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(Dix heures trente-sept minutes)
M. LAVOIE (président): Qu'on ouvre les portes. A l'ordre,
messieurs!
Affaires courantes. Présentation de pétitions. Lecture et
réception de pétitions. Présentation de rapports de
comités élus. Présentation de motions non
annoncées. Présentation de bills privés.
Présentation de bills publics.
Projets de loi non présentés
M. PAUL: A l'article concernant la présentation de bills publics,
dois-je comprendre que les deux projets de loi qui sont annoncés en a)
et b) seront appelés lundi?
M. LEVESQUE: L'interprétation donnée par le leader
parlementaire de l'Opposition officielle est un peu inexacte pour dire
le moins et je crois que nous avions déjà mentionné
ici que ces deux projets de loi ne franchiraient aucune nouvelle
étape.
M. PAUL: Excusez-moi M. le Président, j'avais oublié cette
partie importante.
M. LAVOIE: Déclarations ministérielles.
Dépôts de documents. Questions des députés.
L'honorable député de Mégantic.
Questions et réponses
Dégâts dus à l'inondation
M. DUMONT: En l'absence du ministre des Ressources naturelles et parce
que nous venons de recevoir le rapport, j'adresserai donc ma question au
premier ministre. Considérant les dégâts
évalués actuellement à $250,000 dans la région de
l'amiante, Thetford Mines, pour mieux dire, et dans cinq autres
municipalités, le gouvernement a-t-il l'intention de
décréter la possibilité de rembourser les
dégâts causés dans ces villes et ces municipalités
environnantes dû à l'inondation.
M. BOURASSA: II y a des exemples que nous avons eu l'occasion de
discuter où il y a eu de tels remboursements. On doit examiner chaque
cas, pour voir s'il y a justification. Nous ne pouvons pas accepter à
l'avance de tels remboursements puisqu'on peut se réveiller avec une
avalanche de demandes. Mais nous examinons tous les cas et nous décidons
en conséquence.
Route de Gagnon
M. LESSARD: M. le Président, à l'occasion de Noël,
est-ce que le premier ministre pourrait nous annoncer pour le comté de
Saguenay, pour l'ensemble de la province, le parachèvement de la route
de Gagnon.
M. BOURASSA: Le ministre de la Voirie a une réponse à
cette question et aussitôt qu'il sera arrivé, il pourra la
remettre au député.
M. LE PRESIDENT: Le député de Chicoutimi
Travaux à Chicoutimi
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, est-ce que le premier
ministre voudrait me faire un cadeau de Noël je ne suis pas
gêné, je le lui demande publiquement en metttant en
chantier tous les grands projets que j'ai indiqués et qui, actuellement,
font l'objet de préoccupations angoissées de la part de mes
commettants: l'Hôpital de Chicoutimi, l'édifice administratif, le
musée du Saguenay, la construction du réseau routier, enfin, je
ne veux pas reprendre toute l'énumération que vous connaissez,
mais est-ce que le premier ministre serait assez généreux
d'offrir ce cadeau, pas à moi, mais à mes électeurs avec
l'aide, d'ailleurs, du leader de la Chambre...
M. LEVESQUE: Nous résistons.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ...le ministre de l'Industrie et du
Commerce.
M. BOURASSA: M. le Président, je pense que ce matin, on me prend
pour un Père Noël. Nous ne sommes quand même pas rendus au 24
décembre.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Un petit Père Noël maigre.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Montmagny.
L'assurance-chômage
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, ma question s'adresse
au premier ministre. Ce matin, une nouvelle de la Presse canadienne nous
apprend ceci: "La commission parlementaire du Travail a donné hier au
ministre fédéral, M. Mackasey, toute latitude de présenter
bientôt un projet de loi qui serait en tous points presque conforme au
livre blanc du gouvernement sur l'assurance-chômage."
En réponse à une question que j'avais posée au mois
de juin, le premier ministre avait dit qu'un comité spécial avait
été formé pour étudier les implications du livre
blanc sur l'assurance-chômage. Par la suite, nous avions inscrit une
motion au feuilleton, motion que nous n'avons pas pu discuter. Alors, le
premier ministre pourrait-il faire rapport à cette Cham-
bre des mesures qui ont été prises pour faire valoir les
points de vue du Québec, étant donné qu'il
s'agit-là d'une matière qui, dans bien des secteurs,
intéresse au plus haut point le Québec et sa politique?
M. BOURASSA: M. le Président, je ne peux que
répéter ce qui a été dit: qu'une rencontre a eu
lieu entre les ministres à différents niveaux, que nous sommes
à formuler notre politique sur cette question, que je dois, sauf
imprévu, rencontrer le premier ministre du Canada au cours de la semaine
prochaine pour faire valoir le point de vue du Québec sur cette
question.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le premier ministre nous avait également
annoncé que le ministère du Travail déposerait un livre
blanc. Alors, évidemment il est urgent que le gouvernement du
Québec dépose ce livre blanc avant que le fédéral
ne traduise ses intentions dans sa législation. Le dépôt du
livre blanc, par le gouvernement du Québec, et le ministre du Travail en
particulier, sera-t-il effectué bientôt?
M. BOURASSA: Sûrement, M. le Président, et je ne puis pas
concevoir que le fédéral procéderait par voie
législative avant de connaf-tre le point de vue du Québec.
Rapport Castonguay-Nepveu sur la
sécurité du revenu
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, dans un autre domaine
ou un domaine connexe, il y a aussi le dépôt prévu pour
bientôt du rapport de la commission Castonguay-Nepveu sur la
sécurité du revenu. Je comprends que le ministre des Affaires
sociales ne peut pas répondre à cette question ce matin, mais le
premier ministre est-il au courant de la date probable du dépôt de
cet important document?
M. BOURASSA: Le ministre de la Santé, dans une discussion, m'a
fait part qu'il était sur le point de recevoir des épreuves
concernant les parties principales du rapport.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Saint-Maurice.
Politique agricole globale
M. DEMERS: M. le Président, comme je remarque l'absence du
ministre de l'Agriculture, je pourrais formuler ma question au premier ministre
et lui demander si c'est l'intention du gouvernement de déposer,
dès la prochaine session, la politique globale agricole du
ministère de l'Agriculture. A chaque question que nous avons
posée au ministre de l'Agriculture, il nous référait
à cette sempiternelle réponse: "En temps et lieu nous
déposerons la loi générale des politiques du
gouvernement." Je voudrais être fixé parce que nous continuons
encore à avoir la visite des gens de l'UCC.
M. BOURASSA: M. le Président, qu'est-ce que le
député entend par politique globale? Tout le monde parle de
politique globale, globale d'un bord, globale de l'autre.
M. DEMERS: M. le Président, ce que j'entends...
M. BOURASSA: Hier, on parlait de politique globale en matière
d'immigration. Nous posons des gestes concrets plutôt que d'attendre une
politique globale.
M. DEMERS: M. le Président... M. LE PRESIDENT: A l'ordre! M.
DEMERS: ... on me pose une question.
M. BOURASSA: On pose des gestes concrets. Vous n'auriez pas le courage
de faire la moitié de ce que l'on fait.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. DEMERS: Le premier ministre m'a posé une question et je vais
essayer d'y répondre. Je demande que son ministre de l'Agriculture donne
la définition de cette politique qu'il entend nous jeter à la
face d'une journée à l'autre. C'est cela que j'entends.
M. BOURASSA: En temps opportun, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Saguenay.
M. LESSARD: C'est toujours comme cela.
M.BOURASSA: Le député demande: au cours de la prochaine
session. C'est évident que le ministre en aura l'occasion au cours de la
prochaine session.
Route de Gagnon (suite)
M. LESSARD: M. le Président, étant donné que le
ministre de la Voirie est arrivé et comme je sais qu'il a eu
l'occasion, la semaine dernière, de rencontrer encore une
délégation du Saguenay concernant la route de Gagnon je me
demandais si on avait l'intention de faire un joli cadeau de Noël à
la population du Saguenay, en ce qui concerne la route de Gagnon?
M. BOURASSA: Malheureusement, je ne peux pas donner une réponse
définitive au député. On m'a fourni un projet de
réponse
dont je n'étais pas satisfait et j'ai demandé de nouvelles
informations, étant donné les implications financières que
cela comporte.
M. LESSARD: Est-ce que nous pouvons avoir de l'espoir?
M. BOURASSA: Pourquoi pas?
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Beauce.
Camionneurs artisans
M. ROY (Beauce): M. le Président, j'aurais eu une question
à poser à l'honorable ministre des Transports, mais vu son
absence, je vais m'adresser au leader du gouvernement. Le leader du
gouvernement pourrait-il nous dire quelles sont les intentions du gouvernement,
à savoir si le gouvernement a l'intention prochaine de déposer un
projet de loi demandé par l'Association des camionneurs artisans
concernant la reconnaissance de leur association pour leur permettre de pouvoir
négocier les contrats et de meilleures conditions de travail?
M. LEVESQUE: On comprendra facilement que le gouvernement aurait pu
apporter plusieurs autres projets de loi, si le temps l'avait permis.
Dès que ce sera possible, d'autres projets de loi seront
déposés, c'est-à-dire à la prochaine session.
M. ROY (Beauce): M. le Président, une question
supplémentaire. En ce qui a trait précisément à
l'Association des camionneurs artisans, est-ce qu'il y a quelque chose en
préparation actuellement?
M. LEVESQUE: M. le Président, il serait normal d'attendre que les
projets de loi soient prêts avant d'en donner la teneur. Cela sera fait
à l'Assemblée nationale dès la prochaine session.
Décret sur l'industrie de la
construction
M. BERTRAND: J'avais demandé au ministre d'Etat au Travail, le
député de Gatineau, de nous remettre, dès qu'il serait
prêt, le décret concernant l'industrie de la construction,
décret qui aurait été adopté par le conseil des
ministres mercredi dernier. Même s'il s'agit d'une brique, ça sera
d'une lecture très intéressante, la veille de Noël.
M. BOURASSA: Je le ferai parvenir; dès ce matin, je
demanderai...
M. BERTRAND: Ou si on préfère le déposer lundi.
M. BOURASSA: Tout dépend de l'évolution des travaux de la
Chambre. Je reste optimiste sur les bonnes dispositions du leader
parlementaire. C'est extrêmement fastidieux comme lecture, mais ça
me fera plaisir de le faire parvenir au chef de l'Opposition. Aujourd'hui, j'ai
communiqué avec...
M. BERTRAND: S'il est publié dans la Gazette officielle, ce
serait facile d'en obtenir des exemplaires et de les distribuer à tous
les collègues.
M. LEVESQUE: A ceux qui en veulent.
M. BOURASSA: Mon secrétaire exécutif entend la
réquisition; il va s'occuper de faire distribuer ça.
M. LE PRESIDENT: Le député d'Abitibi-Ouest.
Route Villebois-Baie-James
M. AUDET: M. le Président, depuis plusieurs mois, le premier
ministre, le ministre de la Voirie, les ministres des Richesses naturelles ont
été pressentis par de multiples lettres, d'une
délégation de la Chambre de commerce de La Sarre, ici même
au Parlement des questions en Chambre de ma part au sujet de la continuation du
chemin Villebois-Baie-James. On m'a toujours répondu que c'était
à l'étude, et j'avais toujours espérance d'avoir une
réponse nette. Je demanderais ce matin au premier ministre, si
c'était possible, de nous donner avant Noël une réponse
franche et nette de ce qu'on entend faire du chemin de la baie James cet hiver;
c'est primordial pour le Nord-Ouest. La population attend ardemment une
réponse, et je demande au premier ministre d'être franc avec
nous.
M. BOURASSA: Est-ce que le député se réfère
aux $191,000 qu'ils réclamaient? Est-ce que c'est à cette
somme-là ou si c'est sur le projet dans l'ensemble?
M. AUDET: Pour commencer, l'entretien du chemin d'hiver, puis aussi
cette somme-là; attendre ces deux choses-là sont très
importantes pour nous maintenant.
M. BOURASSA: Si c'est possible, on vous répondra.
M. AUDET: Vous ne pouvez pas répondre tout de suite?
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Maskinongé.
Rapport sur la prison d'Orsainville
M. PAUL: M. le Président, j'aurais une question à poser
à l'honorable ministre de la Justice,
comme il n'y est pas, est-ce que je pourrais l'adresser au premier
ministre?
Est-ce que l'honorable premier ministre pourrait, dans le cours de la
fin de semaine, à l'occasion de la discussion des crédits du
ministère de la Justice, demander au ministre qu'il nous remette le
rapport que nous lui avons demandé au sujet de la prison d'Orsainville,
de même que le rapport demandé au sujet du gouverneur de cette
institution, M. O'Neil?
M. BOURASSA: J'ai manqué le début de la question du leader
parlementaire.
M. PAUL: Vous avez manqué le meilleur.
M. BOURASSA: Alors je vais transmettre la requête du
député de Maskinongé.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Mégantic.
Subvention du ministère de la
Santé
M. DUMONT: Merci, M. le Président. A la suite de deux
préavis que le ministre a acceptés, j'adresse encore ma question
au ministre des Communications. Quel est le montant que le ministre
attaché à la Santé a accordé à la province
de Québec pour l'année 1970?
M. L'ALLIER: M. le Président, comme je n'ai plus la
responsabilité du haut-commissariat, j'ai transmis les informations dont
je disposais à l'adjoint parlementaire du ministre de l'Education et
c'est probablement le ministre de l'Education, ou son adjoint parlementaire qui
fournira ces données. De toute façon, nous avons actuellement les
chiffres précis, mais je n'en dispose pas actuellement
moi-même.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Nicolet.
M. VINCENT: M. le Président...
M. BOURASSA: Pour répondre à la question du
député d'Abitibi-Ouest, je viens de discuter avec le ministre de
la Voirie au sujet de l'entretien du prolongement, c'est pour 53 milles
additionnels. Je pense que le ministre de la Voirie pourra annoncer une bonne
nouvelle au député d'Abitibi-Ouest.
M. AUDET: Merci.
M. VINCENT: Je pensais que le premier ministre se levait pour
répondre à ma question, par anticipation, au sujet du
syndicalisme agricole.
M. BOURASSA: Le syndicalisme agricole?
Syndicalisme agricole
M. VINCENT: C'est ça. Je voudrais poser une question au premier
ministre. A peu près tous les députés de
l'Assemblée nationale ont reçu la visite très charmante et
très aimable de l'UCC au cours des derniers jours. Certains de nos
collègues, aujourd'hui même, ou demain, ou lundi recevront des
délégations de l'UCC. Est-ce que le premier ministre pourrait
nous dire s'il a reçu, également, comme député de
l'Assemblée nationale, une délégation de l'UCC, venue lui
exposer un mémoire sur le syndicalisme agricole? Si oui, est-ce qu'il
pourrait nous dire quelle a été sa réponse à l'UCC
afin de la confronter avec les nôtres? Si non, a-t-il reçu un
télégramme du président général de l'UCC
concernant le syndicalisme agricole?
M. BOURASSA: J'ai déjà reçu un
télégramme de M. Allain.
M. VINCENT: Non. Très récemment.
M. BOURASSA: Pas à ma connaissance, mais je peux
vérifier.
M. MAILLOUX: C'était une copie du télégramme qu'il
vous envoyait.
M. VINCENT: Question supplémentaire au premier ministre. Est-ce
que nous devons comprendre que la Loi du syndicalisme agricole sera
présentée dès la reprise de la prochaine session?
L'UCC nous informe que cette loi doit être adoptée avant le
mois de juin 1971. Il faut qu'elle entre en vigueur au mois d'août mais
qu'elle soit aodptée au mois de juin.
M. BOURASSA: On a déjà répondu au
député de Nicolet là-dessus que nous ne pouvions pas
présenter la loi à cette session-ci. Par implication, ça
répond à la question du député.
M. LE PRESIDENT: Le député de Chicoutimi.
Opéra national
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Malheureusement, il n'est pas là, mais
je voulais poser une question au ministre des Affaires culturelles. Je vais la
poser au premier ministre. Est-ce qu'il est exact que le ministère des
Affaires culturelles a préparé un projet en vue de la
création d'une corporation pour doter le Québec
conformément à la politique que j'avais mise en oeuvre
d'un opéra national?
M. GARNEAU: Vous avez tué le Théâtre lyrique.
M. BOURASSA: J'ai beaucoup de respect
pour les amateurs d'opéra, mais je ne considère pas que ce
soit une priorité absolue dans le contexte actuel. Je ne puis pas
répondre d'une façon précise à la demande du
député. Je pense que le ministre des Affaires culturelles en
avait discuté à quelques reprises avec moi, en tant que ministre
des Finances. C'est une hypothèse pour le moment qui peut se
réaliser à plus ou moins longue échéance.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, une question
additionnelle. Je suis valablement informé que l'on a crée une
corporation en vue de doter le Québec d'un Opéra national et que
la chose qui accrocherait actuellement, et ça va répondre
à l'objection du ministre des Finances, notre nouveau tsar... Est-ce le
ministre des Finances, qui aurait bloqué le projet et qui
empêcherait ainsi les belles voix du Québec de se faire valoir? Je
ne parle pas de celles de la Chambre.
M. BOURASSA: Tout ce que je peux répondre au député
c'est que le principe a été accepté au cours d'une
discussion, la mise en application reste à être
précisée.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Donc, il n'y a pas eu de projet depuis que
j'ai laissé le ministère.
M. GARNEAU: On va essayer de faire revivre ce que vous avez tué,
le Théâtre lyrique.
M. LE PRESIDENT: Le ministre du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche a quelques réponses aux questions antérieures.
Clubs privés de chasse et de
pêche
MME KIRKLAND-CASGRAIN: Merci, M. le Président, il y a deux jours,
à une question posée par le député de Lafontaine
concernant la liste des clubs privés dont les baux ont été
résiliés ces derniers temps. Je désirerais
répondre. Je n'ai aucune objection à déposer devant cette
Chambre la liste en question. Mais, comme certains des clubs concernés
n'ont pas encore été tous avisés et à cause de la
lenteur du courrier à la période des Fêtes, je crois qu'il
serait préférable d'attendre quelques jours.
Même, je suggérerais de déposer cette liste au
début de la prochaine session pour satisfaire à la requête
du député.
Territoire ouvert au public
MME KIRKLAND-CASGRAIN : Le député de Lafontaine, que je ne
vois pas en cette Chambre ce matin mais ses collègues se feront
sûrement un plaisir de lui transmettre mes réponses a
également demandé que nous fassions connaître le territoire
qui, au nord de Montréal, sera ouvert au public pour la chasse et la
pêche. Encore une fois, M. le Président, il ne m'est pas possible
de satisfaire à cette requête, étant donné que la
délimitation du territoire dépendra, en grande partie, des
possibilités budgétaires que l'Assemblée nous octroiera
à cet effet. D'ici là, nous planifions un programme adaptable
à toute éventualité.
Pêcheurs de la région de Sorel
MME KIRKLAND-CASGRAIN: Hier, le député de
Maskinongé se demandait si les pêcheurs commerciaux de la
région de Sorel auraient un traitement équivalent à celui
qui est accordé aux pêcheurs commerciaux du Bas Saint-Laurent. Il
tentait de joindre par là deux problèmes qui sont essentiellement
distincts, puisque les résultats impressionnants obtenus de la
pêche commerciale dans les dernières années et dont avait
fait état le ministre de l'Industrie et du Commerce sont le fruit
d'importants stimulants industriels créés par le gouvernement,
tandis que les difficultés des pêcheurs de la région de
Sorel, comme on le sait, sont consécutives au problème de la
pollution.
Le député de Maskinongé peut être
assuré que nous aussi utilisons toutes les ressources de la science
moderne, en particulier celles de la biologie, pour permettre, aussitôt
que nous aurons vaincu ce fléau, aux pêcheries commerciales de
cette région de prendre un nouvel essor.
M. PAUL: M. le Président, je voudrais remercier le ministre pour
la considération toute particulière qu'il a bien voulu apporter
à ma demande.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président...
M. BOURASSA: II faudra quand même constater que le
député de Marguerite-Bourgeoys est venu, ce matin, malgré
sa grippe, exprès pour répondre au député de
Maskinongé. J'espère que le leader parlementaire en tiendra
compte dans l'évolution des débats, pour libérer le
ministre du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche.
M. PAUL: Immédiatement.
Projet de loi électoral municipal
M. PAUL: M. le Président, je regrette l'absence du ministre des
Affaires municipales. J'avais une question à lui poser. Dans les
circonstances, pourrais-je la diriger vers le premier ministre...
M.LESSARD: M. le Président, on m'avait donné la
parole.
M. PAUL: ...pour lui demander de discuter avec son ministre de
l'opportunité de convoquer la commission des Affaires municipales durant
l'intersession, afin d'étudier le projet de loi électoral
municipal dont le ministre nous a parlé à quelques reprises et
dont la rédaction serait presque finale? De la sorte, nous pourrions,
durant l'intersession, examiner cette question pour hâter notre travail
de la prochaine session.
M. BOURASSA: M. le Président, j'accepte avec plaisir de discuter
la suggestion avec le ministre des Affaires municipales, mais le leader
parlementaire et les membres de l'Opposition sont au courant de toutes les
réunions des commissions qui auront lieu entre les deux sessions. Nous
devons nous, être ici en Chambre, durant le temps des sessions, cela
prend un temps considérable évidemment c'est
nécessaire c'est le fonctionnement normal de la
démocratie, mais il faut également administrer. Il y a un nombre
important de séances de commissions parlementaires fixées pour
janvier et pour le mois de février, mais quand même je vais
discuter avec plaisir la suggestion du député de
Maskinongé.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Saguenay.
Rivières Grande-Trinité et
Petite-Trinité
M. LESSARD: M. le Président, nous acceptons les réserves
du ministre concernant certaines réponses aux questions, mais est-ce que
le ministre pourrait répondre ce matin à la question que j'avais
posée concernant les rivières Petite-Trinité et
Grande-Trinité, question qui est inscrite au feuilleton.
M. LEVESQUE: N'a-t-on pas répondu à cette question? Il me
semble que la question est disparue du feuilleton.
M. LESSARD: Je ne crois pas... on n'a pas répondu la
première fois... Est-ce que c'est dès cette...
M. LEVESQUE: Certainement, votre question a été reprise au
feuilleton.
M. LESSARD: Merci, M. le Président. Je vérifierai.
Loi sur les clubs privés
M. LESSARD: Le ministre aussi nous avait parlé, depuis assez
longtemps, d'une loi concernant les clubs privés. Est-ce qu'on peut
s'attendre que cette loi-là soit déposée prochainement ou
dès la prochaine session?
M. LEVESQUE: Lundi.
MME KIRKLAND-CASGRAIN: Je n'ai jamais parlé de loi concernant les
clubs privés. Il n'a jamais été question d'une loi pour la
démocratisation des terres de l'Etat, il n'est pas nécessaire de
présenter une loi en cette Chambre pour l'obtenir.
Cours de M. Gérard Bergeron
M. LEGER: Ma question s'adresse au ministre de l'Education. En son
absence, je vais adressé la question au premier ministre concernant les
cours de Gérard Bergeron qu'on avait refusés sur les ondes de
Radio-Canada. On avait dit que cela allait beaucoup plus loin qu'un simple
cours politique et le ministre avait dit qu'il prenait avis de la question.
Est-ce que le ministre pourrait nous faire part actuellement de ces ententes
avec Radio-Canada concernant ces cours de Gérard Bergeron?
M. BOURASSA: Cela fait sept ou huit fois qu'on nous parle de ces
cours-là.
M. LEGER: Cela fait sept ou huit fois qu'on attend la
réponse.
M. BOURASSA: Les cours de Gérard Bergeron, le 18 décembre.
Qu'est-ce que veut savoir le député?
M. LEGER: A ce moment-là on avait dit qu'on ferait enquête,
parce que le refus de permettre ces cours à la télévision
semblait impliquer beaucoup plus de choses que la simple question d'une
juridiction fédérale, et que c'était tout le
côté éducatif de la province de Québec qui relevait
du gouvernement provincial. Et le ministre avait déjà dit aussi
qu'il ferait enquête et qu'il ferait rapport.
M. BOURASSA: Tout ce que je peux répondre, c'est que j'ai fait
des représentations et j'en ai discuté avec M. Juneau.
M. LE PRESIDENT: Le député de Chicoutimi avait une
question.
Le député de Saint-Maurice.
Exode des chevaux de course
M. DEMERS: M. le Président, ma question s'adresse au ministre du
Revenu. Probablement qu'hier dans les journaux et on l'aurait approché
en plus, pour le mettre au courant de l'exode massif de chevaux de course,
qu'on appelle canasson, vers les Etats-Unis.
M. LESSARD: Non pas Canadair.
M. DEMERS: J'en aurai une tout à l'heure pour Canadair.
Le ministre va-t-il prendre des dispositions afin de garder les
mères trotteuses dans la province de Québec afin que nous
puissions encore avoir des courses sous harnais et qu'on garde les
Standard-Bred. Je remarque dans le journal le Star d'hier qu'à
St-Augustin la ferme Miron est partie et que 35 personnes sont sur le
pavé et sans emploi. Tous les gens qui avaient investi...
M. VEILLEUX: Cela galope. M. DEMERS: Oui, monsieur.
M. HARVEY (Jonquière): Continuez à poser votre
question.
M. DEMERS: C'est un sujet assez important, et le ministre du Revenu en
saisit l'ampleur. Ceux qui veulent m'empêcher de l'exposer ne
réalisent pas ce que c'est. En plus nous avons, à la Voirie, un
spécialiste qui pourrait réellement contribuer dans ce
domaine...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. DEMERS: ... pour nous permettre de garder dans la province de
Québec... Je crois, M. le Président, que...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. DEMERS: A l'approche des fêtes, une petite "ride" de "buggy"
ça ne ferait pas tort.
M. LE PRESIDENT: Le ministre du Revenu est-il prêt à
répondre?
M. HARVEY (Jonquière): M. le Président... Le
député n'a pas fini de poser sa question.
M. DEMERS: Une petite affaire, M. le Président. Je veux savoir
quelle est la politique que le gouvernement va adopter. Vous savez qu'à
l'époque j'avais fait des interventions, parce que les courses
rapportent au ministère du Revenu, si je ne m'abuse, une somme d'au
moins $20 millions par année et s'il y avait moyen... Là les
revenus ont diminué et ça va diminuer encore pour tomber à
rien.
Répondez-moi donc, s'il vous plaît.
M. HARVEY (Jonquière): M. le Président, comme le sait fort
bien le député de Saint-Maurice, il s'agit d'établir une
politique gouvernementale. S'inspirant d'ailleurs du discours prononcé
en cette Chambre par le député de Saint-Maurice, il y a à
peine un an, une équipe de fonctionnaires travaille activement pour
préparer un rapport que je soumettrai à mes collègues du
cabinet afin d'établir une politique gouvernementale concernant ce sport
qui rapporte au ministère du Revenu par la voie des paris mutuels. Cette
politique permettra à ce sport de continuer à prendre de
l'ampleur dans le Québec et à se développer d'une
façon progressive sur le plan économique.
M. DEMERS: M. le Président, dans le même ordre
d'idées, je voudrais remercier sincèrement le ministre du Revenu
d'une position globale.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le ministre du Revenu peut-il nous dire s'il
s'agit-là d'une politique globale sur le "jouai".
M. HARVEY (Jonquière): Je répondrai à l'ex-ministre
des Affaires culturelles que pour la politique du "jouai", nous allons laisser
son ancien concitoyen, le Frère Untel, s'en occuper.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est aussi le vôtre.
M. VINCENT: Une question supplémentaire, M. le Président,
au ministre du Revenu. Quand il nous annonce que les fonctionnaires
préparent cette politique globale en ce qui concerne les chevaux de
course ou les courses en général...
M. HARVEY (Jonquière): Je prierais le député de
Nicolet de ne pas déformer mes paroles. J'ai dit qu'une équipe de
fonctionnaires compétents préparait un rapport pour le ministre
du Revenu qui connaît d'ailleurs le sujet j'ai oeuvré dix
ans dans le domaine des courses pour que je soumettre à mes
collègues du cabinet un rapport pour l'établissement d'une
politique bien définitive, une politique gouvernementale dans ce
domaine.
M. VINCENT: M. le Président, ma question supplémentaire
est la suivante: Est-ce que, dans cette politique que le gouvernement
définira, on tient également compte d'une autre recommandation
qui touche indirectement les courses, il s'agit de l'élevage du cheval
dans la province?
Est-ce que le ministère de l'Agriculture a un membre, à ce
comité, qui travaille à l'heure actuelle?
M. HARVEY (Jonquière): M. le Président, actuellement le
comité n'est pas interministériel. Il s'agit d'un rapport que je
présenterai à la demande des éleveurs de chevaux de
course. Bien sûr, lorsque je présenterai le rapport, comme il y a
relation entre les deux ministères, je présume que le cabinet
décidera d'avoir, pour compléter une politique gouvernementale,
un comité interministériel qui comprendra un représentant
du ministère de l'Agriculture.
M. DEMERS: Je vous conseille de garder cela entre vos mains.
M. VINCENT: M. le Président, simplement à
titre de suggestion, il y a déjà, au ministère de
l'Agriculture, un sous-ministre qui a un dossier assez complet sur cette
question et qui pourrait, immédiatement, aider ce comité de
personnes compétentes.
M. HARVEY (Jonquière): Je remercie le député de
Nicolet, je savais cela également.
M. LE PRESIDENT: Les deux dernières questions des
députés de Maskinongé et de Montcalm.
M. PAUL: M. le Président, j'aurais une question à
l'intention du ministre des Transports. En son absence, je voudrais la diriger
au leader du gouvernement. Pouvons-nous avoir l'assurance que, dès le
début de la prochaine session, les deux lois, dont a parlé le
ministre des Transports et qui ont un caractère d'urgence, seront
présentées afin que nous puissions avoir une législation
qui corresponde au rapport, aux résultats du travail de la commission
spéciale qui avait étudié les amendements au code de la
route, lors du dernier Parlement?
M. LEVESQUE: Le leader parlementaire de l'Opposition officielle a
suffisamment d'expérience pour savoir que la législation du
gouvernement sera annoncée en temps opportun. Une des façons de
le faire est le discours inaugural. Deuxièmement, quant à savoir
si le gouvernement va donner suite à un rapport ou à un autre, je
ne crois pas qu'aucun gouvernement ait manifesté plus de vigilance, plus
d'ardeur, plus de rapidité, même, dans l'action.
Il n'y a aucun doute que, dans toutes les législations, on verra
une action positive du gouvernement.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Montmagny.
Nouveaux emplois
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, ma question s'adresse
au premier ministre. On sait que le premier ministre tient une
comptabilité serrée de la création de nouveaux emplois.
Etant donné que nous aurons une période, entre les deux sessions,
où nous pourrons nous-mêmes mettre au point cette
comptabilité, je voudrais que nous ayons des bases de discussion
comparables. Le premier ministre pourrait-il nous dire à quel moment il
termine son année financière, en ce qui concerne la
création d'emplois, à quel moment il ferme son bilan pour rouvrir
une nouvelle année?
M.BOURASSA: Pourquoi le député voudrait-il établir
un cadre restreint à la création de nouveaux emplois?
M. LEGER: II faut que cela balance... agir et parler plus tard.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, je n'ai pas du tout
l'intention de restreindre la marge de manoeuvre du premier ministre, qui n'est
pas déjà tellement considérable. Je voudrais qu'on
s'entende sur la date. Est-ce que le premier ministre a, comme fin de
l'année de sa comptabilité, la date du 31 décembre ou
l'année financière du gouvernement? Ceci pour que, dans des
débats sur la création d'emplois, nous ayons des bases de
discussion comparables.
M. BOURASSA: On pourrait prendre la base la plus favorable à
l'économie du Québec.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Une question additionnelle, M. le
Président. Est-ce que le premier ministre, dans sa définition
d'un nouvel emploi, adopte exactement la définition de nouvel emploi
telle qu'elle a été faite et expliquée par le ministre
Marchand d'Ottawa?
M. BOURASSA: J'ai déjà donné une définition
d'un nouvel emploi, M. le Président.
M. LEVESQUE: Je pense, M. le Président, que les questions
dépassent un peu même si c'est la veille de Noël
l'esprit et la lettre...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non, M. le Président. Mon honorable
ami, le député de Bonaventure...
UNE VOIX: Un air de Noël...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... comprendra que je voudrais que le premier
ministre nous dise simplement, en réponse à une question bien
naïve, si, lorsqu'il parle de nouvel emploi, il s'agit de la
création de quelque chose de tout à fait nouveau ou du
réembauchage d'un chômeur.
M.BOURASSA: J'ai déjà répondu, M. le
Président, je m'excuse.
M. LE PRESIDENT: Affaires du jour.
Questions inscrites au feuilleton
M. LEVESQUE: M. le Président, je voudrais faire remarquer
à l'Assemblée que si on jette un coup d'oeil sur les questions et
les motions des députés, on verra que le feuilleton s'est
vidé d'une façon presque complète. Je tiendrais à
souligner l'effort réel qui a été fait pour
répondre à toutes les questions des députés et je
ferai remarquer que dans les motions des députés il n'y en a plus
aucune concernant le dépôt de documents. Elles ont toutes
été adoptées. Quant aux questions, j'avais dit que nous
nous arrêterions au 15 décembre parce que nous ne pouvons pas
suffire. Mais, encore une fois, pour manifester la bonne volonté du
gouvernement, son efficacité en particulier,
voici encore deux autres questions posées les 15 et 16
décembre.
Question no 1 de M. Dumont en date du 15 décembre; réponse
de M. Toupin.
M. DEMERS: Cela ne devait pas être difficile d'y
répondre.
M. LEVESQUE: On voit combien le ministre de l'Agriculture est efficace
et donne suite aux questions qui sont posées par nos honorables amis
d'en face; la même chose pour le ministre de la Justice. Question no 1 de
M. Dumont, réponse de M. Toupin et question no 2 de M. Drolet,
réponse de M. Choquette.
Nous sommes maintenant au 17 décembre...
M. BOURASSA: Amenez-en! Amenez-en!
M. LEVESQUE: Une dernière question, et si nous pouvons avant
midi...
UNE VOIX: Ou lundi.
M. LEVESQUE: ... à condition qu'on cesse de poser des questions,
parce qu'on ne pourrait pas finir la session.
M. VINCENT: M. le Président, le premier ministre dit: Amenez-en!
Est-ce que le leader parlementaire pourrait nous dire à combien de
questions on a répondu depuis le début de la session?
M. LEVESQUE: A toutes les questions moins deux.
M. VINCENT: Combien en nombre?
M. BOURASSA: Les questions orales? Des dizaines de questions chaque
jour.
M. VINCENT: Combien en nombre?
M. LEVESQUE: M. le Président, si on veut qu'on fasse la
comptabilité de ces questions, on peut la faire d'ici quelques minutes.
Ce sera assez facile parce qu'on a répondu à toutes les
questions. On n'a qu'à consulter le feuilleton du mercredi, depuis le
début de la session, au mois de juin 1970, jusqu'à maintenant et
on verra que toutes les questions ont reçu une réponse, sauf les
deux d'hier ou d'avant-hier. Nous avons même, je pense bien,
établi un record ce matin en répondant aux questions du 15
décembre...
M. DEMERS: Vous avez répondu aux questions qu'on n'a pas
posées.
M. LEVESQUE: ... et du 16 décembre, questions écrites.
Déjà les ministres de l'Agriculture et de la Justice se sont
penchés sur ces questions des députés du Ralliement
créditiste et déjà les réponses sont
déposées. C'est formidable. C'est formidable.
M. VINCENT: M. le Président, je voudrais informer le leader
parlementaire qu'au cours d'une session normale, ces dernières
années, alors que nous avions seulement un parti de l'Opposition, le
ministère de l'Agriculture répondait à un nombre de 75
à 85 questions posées à l'ordre du jour de
l'Assemblée nationale.
M. LEVESQUE: Est-ce qu'on veut répéter?
M. VINCENT: Au cours d'une session normale, ces dernières
années, alors que nous n'avions qu'un parti d'Opposition, le
ministère de l'Agriculture, d'après les compilations,
répondait à un nombre de 75 à 85 questions inscrites au
feuilleton pendant une session normale.
M. LEVESQUE: C'est possible. M. le Président...
M. VINCENT: C'est encore le même fonctionnaire qui répond
aux questions.
M. LEVESQUE: M. le Président, simplement pour clore cette
discussion et pour qu'on comprenne très bien, ce ne sont pas tellement
celles auxquelles on a répondu, mais celles auxquelles on n'a pas
répondu qui nous inquiètent.
M. DEMERS: Ce sont les meilleures.
M. LEVESQUE: Ce sont celles qui restaient au feuilleton qui n'avaient
pas reçu de réponse, c'est ça qui nous
inquiétait.
M. VINCENT: M. le Président, une question de
privilège.
DES VOIX: A l'ordre!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je pense bien que cette discussion est
superflue et ce n'est pas de cette manière qu'on va parvenir à la
prorogation.
M. VINCENT: Vous avez raison.
M. LE PRESIDENT: C'est hors question. L'honorable député
de Maskinongé.
M. DEMERS: C'est hors de question.
Commission de la liberté de la presse
M. PAUL: M. le Président, l'honorable leader du gouvernement est
tellement généreux ce matin que je me permettrai de lui demander,
de lui arracher une autre déclaration. Et, à l'avance, je lui
donne mon consentement aux fins de revenir aux motions non annoncées
pour qu'il fasse la formulation d'une motion, pour permettre à la
commission de la liberté de la presse de siéger durant...
M. BERTRAND: Très bien.
M. PAUL: ...l'intersession, à moins que l'honorable ministre ne
préfère présenter cette motion que lundi.
M. BOURASSA: On avait fixé une date pour la première
réunion...
M. PAUL: Mais avant de fixer la date, si le premier ministre me permet,
il faudrait former la commission.
M. LEVESQUE: M. le Président, je n'ai pas eu le temps de revoir
le premier ministre, et je n'ai pas eu le temps de lui soumettre notre liste.
En attendant que le premier ministre prenne connaissance de la composition, je
ferais cette motion-ci: "Qu'une commission spéciale de onze membres soit
instituée avec pouvoir d'entendre les témoins, de siéger
après la prorogation pour faire un examen du problème de la
liberté de la presse, des faits qui peuvent la mettre en danger et
d'examiner si les lois de la province en assurent la protection. "Que MM.
Bourassa, Cloutier (Ahuntsic), L'Allier..."
M. DEMERS: Un homme vous écoute là.
M. LEVESQUE: "...Leduc, Bacon, Hardy, Veilleux, Laurin, Cloutier
(Montmagny) alors les deux Jean-Noël Tremblay
(Chicoutimi)..."
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pas Jean-Noël Lavoie, Jean-Noël
Tremblay.
M. LEVESQUE: "...et Drolet forment ladite commission, que le quorum en
soit fixé à six et que M. Veilleux en soit nommé le
président."
M. PAUL: M. le Président, est-ce que je pourrais retirer la
suggestion que j'ai faite au leader du gouvernement?
M. VEILLEUX: Est-ce que l'honorable député de
Maskinongé a peur d'être surveillé par Veilleux?
M. LE PRESIDENT: Cette motion sera-t-elle adoptée?
M. VEILLEUX: Je vais veiller au bon grain. M. LE PRESIDENT:
Adopté.
M. LEVESQUE: M. le Président, après avoir fait un petit
examen de conscience et, en même temps, un tour d'horizon et de
consultation, me serait-il permis de suggérer que l'on appelle l'article
no 8 avec, en vue, une référence à la commission des
Finances qui pourrait siéger à la chambre 81-A?
UNE VOIX: Adopté, M. le Président.
M. PAUL: M. le Président, cette motion formulée à
cette étape-ci pourrait permettre un long débat. Nous ne le
ferons pas, nous donnons notre consentement.
M. BOURASSA: Merci beaucoup.
M. LEVESQUE: Je comprends que, de part et d'autre dans cette Chambre,
cette motion reçoit l'appui de tous. Dans les circonstances, puis-je
ajouter à cette motion, une motion auxiliaire afin que nous puissions,
sur les lieux, faire des suggestions quant au vote pour la nomination ou la
substitution de membres de la commission?
M. LE PRESIDENT: Je crois qu'il faudrait faire les inscriptions, elles
pourraient être faites en comité...
Il faudrait le consentement, ce n'est pas à moi à
l'adopter.
M. LEVESQUE: Nous demandons le consentement de siéger pendant que
la Chambre est en séance.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je ne sais si le consentement est unanime,
j'ai encore de petites hésitations.
DES VOIX: On va y aller?
M. BOURASSA: Je ne sais pas si je vais donner le consentement. Oui, je
pense que je vais le donner.
UNE VOIX: Bon voyage! M. LEVESQUE: Article 9.
Projet de loi no 65
Deuxième lecture
M. LE PRESIDENT: L'honorable premier ministre propose la deuxième
lecture du projet de loi 65, concernant les districts électoraux.
M. Robert Bourassa
M. BOURASSA: Nous avons eu très souvent l'occasion de discuter
à la commission parlementaire de cette question. Je ne crois donc pas
nécessaire de répéter tout ce qui s'est dit et tous les
arguments qui militent en faveur de l'adoption de ce projet de loi.
En ce qui me concerne personnellement, cela fait suite à un
engagement que j'avais pris le 29 avril, le soir même de
l'élection, de procéder avec la plus grande rapidité
possible à une véritable réforme électorale.
Il est évident, pour tous les citoyens du Québec et pour
tous les partis qu'il y a une nécessité indéniable d'une
réforme électorale, qui comprendrait une nouvelle carte
électorale,
l'examen possible d'un nouveau mode de scrutin de même que des
amendements qui pourraient être apportés à la Loi
électorale.
D'ailleurs, l'ancien gouvernement avait soumis dans le bill des
amendements pour améliorer la Loi électorale et nous avons
l'intention au cours de la prochaine session de reprendre son projet de loi et,
s'il y a lieu, de le modifier.
Il y a quand même la nécessité d'une première
étape, qui est indispensable au début ou à l'amorce d'une
réforme électorale. Cette première étape est
l'abolition de l'article 80. On peut dire on pourrait dire beaucoup sur
cet article que c'est l'un des articles les plus désuets de nos
statuts. Nous avons constaté que le Québec avait le pouvoir
d'abolir cet article, comme il a eu le pouvoir, hier, de poser des gestes en
matière d'immigration avec le bill 64.
Ce sont des exemples qui révèlent la souplesse du
fédéralisme lorsqu'on sait s'en servir. Des arguments seront sans
doute apportés par le chef de l'Opposition et par des membres du
Ralliement créditiste sur l'opportunité d'adopter aujourd'hui ce
projet de loi.
Je ne vois pas en quoi cela pourrait avantager qui que ce soit de
poursuivre, de remettre et de retarder le débat sur cette question de
l'abolition de l'article précédent.
J'ai dit tantôt, au cours des réponses à des
questions, que toujours attendre la formulation d'une politique globale avant
d'agir est la meilleure façon de se paralyser. Pour notre part, du
côté du gouvernement, nous croyons que la façon la plus
efficace d'agir c'est de poser comme nous le faisons des gestes concrets,
pratiques et précis pour atteindre notre objectif.
L'adoption de ce projet de loi dont on parlait depuis tellement
longtemps me permettra de respecter la parole que j'avais donnée le soir
des élections. Là comme ailleurs, comme dans le domaine de
l'assurance-maladie, dans le domaine du statut du français, dans le
domaine de la réforme administrative, dans tous les autres domaines, le
gouvernement agit, et il agit d'une façon dynamique, réelle et
continue.
En d'autres termes, M. le Président, le gouvernement remplit les
promesses des autres tout en respectant ses engagements et son programme
électoral.
M. le Président, j'aurai l'occasion, probablement, de
répondre et de répliquer aux arguments qui seront invoqués
par ceux qui parleront sur cette question, mais je suis convaincu que je
représente la presque totalité de la population en recommandant
l'adoption de ce projet de loi en deuxième lecture.
M. LE PRESIDENT: L'honorable chef de l'Opposition.
M. Jean-Jacques Bertrand
M.BERTRAND: M. le Président, tout d'abord quelques mots sur un
sujet, d'ailleurs, que vient d'aborder le premier ministre, quant à la
procédure utilisée au sujet de ce projet de loi concernant
certains districts électoraux au Québec.
Je pense qu'il me sera permis, M. le Président, de reprendre ici
les propos que j'ai tenus jeudi, à la séance de la commission.
Tout ce problème de la réforme électorale a
été référé pour étude, du
consentement unanime des membres de cette Chambre, à la commission de
l'Assemblée nationale. Je n'ai pas l'intention de reprendre tous les
propos qui ont été tenus par les représentants des
différents partis politiques, mais il y a un fait que tous doivent
admettre et on le retrouvera dans le journal des Débats qui rapporte les
délibérations de la commission permanente de l'Assemblée
nationale sur le sujet de cette réforme électorale, et ce qui est
rapporté dans le journal des Débats du 23 septembre 1970, le
numéro 27.
Le leader parlementaire du gouvernement était, à ce
moment-là, le député de Chambly, ministre du Travail et de
l'Immigration. A la page B-1328, en guise de conclusion lors de cette
séance où différents points de vue avaient
été exprimés sur le problème des districts
électoraux dits protégés par l'Acte de l'Amérique
du Nord britannique, le leader gouvernemental, M. Laporte, déclarait ce
qui suit et je le cite: "M. le Président, nous acceptons d'abord, quant
à nous; ce qui voulait dire le parti ministériel et
je pense que c'est unanime ce qui voulait dire que tous les
représentants des quatre mouvements politiques s'entendaient la
suggestion faite par le leader parlementaire de l'Opposition officielle, le
député de Maskinongé d'inviter à la
prochaine réunion les représentants des comtés
protégés par l'Acte de l'Amérique du Nord britannique.
Quant à la date, ajoute-t-il, il faut bien que nous constations que nous
sommes désireux et unanimement désireux d'apporter des
changements à notre système, à notre carte
électorale mais qu'il n'y a pas, en cette matière, une urgence
telle que nous devions précipiter les travaux et que nous nous
réunissions pour répéter des choses déjà
entendues ou déjà dites.
L'important est que nous convoquions une réunion lorsque nous
pourrons faire avancer le travail et non pas pour nous donner à nous
l'impression de faire du travail lorsque simplement nous nous agitons. Je pense
bien que si nous nous revoyions la semaine prochaine, nous continuerions en
général à discuter des mêmes problèmes." Et
c'est à ce moment-là qu'il avait suggéré, pour
permettre une longue réflexion, la date du 14 octobre.
M. le Président point n'est besoin de vous dire les
événements qui sont survenus depuis et qui nous ont privés
de la présence et de l'excellence du travail du leader parlementaire
gouvernemental. Voilà un fait admis de tous. Jeudi, nous nous sommes
réunis et un des députés ministériels qui a pu
s'exprimer, a déclaré, lui qui représente un des
comtés
protégés, le député de Brome, qu'il n'avait
pas été convoqué. Tous les représentants des
comtés protégés n'avaient pas été
convoqués pour l'examen spécifique du problème posé
par l'existence des comtés dits protégés.
Voilà deux faits. Premièrement convocation d'une
séance. Deuxièmement convocation des membres. Ce sont des faits
absolument irréfutables quant à la procédure qui devait
être utilisée pour nous permettre l'examen de ce projet de loi.
C'est tellement vrai que lors du dépôt en première lecture
de ce projet, j'avais suggéré que le projet de loi soit
référé à la Commission de l'Assemblée
nationale.
Sans faire une longue argumentation certains de mes
collègues pourront y revenir je suis donc en mesure de conclure
cette partie de mon intervention que le gouvernement n'a pas respecté la
procédure sur laquelle tous les partis avaient déclaré une
unanimité magnifique au sujet d'un problème important et je ne
parle pas seulement du problème des districts électoraux. Je
parle de tout le problème de la réforme de la carte
électorale. Cela c'est un autre fait. Hier et ce matin, on écrit
dans les journaux que l'Opposition voudrait faire de l'obstruction
systématique là-dessus. C'est faux. C'est absolument faux. Mais
il est de notre devoir d'indiquer au gouvernement qu'il ne respecte pas la
parole qui avait été donnée par le leader parlementaire du
gouvernement.
Non, ce n'est pas de l'obstruction systématique que nous voulons
faire. J'ai indiqué sur la procédure que le gouvernement choisit
une autre voie, contraire à celle qu'il avait prise, car le leader
gouvernemental, M. Laporte, le député de Chambly parlait, le 23
septembre, au nom du gouvernement. Et je dis qu'une telle attitude est mauvaise
parce que c'est poser un précédent dommageable pour les travaux
des commissions, dans lesquels je crois avoir été un de ceux qui,
depuis plusieurs années, dans ce Parlement ont demandé que le
travail législatif soit fait par des députés au sein des
commissions.
Alors que nous étions dans l'Opposition, j'ai été
celui qui a demandé au gouvernement de former des commissions
spéciales pour l'examen des prévisions budgétaires; j'ai
été celui qui a demandé la formation de la commission de
l'Education, la formation de la commission de la constitution. Et en toute
humilité, je puis dire que je me suis toujours fait l'avocat des travaux
des commissions, parce que c'est là que le député peut
véritablement jouer un rôle de législateur.
M. le Président, ces propos étant dits, je ne recule pas
devant l'obligation qui est faite à un député de prendre
position sur le projet de loi qui nous est présenté. Même
si le gouvernement n'a pas respecté son engagement formel, je
respecterai le mandat responsable que j'ai accepté comme
député du comté de Missisquoi, un comté qui fait
partie des 17 comtés qui se sont vus, à l'époque, de
l'établissement de la confédération canadienne, en 1867,
accorder une protection.
Voici le pourquoi de cette protection que l'on retrouve dans l'Acte de
l'Amérique du Nord britannique, à l'article 80, lequel se lit
comme suit: "L'Assemblée législative de Québec se
composera à l'époque de 65 membres qui seront
élus pour représenter les 65 divisions ou districts
électoraux du Bas-Canada mentionnés au présent acte, sauf
toute modification que pourra y apporter la Législature de
Québec. Mais, il ne pourra être présenté au
lieutenant-gouverneur de Québec, pour qu'il le sanctionne, aucun bill
à l'effet de modifier les délimitations des divisions ou
districts électoraux énumérés dans la
deuxième cédule annexée au présent acte, à
moins qu'il n'ait été passé à ses deuxième
et troisième lectures dans l'Assemblée législative, avec
le concours de la majorité des membres représentant toutes ces
divisions ou districts électoraux. La sanction ne sera donné
à aucun bill de cette nature, à moins qu'une adresse n'ait
été présentée au lieutenant-gouverneur par
l'Assemblée législative, déclarant que tel bill a
été ainsi passé."
La deuxième cédule à laquelle ce texte renvoie
énumère les districts électoraux suivants, auxquels
s'appliquent les restrictions de l'article 80 en ce qui concerne la
modification de leurs limites: "Pontiac, Compton, Brome, Argenteuil,
Mégantic, Stanstead, Missisquoi, Ottawa, Wolfe et Richmond, Shefford,
Huntingdon et la ville de Sherbrooke".
Bien entendu, depuis assez longtemps, depuis 1882, une série
d'amendements ont été apportés à la Loi de la
redistribution électorale. Ce qui fait qu'aujourd'hui, pour ne pas me
référer à une étude assez exhaustive et en citer
plusieurs pages, ce sont les comtés suivants: "Argenteuil, Brome,
Compton, Frontenac, Gatineau, Huntingdon, Labelle, Mégantic, Missisquoi,
Papineau, Pontiac, Richmond, Shefford, Sherbrooke, Stanstead,
Témiscamingue et Wolfe."
Donc, dix-sept comtés. Voilà la situation. Pourquoi cette
protection, pourquoi ces privilèges à l'époque? J'ai lu
les débats de la Confédération canadienne, en particulier
certains discours de Georges-Etienne Cartier. Cette protection avait
été demandée par l'élément anglophone qui,
à la suite de la révolution américaine, est venu
s'établir tout le long de la frontière
canado-américaine.
Si vous examinez la géographie, vous noterez que la plupart de
ces comtés ont comme borne le côté américain depuis
le comté de Compton jusqu'au comté de Missisquoi et, par
après, sont bornés par la province d'Ontario, le comté de
Pontiac, par exemple. Le but des dispositions de l'article 80, ayant trait
à ces comtés, était d'assurer à la minorité
anglophone du Québec, qui exerçait une influence
prédominante dans ces comtés, un minimum de représentation
à Québec.
On pourrait épiloguer longtemps là-dessus, ajouter toutes
sortes de commentaires, mais je ne fais que rappeler, en résumé,
le but que poursuivaient, à ce moment-là, ceux qui ont
préparé l'Acte de l'Amérique du Nord britannique. Est-il
opportun de maintenir une telle disposition dans l'Acte de l'Amérique du
Nord britannique et en particulier dans la constitution du Québec? A ce
sujet, je pense qu'il faut accorder à tous les députés qui
représentent ces comtés la plus grande liberté possible.
Quant à moi, comme chef de l'Union Nationale, j'accorde à mes
collègues, qui représentent ces comtés, comme à
tous mes autres collègues, sur une mesure comme celle-ci, la
liberté de choisir eux-mêmes la voie qu'ils croient bon de
suivre.
Sont-ils favorables à la disparition, dans notre constitution
canadienne, d'une telle disposition? S'ils le sont, s'ils veulent la
disparition de cet article, ils peuvent, en toute liberté et en toute
quiétude, appuyer le projet de loi. Ceux qui s'y opposent peuvent
également voter contre. Ils sont absolument libres, et j'espère
que le premier ministre du Québec, chef du gouvernement, adoptera
à l'endroit de ce projet de loi, quant à l'attitude que ses
députés doivent prendre, la même attitude,
c'est-à-dire accorder à ses députés le même
degré de liberté.
Mon opinion s'est manifestée il y a assez longtemps. Je
participais, en 1963, 1964 et 1965, aux travaux d'une commission parlementaire
qui s'est occupée du même problème. J'ai alors
exprimé une opinion me déclarant favorable à la
disparition de ce privilège qui a été accordé au
comté de Missisquoi.
Je n'ai pas changé d'idée. Je crois que c'est un
anachronisme et la minorité anglophone du comté de Missisquoi n'a
jamais eu, n'a pas et n'aura pas besoin de cette protection. Chacun peut
différer d'opinion. On dira en certains milieux: Avez-vous
consulté vos électeurs, est-ce qu'un référendum a
été tenu, chez vous, pour connaître le point de vue des
électeurs?
M. le Président, le traitement qui a été
accordé chez nous je parle pour Missisquoi à mes
compatriotes anglophones a toujours été excellent, à tous
les points de vue et je n'ai pas besoin de consulter un à un les
électeurs anglophones du comté de Missisquoi pour connaître
leur point de vue. D'ailleurs, ce serait de la répétition que de
dire ici, qu'au Québec, nos compatriotes anglophones ont toujours
été, c'est le cas de le dire, royalement traités, dans
tous les domaines.
Donc, cette disposition, quant à moi, n'a plus sa raison
d'être. Le comté de Missisquoi sera, comme tous les autres
comtés au Québec, un comté où on pourra, sans qu'il
y ait d'obstacles, procéder à un examen en profondeur du
problème de la redistribution de la carte électorale. Je
regrette, par contre, que ce projet de loi vienne ce matin et je me dois de
l'indiquer. Certains de mes collègues s'y opposent, un en particulier,
que la maladie vient de frapper, mon collègue le député de
Shefford, retenu à l'hôpital, on le sait tous, qui est assez
gravement malade et qui ne partage pas mon point de vue.
Je le regrette, car si la loi était venue en une autre
période, il aurait pu exprimer son point de vue et je n'ai aucun doute
que certains de mes collègues pourront reprendre des arguments qu'il
aurait utilisés. Donc, la loi du maintien de ce privilège qui n'a
plus sa raison d'être, quant à moi, je n'ai aucune objection
à ce qu'elle disparaisse. M. le Président, je prends mes
responsabilités comme député du comté de Missisquoi
sur le fond du problème d'une redistribution de la carte
électorale. Je crois qu'il est de mon devoir en cette occasion
étant donné les propos que l'on a tenus depuis le début,
de parler également du remaniement de cette carte électorale.
Le parti que je dirige a toujours mis de l'avant certains principes en
vue d'assurer le maintien d'une juste et équitable représentation
rurale. M. Johnson déclarait devant le comité de la carte
électorale, le 7 avril 1965: "Le remaniement de la carte
électorale met en opposition deux conceptions différentes de la
démocratie. L'une qui se fonde sur une égalité purement
mathématique qui considère les citoyens comme des unités
interchangeables et qui fait du nombre la mesure principale des droits. L'autre
qui s'efforce d'être humaine et de favoriser un équilibre
harmonieux du corps social en réglant la représentation
électorale suivant la dimension des besoins et des problèmes
à résoudre. La première est évidemment la plus
facile à réaliser, mais en ne faisant aucune distinction entre le
fort et le faible, elle aboutit en fait à accentuer les
disparités et les injustices au lieu de les corriger. Elle
procède de la même philosophie, ou de la même absence de
philosophie, dont se sont inspirés certains gouvernements qui taxaient
tout le monde, même ceux qui n'avaient pas les moyens de payer, pour
donner également à tout le monde, même à ceux qui
n'avaient pas besoin d'être aidés."
M. le Président, il y a toute une série de raisons qui
militent, à l'occasion de la redistribution d'une carte
électorale, en faveur du deuxième principe qui est plus humain
parce que, d'abord, ce sont en général des régions
déprimées et sous-équipées qui ont plus besoin que
les autres de l'aide de l'Etat, parce qu'elles sont plus
éloignées des ministères et des services gouvernementaux,
la plupart du temps centralisés à Québec et à
Montréal, et que c'est, qu'on le veuille ou non, par
l'intermédiaire de leur député qu'elles peuvent le plus
facilement entrer en contact avec l'administration provinciale. Parce qu'elles
disposent de moyens plus faibles pour agir sur l'opinion publique et pour
exprimer leurs besoins et leurs suggestions, les principaux organes de
diffusion: journaux, revues, postes de radio et postes de
télévision, étant situés dans les villes et
réflétant en général
une mentalité urbaine; parce qu'une migration constante de la
population active vers les centres urbains prive les campagnes de leurs
éléments les plus dynamiques, y laissant d'autre part une plus
grande proportion de personnes âgées, d'enfants, d'invalides et
d'assistés sociaux.
Il faut tenir compte de l'absence de tout autre lien organique avec
l'administration provinciale, car nous n'avons pas encore chez nous, qu'on le
veuille ou non, la décentralisation gouvernementale par
l'établissement, dans toutes les régions du Québec, de
bureaux où l'électeur peut s'adresser en vue d'obtenir des
renseignements, il y en a bien, je l'admets, dans le domaine du
bien-être, mais non pas dans tous les domaines.
L'administration n'est pas décentralisée parce qu'il est
plus difficile d'organiser à la campagne, à cause de
l'éparpillement de la population, des corps intermédiaires
puissants et des groupes de pression pour influencer la politique du
gouvernement et y participer.
Il ne faut pas oublier, à l'occasion d'une redistribution de la
carte électorale, que ce n'est pas la même chose pour le
Québec ou la carte électorale du gouvernement provincial que
ça peut l'être pour la carte électorale du gouvernement de
l'Etat central.
Il y a une foule de problèmes et Dieu sait si
l'expérience nous l'a appris! de compétence du
Québec qui concernent directement les régions rurales,
l'agriculture, la colonisation, les terres et forêts, les richesses
naturelles, la voirie, le transport et les communications, la chasse et la
pêche.
Il est clair que le député d'une agglomération
urbaine n'a pas la même tâche, n'a pas les mêmes
responsabilités que le député d'une région rurale.
Ce n'est pas du tout la même chose.
Il y a dans les grandes villes la ville de Montréal entre
autres une corporation, une ville bien organisée avec toutes
sortes de services, chose que l'on ne retrouve pas dans la plupart des
comtés ruraux du Québec. Il faut donc tenir compte dans la
redistribution de la carte électorale de la différence de
problèmes entre le secteur urbain et le secteur rural.
Je tenais à ajouter ces propos à l'occasion de la
discussion de ce projet de loi parce que, indépendamment du
problème des districts électoraux protégés, il
restera à la commission le soin d'établir des critères
pour assurer une représentation des comtés en dehors des grandes
villes, comtés que l'on appelle ruraux. Plusieurs donnent parfois au
terme rural un sens péjoratif, mais il n'y en a pas dans mon esprit.
Aucun. Le rural, et les gens de la ville l'admettent, vaut le citoyen urbain.
Il ne demande pas un privilège pour lui; il le demande à cause de
la situation du milieu où il doit vivre.
Ces quelques considérations indiquent bien qu'au moment où
nous abordons à la Commission de l'Assemblée nationale le
problème de la redistribution, il faudra définir des
critères et il faudra que ces critères soient définis par
les membres de la Commission de l'Assemblée nationale à la suite
d'études, bien entendu, s'il le faut, par des experts de
l'extérieur. Mais il faut que ce soit la Commission de
l'Assemblée nationale qui garde la direction de tous ces travaux. Et
pourquoi? Parce qu'en fin de compte, quels que soient les rapports des experts,
il faudra revenir devant la Chambre pour soumettre le nouveau projet de la
redistribution de la carte électorale et les autres projets qu'il y aura
lieu ou non d'adopter quand au mode de scrutin, quant à la
réforme de la loi électorale proprement dite.
Je termine. Sur la procédure sur laquelle nous ne sommes pas
d'accord d'autres de mes collègues y reviendront sur la
loi elle-même, mes collègues sont libres ceux qui
représentent les comtés protégés et les autres
d'exprimer leur opinion personnelle.
Je parle ici comme député du comté de Missisquoi
puisque je représente un de ces comtés dits
protégés. J'ai exprimé mon opinion. Je la reprends: je
suis favorable à la disparition de ce privilège.
Troisièmement, quant aux travaux de la commission, notre
mouvement politique a toujours indiqué dans ses programmes
électoraux qu'il travaillerait pour le maintien d'une
représentation rurale juste et équitable et qu'il n'accepterait
pas la règle mathématique dans ce domaine, règle que nous
croyons absolument inhumaine et non-conforme à la réalité
sociale, à la réalité économique, à la
réalité culturelle dans les milieux ruraux.
M. le Président, je termine ces quelques propos en redisant que
je suis, quant à moi, peiné qu'un de mes collègues en
particulier, M. Russell, député de Shefford, ne soit pas
présent; car rien ne vaut mieux, pour le représentant d'un
comté, que de pouvoir exprimer son opinion, mais malheureusement,
à cause des circonstances, il ne peut pas être ici.
Donc, sur le principe de la loi, je suis favorable.
M. LE PRESIDENT (Harvey-Chauveau): L'honorable député de
Mégantic.
M. Bernard Dumont
M. DUMONT: M. le Président, permettez-moi tout d'abord de
féliciter bien sincèrement le chef de l'Opposition qui vient de
faire un magnifique exposé. La franchise qu'il a démontrée
tout au cours de cet exposé rejoint très bien la motion que nous
avions présentée en novembre dernier demandant, malgré les
objections du député de Maskinongé, que toujours un vote
libre existe et il en a donné les bonnes explications en
ce Parlement. J'ose espérer que, du côté gouvernemental,
sur ce vote qui sera pris, cette même liberté que le
chef de l'Opposition vient d'accorder à ses collègues sera
donnée pour qu'un exemple démontre que la véritable
démocratie est toujours vivante au Québec, par le mandat que les
électeurs nous ont confié.
Alors, sincèrement, le chef de l'Opposition mérite des
félicitations. Je sais qu'avec l'inspiration qu'il nous a transmise, il
continuera à être un chef de file dans la province de
Québec. C'est tout à son honneur.
M. le Président, dans ce projet de loi 65 qui aura comme
conséquence de faire disparaître l'article 80 de l'Acte de
l'Amérique du Nord britannique, je dis qu'actuellement, le gouvernement
agit à l'envers, à cause des promesses qui ont été
faites à tous les députés, les 17 députés
des comtés protégés, qu'on pourrait, au cours de
l'été, commencer des consultations afin de pouvoir donner
l'opinion générale de toute la population pour un amendement
à la constitution qui est d'une si grande importance.
Je me réfère, moi aussi, à cette journée
mémorable du 23 septembre 1970. Je cite textuellement à la page
D-1310: "L'urgence, c'est d'abord de consulter le peuple soit, en l'occurrence,
nos électeurs dans ces 17 comtés". J'en ai fait, à ce
moment-là, une demande formelle. J'ai été appuyé
à l'unanimité par les députés présents. Je
cite, entres autres, le député de Bagot qui disait: "Le
député de Mégantic a soulevé un point qui me
paraît important. C'est que nous devons procéder de façon
démocratique". Il continuait en disant: "II a raison en disant: II faut
s'informer auprès de la population. Et je ferais même un pas de
plus si on veut faire de cette question un référendum. Non pas un
référendum, disait-il, en vertu d'une Loi des
référendums adoptée à l'Assemblée nationale,
mais plutôt un sondage populaire, car je pense qu'il ne devrait pas se
faire uniquement au niveau des comtés protégés."
Voilà, à mon sens, un appui très logique et de gros
bon sens qui aurait permis, comme je l'ai fait, d'ailleurs, dans le
comté de Mégantic, mais de le faire dans toute la province, afin
que nous puissions avoir une opinion générale de toute la
population.
Pour confirmer cet appui unanime que nous avions reçu, nous
retrouvons, à la page B-1328, une déclaration du regretté
ministre, député de Chambly, qui disait: "M. le Président,
nous acceptons d'abord, quant à nous, et je pense que c'est unanime
testament politique du député de Chambly la
suggestion faite par le leader parlementaire de l'Opposition officielle,
d'inviter à la prochaine réunion les représentants des
comtés protégés par l'Acte de l'Amérique
britannique du Nord."
Or, M. le Président, c'est un testament politique; les
collègues de cet homme, présents en cette Chambre, n'ont pas le
droit de le mettre de côté et de dire que nous ne devrions pas
actuellement nous réunir en commission afin d'étudier les
conséquences de l'abolition de l'article 80 de l'Acte de
l'Amérique du Nord britannique.
Le gouvernement trahit actuellement par le fait même ses propres
partisans. La preuve de ce que j'avance, c'est que, le mardi 28 juillet, le
premier ministre de la province écrivait textuellement: " A
l'ajournement de la session, le 17 juillet dernier, j'ai eu l'occasion de
présenter une motion afin de permettre aux commissions de
l'Assemblée nationale de siéger durant la saison estivale. C'est
donc dire que, dès le mois d'août et au cours du mois de septembre
et ce jusqu'à la reprise des travaux, le 27 octobre, les
députés seront appelés à étudier un certain
nombre de projets. "Ainsi la commission de l'Assemblée nationale
examinera la fameuse question de la réforme du système
électoral. J'ai tenu à préciser que cette commission devra
pouvoir formuler au gouvernement les recommandations sur trois points
particuliers: la Loi électorale, le mode de scrutin et la
révision de la carte électorale", qu'il plaçait en
troisième lieu. Or, ceci venant de la bouche même du premier
ministre et conscients qu'il respecterait cette parole, nous avons, dans nos
comtés protégés, commencé à faire des
enquêtes, à rencontrer nos gens, à envoyer une
quantité énorme de lettres pour nous informer. Nous avons
prononcé plusieurs causeries et eu des journées de consultation
populaire, pour que la population vienne donner son point de vue. Dans le
comté de Mégantic, après cette consultation, je me suis
rendu compte, avec ce début d'information, que, en
général, le tout est partagé 50-50.
C'est avec la promesse que nous aurions cette commission, afin de
permettre aux autres comtés protégés de donner leur
opinion, que nous avons fait ce travail gigantesque. Et voilà que, du
revers de la main, le premier ministre dit: Non, je présente le projet
de loi, venez en cette Chambre, votez avec nous. Eh bien, nous, nous disons:
non. Nous voulons d'abord que la commission siège. Nous voulons d'abord
que toute la population soit informée d'un acte aussi important. Et
c'est pourquoi on demande cette liberté qui a été
demandée par le chef de l'Opposition, tout à l'heure: Un vote
libre sur cette question. Au moins, lorsque nous serons appelés à
voter tout à l'heure, j'ose espérer que nous verrons les gens qui
se sont déjà prononcés en commission contre l'abolition de
cet article 80 être capables d'exprimer leur opinion librement.
J'avais, lors de cette enquête, préparé un
questionnaire à l'intention des électeurs de mon comté.
Quelles questions étaient formulées? On nous disait: Oui,
demandez donc aux gens d'abolir des privilèges. Ils vont vous dire: Non,
on ne veut pas perdre ces privilèges. J'ai voulu faire ce travail d'une
façon concrète et sérieuse. C'est une des raisons pourquoi
j'explique les questions que nous avons posées.
Premièrement, je disais aux électeurs: En 1867, dans
l'Acte de l'Amérique du Nord
britannique, il était prévu que des comtés à
majorité anglaise ne pouvait être modifiés sans le
consentement de la majorité des députés de ces
comtés. Croyez-vous que cet article de l'Acte de l'Amérique du
Nord britannique soit encore nécessaire aujourd'hui? J'ai dit
tantôt, 50-50 mais, dans cette réponse-ci, la personne dit non.
Elle veut, autrement dit, comme le premier ministre le demande, l'abolition.
Mais, j'en ai eu qui ont été en faveur et d'autres qui ont
été contre.
Deuxième question. Si d'autres comtés sont devenus,
aujourd'hui, à majorité anglaise, devrions-nous étendre ce
droit à plus de 17 comtés dans le Québec? Réponse:
Non.
Troisième question. Devons-nous conserver ces droits acquis pour
empêcher la réforme de la carte électorale ou si cette
attitude est une atteinte à notre démocratie? La réponse
est : Je ne suis pas pour la réforme électorale.
Quatrièmement. Que nous conseillez-vous de faire pour
empêcher les comtés de la région de Montréal de
s'angliciser davantage? On répond: Je me fie à la
compétence des députés, après qu'il y aura eu
consultation.
Voilà une réponse qui nous permet de constater que si nous
pouvions aller aux quatre coins de la province pour informer les gens,
prévenir les corps intermédiaires, nous pourrions avoir, de ce
fait, des réponses aux questions sérieuses que nous posons pour
permettre d'établir directement une action qui sera la volonté du
peuple.
Enfin, j'avais une cinquième question et je demandais, prenant en
exemple le comté de Mégantic: Croyez-vous que la dimension de ce
comté devrait être agrandie pour permettre aux villes plus
populeuses d'avoir plus de députés? Encore là on
répondait: Je ne suis pas assez renseigné, le tout devrait
être sérieusement étudié, après consultation,
toujours. C'est le désir de la population et lorsque nous faisons un
travail semblable, lorsque nous avons préparé, par des
journées d'études, cette façon de procéder qui est
très démocratique à mon sens, et que du revers de la main,
le premier ministre de la province de Québec empêche les
commissions de siéger en abolissant, par un projet de loi, l'article 80,
eh bien, nous ne pouvons pas, M. le Président, accepter cette
façon de procéder car c'est rejeter l'opinion de la population et
trahir les opinions émises pas plus tard que, comme je le citais tout
à l'heure, le 28 juillet 1970.
M. TETLEY: M. le Président, l'honorable député me
permet-il une question?
M. DUMONT: Certainement.
M. TETLEY: Avez-vous posé ces questions en anglais aussi?
M. DUMONT: C'est une très bonne ques- tion. Dans le comté
de Mégantic, dû à une culture très avancée,
tous mes concitoyens sont bilingues.
M. TETLEY: Très bien, la réponse est non. Je suis de votre
avis, le comté est bilingue et j'en suis très content. Quel est
le pourcentage, dans le comté de Mégantic, de personnes d'origine
anglophone, dont la langue maternelle est l'anglais, et quel est le pourcentage
de personnes dont la langue maternelle est le français?
M. DUMONT: En réponse au ministre je dirai que je n'ai pas voulu
en faire une question de discussion entre les Canadiens d'origine anglaise et
les Canadiens d'origine française et j'ai, de ce fait,
évité cette discussion possible afin de toujours garder l'esprit
calme qui existe dans le comté de Mégantic, comme Black Lake, que
l'on appelle aussi Lac-Noir, Thetford Mines, Inverness et une foule d'autres
municipalités qui ont un nom anglais, comprendra qu'il y a là
plusieurs résidants d'origine anglaise. Je respecte ces gens. J'ai
beaucoup de considération pour eux. Eux aussi aimeraient, à la
commission parlementaire, pouvoir exprimer leur point de vue et je suis
convaincu que le ministre le permettra peut-être pour eux dans son
comté considérant que le premier ministre ne nous donne pas le
choix de convoquer à cette commission, ou du moins, dans l'amendement
que je présenterai tout à l'heure...
M. BROWN: Pardonnez-moi.
M. LE PRESIDENT (Harvey, Chauveau): L'honorable député de
Brome.
M. BROWN: M. le Président, pourrais-je prendre la liberté
de me référer à un livre et de donner l'information au
député tout de suite, si vous permettez?
A la page 62 du "Quebec Year Book" "The number of English speaking only
in the county of Megantic: 886. Those who speak English and French: 7,622.
Those who speak French only: 48,873 and the total population of Megantic:
57,400.
M. TETLEY: Enfin, M. le Président, 96 p. c. sont de langue
française et je posais tout simplement la question pour démontrer
que la protection des anglophones dans Mégantic n'est pas vraiment la
question.
M. DUMONT: Je pourrais peut-être répondre au ministre que
nous avons aussi l'intention de nous servir si c'est le désir de
la population de ces 17 comtés protégés pour
empêcher que la ville de Montréal continue à s'angliciser
comme elle le fait actuellement.
Renversez maintenant les rôles puisque justement, dans ces
comtés, et je l'admets, nous
sommes devenus à majorité canadienne française,
mais nous respectons toujours les minorités et nous voulons
réellement que la ville de Montréal cesse de s'angliciser.
En véritables Canadiens que nous sommes, pour la bonne entente de
tous les Québécois et de tous les Canadiens, nous désirons
et c'est le désir du député de Mégantic
inverser maintenant cette protection des minorités anglaises
pendant cent ans pour empêcher que Montréal continue à
s'angliciser.
Tout au début, nous avons eu, à cette commission, des
journées d'étude qui ont été très
intéressantes. Malheureusement, aujourd'hui, on semble vouloir mettre de
côté cette façon de procéder. Je
m'élève contre cette méthode. Quand je demande que le
respect de la liberté du vote existe, je ne ferai que rapporter une
déclaration d'un député qui disait, à cette
commission: "J'ai parlé assez longuement du problème avec les
gens de mon comté. Ce sont des gens raisonnables, je peux le dire; ils
acceptent la théorie qu'on ne peut pas résister. La marée
va venir, qu'on le veuille ou non; c'est mieux d'accepter d'être agrandis
que d'être lavés." Pour cela, moi, je n'ai pas d'inquiétude
dans mon comté. "J'ai toujours été un homme du parti"
disait-il. Remarquez, M. le Président, que c'est un député
libéral qui parlait. "Ce n'est pas pour vous dire que je suis mieux que
vous autres, mais je vais trouver difficile de voter pour faire
disparaître l'article 80 de la constitution parce que ce n'est pas moi
qui suis protégé, c'est mon comté." Voilà, de la
part d'un député libéral, une très bonne
déclaration qui, déjà, démontre quel sorte de vote,
ce député pourrait donner s'il était libre. C'est pourquoi
j'apprécie la franchise, que le chef de l'Opposition a eue tout à
l'heure. Je demanderais que cette même franchise, que cette même
liberté d'action existe du côté ministériel.
Déjà, je suis convaincu que ce projet de loi serait
renvoyé a plus tard afin de permettre d'abord de consulter l'opinion
publique.
Motion de renvoi à trois mois
M. DUMONT: Or, parce que nous ne voulons pas éterniser ce
débat et parce que, même à l'approche des fêtes, des
concessions peuvent être faites, au lieu d'adopter les projets de loi
à la vapeur, je propose, secondé par le député de
Richmond, que le projet de loi 65 soit reporté à trois mois afin
de permettre une étude approfondie de l'abolition de l'article 80 de
l'Acte de l'Amérique du Nord britannique en consultant d'abord les
représentants des dix-sept comtés protégés.
M. LE PRESIDENT (Harvey-Chauveau): L'honorable député de
Terrebonne sur la motion.
M. Denis Hardy
M. HARDY: M. le Président, parlant strictement sur la motion
d'ajournement, évidemment, je serai contre cette motion à l'effet
de reporter l'étude du projet de loi à trois mois. Le principal
argument invoqué est qu'il n'y aurait pas eu respect d'un engagement,
pris à la commission parlementaire, à l'effet de consulter les
députés des comtés protégés. Or, je relis
textuellement ce qu'avait dit l'honorable Pierre Laporte à ce
moment.
Et je cite: "M. le Président, nous acceptons d'abord, quant
à nous, et je pense que c'est unanime, la suggestion faite par le leader
parlementaire de l'Opposition officielle d'inviter, à la prochaine
réunion, les représentants des comtés
protégés par l'Acte de l'Amérique du Nord britannique."
Voilà textuellement ce qu'avait dit M. Laporte. Nous sommes
présentement en face d'une divergence d'interprétation de ses
paroles.
D'une part, l'honorable député de Missisquoi et
l'honorable député de Mégantic disent que le gouvernement
ne respecte pas l'engagement pris par l'honorable leader parlementaire du
temps.
C'est tout simplement une divergence de perception de ces paroles, parce
que moi, en reprenant le même texte, les mêmes paroles de
l'honorable Pierre Laporte, je dis que le gouvernement a respecté
entièrement cet engagement de l'honorable leader parlementaire du temps.
En effet, si on lit le même texte, qu'est-ce que le leader parlementaire
disait? C'était qu'à une séance subséquente les
députés des comtés protégés et aussi tous
les députés, parce que je continue à prétendre que
ce n'est pas seulement le problème des 17 comtés
protégés.
L'engagement c'était que ces députés aient la
possibilité, l'avantage de venir à la commission et de dire ce
qu'ils pensaient de ce problème et qu'antérieurement à
cette séance de commission, ces mêmes députés aient
l'avantage de consulter leurs électeurs. Evidemment, je suis
parfaitement d'accord avec cette opinion, et l'expérience que j'ai
relatée hier soir en fonction d'un autre projet de loi démontre
que je crois véritablement à la consultation, à la
participation des électeurs.
Or, qu'est-il arrivé, M. le Président? Cette séance
subséquente où les 17 députés devaient se faire
entendre avait été fixée au 14 octobre. Le 23 septembre on
avait fixé la date de l'autre séance au 14 octobre. Les
députés devaient venir après consultation de leurs
électeurs et dire ce qu'ils pensaient du problème. Or, il est
arrivé, à cause des événements que nous connaissons
tous, que cette séance du 14 octobre n'a pas eu lieu, elle a eu lieu
cette semaine, M. le Président, je dis que c'est là qu'il y a une
divergence de perception de la réalité, parce que la
séance du 14 octobre a été tout simplement reportée
à cette semaine, et les conditions de la
séance du 14 octobre ont été intégralement
respectées cette semaine.
De quelle façon? Premièrement, tous les
députés les députés des 17 comtés
protégés comme tous les autres députés de cette
Chambre ont été convoqués à cette
réunion.
M. DUMONT: Est-ce que le député me permet une
question?
M. HARDY: Ah oui!
M. DUMONT: Est-ce que le député pourrait nous dire combien
de députés des comtés protégés ont
été entendus à cette commission?
M. HARDY: Cela c'est un autre problème auquel je reviendrai
tantôt.
M. DUMONT: Combien?
M. HARDY: Je vais répondre à votre question, mais si vous
voulez bien, j'ai... Est-ce que le député de Mégantic me
laisse le loisir et la liberté de respecter mon propre plan
d'énoncé?
M. DUMONT: Toujours. M. HARDY: Merci.
M. DROLET: Nous allons voir si votre plan est bon.
M. HARDY: Or, je dis, M. le Président, que tous les
députés ont été convoqués à cette
réunion, et on n'a qu'à revoir le feuilleton de cette Chambre.
Non seulement les députés ont été convoqués
à cette réunion de la commission parlementaire, mais le premier
ministre a déclaré lors de l'avis de présentation de ce
projet de loi, à la suite d'exposés des membres de l'Opposition,
le premier ministre a déclaré, et je cite, substantiellement
sinon textuellement ses paroles, que les députés auraient
l'occasion jeudi matin d'exposer leurs opinions sur le projet de loi.
Donc, les conditions...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je pose la question de privilège
là. Il faut quand même respecter un peu l'exactitude des faits. Il
a été établi lors de la dernière réunion de
la commission parlementaire que, d'accord, il y avait eu convocation; mais
c'est un membre du Parti libéral qui a fait observer à la
commission parlementaire que cette convocation n'avait pas été
faite en bonne et due forme. D'accord on l'avait fait tenir à tous les
députés, mais aucun ordre du jour n'avait été
établi, et il n'avait pas été indiqué quel serait
le sujet en discussion lors des auditions de la commission.
M. HARDY: Alors, M. le Président, évidemment, je ne veux
pas soulever de débat là- dessus, mais je vous fais tout
simplement remarquer en passant que la question de privilège
invoquée par le député de Chicoutimi n'en est pas une.
M. LE PRESIDENT (Harvey-Chauveau): Si le député de
Terrebonne veut me le permettre, en vertu des règlements qui
régissent cette Chambre, je jugerais, en raison de l'article 557, la
motion du député de Mégantic comme étant
irrecevable puisqu'on en donne la raison. Habituellement, lorsqu'une motion est
présentée, on doit s'en tenir à la motion purement et
simplement, à savoir qu'il faut proposer tout simplement que le projet
de loi soit reporté à trois mois.
Si vous acceptez de biffer ce qui suit à cette proposition, nous
allons continuer la discussion sur la motion...
M. DUMONT: M. le Président, le reste n'était tout
simplement que des commentaires. Autrement dit, c'est ce que j'avais
écrit à la fin. Donc, "soit reporté à trois mois "
est ma motion, point. Pour le reste, c'était mes propres commentaires
que je donnais après cette motion. Si on veut accepter comme texte de
cette motion "reporté à trois mois" c'est le désir du
député de Mégantic.
M. PAUL: M. le Président, je crois que d'office, vous auriez pu,
en vertu de l'article 158, rejeter cette motion. Je sais que vous connaissez le
règlement, mais vous n'avez pas osé aller jusque là. En
effet, aucune motion ne doit être appuyée de motifs. Et vous aviez
raison de signaler à l'honorable député que sa motion
avait un motif.
Au point de vue pratique, je suis heureux de constater que l'honorable
député de Mégantic en fait disparaître la
dernière partie, ce qui éloignera l'occasion ou la tentation de
présenter une motion qui serait plus conforme au règlement.
M. HARDY: M. le Président, l'aspect peccamineux de la motion du
député de Mégantic étant disparu... Vous voyez, M.
le Président, j'apprends vite...
M. PAUL: Est-ce que l'honorable député me permettrait une
question? Est-ce que vous admettez que les propos théologiques
parlementaires de l'honorable député de Chicoutimi vous ont fait
un grand bien?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je ferai observer au
député de Terrebonne que ce n'est pas l'aspect peccamineux, c'est
la matière peccamineuse.
M. HARDY Je note, M. le Président, et j'ajoute tout simplement
que mon principe fondamental est de prendre mon bien là où il
se
trouve, même chez le député de Chicoutimi.
Revenant à la motion du député de
Mégan-tic...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je vous enverrai mes notes de cours.
M. HARDY: Revenant à la motion du député de
Mégantic, pour résumer un peu, premièrement je dis que les
députés ont tous été convoqués.
Deuxièmement, les députés savaient tous qu'à la
réunion de jeudi il serait question de ce projet de loi. Et,
troisièmement, je dis que les députés ont eu plus que ce
qui avait été dit dans les propos de M. Laporte puisque
d'après les propos de M. Laporte, ils n'auraient eu que du 23 septembre
au 14 octobre pour consulter leurs électeurs alors qu'à cause des
événements, ils ont eu du 23 septembre jusqu'à cette
semaine pour le faire.
Or, je dis que si jeudi dernier il y avait des députés qui
ne connaissaient pas l'avis de leurs électeurs, l'opinion de leurs
électeurs, c'est parce qu'ils ne s'étaient pas donné la
peine de se prévaloir de ce temps. C'est pourquoi je dis que nous devons
voter contre cette motion.
M. BERTRAND: Midi et demi. M. BROCHU: M. le Président...
M. PAUL: M. le Président, je proposerais la suspension du
débat.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que le député de Terrebonne a
terminé son intervention?
M. HARDY: J'ai terminé mon intervention sur la motion. Je
réserve mon droit de parole sur le fond.
M. DUMONT: A la question que je vous ai posée: Combien de
députés ont été entendus à la commission? Je
n'ai pas eu de réponse.
M. HARDY: Cela n'a rien à voir avec le principe de la
question.
M. LEVESQUE : Je suggérerais la suspension des travaux de la
Chambre jusqu'à deux heures, de consentement unanime.
M. LE PRESIDENT: La Chambre suspend ses travaux jusqu'à deux
heures.
Reprise de la séance à 14 h 2
M. HARVEY (Chauveau, président): A l'ordre, messieurs!
L'honorable député de Maskinongé.
M. Rémi Paul
M. PAUL: M. le Président, je vous félicite de
connaître si bien votre géographie, considérant que le
comté de Maskinongé n'est pas un comté
protégé. Je dis donc que nous devons restreindre la portée
de nos remarques à la motion présentement à l'étude
aux fins de reporter à trois mois l'étude par cette Chambre du
projet de loi numéro 65.
Je n'ai pas l'intention de parler très longuement, mais je veux,
cependant, appuyer cette motion. Lors de la présentation de ce projet de
loi en première lecture, je m'étais levé pour signaler
à la présidence que je me réservais le droit, en temps
opportun, de présenter une motion. Je dois, dès maintenant, me
confesser du péché que j'avais l'intention de commettre ce matin.
M. le Président, mon péché aurait été plus
gros que celui du Ralliement créditiste parce que, lorsqu'on est dans un
parti politique plus important, il va de soi que l'on commet des
péchés plus gros!
UNE VOIX: Des péchés mortels!
M. PAUL: Je m'excuse, c'est sous le couvert de l'amitié!
M. DUMONT: Ce n'est pas certain. On verra cela en 1971.
M. PAUL: J'avais vécu une heureuse expérience avec
l'ex-député de Chambly, parti bien trop vite, parce qu'il y avait
un article d'une extrême saveur dans le règlement. Je sais que
vous le connaissez, mais nous allons garder le secret à deux et, en
temps opportun, au cours d'une autre session, nous l'utiliserons.
La motion du député de Mégantic, à mon
humble point de vue, est bien défendable. Je m'excuse si je suis dans
l'obligation de différer quelque peu d'opinion avec l'honorable
député de Terrebonne. Ce ne sera pas la première fois que
deux avocats ne s'entendront pas, y allant, tous les deux, de bonne foi dans la
présentation d'arguments qui peuvent, en certaines circonstances,
ébranler le tribunal et l'inciter à analyser l'objectivité
des remarques ou à les juger plus sérieuses venant de l'un
plutôt que de l'autre.
M. le Président, vous qui êtes le grand juge dans cette
Assemblée, que vous inclineriez facilement à recevoir la logique
des arguments que je vais présenter mais, d'un autre côté,
comme vous êtes tout à fait impartial j'aurai des bons
mots, un peu plus tard, mais je vais garder cela pour le moment de la
prorogation de la session, lundi , la Chambre devra, en
toute objectivité, se prononcer sur cette motion de l'honorable
député de Mégantic.
Pour ce qui est du parti de l'Union Nationale, M. le Président,
le député de Missisquoi a exposé que liberté
complète, comme cela a toujours existé chez nous, d'ailleurs,
sera donnée à tous les membres du parti de se prononcer pour ou
contre la deuxième lecture de ce projet de loi.
M. le Président, l'attitude prise par le gouvernement je
ne peux pas dire arrogante, je ne veux pas soulever de débat me
surprend grandement parce qu'il a toujours été dans les usages et
les coutumes de cette Chambre de respecter le mandat confié à une
commission. Et la commission de l'Assemblée nationale, dont
vous-même, M. l'Orateur, pour ne pas employer un pléonasme en me
référant à l'ancien texte, dont vous êtes le
Président, on ne vous décerne pas une carte de compétence
quand on demande à l'Assemblée nationale de se prononcer alors
que, sous votre houlette éclairée, nous avons
étudié jusqu'ici, d'une façon bien objective, le mandat
que le premier ministre a voulu confier à la commission de
l'Assemblée nationale, spécialement lors de la séance du
23 septembre dernier.
L'honorable premier ministre avait suggéré, à ce
moment-là, que la commission analyse trois principales questions, entre
autres, celle du serment. C'est drôle, le Parti québécois
ne réagit plus. Il n'y a plus de publicité à retirer de
cela. On n'en parle plus. La question n'est pas réglée, mais on
n'en parle plus.
M. le Président, le premier ministre nous avait invités
à analyser trois questions: la réforme parlementaire, le mode de
scrutin et la Loi électorale. Tous avaient convenu, à la suite
des représentations ou des suggestions faites par l'honorable premier
ministre, de s'arrêter d'une façon toute particulière sur
l'implication, la portée, l'interprétation et l'application de
l'article 80. A cette occasion, après une participation bien objective
des différents membres de la commission, présents à cette
séance et après en avoir discuté privément avec
l'honorable premier ministre je sais qu'il est assez honnête pour
ne pas contredire mon assertion je lui avais fait part de mon intention
de présenter une motion ou de faire une suggestion à cette
séance de la commission. Nous retrouvons le texte de ma suggestion
à la page B/1326 du compte rendu du journal des Débats,
commission permanente de l'Assemblée nationale, du 23 septembre
1970.
Le député de Chambly, l'honorable Pierre Laporte, à
la page B/1328, a émis une opinion qui a déjà
été citée ce matin et qui a reçu, à ce
moment-là, l'approbation unanime de tous les membres de la
commission.
J'ai écouté l'honorable député de Terrebonne
qui a voulu faire jouer le mécanisme d'information du
procès-verbal pour dire et soutenir que tous les députés
avaient été convoqués à la séance de cette
commission qui se déroulait jeudi matin.
L'honorable député de Brome, à ce moment-là,
nous a dit qu'il n'avait pas été invité. Je ne fais aucun
reproche aux collègues qui étaient absents et je ne
félicite pas plus ceux dont la vigilance les avait conduits
jusqu'à la salle 81 pour participer aux délibérations de
la commission de l'Assemblée nationale.
MR. BROWN: On a point of correction, I did not say that I, personnally,
was not invited. I said that none of the seventeen members of these protected
counties were specifically invited to a meeting of the National Assembly
council.
M. PAUL: M. le Président, je m'excuse, c'est réellement ce
que l'honorable député de Brome avait déclaré. Et
c'est beaucoup plus fort, puisqu'il dit qu'aucun des députés
concernés n'avait été invité nommément ou
spécifiquement.
D'ailleurs, si nous nous en reportons aux délibérations du
comité, le 23 septembre et c'est là que je me permettrai
surtout de différer d'opinion avec l'honorable député de
Terrebonne, probablement qu'il l'a lue un peu de biais, ça ne l'a pas
frappé je voudrais lire une partie de la déclaration du
leader du gouvernement de l'époque, où il est dit ceci à
la page B-1328: "Premièrement, que d'ici le 14 octobre non pas les
députés eux-mêmes, qui sont assez souvent démunis de
moyens efficaces de le faire, mais la commission parlementaire soit
chargée de constituer, pour chaque membre de la commission, un dossier
essentiel j'insiste sur le mot essentiel des documents qui ont
déjà été produits, des études qui ont
déjà été faites sur les diverses questions qui
retiennent notre attention."
Je n'en fais pas de grief ou de reproche au gouvernement, mais, en
pratique, aucun des députés membres permanents de la commission
de l'Assemblée nationale et aucun député, du moins de
l'Opposition et je présume qu'il en est ainsi pour les
députés qui siègent à votre droite n'a
reçu la documentation dont parlait le leader du gouvernement, M. Pierre
Laporte, dans ses remarques du 23 septembre dernier.
Je ne puis pas comprendre la hâte que le premier ministre a de
présenter ce projet de loi. D'autant plus que toute la question avait
déjà commencé à être étudiée,
et l'on sait dans quelles circonstances, jeudi matin, les députés
affectés ou représentants les comtés
protégés n'ont pas eu la chance de se faire entendre.
Même si le consensus général, à la suite de
la réunion du 23 septembre, était à l'effet que les
députés des comtés protégés seraient
entendus lors de la prochaine séance qui, à l'époque,
devait être le 14 octobre, séance qui fut remise pour des raisons
que nous ne critiquons pas. Effectivement, nous n'avons pas respecté
l'agenda établi lors de la réunion du 23 septembre et
encore hier matin je ne vous en fais pas un reproche, M. le
Président, ce n'est pas à vous d'établir le travail de la
commission; votre travail, en tant que président, c'est de diriger,
d'orienter les discussions et de voir à ce que le tout se fasse d'une
façon progressive nous n'avons eu aucune information, si ce n'est
qu'à un moment donné le député de Terrebonne,
privilégié qu'il est parmi toute la députation, nous a
transmis l'opinion du cabinet sur le sujet.
C'est une façon un peu cavalière de procéder. C'est
retirer indirectement un mandat donné à cette commission, et on
peut se demander quelle sera la portée effective et l'utilité des
différentes commissions de l'Assemblée nationale si, après
avoir reçu un mandat, cette même commission se voit appelée
à travailler inutilement, par suite de l'adoption d'une mesure qui aura
réglé le problème dont on lui avait soumis la question
pour étude. Je m'interroge quant à la motivation, à
l'empressement du premier ministre d'aller de l'avant avec cette loi.
Dès maintenant, je voudrais tirer de l'inquiétude mes honorables
collègues; personnellement, je voterai pour le principe de cette loi.
Cependant, il n'y a pas péril en la demeure, il n'y avait pas urgence de
nous présenter ce projet de loi.
A ce moment-ci, M. le Président, je m'excuse de faire un semblant
de question de privilège, à la suite d'un article, que je
relève dans le journal Le Soleil d'aujourd'hui, où il est fait
mention, sous la plume de M. Normand Girard: "L'obstruction
systématique, pratiquée par l'Union Nationale, retarde la fin de
la présente session".
Je sais, M. le Président, que M. Girard n'a probablement pas
été maître du titre de son article. Je le sais trop
honnête, je le sais trop objectif pour caractériser la conduite
des députés de l'Union Nationale. Mais on m'informe que dans
certains journaux de Montréal on aurait aujourd'hui des articles qui
jugent assez durement l'attitude et la conduite de l'équipe de l'Union
Nationale à la fin de la présente session.
Je dis, M. le Président, que j'ai le devoir à ce moment-ci
de rappeler que l'Union Nationale n'a pas fait d'obstruction
systématique. Je comprends que les journalistes sont appelés
à juger les hommes publics, mais je comprends mal leur absence aussi
répétée des débats de l'Assemblée nationale.
Ils ne comprenent pas, assez souvent, l'atmosphère dans laquelle ont
lieu tous les incidents qui expliquent la prise de position d'un parti ou d'un
député à l'endroit d'une question débattue.
D'ailleurs, j'inviterais messieurs les membres de la presse pas tous,
mais quelques-uns d'entre eux à s'autocriti-quer pour
peut-être suggérer certaines réformes dans leur propre
profession. Quelques-uns auraient peut-être avantage à rester plus
souvent en Chambre plutôt que de jouer à la "barbotte" à la
chambre 204 de l'édifice A de l'Assemblée nationale.
Je ne puis comprendre cette façon de cataloguer l'attitude des
députés en cette Chambre. Quelques-uns, probablement par
dépit de voir l'opposition péquiste aussi faible, aussi
inefficace en cette Chambre.
Sans doute, leur sympathie naturelle à l'endroit de cette
formation politique les oblige à jeter leur venin sur ceux qui tentent
d'accomplir leur devoir.
M. le Président, je me permets maintenant d'en venir au point que
j'ai l'intention de soulever, toujours dans le cadre de l'article de M. Girard.
J'ai prévenu mon bon ami, le député de Bourget, que
j'aurais malheureusement, très brièvement, une question à
traiter cet après-midi où il serait mis en cause.
L'honorable député de Bourget je n'ai pas son texte
aurait déclaré qu'hier il s'est échangé des
propos au niveau des chefs de partis quant à une demande qui a
été faite de la part de celui qui vous parle au leader du
gouvernement et au premier ministre aux fins de ne pas adopter aujourd'hui la
deuxième lecture de ce projet de loi. A ce moment-là, j'ai
donné comme raison l'absence du député de Shefford,
à qui je souhaite j'en suis sûr, au nom de tous un
prompt retour à la santé afin qu'il puisse, lui aussi, dans sa
famille, goûter aux joies des Fêtes. En effet, c'est à lui
que le parti avait confié l'étude de toute cette question des
comtés privilégiés. Cette demande, nous l'avons faite, M.
le Président, la croyant bien motivée dans les circonstances.
Je sais que l'honorable député de Missisquoi a transmis
cette demande au député de Bourget. Le député de
Bourget a été assez honnête pour dire: Je vais consulter
mes collègues. Il a, ensuite, informé l'honorable
député de Missisquoi que le Parti québécois
désirait aller de l'avant avec ce projet de loi. Je comprends mal les
menaces qui sont rapportées dans le journal Le Soleil, alors qu'on
attribue au député de Bourget cette déclaration: "Nous le
Parti québécois, dit-il en substance, nous lui aurions fait une
jolie publicité à ce gouvernement qui se targue d'agir au lieu de
parler, qui se targue de gouverner au lieu de céder au premier venu." M.
le Président, si nous avons fait une suggestion hier, c'était par
suite de l'absence du député de Shefford. D'un autre
côté, je me demande si le premier ministre n'est pas devenu un
premier ministre victime des éditoriaux. Je me demande quelles raisons
pouvaient justifier la présentation aussi rapide, aussi arrogante,
contrairement aux règles de nos institutions parlementaires, de
l'étude de ce projet de loi.
Je sais que je n'ai pas le droit d'énoncer un fait, mais personne
ne m'empêchera de m'interroger moi-même quant au silence qui a
entouré, hier, qui a caractérisé hier le Parti
québécois à l'occasion de l'étude de la pension de
madame Pierre Laporte. Est-ce que c'était un échange de bons
procédés? Je m'interroge, M. le Président! Chose certaine,
c'est que la motion du
député de Mégantic, à notre humble point de
vue, devrait être adoptée. Pourquoi? Non pas pour permettre, comme
le voulait le parrain de la motion, d'entendre les électeurs des
comtés protégés, mais de connaître l'opinion des
députés qui représentent des comtés
protégés.
Personnellement, je trouve que l'article 80 est un anachronisme dans
notre constitution canadienne. Mais d'un autre côté, je vais
être assez honnête pour comprendre la situation dans laquelle se
trouvent placés tous les députés qui représentent
des comtés protégés. Quant à moi, je comprendrai
très bien, tout à l'heure, les arguments qu'apportera le
député de Brome, comme j'aurais compris les arguments qu'aurait
apportés l'honorable député de Shefford, et comme j'aurais
compris les arguments que nous aurait apportés le député
de Wolfe, M. Lavoie.
Il me faisait parvenir, ce matin, un message m'exposant l'obligation
dans laquelle il se trouvait placé de quitter Québec afin
d'assister à des funérailles dans son comté,
cérémonie à laquelle il ne pouvait se soustraire.
Je n'accuserai pas, M. le Président, ceux qui parmi les
députés représentent des comtés
protégés, de servilité à l'endroit du gouvernement
s'ils l'appuient lorsque l'étude de ce projet de loi aura
été complétée et lorsqu'on demandera le vote. Mais
je dis, M. le Président, que je puis comprendre pourquoi le gouvernement
n'a pas voulu respecter le mandat qui avait été confié
à l'Assemblée nationale.
Est-ce que par hasard le premier ministre craindrait tant les
déclarations intempestives d'un certain ex-député qui n'a
pas eu la chance, heureusement, de se faire réélire comme
député du comté de Laurier? Je dis, M. le
Président, que quand on assume des responsabilités on n'a pas le
droit de capituler devant du chantage. On n'a pas le droit de capituler devant
des édito-riaux de journaux, mais qu'il est de son devoir de respecter
le mandat qu'on a confié à des hommes responsables, des
parlementaires, d'étudier un bloc de questions intimement liées
et qui, à mon point de vue, ne peuvent être dissociées
l'une de l'autre.
M. le Président, qu'importe qu'on caractérise mon
intervention comme étant de l'obstruction. Dieu sait que j'ai
peut-être à une couple d'occasions joué un peu de
procédure. Si c'est une faute, je m'en accuse. Mais je sais, M. le
Président, qu'il y en a qui en ont tiré avantage. Ce sont les
députés qui n'ont pas compris les cours très
intéressants que vous leur avez donnés et qui n'ont pas voulu
suivre le mécanisme de fonctionnement de nos travaux sessionnels. Mais
dans l'ensemble, je n'ai jamais eu peur de mes responsabilités ni de mes
déclarations. Personne ne m'a jamais fait reculer, même les
menaces. Quand mon devoir me dictera et quand nous jugerons, nous de
l'Opposition officielle, de ne pas être des à-plat-ventristes
devant le gouvernement, personne ne nous empêchera de nous lever, de
critiquer les projets de loi qui seront présentés parce que nous
avons un seul maître à servir, le Québec. Si les moyens que
nous prenons ne conviennent pas à d'autres, qu'on n'aille pas condamner
la bonne foi et la sincérité de ceux qui émettent des
idées qu'on ne peut peut-être pas partager mais qui
méritent au moins d'être respectées, parce que nous avons
eu au moins le courage de nous faire élire avant de porter un jugement
sur tout ce qui se fait. Quand nous, nous jugeons, nous apprécions, nous
étudions une loi, nous avons été mandatés
spécialement pour le faire.
Quant à moi, M. le Président, qu'importe ce qu'on dira
lorsque personnellement je trouverai que je peux servir finalement le Parlement
en permettant peut-être une étude exhaustive d'une question qui
nous est soumise, qu'importe les quolibets, qu'importe les éditoriaux,
qu'importe les articles, qu'importe si je blesse des petites chapelles d'amour
politique ou de frères politiques, je ferai mon devoir.
C'est pourquoi, aujourd'hui, même si, dans mon parti, il y a des
collègues qui sont contre le principe du bill 80, lorsque le vote
viendra, je serai assez large d'esprit pour respecter leur opinion, mais je
serai également libre d'appuyer la motion d'amendement. Ce ne sera pas
dans un but d'obstruction systématique, mais parce que,
sincèrement, je prétends que le gouvernement n'aurait pas
dû bousculer les événements comme il le fait pour
satisfaire un parti politique. C'est tout, M. le Président, il n'y a pas
d'autre justification.
L'adoption de cette loi ne réglera rien, puisqu'au mois de
janvier nous allons retourner devant l'Assemblée nationale et, à
ce moment-là, suivant le programme que nous a proposé le
député de Terrebonne, nous irons faire le travail que nous avons
été obligés de laisser en suspens, jeudi. Pourquoi? Parce
que le gouvernement n'avait pas eu le temps de préparer le programme et
de faire travailler logiquement les députés, comme il avait
été convenu de le faire, le 23 septembre dernier.
Voilà pourquoi je vais voter pour la motion du
député de Mégantic. Je vais voter contre mes
collègues, tout en respectant leur point de vue lorsque le projet de loi
sera appelé en deuxième lecture. Pourquoi? Parce que,
personnellement, je trouve que cette législation s'impose. Mais elle ne
s'impose pas dans l'immédiat, à mon point de vue. Quant à
ceux-là qui ne partageront pas mon opinion, je serai assez
généreux pour les respecter.
A moins que le premier ministre ne veuille déclencher une
élection pour essayer de renforcer une équipe scandaleusement
faible, il n'y avait pas urgence à présenter cette
législation. On aurait dû se rendre aux demandes
répétées du ministre des Transports et nous
présenter une loi concernant les motos-neige, alors que nous sommes en
pleine saison d'activité. Cela aurait été beaucoup plus
utile pour la sécurité du public que cette loi le sera pour
l'avenir de toute la population du Québec.
Voilà pourquoi, personnellement, j'appuie la
motion du député de Mégantic. Je n'ai aucun doute
que tous les députés auront la liberté, comme cela existe
chez nous, d'exposer leur franche opinion sur cette question.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Bourget.
M. Camille Laurin
M. LAURIN: M. le Président, étant donné que j'ai
l'intention de parler assez brièvement sur la motion, je voudrais
prendre quelques minutes pour rétablir certains faits. En ce qui
concerne l'article auquel a fait allusion le leader parlementaire de
l'Opposition, je tiens immédiatement à le rassurer. Je n'ai pas
donné, hier, de conférence de presse. Il s'agissait simplement de
propos échangés au coin d'une table et je ne savais pas qu'ils
feraient l'objet d'un article. Je dois admettre, cependant, sans me rappeler
exactement la teneur des opinions que j'ai exprimées, que l'article
reflète assez bien mes opinions auxquelles, j'imagine, j'ai droit comme
tout député de cette Chambre.
Par ailleurs, je pense que ces consultations auxquelles a fait allusion
le député de Maskinongé sont un fait assez commun dans
cette Chambre. Je crois que les leaders parlementaires, pour
accélérer les travaux, pour amener une conclusion la plus rapide
possible des travaux de la Chambre, procèdent constamment à ces
consultations.
Il en a été ainsi sur les projets qui restent à
étudier comme il en a été pour les autres. J'ai cru que
c'était là un mécanisme assez efficace pour
l'expédition des travaux. Je pense que nous avons à cet
égard, comme tous les autres partis, exprimé simplement nos
opinions. Ces consultations permanentes se sont déroulées selon
les méthodes habituelles. Je ne crois donc pas que j'aie des raisons de
m'en excuser.
En ce qui concerne notre silence sur le projet de loi concernant la
pension à Mme Laporte, je pense que ce n'est pas conforme à la
vérité, puisque j'ai exprimé l'avis de notre groupe
parlementaire sur cette question.
Conformément à l'entente qui était intervenue avec
le premier ministre et les leaders des autres partis, j'avais dit à
cette occasion que nous ne ferions qu'une seule intervention, si le premier
ministre nous donnait l'assurance qu'il s'agirait non pas d'une loi
d'exception, mais d'une loi générale qui couvrirait toutes les
victimes d'attentats ou de crimes.
Il est vrai que le premier ministre n'a pas présenté
d'emblée, hier, une loi générale, mais il a quand
même donné l'assurance à cette chambre que, dès la
reprise de la session, il y aurait une loi générale sur
l'indemnisation des victimes des crimes.
Me fiant à cette affirmation solennelle du premier ministre en
cette Chambre, j'ai émis l'opinion que ceci correspondait en pratique
à une loi générale, et c'est la raison pour laquelle nous
avons donné notre approbation.
Comme il s'agissait malgré tout d'un cas particulier, aucun autre
député de mon groupe n'a senti le besoin d'exprimer une opinion
là-dessus, qui, de toute façon aurait été identique
à celle que j'exprimais.
M. DUMONT: M. le Président, discutons-nous de la motion que j'ai
présentée ou du projet de loi 65?
M. LE PRESIDENT: A la suite de l'intervention du député de
Maskinongé, aucun membre de cette Chambre n'est intervenu pour
l'empêcher de tenir les propos qu'il a tenus concernant vous vous
en rappelez comme moi certaines déclarations mettant en cause le
député de Bourget ou le parti qu'il représente. Je pense
qu'à la suite de cette mise en cause il était bien normal que je
donne la permission au député de Bourget, sinon de
rétablir les faits, mais d'exprimer son point de vue. C'est comme un
aparté, si vous voulez, et je l'inviterais à revenir maintenant
à la motion.
M. LAURIN: M. le Président, la raison pour laquelle je ne suis
pas intervenu tout à l'heure, ce que j'aurais pu faire, c'est que je
voyais que le député de Maskinongé avait parlé
durant 30 ou 32 minutes et je voulais lui laisser tout le temps qu'il avait
pour développer son argument. Mon intervention lui aurait enlevé
quelques minutes précieuses.
De toute façon, je reviens à l'objet de ce débat,
qui est une motion de renvoi. Il est bien entendu que nous voterons contre
cette motion. Nous l'avons déjà dit et nous le
répétons, le projet de loi numéro 65, en vertu duquel
l'article 80 de l'Acte de l'Amérique du Nord britannique cessera d'avoir
effet, constitue pour nous un préalable absolument essentiel à
toute réforme électorale exhaustive et démocratique.
Cette réforme nous l'avons dit à plusieurs reprises
comportera des travaux extrêmement élaborés portant
sur plusieurs sujets. Qu'il s'agisse de la carte électorale, qu'il
s'agisse du mode de scrutin, qu'il s'agisse de la Loi électorale, qu'il
s'agisse même du financement des partis politiques, cette réforme,
pour être complète et exhaustive, devra se prolonger
peut-être sur plusieurs mois et peut-être même sur quelques
années. A cause de cela, il importe de procéder avec le plus de
célérité possible. L'exemple des dernières
tentatives de réforme, au cours des dernières années, nous
a montré à quel point cet article 80 pouvait constituer un
obstacle important à toute tentative de réforme.
Déjà, dans le passé, certaines tentatives ont
avorté, précisément à cause de cet article. Il
devient donc important, pour nous, que cet article, qui constitue un
véritable verrou de sûreté empêchant toute
réforme, disparaisse au
plus tôt. C'est la raison pour laquelle nous sommes très
heureux que le gouvernement se soit décidé à adopter cette
mesure dès la présente session. Nous ne comprenons pas cette
motion de renvoi qui, pour nous, est l'équivalent d'une mesure dilatoire
dans un projet qui, pour être mené à bon terme, doit
être expédié avec le plus de rapidité possible.
Peut-être, sans porter de jugement plus profondément, cette
motion de renvoi, si elle était adoptée, pourrait-elle être
interprétée, en certains milieux, comme une mesure de diversion
qui masque les raisons réelles en vertu desquelles on s'oppose à
l'abolition de cet article 80. Pour ne pas donner prise à...
M. DUMONT: Le député me permet-il une question?
M. LAURIN: Oui, bien sûr.
M. DUMONT: En parlant de l'urgence d'adopter ce projet de loi, le
député de Bourget considère-t-il que le renvoi à
trois mois va empêcher le déroulement d'élections normales,
qui sont prévues seulement dans quatre ans?
M. LAURIN: M. le Président, je crois que toute perte de temps, ne
serait-ce que d'un jour, est absolument impensable dans les circonstances. L'on
parle de ce sujet depuis des années. Toutes les études juridiques
et constitutionnelles ont été faites. On est prêt à
procéder. Pourquoi, alors, ne procède-t-on pas? Justement, j'en
étais à dire que, dans certains milieux, tout retard, dans les
circonstances, pourrait être interprété comme une tentative
de diversion qui masque les véritables intérêts en cause et
qui ferait souffrir la démocratie qui, au Québec, comme on l'a
dit depuis plusieurs mois, est une plante fragile. Quand on parle d'une plante
fragile, il importe de la respecter et d'en avoir le soin le plus
précieux possible afin, justement, que cette démocratie se
développe et devienne de plus en plus dynamique au Québec.
Afin que la population ne puisse pas reprocher à ce Parlement
d'adopter des mesures dilatoires ou des mesures de diversion, je crois qu'il
importe de procéder, sans autre délai, à l'abolition de
cet article 80. On a dit que le gouvernement a peut-être
cédé, en l'occurence, à des pressions venant du Parti
québécois. Il est vrai que, depuis le 29 avril et même
avant, nous avons souvent réclamé une réforme de la Loi
électorale, du système électoral et de la carte
électorale. Il est vrai que nous avons apporté des arguments
nombreux et, je crois, assez solides à l'appui de notre thèse,
mais je ne crois pas, malgré tout, que ce soit cela qui ait amené
le gouvernement libéral à proposer ce projet de loi. Je pense
simplement qu'il a vu dans nos arguments, comme dans ceux qu'il a
lui-même présentés, le souci d'être juste, le souci
d'être démocrate, le souci d'être logique. Je crois que
c'est surtout pour réaliser un idéal de logique, de justice et
d'honnêteté démocratique que le gouvernement insiste pour
l'adoption rapide de ce projet de loi.
C'est la raison pour laquelle, sur ce point en particulier, nous sommes
heureux d'accorder au gouvernement notre appui et que nous voterons contre
cette motion de renvoi.
DES VOIX: Vote! vote! vote!
M. LE PRESIDENT: Est-ce que la Chambre est prête à se
prononcer?
DES VOIX: Vote! vote! vote!
M. LE PRESIDENT: Qu'on appelle les députés.
Vote sur la motion
M. LE PRESIDENT: Que celle et ceux qui sont en faveur de la motion de
l'honorable député de Mégantic veuillent bien se lever
s'il vous plaît.
M. LE SECRETAIRE ADJOINT: MM. Dumont, Roy (Beauce), Béland,
Drolet, Bois, Roy (Lévis), Brochu, Tétrault, Audet, Latulippe,
Guay, Paul, Vincent, Boivin, Tremblay (Chicoutimi), Cloutier (Montmagny), Masse
(Montcalm), Demers, Simard (Témiscouata).
M. LE PRESIDENT: Que celle et ceux qui sont contre la motion de
l'honorable député de Mégantic veuillent bien se
lever.
M. LE SECRETAIRE ADJOINT: MM. Bourassa, Levesque, Hardy, Pinard,
Garneau, Mme Kirkland-Casgrain, Tessier, Parent, Harvey (Jonquière),
Quenneville, L'Allier, Tetley, Drummond, Saint-Pierre, Lacroix, Massé
(Arthabaska), Goldbloom, Mailloux, Cadieux, Coiteux, Perreault, Brown, Brisson,
Kennedy, Saindon, Fraser, Fortier, Assad, Bacon, Bossé, Caron,
Carpentier, Cornellier, Dionne, Faucher, Giasson, Harvey (Chauveau), Houde
(Limoilou), Lafrance, Lamontagne, Larivière, Marchand, Ostiguy,
Pelletier, Pépin, Phaneuf, Pilote, Springate, Veilleux, Laurin, Charron,
Joron.
M. LE SECRETAIRE: Pour: 19 Yeays:19 Contre:52 Nays: 52
M. LE PRESIDENT: La motion est rejetée.
MR. PRESIDENT: The Honourable Member for Brome.
Mr. Glendon Brown
MR. BROWN: Mr. Speaker, usually, it gives me great pleasure to talk on
any motion in the House, except two since I have been here 14
years. One was Hydro-Quebec and voting for it in the take-over, and the
other that I do not feel much like saying that I take much pleasure in is
speaking on this bill today.
I would, if I may, Mr. Speaker, like to say a few things straight, if I
can, on this bill. I would like to say, first of all, although my Honourable
friends from accross the way intimated that this was a Cabinet decision, that
the ten Members who represent the protected counties have been consulted by the
Vice-President of the Assembly and that we have met with the Prime Minister to
discuss this. So it is not the case that we are being here without consultation
on our part, but we have never had a meeting of our Committee of the
seventeen.
It is peculiar how things go. Most of the people in Brome County that I
represent... I would like to also go on record as saying that I am expressing
my ideas, they are not necessarily the ideas of the Liberal Party or of the
leaders of the Liberal Party. I am talking for Brome County and I am talking
from what my people think and what I think along with them.
It is most peculiar that, in 1956, when there were only 20 seats in this
House won by the Liberal Party, there was no motion of protected counties,
there was no mention whatsoever of electoral reform by our Liberal Party to do
away with any county. And, as a matter of fact they were damned happy to have
Brome on their side, because it was one of the 20 seats.
And that again in 1960, when the people honoured me by electing me for
Brome County, I have never heard a word about protected counties or how
everything was so bad from an electoral point of view in the Province, even
when I was seating with my former colleague, René Levesque.
From 1960 to 1962, when there was a small majority between the Liberals
and the Union Nationale, not a word from the Liberal Party dealing with
protected counties. As a matter of fact, it seemed the things were all right
again. It was not until there was a good size of our majority, in 1962, and
when we were defeated in 1966, that the subject came up. In 1962, it was to
liberalize the approach to life in the Province of Quebec and to do away with
the control of rural counties all over the Legislature of this Province of
Quebec. You can imagine how much control that I exercized of how much control
the people of the County of Brome have exercized in the last 103 years.
The Liberal Party has said: Well, it is on account of these rural
counties that we have lost our elections in 1966. Any excuse is good enough if
you want to use some. But in 1966, when the Union Nationale came in to power,
there was a Minister in Missisquoi, there was a Minister in Shefford, there was
a Minister in Compton, there was a Minister in Bagot. Now, if you were in a
rural county, which Party would you vote for? Would you vote for a Party that
left one Minister in the Eastern
Townships for a while or a Party that put in five Ministers?
The reason why the Liberals lost in 1966 was because they did not have
the confidence of the rural counties, not because of any protection or because
of any rural situation in the way that the counties were divided.
In money, it has been the case of certain theoreticians, professors of
political background and newspapers that, my God! in the case of money, a
Member for Brome representing 8,400 voters has as much to say in the cash as a
Member for Westmount. Just how naive do they think we are? Since when did
anyone member walk in to the Treasury Board, take his brief-case and fill it up
with money and go back to the county? The money is regulated, as you know, by
the Treasury Board and by the Cabinet. And again, looking at the Cabinet with
this present Government, you have Choquette, this is not a rural man;
Castonguay, not a rural man; Bourassa, he is not from the country; Garneau, a
city representative; Kirkland-Casgrain, a wonderful administrator and a fine
woman but still not from the country; Tessier, I do not think we will find him
ploughing with the plough; Tremblay, I do not think that you will find him
farming very much either; Oswald Parent, from Hull; Quenneville from Joliette;
Cloutier from Ahuntsic; Tetley, from Notre-Dame-de-Grâce; Drummond, from
Westmount, and Goldbloom, from D'Arcy-McGee. Fourteen members of the Cabinet
who would hardly dare to mention anything rural when there is a Cabinet
meeting.
Now, I happen to be the oldest member of the Liberal delegation in
continuous service since 1956, when I have represented Brome. And from 1956 to
1960, outside of Mr. Lapalme and René Hamel, there is no members spoke
more nor thought more than the Liberal Party, in Opposition here. We won an
election in 1960. You will think that the Prime Minister of the time would
offer to make me a Minister? Comes along 1962, our county of Brome won. There
is no mention of a ministry for Brown representing Brome! Same thing in 1970.
And it is only good since you could not expect any Prime Minister to come along
and make a Cabinet Minister out of a man who represents 8,400 voters. But at
the same time, it seems that these voters ought to have some rights. The voters
of Brome have one Government office in the whole county, a county that is 30
miles long by 33 miles wide; that is almost the size of the Island of Montreal
and because they have a few people, they are penalized.
Any Minister that have represented Brome in the last 103 years has been
a representative who have been a Montreal man, brought in to Brome county.
Although he was made a Minister, he still represented the vested interests of
the city of Montreal and certainly not the
county of Brome. I hear all these things even when I am riding in a
taxi: Ah, these protected counties! You think we were the villains of the
piece, that we were in control of the whole Province of Quebec. But, we are
not.
Now, I would like to illustrate, if I can, the population of the county
of Brome. In 1921, the Dominion census, 13,381 persons; 1931, 12,433 persons;
1941, 12,485 people; 1951, 13,393 of population: 1956, 13,790 persons; 1961,
13,691 persons. If this points out anything, it points to the neglect of any
Government of the Province of Quebec towards the County of Brome.
If the Government had stepped in during those times and saw that there
were industries, and saw that there was prosperity in the county, do you think
that you would have a population of 30,381 in 1921 and in 1961, you would only
have 13,691?
Now this has changed a great deal. Because of the assistance that the
Lesage Government gave the people of Brome and gave me, at the same time, we
have industries in the county. Our population is in the neighbourhood of over
16,000 people today. But as I said before, if the Government was so preoccupied
with these protected counties and with rural counties with a minimum
population, if it had used their preoccupations to help these counties out,
they would have an adequate population to meet any standards that you want in
electoral laws.
Now, Mr. Speaker, of all the things that I feel sad about over this
whole matter and I feel really sad about it is that during the
time of all this talk about protected counties and rural counties, what
villains they are and how they had swayed the Government of the Province of
Quebec, during this time no University has sent a man out and studied these
protected counties, studied the rural counties and found out what their needs
are, studied a Member who has to drive from one corner of the county to the
other to help out people in certain situations, has found out that 80 p. c. of
all the work of a rural Member is to rectify the mistakes of the Civil Service
if their Government that they are paying taxes to. Nobody has come out to see
about that. Absolutely not one journalist showed up in the rural counties, to
my knowledge, during the years that I have been a Member, fourteen years and
before that, besides. But these professors, these newspapermen, all of the
lawyers ears of the Province of Quebec are concentrated in these rural counties
that control the Legislature. But not one of them had been interested enough to
go out for a week, talk to the people in these counties and meet with the
people of these counties, talk to the mayors of the municipalities. Neither has
this Government or any other Government! Never!
Men that are in control of the communications for this Province of
Quebec and Canada, people that have a dedicated job to do in transmitting the
news from where they get it to the people have never in the world ever gone out
and done a constructive study to find out exactly what goes on, what makes a
county of this Province of Quebec right outside of the city of Montreal where
they can go in half an hour and meet anybody that they want to meet.
Neither professors from University, neither the Liberal Federation,
neither the Union Nationale organization! None of them! And this, I feel sad
about. This is not democracy. When it comes to collecting taxes, I can tell
you, by God, that they take an interest then and that they will see everybody
that is behind and not paying their taxes. And they even will make them pay
taxes they do not owe. People in rural counties are a unit, a citizen. A
citizen if he lives in Mansonville in Brome County has just as many rights as a
citizen who lives in Quebec City or in Montreal. But they are not giving them
their rights. A Member from Westmount, anyone of his constituency it is
a matter of 20 minutes can see him by driving or getting on a bus or
whatever is available.
In the case of some constituencies, in some of the counties in this
Province of Quebec, they have to travel hundreds of miles to see their Member.
But each citizen in any society should have equal rights. And that is why you
cannot pin down this matter to saying: We take a bag of people. Maybe it is a
bag with 60,000; maybe it is a bag with 40,000 and say: Oh! We have done a
wonderful thing! We have got them all bagged up and they are there. And there
are so many people to vote so many times.
Now, just in my little short period of time that I have been in
politics, there have been other things that we have heard similar to this.
There was the Legislative Council. Oh! what a group of villains they were!
Twenty-four old people that were appointed as political actors and, my God,
what they did not do to the Government of the Province of Quebec? The worst
things. Gad, radio, television, newspapers, college professors were all talking
about the Legislative Council. Well, we did away with the Legislative Council.
And all that happened was we gave to all these guys $10,000 a year for life,
for doing nothing and the Legislative Council Chamber is doing nothing to. But,
following this, now, anything that was so villainous, anything that was so bad,
once it is taken up, well it must be a worderful change, help yourself a lot!
There has not been one story written in the newspapers. There has not been one
talk given over the radio. There has not been one professor that has even
mentionned the fact that the Legislative Council is gone, and, more than that,
the great benefits that they drew from that are not there anymore. Do you know
of any benefits we save since then?
Now, we are thinking a lot better in the
Federal. They have just gone through three years ago this business of
redistribution. They tore up counties and put them together and stuck them here
and there and this was all according to the professors, all according to those
editorial writers and, My God, a word in their papers changes the whole
complexion of the government. There has been redistribution. So, I do not want
to talk about redistribution in the rest of the Province of Quebec, but in my
heart I know that there is not one damn benefit that has come from the
redistribution in Brome County, where Magog. Brome County, Missisquoi and
Iberville have been thrown together in a heap. And all that has happened, is
that one member, Yves Forest, the Federal member and a good man, has been
running from one end of the county to the other, where nobody can see him,
because he got so much to represent. It is a total impossibility to see that
the people in this county, federally, can in anyway say that they are
democratically controled.
And we are going for redistribution. We are the leaders in world
opinion, there is not a country in the world that has taken it on itself to
make up a system of counties as we intend to make them up. We have our friends
to the South, where New Hampshire is less than a seven hundred thousand
population and they have four hundred members. Why should we take it on
ourselves to do this experiment whithout doing a considered study of this
matter?
Today, we have television. Today, we have a show downtown, where they
are using language that we would not dare use even when we are behing the
school-house, we have nude women parade and prostitution flourishes in a show;
one of the stable things that we have is the county that we were born in and
the place that we know all of our life.
If it comes to 8,500 votes, in Brome, voting against Westmount, where
there are 75,000, why the hell don't you give them five votes on money bills?
In the case of a corporation, there is no trouble ajusting the fact that Joe
Blow has a $100 in a company and Jim Smith has $1 million in a company. You
still give Joe Blow a chance to talk at the directors' meeting. There are all
kinds of ajustments all over the world, in Switzerland, in Sweeden, and all
over the world, where they have ajusted to see that a unit that is doing all
right by itself, and is needful, is allowed to exist on a type of thing where
you can adjust.
We have a language problem.
In all kinds of countries such as Switzerland and others, they have an
automatic translation so that if you were sitting in this Legislature, all you
need to do is to buy a gadget and you can understand French and English at the
same time.
How it comes that with all these things around us, we have never thought
of this? This has never been under their mind whatsoever.
Now, on the protected counties, I would like to set the records
straight. And I would like to be on record as showing what they mean and what
they are in population.
In the last ten years, every time I read a newspaper relative to the
county of Brome or relative to the other protected counties, it is this type of
heading, while there is never a majority English population in every one of
them.
In Brome county, as of the last census, 1961, and these figures
are quoted from this book there were at that time 13,691 people, of
which 6,027 speak English only, this is according to the book
3,460 speak French only; 4,130 speak English and French.
So, maybe my honourable friends in the Press Galery could transmit onto
their other members of the community the fact that there is one county that
does have an English majority anyway.
But if we take these statistics, and I do not want to quote them all
because it takes up a lot of time and a lot of paper, in Brome, Compton,
Frontenac, Megantic, Richmond, Shefford, Sherbrooke, Stanstead, Wolfe,
Missisquoi, Argenteuil, Huntingdon, Gatineau, Hull, Pontiac, Papineau and
Temiscamingue all together, you have 68,698 people who speak English only, you
have 297,200 people who speak both French and English. Naturally, in this
group,there are some that are of English-speaking ethnic and there are others
who are of French-speaking ethnic.
So, in the same area, you have 360,666 French-speaking, so that in this
representation of the protected counties and this is one of the points
that you should think of we are talking of minority rights well, there
is at least 150,000 English rurals voters, not in Montreal, not in Quebec, who
need representation.
If you mixed up the protected counties to such an extent that there is
an overwhelming French majority, there will be absolutely no English person
elected in rural Quebec. So, if you go along with the idea that you are
supposed to represent people, then you have to be extremely careful that you do
not leave a 150,000 English people out in a cove without any representation
whatsoever. And as you know and as I know, eight members out of 108 are not a
just proportion of representation for the English voters in this province of
Quebec.
Now, to finalize what I have been saying on this, I met last Sunday with
outstanding men in my county to discuss the action that would be taken on this
business of protected counties and rural counties. These were, and I would like
to name them: Léo Duquette, president of the Waterloo Cooperative; Greg
Lamborne, president of Crown Dairy Products; Jean-Paul
Deslières, the president of a tobacco company; Yvan
Ménard, the president of a transportation company; J. M. Dandenaud, a
feed store operator; Grover Larocque, a farmer, Norman Banks, an industrialist;
Glendon Frizzle, a controller; Gaston Laramée, a foreman of the
Mansonville Cooperative; Jean Lapointe, the president of the Union Nationale
organization; Nelson Messier, mayor of the town of East Farnham; Rudolph
Tomeschat, farmer; Clifton Jersey, industrialist; Jean Laliberté,
farmer.
I ask them what was there opinion about rural counties and protective
counties. Everyone of them said that they were against giving up the rights we
have in Brome, but if we did have to get them off, we would certainly want to
go for the best bargain we possibly could.
Now, Brome county wants no part of anybody else either. Neither do they
want any part of their area given to anybody. There is only one way of
increasing the size of Brome county and that is to eat up a part of Missisquoi
county and Shefford. We want them to mind their own business, we do not want a
favor from anybody. Our population is growing by leaps and bounds. In another
five years, we can reach the point of how we would meet these norms.
So therefore, Mr. Speaker, I feel, if I had my say, and we had our way
about rural counties, that we would go so and what we are going about them. I
feel that these counties should be classified with the point of view of whether
they will grow or whether they wont grow and the Government should step in that
counties that are behind in their economy and force them into a position of
where they can have a population to meet their elector needs rather than to cut
them off to meet the needs of a few people that know nothing about what they
are talking about in dealing with rural counties.
Mr. Speaker, I am going to vote, for this bill, with my party.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député d'Argenteuil.
M. Zoël Saindon
M. SAINDON: M. le Président, la population du comté
d'Argenteuil se chiffre environ par 33,000, dont approximativement 9,400 sont
anglophones. Nous avons, en tout, à peu près 20,000
électeurs. J'ai consulté, au hasard, une cinquantaine de mes
électeurs parmi toutes les classes de la société. Bien
entendu, à peu près tous sont en faveur d'une refonte de la carte
électorale.
Par contre, j'ai rencontré un nombre à peu près
égal de personnes favorables et de personnes non favorables à
cette réfection des limites des comtés provinciaux au
Québec. D'autre part, à peu près 50 p. c. des personnes
consultées n'avaient pas d'opinion ou cela leur était
indifférent. J'ai cependant une recommandation à faire au
gouvernement, c'est de ne pas diminuer le nombre des comtés ruraux
sinon, à mon avis, Montréal pourrait devenir le prochain
gouvernement du Québec. A la lumière de ces faits, tenant en
première considération, au-delà des individus et des
groupes, l'intérêt de toute la population du Québec, je
dois endosser la responsabilité du gouvernement et de mon parti et voter
en faveur du projet de loi 65.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Bourget.
M. Camille Laurin
M. LAURIN: M. le Président, c'est là un débat
historique, même s'il a lieu un samedi après-midi, étant
donné qu'il a bien des chances de devoir mettre fin à une
situation centenaire qui constituait une injure à l'idéal
démocratique. En effet, en 1867, l'article 80 de l'Acte de
l'Amérique du Nord britannique créait douze comtés
intouchables pour protéger les habitants anglais de l'Estrie, de
l'Outaouais et de la région de Pontiac-Témiscanimgue.
On y spécifiait que les frontières de ces comtés
protégés ne pouvaient être modifiées par
l'Assemblée nationale, sans l'accord de la majorité absolue des
députés concernés.
Depuis lors, ces douze circonscriptions ont été
modifiées, mais en se limitant généralement aux
frontières internes desdits comtés. On obtint, de cette
façon, une multiplication des comtés originaux, soit 17. D'autre
part, il faut remarquer que ces comtés renferment maintenant une
population à majorité francophone, alors qu'ils avaient
été créés expressément pour protéger
les électeurs anglophones. Il n'existe donc plus aucune raison pour
justifier le maintien de cet anachronisme.
Si, en 1970, nous avons à débattre une telle question,
c'est que, pour toutes sortes de raisons, les unes constitutionnelles et les
autres purement électorales, les gouvernements québécois
ont négligé de régler le problème. Mais,
maintenant, la situation est devenue intolérable et il serait à
la fois illogique, ridicule et antidémocratique de maintenir un
privilège qui avait été accordé aux anglophones
québécois par le gouvernement britannique du milieu du
siècle dernier.
Comme les arguments pour justifier une situation juridique aussi
anormale manquent, la discussion sur l'abolition de la protection des
comtés a rapidement glissé à côté de la
question et est tombée sur les comtés ruraux. Or, il faut bien
noter que la protection sous une forme ou l'autre des comtés ruraux est
une tout autre question. Il est contraire à la logique et à
l'honnêteté intellectuelle de les confondre implicitement ou
explicitement. En effet, sur les
17 comtés protégés, trois sont à grande
majorité urbaine, comprenant plus de 80 p. c. de population urbaine.
Quatre de ces comtés comptent de 60 p. c. à 80 p.c. d'urbains et
trois, de 40 p. c. à 60 p. c. Sept de ces comtés seulement ont
entre 20 p. c. et 40 p. c. de population urbaine. Ces chiffres datent de 1961
et nul doute que la population urbaine a dû augmenter depuis ce
temps.
D'autre part, il existe une vingtaine d'autres comtés au
Québec qui sont aussi ruraux que ces sept comtés sans être,
par ailleurs, protégés par l'Acte de l'Amérique du Nord
britannique. De la même façon, les comtés
protégés, sauf Pontiac et Témiscamingue, appartiennent
à la catégorie des comtés les moins étendus
géogra-phiquement. Si on veut apporter, comme justification au maintien
de ce privilège, la nécessité d'un quelconque statut
particulier pour des comtés où le député a à
parcourir d'énormes distances, il faut bien faire remarquer qu'il y a
des comtés non protégés, comme Saguenay, Duplessis,
Abitibi-Est et plusieurs autres, où ce problème est bien plus
réel que pour les comtés protégés.
L'éloignement et la dispersion des électeurs ne peuvent donc pas,
eux aussi, être invoqués. Il s'agit là d'un
déplacement de la question. A priori, nous ne nous opposons pas à
ce qu'une attention spéciale soit accordée aux comtés
ruraux lors de l'examen de la réforme de la carte électorale,
mais la question actuellement débattue ne rejoint que très
partiellement ce statut particulier sur lequel la commission parlementaire de
l'Assemblée nationale devra se pencher.
Certains députés des comtés protégés
demandent qu'un référendum soit fait auprès de leurs
électeurs sur cette question. D'autres avancent comme argument de
prétendus sondages qui révéleraient que leurs
électeurs s'opposent à la disparition de cette protection
séculaire que leur a conférée, pour d'autres fins
toujours, la constitution.
Il est bien certain que les habitants des comtés
protégés doivent être en faveur de leur statut anormal,
puisqu'il ne leur apporte que des avantages. En effet, il est sans doute
agréable pour un électeur de Brome de s'apercevoir que son vote a
cinq fois plus de poids sur la composition de l'Assemblée nationale que
celui d'un électeur de Bourget. L'électeur de Huntingdon ne
désire sans doute pas mettre fin à une situation qui fait qu'il
faut plus de huit votes d'un électeur de Terrebonne pour
équilibrer son propre vote. C'est normal qu'ils en soient heureux,
même si la démocratie en souffre gravement.
Mais les électeurs qui doivent dénoncer avec raison pareil
système sont ceux pour qui ce système équivaut à
une véritable défranchisa-tion. Je comprends un électeur
de Bourget, de Terrebonne et d'au moins quarante autres circonscriptions du
Québec, qui représentent la plus grande partie de la population,
de se sentir concerné par cette situation injuste autant que ceux des
dix-sept comtés protégés. Si ces derniers craignent de
perdre leurs privilèges, tous les autres voient attaquer, à
chaque élection, le droit démocratique qu'ils ont d'élire
un gouvernement à leur image.
Il n'y a strictement aucune raison de demander plus leur avis aux gens
des comtés protégés qu'à ceux de tous les autres
comtés. L'article 80 touche ces derniers autant que les autres du fait
qu'il nie leur droit, alors qu'il surprotège le privilège des
autres. Si l'on veut être juste et démocrate, il faut tenir un
référendum à l'échelle du Québec ou ne
procéder à aucun sondage limité à quelques
comtés. De toute façon, il est inacceptable de ne consulter que
les populations des dix-sept comtés, puisque cet article de l'Acte de
l'Amérique du Nord britannique touche tous les
Québécois.
D'ailleurs, si on ne pouvait réformer la carte électorale
par suite de l'opposition ou de la population ou des députés de
ces dix-sept comtés, ce seraient encore tous les Québécois
qui en seraient lésés. Par ailleurs, sauf les comtés de
Hull, Papineau, Sherbrooke et Shefford, les comtés
protégés comptent parmi les circonscriptions les plus
dépeuplées du Québec. Mis à part ces quatre
comtés, les treize autres se situent en moyenne 48.4 p. c. au-dessous de
la moyenne nationale des électeurs, qui s'établit à
environ 32,000 électeurs par comté. C'est dire que ces treize
comtés ont deux fois moins d'électeurs qu'un comté moyen
du Québec. C'est dire aussi qu'il est impensable de vouloir
réformer la carte électorale et aussi le système qui lui
est lié inextricablement sans se donner les moyens de corriger les
frontières de ces comtés à l'égal de tous les
autres.
Si la protection des comtés n'est pas abolie, c'est toute la
réforme électorale, celle de la carte et du système, qui
échouera inévitablement. J'ai écouté, tout à
l'heure, avec beaucoup d'attention les arguments du député de
Brome. Je suis tout à fait d'accord avec lui que l'élément
anglophone, urbain aussi bien que rural, est actuellement
sous-représenté à l'Assemblée nationale. C'est
même un argument que l'on cherche parfois à présenter aux
gens du Parti québécois, en laissant entendre que leur cause
aurait à souffrir si véritablement une représentation
équitable était accordée à l'élément
anglophone, aussi bien urbain que rural.
Mais, notre attachement à la démocratie est tel que nous
voulons précisément et que nous insistons
précisément pour que l'élément anglophone, aussi
bien urbain que rural, soit équita-blement représenté
à l'Assemblée nationale. Pour nous, le Québec comprend non
seulement 80 p. c. de Québécois francophones, mais
également 20 p. c. d'anglophones qui sont des Québécois
à part entière, aussi bien que tous les autres habitants du
Québec. Nous exigeons qu'ils soient représentés
équitablement à cette Assemblée nationale.
Mais nous voulons faire remarquer à ceux qui voudraient
s'accrocher à ce vieux privilège pour sauvegarder une
représentation anglophone équitable qu'ils vont à
l'encontre même des buts qu'ils poursuivent, car c'est
précisément cet article 80 qui empêche actuellement
l'élec-torat anglophone d'être représenté d'une
façon équitable à cette Assemblée nationale.
Aussitôt que cet article 80 sera aboli, nous pourrons dignement,
sereinement et d'une façon juste trouver les moyens qui assureront
à cette partie de la population, qui a quand même apporté
une contribution valable au progrès du Québec, la
représentation à laquelle elle a droit.
Par ailleurs, cette réforme est particulièrement urgente,
car, maintenant qu'elle est sur le chantier, il importe qu'elle soit
complète, qu'elle soit intégrale, qu'elle touche tous les aspects
qui ont été touchés, étudiés et parfois
dénoncés avant tant de vigueur depuis tant d'années.
Elle doit toucher aussi bien la carte électorale que le
système électoral, que le financement des partis politiques. Si
elle doit être complète nous le savons hélas,
malheureusement elle sera également très complexe car le
Québec est un vaste pays qui comporte plusieurs régions
géographiques, qui comporte plusieurs éléments ethniques.
Avant de pouvoir concilier tous ces éléments dans une solution
qui tienne compte de la justice et de la démocratie, nous aurons
à utiliser beaucoup d'imagination et nous aurons également
à faire plusieurs études. Mais précisément parce
que cette réforme doit être complète,
précisément parce qu'elle sera éminemment complexe, il
importe de ne pas perdre de temps. Il importe de s'atteler à la
tâche immédiatement car nos prévoyons que quelques mois et
peut-être même quelques années seront nécessaires.
Or, ils doivent être utilement employés dès ce moment car,
M. le Président, il faut bien le dire, personne ne peut préjuger
de l'avenir du Québec. Nous ne savons pas si à l'occasion de
quelque crise nous ne serons pas obligés de faire face à une
élection précipitée. Nous serions alors coupables si nous
n'avions pas pris tous les moyens de voir à ce que la prochaine
élection, à quelque moment qu'elle se tienne, puisse être
faite avec une loi, une carte, un système électoral qui enfin
reflète l'idéal démocratique duquel nous prétendons
nous inspirer. Merci.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Pontiac.
M. Jean-Guy Larivière
M. LARIVIERE: M. le Président, le député de
l'Assemblée nationale représentant un comté
protégé, le comté de Pontiac, un des plus grands, est le
plus beau de cette province, avec toutes ses richesses naturelles non
développées. Je profite de cette occasion pour en faire la
publicité et pour inviter les membres responsables de cette Chambre
à se rendre le visiter plus souvent dans l'avenir qu'ils ne l'ont fait
dans le passé.
Même si nous sommes très éloignés de la
capitale, le comté de Pontiac ne peut plus se permettre d'être
négligé par son gouvernement. Il va falloir que ce dernier
réalise que ce comté est bien dans la province de Québec
et qu'il doit être mis sur le même pied que tous les autres
comtés.
En regardant l'article 80 de l'Acte de l'Amérique du Nord
britannique, comme représentant du comté de Pontiac il est de mon
devoir de donner à cette Assemblée l'opinion des gens de ce
comté. Cette population est au courant que la réforme de la carte
électorale est nécessaire. Pour ce faire l'article 80,
établi en 1867, devrait être aboli comme bien d'autres lois l'ont
été afin d'être mieux adaptées à la vie
d'aujourd'hui.
On sait qu'il y a beaucoup de changements dans cette province depuis
1867 et qu'aujourd'hui, il est nécessaire de changer plusieurs
mécanismes. Mais tout en faisant ces changements, il est très
important que les gens responsables tiennent compte de l'étendue des
comtés ruraux et non seulement de leur population. Dans le comté
de Pontiac, un comté entièrement rural, les gens se connaissent
presque tous et après 100 ans ils forment plutôt une grande
famille. Ils sont satisfaits du fait que cette famille devienne plus nombreuse
mais ils ne veulent pas être les orphelins d'une institution comme cela
se produirait en y ajoutant une ville.
C'est pour cette raison qu'il est très important que le
gouvernement tienne compte de l'étendue d'un comté et non
uniquement de sa population. Mes collègues de cette Assemblée qui
représentent des comtés complètement ruraux savent
très bien que leur tâche est beaucoup plus difficile que pour un
député de comté urbain puisque dans les comtés
ruraux il n'existe presque aucun service gouvernemental et que c'est le
député qui est obligé de rendre ces services.
Les représentants des comtés ruraux se rendent compte que
les services à la population y sont beaucoup plus nombreux que dans les
comtés urbains. Pour ce qui est des ministères de l'Agriculture,
des Terres et Forêts, de la Voirie, des Affaires municipales, ils ont
à s'occuper de 25 à 30 municipalités et d'autant
d'associations de loisir comparativement à une ou deux dans les
comtés entièrement urbains où l'on trouve sur place tous
les services des différents ministères auxquels les gens peuvent
s'adresser pour obtenir des renseignements.
M. le Président, en terminant, je suis convaincu que les membres
de cette Assemblée prendront en considération tous ces faits et
que la nouvelle carte électorale aura pour but de mieux servir toute la
population de la belle province. Merci.
MR. SPEAKER: The honourable Member from Huntingdon.
M. Kenneth Fraser
MR. FRASER: Thank you, Mr. President. I would like to say a few words
before this Law is passed abolishing article 80 of the B.N.A. Act of 1867. I
would like to read it to you: "The Legislative Assembly of Quebec shall be
composed of sixty-five members, to be elected to represent the sixty-five
electoral divisions or districts of Lower Canada in this act referred to,
subject to alteration thereof by the Legislature of Quebec: provided that it
shall not be lawful to present to the Lieutenant-Governor of Quebec for assent,
any bill for altering the limits of any of the electoral divisions or districts
mentioned in the second schedule to this act, unless the second and third
readings of such bill have been passed in the Legislative Assembly with the
concurrence of the majority of the members representing all those electoral
divisions or districts, and the assent shall not be given to such bill unless
an address has been presented by the Legislative Assembly to the
Lieutenant-Governor stating that it has been so passed".
Another article is article number 92: "In each Province the Legislature
may exclusively make laws in relation to matters coming within the classes of
subjects next hereinafter enumerated; that is to say. "1. The amendment from
time to time, notwithstanding anything in this act of the constitution of the
Province, except as regards the office of Lieutenant-Governor."
These words, in article 92, saying "notwithstanding anything in this
act" are construed by some lawyers to mean that Quebec has the authority to do
away with the protected counties and by some other lawyers are interpreted in
the other way. In order to avoid a legal wrangle that could last for years and
go to the Supreme Court, I would like to state that I would support the
Government so that the Law passed today will be passed with a majority of the
Members of the Protected counties.
The twelve original counties were changed many times during the last
hundred years. In 1890, Wolfe and Richmond were divided. In 1912, Frontenac was
added to the list, taking parts of Compton and the county of Beauce. In 1922,
the original county of Ottawa became Hull, Papineau, Témiscamingue,
Abitibi and Labelle. In 1930, Hull was divided, creating Gatineau. In 1944,
Abitibi was again divided, creating Rouyn-Noranda and Abitibi-Est. All this to
show that the electoral map has been changed five or six times, with the
consent of the members of the ridings involved, when they realized that the
change was needed. We realize today that a change is needed again.
The Prime Minister, the honourable Robert Bourassa, during the last
election campaing, promised that he would undertake, if elected, a
redistribution of the electoral map, to arrive at a more even representation of
the people by the elected representatives.
May I point out that, as far as the protected counties are concerned,
the original intention, in 1867, to assure a voice in Parliament for the
English minority no longer holds true, except in one or two cases. The great
changes in population make it difficult to argue in favor of the premise that a
population of 14,000 people deserves equal representation with a population of
80,000 or 90,000 as now exist in Montreal.
The people of Huntingdon, as I have said before, are reasonnable people,
who realize that a change must come. They also would like to know what kind of
change to expect. Before the commission of the National Assembly, many of the
rural members have brought to the attention of the commission the difficulties
in changing the electoral map, because, to arrive at a population equal to a
city riding, the territory involved would become so vast as to make it
humanly... equal to a city riding the territory involved would become so vast
as to make it humanly impossible for the deputy to serve the people of the
area.
Thus, the commission must take into account the geography of Quebec and
establish norms flexible enough to balance the need of representation by
population against the need of rendering services to the same population.
The commission, in my opinion, should take into consideration the areas
of same culture and trade and not try to mix urban and rural areas for the sole
reason of arriving at a certain number of voters.
The needs and transactions of a rural county with the Government are far
more numerous and diverse that those of our city voters. I have been assured by
the Prime Minister that the commission will be most considerate of these
representations that have been made and that the new electoral map will render
justice to as great a degree as possible.
I believe that the people of Huntingdon would rather have the county
enlarged that to have it dissappeared. Towards this end and expressing my
confidence in the Prime Minister and the commission of the National Assembly, I
am prepared to support this bill.
I deplore the words of the Deputy of Megantic who says that he wishes to
stop the increase of the English percentage of Montreal and its surroundings.
These are the kind of statements that cause friction between the English and
the French. He would do better to try to foster good will, so that, in
respecting his follow citizens who have as much right to speak English as he
has to speak French, we may work together to maintain personnal liberty.
The member from Missisquoi in the speech he made in this House said that
he hoped that Quebec would remain a French province and also would remain a
free province. Those are my wishes also. Thank you.
M. LE PRESIDENT (Leduc): L'honorable député de
Frontenac.
M. Paul Latulippe
M. LATULIPPE: M. le Président, en tant que représentant
d'un comté protégé, il me fait plaisir de prendre la
parole sur le projet de loi 65. Ce n'est pas mon intention de faire une
étude élaborée sur la question, ni de dresser
hypothèse sur hypothèse et de tirer des conclusions
hâtives. Néanmoins, permettez-moi, M. le Président, de
m'interroger sur ce que sera le sort des comtés protégés
ou des comtés ruraux puisque, en définitive, le sort de tous les
comtés ruraux de la province est directement lié par cette
loi.
Il convient donc de s'interroger sur ce que sera le sort et l'avenir des
comtés ruraux, tant du point de vue de la représentation
électorale que du point de vue de la survie économique. Pour
nous, des comtés ruraux, l'abandon du privilège des comtés
protégés signifie, à juste titre, l'élargissement
de nos frontières. Nous nous verrons diminuer en nombre, et ce, au
profit spécialement des centres urbains et surtout de la
métropole. Il n'y a pas que le problème de la
représentation électorale, soit la représentation
proportionnelle au nombre des voteurs, qui est en cause. Il y a celui aussi des
avantages économiques et de la survie des régions
économiquement faibles que sont généralement les
comtés ruraux.
Je vois cela d'ici, M. le Président, la majorité absolue
de la représentation à l'Assemblée nationale
concentrée dans les centres urbains. Comme ces derniers
détiennent déjà la grande majorité du pouvoir
économique, nous nous demandons ce qui adviendra de la survie de nos
comtés.
Je me permets, à ce stade, de souligner qu'à la demande et
à la suggestion de notre regretté collègue, Pierre
Laporte, j'ai fait une enquête dans mon comté en envoyant, au
hasard, 500 demandes dont environ le tiers me sont revenues. Dans l'ensemble,
je dois avouer que les réponses, en majorité sont favorables au
maintien des comtés protégés. En fin de compte, c'est nous
qui avons à y perdre et, semble-t-il, très peu à y
gagner.
Nous nous interrogeons donc, M. le Président, sur le sort que
nous réserve le gouvernement advenant que nous adoptions la loi qui est
présentement à l'étude. Merci, M. le Président.
M. LE PRESIDENT (Leduc): Le député de Papineau.
M. Mark Assad
M. ASSAD: M. le Président, l'actuel comté de Papineau
faisait partie du comté d'Ottawa en 1867. Le comté de Papineau a
été créé à l'intérieur du
comté d'Ottawa mais pas dans le but de protéger
l'élément anglophone. Donc l'article 80 de la Loi de l'Acte de
l'Amérique du Nord britannique était déjà inutile
dans le cas du comté de Papineau. L'élément anglophone
dans le comté d'Ottawa ne s'est pas objecté parce que la carte
électorale du temps n'était pas démocratique au point de
vue de la représentation.
Aujourd'hui, la carte électorale, dans certains secteurs de la
province, n'est pas démocratique au point de vue de la
représentation. Un homme, un vote n'est pas nécessairement
l'idéal de la représentation démocratique, mais le
territoire, les besoins et les problèmes sont certainement des facteurs
qui entrent en jeu. Dans le comté de Papineau, il y a aujourd'hui
au-delà de 40,000 électeurs, 44 municipalités, 960 milles
de route à entretenir, des problèmes d'agriculture, de
colonisation, etc. Le comté est maintenant divisé. L'est est
uniquement rural et l'ouest urbain. Donc, les problèmes sont
différents et les gens de mon comté sont favorables à une
refonte de la carte électorale, parce qu'au point de vue de
l'administration cela oblige un député et j'ai vécu
l'expérience depuis sept mois d'avoir une attention
perpétuelle. Donc, pour des raisons d'administration, pour faciliter la
tâche du député du comté qui me concerne
présentement, j'ai l'intention d'appuyer le bill 65 avec mon
gouvernement.
M. LE PRESIDENT: Le député de Terrebonne.
M. Denis Hardy
M. HARDY: M. le Président, pour être logique avec
moi-même, puisque j'ai voté contre l'amendement du
député de Mégantic tantôt, reconnaissant par le fait
même l'urgence d'adopter cette loi, je limiterai mes remarques.
D'ailleurs, beaucoup d'arguments ont déjà été
avancés en faveur de l'adoption de ce projet de loi. Mais je voudrais
simplement souligner que par l'adoption du présent projet de loi
et je pense que là-dessus mon honorable confrère et
collègue de Maskinongé m'appuiera il s'agit tout
simplement de permettre au droit d'évoluer, au droit de coller davantage
à la réalité. De même que nous avons adopté
des lois pour que notre code civil devienne plus conforme à la
réalité sociale du Québec, de même il convient
d'adopter des modifications à la constitution pour qu'elle devienne plus
près de la réalité de 1970.
Depuis longtemps, on parle de modifications constitutionnelles dans
cette province et on sait toutes les difficultés qui sont
attachées à ces modifications. Mais voilà qu'aujourd'hui
nous avons la possibilité de modifier cette constitution,
nous-mêmes. C'est une affirmation du pouvoir du Parlement du
Québec que d'abroger notre propre constitution; nous n'avons pas besoin
d'en parler à personne, c'est notre autorité à nous. Et je
ne vois pas pourquoi, tout en respectant une réalité sociale, le
Parlement du Québec n'affirmerait pas, à l'intérieur de sa
juridiction, sa souveraineté.
Il y a un autre aspect qui a été soulevé. Je
voudrais dire à mes collègues, représentants des
comtés ruraux, de tous les partis de cette Chambre que je suis
très conscient de la dimension que représente l'aspect rural dans
une refonte de la carte électorale. Parce que, de même que mon
collègue de Papineau et à un degré plus
élevé encore, je représente un comté rural
ou plutôt, pour ma part, un comté semi-rural qui,
précisément, est pénalisé à cause de la
carte électorale actuelle.
Je voudrais dire combien je suis d'accord avec cette idée qui
veut qu'il ne faut pas réaliser d'une façon mathématique
le principe de l'égalité absolue des votes entre chaque
comté et ce, pour une raison démocratique. Bien sûr, dans
notre régime démocratique, le vote est un élément
très important et, à cause de cet élément, il faut
éviter des disproportions trop grandes. Qu'un comté ait 80,000
électeurs et qu'un autre en ait 8,000, c'est une disproportion
absolument inacceptable, et je pense que tous les députés le
reconnaissent.
Par ailleurs, s'il fallait arriver à diviser
mathématiquement la province de Québec pour avoir des
comtés égaux, là encore on serait antidémocratique.
Il ne faut pas oublier et plus nous allons, plus ça va être
vrai que la démocratie ne s'exerce pas seulement le jour du vote.
La véritable démocratie de participation, ça s'exerce
à l'année. Et si un député veut vraiment
représenter ses électeurs, il ne doit pas se contenter de faire
une campagne électorale et se retirer pendant quatre ans. Au contraire,
un député doit quotidiennement, semaine après semaine,
mois après mois, être en contact le plus intime, le plus
étroit avec ses électeurs. Or, si vous arrivez à diviser
la carte électorale d'une façon mathématique, il est
évident qu'un représentant d'un comté rural n'aura pas
cette possibilité d'être en contact avec ses électeurs,
à cause des distances géographiques et à cause d'une foule
d'autres facteurs. Cela aussi est un élément démocratique
qu'il ne faut pas oublier. Il faut permettre au député qui
représente un comté rural de pouvoir être aussi accessible
à ses électeurs que le député représentant
un comté urbain. C'est pourquoi je dis que c'est un facteur très
important qu'il faut considérer. C'est un facteur qui devra
présider à la refonte de la carte électorale, cette
exigence que le député rural soit près de ses
électeurs, donc que la dimension d'un comté rural au point de vue
de la population soit moindre que celle d'un comté urbain.
Mais je dis, précisément dans cette perspective, que le
maintien de l'article 80 nuit à l'ensemble des comtés ruraux.
Peut-être que nous pouvons protéger quelques comtés ruraux.
D'ailleurs, il ne faudrait pas oublier que, parmi les 17 comtés qui sont
protégés, il y en a deux qui sont des comtés urbains:
Sherbrooke et Hull. Il n'en reste plus que quinze. Vous voyez à
côté de cela, un nombre très considérable d'autres
comtés ruraux qui, actuellement, à cause de l'existence de la
carte électorale, telle qu'elle est, peuvent être
pénalisés. Il faut donc faire disparaître cette entrave de
l'article 80 pour permettre une refonte complète de la carte
électorale en ayant, comme point de départ, la
représentativité de l'électorat. La
représentativité, cela veut dire donner aux comtés ruraux
une attention particulière pour permettre aux députés de
ces comtés d'être en étroite relation avec leurs
électeurs.
Alors, M. le Président, en votant aujourd'hui ce projet de loi,
j'ai conscience non seulement d'améliorer la vie démocratique du
Québec, mais j'ai conscience également de permettre aux ruraux
d'avoir une voix meilleure en cette Chambre.
DES VOIX: Vote!
M. LE PRESIDENT (Leduc): Qu'on appelle des députés.
M. LEVESQUE: M. le Président, je demande une suspension de dix
minutes.
M. PAUL: M. le Président, ce serait une motion débattable.
Nous constatons, une fois de plus, que le gouvernement n'est pas prêt.
Mais, il nous fait plaisir, dans les circonstances, d'acquiescer à cette
aimable invitation.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'on peut dire que la Chambre suspend ses
travaux à loisir?
M. LEVESQUE: Pour dix minutes, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: La Chambre suspend ses travaux pour dix minutes.
Vote de deuxième lecture
M. LE PRESIDENT: Que celle et ceux qui sont en faveur de la motion de
deuxième lecture veuillent bien se lever.
M. LE SECRETAIRE ADJOINT: MM. Bourassa, Levesque, Hardy, Pinard,
Garneau, Mme Kirkland-Casgrain, MM. Tessier, Parent, Harvey (Jonquière),
Quenneville, L'Allier, Cloutier
(Ahuntsic), Tetley, Drummond, Saint-Pierre, Lacroix, Massé,
Goldbloom, Mailloux, Cadieux, Arsenault, Coiteux, Perreault, Brown, Brisson,
Kennedy, Saindon, Leduc, Fraser, Fortier, Assad, Bacon, Bossé, Caron,
Carpentier, Cornellier, Dionne, Faucher, Giasson, Harvey (Chauveau), Houde
(Limoilou), Lafrance, Lamonta-gne, Larivière, Marchand, Ostiguy,
Pelletier, Pépin, Phaneuf, Pilote, Springate, Veilleux, Paul, Vincent,
Boivin, Cloutier (Montmagny), Masse, Simard (Témiscouata), Dumont, Roy
(Beauce), Béland, Drolet, Bois, Roy (Lévis), Brochu,
Tétrault, Audet, Latulippe, Guay, Laurin, Charron, Joron.
M. LE SECRETAIRE: Pour: 72
Contre: aucun Yeas: 72 Nays: none
M. LE PRESIDENT: La motion est adoptée.
M. LEVESQUE: Comité plénier.
M. LE PRESIDENT: L'honorable premier ministre propose que je quitte
maintenant le fauteuil et que la Chambre se forme en comité
plénier.
Cette motion est-elle adoptée?
M. LEVESQUE: Avant d'adopter cette motion, M. le Président,
est-ce que je pourrais faire remarquer qu'en comité plénier nous
croyons, quant à nous, n'avoir besoin que de quelques instants et que
nous devrions, par la suite, procéder à un autre vote
enregistré?
M. LE PRESIDENT: Qui pourrait être le même.
M. LEVESQUE: Non, enregistré de nouveau. M. PAUL: Pour la
troisième lecture?
M. LEVESQUE: Oui, pour la troisième lecture.
M. PAUL: L'honorable leader n'a-t-il pas l'intention de se servir de
l'autre vote?
M. LEVESQUE: Non, d'un autre vote enregistré.
M. PAUL: Je ne peux pas m 'expliquer, M. le Président, l'inaction
du gouvernement cet après-midi. Voici que, depuis une heure et demie,
nous assistons à la paralysie totale des travaux de la Chambre.
M. LEVESQUE: Nous allons accepter les paroles du député de
Maskinongé, leader parlementaire de l'Opposition officielle, comme une
note humorisitique qui précède, évidemment, les vacances
de Noël tellement méritées par l'Assemblée tout
entière.
M. PAUL: Je ne peux malheureusement pas décider.
M. LE PRESIDENT: Cette motion d'aller en comité est-elle
adoptée? Adopté.
Comité plénier
M. LE PRESIDENT (Hardy): A l'ordre, messieurs!
Article 1.
M. BOURASSA: M. le Président, je n'ai pas eu le temps de donner
la réplique, mais le député de Terrebonne l'a fait. Je
voudrais simplement signaler que les principes qui détermineront la
réforme électorale seront librement discutés à la
commission parlementaire. Je pense que disparaîtra, avec le vote final en
troisième lecture, une pierre d'achoppement ou un obstacle à une
réforme électorale.
Il y avait, je pense, unanimité sur le principe, du
caractère désuet de cet article. Par ailleurs, certains
députés auraient souhaité pouvoir discuter des
modalités de la réforme électorale avant l'adoption de la
loi. Je puis certainement dire que tous les députés auront toute
la liberté de discuter ou de faire des suggestions et des propositions
pour cette réforme de la carte électorale ou pour la
réforme du mode de scrutin. Nous croyons, nous, que l'importance de la
représentation rurale est essentielle. Le député de
Terrebonne l'a signalé tantôt. Il n'est pas question, pour nous,
de refuser à la population rurale du Québec la
représentation qui lui est due en vertu des caractéristiques
particulières de notre régime.
Ce sont les remarques que je voulais faire, M. le Président. Si
des députés ont des questions à poser sur l'article 1, je
suis à leur disposition.
M. PAUL: M. le Président, on a dit que la crainte est le
commencement de la sagesse et on constate que l'honorable premier ministre a
l'intention de revaloriser, cet après-midi, la commission de
l'Assemblée nationale. Je me demande si ce n'est pas le remords qui le
pousse. Je n'ai pas le droit de prêter de motifs. De toute façon,
j'espère, je souhaite, je désire, je demande, je supplie,
j'invoque, je prie...
M. CADIEUX: Alouette!
M. PAUL: ... l'honorable premier ministre de relire les propos fort
intéressants qu'il vient de nous livrer si, un jour, par oubli ou par
distraction, il voulait mettre de côté, une fois de plus, le
mandat bien spécifique qu'il vient de renouveler à l'endroit de
la commission de l'Assemblée nationale.
Devant le ferme propos de l'honorable premier ministre, nous tenons
à dire que sa faiblesse est à demi pardonnée.
M. LE PRESIDENT (Hardy): L'honorable député de
Mégantic.
M. DUMONT: M. le Président, pour expliquer le vote que nous
venons de donner, je formulerai les remarques suivantes: par les amendements
que nous avons apportés, nous ne nous sommes aucunement prononcé
contre le principe de la loi. D'ailleurs, je crois que c'est tout à fait
logique: avant de construire un édifice, l'architecte prépare
d'abord des plans.
Quand nous avons demandé de siéger, tel qu'il avait
été convenu, c'était dans le but de préparer
l'échafaudage nécessaire à ce que sera la nouvelle carte
électorale. Nous avions eu dans le comté de Mégantic, des
consultations organisées par une société très
connue dans la province, et la conclusion de cette journée
d'étude avait été que si le mode de scrutin était
changé dans la province chose que même le premier ministre
a souligné à l'occasion en disant que peut-être le scrutin
à la façon de l'Allemagne devrait être
considéré tout serait à recommencer pour la
réforme électorale.
C'est le point de vue que nous avons défendu tout au cours de
cette présentation du projet de loi 65, à savoir que l'on
commençait à l'envers et que l'on devrait d'abord tracer un
programme, tracer un plan. Nous avons consulté nos gens. Nous avons
actuellement un autre de nos députés qui est dans un comté
protégé et qui ne s'est pas fait entendre. Nous avons atteint
notre but. Deux se sont fait entendre et le troisième veut lui aussi, et
va se faire entendre. Tout ce que nous désirons c'est que la population
sache, par les règlements établis et les commissions qui seront
mises en place, ce que le peuple veut et doit obtenir dans la belle
province.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Article 1, adopté?
UNE VOIX: Je crois qu'il y a un autre député. Il n'y
aurait pas un député...? Le député de Richmond.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Y a-t-il encore un député qui
désire prendre la parole sur l'article 1?
L'honorable député de Richmond.
M. BROCHU: M. le Président, comme l'a expliqué tout
à l'heure mon collègue, nous sommes d'accord sur le principe du
projet de loi. Nous sommes également conscients qu'il pourrait exister
des problèmes relativement à la redistribution nécessaire
des comtés protégés. Cependant, nous aimerions que dans
les réformes qui seront faites à l'avenir l'on tienne compte de
plusieurs facteurs... Vous avez demandé la parole, M. le
Président?
M. LE PRESIDENT (Hardy): Non, c'est toujours vous qui avez la
parole.
M. BROCHU: Je m'excuse.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Et je vous écoute en étant tout
oreilles.
M. BROCHU: Merci. J'aimerais attirer l'attention de cette Chambre sur le
fait que le secteur rural doit quand même garder une importance
primordiale puisqu'il est un facteur de stabilité dans notre
économie québécoise. Les populations de ces secteurs ont
le droit, au même titre que les populations urbaines, de s'assurer une
représentation pour en arriver finalement à ce qu'à
l'Assemblée nationale le nombre des élus n'empêche pas le
développement régional, l'implantation d'industries, etc.
Du côté du travail même des députés
mon commentaire sera bref à ce moment-ci nous rencontrons
plusieurs comtés urbains qui ont 50,000 ou 60,000 habitants et dont les
problèmes sont complètement différents de ceux des
comtés ruraux. Je m'explique. Nous avons dans les comtés ruraux
des problèmes agricoles, des problèmes de voirie, des
problèmes de manque de centralisation des bureaux, soit du
bien-être social ou autres. A ce moment, la charge retombe
automatiquement sur le député en question. J'aimerais attirer
l'attention de la Chambre sur le fait qu'on devrait tenir compte des facteurs
d'étendue, comme naturellement des facteurs de
représentativité parce qu'il est absolument illogique de
penser que l'on puisse représenter un comté de simplement 7,000,
8,000 ou 9,000 électeurs des facteurs de distance, des
problèmes différents qui existent au niveau des comtés et
qu'on fasse une redistribution qui ne soit pas mathématique.
Merci, M. le Président.
M. LE PRESIDENT (Hardy): L'honorable député de
Portneuf.
M. DROLET: Une simple question au premier ministre. Le premier ministre
pourrait-il nous indiquer en gros les normes de base qui serviraient de guide
dans les comtés urbains et ruraux?
M. BOURASSA: Ce sera l'objet de discussions. Le député de
Terrebonne a fait comme suggestion que le nombre de comtés devrait
être de 110, environ, qu'il devrait y avoir une distinction très
nette entre le nombre d'électeurs dans les comtés ruraux et dans
les comtés urbains.
Il est évident que, si, sur papier, la représentation
mathématique identique des comtés urbains et des comtés
ruraux peut sembler favorable aux principes démocratiques, en fait,
c'est clair qu'on ne peut pas comparer le travail d'un député
dans un comté rural à celui d'un député dans un
comté urbain. J'en ai fait l'expérience, moi-même. Donc, ce
ne serait pas respecter véritablement, dans la réalité,
les principes
démocratiques si on accordait le même nombre
d'électeurs aux deux types de comté. C'est pourquoi il faut dans
le cas de la représentation rurale et des cas spéciaux
tout cela a été soulevé au cours de la réunion de
la commission parlementaire qu'il y ait un avantage quant au nombre des
électeurs pour les comtés ruraux.
M. LE PRESIDENT (Hardy): L'honorable député de
Saint-Jacques.
M. CHARRON: Est-ce que le premier ministre a déjà
envisagé la possibilité d'avoir un mode de scrutin
différent pour la ville de Montréal et pour le reste de la
province? Par exemple, que les députés montréalais soient
élus à la proportionnelle et que les députés du
reste du Québec soient élus au scrutin uninominal dans
tous...
M. BOURASSA: Cela existe au Manitoba, je crois. Je pense qu'à
Winnipeg Ils ont une représentation proportionnelle et, dans le reste de
la province, ils ont une représentation par comté.
M. CHARRON: Ce n'est pas tout à fait la représentation
proportionnelle, c'est-à-dire qu'ils ont augmenté le nombre de
députés par circonscription, ce qui est aussi une
façon...
M. BOURASSA: Mais je crois qu'à Winnipeg, ils ont la
représentation proportionnelle. En tout cas, c'est une question...
M. CHARRON: En tout cas...
M. BOURASSA: Encore là, la question des modes de scrutin va
être discutée au cours des prochaines réunions de la
commission parlementaire, des suggestions vont être faites. Il y en a qui
croient que, pour avoir un gouvernement stable, il faut un scrutin majoritaire.
C'est le général de Gaulle lui-même qui disait: Pour avoir
une majorité, il faut un scrutin majoritaire. D'autres veulent un
scrutin à la représentation proportionnelle. Alors tout cela sera
discuté, ainsi que les avantages et les désavantages.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Adopté. Article 1, adopté.
Article 2?
DES VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Adopté. Articles?
DES VOIX: Adopté.
M. HARDY (président du comité plénier):
Adopté.
M. LEVESQUE: Chacun peut rester à son siège et on avertira
les membres de la commis- sion de venir nous rejoindre, ça prendra moins
de temps comme ça.
M.HARDY (président du comité plénier): M. le
Président, j'ai l'honneur de vous faire rapport que le comité a
étudié le projet de loi no 65 et l'a adopté, sans
amendement.
M. LAVOIE (président): Troisième lecture.
M. LEVESQUE: M. le Président, j'avais suggéré que
nous restions à nos sièges et que nous avisions les membres de la
commission de revenir nous rejoindre pour procéder à la
troisième lecture.
Troisième lecture
M. LE PRESIDENT: Que celle et ceux qui sont en faveur de cette motion de
troisième lecture veuillent bien se lever!
M. LE SECRETAIRE ADJOINT: MM. Bourassa, Levesque, Hardy, Pinard,
Garneau, Mme Kirkland-Casgrain, MM. Tessier, Parent, Harvey (Jonquière),
Quenneville. L'Allier, Cloutier (Ahuntsic), Tetley, Drummond, Saint-Pierre,
Lacroix, Massé, Goldbloom, Cadieux, Arsenault, Coiteux, Perreault,
Brown, Kennedy, Saindon, Leduc, Fraser, Fortier, Assad, Bacon, Caron,
Carpentier, Cornellier, Dionne, Faucher, Giasson, Harvey (Chauveau), Houde
(Limoilou), Lafrance, Lamontagne, Larivière, Marchand, Ostiguy,
Pelletier, Pépin, Phaneuf, Pilote, Springate, Veilleux, Paul, Vincent,
Boivin, Cloutier (Montmagny), Masse, Simard (Témiscouata), Dumont, Roy
(Beauce), Béland, Drolet Bois, Roy (Lévis), Brochu,
Tétrault, Audet, Latulippe, Guay, Laurin, Charron, Joron.
M. LE SECRETAIRE: Pour: 69
Contre: Aucun Yeas: 69 Nays: None
M. LE PRESIDENT: La motion est adoptée.
Adresse au lieutenant-gouverneur
M. LEVESQUE: M. le Président, qu'il me soit permis de proposer la
motion suivante: Que l'Assemblée nationale présente à
l'honorable lieutenant-gouverneur en conseil de la province de Québec
une adresse déclarant que la deuxième et la troisième
lecture du projet de loi numéro 65, Loi concernant les districts
électoraux, ont été adoptées avec le consentement
de la majorité absolue des députés qui représentent
ces circonscriptions électorales. Que le secrétaire de
l'Assemblée nationale porte cette adresse à l'honorable
lieutenant-gouverneur.
M. LE PRESIDENT: Cette motion du leader parlementaire est-elle
adoptée?
M. LAURIN: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. LEVESQUE: M. le Président, la commission parlementaire des
finances doit continuer ses travaux et on me dit que cela ne prendra que
quelques minutes. Au moins, ce sont des prévisions. En attendant, M. le
Président, je suggérerais que nous disposions de l'article 6.
Comité des subsides
M. LE PRESIDENT: L'honorable premier ministre propose que je quitte
maintenant le fauteuil et que la Chambre se forme en comité des
subsides. Cette...
M. Rémi Paul M. PAUL: M. le Président...
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Maskinongé.
M. PAUL: ... en vertu des règlements qui régissent
l'invitation gracieuse qui vous a été faite par le premier
ministre de quitter le fauteuil, je m'excuse de m'opposer à ce que vous
descendiez immédiatement, et le tout, M. le Président, pour vous
éviter des recherches, est en vertu des articles 375 et 376 du
règlement.
L'occasion est toute choisie, M. le Président, pour
présenter une motion de censure.
M. VINCENT: C'est vrai!
M. PAUL: Le chômage qui existe dans le Québec doit,
à l'approche des fêtes, retenir notre attention. La situation
économique qui prévaut dans de nombreux foyers du
Québec... M. le Président, je ne peux pas croire que le premier
ministre va rire à des propos semblables.
M. BOURASSA: C'est parce que je vois que le député est
quasiment seul, et je le trouve courageux!
M. PAUL: M. le Président,...
M. BOURASSA: Je le trouve courageux!
M.PAUL: ... un homme seul, quelquefois, vaut mieux que plusieurs qui ne
valent pas grand-chose !
UNE VOIX: Ce n'est pas votre meilleure.
UNE VOIX: On a connu cela dans votre temps!
M. PAUL: Voyez-vous, M. le Président, qu'on nous fait des
faveurs? Cela fait encore plus mal dans des foyers où il y a de la
misère, ce soir, en ce 19 décembre 1970. On avait promis le
paradis terrestre durant la campagne électorale. On en avait promis, des
emplois, M. le Président. Et on sait qu'au moment où je vous
parle, depuis le 29 avril dernier, il y a plus de 40,000 nouveaux
chômeurs dans le Québec. A maintes reprises, nous avons voulu
obtenir des statistiques définitives pour connaître la
véritable situation économique qui existe dans le Québec.
A chaque fois, on nous répond: De nombreux, beaucoup, plusieurs. Une
chose est certaine, c'est qu'au moment où chacun de nous se
prépare à retourner dans son foyer il y a cette misère
endémique, ce chômage endémique qui existe dans le
Québec. Pourquoi? Parce qu'on n'a pas pris les mesures et les moyens
nécessaires pour nous présenter des législations qui
auraient réellement stimulé l'économie du Québec.
On a préféré faire des grands discours, des
déclarations à coup de millions, nous laisser croire que $170
millions dans la voirie auraient pour effet de créer une vague et une
masse d'emplois, quand on sait que tout le mécanisme nécessaire
à la disposition de ces crédits fera qu'on ne pourra les employer
qu'à la fin de janvier, peut-être au début de
février, en pleine période de neige, M. le Président.
M. PINARD: Lundi!
M. PAUL: C'est à ce moment-là que le ministre de la Voirie
sortira tous ses instruments, ses pelles, ses machines pour régler le
problème du chômage dans le Québec. On n'a pas eu de
législation, d'initiatives étiquetées Bourassa.
M. TETLEY: A l'ordre!
M. PAUL: Le ministre des Institutions financières aurait pu
prôner des politiques susceptibles d'encourager l'industrie
minière dans le Québec. Cela aurait créé de
nouveaux emplois. Mais non, M. le Président, des grandes
déclarations devant les chambres de commerce de Montréal, des
intentions pieuses, de l'inaction, point.
C'est ce même gouvernement qui ne trouve pas le moyen
nécessaire, malgré tout ce fédéralisme
coopératif je ne sais trop quel terme ...
M. HARDY: Rentable.
M. PAUL: ...rentable et qui ne rapporte rien et ne rend rien, M. le
Président; ce fédéralisme rentable qui devait nous
apporter le rapatriement des $250 millions qui reviennent au Québec et
que le gouvernement fédéral refuse de nous rembourser. Qu'a fait
le gouvernement? Qu'a fait le premier ministre? Absolument rien.
Ah, nous sommes en négociation! Ah, la caisse "conjecturelle",
que c'était beau!
M. PINARD: Conjoncturelle.
DES VOIX: Conjoncturelle!
M. PAUL: Non, non, je l'appelle "conjecturelle". Pas conjoncturelle,
"conjecturelle"! C'est quasiment "congelturelle"!
Ce sont M. le Président, encore là, de grandes
déclarations de principe.
Jamais, nous n'avons eu l'exemple d'un gouvernement aussi
paralysé, aussi inactif, aussi hésitant. D'ailleurs, la
cérémonie qui se déroule devant nos yeux depuis 3 h 30 cet
après-midi le démontre. Lorsque l'heure du vote arrive, on n'est
pas prêt. On administre de quart d'heure en quart d'heure, de semaine en
semaine et, durant ce temps-là, le chômage existe dans le
Québec. Pas de mesure législative pour stimuler
l'économie. Qu'est-ce que le gouvernement a fait? Où sont-ils ces
ministres qui devaient créer une abondance d'emplois dans le
Québec? Où sont-ils? Ce que je trouve étrange, M. le
Président, c'est qu'on avait même déclaré qu'on ne
serait jamais dans l'obligation de présenter, avec une administration
Bourassa, un budget supplémentaire. Qu'est-ce que l'on fait aujourd'hui,
si ce n'est pas ça?
M. VINCENT: C'est le premier.
M. PAUL: C'est le premier, mais on nous a assurés qu'il y en aura
un autre en février. Nous avons été informés de
cela, M. le Président. Il sera intéressant de voir les mandats
spéciaux qu'on va se passer entre les deux sessions. Si encore
c'était pour stimuler l'économie du Québec. On est
à créer un superministère des Finances. Je n'ai pas le
droit d'en parler, M. le Président; ce n'est pas encore fini en bas.
L'accouchement n'est pas encore rendu à terme.
M. le Président, rien n'a été fait dans la voirie.
Ah oui, l'attitude paralysante du ministre, elle a été
remarquée, dans les comtés ruraux, par la réduction des
budgets qui a empêché de nombreux citoyens de gagner l'argent qui
leur est nécessaire pour faire face aux difficultés
qu'entraîne notre hiver rigoureux. Je dis que, si nous regardons ces
ministres le ministre des Richesses naturelles, avec son projet de la
baie James, annoncé par qui? Par le ministre de l'Education nous
avons un gouvernement d'inaction. Au lieu de nous présenter des
législations, que j'ai appelées, à un moment donné,
des "législationnettes", on aurait été mieux de nous
présenter de la chair, de la viande, du pain pour la table des milliers
de foyers du Québec.
L'industrie du commerce ne vit qu'avec les lois qu'a votées
l'Union Nationale. Je comprends mon excellent ami, l'honorable ministre
responsable, leader du gouvernement, mais des malins prétendent que
ça ne marche pas au ministère de l'Industrie et du Commerce. J'ai
une expérience vécue dans mon comté. M. le maire, Guy
Otis, de la paroisse de Maskinongé, qui projette l'établissement
d'une manufacture de meubles à Louiseville, est venu au ministère
de l'Industrie et du Commerce. Or, après quatre voyages, on lui a dit:
On n'est pas capable de s'entendre, allez à Ottawa. M. Guy Otis, ancien
libéral, pour faire plaisir au ministre des Affaires municipales, a
été obligé de laisser la patrie québécoise
et de s'expatrier à Ottawa pour aller chercher du soutien et des
subventions pour apporter de l'emploi dans le Québec.
Qu'est-ce qu'a fait le ministre de l'Industrie et du Commerce pour
régler la situation du textile au Québec? Absolument rien. Quand
on sait que 90 p. c. des produits manufacturés au Canada le sont dans le
Québec! Quelles ont été les représentations
effectives de la part du ministère de l'Industrie et du Commerce pour
enrayer cette importation de produits du textile dans le Québec?
Absolument rien. Cependant, on verra demain, probablement parce que cela
m'arrive d'être "CKACiste", moi aussi, de temps en temps le
premier ministre qui dira à la population qu'il a accompli des besognes
extraordinaires pour régler le chômage. Je dis que le peuple
attend de l'action de la part du gouvernement.
Justement c'est pour permettre cette action que nous espérons que
le gouvernement, durant l'intersession, trouvera moyen de préparer des
lois conformes aux besoins de la situation économique qui existe dans le
Québec.
Savez-vous ce qu'on me dit, M. le Président? Je ne sais pas de
qui ça vient, ça doit être d'un bon ami, on me dit: "Comme
dirait M. Bellemare, vous avez du "swing" dans le manche, aujourd'hui."
J'esprère que le gouvernement va "swinger" vers le
problème de l'économie. Je vois le ministre des Affaires
culturelles qui semble scandalisé de cette intervention énergique
pour régler le problème du chômage, spécialement
dans le comté d'Ahuntsic, à Montréal, où le nombre
des chômeurs a doublé depuis bientôt six semaines dans ce
comté de la région de l'est de Montréal.
M. le Président, pour permettre au gouvernement de passer
à l'action, je propose donc, appuyé par l'honorable
député de Nicolet, que nous passions immédiatement
à l'étude des crédits.
M. LE PRESIDENT: Cette motion sera-t-elle adoptée?
Adopté.
Budget supplémentaire
M. HARDY (Président du comité plénier): Affaires
culturelles, article 8, adopté.
M. VINCENT: M. le Président,...
M. LE PRESIDENT (Hardy): A l'ordre! L'honorable député de
Nicolet.
M. LEVESQUE: Excusez-moi, M. le Président, je voudrais
répondre à la question de l'honorable député de
Nicolet sur la restauration du séminaire de Québec. Ce qui porte
le montant total de la subvention à $1,220,000 incluant le montant de
$700,000, c'est la restauration et la mise en valeur du manoir de Niverville,
$3,000; ce qui porte le montant total de la subvention à $143,000. Ces
crédits sont nécessaires pour faire suite à la
révision de l'entente intervenue entre le gouvernement du Canada et
celui du Québec sur les zones spéciales.
Cette révision a reçu l'approbation du comité de
développement, le 28 octobre 1970. Alors nous mettons dans le budget une
somme de $1000 afin de pouvoir profiter des avantages de l'entente avec le
gouvernement fédéral.
M. VINCENT: M. le Président, pourrions-nous, juste au cas
où le député de Chicoutimi aurait quelques questions
à poser sur cet article particulier...
M. LEVESQUE: Aucune objection, s'il arrive...
M. VINCENT: Non, d'accord, nous allons laisser faire.
Maintenant, en ce qui concerne le séminaire de Québec, si
je comprends bien, l'entente intervenue avec le gouvernement
fédéral pour la rénovation du séminaire de
Québec était pour une première phase. Il était
question qu'un comité du ministère des Affaires culturelles et,
je crois, également du ministère de l'Education, comité
conjoint avec le gouvernement fédéral, préparait
également un plan ou un programme pour une deuxième phase; et
certaines sources d'information nous ont appris qu'il y aurait peut-être
même une troisième phase.
Le ministre des Affaires culturelles pourrait-il nous donner, en plus de
ce montant de $1,000 dont il est question pour terminer la première
phase, quelles seront les phases qui suivront la réalisation de cette
première phase?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, tout d'abord je voudrais
dire que ce montant de $1,000 représente une imputation. Ce qui s'est
passé, c'est que nous avons pu, en cours de route, grâce aux
négociations dans le cadre des ententes
fédérales-provinciales, obtenir des montants
supplémentaires, lesquels ont été appliqués au
séminaire et au manoir de Niverville. Par conséquent, la somme en
cause qui sera dépensée est beaucoup plus importante, elle est de
près de $800,000.
Il me serait difficile de vous présenter un plan complet des
travaux au grand séminaire parce qu'il faudrait une préparation,
mais c'est avec grand plaisir que je le ferai directement si les
députés s'intéressent particulièrement à la
question. Tout ce que je peux vous dire c'est qu'il y aura plusieurs phases et
qu'un cheminement est en cours de préparation.
J'ai ici simplement des renseignements fragmentaires, croyant que cette
discussion porterait uniquement sur la signification de l'imputation.
M. VINCENT: Vers quel moment le ministre croit-il qu'il sera en mesure
d'annoncer le programme complet? Je sais que plusieurs personnalités de
la ville de Québec, les autorités du Séminaire de
Québec de même que des gens intéressés au manoir en
question s'interrogent sur le moment précis où le ministre sera
en mesure d'annoncer le programme complet. A quel moment le ministre croit-il
être en mesure d'annoncer ce programme?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je crois que ce serait lors de la discussion de
mes crédits l'an prochain. Je voudrais souligner le fait qu'il s'agit,
dans le cas du Grand Séminaire, d'une subvention que nous accordons
à l'institution et non de travaux dont nous assumons nous-mêmes la
responsabilité. Par conséquent, je ne peux pas à ce
stade-ci dire s'il nous sera possible de donner tel niveau de subventions l'an
prochain. Tout dépendra de l'enveloppe budgétaire qui sera mise
à ma disposition et également des résultats des
négociations avec le gouvernement fédéral,
négociations qui ne sont pas encore terminées.
M. VINCENT: D'accord.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Article 8, adopté. Ministère de
l'Agriculture et de la Colonisation, article 18.
M. VINCENT: M. le Président, le ministre des Finances pourrait-il
nous dire quel est le taux d'intérêt compté actuellement
par la Société du crédit agricole?
M. GARNEAU: C'est 8 1/4 p. c. .
M. VINCENT: Donc, à 8 1/4 p. c., le taux d'intérêt a
baissé.
M. GARNEAU: Evidemment. Je ne voudrais pas induire la Chambre en erreur,
mais l'information qu'on m'a transmise était à l'effet que le
taux d'intérêt était de 8 1/4 p. c. . Cela varie
évidemment à cause des changements.
M. VINCENT: C'est ajusté tous les six mois, en vertu de la loi.
J'aurais cru que le ministre de l'Agriculture aurait profité de la
discussion du budget supplémentaire, au sujet de cette demande de
crédits de $141,000, pour établir la politique qu'il entend
suivre en ce qui concerne le crédit agricole fédéral et le
crédit agricole provincial.
Quand le ministre de l'Agriculture est revenu de la conférence
fédérale-provinciale sur les
prévisions agricoles, à Ottawa, il a fait une très
longue déclaration ici en Chambre. J'ai voulu alors, pendant quelques
instants, faire connaître le point de vue de l'Opposition officielle sur
cette importante question du financement de l'Agriculture du Québec. Si
vous vous en souvenez, ce fut très difficile. Nous avions
escompté que le ministre de l'Agriculture profiterait d'une circonstance
comme celle d'aujourd'hui pour exposer la politique du gouvernement actuel sur
cette question.
Récemment, nous pouvions lire dans les journaux c'est
d'ailleurs l'endroit où le ministre de l'Agriculture fait le plus de
déclarations : Le ministre Toupin endosse l'idée d'une
entente fédérale-provinciale en matière de crédit
agricole. Il endosse l'idée, mais nous aurions aimé savoir
peut-être le ministre des Finances est-il au courant quelle est la
position exacte du gouvernement du Québec en ce qui concerne justement
le crédit agricole fédéral et le crédit agricole
provincial. Est-ce que le gouvernement actuel est favorable à une
entente avec le gouvernement fédéral, comme celle qui a
été suggérée par l'ancien gouvernement et où
le gouvernement fédéral et le gouvernement provincial,
après discussion, formeraient une société ou un organisme
administré conjointement par les deux gouvernements.
Deuxièmement, tel que proposé par le gouvernement
précédent, proposition faite au mois de novembre 1969 à
Ottawa, le gouvernement fédéral et le gouvernement provincial
paieraient la moitié des frais d'administration d'un tel organisme.
Troisièmement, le gouvernement fédéral et le gouvernement
provincial mettraient des fonds à la disposition de cet organisme, au
lieu d'avoir, comme à l'heure actuelle, un dédoublement.
Nous avons un organisme de crédit agricole provincial et un
organisme de crédit agricole fédéral, ce qui veut dire
que, dans le champ, dans le territoire, dans les régions agricoles, il y
a dédoublement. Il y a des fonctionnaires des deux organismes qui
visitent les agriculteurs, qui offrent des prêts et, nous du
Québec, nous sommes obligés de rembourser le gouvernement
fédéral. Je crois même que, cette année, ça
va dépasser $2 millions en intérêt sur des prêts
consentis par l'Office du crédit agricole à des cultivateurs du
Québec.
Je sais bien que le ministre des Finances n'a pas eu l'occasion d'avoir
de très longues discussions avec le ministre de l'Agriculture sur cette
question particulière, il y a tellement d'autres questions qu'il doit
discuter avec lui. Mais, si le ministre des Finances pouvait nous
éclairer quelque peu sur la dernière conférence
fédérale-provinciale, ça nous ferait tellement plaisir de
l'entendre.
M. GARNEAU: M. le Président, vous comprendrez qu'il aurait fait
plaisir au ministre de l'Agriculture, à la veille de Noël, de
pouvoir exposer en long et en large toute la politique qu'il entend suivre pour
aider au financement des exploitations agricoles. Malheureusement, il a
dû s'absenter. Je suis persuadé que le député de
Nicolet profitera de l'analyse des crédits du ministère de
l'Agriculture, le printemps prochain, pour poser toutes ces questions au
ministre de l'Agriculture.
M. VINCENT: II va répondre en temps et lieu.
M. GARNEAU: Cependant, le député de Nicolet est bien au
courant des amendements qui ont été apportés à la
Loi du crédit agricole et qui ont permis au gouvernement du
Québec de faire des prêts pour des montants plus
élevés. Dans ce sens, ç'a augmenté notre poste
extrabudgétaire. Alors qu'autrefois il y avait des emprunts qui
étaient effectués directement par le gouvernement
fédéral, aujourd'hui, ils le sont par le gouvernement du
Québec. Cela augmente, évidemment, nos nécessités
d'emprunt.
La suggestion qu'a faite le député de Nicolet concernant
une commission mixte me paraît très intéressante, et je
suis persuadé que le ministre de l'Agriculture étudie cette
question avec beaucoup d'attention.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Article 18, adopté.
UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Conseil exécutif, article 3.
M. VINCENT: Est-ce que le ministre des Finances pourrait nous donner les
grandes lignes du programme de développement et de
réaménagement de l'Office de planification du Québec, pour
lequel on demande un crédit de $1,000, mais qui est, en
réalité, une dépense de $9,840,000?
M. GARNEAU: M. le Président, nous avons signé une entente
sur les zones spéciales, signature qui a eu lieu au mois de juin entre
le gouvernement du Québec et le gouvernement fédéral.
Il y avait, dans cette entente, une clause qui permettait aux deux
gouvernements de rouvrir la discussion pour faire des
réaménagements. Du fait que, dans l'ensemble du Canada, il
pouvait arriver que, dans certaines régions, certains travaux ne
puissent pas être effectués conformément à l'entente
signée, des crédits au niveau fédéral devenaient
disponibles et pouvaient être attribués à d'autres zones
spéciales.
C'est dans ce cadre que la réouverture de la négociation
de l'entente a eu lieu. C'est ce qui permet maintenant au gouvernement du
Québec de bénéficier d'un montant additionnel de $9
millions dont $7,155,000 sous forme de
prêts et avances et $2,685,000 sous forme de subventions.
Dans l'ensemble, ça porte donc le budget total, pour le
sous-article 4 concernant les zones spéciales, de $10,500,000 à
$17 millions et les subventions sont portées de $7,124,000 à
$9,809,000. Je voudrais ajouter également qu'en juin dernier le total
des subventions et des prêts en vertu de l'entente signée
était de $52 millions. Maintenant, il faudra ajouter ces sommes
additionnelles qui nous sont octroyées et qui permettront aux
différents ministères du gouvernement du Québec
d'accentuer leurs travaux dans les différents programmes qui avaient
été approuvés lors de la signature de l'entente.
M. VINCENT: A quels travaux spécifiquement ces sommes
seront-elles affectées?
M. GARNEAU: Je pourrais donner une liste. D'abord, il y a le
Séminaire de Québec dont on vient de parler. Il y a un montant de
$500,000 pour la construction d'un pont sur la rivière Saint-Charles, le
pont Dorchester, ici à Québec.
M. VINCENT: La construction d'un pont? Ah bon! ici à
Québec.
M. GARNEAU: Oui, à Québec. C'est une subvention que le
gouvernement du Québec pourra accorder à la ville de
Québec pour la construction de ce pont. Il y aura des prêts
effectués également pour la construction d'aqueducs
là, je parle de la zone de Québec dans Giffard, dans
Saint-David-de-l'Auberivière et dans Saint-Henri de Lévis. Pour
les projets d'habitations à loyer modique de la Société
d'aménagement de Québec, il y aura également une
subvention de $200,000. Vous me permettrez d'attirer un peu plus l'attention
sur cette somme de $200,000 qui est attribuée à la
Communauté urbaine de Québec, puisque c'est dans mon
comté.
Dans les régions du centre du Québec, des sommes seront
versées pour la route reliant le parc industriel de Shawinigan à
la Transquébécoise. Il y aura également des subventions
pour des travaux d'aqueduc et d'égout dans le parc industriel de
Trois-Rivières. Pour la restauration et la mise en valeur du Manoir de
Niverville, il y avait déjà eu $140,000 de subventions. Comme il
manquait $3,000 pour compléter les travaux, ce sera pris à
même ces crédits additionnels.
Maintenant, les prêts. Pour l'augmentation de la capacité
de l'usine de filtration de Trois-Rivières, le montant du prêt
passera de $315,000 à $485,000. Egalement, pour le financement
d'écoles polyvalentes dans chacune des zones spéciales.
Dans l'article prêts, il y a des sommes qui aident au financement
de la construction d'écoles dans chacune de ces zones. On ne peut pas
les attribuer à une école polyvalente en particulier parce que
cela dépend de l'échéancier. Cela est appliqué
à l'ensemble du programme de construction dans la zone.
Dans la zone de Sept-Iles, il y aura une augmentation de $135,000 dans
les subventions pour les égoûts pluviaux, le revêtement de
chaussées; un montant c'est un projet nouveau $700,000 de
subventions pour les services municipaux, pour le développement
résidentiel; du côté des écoles polyvalentes, il y
aura un montant de $2,190,000. Ce qui donne à peu près les
principaux programmes. Je n'ai pas donné les montants précis;
dans chaque cas j'ai arrondi les chiffres.
Dans la zone de Québec, les sommes pour le financement
d'écoles polyvalentes sont de $3,500,000; dans le centre du
Québec, elles sont de $2,350,000 et dans la zone de Sept-Iles, de
$2,190,000, pour un total de prêts aux écoles polyvalentes de
$8,100,000.
M. VINCENT: M. le Président, le ministre des Finances nous a
parlé des montants d'argent qui seraient dépensés dans
chacune des régions spéciales. Il a été question
également, au cours des discussions qui ont précédé
ces ententes, d'inclure dans les zones spéciales la région du
centre du Québec et la région de Bécancour pour le parc
industriel de Bécancour. On a parlé du parc industriel de
Shawinigan. On a parlé du parc industriel de Trois-Rivières. En
ce qui concerne le parc industriel de Bécancour, je sais que le
ministère de l'Industrie et du Commerce s'occupe de façon
continue de l'implantation d'industries mais il y a des travaux
d'infrastructure à réaliser aux abords du parc industriel. Il y a
des routes ainsi que des services. Est-ce que le ministre des Finances pourrait
nous dire si le gouvernement fédéral a gardé ses
positions, ne voulant pas dépenser d'argent cette année dans la
zone de Bécancour et préférant plutôt attendre un an
ou même deux ans? C'est pour ça que...
M. LEVESQUE: Disons, M. le Président, que nous sommes
présentement en négociations avec le gouvernement
fédéral. J'ai de bonnes raisons d'être optimiste quant
à la position finale et définitive que prendra le gouvernement
fédéral vis-à-vis du parc de Bécancour.
M. VINCENT: C'est pour ça, M. le Président, que je
voudrais profiter d'une circonstance comme celle-ci pour dire au ministre des
Finances et au ministre de l'Industrie et du Commerce que des projets avaient
été élaborés en ce qui concerne surtout les grandes
routes pour desservir le parc industriel de Bécancour. Il y avait
même l'autoroute 30 pour laquelle le ministère de la Voirie avait
fait faire des plans. Il est même question cette année de faire
une dépense de $1 million. Ce n'est pas une route à
caractère local ou simplement une route de
comté mais elle desservait directement le parc industriel. Si
nous voulons donner suite aux voeux exprimés par le premier ministre du
Québec... Quand il est venu dans la région de
Trois-Rivières et qu'il a vu que le parc industriel commençait
à se développer, il a lui-même critiqué l'ancien
gouvernement en disant que cela n'allait pas assez vite.
Il aurait fallu que cela se développe beaucoup plus rapidement.
Ah oui! le premier ministre actuel, quand il est venu dans la région de
Trois-Rivières, a même dit que c'était scandaleux de voir
un aussi beau et un aussi grand parc industriel qui pourrait, du moins,
devenir aussi beau ne pas se développer; c'était un vrai
scandale.
Mais une chose est certaine, c'est que, depuis l'avènement du
gouvernement actuel, il est vrai que la Société du parc
industriel du centre du Québec a fait de multiples efforts, de nombreux
voyages, a eu des rencontres avec des industriels très importants. Et,
jusqu'à ce jour, le ministre de l'Industrie et du Commerce peut m'en
rendre le témoignage, je n'ai fait aucune déclaration. Je n'ai
pas l'intention d'en faire en ce qui concerne les industries avec lesquelles la
société est en négociation ou en discussion. Je ne crois
pas que ceci permettrait d'atteindre l'objectif que chacun s'est fixé.
Mais il reste quand même ceci: Le gouvernement fédéral,
ayant été, nous devons le dire, forcé d'inclure
Bécancour ou la zone du parc industriel dans ses zones spéciales
nous nous souvenons de toutes ces discussions ne voulait pas
dépenser d'argent au cours des deux ou trois premières
années. Il ne faudrait pas que ceci demeure lettre morte. Il faudrait
que le ministre des Finances fasse, avec le ministre de l'Industrie et du
Commerce, tout le nécessaire pour que le gouvernement
fédéral participe à la mise en place de l'infrastructure
pour que, lorsque le premier ministre du Québec reviendra dans la
région de Trois-Rivières, il ne dise pas: C'est scandaleux de
voir un aussi beau terrain qui n'est pas développé!
M. LEVESQUE: Tout ce que je puis dire pour clore la discussion, pour le
moment, c'est que nous avons procédé, de toute façon, dans
l'infrastructure même, en attendant les décisions du gouvernement
fédéral. Nous avons procédé pour ne rien retarder,
que ce soit dans la question même du quai, des routes, du chemin de fer.
Dans tout le domaine de l'infrastructure, nous avons procédé de
toute façon, mais nous espérons que le gouvernement
fédéral nous aidera dans ces dépenses assez lourdes
d'infrastructure.
M. BOURASSA: M. le Président -le député est au
courant justement avant-hier, j'avais une rencontre avec des
investisseurs très sérieusement intéressés pour le
parc industriel. C'est d'accord que j'ai toujours dit que c'était
j'entendais de mon bureau le député qui me citait une
situation inadmissible qu'avec un parc aussi bien situé il n'y ait pas
de nouvelles industries. Mais, je peux rassurer le député sur les
efforts, qui,...
M. VINCENT: II y en a une.
M. BOURASSA: ... je l'espère, pourront être fructueux
prochainement, au sujet d'une entreprise importante dans le parc.
M. VINCENT: II faudrait quand même mentionner au premier ministre
qu'une industrie est en train de se construire dans le parc industriel. C'est
la seule. Je dirai au ministre de l'Industrie et du Commerce que je suis
confiant qu'il y en aura d'autres sous peu. Celui-ci nous a mentionné
que le gouvernement du Québec avait quand même
procédé à la construction du quai. Il est vrai que le
gouvernement précédent avait pris la décision d'aller de
l'avant avec la construction du quai, au montant de $4.5 millions, la
construction d'un réseau d'égouts et d'aqueduc avec la ville de
Bécancour. Mais, si le ministre de l'Industrie et du Commerce me dit
qu'il y a de très bonnes chances que le gouvernement
fédéral participe au financement, même des décisions
qui ont été prises par l'ancien gouvernement, nous sommes
d'accord. Nous sommes satisfaits.
Mais que le gouvernement fédéral s'engage le plus
tôt possible! Nous nous souvenons des difficultés que nous avons
éprouvées à faire reconnaître spécialement la
zone de Bécancour ou la zone du parc industriel. Au moment même
où nous connaissions ces difficultés, discussions avec les
autorités fédérales, etc, c'est là que le premier
ministre déclarait que c'était scandaleux.
M. LEVESQUE: Je répète que je ne peux pas me prononcer
à l'heure actuelle, mais que je conserve un bon espoir.
M. LE PRESIDENT (Hardy): L'honorable député de
Montcalm.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, quelques mots seulement sur
cette question-là. Le gouvernement demande des crédits à
l'intérieur de l'entente, concernant les zones spéciales. On sait
fort bien que cette entente prévoit pour l'instant trois zones
spéciales à l'intérieur du Québec, mais que
l'entente n'est pas limitative, en principe, à uniquement trois zones.
Des discussions ont été engagées, et se poursuivent
probablement aujourd'hui, quant à la désignation d'un autre
secteur, sous le titre de zone spéciale, et s'il y a lieu d'en ajouter
d'autres.
Est-ce que le ministre de l'Industrie et du Commerce, qui participe
certainement à ces discussions qui sont probablement menées par
l'Office de planification, pourrait nous donner des renseignements quant
à l'intention qu'aurait
le gouvernement de décréter zone spéciale un autre
territoire québécois?
M. LEVESQUE: Je ne peux pas donner de précision
additionnelle.
M. MASSE (Montcalm): Est-ce que les négociations se
poursuivent?
M. LEVESQUE: Nous sommes toujours en négociation avec le
gouvernement fédéral, et particulièrement dans le domaine
des zones spéciales.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Article 3, adopté. Finances, Article
16?
M. GARNEAU: M. le Président, j'aimerais fournir une brève
explication. Depuis l'entrée en vigueur du régime
d'assurance-maladie, le gouvernement, comme employeur, doit verser sa
quote-part de contributions à ce plan d'assurance-santé. Alors,
à titre d'employeur, il verse 0.8 p. c. de la masse salariale, et ce
sont ces crédits qui n'avaient pas été prévus au
budget original, parce que nous ne pouvions pas déterminer avec
précision à quel mois, précisément, ce
régime entrerait en vigueur. Maintenant, nous savons que c'est le 1er
novembre. Alors la contribution sera du gouvernement provincial, comme
employeur, est de $200,000 par mois pour le reste de l'année, ce qui
fait $1 million d'ici la fin de l'année financière.
M. CLOUTIER (Montmagny): J'écoutais tantôt le ministre de
l'Industrie et du Commerce et leader parlementaire dire qu'il y avait
continuellement des négociations avec le gouvernement
fédéral. On sait que, dans le domaine de l'assurance-maladie, des
négociations sont commencées quant au partage du coût des
programmes non encore acceptés, comme ceux des optométristes;
ceux de la chirurgie buccale sont acceptés, mais il reste les
optométristes. Est-ce que, advenant une entente, il y a
possibilité d'obtenir un remboursement rétroactif à la
date de l'entrée en vigueur du régime, c'est-à-dire au 1er
novembre?
M. GARNEAU: Je ne voudrais pas donner une fausse indication au
député de Montmagny. Les négociations sont en cours.
Personnellement, je ne vois pas pourquoi ces ententes ne pourraient pas
être rétroactives à la date de l'entrée en vigueur
du plan. Maintenant, j'aurais préféfé que la
réponse plus précise soit donnée par le ministre de la
Santé, étant donné que c'est lui qui négocie; il
aurait pu dire exactement où en sont rendus les pourparlers.
Personnellement, je ne vois pas pourquoi ce ne serait pas à
partir de l'entrée en vigueur du plan, mais sous réserve d'une
confirmation par le ministre de la Santé qui, lui, est chargé de
ces négociations.
M. CLOUTIER (Montmagny): Si le gouvernement fédéral
n'acceptait pas cette rétroactivité évidemment,
ça suppose aussi qu'il y ait entente pour le partage des coûts
est-ce que lé ministre des Finances pense que le gouvernement
sera obligé de changer le taux de cotisation inscrit dans la Loi de
l'assurance-maladie pour l'an prochain? Alors, est-ce qu'au lieu de 0.8 p. c,
ce sera un taux supérieur?
M. GARNEAU: Le député de Montmagny sait que le montant
impliqué dans la question des optométristes n'est pas tellement
élevé, comparé aux autres services. Quant à dire si
ça nécessiterait une augmentation de taux, je ne voudrais pas me
prononcer et induire la Chambre en erreur. Personnellement, je ne crois pas que
ce soit le gros facteur qui militera en faveur d'une augmentation de taux;
c'est beaucoup plus une expérience que nous vivrons avec les
médecins spécialistes et avec les médecins omni-praticiens
qui, en fait, représentent la majeure partie du coût du
programme.
M. CLOUTIER (Montmagny): S'il y a une hausse de taux, est-ce que ce sera
le ministre des Finances qui l'annoncera ou le ministre de la Santé ou
le ministre du Revenu?
M. GARNEAU: Nous pourrions peut-être demander ça au
député de Montmagny.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Article 16, adopté.
M. HARDY (président du comité plénier): M. le
Président, j'ai l'honneur de faire rapport que le comité a
adopté le budget supplémentaire.
M. LE PRESIDENT: Ces résolutions sont-elles lues et
agréées? Lues et agréées.
M. PAUL: Que les secrétaires fassent les entrées
habituelles.
M. LE PRESIDENT: Première, deuxième et troisième
lecture?
M. LEVESQUE: Adopté. M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. LEVESQUE: Quant à l'article 7, que les entrées soient
faites par le secrétaire. Un rapport, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Limoilou.
Commission des Finances
M. HOUDE (Limoilou): La commission des
Finances a l'honneur de soumettre à votre honorable Chambre son
troisième rapport.
Votre commission a décidé de rapporter, avec des
modifications, le bill suivant:
Bill 55, Loi de l'administration financière.
M. LE PRESIDENT: Ce rapport sera-t-il agréé?
M. LAURIN: Agréé.
M. PAUL: Agréé.
M. LEVESQUE: Article 8.
Projet de loi no 55 Troisième lecture
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Finances propose la
troisième lecture du projet de loi numéro 55, Loi de
l'administration financière. Cette motion sera-t-elle
adoptée?
M. GARNEAU: M. le Président, étant donné l'heure
tardive, je ne voudrais pas être long. Je voudrais, tout simplement,
profiter de cet appel en troisième lecture pour remercier les membres de
cette Chambre et particulièrement ceux qui ont travaillé à
la commission des Finances pour la collaboration qu'ils ont apportée
dans l'adoption de ce projet de loi qui, nous l'espérons, marquera un
changement important non seulement dans l'administration des choses
financières, mais aussi dans le style de gestion. Je voudrais
également profiter de l'occasion pour remercier les hauts fonctionnaires
du ministère des Finances qui m'ont apporté un appui constant
dans la préparation de cet important projet de loi, et je voulais en
témoigner publiquement.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, j'aimerais également
à mon tour remercier le ministre d'avoir souligné la
collaboration positive que nous avons apportée à l'étude
du projet de loi...
M. GARNEAU: En commission.
M. MASSE (Montcalm): ... et la collaboration que le ministre a
lui-même apportée régulièrement par l'acceptation de
suggestions ou d'amendements afin de bonifier son projet de loi. C'était
là une loi organique fort importante, régissant une partie
essentielle de notre administration financière. Il y avait lieu que les
membres de ce Parlement s'interrogent sur la portée de la loi, sur son
principe et sur la structure que ce projet de loi instaurait.
C'est dans cet esprit que nous avons étudié ce texte. Je
suis convaincu que ce projet de loi saura servir l'administration
québécoise.
M. PAUL: M. le Président, c'est tellement beau que je
préfère rester grisé par ce témoignage
d'amitié et franchement j'en suis tout paralysé.
M. LE PRESIDENT: Cette motion sera-t-elle adoptée?
Adopté.
M. LEVESQUE: Adopté. Article 5.
M. PAUL: C'est rituel, M. le Président. Adopté.
M. LE PRESIDENT: Cette motion de l'honorable leader parlementaire
est-elle adoptée? Adopté.
M. LEVESQUE: Adopté. Comme c'est ma première année
dans ce domaine, j'espère qu'il n'y a rien au feuilleton qui n'ait
été appelé. Il ne faudrait pas arriver chez soi et penser
qu'on a oublié une motion importante. M. le Président, je crois
que cela complète ce qu'il y a au feuilleton. Nous devrions maintenant
passer chez le lieutenant-gouverneur pour la sanction.
A la suite de cette sanction, nous rapporterons ces projets de loi, qui
seront devenus des lois, au président de la Chambre qui en fera lecture.
Le premier ministre doit à ce moment dire quelques mots avant de
retourner chez le lieutenant-gouverneur pour l'accompagner ici pour la
prorogation de la Chambre. Cependant, si on me le permet, un de nos
collègues aurait une déclaration à faire, avec le
consentement unanime.
M. HARVEY (Jonquière): M. le Président, je m'excuse de
retarder la Chambre pendant quelques instants.
C'est tout simplement pour signaler la déception des membres de
cette Chambre représentant la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean,
soit les députés de Chicoutimi, Dubuc, Roberval,
Jonquière-Kénogami et Lac-Saint-Jean. Hier, nous avons fait
parvenir à la Fédération de l'UCC du Saguenay, un
télégramme, qui est très bref dont je donne lecture:
"Suite conversation téléphonique de ce soir: stop
Regrettons infiniment, en raison du travail parlementaire nous retenant
à Québec, ne pouvoir être des vôtres demain. Nous
vous offrons avec plaisir de vous rencontrer en janvier stop
Formulons meilleurs voeux de succès pour demain lors de votre rencontre
avec nos collègues fédéraux du Saguenay-Lac-Saint-Jean".
C'est signé par les cinq députés.
Aujourd'hui, nous recevons un télégramme très long
sur le contenu duquel je ne veux faire aucun commentaire. Je voudrais tout
simplement vous dire qu'en commun, nous les députés de la
région du Saguenay-Lac-Saint-Jean, qui avons siégé tous
les cinq, aujourd'hui, ici, pour
remplir d'abord, notre premier devoir de parlementaire,
c'est-à-dire celui d'être présent à
l'Assemblée nationale, nous devons inviter nos collègues de cette
Chambre à continuer à faire de l'éducation politique non
pas auprès de nos électeurs, mais, d'abord, auprès des
organismes pour qu'ils comprennent que nous devons parfois siéger et
remettre des invitations. Effectivement, c'était aujourd'hui, au
Saguenay, une réunion annuelle où on nous fait part des
problèmes concernant les travailleurs forestiers ou le domaine agricole
pour que nous les corrigions.
Je vous remercie.
M. LE PRESIDENT: Nous allons nous rendre chez le lieutenant-gouverneur,
en compagnie du secrétaire général, du premier ministre et
d'un représentant de chacun des partis de l'Opposition. Nous serons de
retour dans quelques minutes.
M. LEVESQUE: Suspension.
M. BOURASSA: Dans combien de temps, M. le Président? Quelques
minutes?
M. LE PRESIDENT: La Chambre suspend ses travaux pour une dizaine de
minutes.
Sanction de lois
M. LE PRESIDENT: Aujourd'hui, à six heures quinze minutes du
soir, au cabinet du lieutenant-gouverneur, en présence du
président de l'Assemblée nationale, du premier ministre, de M.
Cloutier, du comté de Montmagny, représentant du chef de
l'Opposition officielle, de M. Tétrault, représentant du chef du
Ralliement créditiste, et du secrétaire de la Chancellerie, il a
plu à l'honorable lieutenant-gouverneur de sanctionner les lois
suivantes:
Projet de loi no 43, Loi du conseil des affaires sociales et de la
famille;
Projet de loi no 44, Loi modifiant le régime des rentes du
Québec et d'autres dispositions législatives;
Projet de loi no 53, Loi accordant une pension à la veuve de M.
Pierre Laporte;
Projet de loi no 55, Loi de l'administration financière;
Projet de loi no 60, Loi concernant les environs du nouvel
aéroport international;
Projet de loi no 61, Loi modifiant la loi de la Communauté
urbaine de Québec;
Projet de loi no 64, Loi modifiant la loi de l'admission à
l'étude de professions et d'autres dispositions législatives;
Projet de loi no 65, Loi concernant les districts électoraux
;
Projet de loi no 66, Charte de la ville de Percé ;
Projet de loi no 67, Charte de la ville de Gaspé;
Projet de loi no 68, Loi modifiant la loi sur les relations du travail
dans l'industrie de la construction;
Projet de loi no 59, Loi modifiant la loi des mines;
Projet de loi no 22, Loi octroyant à Sa Majesté des
deniers requis pour les dépenses du gouvernement pour l'année
financière se terminant le 31 mars 1971 et pour d'autres fins du service
public.
L'honorable lieutenant-gouverneur
Discours de prorogation
M. LE LIEUTENANT-GOUVERNEUR: Madame et messieurs de l'Assemblée
nationale,
Madam and Gentlemen of the National Assembly :
En prorogeant cette session de l'Assemblée nationale, je me dois
de vous remercier du travail que vous avez accompli pour le mieux-être de
l'ensemble des citoyens québécois.
Cette session, la première de la 29e Législature, aura
été marquée par l'adoption de lois sociales
extrêmement importantes. En effet, vous avez créé un
nouveau ministère des Affaires sociales ainsi qu'un Conseil des affaires
sociales et de la famille. En adoptant la Loi de l'assurance-maladie, vous avez
garanti à la population une accessibilité générale
aux soins médicaux. Vous avez également modifié la Loi de
l'aide sociale, des allocations scolaires et familiales du Québec ainsi
que celle de l'habitation familiale. En outre, une Loi de la protection du
consommateur a été déposée et une étude
détaillée de cette loi a été effectuée par
votre commission parlementaire. L'ensemble de ces lois sociales contribuera,
d'une façon significative, à accroître le bien-être
et le progrès social du Québec.
Dans le secteur économique, vous avez voté des lois
concernant la Caisse de dépôt et placement, et
l'établissement par Sidbec, d'un complexe sidérurgique
intégré.
You have amended certain provisions of the Mining Act, the Quebec
Industrial Credit Bureau Act., The Electricity and Gas Board Act, the Savings
and Credit Union's Act and the charter of the "Centre de recherches
industrielles". In the field of public administration, you have passed a new
Financial Administration Act which brings the administration of the province's
public finances up to date and makes it more efficient.
Vous avez également adopté une Loi concernant les
corporations professionnelles qui reconnaît le caractère
prioritaire du français. D'autres lois ont été
adoptées afin de résoudre les problèmes particuliers ou
d'améliorer les lois existantes, que ce soit dans le domaine de la
justice, du tourisme, de l'agriculture, du travail ou des affaires municipales.
Au cours de cette session, vous avez également voté les
crédits de l'exercice financier en cours.
Nous ne pouvons pas nous empêcher de rappeler, par ailleurs, qu'au
cours de cette session des événements tragiques ont secoué
le Québec. Cette Assemblée a dû déplorer la perte de
l'un de ses membres les plus éminents, l'ancien député de
Chambly, M. Pierre Laporte, qui avait, tout au cours de sa carrière
parlementaire, apporté une contribution inestimable aux travaux de votre
Assemblée et, par là, au progrès et au
développement du Québec.
Madame et messieurs de l'Assemblée nationale, je vous souhaite un
joyeux Noël et une bonne et heureuse année et que Dieu
bénisse le Québec et tous ceux qui l'habitent.
Madam and Gentlemen of the National Assembly, I wish you a Merry
Christmas and a Happy New Year and may God bless Quebec and all who live
here.
M. Robert Bourassa
M. BOURASSA: Tout simplement quelques mots pour terminer la session. Il
n'est pas question, évidemment, de faire un bilan de tout ce qui s'est
fait depuis sept mois. D'ailleurs, nous en avons eu un résumé
très concis.
Je voudrais quand même signaler que l'année 1970 a
été importante à plusieurs titres. Un nouveau
gouvernement, comme on le sait dans un sens une nouvelle
génération a pris le pouvoir. Il y a eu également
un événement tragique pour le Québec: la disparition de
l'un des collègues les plus estimés de cette Chambre, M. Pierre
Laporte. Je pense que cet événement aura eu pour résultat,
en même temps qu'une prise de conscience chez tous les
Québécois, une plus grande solidarité parmi tous les
députés de quelque parti que ce soit pour faire
face aux problèmes très aigus que doit traverser actuellement le
Québec.
Je veux donc souhaiter à tous les membres de cette Chambre une
période des Fêtes excellente, faite de repos, car il n'y a pas de
doute que le travail administratif et législatif de la prochaine
année sera digne de la nouvelle administration.
M. le Président, je voudrais remercier les membres de mon
cabinet, les membres de mon parti, les membres des partis d'Opposition. Je
voudrais vous remercier également, M. le Président, de même
que tous ceux qui ont collaboré avec vous à tous les niveaux au
travail considérable qui a été fait par nous tous. Ce
n'est pas le travail d'un seul groupement. C'est un travail collectif,
étant donné que c'est nécessairement un attribut de notre
système parlementaire.
Je voudrais remercier d'une façon toute spéciale le leader
parlementaire, le député de Bonaventure.
Il a assumé ses fonctions dans des conditions on ne peut plus
difficiles, et on sait avec quel tact et avec quel succès il a
réussi.
M. Rémi Paul
M.PAUL: M. le Président, à tout seigneur, tout honneur. Je
m'en voudrais de ne pas vous féliciter, d'une façon toute
particulière, pour le brio avec lequel vous vous êtes
acquitté de vos fonctions difficiles, par suite de la présence de
nouveaux partis politiques dans cette Chambre. Les débats sont
teintés, de plus en plus, d'interventions généreuses,
parfois sincères et difficiles. Qu'il me soit permis de rappeler
à tous les collègues cette fameuse période des questions,
qui est toujours le chachemar de celui qui occupe la responsabilité de
président de la Chambre.
M. le Président, c'est avec beaucoup de sincérité
qu'au nom de l'honorable chef de l'Opposition, qui m'a prié de l'excuser
pour son absence nécessaire et péremptoire cet après-midi,
et au nom de mes collègues je veux vous féliciter très
sincèrement pour l'impartialité qui a marqué
l'accomplissement de vos hautes fonctions de responsabilité. Je vous
demanderais de transmettre nos hommages à madame Lavoie.
M. le Président, je voudrais associer, dans ce témoignage
de remerciement, l'honorable député de Terrebonne. H a accompli
un travail parfois difficile. Personnellement, je tiens à m'excuser si,
parfois, nous n'avons pas été placés, tous les deux, sur
la même longueur d'ondes. Mais, comme l'époque qui approche est la
période où il nous faut parfois prendre des résolutions,
je suis sûr que, lui comme moi, nous prendrons la résolution de
nous améliorer, pour tâcher de rendre encore plus efficaces nos
travaux de la Chambre.
Félicitations, M. le vice-président, et nos hommages
à madame.
Je crois que c'est un devoir, au nom de l'Opposition officielle, de
remercier le secrétaire de l'Assemblée nationale, ainsi que ses
deux collaborateurs immédiats, MM. Lessard et Côté. A ce
témoignage de remerciement, je veux joindre également le sergent
d'armes et ses collaborateurs immédiats, sans oublier nos pages qui se
dévouent avec tant d'empressement.
Merci à nos gardiens. Avec eux, M. le Président, nous nous
sentons en sécurité. Qu'est-ce à dire de ces fleurs que
nous voyons arriver à des périodes régulières dans
notre Assemblée, qui sont affectées au journal des Débats
et qui se dévouent, avec quel exemple et quelle gentillesse.
M. le Président, je me rappelle que, lorsque j'occupais votre
place, j'étais parfois distrait, et pour cause. Je me permets donc de
féliciter et de remercier tout le personnel du journal des
Débats: M. Massicotte, les préposés à la console et
les vaillantes secrétaires-sténographes.
A l'honorable premier ministre, nos voeux très sincères
pour un joyeux Noël et une bonne et heureuse année. Nous
réalisons que la tâche
qui est vôtre n'est pas une sinécure. Malgré toutes
les taquineries du moment, nous savons avec quelle sincérité,
quel dévouement vous assumez vos fonctions. Je crois qu'il est de notre
devoir de saluer l'autorité que vous représentez. Bonnes et
joyeuses Fêtes, ainsi qu'à madame Bourassa.
Pour ce qui est de vos collègues, M. le Président,
quelques-uns ont été peut-être des cibles
préférées pour nous. Nous nous en excusons, mais je
voudrais qu'ils gardent le souvenir d'une amitié. Ils sont allés
à l'école du métier et je suis sûr qu'à la
suite de la stimulation que nous créons chez eux ils deviendront des
ministres qui pourront vous appuyer d'une façon efficace, vous, M. le
premier ministre, qui avez assumé la tâche de diriger les
destinées de la province. Aux membres de l'Exécutif, à
leurs épouses, au nom de l'Opposition officielle, nos meilleurs voeux
à l'occasion des Fêtes.
Quelques mots aux chefs de partis, à l'honorable
député de Rouyn-Noranda qui, sans doute, se verra transmettre,
sans intérêt, par l'honorable député de
Mégantic, nos voeux les meilleurs à l'occasion des Fêtes.
Ces voeux s'adressent également à toute la députation
créditiste.
Pour ce qui est du chef du Parti québécois, même si,
cet après-midi, j'ai été obligé de
l'égratigner quelque peu, je m'en excuse. A vous, leader parlementaire,
et à toute l'équipe du Parti québécois, nos
meilleurs voeux à l'occasion des Fêtes.
M. le Président, vous admettrez qu'il va de soi que j'aie un mot
de remerciement tout particulier à l'endroit de mes collègues. Je
dois vous dire qu'ils m'ont donné une collaboration exceptionnelle et je
les en remercie très sincèrement. Je m'en voudrais, en terminant,
de ne pas adresser au leader du gouvernement nos sincères remerciements.
Il est arrivé quelques fois, que nous ne nous comprenions pas; ce
n'était pas par mauvaise volonté, mais peut-être par
déformation professionnelle puisqu'il est avocat et moi aussi,
hélas!
Félicitations au leader pour son excellent travail. Nous vous
invitons à continuer ce dévouement remarquable qui est le
vôtre et nous souhaitons que vos collègues puissent au moins
prendre une journée pour saisir toute la saveur que présentent
nos règlements. Du même coup, vous serez d'autant soulagé.
A tous les collègues de l'Assemblée nationale, meilleurs voeux
à l'occasion des Fêtes.
Messieurs les journalistes, nous sommes sûrs que vous continuerez
d'être des informateurs impartiaux des événements qui se
passent dans cette Assemblée. Messieurs, à tous, bonnes et
joyeuses Fêtes!
M. Bernard Dumont
M. DUMONT: M. le Président, en l'absence du chef du Ralliement
créditiste, rappelé dans son comté pour des affaires
urgentes, il m'a prié j'ai communiqué avec lui il y a
quelques instants de transmettre de peur de l'oublier je le
souligne immédiatement à tous les membres de cette Chambre
et à toutes les personnes présentes, ses meilleures
amitiés. Il souhaite à tous et à chacun une bonne et
heureuse année.
J'ai eu l'impression, M. le Président, que, durant cinq minutes,
le député de Maskinongé avait remplacé le
président. Ce rappel de la présidence qu'il a déjà
occupée lui a permis un égard parfait envers l'ensemble des gens
présents ici. Comme nous savons que le député de
Maskinongé le fait toujours avec grâce et sourire, nous sommes
convaincus que les paroles qu'il a dites étaient très
sincères.
A vous, M. le Président, je voudrais dire que par respect pour
l'autorité parce que justement vous représentez en ce
Parlement l'autorité toutes les fois que nous aurons l'occasion
de permettre que dans ce Parlement l'ordre soit respecté parce
que nous sommes des gens d'un ordre nouveau nous l'accepterons. Nous
accepterons toujours vos décisions ainsi que celles de tous ceux qui
vous aideront dans cette tâche si difficile.
Au premier ministre, je dis sincèrement qu'il a eu au cours de
l'année 70 une tâche très pénible à remplir,
surtout par suite des événements tragiques que nous avons
vécus et qui ont fait dire à plusieurs que le Québec
maintenant ne sera plus jamais comme auparavant. Enfin, il s'est bien
acquitté de sa tâche. C'est un jeune premier ministre qui, je
l'espère, acceptera l'idée des prêts sans
intérêt pour rester prospère ou permettre de penser que
dans la province de Québec la prospérité existera un
jour.
Enfin, je voudrais moi aussi souligner que le leader parlementaire du
gouvernement a fait réellement un travail considérable. Nous
osons espérer que, par une loi quelconque, les leaders de
l'Assemblée nationale seront reconnus officiellement, comme les whips le
sont en l'occurrence, le whip du Parti libéral et le whip de l'Union
Nationale. Mais parce que maintenant il y a de nouveaux partis, il sera
peut-être un de ces jours nécessaire qu'une loi soit
adoptée.
Enfin, de crainte d'oublier qui que ce soit, vous me permettrez, M. le
Président, de remercier tous nos collaborateurs de l'équipe des
douze que nous sommes douze, comme je l'ai déjà dit, un
chiffre qui a fait écrire de l'histoire qui ont apporté
une collaboration à ce Parlement pour appuyer des lois qui permettent
d'aller de l'avant et dénoncer des lois qui parfois font reculer le
Québec. Enfin, je n'ai peut-être qu'un simple reproche à
formuler en cette Assemblée nationale, c'est de ne pas avoir pris les
dispositions nécessaires pour rendre financièrement
réalisable ce qui est physiquement possible.
M. Camille Laurin
M. LAURIN: M. le Président, je fais miens tous les remerciements
et tous les voeux qui ont
été exprimés à tous ceux qui sont
liés quotidiennement à notre travail. Le travail parlementaire
est difficile, délicat, astreignant. Je crois qu'à défaut
d'avoir gagné nos épaulettes, nous avons tous
mérité quelques jours de repos. Nous nous retrouverons donc tous
à la prochaine session, les uns pour présenter et défendre
de bonnes lois et les autres pour les critiquer et les améliorer.
A tous, bonnes Fêtes, bonnes vacances!
M. LE PRESIDENT: C'est la volonté et le désir de
l'honorable lieutenant-gouverneur de la province de Québec que cette
Législature soit prorogée sine die. En conséquence, la
présente Législature est prorogée sine die.
Mes meilleurs voeux vous accompagnent!
(Fin de la séance 18 h 50)