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(Dix heures trente-sept minutes)
M. BLANK (président): Qu'on ouvre les portes. A l'ordre,
messieurs!
Affaires courantes.
Présentation de pétitions.
Lecture et réception de pétitions.
Présentation de rapports de commissions élues
Présentation de motions non annoncées.
Présentation de bills privés.
Présentation de bills publics.
Projet de loi no 48
M. LEVESQUE: M. le Président, après consultation, je
propose maintenant que, quant au projet de loi no 48, il y ait
révocation d'abord, de la déférence à la commission
parlementaire, ensuite, de l'ordre de deuxième et de première
lectures et que le projet de loi réimprimé et
déposé hier franchisse maintenant l'étape de la
première et de la deuxième lectures et soit
déféré à la commission parlementaire des Affaires
municipales pour être étudié dès aujourd'hui
après les affaires du jour.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que la motion est adoptée?
M. PAUL: Adopté.
M. LE SECRETAIRE ADJOINT: Première et deuxième lectures de
ce bill. First and second readings of this bill.
M. LE PRESIDENT (Blank): La motion pour que le bill soit
déféré à la commission parlementaire des Affaires
municipales est-elle adoptée?
M. PAUL: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Déclarations ministérielles.
Le ministre des Communications.
Négociations avec les agents de la paix
M. L'ALLIER: M. le Président, à titre de ministre de la
Fonction publique, je voudrais faire une déclaration
ministérielle sur l'état des négociations entre le
gouvernement, d'une part, et le Syndicat des agents de la paix, d'autre
part.
Je tiens à informer cette Chambre que les négociations
entre le gouvernement du Québec et le Syndicat des agents de la paix de
la fonction publique viennent d'entrer dans une nouvelle phase. Devant les
représentations du syndicat, en ce qui a trait notamment à son
régime syndical, le gouvernement a convenu de nommer un commissaire
spécial, Me Claude Lavery, chargé de faire enquête et
rapport sur le différend relatif aux traitements et au nombre
d'échelons des échelles de salaire, étant entendu que ce
commissaire ne pourra rendre une décision, ni formuler de
réglementation, mais seulement constater les faits. Il devra faire
rapport au 31 janvier 1972.
Les deux parties ont convenu de poursuivre les négociations en ce
qui concerne les clauses normatives. Il est, toutefois, entendu que, durant la
période où agira ce commissaire spécial, les
représentants syndicaux recommanderont à leurs membres de
n'entreprendre aucune action qui risquerait de compromettre le succès
des négociations.
Grâce à cette décision, nous souhaitons que, dans le
meilleur climat possible, les parties puissent mener à bien le
renouvellement de cette convention collective.
M. LE PRESIDENT: L'honorable chef de l'Opposition officielle.
M. LOUBIER: M. le Président, sans aucune malice, j'aurais
aimé que le ministre puisse nous faire parvenir préalablement sa
déclaration ministérielle, pour que nous puissions l'analyser
mieux que par simple audition assez rapide du tableau qu'il nous a
tracé. De toute façon, il apparaîtrait, d'après la
déclaration du ministre, que ce commissaire spécial, à
toutes fins pratiques, n'a pour mandat que de colliger les faits ou les
représentations qui sont faites de part et d'autre et de rédiger
un rapport qui serait tout simplement le reflet des représentations ou
de l'état de la question au moment où nous en sommes
aujourd'hui.
Or, est-ce que le ministre pourrait nous dire pour la remise de
ce rapport, la date fixée est le 31 janvier 1972 quel est le
calendrier des actions qui sont prévues par son ministère, dans
le cadre des rencontres? Qu'est-ce qui arrivera à ce rapport-là?
Sera-t-il remis en question par les parties en cause? Les parties
intéressées se baseront-elles sur ce rapport pour essayer d'en
venir à une entente? Ou ce rapport a-t-il tout simplement pour but de
donner un meilleur éclairage au ministre et lui permettre par la suite,
de façon assez unilatérale, de tirer ses propres conclusions et
de dégager les tendances qui sont découvertes dans ce rapport et,
ensuite, les imposer, non pas dans le sens odieux, mais de les imposer à
l'autre partie? Ou ce rapport deviendra-t-il un document de travail aux mains
des deux parties, pour fins d'entente sur des points qui auraient
été soulevés et qui demeureraient litigieux?
M. L'ALLIER: Un bref commentaire, M. le Président...
M. LE PRESIDENT: Le député de Dorchester.
M. GUAY: M. le Président, pour commenter brièvement la
déclaration ministérielle, il sem-
ble de plus en plus difficile de négocier des conventions
collectives. Chaque négociation semble se heurter à une phase
critique, et on le voit de plus en plus, à chaque négociation.
Que soit nommé un médiateur spécial, ça semble
également une obligation et sans ça, ces négociations
n'aboutissent pas à des ententes.
Quant au rapport que sera tenu de fournir le médiateur, je pense
que c'est une chose absolument normale, parce que le gouvernement est en
quelque sorte employeur.
Il doit, à certains moments, vérifier la bonne marche des
négociations en cours. Nous souhaitons que toute négociation se
fasse sans trop de bruit.
M. LAURIN: M. le Président, il semble que le gouvernement se soit
décidé à nommer quelqu'un qui jouera le rôle
d'observateur et de catalyseur, ce qui nous laisse soupçonner une
situation difficile, et peut-être même tendue.
Le gouvernement a adopté une attitude très prudente, et
nous espérons que le geste qu'il pose contribuera à hâter
le règlement de ce problème. Nous souhaitons bonne chance
à l'observateur et au médiateur gouvernemental.
M. LE PRESIDENT: Dépôt de documents.
M. L'ALLIER: Avec le consentement de la Chambre, M. le Président,
je pourrais répondre à une question du chef de l'Opposition sur
ce point. Je regrette, comme lui, de n'avoir pu distribuer copie de cette
déclaration. Les derniers faits, dans ce dossier, se sont produits
quelques minutes avant d'entrer en Chambre, ce qui ne m'a pas permis de vous en
donner une copie.
Il ne s'agit, dans le cas présent, ni d'arbitrage, ni de
conciliation, mais bien d'un commissaire spécial qui va analyser les
faits, qui va faire rapport à chacune des parties afin que nous
puissions, dans le contexte de cette négociation avec des
employés qui ont un régime syndical très particulier,
éviter des erreurs qui, dans le processus normal des
négociations, seraient corrigées si ces employés
étaient des syndiqués ordinaires.
Dans un premier temps, il suffit d'analyser des faits. Le rapport sera
communiqué aux parties qui orienteront, leur action à partir de
là. Pour ce qui est du calendrier de travail que nous suivrons
après le 31 janvier 1972, il sera connu au 31 janvier, à la suite
de la réaction de chacune des parties au rapport du commissaire.
M. LOUBIER: Je remercie le ministre, mais je comprends bien qu'il s'agit
tout simplement d'une analyse des faits tels qu'ils sont, sans aucune
recommandation ou sans aucune conclusion. C'est bien cela?
M. L'ALLIER: C'est exact.
M. LE PRESIDENT: Dépôt de documents.
M. CASTONGUAY: M. le Président, j'ai l'honneur de déposer
le rapport annuel du ministère des Affaires sociales pour l'exercice
financier 70/71.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Affaires municipales.
M. TESSIER: M. le Président, il me fait plaisir de déposer
le rapport des activités, pour l'année financière 70/71,
de la Société d'aménagement de l'Outaouais.
M. LE PRESIDENT: Questions des députés.
Questions et réponses
M. LE PRESIDENT: L'honorable chef de l'Opposition officielle.
Conflit de La Presse
M. LOUBIER: M. le Président, ma question s'adresse au ministre du
Travail.
Pourrait-il nous faire une rétrospective des
événements qui ont marqué les dernières
négociations, les phases des différentes rencontres qu'il a eues
avec les parties intéressées? A quel point critique en sont
rendues les parties, sur le plan des décisions? Y a-t-il un délai
pour faire connaître la réponse définitive sur la position
des différentes parties en cause à La Presse? Je relie tout
ça à La Presse, évidemment, mais je sais que le ministre
est tellement imprégné de ce sujet actuellement, qu'il avait
compris.
M. COURNOYER: Le chef de l'Opposition, M. le Président, a
parfaitement raison, je suis tellement imprégné que je ne pense
qu'à cela.
M. LOUBIER: D'ailleurs, cela presse tellement.
M. COURNOYER: Cela presse énormément. Je pense que je vais
répondre par la fin. C'est aujourd'hui, semble-t-il, que les
représentants des syndicats auront une décision de leurs membres
quant à l'acceptation ou au refus des recommandations qui ont
été faites par le ministre du Travail le 11. L'intervention du
ministère là-dedans a commencé au mois de juin par la
demande ordinaire de conciliation des services en vertu du code du travail. En
juillet et août, comme tout le monde le sait, il y a eu le "lock-out"
décrété contre quatre syndicats affiliés à
la Fédération des travailleurs du Québec. Nous avons,
à ce moment-là, nommé un commissaire-enquêteur
spécial qui était chargé de faire de la médiation
entre les parties. Il a fait tout son possible. Le 27 octobre, on a
fermé La Presse vis-à-vis les autres employés de La Presse
qui continuaient de travailler pendant le "lock out". Le 1er novembre, il y a
eu une commission de médiation, formée du sous-ministre en titre,
du sous-ministre adjoint, du directeur
général des relations de travail au ministère du
Travail et du directeur du service de conciliation du ministère du
Travail. Cela n'a pas donné grand-chose non plus et, au milieu de
novembre, il a fallu que le ministre du Travail se joigne à cette
équipe et fasse une recommandation globale de sécurité
d'emploi, compte tenu de certaines concessions que nous demandions au syndicat
de faire.
La FTQ a refusé ce système de sécurité
d'emploi à l'époque, ce qui a remis les parties
entièrement entre leurs propres mains. Le 26 novembre, le ministre du
Travail, dans une dernière tentative, a demandé aux parties de
retourner au travail, de rouvrir La Presse, selon une formule qui permettait de
continuer la négociation pendant que les gens étaient au travail.
Cela a été refusé par les représentants de la CSN.
Au début de décembre, il y a eu une nouvelle intervention du
ministre. Cette intervention-là a été sans arrêt. Au
point de départ, nous avions les syndicats affiliés à la
Fédération des travailleurs du Québec et les syndicats
affiliés à la CSN qui formaient un front commun. Il fallait
négocier cela tout ensemble. Il n'y avait pas un syndicat qui bougeait
sans savoir ce qui se passait dans les autres syndicats.
C'est donc un engagement du ministre, à la table des deux
centrales ensemble, d'étudier chacun des contrats particuliers, article
par article, de tenter la médiation sur chacun des articles et de faire
des recommandations en même temps aux onze syndicats impliqués,
qui a fait qu'on a pu, au moins, avoir un éventail de ce qui se passait
ou de ce qui se produisait à La Presse.
Nous avons donc divisé les syndicats en onze, sans briser le
front commun des onze. Finalement, vendredi dernier, après des
négociations sans arrêt quand je dis sans arrêt,
c'est au sens littéral du mot et non au figuré j'ai fait
des recommandations aux parties sur chacun des articles qui restaient en
suspens et qu'elles n'avaient pas pu régler dans les onze conventions
collectives impliquées. J'ai demandé aux parties de me rendre
leur décision le 11 décembre, à cinq heures.
C'était le 11 à deux heures du matin. Les parties avaient
à me rendre leur décision le 11, à cinq heures.
Dans l'après-midi, à cinq heures, la partie patronale a
remis sa réponse et la partie syndicale a remis une réponse.
Cette réponse de la partie syndicale visait à blâmer le
ministre de se conduire comme Ponce Pilate et de remettre La Presse que
je considérerai comme le Christ ici entre les mains des
Pharisiens, des sépulcres blanchis de quelque côté de la
table qu'ils soient.
Ils n'ont pas dit la dernière partie, mais ce qu'ils ont dit de
moi, c'est que j'étais le Ponce Pilate de la situation. Après
tous ces efforts, Ponce Pilate a donc décidé de remettre La
Presse entre les mains de ces sépulcres blanchis. De toute façon,
on m'a blâmé aussi d'avoir donné un délai trop
court. Je n'ai pas allongé ce délai.
J'ai tout simplement dit: Mon travail à moi, comme ministre,
étant terminé, j'ai fait des recommandations. Lorsque vous serez
prêts à vous communiquer les réponses que vous avez
à vous faire, bien, vous le ferez en vos temps et en vos lieux, comme
vous le voudrez.
Aujourd'hui, il y a les assemblées générales. Je
conçois que, dans un conflit comme celui-là, comme dans d'autres
conflits, ce sont les syndiqués qui doivent déterminer leur
position. Ils ont la chance maintenant, par l'assemblée
générale, de dire si, oui ou non, ils acceptent les
recommandations que le ministre a faites et que, je l'espère, les
syndicats leur soumettront telles quelles.
M. PAUL: Répétez donc cela.
M. COURNOYER: Si les syndicats ou les syndiqués acceptaient les
recommandations du ministre, il est bien clair que les parties syndicales
devraient communiquer à la partie patronale leur acceptation. La partie
patronale m'avait communiqué non pas son acceptation, mais sa
réponse que je n'ai pas publiée, mais remise à la partie
patronale, car, en toute honnêteté, je me devais de le faire.
Etant donné que je n'avais pas de réponse de la partie
syndicale.
Alors, j'ai dit: En vos temps, en vos lieux, faites ce que vous voulez
maintenant. Ponce Pilate s'est lavé les mains.
M. LOUBIER: M. le Président, question additionnelle. Est-ce que
le ministre a prévu une autre forme d'action advenant le refus de la
partie syndicale ou de la partie patronale d'accepter ses recommandations? En
d'autres termes, si ce soir, par exemple, il y avait blocage absolu dans les
négociations à la suite des recommandations faites par le
ministre, s'il n'y avait pas entente des deux parties sur ses recommandations,
est-ce que le ministre a prévu, advenant cette possibilité, une
autre forme d'action ou si le ministre, se retirera tout simplement et
littéralement du dossier?
M. BOURASSA: M. le Président, le chef de l'Opposition doit
savoir, comme vient de le dire le ministre, qu'il y a eu presque 200 heures de
médiation personnelle...
M. LOUBIER: M. le Président,... M. BOURASSA: ... par le
ministre.
M. LOUBIER: ... je m'excuse. Je pense que la question est posée
en toute bonne foi.
M. BOURASSA: Ah oui, d'accord!
M. LOUBIER: Je sais que le ministre a fait...
M. PAUL: Il est tellement compétent que vous l'avez reconnu.
M. LOUBIER: ... des efforts inouïs. M. BOURASSA: Oui.
M. LOUBIER: D'ailleurs, c'est pour cela que j'ai demandé au
ministre de nous faire une rétrospective ce matin. Ce n'est pas malin,
ce n'est pas sorcier. Je demande tout simplement au ministre du Travail s'il y
a d'autres formes d'action, s'il y a un autre geste qu'il entend poser advenant
un blocage complet à la suite des recommandations qu'il a faites. Le
ministre est assez grand pour répondre...
M. PAUL: C'est une bonne "plorine".
M. LOUBIER: ... lui-même.
M. PAUL: C'est une bonne "plorine".
M. BOURASSA: M. le Président, ce que je veux dire au chef de
l'Opposition, c'est que, par l'intervention du ministre et du ministère
du Travail, le gouvernement est impliqué. Je suis moi-même
intervenu à quelques reprises. J'ai eu des communications très
fréquentes avec le ministre. C'est que le gouvernement a fait tout ce
qu'il pouvait faire pour rapprocher les parties. C'est quand même un
conflit privé. Comme vient de le dire le ministre, il y a eu 200 heures
de médiation personnelle. Donc, le gouvernement, vis-à-vis de ce
conflit, a fait le maximum de ce qu'il pouvait faire.
M. LOUBIER: Est-ce que le ministre du Travail pourrait maintenant
répondre à la question après le petit commercial que vient
de passer le premier ministre?
M. COURNOYER: M. le Président, pour répondre à la
question, d'abord je pourrais dire qu'elle est hypothétique jusqu'aux
résultats des assemblées générales. J'espère
que ce genre d'intervention que le gouvernement a faite dans un conflit de
nature privée indiquera à tout le monde qu'il y a des limites
à ce que le gouvernement peut faire et que ces limites, pour autant que
le ministre du Travail est concerné, il les a atteintes. Cela veut dire,
à toutes fins utiles, qu'il n'y a pas d'autre issue que celle d'accepter
les recommandations du ministre si on veut maintenir les activités de La
Presse. Je les ai faites de bonne foi. A moins qu'on les juge de mauvaise foi
et qu'on m'accuse non pas d'être un sépulcre blanchi ou Ponce
Pilate, mais d'avoir délibérément faussé le jeu des
négociations. C'est une autre affaire. Mais, comme nous avons fait notre
travail d'une façon honnête, la seule issue qui, dans les
circonstances, s'offre aux syndiqués et à La Presse, c'est
d'accepter les recommandations du ministre. Elles ne sont pas fameuses, les
recommandations du ministre. C'est vrai.
Mais, de toute façon, c'est la première fois qu'un
ministre va se mettre de cette façon le nez dans un conflit
privé. J'ai expliqué pourquoi nous y étions allés.
A partir du moment où cela a été fait, j'ai exposé
clairement à tout le monde que ceci mettait fin aux interventions de mon
ministère. C'est assez. C'est tout.
M. LOUBIER: Une dernière question additionnelle. Le ministre,
advenant l'hypothèse d'une non-acceptation, par les parties
intéressées, de ses recommandations, nous fera-t-il
connaître et fera-t-il connaître au grand public les
recommandations qu'il avait faites et également les réponses
qu'il aura reçues, pour qu'il n'y ait plus aucun doute dans l'esprit des
citoyens quant à l'action exercée par le ministre?
M. COURNOYER: Je déposerai en Chambre, M. le Président,
les recommandations du ministre parce qu'elles ont été faites au
nom du gouvernement et du Parlement. En autant que je suis concerné, je
suis un serviteur de ce Parlement. Je déposerai tout ce qui a
été déposé dans les mains des chefs syndicaux ici,
à la table, et vous en ferez ce que vous voudrez.
M. LOUBIER: Très bien.
M. LE PRESIDENT: Le député de Rouyn-Noranda.
Contrat de la route Matagami-Baie-James
M. SAMSON: M. le Président, l'honorable premier ministre semble
en très grande forme ce matin. Il répond même aux questions
qui ne lui sont pas posées. J'espère qu'il pourra répondre
à celle que je lui poserai.
Je lui ai demandé, hier, s'il était disposé
à déposer, en cette Chambre, toute la documentation, la
correspondance et la liste des soumissionnaires concernant les contrats pour la
construction du chemin Matagami-Baie-James. Le premier ministre m'a
répondu qu'il prenait avis de la question et que, si cela lui
était possible, il y donnerait suite.
Deuxièmement, le premier ministre pourrait-il en profiter, dans
sa réponse, pour nous dire s'il accepte de se renseigner et de faire
part à cette Chambre des raisons, sûrement très
spéciales, qui font qu'actuellement il y aurait environ une vingtaine
d'hélicoptères en service dans cette région, en provenance
de Toronto et de Montréal, qui ne seraient pas directement sous contrat
avec la Société de la baie James ou l'Hydro-Québec mais
qui seraient sous contrat avec un sous-traitant de Matagami qui n'a rien
à voir avec l'industrie de l'aviation?
M. BOURASSA: M. le Président, pour la première partie de
la question, je pense que le député pourrait poser cette question
au feuilleton. Je pense que c'est le type de questions sans être
un expert en la matière qui doivent être posées au
feuilleton.
Comme je vous le disais, les explications ont été
données par le ministre des Richesses naturelles. J'ai également
pris des informations auprès de la société. On m'a dit
qu'on avait suivi une recommandation du contentieux de l'Hydro-Québec
dans la décision qui a été prise.
Quant à la deuxième partie de la question, je ne sais pas
si le gouvernement doit à chaque jour répondre de toutes les
décisions administratives de toutes les sociétés d'Etat
pour les travaux qui sont faits. Je peux prendre avis de la question ou le
député pourra poser toutes ces questions-là lorsque la
société comparaîtra en commission parlementaire.
M. SAMSON: Question supplémentaire. Evidemment, le premier
ministre a bien compris que, si je lui adresse ces questions, c'est qu'en vertu
du bill no 50 il est bien le ministre responsable de la Société
de développement de la baie James devant cette Chambre.
M. LEVESQUE: On comprendra que la même chose pourrait s'appliquer
au ministre des Richesses naturelles, qui est responsable de
l'Hydro-Québec. Mais, sur chacune des transactions, il n'est pas
question qu'on pose des questions au ministre des Richesses naturelles. C'est
pour ça qu'il y a une commission parlementaire pour les entreprises
gouvernementales, pour les organismes d'Etat.
M. SAMSON: Je comprends que le leader du gouvernement veuille bien venir
au secours du premier ministre, mais il m'a semblé que le premier
ministre n'avait pas besoin de ce secours.
Ce que je trouve curieux dans la réponse du premier ministre
c'est que...
DES VOIX: Question.
M. LE PRESIDENT: Ce n'est pas une période de commentaires. Si
vous avez une question additionnelle, posez-la.
M. SAMSON: M. le Président, si vous me permettez. Le premier
ministre va bien comprendre ce que je veux dire. Dans sa réponse, il me
dit que la première partie de ma question doit être posée
au feuilleton, alors qu'hier à la même question il a dit qu'il
prenait avis pour me répondre.
Est-ce que je dois la poser au feuilleton ou si je dois attendre une
réponse? C'est simplement ça que je veux savoir.
M. BOURASSA: Comme je l'ai dit hier, est-ce qu'on doit répondre
à toutes les questions sur tous les contrats de Sidbec, la Caisse de
dépôt, l'Hydro-Québec, Soquip, Soquem. Je ne crois pas que
le Parlement soit l'endroit pour répondre à toutes les questions
de détail sur ces sujets.
M. SAMSON: Est-ce que le premier ministre se rappelle, lorsque nous
avons adopté le bill 50, qu'il a accepté de l'amender pour
être responsable devant le Parlement et répondre à toutes
nos questions? D'ailleurs, relevez le journal des Débats et vous
verrez.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je dois attirer l'attention du
député de Rouyn-Noranda. Les questions auxquelles le premier
ministre peut répondre ici en Chambre sont les questions permises par le
président, des questions urgentes et d'intérêt
général seulement.
M. SAMSON: Cela l'est, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Le député de Trois-Rivières.
La Belle-Vision
M. BACON: Ma question s'adresse au ministre des Institutions
financières, Compagnies et Coopératives. Est-ce que le ministre
pourrait nous faire part de la position de son ministère à la
suite de la demande d'un acte constitutif d'une coopérative pour l'achat
des actifs de la Belle-Vision en Mauricie?
M. TETLEY: M. le Président, je dois annoncer que la
deuxième demande de la Belle-Vision pour une charte coopérative a
été refusée par le ministère, pour les raisons
suivantes:
Tout d'abord, c'est une entreprise plutôt qu'une
coopérative.
Deuxièmement, je crois que c'est notre devoir au gouvernement de
protéger le mouvement coopératif, sa réputation et son
avenir. En effet, la Belle-Vision n'était pas une vraie
coopérative.
De plus, nous étions prêts à accorder une charte de
corporation en vertu de la première partie de la Loi des compagnies. En
vertu de cette loi, les investisseurs seraient protégés par un
prospectus et les autres moyens de la loi.
Je note avec un certain plaisir que le prix, apparemment, entre les deux
demandes a baissé de $2 millions. Je note aussi que le ministre des
Communications lui-même, et le Conseil de la coopération m'ont
conseillé de refuser la charte.
C'est pour ces raisons que nous n'avons pas accordé de charte
à la Belle Vision.
M. PAUL: M. le Président, sur un rappel au règlement,
considérant que vous venez de refuser de recevoir la question du
député de Rouyn-Noranda, qui avait au moins ce caractère
d'impliquer la dépense de deniers publics, et que vous venez de
permettre la réponse que vient de donner le ministre des Institutions
financières à une question régionale, je me demande si la
question du député de Rouyn-Noranda ne pourrait pas être
considérée comme recevable dans les circonstances.
M. LE PRESIDENT: Le député de Bourget. M. PAUL: La
démocratie.
Assurance-chômage
M. LAURIN: Ma question s'adresse au ministre de la Fonction publique.
Est-ce que le ministre est en mesure de répondre aux deux questions que
je lui posais hier et d'établir la position du gouvernement en ce qui
concerne un problème dont il a été souvent question ici
depuis une semaine, c'est-à-dire la directive que le gouvernement doit
envoyer aux employés des commissions scolaires et des hôpitaux en
ce qui concerne leur assujettissement à la loi C-259 de
l'assurance-chômage?
M. L'ALLIER: J'avais l'intention, M. le Président, de
répondre à cette question à la fin de la période
des questions. Je suis heureux qu'elle me soit posée maintenant. Je
crois en effet pouvoir donner les éléments de réponse qui
satisferont cette Chambre. La nouvelle Loi fédérale sur
l'assurance-chômage, qui est le bill C-229, exclut, en termes explicites
et précis de la liste des emplois assurables, tout emploi exercé
au Canada et relevant de Sa Majesté du chef d'une province. A l'article
3, paragraphe 2, sous-paragraphe 1.
La même loi prévoit cependant que, par la Commission
d'assurance-chômage, il sera possible à un gouvernement provincial
d'inclure dans l'assurance-chômage ses fonctionnaires. Par ailleurs
l'expression "emploi relevant de Sa Majesté du chef d'une province",
n'est pas autrement définie ni dans la loi C-229 ni par les
règlements de la Commission d'assurance-chômage ou toute
autorité législative ou réglementaire
compétente.
Dans le cadre des discussions en cours à l'époque et en
l'absence de réglementation requise de la part de la commission
fédérale d'assurance-chômage, le Québec a pris
l'initiative, par l'adoption du bill 82, en juillet dernier, de définir,
conformément à ses intérêts, l'expression "emploi
relevant de Sa Majesté du chef d'une province", de façon qu'elle
comprenne les employés des hôpitaux, des commissions scolaires et
des CEGEP. Il faut noter que la loi 82 n'avait pas pour but explicite et unique
cette soustraction des employés des CEGEP et des commissions scolaires
et des hôpitaux de la Loi de l'assurance-chômage
fédérale, mais qu'elle avait pour but de préciser ce
qu'est un fonctionnaire, au sens de la Loi de la fonction publique, et pour
application lorsqu'il est fait référence à cette loi.
Aussi longtemps que les autorités fédérales
n'auront pas réglementé dans cette matière, le
Québec se considère justifié d'appliquer la
définition qu'il s'est lui-même donné d'un emploi relevant
de Sa Majesté du chef d'une province par la loi no 82.
C'est de même, et conséquemment, l'intention du
gouvernement de donner des instructions à l'effet que cette
définition soit appliquée par tous ceux qui emploient ou qui sont
les employés directs de ce qui est défini comme étant un
employé relevant de Sa Majesté, du chef d'une province et
notamment les employés d'hôpitaux, de commissions scolaires et des
CEGEP.
M. LAURIN: Question additionnelle, M. le Président. Est-ce que
ceci veut dire qu'à partir du 1er janvier ces employés ne seront
pas obligés de verser de cotisations?
M. L'ALLIER: Cela veut dire que, dans l'état actuel de la
réglementation et en l'absence d'autre définition, c'est cette
définition que nous entendons faire respecter sur le territoire
québécois parce qu'il n'y en a pas d'autre. Cela signifie qu'en
application de cette définition, ces employés n'auront pas
à payer de prestations d'assurance-chômage à moins que le
gouvernement fédéral n'intervienne d'une façon autre et
précise, soit par règlement ou par législation, dans
l'application de sa Loi d'assurance-chômage, ce qui créera une
situation nouvelle que nous devrons, à ce moment-là,
analyser.
M. PAUL: Question additionnelle. S'il arrive que le gouvernement
fédéral prenne des procédures contre un ou des
secrétaires-trésoriers qui ne se seraient pas conformés
à l'ordonnance du ministère du Revenu du mois de septembre 1971,
est-ce que le gouvernement assumera la défense de cet employé aux
fins de faire décider de la constitutionnalité du bill no 82?
UNE VOIX: Question hypothétique.
M. LE PRESIDENT: Je pense que la question est illégale sur deux
plans: premièrement, elle est hypothétique et,
deuxièmement, vous demandez un avis juridique au ministre.
M. PAUL: M. le Président, ce n'est pas une question
hypothétique, c'est une question de politique gouvernementale.
M. LE PRESIDENT: Votre question a commencé par le mot "si". "Si",
c'est hypothétique. Le député de Maskinongé a une
question à poser...
M. PAUL: M. le Président, je n'ai jamais employé le terme
"si". Je comprends que vous auriez aimé cela, mais saint Louis ne m'a
pas inspiré en posant ma question. J'ai dit ceci: Est-ce l'intention du
gouvernement d'assumer la défense d'un individu poursuivi devant les
tribunaux, soit un secrétaire-trésorier, pour ne pas s'être
conformé à l'ordonnance du ministère du Revenu?
M. LE PRESIDENT: Ma décision est la même. C'est le tour du
député de Maskinongé avec une question principale.
UNE VOIX: C'est une question importante, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Je n'admets pas cette question, parce qu'elle est
hypothétique.
M. PAUL: Dans les circonstances, je retire ma question principale.
M. LE PRESIDENT: D'accord. L'honorable député de
Chicoutimi.
Réunion sur les loisirs
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, si vous me le permettez
je vais poser une question d'intérêt public au ministre des
Communications, s'il est là et si vous le jugez bon et agréable
à Votre Excellence.
Est-ce que le ministre des Communications... Pardon, je m'excuse, M. le
Président, je me suis trompé de ministre. Est-ce que le ministre
de l'Education pourrait nous dire si...
M. PAUL: Ah, c'est hypothétique.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ...son gouvernement participera, aujourd'hui
et demain, aux rencontres qui se tiennent à Ottawa et qui porteront sur
le hockey amateur, les loisirs et les olympiques?
M. SAINT-PIERRE: Le député de Fabre est actuellement
à Ottawa. J'aurais aimé moi-même m'y rendre, mais les
débats du bill 28, qui revêtent un intérêt
particulier, comme l'Opposition le sait, m'obligent à rester ici.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Question additionnelle, M. le
Président. Le gouvernement a-t-il préparé un dossier
concernant ce problème du sport amateur et des loisirs? Le gouvernement
pourrait-il déposer ces documents afin que nous connaissions sa
politique qui doit viser à empêcher le gouvernement central
d'envahir un domaine qui est de la compétence du gouvernement du
Québec?
M. SAINT-PIERRE: Le gouvernement, évidemment, a
préparé un excellent dossier et, compte tenu de la
négociation qu'a évoquée le député de
Chicoutimi, il me paraît inopportun d'en dévoiler la teneur.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Question additionnelle, M. le
Président. S'il existe une association qui s'appelle Sports Canada, dont
le très honorable Lester Bowles Pearson est président ou membre
je ne sais trop quoi et qui s'occupe de la participation des
Canadiens aux loisirs physiques, le gouvernement du Québec est-il membre
de cette association? Est-ce qu'il y délègue des observateurs et
est-ce que les décisions qui sont prises par cette association sont
visées par les différents gouvernements des Etats membres de la
fédération, dont celui du Québec?
M. SAINT-PIERRE: Le gouvernement du Québec n'a pas de
représentant officiel à cet organisme.
M. LE PRESIDENT: Le député de Dorchester.
Loi de la qualification professionnelle
M. GUAY: M. le Président, ma question s'adresse au ministre du
Travail. Est-il vrai que le gouvernement a l'intention de poursuivre tout
travailleur ou employeur qui ne se serait pas soumis à la loi de la
qualification professionnelle ou à l'arrêté en conseil
4793?
M. COURNOYER: Cela doit être vrai. M. le Président, si
quelqu'un n'observe pas les lois qui sont faites, il y a des commissions qui
sont censées s'en occuper. Particulièrement dans la construction,
la Commission de l'industrie de la construction a tous les pouvoirs pour
poursuivre les personnes qui ne respectent pas le décret de la
construction ou la réglementation de la qualification professionnelle
dans la construction. Le ministre n'a pas le pouvoir de dire aux gens: Ne
poursuivez pas, ne faites pas observer la loi. Les commissions ont
été créées exprès pour faire observer les
lois. J'imagine que les commissions qui ont à faire observer les lois
doivent les faire observer. Si elles ne les faisaient pas observer, je
recevrais, avec beaucoup de joie, une question des députés qui me
diraient: Comment se fait-il que vos commissions ne font pas observer les
lois?
Quand on me demande si les commissions ont l'intention de faire observer
les lois, je m'en réjouis. J'ai l'impression que c'est ce pourquoi elles
ont été créées.
M. ROY (Beauce): M. le Président, question supplémentaire
sur le même sujet. Le ministre pourrait-il nous dire s'il est exact que
son ministère s'apprête à intenter environ 20,000 à
25,000 poursuites à l'endroit de travailleurs autonomes répartis
dans plusieurs petites municipalités, dans tous les coins de la province
de Québec, et que son ministère poursuivrait également les
gens qui ont fait des petites réparations à leur
propriété, incluant les cultivateurs?
M. COURNOYER: Le ministère du Travail ne poursuit personne dans
le domaine de la construction et il ne poursuivra personne, non plus. Tout le
décret de la construction a été administré par la
Commission du salaire minimum et cela, ce n'est pas le ministère du
Travail. Quant au reste, depuis le 1er novembre, en vertu de la loi amendant le
bill 290, c'est la Commission de la construction qui est responsable
maintenant.
Il y a des prescriptions là-dedans, et c'est
dans ces lois-là que l'on va trouver la réponse. Le
ministère du Travail, encore une fois, est considéré comme
un Ponce Pilate. Pas du tout. On a décidé que c'était une
commission qui administrait ça. Si maintenant on pense que le ministre
est mieux habilité pour administrer ces lois-là que les
commissions, qu'on nous le dise, nous allons changer ça et nous
prendrons pour nous toutes les responsabilités.
Aujourd'hui, nous disons, par esprit d'objectivité, que les
décrets doivent être observés par tout le monde, même
s'il y a 25,000 personnes qui ne l'observent pas. Nous pouvons peut-être
modifier le décret pour dire qu'il était mauvais parce qu'il y a
25,000 personnes qui ne l'ont pas observé; c'est une question de
mérite sur le fond, mais, tant et aussi longtemps que les décrets
sont ce qu'ils sont, on ne peut pas empêcher une commission de les faire
observer, puisque c'est son devoir de les faire observer.
M. ROY (Beauce): M. le Président, question additionnelle. Le
ministre pourrait-il nous dire si son ministère est d'accord sur ces
fameux décrets et s'il a l'intention de les modifier justement pour
éviter que l'on ne pénalise les honnêtes travailleurs qui
osent travailler au Québec en 1971?
UNE VOIX: Est-ce qu'il est d'accord avec la loi?
M. COURNOYER: D'abord, le décret a été
adopté par mon ministère; il serait onéreux d'admettre
aujourd'hui que je ne suis pas d'accord avec cela. C'est la première
chose: le décret a été adopté par nous et des
amendements multiples lui ont été apportés. Nous cherchons
encore la vérité, M. le Président, nous cherchons encore.
Mais il y a une chose que j'ai dite et que je me dois de répéter,
c'est qu'il y a sept parties contractantes là-dedans.
Et si on veut leur enlever le pouvoir qu'elles ont de négocier
les conditions de travail parce qu'elles ne représenteraient ni les
travailleurs ni les salariés, qu'on le dise en Chambre et qu'on
l'enlève.
Tant et aussi longtemps que ce sont elles qui ont la
responsabilité de négocier et d'établir les conditions de
travail, le ministre dit: C'est vous autres qu'il faut consulter pour pouvoir
les modifier. A l'avenir, le ministre ne modifiera pas davantage de
décret sans le consentement unanime des sept parties.
M. GUAY: Question supplémentaire, M. le Président. Dans
une région où il n'y a pas suffisamment de travailleurs de la
construction possédant des cartes, comment va-t-on procéder pour
faire de la construction?
M. COURNOYER: M. le Président, c'est une question très
intéressante dont je prends avis. Je n'ai pas encore vu des
régions où il n'y aurait pas suffisamment de travailleurs de la
construc- tion. Il y a des places où il n'y a pas de travailleurs de la
construction, de charpentiers-menuisiers, il n'y a peut-être pas de
plombiers non plus. Mais une autre chose s'applique à cela. Il y a aussi
la mobilité des travailleurs.
Je ne répondrai pas davantage. Je prends avis pour voir ce qu'il
faudrait faire dans ces régions.
M. LE PRESIDENT: Le député de Nicolet.
M. ROY (Beauce): M. le Président, je pense qu'il y a suffisamment
de travailleurs dans ces régions, mais, ce qui manque, ce sont des
travailleurs qui possèdent leur carte. On sait, ce printemps...
DES VOIX: Question! Question!
M. LE PRESIDENT: Est-ce que le député a une question
à poser?
M. LEDUC: Venant de la Beauce, cela ne sera pas très très
intéressant comme question.
M. ROY (Beauce): Si on veut me permettre de la poser...
M. LE PRESIDENT: Posez-la! M. SAMSON: Laissez-lui le temps.
M. ROY (Beauce): Je demanderais à l'honorable ministre du Travail
s'il a l'intention de prendre des dispositions pour faire l'inventaire dans
toutes les régions du Québec à ce sujet.
M. COURNOYER: Oui, monsieur. M. LE PRESIDENT: Le député de
Nicolet.
Regroupement des fermes
M. VINCENT: M. le Président, ma question s'adresse au ministre de
l'Agriculture, qui vient de faire une entrée triomphale, comme si le
bill 64 était adopté. En rapport avec la nouvelle politique
annoncée par le ministre fédéral de l'Agriculture, la
semaine dernière, selon laquelle un montant de $150 millions serait
disponible, pour les sept prochaines années, pour le regroupement des
petites fermes, est-ce que le ministre pourrait nous annoncer les
détails de cette politique et nous dire, en deuxième lieu, si
cette politique fédérale est conforme au désir des
provinces exprimé à toutes les conférences depuis
1969?
M. TOUPIN: En octobre ou, du moins, l'an dernier, le gouvernement
fédéral avait annoncé un programme qu'il avait
appelé alors un programme de rajustement. Les ministres de l'Agriculture
s'étaient réunis et n'avaient pas accepté ce programme. On
avait convenu, à même occasion, de former un comité
technique composé des sous-ministres de chacune des
provinces, lequel comité devrait préparer une politique
nationale qui serait par la suite soumise au gouvernement
fédéral. Ce fut fait. Nous nous sommes réunis à
Toronto, je pense, la dernière fois. Nous avons fait accepter au
gouvernement fédéral la politique que nous avions
préparée, nous les ministres de l'Agriculture, par
l'intermédiaire du comité technique des sous-ministres. Nous
avons rencontré M. Olson, ministre fédéral de
l'Agriculture, lequel a accepté les grands objectifs prévus dans
le programme que nous avions proposé, les ministres de
l'Agriculture.
La position du Québec était incluse dans la politique
préparée par les ministres de l'Agriculture. Il a
été convenu, après la rencontre avec M. Olson, qu'on se
rencontre à nouveau pour discuter l'aspect administratif de
l'application d'un tel programme. En vue d'aider les ministres d'Agriculture
à prendre une décision sur l'aspect administratif d'un tel
programme, on a convenu, une autre fois, de constituer un autre comité
technique formé encore une fois de sous-ministres, lesquels se
pencheraient non sur les objectifs à atteindre mais sur les moyens
à prendre pour les atteindre.
Déjà une réunion de ce comité eut lieu, une
deuxième doit avoir lieu, je pense, avant la fin de décembre et,
au début de janvier, les ministres de l'Agriculture doivent se
rencontrer avec le gouvernement fédéral pour établir
comment on appliquera concrètement cette politique acceptée
conjointement par les deux paliers de gouvernement.
M. LE PRESIDENT: Je permets la dernière question.
M. VINCENT: Question supplémentaire. Si les détails
concernant d'abord l'administration et les principaux projets à
l'intérieur de cette politique ne sont pas encore acceptés par
les provinces, le ministre croit-il que c'était opportun pour le
ministre fédéral de l'annoncer publiquement avant d'en arriver
à une entente complète avec les provinces?
M. TOUPIN: Ce qui a été convenu, c'est qu'il y ait un
communiqué conjoint d'émis, ce fut fait. A la suite de notre
rencontre avec M. Olson, un communiqué conjoint a été
émis, lequel a été accepté par tous les ministres
de l'Agriculture.
Nous nous sommes entendus sur les grands objectifs.
Maintenant, le ministre de l'Agriculture fédéral a
jugé bon, par la suite, de dire: Nous sommes prêts à mettre
là-dedans $150 millions. Mais il s'est toujours
référé, par exemple, dans son communiqué, aux
décisions prises par les ministres de l'Agriculture lors de la rencontre
que nous avons eue avec lui. Il n'a pas parlé, dans ses
communiqués, de la façon dont on administrerait ce programme,
quelle serait, par exemple, dans le temps, la responsabilité des
provinces et quelle sera la responsabilité du gouvernement
fédéral. C'est de cela que nous allons discuter lorsque nous nous
rencontrerons à nouveau.
Maintenant, à savoir si M. Olson aurait dû attendre pour
faire cette communication, comme on le disait tantôt, c'est une question
d'opinion.
M. LE PRESIDENT: Le député de Portneuf...
M. TOUPIN: Mais, à venir jusqu'à maintenant, je ne pense
pas qu'il soit allé...
M. LE PRESIDENT: ... avec une dernière question.
M. TOUPIN: ... à l'encontre des décisions qui furent
prises lorsque nous l'avons rencontré.
Autoroute no 40
M. DROLET: M. le Président, j'aurais une question à poser
à l'honorable ministre de la Voirie. A la suite de l'annonce de grands
projets de voirie dans la province, ces jours derniers, le ministre m'avait
laissé entendre, il y a une dizaine de jours, qu'il aurait, sous peu, de
bonnes nouvelles à annoncer concernant l'autoroute 40, plus
spécialement la section débutant à Québec vers
Donnacona. Est-ce que le ministre a l'intention d'annoncer ce début de
projets avant les fêtes?
M. PINARD: M. le Président, je pense que l'annonce qui a
été faite la semaine dernière est assez claire. Il y aura
continuation des travaux sur l'autoroute 40 pour la prolonger de Berthier vers
Pointe-du-Lac, et les plans sont en voie de parachèvement pour l'autre
section qui passera dans la ville de Trois-Rivières. Je pense que tout a
été annoncé.
M. DROLET: Question supplémentaire, M. le Président. A la
suite de ma question, la semaine dernière, le ministre m'avait dit qu'il
était en pourparlers avec les autorités fédérales
concernant le secteur Québec-Donnacona, si vous voulez, l'autoroute 40.
Est-ce que le ministre a eu cette rencontre avec le fédéral et
est-ce qu'il aura des nouvelles à annoncer sous peu?
M. PINARD: C'est encore en discussion, et nous ne sommes pas
arrivés à un accord là-dessus. Nous poursuivons nos
discussions.
M. BOIS: M. le Président,...
M. LE PRESIDENT: Est-ce une question supplémentaire?
M. BOIS: Non.
M. LE PRESIDENT: La période des questions est terminée
depuis dix minutes. Demain, nous vous donnerons priorité.
M. BOIS: Merci, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Affaires du jour.
M. BELAND: J'invoque l'article 114 de nos règlements, M. le
Président, pour poser une question au gouvernement concernant l'ordre du
jour. Nous remarquons, encore ce matin, que l'article 21, concernant les
rapports des commissions de la Chambre, plus particulièrement celui de
l'Agriculture et de la Colonisation, n'est pas encore déposé.
Alors, qu'est-ce que l'on attend pour déposer ce rapport?
M. LEVESQUE: J'attendais, M. le Président, que le
député ait fini sa question, question qui retarde nos travaux
parce que j'allais justement appeler l'article 21!
UNE VOIX: C'est effrayant! M. LEVESQUE: Article 21.
Commission de l'Agriculture et de la
Colonisation
M. LE PRESIDENT: Il est proposé que la Chambre prenne en
considération le deuxième rapport de la commission de
l'Agriculture et de la Colonisation. Est-ce que ce rapport est
adopté?
M. PAUL: Non, M. le Président.
M. Clément Vincent
M. VINCENT: M. le Président, avant de procéder à
l'adoption de ce rapport par la Chambre. Non! Non! je regarde pour voir si le
président de la commission est ici, l'honorable député de
Huntingdon.
M. le Président, au cours de ces réunions à la
commission parlementaire de l'Agriculture et de la Colonisation, nous avons
entendu des représentants d'organismes para-agricoles, des
représentants d'agriculteurs. Ils nous ont fait part de leur
désir de voir des changements à la Loi du syndicalisme agricole
qui a été déféré à la commission
parlementaire de l'Agriculture, et qui a siégé à quatre
reprises sur cette question.
Au cours de la dernière réunion de la commission
parlementaire, nous avons, de plusieurs façons, essayé de savoir
du ministre de l'Agriculture et de la Colonisation quels seraient, à son
avis ou d'après les indications qu'il avait pu obtenir de ses principaux
conseillers, les principaux amendements apportés au bill 64.
Le ministre nous a dit qu'il n'avait pas l'intention, à ce
moment-là, de nous les annoncer. Il nous a également dit qu'il
nous ferait part sous peu des intentions du gouvernement. Mais en aucune
occasion, que ce soit devant la commission parlementaire, que ce soit ici
devant la Chambre, à l'Assemblée nationale, le ministre ne nous a
indiqué les amendements qu'il avait l'intention d'apporter.
Cependant, M. le Président c'est là que le
problème se pose avant que nous puissions nous prononcer sur ce rapport
entre-temps, à l'occasion de rencontres avec des journalistes,
à l'occasion de rencontres avec des particuliers ou des groupes, le
ministre a annoncé qu'il y aurait des amendements d'abord, à la
définition du mot "producteur", deuxièmement, qu'il y aurait des
amendements en ce qui concerne la ou les consultations dont il est question
dans le bill no 64 et que, troisièmement, il y aurait des amendements
dans d'autres domaines plus techniques qui ne touchaient pas le principe
même du projet de loi.
Donc, M. le Président, il est très surprenant pour nous,
membres de cette Chambre, après avoir demandé à plusieurs
reprises au ministre quelles étaient ses intentions, de constater qu'il
n'a jamais voulu nous dire si oui ou non il y aurait des amendements mais
qu'à l'extérieur de la Chambre il a été plus enclin
à donner son idée, son opinion sur le bill no 64.
De plus, M. le Président, nous aimerions savoir du ministre,
aujourd'hui, quels sont ses principaux amendements. Quelle est sa position,
maintenant qu'il a pu entendre les témoins, qu'il a pu lire les
mémoires, qu'il a pu consulter ses officiers? Quelle est sa position?
Ceci nous aiderait grandement, M. le Président, à répondre
à ces dizaines et dizaines d'agriculteurs qui, tous les jours, viennent
frapper à nos portes pour savoir ce qui se passe ici, à
l'Assemblée nationale du Québec.
Ces agriculteurs, M. le Président, viennent à nos portes,
viennent à nos bureaux de comté et à nos bureaux de
Québec. Ils ont raison de le faire parce qu'au mois d'octobre 1970,
à l'occasion d'un banquet, d'une réunion annuelle de l'UCC, le
ministre de l'Agriculture a affirmé que lorsqu'un ministre voulait, il
pouvait et qu'il y aurait une Loi du syndicalisme agricole avant la fin de
1970. Là-dessus je lui en fais grâce il s'est
repris. Le lendemain, il a fait parvenir un télégramme pour dire
qu'il s'était trompé, qu'il avait voulu dire avant la fin de
1971.
Je pense, M. le Président, que le 14 décembre 1971, il est
important de connaître les intentions du ministre de l'Agriculture, les
intentions du gouvernement. Si le rapport est agrée, que le ministre
retourne à son bureau, retourne à son ministère et que
nous attendions à la fin de la semaine prochaine pour qu'on nous annonce
qu'il est trop tard pour adopter la Loi du syndicalisme agricole, nous
n'aurions aucune autre occasion de nous lever ici, en cette Chambre, et de
revendiquer un droit légitime des agriculteurs du Québec.
Si nous avons convenu, au cours des discus-
sions de la commission parlementaire, qu'en 1971 il était
illogique de demander à un groupe de faire du porte à porte pour
amasser les contributions ou les cotisations annuelles si nous avons convenu
qu'en 1971 il était illogique d'exiger d'un groupe, contrairement
à ce qui se passe dans tous les autres systèmes syndicaux, trois
référendums: d'abord pour être accrédité,
deuxièmement pour savoir si on doit cotiser, oui ou non, à la
source un montant fixe et troisièmement un autre
référendum advenant le cas où l'on veuille augmenter la
contribution, si nous avons convenu qu'il était ridicule d'avoir cela
dans une législation d'imposer ça aux agriculteurs du
Québec, je crois qu'au 14 décembre 1971, nous devrions
connaître les intentions du ministre.
Ainsi, il nous serait permis de répondre d'une façon
intelligente aux agriculteurs qui viennent nous rencontrer tous les jours. Nous
pourrions leur dire: Retournez chez vous, messieurs, nous savons exactement ce
qui va se passer. Nous savons, par exemple, qu'en 1971 vous aurez ou vous
n'aurez pas la Loi du syndicalisme agricole. C'est la première question
qu'ils se posent.
M. MAILLOUX: Vous avez eu quatre ans pour leur dire ça; pourquoi
ne l'avez-vous pas dit?
M. VINCENT: Le député de Charlevoix mentionne que nous
avons eu quatre ans pour le dire.
M. MAILLOUX: Vous étiez muet à ce moment-là.
M. VINCENT: Le travail a débuté au mois d'octobre 1969. Je
vais faire l'historique: Au mois d'octobre 1969, l'UCC a présenté
au conseil des ministres un mémoire demandant, d'une façon
précise et spécifique, une loi du syndicalisme agricole. Ce
mémoire a été accepté par le conseil des ministres
et le principe a été accepté par le conseil des
ministres.
Immédiatement, nous avons demandé à Me Marcel
Trudeau, avocat de Montréal, de se pencher sur cette question et de
préparer un projet de loi en consultation avec les groupes
intéressés. Après les élections de 1970, cela a
été la responsabilité du gouvernement actuel, du ministre
actuel de continuer le travail qui avait été amorcé au
mois d'octobre 1969.
Nous en sommes, je le répète, au 14 décembre 1971
et nous voulons savoir où nous allons. Nous voulons savoir si la carte
signée par la moitié plus un des agriculteurs sera
acceptée. C'est ça que nous avons discuté devant la
commission parlementaire.
M. LEVESQUE: J'invoque le règlement. M. le Président, je
crois que nous assistons présentement à ce qui serait normalement
un débat de deuxième lecture. On est en train de faire
l'historique du projet de loi du syndicalisme agricole. On est en train
également non seulement d'entrer dans le principe du bill, mais d'en
faire une étude article par article, alors que tout ce que la Chambre a
devant elle, à ce moment-ci, c'est la considération du
deuxième rapport de la commission.
Que dit ce rapport? Simplement ce qui suit: La commission a l'honneur de
soumettre son rapport. La commission s'est réunie à telle date et
une dizaine d'organismes se sont présentés devant elle. Il n'y a
pas de recommandation dans ce rapport, il n'y a pas de dissension
d'indiquée, il n'y a pas de problème particulier de
soulevé; c'est simplement un compte rendu, un résumé de ce
qui s'est fait à la commission. On demande simplement à la
Chambre de recevoir ce rapport, afin de passer justement à la
deuxième lecture de ce projet de loi.
Présentement, on semble profiter de cette simple procédure
qui est une procédure de routine dans le cas actuel pour
essayer de faire un nouveau débat qui n'a pour conséquence que de
retarder, encore une fois, l'adoption de ce projet de loi.
Ce n'est pas de cette façon que nous allons faire avancer les
travaux de la Chambre. Deuxièmement, je crois que cette discussion est
entièrement en dehors de ce qui fait l'objet de l'étude
présente. On doit s'en tenir à la considération du
deuxième rapport. Or, le deuxième rapport ne contient absolument
rien de litigieux. Tout ce qu'il dit, c'est qu'on s'est réuni à
telle date et qu'on a entendu tant d'organismes.
Est-ce qu'il y a quelque chose là-dedans qui ne peut pas
être reçu ou qui doit être reçu? Si c'est le cas,
recevons ce rapport et passons aux choses plus positives.
M. PAUL: Sur le rappel au règlement, M. le Président, je
trouve étrange l'argumentation apportée par l'honorable leader du
gouvernement quand il reproche au député de Nicolet
d'énumérer certains événements. Il dit que le
député de Nicolet essaie de faire un nouveau débat.
Je soumets respectueusement que nous n'avons encore eu aucun
débat sur ce projet de loi. La preuve, c'est que le projet de loi no 64
a été déféré à la commission
parlementaire dès la première lecture et avant l'acceptation par
la Chambre des principes que l'on peut retrouver dans ce projet de loi.
Mais je suis sûr, M. le Président, que le
député de Nicolet s'en tiendra au coeur de la motion
présentement à l'étude et que ce n'est que par incidence
qu'il a traité de certaines questions de nature à éveiller
quelque peu l'attention du ministre de l'Agriculture et de la Colonisation.
M. LE PRESIDENT: Le député de Lotbinière.
Sur un point de règlement?
M. BELAND:Non, non.
M. VINCENT: Je m'excuse, M. le Président, de m'être quelque
peu éloigné de la discussion en cours, ce fut très
involontaire. J'étais tellement convaincu que le ministre de
l'Agriculture acceptait ces propos avec joie que j'ai pensé que j'avais
le consentement unanime de la Chambre pour soulever un court débat sur
cette question. En ce qui nous concerne, M. le Président, nous sommes
prêts à accepter ce rapport qui ne dit rien. Nous sommes
prêts à l'accepter, mais nous espérons qu'au cours des
très très prochains jours nous aurons une indication du ministre
de l'Agriculture ou du leader parlementaire des suites qui seront
données à ce rapport.
Je pense que c'est important. Si le rapport est accepté, s'il
reste là, même s'il ne dit rien présentement, il y a quand
même du travail qui a été fait et nous espérons que
le ministre sera en mesure de nous donner des indications sur les suites qui
seront données à ce rapport.
M. LE PRESIDENT: Le député de Lotbinière.
M. Jean-Louis Béland
M. BELAND: M. le Président, à mon tour je désire
apporter quelques notes relativement à ce dépôt du rapport
de la commission de l'Agriculture et de la Colonisation, faisant suite au bill
64. Sur celui-ci, nous avons entendu différents mémoires,
différents exposés, différentes observations, notamment
faites par l'UCC, la Coopérative fédérée, le
Conseil d'alimentation du Québec, je ne les nommerai pas tous. Dans la
plupart, il y a eu des choses très intéressantes de
notées. J'espère que le ministre de l'Agriculture s'en est
inspiré pour apporter quelques amendements parce que les cultivateurs
désirent avoir, non pas un bill compliqué avec lequel ils auront
de la difficulté à travailler, mais quelque chose de clair, de
précis.
Le ministre sait que beaucoup de cultivateurs viennent tour à
tour en cette Chambre pour voir ce qui se passe. Il y a une quantité de
bills comme ça que la population désirerait, mais elle attend.
Par contre, d'autres nous sont présentés et ceux-là, la
population n'en veut pas. Qu'est-ce qui se passe? Etant donné que la
population veut le bill 64, est-ce que quelqu'un ou quelque organisation freine
le ministre de l'Agriculture? J'espère qu'il sera accepté, parce
que je suis d'accord pour accepter le rapport de la commission de l'Agriculture
et de la Colonisation.
Mais, dans les minutes qui suivront, est-ce que nous pourrons avoir la
joie de voir le dépôt des amendements pour que le bill soit
acceptable pour les cultivateurs du Québec? C'est là que nous
allons voir si le ministre veut servir le peuple ou les trusts ou la finance.
C'est là que nous allons le voir. S'il veut réellement servir les
cultivateurs, il fera en sorte que les principales observations qui ont
été faites soient acceptées. Il y en a eu de très
sages dans les mémoires qui ont été
présentés.
Ceci dit, le ministre a dû s'en inspirer et il a dû
préparer des amendements très précis, pour faire en sorte
que le bill soit très clair, pour que les cultivateurs soient en mesure
de pouvoir travailler avec ce bill-là et s'en servir de façon
à ce que, dans le plus bref délai possible, ils ne soient pas
obligés de recueillir les cotisations à la mitaine.
Ces choses-là sont périmées. Est-ce normal que ceux
qui ont à cultiver les produits qui entretiennent notre vie soient
obligés de travailler un peu comme le cultivateur qui travaillerait avec
son boeuf et sa charrue?
M. LE PRESIDENT: Je pense que le député de
Lotbinière s'éloigne un peu du sujet.
M. BELAND: Merci, M. le Président, de me rappeler à
l'ordre. Ce terrain est tellement glissant, j'espère que vous
m'excuserez. C'est notre voeu...
UNE VOIX: Il y a de la glaise.
M. BELAND: ...que le ministre aille de l'avant, avant les fêtes,
pour qu'on en finisse avec ce bill-là. Qu'on l'accepte, qu'on le refuse,
mais qu'on en finisse. Je crois que les cultivateurs seront satisfaits. Merci,
M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Le rapport de la commission.
M. Normand Toupin M. TOUPIN: M. le Président...
M. LE PRESIDENT: Le ministre de l'Agriculture.
M. TOUPIN: ...juste quelques mots sur cette question. Bien sûr, on
a reçu plusieurs mémoires à la commission parlementaire de
l'Agriculture. Tous les députés ont eu l'occasion de lire ces
mémoires et d'entendre ceux qui les ont lus. Par la suite,
j'espère bien que chacun des députés a pris le temps de
les étudier pour voir exactement ce qui pouvait se dégager de
l'ensemble de ces mémoires afin, par la suite, de faire des suggestions,
soit en apportant des amendements ou en améliorant certains articles qui
se trouvent déjà dans le projet de loi.
Si ma mémoire est fidèle, après que la commission
parlementaire se fut réunie à quelques reprises et eût
entendu les mémoires présentés par ceux qui voulaient
faire des représentations, il avait été convenu que la
commission se réunisse à nouveau en vue de donner aux membres de
la commission l'occasion de faire valoir leurs points de vue. J'ai toujours
soutenu, au moment où des mémoires furent présentés
et par la suite, quand la
commission parlementaire se fut réunie pour entendre les propos
des membres de la commission, que nous étions disposés à
réviser certains articles du projet de loi si, à la
lumière des mémoires et à la lumière des
suggestions faites par les membres de la commission, cela devenait
nécessaire.
J'ai toujours soutenu cela et je ne me suis jamais opposé
à des idées qui venaient de l'extérieur du
ministère ou du gouvernement dans ce domaine-là. Il avait
été convenu qu'une fois la commission réunie et
après avoir entendu les membres, on préparerait, nous, un travail
qu'on soumettrait au conseil des ministres et que, par la suite, on prendrait
la procédure normale et régulière. C'est toujours ce que
j'ai soutenu et je ne pense pas avoir dérogé à ce principe
que j'ai soutenu au cours des discussions. Je ne vois pas pourquoi, ce matin,
on tente de soutenir que nous hésitons à agir, que nous
hésitons à continuer notre action dans ce domaine-là. Cela
fait à peine huit mois que nous travaillons sur le projet de loi et nous
sommes parvenus, je pense, à une étape importante. La
première lecture a été présentée, la
commission parlementaire s'est réunie et nous avons entendu les parties;
il reste maintenant à faire accepter par le conseil des ministres
l'essentiel de tout ce qui se trouvera dans le projet de loi et, par la suite,
à prendre les procédures régulières pour en arriver
à son adoption, s'il y a lieu.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Maskinongé.
M. Rémi Paul
M. PAUL: M. le Président, vous me permettrez de vous signaler que
la conduite des différents ministres n'est pas la même.
Effectivement, nous avons eu des séances à la commission des
Affaires municipales les 30 novembre et 1er décembre pour
compléter l'étude du projet de loi 48.
Nous sommes actuellement, au moment où je vous parle, à
étudier en commission parlementaire un projet de loi
réimprimé, alors que le ministre de l'Agriculture nous dit:
Depuis un mois, nous travaillons à des amendements.
Il y aura un mois, dans deux jours, que la commission de l'Agriculture
et de la Colonisation s'est réunie pour étudier certains
amendements éventuels à la Loi du syndicalisme agricole et nous
n'avons encore rien.
Si nous voulons faire certaines remarques au sujet du rapport dont
l'adoption a été proposée par le député de
Huntingdon, c'est que ce rapport est incomplet, qu'on devrait y relever, entre
autres, une excellente suggestion faite par le député de Nicolet
à l'effet que si les amendements proposés n'étaient pas
arrêtés dans leur texte définitif, que si le gouvernement
avait besoin de consultation additionnelle, le gouvernement présente un
très court projet de loi par lequel il décréterait que
toute personne qui vend des produits agricoles pour une somme d'au moins $100
par année soit obligée de verser une cotisation de $15 à
l'UCC avec un délai de trois mois à cette personne pour fournir
une lettre de désengagement si elle ne veut pas participer à la
mise en application du syndicalisme, et ce à compter du 1er janvier
1972. Cela aurait été une mesure législative temporaire,
efficace, cependant, et, entre-temps, le ministre de l'Agriculture et de la
Colonisation aurait pu étudier davantage les textes d'amendement qu'il a
l'intention de soumettre, à la lumière des différentes
recommandations qui furent faites devant la commission parlementaire de
l'Agriculture et de la Colonisation, par l'étude plus poussée des
dix mémoires qui furent présentés devant cette
commission.
C'est pourquoi, M. le Président, nous ne pouvons pas comprendre
que dans un mois moins deux jours le ministre n'ait pas encore réussi
à faire accepter ses amendements par le cabinet des ministres alors que
son collègue, le ministre des Affaires municipales, a réussi
à faire adopter 101 amendements à la Loi sur l'évaluation
foncière, le projet de loi no 48.
M. TOUPIN: M. le Président, je ne pense pas avoir dit que je ne
suis pas parvenu à faire accepter les amendements par le conseil des
ministres. Ce n'est pas ce que j'ai dit. Je ne les ai pas
présentés encore. C'est clair, quand je les présenterai,
vous jugerez après.
M. PAUL: C'est encore pire. Voici que depuis un mois le ministre dort;
il n'a pas soumis de rapport d'amendement à ses collègues du
cabinet. Nous voulons que le ministre agisse. Quant à nous, nous avons
complété nos remarques, nous allons adopter ce rapport incomplet,
insignifiant, vide, et que le ministre commence à bouger pour satisfaire
aux exigences de la classe agricole qui veut avoir la Loi du syndicalisme
agricole.
M. Gérard-D. Levesque
M. LEVESQUE: M. le Président, je n'ajouterai qu'un mot. Il n'y a
pas un gouvernement qui a manifesté autant d'intérêt pour
la classe agricole; il n'y a pas un ministre qui s'est autant penché,
avec autant d'efficacité, sur le problème agricole,
particulièrement sur la question du syndicalisme agricole.
Deuxièmement, M. le Président, la Chambre est au courant,
nous l'avons informée continuellement des progrès de cette
législation. En particulier, lorsque le ministre a eu à
répondre à des questions, le ministre et moi-même avons
tenu la Chambre au courant. Nous avons parlé du comité de
législation qui devait normalement regarder les amendements
proposés par le ministère de l'Agriculture. C'est normal.
Enfin, nous avons mentionné que, lorsque
ces amendements auraient été adoptés au
comité de législation, ils seraient présentés au
conseil des ministres. Il y a quelques minutes seulement, le comité de
législation travaillait justement à ces amendements. Alors,
dès que le ministre pourra le faire, ce sera probablement demain, il les
apportera devant le conseil des ministres.
Nous ne pouvons pas aller plus rapidement, plus efficacement. Tout ce
que je demande, c'est qu'on adopte ce rapport et qu'on cesse de perdre du
temps.
Adoption du rapport
M. LE PRESIDENT: Le deuxième rapport de la commission de
l'Agriculture et de la Colonisation est-il adopté?
Adopté.
M. LEVESQUE: M. le Président, voici une motion que je veux faire,
à la suite de consultation avec les divers partis. Pour avoir plus de
flexibilité dans le travail des commissions, je propose que, d'ici la
fin de la présente session, l'on puisse, alors que les commissions
permanentes siègent, changer les membres sur simple proposition, sans
être obligé de revenir en Chambre.
M. LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
M. PAUL: Adopté.
Projet de loi no 66 Rappel d'inscription de
troisième lecture
M. LEVESQUE: Article 3, M. le Président. Mais je voudrais faire
une motion pour révoquer l'ordre de troisième lecture et revenir
en comité plénier pour permettre au ministre de présenter
certains amendements. Je ne sais pas, mais je pense bien que le ministre a eu
l'occasion d'en parler aux leaders parlementaires, le député de
Maskinongé ou les autres. De toute façon, le ministre m'a
laissé entendre qu'il aimerait revenir en comité plénier
pour suggérer quelques amendements qui se sont
présentés.
M.PAUL: M. le Président, le ministre fait motion pour rescinder
le rapport qui avait été fait à l'issue de l'étude
de ce projet de loi par le comité plénier? Par voie de
conséquence, cela s'impose.
M. LEVESQUE: Oui, M. le Président. M. PAUL: Très bien.
M. LE PRESIDENT: Les deux motions sont-elles adoptées?
DES VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Le ministre de la Justice propose que je quitte
maintenant le fauteuil et que la Chambre se forme en comité
plénier pour étudier le bill 66.
Comité plénier
M. CARPENTIER (président du comité plénier): A
l'ordre, messieurs!
M. LOUBIER: Est-ce que le Solliciteur général est parti
plaider à la cour Suprême?
M. PAUL: Non, il est devant tous les commissaires.
M. CHOQUETTE: Je croyais que le ministre de l'Agriculture était
pour vous occuper toute la matinée. Vous aviez l'air bien partis.
M. VINCENT: Je regrette.
M. CHOQUETTE: Vous vous êtes dégonflé?
M. VINCENT: Si le ministre de la Justice avait mentionné cela au
leader parlementaire, nous aurions pu continuer pendant encore quelques
instants.
M. PAUL: J'avais prévenu le ministre que cela durerait deux
jours.
M. LOUBIER: Le ministre de la Justice ne pourrait-il pas demander
à son chef ou à M. Desrochers d'organiser cette Chambre avec des
walkie-talkies pour qu'on puisse rejoindre les ministres et les
députés?
M. CHOQUETTE: Oui, je crois que ce serait une excellente
idée.
M. LOUBIER: Il y aurait unité de présence, à ce
moment-là.
M. PAUL: Par la pensée.
M. LACROIX: Quand on est plus nombreux, on peut se parler plus
facilement.
M. CHOQUETTE: M. le Président, je voudrais faire un petit retour
en arrière, si vous me le permettez, et expliquer pourquoi j'apporte
aujourd'hui cette série d'amendements au bill 66. Si vous vous le
rappelez bien, lorsque nous avons discuté ce bill...
M. BURNS: Est-ce qu'on peut avoir des copies des amendements?
M. CHOQUETTE: Je les ai remises au président.
M. PAUL: Ah! mais il n'est pas pour bouger, lui. Aie, les
amendements!
UNE VOIX: Est-ce qu'il y a des pages quelque part? Aie, les pages!
M. LEVESQUE: Est-ce qu'il y a des pages quelque part? Des feuilles et
des pages.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre de la Justice.
M. CHOQUETTE: Donc, je disais que, lorsque nous avons discuté du
bill 66, en comité, après la deuxième lecture, il a
été souligné par un des honorables députés
qu'il y aurait peut-être intérêt à ce que nous
revoyions certaines lois où il était question de l'âge de
la majorité de façon à apporter, immédiatement, les
amendements aux lois particulières en question.
C'est l'objet, justement, de la série d'amendements que je vous
soumets, M. le Président.
D'autre part, je dois vous dire que je suggère un amendement qui
fera en sorte que l'âge de la majorité, que nous fixerons,
dorénavant, à 18 ans, entrera en vigueur le 1er janvier 1972
plutôt qu'immédiatement, et ceci à cause de certaines
élections qui se déroulent actuellement dans les fabriques. On a
attiré notre attention sur le fait que, dans les fabriques, des
élections étaient prévues pour le mois de décembre
et que, si nous apportions immédiatement des changements à la loi
de la majorité, ceci aurait pour effet de rendre obligatoire d'appeler
les personnes de plus de 18 ans à voter et que, par conséquent,
ce n'était peut-être pas utile, vu les complications
administratives qui résulteraient d'un changement de régime au
point de vue de la majorité.
C'est la raison pour laquelle je vous propose que le changement de
l'âge de la majorité s'effectue le 1er janvier 1972. Egalement, je
crois que le premier de l'année est une bonne date pour faire un tel
changement. Les dispositions qui s'appliquent à l'indemnité
additionnelle commenceraient également le 1er janvier 1972. Alors, nous
sommes à très peu de jours du 1er de l'année. Je vous
suggère donc que pour cette disposition nous adoptions le même
principe que pour celle du changement de l'âge de la majorité.
M. LE PRESIDENT: Adopté?
M. PAUL: Un instant, M. le Président. Je comprends votre
hâte de partir en vacances. D'un autre côté, nous avons nos
obligations nous aussi, notamment de faire certaines remarques, fort au point,
au sujet des amendements que nous propose le ministre de la Justice.
Le ministre de la Justice a tenu compte des recommandations qui lui
furent faites. Il semble qu'il ait eu recours aux différentes lois
administratives pour apporter les amendements qui s'imposent afin que le texte
soit conforme à celui que nous retrouverons dans le code civil
amendé. Je n'ai aucun doute que le ministre s'empressera, lors de la
prochaine session, d'ap- porter de nouveaux amendements si, par hasard, il lui
était signalé que certaines lois n'ont pas été
corrigées par les amendements qu'il nous propose ce matin.
Ce sont des amendements de corrélation logique. Je suis sûr
que mon collègue, le député de Maisonneuve, a jusqu'ici
pris le temps de vérifier l'interrogation que nous nous sommes
posée tout à l'heure. Je ne veux pas lui enlever le mérite
de sa curiosité intellectuelle. Je suis désireux de
connaître la réponse à la question qu'il m'a
posée.
De toute façon, M. le Président, ce sont des amendements
que nous appuyons, et je profite de l'occasion pour féliciter le
ministre de s'être rendu aux remarques que nous lui avons faites. C'est
regrettable qu'il n'y ait pas la même efficacité administrative
parmi tous ses collègues, ce qui faciliterait notre travail.
J'espère que le ministre ne sera pas mortifié par ce
compliment que je lui décerne; cela devrait constituer un excellent
stimulant chez ses collègues pour obtenir une efficacité
administrative qui leur permettra d'être à temps et à point
dans les amendements que l'on doit préparer, fût-ce même
dans le domaine du syndicalisme agricole.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Portneuf.
M. DROLET: M. le Président, notre parti politique appuie aussi
les amendements que vient de déposer l'honorable ministre de la
Justice.
Nous n'avons pas grand-chose à ajouter, sinon le
féliciter. Je fais miennes les paroles de l'honorable
député de Maskinongé pour remercier le ministre d'avoir
répondu à ce que l'Opposition avait demandé et d'avoir
déposé ces amendements dès maintenant.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Maisonneuve.
M. BURNS: M. le Président, nous sommes évidemment aussi
entièrement d'accord sur ces amendements. Je pense que ce qui
sous-tendait les points de vue de l'Opposition quand nous demandions
d'uniformiser les lois donnant la capacité, soit dans des domaines
précis ou dans des domaines généraux, aux personnes de 18
ans et plus, c'était justement, dans notre esprit, pour que les majeurs
de 18 ans soient véritablement majeurs à tout point de vue.
Malheureusement, je viens à peine de vérifier la Loi des
jurés du Québec. Il me semble qu'il y a peut-être eu un
oubli dans cette loi. Je n'ai pas le texte définitif que nous avons
adopté récemment mais, sauf erreur, nous n'avons pas
changé les mots de l'article 2, paragraphe b), quand nous avons
amendé cette loi.
L'article 2 nous dit: "Nul ne peut remplir les fonctions de juré
à moins d'être à la fois a) du sexe masculin." Cette chose
faisait l'objet de
l'amendement que le ministre de la Justice a soumis récemment. Le
paragraphe b) qui, à ma connaissance, n'a pas été
touché, se lit: "âgé de 21 ans révolus". Alors au
sens de la Loi des jurés, je pense que ce serait une occasion d'ajouter,
peut-être, un amendement dans la liste de ceux proposés par le
ministre pour que, véritablement, une personne de 18 ans soit majeure
à tout point de vue.
C'est la seule remarque que j'avais à faire. Quant au reste, nous
sommes entièrement d'accord sur les amendements proposés.
M. VINCENT: M. le Président, n'y aurait-il pas lieu, par exemple,
dans cette loi, au lieu d'apporter des amendements comme ceux-là,
d'avoir un certain article, omnibus je ne sais pas si c'est
possible...
M. CHOQUETTE: C'est justement ce qui a eu lieu.
M. VINCENT: Pardon?
M. CHOQUETTE: C'est justement ce qui a été fait.
M. VINCENT: Pour quelle raison apporte-ton tous ces amendements? S'il y
avait eu possibilité je ne sais pas, je ne connais pas tellement
la technique législative dans les détails...
M. CHOQUETTE: Si le député de Nicolet avait
été ici lors de la discussion de la première lecture, il
saurait que, justement, nous avons changé l'âge de la
majorité au code civil. Donc, cela a une application
générale.
Mais, d'un autre côté, nous nous sommes posé, par la
même occasion, la question: y a-t-il des exigences, au point de vue de
l'âge, dans d'autres lois? C'est là que nous avons fait des
recherches dans d'autres lois. A la suite de ces recherches, nous apportons
cette série d'amendements.
M. VINCENT: Oui, mais pour éviter cela, si on trouvait une autre
loi dans laquelle la majorité est bien spécifiée et
qu'elle s'applique à 21 ans, n'y aurait-il pas possibilité
d'avoir un simple article omnibus disant que dans toute loi qui relève
de la compétence du gouvernement du Québec, on devra lire 18 ans
au lieu de 21 ans, très simplement? Cela couvrirait toutes les lois. Je
ne sais pas. Je pose simplement la question à un juriste savant comme le
député d'Outremont.
M. CHOQUETTE: La qualification de l'âge ne se rapporte pas
toujours à la majorité ou à la non-majorité. Il
peut y avoir des circonstances ou des lois où l'on exige tel âge
mais où cela n'est pas nécessairement en rapport avec la
majorité.
Comme dit le député de Saint-Louis, par exemple, pour ie
mariage, on exige dans le code civil qu'un garçon ait au moins 16 ans et
qu'une fille ait au moins 14 ans. Alors, il faut quand même faire
certaines différences suivant les ordres d'activité dans
lesquelles on est.
Evidemment, par l'amendement qui était apporté au code
civil, nous changions l'âge de la majorité pour l'exercice des
droits ordinaires d'un citoyen, soit son droit de se marier, son droit de
contracter, enfin l'ensemble de l'exercice de ses droits civils. Donc, nous
avons adopté ce principe. Je pense que c'est conforme à
l'expression d'opinion du député de Nicolet. Mais nous avons eu
une discussion à ce moment-là.
Les honorables députés de l'Opposition, dont le
député de Maskinongé, le député de
Maisonneuve et le député de Portneuf, qui assistaient à la
discussion ont alors dit: Mais est-ce qu'il n'y a pas des lois où on
fixe l'âge de 21 ans comme étant une condition pour remplir
certaines fonctions, obtenir certains avantages ou exercer certaines
activités? Incidemment, je signale que, dans la Loi du crédit
agricole, par exemple, il y avait des exigences de cette sorte. Pour obtenir
des prêts, il fallait avoir 21 ans.
Nous avons fait la revue de l'ensemble de ces lois-là, et c'est
le fruit de cet examen qui se trouve dans les amendements que j'ai
déposés. Nous donnons donc suite au voeu du député
de Nicolet par une énonciation générale à l'effet
que, dorénavant, l'âge de la majorité sera 18 ans. En plus
de ça, nous révisons nos lois particulières dans chaque
cas, avec des exceptions, cependant.
J'ai pensé au cas de la Loi des jurés, qui a
été signalé par le député de Maisonneuve.
J'ai pensé également au cas de la Loi des compagnies qui exige
qu'un directeur de compagnie ait 21 ans. Je ne propose pas que nous changions
ces deux lois pour le moment parce qu'il me semble que dans ces deux domaines,
celui qui est appelé à exercer une responsabilité ne
règle pas seulement ses droits et ses obligations à lui; il
règle les droits et les obligations d'autrui.
Comme juré, il siège, en somme, comme partie du processus
judiciaire et il est appelé à se prononcer sur la
culpabilité ou la non-culpabilité. Comme directeur de compagnie,
il administre des biens, en somme, comme fiduciaire d'autrui. Je pense que dans
ces domaines, pour le moment du moins, nous devrions laisser les lois telles
quelles, parce que là nous atteignons un seuil de responsabilité
où le mineur actuel ne fait pas que s'engager lui-même, mais il va
beaucoup plus loin que cela; il règle les droits d'autrui.
Je pense que l'on devrait se contenter des amendements que nous
suggérons et de l'expression d'opinion générale. Quand il
s'agit de régler les droits d'autrui, qu'on fasse l'expérience,
nous verrons et peut-être que, dans un certain temps, nous pourrons
apporter des amendements visant à réformer ces deux lois, la Loi
des jurés et la Loi des compagnies. Pour le moment, je pense que ce
serait prématuré.
UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Dois-je comprendre que les articles 21 à 33 sont
adoptés?
M. PAUL: Adopté. M. DROLET: Adopté.
M. BURNS: Adopté. M. le Président, je voudrais simplement,
très brièvement, exprimer ma déception que le ministre,
qui d'habitude est très d'avant-garde dans ses législations,
fasse cette distinction. Pour nous, au départ, le principe était:
on est majeur ou on ne l'est pas. Dans le cas de la Loi des compagnies et dans
le cas de la Loi des jurés, il est évident que la
référence à l'âge de 21 ans signifiait l'âge
de la majorité.
Si on commence à faire des distinctions comme ça, on peut
continuer indéfiniment. Pourquoi, par exemple, ne dirions-nous pas que,
dans la Loi des jurés, ça prendrait 35 ans, parce qu'à 35
ans une personne est habituellement plus stable qu'à 21 ans? Il n'y a
pas de raison de faire de distinction dans ce sens-là.
Je voulais, tout simplement, exprimer ma déception à
l'égard de ces deux détails.
M. CHOQUETTE: La déception du député de Maisonneuve
étant exprimée, je vais en appeler à son bon sens, parce
qu'il en a une forte dose. En plus de ça, il a une formation juridique;
il est appelé, en somme, à plaider beaucoup de causes dans divers
domaines d'activités. Je sais que, dans son for intérieur, il
admet que l'exercice de la fonction judiciaire demande pas mal de sens des
responsabilités et de maturité.
Je lui demande de retenir sa déception pour le moment. Nous
verrons comment la nouvelle loi, d'ailleurs, qui a été
élargie, va fonctionner. Nous verrons dans quelques années s'il
n'y a pas lieu d'aller plus loin.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. le Président, j'ai l'honneur de faire rapport que le
comité a siégé et adopté le bill no 66 avec des
amendements qu'il vous prie d'agréer.
M. BLANK (président): Les amendements au bill no 66 ont
été agrées. Le rapport est-il adopté?
Adopté.
M. LEVESQUE: Troisième lecture. Troisième
lecture
M. LE PRESIDENT: La troisième lecture du bill no 66 est-elle
adoptée?
M. BURNS: Adopté.
M. LEVESQUE: Article 11.
Projet de loi no 280 Deuxième lecture
M. LE PRESIDENT: Le ministre de la Justice propose la deuxième
lecture de la loi concernant le paiement d'une indemnité et d'une
pension à M. Armand Courval.
M. Jérôme Choquette
M. CHOQUETTE: M. le Président, ce bill que j'ai l'honneur de
proposer nous ramène bien des années en arrière, alors que
le service de police de la ville de Montréal, ainsi que toute
l'administration de la ville de Montréal, avait fait l'objet d'une
enquête qui a été connue sous le nom d'enquête Caron
à laquelle ont été mêlées beaucoup de
personnes. Entre autres, fut mêlé, à cette époque,
à toute l'activité qui régnait dans la ville de
Montréal M. Armand Courval qui fait l'objet de la loi que je
présente aujourd'hui.
On se souviendra peut-être que M. Courval, à la suite de
certaines accusations de parjure, avait été reconnu coupable le
23 avril 1956 et condamné par la cour des Sessions de la paix. Beaucoup
d'années se sont écoulées et voilà que
récemment, c'est-à-dire le 22 juillet 1971, le gouverneur
général du Canada a accordé un pardon complet à M.
Courval. Je vais donner lecture du document. "Attendu qu'à la
séance du tribunal tenue à Montréal dans la province de
Québec devant son honneur le juge W. Proulx Armand Courval a
été reconnu coupable de parjure le 23e jour d'avril 1956 et en
conséquence condamné à une journée d'emprisonnement
et à $500 d'amende ou à défaut à trois mois
d'emprisonnement additionnel, et attendu que l'honorable Solliciteur
général nous a fait rapport à ce sujet, en
conséquence, sachez que nous, considérant que vous, ledit Armand
Courval, n'étant pas coupable de ladite accusation portée contre
vous, et pour laquelle vous avez été condamné comme
susdit, ne devez plus être sous le coup de ladite condamnation et de
ladite sentence, ni ne devez plus en subir la flétrissure, vous
pardonnons, vous libérons et vous accordons par les présentes le
pardon absolu et la rémission à cet égard de toutes et
chacune des peines auxquelles vous, le nommé Armand Courval,
étiez, êtes ou si ce n'était du présent pardon
absolu, auriez pu être soumis à cause de ladite condamnation du
délit décrit à cet égard et de ladite sentence.
Donné sous mon seing et sceau d'office à Ottawa, ce 22e jour de
juillet en l'an de grâce 1971, le 20e du règne de Sa
Majesté. Par ordre, signé sous-régistraire
général du Canada".
Par conséquent, il devenait nécessaire de donner suite
à ce pardon absolu, et c'est une requête qui nous est parvenue de
la ville de Montréal à l'effet de permettre à la ville,
ainsi qu'à l'Association de bienfaisance et de retraite de la police de
Montréal, de restaurer M. Courval dans ses droits.
Par conséquent, le projet que je vous présente aujourd'hui
a tout d'abord pour but d'autoriser la ville de Montréal à payer
les montants dus tant par la ville que par M. Courval à l'Association de
bienfaisance et de retraite de la police de Montréal de façon
à pouvoir lui permettre de payer une pension à M. Courval, tout
comme s'il avait été à l'emploi de la ville de
Montréal jusqu'à aujourd'hui.
Je rappelle, à ce sujet, que M. Courval, quelque temps
après la condamnation qu'il a subie en cours des Sessions de la paix,
avait donné sa démission comme policier de la ville de
Montréal. Par conséquent, la ville de Montréal, en
présentant cette requête, s'engage, en somme, implicitement
à payer à la fois les contributions de M. Courval lui-même
et celles de la ville comme employeur à l'Association de bienfaisance et
de retraite, qui elle, à son tour, versera à M. Courval une
pension qui a été calculée par l'Association de
bienfaisance et de retraite et qui correspondrait à la pension à
laquelle M. Courval aurait droit si ce n'avait été de cette
condamnation.
La ville de Montréal demande également une autorisation,
dont elle a besoin, pour payer à M. Courval une indemnité
à la suite de sa condamnation et de sa démission. On sait que,
dans la période qui s'est écoulée entre le 23 avril 1956
et aujourd'hui, M. Courval n'a pas travaillé comme policier de la ville
de Montréal. Il a peut-être travaillé ailleurs et je pense
bien que la ville tiendra compte de ses gains. De toute façon, ce n'est
pas notre problème comme législateurs aujourd'hui; il s'agit tout
simplement d'autoriser la ville à payer une indemnité à M.
Courval pour tenir compte de cette période d'environ quinze ans
où il n'a pas toujours travaillé, à ce que l'on me
dit.
Quant à la négociation de l'indemnité, c'est une
matière qu'il appartient aux autorités de la ville de
Montréal de discuter avec M. Courval et sur laquelle nous n'avons pas
à nous prononcer, sinon autoriser la ville à négocier
cette indemnité.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Maskinongé.
M. Rémi Paul
M. PAUL: M. le Président, il s'agit d'une législation
humanitaire. Je ne m'oppose pas à ce que le dénommé Armand
Courval puisse bénéficier des avantages de la retraite
après avoir obtenu son pardon du gouverneur général. Ce
qui m'intrigue quelque peu, ce n'est pas le cas d'espèce que nous
étudions, je ne connais pas M. Courval. Cependant, j'ai
été informé qu'il avait été un policier
d'action, intelligent, et il semblerait qu'il aurait été
imprudent dans les circonstances qui ont entraîné l'accusation qui
fut portée contre lui. Il a écopé d'une journée de
prison et d'une amende de $500.
Je me réjouis, M. le Président, pour M. Courval et les
siens, qu'il puisse aujourd'hui bénéficier, d'une façon
rétroactive, des avantages qu'offre le système de pension de la
ville de Montréal à ses policiers.
Mais il est à craindre que d'autres fonctionnaires de la ville de
Montréal ne soient placés dans de mêmes conditions pour des
accusations différentes et qu'ils n'obtiennent eux aussi je le
leur souhaite le pardon du gouverneur général. A ce
moment-là, nous serions mal venus de ne pouvoir accorder à ces
graciés éventuels le même traitement que l'on accorde
aujourd'hui à M. Armand Courval.
Je n'en n'ai pas contre le principe de ce projet de loi que je vais
appuyer, avec la réserve cependant, du précédent je
ne dirai pas qu'il est dangereux que nous créons et que nous
devrons perpétuer à l'endroit de ceux qui se trouveront dans les
mêmes conditions que M. Courval, pour autant, cependant, que ces
requérants éventuels puissent obtenir une négociation
acceptée de la part de leur ancien employeur.
Considérant que c'est une requête de la ville de
Montréal, considérant qu'il n'y a pas d'objection de
l'Association de bienfaisance et de retraite de la police de Montréal,
je ne verrais pas pourquoi le législateur ne donnerait pas à la
ville de Montréal ce privilège ou ce droit exceptionnel et bien
déterminé qui lui est accordé par le projet de loi no
280.
Je voulais tout simplement attirer l'attention sur le
précédent que nous créons aujourd'hui et qui devra
être maintenu à l'endroit de tout autre citoyen du Québec
qui se trouverait placé, je le répète, dans les
mêmes conditions que M. Courval.
Je n'inclus pas dans les conditions une réserve d'application
seulement à l'endroit des employés de la ville de
Montréal, mais je parle d'un statut découlant d'un pardon que
peut accorder le gouverneur général. Lorsque ce pardon aura
été obtenu, il incombera toujours au bénéficiaire
du pardon de négocier et, s'il réussit à obtenir un
consentement de la part de son employeur, j'espère que le
législateur se servira du précédent que nous créons
aujourd'hui pour accorder non seulement à M. Courval, mais à tout
autre contribuable québécois qui deviendrait placé dans
les mêmes conditions les mêmes avantages que ceux qui sont
consentis indirectement à M. Courval par un pouvoir bien
spécifique accordé à la ville de Montréal aux fins
de ratifier l'entente intervenue entre la ville et son ex-employé Armand
Courval.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Rouyn-Noranda.
M. Camille Samson
M. SAMSON: M. le Président, quant à nous, au sujet du bill
280 concernant M. Armand
Courval et la ville de Montréal, nous n'avons pas l'intention de
nous ériger en juges de la situation. Nous nous en tiendrons aux faits
portés à notre connaissance, étant donné que ce
bill permet à la ville de Montréal de prendre des dispositions
compensatoires, étant donné la situation, étant
donné que M. Courval a reçu le pardon et, également,
prenant en considération que durant ces nombreuses années, il a
sûrement dû faire face à des nombreuses difficultés
causées par cette situation, et en plus du manque à gagner, il y
a aussi la question de la réputation d'un homme qui a sans doute
été gravement atteinte pendant ces nombreuses années.
Quant à nous, nous croyons qu'il est plus que raisonnable que
nous adoptions aujourd'hui une telle loi pour permettre à M. Courval de
recevoir une compensation non seulement pour ce qu'il a perdu pendant ces
nombreuses années, mais surtout et c'est là-dessus que
nous insistons pour compenser l'atteinte à sa réputation
qui, évidemment, est automatique dans de tels cas.
Je n'ai pas à faire tout le procès, je n'ai pas non plus
à faire l'étude complète, si vous voulez, de tout ce que
cela a pu apporter comme difficultés ou comme problèmes à
M. Courval pendant ces nombreuses années.
Tout ce qu'on peut dire aujourd'hui, c'est que c'est heureux
qu'après ces nombreuses années on puisse en arriver à
conclure que la réputation de M. Courval est rétablie par ce
pardon et qu'on permette de l'indemniser. Si on veut calculer en fonction de
signes de piastres, je crois qu'il n'y a pas de signe de piastre suffisant pour
rétablir tout le préjudice qu'aura sûrement dû subir
M. Courval pendant ces nombreuses années. C'est pourquoi nous allons de
tout coeur voter, en faveur de ce bill.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Maisonneuve.
M. Robert Burns
M. BURNS: M. le Président, devant les faits qui nous ont
été soumis par le ministre, devant l'existence de ce pardon qui a
été accordé à M. Courval, nous aussi nous voterons
en faveur du principe de ce bill qui se veut une indemnisation, sous forme
indirecte, à M. Courval pour ce qu'il a subi au cours de ses
années de tribulations judiciaires.
Notre attitude aurait peut-être été
différente si cela avait été l'Association de bienfaisance
et de retraite de la police de Montréal qui avait fait les frais de
cette indemnisation. Or, le projet de loi nous démontre que ce sera la
ville de Montréal qui fera les frais de cette compensation. Quand on
connaît l'intérêt que les policiers de la ville de
Montréal portent à leur fonds de retraite et comment ils
l'administrent, comme ils veulent en garder jalousement le contrôle, nous
nous serions opposés à ce que ce soit cette association qui paie
pour les pots cassés. Remarquez que le même principe peut
peut-être se soulever à savoir que si ce n'est pas une association
de bienfaisance qui paie, ce sont les contribuables de la ville de
Montréal. Mais, comme c'est perdu dans une plus grande masse
monétaire, nos réticences sont beaucoup moindres.
M. CHOQUETTE: A part cela, les policiers sont dans les galeries.
M. BURNS: Ils sont là, à part cela ! Alors, je vais faire
attention, parce que je vois que M. Marcil est directement derrière
moi.
M. CHOQUETTE: Il est souriant, ce matin!
M. BURNS: J'ai assez confiance en lui pour l'avoir derrière
moi.
J'émettrais les mêmes réserves que le
député de Maskinongé sur le précédent que
cause un tel projet de loi, en ce sens que peut-être cela obligera
l'Assemblée nationale à prendre des attitudes constantes dans des
cas semblables à celui-là. Je pense qu'en principe ce n'est pas
mauvais.
Pour toutes ces raisons, M. le Président, nous voterons en faveur
de ce projet de loi en deuxième lecture.
M. LE PRESIDENT: Cette motion de deuxième lecture est-elle
adoptée?
M. CHOQUETTE: M. le Président, si vous me permettez, je vais
faire quelques brèves observations à la suite de l'intervention
du député de Maskinongé et reprise par le
député de Maisonneuve.
J'attirerai leur attention sur le fait que, dans le cas actuel, il
s'agit d'un pardon absolu. Ce pardon fait en sorte que l'infraction dont M.
Courval a été tenu coupable n'a jamais existé.
Donc, l'acte posé par le gouverneur général en
conseil efface complètement le passé, le met à
néant. Sur le plan juridique, je pense qu'il est normal que la ville de
Montréal et que nous, de l'Assemblée nationale, donnions suite
à ce pardon de la façon que j'ai indiquée.
M. PAUL: L'honorable ministre me permet-il une question? Cette
requête en pardon a-t-elle été accordée à la
suite d'une demande faite par le requérant au Solliciteur
général du Canada consécutivement ou en rapport avec, je
crois, le bill no 110 je regrette de ne pas avoir le numéro exact
du projet de loi qui permet une réhabilitation après cinq
années de bonne conduite?
M. CHOQUETTE: Je ne pense pas que ce soit du tout dans le même
ordre d'idée. Je commence à comprendre les interrogations du
député de Maskinongé dans son exposé, tout à
l'heure, en deuxième lecture. Ce n'est pas du
tout dans le même ordre d'idée. Je crois que, dans le cas
actuel, nous sommes devant l'usage de la prérogative royale qui fait
que, dans un cas comme celui-ci, on puisse absoudre quelqu'un
complètement.
Si le gouverneur général a posé ce geste, je pense
qu'il a de bonnes raisons.
M. LE PRESIDENT: Cette deuxième lecture du bill 280 est-elle
adoptée? Adopté.
M. LE SECRETAIRE ADJOINT: Deuxième lecture de ce bill. Second
reading of this bill.
M. LEVESQUE: Plutôt que d'aller en comité plénier,
la troisième lecture. D'accord?
M.PAUL: D'accord.
Comité plénier et troisième lecture
M. LE PRESIDENT (Blank): La troisième lecture de ce bill est-elle
adoptée?
DES VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. LEVESQUE: M. le Président, juste avant la suspension, il
serait peut-être intéressant simplement de noter qu'à la
reprise de nos travaux nous passerons au projet de loi no 285, article 14,
ensuite au projet de loi no 282, article 15, et finalement au projet de loi no
281, qui apparaît à l'article 13.
M. CHOQUETTE: M. le Président, ne pourrait-on pas prendre les
projets de loi nos 283 et 284 également?
M. LEVESQUE: Je n'ai pas d'objection. Cela dépend
évidemment de l'Opposition...
M. SAMSON: ...semaine.
M. LEVESQUE: Non, non! C'est parce qu'il y a des projets de loi
très courts là-dedans. C'est pour cela que je les mentionne.
M. SAMSON: Les projets de loi 283 et 284?
M. LEVESQUE: Prenons les articles, si vous préférez.
J'avais ici une indication, 14, 15 et 13. Maintenant, le ministre de la Justice
vient de m'indiquer qu'il aimerait également inclure les articles 17 et
18, si je comprends bien.
M. PAUL: M. le Président, l'article 18, avec une certaine
réserve pour me permettre de faire certaines consultations auprès
de mes confrères de Trois-Rivières.
M. LEVESQUE: Le bill n'a été déposé
qu'hier.
M. PAUL: Oui, il n'a été déposé qu'hier.
Disons qu'en principe je ne m'y oppose pas.
J'espère que, d'ici ce soir, je pourrai obtenir des
renseignements qui me sont nécessaires pour connaître l'attitude
du Barreau de Trois-Rivières à l'endroit de ce projet de loi.
M. LEVESQUE: S'il y avait du temps après ça, ce soir, nous
pourrions commencer l'étude du budget supplémentaire.
M. LE PRESIDENT: Le ministre de la Justice fait motion pour que le
projet de loi no 280 soit maintenant lu une deuxième fois. Il fait aussi
motion pour qu'on suspende les travaux de la Chambre jusqu'à deux heures
trente.
(Suspension de la séance à 12 h 32)
Reprise de la séance à 14 h 34
M. LAVOIE (président): A l'ordre, messieurs !
M. CHOQUETTE: Article 14.
Projet de loi no 285 Deuxième lecture
M. LE PRESIDENT: Le ministre de la Justice propose la deuxième
lecture du projet de loi no 285, Loi modifiant la Loi de police.
M. Jérôme Choquette
M. CHOQUETTE: M. le Président, dans un certain sens, il aurait
été plus normal que je présente ce projet de loi
après la seconde lecture, au moins, du bill no 281 qui vise à
l'intégration sur une base régionale de la police de l'île
de Montréal.
En effet, certains amendements qui sont contenus dans le bill 285, bill
qui a pour objet d'amender la Loi de police, résultent de la situation
qui prévaudra une fois que la police de Montréal aura
été intégrée. En particulier, M. le
Président, l'article 1 du projet de loi qui a pour but d'accroître
le nombre de membres de la Commission de police de cinq à neuf. Non
seulement le travail actuel de la Commission de police, qui a en grande partie
été consacré à des enquêtes sur des corps de
police et ceci à la demande du procureur général,
de municipalités ou d'autres personnes intéressées
non seulement dis-je, le volume des enquêtes sur les corps de police
a-t-il augmenté, ce qui en soi nécessiterait l'accroissement du
nombre de membres de la Commission de police, mais le bill no 281, que
j'espère présenter plus tard cet après-midi, confiera des
fonctions particulièrement importantes à la Commission de police.
Il s'agira en particulier de la normalisation des grades des policiers ou des
officiers des corps de police qui seront intégrés sur l'île
de Montréal et également de l'examen et de l'audition des parties
sur le plan d'intégration des ressources humaines et physiques, qui
devra être préparé par le futur chef de police de
l'île de Montréal et sur lequel les parties
intéressées pourront faire des représentations à la
Commission de police qui agira comme arbitre des intérêts qui
peuvent être divergents quant à la valeur de ce plan
d'intégration.
D'autre part, M. le Président, vous ne serez pas sans noter que
le bill 285 propose des précisions quant au pouvoir d'enquête de
la Commission de police en matière de crime.
En fait, à l'heure actuelle, la Commission de police a le pouvoir
de faire des enquêtes sur les aspects de la criminalité que lui
indique le lieutenant-gouverneur. Or, j'ai déjà annoncé,
en d'autres circonstances, l'intention du gouvernement de procéder
à une ou des enquêtes sur les activités ou les phases
d'activités des gens qui sont dans le crime organisé. C'est dans
ce but que nous demandons un amendement à la Loi de police de
façon à élargir et à préciser les pouvoirs
de la Commission de police lorsque le lieutenant-gouverneur en conseil jugera
opportun de lui confier des responsabilités précises au point de
vue de l'enquête sur le crime organisé. C'est là le but
d'un des amendements proposés au texte de loi.
Certaines revendications nous sont venues en particulier des chefs de
police et d'officiers dans des corps de police que ne sont pas
représentés par des syndicats. Nous avons cru opportun de donner
suite à ces revendications de façon que la Commission de police
puisse établir des échelles indicatives de traitements qui
pourraient être suivies par les municipalités
intéressées. Les échelles indicatives ne seraient pas
obligatoires pour les municipalités, mais, d'un autre côté,
je pense que les municipalités se feraient un point d'honneur de suivre
les recommandations de la Commission de police en rapport avec le paiement de
salaires de leurs chefs de police ou des autres officiers qui ne sont pas
protégés par un syndicat.
Finalement, la commission de police pourrait également être
habilité à recommander l'octroi de décorations et de
citations à des personnes qui, par leurs actions, ont
démontré un intérêt certain pour la protection du
public en général.
Il s'agirait, en somme, de récompenser des citoyens et des
policiers qui ont posé des actes de bravoure ou des actes d'éclat
ou, d'un autre côté, qui ont porté une assistance
très utile à une personne alors qu'elle était dans des
difficultés dans le domaine de la justice ou de l'action criminelle,
enfin dans cet ordre d'idée.
Il s'agit donc d'habiliter la Commission de police à recommander
l'octroi de citations ou de décorations pour des personnes qui se sont
illustrées de cette façon. J'ai moi-même eu le cas
récemment d'un chauffeur de taxi, à Montréal, qui a rendu
un très grand service à la justice en faisant un rapport rapide
et intelligent sur des circonstances qui entouraient l'enlèvement d'un
enfant. N'eût été cette action de ce chauffeur de taxi, je
suis sûr que la justice aurait eu beaucoup de difficulté à
élucider cet incident et à trouver les responsables.
Ce genre de citoyen qui prête volontairement son concours aux
autorités, en particulier à la police et à l'appareil de
la justice, doit être, à mon sens, récompensé d'une
façon tangible. Je crois que l'octroi de telles citations et
décorations sera de nature à accroître et élever le
niveau de l'esprit civique dans le Québec, par la collaboration que les
citoyens voudront bien donner à ceux qui ont primordialement la
responsabilité du respect des lois, c'est-à-dire les policiers
ainsi que toutes les autres autorités politiques, qu'elles soient
provinciales ou municipales. C'est là l'objet du projet de loi que je
présente.
M. Rémi Paul
M. PAUL: M. le Président, en juin 1968, le député
de Missisquoi se faisait le parrain d'un projet de loi aux fins d'instituer une
Commission de police dans le cadre d'une loi générale de la
police. Je me rappelle fort bien qu'à l'époque certains
collègues, qui siégeaient ici dans cette Assemblée,
étaient perplexes et s'interrogeaient sur l'efficacité et le
rôle d'une Commission de police et se demandaient quels seraient
l'application et les avantages de la Loi de police. Il s'agit, pour le savoir,
d'avoir suivi les activités de la Commission de police et
spécialement des commissaires, à qui je veux rendre un
témoignage d'admiration, de considération pour l'excellent
travail qu'ils accomplissent parfois dans des circonstances difficiles.
Je dis donc qu'au fur et à mesure que notre société
évolue, la Commission de police se voit attribuer des
responsabilités qui deviennent de plus en plus nombreuses mais qui
correspondent au but visé par le législateur à l'occasion
de la présentation de ce projet de loi à l'époque et que
l'on retrouve aujourd'hui dans nos statuts de 1968, au chapitre 17.
M. le Président, le ministre nous a proposé certains
amendements mineurs au cours de la dernière session et, aujourd'hui, il
se doit de nous présenter cette loi en raison tout d'abord du travail
que devra accomplir, la contribution que devra apporter la Commission de
police, surtout comme conséquence et par suite de l'adoption du projet
de loi no 281, Loi constituant le service de police de la Communauté
urbaine de Montréal et modifiant de nouveau la Loi de la
Communauté urbaine de Montréal.
Ce qu'il y a d'intéressant, c'est que depuis que cet organisme
est en place, jamais il n'a été attaqué, tant en raison du
soin que mettent messieurs les commissaires et tout le personnel de bureau dans
l'accomplissement de son travail qu'en raison de l'utilité, de la
sagesse et de l'opportunité des recommandations que fait cette
même Commission de police et surtout de l'empressement avec lequel les
enquêtes sont faites. Je dis l'empressement, nonobstant le fait
qu'à un moment donné on ait eu à faire face à plus
de 50 demandes d'enquête sur les différents corps de police qu'on
était incapable de mener rapidement à bonne fin d'où la
nécessité d'amender la loi nommant des commissaires ad hoc. Par
la suite, nous avons encore modifié cette loi et, aujourd'hui, le
ministre, par le projet de loi no 281, veut fixer dans des cadres bien
déterminés et à caractère de permanence le nombre
de commissaires qui oeuvrent au sein de la Commission de la police.
C'est pourquoi nous voyons que le gouvernement nous invite à
adopter une loi qui augmentera le nombre de commissaires, à la
Commission de police, de cinq à neuf membres. Point n'est besoin de vous
signaler que les membres ayant une sécurité d'emploi en raison du
caractère judiciaire de leurs fonctions et en raison également de
la confiance que leur donnent non seulement le ministre responsable devant la
Chambre de la Commission de police mais tous les parlementaires
également, tous les conseils municipaux et les corps de police
permettent à cette commission de remplir efficacement les tâches
que l'on veut bien lui confier.
Parmi celles-ci, il y en aura une nouvelle, soit celle d'envisager
l'intégration rationnelle des différents corps de police de la
Communauté urbaine de Montréal. En même temps, la
Commission de police pourra entendre les parties sur le plan
d'intégration et faire les recommandations qui s'imposent pour atteindre
l'objectif visé par le ministre de la Justice à la suite de
l'adoption de son projet de loi no 281.
M. le Président, qui plus est, c'est que nous allons maintenant
demander à la Commission de police, seul organisme vraiment
compétent pour le faire, d'établir une échelle indicative
de traitements que nous pourrions verser aux différents directeurs de
corps de police qui oeuvrent au Québec. Je dis que le travail de la
Commission de police devra également s'arrêter à
étudier l'opportunité ou les raisons qui pourraient permettre
soit à des policiers ou à des citoyens de recevoir certaines
décorations ou citations. J'espère que les normes
qu'établira la Commission de police seront extrêmement
sévères parce qu'aujourd'hui il est permis de se demander si les
véritables citoyens honorables de l'Etat ne sont pas ceux qui n'ont
jamais reçu aucune décoration quelconque.
De plus, la commission se verra confier l'application de l'une des
recommandations de la commission Prévost, soit celle de "faire
enquête sur les activités d'un réseau, ses ramifications et
les personnes qui y concourent", dans la lutte contre la criminalité. Ce
mandat pourra lui être confié par le lieutenant-gouverneur en
conseil, sur la recommandation du ministre de la Justice.
M. le Président, nous sommes appelés à confier de
lourdes responsabilités à la Commission de police, puisque les
commissaires ont vécu une expérience, depuis la mise en place de
cet organisme. Considérant que ces hommes ont le souci constant de
travailler non pas contre les corps de police mais avec eux, considérant
le souci qu'ils apportent dans la sauvegarde et l'étude des plaintes qui
peuvent être portées par des citoyens contre des corps ou des
policiers, considérant surtout le dévouement, l'empressement,
l'objectivité qui ont toujours caractérisé les
études et les enquêtes de la Commission de police et du fait que
cet organisme jouit du respect et de la considération de tous les
milieux, c'est avec beaucoup de confiance et de quiétude que nous
demandons à la Commission de police d'assumer de nouvelles
responsabilités pour travailler, une fois de plus, avec le
législateur aux fins de s'acquitter de responsabilités que ce
dernier veut bien lui accorder.
M. le Président, c'est une législation qui
s'imposait, surtout devant l'évolution qu'on commencera à
connaître dans l'intégration des différents corps de
police. Nous serons appelés, dans le cours de la journée,
à analyser l'intégration sur un territoire donné. Mais je
sais que c'est le projet que caresse le ministre de la Justice que
d'étendre, au fur et à mesure des exigences, après des
études rationnelles, en tenant compte des exigences du milieu, de
l'opportunité et de la nécessité d'une telle
intégration qui ne doit pas, cependant, être laissée
à tout hasard ou dépendre des exigences d'hommes sans aucune
expérience en la matière.
M. le Président, c'est un projet de loi qui s'imposait. Nous
sommes heureux de saisir cette occasion pour rendre hommage à la
Commission de police et apprécier l'excellent travail accompli,
jusqu'ici, par messieurs les commissaires, en même temps que nous leur
demandons d'assumer de nouvelles responsabilités, responsabilités
qu'ils assumeront avec empressement et objectivité, toujours dans la
sauvegarde des droits de tous et chacun.
C'est une législation que nous appuyons et acceptons tant dans le
principe que nous retrouvons dans le projet de loi no 285 que dans les
modalités ou le texte que l'on nous demandera d'approuver en
comité plénier.
M. LE PRESIDENT (Hardy): L'honorable député de
Rouyn-Noranda.
M. Camille Samson
M. SAMSON: M. le Président, nous croyons très raisonnable
que le ministre de la Justice nous ait présenté ce projet de loi
no 285. Si on en étudie les conséquences, on verra qu'en
augmentant le nombre des membres de la commission de 5 à 9 c'est bien
évident qu'on permettra à cette commission d'être d'autant
plus efficace, surtout si on prend en considération les nombreuses
demandes qui sont faites à cette Commission de police. De plus, on sait
qu'en pratique, elle a toujours du travail de tracé à
l'avance.
Quelques points nous intéressent grandement dans ce projet de
loi, par exemple la normalisation dans l'obtention des grades. Je pense que
c'est plus que raisonnable que l'on en arrive à cette normalisation pour
que, sur l'ensemble des territoires du Québec, chaque policier puisse
avoir les avantages d'être reconnu à son mérite, et ce,
suivant des normes qui sont reconnues à travers la province de
Québec.
Une chose nous intéresse davantage, c'est lorsqu'on voit dans les
dispositions de ce projet de loi l'incitation à la population, ainsi
qu'aux policiers, mais surtout à la population de collaborer avec les
corps de police. Cette incitation on la retrouve dans le principe de la remise
de décorations ou de citations aux personnes concernées.
Et ceci m'amène à dire que nous trouvons cette disposition
très importante, parce qu'il faut concevoir le rôle du policier
tel qu'il existe aujourd'hui. Et ce n'est un secret pour personne que le
métier de policier est actuellement, au Québec, un des plus
ingrats. Quand ça va bien, quand il n'y a pas trop de problèmes,
on ne parle jamais des policiers; mais si par malheur quelque chose se produit,
si ça va mal, tous sont sur le dos des policiers et réclament des
policiers à ce moment-là.
Or, nous savons par l'expérience que le rôle du policier
n'est pas un rôle tellement populaire, jusqu'au jour où on a
besoin d'eux. Et ça se retrouve dans toutes les régions de la
province de Québec.
On rencontre des gens qui ont peur de l'Etat policier, qui ont peur de
la police. On pourrait dire que cela existe depuis de nombreuses années,
mais ç'a été surtout, je pense, comme exemple frappant, la
crise d'octobre 1970 qui a permis à la population du Québec de
prendre conscience de ce qu'est exactement le policier au Québec, de son
rôle et surtout des dangers auxquels les policiers ont à faire
face régulièrement.
Dans cette crise d'octobre, tout le monde était aux abois, tout
le monde avait peur des conséquences. Et dans ces circonstances, le
rôle du policier, qui n'est peut-être pas tellement devenu
populaire aux yeux de quelques-uns, est devenu grandement populaire aux yeux de
la majorité de la population du Québec qui voulait se sentir
protégée. Nous devons, honnêtement rendre un hommage
à tous les corps policiers du Québec qui, dans la circonstance,
ont été plus qu'à la hauteur de la situation et ce
malgré tous les dangers, malgré toutes les situations auxquelles
ces gens-là ont eu à faire face.
Alors, quand on retrouve des dispositions dans la loi qui nous
permettent de décorer ou de faire remise de citations à des gens
qui veulent aider ou qui veulent collaborer avec les policiers, M. le
Président, c'est une mesure incitatrice que nous aurions dû
retrouver dans notre législation depuis longtemps. Si on veut reculer un
peu dans le temps, nous savons qu'il y a plusieurs années, par exemple,
si un malfaiteur avait commis un méfait devant des témoins, la
population aurait été la première à collaborer avec
les policiers pour que justice soit faite.
Mais, aujourd'hui, c'est un changement de mentalité qui existe
depuis quelques années. Par ce changement de mentalité,
malheureusement, quand il se produit quelque chose, il arrive que les
témoins oculaires vont collaborer en ce sens qu'ils vont
téléphoner aux policiers, mais se dépêchent de s'en
aller avant que les policiers arrivent pour ne pas être pris comme
témoins. Alors c'est une mentalité qu'il faut défaire.
C'est une mentalité qu'il faut changer. Il faut absolument inciter la
population à collaborer, parce que rien ne sert, je le dis, je le
répète, rien ne sert de former des corps de police, rien ne sert
de leur donner des avantages particuliers si
la population et quand je dis la population, je dis qu'on en fait
partie de cette population si nous tous en général ne
sommes pas disposés à faire tous nos devoirs de citoyens,
c'est-à-dire de collaborer au maintien de l'ordre et de la loi, de la
justicte. Alors quand on aura réussi à reformer une
mentalité dans ce sens-là, le rôle du policier
évidemment redeviendra plus populaire et le policier redeviendra celui
qu'il aurait dû toujours être, c'est-à-dire l'homme qui
n'est pas celui qui fait peur, mais qui redresse.
C'est celui qui protège la population, qui protège
l'ensemble de la population, parce que la majorité est encore celle qui
a besoin d'être protégée. Même s'il se commet
plusieurs méfaits, même si plusieurs problèmes se posent
à différents niveaux, dans différentes
municipalités ou villes du Québec, il demeure que la
majorité est honnête et veut se faire protéger.
Evidemment, ces mesures incitatrices ne font que nous plaire,
étant donné que cela peut contribuer à corriger cette
situation et aider le policier, l'aider à nous aider. Si le policier est
là pour protéger la société, nous sommes là
aussi, la société, pour protéger le rôle du
policier. Protéger les citoyens, cela se fait en autant que ceux qui ont
le devoir de faire respecter la loi sont eux aussi protégés. Cela
nous plaît énormément.
Ce qui nous plaît beaucoup aussi, c'est de retrouver, à
l'article 5, des dispositions je m'en réfère aux notes
explicatives qui permettent qu'un chef de police ne soit pas
destitué de ses fonctions sans avoir un droit d'appel. Cela
protège le directeur de police. Evidemment, nous savons que c'est
très humain. Nous avons l'expérience du passé. Certains
policiers qui ont voulu faire leur devoir ont parfois été
victimes de pressions, pressions qui peuvent venir de part et d'autre. Je ne
mentionne personne et aucune espèce d'organisation mais je retrouve
là, dans cet article, la prudence du ministre de la Justice qui permet
de protéger davantage les directeurs de police. Ce sont des gens
à qui l'on donne beaucoup de responsabilités mais il nous faut
absolument leur laisser le loisir d'accomplir leur devoir totalement.
En ce sens, nous devons les mettre à l'abri de toute pression
possible, et c'est ce qui nous plaît dans ce projet de loi no 285. En
plus d'inciter la population à collaborer davantage avec les corps
policiers, avec le policier, on garantit une protection aux directeurs de
police contre les pressions qui pourraient venir de toute part. Je n'ai pas
besoin de donner de détails, je n'ai pas besoin de donner d'exemples,
mais, si on voulait en donner, on pourrait se servir d'exemples
outre-frontières, si vous voulez. Parlons des Etats-Unis, mais la
même chose pourrait se produire chez nous. Nous savons, par
l'expérience et par ce que nous avons pu lire dans les différents
media d'information, que dans ce pays l'histoire des corps policiers veut que
souventefois ces gens, ces directeurs ont été victimes de
pressions politiques ou autres.
Evidemment, j'espère que cela ne se fait pas sur le territoire du
Québec, mais je pense qu'on doit féliciter le ministre de le
prévoir, dans l'article 5 du bill no 285, et de s'assurer que cela ne se
fera pas. Si jamais des directeurs étaient victimes de pressions
quelconques et si ces directeurs, voulant faire leur devoir comme ils le font
généralement il faut rendre hommage aux corps de police du
Québec à ce moment-là, ces gens-là seraient
assurés de ne pas être victimes d'injustices.
S'ils sont assurés de ne pas être victimes d'injustices,
s'ils sont assurés de la protection par la loi, nous pourrons, tous
ensemble, les citoyens québécois, dire enfin que nous avons une
protection et que nous avons aussi le maintien de l'ordre, de la loi.
Les policiers ont un devoir, une tâche très ingrate
parfois, mais c'est tout à leur honneur de nous faire voir
jusqu'à quel point et dans quelles proportions ils savent s'acquitter de
leurs responsabilités, malgré, parfois, certaines pressions. Je
ne parle pas là de pressions politiques, mais il y a toutes sortes de
pressions que les policiers peuvent subir. Les gens qui ont affaire à la
police évidemment, ne sont jamais très très heureux de
cela, mais c'est pour le plus grand bien de l'ensemble de la population que les
policiers travaillent.
Que voulez-vous, M. le Président, nous sommes ici pour adopter
des lois et nous demandons à ces gens-là de les faire appliquer.
Ils font leur devoir en les faisant appliquer et j'espère que cette loi
285 sera un outil qui leur permettra davantage d'appliquer ces lois et de le
faire en toute justice évidemment, mais aussi en toute liberté
d'action et ce pour le plus grand bien des citoyens de la province de
Québec.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Bourget.
M. Camille Laurin
M. LAURIN: M. le Président, que le policier joue, dans notre
société, un rôle difficile, souvent ingrat, qui peut
l'exposer à la critique de ses concitoyens, tout le monde l'admet. Que
les corps policiers aient besoin, de temps à autre, de se sentir
supportés dans leur devoir difficile et parfois ingrat par la population
et, en particulier, par les autorités constituées, tout le monde
l'admet également, mais tel ne me semble pas être l'objet
principal de la loi 285 que le ministre soumet actuellement à notre
attention.
Ce projet de loi me semble plutôt s'inscrire dans le processus de
modernisation, de mise à jour de notre organisation policière,
processus qui a reçu un élan considérable par la
constitution de la Commission de police en 1968 et qui nous est imposé
par le progrès même de notre société. La police
joue, en effet, un rôle tellement important dans notre
société qu'il faut veiller à lui procurer, par voie de
législation et de règlement, des conditions de travail, aussi
bien psychologiques que financières, qui lui permettent de
s'acquitter de ses immenses et importantes responsabilités.
A ce titre, nous nous rendons compte, par la présentation de la
loi 285, qu'on accordera à la Commission de police un rôle et des
pouvoirs de plus en plus importants, rôle dont témoigne
déjà le souhait du ministre d'augmenter les membres de la
Commission de police, puisqu'on porte ce nombre de cinq à neuf.
Incidemment, nous nous demanderons en comité plénier,
étant donné que le nombre des membres de la Commission de police
vient d'être augmenté, s'il demeurera toujours nécessaire
de conserver l'article 9a) de la Commission de police qui prévoit la
nomination de membres temporaires. Etant donné que cette commission
comptera maintenant un nombre plus respectable de membres qui assureront
toujours un quorum et probablement une composition qui ne variera guère
selon les circonstances, peut-être serait-il opportun maintenant de
réviser d'autres articles de loi qui peuvent s'avérer moins
nécessaires.
Donc, le législateur, par la présente loi, accroît
encore d'une façon qui nous semble considérable les pouvoirs de
la Commission de police, rapproche du gouvernement, en une certaine
façon, le rôle et l'influence exercés par cette commission
en l'éloignant d'autant des conseils de villes, des conseils municipaux.
Parmi ces fonctions très importantes qu'aura à assumer la
Commission de police, on voit, par exemple à l'article 2, un pouvoir de
déterminer les fonctions, les grades et, évidemment, les
traitements qui sont corollaires de ces fonctions et de ces grades.
Ce sujet, nous aurions aimé peut-être pouvoir
étudier la loi d'intégration avant d'étudier la Loi de la
Commission de police, car il y a un lien très direct entre les deux
projets de loi, un lieu conjoncturel que les circonstances nous forcent
à examiner.
Nous voyons, en effet, dans un autre projet de loi qu'on
intégrera bientôt des corps policiers appartenant à
plusieurs villes différentes et que les problèmes de cette
intégration toucheront particulièrement les fonctions et les
grades de plusieurs officiers appartenant à plusieurs villes d'une
grande région. On peut penser que dans les pouvoirs qui sont impartis au
conseil de sécurité dans la loi de l'intégration, il y a
je ne dirai pas une certaine lacune, mais une certaine absence que viennent
combler précisément les pouvoirs de la Commission de police
définis par la présente loi. au point que l'on puisse dire que la
Commission de police peut même servir de sorte de cour d'appel au conseil
de sécurité régional prévu par toutes les lois
d'intégration actuelles et à venir. Dès tors, nous
voudrions bien que le ministre précise davantage les liens qui uniront
le conseil de sécurité des régions à la Commission
de police. De quelle façon fonctionneront ces deux corps que sont le
conseil de sécurité et la Commission de police, respectivement
à l'en- droit l'un de l'autre? Quelles mesures peut-on envisager qui
peuvent ou qui devront être prises pour s'assurer que les droits acquis
soient respectés, pour s'assurer qu'on ne procédera pas, en vertu
de ces pouvoirs accordés à la Commission de police, à des
démarches qui peuvent nuire aux intérêts légitimes
de certains cadres qui se sont justement acquittés de leurs fonctions
dans des circonscriptions limitées, avec le sens du devoir qui les
caractérise?
Nous sommes d'accord et nous comprenons que la Commission de police, si
elle veut véritablement exercer le rôle que le législateur
veut lui impartir, doit être dotée de ces pouvoirs très
importants d'évaluation des tâches, des fonctions, des grades et
des traitements qui y sont appropriés.
Par contre, nous voulons que ceci soit fait dans un esprit de justice et
que le progrès ne vienne pas ici nuire à des droits qui ont
été acquis dans le passé et à des conditions de
travail qui, même si elles ont été imparfaites jusqu'ici,
doivent quand même, si elles doivent être améliorées,
ne pas amener d'autres excès ou d'autres dommages ou d'autres
difficultés qui pourraient accroître des perturbations ou
même créer des tensions qui pourraient devenir facilement nocives
ou dommageables à l'action des policiers.
Nous demandons donc au ministre, dans sa réplique,
d'éclairer notre lanterne à ce sujet et de mieux définir
les relations à exister entre les futurs conseils de
sécurité régionaux et la Commission de police.
Nous voyons également que la Commission de police aura d'autres
fonctions très importantes. Par exemple, ce pouvoir de faire
enquête sur toute organisation qui pourrait être liée avec
le crime organisé. Ceci est un autre pouvoir qui nous paraît
opportun car, étant donné que le crime ne connaît plus de
frontière, qu'il peut choisir de s'incruster dans certaines
municipalités ou certaines banlieues qui ne tomberaient pas sous l'effet
d'une loi générale, nous comprenons que le législateur
veuille donner à sa Commission de police des pouvoirs qui lui
permettront d'agir à l'échelle du Québec dans son entier
afin de traquer, de façon la plus scientifique, la plus moderne, la plus
efficace possible, le crime organisé dans tous les recoins où il
voudrait s'infiltrer. Mais, là encore, étant donné qu'il
s'agit d'un pouvoir important, nous faisons des voeux pour que la Commission de
police soit dotée des moyens, ainsi que la Fraternité des
policiers nous le rappelait l'autre jour, et des pouvoirs qui lui permettent de
s'acquitter au mieux de ses fonctions.
Nous sommes d'accord sur ce processus de modernisation. Nous sommes
d'accord sur l'augmentation du nombre des membres qui formeront la Commission
de police. Nous espérons, justement, que cette commission remplira les
objectifs pour lesquels elle a été créée. Mais
précisément à cause des pouvoirs accrus qui seront les
siens, nous voulons bien nous assurer
que cette Commission de police, qui fonctionnera presque comme une
émanation directe du gouvernement, comme le bras du gouvernement, soit
rendue absolument imperméable à toute pression politique qui
pourrait s'exercer aussi bien dans un avenir prochain que dans un avenir
éloigné. Nous voudrions que le gouvernement nous assure qu'il
prendra toutes les précautions pour que cette autonomie soit telle que
la Commission de police soit imperméable à toute influence
politique indue qui pourrait s'exercer sur elle, étant donné ce
que nous connaissons de la nature humaine, dans quelque période que ce
soit. Ce qui revient à dire que pour que la Commission de police
remplisse véritablement les buts pour lesquels elle a été
créée, buts importants entre tous, il faut que le gouvernement
s'assure que les membres de cette commission soient au-dessus de tout
reproche.
Il faut que ces membres aient manifesté d'une façon
tangible leur attachement à la cause du bien public, qu'ils
témoignent de toute la compétence désirable en la
matière et, surtout, que des précautions soient prises pour
qu'ils puissent exercer leur travail dans des conditions de liberté,
dans des conditions de sécurité politique qui feront qu'ils
puissent non pas se rire du gouvernement là n'est pas l'objectif
mais poursuivre ce travail sans tenir compte, d'une façon trop
électorale ou d'une façon trop intéressée, des
pressions politiques.
Puisque nous tendons à rapprocher la Commission de police du
gouvernement par ce projet de loi, nous ne voudrions pas retomber dans les
mêmes difficultés, dans les abus que nous avons connus dans le
passé quand le corps de police était lié de trop
près aux gouvernements municipaux. Pour vouloir éviter des
difficultés que nous avons connues, nous ne voudrions pas tomber dans
des difficultés analogues qui s'exerceraient à un autre palier,
à un autre niveau.
Ce ne sont pas là, M. le Président, des critiques à
l'endroit du projet de loi, mais simplement des observations qui pourraient
devenir des craintes si le législateur ne s'assurait pas et ne rassurait
pas la population qu'il entend prendre toutes les assurances et toutes les
précautions pour que le travail du policier, précisément
à cause de son importance et de sa noblesse, puisse s'exercer à
tous les paliers de la façon la plus objective, la plus impartiale et la
plus libre qui soit.
Etant donné que je suis sûr que ces assurances nous seront
données, il nous fait plaisir de souscrire, en principe, à ce
projet de loi.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre de la Justice, qui exerce son
droit de réplique, mettra fin au débat sur la motion de
deuxième lecture.
M. Jérôme Choquette
M. CHOQUETTE: M. le Président, je voudrais remercier les trois
partis de l'Opposition qui, par leur porte-parole, ont tous apporté un
éclairage particulier sur ce projet de loi. Je crois que les trois
partis ont vu, dans le projet de loi, certains aspects qui, malgré que
le projet soit court en soi, signalent un progrès dans l'organisation de
la police en général, sûrement, mais aussi dans
l'organisation, des organismes du gouvernement qui ont une
responsabilité en matière policière.
Pour répondre à l'interrogation du député de
Bourget quant au rôle de la Commission de police, tel que le gouvernement
le conçoit, par rapport aux futurs conseils de sécurité
qui exsiteront d'abord à Montréal en vertu du projet de loi no
281 que nous aborderons tout à l'heure ou en vertu d'une
législation plus étendue qui est encore à venir et qui
aura pour objet d'encourager, d'inciter ou de promouvoir la
régionalisation des corps de police municipaux, je lui dirai ceci: C'est
que la Commission de police est essentiellement, à la fois un organisme
normatif des corps de police et des policiers et un organisme d'enquête.
Il est essentiellement normatif en ce que la Commission de police a
déjà des responsabilités en matière des
prescriptions que l'on doit imposer à ceux qui sont admis comme cadets
policiers ou qui deviennent aspirants policiers. Si l'on consulte la Loi de la
police telle qu'elle existe à l'heure actuelle, on verra, à
l'article 17, l'étendue des pouvoirs de la Commission de police au point
de vue de la réglementation qu'elle peut imposer aux policiers et aux
corps de police.
Dans ce projet de loi, nous étendons, dans un certain sens, ce
pouvoir de réglementation. Nous le maintenons et nous l'accroissons en
fait. A notre sens, la Commission de police continuera sûrement à
jouer le rôle de promoteur, par voie de réglementation, de
l'accroissement du niveau de compétence de nos corps policiers et de nos
policiers en général. C'est donc un impératif de
qualité, en somme, de la police et de l'action policière que
traduit ce pouvoir de réglementation très général
qui appartient à la Commission de police.
D'autre part, la Commission de police est également un organisme
d'enquête, c'est-à-dire que déjà, par les lois qui
existent, elle a le pouvoir de faire enquête sur tel corps policier ou
sur telle activité à l'intérieur d'un corps policier.
On sait que, par exemple, l'année dernière, la commission
a fait plus de cent enquêtes sur des incidents ou sur l'ensemble de
certains corps policiers.
Ces rapports ont pour objet d'indiquer, soit aux autorités
municipales, soit au chef de police, soit aux membres mêmes du corps de
police des défaillances, des fautes, et ces rapports se concluent en
général par des recommandations que les corps de police peuvent
adopter et qui viennent améliorer l'action policière.
Quant au rôle de la future Commission de police, avec les
amendements que nous apportons aujourd'hui le bill no 281 je ne
crois
pas que l'on puisse dire que le rôle de la Commission de police
change sur l'essentiel. La Commission de police n'est pas un organisme qui
s'occupe des opérations policières. Elle n'entre pas dans le
domaine de l'action policière dans le quotidien, tel qu'il est
organisé par les chefs et tel qu'il est déployé par les
hommes, les policiers eux-mêmes.
Ceci reste la responsabilité de la direction des corps de police
avec leurs membres. Donc, la Commission de police ne s'immisce pas dans ce
domaine, mais elle remplit une fonction de surveillance et de
réglementation des corps de police dans leur ensemble, et je pense
qu'elle continuera à remplir cette fonction, et ceci avec des pouvoirs
accrus, sans aucun doute, des pouvoirs qui se trouvent déjà au
projet que je présente et des pouvoirs qui viendront plus tard parce que
l'organisation policière est une de nos préoccupations
importantes à l'heure actuelle, à cause de la complexité
de la société actuelle et du développement du crime. C'est
dans ce sens-là que je vois le rôle de la Commission de
police.
Dans le projet que nous présentons aujourd'hui, il y a un aspect
qui mérite d'être signalé et que l'on a, d'ailleurs,
relevé tout à l'heure au cours des interventions qui ont
été faites, soit par moi ou par des honorables
députés de l'Opposition: la commission avait déjà
le pouvoir, par l'ancien article 19, de faire des enquêtes sur des
aspects de la criminalité.
Mais, dans le projet que nous présentons aujourd'hui, nous
élargissons son mandat et nous le précisons en ce qui concerne
des enquêtes sur le crime organisé. Et là la Commission de
police jouera le rôle des "Crime Investigation Commissions" qui existent
aux Etats-Unis et qui ont rendu des services dans divers Etats
américains où les autorités gouvernementales ont
demandé à ces commissions de faire enquête sur tel aspect
de l'action du crime organisé ou tel autre aspect.
Les commissions ont le pouvoir d'entendre les témoins, de les
interroger, de recueillir de la preuve documentaire et de recueillir les faits,
soit pour que le gouvernement et l'opinion publique soient renseignés ou
soit également et surtout pour qu'on puisse apporter des preuves pour
justifier une éventuelle action judiciaire.
Notre projet de loi augmente le mandat de la Commission de police au
point de vue de sa compétence comme organisme d'enquête dans le
domaine du crime et en particulier dans le domaine du crime organisé. Et
il me semble que c'est par une mesure comme celle-là plus
d'autres qui viendront dans d'autres domaines, qui sont déjà en
marche que nous pouvons avoir une action énergique, non seulement
contre le crime occasionnel ou sporadique qui est le résultat de
l'action individuelle de certaines personnes qui sont traduites devant les
tribunaux, mais surtout cette forme de criminalité qui est la
criminalité organisée et systématique qui résulte
de cette conspiration du crime organisé.
Je pense que j'ai quelque peu décrit les fonctions de la
Commission de police telles que je les envisage. Cette commission ne sera pas
mêlée à l'opération policière, mais elle est
là comme organisme de surveillance et d'enquête dans les ordres
d'idée que j'ai mentionnés. Et elle peut rendre de très
grands services dans l'accélération du progrès de nos
corps policiers et de notre lutte à la criminalité dans tous les
domaines.
M. LE PRESIDENT: Cette motion de deuxième lecture sera-t-elle
adoptée?
M. PAUL: Adopté.
M. LE SECRETAIRE ADJOINT: Deuxième lecture de ce bill. Second
reading of this bill.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre de la Justice propose que je
quitte maintenant le fauteuil et que la Chambre se forme en comité
plénier.
Cette motion de deuxième lecture est-elle adoptée?
M. PAUL: Adopté.
M. LE SECRETAIRE ADJOINT: Deuxième lecture de ce bill. Second
reading of this bill.
Comité plénier
M. LE PRESIDENT: Le ministre de la Justice propose que je quitte
maintenant le fauteuil et que la Chambre se forme en comité
plénier. Cette motion sera-t-elle adoptée?
Adopté.
M. HARDY (président du comité plénier): Article
1.
M. LAURIN: M. le Président, j'adresse ma question au ministre de
la Justice à propos de l'article 9a). Est-ce qu'il croit toujours que
l'article 9a) soit nécessaire?
M. CHOQUETTE: Bien, je ne voudrais pas profiter de l'accroissement du
nombre de membres de la Commission de police pour éliminer l'article 9a)
parce que, au rythme où vont les choses, il peut devenir
nécessaire à un moment donné que nous nommions un
commissaire ad hoc ou un commissaire sur une base temporaire.
Comme vous le savez, dans le livre blanc intitulé La police et la
sécurité des citoyens, nous proposons qu'un
commissaire-enquêteur puisse être autorisé par le
lieutenant-gouverneur en conseil à faire des enquêtes sur
l'opportunité d'intégrer des forces de police sur une base
régionale. Je dois vous dire franchement que nous avions pensé
que tout naturellement ce rôle de commissaire-enquêteur dans le
domaine de l'intégration des forces policières incomberait
à la Commission de police.
Alors, si on doit prévoir un certain dévelop-
pement sur le plan de la régionalisation ou de
l'intégration régionale des corps de police, je ne suis pas
sûr, M. le Président, qu'il serait opportun d'éliminer
dès maintenant l'article 9a) parce que nous avons augmenté le
nombre de membres permanents de la Commission de police de cinq à
neuf.
D'autant plus comment pourrais-je dire que le travail de
routine de la commission augmente constamment. Il y a de plus en plus
d'enquêtes sur des corps policiers ou certaines activités dans le
domaine policier. La commission a de plus en plus de responsabilités au
point de vue de la réglementation. Elle doit aussi réunir des
corps de police dans divers comités d'étude, soit de
législation, soit d'action policière. Elle a vraiment des
fonctions qui sont appelées à se développer à un
rythme considérable. Je pense donc que pour le moment nous devrions
maintenir l'article 9a). Je ne dis pas que le gouvernement va s'en servir, car
je pense bien que les quatre commissaires additionnels que nous pourrons
nommer, satisferont nos besoins. Mais il est possible que, dans un avenir
rapproché, nous ayons besoin de nommer des commissaires additionnels.
D'autant plus que je dois rappeler au député de Bourget que la
plupart du temps, sauf quelques exceptions que l'on verra dans le bill no 281
que nous discuterons tout à l'heure, la commission doit siéger
à deux membres, ce qui mobilise déjà deux personnes pour
une enquête en matière policière. Evidemment, il y aura des
exceptions dans le cas du bill de la Communauté urbaine de
Montréal pour la constitution du service de police de Montréal,
mais la Commission de police siège généralement à
deux membres. Si on fait le tour des responsabilités de la commission,
je ne pense pas qu'il serait sage de supprimer l'article 9a) dans l'état
actuel des choses.
M. PAUL: M. le Président, j'abonde dans le sens des remarques du
ministre de la Justice et je comprends bien qu'en gardant l'article 9a) il
s'agira pour lui d'un certain fonds de réserve, d'un bassin de secours
si le travail des commissaires permanents devient trop lourd ou les fonctions
trop nombreuses. Je crois cependant que nous verrons de moins en moins le
gouvernement faire appel à la nomination de ces commissaires ad hoc.
C'est pourquoi, M. le Président, tout en reconnaissant le
bien-fondé des arguments du député de Bourget, je ne puis
du même coup qu'approuver la sagesse administrative dont fait preuve le
ministre en retenant les dispositions de l'article 9a).
M. LE PRESIDENT: L'article 1 est adopté?
M. PAUL: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 2.
M. LAURIN: M. le Président, à l'article 2, je voudrais
préciser un peu le sens des remarques que je faisais tout à
l'heure en deuxième lecture. Par exemple, on voit dans le bill no 281,
dans les pouvoirs du conseil de sécurité, aux paragraphes g) et
h), que le conseil de sécurité négocie le convention
collective de travail, le plan de retraite, le régime de rentes, le
fonds de pension, etc., qu'il détermine les traitements et les
conditions de travail. Je me demande comment concilier cela avec le paragraphe
h) de l'article 2 du bill no 285 qui dit: "déterminer les fonctions qui
peuvent être exercées et les grades qui peuvent être
décernés..."
Je sens bien qu'il y a une corrélation à faire et qu'elle
sera faite, mais c'est la détermination spécifique des fonctions
et des tâches de chacun, conseil de sécurité et Commission
de police, que je voudrais connaître. Je sens bien qu'il s'agit de
paliers différents et qu'il doit y avoir un passage d'un palier à
un autre, mais cela ne me paraît pas clair.
M. CHOQUETTE: M. le Président, le député de Bourget
ne connaît peut-être pas la situation qui se présente au
point de vue des corps policiers dans le Québec. Aujourd'hui, dans le
Québec, nous avons peut-être 275 corps policiers qui
s'échelonnent d'un policier jusqu'à, lorsque nous aurons
intégré la police de Montréal, 5,000 policiers. Il y a une
grande diversité de situations dans les corps policiers. On peut nommer,
dans un petit corps, plusieurs capitaines et on peut les investir de certaines
fonctions sans que ce soit opportun.
L'objet de la réglementation que pourrait émettre la
Commission de police en vertu de l'article h), c'est justement de faire en
sorte qu'il n'y ait pas d'abus au niveau de petits corps de police, qu'on ne
nomme pas trop de supergradés en rapport avec les effectifs totaux du
corps et, en même temps, qu'on ait certaines exigences pour la nomination
à ces grades, soit au point de vue de l'instruction formelle ou au point
de vue de la formation policière. Justement, cela fait partie de la
responsabilité traditionnelle de la Commission de police d'arrêter
des conditions, des prérequis à l'obtention de grades ou à
l'exercice de certaines fonctions.
M. LAURIN: Ce n'est pas que je conteste la légitimité ou
la rationalité de cet article 2h), mais je me rends compte que nous
aurons à faire face, très bientôt, à une situation
très complexe. Il y avait plusieurs corps policiers, il y aurait des
droits acquis, il y aurait même des définitions de tâches
que probablement la Commission de police n'entérinera pas. Je pense, par
exemple, aux policiers-pompiers qui sont plus policiers que pompiers ou qui
sont plus pompiers que policiers. Là, il y a des situations très
précises. Je me demande qui aura à les régler. Est-ce que
ce sera d'abord le conseil de sécurité et, ensuite, la Commission
de police ou si c'est la Commission de police qui émettra
des directives qui permettront au conseil de sécurité de
régler le problème? Ce sont simplement des
éclaircissements sur cette situation que je demande.
M. CHOQUETTE: Je pense que le député de Bourget nous
précède un peu, parce qu'il est déjà rendu au bill
281. Etant donné que le député soulève la question,
je peux lui dire que, dans le bill no 281, le rôle de normaliser les
grades dans les corps policiers appartiendra à la Commission de police.
Ce sera elle qui examinera les qualifications des personnes en cause et qui
déterminera leur grade, mais, évidemment, toujours avec le droit
d'être entendu pour les intéressés. Il n'y a pas de
contradiction, en somme, entre la fonction que nous allons donner à la
Commission de police d'exercer son droit de normaliser les grades en vertu du
bill no 281 et celle qui est habituelle et traditionnelle que lui confie
l'article 2h), du présent bill.
M. LAURIN: On peut penser que certains policiers ne pourront pas
conserver leur grade. En vertu de quels critères certains perdront-ils
leur grade ou seront-ils promus, démis ou rétrogradés?
Est-ce la Commission de police qui va faire ce travail-là ou si c'est le
conseil de sécurité?
M. CHOQUETTE: C'est la Commission de police.
M. LAURIN: Selon des directives qui seront transmises en temps utile au
conseil de sécurité ou au moyen de normes très
générales?
M. CHOQUETTE: Au moyen de normes très générales que
la Commission de police va adopter. Si on me demande mon avis, malgré
que je n'aie pas été consulté et que cela n'ait pas fait
l'objet d'une discussion, elle prendra, je pense bien, les critères
moyens qui s'appliquent dans la région de Montréal, la
compétence moyenne pour l'exercice de certaines fonctions et de certains
grades.
Elle devra se baser sur l'état de choses qui prévaut dans
la région de Montréal. J'espère bien que la Commission de
police donnera le bénéfice du doute à celui qui fait
l'objet d'un examen au point de vue de son grade. Evidemment, on peut concevoir
toutes sortes de situations. Si quelqu'un, disons au mois de novembre, a fait
partie d'une promotion de quatre capitaines à l'intérieur d'un
petit corps de police, cela devient tout de suite un cas douteux, auquel il
faudra que la Commission de police s'intéresse. Comment se fait-il qu'on
ait subitement accordé une promotion à quatre capitaines d'un
coup?
Est-ce que c'était en vue de l'intégration? Ce sont des
questions que la commission devra se poser et résoudre suivant le bon
sens et les standards qui prévalent en général dans la
région de Montréal.
M. PAUL: M. le Président, dois-je comprendre qu'à compter
de l'adoption de cette loi il deviendra impossible pour les corps de police
municipaux d'accorder certaines promotions? Ou si, tout en continuant à
les accorder, ces corps de police verront-ils leurs promotions réduites
ou annulées par suite de l'adoption de certains critères de base
ou par l'adoption d'un règlement émanant de la Commission de
police déterminant quels peuvent être les critères de
promotion qui peuvent justifier un corps de police d'accorder des promotions
à l'intérieur de son effectif?
M. CHOQUETTE: Non, M. le Président, je ne pense pas que le
rôle de la commission aille jusqu'à ce point-là, que ce
soit ce qu'elle a en vue. Lisons l'article 2, alinéa a): Cela consiste
à ajouter à l'article 17a) les mots suivants: "Ainsi que pour
exercer une fonction ou obtenir un grade dans un corps de police municipal."
Donc, il s'agira pour la commission de dire: Pour être promu à tel
grade, il faut avoir telles exigences. C'est tout ce que fera la commission, ce
n'est pas elle qui va donner les promotions.
M. PAUL: Elle va obliger les municipalités à se conformer
à ces règlements.
M. CHOQUETTE: Elle n'a aucun moyen de les obliger de par la loi, mais je
pense bien que les municipalités se plient, en général;
aux règlements de la Commission de police. Elle va dire: Pour être
nommé capitaine, ça prend telle exigence. Pour être
nommé inspecteur, ça prend telle exigence. C'est ce qu'elle va
faire, elle va fixer les prérequis pour obtenir ces
grades-là.
C'est une de ses fonctions; l'autre, à h), c'est
"déterminer les fonctions qui peuvent être exercées et les
grades qui peuvent être décernés dans un corps de police
municipal, eu égard aux effectifs du corps".
Déterminer les fonctions, d'après ce qu'on me dit, cela
veut dire, par exemple, qu'il n'y a pas de raison qu'on permette à un
petit corps de police de sept ou huit membres de commencer à faire des
enquêtes sur des homicides. On n'aurait pas d'enquêteur
compétent au sein d'un si petit corps de police et le policier qui, sans
expérience ou sans la compétence voulue, tenterait de faire une
enquête dans un homicide risquerait de faire échouer
l'enquête quand celle-ci tomberait éventuellement entre les mains
de la Sûreté du Québec ou d'autres spécialistes.
Donc, la commission pourra, jusqu'à un certain point,
circonscrire l'activité des corps de police municipaux et leur dire :
Vous ne pouvez exercer vos fonctions que dans tel rayon d'activité qui
paraît compatible avec votre compétence et le nombre de policier
que vous avez.
Deuxièmement, "les grades qui peuvent être
décernés dans un corps de police municipal, eu égard aux
effectifs du corps". C'est la même chose. Multiplier
exagérément ou indûment le nombre d'officiers par rapport
au nombre
d'hommes ou d'agents qui sont dans un corps policier, c'est encore une
autre exagération contre laquelle il faut prémunir les
municipalités. Je pense que la commission pourra le faire par cette
réglementation.
M. PAUL: M. le Président, n'y a-t-il pas un danger, une fois que
la Commission de police aura émis des prérequis comme dit
le ministre pour certaines promotions, que certaines
municipalités, constatant que leurs propres candidats ou que leurs
propres officiers de police ne satisfont pas à ces prérequis,
fassent subir à ces officiers une rétrogradation?
M. CHOQUETTE: Non, parce que je ne crois pas du tout que la
réglementation.. .
M. PAUL: Surtout s'il n'y a pas de convention collective.
M. CHOQUETTE: Ecoutez, je pense que le député de
Maskinongé admettra avec moi que l'adoption de certains
règlements dans ce domaine-là devrait respecter les droits
acquis.
M.PAUL: Si on ajoutait, M. le Président: Tout en gardant le statu
quo?
M. CHOQUETTE: Il ne peut pas être question de
rétrogradation ou de destitution, je pense en vertu de ces articles. Il
ne peut absolument pas en être question.
M. PAUL: Pas de la part de la Commission de police mais de la part des
conseils municipaux à l'endroit de leurs officiers, s'ils ne
répondent pas aux prérequis exigés par la Commission de
police.
M. CHOQUETTE: On me dit que l'article 63 protège justement les
policiers contre cela.
M. PAUL: Bien, il y aurait un droit d'appel.
M. CHOQUETTE: Oui, le droit d'appel, justement.
M. PAUL: Mais encore là, ce sera une recommandation de la
commission à l'endroit de la municipalité.
M. CHOQUETTE: De quoi? En matière d'appel?
M. PAUL: Oui.
M. CHOQUETTE: Non, en matière d'appel, c'est plus qu'une
recommandation de la commission. Un conseil municipal, par exemple, ne peut pas
destituer un chef à moins de suivre la procédure...
M. PAUL: Je ne parle pas du chef, je parle d'un officier.
M. CHOQUETTE: Tous les gradés, tous ceux qui ne sont pas
protégés par une convention collective. Alors, dans ce domaine,
un conseil municipal ne peut pas adopter une action à l'égard
d'un gradé...
M. PAUL: ... d'un promu...
M. CHOQUETTE: ... sans que cela soit sujet à l'appel.
M. SAMSON: Mais est-ce que le ministre ne serait pas d'accord pour nous
donner immédiatement cette garantie dans le bill? Je veux dire par
là que je rejoins peut-être l'idée du député
de Maskinongé en ce qui regarde les petits corps où il y a
déjà des promotions de faites, etc. Au paragraphe h), on dit'
"déterminer les fonctions qui peuvent être exercées et les
grades qui peuvent être décernés dans un corps de police
municipal, eu égard aux effectifs du corps;"
Je pense qu'on est bien d'accord là-dessus, mais voulant
respecter les droits acquis, est-ce qu'on ne pourrait pas ajouter quelques mots
qui régleraient tout le problème, pour qu'on puisse garantir
à ces gens-là qu'on ne les rétrogradera pas? Je comprends
qu'il y a le droit d'appel, mais le droit d'appel veut dire des
démarches, des dépenses de la part des candidats, etc. Je pense
qu'il ne faut pas astreindre...
M. CHOQUETTE: Non! mais quand on apporte une réglementation comme
celle-là, que ce soit une réglementation par la Commission de
police ou une réglementation municipale, on ne peut jamais toucher
à une situation où des droits sont acquis. Si le conseil
municipal de la ville de Rouyn-Noranda passe un règlement disant
qu'à partir d'aujourd'hui les immeubles ne devront pas avoir plus de
cinq étages, celui qui a un immeuble de six étages n'est pas
atteint par le règlement parce que sa situation existait avant qu'on
adopte le règlement. Alors, on n'a pas besoin de le dire...
M. PAUL: Cela arrive.
M. CHOQUETTE: Bien, on ne peut pas toucher aux droits...
M. PAUL: Non, non, mais je suis sûr que le ministre se rappelle
que l'ancien gouvernement pas celui qui a été dynamique,
le nôtre celui de l'honorable Jean Lesage, avait amendé les
dispositions du code civil au sujet de la clause de dation en paiement, un avis
de 60 jours, et on avait donné une rétroactivité de cinq
mois à la loi.
M. CHOQUETTE: Oui, mais si on le dit... M. PAUL: Oui, justement, il faut
le dire. M. CHOQUETTE: Il faut le dire.
M. PAUL: Il faut le dire, sinon on ne peut pas donner de
rétroactivité à une loi...
M. CHOQUETTE: C'est ça.
M. PAUL: ... si cela n'est pas spécifié dans le texte.
M. CHOQUETTE: Comme dit le député de Maskinongé, le
principe général, en droit, c'est qu'il n'y a pas d'effet
rétroactif. Pour qu'il y ait un effet rétroactif à une
loi, il faut le dire spécifiquement et clairement. Alors, vu qu'on ne
fait aucune allusion au passé, ici, cela veut dire que cela laisse la
situation de ceux qui sont en place telle quelle, sans qu'elle subisse de
modification. Mais la réglementation qui pourrait être
adoptée par la Commission de police, là, elle pourrait affecter
l'avenir.
M. SAMSON: Autrement dit, si j'ai bien compris, lorsque vous faisiez
allusion tantôt aux petits corps, là où il y a un seul
policier, vous ne voulez pas avoir plus qu'un chef.
M. CHOQUETTE: Plus que...? M. SAMSON: Plus qu'un chef. M. LE PRESIDENT:
Article 2, adopté?
M. LAURIN: M. le Président, au paragraphe i): "Etablir une
échelle indicative des traitements susceptibles d'être
versés au directeur ou chef d'un corps de police municipal..." Est-ce
que le ministre pourrait nous dire si la Commission de police aura loisir
d'établir sa propre échelle indicative ou si cette échelle
indicative devra se référer ou tenir compte d'une échelle
identique ou similaire ou analogue établie par la Commission de la
fonction publique, étant donné que, d'une certaine façon,
les policiers peuvent être considérés comme des membres de
la Fonction publique?
M. CHOQUETTE: Est-ce que le député de Bourget dit qu'il y
a déjà une échelle indicative ou une échelle pour
les officiers de police?
M. LAURIN: Je dis que la Commission de la fonction publique
établit quand même des échelles de traitements. D'autres
échelles de traitements pourraient inspirer la Commission de police;
elles témoignent d'une certaine politique gouvernementale à cet
effet. C'est simplement un éclaircissement que je voudrais avoir. Est-ce
que la Commission de police tiendra compte de ce qui se fait ailleurs dans le
gouvernement?
M. CHOQUETTE: Il le faut, il le faut! Mais cet article est surtout pour
pallier les abus au sujet de salaires trop inférieurs payés
à des chefs ou à des personnes qui ont des grades dans des corps
de police. L'objet est de rehausser, dans la mesure du raisonnable, le salaire
de ceux qui ne sont pas couverts par une convention collective.
M. LAURIN: Vous ne verriez pas l'utilité d'établir un lien
plus étroit avec les échelles de la Commission de la fonction
publique?
M. CHOQUETTE: Je ne vois pas comment on pourrait le définir dans
un texte de loi. Je pense qu'il faut compter que la Commission de police va
agir avec bon sens et qu'elle va prendre connaissance, un peu, de la situation
telle qu'elle existe, d'autres échelles comparables ou analogues ou
rapprochées. Mais nous ne pouvons pas l'établir dans le texte
même et dire: Vous devrez vous reporter à telle échelle
comme moyen de comparaison.
M. LE PRESIDENT: Article 2, adopté. UNE VOIX: Oui.
M. LE PRESIDENT: Article 3? Adopté? UNE VOIX: Oui.
M. LE PRESIDENT: A l'article 4, l'honorable ministre de la Justice
propose un amendement.
M. CHOQUETTE: Je propose un amendement qui n'a pas pour but essentiel de
changer ce qui se trouvait déjà au projet de loi. On pourra
constater que nous avions, dans la version originale du projet de loi no 285,
éliminé le premier alinéa de l'article 19 de la Loi de
police. L'objet de mon amendement est de rétablir le premier
alinéa de l'article 19 et de lui ajouter un second alinéa qui
serait le texte de l'article 4 contenu au projet de loi. De la sorte,
l'amendement définitif, tel qu'adopté, ne consisterait
qu'à ajouter un alinéa à l'article 19 tel qu'il
existe.
Alors, je vais donner lecture de l'article 19, tel que proposé:
"La commission doit faire enquête, chaque fois que demande lui en est
faite par le lieutenant-gouverneur en conseil, sur tout aspect de la
criminalité qu'il indique."
La commission doit aussi faire enquête sur les activités
d'une organisation, d'un réseau, ses ramifications et les personnes qui
y concourent dans la mesure qu'indique le lieutenant-gouverneur en conseil
lorsque ce dernier a des raisons de croire que dans la lutte contre la
criminalité il est d'intérêt public d'ordonner la tenue
d'une telle enquête.
M. LE PRESIDENT: L'article 4, tel qu'amendé, est adopté?
Adopté.
Article 5? Un amendement propose un nouvel article 5.
M. CHOQUETTE: Oui, M. le Président. Dans l'ancien article 19, un
second alinéa traitait des enquêtes que la Commission de police
pouvait
faire sur la Sûreté du Québec ou un corps de police
municipal. Alors, nous ne voulons pas mêler les enquêtes de la
Commission de police sur certains aspects de la criminalité ou sur le
crime organisé avec les enquêtes qu'elle peut faire sur les corps
de police, soit les corps de police municipaux ou la Sûreté du
Québec. C'est la raison pour laquelle nous proposons, en somme, que
l'ancien deuxième alinéa de l'article 19 tombe maintenant dans
l'article 20 et en devienne le premier alinéa. Le nouvel article 20 du
projet de loi sera l'article qui traitera des pouvoirs de la commission en
matière d'enquêtes sur les corps de police.
M. LE PRESIDENT: Le nouvel article 5, adopté?
M. PAUL: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 5 devenu article 6,
adopté?
Article 6 devenu article 7, adopté.
M. HARDY (président du comité plénier): M. le
Président, j'ai l'honneur de faire rapport que votre comité a
étudié le projet de loi no 285 et qu'il l'a adopté avec
des amendements.
M. BLANK (président): Ces amendements sont-ils agrées?
Agrée.
Ce rapport est-il adopté? Adopté.
M. CHOQUETTE: Troisième lecture.
Troisième lecture
M. LE PRESIDENT: La motion de troisième lecture est-elle
adoptée? Adopté.
M. CHOQUETTE: Article 17.
Projet de loi no 283 Deuxième lecture
M. LE PRESIDENT (Blank): Le ministre de la Justice propose la
deuxième lecture de la Loi concernant le régime de retraite des
membres de la Sûreté du Québec.
M. Jérôme Choquette
M. CHOQUETTE: M. le Président, l'honorable lieutenant-gouverneur
de la province a pris connaissance de ce bill, et il en recommande
l'étude à la Chambre.
Je ferai des remarques très brèves sur ce projet de loi
qui, tout en étant peut-être complexe au point de vue technique,
est quand même assez simple.
Le projet a pour objet de permettre la mise en vigueur du régime
de retraite applicable aux membres de la Sûreté du Québec,
qui a été négocié entre le gouvernement et
l'Association des membres syndiqués de la Sûreté, et
d'étendre ce régime aux cadres de la Sûreté,
c'est-à-dire aux officiers de grade supérieur.
Comme vous le savez peut-être, M. le Président, la
négociation d'un régime de retraite avec les membres de la
Sûreté a fait l'objet de discussions et de négociations
depuis plusieurs années. Nous en sommes arrivés à un
accord avec l'Association des policiers provinciaux du Québec, d'une
part, et nos officiers, d'autre part, avec qui nous avons eu des consultations
sans qu'ils soient représentés par une association
professionnelle ou syndicale. A la suite de ces pourparlers, nous en sommes
arrivés à un accord qui, à mon sens, rencontre pleinement
les besoins de la Sûreté du Québec et de ses membres au
point de vue de la retraite.
Le projet de loi que nous avons élaboré avec, à la
fois, nos cadres et les agents est un des plans de retraite les plus avantageux
pour un corps policier au Canada et au Québec en particulier.
L'objet du projet de loi est simplement de faciliter la mise en
application de ce plan de retraite. Je ne pense pas qu'il y ait d'autres
observations à ajouter à celles-là.
M. Rémi Paul
M. PAUL: M. le Président, ce qu'il est intéressant de
noter, à la suite des remarques du ministre, c'est cette entente qui est
intervenue entre les membres de l'Association des policiers provinciaux et les
officiers de la Sûreté, ainsi qu'avec les autorités du
ministère de la Justice.
Lorsqu'on se rappelle, M. le Président, certains
événements malheureux du mois d'octobre je crois que c'est
du 4 ou du 11 octobre alors qu'il y a eu débrayage à la
Sûreté du Québec, il est consolant de constater que, chez
les membres de la Sûreté du Québec, il existe toujours cet
esprit de corps, ce souci de la protection du citoyen, ce désir de
combattre le crime.
Nous aurons, M. le Président, un corps de police animé de
ce zèle de lutte constante contre le crime, pour autant que les
conditions de travail qu'on offre à ses membres leur procurent
sécurité et satisfaction.
C'est pourquoi, M. le Président, le projet de loi que nous
présente le ministre reçoit notre entier appui.
Nous souhaitons que les membres de la Sûreté du
Québec continuent de faire confiance à leurs officiers et que
leurs officiers, d'un autre côté, reçoivent toujours une
oreille attentive de la part des autorités gouvernementales et
spécialement de la part du ministre de la Justice. Certainement que par
osmose cet excellent climat de relations, de sécurité, de
retraite, de conditions de travail de toutes les clauses normatives aura un
effet bénéfique sur les
autres corps policiers du Québec et spécialement sur les
membres du corps de police de la Fraternité des policiers de
Montréal et c'est ainsi que nous pourrons compter davantage sur le
dévouement de ces hommes affectés à la
sécurité de l'Etat, à la protection du citoyen.
Donc, il s'agit d'une loi excessivement technique et, comme je ne suis
pas un expert comptable, comme je ne suis pas un spécialiste dans toute
cette étude actuarielle sur laquelle se sont penchés tant les
représentants de l'Association des policiers du Québec que les
officiers cadres et les officiers du ministère de la Justice, je fais
donc confiance sans réserve cette fois à la
déclaration que nous a faite le ministre, et, quant à nous, nous
sommes disposés à procéder à l'étude en
comité de ce projet de loi.
M. Antoine Drolet
M. DROLET: M. le Président, le ministre de la Justice semble
parti sur une bonne veine cet après-midi en nous présentant ces
différents projets de loi, qui, à nos yeux, semblent tous
à venir jusqu'ici du moins très acceptables.
En ce qui regarde le bill 283, nous n'avons pratiquement pas autre chose
à ajouter aux paroles du ministre et à celles de l'ancien
ministre de la Justice. A la suite de ces pourparlers comme nous a dit
le ministre il y a eu accord et on ne peut faire autrement que de rendre
hommage à ceux qui ont négocié et travaillé pour en
venir à cet accord. Je pense que cette loi que vient de nous
présenter le ministre est une loi qui est très à point et
en ce qui nous concerne, nous sommes également disposés à
en discuter en comité plénier.
M. LE PRESIDENT: La motion de deuxième lecture pour le bill no
283 est-elle adoptée? Le député de Bourget.
M. Camille Laurin
M. LAURIN: M. le Président, nous avons peu de remarques à
faire à l'occasion de ce projet de loi. Mais cependant, nous aimerions
signaler que le projet de loi ne semble pas se conformer, selon nous, d'une
façon exacte aux recommandations du rapport Raynault qui recommandait
plutôt même s'il s'agit d'un régime de retraite qui a
été négocié un régime de "pay as you
go".
Alors que, du fait que le régime de retraite est maintenant
incorporé dans un autre fonds de retraite, il semblera difficile pour le
gouvernement de se conformer à la recommandation du rapport Raynault
sans que le ministre nous ait donné les raisons pour lesquelles il juge
ces recommandations inacceptables. Nous aurions aimé qu'il
éclaire un peu notre lanterne à cet égard.
D'autre part, le fonds de retraite a fait l'objet de négociation
donc est inscrit dans la convention collective qui est intervenue
entre les parties. Et là, c'est une loi qui fixera ce qu'il en
adviendra. Et ceci nous semble un principe qui peut paraître un peu
difficile à accepter en l'occurrence.
Lorsqu'il s'est agi des enseignants, c'est la loi elle-même qui
déterminait le taux des cotisations et des prestations à
être versées. Tout était en somme sous le couvert de la
loi.
Alors qu'actuellement c'est par convention collective que le taux des
cotisations et des prestations a été déterminé,
c'est dorénavant par une loi que ceci se trouvera
entériné. Il me semble que nous nous écartons de la ligne
suivie en d'autres domaines et qu'il y a peut-être un manque de
cohérence dans la pratique qui a été suivie jusqu'ici.
Et, là aussi, nous aurions aimé que le ministre nous
explique les raisons pour lesquelles il s'est écarté de la ligne
de conduite qui a été suivie dans le cas des fonctionnaires et
des enseignants et qu'il nous en donne des raisons probantes.
Donc, pour ces deux raisons, M. le Président, nous gardons
quelques réserves à approuver le projet de loi jusqu'à ce
que le ministre nous fasse un historique un peu plus complet, un peu plus
détaillé des négociations qui ont été
faites, des points de vue différents, divergents qui ont
été exposés, aussi bien en ce qui concerne les types de
régimes de retraite, par exemple le régime de "pay as you go" ou
de l'autre régime qui est préconisé dans le projet de loi
et, deuxièmement, en ce qui concerne l'écart auquel on semble se
résoudre ici entre le régime de retraite des enseignants et des
fonctionnaires d'une part et le régime de retraite des policiers d'autre
part.
Lorsque le ministre aura éclairci davantage notre lanterne
à ce propos, lorsqu'il nous donnera toutes les raisons pour lesquelles
le gouvernement a adopté la politique qu'il entend suivre par ce projet
de loi, peut-être que nos réserves fondront et que nous serons
prêts davantage à accepter le principe de ce projet de loi.
M. Jérôme Choquette
M. CHOQUETTE: M. le Président, je puis dire au
député de Bourget, pour dissiper ses inquiétudes, que le
projet de loi que je présente aujourd'hui, le bill 283, Loi concernant
le régime de retraite des membres de la Sûreté du
Québec, n'est pas le produit de l'action unilatérale du
gouvernement, mais le fruit de négociations entre les
intérressés et l'Etat et que, par conséquent le contenu du
bill no 283 est le résultat d'un accord entre toutes les parties.
Par conséquent, dans le domaine des relations de travail, je
pense qu'on ne peut jamais espérer une meilleure solution à un
litige ou à des difficultés qui peuvent se produire entre partie
patronale et partie syndicale que l'accord librement consenti entre les
parties. Je crois, M.
le Président, que cet argument, si simple soit-il, devrait
être de nature à dissiper les interrogations ou à
répondre aux interrogations du député de Bourget.
Maintenant, quant aux désaccords qui ont pu se produire il y a un
an, il y a six mois et il y a quelques mois sur certains points particuliers,
ils ont fait l'objet de discussion entre les parties au niveau du comité
paritaire qui a été institué entre le gouvernement et les
agents de la Sûreté du Québec et ces difficultés,
après des négociations, ont été aplanies. Le projet
de loi que nous présentons est le fruit de cette négociation.
Maintenant, j'ajouterai que le rapport Raynault, me semble-t-il,
traitait beaucoup plus des fonds de pension municipaux que de ceux qui sont
garantis par le gouvernement du Québec, parce que la pension qui est
donnée aux agents de la Sûreté en vertu du bill no, 283,
pension qui est également donnée aux officiers de la
Sûreté, fait l'objet d'une garantie gouvernementale, ce qui est
sans doute la meilleure garantie que l'on puisse offrir dans les
circonstances.
Finalement, quant au régime de pension applicable, je ne pense
pas que l'on puisse se dire qu'il s'agisse d'un régime de "pay as you
go". C'est plutôt un régime qui est fondé sur des calculs
actuariels et qui donne toutes les garanties du paiement de la pension à
ceux qui vont en bénéficier éventuellement.
M. LAURIN: Est-ce que je peux poser une question au ministre à ce
sujet? Est-ce qu'on ne demande pas, par exemple, au fonds consolidé de
compenser pour le déficit que pourrait encourir le fonds de retraite du
fait que le montant des cotisations serait inférieur au montant des
prestations et est-ce que ceci ne constitue pas un précédent, si
l'on compare cette situation avec la situation qui prévaut pour les
fonctionnaires et les enseignants?
M. CHOQUETTE: Bien, je ne pourrais pas répondre dans les moindres
détails, parce qu'il s'agit d'une question technique. Si le
député veut attendre que nous allions en comité, je
pourrai lui répondre à ce moment-là.
M. LAURIN: Oui.
M. LE PRESIDENT: La motion de deuxième lecture du bill 283
est-elle adoptée? Adopté.
M. LE SECRETAIRE ADJOINT: Deuxième lecture de ce bill. Second
reading of this bill.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre de la Justice propose que je
quitte maintenant le fauteuil et que la Chambre se forme en comité
plénier pour étudier le bill no 283.
Comité plénier
M. CARPENTIER (président du comité plénier): Bill
no 283, article 1?
M. PAUL: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 2? Adopté. Article 3?
M. LAURIN: La question que je posais au ministre pourrait justement
être reposée à propos de l'article 3. Je ne sais pas si le
ministre est maintenant en mesure de me répondre. En somme, il s'agit
toujours de cette concordance entre le régime de retraite des
enseignants et des fonctionnaires où tout est déterminé
par voie législative: le montant des cotisations, le montant des
prestations, l'appel au fonds consolidé du revenu, pour réduire
les déficits éventuels, alors que, dans le présent projet
de loi, une partie est négociée par convention collective et une
autre est déterminée par voie législative. Cela me semble
être un précédent, et je voulais savoir s'il y avait des
raisons à l'appui de cette position.
M. CHOQUETTE: Dans le cas des policiers, leurs contributions sont
nettement plus élevées que celles des autres fonctionnaires. Ils
ont accepté cela en échange de prestations, d'avantages ou de
bénéfices qui seraient plus élevés.
Il faut, quand même, situer le problème du policier dans
son contexte particulier par rapport aux autres employés de la Fonction
publique. On accepte, en général, que le policier doive prendre
sa retraite plus tôt que le fonctionnaire ou l'employé habituel.
C'est la raison pour laquelle la structure d'un fonds de pension de policiers
est, en général, différente de celle qui s'applique aux
autres occupations. Dans le cas actuel, il s'est produit que les policiers ont,
d'une part, accepté que leurs contributions soient plus
élevées que celles des fonctionnaires ordinaires. D'un autre
côté, le gouvernement accepte également que sa contrepartie
soit plus élevée.
Vu que le régime, par son fonctionnement, va donner une pension
plus avantageuse, compte tenu de la fonction de policier, des risques du
métier et des exigences de la profession de policier qui sont nettement
plus contraignantes que celles qui s'appliquent aux fonctionnaires ou à
d'autres employés, on a accepté, après
négociations, que la partie qui pouvait ne pas être garantie de
façon actuarielle soit imputable au fonds consolidé.
M. LE PRESIDENT: Article 3, adopté. Article 4, adopté.
Article 5, adopté. Article 6, adopté?
M. PAUL: M. le Président, un instant. A l'article 6, la retraite
est obligatoire à 60 ans depuis plusieurs années pour un membre
de la Sûreté du Québec.
M. CHOQUETTE: Oui, mais pas pour un officier. Là, le bill rend la
retraite obligatoire pour un officier à 60 ans, à compter du mois
d'avril qui sera la date, je pense, de la mise en vigueur du nouveau plan de
pension.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 7, adopté. Article 8,
adopté. Article 9, adopté. Article 10, adopté. Article 11,
adopté. Article 12, adopté. Article 13, adopté. Article
14, adopté. Article 15?
M. PAUL: M. le Président, pourquoi à compter du 11
décembre, à l'article 15? Pourquoi cette date et non pas le 1er
décembre ou le 15 décembre? Pourquoi le 11? C'est rare qu'on voit
cela.
Est-ce à compter du jour du dépôt en première
lecture de la loi? Pourtant, c'était un samedi. Est-ce le ministre des
Finances qui vous a conseillé dans ce sens-là?
M. CHOQUETTE: Non, c'est une question de concordance par rapport
à certains articles adoptés dans une loi du 11 décembre
1970. C'est la raison pour laquelle il faut se référer à
ce texte de loi qui avait adopté certains articles applicables...
M. PAUL: Pour qu'il y ait concordance entre les deux lois.
M. CHOQUETTE: ... aux policiers municipaux. En fait, c'est un article de
concordance par rapport à la législation de l'année
dernière.
M. PAUL: Très bien.
M. LE PRESIDENT: Article 16, adopté. Article 17,
adopté.
M. DROLET: Adopté.
M. CARPENTIER (président du comité plénier): M. le
Président, j'ai l'honneur de faire rapport que le comité a
siégé et a adopté en entier le bill 283.
M. LE PRESIDENT (Blank): Le rapport du comité plénier
est-il adopté?
M. PAUL: Adopté. M. DROLET: Adopté.
Troisième lecture
M. LE PRESIDENT: Adopté. Motion de troisième lecture.
M. DROLET: Adopté.
M. PAUL: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. LACROIX: Numéro 15.
Projet de loi no 282 Deuxième lecture
M. LE PRESIDENT: Le ministre de la Justice propose la deuxième
lecture du projet de loi intitulé Loi prolongeant et modifiant la loi
pour favoriser la conciliation entre locataires et propriétaires.
M. Jérôme Choquette
M. CHOQUETTE: M. le Président, l'année dernière,
lorsque je présentais un bill équivalent à la suite
de mes prédécesseurs, les députés de
Maskinongé et de Missisquoi bill qui avait pour but de prolonger
la Loi pour favoriser la conciliation entre locataires et propriétaires,
je disais que je pensais pouvoir apporter cette année une refonte
complète de cette loi qui a fait l'objet de nombreux amendements ainsi
qu'apporter un régime général applicable au Québec
en matière de réglementation des loyers.
Malheureusement, malgré que nos travaux dans ce domaine soient
très avancés, puisque le président de la Commission des
loyers ainsi que le sous-ministre associé à la Justice...
M. PAUL: M. Alarie.
M. CHOQUETTE: ... à l'ancien Secrétariat de la province,
aient fait des travaux très valables dans ce domaine, qui je pense se
solderont par une législation générale à la
prochaine session, je ne suis pas en mesure d'apporter aujourd'hui et
plus particulièrement parce que nous sommes à la fin de la
session cette législation générale. C'est la raison
pour laquelle je propose à la Chambre que nous prolongions l'application
de la Loi pour favoriser la conciliation entre locataires et
propriétaires pour une autre année, ce qui, évidemment,
conservera intacts les droits acquis des locataires et des propriétaires
en vertu de la législation antérieure. Je propose aussi que nous
adoptions les mesures adoptées tous les ans depuis un certain nombre
d'années prolongeant les baux qui arriveront à
échéance le printemps prochain, ceci dans le but de
protéger les locataires contre des évictions ou des
accroissements indus de loyers.
Je compte qu'à la lumière des travaux qui se font
actuellement à mon ministère et qui ont amené des
fonctionnaires ainsi que le président de la Commission des loyers
à examiner l'ensemble de la législation qui existe dans le monde,
dans ce domaine des relations entre locataires et propriétaires, il me
sera possible lors de la prochaine session, c'est-à-dire le printemps
prochain, de présenter une législation générale.
Celle-ci, je crois, donnera plus de satisfaction et fondra les droits des
locataires et des propriétaires sur des assises plus permanentes que
celles de cette loi qui revient tous les ans et qui, en somme, vient prolonger
les baux annuellement à cette date de l'année, comme d'ailleurs
prolonger l'effet de la loi temporaire qui avait été
adoptée, il y a maintenant, je crois, plus de vingt ans.
Alors, M. le Président, je ne pense pas que ceci requière
d'autres observations, parce que le bill, dans sa teneur, est identique
à ceux que nous avons adoptés au cours des années
antérieures.
M. Rémi Paul
M. PAUL: M. le Président, vous me permettrez sans doute
d'exprimer ma grande déception en écoutant le ministre nous
présenter pour adoption le projet de loi no 282, Loi prolongeant et
modifiant la Loi pour favoriser la conciliation entre locataires et
propriétaires, nom modernisé qui servait autrefois à
décrire la loi dite Loi de la Régie des loyers.
La première loi remonte effectivement à l'année
1951, alors qu'il y avait, à ce qu'on disait à l'époque,
un état de crise dans le logement au Québec. Cela faisait suite
à l'adoption d'une loi identique par les autorités
fédérales, consécutivement à une cession partielle
de nos droits par le premier ministre de l'époque, M. Godbout. Nous
avons donc adopté, en 1951, une loi...
M. CHOQUETTE: ...temporaire...
M. PAUL: ...temporaire et qui est devenue permanemment annuelle. C'est
tellement vrai que, lorsque j'occupais la charge de ministre responsable de
cette loi, je subissais l'influence du milieu. J'étais, moi aussi, un
peu captif de la tradition qui veut que cette loi soit présentée
dans les derniers jours de la session, alors qu'il y a plus de vapeur et alors
que nous sommes moins dégagés que nous avons l'esprit moins libre
pour analyser toutes les implications de cette loi qui a pour but, en quelque
sorte, de protéger près de 80 p.c. de la population du
Québec. On sait que 80 p.c. de la population du Québec ne sont
pas propriétaires, mais plutôt locataires.
M. le Président, j'étais resté ému,
traumatisé, sensibilisé, ébranlé à la suite
d'une motion que nous avait présentée le ministre de la Justice.
Alors qu'il était et comme il est encore aujourd'hui
député d'Outremont mais député simple, il nous
avait présenté une excellente motion. Je le prends à
témoin pour dire que j'avais compris le bien-fondé de sa motion
puisqu'au nom du gouvernement, j'en avais reconnu le bien-fondé, la
logique et la nécessité, et c'est avec plaisir que nous nous
étions rendus à sa motion aux fins d'analyser le problème
du logement, non pas seulement dans la ville d'Outremont ou dans la
périphérie de la ville d'Outremont, mais d'étudier la
situation des locataires à travers tout le Québec.
Le ministre, à l'époque, avait fait un excellent travail.
Je voudrais maintenant faire trêve de plaisanterie et non pas lui
reprocher de n'avoir pas encore présenté de loi cette
année, mais simplement lui signaler qu'il y a urgence à
légiférer en la matière. Tout d'abord nous assistons,
depuis environ deux ans, à la forma- tion de groupements de locataires
un peu partout qui, aujourd'hui même, songent à se
fédéraliser en groupements de locataires. Point n'est besoin de
vous dire que la nécessité d'une loi en cette matière, qui
serait une loi uniforme pour tout le Québec, s'impose d'autant plus que
l'indice des prix à la consommation nous cite des chiffres vraiment
bouleversants. Si nous prenons l'année 1961 comme indice de 100, nous
verrons que, pour le logement, en 1964, cet indice est passé à
104.8 pour l'indice normal du coût de la vie et l'indice pour le logement
à 106.1, toujours en prenant comme indice de base le chiffre 100.
En 1966, l'indice général était de 111.4 et
l'indice pour le logement était de 112.3.
En 1968, c'était 120.1 pour l'indice général et
l'indice pour le logement était de 124.6.
En 1969, l'indice général était 125.5 et l'indice
pour le logement, 133.1.
En 1970, l'indice général était de 129.7, à
comparer à 100 pour l'année 1961, et c'était 141.8 pour
l'indice du logement.
En 1971, de janvier à avril par conséquent, les
statistiques sont récentes nous constatons que l'indice
général a été porté à 132.2 et
l'indice pour le logement à 148.5.
C'est donc dire qu'il y a une véritable crise du logement dans le
Québec. M. le Président, est-ce que vous pourriez m'aider quelque
peu? J'entends des voix, et je craindrais qu'on ne m'attribue toute la
sainteté qui marqua la vie de Jeanne d'Arc. Alors, je m'en voudrais de
ne pas attirer votre attention sur cette situation qui existe dans le logement
et, également, sur des situations anormales et illogiques dans un
territoire donné.
Ainsi, par exemple, dans la ville de Québec, les autorités
de la ville, se prévalant du bill 12, ont adopté une
résolution qui fut reçue par le lieutenant-gouverneur en conseil
pour établir que les dispositions de cette loi favorisant les relations
entre locataires et propriétaires toucheraient les loyers de $125 par
mois et moins. A quelques milles d'ici, nous avons la ville de Charlesbourg
où les loyers sont affectés par la régie jusqu'à
concurrence d'une somme de $150 par mois. A proximité de la ville de
Québec, nous avons la ville de Sainte-Foy où les autorités
municipales ne se sont pas rendues aux pressions des locataires de cette ville,
d'où situation tragique dans la ville de Sainte-Foy pour les locataires
qui sont protégés, dans la ville de Québec, pour autant
que le loyer soit de $125 et moins par mois et de $150 par mois dans la ville
de Charlesbourg. C'est pourquoi un employé de la Régie des
loyers, du nom de Bernard Lacroix,...
M. LACROIX: Un excellent employé!
M. PAUL: Est-ce que, par hasard, vous le connaissez?
M. LACROIX: Certainement, c'est mon frè-
M. PAUL: C'est votre frère!
M. LACROIX: Et son assistant a été mon adversaire aux
élections de 1966, M. Gérard Gingras.
M. SAMSON: Avez-vous d'autres renseignements à nous donner?
M. PAUL: M. le Président, c'est sans doute l'utilisation maximale
de la compétence que le ministre responsable de la régie a voulu
appliquer! Farces à part, toujours, M. le Président, parce que
nous sommes vers la fin de la session, je vais résister à la
tentation que j'ai de voir une influence de main noire dans toute cette
nomination. Je sais que M. Lacroix fait son possible pour tâcher de
répondre...
M. LACROIX: C'est commun dans la famille chez nous, cela!
M. PAUL: Je n'ai pas dit qu'il était efficace! M. SAMSON: Ne
charriez pas trop, là.
M. PAUL: Je dis donc que M. Lacroix avait raison de mentionner
récemment que 50 p.c. des plaintes reçues à la
Régie des loyers provenaient de locataires résidant dans la ville
de Sainte-Foy. Alors, il y a un certain malaise. Il y a également un
malaise parce qu'il y a un manque d'information. On me dira: Vous auriez
dû corriger cette situation dans le temps où vous étiez
là.
Je répondrai: Oui, j'aurais peut-être dû la corriger.
Mais je ne l'ai pas corrigée parce qu'on ne m'a pas signalé
toutes les complications qu'apporte aujourd'hui cette liberté
donnée aux conseils municipaux de se prévaloir ou non des
dispositions du bill no 12. Au fur et à mesure que nous rencontrons des
différences de normes ou l'absence d'application de la loi, nous
assistons nécessairement à un certain égarement chez
beaucoup de locataires qui sont à la recherche d'informations
précises. C'est à bon droit qu'on s'adresse à la
Régie des loyers pour obtenir lesdites informations.
A la Régie des loyers, M. le Président, on invite
constamment ces locataires à se présenter à la
régie pour étudier de près leur problème et
tâcher d'y trouver une solution, tout en respectant également le
droit des propriétaires. Il ne s'agit pas de reconnaître des
droits exclusifs aux locataires. Il y a également des droits qui doivent
être sauvegardés et qui appartiennent aux
propriétaires.
Je dis donc, M. le Président, qu'il y a manque d'information. Il
y a manque d'information et surtout de disponibilité ou de
facilité d'accès à l'information. Comme les
employés de la régie ne sont pas syndiqués ou qu'ils ne
sont pas régis par une convention collective, je me demande si le
ministre ne devrait pas envisager la possibilité d'accroître son
personnel ou de le déplacer pour que les bureaux d'information,
spécialement dans les grands centres, puissent être ouverts au
moins deux, si ce n'est pas trois soirs par semaine et également le
samedi, au moins dans la matinée.
La plupart du temps, M. le Président, c'est le locataire
lui-même, l'homme parce que l'épouse a ses
responsabilités de famille qui est obligé de s'adresser
à la Régie des loyers. Il doit assez souvent manquer une
matinée de travail pour se rendre à la Régie des loyers
exposer son problème, faire valoir son droit ou son prétendu
droit.
M. le Président, même si le ministre n'est pas prêt
à présenter une loi uniforme, je suis informé qu'on aurait
arrêté le texte d'environ 60 articles peut-être un
peu plus dans cette loi qu'entend nous présenter le ministre,
mais pour qu'il n'ait pas l'impression qu'il y a eu déloyauté de
la part de ses fonctionnaires, je lui dirai que ces informations m'ont
été transmises par un M. Nadeau, qui a rencontré les
officiers du ministère de la Justice aux fins de discuter du projet de
loi cadre qu'entend présenter le ministre. Il s'agit de M. Michel
Nadeau. Alors, que le ministre soit sans inquiétude quant à la
loyauté de ses fonctionnaires.
M. le Président, le ministre, en attendant la présentation
de cette loi, devrait donc permettre une accessibilité plus facile aux
renseignements, en n'obligeant pas les intéressés à perdre
des heures de travail pour obtenir lesdites informations.
De plus, M. le Président, le ministre devrait tout mettre en
oeuvre pour qu'il y ait beaucoup de publicité en faveur des dispositions
de la loi que nous renouvellerons aujourd'hui dans son application. Mais il ne
faudrait pas cependant que tous les locataires fassent supporter au ministre ou
au gouvernement des situations qui, en fait, peuvent être
corrigées par les autorités municipales qui peuvent toujours se
prévaloir avant la date du 1er novembre, si ma mémoire est
fidèle, des avantages du bill no 12 en adoptant un règlement que
le lieutenant-gouverneur en conseil acceptera. C'est pourquoi nous avons des
barèmes différents d'une municipalité à l'autre, en
raison de cette liberté qu'accorde la loi aux autorités
municipales de légiférer en la matière.
Je dis que le ministre doit continuer son travail de préparation
d'une loi-cadre pour que les normes soient uniformes à travers tout le
Québec, comme par exemple dans les villes où il y aurait 5,000 de
population et plus.
Il faudra également que le ministre envisage cette
possibilité d'information comme je vous le signalais cette
publicité nécessaire en faveur du projet de loi. Après que
le ministre aura mis l'information à la disposition du public, des
locataires, après qu'il aura fait donner de la publicité à
la loi, il pourra, j'en suis sûr, avoir recours avec beaucoup de
facilité au dévouement du personnel de la régie, que ce
soit de Québec, de Montréal ou de partout où la loi trouve
son champ d'application.
Et ce n'est pas sans regret en terminant, je
le répète que nous constatons que le ministre se
voit encore dans l'obligation de répéter le geste de ses
prédécesseurs et de demander à l'Assemblée de voter
une loi à caractère annuel. Mais comme je vous le disais
tout à l'heure c'est devenu permanemment annuel, parce que depuis
1951 nous avons toujours ce texte très peu modifié, si ce n'est
dans la modification des millésimes. Et je ne sais, M. le
Président ah! pas vous, je croyais que c'était l'honorable
député de Saint-Louis qui occupait la présidence
mais vous, votre profession ne vous met pas en contact quotidien avec
l'application de la Loi de la Régie des loyers; je voudrais que vous
vous arrêtiez pour essayer de comprendre le texte original de la loi qui
a été présentée en 1951, concernant la Régie
des loyers.
C'est une loi constamment amendée et il le faut
puisque c'est toujours, comme je vous le disais tout à l'heure, d'une
année à l'autre que nous espérons que la situation se
corrigera. Mais c'est devenu un mal permanent chez nous entre, d'une part, les
exigences quelquefois abusives de certains propriétaires et, d'autre
part, les exigences trop souvent abusives de certains locataires.
Je souhaite que le ministre dès le début, ou du moins dans
cette première partie de la prochaine session, puisse nous
présenter une législation dans laquelle nous retrouverons tous
les sentiments généreux, tous les grands principes sociologiques
contenus dans le discours qu'il prononçait dans cette Chambre alors
qu'il occupait le fauteuil près de moi ici. Dans ce débat qui
passera à l'histoire, il a agi comme un homme animé des plus
grands sentiments de protection à l'endroit des locataires. Il faudra
que sa réputation soit maintenue et consacrée dans un texte de
loi qui pourra sauvegarder non seulement les droits des locataires, mais
également les droits des propriétaires.
Je considère l'aveu que nous a fait le ministre et la
nécessité d'adopter cette législation, spécialement
pour le comté de Jean-Talon. Dans le comté de Jean-Talon,
beaucoup de locataires ont besoin de cette législation, même si on
compte beaucoup sur le dévouement du ministre des Finances pour corriger
le problème du logement dans ce territoire de la Communauté
urbaine de Québec.
M. CHOQUETTE: Le gouvernement compte beaucoup sur la
générosité du ministre des Finances.
M. PAUL: Mais je sais que le ministre de la Justice, comme bien
d'autres, est fortement et souvent déçu de cette
générosité de tous les ministres des Finances.
Alors, M. le Président nous allons appuyer ce projet de loi et
j'espère que le ministre comprendra que les propos que j'ai tenus ne
sont pas précisément des reproches à son endroit, mais
pour lui rappeler, une fois de plus, la nécessité et l'urgence de
légiférer en la matière, pour qu'une loi-cadre s'applique
dans tout le territoire du Québec.
M. Paul-A. Latulippe
M. LATULIPPE: M. le Président, au nom de mon groupe, qu'il me
soit permis de souligner que nous sommes favorables au principe de ce bill et
que nous y souscrivons. Nous avions une seule remarque que nous jugions
importante à faire et elle a été réfutée
dans le préambule, par le ministre, à l'effet qu'il nous
préparait une loi à caractère général qui
devrait, nous l'espérons, tenir lieu de remède au malaise que
l'on retrouve présentement à la Régie des loyers, par
suite d'un manque d'uniformité qui a été brillamment
démontré tout à l'heure par le député de
Maskinongé.
Manque d'uniformité qui se traduit dans les faits aussi, par une
situation quelque peu inconfortable et des contradictions d'ordre administratif
qui n'ont pas leur raison d'être dans une administration saine telle que
le veut le gouvernement en place actuellement. C'est pourquoi nous
espérons beaucoup de la loi qu'entend nous soumettre le ministre,
à la reprise des travaux parlementaires, l'an prochain.
Sur ça, M. le Président, nous réitérons
notre approbation à ce projet de loi. Merci.
M. LE PRESIDENT: Le député de Maisonneuve.
M. Robert Burns
M. BURNS: Merci, M. le Président. J'aurais le goût, dans
cette discussion du projet de loi en deuxième lecture, de me
"péter les bretelles", selon l'expression consacrée, et de
rappeler le débat qui avait eu lieu l'année dernière, sur
ce projet de loi visant à protéger ce que j'appelais alors une
catégorie de consommateurs. Déjà, à ce
moment-là, la Loi de protection des consommateurs était sur la
table et, sauf erreur, c'était le ministre de la Justice, alors aussi
ministre des Institutions financières, qui en était le parrain.
Nous avions à ce moment-là fait valoir un certain nombre de
recommandations à l'égard de la loi ou dans le but de
l'améliorer, et le ministre avait, semble-t-il, accepté, du moins
en principe, sinon dans les faits, de se pencher sur ce problème.
Pour nous, ce fut une grande déception de voir ce projet de loi
revenir dans son état actuel, c'est-à-dire cette loi temporaire
que, d'année en année, depuis 1951, la Législature
ou l'Assemblée nationale maintenant adopte
régulièrement. Je me garderai bien d'entrer dans tous les
détails de la discussion qui avait eu lieu l'année
dernière et qu'on peut retrouver au journal des Débats, à
la page 2139, de l'année dernière.
Je ne pourrai cependant pas me garder de rappeler au ministre de la
Justice les discussions
qui avaient eu lieu le 17 juin 1971, lors de l'étude des
crédits du ministère de la Justice.
Et je cite, de la page 2624 du volume 11 no 60, les mots mêmes du
ministre de la Justice lorsqu'il disait: "Sur le problème
spécifique de la Commission des loyers, j'ai à mes
côtés le juge Ross, qui est le président de cette
commission, et qui prépare, avec Me Alarie, le sous-ministre
associé au secrétariat, un projet de refonte de la Loi de la
commission des loyers. Ce projet est assez avancé, m'a-t-on dit. Ils ont
étudié la législation étrangère, en
particulier la législation new-yorkaise et la législation
française." Et on continue un peu plus loin: "Tout cela
évidemment, dans le but d'en arriver à un excellent projet de
loi. Je considère que nous pourrons peut-être le présenter
l'automne prochain."
M. CHOQUETTE: Je suis content d'avoir dit "peut-être."
M. BURNS: Ah! oui, vous êtes content! M. CHOQUETTE: Je vous
remercie.
M. BURNS: C'est votre formation d'avocat qui vous a permis de vous en
sortir sans doute de cette façon-là, mais, pour nous,
c'était...
M. CHOQUETTE: Vous laissez une petite porte.
M. BURNS: ...pas seulement pour nous en tant que membres de notre
formation politique, mais pour nous, l'ensemble de la population, pour qui
c'est important de régler le problème des locataires comme
consommateurs.
Je pense que c'est un élément de consommation assez
important dans la société actuelle. Pour nous, c'était,
dis-je une lueur d'espoir très sérieuse. Je ne peux
m'empêcher de dire au ministre ma déception de le voir revenir
cette année avec un petit projet de loi qui n'est pas
véritablement une refonte ou même un code de relations entre
locataires et locateurs.
Je ne peux, non plus, m'empêcher de rappeler certaines
réclamations que nous avions faites l'année dernière. Je
peux avertir immédiatement le ministre pour ne pas utiliser le
temps de la Chambre d'une façon qui pourrait être jugée
abusive que je n'ai pas l'intention de reproduire les amendements que
j'avais soumis l'année dernière et qui ont été
défaits. Je ne peux m'empêcher de lui rappeler nos principales
réclamations à l'égard de cette loi. La première,
avions-nous dit, était de faire de la Loi favorisant la conciliation
entre locataires et propriétaires une loi permanente; ce qu'elle n'est
pas. Le ministre a admis le bien-fondé de la discussion de
l'année dernière et, l'extrait des discussions au moment de
l'étude des crédits du ministère de la Justice prouve bien
que le ministre est d'accord, en principe, avec cela.
Nous lui avions également demandé que cette loi devienne
universelle sur le plan territorial et sur le plan de la juridiction,
c'est-à-dire que toutes les municipalités puissent être
couvertes et que tous les baux puissent être couverts, si vraiment on
désire en venir à un véritable code de relations entre
locataires et locateurs. Je rappelle également une autre suggestion que
nous avions faite l'année dernière et à laquelle,
personnellement, je tiens beaucoup. Elle a peut-être malheureusement,
à certains égards, été moins bien comprise. Il
s'agissait de la possibilité que ce soit la régie ou un organisme
sous contrôle gouvernemental qui, à l'aide de l'augmentation de
l'indice du coût de la vie, puisse décréter quelle est la
hausse normale d'année en année. Tout propriétaire qui
voudrait y contrevenir aurait lui-même le fardeau de prouver qu'il est
normal, dans son cas, de demander plus que la régie pourrait
accorder.
Enfin à notre avis, ce n'était pas la moindre des
suggestions que nous avions faites, bien au contraire nous avions
suggéré qu'un bail type soit adopté et qu'il soit mis en
annexe de la loi. Sur ce plan du bail type, ceux qui ont la moindre
expérience des relations entre propriétaires et locataires ont pu
se rendre compte que, de la façon dont les baux se signent actuellement
à travers le Québec, ce n'est pas, à toutes fins
pratiques, des contrats bilatéraux ou, comme le dirait le
député de Maskinongé des contrats synallagmatiques, comme
il se doit.
M. CHOQUETTE: Des contrats d'adhésion.
M. BURNS: Ils deviennent, à toutes fins pratiques, comme le dit
le ministre, des contrats d'adhésion. A notre avis, comme dans tout
autre contrat bilatéral, chaque partie devrait donner son point de vue
quant à la formation du contrat et finalement, quand l'accord est
obtenu, le signer. Nous prétendons qu'en matière de baux on
devrait aussi se retrouver dans le domaine des contrats bilatéraux,
c'est-à-dire où chacun donne son adhésion.
Dans les faits, ce n'est pas ce qui se produit. Vous avez des formules
de baux préparées d'avance que le locataire très souvent
par nécessité, va signer sans trop les lire et sans trop insister
sur la disparition de telle ou telle clause qui ne fait pas son affaire.
Même s'il insiste pour qu'elles disparaissent, ces diverses
clauses qui ne font pas son affaire, il ne le peut pas, à toutes fins
utiles, puisqu'on lui dit: Si tu n'es pas content on va prendre un autre
locataire, ce qui, à mon avis, en fait un contrat d'adhésion,
c'est-à-dire où le locataire n'a aucune chance de discussion.
A ce sujet, le ministre a sans doute je ne suis pas seul à
réclamer de telles modifications reçu un mémoire
qui lui a été présenté en novembre 1971 par le
Groupement des locataires de Québec. On retrouve justement certaines de
ces réclamations chez ce groupe de personnes qui s'est donné
comme fonction de
faire connaître les problèmes des locataires et de tenter
de sensibiliser la population à l'égard de ces problèmes
et aussi, évidemment, en définitive de trouver des solutions.
Je lisais à la page 11 de ce mémoire certaines
réclamations de gens qui disent qu'ils en ont assez. Or, les locataires
sont, sauf erreur, dans une proportion assez importante des gens qui ont des
domiciles au Québec. J'oserais même avancer, si la proportion
montréalaise est applicable au reste de la province, que 80 p.c. des
gens sont locataires. Ce n'est peut-être pas exact en dehors des grandes
agglomérations.
M. CHOQUETTE: A Montréal, c'est 70 p.c.
M. BURNS: Alors, cela a beaucoup baissé depuis peu, si c'est
ça, mais disons que je ne ferai pas de grosse chicane au ministre sur le
pourcentage. De toute façon, je pense que tout le monde peut admettre
que le pourcentage est plus élevé que 50 p.c. et cela justifie
que nous nous préoccupions davantage de cette catégorie de
consommateurs.
Ces gens qui disent qu'ils en ont assez, voici comment ils s'expriment,
et je parle toujours du mémoire du Groupement des locataires de
Québec, à la page 11: "Nous en avons assez de l'anémie et
de la mollesse de prétendues lois visant à améliorer les
relations propriétaires-locataires, des belles promesses
électorales concernant un logement convenable pour tous à prix
raisonnable, des hausses exagérées et abusives de 14 p.c. en
moyenne dans la région de Québec au cours des trois
dernières années, de l'arbitraire de certains
propriétaires quant aux conditions infrahumaines qu'ils imposent
à leurs locataires cela rejoint encore ce que je disais
tantôt les contrats d'adhésion, il ne faut pas qu'il y ait
d'enfant, de chien, plus d'un certain nombre de meubles ou de certain genre de
meubles de l'ignorance des locataires savamment entretenue par l'absence
totale d'une politique d'information." Cette réclamation m'a
frappé en ce sens que non seulement le ministère devrait faire
des efforts dans ce sens comme cela semble être son intention et
je considère la bonne foi du ministre à cet égard bien que
malheureusement il n'ait pas prouvé cette bonne foi par des
résultats mais uniquement par son énoncé mais que
je considère que ce serait aussi le rôle du ministère de la
Justice de faire connaître les droits des locataires aux gens qui doivent
s'en servir éventuellement, et c'est pourquoi j'ai retenu cette
recommandation.
Ils disent aussi qu'ils en ont assez de la vieillesse des structures
administratives de la Régie des loyers et des nominations partisanes que
chaque élection amène. Enfin, ils en ont assez aussi d'une loi
qui n'est plus efficace pour corriger une situation où l'injustice,
l'arbitraire et l'exploitation sont de plus en plus les règles en
vigueur. Ce sont des gens qui sont mêlés aux problèmes qui
vous parlent. J'essaie d'ajouter leurs voix à la mienne pour insister
sur le fait qu'il est urgent non pas que l'on fasse de belles promesses, que
l'on dise qu'il est nécessaire d'améliorer cette loi, mais
qu'effectivement comme cette lueur d'espoir nous avait été
donnée au moment de l'étude des crédits, le 17 juin
une véritable refonte se fasse de cette loi qui vise quand même
une grande proportion de la population.
Il est évident, malgré les remarques que je fais et
malgré les souhaits que j'exprime pour l'avenir, que nous voterons pour
le projet de loi qui est déposé, aussi imparfait soit-il, aussi
linéaire soit-il.
Pour le moment, malheureusement, c'est tout ce que nous avons au
Québec pour protéger les locataires, même si c'est
très peu, c'est toujours cela. Pour cette raison, nous voterons en
faveur du projet de loi qui est actuellement en discussion.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Rouyn-Noranda.
M. Camille Samson
M. SAMSON: M. le Président, seulement quelques brèves
remarques. Evidemment, par ce projet de loi, nous prolongeons la loi qui
régit présentement les locataires et les propriétaires. Le
ministre nous a mentionné, dans son discours de deuxième lecture,
son intention de nous présenter, à brève
échéance, une loi-cadre. Evidemment, je fais miennes plusieurs
des remarques faites par l'honorable député de Maskinongé,
en partant du rapport qui nous a été soumis par l'Association des
locataires de Québec hier, et dans lequel on demande une loi qui aurait
un caractère réellement permanent.
Mais, tout en passant, j'ose suggérer au ministre, pour cette loi
qui nous a été annoncée tantôt, qu'elle soit
préparée en consultation non seulement avec l'Association des
locataires de Québec mais aussi avec d'autres associations de locataires
existantes sur l'ensemble du territoire je pense que cela est possible
et différentes associations de propriétaires.
Il y a là comme ailleurs, les deux côtés de la
médaille à prendre en considération. L'association des
locataires nous a fait certaines remarques très objectives, je pense,
à l'effet que les heures d'ouverture pourraient permettre davantage aux
travailleurs de se prévaloir des dispositions que nous retrouvons dans
la loi. Egalement, le ministre pourrait peut-être prendre en
considération le fait qu'on nous a souligné qu'il serait
très juste pour les locataires de pouvoir obtenir assistance devant la
régie pour les cas où ils ont à être entendus. Il
devrait être possible d'envisager cette situation pour offrir assistance
aux locataires, qui, généralement, ne connaissent pas toutes les
dispositions de la loi. Nous savons qu'il est plus facile aux
propriétaires de connaître ces dispositions, étant
donné qu'ils ont des logements à louer et que c'est leur
commerce. Les locataires, eux, ne connaissent généralement
pas toutes ces dispositions. Des dispositifs d'assistance auprès de la
régie seraient sûrement très bien vus de leur part.
Egalement, on a demandé, et ce de façon très juste,
je pense, qu'une certaine publicité se fasse quant aux dispositions,
quant aux avantages dont pourraient se prévaloir les locataires. Ceci
pourrait se faire par la promotion par les media d'information reconnus tels
que la radio, la télévision, les journaux ou, encore, il serait
peut-être possible à la Régie des loyers de
présenter un dépliant explicatif qui serait à la
portée de tous les locataires et même des
propriétaires.
Ceci dit, je ne prendrai pas plus de temps de la Chambre. Je sais que le
ministre prendra sûrement ces suggestions en considération aussi
bien que celles très à point qui ont été faites par
le député de Maskinongé, en se basant sur l'excellent
rapport qui nous a été soumis par l'Association des locataires de
Québec.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre de la Justice.
M. CHOQUETTE: S'il n'y a pas d'autres députés qui veulent
prendre la parole, je vais conclure par la réplique.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que d'autres députés
désirent prendre la parole? L'honorable ministre de la Justice.
M. Jérôme Choquette
M. CHOQUETTE: M. le Président, j'ai écouté avec
beaucoup d'intérêt les honorables députés. J'ai
noté, dans leurs observations, deux choses qui me semblent très
bien fondées. Je l'admets avec franchise.
Premièrement, un besoin d'information auprès du public. Je
pense que c'est le député de Maskinongé qui a
été le premier à soulever ce point.
Il a été repris par le député de Maisonneuve
et, finalement, par le député de Rouyn-Noranda sous une autre
forme. Sans aucun doute, M. le Président, une information
appropriée quant à la fonction de la Régie des loyers est
une nécessité. D'un autre côté, je crois qu'il faut
admettre que la Commission des loyers offre déjà un service
d'information au public, parce qu'on me disait qu'elle avait, au cours de
l'année qui précède, donné plus de 200,000
renseignements à des gens qui avaient demandé des informations
sur l'état de la législation, sur leurs droits vis-à-vis
des propriétaires, etc.
Par conséquent, il y a déjà, quand même, une
fonction d'information qui s'accomplit à la Commission des loyers. Je
note, d'un autre côté, que cette fonction est peut-être
insuffisamment développée et requerrait une attention de la part
du ministère de la Justice.
En deuxième lieu, M. le Président, je puis assurer les
députés que la loi à laquelle j'avais fait allusion lors
de l'étude des crédits de la Justice et à laquelle le
député de Maskinongé a fait allusion, ainsi que le
député de Rouyn-Noranda et son collègue du Ralliement
crédi-tiste, est, en somme, très avancée à l'heure
actuelle. Enfin, les mémoires ont été
rédigés, les études ont été faites. Je crois
que nous envisageons un projet d'envergure.
Mais, parce que la session doit se terminer, en somme, à
brève échéance et parce qu'en somme...
M. PAUL: Est-ce que le ministre n'est pas trop optimiste?
M. CHOQUETTE: Non, je veux dire: Parce que la session ne peut pas
s'éterniser et qu'un projet comme celui-là doit être
vraiment au point avant d'être présenté à la
Chambre, je puis assurer les honorables députés que ce projet de
loi fera partie de la législation du gouvernement à la prochaine
session, ce qui sera au printemps.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que cette motion de deuxième lecture sera
adoptée?
UNE VOIX: Adopté.
M. LE SECRETAIRE ADJOINT: Deuxième lecture de ce bill. Second
reading of this bill.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre de la Justice propose que je
quitte maintenant le fauteuil et que la Chambre se forme en comité
plénier pour l'étude du bill 282. Cette motion est-elle
adoptée?
M. BURNS: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté?
M. PAUL: Oui.
Comité plénier
M. CARPENTIER (président du comité plénier): A
l'ordre, messieurs!
M.PAUL: Je voudrais saisir l'occasion de l'étude de l'article
premier du projet de loi pour demander non pas une opinion au ministre de la
Justice, responsable de l'application de la loi favorisant la conciliation
entre locataires et propriétaires, mais une enquête sur un
événement qui se produisait récemment à Granby.
Nous pouvions lire, dans le journal La voix de l'Est du lundi 22
novembre 1971 c'est assez récent "En flânant sur la
rue principale", l'information suivante: "Il paraît que le chèque
de $30,000 représentant la dernière tranche de la subvention de
$150,000 consentie par l'ancien gouvernement à la Société
zoologique de Granby cela, c'est l'ancien ministre
du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, le leader
d'Unité-Québec, le brillant député de Bellechasse
... Plus fort que cela, je vous en prie!
M. LACROIX: Là, nous cherchons la relation avec le projet de
loi.
M. PAUL: ... est entre les mains d'un Granbyen. On se demande bien quand
et comment il sera remis." La somme de $30,000, c'est de l'argent, M. le
Président! La réponse vient, le 1er décembre, dans le
journal La voix de l'Est. Il paraît que M. Papa Doc Desrochers a une voix
autorisée dans le milieu. C'est un nommé André Laguë,
président de l'Association libérale. C'est le patroneux de
l'endroit. Alors, nous avons une photographie. Nous voyons comme titre: "Un
chèque de $30,000. "La Société zoologique de Granby vient
de recevoir, par l'entremise de l'Association libérale provinciale de
Shefford." Ce n'est plus le ministère, M. le Président. Je sais
que cela vous intéresse, vous qui êtes pressenti comme futur
ministre du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche. Cela ne se passera pas
sous votre ministère, j'en suis convaincu: "La Société
zoologique de Granby vient de recevoir un chèque de $30,000
représentant la dernière tranche de la subvention globale de
$150,000 consentie par le gouvernement provincial il y a déjà
quelques années."
M. CHOQUETTE: Une subvention pour quoi?
M. PAUL: Pour le zoo.
M. CHOQUETTE: Ah ! Pour le zoo.
M. PAUL: Le zoo de Granby.
M. CHOQUETTE: Oui mais...
M. PAUL: Ah! cela s'en vient. J'attendais le ministre. J'avais assez
hâte qu'il pose la question. Ma question est la suivante...
M. LACROIX: On pensait qu'il y avait une bibitte qui s'était
sauvée.
M. PAUL: M. le Président, j'inviterais mon bon ami, l'honorable
député des Iles-de-la-Madeleine, à ne pas me
déranger. Je sais que cela l'énerve quand je parle de patronage
mais là, c'est bon. Vous allez voir cela.
Dans l'ordre habituel, on peut reconnaître Me Gilles Poussard,
conseiller juridique de l'Association libérale, et, en même temps,
administrateur de la Régie des loyers à Granby.
M. CHOQUETTE: Gilles Poussard. M. PAUL: Un M. Poussard. UNE VOIX: Un
autre chanceux.
M. PAUL: Ensuite M. André Laguë, président de
l'Association libérale du comté de Shefford; M. Coulombe,
président de la Société zoologique, et un
dénommé Marcel Leclerc, directeur de la
société.
Or, ma question est la suivante. L'honorable ministre pourrait-il
ordonner une enquête aux fins de savoir quelle main mystérieuse a
dirigé le chèque de $30,000 entre les mains du patroneux
Laguë plutôt qu'entre celles de la Société zoologique
de Granby ou, par voie de conséquence de décence politique,
plutôt qu'entre les mains de mon collègue, le député
de Shefford?
Comme deuxième question, le ministre accepte-t-il l'attitude d'un
administrateur de la Régie des loyers par conséquent un
quasi-fonctionnaire de se laisser photographier avec le patroneux
libéral du comté de Shefford?
M. LACROIX: C'est un honnête homme.
M. PAUL: Ce n'est pas de cela que je parle, M. le Président. Je
ne parle pas de cela.
M. LACROIX: Pourquoi aurait-il honte d'être photographié en
sa compagnie?
M. PAUL: Je sais, M. le Président, que tous les patroneux doivent
passer par les ordres du commandant Louis-Philippe. Je le sais. Mais quand il
s'agit d'un homme soi-disant responsable comme Me Gilles Poussard,
administrateur de la Régie des loyers à Granby, qui se permet de
participer à la distribution illicite, par un dénommé
Laguë, d'un chèque de subvention de $30,000, je me demande si le
ministre, avec toute l'honnêteté professionnelle que je lui
reconnais, désapprouve une telle méthode des employés de
la Régie des loyers.
M. LACROIX: C'est une bonne mesure d'économie. C'est pour
économiser les timbres.
M. PAUL: Je pourrais répéter, M. le Président, mais
disons que, pour aujourd'hui, c'est seulement un échantillon.
M. CHOQUETTE: M. le Président, quant à la première
question du député de Maskinongé Comment le
chèque de $30,000 s'est-il rendu entre les mains de M. André
Laguë? je suggère au député de
Maskinongé de diriger sa question au ministre du Tourisme, de la Chasse
et de la Pêche.
M. PAUL: Je ne le fais pas. J'ai peur de ne pas avoir de
réponse.
M. CHOQUETTE: Quant à la présence de M. Poussard sur la
photographie, est-ce que la photographie indique que M. Poussard tient le
chèque?
M. PAUL: Un instant. Il n'est pas loin, en tout cas. C'est un
avocat.
M. CHOQUETTE: Le touche-t-il? Le tient-il?
M. PAUL: Bien oui! Et de la main droite! De la main droite !
M. CHOQUETTE: Je vais voir cela, M. le Président.
M. PAUL: Mais vous allez me promettre, M. le Président, de me
retourner le document, pour les générations futures.
M. CHOQUETTE: Oui, c'est sûr. C'est la pièce à
conviction P-l, n'est-ce pas?
M. PAUL: Allez montrer cela au ministre.
M. LACROIX: En attendant que le ministre regarde le document, je peux
vous dire une chose, c'est que mon adversaire de l'Union Nationale en 1966, M.
Gérard Gingras, a été un excellent administrateur à
la régie. Il s'est occupé du comté des
Iles-de-la-Madeleine régulièrement de 1966 à 1970
un peu ce que vous reprochez là il est encore à son poste
et il s'acquitte très bien de son travail.
M. PAUL: Je serais bien surpris si le ministre du Tourisme, de la Chasse
et de la Pêche de l'époque avait donné une subvention de
$30,000 aux Iles-de-la-Madeleine.
M. CHOQUETTE: Je regarde la photographie qui est dans la pièce
à conviction P-l produite par l'avocat de la demande, le
député de Maskinongé, et je ne vois pas que Me Poussard,
conseiller juridique de l'association...
M. PAUL: Mais c'est de notoriété publique.
M. CHOQUETTE: ...attendez une minute. ...tienne le chèque, il ne
fait que regarder.
M. PAUL: Ah, non! Le premier, ce n'est pas M. Poussard.
M. CROISETIERE: C'est probablement la main mystérieuse qui tient
le chèque.
M. CHOQUETTE: Ah, oui, il a même des lunettes noires. En plus de
ça, je pense qu'on ne dit pas que M. Poussard est administrateur
à la Régie des loyers.
M. PAUL: On n'avait pas besoin de le dire pour la photographie, mais les
gens de là le savent.
M. CHOQUETTE: Tout ce qui identifie M. Poussard, c'est qu'on dit Gilles
Poussard, conseiller juridique de l'association, présumément
d'une certaine association qui honore l'actuel député de
Shefford.
M. PAUL: De la FLQ.
M. CHOQUETTE: Je ne vois absolument rien d'incriminant dans tout
ça pour Me Poussard.
M. PAUL: Je savais que le ministre était habile, mais pas
aveugle.
M. LE PRESIDENT: Article 1, adopté? M. PAUL: Adopté sur
division.
M. LE PRESIDENT: Article 2, adopté.
Article 3, adopté.
Article 4, adopté.
Article 5, adopté.
Article 6, adopté.
Article 7, adopté.
Article 8, adopté.
Article 9, adopté.
M. CARPENTIER (président du comité plénier): M. le
Président, j'ai l'honneur de faire rapport que votre comité a
siégé et a adopté dans son entier le bill no 282.
M. BLANK (président): Le rapport du comité sur le bill no
282 est-il adopté?
M. PAUL: Adopté. M. BURNS: Adopté.
Troisième lecture
M. LE PRESIDENT (Blank): Troisième lecture, adopté.
M. LACROIX: Article 18.
M. CHOQUETTE: Est-ce que le député de Maskinongé
est prêt à aborder le projet de loi no 284?
M. PAUL: M. le Président, que le ministre prenne ses
responsabilités et je vais prendre les miennes.
M. CHOQUETTE: Procédons.
Projet de loi no 284 Deuxième lecture
M. LE PRESIDENT (Blank): L'honorable ministre de la Justice propose la
deuxième lecture de la Loi modifiant la loi de la division territoriale
et modifiant de nouveau la loi des tribunaux judiciaires.
Cette motion est-elle adoptée?
M. Jérôme Choquette
M. CHOQUETTE: Je vais parler très brièvement, M. le
Président.
Ce projet de loi a pour but de créer un nouveau district
judiciaire qui portera le nom
de district de Mingan, et dont le chef-lieu sera Sept-Iles. On sait
qu'actuellement le district judiciaire de Saguenay a pour chef-lieu Haute-rive,
mais qu'il y a également un palais de justice à Sept-Iles, ce
qui, à cause de l'importance de la ville de Sept-Iles, entraîne
une situation où il y a un district judiciaire bicéphale.
Etant donné le développement de la région de
Sept-Iles et des environs, il a paru utile de créer un nouveau district
judiciaire dans ce secteur, qui portera le nom de Mingan, d'après le nom
d'une rivière bien connue dans cette région.
D'autre part, le projet de loi vise à incorporer l'ancien
district judiciaire de Nicolet au district actuel de Trois-Rivières. Les
circonstances, me semble-t-il, ont changé considérablement la
géographie de cette région d'où vient le
député de Maskinongé et dont il a les
intérêts à coeur.
Depuis la construction du pont de Trois-Rivières, Nicolet est
aussi prêt de Trois-Rivières que Louiseville, où
réside le député de Maskinongé, je pense.
D'autre part, on sait que la ville de Nicolet a, jusqu'à un
certain point, je ne dirai pas perdu de l'importance, parce que c'est le
siège de l'Institut de police, mais elle s'efface comme capitale
régionale, dans un certain sens, si je peux m'exprimer ainsi. Il nous
semble tout aussi avantageux de traiter les affaires judiciaires du district de
Nicolet à Trois-Rivières et, ainsi, de supprimer l'obligation
d'avoir un palais de justice à Nicolet, malgré que la cour
pourra, à l'occasion, siéger dans la ville de Nicolet, lorsque
cela sera nécessaire.
Je pense, M. le Président, que c'est simplement adapter le
fonctionnement des cours à la réalité économique et
sociologique que d'incorporer le district de Nicolet au district de
Trois-Rivières.
M. Rémi Paul
M. PAUL: M. le Président, je ne voudrais pas que vous soyez dans
l'obligation de vivre les mêmes heures difficiles qu'a vécues le
député de Maskinongé lorsqu'il a fallu qu'il explique au
bâtonnier du Barreau de Trois-Rivières la législation que
présentait le gouvernement.
M. LACROIX: Il s'est fait bâtonner? Vous vous êtes
flagellé?
M. PAUL: J'ai lutté, M. le Président jusqu'à la
dernière énergie pour faire comprendre au bâtonnier de
Trois-Rivières que la disparition du district judiciaire de Nicolet
était une évidence, était imminente parce qu'avec la
majorité dont dispose le gouvernement il va de soi que toute objection,
tout entêtement, toute revendication logique de la part du
député de Maskinongé ne pourrait pas venir à bout
de la force numérique du gouvernement.
M. le Président, vous comprendrez qu'en principe je me dois de
m'opposer à la disparition du district judiciaire de Nicolet. Je dis "en
principe". Maintenant que j'ai fait part de l'opinion du bâtonnier de
Trois-Rivières sur le problème, je vous dirai que le
député de Maskinongé, en tant qu'avocat, n'a pas beaucoup
d'objections à la disparition de ce district judiciaire. En effet, comme
le signalait tout à l'heure le ministre, la situation économique
est changée dans la région, par suite de la construction et de
l'ouverture du pont de Trois-Rivières, surtout du fait qu'il est sans
péage, grâce aux revendications bien légitimes du dynamique
député de Trois-Rivières de l'époque, l'honorable
juge Yves Gabias.
Considérant, M. le Président, cette circulation facile
entre Trois-Rivières et Nicolet, je reconnais que les affaires se
brassent maintenant surtout aux Trois-Rivières, d'autant plus que, dans
la ville de Nicolet, il ne reste qu'un avocat pratiquant, très brillant
cependant, homme d'action, dynamique, à clientèle florissante,
l'avocat Pierre Smith. L'autre avocat, M. le Président je fais
appel aux connaissances de mon ami, le député de Yamaska, car
c'est dans sa région qui a une excellente réputation
tous ont été à même de constater sa finesse
d'intelligence, sa logique d'argumentation, lorsque nous l'avons entendu en bas
devant la commission parlementaire des bills privés et des bills publics
c'est Me André Vigeant. Me André Vigeant, même s'il
vit à Nicolet, pratique aux Trois-Rivières, dans le bureau des
avocats Lajoie, Gouin, Vigeant, Desaulniers, etc.
M. BURNS: Est-ce que ce sont des commerciaux permis par la Loi du
Barreau?
M. PAUL: Ah oui! c'est surtout permis quand ça vient du
bâtonnier. C'est parce que j'ai une couple d'accidents d'automobile
à régler avant le 31 décembre.
Je dis donc, M. le Président, qu'il va de soi que cette
modification, cette redistribution des districts judiciaires s'imposait. Comme
le signalait le ministre, il y aura toujours cette activité de la cour
Provinciale qui va demeurer à Nicolet. Il va y avoir aussi cette
activité de la cour des Sessions de la paix qui va continuer à
Nicolet. Je comprends que le greffe de la cour Supérieure sera
transféré aux Trois-Rivières.
Il n'y a plus d'assises criminelles depuis de très nombreuses
années à Nicolet. Il y avait de moins en moins d'actions
inscrites au greffe de la cour Supérieure de Nicolet. En principe, en
tant que bâtonnier du Barreau de Trois-Rivières, je me vois dans
l'obligation de m'opposer à ce projet de loi-là. Par contre, en
tant que législateur je trouve que c'est une réforme logique,
dans les circonstances.
Pour ce qui a trait à la création d'un nouveau district
judiciaire, celui de Mingan, je sais que le ministre de la Justice met en
application un rapport qui a été préparé dans toute
cette réforme administrative. Je sais que la création de ce
nouveau district judiciaire s'imposait. Pour ce qui est des autres articles du
projet de
loi, il s'agit beaucoup plus d'articles de concordance que de nouveaux
principes. Hésitant, d'une part, entre mon rôle de bâtonnier
et, d'autre part, celui de député de Maskinongé, je vais
quand même voter pour le principe de ce projet de loi no 284.
M. Gabriel Loubier
M. LOUBIER: Seulement quelques mots, M. le Président. Est-ce que
le ministre pourrait nous dire si la création de nouveaux districts
judiciaires s'intègre à une planification qui est en train de se
faire au ministère de la Justice et qui modifierait ou apporterait la
création de nouveaux districts judiciaires, ou si ce n'est qu'un
incidence, ces modifications, et que dans l'ensemble, pour les districts
judiciaires existants, il n'y aura pas de modifications territoriales, ou si,
d'autre part, il n'y en a pas de prévu, au moment où cette loi
est présentée, la création de nouveaux districts
judiciaires?
M. CHOQUETTE: M. le Président, en réponse à la
question du chef de l'Opposition, nous avons un comité de la
planification au ministère de la Justice qui cherche à
établir un plan général des activités du
ministère de la Justice. Je ne peux pas dire au député,
comme cela, que la création du district judiciaire de Mingan s'inscrit
dans la logique du plan parce que je ne connais pas la nature des travaux du
comité sur ce plan-là.
Je puis assurer le chef de l'Opposition que ce qui importe le plus dans
la planification c'est sa nécessité et le service que nous
pouvons rendre aux citoyens. Une chose est certaine, il y a une population
considérable dans la région de Sept-Iles et les environs. Il y a
là une ville, je pense que Sept-Iles a atteint 25,000 ou 30,000
habitants, il y a tout un développement économique, comme le sait
le chef de l'Opposition, qui se fait dans cette région. Les distances
entre Sept-Iles, Baie-Comeau et Hauterive sont quand même
considérables. Tout cela a fait que la création d'un district
judiciaire à cet endroit-là n'est réellement pas une
fantaisie de notre part mais correspond à la réalité
actuelle.
M. LOUBIER: Je voudrais dire au ministre que je suis complètement
en faveur de ces réformes, surtout qu'elles sont les conclusions
très pratiques d'études sérieuses menées par les
fonctionnaires du ministère. Je reviens à la charge parce qu'il
me semble qu'il serait important que nous sachions si cela s'intègre
à des modifications qui seront apportées dans différents
districts judiciaires, et si cela s'intègre également à
une planification qui assurerait la création de nouveaux districts, ou
si ce ne sont que des incidences répondant aux besoins de telle ou telle
région donnée.
Si le ministre n'est pas en position, actuellement, de répondre
à cette question, peut-être qu'ultérieurement, à
l'occasion de l'étude d'un autre projet de loi, il pourra
répondre à cette question qui ne se veut aucunement
embarrassante, insinuante ou insidieuse. C'est tout simplement pour savoir si
l'on peut s'attendre que l'an prochain, ou à la prochaine session, vous
arriviez avec un projet de loi plus important dans les répercussions
pour les différents districts judiciaires, ou si ce n'est là
qu'accidentel dans la transformation des districts judiciaires, c'est tout.
C'est là l'objet de ma question.
M. CHOQUETTE: Je pense que le chef de l'Opposition a raison de soulever
la question d'ordre général de la planification des districts
judiciaires.
Evidemment, nous essayons de faire en sorte que nos districts
judiciaires se rapprochent le plus possible de la planification des
régions administratives qui a été décidée
par le gouvernement il y a déjà un certain temps. Mais il ne faut
pas oublier que nous partons, dans le domaine des districts judiciaires, avec
un certain nombre d'habitudes acquises, de faits existants, de palais de
justice existants. Alors, je ne pense pas qu'il soit possible radicalement de
passer aux dix régions administratives et de faire en sorte que
ça corresponde à la carte judiciaire.
Je puis dire au député que nous sommes très
sensibles à cette question de nécessité de planification
des districts judiciaires et qu'autant que possible nous essayons de nous
rapprocher des cartes adoptées par les autres ministères du
gouvernement.
M. LE PRESIDENT: Le député de Frontenac.
M. Paul-A. Latulippe
M. LATULIPPE: M. le Président, au nom de notre parti, j'aimerais
souligner que nous sommes également favorables à ce projet de
loi. D'autre part, n'ayant reçu aucune représentation de type
négatif, il nous est permis de croire que le présent projet de
loi constitue une nette amélioration. Il s'impose au nom de
l'efficacité administrative et l'augmentation de rendement au niveau des
services que le ministère entend dispenser.
C'est pourquoi nous croyons qu'il représente, de fait, la
volonté de la population des territoires concernés et qu'il aura
pour elle un effet bénéfique. Nous souscrivons au principe de ce
bill. Merci beaucoup.
M. LE PRESIDENT: Le député de Maisonneuve.
M. Robert Burns
M. BURNS: M. le Président, j'ai trop longtemps été
de ceux qui se sont plaints de l'évolution trop lente du milieu
judiciaire par rapport à l'évolution sociale pour que je puisse
m'opposer à des mesures qui me semblent
sensées et qui correspondent tout simplement à une
évolution sociologique sur le plan territorial, etc.
M. LACROIX: ... voyage.
M. BURNS: M. le Président, ai-je droit à la parole?
M. BIENVENUE: Le député s'améliore.
M. BURNS: Je profite simplement de l'occasion pour souligner au ministre
étant donné que l'on touche non seulement deux districts
judiciaires mais également à des chefs-lieux de bureaux
d'enregistrement, je pense, dans ce projet de loi qu'il semble presque
notoire que depuis l'évolution des concentrations urbaines et des
chefs-lieux, si on peut les appeler comme ça, plusieurs bureaux
d'enregistrement, à cause de leur situation et de la façon dont
le développement municipal s'est fait, sont à des endroits non
désirables pour l'ensemble de la population. Le cas de
Sainte-Scholastique, Saint-Eustache est un des exemples les plus
évidents; il y en a plusieurs autres. Je profite de l'occasion pour
suggérer au ministre, si, comme le disait le député de
Bellechasse, il envisage une révision de tout l'ensemble des districts
judiciaires, qu'il révise également la distribution des
principaux bureaux d'enregistrement dans les différents districts
électoraux.
M. le Président, nous voterons en faveur du projet de loi
également.
M. LE PRESIDENT: Cette motion de deuxième lecture est-elle
adoptée? Adopté.
M. PAUL: Adopté.
Comité plénier et 3e lecture
M. LE PRESIDENT: Faisons-nous les inscriptions pour le comité
plénier et la troisième lecture?
M. LOUBIER: Adopté. M. LACROIX: Numéro 13.
Projet de loi no 281 Deuxième lecture
M. LE PRESIDENT: Le ministre de la Justice propose la deuxième
lecture du projet de loi intitulé Loi constituant le service de police
de la Communauté urbaine de Montréal et modifiant de nouveau la
loi de la Communauté urbaine de Montréal.
M. Jérôme Choquette
M. CHOQUETTE: M. le Président, le projet de loi que je
présente maintenant va passer, je pense bien, les étapes normales
d'un bill tout aussi facilement que les cinq ou six lois que j'ai eu l'honneur
de présenter cet après-midi.
Est-ce là trop présumer des intentions de la Chambre?
M. BURNS: C'est de la présomption.
M. CHOQUETTE: Là, je m'adresse au député de
Baldwin.
M. PAUL: C'est pour le moins de la fantaisie.
M. CHOQUETTE: Evidemment, M. le Président, certains projets sont
de nature à soulever plus d'interrogations que d'autres, et c'est
normal.
Aussi, je ne me fais pas d'illusion, au moment où j'ai l'honneur
de présenter ce projet de loi, sur le fait que celui-ci requiert
passablement plus d'explications et d'arguments que ceux qu'il a
été nécessaire de donner sur les projets de loi que j'ai
présentés précédemment au cours de la
journée.
Parce que le projet de loi no 281 apporte, je le pense, des changements
importants dans l'organisation des forces policières sur l'île de
Montréal, parce qu'il touche plus de 2 millions de citoyens je
pense que c'est environ 2,200,000 citoyens qui se trouvent sur l'île de
Montréal parce qu'il affectera leur sécurité, par
la modification des organisations policières qui s'occupent du maintien
de la paix et de l'ordre, le projet de loi aura naturellement des
répercussions considérables à ce point de vue.
Par conséquent, je présente ce projet de loi fort
convaincu qu'il est légitime, qu'il arrive au moment approprié,
qu'il était impossible, au gouvernement de ne pas donner suite à
ce projet qui avait déjà été discuté
à d'autres niveaux, entre autres au niveau de la Communauté
urbaine de Montréal et qui avait fait l'objet de législation
antérieure par d'autres Parlements.
Je dis donc que, c'est fermement convaincu de la nécessité
pour le gouvernement de légiférer dans le sens de
l'intégration régionale des forces policières sur
l'île de Montréal, que je me présente devant vous.
Je crois qu'un bref rappel historique serait cependant utile, car si je
suis si persuadé de la nécessité de ce projet de loi au
moment où nous arrivons presque dans l'année 1972, c'est que des
événements ont eu lieu antérieurement qui me semblent nous
conduire tout naturellement à ce projet de loi qui a pour objectif
d'intégrer les forces policières sur l'île de
Montréal à compter du 1er janvier 1972.
Je rappelle que le 1er janvier 1970, le gouvernement mettait en
application la Loi de la Communauté urbaine de Montréal. Or,
parmi les dispositions les plus importantes de ce projet de loi se trouvaient
celles créant l'intégration des budgets des corps policiers
municipaux de l'île de Montréal. On se rappellera que les
arguments soulevés à l'époque, au moment où
nous adoptions la Loi de la Communauté urbaine de Montréal,
étaient principalement, non, je ne dis pas principalement, mais
étaient, en grande partie, des arguments qui visaient la situation
financière de la ville de Montréal. Or, les autorités de
la ville de Montréal avaient attiré l'attention des
députés sur le fait que la ville de Montréal était
obligée de supporter, à cause de la situation de son territoire,
à cause de sa fonction propre à l'intérieur de l'île
de Montréal, à cause du fait que le coeur de cet ensemble urbain
qui est toute l'île de Montréal se trouve naturellement dans les
limites de la ville de Montréal, était obligée d'assumer
des coûts considérables au point de vue du maintien de son corps
policier tandis que d'autres municipalités qui avaient une population de
banlieue, qui administraient un territoire où l'activité
économique et l'activité dans tous les autres ordres
d'idées étaient moins abondante, avaient des coûts
inférieurs pour les corps policiers.
Par conséquent, dès le 1er janvier 1970, le
législateur a mis en application la Loi de la Communauté urbaine
de Montréal, qui avait pour effet de fusionner ou d'intégrer les
budgets des différents corps policiers et, à partir de cette
intégration budgétaire, de répartir les coûts sur la
base des valeurs immobilières à l'intérieur de chacune des
municipalités. C'est le régime sous lequel nous avons vécu
depuis et c'est le régime qui fait que l'ensemble des coûts des
corps policiers sur l'île de Montréal sont répartis sur les
citoyens au prorata des valeurs immobilières normalisées dans
chacune des municipalités.
De plus, la Loi de la Communauté urbaine de Montréal, qui
est entrée en vigueur le 1er janvier 1970, avait également
d'autres dispositions importantes, qui instituaient un Conseil de
sécurité publique. A ce conseil, on donnait le pouvoir de faire
des recommandations en vertu des articles 208, 210, 217, 220, 239 et 233. Ce
Conseil de sécurité était composé, comme on le
sait, d'un juge, le juge Coderre, ainsi que de trois chefs de police que je
mentionnerai: le directeur général de la Sûreté, M.
Maurice Saint-Pierre, le chef de la police de Montréal, M. Marcel
Saint-Aubin auquel a succédé l'actuel chef de la police de
Montréal, M. Jacques Saulnier et, finalement, le chef de la police de
Mont-Royal, M. Walter Bowen.
Ce Conseil de sécurité, dans sa conception
législative, avait encore comme tâche de faire des recommandations
à l'exécutif et au conseil de la Communauté urbaine de
Montréal. Ce conseil, à la suite de son institution, a fait
diverses recommandations à la communauté urbaine. Ces
recommandations ont pris la forme d'un certain nombre de règlements
visant à améliorer la coordination de l'action policière
des différents corps policiers municipaux, au nombre de 25 sur
l'île de Montréal.
Mais le travail le plus important accompli par le Conseil de
sécurité publique, tel que constitué par la loi
entrée en vigueur le 1er janvier 1970, a sans doute été
son rapport, intitulé "Rapport du Conseil de sécurité
publique, Communauté urbaine de Montréal, 1970". Ce rapport a
été présenté à la communauté urbaine
le 26 août 1970. C'est le rapport que j'ai ici présentement. Il a
été rédigé conformément à l'article
233 de la loi entrée en vigueur le 1er janvier 1970. En effet, l'article
233 disait que le Conseil de sécurité devait, avant le 1er
septembre 1970, préparer un rapport, lequel devait être suivi d'un
règlement de la Communauté urbaine de Montréal
relativement à l'intégration partielle ou totale des corps de
police, dans la mesure où elle est nécessaire en vue d'assurer
à la population du territoire une protection policière efficace
et prévoyant: premièrement, les étapes de
l'intégration; deuxièmement, les modalités de transfert
à la communauté urbaine de policiers et fonctionnaires civils;
troisièmement, les biens des municipalités affectés
à la police et transférés à la communauté
urbaine; quatrièmement, les biens des municipalités
affectés, en partie, au corps de police et qui devraient être mis
à la disposition des corps policiers; cinquièmement, toutes
autres conditions de l'intégration.
Par conséquent, le projet de loi disait que le Conseil de
sécurité devait préparer un rapport sur cette question,
lequel devait être soumis avant le 1er septembre 1970. La loi disait
également que le conseil de la communauté urbaine devait adopter,
avant le 1er décembre 1970, un règlement visant les objets que je
viens d'énumérer, c'est-à-dire les modalités de
l'intégration des corps de police sur l'île de
Montréal.
Le rapport du Conseil de sécurité a été
produit suivant les délais, puisque, comme je le disais tout à
l'heure, il a été produit le 26 août 1970.
D'autre part, le conseil de la communauté urbaine a adopté
un règlement visant à l'intégration des corps de police,
soit le règlement no 26, seulement le 2 mars 1971. Quoi que l'on puisse
penser du délai apporté à adopter le règlement no
26, une chose est certaine, me semble-t-il: c'est qu'il faut retenir que, par
un vote majoritaire, la Communauté urbaine de Montréal a
donné suite à l'article 233 et a manifesté son accord
à l'intégration des forces policières sur l'île de
Montréal.
Mais le règlement no 26, suivant la loi qui a crée la
Communauté urbaine de Montréal, devait, comme étape
définitive, être soumis à la Commission des Affaires
municipales.C'est justement le rapport de la Commission des affaires
municipales qui fut rendu public au mois de mai ou de juin dernier, rapport qui
a conclu que le règlement no 26 n'observait pas toutes les conditions
arrêtées par la loi qui régissait la Communauté
urbaine de Montréal et que, par conséquent, le règlement
ne pouvait être entériné ou accepté dans sa teneur.
C'est là l'objet du rapport de la Commission des affaires
municipales, qui porte la date du 9 mai 1971.
Simultanément à ces travaux faits et poursuivis par la
Commission des affaires municipales pour déterminer si le
règlement no 26, adopté par la Communauté urbaine de
Montréal et visant à l'intégration des corps policiers,
était conforme à la Loi de la Communauté urbaine de
Montréal, le ministère de la Justice, par divers fonctionnaires,
hauts fonctionnaires ou membres de la Commission de police, faisait de son
côté des travaux sur la situation de la police dans le
Québec. De ces travaux a résulté la publication du livre
blanc intitulé "La police et la sécurité des citoyens",
qui concluait à une politique de régionalisation des corps
policiers et de constitution de conseils de sécurité publique
suivant une forme différente de celle qui existait en vertu de la Loi de
la Communauté urbaine de Montréal.
Etant donné que le gouvernement ne pouvait, en fonction des lois
existantes, en fonction de la Loi de la Communauté urbaine de
Montréal, donner suite au règlement 26, étant donné
le rapport de la Commission des affaires municipales, mais étant
donné, d'autre part, qu'il était nécessaire, suivant la
politique du gouvernement, de donner suite à une politique
d'intégration régionale des corps policiers, il nous a paru qu'il
fallait, M. le Président, déposer un projet de loi qui, tout en
respectant la volonté de ceux qui avaient voté majoritairement le
règlement 26 de la communauté, tout en respectant la politique du
gouvernement énoncée dans son livre blanc de l'opportunité
d'intégrer des corps policiers régionaux, donnerait suite,
d'autre part, à l'objectif énoncé par le gouvernement de
constitution de conseils de sécurité constitués
différemment de celui de la Communauté urbaine de Montréal
actuelle et qui, également, réglerait le problème de
l'obstacle juridique existant à l'intérieur de la Loi de la
Communauté urbaine de Montréal qui faisait que nous ne pouvions
pas, au niveau du lieutenant-gouverneur en conseil, donner suite au
règlement no 26.
C'est dans ces conditions, M. le Président, que l'actuel projet
de loi est présenté à la Chambre. Il correspond à
la nécessité, d'une part, de satisfaire aux besoins de
régionalisation ou d'intégration régionale de corps de
police en particulier, ceux qui se trouvent sur l'île de Montréal
et de régler en même temps le problème juridique
résultant des obstacles qui se trouvent à l'intérieur
même de la loi de la Communauté urbaine de Montréal et qui
font qu'on n'a pu arriver au résultat désiré par la voie
normale du règlement municipal no 26 qui ne répondait pas aux
exigences de la loi. D'autre part, il correspond à cette
nécessité de créer un autre genre d'autorité sur la
nouvelle force de police intégrée.
C'est la raison pour laquelle, à mon sens, le projet de loi
comporte deux grands principes: la régionalisation ou
l'intégration régionale de la police sur l'île de
Montréal, et la direction de la police par un conseil de
sécurité investi de pouvoirs plus étendus que ceux qui ont
été reconnus précédemment dans la Loi de la
communauté urbaine de Montréal, avec un chef de police
désigné par le gouvernement du Québec.
D'abord, sur le principe de la régionalisation ou sur le principe
de l'intégration régionale des corps policiers, je voudrais faire
un exposé à la Chambre pour relater même
brièvement l'expérience étrangère et la
pensée de ceux qui ont réfléchi sur le
problème.
Est-ce qu'il y a lieu de quitter un système de protection
policière par l'intermédiaire de petits corps policiers ou de
corps policiers relativement peu nombreux pour aller vers des systèmes
de surveillance ou de protection policière par l'intermédiaire,
de corps nationaux, ou de corps régionaux? L'expérience
universelle est à l'effet que l'on va de plus en plus vers des corps
nationaux ou régionaux. Aucune expérience en la matière ne
va dans le sens de la régression vers des corps de police plus
fractionnés, plus petits, plus limités.
Je ne citerai que quelques exemples, non pas pour dire que nous avons
copié le système que nous proposons sur ces cas particuliers,
mais pour indiquer la direction qui me semble suivie universellement.
En France, on a complété seulement récemment
l'unification de la préfecture de police de Paris, qui avait le
contrôle de la police parisienne, avec la Sûreté nationale,
et aujourd'hui il n'y a qu'un seul corps de police.
En Angleterre, on avait déjà, avant 1962,
évolué vers une réduction du nombre des corps de police
et, par conséquent, un accroissement des effectifs des corps de police
régionaux. Mais, depuis 1962, à la suite de la publication du
rapport intitulé Royal Commission report on the Police, on a
réduit les corps de police de 120 à 50 pour tout le territoire de
l'Angleterre, qui comporte, d'après ce que l'on me dit, environ 50
millions d'habitants. En Hollande, au Danemark et en Suède, on me dit
qu'en pratique il n'y a qu'une autorité policière sur un corps de
police déterminé.
Quant à l'expérience même dans notre pays, dans une
ville qui est, tout le monde le reconnaîtra, d'avant-garde, la ville de
Toronto, on a procédé, dès 1957, à la
création d'un seul corps de police dans le Toronto métropolitain.
Ayant réexaminé l'expérience que l'on avait vécue
à Toronto en 1964, la conclusion a été que cette
initiative de créer une seule police pour le Toronto
métropolitain avait été une expérience heureuse et
favorable.
Voilà, M. le Président, l'évolution des corps de
police dans un certain nombre de pays ou de villes que nous connaissons.
D'autre part, M. le Président, dans un rapport intitulé The
Présidence Commission on law enforcement and the administration of
Justice, rapport qui est autrement connu sous le nom de rapport Katzenbach, on
a énoncé ce qui suit et je pense que je
vais le lire étant donné l'importance de ce texte: "A
fundamental problem confronting law enforcement today is that of fragmented
crime repression efforts resulting from the large number of uncoordinated local
Governments and law enforcement agencies. "It is not uncommon to find police
units working at cross-purposes in trying to solve the same or similar crimes.
Although law enforcement officials speak of close cooperation among agencies,
the reference often simply means a lack of conflict. There is in fact little
cooperation other than an informal basis, not a very effective means of meeting
current needs. "Formal cooperation or consolidation is an essential ingredient
in improving the quality of law enforcement. Crime is not confined within
artificially created political boundaries but rather extend throughout the
larger community. A workable program of formal cooperation on consolidation for
law enforcement services within a common community of interest is the desired
goal for improving the quality of law enforcement at the local level."
D'autre part, M. le Président, le comité canadien sur la
réforme pénale de 1969 présidé par le juge Ouimet,
concluait à l'élimination des petits corps policiers. La
Commission d'enquête sur l'administration de la justice en matière
criminelle et pénale au Québec, connue sous le nom de rapport
Prévost, concluait également à la nécessité
de régionaliser les coprs de police au Québec.
Je pense que je devrai donner une citation du rapport Prévost:
"Il nous parait absolument anormal et inquiétant qu'une population de
six millions possède plus de 400 corps policiers différents et
autonomes. Si jamais le risque d'un Etat policier s'est présenté
au Québec, c'est dans ce contexte de morcellement et d'improvisation qui
laisse constamment subsister le risque et l'arbitraire. "Pour ces motifs, nous
croyons qu'il faut suspendre l'obligation faite aux cités et villes de
posséder leur propre service de police et insister plutôt sur
l'urgence de former, grâce à des accords et à des plans
conjoints, de grands corps policiers régionaux. L'île de
Montréal, avec sa trentaine de corps policiers, constitue un exemple
tragique du danger que représentent les frontières municipales
actuelles dans la lutte au crime. Le morcellement prive sans raison la
société d'une protection adéquate et ne profite qu'aux
criminels. "Pour remplacer les corps policiers de dimension trop restreinte,
qui demeureront toujours incapables de professionnalisation, la commission
recommande au gouvernement de créer une dizaine de grands corps
policiers régionaux, soumis professionnellement à la comission
québécoise de police et administrativement à des
gouvernements régionaux soutenus financièrement par le
gouvernement du Québec".
Finalement, notre propre livre blanc, après une étude de
la situation, concluait exactement au même effet puisqu'à la page
131, après une étude complète, nous avons conclu comme
suit: "En préférant la régionalisation à la
fragmentation des corps de police, nous retenons les avantages suivants: 1) la
régionalisation évite l'enchevêtrement des juridictions sur
un même territoire; 2) en regroupant les corps locaux qui,
morcelés, sont incapables, en raison des limitations dans les ressources
financières ou humaines, de remplir toutes les fonctions de police sur
un territoire, on constitue un corps de police qui peut assumer tout ou une
partie déterminée des fonctions policières; 3) la
régionalisation n'a pas pour effet de faire disparaître les
services donnés par les corps locaux mais d'améliorer le service
par l'institution d'un corps plus considérable; 4) la
régionalisation facilite la coordination des forces sur un territoire
géographique étendu, coordination qui favorise
l'amélioration du personnel et des moyens, qui assure un meilleur
contrôle des incidents, une détection et une répression
plus efficace du crime; 5) la régionalisation n'écarte pas le
concept de la représentation locale mais au contraire, y fait appel; 6)
la régionalisation permet de tenir compte des particularités
d'une région. Tout en étant uniforme dans ses grandes lignes, la
régionalisation demande une certaine souplesse pour adapter la structure
aux situations diverses. "Ainsi, dans les régions à forte
densité de population, la régionalisation des corps de police se
traduira par la constitution d'un corps unique, tandis que, dans les
régions à faible densité de population, la
régionalisation sera axée sur la mise en commun de
différents services soit à l'égard des communications, de
l'enquête ou des services techniques, etc. 7) "La régionalisation
dans l'ensemble du Québec ne peut se faire que graduellement et suppose
au préalable une enquête sur tous les aspects de la question."
Par conséquent, toutes les données de faits et les
données scientifiques que nous possédons à l'heure
actuelle nous conduisent à la conclusion qu'il faut procéder, au
moins, à l'intégration régionale des corps policiers pour
assurer une lutte efficace à la criminalité. C'est dans ce sens
que le bill 281, conclut, puisqu'il vise à intégrer les 25 corps
de police existant sur l'île de Montréal en un seul corps policier
sous une direction unique.
Maintenant, quelle est la situation sur l'île de Montréal?
Comment se présente-t-elle suivant les différents points de vue
où l'on peut se placer pour examiner l'opération qu'il s'agit
d'effectuer, c'est-à-dire l'intégration de ces 25 corps
policiers?
Il y a un corps policier, celui de Montréal, qui a 4,000 agents
et officiers et, d'autre part, 24 corps policiers qui ont 100 policiers ou
moins, c'est-à-dire en tout environ 1,000 policiers.
Je mentionne en passant que quelques corps policiers dépassent le
chiffre de 100, mais ce n'est que par quelques dizaines de policiers. Par
conséquent, des 24 corps policiers existant sur l'île de
Montréal, presque tous sont composés de moins de 100 policiers.
Certains de ces corps de police ne comportent que 10 policiers, d'autres 30,
d'autres 40, d'autres 50, d'autres 75.
Par conséquent, nous sommes, dans la ville de Montréal,
devant une situation d'une très grande diversité au point de vue
de la composition des corps policiers à intégrer. Mais
l'inégalité des conditions et la diversité des situations
est également une réalité dont il faut tenir compte dans
la région de Montréal. Cette inégalité et cette
diversité peuvent se constater dans les domaines suivants:
premièrement, dans le domaine du taux d'encadrement policier. Le taux
d'encadrement est extrêmement variable suivant les villes où on
peut se trouver à Montréal; il varie de un à cinq
policiers par 1,000 habitants.
Certaines villes n'ont qu'un policier par 1,000 habitants, tandis que
d'autres vont jusqu'à cinq policiers.
Le taux d'encadrement, de plus, n'est pas nécessairement le plus
élevé là où les besoins sont les plus grands,
là où la criminalité existe d'une façon plus
prononcée qu'ailleurs, car ce taux d'encadrement dépend à
la fois de la capacité de payer de la municipalité
intéressée ou même de sa volonté de payer.
C'est-à-dire qu'il faut bien reconnaître que certaines villes sont
plus capables, à cause de leur assiette fiscale plus
considérable, de l'aisance de leurs habitants ou encore d'une
volonté plus grande de protection, de s'assurer une protection
policière plus considérable que d'autres qui, à cause des
obligations financières qu'elles ont par ailleurs, à cause du
taux de la criminalité, à cause des circonstances où elles
se trouvent sur le plan fiscal, sont obligées de se contenter d'un taux
d'encadrement relativement restreint.
Ainsi, par exemple, la ville de Montréal qui il faut
l'avouer ici et le dire clairement et franchement pour que cela soit
particulière- ment bien compris assume la principale partie du
fardeau financier et du fardeau de la lutte à la criminalité
à Montréal, a un taux d'encadrement de 2.6 policiers par 1,000
habitants. Je mentionne en passant qu'elle se trouve dans la moyenne du taux
d'encadrement que je disais être de 1 à 5. Mais il faut quand
même reconnaître, je pense, que la ville de Montréal,
à cause de sa situation, à cause de sa composition sociologique,
à cause du fait qu'elle contient le centre des affaires, le centre de
l'activité, à cause du fait qu'elle est en plein au milieu, de
l'activité montréalaise, est quand même obligée de
subir les coûts les pîus élevés avec une assiette
fiscale qui n'est pas à la hauteur de ses obligations sur le plan de la
lutte à la criminalité et sur le plan des coûts de ses
services de police.
Je continue à décrire les inégalités qui
peuvent exister dans les diverses municipalités de la région
montréalaise. Ainsi, je vais donner un autre ordre d'activités
où l'on peut constater des inégalités assez frappantes:
les appels des citoyens. On sait que les appels des citoyens sont un indice de
l'activité policière. En effet, que ces appels aient lieu pour
des fins d'indiquer un crime ou la commission d'une infraction ou d'un
incident, ils nécessitent néanmoins la mobilisation d'un ou de
plusieurs policiers.
M. le Président, je constate qu'il est six heures. Je demande
donc la suspension des travaux de la Chambre jusqu'à vingt heures.
M. LACROIX: Vingt heures.
M. CHOQUETTE: Vingt heures quinze.
M. PAUL: Vingt heures quinze.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a consentement pour vingt heures
quinze?
M. PAUL: D'accord.
M. LE PRESIDENT: Adopté. La Chambre suspend ses travaux
jusqu'à vingt heures quinze.
(Suspension de la séance à 17 h 58)
Reprise de la séance à 20 h 16
M. LE PRESIDENT (Hardy): A l'ordre, messieurs! Est-ce que la motion de
deuxième lecture est adoptée?
M. CHARRON: Un instant, est-ce que mon collègue de Maisonneuve a
fait son savant entretien en deuxième lecture sur le sujet?
M. CHOQUETTE: Il n'a pas fait un savant entretien mais il a dit qu'il
était d'accord.
M. CHARRON: Je veux dire, est-ce qu'il a fait son discours de
deuxième lecture?
M. CHOQUETTE: Non.
M. CHARRON: Est-ce que c'était...
M. CHOQUETTE: Il a l'intention de laisser tomber!
M. CHARRON: ... l'heure...
M. LE PRESIDENT: Je rappelle à l'honorable député
de Saint-Jacques qu'en ce moment il est en train d'épuiser son droit de
parole sur la motion de deuxième lecture!
M. CHARRON: M. le Président, en attendant mon collègue de
Maisonneuve, je peux bien donner mes impressions générales sur
l'intégration de la police sur l'île de Montréal. Non,
mais, sérieusement, est-ce que le député de Maisonneuve
l'a fait?
M. CHOQUETTE: M. le Président, au moment de la suspension,
j'avais la parole.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre de la Justice.
M. CHOQUETTE: Si les honorables députés veulent que nous
procédions immédiatement au vote, je suis tout à fait
prêt.
M. PAUL: Qui vous dit que vous allez avoir un vote?
M. CHOQUETTE: Pardon?
M. PAUL: Qui vous dit que vous allez avoir un vote?
M. LE PRESIDENT: Est-ce que les membres de la Chambre sont prêts
à se prononcer sur la motion de deuxième lecture?
M. PAUL: M. le Président, je vous connais pour plus
sérieux que cela. Le ministre n'a pas fini son discours de
deuxième lecture.
M. LE PRESIDENT: J'ai cru comprendre que l'honorable ministre
était prêt à interrom- pre ses remarques si la Chambre
manifestait le désir de voter immédiatement.
M. PAUL: Vous avez bien dit que vous avez cru comprendre.
M. CHARRON: La Chambre n'est pas prête et se meurt d'envie
d'entendre le ministre de la Justice.
UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre de la Justice.
M. CHOQUETTE: M. le Président, je reprendrai donc mes propos
là où je les avais laissés. Je faisais état, au
moment de la suspension des travaux de la Chambre, des inégalités
et des disparités qui existent dans le domaine policier à
Montréal. J'avais déjà passé en revue certaines
têtes de chapitres, en particulier le taux d'encadrement policier dans
les diverses municipalités. J'en étais arrivé, au moment
de l'ajournement, aux appels des citoyens qui sont de nature à indiquer
l'étendue des besoins des citoyens sur le plan policier.
Pour les années 1967, 1968 et 1969, on a dénombré
dans la région de Montréal dans les différents corps de
police, 850,000 appels; 650,000 de ces appels ont été
adressés à la police de Montréal tandis que 200,000
étaient adressés aux corps de police de banlieue.
On sait qu'en matière policière un appel signifie la
mobilisation d'un ou de plusieurs policiers, soit à la suite de la
commission d'un crime, d'une infraction ou encore d'un incident qui requiert la
présence d'agents de la paix.
La moyenne de la communauté urbaine, pour ces années,
s'établissait à 260 appels par agent en fonction. Or, M. le
Président, suivant les statistiques qui ont été
préparées sur le sujet, l'inégalité entre les
municipalités est manifeste. Dans certaines municipalités, les
appels sont beaucoup plus nombreux que dans d'autres et les proportions sont
extrêmement variables d'une municipalité à l'autre.
Nous devons donc conclure, à la lumière de la distribution
du personnel affecté à la gendarmerie qu'il y a une très
grande disproportion entre les appels et le personnel affecté à
la gendarmerie. En conséquence, il appert que le personnel
affecté à la gendarmerie, qui est normalement appelé
à répondre à ces appels, est distribué d'une
façon qui n'est pas rationnelle sur le territoire de l'île de
Montréal.
Sur le plan des enquêtes, l'analyse des corps policiers nous a
également menés à la conclusion que la distribution du
personnel des enquêteurs n'est pas, non plus, rationnelle. Certains corps
de police ne possèdent aucun enquêteur. D'autres corps de police
ont un groupe d'enquêteurs qui est affecté à un domaine de
l'enquête ou à un autre. Mais, là encore, nous constatons
des inégalités flagrantes
entre les municipalités dans la constitution de leur groupe
d'enquêteurs, qui nous conduisent à la conclusion que le personnel
affecté aux enquêtes en matière policière n'est pas
distribué, non plus, de façon rationnelle.
Quant à la différence qualitative de personnel, il s'agit,
là encore, d'un problème qui existe à l'échelle de
l'île, mais qui tend à se résorber à la suite de
l'adoption de normes d'embauche qui sont devenues identiques dans toute
l'île de Montréal.
Il reste que ce fut autrefois un problème aigu, puisque chaque
municipalité pouvait recruter des agents ayant une instruction plus ou
moins avancée, ayant des qualifications plus ou moins différentes
des autres. Mais depuis que le conseil de sécurité a
adopté certaines mesures dans ce domaine et aussi depuis l'adoption de
normes beaucoup plus précises par la Commission de police, la
différence qualitative de personnel tend à se
résorber.
Quant à la formation professionnelle et quant à l'espoir
d'une carrière intéressante dans les corps policiers, il va de
soi que, là encore, nous subissons les contrecoups de l'existence de
petits corps policiers qui ne sont pas aptes à fournir à ceux qui
sont recrutés dans les corps de police l'occasion de gravir un certain
nombre d'échelons et les amener dans un certain nombre
d'activités policières susceptibles de les intéresser.
Quoi qu'il en soit de cette situation, il faut admettre que sous ce
chef, l'uniformisation des normes d'embauche a néanmoins tendance
à faire en sorte qu'il y ait une certaine uniformisation dans la
formation professionnelle des policiers. Sur le plan personnel, sur le plan de
l'intérêt que l'un ou l'autre de ces policiers peut porter
à sa carrière et à sa profession, il va de soi, me
semble-t-il, que de faire partie d'un corps plus important
représenterait des avantages plus considérables.
Mais c'est surtout au plan de l'effort budgétaire que les
différences entre les municipalités de Montréal sont
frappantes. C'est surtout dans le fardeau fiscal qui repose sur diverses
catégories de citoyens de l'île de Montréal, suivant qu'ils
sont dans telle ou telle autre municipalité, que l'on peut constater des
disparités vraiment étonnantes.
Ainsi, en 1970, par exemple, le fardeau fiscal de la
sécurité publique dans le territoire de la Communauté
urbaine de Montréal, comprenant: police, protection civile ou encore
incendie, s'élevait à la somme de $97 millions. Et de ces $97
millions, 80 p.c. étaient assumés par les citoyens de la ville de
Montréal, alors que Montréal n'avait à ce moment et
n'a encore, je pense qu'environ 66 p.c. de la population de toute
l'île.
Cela indique jusqu'à quel point les disparités et les
inégalités, tant dans la situation du crime que dans les besoins
au plan d'effectifs policiers, se répercutaient sur le plan financier,
pour faire en sorte que le fardeau principal de la sécurité
publique dans l'île de Montréal était supporté par
les citoyens de Montréal.
Une autre base de comparaison que l'on peut utiliser pour expliciter la
situation qui prévaut à Montréal est le coût per
capita des services policiers. Or, voici encore des chiffres
particulièrement éloquents sur la situation qui prévaut
dans l'île de Montréal. Le coût per capita des services
policiers, pour un Montréalais, est de $34.27 tandis que le coût
per capita, pour un habitant de banlieue, est de $17.89, soit exactement la
moitié du coût assumé par un Montréalais. Ou encore
peut-on examiner la question des coûts des services policiers, en
scrutant la question sous l'aspect de l'évaluation foncière
normalisée. Ainsi, si l'on envisage la comparaison entre Montréal
et la banlieue sous ce chapitre, on arrive à la conclusion qu'à
Montréal le coût par $1,000 d'évaluation est de $8.24
tandis qu'en banlieue il est de $3.23. Ceci évidemment, M. le
Président, vous l'aurez facilement compris, résulte de l'assiette
fiscale différente entre Montréal et la banlieue.
Je conclus donc cette partie de mes observations en disant que
Montréal, avec 60 p.c. de l'évaluation foncière totale de
l'île de Montréal, assume 80 p.c. des coûts des services
policiers tandis que la banlieue, avec 40 p.c. de l'évaluation
foncière totale, assume 20 p.c. des frais de police, dans l'île de
Montréal.
Il va de soi, me semble-t-il, que cette situation requiert une
intervention du législateur pour que le principe de la justice fiscale
soit rétabli.
Envisageons maintenant, la question sous un autre aspect, M. le
Président, qui saura sans doute vous intéresser, celui de
l'étendue des services des différents corps de police sur
l'île de Montréal.
Ainsi, dans la plupart des corps de police de banlieue, note-t-on
l'absence d'un certain nombre de services policiers pourtant importants dans la
lutte contre la criminalité. Ces services, naturellement, sont ceux de
corps policiers modernes ou de grands corps policiers parfaitement
adaptés à la lutte contre la criminalité. Pourtant,
certains corps de banlieue peuvent se dispenser de ces services, et le font en
fait, s'appuyant, implicitement je pense, sur le corps policier de
Montréal.
Voici des services qui existent jusqu'à un certain point et
souvent n'existent pas dans un certain nombre de corps de banlieue: les
archives, l'identité judiciaire, le centre d'enregistrement et de
détention des détenus, la section statistique et d'analyse du
crime, un réseau de télécommunications moderne, un bureau
du personnel, la planification et la recherche, les relations humaines, une
section administrative, des conseillers juridiques et des services
d'enquête à des degrés divers. Ce sont là des
services qui, la plupart du temps, n'existent pas dans les corps de
banlieue.
D'un autre côté, le corps de police de la ville de
Montréal comporte un certain nombre d'ac-
tivités et de sections très spécialisées.
Par conséquent, il doit assumer des coûts considérables
dans certains domaines de l'activité policière. J'en ferai une
énumération: le domaine du crime organisé, le terrorisme,
les homicides, les vols à main armée, les vols de
véhicules automobiles, les fraudes, les mineurs, les stupéfiants,
la moralité, la filature, les renseignements. Voilà des services
dont la police de Montréal est équipée et dont la plupart
des autres corps de police peuvent se dispenser, étant donné
qu'ils peuvent se retrancher sous l'argument de l'exiguïté de leur
personnel ou encore dire que les problèmes qui se posent sous ce rapport
n'ont pas l'acuité qu'ils ont dans la ville de Montréal.
D'un autre côté, il ne faudrait pas oublier, lorsque nous
envisageons la situation de la police sur l'île de Montréal, que,
même si nous concluons à une disparité très
considérable entre l'éventail des services fournis par un grand
corps de police comme celui de Montréal et des services fournis par les
corps de police des banlieues sous un autre rapport il peut y avoir et il y a
duplication de personnel et de services.
C'est-à-dire qu'en permettant que subsistent sur un territoire de
190 milles carrés, ce qui est le territoire de la ville de
Montréal, 25 corps de police, on permet qu'il y ait une duplication de
services à un grand nombre de niveaux, c'est-à-dire au niveau ou
les services sont identiques dans chacun des corps de police. On pourrait citer
de nombreux exemples de duplication de services, que ce soit au niveau des
services téléphoniques, par exemple, ou au niveau de
l'utilisation du matériel automobile où on multiplie les
coûts en maintenant sur le territoire de la ville de Montréal 25
corps policiers.
Pourtant, le tout se passe dans un système administratif
où il y a insuffisance de coordination et de coopération entre
les corps policiers parce que même encore récemment, malgré
les efforts du conseil de sécurité publique dans ce domaine, le
système des télécommunications n'était pas uniforme
à travers l'île de Montréal. Les corps de police avaient
même recours au système de télécommunications offert
par la protection civile, ce qui nous montre jusqu'à quel point ont
été insuffisamment développés les moyens de
communication entre les corps de police alors qu'aujourd'hui, dans la lutte
à la criminalité, la communication est un aspect essentiel de la
réussite policière parce qu'aussitôt qu'un crime se
produit, que ce soit un vol à main armée ou un autre incident, si
la communication se fait rapidement entre les différents corps de police
entre' les escouades ou entre la gendarmerie d'une part et l'enquête,
nous sommes assurés d'un succès beaucoup plus grand si le
système de communication est complètement adapté à
la situation moderne où le criminel se déplace avec une
très grande rapidité.
Il s'ensuit donc que dans l'établissement d'une force
policière adaptée aux conditions de la lutte à la
criminalité moderne, le système des communications est essentiel.
Je ne voudrais cependant pas décrire la situation comme totalement
déplorable à Montréal parce qu'avec le conseil de
sécurité publique qui existait en vertu de la Loi de la
communauté urbaine et les efforts qui ont été faits par
les corps policiers, on tend de plus en plus à obtenir de meilleures
communications.
Mais, je pense que seule l'intégration des différents
corps de police nous permettra d'atteindre à ce niveau de communication
souhaitable entre tous ces policiers qui sont appelés à exercer
leurs fonctions dans Montréal.
Je termine, au chapitre des services, en parlant des services de
l'avenir pour les corps de police. Certains services, dans l'état actuel
des choses, même s'ils sont nécessaires pour l'avenir, sont d'un
coût prohibitif si nous maintenons les cloisons étanches entre les
différents corps de police, si nous ne procédons pas à
l'intégration. Je n'ai qu'à mentionner, par exemple, les services
d'ordinateurs, la télévision en circuit fermé, la
patrouille en hélicoptère, voilà des services
extrêmement coûteux mais qui font partie de la police de l'avenir.
Si l'on devait maintenir la fragmentation des corps policiers, il va de soi que
le coût de ces services serait tel qu'il ne pourrait être
assumé par aucun d'entre eux. Tandis que réunis en une seule
unité, l'on pourra envisager de doter notre corps de police de la
Communauté urbaine de Montréal des instruments les plus modernes
pour assurer son efficacité.
Je voudrais maintenant aborder la question de l'efficacité de
l'action policière à Montréal à l'égard du
crime. On sait que Montréal, suivant les dernières statistiques,
arrive après Vancouver au plan du taux de criminalité au Canada.
Montréal arrive, en fait, tout près de Vancouver, et suivant les
chiffres que nous possédons, le taux de criminalité à
Montréal est de 2,500 par 100,000 de population. Pourtant, le taux de
solutions du crime est particulièrement bas à Montréal.
Ainsi le taux de solutions de crimes contre la personne n'est que de 20 p.c,
tandis que le taux de solutions de crimes contre la propriété
n'est que de 10 p.c. Ceci indique, soit par rapport à la situation de
Toronto ou soit aux situations qui prévalent dans les villes
américaines, un taux extrêmement bas de solutions de la
criminalité, au point qu'on peut se demander si les chances à
Montréal ne sont pas beaucoup plus du côté du criminel que
du côté de ceux qui veulent faire respecter la loi.
Il va de soi qu'une intégration des services policiers, une
action coordonnée de l'action policière dans les 15 corps
policiers de l'île de Montréal, une fois qu'ils seront
intégrés, nous permettrait d'espérer d'atteindre un taux
de solution du crime beaucoup plus élevé que celui que nous
possédons malheureusement à l'heure actuelle.
M. le Président, je conclus ces observations en disant ceci:
Seule une intégration des corps policiers de Montréal nous permet
d'entrevoir une lutte efficace à la criminalité et une
répartition adéquate des ressources humaines et physiques
dans les différentes parties de l'île de Montréal pour que
les citoyens aient une protection égale devant la loi, pour que les
citoyens soient traités avec justice et équité devant le
phénomène de la criminalité.
Par conséquent, je conclus en disant que nous devons donner suite
à toutes ces discussions qui ont eu lieu dans le passé et qui
tournaient autour de la question, à savoir si l'on devait
procéder à l'intégration de la police ou s'y refuser.
Après avoir mûrement considéré la situation qui
prévalait à Montréal, j'en suis venu à la
conclusion que seule une intégration permettrait d'atteindre, d'une
part, la justice fiscale et, d'autre part, permettrait que la lutte à la
criminalité soit menée de façon énergique.
M. le Président, je ne voudrais pas allonger mes observations
mais, me semble-t-il, à l'occasion de ce discours, il faut donner des
points de repère qui intéressent les citoyens lorsque l'on
discute de l'intégration de la police sur l'île de
Montréal.
Un aspect qui est particulièrement intéressant, ce sont
les coûts comparatifs entre les services policiers de Toronto et ceux de
Montréal. Les services policiers, à Montréal,
coûtent $20 millions de plus qu'à Toronto. Dans l'île de
Montréal, à l'heure actuelle, nous avons plus de 1,000 policiers
et nous pouvons nous demander si une intégration des forces
policières ne permettrait pas de réaliser des économies
par rapport à la situation qui prévaut à l'heure actuelle.
Evidemment, je sais que le taux de la criminalité est plus
élevé à Montréal qu'à Toronto et que, par
conséquent, ceci peut expliquer que nos coûts soient
supérieurs. Mais il ne me semble pas que seul le taux de la
criminalité soit l'explication de la différence de coûts
entre Montréal et Toronto.
D'autre part, nous savons que l'intégration de la police sur
l'île de Montréal permettra non seulement peut-être la
réalisation de certaines économies par la suppression de certains
dédoublements de services, mais permettra une administration, une
gestion plus rationnelle de l'ensemble des corps policiers.
Tant que ces corps policiers sont dispersés en 25 administrations
diverses, la gestion de l'ensemble de ce personnel de 5,000 policiers et de,
peut-être 800 fonctionnaires offre des difficultés
particulières, on l'admettra.
Je considère donc qu'à la faveur de l'intégration
on peut, au moins, espérer que l'autorité qui sera chargée
de l'administration de cet ensemble pourra adopter des politiques
administratives beaucoup plus rationnelles. Par conséquent, nous
pourrons espérer réduire les coûts et nous rapprocher de la
situation qui prévaut à Toronto.
Evidemment, je sais qu'une bonne partie des coûts
supplémentaires que Montréal encourt, au chiffre de $20 millions,
s'explique par du temps supplémentaire, par un nombre plus grand de
véhicules automobiles, par des bénéfices so- ciaux plus
élevés et aussi par le fait que l'on a plus de policiers à
Montréal que de fonctionnaires, tandis qu'à Toronto on fait faire
une certaine partie du travail par des fonctionnaires, alors que le coût
des fonctionnaires est inférieur à celui des policiers.
Mais ce sont là des domaines qu'un conseil de
sécurité publique ou une administration bien définie,
telle que proposée par le projet de loi, peut étudier et tenter
de régler en rationalisant notre administration policière pour
faire en sorte que nos coûts ne soient pas trop élevés.
Ainsi, M. le Président, même si, l'année
dernière, nous avons dépensé à Montréal $75
millions pour nos services policiers, tandis que le Toronto
métropolitain où la police est intégrée a
dépensé $55 millions, je pense qu'en appliquant des
méthodes de gestion moderne nous pourrons réduire nos coûts
et faire en sorte que le contribuable de Montréal ne subisse pas les
répercussions d'une fragmentation excessive des administrations dans le
domaine policier.
M. le Président, je pense aussi que je dois faire état de
la croissance des coûts de l'administration de la police sur l'île
de Montréal, parce que je pense que c'est un fait qui vous
intéresse. Ainsi, je me dois de signaler à l'Assemblée que
la hausse des coûts entre 1970 et 1971 dans l'administration de la police
à Montréal a été de 15 p.c. En 1970, le coût
total de la police a représenté $70 millions, tandis qu'en 1971,
les prévisions sont que le coût total de la police sera de $82
millions. L'accroissement de 15 p.c. des coûts, soit $12 millions,
s'explique en grande partie par le coût du personnel ou les salaires. Je
pourrais donner quelques détails qui offrent un intérêt, me
semble-t-il. Le temps supplémentaire est un facteur qu'il faut
considérer, de même que les bénéfices sociaux et les
augmentations de personnel.
Quant aux hausses résultant des conventions collectives, elles
représentent $2.6 millions dans l'accroissement total des coûts
d'une année à l'autre.
Par conséquent, on peut dire que la hausse totale des coûts
policiers s'explique, pour deux tiers, par un accroissement de surtemps, de
bénéfices sociaux et de personnel, tandis que, pour un tiers,
elle s'explique par l'accroissement des salaires à la suite des
négociations des conventions collectives. Et une bonne partie de ces
accroissements qui ont été réflétés dans les
conventions collectives s'explique par le rattrapage au niveau des banlieues
par rapport à Montréal.
Et ici j'arrive au fait qui me parait particulièrement
significatif, c'est que depuis le 1er janvier 1970, depuis que les budgets des
corps policiers ont été intégrés et ceci
jusqu'à ce jour, l'île de Montréal est dans un processus de
réalignement des salaires des banlieues par rapport à la police
de Montréal. Je veux dire que le processus d'intégration des
corps poli-
ciers est déjà en voie de réalisation et que les
ajustements qui se font au niveau des conventions collectives ne font que
réfléter la tendance très profonde et très inscrite
dans les faits de la réunion de tous ces corps policiers en un seul, ce
qui est l'objectif naturel à atteindre.
Par conséquent, ne pas adopter ce projet de loi serait, à
mon sens, maintenir une situation d'incertitude, de flottement, quant à
la responsabilité des corps policiers, qui ne serait de nature
qu'à nous priver de certaines économies possibles, nous faire
encourir des coûts supplémentaires et ceci sans offrir un service
uniforme et valable à l'ensemble de l'île de Montréal.
Je dis donc que, dans la situation telle qu'elle se présente sur
l'île de Montréal, l'intégration des forces
policières est inscrite dans les faits, elle doit être
réalisée. La reporter à plus tard sous quelque
prétexte que ce soit serait recréer une situation qui a
malheureusement prévalu cet automne, alors que nous avons assisté
à un certain nombre de débrayages policiers, alors que les
autorités locales étaient plus ou moins sûres de leur
position, étant donné que tout le monde savait que nous allions
vers l'intégration. Par conséquent, la situation d'incertitude
dans laquelle on pourrait laisser l'île de Montréal aujourd'hui,
sur le plan de l'autorité des corps policiers, ne serait que
défavorable à tous les points de vue, que l'on se place au point
de vue des coûts, au point de vue de l'efficacité de l'action
policière, ou du maintien de l'ordre public, parce que les syndicats ne
sauraient trop à qui et à quelle autorité se vouer pour
régler leurs problèmes de conventions collectives.
Je dis donc que c'est un autre argument qui milite en faveur de
l'intégration, que la situation incertaine qui a prévalu
jusqu'à récemment, alors que le gouvernement a annoncé
qu'il procédait à l'intégration. Dans les conditions
actuelles, l'Assemblée nationale se doit de rétablir une
situation claire, nette et précise au point de vue de l'administration
des corps policiers dans l'île de Montréal. Ceci sera de nature
à ouvrir des perspectives intéressantes, à la fois au
point de vue de l'efficacité et de l'action de la police,
sûrement, à la fois au point de vue du contrôle des
coûts. Il faut bien admettre que, dans l'Etat actuel des choses, il y a
une part de manque de contrôle. Il faut assurer que les conventions
collectives et les règlements des conditions de travail dans les corps
de police sur l'île de Montréal se feront avec une autorité
bien déterminée, reconnue par la loi et qui traitera ces
matières avec l'énergie, la fermeté et aussi la
compréhension qui sont requises dans ces circonstances.
M. le Président, je m'en voudrais de ne pas faire état
d'une situation qui prévaut à l'heure actuelle et du changement
de régime qui va s'ensuivre par l'adoption de la loi qui est devant
vous.
En effet, dans le régime d'intégration des budgets
policiers, le régime financier qui préva- lait était un
régime d'attribution ou de répartition des dépenses
excédentaires des corps policiers par rapport à
l'évaluation foncière normalisée. Or, il va de soi, M. le
Président, qu'en adoptant le bill 281 nous changeons de régime
financier. Nous adoptons un régime budgétaire où
là, il faudra faire des prévisions budgétaires au
début de l'exercice et répartir le fardeau fiscal sur les
citoyens, suivant les valeurs immobilières dans l'île de
Montréal.
Mais en ce faisant, ceci impose l'obligation à la
Communauté urbaine de Montréal de faire une période de
rattrapage, parce que l'année financière de la Communauté
urbaine de Montréal, qui est du 1er janvier de chaque année au 31
décembre, et l'année financière qui prévalait alors
qu'on était sous le régime de l'intégration des budgets
policiers, qui était au 31 août de chaque année, font qu'il
y a un décalage de quatre mois entre ces deux périodes de temps.
Ce décalage ainsi que le changement de régime budgétaire,
M. le Président, vont rendre nécessaire de faire assumer les
coûts par la population en 1972, alors que ces coûts ont
été encourus dans le passé et devront en quelque sorte
être répartis sur les contribuables de 1972 à cause du
changement de régime.
A ce sujet, malgré que les citoyens de Montréal et de la
banlieue puissent être obligés d'accepter des coûts
additionnels dans l'année 1972, le gouvernement a quand même
prévu un mode d'allègement du fardeau fiscal en permettant qu'une
part de ce coûts, soit environ $16 millions, puisse faire l'objet d'un
emprunt et puisse être répartie sur une période de vingt
ans.
Mais même ceci dit, il faut quand même dire les faits tels
qu'ils sont et ne pas tromper la population. Il est fort possible et même
probable que la population de l'ensemble de l'île de Montréal
devra assumer des coûts accrus dans le domaine policier en 1972. Mais, si
le gouvernement reculait au moment d'adopter cette mesure sous prétexte
que certaines parties de la population de l'île de Montréal
peuvent se sentir durement frappées par des coûts policiers en
1972, le gouvernement ne ferait pas son devoir, parce que si le gouvernement
retardait la mesure d'un an ou deux, la situation s'aggraverait dans
l'intervalle et ces rattrapages dont je parlais tout à l'heure
il faudrait y faire face en 1973 ou en 1974.
Par conséquent, je considère, M. le Président, que,
compte tenu de la situation dans son ensemble, et même si, dans certaines
municipalités, l'absorption des coûts additionnels due au
rattrapage par le changement de régime budgétaire au moment du
1er de l'année 1972, il faut envisager et reconnaître que le fait
de reporter l'échéance à l'année prochaine ou
à l'année suivante n'est que de nature à accroître
les effets de ce rattrapage. Il faudrait bien reconnaître, M. le
Président, même si on devait retarder la mesure d'un an, que les
coûts policiers vont continuer à croître dans l'intervalle,
que les 25, 26 ou 29 autorités municipales
qui ont la compétence dans l'administration des corps de police
actuellement vont continuer à administrer dans le système actuel.
Par conséquent, reporter la mesure à plus tard serait une pire
mesure au plan fiscal, que de prendre nos responsabilités aujourd'hui,
même si, pour l'année 1972, les coûts sont
élevés, dans certains endroits de l'île de
Montréal.
Il faut faire comprendre aux citoyens que l'intégration de la
police est une mesure devenue nécessaire, non seulement pour
établir les bases d'une saine administration financière, d'un
contrôle approprié de la force policière dans son ensemble
mais également je pense que tout le monde le reconnaîtra
à la lumière des arguments que j'ai déjà
exposés pour assurer une action policière efficace sur
toute l'île de Montréal. Je termine donc ces observations sur le
principe de la régionalisation ou de l'intégration de la police
en disant qu'à tout point de vue la mesure est devenue
nécessaire.
Je termine ce discours en parlant d'un autre aspect du bill qui me
semble important. C'est la constitution du conseil de sécurité
tel qu'il est préconisé dans le projet de loi. Vous allez
constater, à la lecture du projet de loi, que le conseil de
sécurité dont nous proposons la création sera
composé de six membres, dont trois désignés par le conseil
de la Communauté urbaine de Montréal et trois
désignés par le gouvernement du Québec,
Le gouvernement du Québec se réserve le droit de
désigner le président qui, au cas d'égalité des
voix, aurait une voix prépondérante. Pourquoi cette formule?
Pourquoi avoir adopté un système qui a fait l'objet de quelques
observations, en particulier du président de la Communauté
urbaine de Montréal, M. Lucien Saulnier, bien que je doive dire que les
titres des journaux ont beaucoup exagéré la portée de ces
observations? M. Saulnier a signalé que le système que nous
proposions était un changement par rapport à la tradition
existante au Québec. Je suis bien obligé d'admettre ce fait et
d'en reconnaître la véracité.
M. Saulnier ne s'est pas opposé au projet de loi pour cette
raison et M. Saulnier n'a pas pris une attitude d'opposition ferme à
l'égard du système que nous proposons. Par conséquent, je
dis que les titres des journaux ont exagéré
énormément la portée des observations de M. Saulnier. Ceci
dit, je pense qu'il fallait arriver à un régime tel que celui que
nous préconisons. Il fallait arriver à ce régime parce
qu'on ne constitue pas une force policière de 5,000 policiers au coeur
de l'économie québécoise il faut bien dire que
l'île de Montréal est le coeur de l'économie
québécoise sans que le gouvernement y soit présent
et sans que le gouvernement y soit représenté.
Je me dirais que le gouvernement du Québec serait bien
négligent, bien insouciant, bien frivole s'il laissait se constituer une
force policière de 5,000 hommes appelés à combattre la
criminalité sous toutes ses formes et en particulier sous la forme du
terrorisme, sous la forme du crime organisé sans être
présent pour orienter l'action de ce corps policier. Il me semble que ce
serait beaucoup trop laisser aller les choses. On ne peut pas traiter une force
telle que celle que nous allons constituer par cette loi comme n'importe quelle
autre force de police municipale. On ne peut pas traiter cette force, qui sera
la plus nombreuse de tout le Québec, comme une force de police
municipale ordinaire.
Donc, l'Etat doit être présent. Je ne dis pas que l'Etat
doit diriger entièrement et complètement les destinées de
cette force policière, car je conçois très bien que les
contribuables aient leur mot à dire puisqu'ils paieront la plus grande
partie des coûts. Par conséquent, il est tout à fait
légitime que les élus locaux représentent les
contribuables de l'île de Montréal dans l'action du conseil de
sécurité. Je ne peux pas admettre que l'on traite
l'opération à laquelle on se prépare à
procéder comme si c'était une affaire banale qui
n'intéresserait pas tout l'Etat.
C'est la raison pour laquelle nous avons, tenant compte de cette
situation, proposé que le Conseil de sécurité soit
composé moitié de personnes désignées par le
gouvernement et moitié de personnes désignées par
lui-même.
Il ne faut pas prendre pour acquis, non plus, que les trois personnes
que le gouvernement va désigner vont être obligées
constamment et en toutes circonstances de suivre les dictées et les
ordres soit du ministre de la Justice ou du gouvernement du Québec,
parce qu'une fois nommées elles auront leur indépendance et
pourront agir suivant leur conscience.
Mais je crois que, dans le système que nous mettons sur pied, le
maintien de l'ordre public, de la paix, la lutte contre la criminalité
sont un domaine d'intérêt général, qui touche, en
somme, la société dans son ensemble. C'est là que l'Etat
doit être présent, non pas pour dicter ses vues, mais pour
s'assurer que les personnes qui seront là prendront leurs
responsabilités à la lumière de l'intérêt
général, quitte à ce qu'il y ait des représentants
des contribuables locaux qui, eux, prennent leurs responsabilités
à la lumière des intérêts des citoyens de
Montréal, comme contribuables ou comme citoyens de l'île de
Montréal purement et simplement.
C'est ce compromis que nous avons cherché entre le rôle de
la force policière que nous allons constituer qui sera la plus grande
force policière du Québec par conséquent, elle aura
naturellement des responsabilités très considérables au
point de vue du maintien de l'ordre public et du respect des lois et,
d'un autre côté, le fait que cette force policière agira
sur un territoire déterminé, ce qui intéresse les citoyens
qui y résident.
Alors, la formule que nous préconisons est sûrement
nouvelle par rapport à la tradition du Québec, mais elle n'est
pas nouvelle par rapport au conseil de sécurité tel qu'il existe
à Toronto. On sait qu'à Toronto on a constitué un
conseil
de sécurité d'une façon passablement similaire
à la formule que nous proposons. On est même allé plus loin
puisque, comme me l'indique le député de Baldwin, le gouvernement
est représenté d'une façon encore plus
prépondérante qu'il ne l'est dans la formule que je propose.
Pour rassurer le député de Baldwin qui, je le sais, prend
un intérêt très considérable à ce projet de
loi et à tout le débat qui va s'ensuivre, j'ajouterai que la
formule que nous proposons aura également l'avantage de faire en sorte
que les banlieues auront un traitement équitable de la part de
l'organisme qui va administrer la police intégrée. Ce ne sera pas
une municipalité qui, à cause de son importance, en l'occurrence
c'est Montréal, va prendre le contrôle de toute la police de
l'île de Montréal de sorte que les banlieues, par exemple, la
ville de Pointe-Claire dont le député de Baldwin est le maire,
pourraient ne pas recevoir un traitement équitable. Il est sûr que
c'est un facteur que nous avons pris en considération dans la formule de
composition du Conseil de sécurité que nous avons
constitué. Nous nous sommes dit: Si nous avons trois
représentants des élus locaux et trois représentants
désignés par le gouvernement, mais qui représentent
l'intérêt général, nous allons arriver à un
conseil qui va administrer de la façon la plus objective et la plus
impartiale possible les forces policières sur l'île de
Montréal.
Je termine mon argumentation au sujet de la composition de ce Conseil de
sécurité, en disant que la formule proposée donne de
meilleures garanties contre l'immixtion indue de la politique dans l'action des
forces policières. C'est un sujet qui a fait l'objet de nombreuses
plaintes en de nombreuses circonstances.
Je ne juge pas de la situation actuelle, je ne voudrais pas commencer
à porter des jugements sur l'action de telle ou telle personne ou de tel
ou tel conseil de ville ou de tel ou tel groupe. Mais, je pense que tout le
monde se rend compte, dans la période d'agitation sociale, dans la
période d'action difficile contre la criminalité, en particulier
contre le crime organisé, que la police doit rester d'une
objectivité et d'une impartialité très grandes en toute
circonstance. Négliger cette dimension est de nature à
discréditer l'ensemble de l'administration d'un gouvernement, l'ensemble
d'une société.
C'est la raison pour laquelle le gouvernement actuel ne peut pas courir
de risque sur ce sujet. C'est la raison pour laquelle nous avons proposé
un conseil de sécurité qui, à mon sens, nous donnera de
meilleures garanties que la police, en toute circonstance, va être
administrée pour l'intérêt général et non pas
dans une ou l'autre option politique ou dans l'un ou l'autre
intérêt de qui que ce soit. Je pense que je suis assez clair sur
ce sujet. Je considère que la formule n'est peut-être pas
parfaite. Elle pourrait peut-être être plus parfaite le jour
où le gouvernement du Québec aura les disponibilités
financiè- res pour contribuer à la force policière de
Montréal, qui le mériterait réellement à cause du
rôle qu'elle joue, à cause de son importance au point de vue du
nombre.
Je le reconnais mais, dans l'état actuel des finances, ceci me
parait difficile. Il faut quand même prendre les faits tels qu'ils sont:
Parce que l'état des finances du gouvernement ne nous permet pas de
fournir des sommes considérables à la future force
policière intégrée, je ne suis pas pour la reléguer
au plan d'une force municipale purement et simplement, avec toutes sortes de
difficultés prévisibles, toutes sortes d'abus possibles. A cause
de son importance, à cause des moyens techniques qui sont mis à
sa disposition, à cause de la nature des escouades qu'elle
possède, je ne suis pas pour laisser faire une chose pareille alors que
je sais qu'il faut que l'administration de cette force policière soit
équilibrée. Il faut qu'il résulte, en somme, un
équilibre délicat entre les besoins des contribuables locaux,
entre leur capacité de payer et, d'un autre côté, les
impératifs de la société, qui est en état
d'agitation et de difficultés, et de contrôle de la
criminalité.
Or, ce sont tous ces aspects que nous avons pris en considération
pour proposer cette formule. Quand même des hommes politiques, si bien
intentionnés soient-ils comme M. Lucien Saulnier, nous diraient: Ce
n'est pas conforme à la tradition, je pense qu'il faut changer la
tradition. Aujourd'hui, quand on est devant des faits nouveaux, quand la vie
nous bouscule, quand l'évolution de la société fait qu'on
s'en va vers des zones de puissance de plus en plus considérables, soit
qu'elles soient concentrées au niveau de la police ou au niveau du
syndicalisme, il ne faut pas hésiter à avoir recours à des
formules nouvelles. Je pense que la formule nouvelle que nous proposons est
raisonnable et ne préjuge pas de la contribution éventuelle du
gouvernement du Québec à cette future force de police
intégrée, à la fois pour aider les contribuables
montréalais mais également parce que la fonction, le rôle
de la force de police de Montréal n'est pas un rôle de force de
police purement municipale.
M. le Président, je terminerai mes observations en disant tout
simplement ceci. C'est que je considère que le projet de loi que nous
présentons a été mûrement pensé et
délibéré, qu'il a fait l'objet de réflexions
à beaucoup de niveaux du gouvernement et qu'il devrait être
adopté unanimement par cette Chambre. Merci.
M. LE PRESIDENT (Phaneuf ): L'honorable député de
Maskinongé.
M. Rémi Paul
M. PAUL: Je ne sais pas pourquoi le ministre de la Justice nous a
donné l'impression d'être inquiet au sujet de l'acceptation de son
projet de loi no 281, Loi constituant le service de police de la
Communauté urbaine de Montréal
et modifiant de nouveau la Loi de la Communauté urbaine de
Montréal.
Je vais féliciter le ministre quant à la documentation
qu'il a requise de ses fonctionnaires pour nous faire passer en revue
l'activité policière du corps de police de Montréal. Les
statistiques qu'il nous a données ont sûrement
ébranlé les plus récalcitrants ou les tenants d'une
opposition ferme et énergique à l'adoption de ce projet de
loi.
Je me permettrai d'adresser des reproches au ministre de la Justice et
à ceux qui sont chargés de nous présenter les
législations pour étude, analyse, considération et
finalement adoption. M. le Président, nous avons eu deux séances
de la commission de la Justice la semaine dernière, les 7 et 8
décembre, alors que le ministre de la Justice nous invita à
étudier le livre blanc: La police et la sécurité des
citoyens. A cette occasion, le ministre de la Justice informa les corps
intermédiaires qui présentèrent des mémoires ainsi
que les membres de la commission de son intention de soumettre, pour
consultation, analyse et présentation de mémoires, tout projet de
loi qu'il pourrait présenter concernant l'intégration d'une force
policière. Dans les circonstances, il s'agit de l'intégration ou
de la formation de la police de la Communauté urbaine de
Montréal.
Je me demande pourquoi le ministre, dans son discours, ne nous a pas
mentionné son intention de déférer, après la
deuxième lecture, ce projet de loi à la commission parlementaire
de la Justice alors que nous pourrions avoir l'avantage d'entendre les
représentations d'hommes du métier, du milieu comme, par exemple,
la Fraternité des policiers de Montréal. Nous serions
intéressés de connaître l'attitude de ce corps de police de
Montréal et d'entendre M. Guy Marcil nous donner ses commentaires, son
appréciation, ses suggestions quant aux modalités que nous
retrouvons dans le projet de loi no 281.
Je sais qu'il y a également une délégation de
l'Association des policiers de Westmount qui, hier, était
inquiète et qui se demande comment va être imbriquée cette
loi tant dans le milieu de la ville de Montréal que parmi les villes du
Montréal métropolitain. Je suis sûr que les membres de
l'Association des policiers de Westmount sont désireux eux aussi de
présenter un mémoire, de se faire entendre devant la commission
parlementaire afin de nous faire des représentations.
J'aimerais que le ministre soit en mesure de répondre à
l'inquiétude décrite dans un bref mémoire adressé
au ministre, le 11 décembre 1971, et par lequel on attire l'attention du
ministre sur les articles 10 et 43. Et, dans ce mémoire, on se pose des
questions; on est inquiet; on veut savoir comment l'intégration des
forces policières se fera sur l'île de Montréal sans que
personne ne perde des droits acquis et afin que tous ceux qui oeuvrent dans le
service municipal de l'un ou l'autre des corps policiers de Montréal
puissent voir leurs droits acquis sauvegardés, leur intégration
rendue facile et pour qu'ils puissent réellement communier à
l'activité policière de la ville de Montréal.
M. le Président, je ne puis pas comprendre le silence du ministre
sur ce point et je souhaiterais qu'il s'agisse d'un oubli de sa part.
Connaissant trop l'esprit démocratique du ministre, je suis sûr
que, dans sa réplique, il tirera d'inquiétude les membres de la
commission parlementaire et ceux qui, dans les galeries, regardent ce soir
cette chemise clairvoyante du ministre et qui les appelle quasiment à
combattre un incendie. Je vois que le sourire du ministre est un signe
approbateur et que nous, membres de la commission de la Justice, et que ces
vaillants soldats, gardiens de l'ordre et de la paix, pourrons nous faire
entendre. M. le Ministre, nous vous remercions à l'avance.
Mais il y a un autre point sur lequel je ne puis pas pardonner une
négligence au ministre: c'est le délai si court qu'il nous impose
dans l'étude d'un projet de loi d'une extrême importance alors que
nous allons innover, ici, dans l'Assemblée nationale, dans cette forme
nouvelle d'activité policière au Québec. M. le
Président, on nous a remis la loi vendredi après-midi; lors de
l'ouverture de notre séance, le projet de loi était appelé
en première lecture. Tous savent que nous avons siégé
jusqu'à 4 heures vendredi après-midi et que nous sommes
retournés chez nous pour être en mesure de recevoir nos
électeurs et être fidèles aux engagements que nous avions
pris. Je sais qu'il y a même des députés qui ont eu
l'honneur de recevoir des ministres dans leur circonscription électorale
et ces ministres se sont promenés en promettant des subventions de $1
million, $1.5 million.
Mais pour nous, M. le Président, députés de
comtés ruraux, toujours près de nos électeurs c'est
dans le projet de loi ça, M. le Président, vous ne connaissez pas
ça, vous vivez à Montréal, vous ne connaissez pas les
problèmes et le rôle que doivent jouer les députés
auprès de leurs électeurs. Je vois, par exemple, le
député de Kamouraska; je sais qu'il a été aux
prises avec de nombreux problèmes en fin de semaine, spécialement
dans la production des oeufs mais pour nous, M. le Président, pas
de délai. Le ministre, je le comprends. Il a toute une armée de
fonctionnaires avec qui il a travaillé, et je sais combien ils sont
compétents, efficaces, loyaux et sincères. Et nous sommes revenus
lundi matin; durant toute la journée d'hier nous avons
étudié un important projet de loi; nous avons terminé
à minuit et, ce matin, nous avions des engagements, des rendez-vous,
justement, pour essayer de calmer l'inquiétude des gens qui sont aux
prises avec des lois de dernière minute que nous présente le
gouvernement.
M. le Président, je reproche au ministre de la Justice de ne pas
nous avoir donné le temps de nous préparer adéquatement
afin, nous aussi, d'apporter une contribution logique et valable à
l'étude de ce projet de loi. Nous n'avons pas le choix, alors
quant à nous, nous allons appuyer ce projet de loi. Pourquoi? Parce que
c'est la suite logique d'une loi que nous avons adoptée au mois de
décembre 1969 lorsque nous avons créé la Communauté
urbaine de Montréal.
Dans ce projet de loi, M. le Président, il y avait la formation
d'un Conseil de sécurité. Cet après-midi, le ministre nous
a énuméré les dispositions que l'on retrouve dans la loi,
spécialement à l'article 233, et il nous rappelait l'obligation
qu'avait le Conseil de sécurité de produire un rapport au Conseil
exécutif avant le 1er septembre ce qu'il a fait aux fins
de faire des recommandations au conseil exécutif pour établir un
plan d'intégration partielle ou totale des corps de police des
municipalités, dans la mesure où elle est nécessaire en
vue d'assurer à la population du territoire de la communauté une
protection policière efficace et de qualité.
A la suite de la présentation de ce rapport, le conseil de la
communauté urbaine s'est réuni et, à la majorité
des voix, on adopta le règlement 26 qui prévoyait
l'intégration des forces policières sur le territoire de la
Communauté urbaine de Montréal. Il faut rappeler que ce projet de
loi n'a pas été adopté à l'unanimité, c'est
à la suite de discussions, parfois orageuses, que majoritairement ce
projet de loi a été adopté.
Comme le règlement no 26 ne respectait pas toutes les obligations
que l'on peut retrouver à l'article 233 du chapitre 84, Loi de la
Communauté urbaine de Montréal, la Commission municipale
était dans l'impossibilité de donner son nihil obstat à ce
règlement municipal qui, par voie de conséquence, ne pouvait
entrer en vigueur.
Durant la même période, comme nous le signalait le
ministre, cet après-midi, il y avait une équipe de fonctionnaires
au travail au ministère de la Justice aux fins de préparer une
loi-cadre où d'envisager certaines recommandations pour
l'intégration des forces policières sur tout le territoire du
Québec.
Ce n'est pas une initiative nouvelle que nous présente le
ministre de la Justice, ce soir. Je ne lui en fais pas reproche. Les arguments
qu'il a apportés au soutien de la présentation de la
deuxième lecture de son projet de loi ont, du moins, je l'espère,
convaincu tous les députés, sans exception, de la logique, de
l'impératif, de l'obligation dans laquelle nous sommes placés
d'adopter une telle législation.
Quand on sait que, dans la métropole... M. le Président,
est-ce que vous pourriez inviter vous qui êtes ordinairement d'une
vigilance remarquable , - vos collègues qui siègent à
votre droite, et spécialement le député de Bourassa,
à parler moins fort? Je comprends qu'il va sans doute vaquer à
ses obligations de président de l'Office des autoroutes; ça nous
permettra de continuer en paix l'étude de ce projet de loi.
Je dis que, dans le Toronto métropolitain, il y a
intégration des forces policières depuis 1957 ou 1958. Il y
avait, dans le Toronto métropolitain, 13 corps de police qui ont
été unifiés. Chez nous, dans le Québec, à
Montréal la métropole du Canada il y a environ 24
ou 25 corps de police, dont l'effectif se compose, pour quelques-uns, de trois
membres et, pour d'autres, de 100 à 125 membres.
Il y a 13 de ces corps de police où les officiers ou les membres
jouent, à la fois, le rôle de gardien de la paix, de l'ordre, de
la protection des citoyens et, en même temps, ils agissent comme
pompiers.
M. le Président, il faut accepter une évolution dans ce
domaine comme nous acceptons le modernisme chez nous, comme nous acceptons
l'évolution sociale. Je me demande pourquoi nous n'accepterions pas une
façon nouvelle de combattre efficacement, dans l'île de
Montréal, le crime sous toutes ses formes, par la coordination des
forces policières, non plus seulement par la coopération, qui
hélas dans le passé, malgré la bonne intention qu'avaient
nos chefs de police ou les membres de nos corps policiers, n'a pas donné
les résultats désirés et que nous aurions souhaités
meilleurs.
Que ce soit dans les corporations municipales les plus riches ou les
plus pauvres, une chose est certaine, c'est que la capitale du crime au
Québec, c'est Montréal. Et il faut à tout prix que les
citoyens de l'île de Montréal acceptent de jouer le jeu du bien
commun et de participer peut-être davantage aux coûts de
l'administration policière dans la ville de Montréal, si nous
voulons obtenir un résultat encore meilleur du travail de nos
policiers.
Pourquoi? Parce qu'il faut que nous ayons des méthodes modernes
de lutte contre le crime et assimilables aux moyens modernes que prennent les
bandits dans l'exécution de leur crime. Et ce travail de
coopération n'apportera de résultats qu'en autant que nous
combattrons le crime avec une planification arrêtée et qu'en
autant que l'on ne divisera pas le travail des forces policières.
M. le Président, si nous voulons réellement
protéger la société, combattre le crime sur le territoire
de l'île de Montréal, il faut que les moyens soient communs,il
faut que ce soit un travail de coordination de tous les corps policiers. Par
cette législation, M. le Président, je crois que nous voulons
atteindre cet idéal que nous propose le ministre dans son livre blanc
où, au tout début, il nous dit que le maintien de l'ordre, la
protection des citoyens et la sécurité de l'Etat sont essentiels
au fonctionnement normal de toute société.
M. le Président, nous avons la Loi de police. Lorsque des
événements malheureux se sont produits dans le passé, le
gouvernement en place, que ce soit celui de l'Union Nationale ou du Parti
libéral, a pris ses responsabilités et nous nous sommes
prévalus des dispositions de la Loi de police, pour combattre un
événement extraordinaire qui se déroulait sur le
territoire de l'île de Montréal. Cela choque, lorsqu'on est
obligé d'employer des méthodes qui peuvent surprendre, qui
peuvent révolter certaines gens.
Mais nous avons dans une législation cette coordination, ce
travail de lutte constante contre le crime ou contre la violence, les gens ne
seront pas surpris et le législateur, le gouvernement en place ne sera
pas dans l'obligation d'adopter des mesures exceptionnelles pour atteindre le
résultat qu'on veut obtenir par l'intégration des
différents corps de police sur le territoire de la ville de
Montréal.
Nous n'avons pas le choix. Si nous n'acceptons pas le principe de ce
projet de loi, c'est que nous mettons de côté un chapitre
important de la Loi de la Communauté urbaine de Montréal et les
dispositions de l'article 233 de la loi actuelle deviendront, à toutes
fins pratiques, inopérantes et caduques.
Cela ne veut pas dire cependant que le projet de loi tel qu'il est
rédigé ne crée pas certaines appréhensions. Cela ne
veut pas dire que tous ceux qui seront affectés par l'entrée en
vigueur de cette loi restent calmes et insouciants devant les mesures
législatives que l'on retrouve dans ce projet de loi. Ah, il y a ce
nouveau conseil de sécurité que l'on va nommer. On va en
augmenter le nombre des membres de quatre à six. Ce qu'il y a de
consolant, c'est qu'on y retrouvera la protection des banlieusards par la
nomination d'au moins un membre de ces municipalités qui entourent la
ville de Montréal.
Trois nominations par le conseil et trois par le lieutenant-gouverneur
en conseil. Est-ce qu'on peut reprocher au gouvernement, comme le disait tout
à l'heure le ministre, d'avoir au moins un droit de regard sur les
agissements de cet important corps de police qui deviendra le plus nombreux du
Canada? Je crois que ce nouveau corps de police imposera des obligations
administratives. Le conseil de sécurité, que l'on augmente de
deux membres par ce projet de loi, jouera un rôle efficace pour autant
que les nominations qui seront faites seront dictées par la sagesse et
surtout pour autant qu'elles seront complètement
dépolitisées.
Je crois que le gouvernement précédent a donné
l'exemple, lorsque nous avons nommé comme président du conseil de
sécurité le juge Coderre, lorsque nous avons nommé comme
commissaire M. Maurice Saint-Pierre. A l'époque, nous avions
nommé M. Saint-Aubin qui, aujourd'hui, est remplacé par M.
Saulnier et M. Boyd, je crois, de la ville de Westmount.
M. CHOQUETTE: La ville de Mont-Royal.
M. PAUL: De la ville de Mont-Royal. Je présume que le
gouvernement ou le conseil de la communauté urbaine n'aura pas de raison
de mettre de côté ces quatre commissaires déjà en
place et qu'on procédera à la nomination des deux autres
commissaires. Je souhaite sincèrement que l'on aille chercher des hommes
de panache et de prestige pour les marier avec les compétences que l'on
retrouve actuellement en place au Conseil de sécurité de la
Communauté urbaine de Montréal.
Il y a un problème sur lequel je voudrais attirer l'attention du
ministre, sans vouloir me référer d'une façon
précise à des articles de la loi. C'est tout ce chapitre qui
traite des conventions collectives de travail, les articles 32 et suivants de
la loi.
Je me demande si le ministre n'a pas oublié de consulter son
collègue, le ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre, à ce
sujet. Je serais surpris qu'il y ait eu consultation parce que c'est un peu la
marque du gouvernement actuel de voir les ministres prendre chacun leur chemin
et dans la plupart des cas ne pas savoir où ils vont. On sait cette
petite friction naturelle qui doit découler des événements
que l'on a connus en octobre lorsque les membres de la Sûreté du
Québec ont reconnu le prestige du ministre du Travail et de la
Main-d'Oeuvre au détriment de la haute compétence que
s'attribuait le ministre de la Justice dans les négociations en cours
avec la Sûreté du Québec.
Mais au cas où je me tromperais, je demande au ministre de me le
signaler. Je serais heureux que les remarques que je fais actuellement soient
fausses ou erronés mais, d'un autre côté, je demande au
ministre d'avoir la loyauté et la sincérité de nous dire
qu'il n'a pas consulté son collègue, le ministre du Travail.
C'est ce qui inquiète les différents corps de police des
différentes municipalités de l'île de Montréal. Ce
n'est pas que ces gens ne veulent pas travailler ensemble pour combattre le
crime, pour protéger la société, pour protéger le
citoyen. Ils sont prêts à le faire, mais ils sont un peu inquiets
devant cette absence de communication entre le ministère du Travail et
le ministère de la Justice.
Si, demain ou après demain, le ministre nous déclare qu'il
a consulté son collègue, le ministre du Travail, et qu'ensemble
ils ont arrêté une politique de reconnaissance et de protection
des conventions collectives déjà en vigueur, je suis certain que
le ministre créera de l'enthousiasme chez les différents corps
policiers qui sont appelés à s'imbriquer ou à
s'intégrer dans le corps de police de la ville de Montréal.
Je suis certain que les officiers de police verront certains droits
acquis protégés. Je sais qu'il y a dans la loi des dispositions
qui permettront toujours un appel à la Commission de police de la part
d'un officier ou d'un policier qui ne semblerait pas recevoir justice par suite
de l'intégration de son corps de police dans le corps de police de la
ville de Montréal.
Ce qu'il y a de consolant, c'est que le ministre a reconnu le prestige,
la compétence de la Commission de police. C'est elle qui verra à
une intégration rationnelle, à la normalisation des grades et des
fonctions des membres des corps de police des municipalités en vue
d'indiquer le grade et la fonction de chacun des policiers de ces
municipalités dans le service de
police de la Communauté urbaine de Montréal.
M. le Président, l'idéal visé par le ministre est
excellent; déjà, il est assuré de la collaboration des
différents corps de police, parce que nous avons eu deux séances
d'étude de la commission de la Justice pour connaître la
réaction des intéressés quant à la politique que
vise le ministre dans son livre blanc sur l'intégration des forces
policières et tous sont pour le principe de l'intégration des
corps de police.
Je comprends qu'il faut faire une distinction entre l'intégration
qui s'impose dans un territoire urbain comme Montréal et
l'intégration qui deviendrait illogique et ridicule dans les milieux
ruraux du Québec, dans certaines parties du Québec rural.
Le ministre nous a donné des statistiques
généreuses et, indirectement, il fait l'éloge, l'apologie
du corps de police de la ville de Montréal. C'est avec raison, parce que
c'est le corps de police qui est le plus exposé actuellement et c'est
lui qui doit être le plus raffiné dans la lutte contre le crime
organisé. Je voudrais m'associer aux félicitations indirectes
qu'a adressées le ministre. J'ai écouté les remarques du
ministre et j'ai conclu qu'il adressait des compliments et des
félicitations au corps de police de la ville de Montréal quand il
nous a parlé de l'efficacité des opérations
policières de ce corps policier.
Je m'en voudrais de ne pas joindre ma voix à celle du ministre,
mais je vais être plus ouvert que le ministre. Je vais demander à
M. Marcil d'accepter les félicitations de l'Opposition officielle pour
tout le travail que lui et son équipe accomplissent sur le territoire de
la ville de Montréal en vue de protéger la société,
l'individu et nos institutions.
UNE VOIX: Surtout le ministre.
M. PAUL: Malheureusement, ils n'ont pas la garde du corps du ministre.
Je ne peux pas les féliciter pour cet excellent travail, mais je les
invite à craindre toujours l'habileté du ministre dans la
manipulation de son 38.
Je voudrais terminer mes remarques; je n'ai pas l'intention de prolonger
l'étude de ce projet de loi, que nous avons nécessairement
escamotée dans l'appréciation des différents principes
qu'on peut y retrouver. Je me demande si, réellement, il y aura
quelqu'un dans cette Assemblée qui se lèvera et qui sera capable
de nous convaincre de la non-nécessité de l'adoption de ce projet
de loi. Je me demande s'il y a quelqu'un dans cette Assemblée qui,
mettant de côté ses petites rancunes personnelles avec certaines
autorités en place dans la communauté urbaine, sera en mesure de
combattre ce projet de loi, toujours au détriment du bien commun. Quand
on est membre de la Communauté urbaine de Montréal, on est
d'abord membre de la communauté avant d'être membre d'un conseil
municipal.
Les deux fonctions ne se contredisent pas. Mais, parce que le
législateur a adopté une loi, dite de la Communauté
urbaine de Montréal, et que la législation qui nous est
présentée par le ministre est nécessaire, nous ne pouvons
pas la mettre de côté. Il y a toujours les modalités que
nous pouvons discuter mais le principe lui-même est nécessaire en
raison des explications que nous a données, cet après-midi, le
ministre et en raison de l'échec juridique connu par le Conseil
exécutif dans la rédaction de son règlement no 26.
Je dis, M. le Président, en terminant, que nous allons appuyer le
projet de loi avec une réserve, cependant, soit celle de voir le
ministre de la Justice, dans sa réplique, nous confirmer ses bonnes
intentions de convoquer la commission parlementaire de la Justice. Cette
demande n'est pas faite dans le but d'adopter une mesure dilatoire mais elle
est nécessaire pour garder l'excellent esprit qui anime actuellement les
différents corps policiers de la ville de Montréal. Comme ils
veulent travailler ensemble et comme tous ces corps policiers, par la voix de
leur exécutif, se sont prononcés en faveur de
l'intégration des forces policières, surtout en milieu urbain,
nous demandons au ministre de convoquer la commission parlementaire. Je suis
sûr que dans une bonne séance, puisque nous avons
déjà accepté le principe de l'intégration à
l'Occasion de l'étude du livre blanc du ministre de la Justice les 7 et
8 décembre, il s'agira pour nous, membres de la commission, d'entendre
certains mémoires, certaines craintes éventuelles, soit de la
Fraternité des policiers de Montréal ou de tout autre corps de
police. Ensemble, il nous sera possible d'arrêter des amendements parce
que je ne crois pas que ce projet de loi soit l'oeuvre d'un parti politique. Ce
doit être l'oeuvre de l'Assemblée nationale pour que nous
puissions nous aussi, avoir au Québec un excellent corps de police
soucieux de combattre le crime, soucieux de protéger le citoyen et
surtout pour qu'il mette tout en oeuvre pour sauvegarder nos institutions.
M. le Président, nous écouterons avec beaucoup d'attention
la réplique du ministre sur son projet de loi.
M. LE PRESIDENT (Blank): L'honorable député de
Rouyn-Noranda.
M. Camille Samson
M. SAMSON: M. le Président, nous avons également
écouté, avec beaucoup d'attention, le discours que nous a fait le
ministre de la Justice concernant le projet de loi no 281. C'est un discours
assez complet, alimenté de nombreux détails et statistiques.
Sûrement que le ministre était beaucoup mieux
préparé que ne peuvent l'être certains
députés à débattre ce bill 281 étant
donné qu'on a déposé ce bill, devant l'Assemblée
nationale, il y a quelques jours seulement.
Toutefois, nous retrouvons, en toute objectivité, dans ce projet
de loi un principe fonda-
mental qui est celui, si on se base sur les renseignements qui nous sont
fournis et sur ce qui est écrit dans le projet de loi, d'une meilleure
coordination des mouvements de police sur l'île de Montréal et le
principe, probablement, d'une meilleure administration ou, en tout cas, des
grandes possibilités d'un travail plus complet avec de meilleurs outils
ou de meilleures facilités une fois ces corps de police
intégrés.
Toutefois, il y a le principe administratif, c'est-à-dire le
temps de mise en oeuvre de cet immense chantier parce que nous
considérons que, quand même, ça ne se fera pas du jour au
lendemain, il y aura sûrement une période d'adaptation, il y aura
sûrement une période d'études même si les
études sont assez poussées présentement. Il faudra que les
différents corps policiers s'habituent à travailler ensemble. Il
y a cette question qui a été soulevée de
l'intégration des officiers gradés, des membres qui ont certains
avantages présentement dans certains corps policiers dont on ne retrouve
pas tout à fait les mêmes avantages dans d'autres cadres et vice
versa.
Evidemment, M. le Président, si on regarde le projet de loi avec
l'optique d'une meilleure protection pour les citoyens de Montréal,
d'une meilleure protection en provenance de leur corps de police, c'est bien
entendu que nous sommes favorables à cette meilleure protection. Nous
sommes favorables à ces améliorations appréhendées.
Mais est-ce que et ça nous permet de nous poser certaines
questions auxquelles le ministre voudra sûrement répondre dans sa
réplique au nom de cette meilleure coordination des mouvements,
est-ce qu'au nom de cette efficacité que l'on recherche, on l'atteindra
par le projet de loi no 281? Est-ce qu'on l'atteindra sans que ça nous
occasionne plus de problèmes que nous n'en avons présentement ou
est-ce que, si je pose le problème d'une autre façon, la
population qui est en droit de s'attendre à des améliorations
constantes de la part de son service de police comme, évidemment, de la
part de tous les services municipaux, recevra exactement ce qu'elle est en
droit de s'attendre, c'est-à-dire des services meilleurs avec une
efficacité accrue?
Nous nous posons ces questions en nous demandant si l'intervention
généreuse du gouvernement dans cette intégration, puisque
nous remarquons dans le projet de loi qu'il y a à plusieurs endroits des
interventions possibles de la part du gouvernement et même des
interventions nécessaires suivant les dires du ministre, interventions
qui pourront se répéter, ne risqueront pas d'envenimer la
situation ou, au contraire, est-ce que ces interventions, étant
nécessaires, seront la garantie de sécurité dont nous
avons besoin pour accepter ce changement? Nous posons le grand problème
de cette période d'adaptation et de cette période d'ajustement,
etc. Ce problème, on ne peut malheureusement y répondre
présentement; je pense que nous devons à ce moment-ci laisser la
chance au coureur et permettre au ministre d'appliquer son projet de loi.
C'est dans la pratique que nous verrons encore le mieux si le projet de
loi est parfait, et s'il ne l'est pas, évidemment c'est encore dans la
pratique que nous verrons quelles seront les modifications à y apporter
dans un délai bref ou plus ou moins long.
De toute façon, il y a plusieurs questions qu'on peut se poser,
la question budgétaire, évidemment, mais on me dira que lorsqu'il
est question de la sécurité des citoyens, lorsqu'il est question
de la protection accrue des citoyens, la question budgétaire ne doit pas
être le premier barème à étudier.
J'en conviens, puisque les citoyens de plus en plus, surtout dans la
région de Montréal, et ils ont raison d'ailleurs
avec les manifestations, avec les événements que nous avons
connus, que nous connaîtrons peut-être encore, sont des gens qui
sont un peu inquiets du développement de la situation que nous
connaissons présentement.
Il y a perturbation et ces gens-là ont raison d'être
inquiets. Et devant cette situation, qui n'est voulue par personne d'entre
nous, nous reconnaissons que les corps policiers doivent être munis de
tout ce qu'il y a de plus moderne au point de vue des appareils, au point de
vue de l'outillage et au point de vue des systèmes de travail, à
tous les points de vue, pour faire face à cette situation.
En ce sens, si on assiste à un regroupement de ces forces de
police, nous avons toutes les chances que ce regroupement permette une
meilleure efficacité, une meilleure coordination des mouvements et une
meilleure protection des citoyens de la région de Montréal.
Mais est-ce que nous atteindrons ce que nous visons? C'est la question
que nous posons, parce que le bill no 281 le ministre l'a dit
lui-même est très complexe. Il est très technique.
Il y a sûrement des passages dans le bill qui seront plus ou moins
facilement applicables, mais de toute façon je crois que le ministre est
disposé à faire le maximum pour que ce bill soit appliqué
de la meilleure façon possible.
Toutefois, le ministre nous a signalé son souci de la
consultation. Et ça correspond passablement aux idées que nous
pouvons émettre. Etant donné que ce bill concerne en particulier
la région de Montréal, que les députés de
l'Assemblée nationale représentent l'ensemble du territoire du
Québec et que plusieurs d'entre eux ne sont pas localisés dans la
région même de Montréal, il est bien évident que
nous avons besoin de consulter les intéressés, et ce directement.
Le ministre l'a probablement fait, son ministère, ses fonctionnaires
l'ont sûrement fait. Mais si on nous demande à nous de formuler
une opinion, si on nous demande à nous de prendre une position
vis-à-vis de ce bill, nous sommes en droit en même temps de
demander qu'on nous permette cette facilité de consulter les
intéressés.
Je crois savoir ça ne serait dévoiler aucun
secret que le ministre est disposé à entendre les
intéressés en commission parlementaire. J'espère que mes
renseignements sont bons et qu'il est vrai que le ministre accepte de
rencontrer tous les intéressés à cette commission
parlementaire, pour nous permettre de les questionner et même à
l'occasion d'émettre certaines suggestions qui pourront peut-être
bonifier la loi.
D'un autre côté, le ministre en profitera sûrement
lui aussi pour poser des questions et il sera peut-être le premier
qui sait à offrir certaines suggestions, à la
lumière des questions qui nous seront posées, à la
lumière des témoignages que nous entendrons devant cette
commission.
Evidemment, nous serions très intéressés à
entendre devant la commission parlementaire la Fraternité des policiers
de Montréal et son président, M. Marcil ainsi que
les différentes associations de police existantes dans la région
de Montréal; également, les représentants des conseils
municipaux de la région de Montréal, ainsi que M. Saulnier
lui-même.
On a fait allusion à M. Saulnier, tantôt. On a dit qu'un
journal avait mentionné que M. Saulnier n'était pas d'accord avec
le bill. Le ministre a rétorqué que, peut-être, le titre
était tendancieux et que, dans le fond, M. Saulnier est peut-être
d'accord ou sûrement d'accord.
Evidemment, il n'y a pas de meilleure façon de le savoir que
d'avoir l'occasion d'entendre M. Saulnier lui-même devant la commission
parlementaire. Je suis certain qu'il se ferait un plaisir de venir rencontrer
des députés et je suis persuadé que le ministre se fera un
devoir de le convoquer ou de lui demander de venir devant cette commission.
M. le Président, également, nous en profiterons pour
entendre les témoignages, comme l'a dit tantôt le
député de Maskinongé, des représentants ou de la
délégation de l'Association de police de Westmount, que nous
avons eu l'honneur de rencontrer ce matin et qui nous ont fait part, de
façon très objective, de différentes dispositions qu'ils
aimeraient ou bien voir changées ou bien voir modifiées dans la
loi. Peut-être qu'ils aimeraient aussi avoir plus d'explications sur la
portée de certains articles de cette loi.
Ces personnes veulent savoir si ce bill respectera suffisamment les
droits acquis, la sécurité d'emploi, et si la classification
permettra davantage des avancements aux personnes intéressées.
Probablement que les autres associations de police auront des commentaires
à nous faire. L'association de Westmount, par exemple, n'a pas de
congés de maladie accumulés, parce que ce corps de police est
payé pour les congés de maladie au fur et à meusre que
c'est nécessaire. Donc, il n'y a pas d'accumulation de congés de
maladie, alors qu'ailleurs il y en a peut-être. Evidemment, c'est un
ajustement qui s'impose.
C'est ce genre de questions que les policiers voudraient nous poser ou
voudraient poser au ministre. C'est le genre de questions, je pense, qui, de
façon objective, peuvent nous permettre de trouver une solution
acceptable pour tous et chacun. Est-ce que la solution serait de faire une
moyenne des réserves de congés de maladie de l'île de
Montréal et de faire bénéficier ceux qui ont des
dispositions différentes, comme le groupe de policiers de Westmount,
d'un montant équivalent à la moyenne des réserves qui
existent présentement? C'est peut-être une solution. Du
côté des fonds, cette association, comme d'autres associations de
police sur l'île de Montréal, évidemment, a des fonds
d'accumulés. Alors, ces fonds-là ne sont sûrement pas les
mêmes pour toutes les associations de police existantes.
Le moyen de satisfaire tout ce monde-là, c'est peut-être de
les écouter et de prendre certaines de leurs suggestions ou même
de leur en faire. Le ministre pourrait peut-être considérer que,
du côté des fonds des différentes associations, encore
là, on établisse une certaine moyenne et qu'on permette à
ceux qui dépassent la moyenne d'être remboursés et à
ceux qui ne sont pas tout à fait dans la moyenne, de faire un certain
rattrapage sur une période donnée.
M. le Président, évidemment, beaucoup de suggestions, qui
sont, à notre avis, excellentes, nous sont faites dans le mémoire
qui nous a été présenté par l'Association des
policiers de Westmount et qui, évidemment, vous le comprendrez, a
dû être rédigé à la hâte puisque le bill
que nous avons devant nous a été déposé il y a
très peu de temps. Quand même, je reconnais et je dois souligner
l'effort que font les différents corps de police et les
différentes associations pour être présents aujourd'hui. Je
rends hommage, M. le Président, à ces associations, à la
Fraternité des policiers de Montréal, à tous ces
gens-là qui se font toujours un devoir de rencontrer les
représentants des différents partis politiques.
Je pense que c'est là un souci de démocratie de leur
part.
Ils reconnaissent, par le fait même, que les différents
partis politiques peuvent avoir des opinions politiques en ce qui concerne la
politique en général mais que sur des domaines particuliers comme
ceux-là, sur des questions particulières il y a moyen que cela se
discute au-dessus des différentes couleurs politiques et ce pour le plus
grand bien de la population concernée dont eux, les policiers, sont les
représentants appelés à assurer cette protection que nous
recherchons toujours évidemment pour l'ensemble de la population du
territoire qu'ils représentent.
Evidemment, cela nous fait plaisir de les recevoir et nous remarquons
que chaque fois qu'ils nous rencontrent, ils nous font toujours d'excellentes
suggestions dépourvues de toute partisanerie politique. Je pense que
c'est de cette façon que j'aimerais voir tous les groupements venir
rencontrer les différents partis
politiques lorsqu'ils ont, devant cette Chambre, des lois à faire
adopter ou encore des lois à discuter ou à faire discuter par
l'entremise des parlementaires.
Devant cette situation, devant la façon dont on a
procédé, devant cette courtoisie dont nous ont gratifiés
les représentants des différentes organisations de police, c'est
avec plaisir que nous irions à la commission parlementaire les
rencontrer, discuter avec eux, les questionner et au besoin même nous
laisser questionner par eux. En terminant, il s'agit maintenant pour le
ministre de nous confirmer je pense que ce sera facile pour lui, on ne
le forcera pas tellement, on n'aura pas besoin de lui forcer la main; je le
crois tout à fait disposé à rencontrer tous les
intéressés à la commission parlementaire qu'il est
d'accord et fixer la date de cette commission parlementaire.
Nous nous donnerons évidemment rendez-vous à cette
commission parlementaire pour continuer le travail que nous avons amorcé
aujourd'hui concernant le bill 281. Evidemment, je n'ai pas besoin de vous dire
qu'en deuxième lecture, sur le principe, nous allons voter en faveur du
bill, quitte à garder certaines réserves, à savoir le
résultat des discussions des la commission parlementaire. Si les
résultats de ces discussions à la commission parlementaire sont
favorables ou sont ce que nous croyons qu'ils seront, nous pourrons aussi, en
troisième lecture voter pour le bill. Pour le moment, sous toute
réserve, nous allons appuyer le bill 281 en deuxième lecture.
M. LE PRESIDENT: Le député de Maisonneuve.
M. Robert Burns
M. BURNS: M. le Président, autant émettre tout de suite la
note désagréable que je veux mettre dans ce débat. Elle
sera très brève, cependant. C'est un peu de la même
façon que le député de Maskinongé en a fait
reproche au ministre, soit de nous avoir soumis un projet de loi d'une telle
importance il y a moins d'une semaine, que nous ayons à le discuter en
deuxième lecture alors que, pour la plupart, nous n'avons pas eu, autant
que nous l'aurions voulu, la possibilité de fouiller tous les coins et
recoins de ce projet de loi et surtout sans que les parties
intéressées, que ce soit les municipalités ou encore les
fraternités, associations ou syndicats visés, aient eu le temps
d'en fouiller tous les coins et recoins.
Je me devais de faire cette remarque au début pour ensuite passer
au principe du bill lui-même avec lequel nous sommes entièrement
d'accord. Les deux grands principes qui se dégagent du projet de loi
sont celui de l'intégration des forces policières de l'île
de Montréal et celui de la mise sous contrôle de ces forces
policières, ou sous la direction du conseil de sécurité.
Nous sommes entièrement d'accord avec ces deux principes.
Cependant et c'est pour cela que je tenais à faire la remarque
préliminaire désagréable dès le début, comme
il s'agit de la Communauté urbaine de Montréal, d'une part, comme
il s'agit également de la première opération
d'intégration des forces policières, je considère ce
projet de loi comme d'une importance capitale dans le sens qu'il servira sans
aucun doute de baromètre à l'intégration des forces
policières d'autres régions éventuellement. Je pense que
le livre blanc que le ministre de la Justice a soumis à la commission
récemment est très clair sur les intentions du ministre quant
à cette généralisation de la politique
d'intégration en autant que les conditions idéales se
présentent.
Là-dessus, nous sommes d'accord avec lui. Nous sommes
particulièrement d'accord entre autres, dans le livre blanc, sur
certaines des conclusions que nous faisons nôtres à la page 131,
quand, en prenant position en faveur de la régionalisation, on nous dit:
En préférant la régionalisation à la fragmentation
des corps de police, nous retenons les avantages suivants: Premièrement,
la régionalisation évite l'enchevêtrement des juridictions
sur un même territoire. En second lieu, en regroupant les corps locaux
qui, morcelés, sont incapables, en raison des limitations dans les
ressources financières ou humaines, de remplir toutes les fonctions de
police dans un territoire, on constitue un corps de police qui peut assumer
toutes ou une partie déterminée des fonctions
policières.
Troisièmement, la régionalisation n'a pas pour effet de
faire disparaître les services donnés par les corps locaux mais
d'améliorer le service par l'institution d'un corps plus
considérable.
Quatrièmement la régionalisation facilite la coordination
des forces sur un territoire et j'en passe parce que le paragraphe est
très long la régionalisation n'écarte pas non plus,
dit le livre blanc, le concept de la représentation locale mais au
contraire y fait appel. La régionalisation permet aussi de tenir compte
des particularités d'une région.
A cela, j'ajoute que, par l'amélioration des forces
policières dans une région, on ne peut que contribuer à
revaloriser la fonction de policier, qui, je l'admets, n'est pas toujours
facile à remplir.
Certains députés ont fait mention des problèmes
sociaux qui agitent constamment en particulier la région
métropolitaine. Je sais que les policiers eux-mêmes souffrent de
cette situation où très souvent ils servent de bouclier à
des institutions en place, plus particulièrement à
Montréal les événements récents en ont
été un exemple servent de bouclier à des personnes
qui se cachent derrière les forces policières. Au fond, on fait
faire aux policiers un travail qui n'est pas agréable pour eux,
qu'il
est nécessaire, dans certains cas, pour eux d'accomplir. C'est
pour ça que je suis d'autant plus d'accord sur une forme
d'intégration ou de régionalisation qui contribuera, je pense,
à revaloriser le travail du policier, à augmenter son
efficacité et surtout c'est une autre raison que j'ajoute en
faveur de l'intégration des forces policières cela va
retirer les corps policiers de la domination, et le mot n'est pas très
fort dans certains cas, de certaines administrations municipales locales.
On pourrait croire, quand on parle de domination d'administrations
locales, que ça ne s'applique qu'à de petites
municipalités, qu'à de petits conseils municipaux. Mais, nous
avons eu un exemple très récent à Montréal
même lors du naufrage d'un certain vaisseau où une personne
dirigeante de la municipalité de Montréal a écarté
très gentiment des policiers qui avaient été
appelés par des citoyens sur les lieux.
Je pense que c'est peut-être l'exemple le plus concret et le plus
clair d'un autre avantage qui n'est peut-être pas mentionné dans
le livre blanc mais qui vaut la peine de l'être en faveur de
l'intégration ou de la régionalisation des forces
policières. Ceci m'amène à dire que c'est aussi pour cette
raison que je suis favorable à la mise sous direction des corps
policiers d'un organisme qu'on appelle le conseil de sécurité,
qui, ne nous le cachons pas, dans le cas du projet de loi no 281, sera,
jusqu'à un certain point, sous contrôle gouvernemental par voie de
nomination.
Encore une fois, je suis entièrement d'accord. Il n'est pas
normal qu'on laisse des autorités locales qui, souvent, fonctionnent en
vertu d'intérêts très particuliers, comme je l'ai
mentionné tantôt, diriger une force aussi importante que la force
policière. Je préfère énormément un conseil
de sécurité où la moitié des nominations, y compris
celle du président, qui a vote prépondérant en cas
d'égalité, vient du gouvernement et par voie de
conséquence, contrôle gouvernemental jusqu'à un certain
point, de façon indirecte, de ces conseils de sécurité
à un contrôle qui risque d'être typiquement d'ordre
particulier.
Cependant, je me pose certaines questions relativement à d'autres
principes qui apparaissent dans le bill, qui n'en sont peut-être pas les
principes fondamentaux, mais qu'on ne peut pas écarter en cas
d'intégration.
J'ouvre une parenthèse ici tout simplement pour dire que je suis
heureux, comme les autres députés de l'Opposition qui se sont
exprimés sur le sujet, de savoir que le ministre, comme il nous
l'annonçait lors des séances de la commission permanente de la
Justice, la semaine dernière, a l'intention de soumettre le projet de
loi aux parties qui voudront se faire entendre. Je pense que ce sont elles qui
pourront venir nous éclairer sur certains points qui, pour moi, à
ce stade-ci, sont des points d'inquiétudes. Je ne veux...
M. PAUL: Est-ce que je peux poser une question à mon honorable
collègue?
M. BURNS: Certainement.
M. PAUL: Est-ce que, par hasard, il aurait eu des confidences que je
n'ai pas eues quant à la convocation de la commission parlementaire?
M. BURNS: M. le Président, je n'ai eu aucune confidence, sauf que
j'ai posé la question au ministre de la Justice, la semaine
dernière. Le député de Maskinongé, je crois,
était présent. Le ministre a dit: Oui, je pense que s'il y a des
gens qui veulent se faire entendre, nous les entendrons. Or, je pense que les
députés de Rouyn-Noranda et de Maskinongé se sont
référés entre autres à des représentations
de la part de l'Association des policiers de Westmount, que j'ai reçues
également sous forme de copie de lettre adressée au ministre de
la Justice. J'en ai reçu également de la part de la
Fraternité des policiers de Beacons-field et de la part de la
Fraternité des policiers de Hamstead. Je présume que plusieurs
autres fraternités, ayant discuté avec des représentants
de diverses fraternités, associations ou syndicats de policiers, ont
l'intention de faire de même.
N'ayant pas reçu de confidence précise à ce sujet,
mais additionnant le fait que le ministre, nous dit que s'il y a des personnes
qui sont intéressées à se faire entendre il sera
prêt à les entendre et sachant que déjà au moins
trois associations veulent se faire entendre, je présume qu'il va de soi
qu'il y aura commission parlementaire pour entendre ces personnes.
Personnellement, de toute façon, je trouve qu'il serait
souhaitable que cela ait lieu, que ces personnes viennent nous faire part de
leurs points de vue non seulement sur les choses qui les concernent
immédiatement et quand je parle des choses qui les concernent
immédiatement, je pense surtout aux associations syndicales mais
aussi sur des problèmes peut-être plus généraux.
Entre autres, dans le projet de loi, une de mes inquiétudes est
née à la lecture d'un article que je ne citerai évidemment
pas, pour être conforme au règlement, mais qui nous laisse
entendre que le conseil de sécurité devra dresser son budget
chaque année pour l'exercice financier qui vient, le déposer chez
le secrétaire de la communauté avec son rapport annuel et que
là, ce budget préparé par le conseil de
sécurité fera partie du budget de la communauté urbaine.
Là-dessus, je me pose de sérieuses questions. Peut-être que
le député de Robert-Baldwin m'appuiera là-dessus et se
posera des questions du même genre. Je ne veux pas lui imputer
d'intentions, mais je présume que c'est une de ses
préoccupations.
Je me demande donc si, véritablement, on ne fausse pas le
rôle des personnes élues à l'échelon municipal si le
conseil est contrôlé par l'Etat québécois,
contrôlé indirectement, le ministre
pourra faire les distinctions, je présume. Mais il reste quand
même qu'il y a contrôle de l'Etat québécois, celui
qui nomme, contrôle jusqu'à un certain point, et, en l'occurence,
il nomme de façon majoritaire. Je me demande si on ne fausse pas, dis-je
le rôle des élus municipaux qui, eux, quand ils retournent chacun
dans leur municipalité, doivent justifier auprès de leurs
contribuables des augmentations de taxes, si nécessaire.
Or, la préparation du budget de police, en vertu de ce projet de
loi, est, à toutes fins pratiques, laissée à des corps
autres que ceux qui sont élus localement. Je n'ai pas de solution
à présenter au ministre à ce sujet. Je ne fais tout
simplement que me poser la question tout haut, à savoir quelles
conséquences cela pourrait avoir. Est-ce que M. le maire de telle ou
telle municipalité, quand il retournera chez ses contribuables, devra se
cacher derrière le projet de loi no 281? J'espère que non. Est-ce
que, d'autre part, ce n'est pas cela qu'on voulait dire dans le projet de loi
et que le texte est imparfaitement rédigé? Encore une fois, ce
sera peut-être quelque chose que le ministre pourra nous dire
éventuellement. Mais quant à ce problème
budgétaire, ou bien on accepte ce principe que les personnes
nommées par l'échelon québécois, par
l'Assemblée nationale, plutôt par le lieutenant-gouverneur en
conseil, peuvent poser de tels gestes, et alors s'ensuit, comme voie de
conséquence, ce avec quoi je n'ai pas, en principe, d'objetion, le fait
que l'Etat québécois devra donner un coup de main à la
Communauté urbaine de Montréal et aux autres communautés
qui auront à faire face à ces mêmes problèmes.
Je conçois difficilement que ce conseil de sécurité
dépose, sans plus, son projet de budget et que ce projet de budget, sans
autre forme de discussion à moins que le ministre, encore une
fois, nous dise que le texte, ce n'est pas cela qu'il voulait lui faire dire
doive intégrer à son budget, donc au budget de l'ensemble
de la communauté urbaine, un projet décidé par des
personnes majoritairement nommées par l'Etat québécois.
Alors, là-dessus, je me pose de très sérieuses
questions.
Relativement, d'autre part, à un énoncé qui, pour
moi, est un principe très important, qu'on retrouve également
à un autre article du projet de loi que je m'abstiendrai de citer, c'est
surtout le texte qui nous laisse entendre que le conseil de
sécurité devra, sans délai, soumettre à la
Communauté urbaine de Montréal un projet de règlements
uniformisant les divers règlements des municipalités concernant
des matières de maintien d'ordre et de sécurité
publics.
A une autre partie du projet de loi, on s'aperçoit
qu'évidemment il y a le mécanisme de rapport qui doit être
fait au lieutenant-gouverneur en conseil de ces constatations d'uniformisation.
Je veux bien que cela existe. Mais il reste quand même que si l'on s'y
arrête, quand on pense à une réglementation en
matiè- re de maintien d'ordre et de sécurité publics, on
risque, je ne dis pas qu'à tout coup on le fait, de toucher à des
libertés fondamentales, à des droits civils fondamentaux et, par
le fait même, on réussirait peut-être, je ne le souhaite
pas, je souhaite exactement le contraire, à restreindre ces
libertés fondamentales non pas par voie de législation comme ce
serait normal mais par voie d'une simple réglementation
recommandée par le conseil de sécurité et endossée
par le lieutenant-gouverneur en conseil.
Alors, sur ce point, je me pose également de très
sérieuses questions et cet énoncé, d'ailleurs, est tout
à fait, dans le projet de loi, conforme à la recommandation 95
que nous retrouvons dans le livre blanc du ministre de la Justice.
La proposition se lit comme suit: "Que, sous l'autorité du
ministre de la Justice et du ministre des Affaires municipales, soit
adopté un règlement uniforme relatif au maintien de la paix, de
l'ordre et de la sécurité publique dans les municipalités
et que, sur approbation de tel règlement par le lieutenant-gouverneur en
conseil, les dispositions réglementaires des divers règlements
municipaux sur le sujet cessent d'avoir force de loi." Donc, cette
réglementation, elle, a force de loi.
La recommandation 95 est tout à fait conforme à ce
principe que nous retrouvons dans le projet de loi no 281, mais,
personnellement, je ne pourrai jamais être d'accord avec le fait qu'on
puisse, même de façon très indirecte, limiter des droits
fondamentaux par voie de réglementation et que ce ne soit pas les gens
qui ont été élus à l'Assemblée nationale
et, pour le moment, ceux qui ont été élus à
la Chambre des communes qui puissent limiter ces libertés
fondamentales, si c'est ça que ça peut donner comme
résultat, et je le pense.
Dès qu'on parle du maintien de l'ordre, de la paix et de la
sécurité publique, il est fort possible, M. le Président,
que des règlements interviennent de façon que ces libertés
fondamentales soient, sinon abolies, du moins, dans certains cas, très
réduites. On n'a qu'à penser au règlement 3926 qui,
actuellement, est contesté à Montréal et auquel le
ministre, dans certaines de ses interventions, a fait référence
comme étant un des règlements possibles en faveur du maintien de
l'ordre, de la sécurité publique et de la paix.
Sur ce point, M. le Président, non seulement je
préférerais, mais j'insisterais pour que toute
réglementation de cette nature vienne à régir les gens de
la Communauté urbaine de Montréal par voie de législation
si nécessaire et, si possible ce serait encore plus souhaitable
par voie de législation générale applicable
à toute la province.
Enfin, M. le Président c'est peut-être la
dernière réserve que j'ai relativement à ce projet de loi,
mais sans doute, en ce qui me concerne, la réserve la plus importante
en lisant le projet de loi, je constate qu'on parle
d'intégra-
tion. Je constate que tout le monde est d'accord avec
l'intégration. Au fond, si on se pose la question: Qu'est-ce que c'est
que l'intégration, à Montréal, ça veut dire
réduire à un corps de police 24 ou 25 corps de police. Ce que je
ne voudrais pas, c'est que cette intégration se fasse sur le dos des
policiers eux-mêmes. Je m'inquiète particulièrement sur ce
point à la lecture du projet de loi parce que, tout en parlant du
principe de l'intégration, on ne nous parle pas de mécanismes
précis d'intégration.
Au contraire, on nous laisse entendre qu'il y aura des mécanismes
d'intégration qui pourront nuire aux droits acquis des policiers.
Même si cela est souhaitable, même si tout le monde fait
l'unanimité autour du principe de l'intégration des forces
policières à Montréal, je dis que cela ne doit pas se
faire sur le dos des policiers.
Derrière l'uniforme que, très souvent, certaines gens, et
moi-même le premier, ont eu l'occasion de critiquer, il y a quand
même le salarié, le travailleur qui s'appelle en l'occurrence le
policier, qui a des droits acquis. Je me réfère à ce que
le député de Maskinongé disait tantôt. C'est un fait
que les policiers de Montréal composent un corps de police je ne
me suis jamais caché pour le dire très
perfectionné, probablement, sans vouloir choquer les gens de la
Sûreté du Québec, un des corps les mieux organisés
au Québec. Mais il ne faut pas oublier qu'il y en a 24 autres aussi.
Les inquiétudes, justement, d'associations comme celles de
Hampstead, Westmount et la troisième, Beaconsfield, et les autres qui
viendront sans doute, nous démontrent que, même si ce grand corps
de police qui s'appelle le corps des policiers de Montréal va être
le coeur ou la cheville ouvrière de cette intégration, il ne
faudra sûrement pas oublier comment on va intégrer les gens qui
ont déjà des conditions de travail, qui se sont
déjà battus pour les obtenir, par voie de négociation, par
voie d'arbitrage dans bien des cas.
Encore une fois à la lecture d'un des articles du projet de loi,
je ne peux que me poser de très sérieuses questions quand je lis
que le plus tôt possible la Commission de police du Québec devra
procéder à l'évaluation du personnel policier, ainsi
qu'à la normalisation des grades et des fonctions des membres des corps
de police, etc.
Si j'étais policier de l'une ou l'autre de ces
municipalités-là, je me sentirais en droit d'être
très inquiet. On parle d'intégration, mais on ne parle pas de
mécanismes.
Est-ce qu'à cette opération d'évaluation du
personnel policier et de normalisation des grades, etc, les fraternités,
syndicats et associations de policiers vont avoir droit de parole? Ils vont
avoir droit de parole me fait signe le ministre mais dans un
cadre très restreint, lorsqu'on leur dira: Vous faites vos
représentations et après ça nous, nous faisons rapport;
ensuite c'est ça qui va s'appliquer. Cela m'inquiète
énormément.
On a exprimé une autre chose dans les lettres adressées au
ministre de la Justice. Dans cet article que je ne peux pas citer dans mon
discours de deuxième lecture, on peut lire quand même un
énoncé qui fait que le conseil de sécurité peut
annuler toute augmentation de traitement ou d'avantages sociaux consentis par
une municipalité après le 1er septembre 1971.
Or, des conventions collectives ont été signées
après le 1er septembre 1971. Il y en a. Le ministre a l'air d'en douter.
Nous allons trouver entre autres, c'est l'une des trois je ne veux pas
faire perdre le temps de la Chambre soit Hampstead, Beaconsfield ou
Westmount parce que j'ai lu ça tantôt avant de vous en
parler. Ou encore plus d'une des trois a signé une convention collective
postérieurement à cette date.
Vous avez également le problème des fonds de pension des
policiers qui, à mon avis, est traité très à la
légère. Surtout quand on retrouve à certains endroits dans
le bill que la communauté urbaine ne devra pas assumer le déficit
actuariel. Cela semble peut-être ne vouloir rien dire, mais je le demande
au ministre; peut-être le sait-il et pourra-t-il calmer mes
inquiétudes là-dessus. Peut-être n'y en a-t-il pas de
déficit actuariel dans l'un ou l'autre des plans de pension qui vont
être intégrés.
S'il n'y en a pas, il n'y a pas de problème, mais ça me
surprendrait beaucoup puisqu'on prend la peine dans le bill de dire que la
communauté urbaine n'assumera pas les déficits actuariels.
Habituellement un législateur intelligent, je pense, rédige un
texte pour qu'il ait un effet plutôt qu'il n'en ait pas. C'est un des
principes de droit les plus fondamentaux que le ministre de la Justice
connaît sans doute encore mieux que moi.
Mais qu'est-ce qui va advenir de ces déficits actuariels? C'est
une question qu'il faudra se poser et tenter d'y trouver une solution. Est-ce
que ce sont les policiers qui vont faire les frais de ça? Est-ce que ce
sont les municipalités individuellement? La réponse viendra en
temps et lieu. J'espère qu'il me rassurera.
Encore une fois c'est ce que je veux dire quand je dis que
j'espère qu'on nous assurera que cette intégration-là ne
se fera pas sur le dos des policiers. Egalement, M. le Président, dans
la région de Montréal, j'ai été
étonné d'apprendre qu'il y a, je pense, quatorze corps qui sont
également des policiers et pompiers. Comment va-t-on régler pour
eux cette intégration-là?
Dans certains cas, il y a des policiers qui, agissant comme pompiers,
reçoivent un surplus annuel et ont des conditions particulières
de travail. Comment va-t-on pouvoir faire cette uniformisation qu'on veut
faire? Il y a également, et je cite un autre exemple qui est verifiable
dans les faits...
M. CHOQUETTE: Vous seriez peut-être mieux en commission avec un
discours comme ça.
M. BURNS: Je vous dis, tout simplement, les choses que, selon moi, le
projet de loi ne semble pas couvrir et que j'aimerais voir couvrir. J'aime
autant le faire tout de suite, parce que, après l'adoption de la
deuxième lecture on se dirigera sans doute en commission parlementaire.
Comme il est à présumer que cette adoption sera faite ce soir,
puisqu'il semble que tous les partis en Chambre soient d'accord, je veux, en ce
qui me concerne, orienter le sens de mes inquiétudes. Si vous le voulez,
M. le Président, je voudrais juste expliquer dans quel sens je l'ai
fait. Ces questions-là sont je suis d'accord avec le ministre
des questions que je pourrais poser en commission, mais je les relie au
fait qu'à mon avis les mécanismes de l'intégration ne sont
pas assez précis. Pour moi, les mécanismes d'intégration
sont une chose très importante, reliée intimement aux
principes.
De toute façon, M. le Président, je terminais tout
simplement sur un dernier exemple. On sait que, dans la région
métropolitaine, il y a un certain nombre de policiers qui, de par la
situation locale de leurs municipalités, n'ont pas à être
bilingues. Cela va peut-être vous surprendre que je me porte à la
défense des policiers unilingues anglais, mais c'est ce que je fais
exactement en vous disant que je ne trouve pas et que je ne trouverais pas
normal que, dans ce grand processus d'uniformisation auquel il est fait
référence dans le projet de loi, on ne tienne pas compte
justement de cette situation, qu'on peut déplorer, avec laquelle on peut
ne pas être d'accord, mais dans laquelle un certain nombre de policiers
se sont installés à cause de facteurs très locaux.
Je vois mal, par exemple, un policier d'une certaine
municipalité, qui est unilingue anglais, à cause de son
intégration, se faire transférer dans un quartier francophone
à Montréal. Il reste que c'est une inquiétude pour le
policier en question. Comment va-t-on arriver à l'amener au niveau de
l'ensemble des policiers de la région métropolitaine? Je pense
qu'il faudra qu'on nous le dise et ça entre dans les mécanismes
qui ne sont pas couverts.
Nous aurons, M. le Président, d'autres remarques
éventuellement à faire qui sont beaucoup plus précises et
qui s'appliquent beaucoup plus directement à des articles, mais, dans
l'ensemble, ce sont les remarques que nous avions à faire sur le projet
de loi. Une seule en terminant, c'est la présence des
fraternités, des syndicats et des associations de policiers. Je voudrais
qu'elle soit clairement établie et non pas uniquement escamotée
avec une possibilité, pendant une période d'une quinzaine de
jours, d'aller se faire entendre, etc., à la suite de quoi une
décision serait rendue.
Je comprends, M. le Président, que le président de la
Communauté urbaine de Montréal réclame à hauts cris
cette législation. Je comprends aussi que, quand le président de
la Communauté urbaine de Montréal crie, comme il le fait, pour
une législation, il y a des gens en face qui s'énervent, puis qui
ont hâte de se rendre au désir de M. Saulnier. Si, comme,
d'ailleurs, la majorité des gens, je le présume, je devrais
même dire, en vertu du règlement, la totalité des gens dans
cette Chambre le font, nous prenons notre rôle au sérieux,
à ce moment-là, je pense que nous n'avons qu'une chose à
faire.
Si M. Saulnier est trop pressé pour son projet de loi, nous le
laisserons crier et nous n'adopterons pas à la vapeur des projets de loi
qui risquent de causer des dommages très sérieux à des
personnes qui, en définitive, feraient les frais d'une
intégration alors qu'au fond ce qu'on veut, c'est un changement de
structures. Or, derrière les structures c'est ce que je veux
qu'on n'oublie pas dans l'étude de ce projet de loi il arrive
qu'il y a des hommes. Des hommes, on ne change pas cela comme des structures.
Des hommes qui ont des droits acquis, qui ont des conditions de travail, il
faudra qu'on en tienne compte.
C'est pour cela que je veux, même si le temps est un facteur dans
ce cas, voir les associations représentatives des policiers
présentes à tous les échelons de cette mise en place qu'on
appelle l'intégration de la communauté urbaine.
M. LE PRESIDENT (Hardy): L'honorable député de
Robert-Baldwin.
M. Arthur-E. Séguin
M. SEGUIN: M. le Président, j'ai écouté avec
énormément d'intérêt, durant une partie de
l'après-midi et surtout ce soir, les propos tenus par trois ou quatre de
mes collègues. Je voudrais dire immédiatement, en ce qui concerne
le député de Maisonneuve, que lorsqu'il se pose des questions au
sujet du principe de détermination budgétaire par le conseil de
sécurité, c'est un propos très intéressant et qui
ne me déplaît aucunement, avec certaines autres objections que je
pourrais avoir en ce qui concerne le bill et l'intégration.
Je me pose les mêmes questions que le député de
Maisonneuve, leader en Chambre du Parti québécois, s'est
posées au sujet des modalités et au sujet justement de la
position que pourraient occuper certains policiers et certains corps policiers
que nous reconnaissons présentement dans l'île de
Montréal comme étant en fait 22 ou 23 corps distincts. J'ai
entendu les propos du député de Rouyn-Noranda qui, même
hésitant, a voulu indiquer qu'il avait certaines réserves au
sujet du bill. Même si, à l'occasion de ses commentaires, il a
voulu se prononcer pour le principe, il a quand même indiqué qu'il
avait certaines réserves et qu'il voulait surtout entendre ceux qui
voudraient se présenter devant une commission parlementaire et essayer
de comprendre leur point de vue.
J'ai écouté également les propos du
député de Maskinongé qui, avec son éloquence
habituel-
le et sa façon de bien présenter les choses, nous a dit,
en cette période de Noël: Paix sur la terre aux hommes de bonne
volonté. Il est quasi impossible qu'en cette occasion les gens ne
s'entendent pas et ne se donnent pas la main autour de ce projet de loi pour
l'approuver immédiatement.
Je comprends son attitude pour la simple raison que c'est son
gouvernement qui, en 1969, a créé la communauté urbaine
avec le bill no 75 de l'époque. Comme il en était quasi
co-parrain, à la suite de ce qu'on peut lire dans le journal des
Débats, je comprends qu'il puisse avoir un intérêt tout
particulier à approuver tous les principes qu'on voudra apporter
entourant ou améliorant le bill no 75 ou la Loi de la communauté
urbaine.
Le ministre nous a expliqué d'une façon très
éloquente et très détaillée son point de vue en ce
qui concerne ce projet d'intégration. Dans ses propos et au cours de
l'explication des faits qu'il nous a exposés, j'ai reconnu en lui
l'excellent vendeur; j'ai reconnu en lui l'excellence, si vous voulez du
"soft-sell"; c'est dire qu'il ne s'agissait aucunement d'imposer à qui
que ce soit quoi que ce soit, mais qu'il s'agissait tout simplement de
reconnaître l'inévitable. Si le viol est inévitable, il
s'agit d'en tirer le meilleur parti possible.
Alors, je comprends et je reconnais son attitude en l'occurence. Je
regrette tout de même qu'en présentant ce projet de loi on tombe
exactement dans le même panneau que la communauté urbaine en
présentant le règlement 26 l'an dernier. Avec le règlement
26 de la communauté urbaine et encore avec ce projet de loi no 281, nous
partons immédiatement dès une certaine date avec
l'intégration, quitte ensuite à essayer de trouver les solutions
au cours des mois prochains. C'est le même problème qui existait
avec le règlement 26. On me dira: Non, on établit dans le nouveau
projet de loi certaines modalités. Je reconnais qu'il y a une
amélioration mais nous sommes quand même tombés dans le
même panneau, dans le même problème, dans la même
situation; en établissant l'intégration immédiatement
à une certaine date, quitte ensuite à se reconnaître
à l'avenir, c'est six de l'un et une demi-douzaine de l'autre. C'est
à peu près la même chose mais on emploie des termes
différents pour s'exprimer.
Je voudrais, si vous voulez, faire miens les propos suivants. Je ne
citerai le nom de qui que ce soit mais je dirai que c'est en date du 10
décembre 1969. Je voudrais qu'on reconnaisse les paroles que je lirai
comme faisant partie intégrale de ce que je veux dire ce soir.
Je voudrais tenir les propos suivants à cette Assemblée:
"Est-ce que l'on veut intégrer pour des raisons d'efficacité, de
services accrus ou est-ce que l'on veut intégrer pour des questions de
répartition du coût du service de police de Montréal
à tous les contribuables de l'île de Montréal
première question Je pense qu'il faut se poser la question. On
peut considérer le service que l'on rend à l'ensemble de la
population ou encore le coût. Evidemment, si le président de la
communauté urbaine je ne nomme personne mais le personnage
et les autorités de la ville de Montréal peuvent justifier qu'ils
sont obligés de supporter un coût additionnel qui libère en
quelque sorte les contribuables locaux ou ceux des municipalités de
banlieue et, en fait, leur donne un avantage, à ce moment-là,
j'aimerais qu'on en fasse la preuve devant la commission". Je reviens avec
cette même question à l'occasion du bill 281; qu'on fasse la
preuve qu'on tient sur cette question du bill 281. De preuve, il n'en existe
pas à ma connaissance. Je continue à citer le texte à la
page 4075, le mercredi 10 décembre 1969: "Mais je n'admets pas, M. le
Président comme le ministre le fait comme prémisse,
que nécessairement l'intégration représente une
amélioration du service policier dans les banlieues et dans les
municipalités avoisinantes de Montréal. Je ne sais pas si c'est
assez clair. Est-ce que l'on envisage l'intégration des forces
policières sous son aspect financier ou sous un aspect
économique, principalement, ou est-ce qu'on l'envisage parce que c'est
une nécessité au plan du service et de protection à donner
à tous les citoyens des banlieues? Sur le plan de l'efficacité,
je doute que la raison principale soit la question du service, parce que des
banlieues se trouvent assez bien servies par leurs corps policiers, tels qu'ils
existent à l'heure actuelle. Je me dis que c'est une opération
financière. "J'en arrive à la conclusion que l'intégration
des corps de police est, principalement, une opération financière
dans l'esprit du ministre et dans l'esprit des autorités de la ville de
Montréal. Mais, si cela est nécessaire, qu'on nous en fasse la
preuve, qu'on nous apporte des chiffres, qu'on nous démontre que la
ville de Montréal dépense plus qu'elle ne doit, que ses
contribuables sont obligés de supporter un fardeau fiscal indu et que
les contribuables des municipalités avoisinantes s'en tirent
avantageusement à cause de la simple présence du corps policier
de la ville de Montréal".
Je voudrais m'empresser de dire, après ces paroles, que je suis
totalement et parfaitement d'accord avec le député d'Outremont.
Parfaitement d'accord jusqu'à maintenant, aucun problème en ce
qui concerne le bill 281, si les propos tiennent.
M. CHOQUETTE: J'ai fait le discours que le ministre des Affaires
municipales aurait dû faire en 1969.
M. SEGUIN: Alors, je reviens à cette partie économique et
je donne à la Chambre et à mes distingués collègues
les commentaires suivants sur la base économique. Je vous demande s'il y
a justice en réalité, en prenant le bill 281 tel qu'il est et tel
qu'il existe et tel qu'il nous est présenté et même avec
certains amendements,
tant qu'on maintiendra le principe, et si, en réalité, on
est sincère en disant: intégration il faut, implication
économique et financière, on y verra. Parce que, en fait, c'est
ce que le bill nous dit. Intégration en janvier, on verra plus tard.
Voici l'estimation du président de la Communauté urbaine
de Montréal, estimation pour les coûts de la police pour 1972,
telle que parue dans le Montreal Star en fin de semaine. J'ai remarqué
les commentaires qu'a faits le ministre cet après-midi, commentaires que
les journaux auraient pu, d'une façon ou d'une autre, exagérer.
Mais prenons ce qui a été écrit. On avait
suggéré que le coût de la police pour 1972 serait de
l'ordre de $90 millions. De ces $90 millions, enlevez le montant que la
communauté urbaine reçoit de sa taxe de $0.40 par $100
d'évaluation sur les immeubles de $100,000 et plus, soit un revenu pour
la communauté urbaine de $16 millions. Alors, des $90 millions, enlevez
$16 millions et je crois que le solde serait de $74 millions et je prends des
chiffres ronds.
En date du 2 août 1971, les évaluations de la
communauté urbaine se chiffraient par $10,743,741,000, et les cents, on
les donnera à la quête. Pour Montréal, les
évaluations sont de l'ordre de $6,273,867,000. Pour les banlieues,
$4,469,854,000, soit la répartition, dans les deux camps, de
l'évaluation totale de $10 milliards. Si on distribue $64 millions
à la population, cela représenterait ou à
l'évaluation .688888 et à l'infini, donc $0.69 par $100
d'évaluation. Je vous donne les exemples suivants: Dans la ville de
Pointe-Claire, les évaluations imposables sont de l'ordre de
$220,736,000 présentement multipliés par vos $0.69 ou $0.68 si
vous voulez, cela représente une somme de $1,500,000. Plus la taxe
perçue des $0.40 qui représente $346,845 pour un total de
$1,800,000. Le budget de la municipalité pour l'année 1972, pour
son service de police représente $743,000 avec un service total et
complet.
Pour avoir le bénéfice de l'intégration, à
partir du 1er janvier, cette municipalité pourrait s'attendre à
payer non pas $743,000 mais $1,800,000 soit pour un service équivalent
ou égal ou un service moindre. Certainement pas plus.
La ville de Beaconsfield, dans le secteur ouest de la ville, aura un
compte à payer, pour la police, de l'ordre de $824,000, toujours en me
basant sur le même calcul, sur les mêmes chiffres
énoncés auparavant, $824,935 à comparer à son
coût budgétaire présent $330,000.
Montréal-Nord, me basant encore sur les mêmes chiffres, se
verra forcée à payer, pour un service intégré,
$2,118 millions. Dans le budget actuel de la ville de Pierrefonds, le
coût de police est de $425,000; avec l'intégration, ce chiffre
serait dans les environs de $1 million. Dans chaque cas, nous avons des
augmentations, pour le service intégré, de l'ordre de 200 p.c,
250 p.c. et de 300 p.c.
M. CHOQUETTE: Est-ce que le député me permet une question?
Est-ce que les chiffres qu'il cite seraient fondés sur une
intégration budgétaire des corps de police, tel que cela existe
en vertu de la Loi de la Communauté urbaine de Montréal actuelle
ou si on suppose que la Loi de la Communauté urbaine de Montréal
n'existe pas?
M. SEGUIN: Les chiffres que je donne, par exemple, $330,000 à
Beaconsfield, représentent les estimations budgétaires de ces
villes pour leur service de police...
M. CHOQUETTE: A eux.
M. SEGUIN: ... représentant un montant net, une fois qu'ils
auraient reçu les redevances, s'il y en a, de la communauté
urbaine. C'est le chiffre net budgétaire.
M. CHOQUETTE: Abstraction faite de leur obligation de contribuer au
budget général de la police à Montréal, sans
intégration?
M. SEGUIN: C'est ça.
M. CHOQUETTE: Les chiffres que le député nous donne
représentent les coûts encourus par les municipalités,
qu'il y ait ou qu'il n'y ait pas intégration de la police.
M. SEGUIN: Non, je dis que le montant de $330,000, M. le
Président, représente le chiffre net, une fois que les ristournes
de la communauté urbaine ont été faites à la
municipalité. C'est le coût net à la municipalité de
Beaconsfield: $330,000 pour son service, mais, avec l'intégration et sa
part des $15 millions additionnels qui ont été autorisés
par le bill 75, la semaine dernière, le coût serait majoré
et porté, à ce moment-là, à $824,934, soit
au-delà de 200 p.c. d'augmentations pour l'année,
c'est-à-dire seize mois. Les quatre mois précédents, c'est
à ajouter aux huit mois. On a déjà payé un montant,
par exemple, à la communauté urbaine. Oublions ces quatre
mois-là et disons douze mois sur les seize. Pour les douze mois, ce sont
ces chiffres-là.
Même si nous acceptons le principe qu'il y a des
municipalités ou des secteurs de l'île de Montréal qui sont
peut-être reconnus, avec raison ou non, peu m'importe, comme étant
plus fortunés et plus capables de payer, il faut quand même
reconnaître que, dans ces municipalités, il y a un très
grand nombre de gens qui ont un revenu fixe. Un très grand nombre de
gens ont un salaire que nous pouvons considérer comme minimum,
même si un fort pourcentage de la population aurait peut-être les
moyens, en se serrant la taille et la ceinture, de payer.
Mais qu'est-ce que ces municipalités vont faire pour payer une
majoration de $200 ou de $250 pour le coût de police simplement, quand on
considère que, dans tous ces secteurs, il existe présentement une
majoration de taxes
pour fins de salaires, fins de contrats, fins de services municipaux? Il
y a une limite!
Il ne s'agit pas ici de défendre celui qui peut payer, mais il
s'agit surtout de défendre celui qui ne peut pas payer. Qu'est-ce qu'il
va faire? Est-ce que ce coût additionnel de $125 ou de $150 par
année pour le service police va l'empêcher de demeurer dans sa
résidence, dans sa maison? Est-ce que cela va forcer, cet
individu-là, à occuper un milieu inférieur à celui
qu'il a présentement, soit en qualité, en grandeur ou en
quantité? Je ne le sais pas. Ce sont des préoccupations, ce sont
des questions qu'on se pose.
Alors, je reviens au bill 275 et j'essaie, M. le Président,
d'éviter de faire allusion à un article plutôt qu'à
un autre ou d'y référer. Le règlement ne me le permet pas.
Je voudrais rester sur les grands principes, si vous voulez, entourant la
présentation du projet de loi no 281 sur l'intégration.
Tous les mémoires que nous avons vus jusqu'à
présent, ceux de Beaconsfield, de Westmount et de Hampstead ou encore
les mémoires qu'on aura lus ou étudiés devant la
commission parlementaire de la Justice, à l'occasion de l'étude
du livre blanc sur la sécurité des citoyens seront inclus. Chacun
de ces mémoires sans exception, a commenté à profusion les
conditions de travail, les avantages sociaux, les conditions de pension et, si
ma. mémoire est fidèle, aucun des mémoires ne nous a
donné l'assurance qu'avec l'intégration ou une
réorganisation des structures de la police on pourrait, d'une
façon ou d'une autre, si peu soit-il, améliorer
l'efficacité ou le service au citoyen.
Encore là, M. le Président, je me pose une question. Je
suis très intéressé aux avantages sociaux du policier. Je
suis très intéressé, comme tous les membres de
l'Assemblée nationale, sans doute, à ce que chaque policier ait
son droit, le salaire qui lui convienne, son fonds de pension. Cela nous
intéresse, sans quoi nous serions contre la maternité et en
faveur du péché. Mais quand viendront-ils nous dire de quelle
façon, avec l'augmentation continuelle des charges, des taux et des
prix, ils nous donneront "100 cents dans la piastre" de rendement et
d'efficacité? Je n'ai pas vu cela dans les mémoires qui ont
été présentés.
Un autre fait à noter, c'est que chaque mémoire qui a
été présenté devant cette commission parlementaire
nous est parvenu d'une association d'employés. Avez-vous eu
connaissance, avez-vous entendu parler ou vous a-t-on donné
l'explication de la part de l'administrateur, du directeur, de l'échelon
des officiers et des administrateurs de ces corps de police? Non. Pourquoi
sont-ils dans le silence? Je ne le sais pas. Encore là, je me pose des
questions en ce qui concerne la réglementation future à
l'intérieur de l'intégration.
Doit-on conclure naturellement que plus nous dépensons, plus nous
donnons de centralisation, plus nous syndicalisons, plus nous don- nons
d'avantages sociaux, plus nous donnons de plans de retraite bien
structurés, bien garantis, bien capitalisés, plus
l'efficacité ou encore les résultats impossibles à
atteindre, jusqu'à maintenant, découleront naturellement de cette
procédure? Encore là, je me pose une question.
Le projet de loi fait même, à plusieurs reprises, une
distinction entre Montréal, d'un côté, et les autres.
Quelle distinction que d'être parmi les autres? Je me demande encore ce
que cela veut dire. Les autres municipalités, sans doute.
M. le Président, si nous voulons réellement former une
force policière intégrée, si nous voulons
réellement contribuer à l'efficacité, au rendement total
de cette force, de ce groupement qui doit avoir un seul intérêt,
soit de fournir à nos citoyens la sécurité qui leur est
due et pour laquelle ils paient, ne devrait-on pas toujours considérer
sur un pied d'égalité et les policiers de banlieue et les
policiers de la ville de Montréal? Pourquoi fait-on constamment cette
répartition entre les deux? Pourquoi dans certains cas exclure un groupe
de la nécessité d'être évalué mais obliger
les autres de l'être? Dans le rapport Coderre sur la
sécurité, étude qui a été faite à la
suite de l'adoption du bill no 75, le juge Coderre, du Conseil de la
sécurité, a fait une étude très sommaire,
très en surface, non pas du côté social, psychologique,
culturel ou autre ou des effets que tout cela pourrait avoir sur la force
policière dans l'île.
Elle porte plutôt sur les équipements, sur les outils qu'on
aura en main et on liste tous ces effets dans les rapports, tous les tableaux
statistiques nous donnent ce qui en est au sujet de la police sous tous
rapports.
Et que pouvons-nous déduire des statistiques? La recommandation
qui découle de ce rapport, soit l'intégration. Il me semble qu'en
lisant les statistiques données, les résultats des
différents corps de policiers, le coût des services dans
différents cas évalués aux populations qu'ils desservent,
il aurait fallu plutôt dire: Il y a des différences.
Et s'il y a des différences, que faut-il faire pour monter les
uns ou retenir les autres pour qu'enfin à un moment donné
à l'avenir on puisse dire: Oui, nous pouvons intégrer, nous
pouvons retenir ces corps.
Mais non, on a conclu, je pense, le contraire de ce que le bill no 75
disait à l'article 112 du règlement de la communauté
urbaine au paragraphe k), page 29: "D'abord la coordination". C'était
ça l'objectif, d'après le règlement passé par cette
Chambre. Et après la coordination, on dit: "... et, le cas
échéant, l'intégration des services de police et la
coordination des services de protection contre l'incendie".
Il fallait d'abord faire un effort de coordination, d'après le
texte de loi que j'ai devant moi. Et on a mis de côté cet effort
de coordination pour se diriger immédiatement vers un service
intégré. Pourquoi?
Et je reviens au texte que j'ai lu, et que
j'appuie, tiré du journal des Débats, à la page
1040, du 10 décembre 1969. J'ai la même inquiétude qu'on
ait passé outre, qu'on ait sauté ce mot très important qui
était le premier à l'article 112, qui disait: Travaillez pour la
coordination, mais si c'est impossible passez à
l'intégration.
Je n'ai jamais vu de rapport, je n'ai jamais vu d'énoncé
démontrant que la coordination des forces était impossible ou
qu'on ne devait pas d'abord réaliser cette coordination et cette
coopération nécessaire parmi les forces consta-bulaires dans
l'île, pour peut-être ensuite si c'était
nécessaire arriver à l'intégration.
Malheureusement, on a mal lu peut-être ce texte et on s'est
référé immédiatement à l'article 233
où il s'agissait de procéder à une intégration, et
c'est là que la communauté urbaine est tombée en pleine
face en préparant un règlement qui n'était pas... Je
n'ajouterai pas autre chose là-dessus, ce n'est pas nécessaire,
on le sait déjà.
Pour adopter un aspect positif, maintenant que, depuis quelques
instants, je maintiens un commentaire qui semble condamner en quelque sorte le
principe, au moins je voudrais dire à la Chambre que mes pensées
n'ont pas changé depuis deux, trois ou cinq ans. Non pas que je sois pas
capable d'évoluer, mais plutôt étant en place, non pas dans
le comté de Maskinongé, non pas dans le comté de
Saguenay...
M. LESSARD: Non, je ne parlerai pas.
M. SEGUIN: ... mais en place, voyant ce qui se passe à tous les
jours, il me semble que s'il s'agissait pour un moment de penser autrement, je
pourrais fort bien être le premier à le faire. C'était le
ministre des Affaires municipales qui, l'autre jour, disait en Chambre: Ah!
oui, dans l'ouest de l'île, on sait que c'est très bien
administré. C'est dire que nous savons évoluer en temps et lieu,
et lorsque le moment s'y prête.
J'aurais proposé, M. le ministre, votre conseil de
sécurité, oui sans doute et sans hésitation, tel que vous
le suggérez. Mais je voudrais aussi, par exemple, qu'en suggérant
que les municipalités de banlieue y soient représentées,
que ces municipalités, contrairement à ce que dit la loi, soient
autorisées à elles seules à nommer leurs
représentants, tandis que le projet de loi tel qu'il est amendé
dit que le représentant des banlieues pourra être nommé par
n'importe qui. Ce n'est pas spécifié dans la loi.
J'ai dit tout à l'heure que je voudrais pas référer
aux articles, mais c'est un cas si je parle surtout, ou si je parle tout
d'abord du conseil de sécurité.
Conseil de sécurité donc oui, sans objection, directeur
général de la police dans l'île de Montréal, oui,
sans considération. Le meilleur homme que vous pouvez trouver sur le
continent nord-américain mettez-le en charge. Payez-le très cher,
mais qu'il fasse son ouvrage. A la dépense de la Communauté
urbaine, certainement. Intégration de certains éléments du
service, j'en suis, toutes les municipalités de banlieues en sont
là, sans hésitation, mais avant de faire l'intégration
totale et complète, avant de définir une date
d'intégration telle que le 1er janvier 1972, ou le 1er janvier 1973, peu
importe la date. Avant de fixer une date d'intégration, il faudrait
d'abord, je crois, faire un effort sérieux, de coordination et par
coordination je voudrais dire tout d'abord normalisation de toutes sortes de
choses uniformes, information centrale, communications, formules à
employer, des normes pour le personnel, l'entraînement, tout l'aspect
personnel, l'aspect qui se rattache à l'individu.
Tout d'abord les apprendre à ces gens-là, à
travailler ensemble, avant d'intégrer apprenez leur à travailler
par l'entremise d'une coordination, à une coopération
étroite. Si cette coopération-là n'est pas volontaire
qu'on passe en Chambre la réglementation nécessaire, les lois
nécessaires pour obliger chaque municipalité, chaque corps de
police d'observer à la lettre ce que l'Assemblée nationale, le
ministère de la Justice voudrait dicter en ce qui concerne la conduite
des policiers dans la région de Montréal.
J'irais plus loin et je l'ai même dit en cette Chambre, il n'y a
pas tellement longtemps. Je n'hésiterais pas à placer tous les
corps de police directement sous la responsabilité de la Commission de
police, sans hésitation. Il ne s'agit pas jamais pour un instant de la
part des municipalités, ni en banlieue ni autrement de retenir à
leur charge et à leur trousse la responsabilité du service, c'est
que la Loi des cités et villes présentement oblige nos
municipalités de le faire.
Elles n'ont pas l'opportunité, elles n'ont pas l'occasion de le
faire, de ne pas le faire, ils doivent le faire. Mais avant d'intégrer
ces forces policières, ces groupes de sécurité qu'on dit
différents les uns des autres, pour des raisons tout à fait
valables, tout à fait justifiables dans beaucoup de cas, il s'agirait de
les coordonner d'abord. C'est assez facile à amener un cheval à
l'auge pour le faire boire, mais de là, de la conduite à l'auge,
et au moment où vous pourriez le faire boire il y a une marge. Alors
j'en arrive à ce point-là.
Il y a certains services qui peuvent être intégrés
immédiatement, des services hautement spécialisés, je
voudrais dire quoi, service d'alcool, narcotique, des choses où on a
besoin de gens spécialement entraînés. De là, nous
ne voyons aucune objection à ce qu'il y ait intégration
immédiate sous le chef directeur de l'organisation ou de la police. Mais
je demanderais avant avec toute la sincérité dont je suis
capable, d'utiliser en ce moment, qu'avant l'intégration, qu'avant de
prendre 22 ou 24 groupes d'hommes différents, travaillant avec des
méthodes différentes, ne se reconnaissant même pas les uns
les autres que dans ce moment, à cause d'associations de
fraternité, de
plans de pension différents, travaillant pour des
municipalités qui ont des buts, des principes et une opération et
une administration différente, avant de les grouper, il faudrait un
effort sur une période de temps, pour les habituer à travailler
ensemble.
Je pense que c'est une façon pratique de voir les choses. Je
pense que c'est une pratique de faire réussir éventuellement une
intégration à un coût beaucoup moindre, parce qu'on aurait
habitué ces gens-là à suivre une règle commune,
bien à l'avance ne se sentant quand même chez eux, en suivant
cette règle commune. Abolissons des règlements qui peuvent
exister dans les municipalités qui disent si le feu est à
Outremont n'y allez pas, si vous êtes de Mont-Royal, abolissez ça.
Qu'il y ait absolu coordination entre ces groupements, et pour cela vous
n'êtes pas obligés d'intégrer. C'est peut-être
là la réponse, M. le Président.
C'est peut-être là cet effort qu'il faudrait apporter
à un processus d'intégration. C'est certainement celui que je
recommanderais. En ce qui concerne le principe de l'intégration le 1er
janvier, si on peut considérer cela comme un principe plutôt
qu'une date, c'est une intégration immédiate, un coup de hache,
la fermeture de la lumière à un moment donné. On
créera, pour une période à venir, une confusion, je vous
l'assure. Ceux qui vous le diront avec beaucoup plus d'éloquence que je
ne saurais le faire sont justement les policiers qui travaillent dans les
municipalités de banlieue.
J'entendais avec beaucoup d'intérêt les orateurs qui m'ont
précédé et qui disaient: Oui, faites-la venir, la
Fraternité des policiers de Montréal, devant la commission.
Faites venir la Fraternité des policiers de Montréal mais faites
venir aussi les autres fraternités. Ce n'est pas un chemin à sens
unique. Si on veut travailler ensemble, il faut d'abord apprendre à
travailler ensemble pour commencer, pour ensuite intégrer. Il ne faut
jamais je pense que c'est un vieux principe qu'on se doit de garder et
de respecter baser le changement sur l'expérimentation ou sur
l'essai mais plutôt baser le changement qu'on veut faire sur une
expérience acquise. L'expérience, en fait d'intégration
dans l'île de Montréal, n'est pas acquise. On pourrait quand
même expérimenter des possibilités. C'est par voie de
coordination, par un effort sérieux vers la coordination qu'on viendra
peut-être à s'acheminer vers un but que tous et chacun ici ont
exprimé avec beaucoup d'éloquence au cours de la soirée,
exception faite de celui qui vous parle naturellement.
Ils vous ont certainement dit qu'ils voulaient l'intégration. Je
ne suis pas contre mais dans d'autres termes peut-être que ceux
dictés par 281. Dans les mémoires présentés et les
conclusions de la commission municipale, après avoir entendu les
municipalités qui avaient des commentaires à faire, je pense
qu'on aurait préféré, si on ne l'a pas fait verbalement,
vous recom- mander une coordination étroite d'abord et ensuite une
intégration.
Si on procède de cette façon-là, vous avez la
quasi-assurance, certainement plus qu'aujourd'hui, d'une réussite. On se
demande si quelqu'un, il y a deux ou trois ans, n'aurait pas fait tourner un
disque, un ruban magnétique. Sur ce disque, on n'entend qu'une chose:
L'intégration, c'est bon. L'intégration, c'est bon.
L'intégration, c'est bon. C'est une tactique employée dans des
pays que je ne nommerai pas, mais de récente histoire, où il
s'agissait tout simplement c'est un vieux dicton de
répéter un mensonge, si petit soit-il, assez souvent et on
viendrait à le croire.
J'entends des commentaires sur l'ingérence politique dans la
police. Je ne connais pas de municipalité je parle pour le
secteur ouest, naturellement, puisque je n'ai pas la connaissance de l'autre
partie de l'île, non pas par préférence ou par
prédilection mais plutôt du fait que je demeure dans un secteur
plutôt que dans un autre je n'ai jamais entendu dire, ni par un
policier ni par un corps de police, que le conseil municipal ait eu la moindre
ingérence sur les agissements du directeur. Nous sommes là pour
une chose, pour approuver les fonds nécessaires au bon fonctionnement du
service de police dans la municipalité dont nous sommes responsables. Si
c'est cela l'ingérence, on est aussi bien d'enlever les administrateurs
locaux et de louer un ordinateur qui pourra probablement très bien
compter et distribuer des fonds.
S'il y a une exception au règlement, cela prouve que l'ordre
général est vrai. S'il y a de l'ingérence de la part d'une
municipalité ou d'une autre.
Alors, coupez l'avancement, enlevez cette ingérence on a
le pouvoir de le faire mais ne condamnez pas toutes les autres
municipalités sous ce faible prétexte que, peut-être, il y
a de l'ingérence politique dans les agissements du corps de police.
Jamais! Je le dis en connaissance de cause après une quinzaine
d'années passées à cette administration locale.
Je défendrai tous les administrateurs que je connais sans
exception, mais, de grâce, qu'on oublie ces façons peut-être
très désagréables de condamner indirectement, de jeter
l'ombre sur des gens qui travaillent à la journée longue, bien
souvent, et très tard dans la nuit, pour leurs concitoyens, y compris
les corps de police.
M. le Président, je pense qu'étant donné que je ne
suis pas leader en Chambre je n'ai pas le droit à tout le temps voulu,
mais je ne vous ai pas vu vous lever encore pour me dire que mon temps
était écoulé.
M. PAUL: C'est parce que nous trouvons ça bon.
M. SEGUIN : Ai-je encore cinq minutes?
M. PAUL: Nous ne pouvons pas vous refuser ça.
M. LESSARD: C'est unanime, nous vous le permettons.
M. LOUBIER: Le ministre de la Justice est tout yeux, tout oreilles.
M. SEGUIN: M. le Président, je connais, depuis quelques jours
déjà, les intentions du ministre en ce qui concerne une
commission parlementaire. Je pense qu'il se joue un peu de nous ce soir en
gardant cette bonne nouvelle pour la fin, Je sais à l'avance que nous
devons avoir une commission de la Justice pour entendre tous ceux qui voudront
venir faire des représentations, toujours avec la réserve,
naturellement, d'éliminer les répétitions, d'être
brefs, d'aller directement au point, de répondre d'une façon
pondérée et bien correcte aux questions qui pourraient être
posées par les membres. A cette commission, pourrait venir une section
une "cross-section" pour employer un terme bien précis, comprenant les
gens qui représentent les fraternités, les administrateurs
municipaux, les administrateurs des corps de police, les directeurs, les
inspecteurs, enfin, les officiers qui peuvent être là, qui ne sont
pas membres d'union, mais qui, quand même, ont quelque chose à
dire. Si, déjà, ils sont officiers, s'ils sont déjà
responsables de corps de police, c'est que, normalement, ils ont acquis une
expérience, au cours de longues années, sur le travail du
policier. Si nous pouvions les entendre tous, il me semble que le ministre
pourrait procéder avec un bill, avec un règlement. Si c'est le
bill 281, j'aurai fait ma part pour essayer d'exprimer un autre point de vue.
Si c'est le bill 281 modifié, à cause de l'insistance et des
énoncés très convaincants de ceux qui paraîtront
devant la commission, bien, tant mieux ; nous aurons tous gagné.
Je voudrais dire que le ministre et moi-même, le
député de Robert-Baldwin, ne sommes pas tellement
éloignés. Je pense que c'est surtout sur le modus operandi que
nous avons peut-être de la difficulté à nous entendre.
M. PAUL: Me choisissez-vous comme arbitre?
M. SEGUIN: Non, ce serait une décision judiciaire que je ne
pourrais pas comprendre. Alors, j'hésiterais énormément
à vous nommer arbitre.
M. LESSARD: Il n'y a pas eu de menace.
M. SEGUIN: M. le Président, j'espère qu'à la suite
de la commission parlementaire nous pourrons nous réunir à
nouveau et étudier le projet de loi article par article pour contribuer
à en faire un excellent projet de loi. Je voudrais qu'on examine de
très près, même si ce n'est pas important aux yeux du
député de Maskinongé, ce facteur économique.
Même s'il y en a qui sont plus capables de payer que les autres, il
faudrait quand même jeter un coup d'oeil de ce
côté-là, parce que ce n'est pas facile, une fois que les
municipalités ont fait leur budget, d'être aux prises avec un
budget supplémentaire.
Naturellement, ce serait imputé à la communauté
urbaine et la communauté urbaine en serait responsable. Cela rendrait la
fonction de la communauté urbaine plus difficile.
Il faudrait aussi passer, même en ce qui concerne les corps de
police que, parfois, nous devons prendre la responsabilité de les
protéger contre eux-mêmes, parce que, avec les exigences qu'on
impose aux municipalités au point de vue des redevances salariales ou
autres et surtout si nous devons, dans nos municipalités, envoyer des
comptes à nos contribuables avec des augmentations de 200 p.c. ou de 250
p.c. sur l'année précédente pour les coûts de
police, je me demande quelle sera l'attitude des citoyens en
général vis-à-vis de leurs policiers. Je me demande aussi
quelle tâche auront ces mêmes policiers vis-à-vis des
citoyens sans qu'il y ait abus, sans qu'il y ait de commentaires très
désagréables et sans que nous démoralisions jusqu'à
un certain point cet excellent groupe qu'on appelle le groupe de la
sécurité responsable de nos citoyens en ce qui concerne la
sûreté dans la région de Montréal.
Je vous remercie.
M. LE PRESIDENT (Hardy): L'honorable chef de l'Opposition
officielle.
M. Gabriel Loubier
M. LOUBIER: M. le Président, simplement quelques mots, d'abord
pour féliciter le député de Maskinongé d'avoir
discuté avec autant d'intelligence et de dialectique le projet de loi
soumis par le ministre de la Justice.
Je voudrais également rejoindre, dans mes félicitations,
le député de Robert-Baldwin d'avoir utilisé son
franc-parler habituel et d'avoir profité à satiété
de son droit de parole, au grand contentement du ministre de la Justice qui, au
fur et à mesure que le député de Robert-Baldwin
s'exprimait, buvait littéralement ses paroles. Je suis sûr que les
propos, les mises en garde, les réticences et les points d'interrogation
exprimés par ce brillant député de l'équipe
ministérielle permettront au ministre de la Justice de constater que son
projet de loi est loin de rejoindre la perfection. Mais le député
de Robert-Baldwin a tout de même souligné que c'était
toujours perfectible. Je pense que le ministre de la Justice a dû
écouter avec infiniment d'intérêt et de plaisir cette
intervention ce soir.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député d'Olier.
M. Fernand PicardM. PICARD: M. le Président, ce
n'était pas
mon intention d'adresser la parole ce soir sur ce projet de loi, mais en
tant que citoyen de l'île de Montréal, après avoir entendu
les propos de mon collègue et ami, le député de
Robert-Baldwin, je crois de mon devoir de vous faire part de mon point de vue
et surtout d'apporter certains éclaircissements sur les propos qu'il
vient de tenir.
Je trouve non pas malheureuse la position qu'il a prise sur ce projet de
loi, mais c'est une note discordante par rapport à ce qu'on avait
entendu dire par les quatre ou cinq opinants qui l'ont
précédé. Je vais prendre les remarques du
député de Robert-Baldwin, en commençant un peu par la fin.
Non seulement il a semblé dire, mais il a dit qu'il ne croyait pas dans
l'ingérence de politiciens dans les corps de police municipaux, plus
particulièrement sur l'île de Montréal. Je ne sais pas
où il était au cours des deux ou trois dernières
années alors qu'on a eu des situations qui nous ont été
présentées à la suite de certaines enquêtes, plus
précisément peut-être dans l'est de l'île de
Montréal, mais il y a eu aussi quelques cas dans l'ouest de l'île
de Montréal.
Je n'ai jamais pu comprendre pourquoi il nous a dit qu'il ne croyait pas
à l'existence d'une telle ingérence de la part des
politiciens.
M. SEGUIN: M. le Président, est-ce que le député me
permettrait une question, puisqu'il s'agissait d'un commentaire que j'ai fait
à la suite de ce que vous avez dit? Vous avez dit, il y a un instant, si
j'ai bien compris, qu'il y avait des cas d'ingérence politique
vis-à-vis des corps de police. Vous avez mentionné l'Est et vous
avez mentionné l'Ouest de l'île.
Dans l'Est, pourriez-vous nommer les municipalités et nous dire
où elles sont aujourd'hui? Dans l'ouest, quelle municipalité
voulez-vous mentionner en disant qu'il y avait ingérence?
M. PICARD: M. le Président, je vais me servir de mon
privilège de répondre ou de ne pas répondre à une
question d'un collègue député pour la simple raison qu'il
y a de ces municipalités qui existent encore. Une est disparue, je veux
mentionner la ville de Saint-Michel, qui est maintenant annexée à
Montréal. Les autres municipalités existent encore comme telles
et je vais me servir de mon privilège de ne pas nommer personne. Mais je
suis certain que n'importe qui a lu les journaux de la région
métropolitaine de Montréal est au courant et il sait de quoi je
veux parler. Je n'irai pas plus loin parce que je vais être obligé
de les nommer.
M. le Président, le député de Robert-Baldwin a
parlé, par exemple, d'un effort qui aurait dû être fait dans
le cas de la coordination entre les divers corps policiers municipaux. C'est un
point sur lequel je ne peux pas être d'accord avec lui parce que, lorsque
nous parlons de coordination, il faut tout de même avoir deux corps
policiers qui sont à peu près au même niveau. Si, par
exemple, on demandait d'avoir une coordination sur le plan de l'identification
des criminels entre la ville de Montréal et la ville, par exemple, de
Montréal-Est, je suis certain que le corps policier de
Montréal-Est, si compétent soit-il, n'a pas un service
d'identification de criminels. Alors, comment voulez-vous avoir une
coopération entre deux corps policiers puisqu'un des deux n'a même
pas le service? Cela s'applique dans plusieurs domaines. Je pourrais
mentionner, par exemple, la lutte contre le crime organisé. La question
de la fraude; est-ce qu'il y a des escouades antifraude dans tous les corps
policiers municipaux à l'extérieur de Montréal? Je ne le
crois pas, M. le Président. Comment voulez-vous avoir de la
coordination, à ce moment-là?
La question des statistiques, par exemple, la question des
enquêtes; cela prend des personnes absolument spécialisées
pour faire des enquêtes qui puissent mener à l'arrestation de
prévenus et à leur condamnation devant les tribunaux. Ce n'est
pas un corps policier avec deux ou trois policiers qui est en mesure d'avoir
des experts dans ces domaines-là.
Alors, tout ceci pour vous dire que non seulement il n'était pas
possible d'avoir cette espèce de coordination ou de coopération
entre les divers corps policiers sur l'île de Montréal, mais aussi
cela explique pourquoi, dans certaines municipalités, on a
été capable de fonctionner à des coûts moindres que
ce qu'il en coûtait à la ville de Montréal. C'est facile de
couper un budget en éliminant des services. A ce moment-là, cela
coûte moins cher pour fonctionner. Le ministre a mentionné, tout
à l'heure, que dans la ville de Montréal il en coûtait, par
habitant, environ $8.24 à Montréal alors qu'il n'en coûte
que $3.23 dans les villes de banlieue. C'est facile d'économiser sur un
budget des forces policières; il faut tout simplement éliminer
les services.
Maintenant, l'importance de la coordination, je vais vous en donner un
exemple. Avant, j'aimerais, M. le Président, féliciter le
ministre pour son projet de loi parce que je pense que c'est le premier effort
réel qu'on fait pour une planification des corps policiers dans la
province de Québec. On a dit, tout à l'heure, que ce n'est qu'un
départ que l'intégration des corps policiers sur l'île de
Montréal, qu'on aura des corps policiers intégrés dans
différentes régions de la province. Je vais vous citer un
exemple. Tous se rappellent les événements d'octobre 1970. On ne
peut pas les oublier. La police de Montréal, par son service
d'identification, était au courant de l'existence de ces fauteurs de
troubles, de ces personnes qui, présentement, sont devant les tribunaux.
La police de Montréal savait où ils demeuraient, plus
particulièrement sur la rive sud: Longueuil, Jacques-Cartier et
Saint-Lambert. Elle le savait, la police de Montréal.
Mais, comment pouvait-elle collaborer avec des corps policiers qui,
aussitôt qu'on leur aurait dit: M. X, au sujet duquel nous avons des
doutes, demeure dans votre localité, auraient laissé
sortir le chat du sac? Il n'y a aucun doute que les corps de police ne sont pas
expérimentés, en dehors de la ville de Montréal, pour
manipuler ces choses.
Lorsque la police de Montréal vous dit que, présentement,
elle peut vous dresser la liste des 100 contestataires professionnels qu'il y a
à Montréal; que ces 100 individus que vous voyez à chaque
contestation, à chaque parade, la police de Montréal les
connaît; lorsqu'à un moment donné, à la suite d'une
manifestation quelconque, vous voyez dans les journaux la liste des personnes
qui ont été arrêtées, ce ne sont pas toujours des
gens de Montréal. Il y a des gens de toutes les municipalités
autour de Montréal qui ont été arrêtés. Et
pourtant, la police connaissait ces gens d'avance. Elle ne pouvait pas
communiquer cette information à d'autres corps policiers qui n'ont pas
ces services dans leur service de police.
Ce sont là des choses, M. le Président, que j'aurais
aimé que quelqu'un d'autre plus compétent que moi ait pu
expliquer aux membres de cette Chambre. C'est bien beau les propos de mon
collègue de Robert-Baldwin, mais c'est un côté de la
médaille. Il y a l'autre côté de la médaille qu'il
ne faut jamais oublier.
M. le Président, je voudrais peut-être donner l'occasion au
ministre de la Justice de faire sa réplique avant l'ajournement,
à minuit. Alors je terminerai tout simplement en disant que je suis
heureux de voir que ce projet de loi est un départ dans le domaine de
l'intégration des corps de policiers et que, sur l'île de
Montréal, avec 24 corps policiers dans les banlieues et celui de la
ville de Montréal, c'est une chose absolument inconcevable.
Pour vous permettre de comprendre le ridicule d'une telle situation,
nous avons, actuellement, sur l'île de Montréal, 26 corps de
police pour une population d'environ deux millions ou deux millions et quart,
alors qu'en Angleterre, aujourd'hui, pour une population de 46 millions, on a
25 corps de police. Alors la situation des corps de police, dans la province de
Québec, est un peu comme la situation qui existait, à venir
jusqu'à il y a quelques mois, dans le domaine des commissions scolaires
dans la province de Québec. On a réussi à les regrouper
avec le bill 27. C'est un peu la même situation qui existe,
présentement, dans le domaine des municipalités. On vient
d'adopter un bill pour favoriser le regroupement municipal. Je pense donc que,
par cet effort, par le bill 281, on réussira à réduire
à un nombre plus rentable les 270 corps policiers qui existent
présentement dans la province de Québec.
Il n'est pas nécessaire de vous dire, M. le Président, que
je suis très heureux. Je félicite le ministre de la
présentation de ce projet de loi. Je voterai nécessairement
pour.
M. LE PRESIDENT (Blank): Le député de Verdun.
M. Lucien Caron
M. CARON: M. le Président, je n'avais pas l'intention de parler
en deuxième lecture pour ne pas répéter tout ce qui s'est
dit ce soir en Chambre. Mais vu qu'un journal a mentionné que le
député-conseiller Lucien Caron, de Verdun, était contre ce
projet de loi, je tiens à dire que je suis pour
l'intégration.
Je suis pour l'intégration pour plusieurs raisons. Je suis en
faveur pour les disponibilités du personnel et les effectifs policiers
plus forts, en cas d'urgence, dans les années que nous passons,
c'est-à-dire que dans les cas majeurs de toutes sortes, la
centralisation policière requise est plus facile à obtenir. La
formation d'escouades spéciales, dont nous avons besoin, nous donnera un
meilleur contrôle et les crimes que nous avons dans plusieurs
municipalités seront plus faciles à éclaircir: "hold-up",
loteries, autos volées, terrorisme.
De plus, je ne suis pas d'accord avec mon collègue de
Robert-Baldwin. Je veux empêcher l'infiltration de la politique
municipale dans certaines villes, comme mon collègue l'a
mentionné, et je veux l'uniformisation des formules des rapports, ainsi
que des méthodes de travail policières.
La question qui m'inquiète le plus, c'est les corps de police des
environs de Montréal. Vu que le ministre nous donne la certitude que
nous irons en commission parlementaire, je suis convaincu qu'il apportera aux
fraternités des policiers des environs de Montréal la
réponse qu'il faut. Mes autres questions, je les poserai en commission
parlementaire. Merci.
M. LE PRESIDENT: S'il n'y a pas d'autres opinants, je donne le droit de
réplique au ministre.
M. Jérôme Choquette
M. CHOQUETTE: M. le Président, je n'ai pas l'intention de
répliquer longuement. Si le député de Duplessis continue,
je vais lui révoquer son district judiciaire.
Je voulais simplement dire que j'ai écouté avec beaucoup
d'attention les observations du député de Robert-Baldwin. Si je
comprends ses appréhensions, ses réserves à cause de
l'impact financier qui sera sans doute ressenti chez lui, et que je n'ai pas
caché dans mon exposé en deuxième lecture, je dois quand
même lui réitérer que, si nous ne procédons pas
immédiatement, l'impact financier sera pire.
Je pense qu'il faudra qu'il fasse comprendre à ses
électeurs que si, jusqu'ici, ils ont eu un traitement
préférentiel, il fallait qu'un jour ça se termine et que
l'intégration se fasse.
Quant aux procédés qui sont inscrits au bill, en vertu
desquels l'intégration devra se faire, je pense que le
député de Robert-Bladwin, s'il était en Chambre,
reconnaîtrait, quand même, que nous avons pris d'immenses
précautions
pour que la façon dont l'intégration va se faire soit
conforme aux règles impératives de l'équité, sous
la surveillance de la Commission de police et avec les mécanismes de
consultation, tant au niveau des municipalités
intéressées, en particulier des municipalités de banlieue
qu'au niveau des fraternités policières, que ce soit celles de la
ville de Montréal ou d'elles des villes de banlieue.
Dans ces conditions, je dis que nous n'avions pas d'autre choix que de
procéder actuellement à cette intégration, ce que nous
faisons à partir du 1er janvier en désignant un commandement
unique présidé par un conseil de sécurité.
Mais, pour la période requise pour la mise en place de la future
force de police intégrée, nous laissons les divers corps
policiers agir dans leurs municipalités respectives.
Pendant ce temps-là le travail de coordination auquel le
député de Baldwin faisait allusion et le travail de
préparation du plan d'intégration se feront. J'ai pleine
confiance, M. le Président, que l'intégration, en
définitive, se fera dans l'ordre. Ceci d'autant plus que si on lit le
projet de loi de près, on constate qu'il comporte beaucoup de garanties
à l'égard des policiers, que ce soient ceux de Montréal ou
ceux des villes de banlieue . C'est-à-dire que nous avons pris un souci
très particulier pour protéger les policiers syndiqués
ainsi que les policiers qui ont des grades ou qui sont des chefs de police dans
les divers corps policiers. Leurs droits ne seront pas mis en péril par
l'action de l'intégration, excepté dans les cas où cela
est absolument légitime. Je pense même que le processus de
l'intégration va favoriser de meilleures conditions de travail au moins
dans certains secteurs des corps policiers, en particulier de certains corps de
banlieues.
Par conséquent, M. le Président, je pense que sur le plan
des effectifs humains des corps policiers, nous avons pris déjà
par les dispositions du projet de loi, des mesures appropriées, mais je
suis prêt à étudier toutes les modalités du bill.
Comme je l'ai déjà dit à la séance de la commission
parlementaire, et je le répète, il n'est pas question de
procéder avec un bill comme celui-ci, qui affecte immédiatement
5,000 policiers et une population de deux millions et plus d'habitants, sans
avoir les consultations appropriées en commission parlementaire de la
Justice.
Il me fait plaisir de rassurer le député de
Maskinongé, le député de Rouyn-Noranda, le
député de Maisonneuve s'il était présent
à son siège sur le fait que nous allons aller en
commission parlementaire et que nous allons étudier les
représentations des municipalités, des fraternités de
policiers ou des autres groupes intéressés sur le contenu et sur
les modalités du projet de loi. Aussitôt après la
deuxième lecture, je ferai une motion pour que le bill soit
déféré à la commission de la Justice jeudi matin,
afin que nous commencions les auditions.
M. PAUL: Est-ce que vous n'auriez pas décidé au caucus que
c'était vendredi?
M. CHOQUETTE: M. le Président, on m'a dit que nous avions le
choix de procéder, soit jeudi ou vendredi, mais je me disais...
M. BIENVENUE: Jeudi.
M. CHOQUETTE: L'assistant leader me dit que c'est jeudi. Cela nous
donnera si nécessaire des heures additionnelles vendredi, mais je pense
que dans une journée nous pourrons vider le problème. Merci, M.
le Président.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que cette motion de deuxième lecture est
adoptée? Adopté.
M. LE SECRETAIRE ADJOINT: Deuxième lecture de ce bill. Second
reading of this bill.
Déférence à la commission de la
Justice
M. CHOQUETTE: M. le Président, je propose que le bill soit
déféré à la commission parlementaire de la Justice
pour entendre les personnes intéressées à faire des
représentations et qu'elle siège jeudi matin après la
période des questions.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que cette motion est adoptée à
l'effet que la commission parlementaire de la Justice siège jeudi matin,
après la période des questions pendant que la Chambre
siégera?
M. PAUL: Adopté.
M. BIENVENUE: M. le Président, il est minuit moins onze...
M. LE PRESIDENT: Il est minuit?
M. BIENVENUE: Moins onze.
Avant de demander l'ajournement, M. le Président, je voudrais
informer cette Chambre que, demain matin, nous allons procéder avec le
bill 65. Le temps le permettant, nous pourrions étudier le bill 84,
peut-être 90 et, toutes choses allant bon train, nous pourrions
peut-être nous pencher sur le budget supplémentaire.
M. PAUL: M. le Président, ça fait quasiment une semaine
que le ministre parle de se pencher. Si cela continue, nous allons être
obligés de l'appeler Méo Penché.
M. BIENVENUE: M. le Président, je propose l'ajournement de la
Chambre à demain matin, dix heures trente.
M. LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
La Chambre ajourne ses travaux à demain, dix heures trente.
(Fin de la séance à 23 h 49)