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(Quinze heures huit minutes)
M. LAVOIE (président): Qu'on ouvre les portes, A l'ordre,
messieurs!
Affaires courantes. Présentation de pétitions. Lecture et
réception de pétitions. Présentation de rapports de
comités élus.
Commission des bills privés et publics
M. LEVESQUE: M. le Président, la commission des bills
privés et des bills publics a l'honneur de soumettre à votre
honorable Chambre son sixième rapport. Votre commission a
décidé de rapporter avec des modifications les bills suivants:
119, 130, 176, 240 et, sans modification, les bills suivants: 104, 108, 115 et
225.
M. LE PRESIDENT: Ce rapport sera-t-il accepté?
Accepté.
Présentation de motions non
annoncées
M. PAUL: M. le Président, qu'il me soit permis de faire motion
pour que le nom de M. Gauthier, député de Berthier soit
substitué à celui de M. Demers, comme membre de la commission des
bills privés et des bills publics.
M. LE PRESIDENT: Cette motion sera-t-elle adoptée?
Adopté.
M. LEVESQUE: Je profite de l'occasion, M. le Président, pour
demander le consentement unanime afin qu'un peu plus tard dans la
journée, si j'ai des modifications de ce genre à faire, la
Chambre les accepte.
M. BERTRAND: Très bien.
M. LE PRESIDENT: Présentation de bills privés.
Présentation de bills publics.
M. LEVESQUE: Article C.
Projet de loi no 56 Première lecture
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre de la Justice propose la
première lecture du projet de loi modifiant de nouveau la Loi des
tribunaux judiciaires.
L'honorable ministre de la Justice.
M. CHOQUETTE: M. le Président, les articles 1 et 2 portent de
douze à quinze le nombre des juges de la cour du Banc de la reine; cinq
d'entre eux et non plus quatre devront résider dans la région de
Québec et dix dans celle de Montréal, au lieu de huit comme la
loi le prévoit présentement.
L'article 3 donne au tribunal du district de Hull et à ses
officiers une juridiction concurrente avec le tribunal et les officiers du
district de Pontiac.
Les articles 4 et 7 corrigent une erreur. L'article 5 porte de 40
à 41 le nombre des juges de la cour du Bien-Etre social, et l'article 6
porte de 102 à 108 le nombre de juges de la cour Provinciale.
M. LE PRESIDENT: Cette motion sera-t-elle adoptée?
Adopté.
M. LE SECRETAIRE ADJOINT: Première lecture de ce bill. First
reading of this bill.
M. LE PRESIDENT: Deuxième lecture à la prochaine
séance.
M. LEVESQUE: Article E.
Projet de loi no 62 Première lecture
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre de la Justice propose la
première lecture du projet de loi modifiant la Loi des poursuites
sommaires.
M. CHOQUETTE: L'article 1 précise que pour les fins de la Loi des
poursuites sommaires les mots "juge de paix" comprennent les juges des
Sessions, les juges de la cour Provinciale et les juges municipaux.
L'article 2 prévoit que la plainte pour une contravention commise
dans un aéronef au cours d'une envolée peut être
logée soit dans la circonscription territoriale où
l'envolée a commencé soit dans celle ou elle a pris fin soit dans
toute circonscription que l'aéronef a survolée au cours de
l'envolée.
L'article 3 traite du mandat de perquisition. Il prévoit d'abord
qu'un tel mandat doit être rapporté, exécuté ou non,
au plus tard quinze jours après la date de sa délivrance. Un tel
mandat, sauf autorisation écrite du juge qui le délivre, ne peut
être exécuté qu'un jour juridique entre sept heures du
matin et huit heures du soir. Cet article prévoit aussi que c'est le
greffier qui a la garde de la chose saisie, à moins que sur demande le
juge désigne une autre personne. Tout intéressé peut, avec
la permission du juge, examiner la chose saisie. Cet article prévoit
aussi qu'à moins qu'une plainte soit modifiée une chose saisie ne
peut être détenue que pour une période de 90 jours. Cette
prériode peut cependant être prolongée par le juge pour une
autre période n'excédant pas 90 jours. A l'expiration de la
période légale de détention ou, s'il y a procès,
à partir du
moment où la chose n'est plus requise, la personne y ayant droit
peut demander au juge que la chose lui soit remise. Si personne n'a
légalement droit à la chose, le juge en prononce la confiscation.
Si aucune demande n'a été faite dans les deux ans, la chose est
confisquée de plein droit.
L'article 4 a trait à la plainte. Il prévoit que la
plainte doit être faite par écrit et qu'elle doit être
appuyée du serment si on réclame la délivrance d'un
mandat. Il prévoit qu'une même plainte peut comporter plusieurs
chefs, que toute personne, sauf dans les cas où une autorisation
spéciale est requise, peut loger une plainte et que la continuité
d'une contravention constitue, jour par jour, une contravention distincte.
L'article prévoit que si on poursuit un défendeur pour une
plainte autre que la première et qu'il est passible, de ce chef, de
pénalités supérieures, on doit mentionner dans la plainte
pour quelle contravention autre que la première la plainte est
portée. Il incombe au plaignant de prouver la récidive.
L'article 5 prévoit que la prescription d'une plainte suivant la
Loi des poursuites sommaires est celle que prévoit la Loi des actions
pénales.
Les articles 6 et 7 prévoient que la signification de la plainte
à un individu ou à une corporation se fera suivant une
procédure analogue à celle que prévoit le code de
procédure civile.
L'article 7 prévoit aussi qu'une corporation comparaît par
avocat ou par l'un de ses officiers.
L'article 8 prévoit qu'un mandat d'arrestation est
exécutoire dans tout le Québec et qu'il peut être
délivré ou exécuté même un jour
férié.
L'article 9 prévoit que l'assignation des témoins se fait
de la même façon que l'assignation du défendeur.
Les article 10 et 11 prévoient qu'un mandat d'amener contre un
témoin peut être délivré et exécuté
comme le mandat d'arrestation du défendeur.
L'article 12 supprime la nécessité, pour un avocat qui
veut enregistrer un plaidoyer de culpabilité au nom de son client,
d'avoir un écrit de ce dernier.
L'article 13 prévoit que les dépositions peuvent
être prises non seulement à la sténographie mais aussi de
toute autre manière autorisée par le lieutenant-gouverneur en
conseil.
Les article 14 et 15 clarifient les textes relatifs à
l'audition.
L'article 16 supprime la règle qui veut qu'un procès ne
puisse être ajourné à plus de 15 jours, sauf avec le
consentement des parties.
L'article 17 prévoit que le jugement rendu et consigné par
le greffier au procès-verbal qui doit être dressé suivant
un modèle approuvé par le gouvernement et qui est
contresigné par le juge de paix. Il prévoit également
qu'un défendeur peut opposer, à l'encontre d'une plainte
subsé- quente, lui reprochant la même contravention pour la
même date, un certificat du juge ou du greffier constatant le jugement
rendu sur la plainte précédente.
L'article 18 supprime l'alinéa qui traitait du tarif des
honoraires et l'article 19 permet au gouvernement d'établir le tarif des
honoraires payables aux greffiers, agents de la paix, avocats, témoins
et aux autres personnes chargées de l'application de la loi. Ces
honoraires font partie des frais de la cause.
L'article 20 précise que plusieurs délais peuvent
être accordés pour le paiement de l'amende et des frais.
L'article 21 supprime la nécessité de faire viser un
mandat de saisie d'exécution.
L'article 22 prévoit qu'en cas de paiement partiel de l'amende et
des frais, la période d'emprisonnement doit être réduite
proportionnellement.
L'article 23 prévoit une pénalité n'excédant
pas $500 avec ou sans frais, pour le cas où la loi qui crée la
contravention n'a pas prévu de pénalité. En un tel cas, la
poursuite devra être autorisée au préalable par le
procureur général.
Les articles 24 à 28 abrogent, modifient ou remplacent, pour fin
de concordance, certaines formules de la loi.
L'article 29 prévoit la façon de disposer les choses
saisies par mandat de perquisition avant l'entrée en vigueur des
présents amendements.
M. LE PRESIDENT: Cette motion sera-t-elle adoptée?
M. BERTRAND: Adopté.
M. LE SECRETAIRE ADJOINT: Première lecture de ce bill. First
reading of this bill.
M. LE PRESIDENT: Deuxième lecture à une prochaine
séance.
Déclarations ministérielles. Dépôts de
documents. Questions des députés.
L'honorable chef de l'Opposition.
Questions et réponses
Budget Benson
M. BERTRAND: M. le Président, le premier ministre est-il
disposé à répondre à la question que je lui ai
posée la semaine dernière au sujet du budget Benson? S'il ne
l'est pas, nous pouvons attendre à demain. Il n'y a pas d'urgence
extraordinaire.
M. BOURASSA: J'ai examiné les questions, M. le Président.
Le ministre des Finances est présentement à Ottawa à la
conférence fédérale-provinciale. J'ai dit qu'il y avait
environ la moitié des $300 millions qui reviendrait au
Québec. Et même si on ne peut pas être absolument
précis sur les montants parce qu'il y a encore des négociations
à terminer sur les projets d'immobilisation des ministères,
notamment, qui doivent être orientés dans les régions
à croissance lente, principalement le Québec. Sur les $23
millions, est-ce qu'il y a $20 millions qui iront au Québec, est-ce que
c'est $22 millions, est-ce que c'est $18 millions? Cela reste à
compléter.
C'est la même chose dans le cas de l'augmentation du budget de la
Société centrale d'hypothèques. Sur les $40 millions,
est-ce qu'il y a $30 millions qui iront au Québec? Nous prévoyons
un minimum de $20 millions, mais cela peut aller jusqu'à $30 millions.
Pour être aussi précis que possible dans les circonstances, je
peux dire qu'au-delà de la moitié des $300 millions qui reviendra
au Québec et dans cette somme environ les deux tiers sont sous forme de
prêts et environ un tiers sous forme de subventions.
M. BERTRAND: Le montant qui doit venir pour l'aéroport de
Sainte-Scholastique et servir à la construction de routes, est-ce qu'il
sera versé au ministère de la Voirie qui verra, lui, à la
construction des routes ou si cet argent doit être dépensé
directement par le gouvernement fédéral?
M. BOURASSA: J'ai compris que c'est le ministère de la Voirie qui
avait le contrôle.
M. BERTRAND: Qui recevrait le montant?
M. BOURASSA: Et qui avait le contrôle dans le tracé des
routes. C'est une subvention aux dépenses que doit faire le ministre de
la Voirie dans le secteur de l'aéroport de Sainte-Scholastique.
Est-ce que cela répond aux questions du chef de l'Opposition? Je
ne peux pas être absolument précis.
M. BERTRAND: Nous aurons l'occasion d'y revenir, d'ailleurs.
M. BOURASSA: D'accord.
M. LE PRESIDENT: Une question supplémentaire?
M. JORON: Une question supplémentaire au premier ministre si vous
me le permettez, M. le Président. Est-ce que le premier ministre
pourrait nous dire s'il a fait la part entre ce qui est des prêts et des
subventions, et si le calcul a été fait de ce qui est des
accélérations de travaux approuvés qui devaient se faire
sur une période d'un an, de deux ans ou de trois ans et qui seront
exécutés plus tôt? Quelle est la partie qui est vraiment
nouvelle là-dedans et quelle est la partie qui est une
accélération?
M. BOURASSA: M. le Président, si on examine le budget je
suis convaincu que, puisqu'il l'a commenté, le député de
Gouin l'a fait on voit que la caisse d'aide conjoncturelle, c'est
nouveau. Pour ce qui a trait à l'aéroport international de
Montréal, c'est également nouveau.
Les $40 millions qui viennent en surplus du programme régulier
pour les habitations à loyer modique, c'est également nouveau.
L'augmentation de 10 p. c. pour l'assurance-chômage, ça aussi
c'est nouveau. Quant aux projets d'immobilisations, il y a peut-être $23
millions sur $300 millions qui peuvent être considérés
comme une accélération. Mais le reste, tel que c'est
présenté, apparaît entièrement nouveau.
M. Marchand a aussi annoncé, vendredi dernier, un projet de loi
qui prévoit des subventions pour la région de Montréal,
notamment, et pour d'autres régions du Québec; 10 p. du capital
investi, plus $2,000 par nouvel emploi. On estime que, d'ici deux ou trois ans,
cela veut dire $130 millions, dont peut-être une centaine pour le
Québec. C'est en plus de ce qui a été annoncé par
M. Benson, jeudi soir.
M. BERTRAND: M. le Président, dans les subventions d'Ottawa en
vertu du nouveau projet Marchand, est-ce que le projet de la compagnie Kruger,
qui devait bâtir à Saint-Félicien, a finalement
été accepté par le gouvernement canadien?
M. BOURASSA: J'ai parlé à M. Kruger hier et d'autres
ministres lui ont également parlé. Evidemment, à cause de
la saison, est-ce qu'on peut commencer la construction immédiatement? Je
pense bien que, d'ici quelques jours, on devrait pouvoir faire une annonce
publique quant à cette entreprise. Mais ça, c'est quand
même distinct de l'ensemble des propositions qui ont été
faites. Cela relève des subventions antérieures et normales du
ministère de l'Expansion économique. Aujourd'hui même, je
suis en contact avec M. Kruger pour savoir exactement ce qui peut être
annoncé publiquement et si tout a été
complété à ce sujet. Nous voulons être absolument
certains, avant de l'annoncer, que les travaux pourront être
commencés.
M. BERTRAND: C'est mieux.
M. BOURASSA: Le chef de l'Opposition est au courant des
expériences passées au sujet de cette entreprise. Alors, on veut
être certain avant d'en parler publiquement.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Rouyn-Noranda.
Petits producteurs de bois à pâte
M. SAMSON: M. le Président, j'aimerais poser une question
à l'honorable ministre des
Terres et Forêts. Comme nous le savons, depuis un certain temps
déjà, plusieurs compagnies de pâtes et papier ont
annoncé qu'elles cessent leurs activités ou l'achat de bois des
petits producteurs. Par contre, aujourd'hui, on apprend une bonne nouvelle. Une
de ces compagnies achèterait quelque chose comme un million de cordes de
bois des petits producteurs. Le ministre a-t-il entrepris des consultations au
niveau des autres compagnies pour savoir s'il y aurait possibilité, dans
un avenir prochain, d'un déblocage, soit que les compagnies continuent
d'acheter du bois à pâte ou encore qu'elles puissent faire de
l'exploitation forestière dans le domaine des pâtes et papier?
M. DRUMMOND: M. le Président, l'accord signé entre l'Anglo
et les producteurs, annoncé l'autre jour, c'est, je pense, un
déblocage des ventes pour l'année qui vient de se terminer. Un
comité a été établi il y a quelques mois pour
étudier toute la mise en marché du bois dans la province de
Québec, et j'espère avoir un rapport de ce comité
tantôt. Evidemment, je ferai part de ces nouvelles à la
Chambre.
M. BELAND: Question supplémentaire, M. le Président.
L'entrée du bois coupé durant la période 1969-1970
a-t-elle été incluse dans l'entente?
M. DRUMMOND: M. le Président, je viens juste d'arriver à
Québec. Il n'y a pas beaucoup de fonctionnaires travaillant
là-dessus aujourd'hui. Pour cette raison, il m'est un peu difficile
d'obtenir les informations nécessaires afin de faire des commentaires
mais, selon les nouvelles que j'ai reçues, les deux parties en cause
seraient satisfaites. J'ajouterai que c'est probablement exact.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Maisonneuve.
Communiqué des terroristes
M. BURNS: Ma question s'adresse au ministre de la Justice. Est-il exact
qu'un communiqué de la cellule qui détenait M. Cross, émis
le jour même de la mort de M. Pierre Laporte et demandant à la
cellule Chénier de surseoir à l'exécution de leur otage,
aurait été intercepté par la Gendarmerie royale du Canada
qui n'en aurait pas transmis la teneur à la Sûreté du
Québec ni à la ville de Montréal?
M. CHOQUETTE: Ceci est totalement faux sous tous rapports, et je tiens
à profiter de l'occasion pour faire une mise au point quant au fait que
le contenu de ce communiqué aurait indiqué, de la part de la
cellule Libération, une directive à l'égard de la cellule
Chénier.
Il est exact qu'il y a eu, en date du 17 octobre 1970, un
communiqué émis par la cellule Libération, mais ce
communiqué ne contenait aucune espèce d'incitation à
l'égard de la cellule Chénier de retenir un acte de violence
quelconque à l'égard de l'ancien député de
Chambly.
Maintenant, si les honorables députés veulent que je donne
lecture du communiqué en question, je puis le faire.
Le communiqué porte le numéro 10, et est daté du 17
octobre 1970, 10 heures du matin: "Les autorités en place ont
déclaré la guerre aux patriotes québécois.
Après avoir feint de négocier pendant plusieurs jours, elles ont
enfin dévoilé leur vrai visage d'hypocrites et de terroristes.
"L'armée coloniale est venue prêter main-forte aux "bouncers" de
Drapeau, le "dog". Leur but: Terroriser la population par des arrestations et
des perquisitions massives et illégales, par les grands
déploiements policiers, qui font du bruit, par les déclarations
fracassantes sur la situation d'urgence au Québec, etc. "Il leur fait,
à tout prix, briser cette sympathie dangereuse, qu'un grand nombre de
Québécois ressentent à l'égard des patriotes du
Front de libération du Québec depuis l'enlèvement de J.
Cross et de Pierre Laporte, depuis la publication du manifeste du Front de
libération du Québec. En conséquence, le Front de
libération du Québec déclare: "1) La sentence de mort
contre J. Cross est indéfiniment suspendue. J. Cross est prisonnier du
Front de libération du Québec et ne sera libéré que
lorsque les autorités en place auront accédé à nos
demandes. Il ne sera exécuté qu'advenant le fait que la police
politique fasciste nous découvre et tente d'intervenir. "2) Quant
à Pierre Laporte, la cellule Chénier, du Front de
libération du Québec, étudie présentement son cas
et fera connaître sa décision sous peu. "3) Nous demandons,
à toutes les cellules d'action du Front de libération du
Québec, ainsi qu'à tous les Québécois
déterminés, d'entrer en action afin de casser les
décisions des autorités fascistes en vue de la libération
des patriotes prisonniers politiques. "Nous vaincrons. Front de
libération du Québec";
Suivent deux remarques. Remarque 1: "Nous remercions Me Robert Lemieux
pour son dévouement qui, heureusement ou malheureusement, n'a servi
qu'à démasquer l'hypocrisie des autorités fascistes."
Remarque 2: "Nous joignons, à ce communiqué, une lettre
personnelle de J. Cross à son épouse."
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Chicoutimi.
CRD du bas du fleuve
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Prési-
dent, je désirerais poser une question au ministre des Affaires
municipales. Le ministre des Affaires municipales pourrait-il nous dire s'il a
l'intention de changer son attitude à l'endroit du CRD de la
région du bas du fleuve à la suite des interventions vigoureuses
de l'archevêque de Rimouski, Mgr Louis Lévesque?
M.TESSIER: M. le Président, je n'ai aucunement l'intention de
changer d'idée à ce sujet. Je tiens à préciser que
l'archevêque de Rimouski est loin d'être contre mes
idées.
M. BERTRAND: II a changé d'idée?
M. TESSIER: J'ai eu l'occasion de le rencontrer, au cours de la
dernière fin de semaine, et il m'a dit...
M. BERTRAND : II est allé à Canossa.
M. TESSIER: ... être en plein accord avec les déclarations
que j'avais faites à ce sujet. Il a déploré lui aussi, que
l'on ait sorti du contexte...
M. BERTRAND: Encore une fois!
M. TESSIER: ... des parties de phrases. Je fais remarquer encore une
fois que c'est toujours le même journaliste.
M. BERTRAND: C'est toujours le même ministre.
M. CARDINAL: C'est ça.
M. TESSIER: Je dirai cette fois à mon honorable ami...
M. BERTRAND: On pourrait changer le ministre.
M. TESSIER: Ce n'est pas le même ministre, mais il s'agit d'un
archevêque.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Question additionnelle, M. le
Président. Je veux bien prendre la parole du ministre des Affaires
municipales concernant les conversations privées qu'il a eues avec S.E.
Mgr Lévesque. Il reste que tous les journaux ne peuvent pas tous avoir
tort en même temps sur le même sujet, et, compte tenu de ce que
vient de dire le ministre des Affaires municipales...
UNE VOIX: Venez-en à la question.
M. LEVESQUE: La question, M. le Président.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'en viens là. M. LEVESQUE La question,
s'il vous plaît.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le leader de la Chambre, M. le
Président, devrait me laisser le temps de formuler ma question de
façon que la phrase...
UNE VOIX: C'est long.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... soit bien française. M. le
Président, la question ne s'adresse donc pas à M. Lévesque
le député, mais au ministre des Affaires municipales. Est-ce
à dire, compte tenu de tout ce qui a été rapporté
dans les journaux, que Mgr Lévesque a été mal cité
ou que c'est le ministre qui interprète aujourd'hui à sa
façon les propos de Mgr Lévesque tels qu'ils ont
été rapportés par tous les journaux de langue
française et de langue anglaise?
M. TESSIER: M. le Président, je ferai remarquer à mon
honorable ami d'en face qu'un seul journaliste a rapporté cette nouvelle
et que, par la suite, la nouvelle a été reprise par d'autres
journaux, bien entendu. Je ne suis pas prêt à dire que tous les
journalistes ont mal interprété ses paroles ou les miennes, parce
qu'il y en a qui les ont très bien interprétées. Je tiens
à citer entre autres un hebdomadaire de chez nous, qui s'appelle le
Rimouskois...
M. BERTRAND: Ce n'est pas votre journal?
M. TESSIER: ... et qui a très fidèlement rapporté
mes paroles et ma pensée.
M. BERTRAND: Oui, c'est votre journal.
M. TESSIER: Ce ne sont donc pas tous les journalistes, mais
peut-être un ou quelques-uns seulement qui sont l'exception, et c'est
ça qui est malheureux, parce qu'à ce moment-là, les
nouvelles et les rumeurs de transmettent et se répètent et
ça va évidemment dans tous les journaux.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Une question additionnelle, M. le
Président, sur le même sujet. Est-ce que le député
de Rimouski, pour clarifier la situation, pourrait déposer en Chambre le
texte de ses propres déclarations et le texte des commentaires de Mgr
Lévesque, archevêque de Rimouski, afin que nous sachions bien qui
des deux a raison?
M. BOURASSA: M. le Président, je pourrais envoyer une copie du
texte au député de Chicoutimi...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Avez-vous celui de l'archevêque?
M. BOURASSA: ...si c'est permis, selon les règlements. Le
député de Rimouski, ministre des Affaires municipales signale le
rôle excellent
et efficace joué par le CRD. Il fait des commentaires sur son
rôle d'interlocuteur...
M. CARDINAL: C'est hors texte.
M. BOURASSA: ... par rapport aux députés et
libéraux et de l'Union Nationale.
M. CARDINAL: Ce n'est pas sérieux.
M. BOURASSA: ... C'est mentionné dans le texte
également.
M. BERTRAND: II a déjà assez de difficulté à
se déprendre, laissez-le faire.
M. BOURASSA: ... que les députés... M. le
Président, non, je rétablis simplement les faits. Si on lit le
texte de l'allocution du ministre des Affaires municipales, je pense que
ça devrait satisfaire...
M. BERTRAND: II a dit l'autre jour qu'il n'avait pas de texte.
M. BOURASSA: Non, non, il y a ici un texte. Cela devrait satisfaire le
député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je suis bien d'accord
pour que le premier ministre dépose le texte en question, parce que je
sais que la déclaration de son ministre l'a fort embarrassé et
qu'il a demandé qu'on lui prépare le texte qu'il est
disposé à déposer cet après-midi.
M. BOURASSA: Le texte a été déposé.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je veux bien qu'il le
dépose mais j'aimerais quand même demander au ministre des
Affaires municipales de nous faire tenir le sien afin qu'on fasse ce qu'on
appelle savamment la collation des textes.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Beauce.
M. LEGER: Question supplémentaire, M. le Président.
M. ROY (Beauce): J'aurais une question à poser à
l'honorable...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre!
Le député de Lafontaine me signale qu'il aurait une
question additionnelle sur le même sujet.
M. LEGER: M. le Président, le ministre a fait connaître
récemment certains des objectifs qu'il poursuivait dans la
renégociation de l'entente sur l'Est du Québec, en ce qui
concerne le CRD et la route de ceinture. Est-ce que le ministre pourrait nous
donner une vue de la position du Québec dans cette renégociation,
en nous indiquant la liste des principaux changements qu'il préconise
par rapport à l'entente actuelle?
M. TESSIER: II est difficile, lorsqu'on est en négociation avec
des représentants d'un autre gouvernement, de dévoiler les
pourparlers. Dès que cette négociation aura été
conclue, lorsqu'elle sera terminée, elle sera évidemment rendue
publique. Je pourrais tout de même ajouter que la différence qu'il
y aura dans la nouvelle entente Canada-Québec pour une durée de
cinq ans comparativement à celle signée par le gouvernement
précédent en 1968, c'est qu'il y aura priorité pour tous
les projets créateurs d'emplois.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Beauce.
M. TESSIER: Et de plus, avec votre permission, M. le Président,
c'est que ce ne sera pas comme l'entente précédente, de la poudre
aux yeux...
UNE VOIX: A l'ordre! A l'ordre!
M. TESSIER: ... où en somme il n'y avait...
DES VOIX: A l'ordre!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! L'honorable député de
Beauce.
Syndicalisme agricole
M. ROY (Beauce): M. le Président, j'aurais une question à
poser à l'honorable ministre de l'Agriculture et de la Colonisation.
Est-ce que le ministre pourrait nous informer s'il a l'intention de
présenter prochainement un projet de loi qui serait
préparé concernant le syndicalisme agricole, tel que
réclamé depuis longtemps par l'UCC?
M. LEVESQUE: Cette question a déjà été
posée.
M. TOUPIN: Cette question a déjà été
posée, et on y a répondu. Le premier ministre y a répondu
et j'y ai répondu également.
UNE VOIX: La loi a été adoptée?
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Maskinongé.
M. VINCENT: Question supplémentaire, simplement pour informer les
membres de cette Chambre. A l'heure actuelle et cette question s'adresse
au premier ministre l'UCC rencontre tous les députés qui
siègent à l'Assemblée
nationale, afin de leur présenter un mémoire concernant le
syndicalisme agricole. La semaine dernière ou il y a quinze jours, je
faisais une suggestion au premier ministre, concernant le dépôt en
première lecture seulement du projet de loi pour que nous puissions par
la suite l'étudier à la commission parlementaire de l'Agriculture
et de la Colonisation avant la prochaine session. Est-ce que le premier
ministre pourrait prendre cette question comme préavis afin de nous
répondre demain ou après-demain?
M. BOURASSA: Le député propose-t-il qu'on dépose le
projet de loi avant la fin de la présente session?
M. VINCENT: En première lecture, ce qui nous permettrait d'avoir
cet instrument de travail en commission parlementaire au cours de
l'intersession.
M. BOURASSA: Je ne peux rien promettre au député. On va
faire l'impossible pour que ce projet de loi soit terminé avant la fin
de la session.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Maskinongé.
M. PAUL: M. le Président, nous sommes heureux de voir le ministre
de la Justice revenu avec nous.
M. VEZINA: Question.
Ravisseurs de M. Cross
M. PAUL: Je vais satisfaire la curiosité du député
de Montmorency. La semaine dernière, le premier ministre nous a dit que
probablement aujourd'hui le ministre de la Justice serait en mesure de nous
donner des informations assez complètes quant aux
événements qui se sont déroulés à l'occasion
de l'arrestation des ravisseurs de M. Cross.
Nous aimerions, si possible, recevoir des informations dans un
communiqué qui pourrait nous réciter le film des
événements. Peut-être que le ministre de la Justice
pourrait nous dire s'il est vrai qu'une rançon aurait été
payée par un pays étranger pour la libération de M. Cross,
et quelles ont été les différentes conditions qui ont
présidé à la libération de M. Cross.
M. CHOQUETTE: M. le Président, je m'excuse de ne pas avoir
été à la Chambre jeudi et vendredi derniers. On comprendra
que les événements ont fait que je ne pouvais pas être ici
pour éclairer les honorables députés sur les
événements qui, d'ailleurs, se déroulaient au même
moment.
Mais à l'invitation de l'honorable député de
Maskinongé, je peux faire une brève revue des
événements, et si les honorables députés ont des
questions additionnelles à poser et auxquelles je serai en mesure de
répondre, je répondrai immédiatement, sur-le-champ ou
demain.
M. BERTRAND: Demain. M. PAUL: Oui.
M. BERTRAND: Voici pourquoi. C'est que nous avons le bill de
Québec qui doit être adopté au plus tôt.
M. PAUL: M. le Président, si le ministre le permet, l'an dernier,
quand les événements du 7 octobre se sont déroulés
à Montréal, nous avions donné un film des
événements et, par la suite, les députés ont pu
poser des questions pour apporter certaines précisions afin que nous
soyons bien renseignés.
M. CHOQUETTE: M. le Président, je répondrai in extenso,
à la question posée par le député de
Maskinongé. Mais je peux l'assurer immédiatement qu'aucune
rançon n'a été payée aux ravisseurs.
M. LE PRESIDENT: L'honorable...
M. VINCENT: M. le Président, juste une question
supplémentaire. Peut-être que le ministre pourrait nous informer
également, demain ou après-demain, si les sept personnes qui ont
été exilées, en quelque sorte, à Cuba perdront leur
citoyenneté canadienne.
M. LE PRESIDENT: C'est de juridiction fédérale.
M. VINCENT: Non, non, M. le Président, il y a quand même...
Il est probable que le ministre de la Justice aura à faire une
recommandation...
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Saint-Maurice.
Voyage du ministre des Transports
M. DEMERS: M. le Président, ma question s'adresse à
l'honorable premier ministre. Le premier ministre pourrait-il motiver le voyage
de son ministre des Transports à Paris et en Angleterre, et pourrait-il
aussi confirmer ou infirmer le télégramme qu'il aurait
reçu de ce collègue hier soir?
M. BOURASSA: Je n'ai pas reçu de télégramme hier.
Le ministre des Transports m'a fait part...
M. DEMERS: Comme ça... Excusez!
M.BOURASSA: Je n'ai pas reçu de télégramme hier
soir.
M. DEMERS: Ainsi, c'est faux la rumeur qui circule au sujet du
télégramme disant: Je suis à Paris ce soir, coucherai en
France demain! Cela n'existe pas?
M. BOURASSA: On voit, M. le Président, que, pour certains, la
période des fêtes est déjà commencée! Pour
répondre à la question du député, le ministre des
Transports m'a fait part de l'opportunité d'un voyage en France, avec
deux ou trois de ses fonctionnaires, pour examiner certains problèmes
techniques concernant l'utilisation de l'appareil DCL-215.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Un voyage de reconnaissance!
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Bourget.
Taxe de vente
M. LAURIN: Ma question s'adresse au premier ministre. Le premier
ministre est sûrement au courant que le comité d'action des villes
et des municipalités défavorisées par la redistribution de
la taxe de vente vient de protester contre la lenteur du gouvernement à
réaliser une promesse maintes fois répétée durant
la campagne électorale et depuis la reprise des travaux
parlementaires.
Le premier ministre peut-il nous dire si un projet de loi concernant la
redistribution de la taxe de vente aux municipalités
défavorisées sera déposé d'ici la fin de la
session?
M. BOURASSA: M. le Président, j'avais fait mention de
l'opportunité d'une telle réforme lors du discours du budget, le
18 juin. Justement, il y a quelques jours, j'ai discuté avec M. Marcel
Bélanger, qui est conseiller fiscal du gouvernement, d'une telle
réforme. La position du gouvernement sera rendue publique à la
conférence provinciale-municipale qui a été
convoquée pour le mois de mars, à l'occasion du congrès de
l'Union des municipalités à la fin de septembre ou au
début d'octobre.
M. LAURIN: Etant donné que beaucoup de ces municipalités
doivent présenter leur budget prochainement, est-ce que cela veut dire
que, pour elles, il y a une année de perdue et que la réforme est
reportée à 1972?
M. BOURASSA: J'ai dit tantôt que, dans mon discours du budget, je
n'avais pas mentionné que cela serait fait cette année, mais que
le gouvernement étudiait des réformes à apporter à
cette formule de redistribution qui est imparfaite, nous l'admettons et nous
l'avons dit.
Ayant participé à l'établissement de cette formule
transitoire lorsque j'étais secrétaire de la commission
Bélanger, je sais qu'il y avait un gaspillage considérable
dû à l'évasion géographique et commerciale et
à la distribution qui se faisait par zones, à ce
moment-là. Mais nous préparons une réforme de cette
redistribution qui devrait être rendue publique à cette
conférence municipale-provinciale.
M. LAURIN: Vous m'excuserez, mais j'avais pensé qu'étant
donné l'efficacité administrative, cela serait fait cette
année.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Lévis.
M. ROY (Lévis): M. le Président, ma question s'adresse
à l'honorable ministre de l'Industrie et du Travail. Pardon, de
l'Industrie et du Commerce.
M. BOURASSA: Québec au travail!
UNE VOIX: C'est l'année que nous n'avons pas!
La Pik Mills
M. ROY (Lévis): Le ministre entend-il prendre les mesures
nécessaires pour empêcher la fermeture d'usines comme la Pik Mills
ou d'autres qui ont à faire face à une concurrence qui ne leur
permet pas de payer à leurs ouvriers un salaire raisonnable et qui
doivent concurrencer les pays étrangers qui viennent inonder notre
marché de leurs marchandises?
M. LEVESQUE: La dernière partie de la question indique bien qu'il
s'agit d'un domaine qui touche l'administration fédérale. Tout ce
que je puis dire à l'honorable député, c'est que nous
faisons régulièrement des représentations auprès du
gouvernement fédéral afin de protéger les
intérêts du Québec.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Une question additionnelle, M. le
Président. Est-ce que le ministre de l'Industrie et du Commerce qui
vient de nous parler des représentations qu'ils font
régulièrement pourrait, avec l'aide de ses collègues,
publier le livre blanc de ces recommandations, de ces voeux et prières
qui sont adressés régulièrement au gouvernement central et
dont on ne voit aucun résultat?
M. LEVESQUE: M. le Président, je ne crois pas qu'on puisse dire
qu'on ne voit aucun résultat. Au contraire, jamais on n'a vu une
période où des résultats aussi concrets...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le budget Benson en est une
résultante.
M. LEVESQUE: Si on me permettait à ce moment-ci de faire un tour
d'horizon sur ces résultats, peut-être prendrais-je un peu de
temps sur la période des questions, mais j'aurai l'occasion le
premier ministre l'a fait à plusieurs reprises et nous allons
certainement revenir à la charge d'informer le public sur les
résultats positifs des représentations du gouvernement actuel
auprès du gouvernement fédéral.
Programme législatif
M. PAUL: M. le Président, dans un autre domaine, comme le leader
du gouvernement semble soucieux d'informer la population, est-ce que le
ministre pourrait nous informer de la législation qu'il reste à
nous présenter?
M. LEVESQUE: M. le Président, je le ferai volontiers quand la
période des questions sera terminée, parce que je crois qu'on
devrait peut-être laisser à d'autres collègues les quelques
instants qui restent.
M. LE PRESIDENT: Je vais permettre deux dernières questions: au
député de Témiscouata et au député de
Sainte-Marie.
Programme de l'ODEQ
M. SIMARD (Témiscouata): M. le Président, ma question
s'adresse à nouveau au ministre des Affaires municipales, responsable de
l'ODEQ. Est-ce qu'on peut espérer que tous les projets en vue dans la
prochaine entente débuteront incessamment? Combien y a-t-il de projets
impliqués? Combien d'argent? Combien d'emplois nouveaux sont
prévus pour l'année 1970?
M. TESSIER: Pour l'année? Quelle année? M. SIMARD
(Témiscouata): L'année 1971.
M. TESSIER: L'année 1971. Evidemment, il n'y a pas moyen de
répondre à cette question tant que l'entente n'aura pas
été négociée. Cela revient à la
réponse que j'ai donnée tout à l'heure. On ne peut pas
parler des choses qui sont en négociation tant que les
négociations ne seront pas terminées.
M. SIMARD (Témiscouata): A quand l'implantation?
M. LOUBIER: Une question supplémentaire, M. le Président.
Le ministre des Affaires municipales a déclaré à la presse
et c'est reproduit dans le Soleil d'aujourd'hui qu'à
toutes fins pratiques, les négociations étaient terminées
et qu'il ne s'agira que d'une formalité, lors de la rencontre qu'il aura
avec M. Marchand, de signer, de ratifier tous ces projets. La question du
député de Témiscouata est la suivante: Combien de projets
sont impliqués? Pour quel montant d'argent? Et, au cours de
l'année 1971, quels seront les emplois nouveaux effectivement
créés? Si le ministre a annoncé que toutes les
négociations étaient, à toutes fins pratiques
terminées, il doit avoir au moins une idée à l'esprit du
nombre des projets, des montants d'argent impliqués et de leur effet sur
le chômage?
M. TESSIER: M. le Président, il n'est pas d'intérêt
public de le dévoiler à ce stade-ci. Si le député
de Bellechasse relit l'édition du Soleil d'aujourd'hui, il va constater
qu'il est bien écrit qu'à toutes fins pratiques, au niveau des
fonctionnaires et des sous-ministres...
M. TREMBLAY (Chicoutimi). Et de l'archevêque de Rimouski...
M. TESSIER: ... l'entente est pratiquement conclue. A ce niveau. Mais il
reste tout de même...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que l'archevêque de Rimouski est
d'accord?
M. TESSIER: ... les rencontres au niveau des ministres. Et ça, je
crois que c'est bien important. C'est justement pourquoi je ne peux faire
d'autres déclarations sur le sujet aujourd'hui même.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Sainte-Marie.
Rapport sur la situation de la femme
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président, ma question
s'adresse au premier ministre, puisqu'elle touche plusieurs ministères.
Dans son rapport, la commission d'enquête fédérale sur la
situation de la femme fait plusieurs recommandations qui s'adressent aux
provinces, notamment en ce qui concerne les garderies, le revenu de la femme
chef de famille, la femme au travail et les congés de maternité.
Est-ce que le gouvernement entend prendre position officiellement à
l'égard de ce rapport? Quelles sont les mesures qui seront prises pour
son étude détaillée?
M. BOURASSA: M. le Président, je vais discuter avec plaisir de ce
rapport avec le ministre du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche,
puisque nous avons le privilège, nous du Parti libéral, d'avoir
le député de Marguerite-Bourgeoys comme membre de ce parti. Il y
a évidemment des recommandations, comme le droit des femmes à
s'engager dans la Gendarmerie royale, qui ne peuvent faire l'objet de
discussion au niveau provincial, mais toutes les recommandations qui touchent
les femmes du Québec, nous allons y accorder la plus grande attention et
l'intérêt le plus soutenu.
UNE VOIX: Soutenu?
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Lotbinière
m'a donné préavis d'une question de privilège.
Question de privilège Précision
M. BELAND: Merci, M. le Président. En vertu de l'article 114, 2,
concernant le journal des Débats du mercredi 25 novembre, à la
page 1794, il app: raft dans la deuxième colonne, cinquième
ligne, le nombre 500,000 alors qu'il aurait fallu dire de 500 à
1,000.
M. LE PRESIDENT: Affaires du jour.
Programme législatif (suite)
M. LEVESQUE: M. le Président, pour répondre à la
question de l'honorable leader parlementaire de l'Opposition officielle, en
plus des projets de loi qui apparaissent au feuilleton, nous avons l'intention
de saisir la Chambre de trois autres projets de loi relevant du
ministère des Affaires municipales, concernant la ville de Gaspé,
la ville de Percé et la charte de la Communauté urbaine de
Québec.
En plus de cela, il y a possibilité de deux ou trois autres lois
qui sont présentement à l'étude au comité de
législation. Finalement, deux projets de loi seront
déposés à la fin de la session pour étude d'ici la
prochaine session. D'abord, une loi concernant le recouvrement des petites
créances qui est la responsabilité du ministre de la Justice,
puis une deuxième loi modifiant la Loi de l'assurance-maladie,
concernant les médicaments, qui est la responsabilité du ministre
des Affaires sociales.
Voilà le programme que nous avons présentement devant nous
jusqu'à la fin de la session. Il y a, également, tout ce qui
paraît au feuilleton, plus d'une vingtaine de projets de loi, en plus des
séances des commissions parlementaires.
M. PAUL: M. le Président, si vous permettez. Le ministre
oublie-t-il, à ce moment-ci, la possibilité de présenter
la Loi du syndicalisme agricole comme instrument de travail et, d'autre part,
l'honorable premier ministre pourrait-il nous informer, d'une façon
définitive, s'il a l'intention ou non de présenter un budget
supplémentaire?
M. LEVESQUE: Premièrement, au sujet de la Loi sur le syndicalisme
agricole, personnellement, je ne crois pas qu'elle sera prête avant la
fin de la session, c'est-à-dire la semaine prochaine, si possible. Ce
sont mes prévisions comme leader du gouvernement.
M. BOURASSA: M. le Président, pour le budget
supplémentaire, j'ai déjà dit que ce serait soit avant la
fin de la présente session, ou au début de l'autre qui va
commencer vers la mi-février, c'est-à-dire avant la fin de
l'année fiscale. Car il ne faut pas oublier que nous avons
réalisé des économies considérables sur les
dépenses inutiles qui avaient été prévues par
l'ancien gouvernement.
M. BERTRAND: C'est le même gramophone.
M. PAUL; M. le Président, pourrions-nous vous suggérer
d'organiser une collecte pour acheter un gramophone au premier ministre pour
faire jouer ses disques?
M. BERTRAND: Toujours le même disque!
M. BOURASSA: Je suis obligé de répéter avec toutes
ces questions.
Charte de l'université Laval
M. LEVESQUE: M. le Président, nous avons étudié, ce
matin, un projet de loi relatif à la charte de l'université
Laval. Nous savons que l'université Laval affectionne
particulièrement le 8 décembre, car c'est le 8 décembre
1852, je crois, que l'université Laval avait eu une charte royale et, ce
matin, nous avons, ensemble, à la commission parlementaire des bills
publics et privés, accordé une nouvelle charte à
l'université Laval. On a exprimé le voeu que ce projet de loi
puisse franchir l'étape du comité plénier, la
troisième lecture, afin de recevoir sa sanction cet après-midi
même.
J'ai communiqué avec le bureau du lieutenant-gouverneur et nous
pouvons avoir une sanction prévue pour cinq heures quarante-cinq, cet
après-midi. Alors, je fais motion pour que ce projet de loi subisse les
diverses étapes que je viens de mentionner.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, le
lieutenant-gouverneur n'a-t-il pas démissionné, selon ce qu'on
nous a appris, aujourd'hui, dans les journaux?
M. LEVESQUE: Nous reconnaissons l'intérêt que suscite ce
poste pour le député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, j'invoque le
règlement. Je n'ai jamais eu l'ambition d'être ici le
représentant de la reine d'Angleterre.
M. LE PRESIDENT: Cette motion du leader parlementaire sera-t-elle
adoptée? Adopté.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, à la condition
qu'il change le mot
"charte" pour les mots "acte constitutif" qui est plus français,
sauf en Angleterre.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. LEVESQUE: M. le Président, nous nous étions entendus
pour qu'à ce moment-ci de la journée nous puissions vous
suggérer de suspendre nos travaux pour nous rendre à la
commission parlementaire des bills privés et des bills publics afin de
continuer l'étude du bill de Québec. Nous espérons pouvoir
revenir ici à cinq heures. Nous pouvons essayer, du moins.
M. BERTRAND: Les cloches sonneront.
M. LEVESQUE: Les cloches sonneront et ce sera probablement vers cinq
heures. A ce moment, nous pourrons reprendre l'étude des projets de loi
qui sont présentés par le ministre des Affaires municipales.
M. LE PRESIDENT: La Chambre suspend ses travaux à loisir.
Reprise de la séance à 17 h 10
M. LAVOIE (président): A l'ordre, messieurs!
Commission des bills privés et publics
M. LEVESQUE: Avec le consentement unanime de la Chambre, je voudrais
faire rapport que la commission des bills privés et des bills publics a
l'honneur de soumettre à votre honorable Chambre son 7e rapport. Votre
commission a décidé de rapporter, avec des amendements, le bill
119, Loi modifiant la charte de la ville de Québec et concernant la
fusion des territoires de la ville de Québec et de la ville de
Neufchâtel.
M. LE PRESIDENT: Ce rapport sera-t-il adopté? Adopté
Troisième lecture de projets de lois
privés
M. LEVESQUE: M. le Président, en vue de la sanction qui doit
avoir lieu dans quelques minutes et avec le consentement unanime de la Chambre,
je voudrais proposer que les projets de loi suivants franchissent
l'étape du comité plénier et de la troisième
lecture et que le secrétaire fasse les entrées
nécessaires; ce sont les bills 104, 108, 225, 130, 176, 240 et celui
pour lequel je viens de faire rapport, c'est-à-dire le bill 119, Loi
modifiant la charte de la ville de Québec.
M. LE PRESIDENT: Cette motion sera-t-elle aodptée?
Adopté.
M. BERTRAND: Vous l'avez mis, 240?
M. PAUL: Vous avez inscrit le bill 240 dans votre liste?
M. LEVESQUE: Le bill 240 est là, M. le Président.
M.BERTRAND: Oui, je le pense. Sainte-Adèle, très bien.
M. PAUL: Très bien. M. LEVESQUE: Alors, article 7.
Projet de loi no 50 Deuxième lecture
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Affaires municipales propose
la 2e lecture du projet de loi no 50, Loi modifiant la loi des cités et
villes.
M. BERTRAND: Pas un discours?
M. Maurice Tessier
M. TESSIER: M. le Président, les cités et villes ont
l'obligation, à partir du 1er janvier 1971, de préparer et
soumettre au ministre des Affaires municipales un budget
équilibré, c'est-à-dire un budget dont les revenus
escomptés et les dépenses prévues s'équivalent. Par
conséquent, il y aurait lieu, en vertu de cette loi, de permettre aux
municipalités de répartir sur une durée de cinq ans, soit
les surplus, soit les déficits accumulés au 31 décembre
1970.
Cette obligation d'adopter un budget équilibré pour
l'année 1971 entraînerait pour cette seule année, soit une
diminution temporaire de taxes pour les municipalités ayant un surplus
accumulé, soit une augmentation de taxes pour les municipalités
ayant un déficit accumulé.
Ces pertubations pour une seule année seraient de nature à
créer des injustices, à désorganiser les conditions
fiscales des contribuables en provoquant des chutes ou des hausses de taxes
considérables pour une si courte période. Nous avons donc
pensé que c'eût été un geste de mauvaise
administration que de maintenir cette obligation de façon aussi
rigoureuse. C'est pourquoi nous proposons une période de cinq ans pour
l'amortissement de ces déficits ou l'utilisation de ces surplus.
En ce qui concerne les déficits, il faut préciser que
cette mesure n'est pas obligatoire et que les municipalités conservent
toujours la possibilité de les absorber dans une période plus
courte s'ils sont peu élevés, ou de les financer par un emprunt
à long terme, s'ils sont trop lourds, pour être payés en
cinq ans. Il va de soi que les surplus peuvent également être
utilisés pour une période inférieure à cinq ans, si
tel est le désir des municipalités qui en ont.
Par dérogation à l'article 394, qui édicte qu'un
règlement ne peut être modifié ou abrogé que par un
autre règlement approuvé de la même manière,
l'article 602 permet que les règlements d'emprunt soient modifiés
par simple résolution du conseil et sans qu'il soit nécessaire
d'obtenir l'approbation des propriétaires, pourvu que les modifications
ne changent pas l'objet de l'emprunt, qu'elles n'en augmentent pas le montant,
qu'elles n'augmentent pas le taux d'intérêt à un taux
supérieur à celui que fixe le lieutenant-gouverneur en conseil,
et enfin qu'elles ne prolongent ni n'abrègent la période de
remboursement.
La résolution de modification ne pourra être
approuvée que si des avis sont donnés mentionnant que tout
intéressé a trente jours pour faire valoir ses objections par
écrit à la Commission municipale du Québec, qui doit les
entendre et faire rapport au ministre à la suite de son enquête.
Il faut dire ici que le ministère des Affaires municipales avait
toujours exigé que le règlement d'emprunt en vertu duquel des
obligations ou des billets avaient été émis ne soit
modifié que par une loi spéciale.
Cette attitude avait été prise en raison du doute
soulevé par certains juristes alléguant que le conseil ne pouvait
exercer ce pouvoir qu'à la condition d'obtenir le consentement de tous
les détenteurs d'obligations, ce qui est irréaliste sur le plan
pratique, ainsi qu'à la requête pressante de l'Association des
courtiers en valeurs immobilières qui craignaient, à tort
d'ailleurs, que la garantie des obligations puisse être affectée
à la suite de modifications au règlement. Je dis: bien à
tort, car la loi prévoit, peu importe que le fardeau du remboursement
d'un emprunt soit à la charge de toute la municipalité ou d'une
partie de la municipalité seulement, que le fonds général
de la municipalité garantit le remboursement de tous les emprunts de
celle-ci.
Nous croyons qu'avec la modification proposée, nous avons
concilié toutes les positions en éliminant le doute des juristes,
en rassurant les investisseurs et en évitant les frais d'une loi
spéciale.
Au cours des dix dernières années, plus de quinze
municipalités ont dû assumer les frais d'une loi spéciale
pour faire corriger les injustices créées par les clauses
d'imposition de leur règlement d'emprunt, et cette année, cinq
autres municipalités projetaient de faire de même au cours de la
présente session.
M. le Président, je voudrais, à ce stade, apporter un
amendement.
M. PAUL: Attendez en comité. M. BERTRAND: En comité. M.
TESSIER: En comité? M. BERTRAND: Oui. En fait,...
M. TESSIER: J'ai deux amendements à apporter.
M. BERTRAND: ...je n'ai pas d'objection au discours du ministre, mais on
aurait pu aller en comité immédiatement parce qu'en fait, le
ministre ne fait que lire ou analyser les deux articles du bill.
M. TESSIER: D'accord.
M. BERTRAND: On pourrait aller en comité immédiatement et
procéder à l'étude article par article.
M. TESSIER: Très bien.
M. LE PRESIDENT: Cette motion de deuxième lecture sera-t-elle
adoptée?
M. LE SECRETAIRE ADJOINT: Deuxième lecture de ce bill. Second
reading of this bill.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre!
M. Marcel Léger
M. LEGER: M. le Président, je voudrais profiter de la
deuxième lecture, rapidement pour ne pas retarder la Chambre, pour
féliciter quand même le ministre on n'en a pas souvent
l'occasion, on le blâme pas mal souvent pour le principe du bill.
Ce projet de loi aurait dû être présenté depuis bien
longtemps et on aurait pu, ainsi, prévenir des abus dans certaines
municipalités. Quant au principe même, je pense que cela va
permettre une saine administration. Je me pose quand même une question,
à laquelle le ministre pourrait peut-être répondre
tantôt, sur le fait que, selon la loi de 1968, au chapitre 55, article
130, on permettait, à ce moment-là, deux ans pour régler
le problème de dettes.
Actuellement, on propose cinq ans. Je me dis: Pourquoi cinq ans
plutôt que deux ans? Mais ce n'est pas une critique; c'est tout
simplement une question. Je voulais aussi demander au ministre combien de
municipalités seront réellement affectées par cette
possibilité de projet de fusionner ces dettes dans les cinq prochaines
années.
M. LE PRESIDENT: Je pense bien que...
M. LEGER: Alors sur le principe lui-même, nous sommes d'accord.
Quant aux articles, j'y reviendrai tantôt.
M. LE PRESIDENT: En comité.
M. LEGER: ... pour proposer d'autres suggestions.
M. LE PRESIDENT: Cette motion de deuxième lecture est-elle
adoptée?
Adopté.
M. LE SECRETAIRE ADJOINT: Deuxième lecture de ce bill. Second
reading of this bill.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Affaires municipales propose
que je quitte maintenant le fauteuil et que la Chambre se forme en
comité plénier.
Cette motion sera-t-elle adoptée?
UNE VOIX: Adopté. M. LE PRESIDENT: Adopté.
Comité plénier
M. HARDY (président du comité plénier): A l'ordre,
messieurs!
Projet de loi numéro 50, article 1.
M. BERTRAND: M. le Président, à l'article 1, le
député de Lafontaine vient de poser une question que j'avais
précisément l'intention de poser. Combien y a-t-il de
municipalités au Québec qui connaissent des surplus et combien
connaissent des déficits?
M. TESSIER: M. le Président, nous n'avons pas fait ce calcul.
M. BERTRAND: Avant d'adopter votre article, il y a dû certainement
y avoir des demandes des municipalités?
M. TESSIER: Oui. Il y a sûrement eu plusieurs demandes mais je
n'ai pas avec moi, malheureusement, cette compilation.
M. BERTRAND: Alors le ministre pourra obtenir, au
ministère...
M. TESSIER: Oui, oui. Il sera facile, M. BERTRAND: ... les
renseignements.
M. TESSIER: ... de savoir, au moment de la production des budgets et
surtout des états financiers des municipalités, combien ont des
surplus et combien ont des déficits.
M. BERTRAND: Nommez-les. Publiez une liste.
M. PAUL: M. le Président, à l'article 1, le ministre
peut-il nous dire si dans chaque cas, la Commission municipale tiendra une
enquête pour fixer les conditions de cette répartition de surplus
ou de déficits accumulés? Il est toujours à craindre
qu'à l'époque des élections les membres du conseil soient
portés à poser un geste susceptible d'influencer leurs
électeurs.
Comme cette loi entrera en vigueur au début de janvier, il est
peut-être à craindre que la commission municipale se voie aux
prises avec des demandes qui, de prime abord, pourraient être
justifiées, mais dont le but final ou le but visé serait
d'apporter une réduction sensible de taxes ou d'éviter une
augmentation de taxes qui s'imposerait. Cet article ne prévoyant pas de
mécanisme de demande, est-ce que cela se fera au moyen d'une formule?
Est-ce que les statistiques seront nécessaires? Quelles seront les
conditions pour permettre à une municipalité de répartir
les surplus ou déficits sur un terme de trois ans plutôt que do
cinq ans? Si on lit l'article, on voit que ce n'est pas une obligation, mais un
pouvoir qui est accordé aux municipalités. Quels sont les
critères que la commission municipale emploiera pour permettre à
telle municipalité ou à un certain nombre de municipalités
de répartir les surplus ou les déficits sur une période de
deux ans plutôt que de cinq ans et à quelle condition ce sera au
moins trois ans? Quel est le minimum ou quel est le montant requis de
déficit ou du surplus budgétaire pour que cette
répartition se fasse sur une période de quatre ou cinq ans?
Je dis, M. le Président, que cet article no nous expose qu'un
principe et qu'on aucune façon nous ne voyons do modalités dans
son application. Le ministre on a sûrement discuté avec le sous
ministre et les fonctionnaires do la commission municipale afin do
connaître laplication pratique de cette mesure qui, on soi, est
excellente. Je crois que le ministre nous présente une
législation étoffée cela no lui arrive pas souvent - pour
laquelle il a droit de recevoir des félicitations parce que beaucoup do
municipalités se trouveront aux prises avec un problème de budget
si colle disposition n'est pas acceptée. Mais peut-être le
ministre pourra-t-il suppléer à tout le silence do cet article do
la loi, par des informations afin quo nous soyons
en mesure d'informer adéquatement nos conseillers municipaux.
M. TESSIER: M. le Président, je crois qu'en tout premier lieu il
faut faire confiance aux administrateurs municipaux. Ce sont plutôt des
cas d'exception où il y aura un très lourd déficit ou un
très gros surplus.
M. PAUL: Est-ce que M. le ministre me permet? Tout à l'heure,
justement, l'honorable chef de l'Opposition a demandé combien de
municipalités seraient...
M. TESSIER: J'ai dit que je n'étais pas capable de
préciser leur nombre exact, mais ce que je peux affirmer, c'est que ce
sont des cas d'exception où les déficits et les surplus sont
considérables.
Evidemment, des différences qui peuvent varier d'une fraction de
1 p. c, il peut y en avoir des centaines, mais tout cela peut se régler
à l'intérieur d'une année ou d'au plus deux ans.
C'est pourquoi il faut faire confiance aux administrateurs municipaux.
En somme, tout ce que la loi veut donner aux municipalités, c'est la
chance de ne pas surtaxer les contribuables pour une seule année,
étant donné que, par le bill 285, tous les budgets doivent
être équilibrés à compter du premier janvier 1971.
Si un certain nombre de municipalités devaient le faire en une seule
année, cela les placerait dans l'obligation d'augmenter
considérablement, en 1971, le fardeau des taxes qui est
déjà trop lourd pour les contribuables.
De même, une municipalité qui aurait accumulé
$200,000, $300,000 ou $400,000 de surplus qui ne peuvent être
répartis sur un certain nombre d'années devrait diminuer les
taxes. Il pourrait même y avoir du gaspillage parce que les gens
diraient: Nous avons un surplus d'argent, nous sommes obligés
d'équilibrer et nous ne voulons pas baisser les taxes. Alors, nous
allons dépenser l'argent des contribuables, peut-être pour des
fins inutiles ou pour des fins qui ne sont pas essentielles.
Le but de la loi est de donner ce pouvoir de répartir les
déficits et les surplus sur une période maximum de cinq ans.
Aucune municipalité n'est obligée de prendre tout ce
délai; cela peut être réparti sur un an ou deux si
nécessaire.
Je répète qu'il faut faire confiance aux administrateurs
municipaux. S'il y a des abus, la commission municipale y verra sûrement
et elle fera enquête. Mais je ne crois pas qu'il serait pratique d'exiger
que toutes et chacune des municipalités qui ont un petit surplus ou un
petit déficit soient obligées de soumettre pour approbation
à la commission municipale la répartition de leur surplus ou de
leur déficit.
Mais, celle-ci est un organisme permanent de contrôle de
l'administration municipale. En tout temps, elle pourra enquêter, s'il y
a lieu. Je crois que nous devons l'aire confiance à nos
municipalités. Lorsqu'on a soulevé, tout à l'heure
je termine mes remarques là-dessus le fait qu'on pourrait se
servir de cela pour les élections, je crois que celles-ci ont eu lieu
cette année, dans la plupart des municipalités du Québec,
du moins les principales, et ce n'est que dans quatre ans qu'il y en aura
d'autres. Par conséquent, les surplus ou les déficits seront,
à ce moment-là, éteints ou pratiquement éteints
dans tous les cas.
M. LEGER: M. le Président, sur la même question. Je veux
bien croire qu'il faut faire confiance aux administrateurs municipaux, mais la
commission municipale a-t-elle quand même les pouvoirs ou les moyens de
prévenir des erreurs administratives comme on en a vues à la
suite d'enquêtes faites dans différentes municipalités de
Montréal? Les conséquences sont que les municipalités
je donne l'exemple précis de la ville d'Anjou, que tout le monde
a compris même avec la loi qui est très bonne en soi, ne
peuvent pas, même durant les cinq années, distribuer leur
déficit de fonctionnement accumulé et elles sont obligées
de doubler les taxes, ou à peu près, comme on le subit
actuellement.
La commission a-t-elle le pouvoir, pour l'avenir, de prévenir ces
choses-là? De quelle façon peut-elle le faire? Attend-elle que
quelqu'un se plaigne? Faut-il que quelqu un fasse une demande ou si elle va
faire une visite régulière des villes qui sont susceptibles
d'avoir des problèmes de ce côté-là?
M. TESSIER: Malheureusement, je pense que c'est laissé un peu
à la discrétion du ministre, dans les cas que vous avez à
l'esprit. Il peut y avoir des plaintes de la part de contribuables; c'est
arrivé, dans certains cas, que des représentations m'ont
été faites et j'ai demandé immédiatement à
la commission municipale d'aller faire enquête à
l'intérieur de la municipalité, non pas une enquête
publique, mais une enquête privée, dont elle me fait rapport. Si
des cas graves se soulevaient, évidemment je crois que ce serait la
responsabilité du ministre, à ce moment-là; s'il ne s'en
est pas occupé, il en portera la responsabilité devant ses
collègues de l'Assemblée nationale et devant le public en
général.
La commission municipale est un organisme assez, souple, qui a
passablement de pouvoirs, mais qui relève tout de même de
l'autorité du ministre des Affaires municipales. Encore une fois, je
crois que c'est au ministre à voir à ce qu'il y ait des
enquêtes. S'il y en avait eu précédemment dans le cas
je suis parfaitement d'accord avec mon collègue de ville
d'Anjou, on aurait pu prévenir bien des abus qui se sont malheureusement
produits. Il a fallu qu'il y ait, à un moment donné, une
enquête publique dans ce cas précis.
M. BERTRAND: Oui, le ministre vient de le dire lui-même, il
enquête quand il a des plaintes. On peut difficilement faire reproche
à ceux qui l'ont précédé d'avoir attendu que des
plaintes soient formulées. C'est ce que ses collègues qui l'ont
précédé ont fait. Ce n'est pas
autant là-dessus que porte la question du député de
Lafontaine. Il demande s'il y a des enquêteurs qui visitent les
municipalités et qui, en guise de système de prévention,
peuvent faire l'examen des livres de la municipalité en même temps
que des actes posés.
M. TESSIER: Cela existe, M. le Président.
M.BERTRAND: Oui.
M. TESSIER: II y a des enquêteurs.
M.BERTRAND: Mais combien en avez-vous?
M. TESSIER: Ah, combien? Nous en avons actuellement douze au
ministère, qui font des vérifications, à intervalles
irréguliers, dans diverses municipalités.
M. BERTRAND: Ce n'est pas suffisant.
M. TESSIER: Mais il y a également un autre contrôle. J'ai
parlé de plaintes tout à l'heure, mais je pourrais ajouter que
les budgets doivent maintenant être produits obligatoirement...
M. BERTRAND: C'est mieux.
M. TESSIER: ... et sont examinés au ministère des Affaires
municipales. Si l'on décèle quelque chose d'anormal, je crois que
c'est le devoir du ministre d'envoyer immédiatement un enquêteur
et d'exiger un rapport.
M. LEGER: Est-ce qu'il n'y aurait pas des cas spéciaux où,
à la suite des problèmes que nous avons vécus, comme
à Anjou, la loi pourrait permettre, où le ministre, plutôt,
pourrait permettre une période plus longue que cinq ans. Le ministre,
à l'occasion du cas de la ville d'Anjou, avait suggéré
l'annexion d'Anjou avec une autre ville. A ce moment-là, ça veut
dire que la ville qui absorbe l'annexion va subir ce déficit
d'au-delà de $7 millions uniquement pour fins de fonctionnement. Cela
veut dire aussi que les gens qui avaient choisi de vivre dans une petite ville,
avec les avantages de la vie communautaire etc., se voient dans l'obligation de
dire: Economiquement, c'est peut-être préférable, mais
ça enlève le régime de vie. Est-ce qu'il n'y aurait pas
lieu à l'occasion de l'étude de cet article 1, de nous donner des
renseignements sur d'autres possibilités pour une ville qui est
débordée par ce problème que ne résout pas
l'article 1 de la loi?
M. TESSIER: M. le Président, je me demande si on n'est pas un peu
hors d'ordre en ce moment. Est-ce que vos suggestions, si vous avez des
amendements à faire sur le rôle de la commission municipale, ne
devraient pas venir lors de l'étude du bill 49? C'est à ce
moment-là que, si vous avez des amendements à proposer, vous
pourriez le faire.
M. LEGER: Ce que je voulais dire par là, ce n'était pas
d'en faire un amendement pour toute la province, mais, demander si possible
que, pour des cas particuliers, le ministre permette une période plus
longue que cinq ans.
M. TESSIER: Plus longue que cinq ans pour amortir la dette?
M. LEGER: Vous parliez tantôt de dettes de $200,000 ou de
$300,000, mais nous sommes maintenant rendus dans les $7 millions.
M. TESSIER: Oui, cette disposition-là existe parce que la
durée de cinq ans vise l'amortissement de la dette, et il n'y a rien qui
empêche de faire un emprunt à long terme durant cette
période de cinq ans. Or, prenons le cas de la ville d'Anjou, puisque
c'est ce que vous avez à l'idée, qui pour répartir sa
dette ou son déficit, peut faire un emprunt de vingt ans et, par
conséquent, le répartir sur un terme beaucoup plus long.
M. LEGER: Dans la loi de 1968, à l'article 130, il était
bien dit que le ministre peut accorder à cette fin tout délai
additionnel qu'il fixe. Est-ce qu'avec la nouvelle loi, le bill 50, ce petit
article-là disparaît?
M. TESSIER: Non, il ne disparaît pas.
M. LE PRESIDENT: Article 1, adopté. Article 2.
M. ROY (Lévis): M. le Président...
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Lévis.
M. ROY (Lévis): M. le Président, au sujet de l'article 1,
je n'ai pas tellement d'objection en ce qui regarde les surplus. Je crois que
nos administrateurs municipaux sont assez intelligents, comme vous le disiez
tout à l'heure, et quand ils ont un surplus, ils sont capables de le
partager avant la prochaine élection. Mais en ce qui regarde le
déficit, ce serait probablement plus dangereux. D'après ce que je
peux comprendre, un budget est toujours étudié par la Commission
municipale, chaque année, et la Commission municipale, ordinairement,
n'accepte pas de déficit sur un budget, normalement.
M. TESSIER: A compter du 1er janvier 1971 seulement, pour la
première fois.
M. ROY (Lévis): Bon, elle n'accepte pas, ordinairement, des
déficits sur un budget. Donc, s'il y a un déficit, c'est parce
que le budget a été dépassé. Supposons que des
administrateurs municipaux veulent se faire réélire. Au cours de
la quatrième année de leur mandat, ils peuvent probablement, avec
cette loi, si je comprends bien, dépasser un peu les bornes et
répartir sur les cinq années à venir une dette qu'ils
auront contractée...
M. TESSIER: Non, non.
M. ROY (Lévis) Je ne sais pas si je comprends bien. Il n'y a pas
de temps...
M. TESSIER: Non, non. Ce sont les cinq ans à compter du 1er
janvier 1971.
M. ROY (Lévis): A compter de 1971, ce n'est pas à chaque
budget de l'année?
M. TESSIER: Non, non. C'est une fois pour toutes.
M. ROY (Lévis): Ah bon!
M. TESSIER: C'est parce que jusqu'au 31 décembre 1970, la loi
n'exige pas, de la part des cités et villes, des budgets
équilibrés. Mais à compter du 1er janvier 1971, cela
devient obligatoire. Alors pour cela, les cinq ans vont s'étendre
jusqu'à 1976, puis c'est fini après.
M. ROY (Lévis): Cela finit là.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Rouyn-Noranda.
M. SAMSON: M. le Président, j'aimerais savoir du ministre s'il a
été prévu, de façon quelconque, un mécanisme
dans les cas particuliers je n'ai aucun cas en tête, mais comme
vous l'avez si bien dit tantôt, ce n'est pas facile d'avoir tous les cas
en main dans les cas où le déficit serait assez important,
sur la période des cinq prochaines années, puisque la loi exige
d'équilibrer les budgets, et si cela entraîne une augmentation de
taxes assez extraordinaire des citoyens, est-ce qu'il a été
prévu un mécanisme quelconque par lequel, le gouvernement ou le
ministère pourra exiger des municipalités que les augmentations
de taxes ne dépassent pas une certaine proportion et qu'on dirige
plutôt ce déficit vers un emprunt quelconque? Est-ce que cela a
été prévu?
M. TESSIER: Non, il n'y a rien de prévu pour ça. Encore
là, il s'agit tout simplement d'une question de bonne administration. Je
pense qu'il faudrait peut-être que j'apporte une précision
là-dessus. Le but de la loi n'est pas de toucher les déficits
extraordinaires. Dans le cas de la ville d'Anjou, à titre d'exemple, on
sait qu'un délai de cinq ans n'est pas suffisant. Lorsqu'il s'agit d'un
déficit considérable qui entraînerait une hausse de taxes
proportionnelle au déficit, la solution que je verrais comme
administrateur municipal, c'est de faire un emprunt à long terme. Mais
ce que la loi veut éviter, c'est un fardeau additionnel aux
municipalités parce qu'un emprunt à long terme, cela coûte
cher. Vous avez les frais des emprunts. On sait ce que ça coûte,
et c'est le contribuable qui paie. Or, pour ne pas forcer plusieurs
municipalités à faire des emprunts à long terme, afin
d'éviter une hausse trop brusque et trop considérable de taxes,
on leur permet de répartir ce déficit sur une période de
cinq ans de manière à ce que la hausse de taxes ne soit pas
considérable et qu'elle puisse être absorbée par le
contribuable. Si la hausse est réellement trop considérable, il
est évident que le conseil municipal n'aura pas le choix. Il devra
procéder à un emprunt à long terme.
M. SAMSON: M. le Président, nous comprenons que la loi n'est pas,
de façon générale, pour les cas particuliers. Mais ce que
j'ai tenté de savoir, c'est comment, dans les cas particuliers
parce que même si la loi est générale, elle couvre
également les cas particuliers où il y aurait danger d'une
hausse de taxes disproportionnée, on peut protéger ces
contribuables. Il y a les budgets des municipalités qu'on veut
équilibrer, je le comprends, mais par une hausse de taxes
considérable et disproportionnée, on risque aussi de
déséquilibrer les budgets des contribuables. Est-ce que l'on peut
garantir, dans ces cas particuliers, une certaine protection à ces
contribuables?
M. TESSIER: L'article 479a) dit: "Nonobstant l'article 479 c'est
l'article qui oblige à un budget équilibré la
Commission municipale du Québec peut, aux conditions qu'elle
détermine, autoriser un conseil, etc.." C est là que la
commission a un contrôle. Si réellement, dans le cas que vous
craignez, il y a une hausse trop considerable et que le pouvoir de payer des
contribuables est saturé, la commission municipale va dire non.
Nous ne permettrons pas cela parce que c'est un fardeau additionnel trop
lourd pour le contribuable. Nous exigerons de la municipalité en
question qu'elle aille sur le marché des obligations et qu'elle fasse un
emprunt à long terme. C'est là que la Commission municipale peut
juger et décider dans l'intérêt des contribuables. C'est
son rôle.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Article 1 adopté.
Article 2?
M. BERTRAND: Adopté. M. LEVESQUE: Adopté.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Adopté. Article 3?
M. TESSIER: Un instant! J'ai un papillon.
M. LEGER: Le ministre a des amendements!
M. BERTRAND: C'est le ministre qui retarde l'adoption de la loi!
M. PAUL: Le ministre se critique lui-même! M. BERTRAND: II y a
toujours un bout! M. TESSIER: C'est que depuis que...
M.BERTRAND: Avez-vous des copies de votre papillon?
M. TESSIER: Oui, j'en ai. Je les dépose; je les fais
distribuer.
Depuis que le texte a été imprimé, on m'a fait des
représentations voulant que bon nombre de règlements d'emprunts
ne pourraient être modifiés en dépit de la modification de
l'amendement qui paraît à l'article 2, à la Loi des
cités et villes, parce que celle-ci demeure encore trop restrictive,
c'est-à-dire que la modification ne sera applicable qu'aux
règlements adoptés en vertu de la Loi des cités et
villes.
Or, il existe plusieurs dispositions législatives
spéciales autorisant des emprunts par règlements et même
par résolutions avec le résultat que ces règlements et
résolutions ne pourront être modifiés en vertu du texte qui
apparaît au bill 50, tel que rédigé.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Article 2 adopté tel
qu'amendé?
M. LEGER: Est-ce que cela devient l'article 2 a) ou si cela remplace
seulement une partie de la phrase?
M. BERTRAND: Troisième alinéa.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Article 2 adopté avec l'amendement.
Article 3?
M. TESSIER: II est arrivé une affaire un peu cocasse, M. le
Président...
M. BERTRAND: Pas une autre!
M. TESSIER: ... dans une ville importante qui s'appelle Longueuil. Comme
tout le monde le sait, il y a eu des élections à Longueuil le
premier dimanche de novembre et, en vertu de l'article 62 de la Loi des
cités et villes, seul le greffier doit assermenter les membres du
conseil municipal, maire et conseillers. Or, pour des raisons que j'ignore, on
a fait venir, en date du 18 novembre, dans les délais, le juge
André Fabien de la cours des sessions de la paix de Montréal pour
assermenter le maire et tous les conseillers, de sorte que depuis le premier
dimanche de novembre, il n'existe aucun conseil municipal pouvant siéger
légalement à Longueuil.
M. BERTRAND: Ils ont prêté serment sur la bible!
M. TESSIER: Sur la même bible, mais que voulez-vous que j'y fasse,
M. le Président?
M. LEGER: Sur la reine ou sur la bible?
M. TESSIER: La Loi des cités et villes est là et elle dit
que seul le greffier a le droit d'assermenter le maire et les conseillers pour
qu'ils soient admis à siéger.
M. DEMERS: Si le greffier meurt le soir des élections?
M. TESSIER: Ce n'est pas moi qui ai fait la loi. Elle existe comme
ça.
M. BERTRAND: La charte ne prévoit pas, si le greffier meurt,
qu'il y en ait un autre. Il est temps d'amender la charte.
M. DEMERS: Si le greffier meurt le soir des élections?
M. TESSIER: Si le greffier meurt, c'est bien dommage.
M.BERTRAND: II n'y aurait pas eu de conseil...
M. DEMERS: Je comprends que c'est dommage pour la famille.
M. TESSIER: Si le greffier meurt, on sera obligé d'avoir un autre
amendement.
UNE VOIX: Bien non, un autre greffier!
M. TESSIER: A tout événement, il faut régler le cas
de Longueuil. C'est bien simple, Longueuil n'a plus de conseil municipal depuis
le premier dimanche de novembre.
M. BERTRAND: Vous avez toléré ça. UNE VOIX: Vous
avez laissé tramer ça.
M. TESSIER: Evidemment, ils ont continué à siéger.
J'ai l'impression qu'ils l'ont fait de bonne foi. Ils ont posé certains
actes administratifs. Il faudrait tout de même légaliser cette
situation. C'est pourquoi je propose un article 3. Est-ce qu'on l'a
distribué? Vous l'avez?
DES VOIX: Adopté.
M. TESSIER: Alors, tout le monde est d'accord?
M.BERTRAND: Nous l'avons.
M. TESSIER: Tout le monde est d'accord?
M. SAMSON: M. le Président...
M. LE PRESIDENT (Hardy): L'article 3 que vous proposez remplace l'ancien
article 3. L'honorable député de Rouyn-Noranda.
M. SAMSON: M. le Président, le ministre nous dit que, suivant la
charte, seul le greffier peut recevoir le serment. Qu'est-il advenu de ce
greffier-là?
M. TESSIER: II était là, apparemment. M. SAMSON :
Où est-il présentement?
M. TESSIER: Je ne sais pas s'il était là ou s'il
n'était pas là; je n'y étais pas, moi.
M. DEMERS: II ne connaît pas la charte.
M. SAMSON: Depuis ce temps-là, qu'est-il arrivé?
M. TESSIER: Ce qu'on a su, cependant, c'est que ce n'est pas le greffier
qui a assermenté les membres du conseil. Ils ont fait venir un juge. Ils
ont dit: C'est bien plus impressionnant. Un greffier, c'est juste un
fonctionnaire. On va faire venir un juge de Montréal...
DES VOIX: Ah, là, on les comprend.
M. TESSIER: ... avec les photographes et la presse et on va faire une
grande assermentation.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Parfois, les présidents sont bien
contents d'avoir les greffiers.
M. SAMSON: M. le Président, j'aimerais demander au
ministre...
M. LE PRESIDENT (Hardy): Je ferai remarquer à la Chambre que,
parfois, les présidents sont bien heureux d'avoir les greffiers.
M. SAMSON: M. le ministre, depuis ce temps-là, est-ce que ce
greffier est encore au service de la ville?
UNE VOIX: Le greffier est encore au service de la ville de
Longueuil.
M. TESSIER: Vous demandez si le greffier a été
remplacé?
M. SAMSON: Oui. Est-ce qu'il est encore là, ce
greffier-là?
M. TESSIER: II est encore là.
M. SAMSON: Quelle est la raison pour laquelle il ne peut pas assermenter
le conseil?
M. TESSIER: Bien, c'est parce qu'il n'a pas été requis
d'assermenter, tout simplement.
M. SAMSON: Oui, mais est-ce qu'on ne peut pas lui demander de le
faire?
M. TESSIER: II est trop tard.
M. BERTRAND: Bien oui, mais durant l'intervalle...
M. TESSIER: C'est parce que la loi stipule que cela doit être fait
dans les quinze jours. Le délai est expiré.
M. DEMERS: C'est caduc.
M. TESSIER: L'article 63 dit que le défaut du maire ou d'un
conseiller de prêter son serment d'office dans les quinze jours suivant
la date de la signification de l'avis spécial prévu à
l'article 190...
A tout événement, le délai est expiré et le
greffier ne peut plus, même s'il le veut bien, les assermenter.
Même s'il assermentait les membres du conseil, cela ne vaudrait rien
devant la loi.
M. LE PRESIDENT (Hardy): L'article 3 devient l'article 4.
M. TESSIER: C'est ça.
M. HARDY (président du comité plénier): M. le
Président, j'ai l'honneur de vous faire rapport que le comité a
étudié le projet de loi numéro 50 et qu'il l'a
adopté avec des amendements.
M. LE PRESIDENT: Ces résolutions sont-elles adoptées?
M. BERTRAND: Oui. M. PAUL: Oui.
Troisième lecture
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Affaires municipales propose
la troisième lecture de ce projet de loi.
Cette motion sera-t-elle adoptée?
Adopté.
Rapport de l'Hydro-Québec
M. LEVESQUE: M. le Président, avec le consentement unanime de la
Chambre, je désire déposer un rapport, intitulé rapport du
comité d'étude sur la reconstruction de la ligne
Micoua-Laurentides. Il pourra justement nous être utile lors de la
réunion de la commission parlementaire des Richesses naturelles qui doit
siéger demain. Ce rapport nous est fourni, je crois, par
l'Hydro-Québec.
Comme il n'y a que 25 copies, nous distribuerons aussi
équitablement que possible à chacun des leaders parlementaires
certaines copies pour qu'ils les remettent à ceux qui
s'intéressent particulièrement à cette question.
M. BERTRAND: Les membres de la commission devraient d'abord en avoir une
copie.
M. LEVESQUE: Alors, nous laissons aux leaders parlementaires le soin de
les distribuer aux membres de la commission. M. le Président, comme nous
avons une sanction, je me demande si...
M. BERTRAND: Nous pourrions suspendre jusqu'à huit heures
quinze.
M. LEVESQUE: ... nous ne pourrions pas considérer qu'il est six
heures et suspendre nos travaux jusqu'à huit heures quinze.
M. LE PRESIDENT: La Chambre suspend ses travaux jusqu'à huit
heures quinze.
Reprise de la séance à 20 h 19
M. LAVOIE (président): A l'ordre, messieurs!
Nouveaux membres à la commission des
Institutions financières
M. LEVESQUE: M. le Président, tel que je l'avais mentionné
au cours de l'après-midi, avec le consentement unanime de la Chambre,
j'aimerais faire motion pour que, à la commission des Institutions
financières, Compagnies et Coopératives, qui doit siéger
demain matin, les noms de MM. Brisson, Cornellier et Pelletier soient
remplacés par ceux de MM. Picard, Brown et Tetley respectivement.
M. LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
M. PAUL: Adopté. M. LAURIN: Adopté. M. LE PRESIDENT:
Adopté. M. LEVESQUE: Article huit.
Projet de loi no 51
Deuxième lecture
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Affaires municipales propose
la deuxième lecture du projet de loi no 51, Loi modifiant le code
municipal.
Adopté?
UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. TESSIER: M. le Président...
M. BERTRAND: Allez en comité.
M. TESSIER: D'accord?
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Affaires municipales propose
que je quitte maintenant le fauteuil et que la Chambre se forme en
comité plénier. Cette motion sera-t-elle adoptée?
Adopté.
Comité plénier
M. HARDY (Président du comité plénier): A l'ordre,
messieurs, article 1.
M. TESSIER: Avant d'adopter cet article, j'ai le même papillon que
pour le bill 50.
M. BERTRAND: Ah! Adopté.
M. TESSIER: II s'agit de la même chose. Vous n'en avez pas eu de
copie?
M. SAMSON: Non.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Si je comprends bien, l'article 1 est
adopté avec l'amendement?
M. TESSIER: C'est cela.
M. BERTRAND: Oui, c'est la même chose.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Adopté. Article 2?
M. SAMSON: Attendez un peu, là.
M. BERTRAND: Envoyez-nous donc une copie de l'amendement.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Mutatis mutandis, c'est le même
amendement qu'avant cinq heures.
M. BERTRAND: C'est la même chose que pour la Loi des cités
et villes, excepté que c'est pour le code municipal.
M. TESSIER: C'est exactement le même amendement que pour la Loi
des cités et villes.
M. SAMSON: C'est parce qu'on aurait voulu savoir si le discours aurait
été différent.
M. BERTRAND: L'article est le même pour le code municipal que pour
la Loi des cités et villes.
UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Adopté, article 1. Article 2?
UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Adopté.
M.BERTRAND: C'est la sanction, M. le Président.
M. PAUL: Vous n'avez pas de municipalité, là, qui soit de
travers?
M. BERTRAND: II n'y a pas d'autres conseils où l'assermentation
n'a pas eu lieu?
M. TESSIER: A ma connaissance, non. Il y a plusieurs conseils cependant
où il n'y a pas eu de candidat aux élections.
M. BERTRAND: Au cas où...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît! Est-ce que ces
résolutions sont agréées?
M. PAUL: Ah oui!
Troisième lecture
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Affaires municipales propose
la troisième lecture de ce projet de loi. Cette motion sera-t-elle
adoptée?
M. PAUL: Adopté.
M. LEVESQUE: Article 10.
Projet de loi no 49 Deuxième lecture
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Affaires municipales propose
la deuxième lecture du projet de loi no 49, Loi modifiant la loi de la
Commission municipale.
L'honorable ministre des Affaires municipales.
M. BERTRAND: On peut adopter la deuxième lecture puis aller en
comité. C'est un bill qui s'étudie article par article.
M. LE PRESIDENT: Comité?
M. BERTRAND: Deuxième lecture...
M. LE PRESIDENT: Deuxième lecture, a-dopté. L'honorable
ministre des Affaires municipales propose que je quitte maintenant le fauteuil
et que la Chambre se forme en comité plénier. Cette motion
sera-t-elle adoptée?
M. LAURIN: Adopté.
Comité plénier
M. TESSIER: Oui, mais je ne
l'ai pas lu.
M. SAMSON: II n'a même pas le temps de dire quelque chose.
M. HARDY (président du comité plénier): Article
1.
M. TESSIER: M. le Président, si j'avais le consentement unanime
de cette Chambre, je devrais déclarer que l'honorable
lieutenant-gouverneur de la province a pris connaissance de ce bill et en
recommande l'étude à la Chambre, avant de passer en
comité.
M. BERTRAND: Vous l'avez rencontré?
M. TESSIER: Bien, c'est allé tellement vite que je n'ai pas eu le
temps d'avoir le papier.
M. SAMSON: On vous a empêché de faire votre discours.
M. BERTRAND: Comment est-il depuis l'article du Soleil?
M. TESSIER: Ah! , je ne le sais pas, je n'ai pas eu l'occasion de le
rencontrer.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Messieurs, le lieutenant-gouverneur ayant
donné son approbation, nous pouvons passer à l'article 1.
M. BERTRAND: Un instant. Il s'agit de remplacer "de" par "du".
M. TESSIER: C'est "du".
M. BERTRAND: C'est "du". Adopté.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Adopté. Article 2.
M. BERTRAND: C'est passablement la même chose.
M. SAMSON: Adopté.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Adopté. Article 3.
M. BERTRAND: A l'article 3, le ministre va d'abord nous expliquer
pourquoi il change la loi qui a été adoptée il n'y a pas
tellement longtemps, je pense que c'est en 1968, alors que nous avions
apporté un amendement pour permettre de nommer des membres additionnels
pour une période déterminée, à la condition, bien
entendu, que les affaires l'exigent. Autrement dit, qu'il y ait suffisamment de
travail pour occuper des gens d'une manière permanente. Cela, c'est en
1968.
Le nombre était autrefois de trois; ça avait
été porté à six membres en 1965 et, en 1968, on a
permis d'ajouter des membres additionnels. Alors, pourquoi nous arriver avec un
article pour augmenter le nombre de six à dix? Est-ce que le ministre a
un rapport de la commission? Il va nous donner des raisons, s'il y en a.
M. TESSIER: M. le Président, j'ai d'excellentes raisons à
apporter. Comme on vient de le souligner, le nombre a été
augmenté, en 1965. Il n'a pas été augmenté depuis
ce temps, sauf qu'en 1968, par un amendement, on a permis de nommer des
commissaires temporaires, ce qu'on appelle communément des commissaires
ad hoc.
Or, les affaires à la Commission municipale ont augmenté
au point que ces commissaires temporaires sont devenus presque permanents. En
d'autres termes, depuis une couple d'années, deux ou trois commissaires
ont siégé presque en
permanence. Toutefois, ceci ne donne pas entière satisfaction,
parce que ces commissaires ne sont pas toujours les mêmes. Ils sont
remplacés, étant désignés pour un but
spécifique, soit pour faire une enquête dans une
municipalité ou pour faire certains travaux réguliers de la
commission.
La Commission municipale m'a donc fait rapport qu'on voulait avoir des
commissaires permanents qui deviendraient de réels spécialistes
dans certains domaines particuliers de l'administration municipale.
De plus, c'est l'intention du gouvernement de présenter les deux
projets de loi, dès le début de la prochaine session. Le texte
final est déjà rédigé. Si cette session n'avait pas
été aussi courte, nous aurions présenté, dès
cette présente session, la Loi de l'évaluation municipale, et
également la Loi de l'urbanisme, afin d'étendre à tout le
territoire du Québec une évaluation municipale avec des normes
uniformes. Et la loi prévoira que la Commission municipale du
Québec sera chargée de l'application de cette évaluation
municipale uniforme. Elle sera chargée de voir à ce que les
municipalités appliquent la loi. Elle sera également
chargée de voir à trancher certains litiges. Pour cela...
M. BERTRAND: Si le ministre me permet... M. TESSIER: Oui.
M. BERTRAND: II a également parlé d'une loi
d'urbanisme.
M. TESSIER: Oui.
M. BERTRAND: Que vient faire la commission là-dedans?
M. TESSIER: Bien, justement, je vais terminer ce que j'ai à dire
sur l'évaluation municipale. J'y arrive, là. Alors, c'est donc
l'intention du gouvernement de nommer, comme commissaire à la Commission
municipale du Québec, un expert en évaluation, de manière
que ce soit toujours la même personne qui est spécialisée
dans ce domaine-là, comme on le fait, d'ailleurs, devant nos tribunaux
judiciaires, où il y a des juges qui sont spécialisés, par
exemple, dans des questions de faillite ou dans d'autres questions, de
manière que nous ayons là, à la Commission municipale du
Québec, de réels experts.
Deuxièmement, nous voulons faire la même chose en ce qui
concerne l'application de la Loi de l'urbanisme et nommer, comme commissaire
à la Commission municipale du Québec, une personne qui sera
qualifiée en la matière et qui verra à ce que toutes les
lois concernant l'urbanisme, les règlements concernant l'urbanisme
soient appliqués. Alors, pour cela il faut augmenter le nombre de deux,
donc de six à huit. Quant aux deux autres, c'est pour, tout simplement,
nommer, comme je l'ai mentionné il y a un instant, deux commissaires
additionnels permanents pour remplacer les commissaires temporaires ou les
commissaires ad hoc, parce qu'il y en a toujours au moins deux ou trois,
à longueur d'année, depuis une couple d'années. Alors,
d'après la Commission municipale du Québec et d'après les
recommandations qui m'ont été faites, dix membres seront
suffisants.
Je crois que nous aurons réellement là une Commission
municipale bien structurée qui sera en mesure de jouer son rôle
vis-à-vis de l'administration municipale et des
municipalités.
M. PAUL: M. le Président, le ministre pourrait-il nous dire
combien il y aurait de demandes d'enquête pendantes, actuellement, devant
la Commission municipale, venant de différentes municipalités,
surtout de villes ou de cités de la province?
M. TESSIER: On me dit qu'il y a trois ou quatre enquêtes pendantes
aujourd'hui.
M. PAUL. Il reste du travail à faire par messieurs les
commissaires. C'est un travail ordinaire de surveillance, un travail de
routine. Y a-t-il des demandes qui ont été
présentées à la Commission municipale, autres que les
trois ou quatre dont vient de parler le ministre?
M. TESSIER: La Commission municipale a un travail régulier
à accomplir. Avec les six membres actuels, elle ne peut pas le faire. Ce
qui fait défaut au point de vue de l'efficacité, c'est que nous
avons dû nommer constamment, depuis deux ans, des commissaires ad hoc qui
se sont remplacés. Cela n'a pas toujours été les
mêmes personnes. La Commission municipale, pour son travail courant, a
besoin de huit membres, actuellement.
M. PAUL: Lorsque la Commission de police a été
créée, la Commission municipale a dû être
soulagée d'un grand nombre de problèmes.
M. TESSIER: Oui, sans doute.
M. PAUL : Alors, le ministre peut-il nous dire combien il y a de
commissaires ad hoc qui...
M. TESSIER: II y en a deux.
M. PAUL: II y en a deux.
M. TESSIER: Ils travaillent à temps plein.
M. PAUL: A temps plein. Le ministre pourrait-il nous dire s'il a
arrêté son choix ou s'il a des candidats en vue pour faire
effectuer le travail d'évaluation municipale dont il vient de nous
parler? Quels sont ces spécialistes qu'il pressentirait pour occuper ce
poste avec avantage à la Commission municipale?
M. TESSIER: Voulez-vous dire des spécialistes en urbanisme et en
évaluation municipale?
M. PAUL: Oui.
M. TESSIER: Je n'ai aucun candidat en vue, présentement.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Article 3, adopté. Article 4?
M. BERTRAND: Adopté, parce que cela abroge l'article 3,
c'étaient les commissaires additionnels.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Article 4, adopté. Article 5?
M. BERTRAND: Adopté. Concordance.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Adopté. Article 6?
M. BERTRAND: Concordance.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Adopté. Article 7?
M. BERTRAND: Cela change les numéros des articles du code de
procédure civile.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Article 7, adopté. Article 8?
M. BERTRAND: Article 22, un instant. Le paragraphe 2 de l'article
22.
M. PAUL: Est-ce que le ministre pourrait nous dire ce que nous voulons
abroger par l'adoption de cet article?
M. TESSIER: L'article 8, c'est pour abroger...
M. BERTRAND: Les enquêtes pour les annexions?
M. TESSIER: C'est bien ça.
M. BERTRAND: Oui, la loi actuelle dit: "La commission peut faire
enquête à la demande d'une municipalité, chaque fois qu'une
annexion proposée par celle-ci n'est pas approuvée par l'autre
municipalité". C'est à cause de la Loi des cités et villes
actuelle.
M. TESSIER: C'est ça.
M. BERTRAND: L'article 43...
M. TESSIER: Cela a été remplacé, M. le
Président, par l'article 43 de la Loi des cités et villes.
M. BERTRAND: Oui, de la loi de 1968, chapitre 55, article 15.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Article 8, adopté?
M. BERTRAND: Adopté.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Article 9?
M. SAMSON: M. le Président, à l'article 9, on dit:
"Lorsque, pour quelque cause que ce soit, un conseil municipal ne peut plus
siéger valablement". Est-ce que le ministre pourrait nous dire quels
sont les critères qui seront utilités pour évaluer,
à savoir, si un conseil peut siéger valablement ou non, et qui
aura à décider si c'est valable ou non?
M. TESSIER: C'est pour donner pouvoir à la Commission municipale
de se substituer temporairement à un conseil municipal, lorsque, pour
certaines raisons, le conseil municipal n'est pas en mesure d'accomplir des
actes. Voici deux cas concrets qui se sont produits dernièrement
à Hauterive, par exemple, et à Saint-Joseph-de-Beauce.
Dans le cas de Hauterive, en vertu des règlements et en vertu de
la Loi des cités et villes, le maire et le
secrétaire-trésorier sont les seuls autorisés à
signer des billets ou des chèques, à faire des paiements,
à signer un effet de commerce; ou, en l'absence du maire, le maire
suppléant. Or, il est arrivé que, dans ces deux cas, le maire et
le maire suppléant ont démissionné en même temps.
L'argent était là, on devait faire des paiements sur des
échéances d'obligations, mais il n'y avait personne
autorisé à signer. L'argent était en banque, mais la
municipalité ne pouvait pas remplir ses obligations vis-à-vis des
détenteurs d'obligations. Je cite ce cas à titre d'exemple.
Avec l'amendement, immédiatement, lorsqu'un cas semblable se
produira à l'avenir, la Commission municipale sera autorisée
à signer au nom de la municipalité et à accomplir tout
simplement des actes de pure administration.
M. PAUL: Qui informera la Commission municipale?
M. TESSIER: Je présume que ce seront ceux qui resteront au
conseil municipal ou les officiers municipaux, comme le greffier.
M. PAUL: Supposons que le maire et le secrétaire-trésorier
démissionnent en même temps. Quel sera le mécanisme
ordinaire pour que la Commission municipale soit légalement saisie d'une
situation juridique qui existe dans telle municipalité et qui
empêche le fonctionnement normal des affaires courantes de la
municipalité?
M. TESSIER: A ce moment, ce sera un des
conseillers municipaux; évidemment, c'est lui qui est le premier
à se rendre compte de la situation. Il dira: Nous ne pouvons pas agir
à cause de la démission de l'un ou de l'autre ou des deux en
même temps.
M. PAUL: Mais, est-ce que...
M. TESSIER: A ce moment, il va sachant que la Commission
municipale a les pouvoirs de remplacer temporairement le conseil,
jusqu'à ce que les vacances aient été comblées au
sein du conseil municipal en aviser la Commission municipale, qui,
immédiatement, pourra poser les gestes nécessaires.
M. PAUL: Est-ce que le ministre ne craint pas que cela soit en quelque
sorte une occasion, une justification, pour les autres membres en office au
conseil municipal, de négliger le remplacement qui s'impose lorsque le
maire ou l'un des conseillers démissionne?
M. TESSIER: Non, parce que la Commission municipale, à ce moment,
a pleins pouvoirs pour poser des conditions et dire: Nous sommes bien
prêts à accomplir tel acte, mais il faut que vous procédiez
immédiatement à combler la vacance qui existe.
On vous avertit qu'on ne tolérera pas que vous laissiez ces
postes vacants.
M. PAUL: M. le Président, dans la pratique, à ma
connaissance, dans ma région, un conseil municipal a perdu son maire le
mercredi et, le lundi soir, le maire était remplacé. Dans un
autre cas, c'est un conseiller qui a démissionné et, deux jours
après, il était remplacé. Je pense que le ministre a
d'autres raisons à nous donner que les signatures de billets et
d'obligations.
Si ma mémoire est bonne, lorsque le ministre a
présenté son projet de loi en première lecture, il a
référé à certaines situations qui peuvent se
présenter dans la région de la Gaspésie, et le ministre ne
nous en parle pas.
M. TESSIER: Bien oui, mais...
M. PAUL: Le ministre voudrait-il s'ouvrir un peu plus?
M. TESSIER: Je vous en ai déjà parlé. La preuve est
que vous vous en souvenez, vous le répétez vous-même.
M. PAUL: Non.
M. TESSIER: Je veux tout simplement éviter de me
répéter.
M. PAUL: Non, non, je sais que vous aimez vous répéter.
C'est que, quand vous vous répétez, vous ne dites pas toujours la
même chose. Nous voudrions savoir...
M. TESSIER: Je vous demande pardon! Quand n'ai-je pas toujours dit la
même chose? Pouvez-vous me le dire?
M. BERTRAND: Cela fait une semaine, au moins, là.
M. PAUL: Le ministre dit toujours la même chose, mais dans des
termes différents et qui ne veulent pas dire la même chose.
M. TESSIER: Cela, c'est vous qui le dites, mais ce n'est pas la
vérité.
M. PAUL: C'est ce que je comprends.
M. TESSIER: C'est parce que vous comprenez mal.
M. PAUL: Le ministre pourrait-il avoir la gentilhommerie, la
délicatesse, la bonhomie et l'intelligence de nous décrire
l'application pratique de cet article 9 dans certaines régions de la
Gaspésie?
M. TESSIER: D'accord.
M. PAUL: Est-ce clair? Nous vous écoutons.
M. TESSIER: C'est bien clair. Je vais vous le répéter,
étant donné que vous ne semblez pas avoir saisi exactement ce que
j'ai dit lors de la première lecture. C'est peut-être une perte de
mémoire ou autre chose. J'ai dit qu'en outre des cas que je viens de
citer, il se produit, dans certaines paroisses marginales de la
Gaspésie, comme c'est le cas là où on déplace les
contribuables vers d'autres endroits, qu'il n'y a plus de quorum au conseil
municipal.
Comme les gens déménagent, ils ne sont pas
intéressés à prendre des charges pour un conseil municipal
qui est appelé à disparaître dans quelques mois. Toutefois,
il demeure encore des actes municipaux à poser; il y a encore des
comptes à payer, des comptes en souffrance. Il peut même y avoir
des taxes à percevoir; il peut y avoir des biens, comme une voiture de
pompiers qui peut demeurer dans une municipalité et qu'il y a lieu de
vendre. En somme, il n'y a plus d'organisme municipal pour s'occuper de ces
choses parce que les trois quarts du conseil municipal ont
déménagé. Il peut rester seulement sept ou huit personnes
dans la municipalité.
C'est là un autre cas où la Commission municipale continue
à agir pour et au nom du conseil municipal jusqu'à la liquidation
complète des affaires de la municipalité.
M. PAUL: M. le Président, je crois que nous assistons, avec la
présentation de cet article de loi, à un nouveau mode
d'expropriation forcée de la part du gouvernement.
M. TESSIER: Expliquez-nous ça.
M. PAUL: Ah non! D'ailleurs, M. le ministre, vous savez fort bien que,
dans ces municipalités, dans ces paroisses marginales, des services
publics devront être maintenus pour ceux qui, jusqu'ici, n'ont pas voulu
accepter les offres d'expropriation qui leur furent faites.
M. TESSIER: C'est faux, absolument faux, parce que les gens qui
demeurent dans ces municipalités ont un délai, notamment dans
certains cas. Je ne sais pas si c'est uniforme pour toutes les paroisses, mais
j'ai un cas à l'idée, celui de Forillon.
M. PAUL: Sur combien de cas? M. BERTRAND : Un sur combien? M. TESSIER:
Cela en est un sur onze. M. PAUL: Sur onze.
M. TESSIER: II faut que je donne un exemple; je ne suis pas pour me
répéter onze fois. J'en prends un. A Forillon ils ont jusqu'au 31
décembre 1971 pour déménager. Prenons la paroisse de
Saint-Thomas-de-Cherbourg, si vous voulez.
M. PAUL: Saint-Jérusalem-du-Rédempteur.
M. TESSIER: C'est le même cas. Il y a des gens qui ont
commencé à déménager depuis le mois de juin et le
mois de juillet. Il y en a qui ont déménagé au mois de
septembre. Il y en a qui déménagent encore, mais tout le monde
n'est pas obligé de déménager avant le 31 décembre
1971. Cela ne veut pas dire qu'ils ne sont pas satisfaits. C'est ça que
je veux préciser. Ils ne sont pas satisfaits des montants
d'expropriation, mais ils déménagent en somme. Je pense que c'est
logique et humain de donner à ces gens-là une période de
douze, quinze ou dix-huit mois pour déménager. Ils ne
déménagent pas tous le même jour. Il va venir un moment
où il n'y en aura plus suffisamment pour former le conseil.
M. PAUL: M. le Président, je dis que c'est illogique et inhumain.
Le gouvernement, par le mécanisme de la Commission municipale, va forcer
les individus à déménager avant la période qui leur
a été donnée par une loi spéciale, soit le 31
décembre 1971...
M. TESSIER: Jamais.
M. PAUL: ... en les privant de certains services, comme l'entretien des
chemins durant l'hiver, puis de ces choses-là. La Commission municipale
n'a qu'à s'abstenir de maintenir les services existants et, contre leur
gré, ces gens-là seront obligés de déménager
avant la période que leur donne la loi, soit le 31 décembre 1971,
à moins de vivre dans des conditions inhumaines et parfois difficiles.
Je ne vois pas, M. le Président, pour quelle raison la Commission
municipale veut, par ce mécanisme, forcer le déménagement
de ces individus.
M. TESSIER: Est-ce que vous me permettriez une question?
M. PAUL: Après. Je ne vous oublierai pas, c'est juré,
craché. Je suis sûr que ce n'est pas le but du ministre je
n'aurais pas le droit de le dire et je ne le dirai pas, M. le Président
de hâter le déménagement. Mais pourquoi
n'ajouterait-il pas une clause à cet article 8 qui pourrait dire que les
services existants seront maintenus?
M. TESSIER: Quoi, les services?
M. PAUL: Oui que les services existants soient maintenus.
M. TESSIER: Sont maintenus.
M. PAUL: Seront ou soient maintenus. Vous ne trouvez pas que c'est
logique? Voyez-vous, c'est pour collaborer, c'est pour améliorer la loi
du ministre qui est déjà ébranlée, M. le
Président.
M. TESSIER: Si vous me permettez, je vais vous poser la question,
maintenant.
M. PAUL: Oui, oui, pour le désir que vous avez, ça me fait
plaisir.
M. TESSIER: Alors, quand êtes-vous allé dans ces paroisses
marginales de la Gaspésie pour constater ce que vous venez de
décrire? A quelle date êtes-vous allé là?
M. PAUL: Ah! , M. le Président, j'y suis passé cet
été.
M. TESSIER: Si vous y étiez allé dernièrement, vous
auriez vu que les gens sont pleinement satisfaits et qu'ils n'ont aucune
appréhension.
M. PAUL: M. le Président, il n'y a rien de pire que lorsqu'on
apprécie soi-même sa propre valeur. Ce ne sont pas les
informations qui nous parviennent...
M. TESSIER: Par qui et de qui?
M. VINCENT: Par le un dixième de 1 p. c. de ceux qui ne sont pas
contents.
M. BERTRAND: Nous n'allons pas donner notre source d'information.
M. PAUL: Par les curés, M. le Président...
M. TESSIER: Vous ne voulez pas donner vos sources d'information.
M. PAUL: Par les curés, et je ne dirai pas l'évêque
de Gaspé, non, mais par des curés. L'évêque de
Rimouski, c'est trop loin.
M. BERTRAND: Les curés...
M. PAUL: Si le ministre est de bonne foi, il devrait apporter un
correctif, un amendement. Il dit non, sans entendre nos arguments. Je ne dirai
pas qu'il tient à son texte, il le trouve bon, mais nous, nous ne le
trouvons pas bon.
M. TESSIER: Pourquoi? Parce que c'est inutile dans les
circonstances.
M. PAUL: Je ne dis pas que c'est inutile. Quant au ministre
lui-même, disons que nous lui faisons confiance, mais on ne sait jamais
le jour où le premier ministre décidera de la changer, et
là, ça deviendra grave.
M. TESSIER: Alors, attendez à ce moment-là et vous
proposerez votre amendement, dans le temps.
M. PAUL: Alors, je dis, M. le Président...
M. TESSIER: Ce ne sera pas avant quelques années, je pense
bien.
M. PAUL: Oh! M. le Président, je ne succomberai pas à
l'aimable invitation que me fait l'honorable ministre. Blague à part, je
me demande si, pour éviter certains abus possibles, le ministre, qui a
à ses côtés un excellent conseiller, un homme
d'expérience lui, il connaît ça le problème
des municipalités, il pourra même consulter le maire de
L'Assomption je me demande si le ministre n'osait pas nous parler des
paroisses marginales. Je ne comprends pas cela. Et quand il a
présenté son projet de loi en première lecture, il ne nous
a pas parlé des billets, ni des chèques, ni des endossements,
non. C'était, à ce moment-là, la motivation, le principe
de cet article; c'étaient les paroisses marginales. Et ce soir, sans
doute après l'adoption d'un important projet de loi, en bas, le projet
de loi de la ville de Québec, le ministre a oublié que l'une des
motivations premières et la justification de ce présent projet de
loi, étaient justement de forcer les gens à
déménager avant le terme que leur fixe la loi.
Dans les circonstances, c'est inhumain. Si le ministre dit que c'est une
loi humaine, nous disons, nous, que la façon de procéder, le
moyen, c'est inhumain. Et je crois que, dans les circonstances, il y a risque
de voir le législateur forcer des déménagements.
C'est simplement par l'adoption de cette mesure que ceux qui vivent dans
des paroisses marginales seront forcément obligés de se plier aux
caprices et aux exigences du gouvernement avant l'échéance du
terme en les privant tout simplement de tous les services municipaux:
contribution aux chemins d'hiver, entretien des chemins de colonisation etc.
Ainsi, la Commission municipale du Québec, par l'application de cette
loi, aura atteint le but visé par le ministre des Affaires municipales,
celui de régler le problème d'indemnité et de
déménagement de ceux qui se voient aux prises avec l'obligation
d'aller demeurer ailleurs.
M. TESSIER: M. le Président, comme mon collègue me l'a
suggéré et je suis parfaitement d'accord avec lui, j'ai à
ma droite un excellent conseiller. Je viens de le consulter et il me conseille
de ne rien modifier au texte.
M. PAUL: M. le Président, je suis sûr que c'est
parce...
M. BERTRAND: Une influence indue.
M. PAUL: Je le sais, M. le Président. C'est parce qu'il est
gêné et il sait que le ministre ne l'écoutera pas sans
ça !
M. TESSIER: Et le maire de l'Assomption me donne le même conseil
également.
M. PAUL: Ah! lui, c'est plus sérieux!
M. TESSIER: Alors, vous voulez dire que mon conseiller de droite est
moins sérieux que mon conseiller de gauche!
M. PAUL: Non, ce n'est pas ça que je veux dire.
M. TESSIER: Je tiens à faire une précision, parce que mon
savant ami a soulevé là une question que je ne veux pas laisser
sans réponse.
M. PAUL: Très bien.
M. TESSIER: Lorsqu'il a dit qu'il y avait quelque chose d'inhumain, il y
avait quelque chose d'inhumain parce que sous le gouvernement
précédent...
M. PAUL: Ah! Ah!
M. TESSIER: Ah! oui. Laissez-moi...
M. LE PRESIDENT (Hardy): A l'ordre! A l'ordre!
M. TESSIER: ...vous allez peut-être aimer moins ça, mais
c'est vous qui avec amené le sujet sur le tapis.
M. PAUL: On va vous répondre.
M. TESSIER: Alors, avant les élections du 29 avril, un
arrêté ministériel a été adopté par
lequel on a déterminé les primes de relocalisation. Avec le
mécanisme du gouvernement précédent, les gens des
paroisses marginales étaient obligés d'aller s'établir
dans des endroits désignés par le gouvernement, sans quoi ils ne
pouvaient pas bénéficier des primes entières de
relocalisation, c'est-à-dire $2,400. Mais, depuis ce temps-là, il
y a un autre gouvernement. Le premier ministre et moi sommes allés
rencontrer ces gens, il y a environ deux mois. Je ne peux pas donner la date
exacte mais je peux déposer l'arrêté ministériel.
J'ai fait modifier l'arrêté ministériel du gouvernement
précédent afin de donner la pleine prime, à 100 p. c. ,
à tous les habitants de ces paroisses marginales et pour leur permettre
d'aller habiter là où ils le désirent et non pas là
ou le gouvernement de l'union Nationale voulait les envoyer résider.
De plus, j'ai donné instruction à la Société
d'habitation du Québec de construire des HLM là où les
gens voulaient aller résider et non pas là où le
gouvernement précédent avait décidé que ces gens
devaient aller résider.
M. LE PRESIDENT (Hardy): L'honorable député de
Saint-Jean.
M. VEILLEUX: J'aurais une question à poser au ministre des
Affaires municipales. Advenant le cas où cet article serait
adopté, est-ce que la Commission municipale pourrait établir des
mesures d'urgence qui iraient à l'encontre des pouvoirs qui
appartiennent à la municipalité en vertu du code municipal?
M. TESSIER: Non, certainement pas. Non seulement cela, la Commission
municipale ne peut même pas poser tous les actes qu'un conseil municipal
est autorisé à poser en vertu de la Loi des cités et
villes ou du code municipal, mais simplement des actes d'administration
courante, uniquement. C'est que le texte dit.
M. VEILLEUX: Je vous ai posé la question, M. le ministre,
uniquement pour éclairer l'honorable député de
Maskinongé, qui semble ne pas vouloir comprendre que c'est une mesure
d'urgence pour les affaires courantes prévues au code municipal.
M. PAUL: La mouche du coche. Avez-vous compris quelque chose, M. le
ministre?
M. LE PRESIDENT (Hardy): L'honorable député de
Rouyn-Noranda.
M. SAMSON: M. le Président, j'aimerais poser quelques questions
au ministre. Il nous a parlé de primes de $2,400. Cela semble assez
intéressant. Il serait peut-être aussi intéressant de
savoir si ces primes ont été payées; si elles le seront,
quand elles le seront. Egalement, pour ceux qui sont expropriés,
j'aimerais savoir quelle sorte de délais sont prévus pour le
paiement de l'expropriation, si cela se fera dans de brefs délais,
étant donné les circonstances, ou si cela se fera comme cela se
fait habituellement, que cela dure un an ou deux, parfois plus.
Troisièmement, il est dit à l'article 93: "Lorsque, pour quelque
cause que ce soit, un conseil municipal ne peut plus siéger valablement,
la commission peut, tant que dure la situation, adopter... etc, etc. " Alors,
"tant que dure la situation", qui décidera qu'elle a assez duré
ou s'il faut continuer? Est-ce la commission qui décidera cela ou s'il y
aura consultation avec les gens du conseil municipal, je pense à ceux
qui resteront en fonctions?
M. TESSIER: Permettez, M. le Président, que je réponde
à l'inverse des questions. Quant au temps que cela peut durer, c'est le
temps fixé déjà par la loi, c'est-à-dire le temps
nécessaire pour combler les vacances. En somme, trente jours, au
maximum.
Quant aux primes de relocalisation, elles sont payées au fur et
à mesure que les gens quitteront les paroisses. J'ai eu un dernier
rapport, il y a environ quinze jours. Il y en avait environ une centaine.
M. VINCENT: De payées?
M. TESSIER: De payées.
M. VINCENT: Sur combien?
UNE VOIX: A qui?
M. TESSIER: A ceux qui étaient partis.
M. VINCENT: Mais, sur combien?
M. TESSIER: Je ne pourrais pas dire combien il y en a dans chacune de
ces paroisses. Mais, j'ai vu les chèques. Les paiements ont
été faits à une centaine de personnes qui étaient
parties. Elles sont payés immédiatement le jour même
où elles déménagent. Le ministère a des
représentants sur les lieux, à Sainte-Anne-des-Monts même,
et il y en a un autre à Gaspé.
Chaque semaine, une série de chèques sont émis et
ce ou ces fonctionnaires s'occupent de distribuer les chèques. La
semaine dernière, au point de vue de l'expropriation, il y a eu $350,000
environ de distribués. Ils n'ont pas été distribués
mais plutôt remis, puisqu'il s'agit, à ce moment-là, de
payer à cinquante familles la valeur de leur expropriation qui a
été faite de gré à gré, montant qui a
été accepté par les expropriés. Chaque semaine, il
y a un certain nombre de chèques qui sont ainsi remis aux
expropriés, tant pour la valeur de l'expropriation que pour les
primes de relocalisation.
M. SAMSON: M. le Président, qu'est-ce qu'on pourrait compter
comme délai maximum qui, à toutes fins utiles, a
été respecté dans les cas où vous avez
déjà payé de l'expropriation?
M. TESSIER: Le délai?
M. SAMSON: Oui. Vous avez dit que des chèques sont émis
toutes les semaines. Cela représente quoi? Les expropriations faites
durant la semaine courante, dans le mois courant ou quoi?
M. TESSIER: Les expropriations se font environ dans les quinze jours de
la signature du consentement au montant offert.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Adopté?
M. PAUL: Non, un instant, M. le Président. Le ministre a
tenté tout à l'heure de vanter sa loi et surtout la politique
nouvelle qu'il appliquait au sujet de la prime de relocalisation. Le ministre
dit: M. le Président, l'ancien gouvernement obligeait les
expropriés à aller s'établir à certains endroits
déterminés. Est-ce ça que vous avez dit?
UNE VOIX: C'est ça.
M. PAUL: Alors, voici pourquoi nous avions adopté cette mesure.
Justement parce que nous étions obligés de procéder
à des expropriations et à des déménagements chez
des individus de certaines paroisses marginales, nous ne voulions pas que ces
mêmes individus, après avoir touché la prime, s'en aillent
dans une autre municipalité qui, dans un an ou dans deux ans, sera
déclarée encore paroisse marginale et d'où ils seront
obligés de déménager à nouveau. Nous avions donc
pensé que le déménagement devait se faire vers les centres
urbains, mais de la façon que le ministre nous parle aujourd'hui, il
semble se ficher...
M. TESSIER: Vous aviez présumé du bon jugement et de
l'intelligence de ces gens-là.
M. PAUL: Je dis que si le ministre ne voit pas à protéger
les territoires qui sont susceptibles d'être déclarés
paroisses marginales, il sera appelé à payer double
indemnité de relocalisation...
M. TESSIER: Non...
M. PAUL: C'est ça que nous ne pouvons accepter, et c'est la
raison pour laquelle le ministre responsable à l'époque du
début des opérations, le député de Montcalm, avait
eu la sagesse administrative qui ne semble pas caractériser le ministre
actuel...
M. TESSIER: Ha! Ha!
M. VEILLEUX: Ce n'est pas brillant!
M. TESSIER: La sagesse administrative!
M. PAUL: J'ai dit: La sagesse administrative. Je n'ai pas parlé
de compétence. J'ai parlé de sagesse...
M. HARVEY (Chauveau): Heureusement que vous n'en avez pas
parlé.
M. PAUL: Si j'avais parlé d'incompétence, M. le
Président, je comprends la réaction qu'aurait pu avoir le
ministre. Je n'ai pas eu cette expression malheureuse.
M. TESSIER: Mais vous ne m'empêcherez pas de dire: Ha! Ha!
M. PAUL: Ah! non. Est-ce que Saint-Louis-des-Ha! -Ha! est dans votre
comté?
M. LE PRESIDENT (Hardy): A l'ordre! A l'ordre! Article 9?
M. PAUL: Non, non, M. le Président. Je regrette, parce que j'ai
une question à poser...
M. LE PRESIDENT (Hardy): Je ne veux pas priver l'honorable
député de Maskinongé de ses questions, mais je lui demande
de revenir plus spécifiquement à l'article 9.
M. PAUL: Je ne m'en suis pas éloigné du tout, M. le
Président...
M. LE PRESIDENT (Hardy): Bien, les Ha! Ha!
M. PAUL: Vous faites bien, M. le Président, de rappeler le
ministre à l'ordre. Vous faites bien, c'est lui qui a parlé de
Ha! Ha!
M. TESSIER: Vous ne vous êtes pas éloigné, mais vous
êtes tout de même à trois cents milles d'ici.
M. PAUL: Je voudrais poser une question au ministre. Supposons qu'une
paroisse marginale perde trois membres de son conseil...
M. TESSIER: On revient enfin à la loi...
M. PAUL: Qui a parlé tout à l'heure de prime de
relocalisation de $2,400? Qui a parlé de déménagement? Qui
a parlé d'arrêté en conseil?
M. TESSIER: C'est vous qui avez mis le sujet sur le tapis.
M. PAUL: Non, M. le Président!
M. TESSIER: De corps et âme.
M. PAUL: Non, M. le Président.
M. TESSIER: Bien voyons!
M. PAUL: Nous n'avons jamais parlé de cela.
M. TESSIER: Je ne pensais pas que vous aviez la mémoire si courte
que cela! C'est vous qui avez commencé à parler de lois
inhumaines.
M. PAUL: Le ministre a employé des termes que j'ai repris en les
mettant au passif plutôt qu'à l'actif du ministre.
M. le Président, reprenons l'exemple concret que je viens de
signaler. Supposons qu'un conseil municipal, dans le cours du mois de janvier
ou de décembre, perd son maire et deux conseillers et que personne ne
veuille assumer la succession, c'est la Commission municipale qui administrera
le territoire.
M. TESSIER: D'accord.
M. PAUL: Dois-je comprendre que, s'il y a un habitant ou quelques
habitants sur ce territoire jusqu'au 31 décembre 1971, c'est la
Commission municipale qui verra à l'administration de la chose publique
dans ce secteur de la paroisse X par exemple? Est-ce cela?
M. TESSIER: C'est cela.
M. PAUL: Dois-je comprendre que la Commission municipale, à ce
moment, se substituera aux autres membres du conseil pour préparer les
budgets et le rôle d'évaluation?
M. PERREAULT: Mesures d'urgence.
M. PAUL: En un mot, est-ce que la Commission municipale administrera
complètement le territoire donné?
M. TESSIER: Non. J'ai donné en exemple deux cas concrets.
M. PAUL: Oui, oui, mais...
M. TESSIER: Un cas d'urgence comme celui qui s'est produit à
Hauterive...
M. PAUL: Oui.
M. TESSIER: ... où c'est un acte de pure administration. J'ai
donné comme deuxième exemple des municipalités qui se
vident de leurs habitants. Lorsqu'il ne reste plus personne pour former un
conseil municipal, mais que, par contre, il reste des biens à liquider,
la Commission municipale doit se substituer au conseil municipal pour liquider
ces biens et, en somme, liquider la municipalité.
M. PAUL: Alors, la Commission municipale n'administrerait pas la chose
publique dans ces territoires.
M. TESSIER: Pas pour longtemps.
M. PAUL: Pas pour longtemps.
M. TESSIER: Non.
M. PAUL: Mais, le ministre admettra...
M. TESSIER: Temporairement.
M. PAUL: ... que cela pourrait se présenter pour onze mois. Si,
à un moment donné, il y a une situation qui se
présente...
M. TESSIER: Dans certaines municipalités, c'est possible.
M. PAUL: A ce moment, il n'y aura pas seulement des actes urgents
à poser; ce sera l'administration normale d'une municipalité.
M. TESSIER: Oui, ce qui reste à administrer, en somme; ce ne sera
pas grand-chose.
M. LE PRESIDENT (Hardy): L'article 9, adopté.
L'honorable député de Saint-Sauveur.
M. BOIS: J'apprécierais que le bill soit adopté le plus
tôt possible; cependant, j'aurais une remarque à faire. A
l'article 9, qui remplacera l'article 93, je constate que le ministre inscrit
"pour quelque cause que ce soit". Il est entendu qu'à l'heure actuelle
on parle seulement des terrains de remplacement ou encore des
municipalités où il y aura des évacuations possibles en
vue de former des parcs, etc. Cependant, il faut bien avouer qu'il est possible
qu'à un moment donné un conseil municipal soit forcé de
démissionner, soit pour refus d'un emprunt d'un prêt ou pour toute
autre influence qui, parfois, pourrait être politique. Est-ce que, dans
un cas comme celui-ci, les mots "pour quelque cause que ce soit" ne donneront
pas à l'honorable ministre ou à la Commission municipale le
privilège d'exercer des pouvoirs administratifs qui pourront, d'une
façon indue, nuire aux gens qui seront concernés?
M. TESSIER: Non. L'article dit: "Lorsque, pour quelque cause que ce
soit, un conseil municipal ne peut plus siéger valablement." On ne peut
pas donner une énumération. Cela peut être le
décès, la démission, la maladie; cela peut être
n'importe quoi. "Pour quelque cause que ce soit," cela peut inclure des
douzaines de causes. Il ne faudra pas commencer à amender
cet article chaque fois que se produire un cas particulier dans une
municipalité.
M. TESSIER: On dit, à un moment donné: "Lorsque, pour
quelque cause que ce soit, un conseil municipal ne peut plus siéger
valablement..." parce qu'il n'y a pas quorum, c'est un cas. Comme dans le cas
de Hauterive, le maire et le maire suppléant démissionnent; ils
sont les deux seules personnes autorisées à signer, avec le
secrétaire-trésorier, certains actes. Ils ne sont pas là
et cela va prendre 30 jours à les remplacer. Pendant ce temps-là,
le conseil ne peut pas accomplir certains actes essentiels de pure
administration. C'est à ce moment-là que la Commission municipale
sera autorisée à intervenir pour la bonne administration et dans
le meilleur intérêt des administrés, des contribuables.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Article 9. M. BOIS: M. le Président...
UNE VOIX: Adopté.
M. BOIS: ... s'il existe encore, dans le code municipal, un article qui
prévoit que, lors du refus d'un maire de signer, par exemple, les
échevins peuvent, après un certain temps, déléguer
un des membres du conseil, est-ce que le même article ne pourrait pas
s'appliquer dans des cas d'urgence comme celui-ci?
M. TESSIER: Cela peut arriver, c'est une des causes, cela, où les
gens refuseraient de signer. A ce moment-là, n'est-il pas raisonnable
que la Commission municipale puisse intervenir?
M. BOIS: Dans "quelque cause que ce soit" c'est, là encore, trop
vague et beaucoup trop ample.
M. LE PRESIDENT (Hardy): L'honorable député de
Saint-Sauveur a un amendement à proposer?
M. BOIS: Pardon?
M. LE PRESIDENT (Hardy): L'honorable député de
Saint-Sauveur a un amendement à proposer?
M. TESSIER: Y a-t-il quelqu'un pour l'appuyer?
M. SAMSON: M. le Président...
M. LE PRESIDENT (Hardy): Adopté?
M. SAMSON: ... l'honorable ministre vient de nous mentionner Hauterive
comme exemple, si j'ai bien compris. Il a dit, à un certain moment:
"Pour quelque cause que ce soit"; cela pourrait vouloir dire pour un manque de
quorum. Il nous a cité le cas de Hauterive où le maire et le
maire suppléant ont démissionné ensemble. Est-ce que, dans
ce cas spécifique, cela voulait dire que ces deux personnes, ayant
démissionné en même temps, cela brisait le quorum de ce
conseil?
M. TESSIER: Cela ne brisait pas le quorum, mais en vertu des
règlements municipaux et de la loi, certains effets commerciaux devaient
porter nécessairement, d'une part, la signature du maire ou du maire
suppléant, et d'autre part, la signature du greffier; comme la partie de
première part était absente, cet effet commercial ne pouvait pas
être valablement signé.
En l'occurence, c'était un chèque, un paiement, un
transfert de fonds du compte de banque aux détenteurs d'obligations. Il
s'agissait d'honorer une échéance d'obligations. Or, la
municipalité de Hauterive n'a pas été capable de remplir
ses obligations vis-à-vis des détenteurs. C'est un cas qui s'est
produit. La même chose s'est produite c'est un cas à peu
près identique à Saint-Joseph-de-Beauce. C'est pour parer
à des cas semblables.
M. SAMSON: M. le Président...
M. LE PRESIDENT (Hardy): Article 9, adopté.
M. SAMSON: ... le ministre nous dit que, dans ce cas particulier,
puisqu'il l'a cité, étant donné que deux personnes ont
démissionné en même temps, les effets commerciaux ne
pouvaient pas être signés et que, quand même, à ce
conseil, il y avait encore quorum. Est-ce que le conseil, avec son quorum, ne
pouvait pas pallier cela lui-même sans être obligé d'aller
à la Commission municipale, ou est-ce la Commission municipale qui a cru
bon d'intervenir?
M. TESSIER: Non, la Commission municipale ne pouvait pas intervenir
parce qu'elle n'avait pas les pouvoirs. Dans le cas de Hauterive, je pourrais
peut-être ajouter qu'en plus du maire et du maire suppléant, il y
avait deux autres conseillers municipaux qui avaient également
démissionné. Il y en avait quatre, en tout, qui avaient
démissionné.
M: LE PRESIDENT (Hardy): Article 9, adopté.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, j'aurais quelques questions
à poser au ministre. Le ministre a expliqué qu'une des raisons
pour lesquelles cet article-là avait été mis dans ce
projet de loi no 49 était pour pallier la disparition des conseils
municipaux dans ce qu'on a appelé les paroisses marginales, à un
moment donné du processus.
M. TESSIER: A titre d'exemple, également.
M. MASSE (Montcalm): A titre d'exemple, et cela s'applique dans ce
domaine-là. Donc, il en est question ce soir. Il y a présentement
un certain nombre de paroisses qui sont appelées, comme cela, paroisses
marginales et qu'on est à liquider par l'administration
québécoise.
Est-ce que le ministre prévoit que, dans d'autres régions
du Québec, cet article 93 s'appliquera parce qu'il y aura des paroisses
marginales, des paroisses que l'administration provinciale tentera de
fermer?
M. TESSIER: Actuellement, non. Je ne prévois pas d'autres
paroisses, mais il y a toujours une éventualité de ce
côté-là.
M. MASSE (Montcalm): Est-ce que le ministre ne prévoit pas qu'il
y a des paroisses qui peuvent être fermées ailleurs, dans les
autres secteurs de la province? Est-ce qu'il a des normes, ou est-ce qu'il est
en train d'établir des normes qui seraient connues de la population et
que lorsque ces normes s'appliquent, on s'attend que la paroisse ferme et que
l'article 9 soit appliqué?
M. TESSIER: II n'est pas question d'établir de normes parce que
je vous ai dit qu'actuellement il n'y avait aucune prévision pour fermer
d'autres paroisses dans d'autres régions de la province.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, vous ne croyez pas qu'il
n'y a pas de prévisions pour fermer des paroisses parce qu'il n'y a pas
de normes d'établies pour les fermer et, si le ministre
établissait des normes, il aurait peut-être des prévisions
lorsqu'on appliquerait les normes.
M. VEILLEUX: Ce n'est pas brillant.
M. MASSE (Montcalm): Puisqu'on nous demande d'adopter un article qui est
passablement large comme pouvoir, nous aimerions quand même savoir un peu
de la part du ministre responsable des municipalités, au nom des
municipalités où cet article pourrait s'appliquer un jour, quels
seraient les critères qui amèneraient le ministre des Affaires
municipales à juger que telle paroisse doit devenir une paroisse
marginale et voir s'appliquer l'article 9? Quand il s'agit pour le
législateur de donner au ministre un pouvoir aussi large que le pouvoir
qui est demandé dans ce domaine-là, le moins qu'il puisse faire,
c'est de poser des questions.
M. TESSIER: Je voudrais bien savoir de la part de mon collègue,
lorsqu'il était responsable de l'OPDQ, quelles normes a-t-il
établies pour les dix paroisses marginales de la Gaspésie?
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, je pense que si le ministre
a des questions à poser, c'est parce qu'il ne sait pas les
réponses. Dans le domaine des affaires municipales...
M. TESSIER: Répondez donc à ma question. N'essayez pas de
vous disculper. Répondez à ma question.
M. MASSE (Montcalm): ...comme dans d'autres domaines, lorsque le parti
gouvernemental est dans l'embarras, il pourrait venir chercher encore une fois
l'ancien ministre de l'Union Nationale pour régler son
problème.
M. TESSIER: Oui, parce que vous n'êtes pas capable de
répondre. Vous n'êtes pas capable de répondre pour la bonne
et simple raison que, pendant tout le temps que vous avez été
là, vous n'avez jamais établi de normes.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, ou j'ai votre permission et
j'explique à M. le Ministre comment on en arrive, dans une
administration gouvernementale, à préconiser la fermeture d'une
paroisse marginale, ou au contraire, je n'ai pas votre permission et je ne peux
satisfaire le ministre. J'aimerais que vous vous prêtiez à ce
jugement et que vous me disiez si je peux répondre au ministre, ce qui
va m'amener très loin.
M. LE PRESIDENT (Hardy): II ne faudrait quand même pas qu'on
s'étende trop longuement sur cet aspect très accessoire à
l'article 9 du projet de loi.
M. TESSIER: II ne faudrait surtout pas, M. le Président...
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, à la demande de qui
dois-je me rendre? A celle du président de cette assemblée ou
à l'ignorance du ministre?
M. TESSIER: ...que l'on profite de cette occasion pour faire un discours
afin de mousser sa candidature à la chefferie.
M. PAUL: M. le Président, j'invoque le règlement. Je suis
sûr que je me fais l'interprète de la presque totalité des
députés de cette Chambre en invitant l'honorable ministre des
Affaires municipales à un peu plus de calme. Quand il parle en
même temps que l'opinant, le brillant député de Montcalm,
ses paroles ne nous parviennent pas.
M. TESSIER: Vous êtes en train d'appuyer sa candidature à
la chefferie de l'Union Nationale.
M. PAUL: Ecoutez-le encore, M. le Président.
M. MASSE (Montcalm): Ce n'est quand même pas dans le projet de
loi.
M. LE PRESIDENT (Hardy): A l'ordre! Le député de
Montcalm.
M. LEVESQUE: M. le Président, j'invoque le règlement.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Le leader parlementaire.
M. LEVESQUE: A l'exemple de mon savant collègue de
Maskinongé, je dois m'adresser à vous, pour vous demander de
rappeler au député de Montcalm, comme vous l'avez si bien
laissé entendre il y a quelques instants, qu'il est en train de
s'éloigner complètement du sujet et du principe que nous avons
à décider devant le comité. La question des paroisses
marginales n'a été qu'un exemple fourni par le ministre des
Affaires municipales. Ici, on demande simplement que la Commission municipale
soit autorisée à agir dans certaines circonstances, mais ce n'est
pas l'occasion de revoir toute la politique des paroisses marginales, le plan
du BAEQ et son exécution dans l'est du Québec.
Je crois que si vous laissez le député de Montcalm entrer
dans ce sujet, de pied ferme, alors nous aurons perdu le contrôle de la
discussion.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, je pense qu'il faudrait que
le leader parlementaire soit bien au courant des faits avant de porter le
jugement qu'il porte. Ce n'est pas moi qui ai voulu parler du problème
des paroisses marginales. C'est le ministre qui, connaissant son ignorance, m'a
posé des questions à savoir comment une administration
gouvernementale en vient à la conclusion de fermer des paroisses
marginales.
M. TESSIER: Ne faites donc pas votre petit fin-fin !
M. MASSE (Montcalm): Je n'ai pas d'objection à lui
répondre et j'ai demandé à la présidence de
décider si, oui ou non...
M. TESSIER: Vous vous pensez bien fin.
M. MASSE (Montcalm): ...elle m'accordait la permission d'expliquer au
ministre comment on en arrive à ça, pour empêcher toutes
sortes de gestes administratifs dus à son ignorance. Je n'ai pas
d'objection à répondre à la question du ministre. Si le
président me demande de ne pas y répondre parce que ce serait
hors d'ordre, je vais me plier à la demande du président tout en
reconnaissant l'ignorance du ministre.
UNE VOIX: C'est ça, jetez de la poudre aux yeux!
M. MASSE (Montcalm): J'aimerais bien lui expliquer...
M. LE PRESIDENT (Hardy): Tout d'abord, je reconnais le point d'ordre
soulevé par l'honorable leader parlementaire comme fondé.
Deuxièmement, je dis à l'honorable député de
Montcalm que je n'ai pas de permission à lui donner. Je lui rappelle
tout simplement de s'en tenir à l'article 9 du projet de loi.
M. PAUL: M. le Président, sur le point d'ordre...
M. LE PRESIDENT (Hardy): Ah! non. La décision est rendue.
M. LEVESQUE: La décision est rendue.
M. PAUL: C'est tout simplement pour remercier le leader parlementaire
d'avoir rappelé à l'ordre son collègue, le ministre des
Affaires municipales.
M. BERTRAND: Très bien.
M. PAUL: Je dis que l'honorable député de Montcalm a
certainement le droit de poser des questions et de demander des renseignements
quant à l'application pratique. Je sais que lorsque le ministre a
présenté son projet de loi en première lecture,
c'étaient les paroisses marginales qui étaient le champ
d'application des principaux amendements visés par ce projet de loi.
M. TESSIER: A titre d'exemple...
M. PAUL: Tout en reconnaissant le bien-fondé des arguments que
vous avez soulevés, je n'ai aucun doute que d'un autre côté
vous aurez la libéralité de permettre au député de
Montcalm d'obtenir certains renseignements pour juger de l'application pratique
de l'article 9 du présent projet de loi.
M. LEVESQUE: C'est déjà fait. Adopté.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, avant de me rendre à
la demande pressante et répétée à maintes reprises
du gouvernement d'adopter l'article, j'aimerais bien que le ministre
réponde à quelques questions. Il est évident le
ministre lui-même l'a dit que cet article s'appliquera dans le cas
de paroisses marginales existantes. Il est clair que le même article
s'appliquera le jour où il y aura d'autres paroisses marginales ou
d'autres fermetures de paroisses. Voilà pourquoi nous aimerions savoir,
au nom des paroisses qui peuvent être visées par l'article en
question, quand ces paroisses seront visées aux yeux du ministre des
Affaires municipales. Quand ces paroisses...
M. LEVESQUE: M. le Président, c'est hors d'ordre.
M. MASSE (Montcalm): ... deviendront-elles...
M. LEVESQUE: C'est hors d'ordre.
M. MASSE (Montcalm): ...des paroisses où cet article
s'applique?
M. TESSIER: C'est hors d'ordre.
M. LEVESQUE: Le député de Montcalm sait fort bien qu'il
est en train d'utiliser un moyen fort habile, peut-être, dans son
appréciation, mais complètement hors d'ordre. Il voudrait
utiliser le remède qui est sollicité ici pour des cas
exceptionnels et, partant de là, essayer de faire établir une
politique gouvernementale non plus pour un cas exceptionnel, mais pour essayer
de demander au gouvernement d'établir des normes pour la fermeture des
paroisses, etc. Ce n'est pas du tout le cas. Le cas a été
donné simplement comme exemple d'une situation.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, je ne comprends pas
l'argumentation du leader parlementaire.
M. LEVESQUE: Je ne m'attendais pas que le député de
Montcalm...
M. MASSE (Montcalm): Le ministre lui-même nous a expliqué
que cet article 9 s'applique dans toutes les paroisses dites paroisses
marginales, dans toutes les paroisses marginales sans exception.
M. TESSIER: M. le Président, je vous demanderais de trancher le
point d'ordre qui a été soulevé par mon
collègue.
M. PAUL: M. le Président, l'honorable leader parlementaire a
soulevé un point d'ordre, mais je crois que la question du
député de Montcalm est bien fondée. Le
député de Montcalm veut savoir quel va être le champ
d'application de l'article 9, l'étendue ou le nombre de
municipalités visées par l'application de cet article.
M. TESSIER: Mais voyons...
M. PAUL: Si on ne peut pas poser ces questions, aussi bien dire:
Adopté, assoyez-vous, on passe à autre chose.
M. LEVESQUE: D'accord.
M. PAUL: A ce moment, nous n'aurons pas rempli notre devoir
vis-à-vis... Cela les fait rire quand on parle de devoir! M. le
Président, je suis scandalisé.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, est-ce que le ministre des
Affaires municipales reconnaît que dans le champ d'application de
l'article il y a des paroisses marginales? ... Il peut finir de prendre son
verre. Oui?
M. TESSIER: Si c'est l'intention d'appliquer l'article aux paroisses
marginales?
M. MASSE (Montcalm): Oui. Pour ce qui est du champ d'application, est-ce
que le ministre entend voir à ce que cet article s'applique lorsque ce
sera une paroisse dite paroisse marginale?
M. TESSIER: Je ne sais pas si le député de Montcalm est
sourd, mais voilà au moins dix fois que je le dis.
M. MASSE (Montcalm): Partant du fait que vous dites cela, puisque vous
acceptez potentiellement que, dans le champ d'application de cette loi, il y
aura sans doute d'autres paroisses marginales, ce que j'aimerais savoir du
ministre, au nom de ces paroisses potentiellement marginales, c'est: Quelles
sont les normes ou les critères qui vont conditionner son jugement?
M. LE PRESIDENT (Hardy): A l'ordre! A l'ordre!
M. LEVESQUE: Ce n'est plus sur le principe de la loi.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Je suis obligé de déclarer la
dernière question du député de Montcalm
irrégulière parce qu'elle ne se rapporte pas directement à
l'article 9 du projet de loi.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, l'article 9 de ce projet de
loi, au dire même du ministre, s'applique dans...
M. LE PRESIDENT (Hardy): Je rappelle à l'honorable
député de Montcalm que ma décision est rendue.
M. MASSE (Montcalm): Votre décision est peut-être rendue,
mais elle n'est pas rendue quant à l'application de la loi.
M. HARVEY (Chauveau): Vous devez respecter la décision du
président, si vous voulez être respecté plus tard.
M. MASSE (Montcalm): Je suis d'accord pour respecter la décision
du président. Mais ce que j'aimerais savoir de la décision du
président, c'est si elle concerne l'application de l'article 9 dans les
types de paroisses ou si elle comprend simplement le fait qu'il ne peut y
avoir, à l'occasion de cet article 9, une discussion portant sur les
normes des paroisses marginales.
M. LE PRESIDENT (Hardy): A mon avis, il ne peut y avoir de discussion
sur les critères qui décident si une paroisse est marginale ou
non.
M. LEVESQUE: M. le Président, si cela peut aider le
député de Montcalm, où est-il question là-dedans de
paroisses marginales? Il n'est même pas question de paroisses marginales
dans l'article.
M. MASSE (Montcalm): Dans l'exposé du ministre. Il nous l'a dit
lui-même tout à l'heure.
M. LEVESQUE: On pourrait profiter de cet article pour demander d'autres
normes, dans n'importe quel domaine. Qu'arrive-t-il à un conseil
municipal dans telle occasion? Ou dans quel conseil municipal une telle chose
se pro-duira-t-elle? A quel moment vont décéder les conseillers
de telle municipalité? Est-ce que le ministre peut répondre
à ça? Evidemment, ce n'est pas ça qu'on regarde, mais
plutôt le principe en jeu. On va cesser de poser des questions sur les
normes applicables aux paroisses marginales parce que l'on peut ouvrir
là une discussion dans n'importe quel domaine où il est question
d'une municipalité.
M. BERTRAND: Je regrette, M. le Président, mais, le 24 novembre,
lors de la présentation de la loi en première lecture, le
ministre a dit ceci...
M. VINCENT: Page 1731.
M. BERTRAND: ... "Enfin la troisième modification a pour effet de
donner les pouvoirs à la Commission municipale de parer aux urgences
lorsque, dans une municipalité, le conseil municipal ne peut plus
siéger valablement. A titre d'exemple..."
M. TESSIER: C'est ça qui est important.
M. BERTRAND: Cela importe peu? Que le ministre...
M. TESSIER: C'est ça qui est important.
M. BERTRAND: ...attende. "A titre d'exemple,..."
M. PAUL: II est nerveux.
M. BERTRAND: Mais le ministre, à ce moment-là, est
frappé par une situation qu'il a présente devant l'esprit, un
problème aigu, celui de l'ODEQ, là-bas en Gaspésie. "A
titre d'exemple, dans les paroisses marginales de la Gaspésie qui se
vident, il arrive qu'il n'y ait plus assez de membres pour former le conseil
municipal. Comme la population s'en va, il n'y a pas lieu de les remplacer.
Alors, temporairement, jusqu'à ce que la paroisse disparaisse
complè- tement, la Commission municipale sera autorisée à
prendre charge des mesures d'urgence."
Il est donc clair que c'est le ministre lui-même qui a introduit
l'exemple des paroisses marginales en Gaspésie.
M. PAUL: Cela s'applique.
M. BERTRAND: Mon collègue a parfaitement raison de lui demander
combien il y a de ces paroisses-là et combien il peut y en avoir.
M. LEVESQUE: Ah! combien il peut y en avoir!
M. BERTRAND: Nous venons de voter une loi pour augmenter les pouvoirs de
la Commission municipale. Si la Commission municipale est prise, par le
truchement des commissaires, à se promener dans trois ou quatre
régions du Québec, il va être obligé d'amender
immédiatement la loi que nous venons d'adopter et d'augmenter encore le
nombre de commissaires. Je trouve, M. le Président, que tout cela est
lié et mon collègue a parfaitement raison de demander le nombre
de paroisses et s'il y en a d'autres qui vont être ouvertes. Or, la
manière de savoir s'il va y en avoir d'autres, c'est de connaître
les critères sur lesquels on se base pour établir ces paroisses
marginales.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Je regrette, mais je reconnais en partie
fondée l'opinion de l'honorable chef de l'Opposition. L'honorable
député de Montcalm a le droit de savoir combien il y a de
paroisses marginales, combien il y en aura, mais la question des
critères, c'est toute la politique des paroisses marginales et cela ne
regarde pas l'article 9.
M. LEVESQUE: Absolument.
M. LE PRESIDENT (Hardy): C'est donc là-dessus que j'ai
donné ma décision. C'est qu'il n'était pas question de
discuter ici des critères pour déterminer si une paroisse est
marginale ou non.
M. LEVESQUE: C'est ça.
M. PAUL: M. le Président, si vous me permettez une question dans
le but de nous éclairer. Je comprends que vous n'accepterez pas, avec
raison, toute discussion concernant les critères servant à
établir les paroisses marginales, mais serions-nous hors d'ordre si nous
discutions des critères exigés par la Commission municipale pour
l'application de cet article dans les paroisses marginales?
M. LE PRESIDENT (Hardy): Non. Les critères pour l'application de
l'article, je suis parfaitement d'accord que c'est dans l'ordre.
M. PAUL: Très bien.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, le ministre peut-il nous
expliquer comment la Commission municipale reconnaîtra qu'une paroisse
est marginale?
M. TESSIER: la Commission municipale n'a pas affaire à
reconnaître une paroisse marginale.
M. MASSE (Montcalm): Alors, comment feront-ils pour savoir que l'article
s'applique dans une paroisse marginale?
M. TESSIER: Lisez donc l'article avant de parler et vous comprendrez.
J'ai l'impression, M. le Président, que le député de
Montcalm n'a même pas lu l'article avant de se lever pour parler. C'est
l'impression qu'il donne à cette Chambre.
M. PAUL: Une mauvaisse impression.
M. TESSIER: Bien mauvaise impression, quant à moi.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président...
M. TESSIER: On dit: "Lorsque, pour quelque cause que soit, un conseil
municipal ne peut plus siéger valablement..." C'est cela. Que la
paroisse soit marginale ou non, peu importe.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, je répète ma
question pour que le ministre, lui, la comprenne, puisque c'est oralement que
nous nous p sons des questions, ici, et non pas par écrit. Puisque la
Commission municipale doit, lorsqu'un conseil municipal ne peut siéger
valablement, prendre toutes les responsabilités, sur quoi se
basera-t-elle pour dire que le conseil ne peut siéger valablement? Quand
la Commission municipale décide-t-elle que la paroisse est marginale?
Est-ce lorsque l'arrêté en conseil 2525 s'applique ou si c'est
lorsque la plupart des contribuables sont déménagés et que
la plupart des conseillers municipaux sont disparus?
M. TESSIER : Arrêtez donc de faire montre de votre ignorance
crasse des questions municipales!
M. BERTRAND: M. le Président...
M. LE PRESIDENT (Hardy): A l'ordre, à l'ordre!
M.BERTRAND: ...je demande au ministre de retirer les paroles...
M. TESSIER : Pourquoi?
M. BERTRAND: ...qu'il vient d'employer à l'endroit d'un
collègue, en l'accusant d'ignorance crasse.
M. TESSIER: Oui.
M. BERTRAND : Je lui demande de retirer ses paroles.
M. TESSIER: M. le Président, il n'y a rien
d'antiparlementaire...
M. BERTRAND: Elles ne sont pas parlementaires du tout.
M. TESSIER: ...à dire que le député de Montcalm a
une ignorance complète si vous voulez que je retire le mot
"crasse", je le retirerai et totale des questions municipales. Cela
paraît dans chaque mot qui sort de sa bouche.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, si le ministre ne pouvait
parler que des domaines qu'il connaît, je ne crois pas qu'il aurait
parlé souvent ce soir.
M. PAUL: L'évêque ne le comprendrait pas!
M. MASSE (Montcalm): Non. L'évêque de Rimouski ne le
comprendrait certainement pas.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, à l'ordre! L'article 9.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, le ministre peut-il nous
dire combien il y a de paroisses marginales où l'article 9
s'appliquera?
M. TESSIER: Actuellement, il y a dix paroisses marginales où
l'article 9 peut trouver son application.
M. MASSE (Montcalm): Comment le ministre est-il venu à la
conclusion qu'il y avait dix paroisses, dites marginales, où cet article
allait s'appliquer?
M. TESSIER: Parce qu'il y a dix paroisses marginales actuellement
où la population est déménagée, où est en
train de déménager. Vous m'avez demandé combien il y en
avait où cela pouvait s'appliquer dans l'immédiat. Je vous
réponds: Dans l'immédiat, il y en a dix qui ont été
désignées comme telles, dont la population doit être
relocalisée. Or, c'est à titre d'exemple que je dis qu'il est
possible que l'article 9 trouve son application dans ces dix paroisses
marginales. Ce n'est pas parce qu'une paroisse est marginale que
nécessairement l'article 9 s'appliquera. Il peut s'appliquer dans
n'importe quel autre cas où un conseil ne peut plus siéger
valablement. Que la paroisse soit marginale ou non marginale, cela n'a aucune
espèce d'impor-
tance. Je ne sais pas si le député de Montcalm va finir
par comprendre cela.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président... M. PERREAULT: M. le
Président...
M. LE PRESIDENT (Hardy): L'honorable député de
l'Assomption.
M. PERREAULT: ...je voudrais donner un exemple à l'honorable
député de Montcalm. Si les six derniers citoyens à quitter
le village marginal sont membres d'un conseil municipal, la Commission
municipale n'a pas à agir.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, le ministre tente de nous
embrouiller continuellement en disant que cela s'appliquera...
M. LE PRESIDENT (Hardy): A l'ordre!
M. MASSE (Montcalm): ...dans les paroisses marginales pour revenir,
à la fin de son argumentation, en nous expliquant que ce n'est qu'un
exemple.
On lui repose la question: Est-ce que ça va s'appliquer dans les
paroisses marginales? Il nous dit oui. Tenons donc pour acquis que c'est son
oui qui est la vérité. Il y a donc dans son esprit des paroisses
qui sont marginales, où l'article s'applique, avec un pouvoir
très large.
M. LEVESQUE: A condition qu'un conseil municipal ne puisse plus
siéger valablement.
M. MASSE (Montcalm): Le ministre nous a expliqué que les
paroisses dites marginales, dans son esprit, sont des endroits où le
conseil municipal ne peut pas siéger valablement, donc ce sont des
paroisses où cela va s'appliquer.
M. TESSIER: Je n'ai jamais dit ça. Je n'ai jamais dit ça,
M. le Président.
M. MASSE (Montcalm): Encore une fois, vous avez été mal
interprété! Est-ce que vous êtes mal cité ou mal
interprété là? Est-ce que c'est mal cité ou mal
interprété?
M. TESSIER: Vous ne comprenez rien, c'est aussi simple que
ça.
M. MASSE (Montcalm): Alors, c'est comme les journalistes. Quand le
ministre donne une conférence de presse, il n'y a personne qui
comprend.
DES VOIX: C'est ça.
M. MASSE (Montcalm): Même pas l'évêque de
Rimouski.
M. TESSIER: Vous me faites ... Ah! ...
M. MASSE (Montcalm): Je ne suis pas seul dans les ignorants crasses de
tout à l'heure, si je comprends bien.
M. TESSIER: Oui, oui, exactement, vous êtes dans cette
qualification-là.
M. MASSE (Montcalm): Je vous remercie donc au nom de
l'évêque de Rimouski.
M. LEVESQUE : Adopté.
M. MASSE (Montcalm): Je pense que le ministre n'avait rien compris.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Article 9, adopté?
M. MASSE (Montcalm): Donc, M. le Président, il y a des paroisses
marginales où l'article s'applique. Ce que je demande au ministre et
c'est ça qu'il ne semble pas être capable de nous donner,
peut-être par ignorance ou par oubli...
M. TESSIER: Arrêtez-donc de faire le bouffon.
M. MASSE (Montcalm): Comment, M. le ministre, en arrivez-vous à
décider que la paroisse est marginale?
M. LE PRESIDENT (Hardy): A l'ordre! Je ne peux pas permettre cette
question, parce que, encore une fois, cela fait appel au critère
à savoir pourquoi une paroisse est marginale ou non. Or, cela n'a rien
à voir avec l'article 9. Je déclare la question du
député de Montcalm irrecevable.
M. BOIS: M. le Président, j'aurais une question à
poser...
M. LE PRESIDENT (Hardy): L'honorable député de
Saint-Sauveur.
M. BOIS: ... concernant encore ...
M. TESSIER: ... une prime de relocalisation au député de
Montcalm.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, je pense...
M. TESSIER: ... $2,400...
M. LE PRESIDENT (Hardy): A l'ordre! L'honorable député de
Saint-Sauveur avait la parole.
M. MASSE (Montcalm): Le ministre se surprend...
M. LE PRESIDENT (Hardy): A l'ordre! L'honorable député de
Saint-Sauveur.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, un point d'ordre. J'en
appelle au règlement.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Sur quel article?
M. MASSE (Montcalm): J'en appelle au règlement sur la tenue des
députés en Chambre et leur conduite. M. le Président, je
veux bien accepter, lorsque vous dites qu'il faut s'en tenir au débat et
discuter de la pertinence de l'application de l'article 9, mais j'aimerais bien
que cette règle que vous nous édictez s'applique à tout le
monde, y compris au ministre des Affaires municipales. Je ne vois pas en quoi
les remarques qu'il vient de faire sont pertinentes au débat et je ne
comprends pas pourquoi, M. le Président, vous ne l'avez pas
rappelé à l'ordre.
M. LE PRESIDENT (Hardy): A l'ordre! L'honorable député de
Saint-Sauveur.
M. TESSIER: C'est bien simple, je prends bonne note que vous ne voulez
pas être relocalisé, c'est tout.
M. BOIS: Merci, M. le Président. Je veux encore poser une
question sur les mots "pour quelque cause que ce soit". J'ai demandé
tout à l'heure à l'honorable ministre des Affaires municipales
si, dans la loi municipale actuelle, lorsque le maire, par exemple, est absent,
la majorité absolue du conseil se trouve privée de ses
privilèges de décision, au point de vue de la signature des
documents, s'il fallait que le maire soit renvoyé, qu'il ait
démissionné de son propre chef? C'est ça. M. le ministre,
que je voulais savoir...
M. TESSIER: C'est une opinion juridique que vous me demandez
là.
M. DROLET: C'est un avocat.
M. BOIS: Bien, une opinion juridique. La loi municipale, qui
l'administre, en fin de compte, M. le ministre?
M. TESSIER: La Commission municipale est chargée, en somme, de
voir à la bonne administration des municipalités. Quand elle
constate que, dans l'intérêt des contribuables, le conseil
municipal ne peut plus agir, pour quelque cause que soit, et qu'il y a urgence
à poser un acte d'administration, sans quoi cela peut causer
préjudice aux contribuables, c'est à ce moment-là qu'on
donne à la Commission municipale, par le présent article, des
pouvoirs pour intervenir temporairement et poser un acte de pure
administration.
M. BOIS: M. le Président, je me rappelle avoir été
pris dans un cas comme celui-ci alors que j'étais maire. J'aimerais
savoir si, aujour- d'hui encore, un maire... On m'a forcé, pour une
question de principe, à mettre mon véto trois fois. Après
cela, quatre échevins ont simplement pris un vote majoritaire pour dire
qu'un tel des échevins va signer. Je veux savoir si cela existe
présentement dans la loi municipale... Si cela existe...
M. LE PRESIDENT (Hardy): A l'ordre! A l'ordre! L'honorable
député de Saint-Sauveur est en train de demander une consultation
juridique. Or, les règlements de la Chambre interdisent d'une
façon catégorique que l'on demande une opinion juridique à
un membre de cette Chambre.
Article 9, adopté?
DES VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Article 10? Adopté.
M. PAUL: Adopté. Vous croyez que nous ne coopérons
pas?
M. HARDY (Président du comité plénier): M. le
Président, j'ai l'honneur de vous faire rapport que le comité a
étudié le projet de loi numéro 49 et l'a adopté
sans amendement.
Troisième lecture
M. LAVOIE (Président): Troisième lecture. L'honorable
ministre des Affaires municipales propose la troisième lecture de ce
projet de loi. Cette motion est-elle adoptée?
M. PAUL: Adopté. M. LE PRESIDENT: Adopté. M. LEVESQUE:
Article quatorze.
Projet de loi no 52 Deuxième lecture
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Affaires municipales propose
la deuxième lecture du projet de loi numéro 52: Loi modifiant la
loi de l'habitation familiale.
L'honorable ministre des Affaires municipales.
M. TESSIER: M. le Président, l'honorable lieutenant-gouverneur de
la province a pris connaissance de ce bill et en recommande l'étude
à la Chambre.
M. BERTRAND: Très bien, bon discours.
M. TESSIER: M. le Président, lors de la première lecture
de ce bill, je crois que j'ai fourni suffisamment d'explications. Je voudrais
simplement ajouter que le but premier de cette
loi est de favoriser davantage la construction domiciliaire et d'engager
le plus rapidement possible les fonds disponibles actuellement à la
Société d'habitation du Québec, qui se chiffrent par $180
millions. Par conséquent, nous pourrons ainsi réduire la
pénurie de logements, pallier le chômage en créant des
emplois nouveaux par la construction de ces immeubles et, du même coup,
relever l'économie actuelle du Québec.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Nicolet.
M. VINCENT: M. le Président, M. le ministre aura certainement
l'occasion de revenir là-dessus avant que nous procédions article
par article. Il y a certainement tout de suite des questions auxquelles nous
aurions aimé voir le ministre répondre par anticipation car, dans
le projet de loi numéro 52, il y a des principes nouveaux qui sont en
cause. On parle de logis multiples, on parle également des
résidences pour les personnes âgées.
La première question qui nous est venue à l'idée,
tout à l'heure, aurait été de voir la politique du
gouvernement énoncée par le ministre, en ce qui concerne ces
résidences pour personnes âgées. Est-ce que le gouvernement
a l'intention parce qu'on sait que plusieurs foyers pour personnes
âgées ont été temporairement ou d'une façon
définitive comme renvoyés aux calendes grecques de se
servir de la Loi de l'habitation familiale pour permettre un remboursement
d'intérêt et permettre aux personnes âgées de se
loger?
Deuxièmement, si c'est le cas, selon le critère du
remboursement de 3 p. c, est-ce que ces 3 p. c. peuvent être
remboursés à une personne qui a déjà
été propriétaire d'une maison?
Je pense que c'est là-dessus qu'est le point principal des
discussions qui auront cours quand nous étudierons, article par article,
le projet de loi no 52. Je répète ma question au ministre pour
qu'il puisse nous répondre avant d'entamer l'étude article par
article. Est-ce que les 3 p. c. de remboursement, pour l'habitation,
l'intérêt, s'appliqueront désormais à des personnes,
quand on parle des personnes âgées, qui ont déjà
été propriétaires de maisons unifamiliales ou de duplex,
comme la loi le leur permettait?
De plus, est-ce que ce n'aurait pas été le moment, pour le
ministre des Affaires municipales, de qui relève maintenant la Loi de
l'habitation familiale, de faire reconnaître, dans cette loi, un autre
principe, qui a été élaboré au cours des derniers
mois, soit un dégrèvement fiscal sur l'intérêt
hypothécaire? Est-ce que ce n'aurait pas été le moment
d'insérer dans ce projet de loi 52 un dégrèvement fiscal
sur les intérêts payés sur les prêts
hypothécaires? On sait que, si le ministre veut encourager la
construction de l'habitation familiale, c'est un point très important,
surtout à cause du taux très élevé des
intérêts.
En ce qui nous concerne, après les quelques réponses que
le ministre pourra nous donner à ces questions, nous procéderons
à l'étude du bill 52 article par article.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Rouyn-Noranda.
M. SAMSON: M. le Président, évidemment, tout ce qui pourra
être fait dans le domaine de l'habitation sera sûrement bienvenu.
Nous constatons, par ce projet de loi qu'on nous présente ce soir, que
l'honorable ministre a voulu élargir le sens de la loi, permettant
à plus de personnes de bénéficier de cette loi. Disons que
nous sommes à demi satisfaits, étant donné qu'on nous
propose, dans le projet de loi 52, que la loi puisse maintenant être
applicable à la construction de logements qui seraient disponibles pour
les personnes âgées.
Evidemment, cela répond, à ce moment-ci, à un
certain besoin, car nous avons vu, depuis l'été dernier,
plusieurs projets de foyer d'hébergement pour personnes
âgées qui ont été refusés par le
ministère de la Santé. C'est une façon d'y remédier
qui, à notre sens, répond aux besoins qui sont sûrement
très grands. Evidemment, nous aimerions ce n'est pas le cas dans
le projet de loi voir aussi des possibilités, puisqu'on y parle
de logements multiples, pour les plus jeunes. Les personnes âgées
ont évidemment besoin de logements et les plus jeunes aussi. Par les
temps qui courent, on parle beaucoup de logements à prix modique. Il se
trouve que les logements à prix modique, par les temps qui courent, sont
plus chers que les logements à prix élevé. Nous aurions
aimé, et peut-être que le ministre, lorsque nous aurons à
discuter de ce projet de loi article par article, pourra nous donner des
renseignements et nous dire si, dans un prochain projet de loi, on pourrait en
discuter.
Toutefois, il y aurait eu lieu aussi, étant donné que le
ministre nous a bien souligné tantôt que ce projet de loi aurait
pour effet d'aider un peu au chômage en créant certains emplois,
etc., durant la période hivernale, nous croyons qu'il aurait
été possible pour le ministre si ce ne l'est pas
présentement, qu'il le prévoie pour l'avenir de non
seulement permettre des prêts, parce que les prêts ne
règlent pas toujours le problème de ceux qui sont dans le besoin,
mais d'envisager, dans un avenir rapproché, une prime à la
construction hivernale.
Cette prime pourrait permettre peut-être plus de construction et
plus de personnes pourraient bénéficier du bill qu'on nous
présente. Ceci est dit en vue d'être très objectif
évidemment, ce n'est pas pour critiquer le ministre, c'est une
parenthèse que j'ai entrouverte et qui...
M. LEVESQUE: Le député se rend compte il m'excuse,
j'en suis sûr qu'il y a une motion au feuilleton.
M. BERTRAND: Concernant la motion, il veut y faire allusion.
M. SAMSON: M. le Président, j'ai bien souligné, pour ne
pas m'éloigner du sujet, que ce n'était qu'une parenthèse
que j'ai entrouverte et ça m'a permis de passer ma phrase que je
n'aurais pas pu passer autrement, parce que le ministre nous a
bâillonné vendredi dernier.
M. LEVESQUE: Cela a été la décision de la
Chambre.
M. SAMSON: Le ministre nous a demandé de suspendre c'est
lui-même qui a présenté la motion, si je me rappelle bien
la journée des députés. Comme ça ne sera pas
possible que notre motion soit étudiée...
M. LEVESQUE: C'était pour répondre à un voeu de la
Chambre.
M. SAMSON: Je vous demande pardon?
M. LEVESQUE: C'était simplement pour répondre à un
voeu de la Chambre.
M. SAMSON: C'est pour demeurer dans l'atmosphère des Fêtes
que vous répondez aux voeux. M. le Président, en terminant, nous
aimerions que le ministre prenne en haute considération les quelques
suggestions que nous venons de faire, qui, je pense, pourraient
compléter ce bill et favoriser tout le monde. Nous comprenons qu'il ne
fut pas possible au ministre de nous avoir tout amené en même
temps; il y a quatre ou cinq bills du ministère des Affaires municipales
à l'étude, présentement. Il a déjà
travaillé beaucoup et on ne peut pas lui en demander plus pour le
moment. Mais, je suis certain que le ministre prendra nos excellentes
suggestions en considération, qu'il s'en fera probablement le parrain
dans les prochaines semaines et qu'il nous reviendra avec un amendement
à ce bill. Cela répond à nos désirs, quant à
la motion que nous nous ne pourrons pas présenter.
M. TESSIER: J'en prends sûrement bonne note.
M. LE PRESIDENT: Cette motion de deuxième lecture est-elle
adoptée? Adopté.
M. LE SECRETAIRE ADJOINT: Deuxième lecture de ce bill. Second
reading of this bill.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Affaires municipales propose
que je quitte maintenant le fauteuil et que la Chambre se forme en
comité plénier. Cette motion sera-t-elle adoptée?
Adopté.
Comité plénier
M. HARDY (président du comité plénier): Article 1.
Adopté?
M. VINCENT: M. le Président, à l'article 1, nous allons
attendre.
M. TESSIER: C'est parce qu'il peut y avoir des questions techniques.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Article 1, adopté?
M. VINCENT: M. le Président, à l'article 1, au sujet des
termes "habitation nouvelle" dans le sous-paragraphe b), c'est ce qu'on fait
depuis plusieurs années. A tous les deux ans, on permet d'étendre
la loi de deux ans en deux ans. Mais, en ce qui concerne le sous-paragraphe c),
est-ce que le ministre pourrait nous donner plus de détails sur ce
sous-paragraphe?
On y dit: "Ainsi qu'une fraction d'un tel immeuble appartenant à
une personne âgée au sens des règlements et comprenant le
nombre minimum de pièces déterminé par règlement."
C'est là le point de la discussion.
M. TESSIER: Pour pouvoir bénéficier des avantages de la
Loi de l'habitation familiale, c'est-à-dire du rabais de 3 p. c. sur
l'intérêt, le logis doit comporter cinq pièces au moins.
Or, l'amendement que nous apportons, c'est pour redéfinir le mot "logis"
afin qu'il puisse comporter moins de cinq pièces et même deux
pièces seulement, dans le cas de personnes âgées.
UNE VOIX: Dans le cas de condominium.
M. TESSIER: Dans le cas de condominium ou de personnes
âgées.
M. VINCENT: Pardon?
M. TESSIER: Condominium.
M. VINCENT: Cela veut dire qu'à l'avenir un quatre pièces
sera eligible au remboursement de 3 p. c. ?
M. TESSIER: Oui.
M. VINCENT: Au moins quatre pièces. Quand il s'agira de personnes
âgées, il1 peut être de deux pièces
seulement.
M. TESSIER: Oui, c'est bien ça.
M. VINCENT: Donc, quand on parle de personnes âgées, est-ce
qu'on établit par règlement les critères?
M. TESSIER: C'est ça.
M. VINCENT: Soixante-cinq ans.
M. TESSIER: Exactement, ce sont les règlements qui vont
définir les critères.
M. VINCENT: Même si la personne se sent jeune à 65 ans, par
règlement, on lui dit qu'elle devient âgée.
M. TESSIER: Si elle veut bénéficier,
évidemment...
M. VINCENT: Donc, les règlements stipuleront qu'une personne sera
considérée comme âgée et pourra
bénéficier de cette loi si elle a 65 ans et elle pourra
posséder un logis de deux pièces et avoir droit au remboursement
de 3 p. c. . Maintenant, supposons que cette personne ait déjà
été propriétaire d'une maison en 1945, il y a 25 ans,
alors qu'elle n'avait que 40 ans, et qu'elle a profité du plein
remboursement de 3 p. c. . Si aujourd'hui, elle vend sa maison et s'en va
résider dans une habitation à logis multiples où elle
possède un deux-pièces, est-ce qu'à ce moment-là
elle devidndra éligible aux 3 p. c. même si, en définitive,
elle devient propriétaire d'une deuxième maison?
M. TESSIER: En principe, il n'y a pas d'objection à ce qu'une
même personne puisse en bénéficier deux fois. Mais les
règlements vont imposer, entre autres critères, le revenu de la
personne. Je pense que c'est là que la loi va trouver son application.
Dans le cas que vous avez cité à l'effet que quelqu'un aura
bénéficié de ces avantages et vendu sa maison, si,
à cause de cela, il a un capital ou un revenu suffisant, il ne pourra
pas bénéficier une seconde fois du rabais
d'intérêt.
M. VINCENT: M. le Président, est-ce qu'à l'heure actuelle
il y a des personnes qui profitent du remboursement de 3 p. c. pour une
deuxième construction? Je ne le pense pas.
M. TESSIER: Actuellement?
M. VINCENT: Je ne le pense pas.
M. TESSIER: Non, pas deux fois.
M. VINCENT: A l'heure actuelle, une personne, dans sa vie, a droit
à un remboursement de 3 p. c.
M. TESSIER: C'est ça.
M. VINCENT: Mais ceci va poser le problème pour les personnes
âgées.
M. TESSIER: Oui. M. VINCENT: Alors...
M. TESSIER : Dans le cas de personnes âgées, justement, il
va y avoir une exception et des critères seront déterminés
par règlement parce qu'il peut arriver qu'une personne en ait
bénéficié il y a 25 ans, si vous voulez, et
qu'aujourd'hui, rendue à l'âge de 65 ans, elle se trouve sans
aucun autre revenu que sa pension de vieillesse.
M. VINCENT: Oui.
M. TESSIER: Dans ce cas, les règlements prévoiront que la
personne âgée qui est nécessiteuse pourra
bénéficier une deuxième fois des mêmes
avantages.
M. BERTRAND: M. le Président, est-ce qu'à l'heure actuelle
on a beaucoup de demandes? D'habitude, on amende les lois parce qu'on a des
demandes ou qu'on veut stimuler la construction. L'un ou l'autre ou les deux.
Premièrement, est-ce que l'on a beaucoup de demandes, à l'heure
actuelle, pour des immeubles qui pourraient être construits en
copropriété et où pourrait s'appliquer la loi et,
deuxièmement, pour des immeubles de copropriété pour
personnes âgées? Est-ce qu'il y a beaucoup de demandes?
M. TESSIER: Actuellement, la Société d'habitation du
Québec a des demandes pour des projets totalisant environ $16 millions
pour des logements en copropriété. Dans ce montant de $16
millions sont inclus les logements pour personnes âgées.
M. BERTRAND: Dans quelle région du Québec surtout? A
Québec? A Montréal?
M. TESSIER: C'est particulièrement dans la région
métropolitaine de Montréal.
M. BERTRAND: II n'y en a pas beaucoup à Québec parce qu'il
existe un problème très aigu dans la ville de Québec et la
région de Québec concernant les centres d'hébergement pour
personnes âgées. Je ne sais pas combien de personnes j'ai
rencontrées dans Québec qui s'en plaignent. C'est certainement
une des zones du Québec où se pose un problème d'une
urgence telle le ministre de la Santé n'y est pas mais le
député de Joliette y est qu'on doit y porter une attention
immédiate.
M. TESSIER: Le gouvernement est parfaitement conscient de cette
situation actuelle dans la ville de Québec et c'est
précisément une des raisons pour lesquelles j'ai insisté
pour que le bill 52 soit adopté dès la présente session,
afin de pouvoir réaliser des projets comme mon honorable ami
vient de le mentionner qui sont urgents à Québec.
M. LE PRESIDENT (Hardy): L'honorable député de
Rouyn-Noranda.
M. SAMSON: M. le Président, on a mentionné tantôt
que les personnes âgées pourraient être éligibles au
remboursement de 3p. c, si j'ai bien compris, et qu'on pourrait offrir cela
à des personnes âgées qui pourraient avoir des logements de
deux pièces. Maintenant, serait-il nécessaire, pour ces personnes
âgées, d'avoir une construction à logis multiples où
il y aura plusieurs deux pièces, ou s'il pourrait y avoir une seule
construction de deux pièces pour être éligible?
M. TESSIER: Non. On ne pourrait pas consentir un prêt, par
exemple, à ce que l'on appelle communément un bungalow de deux
pièces. Cela pourrait peut-être, par exemple, être un
duplex, ou deux logements jumelés, d'accord.
M. SAMSON: Maintenant, serait-il nécessaire que les deux
logements, admettons que ce soit un duplex, soient habités par des
personnes âgées?
M. TESSIER: Non.
M. SAMSON: Ce n'est pas nécessaire.
M. TESSIER: Non.
M. SAMSON: Le propriétaire de ce duplex devra-t-il être une
personne âgée?
M. TESSIER: Non.
M. SAMSON: Non plus. Cela peut être quelqu'un d'âge moyen
qui décide de construire pour loger des vieillards ou des personnes
âgées et là, il serait éligible, à ce
moment-là.
M. TESSIER: Oui.
M. SAMSON: Cela voudrait donc dire que, par exemple, quelqu'un qui
voudrait construire un foyer d'hébergement privé pour personnes
âgées, bâtir une construction à logis multiples de
deux ou trois pièces pourrait être admissible à
l'emprunt?
M. TESSIER: On me dit que le but de la loi et de son application suivant
les règlements de la Société d'habitation du Québec
est plutôt de faire des prêts et de consacrer les
bénéfices de cette loi à des corporations plutôt
qu'à des individus, à des corporations sans but lucratif; c'est
du moins le but des projets actuellement à l'étude par la
Société d'habitation du Québec. Les demandes que nous
avons présentement à la Société d'habitation du
Québec sont des demandes qui viennent des corporations qui vont
établir des foyers de vieillards, par exemple, ou qui vont construire
des édifices à logements multiples de trois ou quatre
pièces.
M. SAMSON: M. le Président, avec votre permission, j'aimerais
reformuler ma question pour avoir une réponse bien précise. Je
pense que c'est assez important. Il y a eu, comme vous le savez, plusieurs
demandes provenant de corporations qui se sont adressées à la
société d'habitation et qui ont été
refusées, ne répondant pas à certaines normes du
ministère de la Santé. Est-ce que cela voudrait dire que, disons
de façon générale, ceux qui se sont vu refuser leur
demande pourraient devenir, dans plusieurs cas, admissibles aux prêts en
vertu de ce nouveau bill? Je parle évidemment à ce moment-ci de
corporations non pas d'individus, mais de corporations.
M. TESSIER: Vous comprendrez qu'il est bien difficile de donner une
réponse générale pour couvrir tous ces cas-là. Ce
sont des cas particuliers. Je peux dire toutefois que s'il y a eu des refus
dans les cas que vous avez mentionnés, tous ces cas où il y a eu
des refus seront réexaminés de nouveau par la
société d'habitation.
M. LE PRESIDENT (Hardy): L'honorable député de
Nicolet.
M. VINCENT: M. le Président, je voudrais apporter ici par un
exemple, un cas qui pourrait, par la suite, par les réponses du
ministre, donner satisfaction à plusieurs personnes qui sont
intéressées par l'article 1 de ce bill 52.
M. le Président, si une corporation ou un particulier
décidait de construire un édifice de trente logis de deux
pièces qu'il voudrait vendre à des personnes âgées
au prix de $10,000 chacun. La personne âgée de 65 ans et plus
pourrait alors bénéficier du remboursement de 3 p. c. sur le
prêt qu'elle obtiendrait d'une caisse populaire ou encore de la
Société centrale d'hypothèques et de logement par la
Société d'habitation du Québec. Est-ce que cet article 1
de la loi satisfait, justement, à l'objectif de ces particuliers ou de
ces corporations qui veulent construire des trente logis pour personnes
âgées?
M. TESSIER: Absolument. L'article 1 satisfait au cas que vous venez de
décrire.
M. VINCENT: D'accord, maintenant, le ministre nous a dit tout à
l'heure que, par l'article 1, avec les modifications qu'il apportera par
règlement, une personne âgée pourra
bénéficier une deuxième fois du remboursement de 3 p. c. .
Ce deuxième remboursement, sur quelle période sera-t-il
échelonné?
M. TESSIER: Remarquez, M. le Président, que les règlements
ne sont pas encore complète-
ment rédigés. Si les règlements étaient
rédigés à ce moment-ci, c'est avec plaisir que j'en
déposerais une copie. Mais, ils sont en voie de rédaction, et,
contrairement aux règlements actuels qui stipulent une période de
25 ans, le règlement prévoira une période de cinq ans
seulement, en ce qui touche le rabais, quitte à faire une
révision au bout de cinq ans, et le prolonger de cinq ans en cinq
ans.
M. VINCENT: Donc, le règlement prévoirait les 3 p. c.
remboursés sur une période de cinq ans à une personne
âgée.
Maintenant, advenant le cas où une personne âgée
achèterait un tel logis dans un immeuble de trente logis et
qu'après un, deux ou trois ans d'habitation c'est une
probabilité cette personne décède ou qu'elle soit
dans l'obligation de vendre son logis, est-ce qu'à ce moment-là,
comme dans le présent cas de la Loi de l'habitation familiale, il sera
possible de faire un transfert de la ristourne ou du droit à la
ristourne provinciale à une autre personne qui achètera ce logis,
même s'il est maintenant considéré comme un logis qui a
été habité?
M. TESSIER: Le rabais qui serait accordé à une personne
âgée? Si j'ai bien compris, vous avez dit: Si la personne
âgée meurt?
M. VINCENT: Si elle décédait après deux ou trois
ans d'habitation dans ce nouveau logis.
M. TESSIER: Cela ne peut pas être transmis par succession.
C'est-à-dire que,...
M. BERTRAND: Non, non.
M. VINCENT: Non.
M. BERTRAND: Ce n'est pas cela.
M. TESSIER: ... en d'autres termes, le rabais s'applique à la
personne même. Si la personne décède...
M. VINCENT: Si le logis...
M. TESSIER: ... le rabais disparaît.
M. VINCENT: ... en question est revendu par la succession à une
autre personne âgée, est-ce qu'à ce
moment-là...?
M. TESSIER: A une autre personne âgée?
M. VINCENT: Oui.
M. TESSIER: D'accord, oui.
M. VINCENT: Mais il faudra que, spécifiquement, dans le cas que
je mentionnais tout à l'heure, d'une corporation ou d'un immeuble de
trente logis, ce soient des personnes âgées qui habitent cet
immeuble; on pourra par la suite, faire des transferts de personnes
âgées à d'autres personnes âgées.
M. TESSIER: Oui, cela s'applique.
M. VINCENT: En ce qui concerne les personnes âgées, le
ministre a répondu tout à l'heure que toute personne physique
reconnue légalement, que ce soit une corporation ou un individu, pourra
se lancer dans la construction...
M. TESSIER: Une corporation seulement.
M. VINCENT: Une corporation seulement. Une corporation sans but
lucratif?
M. TESSIER: C'est cela.
M. VINCENT: C'est probablement cette législation qui vient
rejoindre les politiques du ministère de la Santé, où
déjà, dans plusieurs municipalités du Québec, dans
plusieurs régions du Québec, il y a des corporations de
formées. Des fonds sont accumulés, des fonds assez importants,
pour en arriver à construire des foyers pour personnes
âgées. Le ministre pourrait-il nous dire combien,
déjà, de ces corporations sans but lucratif... Je prends
l'exemple de la corporation qui a été formée à
Manseau, dans le comté de Nicolet, qui a déjà un montant
de $50,000 ou de $60,000 en banque depuis deux ans.
La construction de foyers pour personnes âgées devait
débuter au mois de mai cette année. La même chose à
Gentilly, dans le comté de Nicolet. Je pense qu'il y en a une
cinquantaine. La Société d'habitation du Québec
prévoit-elle offrir les avantages de cette législation à
toutes ces corporations?
M. TESSIER: Pas nécessairement à toutes, M. le
Président. A ce sujet, il y a actuellement des pourparlers entre le
ministère des Affaires sociales maintenant et la Société
d'habitation. Il est certain que plusieurs des corporations auxquelles vous
avez fait allusion pourront en bénéficier, mais l'intention de la
Société d'habitation est de ne pas faire bénéficier
ces corporations sans consultation préalable avec le ministère
des Affaires sociales. En d'autres termes, il faut qu'il y ait planification
quant à ces foyers pour personnes âgées.
On s'aperçoit actuellement et si le ministre des Affaires
sociales était ici, il vous le dirait lui-même que, dans
certains comtés, on a construit trois, quatre, cinq ou six foyers
à quelques milles de distance, alors que, dans d'autres régions
de la province, où il y a un besoin urgent, aucun de ces foyers pour
vieillards n'a été construit. Il faut donc planifier et tenir
compte des urgences et des priorités. Actuellement, il y a des
négociations, comme je l'ai mentionné, des pourparlers constants
entre
le ministère des Affaires sociales et la Société
d'habitation pour savoir où s'établiront, dans les prochains
mois, les foyers pour vieillards que vous venez de mentionner.
M. VINCENT: M. le Président, je pense que le député
de Montmagny aura à revenir sur cette question tout à l'heure,
parce que le ministre vient de faire une affirmation très gratuite en ce
qui concerne la planification...
M. BERTRAND: Joliment gratuite.
M. VINCENT: ...du ministère de la Santé quant aux foyers
pour personnes âgées. Le ministre des Affaires municipales peut-il
nous dire, si, en vertu du bill 52, il pourra mettre en branle une certaine
planification en ce qui concerne les foyers pour personnes
âgées?
M. TESSIER: Je le ferai, M. le Président, en accord avec le
ministre des Affaires sociales.
M. VINCENT: Est-ce possible, en vertu du bill 52...
M. TESSIER: Oui.
M. VINCENT: Non.
M. TESSIER: Pourquoi non?
M. VINCENT: Parce qu'à ce moment-là, il y aura une
législation, il y aura des règlements qui vont s'appliquer
à toute corporation.
M. TESSIER: D'accord.
M. VINCENT: Que ce soit une corporation qui désire ériger
un immeuble à logis multiples, qu'il soit situé à cinq
milles d'un autre, à dix milles d'un autre ou qu'il y en ait cinq ou dix
dans la même région immédiate, pour autant que la
corporation répond aux exigences de la loi et des règlements,
à ce moment-là, la loi et les règlements s'appliqueront
à cette corporation et le ministre ne pourra pas, en vertu du bill 52 de
la Loi de l'habitation familiale...
M. LEVESQUE: S'il y a deux fois plus de demandes que d'argent?
M. VINCENT: ... ne pourra pas...
M. LEVESQUE: S'il y a deux fois plus de demandes que d'argent?
M. VINCENT: Ah! non...
M. TESSIER: Est-ce que vous prétendez, simplement parce qu'une
corporation qu'elle soit sans but lucratif, peu importe remplit
toutes les normes et toutes les exigences de la loi et des règlements
édictés par la Société d'habitation,
qu'automatiquement elle a le droit de bénéficier? Est-ce que
c'est ça votre prétention?
M. VINCENT: De bénéficier de quoi? M. TESSIER: Doit...
M. VINCENT: Bénéficier des prêts de la
société ou de la ristourne de 3 p. c? Dans cette
législation-ci, ce ne sont pas des prêts...
M. TESSIER: Je ne comprends pas ce que vous dites là.
M. VINCENT: Ce ne sont pas des prêts dans cette
législation. Le ministre nous a parlé tout à
l'heure...
M. TESSIER: Non, non...
M. VINCENT: ... de débloquer $180 millions.
M. TESSIER: Je veux dire les ristournes.
M. VINCENT: Non, non, un instant, M. le Président. Le ministre,
tout à l'heure, nous a parlé de débloquer $180 millions.
Il n'y a absolument pas de $180 millions dans la Loi de l'habitation familiale.
Les principes de la Loi de l'habitation familiale, c'est que le gouvernement,
par le chapitre 110 des Statuts refondus 1964 et des amendements qui y ont
été apportés en 1965, en 1966, en 1967 et 1968, peut
rembourser 3 p. c. d'intérêt sur les maisons unifamiliales, sur
les maisons à deux logis, les duplex, ou sur les maisons avec les
nouveaux amendements: ..."sur des immeubles détenus en
copropriété établie par déclaration et comprenant
au moins quatre pièces et par la suite rembourser également les 3
p. c. sur une période de cinq ans qui pourra être
renouvelée aux personnes âgées."
Il n'y a absolument aucun montant d'argent pour consentir des
prêts en vertu de cette loi.
M. TESSIER: Non, non, mais voici...
M. VINCENT: II ne faudrait pas arriver demain et que le ministre s'en
aille à Rimouski...
M. TESSIER: Oui, oui, voici, si vous me permettez...
M. VINCENT: ...faire une grande déclaration: J'ai passé
une loi qui permet de débloquer $180 millions qui seront
prêtés, à l'avenir, pour la construction de foyers aux
personnes âgées et nous allons maintenant, en collaboration avec
le ministère de la Santé, établir une planification dans
les foyers pour personnes âgées. C'est simplement le remboursement
de 3 p. c. d'inté-
rêt. A ce moment, si une corporation sans but lucratif, qu'elle
soit située à Manseau, à Defoy ou dans d'autres paroisses
de Lotbinière, soit cinq ou six dans une région donnée,
satisfait aux normes de la loi, se conforme aux règlements, elle aura
droit, à mon sens, au remboursement des 3 p. c. d'intérêt
pour autant qu'elle se conforme aux règlements.
M. TESSIER: Bon. Ce que je tiens à préciser, M. le
Président, c'est que la Société d'habitation du
Québec a actuellement $180 millions.
M. VINCENT: Oui, mais... M. le Président, un rappel au
règlement.
M. LE PRESIDENT (Hardy): A l'ordre! L'honorable ministre des
Affaires...
M. VINCENT: Un rappel au règlement, M. le Président. Nous
ne discutons pas présentement de la Loi de la Société
d'habitation du Québec.
M. TESSIER: Je veux faire le rapprochement. Laissez-moi finir ma phrase.
Vous allez voir que cela se tient.
M. PAUL: Oh! J'ai hâte de voir ça. M. BERTRAND: Ce n'est
pas sûr.
M. TESSIER: Je disais que la Société d'habitation du
Québec a actuellement $180 millions et qu'en élargissant les
cadres de la Loi de l'habitation familiale nous allons favoriser la
construction de certains édifices, certains logis ou certaines maisons,
soit pour les vieillards, soit en copropriété. Et pour
bénéficier de ce rabais en vertu du bill 52, la Loi modifiant la
loi de l'habitation familiale, il faut d'abord, comme première
condition, que ce soient des maisons construites en vertu de la Loi de
l'habitation familiale du Québec. C'est là que le lien se
fait.
Par conséquent, je prétends que cela favorisera davantage
la construction.
M. VINCENT: M. le Président, le ministre vient de nous annoncer
un autre principe. Parce qu'en vertu de la Loi de l'habitation
familiale,...
M. TESSIER: Pardon?
M. VINCENT: ...pour profiter du remboursement des 3 p. c, une personne
peut faire un emprunt à la caisse populaire, peut faire un
emprunt...
M. TESSIER: Pas suivant les règlements. C'est cela que je
voudrais préciser.
M. VINCENT: C'est cela que nous demandons au ministre.
M. TESSIER: Oui, je vous le dis. Au fur et à mesure que vous
posez vos questions, je tente de vous répondre.
M. VINCENT: D'accord. Allez-y.
M. TESSIER: Pour les organismes sans but lucratif, pour la construction
de foyers de vieillards c'est cela qui a été le point de
départ depuis quelques minutes les règlements
prévoiront que, pour pouvoir bénéficier du rabais de 3 p.
c. en vertu de la Loi de l'habitation familiale, il faudra que les fonds
proviennent de la Société d'habitation du Québec.
M. VINCENT: Donc, premier critère, après que les
règlements seront adoptés, il faudra que cette corporation sans
but lucratif soit d'abord acceptée par la Société
d'habitation du Québec...
M. TESSIER: C'est cela.
M. VINCENT: ... pour obtenir un prêt en vue de construire ces
trente logis. Après qu'elle sera acceptée cela fera partie
des discussions avec la Société d'habitation du Québec
ces gens pourront profiter des 3 p. c.
M. TESSIER: Exact.
M. VINCENT: Donc, en définitive, le bill 52 est une loi pour
favoriser la Société d'habitation du Québec...
M. TESSIER: D'une part, oui. D'une part, officiellement.
M. VINCENT: ... dans l'élaboration de ses politiques pour les
foyers des personnes âgées.
M. TESSIER: Evidemment, pas uniquement. C'est cela, c'est là
qu'il faut faire attention.
M. VINCENT: C'est cela.
M.TESSIER: II ne faut pas aller trop loin et dire que c'est uniquement
pour favoriser la construction. Non. C'est également pour construire,
là où c'est nécessaire, des foyers pour vieillards. Alors
cela a un but humanitaire; cela a pour but de favoriser la construction,
également. Cela atteint donc un double but.
M. VINCENT: Maintenant, M. le Président, quand on parle de
copropriétés "d'un immeuble détenu en
copropriété établie par déclaration et comprenant
au moins quatre pièces", est-ce que c'est encore suivant les mêmes
critères que pour les foyers pour les personnes âgées? Il
faudra que ces immeubles construits pour des copropriétaires, que ce
soient des prêts provenant seulement de la Société
d'habitation du Québec.
M. TESSIER: Non, non. Dans le cas de logement en
copropriété, ce ne sont pas les mêmes critères et
les mêmes normes. L'argent peut provenir de n'importe quelle source.
M. BERTRAND: N'importe quel prêteur.
M. TESSIER: Oui, il peut provenir de n'importe quel prêteur,
compagnie d'assurance ou autres et sans que cela ne passe par la
Société d'habitation.
M. VINCENT: Cela veut dire qu'il peut y avoir vingt, trente, quarante
logis de quatre pièces?
M. TESSIER: C'est ça.
M. VINCENT: Dans un immeuble de trente, quarante logis de quatre
pièces, chaque copropriétaire, pour autant qu'il y aura ses
quatre pièces, pourra bénéficier des 3 p. c. ?
M. TESSIER: S'il satisfait, bien entendu, aux critères,
c'est-à-dire si son revenu n'excède pas $7,000 par
année.
M. VINCENT: D'accord.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, quand nous avions, il y
a quelques jours, discuté avec le ministre des Affaires sociales de la
loi no 42, pour la fusion des deux ministères, j'avais demandé au
ministre des Affaires sociales, à la page 1977, du journal des
Débats: "Une autre question importante qui se pose, c'est celle de la
relation entre le ministère des Affaires sociales et un autre organisme
gouvernemental qui relève des Affaires municipales, la
Société d'habitation du Québec."
Je comprends qu'il y a un commissaire de la Société
d'habitation qui est habituellement un fonctionnaire du ministère de la
Famille. "Je passe cette section où on parlait des noms des
commissaires. Je demandais au ministre: "Quelles vont être, dans
l'avenir, les relations entre la Société d'habitation et le
ministère des Affaires sociales, en ce qui concerne l'habitation. Le
ministre nous a dit que, dans le projet de loi de l'habitation familiale, qui
est maintenant déposé en première lecture, il y aura
certaines considérations à faire, mais est-ce que,
déjà, dans le cadre de ce débat, il pourrait ajouter
quelque chose à cette fonction et à cette relation entre les deux
organismes? " Le ministre a répondu: "Par la création du
ministère des Affaires sociales, il n'y aura pas de changement organique
dans les relations entre la Société d'habitation du Québec
et le ministère. Le changement qui pourrait s'effectuer dans les
relations viendrait donc d'orientations différentes de politiques ou de
programmes.
Si vous me le permettiez, j'aimerais mieux attendre la discussion de la
Loi de l'habitation familiale et de ses amendements, compte tenu du fait qu'il
n'y aura pas de changements organiques dans les relations par suite de
l'intégration des deux ministères"
Le ministre des Affaires sociales avait certaines
considérations...
M. TESSIER: Vous voulez dire des Affaires municipales.
M. CLOUTIER (Montmagny): Non, non. M. BERTRAND: Affaires sociales.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je fais référence au
débat...
M. TESSIER: Oui.
M. CLOUTIER (Montmagny): ... sur le projet de loi 42 durant lequel j'ai
eu un échange de vues avec le ministre des Affaires sociales, M.
Castonguay. Il a dit que, lors de la discussion du projet de loi de
l'habitation familiale, le projet que nous discutons actuellement, il aurait
certaines explications à donner quant au programme de construction de
foyers pour personnes âgées et quant aux relations organiques
entre le ministère des Affaires sociales et le ministère des
Affaires municipales relativement à la Société
d'habitation.
Evidemment, on comprend pourquoi le ministre des Affaires sociales ne
peut être en Chambre, ce soir; il assiste, demain et les deux jours
suivants, à la conférence des ministres de la Santé
à Ottawa. J'attendais le moment de l'étude de cette loi pour
échanger avec le ministre des Affaires sociales certaines
considérations au sujet de la politique de construction de foyers pour
personnes âgées et de l'impact qu'a cette loi numéro 52 sur
le programme du ministère de la Famille et du Bien-Etre social.
Il y a certaines choses que le ministre a dites tout à l'heure
sur lesquelles je voudrais faire certaines remarques; il comprendra pourquoi.
Mais, avant d'entrer dans ces considérations, est-ce que le ministre des
Affaires sociales a fait part au ministre des Affaires municipales des
remarques précises qu'il voulait faire à l'occasion de
l'étude de ce projet de loi? Est-ce qu'il a eu l'occasion d'avoir des
échanges avec lui. avant son départ, et est-il en mesure de faire
connaître à cette Chambre les modifications importantes au
programme etl'utilité précise du projet de loi 52 quant à
la réalisation du programme antérieur de construction de loyers
pour personnes âgées, déjà envisagé avant que
nous adoptions cette loi?
M. TESSIER: Malheureusement pas. M. le Président. Je puis
simplement ajouter que le ministre des Affaires sociales était
très désireux de parler lors de la présentation du bill 52
en deuxième lecture.
II n'en avait informé à au moins deux reprises et il
espérait que ce projet de loi fût présenté la
semaine dernière, avant son départ, me laissant entendre que si
le projet de loi n'était pas présenté la semaine
dernière, il serait malheureusement privé de l'avantage de faire
son exposé. Donc, il avait déjà fait une allusion
auparavant, mais comme vous le savez, il y a eu certains retards qui se sont
accumulés la semaine dernière, de sorte qu'il a été
impossible d'amener le projet de loi 52 en deuxième lecture avant cette
semaine.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je comprends que le ministre des Affaires
sociales aurait été désireux de participer au
débat. D'ailleurs, il l'a déclaré à deux reprises
et j'imagine que ses déclarations auraient été
extrêmement importantes non seulement pour l'Opposition, mais aussi pour
tous les députés de cette Chambre qui, à un moment ou
à un autre, ont été appelés à
s'intéresser à des constructions ou à des projets
concernant les personnes âgées. Le ministre d'Etat aux Affaires
sociales, le député de Joliette, n'est-il pas au courant de ce
que le ministre voulait déclarer?
A tout événement, je pose la question parce que le
ministre d'Etat serait peut-être disponible pour intervenir dans ce
débat, dans quelques instants, et nous faire part de ses
considérations. Tout à l'heure, le ministre a laissé
entendre que le programme de construction de foyers pour les personnes
âgées était un programme qui n'a pas été
suffisamment planifié, que, dans certains comtés, il y a
peut-être eu un trop grand nombre de constructions et dans d'autres
régions de la province il y en a eu moins que prévu, ou qu'il y
aurait dû en avoir.
Je n'ai pas l'intention de faire un débat marqué au coin
de la partisanerie en apportant une défense de ce genre. Je voudrais
expliquer au ministre des Affaires municipales, qui a certainement
été moins sensibilisé à ce programme de
construction pour les personnes âgées, programme qui était
sous la responsabilité du ministre de la Famille et du Bien-Etre, quels
ont été les débuts de ce programme, quelle en était
la conception, de quelle façon la Société d'habitation et
le ministère de la Famille, en étroite collaboration, l'ont
développé. On sait que le programme a été
élaboré conjointement par le ministère de la Famille et du
Bien-Etre social.
A ce moment-là, la Société d'habitation n'existait
pas, mais le travail se faisait par le truchement de la Société
centrale d'hypothèques et de logements, qui fournissait les fonds pour
la construction au gouvernement du Québec. En 1965, lorsque je suis
arrivé au ministère de la Famille, il existait des normes sur
lesquelles on avait commencé à travailler, et on
commençait à ce moment-là à réaliser les
programmes pour les personnes âgées. Il y avait dans le
Québec un besoin très considérable de ce genre
d'institutions.
Il y avait une direction générale des personnes
âgées spécialement assignée au développement
de ce programme. Quand la Société d'habitation du Québec a
été créée, par la suite, ce sont évidemment
ces deux organismes qui, conjointement, chacun dans sa phère de
responsabilité, se sont appliqués à développer ces
programmes.
Il y avait des besoins extrêmement considérables. Voici
quel était le principe de base: il fallait qu'il y ait un besoin. Ce
n'était pas compliqué, parce qu'il y avait des besoins
considérables dans toutes les régions du Québec. Dans
certaines régions, il n'y avait pas de ressources du tout. Dans d'autres
régions, les ressources étaient nettement déficientes et
dangereuses. Sans entrer dans les détails, on sait pourquoi certaines
ressources étaient dangereuses et il fallait nécessairement avoir
un programme assez imposant et le réaliser le plus rapidement possible
pour avoir des ressources de substitution.
Il y avait un autre élément important. Une fois le besoin
établi, on faisait appel à la participation des gens du milieu,
et c'était un concept extrêmement sain et extrêmement
valable. Dans certaines régions, remarquables par le dynamisme de la
population, par l'intérêt que la population de l'endroit apportait
à la réalisation de ces programmes, par la formation de
corporations sans but lucratif parce que c'était là une
des conditions essentielles les promoteurs se faisaient les instigateurs
de ces projets. Ils faisaient franchir aux projets les différent os
étapes. Or, une étape importante, c'étaient les
souscriptions prélevées au sein de la population. Ceci explique
que, dans certaines régions, il s'est construit plus de centres, de
foyers pour personnes âgées que dans d'autres régions.
C'était là la principale raison, la principalemotivation qui a fait que des régions do la province se sont
équipées beaucoup plus rapidement de centres d'accueil pour
personnes âgées. Je ne voudrais pas que le ministre laisse aux
députés de cette Chambre l'impression que d'autres
considérations ont pu entier en ligne de compte dans les sites
d'implantation des foyers.
En effet, toutes les régions de la province, du temps où
j'ai assumé ces responsabilités, se sont vues pourvues de centres
pour personnes âgées à condition de remplir ces
préalables. Je pourrais dire, M. le Président, à vous qui
représentez un comté immense dans le Québec, un
comté très important, que cela a été un des
comtés où nous avons même pu, avec la collaboration des
gens du milieu, avec leur participation, les souscriptions populaires, les
promoteurs, réaliser le plus de centres pour personnes
âgées dans le Québec, et c'était réellement
un comté où on en avait besoin.
Je ne crois pas que cela ait été l'intention du ministre
de dire que cette planification ou ce manque de planification était
dirigé vers certaines régions de la province au détriment
d'autres
régions. J'ai cru comprendre, par l'exposé du ministre des
Affaires sociales à certains moments depuis le début de la
session en juin, que ce qui avait motivé l'arrêt momentané
ou, disons, le ralentissement assez important de ce programme, ce
n'était pas tellement le fait que le besoin n'existe pas encore
parce qu'il y a encore des besoins à combler dans beaucoup de
régions de la province mais que certaines régions peuvent
actuellement se permettre un temps d'arrêt pour que d'autres
régions s'équipent aussi relativement à ce programme pour
personnes âgées.
Ce qui a motivé le plus la Société d'habitation et
le ministère des Affaires sociales, c'est, je crois, le coût qui
augmente très rapidement et trop rapidement dans le domaine de la
construction, ce qui occasionnait au ministère de la Famille et du
Bien-Etre social des charges budgétaires qui s'accroissaient trop
considérablement d'année en année. C'est la principale
considération.
Parce que certaines régions de la province ont été
suffisamment pourvues de ces centres, je ne voudrais pas que le ministre reste
avec l'impression que le problème du logement des personnes
âgées est réglé dans le Québec. Je ne crois
pas que cette loi règle le problème des personnes
âgées. Peut-être va-t-elle permettre, par ces articles qui y
ont été introduits, de profiter d'une autre forme de logement
pour les personnes âgées, mais cela ne remplacera pas les projets
qui ont été momentanément arrêtés et les
projets qui ont été, selon l'interprétation qu'on retire
des déclarations du ministre, annulés définitivement.
Mais, je ne voudrais pas qu'on se contente seulement du projet de loi
52, projet que nous étudions actuellement, pour régler le
problème social du logement des personnes âgées. C'est pour
ça que j'aurais été heureux, ce soir, d'avoir un
échange de vues avec le ministre des Affaires sociales. Nous le ferons
en une autre circonstance, même si cette loi est adoptée. Quand
viendra l'étude des prévisions budgétaires du
ministère des Affaires sociales, nous aurons l'occasion d'aller au fond
de la question. Ce sont les remarques que je voulais faire. Je voulais dire au
ministre que la planification qui a été faite dans ce secteur
n'était pas une planification dirigée en fonction de certains
critères non valables, mais qu'elle était basée sur les
besoins des régions, de la population et aussi sur la motivation que les
promoteurs ont apportée à la réalisation de ces projets,
motivation qui était bien différente d'une région à
une autre. Des régions qui, au début, n'étaient pas
sensibilisées à ces programmes et à leur urgence, se sont
sensibilisées par la suite et ont fourni véritablement l'effort
qu'elles devaient fournir. En terminant, M. le Président, je voudrais
rendre un témoignage à la Société d'habitation et
à ses administrateurs pour l'aide qu'ils ont apportée, durant
l'exercice de nos fonctions, à la réalisation de ces programmes
pour les personnes âgées et aux programmes pour l'enfance
inadaptée, parce qu'il y avait là aussi M. le
Président, je ne voudrais pas être hors d'ordre des besoins
urgents à combler. Nous les avons comblés partiellement. Mais, je
voudrais leur dire qu'ils ont apporté au ministre de la Famille et du
Bien-Etre social, à ce moment-là, leur entière
collaboration. Je ne veux pas non plus oublier l'ancien ministre des Affaires
municipales, qui, lui aussi, a collaboré avec le ministre de la Famille
et du Bien-Etre social dans la réalisation de ces programmes. Je
souhaite que la Société d'habitation trouve dans les deux
ministres actuels, celui des Affaires municipales et celui des Affaires
sociales, autant de collaboration et autant de compréhension de
l'urgence qu'il y a de résoudre le problème des personnes
âgées. Je souhaite qu'ils continuent dans cette voie malgré
les contraintes budgétaires.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Article 1, adopté?
M. PAUL: M. le Président, lorsque le ministre nous a
parlé, tout à l'heure, de l'application de la loi dans les
condominiums ou dans les immeubles en copropriété, il a dit que
le tout serait régi par des règlements pour la valeur et les
conditons d'application de cette loi. Est-ce que le ministre peut nous dire si,
jusqu'à présent, il a discuté avec les fonctionnaires de
la Société d'habitation aux fins de tenir compte que de la valeur
exclusive ou également de la valeur des parts communes pour
l'application des règlements que la société
appliquera?
M. TESSIER: Des parts communes, vous voulez dire dans les logements
à copropriété?
M. PAUL: Oui. A copropriété.
M. TESSIER: Ce seront les mêmes normes que les normes actuelles
qui s'appliqueront, c'est-à-dire que le logement ne devra pas avoir une
valeur de plus de $17,000 et l'hypothèque ne pourra pas dépasser
$14,000.
M. PAUL: Je comprends, mais dans l'appréciation, dans le calcul
de cette valeur de $I7,000, est-ce qu'on tiendra compte seulement de la valeur
exclusive ou également de la valeur des parts communes?
M. TESSIER: Voulez-vous parler plus fort, s'il vous plaît?
M. PAUL: Est-ce qu'on tiendra compte de la valeur exclusive du logement
exclusif ou de la valeur des parts communes?
M. TESSIER: De la valeur de chaque logement et non pas des parts.
M. BERTRAND: Dans le domaine de la copropriété, vous avez
la loi qui établit la valeur.
M. PAUL: Voici, M. le Président, si nous nous
référons au chapitre 76, nous verrons les applications des
règles de la loi qui concerne la copropriété des
immeubles. Il y aura, à ce moment-là, un décalage, une
démarcation assez subtile et assez difficile à faire.
Je comprends, M. le Président, que les règlements ne sont
pas encore établis pour mettre ces prêts en pratique, mais tout
simplement, dans un but de curiosité bien légitime, j'aimerais
savoir si, dans l'appréciation de la valeur de l'immeuble, de parties de
l'immeuble, il y aura seulement la valeur exclusive qui entrera en ligne de
compte ou s'il y aura également la partie commune.
M. TESSIER: C'est assez complexe, M. le Président. Cela
dépend de la manière dont c'est financé, cela
dépendra des définitions qui feront partie des
règlements.
M. PAUL: Les définitions ne pourront certainement pas être
autres que celles que l'on voit dans la Loi de la
copropriété.
M. TESSIER: Non, d'accord, mais il peut y avoir, apparemment, plusieurs
sortes de financement.
M. PAUL: Je ne parle pas de financement. Je parle du calcul de la valeur
de l'immeuble ou de la partie exclusive. Est-ce que l'on tiendra compte
seulement de la valeur exclusive ou de la valeur de la
copropriété dans les parts communes?
M. TESSIER: C'est une question bien technique. J'ai, à
côté de moi, le président et le vice-président de la
Société d'habitation et eux-mêmes me disent qu'ils ne sont
pas capables de répondre à cette question, parce que cela va
dépendre du type d'hypothèque et de la structure des actions.
M. BERTRAND: Ce qu'il y a d'important, je pense bien, c'est que mon
collègue veut attirer l'attention, justement, sur la complexité
du problème.
M. PAUL: C'est ça.
M. BERTRAND: II ne demande pas que les règlements soient faits
tout de suite, mais, en rédigeant les règlements, je pense que
l'examen du chapitre de la copropriété va être joliment
important, parce que cela n'a pas été appliqué beaucoup
encore cette loi de copropriété.
M. TESSIER: C'est évident.
M. BERTRAND : Et davantage quand on vient pour établir la valeur,
il va y avoir un prêt qui va être fait. Il va y avoir des gens qui
vont bénéficier d'un remboursement de 3 p. c.
d'intérêt. Quel va être le montant sur lequel on va les
rembourser?
M. PAUL: C'est ça. Est-ce que ce sera seulement sur les parts
exclusives ou sur les parts exclusives et communes?
M. TESSIER: Je crois qu'il est assez difficile de répondre avec
précision à cette question-là. C'est justement ce qui est
à l'étude présentement par les fonctionnaires de la
Société d'habitation et il peut y avoir différents
critères en somme. Tout dépend des circonstances. C'est ça
qui est à l'étude présentement. Je ne suis pas en mesure
de répondre.
M. PAUL: M. le Président, il ne peut pas y avoir d'autres
critères que ceux qui sont spécifiés dans la Loi de la
copropriété. C'est bien évident. Et l'honorable ministre
conviendra que c'est une question où il faudra, à un moment
donné, que la Société d'habitation prenne une
décision, parce qu'on aura vite atteint le maximum de $17,000, si on
tient compte de la valeur des parts communes. Alors, que si on ne tient compte
que des parts exclusives on trouvera certainement application plus facile de la
loi.
Mais, si nous nous référons au chapitre 76, M. le
Président, certainement qu'il y aura lieu de tenir compte de toutes les
implications, alors que nous sommes dans du droit nouveau.
M. TESSIER: C'est cela.
M. PAUL: Nous sommes dans du droit nouveau.
M. TESSIER: Et je suis parfaitement d'accord avec mon collègue
à l'effet que la Société d'habitation aura là des
problèmes assez complexes à étudier et devra tenir compte
de tout cela, et précisément, comme vous venez de le mentionner,
parce que nous sommes en face de droit nouveau, de choses nouvelles. La
Société d'habitation est parfaitement consciente de ces
problèmes et elle va, avec grand soin et minutieusement, étudier
tous les aspects de ces différents problèmes lorsqu'elle
rédigera définitivement ces règlements.
M. PAUL: M. le Président, je comprends mal qu'on puisse
établir à l'avance des normes fixes, parce que, dans la
déclaration de copropriété, il pourrait y avoir des
déclarations différentes d'un immeuble à l'autre
détenu en copropriété. Alors, je me demande comment les
règlements pourront prévoir une telle élasticité
dans l'application efficace de la loi, à moins qu'on ne tienne compte
que de la partie exclusive. M. le Président, je le salue avec plaisir,
et je me joins
aux paroles du député de Montmagny pour le
féliciter et le remercier de tout ce qu'il fait comme président
de la Société d'habitation.
Sûrement que son expérience a été acquise
dans un autre gouvernement, au début, où certaines règles
d'application pratique ont pu se présenter dans les calculs de
l'appréciation des valeurs. Alors, je suis sûr que l'on tiendra
compte, à mon humble point de vue, de la quasi obligation de ne tenir
compte que de la valeur exclusive, autrement, je crains que, si l'on tient
compte et de la valeur exclusive et de la valeur des parts communes, l'on ne
puisse pas, au point de vue pratique, consentir beaucoup de prêts.
M. TESSIER: Alors, avec tous les compliments que vous avez faits au
président de la Société d'habitation, je présume
que vous lui faites donc entièrement confiance dans la
rédaction...
M. PAUL: Certainement, parce que j'ai eu l'honneur d'être son
confrère à l'université et je le connais plus que
vous.
M. TESSIER: Parfait.
M. VINCENT: M. le Président, en ce qui concerne l'article de la
loi qui favorise les personnes âgées, j'aurais une question
à poser au ministre: Est-ce qu'une corporation sans but lucratif qui
louerait les logis aux personnes âgées au lieu de les vendre,
pourrait profiter du remboursement de 3 p. c?
M. TESSIER: Oui.
M. VINCENT: Donc, une corporation sans but lucratif peut profiter du
remboursement de 3 p. c, même si le logis demeure sa
propriété.
A ce moment-là, pourrions-nous regarder la définition de
"logis"? On y mentionne je viens de le remarquer "une fraction
d'un tel immeuble appartenant à une personne âgée au sens
des règlements..."
M. TESSIER: C'est la copropriété. Ce n'est pas
écrit appartement; c'est écrit "détenu en
copropriété".
M. VINCENT: Au sous-paragraphe c), c'est inscrit: "Un immeuble
détenu en copropriété établie par
déclaration et comprenant au moins quatre pièces ainsi qu'une
fraction d'un tel immeuble appartenant à une personne
âgée." A ce moment-là, cela limiterait...
M. TESSIER: C'est l'article 2 qui s'applique aux corporations sans but
lucratif; ce n'est pas l'article 1.
M. BERTRAND: Sans but lucratif, vous trouvez cela à la Loi de la
Société d'habitation, à l'article 62.
M. TESSIER: Oui.
M. VINCENT: Donc, à ce moment-là, il n'est pas
nécessaire que cela appartienne à la personne
âgée.
M. TESSIER: Non.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Article 1, adopté. Article 2,
adopté. Article 3?
M. TESSIER: Adopté.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Article 4? Adopté.
M. le Président, j'ai l'honneur de vous faire rapport que votre
comité a étudié le projet de loi no 52 et l'a
adopté sans amendement.
Troisième lecture
M. LAVOIE (président): L'honorable ministre des Affaires
municipales propose la troisième lecture du projet de loi no 52, Loi
modifiant la loi de l'habitation familiale. Cette motion sera-t-elle
adoptée?
M. BERTRAND: Adopté.
M. PAUL: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. LEVESQUE: M. le Président, qu'il me soit permis de rappeler
à cette Chambre que la commission parlementaire permanente des
Institutions financières, compagnies et coopératives se
réunira demain matin, le mercredi 9 décembre, à dix
heures, à la salle 81-A pour prendre en considération le projet
de loi no 45, Loi de la protection du consommateur et qu'une demi-heure plus
tard, soit à dix heures trente, commenceront les travaux d'une autre
commission, la commission parlementaire permanente des Richesses
naturelles.
La réunion aura lieu à la salle 91-A.
Demain après-midi, nous pourrons entreprendre l'étude des
projets de loi du ministre de la Justice ou de ceux du ministre des
Finances.
M. BERTRAND: Demain? M. LEVESQUE: Oui.
M. BERTRAND: Vous ne pouvez pas nous le dire immédiatement.
M. PAUL: On ne veut pas être désagréable,
mais...
M. LEVESQUE: Pardon?
M. BERTRAND: Pourquoi ne pas nous le dire?
M. PAUL: On voudrait bien...
M. LEVESQUE: Cela fait plusieurs fois qu'on annonce les deux bills du
ministre de la Justice, celui qui concerne les loyers et la Loi de police. Je
pense bien qu'on va finir par les étudiés mais, en cas d'absence,
je ne veux pas que l'on se fie sur un seul ministre. Il peut être absent
pour une raison ou pour une autre. Normalement ce seraient les bills du
ministre de la Justice, mais après ou s'il n'est pas ici, ce seraient
les projets de loi au nom du ministre des Finances, celui de Sidbec et la
Caisse de dépôt et placement.
M. PAUL: La Caisse de dépôt et placement. M. LEVESQUE: Les
deux se tiennent. M. BERTRAND: Très bien.
M. PAUL: La Loi d'administration financière ne viendra pas
demain.
M. LEVESQUE: Je ne crois pas, non. M. BERTRAND: Pas d'objection.
M. LEVESQUE: Alors, M. le Président...
M. SAMSON: Je m'excuse. Le bill no 60, est-ce qu'on va le prendre demain
aussi?
M. LEVESQUE: Non, pas demain. UNE VOIX: La semaine prochaine.
M. LEVESQUE: Vu qu'il y a séance du cabinet demain soir, nous ne
nous attendons pas à siéger demain soir. Cela peut
peut-être rendre service de la savoir un peu d'avance, pour ceux qui
voudraient prendre des rendez-vous.
M. BERTRAND: Très bien.
M. LEVESQUE: Alors, je propose que la Chambre soit ajournée
à demain, trois heures.
M. LE PRESIDENT: La Chambre ajourne ses travaux à demain, trois
heures.
(Fin de la séance 22 h 55)