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Séance du vendredi 17 décembre 1971
(Dix heures trente-cinq minutes)
M. LAVOIE (président): Qu'on ouvre les portes.
A l'ordre, messieurs!
Affaires courantes. Présentation de pétitions. Lecture et
réception de pétitions. Présentation de rapports de
commissions élues.
Commission de la justice
M. LAMONTAGNE: M. le Président, la commission de la Justice a
l'honneur de soumettre à votre honorable Chambre son deuxième
rapport. Votre commission s'est réunie, le 16 décembre 1971, pour
étudier le projet de loi no 281, Loi constituant le service de police de
la Communauté urbaine de Montréal et modifiant de nouveau la Loi
de la Communauté urbaine de Montréal. Douze organismes ou
personnes ont présenté leurs observations ou recommandations sur
le projet de loi.
M. LE PRESIDENT: Lu et reçu?
M. PAUL: Oui, M. le Président. M. LE PRESIDENT: Reçu.
Présentation de motions non
annoncées.
Commission des Affaires sociales
M. LEVESQUE: M. le Président, je voudrais faire motion pour que
le projet de loi no 65 soit étudié de nouveau, aujourd'hui,
pendant que la Chambre siège, et que chacun des partis respectifs puisse
faire en tout temps les changements de membres et que la commission puisse
s'ajourner à volonté, sans avoir à demander la permission
de la Chambre et cela, jusqu'à la fin des travaux de la commission.
M. LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
DES VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
Présentation de bills privés. Présentation de bills
publics.
M. LEVESQUE: Article i).
Projet de loi no 286 Première lecture
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Affaires sociales propose la
première lecture de la loi du Régime des allocations familiales
du Québec.
M. CASTONGUAY: M. le Président, le présent projet instaure
un nouveau régime d'allocations familiales, qui resmplace les
régimes qui avaient été établis par la Loi des
allocations familiales du Québec et la Loi des allocations scolaires,
lesquelles seront abrogées.
Ce régime assure à la mère ou, suivant le cas, au
père de tout enfant âgé de moins de 18 ans l'allocation
prévue par le présent projet sous réserve de l'allocation
fédérale avec laquelle elle peut être fondue en vertu d'une
entente fédérale-provinciale, de façon à faire
l'objet de versements mensuels globaux.
Le montant de cette allocation varie selon l'âge, le nombre des
enfants, l'indice des rentes et le revenu familial de la personne qui
reçoit l'allocation et de son conjoint.
Ce montant s'établit de la façon suivante: 1) Il est de
$15 par mois pour chaque enfant de moins de douze ans, de $20 par mois pour
chaque enfant d'au moins douze ans et d'au plus 17 ans. Il est ajouté
à ce montant $14 pour chaque enfant au-delà du troisième.
2)Il est revalorisé chaque année de la même façon
que les prestations payables en vertu du Régime de rentes du
Québec, avec toutefois un maximum d'augmentation de 3 p.c. au lieu de 2
p.c. 3) Il est ensuite ajusté suivant le revenu familial de la personne
qui reçoit l'allocation et de son conjoint qui bénéficie
à cette fin d'une exemption de $4,000 plus $500 par enfant qui donne
droit à l'allocation. Celle-ci est réduite du douzième de
10 p.c. de l'excédent du revenu familial sur cette exemption.
Le revenu familial est établi d'après le revenu que les
conjoints ont déclaré aux fins de l'impôt sur le revenu
pour l'année civile précédant l'année
d'allocations, laquelle débute le 1er septembre.
Si toutefois les conjoints subissent par la suite une diminution subite
de revenus, par suite de la perte d'un emploi, du décès d'un
conjoint ou d'autres raisons semblables, ils peuvent déposer une
déclaration estimative de leurs revenus pour tenir lieu de la
déclaration portant sur l'année civile antérieure.
Toute personne qui n'est pas satisfaite d'une décision rendue
à son égard sur un sujet autre que son revenu familial peut
demander au ministre de réviser cette décision et si elle
n'obtient pas satisfaction, en appeler à la commission d'appel de l'aide
et des allocations sociales dans les 90 jours.
Le contribuable conserve les droits d'appel relativement au revenu que
lui accorde la Loi de l'impôt provincial sur le revenu. Ce projet permet
au gouvernement de conclure des ententes avec tout gouvernement qui administre
un régime équivalent pour l'administration, tant du régime
prévu par le présent projet que du régime
administré par cet autre gouvernement.
Le régime prévu par le présent projet
débutera le 1er mai 1972.
M. LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
M. LE SECRETAIRE ADJOINT: Première lecture de ce bill. First
reading of this bill.
M. LE PRESIDENT: Deuxième lecture, prochaine séance ou
séance subséquente.
Déclarations ministérielles.
Le ministre des Communications.
Négociations dans les secteurs public et
parapublic
M. L'ALLIER: M. le Président, je voudrais informer cette Chambre
de certains développements dans le domaine des négociations des
secteurs public et parapublic. Comme nous l'avons fait dans le passé
pour les enseignants le 9 septembre, pour les professionnels le 21 octobre,
pour les fonctionnaires le 26 octobre, pour les employés
d'hôpitaux le 23 novembre, pour les agents de la paix le 24 novembre, je
tiens encore une fois à vous informer spécialement qu'une offre
monétaire est présentée ce matin aux employés des
institutions de bien-être, des hôpitaux privés et des
agences sociales.
Un montant de $14.5 millions à la troisième année,
soit une augmentation d'environ 15.6 p.c, vient compléter presque
totalement l'offre monétaire du gouvernement et de ses partenaires.
Ainsi, $83.5 millions sont présentés aux tables de
négociation du secteur des Affaires sociales, en tenant compte des $69
millions, en la troisième année, déjà
proposés aux employés d'hôpitaux.
Cependant, cette nouvelle augmentation ne comprend pas certaines sommes
appréciables qui sont prévues, à titre de rattrapage, pour
différentes catégories d'employés.
Nous ne pouvons taire ici, cependant, M. le Président, la lenteur
générale du déroulement des négociations. Il est
manifeste que les véritables discussions tardent à s'engager. Les
différentes interventions publiques que nous avons perçues nous
amènent à nous demander sérieusement si les efforts des
centrales syndicales, actuellement, ne portent pas exclusivement sur la
préparation de grèves plutôt que sur la négociation
rapide et efficace des conditions de travail des employés qu'elles
représentent.
Pour sa part, le gouvernement et ses partenaires ont fait ce qu'ils
avaient à faire, c'est-à-dire des propositions concrètes
et parfaitement négociables. Nos objectifs, dans la négociation
avec les quelque 225,000 employés syndiqués du secteur public
sont depuis le début de négocier ouvertement, efficacement et
d'aller au fond des problèmes de chacun des groupes concernés,
pour le meilleur intérêt de la population en général
et des employés eux-mêmes.
Durant ces quatre mois, les déclarations que j'ai faites devant
cette assemblée portaient à votre connaissance et à celle
de la population en général les augmentations de salaire que nous
proposions. Jusqu'à maintenant, ces offres totalisent plus de $191
millions pour environ 205,000 personnes. Aussi, nous avons largement
incité les négociateurs des deux parties à se rencontrer
à un rythme accéléré et, dans certains cas, nous
avons constaté des progrès.
Nous ne voudrions pas que le réflexe traditionnel de la recherche
du conflit pour régler en matière de relations de travail
engendre un tel état d'inquiétude, de fatigue et de lassitude
qu'il compromettrait la qualité des services de l'administration
scolaire, hospitalière et gouvernementale qui doivent être
assurés à la population en tout état de cause.
Au lieu de ce réflexe de recherche du conflit, nous ferons tout
ce qui est possible pour garder ou ramener le débat au niveau de
discussions rationnelles permettant de trouver les vraies solutions aux
problèmes des deux parties. Il s'agit pour nous essentiellement d'en
arriver à la conclusion de conventions collectives acceptables, tant par
les employés que par la collectivité.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, je voudrais faire un
bref commentaire sur la déclaration ministérielle du ministre de
la Fonction publique. Avec cette offre salariale, il y a maintenant 205,000
fonctionnaires du secteur public ou parapublic sur 225,000 qui auront
été couverts. Alors, à toutes fins pratiques, disons que
les offres salariales sont maintenant faites à tous les fonctionnaires
qui seront couverts par la négociation.
Quant au taux d'augmentation, M. le Président, lors du
dépôt de l'offre aux employés d'hôpitaux, nous avions
fait certains calculs et pour $69 millions, somme globale d'augmentation,
ça représentait 4.8 p.c. d'augmentation annuelle. Ce
n'était pas une offre exagérée qui comporte une
générosité exceptionnelle de la part du gouvernement, et
je pense bien qu'au cours des étapes de négociations, il y aura
lieu de faire certains ajustements de sommes forfaitaires et certaines sommes
de rattrapage.
D'autre part, M. le Président, ce qui me frappe dans la
déclaration ministérielle du ministre ce matin, c'est qu'on
commence à y voir un peu plus d'agressivité. Il y a des
déclarations à l'effet qu'il y a des possibilités de
conflit, que les efforts des centrales syndicales seraient tournés
davantage vers la préparation des grèves que vers de la
négociation.
Il faudrait que le ministre soit prudent. Ce n'est pas dans le
caractère du ministre de la Fonction publique de faire des
déclarations
fracassantes, surtout à l'occasion des négociations.
Mais, je voudrais qu'il évite la tentation, à ce moment-ci
des négociations, de tomber dans ce piège qui pourrait
entraîner des difficultés du point de vue de la
négociation.
Je comprends qu'il y ait des lenteurs, j'ai vu
l'échéancier que nous a remis le ministre sur les principales
étapes qui se sont déroulées jusqu'à maintenant et
on voit qu'au mois de juin, il y a eu premièrement un dépôt
d'un projet commun par les syndicats affiliés à la CSN. Il n'y
avait pas de demande monétaire dans cette offre.
On voit que l'étape suivante a été le 3 octobre,
par la formation du front commun patronal comprenant toutes les associations
patronales du secteur du gouvernement du Québec. Ce n'est que le 3
novembre qu'on a déposé les clauses normatives et celles
particulières à l'Association des hôpitaux de la province
de Québec.
Alors, on voit, M. le Président, qu'entre le mois de juin et le
mois de novembre il s'est tout de même écoulé un certain
intervalle avant qu'il y ait des gestes concrets de posés de la part du
gouvernement.
Il est entendu qu'il y aura des lenteurs d'un côté comme de
l'autre, mais je ne voudrais pas que les efforts d'interprétation du
ministre de la Fonction publique fassent croire que ces lenteurs sont
dirigées vers la préparation de grèves à ce
moment-ci et, d'autre part, du côté des syndicats, je ne voudrais
pas que l'on pense non plus que l'on fasse ressortir que toute l'attention du
gouvernement est pour ralentir les négociations.
Le ministre est un homme bien occupé. Il a aussi à
s'occuper du secteur des communications qui est important mais il faudra qu'il
apporte toute son attention, maintenant que les offres monétaires sont
presque toutes déposées, au succès et au
déroulement des négociations.
Nous apprécierions qu'à intervalles réguliers le
ministre dépose devant cette Chambre un rapport de l'état et du
déroulement des négociations.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Beauce.
M. ROY (Beauce): M. le Président, nous avons écouté
avec attention la déclaration de l'honorable ministre et je vais me
limiter à un commentaire très bref. Nous nous abstiendrons
volontairement de faire toute recommandation afin d'éviter de politiser
les négociations, comme cela s'est malheureusement produit dans d'autres
domaines.
Nous espérons, quant à nous, que les négociations
se poursuivront dans l'ordre et le respect des droits de chacun. Si le
gouvernement a tout de même ses obligations et ses droits, les
travailleurs ont également leurs droits et il ne faudrait pas oublier
que le gouvernement comme les travailleurs et les employés, ont
également des devoirs et ces devoirs, sont envers le public et les
contribuables du Québec. Je souhaite que, dans toutes ces
négociations, on n'oubliera pas le grand public québécois,
les contribuables québécois qui attendent des services du
gouvernement dans le domaine de l'éducation, dans le domaine hospitalier
et dans les autres, et que le gouvernement procédera avec diligence de
façon à éviter tout conflit malheureux qui pourrait
survenir.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Bourget.
M. LAURIN: M. le Président, n'ayant pu examiner à fond la
déclaration du ministre, je ne peux me limiter qu'à des
considérations générales. Il semble que cette
déclaration tranche sur celles que nous avons entendues jusqu'ici par le
ton agressif qui semble la caractériser, comme l'a noté le
député de Montmagny. Est-ce que cela est dû au fait que les
négociations entrent dans une phase nouvelle et que nous assistons
à un début de guerre de tranchées entre les deux
parties?
De toute façon, il nous a semblé, ce matin, que la
position du gouvernement devenait de plus en plus agressive, se durcissait de
plus en plus, au point que le ministre allait même jusqu'à faire
un procès d'intention aux centrales syndicales concernées, ce qui
est défendu par nos règlements, en cette Chambre, M. le
Président, et qui devrait peut-être être défendu
également, lorsqu'il s'agit de négociations aussi importantes qui
peuvent entraîner une amélioration ou une
détérioration de la paix sociale. Il faudrait donc prendre bien
garde de ne pas jeter de l'huile sur le feu, et que le gouvernement, lui aussi,
fasse montre de cet esprit de calme, de lucidité, de rationalité
qu'il demande aux centrales syndicales.
Je ne pense pas que c'est en situant, de prime abord, la
négociation dans un climat d'émotivité que l'on peut
espérer avoir des résultats qui répondent aux besoins et
aux impératifs de l'intérêt public.
Nous suivrons avec attention le déroulement de cette
négociation, mais nous espérons surtout que le gouvernement,
autant que les centrales syndicales, l'abordera dans un souci de justice
sociale.
M. le ministre enjoint les centrales syndicales de ne pas rechercher les
conflits, mais nous, nous sommes d'avis, M. le Président, que c'est
plutôt à la reine de garder son calme en l'occurrence. Maintenant
que la reine a été obligée de négocier avec ses
sujets, elle devrait négocier avec tout le calme, la dignité et
même la componction qui sied à cette auguste majesté.
Je pense que l'exemple qu'elle donnera ainsi à la population sera
de bien meilleur augure pour les négociations que la poussée de
colère dont elle a fait preuve ce matin.
M. BOURASSA: Est-ce que le député nous demande de
présenter l'autre joue?
M. LAURIN: M. le Président, est-ce que vous avez permis au
premier ministre de commenter la déclaration ministérielle de son
ministre?
M. LE PRESIDENT: J'étais sur le point de demander s'il y avait
consentement unanime pour...
M. SAMSON: ... on ne l'a pas entendu, celui-là, hier.
M. LE PRESIDENT: L'honorable premier ministre.
M. BOURASSA: Je demande simplement au député s'il veut que
nous présentions l'autre joue.
M. LAURIN: Je n'ai pas compris votre question.
M. LEVESQUE: Vous ne comprenez rien.
M. CHARRON: On n'a pas manqué grand chose.
M. LE PRESIDENT: Présenter l'autre joue.
Autoroute Est-Ouest M. PINARD: M. le Président...
M. LE PRESIDENT: Oui, l'honorable ministre de la Voirie.
M. PINARD: ... je veux me rendre ce matin à la demande qui a
été faite par le député de Bourget et aussi, si
j'ai bien compris, par les représentants des autres partis d'opposition
et expliquer la politique du ministère de la Voirie relativement
à la construction de l'autoroute Est-Ouest.
J'ai fait préparer une déclaration ministérielle,
la plus courte possible, qui sera en sorte une déclaration
synthèse, quitte à faire un peu plus tard et à
déposer en Chambre un contre-rapport de ce que nous avons appelé
communément jusqu'ici le rapport Joubert. Alors, je peux
déposer...
Le décision de construire le tronçon est-ouest à
Montréal remonte à plusieurs années, c'est-à-dire
aux années 1963 et 1964. Un des principes directeurs quant au choix de
l'emplacement de la route transcanadienne voulait que cette route passe dans
l'île de Montréal. Le tracé le plus logique semblait alors
coïncider avec le boulevard Métropolitain. On se rendit vite
compte, cependant, que ce boulevard, aménagé pour des besoins
strictement locaux, ne convenait pas au standard recherché et qu'il
était préférable d'emprunter le parcours du boulevard
Est-Ouest, projeté alors par la ville de
Montréal, tout en utilisant l'autoroute Décarie dont
l'aménagement allait se faire de toute façon.
Toutes les autres décisions prises par la suite sont intimement
liées par ce choix originel de sorte que déjà, en 1968,
des travaux pour environ $80 millions avaient été
complétés comme première tranche du projet global. Je
parle des échangeurs Turcot, Université et Hochelaga.
D'autre part, à l'époque de ces décisions
fondées sur une évaluation des besoins projetés en
matière de transport, il était généralement reconnu
en Amérique que les problèmes de transport en milieu urbain
pouvaient trouver leur solution dans l'aménagement de réseaux
autoroutiers. Ce n'est que récemment que les spécialistes du
transport se sont rendu compte qu'on devait plutôt viser à un
juste équilibre entre l'aménagement d'autoroutes et
l'organisation rationnelle du transport en commun.
Quoi qu'il en soit, les décisions actuelles doivent se prendre
dans le contexte actuel avec tout ce qu'il comporte: 1) Il y a $80 millions qui
ont déjà été investis dans les divers
échangeurs. 2) Au cours de la dernière année, $85 millions
ont été investis dans la construction de l'autoroute
elle-même. 3) Les travaux sont très avancés et trois milles
et demi seront ouverts à la circulation dans un avenir rapproché.
4) L'abandon du projet à ce stade équivaudrait à
créer une route sans issue. 5) Le pont-tunnel Louis-Hippolyte-Lafontaine
et l'échangeur Hochelaga ont été conçus pour
absorber la circulation engendrée par l'autoroute est-ouest et ainsi
jouer un rôle que le pont Jacques-Cartier ne peut assumer. 6) Le
Québec a été amené à accélérer
la réalisation de ces travaux pour tirer avantage de l'entente
fédérale-provinciale dont l'échéance se produisait
en décembre 1970. 7) Le tronçon est-ouest de la route
transcanadienne est sans aucun doute nécessaire pour rendre vraiment
opérationnel le réseau auto-routier de ceinture dans l'île
de Montréal, le boulevard Métropolitain étant actuellement
hypercongestionné sur une grande partie de son parcours. 8) Il
amène ce réseau autoroutier au même stade
d'évolution que celui de Toronto, avant le projet de l'autoroute
Spadina.
Cela dit, le rapport publié récemment par le conseil de
développement social du Montréal métropolitain et par le
Montreal Council of Social Agencies sur l'autoroute est-ouest contient de
graves accusations sur la direction générale des expropriations
de mon ministère. Devant l'exploitation politique que certains membres
de cette Assemblée veulent en faire, je me dois de les démentir
catégoriquement.
Depuis que nous avons relancé ce projet, en novembre 1970, nous
avons procédé à l'expropriation de 270 familles. Sur ce
qu'il est
convenu d'appeler le tronçon ouest de cette autoroute, entre
l'échangeur Turcot et la rue Sanguinet, il est exact que des agents du
ministère se sont présentés chez les occupants de ces
logements avant même qu'ils n'aient reçu leur avis
d'expropriation. Il s'agissait pour eux d'établir un relevé
nominatif des occupants de tous les logements concernés. Il est
autrement impossible de connaître l'identité d'un occupant quand
celui-ci n'est pas lui-même propriétaire.
Il s'agissait donc d'une enquête préliminaire et seulement
de cela. Il est absolument faux que des pressions aient pu être
exercées sur qui que ce soit comme il est impossible et faux que des
signatures aient été arrachées à des femmes en
l'absence de leur mari, comme on le souligne dans le rapport Joubert.
Il faut rappeler, en effet, que seul le détenteur du bail est
autorisé à signer l'acceptation des indemnités offertes
par le gouvernement. Je précise enfin que 95 p.c. de ces familles ont
perçu leur indemnité au moment même où elles ont
quitté les lieux. Il est possible, cependant, que des familles de la rue
Selby n'aient jamais été relogées mais il faudrait ajouter
par la ville de Westmount et en 1965. Sur les 850 familles expropriées
avant 1967, certaines ne se sont jamais présentées auprès
des autorités pour obtenir une indemnisation quelconque. Il nous est
très difficile de les rejoindre aujourd'hui puisque, à
l'époque, aucun relevé de ces locataires n'a été
fait. Je dois toutefois préciser que lorsque l'une de ces personnes se
présente et fait valoir des droits légitimes, nous
régularisons sa situation normalement.
En ce qui concerne le tronçon est de l'autoroute, il est
exagéré de prétendre que nous aurons à exproprier
2,000 familles entre les rues Fullum et Viau. Tout au plus atteindrons-nous
1,600 familles.
J'admets que c'est déjà beaucoup, mais je pense que
ça ne peut pas être autrement.
Toutefois, et pour éviter de retomber dans les mêmes
erreurs qu'en 1967, nous avons déjà effectué un
relevé nominatif de tous les occupants du secteur. Lorsque le
ministère procédera au dépôt des plans, les
occupants des logements concernés recevront un avis d'expropriation et
ils seront simultanément invités à se présenter au
bureau d'information de l'autoroute Est-Ouest situé rue Notre-Dame, au
coin de la rue Aylwin.
Outre un agent d'information, les recevront dans ce bureau trois agents
de la direction générale de l'expropriation. Ceux-ci leur
expliqueront clairement les démarches à suivre pour obtenir leurs
indemnités et pour se relocaliser au mieux de leurs
possibilités.
Une fois de plus, je rappelle que nous avons créé de
toutes pièces une banque de 1,300 logements situés dans le
même quartier et proposés à des prix supportant la
comparaison avec ceux que les résidents devront quitter. Pour cette
banque, on a éliminé la plupart des trois pièces et tous
les logements qui n'ont pas de salle de bain.
De plus, les personnes expropriées n'auront pas à quitter
leur logement avant le 1er mai 1973. Elles recevront, quelle que soit la date
de leur départ, une indemnité égale à trois mois de
loyer et $50 par pièce de logement.
Enfin, la plupart des maisons expropriées dans le cadre de ce
projet sont déclarées vétustes, ont parfois plus de 100
ans d'existence et sont inoccupées dans une proportion d'environ 20
p.c.
En ce qui concerne la fermeture d'établissements commerciaux et
industriels, je précise que la Laurentian Spring Water se reconstruit
exactement sur le même site. Quant aux quelques autres entreprises, nous
travaillons depuis plusieurs mois en collaboration avec nos collègues du
ministère de l'Industrie et du Commerce et d'autres ministères
pour les relocaliser dans un site de leur choix.
Je pense que cette déclaration devait être faite pour
replacer les choses dans leur véritable contexte. Je vous remercie.
M. LOUBIER: Un court commentaire, M. le Président, pour constater
simplement avec vous que, sur le plan technique, il appert qu'on ne peut pas
revenir en arrière, parce que la planification remonte aux années
1963 et que même des réalités comme le pont-tunnel
Louis-Hippolyte-Lafontaine et d'autres tronçons étaient en
fonction et ont été aménagés en fonction de ce plan
général.
D'autre part, je pense que financièrement ce serait assez
aberrant pour le gouvernement de faire retraite arrière et de reprendre
un autre plan d'ensemble, quand on songe qu'entre autres il y a peut-être
$200 millions qui ont été investis dans la confection de ce plan,
la réalisation amorcée de ce plan.
Il n'est plus question pour les députés de cette Chambre
de discuter le plan en lui-même et d'insiter pour que le gouvernement
repense et oublie à toutes fins utiles les centaines de millions de
dollars qui ont été investis. Mais il y a un facteur humain qui
est venu contrarier et qui est intervenu d'une façon assez brutale
parfois dans cette autoroute pour faire en sorte que plusieurs ont
peut-être créé des martyrs quant aux personnes qui seraient
délogées.
Je pense que le ministre nous donne ce matin des précisions qui
sont de nature à éclairer davantage les membres de cette Chambre
et à démontrer, non pas de façon parfaite, mais de
façon acceptable que le gouvernement sur le plan social prend ses
responsabilités pour éviter qu'il y ait le plus de traumatisme
possible dans tous ces dérangements et ces
déménagements.
Mais je souligne au ministre que, pour moi, je trouve insuffisante
l'indemnité accordée aux locataires qui seront
déplacés.
Je pense qu'il y aurait lieu de réviser l'indemnité ou les
critères d'indemnité et de
faire en sorte que ces gens-là puissent non seulement obtenir un
montant d'argent leur permettant à peine d'effectuer leur
déménagement et de se réinstaller, mais qu'il y ait une
compensation additionnelle. A ce moment, je pense que sur le plan humain les
rumeurs, les oui-dire ou les frustrations qui ont été
créés, suivant des faits ou de façon artificielle,
prendraient une autre allure et que tous les citoyens en seraient
réconfortés.
M. LE PRESIDENT: Le député d'Abitibi-Ouest.
M. AUDET: D'après la déclaration du ministre, nous pouvons
accepter que beaucoup d'avantages découleront de la construction de
cette autoroute Est-Ouest à Montréal. Cependant, nous nous posons
encore la question suivante: Est-ce que ces avantages l'emporteront sur les
désavantages lorsqu'on songe à ces 2,000 familles
expropriées? M. le ministre nous a cependant mentionné de quelle
façon on se propose d'indemniser ces familles.
Mais je crois, M. le Président, que plutôt que d'imposer un
tel projet à une population qui ne semble pas le désirer, il
serait probablement plus sage d'aller dépenser ces sommes ailleurs dans
la province, où le besoin s'en fait tellement sentir.
M. LAURIN: M. le Président, le gouvernement nous annonce ce matin
qu'il ne peut arrêter les travaux de l'autoroute Est-Ouest à
Montréal. Il sera donc obligé de supporter jusqu'à leur
limite les conséquences du péché social et politique qu'il
a commis en prenant la décision d'entreprendre ces travaux.
La position du gouvernement, qui est de ne pas avoir le courage
d'admettre au contraire du gouvernement ontarien pour Spadina que
sa décision sur l'autoroute Est-Ouest va à contre-courant d'une
vision moderne de l'aménagement d'un Montréal vivable, ne
surprend malheureusement pas quand on réalise que le gouvernement n'a
pas de politique d'urbanisme, n'a pas de politique planifiée en
matière de voirie et qu'il n'y a pas de concertation entre le ministre
des Affaires municipales et le ministre de la Voirie.
En ce sens, l'autoroute Est-Ouest nous paraît être une
démission du gouvernement, une sorte de laisser-aller anarchique qu'on
retrouve d'ailleurs malheureusement dans plusieurs autres secteurs de son
administration. Nous ne pourrons que répéter ces évidences
auxquelles l'urbanisme moderne nous contraint, évidence sociale aussi
dont nous avons essayé de convaincre le ministre responsable à
plusieurs reprises.
Premièrement, l'autoroute Est-Ouest va charcuter un centre-ville,
disloquer une vie sociale intégrée dans le quartier le plus
vivant de Montréal.
Deuxièmement, l'autoroute, au lieu d'accélérer le
dégagement de la circulation au centre- ville, va déverser chaque
jour des dizaines de milliers de véhicules qui vont polluer davantage,
qui iront embouteiller davantage les rues adjacentes, qui ne pourront pas
stationner, et le reste, et le reste.
Troisièmement, l'autoroute va occuper de larges bandes de terrain
dans un centre-ville où le terrain libre est rare et coûteux et
occuper des espaces qui auraient pu être utilisés pour des
bâtiments.
Quatrièmement, elle va nuire à la circulation transversale
et obliger à des viaducs coûteux et inesthétiques.
Cinquièmement, l'autoroute répond mal aux besoins des
ruées des heures de pointe.
Sixièmement, elle a été décidé dans
une absence totale de consultation des populations concernées,
immédiatement avant et même au début des travaux qui ont
été commencés.
Mais, surtout, elle ne parait pas correspondre à la
priorité du Québec...
M. LEVESQUE: Un bref commentaire.
M. LAURIN: ... qui allait plutôt dans le sens du logement
où nous sommes encore désespérément en retard par
rapport à notre province voisine, comme nous sommes en retard par
rapport aux besoins sociaux de la population de Montréal qui
réclame à grands cris de toutes les administrations, aussi bien
municipale que provinciale, un effort maximal en ce qui concerne les logements,
surtout quand nous savons que la construction de logements...
M. TETLEY: Il faut avoir une copie.
M. LAURIN: ... peut créer trois fois plus d'emplois...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LAURIN: ... que n'en crée la construction d'un grand axe
routier comme celui-ci.
M. TETLEY: Est-ce que le non-ministre me permet une question?
M. LAURIN: Pour notre part, nous sommes convaincus que dans un
centre-ville comme celui de Montréal, la supériorité des
transports collectifs est nette et évidente et que ces sommes auraient
dû y être consacrées, surtout quand nous savons qu'avec les
$452 millions que va coûter l'autoroute, nous aurions pu compléter
à 80 p.c. l'oeuvre de restauration des 100,000 logements que toute la
population réclame à Montréal. D'autre part, on aurait pu
aussi détourner une partie de ces sommes vers l'oeuvre de
rénovation urbaine.
M. LEVESQUE: Est-ce que c'est ça, l'esprit de nos
règlements?
M. LAURIN: Comme nous le soulignions...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît! Je comprends que
l'honorable ministre de la Voirie a fait une déclaration
ministérielle où il a exposé librement le point de vue du
gouvernement, le point de vue de son ministère et où il a dit
pourquoi il entendait procéder à certains travaux, comme le
projet de l'autoroute Est-Ouest. Il l'a fait bien librement, en donnant son
opinion et sa politique. De même que, parfois, les propos de l'Opposition
ne font pas plaisir au gouvernement, il peut arriver que les
déclarations ministérielles ne fassent pas plaisir à
certains partis d'Opposition. Je dois donc leur donner toute liberté de
s'exprimer dans le respect de notre règlement. Cela ne devrait pas, par
contre, soulever de débats, autant que la déclaration
ministérielle ne peut pas soulever de débats. Mais je ne vois pas
comment je peux limiter, dans le respect des règlements, une courte et
brève déclaration. A l'ordre, s'il vous plaît! Je ne doute
pas que l'honorable député de Bourget terminera prochainement sa
déclaration.
M. LAURIN: Merci, M. le Président. Je disais donc qu'on aurait pu
détourner une partie importante de ces sommes vers la construction
domiciliaire d'habitations à loyer modique qui, outre qu'elles sont
humainement plus importantes, créent plus d'emplois que ce grand trou
disgracieux qui va maintenant exister au centre de Montréal.
Comme nous le soulignions dans notre mémoire à la
commission d'audiences populaires, à l'échelle d'un budget
gouvernemental plus élevé, il s'agit bel et bien d'une bonne
vieille politique de bouts de chemin, sans planification aucune, sinon entre
les divers bouts de chemins. En somme, le gouvernement a perdu une belle chance
d'aménager à Montréal un centre-ville plus humain.
Quant à la politique que nous annonce aujourd'hui le ministre en
ce qui concerne la relocalisation des familles, j'y applaudis, mais je ne peux
m'empêcher d'y voir le signe et la conséquence des pressions
populaires qui se sont exercées durant longtemps et à de
multiples reprises pour qu'on pense enfin aux besoins humains et sociaux des
populations concernées. Que le ministre soit assuré que nous
surveillerons de très près son action afin que les objectifs
qu'il nous a dit poursuivre ce matin se concrétisent jusqu'à la
fin du projet.
M. PINARD: M. le Président, juste à titre de
clarification.
M. LE PRESIDENT: Vous pouvez rétablir les faits, si vous avez
été mal interprété.
M. PINARD: Hier, nous nous sommes entendus, en votre présence,
sur la façon d'expliquer la politique du gouvernement quant à la
construction et au prolongement de l'autoroute Est-Ouest. J'ai offert à
tous les députés de l'Assemblée nationale de
déposer un rapport explicatif de cette politique. J'ai dit qu'il serait
très considérable. J'ai mis l'Assemblée nationale devant
un choix, en lui demandant si elle préférait que je fasse une
courte déclaration ministérielle qui ne doit pas engendrer de
débat ou que je dépose l'équivalent du contre-rapport
Joubert.
Le député de Bourget lui-même a dit: Non, je
préfère que le ministre fasse une courte déclaration
ministérielle pour répondre aux questions que je lui ai
posées en matière de relogement des familles
déplacées. J'ai pris pour acquis que je pouvais me fier à
la parole donnée. Il y a assez de députés ici qui
étaient présents hier; ils n'ont qu'à relire le journal
des Débats. M. le Président, c'est vous qui avez accepté
que je fasse ce matin une déclaration ministérielle.
M. LESSARD: Nous l'avons accepté, et vous l'avez fait.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît! De toute
façon, ça ne doit pas donner lieu à ce qui vient d'avoir
lieu.
M. LESSARD: Les règlements, est-ce que c'est fait pour vous
seulement?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît! Dépôt de
documents.
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer le deuxième rapport annuel du conseil des
universités.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs. M. DEMERS: Il ne dépose
pas, il "garroche".
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît!
Questions des députés.
Questions et réponses Conférence des
ministres de la Santé
M. LOUBIER: M. le Président, j'aurais peut-être eu une
question pour le ministre de l'Education, mais j'attendrai un autre moment pour
m'adresser à lui. Je voulais demander au ministre des Affaires sociales
de bien vouloir nous informer des sujets qui ont été
discutés lors de la conférence des ministres de la Santé,
qui a eu lieu hier à Ottawa, et des conclusions auxquelles on pourrait
en être venu ou, sinon, des tendances qui se dégagent de cette
rencontre au sommet.
M. CASTONGUAY: Il y a eu, comme sujet de discussion, le problème
de l'usage à des fins non médicales des drogues, échanges
d'informa-
tions sur ce sujet, sur la façon d'organiser les services dans
les grands centres particulièrement pour traiter les personnes, premier
sujet qui était plutôt d'ordre de l'échange
d'informations.
En second lieu, on a fait rapport sur la conférence qui a
été tenue en octobre sur les problèmes de formation de
main-d'oeuvre dans le domaine de la santé, conférence qui avait
été organisée sous l'égide du ministère de
la Santé nationale à des fins de fixer des normes nationales, des
programmes d'enseignement à caractère aussi uniforme que
possible. Nous avons répété ce que nous avions dit au
moment de l'invitation à cette conférence, savoir qu'il
s'agissait d'un sujet touchant directement l'éducation, donc de
juridiction provinciale. Nous avions à l'époque refusé de
participer à cette conférence en rappelant qu'à notre avis
toute cette question pouvait être discutée, parce qu'il y a des
avantages à ce qu'elle soit discutée, par le mécanisme
approprié, c'est-à-dire la conférence des ministres de
l'Education. Nous avons, à la suite de ce rapport qui a
été fait, répété que nous ne participerions
pas à de tels échanges dans l'avenir s'il y en avait d'autres. En
ce qui a trait aux arrangements financiers dans le secteur de la santé,
nous avons, au mois d'octobre, à Saint-Jean (Terre-Neuve), comme
gouvernement, ou représentant du gouvernement, exposé les raisons
pour lesquelles nous n'étions pas en accord avec la formule
proposée par le gouvernement du Canada. Cette question a
été reprise lors de la conférence des premiers ministres
en novembre. Le premier ministre a rappelé également les raisons
pour lesquelles nous n'étions pas en accord avec cette formule, de
même que d'ailleurs les premiers ministres des autres provinces.
Alors, nous avons, entre-temps, comme je l'ai mentionné
avant-hier, formulé une contre-proposition. Je l'ai exposée hier
et les autres représentants des autres provinces ont fait des
commentaires sur la formule fédérale qui était dans le
même sens que ceux formulés à Saint-Jean (Terre Neuve) et
à Ottawa au cours de la conférence des premiers ministres.
Certaines provinces ont fait des suggestions sur des aspects spécifiques
de la formule et le gouvernement fédéral, pour le moment, par la
voix de M. Munroe, s'est contenté d'écouter, pour une
troisième fois, les représentations des provinces à ce
sujet.
Ce matin, nous pouvons penser qu'il y aura peut-être des
contre-propositions de la part du gouvernement fédéral qui seront
formulées.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, j'aurais des questions
supplémentaires a poser au ministre.
Quelle a été la réaction des autres provinces
à la contre-proposition formulée par le Québec quant aux
arrangements financiers? En plus d'avoir fait des recommandations
spécifiques, est-ce qu'il semble que la contre-proposition du
Québec a retenu leur attention, sont-elles prêtes à
y donner leur adhésion?
M. CASTONGUAY: Vous avez déjà assisté à de
telles conférences? Onze délégations autour de la table,
ça ne fait pas toujours une discussion des plus ordonnées et des
plus systématiques. Alors, chacune évidemment fait des
commentaires qui lui sont propres, compte tenu des problèmes
particuliers à sa province.
Je n'ai pas eu une réaction systématique de chacune des
provinces sur ce plan, mais des provinces comme la Saskatchewan, le Manitoba,
l'Ontario, également, se sont dites expressément, verbalement,
ouvertement intéressées par cette formule que nous avons
proposée. Je n'ai pas entendu un seul représentant des provinces
dire que cette formule paraissait inapplicable ou non raisonnable. Alors, j'en
conclus que, dans l'ensemble, cette proposition a retenu l'intérêt
et pourrait constituer une base utile de discussion.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, une question
additionnelle. Etant donné que la date d'échéance pour le
renouvellement des accords est l'année 1972, est-ce que le
fédéral fera connaître bientôt sa réponse
à la contre-proposition du Québec et par quel mécanisme?
Est-ce que ce sera lors d'une autre conférence ou si c'est à
l'intérieur d'un arrangement global?
M. CASTONGUAY : La conférence se poursuivait ce matin, M. le
Président, et comme je viens de le mentionner au chef de l'Opposition,
je pense bien qu'avant de déterminer l'étape suivante, il faut
attendre à tout le moins la fin de la présente conférence
qui se poursuit ce matin à Ottawa.
M. LOUBIER: M. le Président, une question additionnelle.
Est-ce que le ministre pourrait nous dire si, au cours des discussions
sur les drogues et la possibilité d'établir des services ou des
cliniques d'urgence, je présume, l'établissement des
critères et le format de ces cliniques sont déterminés par
le gouvernement central? Est-ce que ça deviendrait une politique
uniforme pour toutes les provinces, ou si l'administration, le format à
donner à ces cliniques serait déterminé par les provinces
elles-mêmes? En troisième lieu, est-ce que ce serait un autre plan
conjoint, ou si le fédéral accorderait des subventions de quelque
façon que ce soit?
M. CASTONGUAY: Dans toute la discussion sur les arrangements financiers,
dans le secteur de la santé, il y a une certaine entente au plan des
principes quant aux objectifs à poursuivre. Un des objectifs non
seulement le Québec poursuit cet objectif, mais les autres provinces s'y
raccordent c'est qu'il y ait un système intégré de
services de santé dans une province
avec des éléments qui peuvent varier, selon les
conditions, selon les problèmes, selon les circonstances, pour utiliser
les termes du gouvernement fédéral "a total health system".
Jusque là, ça va bien. Maintenant, en vertu de ce
principe-là, nous avons posé certains gestes pour rapprocher,
nous, les Domrémy des hôpitaux dans certains endroits. Il y a eu
quelques réactions, comme tout changement suscite des fois un peu
d'inquiétude, de résistance. Je pense à
Saint-Jérôme, par exemple. Ici, nous l'avons fait avec
l'hôpital Saint-François-d'Assise. Nous essayons au plan des
cliniques de réadaptation de les intégrer à nos
hôpitaux.
Quant aux autres cliniques, du type des cliniques pour recevoir les gens
dans un premier temps pour désintoxication, les personnes qui ont des
problèmes présentant un caractère d'urgence, si des
cliniques qu'on appelle "drogue-secours" se sont développées, de
l'avis de tous, pas uniquement au Québec, mais je parle de l'avis des
représentants des provinces, c'est que le système hospitalier, le
système des services de santé régulier ne s'est pas
adapté à ce nouveau type de besoin il n'y a rien de miraculeux,
il n'y a rien d'extraordinaire dans ces cliniques drogue-secours, mais elles
ont poussé un peu comme des champignons, parce que le système
régulier ne répondait pas à ce type de
problème.
Maintenant que le problème est clairement identifié, qu'il
y a des approches pour le traitement, nous devons donc faire en sorte, tout en
gardant une certaine souplesse, que ces cliniques soient
intégrées à l'ensemble des services de santé et des
services sociaux, parce qu'il n'y a pas uniquement un problème
médical. C'est l'orientation que nous prenons. Pendant ce temps, nous
voyons le gouvernement du Canada accorder, alors que nous essayons de les
intégrer, de les raccorder au système, des subventions à
ces cliniques. Nous nous sommes, sur ce point, encore opposés à
ce type de subvention qui nous engage pour l'avenir dans d'autres
dépenses, qui multiplie les services dans un sens différent de
celui que nous poursuivons et qui, semble-t-il, correspond à l'objectif
que même le gouvernement du Canada accepte.
C'est là où nous en sommes; maintenant, cet argent est
distribué directement à ces cliniques. Nous nous y opposons aussi
fortement que possible.
M. LOUBIER : Dernière question additionnelle, si vous me le
permettez, M. le Président.
Est-ce que les autres provinces ont épousé l'attitude du
ministre des Affaires sociales du Québec ou si elles ont accepté
que les subventions soient accordées directement aux organismes
impliqués dans les autres provinces.
M. CASTONGUAY: Malheureusement, cette question a été
discutée hier matin alors que je n'étais pas à la
conférence. J'ai simplement lu un rapport verbal de ce qui avait
été dit. Sur ce point, le rapport que j'ai eu n'était pas
clair. Quant à moi, hier après-midi, même si ce point de
l'ordre du jour avait fait l'objet de discussions le matin qui étaient
censées être terminées, j'ai demandé qu'on reprenne
la question, à tout le moins pour faire part clairement de notre
position.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Rouyn-Noranda.
Suggestions du CRDA
M. SAMSON: M. le Président, j'aimerais poser une question
à l'honorable premier ministre. On m'informe que le Conseil
régional de développement d'Abitibi-Témiscamingue, le
CRDA, aurait eu des rencontres, depuis quelques mois déjà, avec
des membres du cabinet du premier ministre et des représentants de
l'OPDQ ainsi qu'avec des représentants du ministère des Terres et
Forêts. J'apprends qu'à la suite de ces nombreuses rencontres, les
lettres adressées par le CRDA au premier ministre le 11 novembre et le
1er décembre n'ont pas encore eu de réponse. Est-ce que le
premier ministre pourrait nous fournir ce matin des explications, à
savoir quelles sont les raisons qui font qu'on n'obtient pas de réponse
et en profiter, peut-être, pour nous faire le point, à savoir,
également, quelles sont les dispositions que son gouvernement entend
prendre à la suite des représentations du CRDA?
M. BOURASSA: M. le Président, j'avais rencontré ces gens
lors d'une visite dans la région, et je crois avoir répondu
à certaines lettres de cet organisme. Le député me
permettra de prendre avis dé la question pour voir l'état de la
situation.
M. SAMSON: M. le Président, une question supplémentaire.
Est-ce que le premier ministre pourrait, en même temps qu'il prend avis,
me fournir une idée de la date à laquelle nous pourrons avoir une
réponse, étant donné que nous sommes vers la fin des
travaux de la présente session? Est-ce que le premier ministre pourrait
me donner au moins un aperçu?
M. BOURASSA: Je communiquerai avec le député au cours de
la journée.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Bourget.
Assurance-chômage
M. LAURIN: M. le Président, ma question s'adresse au ministre de
la Fonction publique. Est-ce que la nouvelle définition d'un emploi
relevant du gouvernement d'une province pour des fins
d'assurance-chômage, annoncée hier par le ministre du Travail
à Ottawa, reconnaît la validité de la loi no 82
adoptée à l'unanimité par l'Assemblée nationale du
Québec?
M. L'ALLIER: M. le Président, j'ai pris connaissance par les
journaux des déclarations du ministre fédéral du Travail
sur cette question. J'ai vérifié, avant d'entrer en Chambre ce
matin, auprès du ministère des Affaires intergouvernementales et
de mon ministère si nous avions reçu le texte officiel soit de la
déclaration, soit du règlement. Nous n'avons reçu aucun
texte. Il semble qu'il s'agisse d'un règlement qui doit être
sanctionné par le cabinet, par la commission ou par le
lieutenant-gouverneur. Je n'ai pas plus d'information là-dessus.
Cependant, le texte que j'ai lu dans le journal précise, semble-t-il
si c'est là le texte ce qu'est un employé du chef
d'une province et il fait référence à la Loi de la
Fonction publique.
La définition que nous avons adoptée par la loi no 82 est
une définition qui est, effectivement, dans la Loi de la Fonction
publique. C'est donc pourquoi j'attendrai, pour être bien sûr de ne
pas induire en erreur le gouvernement ou les institutions, de prendre
connaissance du texte officiel sur l'action du gouvernement
fédéral en cette matière pour l'étudier avec des
juristes avant de le commenter et d'en déduire ce qui devra en
être déduit. Je ferai toutefois diligence pour que cette Chambre
soit informée dans les meilleurs délais de toute décision
en ce domaine.
M. LAURIN: Question additionnelle, M. le Président. Si cette
nouvelle est confirmée, comme c'est probable, est-ce que le gouvernement
entend maintenir inchangées les directives qu'il a données aux
hôpitaux et aux commissions scolaires? Deuxièmement, est-ce que le
gouvernement acceptera que le gouvernement fédéral
définisse unilatéralement ce qui constitue un emploi relevant du
gouvernement du Québec? Troisièmement, est-ce que le gouvernement
envisage de payer directement les enseignants et les employés
d'hôpitaux, de façon à les soustraire à
l'assurance-chômage fédérale et ainsi sauver $20 millions
au trésor québécois?
M. L'ALLIER: M. le Président, compte tenu de ce que je viens de
répondre à la première question du député de
Bourget, il me permettra de considérer ces questions comme un avis. J'y
répondrai, dans l'ordre, au moment où j'aurai pris connaissance
du texte officiel sur la position fédérale à ce sujet,
vraisemblablement au tout début de la semaine prochaine.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de...
M. LAURIN: Une question additionnelle, M. le Président. Est-ce
que le premier ministre pourrait prendre avis d'une question que j'aimerais
poser au ministre du Travail? Si la chose se confirmait, après cette
gifle, le ministre du Travail entend-il démissionner du cabinet?
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Lotbinière.
Gaz naturel
M. BELAND: J'aurais une question à poser à l'honorable
ministre des Richesses naturelles. Le ministre pourrait-il nous dire sous
quelle forme le gouvernement entend imposer les futurs exploitants de gaz au
Québec?
M. MASSE (Arthabaska): Je ne comprends pas exactement la question.
M. BELAND: Je parle des exploitants de gaz naturel et de pétrole,
en vertu des découvertes qui ont été faites
récemment, entre autres dans Lotbinière.
M. MASSE (Arthabaska): M. le Président, je pense bien que si on
se réfère à un cas particulier comme à une
découverte, comme dit le député, dans Lotbinière,
personnellement je ne suis pas au courant de la découverte,
c'est-à-dire que je ne peux pas affirmer que cette découverte
soit commerciale. Si elle l'était, si on mettait ce puits en production,
il serait imposé selon la Loi des mines.
M. BELAND: Une question supplémentaire, M. le Président.
Le gouvernement a-t-il une politique quelconque dans ce domaine ou entend-il
simplement imiter ce qui peut exister en taxes de droits sur les richesses
naturelles, comme en Alberta, par exemple?
M. MASSE (Arthabaska): M. le Président, j'ai dit que,
actuellement, c'est la Loi des mines qui s'applique. Dans le secteur
énergétique des hydrocarbures, l'intérêt du
gouvernement est assez nouveau, au Québec. Effectivement, nous avons
pris des ententes avec l'Etat de la Louisiane au niveau des officiers
légistes afin d'adapter notre Loi des mines à une
législation plus adaptée à la production et à la
recherche concernant l'hydrocarbure au Québec.
M. BELAND: Une question supplémentaire, M. le Président.
Voulez-vous dire par là que, justement, le gouvernement n'a pas de
politique dans ce sens et entend laisser drafner ces richesses naturelles?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, à l'ordre! L'honorable
député de Maskinongé.
Projet de loi no 48
M. PAUL: M. le Président, pourrais-je poser une question à
l'honorable ministre de l'Agriculture? Le ministre peut-il nous dire s'il a
l'intention de convoquer une réunion des cultivateurs au patro
Roc-Amadour, comme en 1968, en invitant les députés à
participer à cette réunion, aux fins d'inviter les cultivateurs
à protester contre la politique établie par le ministre des
Affaires municipales dans son projet de loi no 48.
M. TOUPIN: M. le Président, je ne pense pas que ce soit le
gouvernement, en 1968, qui ait invité les cultivateurs. Ils sont venus
d'eux-mêmes.
M. PAUL: C'est le ministre actuel de l'Agriculture.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Beauce.
UNE VOIX: C'est l'UCC.
Contrats de construction
M. ROY (Beauce): M. le Président, ma question s'adresse à
l'honorable ministre des Travaux publics. Dans le contexte actuel des achats du
ministère des Travaux publics concernant la construction des complexes G
et H, la politique établie par le gouvernement donne-t-elle toujours
priorité au plus bas soumissionnaire ou s'il peut y avoir des cas
d'exceptions?
M. PINARD: M. le Président, le ministre essaie, autant que
possible, de respecter la loi et les règlements établis par le
gouvernement en matière d'adjudication de contrats. S'il y a des cas
d'exception, je voudrais les connaître. A la commission des engagements
financiers, le ministre responsable qui doit donner les explications aura toute
latitude pour les donner si le député a des questions à
lui poser.
M. ROY (Beauce): M. le Président, j'aurais peut-être une
question additionnelle pour préciser au ministre concernant un contrat
de tapis qui aurait été accordé mercredi de cette semaine.
Il semble qu'on n'ait pas tenu compte de la soumission la plus basse.
M. PINARD: Allez moins vite afin que je puisse mieux vous
comprendre.
M. ROY (Beauce): Pardon?
M. PINARD: Allez moins vite afin que je puisse mieux vous
comprendre.
M. ROY (Beauce): Excusez-moi. Concernant un contrat de tapis qui aurait
été accordé mercredi de cette semaine, il semble qu'on
n'ait pas tenu compte de la soumission la plus basse. Alors, le ministre
pourrait-il nous informer des raisons véritables qui ont motivé
la décision gouvernementale d'agir ainsi?
Je m'explique, M. le Président. Il s'agit d'un contrat qui a
été accordé à la firme Emilien Rochette, de
Québec, de $484,000 alors que le plus bas soumissionnaire aurait
été la firme Simpson avec Saint-Georges international de
Saint-Georges de Beauce...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! à l'ordre!
M. PINARD: M. le Président, il y a assez de soupçons qui
sont soulevés au sujet de ma personne et de la conduite des
ministères des Travaux publics, et de la Voirie et d'un autre
ministère que je rétablis tout de suite les faits.
Si un contrat a été accordé à une autre
entreprise que celle qui a donné la plus basse soumission, ce n'est pas
le ministre de la Voirie, des Travaux publics et des Transports qui a
donné ce contrat.
Il a fait une recommandation au Conseil du trésor sur la
recommandation conjointe de l'architecte, du représentant du
ministère de l'Industrie et du Commerce, qui est un chimiste expert en
fibres textiles, et sur la signature également du directeur du service
des contrats du ministère des Travaux publics, après une
enquête très approfondie de la situation. Si le
député veut avoir tous les faits, je lui donnerai tous les faits,
à moins que je ne sois obligé de les donner publiquement, ce qui
ne fera l'affaire de personne, je vous l'assure.
M. ROY (Beauce): M. le Président, tout simplement pour
préciser la question, loin de moi l'intention de vouloir l'accuser,
c'est parce que j'ai eu des appels téléphoniques, on a
communiqué avec moi à ce sujet-là et j'aimerais
connaître les raisons qui ont pu motiver la décision
gouvernementale.
M. PINARD: En temps et lieu, si c'est nécessaire, je donnerai
toutes les raisons, nous n'avons rien à cacher.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Saint-Jacques.
CEGEP de Hull
M. CHARRON: Ma question s'adresse au ministre de l'Education. Suite
à des décisions récentes de la Commission de la capitale
nationale et de l'application du bill no 63, le CEGEP de Hull est en train de
devenir un CEGEP bilingue.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Question, s'il vous plaît.
M. CHARRON: Est-ce que c'est l'intention du ministre de l'Education
d'affecter les étudiants de la langue anglaise au niveau
collégial de Hull dans un édifice qui leur soit propre?
M. SAINT-PIERRE: C'est ça la contradiction de ceux qui voudraient
intégrer les anglophones au Québec. Lorsqu'effectivement les
anglophones sont prêts à se plier à une institution qui est
essentiellement française, à y suivre des programmes en
français, on fait à Hull ce qu'on a fait l'an passé
à Sherbrooke où l'on refuse et où on tente d'expulser les
citoyens anglophones. On les oblige à avoir des ghettos, alors qu'au
prochain tournant, on nous repro-
chera de ne pas tenter d'intégrer les anglophones.
Au CEGEP de Hull, c'est comme au CEGEP de Sherbrooke, si les
étudiants expulsent les anglophones, je pense que mon ministère a
des responsabilités pour l'enseignement collégial pour l'ensemble
des Québécois et il faudrait penser à avoir un campus
anglophone dans la région de Hull. Personnellement, je le
déplorerais énormément comme je déplore qu'à
Sherbrooke, bien que les anglophones étaient prêts à suivre
la très grande majorité des cours en français, nous sommes
obligés d'avoir un campus du CEGEP Petit-Champlain.
M. CHARRON: Question additionnelle.
M. PARENT: Ce sont des agitateurs de votre parti qui font le trouble.
C'est seulement que ça, de petits esprits étroits. Des caves.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. CHARRON: Il n'a pas fini encore. Est-ce que vous avez fini?
Une question additionnelle, M. le Président, au ministre de
l'Education. Etant donné les conflits qui ont surgi à
l'intérieur de ce CEGEP et la journée d'étude qui a
été commandée pour le 14 janvier, est-ce l'intention du
ministre d'y aller lui-même, de déléguer un de ses
fonctionnaires pour expliquer la politique du ministère en ce
sens-là?
M. SAINT-PIERRE: Si le député de Saint-Jacques pouvait
dire la ligne de son propre parti sur ce sujet-là, peut-être que
je pourrais le déléguer moi-même.
UNE VOIX: Vous patinez. Quel est votre club?
M. LE PRESIDENT: L'honorable député d'Abitibi-Ouest.
Assurance-hospitalisation
M. AUDET: Dans le cadre de l'humanisation des lois donnant droit
à la santé et au bien-être au ministère des Affaires
sociales, le ministre pourrait-il nous dire à quel stade en sont rendues
les discussions à son ministère quant à
l'opportunité de rendre transférable d'une province à
l'autre les services de l'assurance-hospitalisation du Québec, notamment
dans les services fournis aux salles d'urgence et les rayons-X?
M. CASTONGUAY: Je ne comprends rien.
M. AUDET: Où en est rendu votre ministère dans les
négociations au sujet de la transférabilité des services
notamment fournis aux salles d'urgence et les rayons-X? Est-ce qu'il y a
transférabilité entre la province d'Ontario et le
Québec?
M. CASTONGUAY: Il y a des discussions sur ces arrangements depuis des
années. Je vais étudier attentivement la question. Je vais en
prendre avis pour le moment.
M. VINCENT: Question supplémentaire au ministre des Affaires
sociales. En étudiant attentivement cette question, est-ce que le
ministre pourrait également nous informer si c'est son intention ou
l'intention du gouvernement d'augmenter le per diem pour les personnes du
Québec qui sont hospitalisées d'urgence dans d'autres pays,
notamment les Etats-Unis?
M. CASTONGUAY: Cela n'est pas prévu présentement dans les
crédits budgétaires de l'exercice en cours. Si ce changement
devait être apporté, ça ne pourrait être fait avant
le 1er avril prochain. Il faut aussi considérer cette question dans le
contexte d'entente réciproque entre les pays.
Nous avons des discussions avec certains organismes présentement.
Il y aura peut-être des développements au cours des prochains
mois, mais je ne suis pas en mesure du tout de faire quelques prévisions
quant à cette augmentation possible.
M. LE PRESIDENT: Dernière question. Le député de
Portneuf.
Subventions aux loisirs
M. DROLET: M. le Président, j'aurais une question à poser
au ministre de l'Education. Est-ce que les municipalités et organismes
de loisirs de la province peuvent compter recevoir la subvention prévue
pour cette année, avant la période des Fêtes, tel que
promis par le ministre le 27 octobre dernier à cette Chambre?
M. SAINT-PIERRE: Depuis le 27 octobre, M. le Président, les
travaux de la Chambre n'ont pas été aussi rapides que le ministre
l'aurait souhaité. Comme les budgets de fonctionnement aux
municipalités et organismes de loisirs sont reliés à
l'approbation du budget supplémentaire, il me faudra attendre que cette
honorable Chambre se penche sur ce problème du budget
supplémentaire, mais, dès après, les lettres sont
prêtes pour faire la consultation auprès des députés
et envoyer le plus rapidement possible les chèques.
M. LE PRESIDENT: Affaires du jour.
M. ROY (Beauce): M. le Président, me prévalant de
l'article 114, sur les affaires du jour, est-ce que je pourrais demander au
leader du gouvernement si on a l'intention de déposer les amendements
que le ministre de l'Agriculture nous a promis concernant la Loi du
syndicalisme agricole, aujourd'hui ou demain?
M. LEVESQUE: M. le Président, le ministre de l'Agriculture a
déjà fait part de ses intentions
de faire connaître à la Chambre ces amendements lorsque
j'appellerai le projet de loi no 64, et il sera appelé lorsque le
gouvernement sera disposé à le faire.
M. ROY (Beauce): M. le Président, est-ce que je pourrais demander
au gouvernement s'il sera disposé à le faire avant le 24
décembre à minuit moins dix?
M. LEVESQUE: Le député n'a qu'à rester ici et il le
saura.
M. LE PRESIDENT: Le député de Maisonneuve.
M. BURNS: M. le Président, j'aurais, à ce moment-ci, une
directive à vous demander en vertu de l'article 667. Etant donné
la situation inhabituelle, je comprendrai très bien que M. le
Président ne me donne pas la réponse immédiatement, mais
il pourra peut-être le faire dans le courant de la journée ou
quand il lui plaira.
Pour le bon entendement des autres membres de la Chambre, je veux tout
simplement rappeler quelque chose que vous connaissez déjà. Hier
soir, j'ai tenté de faire inscrire au feuilleton deux avis d'amendement
au bill no 28 et, à ce moment-là, vous avez décidé
que la chose ne se faisait pas. Evidemment, je n'ai pas contesté votre
décision ni quoi que ce soit, sauf qu'en y repensant et en regardant
notre règlement, plus particulièrement à l'article 177,
j'ai lu le texte suivant: "Quand plusieurs amendements ont été
annoncés, ils doivent être proposés suivant l'ordre dans
lequel se trouvent placés, dans la motion principale, les mots qu'ils
modifieraient s'ils étaient adoptés." Alors, lisant ce
texte-là, je me suis dit: Il y a donc une possibilité d'annoncer
des amendements. Il y a donc une possibilité que plusieurs amendements
se superposent et soient annoncés. La directive que je vous demande, M.
le Président, est la suivante: Etant donné votre décision
de ne pas me permettre d'inscrire au feuilleton les amendements, comment
peut-on arriver à faire appliquer l'article 177, c'est-à-dire
comment peut-on annoncer des amendements à un projet de loi
éventuellement?
Je comprendrai très bien que peut-être vous ne me
répondiez pas immédiatement, mais à votre bon plaisir,
quand ça pourra être fait.
M. LE PRESIDENT: Je vais étudier cette question le plus
rapidement possible. Affaires du jour.
M. LEVESQUE: M. le Président, hier, nous avons fait circuler le
projet de loi no 23 réimprimé et j'ai annoncé
qu'aujourd'hui je demanderais à la Chambre d'accepter la motion
suivante: Afin de rescinder l'ordre de renvoi en comité plénier,
l'ordre de deuxième lecture et l'ordre de première lecture du
projet de loi no 23, intitulé Loi des transports, et à la suite
du dépôt, hier, du projet de loi réimprimé no 23,
qu'il me soit permis de faire motion pour que ce projet de loi
réimprimé franchisse l'étape de la première et de
la deuxième lectures et soit déféré au
comité plénier.
M. PAUL: Nous aimerions que cette motion soit présentée
suivant la formule prévue par notre règlement.
M. LEVESQUE: M. le Président, j'ai utilisé la même
formule qui avait été acceptée dans le cas du projet de
loi no 48.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Today is another day, sir.
M. LEVESQUE: Dans les circonstances, M. le Président, je
n'insiste pas davantage, l'Opposition prenant sa responsabilité du
retard des travaux.
M. BURNS: M. le Président, en ce qui nous concerne, nous sommes
d'accord avec la remarque du député de Maskinongé pour des
raisons que nous n'avons pas nécessairement à exposer en Chambre.
Il est bien évident que des projets de loi de l'importance de ceux qui
nous sont soumis doivent prendre le temps d'être considérés
par nous. C'est pour ça que nous sommes d'accord avec la remarque du
député de Maskinongé.
M. LE PRESIDENT: Il n'y a pas consentement unanime.
M. BOURASSA: Est-ce que le député de Maisonneuve pense aux
chauffeurs de taxi de son comté en faisant cette remarque?
M. BURNS: M. le Président, une question de privilège.
Cette dernière remarque du premier ministre, à mon avis, est
absolument injustifiée. Le fait de penser aux gens que l'on
représente ne veut pas dire qu'on doive bousculer des projets de loi
comme le gouvernement tente de le faire depuis une semaine.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre
M. LEVESQUE: C'est de la procédurite.
M. BROCHU: M. le Président, quant à nous également,
nous souscrivons aux remarques très justifiées du
député de Maskinongé, puisque les projets de loi qui sont
déposés à la dernière minute dans la pile que nous
avons déjà sont passablement sérieux et importants. Dans
le bill 23, par exemple, les camionneurs artisans sont complètement
oubliés. Nous ne pouvons pas nous permettre d'adopter ces projets de loi
à la vapeur.
M. LEVESQUE : Cela fait des mois que nous en parlons en commission
parlementaire.
M. BROCHU: Quant à nous, nous sommes prêts à
travailler aussi longtemps qu'il le faudra, mais à éplucher comme
il se doit les projets de loi.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre. Affaires du jour.
M. PINARD: M. le Président, j'aimerais relever la remarque qui a
été faite par le député, affirmant que les
camionneurs artisans seraient oubliés dans le bill 23.
M. LAFONTAINE: Il n'y a pas consentement unanime.
UNE VOIX: Il n'y a pas de droit de réplique, en plus.
M. PINARD: M. le Président, sur une question de règlement
et de privilège.
M. LEVESQUE: Il a le droit de parler sur ma motion également.
M. PINARD: Je viens d'entendre...
M. LEVESQUE: Eux, ils ont le droit de parler et lui n'a pas le droit de
parler.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre messieurs, s'il vous plaît. Ce qu'il y
a devant la Chambre actuellement, c'est la motion de l'honorable leader
parlementaire du gouvernement. J'ai donné l'occasion à trois
représentants des partis de l'Opposition de parler sur cette motion et
tout député peut parler sur cette motion.
M. PINARD: Sur une question de règlement, pour faire une
rectification. Si j'ai bien compris la remarque du député, il a
prétendu qu'il n'y avait rien dans le bill 23 pour réglementer le
camionnage artisan. C'est parce qu'il l'a mal lu, certainement.
M. LAFONTAINE: Il est rendu à l'étude du bill, M. le
Président.
M. PINARD: Je sais que le leader parlementaire de l'Opposition l'a lu.
Il sait qu'il y a des articles concernant le camionnage artisan.
M. LAFONTAINE: Il est rendu à l'étude du bill, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT: Si je comprends bien, il n'y a pas de consentement
unanime. Que voulez-vous? Rétablir les faits ou quoi?
M. BROCHU: Oui.
M. LE PRESIDENT: Très brièvement.
M. BROCHU: J'aimerais, très brièvement, M. le ministre,
rétablir les faits. Ce que j'avais l'intention de mentionner,
c'était simplement que le camionneur artisan n'a pas de reconnaissance
juridique comme telle dans le texte de loi du bill 23.
M. LE PRESIDENT: Les faits sont rétablis. Si je comprends bien,
il n'y a pas consentement unanime de la Chambre pour cette motion.
M. LEVESQUE: M. le Président, à la salle 81-A, la
commission parlementaire des Affaires sociales poursuivra l'étude du
projet de loi no 65. Article 3.
M. LE PRESIDENT: L'honorable chef de l'Opposition officielle.
Projet de loi no 48
Troisième lecture
Motion de M. Vincent
M. Gabriel Loubier
M. LOUBIER: M. le Président, je vous avouerai, au tout
début de mes remarques, que le climat qui prévalait hier soit
n'était pas beaucoup favorable à l'expression des opinions que je
voulais émettre sur l'amendement proposé par le
député de Nicolet, qui invitait le ministre des Affaires
municipales à envoyer en commission parlementaire les articles 12, 21 et
105.
Ces articles ne répondaient aucunement aux voeux exprimés
par les maires de la Mauricie; deuxièmement, ne répondaient
aucunement aux voeux exprimés par l'UCC et en fait que nous avions
découvert plus particulièrement à l'article 12 que des
centaines de milles de clôtures et de drains des cultivateurs seraient
taxés. Voyez-vous ça, M. le Président, si on arrivait
éventuellement avec une taxe de $0.05 par piquet que l'on retrouverait
dans toutes nos fermes, ce serait des centaines et des centaines de milliers de
pieds linéaires qui seraient taxés alors que l'on est en train de
vouloir au Québec se pencher sur les problèmes auxquels ont
à faire face les cultivateurs.
M. le Président, représentant avec fierté un
comté rural où l'activité agricole sur le plan
économique est pratiquement au premier rang, jamais je ne pourrais,
comme député du comté de Bellechasse, accepter qu'on ait
glissé dans un tel projet de loi des pénalités aussi
fortes pour la classe agricole au moment où d'autre part le ministre de
l'Agriculture, dans des voeux pieux, voudrait apporter des législations,
mais il en est sûrement empêché soit par son manque
d'agressivité au conseil des ministres soit encore par des objections
qui viendraient de je ne sais où.
Mais, M. le Président, si l'on veut, si le gouvernement comme tel
voulait et si le ministre de l'Agriculture en sa qualité de ministre de
la couronne voulait comprendre la portée et les
implications des articles 12, 21 et 105, que nous voulons
référer à la commission parlementaire selon les termes de
la motion du député de Nicolet, si tous les députés
de cette Chambre mesuraient les répercussions des articles 12, 21 et
105, je pense qu'il y aurait unanimité autour de cette motion
extrêmement rationnelle et objective du député de
Nicolet.
J'ai reçu également des communications d'autres
groupements depuis hier soir. Dans la Mauricie, il y a quasi unanimité,
si l'on exclut le maire de Trois-Rivières, qui n'a pas communiqué
avec moi, pour que cet article 105 soit réétudié et qu'on
tente, en commission parlementaire, de faire les ajustements qui
s'imposent.
Il en va de même d'un télégramme du président
de l'UCC et, par surcroît, hier soir il y avait une réunion
extraordinaire du bureau du conseil d'administration de l'UCC et c'est
éner-giquement, avec la dernière énergie que le
président de l'UCC faisant écho aux voeux exprimés par les
autres membres s'oppose à l'adoption des articles 12 et 21 sans qu'au
préalable on ne les ait réétudiés en commission
parlementaire.
Pour toutes ces raisons, je pourrais longuement m'attarder sur toutes
les implications néfastes des articles 12, 21 et 105, mais je pense que
si le ministre des Affaires municipales veut véritablement que son
projet de loi atteigne les objectifs visés, si le ministre des Affaires
municipales veut véritablement non pas faire retraite d'une façon
honteuse, nous lui fournissons l'occasion de revaloriser...
M. CARPENTIER: M. le Président, j'aurais une question à
poser. L'honorable chef de l'Opposition me permettrait-il de lui poser une
question?
M. LOUBIER: Quand j'aurai terminé, M. le Président.
M. CARPENTIER: M. le Président, je remercie le chef de
l'Opposition.
M. LOUBIER: Très bien.
M. le Président, si le ministre des Affaires municipales veut
véritablement que ce projet de loi, qui rencontre, je pense, la quasi
unanimité de cette Chambre au niveau du principe et qui, dans l'ensemble
des articles, répond véritablement et d'une façon
honnête aux représentations qui ont été faites par
les députés de toutes les formations politiques,
représentations également faites par des groupements, des corps
de pression, je pense que le ministre des Affaires municipales devrait
être le premier à littéralement appuyer la motion du
député de Nicolet afin que son projet de loi soit accueilli par
toutes les classes de la société, soit accueilli avec sympathie
et qu'il y ait un concensus de formé.
M. le Président si on ne donne pas l'occasion, non pas le
privilège, mais le droit strict à la classe agricole de se faire
entendre par la voix de ses représentants, si également, on
empêche les régions les plus touchées par l'article 105,
particulièrement celles de la Mauricie de faire entendre la voix, les
besoins de toutes les implications de l'article 105, alors, je dis que le
projet de loi 48, présenté par le ministre des Affaires
municipales sera, à toutes fins pratiques, prostitué et
conspué dans l'opinion publique, parce que le ministre s'étant
buté et obstiné à maintenir les articles 12, 21 et 105,
dans l'état actuel, va brimer la liberté d'expression d'une
classe tout de même énormément importante sur le plan
socio-économique, la classe agricole du Québec.
Deuxièmement, M. le Président, je pense que le ministre
des Affaires municipales en refusant avec ses collègues la motion
proposée par le député de Nicolet, va faire en sorte que
nous soyons forcés de continuer le débat sur ces articles, de les
vider à fond, afin que le gouvernement seul en porte l'odieux devant la
classe agricole, en porte également l'odieux devant la région de
la Mauricie, mais pour qu'au moins par nos interventions, on n'ait plus
à porter tous les dangers de ces articles, toutes les implications
néfastes des classes du Québec qui sont largement
défavorisées depuis des années. Je demande au ministre des
Affaires municipales...
M. CARPENTIER : Rapportez les faits tels qu'ils sont.
M. LOUBIER: M. le Président est-ce qu'on veut recommencer le
même jeu qu'hier soir?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! L'honorable chef de l'Opposition.
M. LOUBIER: Est-ce qu'on pourrait me laisser terminer? Je comprends que
ça ne correspond peut-être pas aux idées du
député de Laviolette. Je comprends qu'il est
peut-être...
M. CARPENTIER: Ça ne correspond pas aux idées des conseils
municipaux de ces régions précisément.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! s'il vous plaît.
M. LOUBIER: M. le Président, je pense qu'il a eu l'occasion de
s'exprimer hier. Nous l'avons entendu en tout cas. Ça résonnait
dans la Chambre lorsqu'il a parlé et je pense qu'il devrait me donner la
même latitude aujourd'hui, que ça lui plaise ou non, ce que je
dirai. Je ne suis pas dans l'Opposition pour essayer de plaire au
député de Laviolette et tenter de plaire au gouvernement. Je suis
dans l'Opposition avec mes collègues pour défendre les
intérêts des différentes classes de la
société et nous sommes dans l'Opposition également
pour
faire en sorte que si par une majorité servile
ministérielle...
M. CARPENTIER: Je vous la donne, cette permission, dans la mesure
où on rapportera les faits tels qu'ils sont.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre
M. PAUL: J'invoque le règlement. Il y a un certain
député, M. le Président, qui assume assez souvent les
responsabilités de diriger les débats, en votre absence ou en
l'absence de l'honorable député de Terrebonne. Il s'agit du
député de Laviolette. Je crois, M. le Président, qu'il
tient actuellement une conduite incompatible avec la responsabilité
accidentelle que vous lui confiez et je l'inviterais, lui, plus que les autres,
à se conformer au règlement, à l'observer et à
prendre les moyens prévus par notre règlement pour interrompre
l'honorable opinant.
M. CARPENTIER : Je voudrais rappeler à l'honorable
député de Maskinongé que ce n'est pas accidentel. Et
j'aimerais également que l'opinant s'en tienne précisément
aux dispositions et également à ce qui a été
rapporté par les maires de la Mauricie.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Durant le discours du député
de Bellechasse, il n'est pas permis d'intervenir. Suivant le règlement,
on ne peut pas interrompre un député qui a la parole, même
si ce député-là dit des choses qui ne tiennent pas debout
ce n'est pas le cas du député de Bellechasse, loin de
là on est obligé d'accepter la responsabilité de
celui qui prononce ces paroles. Le seul moyen de les contredire ou de les
réfuter c'est de prendre la parole à'son tour, au cours du
débat.
Même s'il dit des choses désagréables que nous ne
pouvons pas accepter, qui ne sont pas acceptables et, encore là, ce
n'est pas directement le cas du député de Bellechasse, on n'a pas
le droit de l'interrompre de son siège sans demander la permission et
obtenir le droit de parole du président. Cela s'applique à tout
le monde, aussi bien à ma droite qu'à ma gauche.
M. LOUBIER: M. le Président, je vous remercie...
M. PAUL: Cela fait chaud au coeur...
M. LOUBIER: ... d'essayer de dépolluer ce climat. Je profite de
l'occasion pour vous redire sans flagornerie l'appréciation que nous
avons à votre endroit pour le rôle que vous remplissez avec
infiniment de gentillesse et de sérénité. Vous avez
prouvé encore ce matin, à la période des questions, que
l'impartialité, vous vouliez l'atteindre à la perfection. Je
pense que vous méritez nos félicitations.
M. le Président, pour en revenir là où
j'étais tout à l'heure, il me semble que j'étais bien
parti.
M. LE PRESIDENT: Ne faites pas trop d'invitations.
M. LOUBIER: Vous savez avec quelle candeur j'agis en cette Chambre.
Personne ne peut me prêter d'arrière-pensées, M. le
Président. Mais je disais et je le reprends sur un ton beaucoup
plus serein, puisque les notes assez stridentes étaient tout simplement
le reflet de la conviction que je mettais dans mes propos, sur un ton plus bas,
plus calme, espérant que cela évitera de faire lever de son
siège le député de Laviolette tout simplement que
n'eût été de la motion du député de Nicolet,
n'eût été de l'intervention que je fais actuellement et que
d'autres collègues feront également, jamais nous n'aurions pu
mesurer toutes les implications des articles 12, 21 et 105. Ce n'est pas
sorcier, ce n'est pas exagéré, ce que nous demandons actuellement
en cette Chambre. Nous voulons tout simplement que ces articles qui sont en
soi, je pense, extrêmement néfastes, entre autres pour la classe
agricole, soient réétudiés en commission parlementaire,
que les représentants des syndicats agricoles fassent leurs
représentations, que nous tentions avec le ministre des Affaires
municipales et non contre lui, malgré tout ce que nous avons pu
lui dire hier dans un climat qui n'était pas propice aux compliments des
deux côtés de la Chambre avec les corps
intermédiaires, avec l'UCC, avec les maires des différentes
municipalités, de nous pencher de nouveau sur ces articles en commission
parlementaire et faire en sorte que nous puissions les remodeler, que nous
puissions les réaménager afin d'atteindre plus
d'équité, plus de justice à l'endroit des cultivateurs et
à l'endroit des différentes régions ou
municipalités qui sont touchées, impliquées d'une
façon assez dramatique par les termes de l'article 105.
M. le Président, pour ces raisons et afin de donner l'occasion
à d'autres collègues de l'Opposition de s'exprimer sur le sujet,
pour toutes les raisons précitées et pour bien d'autres qui
seront sans doute reprises par certains de mes collègues, je souscris
sans aucune réticence à la motion intelligente, à la
motion bienvenue par tous, j'espère, du député de
Nicolet.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Richmond.
M. Yvon Brochu
M. BROCHU: M. le Président, je pense que devant les
problèmes qui sont soulevés par le bill no 48 et plus
spécifiquement par les articles 12, 21 et 105, à la suite de la
motion de l'honorable député de Nicolet, de notre
côté, les membres du Ralliement créditiste, nous ne pouvons
passer sous silence l'importance de la
convocation de cette commission des Affaires municipales afin
d'étudier à fond les problèmes qui, semble-t-il, sont
laissés en suspens au niveau des trois articles que j'ai
mentionnés tout à l'heure.
Qu'il me suffise ici, M. le Président, pour bien expliquer la
position que j'ai l'intention et que mon parti a l'intention de prendre sur ce
point, de mentionner quelle est la teneur de ce fameux article 12. L'article 12
dit ceci: "Ne sont pas portés au rôle les immeubles
destinés ou utilisés principalement à des fins de
recherche, de commerce, d'industrie, de prévention ou de
réduction du bruit, de lutte contre la pollution de l'air, de l'eau ou
du sol ou d'exploitation d'une ferme ou d'un boisé, sauf les suivants".
Alors ceux-là sont portés au rôle: Premièrement,
"les terrains et les bâtiments", deuxièmement, "les voies de
communication toutes les voies de communication non
ferrées, qu'elles soient pavées ou non, qui ne son pas
visées à l'article 13". L'article 13 concerne le minerai.
M. le Président, relativement à cette motion, en ce qui
concerne l'article 12, j'aimerais expliquer ici la position claire et nette que
j'ai l'intention de prendre à ce sujet puisque les implications de la
motion...
M. LE PRESIDENT (Hardy): Je voudrais rappeler à l'honorable
député de Richmond que ce n'est pas le temps,
présentement, de discuter du fond des articles qu'il conteste. Ce qu'il
fait actuellement, c'est qu'il discute de la substance des articles que l'on
veut référer à la commission parlementaire des Affaires
municipales.
Encore une fois, le débat sur la motion d'amendement
présentée par l'honorable député de Nicolet doit se
limiter à dire les raisons pour lesquelles on devrait renvoyer ce projet
de loi, et en particulier les articles en cause, devant la commission. Mais la
discussion sur le fond de ces articles doit se faire en troisième
lecture.
M. PAUL: M. le Président, comment allons-nous faire pour soutenir
l'opportunité de notre argumentation au soutien de la motion de
l'honorable député de Nicolet si nous ne pouvons pas invoquer les
raisons, même de fond, qui justifieraient la convocation de la commission
parlementaire?
M. LE PRESIDENT: Je considère que l'honorable
député de Maskinongé, grâce à son
expérience, à sa science juridique en général et
à sa science du droit parlementaire en particulier, sait très
bien que même malgré le fait qu'il s'agisse d'une limite assez
difficile à marquer, j'en conviens, il y a quand même une
distinction à faire. Sinon, je ne vois pas pourquoi le règlement
dirait qu'il y a la motion de troisième lecture et la motion
d'amendement.
Evidemment, il devient très difficile à la fois pour les
opinants et pour celui qui est appelé à diriger les débats
de tracer la ligne de démar- cation à savoir quand l'orateur s'en
tient à la motion d'amendement ou quand il parle sur le motion de
troisième lecture elle-même. Je conviens de cette
difficulté. Mais je pense qu'il y a quand même une distinction. Si
tous les propos de l'orateur se bornent à discuter de la substance de
l'article, il apparaît évident qu'on ne s'en tient pas au
règlement. Que l'on soit appelé, par incidence, à parler
de la substance de l'article pour dire pourquoi on devrait
référer à la commission parlementaire, j'en conviens. Mais
il s'agit, au fond, d'une question de degré.
C'est la raison pour laquelle je rappelle, bien calmement et avec toute
l'amabilité dont je peux être capable, au député de
Richmond de s'en tenir à l'objectif de la motion.
M. LOUBIER: M. le Président, sur le point de règlement, je
vous demande une directive en même temps.
Lorsque l'on demande que des articles ou un projet de loi soient
déférés en commission parlementaire, est-ce qu'à ce
moment-là il n'est pas important et essentiel d'apporter les arguments
qui militent en faveur de cette motion?
Je comprends avec vous la difficulté d'établir la
démarcation, jusqu'où on peut plonger dans le coeur des articles.
D'autre part, je pense que le député de Richmond, comme les
autres qui l'ont précédé, tentent de démontrer
quelles sont les conséquences véritables dans le contexte actuel,
à cause de faits nouveaux, de ces articles sur le plan
socio-économique, d'où la nécessité d'en parler.
Autrement je vous le dis en toute déférence je ne
verrais pas comment les députés de cette Chambre pourraient
être en faveur d'une motion, simplement quant à l'objectif
à atteindre.
Il faut tout de même qu'il y ait une argumentation qui mène
à la conclusion qu'il faut absolument transporter le débat en
commission parlementaire.
Je voudrais savoir de vous, d'une façon assez précise,
à quel endroit vous établissez véritablement la ligne,
où on peut discuter de la substance et des conséquences de
l'article. Ou encore, dans votre appréciation à vous, est-il
impossible de discuter des conséquences de ces articles pour conclure
à l'adoption d'une motion?
M. LE PRESIDENT: Je pense précisément que les remarques
que je viens de faire répondaient à la demande de
directives...
M. LOUBIER: Cela n'a pas été établi, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT: ... du chef de l'Opposition officielle. Vous
comprendrez très bien qu'il est impossible d'établir d'une
façon totalement précise ce que le député de
Bellechasse demande.
Je répète qu'il s'agit d'une question de
contexte et de degré. Si toute l'argumentation sur cette motion
d'amendement consiste uniquement à critiquer la substance des articles,
je dis que l'on ne respecte pas le règlement. Que l'on soit
appelé, pour justifier les raisons pour lesquelles on voudrait que le
projet de loi soit déféré à la commission
parlementaire, à parler, en passant, de la substance des articles, j'en
conviens. Encore une fois, il s'agit de degré.
L'essentiel du débat doit porter sur le pourquoi de
déférer le projet de loi à la commission. Si l'essentiel
du débat porte sur la substance, on ne respecte plus l'esprit du
règlement.
Encore une fois, ce n'est que par incidence que l'on doit discuter,
selon mon interprétation, de la substance des articles. Il y a eu des
arguments hier. Je me rappelle très bien qu'on a invoqué le fait
qu'il y avait des discussions, qu'il y avait des gens qui voulaient se faire
entendre et des maires qui ne sont pas d'accord. Cela, ce sont des raisons pour
lesquelles on doit aller devant la commission parlementaire, mais on ne peut
parler de la substance même de la loi.
Au fond, on veut aller devant la commission parlementaire pour permettre
à des gens de dire pourquoi ils ne sont pas d'accord et non pas pour que
des députés, à ce stade-ci, disent pourquoi ils ne sont
pas d'accord. Les députés, eux, ont tout le loisir de dire les
raisons pour lesquelles ils ne sont pas d'accord sur certains articles durant
le débat de troisième lecture.
Ce ne sera pas nécessaire d'aller en commission parlementaire
pour permettre aux députés de donner leur opinion
là-dessus. Si on veut aller en commission parlementaire, c'est pour
permettre surtout à des gens de se faire entendre et il y a eu des
arguments qui ont été apportés hier et qui à mon
sens étaient tout à fait dans l'objectif et conformes aux
règlements. Mais, encore une fois, je vois difficilement comment on peut
permettre de faire deux débats dans le même débat, que l'on
fasse le débat de troisième lecture sur l'amendement. Je ne vois
pas comment ça peut répondre à l'économie
générale de notre règlement. Je ne vois pas comment notre
règlement pourrait permettre de doubler un débat.
M. LOUBIER: M. le Président, si vous me permettez, j'ai bien
saisi vos propos, si je les ai bien saisis dis-je, c'est que les opinants
peuvent exprimer comme ça s'est fait hier, les raisons pour lesquelles
par exemple le maire de Trois-Rivières serait en faveur, comme on l'a
exprimé hier soir, les raisons pour lesquelles d'autres maires seraient
contre, les raisons pour lesquelles l'UCC serait contre. Or, si j'accepte votre
directive, M. le Président, ça veut dire à ce
moment-là que nous pouvons véritablement donner toutes les
raisons pour lesquelles ces gens-là demandent que ce soit
référé en commission parlementaire. Et si tel est le cas,
M. le Président, parce que ç'a été
toléré hier en cette Chambre de se servir des témoignages
de
M. le maire de tel endroit, de télégrammes de tel endroit,
le député de Richmond peut à ce moment-là tout
simplement dire dans sa formulation, pour réconforter la
présidence, que l'UCC prétend que ce bill aura pour les
cultivateurs telle et telle implication.
M. TETRAULT: M. le Président, j'aimerais aussi attirer votre
attention sur la motion du député de Nicolet sur les articles 12,
21 et 105. Je crois que le député de Richmond veut simplement
invoquer l'article 12, qu'il cite, et qui selon lui, motive principalement
cette motion pour convoquer la commission des Affaires municipales. Donc, si on
se réfère à la motion quant aux articles 12, 21 et 105, il
doit se servir de ces articles pour défendre la motion qui est devant
nous.
M. LE PRESIDENT: De toute façon, j'établis d'une
façon claire et définitive que je n'accepterai pas que l'on
discute majoritairement de la substance des articles. L'objet de la motion est
de référer le projet de loi devant la commission parlementaire,
c'est ma décision et c'est à partir de ce cadre que j'appliquerai
des décisions sur les propos qui seront tenus.
M. BROCHU: M. le Président, j'aimerais peut-être souligner
simplement un point ici avant de continuer mon exposé, c'est que d'abord
je n'ai pas l'intention de commenter ces articles-là comme tels, mais
simplement de m'en servir comme levier, ou comme causes explicatives de la
prise de position que j'ai l'intention de défendre dans cette Chambre,
suite à la motion du député de Nicolet.
Si je me suis servi en particulier d'un article qui est inclus dans la
motion du député de Nicolet, c'était simplement pour
manifester aussi cet accord que nous donnons aux cultivateurs, de vouloir
revendiquer afin d'être entendus à la commission parlementaire. Je
pense, M. le Président, que c'est essentiellement l'orientation et
l'objectif de la motion du député de Nicolet, parce que si cette
commission parlementaire siège, ceci nous permettra d'entendre deux
catégories de gens du Québec, qui à mon sens, sont
très importantes.
Premièrement les maires, et en particulier les maires de la
Mauricie, puisque ceux-ci ont manifesté le désir d'être
entendus, de pouvoir avoir l'occasion de venir présenter leurs
recommandations, leurs suggestions, même leurs suggestions d'amendement
à ces articles-là afin que le projet de loi rende
véritablement justice à tous ceux qui auront à vivre
à l'intérieur du cadre de cette législation.
Deuxièmement, M. le Président, un autre groupe de
personnes du Québec qui, malgré le peu d'importance qu'on leur a
accordée depuis un bon bout de temps sont, à mon sens, les pivots
d'une société et c'est la classe agricole qui, par son organisme,
l'UCC, a demandé
d'être entendue à cette commission parlementaire.
J'ai justement ici un télégramme de l'UCC qui m'incite
également à appuyer fortement et sans réserve la motion de
l'honorable député de Nicolet. Il se lit comme suit: Avons fait
valoir point de vue UCC concernant amendement requis au projet de loi
évaluation foncière, bill 48, au premier ministre du
Québec, au ministre des Affaires municipales et au ministre de
l'Agriculture. Amendement requis devrait corriger injustice faite aux
cultivateurs du Québec par imposition foncière. Sommes sans
réponse et n'avons aucune assurance que tels amendements seront
apportés. Nous vous demandons de faire opposition formelle à la
passation du projet de loi, évaluation foncière 48...
M. HARVEY (Jonquière): Cela augmente de 1p.c. dans le bill...
M. BROCHU: Et, afin que nous puissions continuer véritablement un
travail législatif normal devant des protestations qui, à mon
sens, M. le Président, sont tout à fait justifiées et
justifiables, nous ne pouvons pas nous permettre le luxe de fermer
définitivement la question sans que ces groupements et ces gens
concernés soient vraiment consultés par la convocation de cette
commission parlementaire où ils seraient pleinement entendus.
J'émets le voeu également que l'on donne suite à cette
recommandation.
M. le Président, à mon sens, le gouvernement ne devrait
absolument pas avoir peur de cette commission parlementaire. Cette motion
devrait, au contraire, le sécuriser grandement, puisque ça lui
permettrait d'entendre les gens intéressés faire leurs
recommandations, de réajuster son projet de loi et de répondre,
en ce sens, aux désirs et aux souhaits des gens qui auront à
vivre à l'intérieur de ce cadre législatif.
Iln'y a donc là aucun élément insécurisant
pour un gouvernement au pouvoir que d'ouvrir cette porte à la
consultation véritable, une consultation qui se passe dans les faits
à l'intérieur d'une telle commission parlementaire.
M. le Président, à mon avis, il n'y a rien de plus facile
que de gouverner si l'on tient compte des gouvernés, de ceux qui ont
à vivre sous une juridiction quelconque, si on se tient proche de cette
réalité, comme le veut présentement la motion de
l'honorable député de Nicolet. En fin de compte, quelle est la
base fondamentale de la philosophie qui se trouve au fond de cette motion,
sinon le rapprochement du pouvoir de décision de ceux qui auront
à vivre dans le cadre législatif qui nous est soumis?
Je pense que nous aurions même intérêt à nous
servir de la philosophie fondamentale de cette motion pour l'utiliser à
l'avenir lorsque d'autres lois se présenteront afin d'établir
véritablement un processus de consultation réelle avec les gens
concernés au niveau des projets de loi X, Y ou Z de tel ou tel
ministère.
De sorte qu'aucun gouvernement n'aurait de résistance ou
d'opposition si, à la suite d'une consultation réelle il prenait
une position nette et précise en disant: Voici, c'est vous-même
qui l'avez demandé, à la suite d'un problème que nous
avions constaté et d'un cadre de loi que nous vous avons
proposé.
Je pense, M. le Président, que dans cette optique de travail,
aucun gouvernement n'aurait à craindre de qui que ce soit, puisqu'il
serait toujours le représentant de la majorité à
l'échelon du travail qu'il est en train de faire dans un projet de loi,
que ce soit dans le domaine des Affaires municipales, de l'Agriculture ou
ailleurs.
Devant le bien-fondé d'une telle motion, en tant que
député représentant un comté rural, je ne peux donc
qu'y souscrire, puisque dans ce projet de loi on va jusqu'à taxer les
clôtures, le système de drainage et autres outils dont le
cultivateur a besoin pour son travail.
Je me pose une question: Est-ce parce qu'on ne peut plus taxer le revenu
du cultivateur, parce qu'il n'en a pas, qu'on taxe ses outils de travail et ses
moyens de travail?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! J'ai rendu une décision, j'ai
donné une directive hier. Je ne peux pas permettre de débat de
fond sur les articles.
Je ne sais pas si le député a déjà pris la
parole sur la motion principale de troisième lecture, mais je lui dis
qu'il n'a pas le droit de faire actuellement ce que nous aurons le droit de
faire sur la motion principale, après avoir vidé cette question
d'amendement. Je ne peux pas vous permettre d'aller au fond et de critiquer les
articles. Ce que je veux entendre doit porter sur la motion du
député de Nicolet à l'effet que la commission
parlementaire doit être convoquée pour entendre les
représentants de l'UCC.
M. BROCHU: M. le Président, je me conformerai à votre
directive.
Hier soir, relativement à cette motion, nous avons entendu le
député de Trois-Rivières maintenir que les maires
étaient partis d'ici, satisfaits de ce qui était
présenté dans le projet de loi et qu'ils n'avaient rien à
redire. M. le Président, si on accepte cette prémisse, quelle
objection pourrait-on avoir à ce qu'une telle commission parlementaire
soit convoquée? Puisqu'on dit que les cultivateurs et les maires
concernés sont aussi satisfaits, aussi contents, quelle objection
peut-on avoir à ce que cette commission parlementaire siège?
M. le Président, ceux qui s'y présenteraient viendraient
simplement souligner au gouvernement l'excellence de son projet de loi; ils
viendraient le féliciter et lui jeter de fleurs, puisque, d'après
les exposés qui nous ont été faits par les
députés ministériels en cette Chambre, tout le monde est
satisfait, ce que nous ne croyons pas, M. le Président. Nous avons des
faits pour l'attester; c'est pourquoi nous deman-
dons que cette commission parlementaire soit convoquée. Mais, au
pis aller, nous disons que, si tout le monde est satisfait, ce sera une forme
d'encensement pour le gouvernement et je pense, M. le Président, que le
gouvernement n'a pas peur d'une bonne publicité, n'a pas peur
d'être louangé dans les journaux, en commission parlementaire ou
ailleurs.
M. le Président, ce serait la plus belle façon pour le
gouvernement de montrer directement que le peuple est derrière lui et de
montrer aussi que nous, de l'Opposition avions tort de nous poser des
questions, ce dont je doute fort, cependant. Il pourrait, à ce
moment-là, nous dire: Messieurs vous aviez tort et ça me ferait
plaisir de le reconnaître en cette Chambre, si le gouvernement avait la
force et se sentait capable de retourner devant le peuple en convoquant une
commission parlementaire. Cela me ferait plaisir, si les faits prouvaient que
je n'ai pas raison aujourd'hui, de me lever et de reconnaître mon
erreur.
Cependant, j'en doute.
Je considère que nous avons besoin d'accorder toute l'importance
nécessaire, voulue à cette commission parlementaire. Si le
gouvernement se veut vraiment soucieux de la démocratie, je pense qu'il
ira jusqu'au bout et qu'il convoquera la commission parlementaire afin
d'entendre les personnes intéressées.
M. le Président, la démocratie comme telle n'est pas
simplement un élément qui vient jouer lors d'une campagne
électorale pour porter un parti au pouvoir. Ce n'est pas simplement un
moyen pour porter un parti au pouvoir.
M. le Président, je tiens à vous faire remarquer qu'il est
midi trente. Si vous le permettez, je vous demanderais la suspension des
travaux à cet après-midi.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! L'Assemblée suspend ses travaux
jusqu'à quatorze heures trente.
(Suspension de la séance à 12 h 29)
Reprise de la séance à 14 h 32
M. LAVOIE (président): A l'ordre, messieurs !
M. TETRAULT: Lorsque la séance a été suspendue, le
député de Richmond avait la parole. Pour des circonstances non
contrôlables, on doit accepter que sa participation au débat soit
terminée.
M. Jean-Noël Tremblay
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je regrette que notre
collègue de Richmond n'ait pu reprendre le discours qu'il était
en train de faire, au moment de la suspension, sur l'amendement proposé
par le député de Nicolet.
Je voudrais, aussi brièvement que possible, faire quelques
observations sur l'importance qu'il y a d'accepter la proposition d'amendement
faite par le député de Nicolet aux fins de déférer
à nouveau le projet de loi no 48 à la commission afin d'examiner
les articles 12, 21 et 105.
Parlant de certains de ces articles qui touchent les
intérêts des cultivateurs, il n'est pas nécessaire de vous
dire, M. le Président, qu'étant représentant d'une
circonscription qui comporte un secteur rural assez important et qui peut
également être considérée comme une grande
région rurale, en même temps qu'une région industrielle, je
me dois de faire connaître mon opinion et celle de mes commettants, de
tous ceux qui ont communiqué avec moi depuis quelques jours.
Je vous ai déjà dit que j'avais participé à
toutes les séances de la commission des Affaires municipales pour
l'étude de ce projet de loi. J'ai suivi les débats qui se sont
tenus par la suite en Chambre, au moment où, hier, on a proposé
la troisième lecture de ce projet de loi. J'endosse la proposition du
député de Nicolet parce qu'il me parait extrêmement
important, essentiel de revoir les articles 12, 21 et 105 et d'autres
également dont je parlerai un peu plus tard, à la lumière
des représentations qui nous ont été faites.
Le député de Nicolet a démontré, à la
satisfaction de la Chambre et de tous les intéressés, qu'il est
important que l'on réexamine les articles qui touchent à
l'évaluation en ce qui concerne les biens des cultivateurs, leurs
propriétés, les terres en culture, etc.
Je ne veux pas revenir là-dessus, parce que je crois que la
démonstration qu'il a faite correspond aux exigences exprimées
par les cultivateurs, par divers groupes de cultivateurs et notamment par
l'association principale qui les regroupe, soit celle de l'UCC. Il est donc,
à mon sens, normal et raisonnable que l'on reprenne en commission
parlementaire l'examen de ces articles.
Il ne s'agit pas de condamner le ministre des
Affaires municipales, il ne s'agit pas de reprendre en long et en large
un débat et l'examen de tout un projet de loi que nous avions
déjà étudié de diverses façons, à
divers stades, selon que le veut le règlement, mais d'entendre les
représentants des organismes constitués spécialement pour
parler au nom de la classe agricole.
Il y a aussi, dans le projet de loi du ministre des Affaires
municipales, des dispositions qui touchent les municipalités, nous
l'avons dit et redit à maintes reprises, comme je l'ai fait
moi-même, et qui les privent de certains revenus qui leur provenaient de
sources de taxation qui sont soustraites maintenant et qui, de ce fait, peuvent
compromettre la vie fiscale des municipalités.
On peut très bien me dire que tel ou tel maire je parle
ici, par exemple, de ma région, les maires de la ville d'Alma, de
Kénogami, de Jonquière, d'Arvida, de Chicoutimi, de Bagotville,
de Port-Alfred, etc., a envoyé un télégramme pour
dire qu'il est satisfait de la loi telle que le ministre des Affaires
municipales voudrait nous la faire adopter.
Acceptons cette hypothèse que, dans l'immédiat, ces maires
se disent satisfaits.
Mais hier soir, dans mon argumentation que je ne reprendrai pas
de long en large j'ai dit que même si l'on pouvait être
satisfait dans l'immédiat des propositions, des arrangements que le
ministre des Affaires municipales a soumis à ces maires, dans le cas par
exemple de systèmes de compensation par mode de subvention
échelonnée sur quinze ans. M. le Président, le ministre du
Revenu pourra s'expliquer en son temps et selon que le veut le
règlement.
M. HARVEY (Jonquière): D'accord, je faisais remarquer au
député qu'il n'y avait pas de système de subvention dans
la loi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, M. le Président, il s'agit
d'arrangements. Ces arrangements peuvent se faire de diverses façons,
par mode de subvention le ministre des Affaires municipales nous en a
assez parlé au cours des réunions de la commission parlementaire
ou par voie d'arrangement avec les sociétés le cas
de l'Hydro par exemple qui peuvent étaler des montants qui
constituent ce que j'appelle un système de compensation. Alors, les
maires peuvent être satisfaits dans l'immédiat de cela, mais, je
reprends un argument que j'invoquais hier soir, est-ce que ces arrangements,
pour satisfaisants qu'ils puissent paraître dans l'immédiat,
tiennent compte de l'évolution, c'est-à-dire du rythme de
croissance normale d'une municipalité?
Est-ce qu'ils tiennent compte de la planification financière des
municipalités? Est-ce qu'ils tiennent compte des exigences qui se
rattachent à ce que l'on appelle le coût de la vie? Est-ce qu'ils
tiennent compte de ces exigences du rajustement au coût de la vie? Est-ce
qu'ils tiennent compte aussi, M. le Président, de ces faits accidentels
qui se produisent et qui fe- raient que les municipalités se
trouveraient à un moment donné dans l'obligation d'emprunter
à des taux d'intérêt qu'il est difficile de fixer
étant donné le flottement qui existe dans le domaine des
investissements, des emprunts et des intérêts? Ce sont là
des considérations importantes et qui à mon sens ne rendent pas
invalide le télégramme que les maires pourraient envoyer à
un ministre ou à un député du parti ministériel,
pour lui dire: D'accord, nous sommes satisfaits. Cela n'invalide pas ce
télégramme, mais c'est une considération qui vaut pour
l'immédiat.
Nous demandons que la commission parlementaire puisse réexaminer
ces questions-là à la lumière des faits nouveaux et dans
la perspective de l'évolution, des conséquences et de l'impact
que pourraient avoir toutes les formules possibles d'arrangement dont le
ministre des Affaires municipales a parlé. Qu'on ne vienne pas me dire
que les maires de telle ou telle ville ont dit: Nous sommes satisfaits. On peut
très bien apporter des télégrammes et dire que le maire de
telle ou telle ville, lui, n'était pas satisfait.
Il y a, d'autre part, une considération qu'il eut important de
souligner, c'est que les municipalités sont dépendantes des
gouvernements et que les gouvernements en place peuvent exercer je l'ai
dit hier soir sur les municipalités, sur Its maires, des
pressions qui se traduisent directement ou indirectement par des menaces de
représailles. Je ne porte pas d'accusation contre le gouvernement
actuel, mais cela s'est vu dans le passé, cela s'est vu il n'y a pas
longtemps. Cela s'est vu il y a quelque temps, très peu de temps
à Chicoutimi quand le gouvernement...
M. PILOTE: Il y a deux ans et demi?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... a décidé de
déposséder la ville de Chicoutimi de son titre, de son rôle
ou de sa fonction de capitale administrative régionale pour bâtir
un édifice administratif à Jonquière, alors qu'il devait
être situé à Chicoutimi...
M. GARNEAU: M. le Président, j'invoque le règlement.
M. LE PRESIDENT: Sur un point de règlement.
M. GARNEAU: Le député de Chicoutimi, actuellement, est
complètement en dehors du sujet du débat. Je vous demanderais de
le rappeler à l'ordre, s'il vous plaît.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! M. PAUL: Selon quel article?
M. GARNEAU: Citez-le, vous les savez par coeur.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): En quoi suis-je hors du débat?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît! Je suivais
attentivement le député de Chicoutimi dans sa petite excursion en
dehors de la motion qui est devant la Chambre. Il donnait un exemple, mais je
ne voudrais pas que son exemple prenne une expansion trop large. Je
l'inviterais à revenir à la motion.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je vous remercie de
votre directive. Je donnais tout simplement un exemple. Je disais qu'il y avait
eu un fait je n'y reviens pas et qu'à l'occasion de cet
événement, de cet acte du gouvernement, un maire, qui se
trouvait, en somme, intéressé au même titre que tous les
citoyens, a décidé de ne pas poursuivre les démarches
qu'il avait entreprises auprès du gouvernement pour demander le rappel
d'une décision, en disant ceci il l'a dit publiquement et le
député de Jonquière pourra le confirmer "Je crains
que le gouvernement, si nous nous opposons trop à ses décisions,
ne nous prive d'autres subventions dans d'autres domaines.'' C'est l'exemple
que je voulais donner.
M. HARVEY (Jonquière): M. le Président, j'invoque le
règlement.
Si le député de Chicoutimi persiste à faire
dévier le débat sur d'autres articles qui sont dans la motion
d'amendement du député de Nicolet, j'imagine que j'aurai tout le
loisir de lui répondre sur chacun des points qu'il touche
présentement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je n'ai pas
touché de points qui soient étrangers au débat. J'ai
donné un petit exemple, pour montrer qu'il est évident que...
M. HARVEY (Jonquière): Ce sont des petites bifurcations de ce
genre qui peuvent amener un débat désagréable.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que j'ai le droit de parole, où
si c'est le député de Jonquière qui l'a?
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre du Revenu aura l'occasion,
lorsqu'il demandera la parole, de réfuter les avancés du
député de Chicoutimi.
M. HARVEY (Jonquière): M. le Président, je suis
très satisfait de votre décision.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, M. le Président, je vous
remercie encore une fois. Tous les télégrammes que l'on pourra
m'appor- ter, pour ou contre la décision du ministre des Affaires
municipales de maintenir les dispositions de l'article que nous combattons,
signifient quelque chose, positivement ou négativement. Mais il faut
tenir compte d'un fait qui est bien humain, c'est qu'il peut y avoir des maires
qui craignent les représailles du gouvernement et voient dans
l'immédiat certains avantages à la décision du
gouvernement mais qui seraient peut-être heureux de réexaminer
avec nous le problème en commission parlementaire, tel que nous le
demandons. Et cela est tellement vrai qu'il y a eu d'ailleurs hier une guerre
de télégrammes. C'est tellement vrai que je viens de recevoir un
télégramme de maires de municipalités qui ne sont pas de
ma région mais d'une région extrêmement importante si on
place cela dans l'optique du développement économique du
Québec.
Je vais vous lire le télégramme, et afin qu'il n'y ait pas
d'équivoque, je vais lire le télégramme au complet avec le
code, de sorte que l'on pourra vérifier auprès du bureau du
National-Canadien, service des télécommunications, la valeur et
l'authenticité du document dont je dépose immédiatement
copie.
M. LE PRESIDENT: Y a-t-il consentement au dépôt?
M. TETLEY: J'ai une question à vous poser. Avez-vous
sollicité ce télégramme par téléphone ou
télégramme?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je vais lire le
télégramme, et je répondrai après cela...
M. TETLEY: Vous n'aimez pas ma question.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ...au ministre des Institutions
financières, Compagnies et Coopératives.
Voici le télégramme et je vais vous donner le code, pour
donner au document que je lis, son authenticité. Voici le code: QQJL 477
(171229) CNKIA 974 RXFDKI. C'est un langage que les
télégraphistes connaissent.
DES VOIX: UQ. Deux zéro moins zéro.
M. CADIEUX: On comprend cela.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Baie-Comeau, Québec 17, 1020AEBT. M.
Jean-Noel Tremblay, député de Chicoutimi, Hôtel du
Gouvernement, le 17 décembre 1971.
M. CADIEUX: Qui ça, J.-N. Tremblay?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): 12 h 53 P.M. C'est bien clair. Voici la teneur
du télégramme: "Suite à notre mémoire sur le texte
original du
bill 48 et à sa réimpression nous nous opposons fortement
à l'adoption en vitesse de cette loi qui bouleverse la base de la
fiscalité municipale en modifiant la Loi sur l'évaluation STOP. A
la lecture rapide du nouveau texte nous constatons que nos revendications au
sujet des exemptions prévues n'ont pas été prises en
considération mais au contraire le présent texte accorde encore
plus d'exemptions aux grandes corporations STOP. L'ambiguïté du
texte de ces exemptions, articles 10, 12, 13, 14, 15 et 16 ne permet pas sans
étude approfondie d'évaluer les pertes de revenus actuels et
futurs pour nos municipalités STOP. Le dépôt tardif du
rôle entre les 8 et 15 novembre article 23 ajouté au délai
du 1er mai pour le dépôt des plaintes risque dans le cas de
contestation d'importants contribuables de perturber les finances de toutes les
villes industrielles STOP. Les pertes de revenus conséquentes à
l'adoption du bill 48 coïncidant avec les charges financières
additionnelles imposées aux municipalités par les nouvelles
politiques du ministère de la Voirie du ministère des Affaires
sociales de la réduction du revenu de la taxe d'affaire de l'addition de
nouvelles charges par le fédéral au service de
l'assurance-chômage sans qu'aucune compensation soit prévue
risquent de conduire les municipalités à la faillite STOP. Le
ministre des Affaires municipales à titre d'ancien maire
d'ex-président de l'Union des municipalités ne peut et ne doit
pas permettre l'adoption en vitesse de cette loi.
Il doit en reporter l'adoption à la prochaine session afin de
permettre aux municipalités d'en évaluer l'impact sur leurs
finances et de faire les recommandations qui s'imposent." C'est signé,
M. le Président...
M. HARVEY (Chauveau): Stop.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... Donald Galienne, maire de Sept-Iles,
Viateur Lévesque, maire d'Hauterive, Henri Léonard, maire de
Baie-Comeau. Je termine, M. le Président, avec le code: COL482848.
Voilà, M. le Président, comment, de façon
responsable, on peut utiliser un télégramme. Le ministre des
Institutions financières m'a demandé, tout à l'heure:
Est-ce que vous avez sollicité ces télégrammes? M. le
Président, j'ai assisté aux séances de la commission
parlementaire. J'ai participé à tous les travaux d'examen du
projet de loi no 48. Nous avons entendu les représentants des villes de
la Côte-Nord nous faire les recommandations qui sont reprises ici dans ce
télégramme et qu'on pourra retrouver dans le mémoire
qu'ils nous ont soumis.
Le ministre des Affaires municipales, alors que le procureur de ces
villes venait de faire la présentation de son mémoire, a
rejeté du revers de la main ces propositions en disant que ces maires
voulaient retourner en arrière. Je me suis élevé
immédiatement contre cette attitude du ministre dont nous voyons
aujourd'hui les résultats. Le ministre, n'ayant pas tenu compte de ces
faits, de ces revendications, a dû recevoir le télégramme
que j'ai reçu. Parce qu'à ce moment-là je m'étais
porté à la défense de ces municipalités, cela
explique...
UNE VOIX: Voyons!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... que les maires en question se sont
adressés à quelqu'un qui soit capable de les défendre et
non pas à quelqu'un qui a décidé d'avance d'approuver tout
ce que fait son gouvernement, sans égard aux conséquences que
cela peut avoir sur l'économie agricole et sur l'économie des
municipalités.
M. le Président, voilà la raison pour laquelle on m'a
envoyé ce télégramme, parce que les maires de
là-bas ne reçoivent pas leurs directives de Papa Doc
Desrochers.
M. TETLEY: Pardon...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le ministre veut me poser une
question?
M. TETLEY: ... puis-je vous poser une question?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): De bonne grâce. Attendez que je vous
donne la permission!
M. TETLEY: Vous êtes très gentil, merci. Je voulais
vérifier si personne, ni vous, ni un autre membre de votre parti,
n'avait téléphoné ou écrit pour demander ce
télégramme. Si j'ai bien compris votre réponse, il n'y a
eu aucune sollicitation, d'aucune manière, pour ce
télégramme.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, imaginez, une question
de cette nature posée par un ministre dit responsable...
M. TETLEY: Oui ou non? Dites-le!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est non, cent fois non, mille fois non, cent
mille fois non, comme dirait le premier ministre, se référant aux
100,000 jobs.
M. TETLEY: No, no, a thousand times no. M. HARVEY (Jonquière):
Embrassez-vous!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je n'ai pas
sollicité ce télégramme comme un ministre qui n'est pas
ici. Le ministre de l'Agriculture a fait demander des cultivateurs aujourd'hui
pour assister à la présentation du projet de loi no 64, sur le
syndicalisme agricole.
M. LACROIX: M. le Président, sur une question de
privilège. Je peux vous dire que ce
n'est pas le ministre de l'Agriculture qui a demandé à des
cultivateurs d'être présents, mais que des cultivateurs ont
été demandés au bureau du député de Nicolet;
celui-ci a demandé que les cultivateurs soient là pour prouver
qu'il était un défenseur des cultivateurs alors que, pendant
quatre ans, il n'a rien fait. Et, aujourd'hui, hypocritement, il essaie de nous
accuser d'être la cause du retard dans le règlement du
problème agricole.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Une question de privilège?
M. VINCENT: M. le Président, le député des
Iles-de-la-Madeleine vient de dire que j'avais fait demander des cultivateurs
à mon bureau.
M. LACROIX: Certainement. M.VINCENT: C'est faux! M. LACROIX: C'est vrai!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LACROIX: Il y en a même qui sont venus à mon
bureau...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît!
L'honorable député des Iles-de-la-Madeleine. A l'ordre,
s'il vous plaît!
M. VINCENT: M. le Président, ce que le député des
Iles-de-la-Madeleine vient de me dire est faux. Il n'y a aucun cultivateur
aujourd'hui qui m'a demandé des laissez-passer.
M. LACROIX: Ils se rendaient chez vous pour ça.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. VINCENT: Deuxièmement, M. le Président, j'ai
rencontré des cultivateurs, ce midi, qui m'ont dit qu'ils avaient
reçu un télégramme leur disant de venir dix personnes par
fédération à Québec, aujourd'hui, pour la
présentation du projet de loi no 64. Demandez-le aux cultivateurs. Et,
au lieu d'assister à la présentation du projet de loi no 64, ils
assistent à la présentation d'une législation qui va
même taxer leurs piquets de clôtures.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! L'honorable député de
Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je vous remercie, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: S'il vous plaît, messieurs!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je disais donc que j'ai reçu un
télégramme et que je n'ai pas sollicité...
M. TETLEY: J'accepte évidemment la parole du
député.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, non seulement je ne
l'ai pas sollicité, mais il a été envoyé à
d'autres. Je sais qu'un de mes collègues pourra en faire lecture.
D'autres collègues l'ont reçu. Et pourquoi ces maires
auraient-ils envoyé ça à moi? Ils l'ont envoyé
à moi, comme député responsable, conscient de la
gravité de la situation et capable de les défendre. Je salue,
avec tout l'honneur que nous lui devons, l'arrivée du ministre des
Affaires municipales, à qui je fais parvenir copie du
télégramme que j'ai reçu des maires de Hauterive,
Baie-Comeau et Sept-Iles.
M. le Président, je dis donc que la proposition d'amendement du
député de Nicolet aux fins de convoquer à nouveau la
commission pour examiner les articles 12, 21 et 105 est d'une exigence
capitale, et c'est à se demander, compte tenu du
télégramme que je viens de lire, s'il ne sera pas
nécessaire de l'amender pour y inclure d'autres choses. Et je serai
d'accord avec quiconque proposera de donner suite aux exigences des maires,
dont j'ai lu le télégramme, qui demandent qu'on réexamine
d'autres articles et pas seulement les articles 12, 21 et 105.
Et je souhaite que cet amendement soit proposé, je le
désire...
M. LE PRESIDENT: Avec le consentement de l'honorable
député de Nicolet.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je ne veux pas amender
moi-même la proposition de mon collègue, parce que je sais qu'il
se trouve dans cette Chambre des députés qui, comme moi, sont
capables de défendre les intérêts de leur région et
je leur en laisserai le crédit et le prestige.
Je dis qu'il y a eu une guerre de télégrammes, qu'on peut
me donner et me lire tous les télégrammes d'approbation, comme on
peut me lire tous les télégrammes de désapprobation, cela
prouve une chose: c'est que tout le monde en parle. C'est, comme on dit en
anglais, "the talking of the town". Tout le monde en parle actuellement et
ça justifie l'adoption de la proposition du député de
Nicolet.
Ne serait-ce que, outre les raisons majeures que nous avons
invoquées, pour provoquer cette confrontation entre le ministre des
Affaires municipales et les personnes dont il nous a dit, tantôt oui,
tantôt non, qu'elles l'avaient consulté, qu'il leur avait
donné son consentement, qu'il ne l'avait pas donné, etc. Nous
savons ce qui s'est passé hier soir, je n'y reviens pas.
Cette confrontation s'impose pour savoir si
le ministre des Affaires municipales a bien, à propos de
l'article 105, donné des assurances qu'il n'a pas respectées par
la suite. Je n'accuse pas le ministre d'avoir trompé qui que ce soit,
nous voudrions savoir de ses fonctionnaires, des organismes
intéressés, des personnes avec lesquelles il a communiqué,
si oui ou non il a donné telles assurances que nous jugeons essentielles
pour les cultivateurs et pour certaines municipalités.
Je ne vois pas pourquoi le gouvernement refuserait d'accepter une motion
comme celle du député de Nicolet. Ma région est
concernée, la Côte-Nord est concernée, la région de
la Mauricie est concernée. Il y aurait mille façons de
présenter mille motions d'amendements.
Vous imaginez bien que le grand respect que j'ai du règlement de
la Chambre et des exigences de l'efficacité administrative, qui ne se
manifeste pas tellement, me font refuser de me prêter à cette
sorte de manoeuvres, mais je dis qu'il y a suffisamment
d'éléments, de faits nouveaux pour justifier la convocation de la
commission, tel que le demande le député de Nicolet. Et le
télégramme que je viens de lire en apporte une nouvelle
preuve.
Il y a le problème de l'échange des
télégrammes, dont nous avons parlé hier soir, il y a ce
problème de la confrontation entre les gens que rencontrait le
ministère des Affaires municipales, à qui il aurait donné
des assurances et des assurances qui n'auraient pas été
respectées. Tout cela est important pour nous.
Il y a aussi le problème et c'est important, je le
souligne à l'attention des députés de Jonquière et
du Lac-Saint-Jean, par exemple des municipalités qui, dans
l'immédiat, peuvent se dire satisfaites, mais qui, si elles revenaient
devant nous en commission parlementaire, auraient l'avantage d'examiner en long
et en large, les conséquences des décisions que va prendre le
gouvernement pour compenser la perte de revenus qui résultera de
l'application des dispositions de la nouvelle loi de l'évaluation.
M. HARVEY (Jonquière): Faites donc dire ça par le
député de Dubuc.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, est-ce que le
député de Jonquière veut prendre la parole?
M. HARVEY (Jonquière): Oui, immédiatement après
vous.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je vous demanderais de
signifier au député de Jonquière de quelle façon il
doit demander la parole.
M. HARVEY (Jonquière): M. le Président, je laisse le
député de Chicoutimi terminer, je m'excuse.
M. LE PRESIDENT: Je ferai remarquer au député de
Chicoutimi qu'il parle depuis trente minutes exactement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ah non! ... M. HARVEY (Jonquière): M.
le Président... M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... avec le grand respect que j'ai pour vous,
vous savez quelle considération et quel respect je vous porte. La
Chambre a commencé ses travaux à trois heures moins vingt-cinq,
en retard comme de coutume d'ailleurs, à cause du gouvernement, non pas
à cause de vous. J'ai été interrompu à trois ou
quatre reprises. Donc, nous sommes à trois heures cinq. Compte tenu des
interruptions, M. le Président, j'ai droit encore à au moins cinq
minutes.
M. LEVESQUE: Non, il n'y a pas consentement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Et je ne les utiliserai pas, M. le
Président. Je vois mon collègue de Bonaventure qui s'objecte,
c'est-à-dire qu'il objecte, parce qu'on ne s'objecte pas, on objecte. Et
le fait que je termine, j'espère que ça va ramener sur ses
lèvres le sourire qui est sa marque de commerce et que nous
apprécions. Ah! il a ri, il a souri, M. le Président, je suis
content.
J'ai envie de vous dire, ces beaux vers de Racine: "Oui, puisque je
retrouve un ami si fidèle,
Ma fortune va prendre une face nouvelle;
Et déjà son courroux semble s'être adouci
Depuis qu'elle a pris soin de nous rejoindre ici.
Qui l'eût dit, qu'un rivage à mes voeux si funeste.
Présenterait d'abord Gérard aux yeux d'Oreste;
Qu'après plus de trois jours que je l'avais perdu
A la cour de Pyrrhus il me serait tendu? "
J'ai envie de lui dire ça, M. le Président.
Mais il me faut conclure, en vous disant que la motion d'amendement du
député de Nicolet est une motion très logique, très
simple, très normale, il n'y a pas de quoi à faire un drame et
que les faits nouveaux que nous avons apportés, justifient amplement
l'adoption par la Chambre, d'une proposition qui est absolument
régulière dans le cours de nos débats et de notre
procédure. Je vous remercie, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Le ministre du Revenu. M. Gérald
Harvey
M. HARVEY (Jonquière): M. le Président, au cours de son
intervention sur le projet de loi no 48, hier soir, et encore cet
après-midi, le
député de Chicoutimi a constamment parlé de
communications télégraphiques et je n'ai pas l'intention
d'utiliser les mêmes moyens. Le député de Chicoutimi s'est
inquiété de l'absence de mon collègue du Lac-Saint-Jean,
retenu à l'extérieur de la Chambre...
DES VOIX: La motion, la motion!
M. HARVEY (Jonquière): ... par des affaires concernant son propre
comté et la ville d'Alma, laquelle est impliquée dans la motion
d'amendement du député de Nicolet. Le travail du
député du Lac-Saint-Jean visait à obtenir non pas des
télégrammes, mais des informations pouvant nous permettre de
faire une intervention. Je pense qu'il la fera lui-même et elle sera
susceptible d'éclairer les membres de cette Chambre en fonction de la
motion principale ou des motions d'amendement, s'il y en avait d'autres.
Quant à moi, le député de Chicoutimi n'est pas sans
savoir que mon absence, à l'occasion, de cette Chambre est due au temps
que je dois consacrer à la réforme fiscale que nous devrons
entreprendre au Québec d'ici quelques mois. Si j'ai donné ces
explications, c'est parce que le député de Chicoutimi, hier et
aujourd'hui, a consacré plus de temps à s'interroger sur notre
absence que sur le projet de loi lui-même ou sur les amendements
proposés par le député de Nicolet.
Il a malicieusement laissé entendre que nous ne sommes pas
d'accord avec le projet de loi soumis par notre collègue des Affaires
municipales, que nous n'avons pas été consultés, alors que
la réalité est tellement différente. J'affirme que mes
collègues et moi-même endossons pleinement le projet de loi 48.
Nous voterons contre la motion d'amendement présentée par le
député de Nicolet parce que les villes impliquées
je parle des villes d'Alma, de Kénogami, de Jonquière dans
la motion d'amendement du député de Nicolet se disent
entièrement satisfaites des amendements apportés
préalablement en comité plénier par mon collègue du
ministère des Affaires municipales.
En un mot, le député de Chicoutimi aurait eu avantage
à ne pas prendre la parole sur un sujet qu'il connaît mal. Il nous
a avoué avoir assisté à toutes les séances de la
commission parlementaire sur le bill 48. Je suis d'accord pour dire que le
député de Chicoutimi est un magicien du verbe, mais ça ne
lui donne pas la compétence dans le domaine des affaires municipales
qu'a son collègue, le député de Dubuc, qui, pendant 23
ans, jusqu'à il y a quelques jours, a dirigé une
municipalité aux prises avec de grandes difficultés à
cause de l'absence d'une politique intelligente d'évaluation
foncière.
Le député de Chicoutimi a tout mélangé. Il a
parlé de subventions, d'entretien de chemins municipaux; il a
parlé de tout à l'exception du projet de loi. On a entendu
critiquer le député de Saguenay et le député de
Saint-Jacques, eux, les artistes de la séparation du Québec qui
se galvaudent du mot "planification". Le député de Saguenay ne
sait pas ou devrait savoir que tout ce qu'il y avait dans les autres lois de
ministères concernant l'évaluation a été inclus,
sans changement, avec le consentement des ministères concernés;
dans le bill 48. C'est le fruit du travail...
M. LESSARD: Il sait tout cela et il ne l'a pas appris du ministre.
M. HARVEY (Jonquière): ... d'un comité qui a
oeuvré, pendant des jours et des jours, pour présenter un bill 48
cohérent. Le député de Saint-Jacques aurait
été mieux de ne pas trop critiquer ce bill. Il aurait
été impressionnant de lui entendre dire qu'enfin, après
l'adoption du bill 48, après le rejet de la motion d'amendement, ceci
éliminera la seule province du continent nord-américain qui
permettrait aux cités et villes et non aux paroisses rurales d'imposer
une taxe sur la machinerie industrielle.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Avec la même objectivité que je
tente d'appliquer à tous les membres de cette Chambre, je voudrais
rappeler à l'honorable ministre du Revenu, comme j'ai eu l'occasion de
le faire ce matin à l'endroit d'autres députés, qu'il
devrait s'en tenir à la motion d'amendement et non pas au texte
même du projet de loi.
M. HARVEY (Jonquière): Merci, M. le Président. Sans
identifier les députés qui sont intervenus, mais toujours parce
que le député de Chicoutimi a voulu jouer à l'expert en
citant des télégrammes, je ne citerai pas de
télégramme, je vais vous donner le point de vue des
administrateurs municipaux, l'Association des gérants municipaux du
Québec qui, eux, déclarent et ils ne l'ont pas
déclaré hier soir ni ce matin, ni à la demande de
députés, ils l'ont déclaré à la commission
parlementaire sur le bill 48 : "Nous sommes entièrement d'accord
avec le principe d'application générale de cette loi, à
l'ensemble du territoire de la province et nous ne saurions assez insister sur
l'urgence de l'adoption d'une telle loi. Le temps requis pour sa mise en
application sera variable, selon l'importance des municipalités, leurs
ressources et autres facteurs. Une date limite devrait être fixée.
Cette loi sur l'évaluation est un outil indispensable pour
l'étude de la réforme sur la fiscalité municipale au
Québec. Une autre tâche très importante que le gouvernement
devrait suivre dans le plus bref délai, celle de la préparation
d'une loi-cadre de la taxation. En tant qu'administrateurs municipaux, nous
croyons qu'il est urgent d'uniformiser le mode d'évaluation et de
taxation dans nos municipalités." Les paroles d'administrateurs
municipaux du Québec devant une commission parle-
mentaire valent mieux que des télégrammes dont on pourrait
vous citer le contenu sur des motions d'amendement à la dernière
minute.
Par sa motion d'amendement, le député de Nicolet, et le
député de Chicoutimi en l'appuyant, ne font que tenter de
discréditer le titulaire du ministère des Affaires municipales;
il y a d'autres moyens de le faire.
Que les honorables députés des différentes
oppositions attendent le moment des crédits du ministère des
Affaires municipales, qu'on ne profite pas d'une loi absolument importante dont
le but estd'établirunepolitiqued'évaluation cohérente au
Québec, outil indispensable à son développement dans le
domaine municipal, pour discréditer un homme qui, lui, a eu le
courage...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'invoque le règlement, M. le
Président. A l'article 285, il est prescrit qu'aucun
député de cette Chambre ne doit prêter d'intention à
qui que ce soit. Le député de Jonquière prétend que
nous tentons, par notre travail objectif, de discréditer le ministre des
Affaires municipales. Je n'insisterai pas sur cela, je ne vous demanderai
même pas de le rappeler à l'ordre parce que, s'il y a
discrédit dans le cas du ministre des Affaires municipales, c'est la
nature qui s'en est chargée.
M. HARVEY (Jonquière): M. le Président.
M. TESSIER: Sur le point de règlement, M. le Président,
s'il y a un député en cette Chambre qui a été
salaud à l'endroit du ministre des Affaires municipales c'est bien le
député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, j'invoque le
règlement.
M. HARVEY (Jonquière): M. le Président, parlant sur le
point de règlement soulevé par le député de
Chicoutimi.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le ministre des Affaires municipales a fait un
rappel au règlement et il a déclaré dans les termes que
vous connaissez que quelqu'un avait tenté de le discréditer. Je
n'ai jamais employé le terme dont il s'est servi, et je suis heureux que
le ministre se le soit servi à lui-même.
M. PAUL: Sur un rappel au règlement, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: J'espère que le rappel au règlement du
député de Maskinongé sera vraiment un rappel au
règlement et non pas comme ce que le député de Chicoutimi
vient de faire. Mais l'honorable ministre du Revenu avait d'abord
manifesté l'intention de parler sur le rappel au règlement.
M. PAUL: Très bien.
M. HARVEY (Jonquière): Je voudrais, sur le point de
règlement, M. le Président, vous renvoyer, avant que vous ne
rendiez votre décision, à l'épreuve du journal des
Débats, page R/7161, d'hier soir, à la page 1, où le
député de Chicoutimi accusait les députés de la
région, donc celui qui vous parle, de pratiquer le narcissisme
politique. Je vous inviterais à lire la conclusion, la dernière
phrase de son éloquente intervention dans laquelle il nous rappelait
gentiment la distance qu'il y a entre le Capitole et la roche
Tarpéienne. Je lui répondrai tout à l'heure sur cette
distance, mais je vous invite à relire le texte du député
de Chicoutimi, qui s'insurge parce que le ministre des Affaires municipales
tente de faire discontinuer cette tactique néfaste qui peut retarder une
loi importante.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Deux poids, deux mesures, comme hier soir.
M. PAUL: M. le Président, j'ai été quelque peu
ému, ce matin, lorsque, dans une grande déclaration de principe,
vous avez parlé d'objectivité. Alors, je me demande quand vous
allez d'office intervenir lorsqu'il y aura des infractions aussi flagrantes au
règlement que celles que viennent de commettre et le ministre des
Affaires municipales et le ministre du Revenu.
Est-ce que nous allons être constamment obligés de nous
lever pour vous rappeler les dispositions du règlement ou si, d'office,
vous allez le faire, comme le règlement vous l'impose?
M. LEVESQUE: M. le Président, rien n'empêche le
député de Maskinongé d'utiliser ses droits de
député et de parlementaire. S'il ne connaissait pas le
règlement, comme il prétend le connaître sur le bout de ses
doigts, je comprendrais. Mais lorsqu'une infraction au règlement se
produit, à l'instant même, il a le droit de se lever et invoquer
le règlement. S'il ne l'a pas fait, qu'il ne vienne pas se plaindre au
président.
M. PAUL: Est-ce que l'honorable ministre me permet une question?
M. LEVESQUE: Oui.
M. PAUL: En vertu de quel article?
M. LEVESQUE: En vertu de quel article, quoi?
M. PAUL: Que le député doit immédiatement
intervenir?
M. LEVESQUE: M. le Président...
M. PAUL: Ne cherchez pas, c'est l'article 200. Continuez.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Eu égard à l'importance de la
loi que nous sommes en train d'étudier et à la saison, il me
semble que l'on pourrait peut-être s'abstenir de tenter de faire passer
un examen tant au président qu'aux différents membres de la
Chambre sur le règlement; plutôt, que chaque député,
encore une fois je le répète, des deux côtés de la
Chambre, tente de collaborer avec celui qui dirige les débats pour que
les règlements soient appliqués.
L'honorable ministre du Revenu.
M. PAUL: Il faudrait, M. le Président, que l'exemple nous vienne
de vous.
M. HARVEY (Jonquière): M. le Président, je vous remercie
de votre directive et je n'ai pas l'intention, durant les quelques minutes que
durera mon intervention, d'y déroger. Je me limiterai à la motion
d'amendement.
Nous avons entendu quelques députés de l'Opposition parler
contre le bill, prétendant qu'il ne donnait pas justice à la
classe agricole. M. le Président, c'est la première fois au
Québec qu'une disposition du bill, d'une façon précise,
donne une exemption convenable au rôle d'évaluation pour les
propriétés des fermiers du Québec. Selon la politique
actuelle, il y a un remboursement de 35 p.c. dans le domaine scolaire. Dans le
domaine municipal, qu'est-ce qui se produit? Tout est évalué.
Alors que dans le bill, d'une façon précise, on limite à
un maximum la taxation, mais l'évaluation est réelle et
totale.
C'est regrettable, M. le Président, que nos débats ne
soient pas télévisés. Certains membres de cette Chambre
auraient certainement eu honte de se revoir sur l'écran de
télévision si cela avait été pris en
différé. Le geste qu'ils viennent de poser à l'endroit
d'un homme qui fait son possible quand il préside des
débats...
DES VOIX: La motion...
M. HARVEY (Jonquière): ... des débats du genre de ceux que
nous avons eus hier soir et que nous commençons à avoir cet
après-midi. Lorsque nous tentons, M. le Président, de donner
notre point de vue de ce côté-ci de la Chambre et d'appuyer un
projet de loi que nous avons étudié avec l'équipement et
les conseillers nécessaires pour présenter une législation
convenable, eux qui n'ont pas encore atterri depuis qu'ils ont perdu le
pouvoir, Dieu sait comment ils sont jaloux...
M. PAUL: Sur un rappel au règlement.
M. HARVEY (Jonquière): ... de voir qu'enfin nous mettons de
l'ordre.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. PAUL: Par votre entremise, M. le Président, vous qui
connaissez tellement vos règlements et qui les appliquez avec beaucoup
d'objectivité et d'impartialité, pourrais-je inviter l'honorable
ministre du Revenu à respecter les règles de la pertinence du
débat?
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre du Revenu.
M. HARVEY (Jonquière): D'accord, M. le Président.
N'eussent été les applaudissements qui m'ont insulté
à l'endroit du député de Terrebonne, j'aurais
limité mon argumentation aux articles contenus dans l'amendement du
député de Nicolet.
Je parlais du sort réservé aux propriétaires de
fermes dans le bill. Ceci est contenu dans la motion d'amendement du
député de Nicolet. Je dis qu'enfin, en limitant à une
somme nominale la taxation dans le bill 48,1e cultivateur pourra être
sûr d'être traité justement.
Le député de Chicoutimi nous a parlé des
télégrammes qu'il a reçus concernant certaines
municipalités impliquées par la motion d'amendement du
député de Nicolet relativement à l'article 105. Eh bien,
croyez-vous, que des administrateurs municipaux, comme le maire de la ville
d'Alma et ses conseillers, le maire de la ville de Kénogami et ses
conseillers, n'ont pas étudié à fond le bill 48? Ils se
réjouissent, M. le Président, de voir que, d'ici cinq ans et ceci
à compter du 1er janvier, les investisseurs, ceux qui devront payer des
taxes et avoir des propriétés inscrites au rôle
d'évaluation, sauront enfin où ils vont. C'est une arme
indispensable de planification et les maires sont entièrement satisfaits
des amendements apportés par le ministre en comité
plénier.
J'irai plus loin que cela, M. le Président, ne parlant pas pour
le maire de la ville d'Alma, ville du comté Lac-Saint-Jean et dont mon
collègue pourra parler. Je vais parler du maire de la ville de
Kénogami. Il se disait satisfait de l'étalement sur une
période de cinq ans. Je n'ai pas besoin de vous dire qu'il est trois
fois plus réjoui de voir que le revenu que sa ville recevait en vertu de
l'imposition sur la machinerie industrielle, c'est-à-dire une somme de
$400,000 par année, sera étalé sur une période de
quinze ans. Ceci représente l'augmentation normale de ses revenus. Cette
politique définitive empêchant les cités et villes de taxer
la machinerie industrielle donnera certainement cet élan et cette
assurance à ceux qui investissent de pouvoir le faire d'une façon
sûre n'ayant pas à l'esprit la crainte d'être obligés
de signer une entente comme ils ont dû en signer plusieurs depuis
quelques années.
M. le Président, vouloir retarder cette législation par
une motion d'amendement du genre de celle du député de
Nicolet...
M. VINCENT: M. le Président, sur une question de
privilège. Le député de Jonquière vient de dire:
Vouloir retarder les débats avec une motion d'amendement comme celle
qu'a faite le député de Nicolet. Ce n'est pas dans le but de
retarder les débats; c'est dans le but de déférer à
la commission parlementaire trois articles afin d'entendre les principaux
intéressés.
M. TESSIER: Ils ont déjà été entendus.
M. HARVEY (Jonquière): M. le Président, le
député de Nicolet aurait avantage à relire le texte de
loi, le premier projet et le projet réimprimé. Tous ceux qui se
sont présentés devant la commission, y compris le groupement
représentant les agriculteurs de la province de Québec, ont
présenté un mémoire ou ont fait des recommandations. Bien
sûr, le ministre des Affaires municipales et le ministre du Revenu ne
prétendent pas avoir tout accepté, mais leurs
représentations ont été étudiées et tout ce
qui était humainement possible a été inclu dans les
amendements qui ont été acceptés par le ministre des
Affaires municipales avant la troisième lecture.
M. le Président, on a profité les
différentes oppositions, et on ne peut pas les blâmer parce que
c'est le système parlementaire que nous avons pour
présenter des motions d'amendements et livrer une bataille en
troisième lecture, à l'homme qui dirige le ministère des
Affaires municipales, au lieu de choisir des articles qui, à la suite
d'études permettraient à ceux qui sont impliqués, par des
dispositions bien pensées, de limiter les dégâts le plus
possible, c'est à dire conserver les revenus permettant aux
municipalités de faire face à la demande de services dans leur
milieu respectif.
Ce n'est pas pour rien, M. le Président, que le ministre des
Affaires municipales a consenti à l'étalement sur une
période de quinze ans dans le cas des quelques municipalités du
Québec qui utilisaient ce pouvoir de taxer la machinerie industrielle.
En 1972, c'est le même rôle d'évaluation. Par la suite une
baisse de 6 2/3 p.c. par année, pendant une période de quinze
ans. M. le Président, c'est l'élémentaire
compréhension que de voir dans cet amendement le grand souci qu'a
apporté le ministre des Affaires municipales aux représentations
qui lui ont été faites par les maires de la Mauricie, par les
maires du Saguenay-Lac-Saint-Jean, dont les villes étaient
impliquées, pour sauvegarder cette source de revenus indispensable au
bon fonctionnement de leurs municipalités respectives.
M. le Président, le jeu des oppositions a été
d'attaquer l'homme. Mais celui qu'on a attaqué, il faut bien comprendre
que, depuis trois semaines, il a présenté douze lois de
nature...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): La motion.
M. HARVEY (Jonquière): ... à corriger certaines
dispositions contenues dans nos lois municipales. Il donne naissance, enfin,
dans la province de Québec, à une loi cohérente de
l'évaluation foncière et il ne restera, après l'adoption
de ce projet de loi en troisième lecture, que Terre-Neuve, au Canada,
qui ne possédera pas sa loi d'évaluation foncière
modernisée. Nous étions les seuls, M. le Président, avec
Terre-Neuve Quel drôle de championnat! ! Les gens du PQ ne nous
ont pas dit ça: on aimait mieux dénigrer et se galvauder du mot
planification.
M. le Président, je vous dis et je vous répète
qu'insinuer que les municipalités auront moins de revenus, et, par
l'amendement du député de Nicolet, déférer le
projet de loi de nouveau à la commission parlementaire, c'est tout
simplement opter pour empêcher cette loi d'entrer en vigueur le 1er
janvier prochain, c'est refuser aux administrateurs municipaux, aux
gérants des cités et villes, aux officiers municipaux d'avoir
à cette date déterminée un excellent régime de
développement municipal au Québec et une politique
cohérente d'évaluation foncière.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Beauce.
M. Fabien Roy
M. ROY (Beauce): M. le Président, sur l'amendement proposé
par le député de Nicolet qui dit: Que la motion en discussion
soit amendée en en remplaçant tous les mots après les mots
"que" par les suivants: "la Chambre est d'avis que les articles 12, 21 et 105
soient renvoyés de nouveau devant la Commission parlementaire des
Affaires municipales pour entendre les représentants de l'UCC ainsi que
toutes les personnes ou groupements intéressés et
particulièrement les maires de la Mauricie."
M. le Président, nous ne pouvons que voter en faveur de cet
amendement, parce qu'il nous paraît de la plus grande importance que soit
convoquée à nouveau la Commission parlementaire des Affaires
municipales pour permettre aux représentants de la classe agricole et
aux maires de certaines municipalités du Québec de se faire
entendre.
M. le Président, le gouvernement, lorsqu'il a
présenté le projet de loi no 48, Loi de l'évaluation
foncière, avait manifesté son intention de convoquer la
commission parlementaire pour inviter tous les organismes, groupements,
associations, unions concernés par ce projet de loi à venir faire
connaître leurs revendications et leurs recommandations et faire leurs
demandes.
On sait que, lors de la tenue de ces commissions parlementaires, chaque
groupement qui en manifeste le désir peut alors, se faire entendre et
c'est le gouvernement lui-même qui l'a déclaré quand il a
dit : Après avoir entendu tous ces groupements, toutes ces associations,
nous verrons à modifier le projet de loi, de façon à avoir
la meilleure loi possible, de façon qu'elle
cause le moins d'injustice possible, autrement dit, afin d'avoir la loi
la plus parfaite possible.
Tous ceux qui se sont présentés à la commission
parlementaire, avec leurs mémoires, sont venus de bonne foi et ils ont
fait d'excellentes recommandations. Et dans un esprit de collaboration avec le
gouvernement, ils se sont déclarés en faveur du principe de ce
projet de loi pour tâcher d'aider le gouvernement à corriger ce
qui peut et ce qui doit être corrigé.
Mais et c'est là que les difficultés commencent
le gouvernement fait connaître ses amendements seulement à
la toute dernière minute. Il nous arrive avec une brique d'amendements
ou un projet de loi complètement réimprimé dans l'espace
de 24 ou de 48 heures. Parce que nous avons nettement l'impression que le 23
décembre ça va être la fin du monde, parce qu'il n'y aura
pas possibilité d'adopter d'autres lois après le 23
décembre, alors le gouvernement met la grosse pression pour que nous
étudIlons tous les projets de loi en même temps et toute la grosse
législation arrive à la dernière minute.
Parmi ces gens qui ont fait des recommandations, il y a des
représentants de l'UCC qui, à la suite des recommandations qu'ils
ont faites, à la suite des ententes qui ont été prises ou
qui semblent avoir été prises, on aurait donné à
ces personnes certaines garanties voulant que leurs recommandations et leurs
demandes seraient agréées par le gouvernement.
Lors de la présentation du projet de loi en troisième
lecture, plus nous le regardons, plus nous prenons le temps de
l'étudier, plus nous nous rendons compte que certaines dispositions de
ce projet de loi méritent une nouvelle considération. C'est
pourquoi j'appuierai la motion de l'honorable député de Nicolet,
parce que dans les articles 12 et 21, il est question fortement de la taxation
des fermes, de la taxation des cultivateurs du Québec. Et nous
constatons que dans ces articles, malheureusement, et c'est une surprise
très désagréable, nous prévoyons même inclure
dans l'évaluation les clôtures, les trottoirs, les drains et
autres constructions d'aménagement du sol.
On peut même se demander si le gouvernement n'ira pas
jusqu'à imposer les digues de pierres, que les agriculteurs appellent
les tas de roches, s'ils peuvent servir de clôtures ou faire un petit
ponceau.
Le ministre du Revenu vient de nous dire que pour une fois il y aurait
une loi qui allait permettre plus de justice dans ce domaine, qu'on allait
exempter les agriculteurs du Québec d'un certain pourcentage, alors
qu'il n'y avait rien dans le passé.
On commence, avant de donner une exemption, une garantie, par
préparer un mécanisme très compliqué et très
subtil de façon à hausser l'évaluation pour ensuite dire:
Voici ce que nous avons fait par vous autres, nous vous donnons un pourcentage
de dégrèvement. Mais on oubliera de dire, et on oublie de dire,
c'est pourquoi nous appuyons cette motion, qu'on va commencer par les
surévaluer avant de leur donner des exemptions.
C'est pourquoi je pense qu'il est excessivement important...
M. HARVEY (Jonquière): M. le Président, je voudrais
demander au député de Beauce s'il me permettrait...
M. ROY (Beauce): Il faut que je vous donne mon consentement.
M. HARVEY (Jonquière): Je n'ai pas fini de parler. Où
avez-vous appris à deviner ce que les gens voulaient vous dire?
M. BROCHU: Habituellement en se levant, on souligne le point de
règlement qui est en question.
M. HARVEY (Jonquière): Je voulais demander au
député de Beauce s'il me permettrait une question.
M. ROY (Beauce): Je permets.
M. HARVEY (Jonquière): Je voulais demander au
député de Beauce, s'il se souvient de ce que j'ai affirmé,
j'ai établi que, pour une fois, au Québec, le cultivateur saurait
où il va dans l'évaluation foncière, qu'il était
actuellement taxé pour toute sa propriété y compris la
maison qu'il habite dans le domaine municipal, s'il a bien à l'esprit
que le but de la loi est d'établir un rôle d'évaluation
confectionné suivant des normes, des règles et des
critères uniformes dans la province?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je ne peux pas accepter cette question, du
fait qu'elle va au fond; ça amènerait le député de
Beauce dans l'illégalité, parce qu'il devrait répondre sur
le fond. Je préférerais que le député de Beauce
parle sur la motion.
M. ROY (Beauce): M. le Président, j'explique les raisons pour
lesquelles j'appuie cette motion et les raisons pour lesquelles je dis que tous
les membres de cette Chambre devraient appuyer cette motion.
Or, M. le Président, il est évident que vous n'avez pas
permis les questions du ministre, mais j'aurais justement à lui donner
une réponse, sans quïl me pose la question. C'est que les
cultivateurs du Québec savent très bien où ils vont
à l'heure actuelle, ils savent qu'ils s'en vont vers la ruine, ils
savent qu'ils seront taxés davantage avec cette nouvelle loi. Cela ils
le savent, M. le Président, et, s'ils ne le savent pas, je vous garantis
qu'ils vont l'apprendre avant qu'il soit trop tard.
M. le Président, ce que les agriculteurs du Québec
nous aimerions à ce moment-là les entendre à nouveau
ont réclamé depuis de nombreuses années, c'est
d'être exemptés des
taxes foncières sur leurs outils de travail. C'est cela que les
agriculteurs du Québec ont toujours demandé. Au lieu de ça
le gouvernement, dans l'article 12, met des dispositions pour taxer davantage
même les clôtures, les trottoirs, les drains et autres
installations sur les fermes. Or, M. le Président, pour toutes ces
raisons, d'ailleurs nous aurons l'occasion de revenir sur le sujet de
façon beaucoup plus élaborée en troisième lecture,
mais je dirai que nous...
M. CADIEUX: C'est décourageant.
M. ROY (Beauce): Que le gouvernement ne se décourage pas...
M. CADIEUX: Vous n'êtes pas encourageant le diable.
M. TETLEY: Vous n'avez aucun droit de répéter en
troisième lecture.
M. ROY (Beauce): M. le Président, que le gouvernement prenne
patience, nous allons revenir en troisième lecture, nous allons en
parler...
M. CADIEUX: Laissez-nous souffrir au fur et à mesure mais ne nous
annoncez pas nos souffrances comme ça. Ne nous annoncez pas des
souffrances comme ça.
M. TETLEY: C'est Noël, c'est pas le carême!
M. LOUBIER: Le café est ouvert.
M. ROY (Beauce): M. le Président, sur ces deux articles, articles
12 et 21, on voit que le gouvernement se propose de taxer les clôtures,
je dirais même les piquets de clôture, alors que d'autres
dispositions exemptent les tours, les pilônes de transport
d'énergie électrique de l'Hydro-Québec, de Churchill Falls
à l'Etat de New York. En ce qui a trait à l'article 107, M.
Camille Samson, chef du Ralliement créditiste, a également
reçu un télégramme de trois maires de la Côte-Nord
M. Donald Galienne, maire de Sept-Iles; M. Viateur Lévesque,
maire de Hauterive; M. Henry Léonard, maire de Baie-Comeau qui a
été lu de façon intégrale tout à l'heure,
par le député de Chicoutimi. Je n'ai pas l'intention, pour ne pas
prolonger le débat, de relire ce télégramme dont le
député de Chicoutimi a fait part.
M. HARVEY (Jonquière): Quel est le nom du maire?
M. ROY (Beauce): Mais, M. le Président, je pense que c'est dans
un geste...
M. HARVEY (Jonquière): Quel est le nom du maire?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Relisez-le donc pour leur faire
comprendre.
M. HARVEY (Jonquière): Le nom du maire de Baie-Comeau.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'aimerais l'entendre encore.
M. ROY (Beauce): M. le Président, je vais relire le
télégramme au complet.
DES VOIX: Ah!
M. ROY (Beauce): Bien, c'est vous autres qui le demandez.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je pense bien qu'on peut l'en dispenser.
J'en ai permis la lecture au député de Chicoutimi, sans
connaître tout le contenu de ce télégramme. Tout le monde
en a pris connaissance, il était très explicite. Malheureusement,
ce télégramme s'éloignait légèrement de la
motion en discussion et c'est la raison pour laquelle je ne peux pas permettre
une deuxième lecture, maintenant que je connais le fond du
télégramme. On ne peut pas lire ce qu'on ne peut pas dire dans un
discours.
M. BROCHU: M. le Président, sur un point de
règlement...
M. BURNS: C'était à la demande du ministre du Revenu que
le député de Beauce allait relire ça. C'est
lui-même...
M. HARVEY (Jonquière): Je vous demande pardon, c'est à la
demande du député de Chicoutimi.
M. BURNS: ...qui l'a demandé; c'est pour informer les
ministériels, M. le Président.
M. HARVEY (Jonquière): C'est à la demande du
député de Chicoutimi.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. BROCHU: M. le Président, sur le point de règlement, je
pense qu'il est assez difficile, même à Votre Excellence, avec
tout le sens du travail qu'on vous connaît, de porter un jugement sur la
façon dont sera utilisé ce télégramme. Le
député de Beauce peut, à ce moment, donner une orientation
de pensée différente de celle du député de
Chicoutimi et l'utiliser pour approuver la motion en question.
M. LE PRESIDENT: Je pense qu'il est mieux de faire une chose à la
fois, soit lire ou donner des orientations, mais pas en même temps.
L'honorable député de Beauce.
M. ROY (Beauce): M. le Président, ce n'était pas mon
intention de lire ce télégramme. Je crains qu'on dise à un
moment donné que ce télégramme ne serait pas le même
que celui qu'aurait reçu le député de Chicoutimi ou les
autres. Alors pour qu'il n'y ait pas d'ambiguïté ni de discordance,
je vais le faire de la façon la plus rapide possible.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! J'ai déjà rendu ma
décision à l'effet que je ne permettais pas la lecture.
M. ROY (Beauce): Très bien, M. le Président, merci. Je
disais donc que ces maires se sont adressés à différents
partis politiques en cette Chambre pour justement faire entendre leur voix,
faire connaître leurs revendications, dire au gouvernement ce qu'ils
veulent obtenir et exposer les garanties qu'ils demandent avant l'adoption
finale du projet de loi no 48, Loi sur l'évaluation foncière.
Pour toutes ces considérations, nous ne pouvons que souscrire
à deux mains en faveur de la motion de l'honorable député
de Nicolet.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président... M. TETLEY: M. le
Président...
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Institutions
financières.
M. TETLEY: Merci. Je trouve que la motion d'amendement est sans
fondement. L'honorable député de Chicoutimi m'a donné une
copie du télégramme et je viens d'essayer de
téléphoner aux trois maires en question. C'est fort! Le premier
maire, Viateur Lévesque, maire de Hauterive, que je connaissais lorsque
j'étais conseiller, m'a dit qu'il n'avait pas signé de
télégramme et que la dernière réunion à
laquelle il avait assisté s'était tenue il y a deux mois...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. TETLEY: ... à Baie-Comeau où les maires
s'étaient réunis. Après, j'ai
téléphoné à Donald Galienne, maire de Sept-Iles, et
il était absent. Après, j'ai téléphoné
à Henry Léonard, maire de Baie-Comeau, qui est à
l'hôpital depuis trois semaines à cause d'un infarctus. J'ai pu
rejoindre le secrétaire de la ville de Baie-Comeau, un nommé M.
Carpentier.
UNE VOIX: Le frère de Prudent? M. TESSIER: Maurice
Carpentier.
M. TETLEY: Je ne connais pas son prénom. M. Carpentier m'a dit
que c'est lui qui a envoyé le télégramme, qu'il n'a pas pu
rejoindre Donald Galienne, maire de Sept-Iles, ni Viateur Lévesque,
maire de Hauterive, ni son maire qui est à l'hôpital à
cause d'un infarctus.
M. CADIEUX: Quel ballon dégonflé!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. TETLEY: En conséquence, le télégramme produit
par l'honorable député de Chicoutimi portant le numéro
QQJL477(171229) CN KIA974RX..., a été signé par M.
Carpentier et non par les trois maires en question.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Montcalm.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je me dois ici de
poser la question de privilège. Là, il y a quand même des
députés, dont le député de Chicoutimi, qui sont
concernés.
M. LE PRESIDENT: Je ne crois pas que l'honorable ministre ait
attaqué le député en quoi que ce soit.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je pose la question de privilège parce
qu'en somme le député de Beauce a reçu ce
télégramme et un autre député l'a reçu. De
deux choses l'une: ou le télégramme a été
envoyé ou il n'a pas été envoyé.
M. TETLEY: Il l'a été.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Bon! si le télégramme a
été envoyé, il a été signé par une
personne responsable. S'il n'a pas été envoyé, que l'on
vérifie c'est pour cela que j'ai donné le code au
bureau du National canadien, service des télécommunications, afin
de voir d'où provient le télégramme qui a
été expédié à 12 h 53.
M. TETLEY: M. le Président, je ne conteste pas les propos du
député de Chicoutimi. De plus, j'ai demandé à M.
Carpentier si c'était le député de Chicoutimi qui avait
sollicité le télégramme et il a dit non. Il a
été évasif en réponse à d'autres questions
sur celui qui avait sollicité le télégramme, mais il a
répondu non, que ce n'était pas le député de
Chicoutimi.
M. LE PRESIDENT: L'incident est clos.
M. TETLEY: Je crois que le télégramme a été
envoyé, parce qu'il a dit qu'il avait envoyé le
télégramme.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! Le député de
Montcalm.
M. Marcel Masse M. MASSE (Montcalm): M. le Président, sans
poursuivre plus longuement cette question de la guerre des
télégrammes, j'aimerais revenir à la motion d'amendement
présentée par le député du comté de
Nicolet.
Je crois qu'il y aurait lieu d'approuver cette motion d'amendement et de
renvoyer à la commission certains articles du projet de loi
présentement devant nous, particulièrement les articles 12, 21 et
105, afin d'entendre des représentants, soit des associations de
cultivateurs qui sont affectés par ces articles de notre projet de loi,
soit également les membres des conseils municipaux de la région
de la Mauricie qui semblent également, pour un certain nombre d'entre
eux du moins, être affectés par ces amendements.
Je ne crois pas qu'il y aurait, de la part du gouvernement, un recul
quelconque à clarifier sa législation et à entendre les
représentations des gens concernés, particulièrement des
cultivateurs qui, par les articles 12 et 21, sont particulièrement
affectés sans qu'on sache exactement quelle est l'intention du
gouvernement.
Le projet de loi, tel que présenté devant nous, ne semble
pas satisfaire l'ensemble des membres de la législature. Et les
représentants de comtés dans lesquels sont situées des
exploitations agricoles devraient s'interroger sur la portée des
articles de loi.
Est-ce exactement la décision du gouvernement que d'imposer par
taxe foncière des équipements, des installations de fermes,
est-ce réellement la volonté et le désir du ministre de
l'Agriculture?
Je pense qu'il serait intéressant, dans ce débat, de
l'entendre d'ailleurs nous expliquer lui-même s'il est satisfait des
amendements proposés par le projet de loi de la taxe foncière. Il
serait intéressant de la part du ministre de l'Agriculture de nous faire
savoir si telles sont les intentions du ministre de l'Agriculture dans cette
question.
Je pense qu'il serait normal que nous entendions le représentant
de ce ministère dont la vocation première est de protéger
les cultivateurs du Québec et leur équipement de ferme, pour
savoir si oui ou non, lui, personnellement a été consulté
dans la rédaction de ce projet de loi. Est-il d'accord avec ce
système d'imposition ou si, au contraire, il n'y a pas
ambiguïté qui pourrait finalement jouer contre et le
ministère de l'Agriculture, évidemment son titulaire, et la
majorité des fermiers.
Je pense qu'il y aurait donc lieu, M. le Président, sans que ce
soit interprété par personne comme étant un recul de la
part du gouvernement, d'ajourner cette discussion, d'aller à la
commission parlementaire, d'entendre les experts du ministère de
l'Agriculture pour qu'ils nous signifient bien que ce sont là les
désirs du ministère de l'Agriculture, afin que tout le monde soit
bien renseigné, et d'entendre également les représentants
des cultivateurs du Québec pour savoir si, eux, sont satisfaits des
interprétations et du texte de la loi.
Les mêmes arguments peuvent jouer en faveur des gens de la
Mauricie qui, eux aussi, semblent être affectés par ce projet de
loi et ont signifié aux membres du Parlement leur désir
d'être entendus là-dessus.
Il est malheureux qu'à ce moment-ci de nos débats,
à l'Assemblée nationale, la fièvre des fins de sessions
s'empare des intelligences et des imaginations pour, à un moment
donné, aller à l'encontre du bon sens et du travail parlementaire
normal et régulier.
Il est malheureux qu'à ce moment-ci de nos débats,
très souvent, l'esprit de clan, l'esprit de parti va au-delà
même de l'esprit législatif que l'on veut réellement voir
régner.
On se bute, à un moment donné, tout simplement parce que
l'on dit que l'on ne se fera pas imposer ça par l'Opposition, ou encore,
que c'est le gouvernement qui a la majorité, il va décider ce
qu'il veut. On ne discute plus alors de la portée réelle du
projet de loi, de la portée réelle de l'amendement mais on finit
par se lancer malheureusement des injures, par faire des procès
d'intention au ministre ou des choses semblables. Telle n'est pas la motion. Et
je pense qu'il est regrettable, d'un côté comme de l'autre de la
Chambre, de faire dévier le débat sur autre chose que ce que
demande la motion.
Voilà pourquoi je voulais joindre ma voix à celle des
autres membres des partis d'Opposition et demander que le gouvernement, en
toute sérénité, accepte que la commission siège
pour entendre les parties. Et selon les explications des diverses personnes qui
sont là, y compris les fonctionnaires qui pourraient faire entendre
leurs désirs, y compris le ministre de l'Agriculture qui pourrait
également nous signifier s'il est d'accord ou pas d'accord avec ce
projet de loi, le projet de loi pourrait rapidement revenir en Chambre et,
finalement être approuvé unanimement car, ce projet de loi, dans
son ensemble, est important et il est une amorce de planification dans le
domaine de l'aménagement de la structure foncière.
Voilà les quelques mots, M. le Président, que je voulais
ajouter en toute objectivité et sans esprit de parti.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Dorchester.
M. Florian Guay
M. GUAY: M. le Président, loin de moi l'intention de prolonger le
débat pour le plaisir de le prolonger, mais j'ai quand même
l'intention de dire quelques mots sur cette motion d'amendement proposée
par le député de Nicolet.
Malheureusement, je n'ai pas de télégramme en main,
puisque les autorités municipales de mon comté ont tellement
confiance en leur représentant qu'elles n'ont pas cru bon de lui
demander d'en faire plus.
M. le Président, dans ces quelques mots, je
voudrais demander au gouvernement, et spécialement au ministre
des Affaires municipales puisqu'il est si sûr que son projet de
loi va recevoir l'approbation des cultivateurs ou des groupes concernés
de convoquer la commission parlementaire et d'y déférer
ces articles. Ils voudront nous le dire.
Ce que je trouve quand même curieux, c'est que le ministre refuse
et refuse aussi catégoriquement de le faire pour ces articles du bill
48. Mais on a la preuve que maintenant les agriculteurs sont conscients de la
portée de loi, on vient de les sensibiliser. Ils ont raison et c'est
peut-être la raison pour laquelle nous recevons des
télégrammes d'un peu partout. Bien sûr, ceux qui prennent
la peine d'adresser un télégramme à un chef de parti ou
à un député quelconque ne le font pas non plus pour le
plaisir de le faire, et il en arrive d'un peu partout. C'est une prise de
conscience des groupes concernés, de ceux qui vont avoir à subir
les effets de cette loi.
J'ai l'impression que, si tous les agriculteurs du Québec
prenaient connaissance des articles 12, 21 et 105 du projet de loi no 48, cela
ne serait pas long qu'on en verrait peut-être 10,000 devant le Parlement
qui réclameraient que ces articles de la loi soient transformés,
amendés ou même retirés du projet de loi.
Je répète, si le ministre est si sûr, comme l'a
répété le ministre du Revenu, que sa loi est juste, que sa
loi est équitable et qu'elle ne nuira pas à la bonne marche de
l'agriculture au Québec, qu'il se le fasse donc dire par les
agriculteurs eux-mêmes ou encore par des représentants de l'UCC.
Je pense que les cultivateurs ont assez de difficultés sans leur en
ajouter davantage.
Par ces quelques réflexions, j'appuie fortement la motion
présentée par le député de Nicolet. Il y a tout de
même des limites! Je pense que, dans cette Chambre, nous sommes les
représentants de cette classe qui a de la difficulté
actuellement, les agriculteurs. Quand je vois qu'on va inclure au rôle
d'évaluation des clôtures, des trottoirs, des drains ou d'autres
constructions d'aménagement du sol, je me pose réellement des
questions sur la justice de cette loi.
M. TESSIER: Est-ce que le député me permettrait une
question?
M. GUAY: Pour ces quelques considérations, j'appuierai la motion
du député de Nicolet.
M. HARVEY (Jonquière): Elles le sont déjà.
M. TESSIER: Est-ce que le député a déjà lu
le code municipal et en particulier...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre! Est-ce que le
député permet la question?
M. GUAY: Malheureusement, non!
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Sainte-Marie.
M. HARVEY (Jonquière): Il ne veut pas de peur que la
vérité éclate.
M. Charles Tremblay
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): J'appuie la motion du député
de Nicolet, motion d'amendement qui demande de convoquer de nouveau la
commission parlementaire des Affaires municipales pour étudier certains
articles du projet de loi no 48, entre autres les articles 12, 21 et 105.
Je pense que nous devons appuyer cette motion pour une raison qui,
à mon sens, est valable, c'est-à-dire que ces articles ont des
implications profondes sur l'impôt foncier, surtout chez les
cultivateurs. Il serait bon de convoquer la commission parlementaire et
d'entendre l'UCC qui représente la classe agricole.
Je ne crois pas que l'UCC demande à se faire réentendre en
commission parlementaire tout simplement pour retarder l'adoption du bill 48.
Nous savons que l'UCC, depuis longtemps, demande de hâter l'adoption d'un
certain bill, le bill 64. Alors, si certains cultivateurs ont fait des
pressions sur l'UCC et font des pressions, actuellement, pour apporter cet
amendement, je pense que c'est parce qu'ils ont des raisons valables.
Nous aurions aimé, d'abord, que cette commission, qui aurait
été convoquée, entende l'avis des représentants du
ministère de l'Agriculture et même du ministre de l'Agriculture.
Nous serions d'accord pour connaître ce que le ministre de l'Agriculture
pense de ces articles, ce que le ministre de l'Agriculture pense des
amendements qui ont été refusés à ces articles, lui
qui est responsable du ministère de l'Agriculture. Nous ne le savons
pas. Alors, la convocation de la commission parlementaire des Affaires
municipales pourrait éclaircir tous ces points qui semblent litigieux et
sur lesquels plusieurs ne sont pas d'accord. Vous avez des
délégations de cultivateurs dans les tribunes depuis plusieurs
jours. J'ai parlé avec plusieurs et ils voudraient la convocation de la
commission parlementaire. Par l'intermédiaire de leur organisme qui est
l'UCC, ils voudraient se faire entendre à nouveau et donner au ministre
des Affaires municipales les raisons pour lesquelles nous devrions
réexaminer tous ces articles.
M. le Président, je pense que depuis le temps que nous mettons
à disposer de cet amendement, nous aurions déjà pu
convoquer cette dite commission et déjà, probablement, que nous
aurions avancé dans les travaux. Pourquoi le ministre refuserait-il
d'entendre ces représentants, autres que l'UCC aussi, comme les
représentants de la Mauricie, par exemple, les maires des
municipalités qui nous ont envoyé un télégramme? M.
le Président, si vous me permettez,...
M. TESSIER: Une question de privilège, M. le
Président.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Pardon? Ah ! une question de
privilège?
M. TESSIER: C'est le deuxième député de suite qui
dit que j'ai refusé.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Non.
M. TESSIER: Or, je n'ai pas encore exercé mon droit de parole sur
la motion.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Non, non!
M. TESSIER: Personne dans cette Chambre ne peut dire que j'ai
refusé ou acquiescé, parce que je n'ai pas parlé sur la
motion.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président,...
M. TESSIER: Vous le saurez tout à l'heure quelle est mon
opinion...
M. LEGER: Avez-vous l'intention de le faire?
M. TESSIER: ...à ce sujet-là.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): ...une précision.
M. LEGER: Profitez-en donc pour répondre.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): J'ai dit: Pourquoi le ministre
refuserait-il? Je n'ai pas dit que vous avez...
M. TESSIER: A refusé.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): ...refusé. Je me suis posé la
question, étant donné qu'on peut présumer de la
façon dont on va disposer de la motion.
M. TESSIER: M. le Président, le député n'a pas le
droit de présumer.
M. LOUBIER: M. le Président,...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je retire le mot "présumer".
M. LOUBIER: ...avec votre permission, pour avancer les travaux de cette
Chambre, si le ministre a l'intention d'acquiescer à la motion,
j'espère qu'il le dira tout de suite pour que nous cessions ces
débats-là.
M. TESSIER: Je vous le dirai quand le temps sera venu.
M. LOUBIER: Non mais, M. le Président,...
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Sainte-Marie.
M. LOUBIER: ...tout le monde déplore le fait que les
débats trament en longueur...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LOUBIER: Si le ministre veut acquiescer...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre! L'honorable député
de Sainte-Marie.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président, nous avons,
c'est-à-dire les membres du Parti québécois, reçu
également un télégramme. Est-ce que, M. le
Président, vous exigeriez que je lise le télégramme pour
vérifier si c'est bien le même que celui qu'on a lu dans cette
Assemblée?
M. LE PRESIDENT: Est-ce que votre parole est à l'effet que ce
n'est pas le même?
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je pense que c'est le même, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT: Nous allons vous en dispenser.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Très bien, M. le Président.
Voici justement une réflexion que vient de faire le chef
d'Unité-Québec. Si le ministre est d'accord pour la convocation
de la commission parlementaire, qu'il le dise et je pense que le débat
ne s'éternisera pas. C'est tout simplement que les arguments que nous
donnons sont valables parce que ces articles du projet de loi no 48,
c'est-à-dire sur l'évaluation foncière, ont des
implications peut-être plus graves que le ministre ne le pense.
Je reviens surtout sur le fait qu'on aurait aimé entendre l'avis
du ministre de l'Agriculture. Un autre ministre peut venir donner son avis en
commission parlementaire. J'espère qu'à une certaine occasion le
ministre de l'Agriculture pourra se prononcer. J'aimerais savoir ce qu'il pense
des amendements qui ont été refusés. On sait que certains
ont été refusés. Est-ce que le ministre est convaincu que
la loi donne justice aux cultivateurs et à toutes les
municipalités? C'est pour toutes ces raisons que nous appuyons la motion
du député de Nicolet, que nous donnons des arguments valables au
ministre des Affaires municipales et que nous espérons que le ministre
va se décider à convoquer cette commission.
Maintenant, M. le Président, il y a certainement dans ce projet
de loi, en plus des articles mentionnés dans l'amendement: les articles
12, 21 et 105, d'autres articles aussi qui ont des implications qui
sembleraient inquiétantes.
Sous-amendement
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): C'est pour cette raison qu'avant de terminer
je voudrais proposer un sous-amendement à l'amendement du
député de Nicolet, appuyé par le député de
Lafontaine. Ce sous-amendement se lirait comme suit: "Que la motion
d'amendement soit sous-amendée en remplaçant le nombre 12 par ce
qui suit: 10 à 16." Voilà le sous-amendement que je propose, M.
le Président.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Maskinongé.
M. PAUL: Je voudrais, M. le Président, spécifier que j'ai
l'intention de parler sur le sous-amendement, si vous le jugez recevable.
UNE VOIX: Il est excellent.
M. PAUL: Depuis hier soir, l'Opposition, quelle qu'elle soit, joue
véritablement son rôle.
M. TESSIER: De "filibuster"! M. LE PRESIDENT: A l'ordre! M. LOUBIER: Il
recommence.
UNE VOIX: A son âge, il devrait être plus patient que
ça.
M. DEMERS: C'est sa fête demain, à part ça.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît! Les deux
interruptions de l'honorable ministre des Affaires municipales et du
député de Saint-Maurice ne sont pas dans l'ordre.
M. DEMERS: Merci, M. le Président.
M. PAUL: Je suis sûr, M. le Président, que le
député de Saint-Maurice va s'appliquer à respecter
intégralement le règlement.
M. TESSIER: Le même engagement de ma part.
M. DEMERS: C'est demain la fête du ministre.
M. PAUL: M. le Président, je dis donc que toute l'Opposition joue
son véritable rôle qui ne doit pas en être un d'obstruction,
mais, au contraire, d'indication au gouvernement des faiblesses et des lacunes
que peuvent contenir des projets de loi et, dans les circonstances, le projet
de loi no 48. Lorsque l'honorable député de Nicolet a
présenté son amendement, cela était justifié parce
qu'en adoptant le projet de loi tel que présenté, on bouleversait
l'économie agricole au Québec. Je trouve fort étrange, M.
le Président, que nous n'ayons pas, jusqu'à ce jour, entendu une
intervention de l'honorable ministre de l'Agriculture afin de préciser
la déclaration qu'il a faite hier soir, vers les 22 h 10. Je m'en
rapporte au feuillet-épreuve 7182 du journal des Débats, page 1 :
"M. Toupin: M. le Président, si je ne suis pas intervenu jusqu'à
maintenant, c'est parce que je suis d'accord avec le bill 48,
premièrement. Et deuxièmement..." "M. Lafontaine: Il n'est pas
intervenu. "M. Toupin: Si le député de Nicolet n'est pas
d'accord, qu'il dise les véritables raisons..."
Je crois que le député de Nicolet, au soutien de sa
motion, a apporté toutes les raisons qui justifieraient les
députés de cette Chambre d'adopter la motion principale ou la
motion d'amendement aux fins de donner considération aux
intéressés, spécialement les membres de l'UCC et les
maires de la Mauricie.
Pour ce qui a trait aux membres de l'UCC, j'aimerais que l'honorable
ministre des Affaires municipales nous fasse part de la teneur d'un
télégramme qui lui aurait été envoyé ce
matin par M. Allain, président de l'UCC, et dans lequel il protesterait
contre les dispositions des articles 12 et 21 du projet de loi no 48.
Par ce télégramme, M. Allain exige une rencontre avec le
ministre des Affaires municipales; avec toute l'expérience qu'on lui
connaît et le souci qui l'anime de protéger les
intérêts des agriculteurs du Québec, il voudrait avoir
l'avantage de discuter avec le ministre et de lui signaler quelles vont
être les conséquences économiques de l'adoption du projet
de loi tel que nous le soumet le ministre des Affaires municipales. Il va de
soi qu'à une telle rencontre, si l'honorable ministre consent bien
à l'accorder, le ministre de l'Agriculture pourra expliquer à M.
Allain pourquoi il est en faveur des dispositions de l'article 12 qui va
permettre une taxe sur les piquets de clôtures des cultivateurs du
Québec, sur la broche et sur tous les travaux de drainage que l'on peut
effectuer sur les terres.
Aujourd'hui les cultivateurs avaient espoir d'assister à la
présentation de la Loi du syndicalisme agricole et heureusement qu'ils
sont témoins, tout en regrettant cependant la mesure législative
qui nous est donnée, de ce que l'on pourrait appeler leur
dépouillement le plus complet. Si l'on a jugé bon d'exempter les
tours, les pylônes de l'Hydro-Québec, je me demande pourquoi on ne
s'est pas penché sur les besoins des cultivateurs qui connaissent une
économie anémiée et qui sont dans un véritable
marasme.
Voici pourquoi il est nécessaire de convoquer la commission
parlementaire des Affaires municipales. Est-ce que par hasard le gouvernement
aurait peur de recevoir les représentations des membres de l'UCC? Est-ce
que par hasard le ministre aurait peur que l'on donne la preuve du film des
événements qui se sont déroulés à la suite
de la visite silencieuse des
maires de la Mauricie qui sont venus assister, devant la commission
parlementaire, à l'étude du projet de loi no 48?
C'était une commission devant laquelle à ce stade on ne
pouvait pas recevoir de mémoire. Les maires de la Mauricie ont
écouté avec beaucoup d'intérêt toutes les
délibérations qui s'y sont déroulées. Ils avaient
préparé un projet d'amendement, vers l'heure du midi, et ils ont
été invités à se rendre au ministère des
Affaires municipales vers les quatre heures trente de l'après-midi.
Se sont rendus à cette rencontre au ministère des Affaires
municipales, M. le maire de La Tuque, M. le gérant municipal de La
Tuque, l'avocat Carrier de La Tuque, et un conseiller dont malheureusement le
nom m'échappe.
De plus, étaient présents à cette rencontre M. le
maire de Grand'Mère et M. le gérant de la ville de
Grand'Mère. A ce groupe s'ajoutaient également le maire de la
ville de Shawinigan et le gérant de la ville de Shawinigan ainsi que le
maire de la ville de Trois-Rivières et le gérant de la ville de
Trois-Rivières. Ils ont rencontré le sous-ministre des Affaires
municipales, M. Richard Beaulieu.
M. Beaulieu leur a dit: J'ai examiné votre amendement, je suis
autorisé à vous dire que le ministre des Affaires municipales n'a
pas d'objection à l'adoption de cet amendement, et demain, en
comité, que le député de Saint-Maurice présente son
amendement et le ministre des Affaires municipales l'adoptera. Les maires
retournent chez eux enchantés de cet esprit de compréhension de
la part du ministre des Affaires municipales, et le lendemain, retraite
stratégique et inexplicable, M. le Président. Et lorsque le
député de Saint-Maurice se lève pour parler de l'article
105, on l'accuse d'avoir tronqué les informations.
Et je suis sûr qu'il y aurait avantage à convoquer devant
la commission parlementaire le maire de la ville de Trois-Rivières, par
exemple, aux fins de connaître de lui quelles promesses de subvention il
a eues ou de quelles menaces de retrait de subvention il a été
victime pour se désolidariser du groupe qui est allé
rencontrer...
M. HARVEY (Jonquière): M. le Président, j'invoque le
règlement. Le député de Maskinongé n'a pas le droit
de prêter des intentions aux membres du gouvernement, soit d'avoir fait
des promesses de subvention au maire de Trois-Rivières s'il envoyait un
télégramme ou confirmait qu'il est en désaccord avec
l'Opposition officielle de cette Chambre.
M. PAUL: M. le Président, si le ministre du Revenu avait eu
l'intelligence plus subtile, plus ouverte, il aurait constaté...
M. HARVEY (Jonquière): Il y a des fois, M. le Président,
qu'on y perd à voir celle que l'on n'a pas.
M. PAUL: Maintenant que le coq vient de chanter, je dirai donc que
jamais je n'ai attribué de tels gestes, ou de telles menaces à un
membre de ce Parlement. M. le Président, je ne comprends pas pourquoi
ils sont si nerveux. Ils sont nerveux d'une façon alarmante. Si, au
moins, ils étaient sidérés et cloués sur leur
siège comme le ministre de l'Agriculture, alors que se joue le sort des
cultivateurs, nous pourrions comprendre. On ne comprend pas ça. Ce
matin, on a inauguré une nouvelle forme de procédure ou
d'étape à nos travaux: ce n'est plus dépôt de
documents, c'est "garrochement" de documents. On ne comprend pas cette
nervosité qui anime nos honorables amis d'en face. Je continue en disant
qu'il serait intéressant de savoir comment il se fait que le maire de la
ville de Grand'Mère, aujourd'hui, se dissocie, se désolidarise du
groupe qui est allé rencontrer M. Beaulieu. Est-ce que c'est prudent de
sa part d'avoir agi de la sorte?
Nous aimerions avoir l'avantage de questionner le maire de la ville de
Shawinigan, jeune maire actif, dynamique, et je ne sache pas qu'il soit
d'allégeance Union Nationale autrefois ou Unité-Québec
aujourd'hui. Je ne lui en fais pas de reproches, mais je ne puis
résister au désir que j'ai de vous communiquer la teneur de ce
télégramme. Je vais, comme mon collègue de Chicoutimi,
donner le code de ce télégramme qui se lit comme suit:
"QGL448(171323) et j'inviterais le ministre des Institutions financières
à prendre tous les renseignements que je vais lui donner.
Il pourra communiquer avec le maire de la ville de Shawinigan. Nous
n'avons communiqué avec personne lorsqu'il nous a émis certains
bulletins de presse, dans le cours de l'été, pour créer
une promotion sur les marchés de la Bourse dans une compagnie qui a fait
faillite; nous ne sommes pas intervenus.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. CARPENTIER: M. le Président...
M. LE PRESIDENT: A l'instant où je me levais pour... Il y en a
plusieurs qui sont nerveux dans cette enceinte et ces petites excursions du
député de Maskinongé en dehors de la motion commencent
à me rendre un peu nerveux, moi aussi.
M. PAUL: M. le Président, je sais que vous êtes à
peu près le seul qui ayez été élu avec le
gouvernement actuel, le 29 avril 1970, qui gardez votre calme et votre
objectivité. Je ne veux pas, en aucune façon... Je m'excuse
d'avoir enfreint le règlement, M. le Président, c'est contre mes
habitudes. Comme faute avouée est à demi pardonnée, je
continue.
M. LE PRESIDENT: C'est ce qui me surprenait, justement.
M. PAUL: Je continue en citant le code "4NSHWCC526CNT..."
M. CARPENTIER: Est-ce que l'honorable député de
Maskinongé me permet une question?
M. PAUL: "...FD Shawinigan, Québec 1711118..."
M. CARPENTIER: Est-ce que l'honorable député de
Maskinongé me permet une question?
M. PAUL: "...TS."
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît! Est-ce que
l'honorable député de Maskinongé permet une question?
M. PAUL: Je n'ai pas de temps à perdre, je continue.
M. LE PRESIDENT: Bon, refusé!
M. CARPENTIER: Je remercie l'honorable député de
Maskinongé.
M. PAUL: "Philippe Demers, Hôtel du gouvernement,
Québec."
M. le Président, ce n'est pas la place pour aboyer, qu'il sorte
donc!
M. HARVEY (Jonquière): Le député vous a
remercié, ouvrez-vous donc ies oreilles!
M. PAUL: "Vous appuyons fortement..." M. LE PRESIDENT: A l'ordre,
messieurs!
M. PAUL: "...dans votre excellent travail pour faire amender l'article
105a) et b) tel que proposé antérieurement. Cet amendement est
essentiel pour la ville de Shawinigan. Souhaitons bonne chance et sommes avec
vous. "Dominique Grenier, maire de Shawinigan." Je termine le code: "105AB
(22)."
M. le Président, je vais citer un excellent
télégramme qui nous vient du maire de la ville de La Tuque, un
homme, lui aussi, qui prend ses responsabilités, qui ne retraite pas et
qui ne plie pas devant les pressions du moment. Je vais citer le code: "QQJL513
(171456)." "Dr Philippe Demers, député de Saint-Maurice, "Chambre
263, "Assemblée nationale, Québec. "Par esprit de
solidarité envers ville de Shawinigan, laquelle, à cause de
circonstances particulières, se verra contrainte de subir lourdes pertes
Re: bill 48, vous demandons faire l'impossible pour convaincre Assemblée
nationale d'accepter nouvel amendement permettant à ville de Shawinigan
de récupérer sommes perdues stop. Même demande faite
à votre collègue de Laviolette, M. Prudent Carpentier stop Lucien
Fillion, maire de La Tuque (43)."
M. CARPENTIER: M. le Président, est-ce que l'honorable
député de Maskinongé me permet une question?
M. PAUL: M. le Président, j'ai été trop
scandalisé de son comportement, je ne peux pas m'abaisser à
recevoir une question de cet honorable député.
M. CARPENTIER: Je remercie l'honorable député de
Maskinongé...
M. PAUL: M. le Président, le maire de la ville de La Tuque...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. CARPENTIER: ...et je me charge de lui rendre la pareille dans
quelques instants.
M. PAUL: ...et le maire de la ville de Shawinigan ont donc
intérêt, conformément au texte de la motion
présentée par l'honorable député de Nicolet et
sous-amendée par l'honorable député de Sainte-Marie,
à se faire entendre devant la commission parlementaire. Qu'est-ce qui
pousse le ministre des Affaires municipales à adopter une telle
législation?
Je me demande comment il se fait que le ministre de l'Agriculture ne
s'oppose pas à voir les cultivateurs taxés même pour leurs
clôtures et leurs piquets.
Ceux qui étaient venus aujourd'hui pour assister à la
présentation de la Loi du syndicalisme agricole vont retourner chez eux
grandement déçus. Je félicite le député de
Nicolet, tous ceux qui ont le sens de l'observation et qui acceptent leurs
responsabilités de ne pas escamoter leur devoir à l'approche des
Fêtes et de considérer le bien de la population. Nous
espérons que le gouvernement, dans une retraite non pas
déshonorante, mais qui sera tout à son honneur, va consentir
à ce que la commission parlementaire soit convoquée pour que nous
puissions entendre les représentants de l'UCC et les maires de la
Mauricie. Je sais que mon bon ami, le député de
Trois-Rivières, a reçu un appel téléphonique, un
peu avant l'heure du midi, du colonel Berthiaume, gérant de la compagnie
Wabasso de Trois-Rivières, ou du maire de la ville de
Trois-Rivières.
M. BACON: M. le Président, je m'excuse; je n'ai reçu
d'appel téléphonique ni de M. Berthiaume ni du maire de la ville
de Trois-Rivières.
M. PAUL: M. le Président, je suis obligé de
déclarer publiquement que M. Berthiaume, qui a communiqué avec
moi à deux heures moins cinq et qui m'a dit avoir communiqué avec
le député de Trois-Rivières, m'a menti.
M. HARVEY (Jonquière): Fédéral ou provincial?
M. PAUL: Je n'ai pas besoin de répondre à cette
intervention demandant si c'est provincial ou fédéral. Je sais
que le gouvernement du Québec, actuellement, est à la remorque du
gouvernement fédéral et, quand je parle d'un
député, je parle...
M. SAINT-PIERRE: A l'ordre! La motion. M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. PAUL: Le grand pontife a-t-il une question à poser?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! Je demanderais à
l'honorable député de s'en tenir strictement à la
motion.
M. PAUL: M. le Président, j'ai cru que l'instituteur en chef de
la province avait une question à me poser en français; c'est pour
ça que je lui ai demandé s'il en avait une.
M. SAINT-PIERRE: Continuez vos sottises.
M. PAUL: M. le Président, celui-là, nous l'attendons. Nous
allons le dégonfler!
M. BIENVENUE: Des menaces!
M. PAUL: Non, ce ne sont pas des menaces. Je vois le
député de Matane qui a, lui aussi, été
frappé de cette fièvre aphteuse que l'on appelle
l'énervement chez les membres ministériels et je vois le ministre
des Finances qui commence à "cacasser."
M. GARNEAU: Qui s'énerve?
M. PAUL: M. le Président, j'espère que vous allez faire
taire cette meute libérale.
M. BIENVENUE: Le député me permet-il une question?
M. PAUL: Non, mon cher monsieur! Ayez le courage de parler sur la loi et
de défendre les intérêts des cultivateurs du comté
de Matane. C'est ce que nous voulons de vous, les députés
ruraux.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît.
M. PILOTE: Vous, de l'Unité-Québec, vous leur avez
enlevé $8 millions pour le lait. C'est vous qui avez fait ça
!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît, messieurs! Un peu de
calme.
M. PAUL: Même si on représente un comté qui porte le
nom d'un grand lac, ça ne veut pas dire qu'on est bon pilote.
M. PILOTE: Il y a $0.05 et $0.10 sur la livre de gras qui n'ont jamais
été remis.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! La motion, s'il vous plaît.
M. PAUL: Oui, M. le Président. Calmez-les, je vous en prie. Je ne
peux pas croire qu'ils n'ont pas plus de respect pour une haute
compétence comme vous.
M. SAINT-PIERRE: Vous allez devenir rouge.
M. PAUL: Tiens, regardez ça, le grand coq, c'est vrai, le grand
instituteur! M. le Président, quand je vois l'instituteur en chef de la
province, de sa grandeur assise, me poser une question, vous pouvez voir...
M. SAINT-PIERRE: Attendez que je me lève.
M. PAUL: Regardez ça, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Messieurs, messieurs!
M. PAUL: J'espère qu'il va nous donner l'exemple de
l'éducation et de la bienséance dans cette Chambre.
M. TESSIER: Revenez à la motion.
M. PAUL: Regardez, M. le Président. Il est jaloux parce que nous
l'oublions! Nous allons revenir, plus tard, au ministre des Affaires
municipales.
Franchement, il ne frappe pas un circuit avec ce projet de loi
là.
M. LE PRESIDENT: Je ferai remarquer qu'actuellement l'honorable
député de Maskinongé fait des invitations dangereuses
à se faire interrompre. Je pense que le ministre des Affaires
municipales doit faire des efforts surhumains pour ne pas l'interrompre. Je ne
voudrais pas que l'honorable député de Maskinongé l'invite
à pécher.
M. PAUL: Connaissant sa faiblesse, M. le Président, vous avez
raison. Je vais parler de sujets importants.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il ne peut pas faire d'efforts inhumains de
toute façon.
M. PAUL: Alors, je dis que cette motion devrait être reçue.
Qu'est-ce qui nous presse tant? Est-ce qu'on a peur du dialogue? Est-ce que
l'on craint d'aérer complètement l'étude de
ce projet de loi? Je dis que l'on peut facilement convenir d'une motion
que pourrait nous présenter l'honorable leader du gouvernement avec sa
subtilité complexe habituelle. Quant à nous, nous serions
prêts à consentir à l'avance, mettant de côté
les règles de notre règlement, pour qu'à la prochaine
session nous puissions reprendre à la même étape le bill
48, à l'étape où nous le laisserions lorsque nous
ajournerons pour la fête de Noël.
M. TESSIER : On n'ajournera pas pour la fête de Noël. Pas
comme on est parti là.
M. PAUL: Regardez cela, M. le Président! Je demanderais à
l'honorable ministre des Affaires municipales de continuer ses bons
efforts.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît.
M. PAUL: C'est un beau geste de collaboration de notre part et, en
même temps, nous aurons fait oeuvre utile pour sauver les
intérêts des cultivateurs. Tiens, M. le Président, vous
vous demandez qui crie derrière votre fauteuil?
UNE VOIX: C'est le chien.
M. LE PRESIDENT: Parfois, ça vient de la gauche ou de la droite
et, maintenant, cela vient d'en arrière.
M. PAUL: Mais c'est un type de la droite qui reprend son
siège.
M. LE PRESIDENT: Je n'ai pas pu l'identifier.
M. PAUL: Alors, je dis que les maires de la Mauricie et les cultivateurs
veulent être entendus. Malgré tout cet énervement qui
caractérise les activités de nos collègues, j'ai bon
espoir qu'ils saisissent l'occasion que nous leur donnons aux fins de bonifier
leur projet de loi et, surtout, pour ne pas matraquer les cultivateurs comme on
le fera d'une façon effective, lorsque le projet de loi finira par
être adopté.
J'appuie avec beaucoup d'empressement la motion de sous-amendement
présentée par le député de Sainte-Marie, tout en me
réservant le droit de parole sur la motion d'amendement
présentée par le député de Nicolet.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Saguenay.
M. LESSARD: M. le Président, je viens de rejoindre à
l'instant le maire de la ville de Hauterive...
DES VOIX: Ah!
M. LESSARD: ... et, à la suite de ces informations, je veux
appuyer la motion présen- tée par mon collègue de
Sainte-Marie. Au maire de la ville de Hauterive, j'ai lu le
télégramme suivant, afin de bien savoir s'il s'agissait
réellement du télégramme qui m'a été
envoyé en même temps qu'il a été envoyé, je
crois, au député de Chicoutimi. D'ailleurs, auparavant, j'avais
vérifié avec le député de Chicoutimi s'il
s'agissait bien du même télégramme. Je lisais donc le
télégramme suivant au maire de Hauterive: "Suite à notre
mémoire sur le texte original du bill 48, à sa
réimpression, nous nous opposons fortement à l'adoption en
vitesse de cette loi qui bouleverse la base de la fiscalité municipale
en modifiant la loi...
M. LE PRESIDENT: Est-ce le même télégramme?
M. LESSARD: M. le Président, il s'agit de bien vérifier.
Oui, il s'agit du même télégramme et il touche à la
motion même qui a été présentée...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre! Si le député me dit
que c'est le même télégramme, je prends sa parole.
Il ne faudrait quand même pas abuser. Le télégramme
a été lu une fois. Il ne faudrait pas que les institutions
parlementaires... A l'ordre! A l'ordre! S'il vous plaît! Nous sommes
membres d'un Parlement. Etant donné que le député de
Saguenay parle sur le sous-amendement et qu'il a déjà
parlé sur l'amendement, je tiens à le prévenir
immédiatement qu'il ne faudrait pas qu'il nous serve exactement le
même discours. Autrement, je crois que ce ne sont que des abus des
procédures parlementaires. Il existe des droits pour l'Opposition, pour
tous les partis, d'avoir un droit de parole quasi illimité. Cela, je le
respecte. Je fais cette intervention ou cette directive justement à
cette occasion puisque c'est un député qui a parlé sur
l'amendement et qu'il désire parler sur le sous-amendement. Je tiens
à prévenir les autres députés qui voudront parler
également sur le sous-amendement et qui auront déjà
parlé sur l'amendement, qu'il s'agit du même principe. Quel est le
principe de l'amendement? C'est la convocation de la commission
parlementaire.
C'est pour cette raison que je ne permettrai pas quand même que
cela ne s'adresse pas à l'Opposition plus spécialement
les institutions parlementaires soient tournées en ridicule.
M. LESSARD: M. le Président,... M. LEGER: M. le
Président,...
M. LESSARD: ... vous présumez de mes intentions.
M. LE PRESIDENT: Ce sont des directives que j'ai données.
M. LESSARD: M. le Président, j'accepte vos directives
aimablement. Je crois qu'il s'agit d'une motion qui est rattachée
à celle du député de Nicolet...
M. LE PRESIDENT: Sur le même principe.
M. LESSARD: ... et qui ne concerne pas du tout, M. le Président,
les mêmes articles qu'avait présentés le
député...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! M. LESSARD: ... de Nicolet.
M. LE PRESIDENT: La nomenclature des articles ne m'impressionne pas,
parce que les articles ne sont qu'uniquement des références. Le
principe de l'amendement est que le projet de loi ne soit pas lu une
troisième fois mais qu'il soit retourné à la commission
parlementaire. C'est ça, le principe. Je vous dis déjà que
le principe est le même sous l'amendement et sous le sous-amendement.
M. LEGER: M. le Président,...
M. LE PRESIDENT: C'est le principe de base.
M. LEGER: ... selon l'article 667, je voudrais demander des
directives.
M. LE PRESIDENT: Je viens de les donner.
M. LEGER: Est-ce que le député qui a discuté avec
un maire, qui lui a lu un télégramme, qui lui a parlé de
certains aspects de ce télégramme qui touchent justement les
articles à ajouter au sous-amendement, est-ce...
UNE VOIX: Il n'a pas le droit de parole, lui.
M. LEGER: ... que ce député n'aurait pas le droit,
étant donné que nous parlons sur le sous-amendement qui traite
des articles 10 et 16, de faire des rapports avec le télégramme
étant donné qu'il a eu une conversation avec le maire à ce
sujet-là pour permettre d'ajouter les articles de 10 à 16 et non
pas uniquement l'article 12?
M. LE PRESIDENT: Il ne faudrait pas oublier qu'il est permis de se
référer à ces articles, que ce soit les articles 10, 12,
15 ou 105, d'accord, mais cela uniquement à titre de
références. Je ne peux pas permettre d'aller au fond de ces
articles-là. Au fond. On peut mentionner les numéros,
l'idée générale de l'article, mais on ne peut aller au
fond parce qu'aller au fond de ces articles-là, c'est le débat de
troisième lecture. Je répète encore que le principe de
base, c'est la convocation de la commission parlementaire des Affaires
municipales. Qu'on fasse la référence aux articles, mais il faut
que ce soit joliment rapide.
M. LESSARD: M. le Président, je veux tout simplement dire
pourquoi je suis d'accord pour qu'en plus des articles que le
député de Nicolet avait apportés à
l'intérieur de sa motion, on apporte, pour discussion en commission
parlementaire, les articles de 10 à 16. M. le Président, depuis
hier soir, nous avons reçu, quand même, des informations
supplémentaires qui justifient encore plus fortement la convocation de
la commission parlementaire. Je n'ai pas l'intention d'apporter les mêmes
arguments que j'ai apportés hier puisque, hier, il s'agissait
essentiellement d'articles précis et plus particulièrement de la
convocation de la commission parlementaire pour entendre les agriculteurs.
Or, pour expliquer le télégramme qui nous est parvenu et
qui était, tout à l'heure, semble-t-il, mis en doute par le
ministre des Institutions financières, j'ai communiqué avec le
maire de Hauterive et celui-ci, après lui avoir lu le
télégramme, m'a affirmé qu'il était
entièrement d'accord avec la teneur du télégramme puisque
ce télégramme, comme l'a dit tout à l'heure le ministre
des Institutions financières, avait été envoyé par
le gérant municipal de la ville de Baie-Comeau qui est, lui,
président d'un comité qui avait été formé
par les trois villes, soit les villes de Baie-Comeau, de Hauterive et de
Sept-Iles, comité constitué des personnes suivantes: Me Gontran
Rouleau, conseiller juridique de ces trois villes, Gilbert Moffatt,
gérant municipal de la ville de Hauterive et celui dont je parlais tout
à l'heure, Maurice Carpentier ainsi que le gérant municipal de la
ville de Sept-Iles. Ce comité avait tous les pouvoirs...
M. TESSIER: Maurice Carpentier est gérant de Baie-Comeau et non
de Sept-Iles.
M. LESSARD: J'ai dit, M. le Président, et le gérant
municipal de la ville de Sept-Iles. Ce comité avait eu tous les
pouvoirs, qui lui avaient été accordés par motion par
chacune des villes concernées, pour surveiller le nouveau texte du bill
48 et voir si ce nouveau projet de loi correspondait bien à l'esprit du
mémoire que ces gens avaient soumis lors de la commission.
C'est pourquoi, M. le Président, le ministre pouvait dire tout
à l'heure que le maire de Baie-Comeau était à
l'hôpital, qu'il n'avait pu rejoindre le maire de Hauterive et,
semble-t-il non plus, le maire de Sept-Iles. Cependant, M. le Président,
je crois que ce télégramme est véridique puisque j'ai
vérifié et, depuis hier soir, on semble vouloir jeter du
discrédit sur tous nos administrateurs municipaux en mettant en doute
les télégrammes qui parviennent à l'Opposition de Sa
Majesté parce que le gouvernement actuel n'est pas capable de prendre
ses responsabilités.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! J'aimerais bien que le député
de Saguenay revienne au principe de l'amendement. J'ai bien
écouté, très attentivement, l'intervention du ministre des
Institutions financières lorsqu'il a été question
du télégramme et, à ma connaissance, il n'a
attaqué aucune personnalité municipale ni aucun
député de cette Chambre. Il a établi les faits, il n'a
jeté aucun discrédit sur aucun des maires.
M. LESSARD: M. le Président...
M. BURNS: Sur la question de règlement, M. le Président
je m'excuse d'avoir à vous faire cette remarque mais ne
serait-il pas, en vertu de l'article 270 de notre règlement, dans
l'ordre que le ministre qui se sent visé rétablisse
lui-même les faits? Je vous dis cela en toute déférence, M.
le Président.
M. LE PRESIDENT: C'était accessoire à mon intervention. La
première idée de mon intervention était de demander au
député de Saguenay de revenir au principe de l'amendement.
M. BURNS: D'accord.
M. LESSARD: M. le Président, comme je le disais, j'appuie
fortement cet amendement et je me demande, si ce ne sont pas les maires qui ont
envoyé ce télégramme, si ce ne serait pas le
député de Duplessis qui, aujourd'hui, n'est pas capable de
défendre sa ville qui sera, à la suite de ce projet de loi, dans
une situation déplorable parce que...
M. COITEUX: Ah! tu "t'adonnes" bien, mon "chum", là tu vas y
goûter.
M. LESSARD: ...cette ville qui est en train de développer toutes
ses ressources minières, forestières et autres va perdre des
droits considérables, des taxes considérables par suite de
l'application de cet article, M. le Président.
M. COITEUX: Attends une minute! Tu pensais que je n'étais pas
ici, tu vas voir que j'y suis.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! L'honorable député de
Duplessis, s'il désire intervenir dans le débat, demandera la
parole et on la lui accordera comme à un autre. Mais il pourra
réfuter ou dire, dans les limites du règlement, tout ce qu'il a
à dire. Qu'il attende son tour.
M. LESSARD: J'espère, M. le Président, que le
député de Duplessis, dans son intervention tout à l'heure,
aura la même sincérité qu'il avait lors des séances
de la commission parlementaire...
M. COITEUX: Tu commences à avoir peur...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît !
Je ne voudrais pas que le député de Saguenay suscite des
interventions qui ne sont pas permises en vertu du règlement.
A l'ordre! C'est la deuxième fois que j'interviens au cours du
débat du député de Saguenay, les deux fois pour lui
demander de revenir au principe de l'amendement. Et, la prochaine fois que je
me lèverai, j'appliquerai à la lettre notre règlement.
M. COITEUX: D'accord, continue!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Ces remarques s'appliquent à tout le
monde. Je demande votre collaboration.
M. COITEUX: Vous l'avez, M. le Président.
M. LESSARD: Je crois qu'il importe absolument, étant donné
les implications financières des articles qui nous sont soumis dans le
deuxième projet de loi, que les villes concernées soient aussi
entendues à la commission parlementaire des Affaires municipales, afin
qu'elles puissent exactement, à la suite d'une étude
concrète du projet de loi, dire quelles sont les sommes
considérables qu'elles perdront avec l'application de ce projet de
loi.
Puisque, tout à l'heure, le ministre du Revenu a parlé de
certaines affirmations que j'aurais faites, vous me permettrez de dire que je
suis d'accord que ce projet de loi est un ramassis de tout ce qu'il y avait
à l'intérieur d'anciens projets de loi. C'est justement ce que
nous ne voulons pas. C'est le "patchage" qu'on a fait, c'est le statu quo. Et
c'est important que toutes les villes et d'autres groupes concernés
soient à nouveau entendus à la commission parlementaire, afin de
faire en sorte que nous ayons un projet de loi qui soit véritablement
une réforme et non une réformette.
Nous nous demandons sérieusement si le ministre des Affaires
municipales, en appliquant ce projet de loi, ne veut pas devenir le fossoyeur
des municipalités et en particulier des municipalités
industrielles. Et c'est pourquoi j'appuie la motion qui nous est
présentée. J'espère qu'encore une fois le ministre va
faire amende honorable et accepter d'envoyer à nouveau ce projet de loi
à la commission parlementaire, afin que nous puissions encore le
bonifier et le corriger, comme on l'a fait lors des premières
séances de la commission.
J'espère que le travail que nous faisons, nous de l'Opposition
parce qu'actuellement les députés de l'autre
côté de cette Chambre ne sont pas capables de le faire
pourra être efficace et que les demandes que nous faisons auprès
du ministre des Affaires municipales seront entendues par ce ministre. Il y a
trop de gens impliqués dans ce projet de loi pour l'accepter à la
vapeur, à la veille des vacances de Noël.
Pour notre part comme nous l'avons dit nous sommes
prêts à revenir après Noël et ce projet de loi en
particulier nous allons l'étudier avec tout le sérieux
nécessaire. Nous demandons que la même chose se fasse du
côté du parti ministériel.
Je crois que la motion qui nous a été
présentée complète celle qui nous avait été
présentée par le député de Nicolet, parce qu'elle
couvre non seulement le problème soulevé par les agriculteurs,
mais aussi des problèmes soulevés par des villes minières,
des villes industrielles. On sait qu'on est en train d'exempter des taxes
toutes ces entreprises-là, alors que chez nous ce sont les principales
entreprises qui nous apportent des taxes pour faire vivre nos
municipalités, pour les faire prospérer.
Le ministre du Revenu nous a aussi dit qu'il était en train de
faire toute une réforme fiscale, et nous sommes d'accord.
Mais, elle aurait dû être faite avant que ce projet de loi
nous soit soumis, de telle façon qu'on aurait pu savoir quels sont les
montants que les municipalités auraient pu récupérer
à la suite de ce qu'elles ont perdu par les exemptions qu'on
prévoit dans ce projet de loi. Il s'agit d'exemptions
considérables pour les grosses compagnies, pour les grosses entreprises,
mais non pas, cependant, pour les cultivateurs. Alors, M. le Président,
je termine...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Est-ce que vous reprenez votre siège?
Parce que, là vous parlez directement du fond de la question.
Prochain orateur.
Le député de Lafontaine.
M. LEGER: Comme secondeur de la motion, je voudrais apporter quelques
arguments supplémentaires. Si on peut penser que le débat se
prolonge, je pourrais affirmer que, si le ministre nous disait oui
immédiatement, il est certain que nous pourrions arrêter de
discuter de cette question-là. Comme il ne dit pas qu'il accepte la
convention de cette commission, nous devons tenir pour acquis que sa
décision n'est pas prise et qu'il faut lui apporter d'autres arguments
pour le convaincre.
M. le Président, à cet amendement qui a été
proposé par le député de Nicolet, nous avons
décidé d'ajouter des articles supplémentaires, parce que,
justement, nous trouvons que la commission parlementaire devrait être
saisie de ces problèmes provenant d'une loi qui devrait être
uniforme et qui devient une loi d'exception. Malheureusement, on a fait dans
cette loi tellement d'exceptions qu'on a oublié d'en faire aux endroits
les plus importants, c'est-à-dire en ce qui concerne les agriculteurs et
les municipalités, qui vivent, par le bill 48, une mauvaise
expérience, puisqu'ils devront perdre des revenus supplémentaires
nécessaires auxquels ils avaient droit avant que le bill 48 soit
présenté.
M. le Président, en faisant certaines études, je me suis
aperçu que la commission parlementaire non seulement serait
nécessaire, mais qu'elle est absolument essentielle pour permettre aux
agriculteurs de venir exprimer leur accord ou leur désaccord sur le
changement qu'il y a eu entre la première version du bill 48 et la
deuxième version. En effet, au départ, nous avions
proposé, il y a plusieurs mois, que ce bill soit reporté à
six mois. Par la force des choses, cela a eu lieu, puisque les gens ont
présenté des mémoires. Cela a été
retardé de six mois l'adoption de cette loi, ce qui a permis de
l'améliorer. Cependant, en ce qui concerne les agriculteurs, je pense
que non seulement ça n'a pas amélioré la loi, mais que
ça l'a peut-être empirée, en ce sens que dans la
première version, M. le Président, les terrains des cultivateurs
étaient évalués à 100 p. c. Dans la nouvelle
version, c'est la même chose, mais les bâtiments, dans la
première version, étaient exclus de l'évaluation, alors
que le nouveau projet de loi, justement, ajoute une évaluation à
50 p. c. de leur valeur. Les cultivateurs devraient donc venir à la
commission parlementaire pour nous dire justement si, pour eux, ça
correspond à une augmentation sensible, dangereuse, parce que justement
il y a eu un changement depuis la dernière fois qu'ils sont venus
s'exprimer à cette commission parlementaire.
Ils sont venus pour exprimer leurs craintes et le nouveau projet de loi
amène une augmentation possible de taxes pour eux. Alors, je pense que
cette commission parlementaire est absolument essentielle pour qu'ils puissent
s'exprimer là-dessus. Egalement, dans le premier projet de loi, les
terrains pouvaient être évalués à un maximum de $150
l'arpent, ce qui est resté la même chose dans le deuxième
projet de loi.
M. GARNEAU: J'invoque le règlement.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Le ministre des Finances.
M. LEGER: Est-ce que le ministre a une question à me poser ou si
c'est un point de règlement?
M. GARNEAU: Un point de règlement. Le député, dans
son intervention actuellement, réfère non pas aux articles 10
à 16 mais aux articles qui se rapportent au maximum d'évaluation
à l'acre et à la moitié de la valeur des bâtiments,
des granges des cultivateurs.
M. LEGER: M. le Président, sur le point d'ordre. Etant
donné que je suis le secondeur de la motion, je pense que les
règlements me permettent de parler de l'amendement même qui a
été sous-amendé par le député de
Sainte-Marie, qui justement parlait sur l'amendement quand il a proposé
un sous-amendement. Comme secondeur, je pense avoir le droit de parler sur le
sous-amendement et sur l'amendement en même temps.
M. LE PRESIDENT: Ce n'est pas du tout la nature de la question de
règlement soulevée par le ministre des Finances.
Depuis le début de ce débat, nous sommes toujours
placés devant la même difficulté. Le
président a donné des directives très claires,
directives d'ailleurs, qui coincident totalement avec celles que j'avais
données à l'effet que l'on doit s'en tenir à la discussion
du pourquoi déférer la loi devant la commission parlementaire. On
ne doit pas discuter du fond de la loi, ce qui constitue le débat sur la
motion de troisième lecture.
Bien sûr je vais me répéter en
discutant de la motion, on est, par la force des choses, obligé en
quelque sorte d'effleurer la substance des articles, mais on ne peut pas faire
porter la majeure partie de son argumentation sur la substance des articles
puisque, à ce moment-là, on tombe sur la motion de
troisième lecture. On se trouve devant une situation absolument absurde.
J'imagine que ceux qui ont adopté le règlement qui régit
nos travaux avaient suffisamment de lucidité et d'objectivité
pour ne pas adopter des règlements qui seraient illogiques à leur
face même.
J'invite de nouveau le député de Lafontaine à ne
discuter que des raisons qui devraient maintenant, avec le sous-amendement,
motiver le renvoi de la loi à la commission parlementaire des Affaires
municipales pour discuter, en particulier, des articles 10 à 16 mais non
discuter sur le fond même de ces articles ou de tout autre article du
projet de loi.
M. BURNS: M. le Président, sur le point de règlement. Je
connais trop le sens de discernement du président pour ne pas croire
qu'il ne comprendra pas la distinction entre discuter du fond et se
référer à la substance du bill.
J'ai écouté le député de Lafontaine bien
attentivement depuis le début; il ne discute pas du fond en ce sens
qu'il ne parle pas du bien-fondé ou non de la substance mais il se
réfère à la substance. Je pense qu'autrement il n'y aurait
qu'un seul discours si on devait suivre à la lettre ce que vous
venez de dire, sans garder en tête la distinction que j'essaie de vous
soumettre soit: Je suis en faveur de la commission parlementaire. H faut
quand même que le député qui s'exprime sur cela nous dise
pourquoi. La façon dont j'ai compris l'argumentation du
député de Lafontaine, il essaie de nous dire qu'il y a eu des
changements depuis la dernière commission parlementaire, sans se
prononcer sur le fond et sur le mérite de ces changements. C'est la
distinction que je fais et je suis certain, M. le Président, que vous
comprendrez.
M. LE PRESIDENT: Comme je suis certain que le député de
Maisonneuve a sûrement bien remarqué, dans les nouvelles
directives que j'ai données et qui sont une nouvelle édition, que
je ne me suis pas prononcé quant à ce titre disait le
député de Lafontaine.
J'ai redonné, d'une nouvelle façon et suite à
l'intervention du ministre des Finances, des directives et je n'ai pas dit que
précisément en ce moment le député de Lafontaine ne
respec- tait pas cela; je l'ai invité, tout simplement, à le
faire. Encore une fois, c'est très difficile, tant pour les opinants que
pour le président, de faire la démarcation. J'ai tout simplement,
à la suite des remarques du ministre des Finances, invité le
député de Lafontaine à tenter de s'en tenir au cadre de
ces directives. A aucun moment je n'ai condamné les propos du
député de Lafontaine.
M. BURNS: Je suis certain, M. le Président, que le
député de Lafontaine va continuer à se conformer à
vos directives.
M. LEGER: Merci, M. le Président. Donc, c'est seulement par les
représentations faites à cette commission parlementaire que nous
pourrons savoir quel pourrait être le fond du problème dans le
domaine de la taxation pour les cultivateurs. Cette commission parlementaire
permettra peut-être d'éclaircir le problème suivant, qui
est une injustice concernant la taxation du villageois comparativement à
la taxation du cultivateur.
La commission parlementaire pourrait nous permettre d'entendre les
personnes qui subissent actuellement, ou subiront, par le projet de loi 48, un
changement dans leur taxation. En effet, nous avons entendu dire
déjà par les cultivateurs que leurs terrains étaient
taxés 2.11 fois plus que les biens du villageois.
Alors, à cette commission parlementaire, il y aurait
peut-être possibilité de trouver des solutions concernant cette
injustice que les cultivateurs trouvent à l'intérieur de cette
loi 48 qui taxe justement un terrain du cultivateur qui est beaucoup plus vaste
que le terrain du villageois, parce que le villageois n'a pas à gagner
sa vie avec cette terre, tandis que la terre est pour le cultivateur son
instrument de travail.
Alors, si on taxe d'une façon plus particulière le terrain
qui est l'instrument de travail du cultivateur, c'est une injustice pour lui.
C'est la raison pour laquelle les chiffres nous ont amenés à
conclure que le cultivateur était deux fois plus taxé que le
villageois. Ce sont ces renseignements que nous pourrions obtenir directement
des intéressés à l'occasion de la convocation de la
commission parlementaire pour pouvoir justement discuter de ces articles
proposés dans le sous-amendement.
Un point important que nous voulons discuter à l'occasion de
cette commission parlementaire, c'est justement cette exception qu'on ne fait
pas dans la loi 48 alors que l'ensemble de la loi est pratiquement une loi
d'exception plutôt qu'une loi uniforme. C'est une exception qui se fait
pour les municipalités qui pourraient être invitées par la
commission parlementaire à venir s'exprimer concernant l'exception
à leur désavantage de la taxation que les municipalités
utilisent contre l'équipement ou contre l'arrangement qui a
été fait pour remplacer la taxe sur l'équipement.
Ces municipalités doivent être entendues parce qu'il semble
bien, d'après différents télé-
grammes, qu'il y en a qui sont en faveur du projet et d'autres, beaucoup
plus nombreux, qui sont contre ce projet de loi. La commission parlementaire
permettrait à ces municipalités de nous indiquer quelles seraient
les conséquences désastreuses pour certaines d'entre elles sur ce
nouveau mode de taxation qui va en diminuant pour les seize prochaines
années et le fait qu'elles ne pourront pas compenser ce manque de
taxation par le fait que plusieurs de ces municipalités ont atteint le
maximum possible de taxation dans le domaine de la taxe d'affaire.
Je pense que le gouvernement devrait permettre cette commission
parlementaire et prouver à ce moment-ci qu'il est plus
intéressé à gouverner en faveur des citoyens plutôt
que d'abord en faveur de l'entreprise privée. Parce que dans ce projet
de loi, on fait des exceptions concernant certaines entreprises privées
et le domaine particulier de ces municipalités où on va diminuer
la taxation sur ces entreprises privées au détriment des citoyens
nous montre justement le dilemme dans lequel nous nous trouvons.
Un gouvernement qui ferait de son administration une direction
première en vue du bien-être des citoyens pourrait aider les
entreprises privées, mais uniquement dans l'optique où ces
entreprises privées sont pour le bien des citoyens, et non pas dire que
l'on doit favoriser autant l'entreprise privée que les citoyens. Je
pense qu'un gouvernement doit s'adresser aux citoyens et si, par la force des
choses, en aidant les entreprises privées il fait
bénéficier les citoyens j'en suis; mais non pas le contraire. Et
c'est ce qui pourrait arriver si cette loi était adoptée, en
parlant sur le fait que des municipalités verront leur maximum de
taxation diminuer au point que pour compenser le manque à gagner
provenant des taxes qui proviendraient de ces entreprises privées, ce
sera l'ensemble des citoyens des municipalités qui verront leurs taxes
augmenter au cours des seize prochaines années.
Je pense que cette commission parlementaire est absolument essentielle
pour que nous puissions entendre directement les intéressés.
C'est la raison pour laquelle j'appuie, comme secon-deur de la motion du
député de Sainte-Marie, le sous-amendement qui indiquait
justement que les articles de 10 à 16 soient inclus dans le
sous-amendement et non pas uniquement l'article 12 pour être
déférés à la commission parlementaire.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Duplessis.
M. COITEUX: M. le Président, selon la formule un peu
régulière, je dis que je n'avais pas l'intention d'intervenir
dans ce débat, mais je me vois forcé de le faire devant les
affirmations du député de Chicoutimi et du député
de Saguenay, qui, cet après-midi ont cru vouloir, en mon absence,
justifiée, d'ailleurs, en Chambre...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'invoque le règlement, M. le
Président.
M. BURNS: J'invoque le règlement, M. le Président.
M. COITEUX: Comment, invoquer le règlement? Pourquoi?
M. BURNS: J'invoque le règlement. M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LESSARD: Vous allez le savoir. Assoyez-vous, vous allez le
savoir.
M. LE PRESIDENT: Les questions de règlement ont
priorité.
UNE VOIX: Article 285.
M. BURNS: Si le député s'assoit, il va comprendre.
Déjà, je pense qu'il s'apprêtait à se lever. Je ne
vois pas du tout comment le député de Duplessis peut nous
expliquer qu'il parle de façon pertinente du sous-amendement qui est
actuellement présenté devant la Chambre.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'invoque le règlement, M. le
Président.
M. COITEUX: Sur la question de règlement, je dois
expliquer...
M. LE PRESIDENT: Sur la même question?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, j'invoque le règlement.
M. LE PRESIDENT: Vous voulez parler sur la question de
règlement?
M. COITEUX: Sur la question de règlement, je dois expliquer la
raison de mon intervention.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'invoque le règlement...
M. LE PRESIDENT: Bien oui, mais est-ce sur la même question de
règlement?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est la même question.
M. LE PRESIDENT: J'ai reconnu l'honorable député de
Duplessis. Parlez sur le règlement, s'il vous plaît, et
j'accorderai la parole au député de Chicoutimi après.
M. COITEUX: C'est qu'on a accusé le député de
Duplessis, on a accusé le comté de Duplessis, on a fait dire au
maire de Sept-Iles toute sortes de choses, cet après-midi, au sujet de
cet amendement. Je commence mon discours en disant que je veux faire une mise
au
point au sujet des injustices et des faussetés qui ont
été dites, cet après-midi, par le député de
Saguenay et le député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'invoque le règlement...
M. LE PRESIDENT: Sur la même question, l'honorable
député de Chicoutimi...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'invoque le règlement. Voici,
très calmement. J'ai parlé d'un télégramme qui
avait été envoyé par des maires de la
Côte-Nord...
M. COITEUX: C'est faux!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Un instant. J'ai parlé d'un
télégramme qui avait été envoyé par les
maires de la Côte-Nord, j'ai insisté sur l'importance de tenir
compte de leur télégramme. Je n'ai fait aucune allusion ni
mentionné le député de Duplessis.
M. LESSARD: Sur une question de privilège, M. le
Président. Je n'ai pas du tout accusé le député de
Duplessis. Je n'ai pas du tout accusé les maires du comté...
M. COITEUX: Je l'ai ici le télégramme. M. LE PRESIDENT: A
l'ordre!
M. LESSARD: ... et d'ailleurs le député de Duplessis me
prête des intentions, interdites par l'article 285 des
règlements...
M. COITEUX: Je ne lui prête pas d'intention parce qu'il pensait
que je n'étais pas ici.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LESSARD: ... en disant que j'aurais pris la parole et que j'aurais
attaqué le député parce que je n'avais pas vu le
député. Or, quelques minutes, je crois, une dizaine de minutes
avant, le député était ici en arrière et je n'avais
aucune crainte du député de Duplessis. D'ailleurs, je suis
heureux que le député de Duplessis intervienne. Si c'est moi qui
ai réussi à le faire intervenir, tant mieux, M. le
Président. Parce que je sais qu'il est minoritaire dans Duplessis...
M. LE PRESIDENT: A L'ordre! A l'ordre! A l'ordre, s'il vous plaft. Vous
lui lancez des fleurs et le pot suit immédiatement. Ce n'est pas une
manière de faire avancer le débat. Oui, je vois. A l'ordre!
Je demanderais au député de Duplessis de bien vouloir
respecter les directives que j'ai exigées des autres
députés, soit de s'en tenir à la discussion sur le
sous-amendement qui est relié à l'amendement je ne sais
pas si on doit le lire à l'effet que la commission parlementaire
soit convoquée de nouveau et que certains articles y soient
étudiés. Si le député n'est pas d'accord avec cela,
il devra me dire pourquoi nous devrons rejeter cet amendement et passer
immédiatement à la troisième lecture. C'est le principe du
droit de parole du député de Duplessis.
M. COITEUX: M. le Président, je suis tout à fait d'accord
avec vous, mais quand j'entendais, il y a quelques instants, le
député de Saguenay, un Lilliputien comme lui, et le
député de Chicoutimi, les deux Lilliputiens dire que ce sont eux
qui ont...
M. LESSARD: Ils ont quelque chose dans la tête. Ce ne sont pas des
ignorants. Ce sont des gens qui réfléchissent et qui pensent.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre! Je rappelle à l'ordre!
M. COITEUX: Bien oui, mais c'est le Lilliputien de Saguenay qui dit que
c'est grâce à lui, le Lilliputien de Saguenay, que le
député de Duplessis intervient.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre!
M. COITEUX: Est-ce ce que vous avez dit, oui ou non?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LESSARD: Oui, parce que vous aviez dit que vous n'aviez... Il m'a
posé une question.
M. COITEUX: Je n'ai pas peur de répondre à un
Lilliputien.
M. LESSARD: Vous m'avez posé une question.
Vous avez dit que vous n'aviez pas l'intention...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je ne vous ai pas accordé la
parole.
M. LESSARD: ... d'intervenir. Et c'est...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre! Je rappelle à l'ordre M.
Lucien Lessard! Je me servirai du même article pour qui que ce soit.
M. COITEUX: M. le Président, je vais être très
calme.
M. LE PRESIDENT: Je demanderais d'être calme.
M. COITEUX: Le sous-amendement au bill 48 se lit comme suit: Que la
motion d'amendement soit sous-amendée en remplaçant le nom-
bre 12 par ce qui suit: 10 à 16. Alors, je viens de dire de 10
à 16; je ne peux pas mentionner dans ces articles-là ceux qui
touchent les cultivateurs, je n'en ai pas dans mon comté. Mais, tout de
même, puis-je me permettre d'être étonné de
l'agissement des partis de l'Opposition actuellement devant cette sous-motion,
la motion d'hier et la motion principale, qui est l'adoption, en
troisième lecture, du bill 48?
J'ai assisté à presque toutes les commissions
parlementaires au cours de l'été. J'ai vu, j'ai entendu et j'ai
compris l'enthousiasme que démontraient, à l'égard de ce
bill, le député de Chicoutimi et le député de
Saguenay. Aujourd'hui, je m'étonne et je me demande pourquoi aujourd'hui
on vient essayer de bloquer le gouvernement avec toutes sortes d'amendements et
de sous-amendements. Je parle du sous-amendement, M. le Président, des
articles 12 à 16.
On a même mentionné, cet après-midi, en parlant sur
ce sous-amendement, que le député de Chicoutimi avait reçu
un télégramme. Je l'ai ici. C'est signé, du moins par la
machine à écrire, Donald Galienne. Le député
péquiste a dit, hier soir, en bafouant le ministre des Affaires
municipales, qu'il était d'accord, qu'il voulait se donner une
plate-forme pour essayer d'insulter un ministre qui a fait une excellente job
là-dedans. Si les péquistes n'aiment pas le mot job, qu'ils en
trouvent un autre.
Je m'étonne, aujourd'hui, après qu'on a dit tout cela;
cela veut dire qu'il y a un "frame-up" par en arrière, qu'il y a une
idée bien approfondie et bien fixe d'essayer de bloquer le Parti
libéral dans ses actions lorsqu'il veut être progressif pour la
province de Québec. C'est la seule et unique raison qui amène le
sous-amendement parce qu'ils vont se dire ceci: Cela va prendre du temps, cela
donne une demi-heure à chaque député pour parler...
M. BURNS: M. le Président, j'invoque le règlement.
M. COITEUX: ... sur les articles 10 à 16.
M. BURNS: J'invoque le règlement, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Une question de règlement.
M. BURNS: M. le Président, j'ai patienté au cours des deux
ou trois dernières phrases du député de Duplessis. Il est
évident, M. le Président, parlant de la motion de sous-amendement
du député de Sainte-Marie, que le député de
Duplessis tente de prêter des intentions, contrairement aux dispositions
de l'article 285, dix-neuvièmement. Alors, je vous demanderais
peut-être de rappeler à l'ordre le député de
Duplessis afin qu'il ne continue pas à tenter de prêter des
intentions, malhonnêtes en fait, puisqu'il est en train de nous dire que
le député de Sainte-Marie fait cette motion-là uniquement
pour empêcher le gouvernement de faire quoi que ce soit.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'on pourrait me donner une définition
de "frame-up"?
M. BURNS: Un "frame-up", c'est...
M. COITEUX: M. le Président, je ne prêterai pas d'intention
au député de Sainte-Marie.
M. DEMERS: Le plus bel exemple, c'est l'affaire de la Brink's!
M. COITEUX: M. le Président, est-ce que vous me permettriez de
demander au député de Saint-Maurice de répéter ce
qu'il vient de dire? Je n'ai pas compris.
M. DEMERS: Vous pouvez toujours entendre, mais vous ne comprendrez
peut-être pas!
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de...
M. COITEUX: Je ne suis pas instruit, moi!
M. le Président, quand j'ai affirmé naturellement,
la vérité choque peut-être un peu en dehors des
règlements...
M. BURNS: J'invoque le règlement. Le député
récidive.
M. LE PRESIDENT: Il n'a pas dit ce qu'il affirmait.
M. BURNS: Il dit: Evidemment, la vérité choque.
M. LE PRESIDENT: Laissez-le finir.
M. BIENVENUE: Si on ne peut pas dire que la vérité choque,
M. le Président, on ne pourra plus rien dire.
M. COITEUX: Si on ne peut pas dire ça, M. le Président!
J'admets que le député de Maisonneuve, le défenseur de
Chartrand, est peut-être chatouilleux. Disons qu'il a raison. Quand j'ai
affirmé que ces amendements et ces sous-amendements étaient
présentés dans un but très spécifique, si je
n'avais pas le droit de le dire, M. le Président, je m'en excuse. Tout
de même, il y a une chose; c'est qu'il nous semblerait je
n'affirme pas que ces motions et ces sous-motions sont
présentées dans un but bien spécifique. Si je voulais
révéler des conversations personnelles que j'ai entendues
je ne dirai pas entre qui, parce que ce sont mes bons amis je pourrais
prouver à l'évidence ce que j'avance.
Quoi qu'il en soit, le bill 48, M. le Président, a
été soumis, resoumis. On a eu de longues séances. Le
ministre, dans sa grande compréhension et dans son souci de donner
à la province
de Québec un bill merveilleux, l'a amendé, ce qu'aucun
autre ministre n'a eu la condescendance de faire avant. Ils ne pouvaient pas le
faire, parce qu'il n'y a pas eu d'autres ministres qui ont eu le courage de
présenter ce bill. Après avoir donné leur acquiescement
sur tout, sur le principe on a entendu le député de
Saint-Jacques dire qu'il était d'accord, mais il nous a servi un
discours vide de sens, juste pour dire qu'il parlait tous ces gens nous
présentent aujourd'hui des sous-amendements qui sont, à mon sens
je suis en mesure de l'affirmer un "frame-up". Le message dont le
député du Saguenay s'est servi aujourd'hui, c'est un "frame up".
Je viens de parler, il y a 35 minutes, au maire Galienne. Il a dit: Je n'ai pas
vu ces gens-là depuis deux mois. Et on signe le document, Donald
Galienne, maire de Sept-Iles. C'est faux, c'est archifaux! Le maire Galienne
est prêt à venir témoigner ici en Chambre; je viens de lui
parler.
M. LOUBIER: Est-ce que le député me permettrait une
question?
M. COITEUX: Non, ma réponse est non.
M. LOUBIER: Est-ce que le "député", le maire Galienne est
en faveur de la motion?
M. COITEUX: C'est un "frame up".
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. COITEUX: Je vais vous dire par qui cela a été
bâti, la motion.
M. LOUBIER: La motion? C'est le député de Nicolet.
M. COITEUX: Le télégramme. Le maire qui l'a signé
est à l'hôpital; il m'a dit qu'il n'avait jamais été
consulté. Le maire Galienne m'a dit: Cela fait deux mois que je n'ai pas
vu ces gens-là. C'est Gontran Rouleau qui a envoyé, par le
greffier, ce message. C'est pour ça, M. le Président, que j'en
conclus qu'il n'y a aucune once de sincérité dans la
présentation de l'amendement et du sous-amendement.
M. PAUL: M. le Président, sur un rappel au règlement.
UNE VOIX: Quel numéro? M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. PAUL: M. le Président, pourriez-vous inviter...
M. LACROIX: Vous l'avez fait de 1966 à 1970, puis vous continuez
à le faire dans l'Opposition.
M. PAUL: ... l'insignifiant député de Laviolette à
garder le silence?
M. CARPENTIER: Question de privilège, M. le Président.
Je rappellerais à l'honorable député de
Maskinongé que ce n'est pas moi qui ai prononcé ces paroles et je
lui demanderais de retirer ses paroles, parce que je ne l'ai absolument pas
dérangé.
M. PAUL: Je m'excuse, M. le Président, de l'avoir mal
reconnu.
Je disais donc que sur...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. PAUL: ... non pas avec un quarante onces de bon sens, mais avec une
once de bon sens...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Sur le rappel au règlement.
M. PAUL: ... je voudrais soulever mon rappel au règlement et dire
à mon honorable ami, le député de Duplessis, qu'il n'a pas
le droit de douter de la sincérité de ses collègues, comme
nous apprécions sa sincérité à l'endroit de la
défense de son ministre.
M. LE PRESIDENT: Il est de bonne guerre d'ailleurs qu'il y ait des
discours, des disputes, que des arguments soient exposés du
côté gauche vers la droite, c'est l'endroit. Et je pense bien
qu'il y a eu des attaques, je dirais, normales contre le gouvernement, qui sont
dans le cours normal d'un Parlement, je pense bien que je dois laisser quand
même... On entend parler de télégrammes depuis deux jours,
je suis bien prêt à continuer à en entendre parler encore.
Je pense bien que c'est normal que s'il y a une attaque d'un côté,
qu'il puisse quand même y avoir droit de riposte de l'autre
côté, c'est l'endroit pour le faire, dans les limites du
règlement.
M. PAUL: M. le Président, je m'excuse, je reconnais que mon
rappel au règlement était mal fondé, je m'en excuse.
M. COITEUX: M. le Président, je m'excuse, parce que je connais la
sincérité du député de Maskinongé, qui est
un de mes amis personnels, mais il est tellement sincère que quand on
démystifie des affaires dans lesquelles il a cru, ça lui fait mal
et il essaie de se défendre.
Hier, on mentionnait au sous-amendement premier l'article 105. Mon
honorable collègue et ami le député de
Trois-Rivières l'a démystifié, aujourd'hui on n'en parle
pas de l'article 105.
Et aujourd'hui, je démystifie le télégramme dont
s'est servi le député de Chicoutimi, parce que c'est une
fausseté. Il n'y a aucun des maires
qui a été consulté, excepté le
député de Saguenay peut-être, parce qu'il n'est pas
tellement en bons termes avec Gontran Rouleau, l'avocat qui a sollicité
ce télégramme-là, qui n'a pas été
envoyé par lui. J'ai été au CN et je sais qui a
envoyé le télégramme.
M. LOUBIER: Qui?
M. COITEUX: Ce n'est aucun de ces maires-là. Je ne le nommerai
pas, je respecte la personnalité du gars. Mais si c'est exigé je
vais le faire.
UNE VOIX: Un espion.
M. COITEUX: Vous avez trompé la Chambre en signant ces trois
noms-là, d'une façon absolument irresponsable pour ne pas
me servir d'autres termes comme le député de Saint-Maurice
a été obligé hier de "raculer" devant les affirmation
précises du député de Trois-Rivières.
M. DEMERS: M. le Président, j'invoque le règlement.
D'abord je ne "raculerai" pas et je vais dire ceci, c'est que...
M. LE PRESIDENT: Allez-y, je suis à la veille de me lever.
M. DEMERS: ... le télégramme qu'a reçu hier le
ministre et moi-même venait de Claude Gélinas, tel qu'il a
été lu, et il représentait les maires de la Mauricie qui
se sont dissociés un à un, excepté le maire de La Tuque et
le maire de Shawinigan qui ont respecté leur parole. Les autres ont
été marchandés.
M. COITEUX: M. le Président, il n'y a pas de
règlement...
M. LE PRESIDENT: Continuez.
M. COITEUX: ... le télégramme que j'ai ici aujourd'hui,
ça va être très facile, les trois maires qui ont
signé ça, ils vont se dissocier tout de suite.
Tout cela pour vous prouver à l'évidence qu'il semble y
avoir dans cette motion pour retourner en commission lorsque le ministre...
J'étais là, avec lui, dans les chaleurs cet été, et
j'ai vu à quel point il a pu consentir aux suggestions de l'Union
Nationale, non, des deux zéros, non de l'Unité-Québec, du
Parti québécois...
M. LOUBIER: C'est pas mal du bord des 100,000 zéros
ça.
M. COITEUX: Et il a consenti, parce que le ministre est animé
d'un seul esprit: essayer de donner à la population du Québec une
loi que tout le monde demandait depuis des années mais qu'aucun ministre
des Affaires municipales n'avait eu le courage de faire.
Je reviens à la motion, M. le Président, pour vous dire
que je m'étonne encore une fois que l'article 105 soit disparu du
sous-amendement.
M. BIENVENUE: Il ne peut pas y être.
M. COITEUX: Il ne peut pas y être, très bien. Il me dit
qu'il ne peut pas y être. C'est mon avocat. Tout cela, pour vous dire
sérieusement que, depuis hier soir, j'ai assisté à quelque
chose dont la population du Québec, les media d'information, tous les
gens de nos comtés n'ont pas lieu d'être fiers.
Pourquoi ces amendements et sous-amendements après que tout le
monde a été d'accord? Ce qui me renverse, c'est le nombre de fois
que le député de Saint-Jacques a dit hier soir qu'il était
d'accord. Alors, s'il est d'accord, pourquoi essayer de retarder indûment
les travaux de la Chambre? On a encore des projets de loi infiniment
importants. Cet amendement est né du même esprit dont est
né le premier. J'ai dit à Tessier je m'excuse j'ai
dit au ministre: Franchement, mon cher Maurice bien j'ai le droit de lui dire
ça, je suis tout de même plus vieux que lui j'ai dit: Je
suis très heureus de voir de quelle façon merveilleuse tu as su
présenter ton bill et obtenir l'unanimité de tous les partis.
Et voici qu'hier soir, pour une raison bien spécifique et
je regarde le député de Maisonneuve je ne lui prête
pas d'intentions...
UNE VOIX: Ah, il se cache, il se cache encore.
M. COITEUX: Comme notre leader parlementaire, qui sait se tenir debout,
n'a pas su se plier à ces exigences, il a dit: On va faire filibuster
sur le bill 48. Alors ça prouve à l'évidence que ces
gens-là, pour des raisons absolument politiques et partisanes,
consentent à retarder les travaux de la Chambre et à priver la
province de Québec d'une loi merveilleuse que tout le monde devrait
adopter en troisième lecture.
M. PAUL: M. le Président sur un rappel au règlement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, à la suite de
cette brillante et enivrante performance, vous me permettrez de parler sur la
proposition de sous-amendement présentée par le
député de Sainte-Marie, demandant que la commission parlementaire
soit convoquée aux fins d'étudier les articles dont on parle dans
un fameux télégramme, qui commence à prendre une certaine
célébrité.
M. le Président, j'ai écouté, dans la mesure
où cela était possible de le faire, le député de
Duplessis, qui a déclaré que l'envoi de ces
télégrammes constituait ce qu'il appelait dans ses termes
à lui un "frame-up", c'est-à-dire une manigance destinée
à tromper ou le gouverne-
ment ou les députés qui siègent de ce
côté-ci de la Chambre.
M. le Président, je veux croire tous les gens qui ont
communiqué avec celui-ci ou avec celui-là, mais il y a un fait,
c'est que le télégramme a été
expédié.
Le député de Saguenay a communiqué avec l'un des
maires, M. Viateur Lévesque, et il lui a lu le télégramme
en entier. M. Viateur Lévesque a déclaré qu'il
était d'accord avec les termes de ce télégramme. Pourquoi?
Parce que ce télégramme était le fruit...
M. TESSIER: C'est parce que le maire Lévesque est un bleu.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, est-ce que vous
pourriez le rappeler à l'ordre, s'il vous plaît?
M. LE PRESIDENT: C'est fait. A l'ordre, s'il vous plaît,
messieurs!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ce télégramme est le
fruit...
M. TESSIER: C'est un UQ.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le député veut
parler?
M. TESSIER: J'ai dit que c'est un UQ et un UQ c'est synonyme d'un
Q-NU.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, est-ce que vous
pourriez, s'il vous plaît j'invoque le règlement
donner une directive...
UNE VOIX: Qu'il soit nommé.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... afin qu'on utilise, en cette Chambre, des
termes qui soient, à tout le moins, décents.
M. TESSIER: C'est vous...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. TESSIER: ... qui avez choisi votre nom.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! Est-ce que je pourrais demander
la collaboration du ministre des Affaires municipales?
M. TESSIER: M. le Président, elle vous est acquise.
M. LE PRESIDENT: J'en prends bonne note.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je disais donc que ce
télégramme provient d'une personne qui fait partie d'un
comité constitué par les trois villes de Baie Comeau, de
Sept-Iles et de Hauterive, comité qui a été mandaté
pour faire au gouvernement toute représentation utile en ce qui concerne
la Loi de l'évaluation municipale. C'est un point très clair et
très simple.
Il est normal que ce comité ayant été
mandaté et comme son mandat n'a pas été
révoqué par les maires en question qui ont créé le
comité continue d'agir et prenne des initiatives qu'il a le droit
de prendre, ledit comité, à la suite de la présentation du
projet de loi en seconde et en troisième lecture. C'est le sens et la
source de ce document officiel que nous avons reçu. J'imagine que le
ministre des Affaires municipales a dû le recevoir également. Je
suis donc surpris, étonné de voir que l'on veuille, à
propos d'un télégramme émanant d'un organisme responsable
représentant des maires respectables, jeter le doute et le
discrédit sur les personnes qui ont agi, en la circonstance,
jusqu'à plus ample informé, avec la plus parfaite bonne foi.
Je n'insiste pas davantage sur l'histoire du télégramme
mais la proposition de sous-amendement présentée par le
député de Sainte-Marie est en tout point conforme si on la
relie au télégramme que nous avons reçu
également au mémoire présenté à la
commission parlementaire des Affaires municipales pour l'examen de la loi no
48, mémoire préparé par le même comité dont
l'un des membres a expédié le télégramme cet
après-midi. Qu'est-ce qu'il était dit dans ce mémoire? Il
était dit que tels et tels articles, qui font l'objet de la motion du
député de Sainte-Marie, n'étaient pas satisfaisants au
regard des exigences des municipalités concernées. Il me semble
que cela est très simple et très clair.
On nous dit: Vous avez déclaré que vous êtes en
faveur du projet de loi. Oui, M. le Président, nous sommes en faveur du
projet de loi. Mais à ce stade de la troisième lecture du projet
de loi, avant que nous n'apposions un sceau officiel à ce texte
législatif, il est normal que nous tentions, par les moyens
réguliers qui sont mis à notre disposition, de faire accepter par
le gouvernement des amendements que certains organismes nous demandent de faire
inclure. C'est le sens de la proposition de sous-amendement du
député de Sainte-Marie, comme c'était le sens de la
proposition d'amendement du député de Nicolet. Et pour que
lesdits amendements auxdits articles soient inclus, nous demandons que soit
convoquée une commission parlementaire.
C'est quelque chose de très simple, de très normal, de
très régulier. Nous sommes d'accord sur la loi, mais à ce
stade-ci de nos débats, compte tenu de toutes les représentations
que nous avons déjà faites, nous croyons nécessaire
d'insister pour que certaines de nos propositions d'amendement soient retenues
avant que ne soit scellé le sort de la loi 48.
Par conséquent, on n'a pas à se scandaliser, à
s'indigner de l'attitude que nous prenons. Ce que demandent les
municipalités qui nous ont envoyé un télégramme, ce
que demande le député de Sainte-Marie, comme ce que je demande
moi-même, c'est que l'on puisse, avec les organismes responsables, les
personnes intéressées, en commission parlementaire,
réexaminer les conséquences de certains de ces articles et
particulièrement les conséquences qui résultent de
l'omission que l'on a commise en n'incluant pas les amendements qui avaient
été proposés.
Je n'en veux pour preuve que les propos mêmes du
député de Duplessis qui, en commission parlementaire des Affaires
municipales, lorsque nous étudiions le projet avec tous les
témoins, déclarait lui-même qu'il était d'accord sur
le mémoire préparé par les villes de Sept-Iles,
Baie-Comeau et Hauterive.
M. COITEUX: M. le Président, une question de
privilège.
L'affirmation que vient de faire le député de Chicoutimi,
je suis d'accord. Mais, c'était sur un point bien spécifique: la
question d'imposition à l'Hydro-Québec. Le maire Galienne m'a
dit, cet après-midi: Dès l'instant où le problème
concernant l'Hydro Québec est réglé au point de vue de
l'imposition, nous n'avons plus rien à dire.
Ce n'était pas général comme le sous-amendement
d'aujourd'hui, avec toute la déférence que j'ai pour le
député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, ce que vient de dire
le député de Duplessis confirme encore une fois ce que nous avons
dit nous-mêmes et justifie et vient donner encore plus de poids à
nos requêtes.
Comment pouvons-nous savoir que les exigences que formulait le
député de Duplessis sont satisfaites si nous n'avons pas
l'occasion d'entendre les organismes intéressés, les
municipalités intéressées, les citoyens
intéressés sur les conséquences des omissions de la
loi?
Le député de Duplessis lui-même, alors que le
ministre avait déclaré, en commission parlementaire, qu'il y
avait quelques éléments valables dans le mémoire des
villes...
M. COITEUX: M. le Président, question de privilège. A
différentes reprises, depuis quelques instants, le député
de Saguenay,...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Chicoutimi.
M. COITEUX: ... de Chicoutimi, dit: Le député de
Duplessis. Je tiens à préciser que je ne suis pas le
député de Duplessis, je suis le député du
comté de Duplessis, il y a une énorme différence.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je suis sûr que
le grand homme d'Etat qu'a été Duplessis se réjouit de
cette précision.
M. le Président, au moment où l'on m'a interrompu encore
une fois, d'une façon qui n'était pas régulière,
mais vous n'avez pas eu le temps de vous retourner assez vite et le mal
était fait, je disais donc que ce qu'a dit le député de
Duplessis, cet après-midi, donne encore plus de poids à notre
demande. S'il veut que le gouvernement donne suite à ce qu'il
réclamait lui-même à la commission des Affaires
municipales, le 9 septembre 1971, et qui est rapporté à la page
B/4015 du journal des Débats, s'il veut voir si le projet de loi du
ministre des Affaires municipales répond à ses exigences, s'il
veut voir quelles sont les conséquences des omissions de ce projet de
loi, qui touchent justement à tout ce qu'il avait réclamé
lui-même du ministre des Affaires municipales, il faut qu'il accepte avec
nous de venir en commission parlementaire.
Dans le mémoire des villes de Baie-Comeau, Hauterive et
Sept-Iles, ces exigences sont formulées. En plus de cela, on demandait
au ministre des Affaires municipales d'expliquer comment le gouvernement
compenserait les pertes qu'en tramerait l'application de la nouvelle loi, telle
qu'elle est libellée. Le ministre n'a pas, à la satisfaction des
requérants qui étaient devant nous, répondu à ces
demandes. Le résultat est que ces villes ne sont pas satisfaites,
qu'elles nous demandent, à nous, de revoir ces articles. Je n'entre pas
dans le détail des articles, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que le député me permettrait une
question?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Ne croit-il pas que son argumentation est basée,
est appuyée sur ce fameux télégramme? Ne croit-il pas
également qu'au cours des interventions du ministre des Institutions
financières, du député de Saguenay, je crois, et d'autres
députés dont celui de Duplessis, le fondement ou la
crédibilité qu'on doit donner à ce
télégramme a disparu, du fait qu'on doit prendre la parole des
députés qui ont contacté les trois maires et qui ont dit
que ce télégramme ne proviendrait pas de ces trois maires? Je
dois prendre la parole des députés à cet effet. S'il n'y a
plus de fondement, comment puis-je permettre au député de
Chicoutimi de baser son argumentation sur ce télégramme?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je vous remercie
d'avoir saisi la subtilité de mon argumentation. Mais, pour subtile
qu'elle soit, elle n'en est pas, pour autant, invalidée du fait des
représentations que vous venez de me soumettre. Je reconnais qu'il y a
ce problème du télégramme. J'ai essayé, tout
à l'heure, d'expliquer comment il fallait l'examiner et
l'interpréter.
M. LE PRESIDENT: Je ne suis pas tout à fait convaincu.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'ai essayé de l'examiner et de vous
dire comment je voyais la chose. J'ai fermé la parenthèse,
c'est-à-dire que j'ai mis un point. J'ai dit que les
représentations qui nous ont déjà été faites
par les villes de Baie-Comeau, de Hauterive et de Sept-Iles à la
commission parlementaire sont exactement celles que l'on retrouve dans le
télégramme. Il y a donc, dialectiquement, un rapport accidentel
entre le télégramme et les demandes qui sont contenues dans le
mémoire préparé par le comité dont l'un des membres
a envoyé le télégramme. C'est là la
subtilité qui n'est pas une astuce, mais tout simplement ce qu'on
appelle l'exercice d'une dialectique cohérente. M. le Président,
je vous rends grâce de m'avoir saisi.
M. LE PRESIDENT: Du fait que la crédibilité du
télégramme a été mise en doute très
fortement, qu'on en parle le moins possible.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je n'avais pas
reparlé du télégramme. C'est vous qui m'avez
interrogé. Vous comprenez, je ne peux pas me dérober à cet
agréable devoir de vous répondre. Mais enfin, je reviens à
l'argumentation. Les villes de Baie-Comeau, Sept-Iles et Hauterive nous ont
fait des représentations. Elles sont contenues dans leur mémoire.
Or, il nous apparaît, sans tenir compte de ce document dont nous n'avons
plus le droit de parler, que le projet de loi n'a pas tenu compte des exigences
des villes qui étaient venues témoigner devant nous. A ce
moment-là, le ministre des Affaires municipales avait
déclaré qu'on voulait revenir au statu quo tandis que le
député de Duplessis disait ceci: "Malgré qu'il se fasse
tard, comme représentant à l'Assemblée nationale d'une des
villes mentionnées à ce mémoire et connaissant
pertinemment bien les situations existantes dans nos régions en plein
essor, je ne puis faire autrement, au risque même de déplaire
quelque peu au ministre, que de féliciter le comité de
rédaction de ces trois villes de son objectivité et des remarques
qu'il a faites à la lumière d'expériences vécues
depuis ces dernières années".
Bien, c'est à la lumière de ces expériences que les
représentations nous sont faites. Nous voudrions entendre, en commission
parlementaire, non seulement les cultivateurs cela est extrêmement
important mais aussi les maires de certaines villes qui se trouvent
touchées par le projet de loi no 48 et qui s'en plaignent, d'une
façon ou de l'autre, par des moyens électroniques ou autres.
Je crois donc que la proposition de sous-amendement du
député de Sainte-Marie est fondée. Résumons-nous.
Nous sommes d'accord sur le projet de loi. Nous ne voulons toutefois pas
avaliser un geste du gouvernement avant que d'avoir épuisé tous
les moyens qui nous permettraient d'améliorer ce texte de loi qui est
une loi-cadre. Donc, nous allons vivre long- temps avec et elle va servir de
base à l'ensemble du réaménagement municipal. Notre
intention, à nous, lorsque nous parlons des villes qui sont
touchées, ce n'est pas de nous jeter sur les grandes entreprises et
d'essayer de les étouffer mais c'est de demander au gouvernement
d'établir l'équilibre entre les exemptions que l'on consent en
faveur des grandes entreprises à des fins de développement
économiques et, d'autre part, les revenus des municipalités qui
se trouveront réduits du fait de l'application intégrale du
projet de loi no 48, tel qu'il appert des articles qui font l'objet de la
motion de sous-amendement du député de Sainte-Marie.
Je vous parle, M. le Président, en connaissance de cause. Ce
problème existe dans ma région. Je suis désireux, pour ma
part, que la Loi sur l'évaluation foncière permette aux
industries qui sont chez nous de se développer, permette l'implantation
d'autres industries.
Mais je veux qu'en même temps, les municipalités
reçoivent compensation d'une façon ou de l'autre qui leur
permette de vivre et de ne pas subir des préjudices irréparables
par suite de l'application d'une loi qui pèche par certaines omissions.
Ce sont ces omissions qui font l'objet de nos requêtes depuis hier. C'est
parce qu'existent de telles omissions que nous avons demandé la
convocation de la commission parlementaire et que j'appuie la proposition de
sous-amendement soumise par le député de Sainte-Marie.
Quant au reste, M. le Président, la question du
télégramme, pour l'évoquer rapidement, les affirmations,
les démentis, les accusations de part et d'autre, je crois que la
convocation de la commission parlementaire nous permettrait aussi de faire le
point là-dessus parce que ce serait l'occasion d'une confrontation entre
des gens qui nous informent par divers moyens et dont aujourd'hui plusieurs
députés de l'autre côté de la Chambre ont
essayé de mettre en doute à la fois la crédibilité,
la bonne foi et l'honnêteté intellectuelle.
M. le Président, il m'est donc agréable d'appuyer la
proposition de sous-amendement du député de Sainte-Marie.
M. TETLEY: Le vote.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Lotbinière.
M. BELAND: M. le Président, je n'ai pas l'intention d'intervenir
tellement longuement sur ce sous-amendement proposant de remplacer le nombre 12
de la motion de l'honorable député de Nicolet par les articles 10
à 16 inclus dans le bill 48. Toutefois, je me dois à ce moment-ci
d'intervenir. Il est bien clair que nous aurions pu nous-mêmes apporter
à un moment donné un sous-amendement et ç'aurait
été probablement logique. Par contre, ne voulant pas intervenir
indûment pour faire perdre le temps de la Chambre, nous n'avons pas
voulu
présenter de sous-amendement et nous constatons que ce
sous-amendement est logique et bien présenté. Il est logique
parce que, justement, il y aurait possibilité de faire venir en
commission parlementaire des Affaires municipales des personnes qui peuvent
être, par exemple, propriétaires de quais; nous pourrions voir
également des personnes qui possèdent des réserves de
chasse et pêche; nous pourrions interviewer d'autres personnes et, entre
autres, des personnes qui possèdent des lacs dans le but d'une
exploitation quelconque ou encore un lac simplement dans un but
préventif, sur des fermes ou pour des industries; nous pourrions
entendre toutes ces personnes. Ce serait, à mon sens, très
logique dans les circonstances présentes, compte tenu du bill 48.
Nous pourrions également entendre des personnes qui ont des
terrains submergés des terrains qu'ils peuvent employer de
diverses façons aussi ridicule que ça puisse paraître au
départ des propriétaires d'immeubles à
caractère historique, des propriétaires des pistes d'atterrissage
pour avions, des propriétaires de petits ou de grands jardins
zoologiques.
Mais compte tenu du fait de ce grand nombre de cultivateurs qu'il y
avait ici cet après-midi, et avec leur bon jugement, c'est à se
demander si parmi ceux-là il n'y en a pas qui ont pensé que du
Jardin Zoologique tout près de Québec il n'y avait pas certains
spécimens dont la corde aurait été allongée, de
façon qu'ils puissent venir siéger en cette Chambre. Il est
possible que certains de ces cultivateurs aient pensé cela.
Il y aurait aussi possibilité, lorsque la commission
parlementaire des Affaires municipales pourrait siéger, d'entendre des
propriétaires de pépinières, des propriétaires de
centres de pisciculture, des propriétaires de centres de biologie
marine.
Il est entendu et là j'ai un grand doute que les
deux principaux ministres concernés ne savent peut-être même
pas faire la différence entre des mycènes en casque et des
spirées cotonneuses.
Mais, par contre, il y a tellement d'ampleur dans ce bill touchant
l'agriculture, touchant d'autres aspects de l'activité économique
que j'étais à me demander si ce ne serait pas bon que nous
entendions des propriétaires d'aquariums, des propriétaires
d'usines d'installation de traitement d'eau. Ce serait très
intéressant d'entendre ces gens-là parler des conséquences
que pourraient leur apporter ce bill.
Nous pourrions entendre aussi plusieurs personnes qui, de près ou
de loin, sont affectées ou auront des conséquences de ce qu'il y
a dans ce bill, entre autres des sylviculteurs. Nous pourrions entendre
tellement de personnes, tellement d'organismes qui viendraient que je pense que
le ministre dans sa sagesse s'il lui en reste déciderait
d'amender son bill pour être plus logique envers l'ensemble des citoyens,
tout au moins ruraux du Québec et certaine- ment si l'on pense
qu'à certains aspects on voit que même si les cultivateurs devront
dans le bill présent se voir évaluer de petits ponceaux afin
d'aller à leur travail, tandis que de grosses industries parce
que c'est bien défini dans le bill à capital immense se
voient complètement exemptées de toute pénalité ou
de toute taxe par le bill.
Or, que ce soit inclus d'étudier devant la commission
parlementaire les articles de 10 à 16, peut-être malheureusement
je trouve que ce serait logique, très logique. Ceci dit, comme je l'ai
répété au début, je ne veux pas faire perdre le
temps de la Chambre indûment, mais je me devais de rétablir ces
faits. En conséquence j'espère qu'il sera possible de retarder
assez longtemps ce fameux bill de façon que le ministre puisse
réfléchir, sans qu'il y ait une once d'alcool qui entre de ligne
de compte. Sur ce je vous remercie, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Le député de Nicolet.
M. VINCENT: M. le Président, avant que la Chambre se prononce au
sujet du sous-amendement proposé par le député de
Sainte-Marie et avant également que la Chambre se prononce sur
l'amendement principal, je voudrais en quelques minutes faire appel, par votre
entremise, d'abord au premier ministre de la province, afin qu'il se prononce
favorablement sur le sous-amendement et sur l'amendement et qu'il prenne le
temps, au cours de ces quelques instants que nous aurons pour le dîner,
de relire le rapport de la commission royale Bélanger. A la lecture de
ce rapport, qui a été rendu public en 1965, il ne pourra faire
autrement que de se prononcer favorablement afin que ces articles retournent
à la commission parlementaire des Affaires municipales, afin d'entendre
les principaux intéressés sur ces différents articles.
Je voudrais également, M. le Président, par votre
entremise, faire appel au ministre des Affaires municipales, à sa
logique et à son bon sens, lui demander, avant de se prononcer sur ce
sous-amendement et plus tard sur l'amendement, de relire attentivement
l'article 12 et l'article 21 plus particulièrement en ce qui touche les
agriculteurs du Québec, et de constater jusqu'à quel point il
pourrait, advenant que le bill 48 soit voté en troisième lecture
comme tel, être hué je le dis bien simplement par
des centaines et des milliers d'agriculteurs du Québec qui se verraient
taxés impunément, comme le disait le chef de l'Opposition, sur
des clôtures, des drains et différents articles de leur ferme.
M. TESSIER: Est-ce que le député me permettrait une
question?
M. VINCENT: Oui.
M. TESSIER: Est-ce que le député de Nicolet est au courant
qu'actuellement tous les
cultivateurs du Québec, en vertu du code municipal, article 16,
sous-paragraphe 27, sont taxés sur chaque piquet de clôture, sont
taxés sur les drains, sont taxés sur les ponceaux, sont
taxés sur toutes les améliorations de leur ferme? Est-ce que le
député de Nicolet est au courant que cela existe
présentement dans notre législation?
M. VINCENT: M. le Président, c'est justement la raison pour
laquelle nous espérons que le ministre des Affaires municipales va nous
permettre de retourner devant la commission municipale afin de faire le point
sur cette question, à savoir si, comme dans le passé, à
l'avenir, on va inscrire au rôle d'évaluation, tel
qu'indiqué dans le présent bill, les piquets de clôture,
les clôtures, les drains agricoles, les ponceaux de ferme, tel que c'est
mentionné dans le bill 48 à l'article 12. C'est ce que nous
voulons savoir.
Je voudrais faire appel au ministre des Affaires municipales afin...
M. TESSIER: Vous allez le savoir quand je vais vous répondre,
tout à l'heure.
M. VINCENT: ... que nous puissions, à la lumière de ce qui
est indiqué dans la législation, à cet article 12, donner
les instructions devant servir aux conseils municipaux pour établir leur
rôle d'évaluation.
M. le Président, pourrais-je demander la suspension des travaux
de la Chambre?
M. BIENVENUE: A huit heures quinze.
M. LE PRESIDENT: La Chambre suspend ses travaux jusqu'à vingt
heures quinze.
(Suspension de la séance à 17 h 58)
Reprise de la séance à 20 h 20
M. LAVOIE (président): A l'ordre, messieurs! M. le
député de Nicolet.
M. VINCENT: Je n'ai pas d'objection mais j'aurais bien aimé quand
même que le ministre des Affaires municipales soit présent parce
qu'il m'a suggéré, avant l'heure du dfner, de me
référer à certains articles du code municipal. J'ai
été plus loin que ça. Je me suis
référé aux articles de la Loi des cités et villes.
Avant de se prononcer sur le bien-fondé du sous-amendement du
député de Sainte-Marie et, par la suite, de l'amendement que j'ai
proposé, je demanderais à tous les membres de l'Assemblée
nationale, par votre entremise, M. le Président, de lire très
attentivement l'article 523 du chapitre 193 des statuts refondus de 1964
à la page 442. Je demande au ministre de l'Agriculture, au ministre des
Affaires municipales, et au député de l'Assomption de voir ce
qu'il y avait dans la Loi des cités et villes en ce qui concerne
l'évaluation, je pense que c'est très important avant de se
prononcer sur l'amendement, avant de savoir si on devrait se rendre devant la
commission parlementaire des Affaires municipales pour entendre les
représentants des agriculteurs.
A ce moment-là on pourra poser des questions aux
représentants des agriculteurs. Leur poser, par exemple, la question:
Qu'est-ce que vous pensez de ce qui existait dans la Loi des cités et'
villes où une terre en culture pouvait être taxée ou
évaluée jusqu'à un maximum de $100 l'arpent incluant les
bâtisses, incluant la maison et incluant le tout? Cela ne pouvait pas
dépasser $100 l'arpent, à ce moment-là, selon la Loi des
cités et villes, article 523, chapitre 193. Que pensez-vous de ce qui se
passait, de ce que nous avions dans la Loi des cités et villes, et de ce
qui s'en vient dans la nouvelle loi, dans le bill 48 c'est-à-dire
à l'article 21?
Nous pourrions poser cette question aux cultivateurs. Est-ce que vous
êtes d'accord...?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît. Je voudrais profiter
de l'occasion pour donner certaines directives au député de
Nicolet et aux autres membres de la Chambre qui ont, préalablement,
parlé de l'amendement et qui désirent parler du
sous-amendement.
J'ai interrompu le député de Nicolet au moment même
où il parlait des évaluations concernant les cultivateurs. Je
voudrais lui faire remarquer qu'il est le proposeur de l'amendement au sujet
des articles 12, 21 et 105 qui concernaient spécifiquement les
cultivateurs.
D'après ce que j'ai pu lire rapidement sur le sous-amendement du
député de Sainte-Marie, où on remplace l'article 12 par
les articles 10 à 16, nécessairement les cultivateurs sont encore
concernés mais on étend légèrement la
référence pour parler de biens qui, en général,
appartiennent à des corporations publiques; on élargit le
débat des cultivateurs aux corporations
publiques. C'est la raison pour laquelle j'interviens
immédiatement, je ne peux pas lui permettre de faire deux fois le
même discours. Il a traité déjà, sur l'amendement,
du problème de l'évaluation des cultivateurs. Je ne peux pas lui
permettre, dans sa première intervention sur le sous-amendement, de
traiter encore des problèmes des cultivateurs. Il faudrait qu'il me
parle de ce qui a été élargi avec les articles 10 à
16, au lieu de l'article 12. Autrement, c'est deux fois le même
débat.
Encore là, je vais lui permettre de répondre rapidement,
sans aucun doute, aux avancées du ministre des Affaires municipales
concernant le code municipal ou la taxation, mais il faudrait que cela soit
uniquement une digression ou ou réponse assez courte au ministre. Parce
que là, il va directement au fond de la question, débat qui est
permis en troisième lecture.
Je pense bien qu'il y a une certaine je vais employer le terme du
député de Chicoutimi subtilité dans
l'argumentation, mais c'est quand même ça. Autrement, c'est
permettre au même député deux discours sur une même
question.
M. VINCENT: M. le Président, il est vrai qu'à l'heure
actuelle, suivant les règlements qui nous régissent, nous ne
pouvons aller au fond des questions soulevées dans les articles
mentionnés dans le sous-amendement. Il est vrai également qu'il
faudrait nécessairement, pour que nous puissions aller au fond du
problème ou au fond des problèmes soulevés par les
articles 10 à 16 et les autres, aller devant la commission des Affaires
municipales.
A ce moment-là, M. le Président, ceci nous permettrait
ce que nous ne pouvons faire ici en cette Chambre de discuter le
bien-fondé des articles, de discuter dans leur moindre détails ce
qui nous est apparu hier soir comme étant une injustice flagrante
à l'endroit de certains groupes. Je dis ce qui nous est apparu.
A ce moment-là, le ministre des Affaires municipales, en
convenant de convoquer la commission parlementaire, c'est-à-dire de
déférer ces articles à la commission parlementaire des
Affaires municipales, nous permettrait de faire la lumière, d'entendre
les témoins, d'entendre les responsables, d'entendre des groupements
intéressés.
Peut-être que, par la suite, on pourrait dire: Nous avions fait
fausse route. Mais auparavant, au cas où, M. le Président, nos
allégués, nos craintes seraient fondés, avant que le bill
48 soit voté en troisième lecture, je voudrais que tous les
membres de cette chambre prennent soin de lire attentivement les articles 10
à 16 et les autres, c'est leur droit et leur devoir de les lire
avant de se prononcer prennent le temps également de se
référer à ce qui existait autrefois et de voir quel
était le système d'évaluation pour des groupes en
particulier, sans les mentionner, mais des groupes qui auront à faire
les frais de cette législation.
Partant de cela, je suis certain, M. le Président,
qu'après une lecture attentive de ces articles qu'on demande, par le
sous-amendement, de déférer, à la commission parlementaire
des Affaires municipales, le député de Rouville se fera un
devoir, afin d'éviter de recevoir de nombreuses critiques dans son
comté et afin également de pouvoir...
M. OSTIGUY: Il n'y a aucun problème.
M. VINCENT: Le député de Rouville dit qu'il n'y a aucun
problème. Qu'il prenne le temps de lire attentivement ces articles. M.
le Président, vous m'avez permis il y a quelques instants de me
référer très brièvement à ce qui existait
parce que le ministre des Affaires municipales l'a soulevé
dans la Loi des cités, et villes où on mentionnait un maximum de
$100 l'arpent, incluant les bâtiments de ferme et la maison, incluant le
tout. Avec la nouvelle loi, le bill no 48, article 21, on parle d'un maximum de
$150 l'acre, d'une évaluation pour la maison de ferme à sa valeur
marchande, d'une évaluation des bâtiments de ferme à leur
valeur marchande, avec une déduction de 10 p.c. par année pendant
cinq ans, et, on parle des clôtures, des piquets, des ponceaux et des
drains souterrains.
M. COITEUX: C'est à l'article 12, cela.
M. VINCENT: Oui, à l'article 12 et à l'article 21.
Donc, M. le Président, c'est pour répondre au ministre des
Affaires municipales. Il y a des gens qui nous demandent pour quelle raison ces
questions n'ont pas été soulevées il y a trois semaines,
il y a quinze jours, il y a deux jours? Cela arrive, M. le
Président.
Autrefois, nous avions le Conseil législatif. Des lois nous
étaient présentées... Nous avons d'ailleurs un honorable
membre de cette Chambre qui a déjà eu l'honneur de siéger
au Conseil législatif. Donc nous avions autrefois un Conseil
législatif. On nous présentait ici une loi. Nous pouvions,
à la deuxième lecture, nous référer au principe, en
comité plénier discuter article par article, revenir en
troisième lecture et, encore une fois, faire une étude exhaustive
de la législation.
Par la suite, ces législations étaient
déférées au Conseil législatif qui devait, lui
aussi, procéder à la première, à la deuxième
et à la troisième lecture.
Et, très souvent, au Conseil législatif, on pouvait
même y trouver des failles après une étude exhaustive
article par article. Ce qui est arrivé, M. le Président, hier
soir, c'est qu'après quelques questions posées au ministre des
Affaires municipales concernant certains articles, nous nous sommes
aperçu qu'il y avait plus que des failles, plus que des trous, qu'il y
avait des gouffres pour certains groupements de notre
société dans ces articles qui étaient pour les
amener dans un système d'évaluation foncière ne
répondant aucunement à la seule logique qu'on devait garder en ce
qui concerne ces groupements.
C'est pour ça que nous avons soulevé la question et c'est
pour ça également que nous avons vu une certaine effervescence de
la part de tous les membres de cette Chambre. Et si, ce soir, les
députés de l'Opposition, sans exception, sans esprit de parti,
les trois partis de l'Opposition, plus le député de Montcalm,
député indépendant, sont tous d'accord pour que le
sous-amendement du député de Sainte-Marie, greffé à
l'amendement, soit accepté, il y a quand même quelque chose, M. le
Président, qui est en dehors de la normale.
Est-ce que nous serions tous de travers? Est-ce que seuls les gens qui
siègent en face de nous sont parfaitement conscients qu'il n'y a pas de
problème dans ces articles ou si l'effervescence que nous avons vue cet
après-midi ne leur commande pas de l'étudier plus à fond?
A ce moment-là, il n'y aurait pas de retraite, il y aurait simplement ce
qui est arrivé un soir, M. le Président et vous vous en
souvenez quand j'ai soulevé une question à la dernière
minute concernant la Loi de la société des alcools. A la
dernière minute, j'ai soulevé une question et ç'a permis
au député de Rouville de recevoir un service du
député de l'Opposition, le député de Nicolet, de
faire inclure ce qu'on avait oublié dans un projet de loi,
c'est-à-dire la loi presque au complet sur le cidre, qui avait
été oubliée parce que le ministre de l'Agriculture ne
s'était pas occupé de son affaire.
Oui, M. le Président, le lendemain, on nous a apporté tous
les amendements pour inclure de nouveau la loi sur le cidre.
M. le Président, je l'ai demandé cet après-midi au
premier ministre de la province, député de Mercier, qui a
travaillé avec la commission royale d'enquête Bélanger, qui
est parfaitement au courant du problème de la taxation, qui a fait des
suggestions excellentes qui n'ont pas toutes encore été
appliquées, mais qui pourraient l'être graduellement. Si nous
déférions ces articles à la commission parlementaire,
ça nous permettrait également d'entendre le premier ministre de
la province nous dire pourquoi on ne peut pas appliquer le rapport de la
commission royale d'enquête Bélanger, puisqu'il en était le
secrétaire et qu'il avait fait d'excellentes recommandations en ce qui
concerne l'évaluation foncière et la taxation.
Je demande au premier ministre, M. le Président, très
simplement, et je sais qu'il peut le faire, de lire les articles que j'ai
mentionnés, de se référer aux Statuts refondus de 1964,
chapitre 193, article 523. Je demande la même chose en plus au
député de Rouville, au député du Lac-Saint-Jean,
qui, je sais, a été administrateur et qui est représentant
d'un très beau territoire où il y a de très belles fermes,
où il y a de très beaux groupements. Je leur demande, avant de se
prononcer sur le bien-fondé du sous-amendement, de lire ces articles et
d'en voir l'implication.
Je sais que le député de L'Islet peut faire la même
chose, je sais que le député de Yamaska peut faire la même
chose, de même que le député de Laviolette, non pas
seulement en regardant des télégrammes, parce que des
télégrammes, il y en a. On me dit, par exemple, que le
président général de l'UCC veut se faire entendre au nom
de son groupement. Il veut que le ministre des Affaires municipales accepte un
rendez-vous, une entrevue, pour discuter des implications de ces articles avant
l'adoption en troisième lecture. Je pense qu'en ce qui nous concerne,
c'est un devoir de le faire.
Je pense qu'en ce qui nous concerne, nous devons accepter le
sous-amendement et, par la suite, M. le Président, nous accepterons
l'amendement en vue de déférer ces articles à la
commission parlementaire des Affaires municipales, et alors la lumière
se fera sur ces articles. Si nous avons tort, tant mieux. Nous aurons quand
même joué notre rôle, nous aurons quand même
réussi à faire la lumière sur ces ténèbres
qui persistent.
Nous aurons quand même réussi à faire un peu de
lumière sur des problèmes qui vont se discuter au cours de la
semaine, au cours de la période des Fêtes. M. le Président,
vous avez vu comme moi cet après-midi des centaines de cultivateurs qui
sont venus et qui auraient aimé, à la suite d'une invitation,
assister à la présentation d'un autre projet de loi. Ils sont
venus et ils ont appris, de la bouche de leurs représentants ici en
cette Chambre, que, si le bill 48 était adopté comme tel, ils
auraient à subir des conséquences qu'ils n'avaient jamais
imaginées auparavant, que nous n'avions même pas
décelées dans le bill 48.
C'est à la lumière de tout cela que je fais appel au
ministre de l'Education, qui, dans son langage châtié, nous a dit
hier qu'il était bien content que les artistes qui s'achetaient de
petites maisons et de petites fermes dans le comté de Verchères
puissent payer comme les autres. Mais, en plus des artistes du comté de
Verchères, il y a également des agriculteurs, il y a d'autres
groupements qui seront obligés de payer, pas comme les autres mais trois
fois, quatre fois plus qu'auparavant. C'est cela la conséquence du bill
48, c'est ce que nous avons décelé hier soir.
Je le demande au premier ministre. M. le Président, si vous me le
permettez je lui ferai parvenir les Statuts refondus de 1964, chapitre 193,
article 523, pour qu'il en fasse une comparaison sereine avec l'article 21 du
bill 48. C'est simplement une demande que je lui fais. Je sais que le premier
ministre, avec toute son expérience...
M. BOURASSA: M. le Président, j'ai entendu le
député à mon bureau, à six heures moins dix, et la
position du gouvernement n'est pas
changée. Cela fait quinze fois que les mêmes choses se
répètent.
M. VINCENT: Non, M. le Président. Je ne l'avais pas
mentionné, c'est le ministre des Affaires municipales qui m'a fait
penser de regarder ce qui existait auparavant. Cela me fait plaisir de demander
à quelqu'un de lui faire parvenir les statuts refondus et ce, sans
esprit de parti. Le ministre de l'Education l'a regardé lui-même
et il en sait toutes les implications. Sans esprit de parti, qu'on regarde
attentivement l'article 573! Que le premier ministre regarde l'article 21 tout
au long et l'article 12 puis, après, qu'il regarde le deuxième
paragraphe de l'article 573.
Je suis certain, connaissant l'expérience qu'il a eue à la
commission royale d'enquête Bélanger, que nous allons le voir
sursauter sur son siège.
Mais ce sont les cultivateurs, tout à l'heure, qui vont avoir
à faire face à ça. Je suis certain que le premier
ministre, ce n'est pas ça qu'il a comme objectif, ce n'est pas ça
qu'il désirait, ce n'est pas ça non plus que nous, nous
désirions, ce n'est pas ça que le ministre des Affaires
municipales, le ministre de l'Agriculture, et le député de
Rouville désiraient. Mais, heureusement pas malheureusement
seulement hier soir nous l'avons trouvé, cette faille, hier soir.
Nous aurions pu passer là-dessus sans nous en apercevoir, laisser
glisser ce bill de 134 articles. Non, non, le député de Rouville
rit un peu jaune, mais nous aurions pu passer par-dessus sans nous en
apercevoir. La loi aurait été adoptée et nous serions
revenus en février, mars ou avril avec un amendement disant: "Voici, il
s'est commis une erreur". Cela arrive, ces choses-là. D'ailleurs, si le
gouvernement veut bien le reconnaître, les erreurs sont humaines, et
comme nous croyons qu'il y a encore de l'humanité dans le gouvernement,
il peut encore commettre des erreurs. S'il regardait comme il le faut ce bill,
tout en gardant cette bonne volonté qu'il a de donner une bonne
législation nous en convenons, nous avons accepté le
principe du bill no 48 il dirait: "C'est vrai, nous décelons une
erreur." D'ailleurs, des députés ministériels, j'en suis
convaincu, l'ont dit à ce jour au ministre des Affaires municipales. Je
pense même que le ministre de l'Agriculture a dit à ce jour, qu'il
y avait une erreur, une mauvaise interprétation dans ces articles. Je me
demande même s'il n'en a pas été question ce soir au
caucus.
M. BOURASSA: Non.
M. VINCENT: Non? C'est regrettable, parce que si cela avait
été à l'ordre du jour du caucus ce soir, il en aurait
été question, et, connaissant le premier ministre comme un jeune
qui veut donner quelque chose de bon, de bien à la province, il ne
prendrait pas ça comme étant une erreur avouée, mais une
erreur de la part de nous tous qui n'avons pu déceler ce problème
durant les travaux de la commission parlementaire des Affaires municipales, qui
n'avons pu démêler ces articles qui ne semblaient pas en dire
tellement à la lecture rapide, mais qui après une lecture plus
approfondie en disent beaucoup plus long et placent certains groupes dans une
situation qui sera très, très injuste. Ces articles, loin
d'être en accord seulement dans une infime partie avec la commission
royale d'enquête Bélanger, dont le premier ministre était
secrétaire, sont loin, loin en arrière et au lieu d'avoir une
exemption de 50 p.c. sur la terre, les bâtiments de ferme, le cultivateur
va être taxé en triple. C'est bien regrettable. Nous aurions
dû nous en convenons, nous faisons même mea culpa
nous aurions dû, nous, les députés de l'Opposition,
être plus sur nos gardes, être plus vigilants et soulever le
problème durant les travaux de la commission parlementaire. A ce
moment-là, je suis convaincu que le ministre des Affaires municipales et
ses principaux conseillers nous auraient remerciés.
Mais si nous sommes en retard, ce n'est pas notre faute. Nos
lumières se sont ouvertes sur ces articles seulement hier soir. Mais le
premier ministre devrait nous rendre grâce, nous remercier d'avoir au
moins ouvert nos lumières hier soir sur ces articles. Ainsi, nous
éviterions de commettre une erreur très grave qui serait
irréparable.
Si le premier ministre voulait réunir, pendant cinq ou dix
minutes, le député de Rouville, le député du
Lac-Saint-Jean, le député de 1'Islet, le ministre de
l'Agriculture et de la Colonisation et leur dire: Voici, qu'est-ce qui arrive?
Est-ce qu'on retraite? Il ne pose pas cette question. Est-ce qu'il y a un
problème? Les gens vont lui dire: Oui, il y a un problème.
Brièvement, d'une façon élégante, nous allons aller
devant la commission. Nous allons apporter les amendements. Pas apporter des
amendements, nous ne demandons même pas ça. Allons devant la
commission. Qu'on nous explique clairement, à la lumière des
témoins, avec les témoignages que nous allons recevoir, que nous
nous sommes trompés. Nous allons dire: Chapeau bas. Nous nous
étions trompés.
Mais il semble que nous ne nous trompons pas, qu'il existe des lacunes,
qu'il existe des gouffres dans ces articles. C'est pourquoi, il est absolument
impensable que l'Opposition, que ce soit l'Opposition officielle, que ce soit
l'Opposition qui siège à ma gauche ou à ma droite, ou
encore l'opposition du député de Montcalm, que tous ces gens de
ce côté-ci de la Chambre, qui représentent quand même
56 p.c. du vote de la province, se soient tous trompés, sans exception,
que nous nous soyons tous trompés sur ces articles et que seulement le
ministre des Affaires municipales ait raison.
Je suis convaincu qu'un très grand pourcentage des
députés ministériels aimeraient que le sous-amendement
soit accepté, que nous retournions à la commission parlementaire
des Affai-
res municipales. Nous aurions pû le faire dès que nous
l'avons demandé hier soir, ainsi nous serions revenus, le bill 48 serait
adopté en troisième lecture. Le ministre de l'Education pourrait
discuter, présenter son bill 28. Nous pourrions le lui donner
facilement, d'ici quelques semaines... Ainsi tout le monde serait heureux. Les
groupements intéressés seraient contents. Le gouvernement serait
fier. L'Opposition serait satisfaite également d'avoir fait son travail.
Ainsi tout le monde serait heureux de s'en aller dans son foyer pour la
période des fêtes.
M. le Président, je crois que la période de temps qui
m'était allouée est presque expirée, mais avant de
terminer, je me demande si le premier ministre a apporté les articles en
question. J'espère que le premier ministre, même s'il avait la
collaboration du député de Bonaventure... Le député
de Bonaventure se tient en arrière, même si son humeur est
revenue, le député de Bonaventure, en quelques instants,
pourrait, lui, comprendre le problème et dire à son
collègue, le ministre des Affaires municipales; Ecoute, Maurice,
comme disait le député de Duplessis écoute,
Maurice, nous allons faire quelque chose. Nous allons corriger ces articles qui
n'ont aucun sens. Nous allons déférer cela à la commission
parlementaire des Affaires municipales. Nous allons accepter le
sous-amendement. Même plus que cela, si le leader parlementaire du
gouvernement nous le permet, nous allons céder la priorité du
sous-amendement et de l'amendement pour leur permettre d'en présenter
un. On va l'accepter. Cela ne viendra pas de l'Opposition. On va leur
céder la priorité du sous-amendement et de l'amendement et on va
dire au gouvernement: Présentez l'amendement et on va voter pour le
gouvernement.
Ainsi tout le monde sera content, cela ne viendra pas de l'Opposition.
Cela viendra du gouvernement et nous allons l'accepter. Je pense qu'on ne peut
pas avoir de plus belle collaboration de la part des députés qui
siègent de ce côté-ci de cette Chambre et qui
représentent quand même 56 p.c. de la population du Québec.
Merci, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Rouyn-Noranda.
M. SAMSON: M. le Président, nous avons tenu une réunion
quant à nous, pendant l'heure du souper...
M. VINCENT: Et il en a été question.
M. SAMSON: ... concernant le sujet qui nous intéresse
présentement et la motion actuellement en cours.
Avec plusieurs considérants et considérations, nous
croyons raisonnable quant à nous de permettre que le bill 64 concernant
le syndicalisme agricole vienne dans les plus brefs délais.
Nous ne voulons pas que le gouvernement accuse l'Opposition de faire de
l'obstruction systématique et d'empêcher la discussion sur le bill
64, que nous espérons pouvoir étudier demain ou lundi, au plus
tard. Nous avons fait connaître notre position assez clairement sur la
motion qui est actuellement en discussion. Nous ne voulons pas risquer de nous
répéter inutilement. Surtout, M. le Président, nous
voulons de façon très objective collaborer aux travaux de cette
Chambre et permettre au gouvernement de nous apporter la législation
prévue. Considérant que la session est sur le point de prendre
fin, nous voulons permettre l'adoption d'un maximum de bonnes lois. De toute
façon, même si je vous parlais une heure, M. le Président,
ça ne changerait pas notre position sur la motion qui est actuellement
en discussion.
Devant tous ces faits, et surtout étant donné que nous
avons discuté de cette question, je crois pouvoir vous dire, M. le
Président, au nom de mes collègues, que quant à nous nous
allons cesser la discussion de cette motion.
M. LEVESQUE: M. le Président, est-ce que je dois comprendre,
à ce moment-ci, que c'est le désir de l'Opposition de mettre fin
à cette obstruction systématique?
M. SAMSON: Je m'excuse, M. le Président, j'ai peut-être
été mal compris par le leader du gouvernement; je n'ai pas de
mandat, que je sache, pour parler au nom des autres partis de l'Opposition.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. DROLET: Ce n'était pas de l'opposition systématique.
Retirez vos paroles.
M. LEVESQUE: J'ai le droit de qualifier comme je l'entends ce que je
considère être une obstruction systématique. Si dans
l'esprit du député de Portneuf il n'en est pas ainsi, je respecte
son opinion. Ceci étant dit, j'attendrai une même offre des deux
autres partis de l'Opposition.
M. DROLET: Ne nous accusez pas de choses qui ne sont pas vraies.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. BROCHU: Je fais appel au règlement, M. le Président, Je
tiens à expliquer comme l'a fait d'ailleurs...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Quel rappel? Dites-moi sur quoi.
M. BROCHU: Sur des intentions qui ont été
prêtées par le leader du gouvernement à l'effet que le
Ralliement créditiste du Québec faisait opposition au projet de
loi.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
Si je comprends bien, le leader du gouvernement a dit que c'était
son opinion. C'est une opinion personnelle. Je ne vois pas de point de
règlement sur la question. S'il n'y a pas d'autres députés
qui demandent la parole...
A l'ordre!
Est-ce que les honorables membres de l'Assemblée sont prêts
à se prononcer?
M. BROCHU: Afin de rectifier les faits, au moment où le leader
parlementaire a pris la parole, à la suite de mon chef, le
député de Rouyn-Noranda, j'ai eu quelques commentaires d'autres
membres de cette Chambre, à côté justement de votre
fauteuil, qui relataient que peut-être l'Opposition avait voulu faire de
l'opposition systématique. Je me dois de rétablir les faits et de
mentionner que, sur le projet de loi 48, nous avons pris position,
premièrement sur le bill, deuxièmement sur la première
motion. Nous avons voulu, par l'intervention du député de
Rouyn-Noranda, mettre fin à ce débat, quant à nous,
puisque nous jugions suffisant...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Très bien.
Est-ce que les députés sont prêts à se
prononcer sur le sous-amendement? Vote enregistré?
M. PAUL: Enregistré.
M. LE PRESIDENT: Qu'on appelle les députés.
M. BURNS: Puis-je vous demander une directive, M. le Président?
Est-ce le député des Iles-de-la-Madeleine qui dit quand nous
devons voter?
M. le Président, en ce qui nous concerne, nous sommes prêts
à voter.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! Si les honorables
députés veulent prendre leurs sièges, s'il vous
plaît.
Vote sur le sous-amendement
M. LE PRESIDENT: Que ceux qui sont en faveur du sous-amendement de
l'honorable député de Sainte-Marie veuillent bien se lever, s'il
vous plaît.
M. LE SECRETAIRE ADJOINT: MM. Lau-rin, Burns, Léger, Charron,
Tremblay (Sainte-Marie), Lessard, Paul, Cardinal, Tremblay (Chicoutimi),
Vincent, Cloutier (Montmagny), Boivin, Lavoie (Wolfe), Russell, Demers, Simard
(Témiscouata), Samson, Roy (Beauce), Béland, Drolet, Bois, Roy
(Lévis), Brochu, Tétrault, Audet, Latulippe, Guay.
M. LE PRESIDENT: Que ceux qui sont contre veuillent bien se lever, s'il
vous plaît.
M. LE SECRETAIRE ADJOINT: MM. Bourassa, Lévesque, Hardy,
Castonguay, Garneau, Tessier, Simard (Richelieu)' Quenneville, Cloutier
(Ahuntsic), Tetley, Drummond, Saint-Pierre, Lacroix, Mailloux, Cadieux,
Arseneault, Houde (Fabre), Coiteux, Bienvenue, Théberge, Perreault,
Brown, Blank, Brisson, Saint-Germain, Saindon, Picard, Leduc, Fortier, Assad,
Bossé, Caron, Carpentier, Cornellier, Dionne, Faucher, Giasson, Harvey
(Chauveau), Houde(Limoilou), Lafrance, Lamontagne, Larivière, Marchand,
Ostiguy, Pelletier, Phaneuf, Pilote, Veilleux.
M. LE SECRETAIRE: Pour: 27 Contre: 48
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Le sous-amendement est rejeté. Est-ce
qu'il y a lieu de procéder au vote sur l'amendement?
M. RUSSELL: M. le Président, je n'avais pas l'intention
d'intervenir sur l'amendement qui a été proposé par le
député de Nicolet, mais vu les brillants exposés qui ont
été faits depuis hier et auxquels plusieurs députés
de l'Opposition ont participé, ainsi que quelques députés
du côté du gouvernement; vu l'attitude du leader parlementaire,
que je sais fatigué, il est un peu frustré, parce que les choses
ne marchent pas tout à fait de la façon qu'il aimerait que
ça fonctionne dans un amendement aussi important que celui-là; vu
l'absence de l'exposé du ministre des Affaires municipales; vu l'absence
de l'exposé du ministre de l'Agriculture, je me pose de sérieuses
questions.
Je voudrais, d'une façon très brève, très
sommaire, demander à tous ces gens, d'abord à celui qui, à
la commission, a reçu de nombreuses délégations avec qui
il a discuté de façon très sérieuse, à qui
les représentants de l'agriculture ont soumis des amendements, lorsqu'on
regarde les exposés qui ont été faits, les concessions qui
ont été acceptées par la commission municipale ou son
ministre...
M. TESSIER: Comment ça, jamais!
M. RUSSELL: Le ministre a quelque chose à dire? Justement, on
veut l'entendre.
M. TESSIER: Non, j'ai simplement dit que ce que vous venez de dire est
faux.
DES VOIX: Debout! Debout!
M. DROLET: Il n'a plus la force de se lever, il est abattu.
M. RUSSELL: M. le Président, je ne sais pas si le ministre se
garde pour la fin, mais j'espère qu'il va noter avec beaucoup
d'attention et qu'il l'a fait d'ailleurs depuis hier tous les
exposés des membres de l'Opposition, exposés très
objectifs, en vue de tenter d'amener le gouvernement ou le ministre des
Affaires municipales à accepter de retourner devant cette commission et
d'inviter les agriculteurs ou leurs représentants à venir
discuter avec lui ces amendements qu'ils sollicitent par l'entremise de
l'Opposition.
Je m'explique mal le silence du ministre des Affaires municipales, sinon
d'une façon...
M. TESSIER: Si vous voulez vous asseoir, je vais être moins
silencieux.
M. RUSSELL: ... à faire des reproches de temps à
autre.
M. LEVESQUE: ... personne du ministre des Affaires municipales.
J'invoque le règlement et je demanderais, M. le Président, qu'on
revienne à l'amendement. Si on veut retarder encore les travaux de la
Chambre malgré l'invitation du Ralliement créditiste, qu'on le
fasse à l'UQ.
M. RUSSELL: M. le Président, je regrette la mauvaise humeur du
leader parlementaire. Je ne veux pas retarder les travaux de la Chambre, ce
n'est pas là ma coutume, j'interviens si peu souvent. Mais je m'explique
mal le silence des autorités concernées...
M. LEVESQUE: M. le Président, est-ce qu'il parle de la motion,
présentement?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! J'étais occupé lorsque le
leader parlementaire du gouvernement a soulevé la question de
règlement et je n'ai pas voulu prendre une décision à ce
moment-là. Je voudrais rappeler à l'honorable
député de Shefford je n'ai pas à lire la motion qui
est devant la Chambre actuellement qu'il n'a pas le droit de juger les
membres du cabinet ou qui que ce soit. Son discours doit être
limité à l'amendement qui porte sur le bien-fondé de la
convocation de la Commission parlementaire des Affaires municipales.
M. RUSSELL: C'est ce que j'attendais, M. le Président, et je vous
remercie de m'inviter à continuer de vous expliquer l'importance de
l'amendement. D'abord, il se lit comme suit: La Chambre est d'avis que les
articles 12, 21 et 105 soient envoyés de nouveau devant la Commission
parlementaire des Affaires municipales pour entendre les représentants
de l'UCC, ainsi que toutes les personnes ou groupements
intéressés, particulièrement les maires de la
Mauri-cie.
Et c'est cet amendement, auquel j'attache beaucoup d'importance, que
j'étais à vous exposer, vous qui avez été maire
d'une municipalité très importante, et qui connaissez
l'importance de ces articles. Je sais que vous vous expliquez mal le silence du
ministre des Affaires municipales, à la suite des représentations
qui ont été faites par les membres de l'Opposition et de la
façon que ç'a été fait, très objectivement,
en vue de pouvoir obtenir l'opinion de ceux-là qui sont responsables,
comme le ministre de l'Agriculture, et c'est là qu'est intervenu le
leader parlementaire pour me dire que je violais le règlement.
Pour lui, l'article 12 ou 21, ça ne représente pas
grand-chose. Pour lui, taxer les cultivateurs, leur clôture, leur
drainage et toutes ces choses, ça représente peu de choses, mais
je sais que le ministre de l'Agriculture l'a compris.
M. TESSIER: Vous, vous ne comprenez rien, par exemple. Le ministre de
l'Agriculture l'a compris, mais le député de Shefford ne comprend
rien.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Actuellement le seul qui a le droit de
parole, c'est le député de Shefford. A l'ordre!
M. RUSSELL: M. le Président le ministre des Affaires municipales
prétend que je ne comprends rien, mais si, parfois, il était
convaincu de cette situation, il a un devoir qui, pour lui, est sacré,
c'est de se lever et d'expliquer réellement ce que comportent ces
articles et d'exposer sur quoi est basée sa prétention.
M. LEVESQUE: J'invoque le règlement. Il s'agit
présentement de la discussion sur la motion. "Il s'agit
présentement d'une provocation envers le ministre des Affaires
municipales, mais rien des paroles du député de Shefford n'a
trait à la motion en discussion.
M. RUSSELL: M. le Président, je remercie le leader parlementaire,
mais j'étais à répondre aux insinuations du ministre des
Affaires municipales.
M. LE PRESIDENT: Ce n'est pas permis. Ce n'est pas permis. Le ministre
des Affaires municipales n'avait pas la parole. Il n'avait pas la parole. A
l'ordre s'il vous plaît. A l'ordre!
M. RUSSELL: M. le Président, je vous demanderais des directives.
Est-ce que je dois, à ce moment-ci où j'ai la parole et où
je tente d'exposer d'une façon très objective mon opinion sur
toute cette situation, accepter les insinuations du ministre des Affaires
municipales sans répondre à ces insinuations-là? Est-ce
que vous n'avez pas, vous, M. le Président, et je connais votre
objectivité, comme devoir, si vous ne voulez pas que je lui
réponde, de le rappeler à l'ordre, ou lui demander de se
rétracter et de retirer ces paroles-là? Sans ça je me sens
obligé de répondre.
M. LE PRESIDENT: Il n'y a rien dans le règlement qui m'autorise
à faire retirer les paroles qui sont prononcées
illégalement alors qu'un député ne s'adresse pas à
la présidence ou
à l'assemblée. Je demande et j'ai sollicité, tout
au cours du débat, la collaboration de tous les députés,
spécialement du ministre des Affaires municipales. Je ne peux pas lui
faire rétracter ces paroles-là, je n'ai aucune autorité
sur ses paroles. Vous le savez, je n'ai pas à répéter le
règlement, vous avez le droit de faire rétracter quelqu'un qui
s'adresse à l'assemblée et qui a obtenu le droit de parole. En
l'occurrence, le ministre des Affaires municipales n'avait pas obtenu le droit
de parole. Je ne reconnais pas ses paroles, je ne veux pas entendre ses
paroles. Je n'ai aucune juridiction sur ses paroles, je ne peux pas lui
demander de les rétracter.
Egalement, vous m'avez demandé des directives, vous dites que
vous voulez juger, étudier toute la question des articles 12 et 21. Je
ne peux pas vous permettre d'étudier la question. Ce que je veux savoir,
et uniquement cela, c'est pourquoi vous désirez que la commission
parlementaire des Affaires municipales soit formée. Pour entendre les
parties, d'accord. Si c'est pour entendre le ministre, ce n'est pas ici mais
à la commission parlementaire des Affaires municipales.
M. RUSSELL: M. le Président...
M. BURNS: M. le Président, sur la question du règlement.
Je m'excuse auprès du député de Shefford. Vous venez de
nous dire, et j'accepte très bien votre point de vue, que vous ne pouvez
peut-être pas faire retirer les paroles du ministre des Affaires
municipales, sauf que je vous demande, M. le Président, au nom des
membres de l'Opposition, de peut-être utiliser le pouvoir que vous
avez...
M. LEVESQUE: Est-ce que le député parle au nom de tous les
membres de l'Opposition?
M. BURNS: Non, M. le Président, je parle au nom des membres de
l'Opposition qui se sentent brimés par les interventions du ministre des
Affaires municipales.
M. LEVESQUE: Quels sont-ils?
M. BURNS: Ils le diront, ceux qui se sentent brimés.
Personnellement, je me sens aussi visé par les brimades que l'on exerce
à l'égard du député de Shefford qu'à
l'égard de quelque membre que ce soit de mon parti.
M. le Président, je vous disais tout simplement ceci avant que le
leader du gouvernement m'interrompe: J'admets votre position, vous ne pouvez
peut-être pas lui demander de retirer ses paroles mais vous avez toujours
la possibilité, je pense, de le rappeler à l'ordre une fois, deux
fois ou peut-être même de le nommer, comme vous l'avez fait
aujourd'hui pour un autre, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! J'avais hâte de rendre ma directive,
c'est pour cela que j'ai voulu vous interrompre. Justement, je vois que son
siège est vacant et je voulais en profiter pour qu'on avance plus
rapidement dans le débat.
L'honorable député de Shefford.
M. RUSSELL: M. le Président, je comprends la nervosité du
ministre des Affaires municipales. Je ne veux pas faire son procès, je
n'en avais aucune intention. Je ne veux pas non plus endurer ses insultes.
Même si vous n'avez pas entendu ses paroles, elles sont quand même
enregistrées au journal des Débats.
Je comprends que je n'ai pas cette soi-disant compétence
professionnelle d'un avocat pour parler d'une façon aussi claire, aussi
éloquente que pourrait peut-être le faire le ministre des Affaires
municipales. Mais il y a une chose que je m'explique mal, devant une motion
aussi importante que celle qui a été présentée par
le député de Nicolet, qui a été discutée par
plusieurs membres de l'Opposition qui ont soulevé des points
extrêmement importants; je m'explique mal qu'un homme aussi
compétent, un homme aussi connaissant, qui le prétend, du moins,
n'ait pas encore répondu.
J'espère au moins qu'il acceptera la motion et c'est là
que je le supplie. Je supplie également mon collègue de l'autre
côté de la Chambre, le leader parlementaire, de maîtriser un
peu sa nervosité et d'inviter son ministre des Affaires municipales
à convoquer la commission des Affaires municipales pour faire entendre
tous ces gens dont on a sollicité la présence à cette
commission afin de leur donner l'avantage de se faire entendre en vue de
s'assurer que cette loi ne créera aucun désastre dans aucun
domaine, que ce soit les articles 12, 21 ou 105.
C'est ainsi que je voulais, d'une façon très sommaire et
très brève, vous exposer mon point de vue. Connaissant
l'objectivité du leader parlementaire, je suis certain qu'il va faire un
effort extraordinaire pour faire entendre raison au ministre des Affaires
municipales et le convaincre d'accepter cette motion pour convoquer la
commission afin que nous puissions procéder, d'une façon plus
accélérée, plus rapide, à l'étude des autres
lois qui sont nombreuses, on le sait que nous aurons à
adopter d'ici la fin de la session, surtout à la veille des
Fêtes.
M. le Président, en terminant je voudrais demander à celui
qui a dû s'absenter de la Chambre, le ministre des Affaires municipales,
de reconsidérer un peu sa position et de consulter le ministre de
l'Agriculture. Ensemble, ils pourraient en venir à une entente en
acceptant la motion faite par le député de Nicolet pour entendre
tous les gens concernés par les articles 12, 21 et 105. De cette
façon, tout le monde serait heureux et les débats se
termineraient immédiatement; nous pourrions, même ce soir
étudier d'autres projets de loi en attendant la convocation de la
commission qui aura lieu, je l'espère, d'ici quelques jours. Tout le
monde serait heureux.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que les honorables membres sont prêts
à se prononcer sur cette question?
DES VOIX: Vote! vote!
M. PAUL : Vote enregistré.
M. LEVESQUE: Vote!
M. LE PRESIDENT: Même vote?
M. PAUL: Non, je regrette, M. le Président.
M. LEVESQUE: Cela va retarder encore l'étude du syndicalisme
agricole.
M. LE PRESIDENT: Qu'on appelle les députés.
M. BURNS: Avant le vote, étant donné qu'un grand nombre de
députés, ministériels et de l'Opposition
peut-être en moins grand nombre étaient absents au cours de
cette discussion sur la motion d'amendement, à cause du fait, entre
autres, que la commission sur le projet de loi no 65 siégeait, et aussi
parce que nous remontons à un amendement qui a été
déposé il y a déjà quelques heures, est-ce que la
présidence nous ferait la faveur de nous lire le texte de l'amendement
et ceci dans l'intérêt de tous les membres de la Chambre?
M. LE PRESIDENT: Cet amendement est sur la motion principale du...
M. LEVESQUE: Je ne crois pas que ce soit une procédure
normale...
M. CHARRON: Pourquoi interrompez-vous le président...
M. LEVESQUE: J'ai le droit, sur le...
M. LE PRESIDENT: Sur une question de règlement.
M. LEVESQUE: ... le même point, de donner mon appréciation.
Je crois que tous ceux qui étaient en Chambre, ou devaient l'être,
doivent être au courant de cette motion et de son texte,
particulièrement ceux qui se sont penchés sur sa
rédaction. Je ne peux pas croire que le seul membre du Parti
québécois qui était à la commission parlementaire
des Affaires sociales n'ait pas été mis au courant d'une motion
qui a pris neuf heures et vingt-et-une minutes à être
discutée par ses collègues, et celui-là même qui est
membre de cette commission.
M. BURNS: En vertu de l'article 270, je voudrais rétablir des
faits. Je n'ai pas demandé ça pour mon chef parlementaire qui
était à la commission sur le projet de loi no 65. J'ai
demandé ça vous vous rappelez sans doute mes paroles
dans l'intérêt de la Chambre. Si le leader parlementaire
veut que vous posiez des gestes qui ne sont pas dans l'intérêt de
la Chambre, qu'il nous le dise, c'est tout.
M. LEVESQUE: Je ne crois pas qu'il faille à ce moment-ci insister
davantage sur le genre d'obstruction systématique...
DES VOIX: A l'ordre!
M. LEVESQUE: ... qui a été le dénominateur commun
de ceux qui se sont acharnés à...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Est-ce que l'honorable...
M. PAUL: M. le Président, c'est tout simplement pour vous
signaler...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. PAUL: Je comprends qu'ils ne connaissent pas leurs règlements,
c'est l'article 293, et l'honorable député de Maisonneuve a fait
une demande tout à fait conforme à notre règlement.
Vote sur l'amendement de M. Vincent
M. LE PRESIDENT: Voici la motion principale d'amendement de
troisième lecture ! "Que la motion en discussion soit amendée en
en remplaçant tous les mots après le mot "que" par les suivants:
"La Chambre est d'avis que les articles 12, 21 et 105 soient
déférés à nouveau devant la commission
parlementaire des Affaires municipales pour entendre les représentants
de l'UCC, ainsi que toutes les personnes ou groupements
intéressés et particulièrement les maires de la
Mauricie."
Que ceux qui sont en faveur de cette motion d'amendement de l'honorable
député de Nicolet veuillent bien se lever.
M. LE SECRETAIRE ADJOINT: MM. Paul, Cardinal, Tremblay, (Chicoutimi),
Vincent, Cloutier (Montmagny), Boivin, Lavoie (Wolfe), Russell, Demers, Simard
(Témiscouata), Samson, Roy (Beauce), Béland, Drolet, Bois, Roy
(Lévis), Brochu, Tétreault, Audet, Latulippe, Guay, Laurin,
Burns, Léger, Charron, Tremblay (Sainte-Marie), Lessard.
M. LE PRESIDENT: Que ceux qui sont contre veuillent bien se lever, s'il
vous plait.
M. LE SECRETAIRE ADJOINT: MM. Bourassa, Lévesque, Hardy,
Castonguay, Pinard, Garneau, Tessier, Simard (Richelieu), Quenneville, Cloutier
(Ahuntsic), Tetley, Drummond, Saint-Pierre, Lacroix, Toupin, Massé,
Mailloux, Cadieux, Arsenault, Houde (Fabre), Colteux, Bienvenue,
Théberge, Perreault, Brown, Bris-
son, Saint-Germain, Picard, Pearson, Leduc, Fortier, Assad,
Bossé, Caron, Carpentier, Cor-nellier, Dionne, Faucher, Giasson, Harvey
(Chauveau), Houde (Limoilou), Lafrance, Lamontagne, Larivière, Marchand,
Pelletier, Phaneuf, Pilote, Veilleux.
M. LE SECRETAIRE: Pour: 27 Contre: 49
M. LE PRESIDENT: La motion d'amendement est rejetée.
M. CARDINAL: M. le Président, sur la motion principale de
troisième lecture, on aura remarqué que dans ces débats
sur le sous-amendement, et sur l'amendement j'ai été
jusqu'à présent silencieux. On ne pourra certainement pas
m'accuser d'avoir voulu retarder les travaux de cette Assemblée
nationale sur le projet de loi no 48 s'intitulant : "Loi sur
l'évaluation foncière".
M. le Président, même si nous sommes rendus à cette
heure, je crois de mon devoir, comme représentant d'une circonscription
rurale, le comté de Bagot, qui sera profondément affecté
par ce projet de loi, de parler sur la motion principale. De même que le
député de Duplessis et le député de Shefford ne
s'attendaient pas à s'exprimer sur les amendements ou sous-amendements,
j'ai attendu jusqu'à ce moment, parce que bien d'autres en cette Chambre
se sont déjà exprimés.
En troisième lecture, M. le Président, je sais que,
d'après les règlements, on peut tout remettre en cause. Que le
leader parlementaire ne s'inquiète pas, je n'ai pas l'intention de
remettre en cause chacun des articles de ce projet de loi, au contraire.
Mais il y a un certains nombres d'articles, dans ce projet de loi, qui
me frappent. Je ne parlerai plus des articles 12, 21 et 105 d'une façon
exhaustive. On en a parlé déjà depuis plusieurs
heures.
Dans ce projet de loi, M. le Président, il y a toute une
série d'articles qui sont des articles d'exemption. L'on évalue
puis l'on exempte de la taxation. Ce sont particulièrement les articles
12, 13, 14, 16, 18, 19 et 22 qui, en général, exemptent surtout
des corporations importantes, sauf l'article 12, qui est un singulier article.
C'est un article qui exempte sauf les exemptions prévues dans l'article.
Il y a donc les exemptions aux exemptions.
L'article 12, en effet, M. le Président, je le rappelle à
cette assemblée, dit: "Ne sont pas portés au rôle les
immeubles destinés ou utilisés principalement à des fins
de recherche, de commerce, d'industrie, de prévention ou de
réduction du bruit, de lutte contre la pollution de l'eau, de l'air ou
du sol ou d'exploitation d'une ferme ou d'un boisé c'est
déjà une exemption, et l'article continue après une
virgule sauf les suivants: a) les terrains et les bâtiments
je passe par-dessus b) c) les clôtures imaginez-vous
trottoirs, drains là on ouvre la porte toute grande et
autres constructions d'aménagement du sol". Qu'est-ce que l'on fait
donc, M. le Président? On exempte tout ce qui a une valeur importante,
pour les fins mentionnées à cet article, sauf ce qui est
important pour les agriculteurs, leur sol, leurs bâtiments et même
des accessoires au sens du code civil et au sens de la réalité
des choses absolument nécessaires.
Est-ce que, M. le Président, les honorables députés
de cette Chambre savent ce que c'est qu'une circonscription rurale? Savent-ils
que des clôtures non seulement séparent des terrains contigus de
propriétaires mais qu'un même propriétaire, parce qu'il
exploite pour diverses fins, peut lui-même lotir non pas au sens
technique du terme mais diviser par des clôtures les acres qu'il
exploite à des fins diverses?
Sait-on, M. le Président, que dans un endroit comme Bagot, qui
est une plaine arrosée par le Yamaska et ses affluents, le drainage est
une nécessité absolue? Le gouvernement lui-même,
d'ailleurs, s'est servi de cet endroit, le Yamaska, comme pilote pour refaire
tout le système d'irrigation et de drainage. Sait-on ce que cela
signifie pour ces gens qui, demain, se demanderont ce qui arrivera à
leurs taxes?
Parce que, M. le Président, il y a deux choses qu'il faut mettre
côte à côte. Toutes ces exemptions prévues par les
articles 12, 13, 14, 16, 18, 22 et 29, nous ne sommes pas contre, mais il va
falloir une compensation. Où est-elle dans la loi? Où sont les
assurances du ministre pour remplacer ces millions que d'autres
collègues en cette Assemblée ont mentionnés, que certains
journaux d'aujourd'hui ont établis avec des chiffres précis? Je
ne pense qu'à Shawinigan, en Mauricie. Où prendra-t-on ces $24
millions? Dans les clôtures, les drains, les bâtiments, le sol et
les autres aménagements pour l'exploitation du sol ou est-ce que c'est
l'Etat du Québec qui les donnera gratuitement? A même quelles
sources de revenu?
M. le Président, on ne peut pas en même temps exempter,
taxer et établir une équivalence. On sait que, comme en
éducation, où il faut environ $1,600,000,000, dont l'Etat paie
environ 50 p.c, en matière municipale, déjà, à
cause de l'impôt foncier scolaire, les municipalités ont des
difficultés. Avec toutes ces exemptions que je ne juge pas, au fond, que
je ne critique pas, mais avec ces exemptions auxquelles il y a des exemptions
qui viennent frapper les agriculteurs, pourquoi, M. le Président, cette
discrimination et quelle est la solution au problème que je viens de
souligner?
Je ne veux en rien caricaturer, M. le Président, mais bien que je
n'aie pas pu suivre tous ces débats, parce que j'ai collaboré
avec l'honorable député de Verchères, le ministre de
l'Education, sur le projet de loi no 28 pendant de nombreuses heures, parce que
c'est aussi un
projet de loi excessivement important, j'ai quand même pu lire le
journal des Débats. J'ai passé toute une partie des
journées d'hier et d'aujourd'hui, sauf quelques instants, avec le
ministre de l'Education pour discuter du projet de loi no 28, pour
l'information du public, à suivre ces débats. M. le
Président, m'étant tu, ayant écouté, ayant
été présent continuellement en cette Assemblée, je
n'ai pas compris pourquoi l'on veut nous imposer cette loi.
M. le Président, il ne s'agit pas de compléter la loi, de
faire de petits amendements. Cette loi est déjà, à sa face
même, M. le Président, Loi sur l'évaluation
foncière, première lecture, réimpression, en anglais
"reprint". Déjà, le gouvernement a posé un geste pour
corriger le premier qu'il avait posé. M. le Président, les trois
Oppositions ont tendu au gouvernement des perches. Et je ne veux pas ici
attaquer personnellement le ministre, ceci est une politique gouvernementale;
un ministre, lorsqu'il s'exprime à cette Assemblée, le fait au
nom du gouvernement ou bien il n'est plus ministre. C'est la règle.
Par conséquent, c'est le gouvernement tout entier que j'invite
à réfléchir sur ce problème qu'il vient de poser
à tous les agriculteurs du Québec. Les 72 députés
ne sont pas tous de Montréal, du côté ministériel.
Je ne veux certainement pas me référer à des conversations
privées mais j'ai entendu, dans les corridors, derrière le
fauteuil et ailleurs, des inquiétudes véritables de certains
députés. Je ne leur demande pas députés
libéraux, qu'on le dise de trahir la solidarité de parti;
je ne demande pas de montrer à cette Assemblée des divisions mais
je leur demande cependant de convaincre leurs collègues du geste qui va
être posé vis-à-vis des agriculteurs. Que les
députés convainquent le ministre, que la députation
convainque le cabinet.
Je ne sais pas de quoi il était question au caucus de ce soir et
je respecte trop nos règles, même si le système n'est pas
parfait, pour questionner le whip, le leader parlementaire ou le premier
ministre sur ce qui s'est passé au caucus de ce soir. Mais il aurait
dû en être question,
M. LEVESQUE: M. le Président, vu que j'ai été
nommé, est-ce que je puis poser une question au député de
Bagot?
M. CARDINAL: Avec un plaisir remarquable.
M. LEVESQUE: Le député de Bagot semble s'indigner au nom
des cultivateurs de son comté de l'interprétation qu'il donne au
projet de loi que nous étudions en troisième lecture. Est-ce
qu'il ne sait pas il doit le savoir vu qu'il est un juriste et
même le professeur du premier ministre, j'ai entendu ça à
travers les branches que ce qu'il semble déplorer est
déjà une loi? Qu'il se réfère à son code
municipal. Est-ce qu'il ne sait pas, par exemple, que présentement, par
bâtiments qui sont déjà évalués et
taxés, on entend toute construction, tout tuyau ou ouvrage quelconque,
superficiel ou souterrain, quelqu'en soit la matière, la forme et la
destination, dès que ces ouvrages sont attachés au sol de
manière à faire corps avec lui? Ainsi sont compris sous cette
dénomination de bâtiments, non seulement les bâtiments
proprement dits tels que les maisons d'habitation, magasins, ateliers, hangars,
garages, etc., mais aussi les travaux de toute espèce tels que ponts,
fours, digues, barrages, tunnels, tuyaux servant à la conduite des eaux,
clôtures, etc.
Alors, M. le Président, est-ce que le député que
ceci fait déjà partie des choses qui sont évaluées
et taxées présentement?
Je me demande pourquoi il s'oppose actuellement à ce projet de
loi que nous étudions.
M. DEMERS: Il va nous donner un cours.
M. CARDINAL: M. le Président, le député de
Saint-Maurice m'incite, comme leader parlementaire, à donner un cours.
Je vais me retenir, je ne commencerai pas à parler des immeubles par
destination, du père de famille par accession, par les quatre moyens que
prévoit le code civil et qui fait que l'on peut, d'après la Loi
des cités et villes, article...
M. LEVESQUE: Le code municipal et non pas la Loi des cités et
villes.
M. CARDINAL: Ah! on peut parler des deux.
M. LEVESQUE: Parlez des deux si vous voulez.
M. CARDINAL: ... article 523 qui est tellement long que je ne le lirai
pas justement comme... Non, non le leader le connaît...
M. LEVESQUE: Dans une opération d'obstruction, c'est bon de tout
lire.
M. CARDINAL: M. le Président, j'invoque le
règlement...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ah! Ce n'est pas ce que le leader voulait tout
à l'heure. Il ne voulait même pas qu'on lise la motion pour que
les gens qui nous observent dans les tribunes comprennent ce que le
gouvernement ne veut pas faire.
M. LEVESQUE: Ils ont très bien compris. J'ai beaucoup de respect
pour l'intelligence de ceux qui suivent nos débats,
particulièrement la tribune de la presse.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, j'invoque le
règlement. Je n'ai pas parlé de
la tribune de la presse, ce que j'ai dit, c'est ceci: le leader
parlementaire ne voulait pas que le président relût la motion pour
que les gens qui sont dans les tribunes comprennent très bien ce que le
gouvernement refusait de donner aux cultivateurs.
M. LE PRESIDENT (Hardy): A l'ordre! Il ne s'agit évidemment pas
d'une question de règlement.
Le député de Bagot.
M. CARDINAL: M. le Président, j'avais invoqué le
règlement. Je vais revenir à votre décision, en
espérant que le leader parlementaire que je reconnais comme un
gentilhomme, avec qui je me suis toujours fort bien entendu, tant lorsque
j'étais au gouvernement que dans l'Opposition regrette de m'avoir
imputé des intentions, selon l'article 285, paragraphe 19, et je reviens
à la question qu'il m'a posée.
J'éviterai donc le cours, mais je lui rappellerai que dans la Loi
des cités et villes on dit... je ne lui lirai pas tout l'article,
je ne lirai que le 2e alinéa de l'article 523, du chapitre 193, des
Statuts refondus du Québec, 1964 M. le Président, avec
votre bienveillante permission, le 2e alinéa se lit ainsi: "Telle terre
ne peut être évaluée à plus de cent dollars l'arpent
si elle a une superficie de quinze arpents ou plus. Cette évaluation
comprend la maison qui sert à l'habitation du cultivateur et dont la
valeur n'excède pas dix mille dollars, ainsi que les granges,
écuries et autres bâtiments servant à l'exploitation de
ladite terre. Si la valeur de cette maison excède dix mille dollars,
elle n'est comprise dans l'évaluation de la terre que jusqu'à
concurrence de cette somme et le surplus, évalué
séparément, est sujet à la taxe mentionnée au
premier alinéa du présent article."
Je sais fort bien, M. le Président, que la loi actuelle, le code
municipal taxe les immeubles et les immeubles non seulement au sens du code
civil, parce qu'il y a des exemptions déjà, mais au sens du code
municipal, et que la Loi des cités et villes taxe avec un cran
d'arrêt. Ce qui fait que la situation présente est pire que ce qui
existait auparavant, parce qu'il n'y a, comme dans d'autres lois qu'on a
étudiées dans cette Chambre, aucune référence,
aucune modification aux articles précis. Nous sommes devant un nouveau
texte, un nouveau système, non pas que nous n'admettions pas qu'il
faille établir un nouveau système d'évaluation, au
contraire, M. le Président, nous sommes entièrement d'accord.
Mais je suggérerai, avec beaucoup d'humilité, qu'il y
aurait peut-être lieu, après étude non pas en
commission parlementaire, ceci a été battu, M. le
Président, je ne reviendrai pas sur les débats qui sont
déjà épuisés que l'on revienne au
ministère, que l'on revienne au cabinet, que l'on revienne au caucus et
que l'on étudie à nouveau cette loi pour nous présenter
une deuxième réimpression. Ce projet n'est pas satisfaisant pour
les agriculteurs particulièrement, et c'est la raison pour laquelle j'ai
cru de mon devoir de me lever ce soir.
L'on a refusé un sous-amendement, un amendement, pourquoi? Je ne
demande pas le retrait du projet, mais une étude attentive, non
pressée par le temps.
Et ici M. le Président, je veux apporter une distinction que je
considère très importante dans les circonstances: la distinction
entre l'urgence d'une matière et des gens pressés.
Quand il y a urgence en la demeure, c'est parce qu'il y a un
problème qui vient de se poser, depuis habituellement peu de temps,
parce que si ça fait longtemps que ça dure, une urgence qui dure
longtemps, c'est un statu quo, ce n'est plus une urgence. S'il y a urgence,
c'est parce que des faits nouveaux, dans un délai relativement court, se
sont produits ou parce que déjà on a fait des travaux importants
qui demandent un aboutissement rapide. Tel n'est pas le cas ici. Ici, nous
sommes devant des gens pressés et c'est toute la différence entre
l'urgence d'un problème important, que l'on veut régler de
façon pressante, et l'urgence de régler une situation nouvelle
alors que l'on veut établir une planification. La planification ne
s'établit jamais dans l'urgence.
L'urgence se règle par des lois comme, par exemple, autrefois le
projet de loi 25, le projet de loi no 30, que nous a présenté le
ministre de l'Education ou le projet de loi no 38 que nous avait
présenté l'ex-leader parlementaire. Cela, c'étaient des
questions urgentes. Nous nous sommes réunis de façon urgente hors
session, en session spéciale, pour étudier d'une façon
particulière et attentive, en prenant le temps qu'il faut et sans nous
presser malgré l'urgence, une situation critique donnée pour en
trouver ensemble la solution. Quand nous nous trouvons devant des gens
pressés, parce que nous sommes rendus au 17 décembre, si je ne me
trompe pas, le 18 bientôt, on approche d'un certain anniversaire comme en
juillet.
UNE VOIX: La Saint-gatien.
M. CARDINAL: Oui, la session ne s'est-elle pas terminée le 14
juillet? Il y avait plusieurs anniversaires, en fait, je m'en souviens fort
bien; j'ai offert mes voeux les meilleurs au premier ministre. Je reviens au
sujet. Donc, cette différence entre l'urgence et des
députés ministériels pressés, il va falloir que le
gouvernement la connaisse. Cela fait deux fois qu'il place les Oppositions dans
des situations où il faut travailler 14, 15, 16, 17, 18 ou 20 heures par
jour. Je n'exagère en rien, qu'on revoie le journal des Débats de
juin et juillet 1971. Qu'on relise le journal des Débats depuis deux
semaines, ici.
M. le Président, je m'adresse au premier ministre qui a connu ce
milieu et qui le connaît encore, est-ce que les gens qui sont dans le
milieu des affaires travaillent de cette façon? Est-ce que les
gens normaux, dans la vie courante, agissent de la façon dont le
gouvernement nous fait réagir? Non, M. le Président.
M. BOURASSA: C'est en discussion, M. le Président.
M. CARDINAL: C'est pourquoi il n'y a pas urgence. C'est exactement la
définition que j'ai donnée.
M. BOURASSA: M. le Président, le député, avec sa
grande expérience, après une grande quantité de
séances parlementaires, des débats de plusieurs jours à
l'Assemblée nationale, ne croit-il pas qu'il est temps de décider
et d'agir?
M. CARDINAL: M. le Président, est-ce que je pourrais rappeler
à l'honorable premier ministre que c'est depuis 1964 qu'on parle de la
restructuration scolaire de l'île de Montréal? Cela fait plus
longtemps encore.
M. BOURASSA: Il faut que ça finisse.
M. CARDINAL: Oui, mais il faut que ça finisse bien fait. Tout ce
qui mérite d'être fait mérite d'être bien fait. Je
n'attaque personne ici. Pour bien faire, comme disaient les anciens, il faut
prendre le temps de le faire. Il faut remettre sur le métier mille fois
la même chose sinon cent mille fois, M. le Président.
UNE VOIX: Cela fait une drôle de "job".
M. CARDINAL: M. le Président, tantôt j'ai voulu invoquer le
règlement et je ne me suis pas prévalu de ce droit que m'accorde
le règlement de la Chambre, lorsqu'on a invoqué l'obstruction.
Qu'est-ce qui est plus dangereux pour le respect du système
parlementaire?
Qu'est-ce qui est plus dangereux pour le respect du système
parlementaire, pour l'efficacité le premier ministre
m'écoute du système parlementaire? Qu'est-ce qui est plus
dangereux, le "filibuster" ou le rouleau compresseur? Que l'on ne s'accuse pas
réciproquement. Ce n'est pas dans mon style et je n'insisterai pas
là-dessus, mais qu'on ne provoque pas de semblables échanges.
Je n'ai pas de télégramme à lire. Je n'ai pas de
lettre à lire, j'en ai à mon bureau auxquels j'ai répondu.
Je ne veux pas utiliser inutilement le temps de cette Chambre. J'ai simplement
voulu prouver que ce projet de loi, même réimprimé,
même si voilà un an non pas qu'on en parle qu'il a
été une première fois déposé puis
retiré alors qu'on étudiait autre chose, la baie James, etc.,
pendant de nombreuses heures... Là aussi il n'y avait pas urgence, mais
ça pressait. Toujours la même nuance, la même
distinction.
Ce soir, au point où nous en sommes rendus, à ce stade de
la troisième lecture, ayant réservé mes remarques
uniquement sur un certain nombre d'articles, tout particulièrement
l'article 12, et n'ayant pas mis tout le projet en cause, m'étant donc
tenu bien en de ça de ce que les règlements me permettaient et
que vous m'auriez permis vous, protecteur, des députés et tout
particulièrement de ceux de l'Opposition, je voudrais terminer ce bref
exposé où j'ai simplement voulu montrer aux députés
ministériels, aux membres du cabinet le vice contenu à l'article
12 qui abuse des agriculteurs.
Motion de report à trois mois
M. CARDINAL: Je voudrais, en terminant, proposer, appuyé par le
député de Témiscouata, que la motion de discussion soit
amendée en y retranchant le mot "maintenant" et en y ajoutant les mots
suivants: "dans trois mois". Merci, M. le Président. Il y a des copies
pour la présidence, le secrétariat, les membres du parti
ministériel et de l'Opposition.
M. LEVESQUE: L'improvisation n'a pas eu le temps de passer au
dactylographe.
M. PAUL: M. le Président...
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Maskinongé.
M. PAUL: Sur un rappel aux règlements. On nous reproche
d'être obligés d'écrire nos motions à la main. C'est
parce qu'on ne veut pas nous donner le service d'une secrétaire
après cinq heures du soir.
M. CARDINAL: Sur une question de règlement, n'oublions pas
qu'autrefois tout ce qui était authentique était
rédigé à la main. Par conséquent, les scribes,
depuis des millénaires, peuvent écrire des textes qui sont aussi
valides que ceux qui sont dactylographiés.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est moi qui l'ai écrit.
M. LE PRESIDENT: Tout ce que l'honorable député de Bagot,
mon ancien professeur, vient de dire est authentique, mais je me demande
vraiment comment l'honorable député de Maskinongé, de par
sa science, a pu invoquer le règlement sur la question posée par
l'honorable leader parlementaire.
M. PAUL: J'ai donné une réponse à une
question...
M. LE PRESIDENT: Il s'agit uniquement d'une question administrative qui
n'a rien à voir avec le règlement de la Chambre. Est-ce que la
Chambre est prête à se prononcer sur la motion d'amendement de
l'honorable député? Le député de Lafontaine.
M. LEGER: M. le Président... DES VOIX: "Filibuster."
M. LEGER: ... à l'amendement qui nous est proposé sur le
bill no 48, à l'effet que la motion en discussion soit amendée en
y retranchant le mot "maintenant" et en y ajoutant les mots suivants "dans
trois mois"...
Depuis le dépôt de cette loi, c'est-à-dire le 5
juillet, nous avons eu l'occasion de recevoir beaucoup de mémoires qui
ont permis au ministre des Affaires municipales de nous présenter une
loi corrigée, qui a tenu compte de plusieurs recommandations qui se
trouvaient dans les mémoires. Nous n'avons eu cette nouvelle version du
bill 48 que le 15 décembre. C'est donc dire que, le 15 décembre,
nous avons reçu une nouvelle formulation et nous devions
immédiatement commencer à étudier, article par article, ce
projet de loi.
Nous avons trouvé, pour être juste...
M. LEVESQUE: M. le Président, est-ce que le député
me permettrait une question?
M. LEGER: Oui.
M. LEVESQUE: N'est-il pas vrai que ce nouveau texte n'était que
le fruit des amendements qui ont été apportés à ce
projet de loi, à la suite des représentations faites en
commission parlementaire et des représentations de ceux qui ont
participé aux travaux de la commission?
M. LEGER: Il est vrai que c'est à la suite du contenu des
différents mémoires que le ministre nous a présenté
un projet de loi reformulé avec des amendements. Mais il faut quand
même admettre une chose...
M. LEVESQUE : Je demande la permission au député de
Lafontaine, n'est-il pas vrai...
M. LEGER: Avec toute ma collaboration, je vous écoute.
M. LEVESQUE: ... que ce même projet de loi aurait pu fort bien
être présenté sans réimpression, simplement en
ajoutant des papillons pour les amendements qui avaient été
suggérés en commission parlementaire? N'est-il pas vrai que cette
réimpression n'a été faite que pour aider les
parlementaires, les membres de cette Assemblée nationale, à
travailler avec plus de facilité, ayant un texte
réimprimé, mais que la même chose aurait pu se faire sans
réimpression, mais en ajoutant des papillons, fort nombreux j'en
conviens, au texte original? Même chose pour le bill 23 qu'on a
refusé aujourd'hui. C'était le même projet de loi, mais
nous avons voulu faciliter le travail des parlementaires, au lieu d'ajouter de
nombreux papillons qui étaient des amendements apportés de
concert avec tous les membres de la commission parlementaire, tenant compte des
représentations du public dans un grand sens de collaboration et de
démocratie.
M. LEGER: M. le Président, je suis d'accord pour dire dans un
grand sens de démocratie et de collaboration. Cela aurait pu être
seulement des papillons. Cela ne change pas quand même les lacunes dans
la loi. Deuxièmement, cela ne change pas le fait que nous n'avons eu la
nouvelle formulation que le 15. C'est la raison pour laquelle nous nous sommes
aperçus, et le ministre lui-même s'en est aperçu, au cours
de la réunion de la commission parlementaire, qu'encore beaucoup de
choses manquaient. Et lui-même, dans sa bonne foi, a corrigé
beaucoup d'articles à l'occasion de cette commission parlementaire.
M. LEVESQUE: Est-ce que je peux poser une dernière question?
M. LEGER: Allez-y, avec mon esprit de collaboration.
M. LEVESQUE : Le député de Lafontaine doit savoir que
cette motion de reporter ce projet de loi à trois mois n'a pas grand
chance d'être acceptée en cette Chambre. Par contre, il y a eu une
suggestion du Ralliement créditiste... Un instant, j'ai droit à
ma question permise par le député de Lafontaine. Par contre, le
Ralliement créditiste nous a proposé de disposer de ce projet de
loi et nous pourrions aborder ce soir le projet de loi du syndicalisme
agricole.
Alors, est-ce que le député serait prêt à
mettre de côté cette procédure inutile et futile afin de
passer à nos travaux et, particulièrement, à
l'étude du projet du syndicalisme agricole? Est-ce qu'il ferait
cela?
M. VINCENT: M. le Président, est-ce que je pourrais demander au
leader parlementaire, avant de passer...
M. BURNS: M. le Président, sur une question de
règlement.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre! L'honorable député
de Maisonneuve.
M. BURNS: Sur une question de règlement, encore une fois, je suis
au regret de souligner que de telles remarques sont de nature à tenter
d'imputer au député de Lafontaine, qui a la parole, des
intentions. L'intention manifeste qui apparaît ou qui est imputée
manifestement dans ce que le leader du gouvernement vient de dire, c'est que le
député de Lafontaine, parce qu'il oserait parler, ce qui est tout
à fait son droit et ce qui est d'abord une de ses fonctions.
C'est ce que le député de Lafontaine fait. Le leader du
gouvernement, par ce genre de remarques, lui impute une intention qui est,
à mon
avis malicieuse et qui n'est pas du tout dans l'esprit du
débat.
M. LEVESQUE: C'est mon privilège de député, M. le
Président, j'invoque le privilège, j'invoque mon
privilège. Il n'y avait rien de malicieux là-dedans. S'il trouve
quelque chose dans la question que j'ai posée au député de
Lafontaine et que le député de Lafontaine a acceptée comme
question, il n'y a rien de malicieux. Tout ce que j'ai dit, c'est qu'à
l'invitation du Ralliement des créditistes, je posais la question au
député de Lafontaine, à savoir s'il était
prêt à mettre de côté une motion que je
considère futile. Je lui ai posé la question: Est-ce que le
député pense qu'il a une chance de faire reporter le projet de
loi à trois mois? Evidemment, il n'avait pas de chance. C'est clair.
M. LEGER: Vous préjugez de nos arguments?
M. LEVESQUE: Alors, j'ai posé la question: Plutôt que de
faire ça ce soir, est-ce qu'on ne pourrait pas aborder l'étude du
projet de loi relatif au syndicalisme agricole? Est-ce qu'il y a quelque chose
de malicieux là-dedans, M. le Président? Le ministre de
l'Agriculture est là, il est prêt à procéder, tout
le monde est prêt à procéder, le Ralliement des
créditistes nous a posé la question. Qu'est-ce qu'il y a de
malicieux, M. le Président?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. BURNS: Il n'a rien compris à ce que j'ai dit.
M. LEVESQUE: J'invoque le privilège, mon privilège de
député, j'ai le droit de me défendre contre des
accusations à l'effet que de telles questions soient malicieuses. S'il y
a quelque chose de malicieux, c'est dans l'esprit de celui qui m'accuse
d'utiliser de la malice dans une question qui est remplie de bonne
collaboration. Au contraire, je tends la perche à nos amis d'en face,
voulant ainsi aider à faire un peu de progrès dans les travaux de
la Chambre. Cela fait neuf heures et 21 minutes qu'on parle en troisième
lecture sur le projet de loi no 48.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. BURNS: Si le leader du gouvernement m'écoutait et s'il
écoutait les autres personnes quand elles s'adressent à cette
Chambre...
M. LEVESQUE: Je suis le député. M. LE PRESIDENT: A
l'ordre!
M. BURNS: ... il ne déformerait pas M. le Président
et c'est en vertu de 270 que j'interviens maintenant il ne
déformerait pas les paroles et les interprétations des mots qui
sont utilisés. Je n'ai aucunement parlé d'intention malicieuse
chez lui, parce que ce n'est pas cela le règlement et le leader le
relira: 285, 19o: L'intention malicieuse, c'est celle qui est imputée,
à mon avis, au député de Maisonneuve par la question,
l'intention malicieuse étant de retarder de façon inutile
l'étude du projet de loi 64. Nous n'avons aucun problème à
discuter du projet de loi 64. Qui est-ce qui a l'initiative, M. le
Président, de déterminer quels projets de loi seront fixés
à l'agenda? Qui est-ce? C'est le leader du gouvernement.
M. LEVESQUE: C'est pourquoi je l'ai fait, dans le sens des
responsabilités qui sont les miennes.
M. BURNS: S'il était si pressé que cela, M. le
Président, il aurait pu ce matin appeler le projet de loi no 64. Il
aurait pu l'appeler ce matin. Pourquoi tout d'un coup est-il tout à fait
pressé? C'est lui qui a l'initiative, M. le Président, de les
appeler, les projets de loi. Voyons-donc, on ne prend pas des vessies pour des
lanternes.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Lafontaine.
M. SAMSON: M. le Président...
M. LE PRESIDENT: Sur la question du règlement?
M. SAMSON: M. le Président, je pense que je peux également
poser une question de privilège parce que j'ai été
visé par les propos. Or, comme vous avez permis à l'honorable
député de Maisonneuve de parler avant moi, je ne pouvais
pas...
M. LE PRESIDENT: Question de règlement. Mentionnez...
M. SAMSON: Mais, M. le Président, sur une question de
privilège...
M. LE PRESIDENT: Etablissez...
M. SAMSON: ... mon privilège de député, je ne
pouvais pas l'invoquer avant que l'honorable député de
Maisonneuve ait fini de parler. Je crois que j'ai le droit de savoir ce qu'a
dit exactement le leader du gouvernement. J'ai cru comprendre que le leader du
gouvernement disait dans les propos qu'il a tenus que c'était
l'intention du gouvernement de procéder à l'appel du bill du
syndicalisme agricole immédiatement après que nous aurions
disposé du bill 48. C'est ce que je veux savoir. Est-ce que j'ai bien
compris?
M. LEVESQUE: J'ai invité le député de Lafontaine
à mettre de côté une motion inutile
qui fait partie de cette obstruction systématique que nous avons
connue sur la troisième lecture du bill 48 et qui a duré plus de
neuf heures et vingt et une minute avant même qu'il intervienne. J'ai dit
: Si le député de Lafontaine veut mettre de côté
cette motion futile inutile et superflue, nous serions prêts à
proposer la deuxième lecture du projet de loi du syndicalisme agricole
dès maintenant.
M. SAMSON: Cela veut dire que vous êtes prêt à le
débattre dès maintenant.
M. LEVESQUE: Oui.
M. SAMSON: Merci. ... demain matin.
M. VINCENT: M. le Président, pourrais-je demander au
député de Lafontaine, avant qu'il ne réponde à la
question qui lui a été posée par le ministre de
l'Industrie et du Commerce...
M. LEVESQUE: En vertu de quoi, M. le Président?
M. VINCENT: C'est une question que je pose.
M. PAUL: L'article 286.
M. LEGER: Dans mon esprit de démocratie, j'écoute les
questions qu'on me pose. J'essaierai d'y répondre du mieux possible.
M. LE PRESIDENT: Posez votre question.
M. TETLEY: Vos petits caucus, faites-les en arrière.
M. VINCENT: Pourrais-je demander au député de Lafontaine
si, premièrement, il a vu ou s'il a en sa possession les amendements
qu'on nous promet sur la Loi du syndicalisme agricole? Deuxièmement, le
député de Lafontaine a-t-il en sa possession des
amendements...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, à l'ordre! A l'ordre! Si vous voulez
vous asseoir, s'il vous plaît.
Celui qui a la parole, actuellement, c'est l'honorable
député de Lafontaine.
M. LEGER: Cela ne parait pas.
M. LE PRESIDENT: Non, parce que vous êtes très
"permissible". Mais à ma connaissance, la question qui est devant la
Chambre est une motion concernant le bill 48, à moins que je ne me sois
pas rendu compte que nous soyons passés au bill 64... Vous posez une
question sur le bill 64.
UNE VOIX: C'est le leader qui nous a amenés là-dessus.
M. LEVESQUE: Je n'ai pas posé de question sur le bill 64. Je lui
ai demandé de retirer sa motion et d'adopter le bill 48.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, à l'ordre ! L'honorable
député de Lafontaine.
M. LEGER: M. le Président, le leader parlementaire m'a
posé une question, à savoir si je pensais avoir une chance de
faire adopter cette motion reportant le projet à trois mois et
préjugeant que je n'aurai pas d'arguments suffisamment forts pour
convaincre le gouvernement, il me dit: Passons à autre chose.
M. le Président, je lui ai donné un exemple. Il y a six
mois, nous avions proposé de reporter le projet à six mois. Le
ministre n'avait pas voulu le faire. Mais quand même, cela a pris six
mois pour écouter toutes les personnes qui ont présenté
des documents et cela a permis d'améliorer de beaucoup cette loi, mais
pas suffisamment à notre point de vue. Je crois que les amendements qui
ont été rejetés, ceux qui ont précédé
l'amendement suivant, maintenant qu'ils ont été rejetés,
nous ne pouvons pas y revenir. Mais il serait peut-être possible de
remettre l'étude de ce projet à trois mois pour bonifier cette
loi, améliorer les lacunes que je mentionnerai un peu plus loin.
M. le Président, en réponse à la question qui m'a
été posée tantôt, à savoir si je suis au
courant si nous avons des amendements à étudier lors de la
présentation du bill 64, je réponds que je ne les ai pas eus.
C'est sûr que nous ne voudrions pas laisser ce projet de loi et tomber
dans un autre sans savoir si les amendements que nous demandons depuis le 14
novembre sur le syndicalisme agricole, sont prêts et,
deuxièmement, si nous sommes d'accord pour les accepter et dire: Passons
pour le projet de loi actuel et acceptons le deuxième.
M. le Président, je dois quand même vous dire que cette loi
nous a été représentée le 15 décembre, il y
a deux jours. Nous avons remarqué beaucoup d'améliorations
à cette loi, au crédit du ministre des Affaires municipales, mais
il y a huit points majeurs qui devraient en être repensés et d'une
façon immédiate. C'est la raison pour laquelle nous pensons que
la remise à trois mois de ce projet de loi pourrait permettre au
ministre de corriger des situations dont lui-même ne s'est rendu compte
qu'à la dernière minute.
Nous avons reçu des amendements à la dernière
minute vers minuit moins dix, avant-hier, du ministre des Affaires municipales,
parce qu'il avait découvert à la dernière minute que cette
loi qu'il voulait une loi uniforme créait une injustice pour une dizaine
de municipalités. C'est donc dire qu'il a appris à la
dernière minute des conséquences de ce bill et nous a
proposé à la dernière minute des solutions. Ces solutions,
M. le Président, étaient absolument inacceptables. Nous avons vu
les conséquences
qui peuvent résulter de ces amendements pour les dix
municipalités de la Mauricie et du nord du Québec.
M. le Président, cette loi, en ce qui nous concerne, devrait
être une loi uniforme, mais elle est tellement remplie d'exceptions que
nous croyons qu'elle aurait beaucoup à regagner si elle était
reportée à trois mois.
Un autre point important de cette loi qui nous fait appuyer la motion
d'amendement du député de Bagot, c'est le fait que parmi toutes
les exceptions que cette loi permet, il y en a qui touchent des
problèmes des industries minières et des problèmes des
industries forestières. Je me demande, M. le Président, si le
ministère des Affaires municipales plutôt que de faire des
exceptions pour ces entreprises, ne devrait repenser, d'ici trois mois,
contacter les ministères de l'Industrie et du Commerce, de l'Agriculture
et de la Colonisation, des Terres et Forêts concernant les
problèmes de la forêt.
Justement, ce n'est pas au ministère des Affaires municipales
à subir les contrecoups des problèmes dans le domaine minier et
dans le domaine forestier. Cela devrait plutôt être des corrections
apportées par les ministères concernés que la Loi de
l'évaluation soit une loi uniforme pour tout le Québec.
M. le Président, ce que nous craignons et c'est une autre
raison pour laquelle nous désirons que cette loi soit reportée
à trois mois ce sont les exceptions qui nous ont
été présentées dans cette loi, et le fait aussi que
cette loi pourrait créer des conséquences malheureuses pour
d'autres personnes et qu'on soit obligé d'arriver, avec d'autres bills
privés, à des corrections qui seraient encore des exceptions
à cette loi qui devrait être une loi uniforme.
M. le Président, nous avions aussi proposé au ministre des
Affaires municipales de se servir de cette occasion qui lui était
offerte pour permettre l'évaluation des hôpitaux du Québec,
pour, par la suite, permettre aux municipalités de taxer et d'obtenir
des revenus supplémentaires provenant des hôpitaux qui seraient
taxés et, en même temps, permettre des revenus additionnels
provenant du gouvernement fédéral qui aurait pu, par sa Loi du
régime d'assurance hospitalisation fédérale, subventionner
la moitié des taxations que les municipalités auraient pu
obtenir.
En effet, M. le Président, le régime
d'assurance-hospitalisation du fédéral rembourse, selon le style
de la moitié des frais par lit d'hôpital, les dépenses de
l'hospitalisation. Si le ministre actuel avait eu la vigilance de permettre
l'évaluation des hôpitaux, nous aurions pu recueillir
indirectement par le fédéral la moitié de cette taxation
en augmentant le prix des lits de la valeur de ces taxations provenant des
municipalités. Et l'autre moitié que le gouvernement aurait eue
à payer, ça aurait pu être, dans les livres du
gouvernement, organisé de façon que ce soit diminué par
des subventions possibles.
De toute façon, M. le Président, le gouverne- ment
provincial actuel perd une bonne occasion de se faire rembourser une partie des
dépenses des hôpitaux par le biais de l'assurance-hospitalisation
du fédéral.
Nous avions proposé aussi et c'est la raison pour laquelle
je pense que cette loi reportée à trois mois pourrait corriger
cette anomalie des amendements pour empêcher la spéculation
inutile sur les terrains. Nous avions proposé un amendement qui allait
plus loin que celui du gouvernement, malgré que l'on doive admettre, en
toute bonne foi, que l'amendement du gouvernement était quand même
meilleur que le bill présenté précédemment.
Cependant, cela ne règle pas le problème de la
spéculation.
M. le Président, les deux problèmes majeurs qu'il me reste
à soulever sont les problèmes qui touchent l'article 105 et les
articles 12 et 21. Et c'est la raison pour laquelle nous voudrions que le
gouvernement reporte à trois mois son projet de loi pour trouver des
meilleures solutions à ce problème.
M. le Président, le problème relatif à l'article
105 est le suivant: le ministre s'est aperçu, à la
dernière minute, que cette loi générale pour 1,585
municipalités du Québec créerait une injustice dans 10 de
ces municipalités, et il nous disait tout bonnement, candidement, que
c'était une loi pour les 1,585 et que ces dix devaient en subir les
conséquences. Il avait trouvé à la vapeur une solution
temporaire en imposant une taxe qui diminuerait d'année en année
durant les seize prochaines années. Et ça créait un
problème majeur chez la plupart de ces municipalités qui
n'avaient pas toutes le pouvoir de taxation au niveau de la taxe d'affaires
pour pouvoir récupérer en entier la perte qu'elles avaient
à subir pour les entreprises qui avaient eu une entente à ce
moment-là entre la municipalité et l'entreprise.
En effet, M. le Président, les entreprises payaient pour la taxe
de l'équipement un montant assez élevé. Une entente avait
eu lieu, entre municipalités et entreprises, pour enlever cette taxe sur
l'équipement et la remplacer par une compensation, mais d'un montant
inférieur à la taxe que ces entreprises payaient auparavant.
J'entendais le député de Saint-Maurice nous dire que dans un cas
il y avait une taxe qui rapportait environ $1 million et quelques dollars
à la municipalité; l'entente avait été qu'on ne
payait environ qu'une compensation de $491,000 comparativement au million et
quelques dollars selon la taxe. La compagnie s'était engagée
à réinvestir le produit de l'économie de cette taxe dans
le domaine de la municipalité, pour créer de meilleurs
emplois.
La ville avait accepté de bonne foi et le député de
Saint-Maurice nous déclarait qu'il n'avait absolument pas revu ces
investissements dans le milieu. Cependant, M. le Président, cette taxe
minimum était absolument essentielle pour les municipalités.
Mais, l'amendement présenté par le ministre des Affaires
municipales va tout simplement causer une dégradation de la taxe
pendant les seize prochaines années. Ces
municipalités-là se retrouveront chaque année avec un
manque à gagner pour satisfaire aux obligations municipales et elles ne
peuvent pas remplacer cela pour la plupart d'entre elles.
M. le Président, je pense que cet amendement a été
présenté à la vapeur; c'est une politique à courte
vue, parce qu'on n'a fait qu'éteindre les feux au lieu de les
prévoir. Je pense que l'amendement du député de Bagot
serait justement bien vu, à temps, pour permettre au ministre des
Affaires municipales de repenser un amendement supérieur et ainsi
permettre aux municipalités de compenser les taxes qu'elles perdent par
cette loi.
M. le Président, il reste encore le point majeur, c'est celui de
l'article 21 et de l'article 12. Dans le premier projet de loi qui nous avait
été présenté, le 5 juillet, on disait que les
terrains seraient évalués à 100 p.c. de la valeur, alors
que dans le nouveau projet de loi qui nous a été soumis il y a
deux jours on gardait encore le même critère et il n'y avait aucun
changement. Mais où il y avait un changement, et c'est la raison pour
laquelle nous croyons que c'est une erreur de le faire, parce que ça
peut causer des dommages graves aux cultivateurs, c'est que, dans le premier
projet de loi no 48, les bâtiments n'étaient pas
évalués, tandis que dans le nouveau projet de loi on les
évalue à 50 p.c. de leur valeur. C'est donc dire, que c'est une
augmentation de taxes, que même si...
M. LE PRESIDENT: Excusez-moi, je vous ferais remarquer que c'est un
débat de troisième lecture que vous avez actuellement, et vous
allez au fond. Je voudrais vous demander pour quelle raison vous voulez que ce
soit remis à trois mois?
M. LEGER: M. le Président, c'est une mauvaise taxe, c'est un
mauvais critère. Nous savons que les cultivateurs, l'UCC sont
déjà venus à la première commission parlementaire.
Il y aurait possibilité, depuis qu'ils sont au courant parce
qu'on l'a su il y a deux jours qu'il y avait une augmentation dans
l'évaluation des bâtiments des fermes de venir s'exprimer
ici pour dire que ceci amène des conséquences graves. Si je
demande de reporter ça à trois mois, c'est parce que ça va
permettre au gouvernement d'entendre, de la bouche même de ceux qui sont
directement impliqués, les conséquences de cette nouvelle
présentation du projet de loi.
Je pense que c'est très important. D'ailleurs, je disais aussi
cet après-midi qu'il y a dans ce domaine-là quelque chose de
très important qui devrait être repensé par le
ministère des Affaires municipales. C'est le fait que les cultivateurs,
comparativement aux personnes qui sont propriétaires dans les
municipalités, ont une taxe absolument injuste pour les deux. M. le
Président, si c'était remis à trois mois, le
ministère des Affaires municipales pourrait nécessairement se
rendre compte que les villageois payent deux fois moins de taxes que les
personnes qui ont une terre. Et c'est d'autant plus grave que je me suis
laissé dire dernièrement que les villageois peuvent compenser
cette taxe quand ils sont en affaires par le prix de vente, alors que le
cultivateur, son instrument de travail c'est sa terre. Il ne peut pas, s'il
veut revendre, inclure dans le prix de sa terre toutes les taxes qu'il a
payées alors que lui aussi c'est son instrument de travail, la
terre.
Tandis que celui qui demeure dans un village, il a une maison, il est
taxé sur sa maison et son instrument de travail peut être autre
chose. Le cultivateur, son instrument de travail, c'est la terre. Je pense que
c'est un problème majeur de taxation. Tout cela mis ensemble nous pose
le problème suivant: le gouvernement devrait prendre le temps, justement
durant les trois mois qui lui sont donnés, de corriger ces anomalies
absolument inacceptables pour les cultivateurs.
Nous avons rencontré plusieurs d'entre eux; plusieurs nous ont
téléphoné et nous ont dit que cette loi contient des
anomalies tellement graves qu'il ne faudrait pas qu'elle soit adoptée
telle quelle. Nous sommes d'accord pour dire que le projet de loi est une
amélioration, qu'il était une nécessité. Nous avons
voté pour le principe en deuxième lecture, mais étant
donné qu'il vous est donné la chance de corriger ces anomalies
dans le projet de loi, nous croyons, même si dans l'ensemble il est une
bonne chose, qu'il faut donner l'occasion aux parties directement
concernées par ce projet de loi de venir s'exprimer devant le
gouvernement. Les trois mois que nous proposons comme délai seraient
peut-être suffisants pour apporter une loi qui satisferait encore plus de
gens et qui permettrait au gouvernement de montrer jusqu'à quel point il
accepte la participation dans la présentation de ses lois.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Nicolet.
M. VINCENT: M. le Président, en me levant j'ai entendu certains
députés en face de moi dire: Encore! Oui, encore.
UNE VOIX: Jamais trop.
M. VINCENT: J'approuve et j'appuie entièrement l'amendement
proposé par le député de Bagot. Ce n'est pas seulement le
rôle de l'Opposition, mais son devoir de défendre jusqu'au dernier
point de règlement ce que nous croyons juste. C'est notre devoir et non
pas seulement notre rôle.
Nous avons, je le répète, constaté hier au cours de
la journée qu'il y avait dans cette loi, dont nous acceptons le principe
et pour laquelle nous félicitons le gouvernement, des lacunes dans
certains articles, qui, dans leur interprétation, peuvent causer de
graves préjudices à des
groupes de citoyens de la province. Pourquoi reporter la
troisième lecture à trois mois? D'abord parce qu'il est
absolument impossible, dans le contexte actuel, à l'intérieur de
nos règlements, de retourner devant la commission parlementaire puisque
nous en avons disposé.
Donc, la seule alternative qu'il nous reste pour remplir notre devoir
d'Opposition, c'est de demander de reporter la troisième lecture du bill
no 48 à trois mois. Cette période de trois mois permettra au
ministre des Affaires municipales comme le lui ont demandé non
pas seulement les députés qui siègent de ce
côté-ci de la Chambre mais également des
députés qui siègent de son côté, certains de
ses collègues de réétudier l'article 12, l'article
21 et certains autres articles afin d'enlever, s'il y a lieu, cette
obscurité que nous croyons être un grave préjudice pour
certains groupes de citoyens, afin d'éclaircir ces articles et de dire
d'une façon précise pour quelles raisons le gouvernement veut
changer d'une façon telle l'évaluation foncière de ce
groupe de citoyens de la province de Québec, soit les agricultuers.
Nous ne sommes pas les seuls à le demander de ce
côté-ci, même certains de son propre groupement le
demandent.
Je sais et le ministre pourra me le confirmer, je n'ai pas
l'intention de lire des télégrammes que cet avant-midi, il
a reçu un télégramme de la part de l'Union catholique des
cultivateurs, qui doit être reconnue comme le principal porte-parole des
agriculteurs du Québec par une loi dont nous attendons les amendements
depuis le 14 novembre.
Cet organisme, qui doit être reconnu comme le principal
porte-parole des agriculteurs du Québec, a demandé au ministre
des Affaires municipales, cet avant-midi, sans savoir que l'Opposition, hier
soir, avait proposé des amendements, a demandé au ministre de le
rencontrer, de discuter avec lui des implications de l'article 12 et de
l'article 21, afin de lui faire comprendre les incidences de ces articles sur
cette collectivité que nous voulons et que nous espérons
protéger. Je suis certain que le ministre, s'il n'était pas pris
en cette Chambre, s'il n'avait pas à discuter le bill 48, se ferait un
devoir et un plaisir de rencontrer les dirigeants de l'Union catholique des
cultivateurs.
Il faut qu'il les rencontre, comme il a l'habitude de le faire, d'une
façon polie, courtoise, et même je dois lui rendre cet hommage que
généralement il répond rapidement à ces demandes
d'entrevues.
Nous pourrions reporter cette loi parce que cela ne sera pas le temps de
rencontrer les dirigeants de l'UCC lorsque nous aurons terminé la
troisième lecture, lorsque la loi sera sanctionnée. A ce
moment-là, M. le Président, si nous l'acceptions en
troisième lecture, si la loi était sanctionnée, il
faudrait que le ministre des Affaires municipales, après cette rencontre
avec les dirigeants de l'UCC, après cette rencontre avec les
députés de son côté et de ce côté-ci de
la
Chambre, nous revienne avec un amendement à la prochaine session
afin de corriger ces incidences de l'article 12 et de l'article 21 en ce qui
concerne les agriculteurs.
Vous voyez tout de suite que ce serait faire perdre le temps de cette
Chambre que de nous revenir à la prochaine session et de nous avouer,
après ces nombreuses consultations qu'il y aurait pendant cette
période des fêtes et après les fêtes, qu'il y avait
eu des erreurs je le répète que nous avons
décelées hier seulement. Ce serait faire perdre le temps de cette
Chambre que de revenir avec une autre loi amendant le bill 48.
C'est pour ça que nous ne voulons pas adopter cette loi, en
troisième lecture, que nous ne voulons pas que le lieutenant-gouverneur
de cette province signe cette loi et avoir à lui redemander la
même chose dans quelques mois, à cause d'un amendement qu'on
apporterait pour corriger certaines lacunes. Le ministre ne l'a pas
confirmé mais il va le faire tout à l'heure, il a certainement
sur son bureau un télégramme de l'Union catholique des
cultivateurs lui demandant une rencontre. Il me fait signe que oui. Le ministre
va également me signifier que si nous n'étions pas pris en cette
Chambre par une loi aussi importante, il aurait consenti, de bonne grâce,
à cette demande d'entrevue. Le ministre me fait signe que oui.
Si cette demande d'entrevue était accordée avant la
troisième lecture de la loi, cela empêcherait le ministre de dire
à l'UCC: C'est bien dommage, la loi est adoptée. Il leur dirait:
Nous allons regarder cela ensemble et, si vous me faites la preuve qu'il y a
des lacunes, des incidences graves dans cette loi, nous apporterons les
correctifs nécessaires. D'ailleurs le ministre l'a déjà
fait. Il l'a confirmé. Lorsqu'on lui fait la preuve qu'il y a des
incidences graves concernant certains groupes, il a assez de courage pour
apporter des amendements et des corrections.
Donc, je suis certain que c'est ce que ferait le ministre; si on lui
faisait la preuve que ces incidences sont graves, vont causer un
préjudice important aux agriculteurs du Québec, il apporterait
des corrections au bill 48.
Je pense que le ministre pourrait continuer à faire signe que
oui. Mais pour apporter ces corrections, il faudrait que le ministre retourne
à son bureau et aimablement, comme il a l'habitude de le faire, donner
rendez-vous aux dirigeants de l'UCC. Aimablement, comme il a l'habitude de le
faire, discuter avec eux. Aimablement, comme il a l'habitude de le faire,
écouter leurs points de vue. Aimablement, comme il a l'habitude de le
faire, leur dire: Vous faites la preuve ou vous ne faites pas la preuve qu'il y
a une incidence qui vous cause préjudice.
Si, après cette entrevue, on n'a pas réussi à lui
faire la preuve que cela cause un préjudice grave et sérieux, je
suis certain que le ministre va leur dire, aimablement: C'est bien
regretta-
ble, nous allons adopter la loi telle quelle. Nous avons l'intention de
procéder de cette façon. C'est ce que nous entendons faire. Mais
si, d'un autre côté, on lui fait la preuve qu'il y a un
préjudice grave pour ce groupe, le ministre va leur dire, encore une
fois aimablement: Je vais apporter les corrections.
Mais là, si la loi était votée, vous pouvez voir
jusqu'à quel point le ministre serait placé dans l'embarras. Le
ministre dirait je n'ai pas le droit de le dire: Mais quelle erreur! Je
n'ai pas le droit de qualifier l'erreur, mais il dirait: Quelle erreur! Je vais
être dans l'obligation c'est le ministre qui parle de
retourner devant le conseil des ministres, lui demander une acceptation de
principe pour apporter un amendement au projet de loi que nous avons
adopté à la dernière session, qui était le projet
de loi no 48. Le conseil des ministres se prononcerait sur le principe. Le
ministre serait obligé de retourner cela devant le comité de
législation. Le comité de législation préparerait
un projet de loi. Le projet de loi serait inscrit à l'ordre du jour, au
feuilleton. Le projet de loi serait lu une première fois. Le projet de
loi serait lu une deuxième fois, déféré à la
commission des Affaires municipales, reviendrait devant la Chambre en
comité plénier, serait voté en deuxième lecture et,
enfin, nous reviendrions en troisième lecture. Là, on ferait
perdre le temps de la Chambre. Je suis convaincu que ce n'est pas ce que veut
le ministre. Ce que le ministre veut, c'est d'avoir la meilleure loi. Ce que le
ministre veut, c'est d'aller dans tous les coins de la province, rencontrer les
maires de la Mauricie, rencontrer les agriculteurs de la Gaspésie,
rencontrer les agriculteurs de Montréal, dans la plaine fertile
adjacente à la métropole, rencontrer les agriculteurs de Joliette
et leur dire: Enfin, nous avons adopté une loi qui est à votre
avantage. Une loi que vous attendiez depuis nombre d'années, une loi qui
est, en tous points, conforme à la commission royale d'enquête
Bélanger, une loi qui répond au désir que vous avez
exprimé à votre dernier congrès général de
l'UCC et pour laquelle le ministre de l'Agriculture, le député de
Champlain a pris position et a dit, au mois de novembre dernier: Nous sommes
d'accord que nous devrions adopter une loi qui va exempter l'outil de travail
de l'agriculteur.
Nous rendrions ainsi service au ministre des Affaires municipales si
tout le monde consentait à retarder cette législation pour trois
mois. Nous ne pouvons faire autre chose. Parce que la Chambre a disposé
de l'amendement à l'effet d'aller devant la commission parlementaire,
nous ne pouvons y aller pour aucune considération. Les
députés ne veulent pas cela. Le devoir de l'Opposition est
d'aller jusqu'au bout quand nous croyons défendre une chose, quand nous
croyons qu'une chose ne devrait pas être dans une loi. Nous allons, par
cet amendement proposé par le député de Bagot, rendre
service au ministre des Affaires municipales, aux dépu- tés qui
siègent en face de nous, dont quelques-uns sont même, je dirais,
traumatisés par cette question.
Je fais appel à un de mes bons amis, le ministre des Affaires
culturelles, qui, très souvent, je le sais, est un des défenseurs
de la classe agricole, qui est même propriétaire d'une ferme dans
le comté de Vaudreuil-Soulanges et qui, j'en suis convaincu, est
probablement, malgré les apparences extérieures trompeuses dans
ce domaine, le plus près des cultivateurs parmi les membres du
cabinet.
M. DEMERS: C'est un habitant né.
M. VINCENT: Je suis certain que lorsqu'il est question d'agriculture au
conseil des ministres, le ministre des Affaires culturelles est un de ceux qui
prennent la défense et Dieu sait qu'il en a besoin du
ministre actuel de l'Agriculture devant ses collèges. M. le
Président, en plus du ministre des Affaires municipales, le ministre des
Affaires culturelles retournerait sur sa petite ferme en fin de semaine
présentement pour faire du ski-doo probablement et un peu plus tard pour
cultiver les fleurs, voir les arbres et voir l'herbe pousser, rencontrer les
autres agriculteurs et leur dire: Nous avons constaté que dans le bill
no 48, à certains articles vous étiez pénalisés
outre mesure, nous n'y avions pas pensé avant hier. Quand c'est
arrivé devant nous, nous n'avions pas constaté l'importance de
cette incidence qui crée une situation qui sera intolérable pour
les agriculteurs du Québec.
M. le Président, si nous regardons les précédents
qui ont été créés par des lois dans le passé
dans le domaine de l'évaluation, dans la Loi des cités et villes
on avait mis une limite de $100 l'arpent, et ces $100 l'arpent, c'était
la limite maximum. On incluait les bâtiments de ferme, la maison
familiale et tout l'équipement et c'était limité à
$100 l'arpent dans la Loi des cités et villes.
M. GARNEAU: Pas les bâtiments.
M. VINCENT: Oui, les bâtiments, l'équipement...
M. RUSSELL: La maison.
M. VINCENT: " Telle terre ne peut être évaluée
à plus de $100 l'arpent si elle a une superficie de quinze arpents ou
plus. Cette évaluation comprend la maison qui sert à l'habitation
du cultivateur et dont la valeur n'excède pas $10,000, ainsi que les
granges, écuries et autres bâtiments servant à
l'exploitation de ladite terre." Vous avez cela à l'article 523, page
442, chapitre 193.
M. GARNEAU: C'est cela. Avec un maximum de $100.
M. VINCENT: Pardon?
M. GARNEAU: Avec un maximum de $100.
M. VINCENT: Avec un maximum de $100 l'arpent. Je pense que pour un
ministre de l'Agriculture, le ministre des Finances est toujours l'ami le plus
cher qu'on ne peut pas avoir, parce qu'il est trop loin. Il s'occupe des
budgets, il ne comprend pas les problèmes de l'agriculture. Je crois, M.
le Président que si le ministre des Finances actuel regardait
attentivement, comme il l'a fait il y a quelques instants, l'article 523,
deuxième paragraphe, il verrait qu'il y a ce maximum de...
M. LE PRESIDENT: La motion, s'il vous plaît.
M. VINCENT: Excusez-moi, M. le Président. C'est vrai. M. le
Président, cela permettrait au ministre des Finances, si on retardait la
troisième lecture du bill 48 de trois mois, de lire attentivement cet
article, de relire attentivement l'article 21 et de faire lui-même ses
propres représentations au ministre des Affaires municipales. En plus de
rendre service au ministre des Affaires municipales, au ministre des Affaires
culturelles, le ministre des Finances serait bien vu des agriculteurs du
Québec. On dirait: Enfin, un ministre des Finances qui comprend les
problèmes des agriculteurs de la province de Québec. Il
deviendrait, j'en suis convaincu, l'un des alliés les plus
précieux du ministre de l'Agriculture, qui, j'en suis convaincu, est
malheureux présentement. Je le sais, je le sens.
Le ministre de l'Agriculture aimerait avoir le temps, si on retardait la
troisième lecture de trois mois, d'en discuter avec les
représentants de l'UCC, d'en discuter avec ses collègues, d'en
discuter avec les membres de l'Opposition, de rencontrer le ministre des
Affaires municipales, de mettre le doigt sur des articles du bill 48, de dire:
Voici, M. le ministre des Affaires municipales, si ce bill 48 est
accepté, qu'est-ce qui se passe dans tel cas? Il prendrait le temps de
l'étudier d'une façon exhaustive et même plus. Pendant
cette période de trois mois, le ministre de l'Agriculture, le ministre
des Affaires municipales et le ministre des Finances pourraient se
réunir avec les agriculteurs, dans une salle, installer devant
l'assistance un immense tableau et faire des comparaisons: Qu'est-ce qui arrive
avec une ferme de telle étendue, de telle superficie, de tel
équipement? Qu'est-ce que cela donne comme résultats, comme
évaluation? Ils auraient trois mois pour faire des comparaisons. Non pas
brusquer, M. le Président, ces hommes qui se dévouent
présentement à conserver une partie de leur budget.
Nous le savons, M. le Président. A ce temps-ci de l'année,
c'est une bataille rangée pour conserver une partie du budget que chaque
ministre doit avoir pour répondre aux besoins des populations qu'ils
représentent.
Si nous retardions cette législation de tois mois, parce que
c'est le seul moyen qui reste à notre disposition pour non pas remplir
notre rôle mais accomplir notre devoir, cela leur permettrait, ensemble,
de faire des tableaux, de faire des comparaisons et de se poser les questions:
Quels seront les résultats concrets d'une telle législation
appliquée en milieu rural? Quelles seront les réactions de ces
centaines, de ces milliers d'agriculteurs qui réclament depuis plusieurs
années un meilleur système d'évaluation foncière?
Quelle sera leur réaction? Au lieu d'en arriver à leur donner en
partie ce qu'ils demandent, on les oblige à payer beaucoup plus que ce
qu'ils payaient. On leur donne une petite exemption et on leur demandera:
Pourquoi n'êtes-vous pas d'accord? Pourquoi préférez-vous
telle chose à telle autre?
C'est durant cette période de quiétude, de
tranquilité, après avoir discuté les budgets, les avoir
fait accepter par le conseil des ministres, après avoir passé la
période des Fêtes que nous pourrions nous réunir. Le
ministre des Affaires municipales sera obligé de nous proposer un
amendement au mois de mars ou au mois d'avril, si on ne retarde pas la
législation de trois mois; je vous le prédis ce soir, le 17
décembre 1971. Le député des Iles-de-la-Madeleine trouve
cela drôle.
M. LACROIX: Vous aviez dit cela le 17 mars, l'an passé, mais vous
avez pris la plus belle culbute parce que tout le monde savait que vous
n'étiez pas francs, que vous n'étiez pas honnêtes. Le
travail que nous faisons à l'heure actuelle, c'est votre faute.
C'est parce que vous ne l'avez pas fait durant le temps que vous avez
occupé la responsabilité de ministre de l'Agriculture...
M. LE PRESIDENT (Hardy): A l'ordre!
M. VINCENT: M. le Président, est-ce que les paroles
employées par le député des Iles-de-la-Madeleine sont
parlementaires, quand il dit, en s'adressant à moi, que je
n'étais pas franc, que je n'étais pas honnête, que
j'étais fou...
M. LACROIX: Je n'ai pas dit ça mais je le pensais quasiment.
M. VINCENT: Est-ce que c'est parlementaire, M. le Président?
M. LACROIX: Si ce ne l'est pas, je retire mes paroles, M. le
Président.
M. VINCENT: D'accord. M. le Président, je remercie le
député des Iles-de-la-Madeleine et d'ailleurs je l'invite
toujours dans mon comté parce que, chaque fois qu'il vient, je triple ma
majorité.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre
M. LACROIX: C'est faux! La prochaine
fois, on va se débarrasser de vous, ne vous fatiguez pas.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LACROIX: Vous ne réussirez pas à acheter la population
de Nicolet à chaque élection.
M. VINCENT: Acheter?
M. LACROIX: Oui, avec les budgets de la colonisation.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. VINCENT: M. le Président, est-ce que le député
des Iles-de-la-Madeleine peut prouver, de son siège de
député, ce qu'il vient d'avancer, que j'ai acheté la
population du comté de Nicolet avec les budgets de la colonisation?
M. LACROIX: Il se dépensait plus d'argent pour la colonisation
dans votre comté où il n'y en a pas qu'il ne s'en
dépensait dans le reste de la province. Et on pourra peut-être
faire demander à la compagnie Genico de venir comparaître.
M. VINCENT: M. le Président, sur une question de privilège
personnel.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. VINCENT: Le député des Iles-de-la-Madeleine vient de
lancer une accusation sérieuse. Il a dit, de son siège de
député, que j'avais acheté la population du comté
de Nicolet...
M. LACROIX: Vous avez toujours fait ça, l'Union nationale.
M. VINCENT: ... aux dernières élections avec les budgets
de la colonisation. Est-ce que le député des Iles-de-la-Madeleine
peut prouver cette accusation? C'est assez grave.
DES VOIX: Debout!
M. LACROIX: C'est facile de prouver que depuis de nombreuses
années l'Union nationale n'a survécu que grâce à
l'achat des consciences et des votes, par la peur, par le régime du
crois ou meurs.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. VINCENT: M. le Président, sur une question de privilège
personnel.
Pour la troisième fois, je vous demande, M. le Président,
si le député des Iles-de-la-Madeleine, qui vient de m'accuser
d'avoir acheté la population du comté de Nicolet aux
dernières élections avec les budgets de la colonisation du
ministère de l'Agriculture, peut prouver ce qu'il avance? Parce qu'on
sait, M. le Président, tout ce qu'il y a de procédure à
suivre pour faire approuver des budgets et dépenser des sommes d'argent.
Est-ce que le député des Iles-de-la-Madeleine supporte son
accusation? S'il la supporte, M. le Président, qu'il soit assez homme,
assez honnête pour la prouver.
M. PAUL: M. le Président, sur un rappel aux règlements. Je
me demande comment cela se fait que vous n'êtes pas encore intervenu
lorsque la réputation d'un député est en jeu. Vous restez
assis, lâchement, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Si j'avais interrompu l'honorable
député de Nicolet, il aurait été le premier ou l'un
d'entre vous à me reprocher de l'interrompre. A l'ordre, s'il vous
plaît!
Faites une motion en vertu du règlement.
Ce n'est pas très facile pour le président de faire
maintenir l'ordre, quand l'ancien président fait ce qu'il fait!
L'honorable député des Iles-de-la-Madeleine sait
très bien que s'il a à apporter...
A l'ordre
Est-ce que le député de Maskinongé désire
que je rende une décision ou non?
Le député des Iles-de-la-Madeleine sait très bien
que s'il a une accusation formelle à formuler à l'endroit d'un de
ses collègues, il doit le faire en vertu de l'article 196...
M. VINCENT: Rappelez-vous du juge Hamel et de Yves Gabias.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Si le député des
Iles-de-la-Madeleine n'a pas l'intention de se prévaloir des
dispositions de l'article 196, je suis convaincu qu'il consentira à
retirer les propos qu'il a tenus tantôt.
M. LACROIX: M. le Président, j'ai toujours été
respectueux de la présidence. Les propos que j'ai tenus je les retire.
J'irai dans le comté de Nicolet puis je les répéterai.
M. PAUL: M. le Président...
M. LACROIX: A ce moment-là, il n'y aura pas d'immunité
parlementaire.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Le député de Nicolet.
UNE VOIX: Vous irez en prison, ce sera votre place.
M. VINCENT: M. le Président, en ce qui concerne l'amendement
proposé par le député de Bagot...
M. TETLEY: M. le Président, j'invoque le règlement. Oui,
l'article 154 du règlement. Le député de Maskinongé
a employé le mot, "lâchement", contre le président de la
Chambre
et je demande qu'il retire ses paroles. Je cite l'article 154, et je
demande humblement qu'il retire ses paroles. Je vais lire l'article: "La
conduite du lieutenant-gouverneur, de l'orateur, du président des
comités ou d'un membre de l'une ou de l'autre Chambre ne peut être
mise en question que par une motion directe, de fond et préalablement
annoncée".
Je demande, sur une question de privilège, que le
député de Maskinongé retire ses paroles.
M. LE PRESIDENT: Quelles paroles.
M. TETLEY: Il a proféré certaines bêtises que je ne
répéterai pas, mais une autre que je répète,
c'était lâche ou lâchement, ou lâcheté à
l'endroit du vice-président de la Chambre, lorsqu'il siégeait
comme président.
M. LE PRESIDENT: Je n'étais pas au fauteuil lorsque ça
s'est commis, mais je vais demander au député de
Maskinongé, libre à lui de me répondre, et je prendrai sa
parole, si ce fait est véridique ou non.
Est-ce qu'il a tenu à l'égard de celui qui occupait le
fauteuil, ce qualificatif?
M. PAUL: M. le Président, je n'ai jamais eu peur de mes
responsabilités. Vous me posez une question je dois répondre
oui.
M. LE PRESIDENT: A l'adresse de celui qui me
précédait?
M. PAUL: Oui, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Je connais quand même la gentilhommerie
habituelle du député de Maskinongé. Pour le poste, pas
pour la personne, pour le poste que représente la présidence de
la Chambre ou la vice-présidence, la présidence des
comités, je trouve ce qualificatif un peu fort. Est-ce que je pourrais
demander au député de Maskinongé de retirer ce
qualificatif?
M. PAUL: M. le Président, pour le poste oui, pas pour la
personne.
UNE VOIX: C'est gentil.
M. LE PRESIDENT: Le député de Nicolet.
M. VINCENT: M. le Président, n'eût été cette
intervention malheureuse, j'aurais certainement fini d'essayer de convaincre le
gouvernement actuel de se pencher sur cette question primordiale importante,
à un point tel, je le prédis ce soir, le 17 décembre 1971,
que si le bill 48 n'est pas retardé de trois mois, pour la
troisième lecture, nous serons obligés de revenir à la
prochaine session avec un amendement afin de donner justice aux agriculteurs du
Québec.
Je le dis ce soir, M. le Président, avec toute la
sincérité dont je suis capable et avec l'expérience que
j'ai dans le domaine agricole, le premier ministre, le ministre des Finances,
le cabinet, à compter de la semaine prochaine, si le projet de loi est
adopté en troisième lecture, seront bombardés de demandes,
de télégrammes, de lettres, de demandes d'entrevues de toutes les
régions de la province.
A ce moment-là, lorsque le premier ministre aura rencontré
les représentants des agriculteurs des agriculteurs non seulement
de la région de Québec mais de toutes les régions
il sera dans l'obligation de demander qu'on apporte un amendement au bill 48
dès le début de la prochaine session. Je le dis, M. le
Président, connaissant le monde agricole, connaissant la situation,
connaissant le problème. A ce moment-là, le gouvernement fera
figure de retrait dans la législation du bill 48 tandis que ce soir,
nous aurions pu, avant le vote sur la motion, référer deux ou
trois articles à la commission parlementaire, régler le
problème, revenir devant la Chambre demain adopter le bill 48 et la
question aurait été réglée.
Là, la seule option que nous avons est de référer
ce projet de loi pour une troisième lecture à trois mois afin
d'éviter que le premier ministre soit surchargé, comme il l'est
à l'heure actuelle, avec toutes sortes de demandes mais des demandes
encore plus pertinentes de la part des agriculteurs dans le domaine de
l'évaluation foncière. J'en suis convaincu et je vous le
prédis ce soir. Il y a des agriculteurs et des représentants de
l'UCC qui ont assisté aujourd'hui aux débats de cette Chambre; il
y en a qui liront les débats demain, la semaine prochaine, dans quinze
jours, il y aura des réunions dans toute la province et ce sera
probablement je le regrette le ministre de l'Agriculture actuel
et peut-être le premier ministre qui connaîtront ce que j'ai connu
au Patro Roc-Amadour pendant cinq jours, en 1968. Je ne souhaite à aucun
ministre du gouvernement actuel ni non plus le premier ministre de
connaître cinq jours de manifestations continues, sans arrêt, au
Patro Roc-Amadour de Québec, comme je l'ai vu en 1968.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Saint-Marie.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président, j'appuie
l'amendement qu'a proposé le député de Bagot, à
savoir que l'étude en troisième lecture du projet de loi soit
remise à trois mois.
Je pense que nous avons de bonnes raisons de le faire. Les arguments que
vient de nous servir le député de Nicolet, je l'espère,
ont convaincu quelques-uns des gens d'en face. Les discussions qui ont eu lieu
dans cette Chambre cet après-midi sur les amendements que nous avions
proposés nous prouvent que l'accord n'est pas unanime dans cette Chambre
pour l'adoption du bill 48. Pour cette raison, nous devrions
référer l'étude de ce projet de loi à trois
mois.
Cet après-midi, on a même fait mention de
télégrammes, on a discuté de l'interprétation de
certains télégrammes envoyés par des maires de
localités de la Côte-Nord, du comté de Saint-Maurice.
On a discuté de télégrammes, de demandes qui ont
été faites par les représentants de l'UCC qui parlent au
nom des cultivateurs du Québec. Je pense que tous ces arguments auraient
dû suffir à convaincre le ministre des Affaires municipales de
convoquer la commission parlementaire afin d'étudier les articles que
nous discutons présentement.
Je me demande si le ministre des Affaires municipales, si le ministre de
l'Agriculture qui est censé prendre l'intérêt de la
classe agricole, il est ministre de l'Agriculture sont conscients
réellement de certains articles de ce projet de loi.
C'est pour leur donner le temps d'étudier davantage le projet de
loi, c'est pour leur donner le temps d'étudier les conséquences,
les implications de certains articles dans le projet de loi que nous appuyons
la motion du député de Bagot et que nous demandons que
l'étude soit reportée à trois mois.
On nous dit que nous faisons un filibuster, on nous dit que nous voulons
tuer le temps de la Chambre. Ce n'est pas mon intention du tout. Je vois rire
le premier ministre. C'est complètement faux les intentions que vous
nous prêtez.
Nous avons reçu la nouvelle version du projet de loi. Nous
l'avons étudiée, pas seuls, avec d'autres, avec des gens qui
connaissent les implications d'un projet de loi. On nous a dit que cette loi
était mauvaise dans certains articles pour la classe agricole du
Québec. Je ne me fie pas simplement à mon jugement. Nous avons
consulté des chefs de l'UCC. J'ai rencontré des cultivateurs.
J'ai fait huit appels téléphoniques aujourd'hui dans la
région de Montréal pour consulter des conseillers juridiques,
consulter des gens qui vont être concernés par le projet de loi.
Tous m'ont dit que cette loi-là n'était pas à point,
qu'elle devrait être étudiée de nouveau. On nous dit que
nous nous amusons, on nous dit que nous faisons perdre le temps de la
Chambre.
Je le répète encore une fois, ce n'est pas mon intention.
Mon intention est de convaincre le ministre, de convaincre les gens d'en face
qu'on doit retarder l'étude de cette loi de trois mois afin de revenir
sur certains articles, d'entendre les représentations des gens qui sont
concernés surtout par l'article 21.
Je ne sais pas si le ministre de l'Agriculture, si le ministre des
Affaires municipales sont réellement conscients de l'implication de
l'article 21. Je me demande s'ils l'ont lu et s'ils l'ont compris. Ce sont pour
ces raisons que nous appuyons la motion du député de Bagot.
A la fin de la session ou une semaine avant, parce que nous voulons que
l'étude de ce projet de loi soit reportée à trois mois, le
leader parlementaire demandait tantôt au député de
Lafontaine de cesser son argumentation et que tout de suite on nous
présenterait le projet de loi 64. On essaie actuellement de nous
accuser. Probablement que demain on va essayer de faire croire aux cultivateurs
que si le bill 64 n'est pas adopté c'est la faute de l'Opposition. Ce
n'est pas la raison. Même pour le bill 64, on n'a pas encore eu les
amendements en cette Chambre. M. le Président, est-ce que vous m'avez
rappelé à l'ordre?
M. LE PRESIDENT: Non.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Voyez-vous comme je suis docile, très
obéissant. Lorsque le président s'est levé, je pensais
qu'il voulait me rappeler à l'ordre. Je me demandais pourquoi.
M. COITEUX: ... cultivateur de Sainte-Marie.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Le député de Duplessis
apprendra que je représente beaucoup de cultivateurs dans Sainte-Marie.
Des milliers ont été obligés de quitter leur ferme parce
qu'on n'a pas pu les faire vivre comme une autre classe de la
société. Ils s'en viennent grossir le nombre des chômeurs
et des assistés sociaux. Ils y en a qui viennent me voir pour avoir des
jobs. Ce sont encore des cultivateurs de mentalité.
Il y en a des milliers dans Sainte-Marie, il y en a des milliers dans
Maisonneuve. Des cultivateurs, il y en a dans nos comtés qui ont
été obligés de déserter, de laisser leur ferme et
de s'en venir crever en ville, souvent.
M. le Président, on nous demande d'adopter une loi à la
vapeur. On arrive avec des projets de loi très importants. On nous
demande même de cesser nos discours, nos argumentations, de cesser de
plaider pour une classe de la société qui est impliquée
dans le bill no 48. On nous demande de cesser tout cela pour hâter
l'adoption d'un autre projet de loi. Pour cet autre projet de loi, on devait
nous rapporter des amendements. Or, nous ne les avons pas encore reçus
et on nous disait qu'on était prêt à passer à
l'étude du bill no 64.
Actuellement, nous étudions le bill no 48, et le bill no 48 a des
implications pour tous les agriculteurs du Québec. Encore une fois, je
me demande pourquoi le ministre de l'Agriculture, qui n'est pas ici, et le
ministre des Affaires municipales ne consente pas à reporter cela
à trois mois, à rencontrer des gens, à discuter et
à comprendre les implications des articles 12, 21 et 105, par exemple,
pour les municipalités et surtout pour les agriculteurs du
Québec.
Je pense que cette loi, encore une fois, si nous l'adoptons
présentement, pour une différence de trois mois, sera encore une
loi comme on en a déjà adopté au cours d'autres sessions,
dont certaines se sont avérées peut-être
désastreuses pour le Québec.
On nous demande cela à la fin d'une session et on nous accuse
d'amuser les membres de cette Chambre. Nous aussi, nous avons hâte de
sortir d'ici, de sortir de la boîte et nous avons hâte de nous en
aller chez nous. Mais, par exemple, nous allons...
M. BIENVENUE: M. le Président, j'invoque le règlement. Ce
n'est pas une boîte ici, l'Assemblée nationale. J'invoque mon
privilège de député et membre de cette Chambre et le
privilège de tous les députés de cette Chambre. Que
l'opinant retire ses paroles, nous ne sommes pas dans une boite, "box" en
anglais.
M. BURNS: M. le Président, je ne vois rien d'antiparlementaire
dans le fait de parler de cette Chambre comme d'une boîte. Dans le
langage courant, on pourrait même dire une boutique, on pourrait
même dire une "shop".
M. LAFRANCE: C'est votre langage, à vous autres.
M. BURNS: J'aimerais bien que le député nous dise en quoi
c'est quelque chose qui touche aux privilèges de la Chambre...
M. COITEUX: Ah! vous connaissez ça, ce genre de boite!
M. BURNS: ... de parler d'une boîte. C'est dans le langage
courant.
M. BIENVENUE: M. le Président, sur la question que j'ai
soulevée, je ne sens pas le besoin de donner des détails ni de
répéter. J'attends de vous une décision à savoir si
cette Chambre, l'Assemblée nationale du Québec, est une boite ou
non. Si vous décidez que c'est antiparlementaire, je vous demande de
faire retirer ses paroles au député.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président, est-ce que vous me
donnez la permission de dire dans quel esprit j'ai utilisé ce terme?
Quand je parle d'une boîte, je veux dire un lieu tout simplement. Je l'ai
dit sans mépris. Et si le député de Matane y voit, de ma
part, un certain mépris pour l'Assemblée nationale, je suis
prêt à retirer mes paroles. C'est une expression que j'emploie
couramment...
M. BIENVENUE: Si le député retire ses paroles, cela me
suffit.
M. LE PRESIDENT (Blank): Je suis satisfait.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): L'incident est clos.
M. le Président, naturellement, les interventions des gens d'en
face nous font souvent perdre un peu le fil de nos remarques. Ce qui est assez
curieux, ce qui me rend un peu sceptique quant à l'importance pour des
mem- bres de l'Opposition de plaider pour quelque chose devant cette
Assemblée nationale, c'est qu'à chaque fois que je donne des
arguments, que j'essaie de prouver qu'il est important de
réétudier ce projet de loi, de prendre trois mois pour avoir le
temps d'étudier les implications de tous les articles, je vois le
premier ministre qui sourit. Le premier ministre sourit constamment à
mes remarques. Pourtant, je suis très sérieux. Je n'ai pas
l'intention de m'amuser ici, à minuit moins le quart. Je n'ai pas
l'intention de faire perdre le temps de personne, encore moins le mien.
Même si le leader parlementaire nous a avertis tantôt qu'il
était certain que cet amendement serait battu, nous allons continuer
à lutter quand même. Nous allons continuer à faire notre
devoir et à dire que cette loi n'est pas à point et qu'on aurait
dû accepter les amendements pour l'étudier. Etant donné
qu'on les a refusés, on demande que ça soit reporté
à trois mois. Ce n'est pas une tactique pour jouer avec les
règlements de cette Chambre. C'est tout simplement un moyen que nous
prenons pour aller en commission rencontrer les gens concernés,
rencontrer les représentants de l'UCC, les cultivateurs, les maires des
municipalités. On a eu des versions de certains maires de
municipalités qui nous ont dit que certains articles du projet de loi
avaient des conséquences graves. Cela n'a peut-être pas
été compris, peut-être que cela n'a pas été
étudié assez à fond. On n'accuse personne de vouloir
passer une loi malhonnête, ce n'est pas cela que nous disons. Mais, il se
peut, parfois qu'on ait mal saisi l'importance d'un article dans un projet de
loi.
Tout le monde fait des erreurs. Les gens d'en face comme les gens de
l'Opposition. On doit l'admettre et probablement qu'au lieu de plaider, ce
soir, pour que l'étude de cette loi soit remise à trois mois, si
on avait accepté nos amendements, cet après-midi, peut-être
que la commission parlementaire aurait déjà siégé
et peut-être que le problème serait réglé. Nous
aurions voulu reprendre l'étude de tous ces articles dans un esprit
ouvert, sans partisanerie politique, avec objectivité. Si on nous avait
prouvé que nos craintes n'étaient pas fondées, on aurait
dit: Votez-la votre loi. On dit que nous avons des craintes sur certains
articles, nous ne sommes pas convaincus que ces articles-là sont
à point, sont des articles qu'on devrait avoir dans la loi. Pourquoi ne
pas nous prouver le contraire? On ne cherche pas à dire que nous n'avons
pas raison, on dit tout simplement ça ne passera pas l'amendement remis
à trois mois. Nous, nous sommes pour que ce soit remis à trois
mois. Nous le demandons au ministre des Affaires municipales, nous le
supplions, nous l'implorons de le faire, on ne lui demande rien d'autre. C'est
son rôle de ministre de voir à ce que ces lois soient
fonctionnelles, que ces lois collent aux besoins de la réalité,
aux besoins des municipalités, aux besoins des cultivateurs. Nous lui
demandons
tout simplement de faire son devoir. Ce que nous disons, nous le disons
en toute bonne foi.
Si nous avions voulu retarder les travaux de cette Chambre, pour ma
part, je me serais servi d'un autre moyen. J'ai la conviction sincère
que cette loi devrait être réétudiée. On a
refusé la commission, qu'on accepte de la remettre à trois mois.
Qu'on l'étudie. Est-ce que c'est faire de l'obstruction, M. le
Président? Est-ce que ce n'est pas là remplir son rôle de
membre de l'Opposition? Il me semble que oui.
Je vois le ministre de l'Education me faire signe que non. Cela ne me
convainc pas quand même. Je pense que notre rôle, comme membres de
l'Opposition, est d'essayer de rendre les lois les plus parfaites possible, les
plus efficaces, plus fonctionnelles, afin que ces lois ne briment aucun groupe
de la société, qu'elles rendent justice à tout le
monde.
A ce moment-là, il y a toujours moyen de reconsidérer une
loi, il y a toujours moyen de revenir sur certains articles, de consulter
d'autres personnes, des conseillers juridiques, des maires de
municipalités, comme je le disais tantôt, et de
réétudier des articles. C'est tout ce que nous demandons, pas
autre chose. Nous sommes même pour le principe de la loi. Nous avons dit
que c'était une bonne loi. Nous avons dit que nous voterions pour la
loi, mais après quelques jours...
M. TETLEY: Votez, votez!
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Oui, nous l'avons dit en deuxième
lecture. Mais après quelques jours, nous nous sommes aperçu qu'il
y avait des anomalies dans la loi. Nous nous sommes aperçu qu'il y avait
des articles qui pouvaient avoir des implications autres que celles qu'on veut
leur donner. Il me semble que le travail que nous faisons présentement
est normal.
M. TETLEY: Vous aviez tort... M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Le premier ministre sourit. Je ne sais pas
s'il commence à être dans l'esprit des fêtes. Je le
félicite, si c'est cela.
M. HARVEY (Chauveau): Il vous endure, à part cela. Il a du
mérite.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Nous avons remarqué, au cours de la
journée, dans les débats, que tous les membres...
M. HARVEY (Chauveau): Moi, je ne vous endurerais pas.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): ... de cette Chambre ne sont pas encore dans
l'esprit des fêtes, même chez certains membres du parti
ministériel. Nous nous en sommes aperçu tantôt par
certaines accusations qui, je pense, sont assez regrettables lorsqu'on discute
d'un projet de loi comme cela.
M. LACROIX: Nommez-les donc! UNE VOIX: Nommez-les donc! M. LACROIX:
Nommez-les!
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): C'est très important. Je n'ai pas
à revenir là-dessus. L'incident est clos. Je fais mes
observations.
M. LACROIX: Ces folies-là, nommez-les.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je ne veux pas m'écarter du
débat, parce que je sais que le président me rappellerait
à l'ordre. Mais je dis tout simplement qu'il y a eu des paroles de
prononcées et que le président a dû obliger certains
à retirer des paroles. Alors, on peut dire que ce sont des paroles
graves.
Pourquoi s'engager dans un débat comme cela? Pourquoi prendre une
direction comme cela, dans un débat, quand nous remplissons tout
simplement notre rôle de députés, de membres de
l'Opposition? Nous avons étudié cela en toute connaissance de
cause, avec honnêteté, sans partisanerie politique, comme je le
disais tantôt. Veuillez croire que je suis sincère quand je le
dis.
Je suis convaincu, M. le Président, Je ne dis pas que je suis
possesseur de la vérité. Je ne dis même pas que j'ai
raison. Mais je dis que nous avons des doutes et que nous devrions
l'étudier. Au moins, que les ministres qui sont concernés nous
prouvent que nous avons tort. Ils n'ont qu'à nous le dire. Non, le
leader parlementaire nous dit: Non, votre amendement ne sera pas
accepté. On ne nous dit pas pourquoi.
On demande tout simplement, je pense, aux députés de faire
leur travail. A-t-on peur d'être obligé, parce que cela prend du
temps à discuter un projet de loi comme cela, de siéger
après les fêtes? Je me le demande.
M. BIENVENUE: Non, on n'a pas peur!
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Pour ma part, là ou je travaillais
j'ai travaillé pendant 25 ans le lendemain de Noël et le lendemain
du Jour de l'An.
M. HARVEY (Chauveau): Avez-vous une famille?
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je suis encore capable de le faire. Je
n'accepterai jamais d'adopter un projet de loi à la vapeur quand je
pense que ce projet de loi n'est pas bon, qu'il n'est pas à point ou
qu'il n'a pas été assez étudié. C'est tout
simplement cela mes observations. Ce n'est pas autre chose que je demande.
Le premier ministre fait signe que non. Il penche la tête. Non,
nous devrions nous asseoir et dire au premier ministre: Donnez-nous en, des
lois! Adoptons-en, des lois! Je pense qu'un bon gouvernement, une bonne
législation, cela ne se juge pas par le nombre de lois adoptées
mais par la valeur des lois qui sont adoptées. C'est très
important.
DES VOIX: Votez contre! M. BOURASSA: Votez contre! M. TREMBLAY
(Sainte-Marie): Non, non!
M. BOURASSA: Ayez le courage de voter contre.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Nous vous demandons de remettre cela
à trois mois, d'étudier encore le projet de loi. C'est tout
simplement cela que nous vous demandons.
M. HARVEY (Chauveau): Est-ce que les alambics sont permis au
Québec ou si c'est prohibé?
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): C'est pour ça que j'appuie la motion
du député de Bagot. C'est pour ça que nous nous battons
actuellement, c'est aussi simple que ça. Nous ne parlons même pas
contre le principe du projet de loi.
M. TETLEY: Si c'est aussi simple que ça, asseyez-vous!
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je pense que j'exerce mon droit de parole.
Le ministre des Institutions financières pourrait au moins demander la
permission au président s'il veut me poser une question. Est-ce que vous
avez une question à me poser?
M. TETLEY: Oui, vous permettez? Si c'est aussi simple que ça,
pourquoi ne pas vous asseoir? C'est ma question.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je vous ai demandé si vous aviez une
question à me poser et vous ne me l'avez pas posée. Nous essayons
de vous convaincre du bien-fondé de notre affaire. C'est tout simplement
ça.
M. le Président, je...
UNE VOIX: Nous essayons de sauver le gouvernement.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): ... termine sur la motion du
député de Bagot et je dis que le ministre des Affaires
municipales devrait accepter de remettre l'étude du projet de loi
à trois mois pour en venir à une entente avec tous les partis de
l'Opposition, essayer d'en venir à un commun accord sur certains
articles que nous discutons actuellement. Merci beaucoup.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il faut quelquefois, M. le Président,
et mon expérience de professeur me l'a prouvé à maintes
reprises, revenir très souvent sur les mêmes sujets pour que les
étudiants moins sensibles, dont l'intelligence est moins disponible, que
les étudiants moins disciplinés finissent par accepter les
leçons du maître.
Je ne veux pas, M. le Président, poser ce soir en maître
mais, si je me sers de cette analogie, c'est pour essayer de démontrer
jusqu'à quel point nous a mené l'obstination du gouvernement.
Nous avons, dès le départ, indiqué que le gouvernement
proposait à notre adoption un projet de loi dont nous acceptions d'abord
le principe. Nous sommes allés plus loin. Nous avons dit que cette loi
était bonne, nous avons dit que nous considérions comme
nécessaire de procéder à un réaménagement
dans le domaine de l'évaluation municipale. Mais parce que nous ne
sommes pas complètement satisfaits, parce que nous avons fait observer
à ce gouvernement têtu, obstiné qu'il y avait encore lieu,
en dépit de tout le travail que nous avions accompli ensemble,
d'améliorer cette loi, voilà qu'on nous accuse d'obstruction.
UNE VOIX: C'est ça.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On nous accuse d'utiliser des
règlements qui nous donnent un droit de parole, de critique et qui nous
imposent aussi !e devoir de le faire. On nous accuse d'user de toutes sortes de
stratagèmes et d'artifices, de subterfuges pour paralyser les travaux de
la Chambre.
Nous voulons ce soir, par la motion qui est présentée,
demander au gouvernement de réfléchir sur les conséquences
de certains articles de ce projet de loi, certains articles qui ne nous
satisfont pas, et qui ne satisfont pas les gens qui les ont portés avec
la plus grande vigueur, la plus grande énergie à notre attention
et qui ont manifesté à propos de ces articles une
inquiétude que nous partageons et qui s'est encore accrue, du fait
qu'ils sont revenus à la charge et qu'ils nous ont montré encore
de façon plus évidente les implications dangereuses de ces
articles.
J'entendais tout à l'heure le leader parlementaire du
gouvernement dire: Ce n'est pas la peine de présenter cette
motion-là, vous savez qu'elle va être défaite. M. le
Président, nous ne nous illusionnons pas, mais nous avons le devoir de
défendre jusqu'au bout des idées que nous croyons justes. Le
député de Sainte-Marie le disait tout à l'heure,
peut-être n'avons nous pas raison lorsque nous interprétons
certains articles dans tel sens ou dans tel autre, mais qui est maître de
la vérité ici? Et si vraiment on veut découvrir cette
vérité, M. le Président, il n'y aurait eu rien de plus
simple que de convoquer la commission, on a rejeté cette
proposition.
Il y a quelque chose de très simple que nous proposons au
gouvernement, c'est de différer l'adoption de ce projet de loi, de se
donner un temps de réflexion, de faire une pause, afin de consulter les
organismes qui ont fait des revendications et des représentations, afin
de consulter les députés du parti ministériel, de faire
une pause, M. le Président, afin que le gouvernement
réfléchisse lui-même sur la portée et le sens de ce
projet de loi.
M. BOURASSA: Est-ce que je peux poser une question au
député? Mais quand doit arrêter la consultation? Cela fait
des mois et des années qu'on parle de l'évaluation
foncière.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, vous savez tout le
respect, toute la considération et toute l'amitié que j'ai pour
le premier ministre, seulement j'aimerais que lorsqu'il me pose une question,
il use des moyens parlementaires, qu'il dise: M. le député me
permet-il de lui poser une question? J'aurais dit: Tout de suite, M. le
Président.
Je vais lui répondre quand même, M. le Président. Le
premier ministre me demande...
UNE VOIX: Est-ce que c'est posé au monsieur ou à
mademoiselle.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... jusqu'à quand doit durer la
consultation?
M. LACROIX: Est-ce qu'elle doit mettre un peu de rouge à
lèvre?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Quousque tandem abutere patientia nostra,
Catilina? M. le Président, la consultation doit durer tant et aussi
longtemps que tous les organismes qui ont des représentations à
faire, n'ont pas obtenu satisfaction.
Cela ne veut pas dire que le gouvernement doive nécessairement
donner aux citoyens exactement ce qu'ils ont demandé dans tous les
domaines et dans tous les secteurs, mais cela veut dire que le gouvernement
doit au moins leur expliquer certaines choses au sujet desquelles ils demandent
à être éclairés. Je viens de le dire, comme le
député de Sainte-Marie l'a dit, nous ne prétendons pas
avoir le monopole de la vérité. Nous nous demandons si nous avons
raison, mais le gouvernement devrait se poser les mêmes questions et se
les poser avec nous.
Nous lui avons tendu la perche, lorsque nous avons proposé une
motion qui a été sous-amendée afin d'examiner, en
commission, certains articles de la loi. Le gouvernement n'a pas accepté
cela. Comme nous en sommes au point où nous devons approuver le geste du
gouvernement, avant de le faire, nous voudrions, en un ultime effort, essayer
de comprendre quelle est l'attitude du gouvernement et quel est le sens de
cette obstination. Quel est le sens du silence du ministre de l'Agriculture,
par exemple, quand des organismes représentatifs comme l'UCC lui ont
fait savoir qu'ils n'étaient pas d'accord sur certains articles capitaux
qui mettent en cause l'économie agricole?
Nous voudrions savoir du ministre des Affaires municipales
également ce qu'il pense, lui, des représentations qui lui ont
été soumises en ces derniers jours, en ces dernières
heures, peut-être même au moment où je parle; ce que le
ministre des Affaires municipales pense des inquiétudes qui se sont
manifestées par les divers documents que nous avons produits en Chambre
et par tout ce branle-bas qu'a provoqué la présentation du projet
de loi. Ce n'est pas là faire de l'obstruction, c'est user d'un droit
démocratique. Je défie qui que ce soit en cette Chambre de dire
qu'au cours de ce débat, personnellement, j'ai usé d'arguments
partisans. J'ai tout simplement demandé au gouvernement s'il avait
l'intention de changer tel ou tel article.
M. le Président, je m'aperçois qu'il est minuit, et je
demande l'ajournement de la Chambre.
M. LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée? Adopté.
Puis-je faire remarquer qu'il est minuit?
M. LEVESQUE: Demain, dix heures trente. Je propose l'ajournement.
M. LE PRESIDENT: La Chambre reprendra ses travaux demain matin, dix
heures trente.
(Ajournement de la séance à 23 h 58)