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(Dix heures trente-sept minutes)
M. LAVOIE (président): Qu'on ouvre les portes. A l'ordre,
messieurs!
Affaires courantes.
Présentation de pétitions.
Lecture et réception de pétitions.
Présentation de rapports de commissions élues.
Présentation de motions non annoncées.
Présentation de bills privés.
Présentation de bills publics.
Déclarations ministérielles.
Dépôt de documents.
Questions des députés.
Questions et réponses Vote libre sur le projet
de loi no 28?
M. LAURIN: M. le Président, ma question s'adresse au premier
ministre. Est-ce que le premier ministre a l'intention, à propos de
questions sur lesquelles l'un ou l'autre de ses députés s'est
prononcé publiquement, de laisser la liberté de vote,
particulièrement en ce qui concerne le projet de loi no 28?
M. LEVESQUE: Il y a un projet de loi devant la Chambre, M. le
Président. Lorsque ce projet de loi aura été
appelé, l'honorable député aura tout le loisir de poser
les questions qu'il jugera opportunes.
Projet de loi sur les accidents du travail
M. SAMSON: M. le Président...
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Rouyn-Noranda.
M. SAMSON: ... j'aimerais poser une question à l'honorable leader
du gouvernement. Croit-il possible que la loi concernant les accidents de
travail, permettant d'augmenter les allocations et les pensions aux veuves,
puisse être déposée pour discussion avant la fin de la
présente session?
M. COURNOYER: M. le Président, je n'ai pas d'objection à
déposer cette loi, si l'Opposition n'a pas d'objection à la
recevoir.
M. SAMSON: M. le Président, question supplémentaire.
Peut-être, pour rassurer l'honorable ministre du Travail, nous sommes
tout à fait disposés à la recevoir et à
l'étudier.
M. COURNOYER: J'en remercie l'Opposition officielle, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT: L'honorable chef de l'Opposition.
M. LOUBIER: M. le Président, je pensais soulever cette question
en vertu de l'article 114, mais, si le gouvernement veut appeler le projet de
loi, je pense qu'il n'y aura pas de grande discussion dans l'étude et
l'analyse, parce que nous sommes, en tout cas de ce côté-ci, en
principe, d'accord pour l'accepter en première, deuxième et
troisième lectures, le plus rapidement possible.
M. LEVESQUE: Est-ce que je dois comprendre que c'est la même chose
pour les trois Oppositions?
M. LAURIN: Quelle est la question? M. LOUBIER: Un instant.
M. PAUL: C'est un bon président de la Commission des accidents du
travail et un excellent ministre du Travail.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Sainte-Marie.
Postes d'essence sur les autoroutes
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président, ma question
s'adresse au ministre de la Voirie. En vertu de quel règlement
l'interdiction de construire des postes d'essence dans les ronds-points des
autoroutes provinciales a-t-elle été levée en faveur de BP
Canada Limitée?
M. PINARD: M. le Président, j'aimerais bien donner toutes les
informations au député de Sainte-Marie tant au plan légal
qu'au plan technique, lui expliquer la réglementation qui a
été en vigueur et qui l'est encore, mais je voudrais l'assurer
que cela prendrait probablement beaucoup de temps au ministre de la Voirie.
Ce que je peux proposer, cependant, pour l'information de tous les
députés de l'Assemblée nationale et de tous ceux qui, de
près ou de loin, sont intéressés à ce
problème du fameux rond-point dont il a été abondamment
question dans le journal ou ailleurs, c'est de réunir les
députés quelque part ici à l'Assemblée nationale
dans une salle assez grande et de faire donner les explications par les
techniciens du ministère, à savoir comment cela se passe en
réalité, ce qu'est un rond-point, ce qu'est un système
enclos, ce qu'est un autre système de carrefours étages en
trèfle, à quel endroit un propriétaire de terrain peut
bâtir ou faire bâtir un restaurant ou un poste d'essence, où
sont situées les servitudes de non-accès, où peuvent
être permis les accès, etc.
C'est extrêmement compliqué, et je pense, puisque c'est
compliqué, qu'on profite de la situation pour mêler toutes les
questions à ce sujet. Je n'ai rien à cacher, je le
répète, et j'ai décidé de prendre toutes les
informations nécessaires auprès de mes fonctionnaires qui
travaillent d'arrache-pied pour mettre un dossier au
point tant au plan technique qu'au plan légal. Il me fera plaisir
de déposer ces documents en Chambre si c'est le désir de celle-ci
ou de procéder de la façon que j'ai suggérée
tantôt, c'est-à-dire d'inviter les députés à
venir prendre les informations sur place. J'inviterai également les
membres de la Tribune de la presse qui s'intéressent à ce
problème de façon particulière.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président, une question
supplémentaire. Je comprends, après ce que le ministre vient de
nous dire, qu'il sera assez long, peut-être, de nous expliquer tout le
processus de l'octroi d'un permis.
Mais est-ce que le ministre veut nous dire qu'il y a un règlement
qui permet que de tels postes d'essence soient construits à
l'intérieur des ronds-points? Est-ce qu'il y a un règlement qui
le permet?
M. PINARD: M. le Président, l'enquête, à ce jour,
révèle qu'il n'y a pas eu de privilèges accordés
à la compagnie BP et que ce restaurant ou ce poste d'essence n'a pas
été construit à l'intérieur d'un rond-point. C'est
l'enquête qui le révèle. J'ai fait faire cette
enquête par des personnes dont c'est le métier d'en faire. Des
photographies aériennes seront prises et démontreront, je
l'espère, de façon indubitable qu'il n'y a pas eu de
privilèges accordés à qui que ce soit, et encore moins
à la compagnie BP.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Une autre question supplémentaire, M.
le ministre. Si d'autres compagnies font la même demande, est-ce que le
ministre leur donnera, à elles aussi, une réponse favorable?
M. PINARD: M. le Président, je sais à quoi fait allusion
le député, c'est que les gens qui se sont plaints au
ministère de la Justice avaient les mêmes droits que tout le
monde. S'ils ne s'en sont pas prévalu, ce n'est pas de ma faute et ce
n'est pas la faute de qui que ce soit dans cette Assemblée nationale. Et
je ne retrace non plus aucune demande de ces plaignants indiquant qu'ils
auraient eu un refus de la part du ministère. C'est ce que
l'enquête révèle en ce moment. Si le député a
d'autres informations, qu'il les mette sur la table, nous allons en discuter
une fois pour toutes.
M. LAURIN: Une question additionnelle, M. le Président. Dois-je
conclure de la réponse du ministre, qu'il serait prêt à
exposer et à expliquer cette situation extrêmement complexe aux
députés lors d'une réunion de la commission parlementaire
de la Voirie? Est-ce qu'il pourrait s'entendre avec le leader parlementaire
pour que cette commission sur la Voirie siège le plus tôt
possible?
M. PINARD: M. le Président, je suis à la disposition des
députés de l'Assemblée nationale, mais je voudrais que le
règlement soit respecté, que les ententes prises entre le leader
ministériel et les leaders de l'Opposition soient aussi
respectées. Il y a une législation importante à faire
adopter, et je me demande si ce fameux rond-point est plus important que toute
la législation qui est actuellement déposée devant cette
Assemblée nationale.
M. LAURIN: Une question additionnelle, M. le Président. Est-ce
que je pourrais demander au ministre de la Justice quels ont été
les résultats de sa conversation avec le président de la
Fédération des garagistes et détaillants à ce
sujet, hier?
M. CHOQUETTE: M. le Président, M. Nolan McDonald s'est
présenté à mon bureau hier matin sans rendez-vous, il m'a
dit qu'il avait des documents ou des faits importants à me remettre. Il
m'a remis un document, et ce document est examiné à l'heure
actuelle.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Portneuf.
Protection civile
M. DROLET: M. le Président, j'aurais une question à poser
à l'honorable ministre de la Justice ou de la Fonction publique. Est-ce
que les procédures d'intégration du personnel de la Protection
civile de la province à la Fonction publique sont maintenant
terminées, sinon, quand prévoit-il qu'elles le seront?
M. L'ALLIER: Je prends avis de la question, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je désirerais
poser une question au ministre des Affaires culturelles en le remerciant de
nous avoir fait la distribution des prix. Pourquoi ne m'a-t-il pas
attribué, outre le prix de langue française, le prix
d'assiduité, le prix de respect au président?
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Saguenay.
Camionneurs artisans
M. LESSARD: M. le Président, ma question s'adresse au ministre du
Travail. Est-ce que le ministre du Travail pourrait nous dire s'il a
l'intention de donner suite à sa promesse d'accorder à
l'Association nationale des camionneurs artisans indépendants du
Québec une reconnaissance syndicale avant 1972?
M. COURNOYER: Il est extrêmement diffi-
cile de ne pas reconnaître un syndicat qui existe et je
l'ai reconnu de fait. Quant à savoir si ce syndicat
représente, conformément à nos lois du travail, les
employés ou les camionneurs artisans, tels que définis dans
l'ordonnance no 13, il s'agira d'amender les lois pour le permettre sur une
base légale. Mais de fait, je l'ai déjà reconnu, ce
syndicat.
M. LESSARD: Question supplémentaire, M. le Président.
Est-ce que le ministre a été informé du conflit qui oppose
les camionneurs artisans de la région du comté de Saguenay avec
l'Anglo Canadian Pulp, justement parce que l'Anglo Canadian Pulp refuse de
négocier avec les camionneurs artisans?
M. COURNOYER: Il faudrait se comprendre sur une reconnaissance de fait.
Le ministre du Travail, M. le Président, peut reconnaître, de
fait, une association, mais cela n'engage personne autre que le ministre du
Travail et peut-être certaines sections du gouvernement qui ont convenu,
avec le ministre du Travail, de reconnaître cette association.
Quant à savoir si cela oblige des personnes à
négocier avec l'Association nationale des camionneurs artisans du
Québec, il est bien clair que le code du travail exclut les artisans et
que, pour les obliger, il faudra amender le code du travail. Je ne peux
malheureusement pas l'amender en 1971 étant donné les lois qu'il
reste à étudier devant cette Chambre. Mais je ne dis pas, par
exemple, qu'il n'y aura pas des amendements pour permettre la syndicalisation
de ces camionneurs artisans sur la même base que d'autres personnes,
excepté qu'ils ont leurs outils, mais de faire en sorte que le code du
travail reçoive une demande des camionneurs artisans sur une base
spécifique. De fait, le ministre les reconnaît. De droit,
cependant, ils n'ont que ceux que les compagnies peuvent bien vouloir leur
consentir.
M. LESSARD: Question supplémentaire, M. le Président.
Est-ce que nous pourrions savoir pourquoi le ministre a tellement tardé
à remplir ses engagements à ce sujet puisqu'il semble que le
ministre est d'accord pour la reconnaissance syndicale? Pourquoi le ministre ne
l'a-t-il pas fait en 1971, et pourquoi attend-on continuellement des
conflits...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! M. LESSARD: ... avant qu'on résolve
des... M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre! M. LESSARD: ...
problèmes?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! L'honorable...
M. LAURIN: Mais, M. le Président,...
M. LE PRESIDENT: Un instant, s'il vous plaît.
L'honorable député de Beauce.
Immigrants professionnels
M. ROY (Beauce): Merci, M. le Président. J'aurais une question
à poser à l'honorable ministre des Affaires culturelles. En
passant, je veux le remercier pour ce qu'il nous a fait parvenir. L'honorable
ministre des Affaires culturelles nous a informés que 142 immigrants
professionnels se seraient prévalu de la loi 64. Il ne s'agit pas de la
Loi du syndicalisme agricole, M. le Président, mais de la loi 64 de
l'année dernière. Le ministre a-t-il l'intention de s'inspirer
des effets positifs obtenus par l'application de cette loi pour abroger une loi
inutile comme la loi 63 et présenter, à courte
échéance, une législation faisant office de politique
linguistique pour l'ensemble du Québec?
M. LEVESQUE: M. le Président, si j'ai bien compris la question,
je crois bien qu'elle est irrégulière. On sait qu'on ne peut pas
critiquer un projet de loi sans en demander le rappel.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Saint-Maurice.
Parc de la Mauricie
M. DEMERS: M. le Président, ma question s'adresse au ministre du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche. En prévision de l'adoption
éventuelle du bill 288, l'honorable ministre pourrait-il déposer
en cette Chambre le protocole d'entente qui aurait été
signé l'automne dernier entre elle et l'honorable Jean Chrétien,
afin que nous sachions...
MME KIRKLAND-CASGRAIN: Avec plaisir, M. le Président. Je le ferai
au cours de la journée.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Maisonneuve.
Plaques d'immatriculation
étrangères
M. BURNS: M. le Président, le 4 novembre dernier, je posais au
ministre de la Justice une question relativement au droit du gouvernement
fédéral de faire circuler ses véhicules avec des plaques
d'immatriculation qui ne sont pas celles du Québec. A ce
moment-là, il avait pris avis de ma question. A-t-il des nouvelles
à me communiquer à ce sujet, étant donné que c'est
le 4 novembre dernier que j'ai posé la question?
M. CHOQUETTE: M. le Président, je prends toujours avis de la
question. Je répondrai au député demain matin.
M. BURNS: Merci, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Lévis.
Petits entrepreneurs
M. ROY (Lévis): M. le Président, ma question s'adresse
à l'honorable ministre du Travail. Est-il au courant ou pourrait-il me
dire s'il est vrai ou faux que des négociations sont en cours avec les
gros entrepreneurs et le comité conjoint pour empêcher les petits
entrepreneurs de travailler eux-mêmes?
Si le ministre veut avoir des explications, c'est que les gros
entrepreneurs ne travaillent pas manuellement, avec leurs outils, mais les
petits entrepreneurs travaillent avec leurs outils.
On est apparemment en train de négocier des contrats pour
empêcher ces petits entrepreneurs de travailler avec leurs outils quand
ils seront reconnus comme entrepreneurs.
M. COURNOYER: Le ministre du Travail n'est pas au courant de ceci.
Disons que ce n'est pas déjà dans le décret, et que cela
empêche de travailler avec ses outils.
Si jamais ils voulaient le faire, il faudrait qu'ils fassent une
requête au ministre du Travail, conformément à la Loi des
relations de travail dans l'industrie de la construction. J'aviserai alors de
la décision à prendre, soit d'accepter ou de ne pas accepter
cette demande des sept parties.
Remarquez que ça ne me surprendrait pas outre mesure qu'on soit
en train de négocier comme ça.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre de la Fonction publique.
Assurance-chômage
M. L'ALLIER: M. le Président, je ne sais pas si je réponds
maintenant à la question qu'allait me poser le leader parlementaire du
Parti québécois. Quoi qu'il en soit, je voudrais répondre,
en fait, à deux questions pour être bien sûr. La
première porte sur l'assurance-chômage.
Est-ce que la question du leader parlementaire portait sur
l'assurance-chômage?
M. LAURIN: Oui, c'était effectivement cela.
M. L'ALLIER: La réponse que je voulais faire n'était pas
sur ce sujet.
Quant à cette question, j'ai reçu, il y a quelques
minutes, le texte officiel du règlement adopté par la Commission
fédérale de l'assurance-chômage. Je le ferai distribuer aux
chefs des oppositions d'ici quelques minutes et je pourrai, demain matin, faire
le point sur ce sujet. Je veux l'étudier; je ne l'ai reçu que ce
matin, quelques minutes avant d'entrer en Chambre. Donc, vous l'aurez dans
quelques instants.
Congés des fêtes
M. L'ALLIER: Je voulais répondre à une question qui a
été posée il y a déjà plusieurs jours et qui
intéresse tous les employés du gouvernement, car elle concerne
les jours fériés de Noël et du Jour de l'An, et les
journées qui précèdent immédiatement ces
congés.
D'après les dispositions des diverses conventions collectives,
intervenues entre le gouvernement et les syndicats de ses employés
relativement aux jours fériés et chômés, il est
prévu que, si de tels jours tombent un jour non ouvrable, ces jours ne
sont pas reportés et pour toutes fins utiles demeurent non
utilisés. C'est donc le sens des conventions collectives qui existent
maintenant.
Il y a, dans les conventions collectives actuelles, quinze jours
fériés et chômés et deux après-midis, soit
ceux de la veille de Noël et du Jour de l'An. En bref, seize jours
fériés et chômés. Or, sur une période de dix
ans, on peut évaluer que la moyenne de jours chômés
utilisés est de douze par année.
C'est pourquoi nous proposons, à l'occasion des présentes
négociations, douze jours fériés par année à
être disposés suivant l'accord des parties. Or, cette
année, le lendemain de Noël et du Jour de l'An, ainsi que Noël
et le Jour de l'An sont des jours non ouvrables, c'est-à-dire des
samedis et des dimanches. Aucune disposition de la convention ne prévoit
donc que ces congés doivent être reportés.
Devant cette situation, nous avons soumis au syndicat, mercredi le 15
décembre dernier, soit le Syndicat des fonctionnaires provinciaux du
Québec et le Syndicat des agents de la paix de la Fonction publique,
deux propositions. La première proposition consistait à reporter
la fête de l'Epiphanie qui tombe cette année un jeudi, aux deux
matinées de la veille de Noël et du jour de l'An, autrement dit de
travailler le 6 janvier 1972, mais par ailleurs de chômer les 24 et 31
décembre, toute la journée. Il s'agissait donc tout simplement
d'un échange qui nous paraissait réaliste et conforme aux
intérêts de tout le monde.
La deuxième proposition consistait à maintenir les
demi-congés, après-midi des 24 et 31 décembre,
prévus à la convention, mais de reporter le congé de
l'Epiphanie du jeudi le 6, au lundi 27 décembre ou au lundi 3 janvier.
Si l'une ou l'autre de ces propositions semblait convenir au Syndicat des
fonctionnaires provinciaux du Québec et au Syndicat des agents de la
paix de la Fonciton publique qui représentent plus de 24,000
employés, par ailleurs le Syndicat des professionnels du gouvernement du
Québec ne voulait donner son accord à la proposition du
gouvernement, qu'à la condition que le gouvernement ajoute un
congé, soit le lundi 27 ou le lundi 3 janvier.
Nous avons demandé aux trois syndicats de se mettre d'accord
sinon, dans le cas contraire, le gouvernement se verrait dans l'obligation
d'appliquer strictement la convention collec-
tive, ce qui est le résultat de la négociation. Appliquer
Ja convention collective c'est-à-dire accorder les congés
prévus à ladite convention, la veille de Noël dans
l'après-midi, la veille du jour de l'An dans l'après-midi et le 6
janvier 1972, jour de l'Epiphanie.
Nous avons été informés que le Syndicat des
professionnels qui groupe 3,500 employés, n'a pas donné son
accord sur les propositions du gouvernement plus haut mentionnées.
Celui-ci se voit dans l'obligation d'appliquer les conventions et, par
conséquent, les employés du gouvernement dont la semaine de
travail est du lundi au mercredi inclusivement seront en congés les
vendredis après-midi 24 et 31 décembre 1971 ainsi que le jeudi 6
janvier 1972.
Je regrette, M. le Président, qu'un échange aussi simple
qui constituait un effort précis du gouvernement, pour augmenter
certainement la productivité, n'a pas trouvé d'écho
favorable chez le Syndicat des professionnels, dont on serait normalement en
droit d'attendre qu'il est plus sensible à cette notion de
productivité.
Conseil régional de la Gaspésie
M. LAURIN: Ma question s'adresse au ministre responsable de L'ODEQ.
Est-ce que le ministre est en mesure de nous faire connaître la
contre-proposition québécoise et outaouaise à la
proposition du Conseil régional de développement de la
Gaspésie, maintenant qu'un nouvel administrateur fédéral a
été nommé?
M. QUENNEVILLE: M. le Président, à la demande de ceux qui
ont présenté la contre-proposition, on a demandé quand
même l'opinion du ministère de l'Industrie et du Commerce avant de
soumettre au CRD de l'Est cette contre-proposition. Cela doit se faire
aujourd'hui ou demain au plus tard.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Institutions
financières, Compagnies Coopératives.
Vente de compagnies de finance
M. TETLEY: Merci, M. le Président. L'honorable
député de Beauce, hier, m'a posé une question au sujet de
la vente de six compagnies de finance à une société
américaine. J'ai fait enquête et il s'agissait plutôt de
l'achat, pas de compagnies de finance mais de compagnies d'information ou
agence d'information, ce qu'on appelle en anglais "credit reporting
companies".
J'ai constaté que les six compagnies en question ne sont pas du
Québec mais plutôt d'autres provinces dont quatre du Manitoba, une
de l'Ontario et une de la Nouvelle-Ecosse. De plus, l'acheteur n'était
pas américain mais c'est Retail Credit Company of Canada Limited dont le
siège social est à Toronto, mais dont la vraie maison mère
est aux Etats-Unis.
M. ROY (Beauce): M. le Président, je remercie l'honorable
ministre des informations qu'il vient de nous donner. Comme l'honorable
ministre nous a dit qu'il s'agit plutôt de compagnies d'information,
éventuellement il y a tout de même le risque que tous les dossiers
d'information de crédit soient compilés aux Etats-Unis.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. ROY (Beauce): Je pose au ministre une question supplémentaire.
Est-ce que ces compagnies ont des bureaux d'information?
M. LE PRESIDENT: Si je comprends bien, le ministre a bien dit qu'il ne
s'agissait pas de compagnies québécoises.
M. ROY (Beauce): M. le Président, je comprends qu'il s'agisse de
compagnies qui ne sont pas québécoises mais ces compagnies ont
des bureaux d'affaires au Québec et les dossiers québécois
sont compilés par ces compagnies et peuvent être
transférés aux Etats-Unis.
Je demande à l'honorable ministre s'il a l'intention de prendre
des dispositions en vue de faire des représentations auprès du
gouvernement fédéral pour exiger que celui-ci obtienne certaines
garanties à l'effet d'éviter que les dossiers de crédit
soient transférés aux Etats-Unis. C'est le sens de ma question,
M. le Président.
M. TETLEY: M. le Président, je crois que vous avez raison
plutôt que le député de Beauce. Il s'agissait de six
compagnies qui font affaires dans d'autres provinces. La maison mère
fait commerce ici au Québec, mais la compagnie a été
achetée en 1954, avant l'élection du présent gouvernement,
évidemment.
Je me demande comment on peut contrôler cette vente au sujet des
dossiers de ces compagnies, je vais m'informer, mais je suis presque certain
que les rapports de ces compagnies, au sujet des citoyens de la province de
Québec, sont gardés ici au Québec et pas aux
Etats-Unis.
M. LE PRESIDENT: Affaires du jour.
Ordre des travaux de la Chambre
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président, en vertu de
l'article 114 je voulais demander au leader parlementaire et en même
temps au premier ministre s'ils ont toujours l'intention de faire adopter le
bill 64, Loi du syndicalisme agricole, avant que la session ne se termine.
Etant donné que samedi le leader parlementaire du premier
ministre nous a maquillonné l'échange de cette loi pour...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): ... l'acceptation du rapport...
M. LEVESQUE: M. le Président,...
M. BOURASSA: M. le Président, le député est au
courant, il y a eu huit ou neuf heures de débats hier simplement sur une
motion. Si cela avait duré trois heures au lieu de neuf, nous aurions eu
la chance d'aborder le bill 64.
M. LESSARD: Vous avez commencé la session le 26 octobre.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Affaires du jour.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Il n'y a pas de réponse.
M. LEVESQUE: Numéro 5.
Projet de loi no 28
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre de l'Education propose que je
quitte maintenant le fauteuil et que la Chambre se forme en comité
plénier. Cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
M. CARDINAL: Une question auparavant, M. le Président. En vertu
de l'article 114, ai-je encore le droit?
M. LE PRESIDENT: Est-ce que cela peut attendre à demain?
M. CARDINAL: Non.
UNE VOIX: Il y a une décision de prise.
M. CARDINAL: D'accord, je me plie à la décision.
Comité plénier
M. HARDY (Président du comité plénier): A l'ordre,
messieurs! Le député de Bagot.
M. CARDINAL: Je sais que le ministre doit distribuer un nouveau texte.
Pouvons-nous suspendre en attendant le nouveau texte ou tout simplement laisser
passer le temps? Nous n'avons pas de projet de loi devant nous.
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, comme nous avons
été à la commission parlementaire, j'ai ici un texte
complet des amendements qui ont été acceptés à
cette commission, texte qui est présentement distribué. Tous ceux
qui en veulent peuvent venir en chercher d'autres copies.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Maisonneuve.
M. BURNS: J'aimerais simplement vous poser, au début, M. le
Président, une question qui se soulève à cause du rapport
que la commission de l'Education a fait. Le rapport de la commission, qui a
été accepté par l'Assemblée nationale vous
en avez sans doute eu connaissance disait tout simplement qu'il y avait
eu des séances deux jours particuliers. Je n'ai pas le texte du
rapport.
UNE VOIX: Les 13 et 14 décembre.
M. BURNS: Les 13 et 14 décembre. Il n'y avait dans le rapport, M.
le Président, aucune référence à des amendements
qui auraient été adoptés à la commission
parlementaire. Mon interprétation serait que le projet de loi no 28
là-dessus, je vous pose la question nous revient dans la
forme où nous l'avons envoyé. Est-ce que tout le monde se
comprend là-dessus? Il semble que le ministre de l'Education me dise oui
là-dessus.
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, jusqu'ici, à la
commission de l'Education, on n'a pas fait tellement de procédure depuis
18 mois. Alors, simplement pour faciliter le travail des membres de la Chambre,
je consolide l'ensemble des amendements, mais, évidemment, je suis
conscient que le projet de loi est repris tel qu'il était au
départ. Au lieu de distribuer les papillons à chaque article,
vous les avez pour tous les articles, sauf l'article 586.
M. BURNS: Merci, M. le Président.
M. CARDINAL: M. le Président, il y a quand même une
précision que je demande au ministre. Est-ce que les amendements
distribués ce matin comprennent ceux qui ont été, non pas
acceptés, mais suggérés, les 13 et 14 dcembre 1971, en
commission permanente?
M. SAINT-PIERRE: Oui, M. le Président, les amendements
distribués incluent ceux qui avaient été soumis par
l'Opposition et qui avaient été acceptés en commission
parlementaire.
M. CHARRON: M. le Président, la liste des amendements que vient
de nous faire parvenir le ministre contient-elle tous les amendements qu'il
nous fera connaître au cours des travaux du comité plénier
ou si d'autres, encore inconnus, viendront s'y greffer?
M. SAINT-PIERRE: Non, M. le Président. Lorsque la Chambre
délibérera sur cet important projet de loi, il est évident
qu'à la fois les partis de l'Opposition et le parti ministériel
pourront mettre de l'avant d'autres amendements. Si j'ai distribué ces
textes, c'est simplement pour faciliter le travail en commission.
M. CHARRON: Pourquoi l'amendement annoncé à...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): L'article 586.
M. CHARRON: ...l'article 586 n'est-il pas dans cette liste? Le ministre
se souviendra que c'est cet amendement annoncé qui a fait buter nos
travaux en commission et, encore ce matin, au début du comité
plénier, nous ne possédons pas plus l'amendement à
l'article 586.
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, nous allons étudier en
comité plénier article par article ce projet de loi 28.
Dès que nous arriverons à l'article 586, il me fera plaisir de
déposer l'amendement envisagé par le gouvernement et nul doute
que d'autres partis de l'Opposition auront également des amendements
à proposer.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, au sujet de ces
amendements éventuels aux articles 586 et 587, le ministre nous avait
dit en commission permanente qu'ils nous seraient distribués dans les
quatre jours. C'était les 13 et 14 décembre. Nous aurions bien
voulu avoir ces textes avant, étant donné qu'ils portent sur le
contentieux du projet de loi.
M. SAINT-PIERRE: Je vais faire distribuer le texte de l'amendement
ministériel à l'article 586, mais je pense que c'est bien
entendu, et pour les partis d'Opposition et pour le parti ministériel,
qu'on se réserve, quand même, le droit de suggérer d'autres
amendements, non seulement à l'article 586, mais à d'autres
articles. Voici l'amendement que nous avions pour l'article 586.
Peut-être que, dans un esprit de collaboration, pour bien comprendre le
débat, on pourrait poser la même question aux
députés de l'Opposition.
S'ils ont des amendements pour cet important article, qui est la
cheville ouvrière du projet de loi, ou pour tout autre article, de nous
déposer des textes. Ainsi, nous pourrions, nous aussi, bien
comprendre.
M. CARDINAL: Si vous le permettez, M. le Président, je ne me
compromettrai pas, pour deux raisons. La première, c'est que je n'ai pas
encore eu le texte. Il m'arrive à l'instant et il m'est difficile de
juger quelque chose d'aussi important en aussi peu de temps.
Deuxièmement, à la commission parlementaire, j'ai exprimé
publiquement, l'attitude de notre parti, pas tellement au sujet de l'article
586 on en viendra nécessairement là que sur la
fameuse question du retrait du projet de loi no 63 avec certaines nuances.
En temps et lieu, donc, face à l'article proposé par le
gouvernement, j'établirai au nom du parti la position qui est la
nôtre.
M. SAINT-PIERRE: Les raisons invoquées par
l'Unité-Québec me paraissent fort justifiées. Est-ce que
nous pourrions demander au Parti québécois qui a des amendements
à proposer à l'article 586 de bien vouloir, peut-être, nous
en faire tenir une copie?
M. CHARRON: Je l'ai fait le 8 décembre dans une conférence
de presse. Je l'ai refait le 13 décembre à la commission
parlementaire. Je peux bien le refaire le 22 décembre en comité
plénier. Les amendements que nous allons apporter à l'article 586
et à l'article 587, mettons l'article 586 pour le départ, sont
bien connus. C'est une banalité en fait. C'est de rajouter deux
paragraphes d'inapplicabilité sur l'île de Montréal.
M. SAINT-PIERRE: Est-ce que nous pourrions avoir le texte de ces
amendements?
M. CHARRON: Certainement.
M. SAINT-PIERRE: Ayant le texte de ces amendements, M. le
Président, non pas pour bousculer les débats, il serait
peut-être approprié de commencer au premier article et de
débattre le projet de loi.
M. CARDINAL: M. le Président, je voudrais quand même
apporter une précision. Je ne veux attaquer ni la parole ni la bonne foi
de mon collègue de Saint-Jacques, mais je n'ai jamais eu, en commission
parlementaire, le texte de cet amendement. Tout ce que j'ai pu voir, c'est un
rapport dans les journaux. Et malgré, aussi, la bonne foi des
journalistes, je ne pars pas de là pour me prononcer sur une proposition
d'amendement.
M. CHARRON: Je veux simplement rétablir les faits, M. le
Président. Lors de notre longue discussion en commission sur la motion
que le gouvernement avait présentée pour éviter la
discussion sur les articles 586 et 587, j'avais le député
de Chicoutimi s'en souviendra voulu amender la motion du ministre pour
que figurent, dans le rapport de la commission, nos deux amendements.
J'étais allé moi-même porter une copie de notre amendement
au député de Chicoutimi, à la table de la commission
parlementaire.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mais, M. le Président, cet amendement
ne nous était pas parvenu.
M. CARDINAL: Je ne l'ai pas eu.
M. CHARRON: Je vous l'ai donné en mains propres.
M. CARDINAL: En tout cas...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'était au président.
M. CHARRON: C'est un problème de communication.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est au président que vous l'avez
remis.
M. CHARRON: Vous n'avez pas eu la copie, M. le Président?
M. CARDINAL: M. le Président, qu'on ne s'attaque pas à
cela et qu'on commence à l'article 1.
M. CHARRON: Bien, du même souffle, si vous me le permettez, M. le
Président, je vais remettre aussi au député de Bagot copie
de cet amendement à l'article 586...
M. CARDINAL: Merci.
M. CHARRON: ... et une autre au collègue de Richmond qui est
il est où, là? disparu dans la brume.
M. LE PRESIDENT: Article 1. L'honorable député de
Saint-Jacques.
M. CHARRON: L'article 1, M. le Président, il est long.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Article 1, concernant l'article 581.
M. CHARRON: L'article 581. Non, je n'ai rien à l'article 581.
M. CARDINAL: M. le Président, la discussion s'est tenue en
commission parlementaire. J'ai été satisfait des réponses
du ministre et l'article, quant à moi, est acceptable.
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, il y a un léger
amendement pour...
M. CHARRON: Oui, c'est ça.
M. SAINT-PIERRE: ... concordance. Au paragraphe c), c'est l'article 597
et non l'article 598. C'est une erreur d'impression.
M. LE PRESIDENT: L'article 597 à la place de l'article 598.
M. SAINT-PIERRE: Au paragraphe c).
M. LE PRESIDENT: L'amendement est adopté?
M. CARDINAL: Accepté. Je ne sais pas si c'est un amendement ou
une correction typographique!
M. LE PRESIDENT: L'article 581 est adopté...
M. CHARRON: C'est ça.
M. LE PRESIDENT: ... tel qu'amendé. L'article 582?
M. CHARRON: M. le Président, à l'article 582, je
rappellerai à votre attention et à l'attention des membres du
comité plénier que nous avions fait une brève et rapide
entente quant au report à la fin de nos travaux ou à un autre
article qui vient beaucoup plus loin de l'adoption de l'article 582. Je vous
explique pourquoi j'en fais encore la suggestion ce matin.
C'est que le projet de loi amendé désormais par la
nouvelle version gouvernementale dit: "Des municipalités scolaires sont
érigées sur l'île de Montréal, conformément
aux articles 10a) et 10b)". Si vous regardez le premier texte imprimé
que nous avions reçu et sur lequel la commission parlementaire a
travaillé pendant 50 heures, comme disait le ministre, on
spécifiait onze municipalités scolaires. On fait donc
disparaître la spécificité de "onze" parce qu'il y a aussi
un amendement qui viendra plus loin et qui permettra désormais, s'il est
adopté, au conseil provisoire qui entrera en fonction sur l'île de
Montréal, de suggérer des modifications à la carte
scolaire. Le ministre de l'Education pourra réduire le nombre de
commissions scolaires à sept ou, pour reprendre le libellé
complet, entre sept et onze.
J'avais dit au ministre que nous discuterions de cela lorsque nous
arriverions à la discussion du conseil provisoire, mais il me semblait
quand même important de continuer à spécifier que
l'intention du ministre était de onze commissions scolaires et qu'il
était possible au conseil provisoire de suggérer de les
réduire à sept, mais que l'intention première du
gouvernement, de l'Assemblée nationale qui adopte la loi, était
de onze.
J'explique pourquoi, M. le Président. C'est qu'au fond, pour que
le gouvernement nous présente d'abord le nombre de onze commissions
scolaires et la division telle qu'elle figure sur la carte avec laquelle nous
avons travaillé tout le long de nos travaux, c'est qu'il devait y avoir
des critères précis. On n'avait pas pris onze au hasard et on
n'avait pas fait pour rien les frontières, par exemple, de Park Avenue
à Van Horne, pour la commission scolaire no 1. On n'avait pas inclus
pour rien des minorités polonaises ou des minorités italiennes
dans une commission scolaire plutôt qu'une autre.
Malheureusement, les dix séances de la commission parlementaire
de l'Education, lorsque nous avons entendu des témoignages très
intéressants de tous les intéressés à la question
scolaire à Montréal, comme les miniséances que nous avons
eues à la commission parlementaire où l'Assemblée
nationale nous avait délégués pour étudier le
projet de loi article par article, ne nous ont pas apporté suffisamment
de renseignements quant au caractère spécifique des
critères qui avaient présidé à l'élaboration
de la carte sur laquelle nous avons travaillé.
Je me vois mal placé, M. le Président, pour me prononcer
sur ces critères, ne les connaissant pas. Mais j'ose croire que si le
ministre nous expliquait quels sont les critères qui ont prévalu
à la carte sur laquelle nous avons
travaillé et que ces critères faisaient l'adhésion
des quatre partis de la Chambre, enfin d'une majorité de la Chambre,
pour dire: Voilà les critères exacts qui devraient
présider à la répartition de la carte scolaire sur
l'île de Montréal, nous serions tout à fait en mesure de
dire au conseil provisoire: Vous devez travailler avec onze ou vous devez
travailler selon les mêmes critères spécifiques. Et nous
accepterons des recommandations qui viseraient à les diminuer à
sept, mais il faudra que les critères soient les mêmes.
Ce que je veux dire, M. le Président, c'est que tout en admettant
une latitude de gestes et d'actions au conseil provisoire sur cette question,
il est important que le gouvernement ne se défile pas sur cette question
et ne lui remette pas complète autorité. On lui dit: On vous
permet de remodeler la carte mais voilà: Il faut quand même que
vous répondiez à certains critères bien précis qui
sont ceux du gouvernement. Ces critères, vous les connaissez et savez
combien ils peuvent être embarrassants sur l'île de
Montréal: critères ethnique, linguistique, confessionnel,
démographique, bref, un paquet de critères qui s'ajouteront dans
un ordre ou dans l'autre.
Et c'est irnportant que ce soit l'Assemblée nationale, avant de
le confier au conseil provisoire qui fixe l'ordre des critères.
Malheureusement je vous le répète nous ne
connaissons pas et nous n'avons pas connu encore les critères qui ont
présidé à l'élaboration de la carte sur laquelle
nous avons travaillé. Puisque tout à l'heure, ou demain, ou
à un autre moment, nous aborderons l'article 2, je crois, de ce projet
de loi, qui concerne la structure provisoire et que nous aurons à
déterminer les pouvoirs du conseil provisoire et que nous aurons
à revenir sur cet amendement annoncé par le gouvernement qui vise
à lui laisser une certaine liberté de manoeuvre, quant à
l'élaboration de la carte, je propose donc de faire ce que nous avions
fait lors de notre miniséance de la commission, et de retarder
l'étude de l'article 582 jusqu'à ce moment-là.
M. LE PRESIDENT: Le député de Bagot.
M. CARDINAL: M. le Président, je ne ferai pas de discours, je
voulais simplement faire une suggestion, dans le même sens que celle du
député de Saint-Jacques, mais avec une petite modification.
Je suggère tout simplement que l'article 582, dans l'article 1 du
projet de loi no 28, soit réservé jusqu'à l'étude
des articles 10a) et 10b). Cela me paraît les moments où cette
discussion devrait avoir lieu et non pas l'article 2. Est-ce que le ministre
est d'accord? Cela évitera une perte de temps immédiate.
M. LE PRESIDENT: Le député de Beauce. M. ROY (Beauce): En
ce qui nous concerne,
M. le Président, nous sommes exactement de la même opinion
que le député de Saint-Jacques et le député de
Bagot, nous préférons retarder l'adoption de l'article 582
après l'adoption des articles 10a) et 10b), afin que nous sachions
à quoi nous en tenir et où nous allons.
M. LE PRESIDENT: Il y a consentement unanime pour ajourner
l'étude de cet article 582.
Article 583.
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, à l'article 583, j'ai
fait distribuer un texte d'amendement. A la fin du premier alinéa,
ajouter après "95 à 183" les mots suivants: "qui s'appliquent
mutatis mutandis et sous réserve de l'article 586". Remplacer, dans les
septième et huitième lignes du deuxième alinéa,
"pour des mandats d'une année scolaire" par les mots suivants "pour un
mandat de quatre ans".
Ajouter à la fin du deuxième alinéa ce qui suit:
"Ces deux commissaires d'école n'ont cependant pas le droit de vote ni
d'être élus président ou vice-président et ne
peuvent non plus être désignés membres du conseil. Au cas
de vacances, ils sont remplacés de la même façon,
nonobstant l'article 184, pour la durée non écoulée de
leur mandat".
Les premiers amendements touchent les demandes de concordance, exigent
un amendement de concordance.
Le deuxième alinéa tend à confirmer le statut
d'observateurs pour les commissaires nommés par le lieutenant-gouverneur
en conseil, lorsque la minorité linguistique n'a aucun
représentant.
On remarquera que, dans les amendements suggérés par le
gouvernement, ces derniers n'ont aucun droit de vote, mais ont tous les droits
et pouvoirs des commissaires.
On me permettra simplement deux mots que j'ai déjà dits en
commission parlementaire sur le bien-fondé de cet amendement. Dans le
domaine scolaire, ce n'est pas exactement la même chose que nous
retrouvons dans d'autres institutions démocratiques. Les gens y
retrouvent, par le biais de l'école, une affinité
particulière et je pense que, compte tenu du caractère
hétérogène de la population scolaire sur l'île de
Montréal, il y avait dans le contexte des commissions scolaires
unifiées un danger réel que des minorités linguistiques
importantes, à la fois francophones ou anglophones, se retrouvent au
niveau du conseil scolaire sans aucun représentant.
L'amendement proposé par le gouvernement ne vise pas à
leur donner un représentant pour modifier les résultats de la
démocratie, mais vise plutôt à leur permettre un
observateur qui puisse les rassurer et qui aura à répondre
à eux, qui vise à les rassurer sur tout ce qui peut se passer
à l'intérieur du domaine scolaire dans une commission scolaire
unifiée.
Sans de pareils observateurs dans une com-
mission scolaire donnée comme celle de l'ouest de l'île de
Montréal, 16 p.c. de la population francophone de cette commission
scolaire risqueraient de se retrouver sans aucun représentant et
risqueraient de se retrouver dans un sentiment de crainte devant l'inconnu,
devant l'absence d'informations et de renseignements sur ce qui se passe
exactement au niveau de la commission scolaire.
Il est entendu qu'avec quinze commissaires qui seraient dans ce cas,
pour prendre un cas d'espèce, anglophones, les deux commissaires
francophones nommés ne peuvent changer le résultat de la
démocratie, mais ils permettent à cette minorité qui, dans
ce cas-là, serait francophone, d'avoir une oreille à
l'intérieur de la commission scolaire, d'avoir également une voix
pour laisser entendre les griefs légitimes qui peuvent être faits
à des écoles de cette minorité linguistique.
On remarquera d'ailleurs qu'avant de procéder à la
nomination, le gouvernement fait une consultation auprès des
présidents des comités d'école du groupe linguistique
concerné.
M. CARDINAL: M. le Président, le ministre est allé au
devant des coups, mais je ne recommencerai pas l'exposé que j'ai fait
à la commission parlementaire, parce que le ministre sait fort bien
ainsi que les membres de la commission, notre position à ce sujet. Nous
nous opposons complètement à ces deux observateurs. Et je
procéderai par une argumentation à partir d'un exemple que je
prends à partir des travaux des 7, 13 et 14 décembre de la
commission parlementaire.
A cette commission parlementaire, il y avait un certain nombre de
membres qui avaient droit de délibération et droit de vote. Il y
avait des membres qui avaient droit de délibération, sans avoir
le droit de vote, c'étaient des observateurs. Ces observateurs ont pu
donc s'exprimer longuement et le ministre a pu voir par cette expérience
que les observateurs qu'il veut nommer dans un désir peut-être de
respecter la démocratie ce que je ne crois pas et
d'ajouter des semblants de garanties aux minorités qu'elles soient
francophones ou anglophones, va tout simplement enrayer le travail des
commissions scolaires.
On y envoie des délibérants, ils n'auront pas droit de
vote, d'accord! mais ils pourront parler pendant des heures et des heures et
des heures s'ils ne sont pas d'accord avec les commissaires. Il faut l'admettre
au départ, que ces gens vont être des enrayeurs professionnels qui
vont faire en sorte que tout va tourner en rond au lieu de marcher dans les
commissions scolaires.
Deuxièmement, ceci est très grave, parce que de même
qu'on le verra dans d'autres articles où il y a des systèmes
parallèles d'établis pour protéger des minorités,
encore une fois, on va complètement par ceci, détruire ce qui
était l'ensemble même de la commission scolaire unique où
le jeu entier de la démocratie devait jouer. L'intention est bonne de
protéger les minorités, le moyen employé ne nous parait
pas le moyen idéal. Nous croyons qu'au niveau de la structure non
confessionnelle, qu'au niveau de la structure non linguistique, ce qui est la
commission scolaire unique, l'on ne peut pas ajouter une espèce de cran
d'arrêt qu'on appelle des observateurs qui feront rapport à leur
minorité et qui vont créer dans les commissions scolaires
où il y aura des observateurs, la même situation qui s'est
créée à Saint-Léonard.
On va donc créer, comme on ne sait pas le nombre de commissions
scolaires, deux, quatre ou six Saint-Léonard. M. le Président,
pour nous, et je ne serai pas plus long dans mon exposé, l'amendement du
gouvernement ne nous parait absolument pas acceptable.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, au sujet de cet
amendement que propose le ministre, mon collègue vient de vous en donner
les principales raisons. J'ai déjà, en commission permanente,
exposé, moi aussi, mon point de vue à ce sujet.
Disons au départ que l'intention du ministre est peut-être
généreuse. Il reste toutefois que si on replace ça dans
l'optique de ce qu'on appelle la commission scolaire unifiée, qu'on
replace ça dans l'optique du fonctionnement normal de la
démocratie et du fonctionnement de tous les mécanismes de cette
démocratie, l'amendement du ministre vient à mon sens contrarier
ce qui constitue les principes de base de la démocratie et mettre le
grain de sable dans les rouages de cette démocratie.
J'avais, au moment de l'étude en commission permanente,
posé quelques questions au ministre lui demandant ceci: quel sera
précisément le rôle de ces observateurs? On dit
évidemment qu'il s'agit d'observateurs, mais quel sera le rôle de
ces observateurs, étant donné qu'ils n'auront pas d'autres voix
qu'une voix consultative et encore, cela n'est pas précisé qui
seront simplement ces observateurs. Est-ce qu'ils auront d'abord droit de
parole? On suppose que oui puisqu'on les nomme observateurs. Ils pourront
participer aux délibérations, etc., ils n'ont pas voix
délibérative.
Alors est-ce que ce vont être des surveillants? Est-ce que ce vont
être des contrôleurs? Ce sont des questions que j'ai posées
au ministre à ce moment-là. Est-ce que ce vont être les
inquisiteurs? Est-ce qu'ils vont être en quelque façon des agents
de police au sein de ces organismes dits démocratiques? On veut
procéder à la création d'une commission scolaire
unifiée. On fait appel pour cela aux mécanismes de la
démocratie.
Pour que ces mécanismes fonctionnent véritablement, qu'ils
jouent pleinement leur rôle, il ne faut pas, au départ, y mettre
des entraves. Ces personnes, qui siégeront à titre
d'observateurs, qui n'auront pas le droit de vote, qui ne pourront être
élues ni président, ni vice-prési-
dent, non plus que membres du conseil, qu'est-ce qu'elles vont faire
d'autre que de surveiller, de contrôler, d'exprimer des griefs,
d'exprimer des avis contraires et, par la suite je ne porte pas de
jugement sur la qualité des personnes qui pourraient être
nommées elles s'en iront colporter, à droite et à
gauche, toutes sortes d'opinions qui risqueront de mettre le feu n'importe
où, à propos de n'importe quoi.
A supposer qu'une commission scolaire prenne une décision d'ordre
administratif, qui contrarie un tant soit peu la volonté de ces
observateurs, il leur suffit d'aller dans les différents milieux et,
là, d'ameuter les citoyens dont ils pensent qu'ils sont de leur avis
pour créer une sorte de remous, de climat d'agitation qui, à la
fin, paralysera l'action des commissions scolaires.
Je pose encore une fois la question au ministre: Quel va être leur
rôle, autre que ceux que j'ai décrits? Vont-ils être des
contrôleurs? Vont-ils être des surveillants, des inquisiteurs, des
sortes d'agents de police ou des agents de liaison avec des groupes qui
inventeront tous les moyens d'intervenir, si la démocratie ne fonctionne
pas telle qu'elle doit fonctionner, de sorte que les décisions qui
seront prises par les organismes responsables élus, eux,
démocratiquement, ne soient pas mises en application ou qu'en raison des
représentations que feront ces observateurs la commission scolaire se
trouve dans la situation de devoir attendre, analyser, étudier,
réanalyser, resoumettre à la population, à des citoyens,
à son conseil, etc., toute décision?
J'ai l'impression je le dis au ministre que l'intention
généreuse qu'il a eue en voulant nommer ces observateurs ne
respecte par les lois de la démocratie. J'ajoute ceci, en terminant
je l'avais, d'ailleurs, déjà dit en commission permanente
que les gens qui seront élus démocratiquement le seront
parce qu'ils sont des citoyens de première classe. Ces observateurs
n'ayant pas le droit de vote, n'ayant pas le droit d'être
président, vice-président ou membres du conseil, qu'est-ce qu'ils
vont être? Ils vont être, au sens historique du terme, des ilotes,
des sortes d'apatrides dans un mécanisme ou dans un monde où tous
pourront jouir des avantages de la démocratie, sauf eux.
Par ailleurs, ces ilotes auront le droit de pertuber toute
l'économie d'une démocratie. Ils auront le droit de perturber le
climat qui devra régner dès le départ dans ces structures
démocratiques pour que cela fonctionne normalement, conformément
aux exigences de la loi et aussi aux objectifs que le ministre se propose
d'atteindre en nous soumettant ce projet de restructuration scolaire de
l'île de Montréal.
Pour ces diverses raisons, je ne crois pas que nous devions accepter ces
observateurs qui, si nous acceptions qu'ils soient nommés tel que le
ministre le propose, se trouveraient privilégier certains groupes,
quand, en réalité, l'objectif de la loi 28 est de mettre tous les
citoyens sur le même pied en appliquant rigoureusement les règles
de la démocratie.
Que le ministre se souvienne des observations, des recommandations qui
lui ont été faites à la commission parlementaire de
l'Education et il comprendra que cet article, qui porte sur les observateurs, a
été à peu près dans tous les mémoires sauf,
naturellement, ceux de certains groupes qui étaient
intéressés à ce qu'il y eût des observateurs, une
sorte de pierre d'achoppement.
J'ai l'impression que le ministre devrait y réfléchir
à nouveau afin de ne pas introduire dans une structure
démocratique des gens qui auraient un statut privilégié du
fait qu'ils ne seraient pas élus et qui, même s'ils n'ont pas le
droit de vote, auront quand même un droit de regard et le droit de faire
des représentations qui risqueraient de paralyser le fonctionnement
normal des organismes que nous entendons créer.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Beauce.
M. ROY (Beauce): M. le Président, sur le même sujet,
puisque nous sommes au début de la commission plénière du
bill 28, il est évident d'ailleurs, le ministre le sait, nous
l'en avons avisé que nous aurons des amendements à
proposer. Même, au début, je sais qu'il ne sera pas facile de nous
entendre avec le gouvernement et que nous ne pourrons même pas nous
entendre, parce qu'il y a d'abord les principes qui ont guidé le
gouvernement dans l'élaboration de ce projet de loi.
Nous estimons, nous, en ce qui nous concerne, que lorsque nous parlons
d'éducation, de commissions scolaires, de structures administratives
dans les commissions scolaires, il s'agit d'administrer les commissions
scolaires en fonction de ceux qui justement paient la note, les parents, de
ceux qui envoient leurs enfants dans les écoles et nous nous battrons
pour que les parents soient représentés dans toutes les
structures de l'administration scolaire.
Nous savons que dans une société où, à
l'heure actuelle, on semble accorder priorité, plus d'importance
à la matière qu'à l'être humain et où le
signe de piastre sert surtout d'instrument de contrôle des individus au
lieu de servir d'instrument de service, on ne peut pas faire autrement que de
se retrouver dans le contexte où nous nous retrouvons à l'heure
actuelle.
En ce qui a trait aux structures et aux commissions scolaires, à
l'article 583, il est évident que l'on veut donner aux commissions
scolaires de l'île de Montréal des structures administratives qui
ressemblent beaucoup plus à des structures administratives d'usines
d'assemblage avec succursales qu'à des structures administratives de
commissions scolaires.
On a fait grand état de l'amendement qu'a proposé le
gouvernement à l'effet qu'il y ait un
mécanisme d'ajustement qui permettra à deux observateurs,
deux personnes nommées par le lieutenant-gouverneur en conseil de servir
de mécanisme d'ajustement pour permettre aux minorités
lorsqu'il y aura des différences entre les minorités ou la
majorité d'être mieux représentées au conseil
scolaire. Cet amendement est un moindre mal et nous trouvons que le
gouvernement ne va pas assez loin. Non seulement' ces deux personnes devraient
avoir la permission de siéger, mais elles devraient en plus avoir le
droit de vote et les mêmes droits que les autres au même titre.
J'ai été surpris ce matin d'entendre le ministre nous
parler de représentants, dire que les commissaires d'école sont
des représentants alors qu'à la commission parlementaire on a
surtout dit que les commissaires d'école étaient des
administrateurs. Je pense qu'il y aura beaucoup de discussion, beaucoup
d'ambiguïté tant et aussi longtemps qu'on ne s'entendra pas
à savoir si les commissaires d'école seront uniquement des
administrateurs ou des administrateurs et des représentants.
En ce qui nous concerne, nous soutenons, nous, que les commissaires
d'école doivent être non seulement des administrateurs, mais
doivent être des représentants de la population. Lorsqu'on dit
qu'il faut sauver les droits des minorités, il ne faut pas oublier non
plus que la majorité a ses droits.
Si à l'heure actuelle on brime les droits de la majorité
pour respecter, soi-disant, les droits de la minorité, c'est une arme
à deux tranchants parce qu'il y a des commissions scolaires où la
minorité est francophone et il y a des commissions scolaires où
la minorité est anglophone. C'est une arme à deux tranchants,
ça peut jouer dans les deux sens.
Nous estimons que l'on ne doit pas trouver ce respect des droits de la
minorité et ce respect des droits de la majorité seulement au
niveau des paroles, des mots, mais dans des garanties juridiques, dont nous
avons tant parlé, que nous avons exigées et que nous exigerons
encore jusqu'à la fin de la discussion concernant ce projet de loi.
Il est évident que l'amendement que le gouvernement adopte est un
moindre mal. Je ne dis pas que nous allons voter pour cet amendement; nous
allons tenter, par l'amendement que j'ai l'intention de soumettre sur l'article
583, de proposer un mécanisme que le gouvernement pourrait, au niveau de
la réglementation, préciser davantage.
C'est très difficile parce qu'en partant on ne permet pas,
autrement dit, la préparation ou la présentation d'amendements
qui pourraient donner des garanties juridiques dans cet article 583. Et
lorsqu'on parle de garanties juridiques à la minorité
linguistique, j'inclus également la minorité religieuse, la
minorité sur le plan confessionnel.
Alors, les catholiques ont des droits, les catholiques sont en
majorité dans la majorité des commissions scolaires, les
protestants ont des droits, les gens qui professent d'autres fois ont
également des droits. Ce sont leurs enfants, M. le Président, qui
fréquenteront ces écoles. Et justement, on veut en faire des
administrateurs mais à quel titre? Administrer ce qui est
décidé par le ministère de l'Education, ce qui est
décidé par en haut pour voir seulement à une
répartition. Et nous savons, M. le Président, quelles sont les
restrictions budgétaires auxquelles le gouvernement a à faire
face: manque de disponibilité de capitaux de part et d'autre, alors que
les gens se plaignent, évidemment avec raison, qu'ils sont
déjà trop taxés. Justement, il y a peut-être un
point sur lequel je ne veux pas...
M. SAINT-PIERRE: Est-ce que le député me permet une
question pour le débat?
M. ROY (Beauce): M. le Président...
M. SAINT-PIERRE: Vous nous reprochez, à cause de nos contraintes
budgétaires, de ne pas donner suffisamment d'argent aux commissaires, et
si je vous ai bien entendu dans le savant exposé d'hier, c'était
l'inverse, il se dépensait trop d'argent dans l'Education. C'est quoi,
exactement, la politique de votre parti?
M. ROY (Beauce): M. le Président, si le ministre m'avait bien
écouté hier, il aurait compris, je pense, parce que j'ai
été assez explicite. J'ai dit et je ne veux pas engager de
débat et revenir sur le budget supplémentaire, je pourrai y
revenir, mais j'ai dit qu'à deux niveaux il y avait des dépenses,
dans le ministère de l'Education. C'était au niveau du luxe qu'il
y avait dans les écoles et au niveau des investissements qui
étaient mal orientés, qui étaient mal
préparés, mal planifiés, parce qu'on faisait trop
d'investissements dans certaines régions du Québec. C'est
à ces deux niveaux-là, ce n'est pas dans l'administration
même des commissions scolaires, en ce qui a trait à l'affectation
des budgets dans les secteurs pour dispenser l'instruction, l'éducation
et dispenser les différents cours dont les élèves ont
besoin, que les élèves réclament. C'est ce pourquoi,
justement, ils fréquentent les classes.
M. le Président, cet article 583, nous proposons de le remplacer
par le suivant.
M. CARDINAL: M. le Président...
M. LE PRESIDENT: Pour une question de bon ordre, on va vider le
problème avec l'amendement du ministre de l'Education et, par la suite,
évidemment, tout autre membre du comité pourra proposer d'autres
amendements. C'est tout simplement pour la clarté de la discussion,
à moins que ce soit un sous-amendement à l'article 583, mais ce
serait peut-être plus simple, au point de vue procédure, pour ne
pas se perdre dans des dédales, qu'on vide la
question de l'amendement du ministre de l'Education, et que, par la
suite, si le député de Beauce ou tout autre membre du
comité a un amendement à proposer, qu'il le fasse.
M. ROY (Beauce): Voici, M. le Président, ce matin nous avions
quelqu'un qui était en voie de préparer les amendements, nous
n'avions pas prévu que le gouvernement étudierait le bill 28 ce
matin. Alors, nous avions réservé l'avant-midi pour discuter
dé ces problèmes-là et nous préparer. C'est un peu
comme hier. Hier, nous nous étions préparés sur le projet
de loi 64 et le gouvernement nous arrive avec un budget
supplémentaire.
Ce matin, on se prépare sur le budget supplémentaire, on
nous arrive avec le bill 28. Alors, M. le Président, l'amendement tel
que rédigé à l'heure actuelle s'insère mal comme
sous amendement.
M. LE PRESIDENT: Je pense que ce que je propose au député
va bien faire son affaire, puisque si ses amendements ne sont pas encore
prêts, on va discuter l'amendement du ministre et peut-être qu'au
moment où nous pourrons aborder l'amendement de l'honorable
député de Beauce, son amendement sera prêt.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président...
M. LEVESQUE: M. le Président, on me permettra tout simplement de
faire une rectification. J'ai annoncé samedi soir, et ç'a
été la suite normale des travaux, que ce serait soit le bill 28,
soit le budget supplémentaire, soit le bill 64. Il y a quinze projets de
loi au feuilleton, nous en avons extrait trois et le député
était bien au courant. Je comprends que le député,
à un moment donné, avait quinze dossiers dans ses bras. Pour
l'aider, réduire de quinze à trois, je crois qu'il y a eu
progrès.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je voudrais simplement
demander une précision qui va me permettre de préciser ce que
j'ai dit tout à l'heure. Il est question d'observateurs. Un observateur
est une personne qui assiste, mais qui ne dit pas un mot, qui prend
connaissance de ce qui se passe en qualité d'abservateur. Est-ce que le
ministre pourrait me dire quel sera le statut de ces observateurs. Est-ce
qu'ils vont simplement s'asseoir là, observer, écouter sans
prendre part aux discussions? J'aimerais avoir cette précision du
ministre.
M. SAINT-PIERRE: Non, M. le Président, les observateurs ont tous
les droits et pouvoirs des commissaires d'écoles, normalement, sauf les
restrictions apportées par certains amendements. On dit bien: "Ces deux
commissaires d'écoles n'ont cependant pas le droit de vote
limitatif de nouveau ni d'être élus président ou
vice-président de nouveau, limitatif à la suite d'un
amendement de l'Opposition et ils ne peuvent, non plus, être
désignés membres du conseil." Alors, ces gens ont tous les droits
et pouvoirs des commissaires, sauf le droit de vote, sauf le droit d'être
élus président ou vice-président, sauf le droit
d'être désignés comme représentants de la commission
scolaire au conseil.
Maintenant, le député, dans sa première
intervention, posait la question: Quel est leur rôle exactement?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le ministre me permettrait, avant
qu'il ne poursuive, de préciser un point? Il me dit que ce sont des
observateurs. Je lui ai décrit ce qu'est un observateur. J'ai
été représentant, par exemple, du Canada à l'ONU et
j'étais, à certains moments, observateur à certaines
commissions auxquelles le Canada n'était pas admis à part
entière. Je n'avais donc pas le droit de parler, à ce
moment-là. Donc, le terme "observateur" porte à équivoque.
Ce ne sont pas des observateurs. Ce sont, en réalité, des
commissaires qui seraient amputés d'un droit, le droit de vote. Par
conséquent, ce ne sont pas des observateurs et ce serait introduire dans
la loi une équivoque et même un précédent de parler
d'observateurs quand, en réalité, ces gens ont une voix qui leur
permet de délibérer, c'est-à-dire de discuter et de
prendre part à tout ce qui se passe. Donc, ce ne sont pas, au sens de la
loi et selon l'acception commune, des observateurs. Ce sont des commissaires ou
des semi-commissaires ou des demi-commissaires, des gens à qui il manque
un membre ou je ne sais trop quoi. La seule chose, en somme, qu'ils n'ont pas,
c'est le droit de vote. Donc, ce ne sont pas des observateurs.
Quand j'ai posé la question au ministre, je le savais, car il
nous en avait déjà parlé, mais je voulais le lui faire
préciser ce matin pour qu'il se rendît compte qu'il ne s'agit pas
d'observateurs, mais bien de commissaires, si vous voulez...
M. CARDINAL: Infirmes.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... paralysés au moment du vote. Alors,
ce sont des commissaires, au sens étymologique du terme, infirmes et non
intègres, non integer.
M. CARDINAL: Ce sont des actionnaires privilégiés dans une
corporation.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est ça. M. CHARRON: M. le
Président...
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Saint-Jacques.
M. CHARRON: ... depuis les toutes premières séances de la
commission parlementaire, en fait, je me souviens même que cela a
été l'un
des premiers commentaires que nous avons émis lors du
dépôt du projet de loi, le 6 juillet dernier, nous nous sommes
élevés contre le nombre trop grand et trop vaste de garanties qui
pouvaient être apportées à une minorité, d'un ordre
ou d'un autre, en disant que cela pouvait affecter considérablement la
mise en jeu et la réalisation du principe avec lequel, à ce
moment-là aussi, je disais que nous étions d'accord, ce que nous
avons confirmé par notre vote en deuxième lecture.
L'article 583, même avec l'amendement que le ministre y apporte,
constitue la première de ces garanties que nous abordons lors de
l'étude du comité plénier. Vous ne serez pas surpris
le ministre ne le sera pas non plus, puisqu'il a entendu toutes les
remarques que j'ai pu faire lors des séances de la commission
parlementaire de nous voir rejoindre le point de vue du
député de Bagot sur cette question il en a parlé le
premier, tout à l'heure et nous élever également
non seulement contre l'amendement du ministre, mais contre l'article 583
à peu près en entier.
J'essaie, dans ma tête, le plus clairement possible, de reporter
sur quatre chapitres, en particulier, l'objection fondamentale que nous avons
à cette garantie ou à cette précaution garantie
excessive n'étant pas français excessive que contient le
projet de loi par cet article.
La première objection n'a pas été abordée
par le député de Bagot tout à l'heure, mais elle aurait
bien pu l'être et son expérience comme ministre de l'Education lui
aurait sans doute servi s'il avait voulu en parler. Il aura l'occasion de le
refaire, s'il le veut.
Ma première objection n'est même pas d'ordre philosophique,
de quelque nature que ce soit.
Elle porte sur le fait que le projet de loi si vous regardez
bien, M. le Président, nous en sommes à l'article 1 amende
à nouveau la Loi de l'instruction publique. Votre expérience
parlementaire, M. le Président, vous fera également savoir
qu'à la plupart des occasions où le ministre de l'Education
amène un projet de loi en Chambre, c'est pour amender de nouveau la Loi
de l'instruction publique. Je ne fais référence qu'au bill 280
que nous avons actuellement sous les yeux et qui devrait être
appelé à la session de janvier.
M. le Président, à peu près chacune des
interventions du ministre de l'Education, sur de nouvelles mesures
législatives, sont en fin de compte des amendements à la Loi de
l'instruction publique. Pourquoi? Parce que la Loi de l'instruction publique
est la cheville de base de toute l'édification scolaire que nous avons
au Québec. Nous y référons constamment. On y a
greffé toute la révolution scolaire ou à peu près,
par un chapitre ou par un article ou par un paragraphe nouveau à
l'intérieur de la structure scolaire.
Par exemple, quand on a adopté le bill 63, en
Chambre, c'étaient deux paragraphes nouveaux qu'on ajoutait
à l'article 203 de cette Loi de l'instruction publique. Quand nous avons
fait le regroupement des commissions scolaires pour le reste de la province,
à l'extérieur de Montréal, c'était encore une fois
un amendement à la Loi de l'instruction publique.
M. le Président, faire la preuve que la base de la structure
scolaire du Québec qui a su absorber, même avec son
caractère de vétusté, tant bien que mal la
révolution scolaire, cela demeure la Loi de l'instruction publique. Nous
travaillons encore ce matin sur un article qui, s'il était
adopté, viendrait à nouveau amender la Loi de l'instruction
publique.
Si je vous dis tout cela, M. le Président, c'est parce
qu'après vous avoir prouvé l'importance de la Loi de
l'instruction publique que nous amendons à nouveau, je veux revenir sur
la philosophie générale qu'il y a à la base de la Loi de
l'instruction publique. La philosophie première, c'est l'importance des
commissions scolaires. Il y a une chose de sacrée d'un bout à
l'autre, de l'article 1 au dernier article de la Loi de l'instruction publique,
c'est la primauté, comme structure, plus importante encore, s'il le
faut, que le ministère de l'Education, plus importante encore que
n'importe lequel édifice scolaire ou n'importe laquelle structure
collégiale, c'est la commission scolaire. Notre édifice scolaire
repose sur une philosophie ou sur une pensée que je peux résumer
en une phrase: La population doit gérer la chose scolaire. Tous les
amendements qu'on y a apporté ont été, ou bien pour
écarter la population, ou pour l'y insérer d'une façon
nouvelle.
Ceci posé, lorsque vous regardez quelle est la nature même
qu'on reconnaît à la commission scolaire, à travers la Loi
de l'instruction publique, c'est que la commission scolaire est composée
de commissaires qui sont des gens élus pour administrer la chose
scolaire et selon les termes de l'article 587 que nous serons
tantôt appelés à modifier assurer un enseignement de
qualité aux enfants dans le territoire de cette commission scolaire.
Vous voyez, M. le Président, que la nature d'une commission
scolaire, dans l'esprit même et dans la philosophie même de la Loi
de l'instruction publique, base de notre système scolaire, c'est un
organisme pour administrer la chose scolaire et assurer un enseignement de
qualité aux enfants et, désormais, à tous les citoyens,
dans le territoire de cette commission scolaire. Autrement dit
voilà la première raison pour laquelle je m'oppose à
l'amendement apporté par le ministre une commission scolaire
n'est pas un sénat. Il est dit nulle part et il est absolument contraire
à la philosophie de la Loi de l'instruction publique que de vouloir en
faire un endroit où une minorité, d'une nature ou d'une autre,
linguistique, ethnique, confessionnelle, sociale, de quelque ordre que ce
soit...
Vous savez, M. le Président, que mon collè-
gue, le député de Beauce, s'apprêtera, dès
que nous aurons disposé de l'amendement du ministre, à en
apporter un autre. Je ne pense pas lui manquer de respect en disant qu'il a
lui-même signalé tout à l'heure qu'il voulait
intégrer, par un amendement que je ne connais pas, la
représentation des minorités confessionnelles.
Voilà, M. le Président, c'est par l'amendement du ministre
lui-même, à l'encontre de la philosophie de la Loi de
l'instruction publique, que la porte se trouve ouverte. Le député
de Beauce est parfaitement justifié de dire: Si le ministre croit qu'une
commission scolaire est un endroit où une minorité d'un ordre
quelconque doit être représentée et le
député de Beauce est bien placé et bien
légitimé de le dire je dis que ce sont les
minorités confessionnelles.
Et il peut se trouver tout à l'heure que mon excellent
collègue, le député de Saguenay, dise que ce doivent
être les minorités sociales; et le député de
Sainte-Marie, grand défenseur des agriculteurs, pourra dire que dans les
commissions scolaires de Montréal, les agriculteurs devraient aussi
siéger comme observateurs.
Mais la porte se trouve ouverte, et c'est tout à fait contraire
à la philosophie de la Loi de l'instruction publique. Une commission
scolaire, ce n'est pas un sénat, ce n'est pas une foire, ce n'est pas
une espèce de mosaïque où tout le monde, avec ses
particularités, doit se trouver représenté et se retrouver
proportionnellement à la force démographique qu'il y a dans la
population où on calcule les 0.5 p.c. de représentation et toutes
ces folies furieuses.
Une commission scolaire, c'est un certain nombre de personnes 15
en l'occurrence à Montréal élues par la population
pour administrer la chose scolaire et assurer un enseignement de qualité
aux citoyens de cette région. Ce n'est pas autre chose. C'est la
première fois, depuis que la réforme scolaire est engagée
au Québec, qu'on apporte ce genre de modification.
Quand je dis la première fois, pas besoin de remonter bien loin.
Il y a à peine six mois, en Chambre nous avons voté le bill no
27. Nous avons, d'un commun accord, remodelé la structure scolaire des
commissions scolaires à l'extérieur de Montréal. Et
avez-vous entendu parlé à ce moment-là d'un
nécessaire besoin de représenter une minorité quelconque
par des observateurs ou des commissaires supplémentaires, par des
commissaires infirmes ou des commissaires atrophiés? Aucunement. On
s'est tous entendu, dans l'esprit de la Loi de l'instruction publique, pour
dire que les commissions scolaires sont des organismes administratifs où
il est bon que les commissaires soient représentatifs. Mais cela est
laissé au jeu du suffrage universel, ce n'est pas autre chose.
Donc, premier argument, premier chapitre des arguments que je puis
développer contre cet amendement apporté par le ministre et
contre l'article 583, c'est que c'est une entorse au principe même et
à la nature même de ce qu'est une commission scolaire.
Deuxième chose. J'ai dit dans mon discours de deuxième
lecture qu'un des bons aspects du projet de loi no 28 était
l'instauration du suffrage universel à Montréal pour
l'élection des commissaires. Ce n'est pas à vous, M. le
Président, avec toute la science que vous possédez, que
j'apprendrai la nature de la structure scolaire de Montréal, que nous
nous apprêtons à modifier par cette loi.
Imaginez-vous que nous, les Montréalais, nous n'avons jamais
voté pour une commission scolaire. Aussi aberrant que cela soit en 1971,
des sept commissaires de la CECM, quatre sont nommés par le gouvernement
et trois par l'archevêque de Montréal. Or, une bonne disposition
dans le projet de loi est l'instauration du suffrage universel. Mais dès
ce moment, dans mon discours de deuxième lecture,
également, je le signalais au ministre on n'installe pas le
suffrage universel pour s'appliquer par la suite à le tordre ou à
le détordre, ou à transfigurer ses résultats, à les
embêter ou à les amoindrir. On y croit ou on n'y croit pas.
Et si, par une autre disposition, qui vient, je crois bien, à
l'article suivant, nous allons être appelés à nous
prononcer sur le suffrage universel quant à l'élection des
commissaires de Montréal je vous assure tout de suite de l'appui
de notre parti sur cette question vous ne vous surprendrez pas,
après avoir connu notre travail en Chambre depuis 19 mois, de nous voir
nous opposer au fait de voir entravé par une mesure de cet ordre un
principe sur lequel nous sommes d'accord.
Quel serait le genre de réaction, croyez-vous le
député de Bagot et le député de Chicoutimi
abordaient ce thème tout à l'heure des quinze commissaires
élus qui se sont présentés devant la population avec
permettez-moi cet anglicisme que tout le monde comprend une
plateforme électorale, avec un programme, avec des idées en
disant: Si vous nous élisez pour administrer la chose scolaire, nous
allons réaliser tel programme et nous allons le faire et qui sont
continuellement embêtés par des trouble-fête, par des
ah! je vais employer un vocabulaire qui va faire sourire la majorité
gouvernementale agitateurs qui vont venir se mêler à la
table de travail des commissaires élus par la population et qui, du fait
même qu'ils n'ont pas droit de vote, vont être encore plus
embêtants que s'ils l'avaient.
Ils vont constamment se plaindre, ils vont constamment, à cause
de cette infirmité qu'ils auront à posséder et à
les justifier devant leur population, devenir un embarras constant où
les gens...
M. CARDINAL: Ils vont faire des filibusters.
M. CHARRON: ...et ils vont se mettre à faire des filibusters, M.
le Président, et vous savez comment nous pouvons nous objecter avec
véhémence à ce genre de procédure. Ils vont se
livrer à des filibusters alentour. Le leader du gouvernement, qui est
contre toute manoeuvre
du genre filibuster ou obstruction systématique, va voter contre
l'amendement du ministre de l'Education s'il est logique avec les propos qu'il
tenait hier soir, lui objecter le fait que des gens peuvent paralyser les
travaux d'une assemblée démocratique où il ne se trouve
que des gens élus par la population. Le leader du gouvernement est
beaucoup trop démocrate pour permettre que les représentants, les
"enfargeurs" d'une minorité ou d'une autre, viennent, à un moment
où nos délibérations sont déjà
pénibles, longues, entre élus du peuple, permettre à des
gens, qui, au moment du vote, vont fumer dans le coin et peu importe, de
paralyser les travaux de la commission scolaire pendant des heures.
M. LEVESQUE: Si le député me convainquait, je pense que je
voterais contre.
M. CHARRON: Je vais prendre encore...
M. LEVESQUE: ...tellement que les filibusters que j'ai connus...
M. CHARRON: Je vais prendre encore entre une heure et une heure et demie
pour vous convaincre.
M. LEVESQUE: Ah! attention de ne pas en faire un.
M. CARDINAL: J'invoque le règlement, article 346, et je l'invoque
toute suite pour toutes les séances de cette commission, pas pour
attaquer le député de Saint-Jacques. L'article 346 dit qu'en
commission plénière ou en commission parlementaire permanente,
chaque député, sur chacun des points, peut se lever autant de
fois qu'il le désire, pourvu que, sur ce point ou sur cette motion, il
ne puisse pas parler au total plus qu'une heure.
M. LEVESQUE: Une demi-heure.
M. CARDINAL: Une heure.
M. PINARD: C'est un nouveau règlement.
M. LEVESQUE: Dans les nouveaux règlements parlementaires. Une
demi-heure, M. le Président?
M. LE PRESIDENT: C'est ça! Les deux honorables
députés ont raison. Lorsqu'on se base sur le règlement
ici, c'est une heure, le député de Bagot a raison. Mais lorsqu'on
prend, et en vertu du principe que c'est la dernière loi qui doit
s'appliquer, les règlements sessionnels, ces derniers étant de
plus récente date que le règlement lui-même, c'est une
demi-heure. Alors me fondant sur les excellents principes de droit que m'a
donnés le député de Bagot lorsque j'étais son
élève, je dois lui dire que le leader parlementaire du
gouvernement a raison.
M. CARDINAL: Alors dans ce cas-là, M. le Président, je
vous suggérerais de vous procurer un chronomètre.
M. LE PRESIDENT: C'est déjà fait.
M. CHARRON: M. le Président, si mon deuxième...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je crois...
M. CHARRON: ...chapitre d'arguments contre cet amendement du ministre
tient au fait que nous adoptons pleinement et complètement le principe
du suffrage universel, je n'en donnerai qu'un exemple. Comment
réagiraient les parlementaires de cette Assemblée nationale si,
au lendemain d'une élection, la minorité italienne, par exemple,
n'avait pas trouvé de représentants en cette Chambre, comme
ç'a été, je pense, le cas lors de la dernière
élection, et qu'à cet effet-là, nous permettrions
d'ajouter une rangée de "back benchers" de plus, et d'y ajouter un
représentant de la minorité italienne?
La minorité grecque, n'ayant pas trouvé de
représentants, nous ajouterions un Grec pour les représenter en
arrière, et allons-y là ouvertement dans toutes les
représentations qu'on peut faire. Le leader du gouvernement, qui est
soucieux de la marche, de la bonne marche des travaux de la Chambre, se
fouterait pas mal du fait qu'au moment du vote ces représentants se
retirent puisque, de toute façon, ils auraient paralysé les
travaux...
M. LEVESQUE: M. le Président, j'ai trop de respect pour les
minorités, particulièrement les minorités ethniques.
M CHARRON: Est-ce que ça veut dire que le leader du gouvernement
serait d'accord pour ajouter une rangée de "back banchers" pour
représenter les minorités? Vous ne trouvez pas que vous en avez
déjà assez dans votre propre parti? Je veux simplement dire, M.
le Président que le... Le député de Maisonneuve me
suggère les Irlandais.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ils représentent des minorités
intellectuelles.
M. CHARRON: Je veux simplement dire, M. le Président, que nous
sommes assez mal placés, nous, pour ne pas croire aux résultats
du suffrage universel et ne pas croire que c'est le moyen par excellence par
lequel la population choisit les hommes qu'elle entend avoir pour gouverner. Et
nous serions les premiers à refuser, je pense bien, en Chambre, ce genre
d'attitude.
Troisième chapitre d'arguments, M. le Président que je
puis développer à l'encontre de cet amendement. L'amendement nous
a été présenté en commission parlementaire et il
l'a été à nouveau ce matin, par le ministre avec une
larme à l'oeil ou à peu près pour l'amour qu'il a
pour les minorités.
C'est par souci, par attachement et par je ne sais quel sentiment qu'il
aura à nous décrire pour nous en convaincre, que le ministre
présente ce genre d'amendement. Le droit de la majorité et le
droit sacré sur lequel je ne veux revenir en aucun temps
des minorités ne seront pas protégés par des mesures
administratives, par des fonctionnaires, par des technocrates rajoutés,
par des observateurs écrasés ou par des commissaires
atrophiés. Ce n'est pas de cette façon qu'on assure, dans un pays
normal, dans une ville comme celle de Montréal, le droit de la
majorité et le droit de la minorité.
Je ne veux pas devancer nos travaux, M. le Président, mais vous
savez que le Parti québécois, à un article qui s'en vient,
aura l'occasion de vous présenter des amendements qui visent, d'une
part, à assurer d'une façon définitive le droit de la
majorité sur l'île de Montréal et, du même souffle,
comme chez un peuple normal, respectable et respectueux de sa minorité,
à lui assurer aussi, dans les termes de la loi, les droits sur lesquels
aucun d'entre nous ne veut revenir.
C'est par des mesures législatives que nous allons
défendre ces droits, mais non par ces attrape-nigauds que sont les
observateurs. En fin de compte, la minorité locale, qui profitera de ces
administrateurs ou de ces commissaires rajoutés, en souffrira plus
qu'elle n'en tirera bénéfice. Qu'est-ce qui va arriver? On fera
reposer les droits de chacun, parce que l'Assemblée nationale aura
refusé de les assurer par des mesures législatives, sur des
commissaires atrophiés. Quand une minorité locale se verra
lésée dans ses droits, elle n'aura pas de recours
législatif parce que la Chambre se sera refusée à le
faire; elle n'aura que des recours administratifs, en allant pleurer
auprès de son observateur délégué qui pourra, par
un "filibuster", bloquer les travaux de la commission scolaire sans lui
assurer, pour autant, de résultats, puisque, même serait-il
doté du droit de vote, il n'est en aucun temps majoritaire et n'a aucune
espèce de chance de l'être.
Qu'on ne nous chante pas le droit sacré des minorités
pour, par la suite, après nous avoir enjôlés par ce chant
charmeur, vouloir ne le faire reposer que sur des mesures administratives ou
sur des mesures aussi anachroniques pour notre époque que de rajouter
à une commission scolaire des observateurs trouble-fête.
Quatrième et dernier chapitre des arguments que je puis
développer à l'encontre de l'amendement du ministre, c'est le
suivant: Il n'est pas permis, à ce stade-ci de nos travaux, de revenir
sur le principe du projet de loi. Il n'est pas permis non plus, par un
amendement ministériel, je pense, d'affecter le principe du projet de
loi. Qu'est-ce que nous avons voté, M. le Président? Nous avons
voté pour tous les principes inclus au projet de loi. On s'entendra dans
toute la Chambre pour dire que le princi- pal est celui d'unifier les
commissions scolaires sur l'île de Montréal.
L'unification des commissions scolaires veut dire que l'Assemblée
nationale est d'avis qu'il est possible désormais à
Montréal de faire vivre, dans une même structure scolaire, une
majorité francophone respectable, respectée et respectueuse des
droits de la minorité, et en même temps une minorité qui ne
se prend plus pour une majorité, une minorité qui abandonne des
privilèges, à qui on retire des privilèges et qui accepte
le jeu démocratique et de participer, avec la majorité
francophone, au mieux-être scolaire et à la paix sociale sur
l'île de Montréal.
Voilà le fond de ce que nous avons adopté. Je ne le
révèle pas aujourd'hui, parce que je l'ai dit dans mon discours
de deuxième lecture. Voilà le fond du principe de l'unification
des commissions scolaires sur lequel nous nous sommes prononcés.
Allons-nous maintenant, en comité plénier, article par
article, démanteler le principe que nous avons accepté en disant:
c'est trop demander à une majorité que de se comporter ainsi et
c'est trop demander à une minorité que de se comporter ainsi?
M. LE PRESIDENT (Hardy): A l'ordre! Je dois rectifier la décision
que j'ai rendue tantôt, après une étude plus approfondie
des textes. Je dois déclarer que l'article 346 n'a pas été
amendé par les règlements sessionnels et que chaque membre du
comité peut parler une heure, tel que prévu à l'article
346.
M. LEVESQUE: M. le Président, j'aimerais bien que vous
réserviez votre décision finale, parce qu'on m'avait bien
laissé entendre ç'a été discuté au
comité de refonte des règlements que la règle
s'applique parce que les règles de procédure de la Chambre
s'appliquent mutatis mutandis en comité plénier.
A ce moment-là, nous avions bien convenu et nous lisons dans les
règlements sessionnels, si je ne me trompe pas, que l'heure devient une
"demi-heure" par intervention. Alors, si nous appliquons cette règle, je
crois bien qu'on avait compris du moins, lorsque nous nous réunissions
particulièrement à la veille de nos travaux parlementaires, que
cette demi-heure s'appliquait autant en comité plénier
qu'à la Chambre.
M. BURNS: M. le Président, d'abord je dois dire que je n'ai pas
compris, à la réunion des leaders préliminaire aux
règlements sessionnels qu'on visait les deux. Bien au contraire, le
texte de notre règlement sessionnel amende spécifiquement en
abrogeant l'article 265 et en le remplaçant par les dispositions qu'on y
trouve. Mais l'article 346, lui, qui vise les débats en comité
plénier n'a pas été abrogé, n'a pas
été remplacé. Donc, l'applicabilité des
règles en Chambre mutatis mutandis au comité ne s'applique pas en
ce cas-là, puisqu'il y a un article spécifique et je pense que le
président n'a pas à
réserver sa décision. Je le dis avec tout le respect, M.
le Président, je pense que vous avez parfaitement raison dans la
décision rectifiée que vous venez de nous adresser.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Bagot sur la
question de règlement.
M. CARDINAL: M. le Président, sur la question de
règlement, je n'invoquerai pas les réunions des leaders
parlementaires auxquelles je ne suis pas invité comme observateur,
j'invoquerai un précédent.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Sans droit de vote.
M. CARDINAL: La commission parlementaire permanente de l'Education,
présidée fort brillamment, sagement et en toute
impartialité par le député de...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Du Lac-Saint-Jean.
M. CARDINAL: ... du Lac-Saint-Jean, c'est vrai il faut toujours
se rappeler qu'il est un excellent pilote a eu...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est parce qu'il vient de chez nous.
M. CARDINAL: ... à se prononcer sur cette question. Le
président a alors réfléchi, revu les règlements,
l'entente des leaders, et il a rendu, en commission parlementaire je ne
dis pas que ça engage le président aujourd'hui, mais le 13
décembre 1971 et j'en appelle à sa caution une
décision indiquant que nous avions le droit de parler une heure au
total, cela voulait dire par exemple que nous pouvions nous lever 20 fois pour
trois minutes chacun.
M. LE PRESIDENT: Je dois dire d'abord que les ententes verbales qui
peuvent avoir été prises entre les leaders peuvent
peut-être servir à l'interprétation, mais ne peuvent pas me
servir pour appliquer la lettre du règlement. Si la lettre du
règlement va à l'encontre des ententes, évidemment, je
demeure lié par la lettre du règlement.
Deuxièmement, la règle mutatis mutandis invoquée
par le leader parlementaire du gouvernement vaut, selon mon
interprétation, pour autant que le contraire n'est pas
spécifiquement prévu. Lorsque le règlement est muet sur la
façon d'agir en comité, il est évident que c'est la
règle mutatis mutandis, à ce moment-là, qui s'applique.
Mais, lorsque le règlement est bien spécifique, même sur
les procédures en comité, comme c'est le cas avec l'article 346,
je maintiens que le règlement sessionnel prévoyant bien
spécifiquement qu'il n'amende que l'article 265, tout demeurant muet sur
l'article 346 qui, lui aussi, est bien spécifique, je dois accorder
à chaque opinant un droit de parole d'une heure. L'honorable
député de Saint-Jacques.
M. CHARRON: M. le Président, permettez-moi de prendre une minute
sur l'heure qui m'est allouée pour rendre hommage à la sagesse de
vos décisions et au caractère de force que vous avez pu employer,
sans me nommer d'observateur, pour faire représenter mes droits de
minorité. M. le Président, j'étais à dire, à
l'intention de mon excellent ami, le leader du gouvernement, que nous n'avons
pas le droit, pas plus du côté droit que du côté
gauche de la Chambre, de revenir en comité plénier, par la parole
ou par un amendement, sur le principe du bill.
Le principe était et est toujours l'unification des commissions
scolaires de l'île de Montréal. On ne doit pas s'appliquer, par
des mesures supplémentaires à n'en plus finir, par des
précautions excessives, par des garanties ridicules, par des virgules,
par des parenthèses, par des alinéas rajoutés l'un
après l'autre, de détruire l'objectif fondamental qu'il y a
d'inclus dans le bill, soit l'unification des commissions scolaires.
M. le Président, chacun des membres de la Chambre a eu l'occasion
en commission, avant l'adoption en deuxième lecture et lors du
débat de deuxième lecture, de faire un pari. C'est
véritablement un pari que nous avons fait sur l'unification des
commissions scolaires. Plusieurs tenants sont venus nous dire de reculer la
date d'entrée en vigueur. Le gouvernement semble avoir plié sur
ce point, parce que, disait-il, c'est un pari et qu'il faut mettre de notre
côté toutes les chances de le réussir.
A l'exception de mes collègues du Ralliement créditiste,
je n'ai pas vu un député de la Chambre refuser ce pari. Je veux
dire, surtout à l'intention de la majorité gouvernementale, que
c'est le député de D'Arcy-McGee, ministre responsable de
l'environnement, et le député de Notre-Dame-de-Grâce,
ministre des Institutions financières, membres de la minorité
montréalaise, qui ont été peut-être les plus ardents
défenseurs du pari que constitue l'unification des commissions
scolaires.
Si je reprenais mot à mot et au texte même l'allocution
brillante du député de Notre-Dame-de-Grâce, je comprendrais
facilement pourquoi...
M. LEVESQUE : On revient sur un débat antérieur, M. le
Président.
M. CHARRON: J'ai dit si je reprenais, mais je n'ai pas repris. Je ne
reprends pas.
M. LE PRESIDENT: J'inviterais le député de Saint-Jacques
à fuir la tentation.
M. CHARRON: Je fuis la tentation, M. le Président. Je ne fais
aucune allusion au discours de deuxième lecture du député
de Notre-Dame-
de-Grâce. S'il m'était permis de le faire, M. le
Président, je vous rappellerais que c'était un appel à sa
minorité, dont il est représentant, pour qu'elle participe
honnêtement à la structure scolaire que nous sommes en train
d'édifier pour l'île de Montréal.
Mais chacun des membres de la Chambre a voté en faveur de
l'unification des commissions scolaires, conscient du défi et du pari
qu'il y avait. Il est logique maintenant de continuer dans le même sens
du vote que nous avons pris à ce moment-là et de ne pas
s'appliquer à défaire et à démantibuler la
structure sur laquelle nous avons proclamé notre confiance avec
tellement de force.
Je voudrais, M. le Président, après vous avoir
expliqué la nature de ces quatre chapitres d'arguments que je peux avoir
à l'encontre de l'amendement proposé par le ministre de
l'Education à son propre projet de loi, terminer en disant ceci: Si
l'amendement du ministre était rejeté, et, plus que cela, si
toutes les précautions excessives que comporte le projet de loi et dont
nous sommes à étudier la première à l'égard
des minorités, d'un ordre ou d'un autre, étaient rejetées,
que deviendraient et où reposeraient les véritables garanties
pour la minorité locale d'une commission scolaire ou d'une autre? Je dis
ceci: Elles reposent à deux endroits. Le premier, je viens de l'aborder
à peu près dans mon quatrième chapitre d'arguments. Elles
reposent dans la nature même des structures. L'unification des
commissions scolaires aurais-je à le répéter et le
ministre aura-t-il encore une fois à le répéter, lui qui
s'est évertué à le faire depuis quelques mois n'est
en soi une brimade ou un lèse-droit de personne. C'est, au contraire, et
nous serons prêts à nous prononcer à nouveau
là-dessus, la consécration administrative de droits reconnus
à tout le monde et sur lesquels personne n'entend revenir. C'est dans le
jeu même du suffrage universel et de l'unification des commissions
scolaires que reposent le plus de garanties pour les minorités
locales.
Voilà ce qu'il y a de malheureux dans l'amendement
présenté par le ministre. La véritable chance de
réussite de la structure scolaire qu'on s'apprête à
édifier pour Montréal est dans l'invitation claire, nette et
franche que nous pouvons faire à la population de participer et de
s'intégrer à ces structures par les voies normales, par les
canaux normaux, soit ceux du suffrage universel. C'est fausser la
réussite et en même temps fausser les véritables garanties
que comporte l'unification des commissions scolaires pour les minorités
que de détourner leur attention vers des observateurs atrophiés
et dont chacun pourra décrire qu'ils seront à peu près
sans pouvoirs ou de détourner leur attention vers cette structure
parallèle, ce dédoublement parallèle que comporte un autre
article sur lequel nous serons appelés à nous prononcer tout
à l'heure, l'article 589.
C'est nuire aux minorités, c'est embêter les
minorités et c'est, en même temps, peut-être s'en prendre
à leurs droits, bien involontairement je n'en attaque aucunement
le ministre par la bande que de les faire miser sur le mauvais panier,
de laisser en eux le manque de confiance qu'ils pourraient avoir dans la
structure que nous édifions et en laquelle ils refuseront à
jamais de s'intégrer si nous la parsemons de précautions
excessives avec lesquelles ils s'identifieront beaucoup plus qu'avec la
structure en soi.
Voilà le problème. Ils s'identifieront beaucoup plus avec
les précautions excessives qu'avec les commissaires élus au
suffrage universel et ainsi, le défi que comporte l'édification
de l'unification des commissions scolaires sur l'île de Montréal
ne connaîtra jamais le résultat que nous sommes à en
escompter.
C'est un peu, M. le Président le jeu de la
confédération canadienne, comme exemple, où on a
invité des groupes à s'identifier à quelques
représentants mais jamais à un Parlement en entier, parce qu'ils
en étaient incapables. Voilà ce que nous sommes en train de faire
là-dessus. La minorité locale d'une commission scolaire qui
bénéficierait de l'article 583 n'acceptera jamais les quinze
commissaires élus au suffrage universel comme ses porte-parole, refusera
constamment de se soumettre à ses directives et préférera
s'identifier à des observateurs qui parleront sa langue, j'en conviens,
qui participeront à sa culture, j'en conviens aussi, mais qui seront,
aux termes même de la loi, des commissaires atrophiés et des
éternels minoritaires.
La véritable garantie des minorités, c'est de s'identifier
et d'accepter pleinement le jeu des structures scolaires sans
précautions excessives.
Et où reposent également, comme deuxième type, les
garanties quant à la préservation des droits de la
minorité? Je dis, M. le Président, qu'elles reposent dans la
nature socio-économique de l'île de Montréal. Si le conseil
provisoire retenait la carte scolaire actuelle qui a présidé
à nos travaux et qui fait que dans huit cas au maximum, peut-être
sept, il y aura une minorité anglaise dans une commission scolaire
je dis si on garde la même carte et dans trois cas, une
minorité francophone, je dis donc, sans parler de chantage et sans
parler de maquignonnage ou de marchandage, qu'en fait, la véritable
garantie des droits des francophones dans la commission scolaire no 10,
là où ils seront minoritaires, ne repose pas sur le fait qu'ils
bénéficieraient de deux observateurs infirmes.
Elle ne repose pas sur le fait que, si l'article 589 est adopté,
il y aurait un directeur du personnel francophone et un directeur du personnel
anglophone. Ce n'est pas là que ça repose les droits des
francophones de l'ouest de Montréal.
Elle va reposer à deux endroits: si, d'abord ici, en Chambre, on
dit que la langue d'enseignement est d'abord le français; si, par
une
mesure législative, on revient sur une précédente
loi et qu'on assure le droit sacré de cette majorité francophone,
même si elle se trouve minoritaire sur un point géographique,
d'avoir ces droits.
Voilà où ça repose. Bien plus que sur des trucs ou
des "fafouinages" administratifs. Et elle repose aussi sur le fait que son
groupe culturel se trouve majoritaire dans huit autres endroits sur l'île
de Montréal. Voilà. La minorité francophone de l'ouest de
Montréal saura qu'elle se trouve, par sa culture, majoritaire dans huit
autres commissions scolaires sur l'île de Montréal et que c'est
comme ça. C'est au fond la nature socio-économique de
Montréal qui va faire que le pari qui est résident au projet de
loi no 28 va se réaliser.
Ce n'est pas par je le répète des
précautions qu'on pourrait se plaire à rajouter à la tonne
est à la page d'un projet de loi. Et la minorité anglophone, pour
ceux qui craignent son comportement arrogant comme elle nous en a souvent fait
la preuve, pour ceux qui craignent le désintéressement qu'elle a
de la cause de la majorité, comme elle en a souvent fait la preuve, j'en
conviens, je l'admets, je suis Montréalais depuis 25 ans, la
minorité anglophone aura à quitter son arrogance, aura à
quitter son manque de souci à l'égard de la majorité
francophone, quand elle saura et quand elle réalisera
complètement et dans sa. tête et c'est déjà
commencé, on n'a qu'à lire la lettre du président
démissionnaire du Protestant School Board of Greater Montreal pour
s'apercevoir que cet homme intelligent est lui-même conscient que la
nature psychologique du rapport de force va désormais changer sur
l'île de Montréal, et qu'il ne pourra pas se permettre, dans la
commission scolaire no 10, de traiter les francophones comme ceux de Sturgeon
Falls ou comme les Manitobains francophones ont été
traités, parce qu'il sait très bien que son propre groupe
désormais sera minoritaire à l'intérieur de huit autres
commissions scolaires.
Et, voulant terminer sur ce pari, sur lequel, j'espère, d'autres
collègues auront l'occasion de revenir, pour toutes ces raisons, pour
les chapitres d'arguments que je vous ai donnés, pour la conviction que
j'ai que les véritables garanties des minorités résident
dans la nature même des structures, dans la nature
socio-économique et que nous n'avons pas besoin de l'amendement du
ministre, je propose ai-je besoin d'être appuyé en
sous-amendement à l'amendement du ministre, que le second alinéa
de l'article 583 soit biffé.
M. CARDINAL: M. le Président, midi trente.
M. LE PRESIDENT: Il est midi trente. Alors, je réfléchirai
sur la recevabilité de la motion d'amendement.
M. CHARRON: Bien, M. le Président, je vous en fais parvenir une
copie.
M. CARDINAL: Il y a un problème de recevabilité.
M. LE PRESIDENT: La séance du comité est suspendue
jusqu'à deux heures trente.
(Suspension de la séance à 12 h 29)
Reprise de la séance à 14 h 32
M. HARDY (président): A l'ordre, messieurs!
M. CHARRON: M. le Président, est-ce que, en vertu de l'article
667, je peux vous demander une directive, s'il vous plaît?
M. LE PRESIDENT: Une directive? M. CHARRON: S'il vous plaît? M. LE
PRESIDENT: D'accord.
M. CHARRON: D'abord, il n'y a pas quorum.
M. LE PRESIDENT: Qu'on appelle les députés, il est deux
heures trente.
M. LEVESQUE: M. le Président...
M. LE PRESIDENT: L'honorable leader parlementaire du gouvernement.
M. LEVESQUE: ...on m'informe qu'une entente serait intervenue entre les
divers partis pour que l'on puisse, pendant que le comité siège,
procéder en commission parlementaire de la Justice. Je comprends que les
partis seraient d'accord que les entrées soient faites dans les livres
à cet effet sans que vous soyez obligé de quitter votre fauteuil,
de faire venir le président et revenir.
Si tout le monde est d'accord, le secrétaire pourra
procéder aux entrées et on pourra ensuite permettre aux
honorables députés, membres de la commission parlementaire de la
Justice, de se déplacer jusqu'à la salle 81-A.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): De faire leur sortie.
M. LEVESQUE: Il est entendu qu'ils pourront ajourner à
volonté selon les besoins du moment.
M. CHARRON: Qu'en termes fort galants ces choses-là sont
dites!
M. LEVESQUE: Avec cette entente cordiale, j'espère bien qu'ils
n'auront pas à ajourner trop souvent mais, enfin, c'est une entente
prise dans ce sens-là, m'a-t-on dit.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je n'ai pas eu le
temps de consulter mon leader avant que le leader du gouvernement nous annonce
cette procédure. Je ne vois pas d'objection qu'on fasse les
entrées afin qu'il y ait sortie de ces messieurs qui doivent s'occuper
de la Justice. Sous toute réserve du jugement du leader, dont la
préoccupation est la justice.
Pour ma part, je n'objecte pas.
M. LE PRESIDENT: Nous allons vider cette question. Est-ce sur cette
question? L'honorable député de Bagot.
M. CARDINAL: M. le Président, c'est toujours sur la question qui
est devant cette Assemblée. Je voulais simplement dire au leader qu'on
permet la sortie des membres qui se préoccupent d'abord de la justice,
en tout décorum pourvu qu'on conserve le quorum.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Portneuf.
M. DROLET: M. le Président, en ce qui nous concerne, nous sommes
d'accord. Nous avons eu une discussion avec le ministre à l'heure du
dîner et nous sommes d'accord que la commission de la Justice
siège immédiatement.
M. LE PRESIDENT: Devant cette union...
M. CHOQUETTE: Je voudrais ajouter quelque chose. Le leader du parti de
l'Opposition officielle m'a dit qu'il serait d'accord sur ce système,
mais je ne le vois pas.
M. CARDINAL : Il est déjà rendu à la
commission.
M. BURNS: C'était la seule réserve que j'y mettais. Il est
exact que nous nous sommes entendus avec le ministre de la Justice mais la
seule réserve, c'est que je voudrais que le député de
Maskinongé, non pas que je ne croie pas que le ministre de la Justice
n'ait pas eu son consentement, mais qu'au moins qu'il soit ici pour savoir que
nous quittons pour ça.
M. LE PRESIDENT: Peut-être pourrais-je suggérer de
suspendre la sortie, jusqu'à la rentrée.
M. BURNS: C'est-à-dire que les entrées se fassent et nous
attendrons le député de Maskinongé avant de descendre.
M. LEVESQUE: D'accord.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Saint-Jacques.
M. CHARRON: M. le Président, j'aurais une directive à vous
demander en vertu de 667. J'ai terminé mon intervention avant l'heure du
déjeuner en formulant rapidement et maladroitement, je dois le dire, un
amendement qui, réflexion faite et c'est là-dessus que je
veux vous demander une directive je voulais plutôt l'annoncer
comme le règlement nous permet de le faire, mais je crois qu'en toute
honnêteté il faudrait d'abord disposer de l'amendement
est-ce ce qu'il faut faire c'est ce que je vous demande du ministre de
l'Education pour...
M. CHOQUETTE: ... la présence du député de
Maskinongé.
Alors je pense que nous pouvons poursuivre nos travaux à la
commission de la Justice, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Je prends acte.
M. LEVESQUE: M. le Président, au sujet du scrupule du
député de Saint-Jacques, je veux qu'il soit bien à l'aise
et s'il y a une modification à faire ou s'il veut que nous
procédions à un amendement plutôt qu'à un
autre...
M. LE PRESIDENT: Pour clarifier la situation, j'avais cru comprendre que
l'honorable député de Saint-Jacques proposait un sous-amendement
à l'amendement du ministre de l'Education. Mais si le
député de Saint-Jacques considère qu'il doit
réviser son sous-amendement, s'il y a consentement unanime du
comité, à savoir qu'il retire son sous-amendement, la question
sera réglée.
M. BURNS: M. le Président, la question se pose de la façon
suivante, et c'est suite à la directive qui nous a été
donnée par le président, il y a quelques jours, je pense que
c'est hier ou avant-hier relativement à l'article 173; Je lui avais
posé la question à savoir, comme il peut y avoir annonce,
semble-t-il, d'après 173 de plusieurs amendements, comment arrive-t-on
à annoncer nos amendements? Il nous a dit alors, au début de la
discussion de l'article, nous les étudierons. Par la suite,
évidemment, on doit étudier le fond de cet article qui nous dit
que les amendements doivent être étudiés de façon
à ne pas les exclure les uns des autres une fois que plusieurs ont
été annoncés.
Or, en l'occurrence, je pense que le député de
Saint-Jacques, sauf erreur, veut proposer qu'un paragraphe soit biffé.
Ce paragraphe, le ministre de la Justice suggère de l'amender.
C'est pour ça que, dans notre esprit, il serait...
M. LEVESQUE: Le ministre de l'Education ou de la Justice?
M. BURNS: Ah! Excusez-moi. Le ministre de l'Education. Ma
préoccupation pour la justice m'a fait faire ce lapsus. Le ministre, je
pense, propose de modifier ce texte. Nous suggérons qu'on dispose
d'abord de l'amendement du ministre et qu'ensuite on vienne au nôtre.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que la Chambre est unanime à ce que le
député de Saint-Jacques retire son sous-amendement?
M. LEVESQUE: Il semble bien que ce soit une procédure
régulière. Je n'ai pas d'objection. La seule chose, c'est que si
c'est simplement pour être plus efficace, j'en conviens. Si c'est pour
avoir le droit de parler sur la motion et ensuite sur l'amendement, il faudrait
bien comprendre que le député de Saint-Jacques a
épuisé son temps sur l'amendement qu'il a proposé. Nous ne
voudrions pas être trop procéduriers mais donner un exemple de
saine collaboration.
M. CARDINAL: Nous donnons notre accord. Evidemment, on n'est pas pour
commencer à jouer à la procédure, parce que l'on pourrait
dire que le député de Saint-Jacques, ayant fait un amendement, a
déjà parlé sur l'amendement principal.
M. LEVESQUE: Bien oui...
M. CARDINAL: ... On n'en sortirait jamais. Or, je rappelle à la
présidence, avec tout le respect qu'on lui doit, que nous avons eu ce
matin, une espèce de directive à l'occasion d'une intervention du
député de Beauce. Il nous a dit que nous pouvions, l'un
après l'autre, présenter nos amendements pour qu'il n'y ait pas
de mélange dans la procédure. Je suis d'accord avec le leader
parlementaire mais il ne faudrait pas qu'on abuse de ceci pour recommencer des
débats chaque fois qu'on parlera du même article.
M. LEVESQUE: C'est d'ailleurs un peu particulier, parce que le ministre
propose un amendement qui, s'il est adopté, sera suivi d'un autre
amendement qui aurait pour but d'enlever une partie de son amendement, si je
comprends bien.
M. CHARRON: Il faut dire que l'amendement du ministre modifie aussi le
projet de loi. Il faudrait d'abord travailler là-dessus.
M. LE PRESIDENT: On va essayer de clarifier les choses. Je dois d'abord
rappeler que ce que j'ai dit ce matin, à la suite des propos du
député de Beauce, n'était qu'une suggestion...
M. CARDINAL: Oui, une espèce de directive avec beaucoup de...
M. LE PRESIDENT: ... d'autant plus que l'amendement du
député de Beauce semblait, d'après ce que j'ai pu en
entendre, vouloir mettre de côté complètement le
sous-amendement. C'est ce qui est arrivé.
Si le député de Saint-Jacques a quelque chose à
modifier à l'amendement du ministre de l'Education, je pense que, pour
être conforme au règlement et à une certaine logique de nos
discussions, il devrait proposer son sous-amendement maintenant. En effet,
comme l'a dit tantôt le leader parlementaire, si, éventuellement,
je ne veux préjuger d'aucune façon de ce que le comité
fera, mais si jamais le comité adoptait le sous-amendement du ministre
de l'Education et si le député de Saint-Jacques propose quelque
chose qui vient à l'encontre de ce que le comité aura
déjà adopté, on sera pris un peu dans une espèce
d'imbroglio.
J'ai cru deviner les raisons pour lesquelles le député de
Saint-Jacques mettait des restrictions à ce qu'on discute son
sous-amendement.
Partant de ce que je croyais deviner, j'ai demandé au
comité s'il y avait consentement à ce qu'il retire ce
sous-amendement. S'il veut modifier l'amendement du député de
Saint-Jacques, je pense qu'il ferait mieux de proposer son sous-amendement
pendant la discussion de l'amendement du ministre de l'Education.
M. CHARRON: M. le Président, ce n'était pas du tout mon
intention. Ce n'était pas un truc...
M. LE PRESIDENT: Non.
M. CHARRON: ... pour parler deux fois. D'ailleurs, sur la motion du
ministre lui-même, j'ai parlé pendant 40 minutes. Selon nos
règlements, j'ai encore le droit d'intervenir pendant 20 minutes. Je ne
les utiliserai probablement pas. Ce n'est pas du tout pour cela.
Je devrais plutôt formuler de nouveau ma demande et demander au
comité la permission de formuler autrement mon amendement. Je suis
prêt à la discuter immédiatement. Mon amendement, tel que
je vous l'ai présenté, M. le Président, se rapportait
à l'article 583 plutôt qu'à l'amendement du ministre. Si
vous me permettez de le modifier de nouveau, je suis prêt à en
discuter immédiatement. Ce serait que le sous-amendement
présenté je ne l'ai pas par écrit
M. LAURIN: La formule serait la suivante...
M. CHARRON: Voilà.
M. LAURIN: "... que l'amendement du ministre soit sous-amendé en
biffant le premier et le deuxième alinéa."
M. CHARRON: Le deuxième et le troisième alinéa.
M. LEVESQUE: De l'amendement présenté par...
M. CHARRON: Voilà ce qui est régulier, je pense, comme
sous-amendement.
M. LEVESQUE: Oui, c'est mieux.
M. LE PRESIDENT: Maintenant, il y a discussion sur le sous-amendement du
député de Saint-Jacques.
M. CHARRON: C'est ça.
M. LAURIN: Est-ce que je dois le répéter, M. le
Président?
M. TETLEY: M. le Président,...
M. LAURIN: Je vais le répéter, M. le Président,
avant que le ministre ne prenne la parole. Donc, "que l'amendement du ministre
soit sous-amendé en en biffant les deuxième et troisième
alinéas."
M. CHARRON: Voilà.
M. TETLEY: M. le Président, je voudrais brièvement
rétablir un seul fait dans les remarques du député de
Saint-Jacques. Il a eu la gentillesse de se référer à mon
discours de deuxième lecture sur le bill 28 que les journaux ont
oublié, à l'exception du Montreal Gazette, je crois. Il a
noté que j'avais fait appel aux anglophones du Québec afin qu'ils
acceptent le principe de l'unité des commissions scolaires et de
l'unité du Québec. C'est vrai. Mais j'ai aussi fait la demande
aux francophones du Québec d'accepter le même principe
d'unité scolaire et politique au Québec ainsi qu'au Canada. Il
est important de noter les deux appels, surtout parce que les deux
unités comportent certaines questions de langage et de droits de l'homme
dont je ne vais pas parler ici parce que je n'en ai pas le droit.
J'ai aussi noté, M. le Président, lors de mon intervention
que le grand problème n'était pas la majorité de la
population anglophone ou francophone, mais plutôt les extrémistes
des deux côtés. Et je voudrais tout simplement rétablir
certains faits sans contredire le député de Saint-Jacques.
M. LE PRESIDENT: Sur l'amendement du député de
Saint-Jacques, l'honorable député de Dorchester.
M. GUAY: M. le Président, sur l'amendement du
député de Saint-Jacques puisque le gouvernement nous a
amené aujourd'hui le bill 28, je suis bien obligé d'en discuter
M. le Président, si le ministre de l'Education a
présenté un amendement, sans doute qu'il était
motivé. Le député de Saint-Jacques présente
également un amendement. Il a expliqué pourquoi il l'a
proposé.
M. le Président, je pense qu'il sera quand même assez
difficile de s'en tenir strictement à l'amendement du
député de Saint-Jacques puisqu'il demande tout simplement de
biffer une partie de l'article. Mais, si les spécialistes du
ministère avec le ministre de l'Education ont cru bon de trouver un
mécanisme d'ajustement quelconque, sans doute qu'eux également
étaient motivés. Cependant, il ne faut pas oublier qu'il doit
quand même y avoir des critères de base pour insérer dans
la loi cet article 583. Et je pense que le critère qu'a choisi le
gouvernement fut plutôt le critère linguistique.
L'amendement du gouvernement, c'est-à-dire du ministre de
l'Education, proposait deux commissaires d'école nommés; on a
discuté des commissaires: Est-ce que ce seraient des vrais
ou des faux? Je ne voudrais pas réfuter non plus les arguments
d'autres opinants, ceux qui ont parlé avant moi. Mais je pense qu'on se
passionne pour des minorités, comme on peut le faire pour des
majorités.
Nous allons également, à la suite des discussions,
proposer un amendement, et je pense que, comme forme de
représentativité, on a déjà discuté de la
représentation proportionnelle. Est-ce que le suffrage universel va tout
corriger et est-ce qu'il ne soulèvera pas de dangers? Cela a
été discuté en partie également. Mais, donner aux
commissions scolaires deux commissaires d'école qui seraient en quelque
sorte des commissaires infirmes, je pense qu'il y aurait là à
soulever des discussions énormes et même qu'il y aurait un danger
de déterrer la hache de guerre assez souvent.
Je pense qu'on est en droit de dire à cette minorité ou
à cette grande majorité: On y croit ou on n'y croit pas. Alors,
on s'organise pour sauvegarder la majorité ou on s'organise pour
anéantir la minorité.
M. le Président, puisqu'un mécanisme a été
prévu et le ministre de l'Education l'a bien expliqué dans
son amendement il ne faut cependant pas perdre de vue que pour
sauvegarder cette grande majorité et non plus priver la minorité
de ses droits, il y aurait quand même une façon beaucoup plus
simple, d'après nous. D'abord, on a fait écho à maintes
reprises, en cette Chambre, de la représentation proportionnelle.
M. le Président, je pense qu'on ne peut pas, de ce coin-ci de la
Chambre et même si je parlais en mon nom personnel accepter
l'amendement proposé par le député de Saint-Jacques pour
les raisons que je viens d'énumérer. Les deux critères: il
y a d'abord le critère confessionnel et le critère linguistique.
Je pense que si on biffe tout simplement, comme le voudrait l'amendement
proposé par le Parti québécois, il y a un danger que, soit
la minorité d'une part, ou la majorité d'autre part, soit en
quelque sorte mal représentée. A l'occasion, quand le temps sera
venu, nous présenterons un amendement à cet égard.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Bagot.
M. CARDINAL: M. le Président, je prends acte que le
député de Dorchester n'a pas confiance en la démocratie,
au suffrage universel, il l'a dit très clairement.
J'appuie la proposition du député de Saint-Jacques parce
qu'elle est tout à fait dans le sens des interventions que nous avons
déjà, nous de l'Unité-Québec, faites en
deuxième lecture, en commission parlementaire permanente de l'Education
et, ce matin, en comité plénier de l'Assemblée
nationale.
Je pourrais, M. le Président, prendre une heure pour parler au
sujet de ce sous-amendement. Je ne prendrai pas une heure, je ne ferais que
répéter toutes les raisons qu'on a essayé d'invoquer pour
convaincre le gouvernement de respecter le jeu entier de la démocratie
et de faire comme le gouvernement l'a fait avec le projet de loi no 80, sauf
erreur. Il a aboli des comtés protégés qui, en 1867,
étaient un grand accroc à la démocratie, ce que le
gouvernement libéral actuel a reconnu. Parce qu'on n'a pas voulu croire,
dans le Québec, en 1867, au jeu parfait de la démocratie.
Le ministre a déjà répondu avant moi: Ce n'est pas
la même chose dans le système scolaire. Je ne suis pas d'accord.
Nous sommes au niveau de nouvelles commissions scolaires, de commissions
scolaires ni linguistiques, ni confesssionnelles, uniques, unifiées, qui
ne sont, par conséquent, que des structures administratives pour fins
d'administration des écoles qui, elles, seront confessionnelles. Je
n'admets donc pas l'argumentation du ministre qui vient nous dire que ce n'est
pas la même chose. Lorsqu'il nous dit ceci, il détruit sa propre
argumentation sur les commissions scolaires unifiées. Ces commissions
scolaires sont unifiées s'il y a suffrage universel, qu'on respecte ces
deux notions.
Nous sommes dans un article qui est une des nombreuses clés de
voûte de ces trois structures que l'on établit sur l'île de
Montréal par le projet de loi no 28. Nous avons voté pour ce
principe et nous allons continuer de nous battre pour ce principe. Et en nous
battant pour ce principe, nous allons nous battre contre l'amendement du
ministre et pour le sous-amendement du député de
Saint-Jacques.
Je ne prends pas plus de temps. Je sais que cela ne l'a peut-être
pas convaincu, mais il faudrait quand même qu'on soit logique et que le
ministre, malgré les pressions qui s'exercent sur lui et sur le
gouvernement, se rende compte que la cohérence qu'il a souvent
invoquée et il a raison que la logique que je lui
reconnais l'obligerait non pas à reculer absolument pas
mais à faire un pas en avant et à établir vraiment une
démocratie par le suffrage universel sur l'île de
Montréal.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Montcalm.
M. MASSE (Montcalm): Vous me permettrez à ce moment-ci de nos
travaux d'ajouter quelques phrases à ce que les divers partis de
l'Opposition ont apporté concernant cet article 583.
Pour ma part, je trouve également surprenant que le gouvernement
nous présente dans son projet de loi, d'une part, le principe de
l'élection, le principe de la démocratie pour ce qui est de la
direction des commissions scolaires de Montréal et que, d'autre part, il
vienne, par son article 583, mettre une sourdine à ce principe de base
.
Je trouve surprenant que cette volonté démocratique, le
gouvernement ne la pousse pas jusque dans sa limite normale qui est la
volonté
populaire sortie du suffrage universel. Pour quelle raison le
gouvernement apporte-t-il aux commissions scolaires, au choix des quinze
commissaires élus cette idée de représentants des
minorités? Je ne crois pas que ce soit là dans
l'intérêt ni de la démocratie au Québec ni de
l'intérêt scolaire de la ville de Montréal.
Si, à la suite d'une élection scolaire, à la suite
d'un choix de la volonté populaire sur tel ou tel candidat, un groupe se
sent lésé, il peut facilement être apporté des
solutions à ce problème sans que ce soit pour autant des
observateurs à la commission scolaire même. Si un groupe se sent
lésé, il peut réclamer ses droits devant les tribunaux
administratifs ou les tribunaux judiciaires qui existent au Québec. Si
une minorité se sent lésée, elle peut également
s'adresser au protecteur du citoyen qui a certains pouvoirs qui pourraient
s'appliquer dans ce domaine, ou des pouvoirs qu'on pourrait ajouter dans la loi
concernant le protecteur du citoyen. Il en est de même des pouvoirs qui
pourraient être ajoutés à ceux du ministre de l'Education.
Mais je ne vois pas en quoi, quotidiennement, une minorité qui se sent
frustrée, pas nécessairement pour des raisons linguistiques,
peut-être tout à fait pour des raisons de politique partisane
parce qu'il est évident que des groupes se formeront, que des
gens s'opposeront il peut fort bien être clair aux yeux de tout le
monde que cette minorité se sente lésée non pas pour des
droits fondamentaux, mais pour des droits de partisanerie. On peut trouver dans
notre système, dans l'économie de nos lois d'autres suggestions
que celles qui sont avancées par le ministre de l'Education.
Je crois que si nous votons le principe de l'unité de la
commission scolaire de Montréal, il faut avoir foi dans le principe de
la démocratie. Nulle part au Québec, dans aucun secteur de notre
droit administratif ou notre droit de gestion des administrations publiques,
existe ce principe d'observateurs nommés par le ministre selon
quels critères? on ne le sait pas pour défendre un groupe
qui se sentirait lésé. Nous ne trouvons ce principe dans aucune
municipalité du Québec où il pourrait y avoir
également, pour des raisons linguistiques ou des raisons religieuses,
des minorités qui se sentiraient lésées.
Pourquoi ne pas donner ce principe-là partout dans le
Québec, sur le plan administratif des municipalités, puisque que
nous croyons que l'administration des municipalités, c'est la
démocratie, c'est la majorité qui l'emporte? Il n'y a pas eu,
à notre connaissance, de groupes qui se sont sentis, sur le plan
linguistique, oppressés par une administration municipale. Nous ne
voyons pas pourquoi non plus ce principe ne devrait pas, dans la logique du
ministre de l'Education, être poussé dans le domaine de la
sécurité sociale.
Si nous croyons que, dans les autres adminis- trations publiques, si
nous croyons que dans les autres commissions scolaires du Québec, la
démocratie puisse jouer à plein, selon le principe normal, on ne
voit pas pourquoi il n'en serait pas ainsi à Montréal. Il y a
d'autres commissions scolaires au Québec, par exemple dans la
région de Sherbrooke, dans la région de Montréal, dans la
région de Québec et en Gaspésie, où il y a de
fortes minorités francophones ou anglophones, dans le comté du
leader parlementaire aussi, je pense, et il n'est jamais venu à l'esprit
d'aucun législateur du Québec de donner à cette
minorité des observateurs qui protégeraient leurs droits
linguistiques ou leurs droits religieux.
En vertu de quoi cette idée est-elle venue à
Montréal? Est-ce qu'on croit que les gens de Montréal sont moins
respectueux de la démocratie? Est-ce qu'on croit que les gens de
Montréal ne respecteront pas les minorités? Est-ce qu'on croit
que les anglophones de Montréal ne respecteront pas les francophones?
Est-ce qu'on croit que les francophones de Montréal ne respecteront pas
les anglophones? Est-ce qu'on croit que les gens de Montréal sont des
êtres différents de ceux du reste du Québec en
matière scolaire ou en matière municipale? Pourquoi ne pas
introduire cette idée au conseil de ville de Montréal? Dans les
quartiers où il y a une majorité d'anglophones, si le
résultat est l'élection d'un député francophone ou
d'un conseiller municipal francophone, pourquoi le ministre des Affaires
municipales n'aurait-il pas le droit de choisir un observateur et de le leur
mettre dans les pattes? Cela ferait peut-être une opposition au maire de
Montréal, en passant.
On a refusé ce principe dans le secteur de l'administration des
municipalités et on a refusé ce principe de toute
façon, il n'a jamais été mis de l'avant pour ce qui
est de l'ensemble des questions scolaires du Québec. La question
à laquelle le ministre n'a jamais répondu, depuis le début
des travaux en cette Chambre, depuis le début de la commission, est la
suivante: Pourquoi ce problème, cette question ou cette
solution-là à Montréal et pourquoi dans le domaine
scolaire et jamais ailleurs dans la province, à aucun palier
administratif, dans aucun district géographique du reste de la
province?
Croit-il que les gens de Montréal sont des êtres
diminués sur le plan de la démocratie par rapport aux autres ou
s'il y a d'autres raisons? Nous ne le savons pas. C'est un domaine important
sur lequel le ministre devrait nous fournir des réponses de fond et pas
uniquement des technicités administratives sur cette question.
Il y a également un autre problème qui est soulevé.
Dans son texte original, le ministre dit qu'il pourra, s'il le désire
il ne le fera pas nécessairement, c'est marqué "peut"
désigner des observateurs. Selon quels critères ces
observateurs seront-ils choisis? Est-ce qu'ils seront
choisis parmi les candidats défaits? Est-ce qu'ils seront choisis
parmi des groupes constitués en vertu de la Loi des compagnies?
Seront-ils tirés au sort, ces observateurs, par les gens
intéressés à être observateurs? Comment seront-ils
choisis? Nous ne le savons pas du tout.
Le ministre aura un choix très large selon les normes qu'il se
donne, et je pense que ça peut être dangereux. On peut arriver
à l'extrême que le ministre choisisse quelqu'un qui aurait
été repoussé par la minorité, si cet
homme-là avait eu à se présenter au nom de cette
minorité; nous ne le saurons jamais.
M. SAINT-PIERRE: Le député me permet-il une
intervention?
M. MASSE (Montcalm): Oui.
M. SAINT-PIERRE: L'article actuel, deuxième alinéa,
indique très clairement de quelle façon cette personne sera
choisie, c'est-à-dire après consultation des présidents
des comités consultatifs d'écoles de la minorité
concernée.
M. MASSE (Montcalm): Si à l'extrême, M. le
Président, ils vous recommandent quelqu'un qui vient d'être
défait aux élections, vous ne le prendrez pas?
M. SAINT-PIERRE: Ce n'est pas dans la loi.
M. MASSE (Montcalm): C'est bien certain qu'il y a un mécanisme
pour le choix, mais vous admettrez que le mécanisme est quand même
assez large pour nous permettre de nous poser des questions sur les
critères de choix. Le ministre vient d'admettre lui-même que, tout
en respectant la législation qui est là, on pourrait recommander
le candidat défait et le ministre dit: Je ne le choisirais pas. Ce n'est
pas inscrit dans la loi. A la limite, il faudrait peut-être l'inscrire
comme on pourrait inscrire d'ailleurs beaucoup d'autres principes ou
critères.
M. SAINT-PIERRE: C'est évident que ce n'est pas marqué
dans la loi que tous les gens qui ont des responsabilités doivent faire
preuve de jugement, mais je pense qu'ils seront capables de le faire, incluant
le ministre.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, si c'était
marqué dans la loi, je me demande comment le gouvernement aurait pu
être formé? Remarquez que je n'ai fait que retourner la balle au
ministre qui me l'avait envoyée; nous pourrions nous l'envoyer comme
ça longtemps, mais ce n'est pas dans le projet de loi. Nous allons y
revenir parce que le leader gouvernemental va trouver que nous allons un peu
trop loin.
Alors, M. le Président, je pense qu'il y a un danger concernant
ce refus de faire jouer la démocratie comme telle. Il y a
également un autre problème qui est soulevé par cet
article; en refusant le jeu normal de la démocratie le ministre de
l'Education refuse la construction de la communauté humaine de
Montréal. Il est normal qu'il y ait des craintes de part et d'autre dans
cette reconstruction de la commission scolaire de Montréal mais, d'autre
part, les gens qui ont à vivre à Montréal, qu'ils soient
anglophones ou francophones, devront apprendre à vivre ensemble, et
ça dans l'intérêt du Québec. S'il fut un temps
où, malheureusement, les deux solitudes se regardaient avec des yeux, je
ne dirais pas hagards ou haineux, mais quand même des yeux distincts je
pense qu'il est temps que cela se termine. Le ministre de l'Education, dans la
proposition qu'il nous fait, poursuit cette habitude qu'ont malheureusement les
gens à Montréal de se regarder comme deux solitudes.
Il poursuit cette idée en disant aux gens: Peu importe ce que
sera le résultat des élections, vous aurez, vous
minorités, un représentant à la commission scolaire. Il
devrait plutôt dire aux gens: Vous devez vivre ensemble, vous devez vous
protéger mutuellement, parce que c'est ça le sort de la
démocratie, et c'est ça le sort du Québec. On ne permettra
ni à la majorité d'apprendre à vivre avec une
minorité ni à la minorité d'apprendre à vivre avec
une majorité en donnant je dirais presque des garde-fous à ce que
doit être le jeu normal de l'apprentissage de vivre ensemble. C'est pour
toutes ces raisons, M. le Président, que je ne crois pas que,
contrairement aux députés du Ralliement créditiste,
l'amendement présenté par le député de
Saint-Jacques doive être repoussé...
C'est au nom de la démocratie que l'amendement doit être
accepté, et c'est au nom de l'habitude que nous avons à
construire ensemble, particulièrement à Montréal, le
domaine scolaire comme pour l'ensemble du Québec, que nous devons
approuver cet amendement qui permettra de laisser jouer le jeu normal de la
démocratie, comme partout ailleurs au Québec, sur le plan
municipal comme sur le plan scolaire et qui permettra également aux gens
de l'île de Montréal, qu'ils soient francophones ou anglophones,
de s'habituer à vivre ensemble.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président...
M. LE PRESIDENT (Hardy): L'honorable député de
Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je veux moi-même appuyer l'amendement
présenté par le député de Saint-Jacques. Nous
l'avons d'ailleurs déjà en partie discuté lorsque nous
avons parlé de cet article en commission parlementaire permanente de
l'Education. L'appui que je donne à cet amendement, je le fais pour deux
raisons principales: D'abord, en raison de l'aspect sociologique qui est
impliqué dans cet amendement et de l'aspect administratif.
Il a été établi, au départ, que le but du
projet de loi était de créer l'unification scolaire sur
l'île de Montréal. Bon! nous ne discutons pas de ce principe. Il
est à la base de la loi que nous discutons. Si la loi est appuyée
sur tel principe, c'est que l'on a voulu mettre fin à un fractionnement
qui était d'ordre sociologique et d'ordre administratif.
Par conséquent, nous voulons approuver cette proposition
d'amendement parce qu'elle va nous permettre d'atteindre les objectifs que nous
recherchons, tant sur le plan sociologique que sur le plan administratif.
Sur le plan sociologique, pour les raisons suivantes: Le
député de Montcalm vient de le dire. Le député de
Bagot l'a dit ce matin. Le député de Saint-Jacques l'a dit. Nous
l'avons dit à tour de rôle en commission. C'est qu'il y a, sur
l'île de Montréal, comme d'ailleurs dans divers territoires du
Québec, des gens qui s'appellent francophones, anglophones, catholiques,
protestants et qui n'ont pas encore appris à vivre ensemble. En nommant,
comme le ministre le demande, des observateurs, d'abord, on fausse les
règles de la démocratie et on superpose à une structure,
une structure qui n'est au fait ni chair ni poisson mais qui consiste en un
certain nombre de personnes qui seraient chargées, en vertu de je ne
sais trop quoi, de quel principe, de quel pouvoir, de superviser l'action d'un
corps démocratiquement élu.
Cela, sociologiquement, n'est pas acceptable, parce que cela continue,
cela entretient et cela va rendre permanente une situation dont nous avons
voulu nous débarrasser sur le plan sociologique. Il y a, certes, une
minorité que tout le monde s'entend à vouloir défendre, et
Dieu sait si le Québec a démontré qu'il avait
protégé sa minorité!
Il y a aussi la majorité qui est quand même la capitale de
l'entité sociologique du Québec. Il faut donc que, dans nos
structures, dans nos lois, dans nos organismes administratifs, nous nous
habituions et que nous créions des conditions qui permettent aux gens de
s'habituer à vivre ensemble et de participer ensemble à la vie de
la collectivité sans que pour cela se trouvent au-dessus des corps
démocratiquement élus, des gens qui, à tout moment, en
appelleraient des décisions qui ont été prises.
Ce que je dis sur le plan sociologique vaut également sur le plan
administratif, puisque ces corps, démocratiquement élus, auront
à prendre des décisions, des décisions qui engageront les
citoyens, qui les engageront sur le plan sociologique, sur le plan
pédagogique, sur le plan financier.
Qu'est-ce qui arriverait, M. le Président, de ces observateurs
qui, en réalité, le ministre m'a donné des
renseignements ce matin, il m'a fourni des explications qui m'ont
éclairé davantage n'en sont pas puisqu'ils ont voix au
chapitre sauf pour ceci, qu'ils n'ont pas le droit de vote? Ils peuvent donc
perturber, chambar- der complètement toutes les
délibérations, toutes les décisions, retarder tout ce qui
peut se faire, tout ce qu'on veut faire, simplement en exprimant un avis
différent de celui des membres de ce corps démocratiquement
élu. Ils peuvent exprimer un avis différent et là, par ce
moyen, créer le malaise, empêcher ou retarder des décisions
et provoquer fatalement des conflits. Si on s'entend pour admettre que doit
disparaître le fractionnement sociologique et le fractionnement
administratif dans les structures scolaires de l'île de Montréal,
on doit en même temps admettre les règles du jeu qui nous sont
imposées par les moyens démocratiques que nous avons
décidé d'adopter, soit l'élection, soit le scrutin qui
permet à des gens habilités à voter, à se faire
élire, à des gens qui ont le sens de l'éligibilité
à se faire élire, et ainsi être investis de pouvoirs qui
leur permettront, aux termes de la loi, d'administrer l'institution scolaire
sur l'île de Montréal.
Appeler, M. le Président, à siéger à pareil
conseil, à pareille commission scolaire, des observateurs qui peuvent se
mêler de tout sans avoir de pouvoirs de décision, c'est introduire
dans une machine je l'ai dit ce matin le sable qui va l'enrayer
dès le départ et qui va engendrer de multiples conflits à
tous les paliers de l'administration scolaire. C'est pour ces raisons, pour des
raisons sociologiques, pour des raisons administratives, que je désire
appuyer la proposition du député de Saint-Jacques en insistant
sur ceci que nous avons décidé et c'est nous qui l'avons
décidé, et nous nous sommes entendus sur le principe de
mettre fin à une situation qui était une situation conflictuelle
et qui redeviendra une situation conflictuelle si le ministre de l'Education
maintient sa volonté de nommer des observateurs qui ne sont pas en fait
des observateurs, mais qui seront, à toutes fins utiles, des sortes de
surveillants, des chiens de garde qui défenderont les
intérêts de qui, je ne le sais pas, mais qui constitueront des
agents de trouble au sein d'un corps démocratiquement élu.
M. CARDINAL: M. le Président,...
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Bagot.
M. CARDINAL: ... je serai très bref, je n'ai d'ailleurs pas
encore épuisé mon temps, je poserai juste une question au
ministre: Dans la CECM actuellement, quatre membres nommés par l'Etat,
trois membres nommés par l'archevêque, pourquoi est-ce que nous
n'amenderions pas l'article 583, deuxième alinéa, pour dire qu'il
y aura deux observateurs nommés par l'évêque de
Montréal et deux autres nommés par les anglicans?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Par les rabbins?
M. CARDINAL: ... et ensuite deux autres par les rabbins? Pourquoi ne pas
être logiques? Si nous voulons avoir la démocratie et ne pas
l'avoir en même temps, allons-y à fond, ayons des gens élus
et des gens nommés, et ils se battront ensemble.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Beauce.
M. ROY (Beauce): M. le Président, j'ai écouté avec
attention les collègues qui m'ont précédé et qui
ont discuté de la motion du député de Saint-Jacques, ainsi
que le député de Saint-Jacques, qui a fait un long exposé
pour soutenir la motion qu'il a proposée.
M. le Président, je pense qu'il y a tout de même un point
sur lequel il semble n'y avoir aucun accord. Il y a énormément de
confusion. C'est justement le problème que nous avons posé ce
matin, à savoir quel est le rôle des commissions scolaires et ce
que les commissions scolaires représentent. Est-ce qu'elles font
uniquement de l'administration ou si elles représentent la population,
les gens et les parents? Tout le problème est là et je pense, M.
le Président, que le problème est mal posé. J'ai
écouté avec beaucoup d'attention les remarques du
député de Montcalm lorsqu'il a parlé de la
démocratie.
Nous en sommes des démocrates, nous aussi, M. le
Président. Mais quelle démocratie voulons-nous sauver par la
représentation, les structures que le gouvernement nous a
proposées dans les amendements? M. le Président, il aurait
été plus facile pour nous, étant donné la
façon dont nous analysons le problème, de commencer par disposer
de l'amendement du gouvernement pour ensuite revenir sur la motion du
député de Saint-Jacques.
De toute façon, M. le Président, je respecte votre
décision. Pour revenir à la motion du député de
Saint-Jacques, en ce qui nous concerne, nous n'acceptons pas d'abord
l'amendement du gouvernement tel quel. Il est évident que nous ne
pouvons pas non plus accepter le sous-amendement du député de
Saint-Jacques, parce que l'amendement même, nous ne l'acceptons pas.
M. le Président, on veut sauver la démocratie, comme je le
disais, mais on ne se demande pas pourquoi les commissions scolaires existent
effectivement. Les commissions scolaires existent pour les écoles, et le
rôle des écoles, c'est quoi? Pourquoi les écoles
existent-elles? Les écoles existent justement pour servir de lieu
où l'on doit dispenser l'enseignement et l'éducation. Et, si on
ignore les deux objectifs fondamentaux que sont l'enseignement et
l'éducation, je pense qu'on fait fausse route avant de partir.
C'est justement là qu'est tout le problème et toute la
discussion qui en découle. M. le Président, je l'ai dit cet
avant-midi, et je le répète, on est en train de se donner des
structures administratives qui ressemblent à des structures
administratives pour une usine d'assemblage avec des filiales. On parle de
démocratie mais on ne parle pas souvent des parents et des enfants pour
qui, justement, sont faites ces choses-là. C'est pour eux qu'existent
les commissions scolaires et c'est pour eux qu'existent les écoles.
A un moment donné, on a fait une comparaison en parlant de la
démocratie, disant que dans aucun autre domaine le principe
démocratique veut qu'il y ait des observateurs, comme le gouvernement
l'a proposé. On a dit qu'au niveau provincial, cela ne se fait pas. Cela
ne se fait pas au niveau municipal, non plus qu'aux niveaux industriel et
commercial. Pourquoi?
La raison est bien simple. Lorsqu'on administre une municipalité,
qu'on fait des égouts, des réseaux d'aqueduc, des trottoirs, des
rues, je me demande si on s'interroge et si on aurait raison de s'interroger
sur des problèmes linguistiques et confessionnels, parce qu'il s'agit
uniquement de traiter de la matière, d'administrer de façon
efficace, de façon saine. Dans l'administration gouvernementale, c'est
la même chose.
Il n'y a pas de ministère, M. le Président, dont les
services s'intéressent à la question linguistique, sauf le
ministère des Affaires culturelles. Je fais une comparaison. Dans les
ministères à vocation économique, le problème ne se
pose pas de dispositions législatives ou administratives qui peuvent
avoir des incidences indirectes sur la question linguistique et les questions
confessionnelles.
Mais le problème ne se pose pas de la même façon
dans l'éducation. Si on ne veut pas discuter des problèmes
linguistiques, si on ne veut pas parler du problème confessionnel et
qu'on veut uniquement se limiter aux problèmes administratifs, il est
évident, M. le Président, que dans tout ce qui a
été dit, je pense que tout le monde a raison ou à peu
près. Mais nous soutenons qu'il faut absolument que ces deux principes,
ces deux questions fondamentales en éducation soient
préservées, soient sauvegardées dans des structures. Je
pense que l'article que nous discutons, l'article 583, est justement l'article
de base, le premier article sur lequel il est important de donner le plus de
précision possible pour pouvoir s'orienter, étudier ou amender
les autres articles qui seront adoptés par la suite.
M. le Président, si on voulait parler de démocratie, on
pourrait parler de démocratie globale. Si, dans notre système
d'enseignement, on acceptait au point de départ l'école pour tout
le monde, l'école non confessionnelle, l'école unilingue
conçue pour une société globale, une société
unilingue et uniconfessionnelle, M. le Président, je pense que ce que je
viens de dire n'aurait pas sa raison d'être. Mais nous ne sommes pas dans
une société unilingue et nous ne sommes pas dans une
société uniconfessionnelle. Si on veut admettre ces deux
principes,
M. le Président, je pense qu'à ce niveau-ci il va falloir
réorienter notre discussion, il va falloir préciser davantage
quels sont les objectifs qu'on veut sauvegarder, les objectifs qu'on veut se
donner.
Autrement dit, M. le Président, si nous voulons nous orienter de
façon efficace et de façon que, justement, on ne se
réveille pas dans six mois ou un an avec de la contestation globale,
avec des défilés dans les rues, avec des manifestations violentes
ou non violentes parce que, M. le Président, on pourrait peut-être
poser une autre question, à ce stade-ci, à l'honorable ministre
pour dire que le problème peut se poser de façon assez
équivoque.
Dans les commissions scolaires unifiées, quelle sera la langue de
travail, la langue qui sera utilisée lors des séances des
commissions scolaires? Vous avez déjà un problème qui se
pose à ce niveau, au niveau des commissions scolaires unifiées.
Dans quelle langue va-t-on tenir les séances des commissions scolaires?
Ce n'est même pas prévu, on n'en parle pas, alors on ne peut pas
ignorer la question linguistique et on ne peut pas ignorer la question
confessionnelle.
Pour toutes ces raisons, M. le Président, nous n'acceptons pas le
sous-amendement du député de Saint-Jacques et nous n'acceptons
pas non plus l'amendement du gouvernement.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Saguenay.
M. LESSARD: Si le ministre ne veut pas répondre à des
questions qu'on lui a posées, pourquoi lui expliquer sur quel
principe...
M. SAINT-PIERRE: Si vous aviez été ici ce matin, j'ai
donné quelques explications mais il me fait plaisir de...
M. LESSARD: J'étais ici ce matin, M. le Président.
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, je comptais faire mon
intervention en réponse au vote de l'amendement proposé par le
parti ministériel. Mais, compte tenu du sous-amendement du
député de Saint-Jacques, qui, avouons-le, touche à peu
près le même sujet, je voudrais faire une brève
intervention pour replacer le problème.
J'ai eu l'impression, ce matin, que le député de
Saint-Jacques, en défendant dans un discours de quarante minutes son
sous-amendement, avait quand même une interprétation quelque peu
simpliste des faits, particulièrement de notre législation
scolaire. Et je le prie de ne pas voir dans mes paroles de
l'agressivité, c'est le temps de Noël et je veux peut-être
badiner un peu. Mais il me semblait que toute son argumentation ne respectait
pas les sept règles d'un syllogisme de Mgr Grenier. Ici je badine en
voyant la cravate du député de Saint-Jacques. Son argumentation
est un peu la suivante: La majeure était le perroquet à deux
pattes, la mineure était, or le député de Saint-Jacques a
deux pattes, donc le député de Saint-Jacques est un perroquet. Et
l'on sait que c'est faux. J'aurais pu l'appliquer à d'autres.
M. CHARRON: M. le Président, quel rapport y a-t-il avec ma
cravate?
M. SAINT-PIERRE: Je vais vous le montrer. Le député est
surpris du rapport, je vais le lui donner. Le député a fait une
argumentation fort intéressante en retraçant l'historique de nos
commissions scolaires au Québec, en montrant le fondement de nos
commissions scolaires, en établissant que ces commissions scolaires
doivent être près de la population, sont élues par la
population, pour recevoir un mandat de la population. Et c'est vrai, M. le
Président, qu'à se laisser prendre à ce type
d'argumentation, on serait porté à dire: Très bien! il ne
doit y avoir aucun accroc compte tenu de facteurs historiques et de
notre législation scolaire à la démocratie.
C'est-à-dire, seuls les élus du peuple pourront, au niveau des
collectivités, prendre des décisions.
J'ai l'impression, M. le Président, que si on fait un
véritable retour en arrière de notre législation scolaire,
pas comme le député de Saint-Jacques l'a fait, mais plus en
profondeur, on se rendra compte que notre droit scolaire est très
différent. Puisque, dès le départ, il y a un
siècle, il voulait tout au moins refléter le fait que dans notre
société les personnes ne sont pas des numéros, que les
personnes se distinguaient par la confessionnalité alors qu'aujourd'hui,
elles peuvent se distinguer sur le plan linguistique. Je m'explique. Je pense
que le fait dominant et le député de Saint-Jacques en a
mentionné un de la force de la commission scolaire comme
institution décentralisée dans notre système... si ceci
est un premier volet, le deuxième volet qu'il ne faudrait jamais perdre
de vue c'est que, somme toute, le pilier de tout ceci, c'est une commission
scolaire dite commune qui répondait aux aspirations du plus grand nombre
mais qu'on permettait, dans notre législation scolaire, le droit
à la dissidence, qui permettait à ceux qui, sur le plan
confessionnel, n'étaient pas d'accord avec la majorité, de se
soustraire à cette règle qui semblerait unique du
député de Saint-Jacques, c'est-à-dire que la
majorité a ses droits, que la majorité peut imposer si je
le comprends bien que la minorité doit se soumettre au
résultat démocratique et reconnaître le fait que la
majorité peut prendre des décisions pour elle.
Or, ce droit à la dissidence, M. le Président, a
survécu depuis à peu près un siècle, et nous avons
le système que nous avons actuellement avec des commissions scolaires
dites communes et des commissions scolaires de syndics, des commissions
scolaires dissidentes qui représentent soit catholiques, soit
protestants, qui s'opposait justement aux droits de la majorité.
Nous avons voulu, en 1971, franchir une étape importante. Nous
avons voulu, pour des raisons sur lesquelles je ne reviendrai pas, au principe
de la deuxième lecture, sur le plan administratif amener un type nouveau
d'administration, une commission scolaire unifiée où, pour la
première fois, catholiques, protestants, autres, Français,
anglophones, Italiens, et toute la kyrielle qui nous a été
énumérée sont mis, non pas dans un "melting pot", mais
dans une même structure administrative.
Compte tenu du fait que nous sommes en législation scolaire, nous
sommes également très conscients que cette opération ne
peut se faire subitement par le Saint-Esprit, qu'il faudra mettre dans la loi
des garde-fous, des mécanismes qui vont nous assurer que et sur le plan
confessionnel nous aurons l'occasion d'y revenir et sur le plan
linguistique un minimum de bon sens va constamment prévaloir lors des
décisions de la commission scolaire.
L'argumentation du député de Saint-Jacques serait parfaite
si les gens étaient des numéros, si les gens ne se distinguaient
pas de l'un à l'autre. Une société pluraliste par
définition cela implique qu'on peut la décomposer suivant
plusieurs facteurs et qu'on retrouvera dans chacun de ces facteurs une partie
importante de la population. On peut la décomposer bien entendu sur le
plan de la croyance religieuse, sur le plan des confessionnalités
mêmes. On peut décomposer cette société sur le plan
de la langue maternelle parlée. Le milieu montréalais il
faut le reconnaître, il y en a qui s'y refusent a un million de
personnes dont la langue maternelle est l'anglais. C'est une
réalité. Il y en a qui veulent la masquer. Je
préfère être réaliste et de constater qu'il y a un
million de personnes dont la langue maternelle est l'anglais.
On pourrait décomposer cette population sur le plan du statut
social, sur le plan de la formation scolaire des gens, sur le plan de leur
idéologie ou leur perception de l'éducation. Notre sytème
scolaire jusqu'ici, et même avec le projet de loi 28, ne peut permettre,
en donnant des garde-fous à la démocratie, que toutes les petites
nuances d'opinion à l'intérieur de la population vont se
refléter. Nous avons préféré uniquement nous en
tenir à deux principes et même à deux critères
à savoir, d'une part, la confessionnalité et, d'autre part, la
langue maternelle. Même dans ces deux critères, nous n'acceptons
pas toute une kyrielle de pensées différentes sur le plan de la
confessionnalité. Nous n'acceptons que trois groupes: les catholiques,
les protestants et les autres. Sur le plan de la langue, nous n'accepterons pas
25 groupes, nous disons que les seuls qui ont des droits et qui, compte tenu
d'une situation historique, constitutionnelle et juridique, devraient avoir de
ces types de garanties sont des anglophones et des francophones.
Je pense bien qu'il ne faudrait pas mêler également dans le
projet de loi no 27 le fait que les types de garanties sont différents.
Celle que nous discutons dans le moment ne veut en rien viser les
préoccupations des gens du Ralliement créditiste en ce qui
regarde la confessionnalité. Elle est uniquement et on l'a
décrite dans quelques discours comme une possibilité de
garanties confessionnelles, cela ne l'est pas; c'est uniquement une garantie
linguistique dans des cas extrêmes où la minorité
linguistique, à l'intérieur d'une commission scolaire
unifiée, n'a pas un seul représentant. Tous les partis de cette
Chambre partagent, je pense, avec le gouvernement tous les objectifs du projet
de loi et inutile de les énumérer
démocratisation, participation accrue des parents, dynamisme sur le plan
des structures administratives, meilleure utilisation, meilleure distribution
de la richesse collective en matière d'équipement mais je pense
que l'implantation d'une telle législation ne pourra se faire que si
nous avons un minimum de paix sociale. Ce minimum de paix sociale, pour moi, ce
sont certaines garanties que nous avons pu inclure, dans notre
législation, pour minimiser les tensions qui peuvent être
créées entre les groupes, soit sur le plan de la
confessionnalité soit sur le plan linguistique. Tensions qui sont
souvent provoquées par le fait qu'une minorité a l'impression
d'être brimée, qu'une minorité a l'impression qu'on est en
train de tramer quelque chose contre elle, au niveau du recrutement des
professeurs, au niveau de la location des équipements scolaires, au
niveau de certaines mesures d'organisation scolaire et souvent se sont des cas
très bénins. Pour chacun des députés qui ont eu des
conflits scolaires dans son comté, ce ne fut jamais pour des questions
de perception pédagogique. Ce fut souvent les problèmes les plus
bénins comme: Pourquoi les élèves de telle
municipalité sont-ils obligés d'aller à telle autre?
Pourquoi construit-on l'école dans telle rue au lieu de la construire
dans telle autre rue? C'est le type de problème que voulaient viser
l'amendement proposé par le gouvernement et la législation
même, permettre à la minorité non pas qu'elle puisse
influencer la majorité, non pas qu'elle puisse changer la
décision de ceux qui sont élus pour prendre les décisions
mais au moins être au courant de ce qui se passe à la commission
scolaire, sensibiliser ceux qui sont appelés à prendre des
décisions sur certains des problèmes de la minorité qui
auraient pu être mal perçus, mal compris par ceux qui tentent de
bonne foi de prendre une position donnée.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le ministre me permettrait une
question ici?
M. SAINT-PIERRE: Oui.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Lorsqu'il parle de cette participation des
observateurs en disant que leur rôle sera de sensibiliser, le ministre
nous a bien dit ce matin que ces gens-là vont en somme
délibérer avec tout le monde;
c'est beaucoup plus qu'une sensibilisation. Si, d'aventure, ces
gens-là ne sont pas d'accord et qu'ils se trouvent paralysés
psychologiquement le corps démocratique qui va
délibérer comment le ministre peut-il concilier cela avec
une efficacité administrative?
M. SAINT-PIERRE: De la même façon qu'avec la Loi du
Protecteur du citoyen. Dans 75 p.c. des cas, il n'y a aucun changement sur le
plan des décisions administratives ou des décisions du
gouvernement, mais quelqu'un se sent soulagé de pouvoir faire entendre
son grief et souvent de se faire convaincre, par une tierce partie qui analyse
tous les faits, qu'il n'y a pas eu d'injustice dans son cas. Dans 75 p.c. des
cas, on ne change pas la décision.
Là, c'est un peu la même chose, c'est d'avoir le sentiment
qu'il n'y a rien qui se trame en comité plénier, qu'on ne tentera
pas d'éviter de recruter des professeurs qualifiés du
côté francophone pour en avoir uniquement du côté
anglophone. Il faut bien se rappeler que l'amendement proposé ici vise,
d'une façon très particulière, les francophones de l'ouest
de l'île de Montréal; les francophones représentant 16 p.c.
de la commission scolaire du Lakeshore risquent d'avoir besoin d'un type
d'intervention comme celui-ci. Il suffisait d'écouter, à la
commission parlementaire, les représentants de cette commission scolaire
de l'ouest de l'île de Montréal, qui se sentaient en Alberta, pour
sentir qu'eux-mêmes avaient l'impression de ne pas être
rattachés de près ou de loin à une commission
scolaire.
Ce que nous tentons, c'est de donner une voix à cette
minorité qui, dans ce cas, est francophone comme elle pourrait
être anglophone dans l'autre. Je passe rapidement pour dire que...
M. CHARRON: Ils ne demandaient pas des observateurs, par exemple.
M. SAINT-PIERRE: ... la législation n'enlève rien à
la majorité. Il faut bien se rendre compte qu'avec le premier
alinéa, où on permet à la majorité par quartier de
s'élire des représentants, la majorité a des droits que
l'on tente un peu, dans le débat actuel, de minimiser. Cette
majorité a des droits; si on ne lui en fait pas un cas d'exception pour
elle, le mécanisme d'élection par quartier lui donne une
assurance d'être représentée.
En blaguant, je dois avouer au député de Saint-Jacques que
dans plusieurs cas, dans notre société, la majorité n'a
pas de représentant. Il doit le savoir lui-même. Les 76 p.c. des
électeurs du comté de Saint-Jacques, qui n'ont pas voté
pour lui, se sentent peut-être brimés, comme majorité, de
ne pas avoir de représentant. Ce sont les règles du jeu.
M. CHARRON: C'est parce qu'ils ne me connaissaient pas encore.
M. SAINT-PIERRE: Peut-être que la prochaine fois, ce sera 96 p.c,
mais laissons cela au futur.
Je suis également surpris qu'on ait soulevé le
problème particulièrement du côté de
l'Unité-Québec. Si on analyse le projet de loi no 62 loin
de moi l'idée de dire qu'au niveau de la commission scolaire on nommait
des gens par le gouvernement le principe sacré de suffrage
universel qui y a été exprimé subissait un accroc
important dans ce dit projet de loi présenté par l'ancien
gouvernement puisque là, on avait un double collège
électoral, la moitié des commissaires, à peu près,
étant élus par suffrage universel et l'autre moitié des
commissaires étant élus par un système assez complexe de
comité de parents.
Loin de moi l'idée de dire que ceux qui venaient des
comités de parents étaient choisis par le lieutenant-gouverneur.
Ils étaient bel et bien désignés. Je pense qu'il y avait
quand même un accroc substantiel qui pouvait l'être pour
d'excellentes raisons, je ne veux pas mettre en doute...
M. CARDINAL: Si le ministre me permet, pour le journal des Débats
pour ceux qui sont dans les galeries et pour les journalistes
j'aimerais qu'il soit très clair que, dans le projet de loi no 62, au
niveau des commissions scolaires, le gouvernement n'intervenait pas. C'est
exact.
M. SAINT-PIERRE: C'est ce que j'ai dit. Le gouvernement n'intervenait
pas, mais ce que je veux dire, c'est que le principe même qu'on
retrouvait à ce chapitre dans le projet de loi no 62 n'était pas
le suffrage universel, c'était un double collège électoral
où le suffrage universel devait se contenter de la moitié des
commissaires et où, par un biais différent, les comités de
parents, on désignait l'autre moitié des commissaires.
Si on analyse les mémoires présentés à la
commission parlementaire, puisque c'est sûrement un but pour ce chapitre,
on est quand même frappé par le très grand nombre
d'organismes qui représentent à la fois la minorité et la
majorité qui étaient en faveur de la législation
proposée par le gouvernement. Inutile de dire que tous les anglophones,
à aucune exception près, étaient favorables à cette
mesure qui permettait justement à la minorité d'avoir une oreille
à la commission scolaire, de savoir ce qui se passe à la
commission scolaire.
Je suis certain que je n'apprends rien au député de
Saint-Jacques en lui disant que le comité consultatif de la CECM, qui
représente tous les parents associés à la CECM,
s'était lui aussi prononcé en faveur de la notion de ces deux
nominations par le gouvernement. Dois-je lui dire également que la
Commission des écoles catholiques de Montréal, qui est
sûrement sur le plan de l'administration scolaire celle qui a
l'intérêt du plus grand nombre de francophones
dans le moment, était elle aussi favorable à cette mesure?
Dois-je lui rappeler que la Fédération des unions de familles
était, elle aussi, favorable à cette mesure, bien qu'elle
recommandait un petit amendement à l'effet que ces deux membres devaient
être des cooptés parmi le groupe mais elle était favorable
au principe de la minorité linguistique ayant une représentation
si elle n'en n'avait pas?
Dois-je également rappeler au député de
Saint-Jacques que les cadres de la CECM ceux-là même que le
député appelle les experts de notre gestion scolaire à
l'île de Montréal étaient également
favorables à la mesure mise de l'avant par le gouvernement?
Pour toutes ces raisons, j'ai l'impression que la démocratie ne
souffre d'aucun accroc, que la majorité ne voit aucun de ses droits
fondamentaux brimés, que tout au contraire, nous avons une mesure qui
m'apparaît anodine mais importante pour la minorité, pour
permettre de diminuer les tensions susceptibles de provoquer un nouveau
système scolaire, de faciliter la période de transition entre un
système où nous avions des divisions confessionnelles, où
des réalités confessionnelles pouvaient cacher ou abriter des
réalités sociologiques sur le plan des confessionnalités,
où protestant pouvait signifier dans certains cas anglophones et que,
passant de ce système confessionnel à un système
unifié, il était nécessaire, tout au moins dans une
période de transition plus ou moins longue que l'expérience
pourra nous déterminer, d'avoir des mécanismes comme celui que
nous avons dans l'article 583 pour diminuer les tensions, pour avoir de
meilleures chances de paix sociale, pour donner aux minorités ce
sentiment de savoir ce qui se passe, de ne pas vivre dans un climat de crainte
et de peur.
Je termine en notant et ça se passe de tout commentaire
les appréhensions des représentants de
l'Unité-Québec et même leur objection à la motion
mais également le fait que le Parti québécois trouve que
nous faisons trop de concessions et que le Ralliement créditiste trouve
au contraire que nous ne faisons pas suffisamment de concessions aux
minorités et que le gouvernement, qui n'est pas pris...
M. ROY (Beauce): Des garanties.
M. SAINT-PIERRE: ... entre ces deux extrêmes, a pensé que,
par bien commun, la mesure de l'article 583, la disposition prise à
l'article 583 s'avère nécessaire pour les objectifs que nous
avions poursuivis.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Richmond.
M. BROCHU: M. le Président, le ministre a mentionné dans
son exposé que nous devions en arriver en fait à surtout
respecter la majorité et je pense que nous en sommes aussi parce que,
à un moment donné, chez nous ici au Québec, il faudra
quand même que les droits de cette majorité soient clairement
établis et reconnus à l'intérieur de nos cadres
législatifs.
Cependant, je pense que le fait de respecter dans la législation
ou dans les faits la minorité devient quand même une garantie de
la personne qui respectera aussi à un moment donné la
majorité. Je pense que l'on peut prendre le raisonnement inverse et dire
que celui qui est capable de respecter dans les faits une minorité est
en mesure de reconnaître et de respecter aussi dans les faits l'existence
d'une majorité.
Aussi, dans le contexte de ce que nous discutons actuellement, je pense
que lorsque nous parlons de minorité et de majorité, il ne
faudrait pas étendre le concept non plus à toute la ribambelle de
possibilités qui peut exister à l'intérieur du bill 28 par
exemple sur l'île de Montréal. Mais lorsque nous parlons de
minorité et de majorité, nous parlons de groupes francophones et
anglophones lorsque nous nous situons dans la question linguistique. Je pense
que nous pouvons limiter le débat à ce secteur-là.
A ce moment-là, si nous continuons dans les principes que nous
pouvons mentionner de cette façon, je pense que nous devons assurer
à cette minorité qui peut se trouver à l'intérieur
d'une commission scolaire quelconque une véritable
représentation, mais qui soit plus et je prends l'expression du
ministre ici qu'une oreille à la commission scolaire mais qui
soit également une bouche, c'est-à-dire qu'elle ait un pouvoir au
même titre que les autres. De la sorte, le principe démocratique
établi au début trouve une suite logique dans cette orientation
et à partir du fait que la personne nommée ou élue,
indépendamment du fait de ce qui pourra intervenir, nommée ou
élue pour la minorité, sera considérée au
même titre que les autres puisque, dans les prémisses que le
ministre a établies par sa législation, ils veulent être
considérés comme des participants à part entière au
niveau de la commission scolaire.
Alors, si on prend le principe de cette démocratie jusqu'au bout,
si on veut établir le principe de dire que si celui qui est capable de
respecter la minorité est capable par la suite de respecter la
majorité, je pense qu'on ne peut pas accepter l'amendement qui a
été proposé par le député de Saint-Jacques,
puisqu'il faut se mettre dans un contexte d'éducation. Il ne s'agit pas
d'administrer, ici comme le député de Beauce, mon
collègue, le mentionnait tout à l'heure des trottoirs, des
égouts, etc., mais on touche au monde de l'éducation, et
l'administration scolaire, au niveau d'une commission, a des incidences sur
différents plans, culturel, social etc. Je pense qu'on ne peut se
permettre de reconnaître un état de fait qui existe et aller
jusqu'au bout de cette démocratie.
D'abord, ce que le député de Saint-Jacques, comme je l'ai
mentionné, a proposé, à mon sens, me semble inacceptable.
Deuxièmement, ce que le ministre propose, à mon sens, est
inacceptable aussi. C'est simplement une demi-mesure. On reconnaît
les personnes à demi. On dit qu'elles vont être des participants.
Ce sera simplement une oreille au niveau de la commission scolaire. Je pense
qu'il y aurait lieu vraiment de prévoir un mécanisme quelconque
et d'établir nettement dans la loi que ces gens-là soient
reconnus à part entière, comme ils doivent être des
représentants des minorités. Ceci peut valoir dans un clan comme
dans l'autre. Sur certains secteurs de l'île, par exemple, ce seront les
francophones qui seront en minorité. Ces personnes auraient l'assurance
d'avoir non seulement une oreille mais d'avoir une voix au chapitre, d'avoir le
droit de vote au niveau de la commission scolaire. Cela peut être
l'inverse. Que, dans des régions où les francophones sont en
majorité, les anglophones puissent avoir une représentation qui
soit démocratique jusqu'au bout, toujours en tenant compte que le monde
de l'éducation n'est pas simplement un monde d'administration pure.
M. CARDINAL: Je ne commencerai pas mon raisonnement en parlant de la
couleur de la cravate du député de Richmond, puisque,
malgré le décorum, il n'en a pas. Je m'en tiendrai...
M. BROCHU: Est-ce que l'argument fondamental de votre logique, c'est au
niveau de la cravate?
M. CARDINAL: Bien, c'est ainsi que le ministre a commencé en
parlant de la couleur de la cravate du député de
Saint-Jacques.
M. SAINT-PIERRE: Je considère que c'est une évolution
dangereuse du Ralliement créditiste.
M. CARDINAL: M. le Président, je ne reprendrai que deux points de
l'argumentation du ministre...
M. CHARRON: Si le ministre retire le bill 63, je lui donne ma
cravate.
UNE VOIX: Sa chemise aussi.
M. CARDINAL: M. le Président, je ne reprendrai que deux
éléments de l'argumentation du ministre. Un premier argument
juridique et historique.
Il a fait une analogie entre ces observateurs et la dissidence.
Evidemment, toute comparaison boite, mais dans ce cas-ci elle boite des deux
pattes. Parce que la dissidence ne permettait pas, historiquement et
juridiquement, à des commissaires d'admettre en leur sein propre des
gens de la minorité devenant des observateurs avec ou sans le droit de
parole, de vote, d'observation et de rapport.
La dissidence, le ministre le sait cela fait déjà
19 mois qu'il est au ministère, il a pu revoir ceci
c'était que, contrairement à ce que la majorité de la
population croit, les commissions scolaires étaient communes,
c'est-à-dire qu'elles étaient représentatives, de par les
commissaires élus, de la majorité donnée sur le plan
confessionnel dans un territoire déterminé. Ce qui faisait que
cela pouvait être aussi bien une majorité protestante qu'une
majorité catholique.
Ceux qui étaient de la minorité confessionnelle pouvaient,
en vertu du droit de dissidence, créer une autre corporation
différente de ce qu'on appelait la municipalité scolaire commune:
c'était une corporation de syndics, appelée en anglais
"trustées", parce qu'en fait, en dehors du droit, les dissidences ont
été surtout du côté protestant.
Par conséquent, cette analogie historique et juridique, qu'on
pourrait développer davantage en prenant l'annexe au rapport Parent
où l'on rappelle tout l'historique du droit scolaire au Québec,
me parait tout à fait pécher autant peut-être que
l'argumentation des deux pattes du perroquet dans le cas du
député de Saint-Jacques.
Deuxième point, c'est cette analogie avec le Protecteur du
citoyen. On ne s'adresse au Protecteur du citoyen qu'en tant qu'individu et non
pas en tant que collectivité. A ce que je sache de cette
législation votée par l'excellent ancien gouvernement, ce sur
quoi nous étions... Quoi? C'était une excellente
législation. Bon je suis heureux quand les gens sont d'accord avec moi.
Si je pouvais mettre le ministre d'accord avec moi sur l'article 583, je lui
enverrais trois cartes de Noël et un cadeau comme le ministre des Affaires
culturelles l'a fait ce matin.
M. le Président, pour être sérieux et ne pas
allonger indûment ces débats, même si le ministre, à
quelques reprises, a parlé de badineries, je dis que cette seconde
analogie entre le rôle du Protecteur du citoyen et celui des observateurs
boite aussi. C'est un animal, peut-être à deux pattes, mais avec
une qui est plus courte que l'autre, si on prend encore l'exemple que le
ministre a pris au début. Ce sont des individus et non des
collectivités qui s'adressent au Protecteur du citoyen. L'affirmation du
ministre voulant que 75 p.c. de ces recours au Protecteur du citoyen ne servent
à rien me surprend assez. Il n'a pas employé ces termes cependant
et je ne lui impute pas de mauvaises intentions. Mais dans le cas
présent, l'analogie est tellement boiteuse que les observateurs, chaque
fois qu'ils seront nommés, ce ne sera pas dans 75 p.c. des cas qu'ils
vont agir, ils vont agir vis-à-vis de la collectivité, ils vont
être là présents bien plus que les commissaires.
Plutôt, on a posé une question au ministre. On lui a dit, par
exemple: Vous allez avoir un pouvoir discrétionnaire après
consultation auprès des comités de parents. Bon! On lui a
posé la question précise: Si quelqu'un était battu comme
commissaire, allez-vous le nommer? J'ai cru
comprendre qu'il avait dit non. Pourquoi? En vertu de quel principe?
Parce que, justement, il reconnaît que ce serait antidémocratique
que quelqu'un qui ne soit pas élu ait voix délibérante. Il
venait de prouver qu'il était convaincu dans son subconscient,
même si pour des raisons de solidarité ministérielle il ne
voulait pas être convaincu sur le plan logique. Le ministre
lui-même s'est tendu un piège et il a reconnu le bien-fondé
de nos recommandations, de la suggestion du député de
Saint-Jacques. Merci, M. le Président.
M. SAINT-PIERRE: Cessez vos arguments, cela va vous coûter trois
cartes de Noël!
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, vous me permettrez de dire
que la crainte du ministre concernant les droits de la minorité peut
être une crainte véritable. Il peut arriver que par le processus
de la démocratie, une minorité importante, soit francophone, soit
anglophone, ne soit pas représentée au sein d'une commission
scolaire.
Jusqu'à maintenant, cette probabilité était
réglée par notre Parlement, grâce au droit à la
dissidence d'une commission scolaire ou d'un groupe scolaire. Le ministre, par
son projet de loi, fait disparaître ce droit à la dissidence
puisqu'il unifie les commissions scolaires. Il n'y a pas le droit d'avoir la
dissidence pour une entité scolaire avec tous les pouvoirs.
M. SAINT-PIERRE: Pour ne pas affaiblir ma position constitutionnelle, je
ne suis pas d'accord avec ce qui vient d'être dit par le
député.
M. MASSE (Montcalm): Peut-être pas sur le plan constitutionnel,
mais sur le plan pratique, c'est comme cela.
Or, si le ministre vient de décider qu'il n'y a pas, en pratique,
de droit à la dissidence dans l'île de Montréal, c'est
parce qu'il reconnaît que l'ensemble du système doit fonctionner
en vertu de la majorité et des représentants de la
majorité. Ne revenons pas là-dessus, en deuxième lecture,
où le principe de la loi est accepté mais sur le
mécanisme. Son inquiétude est peut-être louable mais les
moyens qu'il avance pour pallier cette inquiétude le sont moins.
L'observateur que le ministre désignera, après consultation, pour
représenter la minorité, quels sont ses pouvoirs? Rien d'autre
que de participer aux délibérations. Comment pourra-t-il informer
la minorité que ses droits sont lésés? Est-ce qu'il aura
un budget pour convoquer les gens de la minorité? Est-ce qu'il aura un
budget pour écrire aux gens de la minorité pour leur dire:
Attention, telle mesure que la commission scolaire "Y" est en train de passer
est une mesure qui va être contraire à nos intérêts
de minorité? Il ne semble pas, en tout cas, que dans la loi, on donne
à cet observateur un budget dont il sera maître pour informer la
population dite minoritaire.
Il va être conduit à devenir une espèce d'agitateur
entouré de gens plus sensibilisés à cette question que les
autres et, avec eux, fomenter dans le district scolaire des réunions de
toutes sortes sans aucun budget, des réunions plus ou moins
illégales pour les informer.
Si le ministre craint que, dans un district scolaire de Montréal,
la majorité va brimer les droits de la minorité, ce n'est pas un
observateur qui va résoudre cette inquiétude, mais la
législation. C'est par une législation que les droits sont
protégés si le ministre croit que la majorité peut brimer
la minorité. Ce n'est pas par la désignation d'un observateur,
qui n'a aucun droit, qui n'a aucun budget, qui n'a aucun pouvoir, autre que de
discuter avec les gens à la table de la commission scolaire, de donner
une conférence de presse ou des moyens semblables.
Je pense que c'est la faiblesse de la proposition du ministre. Il
accepte le principe que la commission scolaire est unifiée, il accepte
que ce sera démocratique puisque les commissaires seront élus,
mais il croit que la minorité soit brimée. Et, pour pallier ce
danger, il préconise un moyen qui n'a aucune proportion avec ce qu'il
veut garantir. S'il veut garantir les droits des minorités francophones
ou anglophones, c'est par des lois, bien que je doute fort, si on s'en tient
à notre histoire, dans Montréal comme ailleurs, que la
majorité francophone va brimer les droits de la minorité
anglophone. Pour l'inverse, je ne voudrais pas me faire le porte-parole de la
minorité anglophone de Montréal, qui a ses représentants
ici et qui pourront nous expliquer, ou qui devront nous expliquer qu'il n'est
jamais arrivé que cette minorité anglophone ait brimé les
droits de la majorité francophone sur l'île de Montréal. Je
ne m'avance pas sur ce sujet, n'étant pas moi-même de ce
groupe-là.
Mais une chose est certaine, c'est que je peux parler au nom de la
majorité francophone de Montréal. Il n'est jamais arrivé
que nous brimions comme majorité des droits des anglophones dans
Montréal. Or, en quoi l'observateur proposé par le ministre de
l'Education vient-il ou garantir ces droits ou pallier des déficiences
de notre histoire de protection des minorités? En rien. Et, au total,
cet observateur n'a aucun budget, aucun pouvoir pour pallier des
difficultés concernant les droits de la minorité.
Voilà pourquoi le ministre a répondu à certaines de
nos interrogations. C'est une réponse qui nous laisse entrevoir des
préoccupations de protection des droits des minorités; je pense
que ce sont des préoccupations saines, mais je ne crois pas que les
moyens qu'il met de l'avant pour assurer cette protection soient à la
hauteur de son inquiétude.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, dans son argumentation
tout à l'heure, le ministre a fait un rappel historique lorsqu'il a
parlé du droit à la dissidence qui existait dans
notre droit scolaire. Or, je pense que son argument, lorsqu'il s'appuie
sur cette question historique du droit à la dissidence, est en
porte-à-faux et que cet argument qu'il nous a servi cet
après-midi, il l'a détruit lui-même en nous
présentant la loi no 28.
Dès le moment où le ministre a présenté la
loi no 28, il a fait en quelque façon table rase de ce qui existait dans
le droit scolaire en ce qui concerne la dissidence. Le ministre veut par
ailleurs nommer des observateurs qui, eux, seraient chargés de voir
à ce que les droits des minorités soient protégés.
Les droits des minorités, M. le Président, vont-ils être
protégés par un nouveau droit à la dissidence que le
ministre a écarté en présentant le projet de loi no 28 qui
vise à l'unification scolaire de l'île de Montréal à
tous égards, sur le plan administratif comme dans les autres
domaines?
Est-ce que le ministre se rend compte que cet argument est, non
seulement en porte-à-faux, mais qu'il n'existe plus puisque le ministre
l'a déjà écarté, qu'il l'a aboli à toutes
fins utiles puisque la loi no 28 vise à l'unification et propose une
nouvelle formule qui est un pas en avant. Et lorsque le ministre propose de
nommer des observateurs, il invoque cette raison, qu'il faut progéger
les minorités. Je pense bien que, sur le plan administratif, lorsqu'il
s'agira de répartir les ressources scolaires, le ministère de
l'Education, en collaboration avec le conseil scolaire et tous les organismes
qui seront créés par la loi no 28, sera en mesure de voir
à ce que les ressources scolaires soient partagées
équitablement, de sorte que les minorités n'en subissent point de
préjudice.
Les points d'accrochage, enfin, ce qui peut provoquer, ce qui peut
être une cause de menace pour les minorités, ce sera
vraisemblablement le problème de la langue. Or, ce n'est pas le lieu
d'en parler ici, nous y reviendrons bientôt à propos d'un autre
article, le ministre, c'est-à-dire le gouvernement, pourra dans ce
domaine de la langue, puisque c'est à ce niveau que va se faire sentir
particulièrement la dissidence, ce que le ministre appelle la dissidence
des minorités, les droits des minorités en matière
linguistique seront protégés par les dispositions
législatives nouvelles que prendra le gouvernement et que nous allons
lui suggérer, que nous lui avons déjà, d'ailleurs,
suggérées.
Je ne vois donc pas qu'il introduise dans un organisme administratif
cette anomalie, cette anormalité, cette sorte de chose un peu
monstrueuse d'observateurs qui siégeraient au même conseil que les
personnes dûment élues sans y avoir été
mandatés par la population et cela au mépris même des
principes démocratiques qui soustendent le projet de loi no 28.
J'aimerais bien que le ministre nous serve d'autres arguments, qu'il
n'utilise pas un argument historique qu'il a lui-même
écarté pour justifier une décision, une volonté
qui, jusqu'à plus ample informé, ne nous paraît pas
fondée sur des raisons valables et qui nous permettrait de croire que le
ministre n'a pas l'intention de détruire son propre projet de loi en
nommant ces observateurs et à réintroduire dans une loi qui
voulait l'abolir le principe et le droit à la dissidence.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Saguenay.
M. LESSARD: M. le Président, quelques mots sur le sous-amendement
du député de Saint-Jacques. Je vis moi-même dans une
région où déjà il existe une commission scolaire
où francophones et anglophones sont intégrés. Pour ma
part, le principe qu'on veut instaurer ici me paraît extrêmement
dangereux. Il est important, M. le Président, que la réforme qui
s'engage actuellement dans la région de Montréal s'engage d'abord
sur un bon pied, car je ne vois pas pourquoi les précédents qu'on
pourrait créer dans la région de Montréal ne
s'appliqueraient pas d'ici quelque temps dans d'autres régions.
Je pense bien, M. le Président, qu'un anglophone, qu'il soit dans
la région de Montréal ou dans le reste de la province, c'est
encore un anglophone. Si on lui reconnaît des privilèges dans la
région de Montréal, il faudra lui reconnaître les
mêmes privilèges dans d'autres régions de la province.
Pour moi, M. le Président, j'appréhende le jour où
la minorité anglophone de la région de la Côte-Nord, par
exemple, exigera du ministre d'avoir un observateur qui sera nommé par
le lieutenant-gouverneur et qui pourra siéger à la commission
scolaire régionale ou à la commission scolaire locale.
M. le Président, le principe que le ministre nous amène
ici se base, selon lui, d'abord sur le fait qu'on veut enlever des tensions
entre anglophones et francophones et, en particulier, qui peuvent surtout se
soulever auprès de la minorité soit francophone soit anglophone.
Et pour répondre à ce danger de tension qui surgirait d'un
côté ou de l'autre, on dit qu'il faut nommer des observateurs. M.
le Président, qu'est-ce que ça vient faire, des observateurs
nommés par le lieutenant-gouverneur? Il me semble que cette commission
scolaire, comme n'importe quelle autre commission scolaire du Québec,
devra siéger au moins tous les mois et que n'importe quel observateur,
qu'il soit anglophone, qu'il soit francophone, qu'il soit italien, qu'il soit
espagnol, portugais, ou ce que vous voudrez, s'il est vraiment
intéressé au problème scolaire, s'il est
intéressé à faire valoir ses revendications, s'il est
intéressé à voir quel type d'administration se fait
à l'intérieur de cette commission scolaire, n'a même pas
besoin d'être nommé par le ministre.
Cet observateur n'a qu'à se rendre aux séances de la
commission scolaire et il pourra recevoir tous les renseignements
nécessaires. Il pourra tout simplement poser des questions à la
commission scolaire ou aux administrateurs, il
pourra savoir exactement quels sont les enseignants qui seront
engagés, il pourra recevoir des renseignements concernant la langue de
ces enseignants, concernant le pourcentage de francophones et
d'anglophones.
Ces observateurs n'ont pas du tout besoin d'être nommés.
J'ai l'impression qu'on veut créer d'éternels braillards parce
que ces gens seront continuellement minoritaires. Vous savez, il faut que la
démocratie change de côté. Il faut que quelquefois la
minorité devienne majorité ou bien que la majorité
devienne la minorité. On sait qu'à Ottawa, à un moment
donné, c'est toujours la majorité, nous sommes toujours
minoritaires. On sait ce que cela donne. Cela donne tout simplement qu'on a
plus confiance, ou plus ou moins confiance en ce système. On va tout
simplement placer deux personnes ou deux observateurs avec le danger qu'ils
deviennent des créatures du gouvernement. Deux observateurs qui vont se
désintéresser complètement de la chose scolaire. Pourquoi?
Parce que ces gens n'ont pas de pouvoirs, ces gens n'ont rien à faire.
La seule chose qu'ils ont à faire, c'est de venir tenter de chialer et,
comme on l'a dit à un moment donné, de venir essayer de mettre
des bâtons dans les roues de l'administration scolaire, de venir essayer
de faire de l'obstruction.
Qu'est-ce que ces gens vont faire exactement? Le ministre nous a dit
tout à l'heure qu'il voulait représenter les groupes
linguistiques. Autrefois, on représentait les groupes religieux. Il nous
a dit qu'il n'avait pas l'intention du tout d'aller représenter d'autres
groupes sociaux qui, en fait, font partie de l'ensemble de la communauté
humaine. On peut même aller jusqu'au club Kiwanis, jusqu'au club
Richelieu. Si on veut y aller, dans la démocratie, il y a quand
même des ouvriers, des professionnels, il y a quand même des
cultivateurs. Allons-y jusqu'au bout.
Un accroc à la démocratie, il faut quand même que
ça se justifie. Or, ça ne se justifie même pas. Ces gens
n'auront même pas la possibilité de défendre les droits des
minorités. Ils n'ont pas de pouvoirs. Ils n'ont pas le droit de vote,
sinon le droit de gueuler et de brailler au niveau de la commission scolaire.
On force ces gens à s'intéresser à la chose scolaire. Il
me semble que si ces gens sont véritablement intéressés
à la chose scolaire, ils n'ont pas besoin de la permission du ministre
du tout. Ils n'ont pas besoin de cette permission. Ils n'ont qu'à se
rendre mensuellement aux assemblées des commissions scolaires où
ils vont recevoir toutes les informations nécessaires.
Cela m'apparaît, pour ma part, injustifiable, d'autant plus que je
vois à peu près dans quel état d'esprit ces gens vont
venir discuter des problèmes scolaires. Je me demande si, encore
là, on ne se regardera pas comme chiens et chats. Moi, je
représente la minorité et comme toute minorité a un
complexe de défense, elle cherche automatiquement à essayer de
bloquer l'administration. On crée justement un genre de fouillis qui va
amener ce que craignait le ministre, des tensions. On soulignait tantôt
que même si ces gens avaient des pouvoirs, même si ces gens sont
observateurs à l'intérieur de ce comité, la question se
poserait à savoir de quelle façon ils vont pouvoir rejoindre leur
minorité? Quelle sera la représentativité de ces gens?
Est-ce qu'ils se reconnaîtront véritablement? Seront-ils reconnus
véritablement par la minorité?
En fait, si le ministre veut accepter le suffrage universel, on va en
venir à avoir un nombre de commissaires élus par la
minorité et un autre nombre de commissaires élus par la
majorité. Là, c'est essentiellement le ministre qui va
déterminer, qui va choisir, au nom de la minorité scolaire
francophone ou anglophone, soit ses créatures ou peut-être, avec
un peu de consultation, des gens qui seront nommés par le comité
d'école.
Non seulement c'est un accroc à la démocratie, mais c'est
un principe extrêmement dangereux, un principe inacceptable en ce sens
qu'il ouvre la porte à quantité d'autres revendications qui
viendront des autres minorités à travers la province. Puisqu'on
l'accorde à Montréal, je ne verrais pas du tout pourquoi on ne
l'accorderait pas dans d'autres régions de la province. Il me semble que
le principe fondamental, dans la création de ces commissions
scolaires-là, est d'abord basé sur le suffrage universel. Je ne
vois pas pourquoi le ministre, encore une fois, parce que c'est la
région de Montréal, s'ingérerait dans la nomination
d'observateurs comme on le faisait dans le passé au moment où la
commission scolaire de Montréal était, par exemple, en grande
partie nommée par le lieutenant-gouverneur.
Si c'était au moins justifié. Le ministre a tenté
de nous le justifier en nous disant: Ces gens-là vont pouvoir voir
comment fonctionne l'administration, quels sont les enseignants qui sont
engagés, vont pouvoir, en fait, surveiller l'administration des quinze
administrateurs élus au suffrage universel. Ces quinze-là,
comment vont-ils voir ces deux espions soit du gouvernement ou des
minorités? Encore une fois, ce sont des tensions qui se créent,
des tensions inutiles. La minorité anglophone, comme la majorité
francophone doit accepter, un jour ou l'autre, de vivre ensemble sans avoir
d'arrière-pensées qu'on exige des privilèges ou qu'il y a
des exceptions parce qu'on représente telle chose.
Ce sera la même chose du côté des deux commissions
scolaires où les francophones seront minoritaires. Comme on le disait ce
matin, là par exemple, contrairement à ce qui existait avant, le
marchandage est possible. Je ne vois pas, par exemple, que les deux commissions
scolaires à majorité anglophone, traitent mal la minorité
francophone parce qu'elles savent très bien que, de l'autre
côté, il y a une majorité francophone qui peut appliquer
les mêmes
principes vis-à-vis de la minorité anglophone. Une
habitude va se créer et il va y avoir, à un moment donné,
des reconnaissances de privilèges ou de droits, d'un côté
comme de l'autre et qui seront respectées d'un côté comme
de l'autre.
On nomme là des gens qui m'apparaissent, pour ma part, inutiles
parce que ces gens-là n'ont même pas de permission à
recevoir du ministre pour aller se faire entendre au niveau de la commission
scolaire, puisque mensuellement il y a des réunions de la commission
scolaire et que ces gens-là pourront se faire entendre exactement comme
les deux observateurs se feront entendre à l'intérieur de cette
commission scolaire-là.
De plus, ces gens-là n'ayant pas de pouvoirs, ce sont des gens
frustrés, ou qui vont devenir frustrés qu'on va nommer là.
Des gens qui vont s'apercevoir que la démocratie joue continuellement
contre eux, des gens qui vont s'apercevoir que peut-être toutes les
demandes qu'ils font, demandes plus ou moins acceptables, leur sont
refusées pour d'autres choses. Ces gens-là, devenant
frustrés, vont tout simplement se désintéresser des
affaires scolaires et vont dire qu'ils n'ont absolument rien à faire
là-dedans comme, d'ailleurs, on en a eu des cas dans la réforme
de l'éducation avec les comités de parents qui n'avaient
absolument aucun pouvoir.
J'ai l'impression que ce qu'on veut ici en réalité, c'est
avoir un oeil sur l'administration de ces commissions scolaires. Pour ma part,
je pense que si on respecte un principe et ce principe est fondamental,
c'est le suffrage universel on ne permet pas d'accroc à ce
principe-là, car si on permet des accrocs à ce
principe-là, on devra étendre les mêmes privilèges
à d'autres minorités, francophones ou anglophones
particulièrement, dans d'autres régions de la province.
Je pense que le sous-amendement présenté par le
député de Saint-Jacques a été amplement
justifié et que l'amendement que propose le ministre de l'Education est
particulièrement anachronique dans la situation où nous vivons.
Si on veut véritablement faire une réforme, qu'on la fasse et que
minorité comme majorité acceptent de vivre les principes
démocratiques. La démocratie n'est pas juste pour un
côté, c'est pour tout le monde. Qu'on accepte donc ces principes
et pour ma part, je pense qu'on ne verra pas se créer les tensions dont
a tellement peur, semble-t-il, le ministre. Je pense que les tensions vont se
créer surtout si on accepte le principe que nous apporte le ministre et
que si on veut véritablement baser la réforme sur le suffrage
universel, nous nous habituerons à vivre ensemble, nous arrêterons
de nous regarder comme chien et chat et nous vivrons vraiment la
démocratie sans exiger des privilèges de part et d'autre.
Merci.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Lafontaine.
M. LEGER: M. le Président, je voudrais appuyer le sous-amendement
du député de Saint-Jacques parce que la nomination par le
gouvernement de deux personnes qui ne seraient pas élues par le suffrage
universel amènerait nécessairement des conséquences
absolument désastreuses. En effet, des minorités
protégées par une représentation de personnes n'ayant
aucun pouvoir amèneraient à l'état de statut
l'installation du bilinguisme au Québec d'une façon légale
au niveau des structures scolaires.
Il est sûr que toutes les minorités dans ce cas là
devraient être représentées. Or, comme on ne touche que
l'aspect comme l'a dit le ministre linguistique dans ce cas-ci,
et plus tard l'aspect confessionnel, ça nous amène à
conclure que la présentation par le gouvernement de cet amendement
démontre une attitude défensive, de demi-mesure devant une
responsabilité fondamentale, celle d'établir une loi pour la
majorité en tenant compte nécessairement des problèmes des
minorités. Mais cette attitude que l'on revoit dans le projet de loi
nous amène à réaliser que la protection d'une
minorité, au point de lui donner des demi-pouvoirs, aura comme
conséquence une illusion d'une part ou une solution très
dangereuse d'autre part. Je m'explique. Cela provoquerait premièrement,
parce que ces minorités n'auraient pas de représentants
dotés de pouvoirs, l'illusion qu'elles sont réellement
représentées. D'un autre côté, si c'était
réellement le cas que ces minorités seraient bien
protégées par les deux personnes qui les représentent, la
minorité, nécessairement anglophone dans ce que je veux dire,
ça amène l'institution légalisée du
bilinguisme.
Si on pense qu'il y a à Montréal sept commissions
scolaires possibles à majorité francophone et quatre à
majorité anglophone, ça nous amène à conclure qu'il
pourrait y avoir, du côté francophone, une institution de
représentants pour les minorités anglophones et nous nous
retrouverions ni plus ni moins avec deux solitudes à l'intérieur
d'une même structure.
Si, réellement, ces minorités s'occupent des choses
concernant l'administration générale et l'organisation
générale des problèmes de la minorité, cela veut
bien dire que ces personnes ne s'occuperont pas d'autre chose que des
minorités. Alors que la responsabilité première des
personnes élues à la commission scolaire, c'est de voir aux
intérêts et au bien-être de tous les citoyens et non pas
uniquement des intérêts de la majorité. Si on
institutionnalise la présence de deux représentants des
minorités, cela voudra dire, d'une façon concluante, d'une
façon absolument impensable, que les problèmes des
minorités ne deviendront la préoccupation que de ces personnes.
Les problèmes de la majorité ne deviendront la
préoccupation que des personnes qui seront élues dans les
commissions scolaires où elles seront en majorité.
M. le Président, je pense que ces commissions scolaires devraient
avoir comme première
responsabilité de voir aux intérêts de toutes les
personnes de leur territoire et non pas uniquement pour une partie, soit celle
qui est majoritaire, soit celle qui est minoritaire.
Il n'y aurait pas ce problème. Il n'y aurait pas de demi-mesures
présentées par le gouvernement pour résoudre ces
problèmes s'il avait une grande politique générale dans
les lois au point de vue linguistique. Ceci ne serait même pas une chose
à penser dans des mesures comme celle qui nous est
présentée.
En effet, si on présente cela, c'est parce qu'on n'a pas, dans
des lois, une solution pour résoudre le problème des
majorités. On disait tantôt: Est-ce que, par cette mesure, on
craint que la majorité brime les droits de la minorité? Si c'est
le cas, je pense qu'il se pourrait justement, dans un vacuum de politiques
linguistiques au Québec, qu'il y ait des intolérances. Ces
intolérances venant de la majorité, je les qualifierais
d'intolérance des faibles.
Une personne qui se sent faible, un groupe qui se sent faible, un groupe
qui ne sent pas qu'il a les outils pour régler ses problèmes, un
groupe qui n'a pas les pouvoirs légaux pour résoudre ses
problèmes devient très rapidement intolérant.
L'intolérance des faibles ne serait pas l'intolérance des
minorités, ce serait l'intolérance de la majorité parce
qu'elle n'a pas en main les pouvoirs pour régler ses problèmes.
Si, parfois, on voit des gens qui disent qu'on veut être absolument
intolérants en proposant un unilinguisme ou en proposant d'abolir des
droits ou des privilèges, c'est absolument une réaction normale
d'un groupe majoritaire qui n'a pas en main les outils pour régler ses
problèmes.
La solution qu'on préconise est une demi-mesure, parce qu'on
veut, par là, protéger des droits de la minorité,
justement parce qu'on n'a pas su établir dans tout le Québec la
protection des droits de la majorité.
Cette nomination de deux personnes minoritaires pour protéger les
droits des minorités va amener nécessairement des conflits et des
tensions. Comme le disait si bien tantôt le député de
Saguenay, les minoritaires qui n'ont pas de pouvoirs deviennent très
tôt des braillards. Ils sont des personnes qui réclament et qui
font des sorties continuelles, qui paralysent un peu l'administration parce que
justement elles n'ont pas en main les pouvoirs pour résoudre leurs
problèmes.
Je crains que cette solution ne règle ni les problèmes de
la majorité ni des minorités, soit dans les sept commissions
scolaires à majorité francophone, soit dans les quatre
commissions scolaires à majorité anglophone. Si le gouvernement
avait la force de caractère, la force d'établir réellement
que la langue française devrait être la langue des structures des
commissions scolaires, vous n'auriez absolument pas besoin d'amener des
demi-mesures comme l'article 583; à l'intérieur des commissions
scolaires à majorité anglophone, les francophones qui y
travailleraient pourraient s'exprimer en français, soit du palier de
l'école au palier des commissions scolaires, soit du palier des
commissions scolaires au palier du conseil scolaire.
M. le Président, le problème doit être
réglé dans son ensemble et ce n'est pas des demi-mesures comme
celles présentées à l'article 583 qui peuvent
résoudre le problème. On a souvent qualifié le
Québec, après la confédération, d'être
composé de brailards parce qu'il était un éternel
minoritaire. C'est le cas que nous revoyons dans l'article 583. Le reste du
Canada passe son temps à dire: Qu'est-ce qu'il a à critiquer?
Québec dit toujours non. Qu'est-ce qu'il veut? C'est parce que le
Québec est éternellement minoritaire.
M. le Président, on veut replacer encore, dans le domaine des
commissions scolaires, des structures où il y aurait des
minorités qui n'auraient pas de pouvoir réel, parce que si elles
ont du pouvoir, ce serait certainement un pouvoir de coulisse, et qui
brimeraient les intérêts de la majorité francophone dans
les sept commissions scolaires francophones.
M. le Président, le ministre avait déjà
proposé, il y a un certain temps s'il ne l'avait fait ou ne
l'avait dit qu'en passant qu'une des solutions serait d'accepter la
proposition du député de Saint-Jacques qui est de faire
disparaître le deuxième alinéa mais peut-être pour
prévenir des abus possibles dans ce domaine-là... la
création, d'une façon officielle, d'un ombudsman de l'Education
au Québec où tous les parents auraient le pouvoir ou la
possibilité de demander à cet ombudsman de protéger des
droits dont ils se sentiraient lésés, soit des droits
linguistiques, soit des droits confessionnels, soit d'autres droits
d'administration et ainsi on pourrait avoir, comme le disait si bien le
ministre tantôt, un canal pour recevoir ces plaintes et les gens se
sentiraient protégés d'une façon
générale.
M. le Président, je termine en disant qu'il est absolument
nécessaire que non seulement on abolisse ces deux personnes qui sont,
non pas élues, mais nommées, contrairement au principe du
suffrage universel. Il est absolument essentiel que ces deux personnes ne
soient pas nommées et que le gouvernement du Québec agisse comme
un gouvernement représentant une majorité au Québec et
que, dans ce comportement, dans les commissions scolaires, les francophones se
comporteront en majorité et non pas comme une minorité
intolérante parce qu'elle n'a pas les pouvoirs pour régler les
problèmes à l'intérieur de la commission scolaire.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Bourget.
M. LAURIN: M. le Président, cet article 583 me paraît
être un des articles majeurs sinon l'article majeur du projet de loi
puisque après avoir réservé, ce matin, l'article qui
traite de la configuration des commissions scolaires, des
limites, nous en arrivons avec cet article à la question de la
structure de la commission scolaire. Cet article me paraît tellement
important pour l'avenir de notre collectivité francophone aussi bien que
pour l'avenir de la minorité anglophone, qu'il me semble qu'il devrait
être étudié au-dessus des considérations de partis
et que chaque député devrait se faire une opinion personnelle
au-dessus et à côté de toute allégeance de parti.
S'il est un domaine où nous devons oublier que nous appartenons au Parti
québécois, au Ralliement créditiste, à
l'Unité-Québec ou au Parti libéral, c'est bien
celui-là. Car la décision que nous allons prendre est
extrêmement grave et, comme certains auteurs l'ont déjà
dit, si nous prenons la mauvaise décision, tous nos enfants et nos
petits-enfants pourraient en avoir les dents agacées. C'est avec la
conscience de la gravité de la situation que j'ai écouté,
aujourd'hui, tous les arguments qui ont été
présentés de part et d'autre.
J'ai d'abord écouté avec un immense intérêt
l'argumentation extrêmement solide qui a été
présentée par les députés de Bagot, de Chicoutimi,
de Saint-Jacques, de Lafontaine et par tous ceux qui sont intervenus de ce
côté-ci. J'ai écouté aussi avec un immense
intérêt les deux trop brèves interventions, à mon
avis, du député de Verchères.
M. le Président, s'il fallait juger de la valeur de ces
argumentations simplement sur la validité des arguments qui ont
été avancés, sans tenir compte des lois de la
majorité parlementaire, c'est-à-dire du nombre, je dirais que,
jusqu'ici, la palme va à l'argumentation présentée du
côté gauche de la Chambre.
Car elle a été diversifiée, elle a
été solide, elle est allée au fond des principes alors
que, dans les trop brèves interventions du ministre de l'Education, j'ai
l'impression qu'on s'en est plutôt tenu à la surface des choses,
qu'on a surtout tenu compte d'une conjoncture actuelle, d'une conjoncture
politique au sens large du terme, non pas au sens des partis, mais politique au
sens de la décision à prendre dans un climat qui est
survolté et qui est surchauffé.
M. le Président, j'attendais particulièrement avec
intérêt la réponse du ministre de l'Education à ces
nombreux et solides arguments qui ont été présentés
par les membres de l'Opposition. J'avoue que j'ai été surpris
quand j'ai vu que le premier mot du ministre de l'Education était qu'il
avait trouvé simpliste l'interprétation que l'on avait
donnée de ce côté-ci, l'interprétation historique
aussi bien que juridique de la structure de la commission scolaire.
Je ne crois pas, pour ma part, que l'argumentation très
étoffée, par exemple, du député de Bagot de
même que les arguments sociologiques très étoffés du
député de Saint-Jacques soient à ce point simplistes.
D'ailleurs, M. le Président, le député de Bagot a fait
encore une fois, après tant d'autres fois, justice de l'argument
historique et juridique qui a été présenté par le
ministre de l'Education.
Lorsque M. le ministre de l'Education nous a dit que nous avons connu
jusqu'ici au Québec une commission scolaire commune qui permettait le
droit à la dissidence, je crois que c'est précisément
cette affirmation qu'il importe de qualifier et de distinguer. Je pense ici que
je préfère faire confiance au spécialiste en droit
scolaire qu'est le député de Bagot. qui a eu l'occasion à
plusieurs reprises, avant même qu'il soit député,
d'expliquer ce droit scolaire à des générations
d'étudiants. Je suis plus disposé à lui faire confiance
qu'au ministre de l'Education ou même à ses conseillers, qui ne
semblent pas, d'après l'argumentation du ministre, avoir apporté
des arguments convaincants à l'encontre de la thèse qu'a
défendue plusieurs fois ici le député de Bagot.
Il me semble à moi, comme à mon collègue, que cette
commission scolaire commune qui permettait le droit à la dissidence
permettait justement à des groupes qui ne pouvaient pas accepter cette
commission scolaire commune de se séparer du tronc commun et de
créer, à l'aide de leurs propres fonds, à l'aide de leurs
propres ressources, une structure scolaire dissidente qu'ils pouvaient
créer, administrer à leur guise avec des programmes scolaires qui
allaient dans le sens de leurs préférences, ou linguistiques, ou
confessionnelles, ou pédagogiques.
Il me semble, M. le Président, que c'est ça, la
réalité historique, que c'est ça, la réalité
juridique, et aucun argument présenté ici en commission ou en
comité plénier ne me fait douter de la validité de cette
thèse. Par ailleurs il me semble que, s'il est vrai que le gouvernement
veut consacrer le droit à la dissidence, il a bien d'autres occasions de
le faire qu'en s'en tenant au libellé de l'article 583, tel que nous le
voyons actuellement.
Et ceci est tellement vrai, M. le Président, que dans le
même projet de loi on voit que le gouvernement permet aux commissions
scolaires de créer plusieurs types d'écoles, aussi bien des
écoles françaises que des écoles anglaises, aussi bien des
écoles catholiques que des écoles protestantes et autres.
S'il y a un droit à la dissidence ou plutôt au pluralisme
qui est respecté, c'est bien celui-là, quand le
législateur permet aux divers groupes qui composent notre
société de se créer leurs propres écoles, et la
commission scolaire est absolument obligée de consentir à la
volonté des parents catholiques, protestants, autres ou francophones et
anglophones.
Ceci me semble être la véritable consécration de ce
droit au pluralisme ou de ce droit à la dissidence. D'ailleurs, le
ministre a même ajouté quelque chose à ce droit à la
dissidence par suite de toutes les pressions qui ont été
exercées sur lui lorsqu'il a dit qu'il nous présenterait à
l'article 586 un additif à ce droit à la dissidence. Je ne veux
pas en discuter immédiatement, mais même cette précaution,
excessive peut-être, a été ajoutée pour ceux qui
pourraient s'inquiéter que le système scolaire ne respecte pas
suffisamment le pluralisme ou le droit à la dissidence.
Il me semble, M. le Président, qu'on ne peut pas exiger plus du
législateur et que si on s'en tient à ces divers articles du
projet de loi qui créent divers types d'écoles et à cet
autre article qui consacre un droit à la dissidence pour ceux qui ne
seraient même pas satisfaits des garanties que nous leur donnons, il me
semble, dis-je, que si l'on s'en tient à ces articles, il n'est aucune
personne de bonne volonté, qui a son sens commun qui ne peut
l'accepter.
C'est donc la raison pour laquelle je rejette ce qualificatif de
simpliste que le ministre de l'Education a accolé à
l'interprétation de l'article 583 que les membres de ce
côté-ci de la Chambre lui ont accordée. Dans sa
réponse le ministre a également dit que le but du
législateur, en nommant des observateurs dans les commissions scolaires,
était de sensibiliser les élus. Eh bien, M. le Président,
si après toutes les luttes que nous avons connues sur le plan scolaire
depuis cent ans, aussi bien au Québec que dans les autres parties du
Canada, les citoyens ne sont pas encore sensibilisés à la
situation réelle telle qu'elle se présente, après avoir lu
les innombrables articles de journaux, les innombrables articles de revues, les
innombrables délibérations de comités de citoyens qui ont
eu lieu depuis tant d'années dans tous les quartiers de Montréal,
jamais ils ne seront sensibilisés. En effet, cette sensibilisation nous
vient par osmose, par tous les pores de la peau, elle nous vient des journaux,
elle nous vient de la radio, elle nous vient des familles, elle nous vient de
chaque individu que l'on rencontre, puisque c'est un problème qui existe
dans notre collectivité, qui est au sein de notre collectivité,
qui nous a tous déchirés, qui nous déchire encore. Comment
pourrait-on l'oublier? Comment pourrait-on être sensibilisé
davantage à ce problème quand on connaît toutes les
campagnes auxquelles cette crise, plus que ce problème scolaire a
donné lieu dans le passé et particulièrement à
l'heure actuelle?
Nous n'avons pas besoin d'observateurs, de deux observateurs
nommés dans les commissions scolaires pour nous sensibiliser à un
problème qui fait partie de notre peau, qui fait partie de notre
expérience existentielle, qui fait partie de notre quotidien, qui fait
partie même de notre histoire, qui nous a été
légué par nos parents, par nos grands-parents, qui est sans cesse
devant l'opinion publique. Nous n'avons besoin d'aucun autre moyen que ceux qui
ont été utilisés jusqu'ici. Nous n'avons surtout pas
besoin d'observateurs qui vont aller dans les commissions scolaires
répéter constamment les mêmes complaintes, les mêmes
refrains, les mêmes plaintes, les mêmes représentations et
qui vont probablement empêcher, comme plusieurs orateurs l'ont dit, le
jeu normal des délibérations qui se poursuivent au sein des
commissions scolaires.
Quant on sait que, particulièrement au début de ce nouveau
système, les commissions scolaires auront de très nombreux
problèmes à régler, des problèmes
particulièrement aigus, des problèmes qui vont exiger tout leur
temps, toute leur attention, toute leur compétence, ces observateurs ne
pourront que les distraire de leur dessin principal, qui est de faire marcher
ces nouvelles structures, qui est de rendre ces nouvelles structures efficaces,
qui est de faire accomplir à ces nouvelles structures ce pour quoi elles
ont été créées, c'est-à-dire
l'édification d'un nouveau système scolaire, moderne,
adapté à la conjoncture actuelle, chargé de régler
les trop nombreux et trop cuisants problèmes que nous avons
laissé s'accumuler dans ce domaine depuis tellement d'années.
Non, il ne me parait pas que nous avons besoin de ces observateurs pour
sensibiliser les élus, car les élus d'une part sont
sensibilisés plus même qu'on ne le voudrait, et en essayant de les
sensibiliser davantage, ils vont leur faire perdre de vue l'objectif principal,
essentiel, pour lequel la population les a élus, objectif sur lequel ils
seront jugés s'ils ne parviennent pas, à cause des
empêchements, des bâtons dans les roues que leur mettront ces
observateurs, à concrétiser, s'ils ne parviennent pas à
matérialiser ces objectifs, s'ils ne parviennent pas à rendre ces
commissions scolaires efficaces.
C'était là le deuxième argument du ministre de
l'Education. Il avait été détruit bien avant qu'il ne
l'avance par les opinants qui m'ont précédé. J'ai
simplement voulu marquer mon accord avec ces autres opinants qui ont justement
montré que le moyen auquel avait eu recours le ministre pour
sensibiliser davantage la population était absolument mal choisi,
était erroné et irait même à l'encontre des buts
qu'a voulu se fixer lui-même le ministre et le gouvernement.
Le troisième argument du ministre c'est que cette
législation et en particulier l'adjonction des deux observateurs
n'enlève rien aux droits de la majorité. Non. Nous sommes
convaincus pour notre part que cette législation va enlever quelque
chose à la majorité, de la même façon que je
considérerais que chaque député ici considérerait
qu'on enlèverait quelque chose aux droits de la majorité si,
à chaque député, on adjoignait à côté
de ce gros siège un petit siège où on ferait siéger
les deux ou trois candidats battus, qu'il s'agisse d'un libérai d'un
créditiste, d'un unioniste, etc.
La démocratie veut que, quand quelqu'un est élu, il
représente la majorité. On n'a pas besoin de lui adjoindre
à côté quelqu'un qui constamment, à tout propos,
fait valoir les opinions de quelqu'un qui n'a pas recueilli la majorité
des votes. Ceci est la pierre d'angle même de la démocratie, une
démocratie qui est pratiquée d'ailleurs pas seulement au
Parlement mais dans toutes les assemblées délibérantes du
monde, à quelque niveau, à quelque palier que l'on veuille bien
se situer, que ce soit au Parlement fédéral, au Parlement
provincial, au Parlement municipal ou dans les commission: scolaires. On
respecte la démocratie ou on ne 1a
respecte pas. Lorsqu'il s'agit d'un principe aussi essentiel que
celui-là c'est-à-dire un homme, un vote, la victoire allant
à celui qui en a recueilli davantage, lorsqu'on veut respecter ce
principe essentiel, on n'adopte pas des compromis aussi boiteux que
celui-là. En effet, ce principe, comme je le disais tout à
l'heure, est une pierre d'amble et parce qu'il est une pierre d'angle ce
principe est insécable, ce principe ne souffre aucume compromission.
Il ne souffre aucune compromission, ici au Parlement, il n'en souffre
aucune au niveau des municipalités, aucune au niveau des commissions
scolaires. Car, par la brèche que le gouvernement veut introduire dans
notre système démocratique, pourraient se glisser bien d'autres
abus. Si on devait écouter le ministre, si on devait le laisser
créer ce précédent, on verrait bientôt des conseils
municipaux, des conseils de commission scolaire qui seraient
complètement pervertis dans leur structure, dans leur finalité,
dans leur orientation. Peut-être même, à la fin, nous
retrouverions-nous avec un conseil des ministres où on ferait
siéger des représentants de la minorité, comme c'est
peut-être le cas, je ne le sais pas.
Le principe va jusque là. Il faudrait, à tous les paliers,
y compris au niveau exécutif, faire siéger des
représentants de la minorité. Ceci ferait beaucoup de peine au
député des Iles-de-la-Madeleine qui, bien souvent, nous dit en
cette Chambre que le gouvernement est là pour gouverner et on comprend
bien qu'il veut dire: Nous ne pourrons gouverner que si les
représentants de la minorité ne sont pas là pour nous
mettre des bâtons dans les roues, pour nous empêcher d'adopter les
législations que l'on veut, de prendre les décisions qui nous
conviennent. Là-dessus, je lui donne entièrement raison.
Le gouvernement est là pour gouverner mais dans la mesure
où il représente la majorité, dans la mesure où il
prend des responsabilités qui conviennent à son statut
majoritaire. C'est la raison pour laquelle nous ne pouvons pas accepter ce
principe du ministre qui dit qu'en adjoignant des observateurs à des
élus du peuple, en les faisant voisiner, en les faisant cohabiter d'une
façon constante, il n'enlève rien à la majorité.
Notre opinion à nous, au contraire, c'est qu'il enlève quelque
chose à la majorité en ce qu'il brime les droits de cette
majorité et le fondement même de la démocratie et qu'il
ouvre la porte à toutes sortes d'abus, à toutes sortes de
précédents qui risquent de pervertir l'essence même du
processus démocratique auquel nous adhérons tous.
D'ailleurs, ceci est tellement vrai que ce que suggère le
ministre a déjà été adopté d'une certaine
façon par d'autres assemblées délibérantes. Je me
rappelle j'étais encore assez jeune à ce moment-là
l'époque où le conseil municipal de Montréal avait
trois classes de conseillers: les conseillers A, les conseillers B et les
conseillers C. Les conseillers C tombaient précisément dans la
catégorie des observateurs que le ministre veut nous faire avaler
aujourd'hui. C'étaient des gens qui étaient nommés par des
corps constitués importants, comme les universités, commes les
chambres de commerce.
Ces conseillers C, en nombre minoritaire à l'hôtel de
ville, venaient dire leur mot parce qu'ils étaient censés
représenter les intérêts de corps constitués
importants dont le rôle collectif s'était avéré, au
cours des années, des époques précédentes.
Pourtant, cette institution des conseillers C au conseil de Montréal a
été de plus en plus sévèrement condamnée par
tout le monde, d'abord par les élus du peuple, par les simples citoyens
et ensuite par des groupes intermédiaires, par des
éditorialistes. Il y a eu une sorte de courant d'opinion qui s'est
formé justement parce que on s'est aperçu de plus en plus que
l'on pervertissait ainsi le sens de la démocratie, que l'on allait
à l'encontre de la volonté populaire.
Ce qui est tout aussi vrai, on allait à l'encontre d'un autre
principe fondamental démocratique qui est celui de la
responsabilité des élus. Comment voulez-vous que quelqu'un qui
n'est pas responsable devant la population, qui n'est pas obligé de
rendre compte, à intervalles périodiques, de son mandat puisse
avoir la prudence nécessaire, surtout lorsqu'il s'agit de l'allocation
des ressources, du bien public.
C'est un argument que le ministre des Affaires sociales me sert assez
souvent. Je reconnais avec lui qu'il y a quelque chose de très
important, c'est qu'il faut toujours, lorsqu'on donne des
responsabilités à quelqu'un, qu'il puisse y avoir en contrepartie
une sorte de demande, d'exigence qui permette à celui qui est à
un palier supérieur que ce soit le gouvernement ou que ce soient
les élus du peuple ou les simples citoyens qui permette, dis-je,
à ceux qui confient, délèguent ce mandat de
contrôler, de vérifier soit en le battant aux prochaines
élections, soit en lui demandant des comptes, soit en le menaçant
de renvoi, de suspension, en somme en assortissant les droits de sanctions.
Or, dans le système que nous propose le ministre, je ne vois
aucun type de sanction, quel qu'il soit. On nous dit des observateurs qu'ils
seront choisis par le lieutenant-gouverneur en conseil après
consultation des présidents des comités consultatifs, et qu'ils
seront nommés pour quatre ans à part cela. Il est bien possible
que ces comités consultatifs soient formés de gens qui se
connaissent très bien, d'amis qui seront peu portés à
faire des critiques à leurs collègues, à leurs copains
ce qu'ils délégueront à un niveau supérieur
et il est bien possible qu'après quelque temps le pouvoir au sein
de ces comités consultatifs soit à peu près exercé
toujours par les mêmes catégories de gens. On sait que
malheureusement c'est souvent comme ça. Par ailleurs, nulle part dans la
loi, comme je le disais tout à l'heure, on ne voit
de sanction. On ne voit pas dans la loi que ces deux observateurs, une
fois qu'ils auront été nommés par le lieutenant-gouverneur
en conseil, doivent venir rendre compte de leur mandat à ceux qui les
ont nommés.
Là aussi on voit que c'est une perversion même du sens de
la démocratie, que c'est ouvrir la porte à un danger réel,
qui peut faire de ces représentants, en plus de tous les
inconvénients qu'on a déjà signalés, des gens dont
le sens des responsabilités ne sera sûrement pas semblable
à celui des élus du peuple qui, eux, savent qu'ils ont des
comptes à rendre, qui, eux, sentent qu'ils sont là la voix de
leurs administrés, de leurs milliers d'administrés, qui sentent
qu'ils représentent véritablement leurs intérêts et
qui parfois même sont obligés de défendre des thèses
qui sont non pas tellement les leurs mais qui sont celles que leurs
administrés leur demandent de défendre à quelque conseil
que ce soit.
Il faudrait donc que tous les députés se rendent bien
compte qu'en acceptant cette proposition du ministre ils enlèvent
quelque chose aux droits de la majorité, qu'ils enlèvent quelque
chose à l'essence de notre processus démocratique, qu'ils ouvrent
la porte à des abus, qu'ils ouvrent la porte à des excès,
à des précédents qu'il faudra peut-être payer bien
cher dans l'avenir.
Le quatrième argument du ministre était un argument
d'autorité. Il nous dit: Il faut bien que nous en passions par là
puisque plusieurs organismes sont venus nous faire des représentations
qui vont dans ce sens. Parmi les organismes qu'il nous citait, il parlait de la
Commission des écoles catholiques de Montréal, il parlait de la
Fédération des unions de familles et il parlait surtout des
groupes minoritaires anglophones de Montréal.
Je veux bien croire que c'est un argument qui, à première
vue, peut avoir un certain poids. Mais, pour ma part, je ne l'accepte pas. Je
ne l'accepte pas parce qu'il est bien possible qu'un certain nombre de ces
organismes soient actuellement motivés par des impératifs qui
sont surtout liés à la conjoncture dans laquelle ils se trouvent
actuellement.
Et cela se produit, soit parce qu'ils sont à la veille de se
faire déposséder de certains privilèges auxquels ils
accolent le qualificatif de droits, soit qu'ils voient certaines des structures
auxquelles ils avaient été habitués et qu'ils avaient fini
par considérer comme éternellement acquises en passe d'être
remplacées par d'autres. Cela peut être un facteur qui peut
brouiller leur vision des choses, qui peut masquer la vision qu'ils devraient
avoir d'autres perspectives, d'autres arguments, d'autres principes, en somme
un facteur qui peut les divertir de l'objet principal d'une structure scolaire
démocratique, qui est de comprendre les élus du peuple.
Je comprends que ces impératifs conjoncturels qui sont surtout
liés à l'émotivité qui accompagne la perte
appréhendée de certains privilèges ou de certaines
habitudes puissent les conduire à adopter de pareilles attitudes. Mais,
je rappellerais à ces organismes que, si on les écoutait, c'est
là que serait le danger. Ce sont ces mêmes organismes qui, dans
deux, trois, quatre ou cinq ans, viendraient nous reprocher de les avoir
écoutés, de les avoir écoutés superficiellement,
c'est-à-dire d'avoir écouté des arguments qu'ils nous
présentent, qui sont liés surtout à
l'émotivité, qui sont liés à la situation dans
laquelle ils se trouvent actuellement. Ils nous reprocheraient de ne pas leur
avoir rappelé qu'en plus des circonstances d'un débat il faut
également se rappeler et donner toute leur importance aux principes
essentiels qui doivent guider des législateurs qui, justement, doivent
légiférer non seulement pour le présent mais surtout pour
l'avenir. Car, je répète ce que je disais au début, la
décision que nous allons prendre est extrêmement grave parce
qu'elle engage, non seulement le présent, mais l'avenir.
C'est la raison pour laquelle, malgré la sympathie que j'ai pour
les représentations qu'ont faites les groupes dont nous parlait le
ministre, malgré la tendance naturelle que j'aurais à
accéder à leur voeu, je me retiens, je m'empêche de les
écouter trop fortement pour, précisément, me rappeler
d'autres arguments, d'autres représentations, d'autres incidences, en
particulier les principes qui doivent guider l'action de tout
législateur. C'est la raison pour laquelle je dis à ces groupes
de réfléchir davantage, de se détacher du présent,
de regarder plus profondément le problème. Peut-être que si
le ministre leur avait dit ça, quand ils sont venus le voir à son
bureau, s'il leur avait rappelé toutes les particularités et de
l'ensemble du problème, s'il leur avait rappelé que justement son
rôle, en tant que ministre de l'Education, n'est pas simplement de
s'occuper du présent mais de l'avenir, peut-être qu'il les aurait
convaincus et que les représentations qu'ils sont venus faire à
la commission auraient eu un caractère tout à fait
différent, en ce sens qu'elles auraient tenu compte de toutes les
dimensions et de toutes les facettes du problème.
Donc, cet argument d'autorité ne m'apparaît pas devoir
être retenu.
UNE VOIX: Amen!
M. LAURIN: Non, ce n'est pas amen! , parce que je n'ai pas fini.
UNE VOIX: C'est long.
M. LAURIN: C'est possible que ce soit long...
UNE VOIX: Silence! Silence! Vous allez le réveiller.
M. LAURIN: ... je m'en excuse. Mais ce que
je dis là, je le dis en vertu de convictions profondes que j'ai
et je demande à ceux que cela pourrait fatiguer peut-être de
partir pour quelques minutes et ils reviendront quand j'aurai
terminé.
Le cinquième argument que nous a présenté le
ministre, c'est que cette solution d'observateurs lui paraît être
acceptable, durant une période de transition dont, par ailleurs, il n'a
pas déterminé la durée. Remarquez tout de suite qu'il
affaiblit sa position en parlant de cette période de transition. Cela
veut dire qu'il n'est pas tout à fait convaincu de la
véracité de ses arguments puisqu'il sent le besoin d'amollir
notre résistance par cet argument de transition, en nous disant:
Voyez-vous, cela ne durera pas tellement longtemps. Soyez patients, Mais dans
trois, quatre, cinq ans, on fera disparaître cet article qui n'est
là que pour assurer la transition.
Je pense que mon collègue de Saguenay ainsi que le
député de Montcalm ont fait bonne justice de cet argument de
transition, car il y a certaines structures qui peuvent paraître
transitoires, mais on sait trop bien au Québec qu'il y a des
transitoires qui ont duré très longtemps. Car ce n'est pas tous
les jours qu'on s'attache à des projets de loi aussi importants et une
fois qu'ils ont été acceptés dans la chaleur des
débats, on se hâte de les mettre sur les tablettes et de pas y
revenir justement parce que leur adoption a nécessité tellement
de débats.
Je ne crois pas que l'on doive également retenir cet argument de
transition car le but que poursuit le ministre en invoquant cet argument, c'est
probablement un but que lui ont soufflé certains représentants de
la majorité libérale et particulièrement des tenants de la
minorité anglophone. Je les comprends. Depuis cinq ans et dix ans en
particulier, il y a une grande volonté au sein de la population de
changer, de bouleverser l'état des choses, pas seulement dans le domaine
scolaire mais dans le domaine du travail, dans le domaine politique. Je
comprends que les représentants de la minorité
s'inquiètent de ces mouvements populaires, de ces mouvements qui agitent
la population. Je comprends qu'ils s'inquiètent, qu'ils
appréhendent que la majorité, maintenant qu'elle se
reconnaît comme une majorité, veuille aller trop loin et
enlève à la minorité anglophone non seulement les
privilèges qu'elle possédait jusqu'ici mais même certains
droits sacrés auxquels elle tient.
Mais si je comprends cette appréhension, si je comprends cette
crainte, je ne crois pas que c'est par le moyen que nous suggère le
ministre que nous pourrons atténuer et surtout faire disparaître
cette crainte. Car, comme on l'a signalé, à cause de ce mouvement
précisément qui agite l'opinion, il est bien probable que ces
deux observateurs de la minorité au sein des commissions scolaires
représenteront sans cesse aux yeux de la majorité, rappelleront
sans cesse à la majorité la nature des problèmes, la
nature des crises que nous avons connues. Ils peuvent facilement devenir ce
qu'on appelle parfois un repoussoir et provoquer ainsi l'hostilité de la
majorité et amener cette situation de chien et chat que décrivait
mon collègue de Saguenay. Alors, au lieu d'apprendre aux gens
d'appartenances linguistiques différentes à cohabiter, à
collaborer ensemble, on va plutôt contribuer à les séparer
davantage, à instaurer entre eux un certain fossé qui va, au lieu
d'apaiser le conflit linguistique, l'aiguiser bien au contraire. C'est donc une
solution que je ne saurais retenir. Il me semble préférable, M.
le Président, de penser à d'autres types de protection.
Pour ma part, vous le savez, je l'ai souvent dit, je suis pour le
respect intégral et profond des droits de la minorité. Mais je
considère précisément que dans le Québec, à
l'heure actuelle, le meilleur moyen d'assurer cette protection de la
minorité, c'est de se rappeler l'histoire du Québec et de se
rappeler tout ce qu'ont dit ceux qui sont responsables de l'évolution de
l'opinion. L'histoire du Québec, on l'a rappelée tout à
l'heure, les députés de Bagot et de Chicoutimi nous l'ont
rappelée. Il y a une tradition de tolérance au Québec
à l'endroit de la minorité anglophone. Il y en a qui ont
appelé cela une tradition de démission même, mais je
préfère dire une tradition de tolérance. La
majorité francophone s'est toujours montrée excessivement
généreuse à l'endroit de la minorité anglophone. Le
député de Notre-Dame-de-Grâce l'a même rappelé
en commission parlementaire, de même que le député de
D'Arcy-McGee. Je pense que beaucoup d'autres députés auraient pu
en parler, car ceci est un fait. La mentalité du Québécois
est tolérante.
Où que ce soit, dans tous les coins du Québec, et en
particulier, à Montréal. La majorité
québécoise s'est toujours montrée respectueuse des droits
de la minorité, s'est toujours montrée tolérante. Je ne
dirai pas passivement, mais activement tolérante à l'endroit de
la minorité. Et je ne pense pas, M. le Président, que cette
tradition ait été, d'une façon importante, amochée
par les événements que nous avons connus depuis dix ans. Je sais
qu'il y a eu du terrorisme, je sais qu'il y a eu des excès dans la
revendication des droits du français au Québec, je le sais.
Mais je pense bien que tout le monde reconnaît que ceci a
été le fait d'une minorité parmi les
Québécois francophones. Le gros morceau de cette majorité
n'a pas changé d'avis, il a gardé toujours le même respect
pour la minorité anglophone. Et à toutes les fois que l'opinion a
été demandée et a pu s'exprimer en ce qui concerne ce
respect et cette tolérance, elle a été dans le sens dont
je viens de parler.
N'est-ce pas là, M. le Président, la meilleure garantie?
Car, même si l'on voulait instaurer une garantie par législation,
si ceci ne correspond pas à la mentalité, au désir,
à la volonté du peuple, la loi sera nulle et non avenue, car elle
ne sera pas respectée. Alors que même en
l'absence de loi, lorsque nous avons cette tradition bien assise,
lorsque nous avons cette mentalité, cela constitue la plus sûre
des protections.
Mais il y a d'autres garanties M. le Président, bien meilleures
que celles des observateurs dont nous parle le ministre. Il y a les programmes
gouvernementaux, il y a la politique linguistique. Il y a, au fond, cet acte
d'autorité de la part d'un gouvernement qui définit clairement,
et peut-être une fois pour toutes, ces politiques en ce qui concerne la
langue. Pas seulement à l'école, mais au travail, dans les
tribunaux, dans tous les secteurs de l'activité. Car, on l'a dit, c'est
un domaine qui dépasse celui de l'école et c'est la raison
d'ailleurs, M. le Président, pour laquelle nous avons tellement
insisté pour que cette politique linguistique soit définie le
plus tôt possible, que tant d'autres l'ont demandé avant nous il y
a plusieurs années.
Et il nous semble justement que les programmes gouvernementaux, qu'une
politique linguistique qu'on peut définir à l'occasion de
l'école dans ce projet de loi, et nous en avons l'occasion, en attendant
qu'elle soit définie ailleurs dans d'autres secteurs de
l'activité, il nous semble que ceci constituerait une bien meilleure
protection que cette nomination d'observateurs.
Il y a aussi, M. le Président, une autre protection, une autre
garantie, bien meilleure que celle que nous propose le ministre, c'est celle de
l'opinion publique. Je suis convaincu pour ma part, M. le Président, que
le jour où on voudrait toucher aux droits de quelque minorité que
ce soit dans une école de Montréal, qu'il s'agisse d'une
minorité française ou d'une minorité anglaise,
immédiatement des cris s'élèveraient de partout, dans tous
nos journaux pour dénoncer ces excès et ces abus, tellement nous
avons appris à cohabiter ensemble, tellement nous avons appris à
respecter nos droits réciproques.
Et enfin, il y a une autre garantie meilleure que celle que nous propose
le gouvernement, c'est celle dont parlait mon collègue de Saguenay et
qui est appliquée depuis très longtemps dans tous les conseils
démocratiques que nous connaissons, c'est l'assistance aux
délibérations des commissions scolaires. Je ne sache pas que la
loi interdise à qui que ce soit d'assister aux
délibérations des quinze commissaires qui seront élus en
vertu de cet article 583.
C'est là la meilleure protection au fond, M. le Président,
du citoyen et du citoyen minoritaire. Lorsque nous voyons des cultivateurs dans
les tribunes, nous pensons constamment au projet de loi 64, constamment. Parce
qu'ils sont là pour nous rappeler quelque chose, au cas où nous
l'oublierions, de la même façon dans les structures des
commissions scolaires.
Quand il y aura quelqu'un dans les estrades, dans les tribunes, qui
appartient à une minorité, qui pourra s'exprimer, qui pourra
poser des questions aux commissaires, qui demandera si tel ou tel de ses droits
a été respecté ou bafoué, je pense qu'il n'y aura
pas de meilleur moyen de pression, M. le Président, que cette
intervention d'un citoyen. C'est d'ailleurs notre expérience de tous les
conseils municipaux que nous avons connus, aussi bien que du Parlement ici, que
des structures scolaires.
Il y a donc bien d'autres garanties, d'autres protections que celle que
nous propose le ministre, sans parler de celle que vient de suggérer mon
collègue de Lafontaine et qui, elle aussi, s'ajoute à toutes les
autres que je viens de mentionner, c'est-à-dire la nomination d'un
ombudsman de l'Education, suggestion que nous avons déjà faite
à quelques reprises au gouvernement.
Donc, M. le Président, il ne nous semble pas que, même dans
cette période de transition, il nous faille accepter la suggestion du
ministre par la nomination de ces observateurs. J'ai dit que ceci constituait
un accroc à la démocratie et je le prouve immédiatement
dans un autre domaine. Qu'est-ce qui arrivera si nous consentons que cet accroc
se produise? Actuellement, il se produirait au point de vue linguistique... si
l'on constate que la minorité francophone ou anglophone, selon le cas,
n'est pas représentée. Et on comprend, comme je vous le dis, les
raisons du ministre qui a pu peut-être céder aux pressions
nombreuses qui ont été exercées sur lui par la
minorité anglophone, aussi bien au niveau du cabinet qu'au niveau de la
députation.
Mais qu'est-ce qui arrivera si on l'écoute? M. le
Président, par cette brèche qui aura été ouverte,
on pourra voir se glisser bientôt d'autres pressions qui vont s'exercer
cette fois dans le sens de la confessionnalité par des groupes qui
poursuivent des objectifs différents. Et dans quelle position le
gouvernement sera-t-il à ce moment-là pour refuser ces pressions,
pour empêcher ces gens de lui dire: Vous l'avez fait pour la langue,
pourquoi ne le feriez-vous pas maintenant pour la religion? Si vous êtes
conséquent avec vous-même, vous allez être obligé de
faire droit à nos demandes et à nos revendications et nous
exigeons que vous ajoutiez à l'article 583 un autre article qui va
s'appeler 583a) et qui va se lire comme suit: Toutefois, le
lieutenant-gouverneur en conseil pourra, s'il constate que la minorité
catholique ou protestante ou autre, selon le cas, n'est pas
représentée et ainsi de suite.
Et le gouvernement ne pourra absolument pas refuser cette demande
puisqu'il vient de l'accepter au point de vue linguistique. Et voilà le
grand danger, M. le Président, des précédents, des abus,
des excès auxquels parfois on se laisse aller lorsqu'on veut
répondre à des pressions qu'on ne peut pas repousser tellement
elles nous semblent puissantes ou tellement elles nous semblent motivées
par des intérêts qu'on ne peut pas écarter.
Au lieu de cela, M. le Président, nous préconisons une
autre solution. Une solution
qui n'est pas comme celle que nous présente le ministre, la
solution de la peur. La peur d'un gouvernement, mais la peur surtout d'une
minorité qui a peur de l'avenir et qui s'appuie sur le gouvernement pour
que cette peur ne se transforme pas en réalité. Nous refusons, en
ce qui nous concerne, cette solution de la peur. Nous disons à la
minorité de ne pas avoir peur parce qu'elle est protégée
par notre tradition, par tous les autres mécanismes que nous avons
suggérés. Nous disons à ce gouvernement de ne pas avoir
peur de cette minorité qui, actuellement, fait pression sur lui pour
introduire dans un projet de loi des articles antidémocratiques. Nous
disons à ce gouvernement de ne pas avoir peur. Nous lui disons de penser
plutôt à l'avenir. Et l'avenir ce n'est pas dans le sens que nous
propose le ministre. L'avenir demande des structures nouvelles. Par ce projet
de loi, le ministre prend le pari, relève le défi de créer
des structures nouvelles, une structure unique, une structure où les
commissaires seront élus par le peuple. Et bien, qu'il aille jusqu'au
bout, qu'il accepte que la commission scolaire soit composée uniquement
de commissaires élus, qu'il donne sa chance à la
démocratie, qu'il donne sa chance à la collectivité telle
que nous la connaissons de s'exprimer comme elle l'a toujours fait jusqu'ici,
qu'il donne la chance à ce nouveau système de donner tous ses
fruits sans lui adjoindre des garde-fous, sans lui adjoindre des correctifs qui
ne sont là que parce que quelqu'un a peur et cède à sa
peur.
Je pense qu'il faut aller jusqu'au bout, donner sa chance au
système. S'il y a encore dans ce projet de loi quelque chose qui fait
peur à cette minorité, on règlera ce problème par
quelque chose d'autre, c'est-à-dire une politique qui tiendra compte des
droits légitimes de toutes les minorités, quelles qu'elles
soient, que ce soit les minorités confessionnelles, que ce soient les
communautés linguistiques.
C'est la raison pour laquelle nous ne pouvons pas accepter l'article 583
tel qu'il est libellé actuellement et que nous accordons plutôt
notre faveur au sous-amendement proposé par le député de
Saint-Jacques.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Est-ce que les membres du comité sont
prêts à se prononcer sur le sous-amendement de l'honorable
député de Saint-Jacques? L'honorable député de
Saint-Jacques.
M. CHARRON: Vous me permettrez de conclure sur le sous-amendement qui a
occupé nos travaux pour les quelques dernières minutes. Est-ce
que le leader du gouvernement, en plus d'être blessé à la
jambe, a la grippe?
M. LEVESQUE: Non, je n'ai pas tous les maux. Je n'aimerais pas que vous
y ajoutiez, cependant.
M. CHARRON: Je ne veux pas épuiser les vingt minutes qui restent
à mon droit de parole. Je n'en prendrai que quelques-unes pour essayer
une dernière fois de convaincre, essayer de trouver dans la
majorité gouvernementale les hommes libres d'esprit qui pourraient,
au-delà de la ligne de parti qui leur est imposée, opter pour la
solution démocratique et la solution de paix sociale qui est
proposée par le sous-amendement dont je me suis fait l'initiateur il y a
quelques minutes.
Je pense, M. le Président, que si vous aviez le droit de vote,
vous seriez un des premiers à succomber à la qualité des
arguments que vous avez entendus aussi bien du côté du Parti
québécois que du côté de
l'Unité-Québec qui se sont faits les défenseurs du
sous-amendement que j'ai proposé.
Je veux simplement dire pour terminer que l'esprit avec lequel nous
avons présenté cet amendement est à ce point important
que, non seulement il marquera le reste de notre participation au travail du
comité plénier sur les autres articles qui font accroc à
ce même principe, mais que c'est aussi le même principe qui nous
avait donné l'occasion d'apporter notre appui à la loi en
deuxième lecture. C'est exactement pour les mêmes raisons que nous
avons appuyé il y a déjà quelques semaines le principe du
projet de loi 28, le principe de l'unification des commissions scolaires,
qu'aujourd'hui, avec la même force, nous nous levons contre l'article 583
auquel je propose à la Chambre un sous-amendement. Il n'y a pas chez
nous et c'est ce que nous voudrions éviter aussi de retrouver
dans le projet de loi une incohérence de principe et un manque de
suite, de logique. Si vraiment j'ai apporté mon appui, au nom de mon
parti, au principe de la loi 28 portant sur l'obligation de démocratiser
la structure scolaire de l'île de Montréal, de faciliter les
chances d'aboutir un jour ou l'autre à l'égalité
économique, d'obtenir une plus grande justice sociale et d'obtenir pour
chacun des groupes je reprends les termes de mon discours de
deuxième lecture la sécurité culturelle que chacun
reçoit, c'est exactement pour les mêmes motifs, pas plus mais pas
moins, que je dis que l'article 583 est un accroc au principe qui a valu notre
adhésion en deuxième lecture.
Je dis donc aux membres de la majorité gouvernementale qui ont
suivi librement leur conscience en optant comme chacun l'a fait, je
pense pour le principe de la loi 28 qu'ils ne feraient aucunement accroc
à leur logique et à leur cohérence en appuyant aujourd'hui
le sous-amendement que j'ai présenté tout à l'heure.
La qualité des arguments devrait quand même
immédiatement laisser entendre au ministre il a emprunté
aussi les arguments qui ont entouré notre discussion et lui faire
comprendre immédiatement que, premièrement, notre débat
sera long et difficile parce que nous, nous tenons à être
cohérents avec notre vote de deuxième lecture.
H ne sera peut-être plus ministre de l'Education à ce
moment-là. Je le dis à l'intention du prochain ministre de
l'Education, qui assiste à nos débats cet après-midi; je
le dis aussi à leur intention: On peut déjà déceler
dans le débat que nous maintenons la difficulté qu'aura cette
nouvelle structure à s'imposer dans les faits et dans la
réalité montréalaise non pas parce que le principe
est mauvais, mais parce que ses modalités le sont quand on en
arrivera à appliquer concrètement chacune des modalités,
comme celle sur laquelle nous aurons tantôt à nous prononcer
lorsque nous prendrons le vote sur l'article 583 ou même sur mon
sous-amendement, et toutes les autres.
Ce n'est pas le principe qui est un problème dans la ville de
Montréal actuellement, c'est chacune des modalité. Les principes,
comme je me suis efforcé de vous le démontrer ce matin, M. le
Président, et comme d'autres collègues l'ont brillamment fait cet
après-midi, se trouvent trahis par certaines modalités comme
celle sur laquelle nous avons à nous prononcer.
M. le Président, en vertu de l'article 351 de notre
règlement je demande donc que vous appeliez le vote à
moins que d'autres collègues aient à parler levé et
assis sur le sous-amendement que j'ai présenté ce matin.
M. LE PRESIDENT: Quels sont ceux qui sont en faveur du sous-amendement
de l'honorable député de Saint-Jacques?
M. LEGER: M. le Président, en vertu de l'article 351 je
demanderais que le vote soit fait debout et assis.
M. LE PRESIDENT: Depuis que la Chambre m'a confié la
présidence du comité, c'est la façon avec laquelle nous
procédons.
Que ceux qui sont contre le sous-amendement de l'honorable
député de Saint-Jacques veuillent bien se lever.
Le sous-amendement de l'honorable député de Saint-Jacques
est rejeté.
M. LEVESQUE: C'est le vote renversé pour l'amendement, je
suppose?
M. LE PRESIDENT: Est-ce que le comité est prêt à se
prononcer sur l'amendement de l'honorable ministre de l'Education?
M. CARDINAL: M. le Président, juste un mot, je n'allongerai pas
le débat. Quant à moi, je peux me prononcer immédiatement
parce que c'est l'inverse de l'autre. Je voulais simplement faire la mise en
garde suivante: Par l'amendement proposé par le ministre de l'Education,
le principe du bill est modifié.
M. LE PRESIDENT: Dans les circonstances, peut-on dire que l'amendement
de l'honorable ministre de l'Education est adopté sur division?
M. CHARRON: M. le Président, en vertu de l'article 667, est-ce
que je puis vous demander une directive?
M. LE PRESIDENT: Oui.
M. CHARRON: Le député de Bagot vient de prononcer une
phrase importante. Est-ce que je peux lui demander de développer sa
phrase? C'est important pour l'amendement du ministre.
M. LEVESQUE: M. le Président, cet amendement était connu,
lors du débat et du vote en deuxième lecture, et c'est en toute
lumière que la Chambre s'est prononcée.
M. CARDINAL: Je vais dire quelques mots très brefs. J'ai dit ceci
en le pensant profondément. Je l'ai déjà
développé au cours de la motion de sous-amendement, je l'ai
développé en commission parlementaire et je l'ai
développé dans mon discours de deuxième lecture. Je n'y
reviendrai donc pas, M. le Président.
Un des principes du projet de loi no 28 était celui de la
comission scolaire unique, multiconfessionnelle, si vous voulez, neutre comme
structure et où il n'est absolument pas question de protéger, par
aucun mécanisme, des minorités de quelque sorte que ce soit.
Là on vient d'ouvrir une porte qui va permettre d'autres
amendements ou sous-amendements qui vont changer au moins ce principe du projet
de loi. Je ne devrais pas en prendre avantage, parce que ça a
déjà été fait. Je réfère les
députés ministériels au journal des Débats, et
j'espère que ça aidera leur réflexion.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Alors, est-ce que le comité est
prêt à se prononcer sur l'amendement du ministre de
l'Education?
Adopté sur division.
M. ROY (Beauce): ... le même nombre de votes parce que nous avons
manifesté clairement notre intention de voter contre l'amendement du
gouvernement tout à l'heure.
M. LEVESQUE: Ce n'est pas enregistré.
M. LE PRESIDENT: Ce n'est pas enregistré, alors sur division va
régler le problème.
M. ROY (Beauce): C'est parce que j'ai cru comprendre que le
député de Bagot a dit que c'était le même vote, mais
inversé.
M. CHARRON: Levé, assis.
M. LEVESQUE: Je pense que le député de Beauce a raison,
s'il y avait eu un vote enregistré ça aurait pu faire une
différence, mais comme le vote n'est pas enregistré...
M. LE PRESIDENT: Alors, "sur division" règle le
problème.
L'amendement de l'honorable ministre de l'Education est adopté
sur division. Est-ce que l'article 583 est adopté tel
qu'amendé?
UNE VOIX: Sur division.
M. BROCHU: M. le Président,...
M. LE PRESIDENT: Adopté tel qu'amendé sur division.
L'honorable député de Richmond.
M. LEVESQUE: Quel article?
M. BROCHU: Sur l'article 583. J'essaierai d'être ici le plus bref
possible.
Je pense qu'on a suffisamment développé les
différents thèmes du pluralisme qui peut exister sur l'île
de Montréal. Quant à ce pluralisme, que ce soit au niveau
linguistique ou au niveau confessionnel, ce n'est pas une option à
prendre, c'est simplement une réalité à reconnaître.
Pour aller plus loin dans les débats qui ont été
entamés tout à l'heure, si l'on veut reconnaître vraiment
dans les faits ce pluralisme dont je fais mention et lui donner toute la
reconnaissance qui, à mon sens, lui est due pour que la
société québécoise, en particulier dans le secteur
de l'île de Montréal, fonctionne de façon normale, il nous
faut arriver à ce point qu'un cadre législatif surtout en
matière d'éducation reconnaisse ce fait et l'établisse
clairement dans ses procédures.
Pour éviter aussi les imbroglios qui pourraient naître
d'une situation restée en plan ou sujette à une foule de
confusions qui pourraient arriver par la suite, puisque comme nous l'avons
mentionné à plusieurs reprises la restructuration scolaire de
l'île de Montréal n'a pas simplement des incidences ou des
implications au niveau administratif; mais lorsqu'on se place dans le contexte
du ministère de l'Education, toute réforme atteint tôt ou
tard l'élève ou le parent, c'est-à-dire ceux qui sont
directement concernés ou qui ont à évoluer dans le monde
de l'éducation. Parce que loin d'être simplement une
préoccupation administrative, le ministère de l'Education doit
surtout s'orienter, je pense, on ne le mentionne pas assez souvent, vers cette
formation globale de l'individu qui doit s'intégrer tôt ou tard
à une société et en arriver à être à
part entière un participant et quelqu'un qui apporte un apport
réellement valable.
Si je prends maintenant les questions de majorité ou de
minorité, lorsque l'on considère les questions de comités
confessionnels, je pense qu'il nous faut aussi à ce niveau-là
leur accorder un certain pouvoir puisque nous voulons qu'ils soient partie
intégrante du nouveau système scolaire, puisque nous voulons
qu'ils soient des participants. Je pense qu'il n'y a pas de demi-mesures et que
nous devons leur donner soit pleinement leur place ou dire franchement qu'on
n'en veut pas.
C'est le même phénomène au niveau des commissaires
que le ministre de l'Education a l'intention de nommer pour représenter
les minorités. Je pense qu'on n'a pas encore de demi-mesures à ce
moment-ci à adopter. Que l'on dise clairement que l'on n'en veut pas ou
simplement qu'on leur donne les pouvoirs qui leurs sont dus par la
reconnaissance de leur existence.
Je pense qu'il nous faut prendre ici des décisions
éclairées, des décisions qui soient basées sur
certains principes que nous considérons très importants et je
pense que ce serait faire une faille à cette législation aussi
importante que de ne pas trancher certaines questions.
Je ne me reporterai pas ici à tout le débat sur la
question linguistique parce que nous avons exprimé la position de notre
parti à ce sujet là.
Le secteur de l'éducation ne doit pas être simplement
l'enclos où toute la discussion sur la question linguistique doit se
faire puisqu'elle est simplement un secteur de notre activité
québécoise, seulement un secteur, mais un secteur très
important. Nous ne devons pas non plus axer le débat entièrement
là-dessus puisque la politique globale n'est pas encore connue à
ce sujet. Cependant, on ne peut absolument pas laisser passer cette loi sans au
moins clarifier certains points du côté linguistique, afin que
soient respectés les droits de la majorité et que soit reconnue
aussi l'existence des minorités au Québec.
M. le Président, face, je pense, à cette conjoncture ou
à ce portrait de situation qui se présente devant nous, nous ne
pouvons, pour le moment, laisser passer l'article 583 sans intervenir pour des
raisons bien précises qui sont celles de coordonner dans un projet de
loi les précisions et les décisions qui doivent être prises
à ce moment-ci. C'est pourquoi j'ai l'intention, non pas de continuer
plus longtemps un discours à ce niveau, mais de présenter un
amendement à cet article 583 qui se lirait comme suit: "De remplacer cet
article par le suivant: Chaque commission scolaire est composée de
quinze commissaires élus conformément aux articles 95 à
183 qui s'appliquent mutatis mutandis et sous réserve de l'article 286.
Toutefois, le lieutenant-gouverneur en conseil doit, s'il constate que la
minorité ou la majorité francophone ou anglophone, catholique ou
protestante ou autre, selon le cas, n'est pas équitablement
représentée par la suite de l'application de l'alinéa
précédent, nommer pour un mandat de quatre ans sur la
recommandation du ministre, un nombre suffisant de commissaires d'école
pour respecter le droit à la représentation proportionnelle avec
l'accord des présidents des comités décisionnels
d'école de la majorité ou de la minorité
concernée.
Ces commissaires d'écoles nommés
bénéficient, comme les commissaires élus, du droit de vote
et du droit d'être élus président ou vice-président.
Au cas de vacance, ils sont remplacés de la même façon
nonobstant l'arti-
cle 184 pour la durée non écoulée de leur
mandat".
Si nous proposons un tel amendement à ce moment-ci, c'est pour
éviter l'imbroglio ou l'impact que pourra causer la mise en application
telle quelle du bill 28, surtout au niveau de l'article 583, puisque, non
seulement on ne prend pas en matière linguistique de décision
puisque les politiques globales ne sont pas connues et que cela est
resté en plan, non seulement on ne prend pas de décision à
ce niveau-là, mais on laisse la situation telle quelle.
M. le Président, je vous fais parvenir, ainsi que pour les autres
membres intéressés, une copie de cet amendement.
Je pense, pour continuer, qu'il ne faille pas élaborer tellement
longuement pour voir que, dans le contexte du cadre législatif qui nous
est proposé et surtout au niveau de l'article 583, si on laisse la
situation en plan, telle qu'elle est, à mon sens, on ne fait pas autre
chose que de recréer presque un nouveau bill 63, à ce
niveau-là, puisque l'on permet à une situation déjà
passablement confuse de continuer d'exister. Je pense que si on ne prend pas le
temps nécessaire de s'arrêter pour analyser vraiment ce qui se
présente actuellement à nous, on pourra assister malheureusement
à des affrontements, à certains conflits qui seront de nature
même à nuire à la mise en application des objectifs qui
sont contenus dans le projet de loi no 28.
Je pense que, sur les objectifs, nous avons été
suffisamment clairs et nous sommes d'avis qu'il faille en arriver à une
restructuration puisqu'il y a certains problèmes qui existent et que la
mise en application du bill, c'est-à-dire dans ses objectifs,
répond à un certain besoin. Cependant, puisque le principe
contenu dans le bill n'est pas un principe simple mais qu'il touche la question
linguistique et la question confessionnelle, il ne faudrait pas, simplement au
nom du principe administratif, mettre de côté deux autres
principes aussi importants et laisser naître ou laisser continuer une
situation de confusion et de heurts qu'il serait malheureux de constater et qui
serait un non-sens qu'on pourrait nous reprocher par la suite.
On pourrait nous dire: Messieurs, vous avez eu à discuter d'un
bill d'une extrême importance et vous n'avez pas pris garde aux
conséquences que pouvait apporter sa mise en application. Plus
spécialement, M. le Président, on pourrait nous reprocher de
n'avoir pas pris garde de respecter la conjoncture sociale, la conjoncture
culturelle ou la conjoncture confessionnelle qui se présente sur
l'île de Montréal.
M. le Président, c'est dans cette optique de vouloir fouiller la
question à fond et de présenter un argument qui, à notre
sens, est susceptible de donner suite à des préoccupations que
non seulement nous, du Ralliement créditiste, avons, mais à des
préoccupations aussi que des milliers de personnes sur l'île de
Montréal ont et qu'elles ont manifestées soit par
différents organismes, soit par des pressions ou soit directement en
nous consultant, c'est dans cette optique, dis-je, de saine administration au
niveau législatif que nous voulons présenter cet amendement. Nous
espérons que le ministre y accordera toute l'importance que nous y
mettons puisqu'il s'agit simplement, à ce moment-ci, d'établir
clairement les faits, de prendre une décision afin que lorsque le bill
sera mis en application, il n'y ait ni heurt, ni conflit mais que tout se fasse
pour que le grand objectif qui est inclus dans le bill soit respecté et
que ce soit vraiment un mode d'administration nouveau qui soit établi
sur l'île de Montréal, un mode d'administration qui soit conforme
à la réalité montréalaise de 1971.
M. CARDINAL: M. le Président, ce qui se produit est exactement ce
que nous avions prévu. Si les règlements me le permettent, je
relirai un très bref extrait du journal des Débats de ce jour.
Feuillet 7602, page 2: "M. Cardinal: ... et je serai bref, je n'ai d'ailleurs
pas encore épuisé mon temps, je poserai juste une question au
ministre: Dans la CECM actuellement, quatre membres nommés par l'Etat,
trois membres nommés par l'archevêque, pourquoi est-ce que nous
n'amenderions pas l'article 583, deuxième alinéa, pour dire qu'il
y aura deux observateurs nommés par l'évêque de
Montréal et deux autres nommés par les anglicans... "M. Tremblay
(Chicoutimi): Par les rabbins."
A compter du moment où nous avons défait le principe de
cet article 583, l'amendement proposé par le député de
Richmond est tout à fait logique dans le système qu'a
établi lui-même le gouvernement par son amendement. Donc, si on
avait écouté les opinions qui ont été
mentionnées cet après midi, on n'en serait pas rendu à
discuter d'un nouveau sous-amendement qui est exactement de la même
nature que le précédent pour un autre genre de minorité.
J'espère que nous n'en aurons pas un troisième genre
tantôt. Je ne me prononce pas sur le fond même de la proposition du
député de Richmond. Mais il a profondément raison. Si nous
nous occupons des minorités linguistiques dans la représentation
au niveau de la commission scolaire qui doit être unique au point de vue
linguistique et au point de vue confessionnel, il n'y a aucune raison sur la
terre pour laquelle nous ne nous occuperions pas des minorités
confessionnelles. Qu'on abolisse les deux ou qu'on les mette toutes les deux ou
qu'on fasse un autre article. C'est tout ce que j'ai à dire, M. le
Président. Mais nous venons de nous placer dans une situation où
le ministre aura beaucoup de difficulté à se justifier devant
quelque minorité que ce soit.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Saint-Jacques.
M. CHARRON: M. le Président, je pourrais,
en vertu de l'article 333, paragraphe 3, vous demander de dire que
l'amendement du député de Richmond est irrecevable, mais je pense
que si nous en prenons le libellé, on s'apercevra en fait que la
modification à l'article 583 n'est pas à ce point totale
puisqu'en fin de compte, je pense que le député de Richmond
aurait pu présenter son amendement simplement en ajoutant, après
le mot "minorité", "un nombre suffisant de commissaires d'école
pour respecter le droit à la représentation proportionnelle avec
l'accord des présidents des comités décisionnels
d'école de la minorité et de la majorité
concernées".
En fait, ce que propose l'amendement du député de
Richmond, ce n'est pas un remplacement complet de l'article par un autre. Donc,
même s'il est présenté comme tel, ça n'en est pas
un, et il devrait quand même être reçu. Ceci posé, je
pense que le député de Bagot vient de confirmer ce que nous
disions au ministre il y a quelques instants, alors que nous débattions
mon sous-amendement dont la Chambre a disposé. Il pourrait se trouver,
si le hasard électoral avait fait que nous nous trouvions à cinq
partis, qu'un autre groupe représentant une autre idéologie, une
autre faction de l'opinion publique, choisit à ce moment-ci de demander
la représentation d'un autre type de minorité que celle
déjà comprise à l'intérieur de ça.
Le député de Richmond, qui s'est opposé à
mon sous-amendement, ne sera pas surpris de voir que je m'oppose au sien et
pour la même motivation. Le député de Richmond tombe
exactement dans le jeu que je ne voulais pas voir arriver dans la structure
scolaire de Montréal en présentant mon sous-amendement tout
à l'heure. Une fois que nous avons ouvert le jeu aux
représentations des minorités de quelque ordre que ce soit, il
faudrait qu'on nous explique pourquoi le critère linguistique est plus
important que le critère confessionnel, et de même pourquoi le
critère confessionnel est plus important que le critère social,
et de même pourquoi le critère social est plus important que le
critère culturel, et on peut partir pendant longtemps.
Non, M. le Président, je m'oppose à l'amendement du
député de Richmond d'abord pour cette raison, et ensuite parce
que, tout honnête qu'elle soit dans son intention, la motion d'amendement
du député de Richmond vise un but pratiquement inatteignable.
J'admets que pour quelqu'un qui vise à une plus grande
représentation démocratique que ce soit, l'objectif de
représentation proportionnelle est le summum, est le maximum. Mais je ne
connais pas de système, électoral ou autre, politique ou autre,
qui soit parvenu à cet objectif.
Ce n'est pas que nous refusions cet objectif. Vous-même, M. le
Président, qui, à vos heures, travaillez à la commission
de la réforme électorale, connaissez nos opinions. Vous savez
combien de fois nous avons proposé pour le système
électoral québécois un système qui se rapprocherait
le plus de cette représentation proportionnelle. Vous-même savez
que les experts qui sont venus témoigner à cette commission nous
ont dit que c'était un but pratiquement, complètement
inatteignable dans sa forme complète. Le député de
Richmond a l'intention honnête, mais il n'explique pas ou alors
faudrait-il attendre un article plus loin dans le projet de loi comment
nous pourrions atteindre cette représentation proportionnelle. Au fond,
il esquisse un voeu à l'intérieur de l'article 583, beaucoup plus
que des solutions concrètes et des modalités pratiques pour
l'atteindre. Avec tout le respect que j'ai à son égard,
j'attendrai sur ce point les amendements que, vraisemblablement, il doit
déjà détenir auprès de lui et qui visent les
articles 584 et 585, mais ma première objection, celle d'une
représentation forcée parce que c'est ça, les
observateurs du ministre une représentation forcée,
dis-je, de quelque minorité que ce soit et de quelque nature que ce
soit, et de quelque ordre que ce soit, recevra constamment, tant que nous
serons ici, une opposition comme celle que nous avons témoignée
par le sous-amendement que j'ai présenté tout à
l'heure.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Beauce m'avait
d'abord demandé la parole.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je vous en prie, M. le Président.
M. ROY (Beauce): M. le Président, je ne voudrais enlever la
parole à qui que ce soit, mais suite à l'amendement qui a
été présenté par le député de
Richmond et suite également aux interventions qui ont fait suite, je
pense, M. le Président, qu'on peut dire que tout ceci nous prouve que
nous avions raison depuis le début.
Nous avions raison depuis le début, parce qu'on se demande
sérieusement si la commission scolaire unifiée ne créera
pas plus de problèmes qu'elle n'en va régler. Je pense que tout
le point est là. M. le Président, dans ce domaine, dans
l'amendement que nous avons proposé, il est évident que nous
avons demandé qu'il y ait des mécanismes de prévus de
façon à pouvoir garantir la représentation
proportionnelle, pour respecter les droits de la majorité et ceux de la
minorité sur les plans linguistique et confessionnel.
Je prenais connaissance d'une lettre qu'un ancien président de
commission scolaire de Montréal a fait parvenir au premier ministre et
à l'honorable ministre de l'Education. Il y disait ceci: Il est
évident que selon les mémoires présentés
parce qu'il y en a eu énormément lors des séances de la
commission parlementaire de l'Education trois points importants sont
à la base de notre système d'éducation: la langue, la
religion et la finance. Trois points impor-
tants, et ce n'est pas moi qui le dis, nous l'avons déjà
dit et nous le répétons.
M. le Président, c'est écrit dans la lettre qu'un ancien
président de commission scolaire a fait parvenir au premier ministre et
au ministre de l'Education, les trois points les plus importants dans le
système d'éducation sont la langue, la religion et la finance.
Et, à l'heure actuelle, pour sauver la finance, ils sont en train de
mettre de côté la langue et la religion. Et regardez dans quel
pétrin nous nous enlignons, M. le Président. Evidemment, il faut
trouver une belle couverture, une belle façade pour présenter
ça à la population de façon à ce qu'elle l'accepte;
le gouvernement fait ça au nom de la démocratie, pour sauver la
démocratie. La démocratie pour sauver la finance, au
détriment de la langue et de la religion.
M. le Président, c'est justement là que commence la
confusion. Cet article 583, qui est très important, qui est essentiel
dans l'esprit de l'Etat qui se veut neutre, sera en réalité, s'il
n'est pas transformé substantiellement, source de troubles nombreux, de
conflits, d'incompréhension, de frictions, peut-être parfois
violents, dans le domaine de l'Education. Cet article énonce que chaque
commission scolaire sera composée de quinze commissaires, lesquels
seront élus conformément aux articles 95 à 183 de la Loi
de l'instruction publique.
Au nom de la démocratisation, l'élection des
administrateurs scolaires au suffrage universel, sans distinction de religion,
sans distinction de langue, pourrait se justifier en théorie lorsqu'on
veut imposer, comme je le disais cet après-midi, l'école pour
tout le monde, non confessionnelle, conçue pour une
société unilingue globale. Cette théorie, M. le
Président, se butera toujours à une objection fondamentale parce
que l'éducation n'est jamais neutre en soi, elle aussi est
confessionnelle à son point de vue. Or, l'élection au suffrage
universel pourrait, dit-on, se justifier aussi même dans un
système confessionnel mais à la condition qu'il soit construit
sur la majorité religieuse et sur le droit de dissidence. Ce
système prévaut encore au Québec et l'électeur,
s'il ne fait pas partie des dissidents, accepte que l'école soit de la
confession religieuse de la majorité.
Mais, avec cet article 583 du bill 28, ce fondement de notre
système scolaire, y compris le droit de dissidence religieuse,
disparaît pour toute la population de l'île de Montréal.
C'est aussi clair que ça. Le suffrage universel signifierait alors pour
la clientèle de l'école catholique que les écoles
tomberont sous le pouvoir de personnes dont elles ne connaîtraient pas
les convictions et dont l'opinion personnelle pourrait même être
contraire. Sans doute on pourra toujours prétendre que ces
administrateurs, même s'ils sont élus dans l'anonymat du suffrage
universel, seront intelligents et désireux de se conformer aux lois,
plutôt que de faire prévaloir leur choix personnel.
Voilà justement le risque que nous refusons en principe,
appuyés sur un examen réaliste de la révolution qui secoue
la société québécoise au plan des valeurs qui
sous-tendent l'activité éducative. Avec cet article 583, les
groupes confessionnels et, si on prend un exemple, les catholiques qui optent
pour un système d'écoles catholiques seront forcés d'en
confier le contrôle à des personnes de n'importe quelle option,
fussent-elles d'autre part intelligentes et désireuses de se conformer
aux lois. Si nous acceptons cet article au niveau des services administratifs
et pédagogiques parce que la confessionnalité ne peut pas
seulement s'établir au niveau d'un comité confessionnel, il faut
que ce soit établi dans les structures pédagogiques de
l'enseignement nous nous plaçons dans l'obligation d'accepter
à la suite automatiquement des maîtres et même des
professeurs de religion qui n'auront pas le souci de satisfaire à des
obligations légales.
C'est là un des points très importants. Or, il est clair
que cette motivation ne suffit pas quand il s'agit d'une entreprise
d'éducation. Cela pourrait suffire si nous étions dans une usine
d'assemblage avec des filiales. Je l'ai dit ce matin, nous ne sommes pas dans
une usine de fabrication d'un produit quelconque. Nous sommes en
éducation, on ne peut pas parler le même langage et on ne peut pas
analyser de la même façon.
Il est clair que cette motivation ne suffit pas quand il s'agit d'une
entreprise d'éducation. S'il est vrai que l'Etat a en vue une
démocratisation véritable, cette démocratisation doit
tendre plutôt à confier la gestion des écoles catholiques
à des commissaires élus par tous ceux qui optent pour ce type
d'école.
En effet, la vraie démocratisation ne consiste pas à
imposer une autorité unique à toutes les écoles mais
plutôt à offrir un véritable choix, une réelle
liberté de choix à des clientèles diverses. C'est
ça la démocratie et je pense que si le gouvernement veut
respecter la démocratie, il devra réellement tenir compte de ces
faits, de ces points, tels qu'indiqués dans l'amendement du
député de Richmond.
C'est ça le vrai pluralisme. Agir autrement, c'est avouer qu'on a
d'autres mobiles que ceux du souci vraiment démocratique et pluraliste
en éducation. Il y a des problèmes spécifiquement d'ordre
linguistique et d'ordre confessionnel qui ont pour origine cet article 583.
Premièrement, les problèmes d'ordre linguistique. Je vais en
énumérer trois: Si une minorité française se trouve
à l'intérieur d'une majorité anglaise, comme dans trois ou
quatre des onze commissions scolaires formées et proposées, trois
questions peuvent être posées immédiatement: Cette
minorité fera-t-elle face à une assimilation à court et
à long terme? A ce que je sache, le bill 63 est toujours en vigueur.
Deuxièmement, sera-t-elle obligée de se battre pour le respect de
son droit linguistique? Troisièmement, quelle langue primera aux
réunions des commissions scolaires?
Nous n'avons pas encore eu d'indication sur ce point. Nous n'avons
encore eu aucune précision. Le problème linguistique des
Canadiens français, pas plus que celui des Canadiens anglais, ne se
réglera par l'unification des structures scolaires. La liberté de
choix laissée aux immigrants par le bill 63 quant à la langue
d'enseignement demeurera entière dans le système scolaire
unifié ou neutre.
Il y a aussi des problèmes d'ordre confessionnel. Par cet article
583, les commissaires seront donc élus indépendamment de toute
foi, en sorte qu'un neutre ou un indifférent aux valeurs religieuses ou
même un athée devront se mettre impérieusement dans le
climat psychologique nécessaire pour accorder les droits confessionnels
aux protestants et aux catholiques. On voit d'ici tous les problèmes que
cela pourra susciter. C'est beaucoup demander. C'est toujours possible en
théorie mais, dans la pratique, c'est autre chose. Or, c'est à la
commission scolaire que se prendront toutes les décisions, elles ne se
prendront pas ailleurs qu'à la commission scolaire. De plus, sur
l'engagement des principaux d'écoles et des professeurs, sur le choix
des livres à acheter, sur les budgets à établir, il y a
là une source de conflit continuel au double niveau psychologique et
pratique. Par cet article, l'Etat ignore nettement le pluralisme des
clientèles scolaires. En adoptant le bill 27, le gouvernement a maintenu
le caractère confessionnel catholique et protestant de l'administration
scolaire hors de l'île de Montréal.
Or, les caractéristiques de la région
métropolitaine: densité, diversité et mobilité de
la population, constituent autant de raisons qui justifient, d'une part, les
catholiques de vouloir maintenir pour eux-mêmes des organismes
administratifs et confessionnels.
En écartant toute question partisane et politique, toute
sensiblerie ou émotivité, il est possible de résoudre le
problème sans recourir à un chambardement radical de nos
structures tel que proposé dans les dispositions du bill 28. Je me
réfère à la lettre de tout à l'heure, d'un ancien
président de commission scolaire qui dit: "Après avoir, pendant
sept ans, présidé aux destinées d'une commission scolaire
et avoir vécu des problèmes inhérents, je crois pouvoir
affirmer que le bill 28, dans sa rédaction présente, ne fera
qu'ajouter au marasme actuel et ne pourra définitivement pas satisfaire
qui que ce soit."
Nous l'avons dit, depuis le début, que le bill 28 ne
réglera rien. "Lorsqu'on parle d'éducation je continue de
citer ce président de commission scolaire qui, lui, a vécu le
problème, qui, lui, est conscient..."
M. SAINT-PIERRE: Sur l'île de Montréal?
M. ROY (Beauce): "...de ce qu'est l'éducation l'unique
préoccupation à retenir est la formation de l'enfant. Faire
passer tout autre considération avant le bien-être de celui-ci
c'est s'éloigner du but et courir inévitablement à
l'échec". C'est là tout le problème.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, j'invoque le
règlement parce que mon collègue de Beauce me pardonnera
de le faire, de l'interrompre cette proposition d'amendement, je ne
pense pas qu'on l'ait souligné jusqu'à présent, comporte
un vice de forme. En stricte rigueur de la technique législative, cette
proposition d'amendement introduit dans notre législation et, par
conséquent, vise à introduire dans nos lois un principe qui en
dérange l'économie.
Nulle part dans nos lois, ne se trouve consacrée la notion de ce
qu'on appelle la proportion ou la proportionnalité. Ni au niveau du
gouvernement central, lorsqu'il s'agit du scrutin, du vote, d'une
élection, ni au niveau du gouvernement du Québec, non plus qu'au
niveau des municipalités, n'apparaît cette notion de proportion.
En voulant introduire cette notion de proportion dans des mécanismes
d'élection au niveau scolaire, on se trouverait à changer
l'économie de nos lois et il me paraît que l'on mettrait en cause,
de façon très sérieuse, l'ensemble de nos lois qui, toutes
les fois qu'il s'agit du scrutin, parle de majorité simple.
En raison de ce vice de forme, indépendamment de toute
l'argumentation, de toutes les idées qui sous-tendent l'amendement
proposé par notre collègue de Beauce, j'ai la conviction que la
proposition est irrecevable.
Elle n'est pas conciliable avec la technique législative, qui
doit tenir compte de l'économie de nos lois, qui ne comporte dans aucun
cas l'idée de la proportion ou de la proportionnalité, si on me
permet ce néologisme.
Quand nous avons étudié à la commission de la
réforme parlementaire le problème du scrutin, nous nous sommes
penchés sur cette question de la proportion, du vote proportionnel, et
nous avons reconnu que cela n'existait nulle part dans notre système, ce
qui ne veut pas dire qu'on ne puisse pas à un moment donné
accepter cette notion, l'examiner et voir dans quelle mesure elle pourra
s'accorder à l'ensemble de nos lois.
Mais, dans le cas précis qui nous occupe, les choses étant
ce qu'elles sont, je ne crois pas, en raison de ce vice de forme et de cette
notion qu'introduit la proposition d'amendement du député de
Beauce, que cette motion puisse être même recevable. Je suis
convaincu que, d'une autre façon, par d'autres moyens, lors de l'examen
d'autres articles, le député de Beauce pourra reprendre le sujet
qu'il est en train de traiter et faire le plaidoyer qu'il est en train de faire
sur les thèmes de la langue, de l'éducation en regard de ces
problèmes de financement de structures, de coordination, etc.
M. LEVESQUE: M. le Président, deux mots seulement sur ce point de
règlement. Il y a tout
simplement deux considérations que j'aimerais faire à ce
moment-ci, et si, M. le Président, vous en venez à la conclusion
que cette objection doit être étudiée à ce moment-ci
j'aurais quelques remarques à faire.
La première cependant, préliminaire à cela, c'est
que je me demande si, à ce moment-ci, alors que nous sommes dans le
débat, on peut parler de la recevabilité de la motion. Mais si
vous permettiez de revenir à cette recevabilité, à ce
moment-là, j'aurais d'autres remarques à faire.
M. LE PRESIDENT: Voici, pour que la question soit bien claire, qu'il n'y
ait pas d'imbroglio, la question de recevabilité d'une motion peut
être soulevée à n'importe quel moment du débat. Au
début de ses remarques, aussitôt après la
présentation de la motion, le député de Saint-Jacques a
fait allusion à une possibilité d'irrégularité de
la motion.
A première vue, il m'apparaissait que cette motion était
sinon viciée dans sa substance, au moins viciée dsns sa forme,
telle que présentée.
Maintenant, le député de Saint-Jacques ayant fait allusion
à la chose et ayant dit qu'il n'invoquait pas
l'irrégularité de la motion, j'ai cru comprendre qu'il y avait un
espèce de consentement, tacite ou un consentement unanime tacitement
exprimé des membres du comité à l'effet que l'on passe
l'éponge sur le vice de forme de la motion et qu'on discute le fond.
C'est ce que l'honorable député de Beauce a
commencé à faire. Il a commencé à discuter de la
motion sur le fond. Comme il en avait parfaitement le droit, puisqu'on peut
encore une fois invoquer l'irrégularité d'une motion à
tout moment de la discussion, l'honorable député de Chicoutimi a
souligné certains aspects de l'irrégularité de cette
motion qui ne m'avaient pas frappé au début, c'est-à-dire,
en particulier, celui de l'introduction d'un nouveau principe que la
proposition d'amendement introduirait. Comme il s'agit d'une question je
le répète qui ne m'avait pas frappé au début
et qui est sûrement assez importante, avant de rendre une décision
sur la question de règlement invoquée par le député
de Chicoutimi, j'aimerais entendre les membres du comité qui
désirent s'exprimer sur cette question de recevabilité.
Si l'honorable leader parlementaire veut parler là-dessus.
M. LEVESQUE: Tout ce que je veux dire, M. le Président, c'est que
si vous en arrivez à la conclusion, après les remarques qui
seront faites de part et d'autres si remarques doivent être faites
qu'il y a dans cet amendement une disposition de nature à changer
ou modifier substantiellement le principe du bill tel qu'il a été
voté en deuxième lecture, je crois que vous devez ne pas recevoir
cet amendement et le déclarer inacceptable.
Comme vous, à première vue, je n'ai peut- être pas
accordé autant d'attention que j'aurais dû à cette motion,
dans sa forme et surtout dans son fond. Si c'est un vice de forme,
peut-être que nous pourrions l'oublier. Mais si on va plus loin que cela
et si cet amendement, dans votre esprit, contient une disposition qui voudrait
consacrer le principe de la représentation proportionnelle, je crois que
la motion n'est pas recevable et je vous prierais de vous en tenir aux
dispositions de l'article 566 qui ne nous permet pas, à ce moment-ci en
comité plénier, d'introduire une disposition ou un amendement de
nature à changer substantiellement le principe du bill voté en
deuxième lecture ou incompatible avec lui.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président,...
M. BROCHU: ... sur le point de règlement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... je voudrais apporter une petite
précision, si vous me le permettez, à l'intention du leader de la
Chambre. C'est que justement le député de Beauce étudiait
une question de fond. Mais ayant examiné très attentivement la
proposition d'amendement, je me suis rendu compte qu'il y avait un vice de
forme, celui que j'ai souligné, l'introduction de ce principe de la
proportion ou de la proportionnalité, je ne sais jamais trop quel mot
choisir.
M. LEVESQUE: Représentation proportionnelle.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A mon sens, cela vicie la proposition
d'amendement et la rend inacceptable. C'est absolument en dehors de toutes nos
techniques législatives puisque, toutes les fois que nous
légiférons, nous devons tenir compte de l'économie
générale de nos lois et des principes qui les sous-tendent.
M. BROCHU: M. le Président,...
M. MASSE (Montcalm): M. le Président,...
M. LE PRESIDENT: Le député de Richmond m'avait
demandé la parole. Après cela, ce sera les députés
de Bagot et de Montcalm.
M. CARDINAL: Il est six heures moins deux minutes.
M. BROCHU: Je ne voudrais pas être vicieux auprès du
député de Bagot ou du député de Chicoutimi...
M. LE PRESIDENT: Je ne sais pas si plusieurs membres du comité
désirent s'exprimer sur la question de la recevabilité, mais, au
point de vue pratique, ce serait peut-être excellent que nous puissions
entendre tous les opinants sur la question de recevabilité, ce qui
me
permettrait de délibérer pendant l'heure du dfner et
rendre une décision aussi éclairée que possible à
la reprise de nos travaux.
Evidemment, s'il y a des opinants pour une heure, il faudrait ajourner
dès maintenant.
M. LEVESQUE: M. le Président, nous pourrions suspendre
jusqu'à huit heures.
M. LE PRESIDENT: Alors, la séance est suspendue jusqu'à
huit heures.
(Suspension de la séance à 17 h 57)
Reprise de la séance à 20 h 5
M. HARDY (président du comité plénier): A l'ordre,
messieurs! Le débat continue sur la recevabilité de la
proposition d'amendement de l'honorable député de Beauce.
L'honorable député de Richmond.
M. BROCHU: M. le Président, sur la recevabilité de cet
amendement, j'aimerais, tout d'abord, retourner au texte de l'amendement
lui-même pour spécifier quel est le principe et quel est
l'objectif en cause. Cet amendement disait ceci: "Nommer, pour un mandat de
quatre ans, sur la recommandation du ministre, un nombre suffisant de
commissaires d'écoles pour respecter le droit à la
représentation proportionnelle".
Il s'agissait donc d'un objectif et ce n'était pas soumis au
vote. A ce moment-là, les personnes demeuraient quand même
nommées, dans l'optique de l'amendement. Il ne s'agit donc pas de tout
un processus de vote proportionnel, mais de faire ces nominations que le
ministre aura à faire par la suite, en tenant compte de la proportion
des minorités à l'intérieur des différentes
commissions scolaires.
Le député de Chicoutimi a mentionné que, pour
l'économie de nos lois, nous ne pouvions introduire un processus qui
vienne changer quelque chose à la coutume établie, si vous
voulez. Il parlait, à ce moment-là, de la question du vote
proportionnel.
M. le Président, comme je l'ai mentionné, il s'agissait
d'un objectif. Ce n'est pas du tout soumis au vote, puisque les personnes
demeurent nommées par le ministre. Cependant, on demande au ministre,
par l'amendement, de tenir compte de la proportionnalité au niveau de
chacune des commissions scolaires.
Si l'on disait, par exemple, que l'amendement que nous proposons ne peut
être reçu parce que, selon les paroles du député de
Chicoutimi, cela dérange l'économie de nos lois, M. le
Président, est-ce à dire que nous devrions continuer, dans notre
optique de travail, à faire des lois non pas en fonction des individus,
mais à faire en sorte que ce soient les individus qui soient en fonction
des lois? Un jour ou l'autre, M. le Président, si nous voulons changer
quelque chose au système qui est le nôtre, présentement, et
qui ne répond pas adéquatement à tous les besoins de la
société québécoise moderne, je pense qu'il nous
faudra transformer certaines choses et non pas simplement dire que, suivant
l'habitude qui a été créée, nous ne devons rien
changer à l'économie de nos lois et que nous devons continuer
à faire prévaloir le fait que c'est la personne qui doit
s'ajuster qui doit exister en fonction des lois.
M. le Président, mon argumentation était simplement sur ce
point, à savoir que les observateurs continuent à être
nommés par le ministre et qu'ils ne soient pas soumis, à ce
moment-là, au vote. Nous demandons simple-
ment au ministre qu'il tienne compte de la proportion au niveau de
chacune des commissions scolaires.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je viens d'entendre l'argumentation du
député de Richmond, qui peut paraître pertinente, mais il y
a deux parties dans son argumentation que je voudrais relever. Il dit d'abord
ceci: Même si l'économie de nos lois, nos coutumes, nos usages
n'ont pas consacré le principe de ce qu'on appelle la
représentation proportionnelle, ce n'est pas une raison pour qu'on ne
l'introduise point dans nos lois, dans nos usages, nos coutumes, dans
l'ensemble de nos institutions.
Cela est exact, mais il reste que ce soir, à ce jour du 21
décembre, nous étudions un projet de loi qui nous oblige à
nous tenir dans un cadre bien déterminé et bien circonscrit. Ce
projet de loi, d'autre part, s'articule à l'ensemble de nos autres lois,
lesquelles ne reconnaissent pas le principe de la représentation
proportionnelle.
Par conséquent, en stricte rigueur de la technique
législative, nous ne pouvons pas introduire un principe qui viendrait
déranger l'économie générale des lois. Par
ailleurs, le député de Richmond et c'est la seconde partie
de son argumentation a dit: Lesdits observateurs ne seront pas
élus mais nommés. Je suis d'accord avec lui là-dessus,
mais qu'il se représente bien ce qui se passe.
Les commissaires d'écoles commissaires qui vont faire
partie de cette ensemble, de cette structure nouvelle vont être
élus et ils vont l'être selon les modes de scrutin qui
prévalent actuellement et qui sont consacrés par nos lois. Ds ne
seront pas élus selon le principe de la représentation
proportionnelle, mais ils vont l'être comme on le fait dans tous autres
secteurs, à la majorité simple.
Par conséquent, l'argumentation du député devient
une contradiction et quelque chose d'exorbitant à notre droit si, d'une
part, on exige que les commissaires élus se soumettent aux règles
de la majorité simple et que, d'autre part, on nomme des gens qui eux
seraient choisis en fonction de ce qu'on appelle la représentation
proportionnelle.
Il y aura donc là une contradiction et on se trouverait, M. le
Président, appliquant ce principe, favoriser les observateurs par
rapport aux personnes qui seront élues, ce qui fait que la proposition
du ministre de l'Education de nommer des observateurs serait encore plus
mauvaise qu'elle ne l'est en réalité. Pour ces raisons, je
soumets que, toujours dans l'optique de ce l'on appelle la technique
législative et dans le cadre qui se trouve défini par le projet
de loi qui est devant nous, cette proposition d'amendement est viciée
dans sa forme nonobstant les arguments qu'a invoqués tout à
l'heure le député de Richmond.
M. LE PRESIDENT: Le député de Montcalm.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, contrairement à mon
voisin, le député de Chicoutimi, je crois que l'amendement...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... à votre collègue et ami.
M. MASSE (Montcalm): ... est recevable. Et ami si vous voulez l'ajouter,
c'est vous qui le dites.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous l'avez déjà dit.
M. MASSE (Montcalm): Ne commençons pas une discussion. Revenons
à l'amendement.
M. LE PRESIDENT: La recevabilité de la motion.
M. MASSE (Montcalm): Je crois, M. le Président, que l'amendement
est recevable et ce pour deux raisons. Premièrement, l'amendement
présenté par les membres du Ralliement créditiste est sur
le fond de même type que ceux présentés par le ministre de
l'Education au cours de notre discussion. Ce que recherchent les gens du
Ralliement créditiste, c'est une proposition qui permettrait au ministre
de l'Education de nommer des observateurs, non pas uniquement en fonction de la
minorité linguistique, mais également en fonction d'une
minorité confessionnelle.
Partant de là, bien que sur la forme, dans la rédaction de
l'amendement, il y ait une différence, il faut quand même admettre
que, sur le fond, l'amendement est du même type. Nous avons, au
début de cette discussion sur la recevabilité de la motion, mis
de côté les problèmes de forme de la motion comme telle et
accepté que c'était uniquement sur le fond que nous devions juger
si, oui ou non, l'amendement était recevable.
Pour ce qui est du fond de la proposition, elle est donc du même
type que celle du ministre de l'Education. Puisque l'amendement gouvernemental
a été jugé recevable, pour les mêmes raisons, je
pense, en toute équité, le président,
indépendamment qu'il soit favorable ou non à l'amendement du
député de Richmond comme tel, devrait le juger recevable. Bien
que, personnellement, lorsque j'en aurai l'occasion, je voterai contre
l'amendement, parce que je ne suis pas d'accord sur la proposition
formulée pour les mêmes raisons que j'étais contre la
proposition du ministre de l'Education, je crois quand même que la motion
est recevable.
Certains prétendent en cette Chambre que cette motion devrait
être repoussée, parce que le principe qu'elle contient va à
l'encontre de l'économie de nos lois. Là-dessus, M. le
Président, je suis surpris parce qu'au contraire notre
législation a consacré à plusieurs reprises, et
cela depuis plusieurs années, des principes de proportionnalité
dans les représentations. De mémoire, je n'en cite que deux. Le
ministère de l'Education, par sa loi organique, permet au ministre de
désigner un sous-ministre associé en fonction de sa
qualité confessionnelle. Je crois qu'on reconnaît qu'il y a
là une minorité je peux faire le raisonnement mais,
par rapport à la majorité, cette minorité est inscrite
dans la législation et est représentée à titre de
confes-sionnalité un peu dans le même sens que la proposition qui
est formulée.
Sur le plan électif, il y a également une reconnaissance
dans notre législation des questions proportionnelles. Encore une fois,
je prends l'exemple au ministère de l'Education. Si on faisait une
recherche fouillée, on en trouverait ailleurs. Le ministre de
l'Education a les pouvoirs de former des commissions scolaires
régionales, des commissions scolaires regroupées. Au bureau, ce
n'est pas toujours le même nombre de représentants; cela
dépend du nombre de quartiers ou des électeurs qu'il y a dans les
quartiers. C'est ainsi qu'on fixe comment ce sera formé et quel nombre
de membres comprendra le bureau de la commission scolaire régionale. On
pourrait trouver, à divers endroits de notre législation, des
principes où l'on reconnaît la question de proportion au point de
vue électoral. Mais, même si on ne trouvait pas d'exemple qui
colle à cette réalité-là, je ne crois pas que ce
serait une raison suffisante pour rejeter une motion, un amendement tout
simplement parce qu'il irait à l'encontre de ce qui existe
déjà.
A ce compte-là, tout le bill 28 devrait être rejeté
parce qu'il contient des amendements à la Loi de l'instruction publique
du Québec, amendements qui font totalement la différence de ce
qui existe actuellement. On a, à Montréal, des commissions
scolaires non élues et des commissions scolaires non regroupées,
et par des amendements à la loi actuelle, on crée totalement le
contraire: des commissions scolaires unifiées et dirigées par des
commissaires élus.
Ce n'est donc pas une raison de refuser de présenter un
amendement sous prétexte qu'il ne serait pas à l'intérieur
de l'économie de nos lois. A ce compte-là, on n'aurait jamais
à légiférer puisque tout amendement à une loi est,
au départ, un changement, et tout changement est, au départ,
différent de ce qui existe, donc contraire à l'économie
des lois. Et ce serait accepter un drôle de principe que de rejeter des
amendements en vertu de cette idée que tout amendement qui est contraire
à l'économie de nos lois est non acceptable, ce serait une
drôle de façon de légiférer pour l'avenir. Et ce
serait, en réalité, fermer la porte à tout jamais à
des changements de fond dans notre législation.
Il n'est dit nulle part, ni dans la constitution, ni dans les lois
concernant notre Parlement, ni dans les règlements, que
l'Assemblée nationale du Québec n'a pas le droit de
légiférer à l'encontre de l'économie de nos lois.
Au contraire, ce Parlement est souverain à l'intérieur de sa
responsabilité, particulièrement en matière
d'éducation et, partant de cette souveraineté, il a le droit de
légiférer en totalité, même si ça va à
l'encontre de tout ce qui existe au point de vue scolaire au Québec, de
toute législation existante, il a le droit, pour autant que la
constitution canadienne le reconnaît, de légiférer en ces
matières.
Je ne vois donc pas pourquoi, M. le Président, vous vous
prononceriez en faveur de la non-recevabilité de cette motion parce
qu'elle respecte notre droit de légiférer et,
deuxièmement, parce que, au fond, cet amendement est de même type
que l'amendement présenté par le ministre de l'Education.
M. LE PRESIDENT : L'honorable député de Saint-Jacques et,
par la suite, l'honorable député de Bagot.
M. CHARRON: M. le Président, je pense que mon collègue, le
député de Montcalm, vient de donner de sérieux arguments
quant à la recevabilité de la motion. Et je dois dire
immédiatement, comme j'ai eu l'occasion de le dire tout à
l'heure, que la motion, dussiez-vous la recevoir, M. le Président, je
m'y opposerais. Mais c'est une autre question, quant au fond. Sa
recevabilité, à mon avis, n'est pas à remettre en question
quoique j'aie été le premier tout à l'heure, je pense,
à vous signaler qu'elle était peut-être, dans sa
rédaction, irrégulière.
M. LE PRESIDENT: Il y a une distinction entre vice de forme et vice de
fond.
M. CHARRON: C'est ça. Voilà, M. le Président, vous
avez parfaitement raison. Je fais la distinction entre vice de forme et vice de
fond. D'après l'article 333, paragraphe 3, des règlements, il est
interdit de faire un amendement qui remplace un article par un autre. C'est
malheureusement le libellé même de la motion du Ralliement
créditiste. Donc, à première vue, ceci vous permettrait
peut-être, en vertu de l'article 333, paragraphe 3, de vous lever et la
déclarer irrecevable, mais je fais appel à votre clémence
et je vous demande de lire également l'amendement.
M. LE PRESIDENT: Le fait que je considère le fond
supérieur à la forme ?
M. CHARRON: Voilà.
M. BROCHU: M. le Président, il y a peut-être quand
même une erreur qui a été faite sur un terme lorsqu'on a
dit: Remplacer cet article par le suivant. Mais j'aimerais bien mentionner,
pour que votre clémence ne soit pas invoquée pour rien...
M. LE PRESIDENT: Non, je pense que ce
n'est pas nécessaire. Je crois qu'il y a consentement unanime
pour qu'on laisse de côté la question de forme.
M. BROCHU: Mais simplement pour mentionner que, dans sa forme, le
début de l'article restait tel quel et c'était simplement
à partir du mot toutefois que c'était changé.
M. LE PRESIDENT: De toute façon, je pense que ce n'est pas
là le fond du litige.
M. BROCHU: Je comprends que ce n'est pas le débat, mais je tenais
quand même à le souligner.
M. LE PRESIDENT: Ce serait tellement plus facile si c'était
là le fond du litige.
UNE VOIX: Ce n'est pas une assemblée de procéduriers.
M. CHARRON: Alors, ceci posé, ce qui raccourcit nos
débats, qu'est-ce qu'il y aurait donc d'irrecevable dans la motion du
député de Richmond, si on en écarte la mauvaise
rédaction? Ce sont deux principes. Il ajoute, au critère
linguistique qui permettrait de nommer des observateurs, des critères
confessionnels; je ne vois pas quel article ou quel paragraphe de nos
règlements nous permettrait de refuser ce genre de critère,
puisque c'est le ministre lui-même, par son amendement, qui en a ouvert
la porte. Deuxièmement, le fait que le député de Richmond
introduit la nécessité de voir la représentation
proportionnelle s'installer par un caractère quelconque pour ces
observateurs, il n'y a aucune raison de refuser cela, parce que demain matin la
représentation proportionnelle, si vous voulez, peut valoir aussi bien
que le chiffre 2 qu'a mentionné le ministre de l'Education.
Le député de Richmond, plutôt que dire trois ou cinq
observateurs, dit: Je ne donne pas de chiffre précis, tout ce que je
demande c'est que ce nombre soit proportionnel au pourcentage, je suppose, de
la population minoritaire locale.
Il faudrait donc entendre par les mots "représentation
proportionnelle" un nombre non identifié encore, parce que
précisément on se réfère à une proportion de
population minoritaire dans une commission scolaire locale ou une autre et que
ce n'est pas parce que les mots "représentation proportionnelle"
remplacent un chiffre que le ministre lui-même a lancé dans la
discussion que cet amendement serait irrecevable.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Bagot.
M. CARDINAL: Je vais essayer de revenir sur les faits qui se sont
produits à la fin de cet après-midi.
M. LE PRESIDENT: Je vais tenter d'être plus attentif qu'il y a
quelques années.
M. CARDINAL: D'accord. Non pas pour aider le président il
y a certainement toute la compétence nécessaire, mais pour que
l'on puisse sortir de cet imbroglio qui devient une question de
procédure et pour retourner aux faits, je vais me servir encore
une fois du journal des Débats, qui est une référence que
personne ne met en doute.
Cet après-midi vous savez que, d'après le feuillet 7627,
page 1, à 17 h 10, vous dites vous-même ceci: Est-ce que le
comité est prêt à se prononcer sur l'amendement de
l'honorable ministre de l'Education? C'est là que tout a
commencé. Vous m'avez alors permis d'ajouter un mot. J'ai dit: "Juste un
mot. Je n'allongerai pas le débat. Quant à moi, je peux me
prononcer immédiatement parce que c'est l'inverse de l'autre. Je voulais
dire le sous-amendement du Parti québécois. Je voulais simplement
faire la mise en garde suivante: Par l'amendement proposé par le
ministre de l'Education, le principe du bill est modifié". Fin de la
citation. Qu'on me laisse continuer. A ce moment-là, M. le
Président, vous avez dit: "Dans les circonstances, peut-on dire que
l'amendement de l'honorable ministre de l'Education est adopté sur
division? " Le député de Saint-Jacques a dit: "En vertu de
l'article 667, est-ce que je puis vous demander une directive? " Vous avez
accepté qu'on vous pose cette question. Le député de
Saint-Jacques a dit: "Le député de
Bagot vient de dire une phrase importante. Est-ce que je peux lui
demander de développer sa phrase? C'est important pour l'amendement du
ministre".
Le député de Bonaventure, le leader parlementaire
j'aimerais qu'il fut présent a alors dit ceci qui est très
important dans le débat, et je le fais justement pour marquer un point
d'objectivité entre les partis qui commencent à jouer de la
procédure.
M. Lévesque a dit ceci: "M. le Président, cet amendement
était connu lors du débat et du vote en deuxième lecture
et c'est en toute lumière que la Chambre s'est prononcée".
J'arrête ici la citation.
Il y a une mise au point additionnelle à faire ici. En
deuxième lecture, nous n'avions pas officiellement les amendements. Nous
avons reçu les projets d'amendements du ministre juste quelques secondes
avant le vote de deuxième lecture, soit les amendements mêmes.
Il y avait à ce moment-là, la veille, des thèmes
d'amendements qui avaient été déposés. Il y avait
déjà, dans le projet de loi no 28, un article 583 qui
prévoyait, dans son deuxième alinéa, des observateurs
ayant droit de vote, ce qui était pire que l'amendement. Donc, quand
j'ai dit, M. le Président, que l'on changeait le principe du projet de
loi, je voulais dire non pas que déjà il n'y avait pas, dans le
premier projet, avant l'amendement du ministre, changement
de ce principe en particulier, je voulais dire ce que j'ai dit par la
suite. Lorsque vous m'avez accordé la parole après le leader
parlementaire et après le député de Saint-Jacques, j'ai
ajouté ceci: Je vais dire quelques mots très brefs. Je dis ceci
en le pensant profondément. Je l'ai déjà
développé au cours de la motion de sous-amendement, je l'ai
développé en commission parlementaire et je l'ai
développé dans mon discours de deuxième lecture parce que
c'était en deuxième lecture déjà qu'ayant le texte
original ou originaire, je m'étais élevé contre ce texte.
Quand j'ai vu l'amendement, je me suis aussi élevé contre
l'amendement.
Ce qui veut dire, M. le Président, que dans l'ordre des
principes, en deuxième lecture, nous de l'Unité-Québec
avons voté pour la commission scolaire unique, sachant qu'il y avait des
amendements de proposés à ce moment-là et sachant que nous
pourrions discuter, en commission parlementaire ou en comité
plénier et nous avons fait les deux de ces
amendements.
Actuellement, j'ai donc dit que l'on ouvrait une grande porte. Je
continue ma citation: "Un des principes du projet de loi no 28 était
celui de la commission scolaire unique, multiconfes-sionnelle, si vous voulez,
neutre comme structure et où il n'est absolument pas question de
protéger, par aucun mécanisme, des minorités de quelque
sorte que ce soit. Là, on vient d'ouvrir une porte pour permettre
d'autres amendements ou sous-amendements qui changeront le projet de loi".
C'est le caveat, c'est la mise en garde que j'ai donnée au comité
plénier, à la présidence et au ministre de l'Education
à ce moment-là. Et vous voyez ce qui s'est produit.
Immédiatement après est venu cet amendement du
député de Richmond, si je ne me trompe. Je suis alors intervenu
pour dire que vu ce qu'on avait fait, il pouvait le faire. J'ai alors
donné des raisons. Cependant, je rejoins mon collègue de
Chicoutimi en disant qu'après avoir lu attentivement la motion de
sous-amendement du représentant du Ralliement créditiste, quant
à sa forme, personnellement, si, par hypothèse de travail,
j'étais président, je ne pourrais pas la recevoir.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Dorchester.
M. GUAY: M. le Président, sur la recevabilité de la motion
présentée par mon collègue le député de
Richmond, je dois dire premièrement que cela me surprend
énormément que cette motion ne soit pas recevable, si
c'était le cas.
M. le Président, bien sûr que si l'économie de nos
lois ne permet pas la recevabilité d'une telle motion, je pense
qu'à chaque fois qu'un projet de loi est présenté en
Chambre, cela touche l'économie de nos lois.
Un amendement comme celui-là, évidemment, touche
l'économie des lois du Québec, mais, si cet amendement est
irrecevable, on est porté à penser que tout le projet de loi est
irrecevable. Je n'irai pas sur le fond de la motion, parce qu'on doit s'en
tenir à la recevabilité.
En théorie, on essaie de réfuter un amendement
présenté. On ne réussit pas à faire la preuve qu'en
pratique c'est irrecevable. L'article 583, tel qu'amendé par le
gouvernement, laissait une porte tout ouverte, semble-t-il, à la
nomination de commissaires infirmes. Je pense donc que nous sommes en droit
d'accepter cette motion qui vient corriger cette situation.
L'infirmité des personnages nommés a été
dénoncée par deux partis de l'Opposition et également par
nous. Je pense que le gouvernement pourrait profiter de l'occasion qui lui est
offerte en acceptant de recevoir cet amendement, quitte à en discuter le
fond un peu plus tard. C'est une solution qu'on lui offre.
J'appuie donc la motion d'amendement proposée par le
député de Richmond.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, juste un mot pour
préciser. J'ai tenté de comprendre l'argumentation du
député. Qu'il sache bien que, lorsque je parle de
l'économie de nos lois, je n'entends pas déclarer que nous ne
pouvons pas remettre en cause cette économie de nos lois en y
introduisant, le cas échéant, des principes. Mais le projet de
loi que nous avons actuellement devant nous circonscrit, en somme, le
débat.
Comme ce projet de loi est basé sur certains principes qui
constituent ce que j'appelle son économie, il m'apparaît qu'il y
a, dans le texte de la proposition d'amendement présentée par le
Ralliement créditiste, un vice de forme évident. En raison de
cela, cette proposition me paraît irrecevable.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a d'autres membres du comité qui
désirent s'exprimer sur la recevabilité?
L'honorable député de Maisonneuve.
M. BURNS: Je veux, tout simplement, dire que j'ai bien l'impression
qu'on fait une tempête dans un verre d'eau, et sans
référence à hier soir.
UNE VOIX: Tu t'es mis les pieds dans les plats.
UNE VOIX: Recommence donc pour voir.
M. BURNS: Je ne referai pas l'erreur d'hier soir. Ce qu'on peut
reprocher à la motion du Ralliement créditiste, c'est
peut-être de ne pas avoir extrait de l'article qui existait certains
amendements qui pourraient être faits en disant je vous cite
ça strictement à titre d'exemple de changer, dans le
deuxième alinéa, le mot "peut" par le mot "doit"; d'ajouter,
après le mot "minorité"; les mots "ou la majorité";
d'ajouter, après le mot "anglophones", les mots
"catholiques ou protestants ou autres" selon le cas, etc.
Sur le plan de la forme, on peut discuter l'amendement. Il reste, quand
même, que vous ne pouvez pas, M. le Président je le soumets
respectueusement rejeter cet amendement du député de
Richmond pour une simple question de forme, alors que tout le monde
prétend que c'est une question de fond qui fait qu'il est
irrecevable.
Je pense que le député de Richmond, quand il a
proposé son amendement, n'a pas dérogé à l'article
566:
Un comité plénier peut apporter n'importe quel amendement
à un bill public pourvu que cet amendement se rattache au sujet du bill
je pense que c'est le cas ou soit conforme à des
instructions spéciales ça ne s'applique pas et
qu'il ne soit ni incompatible avec le principe qui a été
affirmé à la deuxième lecture je ne vois rien dans
l'amendement du député de Richmond qui soit incompatible avec le
principe affirmé en deuxième lecture; et finalement ni
contraire aux règles et ordres de la Chambre. Le dernier membre de
l'article, M. le Président, s'attaque, je pense, à
l'élément forme de cette motion. Déjà, sauf erreur,
l'ensemble du comité plénier a accepté que, même
s'il y avait des difficultés au point de vue de la forme, le fond qui
était présenté par cette motion devrait être
discuté. Alors, M. le Président, en ce qui nous concerne, sans
nous prononcer sur le fond et indépendamment de ce que le fond peut nous
amener comme discussion, nous considérons que l'amendement doit
être discuté, doit être considéré comme
recevable.
M. SAMSON: M. le Président...
M. LE PRESIDENT: Le chef du Ralliement créditiste.
M. SAMSON: M. le Président, quant à nous, le principe de
l'amendement qui a été déposé par le
député de Richmond devrait sûrement être
considéré comme recevable par vous, quant au principe de
l'amendement. Nous reconnaissons toutefois que si vous vouliez, M. le
Président, déclarer l'irrecevabilité de cette motion, en
vertu de l'article 333 note 3, il pourrait sûrement se faire qu'on ne
recevrait pas cette motion d'amendement, sauf qu'étant en comité
plénier, je pense que c'est une question d'ordre pratique. Si on discute
toute la soirée sur la recevabilité ou la non-recevabilité
ou le vice de forme de la motion, je pense que, quand même, nous
pourrions, en comité plénier, revenir à la charge avec un
amendement reformulé d'une autre façon.
Ce qui nous intéresse, c'est de faire savoir, par cet amendement,
s'il y a lieu de la modifier, M. le Président, pour la rendre recevable;
ou s'il y a lieu d'en faire une autre plus tard qui serait plus recevable, nous
sommes tout à fait disposés à le faire, mais je crois
qu'on pourrait perdre un temps précieux. Ce qui nous intéresse
c'est surtout de faire comprendre au gouvernement que nous voulons
présenter cet amendement et surtout le principe de l'amendement.
Evidemment, nous sommes assez réalistes pour savoir que si le
gouvernement ne veut pas de cet amendement, on n'a pas besoin de la refuser. On
n'a pas besoin d'attaquer sa recevabilité. Les membres du gouvernement
sont suffisamment nombreux pour la rejeter assez facilement étant
donné les circonstances.
Or, je crois que le ministre est tout à fait disposé
à prendre en considération l'amendement qu'on lui suggère
et évidemment, nous dire ce qu'il en pense. Et je pense que le ministre
devrait parler sur cette question, nous faire savoir son opinion. Je suis
persuadé qu'en toute objectivité le ministre voudra bien la
recevoir de son côté, quant à lui, étant
donné que, même si notre motion était jugée
irrecevable, il pourrait lui-même, avec toute l'objectivité que
nous lui reconnaissons, nous la représenter par la suite et en faire un
amendement en provenance du gouvernement.
Or, ceci dit, M. le Président, je crois bien que nous pourrions
considérer que cet amendement est recevable et permet à tous ceux
qui veulent le faire d'en discuter. Ce qui nous intéresse davantage
c'est de permettre au ministre d'en discuter également.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Alors s'il n'y a pas d'autres membres du
comité qui désirent exprimer des opinions sur la
recevabilité de la motion, nous allons suspendre la séance durant
dix minutes afin de me permettre de faire une synthèse des
différentes opinions qui ont été émises et tenter
de rendre une décision aussi objective et surtout aussi juridique que
possible.
M. LOUBIER: Avant de suspendre je pense que le chef du Ralliement
créditiste vous a tendu la perche. Selon ce que j'ai compris, il dit
qu'il serait disposé à toutes fins pratiques à oublier
momentanément la motion pour recevoir plutôt les commentaires du
ministre de l'Education. Si les commentaires de celui-ci concluaient dans le
sens d'une remodification ou encore d'un réaménagement de son
article, je pense que les créditistes seraient prêts à
retirer leur amendement si j'ai bien compris.
M. LE PRESIDENT: Si l'honorable député de Richmond
décidait de retirer sa motion d'amendement, évidemment, cela
m'empêcherait de rendre une décision et de peut-être faire
jurisprudence.
M. SAMSON: M. le Président, je m'excuse, j'ai peut-être
été mal compris par l'honorable chef de l'Opposition officielle.
Il n'est pas question que le député de Richmond retire son
amendement. Dans les propos que j'ai tenus, j'ai cru bon de vous faire savoir
que, même si on voulait repousser cet amendement uniquement pour un vice
de forme quelconque ou à tous points de vue, le ministre, lui, pourrait
parce que j'ai
l'impression qu'il est d'accord sur l'amendement le
présenter lui-même immédiatement.
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, je pense que je vais
désappointer le député de Rouyn-Noranda, parce que je ne
suis pas d'accord sur le fond. Il me place d'ailleurs dans un dilemme, puisque
je ne voudrais pas perdre du temps avec la procédure; et ça
explique dans un certain sens le fait qu'on n'a pas pris la parole. Je m'en
remets entièrement à votre décision, M. le
Président. Tous les arguments ont été invoqués pour
et contre et je pense que le champ a été bien couvert. D'une
autre façon, je ne voudrais pas, ne voulant pas perdre de temps avec la
procédure, tomber dans le piège du député de
Rouyn-Noranda et faire fi de nos règlements, puisque là je suis
convaincu que nous pourrions perdre notre temps royalement, en discutant de
tous les sujets possibles et imaginables qui peuvent nous intéresser. Je
pense bien que quand même nous devons respecter l'esprit de nos
règlements. Si on accepte tous les amendements qui peuvent venir de
gauche et de droite, on risque de s'éloigner de l'étude
même d'un projet de loi qui est fort important. Quand au fond de la
question, peut-être que...
M. LE PRESIDENT: La séance est suspendue.
M. SAINT-PIERRE: Je voulais simplement renvoyer le député
de Rouyn-Noranda aux discussions de la commission parlementaire.
M. LE PRESIDENT: La séance est suspendue jusqu'à 8 h
55.
(Suspension de la séance à 20 h 43)
Reprise de la séance à 20 h 56
M. HARDY (président du comité plénier): A l'ordre,
messieurs! Les parties ouïes et après avoir
délibéré, voici ce à quoi nous en arrivons: Tout
d'abord, il y a une chose qui apparaît très claire, c'est que
l'amendement proposé par l'honorable député de Richmond
introduit sans contredit un nouveau principe. Et je cite textuellement une
partie de la motion qui dit: "...pour respecter le droit à la
représentation proportionnelle". Alors, on affirme d'une façon
très explicite le principe de la représentation proportionnelle.
Sur ce point, je n'ai pas de doute, je considère que l'amendement du
député de Richmond repose sur un principe, c'est-à-dire
qu'à ce stade je ne peux pas dire que c'est un nouveau principe, mais il
y a sûrement un principe dans cet amendement qui est le principe de la
représentation proportionnelle.
Maintenant, il y a l'autre question qu'on doit immédiatement se
poser: Est-ce que ce principe de la représentation proportionnelle
était déjà contenu dans le projet de loi no 28? Je pense
que, même en l'analysant dans sa totalité, dans sa
globalité, on ne retrouve nulle part, dans aucun des articles de ce
projet de loi, ce principe de la représentation proportionnelle. Donc,
j'en conclus et c'est la première conclusion que
l'amendement du député de Richmond introduit un nouveau principe,
un principe qui n'était pas déjà contenu dans le projet de
loi no 28.
Et voici la deuxième question que l'on doit se poser: Est-ce
qu'il est permis en comité de proposer des amendements qui introduisent
un nouveau principe? Et ici, puisque on l'a invoqué, j'ai pris
des notes en particulier, en relation avec cet aspect du
problème, que l'amendement présenté par l'honorable
ministre de l'Education introduisait un nouveau principe, un principe qui
n'était pas déjà contenu dans le projet de loi no 28.
Or, pour en arriver à décider si cette prétention
est fondée, il faut évidemment reprendre l'article 583 que l'on
trouve déjà dans le projet original, tel qu'il a
été déposé devant ce comité. Or, dans
l'article 583, au deuxième alinéa, on dit bien: "Toutefois, le
lieutenant-gouverneur en conseil peut, s'il constate que la minorité
francophone ou anglophone, selon le cas, n'est pas représentée
par suite de l'application de l'alinéa précédent, nommer
sur recommandation du ministre deux autres commissaires d'écoles pour
des mandats d'une année scolaire, après consultation des
présidents des comités consultatifs d'écoles de la
minorité concernée." C'est ce qui était déjà
dans le projet de loi no 28.
Or, ce qu'on retrouve dans l'amendement proposé par l'honorable
ministre de l'Education, ce ne sont que des modalités différentes
de ce principe. Le principe qu'on retrouve à l'article 583 est que le
ministre pourra nommer des personnes dans certaines conditions.
Or, dans son amendement, le ministre vient tout simplement faire
quelques changements. Il dit que ces personnes, au lieu d'être
nommées pour un an, le sont pour quatre ans et qu'elles n'auront pas
droit de vote.
Je considère donc que le principe qui sous-tend l'amendement du
ministre était déjà contenu dans l'article 583. Tout ce
que l'amendement du ministre vient faire, c'est de changer certaines
modalités. Donc, quant à l'amendement du ministre, je ne crois
pas que l'on avait à le déclarer irrégulier sous cet
aspect, puisque, à mon avis, il n'introduisait pas un nouveau
principe.
La dernière question à laquelle je dois répondre
pour décider si l'amendement de l'honorable député de
Richmond est recevable, c'est de savoir si, oui ou non, on a le droit de
proposer en comité plénier des amendements qui peuvent introduire
de nouveaux principes. Or, la meilleure source, c'est la loi elle-même
ou, en l'occurrence, le règlement, qui dit, à l'article 566: "Un
comité plénier peut apporter n'importe quel amendement à
un bill public, pourvu que cet amendement se rattache au sujet du bill ou soit
conforme à des instructions spéciales et qu'il ne soit ni
incompatible avec le principe qui a été affirmé à
la deuxième lecture, ni contraire aux règles et aux ordres de la
Chambre".
La lecture de cet article nous donne déjà une indication
au moins. Il découle de cet article au moins une présomption que
l'on ne peut introduire un nouveau principe, laquelle présomption est
confirmée par les auteurs et en particulier par Erskine May, 13e
édition, à la page 404, qui dit "Amendments are out of order if
they are irrelevant to the bill or beyond the scope of the bill or of the
clause under consideration". Alors, je pense que "beyond the scope of the bill"
s'applique vraiment ici. Je pense que le principe contenu dans la motion du
député de Richmond va au-delà des principes
déjà contenus dans le projet de loi no 28.
La même opinion est également exprimée par Bourinot,
dans sa troisième édition de "The Parliamentary Procedure",
à la page 663, où il dit à peu près la même
chose, que l'on ne peut pas aller au-delà de "scope", de
l'étendue des principes contenus dans le projet de loi.
Alors, pour toutes ces raisons, je crois de mon devoir de
déclarer l'amendement du député de Richmond
irrecevable.
M. LEVESQUE: Adopté.
M. PAUL: Qu'est-ce qui est adopté?
M. LE PRESIDENT: Et nous revenons à l'article 583.
M. LEVESQUE: L'article est adopté tel qu'amendé.
M. PAUL: Pardon? Pardon?
M. LE PRESIDENT: J'ai cité des auteurs parlementaires. J'aurais
pu également citer, comme autre source, le député de
Chicoutimi, qui a bien affirmé, à un moment donné, dans
ses remarques j'imagine qu'il s'inspirait des auteurs que l'on ne
pouvait pas j'avais noté textuellement sa remarque
introduire de nouveaux principes dans l'économie d'un projet de loi.
Alors, je tenais à citer le député, peut-être pas au
même titre, mais à la suite des auteurs que j'ai
déjà cités.
M. PAUL: Cela va venir. Cela va venir.
M. BROCHU: M. le Président, sur ce même article 583...
M. LE PRESIDENT: Nous revenons à l'ensemble de l'article 583.
M. PAUL: Oui, M. le Président.
M. BROCHU: Alors, dans cet article 583, à mon sens, il reste
quand même certaines questions en plan et qu'il ne faudrait pas
négliger, je pense, malgré le temps où on se trouve
présentement et le nombre de projets de loi qui restent à voter
puisque ce sont quand même des projets de loi relativement importants,
tels que le bill 28.
M. LEVESQUE: Que le député ne s'excuse pas. Si quelqu'un
avait à s'excuser, ce n'est pas le député qui parle.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, cela a
coûté combien?
M. BROCHU : Je crois qu'il y a quand même certaines questions
très importantes qui sont laissées en suspens au niveau de
l'article 583, entre autres, au niveau de la question de la langue, parce que
et je pense que ce n'est un secret pour personne, d'ailleurs on en a
fait la discussion en commission parlementaire et nous avons eu suffisamment de
discussions ailleurs aussi sur ce point là il faut savoir qu'il
n'y a pas encore de politique globale précise en cette
matière-là au Québec. Malgré que cela fasse pas mal
d'années ou de décennies que le désir d'une politique
linguistique globale définie a été exprimé par la
population et par divers corps intermédiaires, parce que nous sommes
dans un contexte nord-américain, d'accord, mais nous sommes aussi dans
le contexte d'un Québec français, nous sommes d'accord
là-dessus.
Je n'ai pas l'intention d'élaborer plus longtemps sur le
fait...
M. LEVESQUE: Cela serait hors d'ordre.
M. BROCHU: ... Cela serait d'ailleurs hors d'ordre, mais j'aimerais
simplement mentionner au leader parlementaire pour ménager votre
patte, ne vous levez pas que c'était simple-
ment un parallèle que j'étais en train de faire. Je
reviens à la motion principale en disant que, malgré qu'il n'y
ait pas de politique linguistique globale définie au Québec, cela
ne devrait pas être là une raison quand même pour
qu'à l'intérieur de certains projets de loi, y compris des
projets de loi aussi importants que celui en discussion présentement,
nous n'adoptions pas quand même là-dedans une certaine attitude
précise qui soit au moins un embryon de politique linguistique. Et si
même on ne pouvait aller, par l'attitude que nous allons adopter,
jusqu'à dire que c'était même un embryon de politique
linguistique globale au moins, qu'on puisse prendre des décisions qui
respectent l'entité québécoise ou l'entité
montréalaise puisque le bill 28 s'applique à l'île de
Montréal telle qu'elle se retrouve dans le contexte culturel et
social actuel.
Je pense que, par l'application de la loi 28 qui, dans son objectif,
nous l'avons mentionné, peut être fort louable, puisqu'elle
répond à un besoin qui existe et qui s'est fait ressent r, je
pense, dis-je, que malgré cet objectif louable, nous devons absolument
légiférer en fonction d'éviter certains imbroglios,
certains conflits, certains heurts qui pourraient naître au n veau
linguistique de la mise en application ce ce projet de loi si on ne prenait la
peine et le temps nécessaire de l'étudier à fond et de
voir à y apporter les correctifs qui, à ce moment-ci, nous
semblent absolument nécessaires.
Je dis ceci non seulement pour répondre ici je change
d'argumentation, je renonce à celle que j'ai employée tout
à l'heure en mentionnant le droit des minorités ou le respec ,
des minorités mais aussi dans le but de protéger la
majorité ou encore simplement de reconnaître par un cadre
juridique les droits de cette majorité.
Je pense qu'à quelque palier que ce soit, lorsque l'on parle de
majorité ou de minorité, nous devons quand même consacrer
ces réalités-là dans un cadre législatif de sorte
que la loi devienne un pendant à une situation qui existe, un pendant
qui est peut-être un correctif ou qui veut améliorer une
situation, mais qui réponde d'abord et avant tout aux besoins de la
situation réelle, à la définition que l'on peut donner de
cette situation réelle, de sorte que la loi atteigne
véritablement son objectif dans son ensemble.
Devant ce fait, je pense que l'élection des commissaires dans les
commissions scolaires qui seront formées devrait tenir compte de
certains critères et en particulier du critère linguistique. Ceci
pour éviter de se retrouver dans des situations où, par exemple,
une majorité anglophone se retrouverait représentée par
des commissaires francophones ou encore qu'une majorité francophone soit
représentée par des commissaires anglophones, parce qu'il ne faut
pas oublier qu'on se trouve dans le monde de l'éducation. Nous ne sommes
pas dans un système purement administratif mais les inci- dences en
matière éducationnelle sont nombreuses et combien
présentes aussi. Je pense qu'on n'a pas besoin d'élaborer
longuement à ce sujet-là pour savoir que ceux qui administrent la
chose scolaire au niveau d'une commission scolaire ont quand même dans
leurs mains toute l'orientation de cette organisation scolaire, orientation qui
touche l'aspect linguistique, qui touche l'aspect confessionnel, l'aspect
social, l'aspect plus purement sociologique. Je pense qu'à ce
moment-là, devant toute cette responsabilité, on ne peut pas
concevoir l'éducation simplement comme une matière purement
administrative comme on ferait avec la mise en boîte de certains
légumes ou de certains produits. Il y a quand même
là-dedans la formation de tout un peuple, la formation d'une nation et
aussi le devenir de cette nation puisque, au niveau de l'éducation, les
hommes qui se fabriquent aujourd'hui seront la nation de demain.
A ce sujet, M. le Président...
M. LEVESQUE: Est-ce que l'honorable député achève
ses remarques? C'est parce que je serai obligé d'invoquer le
règlement et c'est bien désagréable.
M. BROCHU: Je pense, M. le Président, que le leader
parlementaire, même si c'est la veille des fêtes, même si
c'est une fête qui semble être reconnue par tout le monde, peut
attendre, pour ses invocations, d'être rendu encore plus près du
moment fatidique.
M. le Président, devant tous ces faits, qu'il me soit permis de
présenter une autre motion d'amendement à ce moment-ci. Devant
cette réalité montréalaise que nous devons
reconnaître et afin de donner suite à une réalité
qui existe, qu'il me soit permis d'amender l'article 583 comme suit: "Que la
motion en discussion soit amendée en y insérant, à la
deuxième ligne, entre les mots "élus" et "conformément",
les mots "selon une répartition devant assurer au groupe linguistique
francophone et au groupe anglophone une représentation numérique
proportionnelle au bassin de la clientèle concernée,
clientèle francophone ou anglophone".
M. le Président, si vous me permettez...
M. LE PRESIDENT: Puis-je voir immédiatement la motion?
M. BROCHU: D'accord. Pour la question de recevabilité de cette
motion, j'aimerais simplement mentionner...
M. LE PRESIDENT: Est-ce que vous préjugez immédiatement
qu'elle ne sera pas recevable?
M. BROCHU: M. le Président, j'ai quand même fait certaines
études en psychologie. A voir le ressort qu'il y avait dans vos jarrets,
j'ai
cru que votre intention était de déclarer non recevable
cette motion.
M. CARDINAL: Pour être près du député de
Richmond, je vais invoquer la non-recevabilité, M. le Président,
et vous répéterez vos mêmes arguments. On ne recommencera
pas.
M.BROCHU: J'ai l'impression, M. le Président, que les
députés d'Unité-Québec refusent de discuter du
fond, soit en matière linguistique ou confessionnelle.
M. LE PRESIDENT: A partir de maintenant, vous parlez de la
recevabilité de votre motion.
M. BROCHU: Dois-je vous donner le privilège de dire qu'elle n'est
pas recevable?
M. LE PRESIDENT: Non, non. Je veux vous écouter.
M. BROCHU: Bon. C'est bien gentil, M. le Président. Je serai le
plus bref possible à ce sujet.
C'est que tout à l'heure, lorsque j'ai présenté une
première motion globale, vous avez mentionné qu'elle
n'était pas recevable. J'ai acquiescé à votre verdict.
Vous avez mentionné, à ce moment-là, que l'amendement du
ministre était recevable parce qu'il ne changeait pas le principe mais
simplement une modalité de ce même principe.
M. le Président, en reconnaissant le besoin...
M. LE PRESIDENT: Je ferais remarquer à l'honorable
député de Richmond que le texte qu'on vient de me remettre est
exactement le texte de la motion antérieure.
M. CARDINAL: C'est la même chose. UNE VOIX: C'est
l'émotion!
M. BROCHU: M. le Président, il y a certains députés
qui passent des remarques. Je n'ai quand même pas l'impression que j'ai
fait perdre le temps de la Chambre à venir jusqu'à maintenant.
Les motions que je veux présenter, je ne veux pas les débattre
inutilement. Je veux simplement qu'on se prononce sur le principe. Si elle
n'est pas recevable, elle n'est pas recevable. Si on n'accepte pas le principe
ou si le ministre n'accepte pas le principe, lui ou les autres
députés de l'Opposition, je suis quand même prêt
à le reconnaître. J'aimerais bien que les députés
qui sont de l'autre côté et qui jappent conservent leur droit de
parole pour l'extérieur du Parlement, au coin, lorsqu'ils retournent le
soir.
M. le Président...
M. LE PRESIDENT: Quand même, tel que le règlement le
permet, le président, lorsqu'il considère qu'il est suffisamment
éclairé, peut rendre sa décision.
Evidemment, après une lecture attentive et
répétée de cette deuxième motion d'amendement, je
retrouve je tiens à le souligner et à le citer
textuellement "une représentation numérique
proportionnelle au bassin de la clientèle concernée,
clientèle francophone ou anglophone". Or, il est évident que
cette motion introduit de nouveau le principe de la proportionnalité.
Pour maintenir une certaine cohérence dans les discussions, je suis
immédiatement obligé de déclarer cette deuxième
motion irrecevable.
M. BROCHU: M. le Président, je m'excuse.
M. LE PRESIDENT: C'est-à-dire qu'en ce moment, je peux vous
permettre de demander des directives mais non pas de discuter de la
décision que je viens de rendre.
M. BROCHU: D'accord. Je vous demande des directives.
Pour bien situer ma demande de directives, je veux tout simplement
mentionner que, tout à l'heure, lorsque vous avez déclaré
la motion présentée par le ministre recevable, vous avez dit
qu'il ne changeait pas le principe et qu'il avait le loisir d'incorporer, au
niveau de l'article 583, une autre modalité. Mais le ministre, dans son
amendement, demande que deux observateurs soient nommés pour
représenter les minorités ou les autres groupes.
M. SAINT-PIERRE: C'était déjà dans le texte.
M. BROCHU: Oui, d'accord. Si on continue le même
raisonnement...
M. LE PRESIDENT: Est-ce une directive que vous désirez?
M. BROCHU: Je voulais vous demander si on pouvait tenir compte de la
première motion, qui avait été présentée par
le ministre, pour juger celle-ci recevable, puisqu'elle ne change pas le
principe même, mais simplement une modalité. Le principe de
reconnaître les francophones et les anglophones, le ministre l'a reconnu
dans l'article 583 en voulant même nommer des observateurs.
Nous allons simplement plus loin dans cette ligne-là, en disant
que les commissaires doivent représenter la majorité francophone
ou anglophone et les minorités en même temps, d'une façon
proportionnelle.
M. LE PRESIDENT: La seule distinction, c'est que le député
de Richmond va tellement plus loin qu'il introduit un nouveau principe dans
l'article 583.
M. SAMSON: Non, non.
M. LE PRESIDENT: Je sais que les honorables députés du
Ralliement créditiste, même
s'ils ont parfaitement le droit d'exprimer leurs opinions, sont
suffisamment respectueux...
M. SAMSON: Nous vous faisons confiance.
M. LE PRESIDENT: ... de l'autorité et, en particulier, du
président du comité...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Comme nous, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: ... comme tous les autres membres du comité,
d'ailleurs, pour ne pas mettre en doute sa décision.
Je reconnais très bien, et c'est normal, que les honorables
députés veuillent s'informer le plus amplement possible des
motifs qui appuient les décisions que je peux être appelé
à rendre. C'est, je pense, mon devoir d'éclairer non seulement
les députés du Ralliement créditiste, mais tous les
membres du comité.
Or, l'article 583 reconnaissait déjà ce principe d'avoir
une représentation anglophone et francophone. Ce principe-là est
déjà contenu dans le projet de loi.
Ce qui n'est pas contenu dans le projet de loi no 28, c'est le principe
de la représentation proportionnelle. Le principe de la
représentation anglophone et francophone, il est là; il est
contenu dans le projet de loi. Si la' motion d'amendement proposée par
le député de Richmond, celle en discussion, comme celle qui a
été proposée tantôt, n'avait pas invoqué
d'autre principe que la représentation anglophone et francophone, je
l'aurais considérée comme recevable. Mais on va plus loin que ce
principe de la représentation des anglophones et des francophones, comme
le dit le député de Richmond. On va tellement plus loin qu'on
introduit cette représentation sur la base de la
proportionnalité. On introduit le principe de la représentation
proportionnelle.
C'est la raison pour laquelle, tantôt, j'ai dû
déclarer irrecevable la motion du député et c'est pour
cette même raison que je dois déclarer la présente motion
également irrecevable.
M. BROCHU: Est-ce que je peux poser une question?
M. LE PRESIDENT: J'avoue bien honnêtement que, si je devais
considérer cette deuxième motion comme recevable, je me
contredirais d'une façon absolument flagrante.
M. BROCHU: Par le fait que le ministre ait demandé que deux
observateurs soient nommés pour représenter la minorité,
est-ce que ce n'est pas déjà, là, introduire le principe
d'une certaine proportionnalité?
M. LEVESQUE: M. le Président, même si nous voulons
être larges...
M. LE PRESIDENT: La décision est rendue.
M. LEVESQUE: ... la décision est rendue; passons à autre
chose.
M. LE PRESIDENT: Article 583. L'honorable député de
Beauce.
M. ROY (Beauce): M. le Président, avant d'adopter cet article
d'une façon définitive, j'aurais deux questions à poser au
ministre. Je respecte toutes les décisions qui ont été
prises sur la question de la recevabilité, mais, tout de même, il
y a des questions qui devraient être éclaircies.
Pour plus de précision, je poserais la question suivante à
l'honorable ministre. Qu'arrivera-t-il si dans le territoire d'une commission
scolaire, 53 p.c. de la population est francophone et 47 p.c. de la population
est anglophone et que, par la division territoriale, il y a neuf commissaires
anglophones d'élus sur quinze?
Est-ce que l'honorable ministre pourrait me dire quelle langue primera
aux réunions des commissions scolaires? Comme un autre exemple, parce
que je vois déjà des conflits et qu'il va y en avoir, dans quelle
langue seront rédigés les procès-verbaux des
réunions des commissaires scolaires? Je vais m'en tenir uniquement
à ces deux points-là. C'est peut-être un point de
départ, mais on pourrait aller, par la suite, dans d'autres
domaines.
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, je pense que la question du
député n'est pas pertinente à l'article 583. On pourrait
peut-être la considérer plus loin. Si je me replace dans votre
contexte, s'il y a neuf commissaires, dès qu'il y en a un qui est
élu pour la minorité suivant l'article 583, le ministre
n'intervient pas du tout.
M. LEVESQUE: Adopté.
M. ROY (Beauce): Vous n'avez pas répondu à ma question, M.
le ministre. J'aimerais bien que vous me répondiez d'une façon
claire et nette.
M. LEVESQUE: C'est tout ce que contient l'article.
M. ROY (Beauce): Alors, il n'y a aucune garantie en quelque sorte, ni
pour la majorité, ni pour les minorités. Cela revient à
dire ce que nous disions et c'est pourquoi nous avons voté contre la loi
no 28. Dans la loi no 28, M. le Président, il est impossible
d'insérer à l'article 583 une garantie sur le plan linguistique
comme sur le plan confessionnel. Je pourrais poser la même question au
ministre sur le plan confessionnel, par exemple dans une commission scolaire
où vous avez 10 p.c. de la population qui est de confession protestante,
7 p.c. neutre et 83 p.c. catholique. On pourrait changer les chiffres, disons
que pour la discussion j'ai pris ces chiffres-là. Alors quelle va
être l'orientation pédagogique à partir de la structure de
la
commission scolaire jusqu'au palier de l'enseignement direct?
M. SAINT-PIERRE: Je regrette, M. le Président, c'est la
même réponse. Je pense que l'article 583 touche l'élection
des commissaires. Si vous demandez: Dans les commissions scolaires
unifiées quelle va être la couleur de la brique? Je vous
répondrai que ce n'est pas 583 qui va déterminer la couleur de la
brique dans les écoles. C'est aussi simple que ça, 583 c'est
l'élection des commissaires. Je suis bien prêt à
répondre à toutes les questions sur cet article, mais je ne suis
pas prêt à passer un test sur les connaissances
encyclopédiques, pour tenter de prévoir ce qui va se passer dans
les moindres faits dans une commission scolaire unifiée.
M. ROY (Beauce): M. le Président, je ne veux pas comparer les
élèves avec la brique.
M. SAINT-PIERRE: Moi non plus mais...
M. ROY (Beauce): ... qui sert autrement dit à revêtir les
écoles. Ce n'est pas mon intention du tout, mais tout de même je
pense qu'il y a deux points assez importants sur le plan confessionnel et le
gouvernement ne semble capable de donner aucune garantie.
Alors, nous en ce qui nous concerne, ça nous oriente davantage.
Nous savons à quoi nous en tenir et nous savons à l'heure
actuelle où le gouvernement se dirige.
M. CHARRON: M. le Président, j'ai écouté
attentivement les questions du député de Beauce. Même si je
ne partage pas complètement la façon dont il formule
l'appréhension qu'il a, elle est quand même fondée; en
particulier dans le cas de la commission scolaire no 8, si on se reporte
à la carte actuelle, il est vrai que l'article 583 dit: "Chaque
commission scolaire est composée de quinze commissaires élus
conformément..." avec les modifications qu'on a apportées. Mais
dans le cas de la commission scolaire no 8, le ministre le sait, par
l'affirmation du suffrage universel comme le fait l'article 583, est-ce qu'il
ne pourrait pas se produire dans le résultat du vote par le fait
que dans cette commission scolaire en particulier c'est à peu
près 50/50 entre anglophones et francophones, à cause d'un
découpage électoral dont, je l'admets, nous parlerons plus loin
à l'article 584 qu'un groupe minoritaire démographiquement
se trouve majoritaire au lendemain des élections à la commission
scolaire?
Est-ce que le ministère a envisagé cette
possibilité, surtout quand il a envisagé la possibilité de
remettre au conseil provisoire le loisir de déterminer une nouvelle
carte où là ça pourrait se produire à deux ou trois
exemplaires?
M. SAINT-PIERRE: Le conseil provisoire n'a pas le loisir de
déterminer, mais le loisir de recommander la nouvelle carte. Maintenant,
M. le Président, pour les mêmes arguments qui ont
été invoqués, lorsqu'il y a un partage de population
à 40/60 ou à 45/55, le gouvernement n'intervient pas, c'est le
jeu de la démocratie. Nous acceptons que, dans un quartier donné,
des gens de langue différente, de religion différente vont se
choisir par le biais d'une élection un représentant dans le
secteur scolaire. Si la proportion de francophones est de 45 p.c, on accepte
que suivant le résultat de la démocratie les francophones
pourraient avoir 40 p.c. de commissaires, comme ils peuvent en avoir 60 p.c. Le
principe de l'article 583 est l'absence de représentation pour les
minorités; ce n'est pas pour tenter d'ajuster proportionnellement le
résultat d'un scrutin à la faveur d'un découpage de
quartiers ou à la faveur d'un résultat d'une élection
populaire.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, j'entends les raisons
du ministre.
Il reste toutefois les problèmes qu'ont évoqués les
députés de Beauce et de Saint-Jacques sont des questions
sérieuses. Il y a notamment le problème de la langue de
communication entre les différents secteurs de l'île de
Montréal je parle du domaine scolaire, bien entendu. M'attachant
simplement à ce problème de la langue, je voudrais faire observer
au ministre que lorsqu'il s'agira des communications entre les commissaires
avec la population, avec les comités de parents, etc., il y aura
toujours ce problème de la langue qui se posera.
J'en parle simplement dans l'optique d'une langue dite de communication.
A quel article de la loi le ministre pourra-t-il nous dire ce que son
gouvernement entend faire, entend proposer, à court terme ou à
moyen terme, pour régler cette épineuse question de la langue?
Nous avons admis avec le ministre que le projet de loi no 28 n'a pas pour but
spécifique de régler les questions de langue. L'objectif du
projet de loi n'est pas de proposer à notre adoption une politique
globale de la langue. Mais il reste que, dans le cadre de ses nouvelles
structures, il faudra penser à la langue de communication. Quelle sera
cette langue, et de quelle façon le gouvernement pourra-t-il
régler le problème qui permettra de donner à la langue
française son statut de langue prioritaire et de langue d'usage, de
langue de communication, de langue courante et, d'autre part, respecter les
droits de la minorité?
Ma question est donc la suivante: A quel article précis de la
loi, si tant est que le gouvernement veuille légiférer en cette
matière et inclure dans ce texte de loi les prescriptions en ce qui
concerne la langue, à quel article de la loi, dis-je, pourrons-nous
greffer cette question précise de la langue, et à quel moment le
ministre pourra-t-il nous faire connaître quelles sont ses intentions
à cet égard et surtout nous remettre les amendements qu'il a
annoncés et qu'il nous avait promis de nous remettre, il y a
déjà quelques jours?
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, je pense que si je
répondais à la question du député de Chicoutimi la
réponse se retrouverait à l'article 44, mais ça ne le
satisferait pas, car il n'y a que 43 articles à notre projet de loi.
M. le Président, je pense que, par esprit de cohérence, le
moins que je puisse dire est de réitérer de nouveau devant le
comité plénier une position du gouvernement qui a
été énoncée en commission parlementaire, à
savoir que nous ne pouvons considérer le projet de loi no 28 comme une
panacée capable de résoudre le problème,
particulièrement en matière linguistique. J'ai expliqué,
il me semble, qu'il y a une démarche cohérente à faire,
une démarche logique avant même de mettre en vigueur certaines
recommandations d'une commission d'enquête fort importante
constituée par le gouvernement précédent, il me semble
cohérent, dis-je de notre part de terminer cette étape de
recherche, avant de passer à l'action, avant d'entrer dans les faits des
recommandations sur le plan linguistique. J'ai évoqué des
parallèles, je pense qu'il aurait été anormal, dans le
domaine de l'éducation, de prendre des décisions importantes
avant d'avoir eu une première recommandation de la Commission Parent. De
la même façon, il me semble qu'il aurait été
illogique pour le gouvernement de poser des gestes importants en matière
de services de santé avant d'avoir eu une première recommandation
de la Commission Castonguay-Nepveu. De la même façon, puisque,
depuis un siècle, c'est la première fois que nous avons investi
le gouvernement précédent et le gouvernement actuel qui a
continué ce mandat plusieurs millions dans une commission
d'enquête qui s'est penchée sur le problème de la langue,
je pense, compte tenu que nous devons avoir les résultats de cette
commission d'enquête d'ici quelques mois les premières
recommandations tout au moins qu'il serait illogique pour le
gouvernement de poser les premiers gestes, de tenter dans un secteur
donné de poser des gestes qui risqueraient, d'une part, d'être
très sectoriels dans un secteur particulier et qui, d'autre part,
risqueraient justement de tomber dans ce que souvent on appelle les
"réformettes".
Je pense que le gouvernement n'a pas peur de s'engager dans un
débat de fond sur la langue mais il ne croit pas qu'il serait à
la fois opportun et pertinent de le faire à l'intérieur de la
discussion du projet de loi no 28. Non pas que nous ayons peur de faire face
à nos responsabilités, mais je pense que, comme
législateurs, comme gouvernement qui a eu un mandat de quatre ans, nous
devons prendre les choses dans un certain ordre. Je pense que c'est la
liberté du gouvernement de décider de ses priorités en
matière de législation qu'il doit mettre de l'avant, soumettre
à l'étude de cette Chambre, et qu'il ne faudrait pas, à
l'intérieur de chaque loi, particulièrement une loi comme
celle-ci qui vise les structures administratives scolaires sur l'île de
Montréal, y greffer des éléments partiels, sectoriels
d'une politique linguistique.
De la même façon, M. le Président, je pense que le
secteur de la langue déborderait celui de l'éducation et qu'il
faudrait toucher à nombre d'autres secteurs. En d'autres termes, je
pense, et la position que je prends reflète les préoccupations du
gouvernement pour avoir été discutées, que le gouvernement
n'a pas l'intention de reléguer aux oubliettes ce problème; il
l'abordera au moment opportun et le moment opportun ne signifie pas, comme
certains amendements qu'on a vus cet après-midi, 1975. Et s'il est vrai
que le problème est urgent, sûrement le gouvernement ne voudra pas
recourir à des amendements à la loi 28 qui n'auraient d'effet
qu'en 1975. Si le problème est urgent, il faudra passer à
l'action non seulement dans le domaine scolaire mais dans d'autres
domaines.
Et la position du gouvernement c'est qu'actuellement le débat est
inopportun, il ne se situerait pas dans un bon moment puisque, d'une part, le
gouvernement va attendre le rapport Gendron et que, d'autre part, le but
même de la loi, nous pourrons y revenir dans la discussion des
amendements suggérés par le Parti québécois; les
principes énoncés dans cette loi n'abordaient pas cette
question.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, j'allais dire dont
acte. Reprenons le sujet que le ministre a bien voulu aborder, en
l'élargissant, comme il l'a fait, M. le Président, j'aurais une
autre question à lui poser. Nous avons admis avec lui que le projet de
loi no 28 n'avait pas pour but de régler le problème de la
langue, que ce soit dans le domaine scolaire ou dans tous les autres secteurs
de l'activité du Québec. Nous avons admis cela avec le ministre.
Mais lorsque nous en avons parlé, nous lui avons fait des propositions.
Etant donné que, comme le disait le ministre, nous nous trouvons dans
une situation évolutive; étant donné, d'autre part, que la
mise en vigueur de ce projet de loi, l'application de ce projet de loi se fera
par étapes, est-ce que le gouvernement est prêt à
considérer la proposition que nous lui avions faite qui était la
suivante: Premièrement, d'envisager la possibilité de rappeler la
Loi 63 ; deuxièmement, de modifier, parce que la loi 64 s'articule
à la loi 63, la loi 64 et, pendant la période de temps qui se
situera depuis le moment où cette Loi 28 sera votée et le moment
où l'on commencera à la mettre en application, est-ce que le
gouvernement peut s'engager à préparer sinon un projet de loi qui
serait l'expression d'une politique globale de la langue mais un projet de loi
qui comporterait suffisamment d'éléments pour qu'on connaisse
exactement quelles sont les orientations de la politique gouvernementale, quels
sont les objectifs de la politique gouvernementale, quelles
sont les étapes de la politique gouvernementale, quels sont les
moyens de cette politique gouvernementale qui permettraient de faire du
français au Québec, la langue prioritaire, la langue de
travail?
J'ajoute, en rappelant les recommandations qui nous ont
été faites, notamment, par les centrales syndicales: Tout cela
dans le respect des droits de la minorité.
Comme je vois qu'il vient d'entrer, est-ce que le premier ministre
pourrait me dire si la proposition que j'ai soumise au ministre des Affaires
culturelles, à considérer cette proposition et à s'engager
à nous soumettre d'ici peu cela donne au gouvernement un
délai ou un sursis de six à huit mois cette politique de
la langue qui manifesterait, de façon formelle et solennelle, la
volonté du gouvernement, d'ailleurs exprimée par le premier
ministre lui-même et par le ministre des Affaires culturelles, de faire
du français au Québec la langue prioritaire, tout cela dans le
respect des droits de la minorité?
J 'ajoute ceci pour qu'il n'y ait pas de confusion, pour qu'il n'y ait
pas. non plus, d'équivoque quant à notre attitude. L'on sait que
c'est notre gouvernement, alors que nous assumions la responsabilité de
la chose publique, qui a fait adopter par l'Assemblée nationale la loi
63. Notre attitude n'est pas une attitude de recul, qui pourrait être
interprétée comme une condamnation des actes que nous avons
nous-mêmes posés. Mais on nous a représenté que la
loi 63 comportait des dangers et que, d'autre part, elle n'avait pas produit
les effets que l'on était en droit d'en attendre. Ce sont des constats
que l'on a faits, que l'on nous a soumis. Je ne puis pas vous dire si ce qu'on
nous a dit sur les effets néfastes de la loi 63 est exact et si la
situation est aussi mauvaise qu'on l'a décrite.
Mais, compte tenu de tout cela, je vous dis que nous sommes prêts,
quant à nous, à réviser notre proposition, à
poursuivre notre démarche, puisque notre gouvernement a
été, quoi qu'on dise et qu'on fasse, le premier à prendre
cette initiative de légiférer en matière linguistique et
de manipuler publiquement cette chose extrêmement explosive au
Québec, à savoir la langue française. Vous savez je
le dis rapidement dans quel contexte nous avons dû le faire, alors
que nous avions à régler un conflit, celui de
Saint-Léonard, qui risquait de provoquer une conflagration
générale.
Il y avait un foyer d'incendie; nous avions toute raison de croire que
cela pouvait dégénérer en une conflagration.' Nous avons
donc légiféré dans un contexte extrêmement
difficile, mais, comme je le disais tout à l'heure, nous avons, depuis
lors, réexaminé notre attitude. Nous poursuivons notre
démarche. Nous cherchons, avec tous les gens de bonne volonté,
une solution à un problème épineux qui, je le
répète mon collègue, le député de
Maisonneuve, le rappellera encore sans doute tout à l'heure
quelles que soient les lois que nous adopterons, restera, à bien des
égards, insoluble.
M. BURNS: Insolubles également.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je dis et je répète à
bien des égards insolubles. D'ailleurs, le problème de la langue
au Québec se pose comme il se pose dans certains pays où,
après des siècles, on n'a pas réussi encore à la
résoudre à la satisfaction de tous les citoyens. Je soumets cette
proposition au ministre de l'Education mais plus encore au premier ministre, et
je souhaiterais que M. le premier ministre veuille bien ce soir, en Chambre, se
commettre comme il l'a fait déjà à l'occasion de
déclarations publiques quand il s'est engagé à faire du
français la langue de travail, à lui donner un statut de langue
prioritaire en respectant toutefois les droits de la minorité
anglophone.
M. LAURIN: Avant que le premier ministre ne réponde à
cette question, j'aimerais revenir sur la première question que le
député de Chicoutimi posait au ministre tout à l'heure et
à laquelle le ministre de l'Education a répondu en rappelant la
position qu'il avait adoptée lors de la commission parlementaire. Lors
de la commission parlementaire, le ministre qui l'a d'ailleurs
rappelé tout à l'heure avait répondu en
énonçant une position officielle qui était celle-ci : Une
commission a été créée qui travaille depuis trois
ans. Nous attendons son rapport. Dès que son rapport nous sera connu,
nous en tiendrons compte et nous essaierons d'incarner sa réponse dans
des recommandations et même dans des législations précises.
Quand j'entendais tout à l'heure le ministre rappeler au comité
plénier cette réponse qu'il faisait en commission, je pensais
qu'il se mettait lui-même en contradiction avec celui qui est devenu le
premier ministre et qui était, au moment où la loi 63 a
été passée, simple député de Mercier et
critique financier de son parti. En relevant le journal des Débats, on
peut trouver cette déclaration du député de Mercier. Je
rappelle qu'à ce moment-là, au moment où le premier
ministre a fait cette déclaration...
M. BOURASSA: Laquelle?
M. LAURIN : Je vais vous la citer.
M. BOURASSA: Est-ce que le député pourrait la citer?
M. LAURIN: Au moment, dis-je, où le député de
Mercier faisait cette déclaration, la commission Gendron avait
déjà été créée depuis près
d'un an, depuis onze mois, pour être plus exact, et elle était
suspendue comme aujourd'hui au-dessus des têtes des députés
qui pouvaient s'y référer soit d'une façon positive, soit
d'une façon négative. C'est précisément d'une
façon négative que s'y référait le
député de Mercier lorsqu'il disait par exemple, journal des
Débats, volume VIIl, tome IIl, page 3477. "Mais je ne vois pas en quoi
la création d'une commission comme celle-là, en admettant la
compétence de tous ces membres et le travail délicat,
difficile et essentiel qu'ils doivent faire, je ne vois pas, dis-je, comment la
création de cette commission se trouve à paralyser l'action du
gouvernement devant un problème aussi pressant." C'était le
député de Mercier qui, à ce moment-là, invitait le
gouvernement à ne pas tenir compte des conclusions de la commission
Gendron et à passer immédiatement à l'action. Il invoquait
à l'appui de sa thèse un autre argument que j'ai relevé
également dans le journal des Débats, volume VIIl, tome IIl, une
page plus loin, à la page 3478. Je cite à nouveau le
député de Mercier qui disait pour enchaf-ner avec ce que
je viens de citer "Le gouvernement pour ces raisons, doit agir tout de
suite sinon...
M. BOURASSA: Est-ce que le député aurait une copie?
M. LAURIN: Je vais finir votre citation, M. le Premier ministre, c'est
trop intéressant! "Le gouvernement, pour ces raisons, doit agir tout de
suite, sinon sa responsabilité sera très lourde sous tous les
rapports car et voilà le coeur du problème que nous, nous
n'avons cessé de répéter depuis un an et demi, depuis 19
mois maintenant la question linguistique va au coeur du problème
québécois beaucoup plus que d'autres questions comme la question
de structures politiques.
C'est le député de Mercier qui disait qu'on ne pouvait pas
séparer la question...
M. BOURASSA: Etes-vous d'accord avec cela...
M. LAURIN: ... de la langue de la question de structures.
M. BOURASSA: ... que la question linguistique est plus importante que la
question constitutionnelle?
M. LAURIN: Le premier ministre, alors député de Mercier,
terminait en disant: La question linguistique va véritablement au coeur
du problème québécois. C'est la raison pour laquelle je ne
peux pas comprendre l'attitude du ministre qui répète ce que le
gouvernement d'alors disait: Attendons les recommandations de la commission
Gendron avant de régler des problèmes linguistiques. Alors que,
dans ce temps-là, c'est le député de Mercier qui disait:
Il ne faut pas attendre les conclusions de la commission Gendron, il ne faut
pas séparer le problème de la langue et le problème de la
structure.
Justement, la première question du député de
Chicoutimi montrait très bien à quel point on ne pouvait pas
séparer les deux questions puisqu'il vous a posé la question
suivante, qui est très simple: Quelle sera la langue de communication au
sein des commissions scolaires? Il n'y a aucun article, dans le projet de loi,
qui en parle. Et même, le ministre a dit: Il faudra ajouter un 44e
article pour en parler. Comme si c'était un problème absolument
différent! Le député de Mercier lui-même, il y a
deux ans, disait: On ne peut pas séparer les questions de structure et
les questions de langue...
M. BOURASSA: Je ne parlais pas du bill 28.
M. LAURIN: ... parce que la question de langue va au coeur du
problème québécois. C'est tellement viscéral et
c'est tellement important qu'on ne peut pas les séparer. Il faut les
envisager ensemble et il faut les régler ensemble, du moins dans un
secteur très précis comme celui-ci, quitte à attendre,
ensuite, pour que, dans des questions beaucoup plus générales, on
attende la suite de la politique linguistique du gouvernement qui, elle,
peut-être sera réglée selon des modalités
précises, selon ce que nous dira la commission Gendron sur la langue de
travail, sur l'étiquetage, sur l'affichage ainsi que sur tous les autres
secteurs qui ont fait l'objet de son étude.
C'est la raison pour laquelle, M. le Président, il est
très difficile pour nous d'accepter la réponse que le ministre de
l'Education donnait tout à l'heure à la question du
député de Chicoutimi, surtout à la lumière des
témoignages qui nous viennent de l'histoire, que nous avons
été chercher dans le journal des Débats et qui
représentent l'opinion du premier ministre actuel.
Il reste maintenant au premier ministre de nous dire s'il est capable de
désavouer ses paroles d'il y a deux ans, s'il va se dédire, s'il
va, en somme, nous montrer qu'il est devenu un homme différent parce que
le hasard des choses a fait qu'il est devenu tout à coup le premier
ministre. Nous nous attendons à plus de logique, à plus de
cohérence dans l'attitude du premier ministre.
UNE VOIX: Attendez donc qu'il ait parlé avant.
M. LAURIN: C'est la raison pour laquelle nous attendons sa
déclaration.
M. BOURASSA: M. le Président, il y a plusieurs questions...
M. BROCHU: M. le Président, sur ce fait, si le premier ministre
me permet...
M. BOURASSA: ... qui ont été soulevées. UNE VOIX:
Laissez-le répondre.
M. SAMSON: Avant qu'il ne réponde, c'est sur le même
sujet.
M. BOURASSA: J'ai déjà eu l'occasion de donner mon point
de vue. En citant le député
de Bourget, pour prendre sa dernière question, à savoir
s'il est vrai que j'ai dit qu'il ne fallait pas être paralysés en
attendant le rapport Gendron, c'est bien ce que nous avons fait depuis que nous
sommes au pouvoir puisque nous avons adopté le bill 64, puisque nous
avons adopté une directive administrative, puisque nous avons accru
considérablement l'Office de la langue française. Donc nous avons
posé je pourrais en citer d'autres des gestes...
M. CHARRON: General Motors. C'est fantastique.
M. LE PRESIDENT: S'il vous plait!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pourrais-je poser une question au premier
ministre?
M. BOURASSA: Oui.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Lorsqu'il parle d'une directive
administrative, ne s'agit-il pas tout simplement de la confirmation d'un geste
posé par le gouvernement dont j'étais membre?
M. BOURASSA: M. le Président, ce n'est pas comme cela qu'on nous
l'a présentée lorsque nous avons fait adopter cette directive.
Selon les informations qui nous ont été soumises à ce
moment-là, il ne s'agissait pas de confirmer un geste. Mais là,
on pose toutes sortes de questions. Le député de Saint-Jacques
soulève la question de General Motors. Il n'aura qu'à communiquer
avec les dirigeants syndicaux de la compagnie...
M. CHARRON: En anglais ou en français?
M. BOURASSA: ... pour se rendre compte de l'amélioration
considérable de la situation pour les employés de General
Motors.
M. le Président, comme je l'ai dit, il est évident que le
seul chef du gouvernement francophone en Amérique du Nord ou le seul
gouvernement francophone en Amérique du Nord ne peut pas se
défiler devant ses responsabilités vis-à-vis de l'avenir
culturel des Québécois francophones. C'est pourquoi nous avons
déjà posé des gestes bien concrets et bien positifs pour
atteindre cet objectif. Cela fait partie du programme du Parti libéral.
Nous n'avons pas été élus pour faire disparaître la
langue française, bien au contraire.
Bien au contraire, c'est l'une des priorités de notre
gouvernement, même si, comme l'a reconnu le député de
Chicoutimi dans sa question fort pertinente, c'est une question complexe, une
question explosive, une question difficile au Québec, parce qu'en fait
les deux groupes ethniques principaux se sentent en position de
minorité; le groupe anglophone par rapport à la majorité
francophone du Québec et le groupe francophone par rapport à la
majorité anglophone du Canada.
Donc, les deux groupes veulent le plus de garanties importantes pour
assurer leur sécurité culturelle. C'est donc un problème
difficile. Mais nous avons posé des gestes et nous avons l'intention
d'en poser d'autres avant la fin de notre mandat. Nous voulons proposer une
politique linguistique cohérente, aussi rapidement que possible. On
parle du rapport Gendron. Lorsque j'ai fait ce discours-là, le rapport
n'avait, à ma connaissance, aucun élément de solution.
Or, là, le président lui-même dit qu'il va soumettre
la première tranche dans quelques semaines et que, d'ici à la fin
de l'année, à la suite de discussions que nous avons eues avec
lui et que le ministre des Affaires culturelles a eues également avec
les membres de la Commission Gendron, ou ils terminent le rapport ou ils nous
remettent complètement tout ce qu'ils ont fait. Donc, il y a un
délai très précis : la fin de 1972, alors que l'amendement
proposé par le Parti québécois ne s'applique qu'en
1975.
M. BURNS: Est-ce que le premier ministre me permet une question?
M. BOURASSA: Avec plaisir.
M. BURNS: Il vient de dire que la commission Gendron doit soumettre un
rapport d'ici quelques semaines. N'est-il pas vrai, M. le premier ministre, que
le rapport doit porter d'abord sur la langue de travail et non pas sur la
langue d'enseignement?
Deuxième question: En quoi cela justifie-t-il votre attitude,
alors que nous discutons du bill no 28 actuellement qui, dans le fond, s'occupe
beaucoup plus du problème de l'enseignement que du problème de la
langue de travail?
M. BOURASSA: Il y a eu toute une série de questions je
comprends que le député était peut-être pris
à une réunion de comités, etc depuis vingt minutes
sur le problème de la langue et j'ai pensé de parler de ces
problèmes. Il y a la question des immigrants, la question du
français comme langue de travail. Tout cela doit être remis, au
plus tard, à la fin de 1972 et, si les rapports ne sont pas
complétés, il est entendu le ministre des Affaires
culturelles pourra le confirmer qu'on va nous remettre les documents.
Donc, il ne peut pas y avoir tellement de délais.
M. CHARRON: Le premier ministre me permet-il une question?
M. BOURASSA: Si ça peut abréger les débats.
M. BURNS: Cela va sûrement aider.
M. CHARRON: C'est sur le rapport de la commission Gendron.
Est-ce que le premier ministre est du même
avis que l'était le chef du Parti libéral au moment du
débat qui a entouré le bill no 63, en 1969, lorsqu'il disait:
"L'Union Nationale, qui est incapable de faire l'unanimité dans ses
rangs, camoufle son inaction en créant une commission dont les
recommandations seront peut-être dépassées lorsqu'elles
seront publiées". Journal des Débats, volume VIIl, tome 3, page
3379.
M. BOURASSA: Ce n'est pas nouveau. Cela fait plusieurs fois que le
député rappelle ces citations-là. J'ai répondu
tantôt que nous avions proposé des mesures; je les ai
énumérées. Le député a voté pour le
bill no 64; il a même louangé le bill no 64 que nous avons
proposé. Nous n'avons pas attendu le rapport Gendron.
Il reste que, quant à la question qui était
soulevée cet après-midi, nous préférons, d'abord,
avoir des statistiques un peu plus complètes, d'autant plus que
l'amendement ne s'applique qu'en 1975. Nous préférons,
étant donné que le travail est presque complété,
selon les responsables mêmes, attendre quelques mois avant de proposer
une politique linguistique cohérente.
Je pense que c'est agir comme un gouvernement responsable que de ne pas
agir avec précipitation à propos d'une question aussi
délicate et aussi fondamentale pour l'avenir des
Québécois.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, est-ce que le premier
ministre pourrait comme il a commencé de le faire ou le
ministre de l'Education ou le ministre des Affaires culturelles répondre
de façon précise à la question que j'ai posée,
à savoir: Est-ce qu'il est disposé à rappeler la loi no
63, à modifier la loi no 64 dans la période de temps que j'ai
indiquée tout à l'heure, depuis le moment où la loi no 28
sera adoptée jusqu'au moment où on commencera à la mettre
en application? Est-ce qu'il est prêt à nous dire que son
gouvernement va nous présenter un projet de loi qui, s'il n'est pas
vraiment l'expression d'une politique globale de la langue, nous en donnera les
articulations majeures, les orientations, les étapes et nous indiquera
dans quel domaine cette éventuelle législation s'appliquera, afin
qu'une fois pour toutes on puisse répondre aux exigences des citoyens
qui s'agitent et qui risquent encore une fois de descendre dans la rue et de
nous poser le problème dans un contexte émotif qui
empêchera à ce moment-là le législateur de
travailler en toute objectivité et sécurité au
règlement d'un problème extrêmement difficile et dont j'ai
dit tout à l'heure qu'il était énormément
explosif.
M. BOURASSA: M. le Président, disons que nous sommes un peu hors
d'ordre, mais nous pouvons peut-être consacrer quelques minutes à
essayer de clarifier le débat en cause. Comme l'a dit le ministre de
l'Education, à plusieurs reprises, il n'est pas prouvé encore,
d'après les chiffres qui nous ont été donnés, que
le bill 63 a eu des effets néfastes. Je l'ai dit lors du discours de
clôture au congrès libéral c'est clair, je l'ai dit
et je le répète nous ne pourrions pas nous défiler
devant nos responsabilités s'il était prouvé que le bill
63 met en danger la sécurité culturelle des
Québécois francophones.
Il faudrait alors songer à apporter des amendements d'une
façon ou d'une autre. Un amendement a été proposé
par le Parti Québécois, peut-être que d'autres ont
été proposés également par les autres partis.
M. BURNS: J'invoque le règlement. Je n'ai pas du tout l'intention
d'interrompre ce débat qui semble devenir très très
intéressant, mais nous sommes à l'article 583, lequel parle des
commissions scolaires qui sont composées de quinze commissaires
élus. Nous avons remarqué que son excellence M. le
vice-président de l'Assemblée nationale, a accepté une
nouvelle tournure au débat. Je voudrais, M. le Président,
dès maintenant, vous dire, ainsi qu'à tous les membres du groupe
ministériel, ainsi qu'à toute autre personne qui pourrait penser
autrement, que je m'inscris en faux contre le fait que, quand nous arriverons
éventuellement à l'article 586, on pourra invoquer qu'un
débat a eu lieu sur un problème de langue.
Si c'est l'intention de quiconque, dans cette Chambre, j'aimerais qu'on
nous le dise, que ce soit le premier ministre, le député de
Chicoutimi ou quiconque d'autre a pu soulever le problème. En ce qui
nous concerne, ce n'est pas du tout notre intention. Si le problème ne
se pose pas à cet égard, je retire ma question de
règlement et on pourra continuer. Mais je voudrais immédiatement,
M. le Président, une directive de votre part; si vous me dites que le
fait de discuter à ce moment-ci à l'article 583, des
problèmes de langue pourrait nous empêcher d'en discuter à
l'article 586, je m'inscris en faux. Parce que tout le monde sait que le
gouvernement ne veut pas discuter du véritable problème, ne veut
pas qu'on discute exactement. Tout le monde sait ça.
M. BOURASSA: Il prête des intentions.
M. BURNS: Je m'excuse, M. le Président, l'article 285
m'empêche de prêter des intentions aux députés; je
les prête à toute "la gang" l'autre bord là. Toute "la
gang", ça va? C'est à peu près comme quand on me
dit...
UNE VOIX: Le gang.
M. BURNS: ... que je n'ai pas le droit de défendre René
Lévesque. Lorsque René Lévesque se fait attaquer en
Chambre, on dit: Ce n'est pas un député. Tout le monde me sourit,
puis je dis: Bien oui, qu'est-ce que vous voulez, l'article 285,
dix-neuvièmement, m'empêche de défendre quelqu'un qui n'est
pas en cette
Chambre. Quelqu'un qui n'est pas en cette Chambre actuellement c'est le
gouvernement de toute façon, il n'est jamais là.
M. BIENVENUE: Ah!
M. BURNS: M. le Président, je veux tout simplement soulever ce
problème-là. Je veux vous dire, M. le Président, que je ne
veux pas qu'on nous fasse des petites "formiquettes" vous n'aimerez
peut-être pas le mot comme on nous en a faites samedi soir. En ce
qui me concerne, je n'accepterai pas ça. Si c'est l'intention du
gouvernement actuellement, soyez certains qu'on la voit venir.
M. BIENVENUE: J'invoque le règlement.
M. BURNS: Si ce n'est pas l'intention, bravo on continue, puis je n'ai
aucun problème; mais j'attends une directive de votre part, M. le
Président.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président.
M. BIENVENUE: J'avais indiqué que je voulais prendre la parole
sur la question de règlement soulevée par le député
de Maisonneuve.
A chaque jour suffit sa peine, M. le Président. Nous ne sommes
pas ici avec ou sans intention. L'article 586 viendra en son temps. Nous
suivrons le règlement au moment de l'étude de l'article 586. Le
premier ministre a voulu de bonne grâce, même si c'était
absolument irrégulier, pour autant que nous sommes
concernés...
M. BURNS: Voilà, faites ce que vous voulez.
M. BIENVENUE: Je termine. Le premier ministre a voulu de bonne
grâce...
M. BOURASSA: Je l'ai dit.
M. BIENVENUE: ... et il l'a dit lui-même, même si
c'était complètement irrégulier face à la teneur de
l'article 583, répondre aux questions du député de
Chicoutimi, à celles du député de Bourget et à
celles du député de Saint-Jacques. Le premier ministre a
répondu de bonne grâce aux questions qui lui étaient
posées. Tout le monde était d'accord pour que ce débat,
ces questions et ces réponses aient lieu, se déroulent devant la
Chambre. Mais, pour ce qui est de l'article 586, nous ne présumons de
rien, nous n'avons aucune intention et, pour autant que je suis
concerné, au nom du gouvernement, je pense que ce débat en dehors
des cadres a suffisamment duré.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Sur le rappel au règlement, M. le
Président, je voudrais, à la suite du député de
Maisonneuve et du député de Matane, vous faire observer que c'est
à la suite d'une question que j'ai posée au ministre de
l'Education, question qui était la suivante: A quel article du projet de
loi pourrons-nous greffer un nouvel article, une prescription ou un amendement
portant sur la langue? C'est, dis-je, à la suite de la question que j'ai
posée au ministre et de sa réponse, que j'ai été
appelé, incité à poser la question qu'on connaît, au
ministre de l'Education, au ministre des Affaires culturelles ou à M. le
premier ministre.
Mon intention n'était pas du tout de devancer l'analyse de
l'article 586. En ce qui me concerne, M. le Président, si le premier
ministre veut bien continuer de répondre à la question que je lui
ai posée, j'en serai fort heureux, mais je n'avais pas du tout
l'intention, en posant ma question, d'empêcher qui que ce soit de
reprendre le sujet, d'instituer un nouveau débat lorsque nous en
viendrons à l'analyse de l'article 586.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Sur la question de directive, je commence
à me demander si la rigueur n'est pas encore la meilleure solution dans
la conduite des travaux de notre Chambre.
Sur l'article 583, voulant manifester une certaine largeur, une certaine
libéralité, et considérant que l'article pouvait d'une
façon peut-être très indirecte mais au moins d'une
façon indirecte faire allusion à ces questions de langue,
puisqu'on parlait de représentations d'anglophones et de francophones,
j'ai laissé aller le débat sur la question de langue. J'en
conviens, si j'avais appliqué le règlement d'une façon
ferme, rigoureuse, je n'aurais pas dû permettre ce débat. Encore
une fois, j'ai cru comprendre que tous les membres du comité
étaient tacitement d'accord pour aborder, au moins par le biais, cette
discussion.
Ayant permis maintenant à l'honorable député de
Chicoutimi et à l'honorable député de Bourget d'exprimer
certaines opinions sur la question je me vois difficilement refuser au parti
ministériel et même au Ralliement créditiste, qui, depuis
fort longtemps manifeste avec impatience le désir de prendre la parole,
le droit de continuer le débat, je ne vois pas comment, je pourrais
maintenant, mettre fin abruptement à ce débat.
Mais comme nous sommes plus ou moins dans la légalité,
j'inviterais ceux qui auront à prendre la parole sur cette question
à tenter de synthétiser leur pensée afin que nous soyons
le moins longtemps possible dans cette région de
l'illégalité qui me fait personnellement beaucoup souffrir.
M. BURNS: M. le Président, seulement sur ce point, je vais
être très bref, je m'excuse auprès du député
de Richmond, je comprends que vous allez laisser aller le débat dans la
voie où il s'est engagé, mais que ça ne sera pas un
débat en ce qui concerne les problèmes qui pourraient être
soulevés à l'époque de l'article 586.
Si c'est ça, M. le Président, je m'y oppose
formellement.
M. LE PRESIDENT: Il est évident je regrette, mais j'ai
omis d'ajouter ceci que, si d'autres articles se prêtent à
une discussion sur le problème de la langue, je n'aurai aucune
autorité pour empêcher le débat. Il s'agit de savoir s'il y
a des articles qui, en fonction du règlement, permettront de faire le
débat. Mais je ne peux pas, comme le dit le député de
Matane, je pense, avec raison, préjuger des délibérations.
Je ne me fonderai pas sur le fait qu'on en parle maintenant pour
déclarer ce débat hors d'ordre. Le seul corridor qui
déterminera si, oui ou non, un éventuel débat sur la
même question peut être permis, ce seront les articles de la loi
que l'on étudiera à ce moment-là.
M. BIENVENUE: M. le Président, sur la question qui est en
discussion actuellement, je ne prends pas d'engagement au nom du gouvernement
de ne pas soulever la question de règlement. Si mon bon ami, le
député de Richmond, revient sur cette question, que nous avons
jugée nous-mêmes en marge de l'article 583, je ne m'engage pas
à ne pas soulever la question de règlement. J'ai dit, tout
à l'heure, que le premier ministre, de bonne grâce, avait consenti
à répondre aux questions des trois députés qui ont
parlé.
Cela ne veut pas dire que nous soyons pour autant dans la
légalité. Nous sommes tous d'accord, je pense, pour dire que nous
sommes en marge de l'article 583. Je ne vois pas pourquoi nous devrions
continuer, même si ce que le député de Richmond a à
nous dire est intéressant, sur la question linguistique. Je pense que
nous ne devrions pas parler de la question linguistique, même si,
jusqu'à maintenant, nous en avons parlé.
M. LE PRESIDENT : Si les membres du comité consentent unanimement
à réserver leurs remarques pour plus tard, j'en prendrai acte,
mais, comme je l'ai dit tantôt, je ne peux pas empêcher un
débat.
M. BROCHU: M. le Président, je n'ai pas l'intention de reprendre
tout le débat. Cependant, les autres partis de l'Opposition ont eu le
loisir de s'exprimer quelque peu sur cette question épineuse de la
langue, à la suite d'une simple question, qui semblait bénigne,
de mon collège le député de Beauce. Il demandait
simplement au ministre de l'Education, dans le cadre de l'article 583, en
quelle langue se feraient les séances de la commission scolaire
je ne me rappelle plus le nom où il y a 53 p.c. d'anglophones et
47 p.c. de francophones et, à partir de cette simple question, le
débat s'est engagé sur la langue.
M. le Président, j'ai eu l'occasion de mentionner rapidement,
tout à l'heure, que le débat que nous avons eu l'occasion
d'avoir, il y a quelques minutes, à ce sujet montre comment la situation
peut être confuse au point de vue linguistique au Québec, à
l'heure actuelle, quoi qu'on en dise. Dès que la question est
amenée sur la table, on voit se lever un paquet de gens qui ont
énormément de choses à dire et à revendiquer
à ce niveau. Je pense que ça nous suffit pour montrer l'imbroglio
qui existe à ce niveau.
Quant à notre position sur le bill 63, M. le Président,
nous avons eu l'occasion de la faire connaître il y a passablement de
temps, puisque nous avons demandé, à l'extérieur de la
Chambre et en commission parlementaire aussi, lors de l'étude du bill
28, que le bill 63 soit tout simplement retiré. Le premier ministre,
tout à l'heure, a dit: Nous n'aurons pas de raison de le rappeler s'il
n'est pas prouvé qu'il a des effets néfastes. Il voulait dire:
S'il nous est prouvé qu'il a des effets néfastes, nous
l'enlèverons.
Je pense, M. le Président, que c'est un raisonnement par la
négative et qu'il nous faut, quand même, prendre des dispositions
immédiatement. Je vais plus loin que le député de
Chicoutimi, qui mentionnait que c'était une première attitude
linguistique légale qui avait été prise au Québec.
A mon sens ce n'est même pas une tentative timide, puisqu'une tentative,
si timide soit-elle, implique un pas en avant et que le bill 63 ne faisait
simplement que reconnaître un état de fait et un choix en
particulier pour les immigrants quant à la langue, c'est-à-dire
la langue anglaise ou la langue française.
A ce point de vue, M. le Président, nous réitérons
notre demande de retirer immédiatement le bill 63. Nous n'avons pas
à prouver qu'il a des effets néfastes, puisqu'il est inutile.
Nous demandons simplement au gouvernement de prendre les décisions,
puisque c'est lui qui a la responsabilité première en cette
matière et que la commission Gendron j'espère qu'elle
viendra un jour à déposer son rapport mais je pense que le
gouvernement n'a pas à attendre cette commission pour commencer à
prendre des décisions précises en matière
linguistique.
M. BIENVENUE: Adopté?
M. SAMSON: M. le Président, quant l'article 583, nous regrettons
malheureusement que le gouvernement ne nous ait pas soumis des amendements nous
offrant suffisamment de garanties. Quand je dis nous, je sous-entends la
population. En fait, l'article 583 permet l'élection de quinze
commissaires, et il a des dispositions uniquement dans le cas où la
majorité linguistique francophone ou anglophone ne sera pas suffisamment
représentée.
Or, il se trouve que les dispositions de cet article permettant
l'élection des quinze commissaires aux différentes commissions
scolaires se fera en vertu de l'article 583, sans distinction de la langue de
la majorité ou encore, sans distinc-
tion de la religion de la majorité. Ce qui, au point de vue
pratique, consacre les commissions scolaires neutres. Evidemment, nous savons
qu'en éducation la neutralité n'existe pas tellement longtemps.
Un jour ou l'autre, on se retrouve d'un côté ou de l'autre,
c'est-à-dire que cela redevient confessionnel, catholique ou protestant.
Or, qu'est-ce qu'il pourrait arriver si on laissait l'article 583 comme tel?
Nous pourrions nous retrouver, dans un secteur donné, où la
majorité serait, par exemple, catholique avec des commissaires qui, eux,
seraient en grande majorité des protestants ou vice versa. Du
côté de la langue, c'est exactement la même chose. Si la
majorité linguistique est francophone, on pourrait se retrouver, en
vertu de l'article 583, avec la majorité des commissaires qui seraient
des anglophones.
Or, nous croyons très sincèrement que cet article 583
j'espère que le ministre, d'ici la fin de nos discussions, voudra
bien le changer, même s'il fait signe que non avec un large sourire
est un des articles les plus importants de ce bill 28. Je ne crois pas
qu'on serait bienvenu de le laisser passer comme tel, sans, au moins, faire les
efforts nécessaires pour rendre justice aux majorités qui seront
concernées, soit les groupes catholiques ou protestants, selon le cas ou
soit les groupes anglophones ou francophones, selon le cas.
A notre point de vue, ce n'est pas rendre justice à ces
majorités. Ce n'est pas non plus respecter la démocratie puisque,
en démocratie, nous respectons généralement la
majorité. Pour le peu de démocratie qui nous reste dans notre
province de Québec, je pense que nous devrions prendre en haute
considération ces faits et ne pas risquer que, par l'article 583, cela
devienne l'assimilation de la majorité avec la bénédiction
du gouvernement.
Le premier ministre, tantôt, a souligné, avec raison
d'ailleurs, que son gouvernement justement envisage une politique linguistique,
envisage de permettre de plus en plus que la langue française devienne
la langue de travail. Or, justement, dans le contexte de ces prévisions
gouvernementales, si nous adoptons le bill 28 avec l'article 583 tel qu'il est
là, c'est justement à l'encontre des désirs
exprimés par le premier ministre. Il y a un risque, en vertu de
l'article 583, il y a un risque, tout simplement du côté
linguistique, d'un suicide de la langue française.
Or, comment voulez-vous que nous puissions croire à la bonne foi
du gouvernement qui nous exprime son désir de présenter devant
cette assemblée, à plus ou moins brève
échéance, une politique linguistique, lorsque l'on sait que, si
l'on veut un jour obtenir que le français soit reconnu comme langue de
travail au Québec, il faut au moins prévenir. La
prévention, ça voudrait dire qu'on reconnaisse le
français, qu'on le reconnaisse dans l'éducation à tous les
niveaux. Si on ne le reconnaît pas avec les garanties suffisantes, nous
risquons que la politique linguistique du gouvernement qui viendra
peut-être un jour ne soit pas facilement applicable parce que nous aurons
détruit à la base le système de l'éducation, les
garanties possibles.
Les travailleurs de demain sont les gens qui bénéficient
aujourd'hui de notre système d'éducation. Si on ne les
prépare pas en conséquence, si on ne les prépare pas
aujourd'hui en leur permettant certaines garanties via le ministère de
l'Education, c'est clair que toute la politique linguistique dont le
gouvernement rêve présentement ne sera en quelque sorte qu'un beau
rêve en couleur et dont la réalité ne se verra jamais.
C'est ce que je voulais dire. Je ne veux pas vous retenir plus longtemps
sur ce sujet, mais je voudrais que le ministre de l'Education le prenne en
sérieuse considération et qu'il nous offre des garanties
juridiques pour que, selon le territoire donné, selon le territoire
concerné, la majorité francophone ou anglophone soit
respectée par des dispositions juridiques. Ce qui est encore plus
important, c'est que les majorités confessionnelles catholiques
ou protestantes soient aussi reconnues et qu'on garantisse à ces
majorités par l'article 583 qu'elles auront suffisamment de pouvoirs
juridiques pour s'assurer de leur survie, ce que l'article 583 ne nous permet
pas présentement.
M. BIENVENUE: Adopté.
M. LE PRESIDENT: J'ai bien indiqué tantôt que je voulais
permettre à chaque parti de s'exprimer, puisque j'avais permis qu'on
s'engage dans le débat, même malgré la très grande
incertitude que j'avais quant à la légalité de ce
débat, puisqu'on avait commencé à le faire. Je voudrais
peut-être reconnaître un cinquième parti, mais encore une
fois, il ne faudrait pas abuser. Je demande donc la collaboration des membres
du comité, de chacun des partis. C'est d'ailleurs le
député de Maisonneuve lui-même qui, à un moment
donné s'inquiétait, et voulait mettre fin au débat. Entre
ces deux extrêmes, celui de mettre fin au débat
immédiatement, lorsque la question de règlement a
été soulevée, et celui de l'allonger indéfiniment,
il me semble que tous, sans que je sois obligé d'agir d'autorité,
auraient la possibilité d'arriver à un modus vivandi pour que
l'on restreigne les propos encore une fois, parce que nous sommes plus ou moins
loin de la légalité.
M. BROCHU: M. le Président, à ce moment-ci est-ce que je
peux...
M. LE PRESIDENT: Le Ralliement créditiste a déjà eu
l'occasion de se faire entendre par le député de Richmond et le
député de Rouyn-Noranda.
M. BROCHU: Est-ce que je peux vous demander une directive à ce
moment-ci, M. le Président? J'avais quand même l'impression,
lorsque le député de Rouyn-Noranda a parlé de
l'article 583, qu'on était revenu au débat de l'article
583.
M. LE PRESIDENT: A ce moment-là, vous confirmez ma
décision.
M. BIENVENUE: M. le Président, sur la même question...
M. BROCHU: Je ne voudrais pas non plus que notre attitude ait
brimé d'autres membres de l'Opposition.
M. LE PRESIDENT: Non, je pense que toutes les Oppositions, sauf le
député indépendant, ont eu l'occasion de s'exprimer. Je
vais trancher la question. Je reconnais maintenant l'honorable
député de Montcalm, qui devra s'exprimer au nom de son
groupe.
M. MASSE (Montcalm): Nous allons faire rapidement l'unanimité. Je
vais d'abord vous remercier de permettre aux députés de
s'exprimer en dehors du cadre des partis. J'espère qu'à
l'occasion d'un vote sur ce projet de loi, les autres députés
auront aussi le droit de parler en dehors des cadres de leur parti.
Ceci étant dit, je n'ai pas l'intention d'abuser et d'aller au
fond du problème. Je n'ai même pas l'intention de répondre
aux avancés du premier ministre tout à l'heure. Il y aura
d'autres occasions pour le faire. C'est justement pour préserver le
droit qu'il y aura d'autres occasions pour le faire et de pouvoir plaider que
je ne l'ai pas fait à ce moment-ci.
Je vais garder tout ce que je veux dire sur le fond du problème
posé par le premier ministre pour le moment où il en sera
question dans le projet de loi.
Mais j'aimerais revenir à la question qui a été
posée concernant chaque commission scolaire qui sera composée de
quinze commissaires élus. Ne semblent être prévues nulle
part dans la loi si tel est le cas, j'aimerais que le ministre de
l'Education m'en fasse part les qualités pour être
commissaire.
M. CARDINAL: L'article 585.
M. MASSE (Montcalm): Oui mais je vais plus loin que les qualités
juridiques. Je parle des qualités linguistiques. Il peut arriver le
problème que, dans une commission scolaire, un certain nombre
d'unilingues francophones ou anglophones soient élus. Si tel est le cas,
en quelle langue se feront les délibérations? Est-ce qu'on
prévoit qu'il y aura une traduction, c'est-à-dire est-ce que la
loi va prévoir, par des amendements que le ministre va nous apporter,
que chaque commissaire doit pouvoir être en mesure de comprendre, donc
d'entendre, ce qui sera dit par l'autre commissaire d'écoles, de sorte
qu'il y aura un traducteur? Il y a donc le problème de la langue des
commissaires d'écoles. Est-ce que, pour être commissaire à
Mont- réal, il sera statué qu'on doit être bilingue pour
pouvoir se comprendre dans les commissions scolaires où il y aura des
groupes fort importants d'anglophones ou de francophones? Sur cette question,
j'aimerais que le ministre nous éclaire un peu.
Deuxièmement, en quelle langue seront tenues les communications
et rédigés les textes juridiques, les procès-verbaux,
l'ensemble de la documentation? Sera-t-il statué, par cette loi ou par
un règlement du ministère de l'Education, que pour ce qui est de
l'île de Montréal l'ensemble de la documentation publique sera
nécessairement rédigée dans les deux langues ou si, au
contraire, le ministre a l'intention soit d'expliquer soit de
légiférer en disant que dans toute commission scolaire où
il y a une majorité francophone ou, au contraire, une majorité
anglophone les textes juridiques de la commission scolaire seront dans la
langue de la majorité?
Je ne vois pas où on pourrait faire cette discussion en dehors
qu'à l'article 583 puisque c'est là qu'on parle des commissaires
d'écoles. Alors le ministre pourrait-il répondre à ces
questions et nous éclairer nous, de la Chambre, comme les gens de
Montréal, sur cette question de langue pour les commissaires
d'écoles?
M. SAINT-PIERRE : M. le Président, cela rejoint le
problème général qui a été soulevé
antérieurement. Actuellement, dans la Loi de l'instruction publique, on
retrouve de telles précisions uniquement à l'article 301, qui
touche l'affichage public, certains avis publics que la loi prévoit.
M. le Président, je ne voudrais pas qu'on dénote de
l'agressivité dans mes propos mais je maintiens que, sur ce point
précis, les problèmes n'existent que dans la tête de ceux
qui veulent y voir des problèmes. Je vais m'expli-quer. Nous avons
actuellement plusieurs commissions scolaires de type unifié, commissions
scolaires catholiques, qui regroupent une clientèle à la fois
francophone et anglophone. Il y en a dans l'île de Montréal. Dans
certains cas, ce sont les francophones qui sont en majorité. Dans
d'autres, ce sont des anglophones. Des commissions scolaires sont dans l'est de
l'île, d'autres sont dans l'ouest.
M. le Président, on retrouve le même type de
problème sur le plan municipal, avec la communauté urbaine. Or,
dans aucun des textes qui régissent la gestion de ces organismes, nous
ne retrouvons les types de précisions que sollicite le
député de Montcalm. Plus que cela, ceux qui sont venus
témoigner devant nous nous indiquent qu'il n'y a pas de problème,
qu'à la Commission scolaire Baldwin-Cartier, lorsqu'un contribuable
arrive et qu'il parle en anglais, on répond à sa question; dans
plusieurs des cas, il semble que c'est le français qui est la langue
d'usage. Les problèmes n'existent pas. On veut en créer de
faux.
Cela se rattache évidemment à ce que j'ai
mentionné tantôt, une question de politique linguistique.
Mais ce que j'implique et pour l'île de Montréal et pour
l'ensemble de notre système scolaire, c'est qu'il n'y a pas de
problème; sur la question de la Communauté urbaine de
Montréal, on n'a qu'à relire ce texte qui a été
adopté par l'ancien gouvernement. On n'y retrouve aucune disposition qui
dit que la langue de communication est le français ou l'anglais. Dans
les faits, la plupart du temps, c'est le français.
Ce qui frappe, M. le Président, c'est que les organismes
élus, ceux qui ont un mandat du peuple trouvent des solutions aux types
de problèmes réels qu'évoque le député de
Montcalm, c'est-à-dire que, dans l'ouest, on a un type de solution et,
dans l'est, on peut avoir un autre type. Sûrement, lorsqu'on arrive
à Sherbrooke ou à Lennoxville, on peut avoir des solutions
différentes mais les gens élus sont capables, avec les
contribuables, de trouver une politique qui rend justice à la
minorité, qui ne brime pas la minorité et qui, en
général, comme ici à l'Assemblée nationale, c'est
sûrement le français qui est la langue prioritaire.
M. MASSE (Montcalm) : Juste pour répondre un peu à
ça, je pense qu'il y a deux ordres de réponses.
Premièrement, lorsque le ministre me dit qu'il n'y a pas de
problème parce qu'il n'en connaît pas ou qu'il n'y en a pas qui
lui ont été rapportés, vous allez admettre que, sur le
plan de la loi, ce n'est pas suffisant. Cela ne veut pas dire qu'il n'y en aura
pas. Cela ne veut pas dire, parce que le ministre n'est pas au courant d'un
problème, qu'il n'existe pas. Il ne lui a pas été
rapporté ou il n'en a pas pris connaissance. A moins de se mettre
à faire des sophismes, ce n'est pas un argument valable au point de vue
législatif.
Quand il apporte son deuxième argument en disant que, lorsqu'il y
a des problèmes qui se sont posés sur le plan local, les gens les
ont réglés, j'aime mieux ça, parce que c'est un argument
qui touche à du réel. Si tel est le cas, est-ce que le ministre
aurait objection à ce que la loi dise : Lorsqu'il y a un problème
de cette sorte, les commissions scolaires ont le pouvoir de le résoudre,
soit par une résolution, soit par une réglementation pour cette
question-là?
M. SAINT-PIERRE : Oui, j'ai des objections. Cela retouche les points que
nous avons discutés précédemment. Le premier ministre a
indiqué que, comme chef du gouvernement québécois, il a
des responsabilités quant à l'épanouissement et au
développement de la culture française. Je pense qu'il serait faux
de donner ce pouvoir de réglementation des organismes locaux,
commissions scolaires et autres. On se retrouverait alors, à
l'intérieur du Québec, devant une foule de cas différents,
sans qu'il y ait une même réglementation qui intervienne.
J 'ai mentionné tantôt, en situant ce problème de la
langue des communications à l'inté- rieur des structures
scolaires dans un cadre beaucoup plus vaste, que le premier ministre avait
indiqué les types de législations que nous pourrions
présenter avant la fin de notre mandat pour ça.
M. MASSE (Montcalm) : M. le Président, le ministre...
M. SAINT-PIERRE :M. le Président, je m'excuse. Je sais que, dans
votre grande générosité, vous avez permis d'aller de l'un
à l'autre, mais je trouve réellement que nous sommes hors d'ordre
sur la question. Je ne veux pas faire de procédure, mais on se rend
compte...
M. MASSE (Montcalm): Je n'ai pas parlé des commissaires
d'écoles.
M. LEGER : Vous soulevez un problème et vous ne répondez
pas. Vous pratiquez la politique de l'autruche. Vous dites : Il n'y a pas de
problème.
M. LE PRESIDENT (Hardy) : Un à la fois, s'il vous plait.
M. MASSE (Montcalm) : C'est l'endroit où je veux parler des
commissaires élus. Ce n'est pas à l'article suivant. C'est ici
qu'on en parle. Il y a une certaine confusion dans l'argumentation du
ministre.
Vous disiez, tout à l'heure, en réponse à ma
question, que, lorsqu'il y a un problème sur le plan local, les gens
sont suffisamment intelligents, suffisamment habiles pour le résoudre.
Or, lorsque je lui demande d'inscrire dans la loi que c'est sur le plan local
qu'on résoud le problème, le ministre me répond : Non,
parce que le premier ministre a indiqué clairement qu'il a une
responsabilité pour l'ensemble du Québec et qu'on ne confiera pas
à des responsables sur le plan local la tâche de résoudre
un problème semblable. Il faudrait que je me comprenne : ou bien on n'en
parle pas dans la loi, parce qu'en pratique on le résoud sur le plan
local, ou bien, au contraire, on en parle dans la loi parce que le premier
ministre a une autorité pour régler le problème
partout.
M. SAINT-PIERRE : Ou on attend au moment opportun pour déposer
une législation qui touche l'ensemble de ces
problèmes-là.
M. MASSE (Montcalm) : Si tel est le cas, on pourra en discuter plus
loin, mais qu'on admette que c'est le cas.
M. SAINT-PIERRE : C'est ça, on vous l'a dit.
M. MASSE (Montcalm) : Qu'on n'essaie pas de jouer d'un côté
ou de l'autre en disant : On va aller en bas, on ne l'inscrira pas dans la loi,
etc. Si c'est la réponse du ministre, je l'accepte, parce qu'on en
discutera plus loin.
M. LE PRESIDENT : L'honorable député de Dorchester.
M. GUAY : Ma brève intervention va nécessiter une question
qui s'adresse au ministre de l'Education, au départ.
On a discuté de ces deux commissaires d'écoles qui vont
être, à toutes fins utiles, nommés par le ministre.
Pourquoi le ministre de l'Education a-t-il cru bon d'insérer, comme
amendement à l'article 583, ce mécanisme, qui, selon lui, est une
soupape de sécurité?
J e ne voudrais pas, non plus, reprendre tout le débat...
M. SAINT-PIERRE : M. le Président, j'invoque le règlement.
Je regrette, je ne voudrais pas faire de procédure. Je pense que le
député était présent; nous en avons discuté
depuis trois heures et demie. Je ne sais pas combien de raisons j'ai
données pour établir cette soupape-là. On a discuté
d'un amendement proposé par des gens qui trouvaient que nous en donnions
trop. On a discuté de votre amendement où vous en
réclamiez davantage. Nous avons dit pourquoi nous n'en donnions pas
davantage et, là, on nous renvoie la question à nouveau.
M. LEGER : Est-ce que le ministre me permettrait une question?
M. LE PRESIDENT : L'honorable député de Saint-Jacques,
à moins...
M. LEGER : Une question au ministre qui avait la parole.
M. LE PRESIDENT : Vous cédez tous les deux votre droit de parole
au député de Lafontaine?
M. LEGER : Il n'a pas cédé son droit de parole; c'est une
question de préséance.
Le ministre vient de déclarer que le problème de la langue
que les commissaires auront à utiliser est dans la tête des
personnes qui en parlent ici. Cela touche à l'article concerné.
Il peut y avoir des commissaires, francophones et anglophones, soit
élus, soit nommés, qui iront travailler ensemble. La question que
je veux poser au ministre est la suivante : Le problème des
communications sera toujours le même s'il n'est pas réglé
par une loi.
Mais quand on sait ce qui se passe comme conséquence, quand on
sait que les francophones bilingues sont tellement plus nombreux que les
anglophones, alors quelle langue, pensez-vous se parle quand vous avez des
groupes de francophones et d'anglophones ensemble, quelle que soit la
proportion qui se rencontre en général? C'est l'anglais qui se
parle. Alors est-ce que le ministre n'est pas d'accord? Il a dit que le
problème est là quand même.
M. SAINT-PIERRE: On ne doit pas fréquen- ter les mêmes
groupes, parce qu'à ma connaissance, moi, c'est le français qui
se parle lorsqu'il y a des anglophones qui sont en minorité.
M. LEGER: Cela, c'est la politique de l'autruche, on ne veut pas le
savoir, on ne veut pas le voir.
M. SAINT-PIERRE: Je m'excuse, M. le Président, vous faites des
accusations. Je connais nombre d'organismes... Un instant, vous m'avez
accusé, vous dites que, dès qu'il y a un Anglais on va parler
anglais, ce n'est pas vrai. Je ne sais pas dans quel groupe... Un
instant...
M. LEGER: Je n'ai pas dit qu'il fallait le faire, j'ai dit que c'est la
chose qui arrive.
M. JORON: M. le Président.
M. SAINT-PIERRE: Je ne sais pas moi, je ne fréquente pas les
groupes du Parti québécois.
M. LE PRESIDENT: Le ministre de l'Education.
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, je ne fréquente pas les
mêmes groupes que le député mais je vais vous donner des
exemples d'institutions que je connais et je vais vous dire ce qui survient. Je
vais prendre l'exemple de la Chambre. Vous le savez autant que moi, vous
êtes témoins ici, ce qui se passe. Il y a des anglophones ici dont
la langue maternelle est l'anglais, et qu'est-ce qui se passe en Chambre?
Je vais prendre un autre exemple, il y a des gens ici qui ont
siégé au Conseil exécutif, où il y avait 22
ministres autour de la table du conseil des ministres. Quelle est la langue qui
se parlait là? Ceux qui y ont siégé le savent.
Je vais aller plus loin, on va aller dans le secteur de
l'éducation, M. le Président, au ministère de l'Education.
Dans nos lois on dit qu'il y a un sous-ministre de foi protestante, un
sous-ministre de foi catholique, il y a un comité protestant, ç'a
l'air bien "establishment", ç'a l'air bien anglais. Dans les faits,
réunion de sous-ministres, réunion de ministres, réunion
de directeurs généraux, la langue de travail c'est le
français. Les directives du gouvernement en matière de
communication, c'est clairement établi: c'est le français.
Au Conseil supérieur, un instant on va continuer les organismes
scolaires.
M. LESSARD: Quorum, M. le Président.
M. SAINT-PIERRE: Au Conseil supérieur de l'éducation,
selon notre loi il y a une représentation assurée
d'éléments protestants; la langue de travail, la langue de
communication non seulement du Conseil supérieur mais du comité
catholique, du comité protestant non, parce que là il y a
un seul francophone de tous les sous-comités du Conseil
supérieur de l'éduca-
tion, c'est le français. Le Conseil des universités, nous
avons trois universités de langue anglaise, quelle est la langue au
Conseil des universités? Le français.
La conférence des recteurs, M. le Président, qui regroupe
de nouveau trois recteurs d'institutions anglophones, quelle est la langue de
communication, quelle est la langue de travail? Le français. Qu'est-ce
qui est écrit dans les lois, M. le Président? Rien dans les lois,
c'est dans les faits. Ceux qui pensent que le problème linguistique peut
se régler simplement en apportant un amendement à un article dans
un projet de loi comme celui-là, je pense cela complètement, eux,
sont des autruches, ils voudraient nous rentrer dans le sable. On s'y
refuse.
M. JORON: M. le Président, je voudrais poser une question au
ministre...
UNE VOIX : Il y a des journalistes ici qui parlent les deux langues.
M. LE PRESIDENT: Le député de Gouin.
M. JORON: ... avant de la lui poser, je pense qu'on admettra que son
exemple est un peu tiré par les cheveux. Il a nommé une
série d'institutions où l'on retrouve des gens qui ne sont pas
élus, mais la plupart du temps nommés et à un certain
niveau d'administration qui n'est pas du tout le même que celui d'un
conseil, d'une commission scolaire locale élue par les gens du quartier.
Les exemples que vous avez donnés sont de nature complètement
différente, c'est comparer des pommes avec des poireaux.
D'autre part, ce que je voulais vous demander c'est la chose suivante:
Etes-vous au courant des statistiques que nous a livrées le rapport
Laurendeau-Dunton, selon lesquelles, toutes proportions gardées, chez
les francophones on retrouve trois fois plus de bilingues que chez les
anglophones? Et si cette statistique est vraie, si vous ne la contestez pas, et
si vous la connaissez, ne pensez-vous pas que le même
phénomène peut se refléter dans les commissions scolaires
en question?
M. SAINT-PIERRE: Cela n'a rien à voir avec le débat. Si
vous me dites que les francophones... Un instant...
M. LEGER : La politique de l'autruche.
M. SAINT-PIERRE: ... sont plus bilingues, je serais porté
à dire: Est-ce qu'ils sont plus intelligents? Est-ce qu'ils ont plus de
motivations à apprendre une deuxième langue que les anglophones?
C'est en dehors du débat. Vous trouvez que les exemples ne s'appliquent
pas. Le député de Gouin vient de l'île de Montréal,
c'est très facile à faire, ce ne sont pas des choses impossibles,
je ne lui demande pas d'aller à la lune, qu'il aille à la
Commission scolaire de la ville d'Anjou, qu'il aille à la Commission
scolaire Baldwin-Cartier, qu'il aille à la commission...
M. LEGER : Ce sont des majorités francophones.
M. SAINT-PIERRE: ... scolaire, à la CECM qui a quand
même... Mais est-ce que vous voulez comprendre, oui ou non?
M. LEGER: C'est à majorité francophone, dans ce
bout-là.
M. SAINT-PIERRE: Allez à Baldwin-Cartier, allez à
Saint-Laurent, à la Commission scolaire de Saint-Laurent,
majorité anglophone, puis vous viendrez voir quelle langue va se parler.
Vous allez voir s'il y a des francophones qui sont brimés dans leurs
droits. Là je vous dis que non, je dis qu'il n'y a aucune protection
dans la loi, alors qu'avec le bill 28, on veut justement en donner des
protections dans la loi.
M. LE PRESIDENT: Le député de Saguenay.
M. LESSARD: M. le Président, le ministre a indiqué tout
à l'heure qu'il y avait eu des directives qui avaient été
données au niveau du gouvernement pour faire en sorte que la langue de
communication soit la langue française.
Si ces directives-là ont été données, c'est
parce qu'il y avait des raisons particulières pour qu'elles soient
données. Est-ce que le ministre pourrait me dire quelles sont les
raisons qui empêcheraient que les organismes parapublics,
c'est-à-dire financés en grande partie par le gouvernement, ne
soient pas soumis aux mêmes directives que le gouvernement du
Québec lui-même a imposées à l'intérieur de
son ministère et pour lesquelles d'ailleurs le gouvernement Bourassa
s'est glorifié passablement parce que c'était là une
petite mesure qu'il avait appliquée pour faire que la langue des
communications soit la langue française au gouvernement du
Québec. Pourquoi ces mêmes directives ne pourraient-elles pas
être appliquées au niveau des organismes parapublics et en
particulier dans les commissions scolaires du Québec?
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Saint-Jacques.
M. CHARRON: J'ajoute à la question fort pertinente du
député de Saguenay et à laquelle, j'espère, le
ministre pourra répondre, un cas concret.
Je suis citoyen montréalais et je serai d'après la carte
si c'était celle-là qui était adoptée, la
carte sur laquelle nous avons travaillé membre de la commission
scolaire no 1. La commission scolaire no 1 sera, d'après les
statistiques, francophone à 70 p.c. et anglophone à 30 p.c.
Supposons que le suffrage universel donne à peu près le
même résultat, c'est-à-dire dix commissaires de langue
française et cinq commissaires de langue anglaise. Supposons pour
référer aux statistiques auxquelles faisait allusion tout
à l'heure mon collègue de Gouin
que la même proportion de bilingues et de non bilingues ou
d'unilingues se produise chez les cinq anglophones. Je vais à la
réunion de la commission scolaire de mon quartier. Est-ce que le
commissaire unilingue anglophone il va bien s'en trouver un sur les cinq
selon la même proportion va s'exprimer en anglais seulement et que
ce sera ma faute à moi, si je ne suis pas bilingue comme francophone, de
ne pas pouvoir comprendre le débat qui se déroule devant moi?
Est-ce que la langue de travail à la table de la commission scolaire
sera réservée au choix du commissaire et que l'échange se
fera comme il est permis de le faire à l'Assemblée nationale? Le
député de Notre-Dame-de-Grâce, s'il le voulait, Dieu merci,
lui, il l'est bilingue, mais s'il le voulait, le règlement le lui
permet, pourrait au moment où je lui pose une question en
français, me répondre en anglais. Or, s'il y avait quelqu'un dans
les galeries ne comprenant pas l'anglais, il ne comprendrait pas la
réponse du député de Notre-Dame-de-Grâce ou
moi-même, membre de l'Assemblée nationale, je ne suis pas
obligé de parler anglais. Si la fantaisie prenait le
député de Westmount, par exemple, de me répondre en
anglais à une question en français, si je n'étais pas
bilingue, je ne comprendrais pas la réponse et je ne pourrais pas en
faire rapport à mes électeurs. Est-ce que je vais vivre la
même situation dans toutes les commissions scolaires où un seul
unilingue anglophone pourra avoir le droit de s'exprimer dans sa langue
contrairement au voeu de la population qui assisterait aux réunions de
la commission scolaire? Voilà un exemple concret à ajouter au
besoin de directives et qui vient concrétiser le besoin de directives
auquel faisait allusion le député de Saguenay tout à
l'heure.
M. SAINT-PIERRE: D'ici 1975, les effets du règlement no 6 du
ministère seront tels que tout le monde saura les deux langues.
M. CHARRON: On était tantôt dans la politique de
l'autruche, là, on commence à être dans la politique du
serpent. Cela file. Ne vous défilez pas de la question. Le ministre de
l'Education, s'il s'était soucié d'aller expliquer la loi 28
à la population francophone de Montréal avec le tiers de
l'énergie qu'il a déployée pour l'expliquer à la
minorité anglophone frileuse et nerveuse, se serait aperçu que
c'est ce genre de question qui hypothèque le principe de l'unification
actuellement.
M. SAINT-PIERRE : M. le Président, sur un point de
règlement.
J'ai refusé de multiples invitations de parler à des
groupes anglophones. J'en ai refusé au moins une cinquantaine. Je n'en
ai refusé aucune du côté francophone. Je suis allé
une fois à une invitation que j'avais reçue à Outremont,
et d'après Québec-Presse, il y avait plus de gens à ma
seule réunion qu'aux sept réunions que vous avez faites, vous,
dans les salles des églises avec vingt personnes pour vous
écouter à six panelistes.
M. CHARRON: Je ne veux pas m'écarter du règlement, M. le
Président, mais lui répondre, vous auriez pu faire avec le projet
de loi no 28 ce que le ministre des Affaires sociales a fait avec le projet de
loi no 65, pas attendre les invitations...
M. BOURASSA: ... invitations qui ont été
acceptées.
M. CHARRON: ... mais, pour une loi importante comme celle-là, se
déplacer à Montréal et aller l'expliquer à la
population francophone.
M. LE PRESIDENT : A l'ordre!
M. CHARRON: Je reformule ma question. Si le ministre avait
accepté de faire le même effort d'explication des projets de loi
à la population que son collègue des Affaires sociales dans le
cas du bill 65, il se serait aperçu qu'au-delà de tous les grands
principes généraux c'est ce genre de questions qui
hypothèquent déjà la nouvelle structure que nous sommes
à édifier. Les gens se demandent dans les quartiers quelle sera
la langue de communication, avec qui ils vont travailler, quelle réponse
ils recevront, surtout ceux qui seront dans une commission où ils seront
minoritaires, aussi bien les anglophones que les francophones. Et ça les
intéresse. Si la loi nous permet et oblige les commissaires à
tenir des assemblées publiques et à tenir leurs réunions
face à tout le monde, qui me dit que je pourrai comprendre quelque chose
même si c'est public, si je ne suis pas bilingue?
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, est-ce que le
député de Saint-Jacques me permettrait une question? Je me
rappelle, avant le 29 avril, d'avoir lu un tract du Parti
québécois dont la dernière page était écrite
en anglais. Je suis unilingue français, est-ce que je me suis senti
brimé dans mes droits parce que la dernière page était en
français? C'est la question que vous soulevez quand vous dites: Un
francophone se sent brimé parce qu'il ne comprend pas ce qui se passe.
Ce n'est pas vrai, monsieur.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Beauce.
M. ROY (Beauce): M. le Président, sur l'article 583, chaque
commission scolaire est composée de quinze commissaires élus
conformément aux articles 95 à 183. Ces commissions scolaires
sont unifiées, c'est-à-dire des membres des commissions scolaires
qui représenteront la population anglaise de l'île de
Montréal et la population française de l'île de
Montréal. Donc, on fait des commissions scolaires unifiées, on
prend des commissions scolaires anglaises et des
commissions scolaires françaises pour en faire des commissions
scolaires unifiées. J'ai demandé au début de la
soirée...
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, je m'excuse. Des commissions
scolaires anglaises, on n'en a pas et des commissions scolaires
françaises, on n'en a pas. Dans le moment, le député
devrait le savoir, particulièrement dans son parti, on a des commissions
catholiques et des commissions protestantes et on va en faire des commissions
scolaires unifiées.
M. ROY (Beauce): M. le Président, vous avez tout de même le
Protestant School Board de Montréal et la Commission des écoles
catholiques de Montréal. Vous avez deux organismes, un anglophone et un
francophone.
DES VOIX: Non, non.
M. ROY (Beauce): M. le Président, il y en a un qui est en
majorité anglophone, de toute façon, où la langue anglaise
a priorité. On fait aujourd'hui des commissions scolaires. Le
gouvernement, de par les dispositions de son projet de loi, organise des
commissions scolaires unifiées. J'ai tout simplement posé au
début de la soirée deux petites questions à l'honorable
ministre. Une fois la commission scolaire unifiée, quelle langue
primerait aux réunions et dans quelle langue serait
rédigés les procès-verbaux?
M. le Président, je ne veux pas recommencer le long débat
que ceci a provoqué. Mais le ministre nous dit qu'il n'y a pas de
problème; au contraire il y a un problème. Si le gouvernement
maintient qu'il n'y a pas de problème, je me demande bien pour quelle
raison on veut justement faire une loi et établir une politique pour
faire du français la langue de travail au Québec. On ne veut pas
parler de la langue de l'enseignement alors qu'on se prépare à
faire des politiques pour la langue de travail. On parle même d'aller
l'imposer chez General Motors. Mais, dans nos écoles, on ne sait pas
à quoi s'en tenir.
M. le Président, le gouvernement nous parle aussi du rapport
Gendron, qui est censé faire certaines recommandations pour permettre au
gouvernement de légiférer dans ce domaine. Le rapport Gendron
n'est pas sorti. La loi 63 est toujours en vigueur et le gouvernement nous dit
qu'il n'y a pas de problème. Il y en a des problèmes, le
gouvernement le sait mais il ne veut pas les envisager. Le gouvernement ne veut
pas l'admettre.
M. le Président, le problème, on peut se demander
comme le dit le député de Portneuf si ce n'est pas le
gouvernement lui-même. Nous n'en avons pas contre les anglophones mais,
tout de même, les statistiques sur ce point sont assez précises.
Au 30 juin 1971, il y avait, dans les statistiques démontrant le nombre
d'enfants enregistrés dans les écoles de l'île de
Montréal, des enfants anglophones en proportion...
M. BIENVENUE: M. le Président, j'invoque le règlement.
Qu'ont à faire ces statistiques avec l'article 583 que l'on discute
depuis des heures et des heures?
M. BROCHU: M. le Président, sur l'appel au règlement que
vient de faire le député et ministre de Matane, l'article 583 et
les débats ont suffisamment démontré les incidences
linguistiques qui existent à ce niveau et je pense que le
député de Beauce, présentement, est en train de faire un
survol rapide de nos prises de position sur cet article.
M. BIENVENUE: Si on parle à nouveau des incidences linguistiques,
nous avons tous convenu tout à l'heure, et je fais appel aux
représentants de partis qui l'ont dit...
M. BROCHU: M. le Président, nous ne sommes pas sur le
débat de tout à l'heure.
M. BIENVENUE: Je n'ai pas fini, si vous me permettez.
M. BROCHU: Moi non plus, je n'avais pas fini quand vous vous êtes
levé.
M. BIENVENUE: Alors, moi, je commence et je continue. Sur la question
linguistique, nous sommes définitivement en dehors du débat,
à l'article 583, sans présumer, comme je l'ai dit tout à
l'heure, de tous autres articles de cette loi. Je pense qu'il va falloir
revenir à l'article 583, l'adopter, le rejeter ou l'amender, mais en
parler.
M. BROCHU: M. le Président, je pense qu'il est normal, à
ce moment-ci, que le député de Beauce, dans son intervention au
nom du Ralliement créditiste du Québec, soit capable d'expliquer
le pourquoi de sa prise de position et de notre prise de position globale
également sur l'article 583. J'aimerais que l'honorable
député de Matane puisse nous dire si ce n'est pas une incidence
linguistique francophone ou anglophone dans l'article 583.
M. LESSARD: Sur un point de règlement, M. le
Président...
M. LE PRESIDENT: Sur le point de règlement?
M. JORON: Sur une question de règlement.
UNE VOIX: Oui, mais quand il n'y a pas de problème, vous voyez
qu'il y en a.
M. LE PRESIDENT : Est-ce que les honorables députés, quand
je les vois tous se lever, désirent vraiment m'éclairer ou me
rendre plus confus encore?
M. JORON: M. le Président, c'est pour mieux vous éclairer,
si c'est possible, si vous me le permettez. C'est que l'argumentation du
député de Matane porte complètement à faux. Il ne
s'agit pas ici de discuter de la langue d'enseignement, mais de la langue
d'administration à l'intérieur des commissions scolaires dont
parle l'article 583. C'est tout à fait pertinent.
M. LE PRESIDENT: C'est toujours sur la question de règlement?
M. LESSARD: Oui, M. le Président. C'est pour compléter ce
qu'on vient de dire tout à l'heure.
M. LE PRESIDENT: Peut-être que le leader parlementaire pourrait
préciser vos...
M. LESSARD: Oui, on laisse au leader parlementaire le soin de
synthétiser par la suite. C'est qu'on a accepté, cet
après-midi, un amendement qui dit que les minorités linguistiques
devront... Une minute.
M. LE PRESIDENT: Je demanderais au député de Saguenay de
s'en tenir à la question de règlement.
M. LESSARD: Oui, je vais m'en tenir à cela, mais quand même
la langue de communication est une conséquence de l'amendement qu'on a
accepté cet après-midi à l'effet qu'il y aurait deux
observateurs de groupes minoritaires linguistiques. Cela veut donc dire qu'il
va certainement y avoir à l'intérieur de ces commissions
scolaires un problème de communication entre d'un côté les
représentants minoritaires de groupes linguistiques et de l'autre
côté la majorité d'un autre groupe linguistique.
Comme dans le projet de loi et on nous l'a dit tout à
l'heure il n'y a aucun article qui détermine comment se fera ou
de quelle façon se fera cette communication. Il faut quand même
savoir une chose, c'est que ces gens vont se comprendre à
l'intérieur de ce comité. Je pense que c'est primordial. C'est
ça qu'on veut savoir.
M. LE PRESIDENT: Je suis prêt à rendre ma décision.
Le député de Saguenay prêchait un converti. Je suis
parfaitement d'accord sur tout ce qu'il vient de dire. C'est conforme
d'ailleurs aux directives que j'ai données il y a un certain temps.
J'ai bien déclaré que parler du problème
linguistique en général, à ce stade-ci,
c'est-à-dire à l'occasion de l'étude de l'article 583,
constituait une irrégularité que j'ai tolérée
pendant un certain temps, mais depuis, à ma demande, avec esprit de
collaboration, depuis un certain temps, on était revenu dans le cadre du
débat, c'est-à-dire qu'on parlait du problème de la
langue, mais à l'intérieur de l'organisme qui s'appelle la
commission scolaire. Je pense que la discussion sur l'article 583 permet que
l'on parle du problème linguistique à la commission scolaire au
niveau de l'organisation, parce qu'on parle précisément de
représentation anglophones et francophones.
Mais la raison pour laquelle je dois considérer que le rappel au
règlement du député de Matane est fondé à
l'endroit des propos du député de Beauce, c'est que le
député de Beauce prenait un envol et commençait à
parler du problème de la langue en général, en citant des
statistiques. J'inviterais donc l'honorable député de Beauce,
s'il veut le faire, à traiter du problème que peut poser, au
niveau de la langue, la constitution actuelle ou telle que proposée par
le bill 28 d'une commission scolaire. Mais il faut s'en tenir à ce
niveau et non pas parler de toute la question linguistique au Québec,
même si la façon dont il en parle peut avoir des incidences dans
le domaine de l'éducation. Il doit s'en tenir à la langue sur le
plan administratif et encore davantage au niveau des commissions scolaires
telles que créées par le bill 28.
M. ROY (Beauce): Merci, M. le Président. Pour éviter
à l'honorable député de Matane toutefois la tentation de
se lever à nouveau et d'invoquer le règlement, je vais lire le
deuxième paragraphe de l'article 583: "Toutefois, le
lieutenant-gouverneur en conseil peut, s'il constate que la minorité
francophone ou anglophone, selon le cas, n'est pas représentée
par suite de l'application de l'alinéa précédent, nommer,
sur la recommandation du ministre, deux autres commissaires d'écoles
pour des mandats d'une année scolaire, après consultation des
présidents des comités consultatifs d'écoles de la
minorité concernée."
C'est justement à l'intérieur de ce deuxième
paragraphe, qui se réfère au premier, que je voulais donner des
statistiques. En vertu de ces statistiques, cette représentation n'est
pas suffisamment garantie; rien ne nous dit dans quelle direction le
gouvernement s'oriente et comment il devra envisager les problèmes qui
se poseront inévitablement à plus ou moins brève
échéance.
Je disais donc qu'à l'intérieur de l'article 583, si on
regarde les élèves inscrits à Montréal, pour
prouver mes avancés, c'est qu'il y avait 144,350 élèves
inscrits dans les écoles anglophones et 253,969 élèves
inscrits dans les écoles françaises. Cela démontre qu'il y
a là un problème. Nous avons eu l'occasion de le dire en
deuxième lecture.
M. SAINT-PIERRE: J'ai l'impression que vos chiffres pour les
francophones ne comptent uniquement que pour la CECM. Est-ce que vous comptez
les autres commissions scolaires catholiques de l'île de Montréal?
Il y en a 39 vous savez, il n'y en a pas deux.
M. CARDINAL: J'invoque le règlement. Quand on parle des
élèves, on ne parle plus de
la langue de communication ni de la langue de travail, on parle de la
langue d'enseignement et de l'enseignement dans un langue. Alors, les
députés ont probablement de très bonnes idées mais
ils sont en train de déraper.
M. BIENVENUE: Très bien.
M. BROCHU: Si à un moment donné on parle de la langue
d'enseignement, on peut quand même faire un parallèle, même
si c'est la langue d'enseignement.
M. CARDINAL: C'est exactement enseignement que l'on doit dire en
français et pas "enseig'ment".
M. LE PRESIDENT: Est-ce que vous parlez sur la question de
règlement? Encore une fois le député de Beauce est sur une
glace extrêmement mince. Je crois comprendre qu'actuellement...
M. GAGNON: Laissez-le faire, il va s'enfoncer.
M. LE PRESIDENT: J'essaie de voir un peu où il s'en va. Il veut
démontrer que la représentation telle que proposée dans
l'article 583 n'est pas proportionnelle au nombre d'élèves. Il y
a tout d'abord des décisions que j'ai déjà rendues et,
d'autre part, comme cela peut avoir l'air davantage de s'appliquer à la
langue de l'enseignement plutôt qu'à la langue administrative,
c'est la raison pour laquelle je dis que le député de Beauce est
sur une glace extrêmement mince. Il rend difficile la tâche du
président, qui veut être bien objectif, qui considère que
c'est un de ses devoirs de protéger les droits et prérogatives de
chacun des membres du comité. Il faut aussi la collaboration du
député.
Je demande au député de Beauce de tenter de circonscrire
ses remarques à la langue d'administration.
M. BIENVENUE : Cela reste un cas de langue.
M. ROY (Beauce): Je voudrais faire remarquer que, si peut-être je
suis sur une glace extrêmement mince, j'ai crainte que le gouvernement
soit sous la glace et qu'il soit en train de se noyer.
M. BIENVENUE: Adopté.
M. SAINT-PIERRE : On va vous retrouver au printemps.
M. ROY (Beauce): Je voudrais simplement dire qu'en vertu de l'article
583, et je termine là-dessus mes observations, je n'ai pas l'intention
et je n'ai pas l'habitude de me répéter...
M. GAGNON: Ce n'est pas le gouvernement qui est dans l'eau, c'est le
ministre de l'Education.
M. ROY (Beauce): ... huit à dix fois. Il y a la composition des
commissions scolaires en vertu des mécanismes prévus par le
gouvernement. D'ailleurs c'est un mécanisme uniquement par la
représentation, en vertu du vote et en vertu de certaines dispositions
d'amendement que le gouvernement nous a amenées à l'effet qu'il y
aurait deux commissaires additionnels.
Il y a danger que les commissions scolaires et tous ceux qui seront
administrés par ces commissions scolaires, c'est-à-dire le
personnel enseignant, tous les services, autrement dit, qui dépendront
de la commission scolaire risquent, M. le Président, de fausser
complètement l'orientation que le gouvernement a l'intention de donner
et qu'il y a de très graves dangers, nous l'avons dit, sur le
côté linguistique et sur le côté confessionnel. En ce
qui nous concerne, je suis convaincu qu'après plus de 200 cents ans de
luttes héroïques que les Canadiens français ont
menées au Québec pour leurs écoles, en vertu du bill 28,
c'est tout simplement une abdication et un recul dans le passé.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Saint-Jacques.
M. CHARRON: M. le Président, quand, il y a quelques minutes, nous
avons abordé l'étude de l'article 583, la discussion s'est
surtout engagée sur le fait que l'amendement du ministre comportait la
création de commissaires infirmes qu'on a appelés des
observateurs et sur lesquels l'Assemblée a eu l'occasion de parler
longuement. Sauf que depuis quelques minutes, et c'est le premier
ministre lui-même qui a ouvert le débat nous avons
entrepris une discussion fort importante, celle de savoir quelle serait la
langue des commissaires mentionnés dans le premier alinéa de
l'article 583, la langue d'administration des commissions scolaires.
Aux questions répétées des députés du
Parti québécois ou des autres partis de l'Opposition, le vide des
réponses gouvernementales, en particulier celles du ministre, nous
oblige, M. le Président, à demander que la loi comporte de plus
amples précisions en ce domaine.
C'est pourquoi, M. le Président, pour être sûr que la
nouvelle structure respectera la majorité francophone comme elle
s'adapte à respecter la minorité anglophone, pour être
sûr également qu'il ne s'agit pas là d'un laisser-aller
administratif qui se fera bon gré mal gré d'une commission
scolaire à l'autre, pour être sûr qu'il ne se trouvera pas
un seul citoyen qui, majoritaire dans une commission scolaire, se trouverait
dépourvu et ne pourrait comprendre les travaux de la commission scolaire
qu'il a élue, je propose l'amendement suivant: "Que l'article 583 soit
amendé en y ajoutant l'alinéa suivant: "Le français est la
langue officielle de chaque commission scolaire; les avis, règlements,
résolu-
tions, procès-verbaux sont rédigés dans cette
langue".
M. le Président, si je dépose cet amendement, ce n'est en
aucun cas pour attaquer les droits de la minorité. C'est que nous sommes
convaincus, comme Montréalais, et nous le sommes encore plus
depuis que ce débat est ouvert, soit depuis il y a déjà
plusieurs mois, autour du projet de loi no 28 que, curieusement et
anormalement et colonialement, le groupe qui a besoin de sécurité
culturelle à Montréal, c'est la majorité.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Evidemment, on comprendra que nous ne
pouvons pas délibérer aussi longuement chaque fois que nous
sommes en face d'un nouvel amendement parce que nous risquerions de passer la
majeure partie de nos séances en délibérations, surtout
lorsqu'il s'agit d'amendements qui, à leur face même, semblent
correspondre à des décisions qui ont déjà
été rendues.
Il est évident qu'une première et, encore davantage, une
deuxième lecture de l'amendement proposé par le
député de Saint-Jacques démontrent très clairement
je ne reprendrai pas toute l'argumentation que j'ai tenue plus tôt
dans la soirée sur la question de l'introduction d'un nouveau principe
et établissent à l'évidence que cet amendement
introduit un nouveau principe dans le projet de loi, soit celui de
l'unilinguisme, alors qu'implicitement et même explicitement, tout le
projet de loi no 28 reconnaît les deux langues, puisqu'on parle
d'anglophones et de francophones.
Je ne peux évidemment pas accepter cet amendement qui, lui,
introduit le principe de l'unilinguisme dans le bill no 28.
C'est pourquoi je suis dans l'obligation de déclarer
immédiatement...
M. BURNS: Avant de rendre votre décision, M. le Président,
... S'il vous plaît, elle n'est pas rendue.
M. LE PRESIDENT: Strictement je pourrais déclarer qu'elle est
presque rendue, mais je vais pour être plus sûr de ma
décision écouter le député de
Maisonneuve.
M. BURNS: Je me réfère aux notes explicatives du projet de
loi no 28. "Ce projet de loi a pour objet de remplacer les municipalités
et commissions scolaires qui existent sur l'île de Montréal par
onze nouvelles municipalités scolaires et onze nouvelles commissions
scolaires dont les membres sont élus pour un mandat de trois ans selon
les mêmes modalités que ceux des commissions scolaires ayant
juridiction sur le reste du territoire du Québec ; toutefois, s'il
estime que la minorité francophone ou anglophone n'est pas
représentée au sein d'une commission scolaire par suite d'une
élection, le lieutenant-gouverneur en conseil pourra, sur là
recommandation du ministre, y nommer deux autres commissaires pour un mandat
d'une année après consultation des comités consultatif s
d'école de la minorité concernée. "
Je ne peux absolument pas comprendre votre référence au
problème de l'unilinguisme qui est la base, semble-t-il, de
l'éventuelle décision que vous rendrez, parce que vous nous avez
laissé entendre que c'était un gros problème, au fond, que
la motion du député de Saint-Jacques posait, le problème
étant que nous introduisions un nouveau principe dans le bill, le
nouveau principe si je vous ai bien compris étant
l'unilinguisme. M. le Président, ce n'est pas du tout et absolument pas
le principe ni l'objet de ce projet de loi, à savoir le
phénomène de langue ou non. Il s'agit et le titre de la
loi est une très bonne indication de la Loi concernant la
restructuration des commissions scolaires sur l'île de
Montréal.
C'est, je pense, au départ, le cadre qui nous est fixé par
le projet de loi. On nous dit: C'est par là qu'on s'en va. Par
là, c'est la restructuration des commissions scolaires de l'île de
Montréal. Or, qu'est-ce qui arrive avec l'amendement du
député de Saint-Jacques? On nous dit: Le français est la
langue officielle de chaque commission. Et on nous dit que dans les
procès-verbaux, etc, on devra l'utiliser.
Je ne vois strictement pas en quoi ceci puisse contredire les
dispositions de l'article 566, qui se lisent comme suit: "Un comité
plénier peut apporter n'importe quel amendement à un bill, pourvu
que cet amendement se rattache au sujet du bill". J'arrête là, je
vous soumets que ça se rattache drôlement au sujet du bill
puisque, justement dans le projet de loi, à l'article que nous
étudions actuellement, on nous parle et ce n'est pas moi qui en
ai parlé, c'est le projet de loi qui en parle de la
minorité francophone au anglophone.
Il est évidemment question d'un problème de langue. Il en
est tellement question que, même dans les amendements qu'a
apportés le ministre, il est question d'observateurs pour d'autres
minorités. Je continue la lecture de l'article 566: "... pourvu que cet
amendement se rattache au sujet du bill". Je ne pense pas, M. le
Président, que vous puissiez considérer irrecevable l'amendement
à cause de ça; "... ou soit conforme à des instructions
spéciales..." ça ne s'applique pas, il n'y en a pas eu; et enfin
"... qu'il ne soit ni incompatible...", et là-dessus je pense que c'est
ici que vous voulez tenter, si c'est votre intention de déclarer
l'amendement irrecevable, "... ni incompatible avec le principe qui a
été affirmé à la deuxième lecture, ni
contraire aux règles et ordres de la Chambre".
Quant à la fin, je ne pense pas que ça s'applique, "les
règles et ordres de la Chambre", à moins que vous ne me les
indiquiez, cela n'empêche pas le député de Saint-Jacques de
proposer son amendement à ce stade-ci.
Qu'est-ce qu'il nous reste? Il nous reste, selon l'article 566, la
possibilité tout simplement que vous déclariez cet amendement
incompatible avec le principe qui a été affirmé en
deuxième lecture.
Alors, je reviens à ce que je disais tantôt: Quel est-il,
ce principe?
Ce principe, c'est la restructuration scolaire sur l'île de
Montréal ou l'unification, plus particulièrement. Je ne vois pas
pourquoi on ne pourrait pas dire que le français est la langue
officielle de chaque commission scolaire. C'est même dans l'Acte de
l'Amérique du Nord britannique, M. le Président, encore une fois,
sauf erreur. Vous ne pourrez pas nous dire que nous ne pouvons pas vous
soumettre cet amendement.
M. SAINT-PIERRE: M. le Président...
M. BURNS: Une minute, je n'ai pas terminé.
M. SAINT-PIERRE: Vous n'avez pas terminé.
M. BURNS: Alors, M. le Président, au fond, je ne voudrais pas que
vous soyez complice d'un désir... Je ne vous accuse pas.
UNE VOIX: Cela s'en vient bien.
M. BURNS : Je parle au conditionnel. Avec tout le respect que j'ai pour
le poste...
M. CHARRON: Vous seriez involontairement complice, M. le
Président.
M. BURNS: ... que vous occupez, je ne voudrais pas que vous soyez
complice d'un désir, du côté ministériel, de ne pas
discuter certains problèmes.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Je voudrais faire une mise au point.
M. BURNS: Laissez-moi terminer, M. le Président. Je veux le dire
immédiatement: Ce n'est pas vers vous que je dirige ces remarques. Je
pense qu'il est essentiel que certaines choses se discutent ici. Entre autres,
cela est une des choses qui doivent être discutées ici; c'est
l'amorce de ce qui devrait être discuté ici. On aura sans doute
l'occasion de discuter également de problèmes semblables à
d'autres articles, mais, ici, je ne vois pas en vertu de quoi vous pouvez nous
dire qu'un amendement du type de celui présenté par le
député de Saint-Jacques peut être considéré
comme incompatible avec le bill, tel qu'il a été
présenté en deuxième lecture. C'est pour ça que je
vous soumets, avec tout le respect que j'ai pour vous, que cet amendement est
tout à fait compatible avec le principe du projet de loi.
M. LE PRESIDENT: Je voudrais faire immédiatement une mise au
point, vu que le député de Maisonneuve vient de dire qu'il ne
voudrait pas que je sois complice. Je voudrais rappeler, d'une façon
bien claire et bien explicite, que mon devoir, comme président du
comité, consiste, premièrement, à appliquer le
règlement au meilleur de ma connaissance; deuxièmement, à
protéger les droits et privilèges de chacun des membres de cette
Chambre.
Que si, dans les faits, cela ait pour conséquen-de me rendre
complice de quoi que ce soit, c'est possible. J'ajouterai même qu'il est
possible qu'en appliquant le règlement c'est une hypothèse
que je fais tel que je l'interprète, j'en arrive à des
conséquences qui peuvent être incompatibles avec mes
pensées profondes. Mais là n'est pas le problème. Je suis
ici strictement et uniquement pour appliquer le règlement et, puisque le
ministre de l'Education a manifesté le désir de parler sur la
recevabilité de la motion, je lui accorde la parole.
M. SAINT-PIERRE: M. le Président... M. BURNS : En vertu de
l'article 270... DES VOIX : A l'ordre !
M. BURNS: En vertu de l'article 270, M. le Président, que vous
connaissez très bien, je veux tout simplement...
M. LE PRESIDENT: Oui, oui.
M. BURNS: ... rectifier une chose. Est-ce que vous voulez le lire avant,
M. le Président? Quand je parle de complicité, ce n'est
évidemment pas dans le but de vous prêter des intentions.
M. BIENVENUE: C'est un compliment!
M. BURNS: Il n'y a aucune arrière-pensée en ce qui me
concerne. C'est un problème, de facto, et c'est peut-être un effet
du hasard et je m'en excuse.
M. GARNEAU: C'est de l'hypocrisie.
M. BURNS: Si vous avez pris cette remarque comme étant
personnellement dirigée contre vous, il n'y avait, en ce qui me
concerne, aucune intention. Si vous le pensez, je retire le mot "complice".
M. BIENVENUE : Le président l'a pris comme nous, comme un
compliment à sa personne !
M. LE PRESIDENT : Le ministre de l'Education, sur la recevabilité
de la motion.
M. SAINT-PIERRE : M. le Président, ce n'était pas mon
intention, sur l'article en question, de soulever un débat de
procédure, mais je pense qu'il est pertinent, puisque c'est
évident qu'à chaque article on va vouloir mettre de l'avant des
amendements qui vont toujours tourner autour du même point, de le vider
une fois pour toutes. En faisant mes remarques, je dois de nouveau vous
prévenir que ce n'est pas sur le fond du problème
suggéré.
Je n'ai rien, moi, contre le français comme langue officielle,
mais j'en ai dans mes remarques sur la recevabilité d'une telle motion
dans le cadre du débat du projet de loi no 28.
M. le Président, inutile pour moi de rappeler l'article 566, en
particulier la note b) où, très clairement, il est dit que le
comité ne peut mettre de l'avant des amendements qui vont contre les
principes qui ont été approuvés dans le débat de
deuxième lecture. Or, tous les partis d'Opposition, M. le
Président, ont été d'accord au débat de
deuxième lecture qu'il était trop simpliste de considérer
que dans le projet de loi no 28 il n'y a qu'un seul principe, à savoir
l'unification des commissions scolaires.
D'ailleurs, soit au niveau des thèmes, soit au niveau des
interventions des députés, on a vu plusieurs principes:
démocratisation des structures scolaires, participation des parents et
on pourrait nommer huit ou neuf principes qui ont été
retrouvés.
M. le Président, il est peut-être intéressant de
noter qu'il y a des gens qui ont eu à voter en deuxième lecture
et ont eu à prouver dans leurs gestes, dans leur vote, les principes qui
avaient été mis de l'avant dans la législation du
gouvernement. Vous allez me permettre très brièvement de dire que
ces principes, M. le Président, on ne peut les retrouver dans les
interventions en dehors de la Chambre ou dans les souhaits secrets de partis
d'Opposition.
M. BURNS: M. le Président, est-ce que le ministre est
actuellement en train de parler sur la question de recevabilité?
M. SAINT-PIERRE: Oui, M. le Président.
M. BURNS: Ou bien tente-t-il de réfuter certains arguments qui
lui ont été servis?
M. SAINT-PIERRE: Non, M. le Président. Je veux même donner
le plan de mon intervention. D'une première page, je vais citer,
à partir de mon texte de deuxième lecture, certains principes que
j'ai énoncés et qui ont précédé le vote pris
en deuxième lecture. Je ne mentionnerai pas tout mon texte de
deuxième lecture, je vais m'en tenir uniquement à mes
interventions de deuxième lecture qui ont une relation directe avec
l'amendement proposé par le Parti québécois. Par
après, je prouverai que dans le texte du projet de loi lui-même
non seulement dans mon intervention de deuxième lecture
mais dans le texte et plus particulièrement à l'article 586, nous
avions relié à ceci une disposition touchant justement l'avis,
les règlements, les résolutions et les procès-verbaux. Il
y avait là une position du gouvernement sur la situation devant
prévaloir sur l'île de Montréal. Or, l'ensemble des
députés de cette Chambre s'est prononcé après le
texte de deuxième lecture en faveur de ce principe.
M. le Président, je prouverai par après d'une façon
assez évidente que le principe qui était en deuxième
lecture vient en contradiction directe avec le nouveau principe que
l'amendement veut mettre de l'avant. Je pense que mon plan vaut
parfaitement.
M. le Président, il y a dans le journal des Débats, le
jeudi 2 décembre, dans mon intervention de deuxième lecture,
quelques points et j'en souligne quelques autres. Mais, encore une fois, nous
nous attaquons uniquement à la recevabilité, je ne veux pas
discuter du fond ou du bien-fondé, il y a bien des choses
intéressantes à discuter au Québec mais ce soir on doit
discuter du projet de loi no 28 et non pas de tous les problèmes qui
peuvent toucher cette province.
M. le Président, à la page 4603, dans une intervention
où je parlais de la question linguistique, je disais en particulier: Si
le gouvernement veut légiférer sur la langue, il le fera
globalement et en dehors du projet de loi no 28. Je disais que d'ailleurs,
compte tenu que les commissions scolaires seraient constituées d'ici
1975 on se rend bien compte que le gouvernement a amplement le temps d'apporter
sur l'ensemble de la question linguistique les modifications qu'il pourrait
juger à propos et qui pourraient influencer le comportement des
nouvelles commissions scolaires. C'est donc le sens de l'amendement.
Un peu plus loin, M. le Président, à la page 4605
j'ajoutais: Le projet de loi no 28 tend à respecter dans les faits les
droits des anglophones et des francophones. H y a des gens ici qui m'ont
écouté dans cette Chambre et qui ont voté après en
deuxième lecture. Un peu plus loin, M. le Président, dans cette
intervention de deuxième lecture, j'ai dit: Sur le plan linguistique, le
gouvernement actuel ne peut pas inclure des clauses particulières qui ne
correspondent pas à l'esprit de la loi ou qui, par leur caractère
excessif, vont contre des droits fondamentaux. Le projet de loi no 28 doit
amener tous les Québécois de Montréal à mettre en
commun leur dynamisme. Il offre des garanties de progrès, de
conservation dans un partage qui nous semble réaliste. Il maintient des
droits confessionnels et linguistiques et crée de nouveaux
mécanismes de répartition des richesses et d'élection.
M. le Président, à la page 4608, vers la fin de mon
intervention, je disais: Je pense que l'objectif même du projet de loi no
28, la commission scolaire unifiée, par les mécanismes qui y sont
prévus, ses garanties linguistiques nombreuses, ses garanties sur le
plan de la confessionnalité qui correspondent à un nombre
considérable de recommandations du comité catholique, etc.
Donc, dans l'intervention de deuxième lecture, il y a des
principes qui touchent la question de la langue et la position du gouvernement
y est établie clairement. Or, M. le Président, à l'article
586 et je regrette qu'on soit entrafné dans le débat
je dois, je pense, faire intervenir cet article-là pour montrer
justement qu'il y
avait dans le dépôt du projet de loi en deuxième
lecture une position, un principe pris sur la question linguistique que veut
soulever le député de Maisonnneuve.
En effet, M. le Président, à l'article 586, on disait et
on dit encore que les articles 266 à 270 sont exclus de même que
les articles 312 à 318.
Donc, inclus et appliqué au projet de loi no 28 et la
restructuration scolaire sur l'île de Montréal, il y avait
l'article 301 de la Loi de l'instruction publique. Que dit, M. le
Président, cet article 301? Il est tellement pertinent, compte tenu ce
qui est proposé comme amendement, que je me sens obligé de le
lire textuellement: "Tout avis public peut être rédigé soit
dans la langue française ou dans la langue anglaise, soit dans ces deux
langues, selon que le décrète, par résolution, la
commission scolaire, mais aucun avis ne peut être publié à
la fois en français et en anglais dans un journal imprimé dans
une seule de ces deux langues." Donc, sur l'article 301, sur la question des
avis et l'on voit "Avis, règlements, résolutions"
il y avait un principe que nous retrouvons dans l'article 301 de notre Loi de
l'instruction publique.
D'ailleurs, M. le Président, vous me permettrez, puisqu'on fait
appel à la jurisprudence, d'invoquer je n'ai pas beaucoup
d'expérience parlementaire, je vais m'en limiter à des exemples
récents le journal des Débats du jeudi 3 décembre
1970. Nous avions eu, M. le Président, à cette occasion, un
amendement analogue qui, chose surprenante...
M. BURNS: Je me demande pourquoi nous ramener au 3 décembre 1970;
nous discutons de la recevabilité.
M. SAINT-PIERRE: M. le Président...
M. BURNS: M. le Président, il ne faut quand même pas
prendre des vessies pour des lanternes. Si le ministre veut essayer de nous
expliquer pourquoi tantôt il va entrer sous le tapis pour éviter
de discuter du bill 63, ce n'est pas ma faute.
DES VOIX: A l'ordre!
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Maisonneuve a une
trop grande expérience juridique et des connaissances trop
solides...
M. BURNS: C'est justement pourquoi je n'accepte pas ça.
M. LE PRESIDENT : ... pour ne pas savoir qu'à un moment
donné, soit devant les tribunaux ou devant cette Chambre, il est permis
de citer de la jurisprudence, quelle que soit la date. On remonte parfois
à des siècles. Le ministre de l'Education a un volume dans lequel
il parle d'une date quelconque; il faudrait quand même attendre pour
savoir si ce qu'il veut citer est vraiment conforme au problème qui est
devant nous. Lorsqu'il sera plus avancé dans sa citation, il nous sera
permis à ce moment-là de décider si ce qu'il lit a quelque
pertinence avec la recevabilité de la présente motion.
Jusqu'à maintenant, il n'y a rien qui peut me permettre, ni au
député de Maisonneuve, de juger que les propos du ministre de
l'Education ne sont pas pertinents.
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, je me réfère au
journal des Débats du jeudi 3 décembre 1970, et je vais
établir la pertinence; c'est qu'au cours de la discussion sur la
création du ministère des Affaires sociales le
député de Bourget avait proposé en comité
plénier comme nous nous retrouvons aujourd'hui un
amendement qui touchait à la responsabilité prioritaire du
Québec dans la conception et la mise en oeuvre des politiques en
matière de santé, de services sociaux et de
sécurité du revenu.
Et justement, M. le Président, les pages 2002 et suivantes du
journal des Débats du 3 décembre 1970 touchent un problème
analogue à celui d'aujourd'hui. En comité plénier,
l'Opposition a tenté de mettre de l'avant un amendement, et la
discussion dans ces pages concerne exactement les mêmes points que nous
soulevons aujourd'hui, à savoir que le parti ministériel, avec
vigueur comme à l'accoutumée, a prouvé que...
UNE VOIX: Est-ce que c'est marqué, ça?
M. SAINT-PIERRE: Non, ce n'est pas marqué dans le journal des
Débats. C'est dans les faits, c'est évident. A prouvé que
l'amendement suggéré par le député de Bourget
allait à l'encontre du principe contenu dans le projet de loi. Et,
à cette occasion, le président, représenté par le
député de Taillon, dans une décision fort
élaborée,...
M. BURNS: C'est loin d'être une autorité.
M. SAINT-PIERRE: ... très précise, avait
établi...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. SAINT-PIERRE: ... et je le cite: "De plus, je me demande si en
deuxième lecture cet amendement avait été inclus dans le
bill certains députés qui ont voté en deuxième
lecture en faveur du bill auraient voté de la même façon si
ce nouveau principe avait été inclus dans le bill. En
conséquence, je juge que cet amendement dépasse le principe
établi par lé bill en deuxième lecture et je le
déclare irrécevable." M. le Président, je résume
simplement, je dis qu'en débat de deuxième lecture, et je l'ai
mentionné par des citations du journal des Débats, il a
été clairement établi que le principe sur le plan
linguistique était l'existence de l'article 301, la
reconnaissance de droit linguistique tel qu'il existait.
Je prétends et je soumets à votre considération, M.
le Président, que l'amendement proposé par le
député de Saint-Jacques est irrecevable parce qu'il va à
l'encontre des principes que nous avons acceptés en deuxième
lecture, et qu'en vertu de l'article 566 de nos règlements, l'amendement
devrait être déclaré irrecevable.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Matane, ministre
d'Etat aux Finances et leader adjoint.
M. BIENVENUE: Sous réserve de ce que vient de dire l'honorable
ministre de l'Education, j'ai hésité à me lever sur cette
question de règlement, parce que je trouve presque indécent de le
faire. Je m'explique, M. le Président. Votre décision
était, à toutes fins pratiques, rendue. Vous aviez
énuméré tous les considérants, tous les motifs de
votre décision et vous étiez à dire: et c'est pourquoi.
Par un excès probablement de bonté de votre part, M. le
Président, vous avez permis au député de Maisonneuve
d'intervenir à nouveau au moment où vous rendiez votre
décision. Quoi qu'il en soit, le député de Maisonneuve, en
ce faisant, a invoqué l'article 566 qui se lit comme suit, en ce qui
concerne la présente question de règlement: "Un comité
plénier peut apporter n'importe quel amendement à un bill public
pourvu que cet amendement se rattache au sujet du bill..." J'arrête
là pour les fins de la discussion.
M. le Président, le principe du bill, le député de
Maisonneuve l'a lu et je le lis après lui et c'est assez clair.
D'ailleurs, la loi s'intitule Loi concernant la restructuration des commissions
scolaires sur l'île de Montréal, et le principe du bill et les
notes explicatives disent, et je lis :"Ce projet a pour objet de remplacer les
municipalités et commissions scolaires qui existent sur l'île de
Montréal par onze nouvelles municipalités scolaires et onze
nouvelles commissions scolaires dont les membres sont élus pour un
mandat de trois ans selon les mêmes modalités que ceux des
commissions scolaires ayant juridiction sur le reste du territoire du
Québec; toutefois s'il estime que la minorité francophone ou
anglophone n'est pas représentée au sein d'une commission
scolaire par suite d'une élection, le lieutenant-gouverneur en conseil
pourra, sur la recommandation du ministre, y nommer deux autres commissaires
pour un mandat d'une année après consultation, etc."
M. le Président, je vous soumets respectueusement que les
principes ou le principe que l'on recherche, que l'on retrouve dans le bill que
nous étudions présentement, le bill 28, a trait à la
restructuration, à la fusion ou à l'unification, si l'on veut,
des commissions scolaires, à leur composition, au mode d'élection
des commissaires, etc. Nulle part, de près ou de loin, est-il question
de rendre obligatoire, de rendre impérative, de rendre officielle une
langue ou l'autre.
C'est absolument nouveau. C'est absolument neuf. Cela n'a rien à
voir avec le but recherché par le bill. D'autres l'ont dit avant moi. Le
premier ministre l'a dit avant moi. Le ministre de l'Education l'a dit avant
moi. Dans d'autres projets de loi éventuels, on pourra traiter de
langue, que ce soit langue de travail, langue en éducation, langue au
Québec, mais nulle part dans le présent bill est-il question de
cela, dans les principes ou dans le principe qui est celui de la
restructuration.
C'est tellement vrai que, si l'on admettait ce principe d'une langue,
quelle qu'elle soit, officielle et obligatoire dans les commissions scolaires
de l'île de Montréal, c'est tout ce que l'on retiendrait, c'est ce
qui ferait les manchettes, c'est tout ce que l'on retiendrait de ce bill 28,
dont la restructuration, l'unification, la composition deviendraient choses
secondaires. On retiendrait que les commissions scolaires sont devenues
impérativement ou impérieusement ou officiellement
françaises à Montréal. C'est absolument ajouter un
principe nouveau qui n'a rien à voir avec le but recherché par le
bill. Pour cette raison, je vous demande, M. le Président, de
déclarer l'amendement absolument irrecevable.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'on peut me laisser dire un mot?
M. LEGER : Ne rendez pas votre jugement tout de suite.
M. BURNS: M. le Président, il y a des choses qui ont
été dites et qui méritent d'être
relevées.
M. LE PRESIDENT: Le règlement est très explicite, et il
dit bien que...
M. BURNS: Il y a des faussetés qui ont été dites.
Cela mérite d'être relevé.
DES VOIX: A l'ordre!
M. LE PRESIDENT: Je vais tenter de faire l'impossible pour satisfaire
l'anxiété, l'inquiétude bien légitime et les
interrogations du député de Maisonneuve, comme des autres membres
du comité. La discussion sur un point de règlement le
règlement est très clair là-dessus n'a pas pour but
de permettre à tous les députés d'exprimer leur opinion.
Je pense qu'encore ici c'est bien logique. On a beau en dire bien des choses,
il y a quand même une certaine cohérence dans notre
règlement. Si on permettait, à l'occasion d'une discussion d'un
point de règlement, à tous les députés de
s'exprimer, il arriverait que l'on consacrerait plus de temps à la
discussion des points de règlement qu'à la discussion de la
substance des lois ou des articles de loi. C'est pourquoi le règlement,
à juste titre, je pense, reconnaît que, lorsque le
président des comités ou le président de la Chambre
considère qu'il est suffisamment
éclairé par les propos que les députés ont
tenus, il peut de lui-même rendre une décision.
J'était si bien éclairé sur la question que,
dès la lecture de l'amendement du député de Saint-Jacques,
j'était prêt à prononcer ma décision. Maintenant,
j'ai voulu, dans un dernier doute, un dernier scrupule, entendre les
éclaircissements que les députés pouvaient me
donner...
M. LEGER: Deux libéraux et un péquiste!
M. LE PRESIDENT (Hardy): ... en particulier, le député de
Maisonneuve qui, je pense, encore une fois, avec ses connaissances juridiques,
a sûrement fait un tour assez complet de la question. Par la suite, le
ministre de l'Education et le leader adjoint du gouvernement ont
également exprimé des opinions. Je dois avouer que les opinions
que j'ai entendues n'ont fait que m'ancrer davantage dans la décision
que j'avais déjà commencé à rendre. Si le
député de Maisonneuve a des choses à rectifier, s'il y a
des choses fausses qui ont été dites, je lui accorderai
volontiers le droit de parole par la suite.
Comme je pense que c'est mon devoir, parce qu'encore une fois je ne peux
pas permettre que l'on accorde plus de temps à discuter des points de
règlement que des articles mêmes du projet de loi; c'est aller
à l'encontre du règlement, je dois donc déclarer,
premièrement là, je réfère à ce que
j'ai dit dans une décision antérieure donnée ce soir
qu'on ne peut pas introduire un nouveau principe dans un projet de loi
à l'occasion d'un amendement en comité plénier. De
nouveau, je réfère tous les membres du comité à
May, 13e édition, page 404, au bas de la page. Pour moi, c'est d'une
clarté évidente qu'on ne peut pas introduire un nouveau
principe.
Dans le cas de l'amendement qui est devant nous, non seulement on
introduit un nouveau principe, mais je continue à maintenir que l'on
introduit un principe incompatible avec l'un des principes qui est dans le
projet de loi 28 à l'heure actuelle. Ce principe, je l'avais
mentionné tantôt, c'est que l'on reconnaissait la
réalité je pense qu'on peut admettre ça
anglophone et la réalité francophone, en particulier à
l'article 583. On la reconnaît également à l'article 586 en
disant implicitement que l'article 301 de la Loi de l'instruction publique
s'applique. Donc, je pense qu'on ne peut qu'admettre que l'un des principes de
ce projet de loi 28, c'est de reconnaître juridiquement la
réalité anglophone et la réalité francophone.
Or, lorsqu'un amendement je n'ai plus le texte devant moi que la
langue officielle sera le français, que les avis, règlements,
résolutions, procès-verbaux seront rédigés dans
cette langue, je ne peux pas voir comment la discussion que je viens
d'entendre, encore une fois, me l'a confirmé l'on peut
prétendre que ce qui est le principe qui sous-tend cet amendement ne va
pas directement à l'encontre d'un autre principe qui est
déjà contenu dans le projet de loi no 28.
Je maintiens donc ma décision à l'effet que le
sous-amendement de l'honorable député de Saint-Jacques est
irrecevable.
Si le député de Maisonneuve a des faits à
rectifier, je suis prêt à l'écouter, mais quant à la
décision, elle est rendue.
DES VOIX: Adopté.
M. BURNS: M. le Président, je veux tout simplement
rétablir des faits, peut-être pas pour ce débat-ci parce
que votre décision est rendue et je n'ai pas à la contester, mais
je présume que, peut-être à certaines autres occasions de
la discussion du projet de loi no 28, le ministre de l'Education nous reviendra
en nous disant que le projet de loi, comme il l'a dit...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, à l'ordre!
M. BURNS: J'y arrive, M. le Président. On rectifiera quand ce
sera le temps.
M. LE PRESIDENT: J'inviterais le député de Maisonneuve
à m'aider un petit peu.
M. BURNS: Oui, je vous aide, M. le Président. Je m'assois. On
fera cela quand ce sera le temps.
M. LE PRESIDENT: Oui, parce qu'on ne peut pas présumer des
décisions à venir. Moi, je ne peux pas présumer,
d'abord...
M. BURNS: Sauf que moi, je peux vous dire ce qui va arriver comme
amendement tantôt.
M. LE PRESIDENT: Je ne peux présumer de ce que les
députés vont faire et je ne peux présumer des
décisions.
M. BIENVENUE: Le président est debout! M. LE PRESIDENT: Article
583, adopté? M. LEGER: M. le Président...
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Lafontaine.
M. LEGER: M. le Président, je me soumets à la
décision du président. Mais, je voudrais quand même
présenter un autre amendement à l'article 583, pour les raisons
suivantes.
UNE VOIX: Obstruction!
M. LESSARD: Ne vous énervez pas! Nous avons le temps.
M. LEGER: M. le Président, je me réfère à un
autre projet de loi pour lequel on avait suivi le même processus que
celui-ci. Je me réfère au
projet de loi no 45. Je donne cet exemple qui explique pourquoi je
présente celui-ci dans le même contexte.
Dans le projet de loi no 45, M. le Président, il n'y avait aucune
directive précise concernant les communications entre les consommateurs
et les commerçants ou les industriels qui vendaient des produits
à leurs clients. Il n'y avait pas de directives précises
concernant la langue du contrat. Et, M. le Président, le projet de loi
avait comme principe la protection du consommateur et le ministre a eu
l'objectivité d'accepter un amendement que nous avions proposé
qui était la langue de contrat, et la langue du contrat était la
langue française. Par la suite il y avait, pour ceux qui le demandaient,
des contrats en anglais.
M. le Président, dans l'article 583, il est
précisément question, au premier alinéa, qu'il y a quinze
commissaires et qu'il y aurait, par définition, deux nominations
provenant de groupes différents de la majorité. Puisque le
gouvernement se réserve la possibilité de nommer deux personnes
représentant des minorités linguistiques, il faut
nécessairement qu'il y ait, comme dans le bill 45, une
possibilité ou des prévisions de communication entre les
personnes.
C'est la raison pour laquelle, M. le Président, je pense que
l'amendement que je proposerais serait du même type que l'amendement qui
a été proposé à la Loi de la protection du
consommateur, à la suite de nos représentations, et qui avait
été accepté par le ministre. Cet amendement ne changeait
pas le principe du bill. C'est la raison pour laquelle l'amendement que je
présente est le suivant: "Que l'article 583 soit amendé en y
ajoutant l'alinéa suivant: "Le français est la langue officielle
de chaque commission scolaire. Les avis, règlements, résolutions,
procès-verbaux sont rédigés dans cette langue. Si la
majorité des commissaires élus sont de langue anglaise, ils sont
aussi rédigés en anglais". C'est le même principe qui a
été présenté dans le bill 45 et cela avait
été accepté.
M. TETLEY: M. le Président, je voudrais rétablir un peu
les faits en répondant à la motion de l'honorable
député de Lafontaine. Elle n'est pas recevable, à mon
avis.
M. BURNS: M. le Président, le ministre est en train de parler sur
la motion.
M. TETLEY: Je voudrais tout simplement dire qu'elle n'est pas
recevable.
M. BIENVENUE: Le ministre parle sur la recevabilité.
M. LE PRESIDENT: Alors, je pense que nous ne perdrons pas de temps.
M. LAURIN: Nous allons parler sur la recevabilité.
M. LE PRESIDENT: Pendant le temps où je vais étudier et
relire la motion, s'il y a un député, que ce soit le ministre des
Institutions financières ou un autre député, qui veut
parler contre la recevabilité de la motion, on fera d'une pierre deux
coups. Pendant que j'étudie, j'écoute en même temps. On
épargne du temps.
M. LEGER: Je pense que le président voulait dire pour et
contre.
M. TETLEY: M. le Président, je ne crois pas que l'amendement soit
recevable, parce que, dans le bill no 45, il y avait déjà le
principe de la langue. On avait parlé de la langue.
M. LEGER: C'est faux!
M. TETLEY: Le bill présenté par l'honorable
député d'Outremont contenait le principe de la langue dans
l'article 4, et dans le bill que j'ai présenté en 1971
parce qu'il avait présenté son bill en 1970 j'ai
modifié l'article en première lecture lorsque je l'ai
déposé. Et il n'a pas été modifié en
troisième ou en deuxième lectures. Le principe existait. Ce que
vous voulez faire aujourd'hui ou ce soir, c'est de modifier et ajouter tout un
principe de langue. C'est pourquoi je crois que vous avez tort et que vous
modifiez ici le grand principe du bill.
M. LEGER: M. le Président, je dois quand même reprendre le
ministre qui vient de parler. Le principe du bill des consommateurs
n'était pas sur la langue, il était sur la protection du
consommateur dans une quantité de situations. Si on a ajouté un
amendement sur une langue officielle de communications, c'était quelque
chose de nouveau, mais ça ne changeait pas le principe, puisque le
principe du bill des consommateurs ne touchait absolument pas la langue. La
langue a été un article supplémentaire et ce n'est pas un
principe de plus qui y est ajouté.
C'est le même cas qui se présente aujourd'hui. C'est le
principe des communications, mais ça ne change absolument pas le
principe général, ça ne contredit pas, tel que le dit
l'article 566, le principe de l'unification et de la restructuration
scolaire.
M. LAURIN: Parlant sur la recevabilité, M. le Président,
il reste, pour répondre encore une fois au ministre des Institutions
financières, que cet amendement a été accepté, ce
qui montre bien qu'il ne contrevenait pas au principe qui était selon le
ministre inclus dans le projet de loi.
M. TETLEY: Il n'y avait aucun... M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LAURIN: Si l'amendement était accepté, cela veut dire
qu'il ne contrevenait pas à la politique du ministère. Autrement,
il n'aurait pas été accepté.
Par ailleurs, je pense qu'il est faux d'appeler principe n'importe quoi.
Après tout, un projet de loi a un certain nombre de principes. Je suis
bien prêt à admettre qu'il y en a peut-être deux, trois ou
quatre, mais on ne peut pas étendre indéfiniment comme un
accordéon le nombre des principes que contient un projet de loi. Je ne
pense pas que je sois prêt à aller aussi loin que le ministre et
à déclarer ex cathedra que telle ou telle chose qu'il a dite dans
son intervention de deuxième lecture constitue un principe infrangible
du projet de loi.
Parce que, encore une fois, l'amendement que nous présentons, et
qui est plus dans la ligne de la pensée du parti ministériel, est
moins radical, va quand même dans le sens d'un grand nombre des remarques
que le ministre a faites quand il a parlé sur la non-recevabilité
de l'amendement, puisqu'il a dit et nous a rappelé qu'au cours de son
intervention de deuxième lecture, il a parlé des droits de la
minorité anglophone.
Précisément, le sens de notre amendement va dans le sens
du respect de cette minorité anglophone. Par ailleurs, lorsque nous
présentons un amendement sur la langue de travail à
l'intérieur des commissions scolaires, nous ne présentons pas un
amendement sur la langue générale à l'école,
d'ailleurs le président nous a interdit de le faire puisque tout
à l'heure on a fermé le corridor qui a été ouvert
durant quelque temps.
C'est simplement un problème concret, un problème
technique qu'il faut régler et non pas un problème de principe
dans lequel on doit s'engager. D'ailleurs, étant donné que
l'amendement qu'on présente traite aussi bien d'une langue que de
l'autre, on ne peut pas dire qu'il contrevient à ce principe
sacré du bilinguisme dont parlait le ministre tout à l'heure. Je
suis bien d'accord par ailleurs que le ministre nous cite l'article 301 de la
Loi de l'instruction publique, mais il faut bien se rendre compte que cet
article 301 s'appliquait à un système bien différent de
celui que va instituer la loi no 28. Il s'appliquait à un système
d'écoles séparées, puisque le Protestant School Board, par
exemple, avait son propre système, et qu'à l'intérieur
même de la Commission des écoles catholiques de Montréal,
il y avait un système français et un système anglais.
C'est une situation bien différente, précisément à
cause du nouveau principe de l'unification qu'introduit la loi no 28.
Il faut donc prévoir pour une nouvelle structure, une nouvelle
façon de communiquer, de faire des avis, de faire des directives, de
faire des procès-verbaux. C'est précisément le sens de
notre amendement qui vient préciser, qui vient compléter
l'article 301 de la Loi de l'instruction publique.
M. SAINT-PIERRE: Le contredire?
M. LAURIN : Non, pas le contredire. Il vient justement préciser
quelle sera la langue de travail dans ces commissions-là. Cet amendement
ne touche pas au principe dont parlait tout à l'heure le ministre,
c'est-à-dire le respect du droit des minorités.
Deuxièmement c'est un problème technique, qui est un
problème concret et que l'on retrouve ailleurs dans une autre loi qui a
été adoptée par le même gouvernement, il n'y a pas
si longtemps. Cela démontre bien que cet amendement ne peut pas
être déclaré irrecevable.
Et, par ailleurs, si le gouvernement voulait s'entêter dans cette
direction, il montrerait justement qu'il ne veut pas discuter le fond encore
une fois, qu'il veut se réfugier derrière le règlement,
derrière la règle pour ne pas être accusé de vouloir
contrevenir aux droits de la majorité.
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, j'invoque le
règlement.
M. LE PRESIDENT: Le ministre de l'Education invoque le
règlement.
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, est-ce qu'il faut rappeler les
paroles qui ont déjà été mentionnées dans
cette Chambre, que les mauvaises intentions c'est comme l'argent, pour en
prêter aux autres il faut en avoir.
M. LEGER: Continuez la politique de l'autruche.
M. BURNS: Vous ne discutez pas des vrais problèmes, c'est
ça, parfait.
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, est-ce que vous avez fini
là-bas?
M. LESSARD: Rampez! Rampez! M. BURNS: En dessous du tapis! M. LESSARD:
L'aplaventrisme!
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, j'invoque le
règlement.
M. BURNS: On n'est pas capable de discuter des vrais problèmes,
c'est ça le problème.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je pense qu'avec la collaboration de tous
les membres du comité nous avons eu vraiment un exemple parfait de sain
parlementarisme pendant toute la journée. Il ne faudrait pas qu'au cours
des quinze dernières minutes on gâte tout ce qui s'est accompli,
je ne dis pas en substance...
M. BURNS: Ce qu'on veut, M. le Président, c'est que les gens
sachent bien qu'ils ne veulent pas en discuter du vrai problème.
M. LE PRESIDENT: Je pense que, quant à
la forme, nous avons eu toute la journée des discussions qui ont
respecté le décorum, qui a respecté ce qu'un sain
parlementarisme doit observer. J'inviterais les honorables membres à
continuer dans cette ligne puisqu'il ne reste plus que quinze minutes pour la
fin de la séance.
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, je pense...
M. BURNS : Il n'y a pas de problème.
M. BIENVENUE : Est-ce que je peux parler sans déranger
personne?
M. SAINT-PIERRE: J'espère que le député de Bourget
est allé chercher des médicaments.
M. BURNS: J'invoque le règlement, ça ne sert à
rien.
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, à deux reprises
et encore récemment le député a laissé
entendre que le gouvernement ne voulait pas avoir un débat de fond sur
la question linguistique. Or, c'est archifaux, vous me permettrez de corriger
ce qui a été dit...
M. LEGER : On va le voir!
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, en dehors des problèmes
linguistiques on pourrait évoquer toute une série de mesures,
politique des achats dans les commissions scolaires, politique
d'investissements, politique d'assurance. M. le Président, on pourrait
évoquer la politique des questions agricoles. On pourrait parler de
l'enseignement agricole mais ce n'est pas la place dans le projet de loi no 28
de discuter de ces choses-là.
M. LEGER: Cela fait mal.
M. SAINT-PIERRE: Le projet de loi no 28, c'est une restructuration
scolaire. La preuve qu'on ne veut pas éviter des débats de fond
et que sur d'autres questions on s'y penche, c'est que le gouvernement s'est
senti obligé de déposer deux autres mesures législatives,
dans le domaine scolaire, qui touchent l'île de Montréal, mais il
ne le fait pas par le biais d'amendements parce que c'est contraire aux
principes qu'on a eus en deuxième lecture.
M. BIENVENUE: M. le Président, sur la recevabilité de
cette nouvelle motion d'amendement et toujours sous réserve de ce que
vient de dire mon collègue, le ministre de l'Education, il est manifeste
que le député qui vient de proposer cet amendement n'a rien
compris à votre décision sur la dernière motion
d'amendement.
Tout ce que ce nouvel amendement veut suggérer de
différent de l'amendement précédent, c'est ce qui suit
dans les deux cas, ce serait toujours une langue officielle au niveau
administratif dans les commissions scolaires que, dans le cas où
les commissaires seraient en majorité d'une langue différente, il
y ait traduction des documents. C'est tout ce que ça propose de
différent, M. le Président, vous avez le texte devant vous. On en
revient à l'argumentation sur laquelle vous avez appuyé votre
décision précédente, à savoir que rendre une
langue, quelle qu'elle soit impérative, obligatoire et officielle dans
le texte du projet de loi 28 qui n'a pour but que la restructuration des
commissions scolaires, c'est ajouter un principe nouveau. Le fait que l'on
ajoute cette subtilité, si on peut l'appeler ainsi, de la traduction
dans le cas d'une majorité linguistique d'un autre groupe, cela ne
change rien à votre décision et je vous demande de
déclarer l'amendement irrecevable aussi vite...
M. LEGER: Vous n'avez pas honte?
M. BIENVENUE: Non, je n'ai pas honte! Que le député ne me
parle pas de honte, surtout, et me laisse terminer.
M. LEGER: Je vous parle de honte. Vous n'avez pas honte de ne pas
vouloir laisser passer un minimum d'amendement comme ça? C'est de
l'entêtement.
M. BIENVENUE: Que le député me laisse terminer. Je n'ai
pas la réputation en cette Chambre d'avoir déjà interrompu
qui que ce soit, jamais depuis cinq ans que je suis député, et je
ne me laisserai pas interrompre. Cela va beaucoup mieux lorsqu'un opinant parle
à la fois dans cette Chambre. On se comprend beaucoup mieux.
M. LEGER: Vous étiez assis.
M. BIENVENUE: Non, je n'étais pas assis; je suis encore
debout.
J'en profiterai, M. le Président pour vous faire remarquer que la
députation ministérielle n'a pas retardé trop les
débats sur l'article 583 depuis le début de la
journée.
M. JORON: M. le Président, sur la recevabilité de la
motion. Vous avez rendu une décision tout à l'heure
même si nous ne partageons pas nécessairement le bien-fondé
de cette décision en invoquant le fait que l'un des principes
inclus dans le projet de loi était la reconnaissance d'une
dualité linguistique que l'on constatait et que le projet de loi devait
maintenir. En ce sens, vous disiez que cette dualité-là
n'était pas reconnue par l'amendement que vous avez
déclaré irrecevable tout à l'heure.
Mais, dans celui-ci, M. le Président, je vous soumets que cette
dualité est reconnue par le fait même que l'amendement
prévoit que, dans les cas justement où une majorité est
anglophone dans une commission scolaire à ce mo-
ment-là, il ne s'agit pas d'une traduction; l'amendement ne parle
pas de traduction il y a deux textes qui ont une valeur officielle aussi
bien l'un que l'autre. Ce n'est pas une traduction. Je vous soumets que
l'amendement dont nous discutons la recevabilité inclut ce principe que
vous avez évoqué tout à l'heure de la reconnaissance de la
dualité linguistique.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Je pense que je suis prêt à rendre
ma décision sur la recevabilité de la motion. Je l'étais
déjà, il y a quelque temps, mais, encore une fois, pour
être plus sûr, j'ai bien voulu écouter les
représentations des différents membres du comité.
Il me paraît évident qu'en disant, et pour le
bénéfice de tous les membres du comité, je cite
textuellement l'amendement: "Le français est langue officielle de chaque
commission scolaire, les avis, règlements, résolutions,
procès-verbaux sont rédigés dans cette langue. Si la
majorité des commissaires élus est de langue anglaise, ils sont
aussi rédigés en anglais."
Evidemment, si l'on admet que reconnaître dans une loi une langue
comme officielle n'est pas un principe, il est évident que l'on ne peut
pas dire que c'est un nouveau principe. Mais, personnellement, je ne peux pas
admettre cette prétention. Je considère que quand une loi
reconnaît une langue comme officielle, c'est un principe qui est reconnu
dans cette loi. Je continue à maintenir que, jusqu'à maintenant,
on ne m'a pas convaincu...
M. BURNS: M. le Président, incompatible. M. SHANKS: A
l'ordre!
M. LE PRESIDENT: ... d'abord que ce principe était
déjà dans la loi et, encore une fois, je rappelle le
député de Maisonneuve...
M. BURNS: Ce n'est pas ça, M. le Président. Est-ce que
c'est incompatible? C'est la question.
M. BIENVENUE: Les règlements, M. le Président.
DES VOIX: A l'ordre!
M. BURNS: L'article 566, incompatible avec le projet de loi, voyons
donc!
M. LE PRESIDENT: J'invite l'honorable député de
Maisonneuve, encore une fois, à relire attentivement...
M. BURNS: ... règlements, c'est incompatible.
M. LE PRESIDENT: Il y a les règlements et il y a aussi les
auteurs.
M. BURNS: C'est d'abord, M. le Président, le
règlement.
DES VOIX: A l'ordre!
M. LE PRESIDENT: Et, deuxièmement, je continue à maintenir
que tout le projet de loi no 28, à cause en particulier de l'article
583, de l'article 586 qui se réfèrent à la Loi de
l'instruction publique, toute l'économie du projet de loi no 28 refuse
d'admettre la priorité d'une langue sur l'autre. C'est le principe qui
est dans le projet de loi no 28 et nous sommes présentement à
étudier le projet de loi no 28. Je déclare immédiatement,
parce qu'il ne faut pas quand même revenir constamment sur les
mêmes choses, qu'un amendement qui va à l'encontre de ce principe
qui se retrouve dans la Loi 28 à l'effet qu'il n'y a pas une langue
privilégiée, ne peut pas être reçu. Il est
irrecevable.
M. LAURIN: Donc, il n'y a pas de langue privilégiée au
Québec, M. le Président? Est-ce qu'il faut croire que
procédure égale imposture au Québec?
DES VOIX: A l'ordre!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre
M. CHARRON: M. le Président, est-ce qu'on doit considérer
désormais je vous demande une directive en vertu de l'article 667
que tout effort pour parler d'une langue ou d'une autre viendrait
entraver un principe qu'on aurait voté sans le savoir au moment de
l'adoption en deuxième lecture, soit le fait que désormais
Montréal est un district bilingue au point de vue scolaire, et le fait
de spécifier les droits d'une langue ou d'une autre, que ce soit celle
de la majorité ou celle de la minorité, équivaut à
entraver le principe de la loi? Est-ce que je savais, quand j'ai voté
cette loi en deuxième lecture, que, véritablement, c'était
un district bilingue à Montréal?
M. LE PRESIDENT (Hardy): A l'ordre! L'honorable député de
Saint-Jacques m'a demandé une directive. Il est évident que je ne
peux pas, à l'avance, appliquer un jugement pratique sur des faits
nouveaux qui pourront se produire.
La directive s'insère dans les décisions rendues
antérieurement. Encore une fois, c'est que l'on ne peut pas admettre un
principe incompatible. Quant à savoir si telle proposition sera
recevable ou non, on la jugera en temps et lieu et suivant sa nature. Je ne
peux pas en dire davantage.
M. LAURIN: M. le Président, vous avez rendu votre
décision, vous en porterez la responsabilité, et je pose
maintenant une question au premier ministre. S'il n'y a plus, selon la
décision que le président vient de rendre, de langue
privilégiée à l'école au Québec, est-ce
qu'il va falloir, M. le premier ministre...
M. BIENVENUE : Article 583, adopté.
M. LAURIN: ... enterrer ... Je pose une question au premier
ministre.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre!
M. LAURIN: Est-ce qu'il va falloir enterrer les déclarations du
premier ministre, lors de la campagne électorale, alors qu'il disait que
le français était la langue prioritaire au Québec? Puisque
la décision qui vient d'être rendue montre qu'il n'y a plus de
langue privilégiée au Québec, est-ce qu'il va falloir
désavouer vos déclarations à l'effet que le
français était la langue prioritaire au Québec?
M. BIENVENUE: J'invoque le règlement.
M. LAURIN: Je voudrais que le premier ministre réponde à
cette question.
M. LE PRESIDENT: L'honorable leader adjoint.
M. BIENVENUE: La question que pose le député de Bourget
je comprends qu'il est tard n'a absolument rien à voir
avec...
M. LESSARD : Allez voir le père Noël.
M. BIENVENUE: Laissez-moi finir. Non, non! qu'on se calme et qu'on ait
plus de maturité, et les débats vont se dérouler beaucoup
mieux dans cette Chambre. La question que pose le député de
Bourget n'a rien à voir avec l'article 583. Vous avez rendu des
décisions et je vous propose l'adoption de l'article.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, si je prends part
à ce débat à ce stade-ci, alors que l'heure est tardive,
compte tenu de toutes les opinions que nous avons entendues ce soir, qui ont
été exprimées de part et d'autre, c'est pour bien faire
comprendre au gouvernement, comme nous l'avions expliqué au ministre de
l'Education, qu'en nous présentant ce projet de loi sans avoir
auparavant énoncé les grandes lignes de la politique culturelle
et linguistique, le gouvernement devait savoir qu'il allait se buter de la part
des Oppositions à une résistance assez farouche. L'on sait que le
projet de loi concerne la restructuration scolaire de l'île de
Montréal.
On connaît la technique législative et, compte tenu de nos
usages parlementaires, nous savons très bien quels peuvent être
les amendements recevables ou non recevables.
Or, toutes les fois qu'il est question de la langue, alors que l'on
invoque le fait que cette loi n'a pas pour but de légiférer en
matière de langue, le gouvernement doit subir un reproche
sévère qu'il aurait pu éviter s'il s'était
donné la peine, avant que de nous présenter ce projet de loi,
d'examiner d'abord les possibilités de présenter un projet de loi
en matière linguistique.
Je sais que le débat que nous allons poursuivre sur cette
question de la loi 28 va se poursuivre exactement de la même
façon, que les mêmes demandes vont être faites. Je
répète le reproche que j'avais fait au ministre de l'Education,
en terminant, parce que là, il est minuit, que le gouvernement devrait
à cet égard réviser sa position parce qu'il imagine
très bien que nous allons revenir sur différents sujets et que
nous allons fatalement nous heurter sur la question de la langue.
M. le Président, il est minuit, je vous le signale.
M. BIENVENUE: L'article 583 adopté? M. LAURIN: Non, M. le
Président.
M. HARDY (président du comité plénier): M. le
Président, j'ai l'honneur de vous faire rapport que le comité a
procédé à l'étude du projet de loi no 28 et demande
la permission de siéger à nouveau.
M. LAVOIE (président): Quand siégera-t-il? Prochaine
séance. La Chambre ajourne ses travaux à demain dix heures
trente.
(Fin de la séance à 23 h 57)