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(Quinze heures neuf minutes)
M. LAVOIE (président): Qu'on ouvre les portes. A l'ordre,
messieurs !
Affaires courantes.
Présentation de pétitions.
Lecture et réception de pétitions.
Présentation de rapports de commissions élues.
Présentation de motions non annoncées.
Présentation de bills privés.
Présentation de bills publics.
M. LEVESQUE: M. le Président, article j).
Projet de loi no 284
M. LE PRESIDENT: L'honorable leader parlementaire du gouvernement, pour
le ministre de la Justice, propose la première lecture de la Loi
modifiant la loi de la division territoriale et modifiant de nouveau la loi des
tribunaux judiciaires.
M. LEVESQUE: Je regrette, M. le Président, mais je ne l'ai pas
ici.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il n'est pas encore imprimé.
M. PAUL: Lequel?
M. LEVESQUE: Je crois qu'il est imprimé, mais, avec la permission
de la Chambre, je pourrais donner les notes explicatives à la
première lecture un peu plus tard.
M. BURNS: Les jeunes administrateurs efficaces.
M. CARDINAL: Est-ce qu'il ne serait pas dans votre mallette, comme la
motion?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce qu'il est dans les 200 lois? C'est la
199e, si j'ai bonne mémoire.
M. LEVESQUE: Très bien. M. PAUL: C'est la 201e loi.
Projet de loi no 48 Révocation de
première lecture
M. LEVESQUE: Je profite du fait que je suis debout pour faire une motion
à l'effet que le projet de loi no 48 soit déposé dans sa
nouvelle forme réimprimée et qu'en conséquence nous
votions la révocation de l'ordre de première lecture, de
deuxième lecture et de déférence à la commission
parlementaire des Affaires municipales et procédions
immédiatement aux première et deuxième lectures du projet
de loi réimprimé et que ce projet de loi soit
déféré à la commission parlementaire des Affaires
municipales pour être étudié dès demain,
après les affaires du jour.
M. CARDINAL: M. le Président, ce n'est peut-être pas le
moment de poser la question, parce que vous pourriez me rappeler à
l'ordre et me dire que l'article 114 me permet de poser la question simplement
au moment où les affaires du jour sont appelées, mais, comme le
leader parlementaire vient d'ouvrir une porte en parlant du projet de loi no 48
et de la commission parlementaire qui est prévue pour les mardi 14,
mercredi 15 et jeudi 16 décembre c'est bien exact? est-ce
que ça signifie que l'autre commission, qui était celle des
Institutions financières, est annulée, puisqu'elle ne
paraît plus au programme qu'on nous a remis?
M. LEVESQUE: Oui, il y avait eu un avis en effet, mais cela a
été retiré et il n'y aura pas de convocation de cette
commission. J'en profite, également pour dire que les commissions
inscrites pour dix heures de la matinée, maintenant que nous
siégeons à partir de dix heures trente, ne commenceront leur
travail qu'après l'ordre du jour, chaque jour.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que je pourrais poser une question, M.
le Président, au leader de. la Chambre, au sujet du projet de loi no 48,
auquel je m'intéresse particulièrement? Le ministre a bien dit
qu'il y avait proposition de révocation de la première, de la
seconde lecture, de l'ordre de référence à la commission
parlementaire et que là on recommençait toute la
procédure?
M. LEVESQUE: La procédure, c'est simplement pour les
entrées dans les livres. L'idée c'est qu'il s'agit de trouver une
façon de remettre le projet de loi au stade où il est maintenant.
Il est réimprimé à cause des amendements suffisamment
nombreux. Cela justifie la réimpression.
M. PAUL: M. le Président, c'est pour le moins une motion
complexe. De toute façon nous ne ne nous opposerons pas à la
presque totalité de la motion du leader du gouvernement. Pour ce qui est
des ordres de révocation de première lecture, deuxième
lecture, référence au comité, ça va. Pour ce qui
est de l'introduction d'un nouveau projet de loi, l'appel de première
lecture, ça va. Pour ce qui est de la deuxième lecture,
peut-être que nous pourrions nous réserver le droit d'examiner
s'il y a de nouveaux principes dans le projet de loi. Quant à nous, s'il
n'y a pas de nouveaux principes, je crois bien que nous pourrons franchir cette
étape de deuxième lecture; mais, sur appel de la deuxième
lecture, nous voudrions avoir au moins le droit de censurer les
légistes. Si c'était de censurer le ministre, ce
serait un gros débat; mais, comme il s'agit de censurer les
légistes, il est possible que ça se fasse assez rapidement et
sans douleur.
M. LEVESQUE: M. le Président, je connais la bonne foi de celui
qui vient de faire ces remarques mais, afin qu'il n'y ait ni confusion ni
répétition et sachant que pour une seule personne qui ne
donnerait pas son consentement nous serions peut-être dans une situation
un peu délicate, je préfère attendre à demain pour
faire cette motion; entre-temps, avec le consentement, le ministre pourra
déposer le projet de loi réimprimé.
M. PAUL: Dois-je comprendre que ce n'est pas un précédent
que le ministre veut créer, de déposer une loi sans en appeler la
première lecture? C'est dans un grand geste de compréhension et
on remercie le leader du gouvernement.
M. LE PRESIDENT: Pas de motion aujourd'hui à cet effet?
M. LEVESQUE: Non, mais il y a un dépôt de documents si on
veut.
M. PAUL: Très bien.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Qui n'est pas valide de toute façon
comme première lecture.
M. LE PRESIDENT: Y a-t-il une présentation d'autres bills
publics?
M. LEVESQUE: J'ai réservé...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Si vous me permettez, j'invoque le
règlement pour vous faire observer qu'il y a un dépôt de
document mais que ce dépôt-là n'équivaut pas
à une première lecture.
M. LEVESQUE: Non, c'est entendu.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Tout le monde a compris, mais je ne veux pas
que le gouvernement ait compris autre chose.
M. LEVESQUE: M. le Président, je me suis réservé,
tout à l'heure, le privilège de revenir, avec le consentement
unanime de la Chambre, à la présentation de bills publics
justement parce que le bill qui est indiqué "imprimé" au
feuilleton n'était pas dans les bills qu'on m'a remis; alors, je
voudrais faire une vérification et revenir par la suite.
M. LE PRESIDENT: Déclarations ministérielles.
Dépôt de documents.
M. TESSIER: M. le Président, à l'article
dépôt de documents je voudrais justement déposer, comme on
vient de le mentionner, le bill 48 réimprimé. Je suis convaincu
que mes collègues qui en prendront connaissance, comme il avait
d'ailleurs été convenu avant que la commission parlementaire des
Affaires municipales se réunisse, constateront qu'il n'y a pas de
changement de principe. C'est tout ce qui a été discuté au
cours des séances précédentes qui est inclus dans cette
réimpression.
M. LE PRESIDENT: Questions des députés.
Questions et réponses
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Rouyn-Noranda.
Contrat de la route Matagami-Baie-James
M. SAMSON: M. le Président, j'aimerais poser une question au
premier ministre. Je voudrais lui demander s'il accepterait de déposer
en cette Chambre, étant donné qu'il est le ministre responsable
de la Société de développement de la Baie James
vis-à-vis des députés de cette Chambre, toute la
documentation, la correspondance, les copies d'appels d'offres, la liste des
soumissions reçues ainsi que les copies des contrats concernant la
construction du chemin Matagami-Baie James.
M. BOURASSA: M. le Président, je pense que, dans le cas de la
Société de la Baie James, on devrait suivre ce qui existe pour
l'Hydro-Québec. Je vais m'informer de la procédure dans le cas de
l'Hydro-Québec puisque évidemment ces deux sociétés
collaborent étroitement.
Comme je l'ai dit, je n'ai aucune objection qu'au mois de janvier ou de
février, selon le voeu des parlementaires, la Société de
la Baie James puisse comparaître devant une commission parlementaire pour
donner aux députés toutes les explications qui peuvent leur
paraître pertinentes.
M. SAMSON: Question supplémentaire, M. le Président. En
vertu du bill 50, le premier ministre est responsable, devant la Chambre, de la
Société de développement. Je ne parle pas de la commission
parlementaire, présentement, je demande si le premier ministre
accepterait de déposer toute la correspondance et la documentation qui
concernent cette affaire particulière de la construction de la route
Matagami-Baie James.
M. BOURASSA: M. le Président, je vais prendre avis de la
question. Je n'ai pas, en principe, d'objection mais je ne voudrais pas
créer de précédent. Dans le cas des sociétés
d'Etat, que ce soit SIDBEC, la Société de la Baie James,
l'Hydro-Québec ou la Caisse de dépôt, je voudrais voir
exactement les implications, la portée d'un geste. Mais cela
m'étonne-
rait beaucoup que la société ait quoi que ce soit à
cacher sur cette transaction, sur les soumissions. D'ailleurs, elle est
prête à répondre à toutes les questions.
M. LAURIN: Question additionnelle, M. le Président. Le premier
ministre pourrait-il profiter de l'occasion pour annoncer la date
précise de la prochaine session de la commission parlementaire où
nous pourrons poser des questions aux responsables du projet? Serait-il
possible de l'annoncer soit aujourd'hui ou demain?
M. BOURASSA: Je vais en discuter avec les chefs de partis pour voir
quelle serait la date qui conviendrait le mieux.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Saint-Maurice.
Elevage des chevaux de course
M. DEMERS: Ma question s'adresse au ministre du Revenu. L'an
passé, à la même date, je lui posais une question pour
savoir si des dispositions seraient prises pour améliorer la condition
des éleveurs de chevaux de course dans la province de Québec et
si on verrait, dans l'année ou dans les mois qui suivraient, certains
développements. Comme c'est aujourd'hui l'anniversaire, je demande s'il
y a des développements dans cette affaire.
M. HARVEY (Jonquière): M. le Président, c'est aujourd'hui
également l'anniversaire de la réponse que j'avais donnée
au député de Saint-Maurice à l'effet que tout ce que le
ministère du Revenu avait à voir dans les politiques de pistes de
course était de percevoir les deniers qui sont dus à l'Etat de
par les lois fiscales.
Nous avons, en collaboration avec le ministère de l'Agriculture,
fait un rapport détaillé sur la baisse des revenus dans les paris
mutuels des différentes pistes du Québec. Ce rapport a
été transmis au ministre des Finances et au ministre de
l'Agriculture et lorsqu'une politique sera établie concernant
l'encouragement à l'élevage, elle sera annoncée par notre
collègue, le ministre de l'Agriculture, après qu'il l'aura fait
accepter par le ministre des Finances et par le cabinet.
M. DEMERS: Question additionnelle au ministre des Finances sur le
même sujet. Y a-t-il des développements dans ce sens-là? Je
vois que le ministre du Revenu s'est très bien acquitté de sa
tâche; il a perçu les taxes, il n'y a pas eu de problème.
Mais, pour les éleveurs, y a-t-il autre chose?
M. GARNEAU: M. le Président, j'avais déjà
indiqué l'intention du gouvernement de profiter de
l'établissement de Loto-Perfecta pour mettre sur pied une politique qui
viserait à venir en aide aux éleveurs de chevaux de course.
L'implantation de Loto-Perfecta nécessite des amendements au code
criminel et mon collègue, le ministre de la Justice ou le Solliciteur
général, a communiqué avec le ministre
fédéral de la Justice pour voir quelles étaient les
possibilités d'amender le code criminel.
Je pense que, du côté fédéral, cela a
été assez bien accueilli. Je lisais dans un journal de
Montréal, récemment, que le ministre de la Justice du
fédéral avait justement fait une déclaration disant que le
code criminel allait être amendé. J'imagine que cela dépend
des travaux parlementaires à Ottawa. Dès que le code criminel
aura été amendé pour permettre aux provinces de diriger
des jeux du genre de ceux que nous voulions mettre en oeuvre avec
Loto-Perfecta, nous pourrons mettre sur pied la politique d'aide aux
éleveurs de chevaux via Loto-Perfecta.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Bourget.
Projet de loi 82 à la cour
Suprême
M. LAURIN: Ma question s'adresse au ministre de la Fonction publique que
j'ai vu tout à l'heure pour la prière, mais qui a disparu.
Je la poserai donc au premier ministre. Est-il exact, comme le ministre
de la Fonction publique l'a annoncé ce matin à une
émission de la radio d'Etat, que le gouvernement entend porter la loi no
82 à l'attention de la cour Suprême qui devrait décider de
sa constitutionnalité?
M. BOURASSA: M. le Président, le ministre a dit, la semaine
dernière, qu'il donnerait le point de vue du gouvernement sur cette
question lundi ou mardi. Je crois qu'il le fera demain. J'en ai discuté
avec lui tantôt.
M. LAURIN: Le premier ministre est-il au courant que le ministre de la
Fonction publique a fait cette déclaration ce matin? Si oui, est-ce
qu'il exprimait l'opinion ou la décision du gouvernement?
M. BOURASSA: M. le Président, tout ce que je peux dire, c'est
que, demain, la décision du gouvernement sur cette question sera connue.
Le ministre a dit, la semaine dernière, que c'était un
problème juridique assez complexe, qu'il a examiné avec ses
conseillers juridiques. Je préférerais qu'on attende à
demain pour faire connaître le point de vue du gouvernement sur cette
question, point de vue qui sera donné par le ministre.
M. LAURIN: Si l'hypothèse était exacte, après
confirmation avec le ministre de la Fonction publique, est-ce à dire que
votre gouvernement considère que les cotisations pourraient être
versées par les employés des hôpitaux et des commissions
scolaires...
M. LEVESQUE: La réponse a été donnée.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je crois qu'à la suite de la
réponse du premier ministre l'honorable député de Bourget
devrait attendre la présence du ministre de la Fonction publique,
demain. Le ministre fera alors connaître la politique du gouvernement et
il pourra profiter de cette occasion pour lui poser une question
supplémentaire.
M. LAURIN: En espérant que ce ne soit pas une esquive
diplomatique.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Dorchester.
Syndicalisme agricole
M. GUAY: M. le Président, ma question s'adresse au ministre de
l'Industrie et du Commerce et leader parlementaire de la Chambre. Est-ce
l'intention du gouvernement j'aimerais avoir une précision, si
c'est possible de faire adopter par la Chambre, avant la fin de la
présente année, le bill 64, Loi sur le syndicalisme agricole?
M. LEVESQUE: J'ai déjà répondu à la question
et j'ai même dit que toute la législation qui apparaît au
feuilleton devrait, dans l'optique du gouvernement, être adoptée
par la Chambre.
C'est évidemment, à l'Opposition à décider.
Comme le gouvernement détermine le début des sessions,
l'Opposition semble avoir quelque chose à dire dans la fin.
M. BELAND: Question supplémentaire, M. le Président. Etant
donné que ce ne sont que des réponses évasives, est-ce
qu'il y aurait possibilité de savoir si oui ou non le bill 64 va
être étudié...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! M. BELAND: ... avant les fêtes?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît! Comme il a
déjà été répondu à la question
principale, il est difficile, pour ma part, de permettre cette question
supplémentaire.
L'honorable député de Sainte-Marie.
M. ROY (Beauce): M. le Président, question
supplémentaire.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président, ma question...
M. LE PRESIDENT: Est-ce une question additionnelle?
M. ROY (Beauce): Une question additionnelle.
M. LE PRESIDENT: Je ne peux pas la permettre. Je viens d'en refuser une.
Je ne peux pas en permettre une autre.
M. ROY (Beauce): C'est parce que c'est sur le même sujet, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT: Justement, c'est pour cette raison que je ne peux pas
la permettre. L'honorable député de Sainte-Marie.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président, ma question
s'adressait au ministre de la Voirie. Je constate qu'il est absent. Je ne sais
pas s'il est absent pour quelques minutes.
UNE VOIX: Il est sur la route!
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Est-ce que je pourrai reprendre la parole
lorsque le ministre sera en Chambre?
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Richmond.
Projets de loi nos 274, 276 et 277
M. BROCHU: M. le Président, ma question s'adresse au ministre des
Affaires municipales. Est-ce que le ministre des Affaires municipales a
l'intention de donner suite aux nombreuses demandes qui lui furent
adressées, notamment par l'Union des conseils de comtés, à
l'effet de retarder l'adoption des projets de loi numéros 274, 276 et
277 après les fêtes afin que la commission parlementaire puisse
siéger et recevoir les recommandations de ces différents
organismes-là?
M. TESSIER: Non, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Maisonneuve.
Base de La Macaza
M. BURNS: M. le Président, la semaine dernière, je posais
ma question au premier ministre concernant les intentions du gouvernement au
sujet de la reprise en main, par le Québec, des terrains de La Macaza
qui doivent être libérés dans le cours, dit-on, de la
prochaine année. Le premier ministre avait alors pris avis de ma
question. Alors, je lui demande s'il a eu le temps de reconsidérer cette
question depuis et si le gouvernement a l'intention de faire des
représentations auprès du gouvernement fédéral
à ce sujet-là.
M. BOURASSA: Le député admettra que ce n'est pas une
question exceptionnellement urgente par rapport aux autres questions qui
peuvent requérir l'attention du chef du gouvernement. Mais j'essaierai
de lui répondre demain.
M. JORON: Question supplémentaire, M. le Président, au
ministre du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche. Est-ce que le ministre
a eu connaissance d'un regroupement dans cette région-là qui lui
aurait, semble-t-il, adressé, à cette fin, un mémoire pour
faire de ce terrain une école d'hôtellerie? D'autre part, est-ce
que le ministre a déjà considéré l'utilisation
possible de cet emplacement?
MME KIRKLAND-CASGRAIN: Si ce mémoire existe, M. le
Président, il n'a pas encore été remis à mon
ministère. Je vais m'enquérir pour savoir si nous l'avons
reçu pour être sûre de répondre correctement à
la Chambre.
Pour ce qui est de considérer cette région pour une
école d'hôtellerie, c'est non, M. le Président, parce que
nous sommes en train de préparer l'ouverture de l'Institut de
l'hôtellerie dans la région de Montréal et de donner des
facilités accrues à cet Institut de l'hôtellerie qui est en
même temps une école d'hôtellerie.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Lotbinière.
Employés saisonniers de la voirie
M. BELAND : J'aurais une question à poser à l'honorable
ministre de la Voirie. A-t-il l'intention d'inclure les employés
saisonniers et occasionnels de la Voirie à l'assurance-chômage
dans un délai relativement court?
M. LEVESQUE: Cette question, M. le Président, fait partie d'une
question antérieure. Le premier ministre a annoncé qu'à
l'ensemble de cette question, on répondrait demain.
M. BOURASSA: M. le Président, c'est précisément
pourquoi nous réexaminons la question cela prend un certain temps
à savoir s'il peut y avoir des avantages financiers pour le
gouvernement à l'inclusion dans l'assurance-chômage des
employés occasionnels. C'est ce que nous examinons. Nous donnerons la
réponse demain.
M. BELAND: Une question supplémentaire, M. le Président.
Peut-on penser que, justement, ces employés occasionnels et saisonniers
peuvent être considérés de la même façon que
les pêcheurs des Iles-de-la-Madeleine qui ont droit à
l'assurance-chômage?
M. LE PRESIDENT: Je pense qu'on pourra répondre à cette
question à la même occasion. L'honorable député de
Sainte-Marie.
Poste d'essence sur la Transcanadienne
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Ma question s'adresse au ministre de la
Voirie. Est-il exact que le ministère a accordé la permission
à la compagnie British Petroleum de construire très
exceptionnellement un poste d'essence à l'intérieur d'un
rond-point routier, près de la sortie 132 de la Transcanadienne? Ces
rumeurs sont-elles exactes?
M. PINARD: Le député ferait mieux d'être plus
honnête dans sa question. Qu'il dise donc clairement qu'il fait
écho à un article du Star paru le 8 décembre et qu'il fait
également écho à un article très bas publié
dans Québec-Presse, dimanche.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président, c'est une question
de privilège.
M. PINARD : Le ministre de la Justice fait enquête
présentement...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Non, non! M. le Président, une
question de privilège.
M. LE PRESIDENT: Une question de privilège.
M. PINARD: H n'y a absolument rien d'irré-gulier dans toute cette
transaction.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, A l'ordre! A l'ordre, s'il vous
plaît.
DES VOIX: A l'ordre!
M. LE PRESIDENT: Quelle est votre question de privilège, s'il
vous plaft?
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président, le ministre dit que
le député de Sainte-Marie devrait être plus honnête.
Je n'ai pas de leçon d'honnêteté à recevoir du
ministre. Je dois lui dire que mes informations, ce sont des électeurs
du comté de Drummond qui me les ont données, lorsque je suis
allé à Drummondville. Dimanche, j'ai lu dans le journal la
confirmation des rumeurs dont on m'avait fait part à l'occasion d'un
voyage à Drummondville. Je suis honnête en vous disant cela, si
vous vous demandez où j'ai pris mes informations.
J'aurais une question supplémentaire. Le ministre peut-il
confirmer ou infirmer que M. Raymond Lamothe a déjà
été propriétaire du terrain qui a été
vendu...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, à l'ordre! Je ne peux pas permettre,
je ne pense pas... Je pense bien qu'il y a un certain intérêt
à savoir...
A l'ordre, s'il vous plaft! Je demanderais d'abord au
député de Sainte-Marie, s'il veut en faire une question
d'intérêt public, qu'il formule sa question autrement, du moins la
première partie.
Il pourrait peut-être demander si c'est la politique du
gouvernement d'établir des stations d'essence, de ravitaillement sur des
terrains de propriété publique, mais sans tomber dans...
A l'ordre, s'il vous plaît! Quant à la deuxième
question, c'est une question qui ne concerne qu'un seul individu, sur un seul
site de la province. Je pense qu'elle devrait être posée au
feuilleton et non pas durant la période des questions.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Est-ce que je peux reformuler ma
question...
M. LE PRESIDENT: La première partie.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): ... pour qu'elle devienne une question
d'intérêt général?
Est-ce que le ministre a l'intention, à l'avenir, de permettre
que des stations-service soient construites sur des ronds-points de la route
transcanadienne?
M. PINARD: M. le Président, le ministre a l'intention de faire
respecter la loi et les règlements, comme il l'a fait dans le cas dont a
fait mention le député au début de sa question. Il n'y a
absolument rien d'irrégulier, je le répète, et
l'enquête du ministère de la Justice sera déposée
ici en cette Chambre pour l'information de tous les ministres et
députés. Je n'ai absolument rien à cacher.
Même les journalistes qui sont sceptiques recevront copie de cet
avis juridique et de tout le dossier du ministère de la Voirie, et
j'espère qu'ils le publieront intégralement.
M. PAUL: M. le Président, question supplémentaire.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. PAUL: Mon bon ami, le ministre de la Voirie, vient de faire
référence à une enquête du ministère de la
Justice au sujet d'un certain terrain. J'ai été surpris
d'apprendre tout ce problème.
Est-ce que le ministre peut nous dire si c'est à sa demande ou si
c'est de l'initiative, proprio motu, du ministère de la Justice qu'une
enquête a été menée à ce sujet-là?
M. PINARD: L'enquête a été commencée à
la demande d'un M. Nolan T. McDonald et une autre enquête a
été demandée par celui qui vous parle, pour que tous les
faits contenus au dossier soient révélés. L'enquête
complète du ministère de la Justice sera également
révélée de même que l'enquête technique faite
par le ministère de la Voirie. Je prendrai les dispositions pour faire
éclater la vérité au grand jour et le Star sera
obligé d'écrire: "The true story of a sale of lands."
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Question additionnelle, M. le
Président.
Est-ce que le ministre pourrait affirmer à cette Chambre que
l'enquête établit que le patronage qui a été fait
est régulier?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. PINARD: Non, M. le Président, j'aimerais comprendre...
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Bourget.
Le projet de loi no 82 à la cour
Suprême
M. LAURIN: Ma question s'adresse au ministre de la Fonction publique.
Est-il exact ainsi que le ministre l'a déclaré ce matin
à une émission de la radio d'Etat que le ministre ou le
gouvernement entend soumettre le bill 82 à la cour Suprême, qui
doit décider de sa constitutionnalité?
M. L'ALLIER: Nous avons annoncé que nous allions répondre
demain à la question d'ensemble sur l'assurance-chômage. Pour ce
qui est de la question précise qui est posée, je ne me souviens
pas d'avoir donné d'entrevue à la radio d'Etat ce matin
là-dessus.
Deuxièmement, j'ai même déclaré tout à
l'heure qu'il n'était pas question pour le gouvernement de soumettre le
bill no 82 à la cour Suprême.
M. LAURIN: Tant mieux.
Le Vieux-Montréal
M. CHARRON : Est-ce que je peux poser une question au ministre du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche?
Il y a quelques semaines je lui avais demandé si le gouvernement
a l'intention de décréter le Vieux-Montréal zone
touristique. Elle m'avait promis une réponse.
MME KIRKLAND-CASGRAIN: M. le Président, à la suite de
cette question, on m'avait demandé si le groupement des marchands du
Vieux-Montréal avait fait parvenir des représentations à
mon ministère. J'ai fait enquête et, effectivement, nous n'avons
reçu aucune représentation de ce groupement. Le
député devrait peut être en aviser les
intéressés. Je crois qu'il s'agit des heures de fermeture de ces
commerces. Leur requête devrait alors être portée à
la connaissance du ministère de l'Industrie et du Commerce.
M. CHARRON: Oui, mais est-ce que le ministre accepte de
considérer que si son ministère décrétait le
Vieux-Montréal zone touristique, par le fait même il ne serait
plus soumis à la réglementation sur les heures d'ouverture et de
fermeture décrétée par le ministère de l'Industrie
et du Commerce?
MME KIRKLAND-CASGRAIN: M. le Président, j'attendrai les
représentations du groupement en question et nous l'étudierons
conjointement avec l'autre ministère concerné.
Assurance-chômage
M. LAURIN: Une question au ministre de la Fonction publique, encore une
fois. Est-il exact que les employés des commissions scolaires et des
hôpitaux, même s'ils sont payés à même les
fonds du Québec, ne sont pas considérés par les
administrateurs de la Loi de l'assurance-chômage comme des fonctionnaires
qui ne doivent pas payer de cotisation?
M. L'ALLIER: M. le Président, c'est le sens de la question qui a
été posée à la fin de la semaine dernière et
à laquelle j'ai l'intention de répondre demain. C'est toute la
question de connaître de façon précise l'extension de
l'application de la loi fédérale sur l'assurance-chômage en
regard de la Loi de la Fonction publique telle que modifiée par le bill
82. Alors, c'est une question complexe on l'a vu par d'autres questions
posées en cette Chambre cet après-midi et je donnerai,
demain, la position du gouvernement ainsi que le sens des instructions qui
seront données par le gouvernement aux commissions scolaires et aux
hôpitaux.
M. LE PRESIDENT: Affaires du jour.
M. LEVESQUE: M. le Président, alors je viens de recevoir la copie
d'un de ces projets de loi, alors H d'abord et ensuite J.
Projet de loi no 283 Première lecture
M. LE PRESIDENT: Le leader parlementaire du gouvernement, au nom du
ministre de la Justice, propose la première lecture de la loi concernant
le régime de retraite des membres de la Sûreté du
Québec.
M. LEVESQUE: M. le Président, ce projet a pour objet de permettre
la mise en vigueur du régime de retraite applicable aux membres de la
Sûreté du Québec qui a été
négocié entre le gouvernement et l'association
représentant les membres syndiqués de la Sûreté et
d'étendre ce régime aux cadres de la Sûreté.
M. LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
M. LE SECRETAIRE-ADJOINT: Première lecture de ce bill. First
reading of this bill.
M LE PRESIDENT: Deuxième lecture, à la prochaine
séance ou à une séance subséquente.
M. LEVESQUE: Article J.
Projet de loi no 284 (suite)
Première lecture
M. LE PRESIDENT: Le ministre de la Justice propose la première
lecture de la loi modifiant la Loi de la division territoriale et modifiant de
nouveau la Loi des tribunaux judiciaires.
M. LEVESQUE: M. le Président, l'article 1 prévoit que le
nombre des municipalités de comté est de 73 au lieu de 75.
L'article 2 prévoit la création, sous le nom de Mingan, d'un
nouveau district judiciaire et apporte un amendement de concordance au district
judiciaire de Hauterive. Il prévoit en outre que le district judiciaire
de Trois-Rivières comprendra le district judiciaire de Nicolet qui est
aboli. L'article 3 prévoit que le bureau de la division d'enregistrement
de Deux-Montagnes sera situé à Saint-Eustache plutôt
qu'à Sainte-Scholastique.
Il prévoit également que la division d'enregistrement de
Gaspé comprendra le district électoral de Gaspé-Sud alors
que la division d'enregistrement de Sainte-Anne-des-Monts comprendra le
district électoral de Gaspé-Nord. L'article 4 est de concordance,
les comtés municipaux de Chambly et de Jacques-Cartier ayant
été abolis. Les articles 5 à 8 établissent les
concordances qui résultent de la création du district judiciaire
de Mingan et de la disparition du district judiciaire de Nicolet.
M. VINCENT: Comme Falconbridge.
M. PAUL: M. le Président, la seule remarque que j'aurais à
faire, c'est que je vais m'informer auprès du bâtonnier du
district pour savoir s'il a été consulté à ce
sujet.
M. LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
M. LE SECRETAIRE ADJOINT: Première lecture de ce bill. First
reading of this bill.
M. LE PRESIDENT: Deuxième lecture, prochaine séance ou
séance subséquente.
M. LEVESQUE: Article 6.
M. LE PRESIDENT: Il y a des commissions qui siègent
actuellement.
M. LEVESQUE: Oui, M. le Président. Il y aura, dans quelques
minutes, la commission parlementaire de l'Education.
M. CARDINAL: A seize heures.
M. LEVESQUE: A seize heures, si vous préférez, quoiqu'il
ne soit pas loin de seize heures.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ce n'est pas nous qui le
préférons, c'est vous qui l'avez fixé.
M. LEVESQUE: Ensuite, nous pourrons prendre l'article 6 en Chambre.
Projet de loi no 276 Deuxième lecture
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Affaires municipales.
M. TESSIER: M. le Président...
M. Clément Vincent
M. VINCENT: Est-ce que le ministre me permettrait une question, avant de
continuer sa réplique? Il y a eu, en fin de semaine, certains
développements en ce qui concerne les conseils de comté, lesquels
m'ont fait parvenir une lettre que j'ai reçue il y a quelques instants.
Je pense qu'ils ont l'intention de la faire parvenir à tous les
députés de l'Assemblée nationale.
L'Union des conseils de comté critique sévèrement
l'attitude du ministre qui a refusé la collaboration des conseils de
comté pour l'élaboration des projets de loi 274, 276 et 277.
L'Union des conseils de comté demande que ces législations soient
reportées devant la commission parlementaire des Affaires municipales.
Est-ce que le ministre a pris connaissance de cette lettre? Si oui, est-ce
qu'il pourrait, dans sa réplique, nous faire ses propres commentaires
sur cette attitude des conseils de comté?
M. Maurice Tessier
M. TESSIER: M. le Président, je n'ai pas pris connaissance de la
lettre en question, mais j'ai reçu un télégramme de
l'Union des conseils de comté, la semaine dernière, dans le
même sens, il me semble. J'ai déjà répondu, il y a
quelques instants, à une question à ce sujet. Ma réponse a
été très brève et très simple. Cela a
été non, parce qu'il y avait eu énormément de
consultation au niveau des municipalités en ce qui concerne les projets
de loi nos 276, 48 ou autres concernant les municipalités.
Exerçant mon droit de réplique, lorsque j'ai
constaté, la semaine dernière, les divergences qui existaient
parmi les partis de l'Opposition quant au présent projet de loi,
évidemment, j'en suis venu à la conclusion que ma loi
n'était peut-être pas si mauvaise et qu'elle était
même bonne puisque, d'un côté, un certain parti d'opposition
dit que le gouvernement va trop loin, qu'il se donne trop de pouvoirs et que,
d'autre part, un autre parti d'opposition dit que nous n'allons pas assez loin.
Je crois que ceci démontre que le gouvernement a adopté un juste
milieu.
D'ailleurs, j'ai eu l'occasion, M. le Président, au cours de la
dernière fin de semaine que j'ai passée en entier dans la
Mauricie, de rencontrer au-delà d'une vingtaine de maires et de conseils
municipaux d'au moins quatre comtés, ceux de Saint-Maurice, Laviolette,
Champlain, Trois-Rivières, de dialoguer avec eux, de répondre
à leurs questions, d'expliquer davantage la portée du projet de
loi no 276. La conclusion de toutes ces rencontres et dialogues, c'est que tous
les maires, tous les représentants des conseils municipaux que j'ai
rencontrés, sans exception, étaient absolument favorables au
projet de loi 276.
M. VINCENT: Combien étaient-ils en tout?
M. TESSIER: Au-delà d'une vingtaine, je viens de le
mentionner.
M. VINCENT: Seulement dans mon comté, j'en ai 39!
M. TESSIER: C'est une consultation, tout de même, qui a
confirmé l'idée que je m'étais faite après avoir
entendu certains députés de l'Opposition en cette Chambre
critiquant le projet de loi, parce que le gouvernement allait trop loin, le
critiquant également parce qu'il n'allait pas assez loin.
Je voudrais relever, en particulier, certaines déclarations du
député séparatiste de Lafontaine, qui a
déclaré que le gouvernement n'avait pas de politique globale,
n'avait pas une politique cohérente en ce qui concerne les affaires
municipales.
Pourtant, je crois qu'aucun gouvernement plus que le nôtre, dans
l'histoire du Québec, n'a consulté les municipalités, ne
s'est penché sur les problèmes municipaux et n'a dialogué
avec la population et les administrateurs municipaux. Comme preuve de ceci,
entre autres, rappelons-nous la première conférence
provinciale-municipale, la seule qui ait été tenue au
Québec. Ces problèmes municipaux que nous considérons sont
multiples. Je me souviens, personnellement que, durant les années
où j'étais maire d'une moyenne municipalité du
Québec, où j'étais membre de l'exécutif de l'Union
des municipalités, nous avons présenté, année
après année, des mémoires et des recommandations au
gouvernement précédent. Chaque fois, on nous
répondait:
Nous allons considérer vos demandes. Nous allons les
étudier. Nous allons voir ce que nous pouvons faire pour régler
les problèmes des municipalités. Mais jamais ou à peu
près jamais les gouvernements précédents n'ont agi.
Lorsque l'on dit que le présent gouvernement n'a pas de politique
globale ou de politique cohérente dans les affaires municipales, c'est
qu'on ne comprend rien comme d'habitude, les créditistes ne
comprennent rien ou encore qu'on est de mauvaise foi, comme les
séparatistes.
Parce que, s'il y a un gouvernement qui est en train d'agir pour
régler je ne dis pas la totalité, évidemment
en grande partie les problèmes municipaux, c'est bien le gouvernement
actuel.
M. CHARRON: C'est bien le gouvernement fédéral, parce
qu'il s'occupe de vos affaires pendant que vous ne vous en occupez pas.
M. TESSIER: Si vous voulez parler, levez-vous! Je vais m'asseoir et
posez-moi une question.
M. CHARRON: Me permettez-vous de vous poser une question?
M. TESSIER: Et soyez poli!
M. CHARRON: Est-ce que le ministre des Affaires municipales est
conscient que, depuis la création du ministère des Affaires
urbaines à Ottawa, de plus en plus, le gouvernement central vient gruger
dans un domaine dont il s'occupe à peine, puisqu'il nous a
prouvé, à plusieurs reprises en Chambre, qu'il était
parfaitement inconscient de ce qui se passait dans le domaine des affaires
municipales, lui, pourtant mandaté par l'Assemblée nationale, par
la constitution et par le vote de cette Chambre pour s'en occuper?
M. TESSIER: M. le Président, cela montre bien dans quel esprit
les députés séparatistes envisagent les problèmes
municipaux. Nous avons besoin de la collaboration du gouvernement central
d'Ottawa pour régler les problèmes municipaux. Nous sommes
à négocier précisément, que cela soit au point de
vue de l'habitation, de la rénovation urbaine ou des problèmes de
transport dans les municipalités urbanisées. Nous avons besoin,
de ce côté-là, de la collaboration des deux gouvernements
et ce ne sont pas les séparatistes en cette Chambre qui nous
empêcheront et qui empêcheront le ministre des Affaires municipales
de continuer ses négociations avec notre gouvernement
fédéral.
Je disais que le gouvernement actuel présente un projet de loi
qui va améliorer sensiblement les dispositions législatives qui
existaient pour favoriser le regroupement des municipalités. Nous allons
bonifier la Loi de la fusion volontaire en y incorporant certaines mesures
coercitives jusqu'à un certain point, en exigeant des études dans
un délai donné, en apportant également des mesures
incitatrices. D'ici deux ou trois ans, nous aurons certainement atteint le but
que nous nous proposons en regroupant certaines municipalités pour le
mieux-être de la population et l'amélioration des services aux
contribuables.
Et, ce n'est pas tout. Le bill 48, la Loi sur l'évaluation
municipale, depuis des années et des années, depuis 20 ans, les
municipalités, les organismes qui s'intéressent aux questions
municipales réclamaient une telle loi. Les gouvernements
précédents ont toujours dit: Oui, on va s'en occuper. Mais ils
n'ont jamais rien fait.
Le gouvernement actuel est un gouvernement d'action. Nous prenons nos
responsabilités. Nous prenons des décisions qui vont
régler en grande partie, comme je le mentionnais il y a un instant, les
divers problèmes des municipalités qui sont laissés en
suspens depuis 20 et 25 ans. On dit qu'il n'y a pas de politique globale et de
politique cohérente au ministère des Affaires municipales, alors
que l'on sait que, lors de la conférence provinciale-municipale, mon
collègue le ministre des Finances exposait, justement, certaines
modifications à être apportées à nos lois afin
d'accroître les revenus des municipalités. C'est la
première fois dans l'histoire du Québec qu'un gouvernement se
penche sur cette question primordiale de la fiscalité municipale.
A la suite de la conférence provinciale-municipale, tel que le
déclarait le ministre des Finances, une commission a été
formée. Elle est composée de fonctionnaires des ministères
des Finances, des Affaires municipales, de l'Education, de représentants
de l'Union des municipalités, de l'Union des conseils de comté;
cette commission s'est réunie à plusieurs reprises sous la
présidence de mon collègue, le ministre d'Etat aux Finances, qui
encore la semaine dernière, il y a à peine trois jours, me
déclarait que la commission sera en mesure de présenter son
rapport au ministre des Finances avant la fin de la présente
année afin que, dès le début de 1972, le conseil des
ministres en soit saisi et que le gouvernement adopte des mesures, qui ne
régleront pas, je l'admets, définitivement tout le
problème de la fiscalité mais qui le régleront
sûrement en grande partie.
L'on dit, après cela, M. le Président, que nous n'avons
pas de politique au ministère des Affaires municipales alors que nous
sommes précisément en train d'agir et non pas d'étudier.
Le temps des études est terminé. Il est temps maintenant de
passer à l'action, d'accorder aux municipalités ce qu'elles
demandent depuis tant d'années. On dit que nous ne nous occupons pas des
municipalités. Que dire alors de la loi que j'ai annoncée
à plusieurs reprises en cette Chambre, la Loi de la planification et de
l'urbanisme, autre loi qui est demandée par les municipalités
depuis très longtemps? J'aurai l'occasion de la présenter au
cours de la prochaine session.
Le fouillis de nos lois qui touchent les municipalités, on y
mettra fin. Il y a présentement une commission que j'ai
créée au début de la présente année. Elle
étudie la refonte non seulement du code municipal et de la Loi des
cités et villes, mais également des amendements à
être apportés à d'autres lois qui touchent les affaires
municipales afin que nous ayons enfin une législation cohérente
en administration municipale, que nous ayons une loi dans laquelle il
n'existera pas des contradictions multiples comme c'est le cas actuellement.
Nous aurons une loi modernisée, dynamique, sûrement une des
meilleures de l'Amérique du Nord pour des fins d'administration
municipale.
Dans le domaine de l'habitation, nous avons apporté des mesures
additionnelles afin d'améliorer la loi. Encore la semaine
dernière, j'avais l'occasion de présenter devant cette Chambre et
de faire adopter une loi permettant à la Société
d'habitation de s'occuper, d'intervenir, de subventionner la
restauration d'habitations domiciliaires.
Nous avons également, au cours du printemps dernier,
amendé la loi de la Société d'habitation pour lui
permettre de financer des organismes sans but lucratif, afin d'étendre
encore la planification de l'habitation au Québec. On a également
permis d'aider, dans le cas des condominiums. Des amendements ont
été apportés à la Loi de l'habitation du
Québec, afin d'en étendre les avantages à un plus grand
nombre de personnes.
Evidemment, nous aurions pu aller plus loin. Nous projetons d'aller plus
loin dans le domaine de l'habitation. Mais encore là faut-il y aller
suivant nos moyens. Il faut tout de même savoir quels sont les revenus du
gouvernement. Si l'on ne veut pas augmenter le fardeau du contribuable par
d'autres taxes, il faut y aller graduellement. Le gouvernement voudrait bien y
aller plus rapidement en ce qui concerne l'habitation mais nous devons tenir
compte du contexte économique actuel.
Une autre loi qui est en préparation, c'est la nouvelle loi
électorale municipale. On la demande aussi depuis de très
nombreuses années, cette refonte de la Loi des élections
municipales. Cette loi sera présentée dans les prochains mois,
quand nous connaîtrons exactement quels seront les amendements qui seront
apportés à la Loi électorale provinciale, puisqu'il ne
faut tout de même pas qu'il y ait contradiction entre les deux lois.
Encore là, nous ferons un pas en avant.
Nous avons et nous sommes à régler la question du
transport en commun dans plusieurs municipalités par la formation de
commissions de transport, comme cela a été le cas pour Laval,
comme cela a été le cas pour la région de Hull et comme
cela le sera, avec le projet de loi no 84, pour la rive sud de
Montréal.
Et on viendra après cela, M. le Président,
prétendre qu'il n'y a pas de politique globale en affaires municipales!
Je viens d'exposer là un bref résumé de ce que le
gouvernement a fait dans 18 mois et ce qu'il fera au cours des prochains mois.
Je suis convaincu qu'avec cela, le gouvernement actuel apportera plus de
solutions aux problèmes municipaux en quatre ans que tous les
gouvernements antérieurs n'en ont apportées durant cinquante
ans.
M. BELAND: Me permettez-vous une question, M. le ministre?
M. TESSIER: Oui. Allez-y. M. LESSARD: Est-ce fini?
M. BELAND: Tenez-vous compte, dans vos allégations, de la grande
quantité de télégrammes que vous avez reçus ce
matin, télégrammes de demandes faites par les diverses
municipali- tés du Québec pour retarder les projets de loi nos
274, 276 et 277?
UNE VOIX: Il ne faut pas, voyons!
M. TESSIER: M. le Président, j'ai déjà
répondu deux fois à cette question. Je n'ai pas l'intention de
m'éterniser. J'ai dit qu'il était temps de mettre fin aux
études, qu'il y a eu consultation après consultation depuis
au-delà d'un an et qu'il est maintenant temps d'agir dans le meilleur
intérêt des contribuables.
Je ne me laisserai pas impressionner par les déclarations
électoralistes des créditistes qui veulent essayer avec cela de
se faire un capital politique.
M. BELAND: Question de privilège, M. le Président.
M. TESSIER: Nous allons prendre nos responsabilités.
M. DEMERS: Cela lui a fait du bien d'aller dans la Mauricie; ça
l'a réveillé!
M. LE PRESIDENT (Brown): Le député de
Lotbinière.
M. BELAND: Même si l'honorable Tessier est ministre, il n'a pas le
droit de prêter des intentions à un des députés de
cette Chambre. Même si c'est nous du Ralliement créditiste, vous
n'avez pas le droit de nous prêter des intentions, comme vous l'avez fait
tout à l'heure, en disant que nous étions des innocents. Si nous
sommes des innocents, vous dites vous-même que le peuple est innocent,
parce que le peuple est contre votre bill.
M. BOIS: Absolument!
M. TESSIER: Cela, c'est vous qui le dites, mais vous me permettrez, M.
le Président...
M. DEMERS: Entre spécialistes, parlez-vous donc.
M. TESSIER: ... de différer d'opinion avec mon collègue
crédististe de Lotbinière.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. TESSIER: Je veux également relever certaines
déclarations absolument fausses du député
séparatiste de Lafontaine, lorsqu'il a déclaré en cette
Chambre, la semaine dernière, que j'avais aboli le service de la
planification au ministère des Affaires municipales. C'est faux!
M. JORON: Cela vous a pris la fin de semaine pour vous en rendre
compte.
M. TESSIER: Je répondrai après. J'ai fait un
ménage, d'accord, dans le service de la planifica-
tion, parce que ça s'imposait, parce que de
présumés planificateurs planifiaient quoi? Ils planifiaient la
révolution, la séparation du Québec de la
confédération. Ils planifiaient le renversement du gouvernement.
C'est vrai que j'ai fait un ménage au service de la planification.
Il y en a qui sont disparus, il y en a qui ont été
mutés dans d'autres services, mais, malheureusement, il en reste encore.
Ma réorganisation du service de la planification n'est pas
terminée, mais je veux que l'on cesse, du côté des
séparatistes, de dire qu'il n'y a plus de planification au
ministère des Affaires municipales, alors que c'est exactement le
contraire.
Nous avons l'ancien service de la planification, qui s'appelle
maintenant le service de la planification et de l'urbanisme. De nouveaux
services ont été créés qui s'occupent
également de la planification: le service de l'évaluation
municipale, le service du regroupement municipal. Ce sont là trois
services qui s'occupent de planification. Mais ce ne sont pas les
fonctionnaires séparatistes qui vont dicter au gouvernement leur ligne
de conduite et leur politique en Affaires municipales. C'est le gouvernement
qui prendra les décisions.
M. LESSARD: Est-ce que le ministre me permettrait une question?
M. TESSIER: Je sais que ceci fait mal au parti séparatiste, parce
qu'il y a eu de l'infiltration parmi les fonctionnaires. On a voulu prendre
certains postes de contrôle...
M. DEMERS: M. le Président, j'invoque le règlement.
M. TESSIER: ... on a voulu dicter des politiques au gouvernement, mais,
s'il y a des choses qui existent dans d'autres ministères, ça
n'existera plus au ministère des Affaires municipales.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. DEMERS: M. le Président, est-ce que vous pourriez rappeler
à l'honorable ministre qui est venu en Mauricie pour prendre une
certaine vigueur en fin de semaine qu'il s'éloigne sensiblement
du bill 276 en parlant des séparatistes? Qu'est-ce que ça vient
faire en planification municipale?
M, LESSARD: M. le Président, est-ce que le ministre, bien
gentiment...
M. TESSIER: Non, si le député de Saint-Maurice
était présent je ne sais pas s'il l'était à
ce moment-là; je sais qu'il l'a été depuis que nous avons
commencé à tenir nos séances ...
M. DEMERS: J'étais présent.
M. TESSIER: ... il se rappellera certaines déclarations du
député de Lafontaine qui m'a accusé et ce
n'était pas la première fois ...
M. DEMERS: Du patronage.
M. TESSIER: ... d'avoir fait disparaître le service de la
planification au ministère des Affaires municipales.
Je crois que, dans mon droit de réplique, je puis lui
démontrer que cette déclaration est fausse; il y a eu
modification, mais le service existe toujours, après un certain
ménage, pour se libérer d'éléments
indésirables.
M. LESSARD : Est-ce le ministre qui est désirable ou
indésirable?
M. TESSIER: M. le Président...
M. JORON: Le ministre me permettrait-il une question
M. TESSIER : Pas tout de suite.
Certains de mes collègues de l'Opposition ont dit: Pourquoi
n'est-on pas arrivé avec un projet de loi dans lequel il y aurait par
exemple, en annexe, des unités de regroupement? Mais c'est
précisément le but de la loi, ça. Est-ce qu'on n'a pas
compris la loi qui est devant cette Assemblée?
Le but de la loi est justement de faire des études dans des
unités de regroupement. On ne peut pas déterminer des
unités de regroupement comme on a pu en faire par exemple dans le cas
des commissions scolaires. Ce cas était tout à fait
différent. Dans le nôtre, il faut savoir si c'est
réellement avantageux ou désavantageux, pour un certain nombre de
municipalités, de se regrouper en se fusionnant. On a dit : Oui, mais
quels sont les critères? M. le Président, il n'y a pas des
critères. Il y en a un seul et unique qui va décider s'il doit y
avoir ou ne pas y avoir de fusion.
C'est l'intérêt du contribuable. C'est le seul et unique
critère. Pour cela, il faut que les municipalités étudient
entre elles, fassent étudier par des experts, préparent des
budgets, étudient la question des dettes municipales, des taxes et des
services, pour voir ce qu'après le regroupement cela va donner. Il faut
qu'elles étudient entre elles et en collaboration avec le
ministère des Affaires municipales. Nous sommes là pour aider ces
municipalités et c'est ainsi que nous verrons s'il y a avantage ou non,
dans tel ou tel cas particulier, qu'il y ait fusion.
Mais je répète et je termine là-dessus, M.
le Président on a parlé d'absence de planification; il y
en a au ministère des Affaires municipales. Nous allons appliquer le
présent projet de loi lorsqu'il aura été
sanctionné. Nous allons l'appliquer non pas à l'aveuglette, mais
selon des priorités bien définies. D'abord, le regroupement des
municipalités urbaines qui sont présentement à
l'intérieur des deux communautés urbaines de Québec et de
Montréal et
à l'intérieur de la communauté régionale de
l'Outaouais.
Deuxième priorité, tel que demandé et requis depuis
longtemps par l'Union des conseils de comté, forcer, ordonner des
études obligatoires entre les municipalités de village et de
paroisse, afin qu'il y ait là regroupement de ces
municipalités.
Troisièmement, les agglomérations urbaines pas
rurales comme celles qui existent par exemple sur la rive sud de
Montréal, la rive sud de Québec, dans la région de
Trois-Rivières, de Sherbrooke ou ailleurs, devront étudier
également l'opportunité ou les avantages qu'il y aurait de se
regrouper ou de ne pas se regrouper sous forme de fusion.
Je ne crois pas, bien sincèrement, en la nécessité
je le dis pour mes collègues qui ont exprimé des craintes
quant aux municipalités rurales de regrouper des
municipalités rurales entre elles parce que, d'abord, je ne vois pas
quel avantage celles-ci pourraient en retirer du fait que nous aurions un
territoire très étendu, avec très peu de concentration de
population. D'autre part, il peut y avoir certains cas d'exception. Lorsque,
volontairement, certaines municipalités rurales trouveraient avantage
à se regrouper entre elles, il faut tout de même qu'il y ait des
dispositions dans notre législation pour leur permettre de se fusionner
afin qu'elles puissent également bénéficier des mesures
inci-tatrices, des avantages fiscaux que la loi peut leur accorder ou leur
accordera.
J'ai la ferme conviction que nous sommes ici en face d'un projet de loi
attendu depuis très longtemps par nos municipalités du
Québec, qui viendra bonifier l'ensemble de nos législations
municipales et améliorer l'administration municipale pour le meilleur
intérêt des contribuables du Québec.
M. LESSARD: M. le Président...
M. PAUL: M. le Président, nous demanderions l'enregistrement du
vote sur ce projet de loi en deuxième lecture.
M. LESSARD: ... auparavant, pourrais-je poser deux questions au ministre
des Affaires municipales?
DES VOIX: Non, non! DES VOIX: Vote! Vote!
M. TESSIER : M. le Président, le député de Saguenay
pourra poser ses questions lors de l'étude en comité.
M. LE PRESIDENT: Qu'on appelle les députés.
Vote sur la deuxième lecture
M. LE PRESIDENT: A l'ordre messieurs! Que ceux qui sont en faveur de
cette motion de deuxième lecture veuillent bien se lever, s'il vous
plaît.
M. LE SECRETAIRE ADJOINT: MM. Bourassa, Lévesque, Choquette,
Castonguay, Pinard, Garneau, Mme Kirkland-Casgrain, MM. Tessier, Harvey
(Jonquière), Simard (Richelieu), L'Allier, Cloutier (Ahuntsic), Tetley,
Drummond, Saint-Pierre, Lacroix, Fournier, Goldbloom, Mailloux, Arsenault,
Houde (Fabre), Coiteux, Bienvenue, Perreault, Brown, Saint-Germain, Pearson,
Leduc, Assad, Bacon, Bossé, Caron, Carpentier, Dionne, Faucher, Giasson,
Harvey (Chauveau), Houde (Limoilou), Larivière, Marchand, Pépin,
Pilote, Shanks, Laurin, Burns, Charron, Joron, Tremblay (Sainte-Marie),
Lessard.
M. LE PRESIDENT: Que ceux qui sont contre cette motion veuillent bien se
lever, s'il vous plaît.
M. LE SECRETAIRE ADJOINT: MM. Paul, Cardinal, Tremblay (Chicoutimi),
Vincent, Boivin, Deniers, Samson, Roy (Beauce), Béland, Bois, Brochu,
Latulippe, Guay.
M. LE SECRETAIRE ADJOINT: Pour: 49. Contre: 13.
M. LE PRESIDENT: Cette motion est adoptée.
M. LEVESQUE: Comité plénier.
Comité plénier
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Affaires municipales propose
que je quitte maintenant le fauteuil et que la Chambre se forme en
comité plénier.
Cette motion est-elle adoptée?
Amendement de M. Rémi Paul
M. PAUL: M. le Président, voulant me prévaloir des
dispositions de l'article 560, j'aurai une motion à présenter
dans quelques minutes.
Nous avons écouté avec beaucoup d'intérêt les
remarques du ministre des Affaires municipales dans sa réplique à
l'appui du projet de loi no 276.
Je me rappelle les différents arguments qui ont été
soulevés à l'appui ou au rejet du principe du projet de loi no
276 et spécialement des remarques de mon collègue, le
député de Chicoutimi, en ce qui a trait au rôle que seront
appelés à jouer les conseils de comté lorsque la loi
favorisant le regroupement des municipalités aura été
adoptée.
De plus, en fin de semaine, une importante réunion a
été tenue par l'exécutif de l'Union des conseils de
comté de la province de Québec et dans une lettre signée
de M. Jean-Marie Moreau, président, il est bien dit que les conseils de
comté n'ont pas été consultés au
sujet de l'adoption, entre autres, du projet de loi no 276.
Je voudrais vous faire part également d'un
télégramme qui a été adressé à
plusieurs collègues de l'Assemblée nationale. Dans le corps de ce
télégramme, je retrouve le texte suivant: "Pour ce qui a trait au
projet de loi annoncé sur le regroupement municipal, tant et aussi
longtemps que le gouvernement du Québec n'aura pas pris une position
claire et définitive sur les propositions que nous lui avons faites,
nous nous objectons fermement à toute mesure législative ou
autres ayant pour effet d'éliminer les conseils de comté, de
réduire leurs pouvoirs ou de nier leur participation à la
réforme des structures."
Je dis donc que ce projet de loi, d'une importance capitale pour
l'avenir de nos municipalités, devrait être étudié
par la commission parlementaire des Affaires municipales. Il y a deux principes
que nous retrouvons dans ce projet de loi. Il y a tout d'abord le regroupement
des municipalités à l'intérieur des communautés
urbaines et le regroupement éventuel des municipalités rurales.
Nous aimerions avoir l'avantage d'entendre les membres de l'exécutif des
Communautés urbaines de Québec, de Montréal et de
l'Outaouais.
Nous aimerions également avoir l'avantage d'entendre, sur
l'application de ce projet de loi, les membres de l'Union des conseils de
comté et de l'Union des municipalités. Nous aimerions avoir
l'avantage d'entendre certains fonctionnaires du ministère des Affaires
municipales, spécialement ceux qui s'occupent de la planification et de
l'urbanisme. Comme il nous est impossible de connaître les unités
municipales dont parle le ministre dans son projet de loi, nous
désirons, par voie de conséquence, en connaître davantage
sur les normes qui régissent ces unités de regroupement
municipal. Je crois qu'il est absolument essentiel et nécessaire que ce
projet de loi soit déféré à la commission des
Affaires municipales afin que nous ayons l'avantage d'entendre tous ces corps
intermédiaires, ainsi que toute autre personne désireuse de se
faire entendre sur l'application et les modalités de ce projet de
loi.
C'est pourquoi, M. le Président, aucunement dans le but de
retarder l'adoption ou la marche normale de nos travaux, je propose,
appuyé par le député de Saint-Maurice, que la motion en
discussion soit amendée en remplaçant tous les mots après
le mot "que" par les suivants: La Chambre est d'avis que le projet de loi no
276, intitulé Loi favorisant le regroupement des municipalités,
soit référé à la commission parlementaire des
Affaires municipales pour entendre les parties intéressées et les
corps intermédiaires en séances publiques et pour aviser.
M. TESSIER: M. le Président, j'ai considéré la
motion qui vient d'être présentée par le
député de Maskinongé. Je voudrais, très
brièvement, dire que les consultations que le député, mon
honorable ami, voudrait avoir devant la commission parlementaire des Affaires
municipales ont déjà eu lieu. Il y a eu de multiples
consultations, de multiples rencontres. Il y a eu la conférence
provinciale-municipale et des rencontres, comme je l'ai mentionné, avec
au-delà de 300 conseils municipaux dans le Québec. Nous avons
reçu au-delà de 100 mémoires. Nous avons tenu compte des
recommandations les plus valables contenues dans ces mémoires pour
rédiger le présent projet de loi.
Il est temps que cette période de consultation et d'étude
se termine.
Le gouvernement actuel entend passer à l'action immédiate.
Nous ne voulons pas continuer à éterniser cette période de
consultation et d'étude. Nous croyons que le gouvernement a suffisamment
été conseillé et qu'il est maintenant en mesure de donner
aux municipalités le projet de loi tant attendu depuis de nombreux mois,
depuis de nombreuses années. En conséquence, il est temps que
nous passions à l'examen définitif de ce projet de loi en
comité plénier.
M. LESSARD: M. le Président... M. DEMERS: M. le
Président...
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Lors de l'étude que nous avons faite,
en fin de semaine dernière, de ce projet de loi, j'avais personnellement
insisté sur le rôle qui serait dévolu aux conseils de
comté dans les nouvelles structures que propose le ministre.
Le ministre avait déjà déclaré
c'était le 12 août 1971 qu'il entendait non seulement ne
pas restreindre les pouvoirs des conseils de comté mais leur donner des
pouvoirs accrus. Or, il appert, des documents que nous avons reçus, des
télégrammes et de la lettre dont a fait état le
député de Maskinongé, que les conseils de comté ne
sont pas satisfaits de la façon dont le ministre a
procédé.
Je veux bien croire que le ministre a consulté. Il a dit qu'il
avait multiplié les consultations, que nous avions entendu des
mémoires, que des représentations avaient été
faites de toutes parts par les citoyens intéressés. Mais il
semble que cette consultation n'ait pas été suffisante et que le
gouvernement, à tout le moins, n'en ait pas tenu compte puisque
aujourd'hui ce sont les conseils de comté eux-mêmes qui nous
demandent de prier le gouvernement de différer l'adoption du projet de
loi qu'il nous a proposé.
Je veux donc, M. le Président, appuyer la proposition qu'a faite
le député de Maskinongé parce qu'il me parait
nécessaire d'interroger, comme il l'a dit, les représentants des
différentes communautés urbaines, d'interroger les
représentants des municipalités urbaines et des
municipalités rurales et d'entendre également
les représentants des conseils de comté afin de savoir si,
comme le dit le ministre, il y a eu consultation, si on a tenu compte des
représentations qui avaient été faites par les organismes
représentatifs qui sont venus devant nous ou qui ont eu des entretiens
privés avec le ministre.
Il y a quelques semaines, M. le Président, lors des audiences de
la commission parlementaire des Affaires municipales, qui étudiait la
loi 48, j'ai rappelé au ministre des Affaires municipales les exigences
qu'avaient formulées les conseils de comté. Je lui ai notamment
rappelé la déclaration qu'il avait faite à cette occasion,
déclaration dans laquelle il disait que non seulement les pouvoirs des
conseils de comté ne seraient pas diminués mais qu'ils seraient
accrus. Je voudrais donc que nous ayons l'occasion d'entendre les
représentants de ces divers organismes aux fins de savoir si le projet
de loi que le ministre propose à notre adoption correspond exactement
à l'idée que les organismes municipaux, par tout le territoire du
Québec, se font de l'organisation municipale.
Nous avons tout à l'heure indiqué, par le vote que nous
avons donné, que nous n'étions pas d'accord avec le ministre.
Notre désaccord ne porte pas nous l'avons déjà dit
tant sur le principe que sur un ensemble de modalités qui nous
sont rappelées aujourd'hui par les revendications des conseils de
comté. C'est précisément pour que le ministre soit en
mesure de revoir sa loi, de la repenser en fonction d'une planification
municipale cohérente, en fonction d'une planification municipale qui ne
procède pas à l'envers du bon sens.
C'est précisément en fonction de tout cela que nous
voudrions que la proposition du député de Maskinongé soit
acceptée et qu'en toute bonne foi dans un esprit de collaboration
non seulement avec les parlementaires, mais avec les gens qui sont en dehors de
cette Chambre et particulièrement les représentants des
autorités municipales le ministre accepte de revoir l'ensemble de
son projet de loi, de le remettre sur le chantier, le cas
échéant, afin de répondre aux exigences légitimes
et normales d'un groupe de citoyens qui, quoi que dise le ministre,
déclarent publiquement, dans des lettres, dans des
télégrammes et lors d'une assemblée publique, qu'ils n'ont
pas été consultés.
Vous savez, il y a toutes sortes de façons de faire de la
consultation. On peut le faire de façon publique, de façon
privée, et je ne mets aucunement en doute la parole du ministre
lorsqu'il m'a dit qu'il a reçu l'agrément de celui-ci ou de
celui-là. Mais il reste que nous avons devant nous aujourd'hui et
un grand nombre de députés de cette Chambre en ont reçu
des copies des documents qui établissent que ces citoyens qui
nous font des représentations ne sont pas satisfaits et qu'ils
voudraient voir le ministre des Affaires municipales ajourner l'examen de la
loi qu'il nous a proposée aux fins de se faire entendre et de modifier
dans le sens des intérêts des municipalités le projet de
loi no 276.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Saint-Sauveur.
M. BOIS: M. le Président, nous désirons appuyer la motion
de l'honorable député de Maskinongé surtout pour les
raisons qui suivent.
Nous trouvons, nous du Ralliement créditiste du Québec,
à la lumière des faits et des opinions qui sont exposés
aujourd'hui, que certains des documents que nous avons devant nous portent sur
des choses qui deviennent contradictoires. Nous avons, entre autres,
relevé certaines déclarations qui ont été faites
lors des débats à la commission parlementaire des Affaires
municipales.
En même temps, nous appuyons cette motion parce que nous voulons
absolument tenir compte de la lettre qui fut expédiée par M. le
président de l'Union des conseils de comté à mon
confrère, l'honorable député de Frontenac.
Justement, j'aimerais que l'honorable ministre des Affaires municipales
en tienne compte, parce que c'est quand même du représentant
officiel et en titre de cette association. Il mentionne même dans sa
lettre: "On a refusé notre collaboration et on tente maintenant de faire
adopter à la vapeur les bills nos 274, 276 et 277 qui ont pour effet de
faire disparaître les conseils de comté et de chambarder tout
notre régime municipal en milieu rural, sans pour autant régler
les problèmes de nos municipalités."
Nous appuyant sur cette demande que nous trouvons extrêmement
légitime, nous croyons que, devant ces faits, il y a certainement lieu
pour l'honorable ministre des Affaires municipales de prendre le temps
nécessaire pour écouter les représentants de ces
associations qui ont certainement des faits nouveaux et des suggestions
appropriées à soumettre à l'honorable ministre des
Affaires municipales.
C'est la raison pour laquelle nous désirons fortement appuyer la
motion de l'honorable député de Maskinongé.
M. LE PRESIDENT: Le député de Saguenay.
M. LESSARD: M. le Président, nous avons par notre vote, en
appuyant le gouvernement, démontré que nous étions
complètement d'accord sur le principe du projet de loi,
c'est-à-dire le regroupement municipal. Nous avions voté pour
même si, au cours de la deuxième lecture, nous avions
apporté des critiques très acerbes contre ce projet de loi.
Nous avions démontré que tout était laissé
à la discrétion du ministre. Nous avions démontré
que ce projet de loi était extrêmement faible, qu'il ne ferait
pas, à notre sens, avancer d'un iota le regroupement municipal. Nous
avions aussi fait valoir le fait que, contrairement au bill no 27, le projet de
loi ne nous donnait aucune idée des unités de regroupement dont
nous parle le ministre à l'article 2.
Ce n'est donc pas, M. le Président, pour les mêmes buts que
les autres partis de l'Opposition que nous avons fait nos critiques concernant
ce projet de loi.
Cependant, M. le Président, nous appuierons quand même la
motion du député de Maskinongé. Nous l'appuierons
justement parce que ce projet de loi a besoin d'être bonifié,
parce que ce projet de loi a besoin d'amendements importants si on veut, comme
le disait le ministre, arrêter d'étudier puis passer à
l'action; si on veut vraiment que le groupement municipal se fasse et se fasse
le plus tôt possible.
Devant les interrogations que nous avons soulevées au cours de la
deuxième lecture, et auxquelles le ministre n'a aucunement
répondu, devant le fait que nous sommes encore dans la noirceur en ce
qui concerne les unités de regroupement, devant le fait qu'il ne semble
pas encore que le ministre sache exactement si le regroupement municipal est
une chose rentable économiquement ou si ce ne l'est pas, devant le fait
que les études qui auraient dû certainement être faites
à l'intérieur du ministère des Affaires municipales, ne
nous sont pas connues, nous allons appuyer cette motion. En convoquant la
commission des Affaires municipales, nous aurons l'occasion de poser toutes les
questions aux experts du ministère des Affaires municipales, de telle
sorte que nous pourrons peut-être, cette fois, avoir des réponses
claires, voir exactement si le ministre sait où il va avec le
regroupement municipal, voir exactement si ces études qui ont
été faites si études il y a correspondent au
projet de loi qui nous est soumis.
Je pense et là-dessus je suis d'accord avec le ministre
qu'il y a eu une consultation passablement importante auprès des
organismes municipaux. Mais, cependant, je ne crois pas que ce projet de loi
nous apporte des résultats concrets. C'est donc dans le but de pouvoir
interroger tous les experts, de pouvoir tenter ou essayer de convaincre le
ministre qu'il est important de bonifier sa loi s'il veut arrêter comme
il le disait tout à l'heure, d'être un gouvernement
d'étudiants pour être un gouvernement d'action que nous appuierons
la motion du député de Maskinongé.
Je crois que cette motion n'a aucunement pour but de retarder
l'application de ce projet de loi, parce que de toute façon c'est un
projet de loi qui ne nous mènera nulle part. Mais en réunissant
ou en convoquant la commission des Affaires municipales, nous pourrons au moins
le bonifier de telle façon que cette fois le projet de loi pourra nous
amener à des résultats concrets, à des résultats
positifs puis qu'on cessera enfin de parier de regroupement municipal et qu'on
agira, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Le député de Taillon.
M. LEDUC: M. le Président, la motion du député de
Maskinongé est sûrement présentée de bonne foi, mais
je crois qu'après les nombreuses consultations qui ont eu lieu au
ministère des Affaires municipales, les nombreuses rencontres que le
ministre des Affaires municipales a eues depuis plusieurs mois, les
études qui ont été faites au ministère des Affaires
municipales pour préparer et présenter cette loi, nous en sommes
rendus au stade de l'action.
Cette motion, malgré la bonne foi du député de
Maskinongé, dont je ne doute pas, saura retarder fort probablement, si
elle est votée par cette Chambre, la mise en oeuvre d'un projet qui est
souhaité par la quasi-totalité des administrateurs municipaux de
la province.
M. BOIS: Avez-vous voyagé?
M. LEDUC: Que l'on veuille la bonifier, il est possible qu'on puisse le
faire, mais on peut sûrement la bonifier en comité plénier,
sans pour cela la déférer à la commission parlementaire
des Affaires municipales, où l'on entendra à peu près tout
ce qui a été dit depuis que ce projet de loi est à
l'étude. Pour ma part, M. le Président, c'est sans
hésitation que je voterai contre cette motion.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Saint-Maurice.
M. DEMERS: M. le Président, un mot seulement pour appuyer la
motion du député de Maskinongé. Je rappellerai au ministre
que c'est peut-être une grâce actuelle qui passe aujourd'hui et
qu'il ne faut pas abuser de la grâce, car elle passe et ne revient pas,
disait-on dans le temps.
Si on convoquait la commission, cela lui permettrait de bonifier, comme
le disait le député de Saguenay, son projet de loi qui est
tapissé de bonnes, d'excellentes intentions, mais qui ne mène
nulle part parce qu'il manque de planification et d'unité. La remarque
que faisait tantôt le député de Chicoutimi à l'effet
que l'Union des conseils de comté avait été
consultée et, surtout, que, ce matin, ces gens étaient
excessivement inquiets en fin de semaine, ils avaient dû se
réunir pour prendre position m'a inquiété moi
aussi, à tel point que j'ai fait quelques appels
téléphoniques. J'ai appelé le président, j'ai
appelé certains préfets de conseils de comté et on m'a
assuré que la consultation avait été faite en se basant
sur le défunt livre blanc.
Aujourd'hui, si on se base sur le projet de loi qui nous est soumis, le
projet no 276, on remarque qu'il n'y a absolument rien, ou presque, qui
était préconisé par le défunt livre blanc. Les
maires en question me demandent d'insister auprès du ministre et de la
Chambre afin qu'ils puissent revoir ce projet de loi qui, d'après ce
qu'ils me disent, est complètement neuf pour eux. Ils voudraient,
à la commission des Affaires municipales questionner de nouveau le
ministre sur ce projet de loi. C'est du
neuf, c'est de la terre vierge, en friche, ce nouveau projet.
Ces gens voudraient le regarder avec le ministre, le consulter et
surtout lui dire ce qu'ils veulent là-dedans et ce qu'ils ne veulent
pas. Le projet de loi, comme je le déplorais vendredi, est d'une
faiblesse déconcertante en ce qui concerne les critères sur
lesquels le ministre s'est basé. Il nous a dit, en réplique
tantôt, que le seul critère qui devait valoir et prévaloir
était le plus grand bien de la collectivité. J'en suis et tout le
monde en est; c'est assez général. Tout le monde est pour la
vertu, même si ça les dérange quelquefois; nous aussi, nous
en sommes.
Le plus grand bien de la collectivité, dans l'esprit du ministre,
c'est quoi? On sait que, pour une municipalité, le plus grand bien,
c'est d'avoir des routes ouvertes en hiver. Il n'y a pas d'objection
là-dessus. Comme, à la voirie, on ne donne plus de subvention, le
plus grand bien s'en va pour le plus grand mal. Nous voudrions que le ministre
précise, qu'il nous dise sur quoi il va se baser pour demander une
étude sérieuse sur le projet de loi. On le lui a demandé;
il n'a pas précisé. En commission, il pourrait, avec ses
officiers, rassurer les conseils de comté et les parlementaires
là-dessus.
Si on continue un peu plus loin dans le projet de loi, on remarque qu'il
y a une discrétion absolue quant aux pouvoirs du ministre. Le ministre
est roi et maître. Il pourra, mais il ne devra jamais dans ce projet de
loi là. Il faut nécessairement que le ministre soit tenu de faire
des choses. On ne peut lui donner des pouvoirs, s'il ne doit jamais rien faire.
A quoi bon lui en donner? Il pourra, si ça fait son affaire, si
ça fait l'affaire de tel maire de telle région qui serait venu
voir le ministre ou que le ministre aurait rencontré lors de l'une de
ses pérégrinations de fin de semaine. Il est venu en Mauricie et
il a trouvé que le pouls n'était pas mauvais pour son projet de
loi. Il pourra dans ce cas-là.
S'il va à un autre endroit où le pouls est moins bon, il
pourra, mais il ne le fera pas. Il faudrait qu'il doive le faire de temps
à autre. C'est tellement flou. La convocation de la commission donnerait
une excellente chance au ministre d'améliorer son projet de loi, de nous
amener quelque chose qui a du corps et qui se tienne. Pour ces raisons,
j'appuierai la motion du député de Maskinongé.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Lotbinière.
M. BELAND: M. le Président, il me fait plaisir, à mon
tour, de venir donner mon opinion relativement à cette motion qui a
été présentée il y a quelques instants par le
député de Maskinongé, motion relative au bill 276
concernant les regroupements municipaux.
Je pense qu'il faut dire que le ministre a certainement de bonnes
intentions, mais entre les bonnes intentions du ministre et de quelques-uns de
ses adjoints et les intentions de ceux qui ont à administrer les
comtés de la province aux conseils de comté, entre l'ensemble des
comtés du Québec et les intentions du ministre, il y a une
très grande marge. Nous avons pu le constater d'une façon plus
accentuée ce matin lorsque nous avons reçu des
télégrammes de différents conseils municipaux, de sorte
que nous sommes en faveur de la motion présentée qui nous
permettrait d'entendre les différents corps organisés qui
voudraient se faire entendre, pour apporter des arguments ou des suggestions
possibles afin d'améliorer ce bill de façon à ce qu'il
colle réellement à la réalité des faits afin que
les conseils de comté n'aient pas à subir à l'avenir, les
conséquences maladroites qui n'auraient pas été
prévues lors de la rédaction du projet de loi.
Ceci dit, une autre constatation. Hier, je discutais avec deux maires de
mon comté concernant ce projet de loi. Comme le tout ne nous a
été présenté que tout dernièrement, il m'a
été impossible de décrire le projet de loi ou ses
conséquences possibles. Eux me disaient: M. le bill 276, nous ne le
connaissons pas. Il me semble qu'il est essentiel que nous entendions ceux qui
viendront exposer des mémoires et j'ai l'impression qu'il y en
aura plusieurs que nous nous préparions en conséquence
afin d'être davantage éclairés, et non seulement nous mais
il est très important que toute la population soit suffisamment
éclairée pour prendre position de façon définitive
sur la nécessité de regroupement dans certains secteurs, apporter
des suggestions appropriées et faire des observations très
précises. Le regroupement, tel que proposé, doit tenir compte non
pas seulement de la population et de la valeur estimative des
propriétés immeubles, mais également d'une foule d'autres
secteurs. Je n'ai qu'à me référer à ce que fut le
livre blanc nous ne savons pas si ce fut celui du ministre Tessier ou
celui de l'ex-ministre dans l'ancien gouvernement mais il reste un fait,
c'est que les secteurs sont là, et nous voyons des comtés qui
sont découpés démesurément en ne tenant pas compte
avec quelles paroisses ou quels secteurs on fusionne ou on veut fusionner
certaines paroisses ou certaines municipalités.
Nous sommes en faveur de certains regroupements, mais pas dans le sens
de l'agencement actuel. Présentement, oh! ce n'est certainement
pas le ministre, il n'a pas l'air dans les nuages, la preuve c'est
qu'actuellement il marche sur le tapis il y a des personnes qui ont
certainement des idées dans les nuages par rapport à certains
articles du bill 276.
A la lumière de faits bien précis ou de suggestions, comme
je le disais tout à l'heure, suggestions bien précises qui nous
seront apportées dans les mémoires qui nous seront
présentés, après quoi nous pourrons voter en connaissance
de cause.
Les conseils de comté à travers la province, toutes les
municipalités ensemble pourront savoir exactement ce à quoi ils
doivent s'attendre avec le bill 276.
En conséquence, nous appuyons la motion
qui a été présentée par le
député de Maskinongé.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Nicolet.
M. VINCENT: M. le Président, au début de l'intervention du
ministre des Affaires municipales en deuxième lecture, j'avais
posé certaines questions. Je voudrais, à la suite de cette motion
présentée par le député de Maskinongé, vous
donner lecture d'une lettre qui est parvenue à plusieurs
députés, lettre qui, à mon sens, est très
importante pour guider tous les membres de cette Chambre avant que nous
prenions un vote sur la motion du député de
Maskinongé.
Cette lettre est datée du 12 décembre 1971, donc d'hier.
Comme le dit le député de Maskinongé, c'est à la
suite d'une étude approfondie des lois concernant le ministère
des Affaires municipales qu'on en est venu à cette conclusion
d'écrire et de communiquer avec tous les membres de l'Assemblée
nationale afin que le gouvernement puisse retarder jusqu'après les
fêtes la discussion de ces projets de loi, plus spécifiquement le
projet de loi no 276 que nous avons devant nous présentement.
Donc, cette lettre se lit comme suit, sous la signature de M. Jean-Marie
Moreau, président de l'Union des conseils de comté de la province
de Québec: "Bien que, depuis plusieurs années, notre union ait
élaboré un plan en vue de regrouper nos villages et nos paroisses
et de conférer au conseil de comté des pouvoirs additionnels pour
régler adéquatement les problèmes régionaux en
milieu rural, bien que toutes nos études aient reçu l'appui de
nos municipalités rurales réunies en congrès..." Je laisse
de côté la citation de la lettre pour dire au ministre que les
conseils de comté ont joué et peuvent encore jouer un rôle
très important. Ils peuvent jouer un rôle très important
dans l'élaboration de politiques et le ministère des Affaires
municipales et le ministre lui-même pourraient, sans avoir à
mettre en place de nouvelles structures, en se servant de structures
déjà établies, utiliser les conseils de comté
où nous avons des représentants des municipalités de la
province.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît! Je dirais à
l'honorable député de Nicolet, avec l'expérience que tout
le monde lui reconnaît, qu'actuellement il s'éloigne de la motion.
Il a sans doute le droit de mentionner que la commission parlementaire
permanente des Affaires municipales devrait siéger pour étudier
le projet de loi et entendre les représentants des conseils de
comté, ce qui ne pourrait pas être fait en comité
plénier, mais je ne peux pas lui permettre d'élaborer sur
l'avantage ou l'utilité des conseils de comté, parce que je ne
vois rien dans la loi qui prévoit leur abolition.
Je voudrais que, comme les autres députés qui l'ont
précédé, l'honorable député de Nicolet s'en
tienne à la motion de son collègue, le député de
Maskinongé.
M. VINCENT: Pour continuer la lettre et éviter de déroger
au règlement, voici ce que l'Union des conseils de comté demande
et les raisons qu'elle invoque pour qu'on retarde l'adoption du projet de loi
et qu'il soit déféré à la commission des Affaires
municipales.
Les conseils de comté disent: "Bien que nous ayons insisté
sans arrêt auprès de l'honorable ministre des Affaires municipales
pour collaborer à l'élaboration d'une politique municipale en
milieu rural, qui soit acceptable par notre population, on a refusé
notre collaboration et l'on tente maintenant de faire adopter à la
vapeur les bills 274, 276 et 277 qui ont pour effet de faire disparaître
les conseils de comté et de chambarder tout notre régime
municipal en milieu rural, sans pour autant régler les problèmes
de nos municipalités. "Nous vous demandons, bien respectueusement, de
référer, après les Fêtes, devant la commission
permanente des Affaires municipales l'étude des bills 274, 276 et 277
afin que nous puissions faire les recommandations qui s'imposent. Comptant sur
votre collaboration et avec nos remerciements anticipés, nous demeurons,
vos tout dévoués, "L'Union des conseils de comté.
"Jean-Marie Moreau, président."
Je sais, M. le Président, que le bill 274 est adopté,
ainsi que le bill 277, mais le projet de loi le plus important, à
l'heure actuelle, c'est le projet de loi no 276. L'objectif du ministre est
d'arriver avec une vraie politique municipale non seulement en milieu urbain,
mais en milieu rural. Si le ministre a réellement comme objectif
d'établir une politique municipale conforme aux besoins et aux
nécessités présentes, si le ministre veut établir
cette politique municipale en collaboration avec les maires, les conseils
municipaux et les conseils de comté, je crois qu'il serait de mise
qu'immédiatement il accepte vu que l'Union des conseils de
comté a certainement des représentations très importantes
à faire, lesquelles ont reçu l'appui de l'immense majorité
des conseils municipaux locaux de bonne grâce, parce que nous
sommes seulement à quelques jours de la période des fêtes,
au moins de donner cette impression à la population qu'il veut
établir cette politique nouvelle dans les régions rurales,
surtout, dans un " climat de paix afin qu'il reçoive cette collaboration
tant demandée.
C'est peut-être une supplique que j'adresse au ministre des
Affaires municipales, mais, si nous adoptions le bill 276 aujourd'hui ou
demain, vous savez M. le Président, ce qui arriverait, connaissant
l'influence des conseils de comté et des conseils municipaux et sachant
également quel rôle les représentants, les maires, les
conseillers des municipalités peuvent jouer dans l'élaboration
d'une politique. Si ces gens étaient déçus de voir qu'ils
n'ont pas reçu
l'appui de leur ministre à qui on demande de retarder, pendant
quelques semaines, l'étude de ce projet afin qu'eux-mêmes
participent à l'élaboration d'une politique municipale, ils
pourraient devenir des adversaires d'une fusion désirée et voulue
par le ministre et acceptable, j'en conviens, dans bien des cas.
En effet, il faut en arriver à exercer une politique nouvelle en
ce qui concerne la fusion de municipalités. Même, on rencontre des
municipalités où il y a trois conseils municipaux. C'est
exagéré. C'est même ridicule. Mais il faut commencer
quelque part. Il faut faire quelque chose. Déjà, si nous avons
l'appui, l'offre de collaboration de l'Union des conseils de comté, qui
existent partout dans la province, qui ne demandent aucune structure nouvelle,
mais simplement quelques pouvoirs additionnels, bien, c'est devant une
commission parlementaire des Affaires municipales que le ministre pourrait les
entendre et discuter avec eux.
Même si la législation revenait devant la Chambre en
février ou en mars, cela changerait quoi au ministère des
Affaires municipales? La seule chose que cela pourrait" changer serait d'avoir
plus d'amis dans la province, dans nos régions, qui comprendraient le
ministre des Affaires municipales et qui seraient prêts à
l'appuyer dans sa politique de fusion. Il ne serait pas acceptable, à
mon sens, devant une demande aussi sympathique, aussi logique des conseils de
comté, de refuser qu'on retarde de quelques semaines l'étude de
cet important projet de loi pour les entendre à nouveau.
Si le ministre nous a affirmé tout à l'heure qu'il avait
eu l'occasion de rencontrer plusieurs maires, qu'il avait reçu l'appui
enthousiaste de plusieurs maires, ce serait bien plus intéressant si le
ministre recevait l'appui enthousiaste de tous les conseils de comté de
la province de Québec. Ceci nous permettrait également, dans nos
régions respectives, lorsque la législation sera adoptée,
d'aller devant les conseils de comté, de rencontrer les
municipalités et de leur dire: Vous avez là une
législation qui est approuvée par les conseils de comté
qui jouent et qui joueront, j'en suis certain, dans l'idée du ministre,
un rôle dans les politiques municipales futures.
Mais quel sera ce rôle? Est-ce que ce rôle sera
diminué? Est-ce que ce rôle sera augmenté? Je pense qu'il
est important qu'on se pose la question.
M. le Président, je termine là-dessus en demandant au
ministre non pas de laisser prendre le vote, mais de nous permettre de lui
rendre service en convoquant, après la période des fêtes,
la commission parlementaire des Affaires municipales pour se faire de nouveaux
alliés pour son bill no 276.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Lévis.
M. ROY (Lévis): M. le Président, la semaine
dernière, j'ai eu l'occasion de parler sur le bill
présenté par l'honorable ministre, soit le bill no 276. J'y ai
apporté quelques objections, comme plusieurs députés de
cette Chambre, mais, depuis ce temps, nous avons eu l'occasion de circuler un
peu dans nos comtés. Je crois que le ministre, aujourd'hui, a dû
recevoir plusieurs télégrammes de contestation de personnes qui
sont je ne dirai pas contre le bill no 276 en entier, mais qui voudraient avoir
l'occasion et le temps d'en faire une étude et de se préparer
à l'appuyer ou à le défendre.
M. le Président, je crois que le ministre nous avait dit, la
semaine dernière, qu'il avait visité au moins 400
municipalités. Aujourd'hui, il nous a dit qu'il en avait visitées
200. Je crois bien que le ministre, dans toutes ses visites, a peut-être
passé dans les municipalités mais qu'il n'a parlé à
personne. Je pense qu'il a seulement circulé. Le ministre ne peut pas
nous dire qu'il a eu l'assentiment de 400 municipalités de la province
de Québec quand nous voyons toutes les protestations que nous avons
eues, en fin de semaine, contre le bill no 276.
Dans mon comté, hier, j'ai commencé dès neuf heures
du matin à être appelé dans les municipalités. Je
puis dire que j'ai été large. Je n'ai pas fait de propagande
contre le bill no 276 mais, consciencieusement, j'ai été
obligé de mettre ces gens au courant de la teneur du bill.
M. GIASSON: C'est très beau.
M. ROY (Lévis): C'est ce qu'on appelle de la démocratie.
J'avais dit, la semaine dernière, que je croyais que les membres des
conseils qui avaient été élus par la population devaient
avoir une certaine autorité et avoir à décider dans leur
comté, dans leur paroisse, dans leur ville ou dans leur
municipalité.
Je serai franc, M. le Président. Dans tout mon comté, sur
plusieurs municipalités, j'ai deux municipalités qui seraient
prêtes à accepter, mais avec des amendements, le bill no 276. Si
je disais qu'il n'y a aucune...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plait! Ce que je voudrais dire
à l'honorable député de Lévis, c'est que je ne peux
pas lui permettre, à ce stade-ci, de parler contre le bill no 276.
Premièrement, parce qu'il l'a déjà fait et,
deuxièmement, qu'il a déjà voté contre. Ce que je
lui demande aujourd'hui, c'est qu'il me dise pourquoi il désire que ce
bill soit déféré à la commission parlementaire des
Affaires municipales au lieu du comité plénier, pour entendre les
parties. Le débat doit être limité à cela.
M. ROY (Lévis): M. le Président, je vous remercie. Je ne
suis pas un vieux parlementaire. Peut-être que l'enthousiasme et
l'honnêteté à servir ma population m'amène un peu
à côté du sujet.
M. le Président, si nous demandons au ministre de retarder
l'adoption du projet de loi,
c'est que peut-être le ministre sera satisfait et qu'il pourra
s'il n'est pas orgueilleux, nous remercier de lui avoir fait des suggestions.
On sait que nous sommes élus par la population. Comme je l'ai dit la
semaine dernière, et je le répète, avec l'intelligence que
je lui connais, le ministre pourra...
M. PAUL: M. le Président, je vous ferai remarquer qu'un seul
député a applaudi.
M. ROY (Lévis): Je crois que le ministre sera conscient de
l'amendement qui a été proposé par l'honorable
député de Maskinongé et qu'il pourra donner l'avantage
à nos municipalités. Nous ne lui demandons que ça. Nous ne
lui demandons pas de renvoyer le bill, nous lui demandons de le retarder pour
que nos municipalités et nos représentants de villes puissent se
faire entendre, et c'est justement là que le ministre pourra prendre une
action. Je crois que, s'il a la majorité, nous serons peut-être
derrière lui pour faire accepter le bill.
Mais avant tout, nous voulons que le ministre écoute les
délibérations, les objections ou les avantages qui lui seront
soumis par les municipalités et tous les députés. Et je
pourrais dire que, probablement, il y a des députés
libéraux qui rient en ce moment et qui seraient fiers de pouvoir dire la
même chose que je dis aujourd'hui, peut-être pas dans le même
sens, mais ils seraient peut-être fiers de demander à leur
ministre...
Certains députés qui représentent le Parti
libéral ont aussi des municipalités qui sont contre je le
sais, sans nommer personne et qui seraient fiers de demander à
leur ministre comme on le fait actuellement et ouvertement de
reporter le bill après les fêtes. Nous pourrions le reprendre en
février, en mars ou en avril. Si nous avons vécu jusqu'à
aujourd'hui...
M. BOIS: Le député de Chauveau.
M. ROY (Lévis): ...avec la quantité de
municipalités, de villes, que nous avons, je ne crois pas que trois,
quatre, cinq ou six mois de plus pourraient mettre la province de Québec
dans une mauvaise situation.
Merci.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Chauveau.
M. HARVEY (Chauveau): M. le Président, je vais tenter, au cours
des prochaines secondes, d'improviser quelque peu et de proposer que nous
siégions en Comité commission parlementaire, plutôt que de
procéder immédiatement à l'adoption du projet de loi.
Je suis d'abord très surpris de l'attitude de certains
députés de cette Chambre qui ont exprimé comme vous
l'aviez bien dit tout à l'heure, M. le Président leur
point de vue sur le principe de la loi. Si on voulait, encore une fois,
permettre les mécanismes qu'on souhaite à l'intérieur de
la proposition existant déjà dans la loi no 276, alors que nous
permettons, par voie démocratique aux municipalités, aux conseils
de comté, à tout le monde, aux individus, aux locataires
même de s'exprimer, ce serait de la démocratie abusive
comme on peut dire à l'intérieur de cette loi.
Nous permettons, par la loi 276, au ministre des Affaires municipales de
devenir, si on peut dire, celui qui aura à en porter l'odieux
pour ceux qui veulent que ce soit ça ou à retirer
pour nous, et nous le croyons sincèrement le
bénéfice d'une loi qui repose sur une étude à long
terme. Le temps des études est révolu, il faut passer à
l'action, non pas tant pour précipiter l'adoption de cette
loi-là, que pour expliciter nos mesures parlementaires et pour en
arriver enfin à commencer à écouter ces
municipalités qui ont quelque chose à dire. J'ai 23
municipalités dans mon comté. Pas une seule à l'heure
actuelle n'a pensé à envoyer un télégramme, si ce
n'est des résolutions qui normalement ont été
adoptées, non pas en vertu de la loi no 276 mais beaucoup plus en raison
d'un découpage idéologique qui a été avancé
par trois maires de la région de Québec.
Evidemment, ils ne sont absolument pas dans le principe de la loi no
276, ils sont pour le découpage, ils veulent donner leur opinion sur le
découpage, et je suis d'accord. Nous aurons effectivement dans notre
comté une réunion avec tous les maires intéressés.
Intéressés, oui, non pas nécessairement à
être fusionnés mais intéressés au projet de loi no
276, et à la lumière des informations supplémentaires qui
seront données, ils pourront apporter une décision qui
refléterait vraiment l'opinion de leurs commettants.
Ceci dit, étant donné que je ne veux pas prolonger le
débat, je voudrais tout simplement m'en tenir à assurer les
proposeurs de cette alternative d'aller en commission parlementaire que, moi,
je serai solidaire de mon gouvernememt, parce qu'il faut quand même
avancer.
Je voterai contre cette motion. Comme ça, je pense que nous
pourrons travailler, article par article ici même dans le salon vert.
Merci, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Le député de Rouyn-Noranda.
M. SAMSON: M. le Président, dans l'intervention dont nous a
gratifiés le ministre tantôt, j'ai remarqué un thème
qui ressortait, à savoir la raison pour laquelle il nous refuse la
convocation de la commission parlementaire, pour continuer à
étudier le bill 276. Il a dit: C'est le temps de passer à
l'action. Il a dit ça dans un langage qui ne permet pas de
reconnaître le gouvernement, tellement on n'est pas habitué
à ce genre de langage. Tellement, habituellement, ça ne presse
pas tant que ça! Tellement, habituellement, c'est à peu
près la seule chose
que le gouvernement ne pense pas de faire, de passer à
l'action!
On a enfin trouvé un ministre qui veut passer à l'action,
mais le premier qu'on trouve est celui au sujet duquel la population qui nous
envoie des télégrammes ou des lettres nous demande de ne pas le
laisser passer immédiatement à l'action. Le ministre a dit
lui-même au début de ses remarques qu'il avait fait de la
consultation. Mon Dieu, Seigneur! si on faisait autant de consultation que
ça dans ce gouvernement-là, on ne ferait que de la consultation,
à l'écouter parler évidemment.
M. le Président, regardons les rapports qui nous sont faits dans
les journaux sur cette fameuse conférence provinciale-municipale
à laquelle s'est référé le ministre tantôt.
Il a dit: Nous avons consulté, nous n'avons pas besoin d'aller en
commission parlementaire, parce que nous avons consulté les conseils de
comté, les municipalités, nous avons eu la conférence
provinciale-municipale, etc., etc. Alors, je remarque dans un article de
journal que, justement, à cette fameuse conférence
municipale-provinciale, on a dit ceci. Et voici de quelle façon on
entend ce que le ministre nous a tellement dit tantôt à savoir
qu'il y a eu consultation.
Alors on y dit de quelle façon ça s'est passé en
plénière: Immédiatement après, les maires et
échevins pourront y aller de leurs questions ou commentaires, mais pas
plus de trois minutes chacun. Un peu plus loin, le vendredi, le journaliste
Pierre Bellemare, continue en disant: Demain, vendredi, la même technique
sera utilisée, surtout la règle des trois minutes.
Alors, le ministre a consulté. Il a tellement consulté
qu'il a permis à ces gens qui se sont déplacés, pour venir
le rencontrer à cette conférence, de dialoguer avec lui, mais ces
dialogues étaient limités à trois minutes, suivant le
reportage qui est fait par la Presse canadienne, je crois. Un peu plus loin,
dans un autre article concernant encore une fois cette même
conférence, on dit: L'affrontement de deux tendances, nette opposition
du milieu rural. Le ministre nous a dit tantôt: Je n'ai pas besoin de
consulter, nous avons consulté tout ce monde-là, puis tout le
monde veut avoir notre bill.
M. le Président, si le ministre peut se permettre de dire que
tout le monde veut avoir ce bill-là, j'espère qu'il n'a pas
oublié que les gens qui se sont opposés à ce bill à
la conférence municipale-provinciale sont du monde, eux aussi;
même s'ils sont des milieux ruraux, M. le Président, c'est du
monde. C'était le livre blanc à ce moment-là, avant de
nous présenter la loi-cadre. Mais, comme il y avait des gens qui s'y
opposaient, nous ne sommes pas convaincus que le ministre ait fait suffisamment
de consultation et que la loi que nous discutons présentement, la loi no
276, satisfasse aux exigences et désirs de la population qui est
représentée, par exemple, par les conseils de comté, par
les différentes municipalités qui nous pressent de nous opposer
à ce bill-là. On nous dit que, si le bill est adopté trop
vite, il y a des risques de ne pas avoir le temps nécessaire
d'écouter ceux qui ont de justes revendications à nous
proposer.
En ce sens-là, le député de Maskinongé a
proposé une motion à l'effet que nous reportions l'étude
de ce bill à une commission parlementaire qui siégerait, de
préférence, après les fêtes suivant les demandes qui
nous sont faites et les télégrammes que nous avons reçus.
Le ministre a sûrement reçu un flot de
télégrammes.
Evidemment, si nous n'avions reçu aucune demande, si aucune
municipalité ou aucun conseil de comté ne nous avait
demandé de le faire, si l'Union des conseils de comté ne nous
avait pas demandé de le faire, nous nous serions pliés. Nous
aurions dit: S'il n'y a pas d'opposition, c'est que les gens sont satisfaits de
ce bill-là. Nous aurions probablement laissé aller le bill en
comité après la deuxième lecture. Comme c'est le contraire
qui se produit, nous faisons ce qui est notre devoir, à toute
l'Opposition. Nous remarquons que l'Opposition fait front commun pour demander
cela. Nous n'avons rien contre le ministre; c'est un gentilhomme. Regardez
cela, il a même le sourire aux lèvres, ce qui est assez rare, ces
temps-ci, sur les lèvres d'un ministre, M. le Président. Il a
encore cela, lui. Cela veut dire qu'il est ouvert à nos suggestions.
M. PAUL: Il n'est pas conscient de son mal.
M. SAMSON: L'honorable député de Maskinongé nous
dit que c'est parce qu'il n'est pas conscient de son mal. Je n'oserais pas
répéter ce qui vient de se dire, mais, si on continue à le
dire, il peut arriver que je le croie.
M. DEMERS: Vous faites bien de ne pas le dire.
M. SAMSON: Je me demande si l'honorable ministre a pris connaissance de
son courrier, ce matin. Je me demande si ses fonctionnaires lui ont fait part
de son courrier aujourd'hui. S'il en a pris connaissance, il sera
sûrement le premier à vouloir retarder la commission parlementaire
après les fêtes, tellement son courrier doit être
volumineux. S'il n'en a pas pris connaissance, évidemment, que
voulez-vous, on va lui pardonner cela. On sait qu'un ministre a beaucoup de
travail. On sait qu'un ministre ne peut pas toujours prendre connaissance de
son courrier d'heure en heure ou tous les matins, si vous voulez. On comprend
tout cela.
S'il arrive que le ministre n'ait pas eu le temps de prendre
connaissance de son courrier, je lui conseille, ou je lui demande, de prendre
les quelques minutes à sa disposition, pendant que l'Opposition fait
valoir ses objections, pour téléphoner à son bureau et
demander s'il est vrai qu'il a reçu ce matin des
télégrammes en
provenance des conseils de comté ou de l'Union des conseils de
comté pour lui demander de reporter l'étude de ce bill en
commission parlementaire après les fêtes.
M. TESSIER: J'en ai reçu.
M. SAMSON: Le ministre me fait signe qu'il les a reçus. S'il les
a reçus, je suis convaincu qu'il va réviser ses positions et
qu'il va lui-même nous proposer de référer le projet de loi
en commission parlementaire. La motion que nous avons en discussion
présentement ne sera peut-être pas tellement utile si le ministre
consent à vouloir rendre justice aux conseils de comté, à
l'Union des conseils de comté ou aux municipalités qui nous ont
fait ces demandes.
Je suis convaincu que le ministre va reconsidérer cette
situation. En la reconsidérant, il nous donnera satisfaction en
même temps qu'aux différents corps municipaux, aux
différents corps intermédiaires qui nous demandent de ne pas
adopter immédiatement le projet de loi no 276, et de le
référer en commission parlementaire. De toute façon, je
m'en réfère aux autres lois. Ce n'est pas la première fois
que nous demandons d'aller en commission parlementaire. Le ministre n'a pas
à craindre de créer un précédent. Ce ne serait pas
la première fois que nous irions en commission parlementaire pour
étudier un bill après la deuxième lecture.
Dans d'autres circonstances, lorsque l'Opposition est disposée
à discuter un bill en comité plénier, on nous oblige
à aller en commission parlementaire. Il y a une nette contradiction. Il
y a des ministres qui sont plus pressés que d'autres. Il y a des
ministres qui ont moins peur que d'autres devant la commission parlementaire.
Nous avons justement la commission parlementaire de l'Education. Alors que
certains députés de cette Chambre ont demandé d'aller en
comité plénier, le gouvernement a exigé d'aller en
commission parlementaire. Aujourd'hui, on a des demandes qui viennent de
l'extérieur du parlement pour aller à la commission parlementaire
et on va peut-être nous refuser d'y aller.
Je demande au ministre de reconsidérer ses propos, de
reconsidérer la situation et de nous donner satisfaction en convoquant
la commission parlementaire après la deuxième lecture et ceci
après les fêtes, afin de donner à ceux qui veulent
comparaître devant cette commission parlementaire suffisamment de temps
pour préparer des mémoires que nous pourrons, tous ensemble,
étudier, et ce pour le plus grand bien des municipalités
concernées.
M. LE PRESIDENT: La Chambre est-elle prête à se
prononcer?
M. LEVESQUE: M. le Président, j'aimerais peut-être ajouter
quelques mots simplement.
Disons tout d'abord qu'il s'agit d'une mesure dilatoire qui, à
mon sens, n'est pas justifiée. Le ministre des Affaires municipales a eu
l'occasion, à la suite de la motion du député de
Maskinongé, de faire part à cette Chambre des nombreuses
consultations qu'il avait eues avec les associations, les groupements et les
municipalités elles-mêmes. Il nous a rappelé la
conférence provinciale-municipale, il nous a rappelé ses
rencontres...
M. PAUL: Le ministre me permet-il une question?
M. LEVESQUE: Non, je voudrais plutôt terminer. Il a eu l'occasion
de rencontrer diverses municipalités. Entre autres, on parlait, il y a
quelques instants et c'est revenu souvent au cours du débat
du fait que l'Union des conseils de comté aurait aimé se
faire entendre. C'est justement à cette Union des conseils de
comté que le ministre des Affaires municipales a eu l'occasion de
dévoiler l'avant-projet de cette loi. C'est justement à l'Union
des conseils de comté que le ministre a fait l'honneur de lever devant
elle le voile sur son projet. C'était le 8 octobre 1971 à
Sainte-Adèle, au Chanteclerc exactement.
A ce moment-là, les remarques du ministre des Affaires
municipales ont été bien reçues. Il a été
évidemment applaudi, comme il l'est toujours, mais disons que depuis ce
8 octobre 1971 jusqu'à aujourd'hui, il s'est tout de même
passé un temps assez long. Depuis ce temps, le ministre me confirme
qu'il n'a pas reçu d'avis contraire. L'affaire est tellement logique,
d'ailleurs, lorsqu'on sait que ce projet de loi est là pour remplacer la
Loi des fusions volontaires, pour rendre cette loi antérieure plus
efficace, que je ne vois pas que l'on ait de nouveau à retourner en
commission parlementaire, pour entendre ce que nous savons, ce que nous avons
entendu régulièrement depuis des années et des mois. Je
crois que le gouvernement est suffisamment fixé sur l'opinion des
municipalités et des conseils de comté pour procéder en
pleine lumière.
Il est évidemment difficile de trouver des solutions qui puissent
recevoir l'approbation unanime et générale. Quel que soit le
domaine que l'on touche, il est évident qu'il y aura à un moment
donné quelqu'un qui peut être déplacé ou
froissé ou qui puisse ne pas aimer telle ou telle disposition. Mais,
ayant toujours en vue le bien commun, il faut et c'est la
responsabilité du gouvernement prendre une décision, mais
non absolument seuls, cependant, parce que nous sommes, en
vérité, ici les 108 représentants de tous les
comtés de la province et chacun d'entre nous a l'occasion de faire
connaître l'opinion de ses commettants. D'ailleurs, plusieurs ont saisi
cette occasion pour s'exprimer au cours du débat de deuxième
lecture et, lorsque nous passerons en comité plénier, chacun de
ces mêmes députés aura l'occasion de faire valoir les
arguments qu'il
voudra bien apporter et qui refléteraient l'opinion de ses
commettants.
Jamais avons-nous vu un gouvernement tellement disposé à
avoir l'oreille tendue vers les représentations qui peuvent nous venir,
soit de l'intérieur ou de l'extérieur. Jamais la population n'a
été aussi souvent consultée, soit directement, soit par le
truchement des commissions parlementaires. Jamais a-t-on vu un nombre aussi
élevé de commissions parlementaires siéger presque
continuellement et même deux commissions parlementaires siéger
alors que la Chambre elle-même est en séance. Jamais a-t-on fait
autant d'efforts pour écouter, pour tendre l'oreille, pour être
à la disposition des citoyens.
Non seulement cela se fait au cours des sessions
régulières, mais même entre les sessions.
On parle présentement de commissions parlementaires qui
siègent à l'année longue. On parle présentement de
finir cette session à la fin de décembre et, déjà,
il y a des demandes et des suggestions pour que des commissions parlementaires
siègent en janvier.
Je comprends que ceci est extrêmement onéreux pour les
députés, surtout pour quelques députés qui ont
à supporter cette charge. J'en profite pour faire une parenthèse.
Des travaux considérables se font en Chambre et en commissions
parlementaires, et cela tombe souvent sur les mêmes épaules.
Alors, nous ne pouvons pas dire que le gouvernement et le Parlement
lui-même ne sont pas disposés à entendre les revendications
qui peuvent être faites par le truchement des commissions
parlementaires.
Je veux revenir un instant à l'Union des conseils de
comté. M. le Président, j'ai beau lire le projet de loi no 276 et
le relire, il n'y a pas un article que je puisse trouver qui ait pour effet
d'enlever le moindre pouvoir aux conseils de comté. Peut-être
voudrait-on profiter de la présentation de ce projet de loi pour inclure
des dispositions qui seraient de nature à avoir certains effets sur les
pouvoirs, sur la constitution, sur le rôle des conseils de comté?
Mais je crois et je soumets bien humblement qu'il y a d'autres occasions pour
le gouvernement ou pour les députés de présenter une autre
législation qui serait de nature à répondre aux voeux des
conseils de comté.
Pourquoi vouloir entendre d'autres témoins? Bien, c'est normal,
c'est parce que l'on doit prendre tous les moyens pour garder le sens
démocratique. Je crois que nous l'avons fait. Mais, si on se
réfère au bill no 276 lui-même, non seulement dois-je dire
que le gouvernement et le Parlement ont eu ce sens démocratique, ont
toujours eu l'oreille tendue, particulièrement durant ces derniers mois,
pour entendre les citoyens et tenir des commissions parlementaires, mais le
projet lui-même, intrinsèquement, dans son essence même,
contient de nombreuses dispositions de consultation. S'il y a un projet qui est
l'image même, l'illustration de la consultation à toutes les
phases et à toutes les étapes, c'est bien le projet de loi no
276. En effet, à la demande de la moitié des conseils municipaux
des municipalités de l'unité représentant 50 p.c. de la
population globale de l'unité, le gouvernement pourra approuver la
fusion, etc.
On voit un peu plus loin que la requête des municipalités
désirant la fusion sera publiée dans la Gazette officielle du
Québec et dans un journal circulant dans le territoire. De plus, elle
sera déposée au bureau de chacune des municipalités de
l'unité de façon que les propriétaires et les locataires
puissent en prendre connaissance.
M. PAUL: M. le Président, je regrette, mais je vais... Non, je ne
le ferai pas. Je vais résister à la tentation que j'aurais de
rappeler à mon honorable ami qu'il s'éloigne quelque peu de la
motion principale.
M. LEVESQUE: J'apprécie la délicatesse de l'honorable
député de Maskinongé, mais je voulais souligner autre
chose. Après tout, la motion de l'honorable député de
Maskinongé est que le projet de loi soit déféré
à la commission parlementaire et qu'on y ait des auditions relativement
au projet de loi no 276.
Or, je dis simplement que ce projet de loi contient déjà
une foule de dispositions qui prévoient de la consultation. Parce que ce
n'est pas du jour au lendemain qu'à un moment donné, d'une
façon absolument bureaucratique, nous allons procéder à la
fusion des municipalités de la province de Québec. Ce n'est pas
ça. C'est de donner un cadre dans lequel pourront évoluer et le
ministre et son ministère, avoir les instruments nécessaires.
Mais cela ne se fera pas sans consultation. C'est ça que je veux dire.
On parle, par exemple, dans cette loi même, de la Commission municipale
qui tiendra une enquête publique si des oppositions lui ont
été adressées ou si le ministre le requiert; là
encore, on aura tout un processus de consultation.
Lorsque la commission aura terminé son enquête, elle pourra
aussi recommander au ministre d'ordonner que les municipalités
soumettent le projet de fusion aux propriétaires et aux locataires,
genre de référendum encore inclus dans ce projet de loi. On peut
continuer.
On voit que si le ministre des Affaires municipales a un doute, s'il
estime que l'intérêt public le justifie, on pourra procéder
à une étude conjointe de ces municipalités sur
l'opportunité pour elles de se fusionner. Ensuite, une fois en
possession du rapport, si on conclut qu'une fusion serait souhaitable, le
ministre pourra demander à la commission de tenir une enquête
publique au cours de laquelle les propriétaires et locataires pourront
faire connaître... etc.
M. le Président, c'est une suite, une foule de consultations
à tous les échelons au cours de ce processus. Jamais avons-nous
eu devant les yeux
quelque chose de plus démocratique où la consultation est
à l'honneur. Dans les circonstances, M. le Président, je vous
remercie.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a vote enregistré?
M. PAUL: Oui, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'avec le consentement de la Chambre, nous
pouvons nous servir du vote qui a eu lieu antérieurement?
M. SAMSON: Non, non, non! M. PAUL: Ce n'est pas le même vote. M.
SAMSON: Vote enregistré. UNE VOIX: Nouveau vote.
UNE VOIX: Ce n'est pas directement le même vote.
M. LEVESQUE: Mais si nous prenions les noms de ce groupe et qu'on
remplaçait le vote?
M. SAMSON: M. le Président, nous demandons à nouveau le
vote enregistré.
M. LEVESQUE: Je remercie l'honorable député de
Rouyn-Noranda de sa collaboration!
M. LE PRESIDENT: Qu'on appelle les députés.
Vote sur la motion d'amendement
M. LE PRESIDENT: Que ceux qui sont en faveur de la motion de l'honorable
député de Maskinongé veuillent bien se lever.
M. LE SECRETAIRE-ADJOINT: MM. Paul, Cardinal, Tremblay (Chicoutimi),
Vincent, Boivin, Demers, Samson, Roy (Beauce), Béland, Bois, Roy
(Lévis), Brochu, Tétrault, Latulippe, Guay, Laurin, Burns,
Charron, Joron, Tremblay (Sainte-Marie), Lessard.
M. LE PRESIDENT: Que ceux qui sont contre cette motion veuillent bien se
lever.
M. LE SECRETAIRE-ADJOINT: MM. Bourassa, Lévesque, Choquette,
Pinard, Garneau, Mme Kirkland-Casgrain, MM. Tessier, Parent, Simard
(Richelieu), Cloutier (Ahuntsic), Drummond, Saint-Pierre, Lacroix, Mailloux,
Cadieux, Arsenault, Houde (Fabre), Coiteux, Bienvenue, Perreault, Brown,
Saint-Germain, Pearson, Leduc, Assad, Bacon, Bossé, Caron, Carpentier,
Cornellier, Dionne, Faucher, Giasson, Harvey (Chauveau), Houde (Limoilou),
Lamontagne, Larivière, Marchand, Ostiguy, Pépin, Pilote, Shanks,
Veilleux.
M. LE SECRETAIRE: Pour: 21. Contre: 43.
M. LE PRESIDENT: La motion est rejetée. Est-ce que la motion
principale est adoptée, le vote renversé ou sur division? Sur
division. L'honorable député de Taillon.
Comité plénier (suite)
M. LEDUC (président du comité plénier): A l'ordre,
messieurs! Etude en comité plénier du projet de loi no 276,
article 1.
L'honorable député de Saguenay.
M. LESSARD: M. le Président, à l'article 1, j'avais
l'intention de reprendre certaines accusations qu'avait portées le
ministre en deuxième lecture sur certains fonctionnaires précis.
Disons que je ne le ferai pas parce que le ministre nous a
démontré, par ses affirmations, qu'il n'avait plus confiance en
la commission de la Fonction publique, que les nominations à
l'intérieur de son ministère se faisaient à la
discrétion du ministre, de même pour les déplacements de
fonctionnaires et que le ministère des Affaires municipales était
devenu une officine de patronage.
Mais je voudrais poser la question suivante au ministre. A maintes
reprises au cours de ce débat, nous avons tenté de savoir de la
part du ministre s'il y avait à l'intérieur du ministère
des études précises...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je demanderais la collaboration des membres
du comité plénier et de bien vouloir s'en tenir à la
discussion. A ma connaissance, seul le député de Saguenay a
actuellement le droit de parole.
M. LESSARD: Je demandais au ministre si, à l'intérieur de
son ministère, il s'est fait des études précises
concernant le regroupement municipal, des études qui vont nous prouver
d'une façon systématique que le regroupement municipal s'impose,
et qu'il s'impose parce qu'il s'agit d'épargner de l'argent aux
contribuables, qu'il s'agit de faire en sorte que l'administration de ces
municipalités regroupées va coûter beaucoup moins cher
à la province. Si je pose ces questions au ministre, c'est parce que
j'ai eu l'occasion de voir à la télévision le ministre qui
avait à répondre à certaines questions de maires ou
d'organismes municipaux. On allait même jusqu'à lui prouver que,
dans certaines autres provinces, à savoir la Colombie-Britannique, le
regroupement municipal avait apporté l'augmentation des coûts
d'administration.
J'ai trouvé à cette occasion que les réponses du
ministre étaient très faibles. Si, comme je l'ai dit lors de la
deuxième lecture, le regroupement municipal est basé sur des
études économiques qui ont été faites, que le
ministre nous informe
de ces études, qu'il les dépose, qu'il nous informe
exactement des conclusions de ces études.
Pour notre part, nous croyons au principe du regroupement municipal.
Nous en sommes convaincus, mais nous voudrions, toutefois, que le ministre nous
dise si ces études existent et si nous sommes assurés que le
regroupement des différentes municipalités du Québec va
nous amener à une meilleure administration et surtout va amener le
contribuable à épargner de l'argent dans l'administration de ces
municipalités.
M. TESSIER: M. le Président, je voudrais, avant de
répondre à cette question, répondre à la
déclaration faite par le député de Saguenay, lorsqu'il a
dit que le ministère des Affaires municipales ce sont ses propres
paroles est devenu "une officine de patronage". Le ministère des
Affaires municipales n'est pas devenu une officine de patronage parce qu'il y a
moins de séparatistes qu'il n'y en avait.
M. LESSARD: Le ministre pourrait-il nous dire sur quels critères,
sur quelles normes...
M. TESSIER: Laissez-moi répondre à votre question. Quant
aux études...
M. PAUL: Pourrais-je inviter mon honorable ami à regarder
l'horloge? Je suis sur qu'il va agir en conséquence.
M. ROY (Lévis): Il dépasse six heures de deux minutes.
UNE VOIX: Le ministre pourra se défâcher.
M. LESSARD: Vous pourrez revenir, M. le ministre.
M. CHARRON: Vous ferez toutes les charges que vous voudrez.
M. BURNS: Ecoutez de la musique, cela adoucit les moeurs.
M. TESSIER: Je demande, M. le Président, la suspension
à...
M. CHARRON: Ecoutez LS, à six heures. M. LEVESQUE: A huit heures.
M. TESSIER: A vingt heures.
M. LE PRESIDENT: Le comité suspend ses travaux jusqu'à
vingt heures, ce soir.
(Suspension de la séance à 18 h 1 ).
Reprise de la séance à 20 h 10
M. LEDUC (président du comité plénier): A l'ordre,
messieurs! Projet de loi no 276, article 1. L'honorable ministre des Affaires
municipales.
M. TESSIER: M. le Président, lors de la suspension de la
séance, le député de Saguenay m'a demandé s'il y
avait eu des études d'entreprises. Il y en a eu, mais ce sont des
études que je pourrais plutôt qualifier de préliminaires.
Notamment, il y en a eu dans la Communauté urbaine de Québec, il
y en a eu dans la région du haut Saguenay, dans la région de
Chicoutimi et il y en a eu dans la Communauté régionale de
l'Outaouais. Il y en a eu sur une partie seulement du territoire de la
Communauté urbaine de Montréal.
Aussi, des études ont été entreprises, non par le
ministère lui-même, mais par des groupes de municipalités,
dans d'autres endroits du Québec. Je tiens à souligner que l'un
des buts principaux de cette loi est, en créant des unités de
regroupement, de poursuivre des études approfondies de manière
que les municipalités, les contribuables de ces municipalités, le
gouvernement, après examen par la Commission parlementaire du
Québec, puissent déterminer s'il y a avantage ou non à
effectuer tel ou tel regroupement municipal.
On y reviendra tout à l'heure, à l'occasion de ces
articles où il est question d'études, où il est même
question d'ordonner des études obligatoires. Je crois que j'ai assez
bien couvert la question. Nous ne sommes pas rendus plus loin que cela, je vous
le dis en toute sincérité, mais nous avons tout de même
fait un certain pas en avant en créant ce qui n'existait pas auparavant
au ministère des Affaires municipales, un service du regroupement
municipal auquel nous avons affecté les fonctionnaires les plus
expérimentés en la matière.
Ce service, qui n'est pas encore organisé d'une manière
complète, mais qui l'est presque, sera à la disposition
précisément de ces unités de municipalités pour
travailler avec elles à poursuivre ces études.
Je pourrais peut-être ajouter, M. le Président, qu'en ce
qui concerne des cas assez complexes, comme la Communauté urbaine de
Montréal ou la Communauté urbaine de Québec, c'est
l'intention du ministère d'engager des firmes d'experts pour faire une
étude complète, sous tous les angles du problème afin que
nous puissions, par la suite, dialoguer avec ces groupes de
municipalités pour voir s'il y a réellement avantage à ce
qu'il y ait fusion et, si oui, quel devrait être exactement le
découpage. Je parle, en particulier, des deux communautés
urbaines de Montréal et de Québec.
M. PAUL: M. le Président, le ministre pourrait-il nous dire
pourquoi les fonctionnaires de son ministère ou de la Commission
municipale
ne peuvent pas faire ce découpage? Le ministre nous parle de
l'engagement d'une firme d'experts pour analyser tout ce problème, alors
qu'au ministère des Affaires municipales et à la Commission
municipale il y a de véritables compétences. Pourquoi ainsi jeter
les deniers publics a des entreprises commerciales? On sait encore comment le
choix se fera, à quelles conditions et sur la recommandation de qui.
Pourquoi le ministre ne met-il pas tous les fonctionnaires de son
ministère en action? C'est donc dire qu'on nous demande d'adopter un
projet de loi dont on ne connaît pas encore les limites d'application. La
preuve, c'est qu'on veut avoir recours à des experts.
On aurait dû écouter les suggestions qui ont
été faites par l'Opposition. J'aimerais que le ministre nous dise
pour quelles raisons on va procéder à l'engagement d'experts,
plutôt que de faire effectuer ce travail d'enquête, de structures,
d'analyses, de découpage par les employés de son
ministère.
M. TESSIER: M. le Président, il est évident que les
fonctionnaires qui sont spécialisés en la matière au
ministère des Affaires municipales vont faire les études en
collaboration avec les municipalités. Mais il peut arriver que, dans
certains cas, nous devions avoir recours à des études par des
firmes d'experts. Je crois que c'est normal. Cela s'est fait dans bien des cas.
Les municipalités elles-mêmes en ont engagé. Si je dis ceci
à mes collègues, c'est parce que je veux bien montrer que nous ne
voulons rien faire à la légère, que nous voulons faire des
études en profondeur. Il peut arriver qu'au ministère on ait une
certaine conception des choses, alors que d'autres personnes, objectivement,
voient et découvrent des angles qui nous auraient échappé.
C'est l'ensemble de tout cela, en plus du dialogue avec les
municipalités, je crois, qui permettra au gouvernement d'arriver aux
meilleures solutions possibles.
M. DEMERS: Je demanderais au ministre, s'il le peut, d'abord de nous
définir ce qu'est, dans son esprit, une unité de
regroupement?
M. CADIEUX: Unité-Québec?
M. DEMERS: De quoi sera constituée l'unité de
regroupement? J'entends là-bas des gens qui définissent. Ce sont
des dieux, ceux qui savent définir, et comme je vous connais, vous
n'êtes pas qualifié pour cela.
M. CADIEUX: Je voulais expliquer ce qu'est
l'Unité-Québec.
M. DEMERS: J'aimerais que le ministre précise un peu sa
pensée là-dessus, s'il en a une d'arrêtée. Je
voudrais savoir comment ce sera constitué et combien il y aura de
municipalités là-dedans. Combien faudra-t-il de
municipalités pour faire une unité, d'après lui?
M. TESSIER: Il n'y a aucun nombre déterminé de
municipalités pour former une unité. Dans certains cas...
M. DEMERS: Il y en aura plus qu'une, je suppose.
M. TESSIER: Dans certains cas, cela pourrait être deux
municipalités...
M. DEMERS: Oui, je comprends, au moins deux.
M. TESSIER: Cela pourra être trois, cinq, huit. Tout dépend
des circonstances, parce qu'il faut tenir compte des aspects économique,
social, démographique. Il y a plusieurs facteurs dont il faut tenir
compte, et je crois que chaque cas est un cas d'espèce.
Mais, nous avons tout de même fait, comme je l'ai
mentionné, certaines études préliminaires qui seront
complétées au cours des prochaines semaines et des prochains mois
et qui permettront de dire: Dans telle région, nous allons
déterminer une unité de regroupement qui pourra comprendre cinq
municipalités ou sept municipalités.
Mais il est impossible, à ce stade-ci, tant que les études
n'auront pas été poursuivies davantage, de dire que dans telle
partie de la province ou dans telle région il y aura un certain nombre
d'unités. J'ai donné, tout à l'heure, des
priorités. Parmi ces priorités, il y a les deux
communautés urbaines.
M. DEMERS: Est-ce que c'est avec ces études qu'à l'article
2 le ministre pourra, à partir de données lui permettant de
croire... Ce sera là?
M. TESSIER: C'est ça. C'est exact.
M. DEMERS: Vous avez dit antérieurement, si je me rappelle bien,
que vous vouliez engager des firmes surtout pour les communautés
urbaines, celle de Montréal et celle de Québec. Vous n'avez pas
semblé insister sur la partie rurale.
M. TESSIER: Non.
M. DEMERS: Est-ce que vous pourriez déterminer...
M. TESSIER : Pas du tout parce que, comme je l'ai mentionné cet
après-midi, il me semble que j'ai été assez clair sur la
question.
M. DEMERS: Bien clair!
M. TESSIER: J'ai dit que, pour ma part, je ne voyais pas
l'opportunité d'appliquer la présente loi, les pouvoirs, en
somme, qui y sont donnés pour regrouper des communautés rurales.
Moi, je n'y vois pas d'avantage. Je ne vois pas d'avantage à
prendre...
M. PAUL: Pourquoi ne l'avez-vous pas dit dans la loi?
M. TESSIER: ...par exemple, trois, quatre ou cinq municipalités
rurales et les regrouper ensemble. Qu'est-ce que cela va donner au point de vue
de l'amélioration des services aux contribuables?
M. DEMERS: Changez le titre de votre loi.
M. TESSIER: Mais...
UNE VOIX: Jamais.
M. DEMERS: Changeons le titre de la loi.
M. TESSIER: ...comme je l'ai déjà ajouté, il peut y
avoir des cas d'exception parmi les municipalités rurales. Deux ou trois
pourraient vouloir se regrouper, alors elles auront l'outil pour le faire.
Elles auront tout un processus d'établi, c'est-à-dire
enquête par la Commission municipale, protestations, qui seront
entendues, référendum, s'il y a lieu, et également la
mesure incitatrice qui est, à la fin, la subvention.
M. PAUL: Qui n'est pas obligatoire.
M. TESSIER: C'est-à-dire que l'on met à la disposition des
municipalités rurales un outil dont elles pourront se servir. Mais ce
n'est pas et cela ne sera pas définitivement une priorité, loin
de là.
Ce qu'il y aura en priorité, je ne veux pas me
répéter, je renvoie mon collègue à ce que j'ai dit
cet après-midi; s'il ne l'a pas saisi, il pourra le relire au journal
des Débats.
M. DEMERS: Je l'ai saisi.
M. LESSARD: M. le Président, ou je comprends bien le ministre, ou
je ne comprends plus rien dans ce projet de loi. Le ministre vient de nous
dire: Le projet de loi s'intitule Loi favorisant le regroupement des
municipalités. Je comprends qu'on s'en tienne encore au volontariat, et
c'est d'ailleurs pourquoi...
M. TESSIER: Non, pas du tout. Pas uniquement.
M. LESSARD: On va le voir, d'ailleurs, il n'y a absolument rien comme
pouvoirs coercitifs là-dedans. C'est-à-dire que c'est toujours
à la discrétion du ministre. Cependant, M. le Président,
le ministre vient de nous dire qu'il ne voit pas le nécessité de
regrouper les localités rurales; que pour lui le projet de loi
s'appliquerait d'abord surtout aux localités urbaines, la formation de
communautés urbaines.
M. TESSIER: Pas la formation de communautés urbaines, c'est
exclu.
M. DEMERS: Il est contre ça.
M. LESSARD: M. le Président, ça va regrouper quoi, cette
affaire-là? Cela va être utile à qui? Tout à
l'heure, je posais la question sur des études qui auraient dû
être faites au moins au niveau du gouvernement; est-ce que ces
études nous prouvent qu'il est rentable et il faut savoir ce que
le ministre va faire avec son projet de loi de regrouper essentiellement
des unités urbaines? Est-ce qu'il est rentable d'aller regrouper
comme on l'a fait avec la localité de Gaspé des
localités comme dans ma région, de Tadoussac jusqu'à
Forestville? Il faut savoir, à un moment donné, ce que le
ministre a l'intention de faire avec ça.
M. le Président, ce que le ministre vient de dire confirme ce que
je disais en deuxième lecture. C'est-à-dire que c'est un projet
de loi qui ne nous mènera absolument à rien, à mon avis,
en ce sens que le ministre vient de nous confirmer qu'il n'a pas du tout
l'intention d'utiliser ce moyen pour forcer des municipalités où
il y a absolument une nécessité de regroupement. Cela veut donc
dire que ce projet de loi continue d'être inefficace, qu'il n'est pas du
tout basé sur des études précises faites dans l'ensemble
de la province, qu'actuellement, puisqu'on en a parlé tout à
l'heure même si on devait le faire à l'article 2, les
unités de regroupement ne sont pas du tout faites au niveau du
ministère. Et c'est important.
Pour savoir ce que le ministre a l'intention de faire avec son projet de
loi, il me semble qu'il aurait simplement été logique, à
l'intérieur de ce projet de loi, pour l'information des membres de cette
Assemblée et aussi pour des municipalités qui veulent savoir
où on s'en va avec ce projet de loi, à partir des études
qui ont été faites ça doit exister, ces
affaires-là de nous donner, au moins une idée des
possibilités quant à ces unités de regroupement.
Nous n'avons rien. C'est simplement un chèque en blanc que nous
signons au ministre et nous lui disons: Faites-en ce que vous voulez. Nous
disons que l'on n'arrive pas à créer un projet de loi qui soit
plus efficace que celui que nous avions avant.
M. TESSIER: Est-ce que le député me permettrait de lui
répondre?
M. LESSARD: Tout à l'heure, M. le Président.
M. TESSIER: Bien, je pense que j'ai bien compris ce à quoi vous
voulez en venir.
M. PAUL: Il a le droit de parler pendant une heure.
M. DEMERS: Faut pas se fâcher; nous sommes de bonne humeur.
M. LESSARD: J'ai l'impression que, parfois, on fait des lois pour le
simple plaisir de faire des lois, pour se donner un air de ministre ou un air
de gouvernement.
M. TESSIER: Si vous voulez, je vais vous répondre
là-dessus et vous donner un exemple concret, chez vous, dans votre
comté. Vous avez deux municipalités chez vous; cela fait dix ans
que nous en parlons: Baie-Comeau et Hauterive.
M. LESSARD: Pas deux, nous en avons vingt-six.
M. TESSIER: Les chambres de commerce sont favorables à la fusion
et je crois qu'une certaine partie de la population l'est également,
mais les conseils municipaux sont comme chien et chat.
M. LESSARD: Jusqu'ici, ça va bien.
M. TESSIER : Il me semble que le député de Saguenay n'a
pas compris la portée de la loi et je lui recommanderais de la relire.
Il va s'apercevoir que nous allons atteindre précisément le but
que nous nous proposons.
En vertu de la loi, le ministre peut créer une unité de
regroupement dont une des premières, après les priorités
des communautés urbaines de Québec et de Montréal et des
villages avec les paroisses, sera justement des agglomérations, comme je
l'ai mentionné, urbaines. Or, il n'y a pas de cultivateurs; c'est
complètement urbanisé, les deux municipalités de
Baie-Comeau et Hauterive. Je crois que c'est un exemple où, en
troisième priorité, le ministre pourra ordonner des études
études obligatoires, avec un délai, qui pourrait
être, par exemple, de six mois concernant les avantages et les
désavantages d'une fusion des deux municipalités.
Et ensuite, la Commission municipale enquête et si elle croit que
c'est dans l'intérêt des contribuables qu'il y ait fusion, elle
recommandera la fusion de ces deux municipalités et le
lieutenent-gouverneur en conseil prendra ses responsabilités et
émettra des lettres patentes créant la fusion de ces deux
municipalités. Est-ce que c'est assez clair ça?
C'est un des buts que nous voulons atteindre avec cette loi qui n'existe
présentement dans aucune loi du Québec. C'est une des lacunes
qu'il y avait dans la loi des fusions volontaires. Alors c'est là que
nous allons atteindre le but que nous nous proposons.
M. PAUL: M. le Président, est-ce que le ministre peut nous dire
s'il y a eu un relevé de fait à travers tout le Québec
pour déterminer le nombre de municipalités qui seraient
placées dans une situation semblable à celle qu'il vient de nous
décrire en ce qui a trait à Baie-Comeau et Hauterive? Est-ce que
le ministre peut nous dire combien de municipalités pourront
bénéficier des mesures de cette loi ou combien de
municipalités pourront être forcées à se fusionner?
Est-ce qu'il y a un relevé de fait?
M. TESSIER: M. le Président, je ne suis pas en mesure de donner
des chiffres là-dessus, parce que se sont les études qui seront
entreprises, les enquêtes par la Commission municipale qui auront lieu
qui pourront à ce moment-là déterminer le nombre de
municipalités. Mais, généralement, pour renseigner mon
collègue, le député de Maskinongé, nous croyons,
d'après les enquêtes qui ont été faites au
ministère des Affaires municipales, à la suite des rencontres,
des dialogues avec l'Union des municipalités, l'Union des conseils de
comté, différentes municipalités que nous avons
rencontré à travers le Québec, nous croyons que dans un
délai d'environ cinq ans, on devrait réduire le nombre des
municipalités, par des fusions, d'environ 50 p.c. C'est, du moins au
moment où je vous parle, ce que nous envisageons, et je crois que c'est
réaliste.
M. PAUL: M. le Président, sans aucune analyse, sans aucune
vérification préalables rien de ça...
M. TESSIER: Non, non, après justement des études, des
consultations depuis un an et demi.
M. PAUL: Mais est-ce que le ministre ne conviendrait pas, M. le
Président, qu'il aurait été beaucoup plus logique,
beaucoup plus compréhensible pour nous s'il était arrivé
avec un avant-projet de regroupement ou de fusion de municipalités,
d'unité de groupements que le ministère envisage comme probable
et sujet à certaines modifications, à des représentations,
à des recommandations qui pourraient nous être faites.
Le ministre nous dit que c'est un plan quinquennal, que c'est un
objectif à atteindre: d'ici cinq ans, 50 p.c. de municipalités de
moins au Québec.
Je me demande comment nous allons faire pour appliquer cette loi puisque
le ministre nous disait, un peu plus tôt au début de la reprise de
nos travaux, qu'il n'envisageait pas la formation d'unités rurales pour
l'application de cette loi. C'est donc dire que nous n'aurons plus beaucoup de
villes au Québec. Si nous ne regroupons pas les municipalités
rurales, ou à peu près pas, et que nous voulons atteindre le
chiffre de 750 ou 775 municipalités en chiffres approximatif, je me
demande où on va prendre les villes pour les fusionner. Je me demande
où on va prendre les villes.
Je vois mon honorable ami le député de Hull. Dans sa
communauté urbaine, je me demande s'il y a matière ou sujet
à des regroupements urbains.
M. PARENT: Sûrement.
M. PAUL: Je me le demande, M. le Président. Je serais fort
heureux que l'honorable ministre et député de Hull nous fasse
part de la situation qui existe sur le territoire de cette communauté
urbaine.
M. TESSIER: Justement, en ce qui concerne la Communauté
régionale de l'Outaouais, mon collègue le ministre d'Etat aux
Affaires intergouvernementales et député de Hull, en
collaboration avec le ministère des Affaires municipales, a
déjà déposé un projet de regroupement de 34
municipalités, je crois, ou 35 municipalités en cinq
municipalités. Dans ces cinq municipalités, si la fusion se
matérialise car c'est un document de travail qui va donner suite
à des études qui vont se poursuivre là-dessus il y
aurait trois municipalités urbaines, trois municipalités
rurales.
Je vous ai dit qu'il devait y avoir des priorités dans les
communautés existantes; je remercie le député de
Maskinongé de me procurer l'avantage de revenir sur ce sujet. Lorsqu'on
dit qu'il n'y aura pas de municipalités rurales, évidemment, j'ai
dit je ne sais combien de fois, peut-être une douzaine de fois, que comme
deuxième priorité c'était les municipalités de
village et les municipalités de paroisse, conformément au
désir exprimé par l'Union des municipalités du
Québec. Là encore...
M. PAUL: On aurait aimé mieux les entendre là-dessus.
M. TESSIER: ...nous allons tout de même toucher environ 300
municipalités qui ne sont pas des municipalités urbaines.
Mais, lorsque j'ai dit que nous ne devons pas mettre l'accent sur le
regroupement des municipalités rurales, je veux dire en dehors des cas
que j'ai mentionnés...
M. DEMERS: ... pas pour les élections.
M. TESSIER: ... prendre cinq ou six municipalités
entièrement rurales pour en former une. Il peut y avoir des exceptions,
c'est évident, il peut y avoir des cas ou ça sera demandé;
à ce moment-là, nous attendrons. M. le Président,
voulez-vous rappeler le député de Saint-Maurice à l'ordre?
Il passe son temps à m'interrompre, il n'est même pas assez poli
pour se lever quand il parle.
M. DEMERS: La digestion n'est pas bonne.
M. TESSIER: Laissez-moi donc terminer. Si le député de
Saint-Maurice a des questions à poser, qu'il soit assez poli pour se
lever, qu'il me les pose, je vais y répondre.
M. le Président, je dis que ce n'est pas là une
priorité et qu'en ce qui concerne les municipalités rurales nous
attendrons plutôt les demandes. J'en connais trois, je les ai
mentionnées l'autre jour lorsque j'ai parlé d'Escourt, de
Rivière-Bleue et de Sully; voici trois municipalités rurales qui
ont déjà manifesté le désir de se regrouper et de
former une ville dans le comté de Témiscouata.
M. PAUL: Le ministre veut-il dire qu'il ne connaît que ces
municipalités désireuses de se fusionner?
M. TESSIER: Du comté de Gaspé-Sud j'ai déjà
reçu une délégation de sept ou huit maires, Pabos,
Grande-Rivière, Petite-Pabos, Grand-Pabos,...
M. DEMERS: Ta bosse ou sa bosse.
M. TESSIER: Il y en a six ou sept qui ont déjà entrepris
des pourparlers pour se fusionner. Nous n'imposerons pas la fusion, elles
veulent la faire. Elles attendent que la loi soit adoptée pour
elles-mêmes adopter leur propre règlement de fusion et
présenter leur requête. Encore dans la Gaspésie, c'est
curieux, mais Mont-Louis, Mont-Saint-Pierre.
M. DEMERS: C'est parce qu'ils vous ont connu par l'ODEQ.
M. TESSIER: Cloridorme, Grande-Vallée, tout un groupe de
municipalités, sept ou huit ensemble, ont été pas mal plus
loin, celles-là. Elles ont fait des études, même
adopté des résolutions de principe, pour déclarer qu'elles
étaient favorables à un regroupement municipal et qu'elles
désirent se fusionner en une seule municipalité. Je donne
ça à titre d'exemple. Il y en a ailleurs dans le Québec.
En fin de semaine, j'ai été, pas dans le comté de
Saint-Maurice...
M. DEMERS: Mais oui, vous êtes passé.
M. TESSIER: J'ai passé à travers.
M. DEMERS: Cela a dérangé mon affaire.
M. PAUL: Le ministre peut être certain qu'il ne passera jamais
à travers le député de Saint-Maurice, par exemple.
M. TESSIER: J'ai été dans le comté de Laviolette,
à Saint-Tite...
M. DEMERS: Vous avez des parents par là.
M. TESSIER: ... j'ai rencontré les maires de la ville de
Saint-Tite et de la paroisse de Saint-Tite...
M. DEMERS: Du cuir.
M. TESSIER: ... et les deux maires m'ont dit: Nous voulons être
les premiers à bénéficier de la loi. J'en prends à
témoin notre président...
M. DEMERS: ... dix dollars, chacun.
M. PAUL: Ce sont des gens polis, bien élevés.
M. TESSIER: ... qui était là, qui a entendu ça. Ils
ont dit: Nous voulons être les premiers à bénéficier
de la loi et nous espérons qu'elle sera
adoptée avant Noël parce que nous voulons en
bénéficier tout de suite.
Alors, je donne cela comme exemple, il y en aura, des cas comme
ça. J'en connais, de mémoire, au moins une bonne douzaine. Je
suis convaincu que cette douzaine représente, en tout, de cinquante
à soixante municipalités.
M. DEMERS: Douze.
M. TESSIER: Je suis convaincu qu'il y a bien d'autres cas semblables
dans le Québec. C'est ainsi qu'au cours des derniers mois nous avons pu
remarquer, d'après les constatations que nous avons faites, qu'il
devrait y avoir, normalement, 600 à 700 municipalités environ
je ne peux pas préciser davantage qui vont sûrement
se prévaloir des dispositions de la loi au cours des prochaines
années.
M. LE PRESIDENT (Carpentier): Article 1, adopté?
M. DEMERS: Un instant! M. PAUL: M. le Président! M. LE PRESIDENT:
Adopté?
M. PAUL: Non, non, non! Même si on vient de parler du comté
de Laviolette, de la ville de Saint-Tite! Je voudrais poser au ministre la
question suivante: A la suite de cette rencontre des deux maires, est-ce qu'il
a été question d'un mécanisme de consultation populaire
pour l'annexion de ces deux territoires?
M. TESSIER: Il n'en a pas été question pour la bonne et
simple raison qu'il semblerait que les deux conseils municipaux et que la
population des deux municipalités sont d'accord pour se fusionner. Cela
fait longtemps qu'on en parle. Je dirais que cela fait peut-être quelques
années qu'on en parle. On attendait justement l'outil qui permettrait
d'en arriver à réaliser cette fusion. Je pourrais continuer mes
énumérations un peu partout dans le Québec, où je
suis allé et où j'ai rencontré des cas identiques.
M. PAUL: M. le Président, je voudrais poser la question suivante
au ministre. Je ne voudrais en aucune façon, cependant, qu'il
réponde s'il n'est pas prêt à le faire, s'il n'a pas
envisagé ce problème. Est-ce que l'on pourrait conclure, à
la suite des remarques qu'a faites le ministre, que, partout où il y a
une municipalité de village et une municipalité de paroisse, il y
aura nécessairement fusion dans un avenir rapproché?
M. TESSIER: Oui, assurément. J'ai l'intention de me servir
justement des pouvoirs, si mes honorables amis veulent bien me les
accorder...
UNE VOIX: Certainement.
M. DEMERS: Ah, vous allez vous organiser pour les prendre.
M. TESSIER: ... prévus à ce projet de loi pour ordonner
des études obligatoires à toutes et à chacune des
municipalités de village et de paroisse du Québec.
M. DEMERS: Des municipalités!
M. TESSIER: Evidemment, ce sera fait avec toute la collaboration du
ministère des Affaires municipales. Des fonctionnaires iront rencontrer
les gens, leur expliqueront les mécanismes ou étudieront avec les
conseils municipaux les avantages et les désavantages des fusions. Je
désire me rendre au désir de l'Union des conseils de comté
qui spécifie bien et je relis: "Ces regroupements pourraient se faire en
donnant aux municipalités de paroisse et de village un délai de
deux ans pour procéder, sinon votre gouvernement pourrait le faire
automatiquement,"
Alors, c'est ça que j'ai l'intention de faire: leur donner un
certain délai pour procéder à des études et, s'il
n'y a pas fusion volontaire, l'imposer tel que le demande l'Union des conseils
de comté.
M. LE PRESIDENT: Adopté?
M. ROY (Lévis): J'écoute parler l'honorable ministre
depuis un certain temps, et il nous dit que cela a l'air de marcher sur des
roulettes. Il a rencontré plusieurs représentants de
municipalités et ils sont prêts, la plupart du temps, à se
fusionner. Si ces municipalités que vous avez mentionnées et les
autres que vous n'avez pas mentionnées sont prêtes à se
fusionner, pourquoi le ministre se donne-t-il tant de pouvoirs dans le bill
actuel?
Quand tout le monde est d'accord qu'il y a avantage à se
fusionner, je ne vois pas pourquoi le ministre se donne tant de pouvoirs dans
un bill pour pouvoir l'imposer. On n'a pas besoin d'imposer quoi que ce soit
quand tout le monde le veut. On laisse les gens agir et on a seulement à
accepter ce qu'ils décident.
M. TESSIER: M. le Président, il faut tout de même que ces
municipalités soient sensibilisées au problème. Je crois
que la manière de les sensibiliser, c'est justement de les forcer
à faire des études sur les avantages des fusions. C'est ce qui
n'existe pas dans la présente Loi de la fusion volontaire. On n'a aucun
pouvoir d'amener une municipalité à faire des études, par
exemple.
Combien de fois ai-je entendu des maires, des conseillers municipaux,
des contribuables, même dans mon propre comté, dire: Nous sommes
contre la fusion. Pourquoi êtes-vous contre la fusion? Ah! ce n'est pas
une bonne chose. L'avez-vous déjà étudiée?
Avez-vous déjà étudié s'il y aurait des avantages
ou des
désavantages? Ah, non! Nous n'avons jamais fait d'étude.
Ils sont contre mais ils ne l'ont jamais étudiée.
Alors là, nous allons, par la nouvelle loi, au moins sensibiliser
non seulement les conseils municipaux mais la population elle-même parce
que cela va amener les contribuables à s'interroger eux aussi, à
collaborer activement avec leurs conseils municipaux. Nous donnons même
des pouvoirs de référendum, de consultation populaire qui
pourront être faits après recommandations de la Commission
municipale. Alors, ce sont là, je crois, tous des
éléments, des éléments nouveaux, des
éléments essentiels qui n'existent pas présentement. Je
suis surpris de vous entendre dire que la loi donne trop de pouvoirs. Je ne le
crois pas. La loi donne des pouvoirs, très bien. Mais il s'agit de les
exercer ces pouvoirs dans le meilleur intérêt des contribuables.
C'est, d'ailleurs, l'objectif de tout gouvernement, je crois, qui veut bien
administrer, qui veut administrer dans l'intérêt public.
Mais actuellement, le gouvernement n'a pas les pouvoirs et c'est ce que
nous voulons obtenir par la présente loi afin, justement, d'aider les
contribuables et forcer les études. Si les études
démontrent, je le répète encore une fois, qu'une fusion
n'est pas dans l'intérêt des contribuables, elle ne se fera tout
simplement pas. Elle se fera lorsqu'il sera clairement démontré,
à la satisfaction du lieutenant-gouverneur en conseil, que c'est dans
l'intérêt des contribuables.
M. CADIEUX: Bon, adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 1, adopté?
M. ROY (Lévis): M. le Président, le ministre sait
très bien que lorsqu'il a été question des
communautés urbaines, on a circulé dans les paroisses et dans les
municipalités et les gens se disaient: Cela ne nous donne rien
d'être contre, la loi est là, et nous allons être
obligés de faire partie des communautés urbaines. Il y avait
déjà plusieurs municipalités qui les avaient
acceptées quand le ministre a décidé qu'il n'y aurait plus
de communauté urbaine pour le moment. Il avait une autorité que
les municipalités avaient comprises et elles savaient qu'elles
étaient obligées de passer par là. Elles s'étaient
soumises. C'est pour cela que je trouve que le ministre a trop
d'autorité, en vertu de cette loi, et ce sera la même chose,
même si ce n'est au détriment d'aucune municipalité. Elles
vont s'habituer et ce sera la population qui en paiera encore les taxes.
M. TESSIER: Chacun son opinion, M. le Président.
M. LESSARD: J'aurais une autre question, M. le Président. Etant
donné que le ministre nous parle, à cet article-là
cela veut donc dire qu'à l'article 2 nous pourrons passer plus vite
d'unités de regroupement possibles, est-ce que le ministre
pourrait nous dire quand le ministère pourra nous donner, justement, des
détails sur ces unités de regroupement, dire à la
Chambre...
M. DEMERS: Nous n'avons pas de définition.
M. LESSARD: ...que nous aurons tant d'unités de regroupement
prévues? Est-ce que cela va aller arbitrairement? Par exemple, est-ce
qu'un bon matin le ministre va se lever, regarder sa carte et dire: Cela aurait
du bon sens...
M. DEMERS: Il n'a pas de carte.
M. LESSARD: ...de créer une unité de regroupement
là? Est-ce que le ministre a l'intention d'étudier globalement la
carte des municipalités du Québec et de préciser, à
l'intérieur de règlements qui seraient soumis ou qui seraient en
annexe à ce projet de loi, par arrêté ministériel,
des unités de regroupements que nous pourrons, par la suite,
étudier et sur lesquelles les municipalités pourront aussi
intervenir pour négocier avec le ministre? Nous, cela nous
apparaît un peu, en tout cas, de l'administration à la petite
semaine, c'est-à-dire qu'on décide: Bon, cette semaine, on est
bon pour en faire deux ou on est bon pour en faire trois. Il me semble qu'avant
de présenter un projet de loi comme cela, étant donné que
le ministre nous a parlé d'études préliminaires, il me
semble que le ministre devrait, justement, être capable de nous dire:
Voici, nous prévoyons tant d'unités de regroupement.
D'autant plus, M. le Président, que le ministre nous a dit que,
essentiellement, il ne toucherait pas du tout aux municipalités rurales.
Quand j'entends municipalités rurales, disons que je ne parle pas de
municipalités de paroisse et de municipalités de village. Il a
accepté le fait que municipalités de paroisse et
municipalités de village allaient être groupées. Mais le
ministre ne semble pas du tout penser à la possibilité de
regrouper plusieurs municipalités. Il semble que le projet de loi nous
laissait entrevoir cette possibilité. Actuellement, il semble que ce ne
soit pas le cas.
Je me demande enfin si le ministre ne pourrait pas envisager cette
possibilité parce que ça pose quand même des
problèmes, la question d'avoir quantités de petites
municipalités qui n'ont aucune coordination au point de vue des loisirs,
au point de vue des travaux publics, etc. Je pensais que la loi allait plus
loin que le ministre vient de nous le dire, comme on l'a fait pour la
municipalité de Percé, je pense; disons que c'était assez
exagéré comme limite de territoire. Il y a quand même des
possibilités, à l'intérieur du territoire
québécois, de non seulement regrouper des municipalités de
village et de paroisse mais d'aller plus loin que ça.
M. TESSIER: M. le Président, je l'ai dit, il est possible
à ce stade-ci de donner un chiffre précis sur les unités
de regroupement parce que, précisément, c'est le but de la loi de
poursuivre des études à ce sujet. Mais, je voudrais assurer
à mon collègue, le député de Saguenay, que ces
unités seront déterminées après consultation avec
les municipalités concernées, après consultation avec les
députés de ces comtés, de quelque parti qu'ils soient, et
après examen des études que nous avons déjà
parce que j'ai dit que nous avions fait des études préliminaires
au ministère des Affaires municipales. J'ai également
souligné que nous venons de créer, au ministère des
Affaires municipales, un nouveau service qui n'existait pas, le service du
regroupement municipal.
Ces fonctionnaires ont tout de même des données et c'est en
se basant sur celles-ci que nous allons désigner des unités de
regroupement. J'ai mentionné tout à l'heure que
Baie-Comeau-Hauterive en serait une. Je puis également ajouter que les
dix municipalités urbaines de la rive sud de Montréal en seront
une autre, c'est possible, peut-être deux. C'est à l'étude
présentement. Une décision devra être prise au cours des
prochaines semaines. Je suis en consultation continuelle avec les conseils
municipaux de ces municipalités depuis plusieurs mois. Egalement, les
municipalités urbaines de la rive sud de Québec seront
sûrement concernées.
C'est ainsi qu'après consultation avec ces municipalités,
après les rapports qui nous seront donnés par les fonctionnaires,
nous serons en mesure, en toute connaissance de cause, de déterminer une
unité de regroupement. Mais, M. le Président, je veux simplement
préciser davantage; la loi, si vous la lisez comme il le faut, permet au
ministre je crois que c'est l'article 2 de modifier en tout temps
les limites des unités de regroupement. Il peut même les
fusionner.
Ceci veut dire qu'au fur et à mesure que les études se
poursuivront en profondeur par des experts, il pourra s'avérer, par
exemple, au cours de ces études, s'il y a eu sept municipalités
pour former une unité de regroupement, qu'il est dans
l'intérêt des contribuables de réduire le nombre des
municipalités, par exemple, de sept à cinq, pour former une
nouvelle municipalité.
Ce sont les études qui vont le démontrer.
Au contraire, peut-être que les études démontreront
qu'il y a lieu d'augmenter le nombre des municipalités. A des endroits
où l'on a créé deux unités de regroupement, il y
aura peut-être lieu, après que les études se seront
poursuivies, de dire: Nous fusionnons ces deux unités de regroupement en
une seule pour fusionner huit municipalités, au lieu de cinq dans une
unité et trois dans l'autre.
Le critère de tout ça, c'est que ça doit être
toujours, dans tous les cas à l'avantage du contribuable. Est-ce qu'il y
a avantage? Est-ce qu'il y aura économie de services? Est-ce qu'il y
aura amélioration de services? Est-ce qu'il n'y aura pas augmentation de
taxes? Est-ce qu'il y aura meilleure répartition des ressources
financières, des ressources physiques d'équipements municipaux et
des ressources humaines?
On part de ces données-là après l'enquête de
la Commission municipale. Ce n'est pas le ministre qui va déterminer
ça tout seul. En tant que ministre des Affaires municipales...
M. PAUL: Il n'est pas capable.
M. TESSIER: ...mon rôle va tout simplement consister, après
consultation avec les municipalités, les députés et les
fonctionnaires de mon ministère, à déterminer une ou des
unités de regroupement. Il y a tout l'autre mécanisme qui suit.
Mon pouvoir, en tant que ministre des Affaires municipales, n'ira pas plus loin
que ça.
Après ça, ce sont les municipalités qui
entreprennent, en collaboration avec le ministère des Affaires
municipales, les études. C'est la Commission municipale qui intervient.
C'est elle qui peut ordonner un référendum. C'est elle qui va
tenir des enquêtes publiques et faire des recommandations.
En définitive c'est tout à fait logique
c'est le lieutenant-gouverneur en conseil qui prendra les décisions
finales.
M. LE PRESIDENT: Article 2, adopté?
M. LEDUC: Non, M. le Président! Au cours de son intervention, le
ministre des Affaires municipales a parlé du territoire de la rive sud
de Montréal. Il est vrai qu'il est, depuis quelque temps, question de
créer des unités de regroupement sur la rive sud de
Montréal.
Moi-même, représentant une agglomération où
un certain nombre de municipalités sont concernées, j'aurais
été sérieusement désappointé si le ministre
avait décidé, en présentant sa législation, de ces
unités de regroupement.
Je pense qu'il faut qu'il y ait une collaboration entre les
municipalités impliquées dans cette possibilité de
regroupement là et le ministère des Affaires municipales. Le
projet de loi no 276 est justement l'outil qu'on donne aux municipalités
et au ministère des Affaires municipales pour étudier, sur une
période qui est beaucoup plus valable, à mon sens, que celle qui
existait dans la Loi de la fusion volontaire qui disparaît avec le projet
de loi no 276.
Je pense qu'à l'expérience, à ce qu'on a
vécu avec la Loi de la fusion volontaire, on s'est aperçu qu'il
manquait peut-être quelque chose. On veut l'améliorer avec le
projet de loi no 276.
Nous avons vécu chez nous deux fusions: la fusion de
Jacques-Cartier avec la ville de Longueuil et la fusion, toute récente,
de la ville de Laflèche avec Saint-Hubert. Saint-Hubert et
Laflèche, c'est trop récent. Attendons quelques semaines,
quelques mois ou quelques années
pour juger. Nous pouvons dire aujourd'hui que la fusion de
Jacques-Cartier et de Longueuil, qui a été faite en 1969,
s'avère pour la ville de Longueuil et pour la population du territoire
concerné quelque chose de positif.
Est-ce qu'on devra, avec le temps, ajouter d'autres municipalités
à Longueuil, ou à Saint-Hubert, créer d'autres
unités ailleurs? Est-ce que ce sera un territoire, une unité ou
plusieurs unités?
Je pense que cela aurait été arbitraire pour le ministre
aujourd'hui de nous dire quelles seraient ces unités. La consultation,
elle existe. Elle existe au niveau du départ de la consultation sur la
rive sud et j'imagine j'ai peut-être tort et le ministre pourra me
corriger que c'est aussi la même chose ailleurs, peut-être.
Mais enfin, parlons de chez nous. C'est un départ. Il y a moyen
d'améliorer un territoire, les services à donner à une
population. C'est ça, l'outil qu'on donne avec possiblement une
meilleure consultation au niveau de la population, une meilleure consultation
au niveau des conseils municipaux. Je ne vois vraiment pas pourquoi on peut
qualifier le projet de loi no 276 de loi boiteuse.
Je crois au contraire qu'on a justement l'expérience de tous les
jours, de tous les mois, qu'on a vécue depuis quelques années. On
a un outil qui est peut-être aujourd'hui le plus valable. Dans trois,
quatre ou cinq ans, on trouvera peut-être que le projet de loi no 276
devrait être modifié dans son application. On le modifiera. Mais,
pour le moment, suite à la demande qui a été faite
à plusieurs reprises par la population à travers la province
d'être consultée plus à fond, bien on l'a, cette
consultation.
Cela n'est plus une consultation exclusive aux conseils municipaux qui
décidaient avec la Loi des fusions volontaires. Maintenant, on va
jusqu'à la population, jusqu'au plébicite. Bien, diable, M. le
Président, je pense qu'on ne peut pas demander mieux! Ce projet de loi
répond justement aux voeux d'une population qui dans certains cas l'a
vécue, la fusion, et dans d'autres entrevoit la possibilité de la
vivre, cette fusion de municipalités. Elle veut essayer d'être
renseignée et d'être participante, partie à cette
décision.
Pour ma part, M. le Président, je pense qu'on devrait tout
simplement dire merci de nous donner les outils nécessaires pour
satisfaire à un besoin qui existe dans la province.
M. LESSARD: M. le Président, je voudrais poser une question au
député. Je voudrais lui demander comment il se fait que lorsque
nous avons fusionné des commissions scolaires, les unités de
regroupement s'imposaient, les unités de regroupement étaient en
annexe au projet de loi no 27 et qu'en ce qui concerne les
municipalités... Pourquoi a-t-on fusionné les commissions
scolaires? Parce qu'à la suite d'études techniques, semble-t-il,
il a été prouvé économiquement qu'il fallait partir
de 12,000 commissions scolaires, je pense, pour les réduire à
145.
Actuellement, il y a des modifications à cette affaire, mais de
toute façon il y avait un principe parce que, semble-t-il, selon le
ministère, on défend différents principes. Je pense qu'une
étude avait prouvé qu'il fallait absolument diminuer le nombre de
commissions scolaires. Moi, je pense que le même principe doit
s'appliquer au niveau des municipalités. Il y a trop de
municipalités au Québec, on le dit depuis fort longtemps.
Là, le ministre nous dit: Bien, écoutez, on n'a pas l'intention
de trop, trop réduire ça. Il faut surtout prendre les
municipalités qui sont collées, complètement
contiguës, qui se recoupent, qui se touchent. Alors, comment se fait-il
que dans un ministère il y a un principe qui, justement, a
été appliqué, parce qu'on a dit aux commissions scolaires:
Si vous ne vous fusionnez pas volontairement, d'ici x temps, nous allons vous
fusionner?
M. TESSIER: M. le Président, le député de Saguenay
doit avoir assez d'expérience pour savoir qu'il n'y a aucune relation,
aucune comparaison possible entre une administration scolaire et une
administration municipale. Le député de Saguenay doit savoir
qu'il y a belle lurette, par exemple, que les commissions scolaires ont perdu
leur autonomie. Qu'en somme toute l'éducation, tout le système de
l'éducation est dirigé par le gouvernement, que le système
d'éducation s'applique à une clientèle particulière
qui est les élèves qui fréquentent les écoles
pendant un certain nombre d'années. Dans le cas des
municipalités, on y naît, on y vit jusqu'à 100 ans, si on
peut vivre jusque là, et on y meurt. Les services municipaux et les
services scolaires sont totalement différents. On ne peut pas faire de
comparaison.
Il était facile pour le ministre de l'Education d'établir
une carte de regroupement des commissions scolaires, c'est très facile
assez facile, du moins, mais qu'il est tout à fait impossible de le
faire au point de vue municipal. Cette carte ou ces unités de
regroupement surviendront au fur et à mesure que les études
seront poursuivies en vertu des dispositions du présent projet de
loi.
M. GIASSON: M. le Président, à la suite de l'opinion
émise par le ministre, celui qui s'arrête à examiner, de
façon assez précise, la situation des commissions scolaires qu'on
connaissait au Québec, en parrallèle avec la situation des
conseils municipaux, est obligé de reconnaître qu'on ne peut pas
faire de corollaire précis entre les deux.
D'abord, au niveau scolaire, chacune des commissions scolaires avait un
équipement à peu près identique. Chaque commission
scolaire était munie de locaux pour donner l'enseignement. Chaque
commission scolaire avait un système de transport organisé.
Chaque commission scolaire avait également une équipe
d'enseignants pour dispenser l'éducation et l'instruction aux enfants.
Or, toutes ces unités scolaires avaient un équipement à
peu près similaire. Il
était, dans beaucoup de cas, facile à imaginer qu'un
regroupement permettrait une meilleure planification dans les différents
services de chacune des commissions scolaires, c'est-à-dire que, par le
regroupement, on pouvait peut-être libérer le salaire d'un ou deux
enseignants, tout en donnant la même qualité d'enseignement.
Au niveau du transport, il est possible également, par une
meilleure planification, d'éliminer des transports, puisque l'agencement
des transports et des circuits pouvait se faire différemment. Vous
pouviez éliminer peut-être un, deux ou trois véhicules
scolaires. Vous aviez, somme toute, des unités scolaires qui à
peu près toutes offraient les mêmes services. Le regroupement
permettait une meilleure planification.
Lorsqu'on transpose l'examen de la situation au niveau municipal, force
nous est de reconnaître que l'équipement de chacune de nos
municipalités au Québec est passablement différent. J'ai
à l'esprit, dans mon comté, une unité de regroupement
naturel au niveau municipal. Dans cette unité, qui pourrait regrouper au
moins quatre municipalités, je suis obligé de constater qu'il y a
des municipalités essentiellement rurales, c'est-à-dire qui
regroupent uniquement des cultivateurs, dont les services municipaux sont loin
d'être ceux que nous retrouvons dans d'autres municipalités qui,
par exemple, ont un service d'aqueduc et d'égouts, un service
d'enlèvement des ordures et une foule d'autres services, tandis que la
municipalité rurale, qui est composé uniquement de cultivateurs,
n'a pas à se donner ces services-là, pour les raisons que vous
connaissez. C'est pour cela qu'on ne peut pas dire qu'un regroupement municipal
peut se tailler de la même façon que le bill 27 a pu tailler les
unités de fusion ou de regroupement des municipalités
scolaires.
Je sais que chez-moi, à l'examen du projet de loi, il y a des
possibilités de regroupement. Cette loi peut permettre de regrouper
certaines municipalités, tandis que, compte tenu des situations
particulières, elle ne permet pas à d'autres municipalités
de mon comté de se fusionner, du moins pour l'instant. Il y aura
certainement des pôles naturels de regroupement. C'est là que vont
se vivre les premières expériences. Face aux résultats
apportés par les expériences des premiers regroupements, sans
doute, d'autres municipalités pourront se convaincre par
elles-mêmes qu'il peut y avoir des avantages à le faire.
Le député de Saguenay a reproché au ministre, tout
à l'heure, de ne pas avoir assez de mesures coercitives dans son projet
de loi. Je pense qu'il n'est pas requis d'avoir des mesures tellement
coercitives parce que, si c'était utile à certains moments, cela
pourrait aller contre le désir d'autres municipalités et surtout
des populations vivant dans ces municipalités.
J'aimerais beaucoup mieux que ce soit dans le projet de loi ou dans la
réglementation qui va l'accompagner, y retrouver des mesures incita-
trices. Je pense que les gens, avec des mesures incitatrices au lieu de
coercitives, vont s'intéresser davantage aux pouvoirs que donnerait le
projet de loi no 276.
M. LESSARD: Je suis d'accord avec le député lorsqu'il dit
qu'il n'y a pas de comparaison, car toute comparaison est boiteuse. Quand
même, des services communs de commissions scolaires et des services
communs de municipalités, ça se ressemble un peu.
Parlons des services d'incendie, des services de police, parlons, par
exemple de la coordination des services de loisirs, parlons du service de
dépotoir municipal, de l'administration commune qui permettrait d'avoir
un maire à plein temps ou d'avoir au moins un secrétaire à
plein temps. Il est certain qu'il y a une certaine différence avec une
commission scolaire mais les principes de fusion sont quand même les
mêmes. On fusionne pour qu'il ne se crée pas de services
parallèles entre des municipalités qui sont près l'une de
l'autre; c'est dans ce but là qu'on fait des fusions. C'est justement
pourquoi je demandais s'il y avait des études techniques de faites au
niveau du ministère pour savoir exactement, par exemple, ce que serait
une municipalité rentable; c'est possible de le trouver techniquement.
Est-ce que ça prendrait tant de population? Est-ce que ça
prendrait tant de territoire? Il est possible de faire des études
techniques sur tout ça pour arriver à ne pas administrer à
la petite semaine. Cela fait des années qu'on nous parle d'une
réforme globale en ce qui concerne l'administration municipale mais ce
sont des réformettes qu'on apporte encore une fois de façon qu'on
va probablement régler le cas de quelques petites municipalités
mais ça n'ira pas plus loin. C'est d'ailleurs pourquoi je disais que le
projet de loi, tel qu'il nous est proposé actuellement, continue tout
simplement et en n'allant pas trop trop vite ce qui existait en ce qui concerne
le regroupement volontaire. Cela ne va pas plus loin que ça parce que
ça demeure encore toujours du volontariat sauf que le ministre,
peut-être, en ce qui concerne les municipalités de village et de
paroisse, peut, remarquez bien, il ne doit pas...
M. TESSIER: Quand le député parle de volontariat...
M. LESSARD: C'est d'ailleurs pourquoi... Une minute, s'il vous
plaît. M. le Président.
M. TESSIER: Qu'est-ce qu'il a à dire lorsqu'une unité de
regroupement où 50 p.c. des municipalités représentant 50
p.c. de la population adopte un règlement? A ce moment là, il y a
fusion. Appelez-vous ça du volontariat?
M. LESSARD: M. le Président, je constate que le ministre est
très poli.
M. DEMERS: M. le Président, sur un rappel au règlement.
Tantôt le ministre m'a demandé de me lever pour poser des
questions, être poli; j'aimerais qu'il nous traite de la même
façon et qu'il se lève...
M. CADIEUX: C'est parce que c'était une réponse qu'il
donnait.
M. DEMERS: ... lorsqu'il aura des questions à poser.
M. LESSARD: Alors, disons, M. le Président...
M. DEMERS: Je veux appliquer les...
M. TESSIER: M. le Président, le député de
Saint-Maurice a parfaitement raison.
M. DEMERS: C'est bien.
M. LESSARD: Disons, M. le Président, que...
UNE VOIX: C'est un ministre.
M. PAUL: Il n'y a pas de ministre en Chambre, il y a des
députés.
M. LESSARD: Disons, M. le Président, que les réponses ne
me donnent pas satisfaction à moins que le ministre tout à
l'heure, et nous y reviendrons à l'article 10, accepte un amendement que
je lui soumettrai.
M. TESSIER: D'accord, rendons-nous à l'article 10 au plus
vite.
M. DEMERS: Un instant.
M. TESSIER : A ce moment-là je pourrai vous répondre.
M. LE PRESIDENT: Adopté?
M. DEMERS: Non, nous avons des questions.
M. BELAND: M. le Président, à l'article 2, au
deuxième paragraphe,...
M. DEMERS: M. le Président, nous sommes encore à l'article
1, un instant. Avant de passer à l'article 2, j'aurais une question
à poser au ministre. Il a tantôt parlé d'un service de
regroupement municipal. Je voudrais savoir ce qu'il y a là-dedans; qui
est nommé et quoi ça va faire exactement? Il nous a dit qu'il
avait mis ça en oeuvre à son ministère. Je suis bien poli,
je suis debout, je voudrais savoir ce qu'il y a là-dedans. Là
nous allons avoir des nouvelles fraîches.
M. TESSIER : Dans ce service, M. le Président, il y a
présentement, j'ai mentionné cet après-midi que ce
n'était pas encore définitif, parce qu'il s'agit de
compléter, mais...
M. PAUL: Il y a seulement le nom qui est trouvé.
M. TESSIER: ... il y a présentement 14 fonctionnaires
spécialisés dans le regroupement et les finances municipales,
conséquences de fusion.
Il s'agit de fonctionnaires qui, depuis plusieurs années, il y en
a qui sont là depuis plus longtemps évidemment les uns que les
autres, se sont perfectionnés dans ce travail. Actuellement, ils sont
à la disposition des municipalités du Québec qui
envisagent des fusions. Chaque semaine, je reçois des demandes de la
part de certaines municipalités qui me disent vouloir étudier
cette question pour savoir s'il y a des avantages. Alors, je leur
délègue un de ces fonctionnaires spécialisés qui
font partie du service de regroupement et qui, par la suite, dressent des
rapports, les envoient aux municipalités concernées, m'en
remettent une copie aussi. C'est ainsi que des études actuellement se
poursuivent un peu partout à travers le Québec sur des
possibilités de fusion.
J'espère avoir répondu à votre question.
M. DEMERS: Depuis 1965, ces gens-là étaient en place. Dans
la Loi des fusions volontaires...
M. TESSIER: Il y en a qui sont en place depuis 1965...
M. DEMERS: Oui, je comprends...
M. TESSIER: Il y en a qui étaient en place avant 1965. Il y en a
qui sont là depuis 1968. Evidemment, ce sont des fonctionnaires qui ont
été engagés peut-être au cours des sept ou huit
dernières années.
M. PAUL: M. le Président, le ministre, tout à l'heure, a
dit qu'il y aurait des études de faites pour envisager les
différents problèmes de fusion, de création
d'unités de regroupement municipal. Est-ce que la contribution de son
ministère ne consistera qu'en une contribution technique,
c'est-à-dire par l'envoi sur place de fonctionnaires ou de
spécialistes du service dont il vient de nous parler, et son
ministère aidera-t-il financièrement, au moyen de subventions,
les études qui seront faites dans un secteur donné pour envisager
un regroupement municipal?
M. TESSIER: Oui, c'est exact. Cela se fera sous deux formes, tel que mon
honorable collègue vient de le mentionner. Sous forme de collaboration
directe par le service technique du ministère, et également sous
forme de subvention pour poursuivre des études.
M. LE PRESIDENT: Adopté?
M. CLOUTIER (Montmagny): Le député de L'Islet a
mentionné tantôt un exemple extrêmement intéressant
de regroupement possible. Je ne pense pas que cet exemple puisse être
multiplié à beaucoup d'exemplaires dans le Québec. Il a
cité comme exemple, il n'a pas donné de nom mais j'ai cru
reconnaître L'Islet-ville avec Bon-Secours...
M. GIASSON: L'Islet-sur-mer, L'Isletville, L'Islet paroisse et
Saint-Eugène.
M. CLOUTIER (Montmagny): Saint-Eugène. Il y a déjà
une municipalité dans ce groupe qui est incorporée en vertu de la
Loi des cités et villes, mais les trois autres sont des
municipalités de type rural qui relèvent du code municipal. Il y
en a une qui a un développement industriel assez connu, L'Isletville,
par les noms des produits qui sont connus dans le Québec. Dans un cas
comme celui-là, étant donné qu'il y a des
disparités assez considérables au point de vue du
développement industriel, au point de vue de l'appartenance soit au code
municipal ou à la Loi des cités et villes, comment le ministre
va-t-il se comporter en pratique? Evidemment, il va ordonner une étude
de cette unité de regroupement. Est-ce qu'il va favoriser d'abord un
regroupement des trois municipalités qui relèvent du code
municipal, ou si, dans le cas des trois municipalités qui
relèvent du code municipal, la suggestion qui sera faite sera de faire
une unité en vertu de la Loi des cités et villes?
M. GIASSON: Selon la compréhension que j'ai du projet de
loi...
M. DEMERS: C'est le ministre qui est questionné...
M. GIASSON: Ah! excusez-moi.
M. PAUL: Je comprends que vous avez de hautes qualifications...
M. DEMERS: Cela va venir, mais il faut qu'il soit nommé juge
avant...
M. TESSIER: Je ne voudrais pas enlever la parole à mon
collègue, mais pour répondre au député de
Montmagny, ce n'est pas le ministre qui va déterminer quoi que ce soit.
Ce sont les études qui vont nous le déterminer. Les études
qui seront faites et la recommandation de la commission municipale qui
suivra.
Evidemment, c'est sur cette dernière recommandation que le
lieutenant-gouverneur en conseil se basera pour dire s'il doit y avoir
regroupement, dans le cas spécifique que le député de
Montmagny vient de citer, de quatre, de trois ou de deux municipalités
en vertu de la Loi des cités et villes ou en vertu du code
municipal.
Bien entendu, s'il s'agit de fusion de municipalités
régies par le code municipal avec une autre municipalité qui est
régie par la Loi des cités et villes, c'est la Loi des
cités et villes qui devra s'appliquer.
M. LE PRESIDENT: Article 1, adopté?
M. BELAND: A la suite de ce qui vient d'être dit...
M. LE PRESIDENT: Article 1, adopté?
M. BELAND: Non, non. Tout à l'heure, j'ai été
rappelé à l'ordre. Je me croyais à l'article 2. Mais,
à la suite des choses qui viennent d'être dites, j'ai le droit de
poser des questions, moi aussi.
Relativement à ce qui vient d'être dit et à ce qu'on
a répondu, je constate que, dans le livre blanc, on parle du
découpage en secteurs. C'est justement pour cela que j'apporte l'exemple
de mon comté. A l'intérieur de mon comté, nous devrons
faire affaires avec trois secteurs complètement différents,
à savoir le secteur 12 (5 municipalités), le secteur 10 (22
municipalités)...
M. TESSIER: Il n'y a pas de secteurs. Quelle sorte de secteurs?
M. BELAND: Bien, les unités de regroupement.
M. TESSIER: Bien oui, mais cela n'a plus rien à faire
là-dedans. Voyons!
M. DEMERS: On ne les a même pas nommés.
M. TESSIER: Il me semble que le député doit être au
courant, M. le Président, que le livre blanc et que la politique
énoncée au livre blanc...
M. DEMERS: C'est fini.
M. TESSIER: ... ont été abandonnés...
M. DEMERS: Le livre blanc, c'était pour rire.
M. TESSIER: ... que l'annexe ne compte plus.
M. PAUL: Il est mort de la tuberculose.
M. TESSIER: Les 131 découpages qu'il y avait dans l'annexe du
livre blanc...
M. DEMERS: C'est fini, ça.
M. TESSIER: ... c'est fini et cela fait longtemps.
M. LESSARD: M. le Président, c'est pour cela justement qu'on a
peur.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. LESSARD: Le livre blanc est fini et cela aussi va peut-être
finir.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! L'honorable député
de Lotbinière.
M. BELAND: Est-ce que le ministre a un graphique quelconque de
préparé qui, en vertu des nouvelles normes et des nouvelles
unités de regroupement, va nous aider à comprendre exactement
dans quelle unité de regroupement sera telle municipalité ou
telle autre? Je pense que cela serait important.
M. TESSIER: M. le Président, j'ai répondu
déjà à cette question à plusieurs reprises.
J'inviterais mon collègue à lire le journal des
Débats.
M. LEDUC: Certainement.
M. PAUL: M. le Président, est-ce que le ministre pourrait nous
dire...
M. CADIEUX: Quoi?
M. PAUL: Pardon? J'espère que nous allons entendre vos questions,
vous aussi!
M. CADIEUX: Ah oui! M. PAUL: Bon.
M. CADIEUX: "Délabyrinthez" vos sentiments et allez-y.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. PAUL: Tournez-vous de l'autre bord car vous m'avez donné la
parole et, de l'autre côté, on parle sans aucune
justification.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs. L'honorable député
de Maskinongé.
M. PAUL: Merci, M. le Président. Est-ce que le ministre peut nous
dire quelles sont les raisons pour lesquelles il ne considère pas
avantageux le principe ou la formation d'unités rurales? Est-ce à
cause de l'éloignement, à cause des services, à cause de
l'assiette fiscale qui peut être impliquée? Quelles sont les
principales raisons qui le justifient probablement de déclarer que ce
projet de loi, à toutes fins pratiques, ne sera pas utile aux paroisses
rurales pour envisager le regroupement dans le contexte ou la pensée
d'unités municipales?
M. TESSIER: M. le Président, je pense que j'ai expliqué
assez clairement cet après-midi, du moins, je l'espère, que je ne
voyais pas beaucoup d'avantages à regrouper quatre ou cinq
municipalités essentiellement rurales qui ont un territoire
étendu et qui ont très peu de population. Ces
municipalités rurales sont composées de cultivateurs à 95
p.c.
Or, ces cultivateurs, je crois, ne trouveront pas beaucoup
d'intérêts à réunir un territoire, par exemple, de
dix ou quinze milles carrés où il peut y avoir 1,000 de
population. Mais il peut y avoir des cas particuliers; j'en ai mentionné
tout à l'heure en Gaspésie, où la demande a
déjà été faite, où des études ont
déjà été faites, où des résolutions
de principe ont déjà été adoptées. Or, je
dis qu'à la demande de ces municipalités, au moins celles-ci
auront un outil, pourront se prévaloir de cette nouvelle loi pour se
regrouper si elles le désirent. Mais je le répète
ce n'est pas l'intention du gouvernement de mettre l'accent sur le
regroupement de municipalités exclusivement rurales.
M. PAUL: M. le Président, je remercie le ministre de cette
réponse. Est-ce que je pourrais savoir si les explications qu'il nous
donne résultent d'expériences plus ou moins rentables ou
intéressantes, par suite de l'aménagement du territoire de
l'aéroport de Sainte-Scholastique, du regroupement des
différentes municipalités du parc Forillon, de
l'aménagement d'une seule municipalité dans le territoire de
Bécancour? Est-ce qu'on a vécu des expériences
malheureuses par suite de l'adoption de ces projets de loi qui, en sorte,
avaient des principes ou des justifications que l'on pourrait retrouver dans le
projet de loi que nous étudions, soit le projet de loi no 276?
M. TESSIER: Je ne crois pas, M. le Président, qu'il y ait eu
d'expériences malheureuses. Comme j'ai déjà
expliqué lors de la présentation des projets de loi de
regroupement en ce qui concerne Sainte-Scholastique, Gaspé ou
Percé, c'étaient des cas d'exception à cause comme
vient de le mentionner mon collègue de motifs bien précis
dans ces trois cas. Ce n'est pas du tout à cause de ces cas
exceptionnels que le gouvernement a adopté la politique que je viens
d'élaborer. C'est plutôt à la suite d'études faites
par des fonctionnaires du ministère des Affaires municipales, à
la suite de consultations et de dialogues avec une quantité assez
considérable de municipalités, exclusivement, ou presque,
rurales.
M. BELAND: M. le ministre, à ce moment-là, il n'y a pas eu
de mauvaise répercussion mais est-ce que ça voudrait dire que,
après la fusion parce que, en quelque sorte, cela a
été des fusions les taxes des citoyens ont
baissé?
M. TESSIER: Je ne pourrais dire si les taxes ont baissé ou non
à Sainte-Scholastique ou à Gaspé. Mais il y a une chose
certaine, dans les trois cas en question, il y a eu sûrement
amélioration des services municipaux, dans tous les cas, et il continue
à y avoir amélioration. J'ai l'occasion, très
fréquemment, de rencontrer des
contribuables je ne parle pas des administrateurs municipaux
qui vivent sur ces territoires et je n'en ai pas encore rencontré
qui m'ont dit qu'ils n'étaient pas satisfaits de ce qui s'était
produit; au contraire, ils étaient très heureux de
l'amélioration des services municipaux dans leur territoire.
M. BELAND: Tout à l'heure, vous avez dit que parce qu'il y
avait eu rapprochement avec les projets de loi no 27 et 28, regroupement
scolaire les commissions scolaires, en somme, après le
regroupement, ont perdu leur autonomie. C'est le gouvernement qui décide
tout. Vous avez dit ça tantôt, mot à mot. A ce
moment-là, est-ce que ça veut dire que ça va être
quasi semblable, que les citoyens vont perdre dans ce domaine encore davantage
d'autonomie, que c'est le gouvernement qui va décider? On va voir plus
loin, à l'intérieur...
M. TESSIER: C'est justement le contraire, M. le Président. Cela
va donner une plus grande autonomie aux municipalités parce que
celles-ci vont être renforcées, elles vont pouvoir avoir
certainement plus de poids pour dialoguer avec le gouvernement; elles vont
avoir plus de responsabilités en ce sens qu'elles vont être en
mesure d'accroître les services, de donner des services additionnels
à leur contribuables.
Lorsque vous avez deux ou trois petites municipalités qui,
isolément, n'ont pas les moyens, les ressources humaines, physiques ou
fiscales pour donner des services à leurs contribuables, c'est
précisément en les regroupant que ces municipalités auront
la force, le pouvoir, les moyens de donner ces services.
Alors, loin de diminuer l'autonomie des municipalités, je crois
que le regroupement, au contraire, l'augmente.
M. GAUTHIER: Si j'ai bien compris tout à l'heure la
déclaration de M. le ministre relativement à son objectif ou sa
préoccupation no 2 au sujet des fusions éventuelles des
municipalités de paroisse et des municipalités de village, est-ce
que le ministre, dès l'adoption de cette loi, a l'intention
d'émettre une ordonnance pour ordonner tout de suite, d'une façon
générale, des études dans ces municipalités?
M. TESSIER: En effet, c'est exact. C'est bien l'intention du ministre
des Affaires municipales, dans les plus brefs délais après la
sanction de la loi, d'émettre une ordonnance auprès de toutes les
municipalités de village ou de paroisse, généralement,
pour requérir que des études soient entreprises et qu'un rapport
soit fait dans un certain délai, qu'il reste à déterminer.
Cela ne veut pas dire qu'il y aura par la suite fusion automatique dans 100
p.c. des cas, parce qu'on pourra nous démontrer par les études
qu'il n'est pas avantageux pour le contribuable qu'il y ait fusion. J'ai
l'impression que ce sera plutôt des cas d'exception, mais il y en aura
sûrement.
M. GAUTHIER: M. le ministre, indépendamment du fait qu'aucune des
municipalités ne demande cette étude, d'une façon
systématique vous allez l'ordonner. Est-ce que de votre point de vue,
avec le personnel...
M. TESSIER: Cette demande a été faite à la suite
d'un congrès de l'Union des conseils de comté qui englobe toutes
les municipalités rurales du Québec. On a adopté au cours
de ce congrès une résolution qui a été
reportée dans un mémoire de l'Union des municipalités du
Québec qui m'a été remis le 30 décembre 1970,
demande qui a été réitérée lors du dernier
congrès de l'Union des conseils de comté tenu à
Sainte-Adèle le 8 octobre dernier et auquel j'assistais. J'y ai
posé directement la question aux membres de l'exécutif et du
conseil de l'Union des municipalités: Est-ce qu'il y a eu modification
dans vos intentions? On m'a répondu: Non, pour ce que nous avons
décidé à notre dernier congrès, nous n'avons pas
changé d'idée, nous demandons encore que le gouvernement
intervienne dans ce sens.
M. GAUTHIER: Dans quel délai l'honorable ministre pense-t-il,
avec un personnel de 14 fonctionnaires, venir à bout de ces
études? Et est-ce que j'ai bien compris tout à l'heure qu'il a
déclaré qu'il faudrait probablement en venir d'ici deux ans
à faire une fusion de ces municipalités?
M. TESSIER: La demande de l'Union des conseils de comté
détermine un délai de deux ans, lequel j'ai l'intention de
suivre.
M. GAUTHIER: Avec le personnel de 14 fonctionnaires dont vous parliez
tout à l'heure?
M. TESSIER: Oui, il n'y a pas de problème.
M. GAUTHIER: Vous ne pouvez pas, non plus, préciser quelle sorte
d'apport financier ou autre ces municipalités sont en droit
d'attendre?
M. TESSIER: Lisez donc la loi. Le texte de la loi est là, tout
est dedans.
M. PAUL: Dans l'étude...
M. TESSIER: Nous allons arriver à ces articles. Vous pourrez me
poser la question. Il est bien mentionné dans la loi que la Commission
municipale pourra recommander au ministre de donner une subvention,
après étude, évidemment, de toute la question de la
fiscalité, à l'occasion de la fusion.
M. GAUTHIER: Justement, pour les études, dans quelle proportion
le ministère va-t-il contribuer pour soulager les municipalités
d'autant?
M. TESSIER: J'ai déjà répondu à cette
même question, qui m'a été posée par le
député de Maskinongé il y a à peu près
quinze minutes.
M. PAUL: M. le Président, lorsque j'ai posé la question,
le ministre a répondu: Oui, nous allons aider dans ce travail
d'étude. Mais je crois que la question de mon collègue,
député de Berthier, est beaucoup plus précise. Elle
demande au ministre quelle va être la part effective du
ministère.
Est-ce qu'il y a eu consultation avec son collègue le ministre
des Finances, pour que, dans les nouveaux crédits, il y ait une somme
d'argent de prévue pour aider ces municipalités-là?
M. TESSIER: Il y a eu consultation avec mon collègue le ministre
des Finances, mais ce n'est pas à moi à dévoiler ce soir
le prochain budget du gouvernement. Ce sera au ministre des Finances à
déposer le budget, mais je puis assurer tout de même mes
collègues de cette Chambre que le ministre des Finances a donné
son accord pour qu'il y ait un montant assez substantiel pour les fins que l'on
vient de mentionner.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 2... M. PAUL: M. le
Président, un instant. M. LE PRESIDENT: Aritcle 3...
M. BELAND: A l'article 2, au 2e alinéa, c'est bien inscrit: "Le
ministre peut modifier les limites des unités de regroupement".
Tantôt l'on m'a rappelé à l'ordre en me disant qu'il n'y
avait plus d'unités de regroupement. Alors que viennent faire
là-dedans ces unités de regroupement? On m'a dit: Il n'y a plus
d'unités de regroupement, c'est vieux jeu cette histoire-là?
Qu'est-ce qui se passe?
M. TESSIER: Je n'ai jamais dit qu'il n'y aurait plus d'unités de
regroupement. J'ai dit que les unités de communautés ou de
projets de communautés municipales n'existaient plus. Quand vous parliez
tout à l'heure de la région 23, contenant environ 14
municipalités, ça c'est fini. C'étaient, à ce
moment-là, des régions de municipalités qui pouvaient
éventuellement former des communautés municipales. Il n'est plus
question de communautés municipales. Il est question, comme j'ai
expliqué tantôt, de déterminer, évidemment
après étude, sur recommandation des fonctionnaires, après
consultation avec les municipalités et le maire, consultation avec les
députés, s'il y a lieu de créer une unité de trois,
quatre, cinq, six municipalités suivant les cas. Ces
municipalités-là devront entreprendre des études dans un
certain délai qui devra être fixé.
M. BELAND : Bon alors ayant davantage compris, après les
explications du ministre, c'est entendu que nous constatons que nous devrons
transférer nos pouvoirs au ministre pour que, lui, décide enfin
s'il va accepter ou ne pas accepter telle suggestion qui va être
présentée par les personnes sous sa responsabilité. Alors
est-ce que vous attendrez de connaître la délimitation
électorale des comtés, ou si, par exemple, vous avez l'intention
d'essayer d'adopter d'autres critères...?
M. TESSIER: Pas nécessairement de tenir-compte des
délimitations électorales. Evidemment, ce sera sûrement un
critère qui comptera, qui pourra compter, mais qui ne sera pas je
pourrais dire tout à fait déterminant. C'est surtout la question
économique, la question sociale qui détermineront les
unités et non pas nécessairement les frontières de
comté qui peuvent varier et qui varient de temps à autre,
d'ailleurs.
M. BELAND: J'ai eu certaines représentations de maires à
ce sujet-là, selon lesquels, justement, c'était quelque chose qui
avait déjà quand même été pensé. Alors
s'appuyant là-dessus, je pense entre autres au pôle d'attraction,
si on peut appeler ça un pôle d'attraction, de Bécancour,
Nicolet, et où est dirigée d'une façon très
accentuée ou plus accentuée la possibilité que certaines
paroisses de mon comté appartiennent à ce pôle
d'attraction.
Or, automatiquement, c'est entendu qu'il y a quelques différences
de mentalité. Je donne cela à titre d'exemple, mais cela se
présente également ailleurs dans la province.
Il y a une différence assez marquée de mentalité.
Il y a, par exemple, des pôles d'attraction, de même que diverses
autres habitudes acquises qui deviennent, par le fait même, des droits
acquis. Disons que cela représente quelque chose dont il vaut
réellement la peine de s'occuper. J'essaie d'aller plus loin, que chaque
mot qui est écrit dans le bill. Allez-vous essayer de rattacher, par
exemple, une certaine quantité de municipalités à un
pôle d'attraction ou à la plus grosse municipalité au point
de vue de la population, qui peut, à un moment donné, devenir
ville?
Il faut, quand même, penser aux régions rurales de la
province; cela présente des cas particuliers. Le député de
L'Islet en a, d'ailleurs, parlé tout à l'heure. Là, je
présente un autre aspect. Est-ce que vous allez chercher à
approcher d'une ville quelconque une certaine quantité de
municipalités typiquement rurales ou si vous avez pensé à
autre chose?
M. TESSIER: M. le Président, lorsqu'il s'agira de regrouper des
municipalités dans le comté de Lotbinière, je consulterai
le député. Il pourra me donner son avis là-dessus, et on
en tiendra compte.
M. LE PRESIDENT: Article 2, adopté.
M. BELAND: Merci, M. le Président. A mon tour, je consulterai les
maires, chez moi.
M. TESSIER: D'accord.
M. LE PRESIDENT: Article 3?
M. PAUL: M. le Président, je ne comprends pas votre empressement.
C'est un projet de loi important. Est-ce que le ministre peut me dire si le
rapport qui lui sera fait par la Commission municipale sera
intégralement respecté par lui ou si, en vertu du deuxième
paragraphe de l'article 2, il pourrait obtenir des informations en provenance
d'une autre source que la Commission municipale?
Si le ministre peut consulter d'autres personnes que celles
consultées par la Commission municipale pour en arriver à
modifier, tel qu'il est dit dans la loi, les limites des unités de
regroupement, est-ce qu'il pourrait nous donner un exemple ou nous dire comment
il pourrait justifier un changement des limites et comment il entrevoit la
possibilité de modifier ces rapports en provenance de la Commission
municipale?
M. TESSIER: A l'article 2, il n'est pas question, d'aucune
manière, d'une intervention de la Commission municipale. Nulle part,
dans l'article 2, il n'est fait mention de la Commission municipale.
M. PAUL: Oui, mais sur quoi le ministre va-t-il se baser?
M. TESSIER: Ce n'est pas la Commission municipale qui va faire un
rapport pour que nous créions des unités de regroupement. La
Commission municipale va faire des études après que les
études auront été entreprises. Comme je l'ai
mentionné je le répète une autre fois c'est
après consultation avec les municipalités, après
consultation avec les députés...
M. PAUL: Par qui seront faites ces consultations-là?
M. TESSIER: Consultations du ministre ou du ministère.
M. PAUL: Est-ce que le ministère ne comprend pas un organisme que
l'on appelle la Commission municipale?
M. TESSIER: Non, pas dans ce cas-là. La Commission municipale,
d'après la loi que nous avons devant nous, n'aura aucun rôle
à jouer en ce qui concerne la création d'unités de
regroupement. Son rôle vient par la suite. Au départ, ce n'est pas
la Commission municipale qui interviendra d'aucune manière. Il y aura
tout simplement prise de décision d'après les données qui
me seront parvenues ou qui ressorti- ront de consultations avec les
municipalités, avec les députés et avec les corps
intermédiaires.
Par exemple, la chambre de commerce peut faire certaines
représentations. Je sais que cela s'est fait dans certains coins de la
province. Des chambres de commerce ont déjà entrepris
d'elles-mêmes des études sur des unités de
regroupement.
Encore là, c'est un indice qui peut aider à
déterminer une unité de regroupement.
M. PAUL : Est-ce que le service de regroupement dont a parlé le
ministre cet après-midi et ce soir est le service tout prévu
à son ministère pour contrôler ces données...
M. TESSIER: Oui.
M. PAUL: ... qui pourront être obtenues par toutes sortes de
moyens de consultations? Est-ce bien exact?
M. TESSIER: C'est exact, M. le Président, c'est bien l'organisme
en question.
M. PAUL: Adopté?
M. LE PRESIDENT (Carpentier): Article 3.
M. PAUL: M. le Président, à l'article 3, je voudrais
attirer votre attention sur une situation que l'on crée de plein droit.
D'abord, il nous a été impossible de savoir du ministre ce qu'est
une unité de regroupement. Nous ne pouvons nous attarder à
considérer les critères qui peuvent établir des
unités de regroupement mais l'article 3 se lit comme suit: "Une
requête conjointe peut être présentée par la
moitié des conseils des municipalités comprises dans une
unité de regroupement." Cela va venir d'où cette unité de
regroupement? On dit que c'est la moitié des conseils des
municipalités comprises dans une unité de regroupement, qu'on ne
définit pas.
M. TESSIER: Nous en avons assez parlé. Cela fait une heure et
demi que nous parlons des unités de regroupement.
M. PAUL: Un instant, M. le Président, je crois que nous avons
été extrêmement polis pour le ministre ce soir.
M. DEMERS: Soyez poli.
M. PAUL: Nous voulons tout simplement être renseignés sur
cette loi tellement importante. C'est nous qui avons été pris,
nous n'avons pas eu l'avantage de recevoir des cadeaux en fin de semaine. Nous
avons été en contact avec le petit peuple de nos comtés,
nous n'avons pas eu le plaisir d'avoir...
M. DEMERS: Nous n'avons pas reçu de cadeau.
M. PAUL: ... la visite du ministre.
M. TESSIER: Des cadeaux ou des canots?
M. DEMERS: Des canots. Vous avez bien fait de ne pas prendre les rapides
avec.
M. PAUL: M. le Président, farces à part, "et
représentant au moins la moitié de la population de toutes les
municipalités comprises dans l'unité de regroupement." Qui va
déterminer que, par exemple, cinq municipalités, c'est assez pour
former une unité de regroupement? S'il y en a huit, qui va dire que
quatre n'est pas suffisant, qu'il faudrait comprendre onze municipalités
de regroupement?
M. DEMERS: Deux et demi.
M. PAUL: Sur quoi va-t-on tabler, comment allons-nous reconnaître
la suffisance...
M. TESSIER: Par des études.
M. PAUL: ... d'une unité de regroupement?
M. TESSIER: Ce sont les études, M. le Président...
M. PAUL: Menées par qui?
M. TESSIER: ... par les municipalités, conjointement avec le
service de regroupement du ministère des Affaires municipales.
M. PAUL: M. le Président, nous allons prendre les
municipalités de Champlain, Sainte-Anne-de-la-Pérade nous
allons rester dans le comté du ministre Batiscan,
Sainte-Geneviève, Saint-Luc-de-Vincennes; on va envisager un
regroupement, une unité. Mais, à un moment donné, on va
croire que telle municipalité dans le comté de Portneuf,
Deschambault, par exemple, devra être intégrée dans cette
unité de regroupement. Qui va juger de la suffisance du nombre de
municipalités pour créer une unité de regroupement et quel
sera le critère de base pour juger que la population est suffisante pour
créer une unité de regroupement? On part d'un principe, on
reconnaît de facto, de plein droit, une unité de regroupement
qu'on ne définit pas; on retrouve tout ça à l'article 3.
Mais nous ne savons pas comment les unités de regroupement ont
été créées, nous sommes en face de l'existence
d'unités de regroupement que le ministre ne peut pas définir.
J'aimerais savoir en vertu de quoi, sur quelles bases va-t-on juger que telles
municipalités au nombre de X sont suffisantes pour former une
unité de regroupement. C'est bien beau de dire que c'est à la
suite des études mais qui va juger que ces études sont
suffisantes et complètes, qui?
Le ministre nous dit qu'à ce stade-là, la commission
municipale n'intervient pas. Si, par exemple, la Chambre de commerce de
Batiscan dit que Champlain et Batiscan peuvent former une unité de
regroupement et que la Chambre de commerce de Sainte-Anne-de-la-Pérade
dit non, ce n'est pas suffisant parce qu'il faudra avoir la population de
Sainte-Anne-de-la-Pérade, corporation du village, corporation de la
paroisse, et aller chercher Sainte-Geveniève-de-Batiscan. Comment
va-t-on établir une unité de regroupement dans ce milieu? Elle
sera basée sur quoi? Qui va la reconnaître? Est-ce que ce sera le
député de Champlain qui va prendre le téléphone et
dire au ministre: M. le ministre, j'ai une unité de regroupement chez
nous. Vous ne ferez pas ça. Je suis sûr que le ministre ne fera
pas cela. Mais son collègue, le ministre des Affaires municipales,
voudrait, lui, en créer, des unités de regroupement.
M. TOUPIN: Lui, il pourrait le faire, par exemple.
M. PAUL: Oui, mais sur quelle base? Qu'est-ce que sera une unité
de regroupement? Depuis le début de l'étude de ce projet de loi
que nous voulons avoir une définition. Ce n'est pas pour rien que nous
avons insisté pour essayer d'obtenir une définition en tenant
compte du caractère économique du milieu, en tenant compte de la
population, en tenant compte des activités sociales des individus, en
tenant compte des activités culturelles du milieu. Il n'y a rien comme
définition. Il faut tenir compte également de la
démographie de cette unité de regroupement municipal. On n'a
rien, sauf qu'à l'article 3, on se réveille avec des
unités de regroupement non définies, non créées en
vertu de la loi. On en consacre l'existence sans donner aucun critère
qui aurait servi à la reconnaissance ou à la formation de
cesdites unités de regroupement. J'aimerais avoir une réponse du
ministre.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. DEMERS: M. le Président, le ministre semble...
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. PAUL: Comment adopté, M. le Président? Avez-vous
compris ce qu'on a dit?
M. LE PRESIDENT: Certainement.
M. PAUL: Que le ministre commence par répondre. On lui pose des
questions. Ce n'est pas à vous de demander et dire que c'est
adopté. C'est à lui à nous répondre. Après
cela, nous jugerons si la réponse est suffisante et si nous avons
d'autres questions ou si nous n'en avons pas. C'est à nous de
décider cela. Ce n'est pas à vous.
M. DEMERS: Pour lui éviter de la fatigue lorsqu'il
répondra au député de Maskinongé, qu'il
m'explique la première ligne: "Une requête conjointe peut
être présentée par la moitié des conseils". S'il y a
cinq conseils, la moitié sera deux et demi? Ce sera quoi?
DES VOIX: Trois.
UNE VOIX: La majorité absolue.
M. DEMERS: Oui, je comprends. Maintenant, si le ministre veut
répondre.
M. TESSIER: M. le Président, pour répondre au
député de Maskinongé, ce sont les conclusions des
études qui détermineront le tout. Il est évident que s'il
y a une unité de regroupement qui comprend, par exemple, cinq
municipalités, les études qui seront entreprises pourront
démontrer qu'il n'est pas avantageux de regrouper ces cinq
municipalités mais qu'il serait avantageux d'en regrouper trois. Ou
encore, au lieu d'en regrouper cinq, qu'il serait plus avantageux, dans le
meilleur intérêt des contribuables, d'en regrouper six. Ce sont
les conclusions de ces études qui permettront, qui détermineront
exactement l'unité de regroupement. C'est pour ça qu'une
disposition spéciale, le deuxième paragraphe de l'article 2,
permet au ministre, au cours des études, de modifier les limites des
unités.
Maintenant, je pense que le député de Saint-Maurice a
compris ce que cela voulait dire.
M. DEMERS: Oui, je comprends. M. TESSIER: Bon, parfait.
M. ROY (Lévis): M. le Président, le ministre a bien
expliqué. Mais qui va décider? Une municipalité ou une
ville demande un regroupement avec deux municipalités qui l'environnent.
C'est très bien. Elle veut en avoir une quatrième. Elle va faire
consentir les deux municipalités qui sont prêtes à se
fusionner mais la quatrième n'est pas prête. C'est la
première municipalité qui veut la fusion. Est-ce que c'est cette
municipalité qui va demander au gouvernement ou au ministre de faire des
études dans son cas, savoir s'il est avantageux de fusionner une petite
municipalité, une autre petite municipalité pour les amener
à voter pour avoir la majorité pour prendre une autre
municipalité voisine? Je pense que le ministre sait à peu
près ce que je veux dire. Amener une municipalité voisine
à être obligée d'embarquer dans la fusion parce que les
deux autres ont voté pour.
M. TESSIER: C'est exact. M. ROY (Lévis): C'est ça? M.
TESSIER: C'est exact. M. ROY (Lévis): C'est exact?
M. TESSIER: Mais tout cela...
M. ROY (Lévis): Est-ce que c'est logique qu'une
municipalité...
M. TESSIER: ...par exemple, est sujet à tout le processus,
c'est-à-dire avis dans la Gazette officielle, avis dans les journaux qui
circulent dans ces municipalités, droit d'opposition de la part des
contribuables qui s'opposent aux principes ou aux modalités de la
fusion. S'il y a un seul contribuable dans ces trois municipalités qui
s'oppose, il y a obligation pour la Commission municipale de tenir une
enquête publique. Si la Commission municipale est satisfaite et
déclare qu'il est dans l'intérêt public, dans
l'intérêt des contribuables de ces trois municipalités que
celles-ci se fusionnent, même si deux seulement de ces trois
municipalités ont adopté des règlements de fusion, ont
présenté une requête de fusion, la troisième,
à ce moment-là, sera comprise dans la nouvelle ville qui sera
créée par la fusion de ces trois municipalités. C'est
là qu'est tout le processus.
M. LOUBIER: M. le Président, le ministre n'a pas répondu
aux questions posées, tout à l'heure, par le député
de Maskinongé. C'est bien beau de dire que ce sera dans les conclusions
des enquêtes ou des études menées que l'on retrouvera la
description des unités de regroupement. Mais ces études ou ces
enquêtes, est-ce que préalablement on a établi dans quel
cadre de critères, dans quel cadre d'exigences elles devront
entrer...
M. TESSIER: L'intérêt des contribuables. C'est le seul et
unique critère.
M. LOUBIER: M. le Président,...
M. TESSIER : Je le répète pour la dixième fois en
cette Chambre.
M. LOUBIER: ...c'est aussi précis que de dire en cette Chambre,
parfois: Il ne va pas de l'intérêt public de répondre
à vos questions. Cela devient aussi bête que cela que d'utiliser
une expression aussi large, un manteau littéraire qui recouvre à
peu près toutes les issues, toutes les implications, toutes les
exigences. Le ministre nous demande, à toutes fins pratiques, de donner
un chèque en blanc sous le prétexte qu'il serait endossé
par le ministre des Affaires municipales avec, comme destinataire, M.
l'intérêt public.
Or, M. le Président, si le ministre voulait véritablement
éclairer les membres de cette Chambre et, par ricochet et par extension,
rejoindre tous les maires des différentes municipalités, les
préfets de comté qui ne semblent pas priser à 100 p.c. la
nébulosité que l'on retrouve dans le projet de loi
présenté par le ministre, je pense que l'étude de ce
projet de loi irait beaucoup plus rapidement. Et si le ministre
nous avait dit préalablement: Cela s'inscrit dans telle
planification et, en vertu de cette planification d'unités de
regroupement, je vais donner des exemples concrets, peut-être que pour
les membres de cette Chambre il y aurait eu possibilité de percevoir
certaines lueurs de compréhension dans le projet de loi du ministre.
Mais ce n'est pas le cas. Surtout, ce qui rend le projet de loi encore plus
impalpable, plus imprécis, c'est que les explications du ministre, loin
d'éclairer les membres de cette Chambre ou loin de préciser les
textes que nous retrouvons dans ce projet de loi, le rendent encore plus
complexe, plus vague. Et, comme conclusion pratique, le ministre nous dit:
C'est quand il y ira de l'intérêt public. Or, dans les
circonstances, le ministre pourrait au moins nous donner quelques
unités, quelques projets d'unités de regroupement d'une
façon concrète et précise pour voir, à travers les
exemples qu'il pourrait donner, quels critères pourraient exprimer ce
qui dans son esprit représente une unité de regroupement de ces
municipalités, plus particulièrement de ces municipalités
rurales.
Là, je vais procéder à un regroupement
hypothétique dans le comté de Bellechasse que connaît bien
mon ami, le député des Iles-de-la-Madeleine. Est-ce que ce serait
dans l'optique de ce projet de loi que des études puissent amener
à une unité de regroupement comprenant les municipalités
de Saint-Camille, Sainte-Sabine, Saint-Magloire et Buckland, peut-être,
si le ministre avait décidé que ça deviendrait une
unité de regroupement? Or, j'explique au ministre que Saint-Camille est
à une distance de trois, quatre, cinq ou six milles, suivant le chemin
que l'on emprunte, de Saint-Sabine; que la mentalité n'est pas tout
à fait la même à ces deux endroits, que la vie
économique n'y est pas tout à fait la même, non plus. Par
ailleurs, si on réunit dans cette unité de regroupement
Saint-Magloire et Buckland, est-ce que le ministre, étant donné
qu'on ne peut pas, au niveau des principes, avoir un éclaircissement de
sa part, considérait possible cette unité de regroupement?
Au moins, cela permettrait à certains députés de
voir dans le concret jusqu'où pourrait aller le projet de loi et, en
même temps, cela nous indiquerait quels critères, on a
utilisés. Est-ce un critère social, un critère à
caractère plutôt économique qui va guider le ministre
à ce moment-là? Est-ce qu'il va tenir compte des
différentes mentalités? C'est ça qu'on voudrait savoir, M.
le Président. Ce n'est pas être sorcier et ce n'est pas vouloir,
non plus, embêter le ministre que de lui poser ces questions. Ce sont des
questions qui demeurent à l'état latent dans l'esprit de tous les
maires des différentes municipalités et des membres de cette
Chambre, qui sont assez sensibilisés à ces problèmes,
surtout dans les municipalités rurales.
Je répète au ministre que, lorsqu'il s'agit
d'établir des unités de regroupement sur un territoire où
il y a des agglomérations importan- tes, je dis oui au projet de loi. A
ce moment-là, sur le plan socio-économique, il y a une plus
grande efficacité administrative et une meilleure qualité de
services à tous les niveaux. Cela a des avantages éminents. C'est
pour ça que je déplore l'indivisibilité que l'on retrouve
dans ce projet de loi du regroupement des municipalités rurales. On
délaie ça dans l'établissement d'unités de
regroupement pour les municipalités urbaines, alors que ce ne sont pas
du tout les mêmes facteurs socio-économiques et les mêmes
facteurs démographiques.
Pour la nième fois, à la suite des préopinants, je
demanderais au ministre si des critères ont été
établis pour procéder aux études derrière
lesquelles il se retranche continuellement et en fonction de quel aspect
particulier et précis seront dirigées, orientées ces
études ou cette enquête? Je pense que c'est là le souci de
tous les députés, ce soir, et plus particulièrement de
ceux de l'Opposition. Nous voulons, tout simplement, que le voile soit
levé véritablement sur ce projet de loi pour qu'on sache, d'une
façon assez précise, jusqu'où pourra aller
l'involonta-riat si on me permet l'expression jusqu'où
pourra aller l'imposition par le ministère, sous toutes sortes de formes
déguisées, d'établissement d'unités de
regroupement, plus particulièrement pour les municipalités
rurales. Le ministre nous inquiète par sa réticence, par la
nébulosité de ses réponses. Est-ce qu'il le fait
consciemment ou à dessein? Je l'ignore. Mais, si le ministre le voulait,
il pourrait véritablement mettre fin à toute cette litanie de
questions qui semblent l'embarrasser, qui semblent lui tomber sur les nerfs,
d'après la petite réaction qu'il a eue lorsqu'il a quitté
son fauteuil tout à l'heure. Je comprends que le ministre soit un peu
fatigué, je comprends que le ministre trouve ça difficile...
M. TESSIER: Je ne suis pas fatigué du tout.
M. LOUBIER: ... ardu, la présentation de ces projets de loi.
Je comprends que le ministre sent véritablement, lui aussi, qu'il
est en train de nager en eaux troubles. Et le ministre, devant l'intelligence,
la perspicacité des questions qui lui sont posées, est
désarmé, et là il retraite, il se retranche
derrière le paravent de l'intérêt public. Imaginez comme
ça répond aux questions des députés, surtout qu'on
a disposé du principe du projet de loi et qu'on en est rendu justement
à l'étude des particularités de ce projet, article par
article, quand on retombe avec une explication aussi vague, aussi fourre-tout
que: quand ce sera de l'intérêt public, sans donner aucune
précision.
Le ministre vient, par son attitude, de confirmer l'intelligence du vote
qui a été donné en deuxième lecture et je
demanderais à l'honorable ministre des Affaires municipales d'essayer,
encore une fois, de faire un effort dans la précision, dans
l'intelligence...
M. TESSIER: Permettez-moi de répondre.
M. LOUBIER: ...de l'article 3 et de nous dire véritablement dans
quel canevas se dérouleront ces études et quels seront les
motifs, les facteurs qui dirigeront ceux qui seront chargés de faire ces
études, avec des conclusions qui fixeront et qui permettront à
l'honorable ministre des Affaires municipales de déterminer et
d'établir des unités de regroupement, plus
particulièrement dans le milieu rural.
M. TESSIER: M. le Président, je dois féliciter le
député de Bellechasse et chef de l'Opposition officielle en cette
Chambre de sa très grande habileté à pouvoir parler sans
rien dire pendant quinze minutes, et sans rire.
M. LOUBIER: Tout ce que nous avons dit depuis le début, nous
savons que pour le ministre, ça ne veut rien dire, mais nous voudrions
au moins, même si ça ne signifie rien pour lui, lui
démontrer que ça signifie énormément pour tous les
conseils de comté, pour tous les maires qui nous envoient des
télégrammes...
M. TESSIER: M. le Président, j'invoque le règlement.
M. LOUBIER: ...Ce n'est pas une bande de fous, ces gens-là,
même s'ils ne sont pas avocats ou ministre des Affaires municipales.
M. TESSIER: M. le Président, je vous demande de rappeler le
député de Bellechasse à l'ordre.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. TESSIER: J'avais le droit de parole et je crois que le
règlement de cette Chambre ne permet pas à un
député d'en interrompre un autre qui a le droit de parole,
à moins qu'il fasse appel au président.
Or, j'étais à dire que le député de
Bellechasse, manifestement, veut faire perdre le temps de cette Chambre.
M. LOUBIER: M. le Président, en vertu du règlement, le
ministre...
M. PAUL: Cela, c'est grave.
M. LOUBIER: ...n'a pas le droit de me prêter des intentions et je
pense que le ministre devrait au lieu de finasser ou d'essayer de lancer
des petites flèches qui n'aideront aucunement à
l'efficacité des débats de la Chambre tenter de
répondre à nos questions. S'il en est inacapable, pour quelque
raison que ce soit, qu'il nous dise donc carrément qu'il ne
connaît pas son projet de loi, qu'il n'en connaît pas
également les prolongements, les conséquences. Au moins nous
serons fixés sur quelque chose.
M. TESSIER: M. le Président, si le député de
Bellechasse avait été en Chambre depuis l'ouverture du
débat en comité, il saurait que j'ai répondu à
toutes ces questions...
M. LOUBIER: M. le Président, c'est une allusion qui enfreint le
règlement de la Chambre. Je soulève un point de
règlement.
M. TESSIER: ...et j'ai répondu en détail.
M. PAUL: Un point de règlement, faites-le asseoir.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. TESSIER: Je n'ai, par conséquent, pas l'intention d'ajouter
quoi que ce soit aux explications que j'ai déjà fournies.
M. LOUBIER: J'étais à la commission... M. LE PRESIDENT: A
l'ordre, messieurs.
M. LOUBIER: Est-ce que je peux invoquer le règlement, M. le
Président?
M. LE PRESIDENT: J'inviterais tous les députés à
respecter le règlement et à s'en tenir surtout à l'article
3 du bill que nous discutons présentement.
M. PAUL: M. le Président, est-ce que vous pourriez vous retourner
et parler au ministre, et non pas regarder le chef de l'Opposition? Il a
soulevé un point de règlement bien fondé. Et si vous
n'êtes pas capable d'être impartial, donnez votre place à un
autre.
M. LE PRESIDENT: Messieurs, j'invite tous les députés, et
lorsque je dis tous les députés...
M. PAUL: Ne nous regardez pas, regardez de l'autre
côté.
M. LE PRESIDENT: ...je regarde des deux côtés de la
Chambre...
M. PAUL: Etes-vous gêné de les regarder en face?
M. LE PRESIDENT: ...et je demande la collaboration de tous et de chacun.
Nous sommes à discuter présentement l'article 3 du bill no
276.
M. PAUL: Pendant ce temps-là, M. le Président, on n'avance
pas et il y a la loi du syndicalisme agricole qu'on voudrait étudier. M.
Allain est dans les galeries en haut. On n'est pas capable d'agir. Pourquoi?
Parce qu'on n'est pas capable d'avoir la collaboration du ministre des Affaires
municipales.
M. LE PRESIDENT: C'est précisément là mon
intervention. Je demande la collaboration de tous et de chacun.
M. LOUBIER: M. le Président, est-ce que je pourrais avoir votre
collaboration pour le point de règlement que j'ai invoqué? Je
déplore le fait que le ministre des Affaires municipales, étant
incapable d'apporter des arguments, se serve de celui de ma prétendue
absence au début de l'étude de ce projet de loi article par
article.
M. le Président, j'étais en commission parlementaire sur
l'Education en bas. Le premier ministre est encore là, je
présume, comme d'autres députés de cette Chambre. J'essaie
d'aller au plus grand nombre de commissions possibles. Je ne pense pas que ce
soit un argument très fort. Si c'est là l'argument de force et de
frappe du ministre...
M. TESSIER: Je n'ai pas fait de reproche au député. Je lui
ai dit tout simplement que j'avais fourni toutes ces explication en son
absence, mais sans lui reprocher d'avoir été absent, parce que je
sais qu'il était pris avec d'autres occupations.
M. LESSARD: M. le Président, je voudrais simplement dire que
depuis le début de l'étude de ce projet de loi en comité
plénier, nous posons la même question au ministre. Maintenant, je
sais que le ministre, d'après les réponses qu'il nous a
données, n'est pas capable de répondre. C'est-à-dire que
le ministre nous a dit que les études n'étaient pas
complètes, qu'on avait des études préliminaires, que
c'était fonction de l'intérêt public, qu'il appartiendrait
aux municipalités de déterminer les unités de regroupement
en collaboration sans doute avec le ministre. Ce qu'il faut dire, par exemple,
c'est que nous n'avons pas de réponse.
Or, les unités de regroupement, à mon sens, sont la base
fondamentale de ce projet de loi. C'est ce qu'il y a de plus important parce
que c'est ce qui détermine les conséquences du projet de loi.
C'est la philosophie du projet de loi du regroupement municipal. C'est
justement ce sur quoi j'ai insisté en deuxième lecture, ce sur
quoi j'ai insisté en comité plénier. Sur quels
critères, sur quelles normes précises ces unités de
regroupement vont-elles être faites? C'est ça, il me semble, de la
planification si on veut faire non pas des "réformettes", mais si on
veut faire une réforme municipale.
Non, on laisse simplement ça à la discrétion du
ministre. On ne nous précise pas du tout ce que sont ces unités
de regroupement, alors que c'est la base fondamentale du projet de loi. C'est
pour ça d'ailleurs que tout à l'heure j'avais tenté de
faire une comparaison avec le cadre qu'on avait inscrit dans le projet no 27
concernant le regroupement des commissions scolaires.
Pour ma part, je pense que ça se compare assez bien, dans ce sens
que, pour des commissions scolaires comme pour des municipalités, il y a
des critères d'efficacité. Il y a des services communs qui
peuvent être créés, il y a une coordination
nécessaire dans ces services, services de loisirs, services d'incendie,
services concernant les dépotoirs municipaux.
Or, le ministre, à la suite des interrogations du
député de Bellechasse, répond qu'il a répondu
à ces question. Moi, je dis non. Pas du tout, M. le Président.
C'est à peu près depuis le début que nous soulevons cette
question et jamais le ministre n'a tenté de nous donner une
réponse claire. Plus que ça, si le ministre avait vraiment voulu
faire en sorte que ce projet de loi soit acceptable, soit un projet de loi qui
nous aurait dit où nous allions, il aurait fallu que ces unités
de regroupement y soient très bien décrites, qu'elles soient
même placées en annexe à ce projet de loi. Je pense bien
qu'alors les questions que nous soulevons actuellement, nous n'aurions pas eu
à les poser, nous aurions eu à discuter sur ces
unités.
Au moins, il y aurait eu quelque chose, une base, mais ce n'est pas
ça. Comme je l'ai dit en deuxième lecture, comme je l'ai dit tout
à l'heure au début du comité plénier, c'est
simplement un chèque en blanc qu'on signe au ministre. On dit: Faites-en
ce que vous voulez. Cela ne nous dit aucunement la façon dont le
ministre se servira de ce projet de loi. C'est justement à partir de
là, M. le Président, qu'on peut dire encore que c'est de la
"réformette".
Le ministre nous disait tantôt: Oui, mais ça ne couvre pas
les localités rurales. Cela peut couvrir les paroisses, ça peut
couvrir les villages mais, en ce qui concerne les localités rurales,
non, on ne touche pas cela. Je comprends pourquoi le ministre ne veut pas
toucher à cela; probablement que ce n'est pas rentable
électoralement. Il va falloir qu'on se penche sur le problème. On
ne présente pas un projet de loi à partir de rien, mais à
partir d'études précises.
Le ministre nous dit que ces études n'existent pas. Qu'on fasse
les études et, après cela, on nous présentera un projet de
loi qui a du bon sens. C'est cela qu'on veut dire, de ce côté-ci
de l'Opposition. Plutôt que d'avoir un projet de loi qui ne règle
absolument rien, nous sommes aussi bien d'arrêter de l'étudier et
de le reporter à six mois. Après cela, on soumettra un projet de
loi qui aura du sens.
Si le ministre avait pu répondre à cette question
fondamentale, on serait allé beaucoup plus vite dans la discussion. Je
comprends que le ministre ne peut pas répondre; alors, on accepte sa
non-réponse.
M. TESSIER: Adopté.
UNE VOIX: Sur division.
M. TESSIER: Article 4, adopté.
M. LOUBIER: Un instant, s'il vous plaît. M. LE PRESIDENT
(Carpentier): Adopté?
M. LOUBIER: Non. Le ministre est plus vite pour citer les articles que
pour les expliquer.
M. LE PRESIDENT: Article 3, adopté. Article 4?
M. TESSIER: Adopté. M. LOUBIER: Un instant!
M. LE PRESIDENT: Article 4, adopté. Article 5? Adopté.
M. LOUBIER:- Un instant! Etes-vous de connivence avec le ministre, M. le
Président?
M. TESSIER: M. le Président, il s'est produit un oubli lors de la
rédaction. Il faudrait ajouter, entre le paragraphe i) et le paragraphe
j), un paragraphe de concordance avec la loi que nous avons adoptée la
semaine dernière, un amendement au code municipal pour permettre
à deux municipalités, situées dans des comtés
différents, de se fusionner.
Après le paragraphe i), le nouveau paragraphe serait j) et se
lirait comme suit: Indiquer le comté dont fera partie la nouvelle
municipalité si la municipalité en est une de campagne et si les
municipalités, parties à la requête conjointe, ne sont pas
situées dans le même comté. Le paragraphe j) deviendra
k).
M. LE PRESIDENT: Adopté?
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, on a déjà
parlé, dans une autre loi, de ce cas précis. Dans
l'éventualité où des municipalités ne feraient pas
partie du même comté ou si la requête indique qu'une
municipalité sera transférée dans un autre comté,
quelle sera la consultation qui sera faite au niveau du conseil de
comté? Le conseil de comté peut en tirer peut-être des
avantages mais, dans certains cas, il pourrait en subir certains
inconvénients.
M. TESSIER: C'est sûr et c'est pour cela que le conseil de
comté sera consulté au cours des études qui seront faites.
Le conseil de comté, comme toute personne, pourra s'opposer à la
fusion, ce qui forcera, à ce moment-là, la commission municipale
à tenir obligatoirement une enquête publique.
Quand on dit une personne, cela comprend évidemment une personne
morale. Cela peut-être le conseil de comté, cela peut être
le préfet ou le secrétaire trésorier du comté qui
peut faire un objection au nom du conseil de comté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 6? Adopté.
M. LOUBIER: Non, non!
M. DEMERS: A l'article 6, M. le Président, est-ce qu'on oblige la
municipalité la plus populeuse à faire la demande, ou si elle
pourra...
M. TESSIER: Quelle demande?
M. DEMERS: ... faire publier une fois au cours du même mois, dans
la Gazette du Québec...
M. TESSIER : Pour répondre au député de
Saint-Maurice, M. le Président, la municipalité la plus populeuse
s'occupe uniquement de faire publier les avis dans la Gazette du
Québec.
M. DEMERS: C'est son secrétaire-trésorier qui s'occupe de
tout ça?
M. TESSIER: Oui, oui!
M. LE PRESIDENT: Article 6, adopté. Article 7, adopté.
Article 8.
M. DEMERS: Un instant, M. le Président s'il vous plaît.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. DEMERS: Un instant, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Article 8, adopté. Article 9, adopté.
M. DEMERS: Un instant, M. le Président. "Tout propriétaire
ou tout locataire d'une municipalité visée par..."
M. TESSIER: Du moment qu'il y en a un qui s'oppose soit au principe,
soit à la modalité de la fusion, la Commission municipale est
obligée de tenir enquête.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 10.
M. LESSARD: Article 10, M. le Président, je ne sais pas si le
ministre a pris connaissance de l'amendement.
M. TESSIER: Oui, j'ai pris connaissance, M. le Président, de la
proposition d'amendement du député de Saguenay...
M. LESSARD: Je voudrais m'expliquer, M. le Président.
M. TESSIER: Mais, je crois que...
M. LESSARD: M. le Président, si le ministre le permet, avant de
répondre oui ou non, je m'excuse. Voici, M. le Président, dans ce
projet de loi il y a deux types de regroupements possibles, c'est-à-dire
que l'on part d'abord de l'unité de regroupement que le ministre peut
déterminer, et à la suite de ça il peut y avoir
requête conjointe. S'il y a requête conjointe, il y a tout le
processus qui se continue jusqu'à possiblement la consultation
populaire.
Normalement, s'il y a requête conjointe, il y a certainement une
collaboration entre les municipalités pour se diriger vers le
regroupement. Mais le ministre aussi peut déterminer des unités
de regroupement, et il peut arriver qu'à
l'intérieur de ces unités de regroupement il n'y ait pas
requête conjointe par les différentes municipalités, que
cette requête conjointe ne se fasse pas.
Alors, si le ministre a déterminé que ces
municipalités doivent être regroupées à
l'intérieur d'une unité de regroupement c'est certes parce que le
ministre a déjà jugé qu'il était possible de
regrouper ces municipalités.
Encole là, nous revenons à ce que nous discutions tout
à l'heure: ce qu'est une unité de regroupement. Mais, de toute
façon, j'ai l'impression, puisque le ministre l'inscrit à
l'intérieur de son projet de loi, qu'il peut arriver qu'il décide
lui-même de créer des unités de regroupement et qu'à
l'intérieur de ces unités de regroupement on ne décide pas
de faire requête auprès du ministre.
Qu'arrive-t-il alors? Le ministre peut demander, exiger une étude
conjointe sur la fusion, aux frais des municipalités, comme je le disais
tout à l'heure. Il peut demander, cela ne veut pas dire qu'il va
demander. Mon amendement c'est simplement de faire en sorte qu'il soit
obligatoire pour le ministre de demander une étude conjointe. Le
ministre, lorsqu'il a décidé que ces municipalités
formaient une unité de regroupement, avait certainement des raisons
d'agir ainsi, et comme il n'y a pas de requête qui provient des
municipalités, il me semble que le ministre devrait c'est dans ce
sens-là que je pense que les pouvoirs du ministre deviennent plus
importants exiger une étude conjointe.
C'est le principe de l'amendement que je soumets à l'article 10
qui change quelque peu la phraséologie, mais qui revient tout simplement
à dire que le ministre devrait, dans ces circonstances, exiger une
étude.
M. TESSIER: Le député de Saguenay, par son amendement,
veut surtout déterminer un délai précis de six mois. C'est
le but surtout.
M. LESSARD: Les municipalités ont six mois pour faire leur
demande conjointe. Après six mois, le ministre, actuellement, peut faire
deux choses. Ou bien il ne demande pas d'étude technique ou bien il en
demande une.
M. TESSIER: Dans le texte actuel, il n'y a pas de délai de six
mois. Dans votre proposition d'amendement vous fixez un délai de six
mois.
M. LESSARD: Oui.
M. TESSIER: C'est le but principal de votre amendement.
M. LESSARD: Je fixe à la fois un délai de six mois et une
obligation pour le ministre, d'accord?
M. TESSIER: Obligation de quoi?
M. LESSARD: Obligation d'exiger cette en- quête conjointe, cette
étude conjointe de la part des municipalités.
M. TESSIER: C'est-à-dire que vous suggérez que le ministre
ordonne obligatoirement...
M. LESSARD: "... doit ordonner à ces municipalités de
procéder ou de faire procéder dans le délai qu'il fixe
à une étude conjointe sur leur fusion éventuelle et
portant sur les sujets qu'il indique." Je me dis que le ministre a
déterminé des unités de regroupement à partir de
principes connus ou acceptés par lui. Si ces principes sont valables, je
ne verrais pas pourquoi le ministre n'exigerait pas une étude
conjointe.
M. TESSIER: Moi, je suis bien prêt à être
agréable à mon collègue et je n'ai pas d'objection
à remplacer dans l'article le mot peut par le mot doit. Seulement, je
voudrais tout de même souligner au député de Saguenay qu'il
n'atteint pas le but qu'il se propose si je le comprends en
fixant un délai de six mois. Dans l'article tel que
rédigé, on dit: "dans le délai que le ministre
fixe..."
M. LESSARD: "...fixe..."
M. TESSIER: A titre d'exemple, je sais pertinemment que des
études dans certaines unités de regroupement ont
déjà été faites. Or, pourquoi attendre six mois?
Les études, on les a déjà en main. Je crois que
peut-être dans deux semaines, évidemment, on pourra en arriver au
regroupement. Pourquoi déterminer un délai de six mois qui,
à mon sens, serait beaucoup trop long, lorsque l'on sait que
déjà des études ont été faites? Je crois que
le ministre pourrait fixer un délai beaucoup plus court.
M. LESSARD: M. le Président, est-ce que le ministre pourrait lire
"dans le délai qu'il fixe"? Il n'y a pas de six mois dans mon
amendement...
M. TESSIER: Bien oui!
M.LESSARD: "Le ministre doit ordonner à ces
municipalités..." Alors, dans le cas des municipalités comprises
dans une unité de regroupement, si aucune requête conjointe n'a
été transmise au ministre ou à la commission dans les six
mois la requête conjointe concerne les six mois de
l'établissement de cette unité le ministre doit ordonner
à ces municipalités de procéder ou de faire
procéder dans le délai qu'il fixe, etc. Alors les six mois
concernant la requête conjointe et le délai que prendra
l'étude est laissé à la discrétion du ministre.
Je dis dans les six mois, mais cela ne veut pas dire que le ministre ne
peut pas le faire à l'intérieur d'un mois ou deux mois.
M. TESSIER: D'accord. J'ai compris. Mais il peut arriver que les
études doivent durer plus de six mois. Je trouve qu'il est dangereux de
fixer
un délai de six mois dans certains cas pour que les
municipalités puissent adopter leur règlement, présenter
leur requête. L'amendement dit: Si, dans le cas des municipalités
comprises dans une unité de regroupement, aucune requête conjointe
n'a été transmise au ministre ou à la commission dans les
six mois de l'établissement de cette unité, le ministre doit
ordonner à ces municipalités de procéder ou de faire
procéder, dans le délai qu'il fixe, à une étude
conjointe sur leur fusion éventuelle et portant sur les sujets qu'il
indique.
Or, je ne vois pas comment nous pourrions mettre un tel amendement en
application. Si l'on procède à rebours, la requête
conjointe, c'est la dernière étape. Pour que la requête
soit rédigée et signée, il faut, au préalable,
qu'il y ait un règlement de fusion. Pour que les municipalités
puissent adopter le règlement de fusion, il faut qu'elles aient
procédé à des études conjointes au
préalable. C'est cela.
M. LESSARD: M. le Président, non ce n'est pas cela. Il y a deux
façons d'appliquer cette loi-là. Il y a la requête
conjointe. Je suis d'accord avec le ministre. Il est en train de m'expliquer ce
qui arrive lorsqu'il y a une requête conjointe. Lorsqu'il y a une
requête conjointe, je suppose qu'il y a eu des études qui ont
été faites par les municipalités concernées.
L'amendement ne concerne pas les municipalités qui s'entendent pour
faire une requête conjointe. L'amendement concerne les
municipalités regroupées à l'intérieur d'une
unité de regroupement précisée par le ministre, qui ne
font pas de requête conjointe.
L'amendement dit simplement ceci: Les municipalités
regroupées, à l'intérieur d'une unité de
regroupement qui a été élaborée et
créée par le ministre ont un délai de six mois pour faire
une étude. Si elles ne la font pas, à ce moment-là, le
ministre devra exiger que cette étude-là soit faite aux frais des
municipalités. Cela veut donc dire que je ne crois pas que les
municipalités vont attendre que le ministre leur impose cette
étude. Les municipalités, du fait qu'on détermine un
délai, se verront donc dans l'obligation de fonctionner. Elles se
verront dans l'obligation de communiquer entre elles pour établir une
étude ou bien elles se verront obligées par le ministre de faire
ces études.
Le projet de loi, tel que rédigé, ne précise
absolument rien. On dit: "Si, dans le cas de l'article 3, aucune requête
conjointe n'a été transmise au ministre ou à la commission
ou si, dans le cas de l'article 4, la commission après l'enquête
mentionnée à l'article 9 le lui recommande il s'agit de la
Commission municipale le ministre peut, s'il le juge
d'intérêt public, ordonner à toutes les
municipalités d'une unité de regroupement ou aux
municipalités requérantes en vertu de l'article 4, de
procéder ou de faire procéder, dans le délai qu'il fixe,
à une étude conjointe..."
Actuellement, le ministre crée des unités de regroupement
et il n'y a absolument aucune façon pour le ministre d'obliger ces
municipalités à faire une étude conjointe. On peut
simplement dire aux municipalités: On forme, pour les différentes
municipalités, une unité de regroupement. Maintenant, vous ferez
ce que vous voudrez. Il n'y a aucun délai pour faire une étude et
le ministre "pourra" c'est sur cela que nous insistons s'il le
juge d'intérêt public, ordonner une étude ou en
enquête. Je pense que l'amendement proposé est beaucoup plus
précis et rend le projet de loi beaucoup plus efficace. Au lieu
d'être des voeux pieux, ce sera véritablement quelque chose de
concret qui obligera les municipalités à fonctionner dans le sens
précisé par le ministre et à essayer de créer des
contacts, des communications pour se regrouper. Ou bien les unités de
regroupement qui ont été formées par le ministre ne sont
pas valables.
Je ne sais pas si le ministre me comprend bien.
M. TESSIER: M. le Président, je crois qu'on compliquerait un peu
l'application de la loi et tout le processus en fixant un délai. Mais je
suis d'accord avec mon collègue, pour donner peut-être plus de
force, pour obliger le ministre à agir, qu'on remplace, dans la
sixième ligne du paragraphe 1 de l'article 10, le mot "peut" par le mot
"doit". Je suis bien d'accord là-dessus.
M. LESSARD: Le ministre serait-il d'accord pour dire: "Le ministre doit"
et enlever aussi les mots "s'il le juge d'intérêt public"? Parce
qu'il me semble que le ministre, en créant des unités de
regroupement, a jugé qu'il était quand même
d'intérêt public d'étudier la possibilité de ce
regroupement. Si on dit: "Le ministre doit, s'il le juge d'intérêt
public", ce sont encore tout simplement des voeux pieux. Le ministre a
simplement à dire: Je ne juge pas que c'est d'intérêt
public.
M. PAUL: M. le Président, je rejoins l'opinion émise par
mon collègue, le député de Saguenay. En quoi
améliorerons-nous le projet de loi si nous changeons tout simplement
à la sixième ligne, les mots "le ministre peut" par " le ministre
doit", et si nous gardons les mots "s'il le juge d'intérêt
public"? C'est à la suite...
M. TESSIER: Bon! je suis d'accord!
M. PAUL: M. le Président, nous félicitons le ministre de
constater que la lumière se fait chez lui.
M. LE PRESIDENT: Article 10, adopté avec l'amendement. Article
11.
M. BELAND: M. le Président, j'aimerais quand même donner
notre avis là-dessus. Je crois que l'hypothèse soulevée
mérite quand
même qu'on s'y attarde quelques instants. Ici, à cette
sixième ligne, où l'on lit justement que "le ministre peut, s'il
le juge d'intérêt public", à mon sens il faut laisser cela
tel quel. Je vais vous en donner la raison. C'est que dans plusieurs bills,
à venir jusqu'à maintenant je ne traiterai pas des autres
bills mais je fais un rapprochement avec celui-ci on s'aperçoit
qu'en pratique, le mot "peut" prend presque le sens du mot "doit". A ce
moment-là, je pense qu'il est quand même important de laisser le
mot "peut" parce que cela laisse une latitude, cela laisse une
possibilité, cela laisse une porte ouverte pour faire en sorte que s'il
reste quelques municipalités à l'intérieur d'une
unité de regroupement projetée qui, pour des raisons que je
n'énumére-rai pas parce que je ne les connais pas mais des
raisons qui font en sorte qu'il faut obligatoirement les laisser non
regroupées pour X laps de temps ou X nombre de mois ou X nombre
d'années... En mettant ici le mot "doit", le ministre doit
obligatoirement ordonner une enquête. C'est bien dit. C'était
exactement, je pense, l'amendement proposé par le député
de Saguenay. A ce moment-là, justement, il ne faut pas, d'après
moi, aller trop loin dans ce sens, précisément. Regroupement
jusqu'à un certain point, très bien. Obligatoirement,
acceptons-le. Nous sommes forcés de l'accepter. Cependant, pour ces
quelques...
M. LESSARD: M. le Président, une question de
règlement!
M. BELAND : Je discute sur la motion.
M. LESSARD: D'accord. Pourrais-je simplement poser une question au
député?
M. BELAND: Très bien.
M. LESSARD : Le député pourrait-il lire l'article au
complet. Il ne s'agit pas de "doit obliger la fusion" ou de "doit créer
la fusion". C'est une étude. On forme un projet de loi pour
étudier cette affaire.
M. BELAND: J'y arrivais justement, M. le Président.
M. LESSARD: Je m'excuse.
M. BELAND: J'y arrivais justement. C'est là qu'est le joint.
On parle d'une étude et, dans la motion ou dans l'amendement
présenté par le député de Saguenay, cela disait
justement que ce serait aux frais des municipalités. C'est bien
ça?
Est-ce que ça peut être logique? Il peut y avoir quelques
municipalités qui n'ont pas fait l'étude conjointe, qui n'ont pas
procédé dans cette forme conjointe de travail. On les oblige
à procéder à l'étude même, parce que c'est
marqué: "Le ministre doit s'il le juge d'intérêt
public...". Et s'il y a trois municipalités et qu'il n'en reste qu'une
ou deux, ça devient de l'intérêt public, puisqu'il y en a
trois, comparativement à deux de l'autre côté.
Il faut quand même laisser une légère latitude, une
possibilité pour ces quelques municipalités qui restent, parce
que comme je l'ai dit tantôt il peut y avoir des raisons
très valables pour justifier que ça ne doit pas se faire ou que
l'étude, en raison de tel et tel critère, ne peut pas être
acceptée à l'intérieur du cadre décidé par
les autres.
C'étaient ces quelques observations que je désirais
apporter.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Maskinongé.
M. PAUL: M. le Président, je me permets de différer
d'opinion avec l'honorable député de Lotbinière pour
féliciter le ministre de s'être rendu aux représentations
qui lui furent faites par mon collègue le député de
Saguenay.
Il faut comprendre le mécanisme de fonctionnement. Je comprends
qu'à un moment donné la Commission municipale pourra faire une
recommandation au ministre, et c'est au pouvoir discrétionnaire que
pouvait avoir le ministre que nous nous sommes opposés, ou du moins que
nous avons fait des remarques appropriées. De bonne grâce, le
ministre a reconnu le bien-fondé des représentations qui lui
furent faites et il a accepté d'amender le texte de l'article 10 pour
s'imposer l'obligation d'ordonner à une unité de regroupement ou
aux municipalités requérantes de procéder et de faire une
étude conjointe sur la fusion éventuelle de ces
municipalités et portant sur les sujets qu'il indique.
Je dis donc que c'est une excellente amélioration de la loi et le
ministre en grand démocrate qu'il est à ses heures
sera gêné de mettre de côté une recommandation de la
Commission municipale. Je crois que lui-même sera dégagé de
tout reproche.
Supposons que le ministre, de bonne foi, refuse, sous prétexte
que lui ne juge pas la question d'intérêt public. Il peut arriver
que son jugement, que sa décision de non-intervention ne satisfassent
pas aux desiderata des municipalités intéressées à
se former en unités de regroupement.
Il arriverait que le ministre, usant de son pouvoir
discrétionnaire, de bonne foi, ne satisfasse pas le désir
majoritaire des populations des municipalités qui veulent se regrouper.
Et comme il a un excellent conseiller dans l'organisme de la Commission
municipale, il se trouve bien placé pour dire: Voici, je suis les
conseils qui me sont donnés par la Commission municipale, je n'ai pas de
discrétion. Et une chose est certaine, le ministre ne se trompera pas,
il ne décevra pas les populations désireuses de se fusionner ou
de se grouper dans une unité.
Je dis donc que le ministre, à bon droit, s'est rendu aux
représentations qui ont été faites par le
député de Saguenay.
C'est pourquoi je me permets de différer d'opinion avec mon
collègue, le député de Lotbinière, qui ne voit
peut-être pas sous le même angle que nous l'opportunité de
retenir le mot "doit" plutôt que le mot "peut", suivant la
discrétion ou le jugement du ministre.
M. LE PRESIDENT: Article 10, adopté avec amendement?
UNE VOIX: Oui.
M. TESSIER: Un instant, M. le Président. Pour demeurer dans la
même ligne de conduite, il va falloir apporter un amendement à
l'article 11 également. Avant d'apporter l'amendement à l'article
11, pour que ça soit concordant, il faudrait aussi amender le paragraphe
4 de l'article 10, en ajoutant, à la fin de la première ligne,
une virgule et les mots suivants: "à la commission". Tel que
défini au début, la commission signifie la Commission
municipale.
Ainsi, le paragraphe 4 de l'article 10 se lira comme suit: "Le rapport
est transmis au ministre, à la commission et aux municipalités".
Est-ce que c'est adopté?
M. PAUL: "Aux" municipalités et non pas "à".
M. TESSIER: Aux municipalités, c'est ce que j'ai dit.
M. PAUL: Je m'excuse, j'avais compris à la
municipalité.
M. TESSIER: Alors, l'article 10 est adopté tel qu'amendé.
A l'article 11, afin que ça corresponde aux amendements apportés
à l'article 10, il y aurait lieu de biffer, à la troisième
et à la quatrième lignes, les mots: "le ministre peut demander
à", et, au début de la cinquième ligne, de remplacer le
mot "de" par le mot "doit", de manière que le premier paragraphe de
l'article 11 se lise comme suit: "Si le rapport visé à l'article
10 a conclu qu'il était souhaitable que la fusion des
municipalités se réalise, la commission doit tenir une
enquête publique sur l'opportunité de la fusion et sur ce que
devraient être les conditions de la fusion".
Ceci, je crois, explique l'amendement que je viens d'apporter à
l'article précédent afin que le rapport soit transmis non
seulement au ministre et aux municipalités, mais à la commission,
pour qu'en vertu de l'article 11 la commission tienne, à ce
moment-là, l'enquête publique obligatoirement.
M. PAUL: M. le Président, le service dont a parlé le
ministre, le nouveau service de regroupement de son ministère, est-ce
qu'il est attaché à son ministère ou à la
Commission municipale?
M. TESSIER: Non, non, au ministère.
M. PAUL: Au ministère. Alors, ce service ne sera pas
officiellement informé du résultat de cette enquête...
M. TESSIER: Bien.
M. PAUL: ... si ce n'est par référence au document que
pourrait recevoir le ministre.
M. TESSIER: Non, non c'est évident que, si le ministre est
informé, le service va être informé.
M. PAUL: C'est évident, non?
M. TESSIER: C'est un service spécialisé en regroupement.
Il est évident que c'est un service pour conseiller, travailler
conjointement avec le ministre lorsqu'il s'agit de toute question de
regroupement. S'il s'agit d'une question d'évaluation foncière,
évidemment, ce sera le service de l'évaluation qui va travailler
conjointement avec le ministre. Ces services-là sont justement des
services d'un ministère qui conseillent le ministre pour les
différents problèmes qui peuvent surgir. Lorsqu'il s'agit de
regroupement, c'est évident qu'il sera mis au courant.
M. LESSARD: M. le Président, sur l'amendement.
M. TESSIER: D'ailleurs, ces services peuvent travailler aux
études en collaboration directe et étroite avec les
municipalités.
M. LESSARD: Disons que j'avais soumis au ministre un amendement à
peu près semblable. Je tiens à le féliciter, tant à
l'article 10 qu'à l'article 11, d'avoir bien voulu accepter de bonifier
sa loi. Je-pense que c'est une amélioration considérable. Je
pense que le ministre a, assez souvent d'ailleurs, tenu compte des propositions
que lui font l'Opposition. Je"dois l'en féliciter.
M. TESSIER: Je remercie mon collègue le député de
Saguenay et je puis assurer mes honorables collègues qu'à chaque
fois qu'il y a une suggestion valable le ministre des Affaires municipales en
tient toujours compte.
M. PAUL: M. le Président, ça prendrait souvent un arbitre
pour déterminer si notre suggestion est valable.
M. LACROIX: On a un ministre bon et libéral.
M. PAUL: Le ministre peut la juger non valable et, quant à nous,
elle peut être excellente.
M. LE PRESIDENT: Article 11, adopté. Article 12?
Adopté.
M. PAUL: Un instant, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Article 12, adopté. Article 13?
M. BELAND: M. le Président, à l'article 12, je pense qu'il
vaut la peine de souligner quelque chose relativement à l'article 12
où l'on stipule que le ministre peut, sur recommandation de la
commission, après enquête publique, etc., ordonner une
consultation des propriétaires et des locataires de l'une ou plusieurs
des municipalités. Ceci est très bon; disons que le principe est
excellent.
Par contre, il faudrait peut-être changer certaines façons
de procéder; pas toutes, mais certaines d'entre elles. Certaines
personnes étaient désignées, bien spécifiquement,
pour aller expliquer les vues du ministère sur telle et telle chose. A
ce moment-là, on faisait bien attention pour enligner bien
spécifiquement les gens en leur disant; vous n'avez pas le droit de
faire telle ou telle chose. C'est de cette façon-là, selon les
vues du ministère seulement. C'est dans cette allée-là
seulement que vous devez vous engager, mesdames et messieurs.
A ce moment-là, je pense qu'il faudrait qu'on essaie d'être
un peu plus objectif. Je ne dis pas que le ministre a fait cela dans le
passé, non; mais cela s'est fait dans certains ministères. On a
vu cela dans le domaine de l'éducation. Cela ne s'est peut-être
pas vu encore dans le domaine des affaires municipales, mais au cas où
cela se verrait. En ce qui concerne cet article précis, étant
donné qu'il stipule de telles choses, il vaut la peine de le souligner.
J'ai été témoin de certaines choses moi-même,
à un moment donné, dans une assemblée...
M. TESSIER: J'en prends bonne note.
M. BELAND: ... bien spécifique. Je pense que cela valait la
peine, ce soir, lors de cet article précis, de mentionner cet
état de fait parce que, évidemment, on essaie de renseigner
très objectivement les gens à l'intérieur de la province
ou on les autosuggestionne afin qu'ils arrivent à son idée...
M. TESSIER: C'est inscrit au journal des Débats.
M. BELAND: ... au lieu de les laisser élaborer leur pensée
eux-mêmes.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Saint-Maurice.
M. DEMERS: M. le Président, à l'article 12, le ministre
pourrait-il, maintenant qu'il est bien disposé, de bonne humeur et que
nous sommes polis...
M. TESSIER: Toujours bien disposé et de bonne humeur.
M. DEMERS: ... remplacer "peut" par "doit".
M. TESSIER: Non.
M. DEMERS: Pourquoi non?
M. TESSIER: Parce que...
M. DEMERS: Si la Commission fait une recommandation, c'est la même
famille, le ministre et la Commission. Vous travaillez conjointement. Vous avez
accepté des choses tantôt qui étaient moins contentieuses
que celle-là.
Lorsque la Commission fait une recommandation, il me semble que ce n'est
pas "maga-ner", mal placer le ministre... Cela ne dérange rien et
ça donne de la sécurité parce que nous ne vous aurons pas
tout le temps, M. le ministre.
M. LEDUC: Qui sait, il est là pour plusieurs années
encore.
M. PAUL: Si vous saviez comme nous sommes au courant de vos
désirs, vous.
M. LEDUC: Mes désirs ne se dirigent pas de ce
côté-là.
M. PAUL: Ah non?
M. TESSIER : Le député de Saint-Maurice m'a convaincu.
M. PAUL: Nous ne le reconnaissons plus, c'est un homme nouveau.
M. DEMERS: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté avec amendement.
M. SAMSON:...
M. LE PRESIDENT: Article 13.
M. TESSIER: Nous ne sommes même plus capables de nous
chicaner.
C'est le député de Rouyn-Noranda qui vient de dire
ça.
M. PAUL: Quand vous serez prêt, vous nous le direz.
M. SAMSON: Le député de Saint-Maurice a même...
M. LESSARD: A l'article 13, supposons que le ministre a ordonné
une consultation, qu'il y a eu un référendum au niveau de la
population. Je voudrais simplement demander au ministre dans les
différentes étapes qui sont prévues, nous sommes rendus
presque à la dernière étape avant la fusion
qu'est-ce qui arrive si la consultation est positive?
Le ministre oblige-t-il le regroupement municipal ou non?
M. TESSIER: Non, ce n'est jamais le ministre qui oblige, M. le
Président, c'est toujours le lieutenant-gouverneur en conseil.
Après le référendum, ce sera au lieutenant-gouverneur en
conseil de décider. S'il croit qu'il est dans l'intérêt
public d'ordonner la fusion, il l'ordonne.
M. DEMERS: M. le Président, au même article, le vote est
pris en nombre seulement. Je ne m'attends pas à remporter le morceau
cette fois-ci mais je pourrais souligner au ministre que les frais de la fusion
seront absorbés par les contribuables surtout. Vous me direz
qu'indirectement le locataire paie dans son loyer, le vote est pris en nombre
seulement. Le ministre ne trouve-t-il pas qu'il y aurait possibilité de
considérer un peu la valeur? Pourrait-il me donner une raison pourquoi
il ne peut pas la considérer?
M. TESSIER : Premièrement, je pense bien que la principale raison
que je pourrais donner c'est que nous voulons que les locataires se prononcent
également sur l'opportunité de la fusion, je pense que c'est
important. On a donné le droit de vote aux locataires dans les
municipalités et je crois que l'opinion des locataires doit être
considérée surtout qu'il y a des municipalités où
il y a une majorité de locataires, et je pense qu'il est bien important
qu'ils soient consultés et qu'ils puissent se prononcer.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Lotbinière.
M. BELAND: M. le Président, il y aurait quand même une
question supplémentaire à laquelle il vaut réellement la
peine de s'arrêter. Je donne un exemple si le ministre veut bien
m'écouter, étant donné qu'il s'agit de se diriger vers une
fusion ou vers un vote en vue d'une fusion et qu'il est inscrit à un
endroit bien précis que le vote se fera la même journée
dans toutes les municipalités concernées. C'est inscrit dans
l'article.
Supposons, par exemple, que je suis propriétaire dans la
municipalité Saint-X et que je suis également propriétaire
dans peut-être une, deux, trois autres municipalités.
Etant donné qu'il s'agit d'en arriver à une
municipalité, est-ce que, étant propriétaire dans trois
municipalités différentes, j'ai le droit de vote aux trois
endroits?
M. TESSIER: Bien sûr.
M. BELAND: Je tenais, quand même, à le faire
spécifier parce que cela peut apporter une confusion.
M. TESSIER: Vous pouvez être propriétaire dans une
municipalité, locataire dans l'autre. Vous votez dans chacune des deux
municipalités.
M. DEMERS: Un gars qui a un peu d'imagination peut voter toute la
journée.
M. PAUL: M. le Président, j'ai écouté avec beaucoup
d'intérêt les propos et l'excellente suggestion du
député de Saint-Maurice. Ce qui m'a frappé surtout, c'est
la réponse que m'a donnée le ministre des Affaires municipales,
que j'appuie dans les circonstances.
M. LESSARD: C'est ça.
M. PAUL: Je suis sûr que le député de Saint-Maurice
ne m'en voudra pas de ne pas partager son point de vue là-dessus, ce qui
prouve que chez nous, c'est...
M. HARVEY (Chauveau): C'est "ski-doo"! UNE VOIX: Ah! Elle est bonne!
M. PAUL: C'est tellement vrai que, chez nous, nous pouvons nous promener
en "ski-doo" ou aller de gauche à droite; ce qui importe, c'est que nous
ayons une unité d'action pour que la population ait une excellente loi.
Dans les circonstances, je ne me dissocie que très très
très temporairement de mon collègue.
M. LESSARD: M. le Président, simplement une question au ministre.
Est-ce que le fait que le vote ne se prenne pas en vertu de la
propriété, c'est-à-dire que le vote soit
déterminé selon les biens imposables, augurerait qu'un amendement
pourrait être présenté à la Loi des cités et
villes, qui empêcherait justement, dans une certaine ville, comme on l'a
vu à Hauterive, qu'une décision des contribuables ne soit
renversée parce qu'il y a un monsieur qui contrôle une grande
partie des terrains?
M. TESSIER: J'ai déjà dit à ce sujet que des
refontes profondes vont être apportées à la Loi des
cités et villes et au code municipal. Il y a une commission
d'étude là-dessus qui est très avancée, d'ailleurs,
dans ce travail de refonte. J'ai l'impression que, d'ici un an environ, on sera
en mesure d'apporter des changements considérables à ce
sujet.
M. BELAND: M. le Président, faisant suite à ce qui vient
d'être énoncé...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. BELAND: ...relativement aux droits des locataires, etc, je me permets
de faire une relation directe avec cet article 13. Je veux parler de la
résolution qui a été présentée par le
conseil de comté de Lotbinière, mon comté relativement aux
changements à apporter au code municipal, à l'article 654: "Que
ce soit modifié en ajoutant..." Lorsque le loyer convenu pour une
propriété n'en représente pas la valeur annuelle." Vous
avez dû voir tout au
long ces recommandations qui ont été faites. Etant
donné qu'il faut quand même en tenir compte dans le présent
article...
M. TESSIER: Cela n'a aucun rapport avec ça.
M. BELAND: Oui, cela a un rapport.
M. TESSIER: Cela n'a aucun rapport. Ce dont vous parlez se rapporte au
bill 48, sur l'évaluation foncière. Cela n'a pas de rapport avec
le bill 276.
M. PAUL: Demain, c'est un autre jour.
M. DEMERS: "Tomorrow is another day".
M. TESSIER: Oui, demain.
M. SAMSON: C'est demain, la bataille.
M. TESSIER: Demain matin.
M. LE PRESIDENT: Article 13, adopté. Article 14?
M. LEDUC: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 15? Adopté. Article 16? Adopté.
Article 17?
M. LEDUC: Adopté.
M. DEMERS: J'aurais une question à poser au ministre. Est-ce
qu'il pourrait nous vulgariser en quelques mots la façon dont cela va se
faire et quel sera le sort des municipalités lorsque la fusion sera
faite? Est-ce qu'il pourrait nous résumer cela en quelques phrases
lapidaires?
M. TESSIER: Au sujet de l'article 17?
M. DEMERS: L'article 17. C'est le sort qui sera réservé
aux municipalités lorsque la fusion sera faite. Elles devront
probablement garder les mêmes dettes qu'elles avaient.
M. TESSIER: Evidemment, ce sont les conditions des fusions. En somme,
ces articles 16, 17, 18, c'est exactement ce qui existe présentement
dans la Loi de la fusion volontaire. On a conservé les mêmes
dispositions.
M. DEMERS: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 18?
DES VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 19?
DES VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 20?
M. PAUL: Article 19. Qu'arrivera-t-il, M. le Président, des
différentes conventions collectives qui pourraient exister dans les
municipalités?
M. TESSIER: Pardon?
M. PAUL: Qu'est-ce qui arriverait des employés qui sont
régis par des conventions collectives?
M. TESSIER : Au sujet des conventions collectives, c'est
déjà déterminé par le code du travail, à
l'article 35, je crois, qui dit que les conventions collectives continuent
d'être en vigueur jusqu'à leur expiration. Evidemment, il ne faut
pas perdre de vue non plus qu'il s'agit d'une nouvelle municipalité qui
est créée et que, lors de l'expiration des conventions
collectives, on renégociera une nouvelle convention dans laquelle on
englobera, peut-être dans un seul syndicat, les employés qui
pourront faire partie de syndicats différents au moment de la
fusion.
M. DEMERS: Les fonctionnaires, M. le Président, qui ne sont pas
régis et astreints à une convention collective, quelle
sécurité d'emploi auront-ils?
M. TESSIER: C'est justement ce que l'article 19 détermine. Cela a
été mis dans la loi justement pour protéger l'emploi des
fonctionnaires.
M. DEMERS: Jusqu'à leur remplacement. S'ils veulent les remplacer
le lendemain matin?
M. TESSIER: Ah non! M. DEMERS: Bien non?
M. TESSIER: "Les fonctionnaires et employés des
municipalités passent au service de la nouvelle municipalité,
conservent le même traitement et y demeurent en fonction jusqu'à
leur démission ou leur remplacement." Evidemment, ils sont
protégés par la convention collective...
M. DEMERS: Je parle de l'individu qui n'est pas astreint et
protégé par une convention collective, qui ferait partie de la
gérance, par exemple.
M. TESSIER: Bien à ce moment-là,...
M. DEMERS: Je ne veux pas embêter le ministre avec cela...
M. TESSIER: Non, mais voici.
M. DEMERS: ... mais il y aurait peut-être lieu d'avoir...
M. TESSIER: C'est qu'à ce moment-là,...
M. DEMERS: ... une sécurité.
M. TESSIER: ... si je prends le cas d'un gérant municipal qui est
démis de ses fonctions, il a un recours à la Commission
municipale,...
M. DEMERS: Cela, c'est compris.
M. TESSIER: ... un droit d'appel à la Commission municipale.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le trésorier.
M. DEMERS: Est-ce que tous les fonctionnaires, M. le Président,
sont protégés par la Loi de la gérance? Les
secrétaires et les hauts fonctionnaires d'une municipalité,
est-ce qu'ils sont protégés? Est-ce qu'il n'y en aurait pas
quelques-uns qui seraient perdus dans le transfert et qui pourraient perdre
leur emploi? Est-ce qu'ils ont tous un droit d'appel à la Commission
municipale?
M. TESSIER: Non, non, seulement le gérant, M. le
Président.
M. DEMERS: Il y a certainement des classes qui ne sont pas
protégées.
M. TESSIER : Ah oui. M. DEMERS: Oui.
M. TESSIER: Mais d'un autre côté, je ne vois pas quelle
différence cela peut faire. En somme, ceux qui ne sont pas
protégés par une convention collective, actuellement, dans une
municipalité, ne sont pas protégés de toute façon.
Ils peuvent être mis dehors demain ces gens-là. Il y a seulement
le gérant qui a un droit d'appel à la Commission municipale.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le secrétaire-trésorier. Vous
avez dans des municipalités...
M. TESSIER: Bon.
M. CLOUTIER (Montmagny): ... que vous allez regrouper...
M. TESSIER: Je prends l'exemple d'un ingénieur municipal.
M. DEMERS: Oui.
M. TESSIER : Un ingénieur municipal n'est pas un employé
qui fait partie d'une convention collective. Il n'est aucunement
protégé. Or, l'ingénieur municipal...
UNE VOIX.: Il est engagé par son contrat.
M. TESSIER: ... d'une municipalité peut être renvoyé
demain à moins qu'il ait un contrat.
M. DEMERS: Oui.
M. TESSIER: Bon. Qu'il y ait fusion ou pas de fusion, évidemment
sa situation ne change pas.
M. VINCENT: Le secrétaire-trésorier?
M. TESSIER: Il est toujours susceptible de perdre son emploi à
moins qu'il ne soit protégé par un contrat.
M. VINCENT: En ce qui concerne les secrétaires-trésoriers,
M. le Président, est-ce que le ministre pourrait nous dire...
M. TESSIER : Les secrétaires-trésoriers ont le même
droit d'appel à la Commission municipal que les gérants.
M. CLOUTIER (Montmagny): Mais cela ne règle pas le
problème, M. le Président. Prenons l'exemple de l'Islet. Il y a
trois municipalités. Admettons qu'elles soient regroupées, elles
ont chacune un secrétaire-trésorier qui est payé suivant
les barèmes...
M. TESSIER: Bon.
M. CLOUTIER (Montmagny): Bon.
M. TESSIER : Ils sont protégés.
M. CLOUTIER (Montmagny): Il y a une fusion. Vous avez trois
secrétaires-trésoriers qui sont en poste. Lequel va être
retenu...
M. DEMERS: Comme secrétaire-trésorier.
M. CLOUTIER (Montmagny): ... comme secrétaire-trésorier
pour la nouvelle municipalité?
M. TESSIER: Voici.
M. DEMERS: Est-ce qu'il va falloir en tuer?
M. TESSIER: C'est qu'à l'article 17, avant ça, conditions
de la fusion, c'est l'article 11. Non, c'est encore avant ça...
M. DEMERS: Puis toutes les dettes.
M. TESSIER: C'est à l'article 5, au dernier paragraphe, qui est
devenu k): "énoncer les autres conditions de la fusion". C'est à
ce moment-là. J'ai eu l'occasion moi-même, alors que
j'étais maire de Rimouski, de fusionner avec trois autres
municipalités environnantes. Les municipalités ont posé
des conditions pour protéger leur secrétaire-trésorier,
pour protéger certains vieux employés qu'elles ne voulaient pas,
évidemment, voir du jour au lendemain perdre les avantages qu'ils
avaient. Elles l'ont tout simplement mentionné comme condition. Cela
faisait partie de la requête. Les lettres
patentes qui ont été émises rapportaient les
conditions énoncées à la requête. C'est aux
municipalités, aux conseils municipaux qui décrètent la
fusion à incorporer ces conditions pour protéger certains de
leurs employés.
M. DEMERS: Le ministre ne pourrait-il pas, par la loi, obliger ces
conseils municipaux qui seront fusionnés à les protéger?
Je parle pour les gens qui...
M. TESSIER: Non. Je pense qu'il est assez embêtant d'intervenir
par un texte de loi dans une question purement administrative au point de vue
municipal. Ce n'est pas l'habitude que d'intervenir dans ces choses-là.
Je crois que nous devons faire confiance aux conseils municipaux. C'est
à eux de prendre les dispositions nécessaires. Autrement, je
pense que nous irions pas mal trop loin. On parle de l'autonomie des
municipalités. Je pense qu'il faut la sauvegarder.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je comprends que le ministre ne peut pas
intervenir pour chacun des cas précis, pour chacun des types de
fonctionnaires. Mais il ne faut pas oublier que les
secrétaires-trésoriers sont déjà
protégés par une loi, au municipal et au scolaire. C'est pour
cela que ce n'est pas le même cas. Le secrétaire-trésorier
est un fonctionnaire protégé au sens de la loi.
M. TESSIER: Il est protégé.
M. DEMERS: Il n'y aura pas de problème pour lui.
M. TESSIER: Il est protégé.
M. PAUL: M. le Président, le ministre...
M. TESSIER: Evidemment, il est entendu qu'il n'y en aura pas trois. Mais
son emploi est protégé. Au lieu d'être
secrétaire-trésorier, il remplira un autre emploi. Il pourra y
avoir un secrétaire et un trésorier.
M. DEMERS: Ils vont "tabletter", comme cela se fait dans les
gouvernements.
M. TESSIER: Ils le placeront quelque part. M. DEMERS: Sur les
tablettes.
M. PAUL: M. le Président, il arrivera, par suite du
mécanisme de fonctionnement de cette loi, que deux municipalités,
deux petites villes, par exemple, de moindre importance, se fusionneront. Il
arrivera que dans un cas la convention de travail sera tout à fait
différente de celle de la municipalité voisine. Mais une fois
qu'elles seront fusionnées, il pourrait arriver, par exemple, que des
préposés au service des travaux publics reçoivent dans un
cas, en vertu de leur convention collective, $3.80 l'heure et, dans le cas
d'une autre convention collective, $4.20 l'heure. Le ministre nous dit: Il
faudra attendre l'échéance du terme pour renégocier une
nouvelle convention collective. N'a-t-il pas l'impression que cela pourra
présenter certaines difficultés, certains risques, certains
heurts entre les fonctionnaires d'un même service qui recevraient, pour
le même travail, une rémunération différente?
C'est pourquoi...
M. TESSIER: C'est sûr...
M. PAUL: Je me permets de conclure là-dessus, M. le
Président. C'est pourquoi je me permets de suggérer au ministre
de discuter de ce problème avec son collègue, le ministre du
Travail et de la Main-d'Oeuvre, pour peut-être amender l'article 35 du
code du travail dans le but de protéger les droits acquis et, du
même coup, éviter aussi certains préjudices et faciliter un
mécanisme nouveau pour qu'une convention collective qui n'est pas encore
échue puisse le devenir à des conditions fixées, dans les
grandes lignes, par suite des amendements que le code du travail pourrait nous
apporter.
M. TESSIER: C'est avec plaisir que je prends bonne note des suggestions.
Je verrai mon collègue, le ministre du Travail, à ce sujet.
M. PAUL: Je ne vous reconnais plus. M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. DEMERS: C'est l'article 19 que nous venons d'adopter, n'est-ce
pas?
M. PAUL: C'est cela.
M. LE PRESIDENT: Article 20, adopté? Article 21.
M. DEMERS: Article 20, un instant, M. le Président.
M. CLOUTIER (Montmagny): Qu'est-ce qui arriverait d'une
municipalité qui aurait contracté des emprunts temporaires, sans
avoir eu l'autorisation de la Commission municipale? Est-ce que durant la
consultation et l'étude de la fusion, la Commission municipale
régulariserait la situation, avant la fusion? Parce qu'il y aurait les
responsabilités de quelqu'un à l'intérieur de la
municipalité.
M. TESSIER: Je ne comprends pas très bien votre question.
M. CLOUTIER (Montmagny): On dit, dans cet article 20, que la
municipalité n'est pas liée par des emprunts qui n'ont pas
été approuvés par la Commission municipale. Est-ce que
j'interprète bien cet article?
Si c'est exact, il peut arriver que, dans le
regroupement de deux ou trois municipalités, il y en ait une qui
ait contracté des emprunts par billets, des emprunts qui n'ont pas
été autorisés par la Commission municipale.
Ma question est celle-ci: Est-ce que dans toute cette période
où on va étudier la fusion, la Commission municipale va
régulariser la situation avant la fusion?
M. TESSIER: C'est pour empêcher, lorsque des municipalités
sont en instance de fusion, de contracter des emprunts ou de s'endetter. Si je
pouvais donner un exemple précis, c'est le cas de Laval. Là il y
a eu une fusion forcée, parce qu'elle a été faite par une
loi spéciale, mais on sait qu'entre le temps où on a parlé
du projet de loi et le temps où la loi a été
sanctionnée il y a bien des municipalités qui se sont
empressées de faire des emprunts temporaires, des dépenses, sans
se faire autoriser par la Commission municipale. Cela a créé des
embêtements assez sérieux au point de vue des finances de la
nouvelle ville lorsqu'elle a été créée.
C'est pour forcer les municipalités à obtenir
l'assentiment de la Commission municipale avant de faire quelque emprunt que ce
soit, si ça dépasse $100.
M. PERREAULT: Est-ce que je peux ajouter une chose, que le ministre
pourra confirmer? Comme ex-maire, j'ai toujours constaté que le
prêteur ne pouvait pas prêter sans autorisation de la Commission
municipale. S'il prête sans autorisation, c'est à ses risques et
dépens; c'est lui qui perd en fin de compte.
M. CLOUTIER (Montmagny): D'accord, il m'est déjà
arrivé dans mes fonctions de vérificateur de constater que des
municipalités, pour des travaux ordinaires d'entretien ou de
construction dans la municipalité, ont contracté des emprunts par
billet promissoire pour des sommes assez minimes, du point de vue d'une
municipalité, disons $500 ou $1,000, d'un particulier qui ne
connaît pas les exigences de la loi...
M. PERREAULT: C'est dans la loi.
M. CLOUTIER (Montmagny): D'accord, mais un contribuable, pour aider sa
municipalité à réaliser certains travaux, peut avancer une
somme de $1,000. C'est déjà arrivé, ça arrivera
encore. Je me demande, le tout ayant été fait de bonne foi, avant
même que l'unité de regroupement ait été
mentionnée par le ministre, qu'on ait commencé à
entreprendre des études, si la Commission municipale, devant ce cas ne
régularisera pas la situation de façon à ce que personne
n'y perde.
M. TESSIER: Evidemment, la Commission municipale peut la
régulariser.
M. DEMERS: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 21.
M. DEMERS: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 22.
M. DEMERS: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 23.
M. DEMERS: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 24.
M. LOUBIER: Un instant.
M. PAUL: La population, à l'article 24, sera reconnue en vertu de
quoi? Quels seront les critères pour juger de la véritable
population qui existe dans un territoire donné?
Je comprends que le ministère des Affaires municipales met de
côté le recensement fédéral, ce qui est logique.
M. TESSIER: Il existe actuellement un recensement municipal.
M. PAUL: Préparé annuellement par le
secrétaire-trésorier?
M. TESSIER: Préparé annuellement par le
secrétaire-trésorier ou par les greffiers et qui est transmis
annuellement au ministère des Affaires municipales. Il parait,
d'ailleurs, dans le répertoire des municipalités, qui est
publié chaque année par le ministère. C'est ça qui
sert de base.
M. PAUL: Très bien.
M. LE PRESIDENT: Article 25?
M. DEMERS: M. le Président, j'aurais une question à poser
sur les montants per capita. J'ai vu que ce ne serait pas mauvais pour la
Mauricie: $1,250,000 qui seraient versés! Est-ce que le ministre va
faire le tour de la province en disant : Annexez-vous, on va vous donner des
affaires comme ça? Les gens de la Mauricie sont convaincus qu'ils vont
recevoir une subvention de $1,250,000 du gouvernement. Je pense que ça
peut varier: "n'excédant pas $15," ça peut être $1 par
tête aussi.
M. TESSIER: Ah oui!
M. DEMERS: J'aimerais que le ministre nous dise à peu près
ce que ça va être en moyenne. Cela dépendra des
circonstances, de la docilité des gens qui vont être
fusionnés...
M. TESSIER: Je ne peux absolument pas le préciser.
M. DEMERS: ...de la parenté qu'on aura dans la région.
M. TESSIER: Cela va être précisément le
résultat des études qui seront faites...
M. PAUL: Papa Doc.
M. TESSIER: ...sur les avantages de la fusion. A ce moment-là, la
Commission municipale recommandera au ministre le versement d'une subvention
qui pourra varier, comme justement le député vient de le
mentionner, de $1 à $15.
M. DEMERS: Dans la Mauricie, comme ça, les études sont
faites? C'est fait parce que le total est dans les journaux, soit $1,250,000.
Avez-vous changé ça pour un canot?
M. TESSIER: Avez-vous vu l'article ou bien si vous avez vu seulement le
titre?
M. DEMERS: J'ai vu l'article et le titre.
M. TESSIER: Si vous avez lu l'article, vous allez voir que j'ai
donné ça à titre d'exemple. J'ai dit que, s'il y avait,
par exemple, regroupement de Shawinigan-Sud avec Shawinigan, Grand'Mère,
trois ou quatre autour, ça pourrait faire une population d'environ
75,000.
M. DEMERS: Au maximum.
M. TESSIER: Je n'ai pas fait de promesses; je ne vais pas là pour
faire des promesses. Je ne vais jamais dans le comté de Saint-Maurice ou
dans le comté de Laviolette pour faire des promesses.
M. DEMERS: Vous n'en avez pas besoin? M. TESSIER: Je n'ai pas besoin de
ça.
M. DEMERS: Pour nous, le Père Noël, c'est passé.
M. TESSIER: Il y aurait, à ce moment-là,
possibilité d'une subvention maximum qui pourrait aller jusqu'à
peut-être $1,250,000.
M. DEMERS: Mais, au nom de l'honnêteté de l'information,
demain, peut-être que le ministre pourra faire une correction, puis ce
sera publié dans les journaux que c'étaient des
probabilités, parce que les gens nous téléphonent. Ils
veulent vous revoir la semaine prochaine. Imaginez $1,250,000, ça ne
passe pas tous les jours.
M. TESSIER: C'est signe que cela a eu de l'effet.
M. DEMERS: Ah! ç'a été bon, c'est effrayant.
Surtout après nos Jeux d'hiver! Vous savez, nous autres...
M. TESSIER: Cela remplace les Jeux d'hiver.
M. PAUL: Dans la Mauricie, vous savez, M. le Président, on
n'apprécie pas toujours les déclarations publiques. On a
été victime de certaines déclarations, par exemple, les
100,000 je ne parle pas des 4,000 je parle des 100,000 nouveaux
emplois. Le ministre nous dit: J'ai mentionné la possibilité. Il
n'a pas dû le dire fort, parce que les journalistes, eux, en viennent
à la conclusion que le ministre a distribué, avant Noël, des
cadeaux pour $1,250,000.
M. TESSIER: Personne ne l'a compris comme ça.
M. PAUL: C'est ce que les journaux nous rapportent. Je vois le ministre
de l'information; je suis sûr qu'il souffre actuellement de voir que la
presse n'a pas bien saisi toute l'astuce du ministre dans ses
déclarations.
M. TESSIER: La presse, comme toujours, d'ailleurs...
M. DEMERS: C'est clair.
M. TESSIER: ...a très bien rapporté mes propos.
M. DEMERS: Cela va être une des rares fois que vous allez
être bien cité.
M. TESSIER: Toujours bien cité.
M. PAUL: M. le Président, pour en revenir à des choses
plus sérieuses, le ministre nous dit que la subvention peut-être
d'un montant maximum de $15, per capita. Suivant différents
critères qui ne sont pas encore établis, qu'il ne nous communique
pas, cette subvention de fusion pourra être de $5, $7, $8 ou $10. Le
ministre pourrait-il, au moins, prendre l'engagement, ce soir, que, dans la
considération de demandes de subventions, soit pour l'aménagement
d'un service d'égouts, par exemple, de protection contre le feu, on ne
tiendra pas compte de la subvention reçue, per capita, à
l'occasion de la fusion.
M. TESSIER: J'ai eu l'occasion, à plusieurs reprises, de le
déclarer. La subvention prévue à l'article 25 s'ajoute
à toute autre subvention que peuvent recevoir les municipalités,
tant du ministère des Affaires municipales que d'autres sources. Au
ministère des Affaires municipales, comme on le sait, il y a des
subventions pour les égouts et les aqueducs, des subventions pour la
protection contre l'incendie. Ces subventions demeureront. C'est une mesure
incitatrice à l'occasion d'une fusion pour aider les
municipalités à payer, entre autres, les études qui ont pu
être faites sur l'opportunité d'une fusion et qui peut être
employée à tout autre fin municipale, amélioration de
services ou autre chose.
J'ai eu l'occasion, justement en Mauricie en
fin de semaine, de préciser cette question. J'ai dit qu'il n'y
aurait aucune condition d'attachée au paiement de cette subvention.
M. DEMERS: Est-ce qu'il y aurait possibilité, dans ce
cas-là, d'ajouter "sans préjudice à toute autre
subvention"?
M. TESSIER: Je n'ai pas d'objection. M. DEMERS: Cela ne vous ôte
rien.
M. TESSIER: Cela ne change absolument rien.
M. DEMERS: Cela ne change absolument rien, mais cela ne fait pas
tort.
M. TESSIER: C'est tout de même...
M. DEMERS: Cela alourdit le texte, je suppose?
M. TESSIER: Je fais appel à mes collègues, les
députés de Bellechasse et de Maskinongé, qui sont des
légistes. Je me demande si on a déjà trouvé, dans
un texte de loi, les mots "sans préjudice". On trouve cela dans des
lettres d'avocat, dans des contrats ou dans d'autres documents. A ma
connaissance, ce n'est pas une expression qui doit être employée
dans un texte de loi.
M. DEMERS: C'est pour sauver le texte de loi.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, je comprends qu'il est
peut-être difficile d'inscrire une telle mention dans un texte de loi. Le
député de Maskinongé a mentionné, dans son discours
de deuxième lecture, ce qui s'était produit pour certaines
municipalités qui se sont fusionnées. Il a donné l'exemple
de Louiseville. Je pourrais citer l'exemple de Montmagny qui, la paroisse et la
ville de Montmagny, en 1965, ont utilisé la Loi des fusions volontaires.
Elles ont été dans les premières municipalités
à utiliser les dispositions de la loi pour se fusionner. En 1970, elles
ont été pénalisées sur deux plans: au plan des
subventions de loisirs, parce que la population dépassait 8,000 et les
subventions pour fins de loisirs sont disparues, cette année-là;
au plan de l'entretien des chemins d'été et d'hiver, alors
qu'elles ont été obligées de prendre à leur charge
27 milles de route.
C'est pour que le ministre sensibilise ses collègues à ce
que les avantages d'une fusion ne soient pas détruits par d'autres
mesures qui viendraient pénaliser les municipalités.
M. PAUL: A la Voirie, c'est la même chose.
M. TESSIER: Je suis d'accord avec le député de Montmagny
sur ce point.
M. PAUL: M. le Président...
M. DEMERS: Il faut être prudent.
M. PAUL: ...j'ai également mentionné, dans mon discours de
deuxième lecture de vendredi après-midi c'est avec regret
que j'ai constaté l'absence de mon bon ami le ministre de la Voirie
qu'il y avait une certaine contradiction entre les grands principes de
vertu prêchés par son collègue le ministre des Affaires
municipales et la politique administrative du ministre de la Voirie, qui
pénalise les municipalités qui veulent communier au
progrès communautaire ou régionnal. Le ministre de la Voirie, par
des directives que je ne qualifierai pas pour le moment, décide de
diminuer les subventions aux municipalités de ville dans l'entretien des
chemins d'hiver.
Il y a donc une contradiction entre...
M. TESSIER: Il n'y a pas que les municipalités de ville
touchées par le règlement du ministère de la Voirie, il y
a les municipalités rurales.
M. PAUL: Justement, et c'est tellement grave que je suis sûr que
le ministre des Affaires municipales est heureux que je soulève le
problème...
M. DEMERS: Il est au courant.
M. PAUL: ... en le portant à l'attention du ministre de la Voirie
parce que lui, en tant que ministre des Affaires municipales, il en souffre
dans son comté et il reçoit des représentations des
différentes municipalités. On le supplie de faire les
interventions appropriées auprès de son collègue, le
ministre de la Voirie, et voici que...
Je connais tellement le ministre des Affaires municipales que c'est sans
préjudice qu'il m'a interrompu pour me rappeler la politique
administrative du ministre de la Voirie concernant également les
coupures de subventions aux municipalités rurales pour l'entretien des
chemins d'hiver. Je suis certain que le ministre prendra connaissance avec
avantage d'une résolution adoptée par le conseil de comté
de la corporation de Maskinongé lors de sa dernière séance
régulière de mercredi dernier alors qu'on supplie le
ministre...
UNE VOIX: A genoux!
M. PAUL: ... de venir secourir le budget des différentes
municipalités affectées par sa politique administrative de son
ministère. C'est là que je le rejoins et que le ministre
m'approuve tacitement. Je sais que dans le tréfonds de son âme il
m'appuie, il seconde les remarques que je fais dans l'intérêt des
municipalités de son comté et dans l'intérêt de
toutes les municipalités de la province. Peut-être que le ministre
de la Voirie pourrait avoir un sursaut d'énergie ce
soir malgré sa fatigue, nous faire part de son opinion sur le
sujet et nous dire qu'il s'engage à ne pas adopter une politique
administrative qui viendra en contradiction avec la politique missionnaire de
fusionnement que veut prêcher le ministre des Affaires municipales.
UNE VOIX: Il prêche depuis neuf heures.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Nicolet.
M. TESSIER: Article 25, adopté?
M. VINCENT: M. le Président, en ce qui concerne l'article 25,
connaissant le sérieux du ministre des Affaires municipales, sachant
également les exigences du ministre des Finances, qui a certainement
scruté à la loupe l'article 25, et pour nous permettre de savoir
ce que peut représenter cette somme de $15 maximum par tête, le
ministre des Finances pourrait-il nous faire part des montants d'argent qu'il
escompte verser pour les cinq prochaines années, c'est-à-dire
l'an prochain, dans deux ans, dans trois ans, dans quatre ans et dans cinq ans
en ce qui concerne ce domaine particulier?
M. TESSIER: M. le Président, cela a été
examiné par le ministre des Finances. Je ne pourrais pas dire pour les
cinq prochaines années, mais je pourrais répondre pour les dix
prochaines années.
M. VINCENT: Nous aimerions le savoir.
M. TESSIER: Le calcul qui a été fait est de $40 millions.
Evidemment, cela va en croissant. Pour autant que je me souvienne je
n'ai pas le tableau devant moi cela peut aller jusqu'à environ $8
millions, je crois, dans cinq ans et ensuite ça commence à
décroître graduellement à partir de la septième
année.
M. DEMERS: ... parce que vous vous ruinez...
M. TESSIER: Alors, le total pour une période de dix ans se
chiffre à environ $40 millions.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Lotbinière.
M. BELAND: M. le Président, il y a quand même un autre
aspect qui vaut la peine d'être souligné, à cet article 25.
C'est la différence de situation financière qui peut exister
entre les différentes municipalités qui, après acceptation
de la fusion, pourraient être dans des situations très
différentes à savoir que certaines municipalités,
après s'être privées de certains services, seraient
possiblement dans des situations financières beaucoup plus avantageuses
que d'autres qui se sont donné une foule de services, peut-être
très nécessaires mais qui se les ont donnés et par le fait
même, par le truchement des taxes municipales, il y a eu augmentation, et
même au point de vue dettes, etc.. Cela veut-il dire qu'à
l'intérieur de cette subvention per capita qui sera apportée l'on
tiendra compte de ces différents critères pour apporter davantage
à ceux qui n'ont pas encore de service, comparativement aux
municipalités qui se sont accordé des services? Quelle sera votre
politique à ce sujet?
M. TESSIER : Nous en tiendrons compte, et ce seront les études
qui seront faites sur les avantages de la fusion qui pourront faire des
recommandations à l'effet que tel service devrait être
amélioré dans telle municipalité qui va se fusionner.
C'est dans la requête de fusion qu'on pourra mettre des conditions,
qu'une municipalité pourra mettre des conditions de fusion en disant:
Nous allons nous fusionner, mais entre autres conditions, on devra prolonger,
par exemple, le réseau d'aqueduc et d'égouts. Nous devrons
recevoir tel montant à même les subventions à être
payées. Tout cela pourra faire partie des études et
également des conditions de fusions.
M. BELAND: Quand même, est-ce que vous avez pensé à
l'optique qui s'attache à cela, à savoir que pour les
contribuables de la municipalité qui s'est donné des services, il
peut y avoir une différence très marquée au point de vue
des taxes que les contribuables ont dû payer depuis X années ou
peut-être seulement un an, deux ans, trois ans? Est-ce que vous avez
pensé à un système de compensation pour les personnes qui
ont été obligées ou les contribuables qui ont
été obligés...
M. TESSIER: Ce sont les conditions de la fusion qui vont
déterminer cela, après étude.
M. PAUL: Adopté.
M. LE PRESIDENT (Carpentier): Article 25, adopté. Article 26?
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, à l'article 25,
je voudrais demander au ministre, étant donné que l'article n'en
fait pas mention, si les versements seront égaux.
M. TESSIER: Oui, ils seront égaux.
M. CLOUTIER (Montmagny): Les versements seront égaux?
M. TESSIER: Egaux.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que c'est une intention bien
arrêtée de la part du ministre?
M. TESSIER: Bien oui, mais...
M. CLOUTIER (Montmagny): L'article n'en
fait pas mention. Versements annuels et consécutifs...
M. TESSIER: On dit: payable en cinq versements annuels et
consécutifs. On ne dit pas égaux, c'est vrai.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je demanderais au ministre d'être prudent
aussi avant d'ajouter le mot "égaux".
M. TESSIER: Non, justement je me souviens que, dans l'avant-projet de
loi, on avait le mot "égaux" et on a attiré mon attention sur le
fait qu'il valait mieux le rayer, le biffer, parce que ce sont les
études, justement, qui vont déterminer qu'il serait
peut-être préférable que les versements soient ascendants
ou soient descendants suivant le cas. Peut-être qu'on pourra donner plus
les premières années et moins à la cinquième
année. Peut-être l'inverse aussi, suivant les études de la
fiscalité, en somme, qui seront faites.
M. DEMERS: Et il y a les années d'élection.
M. TESSIER: C'est pour ça qu'on m'a suggéré de
biffer ce mot.
M. DEMERS: Il y a les années d'élection... M. PAUL: Et il
y a Papa Doc.
M. DEMERS: Il faut être prudent, on ne sait jamais.
M. CLOUTIER (Montmagny): Entre la méthode ascendante et la
méthode descendante, décroissante, je suggérerais au
ministre d'utiliser plutôt la méthode décroissante. Parce
que, autrement, les municipalités s'habituent à budgétiser
en tenant compte de ce revenu qui disparaît au bout de cinq ans. Alors,
si le montant est égal, annuel et consécutif, cela crée un
problème. C'est pour ça que la politique qui a été
adoptée, la politique de tarifs décroissants pour les subventions
pour les aqueducs et égouts est préférable à une
subvention annuelle et fixe. Alors, je pense qu'il y a avantage à
utiliser la méthode décroissante.
M. TESSIER: J'en prends bonne note.
M. LE PRESIDENT (Carpentier): Adopté. Article 26?
M. PICARD: M. le Président, j'aurais une question à poser,
alors que je vois que le ministre des Institutions financières est ici,
cela pourrait peut-être l'intéresser. On a fait état tout
à l'heure de certaines municipalités qui, après les
fusions, voyaient leurs subventions annulées ou terminées par des
ministères, comme par exemple, le ministère de la Voirie.
J'aimerais attirer l'attention du ministre des
Institutions financières sur le cas des polices d'assurance-vol.
Je vais vous donner un cas bien précis.
A la suite de la fusion ou de l'annexion de la ville de Saint-Michel
à la ville de Montréal, les "underwriters" qui fixent les taux
d'assurance-vol ont augmenté le taux de l'assurance, pour le territoire
du quartier Saint-Michel-Nord, de $1.50 à $3.50 et ceci seulement
dû au fait que la ville de Saint-Michel fait maintenant partie de la
ville de Montréal et non pas parce qu'il y avait plus de vols le
lendemain de la fusion.
Alors, je me demande si le ministre des Institutions financières
n'aurait pas un droit de regard sur le territoire fixé par les
"underwriters" pour établir leur taux de primes.
M. DEMERS: Il est assez embarrassé comme c'est là.
UNE VOIX: Adopté.
M. TESSIER: Article 26?
M. LE PRESIDENT: Article 26?
M. TESSIER: Adopté.
M. DEMERS: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 25, adopté. Article 26?
M. DEMERS: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 27?
M. TESSIER: Adopté.
M. PAUL: M. le Président, je m'en voudrais de voter cet article
sans féliciter celui qui n'est plus avec nous et qui a fait un excellent
travail dans le domaine municipal, feu Pierre Laporte, qui avait
été l'auteur du projet de loi de la fusion volontaire des
municipalités, projet de loi qui lui tenait à coeur, projet de
loi qu'il a voulu toujours amender, améliorer. Je regrette, d'une
certaine façon, que nous rayions d'un simple trait de plume l'oeuvre
d'un ministre aussi efficace, qui a joué pleinement son rôle pour
le bénéfice et avantage des municipalités du
Québec.
M. LE PRESIDENT: Article 26, adopté. Article 27?
DES VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 28? Adopté. Article 29?
Adopté.
M. CARPENTIER (président du comité plénier): M. le
Président, j'ai l'honneur de faire rapport que votre comité a
siégé et a adopté le bill 276 avec des amendements qu'il
vous prie d'agréer.
M. LAVOIE (Président): Ces amendements sont-ils
agréés?
DES VOIX: Agréé.
M. LE PRESIDENT: Agréé.
Troisième lecture M. LE PRESIDENT: Troisième
lecture?
M. PAUL: Oui, M. le Président, pour être agréable au
ministre.
M. LE PRESIDENT: Troisième lecture, adopté.
M. PAUL: Sur division, par exemple. M. LE PRESIDENT: Sur division. DES
VOIX: Sur division. M. PAUL: Oui.
M. BIENVENUE: Ma lumière, s'il vous plaît.
A l'ordre! M. le Président, il est minuit moins un quart. Je suis
persuadé, à moins que nous appelions un autre projet de
loi,...
M. PAUL: Comme vous voudrez. Comme des bons scouts: toujours
prêts!
M. BIENVENUE: Je suis convaincu que les membres de cette Chambre soient
d'accord pour que nous ajournions à demain matin...
M. PAUL: D'accord!
M. BIENVENUE: ... alors que nous étudierons les projets de loi du
ministre de la Justice dans l'ordre suivant, à moins de changements:
La troisième lecture du projet de loi modifiant le code civil, le
projet de loi ayant trait à l'inspecteur Courval, celui modifiant la Loi
de police, celui portant sur la Régie des loyers, celui portant sur
l'intégration des forces policières. Si les travaux vont
rondement, M. le Président, nous pourrions peut-être nous pencher
sur le budget supplémentaire.
M. PAUL: ...pas demain...
M. BIENVENUE: M. le Président, je propose l'ajournement de la
Chambre à dix heures trente, demain matin.
M. LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
DES VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. La Chambre ajourne ses travaux à
demain, dix heures trente.
(fin de la séance à 23 h 45)