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(Quinze heures neuf minutes)
M. LAVOIE (président): Qu'on ouvre les portes. A l'ordre,
messieurs!
Affaires courantes. Présentation de pétitions. Lecture et
réception de pétitions. Présentation de rapports de
commissions élues.
Commission des Affaires sociales
M. FORTIER: M. le Président, la commission des Affaires sociales
a l'honneur de soumettre à votre honorable Chambre son premier rapport.
Votre commission s'est réunie pour étudier le projet de loi no
65, Loi de l'organisation des services de santé et des services sociaux,
les 24 août, 16 septembre, 5 octobre, 15 octobre, 19 octobre, 9 novembre,
10 novembre, 11 novembre, 25 novembre et 2 décembre. Quatre-vingt-six
organismes ou personnes ont présenté leurs observations ou
recommandations sur le projet de loi.
M. LE PRESIDENT: Rapport lu et reçu? UNE VOIX: Reçu.
M. LE PRESIDENT: Présentation de motions non
annoncées.
Changements à des commissions
M. PAUL: M. le Président, je voudrais faire motion pour que le
nom de M. Tremblay (Chicoutimi) soit substitué à celui de M.
Gauthier, comme membre de la commission parlementaire des Affaires municipales
et une autre motion pour que le nom de M. Bertrand soit substitué
à celui de M. , Loubier, comme membre de la commission parlementaire de
la Justice.
M. LE PRESIDENT: Ces motions sont-elles adoptées?
Adopté.
Présentation de bills privés. Présentation de bills
publics.
M. LEVESQUE: Article g)-
Projet de loi no 260
Première lecture
M. LE PRESIDENT: Le Solliciteur général propose la
première lecture du projet de loi modifiant la Loi des
ingénieurs.
M. FOURNIER: Ce projet de loi a pour but de modifier la Loi des
ingénieurs. D a été rédigé de façon
à se conformer au code des professions, bill 250.
M. LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
M. PAUL: Adopté.
M. LE SECRETAIRE ADJOINT: Première lecture de ce bill. First
reading of this bill.
Projet de loi déféré à la
commission
M. LEVESQUE: Je fais motion, M. le Président, pour que ce projet
de loi soit déféré à la commission parlementaire
qui étudie les projets de loi des professions.
M. LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
M.PAUL: Adopté. M. SAMSON: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Déclarations ministérielles.
Dépôt de documents. Question des députés.
Questions et réponses
M. LE PRESIDENT: Le député de Chicoutimi.
Politique de la langue
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je désirerais
poser une question au ministre des Affaires culturelles. Le ministre
pourrait-il expliciter la déclaration qu'il a faite récemment sur
la loi no 63, sur la loi 64 et sur la politique de la langue?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, je ne vois pas à
quelle déclaration le député de Chicoutimi fait
allusion.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, hier, à
Montréal, le ministre a fait des déclarations dans lesquelles il
aurait dit que la loi 63 et la loi 64 constituaient des entraves à la
politique globale que se propose de mettre de l'avant le gouvernement dans le
domaine de la langue.
Est-il exact qu'il a fait telles déclarations et quelle est la
teneur des déclarations qu'il a faites?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, je n'ai certainement
rien dit de tel. J'ai eu l'occasion de rencontrer un groupe d'étudiants
au CEGEP du Vieux-Montréal et de discuter un bon nombre de
problèmes avec eux. Par la
suite, j'ai également donné quelques entrevues à
des journalistes qui se trouvaient là.
Je ne crois pas je voudrais bien voir l'article, si le
député de Chicoutimi se réfère à un. article
de journal en particulier avoir dit quoi que ce soit qui se
rapprocherait d'un jugement aussi sommaire que celui que l'on me
prête.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Question additionnelle, M. le
Président. Vous savez qu'on n'a pas droit de citer d'articles de
journaux. On peut donc tenir pour acquis je pose la question au ministre
qu'il n'a pas fait de déclaration sur la politique de la langue
que se propose de mettre de l'avant son gouvernement et qu'il n'a pas
déclaré que son gouvernement avait l'intention de rappeler la loi
63 et la loi 64.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je n'ai certainement pas déclaré,
M. le Président, que le gouvernement avait l'intention de rappeler la
loi 63 ou la loi 64. Cependant, j'ai longuement discuté du
problème linguistique, mais je ne lui ai pas donné une autre
dimension que celle que je lui donne habituellement dans mes
déclarations ou dans mes conférences.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Dernière question additionnelle, M. le
Président. Le ministre peut-il confirmer ou nier le fait qu'il aurait
déclaré que le ministre de l'Education aurait dû
présenter un projet de loi sur la langue avant de présenter le
projet de loi no 28?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'aimerais bien savoir d'où viennent ces
insinuations, si elles sont basées sur des rumeurs ou sur des articles
de journaux. Rien n'est plus loin de la vérité. Je n'ai
même pas fait allusion au ministre de l'Education, ni à son
ministère, au cours de la conversation que j'ai eue avec les
étudiants ou au cours des entrevues que j'ai pu donner aux
journalistes.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Rouyn-Noranda.
Pavillon Claude à Gatineau
M. SAMSON: M. le Président, j'aimerais poser une question
à l'honorable ministre des Affaires sociales. Est-ce que le ministre
pourrait nous confirmer s'il est vrai qu'il est disposé aujourd'hui
à déposer devant cette Chambre le rapport de l'enquête qui
a été faite concernant le pavillon Claude, de Gatineau?
M. CASTONGUAY: M. le Président, sur cette question, je dois dire
en premier lieu, avant de répondre au député, que les
enfants sont présentement en voie d'être transférés
du pavillon Claude au pavillon du Parc, à Aylmer, dans l'ancien
séminaire des Rédemptoristes.
Quant à la question du député, j'ai demandé
qu'on prépare au ministère tout le dossier, moins
évidemment les lettres qui en ont été soustraites dans le
passé et que je ne suis pas capable de récupérer pour des
raisons que je ne connais pas. Il est fort probable qu'à la suite du
dépôt de ce rapport des gens disent que ce type de rapport porte
atteinte à leur intégrité, etc. Si le député
insiste, je vais le déposer de telle sorte qu'il soit clair, comme je
l'ai déjà dit, que la seule et unique raison pour laquelle je ne
l'ai pas déposé à ce moment-ci était de
protéger les fonctionnaires dans leur travail. Le seul souci que nous
avons est de faire en sorte que les enfants reçoivent l'attention, les
soins que leur état requiert et qu'ils soient logés dans des
conditions convenables.
Alors, je laisse la question au député. S'il formule la
demande, je vais déposer le rapport.
M. SAMSON: M. le Président, oui, je formule la demande pour que
le ministre dépose le rapport.
M. CASTONGUAY: M. le Président, demain, lorsque j'aurai le
dossier complet, étant donné que je ferai enlever le nom des
officiers rapporteurs parce qu'il ne m'apparaît pas que ce soit le type
de renseignement qui puisse les aider dans leur travail à l'avenir, je
déposerai le document.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Bourget.
Services communautaires à Saint-Henri
M. LAURIN: Ma question s'adresse aussi au ministre des Affaires sociales
à la suite de la question que je lui posais hier et que je
répète: Le ministre peut-il nous dire s'il a rencontré ou
s'il a l'intention de rencontrer les représentants des organismes
communautaires qui ont formé un conseil d'administration nouveau
à Saint-Henri afin de discuter avec eux de l'implantation de services
sociaux et communautaires dans le quartier?
M. CASTONGUAY: M. le Président, à deux reprises, je me
suis rendu dans la région où il est question de ce centre
communautaire, soit dans Saint-Henri et j'y ai rencontré un bon nombre
de personnes. Evidemment, on peut contester leur
représentativité. J'ai eu aussi, à l'occasion du bill 65,
un mémoire si mon souvenir est bon d'un groupe qui
s'intéresse à la question.
Quant à nous, nous avons annoncé déjà ce que
nous entendions faire, étant donné qu'un foyer pour personnes
âgées existait à cet endroit, qu'il a été
décidé de le démolir pour des raisons de
sécurité, donc, le problème de site ne me semblait pas se
poser puisque le site de ce foyer m'apparaissait bien adéquat.
Quant au groupe dont il est question, je vérifie pour voir s'il
est vraiment représentatif d'un secteur de cette population. Bien des
gens
disent faire partie de comités de citoyens représentatifs,
mais qui, en fin de compte, représentent quatre ou cinq personnes. Je ne
crois pas qu'il soit possible de les rencontrer tous. Je n'ai jamais
fermé ma porte à ce genre de demandes de rencontres. Mais, quant
à ce projet, ce qui me paraît important, c'est qu'il soit
réalisé. Pour moi, les décisions qui ont été
prises jusqu'à ce jour sont de bonnes décisions.
Quant à la composition de la corporation, nous avons voulu
assurer une liaison entre celle qui existait anciennement et le présent,
de telle sorte que tous les problèmes juridiques qu'aurait
signifiés une nouvelle corporation soient évités.
Par le projet de loi no 65, cette corporation, comme une multitude
d'autres, devra être modifiée dans sa composition de telle sorte
qu'elle représente mieux tous les intérêts en cause. Alors,
si ce groupe me parait vraiment représenter une partie de la population
qui est significative, un des officiers du ministère ou moi-même
les rencontrera.
M. LAURIN: Question additionnelle, M. le Président. Est-ce
à dire que le ministère a décidé, outre le foyer et
le centre de services communautaires, de ne pas instaurer un hôpital de
120 lits dans ce quartier?
M. CASTONGUAY: M. le Président, nous avons déjà
fait part des décisions que nous avions prises dans ce secteur. Il
s'agit d'un projet dont nous avons demandé que la réalisation
soit faite selon le type modulaire de telle sorte qu'au besoin, si nous devons
ajouter, dans l'avenir, pour répondre de façon plus
adéquate aux besoins de la population, il sera possible de la faire.
Alors, la conception même qui a été demandée
où l'on a demandé aux professionnels de s'inspirer, je crois,
nous permettra de faire en sorte que, à l'expérience, si le
projet tel qu'annoncé ne répond pas aux besoins de la population,
il sera possible de l'ajuster.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Portneuf.
Jeux d'hiver du Québec
M. DROLET: M. le Président, j'aurais une question à poser
à l'honorable ministre de l'Education. A la suite de la décision
de la ville de Shawinigan de ne pas présenter les jeux d'hiver du
Québec, est-ce que le ministre peut nous dire si les jeux auront quand
même lieu et dans quelle ville?
M. SAINT-PIERRE: La Corporation des jeux du Québec va prendre les
décisions qui s'imposent.
Je crois savoir que les jeux régionaux vont se poursuivre, tel
que prévu, à l'échelle du Québec. La Corporation
des jeux du Québec est un organisme autonome qui ne relève pas du
gouvernement. Elle pourrait prendre les décisions qui s'imposent au
niveau provincial. Elle pourrait recevoir une invitation ou une demande d'une
autre ville qui voudrait assumer la responsabilité d'offrir les jeux
sans frais. Elle pourrait peut-être convenir d'avoir des
compétitions provinciales d.ans plusieurs villes,
échelonnées sur deux ou trois fins de semaine, ce qui rendrait
plus facile l'organisation, à brève échéance, des
jeux. Encore une fois, cette décision revient à la Corporation
des jeux du Québec.
M. DROLET: Question supplémentaire, M. le Président.
Est-ce que le ministre pourrait nous dire si d'autres villes ont fait une telle
demande à la suite de la décision de la ville de Shawinigan?
M. SAINT-PIERRE: Il y a quelques remeurs qui circulent. Officiellement,
on ne m'a pas informé qu'une ville aurait posé sa
candidature.
M. CHARRON: M. le Président, une question additionnelle au
ministre de l'Education sur ce sujet. Le ministre sait-il si l'offre d'argent,
faite par le gouvernement fédéral à la ville de Shawinigan
il y a quelque temps et que ne connaissait pas, malheureusement, le ministre
des Affaires municipales, tiendrait toujours si les jeux étaient
octroyés à une autre ville du Québec?
M. SAINT-PIERRE: Je pense, M. le Président, qu'on a
répondu à cette question. Si le gouvernement
fédéral contribuait financièrement, ce serait dans le
cadre de programmes délimités d'initiatives locales, en accord
avec les Affaires municipales. Il faudrait le demander. Je pense que la demande
n'a pas été formulée. C'était une tentative de
recherche de financement, mais, comme la ville a décidé de ne pas
offrir les jeux, le besoin financier ne se fait plus sentir.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Gouin.
Entente avec les syndicats financiers
M. JORON: M. le Président, ma question s'adresse au ministre des
Finances. Le ministre sait sans doute que, comme à l'habitude, à
ce temps-ci de l'année, les courtiers à Montréal sont en
train de prendre leurs arrangements par rapport au syndicat financier pour
l'année à venir. Est-ce que le ministre a l'intention de
reconduire l'accord avec le syndicat financier pour l'année
prochaine?
M. GARNEAU: M. le Président, cette question m'a
déjà été posée, il y a une dizaine de jours.
J'y ai répondu. La situation n'a pas changé.
M. JORON: M. le Président, une question
additionnelle. Le ministre faisait, dans un interview hier, des
déclarations. Est-ce qu'il serait prêt à déposer en
cette Chambré les chiffres dont il parlait et les documents qui servent
de points d'appui à la décision qui doit être prise?
M. GARNEAU: Je ne sais pas à quels documents chiffrés le
député réfère. S'il réfère aux avis
écrits que j'ai demandés...
M. JORON: C'est cela.
M. GARNEAU: ... lorsque je les aurai obtenus...
M. JORON: C'est cela.
M. GARNEAU: ... parce que je ne les ai pas encore, je jugerai
après avoir demandé l'opinion des personnes qui m'auront transmis
ces avis écrits, s'il y a lieu de les déposer ou non.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Maskinongé.
Vente de La Prévoyance
M. PAUL: M. le Président, je voudrais poser une question à
l'honorable premier ministre. Est-ce que le premier ministre peut faire le
point sur la politique qu'il entend tenir quant à la vente
éventuelle de la compagnie d'assurance La Prévoyance?
Il semble que la population est inquiète du manque
d'intérêt du gouvernement à son endroit plutôt
qu'à l'endroit des détenteurs majoritaires des actions du groupe
de Jean-Louis Lévesque.
M. BOURASSA: M. le Président, j'ai eu de très nombreuses
rencontres hier. D'ailleurs, c'est la raison de mon absence ici, en Chambre. Je
dois dire au leader parlementaire que la compagnie n'a pas encore reçu
d'offres de la compagnie américaine. Nous suivons très activement
la situation et nous rendrons publiques les décisions que nous avons
prises aussi rapidement que possible.
M. PAUL: M. le Président, le premier ministre envisage-t-il
l'opportunité de présenter une loi tout en tenant compte que la
Chambre ajournera bientôt ses travaux, sinon les prorogera à
l'approche des Fêtes?
M. BOURASSA: M. le Président, je n'ai pas de commentaires
à faire pour l'instant sur la question du député.
M. JORON: Une question supplémentaire, M. le Président, si
vous me permettez. Advenant qu'une offre arriverait, qui serait
différente selon le cas des actionnaires majoritaires et selon celui des
actionnaires minoritaires, est-ce qu'à ce moment-là le premier
ministre serait disposé à intervenir?
M. BOURASSA: M. le Président, c'est un aspect. C'est un
élément de la situation. Mais, pour l'instant, la question est
hypothétique.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Beauce.
Epargne obligatoire
M. ROY (Beauce): M. le Président, j'aurais une question à
poser à l'honorable ministre des Finances. Est-il exact que l'honorable
ministre des Finances aurait prononcé des paroles inquiétantes
à Sainte-Adèle, au cours du mois de novembre, à l'effet
que le Québec songeait à avoir recours à l'épargne
obligatoire pour financer la province?
M. GARNEAU: M. le Président, selon la formulation qu'a
utilisée le député de Beauce, je réponds non.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Sainte-Marie.
Recommandations de l'Hydro-Québec
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président, ma question
s'adresse au premier ministre. Celui-ci a-t-il reçu les recommandations
de l'Hydro-Québec concernant la nomination des membres du conseil
d'administration pour la filiale hydro-électrique de la
Société de développement de la baie James? Si oui, le
premier ministre les a-t-il acceptées?
M. BOURASSA: M. le Président, j'ai reçu, de fait, les
recommandations de l'Hydro-Québec. Nous devons en discuter lors d'une
prochaine réunion du conseil des ministres. Il faut attendre que la
filiale soit formée avant de nommer les trois représentants de
l'Hydro-Québec et les deux représentants nommés par le
gouvernement.
Contrat à une compagnie
américaine
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Une question additionnelle, M. le
Président, toujours au sujet de la baie James. Hier, j'ai posé
une question au ministre des Richesses naturelles à propos d'un contrat
qui avait été accordé à la compagnie Kiewit, des
Etats-Unis. Le ministre m'a répondu qu'il n'était pas au courant
de l'affaire et qu'il donnerait une réponse aujourd'hui. Le ministre
est-il en mesure de le faire?
M. MASSE (Arthabaska): Effectivement, M. le Président, à
la suite des informations que j'ai pu obtenir, il est faux que
l'Hydro-Québec reconsidère les demandes de soumissions quand le
plus bas soumission-
naire a fait des erreurs techniques dans sa soumission.
Ce qui est arrivé concernant le tronçon de route pour la
question que vous posiez hier. Effectivement, la compagnie Kiewit a
été le plus bas soumissionnaire, la compagnie Simard-Beaudry
ayant fait une erreur comme vous le mentionniez dans votre question
le chèque étant fait au nom de l'Hydro-Québec alors
que la compagnie savait très bien, parce que la Société de
développement avait mis en garde chacun des entrepreneurs...
UNE VOIX: Faites-nous rire.
UNE VOIX: Ce n'est pas sérieux.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. MASSE (Arthabaska): ... qui auraient à soumissionner sur le
projet que ces chèques devaient être faits à la
Société de...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il ne sait pas faire du patronage, le
jeune.
M. MASSE (Arthabaska): ... développement de la baie James et non
au nom de l'Hydro-Québec. Donc, la compagnie était parfaitement
au courant et il semble que le rappel des soumissions aurait
entraîné d'énormes difficultés non seulement pour
l'Hydro-Québec, mais aussi si le principe était appliqué
au gouvernement, à l'effet qu'il serait très facile de
faire...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président, voulez-vous rappeler
les députés à l'ordre, je ne comprends pas la
réponse du ministre.
UNE VOIX: Nous autres non plus. Nous l'entendons, mais nous ne la
comprenons pas.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît.
L'honorable ministre...
M. MASSE (Arthabaska): Il est de mise dans toute demande de soumission
que les erreurs techniques qui se présentent chez des entrepreneurs font
que des soumissions sont écartées, pour la bonne et simple raison
qu'il serait très facile par la suite de former des pools
d'entrepreneurs pour contrôler ces appels d'offres du gouvernement ou
même de l'Hydro-Québec.
M. JORON: Question supplémentaire, M. le Président, si
vous le permettez.
De combien la soumission de Simard-Beaudry était-elle
supérieure ou inférieure à celle de Kiewit?
M. MASSE (Arthabaska): Elle était la plus basse.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Bourget.
M. LAURIN: Une question additionnelle au premier ministre. Est-ce que le
gouvernement a déjà oublié la promesse qu'il faisait lors
de la commission parlementaire, avant la présentation du projet de loi
sur la baie James, que le gouvernement prendrait toutes les mesures pour que le
Québec profite au maximum des retombées économiques du
projet?
M. BOURASSA: M. le Président, je pense que le ministre a
répondu. Il est déjà arrivé que, pour des erreurs
techniques, des soumissions aient été refusées. Vous
admettez qu'une erreur technique puisse être corrigée, ce qui
crée toutes sortes de précédents. Je ne suis pas au
courant de tous les détails dans le cas en question, mais il
n'était pas dit que les entreprises de l'extérieur du
Québec étaient automatiquement exclues et il n'est pas dit dans
le contrat en question que ce ne sont pas des Québécois qui vont
travailler.
UNE VOIX: Combien pour la caisse électorale?
M. JORON: Une question supplémentaire. Est-ce qu'une marge
préférentielle est accordée aux entreprises
québécoises, comme c'est le cas à l'Hydro-Québec
généralement?
M. BOURASSA: La politique actuelle c'était un des premiers
contrats je ne sais pas si la société de la baie James
emploie une méthode différente de celle de
l'Hydro-Québec.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. ROY (Beauce): Une question additionnelle.
M. JORON: Est-ce que le gouvernement a l'intention de recommander cette
politique-là à la Société de développement
de la Baie James?
M. BOURASSA: M. le Président, j'ai dit qu'au moment opportun
et si nous avions le temps nous pourrions le faire d'ici la fin de la
session les membres de la Société de développement
de la Baie James pourront venir ici répondre à toutes ces
questions.
M. LE PRESIDENT: Le député de Beauce.
M. ROY (Beauce): Une question additionnelle sur le même sujet.
J'aimerais savoir si c'était la seule des exigences du gouvernement
qu'il n'a pas remplie soit le nom qu'il y avait d'indiqué sur le
chèque qui a accompagné la soumission?
Est-ce que c'était la seule...
M. MASSE (Arthabaska): Pas de commentaire, je sais que ç'en
était une.
M. ROY (Beauce): Vous ne pouvez pas nous dire s'il y en avait une
additionnelle? Est-ce que, par exemple, le montant du chèque à la
caisse électorale du Parti libéral aurait été plus
élevé...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Le député de
Maskinongé.
M. PAUL: M. le Président, est-ce que le ministre des Richesses
naturelles pourrait nous donner le montant du contrat en question?
M. MASSE (Arthabaska): H y a eu deux ou trois contrats d'accordés
dernièrement. Concernant la question du député de
Sainte-Marie, hier, c'était un contrat au plus bas soumissionnaire, la
soumission de Kiewit était de $12 millions et, dans le deuxième
contrat, de $8 millions, alors que les soumissions qui sont rentrées
variaient entre $12 millions et $20 millions.
M. LE PRESIDENT: Le député de Lafontaine.
Tarifs de la compagnie Bell
M. LEGER: M. le Président, ma question s'adresse au premier
ministre. Etant donné l'échéance du 12 décembre
pour faire des représentations auprès de la commission des
Transports sur l'augmentation des tarifs demandée par la compagnie Bell
du Canada, est-ce que le gouvernement du Québec a finalement
décidé de s'opposer? Dans l'affirmative, est-ce que ça va
être une opposition de forme ou une opposition catégorique contre
cette augmentation?
M. BOURASSA: M. le Président, je ne vois pas pourquoi nous nous
contenterions d'une opposition de forme. De fait, le gouvernement du
Québec a pris la décision de s'opposer.
M. LE PRESIDENT: Affaires du jour. Le député de
Maisonneuve.
Base de La Macaza
M. BURNS: M. le Président, ma question s'adresse au premier
ministre. Est-ce qu'il peut nous dire si le gouvernement a eu des discussions
avec le gouvernement fédéral concernant le transfert au
Québec des terrains de la base de missiles Bomarc de La Macaza
étant donné que cette base apparemment devrait être
fermée au cours de l'année prochaine?
M. BOURASSA: A ma connaissance non, M. le Président.
M. BURNS: Non.
M. BOURASSA: A ma connaissance, il peut y avoir eu des discussions, mais
ça n'a pas été... Vous voulez dire le transfert des
terrains? A ma connaissance, non.
M. BURNS: Est-ce qu'il n'y a pas un groupe d'étude qui aurait
été formé pour établir ce qu'on pourrait faire avec
ces terrains-là advenant leur transfert au Québec?
M. BOURASSA: La fermeture est récente elle date de
quelques mois mais à ma connaissance il n'y a pas eu encore de
décisions qui ont été prises sur le transfert de ces
terrains.
M. BURNS: Est-ce que le gouvernement a l'intention d'entreprendre de
telles discussions avec le gouvernement fédéral pour savoir s'il
n'y aurait pas lieu de transférer ces terrains au Québec?
M. BOURASSA: Je prends avis de la question.
M. LE PRESIDENT: Le député de Chicoutimi.
Secrétaires des députés
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, j'ai une question
à poser au président de la Chambre, ès-qualité et
comme responsable du personnel de l'Assemblée nationale. Est-il exact
que les secrétaires qui travaillent pour les députés ne
sont pas traitées de la même façon que le sont les autres
secrétaires qui travaillent dans les divers ministères? Et je
m'explique, M. le Président. Certaines secrétaires je ne
sais pas si c'est le cas de toutes ont reçu un avis leur
indiquant que, désormais, elles n'avaient plus le droit à du
temps supplémentaire lorsqu'elles travaillent, comme vous le savez,
assez tard le soir, et qu'on leur proposait à la place des
congés.
C'est une formule qui avait déjà été
proposée aux employés permanents de l'Assemblée nationale;
on vient de la proposer à nouveau aux secrétaires, et je vous
serais bien obligé, M. le Président, en votre qualité de
responsable de ce personnel, de nous faire rapport, si vous le voulez bien.
M. LE PRESIDENT: C'est la première occasion que j'ai d'entendre
parler de ce problème.
M. CARDINAL: Vous me permettrez de vous éclairer. Un avis a
été envoyé aujourd'hui aux députés leur
disant de donner congé demain. C'est à la suite de cette attitude
que ce problème a été mentionné par le
député de Chicoutimi.
M. LE PRESIDENT: Je prends honorablement avais de la question. C'est
avec plaisir que je ferai enquête sans délai.
L'honorable député de Saguenay.
Tome Il du livre blanc sur les forêts
M. LESSARD: M. le Président, ma question s'adresse au ministre
des Terres et Forêts. Est-ce que le ministre pourrait nous expliquer les
causes qui retardent la publication du tome Il du livre blanc, étant
donné que le résumé en a déjà
été rendu public par un poste de radio de la ville de
Québec et le journal Le Devoir?
Deuxième question: Est-ce que ce résumé, tel qu'il
a été fait, correspond à peu près à ce
qu'est le tome Il du livre blanc? Troisième question: Est-ce que le
ministre peut nous assurer que ce tome Il sera certainement publié en
janvier ou si le cabinet le retardera encore?
M. DRUMMOND: M. le Président, ça n'a pas été
publié parce que toutes les décisions ne sont pas encore prises.
Mais je peux assurer le député que je fais mon possible pour
accélérer la publication du livre blanc sur la politique
forestière. Je dois dire que ce ne sera pas publié avant
Noël, mais j'aimerais bien que ce le soit aussitôt que possible.
M. LESSARD: Question supplémentaire, M. le Président.
Etant donné qu'on nous dit que le tome Il n'est pas publié,
est-ce que le ministre pourrait nous expliquer comment il se fait que certains
exemplaires de ce tome sont déjà entre les mains soit de quelques
journalistes ou d'un journaliste du Devoir, au moins, ou d'un journaliste d'un
poste de radio du Québec? Est-ce que le résumé, tel qu'il
a été fait, est exact?
M. DRUMMOND: M. le Président, je doute fortement qu'il y ait de
tels documents dans les mains de n'importe quel journaliste, parce que le
document n'est pas encore approuvé. Dans n'importe quel
énoncé de politique gouvernementale, il y a toujours des
brouillons sur les sujets de discussion. Il peut arriver que de temps en temps
il y ait une fuite de certains documents qui ont été
préparés depuis X mois pour la discussion au gouvernement.
Je ne vois pas l'importance de cette question. Les décisions ne
sont pas encore prises.
M. LESSARD: D'ici la fin de janvier, ce ne serait pas les séances
des grosses compagnies qui se font actuellement auprès du ministre?
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Saint-Sauveur.
Hôpital Saint-Augustin de Courville
M. BOIS: M. le Président, ma question s'adresse au ministre des
Affaires sociales. Est-ce que le ministre pourrait nous dire, à la suite
de demandes répétées qui nous sont faites, quand il sera
possible d'utiliser, à l'hôpital Saint-Augustin de Courville, les
125 à 150 lits présentement disponibles?
M. LE PRESIDENT: Je pense bien qu'il s'agit d'une question
d'intérêt strictement local. Y a-t-il consentement de la
Chambre?
M. DROLET: M. le Président, l'hôpital lui-même,
d'accord, c'est Saint-Augustin, de Courville, mais ça touche toutes nos
régions. Nous avons des demandes répétées dans
toutes nos régions pour placer des malades chroniques. Alors, nous
demandons au ministre quand l'hôpital est censé ouvrir, du fait
que c'est prêt dans le moment.
M. LE PRESIDENT: Le ministre prend avis de la question. Affaires du
jour.
Projets de loi nos 35, 36 et 37
M. LAURIN: M. le Président, en vertu de l'article 114, j'aimerais
demander au leader du gouvernement si le gouvernement a l'intention de faire
revenir, pour étude et adoption par cette Chambre, les projets de loi
35, 36 et 37 avant la prorogation de la présente session.
M. LEVESQUE: Si possible, M. le Président, mais on sait comment
le calendrier est chargé. J'ai, d'ailleurs, eu l'occasion d'en discuter
avec le leader parlementaire du Parti québécois et je
suggérerais au chef parlementaire d'en parler au leader
parlementaire.
M. LAURIN: J'en avais parlé, M. le Président, mais
c'était pour obtenir du leader du gouvernement des informations plus
précises. Il n'en a pas?
M. LEVESQUE: J'ai été assez précis avec le leader
parlementaire. Je comprends qu'il n'y a que quelques minutes de ça.
Alors, je pense bien qu'on n'a pas eu l'occasion de communiquer.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Beauce.
M. ROY (Beauce): M. le Président, sur le même
règlement. Le leader de la Chambre pourrait-il nous dire s'il est exact
que le projet de loi no 64 ne serait pas appelé avant les
Fêtes?
M. LEVESQUE: M. le Président, je donne le même conseil aux
membres du Ralliement créditiste. Il faudrait peut-être que vous
consultiez votre chef; ensuite, je serais prêt à répondre
aux questions.
M. SAMSON: M. le Président, je voudrais faire remarquer, pour que
la Chambre soit au courant de ce qui se passe exactement, que le leader du
gouvernement m'a fait part de certaines intentions, il y a quelques instants,
et que je n'ai malheureusement pas eu le temps d'en faire part aux autres
membres. Alors, ce n'est pas parce qu'il n'y a pas de consultation chez
nous.
M. LEVESQUE: Non, non!
M. LE PRESIDENT: Affaires du jour.
M. LEVESQUE: Article 7.
Projet de loi no 28 Deuxième lecture
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Bourget.
M. Camille Laurin M. LAURIN: M. le Président...
M. LEVESQUE: Je m'excuse auprès du député de
Bourget d'intervenir à ce moment-ci, mais c'est simplement pour lui
rappeler, afin qu'il puisse structurer son discours dans le sens de mes
remarques, que le député de Saint-Jacques a déjà
utilisé le droit de parole d'une heure du chef du Parti
québécois.
Maintenant, évidemment, pour l'information des membres de cette
Chambre je m'excuse encore auprès du député de
Bourget il y a commissions parlementaires des Affaires municipales et de
la Justice également.
M. LAURIN: M. le Président...
M. LE PRESIDENT (Hardy): A l'ordre, messieurs!
L'honorable député de Bourget.
M. LAURIN: M. le Président, les structures scolaires de
Montréal sont archaïques, autocratiques, injustes à
l'endroit de la majorité francophone, dangereuses pour sa
sécurité culturelle, déphasées par rapport à
la réalité montréalaise et propres à
accroître le fossé déjà trop grand entre les nantis
et les défavorisés.
Le Parti québécois, par le témoignage
étoffé et vibrant de mon collègue de Saint-Jacques, en a
fait une critique impitoyable et, nous l'espérons, définitive.
Nous ne pouvons donc qu'approuver le principe d'une loi qui mettra fin à
ce scandale et dotera la population de Montréal d'un système
scolaire à la fois plus démocratique, plus moderne et axé
davantage sur les besoins sociaux et culturels de la majorité
francophone. Mais cette loi ne répond pas à tous nos espoirs et
à toutes les exigences de notre évolution collective.
Le projet initial comportait déjà des lacunes graves et
des compromis douteux. Il ne faut pas s'en surprendre, car ce gouvernement doit
contenter plusieurs clientèles aux mentalités, aspirations et
objectifs souvent contradictoires et qui, par ailleurs, ont en commun la
crainte des réformes trop rapides et trop radicales. Au cours des longs
mois qui se sont écoulés depuis le dépôt du projet
de loi, ces clientèles ont exercé de fortes pressions sur le
gouvernement. Celui-ci ne pouvait, par ailleurs, ignorer les pressions qui lui
venaient des groupes progressistes pour qui justice sociale,
sécurité et épanouissement culturel ne constituent que
l'avers et le revers d'une même réalité.
Ecartelé entre ces pressions ouvertes et cachées, entre
son libéralisme et les impératifs de stratégie
électorale qu'on lui connaît, entre une contestation
menaçante et le souci de préserver la cohésion de sa
députation et de son équipe ministérielle, le gouvernement
a finalement décidé de ménager la chèvre et le
chou, c'est-à-dire d'accorder quelques concessions mineures à
l'opposition populaire et des concessions majeures aux partisans frileux du
statu quo. On exigera donc d'un conseil scolaire qui n'entrera en fonction
qu'en 1975 de veiller au rattrapage des quartiers défavorisés et
les commissions scolaires ne pourront nommer le responsable de l'enseignement
religieux que sur avis d'un comité confessionnel, par ailleurs
élargi.
Mais, on se refuse encore à confier au conseil scolaire la
propriété des équipements et l'embauche du personnel. On
crée un système parallèle déguisé en
assurant par voie législative la nomination d'adjoints de langue
différente aux quelques directeurs qui géreront effectivement le
système.
Le gouvernement délègue ses observateurs auprès des
représentants élus de la population. On se refuse à faire
du français la langue officielle des communications entre les divers
paliers du système. On laisse perpétuer les effets nocifs de la
loi no 63. Le gouvernement se garde encore le droit de choisir les premiers
présidents et vice-présidents du conseil scolaire et de nommer
tous les membres du conseil provisoire qui, maintenant, exercera beaucoup plus
et trop longtemps son pouvoir. On ne donne, enfin, aucun pouvoir additionnel
aux comités d'école qui étaient pourtant les mieux
placés pour assurer la participation active des parents à la vie
de l'école.
A ces faiblesses majeures du projet de loi, les amendements
proposés par le ministre ajoutent maintenant d'autres compromis tout
aussi déplorables. Toute cette réforme n'entrera en vigueur qu'en
1975, soit deux ans plus tard qu'initialement envisagé. Surtout, c'est
au conseil provisoire, où siégeront les tenants de l'ancien
système, dont peut-être une majorité s'oppose au nouveau,
que l'on confie désormais le soin de dresser la future carte scolaire de
Montréal.
Est-il opportun, M. le Président, de retarder encore à ce
point une réforme qui vient déjà trop tard? Ne risque-t-on
pas d'aiguiser ainsi davantage les tensions sociales et linguistiques? A-t-on
prévu, dans l'intervalle, de procéder par d'autres moyens au
rattrapage intensif des quartiers défavorisés? Ne verra-t-on pas
les mêmes pressions qui ont fait déjà reculer le
gouvernement s'exercer auprès du conseil scolaire? Loin des yeux de la
Législature, les mêmes intérêts sectoriels ne
tenteront-ils pas de tripatouiller les limites des diverses zones à leur
avantage avec, cette fois, beaucoup plus de chances de succès?
Par cette dérobade de dernière heure, le gouvernement
risque de sacrifier à l'électoralis-
me les restes d'une réforme encore trop timide. Il nous
répondra, certes, qu'il s'agit d'une étape et que Paris ne s'est
pas bâti en un jour. Mais il est, M. le Président, des lenteurs
qui permettent aux ennemis du progrès de reprendre souffle, de se
regrouper et de porter des assauts à ce point fructueux qu'ils peuvent
compromettre le succès de toute l'opération. Nous osons donc
espérer que le gouvernement se ressaisira avant qu'il ne soit trop tard,
qu'il assumera courageusement des responsabilités que la
vérité, la conjoncture et la popualtion lui imposent, qu'il ne
faillira pas au mandat qu'il a demandé et dont on l'a chargé,
qu'il sera plus sensible aux idéaux de justice, de démocratie et
de fidélité aux aspirations de la majorité qu'aux calculs
mesquins et aux grenouillages des factions. Ce sera d'ailleurs notre devoir de
l'y aider par nos rappels à des vérités qu'il
écarte ou ne voit pas ainsi que par nos suggestions et propositions
constructives.
Car il ne faudrait pas que l'on se méprenne. Notre accord de
principe au projet de loi no 28 ne constitue pas un acte de complaisance
à l'endroit du gouvernement. Nous nous réjouissons certes que
l'on procède enfin à l'unification des commissions scolaires de
l'île de Montréal. Mais nous entretenons de sérieuses
réserves à l'endroit de quelques-unes de ses modalités de
concrétisation. Nous avons soigneusement préparé
l'étape du comité plénier.
Nous présenterons, à cet égard, plusieurs
amendements, dont certains nous paraissent à ce point vitaux que nous
les défendrons avec une détermination farouche, quel que soit le
temps qu'il faille y mettre. Nous voulons, cependant, assurer le gouvernement
que notre travail gardera toujours une orientation positive et
constructive.
Il est, par ailleurs, M. le Président, un autre aspect du projet
de loi dont il importe de parler davantage, soit celui de la
confessionnalité, non pas seulement parce qu'il est important, surtout
dans un pays qu'on a qualifié parfois de théocratie, non pas
seulement parce qu'il a suscité des éditoriaux et mémoires
qui retiennent l'attention par le sérieux et la qualité de leur
argumentation sur laquelle, d'ailleurs, nous reviendrons, mais aussi parce
qu'un parti politique, en cette Chambre, a réduit le projet de loi
à cette seule dimension, qu'il en fait son cheval de bataille et la base
de son opposition farouche à une réforme dont tous les autres
partis reconnaissent la nécessité.
Disons, d'abord, que les arguments de la deputation de ce parti ne m'ont
pas paru refléter fidèlement la position des tenants de
l'école confessionnelle. L'accent n'était pas toujours mis aux
bons et aux mêmes endroits. On n'y retrouvait pas tous les axes
conceptuels et surtout les nuances qui faisaient la valeur de ces opinions les
plus étoffées. On a souvent simplifié, grossi,
caricaturé, glissé, divisé, extrapolé pour les
besoins de la cause créditiste, qui est de faire le procès non
pas du seul projet de loi, mais de tout le système d'éducation
actuel du Québec. Sous le couvert ou à la faveur de quelques
citations épiscopales, on enfourchait ces vieux dadas favoris qui sont
l'abandon des signes visibles d'une chrétienté
institutionnalisée, comme le crucifix au mur et les rituels
obligatoires, l'effritement du culte d'une autorité formelle, assise et
incontestée, la dangereuse transformation des moeurs, l'abus de la
drogue, la menaçante valorisation de l'éducation sexuelle, les
atteintes à un ordre purement statique et manichéen, et le reste,
et le reste.
De ce qu'on appelle ainsi dégradation, corruption, marasme moral,
on blâme, on accuse toutes les sorcières imaginables,
c'est-à-dire les professeurs, les intellectuels, les technocrates du
ministère de l'Education, les Gérin-Lajoie, Cardinal et
Saint-Pierre, tous les gouvernements antérieurs, les centrales
syndicales et les journalistes, sans oublier le Parti québécois.
Parce qu'on ne peut s'adapter à un monde qui évolue trop vite,
parce qu'on ne peut en déceler les promesses et les valeurs, on le
rejette en bloc, on le dénonce urbi et orbi, on s'accroche à un
passé sécurisant que l'on mythifie, on se convainc qu'on est le
seul à avoir le pas, on sombre dans l'aigreur ou dans l'utopie, et on
prétend faire reculer le temps au mépris de la
vérité et de l'amour véritable.
Les tenants de l'école confessionnelle auraient certes pu trouver
de meilleurs avocats que ceux-là. Je doute, d'ailleurs, qu'ils soient
ravis de voir leur thèse ainsi écorchée et
galvaudée. Ils feraient bien de prendre leurs distances à
l'endroit de ces amis encombrants, d'extirper l'or de leur position de cette
quincaillerie dont on ie couvre et de mener leur propre combat, car la religion
est une affaire trop sérieuse pour qu'on l'abandonne aux politiciens
intégristes.
Car il est temps, M. le Président, de rappeler à nos amis
créditistes que la loi 28 ne fera pas de Montréal une terre de
Caïn ou le paradis de l'athéisme. L'enseignement religieux fait
toujours partie du programme. Grâce aux réformes qu'a
inspirées Vatican Il à nos théologiens et au comité
catholique du ministère, cet enseignement s'est même
renouvelé, approfondi, dynamisé et porte déjà
d'excellents fruits, au dire même d'aumôniers et de parents
éclairés et fervents de ma connaissance.
La pastorale scolaire s'est, elle aussi, renouvelée et les postes
d'aumôniers sont et demeureront prévus au budget. La pratique
religieuse est à la hausse dans plusieurs écoles de
Montréal et elle est de bien meilleure qualité que par le
passé. La loi prévoit, de même, des directeurs de
l'enseignement religieux qui, à toutes fins pratiques, seront
nommés par les parents. Un comité confessionnel de sept membres
verra à ce que cet enseignement soit dispensé, au minimum, selon
les normes du comité catholique ou protestant et, au maximum, selon des
critères de qualité que se fixera une foi toujours plus exigeante
et incarnée.
Les commissaires et les parents qui formeront les comités
d'écoles ne pourront qu'épouser, refléter et
concrétiser les aspirations religieuses du milieu, si la foi de celui-ci
est dynamique et si ses éléments les plus fervents font montre du
leadership approprié.
Il ne faudrait pas oublier enfin que le secteur privé, en grande
partie confessionnel, continuera d'exister et qu'il peut compter sur des
subventions qui couvrent 80 p.c. de son budget de fonctionnement.
On est donc bien loin du désert religieux dont on prétend
nous menacer. Il reste que, pour certains, ces structures confessionnelles
demeurent insuffisantes. On voudrait qu'il en soit de Montréal comme du
reste du Québec, qu'il en soit du projet de loi no 28 comme la loi no
27, que chaque confession ait son système distinct, c'est-à-dire
des commissions scolaires catholiques et des commissions scolaires
protestantes, où on ne retrouverait que des commissaires élus
appartenant à la même confession.
Le principal avantage additionnel du système serait de permettre
aux commissaires de choisir des professeurs dont ils pourraient s'assurer de
l'allégeance confessionnelle et de créer dans l'école une
atmosphère, une ambiance, un milieu de vie accordés aux exigences
des dynamismes confessionnels.
Remarquons tout de suite qu'il s'agit d'un idéal qui ne s'est que
partiellement matérialisé, et combien, dans les écoles
mêmes où la chose était possible, soit que les commissaires
élus n'y aient pas accordé l'attention désirable et
il faudrait alors se demander pourquoi ou qu'ils se soient
heurtés aux résistances du milieu ou à des contraintes
physiques ou administratives, ou qu'ils n'aient pu trouver le personnel
professoral et pastoral approprié.
Ce seul fait porte déjà à réfléchir
sur l'efficacité de ces structures et leur adéquation au but
poursuivi. Mais il y a plus, la situation de Montréal est à ce
point complexe et unique qu'on ne l'a pas encore réglée
jusqu'à ce jour et qu'il paraît impossible de lui appliquer la
solution que l'on a trouvée pour le reste du Québec.
En dehors de Montréal, la population est en grande partie
francophone et catholique. On peut donc penser ici à un système
scolaire qui cadre avec cette homogénéité linguistique et
confessionnelle.
Mais à Montréal la minorité anglophone est
importante, et les Néo-Canadiens s'y intègrent dans leur
quasi-totalité. On y compte surtout des protestants appartenant à
diverses sectes, mais on y retrouve aussi de nombreux juifs, des neutres et des
agnostiques.
Les anglophones catholiques possèdent par ailleurs leur
sous-système à l'intérieur de la CECM, mais tous les
autres anglophones envoient leurs enfants à des commissions scolaires
protestantes.
Etant donné que le revenu des anglophones du Québec est le
plus élevé du Canada, la taxe foncière ne pouvait que
favoriser considérablement le secteur protestant, par rapport au secteur
catholique, d'où les inégalités et injustices croissantes
que le député de Saint-Jacques a dénoncées.
Nous sommes donc ici en face d'un pluralisme linguistique, confessionnel
et économique qui se recoupe souvent, sans toutefois toujours
coïncider. Il faut donc inventer un système qui fasse droit aux
exigences confessionnelles légitimes des citoyens, mais qui corrige en
même temps les inégalités socio-économiques et
rétablisse les droits linguistiques de la majorité
francophone.
La création d'un conseil scolaire de l'île, l'unification
et la neutralité des commissions scolaires, l'assignation des
écoles par les commissions aux divers secteurs confessionnels en
fonction des demandes des parents nous semblent dans les circonstances la plus
appropriée, sinon la moins mauvaise des solutions.
Dans un Etat souverain, où le français serait la langue
officielle, où les immigrants s'intégreraient tout naturellement
à la majorité francophone, où la minorité
anglophone ne s'enfermerait plus dans un ghetto de luxe mais participerait
à fond, en coude à coude, avec la majorité francophone et
au développement du pays, on pourrait certes envisager d'autres
solutions. Par ailleurs, le projet de loi est loin de répondre à
toutes les questions que l'on peut se poser sur le plan confessionnel.
L'intervention de mon collègue de Lafontaine l'a bien prouvé. Et
il faudra engager sur ce point un dialogue serré avec le ministre lors
de l'étude en comité plénier.
Mais la solution qu'on nous présente ne met quand même pas
en danger le droit et le pouvoir de l'enfant et de ses parents qui en
ont la responsabilité de recevoir un enseignement confessionnel
de qualité.
Elle rétablit un minimum de justice sur les divers plans social,
économique et culturel. Elle contribue, de ce fait, à annuler les
privilèges du secteur anglophone et à inviter celui-ci à
un rapprochement et à une collaboration organique avec le secteur
francophone, cela va de soi, mais peut ne pas être accepté
facilement par ceux qui avaient fini par considérer leurs
privilèges comme des droits.
Et c'est bien parce que ces "die-hard" ne pouvaient, en l'occurrence,
combattre le projet en invoquant l'argument linguistique, qui seul au fond les
intéresse vraiment, qu'ils mènent actuellement la lutte contre
l'unification sous le couvert de l'argument confessionnel avec lequel il
coincide le plus souvent. Cela leur donne l'avantage de faire cause commune
avec les tenants du strict légalisme constitutionnel, avec les tenants
d'une catholicisation plus poussée des structures scolaires et avec les
partisans d'un ordre social révolu.
Si jamais ces alliances leur donnaient gain de cause et leur
permettaient de conserver l'essentiel de leurs privilèges actuels, ils
se frotteraient les mains d'aise d'avoir ainsi pu rouler encore
une fois, par leur tenace et ingénieuse industrie, la
majorité francophone, quitte à ce que la justice n'y trouve pas
son compte.
Nos amis du Ralliement créditiste ont-ils conscience de ce jeu,
de cette manipulation et des conséquences néfastes qui peuvent en
résulter pour un groupe dont ils font, quand même, partie et
devraient être solidaires au premier chef? Si, du moins, la
catholicisation plus poussée des structures scolaires constituait la
meilleure garantie d'une éducation catholique de qualité, mais
cela n'est pas sûr. Nous avons vu à quel point il a
été difficile aux commissaires élus, à
l'intérieur du système confessionnel actuel, de créer un
milieu de vie et de recruter le personnel professoral et pastoral qui aurait
permis d'atteindre les objectifs visés.
Le cas de l'école n'est d'ailleurs pas unique. L'insertion du
message évangélique dans les structures universitaires,
hospitalières, syndicales, et j'en passe, a posé les mêmes
difficultés. Enfin, c'est à une crise du sacré que l'on
assiste, et c'est à cette crise que Jean XXIIl voulait répondre
en invitant les catholiques du monde à un aggiornamento, à une
mise à jour du message du Christ, à une révision en
profondeur du dogme, à la recherche d'un nouveau mode de présence
du chrétien à un monde dont l'évolution a
été beaucoup plus rapide et radicale que celle des structures
ecclésiales, car, si le sel s'affadit, avec quoi le salera-t-on?
Si les structures résorbent la lumière à la
façon d'un boisseau, où l'homme assoiffé de
vérité se tournera-t-il? C'est d'abord la doctrine qu'il faut
approfondir, la structure institutionnalisée de l'Eglise qu'il faut
remettre en question, le coeur de l'homme qu'il faut atteindre, le milieu tout
entier qu'il faut animer à la manière d'un levain. C'est
là tout le sens du renouveau théologique, catéchistique et
pastoral actuel.
Si, donc, le message évangélique s'est figé,
sclérosé, dévié, aliéné dans les
structures, ce ne sont pas les structures qui le sauveront. A vouloir les
consolider avant tout et à tout prix, sans par ailleurs les modifier, on
risque de diminuer encore leur efficacité, d'intensifier
l'insatisfaction et même le scandale qu'elles provoquent et d'en
détourner un plus grand nombre d'affamés de lumière.
Ce n'est donc pas l'école qui constitue le milieu premier et
privilégié de l'éducation chrétienne, mais bien la
famille, la paroisse et le milieu. C'est le parent qui est le premier
professeur de religion, par son orientation, sa motivation, sa
responsabilisation, ses connaissances et son action de tous les instants. Ce
parent bénéficiera au mieux d'une pastorale adaptée
à ses exigences intérieures, à ses conditions
existentielles et à sa vocation particulière.
Ce parent trouvera également, dans un milieu mieux informé
par un ministère dynamique et incarné, les stimuli, les
nourritures, les exemples, les occasions d'action qui lui serviront à
parfaire en lui comme chez son enfant l'image de ce Dieu auquel il veut
ressembler.
Lorsque le moment viendra de l'entrée à l'école, le
parent ne se déchargera plus alors sur le maître de sa
responsabilité; c'est lui qui restera le maître d'oeuvre, qui
demandera au professeur ou à l'aumônier de l'assister, de
collaborer avec lui, de prolonger son action auprès de l'enfant, de lui
donner un enseignement doctrinal approprié, de le guider à
travers ses expériences, ses difficultés afin qu'il fasse, dans
les meilleures conditions, l'apprentissage de sa liberté.
Cette prise de conscience de ses responsabilités l'amènera
alors à multiplier les contacts avec le personnel professoral, à
élire des commissaires ou représentants d'école de son
choix ou à se présenter lui-même à ces postes,
à participer aux travaux des comités d'école, à
veiller sur la qualité du personnel professoral et du milieu de vie,
à surveiller l'exécution des programmes, etc. Ce n'est plus alors
aux structures qu'il se fiera d'abord mais à lui-même, au
dynamisme de sa foi et de son action véritablement apostolique. C'est
cela d'abord qui importe. Que d'aucuns veuillent ensuite ajouter à cette
pierre d'angle les structures propres à soutenir cet esprit et cette
problématique, cela est parfaitement compréhensible, mais si
d'autres impératifs plus contraignants s'y opposent, l'essentiel se
trouve du moins sauvegardé.
C'est ce qu'ont compris, par exemple, dans les pays où les
structures confessionnelles publiques n'existent que peu ou pas, les parents
catholiques qui se sont accomodés du pluralisme structurel et même
de l'école laïque et qui y ont largement supplée' par leur
action aux plans familial et parascolaire. Il faut donc donner sa chance au
nouveau système car, en plus des garanties confessionnelles qu'il
continue à offrir, il force les parents à écarter une
tentation de facilité qui a trop souvent desservi la cause même
qu'ils défendaient. Il leur donne également l'occasion d'inventer
un mode plus approprié à notre temps de transmission du message
évangélique. Si nous croyons vraiment posséder la
vérité infinie, pourquoi craindre pour elle? Pourquoi douter de
son pouvoir de "fulgurance" et de fascination? Pourquoi vouloir la
protéger alors que c'est elle qui nous sauve?
Un dernier mot à l'endroit de nos collègues
créditistes. Ce n'est pas le sommet qui importe, comme disait le
député de Rouyn-Noranda, c'est-à-dire une superstructure
qui a toujours tendance à se dépersonnaliser, mais la base,
c'est-à-dire l'homme vibrant, chaleureux, qui croit, qui invente, qui
plie la création à ses besoins et lui donne une forme à
l'image de ce qu'il y a de meilleur en lui.
Droit de parole de M. Armand Bois
M. LE PRESIDENT: Est-ce que l'honorable député de
Saint-Sauveur a l'intention...
M. BOIS: Oui, M. le Président. D'ailleurs, je n'ai pas fait
d'intervention à ce sujet-là.
M. CHARRON: M. le Président, j'en appelle au règlement
pour vous signaler que l'article 260 interdit au député de
Saint-Sauveur de prendre la parole puisqu'il a été le secondeur
de l'amendement proposé par le député de Lotbinière
hier.
M. BOIS: Non, je m'excuse, mais cela me donne le droit de revenir sur
l'objet principal de la loi.
M. CHARRON: Sur le point de règlement, M. le
Président.
Décision de M. le Président
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je demanderais au député de
Saint-Sauveur de lire avec moi l'article 260 du règlement, s'il l'a
à sa portée. "Tout député qui, pendant la
discussion d'une motion pendant la discussion de la motion du ministre
de l'Education, la deuxième lecture du projet de loi a
proposé ou a appuyé comme second un amendement
l'amendement du député de Lotbinière a été
secondé, si je me rappelle bien, par le député de Sain
t Sauveur le renvoi à un comité, un ajournement de
la Chambre, un ajournement du débat ou l'appel de quelque affaire du
jour est réputé avoir pris la parole sur la motion qui
était en discussion la motion actuelle ainsi que sur la
nouvelle motion qui est faite, sauf les cas prévus à l'article
263".
On peut lire à l'article 263:"Si un député appuie,
comme second, une motion de fond ou d'amendement sans se lever comme
c'était le cas hier pour déclarer qu'il appuie la motion,
ni autrement adresser la parole, il peut prendre la parole sur cette motion
à une période subséquente du débat.
Il s'agit de la motion d'amendement d'hier, lorsque le
député de Lotbinière a proposé son amendement,
appuyé par le député de Saint-Sauveur qui a pris la parole
par la suite au cours de ce débat.
Je voudrais également le référer à la note 5
sous l'article 266 où on confirme encore l'avancé de l'article
263. Je lis la note 5: "Quand une motion secondaire, incidente, dilatoire ou
privilégiée est décidée la motion du
député de Lotbinière a été
décidée et que la discussion de la motion sur laquelle ou
pendant le débat de laquelle elle avait été
proposée est reprise, c'est le cas actuellement, nous reprenons
la discussion de la motion principale celui qui avait fini de parler sur
la motion principale ne peut prendre la parole de nouveau, c'est la
raison pour laquelle j'ai refusé la parole au député de
Lotbinière hier sauf pour répliquer, s'il a droit à
une réplique; et ceux qui n'avaient pas pris la parole sur la motion
principale le cas du député de Saint-Sauveur
peuvent le faire bien qu'ils aient pris part à la discussion de la
motion secondaire, incidente, dilatoire ou privilégiée, à
moins qu'ils n'aient proposé ou appuyé comme seconds un
amendement le député de Saint-Sauveur a appuyé
l'amendement le renvoi à un comité, l'ajournement de la
Chambre, l'ajournement du débat ou l'appel de quelque affaire du
jour."
J'ai eu l'occasion, il n'y a pas tellement longtemps, de vérifier
les auteurs Beauchesne et Campion sur la question, il s'agit de directives bien
impératives.
En vertu du règlement, à moins qu'il n'y ait consentement
unanime de la Chambre, je ne peux pas permettre au député de
Saint-Sauveur de prendre la parole.
M. BOIS: J'ai pris dix minutes hier, M. le Président, et je
croyais avoir le privilège d'obtenir vingt minutes
supplémentaires aujourd'hui.
M. CHARRON: Hélas! hélas! hélas!
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre de l'Education qui entend exercer
son droit de réplique mettra fin au débat.
L'honorable ministre de l'Education.
M. Guy Saint-Pierre
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, on me permettra, en terminant
le débat de deuxième lecture sur ce projet de loi fort important,
de remercier, dans un premier temps, tous ceux qui y ont participé.
Toute la gamme des opinions qui ont pu être émises, les
recommandations, à l'occasion contradictoires, sur plusieurs des points
du projet de loi reflétaient dans une large mesure la même
expérience que, comme ministre, j'ai eu à rencontrer au cours des
quatre ou cinq derniers mois où différents groupes ont voulu
corriger, améliorer, pour employer leurs termes, le projet de loi, mais
en nous apportant des recommandations qui étaient souvent
contradictoires.
C'est d'ailleurs peut-être le sort d'un homme politique d'avoir
constamment devant lui des contradictions comme ceci. Cela me frappe de voir
que, dans un temps, on va accuser particulièrement le ministère
de l'Education de faire l'implantation trop rapide de réformes majeures
alors que, si dans des amendements d'un projet de loi on propose de prendre
plus de temps pour faire l'implantation de ces réformes, on nous accuse
de faire preuve de faiblesse.
Deuxièmement, au niveau de la confession-nalité, alors que
l'on se réclame de parler au nom de tous les Québécois, de
tous ceux qui sont attachés à la religion, on réclame des
mesures qui pousseraient davantage le caractère confessionnel de notre
système scolaire, d'autres personnes viennent témoigner devant
nous, prétendant parler au nom de milliers et de milliers de personnes,
non seulement pour nous demander l'abolition d'un système confessionnel
au niveau des structures mais nous demander même l'abolition de
l'école confessionnelle.
Autre anomalie: si, dans une situation donnée, nous avons des
normes provinciales, on
nous reproche de ne pas tenir compte des situations différentes
lorsque, comme nous l'avons fait dans les projets de loi nos 27 et 28, nous
tentons de refléter dans nos structures un milieu sociologique
différent, et on nous accuse de manquer de cohérence.
Enfin, comme ministre, il fallait s'y attendre, on nous accuse
d'être un traître aux droits de la majorité francophone,
alors qu'on n'a qu'à lire les journaux anglophones pour se voir accuser
de tous les maux de la terre et de se voir accuser d'avoir des intentions
très pernicieuses, de chasser du Québec l'école anglaise,
ce qui ne fut jamais le cas.
En apportant les amendements, comme nous l'avons fait, par
déclaration ministérielle, je voulais donner suite à un
désir qui m'apparais-sait logique, formulé par plusieurs des
membres des partis de l'Opposition, à savoir qu'il était
difficile, au niveau du débat de deuxième lecture, de se
prononcer sur un projet de loi alors que le gouvernement avait laissé
une porte ouverte sur la nature de ces amendements.
Compte tenu du fait que nous étions également
bousculés il est inutile de faire adopter un projet de loi
à la vapeur, mais, aussi, je pense bien qu'on nous accuserait d'une
véritable trahison si, en utilisant des tactiques dilatoires, on se
rendait à Noël sans faire voter le projet de loi j'ai
tenté d'apporter les amendements le plus rapidement possible.
D'ailleurs, aujourd'hui même, j'ai fait distribuer aux porte-parole en
matière d'éducation des quatre partis politiques le texte
définitif de ces amendements. En les lisant, on verra que j'ai
tenté, par intégrité intellectuelle, de respecter le sens
de la déclaration ministérielle et d'apporter un texte juridique
qui se voulait le reflet fidèle des intentions précises, et non
des thèmes, que le gouvernement avait apportées.
J'espérais, par cette déclaration, qui est peut-être
un accroc à notre procédure parlementaire, permettre un
débat plus pertinent et j'ose croire que les députés, en
majorité, seront d'accord avec ceci. D'ailleurs, il faut bien voir que
les amendements ne remettaient pas en cause le principe de la loi. Si, dans la
déclaration ministérielle, il n'était nullement fait
mention de la commission scolaire unifiée, c'est que nous
considérions ce concept comme essentiel pour la réforme de la
restructuration scolaire de l'île de Montréal.
Les amendements suggérés étaient plutôt un
prolongement, des précisions qui étaient apportées au
texte même du projet de loi et qui pouvaient, tout en respectant
l'économie générale du projet de loi no 28,
préciser les intentions du gouvernement avant même la fin du
débat de deuxième lecture.
Le député de Bagot demandait, dans son intervention,
pourquoi nous n'avions pas déposé le projet de loi plus
rapidement. Je pense, sans tenter de donner une réponse exhaustive
à cette question fort pertinente, qu'il faut bien voir, en dehors de
toute partisanerie politique, certains changements entre le projet de loi no 62
et le projet de loi no 28, changements qui se veulent le reflet d'une
réflexion sur la nécessité, face à une situation
fort évolutive, d'apporter des modifications, en dehors même des
questions de constitution, à l'économie du projet de loi.
Je pense qu'on reconnaîtra au projet de loi no 28 peut-être,
au niveau des structures, moins d'attention apportée à l'aspect
confessionnel. Nous avons tenté plutôt de corriger ceci en
apportant, au plan de la confessionnalité et j'y reviendrai
par le mécanisme des comités confessionnels, des garanties
qu'on ne retrouvait pas dans le projet de loi no 62, qui lui avait tenté
plutôt de porter cette garantie au niveau des cadres supérieurs
adjoints du directeur général qui devaient représenter les
deux grandes religions, catholique et protestante.
Le point de vue constitutionnel m'apparaît important et explique
en grande partie pourquoi le projet de loi n'a pu être
déposé avant le 6 juillet 1971. Plusieurs ayant mis en doute
à la fois la commission Pagé, la commission Parent l'avait
esquissé et on l'avait fait même à la suite du
dépôt du projet de loi no 62 l'aspect constitutionnel du
projet de loi, le gouvernement, pour faire preuve de prudence
élémentaire, d'une responsabilité qu'on est en droit
d'attendre de lui, se devait de faire des études en profondeur sur
l'article 93 et j'y reviendrai plus tard sur l'aspect
constitutionnel du projet de loi. Nous avons eu plusieurs études, les
premières touchant le projet de loi no 62 et les dernières
touchant les premiers brouillons du projet de loi no 28. Compte tenu du
résultat de ces études, nous avons constamment modifié ou
amélioré le projet de loi pour le rendre le plus constitutionnel
possible.
La dernière étude que je déposerai en Chambre
demain je l'ai distribuée, hier, à cause de
problèmes mécaniques de distribution a été
faite par trois professeurs de droit constitutionnel de l'Ecole de droit public
de Montréal. C'est un document fort pertinent sur une question fort
complexe. J'y reviendrai plus tard dans mon intervention.
On s'est attardé également à la politique de la
langue. Je pense qu'en quelques minutes je peux rappeler mes interventions
à la commission parlementaire et affirmer de nouveau qu'il
m'apparaît comme une démarche intellectuelle cohérente
d'attendre qu'on ait terminé l'étape de la recherche avant
même d'esquisser les grandes lignes d'une réforme en
matière linguistique. De la même façon que les
réformes en éducation ont donné suite à des
recommandations d'une commission d'enquête qui s'était
penchée sur le problème, de la même façon il
m'apparaft logique et cohérent que le gouvernement attende d'avoir un
premier rapport de la commission Gendron avant de donner suite à
certaines des recommandations que pourraient contenir les rapports de la
commission Gendron. Dieu sait qu'à plusieurs reprises le premier
ministre et le ministre des Affaires culturelles ont pressé la
commission Gendron de nous donner le plus rapidement possible certains volumes
préliminaires touchant l'aspect de la langue, le mandat même de la
commission Gendron.
Le député de Bagot a fait état que dans le
programme du Parti libéral on annonce très clairement, cependant,
des politiques en matière linguistique. Puis-je rappeler que, comme nous
avons un mandat de quatre ans, il faudra quand même nous donner encore
deux ans, et c'est ce que nous avons, pour aborder ce problème? C'est la
même chose pour la réforme électorale.
Déjà, il y a un processus d'engagé. Mais je pense
qu'il y a suffisamment d'années pour compléter cette
réforme en matière linguistique.
D'ailleurs, j'ai l'impression et la conviction profonde que sur la
question de la langue, les problèmes sont surtout dans la tête de
ceux qui soulèvent cette question, non pas que je voudrais minimiser les
problèmes à long terme et la nécessité d'une
intervention du gouvernement en matière linguistique, mais à
court terme et au niveau des structures scolaires qui ne sont qu'une parcelle
de l'ensemble du problème. A preuve, nous n'avons qu'à examiner
la situation que nous retrouvons actuellement dans le secteur catholique
où un secteur scolaire catholique anglophone plus important que le
secteur protestant a vécu aujourd'hui avec une majorité
francophone dans des disproportions beaucoup plus grandes, avec une absence
complète de garanties ou de mécanismes dans la loi
prévoyant quelle doit être la langue de travail, la langue de
communication. Pourtant, à ma connaissance, et à la CECM et dans
les grandes commissions scolaires, il ne s'est produit aucun problème.
Pis encore, nous pourrions dire qu'au niveau municipal il n'y a, à notre
connaissance, aucun problème majeur du type que nous avons pu soulever.
La majorité ne se sent pas brimée, et je pense que ceux qui
représentent la minorité sont capables de trouver les
mécanismes voulus pour établir leur intervention et être,
en général, satisfaits des politiques appliquées
localement et qui reflètent, je pense, des milieux sociologiques fort
différents.
C'est donc ma conviction que les différentes commissions
scolaires unifiées, même s'il n'y avait pas intervention du
gouvernement avant leur création, pourraient trouver dans leur milieu
donné les mécanismes voulus pour avoir une politique capable de
satisfaire les désirs légitimes de la minorité et
correspondre également à la position de la majorité sur
l'île de Montréal. D'ailleurs, je suis un peu surpris. C'est un
peu comme la Fédération des travailleurs du Québec qui
nous invite à faire l'unilinguisme français et qui nous
présente son mémoire avec un caractère bilingue où
on accorde autant d'importance à la langue anglaise qu'à la
langue française. C'est le même organisme qui, en fin de semaine,
a tenté cette politique linguistique d'unilinguisme. On voyait des
réserves fort importantes à savoir que les syndicats
représentant la minorité anglophone pourraient, en tout temps,
correspondre dans leur langue avec la centrale, la FTX}. On disait: Les membres
pourront correspondre constamment en anglais et avoir le droit de le faire.
Je pense que si nous inscrivions toutes ces positions que nous
retrouvons dans un groupe qui prêche l'unilinguisme français, nous
pourrions faire un pas en arrière. Je pense que le statu quo, on ne le
mentionne pas pour les deux raisons que j'ai données: attendre la fin
d'une période de recherche et, deuxièmement, attaquer ce
problème linguistique beaucoup plus que de tenter de le résoudre
à l'intérieur des cadres de la politique scolaire.
Le député de Bagot a également soulevé
certaines questions sur les observateurs. Je pense que les observateurs sont
nécessaires dans le projet de loi. Je sais que pour certains cela peut
correspondre à un accroc à la démocratie. Mais lorsqu'on
pense, encore une fois, aux 16 p.c. de francophones qui, dans l'ouest de
Montréal, à la commission scolaire no 10, n'auront aucun
représentant du groupe francophone parmi les commissaires, il y a un
désir, particulièrement dans le domaine scolaire, pour ces gens
de savoir ce qui se passe à la commission scolaire, et la source de
conflit est souvent l'ignorance de ce qui se passe exactement parce qu'on n'a
pas de représentant, ou l'impression qu'on complote pour tenter de
brimer la minorité sur le plan de l'allocation des équipements,
sur le plan de l'allocation des ressources humaines.
Ces observateurs n'auront pas le droit de vote. Ils respecteront alors
le processus de la minorité et, je le répète, ne
s'appliqueront que dans des cas extrêmes. Je ne peux penser dans les
faits qu'à la commission scolaire no 10 pour les francophones et
à une des commissions scolaires de l'Est pour le groupe anglophone. Ces
deux représentants permettront d'avoir l'oreille de la commission
scolaire pour enlever à la minorité cette impression que dans
l'ignorance où elle était, on brimait ses droits.
M. CARDINAL: M. le Président, le ministre m'a interrogé,
à quelques reprises, durant mon discours de deuxième lecture.
Est-ce qu'il me permettrait de lui poser une question sur ce point
précis?
M. SAINT-PIERRE: Oui.
M. CARDINAL: D'accord, M. le Président. J'ai lu rapidement les
amendements que le ministre vient de me remettre et j'ai vu, dans le texte, ce
que signifiait le mot "observateurs". Ce sont des gens qui ont voix
délibérante et qui ne peuvent pas voter. Mais vous venez de
parler d'oreilles qui entendront ces observateurs. Ma question est la suivante:
Quelles seront, institu-
tionnellement, ces oreilles? Est-ce que ce sera le ministre? Est-ce que
ce seront les parents? Qui est-ce? Quelles seront les oreilles qui vont
écouter les observateurs ou, si vous voulez, les observateurs vont
observer au nom de qui et envers qui?
M. SAINT-PIERRE : Comme les observateurs sont nommés après
consultation des associations de parents de la minorité, ces
observateurs seront les oreilles des comités de parents de la
minorité qui n'a pas de représentant sur le plan linguistique
à la commission scolaire.
M. CARDINAL: Merci.
M. SAINT-PIERRE: Nous avons abordé également, M. le
Président, la question des relations syndicales. Pour moi,...
M. BERTRAND: Le ministre me permettrait-il une question?
M. SAINT-PIERRE: Oui, sûrement.
M. BERTRAND: Ne trouve-t-il pas que le fait de nommer des observateurs
au moment où la loi sera mise en application équivaut à
décerner un certificat à tous ceux qui seront membres, à
l'effet qu'il faut absolument que quelqu'un qui n'est pas élu soit
chargé de surveiller des élus? Le ministre croit-il que c'est un
bon principe?
M. SAINT-PIERRE: Je pense, M. le député de Missisquoi, que
cela tient compte d'une situation particulière. Prenons, encore une
fois, le cas très précis des 16 p.c. de francophones dans la
région qu'on convient d'appeler le Lakeshore. Ces gens sont à peu
près certains, d'après l'économie du projet de loi, de ne
pas avoir de représentant francophone parmi les commissaires. Alors, je
maintiens qu'il y a sûrement un avantage, pour diminuer les tensions,
à ce que ces francophones aient, au moins, quelqu'un qui puisse avoir
tous les droits et privilèges des commissaires, sauf le droit de vote,
quelqu'un qui ait accès aux documents, qui soit au courant des
politiques de recrutement et de l'allocation de l'équipement.
M. BERTRAND: Le ministre ne croit-il pas que ce rôle appartient au
ministre de l'Education, chargé de surveiller? C'est lui qui a la
responsabilité de tout le domaine de l'éducation, au
Québec, et c'est lui qui soumet un projet de loi qui, par sa nature
même je n'en discute pas, j'accepte le principe fait qu'il
y aura nécessairement des minorités dans un secteur ou dans
l'autre. Il parle géographiquement de l'est ou de l'ouest de la ville.
Est-il bon d'affirmer dans une loi le principe que, dans pareils cas, il y aura
des observateurs? Je me demande s'il ne crée pas un
précédent qui peut être dangereux.
M. SAINT-PIERRE: Non, M. le Président. Si nous étions dans
un autre domaine que le domaine scolaire, qui touche tellement les gens,
où les perceptions sont différentes; si nous étions, pour
prendre un cas d'espèce, dans le domaine municipal, je conçois
forcément que, là, il n'y aurait aucun problème puisqu'on
parle d'égouts, d'aqueducs et de services publics. Mais, dans le domaine
scolaire où, à l'intérieur d'un système
unifié, on a des écoles catholiques, des écoles
protestantes, des écoles françaises, des écoles anglaises,
où les gens se sentent émotionnellement impliqués, je
pense que cette présence d'observateurs, au niveau de la commission
scolaire, est justifiée.
D'ailleurs, il y a eu même des pressions; des gens voulaient un
double mécanisme d'élection des commissaires: d'une part, le vote
démocratique et, d'autre part, le collège électoral,
solution qui avait, d'ailleurs, été retenue par le projet de loi
no 62. Il s'agit des comités de parents qui obtiennent non seulement
l'oreille, mais une voix à la commission scolaire. On a, dans l'ancien
projet de loi, une juxtaposition de gens élus démocratiquement et
de gens désignés, comme nous en avions sur le plan municipal,
à Montréal, entre les conseillers A, B et C, il y a quelques
années.
M. BERTRAND: Il y avait par contre, dans les deux cas élection.
Il ne faut pas l'oublier.
M. SAINT-PIERRE: Oui, mais d'une façon fort
différente.
M. BERTRAND: Il y avait élection par ceux-là que l'on
reconnaît tous comme étant les premiers intéressés.
Il est bien entendu que c'est l'enfant qui est le premier
intéressé, mais les principaux intéressés, dans un
cas comme cela, à l'école élémentaire, ce sont les
parents. C'est déjà un observateur. Si le ministre avait attendu
que la loi s'applique peut-être... Que le ministre attende qu'elle
fonctionne et, s'il y a des abus à corriger, à ce
moment-là, qu'il inscrive dans un texte de loi la fonction
d'observateur.
M. SAINT-PIERRE: Je tentais de retrouver le texte exact, M. le
Président. On peut voir que les deux observateurs sont nommés
après une consultation directe des comités de parents. Donc, il
peut y avoir un mécanisme d'élection des comités de
parents. C'est peut-être en comité plénier que nous
pourrons examiner cette possibilité.
On a aussi soulevé, M. le Président, la question des
relations syndicales. On aurait voulu que, compte tenu, il semble, de certaines
difficultés au niveau de l'article 36 du code du travail, le projet de
loi tente d'aller en détail dans ce secteur.
Soulever la question syndicale, pour moi, s'apparente
énormément au fait de soulever la question linguistique, en ce
sens que nous avons, dans les deux cas, un problème qui
déborde de beaucoup la question de la restructuration scolaire de
l'île de Montréal. Il me paraît inopportun, comme pour la
question linguistique, de tenter de régler un problème
général à l'intérieur d'une loi scolaire, d'autant
plus que la commission consultative du travail, qui regroupe des
représentants du monde du travail et du patronat, s'est penchée
exactement sur ce problème de l'article 36. C'est l'objet de ses
études en cours actuellement. Nous avons pu voir certains comptes rendus
qui indiquent des progrès.
A la suite de discussions avec mon collègue le ministre du
Travail, le gouvernement compte, en temps approprié, apporter une
législation générale qui pourrait améliorer le
projet de loi, le code du travail actuel, préciser les droits des
employeurs et des employés dans des cas de fusion, dans des cas de
changement de structure, tant dans le secteur public que dans le secteur
parapublic et le secteur privé.
Pour ces raisons, il m'apparaît donc qu'en matière de
relations syndicales les dispositions actuelles, qui, quand même,
consacrent le droit d'emploi des personnes actuellement à l'emploi des
commissions scolaires, et le recours suivant l'article 36 du code du travail,
m'apparaissent suffisantes, compte tenu d'une possibilité de changement
dans les années à venir, pour régler globalement le
problème.
D'ailleurs, ce besoin de sécurité que le
député de Bagot a mentionné, et son inquiétude de
voir la possibilité pour, le législateur d'intervenir dans le
domaine de la langue, ne m'apparaissent pas justifiés. Dans toutes nos
lois, face à des situations évolutives, compte tenu qu'il n'y a
pas de compartiment isolé entre les différents problèmes,
je pense que, constamment, nous sommes assujettis à des lois qui vont
modifier dans un aspect donné des lois existantes. Et je ne pense pas
que le fait que le législateur, dans un avenir rapproché,
conformément au bien commun, propose une loi nouvelle en matière
linguistique, puisse semer un climat d'insécurité ou de panique
dans la population.
Les représentants du Ralliement créditiste m'ont
redonné de nouveau un concert, que j'avais entendu déjà
à deux ou trois reprises, touchant les fonctionnaires de l'Etat, plus
particulièrement les fonctionnaires du ministère de l'Education.
Inutile pour moi de répéter les belles déclarations que
j'ai entendues et répéter ces mots "révolution sanglante",
"peu intéressé à l'enfant", "trop intéressé
à l'argent et aux structures"...
M. BROCHU: M. le Président, question de privilège, si le
ministre me permet. Dans son texte si ce n'est pas le ministre qui l'a
fait, c'est un haut fonctionnaire j'aimerais qu'il rectifie puisque je
n'ai pas parlé de révolution sanglante.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Il ne s'agit pas d'une question de
privilège. Si l'honorable député de Richmond
considère que le ministre de l'Education interprète mal sa
pensée, en vertu de notre règlement l'article 270 en
particulier il pourra rétablir les faits lorsque l'honorable
ministre aura terminé son allocution.
M. SAINT-PIERRE: Pour prouver que le Ralliement créditiste, une
fois de plus, se trompe, voici les quelques notes d'un texte que je vous livre.
Je pense bien qu'il ne faudrait pas blâmer de nouveau les fonctionnaires
de quelque chose qui n'a pas été fait.
On a parlé de taxer tout le temps, parce qu'on disait que le
conseil scolaire assumait des pouvoirs de taxation. Ma foi, il n'y a rien de
changé, effectivement les taxes scolaires diminuent par rapport au
coût d'éducation. On a parlé de tour de Babel, on a
parlé de fabricants de sarcophages politiques, et j'en passe.
Je n'ai pas l'intention de répondre à ce microsillon qu'on
a déjà trop entendu et qui, heureusement, n'occupe plus le
palmarès où on a voulu le placer. Je suis toujours surpris
d'ailleurs qu'en commission parlementaire on reste coi, qu'aux crédits
de l'Education on parvienne à dire deux ou trois phrases et
qu'après ça on n'entende plus rien, et qu'on reste bouche
bée devant les véritables programmes qui sont mis de l'avant par
le gouvernement.
D'ailleurs, on est un peu sceptique, puis-qu'en écoutant les
représentants du Ralliement créditiste, on a l'impression que
c'est la nostalgie d'un véritable retour en arrière,
l'école du rang qui, bien sûr, n'avait pas ces problèmes
d'accident...
M. ROY (Beauce): J'invoque le règlement. Il y a tout de
même des limites! Nous n'avons pas parlé de l'école du rang
une seule fois, et je n'ai pas parlé de faire un retour en
arrière.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je rappelle l'honorable député
de Beauce à l'ordre, et j'accorde le droit de parole à
l'honorable ministre de l'Education, tel que le règlement le
reconnaît, puisque c'est son droit de réplique.
M. SAINT-PIERRE: Délaissant l'école du rang à ceux
qui veulent qu'elle se conserve, mais ayant foi moi-même aux
réformes qui ont été accomplies depuis dix ans en
matière scolaire compte tenu qu'avec 1,800,000 enfants, bien
sûr il y a une polyvalente qui ne fonctionne pas, mais il y en a
également 180 à l'occasion qui fonctionnent très bien
j'inviterais les députés créditistes, qui partent
en peur parce que quelques personnes peuvent, à l'intérieur de
ces écoles, donner un message, à s'y intéresser davantage
et voir...
M. BOIS: Nous ne sommes pas partis en peur, nous sommes encore ici.
M. SAINT-PIERRE: ...que l'école d'aujourd'hui au Québec
malgré bien sûr des accidents de parcours qu'on retrouve
dans les systèmes d'éducation de tous les pays du monde a
quand même un bilan très positif, compte tenu d'une
accessabilité véritable de l'enseignement que ne nous donnait pas
le système d'autrefois. Je m'offusque un peu du fait qu'on veut se
prétendre les porte-parole des valeurs traditionnelles, des valeurs
fondamentales. Cela nous place un peu dans la délicate position, nous,
de nous objecter à ces valeurs-là, et ce n'est pas notre sens. Je
voudrais, avant de terminer cette parenthèse sur les fonctionnaires,
quand même apporter un correctif qui m'apparaît essentiel.
On a soulevé la question: Qui a fait la loi no 28? On a
insinué que c'étaient de méchants esprits qui habitent
et je ne répéterai pas les termes pour ne pas provoquer de
sautes d'humeur le ministère de l'Education.
J'en prendrai la responsabilité et, par respect des
fonctionnaires, il serait honnête de dire qu'aucun d'entre eux n'est
parfaitement content du projet de loi no 28 tel que déposé par le
gouvernement. Le projet de loi no 28 a été élaboré
dans un esprit de collégialité; nous avons eu une contribution de
plusieurs groupes, nous avons analysé des mémoires. Je voudrais
corriger l'impression donnée. Ce n'est pas un fonctionnaire en
particulier qui peut dire: Voici ce que, moi, je pensais sur la restructuration
scolaire. Ce fonctionnaire a pu émettre des idées, participer
à une discussion, alimenter un débat, mais, à la fin,
c'est un ministre qui a dit: On va prendre ceci, on va prendre cela. C'est un
gouvernement qui a ratifié ceci. Je pense que ça c'est un motif
qu'il faudrait...
M. CHARRON: Si le ministre me le permet, pour ajouter, si
véritablement la loi avait été faite par des
fonctionnaires péquistes, elle serait bien meilleure qu'elle l'est
actuellement.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. SAINT-PIERRE: Sans commentaire, M. le Président. Là on
fait passer les fonctionnaires d'un camp à l'autre; je les laisserai
dans le camp qu'ils auront choisi respectivement.
On a soulevé, M. le Président, le droit des parents. Je
pense que les projets de loi nos 27 et 28 je l'ai
répété à plusieurs reprises la
législation scolaire au Québec, est à l'avant-garde en
matière de droits des parents.
Mais on a tendance dans ce débat, lorsqu'on analyse le mandat et
la composition des comités de parents, des comités
confessionnels, d'oublier la vocation très particulière des
commissaires. Il ne faut pas oublier que les commissaires d'écoles, dans
98 p.c. des cas, sont des parents, qu'ils sont élus par l'ensemble de la
population. On a tendance à mon sens, dans ce débat, à
oublier ce rôle très important du commissaire d'écoles.
On voudrait tout donner aux parents et ne rien donner au commissaire,
comme si c'était un intrus dans le domaine scolaire qui n'a pas
joué historiquement un rôle de première importance et qui
n'est pas encore aujourd'hui responsable d'un secteur fort important de notre
vie scolaire.
M. ROY (Beauce): Est-ce que le ministre me permettrait une question?
M. SAINT-PIERRE: J'aimerais continuer.
D'autres personnes, M. le Président, ont abordé le sujet
de la restructuration par étapes. Certains groupes, et surtout
peut-être des personnalités éminentes comme
l'archevêque de Montréal, ont, sous des formes diverses,
proposé de procéder par étapes à la
restructuration. Ramenées à l'essentiel, ces propositions
suggéraient une première étape au cours de laquelle les
commissions scolaires confessionnelles, redéfinies, seraient maintenues
et une commission scolaire neutre serait créée après une
période de mûrissement. L'objectif visé par le projet de
loi pourrait être atteint.
Première étape, donc regroupement et
régionalisation des grandes commissions scolaires, création d'une
commission scolaire neutre. Deuxième étape et là on
a été beaucoup plus vague dans les mémoires, cinq ans, dix
ans, deuxième projet de loi, on ne le mentionnait pas on fusionne
ces structures confessionnelles pour parvenir à l'objectif tel que
défini dans le projet de loi no 28.
Ces propositions ne mettent généralement pas en cause
l'objectif lui-même du projet de loi mais en compromettent la
réalisation en pratique. Cela est évident si, après la
première étape, on ne fixe pas de date précise pour
l'arrivée au terme visé. Par ailleurs, si l'on fixe une date,
c'est-à-dire 1975 ou 1976, il faut envisager deux regroupements ou
subdivisions successifs et donc deux plans d'intégration du personnel
successifs, ce qui comporterait des difficultés pratiques
extrêmement sérieuses pour ne pas dire des situations qui
deviendraient inextricables.
Un tel compromis ne me paraît pas réaliste, eu égard
à l'insécurité qu'il maintiendrait chez les responsables
de l'éducation, les enseignants, les étudiants et dans la
population toute entière. Le débat serait à toutes fins
pratiques constamment ouvert et la situation pourrait devenir politiquement
difficile à maîtriser, politiquement dans le sens le plus noble du
terme. Si, majoritairement, l'objectif visé est accepté et
je voudrais faire tantôt référence à la
réponse que nous avait formulée le représentant de
l'archevêque de Montréal autant procéder selon un
schéma clair, quitte à allonger le délai de mise en place
des nouveaux mécanismes, comme le recommandent plusieurs
mémoires. C'est une solution que le gouvernement a faite sienne dans ses
projets d'amendements.
On a abordé, M. le Président, le problème de
la confessionnalité; vous me permettrez quelques minutes sur ce
sujet. D'ailleurs, dans un premier temps, il faudrait se poser la question:
Qu'est-ce que le statu quo en matière de structure confessionnelle nous
a donné?
Le Ralliement créditiste nous le rappelle constamment, il se
passe des choses dans nos écoles qui ne sont peut-être pas
conformes à l'atmosphère, à l'ambiance qu'on voudrait
retrouver dans l'école confessionnelle. Il faut se rappeler que cette
situation de fait, qui existe avec le statu quo, se produit avec des
commissions scolaires confessionnelles catholiques, dans une structure
confessionnelle catholique.
M. ROY (Beauce): Est-ce que l'honorable ministre me permet une
question?
M. SAINT-PIERRE: Oui.
M. ROY (Beauce): Qui a parlé de statu quo, M. le ministre?
N'avons-nous pas tout simplement, demandé d'avoir des garanties
juridiques dans le projet de loi? Je me demande qui a parlé de statu
quo.
M. SAINT-PIERRE: Il s'agissait du statu quo, à mon sens, car,
dans votre intervention, vous n'avez jamais mentionné les garanties
juridiques, sauf pour parler de garder le caractère confessionnel de nos
structures administratives. Il suffit de lire votre bible je ne
mentionnerai pas le journal pour avoir, à pleines pages, des
recommandations qui veulent garder les structures confessionnelles pour les
commissions scolaires. Pour moi, c'est maintenir un statu quo en matière
d'organisation administrative de notre système scolaire.
M. ROY (Beauce): Vous nous avez mal compris.
M. SAINT-PIERRE: D'ailleurs, sur cette question très
précise que j'avais soulevée en commission parlementaire
je vous la cite parce qu'elle me parait pertinente dans le débat
en matière de confessionnalité, on se devrait, je pense, avec
raison, d'avoir beaucoup d'égards pour les modifications ou l'avis,
très réservé d'ailleurs, formulé par Mgr
Grégoire et par son représentant, Mgr Lafontaine.
Je posais en commission parlementaire je cite la page B-4665
cette question: "Est-ce que Mgr Grégoire considère que,
cette période de transition étant plus grande et les garanties
confessionnelles étant plus précises, il est possible d'avoir une
école catholique qui offre toutes les garanties dans le cadre d'une
commission scolaire unifiée? " La réponse de Mgr Lafontaine fut
la suivante: "La réponse à cela, en un mot, est affirmative".
C'est donc dire que le représentant, Mgr Lafontaine, ne remettait pas en
cause l'objectif de la commission scolaire unifiée. Il trouvait
uniquement qu'il était peut-être nécessaire d'avoir un plus
long délai d'implantation.
Les amendements proposés par le gouvernement, ainsi que les
précisions apportées au mandat du comité confessionnel,
à sa représentativité, ainsi que la clarification du
rôle du responsable des questions religieuses me semblent satisfaire
certaines des préoccupations exprimées par l'archevêque
qui, je le répète, n'avait pas mis en cause l'objectif final de
la commission scolaire unifiée.
Le député de Chicoutimi a soulevé la question des
mécanismes réels qui pourraient offrir à la
confessionnalité toutes ces garanties. Il faudrait, d'une part, signaler
le droit des parents de choisir l'école catholique, de même que
l'existence de l'école catholique comme telle qu'on retrouve dans le
projet de loi. Il faudrait mentionner ce serait trop long de le faire
les vastes pouvoirs de réglementation que possède le
comité catholique du Conseil supérieur de l'éducation,
pouvoirs de réglementation qu'à ce jour le comité a eu de
la difficulté à exercer, compte tenu de la société
pluraliste dans laquelle nous vivons et compte tenu d'un élément
d'une société pluraliste dans nos écoles dites
confessionnelles.
Des discussions récentes, que j'ai eues avec les membres de ce
comité confessionnel, m'incitent à croire qu'à
brève échéance, et compte tenu de l'existence d'un secteur
autre, le comité catholique pourra exercer ce pouvoir de
réglementation, qui est très vaste en matière de
qualification du personnel, d'approbation de critères pour la
reconnaissance officielle des écoles catholiques, compte tenu de toute
l'animation possible au niveau de l'école catholique.
Le comité confessionnel est un troisième mécanisme
qui par son nombre de membres, sept, par sa composition, par son
mécanisme d'élection, par sa représentativité et
par son mandat, qui est conforme aux recommandations du comité
catholique avec les amendements mis de l'avant par le gouvernement, pourra
veiller à la qualité de l'enseignement catholique, à
l'intérieur de l'école catholique. Il veillera également
à animer, sur le plan local, la vocation particulière de
l'école catholique et, plus particulièrement, il sera une
structure fort efficace de coopération avec le comité catholique
du Conseil supérieur de l'éducation.
De même, le coordonnateur des questions religieuses, compte tenu
qu'il est conseiller auprès du directeur général et compte
tenu de son mandat explicité dans la loi, me semble un autre
mécanisme devant assurer non seulement la survie, mais le
développement de l'école catholique dans notre milieu.
On me permettra un dernier point sur l'aspect constitutionnel de ce
projet de loi. Dans un avis que j'ai remis aux porte-parole en matière
d'éducation des autres partis, on signale très clairement
qu'à sa face même le projet de loi no 28 est constitutionnel,
particulièrement si on adopte une interprétation évolutive
de l'article 93.
On soulève dans les conclusions de ce mémoire quelques
questions sur le droit à la
dissidence. Le gouvernement entend apporter à ce projet de loi
une modification qui peut être mineure. Je vais tenter de l'expliquer
très brièvement pour assurer que son dossier constitutionnel est
vierge et que des efforts de différents groupes pour retarder la
restructuration scolaire seraient vains.
Nous avons l'intention de permettre ce droit à la dissidence,
mais il faut bien savoir que nous n'avons pas l'intention de permettre
l'établissement d'une structure dissidente qui pourrait, à tous
les paliers, à tous les niveaux, permettre l'établissement de
systèmes parallèles. Tous nos efforts sont centrés sur une
commission scolaire unifiée qui doit répondre à une
société pluraliste, tant sur le plan linguistique que sur le plan
confessionnel, et c'est le système public que l'Etat entend renforcer
constamment.
Si on veut invoquer des arguments d'ordre constitutionnel et d'ordre
juridique, nous aurons l'occasion de permettre ce droit à la dissidence,
mais il devra se comprendre dans le sens très réel de relier
à un contexte une interprétation de l'article 93 de notre
constitution qui donnait ce droit à la dissidence.
En d'autres termes, je pense que si on veut avoir une
interprétation restrictive de notre constitution et proclamer le droit
à la dissidence de certaines personnes, il faudra s'attendre que le
gouvernement aura également, pour ce droit à la dissidence, une
interprétation restrictive de la signification de ce droit et que,
suivant la jurisprudence et suivant l'interprétation de tous les
juristes, il sera très restreint. Ce n'est pas notre intention d'avoir
une interprétation évolutive de ce droit à la
dissidence.
On a prétendu dans plusieurs cas que ce droit se limitait
à la quatrième année de l'élémentaire, qu'il
pouvait être limité par paliers, par la décision de
l'autorité gouvernementale, qu'il était limité à
cette région. Sans aller dans les détails, nous pourrons voir en
comité le texte de l'amendement précis que nous sommes à
rédiger puisqu'il y a plusieurs significations. C'est dans ce sens que
l'amendement sera apporté et nullement dans le sens d'établir un
droit parallèle. Cela m'apparaft un prix raisonnable à payer pour
s'assurer que sur le plan constitutionnel personne ne pourra nous dresser des
embûches inutiles, des obstacles, voire même nous imposer des
délais importants qui nous empêcheraient de ratifier nos objectifs
en matière de restructuration scolaire.
M. CARDINAL: M. le Président, avant de terminer, le ministre me
permettrait-il une dernière question? Au sujet de la dissidence nous
n'avons pas d'amendement. Devons-nous comprendre quand même, pour que ce
soit un peu plus clair, qu'il s'agit d'une dissidence au niveau de
l'école?
M. SAINT-PIERRE: C'est le droit à la dissidence, M. le
Président, interprété dans le contexte de l'article 93 et
dans un contexte très restrictif. C'est un élément qu'il
faudrait ajouter à la déclaration ministérielle en ce sens
que c'est un élément nouveau qui n'était pas
mentionné. Je compte pouvoir donner le texte de cet amendement
précis au plus tard demain durant la journée, avant le
début de l'étude en comité.
M. le Président, je ne voudrais pas abuser du temps de cette
Chambre, mais simplement répéter que ce projet de loi est fort
complexe et qu'il était difficile de satisfaire tous les groupes. Le
gouvernement n'a cédé à la pression de personne. Nous
avons tenté uniquement de trouver un projet de loi, compte tenu de la
réalité montréalaise telle qu'elle est je sais que
certaines personnes refusent de voir la réalité telle qu'elle est
qui n'est pas une "réformette", qui s'attaque au problème
en profondeur et qui permet de viser les objectifs majeurs que des commissions
d'enquête, depuis déjà plus de sept ans, ont clairement
identifiés.
Je pense que l'adoption de ce projet de loi nous permettra une
véritable restructuration scolaire, nous permettra de viser les
objectifs qui n'ont pas été tellement discutés mais qui
ont été partagés par à peu près tous les
groupes.
Compte tenu de ceci, je propose à l'adoption de cette Chambre
l'approbation en deuxième lecture du projet de loi no 28.
M. LE PRESIDENT: Cette motion de deuxième lecture sera-t-elle
adoptée?
M. BROCHU: M. le Président, je m'excuse, j'avais soulevé
tout à l'heure une question de privilège et vous avez
mentionné que j'aurais...
M. LE PRESIDENT: Si je comprends bien, vous voulez rectifier certains
faits?
M. BROCHU: J'aimerais rectifier certaines déclarations du
ministre, lorsqu'il a parlé, premièrement, de révolution
sanglante et, deuxièmement, de la question des commissions
parlementaires.
A aucun moment, dans le discours que j'ai tenu en cette Chambre
je tiens à le souligner je n'ai parlé de révolution
sanglante. J'ai simplement voulu décrire le climat qui pourrait exister
au niveau du ministère de l'Education et aussi dans l'éducation
en général, au niveau de la province de Québec. Je n'ai
pas parlé non plus de révolution sanglante à la commission
parlementaire où, pour notre part, nous avons pris l'attitude
d'écouter puisque la commission parlementaire était
convoquée dans le but d'entendre tout d'abord ceux qui avaient des
revendications et des recommandations à faire.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre! Je pense que l'honorable
député de Richmond essaie d'abuser de ma
libéralité. Tout ce que le règlement permet au
député de Richmond, c'est de dire ceci: L'orateur
précédent a dit telles ou telles choses. Ce n'est pas exact. Je
n'ai pas dit ces choses. Sans autre commentaire.
M. BROCHU: Sans autre commentaire, c'est dit.
DES VOIX: Vote! Vote!
M. CHARRON: M. le Président, juste avant de voter, puis-je poser
une question au ministre?
DES VOIX: Ah non!
M. CHARRON: J'aurais pu le faire avant qu'il termine.
M. LE PRESIDENT: Non, il faudrait alors nécessairement le
consentement unanime de la Chambre.
DES VOIX: Non.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a consentement unanime de la
Chambre?
DES VOIX: Non.
M. LE PRESIDENT: Cette motion de deuxième lecture est-elle
adoptée?
DES VOIX: Adopté.
M. SAMSON: M. le Président, nous voudrions le vote
enregistré, s'il vous plaît.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a cinq députés qui
demandent le vote enregistré?
M. SAMSON: Oui.
M. LE PRESIDENT: Que l'on appelle les députés.
M. LE PRESIDENT: Après le vote, j'aimerais répondre
à la question que le député de Chicoutimi a posée
cet après-midi, sur le congé de demain.
Vote de deuxième lecture
M. LE PRESIDENT: Que ceux qui sont en faveur de la motion de
deuxième lecture de l'honorable ministre de l'Education veuillent bien
se lever.
M. LE SECRETAIRE-ADJOINT: MM. Bourassa, Lévesque, Hardy,
Choquette, Castonguay, Pinard, Garneau, Tessier, Parent, Harvey
(Jonquière), Simard (Richelieu), Cloutier (Ahuntsic), Tetley, Drummond,
Saint-Pierre, Lacroix, Massé, Goldbloom, Vaillancourt, Mailloux,
Cadieux, Houde (Fabre), Bienvenue, Vézina, Théberge, Perreault,
Brown, Brisson, Séguin, Saint-Germain, Picard, Pearson, Leduc, Fraser,
Fortier, Bacon, Caron, Carpentier, Cornellier, Dionne, Faucher, Giasson, Harvey
(Chauveau), Houde (Limoilou), Lafrance, Lamontagne, Lariviè- re,
Marchand, Ostiguy, Pelletier, Pépin, Phaneuf, Pilote, Shanks, Veilleux,
Paul, Cardinal, Tremblay (Chicoutimi), Vincent, Cloutier (Montmagny), Boivin,
Lavoie (Wolfe), Bertrand, Gagnon, Demers, Simard (Témiscouata), Laurin,
Burns, Léger, Charron, Joron, Tremblay (Sainte-Marie), Lessard,
Masse.
M. LE PRESIDENT: Que ceux qui sont contre veuillent bien se lever.
M. LE SECRETAI RE-ADJOINT: MM. Samson, Roy (Beauce), Béland,
Drolet, Bois, Roy (Lévis), Brochu, Tétrault, Audet.
M. LE SECRETAIRE: Pour: 74. Contre: 9.
M. LE PRESIDENT: La motion est adoptée.
Projet de loi déféré à la
commission parlementaire
M. LEVESQUE: M. le Président, je fais motion pour que le projet
de loi no 28 soit déféré à la commission
parlementaire de l'Education et que la première séance ait lieu
demain, à 16 heures.
M. CARDINAL: M. le Président, peut-on mentionner au leader du
gouvernement que nous sommes entièrement d'accord? Cependant, je pense
qu'il y aurait lieu, à cause de tout ce qu'il y a comme travail en
Chambre, que l'on s'entende de part et d'autre pour les séances
subséquentes, pour aider au travail de l'Opposition.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il y a un paquet de commissions.
M. LEVESQUE: Si je comprends bien, chacune de ces séances
pourrait être ajournée par la commission elle-même.
M. CHARRON: C'est ça. M. CARDINAL: D'accord. M. CHARRON:
D'accord.
M. LEVESQUE: A moins qu'il n'y ait pas entente. Mais, j'espère
bien qu'on s'entendra pour les ajournements.
M. CARDINAL: Nous nous sommes toujours entendus quand cela avait du bon
sens.
M. LEVESQUE: Alors, tant mieux!
M. LE PRESIDENT: Cette motion pour que la commission de l'Education
siège à 16 heures, demain, pendant que la Chambre siègera
est-elle adoptée?
M. CHARRON: Adopté. M. PAUL: Adopté. M. LE PRESIDENT:
Adopté.
Congé des employés de l'Assemblée
nationale
M. LE PRESIDENT: J'aimerais faire un commentaire, à la suite de
la question posée ce matin par l'honorable député de
Chicoutimi, du fait qu'il y a demain un congé reconnu par la convention
collective des employés de la fonction publique, concernant
spécialement ceux qui relèvent de l'Assemblée
nationale.
J'en ai discuté cet après-midi, il y a quelques instants,
avec M. Desmeules, secrétaire associé et responsable de
l'administration. Devant les chiffres qu'il me présente, au poste du
temps supplémentaire du budget courant de l'Assemblée nationale,
sous l'article "Bureau du Président" ce n'est pas uniquement mon
bureau pour tous les employés qui relèvent de
l'Assemblée nationale, qui sont les secrétaires des
députés, il y avait un montant de prévu à ce poste
de temps supplémentaire de $15,000. Actuellement, il y a $53,634 de
dépensés.
M. PAUL: Ils nous font siéger la nuit!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous en écrivez, des lettres!
M. LE PRESIDENT: Pour le journal des Débats, il y avait $5,000 de
prévus. Je vois la nervosité du ministre des Finances,
actuellement.
UNE VOIX: Il imposera des taxes!
M. LE PRESIDENT: Pour le journal des Débats, il y avait $5,000.
Nous avons $10,600 de dépensés à ce jour.
M. PAUL: Ils nous font siéger la nuit.
M. LE PRESIDENT: Par contre, je dois mentionner que, dans les $53,000
qui ont été déboursés, il y a un montant de $15,000
qui a été payé aux gardiens-constables pour le temps
supplémentaire fait dû à l'intégration,
problème qui a été réglé il y a quelques
mois, à titre d'employés régis, rétroactivement au
1er avril 1971.
J'ai vérifié moi-même la convention collective qui
régit les fonctionnaires de l'Assemblée nationale. Il est
prévu, à la convention, que dans de telles circonstances,
l'employeur peut accorder, au lieu de payer du temps supplémentaire, un
autre congé d'une journée, un mois avant ou un mois après
le congé concerné.
M. Desmeules me mentionne qu'une journée comme demain, si tous
les secrétaires des députés travaillaient et
étaient payés en temps supplémentaire, cela pourrait
coûter plusieurs milliers de dollars pour une seule journée, si
l'on considère que certains secrétaires ont peut-être des
salaires de $5,000 ou $6,000 par année et qu'il y en a d'autres qui ont
des salaires fortement supérieurs à cela.
En l'occurrence, après avoir consulté M. Desmeules, je
crois que nous respecterons et appliquerons la convention collective selon
laquelle les secrétaires ou les ouvriers, qui devront travailler demain,
à la demande de leur patron immédiat, auront droit à une
autre journée de congé, pour remplacer ce congé, dans le
mois qui suivra. Je crois que c'est dans la meilleure administration du budget
de l'Assemblée nationale. C'est l'article 32:02 de la convention
collective.
UNE VOIX: Les secrétaires ne sont pas inclus dans la convention
collective.
M. PAUL: Oui, l'ancienne convention.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, vous me permettrez non
pas de vous poser une question, mais de vous demander la permission de revenir
sur le sujet. Il me paraît que ces dispositions pénalisent les
secrétaires qui travaillent pour les députés.
M. LEVESQUE: M. le Président, article 12.
Projet de loi no 78 Deuxième lecture
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Affaires municipales propose
la deuxième lecture du projet de loi no 78, Loi concernant les environs
du parc du mont Sainte-Anne.
M. Maurice Tessier
M. TESSIER: M. le Président, ce projet de loi a pour but premier
de protéger les environs du parc du mont Sainte-Anne pour empêcher
la création de bidonvilles; il donne le pouvoir de réglementer
non seulement la construction, mais le lotissement. A cette fin, il y aura un
gel dans l'émission des permis de construction et de lotissement pour
une période de huit mois, afin de permettre à quatre
municipalités qui sont touchées par ce projet de loi, soit la
municipalité de la paroisse de Sainte-Anne-de-Beaupré,
Saint-Joachim, Saint-Féréol-les-Neiges et la ville de
Beaupré, de préparer avec l'aide du ministère des Affaires
municipales des plans directeurs d'urbanisme, des règlements de zonage
et des règlements de lotissement et de construction.
Toutefois, dans des cas particuliers, afin de ne pas empêcher tout
de même le développement dans les quatre municipalités
touchées, celles-ci pourront émettre des permis, mais avec
l'autorisation préalable du ministre du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche et du ministre des Affaires municipales.
En somme, il s'agit d'un projet de loi dont les dispositions sont
très bien détaillées dans les articles qui le composent.
Je ne crois pas qu'il y ait lieu de s'étendre davantage sur le sujet.
J'aurai d'ailleurs l'occasion de répondre aux questions qui pourront
m'être posées lors de l'étude de ce projet de loi en
comité plénier.
M. Rémi Paul
M. PAUL: Nous n'avons pas tous l'avantage d'être
député de Montmorency pour connaître parfaitement tout ce
problème et ses implications. Je sais que le député de
Montmorency s'est intéressé de près à ce
développement touristique dans son comté. Il a même
accompagné, à ce qu'on me dit vous comprendrez que, vivant
à quelque cent milles de Québec, il peut arriver que mes
informateurs ne soient pas complètement renseignés une
délégation de maires de ces paroisses auprès de
l'honorable ministre du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, aux fins
de connaître la position définitive de son ministère quant
au terrain de golf qu'on doit aménager si ma mémoire est
fidèle à Saint-Féréol.
D'un autre côté, je sais que l'ancien gouvernement avait
réalisé l'importance touristique de toute cette région du
mont Sainte-Anne. Il va de soi que les résidents ou certains
propriétaires éventuels de terrains et de lots aient
profité de ce développement touristique en voie de
réalisation ou sur le point de se produire pour créer un certain
agiotage, une certaine surenchère quant à la valeur réelle
des terrains, d'une part quant aux propriétaires et, d'autre part, quant
aux acheteurs éventuels.
C'est un projet de loi qui est logique dans les circonstances, et je
suis sûr que le ministre a été très bien
conseillé sur l'opportunité de présenter un tel projet de
loi, afin qu'entre-temps les officiers du ministère puissent, en
collaboration avec les municipalités concernées, trouver un
terrain d'entente ou des normes pouvant établir certaines règles
de reconstruction, de transformation, d'addition ou d'implantation dans ce
territoire communément appelé les environs du parc du mont
Sainte-Anne.
Il y a seulement, M. le Président, une question qui me vient
à l'esprit, pour le moment, c'est la longueur du temps que l'on envisage
comme nécessaire pour la réalisation des objectifs visés
par ce projet de loi. Est-ce que la période de huit mois est
nécessaire? Est-ce qu'on craint, M. le Président, qu'un commerce
de produits pétroliers ne se produise dans ce milieu? Je remercie mon
bon ami, le ministre, de prendre note de mon inquiétude.
M. TESSIER: Je suis tout oreilles.
M. PAUL: Bien oui! je le sais, mais j'aime mieux que vous soyez tout
esprit aussi. M. le Président, je voudrais que le ministre tienne compte
de l'inquiétude que partagent certains de mes collègues quant au
délai de huit mois. Un tel délai est-il nécessaire? Est-ce
qu'une période de quatre mois ne serait pas suffisante? Je comprends que
nous aurons à traverser la saison froide et qu'il serait peut-être
assez difficile de faire la visite des lieux. Tout dépend aussi de
l'ampleur qu'on veut donner à ces règlements ou à ces
implications.
M. TESSIER: J'aimerais répondre tout de suite au
député de Maskinongé à ce sujet-là. Des
informations, évidemment, ont été prises auprès des
experts et des urbanistes qui seront chargés éventuellement de la
confection d'un plan directeur, de la rédaction des règlements.
On me dit que le délai de huit mois est presque un délai minimum.
Il y a tout de même, quatre municipalités concernées.
Alors, je peux répondre à mon honorable collègue qu'en
quatre mois, c'est absolument impossible.
Maintenant, c'est un délai maximum, remarquons-le bien. On n'est
pas obligé de l'employer. Si, dans six mois, on a terminé le
travail, à ce moment-là, les municipalités pourront
émettre, évidemment, des permis. En tout temps, même avant
l'expiration des six mois, tel que mentionné au bill, elles peuvent,
dans tous les cas, présenter une demande. Il s'agit, tout simplement, de
faire ratifier la demande par les deux ministres. On ne veut pas bloquer la
construction.
M. PAUL: M. le Président, je remercie le ministre des
renseignements qu'il vient de nous donner, mais je suppose que ce plan
directeur sera préparé par les officiers du ministère des
Affaires municipales et que les règlements qui s'imposeront seront
également préparés, même si c'est fait par des
avocats en pratique privée, sous la surveillance et à l'aide des
sages conseils des officiers compétents et du ministère des
Affaires municipales et de la Commission municipale.
M. le Président, il me resterait en terminant à
émettre un voeu, c'est que mon bon ami, le député de
Montmorency, participe au débat, qu'il nous donne la lumière,
qu'il nous...
M. VEZINA: Une fois de plus.
M. PAUL: ...délivre de ces inquiétudes qui nous troublent,
entre d'une part, les déclarations fracassantes du ministre du Tourisme,
de la Chasse et de la Pêche et, d'un autre côté, la logique,
le travail intelligent et efficace effectué par le député
de Montmorency avec les maires des municipalités concernées. Je
suis sûr que le député de Montmorency, parce qu'il
connaît le milieu et les problèmes, pourra nous renseigner d'une
façon telle qu'il devienne impossible de penser un seul instant qu'il
eût un député dans cette Chambre qui n'approuve pas le
principe de ce projet de loi.
M. LE PRESIDENT (Brown): Le député de Rouyn-Noranda.
M. Camille Samson
M. SAMSON: M. le Président, évidemment, les remarques que
je ferai sur le bill no 78 seront très brèves, puisque nous
n'avons pas l'intention de nous opposer à ce bill.
Un peu comme le député de Maskinongé, je ne demeure
pas sur place; les problèmes sont un peu loin de nous, quoique dans ce
bill 78 nous retrouvions un principe qui, je pense, doit s'appliquer dans les
circonstances présentes. Ce projet a pour objet de geler la construction
et les subdivisions de certains terrains durant les huit prochains mois.
Evidemment, cela nous amène à formuler un premier voeu,
soit que la période de huit mois ne soit pas étendue par la
suite; qu'on essaie de s'en tenir à l'intérieur de la
période suggérée dans la loi no 78. Evidemment, nous
comprenons que pour cette période, le gouvernement veut prendre
certaines responsabilités en se donnant le pouvoir de faire les
constructions nécessaires et en se donnant le droit d'empêcher
toute spéculation possible au sujet des constructions
envisagées.
Si le gouvernement prévoit ne pas dépasser la
période déterminée dans le projet de loi, cela permettrait
à ceux qui possèdent des terres dans cet arrondissement d'en
faire la vente s'ils le désirent à la suite ou à la fin de
cette période. Quant à nous, nous considérons la
période de huit mois comme raisonnable, compte tenu de la saison
hivernale puisqu'il n'est pas aussi facile en hiver qu'en été de
faire des constructions. Nous formulons le voeu que cette période ne
s'étende pas.
Nous formulons aussi le voeu que le gouvernement n'ait pas à se
prévaloir de certains articles de cette loi qui l'obligeraient à
procéder, à l'expiration des huit mois, si les conseils des
municipalités mentionnées n'ont pas adopté un
règlement de construction et de zonage. Nous voyons que le ministre des
Affaires municipales déciderait alors des normes de zonage et de
construction. Nous formulons en même temps le voeu que les
municipalités concernées prennent elles-mêmes leurs
responsabilités et que le ministre n'ait pas besoin de le faire. Il
serait peut-être un peu difficile pour certaines municipalités de
se voir imposer des règlements de zonage par le ministère.
Nous croyons que les municipalités, avec les huit mois qu'elles
ont devant elles, verront sûrement venir l'échéance en se
préparant en conséquence. Ceci dit, nous appuierons le bill no
78.
M. Lucien Lessard
M. LESSARD: M. le Président, le projet de loi no 78 semble mettre
fin à une situation extrêmement complexe qui s'était
produite à la suite de la possibilité d'un changement dans
l'aménagement du mont Sainte-Anne et surtout de nombreux points
d'interrogation soulevés dans l'opinion publique concernant certaines
spéculations possibles. Points d'interrogation qui avaient d'ailleurs
été soulevés non par un membre de l'Opposition, non par un
membre du Parti québécois, non par un membre de
l'Unité-Québec ou du Ralliement créditiste, mais qui
avaient été soulevés par un membre du Parti
libéral, à savoir le député de Montmorency, qui
avait affirmé à quelques reprises qu'on était en train de
chambarder l'aménagement du mont Sainte-Anne et que c'était
quelques hauts fonctionnaires et quelques personnes extérieures qui
étaient en train d'influencer le ministre du Tourisme, de la Chasse et
de la Pêche pour changer l'aménagement du mont Sainte-Anne.
C'est pourquoi je m'associe à mon collègue de
Maskinongé pour demander au député de Montmorency de nous
expliquer quelle était exactement la situation à ce
moment-là. Le député de Montmorency allait même
jusqu'à affirmer, en ce qui concerne l'aménagement du mont
Sainte-Anne, qu'avec le système actuel nous n'avions pas l'impression
d'être très utiles comme députés, alors qu'on
planifie et qu'on développe tout sur le plan technocratique et qu'on
oublie la dimension sociale.
Il est certain qu'il s'agissait là d'un problème
fondamental, qu'il s'agissait là d'un problème important.
J'ai été heureux moi-même de voir le
député de Montmorency, même à l'encontre du ministre
du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, soulever ce
problème-là. Et s'il n'avait pas auparavant été
consulté, j'espère que cette fois il a été vraiment
consulté de telle façon que ça réponde aux points
d'interrogation qu'il a soulevés et qu'en même temps il nous dise
exactement quels étaient ces points d'interrogation et comment il se
fait qu'il y avait eu des pressions extérieures qui semblaient vouloir
changer la décision du ministre.
Je pense que ce projet de loi aurait dû venir avant aujourd'hui,
parce qu'on a, encore une fois, attendu que le problème se
soulève avant d'intervenir.
Cependant, ce projet de loi ne répond quand même pas
à toutes nos interrogations concernant l'aménagement du mont
Sainte-Anne. J'ai moi-même posé une question au ministre du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, lui demandant de faire
siéger la commission du Tourisme à ce sujet pour voir exactement
quels étaient les problèmes qui se posaient, pour voir exactement
quelles étaient les pressions extérieures qui avaient
influencé le ministre, tel que le disait d'ailleurs le
député de Montmorency.
Aussi, nous aimerions savoir si le député de Montmorency a
réussi à influencer la décision du ministre dans le sens
des demandes des citoyens de Saint-Féréol et des environs.
De toute façon, d'après ce que j'ai pu voir,
les citoyens de la région semblent satisfaits de ce projet de loi
excepté peut-être pour une partie du projet de loi à savoir
celle qui concerne les règlements de zonage et de construction,
c'est-à-dire le fait que le mont Sainte-Anne lui-même ne serait
pas soumis aux règlements de zonage et de construction des
municipalités dans lesquelles il est situé.
Alors, j'espère que le ministre, lorsque nous aurons à
discuter en comité plénier, pourra répondre aux
interrogations qui ont été soulevées par la population et
en particulier par le maire de Saint-Féréol à ce
sujet.
Il y a eu, concernant l'aménagement du mont Sainte-Anne, une
escalade verbale, escalade qui est venue d'abord du député de
Montmorency. Il y a eu des points d'interrogation considérables mais qui
demeurent encore concernant l'aménagement du mont Sainte-Anne, Je
comprends que le bill 78 réponde à une question, à un
point d'interrogation, mais il y en a d'autres. Je sais que ce n'est pas au
niveau des Affaires municipales que nous devons essayer de connaître les
réponses à ces questions, mais je crois cependant qu'étant
donné l'importance qu'a pris le député de Montmorency dans
cette discussion avec la population de Saint-Féréol et des
environs, et vis-à-vis du ministre du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche, nous espérons que le député se lèvera
et qu'il répondra ou qu'il expliquera l'attitude qu'il a prise à
ce sujet, attitude fort heureuse, j'en conviens, parce qu'il vient probablement
d'empêcher qu'une situation assez déplorable ne se
développe dès cet hiver dans la région du mont
Sainte-Anne, qui aurait peut-être nui à l'ensemble du tourisme
dans cette région. Mais, certains points d'interrogation demeurent, et
le député de Montmorency devrait être capable de nous
éclairer. Quant à nous, nous allons certainement appuyer ce
projet de loi, quitte à poser des questions au ministre en comité
plénier.
M. LE PRESIDENT: Le député de Montmorency.
M. Louis Vézina
M. VEZINA: M. le Président, au début de mes remarques, je
voudrais remercier le gouvernement d'avoir présenté cette loi
cette semaine. Malheureusement, pour des raisons personnelles et de
santé, je devrai m'absenter toute la semaine prochaine, et c'eût
été pour moi une vive déception de ne pas avoir l'occasion
de participer au débat sur cette loi.
Je veux également remercier mes collègues de l'Opposition
qui, quasi unanimement, m'ont demandé de les éclairer. C'est
là me faire un vif hommage.
Soyez assurés que je ferai tout mon possible pour éclairer
les honorables membres de l'Opposition sur ce problème très
complexe de l'aménagement et du développement du mont
Sainte-Anne.
M. PAUL: On savait frapper juste en s'adressant à vous.
M. VEZINA: Vous avez eu raison. Quant à moi, M. le
Président, je suis personnellement, comme député de ce
comté, très attaché à cette question du mont
Sainte-Anne. Je sais et je savais, au moment où j'ai posé
certains actes, au moment où j'ai fait certaines déclarations,
que je donnais prise à certains propos faciles de l'Opposition.
Je savais qu'il eût été plus traditionnel, plus
normal, plus sûr, plus conventionnel, plus conservateur d'être
silencieux et de laisser planer le problème sans m'y identifier. Or, il
arrive que, lorsque le problème s'est posé devant moi, j'ai
décidé qu'il me fallait passer outre à certaines coutumes
et m'identifier carrément à la population de cette région
de mon comté sans me demander quelles pouvaient être les
conséquences de tels actes. Or, il arrive que les conséquences
furent très heureuses. D'abord, de la part du premier ministre, du
ministre des Affaires municipales, de quasi tous mes collègues
j'ai dit quasi, M. le Président, parce que tous ne m'en ont pas
parlé, mais tous ceux qui m'en ont parlé étaient d'accord
avec moi. Je pense que je n'ai pas à avoir honte aujourd'hui de dire
que, même si cela peut provoquer certaines remarques qui à
mon avis, ne sont pas marquées d'un grand courage de ceux qui ont
voulu me voir en opposition avec un ou des ministres sur cette question, il
était fondamental que je monte dans le même bateau que la
population qui était à se poser des question sérieuses.
C'est le droit le plus sacré des gens, des autochtones de cette
région de se demander les où? les quand? et les comment?
Autrement, on va consacrer le principe qu'entre deux élections la
population n'a pas son mot à dire.
Or, en accord avec la façon dont je voyais, la façon dont
cette province est administrée actuellement, il m'apparaissait normal
que je devais faire participer la population aux questions à se poser,
aux réponses que nous voulions et aux futures législations que
nous souhaitions.
J'ai donc, au début d'octobre, rencontré environ 400
personnes dans la municipalité de Saint-Féréol-les-Neiges,
avec le maire, les membres de son conseil. J'ai écouté, pendant
une heure et demie, les différents propos tenus par les gens de cette
municipalité et quelques-uns venus des municipalités
environnantes. Il était évident alors que cette population
cherchait dans quelle voie s'orientait l'aménagement du parc du mont
Sainte-Anne.
Il était, je pense, normal qu'avec eux je pose des questions. Il
était, je pense, normal que je tienne pour acquis que tous et chacun
d'entre eux n'avaient qu'un seul but, le meilleur développement possible
du mont Sainte-Anne dans l'intérêt des gens de la région
d'abord. C'est la philosophie que j'ai épousée sur cette
question. Comme il est également à l'image de ce gouvernement, le
ministre n'a pas hésite, et je l'en remercie, exactement huit jours
après...
M. PAUL: Quel ministre?
M. VEZINA: Le ministre du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche...
de venir rencontrer les mêmes gens, la population, non seulement de
Saint-Féréol-les-Neiges mais de toute la région et,
à cette occasion, nous avions environ 600 à 700 personnes.
Encore là, dans une forme absolument démocratique, il y a
eu échange de propos, échange d'opinions, sans pour autant, il
est bien évident, que tout le monde puisse être unanime sur
chacune des opinions qui ont été émises. Mais tous, ce
soir-là, ont eu l'occasion d'exprimer leurs vues, leur façon de
voir le problème, leurs doléances, leurs griefs et de poser
toutes et chacune des questions qui leur venaient à l'esprit.
Quant à moi, je dois vous dire que ce fut fort enrichissant. J'ai
réellement le goût de vous dire, M. le Président, que je
souhaite à tous et à chacun de mes collègues de vivre
pareille expérience, parce que j'avais fondamentalement l'impression,
à ce moment-là, de jouer le véritable rôle d'un
député libre à l'intérieur d'un parti qui
reconnaît la liberté de ses militants et de ses
représentants à l'Assemblée nationale.
Ce projet de loi, M. le Président, a pour principe fondamental
non seulement de geler la construction c'est le moyen mais de
s'assurer que le développement de l'environnement du mont Sainte-Anne ne
se fera pas au détriment des millions et millions de dollars, de deniers
publics dépensés, depuis bientôt neuf ans, tant par les
divers gouvernements que par la Corporation municipale de la ville de
Beaupré à qui je dois rendre hommage. Vous me permettrez de vous
rappeler que, lorsque la ville de Beaupré a commencé à
parler de former une corporation municipale autonome pour développer le
mont Sainte-Anne, à la fin des années cinquante, cela a tout
simplement provoqué un sourire chez les administrateurs de la province
à cette époque. C'était un projet de fou!
Le maire actuel je lui rends hommages s'est relevé
les manches; il a réussi, après trois ans de négociations,
à convaincre l'autorité gouvernementale d'adopter une certaine
loi créant la Corporation de développement du mont Sainte-Anne.
Les citoyens de la ville de Beaupré ont approuvé emprunt sur
emprunt pour mettre les crédits nécessaires à la
disposition de la corporation de la ville. Le gouvernement provincial d'alors
et le gouvernement fédéral par l'ARDA, si ma mémoire est
fidèle, ont jeté des sommes d'argent dans ce projet pour
permettre de le développer. Lorsque la machine fut fort bien
lancée, malgré des difficultés financières à
ce moment-là, nous avons vu le gouvernement provincial, je pense, avec
raison, négocier avec la ville et faire du parc du mont Sainte-Anne, qui
était un parc municipal, un parc provincial.
Il reste qu'il faut se rappeler que c'est une initiative locale des gens
de la ville de Beaupré, du secteur Beaupré Sainte-Anne
Saint-Féréol-les-Neiges et Saint-Joachim. Je pense que
c'est justice de le rappeler quelques années plus tard.
Je disais donc que le but fondamental est de protéger les
environnements pour que le développement ne se fasse pas au
détriment de l'intérieur du parc. On remarquera que la loi exclut
l'intérieur du parc du mont Sainte-Anne dont la description,
évidemment, est en annexe à la loi. C'est tout le territoire
à l'extérieur.
Or, vendredi passé, M. le Président, lorsque cette loi fut
déposée, je me suis empressé, pour la nième fois,
de convoquer une autre réunion de tous les maires, conseillers
municipaux, secrétaires-trésoriers à la mairie de
Beaupré pour savoir quelle position, à titre de leur
représentant à l'Assemblée nationale, je devais prendre.
Après environ une heure et quart ou une heure et demie de travail avec
eux, il me fait plaisir de vous dire que tous ces maires et la très
grande majorité des conseillers municipaux m'ont spécifiquement
mandaté pour déclarer ici qu'ils sont nettement en faveur du
principe du projet de loi no 78 et qu'il représente une
législation qui les met à l'abri des aigles qui peuvent tourner
dans le firmament en attendant de tomber sur leurs proies.
UNE VOIX: Que c'est beau!
M. VEZINA: C'est normal, M. le Président, et ce n'est pas un cas
unique dans cette province. Il m'en vient un à la mémoire:
lorsque le gouvernement du Québec a voulu sur les raisons
exactes, je ne m'avancerai pas trop dans la nouvelle ville de
Bécancour, en 1965 ou 1966, je pense je ne veux pas entrer dans
les détails, ma mémoire ne m'est pas assez fidèle
pour des raisons que je n'ai pas à énumérer, avoir un
certain contrôle sur l'émission des permis de construction...
M. PAUL: En 1965.
M. VEZINA: ... en 1965, me souffle-ton il a adopté
une loi dans ce sens. Dans ce secteur, qu'heureusement je connais fort bien, je
puis vous affirmer, M. le Président, qu'il n'y a pas eu je
pèse mes mots une seule fuite au cours des années au
ministère des Affaires municipales, quel qu'en ait été le
ministre. Il n'y a pas eu une seule fuite et tous les permis ont
été véritablement émis en fonction de la
réglementation de zonage et de construction qui était en vigueur
dans ce secteur.
Les gens de l'endroit, pour les mêmes raisons que les gens de la
région du mont Sainte-Anne, réclamaient une telle loi, à
la fois pour se protéger et pour assurer un développement
rationnel.
On a dit tantôt, M. le Président, que nous espérions
que le délai de huit mois serait suffisant. Evidemment, je
l'espère moi aussi. Mais je veux rappeler que cette coquette petite
municipalité, perchée sur la montagne, derrière le
mont Sainte-Anne, soit Saint-Féréol-les-Neiges, possède,
depuis des années, son règlement de zonage et de construction. Je
dois admettre que leurs représentants locaux n'ont pas attendu qu'on les
pousse à agir. Mais s'avisant sûrement d'un jugement sain, ils
ont, dès 1964 et 1965, dépensé des deniers publics de
cette municipalité, engagé un urbaniste, des consultants et
possèdent aujourd'hui une trilogie réglementaire,
c'est-à-dire un règlement de construction, de zonage et de
lotissement.
C'est l'image, M. le Président, d'une municipalité
progressive. Cela me fait plaisir aujourd'hui de le souligner d'une
façon toute particulière, comme d'ailleurs les quatre
municipalités visées dans cette loi le sont.
D existe aussi, M. le Président, certains autres points
d'interrogation auxquels on a fait allusion. C'est bien simple: ceux qui
veulent voir des choses compliquées, complexes, incompréhensibles
dans les propos que j'ai tenus, c'est parce qu'ils ont intérêt
à faire de la démagogie politique sur la question du
développement du mont Sainte-Anne. On a même vu un des
collègues de cette Chambre adresser une lettre à tous les maires
de la région, pour tenter de provoquer un genre de petit débat
maison sur la question du mont Sainte-Anne, après les propos que j'eus
tenus. Ce collègue, il se reconnaît sûrement. Il n'a eu
aucune réponse. Aujourd'hui, dans cette région, je peux
l'assurer, personne ne l'a pris au sérieux, parce qu'il était
évident que c'était l'angle politique ou politicailleur qui
l'intéressait et non l'angle d'une saine administration dans le
développement du parc du mont Sainte-Anne.
M. LESSARD: Le député me permettrait-il une question?
M. VEZINA: Certainement.
M. BERTRAND: Est-ce que c'est le coq qui chante?
M. LESSARD: Non, je ne me suis pas reconnu du tout. Le
député dit que les membres de l'Opposition qui pensent ne pas
avoir reçu réponse à leurs questions veulent soulever des
problèmes qui n'existent pas.
Est-ce que le député pourrait m'expliquer sa
déclaration concernant une régie autonome qui devrait faire
l'aménagement du mont Sainte-Anne? Le député m'a permis
une question, M. le Président...
M. LE PRESIDENT (Brown): Ce n'est pas un sujet, seulement une
question.
M. LESSARD: Merci, M. le Président. Est-ce que le
député pourrait me dire s'il est encore d'accord avec sa
déclaration concernant le limogeage de M. Sarvonat? Ce sont deux
questions auxquelles il importerait que le député
réponde.
M. VEZINA : Je suis absolument d'accord avec tout ce que j'ai dit. Et
mes déclarations, je n'ai pas eu besoin de les expliquer, tout le monde
de la région les a comprises.
Je peux vous dire que ce que j'ai dit à ce moment-là, je
le pensais, je le pense, et, jusqu'à preuve du contraire, je le
penserai.
M. LESSARD: Est-ce que le député a reçu des
réponses à ses questions?
M. VEZINA: Quand on s'est prononcé contre la création
d'une régie autonome pour administrer le développement du parc du
mont Sainte-Anne, nous étions 600, et c'était là le voeu
de l'assemblée. Ce que j'ai dit à ce journaliste qui
était d'ailleurs présent c'était le
résumé d'un travail de près de quatre heures dans cet
atelier de travail qui n'avait aucune espèce d'odeur politique, à
la grande surprise, peut-être, du député de Saguenay.
M. LESSARD: Est-ce que le député a reçu
réponse à ses questions?
M. VEZINA: J'ai eu toutes les réponses que j'ai demandées,
toute la collaboration, je l'ai obtenue. Quand j'ai besoin d'informations, je
n'ai qu'à parler au ministre, on me donne les informations. Quand je
veux voir des documents, je n'ai qu'à les demander. Quand je veux
consulter quelque fonctionnaire que ce soit, je n'ai qu'à me
présenter. Je ne vois vraiment pas comment je pourrais être plus
heureux dans ce domaine, à moins de demander l'impossible.
Ce qui ne m'empêchera pas de souligner... Lorsque le comité
siégera tantôt, j'aurai peut-être une petite demande
supplémentaire à faire, on verra à ce moment-là.
Que voulez-vous, je suis habitué c'est très récent
évidemment, cela fait 18 ou 20 mois à agir absolument
librement dans le parti qui a bien voulu de mes services. Je continue d'agir
très librement tout en respectant le minimum de bon sens
nécessaire pour que toute démocratie à caractère
anglo-saxon puisse vivre, à savoir l'existence de partis politiques.
En terminant, je voudrais dire au député de Saguenay que
par sa lettre puisqu'il veut absolument être identifié
il a voulu simplement politiser le débat, comme il tente
actuellement de le faire dans ses petites questions à la
péquiste.
M. LESSARD: Question de privilège, M. le Président. Je
reconnais avoir fait parvenir un communiqué de presse qui est
d'ailleurs paru dans Montréal-Matin et dans Le Soleil.
J'y demandais que la commission du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche siège afin que nous ayons la possibilité de poser des
questions pertinentes et nécessaires au ministre du Tourisme, de la
Chasse et de la Pêche, questions qui étaient même
posées par le député de Montmorency, pour avoir les
réponses qui s'imposent. Le député de Montmorency ne nous
dit pas s'il
a réellement reçu les réponses aux questions qu'il
posait concernant la régie autonome, le limogeage du fonctionnaire
Sarvonat et sa déclaration d'impuissance devant le fonctionarisme...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. VEZINA: Je comprends que j'ai pu blesser...
M. LESSARD: Du tout!
M. VEZINA: ... le jeune et petit député de Saguenay.
M. LEGER: Dynamique.
M. VEZINA: Je comprends que sa connaissance du mont Sainte-Anne se
résume, lorsqu'il passe sur la route 15 à sept milles du mont
Sainte-Anne, à la crête qu'il en voit.
M. LESSARD: Je regrette, M. le Président, je l'ai
visité.
M. VEZINA: Je comprends qu'il n'a jamais été...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, à l'ordre!
M. VEZINA: M. le Président, si mon savant ami veut me poser des
questions, je suis prêt à passer la nuit pour lui répondre
et l'éclairer. Une chose est certaine, il faudrait que les questions
soient précises et claires.
M. LESSARD: Elles sont précises, M. le Président.
M. VEZINA: J'ai donc eu, je vous le disais, réponse à
toutes et chacune des questions que j'ai posées. Des réponses ne
m'ont pas satisfait, d'autres m'ont satisfait. C'est ça que vous voulez
savoir? Il y a des réponses que j'ai trouvées complètes,
d'autres que j'ai trouvées incomplètes. C'est ça que vous
voulez savoir?
Je continue à poser des questions et les réponses
continuent à m'arriver. Une chose est certaine, c'est que j'ai
maintenant la conviction profonde que le développement du parc du mont
Sainte-Anne et de ses environs se fera à partir de critères
valables avec un plan défini et dans l'intérêt
immédiat et à long terme des autochtones de cette région.
C'est la seule raison qui m'a justifié d'intervenir au mois d'octobre,
au mois de novembre et dans le présent débat.
C'est la seule chose qui m'intéresse. Je connais ce coin de terre
depuis environ 30 ans, je sais que la plus grande richesse naturelle de cette
région est le parc du mont Sainte-Anne. Et si on manque le bateau ces
années-ci, ce sont deux, trois et quatre générations qui
vont le manquer. Quand on a fait du développement de bois non
planifié, on a eu des problèmes plus tard.
Je ne veux pas que ça recommence sur le dos de ces
gens-là; c'est tout ce que je voulais obtenir et je vois que je l'ai
obtenu. J'en remercie donc ceux qui me l'ont donné, au nom de la
population et en mon nom. Je vous remercie, M. le Président.
M. PAUL: M. le Président, est-ce que le député de
Montmorency me permettrait une question?
M. VEZINA: Certainement.
M. PAUL: Est-ce que son attitude, courageuse et pour laquelle je le
félicite, est devenue contagieuse chez ses collègues dans
d'autres domaines de l'administration provinciale?
M. VEZINA: M. le Président, si une attitude courageuse est
acceptée de tous les membres de cette Chambre, je pense que la Chambre
va y gagner. Alors, si j'ai posé un geste ou dit une parole qui, aux
yeux du député de Maskinongé, est courageuse,
j'espère que tout le monde va en avoir la contagion.
M. LE PRESIDENT: Le député de Louis-Hébert.
M. Claude Castonguay
M. CASTONGUAY: M. le Président, je voudrais dire un bref mot sur
ce projet de loi et plus particulièrement sur l'objet de
l'échange entre le député de Saguenay et le
député de Montmorency.
La raison pour laquelle je le fais, c'est que je suis également
résident de Saint-Féréol. Je voudrais dire que ce bel
exercice de démocratie, auquel vient de faire allusion mon
collègue de Montmorency, a donné lieu aussi à des choses
un peu moins belles, comme à certaines insinuations quant aux gestes,
aux intérêts ou aux préoccupations que peuvent avoir des
gens relativement au bon développement de cette montagne et aux
pressions qu'ils auraient pu exercer sur le ministre responsable de ce
secteur.
La seule chose que je voudrais dire, c'est que je sais, pour avoir
discuté de la question à quelques reprises avec le ministre, que
sa seule et unique préoccupation a été d'assurer que les
fonds dépensés pour le développement de cette montagne le
soient de la façon la plus économique possible et que
l'aménagement de cette station de ski se fasse aussi de la meilleure
façon possible. Je sais quelles sont ses préoccupations et je
suis confiant qu'avec le travail qu'elle fait cela sera
réalisé.
Quant au projet de loi qui vise à ce que l'aménagement des
municipalités environnantes se fasse tout aussi bien, il est
évident que je suis d'accord avec le principe. Je voudrais, en
quelques mots, affirmer, aussi clairement qu'il est possible de le
faire, que, si le ministre a pris des décisions relativement à la
suspension de certains travaux, c'était uniquement non pas
à la suite de pressions pour s'assurer que ces sommes seraient
dépensées le mieux possible. J'espère que les mêmes
journalistes, qui ont étalé dans les journaux tout ce qui a pu se
dire sur le sujet, pourront également, pour l'information de la
population de la région, communiquer ce message aux gens parce qu'il me
paraîtrait injuste qu'on lui prête, dans toute cette affaire, des
motifs qu'elle n'a, en aucune temps, eus.
Merci, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que quelqu'un d'autre aimerait faire un
discours?
M. TESSIER: M. le Président, je voudrais ajouter un mot
seulement, en réplique, afin de clarifier la question du délai de
huit mois.
Je réfère mes honorables collègues au paragraphe 3
de l'article 1 qui contient une disposition spéciale à l'effet
qu'au fur et à mesure que les plans pourront être approuvés
et les règlements de lotissement et de zonage adoptés par les
municipalités le lieutenant-gouverneur en conseil pourra enlever le gel
des territoires de ces municipalités en tout ou en partie.
Ceci trouvera également son application en ce qui concerne les
règlements de lotissement et de zonage auxquels a fait allusion le
député de Montmorency. Si cette municipalité a
déjà des règlements en vigueur, il y aura tout simplement
lieu de les examiner à nouveau afin de s'assurer qu'ils concordent bien
avec le plan d'ensemble des autres municipalités et avec les autres
règlements de lotissement et de zonage. Il peut fort bien arriver que,
dans un mois, peut-être, la totalité de la municipalité de
Saint-Féréol puisse être dispensée des dispositions
de la loi par le lieutenant-gouverneur en conseil.
M. LE PRESIDENT: Cette motion de deuxième lecture est-elle
adoptée?
M. PAUL: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. LE SECRETAIRE-ADJOINT: Deuxième lecture de ce bill. Second
reading of this bill.
M. TESSIER: M. le Président, je propose que la Chambre se forme
en comité plénier.
Comité plénier
M. BROWN (président du comité plénier): A l'ordre,
messieurs!
Loi concernant les environs du parc du mont Sainte-Anne. Article 1?
M. PAUL: M. le Président, le ministre peut-il nous dire s'il y a
eu, depuis un certain temps, certaines constructions, certaines transformations
de constructions ou additions ou implantations nouvelles de bâtiments
dans le territoire des municipalités concernées, soit
Sainte-Anne-de-Beaupré, Saint-Joachim,
Saint-Féréol-les-Neiges, et la ville de Beaupré qui
seraient de nature à justifier l'adoption de ce projet de loi?
En un mot, est-ce que depuis un certain temps certaines transactions,
additions ou soustractions se seraient faites contrairement au bon
intérêt de toute cette région touristique?
M. TESSIER: Je l'ignore. Mais, à tout événement, il
y a lieu justement d'empêcher par le projet de loi que de telles choses
se produisent. C'est surtout ce qui est important. Même si quelques-unes
pourraient être à déplorer, il faut prendre les moyens pour
empêcher surtout que, dans les prochains mois, de telles constructions ou
additions se produisent.
M. LE PRESIDENT: Adopté? M. PAUL: Adopté. M. LE PRESIDENT:
Article 2? DES VOIX: Adopté.
M. PAUL: M. le Président, pourquoi le ministère du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche doit-il donner son approbation
à un règlement de construction dans ce territoire ou à un
règlement de zonage? Est-ce que la compétence du ministre des
Affaires municipales n'aurait pas été suffisante?
M. TESSIER: Je ne le crois pas, parce qu'il faut prendre le tout dans
son ensemble. Le ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche est chargé de l'aménagement du territoire du mont
Sainte-Anne. Or, il faut qu'il y ait tout de même une continuité,
continuité dans le style des constructions, par exemple,
continuité en ce qui concerne le zonage, une partie pouvant être
commerciale, une autre résidentielle, une autre réservée
à des chalets. Il faut que les deux plans marchent de pair. Pour cette
raison il importe que le ministre du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche puisse donner son approbation afin qu'il n'y ait pas contradiction
avec l'aménagement même qui se fait à l'intérieur du
parc.
M. PAUL: M. le Président le ministre me corrigera si
j'interprète mal l'article les quatre municipalités
concernées ont un délai de huit mois pour adopter de tels
règlements.
M. TESSIER: C'est exact.
M. PAUL: C'est donc dire que si, par exem-
ple, la municipalité de Beaupré je ne veux
aucunement lui reprocher quoi que ce soit, je la prends à titre
d'exemple n'adoptait un règlement de construction qu'à la
fin de juin 1972. D'ici là, est-ce qu'il va pouvoir se faire des
transactions, des transformations, des additions dans les limites de ce
territoire-là?
M. TESSIER: Oui.
M. PAUL: Et si la municipalité n'adopte son règlement
qu'à la fin du mois de juin 1972, elle sera encore dans le délai
de huit mois. Mais est-ce que le projet de loi a pour effet d'arrêter
immédiatement toute construction nouvelle à l'intérieur de
ce territoire décrit dans l'appendice à la loi?
M. TESSIER: Non, mais comme je l'ai expliqué, M. le
Président, dans mes brèves remarques à l'occasion de la
deuxième lecture, en vertu de l'article 3, les quatre
municipalités peuvent émettre des permis de construction mais
avec l'approbation préalable des deux ministres concernés.
M. LE PRESIDENT: Il est six heures. La Chambre suspend ses travaux
jusqu'à huit heures et quart?
M. VEZINA: Huit heures. M. LACROIX: Huit heures.
M. LE PRESIDENT: Les articles 1 et 2 sont adoptés.
M. PAUL: Trois.
M. LE PRESIDENT: Ainsi que l'article 3 maintenant.
M.TESSIER: M. le Président, l'ajournement...
UNE VOIX: Suspension.
M. LE PRESIDENT: Suspension.
M. TESSIER: ... à huit heures quinze.
M. LACROIX: Vingt heures.
M. TESSIER: Vingt heures.
M. LE PRESIDENT: La séance est suspendue jusqu'à vingt
heures.
(Suspension de la séance à 18 h 2) Reprise de la
séance à 20 h 8
M. HARDY (président du comité plénier): A l'ordre,
messieurs!
Projet de loi no 78, article 3.
M. PAUL: M. le Président, je crois que l'honorable
député de Montmorency aurait des remarques à faire sur cet
article, et de crainte qu'on ne m'accuse de lui avoir volé l'idée
géniale qu'il a l'intention d'exprimer, je lui passe la parole.
M. VEZINA: C'est plus que gentil.
M. TESSIER: M. le Président, heureusement que le leader du parti
officiel de l'Opposition laisse la parole au député de
Montmorency. Sans cela, il n'aurait pas pu parler.
M. PAUL: Non, ce n'est pas ça.
UNE VOIX: Est-ce que cela prend l'Unité-Québec pour le
faire parler?
M. LE PRESIDENT: Je vous ferai remarquer que c'est mon devoir de faire
en sorte que chaque membre du comité ait son droit de parole.
M. PAUL: M. le Président, je vous sais trop intelligent pour ne
pas reconnaître l'honorable député de Montmorency.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Montmorency.
M. VEZINA: M. le Président, je ne conclurai pas mes propos par le
dépôt d'un amendement formel à l'article 3. Je voudrais
tout simplement attirer l'attention des membres du comité sur
l'expression que l'on retrouve à l'article 3 et qui se lit comme suit:
"... dans ces cas spéciaux et exceptionnels..." On voit que le but de
l'article est de permettre au conseil des municipalités d'émettre
des permis pour les fins de l'article 1, c'est-à-dire construction,
reconstruction, etc., et on voit que l'article impose une approbation
préalable. Mais on ajoute "dans ces cas spéciaux et
exceptionnels".
Je soumets bien respectueusement que ces termes ne me paraissent pas
ajouter quoi que ce soit. Au contraire, ils peuvent créer une certaine
confusion, et je ne vois pas en quoi l'approbation préalable requise
pourrait être différente si on enlevait ces mots. Pour revenir aux
propos que j'ai tenus après-midi, je dois dire que c'est le voeu
émis par tous les élus locaux que cette expression "dans ces cas
spéciaux et exceptionnels" soit retranchée de l'article 3 pour
laisser une plus grande latitude à la fois à ceux qui devront
donner l'approbation préalable et à ceux qui devront la demander,
à savoir les municipatlités en question.
UNE VOIX: D'accord.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'une proposition est formulée?
M. PAUL: Bien oui! J'avais la même idée, mais comme le
député de Montmorency était directement concerné,
je lui ai laissé la parole et le privilège d'exprimer dans des
termes clairs et précis...
M. TESSIER: M. le Président, je propose que l'article 3 soit
adopté en rayant à la sixième ligne et à la
septième ligne les mots "dans des cas spéciaux et
exceptionnels".
M. LE PRESIDENT: L'amendement de l'honorable ministre est
adopté?
L'article 3 est adopté tel qu'amendé? L'honorable
député de Montmorency.
M. VEZINA: M. le Président, si vous me le permettez, j'ai
d'autres remarques à faire qui vont peut-être paraître plus
délicates. A des propos tenus cet après-midi par le
député de Maskinongé, l'honorable ministre des Affaires
municipales, sur la question de l'approbation du ministre du Tourisme, de la
Chasse et de la Pêche, a expliqué qu'il était
nécessaire j'appuie ses propos d'ailleurs que, pour
l'approbation des règlements de construction et des règlements de
zonage, le ministre responsable de l'aménagement du parc soit
appelé à donner son approbation.
Je pense que finalement il est normal que non seulement le ministre des
Affaires municipales mais aussi le ministre du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche approuvent lesdits règlements de zonage et de
construction.
Cependant, à l'article 3 on retrouve l'approbation non seulement
du ministre des Affaires municipales mais aussi du ministre du Tourisme, de la
Chasse et de la Pêche. Et à cet article ça me paraît
différent dans le sens suivant. C'est qu'une fois les règlements
de construction et de zonage approuvés à la fois par le ministre
des Affaires municipales et le ministre du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche, il est évident qu'une situation bien précise est
alors créée.
On connaît exactement la portée et l'étendue de
chacun de ces règlements et des plans qui sont en annexe. Lorsque vient
le temps d'appliquer lesdits règlements, il s'agit de s'assurer que les
permis qui seront émis pour les fins de l'article 1 sont conformes aux
dispositions des deux règlements, de manière à
défendre toute façon de lotir, de construire, de reconstruire, de
transformer, d'agrandir des immeubles, qui serait contraire aux
règlements de construction et de zonage.
M. TESSIER: A ce moment-là il n'y a pas de règlement
d'adopté.
M. VEZINA: Si le ministre est d'accord avec moi, il semble qu'on
pourrait prévoir qu'une fois qu'une municipalité a rempli son
obligation créée en vertu de l'article 2
c'est-à-dire quand son règlement est adopté,
approuvé par le ministre des Affaires municipales, approuvé par
le ministre du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche l'approbation
du ministre des Affaires municipales serait suffisante. Et ça
éviterait aux conseils locaux de requérir deux approbations
différentes, ce qui est de nature, à mon sens, à retarder,
souvent, ou l'acceptation ou le refus de la demande qui est faite.
M. PAUL: Si je comprends bien, vous seriez d'accord pour rayer "le
ministre du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche".
M. VEZINA: Sans rayer le ministre...
M. LESSARD: Est-ce que c'est parce que le député n'a pas
confiance au ministre actuel?
M. VEZINA: ... je serais en faveur que les municipalités qui se
sont conformées aux dispositions de l'article 2 n'aient besoin que de
l'approbation du ministre des Affaires municipales, qui a dans son
ministère un service d'urbanisme, des gens compétents pour
vérifier si les demandes de permis sont ou non conformes aux
règlements.
Evidemment pour celles qui n'auront pas encore obtempéré,
parce qu'on le leur demande à l'article 2, il est normal que les deux
ministres donnent leur approbation. Je pense que c'est logique et ça
découle de l'économie de l'article 2. Mais pour l'article 3,
c'est mon devoir de le faire, c'est le voeu émis par la totalité
des élus locaux qui sont visés par cet article-là.
Personnellement, prétendant connaître un peu quelque chose dans le
domaine, je crois que ça concourt à l'économie
générale des lois qui guident nos gouvernements locaux, à
savoir que, généralement parlant, ils sont habitués,
suivant nos lois, à rechercher l'approbation du ministre des Affaires
municipales et ou de la Commission municipale, suivant le cas.
Alors, pour celles des municipalités qui auront rempli les
conditions imposées à l'article 2, je pense que la seule
approbation du ministre, vu son service d'urbanisme à son
ministère, serait suffisante. Pour celles qui n'ont pas
obtempéré à l'article 2, qu'on laisse comme tel l'article
3. Je n'ai pas de proposition formelle; je n'ai pas rédigé de
texte, je ne vous ferai pas croire que j'ai un texte de prêt. Mais je
pense, connaissant les grandes qualités de légiste du ministre
des Affaires municipales et les savants conseils qu'il peut recevoir de ses
officiers, que très rapidement on pourra régler le
problème.
M. GAGNON: M. le Président, tout simplement une minute,
peut-être avant le ministre; j'ai écouté avec beaucoup
d'attention le député de Montmorency, qui fait une suggestion
à l'article 4 et qui rejoint celle...
M. TESSIER: On est à l'article 3.
M. GAGNON: ... incluse à l'article 2. Incontestablement, on
crée un précédent, c'est-à-dire que les conseils
municipaux sont des créatures du gouvernement provincial mais ils
relèvent totalement de la compétence du ministère des
Affaires municipales. Or, on fait intervenir un ministère qui n'est pas
le ministère des Affaires municipales, dans l'approbation d'un
règlement de zonage. C'est un précédent dangereux.
Pour rejoindre la pensée du député de Montmorency,
il y aura peut-être lieu ce ne serait pas mauvais, je dirais
même que ce serait bon que l'article soit modifié en disant
: Soumis à recevoir l'approbation du ministre des Affaires municipales,
après que ce dernier aura reçu une lettre d'intention du ministre
du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, qui pourra en quelque sorte
accepter.
M. TESSIER: On ne met pas cela dans un texte de loi: avoir reçu
une lettre d'intention.
M. GAGNON: Bien, trouvez une autre formule pour qu'il n'y ait pas de
conflit. Il est incontestable...
M. TESSIER: Après consultation, mais pas plus.
M. GAGNON: ... qu'on ouvre la porte à un autre ministère
qui pourrait intervenir dans les affaires municipales, ce qui est dangereux. Je
crois que le ministre pourra trouver une autre formule habile pour que le
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche soit
consulté sans qu'il y ait de conflits, comme on en a déjà
parfois rencontré entre les ministères. Ainsi, l'objectif
visé par le bill 78, concernant le mont Sainte-Anne, sera parfaitement
atteint sans, pour autant, qu'on permette à d'autres ministères
d'intervenir à l'intérieur d'organismes municipaux, ce qui
créerait un précédent dangereux.
M. LOUBIER: M. le Président, si le ministre me permet
d'intervenir. J'étais beaucoup plus familier avec les projets concernant
l'intérieur du territoire du mont Sainte-Anne qu'avec les intentions du
gouvernement actuel quant aux terrains qui sont à l'extérieur de
l'emprise du mont Sainte-Anne. J'ai écouté les propos du
député de Montmorency et je pense qu'on devrait souscrire
à sa recommandation.
Il est inutile d'essayer d'insérer, à l'article 3, qu'il
doit y avoir consultation entre le ministère des Affaires municipales et
le ministère du Tourisme, ou tout autre ministère. C'est
implicite. Dans l'administration gouvernementale, du moins au niveau des
principes, lorsqu'il n'y a pas de petites implications personnelles, de
susceptibilités ou de fiefs que veulent garder, d'une façon assez
égoiste et vaniteuse, certains ministres, il est normal, et ce ne doit
pas être explicite dans un texte, qu'il y ait consultation surtout entre
les ministères qui sont intimement liés dans le
développement d'un territoire don- né. En l'occurrence, je vois
surtout un embêtement majeur pour les municipalités qui devraient,
selon l'esprit et le texte de cet article, obtenir préalablement l'avis
de deux ministères. Cela veut dire que l'on pourrait fort bien obtenir,
dans l'espace d'une semaine, l'autorisation du ministère des Affaires
municipales, mais que le ministre du Tourisme pourrait être parti en
voyage, en Australie ou ailleurs, et ne revenir qu'au bout de cinq ou six
semaines et ne pas avoir l'autorisation...
M. TESSIER: M. le Président, le chef de l'Opposition officielle
sait fort bien que lorsqu'un ministre est absent pour plus d'une semaine, un
ministre est toujours nommé par intérime.
M. LOUBIER: Disons que le ministre me permet une pointe d'ironie.
Le ministre est-il à ce point dépourvu d'humour qu'il n'a
pas vu une certaine ironie dans la dernière partie de ma phrase?
M. TESSIER: Je vois que vous voulez revenir à certaines allusions
que vous avez faites il y a trois ou quatre semaines.
M. LOUBIER: Disons que je ne le fais pas sous forme d'allusions, et si
ça peut réconforter le ministre, je le ferai sous forme
d'affirmations.
M. TESSIER: Ce qui n'est d'ailleurs pas très galant.
M. LOUBIER: Pour ne pas détériorer le climat, j'ai le
droit d'être galant avec qui je veux au moins, M. le Président.
J'espère qu'on me laissera la liberté de choisir l'objet de mes
galanteries, et je vous dirai que ce ne sera sûrement pas un membre du
Parlement qui en sera l'objet.
M. TESSIER: Nous nous en apercevons.
M. LOUBIER: Mais, M. le Président, trêve de plaisanteries.
Je pense que la suggestion du député de Montmorency est
recevable, bienvenue, intelligente, à l'image d'ailleurs des propos
qu'il aurait tenus cet après-midi, et que nous devrions amender
l'article, pour que le ministre des Affaires municipales puisse avoir
l'autorité seul... Si c'était strictement seul, M. le
Président, j'aurais une certaine réticence, mais comme il est
assisté d'un sous-ministre extrêmement compétent et de
fonctionnaires souverainement dévoués, je sais qu'il aura la
prudence de faire vérifier... Le ministre écoute-t-il?
M. TESSIER: J'écoute toujours.
M. LOUBIER: Je viens de lui rendre hommage, mais à travers son
sous-ministre et ses fonctionnaires.
M. TESSIER: Vous aimeriez que je me lève et que je vous
salue?
M. LOUBIER: Je pense que ce serait permettre aux municipalités,
M. le Président sur une note beaucoup plus sérieuse
d'obtenir une autorisation de façon beaucoup plus rapide,
d'éviter toutes sortes de procédures dilatoires ou recours
dilatoires ou réponses dilatoires d'un autre ministère et que ce
serait une façon de mettre beaucoup plus d'efficacité dans les
relations du ministère des Affaires municipales et les
municipalités concernées. En ce qui me concerne, je souscris sans
aucune réticence à la suggestion du député de
Montmorency.
M. TESSIER: M. le Président, je ne tomberai pas dans le panneau.
Avec toute la déférence que je peux avoir pour mon
collègue le député de Montmorency, l'article 3...
M. LOUBIER: Qu'est-ce que ce serait si vous n'aviez pas de
déférence à son endroit?
M. TESSIER: Oui, j'ai beaucoup de déférence à son
endroit. C'est justement ce qui explique mon attitude. L'article 3 est un
article transitoire. C'est là que j'ai mentionné le mot
déférence. Mon savant ami, le député de
Montmorency, dit: Lorsqu'une municipalité a adopté ses
règlements, pourquoi avoir recours à deux ministres? Mais, ce
n'est pas cela, à l'article 3.
L'article 3 dit: "Le conseil des municipalités mentionnées
à l'article 1 peut, au cours de la période prévue à
l'article 1", avec l'approbation de deux ministres... C'est évident que
les règlements de zonage et de lotissement ne sont pas adoptés.
Si les règlements sont adoptés, il faut référer
à l'article 1 qui dit: "Toutefois, le lieutenant-gouverneur en conseil
peut en tout temps soustraire toute partie de ces municipalités aux
prohibitions édictées par le présent article." Alors, cela
règle le cas. Si, par exemple, Saint-Féréol ou la ville de
Beaupré a adopté de tels règlements qui sont
acceptés, dès lors, il n'y a plus à courir aux deux
ministères pour avoir les approbations. Les règlements sont
adoptés et, évidemment, la totalité ou une partie du
territoire concerné va être soustraite à cet article. Cela
veut dire que les municipalités retrouvent leur pleine et entière
autonomie d'accorder des permis de construction ou de lotissement.
Face à ces faits, M. le Président, je regrette, mais je ne
peux pas souscrire à la demande d'amendement.
M. LESSARD: M. le Président, au sujet de la réponse du
ministre en ce qui concerne les règlements de zonage, est-il
prévu que le ministère va, au moins, aider techniquement ou
financièrement ces municipalités à élaborer leurs
règlements de zonage? Puisque, de toute façon, si elles ne le
font pas, vous serez obligés de le faire tôt ou tard, est-ce qu'il
est prévu que vous allez leur accorder de l'aide technique ou
financière?
M. TESSIER: Certainement, et cela n'est pas nouveau.
Il existe, au ministère des Affaires municipales, un service
technique qui est sur pied depuis de très nombreuses années afin
d'aider les municipalités dans la confection de leurs plans directeurs
d'urbanisme et qui les aide également dans la rédaction de leurs
règlements de zonage et de lotissement. Ce n'est pas nouveau, cela
existe depuis assez longtemps.
M. LESSARD: Je parle, M. le Président, d'aide technique et d'aide
financière.
M. TESSIER: Bien,...
M. LESSARD: Financière.
M. TESSIER: L'aide financière, évidemment il faut
s'entendre là-dessus. L'aide technique, je crois, est en même
temps une aide financière parce que si l'on dispense une
municipalité d'engager une firme d'experts pour établir ses
règlements et si nous fournissons tous les services, je pense que cela
peut s'interpréter dans les deux sens. C'est également une aide
financière afin d'éviter à certaines de ces
municipalités peut-être une dépense de $10,000 ou
$15,000.
M. PAUL: M. le Président, est-ce que le ministre peut nous dire
s'il n'y aura qu'un règlement pour couvrir tout le territoire de ces
quatre municipalités ou s'il y aura quatre règlements
différents?
M. TESSIER: Il y aura, M. le Président, quatre règlements
différents, évidemment, parce que le gouvernement actuel respecte
l'autonomie des municipalités. Il ne leur imposera aucun
règlement et n'agira que comme coordonnateur afin que les
règlements ne soient pas contradictoires. Exemple, si on veut que l'on
fasse un dessin: il ne faut pas, tout de même, qu'une zone commerciale
dans une municipalité contiguë à une autre
municipalité le soit à une zone résidentielle. Alors, il
faut coordonner, à ce moment-là, de manière que les quatre
plans directeurs d'urbanismes, les quatre règlements de zonage puissent,
en somme, s'incorporer un peu comme un tout à la suite de consultations,
bien entendu.
M. LOUBIER: M. le Président, à la suite de consultations
avec...
M. TESSIER: Les conseils municipaux.
M. LOUBIER: ... les conseils municipaux, est-ce qu'il y aurait
également des consultations exigées de la part du
ministère des Affaires
municipales par l'envoi de fonctionnaires auprès des conseils
municipaux?
M. TESSIER: C'est sûr, M. le Président, que le
ministère des Affaires municipales est toujours à la disposition
et au service des conseils municipaux. Nous allons travailler en étroite
collaboration à l'élaboration de ces plans directeurs d'urbanisme
et des règlements qui devront les sanctionner.
M. LOUBIER: Ce n'est pas la question que j'ai posée au ministre.
J'ai demandé tout simplement ceci: Est-ce que le ministre exigera la
présence de fonctionnaires de son ministère lors de la rencontre
des quatre conseils municipaux pour faire la coordination pour mettre de la
cohérence, de la symétrie dans tous ces plans? Ou le ministre
laissera-t-il entière liberté aux municipalités
concernées de se réunir, de discuter entre elles de la
coordination qui doit exister dans les différents plans? Ou le ministre
les obligera-t-il à recevoir les avis, les conseils et peut-être
même les exigences du ministère?
M. TESSIER: Il n'est pas question, M. le Président, d'imposer; il
n'est pas question d'agir d'une manière dictatoriale, mais tout
simplement de collaborer et de travailler en commun. Les conseils municipaux
sont d'ailleurs habitués à le faire. Il est assez rare
à ma connaissance cela ne s'est pas produit encore que les
municipalités adoptent de tels règlements sans consulter le
service technique du ministère des Affaires municipales en
urbanisme.
Or, cela va se poursuivre pour les quatre municipalités en
question comme cela se poursuit normalement, quotidiennement pour toutes les
autres municipalités de la province.
M. PAUL: M. le Président, le ministre a dit tout à l'heure
que c'est par souci du respect de l'autonomie des municipalités qu'il
verra à ce que chacune d'elles ait la liberté d'action, de
réglementation pour ce qui a trait au zonage, au lotissement et à
la construction. C'est bien ça? J'ai bien compris? Je comprends que
j'effleure le principe d'un autre projet de loi, mais est-ce en vertu du
même principe que le ministre se fait le parrain d'une loi portant le
numéro 276, Loi favorisant le regroupement des municipalités?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. GAGNON: C'est de l'autonomie.
M. TESSIER: M. le Président, je soumets que cette question est
absolument hors d'ordre, qu'elle pourra venir au cours de la prochaine session
lorsque j'aurai l'honneur de déposer un projet de loi-cadre concernant
l'urbanisme et la planification. A ce moment-là, on pourra discuter de
cette question. Mais cela n'a rien à faire avec le regroupement
municipal.
M. LOUBIER: Il faudrait tout de même inviter le ministre à
éviter de soulever des débats parce que c'est lui qui s'est
avancé le nez pour dire qu'il procédera dans ce cas comme il a
procédé dans les autres cas. Alors il n'est pas surprenant que le
député de Maskinongé rabroue sur le champ le ministre avec
une législation qui est complètement contraire à l'esprit
qu'il vient de manifester en ce qui concerne celle-ci.
M. TESSIER: M. le Président, je vois que le député
de Maskinongé est obligé d'avoir recours au chef de l'Opposition
officielle puisque c'est lui qui a entraîné le débat de ce
côté. J'espère qu'avec la collaboration de tous mes
collègues, nous mettrons un point à cette question. Il faut bien
comprendre la situation, il s'agit d'un ensemble; le mont Sainte-Anne est au
centre, c'est un parc provincial que nous devons protéger et, autour, il
y a des municipalités.
Il s'agit de le développer dans la plus grande harmonie et
suivant les meilleures règles de l'art de l'urbanisme. C'est le but de
la présente loi. Et c'est aussi simple que ça.
M. LOUBIER: Le ministre sait que nous comprenons tellement bien le but
de la présente loi que toutes les ententes inhérentes au projet
ont été adoptées et sans petit commercial, M. le
Président alors que j'étais ministre du Tourisme, de la
Chasse et de la Pêche, et que la signature définitive a
été faite peut-être un mois ou deux après le
changement de gouvernement, alors que les plans directeurs, que tout avait
été accepté.
Nous savons fort bien et je ne critique pas le fait de
présenter cette loi, au contraire, je dis que le ministre est bienvenu
avec cette loi que ça accorde probablement infiniment plus de
protection pour assurer un développement global et d'accès plus
conforme aux besoins et surtout aux utilisations que l'on fera du mont
Sainte-Anne.
Mais le ministre comprendra facilement que nous de l'Opposition, sommes
ici pour essayer de bonifier les lois du gouvernement et d'éviter au
gouvernement de continuer éternellement à trébucher. Vous
savez que ce n'est pas facile comme le disait dernièrement un de
mes collègues pour nous d'être en même temps le
gouvernement et en même temps l'Opposition. Cela devient assez atterrant
surtout pour des hommes comme le député de Maskinongé.
M. TESSIER: Ne vous vantez pas.
M. PAUL: M. le Président, j'ai été piqué
dans mon orgueil lorsque le ministre des Affaires municipales a
déclaré que mon chef distingué était venu à
ma rescousse. Au contraire, ce qui a échappé à l'attention
du ministre, c'est qu'il y a chez nous unité de pensée et
d'action.
M. TESSIER: L'UQ.
M. PAUL: Regardez, M. le Président, je suis pourtant gentil. On
me provoque.
M. TESSIER: Ce n'est pas l'UQ?
M. PAUL: Est-ce que vous aimez mieux le FLQ ou la FLQ?
M. TESSIER: Mais Molière aurait pu dire...
M. PAUL: Vous avez la même lettre pour finir.
M. TESSIER: ... le QNU.
M. PAUL: M. le Président, je ne me laisserai pas distraire par le
piège que me tend le ministre des Affaires municipales.
Nous avons analysé ce projet de loi d'une façon bien
objective, sans personnalité. Nous sommes heureux de voir que le
ministre agit à la suite des conseils judicieux que lui ont
donnés ses fonctionnaires et surtout à la suite des pressions du
député de Montmorency qui a été saisi du
problème.
M. TESSIER: Je suis parfaitement d'accord. Un excellent
député.
M. PAUL: D'autant plus que les maires des municipalités
concernées poussaient dans le dos du ministre... Pardon, j'ai dit le
ministre, j'exprime un regret de voir qu'il ne l'est pas encore.
M. TESSIER: Du député.
UNE VOIX: Y aurait-il un changement?
M. TESSIER: Pressaient dans le dos du député qui a
été très compréhensif.
M. GAGNON: Oui, mais vous ne l'écoutez pas.
M. PAUL: Il a été tellement compréhensif que je
m'en voudrais de comparer son attitude à l'attitude du ministre du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche. Je ne voudrais pas comparer les
deux attitudes. Mais celui qui a été vraiment le plus près
du peuple dans toute cette question c'est l'honorable député de
Montmorency.
Il a fait une excellente suggestion au ministre qui l'a acceptée.
Il en a fait une deuxième; elle est discutable, mais le ministre l'a
refusée avec déférence. S'il avait dit, au moins, avec
référence; non, il dit déférence. Alors, par le
fait, M. le Président, qu'il n'a pas référé cette
question au comité de législation, du même coup, c'est la
mort de la recommandation ou de la suggestion faite par le député
de Montmorency.
Mais il ne faudrait pas que le ministre croie que l'intérêt
que nous apportons à l'étude de ce projet de loi n'est
motivé que par de l'obstruction que nous voulons faire.
M. TESSIER: Je n'ai jamais dit ça. M. PAUL: Ah!
M. TESSIER: Au contraire, j'ai remercié l'Opposition de sa
collaboration sur le projet de loi.
M. PAUL: Parce que vous en avez besoin, de notre collaboration. Vous
avez encore d'autres lois et il n'est que huit heures et demie.
M. TESSIER: Oui.
M. PAUL: M. le Président, à la lumière des
renseignements que nous a donnés le ministre, pour une fois, il a
été clair, il a été logique, quant à moi,
j'accepte...
M. TESSIER: M. le Président, je me souviens d'avoir entendu cette
même phrase au moins dix fois devant cette Assemblée: Pour une
fois, il a été clair, il a été précis, on
l'a bien compris.
M. PAUL: M. le Président, sur mille interventions du ministre,
qu'il ait parlé avec logique dix fois, ce n'est pas beaucoup.
Réjouissons-nous quand il le fait. De toute façon, nous acceptons
les remarques du ministre parce qu'elles sont logiques. Elles lui ont
été inspirées, sans doute, par l'étude qu'avaient
faite du projet de loi ses fonctionnaires. Je suis sûr que le
député de Montmorency se rallie à l'argumentation du
ministre. Quant à nous, nous sommes prêts à nous rallier
aux remarques du député de Montmorency, tout en respectant la
logique du ministre.
M. LE PRESIDENT: Et l'article 3 est adopté tel qu'amendé.
Article 4?
M. PAUL: Un instant. Comment cela va-t-il se dérouler au juste?
J'ai lu ça, M. le Président: "Toute municipalité
visée à l'article 1 doit, à l'égard de son
territoire, empêcher toute opération entreprise à
l'encontre de l'article 1 et ordonner, au besoin, la démolition de tout
bâtiment qui en fait l'objet." En vertu de quoi? Est-ce que ça va
être inscrit dans le règlement?
M. TESSIER: Non, c'est inscrit dans la loi. M. PAUL: Dans la loi! Quelle
loi?
M. TESSIER: En somme, si on interprète l'article 4 comme il est
écrit, on crée une obligation envers la municipalité. Si
quelqu'un construit sans permis, la municipalité est obligée de
faire une requête en injonction.
M. PAUL: Il faudra que la municipalité s'adresse au tribunal.
M. TESSIER: Oui. C'est ce que ça veut dire.
M. PAUL: Maintenant, est-ce que le ministre prétend que cette
procédure sera assez rapide? Est-ce que le ministre a consulté
son collègue, le ministre de la Justice?
M. TESSIER: Oui, mais, M. le Président, je demanderais au
député de Maskinongé de lire la phrase qui suit dans le
même paragraphe.
M. PAUL: Oui, oui.
M. TESSIER: "A défaut d'agir par la municipalité, le
procureur général peut exercer ces recours." Cela veut dire que
si, évidemment, on porte à notre connaissance que la
municipalité...
M. PAUL: Ce n'est pas marqué "doit", c'est marqué
"peut".
M. TESSIER: Bien!
M. PAUL: Ah! Il y a une différence, en droit des cités et
villes et en droit municipal, entre une obligation et un pouvoir.
M. TESSIER: Il sera laissé à la discrétion du
gouvernement de savoir s'il y a une violation, à ce moment-là,
qui met réellement en danger les beautés du parc du mont
Sainte-Anne.
M. PAUL: M. le Président, je soumets que le ministre vient de
répondre d'une façon évasive...
M. TESSIER: Comment, évasive?
M. PAUL: ... et il n'appartient pas au gouvernement.
M. TESSIER: C'est très précis.
M. PAUL: Le texte de loi parle d'un pouvoir bien déterminé
qui appartient au procureur général seul. Il n'appartient pas au
gouvernement, voyons donc! "A défaut d'agir par la municipalité,
le procureur général peut exercer ces recours."
M. TESSIER: C'est cela.
M. PAUL: Ce n'est pas le gouvernement, le procureur
général.
M. TESSIER: Cela veut dire que si on voit que la municipalité,
par son défaut d'agir, met en danger l'aménagement des environs
du parc, le procureur général peut intervenir.
M. PAUL: Mais ce n'est pas le gouvernement, le procureur
général.
M. TESSIER: Ecoutez! Ce n'est pas le gouvernement? Qui est-ce, le
procureur général, si ce n'est pas un membre du gouvernement?
M. PAUL: Un membre, ce n'est pas la même chose.
M. DEMERS: La partie n'égale pas le tout.
M. PAUL: Ce n'est pas la même chose. On va prendre le risque, M.
le Président. Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 4, adopté.
M. TESSIER: Oui, vous ne prenez pas un gros risque.
M. LE PRESIDENT: Article 5?
M. LOUBIER: Si c'était le Solliciteur général,
peut-être qu'on aurait hésité...
M. PAUL: Oui, là...
M. LOUBIER: ... mais le procureur général...
M. PAUL: On va lui faire confiance.
M. LE PRESIDENT: Article 5, adopté.
M. LOUBIER: Le ministre de la Jusctice, cela peut aller.
M. LE PRESIDENT: Article 6? M. TESSIER: Adopté.
M. LESSARD: M. le Président, l'article 6 a fait l'objet de
certaines réserves de la part des municipalités
concernées. Je m'excuse.
M. SEGUIN: Après vous.
M. LESSARD: Est-ce que le ministre pourrait nous donner des explications
à ce sujet? Pourquoi, par exemple, le parc comme tel du mont Sainte-Anne
ne sera-t-il pas soumis au règlement de zonage? Le ministre nous a dit
tout à l'heure que ce ne sera probablement pas les mêmes
règlements de zonage. Est-ce que ce serait l'une des raisons pour
lesquelles le parc du mont Sainte-Anne ne serait pas soumis à ces
règlements?
Si le parc du mont Sainte-Anne n'est pas soumis à ces
règlements, qui va faire les règlements à
l'intérieur du parc du mont Sainte-Anne? Est-ce que ce sera le
ministère des Affaires municipales, le ministère du Tourisme ou
d'autres ministères?
M. TESSIER: M. le Président, le gouvernement va dépenser
une somme d'au moins $7 millions pour l'aménagement du parc du mont
Sainte-Anne. Il est évident que cet argent doit être
dépensé afin d'aménager dans les meilleures conditions
possibles le parc du mont Sainte-Anne.
Le ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche a son
propre programme de développe-
ment. Je crois qu'il est normal que dans un parc provincial ce soit le
gouvernement qui détermine quelles seront les zones commerciales,
où il devra y avoir une hôtellerie ou dans quelle partie du
territoire, par exemple, on pourra permettre la construction de chalets, etc.,
en somme la planification de tout l'aménagement du mont Sainte-Anne.
Il ne faudrait tout de même pas que le gouvernement soit soumis
à des règlements municipaux pour l'aménagement du mont
Sainte-Anne. C'est ce que veut dire l'article 6.
M. LESSARD: J'ai bien compris.
M. TESSIER: L'article 6 veut dire que c'est soustrait à la
juridiction des règlements municipaux afin que le gouvernement puisse
aménager lui-même le mont Sainte-Anne sans être
obligé de demander la permission pour une construction ou une
modification à l'intérieur du parc, un changement de zonage.
C'est exactement ce que veut dire l'article 6.
M. LESSARD: Est-ce qu'actuellement le territoire du mont Sainte-Anne est
la propriété du gouvernement? A-t-il tous les titres concernant
ce territoire?
M. TESSIER: Oui, M. le Président, et je pense que le chef de
l'Opposition officielle, le député de Bellechasse, peut le
confirmer puisque c'est lui-même, alors qu'il était ministre du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, qui a entrepris les
premières démarches à ce sujet. Effectivement, le
gouvernement est propriétaire du territoire du mont Sainte-Anne.
M. LOUBIER: Avec une petite nuance; je ne sais pas si c'est
terminé mais il y avait des projets d'expropriation à
l'époque pour d'autres terrains que l'on devait annexer au territoire.
Si le ministre le permet, je ne veux pas me substituer à lui mais, comme
je suis assez familier avec le problème, je vais compléter sa
réponse à l'endroit du député de Saguenay. Comment
voulez-vous qu'à l'intérieur du territoire du mont Sainte-Anne
nous appliquions les règlements de construction, de zonage des
municipalités alors qu'il y a un plan directeur d'accepté qui a
fait l'objet d'une entente avec le fédéral par le truchement de
l'ARDA? C'est justement en fonction de tout l'aménagement que nous avons
fait, de tout ce plan directeur qu'il y a eu acceptation de partage dans le
coût des aménagements.
Ce serait absolument ridicule et impensable que l'on applique les
règlements de zonage et de construction des municipalités parce
qu'à ce moment-là le plan directeur ne tiendrait absolument
plus.
M. TESSIER: M. le Président, je suis en parfait accord avec le
chef de l'Opposition officielle sur les explications additionnelles qu'il vient
de fournir. Je pourrais ajouter, vu qu'il est resté dans son
intervention un point d'interrogation, que les terrains ou les
propriétés qui étaient l'objet d'expropriations l'ont
été. Cette question est définitivement
réglée, et le gouvernement en est actuellement
propriétaire.
M. LESSARD: M. le Président, si j'ai posé cette question
ce n'était pas parce que je n'étais pas d'accord sur l'article 6
mais parce qu'elle a été soulevée lors d'une
réunion des maires des municipalités concernées. Je
voulais que le ministre donne la réponse précise pour expliquer
cet article qui m'apparaît absolument normal, d'autant plus que le
ministre venait d'affirmer, quelques minutes avant, qu'il pouvait y avoir
quatre règlements différents étant donné qu'il y
avait quatre municipalités. Il serait absolument inacceptable que ce
territoire, qui est un parc provincial, soit soumis à quatre
règlements différents.
M. LE PRESIDENT: Article 6, adopté. Article 7, adopté.
M. HARDY (président du comité plénier): M. le
Président, j'ai l'honneur de faire rapport que le comité a
adopté le projet de loi no 78 avec un amendement.
M. LE PRESIDENT: Cet amendement est-il agréé?
M. PAUL: Agréé.
M. LE PRESIDENT: Agréé. Y a-t-il consentement pour la
troisième lecture?
Troisième lecture
M. TESSIER: M. le Président, je propose la troisième
lecture de ce projet de loi.
M. LE PRESIDENT: S'il y a consentement.
M. LEGER: D'accord
M. VEZINA: M. le Président...
M. LEGER: Sur division?
M. VEZINA: ...je voudrais prendre deux secondes pour remercier les
membres de cette Chambre de l'intérêt qu'ils ont apporté
à l'adoption de cette loi et dire que, quant à moi, elle
convient, quasi à la perfection, au besoin réel du
développement du mont Sainte-Anne.
Comme je me suis fait le rapporteur de tous les voeux émis par
l'assemblée lors d'une réunion avec les gens
intéressés, il y a un dernier voeu que je me dois de transmettre
à tous les membres de l'Assemblée nationale: Vous êtes tous
invités à faire du ski au véritable centre
international de ski au Québec, le mont Sainte-Anne. Vous
êtes tous les bienvenus.
M. SAMSON: M. le Président, est-ce que vous allez lui envoyer la
facture pour ce commercial?
M. LEGER: Cela ne sera plus du patinage de fantaisie...
M. LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
DES VOIX: Adopté.
M.TREMBLAY (Sainte-Marie): Cela n'est pas du patinage de fantaisie,
c'est du ski de fantaisie.
M. LEGER: C'est l'invitation qui est adoptée.
M. TESSIER: M. le Président, je vous demanderais de
présenter le bill 274, Loi modifiant le code municipal.
Projet de loi no 274 Deuxième lecture
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Affaires municipales propose
la deuxième lecture du projet de loi no 274, Loi modifiant le code
municipal. Adopté?
M. TESSIER: C'est adopté en deuxième lecture.
M. PAUL: Est-ce que le ministre pourrait nous donner des
explications?
M. TESSIER: Bien, M. le Président...
M. LEGER: Nous étions prêts à l'adopter, mais il
peut peut-être apporter des choses...
M. Maurice Tessier
M. TESSIER: M. le Président, c'est une loi qui est très
succincte. Il s'agit en somme d'amender deux articles du code municipal, les
articles 28 et 35, afin de rectifier, je pourrais dire, une anomalie qui existe
dans le code municipal depuis à peu près toujours, depuis que le
code existe, qui empêche deux municipalités contiguës,
à cause de la carte électorale ce qui n'a aucun rapport
avec l'administration municipale ou la position géographique des
municipalités de s'annexer. Cela a toujours été
dans le code municipal, dans nos statuts je ne sais pas trop pourquoi,
quel en était le motif au début mais cela crée des
inconvénients sérieux.
Je pourrais citer deux exemples. Nous avons l'exemple de Saint-Adolphe,
qui est tout près de Québec, qui est voisine de Stoneham avec
laquelle elle a beaucoup d'affinités tant au point de vue
économique qu'au point de vue social. Saint-Adolphe n'est pas dans le
même comté que Stoneham et est située, apparemment,
au-delà d'une vingtaine de milles du chef-lieu du comté ou de la
paroisse la plus proche, où il n'y a même pas de route, de
communication. Il y a également un autre exemple que je voudrais citer.
C'est qu'il y a actuellement, dans le comté de Témiscouata et
dans le comté de Kamouraska je vois le leader de l'Opposition
officielle qui se retourne pour voir si le député de
Témiscouata est à son siège. Il est absent.
M. PAUL: M. le Président, est-ce que le ministre pourrait se
retourner et donner la liste de tous les députés libéraux
absents?
M. TESSIER: Non, non...
M. PAUL: C'est un petit jeu qui est dangereux. Ne le commencez pas ce
soir.
M. DEMERS: Est-ce que le député de Kamouraska est à
son siège?
M. TESSIER: J'ai tout simplement fait cette remarque après le
geste posé. Je ne savais pas que le leader de l'Opposition officielle
pouvait être piqué ainsi au vif. Passons.
Je voulais souligner un autre exemple de trois municipalités,
dont deux sont situées dans le comté de Témiscouata et
l'une dans le comté de Kamouraska, qui, depuis près d'un an sont
en train de mettre en commun leurs services et ont entrepris des pourparlers de
fusion. Une des trois est située dans un autre comté et encore
là, on est empêché de ratifier une chose qui semble tout
à fait normale, tout à fait logique. Il s'agit des Etroits,
Rivière-Bleue et une autre municipalité dont j'oublie le nom.
UNE VOIX: Estcourt.
M. TESSIER: Estcourt, je pense que c'est cela. Ces municipalités
sont empêchées, à cause d'un texte de loi, de s'annexer ou
de se fusionner entre elles. C'est à la suite, justement, de ces faits
qui ont été portés à notre connaissance que nous
avons cru devoir amender tout simplement ces deux articles du code municipal
afin de permettre à ce groupe de municipalités de s'annexer ou de
se fusionner. Il est possible qu'il en existe d'autres à travers la
province. Je crois que c'est une anomalie dans nos lois qui doit
disparaître à une époque où l'on parle
énormément depuis plusieurs années d'ailleurs, ce
n'est pas nouveau de regroupement municipal.
M. LOUBIER: M. le Président, une question de privilège. Si
j'ai bien compris le ministre, il a, d'une façon fort disgracieuse,
glissé dans ses remarques que le député de
Témiscouata n'était
pas à son siège, insinuant que le projet de loi
l'intéressant, il aurait dû être là.
Or, je pense que si le ministre voulait regarder autour de lui, il
pourrait être beaucoup plus méchant. Mais ce n'est sûrement
pas de la gentilhommerie qu'il vient d'exercer à l'endroit du
député de Témiscouata qui est retenu ailleurs pour le
moment. Je pense que depuis quelque temps, en cette Chambre, on a essayé
d'avoir un peu plus de gentilhommerie. Lorsqu'un député est
absent, je ne sache pas depuis plusieurs semaines, en tout cas
qu'il y ait eu des remarques aussi désobligeantes de la part d'un
député, de quelque côté que ce soit de la
Chambre.
M. TESSIER: M. le Président, je ne voudrais pas...
M. LOUBIER: Ce serait aussi déplorable et aussi
déplacé que de faire remarquer que le député de
Mégantic, qui a eu un accident extrêmement déplorable, ne
serait pas à son siège alors que l'on sait qu'il est
hospitalisé, même s'il y avait un projet de loi qui
intéressait son comté.
M. TESSIER: M. le Président, il est malheureux que le chef de
l'Opposition officielle donne autant d'importance à ces paroles. Je l'ai
fait sans aucune méchanceté. Je comprends fort bien que le
député de Témiscouata puisse être retenu par
d'autres choses urgentes. Vous avez remarqué, M. le Président,
que je ne lui ai adressé aucun blâme. Je ne lui ai pas
reproché d'être absent. C'est simplement parce que le leader de
l'Opposition officielle se retournait que j'ai fait la constatation, sans
reproche, qu'il était absent. C'est tout. Ce n'est pas plus que
cela.
M. LAURIN: M. le Président, l'incident est clos!
M. PAUL: M. le Président, quand on sait avec quel
intérêt le député de Témiscouata s'est
occupé des problèmes de l'ODEQ et quand on connaît le
désastre ou la faillite du ministre responsable...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre! J'aurais pu refuser la question
de privilège du chef de l'Opposition officielle. Je voudrais
entériner la décision du député de Bourget à
l'effet que l'incident soit considéré comme clos.
M. PAUL: M. le Président...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est peut-être au ministre d'être
dans le clos!
M. PAUL: ... quand on accumule faillite sur faillite comme ministre
responsable de l'ODEQ, cela se comprend qu'on s'empresse de signaler l'absence
d'un député qui peut être intéressé par ce
projet de loi...
M. TESSIER: M. le President, un point d'ordre. Vous avez tranché
la question. Vous avez déclaré l'incident clos. Alors, je
voudrais que nous revenions au projet de loi no 274.
M. PAUL: M. le Président, j'en vois quelques-uns de la bergerie
qui se permettent d'applaudir les propos du ministre des Affaires municipales.
Je dis, M. le Président...
M. VEILLEUX: On applaudit des propos sensés.
M. PAUL: Pardon?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. VEILLEUX: Je dis qu'on applaudit des propos sensés...
M. PAUL: M. le Président...
M. VEILLEUX: ... ceux du ministre des Affaires municipales.
M. PAUL: ... peut-être que le député de Saint-Jean
pourrait être en éveil un peu plus souvent et nous
intéresser par une participation logique et positive aux débats
de cette Chambre et non pas par des interprétations ou par des remarques
déplacées qui ne dénotent pas chez lui une très
haute culture.
Je dis donc que le député de Témiscouata peut
être intéressé par ce projet de loi parce que la
municipalité de Rivière-Bleue...
M. TESSIER: M. le Président, je formule un point d'ordre.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Question de règlement. L'honorable
ministre des Affaires municipales.
M. TESSIER: M. le Président, vous avez tranché la question
et je vous demande, si le député de Maskinongé revient une
troisième fois avec cette question, de le rappeler à l'ordre.
M. Rémi Paul
M. PAUL: M. le Président, je dis que, dans le comté de
Témiscouata, il y a deux municipalités: la municipalité de
Rivière-Bleue et celle d'Estcourt, qui intéressent au plus haut
point le député de Témiscouata, parce que cette loi
mènera à certaines transformations et permettra la fusion de
quelques municipalités. Je sais que le député de
Témiscouata sera fort heureux d'apprendre qu'une loi anodine, une
espèce de "loiselle" nous est présentée, une fois de plus,
ce soir, par le gouvernement. Je me demande si c'est une loi tellement urgente,
puisque le ministre nous mentionnait que c'est une situation qui remonte
à plusieurs années. Quand on est à l'approche d'un
ajournement ou d'une
prorogation de la Chambre, ceux qui sont responsables de la
législation gouvernementale devraient nous présenter des lois
beaucoup plus importantes que celle que parraine ce soir le ministre des
Affaires municipales.
M. TESSIER: Il va en venir d'autres plus importantes.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On les étudiera en temps et lieu.
M. PAUL: Je comprends que l'intellect du ministre ne doit pas être
saisi trop vif et trop vite et qu'il doit procéder tranquillement, parce
qu'autrement il est à craindre qu'il ne paralyse, comme il a
paralysé toute l'efficacité administrative de l'ODEQ. Ce projet
de loi est innocent en lui-même, parce que je ne crois pas qu'il puisse
régler le problème de l'économie dans ces régions.
Je ne crois pas que ce soit une loi qui puisse emballer les électeurs
des paroisses concernées qui pourront se prévaloir des
dispositions de cette loi. Considérant que le ministre semble y tenir
énormément et dans le but de lui être agréable, nous
allons...
M. LACROIX: L'adopter?
M. PAUL: ... discuter longuement ce projet de loi pour savoir s'il est
nécessaire parce que toute loi doit correspondre à un besoin.
Est-ce que le projet de loi que nous propose le ministre répond à
un besoin? Dans l'affirmative, nous serions intéressés à
savoir si l'Union des maires et des municipalités a soulevé ce
problème, a porté cette question à l'attention du
ministre, à l'un ou l'autre des ses derniers congrès.
Est-ce qu'il a eu des représentations qui furent faites ou des
consultations? Est-ce que le ministre est en mesure de nous déclarer que
c'est un projet de loi qui lui est commandé par son souci d'une
effective administration municipale? Je m'interroge sur l'utilité,
l'urgence ou l'à-propos d'une telle législation. Je n'ai aucun
doute que nous pourrons en comité plénier, soit ce soir ou
demain, lorsque nous aurons franchi enfin l'étape de la deuxième
lecture, obtenir la liste complète de toutes les municipalités
qui pourront en profiter au Québec. Il y en a 1,585; le ministre doit
être en mesure de nous dire quelles municipalités vont pouvoir se
prévaloir des avantages de cette loi. Autrement, on croira que le
ministre, tout simplement, est un robot qui vient ici, dans cette
Assemblée, se faire le parrain de lois qui lui sont
suggérées.
Nous aimerions connaître de ses fonctionnaires très
renseignés sur les différents problèmes municipaux qui
peuvent se trouver au Québec quel peut être le nombre de
ces municipalités, dans quel secteur du Québec elles seront
situées.
UNE VOIX: Posez votre question au feuilleton.
M. PAUL: Je vois le député de Duplessis, qui se
lèvera sans doute pour parler sur ce projet de loi, lui qui se
prétend un député égaré sur un territoire de
800 milles de longueur. Je suis sûr qu'il verra à se lever pour
nous faire part de son opinion, de ses remarques sur les principes que l'on
peut retrouver dans ce projet de loi.
M. COITEUX: En comité plénier.
M. TESSIER: Adopté en deuxième lecture.
M. PAUL: Ne vous pressez pas.
M. TESSIER: Non, pas encore.
M. PAUL: Je dois vous dire que, de notre côté, cinq
orateurs parleront sur ce projet de loi.
M. LE PRESIDENT: Et votre droit de parole est-il limité!
M. PAUL: Il est limité parce que je suis le premier à
répondre et je me propose de faire une revue complète de la
politique du ministère des Affaires municipales.
M. COITEUX: Un autre discours d'une heure qui ne voudra rien dire.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. BIENVENUE: M. le Président, j'invoque le règlement,
pour demander aux honorables membres de cette Chambre de cesser d'interrompre
le député de Maskinongé,...
M. GAGNON: Cessez d'interrompre le ministre.
M. BIENVENUE: ... qui, j'en suis sûr, saura bien s'interrompre
lui-même si tous cessent de l'interrompre.
M. PAUL: Vous pouvez voir, M. le Président, quand on est ministre
d'Etat aux Finances avec quelle logique on parle.
Je dis donc que le ministre, qui joue ce soir le rôle de leader
adjoint du gouvernement, apprécie. Il est à peu près le
seul à comprendre le sérieux des remarques que je fais et
je suis surpris de constater que le ministre vient de comprendre pour une
fois.
M. TESSIER: Moi, je ne comprends pas, j'en ris.
M. PAUL: Vous voyez, M. le Président. Il y avait... Non, je vais
être charitable, je vous le dirai à vous tout seul. Il y avait
quelqu'un chez nous qui avait l'habitude comme ça de toujours rire et de
ne jamais rien comprendre; malheureusement il faisait son bonheur
lui-même.
M. TESSIER: Moi, je n'aime pas parler pour ne rien dire.
M. PAUL: Et nous qui sommes obligés de l'entendre parler si
souvent!
M. TESSIER: Moins longtemps.
M. PAUL: Je n'ai pas l'intention de niaiser en parlant, comme le fait si
souvent le ministre des Affaires municipales.
M. TESSIER: C'est vous qui le faites actuellement.
M. PAUL: M. le Président, je me demande en vertu de quoi vous
restez assis devant les interruptions aussi effrontées de ceux qui
siègent à votre droite. Tout à l'heure l'honorable
député de Bourget vous a invité à déclarer
l'incident clos.
Et je suis sûr que le futur maire de Saint-Fréréol,
le ministre des Affaires sociales, vous parlera lui aussi de ce projet de loi.
Regardez, M. le Président, ça ne lui arrive pas souvent de
sourire et, étant appelé son honneur le maire, il sent
déjà des responsabilités nouvelles. Je comprends qu'il
remplacerait avantageusement le ministre des Affaires municipales.
Mais pour parler des principes de ce projet de loi, je dis qu'en dernier
ressort nous allons voter pour cette loi insignifiante d'un ministre qui
devrait nous présenter des lois beaucoup plus importantes que cette
"loisette" dont il nous saisit dans le moment.
M. LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
L'honorable député de Rouyn-Noranda.
M. Camille Samson
M. SAMSON: M. le Président, quelques remarques sur le bill 274.
Nous comprenons que ce bill, en vertu de ses dispositions, va permettre
l'annexion de différentes municipalités qui se trouvent
situées dans des comtés différents. Evidemment, on ne pose
pas là le principe des annexions volontaires ou obligatoires; c'est ce
qui va probablement sauver le ministre ce soir, c'est ce qui va peut-être
aussi nous permettre de ne pas voter contre sa loi.
Si nous retrouvions dans ce bill des principes visant à fusionner
de façon obligatoire des villes de deux comtés différents,
on ne pourrait sûrement pas se permettre d'acquiescer à cette
demande. Mais comme nous croyons qu'il est question dans sa loi et c'est
sûrement ce que le ministre vise de permettre l'annexion de
façon volontaire, pour celles qui veulent le faire, de
municipalités qui se trouvent dans deux comtés différents,
évidemment, nous comprenons que si on fusionne deux municipalités
qui sont dans des comtés différents, il faut bien qu'on se
retrouve un jour ou l'autre dans le même comté.
Il est clair que si on ne permettait pas, par la loi qui nous est
présentée, de retrouver les deux municipalités
fusionnés dans un seul et même comté, il y aurait des
questions à se poser. Je pense donc que c'est là un bill de
concordance. J'ai l'impression que l'on n'a pas le choix. Si on permet
l'annexion de certaines municipalités, il faut permettre aussi' que ces
municipalités se retrouvent, une fois fusionnées, dans un seul
comté.
Il y a également des questions qu'on pourrait peut-être
poser au ministre en comité plénier, mais je
préfère, si vous voulez, réfléchir à haute
voix. Le ministre pourra peut-être nous répondre dans sa
réplique, ce qui nous permettra de savoir davantage où cela peut
nous mener. Si ce bill permet que deux municipalités se fusionnent en
une seule et même municipalité d'un seul et même
comté, évidemment, plusieurs questions peuvent se poser. Pour ce
qui est des bureaux d'enregistrement qui sont généralement des
bureaux de comté couvrant un seul et même comté, est-ce
qu'à la suite de ce bill il y a des dispositions je vois que le
ministre me fait des signes, il me répondra sûrement favorablement
afin que ceux qui ont besoin de certificats de recherche, par exemple,
dans les différents bureaux d'enregistrement n'aient pas à faire
des recherches dans deux ou trois comtés différents? Ces bureaux
seront-ils transférés dans un seul et même comté
afin qu'on n'ait pas à chevaucher plusieurs comtés pour faire des
recherches lorsqu'il s'agit d'actes ou de transactions, par exemple?
Cela s'est déjà vu dans certains coins de la province
où, à la suite de la fusion de certaines municipalités, on
était obligé de faire les recherches dans deux ou trois bureaux
d'enregistrement différents qui, eux, couvrent des comtés.
J'ai vu que le ministre m'a fait des signes tantôt et qu'il nous
donnera sûrement des réponses à savoir quelles sont les
dispositions qui sont prises. Par ses signes de tête affirmatifs, je vois
qu'il y a déjà des dispositions de prises et je pense que de ce
côté-là il nous donnera probablement satisfaction.
Quant au principe lui-même du bill, étant donné
qu'il va répondre aux désirs de plusieurs municipalités
qui, je le sais déjà, veulent se fusionner, dans ce cas, M. le
Président, ce n'est pas à nous de les retarder. C'est à
nous de leur faciliter la tâche, c'est-à-dire de leur permettre
par cette loi qui n'est peut-être pas complète en soi, qui
n'est peut-être pas exactement ce qu'il faut, mais qui permettra au moins
d'exercer un correctif de connaître une situation beaucoup plus
normale.
M. LE PRESIDENT: Le député de Lafontaine.
M. Marcel Léger
M. LEGER: M. le Président, quand on compare l'importance du bill
274 qui nous est présenté et celle des autres bills que nous
aurons au menu d'ici les Fêtes et que l'on voit que c'est
uniquement un bill de concordance, je pense qu'il ne faut pas perdre plus de
temps. Nous en approuvons donc le principe pour passer au plus tôt
à d'autres projets de loi plus importants.
M. LOUBIER: M. le Président, est-ce que le ministre pourrait nous
dire tout simplement, dans sa réplique, qui en a demandé
l'adoption, sur quel principe on s'est basé? Est-ce que c'est en vertu
d'implications socio-économiques ou est-ce que c'est en vertu
d'implications strictement de compatibilité d'administration entre des
territoires contigus? Est-ce qu'il va nous donner tous les faits qui ont
présidé à la présentation de cette loi et est-ce
qu'il va aussi nous dire si les conseils de comté se sont entendus
préalablement pour que le ministre soit assuré du consensus des
autorités de ces deux conseils de comté? Est-ce qu'il y a eu
également consultation entre les différentes
municipalités?
Je pense que le ministre, sous ce projet de loi qui parait si anodin
pour certains membres de cette Chambre, pourrait camoufler...
M. TESSIER: Insignifiant, d'après le leader de l'Opposition
officielle.
M. LOUBIER: Oui. Il faut se méfier du ministre qui, sous son air
assez inoffensif, sous son air bon enfant, pourrait, camouflé
derrière le paravent de cette loi, créer un
précédent qui ferait qu'on en arriverait à des fusions
forcées. Il se servirait du précédent du bill 274 pour
arriver à d'autres fins.
M. TESSIER: M. le Président, je voudrais assurer mes honorables
collègues de cette Chambre qu'il n'y a rien de camouflé dans
cette loi. Ce qui m'a amené à la présenter, ce sont deux
faits très précis, dont le cas de Saint-Adolphe et de Stoneham.
Je suis convaincu que mes collègues de l'autre côté de
cette Chambre ont lu de multiples articles, les déclarations des maires
des municipalités et les sondages d'opinion qui ont été
faits.
On m'a fait des représentations et on a, en me rencontrant,
déploré le fait que ces deux municipalités, à cause
d'un texte de loi, ne pouvaient s'annexer. Disons que ce fut le premier pas.
Dans les quelques semaines qui ont suivi, j'ai été saisi du cas
des trois municipalités en question du comté de
Témiscouata et de Kamouraska, que j'ai mentionnées tout à
l'heure. Elles aussi, depuis plusieurs mois, sont en pourparlers de fusion ou
d'annexion, mais elles en sont empêchées. C'est peut-être
encore plus sérieux pour ces trois municipalités, parce que j'ai
autorisé le leader de l'Opposition officielle a fait mention,
tout à l'heure, de l'ODEQ alors que j'étais ministre
responsable de l'ODEQ, des subventions considérables pour permettre
à ces trois municipalités de construire en commun un service
d'aqueduc et d'égouts pour lequel j'ai accordé une subvention
allant jusqu'à 60 p.c.
On est également en train de mettre en commun un service de
protection contre l'incendie et peut-être un service de police, en somme,
différents services municipaux. Pendant qu'on étudie la question
d'annexion, on est pris avec un texte de loi. C'est le deuxième exemple
que je cite et je crois, M. le Président, que ceci est suffisant pour
démontrer que cette loi est loin d'être insignifiante, mais
qu'elle va rendre service à au moins cinq municipalités du
Québec, ce qui est beaucoup mieux que d'être obligé
d'adopter des bills privés pour régler ces cas particuliers. Sans
aucun doute, il y en aura d'autres à l'avenir qui seront dans le
même contexte.
Nous étudions présentement la refonte complète de
la loi électorale et une redistribution des comtés dans le
Québec. On va s'apercevoir, à un moment donné, que les
changements de limites des comtés provinciaux vont justement causer les
mêmes problèmes à des municipalités qui sont en
pourparlers de fusion ou d'annexion et qui, du jour au lendemain, à
cause de la nouvelle loi électorale, vont se trouver dans des
comtés différents. C'est une anomalie dans notre code municipal
et je crois qu'il est grandement temps de la faire disparaître.
M. LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
M. TESSIER: M. le Président, je répondais là
à une question du chef de l'Opposition officielle.
M. LE PRESIDENT: Vous pouvez continuer.
M. TESSIER: Je n'ai pas encore exercé mon droit de
réplique.
M. LE PRESIDENT: Vous pouvez le faire.
M. HARVEY (Chauveau): Auparavant, M. le Président...
M. TESSIER: Je voudrais simplement souligner...
M. HARVEY (Chauveau): M. le Président, je m'excuse.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Chauveau.
M. André Harvey
M. HARVEY (Chauveau): Si vous me le permettez, M. le Président,
il serait peut-être superflu de répéter les explications
fort sérieuses que vient de donner mon collègue le ministre des
Affaires municipales concernant ce correctif qui est inscrit dans le cadre
d'une
loi-cadre, une loi globale pour corriger ces anomalies que l'on
retrouvait dans tout le territoire du Québec. Cette loi sera un avantage
pour les municipalités concernées aussi bien que celle du secteur
que je représente; le comté de Chauveau. La plupart de ceux qui
suivent l'actualité ont été à même de
constater, à un certain moment, que la loi 274, qui était
inexistante à l'époque, empêchait logiquement la
municipalité de Saint-Adolphe, qui est située dans un territoire
contigu à la municipalité des Cantons-Unis de Stoneham et de
Tewkesbury, de se fusionner ou d'être annexée à ce
territoire.
Lorsque nous avons rencontré le ministre à ce sujet,
ça a été sans aucune hésitation, nous avons
été reçus et nous avons étudié le projet. En
plus d'obtenir aujourd'hui ce que nous sommes en voie d'appeler une loi-cadre
pour tout le Québec, je pense que nous corrigeons cette lacune qui
sautait aux yeux dans le comté de Chauveau, et ça permettra
peut-être, à l'avenir, à d'autres municipalités de
se fusionner en vertu du nouveau projet de distribution des comtés
électoraux du Québec.
Je voudrais féliciter le ministre et le remercier au nom de la
population du comté de Chauveau et particulièrement du secteur de
Saint-Adolphe qui, par disparité locale, demeurait à environ 35
milles de la municipalité de l'ange-Gardien à laquelle elle
devait faire ses paiements ou remboursements de taxes foncières et qui,
pourtant, recevait tous les services, au niveau de l'entretien, des
égouts et des eaux de la municipalité des Cantons-Unis de
Stoneham et Tewkesbury.
Je pense que l'interlocuteur sera dorénavant le voisin le plus
près. Comme le disait tout à l'heure le chef
d'Unité-Québec, ça corrige un problème
socio-économique qui existait dans ce secteur. Et tout ça mis
ensemble, je pense que c'est à l'honneur du ministre qui est le parrain
de cette loi 274 et je l'en remercie.
M. LE PRESIDENT: La réplique de l'honorable ministre des Affaires
municipales.
M. Maurice Tessier
M. TESSIER: M. le Président, je voudrais, sur deux points
seulement, très brièvement, référer le
député de Rouyn-Noranda, qui parlait des bureaux
d'enregistrement, à l'article 2 qui, je crois, règle ce cas en
stipulant: "Lorsqu'un territoire est annexé à une
municipalité faisant partie d'une autre municipalité de
comté, il passe à la municipalité de comté dont
fait partie la municipalité qui l'annexe." Par conséquent, je
crois que cela résout le problème. La municipalité qui est
annexée passe dans l'autre comté pour toutes les fins juridiques,
en ce sens qu'elle appartient à un nouveau conseil de comté et
qu'elle relève du bureau d'enregistrement. Nous savons que le bureau
d'enregistrement est défrayé en partie par le conseil de
comté et les municipalités qui en font partie. Par consé-
quent, je crois que ça répond à la question du
député de Rouyn-Noranda.
En terminant ma réplique, je voudrais simplement souligner que je
déplore énormément que le leader de l'Opposition
officielle ait qualifié cette loi d'insignifiante alors qu'elle
s'appliquera d'une manière toute particulière à un
comité ci-devant de l'Union Nationale maintenant détenu par un
député de l'U.Q. qui, je crois, ne pensera pas, quant aux trois
municipalités qui le concernent, que cette loi est aussi insignifiante
que peut le prétendre le leader de l'Opposition officielle.
M. LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée? Adopté. Y
a-t-il lieu d'aller en comité?
UNE VOIX: Oui, en comité.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Affaires municipales propose
que je quitte maintenant le fauteuil et que la Chambre se forme en
comité plénier. Cette motion est-elle adoptée?
DES VOIX: Adopté.
Comité plénier
M. CARPENTIER (Président du comité plénier): A
l'ordre, messieurs! Bill 274, article 1.
M. PAUL: M. le Président, est-ce qu'on pourrait avoir le texte de
l'article 103 des lois de 1930?
M. le Président, j'ai formulé une demande. Elle est
sérieuse. Voici qu'on nous demande d'adopter un texte, l'article 28 du
code municipal remplacé par l'article 1 du chapitre 103 des lois de
1930. Il n'est pas dit: Qui a remplacé l'article 1 du chapitre 103.
C'est l'article 28 du code municipal qui va être remplacé par
l'article 1 du chapitre 103 des statuts de 1930. Malheureusement, je n'ai pas
eu le temps, l'occasion, la liberté, l'avantage de me rendre à la
bibliothèque je n'ai pas eu le temps pour connaître
quel est ce fameux texte que l'on veut, même s'il est de 1930,
insérer dans nos statuts de 1971. C'est pourquoi j'ai demandé au
ministre des Affaires municipales de me donner le texte de l'article 1 du
chapitre 103 des lois de 1930.
M. TESSIER: M. le Président, je suis tout à fait
étonné et je ne peux pas comprendre que celui qui, en cette
Chambre, il n'y a pas très longtemps, s'est vanté d'être un
des meilleurs légistes du Québec, même s'il n'a pas
plaidé à la cour Suprême,...
M. PAUL: M. le Président, je demanderais au ministre de
répondre à ma question.
M. TESSIER: ...et qui était, dans l'ancien gouvernement, ministre
de la Justice...
M. PAUL: M. le Président, sur un rappel au règlement. Si
le ministre a l'intention de jouer avec des "bebelles" ce soir, il va se
tromper. Je lui ai posé une question. Qu'il veuille donc me
répondre. Autrement, ça va être extrêmement long.
S'il se propose de faire ma biographie, s'il se propose de communiquer à
ses collègues toutes mes réalisations, je dis que mon
humilité va être blessée et on ne pourra pas rapporter
progrès à onze heures ce soir, lorsque nous allons ajourner.
M. TESSIER: M. le Président, le leader de l'Opposition officielle
n'a pas besoin de nous dire que cela va être long, parce qu'il a
déjà commencé depuis au-delà d'une heure à
parler pour à peu près ne rien dire. Lorsqu'il m'a
posé...
M. PAUL: M. le Président, sur un rappel au règlement.
Puis-je inviter le bon médecin vétérinaire,
député de Yamaska, à s'approcher de son ministre pour
être capable de le soigner véritablement? Je crois qu'il souffre
d'une maladie grave, ce soir, notre ministre des Affaires municipales, et le
seul médecin compétent qui puisse le guérir, je crois que
c'est un vétérinaire.
M. TESSIER: Au moins, M. le Président, il y aurait un espoir que
je sois guéri tandis que, dans le cas du leader de l'Opposition
officielle, il n'y a aucun espoir; il n'y a pas moyen de le
guérir...
M. PAUL: M. le Président, je dois vous dire qu'il y a deux choses
auxquelles...
M. TESSIER: ...que ce soit par un vétérinaire ou par
n'importe quel autre spécialiste.
M. PAUL: ...je ne crois pas: le médecin et la médecine.
Par conséquent, je ne pense pas que le ministre vient de faire une
grande déclaration, parce qu'il ne me fera pas changer de sentiment
à l'endroit de la médecine et des médecins. Tous ceux qui
me connaissent intimement savent que je suis en divorce depuis longtemps avec
la médecine et les médecins.
M. ROY (Beauce): M. le Président, une question de
règlement. Je ne vois pas du tout ce que les médecins
vétérinaires et la médecine peuvent faire dans le projet
de loi no 274. Alors, je vous demanderais de rappeler les honorables membres de
cette Chambre à l'ordre, afin qu'on puisse procéder avec
diligence.
M. PAUL: M. le Président, j'appuie la motion du
député.
M. TESSIER: Article 1, adopté.
M. PAUL: Non, j'ai posé une question. Je voudrais avoir une
réponse.
UNE VOIX: Un malade imaginaire, il n'y a rien à faire avec
ça.
M. LE PRESIDENT (Carpentier): Est-ce que l'honorable
député de Maskinongé soutient toujours sa demande?
M. TESSIER: M. le Président, pour répondre à la
question du leader de l'Opposition officielle, je disais justement. Comme
ancien ministre de la Justice, comment se fait-il qu'il puisse ignorer
l'article 1 du chapitre 103 des lois de 1930? Etant un légiste de grande
expérience, sans aucun doute, connaît-il toutes les lois. Si, par
hasard, il lui était arrivé d'oublier cet article, il n'a
qu'à consulter les statuts qui sont devant lui, à sa
disposition.
M. PAUL: M. le Président, je vous demanderais de lire, avec moi,
l'article, tel qu'il est rédigé: "L'article 28 du code municipal,
remplacé par l'article 1 du chapitre 103 des lois de 1930, est
modifié en retranchant, dans les troisième et quatrième
lignes, les mots "du même comté". Est-ce que l'honorable ministre
peut nous donner le texte de cet article? Ce n'est pas pour moi; c'est pour ses
collègues.
M. TESSIER: M. le Président, je suis réellement un peut
dépassé par les questions du député de
Maskinongé. On n'a qu'à lire l'article 28, tel qu'il a
été amendé. L'article 28 dit: "Le lieutenant-gouverneur
peut, par proclamation, à la demande du conseil de comté ou de
tout intéressé, annexer à une municipalité locale
voisine du même comté tout territoire ou toute partie de
territoire non organisé, etc." C'est cela. Il faut tout simplement faire
disparaître les mots "du même comté" afin que nous puissions
permettre à des municipalités de comtés voisins, à
des municipalités contiguës, de bénéficier des
dispositions du code municipal qui ont trait à l'annexion.
M. PAUL: M. le Président, est-ce qu'il va y avoir une
consultation au niveau des délégués de comté?
M. TESSIER: Au niveau des délégués de
comté?
M. PAUL: Oui.
M. TESSIER: Pourquoi?
M. PAUL: Pour procéder à l'annexion.
UNE VOIX: Les conseils de comté?
M. TESSIER: Non, les délégués.
M. PAUL: Comment, vous ne connaissez pas cela, les
délégués de comté, le conseil des
délégués?
M. TESSIER: Il n'y a pas de consultation, sauf entre les conseils
municipaux eux-mêmes. Cela, c'est un principe qui a toujours
existé. Ce sont les conseils municipaux qui décident, de leur
propre volonté, s'il doit y avoir annexion ou non, peu importe que le
conseil de comté y soit favorable ou non. Je crois que ce n'est pas le
conseil de comté, qui peut représenter 25, 30 ou 40
municipalités, qui peut décider de l'intérêt des
contribuables des deux municipalités concernées. Ce sont les
conseils, qui sont représentatifs et élus par les contribuables
de ces municipalités, qui sont les seuls aptes à décider
s'il doit y avoir ou non annexion ou fusion.
M. PAUL: Très bien. UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que l'honorable député de
Maskinongé veut toujours avoir le texte de l'article en question?
M. PAUL: M. le Président...
M. TESSIER: Aie! Aie!
M. PAUL: ... je regrette, cela fait longtemps qu'il l'a
donné.
M. TESSIER: M. le Président, s'il vous plaît, ne revenez
pas en arrière! Article 1, adopté.
M. PAUL: Bien oui, il l'a donné, cela fait longtemps.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. PAUL: J'ai remercié le ministre, d'ailleurs. Cela a
donné l'occasion à ses collègues de s'instruire.
M. LE PRESIDENT: Article 2?
M. ROY (Beauce): M. le Président, le député de
Rouyn-Noranda a posé une question, tout à l'heure, concernant les
bureaux d'enregistrement. Nous voulons savoir ce que fera le ministère
des Affaires municipales! Je sais que le ministère de la Justice a
également son mot à dire là-dedans. Lorsqu'une
municipalité change de comté, il est évident que les
personnes qui ont à faire relever les titres de leurs
propriétés ou à faire enregistrer des hypothèques,
des actes de vente ou autres, doivent s'adresser au nouveau comté. Mais,
une procédure est établie dans tout le Québec, c'est que
les dossiers restent dans l'ancien comté, autrement dit dans le
comté auquel la municipalité était rattachée
auparavant, ce qui oblige le propriétaire, qui veut faire enregistrer un
titre ou faire sortir un certificat de recherche, à s'adresser à
deux bureaux d'enregistrement, soit celui de l'ancien comté dont faisait
partie la municipalité et celui du nouveau comté.
Est-ce qu'il y a des dispositions de prises ou est-ce qu'on entend en
prendre pour corriger cette situation afin qu'on transfère tout
simplement les titres de propriété d'un bureau d'enregistrement
lorsqu'une municipalité change de comté?
M. TESSIER: Je crois que dans la pratique c'est impossible parce que,
selon ce qui existe présentement et ce qui a à peu près
toujours existé, les bureaux d'enregistrement sont basés sur les
limites des comtés électoraux. Or, les limites des comtés
sont modifiées de temps à autre, avec l'accroissement et les
mouvements de population, de sorte qu'il existe actuellement des
municipalités qui ont pu appartenir depuis 1867 à plusieurs
comtés. Le cadastre demeure le même. A titre d'exemple, vous avez
une immense terre qui était cadastrée sous un seul numéro
au bureau d'enregistrement, mais qui a été subdivisée,
resubdivisée et reresubdivi-sée en une quantité
considérable de numéros de lots. Or, il arrive qu'une partie de
ces nouveaux numéros de lots, à la suite de subdivisions, ont
appartenu à un comté; par conséquent vous allez faire vos
recherches à un bureau d'enregistrement et vous allez vous apercevoir
qu'en 1903 il n'y a plus rien, il n'y a aucune inscription au registre.
Pourquoi? Parce qu'à ce moment-là il y a eu une nouvelle
délimitation des comtés. Vous allez être obligé
d'aller au bureau d'enregistrement voisin pour continuer à faire
l'étude de vos titres de 1903 à 1927. En 1927, vous vous
apercevez que ça arrête là, qu'il y a encore eu une
nouvelle redistribution des comtés et que vous devez aller à un
troisième bureau d'enregistrement.
C'est ce qui a existé, c'est ce qui continue d'exister; c'est
bien difficile de trouver un moyen à moins que le député
soit en mesure de nous donner un système qui pourrait améliorer
la situation. Il y aurait peut-être possibilité à ce
moment-là de retranscrire en plusieurs exemplaires les inscriptions
précédentes pour qu'elles soient à la fois dans deux,
trois, quatre bureaux d'enregistrement. Ce serait peut-être une
méthode, mais ce n'est pas ma fonction en tant que ministre des Affaires
municipales de régler cette question. Peut-être, le ministre de la
Justice pourra étudier s'il y a lieu d'améliorer une telle
situation, ce qui pourrait faciliter les recherches au bureau d'enregistrement,
mais je ne crois pas que nous allons régler ce problème avec le
texte que nous avons devant nous, le projet de loi no 274.
M. LE PRESIDENT (Carpentier): Article 2, adopté?
M. ROY (Beauce): M. le Président, je voudrais revenir un peu sur
le sujet, non pas pour prolonger le débat ou engager une discussion
là-dessus, mais je pense que c'est un point extrêmement important.
Si on s'est permis de l'apporter à ce moment-ci, c'est parce que
l'occasion s'y prêtait très bien.
Etant donné tous les changements de structures municipales qu'on
veut faire, la réforme de la loi électorale et tout ça, on
va changer les limites de comtés. A l'heure actuelle il y a
déjà des problèmes suffisamment graves puisque des
personnes doivent payer jusqu'à $150 et même $200 pour faire
rechercher leurs titres de propriété alors que dans les
régions urbaines, à Montréal par exemple, même si on
change les limites des comtés urbains, les bureaux d'enregistrement
fonctionnent plutôt par région que par limite territoriale, par
district.
Je souligne tout simplement ce point en espérant qu'il sera
possible au ministre de la Justice, qui est ici, ainsi qu'au ministre des
Affaires municipales de se pencher sur le problème lorsqu'il y aura lieu
de revenir sur d'autres projets de loi semblables pour ce qui concerne le
changement de municipalités de comtés ou de limites de
comtés. Ainsi ce problème pourra être réglé
de façon avantageuse, alors qu'on est en train de le compliquer
davantage.
M. TESSIER: M. le Président, je crois savoir que la commission de
refonte du code civil étudie, entre autres, cette question et qu'elle
pourra probablement nous soumettre une solution qui pourra satisfaire le
député de Beauce.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je voudrais poser au ministre la question
suivante. Il a cité tantôt un cas concret où il pourrait y
avoir de telles annexions. Supposons que deux municipalités du
comté de Témiscouata annexent une municipalité du
comté de Kamouraska. Si j'interprète bien le texte de loi, la
municipalité du comté de Kamouraska devient une
municipalité du comté de Témiscouata, parce qu'elle a
été annexée par deux autres municipalités.
Indépendamment de la réforme de la carte
électorale, ceci voudrait dire c'est ma question et je voudrais
que le ministre me le confirme qu'advenant une élection
provinciale, indépendamment de toute réforme qui pourrait se
faire, cette municipalité qui a été annexée, ses
citoyens électeurs sont des électeurs du comté de
Témiscouata. Est-ce que le ministre voudrait me confirmer ça?
M. TESSIER: Cela va dépendre de la façon dont la carte
électorale va nous être présentée.
M. CLOUTIER (Momtmagny): Indépendamment de la carte
électorale.
M. TESSIER: Vous voulez dire s'il n'y avait pas de changement?
M. CLOUTIER (Montmagny): S'il n'y avait pas de changement.
M. TESSIER: S'il n'y avait pas de changement des limites des deux
comtés...
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui.
M. TESSIER: ... il pourrait fort bien arriver je ne sais pas, moi
que le comté divise la nouvelle municipalité en parties,
ce qui se présente dans les centres urbains où vous avez à
l'intérieur d'une même municipalité une rue qui, d'un
côté, est dans un comté et, de l'autre côté,
dans un autre.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le ministre n'a peut-être pas saisi.
M. TESSIER: Je n'ai peut-être pas saisi.
M. CLOUTIER (Montmagny): Ce que je voulais dire, c'est que la loi ne
s'applique pas aux centres urbains. Il s'agit de municipalités qui
relèvent des conseils de comtés, des municipalités qui
relèvent du code municipal.
J'ai posé l'hypothèse que les trois municipalités
j'aurais pu prendre aussi la municipalité de Saint-Adolphe et
l'autre...
M. HARVEY (Chauveau): L'Ange-Gardien.
M. CLOUTIER (Montmagny): ... L'Ange-Gardien. Mais je reste avec
l'exemple des deux municipalités du comté de Témiscouata
qui annexent la municipalité du comté de Kamouraska. Cela devient
une municipalité qui est dans le comté de
Témiscouata...
M. TESSIER: Un instant, là.
M. CLOUTIER (Montmagny): ... au point de vue de cette loi.
M. TESSIER: Non, qui est dans le conseil du comté de
Témiscouata, mais qui n'est pas dans le comté électoral de
Témiscouata. C'est ce que la loi dit.
M. CLOUTIER (Montmagny): Alors, aux fins du conseil de comté
seulement.
M. TESSIER: Seulement.
M. CLOUTIER (Montmagny): Cela veut dire qu'advenant une élection
provinciale, s'il n'y a pas de...
M. TESSIER: De changement de limites.
M. CLOUTIER (Montmagny): ... changement de limites territoriales, cette
municipalité du comté de Kamouraska, ses électeurs vont
continuer à voter dans Kamouraska.
M. TESSIER: Non, il y aura une partie qui votera dans Témiscouata
et une partie dans Kamouraska, s'il n'y a pas de changement de limites.
M. PAUL: Comment pouvez-vous, par un amendement à la loi
municipale, amender la Loi des collèges électoraux?
M. TESSIER: Justement, nous ne l'amendons pas. C'est ce que je viens de
dire. Ils changeront de conseil de comté, mais ils ne changeront pas de
comté électoral.
M. CLOUTIER (Montmagny): Mais pourquoi le ministre dit-il qu'une partie
de la municipalité... Le ministre s'est mal exprimé.
M. TESSIER: Non.
M. CLOUTIER (Montmagny): Cette municipalité du comté de
Kamouraska, celle qui a été annexée...
M. TESSIER: Elle va rester dans le collège électoral de
Kamouraska.
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est ce que je voulais que le ministre nous
dise.
M. PAUL: Ce n'est pas ce que vous aviez dit au début.
M. CHOQUETTE: Est-ce que je pourrais citer un exemple?
Je suis député du comté d'Outremont, qui comprend
la ville d'Outremont en grande partie, mais une partie de la ville d'Outremont
tombe dans le comté de Saint-Louis qui est le comté voisin. Je ne
vois pas ce que le changement va faire sur le plan des limites
électorales.
M. PAUL: Cela ne s'applique pas dans la ville de Montréal. Je ne
pense pas que la ville d'Outremont fasse partie d'un conseil de
comté.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le titre de la loi est Loi modifiant le code
municipal.
M. TESSIER: En d'autres termes, s'il y a lieu de clarifier davantage la
situation, le bill 274 ne change absolument rien à la loi
électorale provinciale et s'il n'y a pas de changement de limite, c'est
le statu quo qui demeure.
M. LE PRESIDENT: Article 2 adopté?
M. PAUL: Un instant.
M. HARVEY (Chauveau): Adopté.
M. PAUL: M. le Président, comment le ministre peut-il concilier
la déclaration qu'il vient de nous faire avec le paragraphe c) de
l'article 2, où on lit ceci: "Lorsqu'un territoire est annexé
à une municipalité faisant partie d'une autre municipalité
de comté, il passe à la municipalité de comté dont
fait partie la municipalité qui l'annexe"?
M. TESSIER: Bien oui, une municipalité de comté! Moi, je
ne comprends pas, M. le Président, que le député de
Maskinongé, légiste, ancien ministre de la Justice, soit aussi
ignorant de nos lois...
M. PAUL: J'en ai assez des "écoeuranteries" du ministre.
M. TESSIER: ...et ne puisse pas même faire la distinction entre
une municipalité de comté et un comté
électoral.
M. DEMERS: Ce n'est pas pareil. UNE VOIX: Bon! Un autre
légiste.
M. HARVEY (Chauveau): M. le Président, si vous me le permettez,
je vais illustrer par l'exemple...
M. PAUL: Non, non, on ne connaît rien là-dedans.
M. DEMERS: Assoyez le petit gars!
M. HARVEY (Chauveau): ...auquel je référais tout à
l'heure. Prenons comme exemple la municipalité de Saint-Adolphe. Cette
municipalité-là électoralement ou selon la division
des...
M. PAUL: Vous ne gagnerez rien avec ça.
M. HARVEY (Chauveau): ...comtés électoraux vote dans
Montmorency. Cependant, la loi no 274, permettra qu'un territoire contigu
à une municipalité qui n'appartient pas nécessairement au
comté soit fusionné à la municipalité, sans pour
autant changer de comté. Pour changer de comté, ça prendra
une autre loi que la loi no 274, s'appellera la loi du découpage de la
carte électorale. La loi no 274 permet maintenant à Saint-Adolphe
de s'en venir dans Chauveau, mais ça ne changera rien au vote, parce que
ce sera une autre loi qui leur permettra de voter dans Chauveau, si loi il y a
ou si le découpage électoral permet à Saint-Adolphe de
voter dans Chauveau.
M. DROLET: Le député de Chauveau est beaucoup plus clair
que le ministre. Qu'est-ce qu'on attend pour le nommer ministre?
M. VEILLEUX: Voilà !
M. CLOUTIER (Montmagny): Je voudrais poser une question. Je ne connais
pas la situation financière des municipalités en cause, mais
est-ce qu'il pourrait arriver qu'en les transférant à un autre
conseil de comté ce conseil de comté en subisse préjudice?
Supposons qu'une de ces municipalités-là aurait des
arrérages de taxes dus au conseil de comté, soit pour fins
d'unité sanitaire ou fins de répartition de la taxe
d'administration.
M. TESSIER: Dans l'article 3, on réfère à l'article
55. Or, l'article 55, justement, prévoit ce qui peut arriver dans le cas
où il peut y avoir redevance. Je réfère mon
collègue à l'article 55 du code municipal, qui prévoit la
situation qu'il vient de mentionner.
M. HARVEY (Chauveau): M. le Président, est-ce que l'article 2 est
adopté?
M. PAUL: Oh non, je ne le pense pas!
M. HARVEY (Chauveau): Pour ma part, je suis prêt à
l'adopter. M. le Président, est-ce qu'on vous dérange? L'article
2 est-il adopté?
Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 2 adopté. M. HARVEY (Chauveau):
Voilà.
M. LE PRESIDENT: Article 3, adopté. Article 4?
M. TESSIER: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 5?
M. TESSIER: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. le Président, j'ai l'honneur de faire rapport que votre
comité a siégé et qu'il a adopté en entier le bill
274.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Ce rapport est-il agréé?
Troisième lecture?
Troisième lecture
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Affaires municipales propose
la troisième lecture du projet de loi no 274. Cette motion de
troisième lecture est-elle adoptée?
M. PAUL: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. TESSIER: M. le Président, je fais motion pour mettre en
délibération le projet de loi 277, Loi de l'organisation
municipale de certains territoires.
UNE VOIX: Adopté.
Projet de loi no 277 Deuxième lecture
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Affaires municipales propose
la deuxième lecture du projet de loi no 277, Loi de l'organisation
municipale de certains territoires.
M. Maurice Tessier
M. TESSIER: M. le Président, l'honorable lieutenant-gouverneur de
la province a pris connaissance de ce projet de loi et il en recommande
l'étude à la Chambre. Ce projet de loi a pour objet de donner un
statut de municipalité à certains territoires non
organisés mais habités, en somme, des territoires comprenant un
grand hameau ou une agglomération de résidences, où il n'y
a aucun service. Ces territoires ne sont pas érigés en
municipalités et, dans la plupart des cas, vu leur importance peu
considérable, il n'est pas recommandable d'en faire des
municipalités.
Par contre, ces territoires, dans bien des cas, ne peuvent pas
bénéficier de l'aide gouvernementale; notamment du fait qu'elles
ne sont pas constituées en corporation, elles ne peuvent recevoir leur
part de la distribution de la taxe de vente. Elles ne peuvent pas j'ai
eu des cas bien concrets qui m'ont été soumis
bénéficier des subventions pour l'entretien des chemins d'hiver.
Je cherche le député de Laviolette...
M. LESSARD: Des loisirs.
M. TESSIER: ... qui présidait tout à l'heure ce
comité.
M. LESSARD: Des loisirs.
M. TESSIER: Il a un problème chez lui d'aqueduc et d'égout
à un endroit qui s'appelle le Quatre Milles, pas très loin de La
Tuque. Ils ne peuvent pas bénéficier de subventions, pour
permettre de desservir cette population, pour la protection contre l'incendie
et, en somme, de toute autre subvention de la part du gouvernement. Ce sont ces
territoires non organisés auxquels il y aurait lieu d'accorder un statut
de municipalité, c'est-à-dire que le code municipal
s'appliquerait dans ces territoires. Mais, au lieu d'avoir un conseil
municipal, il y aurait un administrateur ou représentant, si l'on veut,
du ministère des Affaires municipales qui agirait ou remplacerait, en
tout état de cause, un conseil municipal.
Par conséquent, il n'y aurait pas d'élection et, en vertu
des dispositions de ce projet de loi, l'administrateur pourrait, dans certains
cas, déléguer ses pouvoirs à un comité de citoyens
soit nominatif ou électif. Le projet de loi prévoit
également la légalisation, si je peux m'exprimer ainsi, de la
position, la situation ou le statut de certaines municipalités qui
existent dans l'illégalité depuis de nombreuses
années.
A titre d'exemple, la municipalité de Mont-Gabriel, dans le nord
de Montréal, que tout le monde connaît, est une
municipalité qui a été créée par une loi
spéciale et à laquelle s'applique la Loi des cités et
villes ou le code municipal. Mais dans la municipalité de Mont-Gabriel,
il n'y a qu'un seul et unique propriétaire. Il y a dans le Québec
quatre ou cinq cas semblables. Près de Québec, il y a, je crois,
un centre de ski où il n'y a qu'un seul et unique
propriétaire.
Evidemment, depuis l'existence de ces municipalités on n'y a
jamais tenu d'élections municipales pour la bonne et simple raison qu'il
était impossible physiquement de le faire. Il n'y a pas
de maire, il n'y a pas de secrétaire-trésorier, on n'a
jamais tenu d'assemblée ni de procès-verbal d'assemblée.
On s'y trouve parfois dans des situations où on veut faire des travaux
publics et on n'a pas de pouvoir d'emprunt à cause, justement, de la
situation illégale dans laquelle se trouvent ces municipalités.
Il n'y a pas de rôle d'évaluation, pas de taxes. C'est donc le
propriétaire, évidemment, qui fait ses propres dépenses,
qui installe ses propres services municipaux d'égout et d'aqueduc, de
pavage de rues, de trottoirs et d'éclairage, mais il connaît des
embêtements assez sérieux lorsqu'il vient emprunter sur le
marché public des obligations à cause de la situation
illégale dans laquelle cette municipalité se trouve.
C'est en vertu de l'article 16 que nous allons régler le cas.
C'est le but de la loi. Il s'agit en somme d'une loi qui a été
demandée depuis déjà plusieurs années par les
intéressés. Je sais que ces demandes sont en suspens depuis
plusieurs années puisque j'ai eu l'occasion, depuis seulement un an et
demi, environ, que j'ai l'honneur de diriger le ministère des Affaires
municipales, de rencontrer plusieurs de ces intéressés qui m'ont
déclaré qu'on attendait depuis longtemps un projet de loi pour
rectifier cette situation. C'est pourquoi la présente loi fait l'objet
de l'étude de cette honorable Assemblée.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Maskinongé.
M. Rémi Paul
M. PAUL: M. le Président, il s'agit d'un projet de loi qui sert,
en quelque sorte, de pont dans l'administration entre les dispositions de la
Loi des cités et villes et les dispositions du code municipal, beaucoup
plus cependant quant à l'application des articles du code municipal.
Il s'agit d'un projet de loi qui présente un caractère
d'intérêt public, Je sais qu'il y a beaucoup de territoires non
organisés, spécialement au fur et à mesure que des
territoires se développement autour de certains lacs qui sont à
des distances parfois assez éloignées des centres
organisés. Il s'agit donc de fournir des services à ces
résidants. Vous me permettrez, par exemple, de citer l'ancienne paroisse
de Saint-Igance-du-Lac, dans mon propre comté de Maskinongé.
Cette agglomération est située à dix milles au nord de
Saint-Michel-des-Saints et à exactement 85 milles de Louiseville.
Il s'agit de résidants qui ont subi l'inondation scientifique de
leur territoire à l'occasion du barrage de la Matawin, vers les
années 1927. Il est arrivé qu'au moment où on a
noyé ce territoire, beaucoup sont allés demeurer à
Saint-Michel-des-Saints et d'autres ont tenu quand même à vivre
sur place. Il leur est impossible de bénéficier des avantages des
subventions, des octrois, auxquels ils pourraient avoir droit comme tout autre
citoyen vivant dans une municipalité organisée.
C'est donc dire que c'est une loi à caractère social. Pour
cette loi, je vais féliciter le ministre des Affaires municipales. Il
aurait dû, ce soir, au lieu de nous présenter les deux autres
projets de loi, commencer par ce plat de résistance nos
délibérations de la soirée.
Certaines mesures nous surprennent cependant dans la loi. Mais ce qu'il
s'agit pour nous d'étudier dans le moment ce sont le ou les principes
qui sont à la base du bill 277. J'ai été fort surpris
d'entrendre le ministre des Affaires municipales affirmer que l'un des
principaux avantages de l'adoption de cette loi, c'est de permettre aux
résidants de ces territoires de bénéficier des subventions
du ministère de la Voirie. Or, on sait que le ministère de la
Voirie, de plus en plus, remet aux municipalités des chemins dont il
avait autrefois assumé la responsabilité et l'entretien.
Il sera intéressant de constater que les résidants de ces
territoires non organisés pourront bénéficier des
mêmes avantages, privilèges, subventions, octrois que ceux qui
vivent dans nos municipalités régies par le code municipal et
quelquefois, également, par la Loi des cités et villes.
Ce qui est un peu surprenant, c'est ce pouvoir absolu, total, que l'on
va accorder à celui-là qui aura été élu ou
choisi administrateur. Le lieutenant-gouverneur en conseil émettra des
lettres patentes déterminant que tel territoire, avec sans doute une
description géographique bien précise, sera maintenant
considéré comme territoire organisé au point de vue
municipal. Et je me demande si, pour tout le territoire, par exemple, de la
Côte-Nord, on ne nommera qu'un seul administrateur. La loi ne parle pas
d'administrateurs au pluriel, la loi parle d'un administrateur. Je verrais mal
un seul administrateur s'occuper de tous les problèmes municipaux du
territoire de la Côte-Nord. Je comprends qu'on pourra peut-être
fusionner ou, du moins, créer plusieurs on ne pourra pas les
appeler corporations municipales organisations municipales sur ce
territoire immense qu'est celui de la Côte-Nord.
M. LESSARD: Est-ce que l'honorable député me permettrait
une question?
M. PAUL: Certainement.
M. LESSARD: ... de quelle région exactement veut-il parler?
Est-ce qu'il veut parler de la Basse-Côte-Nord? Mais c'est
déjà organisé.
M. PAUL: Je comprends mais, dans la partie nord, ce n'est pas
complètement organisé. Le député du comté de
Saguenay sait fort bien qu'il y a dans cette partie de notre province de
nombreux territoires non organisés. A cause de la distance, il arrive
que des populations, peut-être 25 ou 30 personnes, vivent en groupe et ne
peuvent bénéficier, en aucune façon, des lois ou des
avantages prévus par nos lois parce
que ces territoires ne sont pas intégrés ou compris dans
un territoire fixé, déterminé par le code municipal.
M. le Président, les pouvoirs de certains administrateurs sont
quelque peu surprenants. J'ai été surpris d'entendre le ministre
nous dire que cet administrateur pourra déléguer ses pouvoirs. Il
pourra déléguer ses pouvoirs à un groupe nominatif ou
électif, si j'ai bien compris l'expression du ministre. Comment le
ministre peut-il concilier cette partie de sa déclaration avec l'article
6 où il n'y a que référence? Le deuxième paragraphe
dit bien "... il l'administrateur peut déléguer
tout ou partie de leurs pouvoirs aux personnes qu'il nomme à cette fin".
Je comprends que, lorsqu'il y aura une agglomération de 100 personnes ou
plus, il y aura un autre mécanisme d'administration qu'on appellera le
comité local.
Je présume que le ministre n'a pas fait la distinction qui
s'imposait et j'en déduis que. lorsqu'il a parlé de pouvoirs
électifs, c'était là où nous pourrons instituer des
comités locaux. Alors, il s'agit d'une réforme heureuse dans le
domaine municipal et point n'est besoin de vous signaler, M. le
Président, que les électeurs de votre comté en
bénéficieront, spécialement ceux de Quatre Milles. Si vous
en retirez des bénéfices et avantages pour vos électeurs,
je ne sache pas que les députés soient nombreux qui ne
bénéficieront pas des avantages de cette loi au
bénéfice de leurs commettants.
Je sais que cette loi ne pourra pas trouver champ d'application dans les
territoires bien organisés comme la métropole. Je suis sûr
que le député de Bourget ne pourra pas faire des
représentations auprès du ministre des Affaires municipales pour
que le projet de loi que nous étudions présentement et portant le
numéro 277 puisse s'appliquer chez lui. Qu'est-ce à dire du
député de Saint-Jacques?
M. CHARRON: Ah!
M. PAUL: C'est possible, M. le Président, quand on sait quelle
évolution se produit dans le comté de Saint-Jacques qui, de plus
en plus, devient un comté de déménagement. Le comté
de Saint-Jacques, à Montréal, subit des transformations
quotidiennes. Nombreuses sont les églises qui sont fermées dans
ce comté.
M. LACROIX: De toute façon, cela le fait...
M. PAUL: Je n'ai pas l'intention, M. le Président, de faire un
grand discours sur la religion, ou la catéchèse, ou les moeurs,
ou le sexe.
M. CHARRON: La drogue.
M. PAUL: Mais je sais que le député de Saint-Jacques
réalise qu'il y a dépeuplement de son comté. Et lorsque
l'autoroute est-ouest aura complété ce déménagement
massif, il est à craindre que nous perdions définitivement le
député de Saint-Jacques.
M. CHARRON: Sur une question de privilège, M. le
Président. Resterait-il à peine une centaine d'électeurs
dans le comté de Saint-Jacques, je suis convaincu que je viendrais les
représenter à nouveau en cette Chambre!
M. PAUL: M. le Président, c'est donc dire qu'il n'a pas beaucoup
confiance en cette réforme électorale que lui et son parti
prêchent. Il serait même disposé à ne
représenter que 100 électeurs dans cette Chambre.
M. CHARRON: C'est juste un peu moins que ceux que vous
représentez, vous.
M. LE PRESIDENT: Je prierais les honorables députés de
s'en tenir au bill que nous discutons présentement.
M. PAUL: M. le Président, je vois le député
d'Ahuntsic qui est de retour parmi nous. C'est un autre député
qui ne pourra pas bénéficier des avantages de cette loi qui nous
est présentée par son collègue, le ministre des Affaires
municipales.
C'est une législation qui s'imposait. Je sais que le
prédécesseur du ministre actuel, l'ancien député de
l'Assomption, s'était penché sur ce problème. Je ne dis
pas que ce soit une législation de son cru, non, pas celle-là.
Cette législation même si elle était
envisagée nous est présentée ce soir dans un texte
où je reconnais toujours la compétence des fonctionnaires qui
travaillent autour du ministre.
C'est un projet de loi qui nous réjouit...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Et Dieu sait si c'est nécessaire qu'il
y ait des fonctionnaires!
M. PAUL: Je sais que le ministre a compris l'excellente remarque que
vient de faire le député de Chicoutimi.
Je dis que c'est une législation que nous allons appuyer. En
comité plénier, nous aurons quelques renseignements à
demander au ministre qui, je l'espère, ne nous taxera pas de mauvaises
intentions si nous voulons satisfaire notre curiosité légitime
par souci que nous avons d'informer adéquatement nos électeurs et
spécialement ceux qui pourront tirer bénéfice et avantage
de cette législation.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Rouyn-Noranda.
M. Camille Samson
M. SAMSON: M. le Président, j'ai écouté avec
beaucoup d'attention les propos du ministre concernant cette loi no 277. J'ai
écouté avec tellement d'attention qu'à un moment
donné je me suis demandé si le ministre ne venait pas de
découvrir de petits paradis terrestres où il y avait des
gens qui n'étaient pas encore taxés, qu'il fallait absolument
trouver le moyen d'aller taxer.
Quand on parle de territoires non organisés, cela
m'intéresse grandement. Dans le comté que j'ai l'honneur de
représenter en cette Chambre, j'ai dix-sept paroisses non
organisées. Si le ministre voulait réellement faire de la
consultation, il s'apercevrait que les résidants de ces territoires non
organisés ne demandent pas à être organisés. Si le
ministre se dérangeait pour aller leur demander ce qu'ils en pensent,
ces gens s'empresseraient sûrement de demander au ministre de s'en
retourner à Québec et de les laisser tranquilles, même si
on dit que, dans ces territoires non organisés, il n'y a pas de services
municipaux, tels les services d'aqueduc, d'égouts, d'incendie ou encore
les services d'ouverture des chemins d'hiver, etc.
M. le Président, ce qui importe pour ces gens, c'est de savoir ce
qui leur rapportera le plus: les services qu'ils n'ont pas et qu'ils ne
recevraient peut-être pas plus ou la taxe qu'ils vont être
obligés de débourser sans peut-être recevoir plus de
services qu'ils n'en reçoivent présentement. Cela, c'est
important. Si les résidants de ces paroisses croyaient
sincèrement pouvoir retirer des avantages à s'organiser en
municipalités, je les connais suffisamment pour savoir qu'ils sont assez
intelligents et qu'ils l'auraient demandé eux-mêmes. Ils
n'attendraient sûrement pas d'y être obligés par une loi qui
est, quand même, une sorte d'obligation.
Si le ministre décide qu'il va organiser tel ou tel territoire,
ça va se faire comme ça. C'est ce qu'il nous a dit, c'est ce qui
est marqué dans la loi.
Il est bien dit dans les notes explicatives que, "ce projet a pour
principal objet de permettre au gouvernement d'implanter cela ne veut
pas dire d'essayer, cela ne veut pas dire d'aller voir si les gens en veulent
une organisation municipale locale dans les territoires où il
n'en existe pas..."
Dans le comté que je représente et dans les comtés
qui sont représentés par les honorables députés
d'Abitibi-Est et d'Abitibi-Ouest, ainsi que dans le comté de
Témiscamingue et dans l'ensemble du territoire du Nord-Ouest
québécois, nous avons encore une multitude de paroisses non
organisées. Et dans ces paroisses non organisées quoi
qu'en dise le ministre lorsqu'il nous parle de redistribution, de taxe de vente
possible si ces territoires étaient organisés en
municipalités, d'un retour possible de la taxe de vente les
résidants, en collaboration avec les conseils de comté, sont
suffisamment intelligents pour pouvoir retirer et récupérer une
partie de cette taxe de vente par le truchement de leur conseil de
comté. Ce n'est sûrement pas avec l'appât de cette taxe de
vente qu'on pourra faire croire à ces gens-là qu'il faut aller
les organiser en municipalités.
Il y a également la question des subventions. M. le ministre a
largement évoqué la question des subventions. Subventions, par
exemple, dans le domaine de la protection contre les incendies. Imaginez-vous
donc, quand vous avez un territoire qui est non organisé, un canton
complet vous savez ce que c'est, 10 milles d'un côté, 10
milles de l'autre, un village au milieu et la campagne autour même
si le ministre peut se gargariser avec l'octroi d'un service de pompiers et
qu'on installerait un camion d'incendie en plein milieu du village, on sait que
ce n'est pas facile pour ces régions d'organiser des services d'aqueduc
et des services d'égout. Quand la grange du cultivateur qui reste au
fond du dernier rang va prendre en feu, le camion n'aura même pas le
temps de partir que la grange va être brûlée. Ce n'est
sûrement pas avec les subventions du ministre qu'on va régler le
problème de ces gens-là.
Est-ce que le ministre leur offre des subventions pour essayer de les
tenter davantage ou est-ce que ces subventions vont pouvoir servir à
acheter l'eau au seau pour aller éteindre les feux dans les paroisses
dites non organisées? Il y a deux choses dans les paroisses non
organisées: le village et la campagne. Même si on veut dire que
cette loi permettrait de donner davantage de services municipaux à ces
municipalités non organisées ou à ces territoires non
organisés, il demeure un fait, c'est que le village, lui, peut organiser
des services d'aqueduc, des services d'égout, mais il n'est pas
physiquement possible d'aller organiser la même chose dans la campagne,
c'est-à-dire dans les rangs où les cultivateurs, eux aussi,
seraient appelés à payer des taxes en vertu de la nouvelle loi du
ministre, alors qu'ils ne recevraient pas les services.
Et là le ministre viendra me dire: Oui, mais on pourrait
probablement faire une municipalité pour le village et une autre
municipalité pour la campagne. En même temps qu'on nous parlerait
peut-être de faire une municipalité pour le village et une
municipalité pour la campagne, le ministre en profite ces jours-ci pour
nous présenter une loi pour permettre ou pour encourager la fusion des
municipalités. Avez-vous déjà vu ça?
On veut fusionner tout le monde, on veut en même temps organiser
des territoires qui ne le sont pas et on nous dira que pour rétablir
l'équilibre entre les villages et les campagnes, il faudra faire deux
sortes de municipalités, sinon il n'y aura pas d'équilibre. A
quel moment est-on logique dans ce ministère des Affaires municipales?
C'est ce que nous demandons au ministre des Affaires municipales.
Et qu'il vienne nous dire aussi de quelle façon il a
consulté. Quelles sont les paroisses qui ont été
consultées? Quels sont ceux qui ont demandé que cette loi soit
mise en application? Quelles sont les paroisses qui ont exigé qu'on
arrive avec une telle loi pour les obliger à s'organiser en territoires
qui sont l'équivalent d'une municipalité?
Il y a une autre chose aussi dans le bill qui est assez importante et
assez intéressante à lire.
Alors qu'on sait que, dans toutes les petites municipalités qui
sont actuellement organisées, vous avez le maire qui dans plusieurs cas
retire comme salaire annuel $400 par année, on veut faire beaucoup mieux
que ça. On veut prendre des territoires qui ne sont pas
organisés, on veut faire des municipalités avec ça ou
l'équivalent d'une municipalité, on va envoyer un administrateur.
Imaginez-vous donc, un administrateur qui va partir de Québec pour aller
administrer ce monde-là, avec un gros salaire. Puisqu'il ne vise pas les
mêmes buts qu'un maire de municipalité, il n'ira sûrement
pas dans la nouvelle municipalité au même salaire que le maire de
petites municipalités, à $400 par année.
Cela veut dire, M. le Président, qu'on aura à verser des
salaires à des administrateurs. Ce qu'il y a de pire dans la loi, c'est
qu'une fois que le gouvernement et c'est sérieux aura
décidé d'ériger des municipalités, on ira taxer
tout ce monde-là, puis on remboursera les dépenses de
l'administrateur, avec les taxes des gens qui n'étaient pas taxés
avant. C'est comme ça que l'on va mener ça, M. le
Président.
Il y a quand même des limites à vouloir se fouter des gens
et de la population du Québec. M. le Président, ces
administrateurs, on n'en a pas dans les autres municipalités; pourquoi
exigerait-on et permettrait-on à ce genre d'administrateur d'aller
administrer les petits territoires qui ne sont pas encore organisés?
C'est tout simplement ça, M. le Président, que nous avions
à expliquer au ministre des Affaires municipales et je suis certain que,
si ce dernier se décide à faire de la consultation, il va
lui-même rappeler son bill, qui ne rendra sûrement pas service
à cette population qui habite présentement ces territoires non
organisés. Plus, quand on parle de rembourser les dépenses, le
ministre peut se permettre, en vertu du bill que nous avons devant nous, de
décider lui-même quels seront les membres du comité local.
Regardez bien ça, M. le Président, je n'ai pas le droit de vous
citer les articles, mais il y a cinq membres que le ministre peut nommer, une
fois qu'il aura décidé qu'un tel territoire sera à
l'avenir organisé en municipalité. Le ministre pourra nommer cinq
personnes qui deviendront, par pouvoirs délégués, des
administrateurs pour quatre ans.
Imaginez-vous donc! on va le nommer, on appelle ça de la
démocratie. On viendrait me dire que c'est un comité de patroneux
dans les paroisses, je dirais que ç'a du bon sens, parce que ça
ressemble à ça, M. le Président. Si le ministre se
réserve tous les pouvoirs, c'est qu'il peut faire tout avec ça.
La population, dans une région donnée, dans une paroisse
donnée, a quand même le droit de décider du comité
de paroisse. Je peux vous dire, M. le Président, que ces gens-là
n'ont pas attendu que le ministre amène une loi devant le Parlement pour
former des comités de paroisse. Il y en a dans mon comté des
comités de paroisse, dans toutes les paroisses du comté de
Rouyn-Noranda.
Justement, M. le Président, ce soir nous avons la visite de gens
de ce comté, pas tous ceux qui sont dans les galeries évidemment,
mais quelques-uns d'entre eux représentent le comté de
Rouyn-Noranda. Certains d'entre eux sont des membres de ces comités; ils
sont élus par la population de ces territoires donnés. Quand on
parle de territoires donnés, ce sont quand même des paroisses
reconnues, des paroisses qui sont assez bien organisées.
Elles ont les services qu'à peu près toutes les autres
paroisses organisées près d'elles ont, avec cette seule
différence cependant que les systèmes d'aqueduc et d'égout
ne sont pas développés, mais avec aussi cette grosse
différence qu'ils n'ont pas de taxes à payer. Et c'est pour cette
raison que j'ai moi-même fait le tour de mon comté, que j'ai
moi-même consulté les gens en leur demandant ce qu'ils
préféraient: Est-ce que vous préférez rester tels
que vous êtes là en ne payant pas de taxes ou devenir une
organisation municipale en étant taxés?
La réponse a été, M. le Président quasi
unanime: Gardez vos taxes pour vous autres, puis on va arranger nos
problèmes. C'est encore plus facile que d'être obligés de
payer pour obtenir des choses qu'on n'aura peut-être pas. Quand
même, ce n'est pas parce que le ministre leur promet que ça va
leur donner des subventions au domaine de la protection des incendies; ce n'est
pas parce que le ministre leur promet que ça peut leur donner des
subventions dans le domaine de l'organisation de services d'aqueduc et
d'égout; ce n'est pas parce que le ministre leur promet ça qu'ils
vont l'avoir automatiquement.
Non, M. le Président, parce que justement des
municipalités sont organisées dans le même comté que
je représente; à Noranda, il y a une municipalité qui est
organisée et, à Noranda-Nord, on n'a pas encore de système
d'égout.
Le conseil de ville de Noranda demande des subventions, et ça
trame depuis des années. On va à un ministère, on va
à un autre; on essaie d'arranger cela pour que ce soit à frais
partagés. De toute façon, un problème demeure: il n'y a
encore rien de réglé et ces gens-là paient des taxes, tout
comme s'ils avaient les services. Vous allez me dire que cela dépend de
la municipalité? Oui. La municipalité a ses
responsabilités, mais, s'ils n'étaient pas organisés en
municipalités, ces gens-là n'auraient pas plus de services
qu'aujourd'hui, mais, au moins, ils ne paieraient pas de taxes. Quelle serait
la différence entre ne pas être organisé et payer des taxes
ou ne pas être organisé et ne pas payer de taxes? C'est cela, la
différence et c'est cela que pensent les gens du comté de
Rouyn-Noranda, D'Abitibi-Est, d'Abitibi-Ouest, de Témiscamingue et des
autres régions de la province de Québec, qui sont quand
même aussi importantes, où il y a des territoires non
organisés.
Il y a aussi tout l'aspect des villages ou des arrondissements où
il y a des endroits de
villégiature, qui ne sont pas compris dans les territoires
organisés, qui ne sont pas régis en vertu de la Loi des
municipalités et qui ne paient pas de taxes municipales. Je suis certain
que, si le ministre nous amène une telle loi, c'est parce qu'il a des
intentions derrière la tête, c'est parce qu'il veut aller taxer
là où on n'est pas taxé présentement. Je suis
persuadé que, même avant que la loi ne soit adoptée, le
ministre a déjà organisé des équipes pour aller
voir là où ce serait payant d'organiser les territoires là
où ce serait payant d'aller taxer les gens. C'est cela qu'on veut
éviter à la population que nous représentons, parce que
cette population a quand même des droits.
Cette population s'est toujours dépannée et n'a jamais eu
besoin du ministre des Affaires municipales. Dans mon comté, il y a des
paroisses qui ont été fondées en 1925, en 1930 et en 1935.
Ce n'est sûrement pas avec le ministère des Affaires municipales
qu'on les a ouvertes et ce n'est sûrement pas, non plus, avec ce
ministère-là qu'on leur a permis de vivre depuis ce
temps-là. Si le ministère avait été là,
probablement que les villages seraient vides aujourd'hui et que les paroisses
se videraient encore plus rapidement.
Partout où le ministre se met le nez présentement, il y a
de la pagaille. On reçoit des lettres de partout. D'un
côté, le ministre veut forcer à se fusionner des paroisses
ou des municipalités qui ne veulent pas le faire. D'un autre
côté, c'est autre chose. On parle de communautés urbaines
et on reçoit des lettres avec des résolutions des conseils
municipaux qui n'en veulent pas, de ces fusions ou de ces communautés
urbaines.
Quand même, le ministre est encore prêt à fusionner
tout ce monde-là. Un bill viendra tantôt qui encouragera les
fusions. Le ministre a dit que ce ne sera pas obligatoire. Je sais que ce ne
sera pas obligatoire; seulement, il y aura des bonis pour ceux qui voudront se
fusionner et il n'y en aura pas pour ceux qui ne voudront pas se fusionner.
Quand il y a un boni, quand il y a une prime, cela encourage à se
fusionner. Cela équivaut à présenter le bonbon et, quand
le bébé s'en vient, on retire le bonbon, parce que c'est le
bébé qu'on veut attraper. C'est ce que le ministre fait avec la
loi qu'il va nous présenter.
C'est encore cela que le ministre fait présentement avec la loi
277 que nous avons devant nous. Il présente des choses; c'est
l'appât du gain. Il nous montre cela tellement beau qu'il espère
que la population du Québec va mordre; il espère que la
population des comtés ou des paroisses non organisés va mordre.
Mais, aussitôt qu'on aura le malheur de mordre à l'appât du
ministre, c'est à ce moment-là que va se refermer la trappe et
c'est à ce moment-là que les citoyens s'apercevront qu'une fois
de plus c'est encore à Québec qu'on passe les pires
"Québecs".
M. LE PRESIDENT (Carpentier): L'honorable député de
Saguenay.
M. Lucien Lessard
M. LESSARD: M. le Président, à l'époque des
cavernes il n'y avait pas de taxes, il n'y avait pas de territoires
organisés. Aujourd'hui, on est quand même dans une autre
époque. Nous sommes au XXe siècle et nous savons qu'il existe des
territoires non organisés. Nous savons que la loi
présentée ne plaira pas à tout le monde. Il serait facile
de faire de la démagogie, de dire que ces gens-là ne veulent pas
payer de taxes et qu'une fois organisés ils vont être
obligés de payer des taxes.
Il serait facile, en faisant de la démagogie comme le
député de Rouyn-Noranda en a fait tout à l'heure, de dire
que ce projet de loi ne correspond pas à la réalité. Pour
ma part, j'ai, dans mon comté, dans ma région, des territoires
qui ne sont pas organisés, des territoires qui ne peuvent pas profiter
des services que peut leur accorder actuellement le gouvernement provincial,
que ce soit au niveau des loisirs, que ce soit au niveau des services
municipaux, que ce soit au niveau de tous les services possibles, ils ne
peuvent pas profiter de ces services-là.
Ils doivent subir une situation dans laquelle certains sont quand
même actuellement heureux mais la majorité des gens de ces
municipalités commencent à prendre conscience qu'ils ne peuvent
plus fonctionner comme ça, ils commencent à prendre conscience
que ça prend des plans de construction à l'intérieur de
ces municipalités, ils commencent à prendre conscience des
problèmes que pose le système d'égout qui est
laissé à l'initiative privée, au:: individus. Et quand un
propriétaire reçoit les égouts du voisin, il commence
à se poser des questions sur le fait qu'il ne peut établir les
lois, qu'il ne peut s'organiser en municipalité.
Pour ma part, je ne veux pas du tout revenir à l'époque
des cavernes, je pense que ces territoires ont besoin de certains services
essentiels que peut leur accorder le gouvernement. Il est certain qu'il y aura
une opposition de la part d'une partie de ces gens là, pas de tous les
habitants de ces territoires mais d'une partie parce qu'en
réalité, ils sont toujours obligés de quémander au
gouvernement, sous forme de subventions indirectes, de l'argent qu'ils
pourraient normalement retirer s'ils étaient organisés en
municipalités.
Il y a une autre raison qui est encore plus importante et qui justifie
ce projet de loi. Pourquoi, au lieu de diminuer, ces territoires non
organisés augmentent-ils, et, en particulier, près des villes? Je
donne simplement un exemple: près de Port-Cartier, il s'en vient
prochainement un développement dans notre région. Il y a des gens
qui ne pensent pas qu'en s'installant dans une ville donnée la valeur
marchande de leur maison, par exemple, sera plus importante que s'ils
s'installaient à quelques milles plus loin. Il y a des gens qui ne
pensent pas à ça. Pensant aux taxes qu'ils devront payer en
s'installant dans une région déjà organisée,
ils
vont tout simplement aller s'installer à six, sept ou huit milles
plus loin. Avec quelles conséquences? Avec la conséquence, en
tout cas, dans notre région, que nous aurons, tôt ou tard,
quantité de petits territoires comme ça qui se créeront,
qui se formeront et qu'il faudra regrouper tôt ou tard, que la ville de
Port-Cartier, par exemple, en particulier, sera obligée de regrouper,
à qui la ville devra, tôt ou tard, donner des services lorsque le
regoupement se fera. Et ça coûtera combien au Québec? Alors
qu'on pense actuellement, dans la région de la Gaspésie, par
exemple, à déménager des gens par suite du fait que des
territoires ne peuvent plus vivre à cause du manque de ressources,
à cause du manque de richesses, va-t-on laisser continuellement encore
la possibilité à des gens d'aller s'installer là où
ils le désireront parce qu'ils n'auront pas à payer de taxes?
M. le Président, ça devient, je crois, un problème
extrêmement urgent dans ma région de faire en sorte que ces
municipalités puissent être organisées, que ces
municipalités puissent obtenir des services, que ces gens-là
puissent être taxés. Dans certaines régions données,
en tout cas dans ma région, devant les conséquences qu'apportait
le fait que ces municipalités n'étaient pas organisées,
librement ces gens-là ont accepté de se taxer pour se donner des
services.
Je crois que, de plus en plus, ces gens prennent conscience de la
nécessité d'une telle loi.
D'ailleurs, lorsque le bill 277 a été
déposé, pour ma part, je m'en suis réjoui parce que je
sais que, dans ma région, il y a des municipalités qui demandent
ce projet de loi depuis trois, quatre et cinq ans. Ces municipalités
vont pouvoir maintenant s'organiser. Cependant, j'ai quand même, moi
aussi, certains points d'interrogation concernant ce projet de loi. Je sais
qu'il a été déjà expérimenté sur la
basse Côte-Nord.
En ce qui concerne l'administration qui sera nommé, je me pose
des questions sur la façon dont il sera nommé. Je me pose des
questions sur les normes et les critères de nomination de cet
administrateur. Si cet administrateur est nommé, sans consultation avec
les populations concernées, par le ministère des Affaires
municipales, est-ce que cela ne sera pas un moyen, encore une fois, pour le
gouvernement de créer ou d'établir un certain contrôle sur
chacune de ces municipalités? Pour ma part, ce point doit...
M. TESSIER: Est-ce que le député me permettrait une
question?
M. LESSARD: Oui.
M. TESSIER: Le député de Saguenay a, dans son
comté, la municipalité de la Basse Côte-Nord...
M. LESSARD: Ce n'est pas dans mon comté, mais disons que c'est
dans la région.
M. TESSIER: Non?
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est dans le comté de Duplessis.
M. TESSIER: Ah! Ce n'est pas dans son comté. D'accord.
M. CLOUTIER (Montmagny): Posez la question.
M. TESSIER: Le député sait, tout de même, que ce
n'est pas très loin de chez lui. Il y a la municipalité de la
Basse Côte-Nord qui a 500 milles de longueur. Est-ce qu'il croit que cela
ne fonctionne pas normalement dans cette municipalité?
M. LESSARD: Je crois que certains problèmes sérieux se
sont posés en ce qui concernait la consultation auprès de la
population. Je crois que c'est là un problème sérieux dans
cette loi. Ê faut savoir quels seront les critères, les normes de
nomination. Est-ce que cette personne viendra de la région
donnée? Ce n'est pas parce qu'il existe un fonctionnaire, au niveau des
Affaires municipales, qui a travaillé, qui a pris une certaine
expérience au niveau gouvernemental ici à Québec, qu'elle
est qualifiée pour aller administrer les territoires de nos
régions. Ce n'est pas du tout la même chose. Je pense que, dans
nos régions, il existe des gens qui pourront prendre cette
responsabilité. Déjà, au niveau de ces
municipalités, il y a des gens qui ont commencé à animer
la population; ils ont créé même des services au niveau de
la population. La façon dont sera nommé l'administrateur, pour
moi, c'est très important.
Quels seront aussi les pouvoirs de cet administrateur? Si je comprends
bien, au niveau des municipalités ou des villages, il va y avoir, en
tout cas, dans ma région probablement, pour le Saguenay, un
administrateur qui sera certainement responsable de cinq
municipalités.
Ces cinq municipalités devront élire des
représentants ou ces représentants seront nommés par
l'administrateur.
Je pense qu'il est important de faire en sorte que la population
participe à la nomination de ses administrateurs. Il faut quand
même lui donner, à cette population, l'habitude du système
démocratique à l'intérieur de ses propres
municipalités. Il faut donner à cette population la
possibilité de pouvoir influencer les décisions, à la fois
du délégué provincial et à la fois des
administrateurs locaux.
Ce sont là les quelques questions que je voulais soulever.
D'ailleurs j'y reviendrai au niveau du comité plénier. Mais je
pense que c'est là un projet de loi social, comme le disait le
député de Maskinongé, un projet de loi extrêmement
important, un projet de loi du
vingtième siècle, non pas un projet de loi de
l'époque des cavernes. Nous autres aussi, nous payons des taxes, parce
que nous avons un gouvernement. Nous payons des taxes justement pour obtenir
des services. Je pense que ces municipalités ne sont pas plus
bêtes que les autres populations et qu'elles sont capables de constater
et de comprendre que si leurs administrateurs ont le pouvoir de les taxer,
c'est dans le but de pouvoir leur donner des services. Alors, pour autant, M.
le Président, que la participation de la population pourra se faire
sentir à l'intérieur de cette administration, je suis
complètement d'accord sur le projet de loi. Je pense même que cela
faisait tellement longtemps que ces municipalités l'attendaient que nous
devons pour une fois, quand même, féliciter le ministre des
Affaires municipales nous n'avons pas l'occasion de le faire souvent
pour l'avoir présenté.
M. LEDUC: Très bien, très bien!
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Chicoutimi.
M. Jean-Noël Tremblay
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je me demandais si je
participerais à ce débat. Mais ayant entendu le discours
préhistorique du député de Rouyn-Noranda, je crois de mon
devoir de rappeler certaines notions essentielles qui regardent ce qu'on
appelle l'organisation de la cité.
M. LEDUC: Très bien!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Que le député de Rouyn-Noranda
ne se méprenne pas lorsque je parle de la cité. Je ne
réfère pas au terme tel que le veut l'acception que l'on
reconnaît dans la codification de nos lois, la Loi des cités et
villes. Il s'agit de l'organisation des groupes humains, du corps humain
organisé. Je ne parle pas du corps humain physique, au sens individuel
du terme. Il faut tout expliquer ici.
M. LAURIN: Il n'y a pas assez de détails. Donnez-en encore.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'en donnerais encore, M. le Président,
mais cela allongerait le débat.
J'ai été extrêmement surpris d'entendre un
député de cette Chambre s'opposer à une mesure dont le
moins qu'on puisse dire est qu'elle est progressiste, qu'elle s'inscrit dans la
continuité de ces diverses démarches que nous avons poursuivies
afin de doter notre société de structures, d'organismes et de
mécanismes qui permettent un mieux-être de la
société québécoise.
Voilà que, ce soir, on s'oppose à un projet de loi sous
prétexte que l'Etat irait encore une fois s'ingérer, dit-on, dans
les affaires privées d'un groupe de gens dont on nous a dit et
Dieu sait avec quelle éloquence qu'ils n'en veulent pas.
De deux choses l'une, ou l'Etat a un rôle à jouer et il
s'occupe de tous les citoyens ou l'Etat n'a rien à voir à
l'organisation de la société et à sa vie et il laisse ces
gens s'organiser comme ils le veulent. Ou bien, se référant aux
notions modernes et aux exigences actuelles, l'Etat a un rôle à
jouer, il intervient et il intervient à tous les paliers de
l'organisation de la cité, de l'organisation sociale. C'est ce que nous
propose le projet de loi.
Il y a à l'heure actuelle dans le Québec des territoires
dits non organisés. On a rappelé tout à l'heure, je ne
sais trop pourquoi, que vivent là des gens qui ne paient pas de taxes et
que le gouvernement, par ce projet de loi, se proposait de leur sauter dessus
pour les obliger à payer des taxes. Est-ce qu'il y a des services dans
ces territoires non organisés? Est-ce que dans ces territoires non
organisés il y a des gens qui ont besoin de services? C'est la question
qu'il faut se poser. Je crois que la réponse est très simple,
c'est oui.
Quand bien même on me dirait qu'on est allé visiter tous
ces gens, qu'on les a tous consultés individuellement et qu'ils auraient
dit: Non, je n'en croirais pas un mot. Cela, ce n'est même pas de la
rhétorique, c'est de la démagogie creuse, c'est du verbalisme
électoral, point final.
Il y a dans cette Chambre des députés, ceux du ralliement
des bérets blancs, qui passent leur temps à demander que le
gouvernement donne de l'argent à tout le monde, à tous les gens
défavorisés, à tous les nécessiteux, à
toutes les personnes qui sont dans le besoin. C'est normal et légitime.
Mais, dès que le gouvernement veut intervenir pour mettre de l'ordre
dans les mécanismes, dans les structures qui permettent d'en arriver
à ce qu'on appelle la justice distributive, on crie à
l'étatisation, on crie à l'invasion du gouvernement.
M. ROY (Beauce): Est-ce que le député de Chicoutimi permet
une question?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Si vous la posez en français, je vais
répondre.
M. ROY (Beauce): Est-ce que vous avez parlé de justice
distributive?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, c'est ça. M. ROY (Beauce): C'est
bien.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Bon, alors, le député ne sachant
pas ce que c'est la justice distributive...
M. ROY (Beauce): Il faudrait que vous nous l'expliquiez, qu'est-ce que
c'est, selon vous, la justice distributive? Est-ce que c'est la taxation
distributive?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, vous pensez bien que
je ne vous ferai pas l'injure de vous expliquer ce qu'est la justice
distributive. Vous pensez bien que je ne ferai pas l'injure aux catholiques que
sont les députés du ralliement des bérets blancs de leur
expliquer ce qui se trouve dans le petit catéchisme au chapitre de la
justisce. Alors, je présume qu'ils savent ce que c'est la justice
distributive.
M. HARDY: C'est du thomisme.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est du thomisme, mais enfin...
M. BROCHU: Ne me dites pas que vous lisez encore votre petit
catéchisme!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... c'est tout simplement une notion de morale
élémentaire naturelle, la notion de base par excellence qui
constitue une des assises des premières cités
organisées.
M. LAURIN: C'est la version catholique de la
péréquation.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est ça! Comme dit le
député de Bourget, c'est la version catholique de la
péréquation. J'aime cette formule et j'en remercie...
M. BROCHU: De la part d'un député uniquiste, ça
fait plaisir.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... le député de Bourget. Vous
pensez bien que, pour expliquer à ces valeureux chevaliers des grandes
croisades ce que c'est que la justice distributive, il me faudrait d'abord les
référer à tous les grands traités
philosophiques.
UNE VOIX: C'est peine perdue.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... les référer à des
traités d'économie politique, les référer à
ces grands ouvrages où on parle de l'organisation de la
cité...
M. HARDY: Mais pour eux, d'abord Grenier!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... et je vais prendre le plus simple qui
soit, qui a vieilli et parce qu'il est vieux je le cite à
l'intention des députés qui ont parlé je vais citer
un titre: La Cité Antique, de Fustel de Coulonges.
M. BROCHU: Dans votre bouche, il aura sa place de toute
façon.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je n'ai pas parlé du comté de
Vaudreuil-Soulanges, mais de Fustel de Coulonges. On s'entend sur les
termes.
Si je donne cette référence à nos camarades
le mot leur plaît, j'espère, ça a une petite
résonnance maoïste c'est pour qu'ils sachent ce qu'est la
justice distributive au sens où l'entend le politique,
c'est-à-dire l'homme qui sait ce que c'est que la cité, qui sait
ce qu'est l'organisation politique, qui sait ce qu'est le rôle de l'Etat
et qui connaît également les responsabilités qu'a l'Etat
à l'endroit de tous les citoyens.
A un groupe de citoyens et je cite l'exemple des
députés du Ralliement des bérets blancs qui
réclame constamment l'intervention de l'Etat pour que celui-ci distribue
à droite et à gauche des primes d'assurance de ci ou de
ça, à ce groupe de députés, je dis que l'Etat ici
intervient pour permettre que cette distribution devienne cohérente,
qu'elle s'articule à un système d'organisation politique et
sociale, cohérent, normal dans un monde qui évolue et qui est en
constant progrès, qui, à tout le moins, doit tendre à
être en constant progrès.
Ce que j'ai entendu tout à l'heure me donnait l'impression que
les députés du Ralliement des bérets blancs
préconisaient une sorte de retour au régime tribal. Ils
voudraient que les gens se regroupent par certaines affinités sans
égard au reste de la collectivité.
Je pense qu'ayant dépassé le stade comme a dit le'
député de Saguenay de l'homme des cavernes, on a
dépassé également ce stade du régime tribal, qu'on
est parvenu à un type de société organisée qui
exige que l'Etat intervienne là où se trouvent encore des gens
qui ne sont pas munis des structures, des organismes qui leur permettraient de
jouir, et cela comme citoyens de premier ordre, de tout ce que l'Etat met
à la disposition de la population pour son mieux-être, pour son
avancement et pour son progrès.
S'opposer à une loi comme celle-là, M. le
Président, c'est marquer un net recul sur le progrès que l'on
voudrait atteindre et qui est l'objectif majeur de tout gouvernement. S'opposer
à un projet de loi comme celui-là, M. le Président, ne
peut s'expliquer que par une ignorance absolue de ce qu'est l'organisation
d'une société et d'un Etat modernes.
D'accord, on peut discuter des modalités du projet de loi. On
aura l'occasion de poser des questions au ministre sur les problèmes de
la consultation, de la participation, de la façon dont sera nommé
l'administrateur, de la façon dont seront constitués les
comités locaux, de la façon dont on rendra compte, ainsi de
suite. Ce sont là toutes sortes de modalités d'ordre technique et
c'est en comité plénier que nous aurons l'occasion d'examiner
cela.
Mais le principe qui est à la base de ce projet de loi est
simple. Il est clair comme l'eau de source. Il faut organiser le territoire
afin de permettre à l'Etat de donner à des citoyens qui ne sont
pas munis des structures et des mécanismes dont ils ont besoin les
services qu'ils
requièrent, Ah, certes, il peut y avoir de l'opposition! Il peut
y avoir des gens qui s'opposent à cela, mais si on leur fait bien
comprendre et je fais confiance entièrement à ces citoyens
le bien-fondé de cette loi, ses avantages, ils vont l'accepter,
ils vont se rendre compte que c'est là progrès, que c'est un
service que l'Etat veut leur rendre et qu'en somme on les met dans une
situation qui en fait des citoyens comme les autres et non pas des citoyens de
seconde zone.
Vouloir maintenir le statu quo là-dedans, c'est vouloir faire de
ces citoyens des citoyens de seconde zone. C'est un recours au régime
tribal, au système de tribu. Je répète que je ne peux pas
comprendre qu'en 1971, M. le Président, il y ait des
députés qui, pour des raisons électorales ou simplement
parce qu'il se trouvera par hasard dans les tribunes des gens qui partageraient
peut-être leur idée, expriment des idées aussi
rétrogrades, aussi ridicules et cela dans un language, je n'ai pas
besoin de vous le répéter, inqualifiable.
M. le Président, je ne veux pas insister là-dessus. Tout
ce qui compte, c'est que les gens responsables dans cette Chambre acceptent le
projet de loi, le discutent avec le ministre afin d'en modifier, le cas
échéant, les modalités, et cela dans le but de permettre
à un groupe de citoyens, qui vivent dans des territoires non
organisés, d'obtenir les services dont ils ont besoin et qu'ils
réclament, quelles que soient les affirmations que l'on ait faites tout
à l'heure en cette Chambre.
Je souhaite que nous soient épargnés à l'avenir des
discours aussi rétrogrades, aussi réactionnaires, aussi
pitoyables que celui que nous a servi tout à l'heure le porte-parole
officiel du Ralliement des bérets blancs.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Duplessis.
M. Henri-L. Coiteux
M. COITEUX: M. le Président, étant donné que j'en
aurais pour plus de cinq minutes, même si mes remarques seront assez
brèves, est-ce que je pourrais demander l'ajournement de la Chambre?
M. LE PRESIDENT: Avec le consentement unanime de la Chambre?
M. SAMSON: M. le Président, il n'est pas onze heures. Il a voulu
parler avant le député de Beauce, qu'il parle.
M. COITEUX: M. le Président, je peux employer les cinq
premières minutes de mon temps.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous ne pourrez pas les déboucher en
cinq minutes. Cela prendrait beaucoup plus de Drano que cela.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. COITEUX: J'aurai peut-être certains conseils à donner au
député de Rouyn-Noranda. Je l'ai entendu tantôt. C'est
malheureux pour le député de Rouyn-Noranda; il est nouvellement
élu; on peut lui pardonner cela. La raison pour laquelle je me
lève, c'est que le bill actuel fait suite à un bill qu'on a
présenté en 1962/63 pour créer ce qu'on appelle la grande
municipalité de la Côte-Nord.
Je crois que l'honorable ministre des Affaires municipales
d'aujourd'hui, devant le succès obtenu par cette formule, a
été incité à présenter le bill actuellement
à l'étude en deuxième lecture.
Je dois dire, et pour ce soir je ne m'attarderai pas plus longtemps, au
député de Rouyn-Noranda que son intervention, j'ose croire encore
qu'il ne l'a pas faite d'une façon convaincue; il y a peut-être
quelques petites municipalités dans son comté auxquelles il
enverra son discours en pensant que ça va lui obtenir des votes.
Je dirai au député de Rouyn-Noranda mon expérience
vécue; dès l'instant où j'ai présenté et
appuyé le bill formant la grande municipalité de la
Côte-Nord qui avait les mêmes principes que celui-là, de
1,000 voix j'ai passé à 3,000 voix de majorité.
Si c'est ce qui inquiète le député de
Rouyn-Noranda...
M. SAMSON: M. le Président, c'est la plus belle preuve qu'il fait
de l'électoralisme présentement.
M. COITEUX: Non!
M. SAMSON: C'est ce que vous faites.
M. COITEUX: C'est la plus belle preuve que le député de
Rouyn-Norada a manqué son coup parce que je ne suis pas prêt
à admettre que les gens de son comté sont plus imbéciles
que les miens.
Parce que les gens du comté de Duplessis ont compris qu'une
pareille mesure venait à l'heure pour les sortir de l'oubli et de
l'incapacité municipale et scolaire dans laquelle ils vivaient depuis
des années, ils ont dit: Un gouvernement qui donne ça, un
député qui l'appuie, nous nous devons de l'appuyer, ne serait-ce
que pour ça.
C'est pour ça qu'ayant confiance à l'intelligence et au
désir ardent des gens du comté de Rouyn-Noranda qui ne sont pas
encore organisés, je pense que le chef du ralliement des bérets
blancs...
M. SAMSON: C'est avec ça que les libéraux ont perdu leur
dépôt dans mon comté.
M. COITEUX: ... a fait une erreur ce soir parce qu'intelligents comme
ils le sont je suis convaincu qu'ils en feront un reproche au
député de Rouyn-Noranda et ça lui fera perdre des
votes.
M. SAMSON: Vous viendrez vous présenter contre moi aux prochaines
élections.
M. COITEUX: J'aimerais donc ça.
M. LOUBIER: Mais vous l'avez déjà perdu votre
dépôt dans une autre région.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. SAMSON: Depuis qu'Unité-Québec est formée je
suis persuadé que...
M. LOUBIER: Vous l'avez déjà perdu lors d'une autre
élection.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! Je vous demanderais de vous
adresser à la présidence.
M. SAMSON: M. le Président, je m'excuse si le
député de Bellechasse semble vouloir prendre part à un
débat auquel il ne comprend rien.
M. LOUBIER: M. le Président,... M. CHARRON: Il est onze
heures.
M. LOUBIER: ... je ne voulais pas prendre part au débat de cette
façon là, mais tout simplement signaler au député
de Rouyn-Noranda qu'il connaît ça perdre son dépôt. H
l'a déjà perdu lors d'une autre élection.
Comme il le dirait dans son langage châtié, il a
déjà été "déjeté" par les
électeurs antérieurement.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. SAMSON: M. le Président, l'honorable député de
Bellechasse a vu le candidat de son ancien chef perdre le sien dans mon
comté et, à la prochaine élection, c'est son candidat
à lui qui va le perdre et peut-être que lui va perdre le sien,
dans son comté.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il n'est pas onze heures, par hasard?
M. LOUBIER: M. le Président, pour le député de
Rouyn-Noranda, il est plus tard que cela.
M. LE PRESIDENT: Alors, si j'entends bien, l'honorable
député de Duplessis propose l'ajournement du débat?
M. COITEUX: Exactement.
M. LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
M. PAUL: Adopté.
M. BIENVENUE: M. le Président, demain, nous reprendrons, à
compter de quinze heures, les séances de la Chambre. Nous continuerons
l'étude en deuxième lecture du bill 277. Nous entreprendrons
ensuite l'étude en deuxième lecture du bill 275. Ensuite,
toujours en deuxième lecture, l'étude du bill 93 et, si le temps
le permet et si les débats sont courts, nous continuerons l'étude
du bill 86, la Loi des corporations religieuses...
M. PAUL: Trois jours.
M. BIENVENUE: ... et, enfin, celle du bill 90 sur lequel il y a une
motion d'amendement, sauf erreur. Je rappelle aux membres de cette honorable
Chambre que, demain matin, la commission parlementaire de la Justice
siégera au salon rouge, à compter de dix heures. Demain
après-midi, à quatre heures, la commission parlementaire de
l'Education étudiera le bill 28, à la salle 81-A.
Je demande l'ajournement de la Chambre à quinze heures,
demain.
M. LE PRESIDENT: La Chambre ajourne ses travaux à demain, quinze
heures.
(Fin de la séance à 23 h 3)