avoir étroit que de ne pas en avoir
du tout, comme vous.
M. CHARRON: ... ni moi, ni le premier ministre, ni n'importe quel autre
député n'ont eu de difficulté à se faire entendre
à l'ensemble des commissions.
Je suis donc intervenu, M. le Président, en vertu de l'article
148 de notre règlement, lors de la commission parlementaire qui
étudiait le bill 8, et j'ai demandé le droit de parole. Cela n'a
pas pris de temps pour que le ministre de la Justice et, de là, tout le
choeur des "backbenchers" par la suite, s'opposent à ce que je parle,
car ils ne sont pas intéressés à ce que je
répète à nouveau en commission parlementaire l'opposition
qu'ont les citoyens de Saint-Jacques à voir une catégorie de la
population qui fait $28,000 par année recevoir comme cela, à la
veille de Noël, une augmentation de $5,000 tout d'un coup.
On a donc refusé c'était parfaitement leur droit
que j'intervienne, quoique ce soit contraire à la tradition. Mais
je ne suis pas de ceux qui s'enfargent dans les traditions et j'ai
accepté le refus et la reculade du gouvernement sur ce point comme un
manque de courage et comme une peur et une volonté d'adopter le plus
rapidement possible un projet de loi aussi dégoûtant.
M. LACROIX: Quand vous faites le tour des tavernes, est-ce que vous
dites combien vous gagnez, vous?
M. CHARRON: Mais, M. le Président, mon collègue le
député de Maisonneuve...
UNE VOIX: A l'ordre, à l'ordre! Articles 26 et 50.
M. CHARRON: ... est membre en règle, lui, de cette commission. Le
règlement lui permettait et vous le connaissez mieux que moi
encore, M. le Président de proposer que j'aie ce droit de parole.
Car comment vouliez-vous que l'article 148 soit respecté? Comment
vouliez-vous que j'obtienne la permission ou que je ne l'obtienne pas
de parler à la commission sans que la commission ne soit
appelée à se prononcer? Et comment voulez-vous qu'une commission
se prononce, M. le Président? On est obligé de revenir à
l'abc du parlementarisme, mais je dis que le député de Roberval
ne l'a même pas respecté ce soir-là. L'abc du
parlementarisme dit que pour qu'une commission se prononce, il faut qu'il y ait
une motion sur la table. On ne se prononce pas dans les airs comme cela. Il ne
suffit pas qu'un ministre-police se lève tout d'un coup et dise: Non,
non, non, que quelques "backbenchers" tapent sur un pupitre et disent: Non,
non, non, pour que le droit d'un député soit ainsi exclu d'une
commission parlementaire.
Le député de Maisonneuve qui, vous le savez,
connaît son règlement comme pas un parlementaire en cette Chambre
a voulu utiliser son droit de présenter une motion. C'est
là qu'est intervenu le blâme que je fais valoir avec mon parti,
aujourd'hui, sur la conduite du député de Roberval.
J'interviendrai de nouveau sur l'ensemble de la motion tout à l'heure,
mais je parle ici de ce qui s'est passé lors de la commission
parlementaire qui étudiait le bill 8, où le député
de Roberval a refusé que le député de Maisonneuve
présente une motion pour que moi et mon collègue de Saguenay
ayons le droit de parole.
La commission aurait été absolument libre... Pas besoin
d'être un gros devin. Le tonitruant ministre de la Justice et les
"backbenchers" auraient facilement défait la motion du
député de Maisonneuve. Pas besoin d'être un grand
prophète pour le savoir. Mais qu'au moins la commission se prononce,
qu'au moins nous ayons l'occasion de voir le ministre de la Justice dire: Non,
et le choeur des "backbenchers": Non, non, non, non, par la suite. J'aurais
perdu mon droit de parole et je me serais retiré de la commission. Mais
ce n'est pas arrivé. Ce n'est pas arrivé parce que le
député de Roberval n'a pas voulu qu'il y ait de motion,
contrairement aux dispositions du règlement.
Je blâme sa conduite. Plus que cela, M. le Président, mais
j'aurai l'occasion de vous en reparler lorsque j interviendrai sur la motion du
député de Maisonneuve... Je me suis donc plié à
l'irrégularité du député de Roberval dans sa
conduite, bien difficilement, parce que j'avais envie d'intervenir sur un
projet de loi qui gratifie une classe de privilégiés d'une
augmentation de $5,000 à la veille de Noël. J'avais envie d'en
parler. J'ai compris que la question de l'irrégularité, on
pouvait un jour vous la poser et la trancher comme nous le faisons cet
après-midi.
Je suis quand même resté jusqu 'à la fin de la
commission parce que le débat m'intéressait. Non pas les propos
des "backbenchers", il n'y en avait pas. Ce qui m'intéressait,
c'était de voir comment le ministre de la Justice répondrait
à nos objections. Eh bien, M. le Président, je suis resté
là jusqu'à minuit. A minuit, la séance devait ajourner
sine die puisque aucune motion,
en vertu de l'article 77, n'avait été
présentée par le ministre de la Justice, en bonne et due forme,
à temps pour permettre l'autre droit qu'a encore mon collègue, le
député de Maisonneuve et membre en règle de la commission,
d'intervenir pendant dix minutes sur la motion d'ajournement pour fixer une
date.
Or, il n'y avait pas de motion d'ajournement. Et le député
d'Outremont, qui se réveillait tout à coup, constatant qu'il
était presque minuit, sinon passé minuit, comme le rappelle la
transcription, dit tout à coup: On ajourne. Le député de
Maisonneuve, toujours soucieux de faire valoir les règlements qu'il a
édifiés avec vous, M. le Président, dans ce petit livre
vert, a réclamé l'application intégrale de l'article 77,
qui lui permet d'intervenir sur une motion d'ajournement pendant dix minutes et
d'exprimer notre avis.
Le ministre de la Justice, s'il avait connu son règlement, aurait
présenté sa motion à minuit moins le quart.
En tout temps le règlement le dit un ministre peut
interrompre un débat, présenter la motion d'ajournement, ainsi
réserver et respecter les droits du député de Maisonneuve,
ce dont ne semblait guère soucieux le ministre de la Justice, et ensuite
procéder au vote de la commission, et nous aurions fixé l'heure
des rendez-vous de la prochaine commission, probablement comme l'entendait le
gouvernement : le lendemain matin.
Mais il n'y en a pas eu. Et tout à coup, dans le brouhaha
où le ministre de la Justice a présenté une motion non
conforme à l'article 77, savez-vous ce qui est arrivé? Le
député de Roberval, dont je blâme aujourd'hui la conduite
lors de la commission parlementaire qui étudiait le bill 8, a dit tout
à coup, comme ça: La commission ajourne ses travaux à
demain matin, dix heures.
D'où prenait-il l'autorité? Quel est l'article du
règlement qui permet au député de Roberval d'ainsi se
prononcer comme un empereur à la fin d'une commission, alors que toute
la tradition parlementaire et tout l'esprit de notre règlement dit que
lorsqu'une commission et vous nous l'avez rappelé vous-même
cet après-midi, M. le Président ne se fixe pas d'heure
elle-même pour siéger le lendemain matin, elle est ajournée
sine die, et il lui faut un nouvel ordre de la Chambre ou une convocation en
bonne et due forme par le secrétaire général des
commissions.
On n'a pas respecté le règlement. Et c'est avec la
complicité d'un vice-président de la Chambre et c'est ce
qui est plus grave que le règlement n'a pas été
respecté, que les droits et du député de Maisonneuve et du
député de Saguenay, les miens, les droits de l'Opposition et les
droits de la population que nous représentons ici, qui, j'en suis
convaincu, est majoritairement élevée contre un projet de loi
aussi dégoûtant que celui que nous étudiions ce
soir-là, tous ces droits se sont trouvés bafoués par une
conduite inacceptable d'un vice-président de la Chambre, le
député de Roberval. Merci, M. le Président.
LE PRESIDENT: L'honorable député d'Anjou.
M. Yves Tardif
M. TARDIF: M. le Président, je n'ai pas l'intention de tenir des
propos tellement longs ce soir, parce que je pense que ce débat a
duré passablement longtemps, trop longtemps, en fait.
Il y a tout de même certains commentaires qui doivent être
faits dans le but de rectifier des faits qui ont été
mentionnés aujourd'hui, alors qu'on a entendu un seul côté
de la médaille. On nous demande de réprouver la conduite du
vice-président de la Chambre, le député de Roberval,
relativement à la commission de la justice qui a siégé
vendredi soir dernier.
Je peux vous dire une chose, je pense que cette motion n'est pas
fondée. La première raison qu'on a invoquée, c'est tout
d'abord qu'on n'ait pas accordé la permission de parler aux deux
députés qui ont demandé la parole, les
députés de Saint-Jacques et de Saguenay.
Lorsque cette demande a été formulée et si
on lit l'article 148 du règlement on voit bien que ce sont les
députés qui doivent demander la permission de se faire entendre
à cette commission le président qui siégeait ce
soit-là avait trois possibilités. Il pouvait appliquer la
règle de l'unanimité. Je pense que ça ne s'appliquait pas
dans ce cas-ci, et le député de Maisonneuve l'a bien dit que
ça ne s'appliquait pas, parce qu'il aurait fallu que ceci soit
précisé dans le règlement.
Cela pouvait être fait selon un vote simple, c'est-à-dire
un vote qui se prononçait sur la permission demandée par les deux
députés en question ou par une motion. Si on regarde toute
l'économie et tout l'esprit de notre code, on se rend compte qu'en
règle générale, pour faire une proposition, il faut une
motion.
J'ai regardé le règlement attentivement, et je n'ai vu
nulle part dans le règlement qu'on parle de permission. A ma
connaissance, l'article 148 est le seul qui parle d'une permission,
c'est-à-dire qu'il s'agit d'une règle particulière par
laquelle les députés qui veulent se faire entendre et qui ne
siègent pas à cette commission doivent eux-mêmes en
demander la permission à la commission.
Et ce n'était pas au député d'Outremont, ministre
de la Justice, à prendre une décision là-dessus,
c'était aux membres de la commission à se prononcer sur la
permission que les députés de Saguenay et de Saint-Jacques
avaient demandée. On s'est prononcé suivant un vote simple et,
ça va de soi, cette permission a été refusée pour
des raisons que j'expliquerai tout à l'heure.
Après ça, le député de Maisonneuve, et
leader parlementaire de son parti, a proposé une motion à cet
effet, laquelle motion a été refusée par le
président. Je pense que c'était bien compréhensible qu'il
en soit ainsi parce que cette motion, en somme, nous aurait demandé de
nous prononcer une deuxième fois exactement sur le même sujet. A
quelques minutes d'intervalle selon des procédures
différentes, la première fois sur un vote simple et la
deuxième fois sur un vote suivant une motion on se serait
prononcé sur la même question.
Je pense qu'il y a un principe qui découle de l'esprit et de
l'économie de notre règlement, c'est qu'on ne peut pas se
prononcer deux fois sur la même question. Le président
était bien justifié de rejeter cette motion comme étant
irrecevable, tout simplement parce que les membres de la commission
s'étaient prononcés sur cette question.
Maintenant, on nous a dit: C'est un droit qui, en règle
générale, a toujours existé pour les députés
de pouvoir se prononcer ou de pouvoir obtenir la parole lorsqu'une commission
siège. Le député de Maisonneuve a cité l'article
3.2 du règlement et l'article 3.5, qui fait allusion aux
précédents qui ont été acceptés ou qui ont
été faits au cours des dernières années au cours
des dernières sessions. Il faut tout de même se mettre dans
l'esprit qu'on était dans une situation particulière, M. le
Président. Le leader parlementaire et le chef parlementaire du Parti
québécois nous avaient annoncé précédemment,
au cours de la journée, qu'ils avaient l'intention de faire de
l'obstruction systématique et j'emploie le terme français
par rapport au terme anglais, que le chef parlementaire semble affectionner
vis-à-vis de ce projet de loi. Or, il aurait été
ridicule, je pense, d'accepter que le député de Saguenay et le
député de Saint-Jacques viennent s'ajouter pour continuer
à faire de l'obstruction systématique sur cette question.
Pendant les trois heures, c'est-à-dire de 8 h 15 à 11 h
15, où nous avons discuté de la nomination d'un rapporteur, le
député de Sauvé et le député de Maisonneuve
se sont succédé dans des propos souvent cabotins dans le but de
présenter un nombre considérable de propositions pour qu'on
puisse choisir éventuellement un rapporteur. Or, au bout de trois
heures, ils commençaient à être épuisés, et
je ne peux pas les blâmer. Alors, avec l'aide de deux autres personnes,
ils auraient pu doubler leur temps de parole de façon à retarder
indéfiniment ce projet de loi. Une chose que les gens de l'Opposition
semblent oublier, c'est que, s'ils ont des droits de se faire entendre, s'ils
ont des droits de s'opposer à un projet de loi, le parti gouvernemental,
lui, a le droit, lorsqu'il croit que la législation qu'il
présente est bonne, de prendre les mesures nécessaires et
légales pour la faire adopter.
C'est un droit qu'on reconnaît à l'Opposition de s'opposer
à un projet de loi, mais c'est un droit qu'on doit reconnaître au
gouvernement de prendre les moyens légaux et nécessaires pour
arriver à l'adoption de ce projet de loi. Il aurait été
ridicule, je pense, de se mettre la corde au cou en accordant à deux
autres éventuellement à quatre autres
députés du Parti québécois le droit de se prononcer
pour qu'ainsi sur chaque amendement, chaque sous-amendement, chaque motion,
chaque question de privilège, chaque question de règlement chacun
des députés puisse parler 20 minutes. Ce qui veut dire
sans compter les interruptions qu'on aurait eu des discussions de deux
heures sur chacun de ces points. Je pense qu'on était tout à fait
justifié de refuser le droit de parole à ces personnes parce que
le gouvernement a des responsabilités, et lorsqu'il croit...
M. BURNS: Est-ce que le député me permet une question?
M. TARDIF: Si ce n'est pas pris sur mon temps de parole, oui.
M. BURNS: Non, non, ce n'est pas pris sur votre temps de parole, je suis
bien d'accord. En tout cas, à moins qu'on s'oppose de l'autre
côté mais, en ce qui me concerne, je ne m'y opposerai pas. Est-ce
que je comprends bien la ligne principale de votre argumentation qui semble
être la suivante: L'Opposition peut intervenir mais pas trop longtemps,
s'il vous plaît? Est-ce que c'est cela que vous êtes en train de
nous dire?
M. TARDIF: Non, ce n'est pas ça que je dis. Je dis qu'elle a le
droit de s'opposer à un projet de loi en suivant le règlement. Si
les autres députés du Parti québécois ne pouvaient
pas obtenir la permission, comme on avait le droit de le faire et nonobstant
les pseudo-précédents qui ont pu exister auparavant...
M. BURNS: Ce ne sont pas des pseudos, ce sont des
précédents...
M. TARDIF: Oui, vous avez cité le député de
Dorion...
M. BURNS: ... constants qui n'ont jamais été niés,
qui n'ont jamais été niés, d'ailleurs...
M. TARDIF: ... comme précédent, je ne sais pas si...
M. BURNS: ... par qui que ce soit de l'autre côté de la
Chambre, sauf vous.
M. TARDIF: C'est justement, si on me permet de continuer, M. le...
M. BURNS: Pour votre information, c'est le député de
Taillon qui s'est fait fort de vendre cette idée à la
députation libérale actuelle et passée.
M. TARDIF: M. le Président, si on me permet de continuer, ce
matin le député de Maisonneuve a cité en partie l'article
3 et, dans l'article 3, on dit: La procédure de l'Assemblée
nationale est réglée: 1) par des lois. J'imagine...
M. BURNS: Je n'ai pas touché à l'article 3 ce matin.
M. TARDIF: J'ai pris des notes, vous avez cité l'article 3.
M. BURNS: Non. M. TARDIF: Oui. M. BURNS: J'ai dit 3 et je...
M. TARDIF: Vous l'avez cité. Quoiqu'il en soit, M. le
Président...
M. BURNS: J'ai dit 3 et j'ai cité 4; par erreur j'ai
mentionné 3.
M. TARDIF: ... si on me permet de continuer...
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): A l'ordre!
M. TARDIF : Je vais y arriver tout à l'heure à cette
question. La procédure de l'Assemblée nationale du Québec
est régie par: 1) des lois c'est ce qui a priorité surtout
2 ) par le règlement; 5) par les précédents
établis par suite de l'interprétation des lois et du
règlement. Je pense que c'est clair que lorsqu'il y a un texte
précis le règlement s'applique, nonobstant les
précédents qui ont pu exister, lorsque le texte est clair et
précis. Et on avait tout à fait le droit de refuser notre
permission et le président a agi de la bonne façon. Je ne veux
pas discuter trop en longueur sur la question de l'ajournement mais je rappelle
aux députés de l'Opposition qu'il y a tout de même
l'article 158 du règlement, qui dit: Une commission ne peut modifier
dans son principe une proposition qui a déjà été
acceptée par l'Assemblée. Comme je l'ai dit, je n'ai pas
l'intention d'élaborer là-dessus, je pense que d'autres vont le
faire.
Mais ce que je veux dire là-dedans, c'est qu'il n'en reste pas
moins que ces décisions étaient sujettes à discussion. Ce
n'était pas aussi clair que dans d'autres cas. A ce moment-là, la
motion de blâme de l'Opposition est mal fondée. Ce que semble
croire l'Opposition et le principe que l'Opposition voudrait qu'on accepte
c'est que l'erreur possible d'un président et je ne dis pas qu'il
y a eu erreur quant à moi signifie nécessairement qu'on
doive réprouver sa conduite.
En somme, je fais une analogie avec les juges. Cela peut arriver que les
juges fassent des erreurs, mais ce n'est pas parce qu'ils font des erreurs
qu'à ce moment-là on doit réprouver leur conduite. C'est
la même chose qui s'applique également au président.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Le député de Chicoutimi.
M. Marc-André Bédard
M. BEDARD (Chicoutimi): M. le Président, vous comprendrez qu'avec
l'expérience parlementaire restreinte que j'ai jusqu'à maintenant
c'est quand même...
M. VEILLEUX: Tais-toé.
M. BEDARD (Chicoutimi): Pour les fois où vous vous levez,
vous.
M. LESSARD: Assis, assis!
M. VEILLEUX: Au lieu de me lever pour rien, j'aime autant rester assis.
Bande de malades.
M. BEDARD (Chicoutimi): Je n'ai rien entendu d'éminent encore de
ce député...
M. BURNS : Va téléphoner, ça va te reposer. M.
BEDARD (Chicoutimi): Alors...
M. VEILLEUX: Je vais aller travailler pour la population du
Québec, pendant qu'ils perdent du temps.
M. BURNS: Bravo! on va avoir la paix là. Va
téléphoner, beau blond.
M. VEILLEUX: Déficients mentaux.
M. BEDARD (Chicoutimi): Ah oui, c'est un peu le genre de remarques, M.
le Président, que j'entendais tout à l'heure des autres bancs. Ce
n'étaient pas des ministres, heureusement. On disait qu'il y avait six
péquistes de trop, qu'on était six de trop ici dans cette
Chambre. Ce genre de raisonnement, ignoble à mon sens, équivaut
à dire qu'il y a peut-être 900,000 Québécois qui
sont surreprésentés ici dans cette Chambre. Des genres de
raisonnements comme ça dévaluent à mon sens une
Assemblée nationale qui est censée s'occuper de l'administration
générale du moins c'est ce que nous dit le gouvernement, des lois
et de la présentation des lois pour le bénéfice de tous
les Québécois.
M. le Président, encore une fois je recommence; avec
l'expérience parlementaire restreinte que j'ai, je sais que c'est un
défi d'avoir à suivre le corridor de la légalité
concernant l'intervention que j'ai à faire. Mais, il est clair que je
respecterai le règlement et également, si je m'en écarte,
je respecterai la décision que
vous-même, M. le Président, vous rendrez à ce
moment4à. Je respecte les règlements et je crois qu'ils sont
nécessaires. C'est ce que devraient comprendre un peu les
députés qui sont assis de l'autre côté et tout
autour de nous, les six.
Cela dépend comment on voit ça, un règlement. Je
sais que la manière dont le voient ou semblent le voir en tout cas les
députés d'en face, c'est comme si les règlements
c'était simplement un amoncellement de procédures, un
amoncellement de dates, de délais, en fait des choses qui sont tout
simplement là pour contrecarrer ou encore pour empêcher que
s'exerce la démocratie. C'est comme ça, parce que, si ce
n'était pas ça dans leur idée, on n'assisterait pas
à ces remarques continuelles, lorsqu'on se permet tout simplement d'user
d'un droit. Quand je parle comme à l'heure actuelle et quand tous mes
collègues de l'Opposition parlent, nous parlons en respectant un droit,
nous sommes dans la légalité.
On ne parle pas dans l'illégalité, ici dans cette Chambre,
M. le Président. C'est à la suite de la permission qui nous a
été donnée par le président de la Chambre, que nous
avons respecté, lorsqu'il nous a donné la permission de parler,
que nous avons respecté aussi tout à l'heure lorsqu'il a
refusé des amendements. On n'a pas crié quand le président
de la Chambre nous a refusé des amendements tout à l'heure. On
l'a respecté. La seule chose que pourraient faire les
députés d'en face, ce serait de respecter le président de
la Chambre.
D'accord, le règlement, je le sais, ça dépend de la
manière dont on le voit. C'est aride, ça peut paraître
aride, ça peut paraître froid, ça peut paraître
simplement une question d'avo-casseries, mais les règlements ça
peut aussi être d'autres choses. En fait, ça peut être vu
d'un autre oeil et c'est pour ça qu 'il faut en parler du
règlement pour bien voir pourquoi on l'applique, pourquoi on se bat
à l'heure actuelle sur une question de règlement. Des
règlements ça peut être l'aboutissement d'un processus
démocratique. C'est également à mon sens des lois que
s'est données un ensemble, une Assemblée, une
collectivité, pour pouvoir discuter d'une façon
démocratique.
Ce sont des lois, des règlements, des règles sur
lesquelles s'entendent des gens responsables qui désirent
déterminer les règles des discussions.
A mon sens, non seulement les lois au niveau d'une société
mais les règlements à l'intérieur d'une Assemblée
nationale reflètent l'image ou la réalité, selon qu'on la
respecte en fait, de la démocratie qu'on se permet, ici, entre gens
responsables. Les règlements sont une manière de comportement.
C'est dans ce sens qu'il faut les voir. C'est pour cela que, dans le fond, nous
respectons les décisions du président de cette Chambre, qu'elles
nous soient favorables ou défavorables. Dans le moment, nous parlons
dans la légalité. Nos collègues d'en face ne devraient pas
l'oublier.
Le député d'Anjou parlait tout à l'heure de
procédure. Premièrement, à l'article 148, on peut lire:
"Tous les députés ont accès aux commissions, mais ceux qui
n'en sont pas membres et les autres personnes doivent obtenir la permission
pour s'y faire entendre." D'accord. Faisons la concordance avec l'article 3 qui
dit ceci: "La procédure de l'Assemblée nationale du Québec
est réglée, premièrement, par les lois;
deuxièmement, par le règlement; troisièmement, par des
règlements adoptés pour la durée d'une seule session;
quatrièmement, par des ordres spéciaux adoptés par
l'Assemblée et dont l'effet est limité aux matières pour
lesquelles ils sont votés; cinquièmement, par les
précédents établis..." On ne note pas un
précédent au niveau de l'Assemblée nationale ou au niveau
du déroulement des commissions parlementaires; on dit: "par les
précédents établis par suite de l'interprétation
des lois et du règlement."
Le député d'Anjou disait, tout à l'heure, que le
président pouvait refuser le droit de parole à la commission aux
députés de Saint-Jacques et de Saguenay. Il pouvait le leur
permettre aussi, si on se fie sur les précédents. Même si
je n'ai pas une grande expérience, j'ai eu quand même l'occasion
d'assister et le député d'Anjou était
présent à ce moment à la commission parlementaire
sur les affaires sociales. J'étais, à ce moment,
délégué pour représenter le parti, avec mon
confrère de Maisonneuve. Nous étions les deux
délégués pour représenter notre parti à
cette commission, de même qu'il y avait les autres
délégués pour le gouvernement. A un certain moment,
l'honorable premier ministre du Québec est arrivé à cette
commission. Il n'était pas inscrit, au départ, comme faisant
partie de la commission ou comme représentant à la commission. Il
s'est amené à la commission, c'est son droit, comme
c'était le droit, en fait, du député de Saguenay et du
député de Saint-Jacques d'être présents à
cette commission et, à un certain moment, même s'il n'était
pas délégué officiellement par son parti, il a
demandé le droit de parole. Il est intervenu. Cela a été
permis par l'ensemble de ceux qui étaient là. De la même
façon, à un certain moment, le chef de l'Opposition est
arrivé également et, même s'il n'était pas
délégué par le parti, il a demandé le droit de
parole et on lui a permis de parler. C'en sont des précédents,
pas des précédents qui remontent aux anciens règlements et
à n'importe quel code qu'on puisse imaginer, mais des
précédents qui existent et qui se sont tout simplement
passés à l'intérieur même de la présente
session.
Nous soumettons que, si on s'en remettait, non pas aux
précédents d'anciens règlements, mais seulement à
ceux de cette session-ci, sûrement que le président de la
commission aurait pu et aurait dû, à mon sens, se fiant à
ce précédent, dans un processus démocratique normal,
permettre à ce moment aux députés de Saint-Jacques et de
Saguenay de s'exprimer.
En terminant, je pense que justement cette manière de se conduire
à ce moment de la part de la commission dans son ensemble, en refusant
le droit de parole aux députés de Saguenay et de Saint-Jacques, a
amené une situation de fait.
De plus, si on s'en reporte aussi à l'autre élément
des règlements sur lequel mes collègues de l'Opposition ont
parlé, à savoir qu'on avait ajourné sans faire de motion
et sans permettre aux représentants de chacun des partis de s'exprimer
sur cette motion dans les dix minutes qui leur étaient permises,
à ce moment, puisque c'était illégal, cette manière
de procéder, cela a comme conséquence, M. le Président,
que non seulement on a procédé d'une façon illégale
le soir du 14 décembre, mais qu'on a également poursuivi cette
illégalité le 15 décembre.
Motion d'amendement de M. Bédard
M. BEDARD: C'est pour ça que je voudrais faire la motion
d'amendement dans le sens suivant: Que la motion d'amendement en discussion
soit sous-amendée c'est-à-dire apporter un sous-amendement
à la motion d'amendement en ajoutant à la fin de
l'amendement les mots "et lorsqu'il a présidé le 15
décembre 1973 une séance irrégulièrement
convoquée de la commission."
Ce que nous disons, M. le Président, c'est que
l'illégalité que nous disons avoir existé lors de la tenue
de la commission, le 14 décembre, sur le bill 8, considérant
qu'elle a siégé illégalement... Il s'est passé des
choses; l'ajournement a été illégal. Etant illégal,
lorsqu'on a continué le lendemain, on a tout simplement continué
un état d'illégalité, le 15 décembre.
LE PRESIDENT: L'honorable député de Maisonneuve.
M. BURNS: M. le Président, sur la question de la
recevabilité, vous noterez que nous avons jusqu'à maintenant
suivi vos directives dans les décisions précédentes. Je
vous ai entendu, M. le Président, nous dire que, selon les dispositions
de notre ancien règlement que vous acceptiez en l'occurrence,
puisqu'il n'y a pas de dispositions précises relativement à la
recevabilité des sous amendements il ne fallait pas, en vertu de
l'article 180, qu'un sous-amendement soit au fond une répétition
de la motion principale. Or, M. le Président, les discours que vous avez
entendus jusqu'à maintenant sur la motion principale, je me
réfère en particulier à celui que j'ai fait au soutien de
ma propore motion, à celui que le chef de l'Opposition a fait au soutien
de cette même motion et, finalement, au troisième discours qui a
porté sur la motion de fond, c'est-à-dire celle que j'ai
formulée et qui parait à l'article 26 de notre feuilleton
d'aujourd'hui, ces discours, dis-je, à aucun moment n'ont attaqué
ou réprouvé l'attitude du vice-président de
l'Assemblée nationale et président de la commission de la justice
pour avoir présidé une commission samedi matin. C'est là
le but du sous-amendement qui complète, qui fait le tour de ce qu'on
appelle les irrégularités. La première de toutes, M. le
Président, en précisant par voie d'amendement la motion de
réprobation que nous avons faite en précisant qu'il s'agissait
principalement de l'attitude du président lors de la commission qui a
suivi les travaux d'adoption en deuxième lecture du projet de loi no 8
et c'est le sens du sous-amendement proposé par le
député de Chicoutimi lorsqu'il a présidé le
15, c'est-à-dire le samedi matin, une séance
irrégulièrement convoquée de la commission.
M. le Président, je vous soumets dès le départ que
cet aspect n'était pas du tout, comme tel, clairement
présenté dans la motion principale, ni dans l'amendement, mais
permettait quand même, par rapport à l'amendement qui a
été fait, un sous-amendement de ce style. Ce que nous voulons
préciser, M. le Président, c'est qu'il y a eu une suite logique
dans les irrégularités qu'on reproche au député de
Roberval. Nous amenons ce nouvel aspect, ce nouveau volet, si vous voulez,
d'irrégularités. Je pense qu'il est important qu'on le
précise aussi.
Il est tout aussi important de préciser que lors des
séances de la commission de la justice, à la suite de l'adoption,
en deuxième lecture, du projet de loi no 8, c'était là
qu'était la cause de réprobation que nous soumettions à
l'Assemblée. Nous en ajoutons une plus précise, celle d'avoir
siégé ou d'avoir accepté de présider une
séance de la commission de la justice irrégulièrement
convoquée, à notre avis.
J'ajoute, c'est mon dernier point, que peu importe l'opinion que et le
député de Roberval et vous-même puissiez avoir sur nos
prétentions je ne la connais pas d'ailleurs, j'en n'ai pas de
connaissance légale, donc je ne peux pas la citer favorable ou
défavorable relativement à ce qui se présente dans cette
motion, je pense que cela ne doit pas être une raison de
non-recevabilité de notre motion. Je donne simplement l'exemple suivant:
Si jamais, M. le Président, vous décidiez ou vous aviez
décidé par le passé, sans qu'on vous l'ait demandé
officiellement, que votre opinion était faite sur la
légalité de l'ajournement du 14 décembre ou sur la
légalité des séances du 15 décembre dans la
matinée, je pense que cela ne doit pas avoir de portée sur la
recevabilité ou la non-recevabilité. Je pense que l'on s'entend
bien là-dessus. C'est une expression d'opinion que nous soumettons
à l'Assemblée nationale, par le sous-amendement du
député de Chicoutimi qui sera adopté si l'Assemblée
nationale partage notre opinion, qui sera rejeté, sans aucun doute, si
les autres membres de l'Assemblée nationale ne partagent pas notre
opinion.
Mais j'insiste sur le fait que cela ne doit pas, à ce stade-ci de
nos procédures, être un motif de recevabilité ou de
non-recevabilité. Cela s'argumente, d'accord. On peut se dire, d'un
côté à l'autre de la Chambre, qu'on ne doit pas adopter ce
sous-amendement parce qu'on ne partage pas cette opinion, ou qu'on doit
l'adopter pour la raison contraire. Mais je soumets respectueusement que ce
n'est pas un élément de recevabilité ou de
non-recevabilité.
Je pense que, selon le texte même de l'article 180 de notre ancien
règlement que vous nous avez soumis, selon les dispositions de notre
règlement actuel aux articles 69 et 70, le sous-amendement, qui est
formulé actuellement par le député de Chicoutimi, est
parfaitement recevable. Il n'y a rien, ni en vertu des articles 69 et 70,
encore moins en vertu de l'article 62 auquel vous vous êtes
référé ce matin, et encore moins en vertu de l'article 180
de notre autre règlement ou du règlement précédent,
qui puisse vous justifier de juger non recevable le sous-amendement du
député de Chicoutimi.
LE PRESIDENT: Allez-y.
M. CHOQUETTE: Je voudrais dire quelques mots, M. le Président.
Précédemment, vous avez accepté un amendement à la
motion principale selon lequel l'Opposition suggérait de
réprouver la conduite du député de Roberval au cours des
séances de la commission de la justice, tenues, n'est-ce pas, vendredi
et samedi dernier.
Or, dans l'amendement, que vous avez accepté de soumettre
à la Chambre, on doit comprendre non seulement la séance de
vendredi soir, le 14 décembre, mais la séance du lendemain,
puisque la séance du lendemain a été la suite de ce qui
s'est produit la veille. Alors, en nous présentant un amendement qui
vient apporter des détails additionnels sur cette séance du 15
décembre 1973, il est évident que le Parti
québécois tombe sous le coup de la même critique que vous
lui avez adressée tout à l'heure lorsque vous avez rejeté
le sous-amendement qui avait pour lieu d'établir notamment en quoi la
conduite du député de Roberval aurait été
répréhensible. C'est parce que ces amendements sont inutiles,
sont superfétatoires et qu'ils sont compris dans l'amendement que vous
avez déjà accepté d'agréer et de soumettre à
la Chambre.
Alors, je soumets, M. le Président, que vous avez établi
la jurisprudence à ce genre d'amendement et que celui-ci n'est pas
recevable pour ces motifs.
M. BURNS: M. le Président, simplement sur ce dernier argument, si
vous me le permettez.
LE PRESIDENT: Allez-y.
M. BURNS: Un sous-amendement tout le monde le sait n'a pas
besoin d'être différent d'un amendement. Il peut être
déjà contenu dans l'amendement. Ce que l'article 180 et
à bon droit, vous l'avez rappelé de l'ancien
règlement allègue, c'est que le sous-amendement, lui, ne doit pas
être contenu dans la motion principale. Or, ce que fait le
sous-amendement et c'est le but d'un sous-amendement c'est
préciser un amendement. S'il y a un cas, M. le Président, dans
toutes les règles d'assemblées délibérantes et, en
particulier, des Assemblées parlementaires délibérantes,
où c'est clair qu'on peut reprendre sous une forme plus concrète
quelque chose qui se trouve dans l'amendement, c'est dans un sous-amendement.
C'est sûr que l'amendement dit: Lors de l'étude en commission
parlementaire du projet de loi no 8, mais on précise: Et lorsqu'il est
arrivé telle et telle situation, en particulier le fait d'avoir
siégé irrégulièrement le samedi 15.
Décision de M. le Président
LE PRESIDENT: On va essayer de se comprendre. La motion principale est:
"Que cette Assemblée réprouve la conduite de son
vice-président, le député de Roberval." L'amendement qui a
été accepté et qui est en discussion actuellement
ajoute: "Lors de l'étude, en commission parlementaire de la
justice, du projet de loi no 8."
Quand a eu lieu cette étude? Elle a eu lieu vendredi soir et
légalement ou non, ce n'est pas à moi de le juger
samedi matin. Je pense bien que le rapport qui a été
déposé en Chambre mentionne qu'elle a siégé
vendredi soir et samedi matin. En effet, d'après mes informations, les
articles auraient été approuvés le samedi matin.
Maintenant, il faut nécessairement qu'il y ait une suite, une
continuité dans les décisions du président. Tout à
l'heure, j'ai refusé un sous-amendement qui était proposé
où on mentionnait: "Notamment alors qu'il a refusé qu'une motion
soit présentée pour permettre aux députés de
Saint-Jacques et de Saguenay de se faire entendre devant la commission." J'ai
refusé ce sous-amendement invoquant surtout Beauchesne, à l'effet
que ce sous-amendement était compris dans l'amendement.
Je disais alors que l'objet d'un sous-amendement était de
modifier un amendement. "Il ne devrait pas élargir la portée de
l'amendement, mais se rapporter à des questions non visées par
celui-ci". J'ai cité cela tout à l'heure. Egalement, de
Beauchesne, un autre élément. J'explicite parce que c'est un peu
la même décision. A la même page 173, il est bien dit, un
peu plus haut: "Vu que la proposition d'un sous-amendement fait naître un
nouveau sujet". Un nouveau sujet. Ce n'est pas un nouveau sujet, d'après
moi, et c'est encore compris dans l'amendement.
Si l'amendement avait été de dire que la conduite du
vice-président aurait été irrégulière le
vendredi soir et que cet amendement avait
été accepté, là, je serais en droit
d'accepter un sous-amendement qui ajouterait: Et le samedi matin. Mais
l'amendement que nous avons accepté, c'est lorsqu'il a
présidé "lors de l'étude en commission parlementaire de la
justice, du projet de loi no 8". Cette commission a effectivement
siégé le vendredi et le samedi.
Je pense bien que, pour ces raisons, c'est vraiment encore plus
évident, peut-être, que tout à l'heure que c'est
réellement compris dans l'amendement. Je ne peux pas l'accepter, en
plus, parce qu'effectivement la commission a siégé le soir et le
lendemain matin. Je pense bien que c'est assez clair.
Prochain orateur.
DES VOIX: Vote! Vote! UNE VOIX: Adopté!
LE PRESIDENT: L'honorable je pense qu'il en reste un
député de Maisonneuve.
M. BURNS: M. le Président, sans que cela soit pris sur mon temps
de parole, je veux juste vérifier auprès des officiers de la
Chambre s'il est exact que les députés de Lafontaine, de
Sauvé, de Saint-Jacques et de Chicoutimi...
UNE VOIX: ...
M. BURNS: Laisse faire, on va se débrouiller, beau blond!
LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre, messieurs! C'est déjà
une comptabilité très difficile, et je m'adresse à un
C.A.
M. BURNS: Cela paraît, jusqu'à quel point ça fait
longtemps qu'il a quitté sa profession.
LE PRESIDENT: A l'ordre! Bon, si je comprends bien, vous voulez faire
une révision.
M. BURNS: Je veux faire une révision, simplement. Je pense que
c'est un de mes droits normaux.
LE PRESIDENT: Je crois, d'après ma comptabilité, que vous
en avez le droit. Vous êtes le dernier, du moins de l'Opposition
officielle, à pouvoir parler sur l'amendement.
M. CHARRON: Du député de Saguenay. M. BURNS: Bon.
LE PRESIDENT: Hypothétiquement, en revenant à la
proposition principale, s'il y a lieu, il resterait le député de
Saint-Jacques, le député de Lafontaine et le député
de Chicoutimi.
M. BURNS: Ainsi que mon droit de réplique.
LE PRESIDENT: C'est exact.
M. Robert Burns
M. BURNS: Merci, M. le Président. Parlant sur la motion
d'amendement à la proposition que j'ai formulée ce matin,
proposition d'amendement qui a principalement pour but de préciser ma
motion de réprobation à l'encontre du député de
Roberval, il est évident cela a été admis, vous
l'avez souligné vous-même que toutes les interventions qui
ont été faites se bornaient, dans le fond, à discuter de
la conduite du député de Roberval alors qu'il était
président d'une commission, plus particulièrement de la
commission de la justice, et plus particulièrement de cette commission
de la justice qui a étudié le projet de loi no 8, soit celui de
l'augmentation du salaire des juges.
Je ne reviendrai pas sur toute une série de faits que j'ai
mentionnés et qui sont soumis à l'Assemblée nationale
à l'appui de cette motion... Je fais un bref tour de Chambre, M. le
Président, est-ce que nous avons quorum? Je ne le sais pas, étant
donné...
LE PRESIDENT: Nous sommes 33.
M. BURNS: Nous avons quorum. C'était à cause de cet
immense vide devant moi, du côté des banquettes
ministérielles. Il y a le député de Louis-Hébert,
dont je signale la présence et la constance au travail.
DES VOIX: La motion.
M. BURNS: Ce n'est pas grave, j'ai une demi-heure, moi.
UNE VOIX: C'est parce qu'il n'a rien à dire.
M. BURNS: Surtout que je n'ai pas l'intention d'utiliser tout mon temps,
je peux m'offrir ce luxe.
Je disais donc qu'il est important, à n'en pas douter,
comme je l'ai mentionné lorsque le problème de la
régularité de la motion soumise a été
soulevé par le ministre de la Justice pour le
député de Roberval que le sous-amendement actuel soit
adopté, afin que nous situions dans le temps la matière à
réprobation que contient notre motion.
Je vous ai rapporté, à deux reprises au moins, le fait que
même des députés libéraux se sont enquis
auprès de moi pour savoir en quoi nous réprouvions la conduite du
député de Roberval. Et vous avez tantôt, avec un sourire,
laissé entendre que n'importe qui pourrait penser n'importe quoi au
sujet de cette conduite du député de Roberval qui, j'en suis
certain, est au-delà de tout soupçon en d'autres domaines que le
cas qui nous préoccupe actuellement.
De sorte que pour nous c'est un peu par acquit de conscience que nous
avons délibérément voulu limiter le débat, que nous
avons délibérément décidé de dire simplement
à quelle occasion nous n'étions pas d'accord sur la façon
dont s'était conduit le député de Roberval.
Cette attitude que nous réprouvons chez le député
de Roberval, toujours si vous voulez, en tant que vice-président et plus
particulièrement en tant que président d'une commission
parlementaire, non pas encore une fois en tant que
député, en tant qu'individu que nous connaissons, que nous
respectons, se limite dans le fond et j'en fais le résumé
à deux points particuliers. Jusqu'à maintenant, on n'a
parlé que de deux points qui sont, d'une part, d'avoir au cours de cette
commission parlementaire refusé qu'un processus normal de discussion
d'assemblée délibérante soit utilisé; ce processus
normal je ne me référerais pas à nouveau aux
dispositions de notre règlement est la motion. Lorsqu'il n'y a
aucune motion devant une assemblée délibérante, n'importe
quel membre de cette assemblée délibérante je pense
que personne ne le niera a le droit de soumettre une motion. Or, ce
droit-là, le député de Roberval, en tant que
président de la commission de la justice, me l'a refusé.
J'ai rencontré le député de Roberval tantôt
de façon tout à fait inattendue. Il m'a dit que, comme j'avais
exposé son attitude relativement à cela, ça pouvait
être compris de façon telle que le député de
Roberval n'avait pas consulté la commission. Alors si c'est comme
ça, M. le Président, que mes paroles ont été
interprétées lorsque j'ai fait mon intervention à l'appui
de ma motion, je tiens à faire une rectification pour que ce soit bien
clair dans quel sens je fais cette intervention. Le député de
Roberval a, d'une part, refusé que je formule ma motion mais il a aussi
pris sur lui de consulter la commission je suis d'accord mais non
pas sous forme de motion; c'est ce que nous lui reprochons. Cela a
peut-être l'air, M. le Président, de gruger dans des
détails, ça a peut-être l'air d'aller chercher des poux
à des endroits où il n'y en a pas ou à des endroits
où on voudrait qu'il y en ait, sauf qu'on cherche des poux, si c'est le
cas, M. le Président, à des endroits où il y en a.
On veut justement libérer le gouvernement de ce style d'attitude
des "représentants de la chaise", comme on le dit en termes
parlementaires, ou venant de notre droit britannique, "of the chair, Mr.
Speaker". Nous voulons justement libérer la présidence de quelque
domaine ou de quelque niveau que ce soit, à l'intérieur de
l'Assemblée nationale, de cette espèce de besoin absolument
aberrant, absolument inquiétant pour nous de l'Opposition, semble-t-il,
de vouloir constamment prendre position, dans un cas de doute, en faveur du
gouvernement. On a l'impression je vous le dis bien honnêtement,
je ne me cacherai pas pour vous le dire que, du président de
l'Assemblée nationale, jusqu'au dernier nommé des
présidents de commissions et en passant par les deux
vice-présidents, si on ne rend pas des décisions favorables au
gouvernement tout le temps on a peur de perdre sa job. C'est l'impression, M.
le Président, qu'on a; c'est vraiment notre impression, je le dis
honnê- tement, je le dis avec tout le respect que j'ai pour vous, M. le
Président. Je m'étends peut-être; si vous trouvez que je
dépasse trop, je le dis à titre d'exemple, vous me rappellerez
à l'ordre, M. le Président. Cela me fera plaisir de revenir, si
vous pensez que je prends un petit peu trop de liberté avec le corridor
de la motion. J'ai vu à de nombreuses reprises des cas où un
président, quel qu'il soit, de l'Assemblée nationale en
descendant jusqu'au président de la commission, semble mal à
l'aise de rendre une décision contre le gouvernement.
Le but de notre motion, ce pourquoi notre motion est faite, c'est de
dire, une fois pour toutes, que ce n'est pas un péché mortel pour
un président de commission, pour un vice-président de
l'Assemblée nationale ou pour un président de l'Assemblée
nationale de prendre des décisions qui ne sont pas agréables au
leader du gouvernement, qui ne sont pas agréables au gouvernement en
général. C'est ça, la question de fond, M. le
Président, que nous voulons poser par notre sous-amendement, par notre
amendement et par notre motion.
Nous voulons savoir, une fois pour toutes, si, dans le cas de doute, le
préjugé, que doit avoir quelqu'un qui préside une
commission ou qui préside l'Assemblée nationale, doit pencher du
côté de l'Opposition ou s'il doit pencher du côté du
gouvernement automatiquement. J'irais même jusqu'à dire qu'il ne
doit pas pencher automatiquement du côté de l'Opposition.
Imaginez-vous, c'est un aveu, ça! Je suis même prêt à
dire ça. Je suis même prêt à dire qu'il y a certaines
motions qui sont possiblement ou clairement irrégulières, du
côté de l'Opposition, et qu'elles doivent être
rejetées.
Mais, lorsqu'il y a doute, je dis que le préjugé doit
être favorable à l'Opposition. Le rôle d'un président
de commission ou d'un président de l'Assemblée nationale, c'est
de protéger cette minorité. Je ne le dis pas à genoux, M.
le Président. Quand je dis ça, je le dis bien debout et bien fier
du rôle que mes collègues et moi, nous jouons dans l'Opposition.
On n'est pas du tout gêné du rôle qu'on joue. Tant bien que
mal, des fois mieux que mal, des fois moins bien que ça ne devrait
être, en tout cas, en toute humilité et en toute modestie, on
tente de le jouer le mieux possible.
UNE VOIX: Ha! Ha!
M. BURNS: Cela fait rire du monde, ça. J'aimerais bien, M. le
Président, que 50 p.c. des députés ministériels
fassent à peine 50 p.c. du travail des députés de
l'Opposition. Quand je parle des députés de l'Opposition,
ça comprend les députés de Beauce-Sud et de Rouyn-Noranda.
Quand la moitié des députés libéraux feront la
moitié du travail des huit députés que je viens de
mentionner, on aura, à cette Assemblée nationale, des travaux
drôlement constructifs.
Il y a, en particulier, des députés
ministériels
qui vont se rendre compte que la législation qui sort de leur
conseil des ministres, ce n'est pas nécessairement une émanation
du Saint-Esprit, M. le Président; qu'à l'occasion il y a des
petits défauts dans cette affaire-là. C'est sûr que
l'Opposition n'a pas le monopole de la vérité, non plus; on est
bien d'accord là-dessus, M. le Président.
Mais, revenant à la motion, comme vous me le suggérez, M.
le Président, je trouve qu'il est important que cet amendement soit
adopté, qu'on sache dans quel cadre, au moins, la réprobation
dont est l'objet le député de Roberval se situe.
Je cite tout simplement, sur ce point-là, un extrait du journal
des Débats de vendredi soir, lorsque, entre autres, le
député de Saint-Jacques a tenté d'intervenir. Je n'ai pas
eu le temps, dans mon intervention principale, de vous parler de ce
sujet-là, bien que mes collègues y aient touché. Je vous
cite le ruban 44 de la commission de la justice, à la page 3 où
on voit ceci: "M. Charron: M. le Président, est-ce que je peux
intervenir? "M. Choquette: Je m'oppose, M. le Président. "Une voix: M.
le Président, j'ai une question de règlement. "Le
Président (M. Lamontagne): Le député de Saint-Jacques n'a
pas le droit de parole à cette commission. Je ne peux pas en vertu de
l'article... "M. Burns: Sur la question de règlement, M. le
Président. "Le Président (M. Lamontagne): La question de
règlement est tellement... "M. Morin: C'est un vieil usage, M. le
Président. "M. Burns: M. le Président, sur ce point de
règlement, je tiens à rappeler à nos honorables
collègues qu'il est d'usage, qu'il a toujours été courant
et, si le député de Taillon était ici, je le prendrais
à témoin. C'est lui qui depuis toujours, à ma
connaissance, s'est fait fort de demander aux commissions parlementaires de
permettre à tout député de s'exprimer non pas de
voter, il y a une distinction dans une commission parlementaire et c'est
cela qui est la distinction."
M. le Président, est-ce qu'on remarque que dans cet
échange qui a été fait, avant même qu'un vote soit
pris, avant même qu'une motion soit déposée sur la table,
le député de Roberval s'est prononcé. C'était
final. Et comme je le disais ce matin, l'article 148 qui décide du droit
des députés qui ne sont pas membres d'une commission
parlementaire ne dit pas, ne dit pas, j'insiste, que cette décision doit
être une décision unanime de la commission parlementaire. Nulle
part dans l'article 148, ne peut-on lire que cette décision permettant
à un député qui n'est pas membre d'une commission de se
faire entendre doit être unanime. Loin de là. Et j'ai vu, par les
signes de tête que me faisait la présidence ce matin quand j'ai
argumenté sur ce point, que ce n'est évidemment pas un vote
unanime qui est nécessaire lorsqu'on demande à une commission
parlementaire de se prononcer sur le droit de parole des députés
qui n'en sont pas membres.
Or, avant même qu'une motion soit faite, simplement après
que le ministre de la Justice ait indiqué son intention de priver les
députés de Saguenay et de Saint-Jacques de leur droit de vote, on
a vu le député de Roberval, président de la commission,
dire: A l'ordre! Le député de Saint-Jacques n'a pas le droit de
parole. Et cela était une décision qui semblait de plus en plus
finale. Elle orientait même la décision qui était prise
quelques pages plus loin. Elle orientait également je le soumets
respectueusement le débat qui est intervenu entre la page que je
vous ai citée tantôt et la page que je m'apprête à
citer.
Mais je tiens à rendre justice et à rectifier le fait que
le député de Roberval, puisqu'il me l'a mentionné
tantôt lorsque je l'ai rencontré dans le corridor, par la suite,
après que le ministre de la Justice ait refusé son consentement,
je tiens à lui dire ceci, c'est qu'il a demandé aux membres de la
commission ce qu'ils en pensaient. Mais cela n'empêche pas que la
commission n'a pas pris une décision sur une motion
régulièrement faite, sur une motion que j'ai
régulièrement faite, et c'est la seule façon de discuter
de choses dans une assemblée délibérante. La meilleure
preuve est que si nous étudions quelque projet de loi que ce soit, vous
allez m'empêcher d'intervenir s'il n'y a pas une motion sur la table. Il
n'y a que certains cas dans notre règlement qui me permettent
d'intervenir alors qu'il n'y a rien devant la Chambre. Je cite l'exemple de
l'article 34 où je peux me lever et demander au leader du gouvernement
ce qu'il a l'intention de faire avec telle ou telle disposition
législative, comment il entend faire siéger telle ou telle
commission parlementaire, s'il a l'intention de nous faire siéger
après telle date, s'il a l'intention de nous faire siéger
après telle heure.
D y a la question de privilège qui, elle aussi, peut, en vertu de
notre règlement, être soulevée sans qu'il n'y ait quoi que
ce soit devant la Chambre. Il y a toutes les questions de règlement qui
peuvent aussi être soulevées sans qu'il n'y ait quoi que ce soit
devant la Chambre. Il y a enfin, et c'est le cas type de ce que je demandais
lors de cette commission, la possibilité de présenter une motion
de fond, notre règlement le bien bien, lorsque la Chambre n'est saisie
de rien, lorsque la Chambre ne discute pas d'une autre motion et c'est cela que
nous avons tenté de faire. Rien de plus. Dans le cadre d'un
filibustering, oui, M. le Président. D'accord. Admis. Avoué si
nous en sommes accusés. Nous l'avouons, mais je reviens à ce que
nous disions ce matin. Ces motions, n'en déplaise à certains de
nos collègues qui ont de la difficulté à supporter ces
longues heures de séances... Soit
dit en passant, ce n'est pas nous qui avons décidé de ces
longues heures de séances, vous regarderez dans votre feuilleton, les
collègues...
M. VEILLEUX: La motion.
M. BURNS: C'est tout à fait dans la motion. Vous regarderez dans
votre feuilleton...
M. VEILLEUX: La motion de blâme.
M. BURNS: ... au no 9 et vous verrez la motion qui a été
adoptée pour nous faire siéger; je le dis au cas où il y
en aurait qui auraient dormi à ce moment, au cas où il y en
aurait qui ne sauraient même pas ce qui s'est passé et au cas
où il y en aurait qui ne savaient même pas pourquoi ils
votaient.
C'était une motion de M. Levesque, le leader du gouvernement, qui
nous faisait siéger à compter de ce moment, soit de 10 heures le
matin à minuit le soir. C'est bien de valeur, mais ce n'est pas
l'Opposition qui en a eu l'initiative. Ceux que ça pourrait troubler,
qu'on utilise ce temps entièrement et au maximum, pourront parler
à leur leader du gouvernement, peut-être pas pour cette
session-ci, parce que cela ne pourra pas se corriger pour cette session-ci.
Mais peut-être que pour d'autres sessions, il y aura des leçons
à tirer sur la façon dont on finit des sessions.
M. le Président, je reviens à cette fameuse motion que je
n'ai pas eu l'occasion de présenter. A la page R/47 ou rouleau 47
à la page 1, on voit la décision du président, M.
Lamontagne: Je suis prêt à rendre ma décision. Le
député de Maisonneuve a invoqué, à juste titre,
l'article 54. Tout le monde sait que l'article 54 est la définition
d'une motion. Après m'avoir dit que j'avais, à juste titre,
invoqué l'article 54, lorsqu'il s'agit de s'adresser à une
assemblée délibérante ou autre, soit l'Assemblée
nationale, de procéder par motion. Or, l'article 148 justement ne parle
pas de motion et je continue la citation, c'est toujours le
député de Roberval qui parle ne parle pas de motion, parce
qu'il s'agit d'une personne qui, au moment où elle est non-membre de la
commission, ne fait pas partie de l'assemblée délibérante
et de la commission. Mais moi, M. le Président, j'en faisais partie de
la commission. Ce n'était pas le député de Saint-Jacques
qui voulait faire une motion, c'était le député de
Maisonneuve qui est membre en titre de cette commission.
UNE VOIX: II n'y a pas de différence.
M. BURNS: Qu'on nous dise, M. le Président, que je n'avais pas le
droit de faire cette motion parce que ça aurait dû être le
député de Saint-Jacques, que d'autre part le député
de Saint-Jacques n'a pas le droit de parler à cette commission, c'est
vraiment de courir après la queue du chien, par le chien
lui-même.
Je continue la citation du président, M.
Lamontagne: C'est donc la personne, le député de
Saint-Jacques, s'il sollicite la permission de parler, il peut demander,
s'adresser à la commission pour parler. Je n'ai pas le droit, comme
président, de décider si le député de Saint-Jacques
aura ou non le droit de parole.
Bien oui, M. le Président, c'était exactement ce que nous
disions, c'était exactement notre prétention. Nous croyions,
nous, que ce n'était pas au député de Roberval, en tant
que président de cette commission à décider, même si
le ministre de la justice avait manifesté son intention d'empêcher
le député de Saint-Jacques et le député de Saguenay
de parler. Nous croyions plutôt, qu'il s'agissait de débattre ce
fait. On aurait pu le débattre, tout au moins, l'honorable chef de
l'Opposition et moi-même qui sommes membres de la commission de la
justice, aurions pu soumettre les raisons en faveur c'est ça la
raison d'une motion du droit de parole ou de la permission à
être accordée au député de Saguenay et au
député de Saint-Jacques. Chose qu'on nous a empêchés
de faire, que la décision du président nous a
empêchés de faire. Je continue cette décision du
président, toujours à la page 1, rouleau 47 : Je m'en
réfère à une décision de la commission qui par
vote, je l'admets, qui, par vote, vote sur quoi, M. le Président, je
vous le demande? Qui, par vote, parce que lorsqu'on parle d'une commission, il
n'est pas question de l'unanimité. C'est une admission de la part du
président de la commission qui est tout à fait dans le même
sens que celle que je vous ai soumise et qui semble correspondre à votre
opinion et qui semble correspondre à l'opinion du président de
l'Assemblée nationale. Il faut donc un vote pour déterminer si le
député de Saint-Jacques ou toute autre personne, comme le
député de Maisonneuve l'a mentionné tout à l'heure,
le député de Saguenay, le député de
Jonquière ont le droit de parole ou non à cette séance de
la commission.
M. le Président, un vote, il n'y a qu'une façon de
l'exprimer, ça ne se tient pas en l'air un vote. Je n'ai jamais vu
ça, M. le Président, voter sur rien. Pour qu'on puisse voter, il
faut qu'il y ait une motion sur la table. C'en est une des attitudes que nous
avons reprochées, lors de l'étude en commission du projet de loi
no 8, et c'est le sens de l'amendement, non pas sur d'autres détails
qu'on pourrait reprocher.
Moi, personnellement, je n'en connais pas de chose que je pourrais
reprocher au député de Roberval. Je lui reproche carrément
et clairement son attitude relativement à cette séance de la
commission.
Mais, cela va plus loin que cela. J'aimerais, à ce stade-ci de
notre débat, amener un nouvel élément dans ce
débat. J'aimerais présenter un nouveau volet dans cette affaire
parce que ce que nous discutons, dans le fond, a un certain nombre de
conséquences. Ces conséquences vont jusqu'au rapport. Vous vous
souviendrez qu'hier, lorsque le rapport de cette commission
a été soumis à l'Assemblée nationale, j'ai,
par voie de question de règlement, tenté de soumettre à
l'Assemblée nationale ce phénomène que nous
considérons encore être exact, c'est-à-dire ce
phénomène de l'irrégularité du rapport puisqu'il
est, à toutes fins pratiques, seulement un accessoire de la commission
qui a siégé vendredi soir, légalement,
régulièrement, sans aucun doute, et samedi, selon notre opinion,
de façon illégale, de façon irrégulière.
Or, le rapport a été fait par le député de
Portneuf, qui a été finalement, après plusieurs heures de
discussion, choisi comme l'heureux élu au poste de rapporteur,
après qu'on eut soupesé toutes les autres possibilités de
choisir un rapporteur plus compétent. Hier, ce même
député de Portneuf a déposé devant
l'Assemblée nationale un rapport de cette commission. Je trouve que la
responsabilité du vice-président, qui présidait la
commission, devait aller aussi loin qu'empêcher que ce rapport vienne
devant l'Assemblée nationale parce qu'il était irrégulier,
parce que ce rapport était un accessoire de quelque chose que nous
considérons comme absolument irrégulier. De sorte, que dans le
but de préciser davantage ma motion, je suggère, je fais plus que
suggérer, je vais vous proposer un sous-amendement qui se lirait comme
suit: Je propose que l'amendement en discussion soit amendé en ajoutant
les mots suivants "et d'avoir permis que le rapport irrégulier de la
commission de la justice soit soumis à l'Assemblée
nationale".
Je m'explique très brièvement. A partir du moment
où le président et à partir du moment où, M. le
Président, vous avez rendu votre décision, hier,
là-dessus, on est pris dans un carcan. Cela va jusque là. Cela va
jusque là. On est encarcané dans une situation; je me
retrouverais dans le corridor entre les deux Chambres que je ne serais pas
mieux. Je ne critique pas votre décision d'hier, vous avez
décidé, vous avez exposé des motifs là-dessus...
Elle n'est pas écrite, M. le Président, ma motion. Je vais vous
la rédiger tantôt si vous voulez.
Je veux tout simplement, dans les quelques brèves minutes qu'il
me reste, vous expliquer cette situation ambiguë dans laquelle
l'Opposition se trouve. Vous avez, d'une part, décidé que ce
n'était pas à vous de vous interposer comme tribunal d'appel
d'une décision d'un président de commission parlementaire. Vous
avez donné de très bonnes raisons pour cela, M. le
Président. Vous avez même cité des autorités. Je ne
critique pas cette décision. D'ailleurs, vous vous rappelez, M. le
Président, quand je vous ai posé ces questions, hier, je n'ai pas
rué dans les brancards. J'ai trouvé que votre décision
était basée sur des éléments de justification qui
se tenaient. Sauf qu'on est placé dans le dilemme suivant: Comment
alors, maintenant, ai-je la possibilité, moi, comme député
d'Opposition, de soumettre à la majorité une décision sur
la légalité de ce rapport, qui viendra sans doute
éventuellement, de voir mes droits pro- tégés contre ceux
de la majorité, si la majorité a décidé tout
simplement que ce rapport était légal, il le sera?
Il sera adopté par un vote majoritaire. Mais moi, M. le
Président, je vous dis que je suis pris, comme je le disais
tantôt, entre les deux Chambres: Entre le salon rouge, de l'autre
côté, et entre la chambre verte dans laquelle nous siégeons
actuellement.
Je pense que l'un des rôles principaux et c'est une raison
additionnelle que nous ajoutons à notre motion qu'aurait dû
jouer le député de Roberval aurait dû être
d'empêcher que le rapport vienne devant cette Chambre. Cela nous place
justement dans ce carcan, dans cette situation d'être assis entre deux
chaises. Il y a d'une part l'impossibilité d'en appeler de la
décision du président d'une commission et, d'autre part, nous
sommes pris vis-à-vis d'une majorité qui, nécessairement,
adoptera, par ses votes majoritaires, un rapport qui, à mon avis, est
absolument irrégulier.
Motion d'amendement de M. Burns
M. BURNS: C'est dans ce sens, M. le Président, que je voudrais
que soit ajouté à l'amendement le sous-amendement que j'ai
proposé, qui se lit comme suit: "Et d'avoir permis au rapporteur de la
commission de la justice de soumettre à l'Assemblée nationale un
rapport irrégulier, le mardi 18 décembre 1973." Je m'excuse, M.
le Président, de ne pas avoir eu le temps de vous en rédiger une
copie mais j'espère que la lenteur avec laquelle je viens de dire cette
motion vous aura permis d'en prendre note.
M. BIENVENUE: Sur la recevabilité, M. le Président, et
sous réserve de toutes les décisions que vous avez rendues
précédemment sur les sous-amendements, j'ajoute ce qui suit:
Même si cet amendement était reçu, même s'il
était discuté, je soumets respectueusement que l'on ne pourrait
pas conclure à une cause de réprobation contre le
député de Roberval.
Ce rapporteur a été désigné par la
commission qui était souveraine, non par le président de la
commission, qui n'exerce sur ce même rapporteur absolument aucun
contrôle, aucune autorité, qui n'a ni de près, ni de loin,
ni en vertu du règlement, ni d'autre chose, le pouvoir ou
l'autorité de lui dicter son rapport, de lui dire de le faire, de
l'empêcher de le faire.
Je cite à l'appui de mes prétentions l'article 161 du
règlement: "Dès qu'une commission élue a terminé
l'examen de l'affaire qui lui a été référée
c'est notre cas elle doit, par l'entremise d'un rapporteur
qu'elle a désigné parmi ses membres, déposer à
l'Assemblée un rapport suffisamment détaillé et contenant
les amendement adoptés."
Ce rapporteur n'est aucunement soumis, de près ou de loin...
M. BURNS: J'aimerais bien que mon bon ami le député de
Crémazie...
M. BIENVENUE: ... termine. M. BURNS: ... s'en tienne... DES VOIX:
Laissez-le finir.
M. BURNS: Ho! Ho! Ho! Gang de caves. Envoyez, les caves !
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. BURNS: Hurlez, la meute! Je demande tout simplement...
LE PRESIDENT: A l'ordre! Est-ce que vous invoquez le
règlement?
M. BURNS: Oui, M. le Président. LE PRESIDENT: Allez!
UNE VOIX: Est-ce que les galeries sont pleines?
M. BURNS: Je demande tout simplement en grâce au
député de Crémazie,...
UNE VOIX: II n'y a pas trop de journalistes.
M. BURNS: ... ministre de l'Immigration, leader adjoint de la Chambre,
de ne pas argumenter au mérite la valeur de ma motion. C'est ce qu'il
est en train de faire. Actuellement, il est en train de dire que ce n'est pas
de la responsabilité du vice-président, le député
de Roberval. Ce n'est pas là l'objet de ma motion.
Si, véritablement, ce n'est pas de sa responsabilité
c'est ça, ma question de règlement on le dira
à l'intérieur du débat et on votera contre mon
sous-amendement. Mais ce n'est pas une raison de non-recevabilité. Je
suis prêt à laisser continuer mon collègue, le
député de Crémazie, mais je ne veux pas qu'il argumente
sur le mérite. C'est ce qu'il est en train de faire.
Je vois par son sourire que c'est une petite vite qu'il essaie de nous
passer. Je vois par son sourire qu'il sait qu'il argumente sur le
mérite. Je lui demande tout simplement d'argumenter sur la
recevabilité de la motion, ce qui est une tout autre chose.
M. BIENVENUE: Mon sourire n'indique que la sérénité
de mes propos.
J'ai pris la peine de dire justement pour éviter
l'écueil auquel fait allusion le député de Maisonneuve et
pour qu'on ne m'accuse pas de verser dans le fond de la question avec
insistance au début de mes remarques, toujours sur la
recevabilité, donc sur la forme, que même si on en venait à
la conclusion que c'était recevable cela a l'air un peu d'un
cercle vicieux ce que je dis là on ne pourrait pas, en discutant
au fond, de près ou de loin, dans les conclusions, rattacher la conduite
du député de Roberval au fait qu'un rapporteur, quel qu'il soit,
a fait le rapport quelconque qu'il a fait à quelque date que ce
soit.
Donc, si la discussion au fond est impossible sur le plan de la logique,
on ne peut pas se rendre au fond parce qu'à sa face même, et
m'appuyant sur le règlement, il ne peut y avoir de lien entre le
député de Roberval dont on réprouve la conduite...
M. BURNS: C'est ça, le mérite, c'est ça que je vous
dis.
M. BIENVENUE: ... par la motion principale, limitée par vous,
dans l'amendement, aux séances de la commission, il n'y a aucun lien de
droit ou de fait possible entre ce sous-amendement, l'amendement et la motion
principale. Par conséquent, un tel débat conduirait "nowhere".
Donc, c'est irrecevable.
M. BURNS: M. le Président, sur la question de règlement.
C'est nouveau ça, M. le Président, des applaudissements sur des
questions de règlement.
LE PRESIDENT: Vous avez déjà parlé sur cette
question.
M. BURNS: Non, M. le Président. J'ai invoqué le
règlement sur l'intervention du député de Crémazie;
je n'ai pas parlé sur la question de règlement.
LE PRESIDENT: Sur la recevabilité, vous avez parlé.
M. BURNS: Pas du tout, M. le Président. Je m'excuse, mais je n'ai
pas du tout argumenté sur la recevabilité. J'ai demandé
simplement au député de Crémazie de ne pas parler du
mérite.
LE PRESIDENT: D'accord, allez-y.
M. BURNS: Cela va être très bref, d'ailleurs, M. le
Président. Je ne veux pas tomber dans le même fossé que m'a
creusé le député de Crémazie, en voulant discuter
du mérite. Mais, M. le Président, peu importe qu'on ait tort ou
raison de blâmer le député de Roberval pour ce qui est
contenu dans le sous-amendement, c'est-à-dire d'avoir permis qu'un
rapport soit fait, je veux tout simplement vous souligner qu'il y a, au moins,
un lien de droit. Est-ce que véritablement ce lien de droit permet de
blâmer complètement, de façon directe, le
député de Roberval et de lui reprocher que ce rapport soit venu
devant la Chambre? Je ne le sais pas; c'est une question de mérite et on
en discutera plus tard. Mais le lien de droit, M. le Président, je vous
le fais par l'entremise de l'article 10.
Si j'ai bien compris toutes les interprétations que vous avez
données à l'article 163, qui dit
que les règles de l'Assemblée nationale s'appliquent en
commissions, à ce moment-là, l'article 10 doit être,
mutatis mutandis, appliqué à un président de commission.
Or, je l'ai argumenté, ça, M. le Président, au tout
début et je l'argumenté pour une fin particulière
qu'est-ce que le président de l'Assemblée nationale a à
faire et, mutatis mutandis, le président d'une commission? Il doit
présider les séances, on l'admet. Il doit maintenir l'ordre et
exercer tous les pouvoirs requis à cette fin, à la commission, si
ça s'applique au président de commission. Il fait observer le
règlement et dirige les travaux de la commission, si on adapte le texte.
Il met les motions en délibération.
M. le Président, je vous réfère simplement aux
autres articles et, plus particulièrement, au paragraphe 9 de l'article
10: "II exerce tous les autres pouvoirs qui sont nécessaires à
l'accomplissement de ses fonctions et au maintien des privilèges de
l'Assemblée." Si ça, ce n'est pas large, M. le Président,
et si ça ne me permet pas de faire une motion parfaitement recevable
pour reprocher à celui qui a présidé à cette
commission de ne pas avoir vérifié, de ne pas s'être enquis
du moment, de la façon et du fait même qu'un rapport soit
présenté à l'Assemblée nationale, à ce
moment-là, M. le Président, ça devient une question de
mérite, ça devient une question de fond. Et, si c'est une
question de fond ou une question de mérite, ma motion de sous-amendement
est parfaitement recevable.
Elle peut être rejetée si on trouve que le
député de Roberval n'est pas blâmable là-dessus,
possible, mais je compte énormément sur les arguments que mes
collègues vont vous soumettre pour appuyer ce sous-amendement que j'ai
proposé.
Mais en ce qui me concerne, M. le Président, je vous prie
d'accepter cette motion comme recevable. J'ajoute un dernier point, c'est le
dernier, M. le Président, je vais me rasseoir tout de suite
après. Tantôt, si j'ai bien compris votre décision, sur le
sous-amendement qui avait été proposé par le
député de Saguenay, relativement à une autre chose qu'on
reprochait au député de Roberval et qui concernait la
séance du samedi matin, vous nous avez dit: C'est globalement compris
dans la motion principale. Mais l'amendement que je vous présente
actuellement, qui se greffe à un amendement lui-même, donc qui
devient un sous-amendement, ne touche en rien l'amendement principal.
Nous blâmons sa conduite lors des séances de la commission.
Et là, je le blâme en plus, M. le Président, de ne pas
être intervenu lorsque le rapport est venu devant la Chambre. C'est
ça l'élément nouveau et c'est ça qui rend
parfaitement recevable mon sous-amendement. Je vous le soumets en tout
respect.
M. CHOQUETTE: Seulement sur la question de la recevabilité, M. le
Président.
LE PRESIDENT: Recevabilité.
M. CHOQUETTE: Je pense que la règle de la pertinence s'applique
autant dans le domaine des amendements et des sous-amendements que dans le
domaine des débats. Je veux dire qu'on ne peut pas rechercher à
imposer une responsabilité au président de la commission pour un
acte qui a été posé par un autre, en l'occurrence le
rapporteur...
M. BURNS: J'invoque le règlement. C'est ça que je dis, M.
le Président, qui est de discuter du mérite. C'est ça que
je dis...
M. CHOQUETTE: M. le Président, je réponds à la
question. Le député de Maisonneuve m'interrompt...
M. BURNS: Vous discutez du mérite de la question.
M. CHOQUETTE: Non, non, non, je suis sur la question de la
recevabilité et je dis qu'il faut encore que la règle de la
pertinence et les règles ordinaires de la logique s'appliquent,
même à un sous-amendement. Il ne suffit pas, M. le
Président, que l'Opposition ou quelque député que ce soit
présente un sous-amendement, en disant: Moi j'ai l'opinion que ça
se rattache à la responsabilité ou à la motion principale,
pour que nécessairement cette vision des choses s'impose à tous
les membres de la Chambre ainsi qu'à vous, M. le Président.
Or, étant donné que les principes ordinaires de la logique
s'appliquent encore dans cette Chambre, étant donné que les
règles de la pertinence et de la connexité s'appliquent encore
dans cette Chambre, on ne peut pas vouloir blâmer le député
de Roberval pour un acte dont il n'est pas responsable, en l'occurrence...
M. BURNS: C'est ça la pertinence. M. le Président,
j'invoque le règlement. Encore une fois, M. le Président,
j'invoque le règlement.
LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre s'il vous plaît! Allez.
M. CHOQUETTE: Je termine mon argumentation...
M. BURNS: Non. J'invoque le règlement.
M. CHOQUETTE: M. le Président, je termine mon argumentation.
M. BURNS: Non. J'invoque le règlement.
M. CHOQUETTE: Je termine mon argumentation.
M. BURNS: J'invoque le règlement... LE PRESIDENT: Sur
l'intervention...
M. CHOQUETTE: Oui, je termine. M. BURNS: J'invoque le règlement.
LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre!
M. BURNS: Encore une fois, M. le Président, le ministre de la
Justice...
LE PRESIDENT: Messieurs, je demanderais votre collaboration. Si cela
continue, je vais suspendre la séance.
UNE VOIX: Que le député de Maisonneuve n'élabore
pas trop.
M. BURNS: Encore une fois, je tiens à ce que cette règle
soit respectée. Lorsqu'on argumente sur la recevabilité d'une
motion, on ne discute pas du fond de la motion. Depuis tantôt, j'ai
entendu le ministre, à trois reprises, nous dire que l'amendement n'est
pas recevable. Vous savez pourquoi? Parce que cela ne serait pas de la
responsabilité du...
LE PRESIDENT: L'honorable ministre de la Justice.
M. CHOQUETTE: Je vais donner une analogie.
M. BURNS: ... député de Roberval. Ceci est une question de
mérite, une question de fond...
M. TETLEY: Comment cela se fait-il que vous ayez toujours raison?
M. CHOQUETTE: Un instant. Je vais donner une analogie. Supposons que le
député de Maisonneuve avait présenté un amendement
ou un sous-amendement disant qu'il blâmait le député de
Roberval parce que, samedi matin, il avait laissé son chien circuler
sans avoir de médaille.
M. MORIN: Ce n'est pas pertinent.
M. CHOQUETTE: Admettons qu'il aurait voulu sous-amender l'amendement de
cette façon; vous auriez évidemment décidé que
c'était irrecevable parce que cela ne se rattachait en aucune
façon à l'amendement et à la motion principale. Et je dis
que le même raisonnement s'applique pour autant qu'il s'agit du rapport
du rapporteur de la commission.
M. MORIN: M. le Président...
LE PRESIDENT: A l'ordre! ... L'honorable chef de l'Opposition.
M. MORIN: Monsieur le ministre de la Justice en a de bien bonnes. Il
nous propose une absurdité pour mieux nous matraquer ensuite.
LE PRESIDENT: Parlez de la recevabilité, autrement...
M. MORIN: J'en parle à sa façon. Il nous dit: Si le
député de Maisonneuve, leader de l'Opposition, avait
proposé que nous blâmions le député de Roberval pour
n'avoir pas tenu son chien en laisse samedi matin, cela serait absurde et vous
l'écarteriez. Il est bien évident que cela ne serait en aucune
façon pertinent à notre débat tandis que, lorsqu'une
commission siège, il est normal qu'elle fasse rapport.
Il est dans la logique des choses, pour parler comme le ministre de la
Justice, il est dans la logique qu'elle fasse un rapport. Sur ce rapport, qu'il
le veuille ou non, le président qui a mené les débats doit
être consulté, ou, en tout cas, ce rapport ne peut pas se faire
hors de sa connaissance.
UNE VOIX: II est adroit.
M. MORIN: Par la suite, lorsqu'on débattra du fond de la
question, qu'on nous dise qu'en fait le rapport ne lui a pas été
montré, qu'il n'a pas eu l'occasion de le voir, que peut-être ce
n'était pas de sa responsabilité, tout ça c'est sur le
fond de la question. Mais nous prétendons, à l'encontre de ce
qu'il vient de dire, d'une manière qui me surprend, comme s'il voulait
faire lui-même de l'obstruction systématique, que ce que vient de
soutenir le ministre de la Justice, M. le Président, c'est une
absurdité. Merci.
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! A l'ordre, messieurs!
Avec votre permission, est-ce qu'on peut considérer qu'il est
dix-huit heures? Je rendrai ma décision après le dîner,
à vingt heures quinze.
L'Assemblée suspend ses travaux jusqu'à vingt heures
quinze.
(Suspension de la séance à 17 h 58)
Reprise de la séance à 20 h 25
LE PRESIDENT: A l'ordre!
Décision de M. le Président
LE PRESIDENT: Durant l'heure du dîner, nous nous sommes
consultés, le secrétaire général de
l'Assemblée ainsi que le député de Saint-Louis, sur la
motion de sous-amendement de l'honorable député de Maisonneuve,
qui ajoute à la motion principale et à la motion d'amendement les
mots suivants "et d'avoir permis au rapporteur de la commission de la justice
de soumettre à l'Assemblée nationale un rapport
irrégulier".
Nous avons d'abord examiné les articles 62 et 70 qui concernent
les motions d'amendement. Nous avons consulté également les
auteurs. D a été invoqué, dans l'argumentation sur la
recevabilité de la motion, qu'il était de la prérogative,
ou de l'obligation, ou du devoir d'un président de commission de suivre
le travail de la commission, non seulement après son étude,
après son travail même, en commission, mais les étapes
successives qui sont la préparation du rapport et le mandat, non pas du
rapporteur mais de la commission, de faire rapport.
Sans aucun doute, il y a beaucoup de droit nouveau dans notre nouveau
règlement même si, à l'occasion, dans le cas de
différences d'opinion, de doutes et de silences, même, il est
permis de retourner à l'ancien règlement et aux auteurs, ce que
nous avons fait couramment dans la journée d'aujourd'hui. Je veux bien
mentionner immédiatement ici que lorsque nous avons conçu et
rédigé le nouveau règlement, tout en conservant la base du
droit parlementaire anglais, nous avons voulu sortir de ce droit parlementaire
strictement et innover. Est-ce que le président de la commission a les
mêmes pouvoirs que le président de l'Assemblée, en vertu de
l'article 10, lorsqu'il doit présider une commission? Mon opinion est
plutôt favorable à cette interprétation.
C'est un peu un concept qui nous a guidés dans la
rédaction du nouveau règlement, en donnant
énormément de pouvoirs aux présidents de commissions, soit
de la commission plénière ou des commissions élues.
On a invoqué également qu'en traitant de cette question
nous allions au fond, en décidant si le président de la
commission a vraiment un rôle de surveillance sur le rapport.
Personnellement, je n'ai pas tellement de doutes, étant donné les
pouvoirs assez absolus qu'on accorde aux présidents de commissions.
A cause du doute qui non pas m'envahit, mais existe dans mon
idée; à cause de l'économie générale
également des auteurs et de la tradition sur les motions d'amendement
où il y a une certaine latitude dans les amendements qu'on peut apporter
aux motions principales; à cause de la latitude qui peut et qui doit
exister dans les questions de sous-amendements également; étant
donné que ce sous-amendement couvre un aspect nouveau de la motion
d'amendement j'ai rendu des décisions cet après-midi, j'ai
refusé certaines motions de sous-amendement, invoquant que les
éléments de ces sous-amendements étaient inclus dans la
motion d'amendement qui était devant la Chambre et reconnaissant
actuellement qu'il s'agit d'une autre étape, qu'il ne s'agit pas
uniquement de l'étude faite à la commission, mais de ce qui suit,
en somme, soit le rapport, l'acheminement du rapport et son dépôt
devant l'Assemblée, je dis que c'est un concept ou un
élément nouveau qui n'est pas compris dans la motion
d'amendement, qui a été acceptée et qui porte sur
l'étude même en commission, et, pour toutes ces raisons, j'accepte
ce sous-amendement.
M. Marcel Léger
M. LEGER: M. le Président, sur le sous-amendement qui porte
justement sur le fait que ce rapport nous a été soumis et que le
député de Roberval, président de cette commission, a
joué un rôle prédominant, nous devons soulever la
façon dont ce rapport a été envoyé à
l'Assemblée nationale.
Justement, je voudrais citer de quelle façon le président
de cette commission a pris cette décision, au moment précis
où nous sommes pris entre la décision du président de la
commission, contre laquelle nous n'avions aucun recours et le président
de l'Assemblée nationale qui, lui, ne peut pas disposer de ce rapport,
comme il nous l'a dit hier. Nous sommes pris entre les deux.
C'est la raison pour laquelle nous trouvons que le président de
la commission n'a tellement pas joué le rôle de défenseur
de la minorité. Je cite comment on en est arrivé à ce
point de vue. Voici ce que le président disait au ruban no 56/BJ: "Le
Président (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous plaît! A ce
moment, il était 10 h 3, samedi J'ai une décision à
rendre ce matin. Si vous ne voulez pas y participer et on sait pourquoi,
c'est au moment précis où le député de Maisonneuve
venait de dire que l'assemblée était irrégulière
que rien de ce qui pouvait s'y décider ne pouvait être inclus dans
un rapport à envoyer à l'Assemblée nationale c'est
votre affaire; elle sera inscrite dans le journal des Débats." "Comme,
hier soir, nous en avons discuté, à la fin de la séance,
le ministre de la Justice a proposé l'ajournement des débats
à ce matin, 10 heures, au salon rouge. Nous avons, à plusieurs
reprises, hier soir, référé les règles de pratique
d'une commission parlementaire aux règles établies à
l'Assemblée nationale. Or, le député de Maisonneuve, vers
minuit deux minutes, parlait d'une motion débattable. La com-
mission parlementaire, quelle que soit la longueur ou
l'efficacité de ses travaux, et c'est là que se trouve une
chose bien importante: la conclusion que le député de Roberval,
président de la commission parlementaire, donnait à cette
commission au moment précis où on s'apprêtait à
adopter les différents articles n'a pas pour but de bonifier une
loi qui, de toute façon, à la suite d'un rapport, doit être
soumise aux délibérations de l'Assemblée nationale."
A ce moment-là, le président disait qu'une commission
parlementaire n'a pas pour but de bonifier une loi. Qu'est-ce qu'on fait dans
une commission parlementaire si ce n'est étudier chaque article pour
permettre une amélioration bonifiée en présentant des
amendements? Avant un rapport, il y a l'obligation d'améliorer ou de
bonifier la loi. M. le Président, c'est une phrase bien précise,
typique, qui nous a amené, en plus des autres choses que mes
collègues ont apportées, un point précis qui nous montre
jusqu'à quel point ce rapport, pour nous, quand il a été
acheminé ici, ne contenait pas les possibilités d'être
bonifié. Non seulement parce qu'ils ont siégé à des
heures ou à des moments irréguliers, mais parce que, dans
l'esprit même du président de la commission, il ne fallait pas
bonifier la loi; ce n'était pas le rôle de la commission. Et ce
rapport devait être acheminé par la suite.
Je continue ce que le président disait à ce
moment-là: "Dans ce cas-là, nous nous référons aux
principes de l'Assemblée nationale et, à la suite d'une motion du
leader ministériel, cette semaine, il a été établi
que les heures de session de l'Assemblée nationale étaient de 10
heures à minuit, tous les jours, sauf le dimanche. En transposant
l'Assemblée nationale en commission parlementaire, comme c'est le cas,
évidemment, le leader ministériel devient, en commission
parlementaire, le ministre responsable du projet de loi à
l'étude. Le ministre de la Justice il est 10 h 6 à ce
moment-là, dans la discussion hier soir, a proposé
l'ajournement des travaux de la commission parlementaire à ce matin, dix
heures, en conformité avec l'avis accepté à
l'Assemblée nationale que les travaux parlementaires se feraient tous
les jours de dix heures du matin à minuit le soir." Et là le
président continue, à la page R/57-B/J: "De toute façon,
je l'ai mentionné tout à l'heure, les travaux il
répète, il récidive de notre commission n'ayant pas
comme but de bonifier, mais de soumettre, dans les meilleurs délais
possibles, un rapport à l'Assemblée nationale pour fins
d'étude de rapport et également du projet de loi en question, je
considère que nous pourrions ce matin continuer nos travaux de
manière que nous fassions rapport des travaux de la commission
parlementaire mardi matin à dix heures et que le rapport contienne tout
ce qui est nécessaire suivant la méthode employée ce
matin, pour faire rapport des travaux de la commission à
l'Assemblée nationale."
Le ministre répondait: "Très bien, M. le
Président." Alors le président a dit: "L'honorable ministre de la
Justice." "M. Choquette: M. le Président, je propose qu'on passe
à l'étude de tous les articles du projet de loi no 8, Loi
modifiant de nouveau La loi des tribunaux judiciaires. Article 1. "Et
là, à la suite, nous avons entendu, en l'espace de quelques
minutes, il était 10 h 6: "Article 1? Adopté. Article 2?
Adopté. Article 3? Adopté. Article 4? Adopté." C'est
toujours M. Choquette qui disait "adopté". Une fois c'était "Des
voix" qui disaient "adopté". Et, M. le Président, quand
c'était "Des voix", c'était le député de Saint-Jean
parce que c'est juste là qu'on l'entend...
M. VEILLEUX: Une question de privilège. UNE VOIX: II
n'était pas là.
M. VEILLEUX: Une question de privilège, M. le Président,
que le député de Lafontaine, lise comme il faut...
M. LESSARD: Comme d'habitude.
M. VEILLEUX: Tais-toi Lulu. Que le député de Lafontaine
lise comme il faut le procès-verbal, il va se rendre compte que je ne
suis pas membre de cette commission parlementaire.
UNE VOIX: II ne sait pas lire.
M. VEILLEUX: II est mieux avec ses Prions avec l'Eglise que la lecture
du journal des Débats.
LE PRESIDENT: Le député de Lafontaine.
M. LEGER: M. le Président, de toute façon, si j'ai
interprété "Des voix" comme étant la sienne, c'est que
c'est son habitude, et quand je lui tends l'hameçon il mord
régulièrement. Alors, par la suite...
M. VEILLEUX: II ne perd rien à attendre.
M. LEGER: "... article 10? Adopté." Et là, le rapport. "M.
Choquette: M. le Président, ceci termine l'essentiel des travaux de la
commission. Je voudrais féliciter ici les députés
présents pour leur sens de la coopération et pour leur esprit de
collaboration dans l'étude de ce projet de loi. Je suis sûr que
notre rapporteur..."
Et le rapporteur, M. le Président, qui a fait le sujet d'un
débat assez long, durant toute cette commission parlementaire, avait ce
rôle ingrat, que nous ne pouvons pas accepter, de venir rapporter ici un
projet de loi comprenant dix articles qui ont été adoptés
en vitesse, alors que tous les autres membres de la commission, qui
étaient tous du même parti, n'ont absolument
posé aucune question, proposé aucune amélioration,
parce que le président avait dit qu'une commission ce n'est pas pour
bonifier une loi. A ce moment-là, peut-être que les
députés présents à la commission n'ont
apporté aucun amendement. On a adopté, en l'espace de quelques
secondes, dix articles.
Le rapporteur, qui était le député de Portneuf
cela avait été un choix difficile, on le sait, parce qu'il
y avait plusieurs compétences à cette commission fera un
rapport, comme le disait le ministre de la Justice, qui a été le
premier proposé comme rapporteur pour ce fameux rapport et qui a
dû décliner devant les grandes responsabilités que cela
exigeait. Rapidement, il s'est aperçu qu'il ne pouvait pas faire le
travail et on a pensé à un autre député. Cela s'est
terminé avec le député de Portneuf qui est venu faire un
rapport et on lui a donné comme mandat de faire un rapport tout à
fait approprié quant aux travaux de la commission.
Vous voyez jusqu'à quel point nous sommes pris, ce soir, avec le
rapport d'une commission qui a siégé dans
l'illégalité. Nous n'avions aucun recours contre cette
décision que le président de cette commission prenait. En plus de
cela, le président avait pratiquement défendu à ses
députés de le bonifier. Les représentants du Parti
québécois auraient pu, durant cette commission parlementaire, si
elle avait siégé d'une façon légale, apporter des
amendements. Il me reste une minute; alors, je vais tâcher...
LE PRESIDENT: A peine une minute.
M. LEGER: De toute façon, il me reste un peu moins de temps que
cela n'en a pris pour adopter tout le projet de loi en commission
parlementaire. Nous avions tellement d'amendements à apporter en
commission à ce projet de loi pour le bonifier que nous ne pouvons
accepter que ce rapport soit présenté comme cela à
l'Assemblée nationale, puisque nous n'avons pas pu participer à
bonifier cette loi. C'est la raison pour laquelle je dois malheureusement
terminer, en disant jusqu'à quel point j'appuie le sous-amendement du
député de Maisonneuve.
LE PRESIDENT: L'honorable député de Saguenay .
M. Lucien Lessard
M. LESSARD: Merci, M. le Président.
M. VEILLEUX: Question de règlement. M. le Président,
pourriez-vous appliquer l'article 92 quand le député de Saguenay
s'exprime?
LE PRESIDENT: L'honorable député de Saguenay.
M. LESSARD: C'est fort intelligent, mais il y a une chose, c'est qu'il y
a certains députés qui devraient se lever plus souvent à
l'Assemblée nationale, et ce n'est malheureusement pas le cas du
député de Saint-Jean.
UNE VOIX: II y en a qui sont grands quand ils sont assis.
M. LESSARD: Encore une fois, si nous présentons cette motion,
c'est que, comme Opposition, nous sommes vraiment pris dans un dilemme.
Nous disons que ce rapport est illégal, et j'aurai l'occasion de
le démontrer tout à l'heure. Cependant... Oui, j'aurai l'occasion
de vous expliquer ça tout à l'heure. Maintenant, M. le
Président...
LE PRESIDENT: Voulez-vous vous adresser à la
présidence?
M. LESSARD: D'accord, M. le Président, mais je m'adresse à
vous. Est-ce que le député qui veut intervenir pourrait prendre
sa place? Si le député veut intervenir, M. le Président,
qu'il prenne sa place, c'est un article du règlement que le
député ne connaît probablement pas.
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. BEDARD (Chicoutimi): J'insiste là-dessus, que chacun prenne sa
place.
M. LESSARD: Je suis heureux, M. le Président, d'être
entouré du député de Laurier. Je dis que devant les
procédures illégales qu'on a utilisées pour tenter de nous
empêcher, à la commission parlementaire, de nous exprimer, en
particulier en ce qui concerne la motion présentée par le
député de Maisonneuve, nous avons tenté à plusieurs
reprises d'en appeler à la présidence. En effet, le
député de Maisonneuve a été amené à
utiliser l'article 157 du code Lavoie pour dire au président: Voici,
ça ne fonctionne pas, maintenant, on ne s'accorde pas, est-ce qu'on peut
en appeler au président?
Il est vrai, M. le Président et votre décision de
ce matin était fort valable, je crois qu'il était
impossible, en vertu même des règlements, des anciens
règlements en particulier, le code Geoffrion, absolument impossible d'en
appeler à la présidence de l'Assemblée nationale. Il
fallait absolument en appeler à la Chambre. En effet, l'article 71 de
l'ancien règlement que nous avons utilisé dit très
explicitement: "Une fois que l'Orateur ou le président de la
commission, à ce moment a prononcé, il n'est pas permis de
critiquer sa décision, ni de revenir sur la question
décidée. Mais, tout député peut en appeler de
l'Orateur à la Chambre elle-même, à condition de le faire
immédiatement." Je pense que si on avait utilisé cette coutume,
nous aurions pu obtenir justice. En effet, un article de l'ancien code, le code
Geoffrion, que
les néophytes ne connaissent pas, malheureusement, mais que nous
avons utilisé à maintes et maintes reprises, l'article 326, dit
très bien: "En comité plénier, nul député ne
peut, sur une question d'ordre ou de règlement, en appeler du
président, si ce n'est à la Chambre même."
L'article 332 de ce même règlement mais on ne peut
pas toujours être habile disait...
M. MARCHAND: A la chambre 179.
M. LESSARD: ... "Un député peut toujours, au cours des
opérations d'un comité plénier, proposer que le
président quitte le fauteuil." On aurait pu, encore là, utiliser
cet article. Malheureusement, comme je le disais tout à l'heure, il
arrive que nous fassions, nous aussi, des erreurs au point de vue du
règlement. Bien humblement, je dis qu'il est vrai que, dans la motion
c'était le deuxième point sur lequel je voulais parler cet
après-midi ce n'était pas au président que nous
devions en appeler en vertu de l'article 557, mais que nous devions en appeler
à la Chambre.
Malgré que nous ayons fait une erreur, en particulier, en
utilisant cet article, il nous paraît, en tout cas, que le fait de faire
siéger la commission le lendemain matin, c'était illégal
et je le prouverai pour les néophytes libéraux.
Justement, c'est là qu'on est "poigné" entre la Chambre
verte et la Chambre rouge. Nous autres, ce que l'on veut surtout
là-dedans, c'est faire légaliser une chose qui nous paraît
illégale. Mais on va la faire légaliser de quelle façon?
C'est là le problème, qui nous pose des problèmes
importants, parce qu'il arrive qu'on connaît le règlement, nous
autres, ce qui n'est pas le cas pour les jeunes députés et
même pour le député de Laurier qui n'a jamais eu à
se préoccuper de cet important code Lavoie.
M. MARCHAND: Un problème qui pose des problèmes !
M. LESSARD: Alors, pourquoi disons-nous...
M. MARCHAND: Je ne vous dérange pas trop!
M. LESSARD: Oui, vous me dérangez! Pourquoi disons-nous que ce
rapport est illégal? Parce que, d'abord, on a siégé
illégalement. Pourquoi? Là, je vous reporte encore à
l'ancien code Geoffrion. Le ministre me demandait, ce matin: S'il y a des
règlements, dans le code Lavoie, qui ne sont pas clairs ce qui
est le cas, malheureusement, M. le Président est-ce que l'on peut
s'en rapporter aux auteurs? Alors, dans le code Geoffrion, c'est bien clair
à l'article 101.
A l'article 101 je vais le résumer parce que l'article est
assez long on dit: "Si, à l'heure fixée, la Chambre
siège en comité c'était le cas, la Chambre
siégeait en comité, mais en comité élu le
président du comité, à moins qu'un vote ne soit en cours,
interrompt de la même manière les travaux du comité et,
sans consulter celui-ci, quitte le fauteuil pour faire un rapport à la
Chambre." Il s'agit d'un comité qui est en train de siéger et qui
dépasse l'heure normale de session, ce qui était le cas lorsque
nous discutions de la motion d'ajournement du ministre. Oui, monsieur, en
comité plénier et en comité élu. Dans le code
Lavoie, à l'article 163, c'est exactement la même chose. Cela me
permet de faire mes dix minutes, M. le Président.
Alors, c'est sans consulter le comité.
Qu'est-ce qui arrive dans ces circonstances? C'est que, lorsque la
motion a été présentée par le ministre de la
Justice, il était minuit. Le député de Maisonneuve veut
utiliser, M. le Président, à ce moment-là, la
possibilité d'intervenir, étant donné qu'il a droit
à dix minutes. Il est tout à coup minuit deux minutes. Alors il y
a une chose bien simple. Et là je vois encore le président de la
commission, qui dit: A l'ordre, messieurs! Mais il n'y a plus d'ordre parce
qu'on n'a plus le droit de siéger.
Donc, une chose est importante. C'est qu'il y a deux articles dans le
nouveau code Lavoie concernant la convocation des commissions. Il y a l'article
150 et l'article 140. L'article 150, M. le Président, est très
clair. Il est vrai que les commissions peuvent siéger en tout temps.
Mais je me permets de lire, en concluant: Peuvent siéger en tout temps
en vertu de l'article 150, mais quand l'Assemblée nationale
siège. Mais en vertu de l'article 140, quand l'Assemblée
nationale...
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Votre temps est expiré. Qui est le
prochain orateur?
M. LESSARD: M. le Président, je continuerai à la prochaine
motion.
M. BURNS: Sur une question de règlement, M. le Président,
je vous demande tout simplement de remarquer le déplacement d'un certain
nombre de vestiges libéraux qui se sont approchés de nos
orateurs. Je vous demande également de remarquer le nombre
d'interventions qui sont contraires à l'article 26 de notre
règlement qui commencent à se faire. M. le Président, je
tiens à vous avertir que personnellement, comme leader parlementaire de
l'Opposition, je ne pourrai pas les accepter longtemps. Je suis convaincu que
vous allez m'appuyer là-dessus...
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Je ne l'accepterai pas non plus.
M. BURNS: ... que vous ne pourrez pas, vous non plus, accepter des
interventions des orateurs...
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): D'accord, d'accord.
M. BURNS: ... sur une motion parfaitement régulière que
votre...
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Je comprends.
M. BURNS: Vous comprenez ce que je veux dire, M. le
Président?
M. MORIN: Je pourrais dire, M. le Président, que je suis
étonné sur le point de règlement également
que vous ne soyez pas intervenu.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Sur le point de règlement, j'ai
assez d'éclaircissements. Maintenant, sur l'amendement.
M. Jacques-Yvan Morin
M. MORIN: M. le Président, je voudrais appuyer le sous-amendement
du leader de l'Opposition. Le rapport qui nous a été soumis
était vicié ab initio. Il était sans valeur. Et en
permettant qu'il soit soumis à cette Chambre, le président de la
commission, à notre avis, ne s'est pas montré impartial, n'a pas
fait preuve de ces qualités d'objectivité et de neutralité
dont nous parlions plus tôt aujourd'hui.
M. le Président, pour bien comprendre pourquoi ce rapport
était vicié à l'origine même, il faut revenir
à la question de l'ajournement, dont je traiterai en premier lieu, et
ensuite, s'il me reste de la voix et ceci sans jeu de mots je
traiterai du recours que nous avons tenté d'avoir à cette
Assemblée au sujet de ce rapport.
Il y a deux façons, M. le Président, d'obtenir un
ajournement conforme aux règles en vigueur dans cette Assemblée
et dans ces commissions. La première, c'est par un vote à la
suite d'une motion faite en vertu de l'article 157 du règlement. Je vous
rappelle la dernière phrase de l'alinéa premier: "En commission
élue, un député peut proposer que la commission ajourne
ses travaux". L'alinéa second dit que "ces motions car il peut y
en avoir plusieurs sont mises aux voix, sans amendement, et elles ne
peuvent être faites qu'une fois au cours d'une séance, sauf par un
ministre.
Elles ne peuvent être débattues, sauf qu'un
représentant de chaque parti reconnu peut prononcer un discours de dix
minutes chacun à leur sujet".
Si la procédure s'oriente de cette façon,
c'est-à-dire vers un ajournement par le truchement d'un vote, ce vote
doit naturellement avoir lieu. Or, j'en prends le ministre de la Justice
à témoin, ce vote n'a pas eu lieu. Mais, péremptoirement,
je dirais même arbitrairement, le président a, dans une seule
phrase, de guerre lasse, peut-être, mais, peu importe la raison, le
président, qu'il soit harcelé ou pas, qu'il soit d'accord sur ce
qu'il entend au cours d'une session ou qu'il ne l'entende pas, qu'il ne soit
pas d'accord, le président, dis-je, doit demeurer impartial...
Or, vous avez pu constater dans la transcription de la commission, au
ruban no 55/BJ, à la page 1, qu'il est dit clairement par le
président que la séance est ajournée au lendemain, dix
heures, sans que ce vote ait eu lieu.
Ce vote, d'ailleurs, ne pouvait avoir lieu après minuit, car le
règlement est ainsi fait que les commissions sont un peu comme
Cendrillon. Sous le coup de minuit, elles doivent rentrer; dans le coup de
minuit, tout ce qu'elles pourraient être appelées à faire
par la suite devient nul, non avenu, comme non existant.
Or, dans le cas qui nous intéresse, non seulement tout ce qui
s'est fait après minuit ce soir-là, mais tout ce qui a suivi le
lendemain, le samedi, était frappé de la même
nullité.
Une autre façon dont l'ajournement peut avoir lieu, c'est de
consentement. Je voudrais à cet égard citer le paragraphe 303,
alinéa 3, de Beauchesne, Précis de procédure
parlementaire, quatrième édition. Il est bien dit dans ce passage
ce qui suit: "Ces comités il s'agit des commissions permanentes,
c'est le langage outaouais doivent régulièrement
s'ajourner d'un jour à un autre. Il arrive fréquemment que le
président détermine le jour et l'heure de la réunion
c'est ce qui a été fait dans le cas qui nous
intéresse mais pour cela ajoute Beauchesne il faut
l'assentiment général du comité".
Or, cet assentiment n'a pas été donné. On peut bien
dire, on peut soutenir que la motion d'ajournement aurait pu être faite
plus tôt. C'est une question de stratégie. Mais elle ne l'a pas
été, et pourquoi donc? Le principal responsable du parti
régnant, le ministre de la Justice, rêvait à ce moment. Il
rêvait, en tout cas il dormait. Je ne veux pas savoir à quoi il
rêvait. Rêvait-il à sa fin de semaine en ski? Je n'en sais
rien. Rêvait-il au soleil que je lui souhaite pour ses vacances,
bientôt, et que je souhaite à tous les membres de cette Chambre?
Je n'en sais rien. Mais je puis vous dire: Le ministre n'était pas
pleinement présent au moment où cette motion aurait pu être
faite.
J'ai commencé ce matin à citer certains passages qui le
démontraient amplement. Je voudrais en citer encore deux autres, que je
n'ai pas eu l'occasion de citer.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): ... la pertinence du débat avec le
sous-amendement, on doit parler du rapport.
M. MORIN: Oui, c'est parce que le rapport, comme je l'ai dit au
début... M. le Président, vous avez eu un entretien assez long
avec le président de cette Chambre pendant que j'expliquais le
cheminement de ma pensée et vous n'avez peut-être pas tout saisi
comment ce que je suis en train d'expliquer est relié au vice
fondamental qui entache le rapport lui-même.
Je voudrais citer, par exemple,... Le ministre
nous a dit, au cours de cette soirée : "J'aurais pu faire ma
motion vers 10 heures." Eh bien, à 22h 41, ruban 37-B/J page 1,
je disais, en voyant que le ministre dormait: "Les hommes passent, M. le
Président le ministre de la Justice, d'ailleurs, est visiblement
déjà un peu passé ce soir les hommes passent mais
les fonctions demeurent." Le ministre, littéralement à ce
moment-là, était pour employer une expression très
savante qu'il a employée cet après-midi le ministre
était "superfétatoire." Autre citation qui tend à le
démontrer, M. le Président, à 22 h 45, ruban 38-B/J
page 1, je disais: "Le ministre de la Justice, je voudrais bien pouvoir lui
chanter une berceuse en ce moment." C'était une façon
délicate, M. le Président, d'attirer l'attention du
président de la commission sur le fait que son voisin dormait
profondément.
Quant au président, je voudrais citer, peut-être en
terminant, une phrase prononcée à 23h 5. Le président
riait, à ce moment-là, et je disais, constatant ce rire: "M. le
Président, c'est au ruban 42-B/J page 1 je trouve
que vous avez l'air de prendre très à la légère des
questions très sérieuses et si je n'avais le respect que j'ai
pour la fonction que vous occupez, pour le fauteuil que vous occupez, je serais
navré de constater que vous puissiez rire à ce point d'une
question très sérieuse." M. le Président, je n'ai pas
terminé mon argumentation, je reviendrai tout à l'heure.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Vous avez fini votre temps.
M. MORIN: Merci.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Le député de Chicoutimi.
M. BEDARD (Chicoutimi): M. le Président, écoutez-le, vous
allez voir si on répète la même chose, ça peut vous
permettre de dormir...
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): A l'ordre!
M. BEDARD (Chicoutimi): ... ou de lire votre journal.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): A l'ordre! Ecoutez-le parler.
M. Marc-André Bédard
M. BEDARD (Chicoutimi): Merci, M. le Président. Merci de ramener
l'ordre, c'est là qu'on voit l'importance des règlements; si on
n'avait pas les règlements qui permettent au président de
l'Assemblée nationale de ramener l'ordre au sein de cette
Assemblée, on serait dans l'anarchie totale qui ne serait pas
provoquée cette fois-ci par des péquistes ou des
séparatistes mais par, comme le disent les libéraux, les gens
d'en face.
M. le Président, je voulais parler sérieusement, les
interruptions nous empêchent toujours de parler sérieusement. Vous
avez d'autres choses à dire? En ce qui me regarde, vous ne me voyez pas
souvent la tête tournée vers les journalistes quand j'ai à
parler.
UNE VOIX: ... le chef de l'Opposition...
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): A l'ordre, s'il vous plaît !
M. LESSARD: M. le Président... UNE VOIX: Le chef de
l'Opposition...
M. BEDARD: Laisse faire ça. Alors, M. le Président...
Très heureux, on voit qu'il a de la culture, il accepte d'écouter
l'honorable ministre des Affaires culturelles.
M. le Président, si on me le permet, on va essayer de montrer
légalement la suite logique, normale et légale de l'amendement du
sous-amendement qui a été apporté par le leader
parlementaire de l'Opposition, lequel amendement pour ceux qui ne le
savent pas se lit comme suit: "A l'effet d'avoir permis au rapporteur de
la commission de la justice de soumettre à l'Assemblée nationale
un rapport irrégulier, le mardi 17 décembre 1973."
Il est évident, M. le Président, que pour avoir une suite
logique il nous fallait faire cet amendement-là. C'est la suite logique
de la proposition principale de ce que nous débattons, à l'effet
que la commission a siégé illégalement, a
siégé dans l'illégalité et que effectivement, si la
commission a siégé dans l'illégalité, elle ne peut
avoir accouché que d'un rapport illégal.
On peut ne pas avoir raison concernant le fait de soutenir qu'elle a
siégé légalement ou illégalement, mais, à
partir du moment où nous posons comme base et c'est ce que fait
l'Opposition que la commission a siégé
illégalement, elle ne peut faire autrement que d'accoucher d'un rapport
illégal. Et, tout rapport qui doit être déposé
devant cette Chambre doit être un rapport qui doit revêtir le
caractère de la légalité.
On n'est pas sur la motion principale on est sur l'amendement. Vous
m'obligez...
M. VEILLEUX: Je parle avec le député de Maisonneuve.
M. BEDARD (Chicoutimi): Ah bon! Le député de Saint-Jean
parlait tellement fort que j'avais l'impression qu'il avait entrepris un
dialogue avec moi.
M. VEILLEUX: J'invoque le règlement, M. le Président. Je
tiens à vous dire que c'est le député de Maisonneuve qui
est venu nous
interrompre dans notre lecture du règlement. Alors je lui
répondais.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): A l'ordre!
M. BURNS: Je tiens à dire tout simplement que les regards
inquiets des députés libéraux qui se trouvent à ma
gauche ont provoqué ma question à leur endroit. C'est uniquement
à ce niveau-là que je suis intervenu.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Le député de Chicoutimi.
M. BURNS: Je m'excuse auprès du député de
Chicoutimi si je suis intervenu.
M. BEDARD (Chicoutimi): Soyez sans crainte, vous ne réussirez
jamais à me mêler, en ce qui me regarde.
M. MARCHAND: Non?
M. BEDARD (Chicoutimi): Alors, je continue, M. le Président. Pour
être logique, à partir du moment où nous croyons que la
commission de la justice a siégé illégalement, et
qu'à ce moment-là elle ne pouvait que rendre un rapport
illégal, il nous fallait nécessairement faire cet amendement, par
lequel nous nous opposons fortement à ce que ce rapport, que nous
croyons illégal parce qu'issu de la tenue d'une commission qui a
siégé illégalement, soit déposé devant la
Chambre.
D'ailleurs, M. le Président, pour soutenir jusqu'à quel
point ce rapport est illégal, vous le savez, on a rappelé
à un moment donné deux articles qui, à mon sens, sont
liés les uns aux autres, entre autres l'article 163, qui dit ceci: "A
moins de dispositions contraires, les règles relatives à
l'Assemblée s'appliquent aux commissions", mutatis mutandis. Et si on
vient au contenu de l'article 10, nous voyons que cet article énonce
d'une façon très claire les fonctions du président de la
Chambre et en vertu de l'article 63, conséquemment à l'article
163, les fonctions d'un président de commission. L'article 10 stipule
entre autres que le président de la commission fait l'ouverture, dans un
premier temps, et annonce la clôture des séances: 2) Qu'il
préside les séances, sauf pendant que l'Assemblée
siège en commission; 3) Qu'il maintient l'ordre et qu'il exerce tous les
pouvoirs requis à cette fin pour ce qui est de l'ordre, du maintien de
l'ordre. Eh bien, mes collègues de l'Opposition ont eu l'occasion de
parler un peu tout à l'heure non pas de l'ordre, mais du désordre
qui pouvait régner à ce moment-là étant
donné l'heure tardive. Egalement, 4) Le président de la
commission fait observer le règlement et dirige les travaux de
l'Assemblée; 5) II met les motions en délibération et les
questions aux voix et proclame le résultat des votes. Comme on le sait,
dans ce cas-là, on a soutenu que la commission siégeait
illégalement, parce qu'effectivement on n'avait pas permis que
l'ajournement se fasse au moyen d'une motion et que, cette motion étant
présentée, il puisse être permis, comme le règlement
le dit très spécifiquement, à chacun des
représentants des partis reconnus de faire valoir leur point de vue ou
de résumer de la façon la plus succincte possible la position de
leur parti face aux sujets qui ont été débattus à
la commission parlementaire.
Egalement, on peut voir que le président de la commission doit,
après une conférence avec les leaders parlementaires des partis
reconnus, organiser des débats restreints nonobstant les dispositions de
l'article 04 et de l'article 102 disons que cela n'entre pas dans le
débat présentement qu'il représente
l'Assemblée et en signe les documents, qu'il administre les services de
l'Assemblée et qu'il exerce tous les autres pouvoirs qui sont
nécessaires à l'accomplissement de ses fonctions et au maintien
des privilèges de l'Assemblée.
A partir du moment où une commission parlementaire siège,
il est évident qu'un des privilèges de l'Assemblée, je
crois, est d'avoir un rapport des délibérations qui ont
été faites à cette commission.
Egalement, c'est le devoir du président de la commission de voir
à exercer tous les autres pouvoirs qui sont nécessaires à
l'accomplissement de ses fonctions. Entre autres, dans le cas présent,
un des devoirs du président de la commission est de voir à ce que
le rapport, qui est issu des délibérations de la commission
parlementaire, se rendre là où il doit se rendre, à savoir
à l'Assemblée nationale.
Il est évident qu'à partir du moment...
LE PRESIDENT: Non. Cela va. J'indiquais qu'il vous restait une
minute.
M. BEDARD (Chicoutimi): Je pensais que vous vouliez parler.
LE PRESIDENT: Non.
M. BEDARD (Chicoutimi): Si je me suis permis d'élaborer du mieux
que je le peux la suite logique du sous-amendement qui a été
présenté par le leader de l'Opposition, c'est tout simplement
pour essayer d'expliciter en termes de procédure que ce sous-amendement
présenté n'est pas futile, mais qu'au contraire il est une suite
logique de l'amendement que nous avions proposé. En effet si nous de
l'Opposition voulons être logiques, et nous le sommes, à partir du
moment où nous affirmons qu'une commission parlementaire a
siégé illégalement, il nous faut nécessairement
nous opposer à tout ce qui sort de cette commission, à tout ce
qui est issu ou qui découle de cette commission qui a
siégé illégalement. Il faut donc nous opposer à ce
que tout rapport de cette commission qui a siégé
illégalement se rende à l'Assemblée natio-
nale et, de ce fait, revête un caractère de
légalité qu'on ne lui reconnaît pas.
LE PRESIDENT: L'honorable député de Saint-Jacques.
M. Claude Charron
M. CHARRON: Merci, M. le Président. Nous devons ajouter au
blâme que nous faisons porter, depuis le début de cette
séance, sur le député de Roberval quant à sa
conduite lors de la commission parlementaire qui nous a permis d'étudier
le projet de loi par lequel le gouvernement libéral entend engraisser
une catégorie de citoyens, qui fait déjà $28,000 par
année d'un supplément de Noël de $100 par semaine. C'est ce
débat qui, comme je vous le disais lorsque je suis intervenu sur la
motion d'amendement du député de Saguenay, s'est terminé
d'une façon illégale. En effet, sans en avoir le droit, le
député de Roberval a de lui-même, faisant fi des
dispositions et de l'article 148 et de l'article 77, ajourné le
débat d'un seul coup et proclamé du haut de sa chaire, sans en
avoir aucun droit ni dans la procédure passée, ni dans la
procédure actuelle, qu'il se tiendrait une séance de la
commission parlementaire de la justice le lendemain matin.
Or, le lendemain matin, le ministre et son troupeau de "backbenchers" se
sont présentés à la commission parlementaire,
c'est-à-dire dans la même enceinte où la veille,
s'était tenue effectivement une réunion légale, en bonne
et due forme, de la commission parlementaire. C'était un caucus
libéral, ni plus ni moins, duquel aucun rapport en bonne et due forme
devant affecter et prendre ne serait-ce que cinq minutes du temps sacré
de l'Assemblée nationale ne devait, à ce moment-là,
parvenir pour occuper nos travaux et justifier les motions que nous
présentons aujourd'hui.
Ce caucus libéral n'est pas simplement improductif. On
connaît les pressions qu'il a faites pour faire retarder des lois, par
exemple, sur la Régie des loyers ou pour paralyser certaines
réformes sociales. Non, ce matin-là, le caucus libéral
qu'a malheureusement interrompu mon collègue de Maisonneuve, a produit.
Il a produit un rapport qui, sans en avoir la forme, M. le Président,
était quand même l'équivalent de l'espèce
d'uniformité de pensée, de stéréotype et, en fin de
compte, de pauvreté spirituelle qu'on peut retrouver chez ces gens,
puisque selon les tableaux mêmes des transcriptions du journal des
Débats, en une minute et demie ou à peu près, les articles
du projet de loi 8 étaient adoptés.
Je dois vous dire aussi, M. le Président, que la commission
j'ai assisté à la commission, sans en être membre
avait mis beaucoup de temps à se trouver un rapporteur. Il nous a
fallu éplucher l'un après l'autre chacun des nouveaux
spécimens libéraux que la dernière élection nous a
apportés et, finalement, nous rabattre, comme pis-aller, sur celui que
le ministre de la Justice insistait pour gratifier de l'honneur d'être le
rapporteur de cette commission. C'est donc lui qui a eu la fonction de faire un
rapport illégal, que le député de Roberval, comme
président, a laissé aller jusqu'à cette enceinte de
l'Assemblée nationale et qui, normalement, à moins que la Chambre
ne soit de notre avis, ne devrait pas occuper les prochaines minutes de cette
Assemblée, puisque, du début jusqu'à la fin, il ne
comporte aucune forme de régularité.
Ce rapport a été fait et le débat a eu lieu au
moment où des députés de l'Opposition avaient
été privés de leurs droits par le même
député de Roberval. Il est porteur d'une fausse unanimité
de la commission. Il ne fait pas état des amendements que l'Opposition
était en droit de présenter. En effet, on lui a interdit de les
faire, puisqu'on avait convoqué cette commission parlementaire à
un moment où elle n'avait pas le droit de siéger, vu qu'elle
n'avait reçu à cet effet aucun vote de la commission, ni aucun
ordre de la Chambre. C'est donc ce méli-mélo libéral quant
au rapport présenté, hier, à l'attention de
l'Assemblée nationale, que le député de Roberval s'est
trouvé à laisser aller, en cautionnant de sa présence de
vice-président de l'Assemblée nationale une réunion de
députés libéraux qui avait été
convoquée, samedi matin, je crois, au salon rouge où la veille,
nous avions tenu une séance de la commission parlementaire de la
justice.
Je ne peux donc pas accepter, M. le Président, que ce rapport
soit considéré comme l'opinion des membres de l'Assemblée
nationale. Si vous relisez la transcription, c'est encore plus instructif que
le rapport lui-même. On entendait: Article 1? de la part du
député de Roberval et le ministre, député
d'Outremont, répondait: Adopté et automatiauement vous entendiez
le choeur des "backbenchers". Adopté. Article 2? Le ministre de la
justice disait: Adopté et les "backbenchers", d'un seul bond:
Adopté. Lisez la transcription des débats de samedi matin, M. le
Président. Le caucus a bénéficié, je dois le dire,
de tous les services du journal des Débats, à ce
moment-là. Le caucus libéral peut remercier les services de
l'Assemblée nationale de les avoir dérangés, samedi matin,
pour venir enregistrer cette séance absolument ridicule. Mais c'est
pourtant le fruit de cette séance ridicule qu'un "backbencher"
libéral, nommé rapporteur, a eu l'occasion, mardi dernier, de
venir présenter à cette Chambre.
C'est encore ce rapport qui figure au feuilleton de notre
Assemblée et qui, d'un moment à l'autre, lorsque nous aurons
disposé de la motion de sous-amendement présentée par le
député de Maisonneuve, de la motion d'amendement
présentée par mon collègue de Saguenay et de la motion de
censure à l'endroit du député de Roberval,
vice-président de la Chambre, pour une conduite partiale à
l'intérieur d'un débat, lorsque nous aurons donc
disposé
de ce débat, qui nous occupe depuis le matin, il est bien
possible que le leader du gouvernement appelle à l'ordre de nos travaux
un rapport c'est parfaitement son droit attire l'attention de la
Chambre, occupe le temps de la Chambre sur un rapport qui, depuis le
début jusqu'à la fin, n'a aucune espèce de forme de
légalité. S'il n'en a pas, ce n'est pas aux derniers-nés
de la députation libérale qu'il faut s'en prendre, puisque, de
toute façon, ils n'évolueront pas d'un seul pouce au cours des
quatre prochaines années, mais c'est au vice-président de
l'Assemblée nationale, qui, lui, était à ce moment
président de la commission, qu'il faut aujourd'hui porter le
blâme. Nous ne pouvons pas attaquer des innocents. Nous ne pouvons faire
porter le blâme sur des gens qui ne connaissent rien à la
procédure et qui connaissent encore moins que rien au projet de loi
qu'ils ont adopté, puisqu'il suffisait d'un mot du ministre de la
Justice pour qu'immédiatement le troupeau se mette à bêler
à la suite et répéter exactement le même mot.
LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. CHARRON: Ce n'est pas ça, M. le Président.
LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît! M. CHARRON: Ce n'est pas
ça.
LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre! A l'ordre, s'il vous
plaît!
Je voudrais rappeler à la mémoire de l'honorable
député de Saint-Jacques l'article 99 du règlement. Je
crois que deux ou trois paragraphes pourraient s'appliquer au ton de son
discours. Le paragraphe 7: "D'attaquer la conduite d'un membre de
l'Assemblée, sauf à l'occasion d'une motion mettant sa conduite
en question"; ce n'est pas tellement ce paragraphe. Le paragraphe 8: "De se
servir d'un langage violent ce n'est pas le cas ou blessant
à l'adresse de qui que ce soit ou irrespectueux pour
l'Assemblée". Je crois qu'il dépasse peut-être un peu les
bornes...
M. MORIN: M. le Président,...
LE PRESIDENT: Un instant, je n'ai pas terminé.
M. MORIN: D'accord, M. le Président.
LE PRESIDENT: Je n'ai pas terminé. Je crois que le langage dont
s'est servi le député de Saint-Jacques est quand même un
peu irrespectueux et blessant à l'endroit de ses collègues. Vous
savez, "troupeau", et tout ça, quand même... On a le droit d'avoir
des adversaires politiques, et tout. Cela est de jeu et c'est de bonne guerre.
Mais ses collègues ont quand même eu, de quelque parti qu'ils
soient je ne permettrais pas cela de ma droite si c'était
adressé vers ma gauche un certain mandat populaire. Ce n'est
qu'une remarque à l'occasion de ce discours. Je crois que c'est blessant
à l'adresse de ses collègues de l'Assemblée.
M. MORIN: M. le Président, je voudrais simplement attirer votre
attention sur le fait que ce langage, nous n'avons pas été ceux
qui en ont pris l'initiative. Depuis le début de cette séance et
même depuis le début de la journée, il est très
fréquent et cela n'a pas pu échapper à vos oreilles
qu'un langage abusif soit utilisé à l'endroit de
l'Opposition.
Puis-je souhaiter simplement, pour clore l'incident, que vos oreilles
soient tendues des deux côtés de la Chambre?
LE PRESIDENT: Ecoutez, un instant... M. HARDY: Un peu de respect.
LE PRESIDENT: Quand même, je dois faire une distinction, et cela
est reconnu par notre tradition parlementaire et par notre règlement
présent ou passé. Je pense bien que le député de
Maisonneuve sera d'accord avec moi sur le fait qu'on doit faire une distinction
entre celui qui a la parole et celui qui lance des qualificatifs ou des
épithètes. L'ancien règlement était même plus
précis. C'est considéré, dans notre droit parlementaire,
comme du bruit ou un peu de désordre. Il y a quand même une
distinction entre celui qui a la parole et un autre qui n'a pas la parole. La
preuve, c'est que celui qui a la parole est vraiment transcrit au journal des
Débats et que ses paroles lui sont attribuées, alors que,
souvent, les invectives peuvent venir d'une partie de l'Assemblée sans
venir à l'oreille du président. Souvent, au journal des
Débats, on voit: Des voix, ou autrement. Je pense qu'il y a une
distinction à faire, en l'occurence.
L'honorable député de Saint-Jacques.
M. CHARRON: Ce n'est donc qu'au député de Roberval que
nous pouvons nous en prendre puisque le poste qu'il occupe, la fonction qu'il
avait de par votre mandat, je crois, d'aller occuper le siège de la
présidence de la commission de la justice, à ce moment-là,
le rendait en quelque sorte responsable du début à la fin des
séances de cette commission. Comme l'a signalé le
député de Maisonneuve, avec raison je crois, dans la
présentation de son amendement, le député de Roberval n'a
pas eu des attitudes fautives tout au long de la commission parlementaire.
Mais, à certains moments, il a véritablement commis des
bévues que nous avons eu l'occasion de relever cet après-midi et
le sous-amendement du député de Maisonneuve en est un autre
exemple.
Il a laissé siéger une commission illégalement, il
s'y est rendu, il a même présidé les séances de
cette commission, il a cautionné l'unanimité fausse de la
commission alentour
d'un projet de loi et a laissé un député
mandaté expressément par le ministre de la Justice être le
rapporteur de cette fausse commission, d'un faux rapport créant une
fausse impression sur un faux débat de la commission parlementaire. Je
dis que c'est le député de Roberval, par le poste qu'il occupait,
qui est responsable du fait que ce rapport occupe maintenant une place dans le
feuilleton de notre Assemblée.
C'est donc pour lui que le député de Maisonneuve a fait
son sous-amendement et c'est exactement pour cette raison que je l'appuie, M.
le Président.
DES VOIX: Vote!
LE PRESIDENT: L'honorable député de Rouyn-Noranda.
M. Camille Samson
M. SAMSON: M. le Président, nous aurons l'occasion, en tant que
députés, d'être invités à voter sur
l'amendement qui nous est présenté ainsi que sur la motion qui a
été présentée ce matin.
Quant à nous, M. le Président, vous avez probablement
remarqué que nous nous sommes abstenus de participer à ce
débat durant toute la journée mais, puisque nous aurons à
voter, nous croyons raisonnable de vous dire, M. le Président, que
depuis le début nous n'avons pas encore réussi à
comprendre l'utilité de ce genre de débat.
UNE VOIX: Nous non plus!
M. SAMSON: Les propos qui nous sont venus de part et d'autre en cette
Chambre ne nous ont pas convaincus de l'utilité de continuer. C'est
pourquoi, M. le Président, la motion qui est en discussion...
LE PRESIDENT: La motion!
M. SAMSON: Je pense que j'étais sur le sujet quand même.
Nous avons le droit de dire pourquoi nous voterons pour ou contre ou pourquoi
nous ne voterons pas et les raisons que je viens de vous mentionner. Pour ne
pas allonger le débat, je ne mentionnerai pas d'autres raisons mais je
vous dis, M. le Président, que compte tenu du fait qu'on n'est pas
convaincu de l'utilité de ce genre de débat nous nous
abstiendrons de voter.
LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a d'autres membres de la Chambre...
DES VOIX: Vote! Vote!
LE PRESIDENT: Nous allons procéder à la mise aux voix du
sous-amendement.
M. BURNS: Je demande le vote enregistré, M. le
Président.
LE PRESIDENT: Qu'on appelle les députés!
Vote sur l'amendement de M. Burns
LE PRESIDENT: Que ceux qui sont en faveur de la motion de
sous-amendement de l'honorable leader parlementaire de l'Opposition officielle
veuillent bien se lever, s'il vous plaît.
LE SECRETAIRE ADJOINT: MM. Morin, Burns, Léger, Charron, Lessard,
Bédard (Chicoutimi).
LE PRESIDENT: Que ceux qui sont contre cette motion veuillent bien se
lever, s'il vous plaît.
LE SECRETAIRE ADJOINT: MM. Levesque, Mailloux, Choquette, Garneau,
Cloutier, Lalonde, Goldbloom, Quenneville, Mme Bacon, MM. Hardy, Tetley,
Drummond, Bienvenue, Forget, Harvey (Jonquière), Arsenault, Desjardins,
Giasson, Brown, Fortier, Kennedy, Bacon, Blank, Veilleux, Saint-Hilaire,
Brisson, Séguin, Saindon, Houde (Limoilou), Lafrance, Pilote, Ostiguy,
Fraser, Picard, Gratton, Assad, Carpentier, Faucher, Marchand, Harvey
(Charlesbourg), Larivière, Springate, Bellemare, Bonnier, Boudreault,
Boutin (Johnson), Boutin (Abitibi-Ouest), Côté, Denis,
Déom, Déziel, Harvey (Dubuc), Lachance, Lapointe, Lecours,
Malépart, Malouin, Pagé, Parent (Prévost), Picotte,
Tardif, Tremblay, Verreault.
Deux abstentions: MM. Samson et Roy.
LE SECRETAIRE: Pour: 6
Contre: 63
Abstentions: 2
LE PRESIDENT: Le sous-amendement est rejeté. Nous revenons
à la motion d'amendement.
M. LEVESQUE: M. le Président, est-ce que je pourrais avoir le
texte de la motion d'amendement?
LE PRESIDENT: Le texte de la motion d'amendement. "Lors de
l'étude en commission parlementaire de la justice du projet de loi 8..."
En avez-vous une copie?
M. LEVESQUE: M. le Président...
LE PRESIDENT: L'honorable leader parlementaire du gouvernement.
M. Gérard-D. Levesque
M. LEVESQUE: M. le Président, cette motion d'amendement a pour
effet, il me semble, de limiter jusqu'à un certain point la
portée de la motion principale, motion principale que je pourrais
qualifier de futile, d'injuste en plus d'être dilatoire...
UNE VOIX: Fourberie.
M. LEVESQUE: ... mais il faut, je crois, M. le Président, se
limiter à cet amendement qui se lit: "Lors de l'étude en
commission parlementaire de la justice du projet de loi 8..." Si je comprends
bien, je suis limité, à ce moment-ci, à l'étude, en
commission parlementaire de la justice, du projet de loi 8. Vous me permettrez
de vous dire que, quant à nous, nous croyons, bien objectivement, que le
vice-président de l'Assemblée nationale et président de la
commission parlementaire a agi comme d'habitude avec compétence,
objectivité et intégrité. Il faut bien comprendre que nous
sommes au milieu d'une procédure de "filibustering" reconnue par
l'Opposition officielle, procédure dont l'Opposition officielle a dit
vouloir se servir jusque dans son plus grand raffinement. Alors, on peut
comprendre que lorsque l'on se réfère dans cet amendement, lors
de l'étude en commission parlementaire de la justice, au projet de loi
8, il est clair que cette accusation n'est qu'une accusation de forme
évidemment qui fait partie d'un "filibustering" général
qu'à bien avoué, candidement, l'Opposition officielle.
Alors, M. le Président, l'Opposition elle-même a reconnu
les grandes qualités et j'en rends témoignage au leader
parlementaire de l'Opposition officielle, le député de
Maisonneuve par la voix du député de Maisonneuve, a
reconnu la gentilhommerie du vice-président de l'Assemblée
nationale et a souligné ses états de service et également
n'a pas ménagé les éloges à son endroit. On voit
bien qu'il s'agit là simplement d'une forme de "filibustering" que nous
avons devant nous. Lorsque l'on prend ça comme ça, on comprend,
M. le Président, que, sur le fond de la question, c'est-à-dire ce
qui est à l'étude en commission parlementaire, on peut se
rappeler fort bien que nous n'avons aucun blâme à faire ici, comme
membres de l'Assemblée nationale, quant à la conduite du
président de la commission. En effet, il n'a fait aucun accroc à
la procédure. J'ai eu l'occasion de le dire il y a déjà
plusieurs heures, sinon quelques jours, je ne me rappelle pas au juste à
quel moment se situaient mes propos, mais je sais fort bien qu'à un
moment donné j'ai eu l'occasion d'expliquer à la Chambre ce qui
s'était passé, et ce qui s'était passé était
en vertu non seulement de la lettre mais également de l'esprit de notre
règlement.
Vous savez que je n'ai pas besoin de vous rappeler les dispositions de
notre règlement, particulièrement à l'article 163,
où l'on dit expressément qu'à moins de dispositions
contraires les règles relatives à l'Assemblée s'appliquent
aux commissions.
On devrait se le rappeler particulièrement, du côté
de l'Opposition officielle, parce qu'on s'est opposé d'une façon
assez violente à cette procédure. On se rappelle la motion de fin
de session que j'ai moi-même présentée et qui indiquait
précisément les nouvelles heures des travaux de notre groupe,
jusqu'à l'ajournement. On avait bien indiqué dans cette motion
qui a été adoptée par la Chambre que les travaux se
poursuivraient tous les jours de la semaine, sauf le dimanche, de dix heures du
matin jusqu'à minuit, sauf les heures des repas.
Alors, M. le Président, je reviens à l'article 163: A
moins de dispositions contraires, les règles relatives à
l'Assemblée s'appliquent aux commissions. Or, la commission
parlementaire de la justice était soumise dans ce cas-là aux
mêmes heures que celles de la Chambre. Je soumets respectueusement
également qu'il n'y avait même pas besoin de motion d'ajournement,
si on suivait les heures ainsi prévues.
Il ne s'agissait au président que de se lever à l'heure de
minuit, au son de minuit comme dirait le chef parlementaire de l'Opposition
officielle et à ce moment-là, automatiquement, les travaux de la
commission se poursuivaient à dix heures de la matinée le
lendemain, soit le samedi. M. le Président, ça c'est notre
règlement et le règlement a été suivi et par le
président et par la commission, dont les membres et lui-même, le
président, se réunissaient à dix heures du matin. C'est
tellement le cas qu'il n'y avait même pas de doute dans l'esprit du chef
parlementaire de l'Opposition officielle, le député de
Sauvé, qui continuellement, au cours de la soirée de vendredi,
parlait toujours de ce qu'il allait faire le lendemain matin à la
commission.
Nous avons eu l'occasion de le citer abondamment, ce qui lui fait
toujours plaisir, soit dit en passant. Quant au député de
Maisonneuve, lui qui n'assiste jamais à ma connaissance au caucus du
Parti libéral, il était présent à ce qu'il a
qualifié ainsi. Quelle coicidence ! On voit bien que le
député de Maisonneuve, le leader parlementaire de l'Opposition
officielle, savait fort bien que la commission devait siéger samedi
matin à dix heures. Il était lui-même présent pour
constater ce qu'il savait, mais pour y ajouter un peu de l'humour qui le
caractérise.
M. le Président, l'article 150, d'ailleurs, est très
explicite. L'article 150 prévoit que les commissions élues
peuvent siéger en tout temps et l'article 140 indique la façon
que l'on doit donner un avis à l'Assemblée pour la tenue d'une
commission. Or, je ne me suis pas contenté d'un simple avis. Je suis
allé plus loin que le règlement même le prévoit, me
fiant un peu à ma connaissance personnelle de nos amis d'en face et
surtout me reportant à un vieil adage "Trop fort ne casse pas". J'ai
donc pris toutes les précautions, j'ai même donné un avis
qui dépassait celui du vendredi après-midi,
jusqu'à minuit. J'ai mentionné samedi, et on peut se
référer au journal des Débats, samedi matin de dix heures
à minuit et le lundi de dix heures jusqu'à minuit si
nécessaire tant et aussi longtemps que la commission ne se sera pas
acquittée de son mandat. Alors, M. le Président...
M. BURNS: Pour autant que la commission en décide ainsi.
M. LEVESQUE: M. le Président, c'est l'avis que je vous ai
donné. Je l'ai fait sous forme de motion en plus. J'ai, autrement dit,
pris toutes les précautions nécessaires pour qu'il n'y ait aucun
doute dans l'esprit de quiconque sur le mandat qu'on donnait à la
commission et sur les modalités de ce mandat.
Personne dans cette Chambre, de quelque côté qu'il soit,
à quelque groupe qu'il appartienne, ne peut dire sincèrement,
objectivement et en conscience qu'il n'était pas pleinement
prévenu, averti, avisé de l'intention de cette Chambre, de
l'intention du leader parlementaire de voir et c'est dans son mandat,
d'après notre règlement à ce que cette commission
siège toutes les heures où la Chambre doit siéger en vertu
de la motion de fin de session.
M. le Président, la commission aurait pu changer les heures,
d'après le leader parlementaire de l'Opposition officielle. A ce
moment-là, on revient à un privilège de la commission. Si
la commission ce que je mets en doute par ce que j'ai dit
précédemment croyait que son mandat lui permettait de le
faire, à ce moment, on pouvait déroger aux heures. Si, par
exemple, le ministre de la Justice avait voulu que la commission, pour plaire
au député de Maisonneuve, qui a indiqué qu'il aurait voulu
avoir une heure de plus de sommeil... Il l'a indiqué à un certain
moment, au cours de la journée.
M. BURNS: A titre d'exemple.
M. LEVESQUE: A titre d'exemple. Pas par habitude, mais à titre
d'exemple. Alors, disons que le député de Maisonneuve avait
convaincu le ministre de la Justice qu'il avait besoin d'une heure de plus de
sommeil et que le ministre de la Justice avait acquiescé. A ce moment,
parce qu'on dérogeait aux heures de l'Assemblée, je crois en
toute justice, que le ministre de cette Justice aurait dû
présenter une motion assez tôt pour permettre justement les dix
minutes de discussion d'un parti reconnu, en l'occurrence le Parti
québécois, le parti de l'Opposition officielle. Il aurait fallu
le faire à ce moment et à ce moment seulement, parce qu'il y
avait là une dérogation aux heures habituelles et bien
déterminées à l'avance des séances. Ce n'est pas le
cas.
M. le Président, je n'ai pas l'intention de parler de cette
procédurite qui a été peut-être contractée
dans le passé et qui vient de se révéler chez notre ami,
le député de Maison- neuve. Il a fréquenté des
amis, à un certain moment, dont il s'empressait de se dissocier.
M. BURNS: Jamais, M. le Président. Jamais.
M. LEVESQUE: Ah oui! M. le Président, et à maintes
reprises.
M. BURNS: Vous vous référez au député de
Maskinongé, sans doute.
M. LEVESQUE: Le député de Maisonneuve, qui manifeste son
peu de mémoire à ce moment-ci, devrait se rappeler combien de
fois là, je ne voudrais pas être indélicat et
commettre des indiscrétions, mais lui-même, s'il faisait un effort
de mémoire, se le rappellerait combien il a dénoncé
cette procédurite. Si on se réfère au journal des
Débats du temps, on entendait souvent, du côté du parti
séparatiste, des expressions telles qu'on pensait...
M. LEGER: A quelle page?
M. LEVESQUE: ... qu'ils étaient profondément
scandalisés du temps qu'on faisait perdre à cette Chambre, du
temps précieux que la mauvaise Union Nationale faisait perdre à
cette Chambre...
M. BURNS: Uniquement pour des raisons inutiles.
M. LEVESQUE: ... et particulièrement le député de
Maskinongé. Mais loin de moi l'idée de rappeler...
M. BURNS: Le leader se souviendra que c'était seulement lorsque
je croyais que la procédure était utilisée de façon
inutile.
M. LEVESQUE: M. le Président, vous remarquez, la nervosité
du député de Maisonneuve. Evidemment, on comprend qu'il puisse
être fatigué, peut-être même à bout de
ressources si on se fie à la qualité des débats qu'il a
poursuivis, lui son groupe, depuis quelque temps.
Non seulement il fait preuve de nervosité, mais, lorsqu'on entend
ses réactions, ses interruptions qui ne sont pas tellement en accord
avec notre règlement, on peut évidemment, en aparté, si
vous voulez, entre parenthèses, souligner que lorsque ces gens qui se
prétendent de grands démocrates sont contredits, soit par
quelqu'un de la droite, soit même par une décision du
président ou même du vice-président, ils ne l'acceptent
pas. C'est la qualité ou le défaut...
M. BURNS: Vous avez bien dit la qualité, c'est exactement
ça.
M. LEVESQUE: ... mais c'est exactement la spécialité du
Parti québécois,...
M. BURNS: C'est la qualité. C'est ça.
M. LEVESQUE: ... qui n'accepte pas d'être contredit. Ils ne
peuvent pas supporter la contradiction. Ce sont ceux-là qui disent que
ceux qui ne se pensent pas comme eux ne sont pas de vrais
Québécois. C'est exactement dans la ligne de pensée et
dans la ligne d'action de ce parti qui se prétend pur, qui n'accepte pas
que d'autres le contredisent. Ceux qui ne pensent pas comme lui ne sont plus
des gens qui méritent d'être considérés comme de
bons citoyens. Pas plus que d'après cette motion que nous avons devant
nous le vice-président n'est digne de siéger, parce qu'il a rendu
des décisions ou il a posé des gestes qui étaient
simplement à l'encontre et de la stratégie du Parti
québécois et ce qu'ils prétendent, eux, être un
"filibustering". Mais parce que le président s'en est tenu au
règlement, comme il a toujours fait, mais parce que ce n'était
pas exactement à leur goût, parce que ça dérangeait
leurs plans, à ce moment-là, M. le Président, ils
apportent une motion extrêmement rare. Ils apportent une motion qui, je
pense, depuis le début du siècle, a été
apportée une couple de fois, dans nos Parlements occidentaux et cela,
simplement parce que le vice-président s'est adonné à
rendre une décision à l'intérieur d'un "filibustering" qui
ne faisait pas l'affaire de ces messieurs.
M. le Président, alors que peut-être on aurait pu utiliser
un tue-mouches, on apporte un "tank", simplement parce que ces gens, dans leur
vanité, dans leur suffisance, ont été incommodés.
M. le Président, voilà, et je vais conclure en étudiant
simplement j'ai juste le droit de faire ça à ce
moment-ci l'amendement, m'en tenant à la pertinence du
débat. Je pourrais parler encore longtemps sur la question de fond, sur
la question de règlement, si vous voulez, mais je sais que vous
êtes vous-même convaincu, à cause de votre
expérience, de votre propre objectivité, de votre propre
compétence, de votre propre intégrité, que vous avez
inspirées à ceux qui sont vos assistants, les
vice-présidents en cette Chambre. A cause de cela, je vous priverai de
continuer à faire ce qui finirait par être de la
procédurite, si je m'y attardais davantage. Je m'en tiendrai strictement
à la pertinence du débat. Je dirai qu'en lisant ceci,
c'est-à-dire cette motion d'amendement à la motion principale, je
ne puis faire autrement que d'y souscrire, parce qu'au moins elle limite
l'insulte faite au vice-président de l'Assemblée nationale et au
président de la commission parlementaire. Cette insulte, cette injure
est comprise dans la motion principale, qui sera défaite d'une
façon écrasante, par l'Assemblée nationale, dans quelques
instants. Justement, M. le Président, je ne puis m'empêcher de
souscrire à cette motion d'amendement qui jusqu'à un certain
point limite la portée de cette injure, la portée de cette
insulte. On dit que le vice-président a fait telle et telle chose et
doit être censuré, mais pourquoi? Pas pour n'importe quoi qu'il a
pu faire dans sa vie, mais simplement lors de l'étude en commission
parlementaire de la justice, du projet de loi no 8, c'est-à-dire un
"filibustering" à la "québécois", à l'Opposition
officielle que nous avons devant nous. Connaissant les intentions, connaissant
les habitudes, connaissant l'intolérance, connaissant l'arrogance
même qui parait dans ces figures, au moment où je vous parle, il
est important que nous souscrivions au moins à limiter les
dégâts, si on pense qu'il peut y avoir dégâts.
Mais, quand on connaît le député de Roberval, M. le
Président, on sait qu'il en a vu d'autres, et il verra cette confiance
que la Chambre lui témoignera lors du vote sur la motion principale.
Mais, d'ici là, nous allons souscrire à cet amendement de
la motion principale parce que, justement, il a l'effet que j'ai
mentionné.
En attendant de revoir nos amis sur la motion principale et le sort qui
lui est réservé, je dis: A bientôt et au revoir!
M. BURNS: M. le Président, c'est quasiment un rapport sportif: A
bientôt et au revoir! J'ai entendu cela souvent. C'est du grand sport,
vraiment !
LE PRESIDENT: Nous allons procéder à la mise aux voix de
l'amendement.
M. BURNS: Vote enregistré, M. le Président. M. LEVESQUE:
D'accord. DES VOIX: Vote.
LE PRESIDENT: Est-ce que l'on est prêt à voter?
Qu'on appelle les députés! Mais nous allons voter assez
rapidement, dans deux minutes.
Vote sur l'amendement de M. Lessard
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! Que ceux qui sont en faveur de la
motion d'amendement de l'honorable député de Saguenay veuillent
bien se lever s'il vous plaît.
LE SECRETAIRE ADJOINT: MM. Morin, Burns, Léger, Charron, Lessard,
Bédard (Chicoutimi), Lévesque, Mailloux, Choquette, Gar-neau,
Cloutier, Lalonde, Goldbloom, Quenneville, Mme Bacon, MM. Hardy, Tetley,
Drummond, Bienvenue, Forget, Harvey (Jonquière), Arsenault, Desjardins,
Giasson, Brown, Fortier, Kennedy, Bacon, Blank, Veilleux, Saint-Hilaire,
Brisson, Séguin, Saindon, Houde (Limoilou), Lafrance, Pilote, Ostiguy,
Fraser, Picard, Gratton, Assad, Carpentier, Faucher, Marchand,
Larivière, Springate, Bellemare, Bonnier, Boudreault, Boutin (Johnson),
Boutin (Abitibi-
Ouest), Chagnon, Côté, Denis, Déom, Déziel,
Dufour, Harvey (Dubuc), Lachance, Lapointe, Lecours, Malépart, Malouin,
Pagé, Parent (Prévost), Picotte, Tardif, Tremblay, Verreault.
LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a des abstentions?
LE SECRETAIRE ADJOINT: Abstentions: MM. Samson, Roy et Harvey
(Charlesbourg).
LE SECRETAIRE: Pour: 70
Contre: Aucun Trois abstentions.
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! L'honorable député de
Lafontaine.
M. Marcel Léger
M. LEGER: M. le Président...
UNE VOIX: On est bon pour deux jours.
M. LEGER: ... nous voilà maintenant rendus, puisqu'il faut
arriver quand même à cette étape importante, au moment de
discuter de la motion principale qui se lit comme suit: "Que cette
Assemblée réprouve la conduite de son vice-président, le
député de Roberval".
Le leader du gouvernement, qui se prépare à s'en aller, a
sorti des arguments tantôt qui m'ont porté à
réfléchir sur la motion telle qu'elle est
présentée. C'est-à-dire que durant la commission
parlementaire qui a étudié le projet de loi no 8, nous avons
été témoins de différentes
irrégularités dont le président, qui est un des
vice-présidents de l'Assemblée nationale, a été
directement responsable.
A quatre occasions, le vice-président de l'Assemblée
nationale, qui en même temps dirigeait cette commission parlementaire, a
fait fi de son rôle impartial pour diriger cette commission
parlementaire. La première occasion fut lors du tout début de
cette commission quand j'ai demandé la parole et qu'à ce moment
est arrivé le député de Limoilou, qui n'avait pas
demandé le droit de parole, mais qui venait tout simplement pour
écouter les délibérations.
Le député était intéressé à
savoir ce qui se passerait durant cette commission parlementaire. Mais son
arrivée a suscité une inquiétude chez le
vice-président de l'Assemblée nationale, député de
Roberval et président de la commission parlementaire,
l'inquiétude de peut-être se voir tout à coup dans
l'obligation d'accorder un droit de parole à un député qui
n'était pas directement nommé à une commission
élue.
Vous savez que la coutume veut qu'au cours d'une séance, un
député puisse être remplacé par un autre
député, pourvu comme le règlement le stipule fort
bien qu'il soit nommé au début de la séance soit
par le leader du gouvernement, soit par le whip du gouverne- ment ou, comme de
raison, par le leader de l'Opposition ou le whip.
Comme de raison, il y a un cas spécial, M. le Président,
vous êtes sans doute au courant que, dans le cas des
députés du Parti créditiste, c'est le whip et le leader du
gouvernement qui peuvent annoncer ces changements. A cette occasion, nous
n'avons pas eu ce problème, ils n'étaient pas
présents.
Mais concernant cette substitution par les deux, soit leader ou whip,
ça se faisait d'une façon traditionnelle au début de
chaque séance, c'est-à-dire la séance du matin, la
séance de l'après-midi et la séance du soir. Mais
dès le début de cette commission parlementaire, on a absolument
décidé de changer la tradition et dit: Ce sera uniquement par
jour. Donc, les personnes nommées à une commission parlementaire
ne pouvaient pas changer au cours de la journée. Elles auraient pu
tomber malade; c'était impossible puisque le président de la
commission avait bien dit: Cela ne se fait qu'une fois par jour, le matin. Nous
avions malheureusement deux représentants et ils ne pouvaient pas
être remplacés parce qu'il fallait attendre le lendemain
matin.
Immédiatement, l'arrivée du député de
Limoilou a créé cette crainte qu'il puisse s'exprimer et
permettre du même coup au représentant qui, à ce
moment-là, était le député de Lafontaine,
moi-même, au tout début de la séance, de s'exprimer aussi.
On voyait déjà une attitude d'évité, parce qu'on
nous voyait venir, on le savait, c'est dans la règle du jeu, le Parti
québécois voulait s'opposer à ce projet de loi, il
était pour utiliser tous les moyens que le règlement lui
permettait. Le ministre de la Justice lui-même, M. le Président,
à ce moment-là a dit: Pour la séance aujourd'hui, nous
allons casser la tradition, nous allons être sévères, nous
allons nous opposer, nous ne permettrons rien quitte à le permettre en
d'autres occasions. Alors, c'était le droit du ministre de la Justice
qui a voulu jouer les règles du jeu le plus durement possible, et je
pense qu'il avait raison de jouer à ce moment-là.
Mais ç'a suscité immédiatement le problème
suivant qui était celui de ne pas pouvoir non plus adresser la parole
sans être le représentant officiel élu, nommé par le
whip ou le leader de son parti. Et ç'a suscité un débat.
C'est là qu'on voyait déjà, chez le président de
cette commission, un désir d'écourter le plus possible ce long
"filibustering" en évitant qu'on discute trop longtemps et de se servir
du règlement, non pas de la façon la plus impartiale possible
mais en essayant de trouver dans les articles du règlement la
façon de limiter les dégâts possibles par un
"filibustering" qui aurait été fait par le parti
d'Opposition.
C'était tout de suite, dans cette attitude du président de
cette commission, un indice que cette commission parlementaire serait
dirigée par une personne à ce moment-là le
président de la commission qui ne donnerait aucune
occasion à une interprétation en faveur du parti
d'Opposition. Alors, M. le Président, est arrivé par la suite, et
là je cite le journal des Débats de cette commission, de la page
B-44, le député de Saint-Jacques qui a dit: "M. le
Président, est-ce que je peux intervenir? " Et M. Choquette, le
ministre, a dit: "Je m'oppose, M. le Président." Et le président
a dit: "Le député de Saint-Jacques n'a pas le droit de parole
à cette commission, je ne peux pas, en vertu de l'article de..."
Immédiatement, M. le Président, on a vu que le
député de Roberval, vice-président de l'Assemblée
nationale et président de cette commission, avait déjà sur
ce règlement en particulier un point de vue bien précis, qui
n'était pas à l'avantage des partis d'Opposition.
M. MORIN: M. le Président, nous n'avons pas quorum, il n'y a que
22 députés à leur place.
M. SAINT-HILAIRE: On ne peut pas blâmer les gars.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Je regrette il y a 31 ou 32
députés.
M. LEGER: Non, mais on peut changer de siège comme vous;
ça repose, ça fait de l'exercice.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): On a toujours compris les gens qui sont
dans la salle. Continuez.
Le député de Lafontaine.
Est-ce que vous avez terminé?
M. LEGER: Non, M. le Président. Est-ce qu'il y a 30
personnes?
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): II y a quorum.
M. LEGER: Alors, M. le Président, j'étais en train de dire
que l'arrivée du député de Saint-Jacques a amené la
discussion sur son droit de parole. Le droit de parole, il fallait qu'il le
demande, selon l'article du règlement, à la commission
parlementaire. A la commission parlementaire, ce n'est pas le président
qui doit trancher la question. Le président se doit de faire respecter
le règlement et la commission se devait de se prononcer. Pour qu'une
commission se prononce, il lui faut donc qu'elle puisse voter et, pour qu'une
commission puisse permettre à ses membres de voter, elle doit voter sur
quelque chose, c'est-à-dire une motion.
Le député de Maisonneuve a tenté d'expliquer
à son équipe, c'est-à-dire à la commission
parlementaire, les raisons pour lesquelles le député de
Saint-Jacques aurait eu droit de s'exprimer. Malheureusement, M. le
Président, ce ne fut qu'une discussion, non pas sur une motion
présentée, mais une discussion sur un point de règlement,
c'est-à-dire pour déterminer si c'était une motion ou pas.
Je regarde les pages, à partir de la page 44, qui équivaut
à peu près à deux minutes, on a parlé environ une
vingtaine de minutes de points de règlement. On n'a absolument pas
parlé d'une motion permettant à la commission parlementaire de
s'exprimer par voie de vote et, par la suite, de trancher la question.
M. le Président, c'est la même chose qui est survenue avec
la possibilité pour le député de Saguenay de s'exprimer.
Donc, le député de Saint-Jacques, le député de
Saguenay et moi-même n'avons pas pu participer. Et, c'est assez difficile
à accepter quand on sait que, dans une commission parlementaire, il n'y
a que deux représentants du Parti québécois. A ce
moment-là, le président se devait par une décision
très sévère qui brisait une tradition d'empêcher des
changements. Il y aurait eu une sorte de rotation pour que le matin deux
députés du Parti québécois puissent s'exprimer,
deux autres l'après-midi, deux autres le soir. On n'a pas le droit
à plus de deux. A ce moment-là, nous avions l'intention de donner
l'occasion à tous les députés présents de venir
s'exprimer. Alors nous étions pris, M. le Président, dans un
dilemme. On ne pouvait pas faire de rotation, nous étions limités
durant toute une journée avec les deux seuls mêmes
représentants, sans pouvoir les changer. D'un autre côté
les autres députés qui avaient la possibilité de venir
s'asseoir ne devaient qu'écouter et ne pouvaient pas s'exprimer.
M. le Président, vous comprenez jusqu'à quel point nous
n'avons pas apprécié cette situation empêchant les
députés du parti de l'Opposition, du moins les quatre autres, de
s'exprimer. C'est un des points qui nous a amenés à
présenter cette motion qui dit que cette Assemblée
réprouve la conduite de son vice-président, le
député de Roberval. Par la suite, il a été question
de ce fameux ajournement. M. le Président, dans les règles du
jeu, dans les règles d'une commission parlementaire, il doit y avoir une
motion d'ajournement pour qu'une commission puisse dire quand elle doit se
retrouver le lendemain pour continuer ses travaux.
Le ministre de la Justice a manqué l'occasion de le faire,
c'était malheureux dans ce jeu de procédure, devant un ministre
qui veut faire adopter une loi et un parti d'Opposition qui calcule que c'est
une loi inacceptable dans les conditions dans lesquelles elle est
présentée. Je ne veux pas embarquer dans le fond de la question.
Je pense que tout le monde connaît notre point de vue. On veut respecter
le point de vue du ministre qui calcule que les juges ont droit à une
augmentation. Nous calculons que, peut-être, ils y ont droit, mais qu'il
faut faire une réforme avec cela et qu'avant d'adopter une augmentation
aux juges il y a d'autres couches de la société qu'il faut
augmenter aussi. Il s'agit de déterminer des critères en vue
d'une réforme générale. C'était notre droit, de
nous opposer à la loi.
Alors, nous ne pouvons pas reprocher au ministre de prendre les moyens
pour faire adopter sa loi et il ne peut reprocher au parti de l'Opposition de
prendre les moyens pour retarder cette loi.
Le ministre, à ce moment, a raté une occasion et nous
l'avions prévu dans notre stratégie. On vous l'a dit, on ne s'est
pas gêné, tout le monde le sait, c'est un "filibustering". Nous
voulons empêcher cette loi d'avancer parce que nous sommes contre et que
c'est la seule façon pour un parti d'Opposition, qu'on soit 6 ou 50, de
s'exprimer pour empêcher une loi qu'on juge inacceptable d'être
adoptée.
Les députés ici ont vu que nous avons adopté d'une
façon rapide d'autres projets de loi que nous trouvions bons. Il y a
encore d'autres projets de loi à venir que nous trouvons très
bien présentés par le Parti libéral et que nous
approuverons rapidement. Il y en a d'autres qui mériteront
peut-être certains amendements et nous apporterons des amendements.
Mais, quand on est carrément contre un projet, c'est le
rôle, le devoir d'un parti de l'Opposition de s'exprimer et de prendre
tous les moyens à sa disposition, qui sont à l'intérieur
du règlement, pour l'empêcher d'être adopté. Et
pourquoi? Justement pour que les citoyens, qui souvent ne sont pas au courant
de ce qui se passe à l'Assemblée nationale, puissent être
informés. Lorsqu'on voit qu'un projet de loi traîne, qu'il y a une
Opposition quelque part, les gens dans la société se disent:
Qu'est-ce qui se passe? Ce projet de loi n'est pas adopté. A ce moment,
les citoyens disent: Nous allons lire les journaux et les journalistes leur
disent: Ecoutez, tel parti de l'Opposition a dit cela...
M. DUFOUR: Vous êtes bien ennuyant.
M. LEGER: ... et le parti au pouvoir a dit cela. La majorité
silencieuse peu informée est renseignée à ce moment et,
après cela, elle peut juger. Si le gouvernement voit que les citoyens
sont d'accord avec lui, il va aller jusqu'au bout et faire adopter une loi.
S'il s'aperçoit que les citoyens sont contre ses lois, il reculera pour
le plus grand bien des citoyens. C'est cela, le rôle de l'Opposition
vis-à-vis du parti gouvernemental. C'est donc la raison pour laquelle
nous avons voulu faire ce "filibustering". Le ministre a raté une
occasion pendant cette commission parlementaire de proposer l'ajournement et,
à minuit deux minutes, il s'est réveillé et il a dit: D
est minuit, il faut ajourner. Il était trop tard, M. le Président
et, à ce moment précis, le député de Maisonneuve a
dit: Si vous proposez l'ajournement, c'est une motion débattable. Nous
avions prévu cela depuis le début et nous étions
prêts à tenir le temps qu'il fallait. Justement, à cette
commission parlementaire, qui siégeait à ce moment avec neuf ou
dix députés libéraux, pendant que les 93 autres allaient
se reposer en fin de semaine, les députés de l'Opposition avaient
un rôle dur, ingrat: tenir parce qu'ils tenaient à ce principe que
ce projet de loi ne soit pas accepté.
M. VEILLEUX: Et les conférences de presse.
M. LEGER: Les six députés étaient présents,
prêts à intervenir car nous ne voulions pas que cette commission
continue à siéger inutilement pendant que les 93
députés libéraux se reposaient pour une bonne grande fin
de semaine, revenant, frais et dispos, le mardi matin pour continuer. Or, les
députés qui voulaient défendre un principe et qui le
faisaient en se fatiguant, en s'épuisant ne voulaient pas que cela dure
inutilement. C'est la raison pour laquelle nous avons décidé de
dire que c'était en dehors des règles. Minuit était
passé, on ne pouvait pas. Le président, à ce moment, a
décidé d'ajourner au lendemain à 10 heures.
Mais le leader de l'Opposition tantôt a dit quelque chose qui est
vrai. Le député de Roberval est un député qui a
toujours agi d'une façon merveilleuse en toute autre circonstance. Il a
même dirigé d'autres commissions parlementaires d'une façon
merveilleuse. C'est à la commission de la justice qu'il n'a pas fait un
travail merveilleux. C'est normal et cela peut être une faiblesse, une
fatigue de sa part.
Motion d'amendement de M. Léger
M. LEGER: C'est la raison pour laquelle nous comprenons fort bien qu'un
député qui remplit une fonction aussi difficile qu'un
président de commission soit fatigué. C'est la raison pour
laquelle nous voulons atténuer cette motion principale et que nous y
proposons un amendement qui se lirait comme suit: Que la motion en discussion
soit amendée en remplaçant le mot "réprouve" par le mot
"regrette", de façon à la diluer justement et à ne pas
faire porter un blâme inutile à une personne qui a eu un geste de
faiblesse, de fatigue pendant une seule séance de la commission
parlementaire et qui a toujours montré sa valeur dans d'autres
circonstances. Il est malheureux que dans une motion le mot "réprouve"
dépasse peut-être un peu ce que nous voudrions exprimer. Le mot
"regrette", est simplement une constatation que, pendant une commission
parlementaire qui, pour nous, était très importante, il a failli
à la tâche, et nous proposons l'amendement suivant: Que la motion
en discussion soit amendée en remplaçant le mot "réprouve"
par le mot "regrette", parce que nous estimons beaucoup le député
de Roberval et que nous sommes certains qu'en d'autres circonstances il agira
merveilleusement mieux.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Est-ce que je peux avoir une copie? Votre
temps est expiré.
M. LEGER: Voici, M. le Président.
UNE VOIX: Vote.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Voyant que c'est en langue
française, je prendrai quelques minutes pour l'étudier. Je
suspends la séance pour cinq minutes.
Décision de M. le Vice-Président
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): A l'ordre!
Messieurs, j'ai étudié la motion d'amendement
remplaçant le mot "réprouve" par le mot "regrette".
La première question que je me suis posée, c'est de savoir
si c'est une question qui écarte la question principale. C'est la
première question que je me suis posée. Je trouve que cela ne
l'écarte pas.
La deuxième question était: même si on change le mot
"regrette" par le mot "réprouve", est-ce qu'on tombe encore dans une
motion de censure comme c'est décrit à l'article 68? Je trouve
que l'article 68 est assez large pour comprendre cette motion amendée
parce qu'à mon avis c'est un peu moins dur que "réprouve",
nonobstant que la question de blâme est changée en motion de
censure. Je trouve que l'article 68 est assez large pour continuer. J'accepte
la motion.
M. Claude Charron M. CHARRON: M. le Président... UNE VOIX:
...
M. CHARRON: Certainement... UNE VOIX: ...
M. CHARRON: Ne t'inquiète pas, mon blond. Ne t'inquiète
pas, mon blond.
Je suis très heureux, M. le Président, de l'ouverture
d'esprit dont vous venez de faire, une fois de plus, la preuve...
M. BELLEMARE: On est libéral.
M. CHARRON: Heureusement que vous, M. le Président, vous
n'êtes pas libéral. Vous êtes libre d'esprit. C'est beaucoup
plus important.
M. BELLEMARE: II n'y a pas une grosse galerie.
M. CHARRON: La motion d'amendement, présentée par mon
collègue, le député de Lafontaine, est typique du
député de Lafontaine. Le député de Lafontaine,
depuis qu'il est mon collègue, depuis que nous travaillons ensemble, a
absolument, dans tous les domaines dont il a eu la responsabilité, que
ce soit ici ou à l'extérieur de cette Chambre, toujours voulu
faire preuve d'un grand humanisme et, en même temps, d'un grand
intérêt afin qu'un consensus le plus large possible émane,
des propositions que nous allions faire.
Nous nous sommes rendu compte, et je dois rendre hommage au
député de Lafontaine de l'avoir si bien imprégné
dans une motion d'amendement, que la motion, présentée par le
député de Maisonneuve, qui avait occupé nos travaux depuis
quelques minutes déjà, a eu comme effet peut-être de
pousser plus loin, en fin de compte, l'intention que nous avions
manifestée le jour où, entre nous et le
député de Lafontaine était là nous avions
pris la décision de vous présenter cette motion, ce qu'a fait le
député de Maisonneuve en notre nom.
En effet, M. le Président, nous ne voulions aucunement nous en
prendre à la personnalité du député de Roberval. Le
député de Maisonneuve a exprimé l'avis unanime j'en
suis convaincu de la députation de l'Opposition à l'effet
que, de vos deux vice-présidents, tous les deux reçoivent
l'assentiment de l'Opposition officielle. Nous l'avons signalé,
déjà, dès le moment de leur nomination, d'ailleurs, et
vous ne nous avez jamais entendus revenir sur cet avis.
Donc, il y avait peut-être, dans la motion du député
de Maisonneuve, telle qu'elle était fignolée avant que
l'humaniste de Lafontaine n'intervienne et n'apporte sa note qu'est
l'amendement sur lequel nous discutons maintenant, un peu trop de rudesse, un
peu trop de rigueur. Vous me rappeliez tout à l'heure vous-même,
M. le Président, lorsque j'intervenais sur la motion de je ne sais plus
qui, que je ne devais pas faire preuve de rigueur et de rudesse pour ne pas
blesser mes collègues de l'Assemblée nationale, et j'ai pris avis
je vous l'ai même signalé personnellement, M. le
Président de la remarque que vous m'aviez faite.
Vous me connaissez, depuis trois ans et demi, comme soucieux du respect
du règlement, et toujours enclin à demeurer dans le corridor que
vous m'avez tracé. Vous savez que nous nous sommes bien entendus depuis
trois ans et demi. Pourquoi? Parce que j'ai toujours respecté les avis
que vous nous avez donnés; j'ai toujours senti là l'avis d'un
sage, l'avis de quelqu'un qui avait plus d'expérience que moi, de qui
j'avais beaucoup à apprendre.
C'est la même chose à l'égard du
député de Lafontaine, M. le Président. Quand le
député de Lafontaine m'a convaincu que nous n'avions pas à
blâmer sévèrement le député de Roberval au
point qu'il retourne dans sa magnifique région... J'espère que
vous connaissez la région dont votre vice-président est
représentant en cette Chambre, c'est une des plus belles du
Québec. J'en profite, au moment où la motion du
député de Lafontaine nous invite à revenir un peu sur
l'élan qu'avait apporté notre débat pour dire que le
député de Roberval n'a pas à s'en faire.
Ce que nous réprouvions, puisque c'était le mot qui
était employé dans la motion avant l'amendement du
député de Lafontaine, ce n'était pas sa façon de se
conduire. Nous nous sommes efforcés, par des amendements et
sous-amendements, de précisément circonscrire l'endroit où
nous avions trouvé votre vice-président, M. le Président,
en faute. Ce n'était pas suffisant. L'amendement du député
de Lafontaine corrige et exprime du mieux que nous le pouvons le
véritable sentiment dont nous voulons, par ces différentes
motions, saisir la Chambre, qui est habituellement tellement sensible â
tous les courants d'opinion.
M. le Président, peut-être même et je
reconnais là le talent politique en même temps que le grand talent
d'humaniste de mon collègue de Lafontaine que par cette habile,
intéressante et légale intervention, le député de
Lafontaine ira chercher dans l'imposant caucus libéral, que je
qualifiais tout à l'heure, M. le Président, de troupeau
vous avez eu raison de me rappeler à l'ordre, je ne l'appellerai plus
troupeau des gens qui, à cette heure-ci, sont suffisamment encore
conscients pour se retrouver avec nous, comme tout à l'heure sur la
motion d'amendement du député de Saguenay, qui a fait
l'unanimité de cette Chambre, à quelques exceptions près,
et dire que peut-être "réprouver" était un peu fort, mais
que nous "regrettions" ensemble que le député de Roberval ait
commis ces fautes.
Nous le regrettons, M. le Président, pourquoi? Parce que cela a
privé certains députés et nous l'avons
signalée de leur droit de parole. Il a refusé, à un
moment donné, on s'en souvient, on l'a signalé, que le
député de Maisonneuve, mon collègue membre en titre de la
commission de la justice, fasse motion pour que le député de
Saguenay et moi-même puissions avoir le droit de parole.
Il peut se trouver des députés libéraux
suffisamment ouverts d'esprit enfin j'espère qu'il en reste
pour déplorer avec nous, non pas réprouver comme nous y
invitait un peu durement, c'est sa façon de travailler, le
député de Maisonneuve, mais comme nous y invite maintenant le
député de Lafontaine, pour regretter que le député
de Roberval vice-président de la Chambre et alors
président de la commission parlementaire de la justice qui était
mandatée pour étudier un projet de loi qui augmente de $5,000 une
classe de privilégiés qui en fait déjà $28,000
n'ait pas eu un meilleur entendement du règlement, en particulier
de l'article 148, et des dispositions qui disent, comme il fallait s'y attendre
dans un règlement qui préside aux agissements d'une
Assemblée nationale, que tout objet devant aboutir à un vote soit
d'abord soumis comme motion.
Nous pouvons regretter, parce que ça nous a causé des
ennuis, non simplement dans nos droits à nous, mais ça occupe
aujourd'hui l'Assemblée nationale. Et cela l'occupera encore quand,
demain ou après-demain, le leader du gouvernement appellera probablement
le rapport de la commission et quand plus tard je ne sais pas quand,
à sa discrétion, si jamais le rapport illégal de la
commission est adopté nous devrons aller en troisième
lecture.
Le député de Lafontaine a raison également
d'inviter les collègues de l'Assemblée nationale, ceux qui sont
encore en état de suivre les débats, de regretter
également le député de Roberval ait mis fin d'une
façon aussi abrupte à nos travaux. Le leader du gouvernement a
bien essayé tout à l'heure d'esquiver le sujet et de faire un
tour de passe-passe que votre connaissance du règlement, M. le
Président, n'a certainement guère apprécié. Je vous
ai senti sourciller au jeu de mots que faisait le leader du gouvernement. Vous
saviez bien que sur l'entendement de notre règlement l'intervention du
député de Bonaventure n'était justifiée, ne tenait
pas de A à Z.
D'ailleurs, lui-même au cours du débat nous a prouvé
qu'il ne connaissait même pas l'existence de l'article 77. C'est moi qui
ai dû lui apprendre que j'avais le droit de faire une motion
d'ajournement du débat et qu'après j'avais même le droit de
faire une réplique. J'ai dû lui apprendre ça.
Il est bien mal placé maintenant pour vous faire des
leçons et pour vous dire que le député de Roberval avait
le droit de mettre fin à la séance de la commission comme il l'a
fait. Il n'avait pas le droit, M. le Président, vous le savez comme
moi.
Devons-nous réprouver ce geste: Non. Le député de
Lafontaine nous invite, par sa motion d'amendement que nous discutons
maintenant, à ne pas le réprouver, mais à le regretter,
parce que ça nous a causé des ennuis. Non simplement à
l'Opposition, nous étions de toute façon à Québec.
J'étais à Québec moi vendredi soir, sans être membre
de la commission, j'y étais parce que je représente une
catégorie de population qui est très intéressée.
J'en ai discuté avec elle de ce sujet du projet de loi no 8 au cours de
la campagne électorale, et la population que je représente ne
peut accepter qu'une catégorie qui gagne $28,000 par année
reçoive une augmentation de $5,000.
UNE VOIX: Pertinence! M. HARDY: Démagogue!
M. CHARRON: Je termine en vous disant que $5,000 c'est $100 par semaine
d'augmentation.
Nous ne pouvons pas. Je regrette, comme m'invite à le faire le
député de Lafontaine, que dans un débat aussi difficile
que celui que nous avions vous ne pouvez pas savoir combien de temps
nous avons mis simplement à nous trouver un rapporteur qui soit un tant
soit peu qualifié.
Nous avons dû passer au crible chacun des
nouveaux députés libéraux qui étaient
là. Je regrette, comme m'invite à le faire le
député de Lafontaine, que le député de Roberval
n'ait pas eu plus de poigne à ce moment, n'ait pas été
plus directif, plus soucieux de faire respecter le règlement, les
articles 148 et 77, tous ceux-là que nous avons invoqués à
un tour ou à l'autre. Nous pouvons ensemble aujourd'hui le
regretter.
Regardez dans que! ennui ça nous a mis. Nous avons
été obligés de faire un débat ardu, tenace,
fatigant et nous continuerons puisque c'est notre rôle de le faire
maintenant. Nous avons raison de répondre à l'invitation du
député de Lafontaine de regretter toutes ces tergiversations qui
ont marqué l'adoption de ce projet de loi, qui le marqueront encore vers
la fin. Nous regrettons que le député de Roberval ait
été aussi mou face aux réactions que le ministre de la
Justice ne manquait pas de lui faire savoir puisqu'il était son voisin
immédiat de gauche au cours du débat.
Et vous connaissez le poids et l'espace qu'occupe le ministre de la
Justice dans une commission parlementaire.
Nous pouvons regretter ensemble et on clôturera le
débat si vous voulez, l'incident sera clos, comme vous nous dites si
vouvent vous-même regretter que le député de
Roberval ne soit pas intervenu d'une façon plus efficace au moment
où nous essayions, du mieux que nous pouvions, de trouver un rapporteur
qui soit un tant soit peu qualifié. Parce que c'était une
tâche importante, M. le Président. Les nouveaux
députés libéraux ne se rendent pas compte de cette
importance mais nous, nous le savions.
LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plait! M. CHARRON: Nous...
LE PRESIDENT: A l'ordre! Je vous ferai remarquer que votre droit de
parole est...
M. CHARRON: Puis-je conclure en quelques secondes, M. le
Président? Comme vous nous avertissez habituellement.
LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a consentement? Suivant. L'honorable
député de Saguenay.
M. LESSARD: M. le Président... DES VOIX: Debout, debout!
M. MALOUIN: II peut rester assis, il est malade.
M. LESSARD: M. le Président...
LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. CHARRON: Le jour où je vais avoir le consentement unanime, M.
le Président, je prends ma retraite.
M. LESSARD: M. le Président...
LE PRESIDENT: Est-ce que vous accordez un consentement unanime au
député de Saint-Jacques?
DES VOIX: Non!
M. Lucien Lessard
M. LESSARD: M. le Président, c'est avec un soupir de soulagement
que je constate que cette motion du député de Lafontaine a
été acceptée parce que, je vous l'ai dit ce matin, ce
n'était pas de gaieté de coeur que nous proposions la motion sur
"lequel" nous avons discuté depuis ce matin....
M. BONNIER: Sur "laquelle".
M. LESSARD: Sur "laquelle", merci. Sur laquelle, M. le Président,
nous...
M. SAINT-HILAIRE: II bafouille pas mal.
M. LESSARD: ... discutons... Il y a certains députés qui
devraient se lever en Chambre, on pourrait voir quelle langue ils parlent.
M. SAINT-HILAIRE: Cela va venir.
M. LESSARD: On a l'impression justement qu'ils ne parlent pas du tout,
M. le Président, on a l'impression...
M. SAINT-HILAIRE: Je veux donner la chance à mon savant
confrère...
M. LESSARD: ... M. le Président, qu'ils ne parlent ni anglais, ni
français...
M. SAINT-HILAIRE: ... de l'autre côté de parler.
M. LESSARD: ... même le député de Rimouski, M. le
Président, j'ai hâte qu'il se lève en cette Chambre.
D'ailleurs, lorsque le député de Rimouski s'est levé en
Chambre, lors de la discussion sur le débat inaugural, j'ai pu constater
qu'enfin en cette Chambre il y avait un député de l'est du
Québec qui se levait pour défendre les intérêts de
l'est du Québec, ce qui va me permettre de m'associer avec lui pour
défendre les intérêts de l'est du Québec.
Je disais que nous sommes extrêmement heureux, en tout cas quant
à nous du Parti québécois, que le vice-président de
l'Assemblée nationale ait accepté la motion du
député de Lafontaine. Ce n'était pas de gaieté de
coeur que nous acceptions ce matin la motion du député de
Maisonneuve qui se lisait comme
suit: "Que cette Assemblée réprouve la conduite de son
vice-président, le député de Roberval", faire une motion
comme celle-là, en particulier utiliser l'article 68 des
règlements pour faire une motion de censure contre...
M. SAINT-HILAIRE: "Pour rédiger une motion", ça ne se
"fait pas" une motion, on "rédige" une motion.
M. LESSARD: ... M. le Président, utiliser l'article 68 des
règlements contre l'un de nos collègues qui avait, dans le
passé, prouvé qu'il était capable de faire un travail au
niveau de la présidence des commissions parlementaires, de faire un
travail efficace, de faire un travail utile, de faire un travail qui
protégeait, comme c'est l'un des devoirs de la présidence dans
ses circonstances, les minorités. M. le Président, nous avons vu
dans le passé le député de Roberval nous prouver sa
gentilhommerie, nous prouver son esprit vraiment libéral, pas dans le
sens des esprits étroits que nous avons devant nous ce soir...
M. HARDY: Le plus large.
M. LESSARD: ... mais son esprit libéral dans le sens qu'il
était prêt, ce président de commission, à accepter
justement que chacun des partis à l'intérieur des commissions,
que ce soit l'Opposition ou que ce soit les députés du
gouvernement puisse s'exprimer librement.
Or, ce député, M. le Président, nous avait quand
même prouvé, dans le passé, qu'il était capable de
faire un excellent travail. Chacun d'entre nous, les députés du
Parti québécois et même les députés
libéraux, avait pu constater combien ce collègue, qui vient d'une
région qui ressemble à la mienne, pouvait être aimable,
pouvait être gentil dans ses discussions. C'est pourquoi il
n'était pas facile, comme je l'ai dit ce matin, de présenter une
motion aussi forte, une motion, à un moment donné, qui condamnait
l'activité ou l'action du député comme président de
la commission parlementaire.
M. le Président, je voudrais que vous appliquiez l'article 26 des
règlements et que vous demandiez au député d'Anjou, s'il
vous plaît, de prendre sa place. En effet, l'article 26 des
règlements se lit comme suit: Pendant le cours des séances, les
députés prennent la place qui leur a été
désignée par le président". Est-ce la place que le
président vous a désignée, cher député
d'Anjou? Ces députés-là, M. le Président",
demeurent assis et gardent le silence ils ne sifflent pas, comme le fait
le député d'Anjou à moins d'avoir obtenu la parole
et ils doivent éviter tout ce qui est de nature à nuire à
l'expression d'autrui et au bon fonctionnement de l'Assemblée".
M. le Président, je voudrais demander au député
dont je ne connais pas le comté... en fait, je sais que ça fait
quatre ans qu'il est à l'Assemblée nationale, puis on ne l'a pas
encore entendu parler, ce cher député.
LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LESSARD: Cela fait longtemps qu'il devrait défendre les
intérêts...
LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. MORIN: Est-ce qu'il est absolument nécessaire que nous ayons
à en appeler constamment à vous, M. le Président, pour
ramener l'ordre dans cette Assemblée?
UNE VOIX: Que c'est-y de valeur!
LE PRESIDENT: Le député de Saguenay.
M. LESSARD: Alors, M. le Président...
M. VEILLEUX: Une question de règlement, M. le
Président.
LE PRESIDENT: Une question de règlement.
M. VEILLEUX: Je tiens à vous demander d'appliquer l'article 92:
"Pour parler, un député doit se lever". Avertissez le
député de Saguenay.
LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre!
M. LESSARD: M. le Président, voyez l'intelligence...
LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LESSARD: Voyez l'intelligence de ce député, M. le
Président. D vient de trouver un article du règlement qu'il peut
enfin utiliser. C'est la deuxième fois ce soir.
LE PRESIDENT: La question de règlement est terminée.
Revenons à la motion.
M. LESSARD: C'est la deuxième fois ce soir, M. le
Président. Est-ce que le député voudrait...
LE PRESIDENT: Même s'il est 11 h 7, si on pouvait terminer
calmement cette séance.
M. LESSARD: Je suis bien d'accord, M. le Président, pour autant
que l'article 26 soit respecté. Mais, justement à cause des
raisons que j'ai données, nous du Parti québécois, comme
l'expliquait le député de Saint-Jacques, nous avions des raisons
aussi d'être fortement choqués de la façon dont les
règlements ont été utilisés au profit de la
majorité lors de la discussion de ce projet de loi no 8, projet de loi
contre lequel nous avons dit que nous allions lutter jusqu'à la
dernière énergie.
Alors, il était normal que nous soyons choqués. D
était normal que la première motion que nous avons
présentée ce matin soit une motion très forte, une motion
qui censurait justement l'action de ce président à la commission
parlementaire. Cependant, justement après avoir compris quelque peu,
après nous être interrogés, nous nous sommes dit:
Peut-être que, dans les circonstances, le député de
Roberval a manqué à l'éthique professionnelle d'un
président, mais ça s'explique par différentes raisons.
Peut-être la fatigue. Nous sommes à la fin d'une session et nous
constatons justement que ces libéraux ont tellement travaillé,
comme le député d'Anjou, depuis le début de cette session.
Il est peut-être normal que ces députés soient
fatigués.
Il est peut-être normal, en particulier, que le
député de Roberval soit fatigué et c'est peut-être
l'une des explications à son attitude en commission parlementaire.
M. TREMBLAY: On est en grande forme.
M. LESSARD: II faut comprendre, M. le Président, qu'il n'est pas
facile à un député libéral, qui a été
élu sous cette étiquette, d'être président d'une
commission parlementaire et de garder justement toute son
impartialité.
Nous sommes encore prêts à accepter qu'il peut arriver
qu'un président de commission parlementaire soit influencé par
son étiquette, soit influencé par le parti qui l'a élu.
Nous sommes prêts à comprendre cela. De plus, nous avons pu
constater, le député de Saint-Jacques et moi qui avons
assisté à la commission parlementaire, des interférences
multiples du ministre de la Justice qui intervenait auprès du
président, qui tentait de l'influencer. Nous comprenons qu'un simple
député, même s'il est président d'une commission
parlementaire, puisse être influencé par un ministre. C'est
pourquoi nous acceptons de diminuer un peu les termes de notre motion. Nous
acceptons la motion du député de Lafontaine, qui dit que nous
regrettons que cette attitude ait été prise.
En conséquence, je demande aux députés
libéraux d'accepter...
LE PRESIDENT: Votre temps est terminé. Est-ce qu'il y a
consentement?
DES VOIX: Non.
M. LESSARD: Merci, M. le Président. Je continuerai.
LE PRESIDENT: L'honorable député de Chicoutimi.
M. LESSARD: La même chose que disait le député de
Saint-Jacques, je prendrai ma retraite. Ils veulent se débarrasser des
députés.
M. Marc-André Bédard
M.BEDARD (Chicoutimi): M. le Président, il est évident que
je veux m'associer à mes collègues de l'Opposition pour exprimer
le plaisir de voir que l'amendement a été accepté.
Très sincèrement, j'aurais regretté qu'on n'accepte pas
l'amendement à l'effet de changer le terme "réprouver" par celui
de "regretter". On peut facilement, je crois que c'est humain, regretter
l'attitude ou un geste posé par quelqu'un sans nécessairement le
réprouver parce qu'on croit ou juge qu'il' peut y avoir des raisons qui
ont pu motiver le fait d'avoir posé le geste dont il est question depuis
le début de cette journée.
Je suis très heureux de l'amendement. D'ailleurs, lorsque
l'honorable leader du gouvernement a parlé tout à l'heure, il
s'est tout simplement associé à ce qu'avait dit le leader de
l'Opposition concernant le député de Roberval. Le leader du
gouvernement a, entre autres, parlé de la compétence de
l'honorable député de Roberval, de l'objectivité du
député de Roberval, de son intégrité. Il ne faisait
en cela que tout simplement entériner d'une certaine façon ou
répéter ce qu'avait dit dès le début de ce
débat le leader de l'Opposition.
D'ailleurs, cela me fait d'autant plaisir que mon collègue qui
est en cause présentement et qui est vice-président de la
Chambre, l'honorable député de Roberval, vient de la
région que j'ai l'honneur de représenter par
l'intermédiaire du comté de Chicoutimi. Il n'est pas question
je le dis bien sincèrement et, si cela avait été le
cas, je n'aurais pas embarqué dans ce débat et je pense bien que
ni les collègues de l'Opposition ne l'auraient fait de vouloir
faire un débat qui attaquerait l'intégrité, la
compétence, l'objectivité du député de Roberval
d'une façon générale.
D'ailleurs, tous ceux qui ont eu à parler au cours de ce
débat ne se sont pas gênés pour le dire et il me fait
plaisir de m'associer à leurs paroles. Ils ont pu reconnaître chez
le député de Roberval l'amabilité,
l'honnêteté, le dévouement qui le caractérisent. Je
dois même dire que je suis très heureux de voir qu'un de mes
collègues, non seulement à l'Assemblée nationale mais
également au niveau de la région et du Barreau, ait pu
accéder dans cette Chambre à des responsabilités.
Mais les responsabilités amènent toujours des devoirs,
c'est clair, et obligent de temps en temps à prendre des
décisions qui peuvent être controversées, ce qui est le
cas, présentement, concernant la décision qu'a prise l'honorable
député de Roberval, lors de la commission parlementaire de la
justice.
D'ailleurs, tout au cours du débat, M. le Président, je
pense qu'on n'a pas mis en cause la partialité, en tout cas, moi,
personnellement, je n'ai pas mis en cause la partialité de l'honorable
député de Roberval. C'est parce que je crois une
chose, que la partialité suppose la connaissance de ce qu'on fait
et suppose, en fait, la mauvaise foi. Or, en aucune façon, nous n'avons
voulu reconnaître ou encore laisser voir la mauvaise foi de l'honorable
député de Roberval. Nous n'avons pas parlé non plus
d'incompétence. Personnellement, je n'ai pas attiré l'attention
de l'honorable président de l'Assemblée nationale sur
l'incompétence du député de Roberval, parce que je crois
que si on prend la résolution telle qu'elle est présentée
maintenant, on dit ceci: C'est mais cela on y tient, par exemple
parce que s'il y a eu une erreur, au niveau de la commission parlementaire, il
est clair que nous ne reculerons pas sur le principe qu'il y a eu une erreur,
à notre sens, concernant la décision qu'a prise l'honorable
député de Roberval, lors de la commission parlementaire de la
justice.
Cela est, je pense, un principe. D'ailleurs, on n'aurait pas perdu une
journée pour rien, si nous n'en étions pas convaincus, à
mon sens. Concernant, par exemple, cet amendement qui a été
amené à l'effet que nous regrettions, je ne peux pas faire
autrement qu'être d'accord. C'est là que nous voyons, dans le
fond, l'importance des règlements, M. le Président. Je me
permettais, alors que mes confrères ou mes collègues de
l'Opposition parlaient sur la motion, comme tous les autres
députés, j'imagine, non seulement de l'Opposition, mais
également du côté ministériel, de feuilleter ce
livre des règlements que vous avez eu l'amabilité de nous faire
parvenir, dès que nous avons été élus. C'est
là que ça nous permet de voir l'importance des règlements.
Prenez, dans un premier temps, une chose qui n'aurait jamais pu être
possible, si on n'avait pas des règlements, une chose qui a permis, tout
à l'heure, sur un amendement, que l'Opposition, que même le
gouvernement vote avec l'Opposition, concernant l'amendement que nous avions
présenté tantôt. Ce qui veut dire, en fait, que les
règlements, ce n'est pas seulement un tas de paperasserie, ce ne sont
pas seulement des délais, ça peut être plus que ça,
si on le veut. Cela peut être une façon d'humaniser en fait des
rapports entre individus au niveau d'une assemblée constituante comme
celle dans laquelle nous sommes présentement. Cela nous a permis, dans
un deuxième temps, à notre tour, d'amener un amendement à
l'effet d'être plus près de la vérité, de ce que
nous voulions dire effectivement, à l'effet que nous ne
réprouvions pas, mais que nous serions prêts à accepter de
regretter tous ensemble, cette erreur qui a pu être commise et qui est
très humaine.
M. LESSARD: Errare humanum est.
M. BEDARD (Chicoutimi): Parce qu'errare humanum est, comme dit...
M. LESSARD: Persévérer...
M. BEDARD (Chicoutimi): D'ailleurs, au ni- veau de ces règlements
que vous nous faisiez parvenir, et c'est là qu'on en voit l'importance,
il était fait mention, par exemple, que le leader de l'Opposition y a
travaillé et que cela a été le résultat d'un
travail de dix ans, tel que vous le mentionnez, et vous nous dites entre autres
que ces règles ont été acceptées; c'est là
qu'on voit que des règlements ne sont pas seulement des questions
d'avocasserie, c'est pour un but très précis. Vous le dites
vous-même. "Nous avons voulu assujettir le règlement à la
réalité de l'Assemblée pour qu'il fasse de celle-ci un
Parlement moderne, efficace, qui permettra à la majorité de faire
adopter sa législation, à l'Opposition de s'exprimer en toute
liberté, à l'opinion publique de se manifester et à tous
les députés de remplir pleinement leur rôle de
législateurs".
C'est ce que nous faisons à l'heure actuelle, et ce que font
naturellement nos confrères d'en face, non pas en parlant, étant
donné le genre de procédure dans lequel on est engagé,
mais en nous écoutant, si je peux employer l'expression
"écouter". Peut-être écouter, mais sûrement pas
approuver.
Egalement, vous nous parlez que l'unanimité qui a entouré
l'adoption du règlement nous parait un gage qu'il sera respecté
par une sorte d'entente tacite, respectée pas seulement par
l'Opposition, respectée aussi par les membres du gouvernement et les
présidents de commission, entre les représentants de tous les
partis, ce qui contribuera à l'amélioration des travaux
parlementaires.
Ce règlement, je ne vous dirai pas qu'on commence à
l'aimer, mais on commence, à mesure, à en voir la
nécessité. Ce règlement qui nous permet, parce que vous
nous l'avez permis de par le règlement, d'apporter un amendement en
changeant le mot "réprouver" par celui de "regretter" concernant
l'attitude qui a été prise par l'honorable député
de Roberval lors de la commission parlementaire. Eh bien, il reste quand
même que même si nous avons accepté de changer le mot
"réprouver" pour celui de "regretter", on serait très heureux si,
à un moment donné, cela faisait l'unanimité, dans le sens
que toute la Chambre serait d'accord de ce côté.
Mais nous ne reculerons pas, par exemple...
UNE VOIX: ...consentement...
M. BEDARD (Chicoutimi): ...sur le principe à l'effet qu'il y a eu
une erreur.
LE PRESIDENT: Bon!
M. BEDARD (Chicoutimi): Et, est-ce que je peux continuer? Alors, je
reviendrai lors des 20 minutes...
UNE VOIX: C'est t'y assez fort!
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! L'honorable chef de l'Opposition
officielle.
M. Jacques-Yvan Morin
M. MORIN: M. le Président, j'espère que le sens de cet
amendement a été bien perçu par les gens d'en face et
aussi par les gens de ma gauche et de ma droite.
M. BELLEMARE: C'est t'y assez fort!
M. MORIN: Nous, de l'Opposition, sommes, comme je le disais ce matin,
dans une position particulièrement délicate dans cette
Assemblée. Bien que nous représentions un pourcentage imposant de
Québécois, c'est un fait, je pense que les ministériels
peuvent s'en féliciter tant qu'ils le veulent, que nous ne sommes que
six ou huit si l'on inclut les honorables collègues, membres du Parti
créditiste.
M. BELLEMARE: C'est la faute du peuple!
M. MORIN: Mais même si nous ne représentions...
LE PRESIDENT: Silence, s'il vous plaît! M. MORIN: ...que 10 p.c.
de la population... M. BELLEMARE: Ce n'est pas 30?
M. MORIN: ...même si nous représentions 5 p.c, nous aurions
encore des droits en tant qu'Opposition dans cette Assemblée. Nous
aurions encore une tâche à remplir et nous ne pouvons fonctionner,
nous ne pouvons être efficaces dans cette tâche que dans la mesure
où nous pouvons compter sur l'application du règlement et sur
l'impartialité, l'objectivité de ceux qui président aux
débats, que ce soit dans cette Assemblée, que ce soit dans les
diverses commissions.
M. VEILLEUX: Ils viennent de changer d'idée!
M. MORIN: Le leader du gouvernement, tout à l'heure, nous a dit
que nous avions fait une motion de pure forme. Non pas, M. le Président,
ce n'était pas une motion de pure forme. Nous avions vraiment de quoi
nous plaindre, nous avions des motifs de porter à votre attention et
à celle de la Chambre le traitement qui nous a été
infligé vendredi soir et samedi matin à la commission
parlementaire de la justice.
Nous sommes d'avis, M. le Président, que le député
de Roberval avait, disons, pris des libertés avec le règlement et
avec l'usage parlementaire. Bien que nous ayons, comme je le dirai tout
à l'heure, modifié le vocabulaire quelque peu, ou même
considérablement, bien que nous ayons atténué la
portée de notre résolution, il faut bien dire que le comportement
du député de Roberval ne constituait pas une simple
vétille. C'était une chose qui nous paraissait sérieuse.
Cela nous paraissait, en tout cas, augurer mal de l'avenir, parce que j'imagine
que nous allons avoir à siéger dans un très grand nombre
de commissions et que si le même comportement se manifestait chez les
présidents de toutes les commissions, si chaque fois que le pouvoir est
pressé de faire adopter un projet de loi, on adoptait à notre
endroit les mêmes tactiques, la même stratégie, il est bien
évident que nous serions obligés de revenir devant vous, devant
cette Chambre, pour proposer de nouveau des votes comme ceux-là des
votes où nous mettons en question, pour employer les termes de l'article
68, la conduite d'un président de commission.
Ce n'étaient pas des vétilles, M. le Président. Au
premier chef, ce n'étaient pas des choses légères, par
exemple, que de refuser le droit de parole aux députés de
Saint-Jacques et de Saguenay, si ma mémoire est bonne, qui
étaient présents à la commission.
M. BELLEMARE: Une chance que vous n'êtes que six !
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. HARDY: Le problème des aristocrates!
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! Continuez.
M. MORIN: Puis-je continuer, M. le Président? Merci. Eh bien, M.
le Président, les interruptions répétées de mes
collègues me font quelque peu perdre le chemin où je
m'étais engagé.
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. HARDY: Vous vous perdez facilement!
M. MORIN: Puis-je continuer, M. le Président? Merci.
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. MORIN: Je disais que les interruptions fréquentes de mes
honorables collègues me font quelquefois perdre le chemin dans lequel je
m'étais engagé.
M. BELLEMARE: La pertinence du débat?
M. MORIN: Puis-je continuer, M. le Président?
UNE VOIX: Une directive.
M. MORIN: Je disais, M. le Président, que les interruptions
répétées...
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs, s'il vous plaît ! A l'ordre
!
M. MORIN: Puis-je continuer, M. le Président?
M. HARDY: Vous ne savez pas quoi dire!
UNE VOIX: Pour un professeur, c'est limité!
M. MORIN: J'espère, M. le Président, que ces interruptions
ne sont pas comptées sur le temps dont je dispose.
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs, s'il vous plaît. Je m'excuse
de vous interrompre, moi-même. A l'ordre, s'il vous plaît,
messieurs!
M.MORIN: Puis-je continuer, M. le Président? Je disais donc que
les interruptions fréquentes de mes honorables collègues me font
quelquefois perdre le chemin dans le quel je m'étais engagé, et
j'arrive quelquefois, après de long tâtonnements, à le
retrouver.
M. le Président, je suis en train de perdre la voix! ... Puis-je
continuer, M. le Président? Merci, M. le Président. Je disais
donc que mes honorables collègues me font quelquefois perdre le chemin
dans lequel je m'étais engagé. Toutefois, avec beaucoup de
patience, j'arriverai à le retrouver.
LE PRESIDENT: A l'ordre! Je vais suspendre la séance.
A l'ordre, messieurs! S'il vous plaît.
M. MORIN: Puis-je continuer, M. le Président?
LE PRESIDENT: S'il vous plaît, messieurs! M. BELLEMARE:
Bouffonnerie!
M. MORIN : Nous avions dans cette proposition utilisé un langage
qui était somme toute assez dur; réprouver c'est rejeter, c'est
condamner, c'est dénoncer, blâmer, vilipender. Mais, à bien
y penser, il y avait la tension, la fatigue, le caractère soporifique du
débat; tout ça a pu émousser l'objectivité du
député de Roberval.
M. VEILLEUX: Question de règlement. M. le Président,
rappelez à l'ordre le député de Saguenay, qui se
promène avec une cigarette allumée dans l'enceinte de
l'Assemblée nationale.
LE PRESIDENT : A l'ordre! A l'ordre, messieurs! Continuez.
M. MORIN: Avec toutes ces interruptions, puis-je demander de combien de
temps je dispose? Une minute. Je disais que nous avons décidé,
réflexion faite, de regretter d'être choqués, chagrins,
surpris, étonnés. Nous exprimons nos regrets et pour tout dire
nous mettons en question comme le dit l'article 68 la conduite du
député de Roberval.
Toutes ces interruptions, ce manque de décorum dans
l'Assemblée me portent à proposer l'ajournement du débat.
La nuit porte conseil. Nous avons déjà fortement nuancé la
proposition initiale qui vous avait été soumise. Je me permets
maintenant, dans l'espoir que peut-être d'autres nuances viendront
s'ajouter à celle-ci au cours de la nuit, de proposer l'ajournement du
débat.
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! Vous comprendrez que je ne peux
accepter cette motion pour aucune considération, tout simplement parce
qu'il s'agit d'une motion privilégiée qui doit être
vidée avant de considérer toute autre motion au feuilleton.
M. MORIN: C'était une proposition en vertu de l'article 77.
LE PRESIDENT: Très bien. Par contre nous avons un débat
tout à fait spécial, qui est un débat
privilégié, qui a une priorité sur toute autre chose
à l'ordre, s'il vous plaît! sur tout ordre du jour,
étant donné que cette question doit être vidée avant
d'entreprendre toute autre discussion. Et votre temps est terminé
justement.
M. MORIN: Merci.
LE PRESIDENT: L'honorable leader parlementaire de l'Opposition.
M. BELLEMARE: Deux chefs. C'est le vrai chef.
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! S'il vous plaît.
M. Robert Burns
M. BURNS: M. le Président, je ne relève pas la question de
règlement qui actuellement est devant nous, mais qui à coup
sûr...
M. LEVESQUE: Encore un petit peu.
M. BURNS: Si elle vient d'un représentant de l'Opposition dans
une motion privilégiée, je me demande très
sérieusement s'il n'y a pas lieu d'examiner la valeur de la proposition
du chef de l'Opposition.
DES VOIX: A l'ordre!
M. LEVESQUE: A moins que ça équivaille à un retrait
de la motion.
M. BURNS: Cela n'équivaut pas à un retrait de la motion,
loin de là. Vous avez rendu, si je comprends bien...
LE PRESIDENT: Voulez-vous que j'explicite? Je ne devrais pas. Je fais
une erreur
moi-même. Je pense bien que la personne la plus concernée
est le député de Roberval, à qui on fait un certain
procès depuis le matin. Et je crois qu'il est le premier
intéressé que cette question se vide.
M. BELLEMARE: Cela, c'est payant pour le bien-être social... de
Saint-Jacques.
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! M. BURNS: Sur la motion...
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! S'il vous plaît, j'inviterais
les députés à respecter le règlement à la
lettre pour les 27 minutes qui nous restent.
M. BURNS: Sur la motion, M. le Président, qui, à toutes
fins pratiques, amende la motion que j'ai proposée, qui est inscrite au
feuilleton à l'article 26, je pense que je me dois d'intervenir et de
dire ce que je pense de cette motion qui a été faite, d'ailleurs,
par un collègue de mon parti. Par simple curiosité et avant
d'entrer dans le débat de fond, j'ai examiné les
définitions des mots "réprouver" et "regretter". Pardon?
M. BLANK: C'est déjà fait.
M. BURNS: J'imagine que le député de Saint-Louis a fait
cet examen, lui aussi, de son côté, mais je pense que toute la
Chambre doit savoir qu'on ne l'a pas fait ensemble, qu'on n'a pas passé
des informations de l'un à l'autre. De mon côté, M. le
Président, j'ai retrouvé, justement dans le dictionnaire Robert,
la définition du mot "réprouver". C'est le petit Robert,
édition 1972. Par exemple, on retrouve, sous le mot "réprouver",
la définition que je vous cite: Premièrement: "rejeter en
condamnant (ce qui paraît odieux, criminel). On cite alors un certain
nombre de choses qui sont tout à fait parallèles, telles que
blâmer, condamner, détester, rejeter, critiquer. M. le
Président, au départ, j'admets que ce n'est pas le but de ma
motion; ce n'est pas du tout l'intention de ma motion.
M. HARDY: Vous vous êtes trompé.
M. BURNS: Non, on ne s'est pas trompé; vous allez voir.
UNE VOIX: Ils se sont reconnus.
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. BURNS: Deuxièmement, M. le Président, on nous dit que
réprouver veut dire "rejeter et destiner aux peines éternelles".
M. le Président, ce n'est sûrement pas notre intention de rejeter
le député de Roberval et de le destiner aux peines
éternelles. Bon!
M. BELLEMARE: ...
M. BURNS: Cela, M. le Président, c'est le député de
Rosemont qui, de temps à autre, fait du bruit comme ça; en tout
cas, ce n'est pas grave.
M. BELLEMARE: Quand les affaires... M. BURNS: M. le
Président...
LE PRESIDENT: Je voudrais rappeler à l'ordre tous les
députés qui interviennent alors qu'un autre a obtenu le droit de
parole, et je devrai sévir si ça continue.
M. BURNS: Merci, M. le Président. A l'en-contre de cette
définition de réprouver, on retrouve une définition qui
est beaucoup plus, à mon avis, adaptée au style de
réprimande j'utilise le mot réprimande pour la
première fois dans le débat que nous faisons à
l'égard du député de Roberval et qui, je pense, cadre
davantage avec notre opinion sur son attitude que nous "réprouvions",
mais que nous sommes prêts à "regretter", M. le Président.
J'examine encore dans ce même dictionnaire, version 1972, la
définition du mot "regretter". Regretter je vous dis la version
qu'on en donnait au 15e siècle ça voulait dire "se
lamenter sur quelque chose". Nous n'avons pas du tout l'intention de nous
lamenter sur l'attitude qu'a tenue le député de Roberval
lorsqu'il a présidé la commission de la justice, lorsqu'il a fait
et posé les gestes que nous réprouvons, M. le
Président.
L'ensemble de son attitude, nous la regrettons.
C'est dans ce sens-là que je vais vous citer encore une fois
davantage une définition du mot "regretter" qu'on retrouve encore une
fois au petit Robert. On nous dit que regretter ça veut dire
éprouver le désir douloureux. C'est un désir douloureux
que nous avons éprouvé, il n'y a aucun doute, quant à
l'attitude du député de Roberval. M. le Président, le
même dictionnaire Robert, je le cite verbatim, le même dictionnaire
Robert nous dit que ce désir douloureux que nous éprouvons est
à l'égard d'un bien qu'on n'a plus.
C'est assez extraordinaire, M. le Président. Quand j'ai lu
ça, j'ai dit c'est un bien qu'on avait, cette espèce
d'impartialité qu'on trouvait chez le député de Roberval,
qu'on ne trouve plus actuellement, qu'on n'a pas cru reconnaître en tout
cas lors de la séance de la commission de la justice vendredi soir et
samedi matin, surtout samedi matin. M. le Président, si je vais plus
loin, il y a une deuxième définition qui est donnée au mot
"regretté" et qui est d'être fâché de ne plus avoir,
d'être mécontent d'une situation.
C'est beaucoup plus, à mon avis, ce que nous voulons dire par
notre motion. Nous sommes fâchés de ne plus avoir cette
espèce d'impartialité à laquelle je me
référais tantôt. Nous sommes mécontents, sans aucun
doute, de
l'attitude du député de Roberval et nous regrettons, par
conséquent, cette attitude.
Et finalement, dans un langage beaucoup plus 20e siècle, le
même dictionnaire nous dit qu'en deuxième lieu, le fait de
regretter quelque chose, c'est d'abord et avant tout de désapprouver
quelque chose. C'est ce que nous faisons et c'est ce pourquoi je suis
entièrement d'accord avec l'amendement qui est actuellement
proposé. Nous désapprouvons, c'est au fond ça que nous
voulons dire par notre motion, nous désapprouvons l'attitude du
député de Roberval, lorsque, d'une part, il a
décidé de lui-même, tout en en appelant à la
commission, tout en décidant que la commission devrait se prononcer mais
sans plus de formalisme qu'il le fallait, et je n'ai pas l'intention de revenir
là-dessus, formalisme qui est absolument nécessaire dans le style
de la procédure qui actuellement ! nous guide, parce que c'est ça
en fin de compte la procédure que nous avons actuellement, c'est un
guide, c'est une façon de nous dire comment réagir à
certains projets de loi.
C'est une façon de nous dire commert on pourra, nous de
l'Opposition, contrer certaines manoeuvres du gouvernement, manoeuvre!; que
nous subissons depuis le 6 décembre, dîpuis que la motion qui
actuellement nous régit a été adoptée.
C'est beaucoup plus une désapprobatic n de l'attitude du
député de Roberval que nous voulons manifester par notre motion
qu'une réprobation qui, elle, est beaucoup plus carrée, beaucoup
plus directe et beaucoup plus dirigée contre la personne du
député de Roberval.
Si, au départ, j'ai cru bon et je l'ai mentionné au tout
début de mon intervention de faire cette motion avec les
difficultés qu'elle comportait, avec l'esprit délicat qu'elle
comportait, cela n'est pas que nous n'y avons pas pensé. Loin de
là. Nous y avons pensé. Nous avons pensé également
et j'insiste sur ce fait qu'il est fort possible qu'après
notre motion et même après tous les arguments que nous aurons
soumis à l'Assemblée, le vice-président de
l'Assemblée nationale qui s'appelle M. Robert Lamontagne et qui est
député de Roberval soit exactement au même poste. Il est
fort possible que nous n'aurons pas réussi à convaincre la
majorité libérale de cette espèce de réprobation
qui, dans le fond, devient une désapprobation de son attitude. Nous
aurions pu, simplement par voie d'amendement, demander, et cela aurait
été possible je vous le signale, je le signale surtout
dans l'intérêt des autres députés de cette Chambre
qui actuellement écoutent ce débat depuis ce matin nous
aurions pu très facilement dire que le député de Roberval
ne doit plus à l'avenir être vice-président de
l'Assemblée nationale.
C'est une des façons selon lesquelles nous aurions pu amender la
motion que j'ai soumise. Mais, nous avons pensé, et ceci à l'aide
d'intervention de collègues et en particulier de celles du
député de Chicoutimi, de celles du député de
Saguenay, nous avons compris qu'il était peut-être
nécessaire de réduire l'intensité du langage qui
s'adressait à cette désapprobation des gestes posés par le
député de Roberval.
M. HARVEY (Charlesbourg): ... 3,000. Vous feriez un bon juge.
M. BURNS: Nous pensons tout simplement que devant cette situation, que
devant la difficulté avec laquelle et le député de
Roberval et le gouvernement, et j'insiste sur ce dernier point, ont eu ou ont
affronté les arguments que les députés de l'Opposition ont
soumis en faveur de la motion, nous avons décidé, peut-être
en atténuant cette motion qui, dans le fond qu'on ne se leurre
pas là-dessus demeure aussi une motion de blâme, de
réduire la force du langage de la motion originale.
Cette motion originale qui était de "réprouver" l'attitude
est devenue, tout simplement, de "regretter" l'attitude du député
de Roberval.
M. TETLEY: M. le Président, est-ce que vous allez pleurer dans
quelques secondes? Je commence à pleurer, moi.
M. BURNS: Remarquez qu'avec les définitions que je vous ai
données tantôt je pourrais très facilement pleurer.
M. TETLEY: Pourquoi ne pas lire la Bible comme dans le Sénat
américain durant les "filibusters". Je préfère
écouter la Bible qu'un discours comme ça. C'est une honte pour le
Parlement de Québec !
M. BURNS: C'est une honte, selon le député de
Notre-Dame-de-Grâce?
M. TETLEY: C'est une stupidité grave. Lisez la Bible, je
préfère la Bible de beaucoup.
M. BURNS: M. le Président, je ne parlerai pas des nombreuses
stupidités que le député de Notre-Dame-de-Grâce nous
a servies, depuis quelques années, à l'intérieur de
l'Assemblée nationale, comme à l'extérieur. Je ne parlerai
jamais de ça, M. le Président, parce que le député
de Notre-Dame-de-Grâce a une facilité de rougir qui,
actuellement...
M. TETLEY: Donnez un exemple, donnez un seul exemple.
M. BURNS: ...me rendrait vraiment mal à l'aise. Mais, s'il
fallait, M. le Président, que je relève toutes les
stupidités que le député de
Notre-Dame-de-Grâce...
M. TETLEY: Donnez un seul exemple.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): A l'ordre! A l'ordre. La motion!
M. BURNS: M. le Président, je veux tout simplement dire que, s'il
fallait...
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Assez, assez, des deux côtés,
d'accord?
M. BURNS: ... que je relève... Alors, je ne relèverai pas,
M. le Président, à votre demande, toutes les stupidités du
député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. TETLEY: Donnez un seul exemple.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Si vous voulez avoir le dernier mot, on ne
finira jamais.
M. TETLEY: Je pourrais donner vingt exemples de votre stupidité
aujourd'hui.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Le député de Maisonneuve,
s'il vous plaît, revenez à la motion.
M. BURNS: M. le Président, je vais suivre votre conseil et toutes
ces stupidités et toutes ces insignifiances du député de
Notre-Dame-de-Grâce, je ne les relèverai pas.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Je relèverai votre droit de
parole.
M. BURNS: Je vous le promets, M. le Président. Je pourrais
pourtant en parler longtemps, parce qu'elles sont, comme le dit mon
collègue de Saint-Jacques, très nombreuses, très
nombreuses.
De toute façon, je reviens à la motion, laquelle nous
incite non pas à "réprouver" l'attitude du député
de Roberval, mais à "regretter" son attitude. Je ne veux pas, M. le
Président, revenir sur tout l'aspect strictement procédurier de
la situation qui nous a menés à vous soumettre cette motion et
qui a mené mes collègues à amender même la motion
qui est devant nous. Mais, sans le faire, comment pourrait-on ne pas regretter
qu'un président, d'une part, prenne sur lui de ne pas mettre aux voix
une motion qui, normalement, devrait avoir tout simplement son cours, qui
devrait, normalement, trouver sa place à l'intérieur des
procédures d'une commission?
Comment ne pourrait-on pas regretter cette attitude de la part d'un
président qui, en l'occurrence, s'adonne à être
vice-président de l'Assemblée nationale, comme vous d'ailleurs,
M. le Président, qui, actuellement, occupez ce siège? Comment ne
serais-je pas plus difficile, comment ne serais-je pas plus exigeant à
l'égard d'une personne dont le poste actuel est de remplacer
régulièrement et constamment le président lorsque le
président est soit incapable d'agir ou n'est pas là ou que le
président a besoin d'être remplacé, d'une façon
générale?
C'est, dans le fond, le sens même, le sens fondamental de notre
motion et sachant d'avan- ce que, tôt ou tard, nous aurons, à
cause de la majorité gouvernementale, à cause de l'attitude de
cette majorité gouvernementale, à travailler avec le
député de Roberval, nous sommes prêts à
atténuer le sens de notre motion originale, c'est-à-dire qu'au
lieu de réprouver l'attitude du député de Roberval, nous
sommes prêts à regretter qu'il ait posé un certain nombre
de gestes.
Un autre geste que nous sommes prêts à regretter et non pas
à réprouver, c'est cette attitude à mon avis
unilatérale qu'il a adoptée lors de la commission, attitude
décidant, encore une fois de façon unilatérale, de
remettre au lendemain une séance de commission alors que cette
commission n'a pas été régulièrement
ajournée. Est-ce que vous me blâmeriez de regretter cette attitude
à l'égard d'un de vos collègues, vice-président de
l'Assemblée nationale? Vous pouvez peut-être le faire comme
député libéral. Je ne vous blâmerais pas du tout de
trouver que j'ai tort de soulever cette question. Je ne vous blâmerais
pas non plus de trouver que mes collègues ont tenu un débat sur
cette question beaucoup plus long que vous l'auriez vous-même
désiré en tant que député libéral. Mais je
suis certain qu'en tant que vice-président de l'Assemblée
nationale, en tant que personne ayant les pouvoirs
délégués du président de l'Assemblée
nationale, tels qu'ils sont décrits à l'article 10, je suis
convaincu que vous êtes heureux, que vous êtes peut-être le
premier à être heureux de voir ce genre de débat se tenir
à l'Assemblée nationale.
Si vous ne l'étiez pas, M. le Président, vous seriez dans
une espèce de quiétude qui de notre côté, nous
inquiéterait énormément. J'ai parlé cet
après-midi de ce danger, de cette difficulté que comporte votre
fonction d'avoir été d'une part élu comme
député libéral, donc sous la bannière partisane
d'un groupement politique et de vous retrouver, vous, M. le Président,
comme le député de Laval, comme le député de
Roberval, dans une position qui exige une neutralité absolue.
J'ai parlé de cela, M. le Président, pour une raison bien
simple. C'est que j'espère que, et le député de Laval, et
le député de Roberval, et le député de Saint-Louis,
à qui je parle actuellement en tant que président de
l'Assemblée nationale, vont comprendre une chose. C'est que l'Opposition
devra pouvoir s'exprimer à l'intérieur de l'Assemblée
nationale dans les années qui viennent, que l'Opposition devra pouvoir
utiliser tous les moyens mis à sa disposition, M. le Président...
Est-ce que le leader du gouvernement trouve que...
M. LEVESQUE: Vous êtes drôle!
M. BURNS: Je ne trouve pas, M. le Président.
M. LESSARD: ... contre vous autres. On s'exprime à notre corps
défendant !
M. BURNS: M. le Président, bien que le leader du gouvernement
trouve que c'est très drôle, ce que je dis là, je pourrais
relever un certain nombre de choses que lui-même ne trouvera pas
tellement drôles.
M. LEVESQUE: Allez-y.
M. BURNS: Je pourrais relever, M. le Président, entre autres, le
fait qu'après neuf jours de cette nouvelle session, il ne faut jamais
l'oublier elle n'a pas commencé il y a un an et demi, elle a
commencé le 22 novembre dans le but de "bulldozer", j'utilise le
mot vraiment délibérément, un certain nombre de projets de
loi, ce gouvernement a tout simplement décidé je ne le dis
pas de façon "plaignarde" de "bulldozer" l'Opposition, de rendre
l'Opposition absolument impossible en fixant des heures...
Non, mais le leader du gouvernement m'a posé une question, je lui
réponds.
LE PRESIDENT: Non, je ne peux pas accepter la question, parce que j'ai
trop peur des ouvertures et des précédents. Un autre
député pourra se lever du côté ministériel et
invoquer la permission que je vous accorde pour élargir et finir le
débat. Souvenez-vous de l'expérience que nous avons eue sur le
projet de loi des loyers, où nous nous sommes réveillés
avec trois bills en même temps.
Je ne le permets pas. Même je reconnais hors d'ordre la question
que vous a posée le leader parlementaire du gouvernement.
M. BURNS: M. le Président...
M. LEVESQUE: J'aurais bien aimé avoir l'occasion de
répliquer.
M. BURNS: C'est bien la prudence. LE PRESIDENT: Revenez à la
motion.
M. BURNS: Je suis entièrement d'accord sur votre attitude
là-dessus, M. le Président, mais j'espère que votre
vigilance va même aller jusqu'à empêcher le leader du
gouvernement de m'interrompre alors que je suis en train de vous dire...
M. LEVESQUE: Cela vous donne une chance.
M. BURNS: J'espère que cette vigilance permettra au leader du
gouvernement de me répondre en vertu des règles de
l'Assemblée nationale, c'est-à-dire de revenir plus tard, s'il
croit que j'ai tort dans les propos que je tiens actuellement. Soit en vertu de
l'article 96 de notre règlement ou soit encore en vertu d'autres
dispositions.
M. LEVESQUE: Je remercie le leader de l'Opposition de me permettre de
parler.
M. BURNS: Tout ceci pour vous dire que je suis entièrement
d'accord, même si dans le fond, encore une fois, ça peut
paraître un petit peu masochiste que d'accepter que sa propre motion soit
amendée, même si ça peut paraître une espèce
d'attitude généreuse à outrance que d'accepter que sa
propre motion soit modifiée par le remplacement d'un mot tel que
"réprouve" par le mot "regrette". Je suis entièrement d'accord
sur la proposition qui a été faite par mon collègue.
Je crois sincèrement que la motion telle que la proposition
d'amendement vous la soumet nous donne beaucoup plus le véritable sens
de cette motion que je ne voulais pas à l'origine diriger à
l'égard du député de Roberval.
Je ne reviendrai pas non plus sur le fait que le député de
Roberval est pour nous une personne, sur le plan individuel, absolument
aimable, absolument gentille. C'est le représentant, à toutes
fins pratiques...
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs, à l'ordre! ... A l'ordre!
...
M. BURNS: M. le Président, il est minuit; alors je propose
l'ajournement du débat.
LE PRESIDENT: II n'y a même pas de motion à faire.
M. BURNS: Bien oui, je sais que je n'ai même plus...
LE PRESIDENT: C'est automatique.
M. BURNS: ... le droit, comme je l'ai argumenté, de parler s'il
est minuit.
M. VEILLEUX: II est minuit, M. le Président.
M. BURNS: M. le Président, je termine ici, mais ça ne veut
pas dire que je termine mon intervention.
LE PRESIDENT: Dites-moi qu'il est minuit. M. BURNS: II est minuit, M. le
Président. LE PRESIDENT: Merci, je suis satisfait.
M. LEVESQUE: Alors, pour qu'on se comprenne bien, c'est 10 heures demain
matin?
LE PRESIDENT: Oui. Juste un instant, je pense qu'il y a eu entente;
j'aimerais peut-être que ça devienne un ordre de la Chambre. Nous
avons au feuilleton un avis pour une autre motion privilégiée,
une motion de censure en vertu de l'article 24. Au lieu de me forcer à
rendre une décision, je pense qu'il y a consentement. Demain matin,
après la période des questions, si la Chambre est d'accord et
m'en exprime son assentiment, nous pourrions procé-
der avec la motion de censure du parti de l'Opposition officielle envers
la politique des langues, je crois, jusqu'à 13 heures. Le débat
devra se terminer à 13 heures et à la reprise des travaux,
après le déjeûner, nous retournerons au débat
actuel. Cela devient un ordre de la Chambre, tout le monde est d'accord?
UNE VOIX: D'accord.
M. BURNS: D'accord, M. le Président. J'ai discuté de ce
problème avec le leader du gouvernement et je pense qu'il consent
à cela; j'ai compris en tout cas qu'il consentait à cela. En ce
qui me concerne, même s'il y a conflit à toutes fins pratiques
entre deux motions privilégiées, je suis d'accord que la motion
de l'honorable chef de l'Opposition, relativement à la langue, soit
d'abord traitée demain matin, qu'on utilise le temps
nécessaire...
M. LEVESQUE: M. le Président, vous me permettrez cependant de
faire remarquer au leader parlementaire de l'Opposition officielle que je n'ose
presque pas concourir à ce moment-ci de peur que l'Opposition officielle
vous fasse une motion de blâme demain parce que vous avez
négocié ces choses, vous avez tenu une séance après
minuit.
Et, dans les circonstances, M. le Président, je ne voudrais pas
me trouver dans une situation comme celle qu'ont dénoncée nos
amis d'en face. Mais soyez assuré que si demain, M. le Président,
vous posez la question, je m'en tiendrai à une entente que nous avons
faite durant les heures normales.
M. BURNS: M. le Président, vous savez fort bien...
LE PRESIDENT: Donc l'Assemblée ajourne ses travaux à
demain dix heures.
(Fin de la séance à 0 h 5)