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(Dix heures trente-sept minutes)
M. LAVOIE (président): Qu'on ouvre les portes. A l'ordre,
messieurs!
Affaires courantes. Présentation de pétitions. Lecture et
réception de pétitions. Présentation de rapports de
comités élus. Présentation de motions non
annoncées. Présentation de bills privés.
Présentation de bills publics.
Projet de loi no 69 Première lecture
M. LAVOIE (président): L'honorable ministre de la Santé
propose la première lecture du projet de loi modifiant de nouveau la Loi
de l'assurance-maladie.
M. CASTONGUAY: M. le Président, ce projet a pour principaux
objets, premièrement, de faire assumer par la Régie de
l'assurance-maladie, à même ses fonds généraux, le
coût des soins dentaires qui seront prévus par règlement;
deuxièmement, de faire assumer, par la régie, pour le compte du
ministère des Affaires sociales, les services et médicaments
fournis par les pharmaciens sur l'ordonnance d'un médecin ou d'un
chirurgien-dentiste, à toute personne qui bénéficie de
l'aide sociale; troisièmement, d'instituer, au ministère des
Affaires sociales, une commission de pharmacologie qui sera composée de
cinq membres et qui aura pour fonctions de faire des enquêtes sur les
médicaments, leur fabrication et leur coût et de faire des
recommandations au ministre des Affaires sociales à cet égard;
quatrièmement, d'autoriser le ministre des Affaires sociales à
dresser périodiquement une liste de médicaments dont la
régie assumera le coût et d'indiquer le prix qui sera payé
par la régie pour ces médicaments.
L'article 1 modifie des définitions de la Loi de
l'assurance-maladie, principalement pour inclure les pharmaciens dans la
définition professionnelle de la santé, pour définir un
pharmacien comme tout licencié en pharmacie et tout médecin
soumis à la Loi de pharmacie et pour étendre l'application du
régime d'assurance-maladie aux personnes qui ont droit à l'aide
sociale dans la définition de l'expression "personne qui réside
au Québec".
L'article 2 prévoit les nouveaux bénéfices qui
seront accordés en vertu de la loi et les articles 3 à 6 sont de
concordance. L'article 7 prévoit que les contrats d'assurance, portant
sur des services et médicaments fournis par les pharmaciens ne cesseront
pas d'être valides et que de tels contrats, souscrits par un employeur au
bénéfice de ses employés ne cesseront pas d'être en
vigueur. L'article 8 ajoute... De fait, M. le Président, les autres
articles sont à caractère très technique, et je ne crois
pas qu'il y ait tellement intérêt à les lire. Le point le
plus important est le suivant: J'ai demandé au président de la
commission des Affaires sociales de convoquer cette commission vers le 20
janvier, de sorte que le projet de loi lui soit
référé.
Etant ainsi annoncé, ceci permettra dès maintenant aux
organismes qui veulent se faire entendre de préparer en temps opportun
les représentations qu'ils pourraient vouloir faire.
M. LE PRESIDENT: Cette motion sera-t-elle adoptée?
Adopté.
M. LE SECRETAIRE ADJOINT: Première lecture de ce bill. Second
reading of this bill.
M. LE PRESIDENT: Deuxième lecture référée
immédiatement à la commission.
M. BERTRAND: A la commission.
M. LEVESQUE: Je fais motion pour que ce projet de loi soit
référé, après la première lecture, à
la commission parlementaire de la Santé, qui sera la commission
parlementaire des Affaires sociales dès que la loi sera
proclamée, et qui siégera le 20 janvier 1971, à dix heures
trente de la matinée, à la chambre 81-A.
M. LE PRESIDENT: Cette motion sera-t-elle adoptée?
M. PAUL: M. le Président, je me lève, un peu
gêné surtout à la suite du brillant jugement que vous avez
rendu le 17 juillet dernier à l'effet que tout projet de loi devait
subir, conformément à l'article 536, deux lectures. Pour notre
part, nous donnons notre consentement unanime pour mettre de côté
cette règle et sans attaquer surtout la logique du jugement que vous
avez déjà rendu.
M. LEVESQUE: M. le Président, on comprendra qu'il s'agit
plutôt d'un document de travail à ce moment-là et que le
projet de loi devra normalement être présenté de nouveau
à la prochaine session.
M. LE PRESIDENT: Avec le consentement unanime et la Chambre étant
maîtresse de ses règlements, ce projet de loi est
référé à la commission. Il est très
parlementaire.
Projet de loi no 70 Première lecture
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre de la Justice propose la
première lecture du projet de loi favorisant l'accès à la
justice.
M. CHOQUETTE: Ce projet prévoit que toute personne ayant droit de
réclamer le paiement d'une dette n'excédant pas $300 le fera
désormais devant la cour Municipale en suivant une procédure
simple et peu coûteuse sans qu'il lui soit effectivement
nécessaire d'obtenir l'aide d'un procureur.
Le projet s'applique à tout créancier d'une petite
créance, sauf aux corporations et aux personnes qui, en leur
qualité officielle, agissent pour autrui, comme les avocats, les
syndics, etc. Le débiteur d'une petite créance qui est poursuivi
devant la cour Provinciale par un créancier qui ne peut se
prévaloir des dispositions de ce projet pourra demander que la cause
soit continuée devant la cour Municipale, suivant les dispositions
prévues à ce projet.
Le créancier d'une petite créance s'adresse au greffier de
la cour Municipale du domicile du débiteur. Il lui expose ses
prétentions et le greffier rédige une requête qu'il fait
signer par le créancier. Le greffier inscrit sur la requête une
demande de paiement qui est signée au débiteur par courrier
recommandé. Sur réception de la demande de paiement, le
débiteur peut s'acquitter de sa dette auprès du créancier
en payant des frais ne dépassant pas $10. Il peut également
s'entendre avec son créancier sur des délais et modalités
de paiement. Dans l'un ou l'autre cas, il avise le greffier.
Si le débiteur entend contester la demande de paiement, il en
avise le greffier et celui-ci convoque les parties à l'audience. Le
juge, à l'audience, procède lui-même à
l'interrogatoire des parties et des témoins, suivant la procédure
qui lui paraît la mieux appropriée, de façon à faire
apparaître le droit et l'équité. Il peut visiter les lieux
et ordonner une expertise dont les frais seront supportés à la
discrétion du juge, soit par la partie qui succombera, soit par le
ministre de la Justice.
Par son jugement, le juge peut accorder au débiteur des
délais et des modalités de paiement. Dans aucun cas, les frais ne
pourront excéder la somme de $10, plus les frais des témoins
désignés par le juge, et, si le juge l'ordonne, les frais
d'expertise.
C'est le greffier lui-même qui procède à
l'exécution forcée du jugement pour le bénéfice de
celui en faveur de qui jugement a été rendu. Il ne peut ni saisir
ni vendre les immeubles du débiteur.
Le débiteur ne paiera, comme frais d'exécution, que la
somme d'au plus $10. L'excédent des frais d'exécution sera
supporté par le ministre de la Justice. Si la personne en faveur de qui
le jugement a été rendu préfère exécuter
elle-même le jugement, elle peut le faire, même contre les
immeubles du débiteur. La procédure à suivre dans ce cas
est la procédure ordinaire de l'exécution forcée
prévue au code de procédure civile.
Les jugements rendus en matière de petites créances sont
finals et sans appel.
M. PAUL: M. le Président, sans vouloir ouvrir en aucune
façon le débat, je sais que c'est du droit nouveau, est-ce que
l'honorable ministre pourrait nous préciser que ce projet de loi ne
s'appliquerait que dans le cas d'une dette liquide? En second lieu, est-ce
qu'il y a eu consultation au niveau du conseil consultatif de la Justice, si ce
conseil existe encore?
M. CHOQUETTE: Le projet de loi ne s'applique pas seulement au niveau des
dettes liquidées, comme les créances ou les comptes, il
s'applique, par exemple, en matière de locateurs-locataires, il
s'applique en matière de délit et de quasi-délit, comme
les accidents de la route, il s'applique en matière de protection du
consommateur lorsque notre loi sera adoptée. En somme, il s'applique
à toutes les créances peu importe leur nature, excepté, je
crois, les créances immobilières.
Je ferai une motion tout à l'heure pour que le projet de loi soit
référé à la commission de la Justice entre les deux
sessions avant que nous l'adoptions en deuxième lecture, pour qu'il soit
étudié avec le barreau, la magistrature, en particulier les juges
de la cour Municipale et enfin, tous les autres intéressés. Quant
à savoir si le Conseil consultatif de la justice a été
consulté sur le projet en particulier, je dois répondre non
à l'honorable député de Maskinongé, à cause
du temps, des problème récents que nous avons eus qui m'ont
empêché de faire les consultations nécessaires.
Je n'aurai pas d'objection à soumettre le projet, une fois
déposé au conseil et si le conseil veut nous faire des
représentations publiquement à la commission de la Justice, il
pourra le faire.
M. PAUL: Très bien!
M. LE PRESIDENT: Cette motion de première lecture serait-elle
adoptée?
M. LE SECRETAIRE ADJOINT: Première lecture de ce bill. First
reading of this bill.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que ce projet de loi est
déféré également à la commission de la
Justice?
M. LEVESQUE: Oui, M. le Président. C'est-à-dire, si nous
pouvions attendre la première lecture du projet de loi suivant, les deux
seraient déférés à la commission parlementaire de
la Justice pour le même jour, si je comprends bien les désirs du
ministre de la Justice.
M. CHOQUETTE: C'est cela.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre de la Justice propose la
première lecture du projet de loi des cours Municipales.
Projet de loi no 71 Première lecture
M. CHOQUETTE: Ce projet a pour principaux objets de confier aux cours
Municipales l'application de la loi favorisant l'accès à la
justice, d'étendre la juridiction de ces cours aux municipalités
environnantes et, à ces fins, de proposer une refonte de la Loi des
cours Municipales et des dispositions de la Loi des cités et villes
concernant la création et l'extension de juridiction des cours
Municipales. En vertu du projet de loi, le gouvernement pourra
déterminer dans quelles municipalités seront établies les
cours Municipales et c'est lui qui nommera et rémunérera le
greffier de la cour, les greffiers adjoints en nombre suffisant pour assurer le
bon fonctionnement de la cour. Les municipalités desservies par une cour
Municipale en assumeront les autres frais suivant leur population.
La cour Municipale conserve sa juridiction pour le recouvrement des
sommes exigibles par la municipalité pour taxes, licences, tarifs,
compensations ou permis et pour le recouvrement des amendes pour contravention
aux règlements municipaux.
Lorsqu'il s'agit du recouvrement d'une somme due à la
municipalité, la procédure à suivre continuera à
être celle que prévoit le code de procédure civile. En
matière pénale, c'est la procédure prévue à
la première partie de la loi des poursuites sommaires qui
s'appliquera.
La cour Municipale pourra siéger n'importe quand, à tout
endroit du territoire sur lequel elle a juridiction suivant que le
détermine le gouvernement. La cour Municipale des villes de
Montréal, Laval et Québec n'est pas touchée par le projet
sauf qu'en outre de la juridiction qu'elle exerce déjà, cette
cour s'occupera également du recouvrement des petites créances.
Des personnes nommées par le gouvernement et
rémunérées par le gouvernement rempliront pour les fins de
l'application de la Loi favorisant l'accès à la justice les
devoirs et les pouvoirs du greffier et du greffier adjoint de la cour
Municipale.
Le projet remplace le Loi des cours Municipales et abroge ou modifie
pour fins de concordance les articles du code de procédure civile, du
code municipal et le la Loi des cités et villes.
M. LE PRESIDENT: Cette motion de première lecture est-elle
adoptée? Adopté.
M. LE SECRETAIRE ADJOINT: Première lecture de ce bill. First
reading of this bill.
M. LE PRESIDENT: Si je comprends bien, il y a une motion?
M. LEVESQUE: Je m'excuse, M. le Prési- dent. Puis-je faire motion
pour que ces deux projets de loi soient déférés à
la commission parlementaire de la Justice, qui pourrait siéger, me dit
le ministre de la Justice, le 21 janvier 1971 à 10 h 30 de la
matinée à la salle 81-A?
M. CHOQUETTE: M. le Président, je suggère le 21 janvier,
à 10 h 30, à la chambre 81-A.
M. LE PRESIDENT: Cette motion sera-t-elle adoptée?
M. PAUL: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Déclaration ministérielle.
Election dans Chambly le 8 février
M. BOURASSA: J'ai demandé au président d'élection
d'émettre les brefs d'élection pour le collège
électoral de Chambly le 18 décembre. La présentation des
candidats aura lieu le 25 janvier et la votation le 8 février, si
nécessaire.
M. PAUL: Quelle date?
M. BOURASSA: Le 8 février.
M. LE PRESIDENT: L'honorable leader parlementaire.
Pêcheries maritimes
M. LEVESQUE: M. le Président, on me permettra ce matin de dire un
mot sur un sujet que nous n'abordons peut-être pas suffisamment.
Mais il me fait plaisir de faire un bref rapport sur les pêcheries
maritimes.
L'effort combiné des pêcheurs et du gouvernement porte
cette année à des sommets jamais atteints les quantités de
la production et les revenus de nos pêcheurs de la Gaspésie, des
Iles-de-la-Madeleine et de la Côte Nord. Pour la première fois
dans l'histoire de nos pêches maritimes, les revenus des pêcheurs
dépasseront, en 1970, les $10.5 millions. Ces progrès sont
spectaculaires si on les compare aux périodes de crise des années
1967 à 1969, mais nous les considérons uniquement comme un
nouveau départ pour notre industrie de la pêche. En effet, le
ministère que je dirige va continuer énergiquement à
encourager la promotion des pêcheurs qui achèvent de passer de
l'artisanat jusqu'à un haut degré de compétence
professionnelle, tout en continuant l'industrialisation, qui ouvre des
débouchés sur les marchés mondiaux, et la recherche sur
les nouveaux fonds de pêche où abondent les espèces les
plus en demande et, par conséquent, les plus
rémunératrices pour les pêcheurs.
L'expansion de la consommation domestique est également un de nos
objectifs, car
environ 80 p. c. de notre production est dirigée actuellement
vers les marchés étrangers, ce qui offre l'avantage de gains pour
notre commerce extérieur, mais ce fait introduit en même temps un
élément de dépendance en ce qui concerne les prix
axés trop exclusivement sur la consommation mondiale. Le poisson est
actuellement en grande demande sur tous les marchés et les prix sont
satisfaisants. Le développement du marché domestique ajoutera
à ces avantages une mesure de stabilité, tout en introduisant
plus d'équilibre dans l'alimentation de notre population.
A la fin d'octobre, selon les chiffres les plus récents du Bureau
de la statistique du Québec, les débarquements du poisson
totalisaient 241,339,900 livres et les sommes versées aux pêcheurs
étaient de $10,062,492. Ces chiffres sont déjà des
records, mais ils seront dépassés, car il reste deux mois
d'activité aux pêcheurs. Ces résultats ne viennent pas d'un
coup de chance. Ils sont l'aboutissement de politiques concertées pour
résoudre les problèmes de l'industrie des pêches dont la
crise des années 1967 à 1969 avait fait prendre conscience. Ils
s'inscrivent, par ailleurs, dans les programmes d'ensemble en vue de
revitaliser ces régions du Québec.
Aux mesures extraordinaires destinées à éviter le
pire, comme les paiements de compensation, qui ont atteint $1,171,000 en deux
ans, notre ministère a voulu s'attaquer aux causes du problème et
y apporter des solutions en profondeur. Des équipes de
spécialistes et d'experts sont à l'oeuvre pour analyser les
secteurs clés de l'industrie et proposer des solutions.
Simultanénement, la Direction des pêches du ministère
favorise, par une aide financière et technique, la modernisation et
l'efficacité de la pêche par une industrialisation qui se
généralise rapidement. La science se porte ainsi à l'aide
du pêcheur, depuis la diffusion des techniques sur la qualité du
produit, l'entretien et la réparation des navires, jusqu'à
l'initiation à la gestion offerte aux patrons de pêche.
Nos pêcheurs répondent avec enthousiasme aux occasions de
formation professionnelle qui leur sont ainsi fournies. Ils deviennent, en
nombre toujours croissant, de véritables professionnels en mesure de
soutenir désormais la concurrence des pays étrangers les plus
avancés dans ce domaine.
Les relations patronales-ouvrières s'améliorent.
L'efficacité des usines s'accroît. Ces jours derniers encore, une
conserverie de crabes, située à Grande-Rivière, obtenait
une prime de $60,114 de notre ministère. Cette industrie s'engage dans
une expansion qui fera passer le nombre de ses employés à 170,
alors qu'elle n'en compte que 85 actuellement, pour mettre sur le marché
le produit d'une pêche qui en est à ses débuts au
Québec et qui compte parmi les plus rémunératrices.
D'autres stimulants, comme la prime à la productivité ou
la prime à la diversification, donnent également des fruits. Une
importance accrue est apportée aux pêches d'exploration qui
amènent l'exploitation de nouvelles espèces devenues fort
importantes sur les divers marchés: le pétoncle, la crevette et
le crabe.
On me permettra finalement d'insister sur la participation dynamique des
pêcheurs, à ces initiatives de recherche scientifique du
gouvernement. Les pêcheurs prennent conscience de l'importance de leur
travail et accordent spontanément leur participation à un effort
d'ensemble visant à améliorer la productivité à
tous les niveaux. Les patrons de pêche en particulier, mieux
renseignés sur leur rôle et mieux préparés à
le remplir, prennent de plus en plus la taille de véritables chefs
d'entreprise. Dans ce domaine, la collaboration
fédérale-provinciale a donné d'excellents
résultats. En particulier l'accord, que le Québec a conclu avec
Ottawa, en vue de stabiliser les prix du poisson.
Les progrès affichés en 1970 sous l'effet de ces
stimulants gouvernementaux et la productivité des pêcheurs
s'illustrent par quelques exemples tirés du dernier bulletin du bureau
de la statistique. Ainsi pour le hareng, les départements ont
totalisé plus de 116 millions de livres cette année
comparativement à 47 millions en 1969, pour une valeur de près de
$1.5 million comparativement à moins de un demi million de dollars
l'année précédente.
La pêche du crabe atteindra les 4,650,000 livres à la fin
de décembre en comparaison de 3,674,300 en 1969. La crevette atteindra
les 900,000 livres en comparaison de 660,500 livres en 1969 et de 229,400 en
1966.
La valeur globale des départements, en 1969, était de
$7,986,000 et il est encourageant de voir que le record de $10,500,000 atteint
cette année sera dépassé, selon toutes les
prévisions, pour l'année qui vient.
M. LE PRESIDENT: Le député de Gaspé-Nord.
M. GAGNON: M. le Président, le ministre de l'Industrie et du
Commerce vient d'informer la Chambre d'excellentes nouvelles, concernant la
pêche qui touche particulièrement ma région.
Je voudrais ici souligner le travail intelligent et bien
planifié, la compréhension que mon collègue, l'ancien
ministre de l'Industrie et du Commerce, l'honorable Jean-Paul Beaudry, avait
apporté à l'industrie de la pêche dans la région. Je
me rappelle que, dès sa nomination au poste de ministre de l'Industrie
et du Commerce, il s'était attaqué, d'une façon
très particulière, à ce secteur de l'économie. Il
avait bien planifié toute cette branche de l'économie et y avait
apporté toute l'aide désirée de son ministère et du
Service des Pêcheries qui en relève. Aujourd'hui toutes ces
politiques, mises de l'avant par l'ancien ministre et par le
gouvernement dont je faisais partie de 1966 à 1970, ont
assuré le maintien de cette industrie à un niveau qui a permis
aux pêcheurs de réaliser cette année des revenus parmi les
plus considérables que le Ministère ait connus et de
réaliser également les plus grosses prises de pêche connues
dans le domaine des pêcheries.
Je crois que les pêcheurs de cette région seront heureux de
connaître le rapport sommaire que le ministre de l'Industrie et du
Commerce a présenté. Malgré toutes les excellentes mesures
qui ont été mises de l'avant, malgré toute la
planification qui a été faite depuis quelques années, je
n'ai aucun doute que le ministre un Gaspésien continuera
d'apporter d'autres mesures en fonction des problèmes toujours
croissants ils sont peut-être inconnus au moment présent
mais ils peuvent se faire connaître dans l'espace de trois mois de
manière que cette industrie connaisse la même évolution
qu'elle a connue sous l'habile direction de mon ancien collègue
l'honorable Beau-dry.
M. BERTRAND: Très bien.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Mégantic.
M. DUMONT: M. le Président, nous avons constaté, à
la suite de la déclaration ministérielle de ce matin, que le
ministre voulait faire précéder son retour dans son comté
de très bonnes nouvelles donnant beaucoup d'espoir à ces
pêcheurs de la Gaspésie, du comté de Bonaventure. Des
chiffres astronomiques nous ont été donnés comme
résultat de pêches fructueuses au cours de l'année 1970,
mais il reste qu'il faut constater un fait: que la masse des pêcheurs
n'aura pas un revenu substantiel tellement augmenté.
Malgré tout, nous sommes heureux de voir qu'on s'intéresse
davantage à cette pêche qui est devenue commercialisée et
nous osons espérer qu'on attachera une importance spéciale aux
nouvelles. Par exemple, nous avons entendu dire récemment que certains
pêcheurs avaient été obligés de faire feu sur des
navires russes qui s'approchaient trop des côtes de la Gaspésie.
Nous n'avons toujours pas eu d'informations précises en rapport avec cet
incident, je crois que le ministre devrait en venir à une entente avec
son homologue d'Ottawa afin que les navires étrangers ne viennent pas
profiter du produit de la pêche qui doit rester à nos
Canadiens.
Il y a aussi un problème très important à
régler je sais que le ministre s'en inquiète
sûrement c'est celui de la pollution qui se fait de plus en plus
couramment par le transport d'huile et qui risque d'enlever ce revenu
substantiel aux gens de la région. Nous avons eu connaissance de
plusieurs échouements de navires-citernes qui ont pollué les
grèves de la
Gaspésie et des Iles-de-la-Madeleine. Nous osons espérer
que le ministre conclura des ententes définitives avec son homologue
d'Ottawa pour empêcher la répétition de tels accidents qui
réduisent le revenu des pêcheurs quand la pollution s'installe en
permanence.
M. LE PRESIDENT: Le député de Bourget.
M. LAURIN: Ces bons résultats ne nous empêchent quand
même pas de constater, surtout à la lecture du dernier rapport du
ministère de l'Industrie et du Commerce, que les pêcheries du
Québec ont encore beaucoup de progrès à faire avant de
rattraper d'autres secteurs du pays. Je me réjouis des succès que
nous a mentionnés le ministre, ce matin, mais j'espère que
d'autres mesures seront prises aussi au niveau des ententes
fédérales- provinciales, la renégociation des ententes, la
réorganisation de l'ODEQ, pour que les coopératives soient
encouragées à continuer leur expansion, pour que la pollution
soit maîtrisée et pour que le nombre des chômeurs
pêcheurs continue à diminuer dans ces régions.
M. LACROIX: M. le Président, vous me permettrez de
féliciter le ministre pour le rapport qu'il vient de faire.
M. PAUL: Rappel au règlement, M. le Président...
M. LACROIX: Bon, il est encore de mauvaise humeur, ce matin. C'est le
vendredi matin qu'il reprend.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. PAUL: M. le Président, je voudrais vous soumettre bien
respectueusement le règlement sessionnel...
M. BERTRAND: II le remerciera après.
M. PAUL: ... qu'on peut retrouver au procès-verbal no 1.
M. LACROIX: Vous avez raison.
M. PAUL: M. le Président, je suis ému de la
compréhension du député des Iles-de-la-Madeleine.
M. LEVESQUE: Peut-être que ceci porterait le député
de Maskinongé à accorder son consentement et à
suggérer le consentement unanime pour entendre le député
des Iles-de-la-Madeleine.
M. BERTRAND: Non. M. LEVESQUE: Non. M. PAUL: J'y consens, mais il ne
veut pas.
M. BERTRAND: II le fera dans le corridor.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre du Revenu.
Surtaxe de 6 p. c.
M. HARVEY (Jonquière): M. le Président, le 5 juillet 1968,
la Loi de l'impôt provincial sur le revenu était modifiée,
aux fins de prévoir l'imposition d'une surtaxe de 6 p. c. pour chacune
des années d'imposition 1968 et 1969. Par le chapitre 30 de ces lois de
1969, l'Assemblée nationale a de nouveau modifié la Loi de
l'impôt provincial sur le revenu, aux fins de rendre applicable, à
l'année d'imposition 1970, la surtaxe de 6 p. c. qui est prévue
à l'article 48 a) de ladite loi. Nous proposons d'étendre
à l'année d'imposition 1971 cette surtaxe et la Loi de
l'impôt provincial sur le revenu sera modifiée à cet effet
au cours de la prochaine session.
Par le chapitre 44 des Statuts du Canada, 1968-1969, la Loi de
l'impôt sur le revenu a été modifiée pour
prévoir l'imposition de certains bénéfices
résultant de l'aliénation ou de la disposition d'un contrat
d'assurance-vie. Ces dispositions sont contenues dans l'article 79 d) de ladite
loi et seront applicables à l'année d'imposition de 1970.
Comme la loi fédérale de l'impôt sur le revenu
prévoit un abattement de 50 p. c. de l'impôt de base pour le
particulier qui réside dans la province de Québec et un
abattement de 10 p. c. du revenu imposable d'une compagnie gagné dans
l'année dans la province, nous proposerons, au cours de la prochaine
session, un amendement à la Loi de l'impôt provincial sur le
revenu et à la Loi de l'impôt sur les corporations, aux fins de
prévoir dans lesdites lois des dispositions semblables à celles
contenues à l'article 79 d) de la loi fédérale de
l'impôt sur le revenu, lesdites dispositions étant applicables aux
années d'imposition 1970 et suivantes.
Cet amendement, M. le Président, permettra au Québec de
récupérer la quote-part des impôts qui lui revient de
droit.
M. BERTRAND: M. le Président...
M. LE PRESIDENT: L'honorable chef de l'Opposition.
M. BERTRAND: ... c'était un impôt qui avait
été levé, de nature absolument temporaire, et nous
constatons que le gouvernement ne respecte pas l'engagement qui avait
été pris...
M. BOURASSA: Voyons.
M. BERTRAND: ... d'abolir cet impôt...
M. BOURASSA: Ne venez pas rire de nous.
M. BERTRAND: ... qui était pour une durée absolument
limitée. Je comprends que cela ne fasse pas plaisir au premier ministre
actuel, lui qui, à l'époque, était parti en guerre contre
l'ancien ministre des Finances, M. Dozois.
M. BOURASSA: M. le Président, j'ai dit à ce
moment-là...
M. BERTRAND: M. le Président, c'est moi qui ai la parole.
M. BOURASSA: ... que c'était tromper la Chambre que de parler
d'impôt temporaire.
M. BERTRAND: C'est moi qui ai la parole.
M. BOURASSA: J'ai dit, au moment de ma réplique du discours
budgétaire, que c'était tromper la Chambre... l'impôt sur
le revenu...
M. BERTRAND: C'est moi qui ai la parole. Asseyez-vous.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît! Je reconnais que le
droit de parole appartient au chef de l'Opposition officielle. Par contre, je
me permettrais de lui faire remarquer que, lorsque nos règlements
sessionnels permettent un court commentaire après une déclaration
ministérielle, l'orateur qui a la parole doit être très
prudent afin que sa déclaration soit courte, sereine, et ne
soulève aucun débat.
M. BERTRAND: M. le Président, premièrement, ma
déclaration ou mes commentaires sont courts. Deuxièmement, dans
un commentaire, je pense qu'on a encore le droit de dire la
vérité. Je narre des faits qui sont connus de tous, je les
rappelle. S'il y en a qui se sentent visés, M. le Président, la
vérité m'impose un devoir: C est de le dire. Cet impôt,
contre lequel l'Opposition, à l'époque, s'était
insurgée, élevée avec véhémence, devrait
être aboli. Nous constatons que, rendu de l'autre côté
du côté du pouvoir le gouvernement maintient un
impôt que nous devions abolir...
M. BOURASSA: Est-ce que M. Beaulieu avait promis de l'abolir dans le
budget? Qu'est-ce qu'il a dit le 19 mars?
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Beauce.
M. ROY (Beauce): Nous venons d'entendre, par la voix du ministre du
Revenu, le gouvernement du Québec faire son cadeau, à l'occasion
des Fêtes, au peuple québécois...
M. HARVEY (Jonquière): C'est le statu quo. M. ROY (Beauce): ...
M. le Président, alors
que, dans le Nouveau-Brunswick, on a annoncé des
réductions de taxes, on est en train de rendre permanente une taxe
temporaire qui avait été adoptée pour une période
de deux ans. La loi a été amendée pour une année
additionnelle et là, on l'amende encore pour une autre année.
Alors, M. le Président...
M. HARVEY (Jonquière): Est-ce que le député de
Beauce me permettrait une question?
M. ROY (Beauce): Je n'ai pas posé de question au ministre. J'ai
posé une question hier et il a dit qu'il ferait son commentaire
aujourd'hui. Il a fait la déclaration ministérielle. Je vais
faire mon commentaire et, s'il a à répondre à des
questions, il y répondra en dehors de la Chambre.
UNE VOIX: Non, non!
M. ROY (Beauce): Alors, M. le Président, ceci nous permet de
constater, tout de même...
M. DEMERS: C'est un anticadeau!
M. ROY (Beauce): Plus cela change, plus c'est pareil!
L'ancien gouvernement s'était vu obligé d'imposer cette
taxe à cause de la mauvaise administration du gouvernement
précédent. Le gouvernement actuel veut peut-être continuer
à le faire pour les mêmes raisons.
M. GARNEAU: Pour payer leurs dettes.
M. LAFRANCE: Les noces n'ont pas été longues!
M. ROY (Beauce): M. le Président, après avoir
annoncé un gouvernement extrêmement compétent et efficace,
on a parlé d'économie. On avait un éventail de solutions
à présenter à tout le peuple du Québec. On devait
régler tous les problèmes, y compris les 100,000 emplois. Or,
nous nous réveillons avec 50,000 chômeurs de plus, M. le
Président. Je vais terminer là-dessus. Hier je veux
justement faire une comparaison pour illustrer mon commentaire on a
justement annoncé un emprunt de $75 millions pour l'Hydro-Québec
et on est obligé... Vous parlerez quand ce sera le temps!
M. SAMSON: On a le droit de faire les commentaires qu'on veut. Vous le
faites bien!
M. BOURASSA: Un signe de confiance! UNE VOIX: C'est ça!
M. ROY (Beauce): On a annoncé un emprunt de $75 millions sur le
marché américain, mais l'on ne nous a pas dit quel montant
d'intérêt le Québec devrait débourser aux
Etats-Unis.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre! Je ferai remarquer que le
député de Beauce est hors d'ordre à ce moment. Je lui ai
permis une grande liberté pour faire ses commentaires mais il n'est
question d'emprunt de $75 millions d'aucune façon...
M. SAMSON: M. le Président, c'est bien plus celui qui impose la
taxe qui est hors d'ordre à ce moment.
UNE VOIX: M. Lévesque et son hors-d'oeuvre!
M. ROY (Beauce): M. le Président, tout ceci découle d'une
chose, c'est que le gouvernement est limité par l'assiette fiscale pour
administrer et développer le Québec. Tant et aussi longtemps que
le gouvernement ne trouvera pas d'autres sources de financement et qu'il ne
prendra pas les moyens d'utiliser le crédit du Québec à
des fins québécoises, on aura toujours recours à des
solutions comme le ministre du Revenu vient de nous en annoncer ce matin.
M. DEMERS: La banque du Canada! La machine à piastres!
M. ROY (Beauce): Je termine là-dessus. On surtaxe les
Québécois, on les impose davantage. Je suis porté à
croire qu'il va peut-être falloir trouver d'autres formules que d'imposer
des taxes ou de prélever les impôts dans l'avenir.
DES VOIX: Bravo!
M. LE PRESIDENT: L'honorable député... Un instant. J'ai
cru remarquer tout à l'heure que le ministre du Revenu désirait
peut-être rétablir certains faits, il le peut en vertu de
l'article 270 du règlement.
M. HARVEY (Jonquière): Je vais le faire après le
député de Gouin.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je pense que la seule
chose que le ministre du Revenu voulait faire, c'est qu'il voulait nous
indiquer que c'était là la façon humanitaire de changer
des formules d'impôts.
M. HARVEY (Jonquière): M. le Président, j'attendais
justement ce mot-là du député de Chicoutimi. Je vais
rétablir les faits... Je ne soulèverai pas de débat. J'ai
si peu l'intention de soulever un débat que je vais demander
immédiatement à mes savants collègues de cette Chambre de
donner leurs bons arguments pour le débat lors de la déposition
du projet de loi, vous donnerez vos arguments et nous donnerons les
nôtres, afin de prouver qu'il ne s'agit
pas d'une augmentation de taxes, mais bien du maintien de la situation
actuelle pour l'année d'imposition 1971. Je vous donnerai à ce
moment-là toutes les raisons qui nous ont amenés à faire
cette déclaration ministérielle comme d'ailleurs le gouvernement
l'avait fait l'an dernier pour d'autres raisons que nous avions alors
critiquées dans l'Opposition.
M. le Président, le débat sera libre. Que ces messieurs
retiennent leur appétit pour la période d'après les
fêtes. J'ai voulu, pour répondre au député de
Chicoutimi, lui montrer qu'il y a une façon d'être humain. Est-ce
que ç'a aurait été plus humain d'être hypocrite,
d'attendre après les Fêtes et de passer une loi
rétroactive?
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je pose la question de
privilège. Je ne vois pas du tout pourquoi le ministre du Revenu me
prend à partie. Il nous impose une taxe, je lui demande si c'est
humanitaire, il n'est pas capable de me répondre. Qu'il nous prouve que
c'est humanitaire d'imposer une taxe, M. le Président; qu'il nous prouve
que c'est conforme à ce qu'il a annoncé l'autre jour, à
savoir qu'il allait humaniser l'impôt. Sa façon d'humaniser, c'est
d'aller en chercher davantage et d'essayer de le cacher pour que les gens ne
s'en rendent compte.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre! L'honorable député
de Limoilou.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Excusez-moi, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre! L'honorable député
de Gouin.
M. JORON: Je ne pense pas que ce soit le moment de faire une critique de
fond quant à la taxe elle-même. Le ministre du Revenu étant
chargé de la perception des taxes et non de la décision de les
imposer, je préfère attendre une autre occasion pour critiquer le
ministre des Finances qui, lui, est responsable de l'application de la
fiscalité globale du gouvernement.
Néanmoins, je voudrais inviter le ministre du Revenu à la
prudence dans son langage parce qu'à la fin de sa déclaration
ministérielle, il annonçait une mesure technique visant à
ce que les Québécois reçoivent la quote-part de leurs
impôts. S'il s'engage dans cette voie, je pense que cela va le mener
rapidement à l'indépendantisme puisque la juste part des
impôts qui doit venir aux Québécois, c'est la
totalité des impôts.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a d'autres...
L'honorable ministre de la Santé.
Spécialistes en chirurgie buccale
M. CASTONGUAY: J'ai une brève déclara- tion, M. le
Président, tel que je l'ai mentionné hier, j'ai signé
mercredi avec le docteur André Charest, président de
l'Association des spécialistes en chirurgie buccale, une entente dans le
cadre du régime d'assurance-maladie. Cette entente est la
quatrième et il ne reste qu'une entente à signer pour le moment
avec l'Association des chirurgiens dentistes. Nous espérons que cette
entente sera signée dans d'assez brefs délais.
Les clauses normatives de l'entente qui vient d'être signée
sont sensiblement les mêmes que celles qui ont été
signées avec les médecins spécialistes. Quant aux tarifs,
il n'existait pas de tarif reconnu dans le domaine de la chirurgie buccale. En
conséquence les tarifs provisoires, contenus dans le document sessionnel
numéro 75, étaient assez arbitraires. Les tarifs qui sont
maintenant contenus dans l'entente ont été négociés
et nous apparafssent raisonnables, ainsi qu'à l'autre partie. Je
dépose deux copies de cette entente et j'ai demandé
également qu'un certain nombre de copies soient remises à chacun
des partis de l'Opposition.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre de l'Education.
Plan quinquennal des polyvalentes
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, en d'autre circonstances,
j'aurais évoqué, dans le domaine des constructions scolaires la
nécessité pour le gouvernement d'établir un
échéancier précis qui nous permettait une plus grande
efficacité administrative et qui permettait aux commissions scolaires
régionales de savoir exactement qu'elles étaient les intentions
du gouvernement dans la construction des écoles polyvalentes au
Québec. J'ai transmis ce matin aux chefs des différents partis
politiques, et j'ai d'autres copies additionnelles pour les
députés qui pourraient en vouloir, un plan quinquennal des
écoles polyvalentes du Québec qui établit nos objectifs
dans les différentes régions du Québec pour septembre 1971
jusqu'à septembre 1975. Je tiens à préciser que
l'échéancier a été fait après discussion
avec le ministère des Finances pour s'assurer que le plan actuel
respecte la problématique financière du gouvernement et les
possibilités d'engager des fonds dans la construction d'écoles
polyvalentes. On notera que 16 projets sont à reconsidérer,
à la fois pour le nombre exact de la clientèle qui sera desservie
par ces projets et également pour la nature du projet relié
à d'autres dans un milieu avoisinant. Je tiens à souligner que ce
plan n'est pas inflexible il a une certaine flexibilité il
nous permet, en particulier pour les projets de septembre 1973, 1974 et 1975 de
reconsidérer certains projets à la lumière de faits
nouveaux, investissements ou autres facteurs pertinents qui pourraient changer
les exigences de la construction.
Je fais également part à la Chambre, qu'en
plus de mettre sur pied un groupe responsable du respect de
l'échéancier et du respect des cédules dans le temps de la
construction des polyvalentes, nous avons un autre groupe qui sera mis sur pied
et qui sera responsable du contrôle des coûts dans les construction
des écoles polyvalentes.
M. BERTRAND: M. le Président, je n'ai pas de commentaires
à faire à ce sujet. Un échéancier comme
celui-là a toujours existé. Il n'était peut-être pas
rendu public parce que les projets n'étaient pas tout à fait
complétés.
Quand j'étais au ministère de l'Education, nous avions une
équipe qui s'occupait de tous les plans, de tous les projets et qui nous
indiquait la date approximative de la mise en chantier du parachèvement
des travaux. Nous aurons l'occasion de rediscuter de tout cela lors de
l'étude des prévisions budgétaires du
ministère.
M. SAMSON: M. le Président, nous sommes satisfaits de voir ce que
le ministre nous a fait parvenir et qu'il publie les projets pour les prochains
cinq ans. Cela nous permettra de suivre l'évolution des projets et de
voir si réellement cet échéancier sera respecté.
Nous croyons qu'il devrait l'être et, de toute façon, nous
remercions le ministre de nous avoir fait pervenir ces documents nous
permettant de pouvoir suivre l'évolution qui se fera à
l'avenir.
M. CHARRON: M. le Président, nous apprécions
également le dépôt de l'échéancier que vient
de présenter le ministre de l'Education. Seulement deux remarques: La
première, c'est le bon côté de la chose, cela
empêchera plusieurs politiciens de cantons, la plupart du temps, de se
dire responsables d'un plan qui avait quand même été
fixé en dehors d'eux, et cela est très bon. Deuxièmement,
je vois quand même que le plan s'étend jusqu'à septembre
1975. Le ministre de l'Education a certainement parcouru avec beaucoup
d'intérêt le rapport du Conseil supérieur de l'Education
sur les polyvalentes qui, à certains égards, remettait
sérieusement en question toute la conception de l'éducation
polyvalente au Québec et parlait même d'une disjonction entre le
secondaire 1 et 11 d'avec le reste, etc. Est-ce que toutes ces recommandations,
une fois acceptées au niveau du ministère de l'Education,
viendraient modifier, en quelque sorte, un échéancier de
construction desdites écoles polyvalentes si le ministère
transforme sa conception de l'éducation polyvalente? Est-ce que cela
veut dire que ces écoles, en 1971 par exemple, que nous
considérons comme devant être immenses, si nous changeons notre
conception, est-ce que nous n'arriverons pas à changer aussi des
édifices en conséquence jusqu'en septembre 1975?
M. LE PRESIDENT: Avec la permission de la Chambre, est-ce que vous
désirez faire des commentaires? Il n'y a plus de déclaration
ministérielle.
Dépôt de documents.
Rapport de l'Université du
Québec
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, il me fait plaisir de
déposer deux copies du rapport annuel de l'Université du
Québec pour la période 1969/70. Il s'agit du premier rapport
annuel de l'université qui est déposé suivant les
dispositions de la loi qui avait créé l'Université du
Québec à la dernière session.
M. LE PRESIDENT: Question des députés. Le
député de Rouyn-Noranda.
Employés saisonniers
M. SAMSON: M. le Président, j'ai eu l'occasion au cours de la
semaine dernière de poser une question au premier ministre et il m'avait
dit qu'il devait nous donner une réponse le lendemain ou au cours de la
semaine suivante, je crois. Je formule de nouveau la question. Il s'agit des
employés saisonniers du gouvernement qui, comme on le sait, ne
reçoivent aucun bénéfice d'assurance-chômage.
J'avais posé la question et le premier ministre nous avait dit qu'il y
avait lieu de consulter certains autres ministères pour voir si des
arrangements sont possibles afin de faire bénéficier cette classe
de travailleurs, c'est-à-dire les quelque 12,000 employés, je
crois, qui n'ont pas ce genre de service de prestations
d'assurance-chômage. Est-ce que le premier ministre, à ce
moment-ci, est prêt à nous donner une réponse ou s'il
préfère consulter encore?
M. BOURASSA: Le ministre de la Fonction publique pourra vous
répondre demain.
M. SAMSON: Donc, vous croyez que nous siégerons demain?
M. BOURASSA: Cela dépend. Cet après-midi, si nous pouvions
épuiser tous les sujets au feuilleton et, s'il y a une collaboration
exceptionnelle, avant la fin de la journée.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Maskinongé.
Pêcheurs non commerciaux
M. PAUL: M. le Président, dans le but d'obtenir une collaboration
exceptionnelle de l'honorable premier ministre, je voudrais lui poser la
question suivante au sujet de la situation des pêcheurs non commerciaux
qui oeuvrent dans le secteur à l'est de Trois-Riviè-
res. Nous avons entendu, ce matin, une déclaration
réjouissante de la part du ministre responsable de la pêche
commerciale.
Est-ce que le premier ministre ne pourrait pas reconsidérer le
sort des pêcheurs qui, à l'est de Trois-Rivières, dans sa
région, dans sa patrie d'adoption, spécialement Sorel, aux fins
que ces pêcheurs qui n'ont actuellement qu'un prêt du gouvernement
puissent recevoir un traitement au moins équivalent, même de loin,
à celui qui est accordé aux pêcheurs commerciaux du fleuve
Saint-Laurent.
M. LEVESQUE: Lorsque le député de Maskinongé parle
des pêcheurs à l'est de Trois-Rivières, est-ce qu'il veut
dire à l'est ou à l'ouest?
M. PAUL: A l'ouest, pardon. Ce qui importe, c'est surtout de ne pas
perdre le nord.
M. DEMERS: C'est surtout dans le Saint-Laurent.
M. LEVESQUE: Toute cette question relève de la juridiction du
ministre du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche. Mme Casgrain a
communiqué avec moi, ce matin, et elle dit qu'elle a été
retenue par la maladie, quelques jours. Elle s'attend d'être en Chambre
d'ici quelques heures, peut-être demain matin, si on siège et si
le feuilleton n'est pas vidé. Dès que le ministre du Tourisme, de
la Chasse et de la Pêche sera revenu, je lui ferai part de la question du
député de Maskinongé.
M. PAUL: Merci.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Nicolet.
Institut d'Informatique du Québec
M. VINCENT: Ma question s'adresse au ministre de l'Education,
entre-temps, je peux en adresser une au premier ministre? à qui
j'ai donné un avis tout à l'heure, mais je ne pense pas qu'il ait
eu le temps de prendre les informations. Il s'agissait de l'Institut...
M. SAINT-PIERRE: ...d'informatique du Québec.
M. VINCENT: ... d'informatique du Québec, situé à
Hull, une institution privée d'enseignement fréquentée par
une quarantaine d'élèves. Est-ce que le ministre pourrait me dire
après qu'il aura pris des informations plus complètes que
celles qu'il me donnait verbalement tout à l'heure s'il pourra
compléter sa réponse, sans la donner publiquement cet
après-midi, quand nous reviendrons en Chambre? ...
M. le Président, est-ce que je pourrais continuer ma
question?
M. SAINT-PIERRE: J'ai la réponse à la question. Il s'agit
de cours intensifs professionnels qui sont dispensés par l'institut. Il
est vrai que celui-ci avait conclu un accord avec le CEGEP, mais il avait
présenté son cas à la Commission consultative de
l'enseignement privé. La commission avait recommandé au ministre
le ministre avait entériné cette recommandation de
ne pas le reconnaître pour les fins de la Loi des prêts et bourses
et de donner simplement un permis de dispenser l'enseignement. Les subventions
indirectes à une institution qui n'est pas reconnue
d'intérêt public, suivant les dispositions de la loi, peuvent
être versées à de telles institutions. La direction de
cette école a pris des engagements sans consulter le ministère et
sans attendre sa réponse. Il faut dire que les frais de scolarité
sont extrêmement élevés dans le domaine de l'informatique,
soit plus de $1900 par année. Le ministère, en aucun temps, n'a
jamais laissé supposer qu'il subventionnerait cette institution à
but lucratif c'est une entreprise commerciale. Nous n'avons à aucun
moment donné l'assurance aux étudiants qu'ils pourraient
bénéficier de la Loi des prêts et bourses.
M. VINCENT: Une question supplémentaire: Est-ce que le ministre
ne pourrait pas regarder lui-même ce dossier, qui semble beaucoup plus
complexe que nous pouvons le constater au premier abord, afin de voir s'il n'y
aurait pas lieu de reconsidérer tout ce problème, surtout en ce
qui concerne cet institut de la région de Hull?
M. LE PRESIDENT: L'honorable chef de l'Opposition.
L'expérience Tévec
M. BERTRAND: Je ne sais pas si ma question s'adresse au premier ministre
ou au ministre de l'Education. Est-ce que c'est fondé je ne sais
pas si c'est une rumeur ou une nouvelle que l'expérience pilote
Tévec serait continuée par l'entremise de Multimedia?
M. SAINNT-PIERRE: Oui, le conseil des ministres a donné son
accord de principe à la poursuite de l'opération Tévec,
éducation des adultes, qui prendrait des formes nouvelles en tirant
profit des leçons que nous avions eues dans le Saguenay
Lac-Saint-Jean avec l'opération Tévec. Cette approbation n'engage
pas immédiatement le gouvernement; c'est simplement une approbation de
principe sur la nature même de ce projet Multimedia.
Il ferait appel non seulement à la télévision, mais
aussi à des documents d'accompagnement, à la radio et il
s'adresserait peut-être plus particulièrement à la
région de Montréal, ce qui nous permettrait de rejoindre, dans
des formes nouvelles, et à un coût moindre, sur le plan de
l'éducation permanente, environ 40 p. c. ou 50 p. c. de la
population du Québec.
Le conseil des ministres a autorisé la formation d'un
comité où seront représentés des fonctionnaires du
ministère de l'Education ainsi que du ministère des
Communications pour tenter de préciser, dans les moindres
détails, l'ensemble de ce projet, de nous assurer une liaison
continuelle et efficace avec Radio-Québec et de présenter,
à une date ultérieure, avant les crédits du
ministère de l'Education pour l'an prochain, un projet définitif
avec des implications financières précises, non seulement pour
l'année financière prochaine, mais aussi pour les prochaines
années, puisqu'il s'agit d'une nouvelle orientation de
l'éducation permanente au Québec.
M. BERTRAND: Est-ce que l'opération doit être
dirigée, coordonnée par Radio-Québec?
M. SAINT-PIERRE: II s'agit essentiellement d'une opération
d'éducation permanente. Je pense que, de concert avec mon
collègue des Communications, de qui relève Radio-Québec,
nous allons nous assurer qu'il n'y ait pas de dédoublements inutiles.
Particulièrement au niveau de la production ou de la diffusion, il y a
tout un secteur à examiner avec attention et c'est une des
responsabilités de ce comité, mais la production même des
contenus d'éducation va tomber sous la responsabilité du
ministère de l'Education.
M. BERTRAND: ...excepté que pour le contenant ce serait
Radio-Québec.
M. BOURASSA: L'ancien premier ministre est au courant des
problèmes de dédoublement qu'il y avait entre Radio-Québec
et un service du ministère de l'Education. Le ministre vient de
répondre qu'il y aura une coordination entre les deux ministères
pour éviter ce dédoublement.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Bourget sur une
question supplémentaire.
M. LAURIN: Est-il vrai que le coût d'opération sera
d'environ $5 millions à $6 millions?
M. SAINT-PIERRE: Annuellement ou à long terme? C'est dans l'ordre
de grandeur, mais j'espère que cela ne surprend personne. Actuellement,
dans le domaine de l'éducation permanente avec des cours par
correspondance, nous dépensons des sommes analogues. Face à un
besoin de recyclage de plus en plus grand de la population, nous faisons un
temps d'arrêt pour considérer que peut-être dans
l'éducation permanente il vaut mieux prendre des méthodes
modernes, des méthodes audio-visuelles qui peuvent rejoindre, dans leur
foyer, sans être obligé de les déplacer, les gens quiseraient intéressés par des cours à la fois de
formation populaire ou de recyclage qui s'inscrivent à
l'intérieur du système d'éducation au Québec. Je
dois dire qu'en Ontario, vous en êtes sûrement au courant, on a un
poste UHF qui est en opération 15 ou 16 heures par jour depuis septembre
dernier, le poste 19, qui diffuse dans le région de Toronto. Chez nous,
les modalités précises ne sont pas déterminées.
L'ensemble, les grandes lignes du projet le sont et ont été
approuvés par le conseil des ministres mais c'est ce comité qui
est chargé, dans un délai assez court, d'ici deux ou trois mois,
de nous préciser l'orientation de ce nouveau projet qui donnera un
souffle nouveau à l'éducation permanente dans la province de
Québec et peut-être, face à l'ampleur de l'éducation
permanente, permettre d'atteindre une meilleure qualité d'enseignement
et d'atteindre plus de populations à moindres frais.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Question additionnelle au ministre de
l'Education. Le ministre de l'Education pourrait-il nous dire exactement quel
est cet organisme qui s'appelle Multimédia, quel en est le
président, ou l'administrateur?
M. SAINT-PIERRE: II n'y a pas d'organisme Multimédia, il y a le
service des moyens techniques d'enseignement au ministère de
l'Education. Encore une fois, pour rejoindre des critères
d'efficacité, nous tenterons mais c'est une question de
régie interne de regrouper prochainement plusieurs services du
ministère qui étaient autrefois indépendants. Je pense au
service des bibliothèques, au service d'éducation permanente,
cours par correspondance et au service des moyens techniques d'enseignement qui
seront regroupés.
Le terme exact de ce regroupement n'a pas été
défini, mais il ne sera pas Multimédia. Le projet
Multimédia est simplement le nom que l'on a donné à
l'ensemble de cette opération.
M. BERTRAND: Est-ce que, dans ce regroupement, on ne tente pas, à
l'heure actuelle, d'inclure Radio-Québec?
M. SAINT-PIERRE: Non. La réponse à la question est
non.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Portneuf.
Invasion de rats
M. DROLET: M. le Président, ma question s'adresse à
plusieurs ministres, à l'honorable ministre de l'Immigration, au
ministre de la Santé, pour le service de l'hygiène, et au
ministre des Travaux publics. Toutes sortes de fléaux,
présentement, affligent le Québec. A la suite d'une vaste
enquête menée, depuis quel-
ques semaines, spécialement par Télé-4, le dernier
fléau à nous frapper est l'arrivée, dans la vieille
capitale, d'une multitude de rats de descendance norvégienne.
Le ministre de l'Immigration a-t-il pris entente avec le ministre de la
Santé afin de trouver des moyens pour protéger la population du
Québec de ces nouveaux immigrants?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je n'ai pas l'impression, M. le
Président, qu'une réponse s'impose.
M. DROLET: II me semble, M. le Président, que la question demande
une réponse, surtout de la part du ministre de la Santé.
M. CASTONGUAY: J'ai cru que le député voulait faire de
l'humour. Le service de santé de la ville de Québec est
chargé de cette partie des responsabilités. J'ai tout lieu de
croire que le service de santé de la ville de Québec est en
mesure d'assumer ses responsabilités vis-à-vis de ce
problème particulier.
UNE VOIX: C'est une très bonne réponse à la
question du député.
M. LE PRESIDENT: Le député de Saint-Maurice.
Fermeture de bureaux de placement
M. DEMERS: M. le Président, ma question s'adresse au ministre
substitut du Travail. Elle est à l'effet de la fermeture du Bureau
provincial de placement dans la cité de l'électricité. Je
comprends qu'avec le nombre d'emplois qui se créent chez nous on peut
fermer les bureaux, mais je demanderais au ministre substitut des bills et du
Travail d'après quels critères et sur quels critères il
s'est basé pour fermer le Bureau provincial de placement de Shawinigan,
fermer celui de La Tuque et en ouvrir un à Grand-Mère. Est-ce que
ce serait une question de prudence ou bien si c'est une question qui repose sur
des données plus précises que ça?
M. FOURNIER: Je prends avis de la question du député de
Saint-Maurice. Je comprends qu'il m'en a parlé hier, ou plutôt ce
matin, dans le cours de la nuit. Je prends un dernier avis...
M. DEMERS: Le journal Le Nouvelliste rapporte ce matin que tout est
consommé. On veut continuer à canaliser vers Grand'Mère ce
qui est à Shawinigan. La capitale est à Shawinigan, où il
y a là 55,000 de population. L'autre ville en a 13,000
M. FOURNIER: On est au courant que souvent des nouvelles paraissent dans
les journaux qui sont prématurées ou qui ne sont pas très
fondées. Dans les circonstances, je prendrai les renseignements exacts
pour les fournir à cette Chambre.
M. LE PRESIDENT: Le député de Gouin.
Le transport en commun à Hull
M. JORON: M. le Président, ma question s'adresse au ministre des
Affaires municipales. Elle porte sur le comité formé pour
étudier la question du transport en commun dans la région de Hull
et dont les commissaires ont été nommés par le ministre
des Affaires municipales à la suggestion du député de
Hull. Or, hier soir, une assemblée publique avait lieu à laquelle
participait le ministre d'Etat de Hull et à laquelle les maires des
municipalités concernées avaient été
invités, c'est-à-dire les maires de la communauté urbaine
concernée.
Suite à cette assemblée, est-ce que le
député de Hull a communiqué avec le ministre des Affaires
municipales dans le but de faire élargir la composition de ce
comité? On sait que, de plus en plus, les groupes de pression ont fait
des représentations à ce sujet. Ils étaient douze il y a
quelques semaines; ils sont maintenant rendus à 28. Est-ce que le
ministre des Affaires municipales considère l'élargissement de ce
comité-là pour y inclure d'autres membres que des amis politiques
du député de Hull?
M. TESSIER: D'abord, je ne suis pas d'accord, M. le Président,
à l'effet qu'il y a eu des nominations politiques. Je crois que sur les
trois membres qui forment ce comité d'étude, il y en a deux qui
sont libéraux, et l'autre est un ancien candidat de l'Union Nationale.
Je crois que c'est donc assez bien équilibré.
M. BERTRAND: Deux à un! Egalité! Quelle
stupidité!
M. TESSIER: C'est à peu près la même proportion, M.
le Président, que la représentation de cette Chambre. Il n'est
pas question d'élargir les cadres du comité d'étude pour
le moment. Un mandat bien précis a été confié aux
membres. Ils doivent me faire rapport d'ici le 6 février. D'autre part,
je n'ai eu aucune communication avec le député de Hull au sujet
de cette assemblée, parce que, comme tout le monde le sait, la Chambre a
siégé hier soir jusqu'à passé une heure. Par
conséquent, je...
M. PAUL: Vous êtes resté ici jusqu'à une heure?
M. TESSIER: A peu près oui. Ce matin. Je n'ai donc pas eu de
rapport sur cette assemblée.
M. JORON: Une question supplémentaire, si vous permettez. Dois-je
bien interpréter votre réponse comme un non catégorique,
que le
comité reste tel qu'il est et que vous ne considérez
d'aucune façon son élargissement? C'est un non
catégorique. Le comité reste ce qu'il est.
M. TESSIER: Non, je ne suis pas prêt, M. le Président,
à dire que c'est un non catégorique. Evidemment, la question peut
être étudiée, mais je vais tout de même attendre de
prendre connaissance des représentations qui peuvent m'être
faites, s'il y en a.
M. LAURIN: Question additionnelle, M. le Président. M. le
ministre, est-ce que c'est une condition sine qua non pour être
nommé à ces postes que d'appartenir à des organisations
politiques reconnues?
M. TESSIER: Aucunement.
M. BERTRAND: Cela ne nuit pas.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Gaspé-Nord.
M. TESSIER: Aucunement, mais je pourrais tout de même ajouter, M.
le Président, que toute la situation, depuis quelques semaines à
Hull, est une affaire montée par le Parti québécois.
M. JORON: II veut tuer les groupes de pression.
M. CHARRON: Les communistes encore!
M. GAGNON: M. le Président, le ministre des Terres et
Forêts pourrait-il informer la Chambre...
M. TESSIER: Je vois que vous ne réfutez pas cela, vous
l'admettez.
M. LEGER: C'est tellement ridicule.
Reconstruction de la scierie de Marsoui
M. GAGNON: Le ministre des Terres et Forêts pourrait-il informer
la Chambre sur son optimisme relativement à la reconstruction de la
scierie de Marsoui qui a été incendiée
dernièrement? La déclaration du ministre des Affaires
municipales, même si on ne met pas la bonne foi de ce dernier en doute, a
causé des préjudices car l'information n'avait pas
été donnée par les représentants de la compagnie
Couturier et Fils...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. GAGNON: ... et dans le même ordre d'idées...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Est-ce que cette question n'a pas
été posée déjà à quelques
reprises?
M. GAGNON: Pas au ministre des Terres et Forêts, mais au ministre
des Affaires municipales. Cela ne regarde pas les Affaires municipales.
M. LE PRESIDENT: Elle a été posée
effectivement.
M. GAGNON: On a répondu "non" et ce n'est pas "non", M. le
Président.
M. LE PRESIDENT: Même si elle a été mal
répondue ou d'une manière non satisfaisante, on doit la
considérer comme finale en ce qui me concerne. Ce que le
député de Gaspé-Nord fait actuellement, c'est qu'il brime
les droits d'autres députés à poser des questions.
M. GAGNON: Ah! bien, non, M. le Président. Cela fait trois jours
que je dois la poser. Je n'ai brimé personne, je passe en dernier. On
m'avait promis que je passerais de bonne heure mais tout de même,
très bien.
M. LE PRESIDENT: Sans énoncer de faits, je lui demanderais de
poser sa question telle que prévue au règlement.
M. GAGNON: M. le Président, le ministre des Terres et
Forêts pourrait-il nous donner des informations relativement à la
scierie de Grande-Vallée et dans le même ordre d'idées,
puisqu'on est en forêt, est-ce qu'il pourrait répondre
favorablement au message qu'il a reçu des syndicats du bois de la
Gaspésie, à l'effet que le bois à pâte ne se vend
pas dans la région de Gaspé-Nord, qu'il y a des milliers de
cordes qui ne sont pas vendues, soit la seule région dans toute la
province, et que les compagnies Consolidated Bathurst et Domtar refusent
catégoriquement l'achat de ce bois?
M. DEMERS: On n'est pas sorti du bois.
M. DRUMMOND: M. le Président, je n'ai rien à dire pour le
moment concernant Grande-Vallée. En ce qui concerne le commencement des
négociations...
UNE VOIX: Marsoui.
M. DRUMMOND: Pardon. Sur le sujet de Marsoui, je suis toujours
optimiste. Le gouvernement travaille très activement. Nous essayons de
trouver une solution heureuse à ce problème. Donc la
dernière question, il s'agissait de producteurs de bois...
M. DEMERS: Le ministre des Affaires municipales en prend pour son
rhume.
M. DRUMMOND: II semble qu'il y ait un mauvais début dans les
négociations dans votre région là-bas, mais j'attends
incessamment le rapport d'un comité qui étudie cette situation et
j'espère bien que nous aurons des solutions à offrir.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Frontenac.
Parachèvement de la route 34
M. LATULIPPE: Ma question s'adresse à l'honorable ministre de la
Voirie. J'aimerais savoir, M. le Ministre, si c'est l'intention de votre
ministère de recommander, dès le printemps prochain,
l'exécution du parachèvement de la dernière section de la
route 34, soit celle comprise entre Stornoway et Stratford?
M. PINARD: Est-ce que le député aurait l'obligeance de
répéter la dernière partie de sa question, s'il vous
plaît.
M. LATULIPPE: J'aimerais savoir, M. le ministre, si vous avez
l'intention de recommander le parachèvement de la dernière
section de la route 34, soit la partie comprise entre Stratford et
Stornoway.
M. BOURASSA: Au feuilleton, vos questions. On perd notre temps avec ces
niaiseries-là.
M. PINARD: M. le Président, je prends avis de la question du
député et je lui répondrai lorsque viendra le temps de
discuter les estimations budgétaires de mon département.
Régionale Le Royer
M. LEGER: M. le Président, je m'adresse au ministre de
l'Education. Le 26 novembre dernier, je lui posais une question, à la
suite de sa déclaration sur l'enquête à la régionale
Le Royer, sur les plans de construction qui duraient depuis 1965. Je lui avais
fait remarquer que son échéancier pour la polyvalente d'Anjou, en
1972, créait un problème: il y aurait 2,000 places manquantes
pour les élèves pour 1971.
Il m'avait répondu, à ce moment-là, qu'il devait
faire son possible pour que le double horaire ne dure pas plus d'un an. Je
remarque, ce matin, que, dans l'échéancier, la polyvalente
d'Anjou, non seulement n'est pas rapprochée, mais retardée d'une
autre année, en 1973. Est-ce que le ministre peut me dire comment
concilier sa déclaration de l'autre jour avec celle d'aujourd'hui?
M. SAINT-PIERRE: Je prends note de la question et j'examinerai plus
à fond le cas particulier d'Anjou. L'ampleur de la polyvalente, je
pense, ne nous permettrait pas de le réaliser pour 1972. Il faut
être conscient qu'à cause des problèmes de terrain que vous
avez évoqués les plans ne sont pas commencés encore, ni le
devis pédagogique, même les questions de clientèle. Je peux
réexaminer la question pour savoir s'il n'y a pas moyen de terminer
cette polyvalente en 1972.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Bellechasse.
M. LOUBIER: M. le Président, ce n'est pas de gaieté de
coeur que je pose la question de privilège...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! L'honorable député de
Bellechasse m'a donné un préavis d'une question de
privilège, mais ce n'est pas le moment; ce serait immédiatement
après la période des questions, avant l'appel des affaires du
jour.
L'honorable député de Chicoutimi.
Hôpital universitaire de Chicoutimi
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président rompant avec ma bonne
habitude, je ne poserai pas ma question au premier ministre, ce matin, mais au
ministre de la Santé. Etant donné l'importance du problème
qui fait l'objet de ma question, je voudrais savoir du ministre de la
Santé s'il a dessein de mettre bientôt en chantier le projet de
construction de l'Hôpital universitaire de Chicoutimi, projet qui
représenterait $20 millions d'investissement. Ce projet est
nécessité par le développement de l'enseignement
supérieur dans la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean et, du
même coup, soulagerait le premier ministre en procurant un grand nombre
d'emplois aux citoyens de notre région.
M. LEVESQUE: C'est local.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ce n'est pas local, c'est très
général.
M. LEVESQUE: Chaque député, M. le Président, ne
peut se lever et poser des questions comme celle-là au ministre de la
Santé. Est-ce que mon hôpital va être construit? Est-ce que
mon bout de chemin va être construit? Ce n'est pas le genre de question
qu'on peut accepter...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, j'invoque le
règlement. Il faut bien s'entendre pour savoir si une question est
très localisée ou si elle a une portée
générale. Il s'agit de toute une région et d'un
problème spécifique, qui est celui de l'enseignement
supérieur. Je sais très bien, connaissant la largeur de vue du
ministre de la Santé, qu'il est capable de me donner une réponse,
parce que c'est un problème qui touche...
M. LEVESQUE: II ne faudrait pas qu'il y ait deux poids, deux mesures. Au
député de Frontenac, on vient de refuser une question du
même ordre. Je crois qu'on ne peut pas avoir deux poids, deux mesures, en
Chambre.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Ce n'est pas un bout de chemin que je
demande.
M. PAUL: M. le Président, la réponse que pourrait donner
le ministre, de même que la matérialisation et la construction de
ce que demande le député de Chicoutimi auraient
éventuellement un rayonnement provincial. La culture qui y serait
dispensée...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre!
M. PAUL: Ce n'est pas un bout de route, cela, voyons donc!
M. LE PRESIDENT: Certains députés en cette Chambre sont
peut-être surpris de la nature des questions. Je suis peut-être un
des premiers à l'être. Chaque jour, au moins 50 p. c. des
questions qui sont posées à la période des questions ne
remplissent pas les deux conditions que vous avez établies, vous,
messieurs de cette Chambre.
Je crois que cela ne méritait aucun applaudissement.
Depuis le tout début de la session, je crois que j'ai
laissé une très grande latitude dans ce domaine. D'ailleurs,
l'expérience a été assez favorable, parce que, chaque
jour, on n'a pas tellement dépassé la limite de la période
des questions. Maintenant, libre au leader parlementaire de soulever
constamment la question du député de Frontenac; la question du
député de Chicoutimi a peut-être une répercussion
régionale, mais ce n'est pas prévu par nos règlements
sessionnels. Libre au ministre de répondre, mais j'attends, pour la
prochaine session, les instructions que vous me donnerez concernant les
questions.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, puis-je vous faire
observer en toute déférence, à la suite de l'observation
qu'a faite le leader de la Chambre, que je suis prêt à
m'expliquer. Il faut bien comprendre quel est le sens de ce qu'on appelle une
question de portée générale et de caractère urgent.
Il s'agit, en l'espèce, d'un problème d'enseignement
supérieur qui a un rayonnement dans toute la région du
Saguenay-Lac-Saint-Jean et, par voie de conséquence, dans tout le reste
du Québec.
D'autre part, l'enseignement supérieur dans un domaine
spécifique, celui de la médecine, se trouve paralysé par
le retard à mettre en chantier la construction de cet hôpital.
J'en ai déjà d'ailleurs causé avec le ministre de la
Santé. Il me semble que c'est là une question à la fois
urgente et de portée générale. Si le ministre voulait me
répondre, j'en serais très heureux, M. le Président.
M. CASTONGUAY: Je vais faire un bref commentaire. Je ne suis pas en
mesure de répondre, ce matin, au député de Chicoutimi.
Nous sommes dans le processus de préparation des estimations
budgétaires. Je sais que le député peut me dire qu'une
telle construction n'implique pas, pour cette année, de nouvelles
dépenses ou même pour l'an prochain, cela se fait par voie
d'emprunt etc., de subventions par la suite. Mais il n'en demeure pas moins
comme je l'ai mentionné déjà, que tous les projets de
construction d'hôpitaux influencent à plus ou moins court terme
les budgets de fonctionnement, où ont une incidence sur le budget de
fontionnement et, avant de lancer des projets d'une telle envergure, il nous
faut absolument voir quel sera l'influence de tous les projets
présentement en voie de construction sur les budgets futurs. On ne peut
ignorer ce qu'a coûté la réalisation de l'Université
de Sherbrooke, de sa faculté de médecine, des coûts qui en
résultent et ce n'est que dans cette perspective qu'il me sera possible
de donner une réponse au député de Chicoutimi.
Malheureusement, présentement, je ne suis pas en mesure de donner une
réponse, soit affirmative ou négative.
M. LE PRESIDENT L'honorable député de
Lotbinière.
Syndicalisme agricole
M. BELAND: M. le Président, à la suite de
télégramme reçus de l'UCC, est-ce que le ministre de
l'Agriculture a d'autres communications à nous donner depuis mardi,
relativement au dépôt du projet de loi sur le syndicalisme
agricole?
M. LE PRESIDENT: A mon avis, cette question a été
posée et on y a répondu à plusieurs reprises.
M. DUMONT: M. le Président, nous espérions surtout
ce matin, nous voyons que le leader parlementaire du gouvernement semble de
très bonne humeur que, pour les cultivateurs, il avait dans son
tiroir un projet de loi pour faire une surprise à son ministre et, en
même temps, le tirer d'embarras. Et nous espérons qu'il a une
bonne nouvelle en ce sens à nous annoncer.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! On m'informe que le ministre de la
Santé aurait une réponse à apporter à une
question.
Médicaments aux assistés sociaux
M. CASTONGUAY: Le député de Sainte-Marie m'a
demandé, il y a quelques jours, quel était le nom des
hôpitaux de Montréal qui avaient reçu des instructions du
sous-ministre, de donner ou de vendre au prix coûtant des
médicaments aux bénéficiaires de la Loi de l'aide sociale
ou à des personnes à faible revenu.
Alors, on a envoyé un télégramme au Montreal
General Hospital; au Montreal Children's Hospital et au Reddy Memorial
Hospital. Ces trois hôpitaux, comme on le sait, depuis de
nombreuses années, distribuaient des médicaments et en
assumaient en grande partie les coûts. Cette autorisation constitue une
mesure purement temporaire d'autant plus que nous avons déposé,
ce matin, un projet de loi.
Nous avons profité de l'occasion pour vérifier les
affirmations que j'avais faites voulant que même s'il s'agissait
d'hôpitaux de langue anglaise, la répartition sur le plan
linguistique ou ethnique des patients des cliniques externes est la suivante:
Au Montreal Children's Hospital, 60 p. c. des patients à la clinique
externe parlent français et 40 p. c. sont de langue anglaise. Au
Montreal General, 40 p. c. sont d'origine française, 50 p. c. d'origine
anglaise, 10 p. c. des autres. Au Reddy Memorial, 43 p. c. sont d'origine
française, 40 p. c. d'origine anglaise et 17 p. c. d'autres origines
ethniques.
Maintenant, la dernière partie de la question du
député de Sainte-Marie: Est-ce qu'il y a d'autres hôpitaux
en dehors de Montréal qui distribuent des médicaments? Nous
savons d'abord qu'à Montréal, l'hôpital Maisonneuve avait
un tel système et on ne l'aurait pas discoutinuer. Il n'est
peut-être pas aussi élaboré que celui des hôpitaux
que je viens de mentionner. Il y a également l'hôpital du
Saint-Sacrement à Québec. C'est assez difficile d'identifier tous
les cas parce que cela a toujours été sur une base d'arrangement
pris par les hôpitaux eux-mêmes.
Nous n'avons pas cru bon d'envoyer un questionnaire aux hôpitaux
pour faire une telle vérification. L'objet de l'opération
était de demander à trois hôpitaux qui avaient
discontinué de reprendre cette pratique de façon tout à
fait temporaire.
M. LAURIN: Une question additionnelle, M. le Président. Comment
le ministre explique-t-il ce fait étrange que seulement des
hôpitaux anglophones dans les grands centres urbains avaient
élaboré une politique comme celle-là? Est-ce que vous avez
fait enquête à ce sujet?
M. CASTONGUAY: J'ai visité ces hôpitaux, M. le
Président. Je crois que, dans les hôpitaux anglophones dont je
fais mention, c'était par un sentiment de vouloir vraiment rendre
service à la population et non pas seulement à la population
hospitalisée. Trop souvent, à mon sens, nos hôpitaux se
sont repliés sur eux-mêmes contrairement à un certain
nombre d'hôpitaux de langue anglaise.
M. SAMSON: Me serait-il permis, M. le Président, de vous adresser
une question?
M. LE PRESIDENT: A moi?
M. DUMONT: Pour la période des Fêtes, M. le
Président.
Huissiers de la Chambre
M. SAMSON: C'est à la suite de généreux
commentaires que vous avez bien voulu nous faire cette semaine concernant une
allocation supplémentaire aux huissiers de la Chambre. Nous aimerions
savoir si celle allocation supplémentaire pourrait leur être
versée avant Noël, parce que nous croyons que cela pourrait leur
être très utile à cette époque de l'année. Si
vous pouviez nous faire un commentaire sur la somme, nous en serions
très heureux.
M. LE PRESIDENT: II s'agit, si je comprends bien, des huissiers qui
travaillent ici dans cette Chambre. Personnellement, je n'ai aucune
autorité pour leur octroyer quelque chose de moi-même, avant ou
après Noël. Je ne suis pas dans la finance ou quoi que ce soit en
ce qui concerne l'Assemblée nationale. Tout ce que je peux faire, c'est
d'essayer de régler leur problème de traitement et de statut.
D'ailleurs, j'en ai discuté encore hier avec M. Desmeules,
l'administrateur de l'Assemblée nationale. J'ai moi-même
proposé une solution concernant leur statut et leur traitement. Il ne
faut pas oublier que et je dois en informer la Chambre, car je sais que
plusieurs députés du parti ministériel, du Ralliement
créditiste, des quatre partis, en somme, ont soulevé cette
question et il est bon de le dire que les huissiers, dans les
années antérieures, avaient un emploi occasionnel. Ils
étaient réengagés à chaque session. Depuis un an ou
deux, à moins que je ne me trompe, après la session, ils sont
prêtés à différents ministères. En somme,
depuis un an ou deux, ils deviennent pratiquement employés sur une base
permanente. La solution que j'ai proposée à M. Desmeules et qui
semble lui sourire serait qu'on leur donne un statut d'employés
permanents. Cette question est discutée actuellement avec la commission
de la Fonction publique, pour qu'ils aient leur permanence et qu'ils
reçoivent tous les bénéfices qu'ont les autres
fonctionnaires, les autres serviteurs de l'Etat. En même temps, si on
leur donne un statut permanent au sein de la fonction publique, il s'agit de
rétablir, de réévaluer leur traitement. Je compte, comme
je l'ai déjà dit, que cela devrait être réglé
d'ici la prochaine session.
Affaires du jour.
Le député de Bellechasse.
Question de privilège Paroles de M.
Jérôme Choquette
M. LOUBIER: Je soulève une question de privilège, M. le
Président. Ce n'est pas de gaieté de coeur que je la pose, mais
étant donné le contexte dans lequel cela s'est
déroulé, étant donné également la violence
assez furieuse de ces propos et l'importance du personnage qui les a
prononcés à mon endroit, je me dois de
poser cette question de privilège. A la suite de la
période de questions, hier, le ministre de la Justice, devant d'autres
députés et fonctionnaires qui étaient près du
trône, M. le Président, a eu à mon endroit des attaques
injurieuses et outrancières, au point d'utiliser des expressions comme
et je les mets entre guillemets "Tu n'est qu'un maudit trou de
cul"; tu n'es qu'un maudit cochon"; "tu es un écoeurant", et toute la
kyrielle qui suit.
Vu l'importance du personnage, le rôle qu'il remplit au
Québec et également le fait que le ministre de la Justice doit
faire preuve, plus que tout autre ministre, de la maîtrise de
lui-même, d'une certaine sérénité,
d'objectivité, je soulève cette question en vous disant, M. le
Président, que si c'est dans cet état d'esprit que l'on doit
agir, je demanderais en terminant qu'on lui enlève son permis de port
d'arme, parce que c'est inquiétant.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
Je crois que le député de Bellechasse aurait pu soulever
cette question de privilège, tel que le règlement le
prévoit. Il sait bien que ses dernières paroles
dépassent... Ce n'est pas moi ou la Chambre qui a autorité sur
les règlements de police ou autres. Je crois qu'il avait une occasion
vraiment de respecter le règlement, l'article 195 et je le
répète: "S'il se borne à réclamer, ses paroles ne
doivent se référer à aucun sujet qui prête à
discussion et nul débat ne peut s'ensuivre". J'ai accepté cette
question.
M. CHOQUETTE: Est-ce que je pourrais dire quelque chose?
M. LE PRESIDENT: En vertu de l'article 264...
M. CHOQUETTE: Cela ne m'enlève...
M. LOUBIER: Vous me reprochez à moi, dans mes dernières
paroles,...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LOUBIER: ... d'avoir dépassé le règlement,
tout...
M. LE PRESIDENT: Tout ce que j'ai eu à dire comme
président de cette Chambre, c'est que je n'ai pas été
témoin à cette discussion, je n'ai aucun contrôle
là-dessus. Je ne peux pas dire si ces paroles ont été
dites. Je ne doute pas de la parole du député de Bellechasse,
d'aucune façon. Mais je me demande s'il était nécessaire,
pour la renommée de cette Chambre, qu'on accorde à ces paroles
une telle publicité. Je me pose la question.
M. LOUBIER: M. le Président, je me pose également la
question...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! La question de privilège a
été établie. L'incident est clos.
M. LOUBIER: ... quant à la mentalité du ministre à
la suite d'une altercation. Si c'est ça la sérénité
du ministre de la Justice, je vous dis que c'est inquiétant dans le
Québec.
M. VEILLEUX: Respectez le président. M. LEVESQUE: Affaires du
jour? M. LE PRESIDENT: Affaires du jour.
Questions inscrites au feuilleton
M. LEVESQUE: M. le Président, si on réfère aux
questions des députés, nous avons demandé que les
questions soient reproduites aujourd'hui, même si c'est vendredi, afin de
faire une sorte d'inventaire de ce qu'il reste au feuilleton. Pour les
questions 1 et 2, la première posée par M. Béland, la
seconde posée par M. Roy, nous n'avons pas encore complété
l'enquête pour obtenir toutes les réponses. Certaines
réponses obtenues à ce jour sont contradictoires. Ce n'est pas
encore complet. Comme nous voulons avoir les réponses les plus
complètes possible, je suggère que ces deux questions soient
transformées en motion pour dépôt de documents. Nous
verrons à déposer les réponses les plus complètes
possible entre les deux sessions.
M. PAUL: M. le leader, est-ce que vous me permettriez une question?
M. LEVESQUE: Oui.
M. PAUL: Vous pourriez peut-être prendre les renseignements que
vous utilisiez pendant la campagne électorale. Cela semble tout
prêt.
M. LEVESQUE: Si j'étais à la place du député
de Maskinongé, je n'irais pas plus loin. Je sais qu'il n'est
peut-être pas personnellement au courant de tout le dossier, mais je
crois que nous devrions attendre tous les renseignements...
M. PAUL: On savait tout ça.
M. LEVESQUE: ... avant de commenter la situation.
Article 3, question de M. Charron, réponse de M. Bourassa.
M. BOURASSA: Lu et répondu.
M. LEVESQUE: Enfin, on verra que les questions 4, 5, 6 et 7 datent de
cette semaine. Alors, on ne peut pas s'attendre à avoir les
réponses d'ici la fin de la semaine.
M. DUMONT: Est-ce que l'on pourrait avoir le dépôt, de la
même façon que vous en avez
parlé tout à l'heure, des questions 1 et 2 de MM.
Béland et Roy (Beauce)? Pourrait-on nous fournir ces réponses
dans le cours du mois de janvier?
M. LEVESQUE: En principe, je n'ai pas d'objection, mais lorsque des
questions arrivent comme cela et qu'on n'a pas eu l'occasion de les
étudier, qu'on n'a même pas eu l'occasion de voir s'il
était d'ordre public d'y répondre, ce n'est pas la coutume, dans
cette Chambre, de les prendre en considération si elles datent de deux
jours ou d'une journée. On ne peut les transformer en motion pour
dépôts de documents avant que les ministères aient eu
l'occasion de les étudier. Je crois que ce serait imprudent et
inopportun de le faire.
Ces questions, si on y attache de l'importance, il faudrait les ramener
au feuilleton de la prochaine session. Article 16, M. le Président. Je
dois une explication à la Chambre. Si nous passons à l'article 16
tel que j'en ai parlé aux chef de partis et aux leaders
parlementaires c'est pour essayer de libérer le
député d'Ahunt-sic et ministre des Affaires culturelles qui doit
être à Montréal, cet après-midi, pour une
cérémonie à laquelle il s'était engagé
d'être présent depuis plusieurs mois ou plusieurs semaines.
UNE VOIX: II vient de sortir. M. LEVESQUE: Un instant. UNE VOIX: II est
revenu.
Projet de loi no 64 Deuxième lecture
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Affaires culturelles propose
la deuxième lecture du projet de loi no 64 Loi moidifiant la loi de
l'admission à l'étude de professions et d'autres dispositions
législatives.
L'honorable ministre des Affaires culturelles.
M. François Cloutier
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, le projet de loi 64, que
j'ai l'honneur en ma qualité de ministre de l'Immigration, de
présenter aujourd'hui à l'Assemblée nationale, s'inspire
à la fois de principes humanitaires et de considérations d'ordre
pratique. Il a pour objectif de faciliter l'accès des immigrants
à la pratique de certaines professions libérales, corrigeant
ainsi une grave anomalie.
En effet, il y a un fait dont il convient de prendre conscience. Notre
collectivité, dans un bon nombre de ses attitudes et par certaines de
ses structures, a jusqu'ici eu tendance à souffrir l'immigration
plutôt qu'à la canaliser. N'est-elle pas trop souvent
considérée comme un mal nécessaire, un mal dont on
s'accommode avec plus ou moins de bonne grâce? Comment expliquer une
telle réaction? Il faudrait une véritable analyse sociologique
pour en comprendre les raisons profondes. Qu'il me suffise de dire que, la
plupart du temps, les préjugés contre les immigrants participent
d'un mécanisme de défense collective. On les rencontre souvent
dans les sociétés fermées et incertaines de leur
identité. C'est peut-être la raison pour laquelle les Canadiens
français, en tant que groupe, semblent avoir éprouvé une
certaine difficulté à assimiler les nouveaux venus.
Il est évident que d'autres facteurs ont joué. Je pense
à notre infériorité économique et à la
question linguistique. Cependant, le moins que l'on puisse dire, c'est que nos
structures sociales ne se sont pas révélées
particulièrement accueillantes. L'immigration, contrairement à ce
que certains esprits préjugés prétendent, constitue un
acquis important.
Il suffit de penser aux Etats-Unis, dont l'essor industriel et
économique n'a été possible que grâce à
l'afflux de personnes venues de tous les pays du monde. L'immigration massive
ne correspond plus aux besoins de notre époque, mais lorsqu'elle est
sélective, elle conserve toute sa signification.
Peut-être faudrait-il, M. le Président, évoquer le
cas de l'Ontario qui doit à l'immigration une bonne part de sa
réussite économique. L'Ontario reçoit trois fois plus
d'immigrants que le Québec et, malgré tout, son taux de
chômage est beaucoup moins élevé. Une telle constatation
parait aller à l'encontre de l'opinion qui voudrait que l'immigration
augmente le chômage.
D'ailleurs, une étude récente préparée par
le ministère de l'Immigration indique clairement qu'il n'y a pas de
corrélation entre les deux phénomènes. Elle laisse
même supposer qu'une immigration bien comprise puisse améliorer
une conjoncture économique défavorable. A la lumière de
ces considérations, il m'apparaît évident qu'il y a tout
lieu d'encourager l'immigration, à la condition qu'elle soit
planifiée et à la condition de mettre tout en oeuvre pour
permettre la meilleure adaptation possible des immigrants tant sur le plan
individuel que sur le plan social.
Or, depuis de nombreuses années, un bon nombre de professions ont
imposé la citoyenneté canadienne comme condition d'admission. Une
telle exigence ne se justifie ni pour des raisons techniques, ni pour des
raisons économiques. En effet, on ne peut considérer la
citoyenneté comme un gage de compétence, cette dernière
devant être établie par des examens, des stages ou des
mécanismes d'équivalence. C'est manifestement une mesure qui ne
pouvait avoir pour but que la protection d'intérêts
particuliers.
De plus, alors que nous prétendions manquer de médecins,
de dentistes, de techniciens par
exemple, nous acceptions, par une sorte de malthusianisme, de perdre des
centaines de professionnels au profit des provinces voisines et des Etats-Unis,
qui n'exigent pas le préalable de la citoyenneté.
Je choisirai cet exemple, parce qu'à l'époque, il fit
l'objet de nombreux commentaires dans les journaux, celui des médecins
tchécoslovaques. Ces derniers, à qui nous avions donné
refuge pour des raisons humanitaires, pour qui nous avions organisé des
cours intensifs de langue, qui étaient tout disposés à
s'intégrer à notre collectivité, se virent pour la plupart
forcés, à cause de cette fameuse clause de citoyenneté, de
plier bagage à nouveau, pour aller refaire leur vie dans un milieu plus
propice. J'estime, M. le Président, qu'en stricte logique et
indépendamment de tous les arguments que j'ai évoqués,
nous n'avons pas le droit d'admettre des immigrants si on doit leur interdire
pendant une longue période de cinq ans l'accès à leur
profession.
L'article 3 de la Loi du ministère de l'Immigration du
Québec que je tiens à rappeler ne laisse planer
aucune équivoque à ce propos. Cet article se lit ainsi: "Le
ministre a pour fonction de favoriser l'intégration au Québec
d'immigrants susceptibles de contribuer à son développement et de
participer à son progrès. Il a aussi pour fonction de favoriser
l'adaptation des immigrants au milieu québécois.
Intégration et adaptation, voilà deux mots vides de sens
si les immigrants dotés d'un haut niveau de formation sont
obligés de faire du porte à porte pour vendre des
encyclopédies, de devenir plongeur dans un restaurant avant de pouvoir
exercer leur profession, toutes les autres conditions d'admission étant
remplies par ailleurs.
En vertu de ce projet de loi, il ne sera plus nécessaire
d'être citoyen canadien pour exercer certaines professions. Il suffira
aux candidats de s'engager à demander cette citoyenneté dans les
délais légaux minimums et de posséder une connaissance
d'usage du français.
Les corporations en cause ont été consultées et,
dans plusieurs cas, des négociations ont eu lieu. Je dois dire que ces
corporations ont collaboré de façon admirable et qu'elles ont
manifesté une grande ouverture d'esprit, ce qui témoigne de
l'évolution des idées dans ce domaine délicat et complexe
de l'immigration. On me dira qu'un bon nombre de professions ne sont pas
touchées par le projet de loi, tel que rédigé. C'est
exact. En effet, il faut comprendre que les implications d'un tel projet de loi
sont considérables et qu'il faille parfois beaucoup de temps pour en
arriver à des résultats. Des discussions sont actuellement en
cours avec les représentants de plusieurs autres corporations. Un
mécanisme fera qu'il sera possible, par simple arrêté en
conseil, au fur et à mesure que de nouvelles corporations se senti- ront
prêtes à renoncer à la clause de citoyenneté, de les
ajouter à la liste. En effet, il me paraît beaucoup plus valable
de procéder de cette façon que d'agir d'une manière
discrétionnaire.
Je voudrais, M. le Président, insister maintenant sur un aspect
particulier et fort important de ce projet de loi. A l'article 2, il est
précisé que toute personne admise comme immigrant devra avoir une
connaissance suffisante du français pour être admise à
l'exercice de sa profession sans qu'intervienne la clause de
citoyenneté.
Si je tiens à apporter quelques précisions, c'est qu'on
pourrait peut-être y voir une certaine discrimination. Or, tel n'est pas
le cas. Cette obligation, qui se présente comme une mesure incitative,
s'inscrit tout naturellement dans la politique du gouvernement qui vise
à faire du français la langue de travail au Québec.
N'est-il pas logique que les immigrants, dès qu'ils envisagent la
possibilité d'exercer une profession, y soient astreints? Comment nier
la réalité? Le Québec n'est-il pas, en grande
majorité, d'expression française? Il est donc souhaitable et
rationnel, tant du point de vue de la majorité que du point de vue des
immigrants eux-mêmes, qu'on exige de ceux qui choisissent de s'y
établir, de communiquer avec leurs clients et leur entourage. Autrement,
comment une bonne intégration au milieu serait-elle possible?
L'expérience prouve que les professionnels immigrants, qui pratiquent
une profession chez nous, tout en ignorant le français, se trouvent
souvent isolés. Ne pourrait-on croire qu'ils sont en quelque sorte
victimes d'une politique timorée? N'ayant pas osé, par le
passé, leur faire accepter la réalité du milieu où
ils sont appelés à vivre, ne les avons-nous pas contraints
à s'éloigner de la majorité? Comment ne comprendraient-ils
pas qu'une telle exigence, en plus d'être dans la nature des choses,
contribue à leur adaptation et tient compte de leurs meilleurs
intérêts.
Cette politique est valable à la condition que l'on mette
à la disposition des immigrants non francophones qui ont opté
pour le Québec les moyens nécessaires pour apprendre le
français. Déjà, les centres d'orientation et de formation
des immigrants s'y emploient. Il faudra sans doute prévoir d'autres
mécanismes. En outre, avant même que l'immigrant ne quitte son
pays d'origine, il sera essentiel de le sensibiliser à cette exigence de
manière à ne pas créer de malentendu ou à faire de
la fausse représentation. C'est dans cet esprit que j'ai dit
récemment, lors d'une conférence de presse, que je comptais
proposer avant longtemps une véritable politique d'immigration au
Québec.
J'aimerais ajouter que le fait de prévilégier d'une
certaine manière le français dans ce cas particulier des
immigrants qui désirent obtenir le droit d'exercer une profession ne va
pas à l'encontre du bilinguisme bien compris. Au
contraire, il le favorise, il le rend même possible. En effet,
l'anglais n'a pas besoin d'être protégé. Les pressions
économiques sont assez fortes pour lui assurer une place dans le monde
du travail. Le professionnel immigrant qui ne parle ni l'anglais ni le
français et qui devra apprendre le français trouvera sans doute
utile de s'initier également à l'autre langue officielle du pays.
L'inverse est moins sûr, étant donné le contexte. Par
conséquent, il aura beaucoup plus de chances de devenir bilingue
grâce à une telle démarche qu'autrement. Si cette exigence
du français n'avait pas été retenue, quel autre choix
s'offrait-il? Il n'y avait qu'une alternative, soit imposer l'usage du
français ou de l'anglais, ce qui revenait à maintenir dans la
plupart des cas le statu quo, soit l'usage du français et de l'anglais,
en l'indiquant clairement dans le texte de la loi.
Il est évident que, dans les deux cas, c'est l'anglais qui, pour
les raisons invoquées plus haut, aurait eu la priorité. Comment
se porterait le bilinguisme dans ces conditions? Les statistiques
démontrent qu'en dehors de toute incitation, le choix naturel de
l'immigrant est l'anglais, et ceci dans une proportion d'environ 80 p. c. Il
faut être naif pour ne pas voir là la nécessité
d'une intervention réfléchie. Il y a lieu d'apporter quelques
précisions sur les modalités d'application de ce projet de loi.
En effet, certains éditorialistes ont interprété de
façon erronnée l'article 2. C'est ainsi qu'ils ont laissé
entendre que cet article pouvait s'appliquer aux Canadaiens venant des autres
provinces du pays. Il n'en est rien. Au sens propre comme au sens de la loi,
l'immigrant est celui qui, quittant son pays d'origine, vient s'installer dans
un autre pays avec l'intention déclarée de s'y
établir.
Il est donc abusif d'appliquer cette définition aux citoyens d'un
même pays.
J'ajoute également, M. le Président, que j'ai l'intention
de proposer, en comité plénier, deux modifications qui ne
changent en rien le principe de la loi et qui auront pour effet de la renforcer
tout en facilitant son application. Une modification confiera au gouvernement
plutôt qu'aux corporations le soin de déterminer les normes
d'évaluation touchant la connaissance d'usage de la langue
française. Une autre modification permettra aux corporations d'admettre
à l'exercice des professions, pour une période limitée,
des immigrants n'ayant pas encore la citoyenneté et ne possédant
pas une connaissance d'usage du français, de manière à
leur permettre de l'apprendre. Cette dernière modification permet de
concilier le double objectif de ce projet de loi, favoriser l'immigration tout
en facilitant l'adaptation des immigrants par le truchement de l'apprentissage
de la langue.
En résumé, M. le Président, voici un projet de loi
qui me paraît à la fois réaliste et utile. Bien sûr,
il ne règle pas tous les problèmes que peut susciter
l'immigration dans notre milieu. Il y aurait beaucoup à dire, de ce
point de vue.
Cependant, il constitue une étape. J'ajoute qu'il ne
préjuge pas d'une réforme éventuelle concernant les
corporations professionnelles. Si un réaménagement avait lieu
dans ce domaine, les principes incarnés par ce projet de loi devraient
être maintenus tels quels. Ils constituent et représentent un
progrès considérable et traduisent bien les intentions du
gouvernement, lequel, aux déclarations fracassantes et vides,
préfère l'efficacité et l'action.
Je vous remercie, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Bellechasse.
M. LOUBIER: M. le Président, étant donné qu'il
reste à peine trois ou quatre minutes...
M. BOURASSA: On ne peut pas continuer?
M. LOUBIER: ... est-ce qu'on pourrait accepter qu'il est midi trente et
demander l'ajournement pour cet après-midi?
M. BOURASSA: A moins d'aller jusqu'à une heure? Non?
M. LOUBIER: Que les leaders s'entendent.
M. PAUL: M. le leader nous a tracé une ligne de conduite qu'on
doit respecter à la lettre.
M. LEVESQUE: Evidemment, la seule préoccupation que j'ai, c'est
celle que je partage avec le premier ministre et le ministre des Affaires
culturelles au sujet de ces engagements antérieurs.
M. PAUL: Sans entrer dans l'agenda ni dans le journal intime du
ministre, est-ce qu'il pourrait nous informer vers quelle heure il doit
être à Montréal?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Avec plaisir, M. le Président. Il se
trouve que ce soir, je devais présider avec notre collègue,
Pierre Laporte, une manifestation extrêmement importante qui touche et
implique tous les groupes ethniques de Montréal. Il s'agit d'un
spectacle folklorique qui a été organisé conjointement par
le ministère des Affaires culturelles et le ministère de
l'Immigration. C'est d'ailleurs avec beaucoup d'émotion que je
représenterai le gouvernement seul à cette manifestation puisque
le hasard fait que je cumule maintenant les deux ministères. Il faudrait
normalement que je puisse mon absence représentant certainement
un inconvénient assez sérieux quitter autour de quatre
heures et demie.
M. PAUL: M. le Président, si cela convenait au leader du
gouvernement, au premier ministre et à mes collègues, nous
serions prêts à avancer d'une demi-heure la reprise des
travaux.
M. BOURASSA: Merci.
M. DUMONT: Cela nous convient.
M. LE PRESIDENT (Hardy): La séance est suspendue jusqu'à
deux heures.
Reprise de la séance à 14 h 8
M. BROWN (président): A l'ordre, messieurs!
Le député de Bellechasse.
M. Gabriel Loubier
M. LOUBIER: Je m'excuse, M. le Président, de ne pas avoir
obéi instanter à votre invitation, mais j'avais un autre travail
au moment où vous me parliez.
J'ai pris connaissance, comme les autres membres de l'Assemblée
nationale, du bill 64 et j'ai tenté, ce matin, d'écouter
religieusement le ministre des Affaires culturelles. A un moment donné,
dans son exposé, il a signalé, à bon escient et à
juste titre, que c'était une première étape, que je
qualifierais, moi, de modeste, vers une politique consistante d'immigration. Je
me dois de féliciter ceux qui furent à l'origine de cette
législation et ceux qui en ont assuré la continuité et la
présentation en Chambre. Quant à ceux qui furent à
l'origine, je me souviens fort bien que l'ancien ministre, M. Beaulieu,
s'occupait d'une façon extrêmement particulière du
problème de l'immigration. Il a mis en place des structures
embryonnaires il l'admettait à l'époque il a fait
des recherches et procédé à des contacts. Le ministre
actuel a probablement colligé ces éléments et approfondi
davantage ces recherches pour aboutir à la législation que nous
avons aujourd'hui devant nous.
Le ministre a signalé, au début de ses remarques, qu'il y
avait un certain sentiment, condamnable en soi, d'hostilité à
l'endroit des immigrants qui arrivaient au Québec, et ça depuis
longtemps. Il y a évidemment des raisons historiques, politiques et
sociales qui expliquent cette obstination des Canadiens français
à ne pas accepter d'emblée et les bras ouverts ceux qui avaient
choisi le Québec comme patrie d'adoption.
Des raisons historiques. Inutile de vous rappeler les invasions
massives, par voie d'immigration qui faisaient que sans aucune
sélection, sans aucun recrutement lucide et avantageux pour le
Québec, des milliers et des centaines de milliers d'Anglais, de
Français même, ou d'autres immigrants venant plus
particulièrement du monde anglo-saxon à 90 p. c, ce recrutement,
cette orientation ou cette sélection était laissée
entièrement au bon loisir du gouvernement central qui, comme vous le
savez, ne prêtait pas une attention particulière aux
revendications du Québec dans ce secteur.
Il y a également des raisons psychologiques. Il y a eulongtemps
au Québec des alarmistes qui ont colporté partout qu'un
immigré venait ici, comme on le disait populairement, enlever la "job"
des Canadiens français. On a essayé de traumatiser, depuis
peut-être 30 ou 40 ans, les Canadiens français à ce
sujet.
Il y a des raisons politiques aussi M. le Président, je le
signalais tout à l'heure, en vertu de la constitution il y a une
priorité de compétence, de juridiction au gouvernement central.
Si le gouvernement central couvre tous les champs, soit du recrutement, de la
sélection ou de l'accueil, l'Etat provincial, quel qu'il soit, n'a plus
de rôle valable pour l'immigration.
Sur le plan social, il est inutile de rappeler c'est devenu un
fait porté à la connaissance de tous les Québécois
qu'au cours des 40 ou 59 dernières années, mais d'une
façon plus accélérée pendant et surtout
après la période des années 40, des centaines de milliers
d'immigrants sont arrivés sur le sol québécois et ont
été accueillis par des représentants d'un échelon
du gouvernement qui, d'une façon très subtile, les embrigadaient
pour faire en sorte que 91 p. c. de tous ces nouveaux arrivés se sont
groupés, accolés au bloc anglo-saxon et depuis 25 ou 30 ans,
l'immigration au Québec a desservi les intérêts
économiques, sociaux et culturels de la majorité
québécoise.
Je pense que ces facteurs ont concouru et concourent à mettre le
doute dans l'esprit de la majorité des Québécois quant
à l'à-propos d'avoir des structures, d'avoir un ministère
de l'Immigration vivant. Je trouve déplorable que cet état
d'esprit se soit pratiquement généralisé parce que Dieu
sait combien le ministère de l'Immigration, avec de bonnes structures,
avec de bonnes orientations et avec un budget décent...
Dieu sait combien c'est important pour le Québec, pour son
épanouissement sur les plans précités.
M. le Président, il y a même des corporations
professionnelles qui ont été, sinon hostiles, au moins
très indifférentes aux représentations faites depuis
plusieurs années. Pour qu'on ait une véritable immigration
sélective, pour que ces immigrants choisis par et pour le Québec
puissent s'intégrer facilement et se trouver heureux dès leur
arrivée... On a bloqué l'entrée à toutes ces
professions, parce que les corporations quelles qu'elles soient s'y
obstinaient. Or, je pense que le bill, dans sa portée première,
permet aux immigrants professionnels de sauter par-dessus une foule de
tracasseries légales et avec le consentement des corporations d'entrer
de plain-pied avec leurs connaissances sur le plan scientifique, sur le plan
technique et apporter en fait leurs connaissances pour l'épanouissement
du Québec.
Je pense que, sur cet aspect, le bill est reçu
avec joie, même s'il est modeste, comme je le
répétais tout à l'heure; cette chasse gardée par
les professions vient de sauter littéralement par les prescriptions du
bill. Or, il faudrait à mon sens, comme l'a signalé le ministre
ce matin, intensifier les démarches pour rejoindre la totalité
des professions en autant que c'est possible. Evidemment, si l'on demande au
Barreau d'accepter un avocat qui viendrait d'Angleterre, bien M. le
Président, comme avocat, vous savez fort bien qu'à ce
moment-là il y aurait peut-être des risques assez
considérables puisque au sujet du code civil, ce n'est pas du tout, dans
son ensemble, en tout cas, les mêmes règles et la même
conception, la même mentalité juridique. Mais il faut intensifier
ces démarches auprès de toutes les corporations pour nous
permettre d'une façon très souple, de faire appel, ou de se
servir de l'immigration pour notre propre enrichissement. Deuxièmement,
pour que ces gens se sentent des citoyens précieux dès le
début, des citoyens bienvenus sur le sol hospitalier du Québec et
des citoyens qui veulent avec nous, main dans la main bâtir un
Québec prospère sur le plan économique, et un
Québec où la culture française pourra rayonner davantage
et avoir un aboutissement heureux.
M. le Président, par le truchement de ces prescriptions qui
rendent beaucoup plus facile l'intégration sur le plan professionnel des
immigrés, il faudrait tenir compte, je pense, d'une façon
très rérieuse, de deux facteurs primordiaux si nous voulons
atteindre les buts visés dans le bill.
Je suis conscient du fait que le ministre présente son bill
après étude approfondie. Je présume que le ministre a
déjà fait des études assez poussées pour que l'on
sache quels sont les besoins à court terme et à long terme de ces
professionnels qui s'ingégreront plus facilement à la
société québécoise.
D'autre part, il faudra tenir compte également, avec la
même rigueur et la même sérénité d'esprit, des
réservoirs de futurs professionnels qui vont sortir des CEGEP et des
universités d'ici les cinq ou six prochaines années. Il y aurait
un danger à prendre à la lettre les aspects
bénéfiques de cette prescription, si on se rend compte que
certains sociologues et économistes nous affirment que nous avons
besoin, par exemple, demain matin ce n'est qu'une pure hypothèse
de 400 optométristes. Si on ne tient pas compte, à ce
moment-là, que dans deux, trois ou quatre ans, 500, 600 ou 700
optométristes sortiront des CEGEP et des universités, cela pourra
devenir une injustice flagrante pour nos jeunes Québécois qui
fréquentent des institutions supérieures.
M. le Président, je pense que le ministre et le ministère
devront tenir compte, d'une façon très rigoureuse, de ces deux
éléments: premièrement, de nos besoins actuels et futurs
sur le plan des sciences et des professions; deuxième- ment, de ces
futurs professionnels qui, actuellement, sont soit aux polyvalentes, soit aux
CEGEP ou même rendus à l'université.
M. le Président, le second but visé par le bill 64 est
d'exiger que ces professionnels émigrants aient une connaissance assez
bonne de la langue française. Encore là, les motifs qui ont
inspiré cette précaution essentielle sont des plus nobles. Mais
encore là je pense que nous nous frottons pratiquement à un
paradoxe, parce qu'au même moment où on exige que ces
professionnels viennent s'intégrer au Québec, sachant bien que la
culture de la majorité est française et qu'ils doivent à
ce titre pour être reçus d'une façon chaleureuse, pour
être intégrés et pour s'adapter sans friction et sans
hostilité connaître les rudiments de la langue française et
la parler couramment, on se fera, dis-je au paradoxe que plusieurs
professionnels actuellement au Québec, ainsi qu'une quantité
considérable d'hommes d'affaires et même des scientifiques ne
possèdent même pas ces rudiments de la langue
française.
On se rend compte également et on en a des preuves
évidentes, éclatantes, éloquentes depuis quelque temps,
que des compagnies importantes semblent hésiter ou semble s'obstiner
à ne pas accepter la langue française comme langue de travail. Il
est évident que si je m'en remettais au voeu pieux exprimé par le
premier ministre que prochainement il y aura une législation assurant
que le statut de la langue française sera non seulement reconnu mais
accepté partout... Disons que ce n'est qu'un voeu pieux que je crois
sincère de la part du premier ministre, mais qui n'a pas pris corps au
moment où on adopte le bill.
Ce qui me permet, je pense, M. le Président, d'esquisser les
éléments de ce paradoxe à l'effet que les professionnels
qui demain arriveraient ici seraient forcés, obligés j'en
conviens et j'y soucris de posséder des rudiments de la langue
française et de la parler d'une façon courante acceptable et
décente.
Or, M. le Président, je souhaite que le ministre des Affaires
culturelles et en l'occurrence le ministre de l'Immigration se fassent des
plaideurs acharnés pour convaincre leurs collègues du cabinet que
ce paradoxe pourrait devenir drôlement et injuste, et embêtant et
indécent.
M. le Président, en terminant, je souscris avec plaisir à
ce projet de loi et, avec un petit point de vanité, j'aimerais dire au
ministre que j'ai été le premier, dans cette Chambre, à
prendre une position ferme sur les nécessités de structures
administratives, d'une certaine philosophie consistante de l'immigration, et
que j'avais, je pense, en 1964 ou en 1965, présenté à
l'attention de cette Chambre une motion demandant la création d'un
ministère de l'Immigration, ministère qui aurait pour objet de
desservir, dans son action, les intérêts économiques,
culturels et sociaux du Québec.
Or, depuis ce temps, M. le Président, et avec
humilité, la motion a fait du chemin, comme on dit. Il y a eu un
service assez modeste, au début, qui a suivi la motion. Par la suite, on
a assisté à la création du ministère de
l'Immigration. Je déplore que, depuis quelques mois, comme depuis
quelques années, il n'y ait pas eu plus de législation dans ce
secteur précis parce qu'à mon sens, cela devient tellement
important pour les Québécois, pour la majorité
française au Québec, surtout au moment où le taux de
natalité diminue d'une façon assez dramatique. Je pense que nous
devons prendre les outils qui s'imposent en immigration, et je pas laisser le
champ libre à Ottawa pour que l'immigration soit faite par Ottawa et
pour Ottawa, mais bien qu'une immigration lucide soit faite par le
Québec et pour les intérêts supérieurs du
Québec.
M. LE PRESIDENT (Hardy): L'honorable député de
Frontenac.
M. Paul Latulippe
M. LATULIPPE: M. le Président, nous sommes heureux de prendre la
parole pour souligner que nous sommes d'accord avec le principe de ce projet de
loi. Nous félicitons le gouvernement de l'initiative qu'il a prise
d'apporter dans ce domaine, dès le début de la première
année de son mandat, une loi qui s'imposait depuis longtemps.
Nous aurons quelques remarques à apporter lors de l'étude
en comité. Aussi, nous nous contenterons de souligner ici que nous
sommes parfaitement d'accord avec l'exposé du ministre et aussi avec
l'exposé de l'honorable député de Bellechasse, qui a
très bien présenté une revision du problème de
l'immigration.
Il a apporté une certaine nuance relativement au problème
du contrôle des corporations professionnelles, sujet que nous aborderons
en troisième lecture, à l'article 2.
Merci, M. le Président.
M. LE PRESIDENT (Hardy): L'honorable député de
Saint-Jacques.
M. Claude Charron
M. CHARRON: M. le Président, nous attendions aussi avec une
certaine impatience que le jeune ministère de l'Immigration en vienne
à ses premières législations. C'est une des
premières lois de ce jeune ministère, encore bien fragile, autant
dans l'organigramme gouvernemental que dans la mentalité, dans
l'acceptation de la population. Cette loi en porte les marques, d'une certaine
façon, parce qu'elle est aussi bien fragile. Disons tout de suite,
puisque nous en sommes à cette deuxième lecture, que le principe
même de la loi est excellent et reçoit notre accord complet. Sans
aucune espèce de honte, nous félicitons le ministre de
l'Immigration d'avoir amené ce projet de loi, malgré les
réti- cences de son parti et de la députation
ministérielle, et d'avoir quand même passé au travers des
querelles normales qu'il devra subir dans son parti tant et aussi longtemps
qu'il voudra continuer dans ce sens.
M. GARNEAU: M. le Président, j'invoque le règlement...
M. LE PRESIDENT (Hardy): A l'ordre!
M. GARNEAU: Le député de Saint-Jacques n'a pas le droit de
présumer, il n'est pas au courant des discussions qui ont eu lieu
à l'intérieur du conseil des ministres et du caucus. C'est de la
pure invention du député de Saint-Jacques.
M. CHARRON: Alors, je l'invente volontairement.
M. GARNEAU : Si vous voulez mentir effrontément à la
population, allez-y.
M. CHARRON: Je vais mentir avec autant d'aise que vous venez de le
faire. M. le Président, je félicite donc le ministre de
l'Immigration d'avoir su mener à bon port, au moins jusqu'en
deuxième lecture, le projet de loi 64. L'immigration est un domaine bien
particulier de notre vie collective et, chaque fois que nous nous y
attaquerons, il soulèvera, autant dans ce parti que dans la population,
des querelles et des divisions. Le jeune ministère de l'Immigration, qui
présente aujourd'hui un premier projet de loi, connaîtra aussi
beaucoup de difficultés et le nouveau ministre de l'Immigration
doit déjà en être au courant dans l'administration
quotidienne, encore une fois, dans la jonction, dans la doublure de
ministères avec la structure fédérale. Il y a des
querelles fédérales- provinciales interminables où, la
plupart du temps, on essaie toujours de sauver des pouvoirs que,
légitimement, nous devrions déjà maintenir. C'est dommage
que l'immigration et toute politique d'immigration aient à subir autant
de problèmes, parce que et il est bon de le rappeler
l'immigration est une chose terriblement importante, et combien même
fragile, en un certain sens, dans l'esprit de la population et dans toutes les
législations qui l'entoureront.
Il est important de le rappeler après les fameux débats du
bill 63, l'année dernière, car l'unique représentant que
nous avions en cette Chambre avait reçu de la part de certains autres
membres de la Chambre des quolibets qui paraissent assez invraisemblables
à la lecture du journal des Débats, concernant son attitude
vis-à-vis des immigrants. Il est assez facile de prendre un parti
nationaliste, de le réduire à un troupeau prétendument
raciste et de faire ainsi du problème de l'immigration une des attaques
les plus viles qu'on puisse connaître contre une formation politique.
Le ministre a raison de soulever, dans son discours de
présentation, l'immense effort entrepris par son ministère pour
détruire dans la conception populaire certains préjugés.
Le dernier document publié par le ministère de l'Immigration
à cet effet était excellent, également. Le bill 64
touchera ce domaine et s'attaquera, lui aussi, à des
préjugés populaires. Que la position de notre parti politique sur
cette question soit bien claire. Pour nous, il est évident que
l'immigration, pour n'importe quelle collectivité et peut-être
pour la nôtre en particulier, doit être inscrite au chapitre des
gains très nets. Dans toute l'histoire du Québec, nous ne sommes
que les seuls à blâmer si l'immigration a eu un mauvais
côté. Il reste qu'elle a été un gain pour le
Québec et, en particulier, pour cette catégorie de gens que vise
le bill 64, les professionnels.
Au moment où, de notre côté, comme
collectivité, nous tenions volontairement et cyniquement à rester
un peuple non éduqué qui s'acharnait dans sa
médiocrité, très souvent, ce sont des étrangers qui
sont venus s'installer chez nous et qui ont fourni, dans le domaine de
l'éducation, des efforts que nous n'avions pas le coeur, à ce
moment-là, d'entreprendre. Nous leur devons quelque chose dans beaucoup
de domaines le ministre des Affaires sociales pourrait en citer
les domaines médicaux et para-médicaux, entre autres. Combien de
fois avons-nous pu profiter de l'apport de certaines têtes brillantes de
l'étranger qui sont venues participer à l'effort
québécois de découverte que nous faisons depuis une
dizaine d'années.
L'immigration a été, pour nous, un gain très net
dans la période qui a précédé le réveil du
Québec. Elle l'est encore plus aujourd'hui et elle le sera encore
davantage lorsque le Québec aura accédé à la
souveraineté, parce qu'il sera encore plus important pour le
Québec d'aller chercher des hommes et des femmes prêts, quel que
soit leur pays d'origine, à collaborer à notre découverte
et à notre réalisation.
Vous le savez le député de Bellechasse le
soulignait également dans son intervention si l'immigration est
l'objet de préjugés populaires que vous avez mentionnés,
c'est parce qu'il est bien clair aussi qu'elle est ici un danger.
C'était la position que nous avions prise lors du bill 63 et que nous
voulions souligner de toutes nos forces à ce moment-là. Cette
collectivité est anormale. Cette collectivité n'a pas les
structures nécessaires pour vivre normalement.
Cette collectivité-là n'a pas en elle tous les outils
nécessaires pour se développer. Ce qui pourrait être, dans
une autre société, un gain net et indubitable, peut se
transformer chez nous en un danger presque mortel pour cette
collectivité. Nous n'avons pas les reins assez forts pour
employer une image pour nous permettre de nous fermer les deux yeux sur
le danger que peut signifier une immigration incontrôlée.
Si les préjugés populaires sont nés, c'est bien
sûr que c'est parce que certains esprits les entretenaient, mais c'est
aussi parce que cette collectivité-là est affolée. Et
n'ayant pas trouvé le pôle normal qu'est celui de son
indépendance, n'ayant pas trouvé le pôle normal qu'est
celui de sa décision collective de vivre par elle-même, parfois
même elle fait des chasses aux sorcières, et voit partout surgir
des dangers. Cette collectivité est anormale, elle est donc
peureuse.
Les préjugés populaires, quant aux immigrants voleurs de
"jobs", sont nés là-dessus aussi. Ils sont nés aussi non
seulement dans la population ouvrière, mais aussi dans la population
bien bourgeoise du Québec qui a comme un certain besoin de se justifier,
de se donner une force morale qu'elle n'a pas parce qu'elle appartient à
une collectivité faible. Elle a besoin parfois de se trouver une
certaine force en se redéfinissant par rapport à d'autres groupes
ethniques et en les ridiculisant.
C'est quand même, il faut le dire, extraordinaire que cette
collectivité, aussi anormale soit-elle, ne soit pas tombée plus
bas dans les tendances au racisme ou dans les préjugés que vous
définissiez il y a quelques instants. Faut-il qu'on l'ait brimée,
cette société, pour qu'elle soit aujourd'hui si nerveuse, et
qu'elle s'inquiète, à si peu de choses, de ce qu'on est à
lui enlever, compte tenu des efforts qu'elle a faits pour acquérir ses
derniers gains. Elle a pourtant résisté avec une force
extraordinaire. Il y a des tas d'autres peuples dans le monde dans la
même situation que nous et qui n'ont pas su résister. Ils se sont
ensuite lancés dans un dévergondage contre tous les
étrangers du pays.
Les Québécois ont été suffisamment forts
dans ce sens. La preuve en est que nous avons même voulu, depuis quelques
années, avoir un ministère de l'Immigration, que nous parlons
déjà maintenant et une bonne partie de la population est
d'accord avec nous de prendre complètement en main cet outil de
développement économique et social qu'est l'immigration. La
réaction au projet de loi 63, l'année dernière,
était fondamentalement saine; elle ne s'adressait pas contre les
étrangers, elle voulait s'assurer que les immigrants allaient participer
avec nous en nous respectant.
C'est nous respecter nous-mêmes, c'est aussi respecter les
immigrants que de leur dire: Voyez, vous n'arrivez plus dans un troupeau
d'indigènes qui va se laisser ballotter d'un côté et de
l'autre. Vous arrivez maintenant, et nous sommes fiers de vous accueillir, dans
une collectivité qui a décidé de vivre par elle-même
et qui a décidé de réaliser elle-même ce qu'elle
est.
C'est respecter les immigrants que de se respecter nous-mêmes
vis-à-vis d'elle. C'est ce que nous disions au moment du bill 63,
malgré les chahuts, malgré les quolibets que nous
méritions en cette Chambre. C'est ce que nous disons, c'est ce que nous
sommes prêts à répéter encore aujourd'hui. C'est ce
que nous dirons
lorsque le Québec sera souverain. Venez, nous n'avons plus honte
de vous accueillir, nous ne sommes plus le "cheap labour", nous ne sommes plus
ceux de qui vous pourrez rire à volonté.
Nous ne sommes plus ceux de qui vous vous rirez en voyant le
comportement politique. Nous ne sommes plus un pays anormal qui se
déchire dans des querelles. Venez participer avec nous, dans notre
langue, parce que maintenant nous avons prouvé que nous en avons une.
Venez participer avec nous à cette élaboration du Québec.
C'est ce que nous disions au moment du bill 63. C'est pourquoi nous appuyons le
principe du bill, du projet de loi 64 qui est devant nous aujourd'hui.
Il faut inviter, dans les termes mêmes du projet de loi les
professionnels étrangers à venir participer à notre essor
et ainsi leur favoriser l'entrée tel que le propose le projet de loi 64.
Si les préjugés populaires existent, si la méfiance
existe, c'est que le danger est extraordinairement sérieux. Nous ne
sommes pas une collectivité de 250 millions d'habitants. Nous ne sommes
pas la plus grande puissance du monde pour pouvoir nous transformer à
chaque quart-d'heure en un véritable "melting pot". Nous ne sommes pas
ça.
Nous sommes une collectivité qui, de façon presque
miraculeuse et incompréhensible, des 65,000 qu'elle était en
1760, est maintenant devenue un peuple soucieux de sa vigueur et soucieux de sa
propre culture, un peuple de 5 millions et demi d'habitants. Voilà ce
que nous sommes devenus, les dangers sont là. Ils nous entourent et nous
manquons suffisamment... Combien d'exemples ont été cités
devant nous du manque de force que nous avons eue, pour ne pas dire avec une
espèce d'aisance incroyable: Venez, employez la langue que vous voudrez,
nous, de toute façon, il nous restera bien notre folklore.
On ne peut pas parler d'immigration sans évoquer le bill 63,
parce que ce projet de loi-ci est dans l'esprit du projet de loi qui a
soulevé tellement la population l'année dernière. Est-il
possible de penser que cette collectivité que nous sommes,
collectivité québécoise peut comme ça, du jour au
lendemain, se foutre éperdument de cet outil? Nous ne pouvons pas en
laisser passer un seul. Nous sommes tellement arriérés
économiquement, nous sommes tellement dépourvus socialement, nous
sommes tellement faibles politiquement, qu'aucun outil ne doit nous
échapper. L'immigration est un outil, c'est un gain pour qui sait
l'utiliser. Et c'est pourquoi nous invitons les immigrants à participer
à cet effort.
La loi 64 sent le danger qu'il y a de latent à la situation de
l'immigration dans un Québec et dans la collectivité
québécoise. C'est pourquoi il y a ces quelques lignes, quant
à l'obligation d'une connaissance d'usage de la langue française.
Bravo! Bravo, M. le Ministre d'avoir résisté à certains
membres de la députation de votre parti. Bravo! Bravo, d'avoir
résisté aux pressions de la caisse électorale. Bravo!
Bravo, encore une fois, M. le Ministre, d'avoir plus de force que le premier
ministre devant General Motors. Bravo!
J'espère qu'on ne s'en tiendra pas qu'au principe de la loi et
que ce ne sera pas que lettre écrite dans une loi, mais que votre
ministère s'appliquera comme l'amendement que vous nous suggérez
que nous allons appuyer également le signale, pour
vérifier cette connaissance d'usage du français, que trois
semaines de débat, l'année dernière, sur le bill 63, n'ont
pas définie.
On ne sait toujours pas ce qu'est une connaissance d'usage du
français. J'espère que vous vous y appliquerez le plus rapidement
possible et que vous aurez l'occasion en comité, lorsque nous
étudierons cet article, de nous définir ce qu'est la connaissance
d'usage du français.
Il ne faudrait pas avoir peur de retrouver la même rigueur et de
l'appliquer également aux représentants des autres provinces du
Canada, dont nous faisons encore partie. Je vous entendais, ce matin, dans le
discours de deuxième lecture, dire que cette clause ne s'appliquerait
qu'aux étrangers, mais que les habitants canadiens des autres provinces
n'y seraient pas soumis. C'est-à-dire qu'un ingénieur de Prague,
qu'un médecin de Lisbonne, pour pratiquer à Montréal,
devraient maintenant avoir une connaissance d'usage du français, mais
qu'un ingénieur de Smith's Falls, ou un médecin de Calgary, qui
viendrait s'installer à Montréal n'aurait pas la même
obligation.
Pourquoi? Pourquoi est-ce que, comme collectivité, nous ne
trouverions pas suffisamment de dignité pour dire à ceux qui sont
encore nos compatriotes canadiens, pour employer votre propre vocabulaire, ceux
qui sont encore nos concitoyens, pour dire, si on y croit vraiment à ce
Canada-là: Vous êtes ici dans la partie française du Canada
et il faut une connaissance d'usage du français?
C'est bien mal patiner avec une politique linguistique que de ne
l'appliquer qu'à un groupe étranger et pas à d'autres.
Cela ressemble étrangement aux discours fracassants et vides que nous
avons eus en cette Chambre sur la politique linguistique du gouvernement face
à la General Motors. Tout s'éteint, tout s'écroule,
à un moment donné. Pourquoi ne pas tenir bon? Pourquoi nous
écrouler devant l'immigration canadienne? C'est elle la plus nombreuse.
Il y a beaucoup plus de Torontois et de Manitobains ou je ne sais trop qui
viennent s'installer au Québec, je crois bien, que des gens de la
Grande-Bretagne ou de la Jamaïque. Et c'est là qu'est le
véritable danger pour les Québécois, et il faut appliquer
le même principe de la connaissance d'usage du français à
tous les immigrants canadiens qui viennent s'installer en terre
québécoise.
Je reviens sur le voeu que vous nous définissiez en comité
le plus précisément possible, et nous vous y aiderons, ce qu'est
la connaissance d'usage du français. Cela peut être
édulcoré d'une façon sensible, comme le souhaite une
partie des membres de cette Chambre; ça peut devenir une simple question
de routine et un test que l'on fait passer aux immigrants pour savoir s'ils
sont prêts à répondre oui ou non en français. Mais,
dans leur pratique, dans l'ensemble des relations, soit avec leur
clientèle, soit avec leur personnel de bureau, cela se fera
peut-être dans la langue anglaise.
Cette loi doit être acceptée, nous voterons pour et nous
suggérerons des modifications pour la rendre plus solide. Il faut,
aujourd'hui, accepter le principe qu'il n'est plus nécessaire
d'être citoyens canadien pour participer au développement de la
socitété québécoise. Nous serions même
prêts à aller plus loin que votre projet de loi, en cette
matière.
Nous serions même prêts à dire qu'il suffira qu'un
immigrant soit domicilié au Québec pour qu'il puisse pratiquer,
s'il répond, évidemment, aux autres conditions des corporations
professionnelles. Pourquoi l'obliger à s'engager à demander la
citoyenneté canadienne au bout de cinq ans? Pourquoi est-ce qu'un
médecin français qui vient s'installer ici sans trop
savoir pour combien de temps, au départ mais mettons trois ans
serait obligé de s'engager à demander la citoyenneté
canadienne au bout de cinq ans, s'il est encore au Québec? Et tout ce
temps-là il ne pratiquerait pas, s'il veut garder sa citoyenneté
française? S'il est ici pendant dix ans? Il y a des gens qui sont ici
pendant dix ans et qui n'ont pas demandé la citoyenneté
canadienne. Je peux, moi, demain, partir ce pourrait être le
souhait d'une partie de cette Chambre pour dix ans à Cuba, pour
citer le député des Iles-de-la-Madeleine; je pourrais partir pour
Cuba, M. le Président, et y pratiquer mon métier, sans, pour
autant, vouloir perdre ma citoyenneté canadienne, à laquelle je
tiens, d'ailleurs, le ministre n'en doute pas.
M. CASTONGUAY: Ce n'est pas certain qu'ils vous accepteraient
là-bas.
M. CHARRON: Nous formulerons un amendement en ce sens pour que la seule
condition d'être domicilié au Québec et de répondre
aux exigences des corporations professionnelles soit suffisante pour permettre
aux médecins ou n'importe quel membre des dizaines de corporations qui
figurent dans le bill, de pratiquer. Nous ne pouvons pas les obliger à
prendre une citoyenneté, que, normalement, pas plus moi qu'eux ne
veut.
Une autre raison qui nous fera accepter le principe du bill, c'est que,
bien sûr, tout domaine où nous augmenterons notre sens des
responsabilités face à cet outil de développement qu'est
l'immigration devra être encouragé. Il reste quand même que
nous demeurerons très vigilants dans l'application de cette loi. Il
reste que notre conception fondamentale demeure la même. Le
bien-être des immigrants ira parallèlement croissant au
bien-être de l'ensemble des Québécois. Ils ne se sentiront
eux-mêmes bien dans cette société que quand cette
société sera bien elle-même. Tant et aussi longtemps que
nous serons refoulés dans l'anormalité, eux, peut-être
avant d'autres groupes, hélas, devront en faire les frais.
Il y avait une partie assez je me souviens des
événements de Saint-Léonard dégoûtante
dans ces événements-là. Je me souviens, en particulier, de
l'affrontement avec les Raymond Lemieux et autres gens de cette espèce,
dans les rues de Saint-Léonard; il y eut un affrontement entre Canadiens
français et immigrants néoquébécois italiens, ceux
que la commission Lau-rendeau-Dunton appelait les numéros 13 et les
numéros 14, économiquement, au Québec. On est très
fort là-dessus. Entre les 10, 11, 12 et 14, on se bataille entre nous,
pendant qu'en haut les numéros 1 et 2 regardent les indigènes
s'entre-déchirer et se calment et se cachent et se terrent. Si les
projets de loi comme le projet de loi 64 peuvent nous permettre
d'éteindre ces anomalies, ils n'éteindront jamais l'anomalie
fondamentale de ce peuple-là, qui est celui de son manque
d'autodétermination, de son manque de vie personnelle.
Les immigrants ne seront bien au Québec que quand le
Québec sera bien lui-même. Si nous favorisons, par le bill 64, le
sort des immigrants au Québec, il faudrait des tas d'autres lois pour
favoriser, à nous autres aussi, notre propre épanouissement. Nous
l'appuierons en admettant principalement que la meilleure chose que nous
pouvons faire pour les immigrants, c'est de leur donner un pays, un vrai, le
même que le nôtre quand nous en aurons un.
Merci, M. le Président.
M. Victor-C. Goldbloom
M. GOLDBLOOM: M. le Président, il serait peut-être utile
que je dise quelques mots sur ce projet de loi et sur ses deux principes: celui
de la libéralisation de l'accès à l'exercice de certaines
professions et celui de l'exigence d'une connaissance d'usage de la langue
française. Si mes brèves remarques servent de réponses
à certaines expressions d'opinions et à certains articles, tant
mieux, mais ce n'était pas mon intention et ce n'était pas dans
cette optique qu'elles ont été préparées.
Autrefois, M. le Président, je prends comme exemple la
profession à laquelle j'appartiens et que je connais mieux que les
autres les médecins nord-américains se dirigeaient vers
l'Europe. Les écoles de médecine d'Europe attiraient beaucoup de
nos collègues. C'est au cours de ce XXe siècle que le tableau a
changé de façon dramatique. Feu mon père qui, après
la
première guerre mondiale, a voulu parfaire ses connaissances, est
allé à Berlin rester quelques mois auprès d'un grand
professeur allemand. D'autres sont allés à Vienne, à
Budapest, à Londres, à Edimbourg et, plus tard, à
Stockholm. On allait s'abreuver aux fontaines du savoir de ces villes. On
revenait à une époque où le Collège des
médecins était moins sévère, sur un aspect
particulier de la déonthologie médicale; on voyait donc,
jusqu'à tout récemment, des annonces encadrées dans les
pages jaunes de l'annuaire du téléphone où les
médecins se disaient diplômés des hôpitaux de Paris,
de Lyon, de Lausanne ou de Bruxelles.
Aujourd'hui, le courant coule dans l'autre sens. Non seulement, M. le
Président, autrefois, ces centres européens offraient-ils des
hôpitaux et des facultés de médecine, mais les cliniques,
dirigées par des grands professeurs, étaient en même temps
des salons où l'on pouvait parfaire une formation intellectuelle et
développer l'esprit critique qui est essentiel aux médecins.
Aujourd'hui, évidemment, à la suite de la deuxième
guerre mondiale et de ses effets désastreux sur la médecine
européenne, ce sont des médecins de tous les coins du monde qui
viennent vers nous.
Il est intéressant de souligner que le prix Nobel en
médecine a été établi en 1901 et que ce n'est qu'en
1912 que le premier médecin nord-américain s'est vu
décerner ce prix important. C'était, en l'occurrence, le docteur
Alexis Carrel, d'origine et de formation européenne. Ce n'est qu'en 1933
que le premier diplômé d'une université
nord-américaine a reçu le prix Nobel en médecine. Et
pourtant, depuis ce temps, les deux tiers des médecins honorés de
cette façon sont de notre continent.
Le problème du médecin immigrant est fort complexe et nous
ne devons pas nous faire l'illusion de le régler dans son ensemble par
l'adoption du projet de loi qui est devant nous aujourd'hui. Il y a d'autres
problèmes qui se posent à ce médecin qui arrive chez nous.
Il y a, au moins, 65 juridictions sur le continent. Il n'y en a pas une seule
qui n'impose pas aux médecins immigrants des exigences dont le
diplômé nord-américain est exempté. Il y en a
peut-être dix qui maintiennent leur propre liste de pays et
d'universités reconnues.
Il y a au moins six états des Etats-Unis qui refusent
carrément d'admettre un médecin immigrant, un médecin qui
n'a pas reçu sa formation sur ce continent. Il y avait, jusqu'à
tout récemment, une province canadienne qui agissait de la même
façon et ce n'était pas le Québec.
Plus de la moitié de ces juridictions refuse la
réciprocité du droit d'exercice. C'est-à-dire que,
malgré le fait que le médecin d'origine ou de formation
étrangères a réussi les mêmes examens et obtenu les
mêmes certificats de compétence que le médecin autochtone,
il est soumis à d'autres exigences quand il veut changer le lieu de sa
pratique.
Le droit d'exercice de la médecine a toujours été
un droit général. Il pourra être divisé
horizontalement, en secteurs de spécialisation, mais il n'a jamais
été divisé verticalement en niveaux de compétence.
Je soumets que nous avons la responsabilité d'être justes à
l'égard de la population du Québec, qui a le droit d'être
soignée par des médecins compétents, mais en même
temps, à l'égard du candidat qui, lui, a le droit de se trouver
sur un pied d'égalité avec d'autres médecins, s'il
réussit les mêmes examens.
Aux Etats-Unis, depuis quelques années seulement, on offre un
examen national. Il est bouleversant de constater que le pourcentage des
échecs est de 8.9 p. c. chez les autochtones, mais de 63.6 p. c. chez
les médecins immigrants. L'explication n'est pas simplement une
différence de connaissances. Il y a des facteurs de langue, de tension
nerveuse et autres qui jouent certainement contre le médecin
immigrant.
Je conviens alors que les examens ne suffisent pas en eux-mêmes.
Je crois qu'il faut une certaine période qui, pour le candidat, en est
une d'adaptation et souvent d'apprentissage linguistique, mais qui, pour l'Etat
et pour la profession, en est une d'observation, parce qu'on sait fort bien
qu'un médecin peut posséder d'abondantes connaissances
scientifiques, mais manquer gravement de jugement ou être insupportable
sur le plan des relations humaines. En effet, la faiblesse humaine étant
ce qu'elle est, la migration d'une personne d'un endroit à un autre est,
dans certains cas, directement attri-buable à de tels défauts. Il
faut donc juger le médecin immigrant pour lui-même, pour ce qu'il
est. Il ne faut pas l'exclure de façon systématique de nos
hôpitaux. On a trop souvent tendance à dire que celui qui n'est
pas aussi bon que les autres doit être exclu des centres où il
peut, justement s'améliorer. Mais en l'excluant, on l'empêche,
à tout jamais peut-être, d'atteindre un niveau de
compétence, un niveau auquel il a droit et auquel la population du
Québec a droit.
Nous avons aussi une certaine responsabilité envers d'autres
pays. Il y avait, en 1967 je n'ai pas de chiffres plus récents
plus de 17,000 internes et résidents en formation dans les
hôpitaux de l'Amérique du Nord: 80 p. c. de ces médecins
venaient de quinze pays seulement, et plus de la moitié, de six pays
asiatiques qui sont en voie de développement. Cinq ans auparavant, ce
n'était que le tiers qui venait de ces six pays.
Or, nous avons une certaine responsabilité à ne pas vider
ces pays des talents dont ils ont besoin au moins autant que nous.
J'arrive enfin, M. le Président, au deuxième principe du
projet de loi. On dit que par l'application de ce principe le Québec
risquera de se
priver de compétences qui autrement viendraient alimenter nos
connaissances et faire progresser notre médecine et nos autres
professions. Il me semble que nous discutons ici d'une classe de la
société qui jouit déjà d'une certaine formation,
qui est nécessairement universitaire dans la plupart des cas, et presque
toutes les universités de l'Amérique du Nord exigent une
deuxième langue aujourd'hui.
Il me semble qu'il est normal que celui qui est admis à
l'exercice de la médecine ou de tout autre profession soit en mesure,
s'il est appelé à soigner un accidenté dans la rue, de
parler avec cette personne et de la comprendre et il y a 80 p. c. de
chances que cet accidenté au Québec soit de langue
française . Il me semble qu'il est possible pour un chirurgien de
pénétrer dans la salle d'opération une fois le malade
endormi par l'anesthésiste, de pratiquer l'intervention chirurgicale et
de ne pas avoir à converser avec le malade. C'est possible. Ce n'est pas
de la bonne médecine, mais c'est possible.
Mais je vois mal un psychiatre, par exemple, venir ici au Québec
servir dans la clinique externe d'un hôpital, recevoir un malade qui a
besoin de soins et de conseils et être dans l'impossibilité de lui
répondre, de l'écouter et de le comprendre.
On dit que le Québec risque de se priver de ces
compétences. Mais c'est quoi, le Québec? Ce n'est pas simplement
Montréal. Nous disons souvent qu'il faut amener des médecins dans
des coins éloignés de la province où ils ne vont pas en
grand nombre. On dit que les médecins immigrants seraient des candidats
tout indiqués pour aller servir dans ces régions, étant
dans la majorité des cas désireux de s'établir rapidement
en pratique.
Mon Dieu! M. le Président, si l'on est pour les envoyer dans des
coins de la province où la langue parlée est le français,
il faudrait que ces médecins possèdent cette langue ! Plus que
cela, un médecin qui vient ici et je reviens à celui qui a
des connaissances toutes particulières, qui est recherché par le
Québec et par nos institutions il me semble qu'il ne viendrait
pas vivre dans une tour d'ivoire mais voudrait participer aux activités
de sa profession. Je voudrais souligner que depuis 20 ou 25 ans il y a des
changements radicaux à l'intérieur de la profession. Avant ce
temps il y avait généralement, dans chaque domaine de la
médecine, deux associations: une de langue anglaise, l'autre de langue
française. Depuis lors, il n'en existe qu'une seule. L'on y parle la
langue de son choix mais les deux langues sont parlées et,
espérons-le, comprises. Si ce médecin veut participer et donner
son plein rendement, sa pleine valeur, il faudra qu'il soit en mesure de
participer non seulement dans un petit groupe restreint mais dans des
échanges de vues, de donner des conférences, d'en écouter
d'autres. Il faudra qu'il soit de notre pays, et pour être de notre pays,
au Québec, il faudra qu'il comprenne le français.
Il me semble qu'il aurait été préférable de
ne pas être obligé de présenter ce projet de loi. Il aurait
été préférable que les corporations
professionnelles agissent d'elles-mêmes pour admettre plus facilement les
immigrants. Il aurait été préférable que nous ayons
agi collectivement de façon à ne pas être obligé de
légiférer sur cette question aujourd'hui.
Je cite mon collègue le député de Verchères,
ministre de l'Education, qui dit souvent que, dans les métiers de
service, comme aux postes d'essence, on devrait pouvoir se faire servir dans
une langue ou dans l'autre. Il me semble que nos professions j'ai de la
misère à m'en convaincre quelquefois sont aussi des
métiers de service et que pour bien servir la population, nous devrions
être en mesure de la servir dans sa propre langue.
On a fait allusion au bill 63, M. le Président. Je me rappelle le
débat, les manifestations; je me rappelle aussi une émission
radiodiffusée deux ou trois jours plus tard. C'est une émission
qui m'a profondément attristé. On a annoncé qu'on avait
apporté dans la rue des microphones et qu'on avait interviewé les
passants. On a dit qu'on allait présenter, sans interruption, pendant
cinq minutes, le ruban confectionné de plusieurs petits bouts
découpés puis collés ensemble. On a dit qu'on diviserait
l'émission en deux parties.
Je me suis dit, en anticipant, que c'était peut-être de la
propagande; mais non. Dans la première partie on demandait: En quoi
consiste le bill 63? Voici des exemples des réponses: Le bill 63, c'est
sur la Régie des alcools. Le bill 63, c'est sur les permis de conduire?
etc. Dans la deuxième partie, on posait la question suivante: Qu'est-ce
que vous pensez du bill 63? La réponse venait à
répétition: Sorry, I don't speak French.
Ce n'est pas cela, vivre au Québec, M. le Président. C'est
malheureusement cela, mais cela ne devrait pas être ainsi.
Je suis un Québécois. Je suis, dans cette Chambre et
ailleurs, agent de communication et, j'espère, de compréhension.
Avec la majorité des députés de cette Chambre et avec la
majorité de la population de cette province, je voudrais conserver
l'unité du Canada. Je crois que cette unité est
menacée.
Je crois que les problèmes, qui vont jusqu'à des dangers,
qui existent chez nous, sont largement sous-estimés et mal compris,
même ici, au Québec.
Je crois et je répète que j'aurais
préféré de beaucoup que ce projet de loi ne soit pas
nécessaire je crois, en l'appuyant, que dans ses deux principes
se trouvent peut-être la rançon et, j'espère, la garantie
du Canada.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Chicoutimi.
M. Jean-Noël Tremblay M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le
Prési-
dent, vous comprendrez que j'endosse le projet de loi
présenté par le ministre des Affaires culturelles.
Ce projet de loi s'inscrit dans le cadre d'une politique amorcée
depuis déjà plusieurs années et qui, par étapes, se
complète et se perfectionne en vue de faciliter non seulement
l'immigration, mais davantage l'intégration des immigrants dans la
société québécoise. Le ministre des Affaires
culturelles a, dans son exposé, soulevé certaines questions et
évoqué certains problèmes. Il a notamment fait mention des
préjugés qui ont eu longtemps cours chez nous et qui ont
empêché qu'on examine ce problème de l'immigration dans une
optique non seulement réaliste, mais humanitaire.
Je pense que notre société a suffisamment
évolué et que l'on est en train de se départir, une fois
pour toutes, au Québec, du préjugé de la
xénophobie. Dans un document fort intéressant et fort instructif
que le ministre des Affaires culturelles nous a fait parvenir, document
intitulé "La conjoncture économique et l'immigration au
Québec", on a essayé de démontrer de façon
statistique comment l'immigration non seulement n'était pas une entrave
au développement économique des citoyens nés au
Québec, mais, au contraire, pouvait devenir un facteur de
productivité et un moyen d'accroissement et d'expansion de la
société québécoise.
Je remercie le ministre de nous avoir fait parvenir ce document et
d'avoir fait effectuer ces recherches qui vont être
complétées, nous dit-il dans la lettre d'envoi. Ce document,
diffusé dans tout le Québec j'invite le ministre à
le faire serait de nature à faire comprendre à tous les
esprits éclairés et à tous ceux qui n'ont pas encore pris
conscience de cette réalité de l'immigration jusqu'à quel
point il est possible d'établir des politiques qui soient conformes
à toutes ces règles d'éthique qui doivent régir la
vie de la cité.
M. le Président, parler d'immigration, évidemment, c'est
parler de ses exigences et de sa nécessité, mais c'est aussi
parler de la façon dont elle doit être conçue. Lorsqu'on
parle des objectifs de la politique d'immigration au Québec, cela
implique que nous définissions nettement ces objectifs. Ils sont,
à mon sens, de deux ordres: la création de nouvelles richesses
humaines et économiques et l'intégration des immigrants à
la famille francophone du Québec.
Le premier objectif suppose que nous ne nous contentions pas
d'accueillir l'immigrant, car l'immigration n'est pas simplement la venue chez
nous de ressortissants étrangers. Cette arrivée de citoyens d'un
ou d'autres pays correspond à une sorte d'importation d'hommes et de
capitaux, conçue en fonction de besoins économiques et
sociaux.
Il n'est donc pas question de considérer le
phénomène des migrations vers notre territoire sans, en
même temps, penser à une politique de peuplement et
d'aménagement. Chaque immi- grant devient un facteur
d'émancipation, de croissance ou d'autonomie économique.
On ne saurait donc souhaiter que des immigrants s'amènent chez
nous, avant d'avoir, à l'aide de données statistiques et de
recherches dans les divers secteurs de notre économie, prévu la
place que ces Néo-Québécois peuvent occuper.
Il devient nécessaire, pour ce faire, de mobiliser
différents ministères: Richesses naturelles, Travail et
Main-d'Oeuvre, Industrie et Commerce, Agriculture et Colonisation, Tourisme,
Chasse et Pêche, Terres et Forêts, Education, Affaires culturelles,
etc, en somme, l'ensemble des ministères du Québec, qu'ils aient
une vocation spécifiquement économique ou une vocation
socio-culturelle ou socio-éducative.
Nous devrions, pensant à ces objectifs, dresser l'inventaire
complet des richesses naturelles du Québec et l'état de leur
exploitation sur tout le territoire et pour chacune des régions
économiques, établir le répertoire de toutes les
industries, faire un tableau statistique des importations et des exportations
en termes de valeurs monétaires, tracer les courbes du chômage par
région et pour chaque saison. C'est d'ailleurs ce que l'on a
tenté de faire dans le document dont je parlais tout à l'heure,
document que nous a remis le ministre des Affaires culturelles.
Nous devrions, pour établir nos objectifs et les préciser,
utiliser pour cela l'Office du plan. Tout ce que je dis là, ce sont
là des prérequis, des conditions préalables à
l'accueil des immigrants à défaut desquelles ceux-ci risqueraient
d'arriver dans un Etat incapable de les absorber et de leur faciliter
l'adaptation, comme de leur fournir les moyens de s'établir et de vivre
selon des standards équivalants à ceux des autochtones.
Ce que je viens de dire appellerait des commentaires sur les politiques
de main-d'oeuvre, de placement, des observations sur un mécanisme de
sélection des immigrants articulé sur un inventaire des
métiers et des professions, inventaire réaliste basé sur
de sérieuses études sociologiques et économiques. Je n'ai
pas le temps de développer toutes ces idées et d'examiner tous
les aspects de cet immense problème.
Qu'il me suffise de dire qu'il serait irréaliste d'inciter
l'immigrant à s'établir chez nous si l'on n'a pas une vue exacte
de notre situation économique, de nos problèmes sociaux, une
conscience lucide des malaises de notre milieu et de ses besoins de tous
ordres. Car il n'est pas que de grossir notre population, il importe de savoir
dans quelle mesure il nous est possible de l'accroître, de façon
que chaque nouveau citoyen contribue au bien commun et bénéficie
des avantages d'un niveau de vie convenable, c'est-à-dire d'un niveau de
vie qui se manifeste en termes de mieux-être et non pas de pis-aller.
Nos préoccupations ne doivent toutefois pas se borner là,
car il n'est pas suffisant de concevoir l'immigration dans l'optique de la
croissan-
ce et du développement économiques. Du fait de notre
situation particulière dans le milieu nord-américain, il nous
faut concilier ce premier objectif économique, et l'autre, tout aussi
important et peut-être plus encore, l'objectif linguistique et culturel:
je veux parler de l'intégration de l'immigrant dans la communauté
québécoise.
Il ne s'agit pas d'exercer de contraintes. Le projet de loi qui fait
l'objet de ce débat nous le dit bien, et le ministre l'a rappelé
ce matin en parlant de mesures incitatrices. L'immigrant qui vient ici, il est
important de le noter, n'est pas nécessairement disposé à
opter pour l'une ou l'autre des cultures du Canada. Il a, du reste, très
souvent, quand il quitte son pays, l'intention très vague de
s'établir en Amérique. Que sait-il du Canada, que sait-il du
Québec?
Il me faudrait ici ouvrir une parenthèse et me demander à
quelle propagande il a été soumis avant de partir. Je n'insiste
pas, nous connaissons les faits.
Mais à supposer que le Québec ait fait à
l'étranger une publicité axée sur la réalité
québécoise, qu'il ait informé l'immigrant éventuel
de l'histoire du Québec, de sa vie sociale, politique et
économique; que cette publicité ait donné une image exacte
de notre nation, de ses aspirations, de ses ambitions et de ses
problèmes, on peut croire que l'immigrant sera disposé à
voir les attraits qu'offre notre Etat et les avantages qu'il peut procurer
à celui qui désire s'intégrer à notre famille
nationale.
L'immigrant cherchera à coup sûr la sécurité,
l'emploi, les services sociaux, les services de l'éducation. S'il
découvre tout ce qu'on lui a fait voir, tout ce dont on lui a
parlé, il n'hésitera pas à joindre les rangs des
Québécois de langue française. Il voudra faire sienne la
langue de son milieu de travail, car c'est dans son milieu de travail qu'il
vivra ses premières expériences et qu'il prendra la mesure de ses
nouveaux compagnons de vie.
La langue de travail: première pierre d'achoppement. Et le projet
de loi qu'on nous présente en parle tout justement lorsqu'on parle de
l'obligation pour l'immigrant qui veut s'intégrer dans le cadre d'un
ordre professionnel d'acquérir une connaissance suffisante du
français. Nous y reviendrons.
La langue de travail, donc, M. le Président, première
pierre d'achoppement. Il faut bien le dire. Premier obstacle qui peut
déterminer le choix, l'option de l'immigrant pour l'une ou l'autre des
deux cultures. Nous avons à cet égard de lourdes
responsabilités. Premièrement, celle de donner nous-mêmes
l'exemple de la langue française bien parlée. Celle de bannir le
snobisme qui nous fait souvent troquer notre idiome contre celui des
anglophones.
Nous avons encore cette responsabilité d'exiger des industriels
et des commerçants qu'ils respectent chez nous la langue de la
majorité. Nous avons aussi le devoir de la fierté, de cette
fierté qui nous fasse refuser de sacrifier le français par
intérêt ou par faiblesse en raison de l'incompréhension de
patrons ou d'employeurs unilingues.
L'expérience que viennent de vivre les employés de la
General Motors montre que la langue de travail peut être pour l'immigrant
comme je le disais la première pierre d'achoppement. Les
responsables de l'éducation, les municipalités, les organismes
professionnels, les centrales syndicales et tous les corps
intermédiaires ont dans ce domaine un rôle capital, décisif
à jouer. Il leur appartient, à eux avec nous, de créer des
conditions favorables à la conservation et au développement des
valeurs linguistiques et culturelles qui nous identifient. L'immigrant se
mettra au diapason de notre collectivité nationale s'il sent ce
vouloir-vivre collectif qui doit être au Québec un vouloir-vivre
français. Il se voudra solidaire alors, soudé à notre
famille nationale lorsqu'il découvrira les raisons qui nous incitent
à travailler à la défense et à l'expansion d'un
patrimoine culturel original et valable.
Ses préoccupations économiques, son besoin de
sécurité, sa recherche d'un mieux-être le feront recourir
spontanément à ceux qui faciliteront l'emploi. Cet emploi lui
imposera sa langue de travail; il s'intégrera dans un milieu de travail
francophone à deux conditions. Premièrement, qu'en principe comme
dans les faits la langue française soit reconnue et utilisée
comme langue de travail au Québec.
Deuxièmement, que l'école au Québec puisse
l'instruire, l'éduquer, le former dans la langue française et
l'aider à adopter la culture de la majorité des citoyens du
Québec.
J'ai parlé, tout à l'heure, des responsabilités de
divers groupes de citoyens. Vous pensez bien que je n'oublie pas que l'Etat
québécois a de graves responsabilités, lui aussi, et qu'il
doit préparer les instruments qui permettront à l'immigrant de
connaître notre langue, de l'apprendre et de s'initier à notre
culture afin de l'assimiler.
Voilà, M. le Président, trop brièvement
analysés, deux objectifs majeurs de la politique d'immigration du
Québec. Est-il possible de les atteindre dans le cadre constitutionnel
actuel? Comment le gouvernement central peut-il nous faciliter la tâche?
Ne contestons pas, pour l'instant, la primauté réelle ou
présumée du gouvernement central en matière d'immigration.
Retenons que les droits prioritaires d'Ottawa tels qu'ils existent dans les
faits n'excluent pas, pour autant, le droit du Québec, de
légiférer dans le même domaine. Nous en avons donné
l'exemple. Le projet de loi qui est devant nous nous montre bien que l'on
poursuit, par étapes, cette reprise en main d'un levier de commande dans
ce domaine de l'immigration. Mais, le Québec doit-il se contenter des
seules prérogatives que lui donne, à l'heure actuelle, la
constitution? Doit-il concevoir sa politi-
que d'immigration simplement comme un prolongement organique de celle
d'Ottawa, dans la seule optique de la collaboration? Il me paraît que les
responsabilités socio-culturelles du Québec et les incidences de
l'immigration sur la croissance démographique de la nation
canadienne-française et sur la vie économique lui interdisent de
se contenter de cette solution par trop commode. Nous ne croyons pas provoquer
une crise en disant je l'ai dit à maintes reprises que la
nation canadienne-française a des droits stricts à veiller
elle-même à sa croissance démographique et que, partant,
elle devrait non seulement avoir son mot à dire sur l'élaboration
de la politique fédérale d'immigration, mais qu'elle devrait
pouvoir exercer, dans ce domaine, des droits plus précis, plus
étendus et exclusifs.
A la rigueur, le Québec peut, pour un temps encore, parce qu'il
faut être réaliste, collaborer avec Ottawa pour fixer, par
exemple, le nombre annuel d'immigrants destinés au Québec, pour
exiger que ses agents à l'étranger aient plus d'autorité,
que les candidats choisis par le Québec soient, à certaines
conditions, reçus par le gouvernement central, pour obtenir le droit de
contreviser les passeports de ceux qui veulent s'établir au
Québec, pour demander qu'Ottawa relâche la tutelle qu'il exerce
sur tous les immigrants et pour définir notre politique d'emploi. Il en
peut être de même et il en doit être de même pour la
publicité, pour l'accueil, pour le placement, pour la
sécurité sociale, pour l'enseignement des langues ou pour la
réadaptation de l'immigrant en milieu professionnel. Tout cela peut
faire l'objet d'ententes, de négociations, de recherches et
d'études conjointes, mais cela est-il assez et pour combien de temps
encore?
M. le Président, le projet de loi qui nous occupe je le
disais tantôt recevra notre agrément. Faisant suite aux
observations qu'a faites le député de Saint-Jacques, je dirai
ceci : II est une suite logique des mesures que, dans le Québec, l'on a,
petit à petit, prises, des mécanismes que lentement, trop
lentement malheureusement, l'on a mis en place. Mais, j'insiste sur ceci: II
fallait procéder par étapes. Il fallait aussi faire
l'éducation de la population du Québec.
Lorsque j'entendais, tout à l'heure, mon collègue de
Saint-Jacques dire qu'il approuverait ce projet de loi, je me posais la
question suivante: Puisqu'il approuve le projet de loi actuel, cela me convainc
d'une chose, c'est qu'il commence à comprendre. Il commence à
découvrir que la loi 63 dont il a parlé, qu'il a condamnée
avec bien d'autres, n'était pas du tout aussi mauvaise, aussi
néfaste que l'on a essayé de le dire.
M. CHARRON: M. le Président, j'invoque le règlement, si
vous me le permettez, pour rétablir les faits. Je pense que mon
collègue de Chicoutimi est en train de me prêter les intentions
que je voudrais le moins avoir. Ma position concernant le bill 63, voté
en cette Cham- bre, l'année dernière, je l'ai reprise au moment
de mon exposé tout à l'heure. S'il me faut la reprendre à
nouveau, je le ferai, mais je ne voudrais pas le refaire devant cette Chambre.
Je suis encore tout aussi opposé au bill 63, que je trouve tout aussi
néfaste pour la population québécoise, tout aussi
incroyablement "matraqueur" d'une volonté politique du Québec,
que je l'étais à cette époque.
DES VOIX: A l'ordre!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! J'ai bien compris le député de
Chicoutimi. Je pense bien qu'il n'a pas prêté au
député de Saint-Jacques l'intention d'accepter le bill 63. Dans
son intervention, il n'a pas prêté au député de
Saint-Jacques, au sujet du bill 63, tout ce que, peut-être, le
député de Chicoutimi y voit. Il a établi les faits que le
député de Saint-Jacques, lors de son intervention ... En fin de
compte, il n'a jamais dit que le député de Saint-Jacques
acceptait le bill 63. Il n'a pas dit ça.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je vous remercie. Je
n'ai jamais dit, comme vous venez de le souligner, que le député
de Saint-Jacques approuvait la loi 63. Non. Mais, j'ai dit que le fait qu'il
accepte le principe du projet de loi 64 indique que l'idée qu'il
s'était faite de la loi 63 est probablement appelée à
changer. Il va se rendre compte, comme nous l'avions expliqué, comme
nous l'avions dit et redit lors de la présentation de la loi 63, que
cette loi n'était qu'une étape, qu'une approche, que l'amorce
d'une politique globale de la langue, dont est responsable, à l'heure
actuelle, le ministre des Affaires culturelles. L'on se rendra compte,
lorsqu'on aura réfléchi suffisamment, lorsque les passions se
seront dissipées, que, pour en arriver à l'élaboration
d'une politique globale de la langue qui tienne compte davantage des
volontés de ceux qui voulaient qu'on aille à l'extrême
limite, on se rendra compte que cette amorce d'une politique globale de la
langue nous permet de franchir des étapes qu'il n'eût pas
été possible de franchir avant de proposer la loi 63, qui a
été adoptée l'an passé. Ah, certes, nous savons que
cette loi a provoqué de grands remous, des manifestations de toutes
natures, mais l'on n'a pas compris que c'était un premier geste, que
c'était un premier pas et que la loi est d'une souplesse telle qu'elle
laisse ouverte la porte à tout changement ultérieur, à
toute amélioration. C'était là, l'an dernier, l'intention
du projet de loi que nous avons fait adopter par le Parlement.
Le ministre des Affaires culturelles nous présente aujourd'hui un
projet de loi. Il nous a fait observer qu'il s'agissait de mesures
incitatrices, nous reviendrons sur le détail du projet de loi en
comité, mais je crois que ce projet de loi est une suite logique de la
loi 63, qu'il consacre dans les faits des principes qui avaient
été établis l'an passé par la loi 63.
Je suis sûr que le député de Saint-Jacques quand, en
comité, il voudra proposer des amendements, il proposera des amendements
qui iront dans le sens d'une revalorisation institutionnelle de la langue, de
plus en plus forte, de plus en plus accentuée, mais je suis sûr,
toutefois, que le député de Saint-Jacques devra, à un
moment donné, faire acte de réalisme et faire exactement ce que
vient de faire la CSN.
Nous avons vu, l'an passé, des gens d'une centrale syndicale, la
CSN, venir protester, devant le Parlement, contre le projet de loi 63, au nom
de l'unilinguisme français. Mais, nous nous sommes rendu compte, cette
semaine, qu'ils s'étaient aperçu qu'au sein même de leur
centrale syndicale, ils n'étaient pas capable de mettre en application
la pratique de l'unilinguisme. Ce qui ne veut pas dire qu'ils ne sont pas pour
une promotion de plus en plus grande du français, mais ils ont admis
avec nous qu'il y avait quand même ici une minorité linguistique
qui a des droits que nous avons voulu, l'an dernier, respecter.
Le député de Saint-Jacques je termine
là-dessus, M. le Président, je ne le prends pas à partie,
je ne l'accuse pas, il va se rendre compte que je le traite avec infiniment
d'égards, comme je dois traiter un collègue a fait tout
à l'heure un exposé que j'ai trouvé très serein,
objectif, dont je ne partage pas nécessairement toutes les idées.
Il a dit: L'an dernier, alors que nous discutions le projet de loi 63, le seul
représentant de notre groupe politique en Chambre a été
accusé de racisme. Je vais lui dire pourquoi le représentant du
Parti québécois a alors été accusé de
racisme. C'est qu'il n'a pas été capable de démontrer de
façon réaliste, de façon logique, conformément aux
règles du parlementarisme et conformément à
l'économie générale de nos lois, que la thèse qu'il
défendait contre la loi 63 était indéfendable parce
qu'elle n'était ni chair ni poisson.
Le député qui s'exprimait à ce moment-là en
cette Chambre se disait opposé à l'unilinguisme total. Par
ailleurs, il avait proposé une formule en vue de respecter les droits de
la minorité qui nous paraissait être une atteinte formelle,
directe aux droits de cette minorité. Et lorsqu'on lui a demandé
de concilier ses deux thèses, étant incapable de le faire, il
s'est emporté et il a dit: "Je n'ai jamais vu, en Chambre, une attitude
aussi vile que celle-là." Et je n'hésite pas à dire, M. le
Président, qu'à ce moment-là, c'est moi qui avais pris
à partie le député qui parlait au nom de la formation
politique du Parti québécois.
Le problème et je le dis au député de
Saint-Jacques n'était pas qu'on voulût accuser le
député qui parlait à ce moment-là de racisme, mais
la façon dont il s'était exprimé avait suscité dans
notre esprit de tels doutes que nous l'avons interrogé, que nous lui
avons posé la question suivante: A quelle enseigne logez-vous?
Ceci dit, M. le Président, je voudrais exprimer ma satisfaction
de ce que le ministre des Affaires culturelles présente aujourd'hui un
projet de loi dont nous endossons le principe et que nous aurons l'occasion
d'étudier en comité tout à l'heure.
Je le remercie de présenter ce projet de loi. Je n'ai pas
examiné certains aspects techniques qui touchent le problème de
ce qu'on appelle ici corporations professionnelles, parce que je n'ai pas la
compétence de le faire comme le député de Bourget ou comme
le ministre d'Etat, député de D'Arcy-McGee. Je n'ai pas
abordé cet aspect, mais je suis heureux d'accepter le principe de la
reconnaissance du droit de ces professionnels à exercer leur
métier dans le Québec en vertu du projet de loi 64.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Institutions
financières, compagnies et coopératives.
M. William Tetley
M. TETLEY: Merci, M. le Président. Evidemment, je voudrais
appuyer le projet de loi 64 de l'honorable ministre des Affaires culturelles.
Je crois que ce projet de loi est d'une très grande importance. Il a une
grande importance symbolique et aussi une grande importance de par sa nature.
C'est vrai que seulement une centaine de professionnels vont être
affectés, mais la loi contient un autre principe, celui de la protection
de la langue française, qui est d'une importance primordiale
aujourd'hui. C'est pourquoi j'appuie avec ardeur et avec un grand plaisir le
projet de loi 64.
M. le Président, il faut protéger la langue
française au Québec. Je crois que, dans bien des domaines, la
langue est en danger. Je peux le dire ouvertement en tant qu'anglophone de
naissance québécoise et que représentant d'un comté
qui est à peu près à 80 p. c. de langue anglaise. Il faut
aussi protéger les droits de chaque citoyen du Québec. Je crois
que le projet de loi 64 n'affecte d'aucune manière les droits des
citoyens canadiens qui se trouvent au Québec ou des citoyens canadiens
des autres provinces, malgré un éditorial, que j'ai devant moi,
du Montreal Star, daté du mercredi 16 décembre 1970. Les droits
des citoyens canadiens des autres provinces sont bien protégés.
Même les immigrants, qui deviennent citoyens canadiens, sont
protégés, s'il faut les protéger.
Je crois qu'il est très important que tout le monde, et non
seulement les immigrants, parle la langue française. Je viens de dire
que mon comté est plutôt anglophone. Je dois noter, pour mes
électeurs de langue anglaise, que, depuis un an, il y a eu deux
événements importants ici au Québec, deux lois qui leur
rendent justice et qui protègent leur langue, la langue anglaise. Je
parle, évidemment, de la loi 63 qui
donne droit à tout père de famille de choisir la langue
d'éducation de ses enfants.
Je parle aussi d'une directive récente du premier ministre et du
conseil des ministres à l'effet que tout citoyen peut s'adresser au
gouvernement du Québec dans sa langue et qu'il a le droit de recevoir
une réponse dans sa langue, anglaise ou française.
Il n'y a aucune province au Canada qui donne ces deux droits, aucune
autre province. L'Ontario, qui a un million de citoyens de langue
française, ne donne pas ces deux droits à ses citoyens. Le
Nouveau-Brunswick non plus. Comme le député de D'Arcy-McGee qui
sait si bien s'exprimer en français et en anglais, je suis reconnaissant
mais je crois que c'est important d'être reconnaissant et aussi je crois
que c'est très important que les droits des citoyens des deux langues
soient protégés.
M. le Président, le bill 64 veut qu'un immigrant professionnel
parle assez bien le français. J'espère que tout immigrant va
parler très bien le français. C'est important que les
médecins, les dentistes, les pharmaciens, et autres, tous ces
professionnels protègent la population du Québec dans sa langue.
Il faut que tout citoyen ait le droit de travailler dans notre langue. Il faut
que tout citoyen ait le droit de s'éduquer dans sa langue, de s'amuser
dans sa langue et il nous faut aussi le droit d'être
protégés dans notre langue.
Pour résumer, M. le Président, encore une fois, je
félicite mon ami, et copain en Chambre, ici, l'honorable ministre des
Affaires culturelles et je félicite les deux côtés de la
Chambre qui appuient le bill. Je crois qu'avec cette législation et
d'autres, nous allons à la fois donner des droits à tout citoyen
de la province de Québec et protéger la langue
française.
M. LE PRESIDENT: Le député de Mégantic. M.
Bernard Dumont
M. DUMONT: Merci, M. le Président. Nous avons dans ce bill 64,
d'après les explications données, un projet de loi très
important intitulé Loi modifiant la loi de l'admission à
l'étude de professions et d'autres dispositions législatives.
M. le Président, comme mon collaborateur, le député
de Frontenac l'a exprimé, nous nous déclarons, en principe, en
faveur de ce projet de loi qui apporte certainement un début de
législation qui aura pour but d'établir certaines justices
sociales qui permettront que la province de Québec soit
considérée comme une province qui donne justice à tous et
à chacun. Nous avions l'intention de présenter un amendement pour
permettre que le projet de loi soit retourné à la commission
parlementaire, afin que, pendant trois mois nous puissions inviter les groupes
intéressés à présenter des mémoires. Mais
avec les modifications qu'on apporte au bill et à la bonne
volonté qui a semblé s'exprimer en cette enceinte depuis le
début de la discussion, nous retirerons, autrement dit nous ne
présenterons pas cet amendement, espérant quand même que
lorsqu'il y aura sujet à amélioration pour ce projet de loi, qui
est un départ, nous puissions faire entendre la voix de la
vérité et permettre à tous et à chacun de trouver
qu'il fait bon vivre dans la Belle Province.
M. LE PRESIDENT: Le député de Bourget. M. Camille
Laurin
M. LAURIN: M. le Président, le diagnostic le plus juste qui me
semble avoir été posé sur le problème qui nous
occupe, l'a été par un médecin et cela se comprend
peut-être assez bien, le député de D'Arcy-McGee, lorsqu'il
a dit que dans un pays normal, ce projet de loi n'aurait pas été
nécessaire.
Je suis totalement d'accord avec cette affirmation du
député de D'Arcy-McGee. En effet, dans un pays normal où
la majorité possède les leviers économiques ainsi que les
leviers politiques qui lui permettent d'assurer son destin dans les meilleures
conditions possibles; dans un pays normal où la croissance
économique et culturelle, où l'épanouissement de chaque
citoyen de la majorité sont assurés; dans un pays normal qui
n'est affecté par aucun complexe dû aux avatars de son histoire;
dans un pays normal où chacun des citoyens peut se dire fier de son
pays, il est évident qu'aucun projet de loi de cette sorte n'aurait
été nécessaire.
Dans un pays normal où une minorité de fait
représente ici une majorité, celle qui existe dans le reste du
pays, où une minorité qui possède les leviers
économiques que la majorité ne possède pas mais qui aurait
compris, à la lumière de l'évolution de ce pays, que la
situation aurait dû changer de par sa propre volonté, de par ses
propres réformes instituées aussi bien au niveau des entreprises
que des corporations professionnelles, en effet un tel projet de loi n'aurait
pas été nécessaire.
Mais malheureusement c'est la preuve que nous existons dans un pays
anormal puisque le gouvernement a jugé nécessaire et Dieu
sait combien nous l'approuvons de présenter un tel projet de loi.
Je ne veux pas répéter ce qu'a dit le député de
Saint-Jacques à ce sujet. Je veux simplement ajouter ma voix à
toutes celles qui se sont prononcées pour féliciter le
gouvernement de cette initiative.
Je remarque cependant que seulement dix-neuf corporations seront
affectées par ce projet de loi. Il y a, comme chacun le sait, un nombre
beaucoup plus grand de corporations professionnelles dans le Québec que
les dix-neuf qui sont mentionnées en annexe. Je remarque par exemple
l'absence du Barreau, que ceci concerne les avocats ou les notaires. Je
remarque l'absence de cette catégorie de professionnels qui
sont tellement essentiels maintenant à la bonne marche des
gouvernements et des sociétés, les économistes, les
politicologues ainsi que quelques autres.
Le gouvernement s'est réservé le droit par
arrêté en conseil d'étendre l'application de ce projet de
loi à ces corporations au fur et à mesure que les
négociations qu'il a avec elles porteront fruit. Ceci est heureux car il
ne sera pas nécessaire de recourir à d'autres projets de loi pour
compléter le travail qui est commencé aujourd'hui. Je veux
simplement quand même profiter de l'occasion pour inciter le gouvernement
à appliquer non pas toutes les pressions, le mot est peut-être
péjoratif, mais tous les efforts de persuasion nécessaires pour
que ce processus s'accélère de la façon la plus rapide
possible afin que, dans un avenir que pour ma part je voudrais très
prochain, toutes les corporations professionnelles puissent
bénéficier des mesures contenues dans le projet de loi.
Un autre problème que je voudrais brièvement aborder est
celui des Canadiens qui pourraient, à partir des autres provinces, venir
s'établir au Québec. Le projet de loi a assuré une sorte
de mobilité que les plans de rentes, de pension et autres projets
assurent déjà pour d'autres catégories de Canadiens. Cela
se comprend assez facilement. Il reste cependant que lorsque ces professionnels
des autres provinces viennent s'établir au Québec, sans que nous
puissions l'exiger il serait quand même tout à fait normal qu'ils
apprennent la langue de la majorité, même si leurs contacts
professionnels ne les mettent pas tous les jours en rapport avec les citoyens
du Québec.
De même que le projet de loi 63 prévoyait l'an dernier que
les anglophones qui font actuellement leurs études dans les institutions
d'éducation du Québec devront éventuellement se soumettre
à un examen qui assurera leur parfaite connaissance de la langue de la
majorité, de même je pense qu'il serait assez normal que là
aussi le ministère non pas de l'Immigration mais des Affaires
culturelles fasse pression ou utilise tous ses pouvoirs de persuasion pour
inciter ces professionnels canadiens, anglophones et unilin-gues qui nous
viennent des autres provinces, à suivre des cours, de quelque
façon que ce soit, pour que, dans un délai assez bref, ils
puissent eux aussi, sinon maîtriser la langue de la majorité, du
moins l'utiliser d'une façon convenable, non seulement pour le geste
symbolique que cela constitue, mais pour leur propre enrichissement
culturel.
M. le Président, il semble bien qu'il faudra les deux efforts,
législatif et administratif, pour compenser notre faible pouvoir
d'intégration en tant que communauté politique, justement afin
que le français devienne, au Québec, ce que l'anglais est
déjà depuis longtemps, dans toutes les autres provinces du pays,
c'est-à-dire non seulement la langue de la majorité, mais une
langue qui a un statut dynamique qui inspire à chacun des citoyens du
pays la fierté qu'il doit avoir et aussi le goût de l'utiliser de
la façon la plus policée et la plus civilisée possible
dans toutes les circonstances de la vie.
J'ai remarqué, à ce sujet, que le ministre, dans son
exposé serein et objectif, a fait quelques constations qui rejoignent
celles que nous avons faites, pour notre part, assez souvent. Par exemple, il a
affirmé que la langue anglaise au Québec n'avait pas besoin,
actuellement, d'être protégée, non seulement parce que le
gouvernement libéral est au pouvoir, mais simplement parce que la langue
anglaise, de par la force du pouvoir économique qui est concentré
actuellement dans les mains de l'élément anglophone et de par la
nature du lien fédéral qui fait du Québec une province
parmi d'autres, jouit d'un statut que l'on peut parfaitement qualifier de
privilégié. Il a aussi admis que l'immigrant qui aurait le choix
entre deux langues, le français et l'anglais, opterait tout
naturellement pour l'anglais, que ce soit un ouvrier ou un professionnel. Il a,
de plus, constaté avec d'autres le faible pouvoir d'intégration
de notre communauté linguistique française. Mais, c'est justement
à cause de ces affirmations, les unes positives et les autres
négatives, qu'il faut établir, le plus rapidement possible, les
correctifs qui s'imposent. Vous le savez, notre correctif à nous, nous
le cherchons plutôt dans la voie de la législation, que ce soit
dans ce domaine ou dans tous les autres. Ceci ne veut pas dire, cependant, que
nous rejetons les autres correctifs que le gouvernement entend pousser avec
célérité actuellement. Car le ministre l'a bien dit, ce
n'est qu'une étape.
De toute façon, que ce soit un effort législatif comme
celui que nous voyons aujourd'hui ou les efforts administratifs, ils se
heurteront à de multiples résistances, à des
résistances acharnées. Le député de
Notre-Dame-de-Grâce, tout à l'heure, sans le lire, se
référait à un article paru dans le Montreal Star du 16
décembre. J'ai lu, pour ma part, plusieurs éditoriaux ces
temps-ci, dont un dans la Gazette, il y a deux jours, où on parlait de
"this incentive" et où on disait que le français, langue de
travail, pourrait constituer une sorte de "deterrent" aux investissements et
donc une chance, pour le Québec, d'avoir un plus grand nombre de
chômeurs.
J'ai vu également, dans le Globe and Mail d'il y a deux jours, un
article à peu près identique, Tous ces articles font état
de résistances qui sont subtiles, mais qui vont toutes dans le
même sens, qui reviennent à mettre en doute la sagesse de cette
politique et qui se veulent des freins à la politique gouvernementale,
des freins qui peuvent retarder une évolution que la majorité de
la population appelle de tous ses voeux.
Je pense que les reproches ou les pressions ou les menaces
voilées que l'on peut faire dans ces articles ne doivent pas influencer
le gouvernement.
Car les arguments qu'on y invoque ne me
paraissent pas tellement justifiés. Par exemple, quand on dit que
des lois comme celle que nous voulons adopter aujourd'hui pourraient
empêcher certains grands savants de venir au Québec, je ne crois
pas que ces menaces soient fondées. Je me rappelle l'expérience
de la faculté de médecine de Sherbrooke où, malgré
que la langue de travail fût déjà le français,
plusieurs grands savants des Etats-Unis, d'Europe sont venus et ont consenti
à apprendre le français, comme il se doit, pour faire leur
enseignement en français. Cela ne les a pas empêchés non
seulement de se plaire au Québec, mais également de poursuivre
leurs travaux de recherche.
De la même façon, M. le Président, lorsque l'on dit
qu'une politique comme celle d'aujourd'hui ou d'autres qui pourraient venir
amèneraient le Québec à édifier autour de ses
frontières une sorte de muraille de Chine, je ne crois pas que l'on
puisse prétendre que cet argument est sérieux. Cette muraille de
Chine présumée n'existe pas dans d'autres pays qui ont à
peu près notre taille, comme la Suède, la Hollande, où la
langue de travail, aussi bien que la langue des études et la langue des
corporations est la langue du pays. Cela n'empêche pas ces pays d'avoir
produit des savants très réputés et d'avoir une vie
scientifique et culturelle extrêmement dynamique.
Bien au contraire, M. le Président, l'effet d'une pareille
législation et de toutes celles qui suivront, je l'espère,
n'aboutirait qu'à faire de la langue de la majorité une langue
forte, une langue vivante, une langue dynamique, une langue de culture. Non
seulement cela, mais, une fois cette sécurité intérieure
assurée, cela permettrait l'instauration d'une politique d'enseignement
de la langue anglaise, qui a toujours manqué au Québec. Nous
sommes les premiers, dans notre groupe, à déplorer le manque
d'importance accordé dans les programmes du ministère de
l'Education à l'enseignement de la langue anglaise. Je crois que
l'enseignement de la langue anglaise devrait être amélioré
dans toutes nos écoles, à tous les paliers de notre
système d'éducation. Nous n'oublions pas que la langue anglaise
est une langue de culture, une des plus grandes cultures qui existent au monde.
Nous n'avons pas le droit de priver les Québécois de cette source
d'enrichissement culturel, mais, en même temps, nous vivons dans le
continent nord-américain où l'anglais est absolument
indispensable. Tant qu'à le parler, il faut le bien parler. Il faut
savoir l'utiliser toutes les fois que cela nous est nécessaire.
Mais, justement, une fois cet obstacle émotionnel, sentimental,
en même temps que très réel, levé, il deviendrait
possible de faire accepter par la majorité du Québec cette
politique d'enseignement de la langue anglaise qui nous paraît
nécessaire pour l'enrichissement culturel de chacun de nos citoyens,
aussi bien que pour le progrès économique de toute notre
collectivité.
M. le Président, c'est vous dire que nous sommes en faveur de ce
projet de loi. Bien sûr, pour nous, il ne constitue qu'une étape.
Nous aurions de beaucoup préféré une politique globale.
Nous pensons, d'ailleurs, que cette politique globale aurait pu être
élaborée par le gouvernement dans les huit mois ou à peu
près qui se sont écoulés depuis son accession au pouvoir.
Nous croyons que le gouvernement aurait eu le temps d'élaborer cette
politique globale au niveau de l'immigration, au niveau des relations de
travail, au niveau des tribunaux et au niveau de l'administration de la
justice. En somme, nous croyons que le gouvernement aurait pu édicter
une loi-cadre, une loi générale qui aurait fait du
français la langue d'usage ou la langue officielle, mais qui, ensuite,
aurait pu être appliquée dans des projets de loi particuliers qui
auraient touché certains secteurs.
De toute façon, nous félicitons le gouvernement pour ce
pas en avant. Nous l'incitons à nouveau à presser le pas,
à élaborer cette politique globale. Nous l'encourageons et nous
lui donnons notre appui pour qu'il résiste à toutes les pressions
qu'il pourra rencontrer contre ses efforts. Nous espérons que toutes les
mesures qui ont été ou qui seront prises dans le respect le plus
absolu des droits de la minorité et nous en sommes feront
de notre Québec une terre dynamique, une terre où le
progrès aussi bien culturel qu'économique sera assuré dans
les plus brefs délais.
M. LE PRESIDENT: L'honorable chef de l'Opposition.
M. Jean-Jacques Bertrand
M. BERTRAND: M. le Président, juste deux mots. Je crois qu'il est
de mon devoir, sur un projet de loi comme celui-ci, d'ajouter aux propos qui
ont été tenus par le député de Chicoutimi, que nous
sommes entièrement favorables au principe de cette loi.
Je n'ai pas l'intention de reprendre les débats qui nous ont
mobilisés pendant fort longtemps, en cette Chambre, où le
principe qui est énoncé dans ce projet de loi a été
appliqué également, principe de la connaissance d'usage de la
langue française.
A ce moment-ci, on l'applique comme une des conditions de l'admission,
d'abord, de l'étude et de l'exercice d'une profession, et c'est
là un problème qui, avec l'autre critère, reçoit
enfin une solution, c'est-à-dire que l'on peut commencer à
l'étudier ou à la pratiquer dès l'instant où l'on a
marqué son intention de devenir citoyen canadien. Mais à ce
premier critère devra s'ajouter l'autre, celui de la connaissance
d'usage de la langue française. Nous sommes favorables à ce
principe. Nous avons voulu l'inscrire dans nos lois, au sujet de l'enseignement
dans nos écoles anglaises au Québec.
Et je crois que si nous l'appliquons dans les écoles anglaises
où le français n'était pas ou à peu près pas
enseigné, il faut également l'appliquer à ceux-là
qui veulent exercer une profession ou qui veulent en entreprendre son
étude.
On a déjà dit qu'au Québec aucun étudiant ne
devrait obtenir son diplôme à l'école secondaire, dans les
CEGEP ou même dans les universités, sans démontrer qu'il a
une connaissance d'usage de la langue française.
M. le Président, nous sommes favorables à cette mesure. Il
y en a qui souhaitent des solutions globales. Tous ceux qui sont aux prises
avec le problème se rendent compte, et vite, combien il est difficile
d'adopter des lois qui tentent de résoudre tous les problèmes. On
l'a constaté encore dernièrement lorsqu'il s'est agi de faire du
français la langue de travail. Je n'ai pas été surpris,
malgré qu'à ce moment-là l'opinion manifestée
n'était pas la même de la part même du chef du gouvernement
actuel, je n'ai pas été surpris de l'entendre déclarer
qu'il attendait les travaux de la commission Gendron. Que l'on aille le plus
rapidement possible pour rendre le Québec toujours de plus en plus
français, et toutes les mesures qui seront soumises recevront
l'approbation de l'Opposition officielle.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Lafontaine.
M. Marcel Léger
M. LEGER: M. le Président, j'aimerais ajouter quelques paroles
à l'occasion de la présentation de ce projet de loi sur
l'immigration. C'est bien entendu que nous ne pouvons être que
très heureux de la présentation de ce projet de loi. J'en
profiterai pour faire remarquer que l'ancien ministre du Travail et de la
Main-d'Oeuvre était aussi, en même temps, ministre de
l'Immigration, et ce fait m'avait particulièrement frappé en
constatant, jusqu'à quel point ces deux ministères se touchent,
si on veut réaliser quelque chose.
Au niveau de l'immigration, quand des personnes arrivent au
Québec, venant d'autres pays, elles ont à faire un choix premier
concernant la langue qu'elles devront adopter et faire apprendre à leurs
enfants. Comme il y a deux langues au Québec, elles se demandent
laquelle va lui être la plus utile. Malheureusement, on s'est
aperçu d'après les dernières statistiques, que nous ne
pouvons assimiler que 10 p. c. des immigrants au groupe francophone, et que 90
p. c. s'assimilent au groupe anglophone. On se dit: Comment pouvions-nous avec
la loi 63, espérer que les parents, en leur laissant le libre choix
d'envoyer leurs enfants à l'école qu'ils désirent,
choisiraient l'école française alors que, pour gagner sa vie,
actuellement, on le voit, c'est toujours dans des endroits où l'anglais
est nécessaire et même primordial.
C'est la raison pour laquelle j'ai été frappé de
voir que le ministre avec ses deux ministères, avait entre les mains un
commencement de solution à ce problème. Nous n'avons plus, d'un
autre côté, la revanche des berceaux pour compenser
l'arrivée d'immigrants que nous ne pouvons pas assimiler. C'est la
raison pour laquelle il faudrait que le ministère de l'Immigration du
Québec puisse récupérer le plus possible de
priorités auprès de son homologue d'Ottawa concernant les
décisions qu'il peut prendre soit au niveau de la
sélectivité de ces immigrants, soit au niveau de leur
contrôle. Quand j'ai posé cette question au ministre du Travail et
de l'Immigration du temps, il m'a dit qu'il n'avait pas la priorité dans
ce domaine et qu'il ne pouvait lui-même déterminer avant qu'ils
arrivent au pays quelle serait la quantité d'immigrants qui pourraient
passer ici. Il n'avait pas le mot final sur la question.
En terminant, tout en approuvant ce bill, je dois quand même faire
une petite remarque concernant les anglophones du Québec qui,
très souvent, ne se considèrent pas d'abord comme
Québécois. Je ne peux cependant manquer cette occasion de
féliciter quelques représentants de la Chambre pour moi,
cela a été une révélation les
députés de Notre-Dame- de-Grâce, de Westmount, de
D'Arcy-McGee et de Huntingdon, qui se sont toujours, à quelques
exceptions près, exprimé en français ici, en Chambre.
Même si parfois c'était laborieux et même si parfois ils
étaient en train de défendre un point à un moment
où la colère augmentait, ils ont quand même continué
à s'exprimer en français. Je ne puis que les féliciter de
cette attitude qui m'a émerveillé.
En terminant, M. le Président, si les anglophones du
Québec s'identifiaient autant à la communauté
québécoise qu'ils s'identifient à leur petite
communauté paroissiale ou au Canada, beaucoup de nos problèmes
pourraient être résolus au niveau du dialogue.
Je termine en disant que nous pouvons espérer que le
ministère actuel de l'Immigration corrigera ce qu'il peut corriger avec
les quelques outils qu'il a en mains. Je ne peux cependant que lui faire
remarquer que ce n'est qu'au moment où le Québec sera
complètement souverain qu'il pourra réellement régler le
problème en profondeur.
M. LE PRESIDENT: Le ministre désire-t-il exercer son droit de
réplique?
M. François Cloutier
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Oui, M. le Président. Cependant, je serai
très bref. En effet, je ne vois pas beaucoup d'arguments contre le
principe de ce projet de loi à travers les différents
commentaires qui ont été faits. Par conséquent, je me
bornerai à des remarques générales. D'abord, vous me
permettrez de féliciter
tous ceux qui ont pris part à ce débat. Il a
été d'une très haute tenue et à certains moments
j'ai eu l'impression que nous faisions vraiment ce que j'appelle de la
politique, c'est-à-dire une politique qui colle aux véritables
problèmes de notre collectivité et une politique qui vise
à l'essentiel.
Je pourrais, bien sûr, reprendre certains points de détail,
mais l'accord a été tellement unanime que je crois que ce n'est
pas nécessaire. Je voudrais cependant simplement souligner le fait qu'il
est sans doute difficile, devant un projet de loi qui de par sa nature
même fait l'unanimité, de se retrouver dans l'Opposition. Je pense
surtout à certaines interventions de deux députés du Parti
québécois.
Au député de Saint-Jacques je dirai que le résultat
que représente ce projet de loi n'a été en rien
influencé par de soi-disant pressions, de soi-disant caisses
électorales. De plus, j'ajouterai qu'il n'y a pas eu non plus de
division du caucus libéral. Il y a eu simplement des discussions,
discussions positives et discussions parfaitement normales.
Je suis arrivé avec un projet qui répondait à
certains besoins. J'ai bien sûr défendu ce projet, ce qui est
parfaitement normal. La démocratie n'existe pas seulement en Chambre
entre un parti au pouvoir et un parti dans l'opposition, mais elle existe
également au sein d'un parti.
Je suis convaincu les discours que vous avez eu l'occasion
d'entendre du côté ministériel le démontrent
que ce projet représente l'opinion générale de ceux qui
m'entourent. Je voudrais maintenant souligner un des propos du
député de Bourget, qui et je ne peux pas l'en blâmer
puisque c'est l'essence même de son engagement politique a
profité de l'occasion pour insister sur la thèse qu'il
préconise soit l'indépendance du Québec.
Il a parlé de pays normal. Pour ma part, il me semble vivre dans
un pays que je considère parfaitement normal, et je parle du Canada dans
son ensemble. En effet, et ce n'est pas le lieu d'élaborer trop
longuement sur ce point, j'ai opté pour la thèse
fédéraliste. Toutes les mesures que je serai amené
à prendre au cours de ces années, même si elles insistent
sur la personnalité du Québec, resteront certainement empreintes
de ce que j'appelle le réalisme politique.
C'est avec beaucoup de plaisir que j'ai entendu l'ancien premier
ministre, qui, lui, s'est frotté aux réalités du pouvoir
et en connaît les limites, en même temps que les grandeurs et les
servitudes. Je voudrais simplement dire qu'il n'y a rien d'inconciliable entre
une thèse fédéraliste qui, à mon sens, est celle
qui peut le mieux assurer l'épanouissement de notre collectivité
et les mesures susceptibles de nous permettre de nous réaliser. Il est
dans la nature même des choses, étant donné le contexte
historique et le contexte économique qui est le nôtre, de devoir
vivre en situation de conflit.
Je préfère, quant à moi, régler cette
situation de conflit, par des négociations et par des compromis. Je
crois d'ailleurs que nous y sommes pratiquement condamnés. Si ce
n'était mettre trop d'emphase, je dirais que nous sommes
condamnés au courage à cause même de notre histoire. Notre
vigilance dans le domaine de la langue française devra être
continue et permanente. C'est le cas de tous les pays bilingues. Je
préfère de beaucoup, pour ma part, proposer des mesures positives
plutôt que des arguments parfois démagogiques, mais qui ne collent
pas à une certaine réalité.
Voilà, M. le Président, tout ce que je voulais dire. Je
soulignerai, en terminant, certains propos du député de
Chicoutimi qui a fait une très bonne analyse de la situation lors du
projet de loi 63, il a dit qu'il n'y a pas de contradiction entre le projet de
loi 64 et le projet de loi 63, comme d'ailleurs il n'y a pas de contradiction
comme je l'ai indiqué tout à l'heure dans mon discours de
deuxième lecture, entre une connaissance d'usage du français et
un bilinguisme bien compris. Je vous remercie, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Cette motion de deuxième lecture est-elle
adoptée? Adopté.
M. BERTRAND: Adopté. M. DUMONT: Adopté.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Affaires culturelles propose
que je quitte maintenant le fauteuil et que la Chambre se forme en
comité plénier. Cette motion sera-t-elle adoptée?
Adopté.
M. BERTRAND: Adopté. M. PAUL: Adopté. M. DUMONT:
Adopté.
Comité plénier
M. HARDY (Président du comité plénier): A l'ordre,
messieurs! Article 1. Adopté?
DES VOIX: Oh! Oh!
M. LE PRESIDENT (Hardy): Article 1, adopté. Article 2?
Amendement
M. CHARRON: M. le Président, à l'article 2, pour reprendre
très brièvement une partie de mon intervention en deuxième
lecture, je signalais et je demandais au ministre s'il ne serait pas possible
d'étendre la force contenue dans le projet de loi 64. On peut
maintenant, à cette étape-ci de nos travaux, le
concrétiser dans un amendement.
C'est au sujet de l'obligation faite à un immigrant professionnel
de s'engager à demander la citoyenneté canadienne, entre autres
conditions, s'il veut pratiquer sa profession ici au Québec. Je me
demandais pourquoi une telle obligation, puisque plusieurs professionnels
c'est leur droit parfaitement légitime peuvent vouloir
s'installer au Québec, peut-être même pour une dizaine
d'années, sans avoir aucune espèce d'envie et je les
comprends très bien d'avoir la citoyenneté canadienne.
Ne serait-il pas possible de permettre à ces gens-là de
venir professionnellement et même sur le plan des impôts contribuer
au développement du Québec et du Canada, pour autant qu'il est
là, sans les obliger à prendre une citoyenneté qu'au fond
ils ont bien le droit de refuser? C'est pourquoi nous proposons un amendement
à l'article 2. Nous suggérons que, dans le paragraphe 4 de la
loi, tel que défini à l'article 2 du bill 64, on supprime les
sept dernières lignes du premier alinéa et qu'il se lise
maintenant comme suit. Le texte demeure inchangé jusqu'à: "cette
corporation uniquement pour le motif que cette personne ne possède pas
la citoyenneté canadienne", et on ajoute: "si elle est domiciliée
au Québec", en supprimant les sept dernières lignes.
M. le Président, j'ai des copies de l'amendement; j'en remets
à mon collègue. Je ne pense pas le définir plus longtemps.
Je suis prêt à entendre les arguments du ministre, et
j'espère que l'esprit de notre amendement est bien compris.
M. CLOUTIER(Ahuntsic): L'esprit de cet amendement est parfaitement
compris. Maintenant, je voudrais faire remarquer au député de
Saint-Jacques que nous légiférons dans un secteur particulier.
Nous proposons une loi générale qui s'applique à un
certain nombre de corporations lesquelles bénéficient
déjà de prérogatives et de droits établis. Nous
modifions leur charte particulière, puisque c'est ainsi que ça
s'appelle, de manière à ne pas imposer la clause de
citoyenneté et, en même temps, à favoriser la connaissance
d'usage du français.
Par conséquent, il me semble, sans être juriste, que ce
serait déborder singulièrement la portée de ce que nous
pouvons faire, si nous procédions de cette façon-là.
D'autre part, il y a également dans mon esprit une autre raison qui
milite contre un tel amendement. Nous sommes dans un pays qui s'appelle le
Canada et, comme ceci se passe dans tous les pays, il me paraît normal
que quelqu'un qui désire s'y établir puisse adopter la
citoyenneté canadienne et qu'une corporation professionnelle
l'impose.
Maintenant, pour répondre en partie à l'argument du
député de Saint-Jacques, il est exact que certaines personnes
peuvent désirer venir au Québec, et y travailler pendant un temps
limité, sans désirer la citoyenneté canadienne. Je dis
bien: pendant un temps limité, parce qu'il me paraît impensable et
non souhaitable comment l'intégration serait-elle possible
à ce moment-là qu'un immigrant ne finisse pas,
après les délais normaux, par adopter la citoyenneté du
pays?
Nous allons proposer un amendement qui tient compte en partie de
l'argumentation du député de Saint-Jacques et qui permet, dans
certaines conditions, d'émettre des permis temporaires. Je peux
dès maintenant, puisque nous y reviendrons, vous donner certaines
explications touchant cet amendement qu'on vous a distribué. Il s'agit
du deuxième amendement qui se lit de la façon suivante:
insérer, après l'article 21 du bill, l'article suivant: Article
22: "Nonobstant toute disposition inconciliable de la présente loi ou de
toute autre loi régissant une corporation à laquelle s'applique
l'article 4 de la Loi de l'admission à l'étude et à
l'exercice des professions et de ses règlements, une telle corporation
peut permettre à une personne qui ne possède pas la
citoyenneté canadienne et qui n'a pas la connaissance d'usage de la
langue française requise suivant ledit article 4 d'exercer la profession
qu'elle régit pour une période n'excédant pas un an, dans
la mesure où les lois ou les règlements régissent la
corporation l'autorisent à admettre temporairement une personne à
l'exercice de la profession, mais elle ne peut le faire pour une période
plus longue, si ce n'est avec l'autorisation du lieutenant-gouverneur en
conseil lorsque l'intérêt public le requiert".
Permettez-moi de préciser un peu le sens même de cet
article. Cet article, qui est ajouté au projet de loi et qui permet
justement aux corporations d'admettre temporairement à l'exercice des
professions des immigrants dans les conditions que je viens de
déterminer, a pour fins de ne pas pénaliser, à leur
arrivée au Québec, les immigrants à cause de leur
ignorance de la langue française, mais de leur permettre de
bénéficier d'une période d'une année pour leur
permettre d'acquérir la connaissance requise.
Nous essayons de concilier, en somme, un double objectif: favoriser
l'immigration, c'est-à-dire de faire entrer le plus d'immigrants
possible, et faciliter leur intégration comme leur adaptation,
c'est-à-dire leur permettre de parler la langue de la majorité.
Il faut, par conséquent, en arriver à des dispositions
suffisamment souples pour ne pas nous priver de l'immigration et, en même
temps, atteindre la fin extrêmement importante de permettre leur
adaptation par le truchement de la langue.
Cet article prévoit, en outre, que le gouvernement pourra
autoriser les corporations à accorder des permis pour plus d'une
année, mais dans des cas exceptionnels lorsque l'intérêt
public le requerra comme, par exemple, et ceci peut arriver, dans le cas
d'étrangers spécialisés dans un domaine particulier alors
que leurs services sont requis au Québec pour la râlisation
d'un ouvrage déterminé. Je pense ici à la
construction du pont Pierre-Laporte ou à l'exploitation du
pétrole québécois, si les recherches qui s'effectuent en
ce domaine étaient concluantes.
Voici ce qui se passe. Nous avons constaté que certaines
corporations auraient pu, par hypothèse, contourner notre loi en
émettant des permis temporaires, qu'elles avaient le droit
d'émettre, d'une année sur l'autre pendant cinq ans. Ceci aurait
permis à certains immigrants d'attendre d'être éligibles
à cause de leur citoyenneté. Mais, justement, et c'est en ce sens
que j'ai pu dire, dans mon discours, que ces amendements ne changeaient en rien
l'esprit et le principe de la loi, mais le renforçaient. Maintenant, il
ne sera plus possible de procéder de cette façon.
Nous tenons compte des meilleurs intérêts
économiques du Québec. Il peut être expédiant, utile
à certains moments de faire venir des experts étrangers qui,
n'ont pas intérêt demander la citoyenneté canadienne, qui
ne veulent pas devenir immigrants au sens propre et au sens de la loi, mais
qui, cependant, ont besoin, pour exercer une profession dans
l'intérêt public, d'être acceptés par une
corporation. Or, il y a certains grands travaux qui ne sont pas
réalisables si on ne fait pas appel à des étrangers. Lors
de la construction du pont Pierre-Laporte, nous avons employé des
ingénieurs américains qui ont obtenu des permis temporaires
pendant une période de plusieurs années. Désormais, c'est
le lieutenant-gouverneur en conseil qui en conservera la contrôle de ces
permis.
Il y a également une autre difficulté que pallie cette
loi. Si on n'accordait pas de permis temporaire, il pourrait en résulter
une anomalie. Certains immigrants parlant français, immigrants non
visés par notre mesure incitatrice, n'auraient pas pu venir au
Québec pour des périodes limitées,
précisément parce qu'eux n'auraient pu s'engager à
demander la citoyenneté. Grâce à cet amendement, nous
permettrons que ces immigrants qui parlent français puissent, quand
même, faire un séjour d'au moins d'une année grâce
à un permis temporaire.
Il fallait tenir compte de toutes ces difficultés. Ces quelques
exemples permettent de comprendre que la seule fin de cet amendement en est une
de souplesse et de flexibilité.
M. CHARRON: M. le Président, je crois que la dernière
intervention du ministre de l'Immigration ne répond qu'en toute petite
partie à mon objection. Je crois qu'il a très bien exposé
l'amendement, soit le nouvel article 22 que nous étudierons en temps et
lieu, mais l'amendement sur lequel nous discutons actuellement, et qui est
celui de mon parti, traite non pas du statut de la langue française, qui
n'est pas encore abordé, mais de l'obligation faite aux immigrants de
s'engager à demander la citoyenneté canadienne, ce qui est autre
chose. Et je ne crois pas que ce soit inclus dans l'article 22, tout nouveau
soit-il, que vient de nous présenter le ministre de l'Immigration.
La seule objection que j'ai entendue dans la réponse du ministre,
c'est que ce serait défavoriser l'intégration que de ne pas
exiger d'eux qu'ils deviennent des citoyens canadiens, avec un passeport
canadien, après. Est-ce que c'est une marque d'intégration que de
vraiment détenir la citoyenneté d'un pays? Je suis, pour ma part,
citoyen canadien et je ne me sens aucunement intégré. Il y a
beaucoup de gens, comme ça, qui vont refuser systématiquement de
demander la citoyenneté canadienne, parfois parce qu'ils ne la veulent
pas, parfois parce qu'ils tiennent mordicus, c'est leur droit le plus
légitime à demeurer citoyen français, citoyen
britannique, citoyen danois ou je ne sais trop. Ils peuvent avoir leur famille
là-bas, ils peuvent avoir leur vie. Eux, ils ne sont ici que pour le
travail. C'est le cas, par exemple, de dizaines d'Espagnols qui ont
quitté leur pays pour venir travailler ici, chez nous; toute la famille
demeure là-bas. Ils sont ici presque seulement pour la faire vivre,
étant donné la situation économique de l'Espagne, et ils
veulent demeurer des citoyens espagnols. Vous aurez peut-être
là-dedans des professionnels qui veulent demeurer des citoyens de la
république espagnole et qui ne pourraient pas pratiquer s'ils ne
signaient pas l'engagement comme quoi ils vont être obligés de
prendre la citoyenneté canadienne. Je pense que, par cette faille de la
loi, on perdra une quantité d'immigrants que, justement, le principe
même et l'esprit même de la loi que nous venons d'adopter en
deuxième lecture visent à amener au Québec. On ajoute une
clôture inutile je pense qu'on n'en a pas le droit qui ne
signifie tout à fait rien, à moins qu'on ne soit attaché,
de façon désordonnée, aux symboles et qu'on croie que le
fait de détenir un passeport veut dire être intégré
à une société.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, je vois bien dans quel
esprit le député de Saint-Jacques s'exprime. Je peux
évaluer ses motivations. Mais, je crois avoir répondu à sa
question. Un immigrant, c'est quelqu'un qui quitte son pays, qui va dans un
autre pays pour s 'y établir et qui en adopte la citoyenneté.
Tant qu'on n'aura pas changé la définition de l'immigrant, ce
sera ce que je viens de vous dire. Par conséquent, notre attitude me
parait parfaitement logique. La seule préoccupation valable qui ressort
des commentaires du député de Saint-Jacques, nous y
répondons par le biais des permis temporaires. Il est possible de
permettre à certaines personnes d'exercer leurs activités pour
une période déterminée. Mais, il ne peut pas être
question d'intégration si quelqu'un n'accepte pas la citoyenneté
du pays où il se trouve.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, parlant de
l'amendement que propose le
député de Saint-Jacques, je ne vois pas non plus
très bien comment cela pourrait s'intégrer. Du reste, je me
demande si je comprends très bien l'objectif que poursuit le
député de Saint-Jacques. J'ai noté, avec plaisir et, en
même temps, avec une certaine surprise, le grand cas qu'il fait des
libertés individuelles dans le choix de la citoyenneté comme dans
le choix de la langue. C'est ce qui sous-tend la loi 63, dont il a parlé
tout à l'heure. Alors, revenant à son amendement, j'aimerais
savoir exactement quel en est l'objectif, quel est le but que poursuit le
député de Saint-Jacques lorsqu'il nous demande de modifier
l'article 2 selon la formulation de son amendement. Quel est exactement son
objectif? Qu'est-ce qu'il recherche?
M. CHARRON: L'objectif, M. le Président, est en quelque sorte de
donner encore plus de fruit à la largesse déjà contenue
dans le projet de loi 64. Ce que vise la projet de loi est d'ouvrir la porte ou
enfin d'enlever une clôture. Il y en avait déjà beaucoup,
soit l'obligation de la détention de la citoyenneté pour la
pratique de la profession. Moi, je dis: Enlevons-en une de plus, justement pour
donner encore plus de fruit à ce projet de loi gouvernemental,
c'est-à-dire n'obligeons même pas l'immigrant à s'y
engager, parce que je suis convaincu qu'on va en perdre des gens comme
ça. C'est leur droit de ne pas vouloir devenir citoyen, de tenir
à leur pays, comme moi je tiens à celui que j'aurai. C'est leur
droit le plus fondamental et je suis certain qu'il y a des professionnels qui
seront bloqués dans leur intégration à la
société québécoise, à cause de ça.
C'est ça, l'objectif.
M. DUMONT: M. le Président, si nous voulons "balkaniser" le
Canada, nous devrions accepter cet amendement.
De ce fait, nous verrions les Russes qui ont émigré, par
exemple, dans l'Ouest canadien réclamer pour eux ce qui est
réclamé, dans cet amendement, pour le Québec. Nous
verrions l'Ontario, nous verrions notre ami Smallwood, à Terre-Neuve,
réclamer d'une autre façon. C'est une des raisons pour lesquelles
nous croyons que cet amendement est irrecevable.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Le comité est-il prêt à se
prononcer sur l'amendement de l'honorable député de
Saint-Jacques?
DES VOIX: Vote! Vote!
Vote sur l'amendement
M. LE PRESIDENT (Hardy): Vote. Ceux qui sont en faveur de l'amendement
de l'honorable député de Saint-Jacques.
Ceux qui sont contre l'amendement de l'honorable député de
Saint-Jacques.
L'amendement proposé par l'honorable député de
Saint-Jacques est rejeté. Nous revenons à l'article
principal.
M. CHARRON: Cruellement!
M. LE PRESIDENT (Hardy): C'est la démocratie!
M. CHARRON: C'est le parlementarisme.
M. LE PRESIDENT (Hardy): L'honorable député de
Frontenac.
M. LATULIPPE: Pour mon information personnelle, M. le Président,
quand on parle de la connaissance de la langue française, j'imagine
qu'on imposera certainement un certain contrôle, il y aura des examens
à subir pour déterminer qui a une connaissance suffisante et qui
ne l'a pas. Je me demande alors quelle juridiction contrôlera ces
examens. Est-ce la juridiction fédérale ou le Québec?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, nous avons cru
nécessaire d'apporter un amendement. Dans le texte de la loi tel que
rédigé, les corporations devaient déterminer cette
connaissance d'usage du français. Si le texte de la loi a
été ainsi rédigé, c'est un peu à cause de
l'économie même de nos législations vis-à-vis des
corporations. En général, ce sont elles qui administrent leurs
ressortissants et qui assument des responsabilités
déterminées dans certains domaines.
Il nous a semblé, cependant, qu'il y aurait probablement
intérêt à confier cette responsabilité au
gouvernement. C'est la raison pour laquelle je propose cet amendement,
c'est-à-dire d'ajouter à la fin du deuxième alinéa
de l'article 4 de la Loi de l'admission à l'étude des professions
édictées par l'article 2 du bill 64, après le mot
"française" les mots suivants: "déterminée suivant les
normes établies à cette fin par règlement du
lieutenant-gouverneur en conseil. Tout règlement adopté en vertu
du présent alinéa doit être publié dans la Gazette
officielle du Québec et entre en vigueur à compter de cette
publication."
Ce texte a pour but de permettre au lieutenant-gouverneur en conseil,
c'est-à-dire au gouvernement, de déterminer des normes que
devront observer les corporations professionnelles en appréciant la
connaissance d'usage de la langue française que doivent avoir les
immigrants qui demandent leur admission à l'exercice d'une profession.
Comme je vous l'ai indiqué, le texte actuel laissait ce soin aux
corporations elles-mêmes. Mais nous avons réalisé qu'il
aurait pu conduire à des différences notables entre les
critères appliqués par une corporation et ceux appliqués
par une autre corporation. C'est la raison pour laquelle nous avons
préféré confier au gouvernement cette
responsabilité parce que les normes peuvent varier suivant la nature des
professions et doivent conduire à l'application d'un test objectif.
Je dois vous dire que le ministère de l'Immigration a
déjà un bon nombre d'éléments pour
lui permettre de mettre au point un tel test. Nous possédons
actuellement un test qui est administré dans ce que nous appelons les
COFI, c'est-à-dire les centres d'orientation et de formation des
immigrants. Ce test a été préparé par des
linguistes de l'Université de Montréal. Il est
standardisé. Il permet au ministère de vérifier si
l'immigrant connaît ou ne connaît pas le français.
C'est ainsi, par exemple, que lorsque l'immigrant ne connaît pas
suffisamment le français, on l'inscrit aux COFI et il est admis,
d'ailleurs, dès maintenant à suivre des cours d'anglais avec mais
uniquement lorsqu'il a suivi les cours de français. Par
conséquent, nous avons les éléments nécessaires
pour intervenir, pour mettre au point les techniques utiles. Il suffira tout
simplement de modifier ce qui existe déjà en fonction des besoins
de chacune des corporations.
Il faut se rendre compte que c'est là un domaine
extrêmement complexe. En effet, il faut s'interroger sur ce qu'est une
connaissance d'usage du français. Il faut également tenir compte
des vocabulaires techniques. C'est là que l'Office de la langue
française, qui relève du ministère des Affaires
culturelles, pourra jouer un rôle extrêmement important. Ce que
nous réalisons dans le cadre de cette loi aura des répercussions
au niveau de la politique générale de l'implantation du
français comme langue de travail.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je suis heureux que le
gouvernement ait apporté cet amendement à l'article 2. Toutefois,
je voudrais d'abord faire une observation générale à la
suite de ce qu'a dit le ministre des Affaires culturelles. Il est
extrêmement difficile de définir mathématiquement ce qu'est
la connaissance d'usage du français. Vraiment, si on avait une
définition plutôt mathématique, je me demande si on
pourrait déclarer que la majorité des membres de cette Chambre
ont une connaissance d'usage du français.
En examinant cet article, je me suis rendu compte qu'il faisait suite
à des réunions que les membres du Parti libéral ont
tenues, et sans prêter d'intentions je pense qu'il y a quelques membres
du Parti libéral qui ont peut-être gagné un petit point
là-dedans. C'est pour ça que je voudrais mettre le ministre en
garde. On dit ceci: "Déterminé suivant les normes établies
à cette fin par règlement du lieutenant-gouverneur en
conseil."
Le ministre vient de nous parler de certains instruments, de certains
mécanismes qui permettront de déterminer, d'établir des
normes d'évaluation de la connaissance du français. Je ne sais
pas si le ministre accepterait un petit amendement à son amendement,
histoire de rendre encore plus fort ce qui ne me paraît pas l'être
suffisamment. Je proposerais qu'on amende l'amendement de la façon
suivante: "Déter- miné suivant les normes établies
à cette fin par règlement du lieutenant-gouverneur en conseil
avec la collaboration des ministères de l'Education et des Affaires
culturelles".
Je propose cela, à moins que le ministre ne m'indique s'il y a
vraiment à l'heure actuelle des mécanismes non pas seulement de
consultation, mais une machine qui établit constamment le contact entre
l'Education, les Affaires culturelles et l'Immigration en matière
d'évaluation de la connaissance du français. Je proposerais donc
que l'on ajoute après les mots: "par règlement du
lieutenant-gouverneur en conseil", les mots suivants: "en collaboration"
j'aimerais mieux "avec la collaboration des ministères de l'Education et
des Affaires culturelles".
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, j'accepte les remarques
du député de Chicoutimi. Je sais d'ailleurs dans quel esprit il
les a faites et je crois qu'il a raison de se soucier de cet aspect de mon
amendement. Cependant, j'ai l'impression que ceci peut parfaitement être
réalisé sur le plan administratif. C'est ainsi, par exemple, que
nous sommes en relation étroite avec l'Institut de recherche
pédagogique du ministère de l'Education qui nous a
déjà fourni les éléments nécessaires de
manière à établir des normes d'usage à destination
des immigrants. C'est donc dire que je ne m'opposerais pas
nécessairement à cet amendement de mon amendement, mais j'avoue
avoir certains doutes au sujet de son utilité. D'ailleurs, est-ce que le
fait de dire lieutenant-gouverneur en conseil ne signifie pas que tous les
ministères sont impliqués au niveau du cabinet?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Par conséquent, c'est une question de
coordination ministérielle et de coordination administrative.
M, TREMBLAY (Chicoutimi): Dans un sens, je crois que le ministre a
raison. Remarquez que je ne ferai pas une croisade pour défendre mon
amendement à l'amendement, mais j'ai simplement évoqué ce
problème pour éviter tout arbitraire. Je n'impute pas de motifs
au gouvernement, à quelque gouvernement que ce soit, dans l'application
pratique de la loi.
J'aimerais bien que le ministre me rassure. J'imagine que la
réglementation afférente à la loi précisera la
nature des mécanismes et en indiquera le fonctionnement afin que nous
soyons bien sûrs que ce n'est pas le conseil des ministres comme tel,
mais que ce sont des gens spécialisés qui s.'assurent que l'on
respecte les normes d'évaluation du français. Je suis bien
prêt à renoncer à mon amendement, mais je voulais attirer
l'attention du ministre sur le danger d'un certain arbitraire.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je suis tout à
fait d'accord, M. le Président. D'ailleurs, je pense qu'il y
aurait intérêt à ce que les règlements parlent
nommément du ministère des Affaires culturelles et surtout de son
Office de la langue française qui a déjà un rôle de
normalisation. Rôle de normalisation qui pourrait trouver effet dans
cette législation.
M. LE PRESIDENT (Hardy): L'honorable député de
Saint-Jacques sur le sous-amendement de l'honorable député de
Chicoutimi.
M. CHARRON: Je croyais que le député de Chicoutimi venait,
à toutes fins utiles, de retirer son sous-amendement.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Ah bon! Alors, pour mettre fin à la
discussion le député de Chicoutimi insiste-t-il...?
M.TREMBLAY (Chicoutimi): J'insiste sans insister, mais justement le
ministre des Affaires culturelles m'a ouvert une porte alors, je veux
entrer tout de suite lorsqu'il a parlé de l'Office de la langue
française comme agent de normalisation. Il apparaît
déjà dans le projet de loi 63 que l'Office de la langue
française est l'agent normalisateur et en indiquant ici, "avec la
collaboration du ministère des Affaires culturelles", on
institutionnaliserait, encore une fois, le rôle d'agent normalisateur de
l'Office de la langue française qui relève du ministère
des Affaires culturelles. Le ministre m'a donné des explications qui me
satisfont et je suis prêt à retirer mon amendement à son
amendement parce que je sais, par ailleurs j'y repense que la loi
63 prévoit exactement le rôle et les fonctions de l'Office de la
langue française.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est exact, M. le Président, parce qu'en
effet puisque ce rôle est déjà institutionnalisé je
ne vois pas comment nous pourrions l'institutionnaliser davantage en l'incluant
dans la loi. Je suis reconnaissant au député de Chicoutimi
d'attirer l'attention de l'Assemblée sur cette fonction importante.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Le député de Bourget sur
l'amendement du ministre des Affaires culturelles.
M. LAURIN: Votre amendement ne mentionne pas que cette
détermination implique un avis de la corporation mentionnée.
Est-il dans vos intentions quand même d'édicter ces
règlements après consultation ou avec la collaboration des
corporations concernées?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Les corporations qui ont été
consultées sont d'accord sur le principe, mais je pense que ce que le
député de Bourget a à l'esprit ce sont surtout les
modalités mêmes, la façon dont le test sera
administré. Je crois en effet qu'il est tout à fait souhaitable
que nous travaillions en collaboration avec les corporations qui connaissent
les besoins particuliers.
M. LAURIN: La terminologie et les termes surtout qu'il faut
connaître.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous possédons déjà un bon
nombre de vocabulaires techniques préparés par l'Office de la
langue française dans plusieurs secteurs qui impliquent ces
corporations. Comme je le soulignais il y a quelques instants, c'est l'occasion
pour l'Office de la langue française de préparer d'autres
vocabulaires techniques.
M. LAURIN: Le ministre voit-il l'utilité d'ajouter cette
incidente à son amendement?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je ne crois pas qu'elle soit bienvenue dans un
texte de loi. Je pense que cela va de soi et, de toute façon, c'est dans
les règlements que ceci devrait apparaître: Ces règlements
devront être le résultat de consultations avec tous les
intéressés.
M. LE PRESIDENT (Hardy): L'honorable député de
Saint-Jacques.
M. CHARRON: M. le Président, je crois que nous sommes à
l'article clef de ce projet de loi. Toute notre appréciation de la loi
tourne en fait à quelque chose d'encore indéfini et j'admets avec
le ministre que la connaissance d'usage du français est difficilement
mathématiquement définissable.
Mais, pour ma part, j'ai une question à poser au ministre. Cette
expression: "connaissance d'usage du français" est déjà
consacrée dans un projet de loi célèbre qui disait
à son article premier, sans le citer juridiquement, que les jeunes
étudiants de langue anglaise seraient soumis à un examen par
lequel on vérifierait, à la fin de leur cours, la connaissance
d'usage du français, le "working knowledge of French". Pouvons-nous dire
que les normes, c'est ce qui est intéressant à la
base du test soumis dans le projet de loi 64 seraient plus
sévères, ou moins sévères, que celles qu'oblige le
projet de loi 63?
Autrement dit, serait-on plus exigeant quant au français
parlé pour l'usage face aux professionnels étrangers qui entrent
ici qu'on l'est pour les jeunes étudiants anglophones
québécois actuellement?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je ne crois pas, M. le Président, que le
problème se pose exactement de cette manière. Nous allons, dans
un premier temps, étudier les besoins des corporations. Ces besoins
varient. Nous allons, dans un deuxième temps, essayer de
déterminer quelle doit être la connaissance par rapport aux
besoins.
Vous conviendrez avec moi que, quand il s'agit d'une infirmière
ou d'un médecin qui sont en contact constamment avec une
clientèle, ils doivent posséder en plus d'un vocabulaire
technique, une connaissance assez poussée de la langue. Par ailleurs, si
l'on a affaire à un ingénieur spécialisé ou
à un architecte qui n'est pas toujours en contact avec les gens, il sera
possible, à ce moment-là, de tenir compte de sa fonction et
d'avoir des exigences différentes.
Je crois que c'est la meilleure réponse que je peux donner. Je ne
sais pas si le député de Saint-Jacques s'en satisfera.
M. CHARRON: J'admets, M. le Président, qu'on peut être plus
exigeant à l'intérieur des professions pour un groupe que pour un
autre, tout dépend de son contact avec le public ou de toute autre
chose. Prenons l'exemple le plus courant, celui que vous avez cité qui
demanderait probablement le plus d'exigences. Est-ce qu'on sera plus exigeant
envers des professionnels comme les infirmières et les médecins
quant à leur connaissance du français qu'on ne l'est envers les
jeunes anglophones du Québec, actuellement?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je ne peux vraiment pas, M. le Président,
répondre à cette question. A ce moment-là, il faudrait
vraiment comparer les résultats des épreuves. D'ailleurs les
épreuves, pour les corporations, seront certainement différentes.
Il ne faut pas simplement penser à des examens écrits. Il y a
divers modes d'appréciation, que nous avons déjà mis au
point d'ailleurs, et qui devront être revus et corrigés.
M. CHARRON: M. le Président, je suis prêt à ne pas
aller plus loin dans cette question autour de la connaissance d'usage de la
langue. Même si cela peut paraître étrange, on pourrait
passer des heures à poser des questions. Je tiens à expliquer
pourquoi. D'abord, le tout est terriblement technique. Ce n'est pas ici que
nous allons apprendre le contenu de l'examen et, d'autre part, nous pouvons
répéter ce que nous avions dit l'année passée
à l'encontre de l'article 1 du projet de loi 63.
Même si nous définissions, ici même en cette Chambre,
toutes les questions que l'on poserait, soit aux jeunes du milieu anglophone,
soit aux professionnels étrangers pour vérifier leur connaissance
de la langue française, ce n'est pas cela qui est important, finalement.
Il y a des étudiants de langue anglaise, par exemple, dans mon
comté, qui vont répondre à un questionnaire
français de façon parfaite, obtenir la note 85, mais qui, dans la
vie courante du Québec, n'ont aucune raison, aucune motivation et aucun
besoin d'utiliser la langue française et ne l'utilisent pratiquement
pas, non plus.
Tant que la vie complète de la langue française au
Québec ne sera pas changée, ces cho- ses-là demeurent bien
techniques et deviennent par certains côtés, parfaitement
artificielles.
J'imagine qu'il peut y avoir un médecin espagnol, demain matin,
qui, faisant sa demande de pratique au Québec, va répondre de
façon parfaite à n'importe quel examen que vous pouvez lui faire
subir. Il va ainsi se débarrasser d'une formalité, comme moi je
me débarrasserais des examens de fin d'année, et dire: J'ai tout
passé, vous pouvez me donner mon diplôme. Il n'utilisera en aucun
temps la langue française par la suite. Il se sera forcé le
crâne, aura appris des mots de vocabulaire technique la veille de
l'examen du ministère de l'Immigration, saura y répondre et, un
fois sorti de là: "Well, boys, now we can go."
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ce serait plutôt en espagnol, dans votre
exemple.
M. CHARRON: Les Espagnols ici parlent l'anglais, pour la plupart. Vous
le savez, vous êtes le député d'Ahuntsic.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): J'ai surtout des Italiens, dans ce beau
comté.
M. CHARRON: Est-ce qu'on pourrait suggérer un amendement
spécifiant qu'ils n'auront pas le droit de vote s'ils ne sont pas
citoyens canadiens? Est-ce que vous seriez prêt à...
UNE VOIX: Ne charrions pas!
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Continuez, soyons sérieux! Je pense que
le député de Saint-Jacques a raison sur bien des points. Il y a
une dimension que n'importe quel examen, n'importe quel test, ne pourra pas
saisir. C'est la raison pour laquelle je ne peux pas répondre à
sa question et comparer les résultats des examens exigés par le
ministère de l'Education dans le cadre du bill 63 et ceux que nous
allons, nous, exiger, dans le cadre du bill 62.
Le problème est beaucoup plus global. Quand on parle de la
connaissance d'usage, on ne peut pas en donner une définition
particulière. Nous ne pouvons, bien sûr, que faire des efforts en
vue d'un idéal. Je crois que ces examens prendront toute leur valeur
dans la mesure où nous réussirons également, par ailleurs,
notre politique du français langue du travail.
Il est bien évident que, s'il s'agit uniquement d'une
espèce d'examen de passage et qu'ensuite, après avoir obtenu son
permis d'exercice, l'immigrant n'a plus à utiliser la langue
française, ou n'y accorde aucune importance, nous n'avons réussi
qu'une politique parcellaire et limitée. En revanche, si nous pouvons
articuler ce que nous faisons en ce moment je vous ferai remarquer que
c'est, quand même, une des premières fois, sinon la
première, que, dans une loi particulière, on introduit une mesure
de cet ordre avec cette grande politique générale du
français langue du travail qui a déjà
démarré, eh bien, à ce moment-là, nous lui
donnerons toute sa signification.
Je sais bien que le député de Bourget souhaitait que, dans
les huit mois où nous avons été au pouvoir, que nous ayons
réussi à régler à peu près tous les
problèmes. Je l'ai entendu, avec un sourire amusé, je dois le
dire, affirmer qu'il regrettait qu'on n'ait pas fait une politique globale dans
le domaine linguistique, une politique globale dans le domaine de la
santé, une politique globale dans le domaine de l'immigration. Il est
bien évident que ceci participe un peu, si je peux me permettre de le
dire avec une certaine amitié, de la démagogie.
Je crois que notre gouvernement a réussi à réaliser
beaucoup de choses depuis huit mois. Il serait totalement impensable d'imaginer
qu'on puisse arriver avec une politique globale dans le domaine linguistique en
quelques mois. Tout ce que je peux vous dire, c'est que nous travaillons sur ce
problème extrêmement important avec un ensemble de
mécanismes qui témoignent, tout de même, de leur
efficacité. Je n'ai pas besoin de vous rappeler l'existence du
comité ministériel sur la politique linguistique, l'existence de
l'Office de la langue française, qui a vu son mandat élargi sous
l'ancien gouvernement d'ailleurs et qui travaille de façon de plus en
plus active, et également de cette politique du français langue
de travail qui ne peut pas donner des résultats en quelques mois, mais
qui, petit à petit, arrive à faire ses preuves.
M. CHARRON: Le plus étonnant, c'est qu'on travaille de plus en
plus sur le français et de moins en moins contre.
M. LAURIN: Je suis sûr que le député d'Ahuntsic
aurait trouvé mon intervention moins démagogique s'il n'en avait
pas "scotomi-sé" une partie, par exemple, celle où je parlais de
la nécessité d'une loi-cadre générale, assez
courte, qui aurait fait du français la langue officielle du
Québec et qui, ensuite, aurait pu être explicitée dans
plusieurs lois particulières. A ce moment-là, ça cesse
d'être démagogique, puisqu'on laisse au gouvernement le temps
qu'il faut pour s'expliciter dans les divers domaines.
De toute façon, c'est un long débat qu'on pourra refaire
ailleurs.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, avant que vous
m'empêchiez d'y répondre parce que nous débordons,
je crois, le mandat du comité plénier je voudrais dire que
les lois ne se font pas de cette façon. On n'imagine pas une loi-cadre
pour, ensuite, en définir les applications. Il faut, tout de même,
se rendre compte des implications de ce que l'on veut faire. Une loi-cadre est
le résultat d'une démarche inverse. Autrement dit, je crois que
le député de Bourget procède exactement à
l'encontre de ce qui, normalement, doit être fait. C'est dans la mesure
où nous saurons exactement quels sont nos objectifs et quelles sont les
conséquences des dispositions que nous prendrons que nous pourrons
coiffer le tout d'une loi.
Je ne voudrais pas que ces quelques remarques soient
interprétées comme une acceptation du principe d'une loi-cadre
dans le domaine du français langue du travail. Pour ma part, je ne suis
pas partisan de mesures coercitives dans un domaine aussi délicat et
aussi complexe. Si je ne suis pas partisan des mesures coercitives, ce n'est
pas à cause d'un acte de foi politique, mais uniquement à cause
de l'expérience que j'ai pu vivre au cours des années et qui m'a
prouvé que ces politiques étaient souvent extrêmement
dangereuses et néfastes, quand elles n'allaient pas à l'encontre
du but recherché.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je viens
d'écouter avec attention ce qu'a dit le ministre des Affaires
culturelles. Il est évident que définir ce qu'est exactement la
connaissance d'usage du français n'est pas facile. Le ministre nous a
donné des indications. Le député de Saint-Jacques a fait
observer qu'il pourrait s'agir simplement d'une sorte de test, d'un examen
auquel on pourrait se préparer en mémorisant des dictionnaires,
des grammaires, des textes, et qu'on pourrait passer brillamment, comme le
député de Saint-Jacques nous a dit qu'il passait les siens.
Je pense qu'il est dans l'intention du gouvernement et il sera
dans la réglementation que ce test ne soit pas seulement une
parade, car vous savez comme moi qu'on peut apprendre une série de
phrases françaises et puis passer brillamment devant un examinateur,
mais ne pas être capable d'utiliser le français.
Alors qu'on prépare la réglementation, j'imagine que les
spécialistes de la langue française des ministères de
l'Education et de l'Immigration vont établir des normes et des
critères qui permettront vraiment de vérifier s'il y a telle
chose que la connaissance d'usage du français. J'entendais, tout
à l'heure, le député de Saint-Jacques dire ceci: On parle
beaucoup du français, du français, du français, et puis on
le parle de moins en moins.
Je suis malheureusement obligé d'admettre que ce qu'il dit est
vrai. Mais est-ce la faute du gouvernement? Est-ce la faute de celui-ci ou de
celui-là? C'est notre faute à tous. Et quand on sait que, dans
des maisons d'enseignement, à l'heure actuelle, on enseigne le "jouai"
et qu'on l'enseigne depuis des chaires d'enseignement officielles, on se
demande quelle est la sincérité de ceux qui suivent
précisément ces cours dits de "jouai," je m'excuse toujours de
dire ce mot atroce. Quelle est la sincérité de ces gens qui
suivent des cours dits de "jouai," et qui protestaient l'an passé parce
que, pour la première fois, un gouvernement mettait en marche une
politique en matière linguistique qui va être progressivement
complétée, mais complétée à
mesure qu'il sera possible de le faire et aussi selon que les citoyens
le voudront. C'est là le problème. Le problème, c'est de
vouloir le parler, le français. J'ai pris connaissance,
dernièrement, d'un ouvrage sur la situation du français. Il y a
des constats extrêmement pessimistes, dans cet ouvrage. Et lorsqu'il
s'agit d'établir les causes de cette détérioration du
français, on est bien embarrassé pour les découvrir, les
identifier exactement, parce que nous sommes tous responsables de cela.
Je pense que le ministre de l'Immigration saura, dans la
réglementation, établir des normes qui permettront de
vérifier s'il y a vraiment, dans le cas des immigrants dont il est
question dans le projet de loi 64, une connaissance d'usage. Cela veut dire une
habileté à s'exprimer couramment, aisément, je ne dirais
pas avec grande élégance, mais avec facilité, de sorte que
le dialogue puisse s'établir sans aucune difficulté entre le
médecin, par exemple, qui traitera un patient, ou entre tel ou tel
membre d'une corporation professionnelle et son client.
Je crois que l'on ne peut pas fixer de limites mathématiques, on
ne peut pas définir mathématiquement ce qu'est la connaissance
d'usage du français. C'est une question de pratique. Le
député de Bourget est là, s'il est médecin et s'il
a à traiter un patient de langue anglaise, il est obligé de
causer avec le patient. Il faut que la langue anglaise qu'il parle soit telle
que le patient puisse savoir exactement ce que le médecin lui a dit et
vice versa lorsqu'il s'agit du français. Je pense qu'on ne peut pas
aller au-delà de ça.
M. LAURIN: Est-ce que le ministre pourrait au moins nous donner
l'assurance que, dans la détermination des aptitudes de ces
professionnels telles que déterminées par règlement, il y
aura un examen oral ou un examen de français parlé?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II y en a déjà...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Dès maintenant, 25 p. c. des tests, des
tests que nous administrons comportent un examen oral. Je peux donc vous donner
cette assurance.
M. LE PRESIDENT (Leduc): Adopté.
M. BELAND: M. le Président, au sujet de cet article 2, j'aurais
une autre question à poser au ministre. C'est un point qui entre en
ligne de compte. On pourrait quand même en discuter à l'article
5.
A l'article 2, on y regarde plus profondément. Donc le citoyen
qui exerce une profession quelconque dans un autre pays et qui immigre ici au
Québec, entre en ligne de compte quand même. Or, ce citoyen qui
exerçait sa profession en vertu de diplômes, est-ce qu'en arrivant
au Québec, ses diplômes vont être reconnus étant
donné que là-bas, dans un autre pays, il a suivi des cours dans
une école reconnue? Est-ce qu'il pourra recevoir le salaire de mise ici,
même s'il n'y a pas de corporation dans le pays où il a
exercé sa profession?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, dans tous les pays il y
a, sinon des corporations parce que le mot "corporation" est un anglicisme, des
collèges, des organisations, des structures ou des chambres qui
administrent les différentes professions. Il y a donc des exigences
partout. L'équivalence des diplômes est déterminée
par les différentes corporations. Nous légiférons sur
certains aspects de leur mandat, mais nous ne modifions pas les
responsabilités des corporations dans l'évaluation de la
compétence de ses candidats. Par conséquent, quelqu'un qui
viendra de l'extérieur, s'il s'agit d'un immigrant, devra se soumettre
à toutes les conditions imposées par les corporations plus celles
à propos desquelles nous avons présenté ce projet de
loi.
M. BELAND: Est-ce que votre ministère a eu des demandes, par
exemple, concernant les professeurs d'éducation physique ou des
professeurs d'escrime? Est-ce que vous avez eu des demandes, en somme, pour
qu'il y ait quelque chose de reconnu spécifiquement ici?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est-à-dire que cela ne touche pas du
tout le projet actuel. Il ne s'agit pas de corporations impliquées. Mais
on m'informe, qu'il y a eu au ministère de l'Education de nombreuses
demandes dans ce domaine.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On peut jouer du piano en anglais ou en
français!
M. LATULIPPE: M. le Président...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On peut faire de l'escrime en anglais ou en
français!
M. LATULIPPE: ... pour reprendre un peu dans le même sens que mon
collègue, disons qu'en Europe il y a une profession qui est reconnue par
une corporation, ou un collège comme vous le disiez tout à
l'heure. Or, au Canada, ou au Québec plus précisément, tel
collège n'existe pas. A ce moment-là, même si en fait il y
a des gens qui exercent la profession au Québec, va-t-on
bénéficier d'une reconnaissance quelconque ou si on va...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, j'ai l'impression que le
député pense certainement à un problème
particulier. Les principales professions sont représentées au
Québec. En conséquence, je ne vois pas exactement quel est le
sens de sa question.
M. LATULIPPE: Je pense spécialement aux professeurs
d'éducation physique qui n'ont pas de reconnaissance, de corporation.
Or, dans certains pays d'Europe il y a justement depuis plusieurs années
une association quelconque. On arrive ici et il n'y en a pas.
M. CASTONGUAY: Je m'excuse, M. le Président. Mais sur cette
question, nous avons fait à la commission d'enquête un
relevé de toute une série de juridictions et c'est le
Québec qui a le record quant au nombre de corporations professionnelles.
Il est donc peu possible que le cas qui est mentionné se produise au
Québec.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Et maintenant...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je m'excuse, vous alliez répondre.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je m'excuse, M. le ministre, je pense que la
question du député est pertinente parce qu'il pense à
certains groupements. Mais il y a quand même en annexe une série
de corporations qui sont mentionnées. Il y en a qui n'apparaissent pas
parce qu'il y a des négociations. Il y a des groupements professionnels,
ce qu'on appelle des ordres on dit l'Ordre des médecins, je ne
sais pas si on dit l'Ordre des architectes et ultérieurement,
d'autres groupements professionnels seront invités à accepter des
immigrants. Je pense donc qu'on perdrait du temps non pas que la
question ne soit pas pertinente à évoquer chacune des
spécialités professionnelles.
Là, nous touchons les corporations qui sont indiquées
à l'annexe. Alors, ce sont pour ces corporations que nous
légiférons, pour l'instant.
M. LE PRESIDENT (Leduc): Article 2, adopté avec l'amendement.
Article 3.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je pourrais peut-être dire un mot, M. le
Président. C'est que les autres articles sont, en gros, des articles de
concordance, en ce sens qu'il s'agissait de modifier les lois de façon
à les rendre compatibles avec les dispositions législatives.
M. CHARRON: Cela ira très vite, M. le Président.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): C'est un souhait que je n'osais pas formuler,
mais...
M. CHARRON: Nous avions compris.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... qui pourrait peut-être se
réaliser.
M. LE PRESIDENT (Leduc): Tel qu'entendu et compris, article 3,
adopté. Article 4.
M. DUMONT: M. le Président, il y avait de la part du
député de Frontenac, parce que cela a été
adopté un peu vite, une simple demande de renseignements par rapport
à l'article 2, alinéa 5.
M. LATULIPPE: Est-ce que vous me permettez de revenir à l'article
2? On dit, dans l'article 2, alinéa 5... "qui ne possède pas la
citoyenneté canadienne". En gros, cela signifie que la corporation
pourra empêcher quelqu'un qui ne possède pas la citoyenneté
canadienne ou n'en fait pas la demande d'en faire partie.
Avec l'amendement que le ministre a apporté, tout à
l'heure, relativement à une certaine tolérance avec un
arrêté du lieutenant-gouverneur en conseil, n'y aurait-il pas lieu
de faire une petite nuance à cet article?
M. DUMONT: Pour un article de concordance.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je ne crois pas que ceci s'impose. Je ne sais
pas si je saisis bien le sens de la question du député, mais il y
a deux problèmes, actuellement. L'article 5 est tout à fait
compatible avec l'exigence de la citoyenneté. Il permet à une
corporation de l'imposer si, au bout des années légales,
l'immigrant, ne s'est pas conformé à cette condition. Vous pensez
surtout à un amendement que j'ai introduit pour l'article 2, mais qui
viendra à l'article 22. Je l'ai amené en parlant de l'article 2,
parce qu'il était essentiel que le principe en soit compris pour vous
permettre une meilleure évaluation de la situation.
M. LE PRESIDENT (Leduc): Article 4, adopté.
Article 5, adopté?
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, à moins que mes
collègues ne s'y opposent, nous serions prêts à
procéder jusqu'à l'article 21 exclusivement.
M. CHARRON: Disons que les vingt premiers articles sont
adoptés.
M. LE PRESIDENT (Leduc): Alors, les articles 5 à 21 sont
adoptés.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Exclusivement, M. le Président.
M. LE PRESIDENT (Leduc): Exclusivement.
Article 21.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Adopté. M. LE PRESIDENT (Leduc):
Adopté? M.TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, adopté.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Le but de l'article 21, M. le Président,
si je pouvais simplement le souligner, pour le bénéfice des
journalistes peut-être, est de protéger les droits acquis.
M. LE PRESIDENT (Leduc): Article 21, adopté avec l'amendement.
Article 22.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, c'est là que
nous ferons une bagarre épouvantable, à l'article 22, parce qu'il
est cinq heures moins le quart et je pense qu'on n'a pas d'autres projets de
loi qui sont en marche. Alors, M. le Président, adopté.
M. BERTRAND: Le ministre peut s'envoler. Vous pouvez partir.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Est-ce terminé?
M. LE PRESIDENT (Leduc): M. le Président, j'ai l'honneur de vous
faire rapport que votre comité a adopté le bill 64, avec des
amendements.
M. LE PRESIDENT (Arsenault): Les amendements sont lus et
agréés.
M. BERTRAND: Un discours. Troisième lecture
M. LAVOIE (Président): Troisième lecture? Est-ce qu'il y a
consentement unanime pour la troisième lecture?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Adopté, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: La motion de troisième lecture est
adoptée.
M. BOURASSA: Quinze.
Projet de loi no 53
Deuxième
lecture
M. LE PRESIDENT: Quinze. L'honorable premier ministre propose la
deuxième lecture du projet de loi no 53, Loi accordant une pension
à la veuve de M. Pierre Laporte.
M. Robert Bourassa
M. BOURASSA: M. le Président, j'avais eu l'occasion de faire
quelques remarques. L'hono- rable lieutenant-gouverneur de la province a pris
connaissance de ce bill et en recommande l'étude à la
Chambre.
J'ai eu l'occasion de donner les explications sur ce bill, étant
donné les circonstances tragiques de la disparition de l'un des
collègues de cette Chambre. Je pense que nous sommes tout à fait
justifiés de voter une pension à madame Laporte et à ses
enfants.
Quand même, je voudrais dire que, depuis les amendements à
la Loi de police, sanctionnée le 11 décembre 1970, les policiers
municipaux ont été placés sur le même pied que les
policiers provinciaux, dont le cas est réglé par l'article 49 de
la Loi de police. Il y a lieu également d'inscrire, M. le
Président, pour le cas de Madame Maurice Taurazas, un article
budgétaire pour verser à madame Taurazas la somme de $3,000 par
an, depuis le 16 avril 1969. Cette rente spéciale cessera lorsque la loi
projetée et déjà annoncée pour l'indemnisation des
victimes du crime sera adoptée au printemps. Son cas se trouvera ainsi
réglé par une loi générale.
En effet, nous avons l'intention, dès la prochaine session, de
présenter un projet de loi pour l'indemnisation des victimes du crime et
couvrir des cas qui se présentent et dont M. Laporte peut être
considéré comme l'un des exemples.
M. Jean-Jacques Bertrand
M. BERTRAND: M. le Président, j'appuie sans aucune
réticence et sans aucune réserve ce projet de loi. Il n'est que
juste et équitable que ceux qui survivent à Pierre Laporte ne
soient pas pénalisés financièrement. L'Etat se doit de
diminuer, dans toute la mesure du possible, les inconvénients majeurs,
pour tous les membres de la famille, d'un décès aussi tragique.
Il est malheureux, par contre et j'aimerais entendre le premier ministre
là-dessus qu'il n'existe pas, dans notre Loi de la
Législature, de moyens de régler pareil cas. Il eût
été préférable d'adopter une loi de portée
générale, mais l'examen de tous les problèmes connexes que
cela pose nous empêche pour le moment, je crois et le chef du
gouvernement nous le dira d'en présenter une. Mais, c'est
toujours à l'occasion de pareilles situations qu'on est amené
à réfléchir sur des situations semblables qui peuvent se
présenter. Et l'on constate, à ce moment-là, que ou nos
lois sont muettes ou inexistantes ou incomplètes.
J'ai donc été très heureux d'entendre le premier
ministre faire écho à des propositions qui lui ont
été faites par les chefs des partis de l'Opposition et, quant
à l'indemnisation des victimes du crime, suggestion qui lui a
été faite en ma présence par le député de
Bourget, le chef parlementaire du Parti québécois.
A l'occasion d'une rencontre que nous avons eue avec le premier
ministre, il a été entendu que lors de la prochaine session, en
février, un
projet de loi qui permettrait l'indemnisation des victimes des crimes
je pense que dans ce domaine l'Ontario a déjà
légiféré sera présenté au
Parlement.
Deuxièmement, il y a aussi les amendements à la Loi de la
Législature qui permettront d'inclure des cas semblables à celui
auquel nous apportons un remède par la pension qui sera payée
à Mme Laporte.
J'espère bien que nous pourrons, lors de la reprise des travaux
parlementaires en février, nous occuper de ces deux
problèmes.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Portneuf.
M. Antoine Drolet
M. DROLET: M. le Président, en l'absence du chef du Ralliement
créditiste, il me fait plaisir de parler au nom du parti concernant le
bill 53 accordant une pension à la veuve de M. Pierre Laporte.
Le Ralliement créditiste, en deuxième lecture, appuie le
principe de ce bill, car il faut se rendre à l'évidence que des
gens comme le député de Chambly sont morts au champ d'honneur.
Nous appuyons ce bill tout en disant qu'en commission nous aurons quelques
amendements à apporter concernant le montant qui est accordé
à la veuve du député.
Au nom du Ralliement créditiste, nous disons que nous sommes en
faveur du principe de ce bill, comme le député de Rouyn-Noranda
l'a fait lors de la rencontre des chefs de parti et comme vient de le souligner
le chef de l'Opposition officielle, le député de Missisquoi.
Toutefois, nous demandons au gouvernement d'apporter une attention tout
à fait spéciale, car il y a également dans la province
beaucoup de cas particuliers de veuves qui ont à faire face à
d'énormes difficultés et je pense que les gens de nos
comtés que nous avons rencontrés concernant ce bill nous
demandent car un député est le représentant de ses
électeurs de ne pas voter des bills pour des cas particuliers
comme nous venons de le faire présentement. Donc, nous demandons, au nom
de tous ces gens, les veuves qui sont présentement mal prises dans la
province, dont le mari est mort, que ce soit au travail ou dans divers
accidents, d'y apporter également une attention tout à fait
spéciale.
Alors, concernant le bill 53, nous sommes en faveur du principe du bill
avec, au moins, un amendement que nous apporterons en commission.
M. LE PRESDENT: L'honorable député de Bourget.
M. Camille Laurin
M. LAURIN: M. le Président, le décès tragique et
prématuré de Pierre Laporte, dont nous avons dit, en son temps,
l'horreur, le regret et la tristesse qu'il nous inspirait a causé
également de graves injustices à sa femme et à ses
enfants.
Nous estimons que Pierre Laporte ayant été un serviteur
loyal de son pays, c'est au gouvernement qu'il convenait de réparer
en partie bien sûr l'injustice du sort qui frappait sa
famille. Cependant, nous avons dit aussi au premier ministre que ce cas
n'était pas unique, qu'il y avait d'autres personnes qui dans l'exercice
de leurs fonctions, dans la défense des libertés civiles, de
l'ordre public, avaient eu à subir les mêmes coups du sort. Nous
avons fait valoir qu'il convenait de profiter de cette occasion malheureuse
pour étendre à d'autres familles placées dans une
situation analogue, bien que moins éclatante, les
bénéfices d'une mesure qui s'impose depuis longtemps.
Nous sommes heureux que le premier ministre ait retenu notre suggestion
et qu'à toutes fins utiles il étende par la déclaration qu
11 vient de faire, à d'autres catégories de citoyens les
avantages que nous consentons par ce projet de loi à la famille de
Pierre Laporte.
Ceci fait de cette loi particulière, de cette loi d'exception,
une loi générale. C'est à ce titre que nous lui donnons
notre entier appui. Nous voulons encore une fois profiter de cette occasion
pour témoigner à la famille de Pierre Laporte la profonde
sympathie que nous éprouvons à son endroit.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Maskinongé.
M. Rémi Paul
M. PAUL: Ce n'est pas sans une certaine émotion que nous
étudions ce projet de loi. Lors de mon arrivée en cette Chambre
en 1966 Pierre Laporte a été l'un de ceux avec qui j'ai
été appelé à discuter de procédure
parlementaire alors qu'on me désignait aux fonctions que vous occupez
vous-même, M. le Président.
Je crois que l'Etat québécois a perdu un homme de grande
valeur lorsqu'il a été victime d'une mort bien triste,
excessivement cruelle, et qui n'a pas été sans affecter la
représentation du gouvernement en cette Chambre.
Ce principe est de droit nouveau et c'est l'introduction d'une
philosophie nouvelle en cette Chambre, Or, nous savons que les
législateurs ont toujours craint de créer des
précédents. Cette semaine, sans vouloir en aucune façon me
référer à un débat qui eut lieu devant une
commission, tous ont été unanimes à refuser d'adopter une
mesure d'exception en faveur du secrétaire-trésorier d'une
municipalité dont la situation financière et celle de sa famille
étaient précaires.
L'honorable chef de l'Opposition a soulevé un argument
très sérieux au soutien du principe de ce projet de loi. Il
serait injuste, à toutes fins utiles, que madame Laporte supporte seule
le
sacrifice qu'a fait de sa vie son mari pour la sauvegarde de certains
principes indispensables pour la survie de notre système
démocratique. Cette loi, cependant, n'aurait pas dû être
présentée dans sa forme actuelle. Si d'un côté
madame Laporte mérite un soutien, un appui de la part de l'Etat, vu que
son mari a été fauché au devoir, il y a d'autres hommes
publics qui sont décédés dans des circonstances beaucoup
moins tragiques, mais dont le résultat à l'endroit des familles
était le même: la perte du soutien, la perte de tout revenu.
M. le Président, l'honorable chef de l'Opposition a
soulevé un point important, savoir; apporter des modifications à
la Loi de la Législature, ce qui pourrait nous empêcher
d'être dans la fâcheuse obligation de renouveler certaines plaies
à l'endroit des victimes de gestes qu'on peut qualifier pour le moins
d'inexplicables.
Cette loi aurait dû être de portée
générale. De plus, M. le Président, on aurait
peut-être dû également, par la même occasion,
prévoir un mécanisme d'idemnisation à l'endroit des
victimes du crime. Je sais que cette situation a retenu l'attention des
législateurs depuis quelques années, et c'est peut-être
lorsqu'on est frappé dans l'amitié que l'on analyse encore
davantage la nécessité d'un tel geste de la part de l'Etat. Un
voisin de mon bureau de Louise-ville, un père de famille se
présentait, vendredi soir dernier, à un établissement pour
se procurer les choses essentielles à la bonne marche de son commerce,
et surprenant deux voleurs en train d'exécuter leur méfait, sans
aucune hésitation ceux-ci l'ont abattu. Il expirait quelques minutes
plus tard à l'hôpital Comtois, de Loui-seville.
C'est un autre cas, M. le Président, très sympathique. Et
c'est pourquoi je dis que l'honorable chef de l'Opposition avait toutes les
raisons de signaler au gouvernement les lacunes qui existent dans cette loi,
même si l'honorable premier ministre, dans son discours de
deuxième lecture, a mentionné le nom d'une certaine dame
Taurazas. Je n'ai pu malheureusement comprendre s'il y aurait un
amendement...
M. BOURASSA: M. le Président, je m'excuse, peut-être que je
n'ai pas été clair. Peut-être que le leader parlementaire
se souvient de deux cas particuliers qui avaient été
soumis...
M. PAUL: Une qui s'est remariée.
M. BOURASSA: ... Mme Martin et Mme Taurazas. Dans le cas de Madame
Martin, c'est réglé par les amendements qui ont été
adoptés à la Loi de police. Dans le cas de madame Taurazas, une
résolution avait été adoptée par l'Assemblée
nationale, je pense, par l'ancien gouvernement, le 16 avril 1969. Alors
ça peut faire partie d'un article budgétaire de la prochaine
année financière, c'est-à-dire cette rente spéciale
avec laquelle nous sommes d'accord et qui fait suite à une
résolution de l'ancien gouvernement ou de l'Assemblée nationale,
le 16 avril 1969, mais à laquelle nous donnons effet aujourd'hui. Cette
rente spéciale cessera lorsque la loi projetée pour
l'indemnisation des victimes du crime sera adoptée au printemps.
M. BERTRAND: Très bien.
M. BOURASSA: Alors il y avait deux cas particuliers, celui de Madame
Martin, qui a été réglé par les amendements
présentés par le ministre de la Justice, et celui de Madame
Taurazas. Je m'excuse si je n'ai pas été assez clair,
tantôt, mais c'étaient les deux cas particuliers, les autres cas
seront réglés par la loi générale. Je ne sais pas
si je réponds à l'interrogation de l'ancien ministre de la
Justice.
M. PAUL: Le point d'interrogation est encore beaucoup plus fort.
M. BOURASSA: Alors, on va essayer de répondre davantage.
M. PAUL: Je crois que, si le premier ministre se rappelle, la
résolution qui avait été adoptée dans cette
Chambre, était une recommandation que la Chambre faisait aux fins de
payer une pension à Mme Martin et à Mme Taurazas. Le
député de Saint-Louis avait été le parrain de ces
deux motions.
Comme le député de Saint-Louis connaît très
bien son règlement de la Chambre, il allait procéder par cette
formule classique de recommandation de voter une pension à Mme Martin et
à Mme Taurazas, parce qu'autrement, si la motion avait été
présentée d'une autre façon, elle n'aurait pas pu
être acceptée par la Chambre.
Je ne comprends pas, alors que la Chambre ne fait qu'une recommandation,
que nous assistions aujourd'hui à une déclaration de principe de
la part du premier ministre à l'effet que Mme Taurazas
bénéficiera d'une pension de $3,000. Je n'en ai aucunement contre
le montant de la pension qui sera versée à cette dame, mais
j'inviterais le premier ministre à consulter les juristes quant à
la légalité et au processus à suivre pour le versement de
cette pension.
M. BOURASSA: Je les ai consultés et ils m'ont dit, contrairement
à ce que soutient...
M. PAUL: C'est encore plus grave, M. le Président, si le premier
ministre les a consultés, il ne les a pas compris»
UNE VOIX: C'est bien disgracieux. M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. PAUL: M. le Président, saint Gérard, donnez-nous la
patience!
M. CADIEUX: On en a besoin avec vous.
M. PAUL: M. le Président, je dis que la date du 18
décembre sera fort mémorable pour Mme Laporte. Du même coup
le lieutenant-gouverneur en conseil invite, et le même jour, le
président général des élections à
émettre un bref d'élection...
UNE VOIX: A l'ordre!
M. PAUL: Comment à l'ordre? J'ai le droit de mentionner que la
date du 18 décembre sera mémorable pour Mme Laporte et je me
demande ce que je dis de mal. Je dis que le jour même où on est
appelé à voter une pension à la veuve de M. Pierre
Laporte, on émet un bref d'élection pour le choix d'un
député pour remplacer le même M. Laporte.
Je m'interroge et tout cela à la suite de l'aimable invitation
qu'un député vient de me faire. En principe, personnellement, je
voterai pour ce projet de loi. Je me demande cependant, je m'interroge
privément quant à certaines coïncidences qui existent.
M. BOURASSA: J'ai prévenu le leader tantôt que je
déposerais le projet.
M. PAUL: Vous avez prévenu le leader de bien des choses que vous
n'avez pas faites. C'est mieux de ne pas mettre le pied sur ce
terrain-là. Par respect pour l'ami Pierre Laporte, pour le parlementaire
et pour le Québécois Pierre Laporte, nous accepterons le principe
de cette loi.
Du même coup, le gouvernement aurait dû... Il a eu le temps.
La présentation de ce projet de loi a eu lieu au mois de novembre.
L'honorable premier ministre à bon droit, à un moment
donné, a été obligé de retraiter. Si les
informations des journaux étaient exactes, il avait été
question qu'un arrêté ministériel avait été
adopté pour payer une pension à Mme Laporte. Probablement que les
journalistes n'ont pas saisi exactement l'information que leur donnait le
premier ministre puisque la seule façon de procéder, c'est celle
que l'on étudie aujourd'hui.
Du 20 octobre jusqu'au 18 décembre, près de deux mois. On
aurait pu couvrir les différents cas d'espèce qu'a
signalés le premier ministre lors de la présentation en
première lecture de ce projet de loi. On aurait pu se pencher sur les
différents problèmes soulevés par l'honorable chef de
l'Opposition dans ses remarques de deuxième lecture. On aurait pu
également, M. le Président, par un simple texte, pour ne pas
humilier Mme Laporte, apporter tout simplement une modification à la Loi
de la Législature pour couvrir le même cas. Ce n'était pas
nécessaire de présenter une loi générale pour venir
au secours de Mme Laporte qui en a besoin. On aurait pu, tout simplement,
amender la Loi de la Législature. Je me demande pourquoi on a
procédé de cette façon. Je me demande si le gouvernement
verra à aller de l'avant j'espère que ce ne sera pas dans
les derniers jours de la session de 1971 avec une loi susceptible de
couvrir tous les cas d'injustice sociale résultant, à l'endroit
des familles, de gestes posés par des personnes que l'on peut qualifier
de meurtriers ou de bandits.
Voilà, M. le Président, les remarques que j'avais à
faire. Je voudrais saisir cette occasion pour transmettre à Mme Laporte
l'expression de nos très sincères et vives condoléances.
Au-delà de l'appui pécuniaire que lui apportera l'adoption de ce
projet de loi, il faudra, M. le Président, que nous gardions un souvenir
à l'endroit de celui qui fut, comme je le disais tout à l'heure,
la pierre angulaire du gouvernement actuel, qui fut un grand parlementaire et
qui avait une grande qualité, celle du respect de la parole
donnée.
M. BOURASSA: M. le Président, pour répondre aux questions
qu'a posées le leader parlementaire...
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a d'autres députés qui
désirent parler?
UNE VOIX: Oui.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député d'Abitibi-Ouest.
M. Aurèle Audet
M. AUDET: M. le Président, en premier lieu, j'aurais aimé
que nous puissions manifester à Mme Laporte une marque tangible de
gratitude pour les immenses services que son mari a rendus à notre
province. Je suis sûr que M. Laporte a cru être de bonne foi
lorsqu'il a exercé sa fonction de député et de ministre
pendant sa carrière politique. Même si, dans l'ensemble de la
politique du parti où il servait, il s'était introduit des
erreurs monumentales, je concède que, tout étant tellement
relatif, il y a certainement eu des actions sincères et
bénéfiques.
Le gouvernement veut faire adopter une loi pour octroyer une pension de
quelques milliers de dollars à Mme Laporte. Est-ce que cette action du
gouvernement vise à rendre un hommage à Mme Laporte ou
plutôt à lui accorder une mesure sécuritaire? Si c'est un
hommage, pourquoi n'offririons-nous pas à Mme Laporte une
médaille quelconque en signe de gratitude...
M. MAILLOUX: Vous feriez mieux de vous asseoir.
M. AUDET: ...pour M. Laporte qui est mort au champ d'honneur, comme un
vaillant soldat tombé sur le champ de bataille? Pourquoi ne pas
décerner à Mme Laporte cette marque de gratitude que nous, les
Québécois, devrions lui témoigner?
Mais si, par cette loi, nous voulons plutôt offrir à Mme
Laporte une certaine sécurité pécuniaire, comme nous le
prétendons, alors cette prise de position du gouvernement crée
justement un précédent dans la façon d'analyser les
montants nécessaires pour assurer une vie normale à une veuve qui
doit continuer à pourvoir aux besoins essentiels de sa famille.
C'est à la suite de cette analyse logique, M. le
Président, que je veux faire une mise au point. Comment peut-on
prétendre qu'on devrait garantir un montant X, annuellement, à
Mme Laporte, sans faire chez sa famille aucune enquête pour lui assurer
une vie normale, quand on maintient un régime de crève-faim avec
le montant dérisoire de beaucoup moins de $1,000 et ce, après
enquête, s'il vous plaît, pour l'ensemble des veuves de la province
de Québec? Comment a-t-on accepté consciemment de laisser dans la
misère noire toutes les veuves de la province de Québec depuis
aussi longtemps?
Je dis bien "consciemment", M. le Président, car, aujourd'hui, on
accepte comme tout à fait normal que Mme Laporte reçoive le
montant que nous voulons lui verser, tandis qu'on permet, après
enquête, une si petite pitance à nos veuves du Québec.
Imaginez, M. le Président, toutes les privations qui ont
été imposées à toutes ces veuves et à leur
famille, et on va s'alarmer parce qu'il y a de la contestation au
Québec. J'admets que l'action récente du FLQ est inhumaine,
morbide, indigne, mais, ce qui serait pire, ne serait-ce pas le fait que ces
centaines de mille personnes de la province de Québec, dans l'indigence,
en seraient venues à appuyer, dans leur coeur, cette action funeste du
FLQ?
M. le Président, si nous voulons que le sacrifice de M. Laporte
ne soit pas vain, il faudra, en plus d'accorder cette pension à Mme
Laporte, projet pour le principe duquel nous voterons, augmenter aussi
substantiellement les pensions de toutes nos veuves de la province de
Québec, qui, elles aussi, ont droit à une vie décente dans
cette belle province qui regorge de richesses.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Mégantic.
M. Bernard Dumont
M. DUMONT: M. le Président, ce bill 53, intitulé Loi
accordant une pension à la veuve de M. Laporte, a reçu
l'approbation de tous les partis en cette Chambre et mérite certainement
une attention spéciale.
Dans certaines interventions, nous avons vu le reflet
général de cette population du Québec qui est aux prises,
aussi, avec des problèmes très ardus. Nous pensons que,
peut-être, le gouvernement pourra amender le projet de loi et s'en
remettre aux quelques réflexions que j'émets. Nous sommes
convaincus de la générosité de
Mme Laporte; et nous l'avons constatée à la suite de la
mort de son époux, lorsqu'elle demandait, au lieu d'envoyer des fleurs,
que la Fondation Françoise Cabrini soit honorée des dons que tous
les gens voulaient lui faire parvenir.
Considérant la générosité de cette
Canadienne si dévouée à l'intérêt commun et
que Pierre Laporte a offert volontairement sa vie parce qu'il
était au combat et il a préféré offrir sa vie pour
sauver la province il aurait été de bon aloi que le
gouvernement offre 35 p. c. au lieu des 50 p. c. pour cette pension. Cela
aurait été le désir, à la suite de consultations
que nous avons eues, de plusieurs personnes de la province. Considérant
que M. Laporte avait déjà quelques années de vie politique
passées, il lui restait peut-être encore dix ans à
être un homme actif en politique, donnant le meilleur rendement. Nous
aurions voulu, de plus, que cette pension ne soit accordée que pour dix
ans.
Nous voterons pour le principe de la loi, mais nous aurions voulu que le
gouvernement offre 35 p. c. au lieu de 50 p. c. et pour une durée de dix
ans. Merci.
M. LE PRESIDENT: La réplique de l'honorable premier ministre
mettra fin au débat.
M. LE PRESIDENT: ... la réplique de l'honorable premier ministre
mettrait fin au débat. L'honorable député de
Beauharnois.
M. Gérard Cadieux
M. CADIEUX: M. le Président, vous comprendrez facilement que je
suis, d'emblée, pour le bill 53. J'aurais préféré
qu'il soit adopté sans pratiquement aucune discussion. On dit que nous
arrivons avec une nouvelle loi, pour régler un cas spécifique,
mais, si on veut se pencher sur ce cas-là, on doit également se
demander s'il y a eu d'autres cas Laporte auparavant. Je crois que c'est la
première fois qu'un des membres de cette Chambre est assassiné
pendant l'exercice de ses fonctions. N'eût été de cet
événement, il reste que, pour quatre ans à venir, Pierre
Laporte aurait retiré son salaire de député et de ministre
et peut-être pour huit ans ou dix ans à venir, comme on vient de
le souligner. M. Laporte s'est certainement engagé dans certaines
dépenses, espérant pouvoir terminer au moins son mandat et
obtenir un renouvellement de mandat.
C'est à cause de ces considérations, à cause de
toutes les exigences auxquelles devra faire face Mme Laporte et sa famille, que
je crois sincèrement que nous devrions accepter, sans plus de
discussion, ce bill 53. Il n'y a pas eu de cas Laporte au préalable.
Nous espérons tous qu'il sera unique. S'il y a des amendements à
apporter à une autre loi; si, à cause, justement de la
présentation de ce bill spécial concernant la veuve de Pierre
Laporte, nous devons penser
à d'autres événements qui feront peut-être
d'autres veuves dans les prochaines années, nous devons, tout de
même, nous dire que l'assassinat de Pierre Laporte fut unique. Nous
devons également espérer qu'il n'y ait pas d'autres cas
semblables et que ce sera la seule fois où nous devrons intervenir par
une mesure très spéciale comme celle-ci. Je demande donc à
mes collègues de voter, dans le plus bref délai possible, le bill
53.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Montcalm.
M. Marcel Masse
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, j'aimerais, tout d'abord,
profiter de la deuxième lecture du projet de loi no 53 pour, à
mon tour, rendre hommage à Pierre Laporte, au parlementaire que nous
avons tous connu et, particulièrement, que j'ai connu depuis 1966. Son
travail acharné, sa connaissance du système parlementaire et de
nos règlements a fait de Pierre Laporte, pour beaucoup d'entre nous qui
eurent l'occasion de le connaître, un maître et un professeur en
parlementaarisme, si je peux m'exprimer ainsi.
Les sentiments que nous éprouvons envers la personne de M. Pierre
Laporte ne doivent pas nous obliger à approuver sans dire un mot le
projet de loi qui nous est présenté par le premier ministre.
A mon tour, j'aimerais souligner que j'aurais
préféré parce que je crois que c'est beaucoup plus
dans l'esprit du parlementarisme que nous connaissons une loi de
portée générale. Je me suis difficilement expliqué
comment le gouvernement en est arrivé à inscrire, le 10 novembre,
ce projet de loi, qui aurait pu être voté facilement le 11
novembre et à ne l'appeler qu'aujourd'hui, après plus d'un mois
où nous l'avons vu inscrit au feuilleton. Certes, nous aurions cru que
le gouvernement profiterait de ce long délai pour nous apporter un
projet de loi de portée générale. Il n'est pas dans
l'économie ou dans l'esprit des Parlements d'être convoqués
pour voter des lois particulières, mais, au contraire, pour inscrire
dans nos statuts des lois de portée générale qui
s'appliquent dans des cas particuliers.
Le gouvernement aurait dû, quant à moi, profiter de cette
occasion pour suivre la règle générale du parlementarisme
et déposer une loi de portée générale.
Je m'explique difficilement l'attitude du gouvernement, et
j'espère que le premier ministre pourra nous expliquer lors de sa
réplique ce qui a conduit le gouvernement à s'en tenir à
ce type de projet de loi de portée particulière.
A mon tour, M. le Président, j'aimerais profiter de la discussion
de ce projet de loi pour souligner l'importance qu'il y aurait d'inscrire dans
nos statuts des textes et des règlements concernant l'indemnisation des
victimes du crime. Certains députés ont expliqué que si ce
projet de loi est devant nous, c'est qu'une personne a été
victime du crime.
Je crois, comme la plupart des membres de cette Chambre, qu'il y aurait
lieu d'améliorer l'ensemble de nos statuts et de prévoir une
indemnisation pour l'ensemble des victimes du crime.
Il est toujours difficile pour un Parlement, quel qu'il soit, de
régler des problèmes qui se passent en son sein. Il est toujours
difficile pour un Parlement, quel qu'il soit, d'apporter des projets de loi qui
règlent des cas auxquels il est directement intéressé. Il
est difficile pour ce Parlement d'apporter et d'étudier ce projet de
loi. Il peut soulever des critiques; il en soulèvera. Mais je ne crois
pas que cela doive nous empêcher d'être favorables au principe de
ce projet de loi et j'espère que le premier ministre saura le plus
tôt possible apporter la réponse aux promesses qu'il a
formulées à diverses reprises concernant d'autres textes qui,
eux, seront de portée générale.
J'espère que le premier ministre inscrira dans son processus la
formation le plus tôt possible d'un groupe de travail représentant
les divers partis politiques en cette Chambre ou des experts de
l'extérieur pour rapidement apporter des réponses aux divers
problèmes qui se posent; problèmes que je ne veux pas soulever
à l'occasion de cette discussion mais que le premier ministre
lui-même connaît fort bien. Cela afin de faire en sorte que le
projet de loi ait reçu si possible au préalable l'approbation de
l'ensemble des parlementaires.
M. le Président, il est six heures, je demanderais la suspension
du débat.
M. LEVESQUE: Nous pourrions suspendre jusqu'à huit heures
à moins que des collègues aient des rendez-vous importants.
M. BERTRAND: A huit heures.
M. LE PRESIDENT: La Chambre suspend ses travaux jusqu'à huit
heures.
Reprise de la séance à 20 h 4
M.HARDY (président): A l'ordre, messieurs!
L'honorable député de Montcalm.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, nous étions,
à la fin de la précédente séance, à faire
quelques remarques concernant le projet 53, Loi accordant une pension à
la veuve de M. Pierre Laporte.
Ce n'est pas sur le principe de la loi, c'est sur l'instante
présentation, c'est sur la façon de la présentation que
nous avons passé quelques remarques.
Je sais combien il est difficile, dans une circonstance semblable, de
faire des remarques. Je sais que certains peuvent interpréter cela d'une
façon négative. Telle n'est pas mon intention. Comme l'a
expliqué le député de Maskinongé, le gouvernement
aurait pu apporter un projet de loi modifiant la Loi de la Législature,
ce qui aurait fait un projet de loi d'une portée
générale.
Surtout, nous nous expliquons difficilement pourquoi le gouvernement a
attendu pendant des semaines et des semaines, après l'avoir inscrit au
feuilleton, après avoir, au préalable, déclaré son
intention d'avancer une telle solution au problème que nous savons,
pourquoi a-t-il attendu des semaines pour appeler la deuxième lecture de
ce projet de loi?
M. le Président, je crois que ce sont là des retards
inutiles, c'est là un geste qu'il faut souligner et dire combien il est
regrettable. Voilà les quelques remarques que je voulais apporter en
deuxième lecture, tout en redisant, en terminant, combien nous sommes
favorables au principe et combien nous tenons à dire et notre sympathie
à Mme Laporte, et notre hommage à M. Laporte.
M. LE PRESIDENT (Hardy): L'honorable premier ministre.
L'honorable député de Saint-Maurice.
M. Philippe Demers
M. DEMERS: M. le Président, je voudrais, dans un propos que je
veux aussi bref que sincère, m'associer aux membres de mon parti pour
offrir à nouveau nos sympathies à la famille Laporte, à
Mme Laporte et à ses enfants. Je voudrais déclarer aussi que,
pour ma part, je suis favorable au principe de cette loi, mais qu'avec mes
collègues je déplore sincièrement le fait que le
gouvernement, à la suite de la mort de notre collègue, n'ait pas
pris les mesures qui s'imposaient si c'était urgent pour pallier le sort
financier de Mme Laporte.
Au lieu de nous présenter une loi à la fin d'une session,
une loi qui étiquette le malheur de cette femme et de sa famille, on
aurait pu facilement, par un amendement à la loi de la
Législature, comme le disait tantôt mon collègue de
Montcalm, améliorer cette loi et faire en sorte que durant toute la vie
des enfants Laporte, il n'y ait pas une loi dans notre législation qui
mette en évidence que le gouvernement est obligé de
légiférer pour un cas spécifique. On aurait pu adopter une
loi générale. On en a eu le temps, mais on a
négligé de le faire. Sur le principe de la loi, nous sommes
d'accord. Nous trouvons même, pour autant que je suis concerné,
que la vie de Pierre Laporte ne se remplace pas par de l'argent.
Je voudrais que l'on ajoute à cela par d'autres moyens s'il y a
une possibilité de le faire. Ce que je déplore avec mes
collègues, c'est la façon dont le gouvernement s'est pris pour
régler une situation dont le gouvernement n'est pas responsable, c'est
évident. Une situation qui étiquette une famille, Mme Laporte et
ses enfants alors qu'il aurait été si facile, avec
magnanimité, avec diplomatie, de régler ce problème.
J'aimerais que le vice-président, qui est censé être
non partisan...
M. MASSE (Montcalm): II passe son temps à rire.
M. DEMERS: ...reste dans son rôle. S'il n'est pas capable
d'être un vice-président non partisan, qu'il démissionne
donc et qu'il fasse de la politique comme les autres!
M. VEILLEUX: Parlez donc du projet de loi. M. LAFONTAINE: Qu'il
démissionne!
M. DEMERS: M. le Président, je conclus mon propos.
J'espère que, dès la reprise de la session, on donnera suite
à ce que le premier ministre nous annonçait tantôt et que
l'on passera une loi générale qui réglera et qui
prévoira tous les cas de députés.
Il y a eu une foule de cas où des familles, des femmes de premier
ministre qui sont morts à l'action, au travail n'ont pas eu de loi
spéciale. Je ne veux pas faire d'allusion, retourner en arrière,
mais je crois que, si la loi générale était faite, nos
familles seraient protégées et nous aurions la certitude qu'en
nous dévouant pour la collectivité, nous ne nous exposions pas
à encourir le risque de voir nos familles privées du
nécessaire et du pain quotidien. Je vous remercie, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Huntingdon.
M. Kenneth Fraser
M. FRASER: Mr. President, before this bill is passed, I think that it is
fitting that one of his colleagues should say a few words in English in memory
of Mr. Pierre Laporte. His tragic death
shocked the English people of Quebec as greatly as the people of his
mother tongue. Personnaly, I lost a friend, a man whom I admired. The English
citizens of this province and of Canada also lost a friend. Because he was one
of the statesmen of this province who was wise enough to fight for Quebec and
not at the seme time try to destroy Canada.
To be of French ancestry he still has room in his heart for those of
other ancestries and to cherish the same measure of justice and opportunity for
each of the citizens of Quebec. He was a man of wit who enjoyed debate, a man
who enjoyed life. He died at an early age and the contribution he could have
made will never be known. We thank him for the work he accomplished during his
years in Parliament. May I express to Mrs. Laporte and her family our deepest
simpathy. This bill should not be concluded as putting a price on the life of
Pierre Laporte but rather than the National Assembly wishes to be certain that
those he held dear shall not suffer need.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Lotbinière.
M. Jean-Louis Béland
M. BELAND: M. le Président, si ce bill 53 nous est
présenté ce soir, eh bien, je pense qu'un autre bill du
même genre, d'une portée générale devra nous
être présenté pour étude. Cependant, celui-ci aurait
dû nous être présenté beaucoup plus tôt, afin
d'être étudié beaucoup plus tôt.
Le "tramage" en longueur j'emploie cette expression fait
que, malheureusement, des réponses auront des pensées plus ou
moins agréables envers Mme Laporte. D'autres épouses dont les
maris sont décédés dans des circonstances analogues.
Evidemment, la vie de parlementaire comporte des risques pour ceux qui occupent
la place de député. J'imagine parfaitement qu'il y en a davantage
pour ceux qui sont appelés à occuper la fonction de ministre,
car, sur leurs épaules, sont déposées de lourdes charges
de grands risques. Il y a même un risque, parfois, d'être trop
choyé par certains éléments de la population, comme il y a
des risques d'être détestés. Dans ce régime
économique dépassé dans lequel nous vivons, le risque est
cent fois plus grand. C'est exactement pour cela que des choses semblables sont
arrivées. Si elles avaient pu allumer des étincelles
supplémentaires, certaines personnes l'auraient fait, malheureusement,
pour briser notre Québec.
Eh bien, je disais que le courage de Mme Laporte, peu de femmes peuvent
le dépasser. Il faut penser à cela. Je suis d'accord que, par un
bill, on lui accorde un montant d'argent précis, pour un certain nombre
d'années. Je suis d'accord sur le principe. Mais il faut
également penser à ceux qui ont occupé des charges, par
exemple, de policier ou de soldat, soi-disant pour défendre leur patrie.
Encore là, il faut se poser des questions à certains moments. Il
y a eu des cas analogues chez ces personnes aussi. Il y en a parmi ceux que
d'aucuns, appellent la basse classe de la société, parmi les
menuisiers, les ouvriers, les forgerons, etc.
Evidemment, il faut faire une certaine différence, c'est bien
clair. C'est une lourde charge, une lourde responsabilité qui est
déposée sur les épaules d'un député ou d'un
ministre. A ce moment-là, la population est en mesure de comprendre que
ce sont des mesures spéciales qui s'imposent. La population est en
mesure de comprendre cela. Par contre, il faut s'arrêter et je
désire que ce soit le plus tôt possible sur le sort de
certaines gens un peu partout dans la province pour améliorer la
situation d'une certaine quantité d'eux, très forte
quantité de veuves, qui ont souvent cinq, six, huit, dix, douze
enfants.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît! Je veux bien
permettre une certaine latitude sur la discussion de ce projet de loi, mais il
ne faudrait pas oublier le principe du bill. Celui-ci octroie à Mme
Laporte et à ses enfants une pension pour une raison bien
précise, du fait que son époux, que leur père, notre
ex-collègue de Chambly, a été victime de criminels dans un
contexte tout à fait spécial.
Qu'on fasse, comme je l'ai permis au député
d'Abitibi-Ouest et au député de Mégantic, allusion
peut-être à d'autres veuves qui sont dans le besoin, soit. Vous
comprendrez toutefois que je ne peux pas permettre, au cours de l'étude
de ce bill, qu'on fasse une analyse totale du problème des veuves dans
le contexte du bien-être social dans la province de Québec.
Autrement, c'est cela qu'on semble aborder. On ne peut pas analyser le
problème de toutes les veuves qui, sans doute, ont besoin d'un appui
quelconque. Il ne faudrait pas oublier le contexte du bill actuel. Qu'on fasse
une allusion rapide à d'autres personnes de notre société
qui ont des besoins mais empêchez-moi d'intervenir trop souvent, si on
fait une étude à fond des problèmes des assistés
sociaux au Québec.
M. BELAND: Merci, M. le Président, de m'avoir rappelé
à l'ordre. Dans la chaleur du débat je me suis malheureusement
éloigné du sujet. J'y reviens, M. le Président. Il faut,
évidemment agir d'une façon spéciale pour donner à
Mme Laporte ce à quoi elle a droit. Il le faut absolument. Par contre,
il faut également ne pas perdre de vue et c'est peut-être
pour cela, M. le Président, que j'ai dérogé un peu au
règlement, que je me suis éloigné du sujet que trop
souvent en cette Chambre, on cherche à nous faire discuter de choses
autres que les sujets principaux qui devraient être discutés pour
améliorer la situation de tous.
C'est peut-être pour cela, M. le Président, que,
malheureusement, je me suis éloigné du sujet.
Je terminerai tout simplement en disant à Mme Laporte et à
ses enfants que nous regrettons, nous de ce côté-ci de cette
Chambre, qu'une chose semblable soit arrivée, et nous espérons
que cela ne se renouvellera pas. Voilà pourquoi nous sommes heureux
qu'un projet de loi spécial ait été
présenté. En deuxième lecture, nous serons favorables.
Mais nous nous réservons le droit de proposer des amendements, lors de
la troisième lecture. Merci, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Duplessis.
M. Henri Coiteux
M. COITEUX: M. le Président, je n'avais pas l'intention de
prendre la parole lors de l'étude de ce projet de loi. Mais devant les
extravagances de langage qu'on vient d'entendre de la part de l'Opposition, je
ne puis faire autrement, en tant qu'ami personnel de Pierre Laporte, que me
lever et demander qu'on cesse, une fois pour toutes, d'essayer de profiter
d'une situation pour faire un peu de politique. Le cas de Pierre Laporte et de
la femme de Pierre Laporte n'est pas un cas de politique. Le
député qui vient de parler et l'autre député avant
lui disent "des cas analogues"; il n'y a pas, dans la province de
Québec, de cas analogue à celui de Pierre Laporte.
Qui a été assassiné ici? Qui des anciens militants
politiques a été assassiné? Personne. C'est un cas
d'assassinat. Je suis d'accord qu'on puisse prévoir ces
choses-là, mais est-ce qu'on pouvait prévoir cela avant le mois
d'octobre? Qu'on puisse le prévoir après mais qu'on arrête
cette discussion qui n'a aucun sens en deuxième lecture. Aucun sens. La
mémoire de Pierre Laporte, je pense, mérite un plus grand
respect, et sa femme, surtout, qui vit encore des heures atroces, mérite
qu'on respecte son deuil et son chagrin.
Qui aurait pu nous dire, voilà six mois, que les extravagances de
langage de certains chefs politique auraient conduit à la violence qu'on
connaît aujourd'hui? Quand on sème le vent, on récolte la
tempête!
Le député aux longs cheveux peut peut-être trouver
ça drôle, mais il sait parfaitement bien que, quand on attise les
sentiments populaires sans donner des explications valables, on a des
résultats comme celui qu'on a obtenu et qui a mené à
l'assassinat de Pierre Laporte.
M. LAURIN: M. le Président, le député parle-t-il du
principe du projet de loi?
M. COITEUX: Oui. Je dis que le projet ne mérite pas de
discussion. Comme Canadien fran- çais du Québec, je pense que
Pierre Laporte a été un de ceux qui ont toujours défendu
l'autonomie des Canadiens français. Je pense que, quand il s'agit d'une
loi spéciale, après un meurtre que personne ne prévoyait,
il n'est pas question de discussion. Que, plus tard, on envisage d'autres lois
si certains éléments révolutionnaires continuent d'attiser
la population, je suis d'accord. Pour le moment, qu'on vote ce bill et qu'on
laisse Mme Laporte en paix avec son chagrin en lui donnant, au moins, la
sécurité familiale à laquelle elle a droit.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Chicoutimi.
M. Jean-Noël Tremblay
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je voudrais, au
départ, exprimer l'appui que je dois au premier ministre d'avoir
présenté ce projet de loi.
J'ai eu le douloureux privilège d'exprimer, le soir de
l'enlèvement de M. Laporte et le soir du malheureux assassinat, des
sentiments d'indignation et d'affliction à la suite de cet
événement qui nous a tous frappés au plus profond de notre
esprit et de nos coeurs.
Nous respectons la mémoire de celui qui est disparu. Chacun de
ceux qui ont pris la parole ou de ceux qui pourront éventuellement la
prendre, j'en suis sûr, se joindront à tous les autres qui ont
exprimé leur regret et qui ont fait valoir les mérites de notre
ancien collègue.
Voilà qu'on nous présente un projet de loi. Nous sommes
disposés à l'accepter. Mais je pense aussi que ce projet de loi
émanant du gouvernement fera partie de nos lois.
Je pense que, contrairement à ce qu'a dit le député
de Duplessis, nous avons tout de même le droit d'en discuter. Non pas
dans une optique partisane, non pas pour se faire du capital politique, ce
n'est ni le lieu, ni l'occasion de le faire.
M. le Président, je voudrais dire que j'approuve le principe de
ce projet de loi, mais j'aurais préféré que l'on
présentât une loi de portée générale. Dans le
sens de ce que nous a indiqué cet après-midi le chef de
l'Opposition officielle du Québec, afin que le nom de l'épouse de
M. Laporte ne soit pas, pour ainsi dire tramé pendant des semaines dans
les journaux officiels de la Chambre, dans les autres journaux, et soit repris
sans cesse par la presse à l'occasion de la présentation d'un tel
projet de loi.
Il me semble je ne veux pas faire de reproches mesquins au
premier ministre mais il me semble qu'il aurait dû penser
davantage à ce nouveau traumatisme dont peut souffrir Mme Laporte que
nous respectons et dont nous partageons aussi la douleur. Enfin, on aurait
dû empêcher que Mme Laporte souffre ce nouveau traumatisme de voir
son nom tramer dans un
projet de loi qui est annoncé depuis déjà des
semaines et qu'on nous présente qu'à la toute fin de la
session.
Il me paraît qu'il aurait pu y avoir une manière plus
élégante, plus correcte de lui donner ce que la loi veut lui
accorder, ce que nous sommes disposés à accepter. J'estime que,
dans le cadre d'une loi générale, il aurait été
possible de couvrir le cas particulier qui nous occupe actuellement sans que
Mme Laporte en souffre intimement de préjudice.
Nous avons essayé de convaincre le premier ministre de
procéder comme je viens de l'indiquer. Il n'a pas accepté nos
suggestions; c'est pourquoi je vous répète que je regrette ce
traitement que l'on impose ainsi à une femme qui a été
cruellement frappée et à laquelle on n'a pas le droit d'infliger
cette sorte de traitement public, d'une publicité qui certainement lui
fait mal et lui rappelle chaque jour davantage la douleur qui est la sienne et
lui fait prendre chaque jour davantage la dimension de ce départ qui l'a
frappée douloureusement.
M. le Président, je n'insiste pas. Je vous dis simplement que
nous devons accepter ce projet de loi. Nous sommes disposés à
l'accepter, mais j'ai le regret de constater que le premier ministre à
notre suggestion d'ailleurs et à celle des divers partis, n'ait pas su
trouver une manière légale, conforme à nos
règlements, à nos lois, une manière plus
élégante, une manière qui eût respecté
davantage la mémoire de M. Laporte en évitant à Mme
Laporte une publicité dont elle n'a pas besoin.
En terminant, je désire me joindre à tous ceux qui lui ont
exprimé leurs condoléances et l'ont assurée de leur
sympathie et de leur affection dans la terrible épreuve qu'elle traverse
à l'heure actuelle.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député des
Iles-de-la-Madeleine.
M. Louis-Philippe Lacroix
M. LACROIX: M. le Président, je pense que le projet de loi 53
rend justice à une famille qui a été victime des
circonstances. Si M. Laporte n'avait pas été victime de la
traîtrise de bandits et de personnes inconséquentes, il aurait pu
très bien, même en dehors de la politique, subvenir aux besoins de
sa famille. Pour tout homme politique conscient de ses responsabilités,
ce n'est pas, je pense, dilapider les fonds de la province que de prouver que
le peuple québécois se souvient d'un homme qui, comme Pierre
Laporte, a été victime de son devoir, et a consacré tous
ses talents, toutes ses énergies au service de la province. Je ne crois
pas que ce soit le temps non plus, à l'occasion de l'étude du
bill 53, d'essayer de rapprocher le cas de certaines autres veuves qui ne le
sont pas devenues dans les mêmes circonstances.
Je ne crois pas, non plus, qu'il soit temps d'évoquer d'autres
circonstances pour mesquiner ou pour essayer de dire que Mme Laporte
méritait un autre traitement que cette loi qui lui donne un revenu que
son mari aurait certainement été capable de lui assurer, et de
beaucoup supérieur.
M. le Président, nous avons connu ici, en Chambre, un homme
vaillant, un ardent québécois, un nationaliste convaincu, un
homme qui, pendant des années, s'est battu pour défendre les
intérêts de son peuple, de sa province et de son pays.
Je regrette énormément que, lors de l'étude du bill
53, on ait apporté des considérations qui n'avaient rien à
voir avec les événements tragiques que nous avons connus au mois
d'octobre. Je pense, M. le Président, que c'est une loi d'exception,
mais qui arrive à la suite d'un cas d'exception. Quant à moi, je
pense que mes condoléances, je les ai offertes à Mme Laporte et
à sa famille. Dans ma vie, il y aura eu deux étapes: avant et
après Pierre Laporte. C'était un homme de coeur, un homme qui
savait nous inculquer son courage, sa foi, son ardeur au travail. Je pense
qu'on devrait cesser tous ces atermoiements et accorder à Mme Laporte au
moins un revenu qui lui permette de vivre décemment à la suite du
décès subi de son mari dans des circonstances que je n'oserai pas
qualifier.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Taillon.
M. Guy Leduc
M. LEDUC: M. le Président, Pierre Laporte était mon
cousin. Je serai extrêmement bref. Je voudrais exprimer un voeu. C'est
que cette loi soit adoptée le plus rapidement possible. S'il y a
d'autres problèmes qui peuvent être soulevés indirectement
par la présentantion de cette loi, qu'on les discute à la
prochaine session, mais aujourd'hui soyons assez gentils pour Mme Laporte pour
adopter cette loi. Essayons d'oublier le plus rapidement possible les
événements que nous avons vécus en vous rappelant que
lorsque Pierre Laporte subissait un échec, il relevait ses manches et il
travaillait encore plus fort. Essayons de notre côté, après
les événements tragiques que nous avons connus, de relever nos
manches et de travailler à quelque parti que nous appartenions, adoptons
cette loi le plus rapidement possible.
M. Robert Bourassa
M. BOURASSA: M. le Président, brièvement, pour
répondre à ces questions qui ont été posées,
il y aurait la question de la loi générale pour les
députés. Nous avons examiné la situation, nous avons
examiné la possibilité d'amener une loi générale
pour les députés, mais nous sommes venus à la conclusion
que ce serait un
geste précipité puisque nous n'avons pas tous les
éléments pour arriver à une décision
appropriée et satisfaisante.
Quant à la loi sur l'indemnisation des victimes du crime, la
raison pour laquelle nous avons retardé de quelques jours ou
peut-être quelques semaines, c'est que nous avons essayé
d'être prêts à présenter cette loi en même
temps que la Loi accordant une pension à la veuve de M. Pierre Laporte,
puis, finalement, nous avons dû arriver à la conclusion qu'il est
impossible que cette loi soit prête et adoptée d'ici la fin de la
présente session. C'est pourquoi je me suis engagé à la
présenter à la prochaine session, même si nous avons pu
régler certains cas comme les cas des policiers municipaux, et ceux de
Mme Martin et de Mme Taurazas. Alors, cela répond aux questions qui ont
été posées de la part de l'Opposition et je remercie les
députés qui, de bonne foi, ont collaboré et collaboreront
à l'adoption de cette loi.
M. LE PRESIDENT: Cette motion de deuxième lecture est-elle
adoptée?
M. BERTRAND: Adopté.
M. PAUL: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. LE SECRETAIRE ADJOINT: Deuxième lecture de ce bill. Second
reading of this bill.
M. LE PRESIDENT: L'honorable premier ministre propose que je quitte
maintenant le fauteuil et que la Chambre se forme en comité
plénier.
M. BERTRAND: Adopté.
M. LEVESQUE: Adopté.
M. BERTRAND: Adopté, à moins que...
M. LEVESQUE: Adopté.
M. Bernard Dumont
M. DUMONT: Etant donné que nous l'avons demandé et que le
gouvernement avait pleinement le droit de présenter cet amendement de
lui-même, à savoir les 35 p. c. que nous avons
réclamés et qui auraient permis de rencontrer un juste milieu,
qui auraient permis à tous ceux qui ont été
mentionnés et qui sont dans des difficultés d'augmenter de 35 p.
c. leur pension et de revenir pour la pension de Mme Laporte à 35 p. c.
, y compris dix années qui auraient représenté les dix
années de service que le regretté Pierre Laporte a données
à sa province; considérant que le gouvernement aurait pu agir
ainsi mais n'a pas voulu le faire; considérant de plus que nous avons
dans un bill privé, le bill 106, empêché un
secrétaire de commission scolaire d'avoir une pension sous le
prétexte que nous ne pouvions pas taxer des gens qui ne gagnent pas
$3,000 pour augmenter des pensions dans des cas spéciaux, nous sommes
obligés, parce que le gouvernement avait plein droit d'action, de nous
dissocier de cette adoption et de nous retirer de la Chambre.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît! Si je comprends bien,
il y a une motion pour aller en comité.
M. LEVESQUE: Si je comprends bien les remarques du député
de Mégantic, il veut, d'une certaine façon et cela a
été fait au journal des Débats, enregistrer sa dissidence
quant à ce point, mais il ne veut en aucune façon retarder les
travaux de la Chambre.
M. DUMONT: Je disais justement que le gouvernement aurait pu apporter
ces amendements. Nous apportons ces projets et nous voudrions qu'ils soient
présentés...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. DUMONT: Mais on semblait vouloir adopter autre chose, alors, de ce
fait...
M. LE PRESIDENT: Je dois quitter le fauteuil. Est-ce que cette motion
pour aller en comité est adoptée?
M. PAUL: Adopté.
Comité plénier
M. HARDY: (président du comité plénier): A
l'ordre!
M. LEVESQUE: M. le Président, puis-je avoir la collaboration du
député de Mégantic et des autres collègues? Si le
député de Mégantic veut présenter cette motion
d'amendement, nous pourrions, tel que l'a suggéré le leader de
l'Opposition officielle, adopter les autres articles, quitte à
écouter le député de Mégantic sur la motion
d'amendement.
M. DROLET: II n'y a qu'un article!
M. LE PRESIDENT (Hardy): Article 1, adopté? Adopté.
Article 2?
M. PAUL: M. le Président...
M. LE PRESIDENT (Hardy): J'écoute, j'écoute.
M. PAUL: ... le premier ministre, dans la présentation de la
deuxième lecture de ce projet
de loi, nous a parlé de son intention de présenter
dès la prochaine session une législation qui pourrait couvrir
tous les cas dont nous lui avons signalé l'existence. Est-ce que le
premier ministre serait en mesure de dire qu'advenant la présentation
d'une telle loi de portée générale il pourrait du
même coup tenir la même conduite que celle qu'il a tenue à
l'endroit du bill 41 lorsqu'il a proposé la loi 54 pour abroger la loi
41.
Si une loi générale était adoptée, est-ce
que le premier ministre pourrait alors considérer, la
présentation d'une loi aux fins d'annuler le cas d'espèce dont
nous étudions ce soir la nécessité, le besoin et le
principe, pour autant, cependant, que les droits qu'on veut accorder à
Mme Laporte soient sauvegardés?
M. BOURASSA: Si je comprends bien le leader parlementaire de
l'Opposition, c'est que, si les droits acquis de Mme Laporte ne sont pas
lésés...
M. PAUL: C'est cela.
M. BOURASSA: ... par la nouvelle loi, il me demande si j'aurais
objection à l'abrogation de cette loi.
M. PAUL: C'est cela.
M. BOURASSA: C'est-à-dire que dans la mesure où les droits
acquis de Mme Laporte, tel que stipulé dans cette loi...
M. BERTRAND: C'est dans ce sens qu'il le dit.
M. PAUL: II faudra légiférer dans ce sens.
M. BOURASSA: Je ne vois pas de problème.
M. PAUL: Très bien.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Adopté.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président...
M. LEVESQUE: Adopté.
M. LE PRESIDENT (Hardy): L'honorable député de Montcalm
désire la parole sur l'article 1.
M. MASSE (Montcalm): C'est ce que je manifeste. Le premier ministre,
dans sa réplique, nous a expliqué rapidement et a rejeté
du revers de la main l'idée d'une loi de portée
générale parce qu'il n'avait pas l'ensemble des données
qui lui permettaient de faire une loi de portée générale.
Est-ce que c'est cela?
M. BOURASSA: C'est-à-dire que là, si je comprends bien la
question du député, il y a le problème de l'idemnisation
des victimes du crime. J'ai expliqué que nous avions essayé
d'avoir une législation qui puisse être prête mais que cela
n'avait pas été possible. Il y a la question de la protection des
députés. Il est clair que pour ceux qui sont impliqués, la
vie politique actuellement acquiert une nouvelle dimension. Les suggestions qui
ont été faites par l'Union Nationale pour accroître la
protection des députés ou la protection des familles des
députés étaient tout à fait valables. Mais j'ai
jugé qu'il n'était pas opportun, étant donné que je
n'avais pas tous les éléments en cause il y avait quand
même des questions actuarielles à considérer de
présenter cette loi immédiatement. C'est une chose que nous
considérons sérieusement. C'est une chose que nous ne pouvons pas
faire à la vapeur et à la prochaine session, des amendements
pourront être apportés à la Loi de la Législature.
D'ailleurs, même si cela avait été apporté de
façon générale à cette loi, il aurait fallu quand
même, selon les propositions que nous avons examinées et qui
étaient connues des membres de l'Opposition, accorder un traitement
spécial à Mme Laporte.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président...
M. BOURASSA: Alors c'est là où l'argument
présenté par le député de Chicoutimi je ne
sais pas si le député de Montcalm l'a apporté le
fait qu'on aurait pu couvrir le cas de Mme Laporte par une loi
générale ne tient pas parce qu'il aurait fallu, de toute
manière, traiter le cas de Mme Laporte d'une façon
spéciale.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, je retiens la
deuxième partie de l'argumentation du premier ministre pour y revenir.
Mais je ne vois pas quels éléments il lui manquait puisqu'il
revient à cette idée qu'il exprime: "II nous manquait des
éléments pour faire une loi de portée
générale." Dans son exposé, je ne vois pas quels
étaient les éléments qui manquaient.
Deuxièmement, le premier ministre se souvient fort bien...
M. BOURASSA: Pourtant, M. le Président, le député
se souvient qu'il y avait une question d'assurances pour les
députés. On ne pouvait pas se lancer comme cela sans examiner la
situation, quel montant on donnait pour les familles.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, si ce n'est là que
le seul argument du premier ministre, quand même, cela ne prend pas un
mois pour calculer cela.
M. LACROIX: Le député de Montcalm me permettrait-il une
question?
M. MASSE (Montcalm): Oui, certainement.
M. LACROIX: Le député de Montcalm sait qu'il y a eu des
conversations entre le député de Dorion, le député
des Iles-de-la-Madeleine, le whip en chef et d'autres députés
d'autres formations politiques, afin de trouver une solution à ce
problème de la sécurité des épouses ou, enfin, des
familles des députés. Le député de Montcalm sait
fort bien qu'il était absolument impossible de faire une étude
sérieuse qui aurait pu nous conduire à quelque chose de concret
avant Noël. Tous les députés vivent et connaissent ce
problème-là. C'est une cause d'anxiété pour un
très grand nombre d'entre nous. Je crois que ce n'est pas le moment le
mieux choisi ce n'est peut-être pas le pire non plus pour
en parler. Je pense qu'on devrait nous permettre de contacter les
représentants de différentes formations politiques pour en
discuter de façon à pouvoir établir une politique qui soit
la plus claire, la plus précise et la meilleure possible, au meilleur
coût pour les contribuables de la province.
M. LEVESQUE: M. le Président, vous me permettrez, à ce
moment-ci, de rappeler à l'honorable député de Montcalm
que la Chambre vient d'adopter en deuxième lecture le principe du bill.
Je ne pense pas que l'on doive continuer dans cette veine et remettre en cause
le principe même que la Chambre vient d'adopter. Si nous étudions,
à ce moment-ci, en comité le projet de loi, article par article,
c'est afin d'en connaître les modalités et de voir si on peut le
bonifier d'une façon ou de l'autre. Ce n'est pas en revenant sur le
principe qui a été adopté par l'Assemblée dans son
ensemble que la discussion doit se poursuivre.
M. LE PRESIDENT (Hardy): L'honorable député de
Saint-Maurice.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, puisque le
député des Iles-de-la-Madeleine m'a demandé la permission
de poser une question...
M. LE PRESIDENT (Hardy): J'ai reconnu l'honorable député
de Saint-Maurice.
M. LAFONTAINE: II a été interrompu par une question du
député des Iles-de-la-Madeleine.
M. DEMERS: Je cède mon droit de parole au député de
Montcalm parce qu'il a eu une question posée par le député
des Iles-de-la-Madeleine.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Très bien. L'honorable
député de Montcalm.
M. MASSE (Montcalm): Je ne voudrais pas, M. le Président, que
nous assistions à de la procédure qui serait malencontreuse, mais
j'étais en train d'exposer un point de vue lorsque le
député des Iles-de-la-Madeleine m'a demandé la permission
de poser une question. Comme d'habitude, aimablement, je le lui ai permis.
Alors, le leader parlementaire m'a dit que nous n'étions pas à
l'intérieur de la discussion des modalités. Je voudrais bien,
quand même, que tout le monde s'exprime...
M. LEVESQUE: M. le Président, j'invoque le règlement.
M. LE PRESIDENT (Hardy): A l'ordre! L'honorable député de
Bonaventure.
M. LEVESQUE: Si j'ai invoqué le règlement, ce n'est pas
seulement à l'encontre des représentations ou des remarques du
député de Montcalm, mais c'est aussi pour rappeler à tous
les collègues de la Chambre, de quelque parti qu'ils soient, qu'ils
doivent s'en tenir au règlement et qu'une fois le principe
accepté on ne peut pas le remettre en doute.
M. LE PRESIDENT (Hardy): L'honorable député de
Portneuf.
M. DROLET: M. le Président...
M. MASSE (Montcalm): Je m'excuse, M. le Président, mais je ne
vois pas pourquoi je perdrais mon droit de parole dans cette histoire. Je veux
bien respecter tout le monde. Je ne voudrais pas vous demander de faire rapport
au président qui a assisté à l'incident, mais j'ai
toujours mon droit de parole, quant à moi.
M. le Président, certes, j'ai été obligé de
poser des questions au premier ministre, puisque, dans sa réplique, il
nous avait expliqué que cette loi ne pouvait être de portée
générale pour des raisons particulières, entre autres,
qu'il n'avait pu, pendant les semaines qui se sont écoulées entre
la motion de première lecture et la discussion de ce soir, faire divers
calculs actuariels qui auraient donné à cette loi une
portée générale. J'ai demandé au premier
ministre...
M. LEVESQUE: M. le Président, j'invoque le règlement. Le
député de Montcalm récidive. Ceux qui sont bien conscients
de la valeur de nos règlements et de leur clarté doivent
comprendre que le député de Montcalm continue de
s'éloigner non pas seulement de la lettre, mais de l'esprit de nos
règlements qui veulent qu'une fois que le principe est accepté,
on passe à l'étude article par article, des modalités.
Présentement, ce qu'il peut discuter, c'est si, à l'article 1, il
y a des suggestions qu'il peut apporter pour bonifier la loi, pour
l'améliorer, mais il n'a pas le droit, à ce moment-ci, de mettre
en doute un principe qui a été accepté par
l'Assemblée nationale.
M. LE PRESIDENT (Hardy): J'avais cru,
tantôt, à la suite des représentations de
l'honorable leader parlementaire, que l'honorable député de
Montcalm, compte tenu de sa profonde connaissance des règlements de la
Chambre, reviendrait aux détails de l'article. Je me vois dans
l'obligation de rappeler à l'honorable député de Montcalm
que le point d'ordre soulevé par le leader ministériel est
fondé et qu'il doit revenir à l'article 1.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, je sais que ce n'est pas de
gaieté de coeur que vous me rappelez à l'ordre. J'ai un profond
respect de votre autorité et de votre science et je vais revenir
à l'ordre.
Vous me permettrez de poser une question au premier ministre. Je suis
convaincu que c'est une question que beaucoup de monde a sur les lèvres;
une question qui renseignera la population et qui donnera l'occasion au premier
ministre de le faire. Comment le gouvernement en est-il arrivé, par
quels mécanismes, pour quelles raisons...
M. LEVESQUE: M. le Président...
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, je n'ai même pas
posé ma question. Je ne sais pas pourquoi...
M. LEVESQUE: Alors, c'est une mise en garde.
M. MASSE (Montcalm): Je pense qu'on exagère un peu. Je sais bien
que le gouvernement...
M. VEILLEUX: Posez votre question.
M. MASSE (Montcalm): ... présente un projet de loi. Le
gouvernement fait des efforts et l'Opposition également pour que tout se
fasse avec discrétion...
M. LE PRESIDENT (Hardy): A l'ordre! Article 1.
M. MASSE (Montcalm): ... mais dans l'ordre. Je ne vois pas en quoi ceci
va aider à ce que le décorum de cette Chambre soit au niveau de
température le moins élevé possible. Je ne vois pas en
quoi l'attitude du leader va aider le travail et faire en sorte que cette loi
se vote non pas dans la discrétion que le gouvernement aimerait, mais au
contraire dans la légalité que tout le monde cherche. Je n'ai
même pas posé la question que déjà le leader
parlementaire est debout et invite ses collègues à des remarques
disgracieuses que nous voulons nous-mêmes éviter.
M. le Président, je reviens à la question que je voudrais
poser en mon nom et au nom de beaucoup de personnes. Comment le gouvernement
est il arrivé à établir les montants de pension qu'il a
établis? Par quels mécanismes?
Il y a certainement des raisons et j'aimerais que le premier ministre
l'explique pas simplement aux membres de cette Chambre mais à l'ensemble
de ceux qui dans la population aimeraient savoir comment le gouvernement en est
arrivé à ces montants ou cette façon de régler le
problème.
M. BOURASSA: M. le Président, il est inévitable que, pour
régler un cas comme celui-là, il y a une certaine part
d'arbitraire. Nous avons quand même essayé de trouver un montant
qui corresponde à la situation à laquelle nous faisions face. Par
exemple, en supposant un certain nombre d'années politiques auxquelles
M. Laporte aurait participé, deux ou trois termes, je ne me souviens pas
des chiffres exacts, ce qui lui aurait donné une pension d'environ
$24,000, et 50 p. c. font $12,000.
M. MASSE (Montcalm): Le gouvernement a estimé que M. Laporte
aurait eu deux ou trois élections qui lui auraient été
favorables?
M. BOURASSA: J'ai dit au député et je pense que
j'ai fait preuve de patience depuis le début malgré les remarques
qui ont été faites et qui n'étaient pas toujours aimables
qu'inévitablement il y avait une part d'arbitraire dans une chose
comme celle-là. Je ne vois pas l'intérêt de poursuivre
indéfiniment un débat. Je ne vois pas en quoi on doit ajouter au
sacrifice déjà inhumain que doit supporter Mme Laporte.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, je pense que...
M. LACROIX: Le député de Montcalm me permet-il une
question?
M. MASSE (Montcalm): D'accord.
M. LACROIX: Si le député de Montcalm avait
été la victime de l'accident qui est arrivé, croit-il que
la pension qui est accordée actuellement à Mme Laporte et qui
aurait été accordée à sa veuve aurait
été exagérée? Je pense que le député
de Montcalm ne revalorise pas en ce moment le parlementarisme dans la province
de Québec et je lui demanderais de garder son calme. Je suis à la
veille de sortir du mien.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, j'ai évité
d'élever le ton mais je ne vois pas, en ce qui a trait à la
question qui est posée en mon nom comme au nom de la population qui doit
au moins savoir, que le gouvernement ait quoi que ce soit à cacher dans
cette histoire. D a à dire: C'est tant pour telle ou telle raison.
M. LACROIX: Voulez-vous voter contre? Nous allons voter
immédiatement. Nous allons voter contre si vous êtes contre.
Pourquoi faire
perdre le temps de la Chambre et l'argent de la province?
M. MARCHAND: Le député de Montcalm... UNE VOIX:
Mesquin!
M. MASSE (Montcalm): Je ne pense pas, M. le Président...
M. LACROIX: Si jamais un mesquin semblable devient chef du parti de
l'Union Nationale, je me demande s'ils récolteront 1/2 de 1 p. c. du
vote.
M. PAUL: M. le Président, sur un rappel au règlement.
Allez-vous juger le mot "mesquin" comme étant parlementaire et digne
dans la bouche d'un député?
M. LE PRESIDENT (Hardy): Si la Chambre veut bien, je retiendrai ma
décision quant à savoir si le mot est parlementaire ou non et
nous pourrions continuer la discussion.
M. LAFONTAINE: Comme président, vous devez connaître vos
règlements.
M. MASSE (Montcalm): L'attitude je ne dirai pas du gouvernement
mais l'attitude de certains membres dans cette Chambre laisse croire et
laissera croire à une partie de la population que le gouvernement
je ne dirai pas qu'il a quelque chose à cacher mais n'a
pas...
M. GARNEAU: C'est blanc sur noir dans le bill, nous n'avons rien
à cacher.
M. MASSE (Montcalm): Justement, si personne n'a rien à cacher,
pour quelle raison la question...
M. GARNEAU: Mais, non, selon votre jugement est-ce trop haut ou trop
bas?
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, je suis convaincu que des
milliers de personnes...
M. GARNEAU: Dites-le si c'est trop haut ou trop bas.
M. MASSE (Montcalm): ... se posent la question à savoir...
M. LACROIX: Votez contre!
M. MASSE (Montcalm): M. le Président...
M. LE PRESIDENT (Hardy): A l'ordre!
M. MASSE (Montcalm): II n'est pas question de savoir si nous votons
contre ou pour, je pose la question que beaucoup de gens du Québec
poseraient s'ils étaient ici, dans cette Chambre. Il n'y a là
rien de malheureux, de mesquin.
M. BOURASSA: M. le Président, j'ai répondu...
M. MASSE (Montcalm): Je veux poser la question aussi simplement que
possible.
M. BOURASSA: M. le Président, j'ai répondu au
député tout à l'heure qu'inévitablement, dans un
cas comme celui-là, il y avait une partie d'arbitraire. C'est clair...
Je lui ai même dit. Est-ce qu'il veut que je réponde à
nouveau?
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, le premier ministre a
répondu calmement et je lui rends hommage...
M. LACROIX: Mme Laporte aimerait mieux avoir son mari que d'avoir
$16,000 par année. Je peux vous l'assurer.
M. LE PRESIDENT (Hardy): A l'ordre! A l'ordre!
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, je crois que le premier
ministre aiderait énormément la cause du parlementarisme s'il
faisait sortir le député des Iles-de-la-Madeleine...
M. LACROIX: Le député de Labelle devrait être poli
parce que je n'endurerai pas des niaiseries comme celles-là, venant de
sa part.
M. LAFONTAINE: Pas de la façon qu'il parle
présentement.
M. LE PRESIDENT (Hardy): A l'ordre, messieurs!
M. LAFONTAINE: ... la disgrâce de la Chambre...
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, je pense que le
député des Iles-de-la-Madeleine rend notre rôle de plus en
plus difficile, et je rends hommage je le dis devant vous au
premier ministre qui, calmement, a répondu à une question que
beaucoup de gens se posent. Les montants ont été établis
d'une façon arbitraire. C'est évident. Mais s'il y a quelque
chose de grave, que le premier ministre le dise! Il est clair que c'est cela.
Mais, il est tout de même important de savoir même si c'est
arbitraire selon quelles normes les montants ont été
calculés. Et je ne dis pas au député des
Iles-de-la-Madeleine que je suis contre, je vous dis que je suis pour.
M. LACROIX: Fermez votre boîte!
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, ce n'est pas parce que nous
sommes favorables que
nous devons laisser les gens qui se posent des questions dans
l'ignorance. C'est notre responsabilité, à nous. C'est notre
responsabilité...
M. LACROIX: Ridicule!
M. MASSE (Montcalm): ... puisque le gouvernement ne l'a pas
lui-même expliqué. C'est notre responsabilité de poser
calmement la question. Le premier ministre y a répondu, et je suis
satisfait de sa réponse.
UNE VOIX: C'est assez.
M. MASSE (Montcalm): Je ne crois pas qu'il y ait eu matière
à soulever une tempête et à entendre des expressions
disgracieuses de certains parlementaires...
UNE VOIX: Cela fait longtemps qu'ils ont leur voyage.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président...
M. LE PRESIDENT (Hardy): A l'ordre! L'honorable député de
Montcalm.
M. MASSE (Montcalm): En réponse à une question du leader
parlementaire, le premier ministre a laissé entendre qu'il accepterait
l'idée d'abroger cette loi lorsque la loi d'une portée
générale viendrait. Est-ce qu'il laisse également entendre
que la loi de portée générale sera je ne dirai pas
parallèle mais, similaire à celle-ci?
M. BOURASSA: Vous voulez dire quant au montant?
M. MASSE (Montcalm): Globalement, oui.
M. BOURASSA: M. le Président, c'est prématuré pour
moi. C'est une chose qu'il faudra étudier, en accord avec les
différents partis, en discussion entre les différents partis. Je
ne peux pas dire à l'avance si le montant qui est accordé dans
cette loi dans le cas de Mme Laporte, c'est tout de même un cas
tout à fait particulier serait nécessairement le
même montant et par les mêmes procédés pour
l'ensemble des députés.
J'ai dit que, dans le cas de Mme Laporte, on avait tenu compte d'une vie
politique, celle de M. Laporte, et que cela faisait au bout d'un certain nombre
d'années $24,000 de pension; à 50 p. c, cela faisait $12,000,
mais que nécessairement, il y avait une partie d'arbitraire.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, je remercie le premier
ministre d'avoir calmement et sereinement répondu à la
question.
UNE VOIX: Ce n'était pas difficile.
M. VINCENT: M. le Président...
M. LE PRESIDENT (Hardy): L'honorable député de
Nicolet.
M. VINCENT: M. le Président, tout à l'heure le
député des Iles-de-la-Madeleine a mentionné un chiffre
comme cela, il a mentionné $16,000. Il ne faudrait tout de même
pas interpréter faussement l'article 1. Parce que si mon calcul est bon,
ce montant est de $12,000 et non de $16,000.
M. LACROIX: C'est $12,000. Le député de Nicolet, je pense,
est assez honnête pour comprendre que j'ai commis un lapsus. Le texte de
la loi est très clair.
M. VINCENT: D'accord, M. le Président, mais il reste tout de
même qu'il ne faudrait pas laisser l'impression dans l'opinion publique
qu'en vertu de cette loi, c'est $16,000, plus les autres avantages qui existent
déjà en vertu de la loi générale de
l'Assemblée nationale. Donc, c'est bien $12,000, en vertu de cette
loi.
Maintenant, une simple question au premier ministre.
Est-ce que le premier ministre a pensé que cette loi sera dans
les statuts pour 20 ans, 30 ans, 40 ans et qu'à un certain moment, il
est à prévoir que Mme Laporte et ses enfants pourraient avoir
à revenir devant le législateur à cause d'un changement du
coût de la vie?
M. BOURASSA: La loi générale qui va être
adoptée pour l'ensemble des députés devrait prévoir
cela.
M. VINCENT: Elle pourrait prévoir cette chose-là.
M. BOURASSA: Elle devrait prévoir cette chose-là.
M. VINCENT: D'accord.
M. PAUL: Je voudrais suggérer un amendement. Je reprends: Je
voudrais suggérer un amendement. Je voudrais suggérer à
l'honorable premier ministre et je dirai pourquoi j'emploie pour le
moment le mot "suggérer" je voudrais suggérer, dis-je,
à l'honorable premier ministre, à la première ligne et
à la deuxième ligne du premier paragraphe, de remplacer les mots
"de M. Pierre Laporte" par les mots suivants "d'un député". Par
conséquent, les deux premières lignes se liraient comme ceci: "II
est accordé à la veuve d'un député" et je
continue "une pension annuelle égale à la moitié du
montant des indemnités qu'il recevait comme député
à l'Assemblée nationale et comme membre du Conseil
exécutif". Je suggérerais d'ajouter les mots "s'il y a lieu".
J'inviterais aussi l'honorable premier minis-
tre et le ministre des Finances à lire comme suit le
deuxième paragraphe: "Cette pension lui est payable à compter..."
J'inviterais le premier ministre à rayer les mots "du 18 octobre 1970"
pour les remplacer par les suivants "de son décès". J'inviterais
aussi le premier ministre à remplacer à la quatrième ligne
du troisième paragraphe les mots "deux" par "de son ou de ses
enfants".
Si je fais cette suggestion au premier ministre et au ministre des
Finances, c'est parce que je n'ai pas le droit de présenter un
amendement qui amènerait la dépense de deniers publics. Par
conséquent, cette initiative ne peut venir que d'un membre du Conseil
exécutif. Du même coup, nous ferions disparaître du texte le
nom de Mme Laporte et il y aurait dans nos statuts une loi
générale qui réglerait le problème de la veuve d'un
député. Il va de soi que l'adoption de cet amendement nous
obligerait à modifier également le titre du projet de loi pour le
lire comme ceci: "Loi accordant une pension à la veuve d'un
député".
Je crois que tout le problème, sans passer par le
mécanisme d'amendements à la Loi de la Législature, aura
pour effet de régler la situation que tous les députés et
que l'honorable premier ministre ont eux-mêmes en tête de
régler.
Je fais bien humblement cette suggestion, considérant que je ne
peux être l'auteur d'un tel amendement, en raison des règles qui
régissent les travaux de cette Chambre et de ce comité.
M. BOURASSA: M. le Président, je ferai d'abord remarquer que cela
change le principe du bill qu'on vient d'adopter. Mais quand même, j'ai
l'impression et le leader parlementaire qui a plus d'expérience
parlementaire que moi pourrait donner plus de détails que cela
change complètement la loi des pensions pour les députés,
le nombre d'années qu'ils ont été en exercice. C'est donc
un amendement que je ne puis pas accepter aujourd'hui, étant
donné que cela a toutes sortes d'implications pour les
députés. J'ai dit tantôt que la loi générale
réglerait ce cas.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Article 1? Adopté.
Article 2? Adopté?
M. ROY (Beauce): M. le Président...
M. LE PRESIDENT (Hardy): L'honorable député de Beauce.
M. ROY (Beauce): Je m'excuse. A l'article 1, je trouve que l'amendement
suggéré par l'honorable député de
Maskinongé, réglerait le problème et éviterait
justement que Mme Laporte devienne la cible d'une certaine opinion publique,
comme l'a mentionné le député tout à l'heure. Je
voudrais bien rassurer les membres de cette Chambre à l'effet qu'il
n'est pas du tout dans notre intention de faire de la politique avec cet
événement malheureux. Mais il serait extrêmement
malheureux, d'un autre côté, qu'une fois la loi adoptée,
celle-ci permette justement que Mme Laporte devienne une cible. Je pense que
l'amendement qu'a suggéré le député de
Maskinongé est tout à fait à point. En ce qui nous
concerne, nous appuyons cette suggestion parce que si on fait une loi
générale, les gens ne pourront pas se dire: II y a eu une loi
spéciale dans le cas de Mme Laporte. Il arrive M. le Président,
je pense, que d'autres membres de la Chambre sont également
exposés. Nous avons connu des événements malheureux dans
le Québec, mais rien nous assure que ces événements ne se
répéteront pas. Ils peuvent se répéter
peut-être dans un avenir beaucoup plus rapproché qu'on ne
pense.
M. le Président, je pense donc qu'il serait normal pour le
gouvernement d'accepter la suggestion de l'honorable député de
Maskinongé, parce qu'ainsi on éviterait un dilemme qui aurait
pour effet de léser Mme Laporte qui malheureusement, dans les
circonstances, ne mérite pas ce sort.
M. BOURASSA: Vous n'avez pas contribué depuis quelques heures,
par les propos de certains de vos députés, à
améliorer la situation, si je peux me permettre de vous dire cela.
Je ne veux pas accuser ceux qui l'ont proposé d'être
irresponsables, mais l'amendement que vous proposez ne tient pas compte si la
mort est violente ou non, alors que ce sera le but de la loi
générale. Je ne sais pas si vous vous en êtes rendu compte.
Cela change complètement. Si on acceptait votre amendement, la
population aurait toutes les raisons de se demander si le Parlement n'aurait
pas profité de la situation de Mme Laporte pour se donner des avantages
considérables. C'est cela que nous voulons éviter.
M. ROY (Beauce): M. le Président, je suis d'accord avec le
premier ministre qui a voulu l'éviter. Ce n'est pas du tout notre
intention. Maintenant, je pense que les mots qui, selon le premier ministre
manquent dans la loi, il pourrait les ajouter.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Article 1? Adopté?
Article 2? Adopté.
M. HARDY (président du comité plénier): M. le
Président, j'ai l'honneur de faire rapport que le comité a
étudié le bill 53 et l'a adopté sans amendement.
Troisième lecture
M. LAVOIE (président): Troisième lecture. L'honorable
premier ministre propose la troisième lecture du projet de loi
numéro 53. Cette motion est-elle adoptée?
M.PAUL: Adopté.
M. LEVESQUE: M. le Président, article 12.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre de la Santé propose la
deuxième lecture du projet de loi numéro 43, Loi du Conseil des
Affaires sociales et de la famille.
L'honorable ministre de la Santé.
Projet de loi no 43
Deuxième lecture
M. Claude Castonguay
M. CASTONGUAY: M. le Président, l'honorable lieutenant-gouverneur
de la province a pris connaissance de ce bill et il en recommande
l'étude à la Chambre.
L'énumération des mesures de politiques sociales
adoptées au Québec depuis 1960: l'assurance-hospitalisation, le
régime des rentes, les allocations familiales et scolaires auxquelles
sont venues s'ajouter, le 1er novembre dernier, les deux pièces
très importantes que constituent l'assurance-maladie et l'aide sociale
donnent une dimension des progrès accomplis par la société
québécoise sur le plan social.
Pourtant, le nombre des études proposant de nouveaux objectifs
n'a jamais été aussi élevé, ainsi que les
critiques, représentations de toutes sortes, comme aussi les
manifestations de mécontentement. Si les développements
passés ont constitué des progrès, il faut souligner que la
conception de ces mesures, comme l'organisation des nouvelles institutions et
la mise en place des programmes nouveaux, s'est trop souvent faite à
partir de considérations plus fragmentaires et empiriques que globales
ou, pour emprunter le langage des rapports de la commission d'enquête sur
la santé et le bien-être, à partir de modèles
fermés plutôt que de modèles communautaires ou globaux.
Conséquemment, jamais la coordination des politiques et
programmes à vocation sociale n'a présenté autant de
difficultés, d'autant plus, bien souvent, qu'ils relèvent de
ministères différents. Jamais les problèmes de la
planification, de la programmation et de l'administration des programmes, ceux
de la conception des politiques n'ont requis un temps aussi
considérable, tant de la part des ministres que du gouvernement
lui-même et que de la Législature.
Aux tâches extrêmement lourdes des membres du gouvernement
se sont ajoutées des représentations toujours plus nombreuses de
la part des groupes de pression de toutes sortes, à l'échelle du
Québec comme au plan régional et local. Jamais la
difficulté de gouverner n'aura été aussi contraignante,
face aux mécanismes complexes érigés pour répondre
aux besoins, eux-mêmes complexes, de la population. Relever le
défi de gouverner efficacement en fonction des besoins de la population
implique, pour le Québec, de se donner des moyens nouveaux susceptibles
de permettre d'atteindre les objectifs. Ces moyens, pour ce qui touche les
politiques et les programmes de maintien de revenus, de services sociaux et de
services de santé, tiennent à la conception d'un ministère
des Affaires sociales assumant pleinement les rôles de planification, de
programmation, de législation.
L'exécution de programmes doit, d'autre part, faire l'objet de
déconcentration, soit à des régies centrales, soit au plan
régional. Le ministère des Affaires sociales, reconçu
suivant des lignes fonctionnelles, ne pourrait prétendre faire face au
défi des années soixante-dix sans tenir compte de l'aspiration
exprimée par de très nombreux groupes, de formuler des vues sur
les politiques, et de faire, pour leur propre compte, l'évaluation des
programmes. Cette aspiration de la population commande la création de
mécanismes de consultation qui permettent de mieux saisir les
problèmes et qui soient aussi disponibles aux représentations en
provenance de la population. C'est pourquoi, sans préjuger de la
création éventuelle de mécanismes de participation
à d'autres niveaux, le Conseil des affaires sociales et de la famille a
été conçu pour remplir une fonction de dialogue et de
consultation, d'étude, d'évaluation, d'analyse et de formulation
d'avis en ce qui a trait à l'ensemble des problèmes et des
programmes qui touchent les affaires sociales et la famille.
La création d'un conseil du genre du Conseil des affaires
sociales et de la famille ne constitue pas un précédent. De fait,
de nombreux conseils ont été institués, par le
passé, par voie législative. Le ministre de la Famille et du
Bien-Etre social s'était vu doter d'un Conseil supérieur de la
famille. C'est celui que l'on retrouve au chapitre 213. Ce conseil a rendu des
services appréciables au ministre et, par voie de conséquence, au
gouvernement et à la population québécoise en rappelant,
en particulier, le rôle crucial de la famille dans notre
société et la nécessité d'épauler l'action
des familles dans les lois qui ont trait aux affaires sociales et même
dans les lois qui touchent d'autres secteurs de responsabilités.
Toutefois, le Conseil supérieur de la famille n'avait pas
été conçu pour remplir, auprès du ministre, les
fonctions de complémentarité aux fonctions des autres
institutions dont le ministre est responsable: le ministère et les
régies qui administrent des programmes précis dans le champ des
affaires sociales, soit au titre des programmes de maintien de revenus ou au
titre
de programmes de services de santé ou de services sociaux. Bien
plus, le Conseil supérieur de la famille n'avait pas été
doté de moyens, de l'avis même des membres, pouvant donner une
profondeur qu'ils auraient souhaitée à leur travail. Son
président exerçait ses fonctions à temps partiel et
n'avait pas à son service de personnel autre qu'un
secrétaire.
Le projet de loi instituant le Conseil des affaires sociales et de la
famille propose donc l'abolition du chapitre 213. Le nouveau conseil sera par
ailleurs doté de moyens d'action plus appropriés à
l'importance de son rôle.
Il faudrait noter que le nouveau Conseil des affaires sociales et de la
famille, en plus de compter une représentation de la part des organismes
familiaux, pourra conformément à la loi, instituer des
comités spéciaux formés de représentants des
organismes familiaux, permettant à ces derniers de participer pleinement
à l'élaboration d'avis, tout en n'étant pas isolés
dans un secteur restreint.
Mentionner, les inquiétudes des groupements qui
s'intéressent de façon particulière à la famille
est également une responsabilité qui m'incombe. La famille, comme
vous le savez, M. le Président, dans le type de société en
transition dans laquelle nous vivons est soumise à des tensions de
diverses sortes: la hausse du niveau de la vie, le déracinement du
milieu, la vie dans les grands ensembles urbains avec tous les problèmes
qui l'accompagnent, autant de nouveaux problèmes auxquels doit faire
face la famille. Je pourrais en ajouter bien d'autres.
Les organismes familiaux s'interrogent, à juste titre, sur ce que
signifie pour eux l'abolition du Conseil supérieur de la famille et son
remplacement par un Conseil des affaires sociales et de la famille. Il n'est
pas, évidemment, dans notre intention de diminuer l'importance ou de
vouloir donner, par l'abolition de ce conseil, une indication que notre
intérêt est moindre à l'égard de la famille. Nous
croyons, au contraire, qu'en confiant à ce Conseil des affaires sociales
et de la famille un rôle précis, en ce qui a trait à la
famille, est un pas en avant. Ce conseil, au lieu d'être isolé,
pourra s'associer aux consultations, aux travaux qui seront
exécutés dans des secteurs très importants, comme ceux du
maintien du revenu, de la santé, des services sociaux tout en se
préoccupant, si le conseil n'interprète pas trop
étroitement son mandat, des problèmes de la famille en
général.
On ne saurait également oublier que, par le bill 42,
créant le ministère des Affaires sociales, le ministre est
chargé, par les articles 3a) et 3h), de responsabilités
particulières en ce qui a trait à la famille. Bien que nous
comprenions les soucis de tous les organismes qui s'intéressent à
la famille de façon dévouée, de façon
désintéressée et dans la poursuite d'objets
extrêmement louables, nous croyons que nous pouvons les rassurer: la
création de ce nouveau conseil est réellement un pas en
avant.
Il est évident, comme je l'ai mentionné plus tôt,
qu'il nous faudra également poursuivre dans l'élaboration de
structures permettant une plus grande participation. Egalement, sur ce plan,
à mesure que s'élaboreront ces structures, nous entendons
également donner une place aux organismes représentant la
famille.
Ce Conseil des affaires sociales et de la famille sera doté d'un
président et de treize autres membres nommés par le
lieutenant-gouverneur en conseil, parmi des personnes recommandées par
des groupes représentatifs des domaines de la santé, des services
sociaux, des associations familiales et des groupes socio-économiques,
ainsi que des milieux universitaires. Il assumera une mission consultative
auprès du ministre titulaire des Affaires sociales. Il jouera
également un rôle consultatif grâce à l'aide
technique et spécialisée d'un secrétariat bien
organisé et compétent. Il aura la possibilité de faire
effectuer des études en commandite et de recevoir les mémoires,
les représentations de tous les groupes intéressés.
Le ministre des Affaires sociales pourra consulter ce conseil sur la
formulation et la mise en application des politiques et des programmes dans son
secteur. En plus de conseiller le ministre des Affaires sociales sur ces
questions, le conseil se verra confier des tâches d'évaluation de
l'incidence ou de l'impact de la réception des politiques sociales et de
santé au Québec.
Le conseil ne se limitera toutefois pas à ce seul rôle de
transmission des besoins et des aspirations propres aux milieux
intéressés. A la lumière d'observations qui lui seront
faites par divers groupes, comme aussi par la population sous forme de
mémoires et de représentations orales, le conseil s'efforcera
d'ouvrir des perspectives progressistes à la politique des Affaires
sociales, dégageant de façon prospective des orientations ou des
objectifs nouveaux et recommandant au ministre concerné des
modifications destinées à insuffler, dans le domaine des affaires
sociales, les orientations que les programmes sociaux doivent prendre, toujours
en accord avec l'évolution de la société.
Ce conseil, rattaché au ministre des Affaires sociales, marque
donc la volonté du gouvernement du Québec d'institutionnaliser et
de consolider son approche globale des problèmes et des solutions dans
le domaine des affaires sociales et familiales, tout en faisant appel à
la consultation de façon systématique.
M. le Président, voilà, très brièvement, la
conception de ce Conseil des affaires sociales qui viendra compléter,
dans une certaine mesure, les organismes déjà constitués
autour du ministère des Affaires sociales, soit le Conseil de la
recherche médicale du Québec, la Régie des rentes du
Québec et la Régie de l'assurance-maladie. Merci.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, j'avais une
brève intervention à faire en deuxième lecture. Pour ma
part, si les deux autres partis de l'Opposition n'ont pas d'objection, je
serais disposé, même au risque de vous priver du plaisir
d'entendre ces interventions en deuxième lecture, à aller en
comité et à y prononcer mes remarques, à condition que
vous vous engagiez à lire le journal des Débats.
M. LE PRESIDENT: Je vous assure que j'écouterai, de mon bureau,
votre intervention et je l'apprécierai.
L'honorable ministre de la Santé propose que je quitte maintenant
le fauteuil et que la Chambre se forme en comité plénier.
Cette motion sera-t-elle adoptée?
Adopté.
Comité plénier
M. HARDY (président du comité plénier): Article
1.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, à la suite des
remarques que je viens de faire, je voudrais, à ce moment-ci, sur
l'article 1, faire un énoncé général au sujet de ce
projet de loi no 43. Je voudrais dire, d'abord, au ministre des Affaires
sociales que nous sommes entièrement d'accord avec la création de
ce Conseil des affaires sociales. J'aurai d'autres commentaires à faire
plus tard, mais, pour l'instant, il s'agit du Conseil des affaires sociales et
de la famille.
M. le Président, c'était mon intention, lorsque j'occupais
le poste qu'occupe maintenant le ministre des Affaires sociales, de
créer un conseil qui ne se serait pas appelé conseil des affaires
sociales, puisque, à ce moment-là, les deux ministères
n'étaient pas fusionnés. J'avais indiqué, au moment de
l'étude du projet no 43, à quel moment, dans notre esprit, le
fusionnement ou l'intégration devait se faire. De toute façon,
nous avions indiqué, à plusieurs reprises, que c'était
notre intention de créer un conseil supérieur de la santé
au moment où le rapport de la commission d'enquête
Castonguay-Nepveu nous aurait été remis.
L'étape subséquente à la création de ce
conseil supérieur de la santé aurait pu être, à la
suite de l'intégration des deux ministères, également ce
Conseil des affaires sociales. Donc, le ministre traduit aujourd'hui
l'orientation que nous voulions donner à ces organismes de
consultation.
Le ministre a prévu, pour ce conseil des affaires sociales, qui
aura une responsabilité extrêmement importante, si on en juge par
le mandat qui lui a été confié et je
l'espère aussi les budgets suffisants qui seront mis à sa
disposition et qui, cette année, sont pris à même le fonds
consolidé du revenu et qui, chaque année, par la suite, seront
votés par l'Assemblée nationale. A même ces budgets
suffisants, nous espérons donc que le Conseil des affaires sociales
répondra véritablement à l'attente et aux
espérances que nous fondons sur ce nouvel organisme.
La représentation est assurée par ce projet de loi parce
qu'il permet d'aller recruter des représentants parmi les associations
et les groupes du domaine de la santé, les personnes, les associations
et les groupes du domaine des services sociaux, les associations familiales,
les groupes socio-économiques et les milieux universitaires. S'ajoutent
à cet éventail les représentants d'organismes tels que la
Régie des rentes du Québec, la Régie de
l'assurance-maladie et également le sous-ministre des Affaires
sociales.
Cette représentation nous apparaît adéquate dans
l'ensemble. Il nous semble que ça permettra au ministre, en faisant ce
recrutement, d'avoir parmi les suggestions qui lui seront faites des
suggestions qui couvriront véritablement tous les aspects des Affaires
sociales ou permettront du moins aux personnes qui représenteront ces
divers milieux de donner véritablement un éventail d'options et
aussi d'apporter des considérations qui, je le crois bien, envelopperont
et couvriront suffisamment tout le domaine des Affaires sociales.
J'aurais évidemment une considération à faire
je l'ai exprimé quand nous passerons à l'article 7.
La considération que je vais faire entre dans l'objection suivante: il
ne m'apparaft pas que la famille ait comme telle, dans ce projet de loi du
Conseil des affaires sociales même si le titre porte le nom de la
famille, y inclus le mot "famille", la cellule, la société
familiale toutes les garanties de représentation qu'elle avait
grâce à un Conseil supérieur de la famille.
A l'article 7, paragraphe d), on dit "...quatre personnes choisies parmi
celles qui sont recommandées par les associations familiales et les
groupes socio-économiques représentatifs." Le ministre a eu, via
son ministre d'Etat, le député de Joliette, je crois, une
représentation de la part des organismes familiaux. Ils lui ont
mentionné qu'il pourrait arriver que ces quatre personnes choisies
puissent être recrutées parmi les groupes socio-économiques
et qu'évidemment je parle théoriquement les
associations familiales ne soient pas représentées au Conseil
supérieur des affaires sociales. C'est une possibilité. Je crois
bien qu'en pratique le ministre des Affaires sociales verra à assurer,
à l'intérieur de ce paragraphe, une juste représentation.
Mais le ministre, je le crois bien, reconnaîtra qu'étant
donné qu'il y a deux séries d'associations qui sont
nommées, deux séries de groupes, il est possible qu'en pratique
les quatre représentants viennent des groupes socio-économiques
ou que les quatre représentants viennent des associations
familiales.
Tout à l'heure, quand nous passerons sur cet article-là,
je suggérerai donc au ministre de mieux préciser la
représentation, à l'intérieur de ce paragraphe, de sorte
que chacun des deux groupes, même si les groupes socio-économiques
n'ont pas fait de représentation particulière, se sente
véritablement protégé ou s'assure véritablement une
représentation. Je crois vraiment qu'il y aura lieu de préciser
davantage.
M. le Président, si je n'ai pas de réserve quant au
principe du projet de loi, je viens de l'indiquer il y a un instant, il
m'apparaît que le Conseil supérieur de la famille qui, si ma
mémoire est fidèle, était composé de neuf membres
est-ce exact, neuf membres? était un organisme qui, tout
de même, disposait d'un budget annuel voté par l'Assemblée
nationale.
Mais le ministre a mentionné tout à l'heure que cet
organisme avait à sa tête un président à temps
partiel et un secrétaire à temps plein. Et les autres membres de
ce conseil agissaient également à temps partiel. Et, à la
demande du ministre, ils effectuaient des travaux particuliers, des
études spéciales et faisaient rapport au ministre et ces rapports
étaient rendus publics par le ministre, s'il le jugeait à propos,
et étaient gardés confidentiels, si également il ne
jugeait pas à propos de les publier.
Mais, tout de même, cet organisme de neuf membres pouvait,
à l'intérieur du mandat qui lui était confié par le
ministre, représenter ici, dans le Québec, une fin
précise: le poursuite de travaux précis au bénéfice
de la famille.
Dans ce nouvel organisme des Affaires sociales, les associations
familiales, qui pourront compter peut-être quatre membres ou deux membres
dans un conseil de treize ou quatorze membres avec le président
et si on ajoute les trois fonctionnaires, cela fait dix-sept membres
soit une représentation de deux sur dix-sept, je pense bien qu'avec
l'ampleur des mandats qui seront confiés au Conseil des Affaires
sociales, le strict aspect d'étude des problèmes de la famille
pourra être noyé même si, évidemment, les
Affaires sociales englobent une préoccupation familiale dans tout
cet appareil qui aura à se pencher sur les problèmes de la
santé, les probèmes des services sociaux et les probèmes
de bien-être en général.
Alors, M. le Président, c'est la réserve que je voulais
exprimer au ministre. D'ailleurs, j'ai eu l'occasion, avec lui, avant
l'étude de ce projet de loi, il y a quelques jours, d'échanger
des observations et des remarques. Je crois que le ministre est
sensibilisé à ce problème qui est réel. Et à
la lumière des observations que je lui ai faites antérieurement
et des remarques que je fais présentement, je crois qu'il y aura lieu,
pour le ministre, d'amender un article du projet de loi, afin que le Conseil
supérieur de la famille ne soit pas subitement, au moment de
l'entrée en vigueur de ce projet de loi, éliminé
automatiquement mais puisse continuer pendant un certain temps
étant donné qu'il y a encore de l'argent au budget d'ici le 31
mars 1971 (le budget que nous avons voté durant la première
partie de la session). Alors je suggérerai au ministre que le Conseil
supérieur de la famille reste en fonction encore pendant quelques mois,
d'ici la fin de l'année fiscale, soit le 31 mars 1971. Pendant cette
période, étant donné que le Conseil supérieur de la
famille a rencontré le ministre d'Etat il a eu, je crois, ou il a
demandé une rencontre avec le ministre des Affaires sociales et avec le
premier ministre on pourrait, et le ministère et le Conseil
supérieur de la famille, étudier quelle serait la meilleure forme
de représentation comme organisme familial, comme organisme
exclusivement préoccupé des problèmes familiaux.
Et, d'ici le 31 mars, par ce mécanisme conjoint que, le ministre
a accepté... Je crois que le ministre a posé déjà
plusieurs gestes d'acceptation ou de reconnaissance de ces mécanismes de
consultation et de participation.
Sans sortir du cadre du débat, je voudrais seulement mentionner
les mécanismes que le ministre a acceptés dans le cadre des
ententes au sujet des médecins spécialistes. Il y a là un
comité d'appréciation et un comité de surveillance qui
permettent au ministère des Affaires sociales de continuer à
rencontrer les professionnels pour dialoguer et pour essayer de surveiller ou
d'améliorer une situation.
Je crois que ce serait une excellente occasion pour le ministre des
Affaires sociales d'étudier, avec la direction générale de
la famille et avec le Conseil supérieur de la famille la proposition
qu'ils ont faite actuellement ou d'autres propostions qui pourraient se
concrétiser aussi par d'autres formules qui peuvent être
meilleures que celle qu'ils ont actuellement élaborée
unilatéralement.
Il y a aussi, comme autre mécanisme de participation, de dialogue
et de consultation, la possibilité que la direction
générale de la famille, à intervalles plus ou moins
réguliers disons, peut-être, tous les deux mois ou tous les
trois mois avec les organismes familiaux, fasse une table ronde au
ministère pour continuer d'élaborer et de discuter une politique
familiale.
Il ne faut pas oublier que c'est le ministère des Affaires
sociales, autrefois, le ministère de la Famille et du Bien-Etre social,
qui doit être le centre des préoccupations au sujet de la famille.
C'est de là que doivent venir les initiatives visant à coordonner
les législations ou les mesures administratives qui vont protéger
la famille.
En 1967, nous avons présenté le régime
d'allocations familiales et nous l'avons adopté ici en cette Chambre.
Cette mesure étant associée de très près à
une réforme fiscale, je me souviens qu'à ce moment-là les
trois ministères: le ministère des Finances, le ministère
du Renevu et le ministère de la Famille et du Bien-Etre social, ont
travaillé en étroite collabo-
ration afin de voir quelles seraient les implications d'une
réforme fiscale et aussi du programme d'allocations familiales sur une
politique familiale.
J'ai eu l'occasion de le mentionner lors de l'étude du projet de
loi 42, mais j'y reviens parce que je suis conscient de l'importance pour le
ministère des Affaires sociales d'assumer pleinement son rôle de
coordonateur et aussi d'initiateur dans le domaine des politiques familiales
à l'intérieur du gouvernement.
Il est difficile pour le ministère de l'Education et pour le
ministère des Finances de surveiller et de contrôler parfaitement,
dans toutes les mesures et dans tous les programmes qu'ils apportent, toutes
les implications que cela peut avoir sur la famille.
Le Conseil des affaires sociales étant, par définition et
par les responsabilités qu'on lui confie, un organisme extrêmement
important, avec une mission importante et un mandat assez vaste, je crois qu'il
est important que, par d'autres mécanismes, on s'assure que la politique
familiale au sein du gouvernement sera protégée par le
ministère qui doit la protéger, c'est-à-dire le
ministère des Affaires sociales.
Avant de terminer ces remarques générales, je voudrais
aussi on le comprendra puisque j'ai travaillé pendant quatre ans
en étroite collaboration avec le Conseil supérieur de la famille
rendre témoignage à ce groupe d'hommes et de femmes que le
conseil des ministres a appelé à assumer des
responsabilités dans le domaine de la recherche, dans le domaine de la
communication ou dans le domaine du dialogue avec la population en
général, afin de nous transmettre des recommandations.
Je voudrais leur dire, ce soir, en mon nom personnel et au nom des
députés de cette Chambre, notre appréciation pour le
magnifique travail qu'ils ont accompli. Le Conseil supérieur de la
famille a eu à sa tête pendant ces quatre années, le
docteur Philippe Garigue qui, à aucun moment, n'a jamais refusé
d'assumer des responsabilités particulières que nous avons bien
voulu lui confier. Aussi, il n'a jamais refusé d'effectuer un travail de
recherche qu'il a accompli avec grande compétence et beaucoup de
conscience professionnelle. On sait que le docteur Philippe Garigue est le
président des fédérations internationales des unions de
familles. Sa compétence professionnelle et sa compétence, au plan
de la famille, ont été reconnues de façon
internationale.
M. le Président, sans les énumérer cependant, parce
que plusieurs ont été appelés à siéger
à tour de rôle au sein du Conseil de la famille, je voudrais
mentionner que tous ceux à qui nous avions fait appel et à qui
nous avions demandé de prêter leurs services, ont
été disponibles et ont répondu généreusement
à l'appel. Ils représentaient, pour la plupart, des associations
aussi importantes que les caisses populaires, les cercles de fermières
ou les cercles de femmes ouvrières. Dans certains cas, ils
représentaient des services sociaux, ils représentaient des
organismes familiaux comme Mme Langlois qui est la présidente depuis
plusieurs années de la Fédération des Unions de familles,
il y en a aussi qui ont siégé à titre individuel. Alors,
je voudrais leur rendre ce témoignage et je souhaite qu'il trouve,
à même les suggestions qui lui sont faites par les
différents organismes et les différents groupes, autant de
dévouement, autant de désintéressement et autant de
compétence que nous en avons trouvé chez tous ceux qui, depuis la
fondation du Conseil supérieur de la famille, ont assumé des
responsabilités à l'intérieur de cet organisme.
M. le Président, je voudrais mentionner en terminant, d'une
façon spéciale, les deux secrétaires du Conseil
supérieur de la famille qui ont travaillé: M. Escojido et M.
Charland, deux fonctionnaires du ministère de la Famille et aussi, le
sous-ministre adjoint au ministère de la Famille qui, durant toute la
vie du Conseil supérieur de la famille, a assumé ses
responsabilités d'une façon particulière malgré les
tâches très lourdes qu'étaient les siennes et j'ai
nommé le sous-ministre, M. Edgar Guay.
M. le Président, ce sont les considérations que je voulais
faire à ce moment-ci, considérations d'ordre
général. Nous aurons l'occasion dans l'étude, article par
article, de proposer comme je l'ai fait tout à l'heure, certaines
suggestions.
M. LE PRESIDENT (Hardy): L'honorable député de
Saint-Sauveur.
M. BOIS: Au sujet du bill qu'on nous présente actuellement, je
m'en tiendrai à des commentaires d'ordre général. Je veux
être extrêmement bref. L'heure avance, et il faut que les choses
administratives de la province se règlent d'une façon ou de
l'autre. Je constate que ce qu'on stipule dans ce bill aurait pu être
réglé simplement par des engagements fait directement à la
Commission de la fonction publique parce que dans l'ensemble je crains qu'on
soit à créer 14 postes administratifs. Dans la pratique, il nous
faut des postes exécutifs, c'est-à-dire des personnes, non pas
seulement pour étudier mais pour exécuter ce qu'on aura tout
à l'heure appliqué dans les bénéfices sociaux qui
ont déjà été votés.
M. le Président, il est souhaitable d'avoir des personnes pour
étudier la façon de labourer mais demain, il faudra quand
même, des moissonneurs. Dans les comtés, actuellement, les gens se
voient refuser des rendez-vous dans les bureaux d'assistance sociale sous
prétexte que le personnel en place n'est pas suffisant pour
répondre aux demandes. Je crois qu'avec les salaires de ces
commissions-là, les salaires qui vont être payés à
des personnes pour étudier, voyager, représenter, etc., c'est
extrêmement bien, je n'ai rien contre cela, mais, dans la
pratique, je crois que tout le capital qui va être mis
là-dessus servirait beaucoup mieux à aider le peuple directement
dans les comtés, à aider les gens qui vont se présenter
aux bureaux d'assistance sociale ou ailleurs et à qui l'on dit: c'est
bien dommage. Revenez dans deux semaines. Nous ne sommes pas assez nombreux. Je
comprends que c'est idéal, que c'est un très beau projet.
Dans l'ensemble, je n'ai rien contre ça. Cependant, il faut
revenir à l'aspect pratique des choses. C'est très bien de penser
à administrer et à étudier. Demain, il faudra
exécuter, et c'est surtout sur ce point que je crois devoir rappeler
à cette Chambre, ainsi qu'à l'honorable ministre de la
Santé, qu'il serait bon d'avoir plus d'exécutants et un peu moins
de penseurs. Merci.
M. LAURIN: M. le Président,...
M. LE PRESIDENT (Hardy): L'honorable député de
Bourget.
M. LAURIN: Les impératifs de consultation et de participation,
dont a parlé le ministre des Affaires sociales, s'imposent de plus en
plus à tout gouvernement qui ne veut pas se couper la
réalité. Us s'imposent d'une façon tout à fait
particulière dans le domaine des affaires sociales où les agents
du gouvernement du ministre à l'employé le plus humble
doivent s'intéresser à la trame de l'existence des
individus afin de veiller au grain, pour que leur vigilance ne soit jamais
prise en défaut de sorte que les besoins du citoyen soient
appréciés au moment même où ils se manifestent et
comblés dans la mesure du possible.
Je suis donc tout à fait d'accord avec ces principes qu'a
énoncés le ministre des Affaires sociales. Il y a maintenant
plusieurs façons de réaliser cette consultation. Sans
m'étendre dans des détails trop longs, je crois que le
mécanisme le plus efficace de consultation sera, pour le nouveau
ministère des Affaires sociales, encore beaucoup plus l'administration
régionale, dont il a déjà parlé en cette Chambre,
que le Conseil des affaires sociales. En effet, je pense que c'est simplement
par une délégation de présence et de pouvoirs au niveau
même des collectivités, par le travail quotidien au niveau de ces
collectivités, que le ministre sera informé des véritables
besoins de la collectivité et qu'une fécondation
réciproque de tous les instants aura lieu entre ces divers paliers.
Il reste cependant que la création d'un Conseil des affaires
sociales s'impose puisqu'il importe de compléter, par des études
plus fouillées, qui sont habituellement l'apanage de
spécialistes, les renseignements, les données qui nous viennent
de la base. C'est la raison pour laquelle j'approuve, bien sûr, la
création de ce Conseil des affaires sociales.
Il importe également pour assurer non seul- ement la coordination
mais le travail efficace de ces agences de consultation que les deux organismes
soient bien structurés sous le signe du modernisme, sous le signe de
l'efficacité avec d'excellentes structures et aussi avec des moyens
convenables. Le ministre nous a assurés qu'il y verrait.
Par ailleurs, beaucoup de considérations ont été
faites sur la place qui devrait être faite à la famille dans les
politiques du ministère d'autant plus que nous nous trouvons à
supprimer un conseil de la famille qui avait déjà rendu de
précieux services. Quant à moi, assez paradoxalement, je me
réjouis de la disparition du Conseil supérieur de la famille, non
pas parce qu'il n'a pas rendu de grands services, bien au contraire, mais parce
que je pense que la famille ne doit pas être l'objet des
préoccupations exclusives du ministère des Affaires sociales. La
famille est devenue tellement importante dans notre société
moderne, elle est tellement ébranlée, elle est tellement
menacée que ce sont tous les ministères du gouvernement qui
doivent se pencher sur son destin, qui doivent étudier ses maladies et
essayer de trouver les remèdes qui s'imposent.
L'élaboration d'une politique familiale devient de plus en plus
l'affaire du gouvernement, devient de plus en plus un problème urgent
que le gouvernement, dans son entier, doit considérer. A ce titre, je
crois qu'une politique familiale intéresse autant les aspects de
fiscalité, les aspects d'économie, de création d'emplois,
les aspects de la législation du travail, l'administration de la justice
que celui des affaires sociales proprement dites. Peut-être qu'en
enlevant cette appellation de Conseil supérieur de la famille au conseil
qui existait auparavant, donnerons-nous la chance au gouvernement
d'étendre ses préoccupations et de rappeler sans cesse à
la population que toutes ces politiques se situent dans une optique
familiale.
Il reste cependant que les aspects proprement spécifiques
à la famille, en ce qui concerne l'aspect social, doivent être
étudiés. A cet égard, je me rallierais assez volontiers
à la solution qui a été préconisée par le
ministre, c'est-à-dire la formation d'un sous-comité qui serait
chargé spécialement d'étudier certains problèmes
spécifiques ayant trait à la famille. Loin de nuire à
l'efficacité du travail, je crois que le travail n'en sera rendu que
plus efficace.
Par ailleurs, pour bien montrer que nous continuons à penser
d'une façon prédominante à la famille dans toutes ces
législations nouvelles que nous adoptons, je vois que le nouveau Conseil
des affaires sociales et de la famille garde quand même le nom de Conseil
de la famille, qui lui est ajouté, même si ce n'est pas tout
à fait logique, étant donné que c'est un ministère
des Affaires sociales que nous avons maintenant.
Je vois aussi que la représentation des organismes familiaux est
quand même assurée
au sein du nouveau conseil. Avec le sous-comité qu'on y ajoutera,
je crois que les intérêts de la famille québécoise
peuvent être très bien servis. Voilà tout ce que j'avais
à dire sur les considé-a-tions générales, me
réservant quand même d'apporter quelques amendements plus
précis sur l'un ou l'autre des articles.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Article 1 adopté?
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, sur le titre, est-ce
que, tenant compte des observations que j'ai faites tantôt et
étant donné la possibilité d'études et des
discussions additionnelles, il se peut qu'un autre mécanisme soit
trouvé? Le député de Bourget vient en effet de mentionner
qu'il serait personnellement plus favorable, au sein de ce conseil
supérieur, à un sous-comité qui se préoccuperait
plutôt des problèmes familiaux.
Mais si un autre mécanisme est trouvé, est-ce que le
ministre serait d'avis qu'à ce moment-là le Conseil des affaires
sociales ne devrait être que le nom de ce conseil? Evidemment, le
ministre me répondra qu'il n'est pas pour la multiplication des
organismes. Toutefois, étant donné que, pour les raisons que j'ai
données tantôt, la politique familiale le
député de Bourget l'a souligné et je m'accorde avec lui
là-dessus est une politique d'ensemble du gouvernement,
mais, je pense, il a peut-être oublié de le mentionner si
tous les ministères sont responsables et non pas un ministère
à titre particulier, évidemment, à ce moment-là,
cette préoccupation ou l'établissement d'une véritable
politique familiale peut être oublié. Il reste qu'il faut un
ministère qui est celui des Affaires sociales qui soit le
véritable responsable.
Je demande donc au ministre ce qu'il pense je ne veux pas faire
un long débat de cette possibilité de le nommer le Conseil
des affaires sociales.
M. CASTONGUAY: M. le Président, je constate, comme l'ont fait
à la fois le député de Montmagny et le
député de Bourget, qu'il peut y avoir un certain illogisme
à appeler ce conseil le Conseil des affaires sociales et de la famille
étant donné, justement, que bien d'autres ministères
assument des responsabilités qui touchent directement la famille, que ce
soit au plan de la fiscalité, de l'éducation, etc.
Mais justement, si nous avons enlevé du nom du ministère
l'appelation "famille" et que nous l'avons ajoutée, par contre, au
conseil, c'est que nous croyons que le conseil, dans son travail, peut
interpréter son mandat d'une façon peut-être un peu moins
étroite et, par le sous-comité de la famille qui sera
certainement formé, par les études que le conseil pourra faire
aussi comme conseil, toujours se préoccuper davantage de la
présence de la famille et peut-être, par la voix du ministre des
Affaires sociales, remettre des messages, ou même des avis aux autres
ministères.
C'est donc dans ce sens que nous avons ajouté l'appelation "de la
famille". J'hésiterais, non pas par obstination remarquez que je
n'en fais pas tu tout une question de principe l'enlever de peur que les
organismes familiaux interprètent cette soustraction du titre comme
étant un intérêt diminué. Remarquez que je n'en fais
pas du tout, toutefois, une question de principe ou d'obstination. Ce serait le
seul motif pour lequel je préférerais le laisser dans le nom du
conseil.
M. CLOUTIER (Montmagny): En fait, c'était seulement pour le
mentionner. Je ne voudrais pas en faire l'objet d'un débat. Pour ma
part, je ne considère pas non plus le nom qui comporte le mot "famille"
comme... Ce qui est important et ce que je retiens, ce sont les
mécanismes d'étude additionnels que le ministre mettra sur pied,
de concert avec le Conseil supérieur de la famille, s'il accepte
l'amendement, pour prolonger la vie du conseil de quelques mois. Disons que la
question du titre de la loi perd beaucoup d'importance. Ce qui est important,
ce sera le travail que ce conseil va accomplir.
En ce qui concerne l'article 1, je serais prêt pour ma part
à l'adopter.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Article 1, adopté. Article 2?
M. LAURIN: A l'article 2, M. le Président, à l'occasion de
l'étude de ce projet de loi j'ai regardé d'autres lois
structurelles d'autres ministères en ce qui concerne la composition de
leur conseil consultatif. Par exemple, en lisant ce que la Loi du
ministère du Travail dit du comité consultatif de la
main-d'oeuvre, je me suis rendu compte que ce conseil consultatif pouvait
entreprendre des études sans que, dans l'article qui le constitue, on
mentionne que ce soit avec l'approbation du ministre du Travail. Il me semble
que ceci est préférable à la formulation que nous avons
ici, car cela donne au comité consultatif une plus grande latitude, une
plus grande initiative, peut-être un plus grand dynamisme.
Je me rappelais, par exemple, ce que le ministre de l'Education avait
dit, à l'occasion de la discussion des crédits, du travail du
Conseil supérieur de l'Education. Je me rappelle vivement certaines des
réserves ou inquiétudes que le ministre de l'Education avait
formulées à cet égard. Je me demande s'il n'y aurait pas
moyen de mettre toutes les chances de notre côté en tentant, par
une formulation plus explicite à cet égard, d'assurer à ce
nouveau conseil une formulation qui pourrait l'assurer qu'il peut faire montre
d'initiative dans le domaine qui est le sien. Sans proposer d'amendement
formel, je
me demande s'il n'y aurait pas moyen de retrancher ces lignes: Avec
l'approbation du ministre des Affaires sociales.
M. CASTONGUAY: II y a deux raisons bien particulières pour
lesquelles cette approbation a été inscrite dans l'article 2.
Premièrement, il y a présentement dans les diverses
universités du Québec, à différents niveaux, toute
une série de projets d'instituts ou de centres de recherche en politique
sociale. Il y a également le rapport qui a été
préparé à la demande du gouvernement
précédent sur un centre d'études démographiques,
tous des projets extrêmement intéressants. On ne peut oublier,
d'autre part, nos ressources assez limitées au plan financier, le nombre
assez limité de chercheurs et le danger d'un trop grand
éparpillement.
Au sein du ministère nous avons également une direction de
la recherche et de la planification qui compte un certain nombre de chercheurs
ou de spécialistes. Il y a également, à la Régie
des rentes et à la Régie de l'assurance-maladie, deux
équipes. Ce qui m'apparaît extrêmement important, c'est que
nous coordonnions les efforts et que nous nous partagions les rôles,
quitte à laisser ce plus grand dynamisme ou cette plus grande latitude
aux organismes reliés aux universités et, quant aux organismes
formés par législation, à essayer de répartir un
peu mieux leur rôle, de telle sorte qu'ils se complètent.
Justement, au mois de janvier je compte envoyer l'invitation lundi
j'invite tous ceux qui ont proposé au ministère, au cours
des dernières années ou des derniers mois, la création de
tels centres, tous ceux qui sont à la direction des groupements que je
viens de mentionner, soit au sein du ministère ou ailleurs à se
réunir pour étudier les moyens de faire en sorte que sans brimer
les chercheurs, sans orienter de façon rigide leurs efforts, on en
arrive à une certaine coordination et qu'on ne multiplie pas, à
ce stade, inutilement les centres de recherche.
C'est dans ce sens que nous avons vu cela. En ce qui a trait au Conseil
du travail et de la main-d'oeuvre on peut me corriger si je suis dans
l'erreur ma perception, c'est que ce conseil a été
formé pour assumer un rôle quelque peu différent. J'ai lu
le rapport annuel ou les rapports, je ne m'en souviens pas. Il me semble
assumer surtout un rôle d'arbitre dans les relations de travail ou,
à tout le moins, un certain rôle d'arbitre. Dans ce sens, il me
semble qu'il doit être beaucoup plus libre, pour jouer vraiment ce
rôle, de prendre ses propres décisions quant aux recherches ou aux
questions qu'il peut vouloir étudier.
Alors, à moins d'erreur de ma part, il y a une certaine
différence dans la conception de ces deux conseils.
M. LAURIN: M. le Président, l'argument financier ne me semble pas
intervenir beaucoup dans ce domaine, puisque, de toute façon, le conseil
ne pourrait entreprendre des études qu'à l'intérieur des
limites du budget qui lui serait consenti. Cela n'amènerait pas des
dépenses supplémentaires pour le gouvernement. L'aspect que je
voulais faire ressortir était plutôt le suivant: Quand un conseil
sent que, pour entreprendre une étude, il lui faut obtenir, au
préalable, l'accord du ministre, il peut s'estimer un peu timide dans
son imagination ou dans ses conceptions. Si, par hasard, il entreprend une
étude et arrive à des conclusions qui peuvent donner l'impression
au ministre ou aux fonctionnaires de son ministère qu'elles constituent
des critiques à l'endroit de politiques existantes, il peut
s'empêcher de les émettre, sachant que, dans une étape
ultérieure lorsqu'il aura besoin de faire approuver tel ou tel projet de
recherche, cette approbation pourra tarder à venir.
Je ne parle pas, bien sûr, du ministre actuel, mais je pense
à une chose que l'on voit, quand même, parfois, dans les
gouvernements, lorsque les rapports deviennent plus tendus, plus difficiles
entre certaines parties du ministère. Je me demande s'il ne faudrait pas
lui assurer une plus grande liberté de manoeuvre et une plus grande
capacité imaginative, sans nuire aux objectifs de coordination dont
parlait le ministre. Comme on le disait tout à l'heure, il y a tellement
d'études sur la famille les impératifs familiaux
infiltrent presque toutes les recherches qui sont faites actuellement dans
quelque domaine que ce soit qu'il est bien entendu qu'une coordination
s'impose. Cette coordination peut être assurée sans que
peut-être, cette marge de manoeuvre puisse en être réduite
en quoi que ce soit, puisqu'au fond, dans la plupart des cas, il est bien
entendu que le ministère saurait où se dirige son conseil.
Justement, je pense à certaines situations auxquelles le conseil,
en vertu du rôle qu'il possède, pourrait être amené
à s'intéresser. On peut penser, par exemple, que ce conseil,
voyant, dans dix ans ou dans quinze ans, le ministère prendre une
direction qui lui paraît présenter quelque danger, quelque
faiblesse ou quelque lacune, jugerait opportun de mener une étude afin
d'infirmer ou de confirmer l'hypothèse qu'il se fait. C'est dans ce
sens-là que, peut-être, il faudrait assurer à ce conseil un
degré plus grand de liberté.
M. CASTONGUAY: M. le Président, il me semble qu'il y a un certain
nombre de mécanismes, malgré tout, qui protègent le
conseil. D'abord, à l'exception du président, tous les autres
membres seront nommés parmi des personnes recommandées par les
groupements intéressés. Les études effectuées par
le conseil seront rendues publiques. Egalement là, j'anticipe,
étant donné que c'est relié à la même
question à l'article 5, au deuxième alinéa, face
aux dangers mentionnés par le député de Bourget, on dit:
Le conseil "doit aussi saisir le
ministre de tout problème ou de toute question qu'il juge de
nature à nécessiter une étude ou une action de la part du
ministère."
En contrepartie, si jamais il y avait vraiment désaccord profond
au point qu'on veuille paralyser un tel conseil, que ce soit moi ou un autre,
il y a toujours le moyen que vous avez mentionné, c'est de
réduire les fonds.
Alors, je pense bien qu'on ne peut pas, en définitive,
prévoir en permanence un conseil qui aurait toute latitude. Si on essaie
d'agir d'une façon, on perd sur un autre plan. Quant à moi, ce
qui m'apparaft le plus important présentement, c'est d'avoir la
certitude que nous pourrons coordonner un peu plus les efforts de recherche et
l'utilisation des ressources dans ce secteur.
Il y a une pénurie de recherches ou de travaux valables qui est
vraiment surprenante au Québec. Je ne dis pas que c'est pire que dans
les autres provinces en fait, nous sommes peut-être un peu mieux
que dans les autres provinces mais malgré tout, il y a
énormément à faire, et nous n'avons que très peu de
ressources, pas simplement financières, mais en potentiel.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, je n'aurai qu'un autre
commentaire à faire sur l'article 2, concernant la suggestion qu'a faite
le député de Bourget d'enlever ces mots "avec l'approbation du
ministre des Affaires sociales". J'ai eu moi-même l'expérience de
tous ces travaux, j'ai eu à approuver tous ces travaux de recherche
effectués dans les milieux universitaires, travaux financés par
le ministère de la Famille et du Bien-Etre social, dans les milieux des
services sociaux, recherches effectuées aussi par des organismes
privés qui étaient subventionnés.
Je crois qu'il faudrait éviter le dédoublement. Le
ministre, je pense, a oublié de le mentionner, mais il y a aussi au
ministère de la Famille et du Bien-Etre, et il y aura au
ministère de la Santé c'était dans nos objectifs
des services de recherche bien organisés et avec un nombre
important de spécialistes de toutes les disciplines.
Alors, je crois que, pour éviter qu'il y ait dédoublement,
il est important que le ministre voie lui-même à assurer cette
coordination et voie à ne pas laisser entrer le Conseil des Affaires
sociales dans une recherche qui, à toutes fins pratiques, est
déjà effectuée et où on possède
déjà, soit au ministère ou soit dans les milieux
universitaires, des bons documents de travail et de recherche qui, tout de
même, ont été assez approfondis.
Mais je ne verrais pas le Conseil des affaires sociales faire de la
recherche technique, de la recherche pure. C'est plutôt une recherche au
sens de communication, d'interprétation de travaux purement techniques
avec ette participation et cette communication avec la popula- tion afin de
transmettre au ministre quels sont les besoins dans les différentes
sphères de la société, et aussi de quelle façon ces
documents techniques pourraient être traduits dans des politiques qui
conviennent et qui sont nécessaires dans le domaine des Affaires
sociales.
Alors, c'est pour cela que, ayant eu l'expérience que j'ai eue,
je crois qu'il est préférable que le ministre approuve ces
recherches avant qu'elles ne s'effectuent.
Pour ma part, l'article 2 est adopté.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Article 2, adopté. Article 3.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je n'ai pas d'objection.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Adopté. Article 4. Adopté.
Article 5. Adopté. Article 6. Adopté. Article 7.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, à l'article 7,
j'aurais des remarques qui font suite aux considérations que j'ai faites
au début de la séance en comité. Au paragraphe d), j'ai
suggéré au ministre de préciser quel serait le nombre de
personnes choisies par les associations familiales, et le nombre de membres
choisis par les groupes socio-économiques. Est-ce qu'on ne pourrait pas
faire une précision, mentionner deux représentants ou assurer un
minimum de deux membres pour chacun des organismes représentatifs?
Théoriquement je ne sais pas si le ministre a retenu mon
argumentation il pourrait arriver qu'il y ait quatre
représentants des associations familiales ou quatre représentants
des groupes socio-économiques.
M. CASTONGUAY: Quant à moi, je n'ai aucune objection à ce
que l'on précise davantage la répartition. En fait, mon intention
était de nommer deux membres à chacun des organismes.
D'autant plus que, bien souvent, les représentants des groupes
socio-économiques ont des intérêts, par exemple, s'ils
viennent des milieux syndicaux, qui s'associent assez souvent avec les
intérêts des groupements familiaux.
De toute façon, je n'ai aucune objection à ce que nous
disions deux-deux et que nous reformulions le texte dans ce sens.
M. LAURIN: Si le ministre reformule le texte, est-ce qu'il n'y aurait
pas moyen de spécifier d'une façon plus nette une
représentation des organismes syndicaux? Je sais qu'il y a parfois
chevauchement, il y a des membres de groupes socio- économiques qui
appartiennent aux syndicats. Ceci arrive assez souvent. Comme les organismes
syndicaux groupent à peu près 500,000 personnes actuellement au
Québec, il me semble que c'est un corps intermé-
diaire qui mérite d'être représenté comme tel
dans un conseil où les affaires sociales qu'elles
intéressent la santé ou la famille jouent un rôle
tellement important. On connaît l'intérêt extrême que
prennent ces organismes syndicaux à tous les problèmes qui
intéressent la Famille et la Santé.
Il me semble que si on reformule, on pourrait assurer d'une façon
spécifique une représentation formelle des organismes
syndicaux.
M. CASTONGUAY: Cela m'apparaît assez évident. Est-ce que
vous auriez une proposition plus précise? Il me semble qu'ici pour un
tel conseil, surtout en les associant, en les mettant dans le même
alinéa que les associations familiales, en parlant des groupes
socio-économiques, nous avions définitivement à l'esprit
les groupes représentant des personnes en tout premier lieu. Encore
là, est-ce que vous auriez une proposition concrète? Remarquez
que, sur ce plan, ce qui m'apparait le plus important, c'est à la fois
d'éviter la multiplication des membres du conseil et de s'assurer d'une
représentation des groupes aussi équilibrée que possible.
Je sais fort bien qu'on a joué avec diverses formules. Celle-ci nous
apparaissait raisonnable. Mais il n'y a aucune valeur spécifique
à cette formule.
M. LAURIN: Je continue cependant à penser que l'on pourrait
être un peu plus spécifique, ne serait-ce que pour empêcher
les réactions de certains groupes qui s'estimeraient indûment
défavorisés. C'est de notoriété publique que ces
corps intermédiaires, qui groupent 500,000 personnes, ont
manifesté d'une façon très positive leur
intérêt, leur préoccupation en ce qui concerne les
matières qui intéressent le ministère.
Je pense que personne n'aurait objection à ce qu'on les inclue
d'une façon spécifique. Il est bien clair qu'il ne faut pas
augmenter indûment le nombre des membres de ce conseil. Si on augmentait
ce Conseil d'une ou de deux personnes, on pourrait peut-être faire suite
à la fois aux demandes, dont parlait le député de
Montmagny, et à celles que j'exprime.
M. CASTONGUAY: Je n'ai pas d'objection à ce que l'on augmente
d'un membre si on avait une proposition bien concrète à formuler.
On peut peut-être retenir cet alinéa et, pendant que nous
avancerons, écrire un petit texte. Je ne vois rien...
M. CLOUTIER (Montmagny): Ce que le député de Bourget
suggère, c'est que l'on ajoute un paragraphe et qu'on mentionne
spécifiquement la représentation syndicale du mouvement des
ouvriers. Pour ma part, je suggérais qu'au paragraphe d), on dise: Deux
personnes choisies parmi celles qui sont recommandées par les
associations familiales et deux personnes choisies parmi celles qui
représentent les groupes socio-économiques représentatifs.
Le paragraphe dit quatre mais il s'agirait de commencer par deux personnes
choisies parmi celles qui sont recommandées par les associations
familiales et les deux autres...
M. BERTRAND: Quatre personnes dont deux.
M. CLOUTIER (Montmagny): ...ou quatre personnes dont deux choisies parmi
celles qui sont recommandées par les associations familiales et les deux
autres par les groupes socio-économiques représentatifs. Cela me
satisferait quant à la précision à apporter au paragraphe
d).
Il y a aussi la suggestion du député de Bourget d'ajouter
à un ou deux membres. Le ministre a mentionné un membre au
conseil. Sans ajouter de membres, je crois qu'il serait difficile de soumettre
une représentation, parce que, déjà, les groupements qui
sont là, sont très importants, ils ont besoin de la
représentation qui est là. Alors, il s'agirait d'ajouter un
paragraphe à celui qui est là.
M. CASTONGUAY: A partir de votre suggestion, est-ce que l'on peut
laisser continuer le député de Bourget? Le travail que vous avez
entrepris et qui en arrive à une proposition globale.
M. CLOUTIER (Montmagny): La seule autre question que je voudrais
proposer sur cet article et je voudrais faire confirmer de nouveau au ministre
que le président du Conseil des affaires sociales sera le sous-ministre
actuel du ministère de la Famille et du Bien-Etre, Me Roger Marier.
M. CASTONGUAY: C'est cela.
M. CLOUTIER (Montmagny): Et le ministre nous a dit à ce
moment-là, lors de l'étude du projet de loi numéro 42, que
le fait que M. Marier devait assumer de nouvelles responsabilités
étant donné qu'il était sous-ministre, il ne perdait aucun
de ses avantages de haut fonctionnaire du gouvernement, avantages et
bénéfices que lui procurait son poste.
Alors, M. le Président, sous réserve de la
rédaction nous serions prêts à continuer...
M. CASTONGUAY: Est-ce qu'on peut suspendre 7 et continuer?
M. LE PRESIDENT (Bacon): L'honorable député de
Saint-Sauveur.
M. BOIS: Je m'excuse d'intervenir à ce moment-ci. Il y a un autre
article que je désire rappeler sous une autre formule si vous voulez, en
faisant un simple calcul. Je constate encore que c'est très très
bien de nommer des gens pour étudier mais encore, dans le domaine du
service social, il faudrait plus de personnel. Par
exemple, si l'on tient compte, à l'heure actuelle, des personnes
que nous allons nommer à l'article 7 de ce bill, 14 personnes à
$10,000 par année, et veuillez le croire...
M. CASTONGUAY: M. le Président, je m'excuse mais le bill
n'indique aucunement ce que le député de Saint-Sauveur a
mentionné tantôt et ce qu'il reprend dans le moment, seul le
président qui est présentement un fonctionnaire va occuper un
poste à temps complet, les autres vont tous être à temps
partiel dans les membres du conseil.
Alors, il n'est pas question de dire: On crée un ou deux autres
postes à $10,000 par année. Ces gens vont être payés
sur une base d'honoraires uniquement pour le travail qu'ils vont effectuer au
sein du conseil. Lorsque vous avez mentionné, tantôt, dans vos
remarques je ne l'ai pas repris mais qu'il est nécessaire
de se coller davantage aux problèmes de la population, la
création de ce conseil est justement un moyen pour le ministre, pour le
gouvernement, de savoir un peu mieux ce qui se passe, quels sont les
problèmes, quelle est la nature de ces problèmes, parce que,
lorsqu'on cumule à la fois des fonctions administratives et
législatives, il est extrêmement difficile de se maintenir en
même temps en contact avec tous les organismes qui désirent
exprimer leurs voix, et je crois que ce conseil constitue un moyen
d'établir un lien valable avec la population.
M. BOIS: M. le Président, je voudrais simplement mentionner ici,
en réponse à l'honorable ministre des Affaires sociales, que le
problème qui nous préoccupe le plus n'est pas uniquement celui du
coût des personnes qu'on va nommer mais l'expérience pratique nous
apprend, en étudiant le bilan de la province de Québec,
qu'éventuellement, les commissions et les services de recherche, en
viennent à coûter des fortunes. Alors, un calcul extrêmement
simple, ou simpliste, comme des spécialistes pourront nous dire, nous
permet de constater que, si on se base sur une moyenne il serait facile,
d'avoir ici 45 employés en poste, dans la province de Québec, et
si on n'en nommait que deux de plus dans mon comté, pour administrer les
bénéfices sociaux, cela ferait mon affaire, dès demain
matin. Et surtout l'affaire des concitoyens de mon comté.
DES VOIX: Adopté.
M. LAURIN: La formulation à laquelle j'en arrive serait celle-ci:
d) se lirait: "Deux personnes choisies parmi celles qui sont
recommandées par les associations familiales". Un nouveau paragraphe e):
"Deux personnes choisies parmi celles qui sont recommandées par les
groupes socio-économiques représentatifs"; un nouveau f): "Deux
personnes choisies parmi celles qui sont recommandées par les organis-
mes syndicaux"; et un g), l'ancien e), qui resterait le même. Cela irait.
J'accepte.
UNE VOIX: Adopté. M. CASTONGUAY: Pardon?
M. LE PRESIDENT (Bacon): Adopté?
M. VINCENT: Votre amendement suggère deux personnes de plus?
UNE VOIX: Oui.
M. VINCENT: Ce n'est qu'un amendement qui est suggéré. Pas
un amendement...
M. LAURIN: C'est-à-dire...
M. CASTONGUAY: Pour autant que je suis concerné, l'amendement
m'apparaît bien acceptable.
M. CLOUTIER (Montmagny): ... parce que c'est une dépense
additionnelle.
M. CASTONGUAY: Ah bon! Alors je vais reprendre le texte et le
proposer.
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est une suggestion. Dans mon cas,
c'était une précision: séparer quatre membres...
M. CASTONGUAY: D'accord.
M. CLOUTIER (Montmagny): ... et les assigner à des groupes
particuliers. Mais dans le cas du député de Bourget, c'est une
dépense additionnelle. Il fait la suggestion au ministre. Le ministre la
reçoit amicalement et il s'empresse de recommander à la Chambre
cette excellent suggestion.
M. CASTONGUAY: Si vous êtes d'accord avec le texte ou si vous avez
retenu le texte, je propose que l'amendement dont on vient de donner lecture
soit adopté;
M. LE PRESIDENT (Bacon): Article 7, adopté.
M. CASTONGUAY: On adopte l'amendement et après cela l'article.
Très bien.
M. LE PRESIDENT (Bacon): L'amendement est adopté ainsi que
l'article 7.
M. CASTONGUAY: Bon. Article 8.
M. LE PRESIDENT (Bacon): Article 8? Adopté.
M. LAURIN: M. le Président, c'est une question que je me pose. Il
me semble qu'un président de conseil, après cinq ans, devrait
être choisi de nouveau parce que c'est une garantie de
sécurité pour le ministre qui, après cinq ans, peut
évaluer le travail et selon les constatations qu'il fait recommander sa
renomination ou, au contraire, recommander son remplacement, étant
donné que justement, tellement de facteurs humains peuvent intervenir
qu'on ne peut absolument pas garantir que pour une aussi longue période
le gouvernement puisse se lier les mains. C'est une question que je me
pose.
M. CASTONGUAY: M. le Président, ici nous avons repris une formule
que nous retrouvons dans plusieurs autres lois. Je comprends qu'elle
crée certaines difficultés ou qu'elle est susceptible de
créer certaines difficultés. C'est le moyen qui, jusqu'ici,
semble avoir été utilisé pour assurer également aux
individus en cause une certaine sécurité. Il s'effectue
présentement une étude sur les organismes de ce type ou sur les
tribunaux administratifs de telle sorte que le statut des membres à
temps complet et autres des régies ou organismes soit
précisé et qu'en même temps des conditions de travail
peut-être plus adéquates leur soient prévues.
Présentement, j'hésiterais énormément tant
et aussi longtemps qu'il n'existe pas un autre mécanisme pour remplacer
celui-ci, que nous retrouvons dans plusieurs autres lois, et qui, de l'avis de
plusieurs, est plus ou moins adéquat. Mais un travail s'effectue
présentement pour trouver une meilleure solution que celle que nous
retrouvons ici.
M. LAURIN: Est-ce que la formule de renouvellement de deux mandats au
maximum a été étudiée? Un mandat de cinq ans
renouvelable?
M. CASTONGUAY: Bien... M. LAURIN: Pour une fois.
M. CASTONGUAY: ... je ne peux pas dire que je l'ai
étudiée, pour la raison mentionnée. Nous avons repris,
pour que celui-ci ne diffère pas des autres, la même formule
escomptant qu'une fois l'étude à laquelle j'ai fait allusion sera
complétée, si des propositions qui y sont contenues apparaissent
supérieures à ce type de mécanisme, à un moment
donné, toutes les lois qui pourraient être touchées
pourraient être amendées par un type de projet de loi comme celui
de cet après-midi par exemple, pour les corporations
professionnelles.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, au deuxième
paragraphe, il faudra faire la concordance maintenant qu'on a ajouté
deux membres à l'article 7. Il faudrait mentionner à la
troisième ligne "Quatre pour deux ans et quatre pour trois ans."
M. CASTONGUAY: D'accord. Très bien.
M. LE PRESIDENT (Bacon): Article 8, adopté.
Article 9?
M. CLOUTIER (Montmagny): Adopté.
M. LE PRESIDENT (Bacon): Adopté. Article 10?
UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT (Bacon): Article 11?
M. PAUL: Adopté.
M. LE PRESIDENT (Bacon): Article 12?
UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT (Bacon): Article 13?
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, le ministre pourrait-il
nous indiquer s'il a retenu un secrétaire ou s'il a actuellement
quelqu'un en vue pour occuper le poste très important de
secrétaire du Conseil des affaires sociales et de la famille?
M. CASTONGUAY: Certains noms m'ont été mentionnés
par le sous-ministre qui assumera la fonction de président. Etant
donné que nous sommes en voie de modifier les structures du
ministère, il y a un certain nombre de possibilités, deux ou
trois. Comme ces personnes n'ont pas encore été toutes
pressenties, nécessairement, je préférerais, pour le
moment, ne pas donner de noms. D'ailleurs, il n'y a pas un choix
définitif qui a été fait. Mais, à moins que les
choses ne changent brusquement, cela sera certainement un fonctionnaire qui est
présentement à l'emploi du ministère.
M. CLOUTIER (Montmagny): Adopté, M. le Président.
M. LE PRESIDENT (Bacon): Article 14? M. CLOUTIER (Montmagny):
Adopté. M. LE PRESIDENT (Bacon): Article 15? DES VOIX:
Adopté.
M. LE PRESIDENT (Bacon): Article 16, adopté.
Article 17?
M. CLOUTIER (Montmagny): Adopté.
M. LE PRESIDENT (Bacon): Article 18? M. CLOUTIER (Montmagny):
Adopté.
M. VINCENT: M. le Président, j'aimerais poser une question au
ministre des Affaires sociales. Cette question lui a probablement
été posée par le ministre des Finances. Pourrait-il nous
dire quelles sont les prévisions des dépenses de cet organisme
pour le prochain exercice financier, ainsi que pour les cinq prochaines
années?
M. CASTONGUAY: Nous n'en avons pas fait, M. le Président.
J'aimerais mieux attendre que le conseil soit formé, évalue quel
programme il entend effectuer, nous fasse part de ses besoins et que l'on en
discute. Après, je pourrai, avec mon collègue, le ministre des
Finances, discuter de cette question. Je ne crois pas qu'à ce stade il
soit possible de préciser à l'avance, le budget qui sera
alloué à un tel conseil, sans même qu'il soit
constitué ou qu'il ait examiné dans quel sens il veut orienter
ses travaux.
M. VINCENT: Oui mais, quand même, M. le Président, le
conseil sera formé au cours du mois de janvier.
M. CASTONGUAY: D'abord, il y a la consultation à faire...
M. VINCENT: Oui.
M. CASTONGUAY: ... qui peut être assez longue. Il faut
écrire à tous les organismes, recevoir les réponses, faire
le choix des membres, les nommer. Après, ils se réuniront. Alors,
il est fort possible que le conseil, vraiment, ne soit formé qu'au mois
de février.
M. VINCENT: Peut-être au mois de mars.
M. CASTONGUAY: Peut-être au mois de mars.
M. VINCENT: A l'article 18, on dit: "Les dépenses encourues pour
l'application de la présente loi sont payées, pour l'exercice
financier 70/71, à même le fonds consolidé du revenu."
M. CASTONGUAY: Oui.
M. VINCENT: Et on parle des exercices subséquents.
M. CASTONGUAY: Oui.
M. VINCENT: Cela veut dire que, déjà, le ministre doit
prévoir à son budget, au cours du mois de janvier, le montant qui
sera inscrit pour l'année prochaine.
M. CASTONGUAY: Oui, mais, lorsqu'on arrive à un article comme
celui-là, tant et aussi longtemps que l'on n'est pas, je pense, sur la
masse globale du budget du gouvernement je n'ai pas passé par
tout le processus de la préparation d'un budget j'imagine que,
même si les estimations sont prêtes un peu plus tard, ce n'est pas
un montant qui sera tel qu'il déséquilibrera tout le travail de
préparation des budgets du ministre des Finances.
De toute façon, je n'ai pas voulu établir une telle
prévision pour le moment.
M. VINCENT: Le ministre n'a pas un chiffre approximatif du coût
annuel?
M. CASTONGUAY: Non. M. VINCENT: Pardon? UNE VOIX: C'est $2.50.
M. VINCENT: Dans deux mois au plus tard, le budget sera à
l'impression et, à ce moment-là, il y aura un article dans le
budget. Je voulais simplement poser cette question pour répondre
à ce que le député de Saint-Sauveur mentionnait il y a
quelques instants. Peut-être que la réponse serait venue tout de
suite si le ministre avait mentionné un montant d'environ $100,000 ou
$200,000.
M. CASTONGUAY: Je n'ai pas de montant, pour le moment.
M. CLOUTIER (Montmagny): De toute façon, M. le Président,
je conseille au ministre de ne pas oublier d'indiquer dans son budget les
crédits nécessaires, parce que le ministre des Finances, quand on
l'oublie, lui, il ne les ajoute pas. Que le ministre ne l'oublie pas, M. le
Président.
M. LACROIX: II est en bons termes avec le ministre des Finances.
M. VINCENT: Je pense que le ministre doit s'en souvenir.
M. LE PRESIDENT (Bacon): Article 18, adopté?
UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT (Bacon): Article 19, adopté? Adopté.
Article 20?
M. CLOUTIER (Montmagny): A l'article 20, j'ai un amendement,
c'est-à-dire l'amendement n'est pas à l'article 20; il s'applique
à l'article 20, mais on le ferait à l'article 22. Cela fait suite
aux remarques que j'ai faites tout à l'heure au début de mon
intervention. J'avais demandé au ministre s'il était prêt
à amender son projet
de loi pour permettre au Conseil supérieur de la famille de
survivre jusqu'au 31 mars 1971, étant donné qu'il y a
déjà de l'argent au budget. Il n'a pas besoin de cet argent pour
le nouveau Conseil des affaires sociales parce qu'il a à sa disposition
le fonds consolidé du revenu. Durant cette période, le Conseil
supérieur de la famille, avec le ministère des Affaires sociales,
va pouvoir étudier des propositions qui ont été faites
déjà par le Conseil supérieur de la famille, quant
à la possibilité de nouveaux mécanismes pour
étudier tout le problème d'une politique familiale.
Alors, j'adopterai l'article 20, à condition que nous ajoutions
à l'article 22, qui se lit comme suit: "La présente loi entrera
en vigueur à la date qui sera fixée pour l'entrée en
vigueur de la Loi du ministère des Affaires sociales" et il
faudrait ajouter: "sauf pour l'article 20 qui entrera en vigueur le 31 mars
1971."
Je ne sais pas si la formulation est acceptée par les
juristes...
M. CASTONGUAY: La proposition du député de Montmagny me
paraît tout à fait logique. Je voudrais surtout indiquer aux
organismes familiaux qu'en acceptant cette proposition, nous témoignons
à leur égard notre intérêt pour les problèmes
de la famille, et, également, c'est un témoignage, je pense,
assez concret qui peut leur être rendu, quant à la valeur du
travail qu'ils ont effectué. Alors c'est dans cet esprit que j'ai dit au
député de Montmagny que j'accepterais l'amendement proposé
et j'espère que les autres députés de cette Chambre sont
d'accord. Quant à la formulation exacte...
M. LEVESQUE: Quant à la formulation, est-ce que le
député de Montmagny veut dire que l'article 20 ne serait pas
abrogé avant quelle date?
M. CLOUTIER (Montmagny): Avant le 31 mars 1971.
M. BERTRAND: C'est ça.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le conseil supérieur...
M. LEVESQUE: Mais est-ce que ce n'est pas le conseil lui-même
qu'il ne veut pas voir abroger, plutôt que la loi?
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est le conseil lui-même, alors...
M. LEVESQUE: Alors, c'est ça...
M. CASTONGUAY: J'aurais une proposition de texte. Est-ce qu'on pourrait
dire à l'article 22...
M. LEVESQUE: Je craindrais qu'en disant que la loi ne sera pas
abrogée avant telle date et qu'on présente une nouvelle loi, il
puisse y avoir des contradictions. Je ne sais pas, je n'ai pas
étudié les deux lois. Mais ce que j'ai compris...
M. BERTRAND: Demandez-le donc à vos légistes, ce soir.
M. LEVESQUE: Oui, mais je crois que le député a
suggéré que le conseil lui-même ou que la composition du
Conseil supérieur de la famille demeure jusqu'au 31 mars. Est-ce que
c'est ça?
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui, mais aussi, c'est plus que cela. Il faut
qu'ils aient les pouvoirs qu'ils ont dans leur loi actuellement, pour continuer
de discuter avec le ministre des Affaires sociales. Le ministre, disons, leur
confie un mandat. C'est ça que le ministre peut faire en vertu de la Loi
du Conseil supérieur de la famille. Il leur confie le mandat
d'étudier, avec ses fonctionnaires, des mécanismes qui vont
assurer que la politique familiale, à l'intérieur du
gouvernement, sera une préoccupation de tous les ministères.
M. CASTONGUAY: Est-ce qu'on pourrait dire: "La présente loi
entrera en vigueur à la date qui sera fixée pour l'entrée
en vigueur de la Loi du ministère des Affaires sociales, sauf en ce qui
a trait à l'article 20 qui entrera en vigueur le 31 mars 1971."
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est ce que j'ai suggéré
tantôt.
M. CASTONGUAY: Ah bon!
M. CLOUTIER (Montmagny): Je ne vois pas qu'il y ait de...
M. CASTONGUAY: ... qui entrera en vigueur le 31 mars 1971.
M. BERTRAND: Exactement.
M. CLOUTIER (Montmagny): Depuis ce temps-là, il y a deux lois en
vigueur, et je ne crois pas qu'il y ait de contradiction entre les deux lois et
les deux organismes.
M. LACROIX: Un gentilhomme a remplacé un gentilhomme et je pense
qu'il sera très facile d'aider les familles.
M. CLOUTIER (Montmagny): II reste que c'est une question de formulation.
On s'entend sur l'objectif, mais c'est une question de formulation
légale.
M. LACROIX: Le ministre a très bien compris aussi.
M. CLOUTIER (Montmagny): S'il y a des
membres du Conseil supérieur de la famille que le ministre veut
appeler sur le nouveau Conseil des affaires sociales, ça ne les
empêchera pas d'occuper les deux postes simultanément jusqu'au 31
mars 1971, étant donné que le ministre nous a dit tantôt,
qu'avec la consultation, ça ira probablement en février ou
mars.
M. CASTONGUAY: C'étaient des soucis d'avocats tout cela.
M. LEVESQUE: A condition que le ministre des Affaires sociales ne
regarde pas avec une certaine...
M. LE PRESIDENT (Bacon): Article 20 adopté.
M. CLOUTIER (Montmagny): Article 21, adopté.
M. LE PRESIDENT (Bacon): Article 21, adopté, article 22,
adopté.
M. CASTONGUAY: Avec l'amendement proposé.
M. BACON (Président du comité plénier): M. le
Président, j'ai l'honneur de faire rapport que le comité a
adopté, avec des amendements, le projet de loi 43.
M. LE PRESIDENT: Ces résolutions sont-elle agréées?
Agréé.
Troisième lecture
M. LE PRESIDENT: Troisième lecture. M. CLOUTIER (Montmagny):
Adopté.
M. LE PRESIDENT: De consentement unanime?
M. BOIS: M. le Président, attendu que cette loi ne répond
pas aux objectifs que nous aimerions y trouver, nous demandons qu'elle soit
adoptée sur division.
M. LE PRESIDENT: Troisième lecture du projet de loi numéro
43, adoptée sur division.
M. LEVESQUE: Article 13.
Projet de loi no 44 Deuxième lecture
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre de la Santé propose la
deuxième lecture du projet de loi numéro 44, Loi modifiant le
régime de rentes du Québec et d'autres dispositions
législatives.
M. LEVESQUE: M. le Président, nous pourrions aller en
comité, à moins que le ministre...
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, je n'ai qu'une question
à poser, à moins que les autres députés aient des
questions à poser, je suggère que nous fassions...
M. LEVESQUE: Immédiatement? D'accord, si ce n'est que pour
quelques instants.
M. CASTONGUAY: Pourrais-je mentionner que le lieutenant-gouverneur de la
province a pris connaissance du bill et en recommande l'étude à
la Chambre.
UNE VOIX: La procédure, les avocasseries.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, nous pourrions
peut-être passer au comité, je ne sais pas si ça vaut la
peine de...
M. LE PRESIDENT: Vous pourriez peut-être poser la question en
deuxième lecture.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, j'aimerais que le
ministre nous explique un peu les mécanismes de transfert. Il y a la
Régie des rentes qui prend certaines responsabilités,
c'est-à-dire le programme d'allocations familiales, le programme
d'allocations scolaires. Par contre, le ministre accepte à la place du
ministre du Revenu, des responsabilités qui, jusqu'à
présent, étaient assumées par la Régie des rentes.
Y a-t-il des transferts de personnel, y a-t-il des transferts de budgets? Le
ministre peut-il nous expliquer comment ça va se traduire en
pratique?
M. CASTONGUAY: Très brièvement, M. le Président, le
ministre des Affaires sociales sera chargé de l'application des
dispositions du régime de rentes du Québec qui ne relèvent
pas du ministre du Revenu. La Régie des rentes conservera exactement le
même statut, elle n'est pas modifiée. Le rôle que le
ministre des Affaires sociales assume, c'est de faire le dépôt des
rapports de la Régie à l'Assemblée et d'agir comme
intermédiaire entre la régie et le Conseil exécutif, si
des problèmes se posent, nomination d'employés, etc.
L'autre aspect, c'est de transférer, dans la mesure qui sera
indiquée par décision du gouvernement, publiée dans la
Gazette officielle, l'administration du régime des allocations
familiales et du régime des allocations scolaires. Pourquoi ai-je dit
dans la mesure qui sera indiquée par décision du gouvernement?
C'est qu'il y a aussi les mécanismes de contrôle. Est-il bon de
confier l'administration et les contrôles, la vérification des
paiements à la régie ou serait-il bon de les garder au
ministère? Il y a ce genre de questions qui peuvent se poser et c'est
pourquoi cette indication est donnée. Il y a
aussi certains autres partages comme l'identification des
bénéficiaires. Devrait-ils être faits par le
ministère ou la régie? On peut imaginer peut-être un
regroupement avec la Régie des rentes, la Régie
d'assurance-maladie pour certaines fins de ce type-là.
C'est pourquoi nous avons indiqué cela.
Présentement, le travail est en voie de s'effectuer. On
évalue comment le transfert devrait se faire. Il y aura,
évidemment, un transfert d'employés à la Régie des
rentes, le personnel qui est présentement responsable de
l'administration de ces deux régimes au ministère sera en partie
transféré à la Régie des rentes.
Alors, c'est fait dans le but de soulager le ministère d'une
fonction administrative qui, à mon sens, peut-être mieux
assumée par la régie qui est spécialisée dans ce
genre d'activités. Entre le moment où ce bill a été
déposé et celui où nous l'étudions, j'ai
découpé, justement, un article de la Presse du 8 décembre
où l'on disait qu'il y avait eu encore un peu de difficultés lors
de la dernière émission des chèques d'allocations
familiales. La Régie des rentes, il me semble, sera moins susceptible de
rencontrer ce genre de difficultés, ne se préoccupant que de ce
genre d'activités et s'y spécialisant.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le ministre ne confie pas à la
Régie des rentes la responsabilité du rapatriement du programme
fédéral d'allocations familiales. Il garde cela sous sa
responsabilité et c'est lui qui mènera cela à bonne
fin.
M. CASTONGUAY: Quant à la première partie du commentaire
du député de Montmagny, la régie est un organisme
administratif qui n'est pas chargé de négocier de telles
questions.
M. LAURIN: M. le Président, je me suis posé une question
analogue, en examinant les nouveaux mécanismes prévus dans ce
projet de loi. J'ai eu l'impression que la Régie des rentes assumait,
dans certaines situations, un rôle à la fois administratif et
judiciaire. Je me demande si cela est sain.
Par exemple, pour essayer de me faire comprendre, la Loi de l'aide
sociale est administrée par le ministère des Affaires sociales.
S'il y a réclamation, elle est faite à la commission d'appel de
l'aide sociale. Les allocations familiales et scolaires sont maintenant
administrées par la Régie des rentes. S'il y a appel, il est
logé à la commission d'appel de l'aide sociale. Les rentes sont
administrées, évidemment, par la Régie des rentes. S'il y
a appel, un premier appel est entendu par la Régie des rentes qui joue,
à ce moment-là un rôle judiciaire. S'il y a un autre appel,
il est logé à la commission d'appel des pensions, qui est une
commmission fédérale-provinciale.
Je me demande si cela est tout à fait logique. Je me demande si
on ne pourrait pas faire une autre suggestion au ministre pour que la
Régie des rentes ne joue qu'un rôle administratif. S'il y a un
appel en ce qui concerne les rentes, il pourrait être logé
à la commission d'appel de l'aide sociale, et, en deuxième appel,
cela pourrait aller à la commission d'appel des pensions
fédérales-provinciales.
M. CASTONGUAY: C'est une suggestion que je retiens pour le moment, mais
je ne crois pas que nous pourrions l'introduire sans l'examiner plus à
fond.
M. LAURIN: Oui, oui, c'était simplement à titre de
suggestion.
M. CASTONGUAY: Une certaine série d'amendements d'ordre technique
seront proposés au régime des rentes lors de la prochaine
session; ils sont en voie de préparation. Je retiens ici la suggestion
du député de Bourget.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Saint-Sauveur.
M. BOIS: La présente loi, à notre opinion, constitue
simplement une continuation du bill 42 contre lequel nous avons
manifesté nos opinions, parce qu'il visait à constituer un
superministère des Affaires sociales. Le bill 44, en soi, est un
prolongement de ce bill 42. Nous devons, certes, manifester notre opposition
à ce sujet parce qu'il n'existera bientôt qu'un seul
ministère qui en viendra à contrôler tout près de 50
p. c. du budget de la province de Québec.
En plus du danger que cela peut représenter, nous constatons
présentement que différentes clauses qui sont
insérées ici sont de nature...
M. CASTONGUAY: Je ne voudrais dire qu'un mot.
M. BOIS: ... à donner à un seul ministère un
contrôle quasi absolu sur l'administration de toutes les affaires
sociales de la province de Québec.
M. CASTONGUAY: M. le Président, ici, je voudrais simplement
mentionner je pense bien que j'aurais dû donner plus de
détails que les allocations familiales et scolaires sont
présentement administrées par le ministère de la Famille
et du Bien-Etre social.
Justement, les ministères vont s'en départir ce
n'est donc pas une concentration pour passer cette responsabilité
à cette Régie des rentes.
M. ROY (Beauce): J'ai une question à poser. Si on en
transfère une partie à la Régie des rentes du
Québec, la Régie des rentes du Québec va dépendre
également de deux ministères. Elle va dépendre d'une part
du ministère des Affaires sociales et d'autre part du
ministère
des Finances. Pour quelle raison une même régie
dépendrait-elle de deux ministères? L'on cherche en effet, d'un
autre côté, c'est une attitude qui me surprend,
peut-être que nous comprenons mal l'attitude du gouvernement, mais il
reste quand même que c'est une attitude qui nous surprend à
tout centraliser et dans un autre secteur on divise en deux un organisme qui
administre des capitaux. Que l'on paie des allocations familiales ou des
allocations scolaires ou que l'on paie une partie du fonds de pension du
Régime des rentes en vertu des personnes qui font une
réclamation, il me semble que c'est un peu incompatible avec les buts
que le ministre semble poursuivre dans ce domaine-là.
M. CASTONGUAY: Pour la partie du paiement de prestations, elle
relève ou le lien se fait par le ministère des Affaires sociales,
et la partie de la perception des contributions, que ce soit à la
Régie des rentes ou à la Régie de l'assurance-maladie, se
fait par le ministère du Revenu. Le ministre du Revenu est responsable
de la perception des contributions du Régime de l'assurance-maladie et
du Régime des rentes comme il est responsable de tous les impôts
prélevés par le gouvernement.
C'est un regroupement qui est dans la même voie que celui que l'on
retrouve dans toutes les autres lois où il y a perception d'impôts
ou contribution de taxes. En ce qui a trait au paiement des prestations, c'est
aussi un regroupement qui est logique. C'est le ministère des Affaires
sociales lui-même ou par les organismes qui en dépendent qui paie
toutes les les prestations ou une partie des prestations.
M. ROY (Beauce): Si j'ai bien compris le ministre,
éventuellement, dans un avenir plus ou moins rapproché, le
Régime de rentes serait administré également et
transféré au ministère des Affaires sociales.
M. CASTONGUAY: C'est ça. J'ai mentionné très
clairement, et au moment du bill 42 et au moment de l'étude de ce
présent bill, que le statut de la Régie des rentes n'est pas
modifié et qu'il n'est pas question de le modifier. Au contraire, la
Régie des rentes doit continuer d'exister. On lui confie justement de
nouvelles responsabilités de nature administrative pour alléger
le ministère pour qu'il puisse jouer davantage son rôle.
M. ROY (Beauce): Je pense que je me suis mal expliqué. Je n'ai
pas voulu parler de la Régie des rentes comme du Régime des
rentes, du Régime des rentes, des allocations qui seront versées
lors du décès d'une personne, accordées à une veuve
ou aux enfants d'une même famille. Il y a tout de même des
allocations qui sont versées. Pour quelles raisons ces
allocations-là seraient-elles versées indépendamment de
celles qui seraient versées en ce qui a trait aux allocations familiales
ou aux allocations scolaires? C'est le sens de ma question. Il resterait une
partie des allocations qui seraient payées par la Régie des
rentes, en vertu du Régime des rentes, à la population en dehors
du ministère des Affaires sociales, alors que les allocations familiales
et les allocations scolaires seraient payées par l'entremise du
ministère des Affaires sociales. C'est là que je vois deux
choses.
M. CASTONGUAY: Mais non! Le bill 44 confie à la Régie des
rentes le paiement des allocations familiales et scolaires. On ne les divise
pas, on les lui confie. Je pense qu'il y a là, une ambiguïté
qui est dissipée, je l'espère du moins.
M. LE PRESIDENT: Cette motion de deuxième lecture est-elle
adoptée?
M. CLOUTIER (Montmagny): Adopté. M. LE PRESIDENT:
Adopté.
M. LE SECRETAIRE ADJOINT: Deuxième lecture de ce bill. Second
reading of this bill.
Comité plénier
M. LE PRESIDENT: Comité plénier, adopté. DES VOIX:
Adopté.
Troisième lecture
M. LE PRESIDENT: Adopté. Troisième lecture?
DES VOIX: Adopté.
M. LEVESQUE: M. le Président, l'article 14.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Affaires municipales propose
la deuxième lecture du projet de loi 60, Loi concernant les environs du
nouvel aéroport international.
Projet de loi no 60 Deuxième lecture M. Maurice
Tessier
M. TESSIER: M. le Président, le lieutenant-gouverneur de la
province a pris connaissance de ce bill et en recommande l'étude en
cette Chambre.
La décision que le gouvernement fédéral a prise en
1969 de construire un nouvel aéroport international dans la
région de Montréal pour des avions supersoniques a
été et sera bienfaitrice pour le Québec. Mais, d'autre
part, elle cause également de multiples problèmes. Le
présent gouvernement, dès son entrée en fonction, a
formé un comité ministériel de quatre ministres,
comprenant le premier ministre, le ministre de l'Industrie et du Commerce, le
ministre des Communications et le ministre des Affaires municipales. Ce
comité se réunit régulièrement, chaque semaine,
tous les mercredis matin à neuf heures, pour étudier, tous ces
problèmes, en collaboration avec la Commission de développement
de la région de Montréal, l'Office de planification de
développement du Québec, et le bureau d'aménagement du
nouvel aéroport.
Parmi ceux-ci, créés évidemment par
l'expropriation, par le gouvernement fédéral, d'un territoire
assez étendu, se soulève la question, entre autres
problèmes qu'il y a à régler, de l'administration
municipale et également de l'aménagement du territoire. Or, le
but du projet de loi 60, a précisément trait au règlement
de ces deux problèmes, c'est-à-dire une restructuration
municipale et l'aménagement du territoire, non seulement du territoire
des municipalités directement affectées par l'expropriation, mais
également du territoire environnant. Quatorze municipalités en
tout sont directement affectées par cette expropriation. Et lorsque je
dis "directement affectées", nous avons établi certaines normes,
c'est-à-dire que douze municipalités voient leur territoire
affecté par l'expropriation dans une proportion de 25 p. c. ou plus. Ce
sont les douze municipalités, par conséquent, qui ne sont plus
viables à cause, précisément, de cette expropriation qui
leur a enlevé une partie substantielle de leur territoire.
Deux municipalités, sans être affectées par
l'expropriation, se trouvent englobées à l'intérieur et,
par conséquemt, peuvent difficilement s'administrer par
elles-mêmes dans les circonstances. C'est pourquoi, suivant les
recommandations faites, tant par le bureau d'aménagement de
l'aéroport que par les autres organismes que je viens de citer, il a
été recommandé au ministère des Affaires
municipales de regrouper en une seule municipalité les quatroze
municipalités en question et, en même temps, de profiter du
présent projet de loi pour voir à l'aménagement de ce
territoire de la nouvelle municipalité, de même que des
municipalités environnantes.
M. BERTRAND: Est-ce que le ministre me permettrait de poser une
question?
M. TESSIER: Certainement, M. le Président.
M. BERTRAND: Est-ce que le bureau d'aménagement a proposé
la création d'une municipalité comme Sainte-Scholastique?
M. TESSIER: Oui. Les trois organismes que j'ai mentionnés: le
Bureau d'aménagement, l'OPDQ et la Commission d'aménagement de la
région de Montréal.
M. BERTRAND: Est-ce que le Bureau d'aménagement, à ce
moment-là, a recommandé sa disparition?
M. TESSIER: Non, je ne suis pas prêt à dire que le Bureau
d'aménagement a recommandé sa disparition, j'ai dit que le bureau
d'aménagement, entre autres organismes, a recommandé au conseil
ministériel que j'ai mentionné, au gouvernement, autrement dit,
le regroupement de ces quatorze municipalités en une seule nouvelle
municipalité. C'est ce que je viens de préciser.
Quant au bureau d'aménagement lui-même, son rôle
était d'une nature transitoire. Je tiens à souligner que le
bureau d'aménagement de l'aéroport a joué un rôle
éminemment efficace jusqu'à présent pour remplir le mandat
qui lui a été confié.
D'autre part, ce rôle et je le souligne qui
était de nature temporaire, peut être maintenant rempli au moins
aussi efficacement par le ministère des Affaires municipales. C'est
pourquoi la loi prévoit la disparition du bureau d'aménagement et
le transfert de tout le personnel de ce bureau. Ce personnel technique, je
tiens à le préciser, se compose actuellement de 22
spécialistes qui ne sont pas des fonctionnaires, mais des contractuels
et qui vont dorénavant relever du ministre des Affaires municipales.
Dans tout ceci, il y a eu également consultation de la part de la
population. Une assemblée de consultation a été tenue par
le bureau, l'OPDQ, la Commission de développement de la région de
Montréal et le ministère des Affaires municipales à
Sainte-Scholastique, le 5 novembre dernier. La plupart des maires
intéressés tous les maires avaient été
convoqués y étaient présents. Une seconde
consultation celle-là beaucoup plus étendue a encore
eu lieu à Sainte-Scholastique le 3 décembre courant. Je me suis
personnellement rendu à Sainte-Scholastique rencontrer cette fois non
seulement les maires mais également tous les conseillers municipaux, les
représentants des chambres de commerce et autres corps
intermédiaires. Il y avait entre 500 et 600 personnes à cette
assemblée du 3 décembre à Sainte-Scholastique.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous êtes donc bien savant!
M. TESSIER: Pardon?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce qu'il y a eu des applaudissements !
M. DEMERS: Combien ont-ils applaudi de fois?
M. TESSIER: Ah! combien de fois ils ont applaudi? Je ne pense pas que ce
que j'ai
déclaré à ce moment-là a été
enregistré, pas du moins, à ma connaissance.
M. BERTRAND: S'il y en a eu, vous avez dû les entendre !
M. TESSIER: Je ne les compte jamais! Ce n'est qu'après, lorsque
les journalistes retranscrivent les discours et mettent des astérisques
que là je peux les compter. Mais au moment où je parle...
M. BERTRAND: Ils ont applaudi...
M. TESSIER: ... je ne me rends pas compte...
M.BERTRAND: ... quand vous êtes sorti! M. TESSIER: ... des
applaudissements.
M. BERTRAND: Ils ont applaudi quand vous êtes parti
M. TESSIER: A tout événement...
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Ils n'ont pas applaudi, il les avait
endormis.
M. TESSIER: ... M. le Président, si on veut être
sérieux et ne pas faire perdre le temps de la Chambre, je continuerai
à dire que j'ai eu à cette assemblée l'occasion de
répondre à peut-être au moins 60 à 75
questions...
M. BERTRAND: Pauvres eux autres!
M. TESSIER: ... qui m'ont été posées de la part de
l'assemblée, par les maires, les conseillers, les membres des chambres
de commerce et autres personnes présentes.
Cette assemblée avait lieu le soir même du jour où
j'avais déposé le projet de loi en première lecture, le 3
décembre.
A ce moment-là, également, m'accompagnaient les quatre
députés provinciaux et deux ou trois députés
fédéraux des comtés concernés. On m'a
demandé un certain délai...
M. PAUL: Qui vous a demandé cela?
M. TESSIER: La population, les maires, ceux qui étaient
là.
M. PAUL: Merci.
M. TESSIER: ... afin de pouvoir faire, s'il y a lieu, certaines
représentations. Ce à quoi j'ai immédiatement
acquiescé. Je me suis engagé à ne pas présenter, en
deuxième et troisième lectures, le projet de loi avant au moins
dix jours.
Les gens se sont alors déclarés satisfaits de ce
délai. Je sais qu'au cours de la dernière fin de semaine, entre
autres, il y a eu d'autres consultations faites auprès de la population
par les députés concernés.
M. AUDET: M. le ministre...
M. TESSIER: La seule recommandation précise qui m'a
été faite...
M. AUDET: Est-ce que je pourrais vous poser une question, s'il vous
plaît?
M. TESSIER: Pardon?
M. AUDET: Est-ce que je pourrais vous poser une question?
M. TESSIER: Oui, sûrement.
M. AUDET: Dans les conditions de ces rencontres, ne serait-il pas mieux
d'appeler cela de l'information plutôt que de la consultation? Cela se
trouve à être de la consultation.
M. TESSIER: C'est de l'information et de la consultation en même
temps. De mon côté, je leur ai déclaré, par exemple,
qu'en ce qui concernait le nom, j'aimerais avoir des suggestions.
M. PAUL: C'est une grosse lutte.
M. TESSIER: Or, j'ai convenu avec eux qu'il fallait tout de même
choisir un nom. C'est cela qui les inquiétait le plus, la question du
nom. Le nom de la nouvelle ville. Il était évidemment
difficile...
M. PAUL: Le baptême!
M. TESSIER: ... de trouver un nom, dans un assez court délai, qui
pourrait plaire. J'ai fait différentes suggestions pour des noms...
M. VINCENT: Tessierville!
M. TESSIER: ... et on m'a représenté que la population, en
somme, devrait choisir le nom. Je crois que c'est tout à fait logique.
En conséquence, comme je l'ai déclaré lors de la
présentation du projet de loi en première lecture, nous avons
choisi le nom sous lequel, aujourd'hui, on désigne communément
l'aéroport, c'est-à-dire l'aéroport de
Sainte-Scholastique. C'est connu dans le public; dans la presse, on le
mentionne comme cela. Par conséquent, nous avons mentionné ce nom
de ville de Sainte-Scholastique dans le projet de loi.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Pourquoi le ministre n'a-t-il pas appelé
cela "Colombey-les-14-municipalités"?
M. TESSIER: Nous aurions pu choisir n'im-
porte quel nom. Pour ma part, j'ai pensé que d'arriver avec un
nom nouveau, aurait sûrement causé un désaccord. Avec
Sainte-Scholastique, tout le monde s'est rangé à l'avis que,
comme nom temporaire, cela pouvait être accepté.
J'ai également informé tous les conseils municipaux
concernés, de même que tous les gens concernés, de la
procédure très simple. Je crois, M. le Président, qu'on
doit laisser le nouveau conseil municipal, qui représentera toute la
population de cette nouvelle ville, choisir lui-même le nom de sa ville.
C'est bien mon intention de ratifier le nom qui me sera proposé. Comme
mes honorables collègues de cette Chambre le savent, la
procédure, en vertu des amendements assez récents,
c'est-à-dire qui remontent à environ deux ans, apportés
à la Loi des cités et villes par le bill 285, permet aujourd'hui
à une municipalité, contrairement à ce qui existait
autrefois où il fallait procéder par un amendement
à la charte, c'est-à-dire par un bill privé de
changer le nom d'une municipalité.
Aujourd'hui une municipalité peut, par simple requête
adressée au lieutenant-gouverneur en conseil, changer le nom de la
municipalité sans qu'elle utilise toute la procédure
compliquée d'autrefois comme l'amendement à la charte.
Les membres du nouveau conseil municipal de cette nouvelle
municipalité auront donc tout le loisir nécessaire pour reprendre
des consultations et discuter entre eux au conseil municipal. Dans un mois,
deux mois ou trois mois, au moment où ils le désireront, ils
pourront soumettre tout simplement par requête le nom définitif
qu'ils désirent donner à leur nouvelle ville.
Vous remarquerez que j'ai suivi la suggestion qui m'a été
faite, hier ou avant-hier, à l'occasion de la présentation d'un
autre projet de loi de regroupement municipal je ne sais pas si c'est
par le chef ou par le leader de l'Opposition officielle de distribuer
à l'avance certaines informations.
M. PAUL: On vous remercie et on constate que vous vous améliorez
à notre contact. Continuez.
M. TESSIER: J'en suis bien heureux.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Si vous aviez fait la même chose pour
les deux autres projets de loi, cela aurait été moins long.
M. TESSIER: Vous avez donc à votre disposition certains
renseignements qui, je l'espère, faciliteront l'étude de ce
projet de loi et surtout, éviteront peut-être des questions afin
que nous puissions procéder avec plus de
célérité.
M. LE PRESIDENT: L'honorable chef de l'Opposition.
M. Jean-Jacques Bertrand
M. BERTRAND: Le ministre a terminé, là où je veux
commencer, en disant qu'il nous avait remis des documents. C'est vrai. Je tiens
à remercier, en particulier, son sous-ministre qui a vu à la
préparation de documents intéressants qui nous donnent des
renseignements sur la population, sur l'évaluation de toutes ces
municipalités.
Au début de mes remarques, en parlant du principe de la loi, dont
un des articles abroge le Bureau d'aménagement de l'aéroport
international de Sainte-Scholastique, je me demande s'il était bien
opportun d'abolir ce bureau. L'an dernier, vers le milieu du mois de juin 1969,
il y avait un député libéral du comté de
Deux-Montagnes, M. Binette, qui s'était fait le porte-parole de
l'Opposition, lorsque l'ancien ministre, le député de
l'Assomption, avait présenté le projet de loi créant ledit
bureau d'aménagement. Or, en relisant cet après-midi les propos
de M. Binette, député de Deux-Montagnes, j'ai noté qu'il
remerciait le gouvernement du geste qu'il posait, en créant ce bureau
d'aménagement, dont le ministre actuel des Affaires municipales demande,
par son projet de loi, la disparition.
Le ministre ne nous a pas expliqué pourquoi le bureau doit
disparaître. Loin de là, il a dit que le bureau avait fait un
travail très efficace, que le bureau s'était réuni assez
régulièrement et que tout semblait marcher normalement.
De plus, il avait fait des recommandations nous pourrons en
discuter parce que le bureau avait l'autorité de recommander la
création de nouvelles municipalités, afin qu'on leur remette des
lettres patentes et qu'on organise des municipalités du type de celles
que le ministre veut créer par sa loi.
Le bureau d'aménagement devait donc jouer un rôle important
non seulement en vue de la création de nouvelles municipalités,
mais également en vue de l'aménagement de tout le territoire,
celui qui entoure le territoire requis pour l'aéroport et
également le territoire de toute cette périphérie. Le
ministre ne nous dit pas si le bureau a mal joué son rôle, au
contraire. Je me demande pourquoi le ministre fait disparaître ce bureau.
Ne peut-on pas penser, étant donné certains de ses propos sur la
qualité de ceux-là qui peuvent être libéraux, qu'il
a voulu se débarasser des membres du bureau d'aménagement parce
qu'ils n'auraient pas répondu aux critères pour que leur
nomination soit définitivement acceptée et confirmée par
le nouveau ministre?
J'aimerais bien tantôt, dans sa réplique, qu'il nous parle
du bureau d'aménagement et qu'il nous dise en quoi il ne pouvait pas
jouer le rôle que le ministre prétend pouvoir jouer. Il a beau
être un ministre important, je ne crois pas que, par son action
éloignée, il puisse réussir mieux que le bureau
d'aménagement du territoire, dont c'était l'unique
occupation.
J'attendrai donc, M. le Président, avec plaisir ses explications.
Il nous a parlé de consultation. Tantôt, il a dit: Nous avons
discuté beaucoup du nom. Il me semble qu'on n'a pas beaucoup
discuté du problème de la fusion de toutes ces
municipalités. Autrement dit, le ministre est arrivé avec son
bébé il a dit: Je vous donne le droit de choisir le nom.
C'est tellement vrai que j'ai reçu un télégramme.
On parle, dans ce projet de loi...
UNE VOIX: Encore un télégramme. M. PAUL: C'est
envoyé par un autre.
M. BERTRAND: ... d'une fusion de Saint-Jérusalem avec Lachute.
J'ai reçu le télégramme suivant: "En tant que
représentants élus de la corporation municipale de la paroisse
Saint-Jérusalem dans le comté d'Argenteuil, nous désirons
vous aviser que nous nous opposons aux articles 27 et 28 du bill 60 et vous
demandons de les retirer dudit bill tant et aussi longtemps que nos objections
n'auront pas été entendues. Stop. Nous faisons appel à
votre sens de l'équité, d'autant plus que nous ne pouvons compter
sur l'appui du député d'Argenteuil, qui est, en même temps,
maire de Lachute, et que les dispositions de la Loi des cités et villes
en matière d'annexion relatives, entre autres, à la
volonté de nos contribuables ne sont pas suivies. Stop.
M. VINCENT: Cela veut dire "Stop l'article 27, 28".
M.BERTRAND: C'est cela. Et c'est signé: G. William Davis, maire,
et c'est envoyé au ministre des Affaires municipales, au premier
ministre, au juge Sheehan,au chef de l'Opposition, à Camille Laurin, au
greffier en loi et à M. Camil Samson.
Donc, M. le Président, nous pouvons certainement mettre en doute,
au moins, le mode de consultation du ministre. Nous avons un document.
Deuxièmement, lorsqu'il s'agit de consultation, tant et aussi longtemps
que des organismes municipaux existent, la manière pour elle d'approuver
ou de désapprouver, au moins, c'est par des résolutions. Le
ministre est-il en possession de résolutions des conseils municipaux
concernés dans la fusion de Sainte-Scholastique? A-t-il des
résolutions approuvant son action? A-t-il, sinon des résolutions
de tout le conseil, des documents émanant du maire ou de certains
conseillers demandant la création de la municipalité de
Sainte-Scholastique?
Nous aimerions entendre sa réplique. M. le Président,
quant au projet de loi comme tel, je n'ai pas l'intention d'entrer dans aucun
détail, puisque si la majorité gouvernementale le maintient et
qu'elle a pris la décision très ferme d'abolir le bureau
d'aménagement, à ce moment, nous croirons avoir fait au moins
notre devoir en invitant le ministre à nous donner des raisons
"raisonnables" de demander l'abolition du bureau et de nous fournir des preuves
que sa consultation a été véritable.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Chicoutimi.
M. Jean-Noël Tremblay
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président,...
M. LEGER: ... la partie suivante, M. le Président.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je ne veux pas parler
très longuement...
M. LE PRESIDENT: IL n'y a pas de règlement sur cela.
M. PAUL: C'est le premier qui dit "M. l'Orateur".
M. LE PRESIDENT: Pardon?
M. PAUL: C'est le premier qui dit "M. l'Orateur".
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Chicoutimi.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je ne veux pas parler
très longuement sur le projet de loi qui est devant nous, le chef de
l'Opposition officielle vient d'exprimer les réserves quant à ce
projet de loi, particulièrement en ce qui concerne le problème
qui nous est devenu familier, celui de la consultation. Evidemment, nous avons
entre les mains un document qui n'est pas complet mais qui nous a aidés
à comprendre un peu mieux je ne dis pas le projet de loi parce
que nous l'avons lu, et étudié et analysé mais un
tout petit peu mieux les intentions du ministre des Affaires municipales, ses
objectifs. Et s'il nous eut traité de la même façon lorsque
nous avons étudié les deux autres projets de loi, de Percé
et de Gaspé, cela nous aurait, évidemment, évité de
nous poser bien des question qui, à la longue, finissent par
l'épuiser et lui enlever le reste de l'enthousiasme qu'il
possédait après ses brillantes performances dans la région
de l'Est du Québec qui lui avait valu dix-huit applaudissements.
Enfin, M. le Président, revenant au sujet, j'aurais, moi aussi,
quelques observations à faire en ce qui concerne la consultation.
Il semble bien que ces consultations n'aient pas encore, dans ce cas
comme dans le cas des deux projets de loi que j'évoquais tout à
l'heure, été aussi complètes qu'a bien voulu nous le dire
le ministre des Affaires municipales, puisque selon le télégramme
que vient de
lire le chef de l'Opposition, il ressort très clairement qu'un
certain nombre de citoyens, par la voix de leur représentant officiel,
ne semblent pas d'accord avec le projet de loi que nous soumet le ministre des
Affaires municipales.
D'autre part, le chef de l'Opposition a souligné avec justesse le
problème que pose la disparition du bureau d'aménagement. Je ne
veux pas revenir là-dessus. J'aurais simplement quelques questions
à poser au ministre des Affaires municipales, questions auxquelles il
devra répondre lorsqu'il donnera la réplique, en seconde lecture.
Ce sont des questions qui concernent le problème de
l'aménagement, des questions qui touchent plus précisément
et spécifiquement le problème des monuments historiques qui se
trouveraient dans le territoire, couvert par la description qui est
donnée par l'annexe au projet de loi.
Est-ce que le ministre des Affaires municipales, d'une part a
consulté lorsque je dis "consulté", je veux dire est-ce
qu'il a analysé en profondeur avec le ministre des Affaires culturelles
le problème du déplacement des maisons historiques est-ce
qu'il a considéré dans son entier le problème des sites
historiques qui se trouvent dans la région délimitée par
le territoire décrit en annexe de la loi? Est-ce que, d'autre part, il y
a eu aussi, au sujet de ces sites et monuments historiques, des consultations
avec les citoyens et avec les représentants des municipalités
dont les noms sont énumérés à l'article 2 du projet
de loi?
J'insiste là-dessus parce que vous comprenez que le patrimoine
national doit être conservé. La responsabilité que j'ai
assumée pendant quatre ans me fait m'intéresser au plus haut chef
à la conservation des lieux et monuments historiques.
D'autant plus que nous avions préparé un projet d'ensemble
qui consistait d'abord en un inventaire des lieux et monuments historiques,
afin de préparer une loi-cadre visant à préserver,
à conserver et à réaménager les lieux et monuments
historiques. Or, il se trouve que, dans le territoire décrit en annexe
du projet de loi, il y a de nombreux monuments historiques. Certains sont
groupés.
M. TESSIER: Le député de Chicoutimi me permettrait-il de
le rassurer immédiatement? Cela éviterait peut-être...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Un instant, M. le Président...
M. TESSIER: ... de prolonger le débat.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je regrette, je pense que le ministre a tout
à l'heure utilisé son droit de parole. Je lui ai dit qu'il
pourrait nous répondre...
M. TESSIER: Immédiatement, pour rassurer le député
de Chicoutimi...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... lorsqu'il donnera...
M. TESSIER: ... qui désire...
M. LE PRESIDENT: Si le ministre des Affaires municipales n'a pas la
permission de l'honorable député de Chicoutimi...
M. DEMERS: II n'est pas rassurant.
M. LE PRESIDENT: ... c'est d'ailleurs la raison pour laquelle le droit
de réplique existe dans les règlements.
M. TESSIER:C'est simplement pour épargner du temps.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je n'abuserai pas de votre patience. Je ne
veux surtout pas épuiser un homme qui est déjà
vidé!
M. VEILLEUX: Ils ont peur du ministre. M. LE PRESIDENT: Ce n'est pas
moi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, vous savez tout le
respect que je vous porte, toute l'amitié que je vous porte. Enfin, nous
ne pouvons pas en parler parce que vous êtes impartial quand vous
êtes...
M. LE PRESIDENT: Le projet de loi, deuxième lecture.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... au fauteuil. Je reviens au projet de loi
et je dis que le ministre pourra, en me donnant la réplique, me fournir
les renseignements que je lui demande.
J'étais donc à dire que j'étais vivement soucieux
de la préservation, de la conservation des lieux et monuments
historiques et que nous avions préparé non seulement
l'inventaire, mis en marche l'inventaire, mais un projet de loi-cadre sur la
protection des lieux et monuments historiques.
J'étais à dire que le projet de loi met en cause je dirais
même l'existence de certains lieux et monuments historiques. Certains
sont dispersés sur le territoire décrit, d'autres sont davantage
groupés. Je sais d'autre part qu'il existe au ministère des
Affaires culturelles un organisme que l'on a créé
récemment qui doit s'occuper précisément du
réaménagement dans le domaine des lieux et monuments historiques
dans le nord de Montréal. Je serais vivement heureux d'entendre le
ministre des Affaires municipales non pas seulement me rassurer ce n'est
pas cela dont j'ai besoin, M. le Président, parce que j'imagine que le
sens de la responsabilité du ministre lui a déjà fait
prendre les
dispositions qui soient de nature à nous rassurer je
voudrais non pas simplement qu'il nous rassure mais qu'il nous décrive
les mécanismes de consultation qui ont été établis
pour permettre la protection des lieux et monuments historiques dans le
territoire décrit en annexe de la loi.
Qu'il nous explique aussi le rôle qu'est appelé à
jouer ce nouvel organisme dont s'occupe le ministère des Affaires
culturelles et dont l'objectif est précisément de
préserver dans la région du nord de Montréal les lieux et
monuments historiques. Ce n'est donc pas simplement dans le but d'être
rassuré que je pose ces questions au ministre, mais dans le but
d'être informé des dispositions pratiques qui ont
été prises ou qui vont être prises et quand je dis
qui vont être prises, je crois qu'il est déjà trop tard
afin de préserver des richesses qui font partie du patrimoine
national et qui, malheureusement, ont été négligées
pendant des années et ont disparu petit à petit pour faire place
à ce qu'on appelle le progrès.
Evidemment, il ne faut pas empêcher l'aménagement d'un
aéroport international aussi important que celui dont nous parlons, il
ne faut pas empêcher l'aménagement de cet aéroport
simplement pour éviter de déplacer une maison historique, mais il
reste qu'il y a des précautions à prendre. Je voudrais que le
ministre nous explique de façon très précise, très
claire, quelles dispositions il a prises, de quelle façon s'est
établie la consultation avec le ministère des Affaires
culturelles, quels sont les lieux historiques et les monuments historiques au
sujet desquels on a pris des dispositions en vue de les protéger, en vue
de les déplacer, tout cela dans le but d'une conservation
intégrale de ces richesses qu'on n'a pas le droit de détruire, de
laisser se détériorer.
J'imagine que le ministre non seulement me rassurera mais me donnera des
renseignements précis. Quels sont les monuments historiques qui vont
être déplacés? Qu'est-ce qu'on va en faire? Où
va-t-on les relocaliser? De quelle façon se sont établies en vue
de la réalisation de cet objectif les relations de consultation avec le
ministère des Affaires culturelles? Malheureusement, ce soir le ministre
des Affaires culturelles n'est pas ici, il est retenu à Montréal.
J'aimerais que le ministre nous fournisse tous ces renseignements qui me
permettent de voir s'il y a véritablement une coordination entre le
ministère des Affaires municipales et le ministère des Affaires
culturelles.
Qu'il me dise aussi si les représentants des populations
intéressées ont été consultés en vue de la
protection, de la conservation de ces lieux et monuments historiques.
Voilà, M. le Président, les questions que je voulais poser au
ministre des Affaires municipales. J'ai dit, tantôt, que le chef de
l'Opposition avait exprimé son avis. Je ne veux pas abuser de la
patience du ministre ou de la vôtre, M. le Président, mais
j'estimais qu'il était de mon devoir d'intervenir à ces stade-ci
du débat afin de faire prévaloir une cause que j'estime
sacrée, celle de la défense du patrimoine national.
M. LEGER: M. le Président,...
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Lafontaine.
M. Marcel Léger
M. LEGER: ... le projet de loi numéro 60 concernant les environs
du nouvel aéroport international, est, dans son principe, bien entendu,
très acceptable. Cependant, selon nous, il y aurait lieu d'y apporter
quelques améliorations et quelques considérations. Tout d'abord,
le premier point qui nous frappe c'est peut-être, selon l'affirmation du
ministre, tantôt, le plus d'originalité dont nous ayons fait
montre dans le choix du nom de cette ville. Je m'excuse de parler d'une chose
qui, peut-être, a été divulguée avant que la Chambre
n'en soit informée. C'est une erreur de notre bureau de
communiqués. Mais je dois quand même vous renseigner...
M. TESSIER: Est-ce que vous faites allusion à la caricature de
Hunter dans le Soleil d'aujourd'hui?
M. LEGER: C'est malheureusement cette chose qui a été
publiée. En effet, cette ville, qui aura un caractère
international, devrait avoir, selon nous, un nom choisi, non pas uniquement,
contrairement à ce que le ministre nous disait tantôt, par les
citoyens de cette ville. Très bientôt, je pense, les citoyens du
monde entier connaîtront cette ville parce qu'elle fera probablement
partie de l'itinéraire d'un voyage en Amérique, ou elle sera sur
les cartes géographiques du monde.
Le Québec, je pense, a une occasion unique de rendre hommage
à une personnalité internationale qui, au cours des
dernières années, a su mettre l'Etat du Québec sur la
carte du monde. C'est la raison pour laquelle nous croyons qu'il aurait
été bon de donner à cette ville un nom qui graverait, dans
l'esprit de toute la population, le passage du général de Gaulle
chez nous, et ce nom, comme tout le monde le sait, pourrait être celui de
Colombey. Vous ajoutez le nombre de paroisses aux deux pistes, si vous
voulez.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... aux quatorze églises!
M. LEGER: Ou les deux pistes!
En effet, M. le Président, le nouvel aéroport
international, s'il s'appelait Colombey, permettrait de perpétuer le
rôle très important que le général a joué
dans l'avènement du Québec sur
la scène internationale comme entité propre, et a fait
réaliser au monde entier qu'il existait un peuple français en
Amérique.
Le projet de loi prévoit, dans un de ses articles, la confection
d'un plan d'affectation du sol de la région de l'aéroport, y
compris les terrains expropriés par le gouvernement
fédéral dans ce qu'on appelle les zones de bruit.
Les terrains compris dans ces zones ne sont pas nécessaires pour
l'aéroport proprement dit. Ils pourraient servir, éventuellement,
à des fins soit agricoles, soit industrielles. Cependant, juridiquement,
ces terrains, qui sont les propriété du gouvernement
fédéral, ne sont pas assujettis aux lois provinciales. Il est
donc absolument nécessaire, pour que cet article 19 s'applique à
ces terrains, que ces derniers sortent du patrimoine fédéral,
autrement, le gouvernement fédéral n'aurait qu'à garder la
propriété de ces terrains et il pourrait les louer à
n'importe quelles fins, même à des fins contraires au plan
adopté en vertu de cet article.
Le gouvernement de l'Union Nationale avait déjà
exigé que ces terrains soient remis au Québec.
Le gouvernement actuel, de son côté, avait proposé
qu'ils soient administrés par une société d'Etat
fédérale-provinciale. En ce qui nous concerne, nous serions
plutôt d'accord que ces terrains soient remis au Québec, car si on
commence à analyser et à faire le calcul des différentes
parties de territoires du Québec qui sont achetées par le
gouvernement fédéral, cela nous fera beaucoup de territoires
à renégocier lors de la souveraineté.
M. le Président, permettez-moi une petite parenthèse sur
l'administration de l'aéroport elle-même. Je me permets une
suggestion au gouvernement actuel, qui est la suivante: Les aéroports,
actuellement, sont administrés par le ministère
fédéral des Transports. Par contre, les ports qui
dépendent du même ministère sont administrés, soit
par le Conseil des ports nationaux, soit par des corporations autonomes.
Récemment, le premier ministre du Québec a demandé que le
port de Montréal soit administré par une société
publique composée de quinze membres dont cinq membres nommés par
le Québec et cinq nommés par Montréal. Pourquoi le nouvel
aéroport ne serait-il pas administré par une telle
société tripartite? A-t-on fait des représentations en ce
sens ou, du moins, se propose-t-on d'en faire?
Un autre point qui intéressera certainement les habitants des
quatorze municipalités de Sainte-Scholastique ou de Colombey, c'est
l'autoroute reliant Sainte-Scholastique à Dorval. Le budget Benson
prévoit une somme de $20 millions pour le réseau routier
relié au nouvel aéroport. Il s'agit, en fait, d'une nouvelle
autoroute reliant Dorval à Sainte-Scholastique. D'après les
informations que nous avons eues, le gouvernement fédéral entend
bien choisir lui-même le tracé de cette autoroute qui affectera
tout l'aménagement qui lui sera propre. Je pense qu'il importe d'obtenir
du gouvernement actuel l'assurance que le tracé sera fait par le
Québec, après consultation de la communauté urbaine de
Montréal et de la Commission de planification du nord de
Montréal, créée par l'Office de planification.
M. le Président, une question nous vient à l'esprit en
étudiant ce projet: Quelle politique le gouvernement entend-il prendre
concernant l'aménagement des villes incluses dans l'annexe B du projet
de loi, entre autres, les quatre villes suivantes: Saint-Jérôme,
Lachute, Sainte-Thérèse, Saint-Eustache, qui sont quatre
pôles de développement? Est-ce que dans l'esprit du ministre, qui
pourra me répondre tantôt, il y a un projet de regroupement de ces
municipalités? Il se trouverait alors à y avoir un
déséquilibre entre la grosse ville qui va se créer et les
quatre villes qui sont un peu situées dans les quatre coins
extrêmes de cette ville. Ces villes sont entre elles comme de petites
municipalités dont le taux de taxation est très différent
de celui de ces villes.
Je peux donner un exemple. On me donnait tantôt le chiffre pour
une petite municipalité à côté de
Saint-Jérôme qui avait un taux de taxation de $0.70 tandis que la
ville même de Saint-Jérôme, à quelques mille pieds,
taxait ses gens à $2.10. Le gouvernement a-t-il une politique de
regroupement dans ce domaine?
M. le Président, dans le principe même de ce projet de loi,
la population des quatorze municipalités qui formeront la ville de
Sainte-Scholastique s'attend nécessairement, du fait de la
proximité de l'aéroport, d'obtenir de nouveaux emplois directs
permanents. Dans sa réponse du 4 décembre, le ministre de
L'Industrie et du Commerce a bien fait de parler du nombre total d'emplois
directs permanents dans les aéroports de Montréal,
c'est-à-dire qu'il avait tout à fait raison de faire le calcul
des nouveaux emplois, en soustrayant la somme des emplois des deux
aéroports en 1974 de ceux de Dorval en 1970.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! J'écoute très attentivement le
député de Lafontaine. Je ne sais pas s'il a fait un défi,
ce soir, en vue d'avoir le championnat de parler en dehors de la motion de
deuxième lecture. Sans blesser le député de Lafontaine,
j'ai pris des notes. Il a commencé par le nom de la nouvelle ville. Il a
parlé, dans son deuxième point, de la juridiction de
l'aéroport, si elle devait être fédérale ou
provinciale. Troisièmement, il a parlé de l'administration de
l'aéroport, si cela devait être une commission tripartite.
Quatrièmement, il a parlé des routes d'accès à la
nouvelle ville. Cinquièmement, et actuellement, il est dans les
emplois.
Sixièmement, le bouquet, il a parlé des villes de l'annexe
B qui sont exactement en dehors de la nouvelle ville. Je demanderais au
député de Lafontaine de revenir à l'annexe A et de rester
dans la nouvelle ville.
M. LEGER: Je vais admettre, M. le Président, que tous ces points
sont touchés indirectement par le projet de loi qui va réunir ces
villes-là.
Je pensais, M. le Président, que c'était impossible de ma
part de gagner le championnat d'être en dehors du sujet quand il y a
certains députés, dont j'admire la façon gracieuse avec
laquelle ils peuvent passer à côté du règlement, et
en sortent régulièrement. Je ne peux certainement pas avoir le
championnat, mais je vous remercie de me mettre en nomination.
M. le Président, je voulais simplement ajouter, à ce
projet les possibilités que la ville a, dans cette fusion, de
réaliser jusqu'à quel point la proximité de
l'aéroport lui donne l'occasion de recevoir des renseignements, avant la
consultation promise par le ministre sur toutes les possibilités de
s'installer dans cette ville. Je dois simplement demander, en terminant, que
dans l'embauche de la nouvelle main-d'oeuvre, concernant les gens qui vont
résider dans Sainte-Scholastique, qu'il y ait certaines ententes visant
à privilégier la main-d'oeuvre locale pour atteindre un double
objectif; que les postes, ne requérant aucune formation
spécifique, soient accordés de préférence aux gens
de la région, et qu'un programme de formation de la main-d'oeuvre pour
les postes plus spécifiques soit donné aussi aux gens de cette
localité. Comme vous le savez, ce ne sont certainement pas les gens qui
vont avoir des postes d'expérience les gens en provenance de
Dorval ont les premiers emplois qui vont permettre aux gens de
Sainte-Scholastique de recevoir une chance de ce côté-là.
Il faut peut-être trouver un moyen de préparer un programme de
formation et de main-d'oeuvre pour ces gens-là. A cause de ce
phénomène, les personnes qui travaillent dans un aéroport
sont surtout des personnes qui ont été formées selon la
technique de Air-Canada et c'est fait dans la langue anglaise, la plupart du
temps. Nous allons avoir une ville à 100 p. c. francophone et la langue
de travail sera uniquement la langue anglaise, sauf pour ceux qui sont
préposés aux billets ou aux passagers.
C'est peut-être particulièrement intéressant de
savoir si des négociations sont en cours entre le ministère
fédéral et le provincial, quant à l'embauche et à
la formation professionnelle. Quant à nous, dans l'ensemble, nous sommes
d'accord sur le projet de loi et nous allons attendre, durant le comité
plénier, pour proposer certains amendements.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député d'Argenteuil.
M. Zoël Saindon
M. SAINDON: M. le Président, concernant l'annexion d'une partie
du territoire de Saint-Jérusalem, le gouvernement a jugé,
à la lumière d'expériences précédentes et
face aux échéances qui nous y contraignent, que
l'intérêt général serait mieux servi si cette
annexion était faite par législation spéciale.
Je m'explique. En 1962, la ville de Lachute, suivant la procédure
définie par la loi, présentait le règlement 237, visant
à annexer environ la moitié de la paroisse de
Saint-Jérusalem d'Argenteuil. Le règlement a reçu,
à ce moment-là, toutes les approbations et était
finalement publié dans la Gazette officielle. Quelques mois plus tard,
le règlement était déclaré nul par la Cour
supérieure du Québec, pour un vice mineur de
procédure.
Le requérant de l'injonction, animé par quelques
conservateurs irréductibles je n'entends pas ici, par
conservateurs, des personnes économes qui étaient à ce
moment-là contre l'annexion de cette partie du territoire de
Saint-Jérusalem à la ville de Lachute ce sont encore
aujourd'hui les mêmes personnes qui s'opposent à cette annexion,
s'opposant par le fait même au progrès de Lachute.
Depuis 1966 et d'une façon continue, des pourparlers ont eu lieu
entre Lachute et Saint-Jérusalem sur les modalités d'une annexion
de parties du territoire ou sur la fusion volontaire des deux
municipalités. Il ressort de ces discussions que le même groupe
qui avait fait avorter le projet en 1963 continue son obstruction
systématique.
En 1968, et en 1969, Lachute s'est employée par tous les moyens
possibles et imaginables à monter et promouvoir, comme tout le monde le
sait, le dossier en faveur de l'implantation de l'aéroport international
de Montréal dans sa région. Depuis l'annonce de sa localisation
à Sainte-Scholastique, toutes les études confirment
l'impératif pour Lachute d'agrandir son territoire pour accueillir les
nouvelles populations et leur assurer le niveau de services auquel elles
s'attendent.
Malgré le bien-fondé irréfutable des études
faites par les gouvernements provincial, fédéral et municipal, le
petit groupe de contestataires de Saint-Jérusalem continue son
opposition tout en sachant que son opposition est illogique, antisociale et
injuste envers la grande majorité de la population visée par ce
projet d'annexion. Lorsque ces protestations s'adressent à leurs
concitoyens de Sainte-Jérusalem, ils leur chantent une chanson et
lorsqu'ils s'adressent au gouvernement, ils chantent une autre chanson. A leurs
concitoyens, par exemple, ils vont dire: Les taxes vont augmenter, attendons
que Saindon soit parti de là; à d'autres, ils diront:
Saint-Jérusalem est le seul endroit du comté d'Argenteuil
où nous sommes encore chez nous.
D'autre part, ces mêmes gens disent au ministre des Affaires
municipales ce petit groupe de contestataires est connu sous le nom de
"Citizens' Committee against annexation for the Parish of Saint-Jerusalem":
"The layout of the area en parlant du territoire environ-
nant and its economic development is too important a matter to
allow municipalities to work independently in assuming the implied obligations
or to bid against each other in a manner detrimental to the scheme of things".
C'est une chose. A ce moment-là, ils disent au ministre: "Nous sommes en
faveur d'une organisation planifiée". Ils se retournent ensuite et
disent: "We, the Chairman of the Citizens' Committee, have advised the Chairman
of all these various organizations of its sincere desire to cooperate fully
with them in the orderly development of this region and we therefore consider
that Lachute's attempt to jump the gun by attempting this annexation without
waiting for the reports of these various committees is hardly improper,
detrimental, out of order and in fact an insult to all these Governement
organizations who are quite properly carefully considering the total area and
not one single community's selfish and parochial interest".
C'est maintenant le comité contre l'annexion. C'est ce qu'ils
disent au ministre mais, par contre, chez eux, ils chantent une autre
chanson.
Il est évident qu'à ce moment le comité est
tiraillé entre ses propres intérêts et, d'un autre
côté, peut-être je l'espère son sens de
l'équité envers les intérêts de la population en
général.
M. le Président, le phénomène de l'urbanisation est
désormais si bien connu qu'il est superflu d'en reprendre ici toutes les
caractéristiques. De plus en plus, les populations rurales se sont
converties aux vocations industrielles et professionnelles et ont
exprimé des besoins de services de plus en plus modernes, ne pouvant
s'obtenir que dans les villes.
Une des raisons pratiques de cette polarisation dans les villes
réside dans le souci de faire des économies par la mise en commun
de certains services qui seront à leur satisfaction. On a vu
éclore toute une technologie de l'aménagement du territoire, de
l'urbanisme et de l'administration municipale qui est venue ordonner le
développement harmonieux des villes pour le bien de la
communauté, s'ap-puyant sur la jurisprudence municipale et sur les lois
du pays pour assurer les droits de l'individu.
Le regroupement municipal, en particulier, pose de graves
problèmes sur le plan de l'économie. Au cours de la
dernière décade, des débats animés sur la place
publique du Québec ont amené les législateurs à
ajouter, aux mécanismes traditonnels de la fusion et de l'annexion, la
solution novatrice de la communauté urbaine ou régionale.
C'est en partant de ces prémisses et inspiré par des
soucis d'efficacité et de justice à l'endroit des contribuables
de Lachute que l'adjudication du résidu du territoire de la
municipalité de Saint-Jérusalem à la ville de Lachute est
faite à l'intérieur du bill 60.
Depuis quelques années, Lachute s'est dotée des
différents outils indispensables à une ville qui veut garder sa
population en lui donnant les services qu'elle désire et en
créant les infrastructures nécessaires à la venue
d'entreprises génératrices d'emplois et de revenus.
Or, il est bien reconnu, dans l'administration publique et municipale,
qu'on ne peut éviter un seuil minimum de coût d'équipement
et que, pour amoindrir la charge par contribuable, les villes doivent chercher
à atteindre une taille optimale. Les administrateurs en sont bien
conscients, puisqu'ils font porter sur les futurs citoyens les remboursements
d'emprunts contractés aujourd'hui pour ces infrastructures
d'équipement.
Où l'injustice est flagrante, c'est lorsque les habitants d'une
communauté parasite profitent indûment des services
résultant du produit des emprunts ou des recettes courantes
prélevées sous forme de taxes auprès de la population de
la ville hôtesse.
Des démarches ont été faites par le comité
de citoyens contre cette annexion auprès du ministre des Affaires
municipales et du chef de l'Opposition officielle. Pour prouver que les
allégations de ce comité sont fausses, je veux porter à
votre attention les demandes qui nous ont été faites par d'autres
groupes de citoyens de la région.
J'ai ici une résolution qui vient de la "Laurentian Regional
School Board", en date du 9 novembre 1970, signée par Mrs. M. H.
Prophet, secrétaire-trésorière. Cette résolution se
lit comme suit: "At this time, the following resolution was unanimously passed.
Mr. John D. Harvet, moved that the Laurentian Regional School Board in the
interest of improve police supervision and fire protection and subject to a
sanction by the City of Lachute of the Laurentian Regional School Board
liabilities with regard to water and sewer construction 1968, claimed by the
parish of St. Jerusalem, request the City of Lachute to give consideration to
the annexation of that property of this board situated in the parish of St.
Jerusalem, in the City of Lachute. Carried unanimously.
C'est bien drôle que quelques citoyens qui prétendent
former un supposé comité s'arrogent ensuite le droit de parler au
nom de la population, et surtout de parler au nom de la population anglophone
du comté.
J'ai ici en main une résolution qui vient de l'école
régionale Laurentian, qui est l'école régionale anglophone
du comté, nous demandant d'annexer son territoire à la ville de
Lachute. Lorsqu'il s'agit de protéger les enfants de ces mêmes
concitoyens, de leur donner les services municipaux, à ce
moment-là, ils nous demandent de les annnexer. Qu'est-ce que ça
veut dire? Il y a quelque part un comité de citoyens qui prétend
représenter la population anglophone du comté, mais qui se fait
démentir par son propre groupe.
J'ai ici une autre résolution d'une compagnie
de Lachute qui, actuellement, est à construire 75 logements et
qui projette d'en construire 250, et qui nous demande, en date du 6 août
1970: "Nous, Antoine et Lucien Malaquette, propriétaires d'une partie
des lots 1412, 1402, 1406, une partie de ces lots étant dans Lachute
c'est une copie photocopiée et l'autre partie dans la
paroisse de Saint-Jérusalem demandent au conseil de ville de prendre le
recours nécessaire pour annexer la partie de notre territoire qui est
dans la municipalité de Saint-Jérusalem. Un plan
détaillé vous a été donné
antérieurement."
Ici, une autre requête de la part de la fabrique
Sainte-Anastasie-de-Lachute, en date du 16 octobre 1970: "Permettez que je vous
transmette, au nom du conseil de la fabrique de Sainte-Anastasie-de-Lachute, la
demande et la résolution suivantes: II est proposé par
Clément Aubé appuyé par Gaétan Lalande que ia
fabrique de Sainte-Anastasie demande à la cité de Lachute que la
partie du cimetière de Sainte-Anastasie-de-Lachute actuellement
située dans Saint-Jérusalem, fasse désormais partie de la
cité de Lachute afin que notre territoire du cimetière soit dans
la même municipalité. Notre cimetière est situé sur
la rue principale, sur la route 31. Signé: Yvon Mailloux,
curé."
J'ai ici copie d'une demande de la Lake Solar & Evans Associations
Registered, qui groupe 300 propriétaires, et que je ne vous lirai pas au
complet parce que la résolution est passablement longue. Mais, entre
autres, il y a un paragraphe qui se lit comme ceci: "Attendu que le
gouvernement de la province de Québec favorise la restructuration
municipale dans le but de créer des municipalités ayant des
populations plus grandes, afin que l'établissement des services
municipaux soit réparti équitablement, et afin qu'une
planification indispensable du territoire soit effectuée..." Cette
résolution se termine comme ceci: "que les contribuables du lac Solar et
du lac Evans soient représentés au conseil de Lachute par au
moins un membre." Ceci est de la régie interne. Il reste quand
même que vous avez là une association de 300
propriétaires.
En ce qui concerne les raisons irréfutables de l'annexion du
résidu du territoire de Saint-Jérusalem, je dois mentionner que
30 p. c. du territoire de Saint-Jérusalem a été
exproprié pour l'aéroport de Sainte-Scholastique. Il reste donc
70 p. c. De ce résidu de 70 p. c, il reste à peu près 20
p. c. qui sont au sud de la Rivière-du-Nord, et 50 p. c. au nord de la
Rivière-du-Nord. Ces 50 p. c. au nord de la Rivière-du-Nord ne
sont pas viables par eux-mêmes. Que reste-t-il à la paroisse de
Saint-Jérusalem?
D'autre part, si l'on considère que le bassin hydraulique qui
fournit l'eau potable à Lachute et Saint-Jérusalem est la
propriété de Lachute, Saint-Jérusalem s'alimente aux
sources d'appro-vionnement de Lachute à un coût inférieur
au coût de production. En épuration, sous la dictée ou les
intentions de la Régie des eaux, Lachute réalise, est en train de
préparer les plans prévoyant, à plus ou moins brève
échéance, une usine d'épuration. En conséquence,
nous avons fait préparer notre réseau d'égouts collecteurs
et il serait insensé, aberrant, de penser qu'à un moment
donné Saint-Jérusalem devra construire son usine. A ce
moment-là, Saint-Jérusalem devra partager notre système
d'épuration. Au chapitre de la voirie et des travaux publics, Lachute
compte une équipe composée d'une quarantaine d'employés
permanents qui voient è l'entretien de son système de rues, de
troittoirs, de déneigement. Saint-Jérusalem n'a aucun
employé permanent à son service. Lorsqu'il y a des
problèmes d'entretien ou de réparation, on doit faire appel au
personnel de la ville de Lachute.
Les ordures ménagères coûtent $7,200 par
année à la ville de Lachute et la collecte s'y fait deux fois la
semaine. Saint-Jérusalem se prévaut du même dépotoir
et cela lui en coûte $600, parce que c'est l'endroit le plus propice, le
plus près et celui qui peut être utilisé au meilleur
coût possible. Encore là, Saint-Jérusalem profite de
l'installation de Lachute et, si vous lisez la même nouvelle dans les
journaux, cette nouvelle pourrait s'intituler "dumping" des ordures
ménagères de Saint-Jérusalem à Lachute.
En fait, la collecte des ordures ménagères à
Lachute coûte 72 cents par tête et 28 cents à
Saint-Jérusalem.
En ce qui concerne la protection, Lachute a une cour Municipale, un
corps de police de 20 hommes; Saint-Jérusalem, zéro. Normalement,
on pourrait y compter sur la protection de la Sûreté du
Québec. Tout le monde sait que la Sûreté du Québec
fait bien son possible mais, à cause de ses effectifs limités,
elle ne peut pas répondre et ne répond presque jamais aux
demandes de la population de Saint-Jérusalem.
En fait, l'été dernier, lorsque la "Canadian Tire" est
venue s'installer dans la paroisse de Saint-Jérusalem, elle ne l'aurait
pas fait si la ville de Lachute ne lui avait pas permis de se joindre à
la sonnerie électrique du tableau de notre poste de police.
Le service des incendies y est nul et c'est Lachute qui assume la
protection du service des incendies de Saint-Jérusalem. Ce manque de
protection se manifeste d'ailleurs par des taux d'assurance plus
élevés d'au moins 30 p. c. dans Saint-Jérusalem même
avec garantie du service de Lachute. Sans l'appui de Lachute, les taux
augmenteraient de 300 p. c.
Quant aux loisirs, M. le Président, Lachute a commencé
à investir pour les loisirs de sa population et la
récréation des jeunes depuis déjà plusieurs
années.
En plus d'une aréna, de plusieurs parcs, d'un centre d'art, d'une
bibliothèque municipale...
M. LE PRESIDENT (Veilleux): A l'ordre, s'il vous plaît! Je tiens
à avertir l'honorable
député d'Argenteuil qu'on m'a avisé que son temps
est écoulé et qu'avec la permission de la Chambre, je puis lui
donner quelques minutes pour terminer.
M. PAUL: Ecrivez-lui donc!
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Je vais lui laisser trois ou quatre minutes
pour terminer.
M. SAINDON: Pardon?
M. PAUL: Ce n'est pas vous qui pouvez lui donner du temps. C'est nous,
la Chambre. Vous ne pouvez pas lui donner ça. Voici, M. le
Président,...
M. BERTRAND: Vous demandez...
M. PAUL: Vous demandez si la Chambre consent à ce que quelques
minutes additionnelles... Là, cela nous fait plaisir de nous rendre
à votre aimable invitation.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): En vertu du règlement, comme je le
disais à l'honorable député d'Argenteuil, avec le
consentement de la Chambre, je lui donne trois ou quatre minutes pour
terminer.
M. BERTRAND: Très bien.
M. SAINDON: D'accord, M. le Président. L'administration de
Lachute a reconnu que la carence d'expansion industrielle avait des
résultats désastreux sous forme de perte de population et de
stagnation des revenus des individus et des municipalités. Après
une étude poussée de la question, la cité s'est
engagée à se doter de tous les outils indispensables au
développement industriel. Nous avons organisé un petit parc
industriel, il y a deux ans. Nous en avons organisé un autre très
récemment d'une superficie d'à peu près 340 acres et
voilà que deux semaines plus tard, par esprit de compétition,
j'imagine, la paroisse de Saint-Jérusalem, l'autre côté
d'une rue, se permet d'organiser un petit parc industriel. Où est la
logique là-dedans?
On y installe des tuyaux d'aqueduc sans consulter qui que ce soit.
Même là, les connexions à ces tuyaux d'aqueduc sont
posées à l'envers. Tout cela pour signaler qu'il est
indispensable que le regroupement se fasse le plus tôt possible de
façon à coordonner tous les services. La fourniture des services
publics que j'ai décrite nécessite l'existence d'une
équipe administrative compétente et Lachute a justement cette
équipe. C'est une équipe composée de treize personnes,
appuyée par un personnel de bureau et général de 52
personnes. Nous croyons que c'est réclamer l'application de la justice
la plus élémentaire à l'endroit de nos contribuables que
de faire participer le bénéfi-caire des services disponibles
à Lachute au coût réel de ces mêmes services.
Voilà pour le présent, M. le Président. Mais gouverner,
c'est prévoir et Lachute a relevé ce défi, en particulier
en se donnant un plan directeur prévoyant l'utilisation du territoire et
une politique de l'habitation.
C'est pourquoi, nous sommes heureux d'appuyer le gouvernement dans sa
décision d'intégrer les résidus du territoire de
Saint-Jérusalem à la municipalité de Lachute. Ceci aurait
dû être fait il y a déjà plusieurs années. Si
cela avait été fait il y a quelques années, toute la
population de Lachute et des alentours en aurait immensément
profité.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): L'honorable député de
Lotbinière.
M. Jean-Louis Béland
M. BELAND: M. le Président, relativement à ce bill 60
concernant les environs du nouvel aéroport international, dit de
Sainte-Scholasti-que, j'ajouterais qu'après les ententes, des
gouvernements fédéral et provincial, lesquelles ont pris un peu
de temps à venir, il était normal qu'à cette session-ci,
il y ait quelque chose de spécifique qui soit
décrété pour procéder à la période de
transition de ce coin de territoire qui fera certainement l'orgueil de la
population, non seulement de cette partie du comté d'Argenteuil mais
également de la province de Québec et du Canada, puisqu'il s'agit
d'un aéroport international.
Or, pendant cette période de transition, des personnes des
paroisses concernées, avec lesquelles j'ai discuté tout
dernièrement, m'ont fait part, de différents
éléments qui sont entrés en ligne de compte et qui les
affectent quelque peu présentement. Des conseillers sont allés
donner des explications, pour renseigner les différentes paroisses en
vue de cette période de transition et de la possibilité de
formation d'une ville avec ce territoire. Apparemment, ces conseillers,
certainement pas par mauvaise volonté, n'auraient pas été
totalement compris, à un point tel que les gens cela se comprend
en période de transition sont un peu mêlés.
Présentement, étant donné les annonces qui se font, en vue
de cette transition très prochaine, parce qu'on s'attendait à ce
qu'un bill soit présenté, la population vit cette période
de transition et se demande si réellement ce sera, pour lesdites
municipalités ou corporations, un mariage d'amour. On se demande cela
parce qu'il y a des choses qui sont un peu difficiles à comprendre pour
ces gens.
J'ai cru entendre, tout-à-l'heure qu'il y aurait un amendement
qui serait apporté, pour compléter peut-être ce travail
d'information. Ce sera heureux pour combler, ce vide apparent qui existe.
Quant à nous, nous sommes en faveur de l'agencement, et de
procéder le plus tôt possible
à la formation de cette ville. Nous sommes en faveur pour
plusieurs raisons. D'abord, cela apportera un essor économique
considérable à cette région de la province de
Québec. Egalement, si cela se fait le plus tôt possible, les gens
ne seront pas dans l'attente tellement longtemps et pourront savoir exactement
à quoi s'en tenir.
Ces gens se demandent présentement et ils ont hâte
de le savoir où seront les tracés de routes principales
pour pouvoir se relocaliser. Il y a évidemment des plans qui doivent
être faits et peut-être refaits. Mais à tout
événement, il y a de l'inquiétude vis-à-vis de
cela. Il y a également, dans cette période de transition par
expropriation, des fermiers qui possèdent de très belles fermes;
d'autres, parmi les voisins, possèdent des fermes abandonnées et
on leur offrirait le même prix à l'acre. Si je ne fais erreur, il
y a eu même revendication de la part de l'UCC hier ou avant hier à
ce sujet. C'est entendu, encore là, c'est une période de
transition et j'ai confiance que le gouvernement devrait ou devra régler
le problème le plus tôt possible.
A un autre endroit, toujours concernant la relocalisation, soit des
résidants qui travaillent dans la région ou à
l'intérieur même de ces localités, soit des agriculteurs,
des fermiers parce qu'apparemment, il y aurait eu achat, selon les plans, d'une
partie plus considérable qui va être, en effet,
aménagée pour les besoins de l'aéroport même.
Cette partie supplémentaire va certainement du moins,
c'est le désir des gens là-bas pouvoir être
utilisée pour fins agricoles, tout au moins. On dit, à la page 2,
des notes explicatives que "toute construction sera interdite dans les
municipalités rurales comprises dans le territoire". Cela va de soi. Par
contre, il y en a qui veulent continuer à exploiter ces fermes-là
et justement ces parties qui ne seront pas affectées
immédiatement ou, tout au moins, pour les dix prochaines années
il serait normal que ces gens-là le sachent le plus tôt possible
afin de pouvoir se reloger immédiatement et d'être certains de ne
pas risquer, dans deux ans, dans trois ans ou dans quatre ans, d'être
expropriés à nouveau.
Je ne voudrais pas parler plus longtemps sur ce projet de loi, en
deuxième lecture. Cependant, je réitère ce que j'ai dit
tout à l'heure, à l'effet que nous sommes d'accord sur le
principe du bill 60 qui va certainement donner un très grand essor
économique et va créer des emplois dans cette partie de la
province, qui était même quelque peu défavorisée
depuis un certain temps.
Ce sont là, M. le Président, mes observations.
M. LE PRESIDENT (Veilleux): Le député de Terrebonne.
M. Denis Hardy
M. HARDY: M. le Président, je pense bien que nous avons tous
conscience, ce soir, de procéder à l'étude de la motion de
deuxième lecture de l'acte constitutif d'une ville qui aura
sûrement un avenir très brillant. On se rappelle les nombreuses
discussions qui ont découlé du choix de Sainte-Scholastique comme
emplacement de l'aéroport international de Montréal.
Personnellement, je ne peux que me réjouir de la présentation de
ce projet de loi puisqu'il donne suite, en quelque sorte, à un des
engagements que j'avais personnellement pris au cours de la dernière
campagne électorale. Dans un des articles de mon programme, je disais
m'engager auprès du futur gouvernement libéral à ce que
tout soit mis en oeuvre pour que le Québec et, plus
particulièrement, le territoire entourant l'aéroport de
Sainte-Scholastique puissent profiter le plus possible des retombées
économiques de l'implantation de cet aéroport. Or, le
regroupement de ces municipalités de façon à permettre au
territoire d'être aménagé est un des gestes concrets et
positifs qui vont permettre à cette partie du Québec de profiter
de l'implantation de l'aéroport de Sainte-Scholastique.
Je pense bien que, plutôt que de se lamenter, et de dire que c'est
l'Ontario qui va profiter de cet aéroport, il est
préférable de poser des gestes concrets et positifs. D'ailleurs
j'avais même compromis le premier ministre pendant la campagne
électorale, puisque, lorsqu'il vint dans le comté de Terrebonne,
je lui avais posé publiquement la question: Advenant la prise du pouvoir
par le Parti libéral, qu'est-ce que ce gouvernement ferait en regard de
l'implantation de l'aéroport? Or, le chef du Parti libéral du
temps, M. Bourassa, s'était engagé formellement à tout
mettre en oeuvre pour que nous puissions profiter, le plus rapidement possible,
de cette implantation.
Cela a été fait par la création du comité
interministériel et par le début de nombreux travaux dont l'une
des conséquences est la présentation du présent projet de
loi.
M. le Président, on a longuement parlé, en regard des
projets de loi similaires à ce projet de loi, du problème de la
consultation. Nos amis de l'Opposition ont mis en doute ce processus de
consultation. Je puis affirmer, pour ma part que peut-être jamais dans
l'histoire politique du Québec il n'y a eu autant de consultation en
fonction de l'adoption d'une loi.
Je tiens ici à féliciter et à remercier d'une
façon toute particulière le ministre des Affaires municipales qui
a posé une geste historique, le 3 décembre. Le jour même
où il déposait un projet de loi en Chambre, il est venu à
Sainte-Scholastique rencontrer, comme il l'a dit tantôt, les principaux
intéressés. Personnellement, même si cette réunion
avait eu un grand
succès, je ne m'en suis pas contenté. J'avais l'occasion
d'annoncer, le soir même, que j'organiserais, pour les
municipalités du comté de Terrebonne qui sont touchées par
ce projet de loi, une autre réunion de consultation, quelques jours plus
tard, pour permettre, entre la prise de connaissance du projet de loi et cette
réunion, aux conseils municipaux et à tous les
intéressés d'étudier le projet de loi et de faire leurs
recommandations.
Or, vendredi soir, dernier, le 11 décembre, plus de 250 personnes
c'est-à-dire les maires, les conseillers, les secrétaires,
les employés de ces municipalités, ainsi que les dirigeants des
principaux groupements régionaux, tels que la Chambre de commerce
régionale et le conseil économique régional se sont
rendus à mon invitation. Pour ceux qui pourraient s'inquiéter de
la forme de consultation que nous avons tenue, eh bien, ces personnes ont
étudié le projet de loi 60 article par article. C'était en
quelque sorte un mini-Parlement régional qui a procédé
à l'étude du projet de loi 60.
Au cours de cette étude, ces personnes ont été
appelées à faire des propositions, des suggestions. D'abord, un
peu comme ici, il y a eu un vote sur l'ensemble, sur le principe du projet de
loi. Je dois dire que les 250 personnes présentes ont adopté
à l'unanimité le principe du projet de loi. Quant aux
modalités, il y a eu des propositions d'amendement. Il y en a eu, si mon
souvenir est bon, trois ou quatre. Il y en a eu deux de battues et deux de
retenues. J'ai fait part de l'une des propositions d'amendement adoptées
par cette assemblée, à l'honorable ministre des Affaires
municipales et il a accepté d'en faire l'objet d'un amendement au projet
de loi. Cet amendement consistait à assurer une plus grande protection
aux employés actuels des municipalités regroupées. Quant
à l'autre amendemant, nous en avons également tenu compte, mais
il sera plus facile de l'appliquer une fois que la ville sera
créée, parce qu'il s'agit d'ajouter une partie de territoire, ce
qui pourra se faire par simple règlement d'annexion. C'est vous dire, M.
le Président, qu'en ce qui concerne le bill 60 et surtout en ce qui
concerne le comté de Terrebonne, les principaux intéressés
ont été non seulement informés, mais consultés. Ils
ont eu l'opportunité de dire ce qu'ils en pensaient et ils ont dit
qu'ils étaient d'accord avec le projet de loi numéro 60.
Je voudrais en profiter pour souligner l'esprit civique de ces maires et
de ces conseillers qui ont oublié leurs intérêts
personnels. Les conseillers vont perdre leur poste, mais ils ont oublié
leurs intérêts personnels en pensant au bien général
de la région de Sainte-Scholastique et de l'ensemble de la région
qui entoure l'aéroport. Ils ont volontairement accepté de quitter
leur poste pour favoriser ce projet de loi.
Je tiens à les féliciter de leur esprit civique et je
tiens à ce que cet esprit civique soit reconnu d'une façon
publique.
Enfin, j'ai ici quelques chiffres pour démontrer la
représentativité de ce mini-Parlement dont j'ai parlé tout
à l'heure. Il y a dix-huit municipalités du comté de
Terrebonne touchées par ce projet de loi, il y en a trois, deux qui sont
regroupées, et une partie du territoire d'une autre. Les autres sont
touchées par l'annexe B.
Or, sur les dix-huit maires touchés par le projet de loi 60,
quinze étaient présents vendredi soir dernier et ont
adopté les résolutions dont j'ai parlé tout à
l'heure. C'est dire qu'en ce qui me concerne, j'ai la conscience bien en paix,
et je suis assuré que le projet de loi no 60 obtient l'entière
approbation des gens du comté de Terrebonne qui sont
concernés.
En terminant, je voudrais dire que j'ai été un peu
scandalisé par les propos du député de Lafontaine. Le
député de Lafontaine appartient à un parti politique qui
prétend faire du Québec un pays. Le député de
Lafontaine veut que le Québec soit un pays souverain, d'une part;
d'autre part, il a fait preuve ce soir d'un colonialisme intellectuel
indescriptible.
La région de Sainte-Scholastique est une des régions les
plus chargées d'histoire dans la province de Québec. On a
qu'à relire les différentes monographies qui ont
été publiées sur la région de
Sainte-Scholastique.
C'est une région très riche sur le plan historique et
où l'on peut puiser une foule de noms pour la future ville de
Sainte-Scholastique. C'est d'ailleurs dans cet esprit que le ministre a
accepté d'avoir un nom temporaire, pour permettre, justement, aux
intéressés, aux sociétés historiques et à
toutes les personnes qui sont en mesure de faire des suggestions de le
faire.
Je pense qu'au Québec nous sommes, à cause de la richesse
de notre histoire, capables de prendre des noms ici, des noms qui aient une
signification québécoise plutôt que d'aller emprunter des
noms en France, dans un petit patelin perdu dans l'Europe, alors qu'ici nous en
avons.
M. LEGER: M. le Président, est-ce que le député me
permet une question?
M. HARDY: Si la Chambre consent, je suis prêt à
répondre à votre question.
M. LEGER: J'aimerais vous demander si cela n'aurait pas
été une occasion de réparer l'image du Québec qui
n'a pas pu envoyer son premier ministre en France lors du décès
du général de Gaulle.
M. HARDY: Cela n'a rien à voir, ce sont deux choses tout à
fait différentes. Ce que je retiens de votre intervention, c'est que
c'est du colonialisme intellectuel. Si c'est avec cela que vous voulez
bâtir un pays, j'aime mieux rester
dans la Confédération canadienne que de faire partie d'un
empire français.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Maskinongé.
M. Rémi Paul
M. PAUL: M. le Président, je voudrais personnellement rester dans
le cadre du sujet de l'étude du bill 60, et c'est le cas de dire qu'il
faut maintenant passer à l'attaque de toutes les objections que l'on
rencontre quant à l'adoption du principe en deuxième lecture de
ce projet de loi. Avant d'en venir au but principal de mon intervention, je
voudrais féliciter le ministre des Affaires municipales qui
démontre aujourd'hui une amélioration qui fait naître
encore un peu d'espoir. Sans doute qu'il a été très bien
conseillé, puisqu'on lui a suggéré l'initiative d'informer
les députés qui doivent étudier un projet de loi dont
l'adoption s'impose.
Mais à quelle condition! C'est là qu'il nous faut repasser
en quelque sorte les différentes interventions faites ce soir, et
spécialement par les honorables députés d'Argenteuil et de
Terrebonne.
S'il y a parmi nous des députés qui connaissent la
véritable situation, ce sont ceux qui vivent dans le milieu. Je dirai
que la consultation qu'a tenté de faire le 3 ou le 4
décembre...
UNE VOIX: Le 3.
M. PAUL: ... le ministre des Affaires municipales n'a pas dû
être très fructueuse. Il nous dit qu'il y avait là environ
500 personnes, qui ont reçu des bribes, des embryons de renseignements
heureusement complétés par la suite au moyen d'un dialogue,
d'information que l'on a suggérés dans des motions que nous
n'avons pas le droit de rappeler, mais dont le refus reste gravé dans le
coeur et l'esprit de ceux qui voulaient justement faire vivre la
démocratie d'information et de participation populaire comme l'a fait
l'honorable député de Terrebonne.
Voilà une initiative tout à l'honneur de ce
député. Je parle avec beaucoup de sincérité. C'est
ce qui fait que la motion qui demande ordinairement la convocation d'un
comité ou une motion qui a pour effet de reporter le projet à six
mois non pas trois mois, six mois pour pouvoir donner l'avantage
aux intéressés de se faire entendre, aux officiers du
ministère de connaître les besoins de la population, que les
implications de cette loi puissent trouver champ d'application. Pourquoi six
mois? Pour donner l'avantage, au cas où on trouverait cette
période trop longue de raccourcir.
Malheureusement, malgré toute notre bonne intention,
malgré tout le désir que nous avons constamment de collaborer,
c'est la première fois qu'on est en mesure de le faire et ce en vertu
des dispositions de notre règlement 285, 19e pardon, vous le
vérifierez où l'on doit prendre la parole d'un
député.
Quand le député de Terrebonne nous dit qu'il a
réellement effectué du dialogue chez lui, je crois que l'on doit
prendre sa parole. Là, nous avons la preuve qu'il y a eu consultation.
Le télégramme dont a parlé l'honorable chef de
l'Opposition ne parle pas du défaut de consultation. Il semble
plutôt mentionner un défaut de compréhension. Cela est
différent. Je comprends parfaitement la gêne qui
caractérise son honneur le maire William Davis à vouloir discuter
d'un problème où il y a dualité de fonctions entre celui
qui siège avec nous ici comme député d'Argenteuil et qui
cumule également la fonction de maire de la ville de Lachute.
Dans ce cas-ci, nous ne pouvons pas dire qu'il y a eu défaut de
consultation mais il y a cette situation embarrassante qui peut se
présenter, cette gêne bien légitime qui peut se
présenter pour le maire Davis et les membres de son conseil, surtout
quand il est question de l'annexion de la municipalité de
Saint-Jérusalem, d'aller vendre le jeu ou les exigences au conseil de
Lachute.
Est-ce là une raison suffisante pour nous justifier de
présenter la motion que certains collègues ont peut-être
cru que nous aurions normalement eu l'intention de présenter?
M. le Président, nous sommes de coopération, de bonne
entente, d'action, de dialogue et comme, ce soir, on nous a prouvé que
la population avait eu l'occasion de se renseigner, de connaître les
implications de cette loi, je dis que nous devons en accepter le principe. Ce
projet de loi cependant devra mériter certaines informations et
éclaircissements de la part du ministre des Affaires municipales. Si
l'honorable ministre pouvait retenir son sérieux pour trente secondes.
M. le Président, je remercie l'honorable ministre de daigner
m'écouter trente secondes...
M. TESSIER: Je vous écoute tout le temps!
M, PAUL: M. le Président, c'est bien la première fois que
le ministre proclame si haut la vérité à l'effet qu'il
écoute, mais il n'a pas eu le courage de dire: Je vous comprends!
De toute façon, je veux bien amicalement souligner un
problème particulier qui se présente au sujet des bureaux
d'enregistrement. Si mon information est exacte, je crois que cette
expropriation du territoire de l'aéroport de Dorval...
UNE VOIX: Dorval?
M. PAUL: Pardon, de Sainte-Scholastique, excusez-moi.
M. LACROIX: Colombey!
M. BERTRAND: Saint-Colomban.
M. LACROIX: Quant à être fou, 41 faut être fou un peu
plus!
M. PAUL: Je ne suis pas un grand voyageur comme le ministre des
Transports. Je n'oserais pas raconter tout ce qui peut se dérouler
à Colombey-les-deux-Eglises. Ce projet de loi, à mon humble point
de vue, n'est peut-être pas suffisamment clair quant aux
conséquences de cette annexion forcée d'une partie de territoire
de Saint-Jérusalem, en même temps qu'il peut avoir certaines
conséquences quant à la disparition éventuelle d'un des
deux bureaux d'enregistrement. C'est peut-être ce point qui
m'inquiète pour le moment, c'est de constater le silence du ministre
à ce sujet. Je ne lui en fais pas un reproche, mais je suis sûr
que le ministre des Affaires municipales, dans le cours des propos que nous
échangerons en comité, pourra transmettre l'information
désirée et c'est avec plaisir que nous allons appuyer ce projet
de loi en deuxième lecture.
UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Communications.
M. Jean-Paul L'Allier
M. L'ALLIER: M. le Président, sans vouloir prendre trop le temps
de la Chambre, je voudrais quand même dire mon approbation du principe de
cette loi et souligner son importance dans le programme de développement
qu'a entrepris le gouvernement du Québec pour cette région. Le
bill 60 permettra sûrement à la population du comté des
Deux-Montagnes, des comtés de Terrebonne et d'Argenteuil qui sont
touchés par l'aéroport, de passer à travers les nombreuses
difficultés qui sont soulevées par la création et la
construction de cet aéroport.
On a parlé, comme l'a dit le député de Terrebonne,
de consultation à l'occasion de ce projet de loi. La consultation, en ce
qui me concerne et en qualité de député des
Deux-Montagnes, se fait depuis le mois d'avril et même un peu auparavant.
Cette consultation est de tous les instants et sur toutes les questions. Pour
répondre à une préoccupation du député de
Maskinongé en ce qui concerne les bureaux d'enregistrement, je dois lui
dire que, depuis déjà près de six mois, tous ceux qui sont
intéressés par l'un des deux bureaux d'enregistrement
susceptibles de disparaître, celui de Sainte-Scholastique, ont eu
l'occasion de faire connaître leur point de vue et de rencontrer les
officiers du ministère de la Justice.
Je peux l'assurer que la décision qui sera prise quant à
la relocalisation éventuelle de ce bureau d'enregistrement sera conforme
aux intérêts des professions juridiques et de la population de
toute la région.
M. PAUL: M. le Président, est-ce que l'honorable
député me permettrait une remarque?
M. L'ALLIER: Oui.
M. PAUL: J'ai dit une remarque. Je suis content de constater qu'on a
continué l'excellent travail que j'avais commencé!
M. L'ALLIER: En réponse à cette remarque, je dois dire que
le point de localisation n'est peut-être pas celui qui avait
été prévu, s'il y en avait eu un de prévu.
M. BERTRAND: Pas dans le même édifice, peut-être!
M. L'ALLIER: Ni dans la même ville.
M. PAUL: C'est resté dans le même secteur.
M. L'ALLIER: II le faut, parce que l'aéroport n'a pas
changé de place.
M. BERTRAND: On comprend que le député a pu changer de
locateur, étant donné le changement de gouvernement.
M. PAUL: Le principe est sauvegardé, c'est ce qui compte.
M. L'ALLIER: Non, cela me donne l'occasion de dire qu'il n'y a pas de
changement de locataire, non plus, ni de locateur dans Deux-Montagnes.
UNE VOIX: C'est bien!
M. L'ALLIER: Parce que les baux sont de trois ou quatre ans et sont
très longs!
M. VINCENT: M. le Président, est-ce que je pourrais poser une
question au ministre, député de Deux-Montagnes? Le chef de
l'Opposition, tout à l'heure, dans sa courte intervention, a fait
mention du bureau d'aménagement des environs du nouvel aéroport
international. Nous n'avons pas entendu les députés de Lachute,
d'Argenteuil ou de Terrebonne nous parler du travail accompli par le bureau
d'aménagement des environs du nouvel aéroport. Or, son
prédécesseur en Chambre, ici, en juin 1969, avait
félicité le gouvernement du temps d'avoir créé ce
bureau. Est-ce que le député des Deux-Montagnes et ministre
pourrait donc nous dire le travail accompli par ce bureau depuis sa
création et également la raison pour laquelle le ministre des
Affaires municipales abroge la loi créant ce bureau à l'occasion
de la présentation de ce bill 60?
M. L'ALLIER: Je pourrais certainement répondre à cette
question. Ce serait quand même enlever la réponse au ministre des
Affaires municipales qui pourra, sûrement, dans son exposé, vous
donner ces motifs. Quoi qu'il en soit, le bureau a fait le travail qu'il devait
faire au moment où il a existé. Au fur et à mesure que se
développe le projet de participation du Québec au
développement de cette région, les besoins changent,
l'évolution des municipalités est extrêmement rapide et le
ministre des Affaires municipales pourra vous dire pourquoi il a fallu
procéder par le bill 60 à un réaménagement des
juridictions et surtout des modalités administratives pour fins de
participation du gouvernement du Québec à ce projet.
Quoi qu'il en soit, vous n'ignorez pas que le gouvernement, par
plusieurs mécanismes, dont un comité ministériel je
ne veux pas reprendre ici ce qui a déjà été dit
des comités de fonctionnaires, suit d'extrêmement
près ce projet, un des plus importants actuellement en marche au
Québec. Vous savez que ce projet, nous voulons en faire avec la
population un plan de développement qui touchera non seulement les
municipalités expropriées mais qui intéressera toutes les
municipalités environnantes.
C'est dans cette optique d'un aménagement et d'un
développement global d'une région à l'occasion d'un
investissement important que nous travaillons. C'est également dans
cette optique que le projet de loi numéro 60 est présenté
à cette Chambre. Nous voulons que toutes les municipalités, que
les corps municipaux, que les citoyens comme tels puissent, à l'occasion
de cet investissement, participer au développement de la région.
Nous voulons faire en sorte que l'investissement qui est fait
bénéficie non seulement à la région mais à
l'ensemble du Québec.
En terminant, M. le Président, je voudrais dire que les maires,
les conseillers, les membres des commissions scolaires, que j'ai eu l'occasion
de rencontrer à plusieurs reprises sur l'ensemble des questions qui
touchent l'aéroport, sont d'accord avec le principe de cette loi et que,
d'une façon générale, ils en comprennent la
nécessité. C'est une loi qui, dans bien des cas, même, a
été demandée avec de plus en plus d'insistance. A mon
avis, elle arrive maintenant à à point. Je vous remercie.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Bourget.
M. Camille Laurin
M. LAURIN: M. le Président, j'ai déjà eu l'occasion
d'exprimer, à l'occasion de l'étude d'un autre projet de loi, les
opinions que mon groupe entretient sur le regroupement des
municipalités. Je ne voudrais pas répéter ces raisons.
Ceci simplement pour dire que nous approuvons le principe de regroupement de
ces quatorze municipalités. Ce sera sûrement pour le
bénéfice de chacune des municipalités concernées et
pour le bénéfice de chacune des régions. Donc, nous
applaudissons à ce principe du projet de loi numéro 60.
UNE VOIX: Adopté!
M. LAURIN: Les réserves que nous avons se situent à un
autre niveau. Nous avons l'impres-sions que la nouvelle ville ainsi
formée équivaudra à ce qu'en d'autres lieux on a
appelé, dans le passé, des villes fermées. Bien sûr,
le projet de loi prévoit un conseil qui sera constitué
provisoirement d'un certain nombre d'administrateurs des municipalités
actuelles, ensuite une élection qui mettra en place un nouveau conseil
municipal, mais il nous semble que, derrière ces apparences de pouvoirs,
le nouveau conseil municipal, comme l'actuel qui est prévu par la loi,
n'aura que les apparences du pouvoir, n'aura qu'un pouvoir illusoire, un
pouvoir limité, partiel, du fait que presque toutes ses décisions
auront à être entérinées soit par un administrateur,
soit par la Commission municipale, soit par le ministre des Affaires
municipales et peut-être, d'une façon plus lointaine, par des
commissions mixtes qui doivent être instituées, étant
donné que cette nouvelle municipalité ne possédera, en nue
propriété, qu'une partie infime des terrains qui constitueront la
nouvelle municipalité.
Lorsqu'un conseil de ville ne possède, à son compte,
qu'une partie minoritaire de ces terrains, il est bien entendu, en vertu du
vieux principe britannique "No taxation without representation" qu'elle ne peut
absolument pas contrôler l'affectation des sols, ainsi que les grandes
politiques qui, nous le savons, doivent présider à
l'administration des cités modernes.
Ces servitudes se manifesteront, d'ailleurs, à bien d'autres
niveaux puisque toute la politique de zonage, toute la politique d'urbanisme
sera influencée dans un sens qui reste à préciser par
cette absence de propriété de la partie majoritaire des sols.
Nous verrons également cette influence se manifester en tout ce
qui concerne les services qui constituent le sine qua non d'une organisation
rationnelle et moderne des grandes villes.
C'est la raison pour laquelle, malgré l'approbation de principe
que nous donnons à ce projet de loi, nous ne pouvons nous empêcher
d'exprimer nos réserves, nos inquiétudes et il nous restera
à voir en comité plénier, par la discussion qui aura lieu,
si nous donnerons le même vote en troisième lecture qu'en
deuxième lecture. Peut-être est-ce l'occasion ici d'exprimer le
souhait que les administrateurs de la nouvelle ville sauront, avec la
collaboration de l'administrateur du ministère des Affaires municipales,
faire en sorte que cette propriété, la
propriété de la majeure partie des terrains qui
constitueront l'essence de la nouvelle ville, leur revienne en temps opportun,
ou encore qu'un mode d'administration soit choisi qui leur donne un pouvoir
réel, complet, sur le territoire de la nouvelle ville. Dans l'espoir que
ce souhait sera entendu et que nous n'assisterons pas encore à une
aliénation du territoire québécois, nous espérons
que la discussion saura nous apporter les assurances que nous recherchons.
DES VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Montcalm.
M. Marcel Masse
M. MASSE (Montcalm): Je tiens tout d'abord à féliciter et
remercier le ministre des Affaires municipales d'avoir présenté,
même si c'était de façon tardive, un dossier et des notes
explicatives ainsi que cette carte qui permet de faire une étude avec
des documents, en plus du projet de loi. Si nous n'avons pas réussi,
hier, à bonifier les projets de loi qui nous étaient
présentés, le moins que nous puissions dire c'est que nous avons
réussi à bonifier un peu le ministre qui a présenté
les projets de loi.
M. le Président, dans ce projet de loi, une grande partie de ce
texte est similaire aux projets de loi concernant Gaspé et Percé.
S'additionnent, à ce projet de loi, certains articles et
évidemment, des annexes qui collent à la réalité de
Sainte-Scholastique.
Le ministre, dans son exposé de deuxième lecture, a mis de
l'avant un certain nombre de raisons motivant un projet de loi semblable, mais
il a escamoté d'autres points sur lesquels nous aimerions avoir plus de
lumière. Divers députés, jusqu'à maintenant, ont
posé des questions et nous espérons que le ministre, dans sa
réplique, saura nous répondre. Particulièrement, la
question concernant le bureau d'aménagement. Tout le monde sait que le
Parlement, l'an dernier, avait créé un organisme qui avait la
responsabilité de réaliser l'aménagement de l'environ de
Sainte-Scholastique. Le ministre, dans ses remarques de deuxième
lecture, n'a pas expliqué longuement, n'a pas avancé beaucoup de
raisons motivant sa proposition d'abolir tout simplement le bureau
d'aménagement. Nous aimerions savoir si ce bureau d'aménagement
n'a pas répondu aux désirs exprimés par les
parlementaires.
Nous aimerions savoir si les dirigeants de ce bureau
d'aménagement n'ont pas su, à la satisfaction du ministre,
répondre adéquatement aux exigences de la loi créant le
bureau d'aménagement, nous aimerions savoir du ministre quelles ont
été jusqu'à maintenant les réalisations de ce
bureau d'aménagement et les raisons profondes qui l'ont amené
à proposer aux parlementaires de l'Assemblée nationale du
Québec d'abolir ce bureau pour préconiser une structure
qui donne, somme toute, de vastes pouvoirs au ministre et au ministre seul.
Le bureau d'aménagement avait comme responsabilité de
faire évoluer les choses dans ce territoire, de voir à
l'équipement communautaire de cette région, d'amener les
municipalités de ce territoire à fusionner selon leurs besoins et
selon la réalité à laquelle elles font face. Au fond, le
bureau d'aménagement avait comme responsabilité d'habituer les
gens à vivre selon une certaine structure, en tenant compte des
réalités de l'aéroport et des besoins d'aménagement
des environs.
Par contre, le ministre, après avoir, du revers de la main, mis
de côté le bureau, sans, à notre avis, expliquer
suffisamment les raisons qui l'ont amené à poser ce geste,
accapare dans ce domaine, comme nous l'avons vu dans des secteurs
différents un grand nombre de pouvoirs qui posent, dans le cas de
Sainte-Scholastique, les mêmes problèmes qui ont été
soulevés pour les régions de Gaspé et de Percé. Je
ne voudrais pas revenir sur l'ensemble de ces raisons, étant
persuadé que les longues explications que nous avons apportées
devant le ministre, même si elles n'ont pas réussi à le
convaincre d'apporter des modifications importantes à son projet de loi,
l'ont quand même sensibilisé aux dangers de cette question.
Connaissant son intérêt manifeste pour les choses municipales, je
suis certain qu'il tiendra compte des remarques qui ont été mises
de l'avant.
Je tiens également à souligner que, présentant son
projet de loi, le ministre a, dans ses notes mises sur papier, des textes
d'amendement qu'il aura à proposer, probablement en comité. Il
s'agit d'amendements que nous avons présentés hier et avant-hier,
qu'il a acceptés pour les autres projets de loi qu'il se propose
d'inclure dans le projet de loi numéro 60.
M. le Président, lorsque le ministre aura expliqué
pourquoi il a été amené à abandonner le bureau
d'aménagement, pourquoi il lui est nécessaire de centraliser
énormément, entre ses mains, ce qui doit se faire dans cette
région, il aura à nous expliquer pourquoi il apporte dans les
structures municipales une nouvelle philosophie qui est à la base d'une
plus grande centralisation, abolissant la décentralisation du bureau
d'aménagement. Cette centralisation excessive amènera beaucoup de
paperasse, et obligera les gens de cette région à de nombreux
pélerinages. Nous sommes également inquiets de voir que le
ministre, encore une fois, a parlé de nombreuses consultations, mais
qu'il n'a pas été en mesure dee mettre de l'avant des textes de
propositions.
M. le Président, sans insister, je fais remarquer que nous
n'avons pas quorum et j'aimerais avoir votre autorisation pour continuer dans
la légalité la séance.
M. LACROIX: Ce n'est tout de même pas
assez intéressant pour inviter toute la deputation à
venir.
M. MASSE (Montcalm): Je ne veux pas faire de débat, mais, si le
"président m'autorise à continuer sans le quorum, je n'ai pas
d'objection à le faire. Je ne veux qu'avoir son autorisation.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Ce n'est pas à moi de vous le
permettre, mais je pense que, dans l'espace d'une demi-minute, nous pourrions
l'avoir facilement, parce que je vois que les députés, d'un
côté ou de l'autre, sont dans les fumoirs.
M. MASSE (Montcalm): Disons, M. le Président, que...
M. LE PRESIDENT: Si le député ne désire pas
soulever la question, il peut continuer.
M. MAILLOUX: Voulez-vous avoir les journalistes également?
M. MASSE (Montcalm): J'ai certains de mes collègues qui insistent
pour avoir le quorum.
UNE VOIX: Non, non, non!
M. MASSE (Montcalm): Alors, M. le Président, je ferai comme vous
et le leader parlementaire; je fermerai les yeux et je dirai que nous avons
quorum.
M. LACROIX: Pour vous écouter parler.
M. MASSE (Montcalm): Mais, je pense qu'il ne faudrait pas que le
député des Iles-de-la-Madeleine insiste...
M. MAILLOUX: II n'y a pas quorum en haut, non plus.
M. MASSE (Montcalm): M. le leader, nous n'avons pas quorum. Je suis
prêt à remarquer que nous l'avons, mais il ne faudrait tout de
même pas que le député des Iles-de-la-Madeleine insiste
pour souligner que nous ne l'avons pas.
M. MAILLOUX: Les journalistes, non plus, n'ont pas quorum.
M. LE PRESIDENT: Le député de Montcalm.
M. MASSE (Montcalm): Avec la permission du leader parlementaire et la
patience proverbiale du député des Iles-de-la-Madeleine, il me
sera permis de continuer.
M. LACROIX: C'est de l'enfantillage!
M. MASSE (Montcalm): Je demanderais, cet- te fois-ci, au ministre de
l'Education d'aider à former un caractère différent
à son collègue...
M. LACROIX: Ce n'est pas un mot latin.
M. MASSE (Montcalm): ... des Iles-de-la-Madeleine. J'ai toujours cru que
le premier ministre avait placé ces deux personnes côte à
côte pour permettre au ministre de l'Education de déteindre sur le
député des Iles-de-la-Madeleine, mais c'est l'inverse qui se
produit trop fréquemment. Je mets en doute les capacités du
ministre de l'Education.
M. SAiNT-PIERRE: De quelle école?
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, pour terminer cette
brève intervention concernant cet important projet de loi, j'aimerais
souligner un danger. Cette municipalité entourera l'aéroport.
Sans vouloir parler de l'aéroport, c'est tout de même le fond de
ce projet de loi. Nous savons tous que l'aéroport sera du domaine
fédéral. Je m'inquiète, à la suite des
déclarations du ministre à Halifax, en particulier, de
l'autorisation qu'il donne autorisation reconnue maintenant par ses
discours aux municipalités de faire affaires directement avec
Ottawa, compte tenu de la proximité de l'aéroport
fédéral. J'espère que le ministre, en réplique,
saura nous expliquer si ces nouvelles directives concernant les relations
directes entre les municipalités et le gouvernement central à
Ottawa s'appliquent dans le cas particulier de Sainte-Scholastique, compte tenu
de l'aéroport fédéral, ou, à cet endroit comme dans
les autres territoires du Québec, les municipalités,
indépendamment des déclarations du ministre, continueront
à faire affaires avec le gouvernement du Québec qui est le
premier responsable.
Il y a des dangers dans ce projet de loi. Ils ont été
soulignés. J'espère que le ministre, dans sa réplique,
saura diminuer les inquiétudes des parlementaires afin de nous permettre
de lui donner notre approbation sans aucune réticence. Je suis
convaincu, connaissant le talent qu'il se prête, qu'il saura
répondre à nos inquiétudes et faire un effort de
dernière minute pour nous persuader de sa bonne foi et de la
façon dont son projet de loi et les textes qu'il nous propose
répondront aux problèmes réels de cette région.
DES VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
DES VOIX: Adopté.
M. LE SECRETAIRE ADJOINT: Deuxième lecture de ce bill. Second
reading of this bill.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Affaires municipales propose
que je quitte
maintenant le fauteuil et que la Chambre se forme en comité
plénier. Cette motion sera-t-elle adoptée?
DES VOIX: Adopté.
Comité plénier
M. HARDY (Président du comité plénier): A l'ordre,
messieurs! Article 1.
M. VINCENT: Est-ce que le ministre des Affaires municipales pourrait
répondre aux questions qui lui ont été posées
à l'occasion de la deuxième lecture du projet de loi? Ce qui
éviterait probablement de longues discussions sur certains articles.
M. TESSIER: Avant de répondre à certaines questions qui
ont été posées par certains députés de cette
Chambre, je voudrais immédiatement, proposer certains amendements qui
incidemment font suite aux consultations qui ont eu lieu au cours des
dernières semaines avec les municipalités et la population
concernée. L'article 4. Le sous-ministre n'est pas ici. Il est en haut.
Est-il là? J'en ai des copies pour tout le monde, il est temps qu'on les
apporte.
M. VINCENT: Sans que le ministre fasse la lecture complète de
tous les amendements, nous avons, chacun des députés, la liste
des amendements.
M. TESSIER: Est-ce que vous les avez déjà?
M. VINCENT: Oui, nous les avons depuis cet après-midi.
M. TESSIER: Bon.
UNE VOIX: Cela marche là, notre gouvernement.
M. VINCENT: II y a, dans les propositions, des modifications que le
ministre veut suggérer.
M. TESSIER: II y en a deux... Est-ce que vous avez l'amendement?
M. VINCENT: Oui, nous l'avons ici. Nous avons une liste de sept
changements et une autre liste de deux changements. Après ça,
nous pourrons revenir article par article.
M. TESSIER: D'accord. Au sujet du bureau d'aménagement, je dois
apporter en cette Chambre les précisions suivantes: le bureau
d'aménagement a été créé pour une fin bien
précise et dans des circonstances spécifiques. Il y avait, comme
je l'ai mentionné, quatorze municipalités d'impliquées.
Tant que le regroupement de ces quatorze municipalités n'avait pas lieu
il était donc impossible de procéder à l'aménage-
ment et à la planification et à régler certains
problèmes urgents, dont, les contacts quotidiens avec les
autorités du gouvernement fédéral.
Il faut remarquer que, lorsque le gouvernement précédent
de l'Union Nationale s'est enfin décidé d'accepter le site de
l'aéroport, le gouvernement fédéral travaillait
déjà depuis un an. Nous avions beaucoup de retard à
reprendre. C'est pourquoi il était impossible, sans la création
du bureau d'aménagement. Je vois que ç'a été une
excellente chose que ce bureau soit créé. Je l'ai
mentionné tout à l'heure.
Il a joué un rôle très efficace. Il a
remplacé, ni plus ni moins, le gouvernement municipal de 14
municipalités dans cette planification. Avec la fusion de ces 14
municipalités en une seule, le bureau d'aménagement n'a plus sa
raison d'être. La nouvelle ville, aujourd'hui, bien structurée
avec les services qui seront créés, remplira elle-même le
rôle que remplissait temporairement le bureau d'aménagement. D'un
autre côté, afin que le travail déjà accompli ou en
cours soit poursuivi par les spécialistes qui avaient été
engagés par le bureau d'aménagement, ces mêmes personnes
seront versées dans les cadres du ministère des Affaires
municipales pour les prochains mois.
Même, ces personnes auront accompli leur travail d'ici quelques
mois. C'est d'ailleurs pourquoi elles demeureront tout simplement des
employés contractuels.
M. BERTRAND: Qu'est-ce qu'il arrive des commissaires?
M. TESSIER: Pardon?
M. VINCENT: On prévoit la nomination d'un administrateur et d'un
administrateur-adjoint probablement?
M. TESSIER: Lesquels seront des fonctionnaires actuels du
ministère des Affaires municipales. Exactement la même chose que
j'ai expliquée hier, au sujet de l'administrateur et de
l'administrateur-adjoint à Gaspé et à Percé.
M. BERTRAND: Est-ce que le ministre ne pourrait pas, dans sa grande
magnanimité, utiliser les services de certains commissaires...
M. TESSIER: Pardon?
M. BERTRAND: ... qui peuvent être des ingénieurs
connaissant très bien la région? Est-ce que le ministre ne
pourrait pas, je le répète, dans sa grande magnanimité,
faire appel aux services et aux bons offices de ces ingé-nierus qui
seront, admettons-le, cavalièrement remerciés après avoir
rendu, comme le ministre le dit, des services très efficaces dans le
bureau d'aménagement?
M. TESSIER: II n'y a pas d'impossibilité à cela, M. le
Président.
M. BERTRAND: II n'y a pas d'impossibilité?
M. TESSIER: II n'y a pas d'impossibilité ou, si vous aimez mieux,
il y a une possibilité.
M. BERTRAND: Alors, si le ministre est comme ce général
français qui disait: Ce qui est possible est fait; ce qui est impossible
se fera, j'ai grande confiance.
M. TESSIER: Vous pouvez continuer à espérer.
M. PAUL: Je me demande, M. le Président, si, dans le cas d'une
telle application, ça ne libérera pas la voie.
M. BERTRAND: II faut être hardi, M. le Président.
M. LE PRESIDENT (Hardy): II ne faudrait quand même pas tenter la
présidence actuellement pour conserver son objectivité.
M. PAUL: M. le Président, loin de moi l'idée de vous
tenter !
M. LE PRESIDENT (Hardy): Article 1, adopté. Article 2?
M. LEGER: A l'article 1, M. le Président...
M. TESSIER: M. le Président, je ne veux pas m'éterniser
sur ces questions-là.Je crois que la question de la consultation a
été très bien expliquée par les
députés de Deux-Montagnes et de Terrebonne. Je suggère
donc que nous passions immédiatement à l'étude de
l'article 1.
M. LEGER: A l'article 1, tout à l'heure à l'occasion de la
deuxième lecture, j'avais proposé le nom de Colombey. Avant de
proposer un amendement précis là-dessus, je voudrais quand
même faire remarquer qu'une des raisons, en plus de celles que j'ai
mentionnées lors de la deuxième lecture, c'est qu'il y a quelques
semaines Colombey a été le carrefour de toutes les routes du
monde, où tous les principaux chefs de gouvernement du monde entier se
sont retrouvés. On veut faire une ville internationale. Le
général de Gaulle, comme je le disais tantôt, nous a quand
même rendu de grands services au Québec, et je dirais même,
non seulement,...
M.TESSIER: Vous pouvez dire des fameux.
M. LEGER: ...en mettant...
M. TESSIER: II en a rendu des fameux!
M. LEGER: ...le Québec sur la carte mondiale, mais aussi
grâce à certains accords qui sont intervenus avec la France pour
ouvrir d'autres avenues au Québec. Il y a eu des échanges
franco-québécois, qui sont quand même quelque chose de
très important pour le Québec. J'ai soumis ce nom à la
suite de la proposition du ministre qui disait préférer consulter
les municipalités, et pour l'empêcher lui-même de refuser un
amendement qui pourrait, peut-être, être bloqué par le reste
des autres municipalités qui vont être fusionnées en une
seule, et leur donner l'occasion, peut-être, de choisir eux-mêmes
le nom de leur ville. Ce nom-là sera, peut-être, parmi ceux
auxquels on pensera, même si c'est un autre qui sera choisi... Mais je
pense que ce nom-là devait être mis de l'avant. C'est la raison
pour laquelle je ne proposerai pas d'amendement précis à
l'article 1.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Article 1,... M. LAURIN: M. le
Président,... M. TESSIER: M. le Président,...
M. LE PRESIDENT (Hardy): L'honorable ministre des Affaires
municipales.
M. TESSIER: ...je pense que la meilleure réponse que je puisse
donner au député de Lafontaine c'est de regarder la caricature du
Soleil d'aujourd'hui qui fait dire au député de Lafontaine: Entre
nous, séparatistes, on lui doit bien ça.
M. LAURIN: M. le Président, je ne cache pas que le
général de Gaulle ait jamais été membre du Parti
québécois, malgré ce que semble laisser entendre le
ministre. Mais là n'est pas la question.
M. TESSIER: Il vous a donné un bon coup de main!
M. LAURIN: Je voulais simplement profiter de l'occasion pour
répondre au député de Terrebonne que ce n'est pas faire
montre de colonialisme intellectuel pour un pays que de manifester sa
reconnaissance pour des services éminents rendus non pas à un
parti politique mais au Québec tout entier, ainsi que mon
collègue vient de le souligner. Tout le monde reconnaît que
l'intensification des échanges franco-québécois doit
beaucoup à l'impulsion directe du général de Gaulle. Je
pense que ceci, à l'exclusion de tout autre facteur, peut mériter
un geste de reconnaissance de la part du Québec. Ce n'est pas faire
montre de colonialisme intellectuel puisque dans, toutes les grandes villes du
monde, il y a des rues, il y a des avenues, il y a des monuments qui portent le
nom d'hommes célèbres des autres pays, que ce
soit Paris où il y a une rue du président Kennedy, ou
à Montréal où il y a une rue du président Kennedy.
C'est simplement le témoignage naturel d'une population qui admire les
vertus d'un grand homme que de manifester de cette façon sa
reconnaissance, surtout lorsqu'il s'agit d'une reconnaissance à
l'égard d'un homme qui a fait tellement pour nous. Ce n'est donc pas du
colonialisme intellectuel, c'est simplement une manifestation de
reconnaissance.
Il y a un autre facteur, c'est qu'étant donné que cet
aéroport et que cette nouvelle ville auront une place importante dans
l'économie et dans le prestige du Québec, il importe justement de
leur donner un nom, à la fois euphonique, prestigieux et symbolique qui
manifesterait, justement, des événements qui ont marqué
l'histoire du Québec d'une certaine façon. C'est là
simplement l'idée qui était à la base de notre suggestion.
Mais, encore une fois, ce n'est qu'une suggestion. Nous savons très bien
qu'il reviendra aux municipalités concernées de choisir
finalement le nom qui leur conviendra le mieux. Nous voulions simplement, de
cette façon, attirer leur attention sur un problème qui,
malgré tout, nous semble revêtir quelque importance.
M. LE PRESIDENT (Hardy): L'honorable ministre des Affaires
municipales.
M.TESSIER: M. le Président, j'aimerais, tout de même,
souligner que, si le député considère que la
reconnaissance que nous devons avoir, ce sont les bombes et les assassinats qui
ont suivi la visite du général de Gaulle au Québec, eh
bien, moi, je n'en suis pas.
M. BERTRAND: M. le Président, indépendamment de l'opinion
que l'on peut avoir sur le général de Gaulle...
M. TESSIER: J'ai le droit, M. le Président, d'émettre mon
opinion.
M.BERTRAND: ... le premier ministre, le chef de l'Opposition, tous les
chefs de partis, dernièrement ont manifesté, à l'occasion
de son décès, une admiration profonde. Que l'on vienne nous
suggérer de donner à l'aéroport international de
Sainte-Scholastique le nom de Colombey, c'est une affaire d'opinion. Quant
à moi, je le dis honnêtement, je diffère d'opinion avec
eux. Mais que l'on vienne par des propos comme ceux que tient le ministre des
Affaires municipales, tenter de relier le général de Gaulle aux
bombes et aux malaises que nous avons connus dernièrement, je pense que
c'est pécher, pour le moins pour ne pas utiliser d'autres
expressions par une exagération épouvantable. D faut
être juste. Je pense que le ministre ferait bien mieux de nuancer
davantage sa pensée.
M. TESSIER: M. le Président, je respecte l'opinion de mes
collègues de l'autre côté de cette Chambre, mais je crois
que, moi aussi, j'ai droit à mon opinion. J'ai le droit de
l'émettre et de faire remarquer tout de même, que, si le
général de Gaulle a pu rendre de grands services à son
pays, je considère qu'il est loin d'en avoir rendu au Canada et, en
particulier, à la province de Québec. C'est ce qui arrive lorsque
des hommes politiques ne se mêlent pas de leurs affaires et viennent se
mêler des affaires des autres.
M. BERTRAND: C'est peut-être par des propos comme ceux que tient,
à l'heure actuelle, le ministre, par contre, qu'on engendre d'autres
violences.
M.PAUL: C'est cela.
M.BERTRAND: Parce qu'en 1963 et en 1964, lorsqu'il y a eu, dans la ville
de Québec, certains malaises, le général de Gaulle
n'était pas venu au Québec et n'avait pas tenu les propos qu'il a
tenus à Montréal. Je pense que le ministre pourrait faire montre
d'un peu plus de maîtrise. Il connaît suffisamment son histoire
pour savoir, d'abord, qu'il y a eu, avant la venue du général de
Gaulle, de l'agitation au Québec.
M. TESSIER: Je vous ai dit que je respectais l'opinion des autres...
M. BERTRAND: ... j'ai de l'admiration...
M. TESSIER: ... et je demande à mes collègues d'en faire
autant.
M. BERTRAND: ... j'ai de l'admiration pour lui. Je l'ai dit
publiquement. De là à appuyer la suggestion qui est faite, je le
dis à mes honorables collègues que je diffère d'opinion
avec eux. Je connais très bien Sainte-Scholastique, c'est le pays de mes
ancêtres. Je le connais très bien. Famille d'Acadiens. Je pense
que ces gens-là ont le culte de l'histoire de leur région et
qu'ils sauront trouver un nom évocateur qui rappelera des faits et
gestes de leur pays. Il n'appartient pas plus au Parti québécois
qu'au parti de l'Union Nationale, ou au parti du Ralliement créditiste,
ou au Parti libéral de suggérer, ou d'imposer un nom, jamais, ni
de faire de la propagande autour d'un nom. Ce sont les gens de la région
qui le choisiront et au moins qu'ils aient cette occasion-là, cela
répondra au voeu du ministre. Je vous donne le bébé,
choisissez le nom.
M.TESSIER: D'accord. Là-dessus, je suis parfaitement d'accord
avec le chef de l'Opposition sur la dernière partie de son
intervention.
M. LE PRESIDENT (Hardy): L'honorable député de
Maskinongé sur l'article 1.
M. LACROIX: ... on va les laisser mourir tout seul.
M. PAUL: Mon père, qui était d'instruction moyenne, avait
cependant un gros bon sens, et je me rappelle, un jour, un sage conseil qu'il
me donna: celui de ne jamais oser juger un plus grand que moi. Je dis donc, en
me référant à la motion ou à la suggestion faite
par l'honorable député de Lafontaine, que j'endosse les remarques
de l'honorable chef de l'Opposition, pour les raisons qu'il vient de nous
énumérer. Sans doute que ce sont encore les gens du milieu qui
adopteront un nom de paroisse, le nom d'un saint ou d'un
événement historique qu'ils auront librement accepté. Je
ne crois pas que ce soit le rôle du comité, ici, d'imposer ou de
faire des pressions pour que les habitants de la future ville de
Sainte-Scholastique se choissent un nom.
M. LE PRESIDENT (Hardy): L'honorable député de
Nicolet.
M. VEILLEUX: Le député de Maskinongé a bien
parlé.
M. VINCENT: Pour continuer ce qu'a avancé le député
de Missisquoi, l'honorable chef de l'Opposition, ainsi que le
député de Maskinongé, advenant que la population de la
nouvelle ville de Sainte-Scholastique, créée en vertu de ce bill
60, en arrive à la conclusion qu'un tel nom devrait être
donné à leur nouvelle ville, dans six mois, un an ou deux
ans...
M. LACROIX: Le choix entre deux saints...
M. VINCENT: Pardon? Le ministre nous a mentionné, lors...
M. BERTRAND: On n'est pas au parc d'amusement...
M. VINCENT: ... lors de la présentation en deuxième
lecture, que, maintenant, une ville ou une municipalité n'avait
qu'à adresser une pétition pour que le ministère accepte
le changement de nom.
Ma question est la suivante; Comme je suis un profane, je ne suis pas un
avocat, est-ce qu'en vertu de la loi, ou le code municipal ou la Loi des
cités et villes,...
M. TESSIER: C'est la Loi des cités et villes.
M. VINCENT: ...ça peut se faire également même si
nous avons une législation spécifique qui donne un nom à
une ville comme le bill 60?
M. TESSIER: Oui, cela peut se faire.
M. VINCENT: De la même façon, sans amender la loi que nous
votons présentement?
M. TESSIER: M. le Président, en vertu de l'article 5 du bill 60,
on dit que la ville est régie par la Loi des cités et villes
à l'exception des dispositions inconciliables avec la présente
loi... ne comprend qu'un quartier... etc... Alors la Loi des cités et
villes prévoit que, sur simple requête, le nom de la
municipalité peut être changé.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Article 1, adopté. Article 2.
DES VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Adopté. Article 3.
DES VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Adopté. Article 4.
M. TESSIER: II y a un amendement à l'article 4. Adopté
avec l'amendement.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Article 4, adopté tel qu'amendé.
Article 5.
DES VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Adopté. Article 6.
DES VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Adopté. Article 7.
DES VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Adopté. Article 8.
DES VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Adopté. Article 9.
DES VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Adopté. Article 10.
DES VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Adopté. Article 11.
DES VOIX: Adopté.
M. LAURIN: Le ministre pourrait-il nous dire en quoi les fonctions de
l'administrateur peuvent être compliquées du fait que les ter-
rains, qui sont sous sa gouverne, n'appartiennent pas totalement
à la ville? Est-ce que ceci implique qu'il y aura d'autres
mécanismes ou d'autres organismes?
M. TBSSIER: Quel article?
M. LAURIN: L'article 9, à propos de l'administrateur. Le ministre
pourrait-il nous dire de quelle façon le fait que la nouvelle
municipalité ne possède pas la totalité, loin de
là, des territoires qui seront créés, peut affecter la
façon dont il dispensera ses activités? Prévoit-on
d'autres organismes de gestion ou prévoit-on...
M. TESSIER: En plus de l'administrateur?
M. LAURIN: C'est-à-dire au niveau des gouvernements. Vu que la
possession du sol est mixte, certains terrains sont possédés par
des cultivateurs ou des citoyens, d'autres sont possédés par un
palier de gouvernement et d'autres par un autre palier de gouvernement, de
quelle façon cette propriété mixte affecterat-elle la
politique de l'administrateur ou la façon dont il s'acquittera de ses
fonctions? Est-ce que ceci nécessitera la mise en place d'un nouveau
mécanisme de gestion?
M. TESSIER: L'administrateur aura naturellement à entrer en
communication avec le gouvernement fédéral en ce qui concerne la
propriété du gouvernement fédéral mais la
propriété du gouvernement fédéral, comme on le
remarque. Je ne sais pas si c'est indiqué sur le plan. Non, ce n'est pas
indiqué.
M. LEGER: ... des zones tampons.
M. TESSIER: ... mais c'est au centre de la nouvelle ville, un peu comme
l'aéroport de Dorval qui est intégré complètement
dans la municipalité de Dorval. Je n'ai pas l'impression qu'il se pose
des problèmes à Dorval.
M. LEGER: M. le Président, à Dorval il y a une
différence...
M. TESSIER: En somme, ce sera à peu près la même
situation à Sainte-Scholastique qu'actuellement à Dorval.
M. LEGER: Mais il y a une différence à Dorval, on n'avait
pas prévu que les zones de son c'est ce qui crée le
problème du couvre-feu à Dorval n'appartiennent pas au
fédéral dans la zone de son. Tandis qu'ici on a non seulement
acheté le territoire qui servira de pistes, mais aussi une zone
d'environ cinq à dix milles de chaque trou, qui sera de juridiction
fédérale, sur laquelle, comme le suggère l'article 19 plus
loin, le ministre des Affaires municipales devrait préparer un plan
indiquant les affectations du sol du territoire décrit à l'annexe
B qui comprend cette zone.
Comment se fait-il qu'un administrateur provincial pourrait avoir
juridiction sur une partie de territoire qui appartient au
fédéral?
M. TESSIER: Mais, il n'y a pas que l'administrateur qui est
concerné à ce sujet. Il y a le gouvernement, il y a le
ministère des Affaires municipales. Actuellement, nous négocions
quotidiennement avec le gouvernement fédéral. Nous sommes en
contact quotidien, à savoir les fonctionnaires du gouvernement
provincial et les fonctionnaires du gouvernement fédéral, de
même que le comité ministériel auquel j'ai fait allusion,
les quatre ministres, y compris le premier ministre. Lorsqu'il arrive des
problèmes assez sérieux, il y a rencontre au niveau des
ministres. Nous avons déjà eu d'ailleurs, une rencontre à
ce niveau et nous y avons réglé certains problèmes comme
les chemins de fer, les voies de circulation autoroutes et autres. Nous
sommes présentement à discuter de la question agricole.
Il y a une bonne partie du terrain exproprié qui ne servira pas
à l'aéroport lui-même. Concernant ces terrains, il faudra
évidemment et c'est ce que nous sommes à faire
déterminer la nature du sol en tenant compte des zones de bruit.
Actuellement, le gouvernement fédéral est à
négocier avec nous des ententes par lesquelles ces terrains seraient
loués à des cultivateurs pour l'exploitation agricole.
M. LEGER: M. le Président, est-ce que le ministre me permettrait
une question? Sur ces territoires, et, selon la loi fédérale, on
ne peut pas permettre de construction domiciliaire, pour éviter d'avoir
des problèmes de couvre-feu...
M. TESSIER: C'est cela.
M. LEGER: ... à cause du bruit.
M. TESSIER: D'accord.
M. LEGER: II se peut qu'une partie de ces territoires soient
affectés au niveau agricole comme le ministre vient de dire; mais cela
peut aussi être affecté au niveau des industries qui ferment leurs
usines et que la question du bruit ne peut pas déranger. A ce moment, ne
serait-il pas préférable, pour ne pas toujours être pris
entre deux paliers de juridiction, que l'administrateur ou le ministère
des Affaires municipales puisse trancher directement la question au sujet des
travaux à régler sur ces territoires soit par l'achat de ces
terrains, soit que le fédéral les remette au provincial, ou qu'il
y ait une commission mixte fédérale-provinciale qui aurait
juridiction là-dessus?
M. TESSIER: II est prévu dans la loi mon
collègue a dû le voir un plan d'affectation des
sols. Ce plan doit être préparé par le ministère des
Affaires municipales et, par la suite, il y aura un plan général
d'urbanisme. Or, le plan d'affectation des sols, comme le plan d'urbanisme, se
fait ou va se faire en étroite collaboration avec le gouvernement
fédéral.
C'est ce qui j'ai bien l'impression, j'en suis même
convaincu va régler le problème soulevé par le
député de Lafontaine.
M. LEGER: Si le fédéral, à un moment donné,
décide de louer ces terrains qui lui appartiennent à des fins qui
pourraient être contraires au plan du ministre actuellement...
M. TESSIER: Le gouvernement fédéral va se conformer, et ce
sont toutes nos discussions jusqu'à ce jour, au cours de tous les
derniers mois. Je vous dis que le gouvernement provincial a eu la plus
entière et étroite collaboration avec le gouvernement
fédéral à tous les paliers et dans tous les domaines. Le
gouvernement fédéral va se conformer et il va même
participer conjointement à l'établissement du plan d'affectation
des sols et il va également coopérer avec le service d'urbanisme
de la nouvelle ville et des villes environnantes pour la création de
plans directeurs d'urbanisme.
Or, les questions agricoles, commerciales et autres vont se
régler d'un commun accord.
M. LAURIN: Est-ce que le fédéral va payer des taxes, sur
les terrains qu'il possède, à la nouvelle
municipalité?
M. TESSIER: Comme on le sait, le gouvernement fédéral
n'est pas soumis à la taxation foncière mais, tout de même,
paie des subventions pour tenir lieu de taxes. C'est ce qui se fait dans toutes
les municipalités du Québec où le gouvernement
fédéral est propriétaire.
UNE VOIX: Egalement pour le gouvernement provincial.
M. LE PRESIDENT: Article 12?
M. TESSIER: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 13?
M. TESSIER: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 14?
M. TESSIER: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 15?
M. TESSIER: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 16?
MM. BERTRAND ET TESSIER: Adopté. M. LE PRESIDENT: Article 17? M.
TESSIER: Adopté.
M. VINCENT: M. le Président, à l'article 17 est-ce que le
ministre pourrait nous donner le nom de la personne qui sera nommée
comme administrateur?
M. TESSIER: Non, je ne suis pas en mesure de donner le nom parce qu'il
n'est pas encore choisi. Ce sera comme je l'ai dit, je le
répète un fonctionnaire actuel du ministère des
Affaires municipales. Qui sera-t-il? Il reste à le choisir.
M. VINCENT: Mais à quel moment la nomination sera-t-elle faite?
Très prochainement?
M. TESSIER: Assez prochainement.
M. LE PRESIDENT: Article 17 adopté. Article 18.
UNE VOIX: Adopté M. le Président, tel
qu'amendé.
M. LE PRESIDENT: Article 19?
M. LEDUC: Adopté.
M. TESSIER: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 20?
M. LEDUC: Tel qu'amendé. A l'article 20 ici, on demande aux
municipalités de présenter, d'ici 24 mois, un plan directeur.
Je me demande ce que le plan directeur je pose ici une question
au ministre, car selon moi, cela occasionnerait durant les deux années
un manque de contrôle est-ce qu'il ne serait pas
préférable que ce plan directeur soit présenté
obligatoirement au bout de 12 mois, provisoirement pour permettre à
l'administrateur ou à la personne responsable de la Commission
municipale de préparer son schéma final d'aménagement et
ne pas attendre 24 mois pour le faire?
M. TESSIER: Le schéma va être préparé bien
avant ça. Les règlements de zonage vont être adoptés
presque immédiatement. C'est ça l'important. Du moment que les
règlements de zonage sont adoptés, le plan directeur peut
être retardé sans créer aucun inconvénient. On aura
à ce moment-là le plan d'affectation du sol ou, si vous
préférez, le schéma d'aménagement, ce qui revient
au même. On aura les règlements de zonage, les règlements
de construction qui seront déjà adoptés. Quant au plan
directeur, d'après l'expérience des autres municipalités,
les
urbanistes peuvent difficilement le faire, parce que le territoire, vous
le comprenez, est très grand, très vaste. Peut-être qu'ils
peuvent le faire dans un an, il n'y a pas impossibilité, mais ça
peut peut-être prendre quinze mois. Il ne faudrait tout de même pas
arriver au bout de dix mois ou de douze mois avec un amendement seulement pour
prolonger le délai. Deux ans sont donc un délai maximum, mais
ça peut fort bien se faire dans un an ou peut-être quinze
mois.
M. LEGER: M. le Président, est-ce que, normalement, ce ne serait
pas plutôt d'ordre différent, d'un schéma
d'aménagement général au départ, suivi par la suite
par des plans directeurs venant des municipalités selon le schéma
général, pour, après ça, préparer un
règlement de zonage?
M. TESSIER: Non, ce n'est pas comme ça qu'est la procédure
normale. La procédure normale est celle décrite ici dans la loi ;
le plan directeur d'urbanisme, c'est un plan détaillé, tout
à fait détaillé. Ce qui importe, c'est le zonage d'abord.
Or, pour faire le zonage, il faut d'abord avoir le plan d'affectation du sol.
Il faut faire des études géomorphologiques...
M. LEGER: Géomorphologiques, vous l'avez.
M. TESSIER: ... comme je l'ai mentionné hier pour les projets de
loi 66 et 67 de Percé et Gaspé.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Article 20, adopté.
M. PAUL: M. le Président, l'honorable ministre se rappellera
qu'à l'occasion de l'étude en comité des projets de loi 66
et 67, il avait accepté une suggestion d'amendement aux fins de
soustraire du travail laborieux, onéreux, continu au ministre. Nous
avions demandé, M. le Président, que les mots "ministre des
Affaires municipales" soient remplacés par...
M. TESSIER: C'est déjà... Vous ne l'avez pas?
M. PAUL: Vous l'avez indiqué. Je ne l'ai pas. M. TESSIER: II y a
un amendement.
M. BERTRAND: Nous ne l'avons pas. Vous ne l'avez pas dans les documents
que vous nous avez remis.
M. TESSIER: Je m'excuse. Je pensais que tout le monde avait
l'amendement.
M. BERTRAND: Non, non.
M. PAUL: Je savais, M. le Président, que le ministre serait
généreux jusqu'au bout.
M. TESSIER: J'avais tenu compte de vos recommandations d'hier.
M. PAUL: Merci.
M. LEDUC: Nous avons un ministre intelligent!
M. VEILLEUX: C'est ce qu'on appelle gouverner ensemble.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Article 20, adopté.
M. LEDUC: Tel qu'amendé.
M. PAUL: Avec amendement, M. le Président.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Tel qu'amendé.
M. PAUL: Merci.
M. TESSIER: Tel qu'amendé.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Article 21.
M. LEDUC: Adopté, tel qu'amendé, M. le
Président.
M. BERTRAND: Tel qu'amendé.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Adopté tel qu'amendé. Article
22?
M. VEILLEUX: Adopté.
M. BERTRAND: Tel qu'amendé.
M. LEDUC: Tel qu'amendé, M. le Président.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Article 23?
M. VEILLEUX: Adopté.
M. LEDUC: Adopté.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Adopté. Article 24?
M. VEILLEUX: Adopté.
M. LEDUC: Adopté.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Adopté.
M. LEDUC: II y a un nouvel article qui s'insère ici, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Le nouvel article 25?
M. VEILLEUX: Adopté.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Adopté.
M. BERTRAND: Tel qu'amendé.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Tel qu'amendé.
L'article 25 devient l'article 26.
UNE VOIX: Adopté.
M. LEDUC: Adopté, tel qu'amendé.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Article 26, adopté tel qu'amendé.
Article 27?
DES VOIX: Adopté tel qu'amendé.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Adopté tel qu'amendé. Article
28?
M. LEDUC: II y a une modification, M. le Président, mais
adopté avec modification.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Article 28, adopté.
Article 28 devenu 29, adopté?
M. LEDUC: Adopté.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Article 29 devenu article 30.
Adopté?
DES VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Adopté. Article 30, devenu 31.
DES VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Adopté. Article 31? Adopté.
M. HARDY (Président du comité plénier): M. le
Président, j'ai l'honneur de faire rapport que le comité a
procédé à l'étude du bill numéro 60 et l'a
adopté avec des amendements.
M. LE PRESIDENT: Ces résolutions seront-elles
agréées?
Troisième lecture de consentement.
Troisième lecture
M. LAURIN: M. le Président, en troisième lecture, notre
groupe se voit obligé de voter contre ce projet de loi parce que l'autre
palier de gouvernement dont je parlais s'est approprié une part
disproportionnée de territoire qui dépassait les besoins de la
cause. Nous voterons contre le projet, en deuxième lieu, parce
qu'après les explications que nous avons entendues de la part du
ministre des Affaires municipales, il ne nous semble pas que le gouvernement du
Québec sera en mesure d'exercer l'autorité appropriée sur
ce territoire et qu'il n'a l'intention de poser aucun geste pour réparer
justement cette cession inappropriée, trop considérable de
territoire.
DES VOIX: Adopté sur division.
UNE VOIX: On ne demandera pas le vote?
M. LE PRESIDENT: Sur la motion du ministre des Affaires municipales sur
la troisième lecture, adopté sur division.
A l'ordre, s'il vous plaît!
Allons-nous suspendre la séance et ajourner?
DES VOIX: Non, nous continuons.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Qu'est-ce qu'on fait?
M. LE PRESIDENT: Affaires de la nuit!
M. BERTRAND: M. le Président, nous avons suffisamment
dialogué.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je n'aurai pas participé. Je n'ai pas
eu mes réponses.
M. VEILLEUX: Vous étiez absent!
M. LEVESQUE: M. le Président, je dois dire que les gens de ce
côté-ci de la Chambre semblent très désireux de
poursuivre les travaux mais d'un autre côté, on comprend que
l'heure avance. Il est déjà une heure quarante-cinq. Nous
pourrions peut-être suggérer l'ajournement de la Chambre à
ce matin, dix heures trente.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pour répondre aux voeux du leader. Il
est fatigué.
M. LEVESQUE: M. le Président, cette provocation m'amène
à suggérer... Une chance que je n'ai pas des réactions
aussi vives que mon collègue d'en face, à certains moments.
M. PAUL: M. le Président, je ne dirai pas qu'on m'a accusé
d'être lion!
M. LEVESQUE: Alors dans un esprit de collaboration et de bonne entente,
je suggère l'ajournement de la Chambre à ce matin, dix heures
trente.
M. LE PRESIDENT: La Chambre ajourne ses travaux à ce matin, dix
heures trente.
(Fin de la séance: 1 h 43)