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(Quinze heures quatre minutes)
M. LAVOIE (président): Qu'on ouvre les portes. A l'ordre,
messieurs !
Affaires courantes.
Présentation de pétitions.
Lecture et réception de pétitions.
Présentation de rapports de commissions élues.
Présentation de motions non annoncées.
Présentation de bills privés.
Présentation de bills publics.
Déclarations ministérielles.
Dépôt de documents.
Questions des députés.
Questions et réponses La
Prévoyance
M. LOUBIER: M. le Président, ma question s'adresse au premier
ministre. Prévoyante comme toujours, l'Opposition voudrait
s'enquérir des développements, s'il y en a eu, concernant les
transactions éventuelles ou non ayant trait à la compagnie
d'assurance La Prévoyance qui a, depuis quelques semaines,
été un sujet de discussion et de controverses sur la place
publique.
M. BOURASSA: M. le Président, même si La Prévoyance,
à ma connaissance, n'a pas encore reçu d'offre de la compagnie
américaine en question. J'ai proposé hier, au conseil des
ministres, qui a accepté ma proposition, de ne pas permettre le
transfert ou la transaction en question, étant donné les
responsabilités particulières qu'a le gouvernement
vis-à-vis d'une entreprise qui fait de l'assurance-vie.
Alors, je ne sais pas si l'offre sera faite, mais, si elle était
faite, le gouvernement ne permettrait pas la transaction.
M. LOUBIER: Est-ce que je pourrais savoir du premier ministre si,
à ce moment-là, il procédera par une législation
spéciale ou si, déjà, un mécanisme juridique a
été prévu pour éviter la transaction si des offres
sérieuses étaient présentées à la compagnie
et si elle voulait acquiescer à ces offres-là?
M. BOURASSA: M. le Président, le gouvernement, comme je l'ai
signalé auparavant, a plusieurs moyens d'action pour bloquer cette
transaction. Comme je viens de le dire, la raison principale pour laquelle le
gouvernement s'oppose à une telle transaction, c'est que la compagnie
fait de l'assurance-vie et on sait comment, ce faisant, elle peut avoir un
impact considérable sur l'économie générale du
Québec.
J'en ai discuté avec le ministre des Institutions
financières, qui m'a dit qu'il y avait plusieurs moyens d'intervention.
Comme ac- tuellement c'est une question hypothétique, comme l'offre non
seulement n'a pas été faite mais n'est pas acceptée,
puisqu'elle n'a pas été faite, je préfère attendre,
s'il y a lieu, que cette offre soit faite.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Rouyn-Noranda.
Syndicalisme agricole
M. SAMSON: M. le Président, j'aurais aimé poser une
question à l'honorable ministre de l'Agriculture, mais on m'informe
qu'il a dû s'absenter. Je ne le vois pas de toute façon.
M. LEVESQUE: Il était ici il y a quelques instants.
M. SAMSON: Oui, oui! Je pourrais peut-être diriger ma question au
leader du gouvernement. Pourrait-il nous dire si le gouvernement va
déposer, en cette Chambre, les amendements qu'il a l'intention de
proposer au bill 64, concernant le syndicalisme agricole?
M. LEVESQUE: M. le Président, ces amendements devront être
étudiés par le comité de législation et ensuite
être soumis au conseil des ministres. Dès que cette
procédure normale sera complétée, je suis convaincu que le
ministre de l'Agriculture sera heureux, à la première occasion,
de faire part de ces amendements aux membres de la Chambre.
M. BELAND: Une question supplémentaire, M. le Président.
Les cultivateurs peuvent-ils s'attendre que la loi puisse être
étudiée en deuxième lecture avant les Fêtes?
M. LEVESQUE: M. le Président, je ne sais pas la longueur des
débats pour les autres projets de loi qui sont présentement
devant la Chambre, mais c'est le désir du gouvernement de pouvoir passer
au débat de deuxième lecture aussitôt que possible.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Bourget.
Filiale hydroélectrique
M. LAURIN: Ma question s'adresse au premier ministre. A la suite du
conseil des ministres d'hier soir, le premier ministre peut-il annoncer les
noms des trois ou cinq personnes à constituer en corporation aux fins de
créer une filiale hydroélectrique, conformément à
l'article 21 de la loi no 50?
M. BOURASSA: M. le Président, j'aurais pu faire les
recommandations hier, au conseil des ministres, mais on m'a avisé que la
filiale devait être formée ce qui devait se faire dans les
prochains jours que la charte devait être
acceptée avant que l'arrêté en conseil puisse
être adopté sur la nomination des membres.
M. LAURIN: Une question additionnelle, M. le Président. Le
lieutenant-gouverneur ne peut-il pas, aux termes de la loi no 50, nommer les
représentants aux fins de constituer la filiale avant que celle-ci ne
soit formée, c'est-à-dire de nommer les trois ou cinq membres de
la corporation?
M. BOURASSA: D'après les avis juridiques que j'ai reçus,
il faut former la filiale et nommer ensuite les cinq membres.
M. LAURIN: Ce n'est pas conforme à l'article 21 de la loi no
50.
M. BOURASSA: Nous n'avons pas les mêmes conseillers
juridiques.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Montcalm.
Programme d'aide économique
M. MASSE (Montcalm): Est-ce que le premier ministre a été
mis au courant des plaintes d'inefficacité administrative portées
par les autorités fédérales au sujet de l'approbation des
demandes formulées par les municipalités du Québec, en
vertu du programme d'aide économique, et si oui, qu'entend-il faire pour
remédier à la situation?
M. BOURASSA: Etant donné que cela a trait au ministère des
Affaires municipales, je demanderais au ministre d'y répondre.
M. MASSE (Montcalm): Je pensais que l'efficacité administrative
était le domaine du premier ministre.
M. BOURASSA: C'est le domaine de tous les ministres.
M. TESSIER: Est-ce que le député pourrait
répéter sa question?
M. MASSE (Montcalm): Alors, vous allez me permettre un préambule.
Hier, au réseau d'Etat, le secrétaire parlementaire du ministre
responsable de ce domaine à Ottawa a expliqué à la
population que 125 ou 127 demandes des municipalités du Québec
avaient été envoyées au ministère des Affaires
municipales et que, pour sa part, Ottawa n'avait rien reçu, que ces
demandes n'avaient pas été approuvées, que c'était
la raison pour laquelle le gouvernement fédéral ne versait aucune
subvention aux municipalités du Québec pour l'instant.
M. TESSIER: Je puis dire qu'au moins 60 projets ont été
approuvés et transmis non pas à Ottawa parce qu'on demande de
transmettre ça au bureau du ministère à Montréal.
Le tout est présentement à Montréal pour étude par
le gouvernement fédéral, et nous attendons le retour de ces
projets.
M. GAGNON: Question supplémentaire, M. le Président,
à la question que je devais poser. Est-ce que le ministre aurait
objection peut-être pas aujourd'hui mais demain à
nous donner la liste des demandes qui ont été faites, les projets
qui sont approuvés, ainsi que les montants qui ont été
engagés? Cela permettrait aux députés d'avoir des
informations qu'ils pourront transmettre aux personnes
intéressées qui, parfois, nous envoient de la correspondance.
M. TESSIER: Les maires des municipalités sont tous
informés au fur et à mesure que les projets ont été
acceptés, à l'effet qu'ils sont transmis pour approbation par le
gouvernement fédéral.
Si on veut inscrire une question au feuilleton, je pourrai fournir tous
les détails.
M. GAGNON: Et y répondre dans deux mois.
M. DEMERS: Cela va arriver dans le courant du printemps, et les travaux
vont être finis.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Maskinongé.
Assurance-chômage
M. PAUL: M. le Président, j'ai posé une question lundi au
leader du gouvernement, et il m'a répondu qu'il porterait cette question
à l'attention du ministre de la Fonction publique. Je suis heureux de le
voir revenu sain et sauf parmi nous. C'était au sujet des directives du
ministère du Revenu d'Ottawa concernant l'assurance-chômage, et
aux fins d'impliquer et de soumettre à la loi les employeurs des
enseignants, nonobstant le projet de loi no 82 que nous avons adopté au
cours du mois de juillet dernier.
Est-ce que le ministre peut nous dire s'il a fait des démarches
auprès des autorités fédérales? Quelles sont les
directives que lui-même a pu donner aux différents
secrétaires-trésoriers de nos commissions scolaires pour
soustraire de l'application de la loi les enseignants à compter du mois
de janvier?
M. L'ALLIER: M. le Président, le député de
Maskinongé sera conscient de la complexité relative de cette
question. Nous préparons actuellement des directives pour tous les
employeurs du milieu scolaire et du milieu hospitalier. Ces directives ainsi
que l'extension et les modalités d'application de la loi no 82 devraient
être rendus publiques au plus tard au tout début de la semaine,
lundi, vraisemblablement, ou mardi au plus tard.
Le problème qui se pose est complexe dans la mesure où il
s'agit de législations et de réglementations
fédérales d'une part, de législations provinciales d'autre
part. Nous voulons éviter, à partir de cette situation, de
créer des difficultés qui seraient en définitive
payées directement par les employés et les employeurs
visés ou non par la loi C-229 ou le bill 82.
Les objectifs qui ont -été énoncés par le
gouvernement en cette matière, qu'il s'agisse de sécurité
d'emploi ou d'éléments contenus dans la politique salariale,
doivent être étudiés dans l'optique de l'action qui est
actuellement conduite par le gouvernement fédéral afin d'inciter
les employeurs à se soumettre au projet de loi C-229. Nous voulons
éviter d'émettre hâtivement des directives qu'il faudrait
par la suite retirer, soit sur un jugement du tribunal, soit pour toute autre
raison, créant beaucoup plus de méfaits et de confusion que ce
qui est en fait le résultat normal d'une espèce de double
juridiction en cette matière.
En réponse à la question posée, M. le
Président, je suis en mesure d'affirmer que le gouvernement fera
connaître au tout début de la semaine, mardi au plus tard,
vraisemblablement lundi, l'extension et les modalités qu'il donne
à la loi no 82 dans l'optique de l'application de la loi C-229 du
gouvernement fédéral. Cette extension et ces modalités
seront contenues dans les directives précises qui seront à ce
moment-là communiquées aux employeurs scolaires et aux employeurs
du domaine hospitalier.
M. PAUL: Question additionnelle, M. le Président. Est-ce que le
ministre a l'intention, dans ce domaine comme dans le domaine de la
télévision et de tous les sujets connexes, d'exiger du
gouvernement fédéral que la loi provinciale, portant le
numéro 82, soit intégralement respectée?
M. L'ALLIER: Je crois que j'ai répondu à la question.
Savoir si une loi provinciale modifie ou peut modifier une loi
fédérale, savoir si, en fait, elle est un point d'appui dans
l'interprétation d'une loi fédérale est une question
juridique complexe. Je peux avoir, comme le député de
Maskinongé, une opinion sur cette question.
Nous sommes précisément à bien voir quelle est la
solution la plus sûre, compte tenu du fait que l'intérêt que
nous poursuivons est celui des personnes employées, qui
bénéficieraient d'un certain nombre d'avantages, comme je l'ai
dit, par la Loi de l'assurance-chômage et qui, d'ailleurs,
bénéficient déjà d'un certain nombre d'avantages,
et compte tenu aussi de l'ensemble des négociations collectives en
cours.
Savoir si une loi doit primer sur l'autre, c'est une question qui doit
être tranchée par un tribunal. Tout ce que je pourrais
émettre ici, ce serait une opinion, ce qui n'est pas conforme au
règlement.
M. PAUL: Dernière question additionnelle quant à moi, M.
le Président. Est-ce que le ministre soutient que les principes qu'il
nous a mentionnés lors de la présentation du projet de loi no 82
ne seraient plus les mêmes aujourd'hui et que les motifs, qui
étaient à la base de la présentation de cette loi et la
justifiaient n'existeraient plus aujourd'hui?
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Dorchester.
Chemins d'hiver
M. GUAY: M. le Président, je me demande si je dois poser ma
question au ministre de la Voirie, des Transports, des Travaux publics ou de
l'Equipement. En ce qui concerne la décision de supprimer les
subventions pour l'entretien des chemins d'hiver dans certaines
municipalités, j'aimerais demander au ministre de la Voirie si cette
décision est définitive et sans retour ou s'il y a lieu de
reconsidérer le cas de certaines municipalités.
M. PINARD: M. le Président, je ne pense pas qu'il s'agisse de
supprimer les subventions autrefois payables aux municipalités pour
l'entretien de leurs routes. Il s'agit, dans certains cas seulement, du retour
à la juridiction municipale de l'entretien de certaines routes que le
ministère de la Voirie n'a plus l'intention d'entretenir à ses
frais.
A ce point de vue, la politique n'a pas été
changée.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Saguenay.
M. LESSARD: Question supplémentaire, M. le Président.
Est-ce que le ministère de la Voirie s'est engagé à
remplir les mêmes obligations, vis-à-vis de ces
municipalités-là, que l'avait fait auparavant le ministère
de l'Agriculture?
C'est là que se pose le problème. Le ministère de
la Voirie s'est-il engagé vis-à-vis de ces municipalités
à remplir les mêmes obligations que remplissait auparavant le
ministère de l'Agriculture et de la Colonisation?
UNE VOIX: Ils ne peuvent pas vous dire ça.
M. PINARD: Un protocole d'entente est intervenu entre le
ministère de l'Agriculture et de la Colonisation et le ministère
de la Voirie pour que ce soit dorénavant ce dernier qui construise les
routes de colonisation, peut-être selon un standard qui cadre mieux avec
les besoins de notre époque.
M. PAUL: Vous ne vous référez pas à la loi de
l'équipement à ce moment-là.
UNE VOIX: Non, non!
M. GAGNON: L'année prochaine.
M. PINARD: Vous faites un peu de prospective.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Aux règles usuelles du patronage.
M. PINARD: Ce que je veux dire c'est que l'établissement des
besoins est encore fait par les techniciens du ministère de la
Colonisation sauf qu'au plan de l'exécution ce sont des équipes
du ministère de la Voirie qui agissent. Il est possible que, dans un
avenir rapproché, toute l'opération se fasse au ministère
de la Voirie mais ce ne sera pas fait avant que le ministre de l'Agriculture et
de la Colonisation et le ministre de la Voirie aient de nouveau des
consultations à ce sujet.
Pour le moment, je pense que les choses se sont très bien
passées depuis le changement de juridiction au plan de
l'exécution; au plan des besoins, c'était établi par
l'autre ministère comme maintenant.
Je pense qu'en général l'opération s'est
très bien passée, tel que prévu.
M. LESSARD: Question supplémentaire, M. le Président: Le
ministre pourrait-il nous dire ce qu'il entend faire pour certaines
municipalités qui n'ont pas du tout les moyens d'ouvrir les chemins qui
étaient autrefois ouverts par le ministère de la Colonisation? En
l'espace de quelque temps, on a changé complètement toutes les
modalités et on leur dit: Maintenant, c'est votre
responsabilité.
M. PINARD: M. le Président, le député c'est
peut-être de bonne guerre pour lui généralise un cas
particulier. Il s'agit de cas qui sont très rares. Nous étudions
l'impact que cette nouvelle politique peut avoir...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. PINARD: ... sur les municipalités dont il est question en ce
moment. Dès que nous aurons fait une enquête plus globale pour
établir le nombre de municipalités qui sont vraiment en
difficultés financières, nous verrons à prendre les
dispositions nécessaires et à apporter les correctifs.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! L'honorable député
de Gouin.
Obligations du Québec et de l'Hydro
M. JORON: Ma question s'adresse au ministre des Finances. Le ministre
possède-t-il des statistiques, des indications précises sur la
distribution des émissions d'obligations du Québec et de
l'Hydro-Québec au cours des onze derniers mois de la dernière
année?
M. GARNEAU: M. le Président, j'ai déjà
répondu à cette question par l'affirmative, sauf pour ce qui est
de la dernière émission. J'ai déjà indiqué
au député de Gouin quelle était mon intention quant
à l'utilisation de ces renseignements et quant à leur
éventuel dépôt à l'Assemblée nationale.
M. JORON: Est-ce que le ministre pourrait nous dire approximativement,
quand il entend faire le dépôt de ces documents à
l'assemblée?
M. GARNEAU: M. le Président, je dois répondre et
répéter au député de Gouin que je ne me suis pas
engagé à déposer ces documents à l'Assemblée
nationale.
M. JORON: Je crois que ces indications qui sont capitales, avant la
reconduction de l'accord du syndicat financier, sont quand même
d'intérêt public et devraient être rendues publiques.
M. LE PRESIDENT: Question d'appréciation. L'honorable
député de Chicoutimi.
Diffusions éducatives
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je désire poser
une question au ministre des Communications. Je crois qu'il est là, dans
le coin. Je vais l'attendre un petit moment.
Le ministre des Communications peut-il faire rapport à la Chambre
sur les entretiens qu'il a eus avec les responsables de la
Société Radio-Canada à Montréal, concernant le
problème de la télévision et de la radiodiffusion
éducatives au Québec? Il est bien informé, le
député, n'est-ce pas?
M. L'ALLIER: M. le Président, je crois que le
député est mal informé parce que, effectivement, je n'ai
eu aucune conversation, ni officielle, ni officieuse, avec aucun
représentant de Radio-Canada sur les questions de
télévision et de radiodiffusion éducatives.
M. LEGER: Question supplémentaire, M. le Président.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, question
additionnelle. Le ministre, naturellement, n'est pas obligé de me
répondre et de me dire qu'il a rencontré certaines personnes au
début de la semaine, les autorités de Radio-Canada. Mais, est-ce
que le ministre peut nous faire rapport sur l'état des
négociations en ce qui concerne...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! A l'ordre!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est parce que le ministre est un peu sourd.
H y a un manque de communication. H faudrait avoir des petits
walkie-talkies.
M. LE PRESIDENT: Question, s'il vous plaît.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, est-ce que le ministre des
Communications peut nous faire rapport sur l'état des
négociations entre son ministère et le Secrétariat d'Etat
en ce qui concerne la télévision et la radiodiffusion
éducatives?
M. L'ALLIER: J'ai déjà dit que je ferais un rapport
complet sur cette question à la commission parlementaire des
Communications au moment de l'étude des projets de loi nos 35, 36 et
37.
Quoiqu'il en soit sur ce point particulier, je veux bien tenter de
satisfaire, au moins partiellement, la curiosité du député
de Chicoutimi et lui dire que, depuis la rencontre que j'ai eue à
Québec avec le Secrétaire d'Etat et le ministre des
Communications du gouvernement fédéral, nous n'avons pas eu
d'autres conversations en ce qui concerne la télévision ou la
radiodiffusion éducatives. Nous avons cependant convenu que des
fonctionnaires des deux gouvernements se rencontreraient dans les jours qui
suivaient cette rencontre. Ces rencontres n'ont pas effectivement eu lieu parce
que nous n'avons pu, jusqu'ici, trouver d'agencement, si vous voulez, dans les
horaires de ces personnes.
Quoi qu'il en soit, la rencontre que j'ai eue avec M. Pelletier a
été suivie d'un échange de correspondance. J'ai
écrit au Secrétaire d'Etat pour faire le résumé de
nos conversations. C'est sur ces questions que j'ai l'intention de faire
rapport à la commission parlementaire, permettant alors aux
députés de poser toutes les questions qu'ils voudront sur
l'ensemble du dossier fédéral-provincial en matière de
communications, qui est un dossier complexe qui ne peut s'étudier
à partir d'un seul cas particulier.
M. LEGER: Question supplémentaire, M. le Président.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Question supplémentaire, M. le
Président. Est-ce que le ministre peut nous expliquer, alors, le sens de
la déclaration qu'il a faite et qui a paru dans les journaux d'hier
indiquant que le Québec avait l'intention d'occuper sa place dans le
domaine de la radio et de la télédiffusion éducatives?
A-t-il décidé de demander un avis aux tribunaux là-dessus
pour établir les droits du Québec, ou a-t-il l'intention de le
faire?
M. L'ALLIER: M. le Président, la seule référence
que je puisse fournir au député de Chicoutimi sur cette question,
ce sont les débats que nous avons eus au moment de l'étude du
projet de loi no 36. Ce que j'ai dit à Montréal récemment
sur cette question, c'est qu'il est évident que le Québec devra
un jour télédiffuser ou radiodiffuser en matière
éducative et que, lorsqu'il le fera, ce sera fait par
Radio-Québec qui devra détenir les moyens de
télédiffusion et de radiodiffusion. J'ai même
ajouté, ce que j'avais dit ici au moment de l'étude du projet de
loi no 36 et qui n'a pas, semble-t-il, été retenu, que c'est
Radio-Québec qui aurait le dernier mot en ce qui concerne les
matières qui doivent être produites par Radio-Québec comme
les matières qui doivent être diffusées. Par
Radio-Québec, j'entends la plus haute autorité de
Radio-Québec, à savoir son conseil d'administration.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, une dernière
question additionnelle là-dessus parce que le ministre n'a pas
répondu spécifiquement à la question que je lui ai
posée. Est-ce qu'il a l'intention de demander un avis au tribunal
concernant la constitutionnalité des gestes que pourra poser le
Québec dans le domaine, par exemple, de la câblodiffusion? A la
même question que j'ai posée au ministre des Affaires municipales
lors de l'étude de la loi no 48, le ministre des Affaires municipales
nous a déclaré qu'il était d'accord pour demander un avis
aux tribunaux à ce sujet.
M. L'ALLIER: Si le député de Chicoutimi cherche à
me mettre en contradiction avec le ministre des Affaires municipales, il
faudrait, qu'il me donne le temps de prendre connaissance du débat
auquel a participé le ministre des Affaires municipales sur cette
question. Il me permettra de le faire et de lui répondre, dans ce
contexte, au cours de la semaine prochaine.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Lafontaine,
question additionnelle.
M. LEGER: Question additionnelle, M. le Président, A la suite des
réponses du ministre et à la suite aussi des difficultés
que nous avons eues, le ministre et moi-même, puisque nous étions
du même point de vue sur cela à l'occasion de la commission
parlementaire alors que l'Association canadienne des radiodiffuseurs...
M. LE PRESIDENT: Question! Question!
M. LEGER: ... de langue française...
M. LE PRESIDENT: Question!
M. LEGER: ... était venue présenter...
M. LE PRESIDENT: Question!
M. LEGER: Ma question s'en vient, M. le Président, mais je ne
peux pas...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît! A l'ordre! Il y a eu
une question principale et trois questions additionnelles sur le sujet. J'ai
laissé l'occasion au député de s'exprimer lorsqu'il disait
qu'il avait les mêmes difficultés que le ministre, mais je ne
voudrais pas qu'il nous rapporte ici ce qui s'est passé lors de
l'étude en commission de certains projets de loi.
Actuellement, il reste à peine cinq minutes pour ta
période des questions. Je sais que plusieurs députés ont
d'autres questions à poser. Je demanderais donc au député
de Lafontaine de poser la sienne.
M. LEGER: Le ministre a-t-il l'intention si le ministre ne
comprend pas la question, je pourrai faire mon préambule de faire
siéger la commission parlementaire des Communications avant Noël,
soit pour recevoir d'autres mémoires soit pour étudier article
par article les projets de loi no 35, 36 et 37?
M. LEVESQUE: M. le Président, il s'agit là d'une question
qui peut être posée, en vertu de l'article 114, sur la marche des
travaux de la Chambre. Le député pourra se reprendre à ce
moment-là, s'il le juge à propos.
M. LE PRESIDENT: Après la période des questions.
M. LEGER: M. le Président, étant donné que je n'ai
pas fait de préambule, on n'a pas compris ma question.
M. LE PRESIDENT: Je ne pense pas qu'on avait besoin d'un
préambule.
M. LEGER: Ce que je voulais dire, M. le Président, c'est qu'il y
a des difficultés, actuellement, à présenter ce projet de
loi parce que l'Association canadienne des radiodiffuseurs de langue
française...
M. LEVESQUE: M. le Président, j'invoque le règlement.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
Le leader parlementaire du gouvernement a invité le
député de Lafontaine à poser sa question tout de suite
après la période des questions, avant d'entamer les affaires du
jour. Vous aurez l'occasion, à ce moment-là, de poser toutes les
questions que vous voudrez sur les affaires de la Chambre, sur les intentions
du gouvernement de présenter un bill immédiatement ou à la
prochaine session.
L'honorable député de Richmond.
Retrait de la loi no 63
M. BROCHU: M. le Président, ma question s'adresse au premier
ministre. Suite au débat que nous avons entamé hier à la
commission parlementaire de l'Education, sur le bill 63, et suite à
certains articles manifestant l'intention éventuelle du gouvernement de
retirer le bill 63, je demanderais au premier...
M. LEVESQUE: M. le Président, j'invoque le règlement !
M. BROCHU: ... ministre s'il est en mesure...
M. LEVESQUE: Il s'agit d'une question... M. BROCHU: C'est une question.
M. LEVESQUE: ... qui est déjà...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Une question de règlement.
L'honorable leader du gouvernement.
M. LEVESQUE: M. le Président, on vient de se
référer à un débat en cours, à un projet de
loi qui fait l'objet d'une étude en commission. Je ne crois pas qu'il
sied, à ce moment-ci, de poser cette question, que je considère
irrégulière.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît! A l'ordre!
Je crois que votre préambule était déjà
douteux, puisque vous nous donniez l'impression de poser une question sur une
matière présentement à l'étude. Je vous demanderais
de poser votre question et je déciderai si elle est recevable ou
non.
M. BROCHU: Le premier ministre peut-il nous annoncer, aujourd'hui,
à quel moment son gouvernement a l'intention d'annoncer le retrait du
bill 63?
M. LEVESQUE: M. le Président, j'invoque de nouveau le
règlement, disant que cette question est absolument
irrégulière. Cela fait l'objet de questions qui ont
été discutées hier même en commission parlementaire.
Comme deuxième argument à l'appui de ma thèse, comme je
l'ai mentionné tout à l'heure en réponse à une
question du député de Lafontaine, s'il s'agit simplement d'une
question reliée à la marche des travaux de la Chambre, elle peut
se poser, selon l'article 114, à l'appel des affaires du jour.
M. BROCHU: Une question supplémentaire, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre, s'il vous plait. A l'ordre,
messieurs! Je crois que votre première question était
peut-être hors d'ordre parce que vous n'avez pas à poser au
gouvernement une question pour lui demander s'il a l'intention de retirer le
bill 63. Vous avez vous-même le pouvoir, en tant que
député, de proposer un projet de loi à cet effet. Vous en
avez le droit, vous-même.
Maintenant, je ne peux pas accepter une question supplémentaire
sur une question principale qui a été refusée.
M. SAMSON: M. le Président, est-ce que nous pourrions savoir, en
supposant que nous ayons le pouvoir de déposer un bill pour rappeler le
bill 63, si le gouvernement va voter pour nous autres?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! L'honorable député de
Montmagny.
Gratuité des médicaments
M. CLOUTIER (Montmagny): Ma question s'adresse au ministre des Affaires
sociales. Nous avons adopté , il y a quelques mois, le bill 69. Est-ce
que le ministre peut nous dire si les politiques contenues dans ce projet de
loi, à savoir la gratuité des médicaments pour une
certaine clientère et aussi la gratuité des services dentaires
pour une autre clientèle, seront mises en application bientôt?
M. CASTONGUAY: En ce qui a trait aux soins dentaires, des
négociations se déroulent présentement avec l'Association
des chirurgiens dentistes. On m'a justement fait rapport hier de certains
progrès, et il est dans le domaine du possible que nous puissions mettre
en vigueur cette partie du régime pour le 1er février.
Quant à la question des médicaments, il y avait deux
groupes de personnes visées: les bénéficiaires de la Loi
de l'aide sociale et les bénéficiaires du maximum du
supplément du revenu garanti.
En ce qui a trait aux bénéficiaires de la Loi de l'aide
sociale, l'application du bill 69 constituerait un système plus
efficace, mais ne changerait pas tellement la situation. Les
négociations se poursuivent. Il y a des problèmes assez
complexes, parce que la couverture des médicaments n'est pas une
entreprise facile. Il s'agit aussi d'établir les contrôles
nécessaires pour qu'il n'y ait pas trop d'abus, car nous avons plusieurs
indications à l'effet qu'avec la couverture actuelle de la Loi de l'aide
sociale il y a des abus.
Quant aux bénéficiaires du supplément du revenu
garanti, pour cette partie du régime, nous avons communiqué avec
le gouvernement fédéral, croyant à juste titre, il
me semble que le coût des médicaments pour ces
bénéficiaires aurait pu être partagé en vertu du
régime canadien d'assistance publique. La réponse que j'ai
reçue au cours des derniers jours est à l'effet que ce n'est pas
partageable. Egalement sur ce point-là, nous sommes en discussions avec
le gouvernement fédéral, et, pour cette partie du régime,
nous ne sommes pas en mesure de dire quand nous pourrons la mettre en
application.
M. CLOUTIER (Montmagny): Une question additionnelle. Est-ce
qu'administrativement la Régie de l'assurance-maladie est prête
à mettre en application ces deux régimes?
M. CASTONGUAY: En ce qui a trait aux soins dentaires, pour mettre le
régime en vigueur le 1er février, il faudrait que nous ayons une
certitude, vers le 20 décembre, qu'une entente sera signée. Les
préparatifs administratifs sont faits, mais tout le personnel n'est pas
recruté. Il y a aussi, à partir du moment où une entente
est signée, la programmation nécessaire qui doit être
effectuée.
Présentement, au plan des soins dentaires, tout est prêt,
si nous signons en temps opportun et si nous avons une indication claire
à ce sujet avant le 20 décembre, pour que le régime puisse
entrer en vigueur le 1er février.
Quant aux médicaments, la régie a reçu il y a
longtemps les instructions nécessaires pour mettre en place les
mécanismes administratifs. Mais comme il n'y a pas encore de dates qui
puissent être déterminées de façon précise
pour la mise en vigueur de cette partie du bill 69, il n'y a aucun doute que,
présentement, ce qui a été fait à la régie
est adéquat. Le président de la régie m'assure qu'il a mis
en place tout ce qui peut être mis en place, pas plus non plus, pour que
le personnel soit inutilisé. Alors, dès que nous pourrons fixer
une date, je suis assuré que, sur le plan administratif, tout pourra
être fait, en temps opportun, pour que cette date soit
respectée.
M. LE PRESIDENT: Le député de Saint-Maurice.
Hôpital général de la
Mauricie
M. DEMERS: Ma question s'adresse au ministre des Affaires sociales.
Est-ce que les gens de la Mauricie et de Shawinigan en particulier peuvent
escompter que le ministre, par un effet de sa grande bonté, pourra leur
faire un cadeau de Noël en ouvrant l'hôpital général
de la Mauricie...
UNE VOIX: C'est très local.
M. DEMERS: ...c'est régional, en tout cas... Ce n'est pas
à vous, c'est au président que je formule la question.
M. CASTONGUAY: M. le Président, le député
sait...
M. DEMERS: Vous feriez un très mauvais président.
M. CASTONGUAY: ...que cette responsabilité n'est pas uniquement
la nôtre et que le conseil d'administration pourrait probablement vous
donner la réponse de façon beaucoup plus précise que je ne
puis le faire.
M. LE PRESIDENT: Le député d'Abitibi-Est.
Park Kipawa
M. TETRAULT: M. le Président, ma question s'adresse au ministre
du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche. Est-ce que le ministre pourrait
nous dire quelle est sa politique concernant la réserve ou le parc de
Kipawa situé dans le Nord-Ouest québécois?
M. LEVESQUE: M. le Président, j'invoque le règlement,
même si on peut avoir l'air désagréable à certains
moments. On vient d'avoir une question sur l'hôpital du
député de Saint-Maurice, maintenant sur la réserve de
chasse et de pêche de tel endroit. On a eu, depuis quelques jours, des
questions de ce genre-là.
Je ne voudrais pas avoir à me référer
continuellement à notre règlement, mais il me semble, M. le
Président, que vous aviez donné une directive sur le genre de
questions que vous admettriez, et je ne suis pas pour me lever chaque fois. Ce
n'est pas un reproche que je vous fais, mais j'aimerais bien avoir une
directive sur le genre de questions qui peuvent être posées. Si on
est pour parler de questions locales comme par exemple: qu'est-ce qui arrive
sur la politique de telle réserve, ou sur la politique de tel
hôpital, sur la politique du gouvernement vis-à-vis de telle route
ou telle autre, à ce moment-là on devient un conseil municipal
qui s'occupe évidemment du chemin et de l'hôpital. Mais si la
période de questions est réservée aux questions
d'intérêt provincial ou qui revêtent une urgence ou un
intérêt public tel que cela intéresse l'ensemble des
députés de la Chambre, alors ça devient, à mon
sens, des questions admissibles.
J'aimerais bien avoir une directive à ce sujet-là.
M. BURNS: Sur la question de règlement, M. le Président.
J'interviens parce que ça vise également des questions qui ont
été posées par des représentants de notre parti. Je
pense que ce que confond le leader parlementaire du gouvernement c'est le
phénomène de l'intérêt public et le
phénomène de questions qui se localisent dans une région
particulière. Et si on lit l'article 668, M. le Président, on
peut voir qu'il peut y avoir des questions qui, tout en étant
localisées dans une région particulière, peuvent
être d'intérêt public.
Je lis l'article. "Toute question posée à un ministre doit
se rapporter à quelque matière d'intérêt public
rentrant dans les attributions de la Législature et du gouvernement,
à quelque acte dont le ministre est responsable à la Chambre..."
Quand on parle de "quelque acte", je pense qu'il peut y avoir des actes
d'intérêt public, mais qui sont localisés, qui se posent
dans une région particulière.
Je continue la lecture de l'article: "... ou aux intentions du ministre
ou du gouvernement à l'égard de quelque mesure législative
ou administrative." Or, il arrive très souvent que des questions
administratives soient des questions locales, comme celle qui a trait à
l'hôpital de la région de la Mauricie, ou que ce soient des
questions comme celle que le député d'Abitibi-Est vient de
poser.
Pour ces raisons, je pense que c'est à tort que le leader du
gouvernement tente d'éviter certaines questions qui sont locales mais
qui peuvent être aussi d'intérêt public. Il est
d'inté- rêt public, par exemple, que l'on sache quelle est la
politique du gouvernement à l'égard des
défavorisés, à l'égard des assistés sociaux.
C'est peut-être très local, cela ne vise qu'une partie de la
population, mais c'est d'intérêt public quand même. Pour
cette raison, je soumets que ce genre de questions devrait être permis.
Autrement, à quoi voudrait se référer la fin de l'article
qui dit: ... à l'égard de quelque mesure législative ou
administrative"?
Tout le monde sait que les questions administratives peuvent être
très locales; autrement, je pense que le texte de l'article 668 n'aurait
pas mentionné les mesures législatives ou administratives.
M. LESSARD: Sur la question de règlement, M. le Président,
je voudrais simplement ajouter un mot. Il y a des questions
d'intérêt local qui sont limitées à une
région donnée, mais dont les conséquences peuvent
être provinciales. C'est dans ce sens-là qu'une question comme
celle qui a été posée tout à l'heure par le
député d'Abitibi-Est peut être limitée à une
région donnée, mais les conséquences des
négociations entre le ministère du Tourisme et le gouvernement
fédéral sont, je crois, d'importance provinciale.
M. SAMSON: Sur le rappel au règlement, M. le Président, je
pense que la question posée par l'honorable député
d'Abitibi-Est est parfaitement conforme, surtout si on regarde l'article 668
où il est dit "qu'il est irrégulier, dans une question, de
demander des renseignements sur des matières placées sous la
juridiction exclusive des autorités locales." Or, la question
posée par l'honorable député d'Abitibi-Est est une
question qui peut se rattacher non pas à une localité, mais
à une région qui est quand même de juridiction provinciale.
C'est pourquoi je pense que cette question est recevable.
D'ailleurs, j'ai remarqué aussi que l'honorable ministre semblait
disposé à donner une réponse. C'est donc que la question
peut être posée.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! Je pense bien que ceux qui m'ont
précédé à cette fonction, chaque fois qu'il y a eu
un nouveau président, depuis de très nombreuses années,
ont eu à tour de rôle l'occasion de se pencher sur cette question
assez complexe. Plusieurs ont donné des directives. J'aimerais me
référer à l'ancien député de Westmount, M.
Hyde, qui avait fait une étude assez approfondie de cette question.
Je crois que le député de Maskinongé, lorsqu'il
était ici, a étudiée la question. Il n'est pas facile,
pour un président, de déterminer où commence et où
finit l'intérêt public. L'article 668 semble imposer il
faudrait étudier comment sont placées les virgules et comment il
doit s'interpréter une première condition: "à
quelque matière d'intérêt public."
Cela semble être le point de départ qui peut permettre
d'engendrer une question.
Je ne suis pas prêt à donner une directive cet
après-midi. Dans nos règlements sessionnels, il y a la
considération de l'urgence également, qui n'est pas dans
l'article 668, mais qui a été consacrée par la coutume et
par l'usage.
Depuis que j'occupe cette fonction, j'ai essayé de donner une
certaine latitude en la matière. Je sais qu'il n'y a pas eu d'abus, mais
il ne faudrait pas oublier que, si je permets, par contre, des questions
d'intérêt strictement local sur un bout de chemin ou sur un
problème très localisé dans la courte période d'une
demi-heure, c'est sans doute tous les députés et peut-être
davantage ceux de la gauche qui se plaindront et qui seront les premiers
pénalisés.
On passera par-dessus les grands problèmes d'intérêt
public auxquels nous avons à faire face couramment.
Je ne suis pas prêt à donner des directives aujourd'hui,
j'en ai discuté avec les experts avec qui nous étudions
actuellement les nouveaux règlements de la Chambre. Nous avons
abordé, justement ces jours derniers, une nouvelle définition ou
des nouvelles conditions pour la période des questions. Soyez
assurés d'une chose, messieurs, c'est que, si nous respections à
la lettre les impératifs auxquels je suis lié, autant par le
règlement actuel que par la coutume, il y aurait à peine une ou
deux questions qui seraient permissibles à la période des
questions.
Si nous respections l'urgence et l'intérêt public dans le
sens strict du mot, je pense que la période des questions serait
joliment écourtée. Du fait que nous avons une enveloppe d'une
demi-heure, je permets une certaine latitude. Jusqu'à ce jour, cela a
assez bien fonctionné. Je demanderais votre collaboration, car, si je
permets des questions sur des problèmes locaux, sur des problèmes
qui affectent des individus de façon limitée, les premiers punis
seront les députés et souvent ceux de la gauche qui sont
là justement pour demander au gouvernement une reddition de comptes ou
des renseignements.
Je demande votre collaboration, et je pense bien que le grand principe
est de s'en tenir le plus possible à des questions
d'intérêt public, qui affectent quand même une partie assez
importante de la population.
Si on me parle d'un club de pêche où il y a dix membres et
que je permets une question et trois questions supplémentaires, la
demi-heure va passer joliment vite et d'autres problèmes vraiment
importants ne pourront pas être abordés.
Dans l'ensemble, ce ne sont pas des directives que je donne; c'est une
idée générale. Prenez-en votre parti et, ensemble,
essayons de trouver un modus vivendi qui satisfera tout le monde.
Je permettrai deux courtes questions aux députés de
Saguenay et de Gaspé-Nord.
M. SAMSON: M. le Président, le ministre répondait à
une question du député d'Abitibi-Est.
M. LE PRESIDENT: Allez-y.
MME KIRKLAND-CASGRAIN: M. le Président, pour rassurer le
député d'Abitibi-Est et les députés de la
région, je dirai qu'il n'y a pas de changement de politique en ce qui
concerne la réserve de Kipawa. C'est une fausse rumeur que cette charge
qu'on doit imposer; il n'est pas question d'imposer une charge pour les gens
qui vont utiliser la réserve.
M. LE PRESIDENT: Deux courtes questions.
Parcs de la Mauricie et de la Chaudière
M. LESSARD: M. le Président, je vais rendre ma question
provinciale en la posant de la façon suivante au ministre du Tourisme,
de la Chasse et de la Pêche que nous avons avec nous et qu'il faut
utiliser.
Ma question est la suivante: Le ministre pourrait-il nous dire où
en sont rendues les négociations entre le gouvernement
fédéral, le ministère des Affaires indiennes et son
ministère au sujet des parc nationaux de La Chaudière et de La
Mauricie?
MME KIRKLAND-CASGRAIN: M. le Président, on sait d'abord qu'une
entente est intervenue entre le gouvernement fédéral et notre
gouvernement en ce qui concerne le parc de la Mauricie et qu'il est question,
en ce moment, de légers changements de délimitations de
territoire. Dès que le projet de loi sera prêt, il sera
présenté à cette Chambre et il ne change en rien le
principe du bill qui a déjà été adopté.
Pour ce qui est des pourparlers qu'il a pu y avoir en ce qui
concernerait l'aménagement d'autres parcs nationaux, ils ne sont pas
rendus à un degré tel que je sois prête à faire des
déclarations publiques.
M. LESSARD: Question additionnelle, M. le Président. Serait-il
vrai qu'au sujet du parc de la Chaudière ce serait le ministère
du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche qui retarderait l'entente?
MME KIRKLAND-CASGRAIN: C'est absolument faux.
M. LE PRESIDENT: Dernière question au député de
Gaspé-Nord.
Taxe de vente sur les câbles de télévision
M. GAGNON: Ma question s'adresse au ministre du Revenu. Est-ce qu'il
étudie la déclaration des propriétaires de câbles de
télévision
communautaires, à l'effet que la perception de la taxe de vente
auprès des usagers de ces câbles serait illégale? On sait
que cela cause passablement de préjudices. La plupart ne l'ont pas
perçue et, pourtant, ils sont imposés par le
ministère.
M. HARVEY (Jonquière): M. le Président, la question que
soulève le député de Gaspé-Nord a fait l'objet
d'une étude sérieuse. Il s'agit d'un cas isolé où
le propriétaire du câble en question n'a pas été
informé. Il le prétend. Il a été informé,
comme les autres, au moment où cette taxe a été
élargie, ici, par législation. J'ai répondu,
personnellement, dans un mémoire aujourd'hui, au député.
Il s'agit, tout simplement, d'un propriétaire de câble qui n'a pas
perçu la taxe aux usagers. Il s'agira pour lui, tout simplement,
d'envoyer des comptes à ses usagers et de rembourser le
ministère, puisque tous ceux qui sont détenteurs de câbles
ont payé cette taxe depuis que la loi existe.
M. GAGNON: M. le Président, le ministre m'a mal compris. Je lui
ai demandé s'il avait une déclaration à faire relativement
à la déclaration des propriétaires de câbles de
télévision communautaires, à savoir que l'imposition de la
taxe de vente de 8 p.c. au niveau de toute la province serait illégale.
C'est une déclaration qui a été faite il y a quelques
jours.
M. HARVEY (Jonquière): Je répondrai au
député que je n'ai aucune déclaration à faire
relativement à la déclaration faite par les propriétaires
de câbles.
M. LE PRESIDENT: Affaires du jour. M. LEVESQUE: Article 1.
Motion fixant les heures de séances de la
Chambre
M. LE PRESIDENT: Est-ce que je suis dispensé de lire la motion?
Je vais la lire.
M. PAUL: Article 1?
M. LEVESQUE: Article 1.
M. LE PRESIDENT: Il s'agit d'une motion. Je suis dispensé de la
lire?
M. Gérard-D. Lévesque
M. LEVESQUE: M. le Président, comme à l'habitude, à
la veille de la prorogation de la Chambre, j'ai cru de mon devoir d'inscrire
cette motion du gouvernement afin de déterminer de nouvelles heures de
séances. On verra que la motion se lit ainsi: "Qu'à l'avenir, et
jusqu'à la prorogation de la présente session, la Chambre tienne
une séance tous les jours de la semaine, sauf le dimanche, de dix heures
trente de l'avant-midi jusqu'à ce qu'elle décide de s'ajourner,
avec suspension des travaux de midi trente à deux heures trente de
l'après-midi et de six heures à huit heures du soir, et
qu'à toutes ces séances l'ordre des affaires du jour soit celui
qui est prévu pour le mardi par l'article 115 du règlement."
Déjà, la Chambre avait accepté cette
dernière partie de la motion par une autre motion, qui a
été votée à l'unanimité, pour que la
journée du mercredi soit considérée comme celle du mardi,
c'est-à-dire que les affaires du gouvernement y aient
préséance.
Après consultation avec les partis d'Opposition, nous avons
convenu de modifier légèrement cette motion pour trouver
l'unanimité parmi les membres de cette Chambre. Je propose l'amendement
suivant: qu'à la place de "jusqu'à ce qu'elle décide de
s'ajourner", on mentionne le mot "minuit" ou vingt-quatre heures. Je ne sais
pas ce que la langue française nous indique comme formule prioritaire.
Peut-être zéro, comme l'indique le député de
Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Zéro point zéro.
M. LEVESQUE: Zéro point zéro? M. PAUL: Comme
l'Unité-Québec. M. LEVESQUE: Deux zéros. M. PAUL:
Unité-Québec.
M. LEVESQUE: M. le Président, afin de ne pas retarder la bonne
marche des travaux parlementaires, je n'ai pas l'intention de parler davantage,
comptant que l'unanimité se fera sur ma motion.
M. Rémi Paul
M. PAUL: M. le Président, voici le texte d'une motion
d'amendement que j'avais préparée aux fins de corriger la motion
de l'honorable leader en changeant les mots "jusqu'à ce qu'elle
décide de s'ajourner" par le mot "minuit".
Alors, je voulais, M. le Président, proposer, comme amendement,
que nous ne siégions que jusqu'à minuit.
Disons que j'aurais beaucoup à dire. Je vais démontrer
beaucoup de réserve. Mais j'inviterais, par exemple, les officiers de la
Chambre à ne pas inscrire 0.0 de crainte que le Ralliement
créditiste ne cherche les piastres et les taxes là-dedans!
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Rouyn-Noranda.
M. Camille Samson
M. SAMSON: M. le Président, quant à nous, le
secrétaire de la Chambre pourra inscrire ce qui lui semblera bon. Nous
allons laisser les zéros là où ils sont.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On n'a pas voulu les déranger, ces
gens-là.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Personne n'a parlé de les
déplacer.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. DROLET: Assis... de Chicoutimi.
M. SAMSON: Etant donné que le gouvernement croit bon de nous
présenter cette motion, c'est que nous voulons gagner du temps pour que
ce temps qui nous reste d'ici la période des Fêtes soit le plus
productif possible; et, étant donné que nous voulons collaborer
à cette productivité, je ne parlerai pas plus longtemps pour
permettre au gouvernement de faire du bon travail.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Maisonneuve.
M. Robert Burns
M. BURNS: M. le Président, je tiens à remercier le leader
du gouvernement de s'être rendu à notre demande. Je pense qu'elle
était unanime de ce côté-ci de la Chambre. Je le remercie
pour nous, les députés de l'Opposition, qui on s'en
souvient, lors de la fin de la dernière session nous nous sommes
fait un peu bousculer par les longues heures. Je le remercie aussi dans
l'intérêt du parlementarisme, M. le Président, qui vous
est, personnellement, tellement cher. Je tiens cependant à dire au
leader du gouvernement et aux membres de cette Chambre qu'en ce qui nous
concerne nous avons l'intention d'étudier et d'examiner les projets de
loi au fur et à mesure qu'ils se présenteront avec tout le
sérieux et tout le temps que chaque projet de loi requerra, et ceci peu
importe la venue de la période des Fêtes.
En ce qui nous concerne, nous sommes prêts à revenir
après Noël et, je pense, dès le lundi 27 décembre
nous serons disposés, si nous n'avons pas le temps d'épuiser les
projets de loi qui sont au feuilleton, à revenir et à terminer
dans le calme et la sérénité l'étude des projets de
loi très importants qu'il nous reste à étudier. Je ne
pense qu'à certains d'entre eux, tels, par exemple, le projet de loi no
65, le projet de loi no 48, les bills 35, 36 et 37 des communications. Ce sont
des projets de loi qui vont demander une attention particulière et une
étude approfondie.
Pour ces raisons, M. le Président, je remercie encore une fois le
leader du gouvernement. J'avais peut-être oublié de le remercier
aussi pour les employés du parlement qui doivent suivre les heures des
séances.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Chicoutimi.
M. Jean-Noël Tremblay
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, parlant sur cette
motion, je voudrais faire quelques observations d'ordre général.
D'abord, je pense qu'il n'est pas besoin de féliciter et de remercier le
ministre et leader parlementaire de s'être rendu à notre demande.
Cela n'est que le simple bon sens. Toutefois, nous lui savons gré
d'avoir bien voulu collaborer avec tous les membres de l'Opposition.
Il n'est pas besoin non plus de dire que nous, également, avons
l'intention d'étudier tous les projets de loi avec le plus grand
sérieux et la plus grande attention. C'est peut-être un geste fort
généreux que de proposer que nous revenions le 27
décembre. Quant à moi, je n'ai pas d'objection, je n'objecte rien
à cela étant donné mon état civil. Mais, j'ai
l'impression que bon nombre de membres de cette Chambre de même que ceux
de leurs famille n'en seraient pas tout à fait heureux.
Ce que je voudrais faire observer au gouvernement, c'est ceci: Dans
l'optique de la réorganisation de notre parlementarisme, il sera
absolument important que tous les membres de la Chambre, le gouvernement avec
nous, se penchent sur ce problème de la charge de travail qui est
imposée aux députés. On présente
régulièrement, en pareille circonstance, une motion comme celle
que vient de soumettre le leader parlementaire.
Mais je crois qu'il y aurait lieu vous y êtes, M. le
Président, également intéressé
d'étudier en profondeur le problème des heures de travail des
députés et aussi le problème très important de la
définition des moments où la Chambre doit se réunir et
siéger, c'est-à-dire que l'on doive fixer des dates et des
moments précis d'ajournement, à périodes
déterminées, de sorte qu'il y ait un calendrier de travail pour
tous les députés, pour que nous sachions où nous allons et
que, comme cela se fait dans les universités, dans les écoles,
nous puissions suivre un programme cohérent et que, le moment venu
d'ajourner, même si un projet de loi n'est pas adopté, nous le
reprenions au moment où la Chambre reprend ses travaux.
M. le Président, vous le constaterez avec nous, certains
journalistes qui travaillent très activement ici, à la Chambre,
et suivent les débats avec beaucoup d'assiduité et
d'objectivité, ont déjà écrit sur ce sujet. Je
pense en particulier à un article de M. Girard, dans le journal Le
Soleil, qui s'est penché sur cette question, qui nous rencontre assez
souvent et
qui s'est rendu compte lui-même que la tâche que nous avons
est très lourde, qu'elle est difficile, qu'elle se complique du fait que
nous devons aller dans nos circonscriptions.
Par conséquent, M. le Président, à l'occasion de la
présentation de cette motion, je voudrais que le gouvernement, que le
leader du gouvernement, que tous les membres de l'Assemblée nationale
étudient cette possibilité, à très brève
échéance, d'établir un calendrier de travail fixe afin
qu'une fois pour toutes nous soyons soumis, nous et tous les gens qui nous
assistent ici, à des conditions de travail normales qui seraient mutatis
mutandis celles qui existent dans tous les domaines de l'activité au
Québec.
M. Gérard-D. Lévesque
M. LEVESQUE: M. le Président, je remercie tous ceux qui ont
participé à ce cours débat. Je remercie chacun de sa
collaboration.
Quant à lever le voile sur les travaux que vous présidez
présentement, M. le Président, je n'ai pas l'intention de le
faire. J'attendrai le moment que vous jugerez opportun de faire part à
la Chambre du résultat des travaux très considérables que
vous et votre équipe êtes en train de faire présentement.
Nous espérons que ces travaux seront prêts pour la prochaine
session. Il n'y a aucun doute que nous verrons cette nouvelle
réglementation arriver avec beaucoup de satisfaction.
Je suis conscient, comme mes collègues et leaders parlementaires,
du travail que vous vous êtes donné, vous et vos collaborateurs,
dans l'étude de ces règlements. Nous espérons que vous
pourrez nous faire part de leur contenu afin que, de notre côté,
nous puissions en faire part à nos caucus respectifs.
M. le Président, c'est dans cet esprit, toujours, d'une meilleure
efficacité dans nos travaux parlementaires que j'ai
présenté cette motion. Je remercie tous ceux qui ont
participé au débat de l'avoir compris et d'avoir collaboré
à cette mesure.
M. le Président, si la motion est acceptée...
M. PAUL: M. le Président, avant que la motion ne soit
adoptée, me serait-il possible de poser une question au leader du
gouvernement? Peut-il nous dire si c'est son intention de nous faire
siéger samedi de cette semaine?
M. LEVESQUE: Non, M. le Président.
M. PAUL: Très bien.
Adoption de la motion
M. LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
M. PAUL: Adopté.
UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. LEVESQUE: M. le Président, article 7.
Projet de loi no 86 Deuxième lecture
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Institutions
financières, Compagnies et Coopératives.
M. William Tetley
M. TETLEY: M. le Président, lors de l'ajournement du débat
sur le bill 86, Loi des corporations religieuses, j'étais en train
d'expliquer pourquoi je considérais le bill important pour le
gouvernement du Québec, pour le travail du Parlement et pour le travail
de notre ministère, le ministère des Institutions
financières, Compagnies et Coopératives.
Vous noterez que c'est notre ministère qui sera en charge de
l'administration de la loi aussitôt qu'elle sera adoptée.
J'ai essayé d'expliquer que le but principal de la loi
était de mettre de l'ordre dans les demandes de certaines institutions
religieuses à l'Assemblée nationale. A l'heure actuelle, la
plupart des demandes se font par le moyen d'un bill privé devant la
commission parlementaire des bills privés et publics.
J'ai noté qu'il n'y a pas de système ni de loi sur
lesquels les institutions pouvaient se baser afin de trouver une formule
acceptable à l'Assemblée nationale et à notre
ministère. Le Solliciteur général a décidé
avec le concours de notre ministère et, évidemment, celui
du conseil des ministres c'est son initiative, de préparer un
bill qui noterait à l'avenir pour tout le monde, le gouvernement,
l'Opposition, les institutions et les requérants, les normes, les
standards qu'il fallait expliquer.
C'est la raison d'être du bill. Je trouve que c'est un autre
exemple d'efficacité administrative qui va affecter l'efficacité
parlementaire et même l'efficacité de l'Opposition.
Je dois noter que le bill 86 ne met pas fin aux bills privés.
Quelqu'un qui veut quand même, pour des raisons très personnelles
ou très particulières, présenter un bill privé
aurait toujours ce droit. Donc, il y aura deux moyens d'incorporer une
corporation religieuse: en vertu d'un bill privé ou en vertu de la Loi
des corporations religieuses, le bill no 86.
Il y a en effet un troisième moyen, c'est la Loi des compagnies,
troisième partie. Je note que le député de
Maskinongé et le député de Bagot étaient
prêts à me souligner ce fait qu'il y avait d'autres moyens.
M. CARDINAL: C'est une question que je pose au ministre, parce qu'on ne
peut pas faire autrement que poser une question. Est-ce qu'il n'y a pas
d'autres multiples moyens, comme la Loi des évêques, la Loi des
congrégations religieuses protestantes, et j'en passe? J'en ai
cité un nombre important au moment du discours de deuxième
lecture.
M. TETLEY: Il y a d'autres moyens qui sont tous en effet des lois
très spéciales, mais nous voulons, même pour ces lois,
même pour les bills privés, même pour des requêtes ou
des demandes en vertu de la troisième partie de la Loi des compagnies,
qu'il y ait quelques bornes et les bornes se trouvent dans cette
loi-là.
Lorsque j'étais avocat dans la pratique privée, j'ai fait
plusieurs demandes d'incorporation, toujours en vertu de la troisième
partie de la Loi des compagnies. J'ai incorporé les musulmans de
Montréal et de Québec et du Canada je crois en
vertu de cette troisième partie. J'ai incorporé trois ou quatre
autres religions. Dans mon comté, il y a plusieurs religions. Cela
m'amuse un peu d'écouter des députés qui parlent de 20
paroisses dans leur comté ou de 27 paroisses. Je crois qu'il y a 27
religions dans mon comté.
Je ne veux pas prolonger le débat. Je crois que le bill est
important, que le principe est important et je félicite le Solliciteur
général d'avoir présenté ce bill 86: Loi des
corporations religieuses. Merci.
M. LE PRESIDENT: (Leduc): Alors avar.t que le Solliciteur
général exerce son droit de réplique, je voudrais bien
m'assurer que personne ne veut participer au débat en deuxième
lecture puisqu'après la réplique, personne ne pourra participer
au débat.
Le Solliciteur général.
M. Roy Fournier
M. FOURNIER: M. le Président, lors de mon discours en
deuxième lecture, j'ai donné les raisons qui motivaient et qui
expliquaient le but du bill 86. Ces raisons se rapportaient dans l'ensemble
à l'efficacité administrative. Le leader du Parti
québécois a appuyé d'emblée le principe du bill,
alors que le député de Bagot a souligné certaines
difficultés se rapportant au projet de loi.
Il m'est apparu qu'il s'opposait au principe du bill. Cependant, en
relisant son discours, je crois plutôt qu'il a pensé qu'il
existait dans nos statuts parce qu'il a fait la lecture de plusieurs
d'entre elles en partant du chapitre 304 et suivants suffisamment de
lois, en passant par la Loi des inhumations, la Loi des cimetières
catholiques et toutes sortes de lois, pour qu'il ne soit pas nécessaire
de présenter le bill 86.
Je dois cependant insister pour dire que, depuis plusieurs
années, à répétition, lors de chacune des sessions,
des organismes, des congrégations religieuses n'ont pas cru,
malgré les conseils avisés de leur procureur, que les lois
existantes leur donnaient ce qu'elles désiraient.
Il y a aussi un certain nombre d'Eglises existantes, d'Eglises
fondées qui n'ont pas cru que les lois générales
permettant certaines incorporations leur accordaient les pouvoirs qu'elles
désiraient obtenir. Et c'est pour cette raison, parce que nous avions,
chaque année, des congrégations religieuses, les Soeurs de la
charité, les soeurs de ci, les soeurs de ça, qui se
présentaient et qui demandaient l'adoption, par bills privés, de
lois particulières s'adressant à elles, dont le texte
était généralement rédigé de la même
façon, sur les conseils et les avis des légistes gouvernementaux
de même que ceux de leurs procureurs et que ces lois se
répétaient d'année en année, relativement aux
congrégations religieuses. Il en était de même
d'année en année relativement aux demandes d'incorporation
d'Eglises. Et si je me souviens bien, lors des dernières séances
où il était question d'incorporation de congrégations
religieuses et d'Eglises, il a semblé que le consensus au comité
était qu'il serait probablement mieux d'avoir une loi
particulière, spéciale permettant avec plus de facilité
d'incorporer ces groupements religieux.
C'était la base et c'est la base de la demande. Le
député de Bagot nous a fait passer à travers une
série de statuts, mais chacun d'eux a un but particulier qui n'a pas
toute l'étendue voulue pour permettre l'incorporation des groupements
qui le demandent annuellement.
Lorsqu'on nous parle de la Loi des évêques, il s'agit
d'organismes dépendants de l'évêque et dont la dissolution
apporte certaines conséquences qui ont été
mentionnées. La Loi des évêques ne permet pas
l'incorporation d'Eglises non catholiques. On nous a aussi parlé de la
loi concernant les Eglises protestantes, mais qu'arrive-t-il aux groupements
qui ne sont pas protestants? C'est la situation devant laquelle nous nous
trouvions. Nous nous sommes trouvés, chaque année, devant
diverses demandes.
Etant donné que la loi générale des compagnies
permettait déjà l'incorporation, en vertu de la partie no III des
groupements religieux mais que cette incorporation ne satisfaisait pas ceux qui
faisaient des demandes, nous avons cru bon d'organiser un système en
vertu duquel il y aura incorporation et gouverne par le ministère des
Institutions financières et auquel s'appliqueront les mêmes
dispositions que pour la Loi des compagnies, partie no III, avec les exceptions
nécessaires pour un cas particulier, pour le cas des Eglises et des
congrégations.
Nous n'avons incorporé dans cette loi rien de
particulièrement nouveau. Nous n'avons incorporé que ce que le
législateur, par le comité des bills privés, avait,
d'année en année, accordé comme pouvoirs à ces
congrégations ou à certaines églises. J'ai
été surpris du plaidoyer du député de Bagot.
M. PAUL: Vous ne l'avez pas compris.
M. FOURNIER: Je l'ai nécessairement compris, mais je crois qu'il
a prononcé son discours peut-être un peu trop tard. Il a
tenté de nous faire revivre une certaine série de statuts qui
ne
sont pas satisfaisants parce que, s'ils l'avaient été,
nous n'aurions pas eu de séances de la commission des bills
privés sur des demandes semblables.
Il nous a même entraînés dans certains domaines,
alors qu'il nous a dit qu'il avait lu, relu, rerelu et même rererelu. Je
me demande s'il avait lu en entier certains articles qui s'appliquaient. Il
nous a parlé des dispositions de l'article 353 et il a semblé
vouloir dramatiser, pousser et exagérer un peu le sens de ses paroles.
Pourtant, je crois qu'il était au gouvernement lorsqu'en 1969 l'article
6 de la Loi des compagnies a été adoptée. Cet article 6
contient, en plus d'un premier paragraphe, un second qui se lit ainsi: Les
lettres délivrées par le ministre sous ses seing et sceau ont le
même effet que si elles étaient délivrées par le
lieutenant-gouverneur sous le grand sceau. Cela a été
adopté en 1969.
Je ne sais pas pourquoi il a voulu prétendre, à peu
près, que l'existence corporative qui serait accordée par le bill
86 aurait peut-être un caractère douteux.
J'ai été certainement surpris du mélange qu'il a
tenté d'apporter dans ce débat, débat dont le principe et
le but...
M. CARDINAL: M. le Président, j'invoque le règlement.
J'écoute le ministre avec beaucoup d'attention depuis tout à
l'heure. A quelques reprises, il a semblé tenter de m'imputer des
façons de procéder ou de juger. Il a indiqué que j'avais
parlé trop tard. Or, j'ai parlé immédiatement après
lui. Il vient de dire que j'ai tenté de mélanger l'auditoire de
cette Assemblée. Je demanderais au président de rappeler au
ministre d'avoir la même sérénité et de ne pas
imputer au député de Bagot des intentions qu'il n'avait pas
lorsqu'il citait des textes juridiques. Je sais fort bien que l'article 6
existe parce que c'est une des matières que j'enseigne.
M. FOURNIER: Le député de Bagot, dans son plaidoyer, nous
a mentionné qu'il ne catégorisait pas les nouvelles corporations
dans l'énumération qui apparaît à l'article 353.
C'est pourquoi j'ai pensé que, parce que l'incorporation était
présentement signée par le ministre ou serait signée par
le ministre des Institutions financières, il attachait une importance
capitale aux chartes, tel qu'inscrit dans l'article 353.
De toute façon, nous croyons que cette loi est devenue
nécessaire. Nous tentons de légiférer de façon
à tenir le législateur occupé à des choses et des
lois dont le caractère ne devient pas routinier avec le temps.
C'était un peu la situation qui se présentait relativement
à ces congrégations et ces églises, parce que le texte
lui-même se trouvait toujours rédigé de la même
façon pour son approbation.
Nous avons consulté les autorités religieuses relativement
à la présentation de ce bill. Le projet a reçu un accueil
favorable puisqu'il simplifie et uniformise les droits et privilèges des
différentes congrégations qui se présentent ou se
présenteront à l'avenir, de même que les églises.
C'est en vue de régler un besoin puisque s'il se présente
annuellement une dizaine ou une douzaine d'organismes demandant la même
chose. Pourquoi ne pas légiférer de façon
générale pour permettre ces incorporations par un moyen beaucoup
plus facile, beaucoup plus généralisé et auquel peuvent
avoir accès en tout temps de l'année, les différents
groupements? C'est pour cette raison que nous avons déposé le
bill no 86. Je crois bien qu'en ce faisant nous avons agi dans
l'intérêt de cette Assemblée et dans l'intérêt
des personnes qui auront à présenter des requêtes.
M. LE PRESIDENT (Leduc): Cette motion de deuxième lecture
est-elle adoptée?
M. PAUL: Sur division.
M. LE PRESIDENT: Adopté sur division.
M. LE SECRETAIRE ADJOINT: Deuxième lecture de ce bill. Second
reading of this bill.
M. LEVESQUE: Y a-t-il lieu d'aller en comité plénier?
M. PAUL: Oui.
M. LE PRESIDENT: L'honorable Solliciteur général propose
que je quitte maintenant le fauteuil et que la Chambre se forme en
comité plénier.
Cette motion est-elle adoptée?
DES VOIX: Adopté. M. LE PRESIDENT: Adopté.
Comité plénier
M. LE PRESIDENT (Carpentier): Bill 86, article 1. Adopté?
M. CARDINAL: M. le Président, avant qu'on adopte l'article 1,
est-ce que vous me permettez de poser un certain nombre de questions au
ministre? Ces questions viennent du discours que j'avais fait en
deuxième lecture et qu'il a évoqué tout à l'heure,
et de la réplique qu'il vient de nous donner. Je m'excuse, je vais
tenter de parler plus fort.
Je vais poser une série de questions d'ordre
général pour ne pas retarder le débat quand on arrivera
à des articles particuliers. Il y a dix-huit articles, je pense, dans le
projet de loi.
Est-ce que j'ai bien compris, dans la réplique du ministre, que
le projet de loi n'avait pas été demandé par des
organismes particuliers, mais qu'au contraire le gouvernement avait
préparé ce projet de loi et l'avait, ensuite, soumis à
certaines autorités religieuses qui, d'après la
déclaration du ministre, auraient trouvé qu'il était
acceptable?
M. FOURNIER: Oui, c'est bien cela. C'est le gouvernement qui l'a
préparé à la suite de discussions à la commission
des bills privés. Le député de Maskinongé y a
été présent, comme il est présent, d'ailleurs,
à toutes les séances soit ici ou en commission.
M. PAUL: Je vous remercie. C'est dommage que mes fonctions de
député et de leader ne me permettent pas de continuer à
plaider devant la cour Suprême.
M. FOURNIER: Vu l'accumulation des demandes, le gouvernement a cru bon
d'établir une manière de procéder différente de
celle qui consistait à procéder par bills privés. A la
suite de leur rédaction, des projets ont été
discutés avec les procureurs qui représentent
généralement les corporations religieuses, de même que
soumis à trois organismes dont on a mentionné les noms.
M. CARDINAL: Ce n'est pas le projet de loi qui a été
soumis aux organismes?
M. FOURNIER: Enfin, ce que devait contenir le projet de loi...
M. CARDINAL: D'accord.
M. FOURNIER: ... de façon à satisfaire aux demandes qui
étaient présentées particulièrement par les
organismes.
M. CARDINAL: Alors, je vous laisse continuer.
M. FOURNIER : Il s'agit de la Conférence religieuse canadienne,
du Comité des affaires canonico-civiles et de l'archevêque de
Québec, Mgr Roy, à titre de président de
l'Assemblée épiscopale du Québec. Ces organismes ont pris
connaissance du contenu du projet de loi.
M. CARDINAL: Question additionnelle, dans le même ordre
d'idée. Je remercie le ministre d'avoir apporté ces
précisions. Pendant mon discours en deuxième lecture, il m'a
posé une question. Il m'a dit: Que pensez-vous de la qualité et
de la capacité de l'Office de révision du code civil? Cela m'a
laissé croire que l'Office de révision du code civil aurait pu
être consulté. Est-ce que cela est exact?
M. FOURNIER: Non. Si le député s'en souvient bien, il a
parlé, je crois, pendant cinquante minutes dans un style qui m'a fait
penser, à un moment donné, qu'il tenait, avec une autorité
particulière, à s'opposer au bill, de telle sorte que je me suis
dit: Je vais voir si ses positions peuvent être ébranlables. Or,
après avoir entendu ma question, il a mis un terme à son
discours. C'était la simple raison pour laquelle je posais la question
à l'honorable député qui avait dit: Cela ne tient pas,
etc. Il se souvient de son discours.
J'ai dit: Si le projet de loi était soumis à l'office de
révision et, alors, je crois avoir ébranlé la certitude et
l'absolutisme avec lesquels le député de Bagot, professeur
à l'université, etc., avait étalé sa
thèse.
M. CARDINAL: Merci, M. le Président. Je ne suis pas encore
ébranlé, comme le ministre le voit. Est-ce que je comprends que
les congrégations religieuses, au sens de nos lois
générales actuelles, qui ne sont pas des congrégations
catholiques romaines parce qu'on a mentionné Mgr Roy, on a
mentionné la Commission canonico ...
M. FOURNIER: Civile.
M. CARDINAL: ...civile que je connais déjà, on a
mentionné la Conférence canadienne des évêques, dont
je connais le procureur, d'ailleurs comme les Eglises anglicane,
presbytérienne et autres, qui d'ailleurs ont elles-mêmes une
association dont je ne me rappelle plus, malheureusement, le nom, ont
été aussi consultées? Enfin, cette loi le ministre,
je pense, en est conscient s'applique à toute communauté,
Eglise ou congrégation. C'est-à-dire que cela pourrait aussi bien
s'appliquer aux coptes, aux protestants, aux arméniens, aux catholiques
romains, aux Témoins de Jéhovah, aux Apôtres de l'amour
infini et non seulement aux soeurs de la Charité.
M. FOURNIER: Le directeur du service juridique du ministère des
Institutions financières, service des compagnies, m'indique ceci: Les
autorités des principales dénominations religieuses ont
été mises au courant de même qu'un représentant de
l'Eglise anglicane (peut-être des Eglises unies et de la religion
hébraïque). Il n'y a eu aucune objection.
M. CARDINAL: Vous avez dit peut-être des Eglises unies?
M. FOURNIER: C'est parce qu'il y a une parenthèse. "Les
autorités des principales dénominations religieuses ont
été mises au courant de même qu'un représentant de
l'Eglise anglicane là, il est dit entre parenthèse
(peut être des Eglises unies...)." Je crois que l'interprétation
est celle-ci: C'est que le représentant de l'Eglise anglicane
représentait peut-être en même temps l'Eglise unie et la
religion hébrai-que.
M. CARDINAL: Une dernière question dans l'ordre des
consultations. Le ministre, qui connaît très bien son projet de
loi, sait que ce projet, même si son application est sous la
responsabilité du ministre des Institutions financières,
Compagnies et Coopératives, implique deux autres ministres, à
savoir, dans certains cas, le ministre de l'Education, puisque les corporations
qui seront créées auront, parmi les objets qu'elles pourront
poursuivre, entre autres
l'éducation, et implique aussi, peut-être, le ministre de
la Justice sous certains aspects qui ont été soulignés au
cours de la deuxième lecture. Est-ce que ces deux ministres qui,
évidemment, ont eu connaissance au cabinet du projet de loi no 86 ont
quand même manifesté un souci particulier pour ce projet? Je me
rappelle très bien qu'au début de son discours de deuxième
lecture, le ministre des Institutions financières a lui-même
parlé des soucis de son ministère pour l'application de cette
loi. Rappelons-nous qu'il y a déjà la loi no 56, adoptée
en décembre 1958, qui prévoit des permis, même pour une
corporation créée en vertu du projet de loi no 86 actuel. Est-ce
que le ministre a un commentaire à faire à ce sujet?
M. FOURNIER: Relativement au ministère de l'Education, je dois
dire que j'ai moi-même attiré l'attention du ministre de
l'Education sur les implications du projet de loi et que je n'ai pas eu
d'objection à la présentation du bill no 86. Relativement au
ministère de la Justice, M. Robert Normand, qui est sous-ministre en
chef, en a pris connaissance et il n'a pas fait d'objection au bill no 86.
M. CARDINAL: Si vous permettez, M. le Président, je posais la
question dans un but très précis, dans un but de collaboration.
C'est qu'autrefois, avant que le projet de loi no 86 ne soit
présenté, lorsque des corporations voulaient se créer en
vertu de la troisième partie de la Loi des compagnies ou d'une autre
loi, il était d'habitude que le ministère soit autrefois
le Secrétariat de la province, soit après, l'adoption des
amendements à la Loi des compagnies, le ministre des Institutions
financières soumette au ministre de l'Education le projet du bill
privé pour savoir si ce ministère en particulier avait des
objections à la mise en application d'un bill privé.
C'était pour savoir s'il y avait la même concordance.
M. le Président, je pense que cela répond aux questions
d'ordre général. Les questions particulières maintenant.
Dans l'article 1, on définit "congrégation", "corporation",
"Eglise". Je laisse de côté "ministre", "oeuvre" et
"visiteur".
Je veux dire au ministre qu'en toute sincérité ces essais
de définition ne me satisfont pas totalement. J'ai souligné,
lorsque le ministre des Institutions financières a répondu
à une de mes questions, que le mot "congrégation", par exemple, a
un sens très large.
Evidemment, ici, on dit: "Un ensemble de religieux faisant partie d'une
communauté religieuse". Le mot "congrégation", si je ne me trompe
pas, employé par un anglophone, par exemple, s'applique beaucoup plus
à une Eglise qu'à ce que nous, nous appelons une
congrégation et qui, dans le fond, est une communauté.
Alors, les définitions qui sont là, je les conçois
fort bien, si vous voulez, mais je ne vois pas les différences
essentielles qu'il y a entre congrégation, corporation et Eglise. Je me
souviens que, dans les autres lois que j'ai citées le ministre a
raison, il s'agit des chapitres 304 et suivants des Statuts refondus du
Québec à aucun endroit, dans ces lois qui s'appliquent
à des groupes soit d'Eglises ou de congrégations la
même loi s'appelle la Loi des terrains des congrégations
religieuses l'on ne définit le mot "congrégation" ou le
mot "communauté" ou le mot "Eglise". On s'est gardé de le
faire.
Y a-t-il une raison particulière de mettre ces définitions
qui ne s'appliquent certainement qu'à cette loi? C'est pour les fins de
cette loi. L'article 1 dit: "Dans la présente loi et dans les lettres
patentes et lettres patentes supplémentaires accordées sous son
régime ainsi que dans les règlements faits par les corporations
elles-mêmes, à moins que le contexte n'indique un sens
différent, les mots suivants signifient..." N'y aurait-il pas lieu
je n'ai pas un texte précis à suggérer parce que je
ne veux pas faire des chinoiseries avec cela et couper les cheveux en quatre
de dire: Dans la présente loi et pour les fins de la
présente loi uniquement, tel, tel et tel mots signifient telle chose,
pour qu'un jour, on n'interprète pas d'autres lois?
Je prends l'exemple du visiteur. Le visiteur existe dans la Loi des
évêques. Alors, si le ministre veut me faire une suggestion, avec
son légiste, n'y aurait-il pas lieu de renfermer ces définitions
pour qu'elles ne s'appliquent que pour les fins de la présente loi?
M. FOURNIER: Le but, nécessairement, est qu'elles ne s'appliquent
qu'à cette loi.
M. CARDINAL: Je suis sûr que c'est le but, mais pourquoi ne le
dit-on pas?
M. FOURNIER: Je tente de voir si c'est assez précis.
M. CARDINAL: Je vous laisse le temps d'y songer.
M. FOURNIER: Le député de Bagot ne trouve-t-il pas le
début de l'article 1 suffisant?
M. CARDINAL: On y dit: Dans la présente loi et dans les lettres
patentes et lettres patentes supplémentaires, les mots suivants veulent
dire telle chose. J'ai un doute. Connaissant les membres du milieu juridique
je pense que mon collègue d'en face les connaît aussi
l'interprétation des lois, après coup, est toujours
sujette aux opinions juridiques tant qu'un tribunal ne s'est pas
prononcé.
Je ne tiens pas mordicus à mon amendement. C'est un caveat que je
soumets au ministre pour éviter éventuellement des
difficultés. C'est tout.
M. FOURNIER: On m'indique que la rédaction a été
faite dans le but, nécessairement, de
préciser. C'est pourquoi on a cru bon d'étendre la
portée de l'article 1 en disant: Dans la présente loi et dans les
lettres patentes, ces mots auront ce sens. On a tenté, comme le demande
le député de Bagot, de bien limiter et de bien faire ressortir
qu'il s'agissait de cette loi et des corporations qui se prévaudront de
cette loi. Je crois que le texte est satisfaisant.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Lotbinière.
M. BELAND: M. le Président, en troisième lecture de ce
bill, j'aurai une question, entre autres, relativement à l'article 1.
Etant donné que n'importe quelle faction chrétienne pourra
être incorporée, à l'avenir, ne voyez-vous pas un certain
danger étant donné qu'il semble assez clair que les
institutions ou corporations puisque l'on parle de corporations
soient à but lucratif? Parce que nécessairement, si on parle
d'enseignement privé, n'y aura-t-il pas certains droits de brimés
ou d'enlevés entièrement, si l'on rattache à l'article 1,
évidemment, tout le contexte du bill?
M. FOURNIER: Il s'agit d'incorporation de sociétés
religieuses et les dispositions de la partie III vont s'appliquer. Il s'agit de
corporations dont le but n'est pas commercial. C'est pourquoi on les classifie
dans cette partie III, tout en leur accordant certains pouvoirs particuliers.
Mais je crois qu'il n'y a pas à en douter, il ne s'agit pas de
compagnies ayant des buts financiers et autres. Il s'agit nécessairement
de corporations formées pour administrer les oeuvres, les Eglises et les
congrégations. Je ne crois pas qu'il y ait des difficultés dans
ce sens-là.
M. BELAND: Sur cet article précis, je suis d'accord. C'est
entendu qu'à l'intérieur de la communauté je suis
complètement d'accord. Par contre, il y a cet aspect selon lequel
certaines congrégations ont comme supplément la
possibilité de voir à l'entretien d'une entreprise privée;
en quelque sorte, c'est une entreprise privée que peuvent être les
institutions privées d'enseignement.
M. HARVEY (Chauveau): Qu'est-ce que vient faire là-dedans
l'entreprise privée?
M. FOURNIER: Est-ce c'est à l'article 1?
M. BELAND: Disons que je le rattache à l'article 1, à
cause de toutes les définitions.
M. CARDINAL : Est-ce que je pourrais aider le ministre? C'est l'article
8 qui répond à la question.
M. FOURNIER: Mais nous sommes à l'article 1. Je lui demandais si
c'était...
M. CARDINAL: C'est parce que l'article 8 se réfère
à la partie III, et tout le monde sait que celle-ci ne permet pas des
corporations à but lucratif.
M. FOURNIER: C'est pour cela que je lui posais la question.
M. LE PRESIDENT: Article 1, adopté? Article 2.
M. PAUL: M. le Président, je voudrais demander au Solliciteur
général quel va être le mécanisme de consultation
pour connaître les qualités morales des requérants. Il ne
s'agira nécessairement pas de membres déjà en
communauté. Il pourra se trouver une association de personnes qui
désireront fonder une nouvelle Eglise, une nouvelle religion. Et
l'article 2 dit que le ministre peut, sous ses seing et sceau, accorder des
lettres patentes à tout nombre de personnes n'étant pas moindre
que trois.
Avant que le ministre des Institutions financières, Compagnies et
Coopératives émette ces lettres patentes, est-ce que le
Solliciteur général peut nous assurer qu'une enquête sera
menée pour connaître les qualités morales des
requérants, pour savoir s'il ne s'agit pas d'une association
composée de personnes de réputation douteuse ou de personnes dont
la réputation est déjà entachée, par suite de
dossiers judiciaires ou autres?
Je crois que ce mécanisme d'enquête sans que
ça se fasse avec force publicité a été
déjà appliqué. Alors, je me demande si son
collègue, ministre des Institutions financières, Compagnies et
Coopératives, verra à émettre des directives ou si le
ministère de la Justice va exiger d'être informé de chaque
requête pour qu'il puisse, par la voie des officiers compétents de
son ministère et si nécessaire par les membres de la
Sûreté du Québec compléter l'enquête
qui s'impose.
Je sais que, dans la loi, il y a un article où on parle du
ministère de la Justice.
J'ai voulu poser cette question à l'article 2 parce que c'est
à ce moment-là que le ministre commence à exercer non pas
un pouvoir discrétionnaire, mais un pouvoir de vérification, de
procédure administrative préalable, nécessaire et qui,
étant conforme aux lois existantes, pourra justifier le ministre ou le
fonctionnaire compétent de son ministère d'accorder la
requête d'incorporation demandée.
M. CARDINAL: Est-ce que je peux compléter la question de mon
collègue avant que le ministre me réponde? Je trouve la question
de mon collègue d'autant plus pertinente je sais bien, M. le
Président, qu'on ne peut pas discuter de deux articles en même
temps qu'à l'article 5 on prévoit le cas où il n'y
a pas d'autorité religieuse compétente...
M. PAUL: C'est ça.
M. CARDINAL: ... pour donner une autorisation. Or, l'article 2 donne le
mécanisme, la procédure. Je pourrais compléter ma
pensée en posant la question suivante: Est-ce qu'on a l'intention, au
ministère des Institutions financières, en plus des consultations
avec le ministère de la Justice ou de l'Education, le cas
échéant, de créer un service ad hoc pour les fins de
l'application de cette loi?
M. FOURNIER: M. le Président, je vois le souci qu'ont
apporté les membres de cette Chambre dans l'adoption des bills
privés lorsqu'il s'agissait d'Eglises, etc. Le député de
Maskinongé sait très bien que, dans chaque cas de demandes
d'incorporation d'Eglises, les questions pertinentes étaient
posées relativement à la bonne foi des organismes qui se
présentaient, à la quantité de personnes qui faisaient
partie de la religion qui demandait son incorporation. En plus, d'autres
enquêtes étaient menées par certains ministères
avant l'octroi d'une charte ou l'adoption d'un bill privé.
Dans le cas présent, l'on sait que le ministère des
Institutions financières, avant l'octroi de plusieurs chartes selon la
troisième partie de la Loi des compagnies, fait toutes sortes
d'enquêtes. Je me réfère, en particulier, au cas où
des personnes demandent d'organiser des foyers d'accueil, etc. On demande
l'approbation du ministère des Affaires sociales avant que
l'incorporation ne soit accordée. Dans le cas présent, je suis
bien convaincu que la même chose va se présenter avant l'octroi
d'une charte, parce que le ministre peut refuser ou suspendre et faire toutes
les enquêtes voulues.
Je suis convaincu que l'importance du sujet, vu qu'il s'agit de
congrégations et d'Eglises et que des pouvoirs particuliers leur sont
accordés comme ceux de tenir des registres de l'état civil, va
obliger le ministère des Institutions financières à faire
des enquêtes très approfondies, avant l'approbation ou
l'émission de lettres patentes.
M. CARDINAL: Je poserai une autre question, parce que c'est une
véritable inquiétude et je vais vous dire pourquoi. Vous savez
fort bien, comme juriste, que très souvent, en vertu de la
troisième partie de la Loi des compagnies, qui va devenir le cadre de
cette législation, ce ne sont pas les véritables personnes
intéressées qui sont les trois personnes requérantes.
Très souvent, c'est un conseiller juridique, sa secrétaire, puis
une autre personne, qu'on appelle vulgairement dans le jargon du palais de
justice des "dummies", si vous voulez.
Trois personnes peuvent donc demander l'incorporation et les articles
suivants viennent nous dire, l'article 3 en particulier, que vont devenir
membres de cette corporation les autres qui vont s'y joindre par la suite.
C'est-à-dire qu'il peut fort bien se présenter trois personnes,
qui ne sont là que pour la procédure, la formalité et
qu'on ne sache pas et qu'on n'ait pas le moyen de savoir quelles sont les
autres personnes qui viendront s'y joindre ou qui, surtout, les remplaceront,
parce que la loi le permet certainement.
Alors, c'est ça, l'inquiétude. C'est pourquoi le
député de Maskinongé a posé cette question et c'est
pourquoi j'ai demandé s'il y aurait un service spécial, un
service ad hoc au ministère. S'il y a autant de personnes qui se
présentent devant le ministère qu'il y en avait devant la
commission des bills privés on nous donne ça comme raison
pour présenter la loi le ministère va avoir autant de
travail que la commission des bills privés. Il va falloir qu'il
s'équipe en conséquence et que ces procédures qui existent
déjà dans la troisième partie de la Loi des compagnies,
qui, autrefois, n'était pas faite en vue des Eglises, des
communautés religieuses...
Je ne dis pas qu'il manque quelque chose dans l'article 2, mais est-ce
qu'on peut nous donner l'assurance qu'on ne se servira pas techniquement des
mêmes procédures que suivant la troisième partie où,
dans la grande majorité des cas, les requérants ne sont pas les
intéressés?
La loi dit que n'importe qui peut se présenter sous le nom d'une
future corporation, demander une incorporation, etc. C'est pour ne pas
répéter les articles de la troisième partie.
M. FOURNIER: L'argumentation soumise a certainement du sens, surtout
lorsqu'il s'agit de compagnies ordinaires. On sait que, dans les bureaux
d'avocats, à cause des assemblées des directeurs provisoires,
etc., et les signatures à obtenir, généralement le
personnel du bureau participe et devient le directeur provisoire des
compagnies. Règle générale, lorsqu'il s'agit de compagnies
de la troisième partie, les individus, qui ont en vue cette
corporation-là, bien souvent signent d'eux-mêmes.
M. PAUL: Ce n'est pas une obligation.
M. FOURNIER: Non, je l'admets, mais l'argumentation est plus juste dans
le cas des compagnies financières que dans le cas des compagnies de la
troisième partie.
M. CARDINAL: Au point de vue de la pratique, oui, mais cela pourrait se
produire.
M. FOURNIER: Cela se pourrait. Nous sommes évidemment liés
le ministre sera lié par les dispositions qui
définissent les organismes. Même si l'on permet, à cause
probablement du nombre de signatures si on demandait à tous les
membres d'une Eglise de signer la requête de se limiter au nombre
de trois signatures, ce qui est le nombre régulier et normal pour
l'incorporation, d'un autre côté, vu que ces gens-là ont
l'intention d'obtenir une corporation d'Eglise, à ce moment-là
nécessairement le ministre va s'assurer qu'il y a plus de personnes et
qu'il y a, en fait, un groupe religieux existant avant d'accorder
l'incorporation de l'Eglise de je ne sais quel nom.
Trois est un nombre qui permettra la présen-
tation de la requête, mais sur la foi de la requête, je suis
bien convaincu que seule la requête ne sera pas suffisante pour que le
ministre puisse décider qu'il y a Eglise ou qu'il y a une oeuvre d'une
Eglise ou qu'il y a réellement une congrégation existante et
suffisamment nombreuse pour nécessiter une incorporation.
M. PAUL: Est-ce que le ministre puisqu'il en a discuté
avec son collègue le ministre des Institutions financières
peut nous informer si on envisage la production de documents additionnels au
sein du ministère des Institutions financières quand une demande
d'incorporation arrivera en vertu du projet de loi no 86?
M. FOURNIER: Je me demande si la lecture de l'article 5 n'apporte pas
les précisions que veulent obtenir les honorables députés
de Bagot et de Maskinongé.
M. CARDINAL: Sauf dans le cas où il n'y a pas d'autorité
religieuse compétente. On ne le sait pas.
M. FOURNIER: S'il y a une autorité religieuse compétente,
cela se verra parce qu'il s'agira d'une Eglise composée de 5,000 ou
10,000 membres ou sociétaires. Dans le cas de cinq, on fera une
enquête plus approfondie pour voir si réellement il y a...
M. CARDINAL: Dans le cas des communautés nouvelles qui se
créeraient, congrégations ou Eglises nouvelles, on peut penser
dans nos têtes, sans nommer personne, à certains groupes
d'individus qui ont déjà fondé des Eglises. Le
député de Notre-Dame-de-Grâce mentionnait tantôt
qu'il y avait 27 religions dans son comté. Les gens qui vivent à
Montréal n'ont qu'à y passer pour voir ces petits
édifices, où il y a des noms que je préfère ne pas
mentionner, qui comprennent de très petits groupes, des groupuscules,
qui ont créé une Eglise. C'est pour des fins d'Eglise, des fins
non commerciales, mais on sait qu'aux Etats-Unis et à Montréal,
des groupes semblables, qui s'étaient créés pour des fins
non commerciales, se sont soldés par des scandales parce qu'à un
moment donné, le chef de l'Eglise est parti avec le trésor
épiscopal.
M. PAUL: M. le Président, supposons que l'honorable
député de Lotbinière, l'honorable député de
Rouyn-Noranda, l'honorable député de Dorchester auraient
été les requérants pour demander l'incorporation d'une
compagnie dite les Apôtres de l'amour infini. Je suis...
M. SAMSON : Nous vous la laisserions, celle-là.
M. PAUL: ... certain, M. le Président, qui si on ne regarde pas
le caractère économique, la philosophie économique ou la
pensée économique des requérants, ils sont des citoyens
honorables et on leur décerne les lettres patentes requises.
Mais une fois ces lettres patentes obtenues, ces trois requérants
pourraient être remplacés par des personnes qui ont fait beaucoup
de manchettes dans les journaux, même si c'est au sujet de l'amour
infini.
Comment le ministère des Institutions financières va-t-il
contrôler des qualités morales de tout repos? Il sera
appelé à tenir des registres d'état civil et il ne
faudrait pas que ce soit une porte d'entrée, le vestiaire d'un commerce
nouveau aux mains de la pègre qui pourrait commencer purement et
simplement avec les actes de l'état civil.
Je sais que je pèche peut-être par abus, que je suis
peut-être pessimiste, mais, d'un autre côté, quand on
assiste à la présentation de mémoires aussi
intéressants que ceux qui ont été présentés
à la commission de la Justice sur le livre blanc, nous en apprenons
constamment. Je sais aussi que le Solliciteur général est quelque
peu au courant de l'astuce que déploient aujourd'hui certaines gens pour
s'enrichir par tous les moyens possibles.
C'est tout simplement une invitation à la prudence. Nous
voudrions savoir quel sera le mécanisme de contrôle et
d'enquête pour s'assurer que les requérants de lettres patentes
pour la formation d'une corporation religieuse seront les véritables
intéressés.
Est-ce que, comme le signalait à bon escient, mon
collègue, le député de Bagot, il y aura un service ad hoc
au ministère des Institutions financières? Ne devrait-on pas
exiger des rapports plus constants ou plus réguliers ou des rapports
trimestriels de ces corporations pour être en mesure, tant au
ministère des Institutions financières qu'au ministère de
la Justice, de suivre les actes de tous ces individus?
M. FOURNIER: Le député de Maskinongé a
touché un point extrêmement important lorsqu'il a parlé de
la tenue des registres de l'état civil. Il est entendu qu'il s'agit
là du point qui doit être surveillé puisque certains abus
pourraient, entre des mains non autorisées, se produire. C'est pourquoi
je crois bien que c'est le système lui-même d'enregistrement des
baptêmes, et des inhumations aussi lorsque nous aurons la
crémation, etc. qui devra être changé. Nous apportons une
attention particulière au moyen d'établir des registres
d'état civil, un peu comme cela se fait dans d'autres endroits,
où c'est la naissance qui est enregistrée et où on ne se
trouve pas dans la situation qui se produit bien souvent chez nous sur la
frontière où une personne naît au Québec, est
baptisée en Ontario et cherche par la suite ses documents.
M. BELAND: M. le Président, est-ce que la même
réponse pourrait s'appliquer en ce qui concernerait une corporation qui
serait consti-
tuée, par exemple, de quelques-uns de nos collègues,
à savoir les députés de Maskinongé, Chicoutimi,
"Bagosse", Bagot, et que nous pourrions appeler les Apôtres des
zéros uniquistes? A ce moment-là, la même réponse
s'appliquerait- elle?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. FOURNIER: Je termine sur les questions préliminaires.
M. CARDINAL: J'aurais une question sérieuse à poser, M. le
Président.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Parce que le cas soulevé par le
député de machin, là, c'est déjà
réglé. Eux, c'est la Corporation des imbéciles
universels.
Il vaut mieux ne pas en parler.
M. BELAND: ... la sylvicryptogamie...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! Je demanderais la collaboration
de tous les députés.
M. FOURNIER: J'avais l'intention de compléter la
réponse.
M. CARDINAL: D'accord. Je vous écoute.
M. FOURNIER: L'on m'informe que, de façon
régulière, au ministère des Institutions
financières, les enquêtes se font avant l'émission de
chacune des lettres patentes. Dans le cas présent, on se reporte
à certaines définitions particulières; en vertu de la loi
générale qui permet les incorporations, partie III, on dit: Trois
personnes peuvent demander... Mais là, il va s'agir de trois personnes
qui ont avec elles un groupe de personnes formant une Eglise. Alors,
ncessairement, l'enquête devra se faire dans ce sens-là et non
simplement dans le sens des trois individus.
Pour l'autre question, si l'on craint que les requérants ne
soient que des noms d'emprunt et que, par la suite, ils soient remplacés
par des personnes qui ne seraient pas de bonne foi, la Loi des compagnies
elle-même reçoit application et permet au ministre, lorsque des
lettres patentes ont été obtenues de façon frauduleuse ou
autrement, d'annuler les lettres patentes qui ont été
accordées en vertu de l'article 3 et d'autres articles. Le ministre a
certains pouvoirs de contrôle si, par hasard, trois requérants
obtenaient une incorporation de mauvaise foi et avec de faux documents. Le
ministre pourrait toujours intervenir en vertu de la loi
générale, qui reçoit application.
M. CARDINAL: Si vous me permettez, M. le Président. D'abord, je
suis très heureux de saluer la présence du ministre
concerné. Je lui rappelle, avant ma suggestion, l'importance du travail
qui sera accompli par les fonctionnaires, parce que, dans le fond, ce sont les
fonctionnaires on sait bien que ce n'est pas le ministre lui-même
qui regardent chacun des dossiers. Le ministre ne fait que signer et
donner ses seing et sceau à la fin. Alors, ce serait une bonne
suggestion, je pense, d'accepter de créer un service ad hoc pour
l'application de la loi no 86.
Je reviens maintenant à la réponse du ministre, qui est
plus satisfaisante que la réponse précédente. Il parle des
adeptes qu'il y aura normalement en plus des trois personnes. Est-ce qu'il ne
serait pas sage, dans un des articles pas nécessairement
l'article 2 ou dans des règlements qui viendraient
compléter la loi, que l'on prévoie un nombre minimum
d'adeptes?
M. PAUL: C'est ça.
M. TETLEY: M. le Président, je trouve la suggestion du
député de Bagot fort intéressante et fort
intelligente.
M. CARDINAL: Merci.
M. TETLEY: Ce n'était pas notre intention de donner une charte,
surtout pour la création d'une religion, qui est un
événement assez important au Québec, au Canada ou au
monde, tout simplement à trois personnes. Nous le ferons après
une enquête sérieuse, après que les gens seront venus ici
et auront fait la preuve de leur existence, prouvé si c'est au sujet
d'une corporation religieuse déjà existante ou en partie
existante. Qu'ils fassent la preuve. C'est difficile de fixer une règle
générale parce qu'il y a tellement de cas particuliers.
Nous avons, au ministère, un service d'inspection. Autrefois,
comme vous savez tous, il y avait un service d'inspection pour les valeurs
mobilières, un pour les compagnies et un pour les coopératives.
Aujourd'hui, nous avons un seul grand service et, lorsqu'il y a un vrai
problème, on peut demander à sept ou huit hommes de faire
l'enquête rapidement dans ce domaine.
Ce service sera prêt et à la disposition du service des
compagnies. Nous allons insister pour avoir des preuves très
sérieuses avant d'émettre des chartes. Par exemple, j'ai
refusé récemment trois chartes, cela a été
publié dans les journaux. Mouvement pour la protection des prisonniers
politiques.
Je n'ai pas refusé la charte, mais tout simplement le nom, parce
que je crois que c'est inacceptable comme appellation. Ce serait la même
chose pour un nom comme Mouvement pour l'abolition des rédacteurs du
Devoir. Ce n'est pas acceptable. J'ai refusé aussi deux chartes de
coopérative, parce que ce n'étaient pas des coopératives.
Nos normes sont de plus en plus strictes. C'est une chose qui a commencé
il y a longtemps, même avant que j'aie été nommé
ministre. Je crois que c'est le voeu du
Parlement et non pas simplement du gouvernement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, justement au sujet de
cet article 2, où il est question du nombre de membres: "Le ministre
peut, sous ses seing et sceau, accorder des lettres patentes à tout
nombre de personnes n'étant pas moindre que trois,..." Evidemment,
là, nous sommes dans une optique rigoureusement mathématique.
Nous sommes obligés, à cet article 2, de reposer le
problème qui se posait à l'article 1 : Qu'est-ce que cela va
être, le groupe de trois personnes qui veulent se constituer en
corporation religieuse aux fins de recruter des adeptes? Cela va revenir,
d'ailleurs, à l'article 3, où l'on parle des personnes qui vont
s'adjoindre à ce groupe. Comment le ministre ou, enfin, les
fonctionnaires responsables vont-ils déterminer la qualité des
adeptes, des adhérents? Par quel procédé? Là, nous
ne sommes plus dans un domaine physique; nous entrons dans une sorte de domaine
moral...
M. PAUL: C'est cela.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... où il y a un impondérable
tel qu'une personne, par exemple, peut dire: Je suis catholique, je suis
protestant, je suis juif, je suis membre des Apôtres de l'amour infini,
etc. mais qu'est-ce qui va permettre au gouvernement ou aux fonctionnaires
responsables ou à l'organisme responsable de déterminer que telle
personne, faisant partie de telle association ou congrégation
religieuse, correspond à une définition qui servira de guide au
ministre pour apprécier la qualité des trois personnes, d'abord,
requérantes et, ensuite, des adeptes?
Là, en effet, nous sommes dans un domaine qui est d'ordre moral.
Vous savez, cela ressemble un peu aux problèmes d'un parti politique. Si
on crée enfin, on incorpore, au sens de notre jargon un
parti politique, bien, on dit : Le Parti libéral du Québec. Bon,
d'accord, on sait ce que c'est sur la scène politique comme telle. Mais,
supposons que l'on transpose cela dans le cas de la loi qui nous est
présentée à l'heure actuelle. On dit: Moi, je suis membre
du Parti libéral du Québec. Qu'est-ce qui me dit que la personne
qui est requérante, et celles qui viendront s'y adjoindre après,
aura des qualités qui en feront un membre du Parti libéral du
Québec?
Alors, retransposez le problème dans ce domaine des
congrégations religieuses et, là, c'est beaucoup plus difficile.
Quels vont être les critères, qu'est-ce qui va nous indiquer qu'au
sens de la loi ces gens-là sont des adeptes de cette congrégation
religieuse? J'aimerais que le ministre essaie de préciser cela, parce
que cela va poser des problèmes d'interprétation, des
problèmes d'application de la loi extrêmement difficiles.
M. FOURNIER: Certainement. Nous avons eu, évidemment, des cas
pratiques par les demandes qui ont été faites devant la
commission des bills privés. A chaque occasion, certains critères
semblaient s'établir pour former un consensus avant que nous accordions
notre approbation à la commission des bills privés. Lorsque des
Eglises présentaient leur demande, bien souvent il s'agissait d'Eglises
qui existaient dans d'autres pays et dont on établissait une section
particulière à Montréal ou dans une autre région.
Nous avions aussi le cas d'Eglises existant dans d'autres provinces et qui
avaient déjà des chartes. A ce moment-là, le pasteur ou la
personne en autorité se présentait et, dans la majorité
des cas, on avait tel nombre de sociétaires ou de personnes participant
à leur religion.
En plus de cela, nous avions aussi une enquête sur la bonne foi
des individus. Les enquêtes étaient faites sur ceux qui
présentaient cette demande, à savoir si c'était
réellement le pasteur, si réellement il y avait une construction,
une église, si réellement il y avait une société
qui se réunissait pour des fins religieuses, de sorte que
nécessairement, le ministre des Institutions financières
continuera à appliquer ces critères, alors que c'était le
comité des bills privés qui les appliquait et qui faisait
enquête dans ce sens, pour bien savoir qu'il n'accordait pas le
privilège d'une église à des gens qui n'étaient pas
de bonne foi.
Il y a donc certainement un début de critère parce qu'il y
a des documents, il y a des membres, il peut y avoir des requêtes. On
peut demander la signature des membres.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, j'aimerais faire
observer au ministre que les exemples qu'il donne sont pertinents et peuvent,
je crois, nous éclairer. Dans le cas d'Eglises anciennes, qu'on retrouve
dans divers pays ou dans divers territoires du Canada ou des Etats-Unis
il y a des Eglises constituées, en somme, depuis des siècles
il arrive toujours que dans ces Eglises, comme dans le cas des
congrégations religieuses catholiques, ou ce qu'on appelle les grands
ordres ou les communautés, il y a quand même des documents qu'on
appelle les règles et constitution d'une congrégation religieuse
où se trouvent définis les buts, où se trouvent
définis, en somme, les règlements qui régissent la vie de
ce corps moral qu'on appelle une congrégation religieuse, un ordre ou
une communauté.
Mais dans le cas de ces nouvelles congrégations religieuses qui
ne ressembleraient pas à celles que nous avons connues
séculairement, le ministre exigera-t-il, des requérants et des
personnes qui s'y adjoindront éventuellement, qu'ils produisent, avec
leur requête, un document qui serait l'équivalent de ce qu'on
appelle, dans le droit canon, les règles et constitution d'une
congrégation religieuse?
Vous comprendrez qu'avec le ministre qui est là devant moi et
avec l'autre ministre des Institutions financières, nous pouvons
très bien ensemble constituer une communauté, une
congrégation religieuse et grouper des membres pour des fins qui
seraient louables, enfin, in se et qui, en réalité, nous
serviraient à couvrir certains agissements de commerce ou autres.
Alors dans le cas des congrégations existantes, des vieilles
communautés, des Eglises anciennes, il y a les règles et
constitution. Mais là, quelles exigences le gouvernement aura-t-il pour
qu'il puisse considérer qu'il y a bien création, constitution
d'un organisme à caractère religieux, à fins bien
définies et qui recrutera selon des normes qui seront publiques et qui
permettront au gouvernement de déceler la bonne ou la mauvaise foi de
ces gens?
On peut très bien se réunir sous une raison sociale
quelconque sans, au fond, jamais se rencontrer. On peut légalement
constituer, enfin, si vous voulez, la Congrégation des apôtres de
l'Esprit-Saint et dire: Nous nous inspirons d'une vague philosophie religieuse,
mais jamais, en réalité, nous ne nous rencontrons pour agir. Ce
serait une sorte de religion absolument vague qui n'a pas de corps physique,
qui n'a pas de lieu physique et qui n'a pas de règles et
constitution.
Alors, j'aimerais que le ministre nous dise quelles sont, à cet
égard, les exigences qu'il formulera lorsque des requérants
viendront devant lui et lui demanderont une incorporation? Parce que là,
nous pourrions assister à la naissance de multiples organismes de toutes
sortes qui utiliseraient cette loi pour créer des corps, des
congrégations religieuses appelez cela comme vous le voudrez,
selon les termes du texte de la loi sans que, pour autant, nous soyons
enfin là il faut être responsables autorisés
à leur donner les pouvoirs que la loi veut leur conférer.
M. FOURNIER: Je suis heureux que les députés soulignent
avec insistance ces points où il faut nécessairement des
enquêtes avant l'incorporation de groupements du genre de ceux que la loi
va permettre, mais l'article 2 mentionne bien les buts pour lesquels ces
corporations vont être instituées.
Si, par hasard, il y avait certaines fraudes comme semble le
mentionner l'honorable député je le
référerais à la Loi du ministère des Institutions
financières qui contient des pouvoirs assez détaillés qui
sont accordés au ministre et dont l'article 3 se lit ainsi: "Le ministre
peut, en outre des pouvoirs qui lui sont conférés en vertu de
chaque loi qu'il est chargé d'appliquer, de son chef ou à la
suite d'une plainte, faire toute enquête, interroger toute personne,
exiger tout renseignement, examiner tout document ou pièce, afin de se
rendre compte si un acte frauduleux ou une infraction à la
présente loi, ou à toute autre loi qu'il est chargé
d'appliquer, a été commise ou est sur le point de l'être.
Il peut aussi autoriser par écrit toute personne à faire pour lui
de telles enquêtes."
Cet article avait été adopté à la demande,
je crois, de l'honorable député de Maskinongé. Il donnait
des pouvoirs spéciaux au ministre qui pourrait s'apercevoir qu'il y a
fraude, si réellement le cas se produisait, comme l'a mentionné
le député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je pense qu'il faut aller un peu plus loin. Il
ne s'agit pas simplement de la question de fraude. C'est, si vous voulez, ce
qui se produit après l'incorporation.
Mais au moment de l'incorporation, quels vont être les
critères qui vont permettre au ministre de dire qu'il s'agit d'une
corporation religieuse? Est-ce que le ministre c'est la question que lui
posais de façon précise va exiger de ces gens-là
qu'ils présentent en même temps que leur requête un document
qui soit l'équivalent de ce qu'on appelle dans les religions, dans les
communautés, dans les ordres, les règles et constitution, de
sorte qu'au moins on ait une assurance au départ qu'il s'agit d'un
groupe de bonne foi qui a réellement l'intention de poursuivre les fins
qui sont décrites dans la requête qu'il va présenter et qui
sont définies d'ailleurs par la loi que le ministre propose à
notre adoption?
J'insite là-dessus, parce qu'il y a un aspect physique,
légal et il y a l'aspect moral. Une religion, il faut bien comprendre ce
que c'est. C'est quelque chose que ne se palpe pas. On peut former ensemble un
groupe religieux, mais comment le définir? C'est la raison pour laquelle
je pose cette question au ministre. Est-ce qu'il a l'intention d'exiger
qu'à la requête soit joint un document qui soit
l'équivalent de ce qu'en termes canoniques on appelle les règles
et constitution?
M. TETLEY: Exactement, les règles et constitution, ou un document
équivalent aux règles et constitution va être inclus dans
la charte. Cela peut être dans la charte, ou au moins nous allons
l'exiger. Il y a treize ans, lorsque j'ai incorporé les musulmans, on
m'a demandé des certificats, les règles et l'approbation de
certains chefs de leur Eglise. Aujourd'hui, je crois que nous sommes beaucoup
plus stricts. Nous avons peut-être deux demandes d'incorporation de
religion par année et nous allons demander beaucoup plus que ça
dans l'avenir: une enquête sur place, aussi la présence,
j'espère, des requérants pour faire la preuve de leur existence
véritable et des affidavits. En effet, tout ce qu'il faut. La demande
d'une corporation religieuse catholique n'est pas difficile.
Il faut évidemment un certificat ou une lettre de
l'évêque, parce qu'il est chargé, sur terre et à
Québec, des catholiques romains. Dans une religion non établie,
qui n'existe pas, c'est un autre problème, mais il faut des preuves
aussi sérieuses de leur existence et de la validité de
leur demande.
Enfin, il faut admettre, si le député de Chicoutimi veut
que je l'admette il faut que je l'admette en tout cas que c'est
une question de jugement de valeur du ministre ou des fonctionnaires, avec la
décision appartenant au ministre. Tout comme j'ai dit en novembre
lorsque j'ai parlé en deuxième lecture, mon poste me donne des
soucis. Nous émettons 6,000 chartes par année. J'ai toujours des
doutes au sujet de mes pouvoirs. J'ai toujours des doutes surtout lorsque je
refuse une charte, comme j'ai fait aujourd'hui, ou lorsque je refuse un nom.
C'est toujours un jugement de valeur, "a value judgment" comme on dit en
anglais.
J'ai, comme le Solliciteur général l'a expliqué, le
droit au moins, à la demande de n'importe qui, d'annuler une charte ou
d'en modifier les termes ou le nom, ce que j'ai fait la semaine dernière
dans un certain cas.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je remercie le ministre de ce qu'il vient de
dire. Cela et les observations que j'ai faites, dont le ministre a dit qu'elles
étaient quand même pertinentes, nous permettent de constater
l'importance des observations quand même assez élaborées
qu'a faites, l'autre jour, le député de Bagot.
Certaines personnes ont pensé à ce moment-là que
c'était tout simplement pour faire un spectacle, mais le
député de Bagot se référait à la
codification de nos lois, à un ensemble de lois qui régissent ce
genre de corps. Là nous en créons de nouveaux et il est important
de définir exactement les termes selon lesquels ces nouveaux groupes
religieux pourront être incorporés, tenant compte des usages dont
le député de Bagot a fait longuement état, et à
raison, l'autre jour.
M. CARDINAL: M. le Président, vous permettez une dernière
question, avant que peut-être un amendement ne soit
suggéré. Dans les fins poursuivies par les corporations qui
seront créées en vertu de cette loi, dans les lettres patentes
qui indiqueront ces fins, on brise un peu la coutume. Habituellement dans les
lois déjà existantes, qu'elles soient fédérales ou
provinciales, on parle de fins de religion, de charité,
d'hospitalisation et d'éducation.
Aujourd'hui le texte me surprend un peu, l'on dit: De charité,
d'enseignement et d'éducation. Pourquoi d'enseignement et
d'éducation, où est la différence? En anglais "teaching
and education". On pourrait bien marquer instruction, enseignement,
éducation. Il me semble que là il y a une redondance ou, s'il n'y
a pas redondance, les termes n'ont pas le même sens. Je me demande ce que
ça va être de l'enseignement qui n'est pas de l'éducation
ou de l'éducation qui n'est pas de l'enseignement. Enfin,
peut-être que ça peut aider le ministre, je ne vois pas pourquoi
ce mot est là.
On continue: De religion ou de bien-être.
C'est ce que l'on appelle ordinairement les fins philanthropiques.
J'accepte le mot bien-être qui est traduit par "welfare" mais
enseignement et éducation, "teaching and education", ça me
surprend beaucoup. Je me demande comment interpréter l'intervention du
législateur en faisant cette distinction ou en n'en faisant qu'une et en
faisant un pléonasme.
M. FOURNIER: Il faudrait peut-être consulter le
député de Chicoutimi pour avoir la différence entre
enseignement et éducation, mais je crois qu'il y en a une. J'ai
mentionné au cours du débat tout à l'heure que l'on avait
tenté autant que possible de faire une rédaction selon les
chartes particulières ou les bills privés qui avaient
été accordés, de sorte que ces mots ont peut-être
été ajoutés venant d'autres chartes.
M. CARDINAL: Je suis d'accord avec le ministre. Je pense qu'en fait on a
simplement reproduit le texte omnibus qu'un certain nombre d'avocats ont dans
leur répertoire.
M. FOURNIER: Qui avait été demandé et
étudié précédemment. N'existe-t-il pas une certaine
distinction entre éducation et enseignement?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le ministre me permet de lui faire
une observation? Je vais lui poser une question précise. Il y a,
évidemment, une distinction entre enseignement et éducation.
L'enseignement, c'est la dispensation de connaissances; l'éducation,
c'est la formation intégrale de l'homme, qui peut se faire par
l'enseignement, par l'instruction, etc.
Si le législateur inclut enseignement et éducation, c'est
qu'il a à l'esprit des organismes qui seraient des maisons
d'enseignement, des lieux où l'on pourrait recueillir, par exemple, des
enfants pour leur donner une éducation comme on le fait en famille.
Est-ce qu'il est dans l'intention du législateur de reconnaître,
par cet article 2 de la loi, des corporations dont le but serait de devenir des
maisons d'enseignement et des corporations, d'autre part, dont le but serait de
recueillir, par exemple, des enfants pour les éduquer, les garder comme
on le fait à la maison?
Il faut faire attention, ici. Est-ce que le ministre n'autorise pas la
création de maisons d'enseignement privées par ce projet de loi?
Ce n'est pas pour rien que le député de Bagot insiste sur cette
distinction et exige du ministre des explications. Si vous acceptez qu'il y ait
des corporations dont le but soit l'enseignement, vous acceptez, de ce fait,
que naissent des groupes qui se constitueront en corporation et qui pourront
ensuite ouvrir des maisons d'enseignement. Non pas des "institutions"
d'ensei-
gnement, comme on a coutume de le dire, ce qui est un mauvais terme
puisque l'institution est la structure juridique, tandis que la maison
d'enseignement est le lieu où se dispense l'enseignement.
J'aimerais que le ministre nous dise exactement ici s'il
reconnaît, par ce texte, par les mots "enseignement et éducation",
deux types de corporations: une, par exemple, qui pourrait devenir une maison
d'enseignement privée et, de ce fait, se prévaloir de la loi qui
régit les maisons d'enseignement privées et, d'autre part, des
maisons dites d'éducation qui pourraient se prévaloir des
avantages des lois du ministère des Affaires sociales. Les garderies,
par exemple, sont des maisons d'éducation. Les petites cellules, les
petits modules qui ont remplacé les grands orphelinats sont des
maisons...
M. CARDINAL: Les prématernelles.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... d'éducation et sont souvent, en
même temps, des maisons d'enseignement. Les prématernelles et,
enfin, tout le bazar.
M. FOURNIER: Quant à l'article lui-même, il faut bien le
lire et le préciser. L'article 2 nous dit que trois personnes peuvent
faire une demande en vue d'obtenir une corporation. Cette corporation doit
avoir pour but d'organiser ou d'administrer une congrégation, une oeuvre
ou une Eglise.
Les fins de cette congrégation, de cette Eglise ou de cette
oeuvre doivent être nécessairement soit la charité,
l'enseignement, l'éducation, la religion, le bien-être ou
l'ensemble. Ainsi, la corporation elle-même n'est pas une corporation
d'enseignement; c'est une corporation qui organisera et administrera une
congrégation, une oeuvre ou une Eglise.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Attention! Je pense que le ministre manque un
peu de prudence. Il parle d'une corporation, d'une congrégation...
M. FOURNIER: Une corporation dans le but d'organiser, d'administrer
quoi?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, d'accord.
M. FOURNIER: Une congrégation, une oeuvre ou une Eglise.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, mais supposez que vous, moi et un autre
créions une corporation comme celle-là. Nous nous proposons un
objectif, un but, une oeuvre. L'oeuvre que nous nous proposons d'accomplir,
c'est de faire de l'enseignement. Donc, nous achetons des édifices, nous
organisons des écoles. A un moment donné, compte tenu du nombre
d'adhérents que nous aurions, nous pourrions nous prévaloir de la
loi 56 et dire que nous sommes une maison d'enseignement privée.
Le problème se pose pour les noviciats, par exemple, pour ce
qu'on appelait les juvénats dans le cas de l'Eglise catholique, les
maisons de formation religieuse destinées aux sujets qui veulent devenir
prêtres ou religieux dans telle ou telle communauté ou tel ordre
ou telle congrégation.
Cela existe d'ailleurs aussi dans le cas des Eglises protestantes, des
Eglises juives. Mais si, ensemble, nous formons tel type de corporation et que,
développant cela, donnant de l'expansion à cela, nous nous
occupons d'une oeuvre d'enseignement qui devient assez considérable pour
justifier une demande de reconnaissance de maison d'enseignement privée,
il faut que le ministre nous dise si c'est l'intention du législateur de
reconnaître tel type de congrégation dont l'oeuvre, le but,
l'objectif serait par exemple, à la fin du compte, de créer une
maison d'enseignement privée.
M. TETLEY: M. le Président, je crois que le Solliciteur
général a répondu. Les buts se trouvent dans l'article 2.
Si, par exemple, une corporation religieuse a pour fins l'éducation, la
religion, le bien-être, deux ou trois choses, nous allons demander la
permission au ministère de l'Education comme nous l'avons fait
récemment dans un cas du comté du député de
Chicoutimi. Si l'objet est le bien-être, nous enverrons une demande de
charte au ministre des Affaires sociales. Je me demande qui s'occupe de la
religion, ici, c'est peut-être le whip en chef, je ne sais pas, le
Ralliement créditiste, c'est peut-être moi, un protestant, je me
le demande. De toute façon, c'est notre intention, dans tous les cas,
d'obtenir la permission des ministères impliqués. Je crois qu'il
faut indiquer ces buts-là parce qu'il est possible qu'une corporation
ait plus qu'un but. Je crois que ce n'est pas tout simplement la religion mais
l'éducation aussi, parce qu'en effet c'est l'éducation religieuse
qui est en jeu, surtout pour les Juifs qui ont plusieurs corporations
religieuses pour l'éducation, de quatre à six heures,
l'après-midi.
M. LE PRESIDENT: Adopté?
M. PAUL: M. le Président, je crois que nous avons eu, jusqu'ici,
une étude très sérieuse d'un problème qui est
appelé à changer énormément le mode de formation de
nos corporations ou congrégations religieuses.
L'honorable député de Bagot a attiré l'attention du
ministre parrain de cette loi sur l'usage des termes enseignement et
éducation que l'on retrouve dans l'avant-dernière et la
dernière lignes de l'article 2.
Mon collègue, le député de Chicoutimi, en parlant
d'adeptes, nous a servi un cours de droit canonique. Moi même, j'ai
attiré l'attention du ministre sur le problème de la
nécessité du
contrôle et de la vérification de la valeur morale des
requérants. A chaque fois, on nous a donné une réponse
que, personnellement, je jugerai comme satisfaisante bien que non
complète.
Les brillants conseillers juridiques qui accompagnent le ministre
pourront corriger ce texte, dans le but de couvrir toutes les craintes
possibles que partage sûrement ceux qui ont suivi avec
intérêt la discussion qui s'est déroulée autour de
l'article 2.
Pour éviter, justement, la formation de corporations
d'enseignement privé, pour éviter l'intrusion de la pègre
dans ces nouvelles corporations, pour éviter que nous assistions
à un commerce des actes de l'état civil, j'inviterais le ministre
à considérer sérieusement un amendement qui, je crois, est
motivé par toutes ces raisons et spécialement par le cours que
nous a donné le député de Chicoutimi.
On m'excusera si c'est présenté dans un texte plutôt
résumé ou dans un format plutôt réduit. Je
proposerais donc, appuyé par le député de Bagot,
qu'à la fin de l'article 2, après le mot "bien-être", on
ajoute les mots suivants: "La requête d'incorporation doit être
accompagnée des règles et constitutions de la communauté
ou congrégation." C'est à partir de là que nous allons
être en mesure de juger du caractère véritable des
requérants et que les officiers du ministère des Institutions
financières s'empresseront de juger le texte présenté.
Qu'allons-nous retrouver parmi ces règles et constitution de la
communauté que l'on veut former? Nous assistons alors à une
certaine exigence de la part du ministre des Institutions financières et
si, par hasard, il a des doutes quant à la valeur morale de l'une des
règles ou de la constitution, il pourra immédiatement demander
que cette règle soit radiée et, en même temps, demander au
ministère de la Justice d'étendre l'enquête qui
s'imposerait dans les circonstances.
Je m'excuse si je demande au ministre de bien recevoir le texte de cet
amendement qui, à mon humble point de vue, après en avoir
discuté avec mes deux collègues, pourrait en quelque sorte donner
une certaine garantie morale, une certaine sécurité qui
obligerait à la prudence, à certaines exigences de la part des
officiers chargés de l'application de la loi.
Tout à l'heure, le ministre nous a dit qu'il faisait
enquête, qu'il était extrêmement sévère dans
l'octroi des lettres patentes. Mais le ministre ne sera pas là
longtemps. Avec le remaniement ministériel, il va changer de
ministère. Qui va s'en aller là? Si c'était le ministre,
avec la bonne foi qu'on lui connaît, son franc-parler, son empressement
à répondre aux questions qui lui sont posées, le
zèle qu'il déploie dans l'accomplissement de ses fonctions, si,
en un mot, nous étions assurés de la permanence du ministre
à la tête du ministère des Institutions
financières... Mais il ne fera que passer, et très rapidement,
pour les quelques semaines à venir. Ce n'est donc pas une garantie, ce
n'est pas une réponse d'assurance que nous donne le ministre.
Il ne peut pas nous assurer de sa permanence ou, du moins, de son terme
d'office jusqu'à l'expiration du présent gouvernement,
jusqu'à la dissolution des Chambres.
Voilà pourquoi nous soumettons un amendement qui devrait
être reçu, corrigé pour autant que l'on tienne compte des
excellentes remarques de mon collègue de Bagot et de mon collègue
de Chicoutimi.
M. FOURNIER: Je remercie l'honorable député de sa
suggestion. Il a souligné avec d'autres que les problèmes de la
constitution d'Eglises comme celle-là... L'amendement qu'il
suggère semble valide.
Est-ce qu'il devrait se retrouver à l'article 2 ou à un
autre article? Maintenant, quant aux termes mêmes de l'amendement, il ne
faudrait pas que, lorsqu'on parle de constitution, l'on implique
déjà une autre incorporation.
M. PAUL: Bien, il s'agit des règles et constitution dans le sens
du droit canonique.
M. FOURNIER: C'est pourquoi je crois bien que l'amendement est
acceptable. Que l'honorable député nous laisse quelques instants
pour l'examiner.
M. PAUL: De règles ou de régie interne, comme le disait le
député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, j'aimerais faire observer cela au
ministre. Prenez le cas de l'Eglise catholique; bien, il y a quand même
une incorporation. Pour les communautés religieuses, il y a eu des
incorporations. Elles ont, enfin, un acte constitutif qui, légalement,
les valide en face de la loi. Mais elles ont ce qu'on appelle leurs
règles et constitution. Cela relève du droit canon et c'est ce
qui les régit. C'est ce qui est de régie interne. Le gouvernement
n'a rien à voir à cela. C'est ce qui règle la vie d'une
congrégation religieuse, d'une commuanuté ou d'un ordre. Alors,
c'est de cela dont nous parlons dans l'amendement qu'a proposé le
député de Maskinongé.
M. CARDINAL: M. le Président, pour aider le ministre et
accélérer les débats, je pourrais souligner quelque chose
qui est à cheval sur les articles 2 et 3 et qui pourrait permettre,
enfin, une rédaction définitive de l'article 2. Dans l'article 2,
on parle des "fins" poursuivies par la corporation. Dans l'article 3, on parle
"des objets énumérés à l'article 2". Le
député de Notre-Dame-de-Grâce se rappelle comment nous
avons travaillé sur le projet de loi no 45. Là, il y a une
question de concordance. Pourquoi, dans les articles 2 et 3, n'emploie-ton pas
le même terme pour désigner la même chose? Je soumets
respectueusement ceci en même temps que le texte qui vient d'être
soumis, ce qui permettrait aux légistes de travailler sur les deux
textes en même temps et d'arriver à un meilleur
résultat.
M. FOURNIER: A l'article 3, on réfère à l'objet de
la compagnie. A l'article 2, on dit: L'objet de la compagnie va être la
congrégation, l'Eglise ou l'oeuvre et les fins de ces
congrégations. Est-ce que le mot "objet" pourrait se rapporter à
l'autre?
Maintenant, quant à l'amendement proposé, je ne sais pas.
Nous pourrions passer aux autres articles. C'est simplement pour
l'examiner.
M. CARDINAL: Oui. Le président peut prendre acte que nous
réservons l'article.
M. FOURNIER : Pour ajouter un amendement...
M. CARDINAL: C'est ça.
M. FOURNIER: ... dans le sens de celui proposé par...
M. CARDINAL: Nous pouvons passer à l'article 3.
M. FOURNIER: ... le député de Maskinongé.
Très bien.
M. BELAND: M. le Président, je tiens, quand même, à
donner ma version concernant cet amendement qui vient d'être
apporté, si vous me le permettez, à savoir que, justement, nous
avions constaté qu'il y avait comme une espèce de vide, que ce
n'était pas suffisamment, à notre sens, défini. J'irai
plus loin là, évidemment, vos adjoints pourront
décider à quel endroit exactement l'agencer en disant que
cela se rattache, quand même, également à l'article 5. En
effet, à l'article 5, on dit: "... établir à la
satisfaction du ministre, la vérité et la suffisance des faits
énoncés". Etant donné qu'il y a des faits
énoncés, bien précis concernant, le but que vise la
corporation, à savoir si c'est, par exemple, pour des buts de
charité, d'enseignement, d'éducation, de religion ou de
bien-être.
Nous sommes en faveur de cet amendement, mais à la seule
condition qu'il y ait possibilité de le rattacher d'une façon
satisfaisante ou par référence, en décrivant les
numéros bien précis, pour qu'il n'y ait pas confusion. Que cela
entre exactement à l'endroit où il faut que ce soit, tout en
regardant de façon très attentive la relation avec l'article 3,
de même qu'avec l'article 5.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, la rigueur de la
technique législative nous impose évidemment de faire toute la
concordance lorsqu'elle s'impose.
M. FOURNIER: J'avais une question à poser à l'honorable
député de Maskinongé. Ne croit-il pas que son amendement
devrait venir à l'article 5?
M. PAUL: Non, M. le Président. C'est parce que c'est à
l'occasion du débat de la requête des lettres patentes que nous
avons soulevé...
M. FOURNIER: C'est cela.
M. PAUL: Je n'en fais pas, M. le Président, une requête
absolue pour que ce soit nécessairement inséré à
l'article 2. Je remercie le ministre de constater qu'il y a peut-être des
exigences additionnelles que l'on doit considérer dans ce projet de loi,
d'autant plus que l'on donne des définitions que l'on ne trouvera pas
ailleurs, qui sont spécifiques à ce projet de loi.
Alors, je ne mets aucune objection, en autant que l'on pourrait retenir
l'idée que nous avions, le député de Chicoutimi, le
député de Bagot et moi-même, dans le cours des remarques
que nous avons faites sur cet article.
M. LE PRESIDENT: Article 2, adopté?
M. FOURNIER: Je crois qu'à l'article 5 on dit:
"Préalablement à l'obtention des lettres patentes", on pourrait
l'inscrire là.
M. PAUL: D'accord.
M. LE PRESIDENT: Article 2, adopté. Article 3.
M. CARDINAL: A l'article 3, M. le Président, j'ai fait une seule
remarque. Je la reprends. Le ministre n'est pas obligé de corriger. Je
sais bien la différence dans l'ordre le député de
Chicoutimi dirait de la sémantique entre l'objet et les fins ou
en anglais "the purposes and the objects". Mais je ne vois pas pourquoi on fait
cette différence parce que, dans le fond, à l'article 2, on dit:
Poursuivant des fins de charité, etc. et, dans l'article 3, on se
réfère aux objets énumérés à
l'article 2. Par conséquent, on se réfère à la
même chose. On pourrait donc dire: Pour les fins
énumérées à l'article 2 et pour nulle autre fin. Je
ne veux pas changer le terme du ministre. Je n'en ferai pas une guerre. C'est
purement une question de concordance. J'aime mieux que dans une loi les
mêmes mots, quand on se réfère à un objet
c'est le cas de le dire soient employés.
M. FOURNIER: Tel que mentionné, je crois que objet se rapporte
à la congrégation, église ou à oeuvre dans le cas
présent.
M. LE PRESIDENT: Article 3, adopté?
M. PAUL: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 4, adopté?
UNE VOIX: Oui.
M. LE PRESIDENT: Article 5.
M. CARDINAL: Avec l'amendement. A cause de l'article 5...
M. FOURNIER: Si, à la fin de l'article 5, nous ajoutions: Les
règles et constitution, s'il en est, de l'Eglise, de la
congrégation ou de l'oeuvre...".
M. CARDINAL: Je ne sais pas; je n'agirais pas trop vite et je vais vous
dire pourquoi. Dans cet article très important, l'on admettra que "la
vérité et la suffisance des faits" c'est le texte de
l'article "énoncées dans leur requête", dans l'ordre
pratique, ça va être laissé à la seule
appréciation des fonctionnaires, sauf cas exceptionnel au ministre. Par
conséquent, dans la rédaction de l'article, il faudrait
être très précis et très prudent.
M. FOURNIER: On mentionnait que le ministre devrait avoir ces
documents-là et la fin de la phrase dit ceci: "le ministre reçoit
pour les fins ci-dessus" c'est-à-dire pour s'assurer de
l'existence...
M. CARDINAL: Ah bon!
M. FOURNIER: ..."et conserve en dépôt toutes
dépositions nécessaires faites par écrit sous serment,
dont les règles et constitution, s'il en est, de l'Eglise, de la
congrégation ou de l'oeuvre".
M. CARDINAL: Cela satisfait mon inquiétude juridique.
M. LE PRESIDENT: Article 5 adopté avec amendement.
Article 6 adopté. Article 7.
M. CARDINAL: L'article 7 est important, parce que c'est l'article qui
est peut-être le principe du projet de loi, dans ce sens que c'est cet
article qui crée la délégation de pouvoirs, qui fait
passer de l'Assemblée nationale et du Parlement le pouvoir d'accorder
une charte à trois personnes pour fonder une Eglise, une
congrégation, à un fonctionnaire.
Avant de dire adopté ou non, je voudrais relire une autre
fois.
C'est une disposition qu'on retrouve dans certaines autres lois.
M. FOURNIER: Dans l'article 2, de la Loi des compagnies.
M. CARDINAL: Mais je vais aller plus loin. Dans la Loi du
ministère de l'Education, adoptée en 1964, il est prévu
qu'en l'absence du ministre, ou même le ministre présent, les
sous-ministres ont le pouvoir d'engager le ministère et, par voie de
conséquence, d'engager le gouvernement.
Ici on l'a rédigé autrement, on l'a rédigé
à la façon de la partie IIl de la Loi des compagnies. Nous, nous
déléguons au ministre le soin de créer ces corporations.
Mais l'article 7 dit que le ministre va pouvoir déléguer ces
pouvoirs-là à un fonctionnaire.
M. PAUL: C'est ça.
M. CARDINAL: Alors, l'Assemblée nationale, cet après-midi,
"by implication" délégue cela à un fonctionnaire. Quelle
sorte de fonctionnaire? Un sous-ministre, un chef de service, un abbé,
un cardinal?
M. FOURNIER: Il existe déjà dans la Loi des compagnies ce
pouvoir de délégation...
M. CARDINAL: C'est important, parce qu'il ne s'agit pas de corporations
ordinaires laïques comme sous la partie III.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le ministre...
M. PAUL: Jamais, jusqu'ici, on n'a assisté à la formation
de compagnies, au ministère, dans lesquelles on pouvait retrouver les
pouvoirs de la tenue des registres de l'Etat civil.
M. CARDINAL: De création, de fondation, le pouvoir
d'inhumation.
M. PAUL: ... et tout autre pouvoir... Tous ces pouvoirs, M. le
Président, qui sont conférés à des officiers
publics au sens du code civil. C'est pourquoi mon collègue a raison de
soulever cette objection, non pas parce que c'est déjà inscrit
dans la loi du ministère que l'on doive nécessairement trouver la
même application dans une loi d'exception, même si le ministre nous
a dit qu'en moyenne il y avait peut-être une dizaine de demandes par
année.
M. FOURNIER: Le ministre m'indique quant à lui qu'il n'a pas
d'objection à ce que l'article soit retranché. C'est lui qui aura
à l'appliquer; il a décidé de l'appliquer
lui-même.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président,...
M. TETLEY: En partie.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... au sujet de cet article 7 : Le ministre
peut nommer, sous ses seing et sceau, une personne pour exercer tous les
pouvoirs qui lui sont confiés... est-ce que le ministre se rend compte
parce qu'il ne s'agit pas là de corporations au sens ordinaire du
terme qu'il crée un fonctionnaire ministre des cultes? Il sait
bien que ça revient à ça. Cela a paru drôle l'autre
jour quand on a dit ça.
M. FOURNIER: Le ministre des Institutions financières a
mentionné que relativement à la
présente loi, il est prêt à assumer pleine
responsabilité lui-même, de sorte qu'il ne tient pas...
M. PAUL: Cela, c'est bien.
M. FOURNIER: ... à l'article 7, et c'est lui qui...
M. PAUL: C'est un acte oecuménique qu'il vient de poser.
M. TETLEY: Pardon, M. le Président, je ne veux pas faire toutes
les enquêtes.
M. CARDINAL: Non, non.
M. TETLEY: Je ne veux pas voir tous les requérants dans mon
bureau.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Les évêques auxiliaires.
M. PAUL: Et encore mieux s'il s'agit de requérantes.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le pape a des cardinaux, des
évêques, les évêques ont des auxiliaires, les
auxiliaires ont des chanoines, organisez ça.
M. TETLEY: C'est ça. Donc, je suis prêt à accepter
la responsabilité de la dernière signature...
M. CARDINAL: Oui c'est ça. Comme le ministre de l'Education doit
l'accepter actuellement et comme je devais l'accepter.
M. TETLEY: ... et à être responsable devant la Chambre.
M. CARDINAL: Est-ce qu'on peut faire une suggestion au ministre?
M. TETLEY: Mais pas tous les pouvoirs...
M. PAUL: Le ministre conviendra qu'on lui rend un bel hommage en
exigeant de lui une telle responsabilité.
M. TETLEY: Ah oui! Je vais demander à mon attaché de
presse de venir ici tout de suite.
M. PAUL: Non, non, mais serrez mon dossier.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On vous nomme évêque.
M. PAUL: Serrez mon dossier.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On vous nomme évêque.
M. CARDINAL: M. le Président, est-ce que je peux suggérer
au ministre des Institutions financières, qui prend ses
responsabilités en main de façon si frappante, de
réfléchir jusqu'à huit heures sur l'article? On pourrait
réserver l'article 7 et passer à l'article 8. Il est
déjà six heures moins cinq. Je propose donc que l'on
réserve l'article 7 pour la méditation des deux ministres
concernés.
M. LE PRESIDENT: Article 7, retenu. Article 8, adopté.
M. CARDINAL: A l'article 8, M. le ministre, si je comprends bien
c'est une question que je vous pose il est question des articles 214 et
217 de la troisième partie de la Loi des compagnies, qui peut-être
s'appliquaient ou peut-être ne s'appliquaient pas aux corporations
religieuses.
Ce n'est qu'une question de concordance et je ne vois rien sur
lequel...
M. FOURNIER: Quels articles de la Loi des compagnies?
M. CARDINAL: Les articles 214 et 217, troisième partie.
M. FOURNIER: Il s'agit justement de la formation des compagnies. C'est
en vertu de la constitution en corporations, selon la troisième partie.
Les articles suivants, comme l'article 220, nous réfèrent
à tous les articles qui s'appliqueront à ces corporations.
M. CARDINAL: C'est seulement une question de concordance, je n'ai aucune
objection à l'adopter.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 9? M. CARDINAL: Un instant.
M. BELAND: A l'article 9, M. le Président, j'ai une question
à poser à l'honorable ministre. A l'article 9, paragraphe 3 g),
on peut lire, par exemple, que la corporation peut exercer les pouvoirs
suivants. Là, il y a a), b), c), d) jusqu'à g). A g), on dit:
"Pourvoir à la formation, à l'instruction, à la
subsistance et à l'entretien de ses membres, des personnes à son
service et de celles qui ont quelque relation avec elle."
Le représentant de la corporation, qui s'appelle le visiteur
puisqu'on l'a désigné ainsi plus tôt et qu'il ne
peut pas administrer dans un but lucratif est-ce que, dans le cas
d'institutions privées d'enseignement, il pourra voir à
l'administration générale de cette maison d'enseignement
privée?
M. CARDINAL: C'est au sens du droit canonique.
M. PAUL: C'est au sens du droit canonique.
M. FOURNIER: Le visiteur est une personne qui remplace, vu ses fonctions
et sa personnalité, l'ensemble des membres d'une corporation. Au lieu
d'avoir une assemblée générale, le visiteur pose des actes
que l'assemblée générale poserait. On se
réfère à certains articles. On dit que le visiteur, lui,
doit faire ces choses-là.
C'est une personne qui remplace l'assemblée
générale.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Charlemagne appelait ça les missi
dominici.
M. BELAND: Je pense que ça méritait, quand même, une
certaine explication, puisque l'on dit très clairement, plus haut, que
le visiteur doit administrer une corporation sans but lucratif. Cela
nécessite qu'elle n'ait pas de but lucratif. C'est tout simplement
à ce sujet que l'on doit avoir un peu plus d'explications afin qu'il n'y
ait pas de droits brimés.
M. FOURNIER: Le but lucratif dans une compagnie, c'est de pouvoir,
à la fin de l'année, distribuer des dividendes, séparer de
l'argent et posséder des biens. Une compagnie sans but lucratif, c'est
une compagnie qui a nécessairement des biens, qui paie des salaires,
mais cela ne veut pas dire que l'on divise les biens à un moment
donné.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il est six heures, M. le Président.
M. LE PRESIDENT (Carpentier): Article 9, adopté?
M. CARDINAL: Non, M. le Président. L'article 9 est un article
très important. L'article 7 est réservé. Comme il est six
heures je suggérerais que le comité, s'il y a lieu, rapporte le
progrès qui a été fait et que nous reprenions à
huit heures.
M. BIENVENUE: M. le Président, il n'est pas nécessaire de
faire rapport.
M. CARDINAL: Non.
M. BIENVENUE: Nous suspendons les travaux du comité
jusqu'à huit heures quinze.
M. CARDINAL: Je le savais fort bien. C'était pour manifester
publiquement au journal des Débats que nous avons fait beaucoup de
progrès.
M. BIENVENUE: Je remercie le député de Bagot.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le député de Matane était
présent.
M. LE PRESIDENT: Le comité suspend ses travaux jusqu'à
huit heures quinze ce soir.
(Suspension de la séance à: 18 h) Reprise de la
séance à 20 h 28
M. CARPENTIER (président du comité plénier): A
l'ordre, messieurs!
M. FOURNIER: Etant donné l'inquiétude relativement
à la délégation de pouvoirs indiquée à
l'article 7, j'ai un amendement qui remplacerait l'article par le suivant et
qui imposerait au ministre la signature des documents: "Le ministre doit, sous
ses seing et sceau, signer tout document qu'il est autorisé à
signer en vertu de la présente loi." Ainsi les chartes, pour les fins du
projet de loi no 86, devront porter la signature du ministre lui-même. Il
n'y aura pas de délégation de pouvoirs relativement à
l'émission des lettres patentes. Je crois que ceci rencontre vos
vues.
M. CARDINAL: Ceci rencontre nos vues. Cela peut nous aider, d'ailleurs,
pour l'étude d'autres articles. L'article 7 ainsi amendé, quant
à nous, peut être adopté. L'article 8 est
déjà adopté, je pense.
M. LE PRESIDENT: Article 9, adopté?
M. FOURNIER: Pour revenir à l'article 5, mes légistes me
disent que, lorsqu'on parle de règles et constitution, on veut ajouter
le mot "religieuses".
M. CARDINAL: D'accord.
M. FOURNIER: Cela serait l'amendement à l'article 5.
M. CARDINAL: D'accord.
M. PAUL: Parce qu'autrement certains députés vont croire
qu'il s'agit de la constitution de 1867.
M. FOURNIER: Du Statut de Westminster.
M. CARDINAL: A l'article 9, il y a toute une série de
paragraphes. On pourrait les prendre un à un, etc. On retrouve dans cet
article le ministre en conviendra des pouvoirs habituellement
accordés aux corporations religieuses incorporées soit en vertu
de bills privés, soit en vertu de la Loi des évêques.
Simplement deux dispositions paraissent surprenantes il faut se
rattacher à l'article 7 qui vient d'être amendé
c'est le paragraphe 3 e) qui permet d'établir des cimetières et
le paragraphe 3 f ) si je ne me trompe pas, je dis cela de
mémoire qui permet de tenir des registres de l'état civil.
Ces deux choses, évidemment, sont exorbitantes au droit commun, aux
autres lois qui régissent actuellement les cimetières on
sait qu'il y a trois chapitres des statuts à ce sujet et à
la Loi des registres de l'état civil. Est-ce que l'amendement à
l'article 7 qui oblige le ministre parce que l'amendement dit qu'il
doit créer lui-même les corporations en mettant
lui-même ses seing et sceau au bas des lettres patentes ou des lettres
patentes additionnelles est un correctif suffisant pour que ces
corporations gardent ce pouvoir?
Si je comprends bien, il y aura quand même un fonctionnaire qui
pourrait accorder le droit à des corporations d'avoir ces
facultés exorbitantes.
M. FOURNIER: Le pouvoir inscrit dans la loi à l'article 9
contient une disposition par laquelle la congrégation ou la corporation
pourra avoir un terrain établi comme cimetière pour ses membres
à elle. Les dispositions de la loi concernant les inhumations et les
exhumations vont s'appliquer quand même. Donc, c'est plutôt
limitatif à ses membres et ses bienfaiteurs. Ce ne sont pas des
cimetières ouverts au public en général.
M. CARDINAL: Disons que je vais être d'accord avec le ministre et
peut-être en meilleurs termes en rappelant que l'alinéa 1 de
l'article 9 dit: "Si les lettres patentes contiennent des dispositions
établissant un visiteur, ce dernier doit y être
désigné par la fonction qui lui est reconnue par
l'autorité religieuse compétente. "2. Lorsque les lettres
patentes prévoient l'établissement d'un visiteur...",
c'est-à-dire que si l'on prend l'économie de l'article 9, c'est
lorsque ces pouvoirs sont déjà prévus dans les lettres
patentes. Si, par conséquent, en vertu de l'article 7, c'est le ministre
qui signe les lettres patentes, c'est lui qui aura le droit de regard sur
l'établissement des cimetières et le droit de tenir des
registres. Ceci étant dit, nous sommes satisfaits.
M. FOURNIER: Merci.
M. LE PRESIDENT: Adopté?
M. CARDINAL: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 10?
M. CARDINAL: Question. L'article 10 prévoit un mandat
n'excédant pas six ans. Le ministre sait fort bien que ceci est une
règle religieuse. C'est que concernant les aumôniers ou les
membres...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Les provinciaux, les
généraux.
M. CARDINAL: ...en autorité dans les ordres religieux, il y a non
pas une règle canonique, mais une constitution ou une règle
interne...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est trois ans, la règle permise.
M. CARDINAL: ...qui permet d'établir deux mandats de trois ans,
ce qui donne six ans. La question que je pose au ministre est celle-ci: Comme
cette loi s'applique non seulement aux catholiques romains dont la plupart des
ordres ont cette règle, que je ne connais pas dans les autres religions:
protestante, hébraïque, arménienne, etc., pourquoi est-il
nécessaire de mettre ceci dans la loi alors que la corporation
elle-même qui est communauté, ou congrégation, ou Eglise,
pourrait établir ses propres règles, d'autant plus que l'article
5 a été amendé pour inclure, dans les documents qui seront
présentés au ministre,...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Les règles et constitution.
M. CARDINAL: ...les règles et constitution religieuses? Je ne
vois pas la nécessité d'établir cette limite qui va
s'appliquer, par conséquent, à toute corporation religieuse de
quelque confession qu'elle soit alors que c'est une règle, dans le fond,
que l'on ne retrouve normalement que dans les ordres religieux catholiques
romains et apostoliques.
M. FOURNIER: En vertu de la loi générale, le mandat ne
serait qu'annuel et serait changé. Dans l'article 10, l'on permet,
étant donné cette situation la règle de deux
mandats de trois ans que l'on continue ces traditions. Mais il s'agit
nécessairement d'un maximum "ne peut excéder six ans"
de sorte que c'est une disposition qui change les dispositions
générales de la Loi des compagnies et permet d'étendre
jusqu'à six ans. C'est un maximum. Les autres corporations pourront en
bénéficier si elles le veulent mais, comme mentionné par
le député, il s'agit surtout des corporations religieuses qui
étaient visées dans l'article.
M. CARDINAL: Mais enfin, cela lie toutes les corporations. Cela donne le
pouvoir à la corporation appelons-la communauté,
congrégation ou Eglise d'avoir un mandat d'un an pour ses membres
ou de deux ans, ou de trois ans, ou de quatre ans, ou de cinq ans,
n'excédant pas six ans.
M. FOURNIER: Six ans.
M. CARDINAL: Cela veut dire que je ne sais pas dans
l'Eglise anglicane, par exemple, celui qui est la haute autorité peut
avoir un mandat à vie. Il y a un problème.
M. FOURNIER: A ce moment-là, il serait limité. Maintenant,
nous n'avons pas reçu de remarques particulières au cours des
discussions avec les différentes corporations religieuses autres que les
catholiques, relativement à cet article.
M. CARDINAL: Evidemmemt, elles peuvent
toujours utiliser d'autres lois pour passer par un bill
privé.
M. FOURNIER: La possibilité n'en est pas enlevée, mais
nous tentons d'éliminer, autant que possible, les bills privés
par cette loi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Quand le ministre dit qu'on ne lui a pas
fait-d'objection à ce sujet, de façon générale,
tout d'abord, il faudra distinguer nous ne ferons pas de cours
là-dessus les ordres, les congrégations et les
communautés. Dans les ordres les Bénédictins, par
exemple l'abbé est élu à vie. Par
conséquent, le terme de six ans ne compte pas. Alors quand j'ai
demandé, ce soir, avec mes collègues, de faire adjoindre les
règles et constitution, c'est que je prévoyais cela. Dans le cas
des Jésuites, le général est élu à vie. Dans
d'autres communautés, c'est un triennat. D'autres fois, c'est un
septennat. Parfois c'est sept ans, pas toujours six ans. Alors, je me demande
exactement, dans le cas des congrégations religieuses catholiques, si
cette limite de six ans répond à ce que sont les règles et
constitution. Je ne vous parle pas des congrégations de femmes,
où c'est spécifié, parfois deux ans, trois ans, six ans
sept ans et jusqu'à neuf ans.
Je crois donc que le ministre devrait tenir compte des observations que
vient de faire mon collègue.
M. FOURNIER: Les ordres peuvent avoir certaines réglementations
internes, canoniques ou autres, mais ce que nous tentons d'organiser, c'est la
corporation elle-même dans ses activités, jusqu'à un
certain point économiques aussi. Dans le cas présent, nous
croyons que nous prolongeons déjà jusqu'à une
période de temps pas mal longue, en mettant six ans pour le conseil
d'administration.
M. CARDINAL: J'aurais pu, à titre de suggestion, proposer comme
amendement que l'article 10 soit modifié en enlevant après les
mots "de ses membres" tous les mots qui suivent et en mettant un point à
la place de ces mots-là.
Si le ministre a des raisons très sérieuses de vouloir
garder les mots "qui ne doit pas excéder six ans", je n'en ferai pas une
guerre, mais je ne suis pas encore convaincu de la raison de ce terme maximum
de six ans.
M. FOURNIER : Le député ne trouve-t-il pas que l'extension
de un à six ans est déjà un terme pas mal long pour les
nominations? Parce qu'il s'agit en fait d'une corporation...
M. CARDINAL: Depuis combien de temps l'honorable Solliciteur
général est-il en cette Chambre?
M. FOURNIER : Un peu plus de six ans.
M. CARDINAL: Est-ce qu'il aimerait qu'on le limite à six ans?
M. FOURNIER: Non, mais j'ai été sujet à des
élections, comme les autres membres d'ailleurs. Nous croyons que six ans
c'était déjà un temps assez long puisque la limite serait
annuelle autrement.
M. CARDINAL: S'il n'y a pas eu d'objection des autorités que vous
avez consultées et que vous avez mentionnées cet
après-midi, comme ce n'est pas une question de fond mais purement une
contrainte dans un domaine administratif, je laisse le soin au ministre des
Institutions financières de subir les conséquences non pas
le Solliciteur général, qui est parrain de ces
problèmes. C'est tout.
Je voulais simplement souligner que certains problèmes pouvaient
se produire.
M. LE PRESIDENT: Article 10, adopté?
M. CARDINAL: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 11?
M. CARDINAL: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 12?
M. CARDINAL: Un instant, à l'article 12 il y a deux questions,
une question de fond et une de forme.
La questio.n de fond. Je sais bien que dans la Loi des
évêques ce pouvoir d'accepter des fondations existe. Je sais bien
que dans la plupart des projets de loi privés qu'on appelle bills
privés on a accordé, depuis probablement les années
1950 et 1951, ce pouvoir, un pouvoir assez surprenant et qui n'a pas toujours
plu à bien des gens. Je ne me ferai pas le défenseur des
sociétés de fidéicommis, je sais bien qu'en vertu des
articles 981 a) et suivants du code civil tout individu peut, par acte entre
vifs ou à cause de mort, constituer une fiducie qui peut être une
fondation pour des fins poursuivies par les communautés,
congrégations ou Eglises dans cette loi. Cependant, ça me frappe
que sur le fond, on accorde d'une façon générale ce
pouvoir d'établir un fonds pour fins religieuses, charitables,
éducatives ou d'assistance si je veux employer ce terme
qui soit perpétuel parce que si les hommes meurent les fondations
demeurent.
Je ne peux faire autrement, encore une fois, que de manifester envers le
ministre mes craintes que l'on ne donne à ces corporations un pouvoir
très important qui permette d'acquérir des fonds qui ne sont plus
dans le commerce, qui sont immobilisés. Cela permettrait à ces
corporations, communautés, Eglises ou congrégations, non
seulement d'acquérir, mais d'accumuler des fonds qui peuvent devenir
très importants, surtout si on relie ça aux articles
subséquents que nous lirons sur la dissolution des ces corporations.
C'est la question de fond. Si le ministre me le permet, M. le
Président, je parle maintenant
de la question de forme. A la 7e ligne, je m'interroge sur le mot
fondateur dont la traduction anglaise est "donor". Dans le code civil, on ne
parle ni de fondateur ni de "donor". Quand on parle de fiducie, on parle de
celui qui constitue la fiducie, enfin du constituant de la fondation. Le mot
"founder", à part ça, en anglais je ne suis pas
parfaitement bilingue, peut-être me parait beaucoup plus
être la désignation de quelqu'un qui fonde une ville. J'ai
donné comme exemple, en deuxième lecture, que "Champlain is the
founder of Quebec, I mean Quebec City". Mais là je me demande s'il n'y a
pas de concordance avec des termes que l'on emploie normalement, lorsqu'on
parle d'actes constitutifs de fondations ou du constituant, des fiduciaires et
des bénéficiaires en français.
Alors j'interroge, par les oreilles du ministre, ses légistes.
Donc, sur la question de forme et de fond, j'aimerais avoir une réponse
du ministre.
M. FOURNIER: Quant au fond, le député sait très
bien que ces corporations religieuses, règle générale,
vont jusqu'au point de solliciter bien souvent des fondations. Dans chacune des
demandes qui nous étaient présentées relativement à
ces corporations, il y en avait toujours une à l'effet de pouvoir
recevoir, accepter et administrer, comme fiduciaire des fondations. Etant
donné que cela était accordé aux corporations qui en
faisaient la demande par bills privés, nous avons cru bon de l'appliquer
à toutes celles qui seraient constituées en vertu de la
présente loi.
Pour ce qui est des mots, le texte...
M. CARDINAL: Est-ce que je pourrais faire une suggestion sur les mots?
Pourquoi l'article français ne se lirait-il pas:
La corporation peut accepter des fondations, pour fins religieuses,
charitables, éducatives ou d'assistance et être saisi comme
fiduciaire au sens du code civil, légataire ou donataire, des biens
donnés ou transmis par donation, testament ou autrement par le donateur
ou le testateur.
M. FOURNIER: Vous avez parlé tout à l'heure du mot
anglais.
M. CARDINAL : Pour le mot anglais, je laisse le soin au ministre des
Institutions financières de m'assister.
M. FOURNIER: C'est parce qu'en anglais, c'est "donor", je crois.
M. CARDINAL: "Donor", oui.
M. FOURNIER: Ce n'est pas "founder", en anglais.
M. CARDINAL: C'est cela.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le mot "fondateur" n'est pas du tout
français dans ce sens.
M. CARDINAL: Je fais une analogie entre le mot "founder" et le mot
"fondateur". Le mot "fondateur" a son équivalent qui est "founder". Dans
le texte anglais, on n'a pas employé le mot "founder" parce que cela
n'aurait pas eu de sens. Ce n'est pas plus sensé d'employer le mot
"fondateur" dans le texte français.
J'ai procédé a fortiori, si vous voulez, ou par une
argumentation caricaturale.
M. TETLEY: Par reductio ad absurdum.
M. CARDINAL: C'est cela. M. le Président, qu'on écrive "le
constituant de la fondation" ou "le créateur de la fondation".
M. FOURNIER: C'est parce que le service de la traduction a
apporté certaines modifications. C'est ce que nous regardons
présentement.
M. CARDINAL: Ah bon!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le mot "fondateur" n'existe pas dans ce
sens-là.
M. TETLEY: Il faut rédiger la loi tout simplement en anglais.
M. CARDINAL: Ce serait plus clair.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On appliquera cet article-là aux
Anglais.
M. FOURNIER: Le service de traduction a suggéré "founder"
pour le mot anglais. Je suggérerais la modification en anglais,
quoi?
M. CARDINAL: J'aimerais mieux qu'on laisse "donor" et qu'on
écrive "le créateur de la fondation". J'en appelle à mon
savant collègue et juriste, le ministre des Institutions
financières qui est parfait bilingue.
M. FOURNIER: Nous n'avons pas d'objection à "créateur de
la fondation".
M. CARDINAL: Alors, on va dire "créateur de la fondation" et on
laisse "donor" en anglais. Adopté avec amendement.
M. LE PRESIDENT: Article 12, adopté avec amendement.
M. BELAND : M. le Président, avant d'adopter cet article,
j'aurais quelque chose à mentionner. A mon sens, il manquerait quelque
chose à un endroit bien précis.
Je m'explique. On dit: "La corporation peut accepter des fondations pour
fins religieuses, charitables, éducatives ou d'assistance." Etant
donné que, plus haut, nous avons dit, d'une façon bien
précise, que le mot enseignement
devait être complètement séparé du mot
éducation, je me demande si on ne devrait pas inclure bien
spécifiquement, après le mot éducatives, le mot
d'enseignement également.
Cela pourrait se lire: "La corporation peut accepter des fondations pour
fins religieuses, charitables, éducatives, d'enseignement ou
d'assistance."
Une fondation peut être instituée pour des fins très
diverses. Nous avons les fins mentionnées: religieuses, charitables,
éducatives ou d'assistance, mais il peut y avoir des fondations
instituées dans un but bien déterminé, soit celui de voir
à l'enseignement de quelques personnes en particulier.
M. CARDINAL: Je m'excuse auprès de l'honorable
député, mais le droit fiscal et québécois et
canadien défend l'établissement de fondations pour de
l'enseignement à un individu en particulier, qu'il soit parent ou
étranger du constituant de la fondation. Moi-même, j'ai fait la
même constatation que le député. On n'a pas employé
les mêmes termes que dans les articles 2 et 3, mais probablement que
l'honorable Solliciteur général a, tout simplement, repris la
jurisprudence qui veut que, pour que la fondation puisse avoir des biens qui ne
soient pas imposables, il n'y a que quatre fins admises par le droit fiscal et
la jurisprudence, ce sont des fins d'éducation, de religion,
d'assistance et d'hospitalisation.
M. FOURNIER : Il faudrait s'en rapporter au fait que le mot enseignement
qui apparaît précédemment se rapporte aussi à
l'article 9 g) qui a trait à la formation des personnes qui sont dans
l'établissement, de sorte que je ne vois pas la raison d'être de
la modification.
M. BELAND: A ce moment-là, M. le Président, j'aurais
encore une question à poser au ministre. Je voudrais savoir,
étant donné que ce n'est pas permis par une loi bien
spécifique, jusqu'à quel point le sens que l'on donne au mot
enseignement peut être exploité par des fondations si on le laisse
exactement comme il est là, dans le sens d'éducation.
Le mot "éducation", en somme, c'est vague. Jusqu'à quel
point le mot "enseignement" peut-il être inclus à
l'intérieur...
M. FOURNIER: C'est entendu qu'à l'intérieur du mot
"éducation" il existe jusqu'à un certain point l'enseignement.
C'est entendu qu'il existe là-dedans. Mais nous ne croyons pas que pour
fin de fondation, nous devrions inclure le mot "enseignement". Le mot
"enseignement", qui était inclus précédemment, se rapporte
un peu à l'article 9 g) où l'on parle de la formation des
personnes qui sont membres de la congrégation, les postulantes et toutes
celles qui sont là-dedans. De sorte que pour les fins de fondation,
argent mis à la disposition de la congrégation par des personnes
bien inten- tionnées dans tel but, nous ne croyons pas devoir
étendre la portée de l'article en incluant le mot
"enseignement".
M. BELAND: Je l'ai bien constaté, évidemment, à
l'article 9, paragraphe g). C'est inscrit "de ses membres". Cela veut dire que,
spécifiquement, cela va être strictement les membres d'une
congrégation quelconque. Cela veut dire qu'il n'y a pas
possibilité, par exemple, si un voeu est émis par une
congrégation, de voir à l'enseignement ou de payer l'enseignement
de quelqu'un autre que ses membres.
M. FOURNIER: Pas à même la fiducie.
M. BELAND: Il n'y aura aucune possibilité.
M. FOURNIER: Ce sont des fiducies pour fins d'éducation, etc.
M. BELAND: Mais, justement, vous ne voyez pas la nécessité
d'y inclure quand même une nuance, afin que s'il y a un voeu dans ce
sens, les personnes puissent, justement, s'en prévaloir?
M. HARVEY (Chauveau): Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 12, adopté?
M. BELAND: Un instant, M. le Président. Je pense...
M. FOURNIER: J'ai dit que je ne croyais pas que nous devrions amender
l'article pour ajouter le mot "enseignement".
M. BELAND: D'accord. Disons que j'accepte les paroles du ministre. Mais
je tenais à ce que ce ne soit pas le député de Chauveau
mais le ministre qui me réponde.
M. LE PRESIDENT: Article 12, adopté. Article 13?
M. CARDINAL: Un instant. A l'article 13, on conçoit très
bien que c'est la situation qui règne présentement ou les
enseignants, par exemple, qui sont membres d'ordres qui ont fait voeu de
charité, remettent nécessairement leurs biens à la
corporation. On aura une règle semblable d'ailleurs concernant l'article
1056 qui viendra plus tard.
M. FOURNIER: Sauf que nous précisons la date où cela prend
fin. Cela clarifie beaucoup la situation.
M. CARDINAL: Oui, oui. Il n'y a aucun problème.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 14? Adopté.
M. CARDINAL: Oui, l'article 14 est adopté,
mais je voudrais avoir une explication pour que tout ceci soit
très clair. C'est une disposition que l'on retrouve souvent dans les
corporations créées en vertu de la Loi du travail si je ne
me trompe, enfin une loi du même genre. Le dernier paragraphe semble
exorbitant, à l'article 1056 du code civil, mais je crois qu'à
cause de l'article 13, il y a une logique qui fait que si la personne, de son
vivant, a cédé ses droits, s'il arrive un accident qui lui
accorde une indemnité pour perte de salaire, par exemple je
pousse la logique jusque là la même règle doit
s'appliquer. C'est bien ce que je dois comprendre?
M. FOURNIER: Le raisonnement est très juste. Et l'article 13 sera
la base du bénéfice que pourra avoir la corporation.
M. CARDINAL: D'accord.
M. LE PRESIDENT: Adopté?
M. CARDINAL: Oui.
M. LE PRESIDENT: Article 15? Adopté?
M. CARDINAL: Un instant.
M. FOURNIER: Vous voulez des explications?
M. CARDINAL : Il y a sûrement une explication, je vais attendre le
ministre. Bon, le ministre ne l'a pas. Dans son discours de deuxième
lecture, à moins que je l'aie mal saisi, le ministre a semblé
dire qu'il n'y avait pas tellement de lois générales ou
spéciales qui permettaient de créer ces corporations. C'est
pourquoi on passait par bills privés. Disons que j'oublie ceci. Nous ne
ferons pas de discussion sur nos deux discours. Mais ce qui me surprend, c'est
qu'on dit: "Toute corporation constituée en vertu d'une loi
spéciale ou d'une loi générale...". Quand on parle d'une
loi spéciale, est-ce qu'on veut dire, par exemple, un bill privé
ou si l'on veut dire une loi comme la Loi des évêques ou
d'autres?
Qu'est-ce que les légistes, dans leur rédaction, ont voulu
dire?
M. FOURNIER : J'interprète les mots "lois
générales" comme étant la Loi des évêques qui
permet la constitution de corporations. Quant à la loi constituant la
congrégation ou telle ou telle Eglise en vertu de bills privés,
ce serait une loi spéciale s'appliquant particulièrement à
cette corporation. Lorsqu'on parle de lois générales, ce sont des
lois qui ont une portée générale et qui peuvent permettre
la création d'autres corporations.
M. CARDINAL: Est-ce que le ministre peut me donner un exemple d'une de
ces lois spéciales? Veut-il parler des bills privés
déjà adoptés?
M. FOURNIER: Nous avons une série de lois spéciales
créant de nouvelles Eglises par bills privés. Ceci serait des
lois spéciales.
M. CARDINAL: Ce sont des bills privés adoptés au
cours...
M. FOURNIER: Ou bills privés qu'ils ont adoptés.
M. CARDINAL: ...des années précédentes. M.
FOURNIER: C'est ça.
M. CARDINAL: La réponse me satisfait, M. le Président.
M. FOURNIER: Maintenant, il y aurait à enlever les mots, dans la
sixième ligne du deuxième alinéa, "de la
délivrance" et les remplacer par "la date des lettres patentes".
M. CARDINAL: D'accord, adopté avec amendement.
M. LE PRESIDENT: Adopté avec amendement.
Article 16?
M. FOURNIER: Il y a aussi un léger amendement à l'article
16. C'est retrancher, dans les quatrième et cinquième lignes du
deuxième alinéa, la phrase "après paiement des dettes et
exécution des obligations de la corporation".
M. CARDINAL : Question, M. le Président. Je ne mets pas le
principe de l'article 16 en question. C'est une disposition qui est
différente de celle de la Loi des évêques où l'on
prévoit que les biens vont à l'évêque, ce qui a
empêché beaucoup de communautés et congrégations de
se prévaloir de la Loi des évêques parce qu'elles perdaient
leurs biens. Il faut se le dire, c'est ça. Il y a des communautés
italiennes qui sont venues, à un moment donné, qui se sont
prévalues de cette loi et qui, ensuite, se sont trouvées aux
prises avec le problème, surtout que certaines petites
communautés tendent à disparaître. Là, on constate
un fait sociologique.
Mais, la question que je me pose est celle-ci. Je résume
l'article: La corporation qui a demandé sa dissolution dans la
requête en dissolution indique la corporation qui va recevoir les biens.
Deux questions. Première question: Est-ce que, dans l'esprit des
juristes, les mots "corporation désignée dans la requête"
signifient une corporation qui est nécessairement créée en
vertu de cette loi? Au début, on définit ainsi le mot
corporation: Toute corporation créée en vertu de cette loi. Ceci
exclurait toute autre corporation religieuse créée par des lois
spéciales ou générales. Deuxième question: On ne
qualifie pas le mot corporation et, par conséquent, est-ce que cela
pourrait être une corporation civile, créée en vertu de la
partie III de la Loi des compagnies?
Je ne pose que ces deux questions pour illustrer le fait que le mot
"corporation", à cet endroit, ne peut pas avoir le même sens que
le mot "corporation" partout dans les autres articles et qu'il y aurait lieu de
le qualifier.
M. FOURNIER: Le qualificatif qui est inclus dans les dernières
lignes du deuxième alinéa ne complète-t-il pas le sens?
C'est qu'on ne se sert pas simplement du mot "corporation" à ce
moment-là. On dit: "Dévolu à la corporation sans but
lucratif désignés", de sorte que cela lui donne une extension. Ce
n'est plus le mot "corporation" pris seul, mais c'est une corporation sans but
lucratif qui inclurait les autres corporations du même genre.
M. CARDINAL: Je ne sais pas.
M. FOURNIER: L'esprit est réellement de ne pas limiter.
M. CARDINAL: Justement, il y a une différence entre l'esprit et
le texte.
M. FOURNIER: Oui, mais l'esprit de la loi n'est pas de limiter aux
seules corporations...
M. CARDINAL: Le ministre admet-il qu'à cause de la
définition à l'article 2...
M. FOURNIER: Peut-être.
M. CARDINAL: On dit: Chaque fois, dans cette loi, que le mot
"corporation" est employé, il désigne une corporation
créée en vertu de cette loi.
M. FOURNIER: Peut-être, si le député me donne un
instant.
M. CARDINAL: Je vous laisserai un peu de réflexion parce que cela
me "chicote" depuis que j'ai lu la loi la première fois.
M. LE PRESIDENT: Adopté?
M. CARDINAL: Un instant, le ministre réfléchit.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le ministre cogite.
M. FOURNIER: Je suis très coopératif parce que je sais les
bonnes intentions qui...
M. CARDINAL: Nous sommes toujours comme cela.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Surtout en matières religieuses.
M. FOURNIER: L'on me suggère d'ajouter: "Sont dévolus
à la corporation sans but lucratif constituée en vertu de la
présente loi ou d'une autre loi, spéciale ou
générale, désignée dans la requête en
dissolution."
M. CARDINAL: Voyez-vous la collaboration? A nous deux, nous avons fait
un amendement en deux minutes.
M. FOURNIER: Absolument. Nous avons fait un très bon
amendement.
M. CARDINAL: Si cela avait été ainsi depuis le
départ.
Adopté avec l'amendement.
M. LE PRESIDENT: Article 16, adopté.
M. BELAND: M. le Président, le ministre cherche-t-il quelque
chose?
M. FOURNIER: C'est une modification précisant le texte de
l'article 16. Allez.
M. BELAND: Ma question est tout simplement celle-ci, afin que ce soit
très clair et très précis: Supposons qu'une corporation
religieuse décide de se dissoudre en quelque sorte. Il y a une valeur,
aux livres, de $200,000. A ce moment-là, ce montant ou cette valeur ira
à qui, s'il n'y a pas d'autres corporations qui débutent ou si ce
n'est pas transféré à cette nouvelle corporation? A qui
appartiendront les immeubles?
M. FOURNIER: C'est justement le point. Lorsqu'une corporation
était formée en vertu de la Loi des évêques, les
biens, lors de la dissolution, retournaient directement à
l'évêque du diocèse. Par cette loi-ci, l'on dit: Lorsque la
corporation sera dissoute, fermera ses portes, les biens seront
transférés à une autre corporation semblable, mais les
gens diront: C'est à telle corporation. Elle sera désignée
dans la dissolution. On dira: Les biens sont transmis à telle autre
corporation sans but lucratif.
M. BELAND: Elle sera désignée par celle qui accepte de se
dissoudre.
M. FOURNIER: Oui. M. BELAND: Très bien.
M. CARDINAL: Cependant, le député de Lotbinière
soulève un point qui est intéressant, en ce sens qu'il pourrait
arriver que nous ayons une communauté ou une congrégation ayant
très peu d'adeptes, qui se décime tranquillement et qu'il n'y ait
pas de requête en dissolution ou qu'il y ait requête en dissolution
mais sans indication d'une corporation.
Est-ce que le ministre croit que les biens tomberaient ainsi sous la Loi
des biens en déshérence et iraient à la curatelle
publique?
M. FOURNIER: C'est absolument ça. C'est comme une succession
vacante.
M. LE PRESIDENT: Adopté avec amendement?
M. CARDINAL: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 17?
M. CARDINAL: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 18?
M. CARDINAL: Adopté.
Est-ce que le Solliciteur général a une déclaration
à faire maintenant que l'article 18 est adopté?
M. FOURNIER: Certainement. Je remercie de leur coopération les
membres de l'Opposition qui, ont participé à rendre ce projet de
loi un peu meilleur.
M. CARDINAL: Si vous me le permettez, je remercierai le ministre de sa
coopération, mais, peut-être que, comme dans l'article 16 que nous
avons amendé, il aurait dû dire de quelle Opposition il a
reçu la collaboration.
M. FOURNIER: On relira le journal des Débats.
M. BELAND: Simplement quelques mots également pour remercier le
ministre d'avoir bien voulu présenter ce bill qui, à notre sens,
semble être une continuation logique dans l'évolution des choses,
surtout pour les congrégations religieuses.
M. FOURNIER: Merci.
M. CARPENTIER (président du comité plénier): M. le
Président, j'ai l'honneur de faire rapport que votre comité a
adopté le bill no 86 avec les amendements qu'il vous prie
d'agréer.
M. LEDUC (président): Ces amendements sont-ils
agréés? Agréé.
Troisième lecture
M. LE PRESIDENT: L'honorable Solliciteur général propose
la troisième lecture du projet de loi no 86. Cette motion est-elle
adoptée?
M. PAUL: De consentement unanime.
M. LE PRESIDENT: De consentement unanime, la troisième lecture
est adoptée.
M. BIENVENUE: Article 5.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Affaires municipales propose
que je quitte le fauteuil et que l'Assemblée se forme de nouveau en
comité plénier. Cette motion sera-t-elle adoptée?
M. LEGER: Pour quel bill?
M. LE PRESIDENT: Le bill 277.
UNE VOIX: Adopté.
Projet de loi no 277 Comité
plénier
M. CARPENTIER (président du comité plénier): Bill
no 277, article 10.
M. LESSARD: M. le Président, j'ai un amendement à
l'article 10. Cet amendement concerne le paragraphe 1 ) et se lit comme
suit:
Que le paragraphe 1 soit amendé en remplaçant, dans la
première ligne, le mot "peut par le mot doit". M. le Président,
nous avons vu que l'administrateur avait été nommé par le
lieutenant-gouverneur en conseil, donc avec plus ou moins de consultation
auprès des populations concernées.
Et dans l'article 10, on dit tout simplement que le ministre peut
instituer un comité local dans la municipalité. Alors je crois,
M. le Président, que le premier but, le principe de ce projet de loi
c'est d'abord de faire participer des populations qui ne sont pas
organisées actuellement et de tenter, graduellement, de les faire
participer aux principes démocratiques. Alors l'une des premières
conditions, M. le Président, c'est que ces populations-là
puissent se former un comité local.
Or, la loi telle qu'elle est rédigée actuellement ne nous
dit aucunement que ces comités locaux seront nécessairement
organisés. Pour ma part, je crois, étant donné que dans
certaines régions, même dans la plupart des régions non
organisées, ces comités locaux ou ces comités de citoyens
existent déjà, ça devrait être une obligation de la
part de l'administrateur de constituer ces comités locaux. D'abord pour
le principe démocratique afin que ces gens-là puissent influencer
les décisions de l'administrateur, et aussi en vertu du fait que ces
gens-là pourront être taxés, c'est-à-dire que
l'administrateur pourra prendre des décisions.
L'administrateur pourra imposer des taxes à ces populations.
Alors selon un principe fondamental, quand des taxes sont imposées, la
population doit au moins avoir la possibilité d'influencer des
décisions, en vertu du principe de "no taxation without representation".
M. le Président, étant donné qu'on organise des
populations qui existent déjà, il me semble que le ministre,
même s'il n'a pas accepté d'amender l'article touchant la
nomination de l'administrateur, devrait au moins accepter que, dans les
localités concernées, les comités locaux soient
au moins formés et que ces comités-là puissent
être élus. L'amendement au paragraphe 2 dirait, au lieu de
"nommés par le ministre", "élus par la population".
C'est là un premier principe, je pense, fondamental, si on ne
veut pas établir un dictateur à l'intérieur de ces
organismes-là au niveau de ces populations non organisées. Le
député de Duplessis pourra toujours nous dire que cela a bien
été dans sa région, je pense que ce n'est pas parce qu'il
y a, dans le comté de Duplessis, un bon administrateur, qu'on a
trouvé d'ailleurs après un autre administrateur, qu'on ne doit
pas faire une loi qui protège les libertés démocratiques
des gens.
Je pense qu'on a dit à plusieurs reprises que toute loi doit
être faite pour le pire des administrateurs. Alors, en autant, pour ma
part, que la population sera assurée de pouvoir être
représentée démocratiquement par des gens élus, je
suis prêt à accepter ce projet de loi sur lequel je suis
complètement d'accord dans son principe. Mais dans ses modalités,
M. le Président, je pense qu'il faut absolument modifier l'article 10,
de façon à permettre à la population de participer
réellement à la démocratie qu'on veut instaurer dans ces
régions-là.
M. TESSIER: M. le Président, pour ma part, je suis prêt
à apporter un amendement à l'article 10, mais il faut tout de
même faire une distinction. Il y a des municipalités où il
n'y a personne; exemple, je vais nommer...
M. DEMERS: ... dans ce temps-là. Pas besoin.
M. TESSIER: ... De Grasse où il n'y a aucun résident,
Mont-Gabriel où il y a un seul propriétaire, Saint-Jean-Vianney
qui a été évacué; Saint-Paulin-Dalibaire qui a
été également évacué; au Lac-Delâge,
il y a quatre propriétaires.
Dans ces localités, évidemment, il n'y a pas moyen de
former un comité de citoyens.
M. DEMERS: Vous ne pouvez pas les nommer non plus.
M. TESSIER: M. le Président, je ne voudrais pas être
interrompu par le député de Saint-Maurice à moins qu'il ne
se lève. Je vais alors m'asseoir et écouter ce qu'il a à
me dire.
M. DEMERS: S'il n'y a personne dans les municipalités, vous ne
pourrez pas les nommer non plus. Vous nous dites que vous ne pouvez pas former
de comité de citoyens parce qu'il n'y a personne. Comment ferez-vous
pour les nommer, s'il n'y en a pas?
M. TESSIER: Il est évident que, s'il n'y a personne, il n'y aura
pas de comité de citoyens.
M. DEMERS: Ne nous donnez pas cette raison-là.
M. TESSIER: On parle de la nomination. Si le député de
Saint-Maurice a suivi les remarques que le député de Saguenay
vient de faire, il a parlé de la nomination d'un administrateur par
rapport au comité de citoyens. Il est évident que
l'administrateur peut être nommé s'il n'y a personne. Ce que le
député de Saguenay veut, c'est que l'administrateur soit choisi
par le comité de citoyens.
M. LESSARD: Vous me permettez, M. le Président?
M. TESSIER: Laissez-moi terminer...
M. LESSARD: Ce n'est pas l'administrateur du tout.
M. TESSIER: ...et je pense que je vais rejoindre votre idée. Je
crois qu'il y a moyen d'arriver à un certain compromis. Dans les
endroits où il y a au moins une centaine de résidents, il y
aurait lieu, de nommer un comité de citoyens. Or, je n'aurais pas
d'objection du tout qu'on remplace, dans ces cas-là où il y a au
moins cent résidents, le mot "peut" par le mot "doit".
Cela voudrait dire, en d'autres termes, que, lorsqu'il y a au moins cent
résidents, le ministre doit nommer un comité de citoyens. Je
n'aurais pas d'objection, non plus, que, pour l'administrateur, qui est
nommé par le lieutenant-gouverneur en conseil, le comité de
citoyens soit consulté avant que le lieutenant-gouverneur en conseil
confirme sa nomination.
M. DEMERS: Ah! M. LESSARD: Ah!
M. TESSIER : Ceci me paraît un compromis acceptable afin de sauver
les principes énoncés par le député de Saguenay.
J'aimerais savoir, en deux mots, si le député de Saguenay est
d'accord.
M. LESSARD: Je serais bien d'accord pour autant qu'on ajoute: "Dans les
municipalités habitées en permanence par au moins cent
personnes". Ensuite, on continuerait ainsi: "Il peut aussi instituer un
comité local dans ces municipalités, etc."
M. DEMERS: Il doit.
M. LESSARD: Il doit, oui, je m'excuse.
M. DEMERS: M. le Président, est-ce que le ministre peut me dire
comment ce comité de citoyens va être formé? Vous devez
former un comité lorsqu'il y a plus de cent personnes. Comment le
comité de citoyens sera-t-il formé?
M. TESSIER: C'est le paragraphe 2 qui détermine la composition du
comité local qui est électif.
M. LESSARD: Le paragraphe 2. Est-ce que cela veut dire que le ministre
accepterait aussi l'amendement que je propose au paragraphe 2?
M. TESSIER: Réglons le paragraphe 1.
M. LESSARD: Bon. En ce qui concerne le paragraphe 1, je suis
complètement d'accord sur ce que vient de proposer le ministre, pour
autant qu'on fasse une phraséologie qui soit légale et que cela y
soit inscrit.
M. TESSIER: L'amendement pourrait se lire comme suit, si mes honorables
collègues veulent bien suivre: Article 10, paragraphe 1: "Le ministre
peut instituer un comité local dans la municipalité..."
Au lieu de "il peut", c'est "il doit le faire".
M. PAUL: ... la municipalité où il y a 100
résidants et plus.
M. TESSIER: On raierait les mots, après il, dans le
deuxième ligne, "peut aussi instituer un comité local" ce serait
remplacé par "il doit le faire dans toute partie de on raie le
mot les "municipalité qu'il détermine si on ajoute
ces mots chacune d'elles est habitée en permanence par au moins
100 personnes". Le mot cette est remplacé par le mot toute, de
manière que la dernière partie du paragraphe se lise: "... toute
partie de municipalité forme aussi une localité sous le nom que
désigne le ministre".
Je crois que ceci, en somme, est conforme à l'opinion et la
demande exprimées afin que, dans tous les cas où il y a 100
personnes, le comité devienne obligatoire.
M. ROY (Lévis): M. le Président,...
M. LE PRESIDENT: Adopté avec amendement.
M. ROY (Lévis): M. le Président, une question au ministre.
Il nous a dit qu'il y avait quelques paroisses où il n'y avait personne,
qui étaient des paroisses religieuses. Il nous a parlé de
ça hier. Dans ces paroisses qui ont été
abandonnées, y a-t-il des propriétaires qui sont allées
demeurer à l'extérieur de ces paroisses et qui sont encore
propriétaires de ces biens ou s'ils ont complètement
abandonné la paroisse ou l'emplacement où ils demeuraient?
M. TESSIER: Dans tous les cas que je connais, exemple Saint-Jean-Vianney
et plusieurs paroisses de la Gaspésie, où les gens ont dû
être relogés, tous les propriétaires ont été
indemnisés à 100 p.c. Dans les paroisses où il n'y a plus
personne pour des raisons spéciales, les propriétaires ont
été indemnisés de sorte qu'il n'y a plus de
propriétaire dans ces paroisses-là.
M. PAUL: M. le Président, dans ces territoires, les biens des
personnes, les immeubles qui sont restés sur place il doit
certainement y en avoir est-ce que ce sont des biens
considérés en déshérence?
M. TESSIER: Non, M. le Président, ce sont des biens dont le
gouvernement est devenu propriétaire.
M. PAUL: Et non pas le curateur public.
M. TESSIER: Non, c'est présentement à l'étude. Je
ne voudrais pas m'aventurer trop loin. Que va-t-on faire avec ces
biens-là? Nous allons peut-être les offrir à
l'enchère publique pour des fins de démolition, de
matériaux ou autres. Mais nous procédons ou nous avons
procédé au cours des derniers mois à des relocalisations
et nous ne sommes pas encore rendus au stade d'en disposer.
M. ROY (Lévis): Cela veut dire que le ministère pourra en
disposer et, avec le revenu de la disposition ou de la vente, il pourra payer
son directeur général qui administrera cette place-là.
M. TESSIER: Il est évident que le revenu qui pourra provenir de
ces biens va entrer dans le fonds consolidé de la province.
M. LE PRESIDENT: Article 10, adopté avec amendement.
M. LESSARD: Non, M. le Président, au paragraphe 2, je voudrais
tout simplement dire ceci: Etant donné que le ministre a accepté
l'amendement que j'ai fait tout à l'heure, je pense qu'au paragraphe 2,
même si ce n'est pas exactement la formulation que j'avais
proposée, il faudrait probablement dire: "Un comité local est
composé d'au plus cinq membres nommés par le ministre pour quatre
ans. Ce dernier doit, au lieu de faire les nominations, ordonner que les
membres du comité soient élus pour quatre ans à
l'époque et selon le mode qu'il prescrit, dans les municipalités
où la formulation, je m'en fous, je laisse ça à des
experts il demeure 100 personnes en permanence.
M. DEMERS: C'est de la concordance. M. LESSARD: C'est de la concordance.
M. LE PRESIDENT: Adopté?
M. TESSIER: Je voudrais avoir une précision sur l'amendement.
C'est, si je comprends bien l'amendement que le député nous a
fait distribuer... Que le paragraphe 2 soit amendé en remplaçant
tout ce qui suit le mot "membres" dans la deuxième ligne par ce qui
suit: "Plus de cinq membres élus pour quatre ans...
M. LESSARD: Si le ministre me permet, c'est que puisqu'on a
changé l'amendement que j'ai proposé au paragraphe 1,
l'amendement que je propose au paragraphe 2 ne peut plus être exactement
le même. En effet, on a fait un amendement au paragraphe l, qui est un
peu différent de l'amendement que je proposais. Je dis simplement au
ministre qu'étant donné qu'on a accepté, au paragraphe 1,
qu'il y ait un comité local dans les municipalités où
demeurent au moins cent personnes, je veux que ce comité local ne soit
pas nommé par le ministre. Si on veut conserver le principe de la
démocratie, je veux que ce comité local soit élu par la
population. C'est pourquoi le nouvel amendement, si le ministre veut
l'accepter, serait à peu près comme ceci... L'article 10 dit: Un
comité local est composé d'au plus cinq membres, nommés
par le ministre pour quatre ans. Il s'agit des municipalités où
il y a une population inférieure à cent personnes.
M. TESSIER: Si on accepte votre phraséologie, qui va
déterminer le nombre de membres?
M. LESSARD: Le nombre de...
M. TESSIER: ... de membres. Parce que le comité local,
d'après le paragraphe 2 de l'article 10, est composé d'au plus
cinq membres nommés par le ministre pour quatre ans. En somme, c'est le
ministre qui détermine le nombre de membres qui ne doit pas
dépasser cinq.
M. LESSARD: C'est ça.
M. TESSIER: Mais si je prends votre proposition d'amendement: un
comité local est composé d'au plus cinq membres élus pour
quatre ans. Dans ce cas, qui va déterminer le nombre de membres? Cela
peut être seulement un membre, deux membres...
M. LESSARD: Je pense que le ministre me comprend très mal. Si le
ministre veut bien me suivre, c'est qu'il y a deux types de
municipalités. Il y a les municipalités de cent personnes et
moins. Il y a les municipalités de cent personnes et plus. L'amendement
que je propose est un peu différent de celui que je lui ai fait
parvenir.
M. TESSIER: Ah bon!
M. LESSARD: Comprenez-vous? C'est ce que je tente d'expliquer au
ministre. Etant donné que j'ai accepté...
M. TESSIER: Bien oui, mais branchez-vous! Branchez-vous sur quelque
chose!
M. LESSARD: M. le Président, je pense que je me suis
branché depuis le début. C'est la troisième fois que je
dis exactement la même chose. C'est qu'étant donné...
M. TESSIER: Pourquoi nous avoir distribué cela?
M. LESSARD: M. le Président, je pense qu'on a laissé
parler le ministre. Je vais essayer de lui expliquer pour la troisième
fois... J'ai beaucoup d'admiration pour lui, d'ailleurs, il a accepté
l'amendement que je lui ai proposé tout à l'heure. C'est
simplement de la concordance, je crois. Le paragraphe 2 devrait, à mon
sens, se lire comme suit maintenant: "Un comité local est composé
d'au plus cinq membres nommés par le ministre pour quatre ans."
Cela, c'est pour les municipalités dont la population est
inférieure à 100 personnes. En ce qui concerne les autres
municipalités, c'est là que je propose mon amendement: "Ce
dernier doit, au lieu de faire les nominations, ordonner que les membres du
comité soient élus pour quatre ans, à l'époque et
selon le mode qu'il prescrit, dans les municipalités habitées en
permanence par au moins 100 personnes". D'accord?
M. TESSIER : Oui, mais quel va être le nombre de membres dans le
second cas?
M. LESSARD: Mais cela demeure cinq, M. le Président, parce que
j'ai précisé, dans la première partie de la phrase, qu'un
comité local est composé d'au plus cinq membres. Alors, que le
comité local soit nommé par le ministre dans des
municipalités où la population est inférieure à 100
personnes ou que le comité local soit institué dans les
municipalités où la population est supérieure à 100
personnes, c'est toujours un comité local. Or, on vient de
définir qu'un comité local est composé d'au plus cinq
membres.
C'est seulement de la concordance. On ajoute simplement, par rapport au
paragraphe 1: "dans les municipalités habitées en permanence par
au moins 100 personnes."
M. TESSIER: D'accord.
M. LE PRESIDENT: Article 10, adopté avec amendement.
Article 11? Adopté. Article 12? Adopté. Article 13?
Adopté. Article 14? Adopté. Article 15? Adopté. Article
16?
M. TESSIER: Un instant, j'ai un amendement à l'article 16. Vous
l'avez déjà. M. le Président, nous avons fait distribuer
aux membres de cette Assemblée l'amendement proposé à
l'article 16 qui consiste à ajouter un paragraphe qui se lit comme suit:
"Outre les pouvoirs prévus à l'article 5, le
lieutenant-gouverneur en conseil peut, par lettres patentes, déclarer
appli-
cables à une municipalité visée à l'article
16 certaines dispositions de toute loi spéciale qui la
régit."
M. LE PRESIDENT: Adopté?
M. ROY (Beauce): Est-ce que nous pourrions en avoir une copie?
M. LE PRESIDENT: Les copies ont été
distribuées.
M. ROY (Beauce): En avez-vous d'autres copies?
M. TESSIER: L'article 16, adopté tel qu'amendé?
M. ROY (Beauce): Un instant, M. le Président. Nous allons prendre
le temps de lire l'amendement.
M. LE PRESIDENT: L'amendement à l'article 16 du bill 277 se lit
comme suit: "Outre les pouvoirs prévus à l'article 5, le
lieutenant-gouverneur en conseil peut, par lettres patentes, déclarer
applicables à une municipalité visée à l'article 16
certaines dispositions de toute loi spéciale qui la régit. "
Adopté?
M. ROY (Beauce): M. le Président, je pense qu'au premier
paragraphe de l'article 16 une explication additionnelle serait peut-être
nécessaire. "Le lieutenant-gouverneur en conseil peut décider que
toute municipalité de cité ou de ville, de village ou de
campagne, quelle que soit la loi qui la régit, qui ne remplit plus les
conditions qui en ont permis la constitution devient une municipalité".
Alors toute municipalité devient une municipalité. M. le
Président, je me demande ce que cela veut dire au juste. Il me semble
qu'il y a un danger d'interprétation de ce côté. Cela ne me
semble pas tellement clair.
M. DEMERS: Une municipalité...
M. LE PRESIDENT: Article 16, adopté avec amendement?
M. DEMERS: Non, un instant.
M. ROY (Beauce): Un instant. Nous avons demandé une
explication.
M. DEMERS: C'est une question assez pertinente. Que toute
municipalité devient une municipalité, il n'y a pas grand
changement là-dedans. Cela n'a pas changé plus que cela.
M. TESSIER: Il y a des cas spécifiques. Je prends le cas de
Mont-Gabriel, par exemple, qui a été formée par une loi
spéciale en municipali- té. Je mentionne ce cas. Il y en a
d'autres, évidemment, mais c'est le cas avec lequel je suis le plus
familier. Elle a été érigée en municipalité
comme municipalité de ville et soumise, par conséquent, à
toutes les dispositions de la Loi des cités et villes. Or, cette
municipalité ne comporte qu'un seul et unique propriétaire. Par
conséquent, depuis son érection en municipalité de ville,
elle se trouve dans l'illégalité la plus totale, en ce sens qu'il
n'y a jamais eu l'élection, il n'y a pas de maire, il n'y a pas de
secrétaire-trésorier, on n'y a jamais tenu d'assemblée, il
n'y a pas de procès-verbaux, il n'y a pas de minutes, il n'y a rien.
C'est un cas que nous voulons englober par l'article 16. C'est que cette
municipalité, dorénavant, en vertu de la présente loi, ne
sera plus une municipalité de ville puisqu'elle ne peut pas se conformer
aux dispositions de la Loi des cités et villes mais elle ne perdra pas
son statut de municipalité. Elle demeurera une municipalité
consituée en vertu de la présente loi, c'est-à-dire qu'on
nommera, là comme ailleurs, un administrateur. Elle aura les mêmes
pouvoirs qu'une municipalité mais c'est sujet à toutes les
dispositions du bill 277.
M. DEMERS: Cela explique.
M. ROY (Beauce): M. le Président, je pense qu'il y aurait
peut-être lieu, pour éviter toute ambiguïté, de
façon que la loi soit la plus claire possible, d'ajouter la phrase que
le ministre vient de dire: Deviendra une municipalité constituée
en vertu de la présente loi. Il me semble qu'il manque quelques
mots.
M. TESSIER: Je n'ai pas d'objection, M. le Président, à
cet amendement.
M. ROY (Beauce): Si vous n'avez pas d'objection, cela veut dire que vous
acceptez l'amendement?
M. TESSIER: C'est cela.
M. ROY (Beauce): Parfait.
M. TESSIER: J'accepte l'amendement.
M. LE PRESIDENT: Article 16, adopté avec amendement. Article
17.
M. TESSIER: Evidemment, M. le Président, avec les
créditistes, il faut toujours ajouter quelque chose pour qu'ils
comprennent. Sans cela, ils ne comprennent pas.
M. ROY (Beauce): M. le Président, disons que nous aimons les
choses claires. Cela ne fait peut-être pas l'affaire des membres du
Barreau...
M. TESSIER: C'est clair dans l'esprit de tout le monde, sauf des
créditistes.
M. ROY (Beauce): ... mais nous aimons que ce soit clair pour la
population.
UNE VOIX: On n'aime pas se faire "fourrer".
M. LE PRESIDENT: Article 17.
M. LESSARD: M. le Président, avant de passer à l'article
17, je m'excuse mais c'est tout simplement une question de concordance.
Pour-rais-je demander au ministre...
M. TESSIER: Il faudrait peut-être dire ici que l'amendement, M. le
Président, est déjà compris dans l'article 1, qui dit:
"Dans la présente loi, les mots "ministre" et "municipalité"
employés seuls" c'est ce qui existe à l'article 16
"désignent respectivement le ministre des Affaires municipales et les
municipalités constituées en vertu de la présente loi. Ce
qu'on veut ajouter à l'article 16, c'est en somme la définition
qui existe déjà à l'article 1.
Si le député insiste, je n'ai pas d'objection à
l'ajouter, cela va être une redondance, tout simplement.
UNE VOIX: Elle y est déjà.
M. ROY (Beauce): C'est parce qu'on dit dans l'article que "toute
municipalité de cité ou de ville, de village ou de campagne,
quelle que soit la loi qui la régit,... devient une
municipalité." Une municipalité qui devient une
municipalité. Je pense que c'est important de préciser
qu'à un moment donné ce sera une municipalité, mais
constituée en vertu de la présente loi.
M. TESSIER: C'est ce que l'article 1 dit.
M. GUAY: Mais l'article 16, il faut qu'il le dise aussi.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. ROY (Beauce): Est-ce que le ministre maintient l'amendement que nous
avons suggéré tout à l'heure?
M. TESSIER: Je n'ai pas d'objection, mais il faudrait peut-être
ajouter "tel que mentionné à l'article 1".
M. GUAY: Encore.
M. TESSIER: A ce moment-là, vous compliquez inutilement un texte
qui, d'après moi, est suffisamment clair.
M. DEMERS: C'est pour faire comprendre les créditistes.
M. TESSIER: On pourrait peut-être ajouter entre parenthèses
"pour que les créditistes comprennent".
M. ROY (Lévis): En même temps cela rend service au
député de Saint-Maurice.
M. DEMERS: Cela ne me fera pas tort et va vous améliorer, vous
autres.
M. LE PRESIDENT: Article 17, adopté? UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 18. Adopté. Article 19. Adopté.
Article 20. Adopté. Article 21.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, à l'article 21, ce
n'est pas un amendement du tout. Mais puisque le principe de l'article 21 est
justement celui sur lequel nous nous sommes basés pour apporter les
amendements qui ont été acceptés par le ministre, puisque
c'est sur cet article que les dépenses seront payées par les
gens, c'est là que nous trouvons que les gens doivent être
élus pour qu'on puisse leur imposer des frais.
Je tiens à remercier le ministre d'avoir accepté de
reconnaître que ce n'est pas parce que les gens vivent sur un territoire
où l'organisation municipale est difficile et doit se faire par
étapes que ces gens-là n'ont pas comme nous l'avons dit en
deuxième lecture les mêmes droits et les mêmes
privilèges que l'ensemble des autres citoyens du Québec. Je pense
que c'est une amélioration à la loi. Ces gens pourront, au fur et
à mesure de leur habitude de gérer les questions municipales,
recevoir une délégation. Nous espérons que le ministre
comprendra l'article 11 de son projet de loi qui lui donne le pouvoir de
déléguer à ces comités locaux des
responsabilités, qu'il saura utiliser cet article 11 en fonction de
l'intérêt des gens qui vivent là et qu'au fur et à
mesure que ceux-ci prendront l'habitude de gérer les questions
municipales de leur territoire, ils recevront largement du ministre et de
l'administrateur des pouvoirs pour que la période de transition
qui est au fond le principe de cette loi soit de plus courte
durée et qu'elle soit profitable aux gens.
J'espère que le ministre des Affaires municipales saura
reconnaître que les propositions des membres de l'Opposition ne sont pas
toujours négatives et qu'il prendra cette bonne habitude de les
accepter.
M. LE PRESIDENT: Article 21. Adopté. Article 22.
Adopté.
M. DEMERS: J'aurais une question à poser au ministre avant la
troisième lecture. Si les 100 personnes exigées à
l'article 10 pour former un comité de citoyens, qui crée une
obligation au ministre, ne sont plus, par exemple, que 50 personnes, qu'est-ce
qui va se passer?
M. TESSIER: Le comité a été formé alors
qu'il y avait 100 personnes, je pense que...
M. DEMERS: Quand les quatre années sont écoulées,
par exemple?
M. TESSIER: ...c'est une question d'interprétation de la loi.
Vous me posez là une question juridique. En tant qu'avocat, je pourrais
peut-être essayer de l'interpréter, quoique le rôle
reviendrait plutôt...
M. DEMERS: Vous allez m'envoyer un compte, j'aimerais mieux que vous me
parliez comme ministre.
M. TESSIER: Ce n'est pas à un ministre d'interpréter les
lois. C'est aux tribunaux d'interpréter les lois. Le
député de Saint-Maurice doit savoir cela.
M. DEMERS: Non, non, je ne sais pas ça; c'est pour ça que
je vous pose la question.
M. TESSIER : Alors, si vous ne savez pas ça, vous me demandez un
avis juridique et je vais vous donner une consultation en tant qu'avocat et non
pas en tant que ministre, puis je ne vous enverrai pas de compte
d'honoraires.
M. DEMERS: Quand j'aurai le choix et que je paierai, je choisirai un
avocat.
M. LOUBIER: C'est probablement parce que le ministre est certain que sa
consultation ne vaudra pas cher.
M. DEMERS: Tant qu'à payer, M. le Président, je choisirai
mon avocat.
M. TESSIER: Vous avez parfaitement raison. Maintenant, la loi dit que,
s'il y a au moins 100 personnes, on établit un comité local de
citoyens. Si le nombre de résidents est réduit, disons, à
80 vu que le comité est déjà formé, je crois qu'il
peut continuer à demeurer en fonction. On dit ce qui arrive lors de la
formation du comité et non pas par la suite.
M. DEMERS: Lorsque les quatre années seront expirées, on
consultera les tribunaux, c'est très bien.
M. TESSIER: Peu importe, le comité continue à exister
puisqu'il a été formé.
M. DEMERS: Je comprends.
M. TESSIER: On parle d'un minimum de 100 non pas pour le maintien du
comité, mais uniquement pour la formation du comité.
M. DEMERS: Je remercie le ministre de sa réponse.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. le Président, j'ai l'honneur de faire rapport que votre
comité a adopté le bill 277 avec des amendements qu'il vous prie
d'agréer.
M. LE PRESIDENT: Ces amendements sont-ils agréés?
UNE VOIX: Agréé.
Troisième lecture
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a consentement pour la troisième
lecture? Cette motion de troisième lecture est adoptée?
Adopté.
M. BIENVENUE: Article 14, M. le Président.
Projet de loi no 275 Deuxième lecture
M. LE PRESIDENT: Le ministre des Affaires municipales propose la
deuxième lecture du projet de loi no 275, Loi modifiant de nouveau la
Loi de la Société d'habitation du Québec.
M. Maurice Tessier
M. TESSIER: M. le Président, depuis déjà assez
longtemps, la ville de Montréal en particulier essaie de restaurer
plusieurs résidences ou habitations qui sont délabrées. En
vertu des dispositions des lois actuelles qui régissent, d'une part, la
Société centrale d'hypothèques et de logement et, d'autre
part, la Société d'habitation du Québec, il était
impossible d'apporter une aide quelconque sous forme de subventions pour la
restauration de ces immeubles domiciliaires.
Au cours du printemps dernier, des démarches ont
été entreprises et des rencontres ont eu lieu entre les
autorités de la ville de Montréal, les autorités du
ministère des Affaires municipales, en particulier, celui qui vous
adresse présentement la parole et la Société d'habitation
et aussi de la Société centrale d'hypothèques et de
logement. Nous avons exposé et étudié ce programme. Il a
été décidé de former un comité
d'étude tripartite, composé de représentants du
fédéral, du provincial et de la ville de Montréal, pour en
venir à la conclusion que ce serait dans l'intérêt public
et qu'il y aurait des économies à réaliser pour l'ensemble
des contribuables si nous pouvions favoriser la restauration d'habitations
domiciliaires avant que celles-ci soient détériorées
à un point tel qu'il faille les détruire complètement dans
un projet de rénovation urbaine.
C'est alors que nous en sommes venus à la conclusion qu'il y
avait lieu d'accorder des pouvoirs additionnels à la
Société d'habitation du Québec afin de permettre de telles
restaurations de domiciles.
D'après les études qui ont été entreprises,
nous pourrions procéder, sur une période d'un certain nombre
d'années, à la rénovation d'environ 5,000 logements par
année. Il a été établi également par ces
études que le coût moyen de
restauration serait d'environ $2,000, ce qui impliquerait un
déboursé, pour le gouvernement du Québec, dans une
participation sous forme de subventions, qui pourrait être de 10 p.c.
s'il y a participation fédérale, et peut-être un peu plus
élevé, d'environ 12 1/2 p.c, s'il n'y a pas une telle
participation.
Les 5,000 logements, avec une moyenne de $2,000 chacun,
représenteraient donc une dépense, en restauration, de $10
millions. Par conséquent, si le gouvernement du Québec, par
l'entremise de la Société d'habitation, participait à
raison de 10 p.c, ceci représenterait un déboursé de
l'ordre de $1 million pour le gouvernement du Québec, ce qui a
d'ailleurs été approuvé par le conseil des ministres et
par le Conseil du trésor et qui apparaîtra dans le prochain
budget.
Il s'agit de donner un encouragement...
M. PAUL: Est-ce que l'honorable ministre me permet une question?
M. TESSIER: Oui.
M. PAUL: Quand le ministre parle du prochain budget, veut-il parler du
budget supplémentaire que nous étudierons prochainement ou du
budget de la prochaine année fiscale?
M. TESSIER : Quand je parle du prochain budget, je ne parle pas du
budget actuel avec un budget supplémentaire. Je parle du budget
72/73.
Or, il y aurait évidemment une participation à trois
niveaux: le gouvernement provincial, le gouvernement municipal et le
propriétaire. Nous négocions actuellement avec le gouvernement
fédéral et plus particulièrement avec la
Société centrale d'hypothèques et de logement pour essayer
d'amener une quatrième participation, ce qui soulagerait d'autant le
propriétaire, si nous pouvions obtenir, de la part du gouvernement
fédéral, une participation égale à celle du
gouvernement provincial.
M. PAUL: Vous dites que vous avez la participation de trois.
M. TESSIER : Nous avons trois participations actuellement.
M. PAUL: Vous avez nommé le fédéral mais c'est
plutôt le municipal.
M. TESSIER : Une participation municipale, provinciale et du
propriétaire. Nous espérons que nos négociations se
continueront et que nous pourrons obtenir une quatrième participation,
soit celle du gouvernement fédéral.
M. LEGER: Est-ce que le ministre me permettrait une question?
M. TESSIER: Sûrement.
M. LEGER: Pourriez-vous répéter je ne pense pas que
vous l'ayez dit mais au cas où vous l'auriez dit quelle serait la
proportion de la participation de chacun: municipalité, province et
propriétaire, par exemple, dans le cas d'une rénovation de
$2,000?
M. TESSIER: Actuellement, si nous n'avons pas la participation du
gouvernement fédéral, la participation serait de 12 1/2 p.c. de
la part du gouvernement provincial, de 12 1/2 p.c de la part de la
municipalité et de 75 p.c. de la part du propriétaire.
Si nous pouvions réussir à obtenir une participation du
gouvernement fédéral, nous pourrions réduire la
participation du propriétaire à 60 p.c. avec une participation de
10 p.c. du gouvernement provincial et de 10 p.c. du gouvernement municipal.
M. LEGER: 20 p.c. du fédéral.
M. TESSIER : Et de 20 p.c. du fédéral.
C'est dans ce sens-là que nos négociations se poursuivent
et je pourrais même ajouter qu'elles ont été
acceptées en principe par le gouvernement fédéral.
Evidemment, il faudra que des amendements soient apportés à la
Loi de l'habitation nationale par le gouvernement fédéral, comme
nous en apportons présentement à la Loi de la
Société d'habitation du Québec pour arriver aux
mêmes fins.
M. DEMERS: M. le Président, le ministre me permettrait-il une
question? Quel serait le montant, avez-vous dit, de la contribution
fédérale, d'après l'entente que vous êtes à
négocier avec Ottawa?
M. TESSIER: Ce serait le double de la contribution du gouvernement
provincial.
M. DEMERS: Ce serait $2 millions.
M. TESSIER: Ce serait $2 millions pour la première année
parce qu'il s'agit d'un programme nouveau; il ne s'agit pas de
déterminer des montants pour les années à venir mais pour
le prochain budget.
Ce nouveau programme, parce qu'il s'agit d'un nouveau programme que le
gouvernement actuel veut mettre de l'avant, permettrait de faire de telles
rénovations en dehors des zones désignées de
rénovation urbaine, c'est-à-dire un peu partout dans
différentes parties d'une municipalité, qu'il s'agisse de la
ville de Montréal ou de toute autre municipalité à travers
le Québec où de telles rénovations s'avéreraient
nécessaires.
Ce programme aura, par conséquent, l'avantage d'apporter de
nouveaux investissements, de renforcer l'essor économique, de
créer de nouveaux emplois en plus d'apporter aux municipalités
des revenus additionnels puisqu'évidemment ces immeubles auront une
plusvalue au
rôle d'évaluation. Ceci aura également pour effet
d'apporter un revenu additionnel aux municipalités et, comme je le
mentionnais il y a un instant, d'empêcher que ces immeubles deviennent
tellement désuets, tellement délabrés qu'il faudrait alors
les démolir complètement.
Ceci dans l'ensemble, et d'après les calculs qui ont
été faits par la Société d'habitation du
Québec, apporterait des déboursés additionnels à
l'ensemble des contribuables puisqu'avec peut-être de simples
rénovations qui pourraient coûter de $2,000 à $3,000 il y
aurait moyen de conserver encore ces immeubles, de les rendre conformes aux
règles et aux normes établies par la Société
d'habitation du Québec de manière qu'ils puissent continuer
à être habités pendant plusieurs années.
M. LE PRESIDENT (Hardy): L'honorable député de
Maskinongé.
M. Rémi Paul
M. PAUL: M. le Président, c'est avec intérêt que
j'ai écouté l'honorable ministre des Affaires municipales. Ce qui
m'a le plus scandalisé, c'est qu'en tant que royaliste je n'ai pas
entendu la participation et l'approbation de son excellence le gouverneur
général, qui aurait accepté la présentation d'un
tel projet de loi. J'espère que son excellence n'a pas
décidé de faire un lock-out avec ses ministres, la population en
serait trop heureuse. Mais disons que les inscriptions seront faites en
conséquence et que le ministre a obtenu l'autorisation de Son excellence
le lieutenant-gouverneur.
M. TESSIER: M. le Président, il y a eu un manque de la part de
certains officiers de notre Chambre puisqu'on n'a pas passé le petit
papier.
UNE VOIX: De toute façon.
M. TESSIER: On me dit que ce n'est pas nécessaire.
A tout événement, si c'était nécessaire, le
lieutenant-gouverneur est sûrement d'accord sur le présent projet
de loi et il en autorise et recommande l'adoption.
M. PAUL: De toute façon, je me demande en quoi cela ne serait pas
nécessaire puisqu'il s'agira de dépenses, de contributions de la
part du gouvernement dans cette rénovation. Il y aura dépense de
deniers publics, mais qu'importe! De toute façon, je ne suis pas plus
catholique que le pape. Je ne vois pas comment on pourrait considérer
comme non nécessaire l'assentiment de Son Excellence le
lieutenant-gouverneur, quand on entend le ministre nous dire que la
participation du gouvernement du Québec sera de l'ordre de 10 p.c, soit
d'un million de dollars. Mais, j'en passe et j'en viens au principe du projet
de loi.
J'ai écouté avec beaucoup d'intérêt le
ministre des Affaires municipales. Ce qui m'a frappé, dans les remarques
du ministre, c'est que j'ai, une fois de plus, relevé chez lui un esprit
urbain qui m'alarme quelque peu, parce que les remarques du ministre se sont
arrêtées à vanter les avantages que la rénovation
dans le Montréal métropolitain pourrait apporter. Cela m'a
humilié de constater qu'on avait oublié la ville de
Saint-Jérôme, par exemple, qui, avec son nouveau maire, pourra
sûrement trouver moyen de tirer bénéfices et avantages de
cette législation...
M. DEMERS: Cela s'améliore.
M. PAUL: Je dis que c'est un excellent projet de loi.
M. TESSIER : Merci au député de Maskinongé-
M. PAUL: C'est effrayant comme ces paroles ont fait plaisir à
ceux qui siègent en face de moi. C'est parce que j'ai un esprit
tellement objectif...
M. COITEUX: Tout le monde est d'accord jusque là...
M. PAUL: ...que mon orgueil ne m'empêche pas de louanger le
ministre quand il présente une excellente législation...
M. TOUPIN : Il ne faudrait pas que vous abusiez, par exemple.
M. PAUL: ...comme je ne puis pas résister au désir de le
combattre, comme cela se produira dans un autre projet de loi très
bientôt.
M. TESSIER : Mais avez-vous remarqué que la meilleure
manière, pour le député de Maskinongé, d'avoir des
applaudissements de cette assemblée, c'est justement quand il fait un
compliment au ministre des Affaires municipales?
M. PAUL: Mais j'aime mieux ne pas en avoir, parce que cela
m'inquiète... J'aime mieux ne pas en recevoir, parce que je ne suis pas
sûr qu'on comprenne véritablement la portée des paroles que
je prononce en ce moment. Mais, de toute façon...
M. TESSIER: Dans cette Chambre, on comprend très bien la
portée de toutes les paroles...
M. PAUL: Je vais être généreux pour le ministre et
dire que lui, il peut comprendre, mais, hélas! j'ai l'impression que
beaucoup trop ne comprennent pas...
M. HOUDE (Fabre): Quand c'est en haut de la ceinture, c'est
déjà une amélioration.
M. PAUL: Tiens, voici...
M. HOUDE (Fabre): Pour autant que vous êtes honnête et que
c'est en haut de la ceinture, c'est une nette amélioration.
M. PAUL: ...que le ministre des Sports...
M. HOUDE (Fabre): ...une nette amélioration.
M. PAUL: ...se fait aller. Le ministre des Sports se fait aller. Le
ministre du Haut-Commissariat à la Jeunesse, aux Loisirs et aux
Sports.
M. HOUDE (Fabre): Une nette amélioration. M. DEMERS: Les Jeux
d'hiver en Mauricie.
M. PAUL: Les Jeux d'hiver de la Mauricie sont à l'oeuvre.
J'espère que le député parlera de la piste de luge qu'on
pourra sans doute établir dans le Montréal métropolitain
pour remplacer les Jeux d'hiver qu'on a perdus dans la Mauricie,
spécialement à Shawinigan. J'en passe.
M. HOUDE (Fabre): Vous commencez à subir l'influence des
sportifs. Vous êtes au-dessus de la ceinture...
M. PAUL: Est-ce qu'on pourrait inviter mon honorable ami à
prendre son livre de règlements et à regarder l'article 286? S'il
a une question à poser, je m'assois et je l'écoute.
Je constate qu'il y en a qui ont toujours peur, lorsqu'ils ont le champ
libre, d'y aller franchement. On aime mieux se battre contre des moulins
à vent. Je dis donc...
M. HOUDE (Fabre): ...content, il est honnête.
M. PAUL: ...que cette législation présentée par le
ministre des Affaires municipales est excellente. Elle est excellente parce
qu'elle va permettre une certaine rénovation et non seulement à
Montréal. Je pense bien que je n'ai pas mal interprété les
paroles du ministre. Je comprends qu'il a voulu frapper l'imagination des gens
en disant c'est important 5,000 nouveaux logements à
Montréal à $2,000 le logement...
M. TESSIER : Je voudrais préciser tout de suite au
député de Maskinongé que lorsque j'ai parlé de
5,000 logements, ce n'est pas à Montréal seulement.
M. PAUL: C'est partout.
M. TESSIER : Dans l'ensemble des municipalités.
M. PAUL: Mais je souhaite, M. le Président, que, seulement dans
la ville de Montréal, il y ait rénovation de 5,000 logements au
moins parce que cela s'impose. Par voie de conséquence, le bon exemple
entraînant, nous verrons des municipalités adopter des
règlements et entrer en communications avec la Société
d'habitation du Québec pour pouvoir rénover une certaine partie
de leurs habitations. C'est assez difficile de mettre en application cette
législation dans les centres ruraux, mais je formule le voeu que, dans
les villes de moindre importance, on puisse se prévaloir des avantages
de cette loi.
Ce qui m'intéresse, c'est de voir la participation
éventuelle du gouvernement fédéral. Nous espérons
toujours, M. le Président, dans ce fédéralisme rentable
qui finira par s'actualiser au lieu de rester dans le domaine des grandes
planifications et des grandes théories. J'espère que le ministre
des Affaires municipales sera beaucoup plus chanceux que son collègue le
ministre des Affaires culturelles, que son collègue le ministre des
Communications, que son collègue le ministre des Finances, que son
collègue le ministre de l'Agriculture...
M. TOUPIN: Ce n'est pas encore commencé.
M. PAUL: ... que le premier ministre et que lui pourra aller chercher
cette participation du gouvernement fédéral pour un montant d'au
moins $20 millions. A la suite des déclarations ronflantes que faisait
le ministre à Halifax, je sais que, dès ce moment-là, il a
frappé les autorités fédérales. C'est pourquoi il
compte là-bas des amis qui viendront à son secours, qui
l'aideront dans cette législation afin que la participation se fasse au
niveau de quatre paliers différents et que nous puissions compter sur la
participation du gouvernement fédéral.
M. le Président, c'est également une législation
qui, nous l'espérons, pourra entraîner de nouveaux
investissements, investissements de 75 p.c. de la part des
propriétaires. Comme on ne décrit pas "propriétaire", cela
comprend et une personne physique et une persomme morale. Puisqu'on ne fait pas
de distinction, celui qui aura la qualité de propriétaire pourra
bénéficier des avantages de cette loi qui apportera des
investissements que nous souhaitons plus généreux encore pour
tâcher de créer un certain essor économique non seulement
dans la région de Montréal, mais dans tous les centres urbains.
Cela est assez difficile, cependant, dans cette période que nous
traversons, à cause de cette barrière qui, dans les petits
centres, empêche le développement domiciliaire et ce non
pas que je veuille critiquer, mais je suis obligé de le constater
par la suite des salaires réellement trop élevés qu'on est
obligé de payer aux ouvriers de la construction. Je ne dis pas que, dans
certains endroits, le salaire est trop élevé, mais il l'est
sûrement dans les petits centres où les propriétaires ou
ceux-là qui envisagent des
travaux sont incapables de payer le salaire fixé par le
décret de la construction.
Je voudrais profiter de cette occasion pour demander à nos chefs
syndicaux de reconsidérer, si possible, tout le problème afin de
permettre aux villes de bénéficier des travaux de chômage.
Que l'on veuille bien, pour une période donnée, consentir
à la soustraction du décret afin de pallier, si possible, le
chômage que nous connaissons.
Le ministre, aujourd'hui, nous disait qu'environ 60 projets ont
été présentés par les municipalités.
Je suis sûr que, si on pouvait trouver une formule d'entente dans
l'application du décret, soit suspendre pour considération et
pour une période déterminée l'application intégrale
du décret, on pourrait bénéficier davantage de cette
législation du fédéral, dans le but d'accentuer la
réalisation des travaux dits de chômage pour la période de
l'hiver.
Il y a également, M. le Président, le caractère de
nouveaux emplois qu'il ne faut pas oublier, dans la présentation et
l'adoption de cette législation. Nous ne pouvons par connaître la
projection des nouveaux emplois qui seront créés en vertu de
cette loi. Je comprends qu'avec l'expérience malheureuse qu'a eue
surtout le premier ministre dans ses projections de nouveaux emplois le
ministre des Affaires municipales n'ait pas voulu lancer de chiffres. Je le
félicite d'avoir été prudent et, sur ce point, objectif ne
sachant pas, à toutes fins pratiques, quelle sera la participation des
propriétaires, quelles seront les demandes, par combien se chiffreront
ces demandes pour pouvoir bénéficier des avantages du projet de
loi no 275.
Une chose est certaine, M. le Président. Quand il s'agira, pour
nous, d'envisager une législation de nature à améliorer le
climat économique, la situation du chômage dans le Québec
nous ne pourrons qu'applaudir une telle législation, l'encourager et
l'appuyer comme nous nous proposons de le faire à l'endroit du projet de
loi no 275.
M. le Président, cette législation est loin d'être
un recul. Au contraire, elle est un progrès. Elle est une initiative
fort intéressante. Nous formulons le voeu qu'elle puisse trouver oreille
attentive dans beaucoup de municipalités, surtout urbaines. Je suis
sûr que le ministre des Finances, soucieux de la bonne économie du
Québec, ne limitera pas la participation de la province à un
montant de $10 millions, si la Société d'habitation, par la voix
du ministre responsable, démontre qu'une somme supérieure serait
requise pour l'exécution de tous les projets que l'on a en vue et que
l'on veut mettre en chantier le plus tôt possible.
M. le Président, c'es donc avec plaisir que nous appuierons le
principe de ce projet de loi no 275.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Rouyn-Noranda.
M. Camille Samson
M. SAMSON: M. le Président, nous ne pouvons que souscrire
à certains propos du ministre. Je dirais même plus qu'à
certains propos, probablement à certaines bonnes intentions qu'il a
manifestées dans son discours de présentation de deuxième
lecture.
Nous comprenons que ce bill 275 satisfera des besoins urgents dans le
domaine du logement et rendra accessibles différentes dispositions, dans
le domaine des subventions, à des territoires qui seraient nouveaux, si
j'ai bien compris, puisque l'on dit dans le bill que cela permettrait à
toute municipalité, par règlement, de déclarer les normes
de la société applicables dans son territoire. C'est donc
agrandir le domaine des possibilités.
Lorsque le ministre nous parle de nouveaux emplois, il est bien
sûr que nous ne pouvons pas nous élever contre la création
de nouveaux emplois. C'est une chose tellement nécessaire de ce
temps-là et que nous réclamons depuis tellement longtemps que, si
le bill 275 participe à en créer quelques-uns, nous y
applaudirons, lorsqu'ils seront créés évidemment.
Lorsque nous parlons de valeurs additionnelles, il est évident
que si on construit, rénove, dépense et investit des sommes il y
aura des valeurs additionnelles, il y aura cette plus-value dont le ministre
nous a parlé tantôt.
Je formule des voeux à l'occasion de ce bill no 275 pour que ces
logements modifiés, rénovés ou restaurés
comme le ministre l'a dit soient des logements à la disposition
je ne veux pas seulement dire la disposition physique
financière ou de la capacité de payer du gagne-petit, du
travailleur, de celui qui gagne de petits salaires et qu'ils soient
l'équivalent du moins en avantages de certains projets dits de
logements à loyer modique.
Evidemment, nous aurions préféré quoique
cette loi ne nous semble pas mauvaise que le ministre profite de cette
occasion pour nous parler de modifications en ce qui a trait à la Loi de
la société d'habitation, et qu'on permette d'avantage à
l'individu d'obtenir les subventions plutôt que le propriétaire ou
la corporation qui aurait à restaurer ces habitations ou à les
construire, selon le cas.
Nous aurions vu d'un très bon oeil que le ministre insère
cela en même temps dans la même loi, c'est sûrement possible
de le faire à l'intérieur du même cadre, et peut-être
par voie d'amendement, en comité. De toute façon, j'en profite
pour souligner les voeux qui ont été soumis par les constructeurs
d'habitation et ce en partant d'un rapport qui a paru dans Le Soleil du 25 mars
1971, sous le titre suivant: Axer une politique d'aide et de prêts
à l'habitation sur l'individu et non plus sur le logement.
Voici ce qu'on dit: "Nous proposons qu'une nouvelle politique d'aide et
de prêts à l'habitation soit axée sur les individus
plutôt que sur le logement. Un tel programme rendrait accessi-
bles toutes les catégories de logements aux familles à
revenu modeste. Voilà la principale conclusion d'un mémoire
soumis au directeur régional de la Société centrale
d'hypothèques et de logement par l'Association provinciale des
constructeurs d'habitations du Québec Inc. L'étude avait
été commandée par la Société des
constructeurs d'habitations de Sherbrooke. "Les problèmes de cette ville
moyenne sont assez typiques de ceux de la majorité des
municipalités du Québec." C'est là que c'est assez
intéressant, parce qu'évidemment ça ressemble aux
problèmes de l'ensemble des municipalités ou de la plupart
du moins existantes au Québec. "Pour réaliser cet
objectif, le rapport propose que le programme spécial du type de projets
de $200 millions de l'an dernier pour la construction de logements à
prix modique ne soit pas limité aux grandes villes, mais aussi
étendu aux petites cités et banlieues."
Cela rencontre, je pense, le principe qui est soumis par le ministre
dans son bill no 275, parce qu'il veut étendre la restauration à
tout le territoire. Ce rapport parle d'un programme de construction qui
pourrait s'étendre sur d'autres territoires. Cela rejoint les intentions
du ministre. "Cette proposition permettait aux familles à revenu modeste
de se procurer une maison unifamiliale plutôt que d'être
réduites à habiter un appartement. Dans le même sens il est
proposé une extension des taux préférentiels de 7.8 p.c.
ou moins pour les gens à revenu modeste, sans référence
à la proposition du développement, c'est-à-dire qu'il
s'agisse d'une unite ou de plusieurs dizaines d'unités, car le but
visé est de favoriser les familles à faible revenu dans tous les
centres du Québec."
Cela est très important. Le ministre pourra nous en parler en
comité plénier et il pourra sûrement nous faire part de
suggestions, sinon d'amendements immédiats. "Le rapport suggère
que les normes de construction soient flexibles et que les inspecteurs puissent
approuver les innovations" et cela rejoint ce que le ministre vient de
nous dire que les inspecteurs...
M. HARVEY (Chauveau): Ce sont de vieilles nouvelles publiées en
mars.
M. SAMSON: M. le Président, si le député de
de quel comté êtes-vous, parce que vous ne parlez pas tellement
souvent Chauveau veut parler, je suis persuadé que vous lui
céderez le droit de parole tantôt...
M. HARVEY (Chauveau): J'aurais une question à vous poser, si vous
me permettez.
M. SAMSON: ... et c'est avec plaisir qu'à ce moment-là
nous écouterons l'honorable député de Chauveau.
Je continue puisque, quand on cite...
M. HARVEY (Chauveau): Vos vieilles nouvelles!
M. SAMSON: M. le Président, je continue, puisque je cite
j'ai ouvert les guillemets au commencement et je ne voudrais pas, avant
de les refermer, gâter cet excellent texte par les paroles en provenance
d'un député qui ne se lève pas quand...
M. HARVEY (Chauveau): Le ministre a déjà annoncé
d'autres nouvelles.
M. SAMSON: ... c'est le temps et qui parle de sa banquette, sans
même demander le droit de parole, M. le Président...
M. HARVEY (Chauveau): Parlez du projet de loi.
M. SAMSON: Alors je continue. "Le rapport suggère que les normes
de construction soient flexibles et que les inspecteurs puissent approuver les
innovations qui réduisent les coûts, sans déroger aux
normes de construction en vigueur dans la province. Il est aussi proposé
qu'en plus de procéder à mettre en oeuvre tous les moyens de
favoriser l'habitation unifamiliale, pour les salariés qui gagnent moins
de $6,000 par année, l'on établisse certaines normes à
divers paliers de gouvernement qui favoriseraient et ça
correspond encore à ce que le ministre vient de nous dire et c'est
là que sa proposition nous a semblé intéressante
tantôt; on parle de divers paliers de gouvernement, donc d'une action
concertée les ouvriers spécialisés, les jeunes
professionnels et les jeunes diplômés universitaires dont le
niveau de salaire est inférieur à $9,000 par année."
Il faut penser aussi à gens-là. Il y a les ouvriers, il y
a les jeunes diplômés, qui sont quand même des gens qui ont
besoin d'aide. Si on n'a pas commencé à travailler, si on n'a pas
eu le temps de travailler, ce n'est pas parce qu'on a un diplôme dans sa
poche qu'on est capable de payer des sommes énormes pour des logements.
"La dernière recommandation du rapport vise les projets de
développement. Ces projets tendent à fournir du loyer
subventionné en partie par les municipalités et en partie par la
Société d'habitation du Québec." Encore là
ça correspond à ce que le ministre nous a dit tantôt et
ça va sûrement lui faire plaisir de nous accorder des amendements
en comité qui nous permettront de satisfaire à ce rapport qui
nous semble excellent. "Il est suggéré que ces projets ne soient
pas limités à priori aux édifices à logements
multiples, mais que tout projet soit étudié et analysé en
fonction de ses coûts de réalisation, d'administration et des
intérêts des familles. Ainsi, par unité de loyer à
subventionner, certains développements de maisons unifamiliales ou de
pavillons en rangée pourraient coûter moins
chers aux municipalités que beaucoup de projets actuellement en
cours. "Au plan du financement, le rapport soutient qu'il faudrait
étudier les modalités de versement des prêts aux
constructeurs, pour réduire le coût du capital roulant de ces
derniers et en faire profiter l'acheteur éventuel. Dans ce sens, il y
aurait lieu d'accélérer le versement des prêts aux
constructeurs et de prévoir un dernier versement dès que le futur
propriétaire s'engage à compléter lui-même certaines
travaux, pour terminer la construction de sa maison."
Or, M. le Président, nous disons que le ministre aurait pu,
même si la loi est bonne, même s'il fait un pas très utile
et même nécessaire, comme il est en si bonne voie et comme il
semble si bien disposé, ce n'est pas toujours le cas, M. le
Président...
M. TESSIER: Toujours bien disposé, M. le Président.
M. SAMSON: Je vois sourire le ministre, M. le Président; j'aurais
aimé le voir avec ce genre de sourire hier, alors que nous
n'étions pas d'accord sur la loi qu'il nous présentait hier. Mais
lorsqu'on est d'accord, M. le Président...
M. HARVEY (Chauveau): Vous avez fait rire de vous autres, aussi.
M. SAMSON: ... il retrouve le sourire. Quand on voit le ministre des
Affaires municipales avec un sourire comme ça, c'est de bon augure. Je
crois que c'est tellement de bon augure qu'à ce moment-ci il va
sûrement prendre nos suggestions en autre considération. Nous nous
attendons, M. le Président ce n'est sûrement pas être
trop optimiste que de nous attendre à une déclaration de sa part
à une déclaration objective, comme il a si bien
commencé dans son discours de deuxième lecture, surtout à
une déclaration de principe. Celle-ci nous permettra d'entrevoir qu'il
présentera une déclaration, même s'il ne le fait pas
aujourd'hui ou en comité plénier par des amendements. Nous
comprenons que le ministre aura peut-être des difficultés à
nous amener immédiatement ce qu'on vient de réclamer, mais nous
sommes persuadés qu'étant bien intentionné, comme il
semble l'être, et bien disposé comme il l'est présentement
il va nous proposer ou nous faire une déclaration de principe, à
l'occasion de sa réplique. Même si le ministre a un très
beau sourire, vous verrez que nous sommes capables de lui rendre ce sourire,
surtout lorsqu'il nous fera cette déclaration que nous attendons lors de
sa réplique de deuxième lecture.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Lafontaine.
M. Marcel Léger
M. LEGER: M. le Président, le projet de loi que nous
présente le ministre a pour but de permettre à la
Société d'habitation du Québec d'accorder des subventions
en dehors des zones de rénovation.
En lui-même, ce projet de loi est bon, utile; il est probablement
nécessaire. Même si nous sommes d'accord sur le principe de cette
loi, j'ai l'impression que cette loi vient soit trop tôt ou que le
ministre est en retard de deux autres lois, c'est-à-dire sa loi-cadre
sur l'urbanisme et une loi ou, du moins, une politique d'ensemble de
l'habitation. En effet, si on veut établir qu'en dehors d'une zone de
rénovation on pourra permettre des subventions, c'est que cela va entrer
dans un ensemble qui doit être planifié.
Ce projet de loi ne s'intègre à aucune politique connue et
globale d'urbanisme ou d'habitation. Le ministre disait lui-même, au
cours de l'étude des crédits, en date du 7 juin 1971 en
réponse à une question que je lui avais posée: Je vais
déposer, au cours de la présente session, une loi-cadre de
l'urbanisme. Noël approche, la session va se terminer, et cette loi-cadre
n'est pas encore présentée. Le ministre disait lui-même,
hier ou avant-hier, qu'il y aurait une loi-cadre à la prochaine
session.
Le projet de loi qui nous est présenté aujourd'hui arrive
un peu comme un chien dans un jeu de quilles. Il ne s'intègre à
aucune politique globale pour que l'on puisse avoir une référence
sur cette politique vers laquelle il veut se diriger. Il est connu que le
gouvernement n'a aucune politique globale d'habitation et d'urbanisme. Cela ne
semble pas l'empêcher de dormir. Il présente, depuis quelque
temps, une série de petites lois, au petit bonheur, sans savoir ce que
tout cela va donner globalement, par exemple, la loi qu'on nous présente
aujourd'hui, qui est bonne en soi et que nous allons appuyer en deuxième
lecture.
Est-ce que la Société d'habitation du Québec peut
rénover des bâtiments hors des zones désignées de
rénovation? Sur quels critères d'urbanisme, de planification et
d'aménagement de l'espace urbain se basera-t-on? Qu'est-ce qui nous dit
qu'on ne rénovera pas à grands frais un ou des bâtiments
qui pourront être détruits l'année suivante, à la
suite d'une décision prise pour bâtir, par exemple, une autoroute
est-ouest ou une autre aberration du genre? Qui nous dit que ces
rénovations, en dehors d'une zone précise de rénovation,
feront partie d'un plan d'ensemble planifié et bien vu?
Je sais qu'à la suite des questions que j'avais posées au
ministre à l'occasion de l'étude des crédits sur
l'habitation il m'avait répondu, concernant des recherches sur
l'habitation, que des études étaient en cours sur des types
d'habitation répondant aux besoins des Québécois. Un plan
d'intégration de la politique d'habitation du Québec, si elle
existe, avec une politique d'urbanisme, c'est cela qu'on a besoin de
savoir.
Cette loi, toute bonne qu'elle soit, arrive soit trop tôt ou,
alors, le ministre est en retard dans les lois les plus importantes auxquelles
nous pourrions nous référer pour établir que tel
projet de loi entre dans un plan d'ensemble nous permettant de
réaliser que cette loi est nécessaire et utile. Par la voix de
son sous-ministre, le ministre avait déjà dit, à
l'occasion d'un discours, le 15 juin 1971, devant le club Rotary: "Il est
question, sous peu, que des amendements soient apportés à la Loi
de la Société d'habitation de façon à lui permettre
de jouer un rôle supplétif dans les cas d'urgence ou dans les cas
où localement, on ne serait pas en mesure d'exercer les pouvoirs qui
pourraient découler de l'application de la Loi de la
société d'habitation du Québec."
C'était une bonne intention. Nous attendons encore les
résultats tangibles dans une loi ou dans des amendements ou dans une
politique générale sur ce rôle supplétif que la
Société d'habitation du Québec pourrait jouer à
l'intérieur d'une politique d'ensemble.
Un peu plus loin, j'avais demandé au ministre s'il devrait
attendre continuellement que les municipalités proposent
elles-mêmes des projets pour que le gouvernement bouge ou si la
Société d'habitation du Québec avait l'intention de
prendre l'initiative de projets pour permettre justement, dans une politique
d'ensemble, de faire des rénovations bien conçues et bien
pensées.
La Société d'habitation du Québec peut actuellement
subventionner des zones de rénovation. La loi actuelle nous permettait
de le faire en dehors des zones de rénovation. On sait qu'à
l'intérieur des zones c'est parce qu'il y a des raisons
particulières. On établit que telle zone devient zone de
rénovation parce qu'il y a danger possible de dégradation des
logis, que ça devienne une région de taudis, qu'il y ait,
à l'intérieur de cette zone, des maisons tellement vieilles
qu'elles deviennent insalubres.
C'était, tout simplement, dans le but d'éviter de toujours
reconstruire des maisons, alors qu'on aurait pu les rénover à un
coût inférieur. A ce moment-là, on éviterait de
déloger inutilement des personnes; on n'aurait pas à
détruire tout un quartier pour bâtir à neuf. On ne serait
pas obligé de reloger les gens et peut-être aussi de leur faire
quitter une partie de la ville où ils sont attachés de
père en fils, les privant de cette région où ils ont
peut-être des attaches sentimentales. Une rénovation doit
permettre aux gens de continuer à vivre dans des quartiers où ils
désirent demeurer.
Mais la loi d'aujourd'hui propose justement des subventions pour des
régions en dehors de ces zones-là. Je ne peux pas concevoir qu'on
puisse présenter un projet de loi sans un plan d'ensemble. Je pense bien
qu'il y a des gens très sérieux actuellement à la
Société d'habitation du Québec qui ont certainement
planifié et réalisé qu'à Montréal, à
Québec ou dans d'autres villes il faudra repenser la vocation bien
précise des centres-villes qui pourraient être
rénovés selon une intention bien spécifique, bien propre.
Il faudrait planifier d'avance que telle section de Montréal ou de
Québec devien- dra un centre-ville avec une force centripète. On
pourrait intéresser les gens à venir participer à des
fonctions bien précises à l'intérieur de ces
zones-là.
Je veux m'expliquer là-dessus. Si on pense à des
centres-villes, par exemple, la rue Sainte-Catherine, dans l'est de
Montréal, où ça commence à devenir un quartier de
moins en moins intéressant où demeurer et de plus en plus mort,
de la rue Frontenac, Delorimier, Papineau, en s'en allant vers l'est.
Si une planification était faite pour établir quelle
devrait être la vocation précise des centres-villes et qu'on
déterminait, selon les politiques qu'on voit dans d'autres grandes
villes, aux Etats-Unis, en Europe, justement libérées des usines,
mais avec une vocation beaucoup plus touristique, une vocation sociale, une
vocation de services où on retrouverait des logements qui ne seraient
pas nécessairement des logements résidentiels, où on
retrouverait une vocation de loisirs, par exemple, comme de plus en plus de
cinémas, de plus en plus de théâtres, des endroits pour les
sports, des gymnases, des commerces de détail, des magasins
spécialisés, des magasins à rayons, des administrations de
services, des bureaux, etc. Si cela est planifié, on détermine
que ces régions pourraient être des régions à
vocation commerciale spécialisée et de services touristiques,
Ainsi, cela permettrait de ne pas détruire...
M. LE PRESIDENT: J'écoute avec beaucoup d'attention l'honorable
député de Lafontaine qui, d'ailleurs, tient des propos
éminemment intéressants. Jusqu'ici, justement peut-être
à cause de l'intérêt de ses propos, j'ai peut-être
été un peu distrait, mais il ne faudrait quand même pas,
parce que cela pourrait constituer un précédent qui lierait la
présidence, que le député de Lafontaine exagère
trop. Je pense que le principe du projet de loi est quand même assez
limité. Je me demande sérieusement s'il peut ainsi aborder tout
ce vaste problème de l'aménagement, du zonage, enfin tout le
problème de l'aménagement des villes ou des territoires.
Je l'inviterais, sans vouloir user d'une plus grande
sévérité qu'il ne le faut, à m'aider à
appliquer le règlement en tentant de circonscrire quelque peu la
portée des propos qu'il tient et tenter de les ramener davantage au
principe du projet de loi no 275.
M. LEGER: M. le Président, est-ce que je peux me permettre de
vous demander une directive en me référant à l'article
667, à l'effet que j'ai basé toute mon argumentation en
prévoyant comme d'habitude qu'à cette heure-ci il y aurait un
président qui pourrait me poser la question? Cela arrive tellement
souvent depuis quelque temps que je l'ai prévu. A l'article 556, il est
bien dit qu'en deuxième lecture on peut parler de toute autre
méthode pour atteindre les fins du bill. Je pense que le
bill parle justement d'une zone en dehors des zones de
rénovation. Pour atteindre les fins du bill, je parle justement d'une
politique générale d'habitation, de subventions pour des zones en
dehors de la zone de rénovation. C'est pourquoi cela prend une politique
globale, parce que ce n'est justement pas circonscrit. Le projet est en dehors
des zones circonscrites.
Je pense que je me conforme complètement au règlement en
expliquant que lorsqu'on veut permettre des subventions à la
Société d'habitation du Québec en dehors des zones de
rénovation, il faut y aller selon des critères bien
définis. Je donne des critères bien définis en parlant de
zones bien particulières de Montréal qui sont en dehors des zones
de rénovation et qui permettraient d'atteindre les fins du bill, soit
des subventions en dehors des zones de rénovation. C'est ce que
j'essayais de prouver.
C'est la raison pour laquelle de toute façon, je n'avais
pas l'intention de m'éterniser je voulais faire remarquer que si
on veut atteindre les fins du bill, il faut tenir compte de critères
bien précis pour ces zones qui ne sont pas circonscrites. Je disais
justement que s'il n'y a pas de loi-cadre d'urbanisme de déposée
comme référence, s'il n'y a pas de loi-cadre de l'habitation par
laquelle on pourrait savoir quels sont les critères qui permettraient de
donner des subventions en dehors des zones bien précises de
rénovation, on pourrait le faire si on avait une politique
générale qui pourrait déterminer qu'il y a des zones
précises, comme les zones de centre-ville, qui ne sont pas dans des
zones de rénovation, donc qui sont touchées par le projet de loi
actuellement et qui auraient peut-être, si on leur donne une dimension de
fonctions de loisirs et de services alors, au lieu de rénover tout
simplement des maisons qui seraient appelées peut-être dans un
avenir à être détruites parce que cela n'aura pas
été planifié.
On aura fait une dépense inutile. On passe une route là.
On passe une autoroute. On fait un autre projet. A ce moment-là, on aura
fait ces dépenses inutilement.
Alors, je disais que, dans les zones de centre-ville, si on
détermine qu'on pourra rénover, on tiendrait compte des
critères suivants: d'abord, une fonction de service. Ici on dit: Ce sera
un endroit qui pourra attirer par une force centripète. Les gens
viendraient dans cette région du centre-ville parce que, le soir, ce ne
serait pas une région résidentielle mais une place de loisir, une
place de cinéma, de sport, de commerce bien spécialisé.
Cela permettrait, à ce moment-là, de rénover selon des
critères précis.
C'est la raison pour laquelle je voulais soumettre le fait que le
ministre a parlé, à plusieurs occasions, à la suite de
questions qui lui avaient été posées, de présenter,
le plus tôt possible, sa politique d'habitation, se politique
d'urbanisme. Ainsi une loi comme celle-ci pourrait entrer dans un cadre et on
pourrait dire: Votre projet de loi arrive à temps. Je dis que toute
bonne qu'est cette loi elle arrive trop tôt parce que nous ne pouvons pas
nous référer à rien. Nous ne pouvons pas voter contre non
plus parce qu'il n'y a rien de mal dans cela. Mais cela ne nous garantit pas
que nous nous en allons vers une politique d'ensemble. On fait des projets de
loi un derrière l'autre, à la pièce et sans savoir
réellement où on s'en va.
De toute façon, je voulais tout simplement terminer en demandant:
Dans cette loi-cadre d'urbanisme que le ministre veut nous présenter
à la prochaine session, est-ce qu'il va déterminer quelles
seraient les façons de soit rénover soit subventionner des
maisons ou des zones de rénovation pour que ce soit rentable? Est-ce
qu'il y aura des études d'apportées dans ce projet de loi sur les
maisons préfabriquées, sur les maisons faites en usine?
M. TESSIER: M. le Président, je soulève un point d'ordre.
On en est rendu à me poser des questions sur un projet de loi-cadre
d'urbanisme et de planification dont le député de Lafontaine
lui-même déclare qu'il sera présenté au cours de la
prochaine session. Nous sommes complètement en dehors du sujet.
M. LEGER: Je ne peux pas le déclarer, ce n'est pas moi qui le
présente.
M. TESSIER: Me demander si on va permettre la construction de maisons
préfabriquées, quel est le rapport avec le bill 275?
M. LEGER: M. le Président, je n'ai absolument pas dit cela. Sur
un point d'ordre. Je n'ai pas parlé de maisons
préfabriquées dans ce sens. J'ai demandé s'il nous
présenterait, dans sa loi-cadre d'habitation et dans sa loi-cadre
d'urbanisme les résultats des études, que le ministre nous a
promis, qui nous permettraient de déterminer ce qui serait plus rentable
et ce qui coûterait le moins cher à la province de Québec.
Ces études concernent les maisons préfabriquées et les
maisons fabriquées en usine.
M. TESSIER: Je répondrai au député de Lafontaine
quand je présenterai ce projet de loi-cadre de l'urbanisme et de la
planification, mais non pas sur le présent bill.
M. LEGER: M. le Président, de toute façon, dans
l'ensemble, nous sommes en faveur du projet mais nous commençons
à désespérer de voir l'actuel gouvernement s'attaquer de
façon moderne, globale et même vigoureuse à deux des plus
grands problèmes politiques de notre temps, le logement inadéquat
et les villes inhabitables. Et seules des lois-cadres sur l'urbanisme et sur
l'habitation nous permettraient de savoir où on s'en va. Nous sommes
prêts à appuyer le ministre mais il faudrait nécessairement
qu'il nous présente des lois d'ensemble; sinon, nous continuerons
à dire que le gouvernement n'a pas de politique d'ensemble sur
l'urbanisme, ni sur l'habitation.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Dorchester.
M. Florian Guay
M. GUAY: M. le Président, quelques brefs commentaires sur ce
projet de loi no 275 qui a pour objet de permettre à la
Société d'habitation du Québec, en quelque sorte,
d'étendre ses pouvoirs. L'objet de ce projet de loi est décrit
dans les notes explicatives. Je pense que le but ou un des buts premiers de ce
projet de loi le ministre pourra probablement le confirmer ou le nier
tantôt est d'abord et avant tout de viser la création
d'emplois. Ces lois, je ne dis pas qu'elles ne sont pas bonnes comme l'a dit
tantôt le député de Rouyn-Noranda, mais il ne faudrait pas
non plus qu'on se trompe en pensant autrement. Bien sûr que la
rénovation, qui est en même temps, dans bien des cas, de
l'embellissement, nous y souscrivons entièrement.
Il y a tellement de taudis un peu partout, que ce soit dans la ville de
Québec, de Montréal ou ailleurs, qui méritent d'être
rénovés pour en faire des logements habitables que nous ne
pouvons pas être indifférents à ce projet de loi.
Cependant, nous devons dire que le logement est en demande un peu
partout, chez nous comme ailleurs. Mais ce projet de loi rencontrera bien
sûr quelques difficultés d'application si on jette, par exemple,
un coup d'oeil rapide sur certaines lois de l'industrie de la construction qui
s'appliquent à la rénovation.
Evidemment, je ne voudrais pas violer le règlement, M. le
Président, en discutant d'un sujet qui n'est pas celui du projet de loi
no 275, mais si je prends, par exemple, une région comme celle que je
représente, ce projet de loi, dans son application, rencontrera des
difficultés.
Premièrement, la mobilité de la main-d'oeuvre: a-t-on
suffisamment de travailleurs possédant une carte de compétence,
par exemple, dans une région comme la mienne, pour appliquer
adéquatement ce projet de loi et lui donner toute la valeur qu'on
pourrait lui donner? Si je pense à cela, M. le Président, c'est
que certaines lois sont beaucoup plus applicables dans les grandes villes et
même dans des villes un peu plus petites, je pense par exemple à
Québec, Montréal ou Lévis, ou encore à des centres
semblables. Mais chez nous, étant donné que les travailleurs
possédant des cartes de compétence sont tellement peu nombreux
qu'on a même de la difficulté, actuellement, à faire ce
qu'on appelle de la vraie construction ou encore de la rénovation, je me
demande s'il n'y aurait pas lieu, tout en appliquant ce projet de loi, de
regarder du côté des lois du travail, de tenter d'humaniser ces
lois. Même ces lois du domaine du travail s'appliquent difficilement dans
certaines de nos régions.
M. le Président, je profite...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je ne vou- drais pas être
désagréable pour l'honorable député de Dorchester
mais je pense que lui aussi, actuellement, s'éloigne quelque peu du
principe du projet de loi puisqu'il parle, du moins sur le plan
législatif, d'un domaine absolument étranger au bill. Je veux
bien comprendre que dans les faits réels, il y a peut-être un
certain recoupement, mais sur le plan législatif, il s'agit d'une loi
d'habitation. Je vois difficilement comment on pourrait parler de
législations dans le domaine du travail en parlant sur le principe de
cette loi.
Alors encore une fois, j'inviterais l'honorable député
à restreindre ses propos au principe du projet de loi no 275. Il aura
sûrement d'autres occasions pour parler de la législation du
travail.
M. GUAY: Merci, M. le Président. De toute façon, je
voulais signifier que si l'on veut que ce projet de loi soit le plus
bénéfique possible, il faut tenter d'analyser les
difficultés d'application.
J'aimerais que ce projet de loi no 275 soit bénéfique
d'abord à une partie de la population qu'on appelle les
défavorisés. Si le principe du moins, de ce projet de loi est
certainement bon, il ne faudrait pas que des disparités
régionales, dans d'autres domaines, soient également
prouvées et démontrées par ce projet de loi.
M. le Président, étant donné que ce projet de loi
no 275 s'étend à toute la province, j'aimerais formuler le voeu
que le projet de loi soit bénéfique à la plus grande
partie possible de la population, y compris chez nous, dans les comtés
éloignés.
M. LE PRESIDENT: Cette motion de deuxième lecture sera-t-elle
adoptée?
Adopté.
L'honorable ministre des Affaires municipales propose que je quitte
maintenant le fauteuil et que la Chambre se forme en comité
plénier.
Cette motion sera-t-elle adoptée?
Adopté.
DES VOIX: Adopté.
Comité plénier
M. HARDY (président du comité plénier): Projet de
loi no 275, article 1.
UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. PAUL: Un instant, M. le Président.
M. SAMSON: Peut-on connaître les amendements, M. le
Président?
M. PAUL: Le ministre a-t-il des amendements à apporter? Non.
M. TESSIER: Elle est bonne comme cela.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pas un amendement?
M. PAUL: Elle est bonne parce que c'est nous qui vous l'avons dit. Vous
n'étiez pas sûr mais vous le croyez maintenant.
M. TESSIER: M. le Président, je propose que vous fassiez rapport
au président de la Chambre pour que nous passions à la
troisième lecture.
M. PAUL: Je m'y oppose parce que l'article 2 n'a pas été
adopté par le comité encore.
M. LE PRESIDENT: L'article 1 non plus. Article 1, adopté?
M. PAUL: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 2.
M. PAUL: Adopté sur division.
M. LE PRESIDENT: Article 2, adopté sur division.
M. TESSIER: Pour autant qu'il est adopté, division ou non.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il y a la troisième lecture, attendez
notre discours.
M. TESSIER: C'est là que va être le gros débat.
M. HARDY (Président du comité plénier): M. le
Président, j'ai l'honneur de vous faire rapport que le comité a
étudié le projet de loi no 275 et l'a adopté sans
amendement.
M. CARPENTIER (Président): Est-ce que la Chambre adopte cette
motion?
DES VOIX: Adopté.
Troisième lecture
M. LE PRESIDENT: Troisième
lecture.
M. PAUL: Pour vous être agréable, oui, M. le
Président.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A la troisième lecture, j'avais dessein
de faire un discours, mais j'ai l'impression qu'à cette heure-ci le
ministre n'en tiendra pas compte, alors je m'assois.
M. TESSIER: Merci. C'est le meilleur discours que le
député de Chicoutimi a jamais fait devant cette
Assemblée.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Et surtout que je n'ai pas eu besoin de me
corriger, ni de me rétracter.
M. TESSIER: Voilà, c'est fait.
M. LOUBIER: C'est peut-être parce que c'est le premier discours
que comprend véritablement le ministre des Affaires municipales.
M. TESSIER: Ah oui! Celui-là était très facile
à comprendre, il n'y a aucun doute, il était très bref,
très à point.
M. BIENVENUE: Article 18.
Projet de loi no 93 Deuxième lecture
M. LE PRESIDENT: Le député de Chauveau propose la
deuxième lecture de la Loi concernant le Bureau d'assainissement des
eaux du Québec métropolitain.
M. PAUL: M. le Président, quant à nous, nous sommes
prêts à ce que le greffier fasse les entrées pour que la
troisième lecture soit adoptée.
M. ROY (Beauce): M. le Président, nous regrettons un peu qu'on
procède si vite, étant donné que l'honorable
député de Chauveau a eu l'honneur, le privilège de nous
présenter un projet de loi. En ce qui nous concerne, nous aurions
beaucoup apprécié qu'il nous fasse un discours de
présentation en deuxième lecture de sor projet de loi, parce
que nous aurions tout de même quelques observations à faire.
Nous brûlons d'envie d'entendre le député de
Chauveau.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Chauveau.
M. André Harvey
M. HARVEY (Chauveau): Je vous remercie de vos bons applaudissements. Je
pense cependant qu'ils ont été provoqués par
l'intervention de l'honorable député de Beauce.
De toute façon, l'idéal serait d'être très
bref, puisque déjà le député...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le discours du député
étant terminé, M. le Président, nous pouvons passer en
comité plénier.
M. HARVEY (Chauveau): ...de Maskinongé vient d'indiquer assez
clairement l'unanimité qui se fait au sujet de ce projet de loi no
93...
M. PAUL: Plus maintenant.
M. HARVEY (Chauveau): ...puisqu'il a suivi avec moi d'une oreille
très attentive la présentation des bills privés et publics
au cours du mois de juin dernier alors que nous avons discuté
cette loi concernant le Bureau d'assainissement des eaux du
Québec métropolitain.
Il s'agit cette fois d'un bill de député. Il a pour objet
de maintenir en existence le Bureau d'assainissement des eaux du Québec
métropolitain jusqu'au 1er janvier 1975 ou toute autre date
antérieure fixée par le gouvernement, à la demande de la
Communauté urbaine de Québec.
Cette modification est nécessaire afin de corriger une lacune qui
s'est glissée dans le bill no 147, sanctionné le 29 juin 1971,
qui aurait pour effet de mettre fin à l'existence du bureau
d'assainissement le 1er janvier 1972, alors que dans l'esprit des
autorités du bureau, tout autant que dans celui de la Communauté
urbaine de Québec, son existence pouvait se prolonger jusqu'au 1er
janvier 1975.
Au fond le projet de loi vise essentiellement à réparer
cette erreur technique.
M. Rémi Paul
M. PAUL: M. le Président, j'aurais été prêt
à adopter ce projet de loi sans débat, mais à la suite des
remarques faites par le député de Chauveau je suis maintenant
dans l'obligation d'intervenir sérieusement, dans l'étude de ce
projet de loi, tout d'abord pour m'insurger contre le fait que l'on n'ait pas
convoqué la commission parlementaire des bills privés et des
bills publics pour avoir l'avantage d'entendre les membres du Bureau
d'assainissement des eaux du Québec métropolitain,
spécialement son président, M. Doucet. Nous aurions pu obtenir
d'eux tous les renseignements et informations nécessaires...
M. TESSIER: Est-ce que le leader de l'Opposition officielle me
permettrait une suggestion?
M. PAUL: Oui.
M. TESSIER: J'invite le député de Maskinongé
à déjeuner demain midi avec le président du Bureau
d'assainissement. A ce moment-là on pourrait régler ces
problèmes.
M. PAUL: M. le Président, il y a longtemps que je connais la
compétence de M. Doucet, puisqu'il a reçu sa formation dans notre
région, au séminaire des Trois-Rivières. Même sa
famille est de vos électeurs.
M. COITEUX: Le principe du bill. Le principe du bill.
M. PAUL: Je ne sais pas comment vote sa famille, mais je sais que sa
famille est de votre comté.
M. TESSIER: Le député de Maskinongé pourrait
peut-être ajouter que M. Jean-Louis Doucet était mon
confrère de classe à l'université. Nous avons
été reçus avocat en même temps.
C'est pour ça que ça me ferait plaisir qu'on ait un
déjeuner ensemble tous les trois.
M. PAUL: M. le Président, je suis sûr que la partie la
moins belle de toute la vie de l'ex-sous-ministre des Affaires municipales, M.
Doucet, c'est ce contact qu'il a eu avec le ministre, mais...
M. LE PRESIDENT: J'invitrais le député de
Maskinongé à s'en tenir au principe du bill 93.
M. PAUL: M. le Président, je vous inviterais à inviter mon
honorable ami, ministre des Affaires municipales, à s'en tenir lui
aussi, dans ses questions, à tout ce qui peut regarder...
M. LE PRESIDENT: Je demande la collaboration de tous les
députés.
M. PAUL: ... de près ou de loin le projet de loi no 93. M. le
Président, le projet de loi no 93 est une nécessité,
d'abord.
M. TESSIER: C'est bien, ça. M. LEDUC: Très bien.
M. PAUL: L'on sait que, sans cet amendement, le Bureau d'assainissement
des eaux du Québec mourrait avec la présente année, soit
le 31 décembre. Mais ce qui m'inquiète dans ce projet de loi,
c'est le pouvoir discrétionnaire que l'on veut donner au ministre des
Affaires municipales. Il est bien dit que ce projet a pour objet de maintenir
en existence le Bureau d'assainissement des eaux du Québec
métropolitain jusqu'au 1er janvier 1975.
Très bien, mais là où je m'inquiète, je
m'interroge, je me demande pourquoi le ministre veut obtenir tant de pouvoirs,
c'est quand je lis les mots suivants: Où à toute autre date
antérieure fixée par le gouvernement à la demande de la
Communauté urbaine de Québec; par suite de certaines dispositions
législatives...
M. TESSIER: Ah! ce n'est pas le ministre!
M. PAUL: ... actuelles le bureau cesserait d'exister le 31
décembre. Voici ce qui va se produire. C'est que, sans aucune
vérification, je suis sûr que ça va se passer. Il s'agit
d'avoir assisté à l'étude du projet de loi dans le cours
du printemps pour savoir quelles sont les relations qui existent entre le
président de la Communauté urbaine de Québec la Commission
des eaux et la Commission des transports.
Ce qui va se produire, M. le Président, c'est qu'on demandera
tout bonnement à la Commission municipale de mettre fin à
l'existence légale du Bureau d'assainissement des eaux du Québec.
Pourquoi ne pas dire dans cette loi que le Bureau d'assainissement des eaux du
Québec métropolitain ne cessera d'exister que par un
amendement, en temps opportun, que nous apporterons à la Loi de
la Communauté urbaine de Québec? Pourquoi, dès maintenant,
donner libre champ à 4a Communauté urbaine de Québec de
décider du droit de vie ou de mort du Bureau d'assainissement des eaux
du Québec métropolitain quand on sait que pour certains membres
de la Communauté urbaine de Québec ce bureau est embarrassant et
gênant?
Je me demande comment il se fait que le parrain de ce projet de loi
n'ait pas pris tous les renseignements voulus et nécessaires et qu'il
n'ait pas lui-même insisté auprès des légistes pour
que cette loi soit amendée et pour qu'on ne mette pas un pouvoir aussi
discrétionnaire entre les mains de la Communauté urbaine de
Québec.
M. HARVEY (Chauveau): Le député de Maskinongé me
permettrait-il une question?
M. PAUL: Non, M. le Président. Tout à l'heure, parce que
j'en ai au moins encore pour vingt minutes. Après, vous pourrez me poser
la question.
Ce projet de loi, dans sa forme et dans sa rédaction actuelles,
n'est pas sans nous inquiéter. Nous nous demandons pourquoi...
M. LEDUC: Est-ce qu'il vous inquiète, ce projet de loi?
M. PAUL: M. le Président, je ne comprends pas que vous ne preniez
pas mes remarques au sérieux.
M. TESSIER : Le député de Maskinongé n'est pas
très sérieux, présentement.
M. PAUL: Voyons donc! M. TESSIER: Présentement.
M. PAUL : Est-ce que le ministre ne convient pas que c'est la
Communauté urbaine de Québec qui va déterminer la
date...
M. TESSIER : M. le Président...
M. PAUL: Un instant, M. le Président. Le ministre aura le droit
de parler en deuxième lecture. Ce n'est pas parce qu'on lui a
donné deux belles lois ce soir...
M. TESSIER: Avec votre permission.
M. PAUL: Certainement. Là, je ne peux pas vous la refuser.
M. TESSIER: Est-ce que le député de Maskinongé
n'admettra pas que c'est son gouvernement, le défunt gouvernement de
l'Union Nationale, qui a adopté la Loi de la Communauté urbaine
de Québec et que toutes les dispositions auxquelles il vient de faire
allusion sont compri- ses dans cette loi de la Communauté urbaine de
Québec qui a été créée par l'Union
Nationale. Tout ce que nous faisons par le bill 93, c'est de corriger une
erreur de copiste qui s'est glissée en remplaçant les chiffres
1972 par 1975.
De toutes les autres dispositions, aucune n'est modifiée de
quelque manière. Nous respectons à la lettre la loi...
M. PAUL: J'attends toujours votre question. M. LOUBIER : Quelle est la
question?
M. TESSIER: ... qu'a adoptée le gouvernement de l'Union
Nationale.
M. LOUBIER : Quelle est la question?
M. TESSIER: Le gouvernement de la défunte Union Nationale. C'est
tout.
M. PAUL: Je vous prierais de noter, M. le Président, qu'en vertu
de l'article 266 le ministre a maintenant usé de son droit de parole en
deuxième lecture. Il ne pourra pas revenir. Nous aurions aimé
qu'il nous donne un point de vue complet sur ce projet de loi.
S'il avait dit: Est-ce que je peux vous faire une suggestion, vous
demander une information? Il ne m'a pas posé de question. Dans les
circonstances, le ministre a épuisé son droit de parole.
M. TESSIER: M. le Président, sur un point d'ordre. Ma
déclaration était dans la forme interrogative.
M. LEDUC: C'est cela.
M. TESSIER: J'ai dit: Est-ce que le député de
Maskinongé n'admettra pas que... et j'ai continué. J'attends
toujours la réponse.
M. LEDUC: C'est une excellente réponse de la part du
député de Rimouski.
M. PAUL: C'est tout à l'honneur de l'Union Nationale d'avoir
voté des projets de loi aussi importants que la Loi de la
Communauté urbaine de Montréal, la Loi de la Communauté
urbaine de Québec et la Loi de la Communauté urbaine de
l'Outaouais. Ce qui nous inquiète, c'est de voir qu'à un moment
donné un ministre a eu envie de saboter, de faire les pressions
nécessaires...
M. TESSIER: M. le Président, je formule un point d'ordre.
M. LOUBIER : Quel article?
M. TESSIER: On est complètement en dehors du sujet traité
par le bill. Il n'est pas question de discuter des principes ou de la
viabilité d'une communauté ou d'une autre. Il
est question de savoir si on doit prolonger la durée du Bureau
d'assainissement des eaux du Québec métropolitain oui ou non.
M. PAUL: M. le Président, je ne comprends plus le ministre. Il me
pose une question. Alors que je veux lui donner une réponse, il s'y
oppose. C'est nous, alors que nous étions au pouvoir, qui avons
présenté cette législation. Nous ne disons pas que la
Communauté urbaine de Québec n'est pas une excellente loi; c'est
une excellente mesure législative qui a fait ses preuves jusqu'à
présent. Je ne comprends pas qu'on n'ait pas convoqué la
commission des bills privés et des bills publics pour étudier ce
projet de loi et, surtout, nous donner les véritables raisons.
Il y a anguille sous roche, M. le Président, on ne
m'empêchera pas de m'interroger quant aux véritables raisons pour
lesquelles on veut donner le pouvoir absolu à la Communauté
urbaine de Québec de déterminer quand le Bureau d'assainissement
des eaux du Québec métropolitain aura cessé d'exister. Et
parce que l'on a cette mesure dans la loi, nous nous interrogeons, mais d'un
autre côté, nous ne pouvons pas tenir le parrain du bill
responsable, il n'a rien eu à voir dans sa prépartion.
M. HARVEY (Chauveau): J'ai voulu vous poser une question.
M. PAUL: Il est bien évident qu'il n'a rien eu à voir, il
a été tout simplement tout honoré, tout fier de se
présenter aujourd'hui pour démontrer à ses
électeurs qu'enfin il participe aux débats de cette Chambre. Je
suis sûr que demain matin nous aurons l'avantage, à bonne heure,
soit à cinq ou six heures, d'entendre à la radio la voix chaude
du député de Chauveau nous vanter les avantages de la loi qui
nous est présentée ce soir.
Je n'en fais pas grief à mon honorable ami, absolument pas, mais
cependant, je le mets en garde, c'est un jeune député, qu'il soit
prudent...
M. LEDUC: Brillant!
M. PAUL: Prudent, M. le Président, parce qu'on l'invitera
à présenter des lois comme on a voulu le faire avec l'honorable
député de Papineau, ou de toute façon, le parrain du
projet de loi de la ville de Hull.
L'honorable député de Chauveau n'aurait pas dû du
tout accepter une loi avec un pouvoir aussi arbitraire. Si au moins il
était mentionné qu'il faudra obtenir l'autorisation de la
Commission municipale, mais non, absolument rien: pouvoir
discrétionnaire à la Communauté urbaine.
Parce que la Loi de la communauté urbaine est une excellente loi
passée à l'époque par un excellent gouvernement, par un
dynamique ministre des Affaires municipales, M. Robert
Lussier, et parce que j'ai beaucoup d'estime et de considération
et d'amitié pour le parrain de ce projet de loi, après avoir
longuement discuté avec mes collègues, à l'heure du
dîner, nous nous sommes dit: D'un autre côté, il y aura
toujours possibilité, à l'occasion des crédits, de
présenter une motion de subside pour analyser toutes les implications
socio-économiques que l'on pourra retrouver dans ce projet. C'est
pourquoi, sous l'oeil vigilant du fraternel ministre du Revenu, nous nous
devons, malgré tout, dans un geste généreux et sans
pareil, de voter pour le principe de ce projet de loi.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Beauce.
M. Fabien Roy
M. ROY (Beauce): M. le Président, quelques brèves
observations seulement. Il est évident que nous ne pouvons que souscrire
à ce projet de loi no 93, Loi concernant le Bureau d'assainissement des
eaux du Québec métropolitain, qui a pour object de prolonger la
durée de ce bureau de 1972 à 1975. Je sais que ça fera
plaisir au député de Chauveau.
Mais ce qui m'étonne dans ce projet de loi c'est comment il se
fait que le gouvernement présente un projet de loi pour prolonger de
trois ans seulement l'existence du Bureau d'assainissement des eaux du
Québec métropolitain alors que ce bureau a déjà des
engagements pour de très nombreuses années à venir et le
gouvernement s'est même déjà engagé pour plusieurs
années.
Je me demande pour quelles raisons le gouvernement ne songe pas à
lui donner un caractère de permanence ou encore en prolonger la
durée de façon beaucoup plus longue.
On dit ici, dans le rapport qu'on nous a remis, que ce bureau a
reçu du ministère des Affaires municipales, une subvention de
$11,500,000 payables en dix versements annuels consécutifs. On dit, dans
ce même rapport, qu'à ce jour un montant de $4,126,130 a
déjà été versé, soit les trois
premières tranches annuelles.
Le gouvernement est déjà engagé pour cette
année à verser des subventions, alors que la loi demande de
prolonger l'existence légale du bureau jusqu'en 1975. Je comprends qu'il
est possible au gouvernement, en 1975, de prolonger la date d'existence du
Bureau d'assainissement des eaux, mais je me demande réellement pourquoi
le gouvernement ne le fait pas aujourd'hui. Je me demande s'il n'y aurait pas
lieu, justement, de viser à lui donner un caractère de
permanence.
En ce qui nous concerne, nous aimons les choses claires. Nous aimons
savoir où nous allons. Je pense que ce serait extrêmement
important si on veut permettre à ce bureau de jouer un rôle encore
plus grand dans l'assainisse-
ment des eaux. Dieu sait que, dans ce domaine, il y a un travail
énorme à faire. Justement, on lui a permis d'emprunter à
long terme. Lorsqu'on emprunte à long terme, ce n'est pas seulement une
durée de trois ans. Le Bureau d'assainissement des eaux a
nécessairement des emprunts à long terme à rencontrer, des
obligations à rencontrer. On dit que l'évaluation des actifs
à acquérir sera basée sur le coût à la
municipalité et qu'ils seront répartis sur une période de
40 ans.
Devant toutes ces considérations, nous nous interrogeons. Je
demande au parrain du bill de bien vouloir nous donner, dans sa réplique
ou lors de l'étude en comité plénier, les raisons
fondamentales qui font que le gouvernement prolonge l'existence du bureau
seulement de trois ans, plutôt que lui donner un caractère de
permanence.
En terminant, nous ne pouvons que souscrire à ce projet de loi,
parce que nous estimons que le bureau a un rôle à jouer et qu'il
devra continuer à le jouer dans l'avenir.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Lafontaine.
M. Marcel Léger
M. LEGER: M. le Président, sur le projet de loi no 93, je serai
très bref. C'est sûr qu'il n'y a pas tellement de choses à
dire sur ce prolongement de date. Nous sommes d'accord. Je voudrais simplement
en profiter, en deux ou trois minutes, pour dire que j'espère que ce
délai de trois ans permettra au Bureau d'assainissement des eaux du
Québec métropolitain de repenser une décision qu'il a
prise dernièrement et qui touche justement la Communauté urbaine
de Québec. Il s'agit justement de l'épuration des eaux. Au lieu
de trois usines d'épuration prévues initialement au coût de
$18 millions, on a décidé de construire des diffuseurs au
coût de $4 millions. On est d'accord que c'est une solution moins
coûteuse, mais c'est la moins efficace pour lutter contre la pollution du
Saint-Laurent, en particulier pour ce qui est de la pollution chimique.
Nous sommes d'accord sur le principe du bill à l'effet que ce
soit reporté à trois ans, mais je ne peux que formuler le
désir et l'espoir qu'on verra à ce que le Bureau d'assainissement
des eaux du Québec repense cette décision, parce que, même
si on veut épargner de l'argent, cela coûte toujours trop cher si
cela ne sert à rien. C'est la raison pour laquelle j'ai profité
du fait qu'on mentionnait le Bureau d'assainissement des eaux du Québec
pour faire remarquer que cette décision n'est certainement pas heureuse
et qu'on devrait y repenser.
Nous sommes d'accord sur le principe de prolonger la date et nous
voterons en sa faveur.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Chauveau.
M. HARVEY (Chauveau): Si je comprends bien, l'unanimité s'est
faite autour de ce projet de loi que l'on peut communément appeler un
bill de député. Je voudrais tout simplement, en quelques
secondes, relever les interventions de mes collègues de l'Opposition et
assurer le représentant de Maskinongé que c'est consciemment et
justement avec le souci du devoir que j'ai accepté d'apporter une
correction à une erreur technique qui a été faite lors de
la présentation et particulièrement de l'étude de ce
projet de loi. Il s'agit de prolonger le mandat du BAEQM de 1971 à
1975.
Cependant, une autre interrogation est venue du député de
Beauce et je voudrais le féliciter. Je me demande si, à la suite
de la question posée par le député de Beauce, on ne
devrait pas, après avoir accepté éventuellement le mandat
de prolongement jusqu'en 1975, s'interroger sur la possibilité d'une
continuité en permanence d'un organisme qui pourrait peut-être
s'appeler différemment mais qui s'occuperait véritablement de la
qualité de l'assainissement des eaux à la grandeur du territoire
du Québec métropolitain. Alors, sa question devient pour moi une
réponse puisque je me pose la même question, non pas
nécessairement en regard du BAEQM mais aussi bien pour un autre
organisme qui pourra porter éventuellement un autre nom. Mais il est
clair qu'un organisme de ce genre a sa raison d'être. D'ailleurs, le
BAEQM est venu au monde avant la création de la Communauté
urbaine de Québec. La Communauté urbaine de Québec vient
coiffer, si on peut dire, ce service qui existe. Nous en avons convenu et nous
l'avons étudié, d'ailleurs, lors de la réunion de cet
été concernant la prolongation du mandat de la Commission de
transport ainsi que le Bureau d'assainissement des eaux du Québec
métropolitain.
En dernier lieu, je pense que la proposition faite par le
député de Lafontaine mérite, elle aussi,
considération. Mais il est clair que lorsque nous donnons un mandat
d'exécution à un organisme comme la Communauté urbaine de
Québec, qui a à son service des spécialistes dans le
domaine, nous devons, ipso facto, nous en remettre «à ces
spécialistes, à la lumière des expériences
vécues et aussi de leurs connaissances. Nous devons leur donner un
mandat qui leur permette d'abord d'expérimenter des formules et d'avoir
cette polyvalence d'action pour en arriver finalement à un maximum de
qualité pour des coûts toujours moindres. C'est toujours ce que
nous visons parce qu'en définitive celui qui paie la facture c'est celui
qui en profite.
Alors, merci beaucoup, messieurs, d'avoir apporté ces
argumentations qui, à mon sens, sont recevables. Je vois le
député de Maskinongé, qui vient de reprendre son
siège. Comme il a fini de parler, je pourrais peut-être maintenant
lui poser la question. Mais poser la question, c'est y répondre. Je suis
aussi d'accord et je vous remercie.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Chauveau propose
que je quitte maintenant le fauteuil et que la Chambre se forme en
comité...
M. PAUL: Restez là, M. le Président, ne vous
dérangez pas.
M. HARVEY (Chauveau): Cela va bien aller. Restez-là !
M. PAUL: Cela va bien aller.
M. LE PRESIDENT: La motion de deuxième lecture est-elle
adoptée?
UNE VOIX: La troisième aussi. M. LEDUC: Les entrées.
M.PAUL: Un instant. UNE VOIX: Soyez prudent.
M. PAUL: Faites votre motion, M. le Président
Comité plénier et troisième
lecture
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Chauveau propose
que je quitte maintenant le fauteuil et que la Chambre se forme en
comité plénier pour l'étude du bill 93. Cette
motion...
M. PAUL: M. le Président,...
M. LE PRESIDENT: ... est-elle adoptée?
M. PAUL: ... il est de coutume, lorsque la motion est faite pour la
formation du comité plénier, que l'on fasse certaines motions
pour déférer, le cas échéant, certaines lois
à des commissions parlementaires. Je crois que l'occasion est toute
choisie pour demander que cette législation soit
déférée à la commission des bills privés et
des bills publics alors que nous aurons là l'avantage d'entendre le
président du Bureau d'assainissement des eaux du Québec pour
connaître toute l'administration de son service et également
convoquer toute personne intéressée. Je fais donc motion, M. le
Président, pour que, malgré tout, vous puissiez quitter le
fauteuil.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que cette motion est adoptée?
UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que la motion de troisième lecture...
M. PAUL: Troisième lecture.
M. LE PRESIDENT: ... est adoptée?
M. PAUL: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Qu'on fasse les inscriptions.
M. BIENVENUE: Article 16, M. le Président.
Projet de loi no 276 Deuxième lecture
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Affaires municipales propose
la deuxième lecture de la Loi favorisant le regroupement des
municipalités.
Cette motion est-elle adoptée?
UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Affaires municipales.
M. Maurice Tessier
M. TESSIER: M. le Président, cette fois-ci, le
lieutenant-gouverneur de la province a pris connaissance de ce bill et il en
recommande l'étude à la Chambre.
M. PAUL: Où, quand, comment et pourquoi?
M. LEDUC: Au feuilleton!
M. TESSIER: Cette question pourrait être posée au
lieutenant-gouverneur lui-même. Je ne peux pas répondre à
sa place.
M. le Président, au cours du mois de mars dernier, un livre blanc
sur une politique de restructuration des municipalités avait
été déposé en cette Chambre. Ce document devait
précisément recevoir les commentaires des municipalités et
des divers groupes intéressés aux questions municipales.
Par la suite a suivi la conférence provinciale-municipale et,
dans l'intervalle, au-delà d'une centaine de mémoires ont
été présentés au gouvernement sur la question de la
restructuration des municipalités et du regroupement municipal.
Pour ma part, j'ai eu l'occasion, pendant environ un an, de parcourir
tous les coins de la province, de dialoguer, de rencontrer et de consulter
environ 400 conseils municipaux afin de connaître leurs réactions.
La commission parlementaire permanente des Affaires municipales a
également siégé sur la question et a reçu d'autres
mémoires. J'ai aussi eu l'occasion, à plusieurs reprises, de
discuter de toute cette question avec les membres des trois communautés
existantes, soit les communautés urbaines de Québec et de
Montréal et la communauté régionale de l'Outaouais.
Après au-delà d'un an de consultations avec
tous les intéressés, j'en suis donc venu à la
conclusion que la formation des communautés municipales n'était
peut-être pas le meilleur moyen d'améliorer ainsi le sort de nos
concitoyens et plus particulièrement des contribuables
intéressés.
J'ai donc recommandé à mon gouvernement, au conseil des
ministres, de modifier la politique de regroupement des municipalités et
d'adopter plutôt une politique qui favoriserait, au départ, le
regroupement de municipalités par des fusions. Nous avons dans nos
statuts, depuis déjà, je crois, 1965 ou 1966, une loi qui
s'intitule Loi des fusions volontaires des municipalités.
Malheureusement, cette loi n'a pas apporté les fruits que nous
espérions puisque très peu de municipalités s'en sont
prévalu.
Or, nous avons cru devoir améliorer cette loi, et le bill 276 est
précisément une nouvelle loi, favorisant le regroupement des
municipalités par des fusions, qui remplacera la loi actuelle de la
fusion volontaire des municipalités.
Dans cette nouvelle loi on trouve des mesures incitatrises et
également, jusqu'à un certain point, certaines mesures
coercitives, lorsque, après étude, après tout un processus
de consultation, il sera démontré clairement au
lieutenant-gouverneur en conseil qu'il est de l'intérêt public
qu'un groupe de municipalités se fusionne.
Il y a un processus qui sera suivi. D'abord il y a lieu d'étudier
où la loi doit au départ trouver son application. Les
études qui ont été faites jusqu'à maintenant par le
ministère des Affaires municipales nous amènent à
établir des priorités. Et là-dessus nous tenons compte
notamment des recommandations qui nous ont été faites par deux
des principaux organismes qui concernent les municipalités, soit l'Union
des municipalités du Québec et l'Union des conseils de
comté.
L'Union des municipalités du Québec, dans de nombreux
mémoires, nous recommande depuis déjà plusieurs
années d'adopter des moyens pour réduire le nombre des
municipalités dans le cas des régions urbanisées. Or,
où sont ces régions urbanisées, si ce n'est d'abord dans
les deux communautés urbaines existantes, soit la Communauté
urbaine de Montréal et la Cmmunauté urbaine de Québec.
C'est donc dire que le gouvernement a l'intention de s'appliquer,
lorsque cette loi sera sanctionnée, comme je l'espère, d'abord
à regrouper, à l'intérieur des communautés urbaines
de Montréal et de Québec, les municipalités qui composent
ces communautés en un nombre réduit de nouvelles villes. Ceci
afin d'améliorer d'abord les services au bénéfice des
contribuables et de rendre également plus souple l'administration des
communautés urbaines existantes.
En effet, après deux ans environ d'existence puisqu'elles
ont commencé à entrer en fonction le 1er janvier 1970 il
ressort que nous n'avons pas atteint le but que se proposait le gouvernement
d'alors, qui, en somme, voulait créer, à l'intérieur de
ces communautés, une mentalité communautaire, une meilleure
collaboration des municipalités entre elles. Il s'est plutôt
développé un esprit que je pourrais qualifier de rivalité
entre certaines municipalités.
Il y a actuellement une carence de collaboration étroite et
sincère entre les municipalités. Le but ultime de la
création de ces communautés urbaines était
précisément d'en arriver à former soit une seule ville ou
soit quelques villes, mais, à tout événement, de
réduire le nombre des municipalités par étapes.
Nous avons donc cru qu'il fallait accorder cette priorité de
l'application du présent projet de loi aux deux communautés
urbaines existantes, afin de nous rendre au désir maintes fois
exprimé par l'Union des municipalités du Québec et par un
nombre considérable de municipalités qui composent ces
communautés urbaines.
Deuxième priorité; nous la retrouvons dans une
recommandation contenue dans un mémoire de l'Union des conseils de
comtés, daté du 30 décembre 1970, et elle a
été réitérée par l'Union des conseils de
comtés ou du moins par son exécutif, à la suite de
plusieurs rencontres que j'ai eues avec eux. En effet, M. le Président,
l'Union des conseils de comtés recommande expressément au
gouvernement de prendre les dispositions nécessaires pour fusionner les
municipalités de villages avec les municipalités de paroisses. Il
y en a environ 300 au Québec. Dans le mémoire de l'Union des
conseils de comtés, on va même jusqu'à dire que le
gouvernement devrait accorder un délai précis d'un an à
ces municipalités de villages et de paroisses pour se fusionner,
à défaut de quoi le gouvernement devrait intervenir et l'imposer
par la force.
La présente loi va moins loin que ce qui nous est demandé
par l'Union des conseils de comtés puisque nous n'incluons pas ce
délai précis d'un an pour forcer ces deux types de
municipalité, c'est-à-dire de villages et de paroisses, à
se fusionner. Nous établissons un mécanisme qui nous semble tout
à fait démocratique et qui, je crois, va favoriser à
l'avantage des municipalités, à l'avantage des contribuables,
à l'avantage de la population entière du Québec, le
regroupement. Par ce processus, nous arriverons éventuellement à
atteindre le but qui nous est recommandé et suggéré par
l'Union des conseils de comtés et par l'Union des municipalités
du Québec et que nous n'avons pu atteindre par la loi actuelle de la
fusion volontaire des municipalités.
Ce processus, M. le Président, est le suivant: d'abord,
après étude de la situation, le ministre pourra établir
des unités de regroupement. Ces unités de regroupement, je le
répète, se feront suivant un ordre de priorités que j'ai
mentionné. Ces unités de regroupement pourront comprendre, dans
certains cas, trois, quatre ou cinq municipalités, il n'y a pas de
limite, et peut-être sept ou huit, dans d'autres cas. Après
que
l'unité de regroupement aura été
déterminée, que cela aura été annoncé dans
la Gazette officielle, les municipalités en question pourront,
après études, bien entendu, adopter des règlements.
M. LEGER: Est-ce que le ministre me permettrait une question?
M. TESSIER: Oui.
M. LEGER: Ce soir ou pendant qu'on prépare ce projet de loi,
est-ce que le ministre a une description de ces unités de groupement ou
si c'est uniquement à venir? Est-ce qu'il y a un plan défini de
ces unités de groupement?
M. TESSIER: Non. Il n'y a aucun plan défini actuellement. Nous
n'allons pas travailler sur un plan avant que la loi ne soit
sanctionnée. C'est seulement à partir de ce moment-là que
nous verrons comment nous pouvons établir des unités de
regroupement.
Je puis ajouter ceci: Les études qui détermineront les
unités de regroupement comprendront également la consultation des
intéressés afin de déterminer quelles seront ces
unités de regroupement qui seront en premier lieu, comme je l'ai
mentionné, dans les deux communautés urbaines existantes et
également dans la Communauté régionale de l'Outaouais; par
la suite, ce sera entre les municipalités de village et de paroisse
comme seconde étape. Lorsque l'unité de regroupement aura
été désignée, si, après étude,
après consultation, après collaboration avec les officiers du
ministère des Affaires municipales qui pourront étudier
conjointement avec les municipalités les avantages ou
désavantages d'une fusion à l'intérieur de cette
unité, si, après tout cela, 50 p.c. des municipalités
comprises à l'intérieur d'une unité, volontairement et
sans coercition, après avoir pesé et étudié les
avantages et désavantages d'une fusion volontaire, adoptent un
règlement de fusion, si ces municipalités représentent
également 50 p.c. de la population de cette unité, le
lieutenant-gouverneur en conseil, s'il croit que c'est d'intérêt
public, sur recommandation de la commission municipale, pourra alors
émettre des lettres patentes fusionnant l'unité de
municipalités en une seule.
Il y aura...
M. ROY (Lévis): M. le Président, est-ce que le ministre me
permettrait une question?
M. TESSIER: Oui.
M. ROY (Lévis): Quand le ministre parle de 50 p.c. du conseil
municipal...
M. PAUL: Non, ce n'est pas cela qu'il a dit. M. ROY (Lévis): De
la population. M. LOUBIER: Oui, de la population.
M. ROY (Lévis): Je l'ai peut-être devancé parce que
j'ai vu dans le bill qu'il y avait 50 p.c...
M. PAUL: C'est l'ancienne loi. La loi actuelle parle de 50 p.c. des
conseils municipaux.
M. TESSIER: C'est 50 p.c. des conseils municipaux représentant 50
p.c. de la population de l'unité.
M. ROY (Lévis): Mais si c'est 50 p.c. des conseils municipaux,
quand il y a six conseillers, qu'est-ce que vous pensez du maire?
M. TESSIER: Non, ce n'est pas 50 p.c. des membres, c'est 50 p.c. des
municipalités comprises dans une unité. Exemple: Si une
unité est désignée, comprenant cinq municipalités
et que sur ces cinq municipalités il y en a trois qui adoptent un
règlement favorisant la fusion, et si ces trois municipalités
représentent entre elles 50 p.c. ou plus de la population des cinq
municipalités, à ce moment-là, sur recommandation de la
commission municipale, s'il est prouvé qu'il est dans
l'intérêt public que la fusion ait lieu, le lieutenant-gouverneur
en conseil est autorisé à émettre des lettres patentes
créant une nouvelle municipalité qui comprendra les territoires
et la population des cinq municipalités comprises dans
l'unité.
Il y aura toutefois publication, comme je l'ai mentionné, dans la
Gazette du Québec des règlements, des conditions de fusion de
même que dans les journaux circulant dans ces municipalités.
Un exemplaire de la requête de fusion devra être
déposé au bureau du secrétaire-trésorier et tout
intéressé pourra en recueillir une copie.
Si un seul propriétaire ou locataire d'une de ces
municipalités s'oppose à la fusion, après publication des
avis, automatiquement la Commission municipale devra tenir une enquête
publique et entendre les oppositions. Même s'il n'y a pas d'opposition,
si le ministre croit qu'il n'est peut-être pas d'intérêt
public que la fusion se fasse, il peut ordonner, même en l'absence
d'opposition, une enquête par la Commission municipale sur les avantages
ou les désavantages d'une telle fusion.
M. PAUL: L'honorable ministre me permet-il une question?
M. TESSIER: Oui.
M. PAUL: Quels critères serviront de base à la nomination
de l'enquêteur chargé d'examiner toute la situation dans un
territoire donné pour procéder au regroupement des
municipalités? La loi parle d'un enquêteur.
M. TESSIER: Pas d'un enquêteur, d'une enquête par la
Commission municipale.
M. PAUL: Par la Commission municipale.
M. TESSIER: Oui, ce n'est pas un enquêteur, c'est la Commission
municipale qui aura les pouvoirs de faire enquête.
M. PICARD: M. le Président, le ministre me permettrait-il une
question?
M. TESSIER: Oui.
M. PICARD : Les unités dont vous avez parlé tantôt,
est-ce que ce sera le ministre qui les désignera à la suite d'une
enquête faite par un fonctionnaire ou si ce sera la Commission
municipale?
M. TESSIER : Par des fonctionnaires des Affaires municipales.
M. PICARD: Ce sera le ministre qui décidera. Alors, dans cette
éventualité, comment pouvez-vous dire, comme vous l'avez fait
tantôt, que, si le ministre considère qu'il n'est pas avantageux
de faire la fusion, à ce moment-là il décrétera une
enquête publique? Si c'est lui qui décide que c'est telle
unité, comment peut-il changer d'idée après et dire que ce
n'est pas avantageux?
M. TESSIER: L'unité qui est créée, M. le
Président, est créée pour poursuivre des études,
pas pour autre chose. Lorsque le ministre désignera une unité de
municipalité, il obligera les municipalités à faire des
études entre elles et conjointement avec le ministère des
Affaires municipales sur l'opportunité de se fusionner ou non; c'est
simplement pour des fins d'études. Comme je l'ai expliqué tout
à l'heure, lorsque la majorité des municipalités
représentant la majorité de la population adoptent des
règlements en faveur de la fusion, à ce moment-là, c'est
tout le processus que j'ai expliqué: S'il y a opposition, il y a
enquête publique par la Commission municipale, après avis dans les
journaux etc. Je ne veux pas recommencer ce que j'ai dit tout à
l'heure.
M. LOUBIER: Le ministre me permettrait-il de lui poser une
question...
M. TESSIER: Certainement.
M. LOUBIER: ... afin de me guider dans les remarques que j'aurai
à faire ultérieurement? Il est bien dit dans les notes
explicatives que ce projet autorise le ministre des Affaires municipales
à établir des unités de regroupement pouvant comprendre
des municipalités tant urbaines que rurales.
Alors, il est bien spécifié, dans les notes explicatives,
qu'il appartient au ministre d'établir les unités de
regroupement.
Alors, comment peut-il concilier les propos qu'il vient de tenir avec
les notes explicatives qui nous sont présentées?
M. TESSIER: Je ne sais pas si je saisis bien l'idée du chef de
l'Opposition officielle, mais, évidemment, il s'agit d'une loi-cadre qui
va s'appliquer à l'ensemble de toutes les municipalités du
Québec. Il y a actuellement environ 1,585 municipalités au
Québec. On ne peut, dans une loi-cadre, faire des distinctions, avoir
deux lois, une loi pour les municipalités urbaines et une loi pour les
municipalités rurales. On tend, de plus en plus...
M. LOUBIER: Pourquoi pas?
M. TESSIER: ... à uniformiser nos lois.
M. LOUBIER: Mais pourquoi n'y aurait-il pas deux lois alors?
M. TESSIER: Parce qu'on tend à uniformiser nos lois.
M. LOUBIER: Ce serait dans l'économie des...
M. TESSIER: A titre d'exemple, nous avons, par le bill 48, une loi de
l'évaluation foncière municipale qui s'appliquera autant à
la ville de Montréal qu'à la plus petite municipalité
rurale du Québec. Des normes uniformes. Nous avons un projet de loi
auquel le député de Lafontaine a fait allusion tout à
l'heure, une loi-cadre de l'urbanisme et de la planification qui s'appliquera
également à toutes les municipalités dans toute
l'étendue du territoire du Québec.
J'ai déclaré, dans cette Chambre, à quelques
reprises, qu'une commission de refonte étudie présentement, et
ceci depuis le 1er janvier 1971, la refonte du code municipal et de la Loi des
cités et villes en une seule loi, afin que nous ayons une seule loi qui
régira toutes les municipalités.
M. LOUBIER: Est-ce que le ministre veut signifier l'intention d'adopter
les mêmes critères au niveau des municipalités rurales
qu'au niveau des municipalités urbaines? Je veux dire ceci: même
si le ministre veut unifier le code municipal et la Loi des cités et
villes dans une seule codification, est-ce qu'il n'y aura pas une intention
marquée du législateur de tenir compte des particularismes
propres des municipalités rurales et des municipalités urbaines?
Je pense qu'on ne peut absolument pas traiter selon les mêmes
critères, sur le plan social ou sur le plan économique, les
municipalités rurales et les municipalités urbaines.
M. TESSIER: Je suis parfaitement d'accord. On peut, dans une même
loi, établir des procédures identiques, mais il est
évident que les critères vont être différents.
Exemple: si l'on prend le bill 48, la Loi sur l'évaluation
foncière, il est évident que les critères
d'évaluation vont être différents, dans les
municipalités rurales, pour établir la valeur d'un immeuble, que
dans les centres urbanisés.
Il est évident que les avantages, parce que toutes ces fusions
proposées vont se faire à la suite d'études. Jamais, dans
aucun cas, il n'y aura fusion sans que des études en profondeur aient
été faites. Or, pour revenir aux critères que l'on vient
de mentionner, il est évident que les critères ne seront pas les
mêmes pour déterminer les avantages ou les désavantages
d'une fusion lorsqu'il s'agit de fusionner deux ou trois municipalités
urbaines ou deux ou trois municipalités rurales. Les avantages peuvent
être considérables dans le cas de mise en commun de services,
d'économie, d'amélioration de services au bénéfice
des contribuables, dans le cas de la fusion de deux ou trois villes. Cela ne
veut pas dire que ces avantages seront les mêmes si on fusionne des
municipalités de campagne. C'est pour cela que je dis que la loi ne
trouvera pas beaucoup d'application à la campagne. Ce n'est pas le but
de la loi de forcer ou d'insister même sur la fusion de
municipalités rurales. Le but premier est d'appliquer la loi dans les
régions urbanisées.
J'ai donné justement des exemples hier, lors de la
présentation d'un autre projet de loi qui était un amendement au
code municipal, de municipalités rurales qui veulent se fusionner. J'en
connais plusieurs qui n'attendent que cette loi-là et qui voudront
librement profiter des fusions. En somme, il faut leur donner les moyens, il
faut leur donner les outils pour atteindre leurs buts. Lorsque les
municipalités rurales voudront s'en prévaloir, elles pourront le
faire, mais ce n'est pas l'intention...
M. ROY (Beauce): Est-ce que je pourrais poser une question au
ministre?
M. TESSIER: Oui.
M. ROY (Beauce): Je ne voudrais pas être impoli, M. le
Président, mais est-ce que le ministre en a encore pour bien longtemps?
Remarquez bien que ce n'est pas parce que je veux restreindre son droit de
parole, mais je vais être obligé d'invoquer l'article 87, parce
que nous n'avons pas quorum en cette Chambre.
M. LOUBIER: M. le Président, si le député de Beauce
veut invoquer le défaut de quorum, il devrait peut-être regarder
le nombre des députés du Ralliement créditiste qui sont en
Chambre. Ils n'ont pas quorum dans leur propre groupe. Etant donné que
nous sommes, M. le Président, dans une situation assez exceptionnelle,
à la veille des Fêtes, je pense que ce serait de
l'élémentaire gentilhommerie de ne même pas le souligner,
surtout à la fin d'une séance. Il est minuit moins dix minutes.
Il y a des députés de différentes formations politiques
qui viennent de quitter. Je pense que ce serait une façon assez
déplorable de souligner, dix minutes avant la fin de la séance,
qu'il y a manque de quorum.
M. ROY (Beauce): M. le Président, étant donné que
l'honorable député de Bellechasse a voulu parler de la
présence de notre groupe, je tiendrais à lui souligner que
proportionnellement, nous sommes beaucoup plus nombreux qu'eux.
M. le Président, la Loi favorisant le regroupement des
municipalités est une loi d'intérêt public, une loi
d'intérêt général. Je m'étonne du peu de
présences qu'il y a en cette Chambre, en ce moment, relativement
à l'étude et à la présentation de ce projet de loi,
pour écouter l'intéressant discours du ministre des Affaires
municipales.
M. LOUBIER: M. le Président, sur un point de règlement. Je
m'étonne également qu'encore une fois on se rende compte qu'il y
a un regroupement, en cette Chambre, qui profite de toutes les occasions pour
faire purement de la démagogie et essayer, de soulever des points qui
intéressent non pas la population dans les législations, mais qui
pourraient, d'une façon émotive, la rendre sympathique à
des propos qui seraient tenus dans une coloration purement
électoraliste.
Je répète, M. le Président, que nous sommes dans
une situation exceptionnelle.
M. SAMSON: M. le Président, j'invoque le règlement.
M. LOUBIER: Je parle présentement sur un point de
règlement.
M. SAMSON: M. le Président, j'invoque le règlement. En
vertu de l'article 87, nous n'avons pas quorum. Donc, le chef de l'Opposition
n'est pas censé avoir le droit de parole quand nous n'avons pas quorum,
étant donné que nous l'avons invoqué.
M. LOUBIER: Puis-je terminer, M. le Président?
M. SAMSON: Il n'est pas question déterminer, M. le
Président. Quand on invoque le quorum, vous devez immédiatement
demander qu'on appelle les députés.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Qu'on appelle les députés!
M. LOUBIER: M. le Président, j'aimerais tout simplement faire
remarquer qu'à la demande...
M. SAMSON: M. le Président, vous avez demandé qu'on
appelle les députés. L'honorable député n'a pas
plus le droit de parole que les autres.
M. LOUBIER: M. le Président, le chef du Ralliement des
bérets blancs a-t-il complètement perdu la tête...
M. SAMSON: M. le Président, je n'ai pas consulté la mafia
avant de faire mon intervention.
M. LOUBIER : Non. Avez-vous consulté le chef du Parti nazi qui
assistait à votre congrès à Ottawa?
M. SAMSON: M. le Président, il aurait sûrement
été mieux placé dans votre congrès,
celui-là.
M. LOUBIER: Il était tout de même là, M. le
Président. Le chef du Parti nazi avec les créditistes.
M. SAMSON: Envoyé par qui, nous ne le savons pas.
M. LOUBIER: Conservé par vous, nous le savons.
M. ROY (Beauce): Nous sommes prêts à collaborer, M. le
Président. Nous sommes prêts à assister en cette Chambre.
Mais qu'il y ait suffisamment de députés pour que nous ayons
quorum.
M. VEILLEUX: M. le président est en train de compter.
M. LOUBIER: Imaginez-vous! Ils ne comprennent rien quand ils ont quorum.
Quand il n'y en a pas, qu'est-ce que cela va être !
M. VEILLEUX: M. le Président, pendant que vous comptez, il est
peut-être permis de parler. Alors, pourquoi ne laisse-t-on pas parler le
député de Bellechasse? C'était une intervention
très intéressante.
UNE VOIX: C'est vrai.
M. SAMSON: Quand nous aurons recommencé.
M. TESSIER: M. le Président, avons-nous quorum?
M. LE PRESIDENT (Hardy): A l'ordre! L'honorable ministre des Affaires
municipales.
M. TESSIER: M. le Président, j'ai expliqué un peu le
processus. Vu que nous avons maintenant quorum, je voudrais simplement ajouter
ceci. C'est que le projet de loi prévoit également que tous les
fonctionnaires des municipalités concernées conserveront leur
emploi au service de la nouvelle municipalité qui naîtra par la
fusion.
Egalement, il y a un point qui est assez important. Justement, cela
s'est produit tout dernièrement lors de la fusion de la ville de
Laflèche avec celle de Saint-Hubert, où on est arrivé
à quelques jours près des élections.
Si la publication n'avait pas eu lieu en temps dans la Gazette
officielle, on aurait dû tenir des élections. Or, lorsqu'on est en
pourparlers sérieux de fusion et que c'est à la veille de se
matérialiser, nous pourrons retarder les élections de quelques
mois, afin de ne pas faire des élections inutiles et être
obligés de les recommencer dans la nouvelle municipalité qui a
été formée.
Comme autre disposition, le ministre des Affaires municipales pourra
ordonner s'il croit que c'est dans l'intérêt public de le
faire des études, ordonner à une municipalité ou
à un groupe de municipalités...
M. VEILLEUX: Un revenant.
M. LEDUC: Il y a une chemise rouge, ce créditiste-là?
M. BROCHU: Si je mets une chemise rouge, c'est parce que ça peut
se changer.
M. TESSIER: Je disais qu'en vertu de ce projet de loi le ministre pourra
ordonner des études sur l'opportunité que telle ou telle
municipalité se fusionne. Les municipalités qui recevront une
telle ordonnance devront faire rapport dans un délai imparti au
ministre; à défaut d'avoir fait rapport sur le résultat de
leurs études, le ministre pourra les entreprendre aux frais des
municipalités.
Egalement, et c'est là que je veux souligner le caractère
démocratique de cette loi, il pourra y avoir référendum,
non seulement enquête par la commission municipale. Dans certains cas, un
référendum pourrait être ordonné afin de
connaître le sentiment de la population concernée. Il y a tout le
processus du référendum qui est expliqué.
Enfin, pour favoriser de telles études, de tels
regroupements...
M. SEGUIN: Est-ce que le ministre me permettrait une question?
M. TESSIER: Oui.
M. SEGUIN: Lorsqu'il s'agit de référendum, est-ce qu'on
veut des référendums dans le sens de la Loi des cités et
villes où il y aurait équilibre entre le vote et les valeurs ou
si c'est simplement un plébiscite?
M. TESSIER: Oui, exactement, pour employer le terme que vient de
mentionner mon collègue, le député de Robert-Baldwin, ce
sera un plébiscite, une consultation où on ne tiendra pas compte
du tout de la valeur au rôle d'évaluation, mais où les
propriétaires et les locataires pourront se prononcer en nombre.
M. PAUL: La loi le dit, d'ailleurs.
M. TESSIER: Exactement. Enfin, et c'est là
un des aspects, je crois, très intéressants de ce projet
de loi, c'est qu'à l'occasion de ces fusions et sur recommandation
toujours de la Commission municipale remarquez bien que la Commission
municipale, dans tout ce processus, joue un rôle prédominant;
c'est toujours la Commission municipale qui fait les enquêtes, qui
recommande au lieutenant-gouverneur en conseil, qui fait des rapports le
ministre des Affaires municipales pourra accorder, après étude de
toute la structure fiscale des municipalités, le paiement de subventions
qui pourront aller jusqu'à un maximum de $15 per capita. Voilà la
portée de ce projet de loi no 276.
M. LOUBIER: M. le Président, je demande l'ajournement du
débat.
M. LE PRESIDENT: Cette motion sera-t-elle adoptée?
DES VOIX: Adopté.
M. BIENVENUE: M. le Président, demain, d'un commun accord avec
les partis d'Opposition qui ont été consultés par le
leader parlementaire, nous pourrions reprendre les travaux à dix heures
trente, pour arrêter à midi trente.
Nous reprendrons à une heure trente, j'allais dire jusqu'à
la fermeture mais, selon la bonne marche des travaux je suis sûr
qu'ils vont marcher aussi rondement que ce soir nous pourrions songer
à une heure raisonnable d'ajournement au cours de l'après-midi de
demain.
Nous continuerons l'étude du bill 276 en deuxième lecture
et, si le temps nous le permettait, nous pourrions peut-être nous pencher
sur le budget supplémentaire.
M. PAUL: Ne soyez pas inquiet, on ne se penchera pas.
M. LOUBIER: C'est-à-dire que vous allez trébucher sur le
budget supplémentaire.
M. BIENVENUE: M. le Président, je fais donc motion pour que la
Chambre soit ajournée à dix heures trente demain matin.
M. LE PRESIDENT: La Chambre est ajournée à demain matin,
dix heures trente.
(Fin de la séance à 23 h 59)