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(Quinze heures une minute)
M. LEBEL (président): Qu'on ouvre les portes. A l'ordre,
messieurs!
Présentation de pétitions. Présentation de rapports
de comités élus. Présentation de motions non
annoncées. Présentation de bills privés.
Présentation de bills publics.
M. BERTRAND: A.
Loi de la conservation de la faune
M. LE PRESIDENT: L'honorable premier ministre, au nom de l'honorable
ministre des Affaires municipales, propose la première lecture de la loi
de la...
M. BERTRAND: A. Loi de la conservation de la faune.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre du Tourisme de la Chasse et de la
Pêche propose la première lecture de la Loi de la conservation de
la faune.
M. LESAGE: On n'a pas besoin d'un grand discours, c'est une
consolidation de lois.
M. BERTRAND: Mais je pense qu'il serait bon...
M. LOUBIER: Pour une raison... M. BERTRAND: ... d'expliquer.
M. LOUBIER: Que le chef de l'Opposition ne me prive donc pas du plaisir
de lire juste les notes explicatives. C'est mesquinement que je le demande, et
par vanité, en grâce au chef de l'Opposition.
Ce projet propose une refonte des lois de la chasse et de la pêche
qui diffère principalement des textes existants de la façon
suivante: Création, au ministère du Tourisme de la Chasse et de
la pêche, d'un service de la conservation de la faune. Les gardes-chasse,
les gardes-pêche deviennent des agents de conservation chargés de
veiller à l'application des lois et règlements sur la faune et de
renseigner le public sur leurs dispositions.
La terminologie est modernisée et le texte proposé tient
compte des interprétations juris-prudentielles. Le lieutenant-gouverneur
en conseil pourra déterminer les parties du domaine public sur
lesquelles le ministre pourra louer des droits exclusifs de chasse et de
pêche et nul locataire ne pourra faire des améliorations ou
constructions sans avoir obtenu l'approbation préalable du gouvernement.
En ce cas, le ministre pourra indemniser le locataire à l'expiration du
bail si les améliorations ou les constructions ont apporté une
plus-value permanente au terrain.
A compter du 1er janvier 1970, la réserve de trois chaînes
est étendue aux terres qui font partie du domaine public du
Québec et qui bordent toutes les rivières, et tous les lacs qui
s'y trouvent.
Le titre de pourvoyeur de chasse et de pêche est
réservé au détenteur d'un permis à cette fin.
Les pénalités pour infraction à la loi sont
augmentées, et en cas d'infraction grave l'emprisonnement est
obligatoire en sus du paiement de l'amende et des frais. Les pouvoirs de
réglementation du gouvernement sont accrus et précisés et
les règlements adoptés devront être publiés dans la
Gazette officielle du Québec.
Maintenant, j'aimerais m'excuser auprès du chef de l'Opposition
et de mes collègues de l'Assemblée nationale de ce qu'une copie
ne leur ait pas été remise au moment où je parle, mais
peut-être que c'est une question de minutes, peut-être dans vingt
minutes, une demi-heure ou une heure une copie du bill...
M. BERTRAND: Dans cette forme-là, pour le moment.
M. LOUBIER: ... sera remise dans cette forme-là, pour le moment,
à tous les membres de l'Assemblée nationale.
M. LESAGE: Je l'apprécierais grandement, j'ai reçu une
seule copie de l'épreuve ce matin.
Je me demandais, justement, si je devais faire photocopier cette copie
que j'avais...
M. BERTRAND: Non.
M. LESAGE: ... mais je comprends que ce n'est pas nécessaire.
M. BERTRAND: Les autres copies doivent être distribuées
vers quatre heures.
M. LESAGE: Alors, ça va.
M. BERTRAND: En fin de soirée, nous aurons le bill dans sa forme
habituelle.
M. LESAGE: Oui, ce sont quelques-uns de mes collègues...
M. BERTRAND: C'est ça.
M. LESAGE: ... qui désiraient obtenir des copies de
l'épreuve. Mais, du moment que nous les aurons d'ici un quart d'heure ou
vingt minutes, ça va bien.
Le leader du gouvernement en Chambre m'avait laissé entendre que
nous pourrions entreprendre l'étude de ce projet de loi dès
vendredi. Par ailleurs, on m'a informé je ne sais pas si on
était bien renseigné que le ministre du Tourisme, de la
Chasse et de la Pêche serait absent. Est-ce exact?
M. LOUBIER: Oui, je serai de retour samedi. Alors, c'est impossible
vendredi. Si le chef de l'Opposition voulait consentir...
M. LESAGE: Si je comprends bien, le ministre du Tourisme, de la Chasse
et de la Pêche agira comme tuteur et gardien du ministre d'Etat à
l'Education à Paris!
M. BERTRAND: Réciproquement.
M. LESAGE: Je comprends la prudence du premier ministre et je
l'apprécie.
M. LOUBIER: Sans commentaire!
M. LE PRESIDENT: La motion de première lecture sera-t-elle
adoptée? Adopté.
M. LE SECRETAIRE ADJOINT: Première lecture de ce bill. First
reading of this bill.
M. LE PRESIDENT: Deuxième lecture à la prochaine
séance ou à une séance subséquente.
M. LESAGE: M. le Président - je m'adresse à la fois au
premier ministre et au ministre du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche
est-ce que, suivant la procédure suivie dans plusieurs cas de
refonte de lois, on a préparé au ministère un tableau de
concordance?
M. LOUBIER: La question est très perspicace, mais...
M. LESAGE: Elle n'est pas perspicace; elle est pertinente.
M. LOUBIER: Pertinente, je m'excuse, M. le Président. On a
essayé mais il était impossible d'effectuer des concordances,
puisque la loi datait de 50 ans, de 40 ans, etc.
M. LESAGE: C'est pour ça que nous aurions aimé, justement,
qu'il y ait un tableau de concordance; autrement, cela va être un
fouillis pour nous.
M. LOUBIER: II a été impossible, d'après les
conseillers juridiques du comité de législation et nos
conseillers juridiques, d'effectuer, justement, ce tableau de concordance.
M. LESAGE: S'il a été impossible pour les légistes
de le faire, comment pourrons-nous le faire, nous?
M. LOUBIER: M. le Président, je pense que, dans l'ensemble...
M. LESAGE: C'est un bill mal préparé.
M. LOUBIER: Non, pas du tout, M. le Président, loin de là.
D'ailleurs, le chef de l'Opposition, quand il va en prendre connaissance, va se
rendre compte que le bill a été préparé avec une
intelligence qui mérite les félicitations de tous les membres de
l'Assemblée nationale.
M. LESAGE: Les notes explicatives qu'a lues le ministre ne
reflètent pas ce qu'il vient de dire.
M. LOUBIER: Ah, je vous laisse sur votre appétit. Il faut
attendre les explications.
M. LE PRESIDENT: Affaires du jour.
M. BERTRAND: M. le Président...
M. LESAGE: N'y a-t-il pas moyen que les légistes je vais
le faire faire par notre personnel au moins nous réfèrent,
pour ce qui est des articles du nouveau projet de loi, aux articles
correspondants des lois en vigueur de la chasse et de la pêche, la loi de
la chasse et la loi de la pêche?
M. BERTRAND: Je demanderai à M. Normand si c'est possible.
M. LESAGE: Oui.
M. BERTRAND: M. le Président, nous avons tous été
bouleversés par la tragédie...
M. LESAGE: Un instant, sur les ordres du jour, est-ce que ce n'est pas
l'intention du premier ministre d'appeler la première lecture de la Loi
modifiant de nouveau le code de procédure civile?
M. PAUL: Elle sera prête demain.
M. BERTRAND: Elle sera prête demain.
M. LESAGE: M. le Président, on m'en a remis une copie
dactylographiée...
M. BERTRAND: C'est cela.
M. LESAGE: ...et si je comprends bien, c'est un projet de loi qui est
ancillaire au bill 10.
M. BERTRAND: Exactement. C'est-à-dire trois des articles qui
étaient relatifs au projet de loi no 10, seront insérés
dans les amendements au code de procédure civile.
M. LESAGE: Oui. Cet amendement, je crois, le premier ministre me l'a
fait parvenir en épreuve ce matin.
M. BERTRAND: Oui.
M. LESAGE: Ç'est le projet de loi no 74.
M. BERTRAND: C'est cela.
M. LESAGE: Et ce projet de loi, j'en ai pris connaissance et je me suis
permis de le faire photocopier pour mes collègues qui vont s'occuper
plus particulièrement du bill 72, la Loi des tribunaux judiciaires
c'est bien le numéro? et du bill 10; je leur ai remis ces
copies. Alors, je tiens à aviser le premier ministre que, même si
j'ai reçu ce projet sous le signe de la confidentialité, je me
suis permis de le faire photocopier pour que l'on puisse étudier le bill
72 en regard des propositions contenues au bill 74 comportant, en particulier,
un changement de compétence de la cour Provinciale.
M. BERTRAND: Cela ne soulève aucun problème.
M. LESAGE: Très bien. Alors, je m'excuse, M. le premier ministre,
de vous avoir interrompu.
Tragédie à Notre-Dame-du-Lac
M. BERTRAND: M. le Président, nous avons tous été
profondément bouleversés par la nouvelle de la tragédie
qui s'est produite ce matin à Notre-Dame-du-Lac où plusieurs
dizaines de personnes âgées ont péri dans l'incendie d'une
institution privée qui portait le nom de « Repos du vieillard
».
Ce n'est pas ici le moment et le lieu d'établir les causes et les
responsabilités d'une pareille catastrophe. Il faudra de toute
évidence qu'une enquête complète soit faite à ce
sujet, mais il faudra surtout qu'une vigilance accrue s'exerce et que les
mesures nécessaires soient prises pour éviter la
répétition d'une aussi effroyable tragédie.
Un grand effort a été fait, depuis quelques années,
par le gouvernement et par toute la société
québécoise pour multiplier, dans toutes les régions, les
centres d'hébergement pour les personnes âgées, ces foyers
d'accueil comme on les appelle, offrant des normes maximales de
sécurité.
Ce qui vient de se produire à Notre-Dame-du-Lac nous rappelle de
la façon la plus dramatique qu'il nous reste encore beaucoup à
faire si nous voulons nous acquitter intégralement de nos
responsabilités envers les personnes âgées.
A toutes les familles que le sinistre a plongées dans le deuil et
l'affliction, à M. le maire René Bérubé et à
la population de Notre-Dame-du-Lac ainsi qu'au député de
Témiscouata, j'offre l'expression de mes condoléances
personnelles que je sais partagées par tous mes collègues du
gouvernement et de l'Assemblée nationale.
M. Jean Lesage
M. LESAGE: M. le Président, je voudrais joindre ma voix et celle
de mes collègues de ce côté-ci de la Chambre à celle
du premier ministre pour offrir aux citoyens de Notre-Dame-du-Lac, aux membres
du conseil municipal, aux autorités du foyer d'hébergement et aux
familles des disparus l'expression de nos condoléances les plus
profondes.
C'est une tragédie terrible qui vient après bien d'autres
au Québec, comme l'a dit le premier ministre. Au Québec, nous
semblons avoir, je le crains, un autre triste championnat, celui des
hécatombes dans les incendies. Un porte-parole du commissariat des
incendies aurait déclaré ce matin, à la suite de cette
hécatombe, se basant sur des statistiques internationales remontant aux
quarante dernières années, que le Québec s'est acquis une
triste réputation par le nombre de ces incendies tragiques, notamment en
ce qui concerne les personnes brûlées vives dans les hospices ou
foyers d'hébergement.
Le premier ministre a raison de dire qu'il va falloir prendre des
mesures particulières pour examiner toute la question à fond, ce
qui s'impose clairement et tout de suite. D'ailleurs, je constate que les
divers ministères et agences du gouvernement ont agi sans délai.
Les
journaux du début de l'après-midi nous annoncent l'action
qui a été prise par le commissaire des incendies, par le
ministère de la Justice et par divers ministères du gouvernement.
Je crois que cela s'imposait. Cela a été fait.
Evidemment, dans des circonstances comme celles-là, toutes sortes
de rumeurs courent.
Je ne voudrais pas lancer dans le public certaines choses qui se
répètent, ce matin à Notre-Dame-du-Lac, je tiens
à le dire tout de suite qui ne sont pas des imputations
d'incendiat criminel, pas du tout. Ce sont des informations qui peuvent
être véritables et qui peuvent être aussi de ces
commérages qui courent au moment où de tels
événements surviennent.
Je ne sais pas si le gouvernement a entendu parler d'un conflit
patronal-ouvrier qui aurait eu lieu dans cet établissement très
récemment, et de telle façon qu'il y aurait eu beaucoup
d'employés nouveaux. Je donne ça sous toute réserve. Non
pas qu'on croie que les employés éconduits auraient fait quoi que
ce soit, non pas du tout. C'est qu'un certain nombre d'employés nouveaux
n'auraient pas été suffisamment au courant des méthodes de
prévention des incendies dans l'établissement.
J'ai su aussi que le conseil municipal avait récemment
demandé aux autorités du foyer de retenir les services d'un
gardien de nuit. Ce sont peut-être des choses qui pourraient faire
l'objet de l'enquête conduite par les autorités
appropriées, représentant les ministères ou agences du
gouvernement.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Témiscouata.
M. Montcalm Simard
M. SIMARD: M. le Président, je ferai miennes les paroles du
premier ministre, quoique les premiers rapports fournis par le service des
nouvelles mentionnent que 50 à 55 personnes sont
décédées à la suite de l'incendie qui a
détruit, à bonne heure ce matin, le Repos du vieillard,
situé à Notre-Dame-du-Lac, dans le comté de
Témiscouata. On peut dire, sans exagération, que c'est
certainement le plus grand sinistre que la province et même le Canada
aient jamais connu.
Aux autorités de la ville de Notre-Dame-du-Lac et aux familles
éprouvées, J'offre en mon nom personnel et au nom de la
population de Témiscouata, mes plus sincères
condoléances.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Laurier.
M. René Lévesque
M. LEVESQUE (Laurier): M. le Président, pour ce qui est des
victimes, pour ce qui est de la population de Notre-Dame-du-Lac, je joins
l'expression de mes sentiments à ceux qui ont été
déjà présentés à cette Chambre. En ce qui
concerne les autorités du foyer et le ministère, je voudrais tout
simplement ajouter ceci: comme par hasard, il arrive qu'à titre d'ancien
ministre de la Famille et du Bien-Etre, dont j'étais responsable depuis
quelques mois seulement, j'ai visité ce Repos du vieillard à
Notre-Dame-du-Lac au mois de mai 1966. Cela se passe de commentaires.
Cela faisait partie d'une tournée initiale des institutions du
ministère qui coïncidait avec une campagne électorale. Je me
souviens d'avoir constaté, sauf erreur, qu'il s'agit d'un ancien
hôtel désaffecté; que c'était un nid à feu
invraisemblable, et je me souviens d'avoir recommandé à mon
secrétaire, Me Louis Duval, de rappeler immédiatement aux
autorités du ministère que ce foyer devait être
condamné.
Je demanderais au ministre, comme partie de l'enquête qui doit
être faite, s'il ne trouverait pas dans les dossiers de son
ministère une recommandation de condamnation de ce foyer, signée
de Me Duval ou de quelqu'un d'autre. Il a dû normalement la trouver, mais
enfin je voudrais bien savoir si elle était là tout de suite
après son entrée en fonction. Cela fait partie d'un bon nombre de
ces cas que, pour ma part je parle à titre personnel je
constatais en même temps que je prenais contact avec le ministère.
Il y avait là quelque chose de scandaleux à un point qui frisait
le criminel. Celui-là est un cas particulièrement typique.
M. Jean-Paul Cloutier
M. CLOUTIER: M. le Président, je ne crois pas que ce soit le
moment de faire un débat exhaustif du partage des responsabilités
en ce qui concerne cet événement extrêmement tragique. Pour
l'instant, reprenant les paroles du premier ministre tout à l'heure, je
dirai que cela souligne de façon tristement éloquente que nous
avons raison actuellement de faire un effort extraordinaire j'appelle
cela extraordinaire, la construction de 75 à 100 foyers par
année, actuellement, au rythme où nous les construisons
pour mettre à la disposition des personnes âgées des
maisons où les exigences minimales de la sécurité et du
confort seront satisfaites.
En ce qui concerne le cas de Notre-Dame-du-Lac, c'est une maison qui
détenait un permis depuis plusieurs années; en fait, depuis
au-delà d'u-
ne douzaine d'années et qui, à certains moments de la vie
du ministère de la Famille, a reçu des permissions de loger plus
de vieillards. Comme le mentionnait le député de Laurier, tout de
suite ce matin en arrivant au ministère j'ai demandé qu'on
m'apporte les dossiers de cette institution. J'en ai fait une revue rapide
parce que les dossiers sont très volumineux.
Evidemment, je n'ai pas eu le temps de voir chacune des pièces du
dossier, mais je sais qu'à certains moments on a fait des remarques sur
la sécurité dans cette institution. Chaque fois, des rapports ont
été faits par le ministère du Travail qui, par son service
d'inspection et avec le ministère des Travaux publics, s'est
assuré que des modifications soient faites. Je dois déclarer que
ces foyers qui sont aménagés dans de vieilles maisons ne
respectent certainement pas toutes les normes de sécurité. Mais,
en l'absence d'un foyer neuf, il faut s'en contenter. Evidemment ils doivent
tenir compte des exigences qui ont été déclarées et
qui ont été rencontrées au sens des inspecteurs. On voit
dans les dossiers et ça, je m'en suis assuré que
toutes les exigences, qui ont été demandées par les
différents ministères qui s'occupent du côté
technique, ont été respectées et que les
améliorations ont été faites.
Il reste que ces institutions, surtout les institutions du domaine
privé, qui ne respectent pas les normes de sécurité
devront disparaître et être remplacées par des foyers neufs
que nous construisons selon la formule moderne.
J'ai dit, tout à l'heure, qu'il y a un programme important de
construction de foyers d'hébergement. Il y en a 75, cette année.
Il y en a dans cette région-là. Dans le comté du
député de Témiscouata, il y a actuellement deux foyers qui
sont en construction et dans le comté voisin, de Rivière-du-Loup,
il y en a trois.
Nous espérons que de semblables événements ne se
répéteront pas ailleurs dans la province. Nous allons accentuer
la surveillance et les inspections.
Tout de suite, ce matin on l'a constaté par les journaux
nous avons délégué des gens là-bas pour
constater les dégâts et assumer toutes les responsabilités
qu'il faut assumer en pareille circonstance. Je demanderais aux membres de
cette Chambre, quand nous présenterons des prévisions
budgétaires, quand nous ferons des programmes pour les personnes
âgées, d'encourager et d'appuyer la construction de tous ces
foyers dans le Québec, afin de procurer aux personnes âgées
les institutions sécuritaires dont elles ont besoin.
M. le Président, voici des renseignements de dernière
heure, que je viens d'obtenir. Il y a actuellement 26 personnes qui sont
rescapées. Elles sont toutes logées à l'hôpital de
Notre-Dame-du-Lac ou dans des familles. Le relogement de ces personnes dans
d'autres foyers, même s'il faut aller au plus urgent, est
commencé.
Il y a 40 personnes qui manquent à l'appel et qui sont
présumées décédées dans l'incendie. Aucun
employé de l'établissement n'aurait été victime de
l'incendie, d'après les renseignements que j'ai ici. L'enquête
déterminera quelles sont les causes de l'incendie. Le premier ministre a
parlé tantôt d'une enquête complète. Des la
première heure, des fonctionnaires du ministère se sont rendus
sur les lieux en compagnie du coordonnateur régional et de M.
Bélanger de l'agence de Rimouski. On applique actuellement les mesures
d'assistance d'urgence pour tous les rescapés, parce que,
évidemment, ils se sont enfuis en perdant tous les biens qu'ils
possédaient. Les gardes-malades de l'unité sanitaire de
Rivière-du-Loup et les gens du ministère sont au service des
personnes rescapées.
M. le Président, à ce moment-ci, ce sont les
renseignements que Je devais donner à la Chambre. Quant au programme des
personnes âgées, je veux mentionner que si nous pouvons
réaliser un programme aussi important, c'est parce que nous avons aussi
dans le milieu la collaboration de tous les groupes, de tous les individus et
des municipalités qui assument dans ce secteur une part importante en
fournissant des contributions financières.
Questions et réponses
Subventions aux institutions privées
M. LESAGE: M. le Président, j'avais posé hier au ministre
de l'Education, des questions concernant des subventions aux institutions
privées en vertu du chapitre 67 des lois de 1968. J'avais l'intention de
demander au ministre de me fournir une copie des normes en vigueur pour
l'approbation des budgets des commissions scolaires au niveau secondaire et au
niveau primaire. D'après l'article 14 et l'article 17 de la Loi de
l'enseignement privé, ce sont ces normes qui doivent être à
la base du calcul du coût moyen de l'enseignement dans le secteur
public.
M. CARDINAL: M. le Président, M. le chef de l'Opposition
soulève cette question. J'avais l'intention d'intervenir aujourd'hui
devant cette assemblée pour ajouter des détails à ce que
j'avais dit hier. Disons qu'il s'agit non pas d'une
déclaration, mais de renseignements additionnels concernant la
fermeture de certains collèges privés, y compris le
collège de Bellevue, fermeture au sens où les journaux l'ont
entendue.
Pour faire suite, donc, aux informations données hier, il me fait
plaisir de transmettre à l'Assemblée nationale un rapport
préliminaire sur la situation. Ce rapport a été
préparé par Mlle Thérèse Baron, sous-ministre, qui
s'occupe de l'élémentaire et du secondaire au ministère de
l'Education.
Je cite presque au texte le rapport de Mlle Baron qui donne des
détails précis, et j'en viendrai à la question
posée par le chef de l'Opposition. C'est donc Mlle Baron qui s'exprime
par celui qui vous parle: « J'ai communiqué ce matin avec soeur
Hortense Grégoire, nouvelle directrice du collège de Bellevue et
avec Claude Beauregard, directeur général de CADRE, l'association
qui a remplacé l'Association des collèges classiques. Les
informations reçues sont les suivantes: « Premièrement,
l'un et l'autre estiment que les articles de journaux rapportent mal la
situation en ce qui concerne le collège de Bellevue et imputent à
tort au gouvernement des intentions négatives et préjugent les
résultats d'une analyse objective de la situation actuellement en cours,
en ce qui concerne la fermeture possible de dix collèges non rentables
au niveau secondaire. « Soeur Hortense indique que le Soleil devrait
publier un article plus nuancé en ce qui touche le collège de
Bellevue pour lequel il n'est absolument pas question de fermeture. «
Deuxièmement, lors de monpassage c'est toujours
Thérèse Baron qui s'exprime au congrès de
l'Association des collèges du Québec, samedi matin j'ai
reçu de M. Beauregard le rapport analytique de l'exercice financier
68/69 dans les institutions membres de l'Association des institutions
d'enseignement secondaires et de l'Association des collèges du
Québec. Je compte faire analyser ce rapport de façon à
identifier les facteurs qui rendraient inapplicables, pour certaines
institutions, les limites proposées, enfin imposées par le projet
de loi 56 exigées dans cette loi de l'enseignement privé. «
J'ai également indiqué à M. Beauregard qu'il importait que
son organisme fasse cette analyse et nous en communique, le plus rapidement
possible, les résultats c'est-à-dire que nous ferons,
nous-mêmes, un travail et nous demandons à ces deux associations,
elles aussi, de faire cette analyse. « Troisièmement, j'ai
vérifié également auprès du service du financement,
j'entends celui du ministère, ce que comprenait réellement le
service de la dette au niveau secondaire. Il apparaît que ce service ne
couvre pas les subventions versées directement pendant la construction
des écoles secondaires polyvalentes, c'est-à-dire subventions ou
fédérales ou provinciales, selon l'entente, versées
directement. « M. Sylvester White, qui est le directeur du service de
financement, doit me communiquer, par écrit, les informations
données verbalement par téléphone à ce sujet.
« M. le Président, lorsque j'aurai un rapport écrit du
directeur du financement, j'en communiquerai la teneur à cette
assemblée. « Si une partie des dépenses d'immobilisation
échappe à l'établissement du service de la dette dans les
régionales, il serait normal que les institutions puissent, le cas
échéant, charger aux parents ces frais supplémentaires non
compris dans le coût moyen de l'enseignement public ».
On va se rendre au bout. « Je préférerais,
toutefois, qu'une analyse plus solide soit faite dans nos propres services et
à l'Association des institutions privées avant de proposer une
déclaration ou une information précise dans ce sens. «
Quatrièmement, selon les informations fournies par M. Beauregard, je
devrais recevoir aujourd'hui ou demain je ne l'ai pas reçue au
moment où je donne cette réponse une lettre officielle de
son organisme, l'organisme CADRE, vous remerciant d'abord je le cite
même si ce sont des remerciements d'avoir déclaré
d'intérêt public un grand nombre de collèges classiques et
demandant certaines explications sur l'établissement du coût
moyen. J'ai assuré M. Beauregard que nous pouvions répondre
à toute demande d'informations concernant l'analyse des normes
budgétaires des commissions scolaires et de leurs dépenses
réelles pour l'enseignement secondaire. « Je recommande,
toutefois, que le ministère fasse une analyse sérieuse des
situations particulières qui pourraient être portées
à sa connaissance, soit par les institutions elles-mêmes, soit par
l'organisme qu'il les représente. « Les résultats de cette
analyse de même que l'étude du rapport analytique
déjà mentionné par les associations permettront
d'évaluer les conséquences réelles des limitations
actuellement exigées par la loi, compte tenu en particulier de la
non-intégration d'une partie des subventions dans le financement des
polyvalentes. »
Je voudrais ajouter qu'encore ce matin, dans
le journal Le Devoir, il y avait une analyse d'un journaliste à
la suite de la réponse donnée hier et qui se terminait par un
paragraphe sur lequel j'aurais pu soulever une question de privilège.
L'on disait que le ministère n'avait pas encore adressé des
lettres. Je regrette, M. le Président, j'ai affirmé de mon
siège, hier en cette Chambre, que jeudi et vendredi dernier, nous avions
envoyé à l'adresse de toutes les institutions les renseignements
que j'ai communiqués en cette Chambre. Il est donc inexact
d'écrire dans un journal ou d'affirmer ailleurs que les institutions ne
seraient pas informées.
Si la poste de M. Kierans ne s'est pas rendue à certains
endroits, le ministre de l'Education n'y peut rien, et je pense que ce n'est
que l'exception qui confirme la règle.
Quant à la dernière demande du chef de l'Opposition, je
pense que, par la réponse que je viens de donner, il admet que j'avais
déjà prévenu son désir et que déjà je
me préparais à le satisfaire.
M. LESAGE: C'est-à-dire que c'est Mlle Baron.
M. CARDINAL: Enfin. M. le Président, je vais rappeler à
l'honorable chef de l'Opposition ce qu'il nous disait fort bien ce matin:
Sachez-le, mes frères bien-aimés, ainsi que tout homme soit
prompt à écouter...
M. LESAGE: Lent à parler...
M. CARDINAL: Et lent... Cela a d'ailleurs été
commenté d'une façon fort sage par le chef de l'Opposition, dont
le nom indiquait d'avance ce qu'il allait nous dire sur le sujet.
M. LESAGE: Qu'est-ce qui m'arrive, M. le Président?
M. CARDINAL: M. le Président, je ne ferai pas d'autres
commentaires, j'ajouterai une seule chose, c'est que j'ai reçu je
peux le dire en cette Chambre sur mon bureau un certain nombre de notes.
Je regarderai ceci et, s'il y a lieu, j'informerai le chef de l'Opposition et
les membres de cette Chambre au sujet de ces notes que m'a transmises le chef
de l'Opposition.
M. LESAGE: Ces notes, M. le Président, sont pour une tout autre
affaire que le problème des institutions privées. Pour ce qui est
du problème des institutions privées, je pense bien que tous les
intéressés et tous ceux qui ont participé à la
législation ont toujours compris que l'intention du législateur
et c'est aussi ainsi qu'ont compris la législation ceux qui y
sont intéres- sés c'était de verser des subventions
jusqu'à concurrence de 80% dans le cas des institutions privées
déclarées d'intérêt public, jusqu'à
concurrence de 60% pour les autres institutions privées qui ont le droit
de recevoir des subventions, 80% et 60% respectivement du coût moyen par
élève de l'enseignement dans le secteur public à chaque
niveau respectivement, collégial, secondaire et primaire.
Pour ne pas étendre, non pas la discussion parce que je ne crois
pas que vous permettriez une discussion, M. le Président, mais
l'échange d'informations qui est devenu, je crois, essentiel pour les
intéressés, ne semble-t-il pas au ministre que l'on doive tenir
compte, dans le coût moyen... pas d'opération ce n'est pas
français,...
M. CARDINAL: De fonctionnement.
M. LESAGE: ... de fonctionnement des établissements du secteur
public au secondaire de tous les éléments de coût? Or, il
est certain que les subventions reçues, pour des montants très
considérables, du gouvernement de la province, provenant en partie du
gouvernement fédéral, au moment de la construction, sont partie
intégrante du coût. Il faut absolument, par des méthodes
comptables connues, établir, sur une période d'années
raisonnable, l'amortissement de ces coûts. Il me semble que c'est la
seule façon de savoir quel est véritablement le coût moyen
par élève dans ces institutions du secteur public.
Ce ne serait certainement pas juste, pour les institutions du secteur
privé qui ont à payer leurs immobilisations, de ne pas tenir
compte, lorsqu'on établit les 80% auxquels elles ont droit, du
coût des immobilisations dans le secteur public, coût qui sert de
barème pour une bonne partie.
Je suis certain qu'il n'est pas un législateur dans cette Chambre
qui s'est imaginé que, pour établir le coût moyen par
élève dans le secteur public, on prendrait une autre base que le
coût réel, y compris toutes les subventions. Autrement, cela
devient une injustice flagrante. Ce n'est plus 80%. Ce n'est plus 60%.
D'ailleurs, le sous-ministre adjoint ou associé, Mlle Baron, pose
à ce sujet, se pose à elle même et pose indirectement au
ministre, dans son rapport, des questions que je trouve fort pertinentes. Je
demanderais donc au ministre de bien vouloir examiner cette question et, s'il
le croit nécessaire, de faire rapport à ses collègues du
cabinet avant de nous dire ce qu'il en pense.
Enfin je réitère la demande que j'avais faite
tantôt. Si le ministre voulait être assez aima-
ble de me faire parvenir, parce que cela existe certainement sous forme
d'un tableau quelconque ou enfin d'un document quelconque, les normes en
vigueur pour l'approbation des budgets des établissements du secteur
public, suivant la formule employée dans les articles 14 et 17 de la Loi
de l'enseignement privé.
M. CARDINAL: M. le Président, je ne veux pas, comme nos
règlements d'ailleurs nous l'imposent, exprimer d'opinion sur le sujet.
J'ai mentionné tantôt que j'apporterais au chef de l'Opposition
ces renseignements qu'il demande. Dans ce que j'ai mentionné
tantôt, il y a une suggestion, une interrogation de Mlle Baron, qui est
une de mes conseillères en cette matière, au niveau
élémentaire et secondaire. Nous faisons, je répète
ce que j'ai mentionné hier, face à une alternative qui est la
suivante. C'est que, d'une part, nous sommes devant une population qui paie des
impôts et qui peut nous reprocher, si elle ne le fait déjà,
de subventionner à 110%, 120% ou 130% des institutions privées
où ces mêmes contribuables, s'ils sont parents et ont des enfants,
doivent payer des frais d'inscription et de scolarité. D'autre part,
parmi ces gens, d'autres envoient leurs enfants dans des institutions publiques
que nous subventionnons à 100%.
Nous devons, en toute justice vis-à-vis des réseaux
d'institutions publiques et d'institutions privées, comme je l'ai dit
devant la commission permanente de l'Education, lorsque, avec l'Opposition,
nous avons étudié le projet de loi 56, établir ce qui nous
semble un système juste et équitable où les deux
réseaux peuvent être concurrentiels mais où aucun des deux
ne pourra bénéficier de faveurs qui le placent dans une situation
avantageuse par rapport à l'autre. J'accepte, à son juste
mérite, la suggestion du chef de l'Opposition d'en référer
à mes collègues du cabinet, après étude de la
question. Le chef de l'Opposition...
M. LESAGE: Si c'est nécessaire, ai-je bien dit.
M. CARDINAL: D'accord. Le chef de l'Opposition admettra que nous sommes
en train de roder une nouvelle législation qui n'existait pas avant. Et
avant cette législation, il n'était même pas question de
financement à 60%, 80%, 110% ou 120%. C'était la situation que
l'on connaît et sur laquelle je ne veux pas revenir, parce que nous
devons, en cette assemblée, beaucoup plus nous pencher sur l'avenir que
sur le passé. Quant aux institutions privées, la position du
gouvernement a été claire. Le gou- vernement a voulu maintenir
les institutions privées, donner des subventions qui soient non
seulement Justes et équitables mais aussi généreuses par
rapport au réseau d'institutions publiques.
Nous voyons dans l'application de cette loi, qui est une loi nouvelle,
où il nous faut établir des barèmes et des critères
avec la commissions consultative, d'aileurs, que le gouvernement, le ministre,
le ministère ne sont pas les seuls organismes qui aient à
travailler. Ce que le ministre décide, il ne le décide
qu'après que la commission consultative l'ait conseillé.
Nous aurions donc une procédure qui est suivie tant au
ministère qu'à la commission consultative et qu'au conseil des
ministres avant que des décisions ne soient prises dans ce domaine.
Mais je l'ai mentionné hier, je le redis aujourd'hui
je suis de très près l'application de cette loi, et pour
autant que les organismes qui représentent ces collèges et que
ces institutions privées communiqueront avec nous et nous feront part de
leurs problèmes, généraux ou particuliers, le
ministère, moi-même, le gouvernement, nous sommes dans une
situation où nous souhaitons qu'on nous fasse part de ces
problèmes parce que, en fait, toute nouvelle législation, en
même temps qu'elle clarifie une situation et qu'elle avantage la
population, crée de nouveaux problèmes. Le gouvernement est
là pour les résoudre au fur et à mesure qu'ils se
présentent, en collaboration avec toutes les parties
intéressées.
M. LESAGE: M. le Président, sous toute réserve,
pourrais-je demander au ministre de vérifier cette information que j'ai
eue à l'effet que pour l'année scolaire 1966-1967, le service du
financement du ministère aurait établi à $726 le
coût moyen par élève au niveau secondaire? Je sais bien que
le ministre ne peut pas me répondre tout de suite comme ça. Il va
vérifier et il pourra me répondre demain.
Deuxièmement, est-il exact que le ministre ou ses collaborateurs,
lors des discussions sur le bill 56, devenu le chapitre 67 des lois de 1968,
auraient déclaré que l'on majorerait de 10% le coût moyen
dans le secteur public, étant donné qu'il s'agissait du
coût moyen de l'année précédente et que
l'augmentation prévue était de 10% par année dans le
coût?
M. CARDINAL: M. le Président, pour la première question,
je suis d'accord avec le chef de l'Opposition que je ne puis répondre
immédiatement et je vérifierai. Pour la deuxième question,
pour autant que ma mémoire est bonne, je
pourrai en référer au journal des Débats. Je ne
crois pas avoir déclaré de chose semblable.
Pendant les discussions, un de mes collaborateurs aurait-il donné
un renseignement qui aurait été oui par les membres de la
commission? Je n'en sais rien. Je vais tenter de vérifier. Mais il y a
certainement une ambiguïté présentement dans ce fait que,
d'une part, lorsque l'on parle du coût moyen dans le secteur public, au
même niveau, il s'agit non pas du coût de l'année en cours,
mais du coût de l'année précédente.
M. LESAGE: C'est le texte de l'article 14. C'est également le
texte de l'article 17. D'accord. J'ai aussi parlé d'un engagement
verbal.
M. CARDINAL: M. le Président, je ne me rappelle pas avoir pris de
tels engagements verbaux. Si je l'ai fait, je battrai ma coulpe parce que je ne
pense pas qu'un ministre puisse prendre un tel engagement à moins qu'il
ne soit sanctionné par la loi.
M. LESAGE: D'accord, M. le Président. D'ailleurs, j'ai fait
l'affirmation sous toute réserve et je vérifierai auprès
de ceux qui m'ont fait des représentations pour avoir plus de
précisions sur ce point.
M. le Président, je comprends que le ministre de l'Education
pourra, après avoir réexaminé la question, nous donner de
plus amples informations et peut-être me remettre une copie des
normes.
Equipement de construction de l'Hydro
M. LESAGE: J'aurais une question à poser au ministre des
Richesses naturelles. Un hebdomadaire ou même des journaux de fin de
semaine ont annoncé que la décision était prise au niveau
de l'Hydro-Québec de mettre en vente tout l'équipement de
construction non pas de réparation mais de construction de
barrages de l'Hydro-Québec. Cette nouvelle est-elle fondée?
M. ALLARD: M. le Président, je n'ai été
avisé par l'Hydro d'aucune décision en ce sens. Je peux cependant
communiquer avec le président et avoir des informations que je fournirai
à cette Chambre, mais je n'ai eu aucun avis d'une telle
décision.
M. LESAGE: J'apprécierais beaucoup que le ministre vérifie
avec le président de l'Hydro-Québec. Pourrait-il
s'enquérir, en même temps, de toute décision qui aurait pu
être prise ou serait sur le point d'être prise quant à la
construction de Manic-3?
Je n'ai pas besoin de répéter les questions qui ont
déjà été posées. Le ministre est
parfaitement au courant.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Finances.
Mise à pied éventuelle d'employés
de la voirie
M. BERTRAND: M. le Président, je voudrais répondre
à la question posée hier par le chef de l'Opposition, dont j'ai
pris avis, à propos d'une lettre qu'il aurait reçue du
président d'un syndicat régional de la fonction publique
l'informant que le ministère de la Voirie se proposait de
procéder à la mise à pied de 20 à 30 pères
de famille à la division 71 de Saint-Jérôme dans le
lac-Saint-Jean.
Voici la réponse que me fournissent les officiers du
ministère de la Voirie : « Après vérification de la
part du bureau du personnel du ministère de la Voirie auprès du
divisionnaire concerné, soit M. Rémi Lapointe, il ressort que,
premièrement, il n'est aucunement question de mettre à pied des
employés dits permanents. Deuxièmement, en ce qui concerne les
employés dits réguliers, il se peut que, prochainement et
cela pour une durée très courte on soit obligé de
mettre à pied momentanément six employés réguliers.
Si tel est le cas, ceux-ci auront priorité pour un rappel au travail
éventuel, vers le milieu de janvier, pour relever les clôtures
à neige et autres travaux du genre. « Troisièmement, pour
ce qui est des employés dits saisonniers, ils ont déjà
travaillé un mois de plus cette année que l'an dernier, à
cause de la précipitation tardive de la neige. Il est prévu que,
d'ici une quinzaine de jours environ, une dizaine de saisonniers seront mis
à pied, ce qui constitue une situation normale en fin de saison. «
Quatrièmement, maintenant, il reste des employés dits temporaires
ou occasionnels; comme l'appellation l'indique, ils ne sont employés que
lorsqu'il y a un surcroît de travail. Dans chaque cas, on applique la
convention collective de travail de 1968-1971, unité ouvriers, comme
d'habitude. »
M. LESAGE: Si je comprends bien, peut-être mon secrétaire
n'a-t-il pas mentionné cet autre aspect de la question au
secrétaire du ministre de la Voirie. Ces congédiements ou le fait
du non-emploi seraient-ils dus à une décision du ministère
d'accorder le contrat de déneigement et de sablage à un
entrepreneur, au lieu de
faire effectuer cet ouvrage par les employés du
ministère?
M. BERTRAND: La réponse que je viens de donner ne l'indique pas,
mais je peux m'enquérir.
M. LESAGE: Oui, parce que c'est une des choses qui auraient dû
être soulignées au secrétaire du ministre de la Voirie.
M. BINETTE: M. le Président, j'aurais une question à poser
au ministre des Richesses naturelles, faisant suite à celle posée
par le chef de l'Opposition. Le ministre pourrait-il, par la même
occasion, sur cette question de céder à l'entreprise
privée la réalisation du barrage de Manic 3, nous dire si cette
nouvelle politique est venue à la suite d'une incitation faite par le
ministre auprès des officiers de l'Hydro-Québec ou si elle
émane des officiers mêmes de l'Hydro- Québec?
J'aimerais savoir quelles sont les raisons qui ont incité
l'Hydro-Québec à vouloir établir et étudier une
telle politique. Ces raisons sont-elles dues à la demande du ministre
qui voulait faire effectuer cette étude?
M. ALLARD: D'abord, il faut s'entendre. Il n'y a pas eu de
décision de prise. Il y a eu des opinions d'émises. On a
interrogé tout le inonde. Les journalistes ont pris une phrase pour en
faire des articles et les postes de télévision nous courent pour
avoir des informations sur une décision qui n'est pas prise. Non! II
s'agit de dire, à un moment donné, qu'on favorise l'entreprise
privée pour qu'on tire des grandes conclusions.
La décision est entre les mains de la commission de
l'Hydro-Québec qui prendra ses responsabilités et qui la
soumettra en temps et lieu au cabinet. Ce n'est pas le Syndicat des
employés des cadres qui va décider de la question. Les «
placotages » qu'ils peuvent faire dans les journaux n'ont aucune
espèce d'importance dans la question.
M. BINETTE: M. le Président, sur le même sujet, une
question additionnelle. Je crois que le ministre a mal saisi ma question.
M. BERTRAND: Il a très bien saisi.
M. BINETTE: J'ai demandé si l'idée d'étudier cette
possibilité...
M. ALLARD: C'est M. Lesage qui l'a posée en premier.
M. BINETTE: ... de céder à l'entreprise privée
l'exécution des travaux de Manic vient du ministre ou si elle vient des
officiers de l'Hydro. Quelles sont les raisons qui ont motivé cette
étude? C'est ce que je veux savoir, c'est tout.
M. ALLARD: II n'a jamais été question de céder
à l'entreprise privée. On m'a demandé, à un moment
donné, comment les travaux allaient être faits.
J'ai dit: Je ne le sais pas, la commission va décider, elle peut
choisir entre deux possibilités, travailler avec les ingénieurs
qu'elle a, ce qui n'est pas à mettre de côté
évidemment, mais certains travaux, même lorsque l'Hydro a fait la
Manic 5, ont été confiés à l'entreprise
privée, vous en connaissez certainement.
M. LESAGE: M. le Président, il y a deux choses qu'il faut
dire...
M. BINETTE: Des sous-contrats.
M. LESAGE: ... il n'y a pas de fumée sans feu et il vaut mieux
prévenir que guérir.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! L'honorable ministre des Finances.
Emprunt de $50 millions de l'Hydro
M. BEAULIEU: M. le Président, j'ai le devoir d'annoncer que la
Commission hydroélectrique de Québec vient de négocier aux
Etats-Unis un emprunt de $50 millions, le plus dispendieux, je crois, de son
histoire, dont le produit sera ajouté à ses fonds
généraux et servira à financer son programme de
construction. Les obligations porteront intérêt à 9 3/4%,
seront datées du 15 décembre 1969 etviendront à
échéance le 15 décembre 1995. Elles sont offertes au prix
de $98.75 pour chaque tranche de$100 d'obligation et donneront un rendement
annuel de 9.88% et de 9.9993 avec les commissions usuelles. L'Hydro pourra
racheter ces obligations par anticipation à compter du 15
décembre 1984. Les nouvelles obligations sont offertes au public par un
syndicat que dirigent les maisons suivantes: The First Boston Corporation,
Solmon Brother and Oessler, A.E. Ames & Co Inc., et Asselin and Stewart
& Co. Inc.
En raison de l'inflation qui prévaut aux Etats-Unis et au Canada
et du resserrement du crédit décrété par les
autorités monétaires américaines afin de combattre
l'inflation, les taux d'intérêt sur les obligations émises
par les emprunteurs de qualité aux Etats-Unis ont
considérablement augmenté durant l'année 1969 et
sont actuellement à des niveaux sans précédent. Il est
vrai que l'Hydro-Québec emprunte aujourd'hui aux Etats-Unis à un
taux de 9.88% alors que, le 1er mai 1969, le Québec avait émis
$50 millions d'obligations aux Etats-Unis au taux de 8%, soit une
différence de 1.88%. Mais, il faut savoir que, durant la même
période du 1er mai 1969 à aujourd'hui, le rendement des nouvelles
obligations chez les émetteurs des compagnies de téléphone
aux Etats-Unis, classification AAA, est passé d'un niveau de 7.20%
à celui de 9.10% aujourd'hui, soit une augmentation de 1.90%. Les
émissions de compagnies d'utilité publique classifiées AAA
aux Etats-Unis indiquent une augmentation dont le rendement offert est de 1.95%
depuis le début du mois de mai 1969, soit d'un niveau de 7 1/4% à
celui de 9.20%. Les émissions de compagnies d'utilité publique
classifiées A aux Etats-Unis indiquent une augmentation dans le
rendement offert de 1 3/4% depuis le début de mal 1969, soit d'un niveau
de 7 1/2% à 9 1/4%. J'aimerais à noter aussi, M. le
Président, que la province de la Nouvelle-Ecosse, qui a emprunté
aux Etats-Unis il y a 15 jours à un taux d'intérêt de
9.20%, voit maintenant ses obligations se transiger sur le marché
américain sur une base de 9.87%. On nous rapporte aussi que certains
placements privés se font maintenant à plus de 10%.
Le fait que l'Hydro-Québec ait réussi à
émettre un montant aussi élevé que $50 millions
d'obligations dans un marché si difficile est un indice du maintien de
la qualité de crédit de l'Hydro-Québec et du
Québec. On sait que, lorsqu'il y a reserrement du crédit, on fait
face à un double phénomène, soit celui de l'augmentation
des taux et d'une diminution dans la quantité de fonds disponibles,
particulièrement pour ceux dont le crédit est moins bon.
Evidemment, comme tous les emprunteurs, nous devons payer à ce
moment-ci des taux d'intérêt très élevés,
mais je suis fier de constater quand même aujourd'hui que nous avons pu
emprunter cette somme de $50 millions. Les journaux rapportent ce matin qu'un
grand économiste américain, le Dr P.A. Rinfret, conseiller de
plusieurs compagnies américaines, prédit que le taux
d'intérêt aux Etats-Unis passerait de 8 1/2% à 9 1/2%, 10%
d'ici le mois de juin. Le marché est difficile pour tous les
emprunteurs.
Il faut croire qu'il le sera davantage, d'où notre certaine
satisfaction que l'Hydro ait pu emprunter dès maintenant un montant
aussi élevé.
M. LESAGE: M. le Président, c'est la première fois que
j'entends en cette Chambre le ministre des Finances annoncer une
émission d'obligations soit de l'Hydro, soit de la province et c'est la
première fois que j'entends un ministre des Finances, en faisant une
telle annonce, donner en même temps autant de ce qu'il croit être
des justifications pour les taux d'intérêt.
UNE VOIX: C'est normal.
M. LESAGE: Jamais je n'ai entendu un ministre des Finances se
défendre avec autant d'acharnement. C'est comme...
M. BERTRAND: C'est vous qui êtes allé l'attaquer.
M. LESAGE: ... l'enfant qui rentre chez lui, qui a commis un mauvais
coup et qui se dépêche de raconter une histoire toute
barbouillée à sa mère pour tenter de s'excuser au cas ou
elle le saurait par d'autres.
Je dis, M. le Président, que le taux aux Québécois
de cet emprunt est de 9.999% c'est ce que vient de dire le ministre... c'est
10%, auquel il faut ajouter 1%, toujours, quand on compare avec les taux du
marché canadien. Il y avait régulièrement, lorsque nous
étions au pouvoir, une différence de 1% dans le taux
d'Intérêt payé sur le marché canadien et sur le
marché américain, et nous payons toujours 1% de moins...
M. BEAULIEU: ... le taux n'était pas le même à ce
moment-là.
M. LESAGE: ... sur le marché américain...
M. BEAULIEU: Non, mais le taux d'intérêt n'était pas
le même à ce moment-là.
M. LESAGE: ... parce qu'il nous fallait...
M. BEAULIEU: Le taux d'intérêt n'était pas le
même.
M. LESAGE: ... un instant, je n'ai pas interrompu le ministre parce
qu'il nous fallait tenir compte des dangers que comportent les changements de
valeur du dollar canadien par rapport au dollar américain. C'est donc
dire qu'en réalité, si l'on veut comparer aux emprunts qu'on
déclarait scandaleux à 5% sur le marché américain
avant 1966, aujourd'hui c'est du 11% qu'on paie. C'est du 11% que ça
nous coûte, et ça peut nous coûter plus cher si le dollar
canadien est dévalué. Evidemment, on tomberait en banqueroute
immédiatement s'il y avait une monnaie du Québec. C'est
malheu-
reux que le député de Laurier ne soit pas ici parce que
c'est un bel exemple à ce qui arriverait à un Québec
séparé. Nous ne sommes pas séparés et ça
nous coûte déjà 11%. Imaginez-vous ce que ce serait.
M. BEAULIEU: Oui, mais le marché canadien est maintenant plus bas
que dans le passé.
M. LESAGE: Imaginez-vous ce que ça nous coûterait?
M. le Président, je dis que le ministre aurait dû nous
renseigner sur les démarches qui ont été faites pour
obtenir cet emprunt sur le marché canadien. Il aurait dû nous
tenir au courant des objections qu'il y avait à ce que des demandes de
soumissions publiques comme il y en a eu de faites avant 1966
soient faites sur le marché américain pour cet emprunt» Je
dis que le ministre malgré toutes les excuses qu'il a données, ne
nous a pas tout dit. Qu'est-ce que l'Hydro a fait pour tenter d'obtenir cet
emprunt sur le marché canadien? Pourquoi l'Hydro a-t-elle
négocié c'est l'autre jour que le ministre me l'a dit en
réponse à une question au lieu de demander des soumissions
publiques sur les journaux financiers aux Etats-Unis comme nous l'avons fait,
c'est-à-dire comme l'Hydro l'a fait avant 1966?
M. BEAULIEU: M. le Président, le chef de l'Opposition, qui
connaît aussi bien le marché que moi, sait bien que nous ne
demandons pas de soumission lorsque l'argent est difficile et rare. Nous
négocions, et lorsque nous avons les informations nécessaires
à savoir qu'un montant pourrait être souscrit à un taux
d'intérêt le plus acceptable et convenable possible dans les
circonstances nous agissons. Nous demandons des soumissions lorsqu'il y a un
surplus d'argent, lorsque l'argent est disponible, lorsqu'il y a une
concurrence. Actuellement il n'y a pas de concurrence, et si vous regardez
comme je l'ai dit tout à l'heure la déclaration qui
a été faite par un des grands économistes
américains, je vais vous citer un petit passage: « There will be
no inflation but money rates are definitely going higher. The slogan in the
U.S. is: « Get your money yesterday ». In 1970 the gross national
product will hit one trillion dollars ». Alors, vous voyez quand
même que nous avons dû agir dans le meilleur intérêt
du Québec. Nous faisons face à un marché extrêmement
discrétionnaire et difficile et nous avons cru qu'actuellement il
était avantageux que l'Hydro puisse compléter cette transaction
puisque les taux d'intérêt, l'année va le prouver, seront
beaucoup plus chers, du moins selon les indices que nous possédons aux
mois de février et mars.
M. LESAGE: Je voudrais simplement rappeler au ministre des Finances que
son prédécesseur se scandalisait de taux beaucoup moindres.
Je me souviens qu'un jour, alors que nous avions emprunté
à 6%, que les taux d'intérêt avaient monté, que le
ministre des Finances, son prédécesseur immédiat qui
occupait alors une banquette voisine de celle que j'occupe maintenant, avait
crié au scandale et avait demandé une enquête royale, 6%!
Qu'est-ce qu'il va falloir faire? Va-t-il falloir en appeler à la cour
internationale? Nous sommes rendus à 11% d'intérêt.
M. BEAULIEU: Cela me fait penser...
M. BERTRAND: Vous étiez pour la refuser.
M. BEAULIEU: ... quand je me suis marié, je me suis fait
construire une propriété...
M. BERTRAND: Trois.
M. BEAULIEU: ... j'ai payé 6% d'intérêts et mon
père trouvait cela bien épouvantable. J'ai bâti quand
même.
M. LESAGE: Et votre beau-père voulait faire annuler le
mariage?
M. BEAULIEU: Pardon?
M. LESAGE: Et votre beau-père voulait faire annuler le
mariage.
M. GRENIER: II avait une conscience délicate.
(Le président est debout)
M. LE PRESIDENT: Je regrette, mais on aura constaté qu'il est
déjà quatre heures. De nouveau en comité.
Conférence de presse sur les Affaires
culturelles
M. LESAGE: M. le Président, sur une question de règlement.
Le ministre des Affaires culturelles a fait bénéficier la presse,
ce matin, de renseignements inédits sur un programme gouvernemental qui,
me dit-on, fera encourir une dépense additionnelle d'environ $1
million.
M. BERTRAND: J'ai le plaisir de transmettre au chef de
l'Opposition...
M. LESAGE: Alors, M. le Président...
M. BERTRAND: ... la chemise contenant tous les renseignements.
M. LESAGE: ... j'en ai causé avec le ministre des Affaires
culturelles avant la séance. Le ministre des Affaires culturelles
m'avait dit qu'il ferait distribuer les documents qui avaient été
remis...
M. BERTRAND: Je me dépouille.
M. LESAGE: ... à la presse ce matin. Je pense que c'est tout de
même une question de privilège pour les députés.
Alors, pourrais-]e demander au ministre des Affaires culturelles s'il est en
mesure de voir à ce que chacun des députés, au moins ceux
qui sont présents...
M. BERTRAND: Oui, oui!
M. LESAGE: ... en Chambre puissent recevoir cette enveloppe et son
contenu dont le premier ministre m'a fait parvenir un exemplaire pour lequel je
le remercie infiniment.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, j'ai tenu ce matin une
conférence de presse pour informer la population du programme de travail
de l'Office de la langue française, conformément à la
déclaration qu'avait faite le premier ministre le 23 septembre
dernier.
Nous avons fait préparer un cahier de presse qui a
été distribué aux journalistes et nous avons fait
préparer d'autres exemplaire de ce cahier de presse qui seront
incessamment remis à tous les députés de
l'Assemblée nationale. J'en avais d'ailleurs prévenu le chef de
l'Opposition avant d'entrer en Chambre et ces cahiers seront distribués
dans le plus bref délai parce qu'il nous a fallu en faire distribuer
à la presse et en faire préparer d'autres pour les moyens de
diffusion et pour un grand nombre de citoyens qui en avaient demandé.
Alors, il est évident que l'Assemblée nationale recevra à
cet égard un traitement de faveur.
M. LE PRESIDENT: De nouveau en comité.
Bill 26 Comité plénier
M. FRECHETTE (président du comité plénier): Alors,
bill 26. L'article 21 a été adopté; nous en sommes
à l'article 22.
M. GOLDBLOOM: L'article 22 est adopté, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Article 22 adopté. Article
23?
M. GOLDBLOOM: A l'article 23, il y a un amendement.
M. CLOUTIER: A l'article 23, il y a un amendement qui se lit comme suit,
M. le Président: Remplacer les trois dernières lignes par ce qui
suit, après le mot « demande »: « Sont
présumés avoir été cédés ou
transportés dans le but de rendre cette personne ou cette famille
admissible à l'aide sociale ou à des bénéfices plus
élevés que ceux qui lui auraient autrement été
accordés. »
M. GOLDBLOOM: C'est plus explicite, M. le Président.
M. CLOUTIER: D'accord.
M. GOLDBLOOM: II faudra cependant revenir, quand nous aurons à
discuter les règlements, sur la valeur des biens qui est
fixée.
M. CLOUTIER: Très bien.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Alors, article 23 amendé,
adopté. Article 24?
M. GOLDBLOOM: Adopté.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Adopté. Article 25?
M. GOLDBLOOM: II y a une question assez importante qui se pose à
l'article 25, M. le Président, et je fais allusion au deuxième
alinéa. Il est dit que « toute personne qui reçoit l'aide
sociale alors qu'elle n'y a pas droit, ou qui l'utilise pour des fins autres
que celles pour lesquelles elle a été accordée, est tenue
d'en rembourser immédiatement le montant ou la valeur. »
II est donc question de l'utilisation de l'aide sociale pour des fins
autres que celles pour lesquelles elle a été accordée.
Nous connaissons le problème, que nous avons discuté à
maintes reprises, des assistés sociaux qui se présentent chez le
médecin ou à la clinique d'urgence de l'hôpital. Ils
reçoivent une prescription mais n'obtiennent pas, par l'aide sociale qui
a été
accordée au préalable ou par le truchement de la carte de
l'assistance médicale, une prestation qui couvre le coût des
médicaments. Donc, la stricte interprétation de cet article
dirait que celui qui prend et cela arrive très souvent son
allocation sociale, qui est destinée à d'autres fins, et la
dépense pour des médicaments serait tenu de rembourser
immédiatement.
Je sais, M. le Président, que je force un peu
l'interprétation, dans un certain sens, mais je saisis l'occasion de
souligner, encore une fois, que voici une loi-cadre de l'aide sociale qui
devrait prévoir les besoins essentiels.
Voici une situation où l'on sait que beaucoup d'assistés
sociaux cela arrive à tous les jours sont obligés
de faire justement ce que l'article défend, c'est-à-dire
dépenser leur allocation sociale pour des fins autres que celles pour
lesquelles elle a été accordée.
M. CLOUTIER: Voici le sens de cet article. En ce qui concerne les
prestations accordées pour les besoins ordinaires, il n'y a aucune
attribution spécifique, tant pour la nourriture, tant pour le
vêtement ou tant pour les besoins personnels ou domestiques. Cet article
s'applique aux besoins spéciaux. Quand une prestation est
accordée pour un besoin spécial, le montant doit être bien
dépensé pour ce besoin. Alors, s'il y a une somme, une prestation
qui est accordée, disons pour fins de transport ou pour retour au
travail, il faudra que l'allocation soit bien utilisée pour ce montant.
C'est le sens de l'article. C'est en ce qui concerne les besoins
spéciaux, pour que l'argent, la prestation soit bien attribuée au
besoin spécial et non pas divertie vers d'autres fins.
M. GOLDBLOOM: Adopté, M. le Président.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Article 25,adopté.
M. CLOUTIER: A l'article 26, il y a un amendement.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Article 26, amendement. Oui, je
l'ai ici.
M. CLOUTIER: II y a deux amendements. Premièrement, dans la
première ligne, après le mot « refuse », il faut
inclure « ou néglige ». Il y a un deuxième
amendement; dans la neuvième ligne, il faut remplacer le mot «
accordées » par le mot « fournies ».
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Adopté tel
qu'amendé?
M. GOLDBLOOM: Adopté.
M. LEVESQUE (Laurier): Si le ministre voulait nous donner une petite
idée de la façon dont évolue ce problème, parce que
je me souviens que cela faisait partie des visées du ministère
d'accentuer ce que représente comme politique ce domaine du
recouvrement, de la coercition vis-à-vis des gens responsables qui
échappent à leurs responsabilités. Je sais que ce
n'était pas très, très avancé dans le temps. Est-ce
que le ministre aurait des chiffres qui pourraient nous donner une
idée?
M. CLOUTIER: Non, je n'ai pas de chiffre, mais disons que l'idée,
c'est de nous permettre d'accentuer les recours, la subrogation aux
droits...
M. LEVESQUE (Laurier): Est-ce que cela n'existait pas
déjà? Je veux dire...
M. CLOUTIER: Cela existe... Disons que...
M. LEVESQUE (Laurier): En fait, cela reprend sous des formes
différentes ce qui existait déjà comme pouvoirs...
M. CLOUTIER: Cela va faciliter le recours que le ministère peut
exercer dans ces cas particuliers, les recours que le ministère exerce
ou exercera, mais tout en permettant cependant, entre-temps, à la
personne, pour qu'il n'y ait pas de dommage, tout en lui permettant de retirer
des prestations.
M. LEVESQUE (Laurier): D'accord, mais le ministre n'a pas de chiffres ou
d'indications plus précises à donner sur la façon dont
cela a pu s'accentuer depuis quelques années? Parce que cela
était plus ou moins, si mes souvenirs sont bons, lettre morte, a" toutes
fins pratiques.
M. CLOUTIER: Je ne peux pas fournir au député de Laurier
de chiffres aujourd'hui, mais, de toute façon, l'accent au
ministère est sur le recouvrement des sommes qui sont dues parles
obligés, par ceux qui ont des obligations et qui ne les remplissent
pas.
M. LEVESQUE (Laurier): Mais le ministre admettra une chose je ne
veux pas insister davantage ce n'est pas le diable convaincant quand on
sait que cela recoupe un pouvoir qui existait déjà, s'il n'a pas
de chiffres il ne s'agit pas de gêner les gens mais s'il n'a
pas de chiffres à donner sur la façon dont cela a pu s'accentuer,
parce qu'il ne suffit pas de dire: Cela va ai-
der, on va accentuer. Il faudrait donner une idée précise,
sinon cela ne prouve rien du tout.
M. CLOUTIER: D'accord, disons que les chiffres sont plus
éloquents qu'une affirmation que je pourrais faire. Mais le
député de Laurier comprendra que nous sommes justement à
mettre en place tout le système d'information qui nous permettra,
à l'avenir, de pouvoir faire des comparaisons avec ce qui était
et ce qui sera. Mais le député de Laurier comprendra il
l'a constaté lui-même au cours de son séjour au
ministère que l'abondance des lois, des règlements et le
manque de coordination entre tout ça empêchaient de compiler de
façon scientifique par l'informatique tous ces renseignements dont nous
avons besoin.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Article 26, adopté.
M. SAINT-GERMAIN: J'aurais une question, M. le Président. Je
remarque qu'actuellement beaucoup de décisions qui sont rendues aux
assistés sociaux ne sont pas rendues par écrit. Alors, pour
mettre cet article 27 en application, je crois bien que certaines
procédures devront être modifiées.
M. CLOUTIER: Le député est rendu à l'article 27,
là?
M. SAINT-GERMAIN: Oui. Vous dites que si quelqu'un se croit
maltraité ou traité injustement, il aura un droit d'appel. Mais
je dis qu'actuellement il y a beaucoup de décisions qui sont
exclusivement rendues à l'assisté social par
téléphone ou verbalement et qui ne sont pas confirmées par
lettre. Je crois donc que si vous voulez établir une procédure
d'appel, il sera assez difficile pour un assisté social de s'expliquer
ou d'expliquer pourquoi il a été traité avec injustice
s'il n'a aucun papier pour confirmer ses dires. D'ailleurs, je trouve curieux
qu'on puisse actuellement se permettre de rendre une décision sur une
demande d'un assisté social exclusivement par un appel
téléphonique.
M. CLOUTIER: Non, les décisions, en vertu de la
réglementation de cette loi, seront rendues par écrit. J'aurai
d'ailleurs l'occasion de dire, à l'article 43, qu'en ce qui concerne
l'appel, toutes les décisions seront également
communiquées au requérant par écrit.
M. SAINT-GERMAIN: Ç'est une réglementation qui n'existe
pas actuellement.
M. CLOUTIER: Actuellement, il peut y avoir des décisions verbales
ou communiquées par téléphone.
M. SAINT-GERMAIN: Je voulais, M. le Président, attirer
l'attention du ministre là-dessus.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Article 27,adopté?
M. GOLDBLOOM: Adopté.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Article 28.
M. LEVESQUE (Laurier): Si nous tenons compte de l'article 27 par rapport
à l'article 28,c'est-à-dire que le pourvoi en
révisionpré-vu à l'article 28 est expliqué, enfin,
de façon générale, à l'article 27,
c'est-à-dire toute personne qui a essuyé un refus, qui estime que
c'est insuffisant, qui est insatisfaite de lafaçon dont... ou qui se
trouve dans un cas où l'aide a été discontinuée,
suspendue... Peu importe, tout cela amène l'article 28 qui dit: «
Dans les 30 jours ». Est-ce bien nécessaire, parce qu'il arrive
très souvent, dans beaucoup de cas je ne vois pas ce qu'y gagne
le ministère, sauf peut-être de paralyser, jusqu'à un
certain point, des demandes qui viendraient de toute façon que
ça prenne plus de temps que ça. Moi, je sais, comme
député, et je ne dois pas être le seul, qu'il y a des gens
qui sont plus ou moins sans défense, parce qu'après tout on ne
parle pas en majorité des gens les mieux équipés de la
société pour se débattre dans la vie, et qui peuvent
très simplement rencontrer quelqu'un ça peut prendre bien
plus que 30 jours et se rendre compte tout à coup qu'ils ont un
recours, parce qu'ils ne sont souvent pas équipés pour le voir
seuls.
Alors pourquoi leur donner juste ce délai très bref de 30
jours? Tout ce qui estprêvu à l'article 27, ça peut
être 60 jours plus tard, 90 jours plus tard. Qu'est-ce que ça
change de laisser tout simplement qu'une demande faite par écrit?
M. CLOUTIER: Ç'est qu'avec la décentralisation,
l'implantation des bureaux beaucoup plus près de la population,
l'optique de tout cela est d'accélérer le processus de
décision de révision.
M. LEVESQUE (Laurier): Si le ministre permet, autant je comprendrais
qu'on ne lui donne, à lui, que 30 jours, parce qu'il n'ya pas de
justification à des délais invraisemblables du côté
du ministère, le ministère est équipé, lui...
Alors, dans l'article 29 on dit: Vous avez 30 jours pour vous grouiller. Mais
dans l'article
28, on donne le même délai à des gens qui, eux, ne
sont pas équipés comme le ministère et qui très
souvent peuvent avoir besoin de rencontrer quelqu'un et ça peut
être fortuit, cette rencontre pour savoir que leurs droits ne sont pas
complètement respectés. Alors, pourquoi mettre ce délai
mathématique de 30 jours? Est-ce nécessaire?
M. CLOUTIER: Bien, c'est pour accélérer. Dans les bureaux,
il y aura des gens spécialement attitrés a la révision et
qui pourront même compléter, pour les requérants, des
formules toutes préparées. Je pense que si on disait dans la loi
que le requérant a 60 jours ou 90 jours, peut-être que lui, le
requérant, apporterait des délais à sa demande de
révision. On veut accélérer le système.
Jepensequ'enayant, au bureau, des gens spécialement attitrés
à ça, à tout ce processus de révision, avec des
formules toutes préparées, je crois qu'on peut
accélérer énormément.
M. LEVESQUE (Laurier): Je n'en ferai pas un point majeur, mais je crois
que le ministre, encore une fois, dit des choses générales, qui
ne sont pas encore réelles dans le paysage, comme cette
décentralisation qui implique que tout est en place. Le ministre
admettra avec mol que la décentralisation est en marche...
M. CLOUTIER: Elle est en marche.
M. LEVESQUE (Laurier): ... que cette organisation régionale est
planifiée, qu'il y a des hommes, je crois, qui ont été
nommés, mais qu'ils sont assez peu nombreux et que le climat de
décentralisation du ministère est loin, loin, loin d'être
complété. D'ailleurs, on pourrait dire la même chose pour
d'autres ministères. On parle d'une structure ministérielle ou
administrative qui viendra, qui peut être très belle sur le
papier, mais, pour l'instant, ce n'est pas vrai dans les régions.
Je peux dire au ministre, en tout cas, que c'est « sacrement
» pas vrai dans la région métropolitaine de
Montréal. Tout cela pour dire ceci: Qu'on enlève les trente
jours, qu'on laisse réagir les gens quand ils le veulent. S'ils se
trompent et s'ils attendent plus longtemps, ce n'est tout de même pas le
ministère qui va s'en plaindre. Au point de vue budgétaire, cela
ne lui fera pas de mal. Je ne mettrais pas de date. Je dirais simplement: Le
pourvoi en révision est introduit par une demande faite par écrit
dans laquelle le plaignant demande la révision en fonction de l'article
27.
Pourquoi trente jours? Que le ministère ait trente jours pour
répondre, d'accord. Même, cela pourrait être quinze. Mais,
dans le cas du gars qui est mal pris, pourquoi? Honnêtement, je ne vois
pas pourquoi.
M. CLOUTIER: Si le député de Laurier me le permet, on
pourrait peut-être ajouter à l'article: « Le ministre peut
permettre au plaignant de se pourvoir en révision après ce
délai, s'il démontre qu'il a été, de fait,
incapable d'agir plus tôt ».
M. LEVESQUE (Laurier): C'est un demi-mal.
M. CLOUTIER: Il ne faudrait pas qu'au bout de six mois le
requérant dise: Il y a six mois, j'ai fait une demande. On veut savoir,
au ministère, au fur et à mesure, où l'on s'en va.
M. LEVESQUE (Laurier): Le ministère est tenu par l'article 29
et ce n'est pas moi qui me battrai contre de répondre dans
les trente jours. Que cela vienne n'importe quand, pour le ministère,
trente jours cela me paraît suffisant. Ce serait un demi-mal si le
ministre introduisait l'amendement dont il parle.
M. CLOUTIER: C'est pour accélérer...
M. LEVESQUE (Laurier): Mais, pourquoi figer les pauvres gens qui,
très souvent je le répète, il me semble que cela
saute aux yeux n'ont pas l'équipement du ministère, alors
que ce dernier se donne trente jours? Pourquoi figer les gens à ce
même délai quand, très souvent, même par accident,
cela peut être deux ou trois mois après qu'ils rencontrent
quelqu'un qui les éclaire sur leurs droits?
M. CLOUTIER: Disons que l'on pourrait ajouter cet amendement que je
suggère: « Le ministre peut permettre au plaignant de se pourvoir
en révision après ce délai, s'il démontre qu'il a
été, de fait, incapable d'agir plus tôt ». Dans tous
les cas, il peut être couvert par cet amendement.
M. GOLDBLOOM: Au moins, faire cela.
M. LEVESQUE (Laurier): Au moins, parce que cela fait même un peu
chinois. Il faut que le gars, en plus... Enfin! Au moins, qu'on ouvre un peu
une porte pour ne pas les figer là.
M. GOLDBLOOM: Après tous, si, pour accélérer les
mécanismes du ministère, on prive les
gens de leurs droits, ce n'est pas juste. Il me semble aussi que nous
avons dans la loi l'article 50 qui dit que les fonctionnaires et
employés doivent prêter leur assistance à toute personne
qui la requiert. Mais est-il dit quelque part je ne l'ai pas
trouvé tout à l'heure, ni dans la loi, ni dans les
règlements que le représentant du ministère doit,
en faisant part à l'assisté social de la décision, lui
faire part, en même temps, de son droit de demander une révision
et de son droit d'aller en appel?
M. CLOUTIER: Oui, à l'endos de sa formule de demande, toutes les
instructions sont communiquées au requérant. Je comprends qu'en
pratique il est toujours difficile pour un requérant de connaître
ou de prendre le temps de lire toutes les instructions. Cependant, il y aura
dans les bureaux et cela est important une fois la
régionalisation complétée, des personnes
spécialement affectées à tout ce processus de
révision et d'appel, qui ne seront pas les mêmes personnes que
celles qui ont étudié le dossier. Nous voulons mettre l'accent
sur les services à donner au requérant. Quant à
l'Information, en théorie, c'est assez facile de faire de l'information
en mettant au dos des formules tous les renseignements, mais on sait qu'en
pratique c'est un peu plus compliqué.
Il faut en pratique faire un effort, et notre personnel sera
entraîné à fournir au requérant et à
l'assisté tous les renseignements sur les possibilités pour lui,
au moment de sa demande, au moment de la revision, au moment de l'appel.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, nous parlerons du même
principe quand nous parlerons de l'appel. Il serait beaucoup mieux de fournir
un service excellent que d'être obligé de fournir les
mécanismes nécessaires pour l'appel. Il est plus important de
savoir que les instructions seront données à tout fonctionnaire
ou représentant du ministère, à savoir qu'il devra dans
chaque contact avec l'assisté social, en lui faisant part d'une
décision, lui dire qu'il a le droit de demander une revision et le droit
d'aller en appel.
Et deuxièmement nous reviendrons sûrement
là-dessus le ministère s'engagera à publier une
brochure sur l'application de cette loi et sur les droits des
assistés.
M. CLOUTIER: Oui, c'est prévu qu'il y aura différents
modes d'information, et je crois que le mode d'information le plus complet,
c'est que sur les formules qui resteront, à l'endos de la formule qui va
rester à l'assisté, au re- quérant, il y ait toutes les
informations pertinentes quant à toutes ces étapes, quant,
d'abord, à la loi elle-même, le droit et l'admissibilité,
la revision, l'appel, enfin tous les points, toutes les étapes
importantes...
M. LEVESQUE (Laurier): Est-ce que les formules dont parle le ministre
sont prêtes?
M. CLOUTIER: Non, les formules ne sont pas prêtes, on travaille
actuellement aux formules.
M. SAINT-GERMAIN: Le ministre a mentionné que les personnes qui
seraient responsables de la revision seraient dans les mêmes bureaux.
M. CLOUTIER: Seraient dans les...?
M. SAINT-GERMAIN: ... dans les bureaux...
M. CLOUTIER: Les bureaux locaux, oui.
M. SAINT-GERMAIN: ... locaux. Est-ce que ces mêmes personnes
seraient sous l'autorité ou la même autorité que ceux qui
prennent la décision...?
M. CLOUTIER: Non, j'ai dit tantôt que ce ne seront pas les
mêmes personnes.
M. SAINT-GERMAIN: Non, mais, sans être les mêmes personnes,
je demande qui aura autorité sur ces personnes. Est-ce que ce
sera...
M. CLOUTIER: Il reste toujours que le directeur du bureau a
autorité sur tout le personnel qu'il y a dans le bureau.
M. SAINT-GERMAIN: Alors, le directeur du bureau, en fait, aura beaucoup
à dire dans l'évaluation de la demande?
M. CLOUTIER: Il y a des agents de sécurité sociale qui
sont chargés d'étudier chacun des dossiers, de faire des
recommandations et de prendre des décisions. Il y aura d'autres
personnes qui pourront faire la revision, mais tout ce personnel-là,
personnel de bureau ou personnel professionnel, tombe sous la direction
du...
M. SAINT-GERMAIN: Même homme.
M. CLOUTIER: ... bien oui, du chef de bureau, c'est évident. Et
le chef de bureau est responsable au fonctionnaire régional dans la
région et les responsables régionaux répondent de
leur administration au ministère. Alors, en respectant la
hiérarchie...
M. SAINT-GERMAIN: Je crois qu'en pratique, si l'autorité n'est
pas plus divisée, ce sera une revision beaucoup plus théorique
que pratique.
M. LEVESQUE (Laurier): Si le député permet, je pense que
peut-être ce qui est le fond de la question aussi, est-ce qu'il va y
avoir un service, parce que je pense bien qu'au point de vue administratif, ce
que dit le ministre saute aux yeux, c'est qu'il faut que ce soit sous la
même autorité...
M. CLOUTIER: Il le faut, oui...
M. LEVESQUE (Laurier): ... oui, mais est-ce qu'il y aura quand
même un service de revision, une catégorie bien identifiée
de reviseurs qui seront différents ou si ce seront les mêmes
hommes qui alterneront dans les fonctions? Il est évident que et
le ministre l'a dit, ce ne sera pas le même fonctionnaire qui attribuera
et qui revisera, parce qu'on ne peut pas se reviser soi-même; enfin, je
crois que c'est ça le principe que le ministre expliquait tout à
l'heure. Mais, est-ce que ce seront les mêmes hommes qui seront
chargés de faire le travail alternativement ou s'il y aura un service de
revision, qu'on l'appelle comme on voudra, qui sera jusqu'à un certain
point chargé de cette partie-là spécifiquement, à
côté des autres?
M. CLOUTIER: Ce ne sont pas les mêmes hommes qui font les
opérations.
M. LEVESQUE (Laurier): Autrement dit, un reviseur serait un reviseur et
non pas deux semaines plus tard dans un autre cas.
M. CLOUTIER: C'est ça, disons que c'est la façon de
s'assurer qu'il y aura objectivité dans le dossier parce que si le
requérant retourne toujours devant la même personne, et pour la
revision et pour les autres étapes, bien, s'il a été une
fois refusé, il va dire: Je n'ai aucune chance que la décision
soit renversée. C'est pour faire une répartition...
M. LEVESQUE (Laurier): D'accord.
M. CLOUTIER: ... des responsabilités et des tâches. Ce
n'est pas le même homme qui décide des deux opérations, ce
sont deux hommes différents.
M. LEVESQUE (Laurier): Mais l'homme qui revise ne sera pas en même
temps sur d'autres cas, c'est parce qu'il y a toute sorte de...
M. CLOUTIER: Non.
M. LEVESQUE (Laurier): ... celui qui décide, s'il revise, il
revise. C'est sa fonction permanente.
M. CLOUTIER: C'est sa fonction permanente. Il faut partie d'une
équipe de reviseurs.
Le bureau régional et le bureau central à Québec,
évidemment, ont une vision, une supervision très étroite
de cette opération de la révision.
M. SAINT-GERMAIN: Parfait, si on prend un exemple pratique, je suppose
que des bureaux locaux où il y aura un personnel de sept ou huit
personnes, ce serait à peu près dans lanormale, dans la
généralité, je suppose?
M. CLOUTIER: Cela dépend de la taille, du niveau.
M. SAINT-GERMAIN: Si je prends Lachine, par exemple, le personnel
devrait être, à peu près, de cinq ou six avec une
secrétaire.
M. CLOUTIER: Lachine, c'est un bureau plus considérable que
ça. Je prends par exemple...
M. FRECHETTE (président du comité): Adopté?
M. CLOUTIER: De toute façon... M. SAINT-GERMAIN: D'accord.
M. CLOUTIER: ... par exemple vous allez trouver ces... il y a un cahier
de distribution, de répartition de tout le personnel. Je ne l'ai pas
ici.
M. SAINT-GERMAIN: De toute façon ça ne change rien
à l'argument que je veux apporter, je sais par expérience que le
groupe de personnes qui travaillent 1à forment équipe, si vous
voulez. Il y a un directeur, une personne responsable, et je crois bien qu'on
se considère tous comme compagnons de travail. Il n'y a pas, entre le
travail d'une personne et le travail de l'autre, un mur étanche qui
sépare ce travail-là. Alors, j'ai bien l'impression qu'en fait,
lorsqu'une décision sera rendue, le réviseur en sera mis au
courant bien avant qu'une personne ait une plainte à faire. En fait,
humainement parlant,
il arrivera qu'on considérera la décision rendue comme la
décision du groupe, et qu'enfin la capacité d'appel, pour
l'assisté social, deviendra absolument théorique, surtout si le
réviseur, à un moment donné, s'aperçoit que, dans
l'équipe où il travaille, il apparaît comme un chien dans
un jeu de quilles; il sera certainement obligé de modifier son
comportement et de s'adapter...
M. CLOUTIER: Non, le député ne comprend pas le
phénomène de la révision. Il y a une équipe
d'agents de sécurité sociale, on emploie le terme « la
charge de travail », le « case load ». Ils ont un nombre de
dossiers qui leur sont assignés particulièrement, tenant compte
de la difficulté des cas. Dans les cas plus complexes, en vertu de
l'article 8 ou 9, évidemment, il y aura moins de charge de travail qu'en
vertu de l'article 6 où ce sont les besoins ordinaires qui sont
satisfaits. Alors c'est la partie d'attribution des prestations.
Il y a une autre section, qui est la section de révision, qui
pourra comporter un, deux ou trois employés, ça dépendra
de la taille du bureau. Un bureau de Québec ou un bureau de Sherbrooke
est plus considérable qu'un des bureaux de Gaspé ou d'une partie
rurale, supposons, mais c'est une équipe de révision qui remplit
les formules, il y a un bureau régional dans cette région.
Prenons la région économique no 1, le Bas du Fleuve et la
Gaspésie, il y a un bureau régional où là aussi il
y a du personnel qui a une responsabilité directe dans la
révision en aidant ou en supervisant le bureau local. C'est ça la
décentralisation et l'administration de la loi à l'échelle
de la région.
Il y a ensuite le siège social qui est le ministère, mais
le ministère n'intervient qu'en dernier ressort parce que la plupart des
opérations peuvent être faites et pourront être faites dans
la région c'est ce qu'on appelle la décentralisation
afin d'accélérer toute l'application de la loi.
M. SAINT-GERMAIN: Oui, mais ce n'est pas une question de
décentralisation, c'est une question d'avoir deux services
parallèles, un qui prend une première décision...
M. CLOUTIER: Ç'est ça.
M. SAINT-GERMAIN: ... et un deuxième service qui fait la
révision.
M. CLOUTIER: C'est ça que f ai expliqué au
député, il y a deux services parallèles.
M. SAINT-GERMAIN: Je dis qu'en fait ce n'est pas ça qui va
arriver parce que, comme je vous disais, dans un bureau, supposons, où
il y a sept employés, si le responsable du bureau établit une
certaine politique qui ne donne pas justice, selon la loi ou selon les
règlements, à un assisté social, alors l'assisté
social demande une révision. Il se plaint de l'administration du bureau,
et c'est le même administrateur je ne dis pas: c'est le même
employé mais c'est le même administrateur qui sera
responsable et de la première décision prise et de la
décision qui sera prise regardant la révision, parce que ce sera
toujours le directeur local qui aura la responsabilité du bureau en
entier, aussi bien du secteur révision pour ce qui est de la
décision.
M. CLOUTIER: Est-ce que le député serait satisfait si je
lui disais que l'équipe de révision du bureau local reçoit
la demande et complète la formule? La décision de la
révision, qui est une opération ultérieure, se prendra au
bureau régional. On ne parle pas d'une révision sommaire pour
fins de discussion avec l'assisté social ou le requérant. On
parle de l'étape, si vous me permettez l'expression, solennelle de la
révision prévue par les articles de la loi. Le bureau
régional est à la disposition de toute une région; il y a
dix bureaux comme ça. Il n'y a donc pas danger de collusion entre le
directeur du bureau local et le directeur du bureau régional, parce
qu'il y a deux équipes qui vont se partager la tâche. Est-ce que
le député saisit la répartition des tâches et des
responsabilités?
M. SAINT-GERMAIN: C'est déjà mieux.
M. CLOUTIER: Pardon?
M. SAINT-GERMAIN: C'est déjà mieux.
M. HARVEY: M. le Président, au deuxième paragraphe de
l'article 28, on dit que « la demande de révision doit contenir un
exposé sommaire des motifs invoqués et être adressée
à la personne désignée à cette fin par le ministre,
conformément aux règlements. »
Après les explications que vient de donner le ministre au
député de Jacques-Cartier, il s'agira, dans les bureaux locaux ou
dans les bureaux régionaux, de personnes uniquement assignées aux
cas de révision. Mais, je crois qu'il y aurait avantage à ce que
la personne qui recevra un exposé sommaire des motifs invoqués
entende également le plaignant qui demande la révision de son
cas. Je m'explique. Travaillant dans le même bureau que l'agent de
sécurité sociale qui aura alloué des sommes en vertu de
l'arti-
cle 6 et des autres articles, considérant que le cas entre dans
les cas spéciaux, Je m'imagine, le réviseur aura la
possibilité de discuter de façon assez convenable avec l'agent de
bien-être de la demande du type qui demande la révision de de son
cas. S'il y avait audition de l'intéressé, il pourrait, à
ce moment-là, détecter, parfois, certaines choses qui pourraient
lui échapper s'il travaille simplement sur un exposé sommaire des
motifs invoqués.
M. CLOUTIER: En pratique...
M. HAEVEY: Mais, si vous me dites qu'en pratique c'est ce qui va se
produire...
M. CLOUTIER: Oui, j'imagine qu'en pratique le requérant, quand il
va demander sa révision, va faire ce qu'il fait actuellement. Il va se
rendre au bureau et rencontrer le responsable qui lui sera indiqué.
D'ailleurs, des instructions vont lui être données dans ce
sens-là.
M. HARVEY: Oui, mais J'attire l'attention du ministre. Vous savez, c'est
une loi-cadre et si on oblige le réviseur, dans les bureaux locaux ou
les bureaux régionaux à entendre le plaignant en plus de recevoir
de lui un exposé sommaire des motifs invoqués, il le fera.
Autrement, il dira: La loi ne m'oblige pas. La loi-cadre, il va l'avoir comme
une espèce de bible sur son bureau. Je signale au ministre qu'il y
aurait avantage à obliger le réviseur des bureaux locaux ou
régionaux à entendre le plaignant, en plus d'avoir à
exiger de lui un exposé sommaire des motifs invoqués pour sa
demande de révision.
M. CLOUTIER: En pratique, on sait que le contact se fait entre le
requérant et l'agent, surtout lorsqu'il s'agira du
phénomène de révision. On sait comment ça se passe
dans les bureaux des députés, actuellement, qui reçoivent
des électeurs qui leur font des représentations. Alors, le
requérant invoque, à l'appui de sa demande, tous les arguments et
toutes les raisons qui, à son avis, militent en faveur d'une
révision.
Alors, je crois bien que ce qui a présidé à la
préparation de la loi et des règlements et à la mise en
place des bureaux, c'est l'idée de faciliter le contact humain entre le
requérant et les officiers. Autrefois, ce contact n'existait pas,
à toutes fins utiles entre le requérant et l'agent de
sécurité sociale, parce qu'il est peut-être arrivé
que des demandes aient été transmises par lettre ou autrement ou
à l'occasion d'une rencontre entre le requérant et l'agent de
sécurité sociale. Il n'y avait pas eu d'enquête, si vous
voulez, de vérification ou de rencontre au domicile du requérant.
Je crois que, dans beaucoup de cas, c'est non seulement utile, mais c'est
nécessaire que l'agent de sécurité sociale se rende compte
lui-même dans quelles conditions vit le requérant.
M. HARVEY: Je pense qu'il y aurait avantage à obliger l'audition
du requérant et je m'explique.
Un travailleur social a un travail difficile à exécuter et
on sait que certaines personnes vont abuser du fait qu'elles peuvent maintenant
faire reviser leur cas. Elles pourront également utiliser la Commission
d'appel de l'aide sociale dont nous allons discuter tout à l'heure. Il
est bien sûr que si nous établissons l'obligation de l'audition,
si le même sujet revient dans une période très courte sans
qu'il y ait changement notoire de sa situation, la personne assignée
à la révision sera justifiée de dire que le cas n'a pas
changé, et ce parce qu'il aura entendu le requérant comme l'agent
de bien-être l'aura fait. L'assisté social ou celui qui demandera
la révision ou qui interviendra pour lui aura la certitude que le
réviseur ne s'est pas uniquement basé sur les renseignements
supplémentaires fournis par son compagnon de travail qui est un agent de
bien-être. Je comprends qu'il ne travaille pas exactement dans le
même domaine que lui, mais tout de même, c'est un compagnon de
travail.
Moi,je dis au ministre que, pour donner aux assistés sociaux un
organisme encore plus complet, on devrait inclure l'obligation de l'audition du
plaignant.
M. CLOUTIER: Disons que dans la réglementation il y a
possibilité, par le règlement ou par une directive très
sévère, d'insister sur cet aspect-là.
M. HARVEY: D'accord.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Article 28, adopté? Est-ce
qu'on doit inclure l'amendement à la fin de l'article ou entre les deux
paragraphes?
M. CLOUTIER: Entre les deux paragraphes.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): D'accord. Article 28
amendé, adopté. Article 29.
M. LEVESQUE (Laurier): Pour la révision on dit « le
ministre ou la personne désignée par
lui ». Est-ce que la personne désignée par lui
je pense toujours à cette décentralisation -peut
être un représentant régional et est-ce que, dans
l'intention du ministère, ce serait cela?
M. CLOUTIER: Oui, c'est au niveau de la région. Disons qu'au
bureau local, on va ramasser les faits, la formule va être
complétée et que c'est au niveau régional que la
révision sera faite.
M. LEVESQUE (Laurier): Donc, il est bien entendu que, dans l'intention
du ministère-parce que, évidemment, cela ne pouvait pas
être écrit comme cela la personne désignée
par lui serait normalement une personne qui est dans la région?
M. CLOUTIER: Dans la région.
M. LEVESQUE (Laurier): Ce qui élimine, ou enfin réduit,
les distances et les manques de contact.
M. CLOUTIER: Oui, même s'il y a, au bureau local, une
équipe qui s'occupe de prendre les renseignements au sujet de la
révision. Au bureau local, il y aura une personne désignée
par le ministre, une, deux ou trois personnes dont la tâche sera
d'effectuer cette opération de révision.
M. GOLDBLOOM: Et c'est pour cela, M. le Président, qu'à
cet article il est spécifié que le ministre pourra
désigner une personne à ces fonctions tandis qu'à
l'article 20, on a dit simplement; Le ministre doit procéder à
l'étude. Mais ici, le ministre confirme, par cette phraséologie,
l'existence d'une équipe spécialement affectée a la
révision.
D'accord, adopté.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Article 29,adopté. Article
30.
M. GOLDBLOOM: Article 30, adopté.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Article 30, adopté.
Article 31.
M. GOLDBLOOM: A l'article 31, j'ai des commentaires, M. le
Président. Récemment, dans cette Chambre, nous avons
adopté des lois qui ont constitué des commissions de plusieurs
sortes. Dans plusieurs de ces lois, il a été fait mention d'une
consultation obligatoire du ministre avec les milieux intéressés
ou avec les organismes les plus représentatifs de ces milieux avant de
choisir et de nommer les membres de la commission en question.
Je me demande si c'est l'intention du ministre je pense bien que
c'est son intention je me demande donc s'il y a une raison
spéciale pour ne pas inclure dans le texte de la loi cette
obligation.
Deuxièmement, il n'est fait mention d'une obligation, qui, il me
semble, incomberait au ministre, c'est-à-dire celle de nommer parmi ces
membres de la Commission d'appel au moins un travailleur social
professionnel.
J'espère que cela aussi est dans les intentions du ministre.
Troisièmement, je serais intéressé à savoir
si le ministre a songé à la possibilité de nommer un
assisté social ou un ancien assisté social à cette
commission.
Quatrièmement, il y a des problèmes particuliers qui se
présentent, et je note que le lieutenant-gouverneur en conseil pourra
nommer tout membre additionnel pour le temps qu'il détermine. Je pense
bien qu'il y a deux raisons pour cet élément de l'article:
premièrement, parce que peut-être les six membres ne suffiraient
pas à la tâche s'il y a beaucoup d'appels, même s'ils
peuvent se diviser en trois équipes de deux membres chacune, et
deuxièmement, parce qu'à certains moments la commission aurait
besoin de consultants, d'experts dans certains domaines; je reviens au domaine
de l'arriération mentale, du déséquilibre psychique et de
plusieurs sortes de maladies, des invalidités chroniques et d'autres
maladies dans l'évaluation desquelles la commission aurait besoin de
certaines expertises.
J'aimerais que le ministre explicite davantage sa pensée sur la
constitution de cette commission, à la lumière des questions et
des suggestions que je viens d'énumérer.
M. CLOUTIER: Je suis heureux de dire au député de
D'Arcy-McGee que j'avais pressenti ses désirs et que c'était mon
intention d'abord de consulter, deuxièmement d'inviter le genre de
personnes auxquelles il a fait allusion tout à l'heure, soit un
travailleur social d'une part, un assisté social d'autre part.
C'était dans les intentions de celui qui vous parle. Et j'irais plus
loin que le député de D'Arcy-McGee, comme ministre de la Famille
et du Bien-Etre social...
M. GOLDBLOOM: Cela n'arrive pas souvent...
M. CLOUTIER: Pardon?
M. GOLDBLOOM: Cela n'arrive pas souvent...
M. CLOUTIER: J'avais l'intention également, étant
donné que ce sont des problèmes qui touchent tellement
étroitement et directement la famille, d'inviter une femme, mère
de famille, à faire partie de cette équipe. Je crois que ce
serait là une composition équilibrée pour une commission
d'appel dans le domaine de l'aide sociale. De toute façon, le
député de D'Arcy-McGee peut être assuré que, comme
on l'a fait pour la nomination des membres du Conseil supérieur de la
famille, même si ce n'est pas inscrit nulle part, on fera des
consultations. C'est la façon, je pense, logique et moderne de
constituer des commissions vraiment représentatives, de façon
démocratique.
M. GOLDBLOOM: Oui, et le ministre n'hésitera pas, si je comprends
bien, à adjoindre a la commission des consultants pour des
périodes temporaires peut-être, mais au besoin, parce qu'il y a
plusieurs problèmes très spéciaux qui peuvent se poser, et
les connaissances des membres réguliers de la commission ne suffiraient
peut-être pas à l'évaluation de ces problèmes.
M. CLOUTIER: De toute façon, nous ne négligerons rien qui
pourra faciliter le travail de la commission.
M. LEVESQUE (Laurier): Juste une chose. Au fond, très rapidement,
cela peut se discuter là comme ailleurs, parce que, moi, je voudrais
faire une remarque à propos de l'ensemble de la section 5 et de la
section 6, c'est-à-dire tout ce bloc qui concerne l'appel et la
commission qui en est chargée. C'est qu'on nomme au centre, parce que,
évidemment, il semble sauter aux yeux que ce sera à
Québec?
M. CLOUTIER: Oui, oui.
M. LEVESQUE (Laurier): Uniquement à Québec. Alors qu'on
nomme au centre, avec un président, un vice-président et ce qui
est prévu plus loin, c'est-à-dire de la procédure, des
règlements, enfin toute une panoplie normale de tribunal, qu'on nomme au
centre, autour de ça, des assistés sociaux, une dame bien
représentative, un travailleur social et tout le fourbi, cela, ça
peut être très bien pour humaniser, si l'on veut, l'appareil
central d'appel. Mais ça, c'est aussi une fonction d'administration
centrale.
Dans l'optique qui est toujours la même, je crois bien, au
ministère, mais je me demande si, là encore, on y a songé
de cette décentralisation, à cause du fait que notre
population est répartie sur un territoire extrêmement vaste. Je
donne l'exemple de l'article 44: « La déclaration d'appel doit
contenir un exposé sommaire des motifs invoqués par l'appelant et
signifier, le cas échéant, l'intention de cette personne de
comparaître ou d'être représentée à l'audition
de l'appel. » Je suppose un individu qui est en Abitibi ou qui est en
Gaspésie avec sa famille, qui veut aller en appel, mais tout cela se
passe uniquement à Québec. On ne peut pas arriver à la
perfection, il n'est pas possible que la commission d'appel aille siéger
dans tous les cantons. Je n'ai pas la réponse pour l'instant, parce
qu'elle n'est pas dans la loi. A-t-on songé que peut-être il y
aurait un moyen d'avoir un organisme central, mais de déléguer
je ne sais pas si ça ne pourrait pas être dans la loi,
enfin il est trop tard maintenant cette fonction d'appel elle aussi
à un niveau régional? En tous cas, au moins pour les territoires
excentriques et pour une réalité aussi monstrueuse que
Montréal. Autrement dit, ne serait-il pas possible de prévoir,
puisqu'on dit que le quorum serait de deux membres seulement et que, par
ailleurs, on donne au gouvernement le droit d'en nommer des additionnels
au-delà des six qui sont prévus de prévoir au moins
comme une étape, au moins quelque part dans les règlements ou
dans les directives, si on ne veut pas le mettre dans la loi, que, de
façon permanente, il y aurait des gens à Montréal pour
agir et pour permettre aux gens d'avoir une présence physique quand ils
sont en appel? Parce que ce n'est pas un cadeau que de demander à des
assistés sociaux de venir à Québec s'ils veulent
comparaître; 99 fois sur 100, cela veut dire qu'en fait on s'arrange pour
qu'ils ne soient pas là, et aussi dans les régions
excentriques.
M. CLOUTIER: Si le député veut se référer
à l'article 36, on dit qu'ils peuvent siéger par deux membres.
Alors là, comme dans le cas de l'assurance-chômage, la commission
d'appel se déplace et passe dans les régions. Alors, il peut y
avoir deux membres qui peuvent siéger n'importe où, par
équipe de deux ils peuvent siéger n'importe où dans la
province.
M. LEVESQUE (Laurier): Le ministre pourrait-il nous assurer devant la
Chambre, devant le comité, qu'il est bien prévu que, dans cette
fonction d'appel, au moins comme étape de transition, ils vont se
grouiller et ils vont se déplacer...
M. CLOUTIER: Oui.
M. LEVESQUE (Laurier): ... qu'ils ne s'Installeront pas comme des coqs
en pâte à Québec?
M. CLOUTIER: Non, l'Idée de les grouper par deux, c'est justement
pour leur permettre de se déplacer partout en province et d'être
accessibles aux assistés sociaux qui veulent comparaf-tre devant la
commission.
M. LEVESQUE (Laurier): Le ministre dit: Leur permettre, ils pourront.
Est-il dans l'intention du ministère, le voudrais bien que nous ayons
une sorte d'engagement du ministre, si c'est son intention; c'est parce qu'on
ne le voit nulle part. La commission, une fois formée, échappera
au ministre en grande partie pour sa façon de procéder, parce
qu'il s'agit quand même d'une fonction parallèle au
ministère.
Alors, on ne voit rien qui fait autre chose que de leur permettre de se
déplacer à l'occasion. Mais est-ce que ça ne devrait pas
être plutôt indiqué qu'ils doivent siéger
régionalement? Et à périodes régulières.
M. CLOUTIER: M. le Président, je vais vérifier. Je crois
que, dans la réglementation, on touche la question des modalités
de la commission. L'article 40: « La commission peut, par
règlement, édlcter des règles de procédure et de
pratique pour ses assemblées et les règlements sont soumis au
lieutenant-gouverneur en conseil. »
Je peux dire au député de Laurier que nous allons nous
assurer de la manière dont la commission veut travailler. Toutes les
régions seront bien servies, et la commission sera accessible aux
assistés sociaux.
M. LEVESQUE (Laurier): Qu'il y aura, au moins, un début
réel de régionalisation de la fonction d'appel.
M. CLOUTIER: Oui.
M. GOLDBLOOM: Dans ce cas-là, M. le Président, pourquoi ne
pas le dire à l'article 36?
M. LEVESQUE (Laurier): C'est ça.
M. GOLDBLOOM: Pour ma part, si mes collègues n'ont pas d'autres
commentaires, je pense que nous pouvons adopter...
M. SAINT-GERMAIN: J'aurais juste une question, M. le Président.
Cette commission d'appel prendra vite connaissance de la valeur de la
réglementation qui va avec cette loi. Elle prendra vite connaissance des
lacunes administratives à ce niveau du ministère et elle pourra
même se rendre compte assez vite de tous les détails qui peuvent
échapper à une bonne administration, qui peuvent se glisser dans
l'administration d'une loi aussi complexe et aussi large.
Le ministre n'a-t-il pas pensé de permettre à cette
commission d'appel de conseiller le ministre sur certaines lacunes qu'elle
pourra certainement déceler dans l'administration de la loi?
M. CLOUTIER: Le ministère va prendre connaissance, de
façon régulière, des jugements de la commission d'appel. A
partir de cette étude, le ministère apportera des correctifs, des
suggestions et demandera de changer les modalités de la
réglementation établie par la commission.
M. SAINT-GERMAIN: Le ministre ne croit-il pas qu'en donnant à
cette commission d'appel le droit de faire certaines recommandations au
ministre, cela doublerait son rôle, bien sûr, mais que cela
pourrait aider énormément à l'efficacité
administrative du ministère?
M. CLOUTIER: Disons que la commission d'appel élaborera ses
règlements, ses modalités ou sa façon de procéder
et je crois bien que c'est à ce moment-là que nous devrons nous
assurer que les mécanismes de communication entre la commission et le
ministère sont suffisants. La commission n'est pas un organisme qui
travaillera contre le ministère. C'est un organisme qui travaillera avec
le ministère, comme d'ailleurs, la communication avec la commission des
allocations sociale, au moment où je vous parle, depuis que nous en
avions exprimé le désir, a été très
étroite avec le ministère.
Même si la commission des allocations sociales existe encore
à l'heure actuelle, à toutes fins pratiques il y a une fusion
entre le ministère et la commission actuellement.
M. SAINT-GERMAIN: Mais la commission, telle qu'elle existe actuellement,
n'a-t-elle pas, de par la loi, la permission de faire certaines recommandations
au ministre?
M. CLOUTIER: Je n'ai pas saisi, le député voudrait-il
répéter?
M. SAINT-GERMAIN: La commission qui existe aujourd'hui...
M. CLOUTIER: La commission des allocations sociales telle qu'elle existe
aujourd'hui?
M. SAINT-GERMAIN: Oui, n'a-t-elle pas, de par la loi, l'autorité
de faire certaines recommandations au ministre ou au ministère?
M. CLOUTIER: La commission des allocations sociales, telle qu'elle
existe actuellement, dépend du ministre et se rapporte à lui
comme la nouvelle commission d'appel évidemment est nommée par le
lieutenant-gouverneur en conseil sur la recommandation du ministre. Alors, elle
dépend du ministre. Le ministre peut lui imposer une façon de
procéder et des modalités de fonctionnement parce que les
règlements et la façon de procéder de la commission sont
sujets à l'approbation du lieutenant-gouverneur en conseil.
Je crois bien que c'est la responsabilité du ministre de voir que
la commission d'appel fonctionne convenablement et de façon pratique. Le
ministre doit la surveiller tout en lui accordant, parce que la loi la lui
accorde aussi, une marge d'autonomie. Il ne s'agit pas évidemment
d'empêcher le fonctionnement de cette commission d'appel et que ce soit
ni plus ni moins, à toutes fins pratiques, qu'un service du
ministère de la Famille. L'idée est d'assurer une certaine marge
d'autonomie afin que la commission puisse assumer ses
responsabilités.
De toute façon, il faut que le lien avec le ministère et
le ministre soit suffisamment direct et étroit pour que le ministre
sache si la commission fonctionne bien et si elle s'acquitte bien de ses
responsabilités.
M. SAINT-GERMAIN: Justement. Mais ne croyez-vous pas que cet organisme
va déceler très vite les lacunes de la loi ou des
règlements de par l'essence de son travail même? Elle sera
appelée à réviser les cas, à étudier des cas
où les citoyens ont été traités injustement, les
cas où les règlements et la loi ont été mal
interprétés. Elle étudiera les cas d'assistés
sociaux qui ont été reçus d'une façon impolie et
ainsi de suite au niveau du ministère. Si vous donniez des dents un peu
à cette commission, ne croyez-vous pas que ce pourrait être un
fouet qui permettrait une meilleure efficacité administrative?
M. CLOUTIER: II faut bien que le député se souvienne que
c'est un organisme quasi judiciaire. Il ne s'agit pas d'un service ou d'une
direction générale du ministère de la Famille.
C'est un organisme qui a été créé par la loi
et qui est responsable au ministre. A partir de là, la commission va
fonctionner. Elle va étudier les cas en appel et rendre des jugements.
Le ministère de la Famille va continuellement suivre les jugements
rendus et en prendre connaissance.
Dans la nomenclature que le député vient de faire, si le
ministère constate qu'il y a des lacunes dans la loi et dans la
réglementation, par le genre de jugement qui est rendu par la
commission, sorte de jugement qui revient mécaniquement et
automatiquement, on devra certainement conclure qu'il y a une déficience
quelque part dans l'élaboration de la loi et de la
réglementation. A ce moment-là, nous apporterons les corrections
nécessaires. Alors, tout ce bagage, non seulement les résultats
des travaux de révision qui seront faits par nos bureaux locaux et nos
bureaux régionaux, mais aussi le travail fait par la commission d'appel
fera partie de ce dont nous aurons besoin au ministère pour bonifier,
améliorer la loi aussi souvent que le besoin s'en fera sentir et pour
améliorer les règlements c'est plus facile,
évidemment, ça se fait par le lieutenant-gouverneur en conseil
aussi souvent que le besoin existera.
M. SAINT-GERMAIN: En tout cas, je ne veux pas poursuivre la discussion,
je voudrais simplement dire que le noeud de mes observations c'est: Pourquoi ne
pas permettre à la commission de faire ses recommandations au ministre?
Pourquoi attendre que le ministre demande à la commission certaines
informations? Pourquoi ne pas lui donner la responsabilité de fournir
ces informations?
M. CLOUTIER: Dans la réglementation, je pense bien qu'une chose
qui est normale et qui se fera, c'est que le ministère sera tenu au
courant des décisions et des jugements rendus par la commission.
M. LEVESQUE (Laurier): Est-ce que le ministre le permet? Je pense que
ça s'enchaîne. Cela rejoint deux questions qu'on peut se poser. Je
crois que le député de D'Arcy-McGee prévoit une
possibilité d'amendement qui, sans aller beaucoup plus loin que la loi
elle-même, là, simplement, ouvrirait une perspective au point de
vue des contacts de la commission avec la population, en dehors de
Québec. Il y a les pouvoirs des commissions d'enquête dans la
commission d'appel, si on va plus loin. Alors, sans exagérer, il y a un
côté ombudsman potentiel, si l'on veut, dans cette commission.
Elle va rendre des décisions en appel, avec les pouvoirs d'une
commission d'enquête. Si les commissaires sont bien choisis, enfin, dans
l'optique qu'Indiquait le ministre tout à l'heure, s'ils sont conscients
des problèmes et s'ils modernisent l'appareil, en même temps, il
peuvent aller là où le ministère fonctionne et là
où les cas problèmes se présentent. J'irais plus loin
en disant qu'ils doivent aller périodement se rendre compte des
problèmes sur les lieux et non pas siéger toujours à
Québec.
Il me semble qu'il y a, comme l'a dit le ministre lui-même,
d'ailleurs, une possibilité pour le ministère d'obtenir à
même ces jugements, qui dans certains cas pourront même être
appuyés sur des enquêtes, puisque les pouvoirs sont là, une
sorte de jugement constant de ces opérations, de la façon dont la
loi s'applique, etc. J'insiste de nouveau sur le fait qu'il me semble qu'on
devrait, au moins, ouvrir lapers-pective. Il ne s'agit pas d'établir ex
cathedra qu'ils doivent aller siéger dans chaque région etc.,
parce qu'on est en période de rodage, mais d'ouvrir dans la loi
elle-même la perspective d'une régionalisation de ce travail. Le
député de D'Arcy-McGee et moi discutions de quelque chose et il y
a une formule que le député de D'Arcy-McGee pourrait proposer
là-dessus.
Maintenant, à la fin de la section, où il voudra, est-ce
que le ministre pourrait aussiajou-ter ceci avant l'article 47, quelque
part par là, entre 30 et 47 peut-être que ça y est
déjà et que je ne l'ai pas vu parce que c'est la loi qui
devrait le prévoir et non pas des règlements? Il n'y a pas
seulement le ministère qui doit être renseigné; il me
semble que nous sommes dans une période de notre évolution
où le public a aussi le droit d'être renseigné. Vous avez
une commission qui a les pouvoirs d'une commission d'enquête et qui va
rendre en appel des décisions sur une loi extrêmement importante
pour des milliers de Québécois.
Il me semble que, sans tirer par les cheveux l'analogie avec
l'Ombudsman, on devrait prévoir un rapport obligatoire de la
commission.
Les modalités, ça c'est autre chose. Comment il devrait
être fait, peu importe, mais que la commission doit faire publiquement
rapport chaque année de ses activités séparément et
que le ministre soit chargé de le déposer, ce rapport.
Maintenant, la façon dont il devrait être fait, si on tient compte
de l'économie de ces deux sections, il me semble, devrait se rapprocher
d'un rapport non pas mécanique sur le nombre de cas, etc., mais d'un
rapport moral jusqu'à un certain point sur le climat dans lequel l'aide
sociale est administrée et se développe dans le Québec. Le
rapport, il me semble pourrait rendre compte de leurs activités de
l'année. Avec les pouvoirs qu'on leur donne pourquoi n'aurions-nous pas
ce deuxième éclairage?
M. HARVEY: C'est le rapport lui-même qui va être difficile
à faire.
M. LEVESQUE (Laurier): Cela n'est pas notre problème! Non, mais
l'Ombudsman, par exemple, est chargé de faire un rapport chaque
année.
M. LESAGE: En parlant de l'Ombudsman...
M. LEVESQUE (Laurier): C'est une analogie, ce n'est pas...
M. CLOUTIER: Les députés de Laurier et de d'Arcy-McGee ont
mentionné deux choses en ce qui concerne les endroits...
M. LEVESQUE (Laurier): Bien, n'importe où, est-ce que ça
pourrait...
M. CLOUTIER: On pourrait ajouter, disons à l'article 36, la
mention suivante, un troisième paragraphe, disant: « La commission
peut siéger à tout endroit dans le Québec ». Est-ce
ça? Alors, dans la réglementation ensuite, tout ça, dans
les...
M. LEVESQUE (Laurier): Que la loi indique simplement cet esprit, et nous
verrons la réglementation...
M. CLOUTIER: A ce moment-là, ils utiliseront ce droit pour... En
ce qui concerne l'autre point mentionné par le député,
après conversation et discussion avec nos collaborateurs, nous n'aurions
pas d'objection à inscrire une mention, comme ça existe
déjà dans la Loi des tribunaux judiciaires. Il restera à
rédiger l'amendement et au moment où nous passerons à cet
endroit, ou un peu plus tard, nous l'inscrirons,
M. LEVESQUE (Laurier): Disons qu'autour de l'article 47, ce serait le
meilleur endroit. Enfin, c'est vous autres qui décidez.
M. LESAGE: M. le Président, est-ce que le ministre, les membres
du gouvernement et les légistes considèrent que ce tribunal
d'appel sera un tribunal exerçant des fonctions quasi judiciaires au
sens de l'article 13, chapitre 11 des lois de 1968, c'est-à-dire la Loi
du Protecteur du citoyen?
M. CLOUTIER: Au député de Louis-Hébert je dirai,
comme M. Bellemare: Je vais vérifier...
M. LESAGE: Pardon?
M. CLOUTIER: Je vais dire comme le ministre du Travail: « Je vais
vérifier mes numéros ».
M. LESAGE: Je vais le lire, ce sera très simple. L'article
13...
M. CLOUTIER: L'article 13...
M. LESAGE: L'article 13 de la Loi du Protecteur du citoyen donne la
compétence du Protecteur du citoyen, d'abord, dans le premier
alinéa, en ce qui a trait aux fonctionnaires, et dans le deuxième
alinéa en ce qui a trait aux organismes gouvernementaux ayant des
fonctions quasi judiciaires. Dans le premier cas, sous une certaine
restriction, le Protecteur du citoyen peut faire enquête et aller au fond
du problème. Dans le deuxième cas, il ne peut examiner que le
point suivant; Est-ce que la procédure régulière a
été suivie de façon à ce que justice ait
été rendue, ou, pour me servir de la forme négative qu'il
y a dans le texte même du deuxième alinéa de l'article 13,
chapitre 11, je vais citer: « Il fait également enquête
à la demande de toute personne sur la procédure suivie par un
organisme du gouvernement ou l'un de ses membres dans l'exercice d'une fonction
quasi judiciaire chaque fois qu'il a raison de croire que la procédure
suivie est entachée de quelque irrégularité grave et que
justice n'a pas été ou ne pourra pas être rendue. »
Autrement dit, est-ce qu'on peut en appeler au fond à l'Ombudsman d'une
décision du tribunal d'appel ou bien si on peut en appeler seulement en
invoquant des irrégularités de procédure?
M. CLOUTIER: M. le Président, de l'avis de nos juristes, c'est le
deuxièmement: Le Protecteur du citoyen...
M. LESAGE: Alors, le tribunal... M. CLOUTIER: Parce que...
M. LESAGE: ... d'appel formé en vertu des articles 30 et 31 est
considéré comme un organisme à caractère quasi
judiciaire?
M. CLOUTIER: Quasi Judiciaire, oui.
M. LESAGE: Très bien. C'est un peu ce que je pensais, mais je
voulais me le faire confirmer.
Maintenant, est-ce que c'est l'intention du gouvernement de nommer
membres de ce tribunal d'appel les membres actuels de la Commission des
allocations sociales, en tout ou en partie?
M. CLOUTIER: La loi...
M. LESAGE: Parce que ce sont des hommes qui ont acquis une grande
expérience, et il me semble qu'au lieu d'aller chercher des tiers
à l'extérieur, le gouvernement aurait tout avantage à
nommer membres de ce tribunal d'appel les gens qui ont acquis de
l'expérience comme membres de la Commission des allocations
sociales.
M. CLOUTIER: M. le Président, de tous les membres de la
Commission des allocations sociales, il n'en reste que deux.
M. LESAGE: Parmi les six?
M. CLOUTIER: II y en a deux qui sont décédés, deux
autres sont en congé de préretraite et il y en a deux
actuellement. M. Bouchard, le président, qui est ici en Chambre,
travaille très étroitement avec le comité de
législation. Il agit comme président du comité de
législation au ministère.
M. LESAGE: Je comprends...
M. CLOUTIER: II reste le Dr Lemieux qui actuellement...
M. LESAGE: Oui.
M. CLOUTIER: ... remplit les fonctions de commissaire. La loi
prévoit qu'ils seront intégrés au ministère.
M. LESAGE: Oui.
M. CLOUTIER: Mais il reste dans les possibilités, oui,...
M. LESAGE: Quelles sont ces possibilités? M. CLOUTIER: Pardon? M.
LESAGE: Quelles sont ces possibilités? M. CLOUTIER: Quelles sont ces
possibilités? M. LESAGE: Oui.
M. CLOUTIER: Bien...
M. LESAGE: Le député de Montmagny est un excellent
comptable, il pourrait me donner ça en pourcentage!
M. CLOUTIER: Disons que je ne peux pas donner de pourcentage pour le
conseil des ministres.
M. LESAGE: Je ne voudrais pas que M. Bouchard se sente à la
gêne. Cela m'amuse de discuter cela devant lui.
M. CLOUTIER: Disons que ce qui est sûr, c'est que nous
utiliserons...
M. LESAGE: C'est un homme timide, vous savez.
M. CLOUTIER: ... au maximum l'immense expérience et les
compétences du président, M. Bouchard, et de son assistant, le Dr
Lemieux, là où elles pourront le mieux servir.
M. LESAGE: C'est notre ex-collègue? M. CLOUTIER: Pardon?
M. LESAGE: C'est notre ex-collègue de Wolfe?
M. CLOUTIER: Je le crois. M. LESAGE: Ah bon!
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): L'article 31, adopté?
Adopté. L'article 32?
M. GOLDBLOOM: Les articles 32, 33, 34 et 35, sont les articles
habituels. Nous les adoptons.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): L'article 35 avec
l'amendement.
M. CLOUTIER: L'article 36 avec l'amendement, oui.
M. GOLDBLOOM: Avec l'amendement que nous accueillons.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Voici la lecture de l'amendement:
« La commission peut siéger à tout endroit dans le
Québec ».
M. CLOUTIER: Cet amendement, nous l'Inscrivons entre le deuxième
et le troisième paragraphe.
M. GOLDBLOOM: Oui.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Alors, l'article 36
amendé, adopté. L'article 37?
M. GOLDBLOOM: Adopté.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): L'article 37, adopté.
L'article 38?
M. GOLDBLOOM: Adopté.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Adopté. L'article 39?
M. GOLDBLOOM: Adopté.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Adopté. L'article 40?
M. GOLDBLOOM: Adopté.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Adopté. L'article 41?
M. GOLDBLOOM: Adopté.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Adopté. L'article 42?
M. GOLDBLOOM: Adopté.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Adopté. L'article 43?
M. GOLDBLOOM: Adopté. Mais, M. le Président, nous revenons
là à cette même question que nous avons soulevée au
sujet de la revision; une limite de 30 jours est imposée pour
l'Inscription de l'appel. Il faudrait nécessairement si le gouvernement
insiste là-dessus, qu'il s'engage à fournir, par
l'intermédiaire de chacun de ses fonctionnaires, le renseignement
précis que l'assisté, s'il n'est pas satisfait de la
décision en revision, a le droit de procéder, et dans le
délai de 30 jours, à sa demande d'appel.
M. CLOUTIER: Si le député réfère à
l'article 29 où il est dit, à la fin de cet article: « II
doit immédiatement aviser par écrit la personne
intéressée de la décision rendue, des raisons qui la
motivent et de son droit d'en appeler conformément à la
présente loi ».
Dans la lettre de réponse, c'est spécifiquement
indiqué: l'appel. Alors, je crois qu'à ce moment-là, la
communication est...
M. LEVESQUE (Laurier): Est-ce qu'à propos des trente jours, on ne
pourrait pas mettre, pour la concordance et vu qu'il s'agit du dernier
recours mettre au moins la même ouverture de la formulation
à ce que les trente jours ne soient pas absolument mathé-
matiques dans le cas du requérant, dans le cas de l'appel?
M. CLOUTIER: Alors, je ferai les mêmes observations que J'ai
faites tantôt à propos de l'article 29, à ce
moment-là...
M. LEVESQUE (Laurier): Non, mais à l'article 28, le ministre se
rappelle que tout à l'heure...
M. CLOUTIER: Le même amendement qu'on a donné tantôt
à l'article 29, on pourrait le réinscrire ici.
M. LEVESQUE (Laurier): Oui, mais sauf que, tout à l'heure,
l'amendement disait pour l'article 28, vu qu'il s'agit de révision et
que c'est un service du ministère, que le ministre peut... Dans le cas
de la Commission d'appel, le ministre n'a pas juridiction sur sa
procédure une fois qu'elle est adoptée. Alors, ce n'est pas le
ministre qui peut étendre les délais, je crois.
M. GOLDBLOOM: C'est la commission elle-même.
M. LEVESQUE (Laurier): C'est la commission. Mais si on dit: La
commission peut... Là, honnêtement, je ne vois pas de raisons
particulières pour qu'à l'article 43, si on est rendu à
peu près là: « L'appel est formé au moyen d'une
déclaration écrite adressée à la commission dans
les trente jours de la date à laquelle la personne qui désire
appeler a été avisée ».
L'appel implique de la procédure. Ailleurs on dit: La commission
aura des règles de procédure, etc. Mettez-vous à la place
du gars qui est à quelque part dans la province, qui considère
que la décision révisée du ministère ne lui rend
pas justice et à qui on donne trente jours, n'oublions pas le genre de
clientèle dont il s'agit, alors pourquoi ne pas laisser l'appel ouvert?
Après tout, que cela lui prenne deux, trois mois pour qu'il rencontre un
travailleur social ou quelqu'un d'autre qui s'intéresse à son cas
et qui lui permette de formuler d'une façon convenable son...
Je sais bien que dans le cas d'un député, il arrive qu'on
rencontre des gens et que cela fait trois ou six mois qu'ils ne sont pas
contents. Des fois, ils n'ont pas raison, mais d'autres fois, ils ont vraiment
raison, alors pourquoi les trente jours? Dans ce cas-là surtout, c'est
le dernier recours du gars. Pourquoi pas tout simplement laisser passer les
jours? Quelle est l'utilité de figer l'appel dans les trente jours?
Il me semble qu'il suffirait de dire: L'appel est formé au moyen
d'une déclaration écrite a-dressée à la
commission.
M. CLOUTIER: Alors, on pourrait mettre le même amendement ici et
dire que la commission même si le délai de trente jours est
expiré, peut prendre en considération, comme on l'a fait à
l'article 29. Si l'appelant déclare... De toute façon, il faut
mettre un délai pour accélérer, pour qu'il n'y ait pas de
négligence de la part du requérant, afin qu'il n'y ait pas,
disons... Le député mentionne qu'au bout de six mois on nomme...
Si le requérant avait tellement besoin, j'imagine qu'il n'attendra pas
six mois pour demander. S'il attend six mois c'est parce qu'il n'en a pas un
urgent besoin et qu'il n'avait pas réellement des problèmes aussi
insolubles.
M. LEVESQUE (Laurier): Je m'excuse, je ne voudrais pas faire un
débat compliqué, mais j'ai l'impression que le ministre va un peu
vite dans cette conclusion-là. Vous savez, je pense qu'on ne peut pas
être quelques années en contact avec des gens qui sont soumis
à l'aide sociale sans se rendre compte que vous avez des gens pour qui
c'est souvent le moins justifié; c'est écoeurant ce qu'ils
réagissent vite. Ils vont aller au bureau du député, au
bureau du ministère, assez souvent ce n'est pas ceux-là qui en
ont le plus besoin. Mais il existe toute une catégorie de citoyens,
surtout chez les personnes plus âgées qui ont été
habituées à se résigner plus ou moins à des
décisions, qui ont été habituées à se
résigner à certaines formes d'autorité qu'on ne conteste
pas ou qu'on ne sait pas contester, et très souvent on découvre,
après des mois et des mois, que ces gens-là, qui sont souvent
ceux qui n'ont pas de griffes dans la vie, qui ne sont pas
équipés pour se défendre, sont ceux justement qui en ont
le plus besoin.
Alors, c'est drôle la préoccupation dont le ministre nous
fait part en disant: Il faut accélérer la procédure pour
que les gens ne négligent pas leurs droits. La plupart de ceux qui sont
déjà équipés pour ne pas les négliger, cela
ne leur prendra pas trente jours pour chiller. Mais il y en a d'autres qu'on
peut découvrir plus tard qui, même par accident, sont souvent les
plus méritants.
Alors, c'est déjà ouvrir une porte de dire que la
commission pourra, mais j'ai moins confiance là, c'est le dernier
recours.
M. CLOUTIER: Etant donné que c'est une étape importante,
à ce moment-ci, et qu'on sait qu'en pratique le requérant va
essayer de contacter son député c'est normal, et cela se
fait ou d'autres personnes, je pense bien que
pour tenir compte de ces difficultés de communication, nous
pourrions mettre 90 jours au lieu de 30 jours. Je crois bien que dans trois
moi, si l'assisté, le requérant n'a pas pu faire, avec
l'accessibilité des bureaux... Alors, disons qu'au lieu de 30 jours,
nous pourrions inscrire « dans les 90 jours ».
M. LEVESQUE (Laurier): Bien, en tout cas, c'est toujours ça de
pris. Honnêtement, je crois que...
M. CLOUTIER: D'autre part, nous ne voudrions pas non plus espacer
indéfiniment les...
M. LEVESQUE (Laurier): Est-ce que le ministre serait d'accord pour
mettre 90 jours et quand même ajouter cette addition facultative qui
est... Il y a quand même d'autres cas où c'est le dernier
recours...
M. CLOUTIER: Oui, oui, je n'ai pas d'objection. L'idée n'est pas
de priver les requérants, c'est d'accélérer le
processus.
M. LEVESQUE (Laurier): D'accord.
M. CLOUTIER: Ce n'est pas de les priver, parce qu'il n'y aurait pas eu
de révision ni d'appel dans la loi si nous avions voulu les priver de
leurs droits.
M. LEVESQUE (Laurier): Si on dit 90 Jours, est-ce qu'on pourrait
ajouter, comme dans la même formule, la commission peut quand même,
parce qu'il peut arriver des cas...
M. CLOUTIER: Oui, les légistes vont rédiger l'amendement
qui sera inscrit...
M. LEVESQUE (Laurier): D'accord.
M. CLOUTIER: Comme nous l'avons fait à l'article 29: une
provision pour les retardataires.
M. LEVESQUE (Laurier): A l'article 28, je crois.
M. CLOUTIER: Oui, à l'article 28.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Alors, article 43 amendé,
adopté?
M. GOLDBLOOM: Adopté.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Article 44?
Adopté.
M. GOLDBLOOM: Adopté, vu l'amendement de l'article 36.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Article 45?
M. CLOUTIER: Adopté.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Article 46,adopté?
Adopté. Article 47?
M. LEVESQUE (Laurier): Est-ce que ce n'est pas là qu'on pourrait
placer l'idée d'un rapport?
M. CLOUTIER: Oui, oui, c'est là. C'est là qu'un amendement
va être rédigé, à l'article 47,pour qu'un rapport
soit produit...
M. LEVESQUE (Laurier): En tout cas, il sera dans la
réimpression...
M. CLOUTIER: ... sur les activités de la commission.
M. LEVESQUE (Laurier): D'accord.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Article 48?
M. GOLDBLOOM: A l'article 48, nous arrivons aux règlements.
M. CLOUTIER: A l'article 48, il faudrait tenir compte des amendements
qui ont été remis à l'Opposition. Il faudrait d'abord
enregistrer ces amendements qui se lisent comme suit: Premièrement,
insérer dans la deuxième ligne du paragraphe n), après le
mot « social », ce qui suit: « Les formules que le ministre
est autorisé à établir et à prescrire ».
Remplacer le paragraphe t) par les paragraphes suivants: t) les cas dans
lesquels une personne est considérée comme fréquentant une
institution d'enseignement; u) les cas dans lesquels le ministre est
autorisé à reconnaître une institution d'enseignement pour
les fins de la présente loi; v) les règles et modalités
particulières applicables aux Esquimaux et aux Indiens; w) la
définition des expressions « moyens de subsistance »,
« emploi régulier », « emploi saisonnier », pour
les fins de la présente loi.
M. GOLDBLOOM: Adopté.
M. LESAGE: Quant à nous, les amendements
sont adoptés. Pour ce qui est de l'article amendé, eh
bien, je pense que le mieux à faire, c'est de prendre les
règlements les uns après les autres.
M. CLOUTIER: Oui.
M. LESAGE: Dans l'ordre.
M. CLOUTIER: En commençant...
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Alors, article 48a)?
M. CLOUTIER: A l'article 48a), il s'agit des revenus qui peuvent
être exclus dans le calcul du déficit d'une famille ou d'une
personne seule pour les fins d'application de l'article à ainsi que de
la façon d'établir la valeur ou le montant de ces revenus.
M. GOLDBLOOM: Je m'excuse, j'ai été distrait pendant un
instant.
M. CLOUTIER: Article 48 a).
M. GOLDBLOOM: Est-ce l'intention du ministre de passer en revue tous les
paragraphes de l'article ou les règlements eux-mêmes?
M. CLOUTIER: Bien, ça dépend comment l'Opposition...
L'Opposition veut-elle parler de tous les règlements, en prenant des
sujets spécifiques, dont les revenus, les articles dont a parlé
le député de Laurier, les biens permis, la valeur des biens et
d'autres sujets? Vous pouvez les prendre par...
M. GOLDBLOOM: Je pense qu'il serait plus facile pour nous de nous
pencher sur les règlement eux-mêmes. Quant à l'article qui
énumêre les domaines dans lesquels le ministre peut faire des
règlements, nous serions prêt à l'adopter...
M. CLOUTIER: Vous l'adopteriez globalement?
M. GOLDBLOOM: Oui. M. CLOUTIER: D'accord.
M. GOLDBLOOM: Quitte à étudier les règlements
eux-mêmes.
A 1.01, les définitions, il n'y a pas de problème, je
pense. A 1.02/ M. le Président,...
M. PAUL: M. le Président, je crois que nous faisons face à
une procédure inusitée ou tout à fait nouvelle. Il
semblerait que l'Opposition, comme c'est son droit, veuille discuter des
règlements.
M. HARVEY: Comme nous l'avons fait lors de la Loi de
l'assurance-hospitalisation, alors que le ministre de la Santé avait
attaché à la loi les règlements. Nous avions pris le temps
de discuter les règlements, ce qui avait accéléré
la procédure pour l'article.
M. PAUL: J'aurais peut-être une suggestion à faire: C'est
que cet article soit retenu, soit suspendu, à moins qu'il y ait des
implications dans les articles suivants, quitte à revenir à la
fin.
M. HARVEY: C'est bien, je n'ai pas d'objection.
M. GOLDBLOOM: Pas d'objection.
M. PAUL: Cela nous permettra peut-être de mieux nous orienter
quant à la marche des travaux de la Chambre.
M. HARVEY: Aucune objection.
M. GOLDBLOOM: Aucune objection.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Alors, article 48, en suspens.
Article 49.
M. CLOUTIER: L'article 49, M. le Président...
M. GOLDBLOOM: Adopté.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Adopté. Article 50.
M. CLOUTIER: A l'article 50, il y a un amendement, M. le
Président, il faudrait ajouter l'alinéa suivant,
évidemment c'est pour fins de concordance: « Cette obligation
incombe également aux fonctionnaires et employés de tout
organisme ou personne avec lesquels un accord a été conclu,
conformément à l'article 49!
M. GOLDBLOOM: Adopté, M. le Président.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Article 50 amendé,
adopté.
M. GOLDBLOOM: Avec peut-être une question, je m'excuse.
L'assistance qui serait prêtée par les fonctionnaires du
ministère à toute
personne vaudrait également pour les autres membres de la
famille, je pense bien, même si ce n'est pas l'assisté social
lui-même.
M. CLOUTIER: Non, c'est que l'obligation incombe également aux
fonctionnaires et employés de tout organisme ou personne avec lequel un
accord a été conclu.
C'est pour l'administration de la loi, organisme ou personne.
M. HARVEY: Ce que le député de d'Arcy-McGee veut dire,
c'est que n'importe quelle personne d'une famille donnée pourrait
bénéficier des services d'un fonctionnaire pour établir
si, oui ou non, elle a droit à l'aide sociale, à une
révision de son cas ou à interjeter appel.
M. GOLDBLOOM: Ou pour être aidée, dans la rédaction
d'une demande.
M. CLOUTIER: Oui, oui. N'importe quel membre de la famille.
M. GOLDBLOOM: D'accord, merci.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Article 50 adopté. Article
51?
M. GOLDBLOOM: Est-ce que cet article est absolument exécutoire et
universel au point de comprendre les déclarations d'impôt?
Normalement, si je comprends bien, les autres ministères n'ont pas
accès aux dossiers de l'impôt sur le revenu. Fait-on une exception
par cette loi? Est-ce que cela a toujours été le cas en ce qui
concerne les assistés?
M. CLOUTIER: En ce qui concerne l'article 51, les renseignements qui
sont fournis au ministère du Revenu sont de nature confidentielle. Ce
n'est pas l'intention du législateur... Dans le cas du ministère
du Revenu, cela ne s'applique pas. C'est dans le cas de tous les autres
organismes, par exemple le régime des rentes, avec l'autorisation,
évidemment, du requérant ou du bénéficiaire.
M. GOLDBLOOM: D'accord.
M. CLOUTIER: Ou autres organismes et ministères
gouvernementaux.
M. GOLDBLOOM: Oui.
M. CLOUTIER: Les renseignements du ministère du Revenu demeurent
confidentiels. Il faut l'approbation du requérant.
M. HARVEY: L'article dit: « Nonobstant toute autre loi, le
ministre peut obtenir d'un ministère ou d'un organisme du gouvernement
...» Cela comprend le ministère du Revenu qui a juridiction
également sur...
M. CLOUTIER: L'article 51 se réfère à des
prestations qui seront versées. Le ministère du Revenu ne verse
pas de prestation, alors que le régime des rentes en verse. On veut
obtenir des informations quant aux prestations ou aux revenus qui pourraient
être versés à un requérant par des organismes ou par
d'autres ministères.
M. HARVEY: Le ministre a raison, parce que le ministère du Revenu
agit seulement pour percevoir les rentes et redonne immédiatement
à la Régie des rentes le soin d'accorder les prestations. Vous
avez raison; cela ne touche pas le ministère du Revenu.
M. CLOUTIER: Cela ne touche pas le ministère du Revenu.
M. GOLDBLOOM: C'est parfait, j'ai fini par le comprendre
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Adopté. Article 52?
Adopté. Article 53?
M. GOLDBLOOM: Adopté.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Adopté. Article 54?
M. GOLDBLOOM: Les articles 54 à 60 inclusivement, sont des
articles de concordance. Il n'y a pas de modification apportée par le
ministre à ces articles-là.
M. CLOUTIER: Seulement à 61.
M. GOLDBLOOM: Les articles jusqu'à 60 inclusivement sont
adoptés.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Article 61?
M. CLOUTIER: A l'article 61, il y a une nouvelle rédaction de la
modification proposée hier. Je crois que les
députés...
M. GOLDBLOOM: II serait peut-être bon que le ministre en fasse
lecture, parce que nous n'avons pas eu le temps d'en prendre connaissance.
M. CLOUTIER: Je vais faire lecture de l'article révisé,
tel qu'on le suggère actuellement. Il faudrait remplacer l'article 61
par le suivant; « L'article 2 de la Loi de l'assistance médicale
(1966, chapitre 11) est remplacé par le suivant: 2) sont des
assistés sociaux aux fins de la présente loi: a) le
bénéficiaire d'assistance sociale en vertu de la Loi de
l'assistance publique; b) le bénéficiaire d'aide sociale à
titre de chef de famille ou de personne seule en vertu de la Loi d'aide sociale
il faudra insérer ici, évidemment, le no de chapitre du
bill 26 autre que celui visé à l'article 8 de ladite loi,
à moins que, dans ce dernier cas, les besoins d'aide médicale du
bénéficiaire soient reconnus par le ministre conformément
aux règlements. c) Le bénéficiaire de l'assistance sociale
en vertu de l'une des dispositions législatives visées aux
articles 57 à 60 de ladite loi de l'aide sociale ainsi que le conjoint
d'un tel bénéficiaire ou de tout enfant à sa charge. d)
Les membres d'une famille au sens de ladite Loi de l'aide sociale aux besoins
desquels le chef de famille visé au paragraphe b) subvient
habituellement et principalement.
Donc, M. le Président, il s'agit par cet article de couvrir tous
ceux qui sont couverts par la présente loi d'aide sociale, sauf à
l'article 8, suivant certaines restrictions, et couvrir également ceux
qui reçoivent des allocations sociales en vertu des dispositions
transitoires, les régimes qui ne seront pas établis tout de
suite.
M. GOLDBLOOM: Oui.
M. CLOUTIER: De 57 à 60. Alors c'est pour couvrir ces personnes,
ces chefs de famille et leurs dépendants.
M. GOLDBLOOM: A l'analyse de cet article modifié, M. le
Président, je me demande si par cet article ou par le suivant, article
62, le ministre serait en mesure de répondre aux besoins de certaines
personnes qui n'ont pas d'autres revenus que leur rente qui leur vient du
gouvernement fédéral. Nous avons parlé à d'autres
occasions de ce problème, et le ministre nous a dit: II n'y a pas moyen
pour le gouvernement du Québec d'accorder une carte d'assistance
médicale à ces personnes, parce qu'elles ne reçoivent pas
d'allocation de ce même gouvernement.
Est-ce qu'il serait donc nécessaire pour le gouvernement du
Québec d'accorder une allocation sociale de $1 par année à
ces personnes, afin de pouvoir leur donner une carte d'assistance
médicale? Je souligne que ces personnes peuvent, dans plusieurs cas,
vivre d'une façon satisfaisante aussi longtemps qu'elles sont en
santé, mais aussitôt qu'elles deviennent malades le
problème des frais médicaux devient un problème majeur. La
possibilité pour elles d'obtenir la carte d'assistance médicale
serait très importante.
M. CLOUTIER: Oui, la Loi d'assistance médicale ne couvrait au
début, en 1966, et elle ne couvre encore que ceux qui reçoivent
une allocation du ministère de la Famille et du Bien-Etre social. Donc,
les personnes qui sont sous le régime de sécurité de la
vieillesse et qui ne reçoivent pas d'allocation de la province de
Québec par l'intermédiaire de la Famille et du Bien-Etre social
n'ont pas la carte d'assistance médicale.
J'ai expliqué, au cours de l'étude des prévisions
budgétaires cette année, l'an dernier et dans les années
précédentes, qu'au moment où cette personne partait du
régime d'assistance-vieillesse pour tomber sous le coup du régime
de la sécurité de la vieillesse, elle faisait une autre demande
au ministère, demande qui était étudiée. Si on
établissait le déficit, quelque soit le montant, que ce soit un
seul dollar, l'allocation de $1 était accordée ou $5 ou montant
additionnel. A ce moment-là, la carte d'assistance médicale
était accordée de nouveau. Nous avons pu rétablir la carte
d'assistance sociale pour des milliers de cas de récipiendaires de la
sécurité de la vieillesse.
M. HARVEY: Si le ministre voulait, M. le Président, il y aurait
ici une occasion fantastique de faire un pas d'avant à l'occasion de
l'adoption de cette loi-cadre relativement à ceux qui en ont besoin, et
Je m'explique.
Au fédéral, ceux qui reçoivent le maximum de la
pension régulière, celle-ci étant universelle, tous ceux
qui ont 66 ans ou plus la reçoivent présentement.
En janvier prochain ce sera 65 ans et plus, la pension de $78.50. Mais
je pense que pourraient être éligibles à la carte
d'assistance médicale tous ceux qui reçoivent le
supplément accordé par le gouvernement fédéral,
parce que dans le cas de ceux-là, une enquête a été
faite, de même que l'évaluation de leurs revenus. Qu'ils aient un
supplément réduit ou le supplément complet, la preuve de
leur nécessité a déjà été
établie une fois au niveau du gouvernement fédéral. De
cette façon-là, on éliminerait, au ministère de la
Famille et du Bien-Etre social, un nombre considérable de cas, qui,
à l'occasion, sont acceptés et d'autres sont refusés.
Mais le ministre admettra avec moi que le
gouvernement fédéral étant très exigeant
relativement aux revenus des personnes retirant la sécurité de
vieillesse, il y en a un grand nombre qui reçoivent seulement la pension
universelle, sont privés du supplément accordé à
cette pension. Donc, ceux-là n'auraient pas la carte d'assistance
médicale. Mais tous ceux qui ont le supplément à la
sécurité de vieillesse ou une partie de ce supplément,
sont donc des personnes qui, en raison de leur âge, ont besoin
régulièrement de médicaments et nous aurions ici, en
ajoutant au sous-paragraphe e, l'occasion de faire un pas de l'avant qui
permettrait en même temps au ministère d'éliminer des
chinoiseries administratives et donnerait justice, comme on le réclame
et comme le ministre veut leur donner également justice dans une
loi-cadre qu'on espère des plus parfaite.
M. LEVESQUE (Laurier): Moi, je soutiendrais tout de suite que toute
l'argumentation, que toutes les conclusions du député
là-dessus, parce que ça me paraît être un pas qui
serait.. On vit avec deux gouvernements, actuellement, et je pense bien que le
supplément doit aussi bien être vérifié par les
autorités fédérales que les assistances
supplémentaires que le ministère peut, à l'occasion,
accorder. Et dans le cas des gens de 65 ans et plus, il me semble que ça
saute aux yeux.
M. CLOUTIER: Disons que ça ne répond pas directement aux
observations qui ont été faites, mais il faut garder aussi
présent à l'esprit que, dans six mois, ce sera une question
réglée avec l'assurance-maladie. Le 1er juillet 1970 il n'y aura
plus de carte médicale, sauf si le programme pour les assistés
sociaux, pour les indigents, était...
M. LEVESQUE (Laurier): M. le ministre admettra avec moi, dans ce
cas-là, si c'est une question de six mois, on évitera
l'hémorragie de ces gens-là...
M. HARVEY: Pour une période de six mois...
M. LEVESQUE (Laurier): ... la loi dont on parle ici va devenir caduque
dans six mois, à toutes fins pratiques d'ailleurs, si on suit la logique
du ministre. Alors 61, 62, 63 sont là, à toutes fins pratiques,
grosso modo, pour 6 mois, non?
M. CLOUTIER: Oui, oui, disons que...
M. LEVESQUE (Laurier): Pendant six mois...
M. CLOUTIER: ... pendant six mois le régime d'assurance-maladie
va prendre soin...
M. LEVESQUE (Laurier): Bon.
M. CLOUTIER: ... le régime d'assistance-médicale tel qu'il
existe actuellement sera absorbé par le régime
d'assurance-maladie.
M. LEVESQUE (Laurier): Alors en fonction de la même logique qui a
amené le ministère à faire les articles 61, 62, 63 pour
six mois, au moment où l'on parle aujourd'hui, il me semble que six mois
ça compte dans la vie des personnes qui ont 65 ans et plus, si elles
sont malades, si on transforme en droit, pour ce temps-là, ce qui
autrement devient extraordinairement compliqué. Pourquoi ne pas ajouter
exactement ce que dit le député pour ces six mois-là? Je
connais moi aussi des cas je crois bien que d'autres
députés peuvent en connaître, le député de
D'Arcy-McGee a ouvert ce sujet-là des cas de gens qui ne veulent
pas abuser du gouvernement, qui ont juste le strict minimum, qui, d'ici six
mois, avec ce minimum vont tomber malades.
Alors, pourquoi pas?
M. HARVEY: D'autant plus, M. le Président que ce
récipiendaire d'une allocation de sécurité de vieillesse
avec supplément ou partie de supplément sera toujours dans
l'obligation, s'il veut retirer un supplément au provincial, de faire
une demande pour ses médicaments, mais il aura tout de même sa
carte d'assistance médicale pour voir le médecin de famille qu'il
consulte à l'occasion.
M. CLOUTIER: De toute façon, tous ceux qui sont sous le coup de
l'assistance vieillesse, de 65 à 66 ans, actuellement...
M. HARVEY: C'est fini, là...
M. CLOUTIER: ... plus tard, vont être transférés
sous le régime...
M. HARVEY: Ils vont perdre leur carte.
M. CLOUTIER: ... de la sécurité de la vieillesse.
M. HARVEY: Ils vont perdre leur carte.
M. CLOUTIER: Disons qu'ils vont faire comme tous ceux des années
dernières: ils vont faire une nouvelle demande au
ministère...
M. HARVEY: Soyons réalistes. Ils vont attendre six mois
après, comme l'année dernière.
M. CLOUTIER: Non, non, dans certains cas, ça améliore la
situation par rapport à celle qu'ils avaient auparavant. Prenons une
personne qui retire...
M. HARVEY: Le ministre m'excusera. Nous avons dû, pour
éviter que des gens perdent leur carte pendant une période de
trois ou quatre mois, leur conseiller de ne pas demander le supplément
au fédéral et d'obtenir d'abord le supplément au
provincial ou de continuer de le retirer et de s'assurer qu'ils conserveraient
un petit supplément et leur carte. Quand c'était le même
montant, la province le donnait au lieu de le récupérer du
gouvernement fédéral pour éviter de leur faire perdre leur
carte d'assistance médicale. Cela s'est présenté, des cas
semblables. Il me semble que ce ne serait pas tellement coûteux d'ajouter
un sous-paragraphe e) qui couvrirait jusqu'au premier juillet cette
catégorie de personnes qui en ont le plus besoin.
M. CLOUTIER: De toute façon, M. le Président, tous ceux
qui vont changer de régime vont faire comme ceux des années
dernières; ils vont redemander au ministère la
vérification de leur dossier. Dans plusieurs cas, après le
transfert sous le régime de la sécurité de la vieillesse,
ils ont retiré leurs $75 de prestation de base, ils ont pu
bénéficier du revenu minimum garanti, de la différence des
$30, donc $75 + $30 - $105. Je ne compte pas l'indexation au coût de la
vie...
M. LEVESQUE (Laurier): Ils sont rendus à $111.
M. CLOUTIER: ... ce qui donne $109. Ils sont rendus à $111, et
nous avons pu, avec la formule qu'ils nous ont envoyée, la formule de
demande de reconsidération du cas, leur verser une pension. Si l'on
totalise tout ça, ce qu'ils ont après avoir fait cette nouvelle
demande, l'allocation que la province leur a donnée, plus les $111 du
fédéral avec la carte d'assistance médicale, ils ont une
allocation totale supérieure à ce qu'ils avaient avant parce
qu'ils nous ont fait une demande de reconsidération et nos
fonctionnaires, la commission des allocations sociales et le ministère
sont très larges dans ces cas-là pour l'appréciation de la
demande.
M. HARVEY: Ce n'est pas l'expérience que nous avons dans les
comtés.
M. CLOUTIER: J'ai...
M. HARVEY: Je regrette, mais...
M. CLOUTIER: ... des informations à l'effet qu'il y a un grand
nombre de prestations qui ont été accordées d'un montant
de $1 ou d'un montant de $5 pour justement faire bénéficier ces
requérants de la carte d'assistance médicale.
M. LEVESQUE (Laurier): Justement, est-ce que le ministre ne trouve pas,
il est comptable de profession, il est administrateur de deux ministères
importants, que c'est « chinoiser » d'une façon
extraordinaire?
J'ai vu, moi aussi, beaucoup de cas où il s'agissait de $1, $2 ou
$5. Cela coûte quasiment autant pour le papier et le temps
probablement plus, si on ajoute le temps des gens qui sont obligés de
chinoiser là-desus que ce que cela représente comme
soulagement pour les gens. C'est pour six mois, en tenant compte du fait que le
ministre se dit confiant que cela sera en vigueur le 1er juillet, mais on
pourrait peut-être avoir des doutes là-dessus. Six mois, ça
peut aussi aller au mois de septembre; cela peut aller quelque part par
là. Je pense bien que le ministre a appris qu'il ne faut jamais dire
mathématiquement qu'on va respecter les dates qui étalent
purement des dates de choix politique.
Alors, cela peut vouloir dire neuf mois ou peut-être même un
an de la vie de gens âgés qui très souvent peuvent attendre
des mois et des mois ce $1 ou $2 supplémentaires pour avoir la carte
d'assistance médicale. Vu que toute l'assistance médicale, que ce
soit dans six mois, dans neuf mois ou à peu près, sera
versée dans l'assurance-maladie, pourquoi ne pas rendre automatique,
pour ceux qui ont le supplément qui implique des besoins et qui ont 65
ans et plus à partir du mois de janvier, cette carte d'assistance
médicale pour le temps qu'elle durera encore?
M. CLOUTIER: Pour l'information du député de Laurier, je
lui dirai, en parlant de statistiques, que 2,500 cas environ, vont être
transférés de l'assistance-vieillesse au régime de la
sécurité. C'est les derniers qu'il reste à
transférer sous le régime de la sécurité de la
vieillesse. Quant aux autres qui sont déjà sous le régime
de la sécurité de la vieillesse, ils ont déjà, dans
les années dernières, fait l'objet d'une révision au
moment du transfert ou, par la suite, quand ils nous ont soumis une demande.
Mais, il s'agit là du transfert de ces derniers cas et, là, c'est
toute la sécurité...
M. LEVESQUE (Laurier): Non, je regrette, mais le ministre n'est pas au
courant de ceux qui ne lui écrivent pas. Or, à Montréal,
par exemple, je connais beaucoup de gens je pense que le
député de D'Arcy-McGee en connaît aussi et on ne peut pas
faire autrement que d'en connaître qui n'ont pas beaucoup
d'Instruction, qui ont atteint 66, 67 ou 68 ans et qui ne sont pas forts sur
l'écriture. Ils ont cette impression, justement, qu'ils ont eu un
supplément du fédéral et qu'il faut qu'ils se
débrouillent avec cela. Et, sans arrêt, on en rencontre, quand ils
tombent malades. Evidemment, on est loin de rencontrer tous ceux qui n'ont pas
été avertis, qui n'ont pas saisi comment faire pour demander ce
supplément plus ou moins caricatural de $2 ou $5, mais qui leur
permettrait, au moins, de couvrir leurs frais médicaux. Très
souvent, ils ne vont plus voir leur médecin, même quand ils ne se
sentent pas bien, parce qu'ils n'ont pas les moyens de le payer. Alors,
pourquoi ce serait...
M. HARVEY: D'ailleurs, la nature de leurs besoins à
été établie une fois par le gouvernement
fédéral pour leur donner le supplément. L'enquête
est mieux faite au fédéral qu'elle n'est faite au niveau
provincial. Au niveau provincial, on demande un certificat du médecin
et, souvent, le médecin marque tant de dollars par mois de
médicaments pour avoir un supplément.
M. CLOUTIER: M. le Président, évidemment, on pourrait dire
bien des choses à l'appui de cette thèse. Disons qu'il n'y a rien
qui répugne à favoriser davantage l'accessibilité des
services médicaux aux personnes âgées.
Mathématiquement et sentimentalement, je crois bien que tout le monde
est du même avis. Ce que je pourrais dire, à ce moment-ci, sans
accepter la proposition qui souvent est revenue devant cette Chambre, c'est
que, durant la suspension de nos travaux, je vais revoir toute la question avec
mes officiers afin de savoir si les implications administratives et
législatives, il n'y aurait pas d'effet d'entrafnement de nature
à endommager des programmes que l'on pourrait vouloir prolonger par la
suite, une fois que l'assurance-maladie sera en vigueur.
On voudra peut-être élargir non seulement
peut-être, mais certainement élargir pour les assistés
sociaux, que ce soit pour les médicaments ou d'autres services ou soins
professionnels qui ne seront pas couverts par un régime
général on voudra certainement faire
bénéficier les assistés sociaux, même si ce
n'était qu'une expérience de laboratoire en vue du régime
général, de certains soins, de cer- tains services qui n'auront
pas été couverts par le régime général.
Alors, c'est tout ça qu'il faudra discuter. C'est tout ça
qu'il faudra voir à ce moment-ci, afin de savoir si pour une
période de six mois, pour rendre service et favoriser...
évidemment ça, c'est absolument normal que les membres de
cette Chambre veuillent le faire pour les personnes âgées
afin de voir s'il n'y a pas là des complications ou des implications
qu'on n'aurait pas prévues.
Durant l'ajournement, si on veut bien suspendre cette question, j'y
reviendrai durant la soirée, avec une réponse soit affirmative ou
soit négative, avec des arguments à l'appui.
M. HARVEY: Disons qu'il est six heures.
M. GOLDBLOOM: Si je comprends bien, le ministre nous propose de laisser
en suspens les articles 61 et 62. Je pense qu'avant de suspendre l'article 62
nous pouvons accepter la modification proposée qui en est une de
concordance.
M. CLOUTIER: Article 62. Alors, je le donne. A l'article 62, il y aura
un amendement. Remplacer, dans la cinquième ligne du premier
alinéa de l'article 3, les lettres et mots « a), b) », par
les lettres et mots « a), b), c) ». Remplacer, dans la
deuxième ligne du deuxième alinéa de l'article 3, les mots
et lettres « au paragraphe c) », par les mots et lettres «
aux paragraphes c) et d) ».
M. GOLDBLOOM: Adopté.
M. CLOUTIER: L'article 62, adopté. A l'article 63, il y aura
aussi un amendement. Il faudrait remplacer cet article par le suivant: «
L'article 4 de ladite loi est modifié en retranchant le troisième
alinéa ». Et, à l'article 64, il y aura un amendement
aussi. Je crois que vous n'avez pas cet amendement, M. le Président.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Article 64, non.
M. CLOUTIER: Je vous l'envoie à l'instant. Alors, remplacer dans
la cinquième ligne les mots et lettres « au paragraphe c) »,
par les mots et lettres « aux paragraphes c) et d) ». C'est encore
un amendement de concordance,
M. GOLDBLOOM: D'accord.
M. le Président, nous serions disposés à adopter
tous les autres articles, laissant en suspens 48, 61 et 62.
M. CLOUTIER: Alors, Je lis les amendements de l'article 66, M. le
Président: II faudrait remplacer cet article par le suivant: «
Toute demande faite en vertu d'une des dispositions législatives
visées aux articles 55 et 57 à 60, avant la date à
laquelle cette disposition aurait été abrogée, devient une
demande d'aide sociale, en vertu de la présente loi, si aucune
allocation n'a encore été accordée à cette date i.
l'égard de cette demande ».
L'article 67 serait amendé comme suit: Remplacer le premier
alinéa par le suivant: « Lorsque le bénéficiaire
d'une allocation versée en vertu d'une des dispositions
législatives mentionnées aux articles 55 et 57 à 60 est
aussi admissible à l'aide sociale, en vertu de la présente loi,
cette aide lui est accordée en remplacement de cette allocation.
Toutefois, si le bénéficiaire d'une allocation versée en
vertu d'une disposition législative visée aux articles 57
à 60 n'est pas ainsi admissible à l'aide sociale, il continue de
bénéficier des allocations prévues par lesdites
dispositions législatives jusqu'à concurrence du montant qu'il
recevait à la date à laquelle la disposition législative
applicable a été abrogée. « Lesdites dispositions
législatives continuent à s'appliquer à cet égard
si elles sont abrogées comme si elles ne l'avaient pas été
».
L'article 70 sera modifié comme suit: Insérer dans la
sixième ligne, après le mots « censé » ce qui
suit: « Â compter de la date à laquelle cette disposition
législative est abrogée ».
L'article 73 sera modifié comme suit: Remplacer cet article par
les suivants: Article 73: « Les articles 58, 59 et 60 entreront en
vigueur à la date à laquelle, de l'avis du lieutenant-gouverneur
en conseil, aucune personne ne bénéficiera plus des dispositions
législatives visées par ces articles. Cette date sera
fixée par proclamation du lieutenant-gouverneur en conseil ».
Un nouvel article 74: « Les autres articles de la présente
loi entreront en vigueur à la date qui sera fixée par
proclamation du lieutenant-gouverneur en conseil.
M. LEVESQUE (Laurier): Alors, vous voulez utiliser les lois
catégorisées d'abord, pendant une période de
transition.
M. CLOUTIER: C'est cela.
M. LEVESQUE (Laurier): Le ministre pourrait-il nous donner une
idée, avant que nous adoptions cet article c'est la seule
question qui me resterait dans ce domaine de la date d'entrée en
vigueur telle qu'onlavoit?Serait-ce vers le 1er janvier?
M. CLOUTIER: Disons que ce ne sera pas en 1969, évidemment. Mais
ce sera en 1970, aussitôt que le processus de recrutement des effectifs,
qui est très avancé, sera complété, ainsi que
l'installation des bureaux qui est aussi presque terminée. C'est ce qui
fait partie du cheminement critique au ministère et qui réunit
tous les chefs de service. Les consultants sont à terminer ce travail.
Je ne prévois pas...
M. LEVESQUE (Laurier): Ce serait plutôt au début du
prochain budget, alors?
M. CLOUTIER: Disons au plus tard le 1er avril et peut-être un mois
avant.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Le comité suspend ses
travaux jusqu'à huit heures.
Reprise de la séance à 20 heures
M. FRECHETTE (président du comité plé-nler): A
l'ordre, messieurs!
Alors, article 48, à moins de terminer 61 et 62.
M. GOLDBLOOM: Est-ce que le ministre a une déclaration à
faire?
M. CLOUTIER: Bien, disons que des députés étalent
fortement intéressés à cet aspect... Pardon?
M. GOLDBLOOM: En voici un des plus importants.
M. CLOUTIER: Oui. Est-ce que le député de
Jonquière, qui avait soulevé la question, était fortement
Intéressé? Je ne voudrais pas recommencer l'explication. Est-ce
qu'il y a un autre sujet des règlements dont le député
voudrait parler?
M. GOLDBLOOM: Si vous voulez, on peut commencer par les
règlements, certainement. Article 1.01, définitions. L'article
1.02 définit la fréquentation d'une institution d'enseignement.
Si je comprends bien, M. le Président, cette définition à
1.02 s'applique à celle qui paraît à l'article 1 du projet
de loi. Si nous prenons les deux ensemble, la jeune personne qui
fréquente une institution d'enseignement, le jour, pendant une
période d'au moins 26 semaines, est incluse dans la famille pour les
fins de la loi, tandis que la jeune personne de plus de 18 ans qui
fréquente une telle institution, le soir, ou qui la fréquente de
façon moins régulière ou moins longue n'est pas
nécessairement considérée comme membre de la famille pour
les fins de l'application de la loi. Je pense que c'est normal, M. le
Président.
M. CLOUTIER: Je m'excuse, j'étais entrain de mettre de l'ordre
dans mes documents et je n'ai pas saisi le début de la question du
député. Alors, si je réponds à ce moment-ci, je
réponds à une question que je n'ai pas comprise.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, c'est simplement pour noter que,
dans la définition qui paraît à l'article 1 de la loi, on
dit que la famille comprend les parents et les enfants à charge.
Ensuite on définit les enfants à charge comme étant
des enfants jusqu'à l'âge de l8ans et, après l'âge de
18 ans, ceux qui fréquentent une institution d'enseignement. Donc, c'est
dans les règle- ments, dans le règlement 1.02 que nous trouvons
la définition de la fréquentation d'une institution
d'enseignement. Et ça veut dire que l'étudiant qui a plus de 18
ans, et qui fréquente une institution d'enseignement de façon
moins régulière, n'est pas nécessairement compris dans la
famille et peut donc avoir droit à titre individuel à des
allocations sociales.
M. CLOUTIER: Le député voudrait mentionner le cas d'une
personne qui ne fréquente pas assidûment une institution
d'enseignement, est-ce que c'est ça...
M. GOLDBLOOM: Oui, c'est ça.
M. CLOUTIER: ... le sens de son intervention?
M. GOLDBLOOM: M. le Président, il me semble que c'est un certain
désavantage, pour la jeune personne, d'être incluse dans la
famille après l'âge de 18 ans. A titre individuel, cette personne
pourrait retirer pour elle-même des allocations sociales.
M. CLOUTIER: Oui, si elle n'est pas comprise dans la famille.
M. GOLDBLOOM: C'est ça.
M. CLOUTIER: C'est dans le sens que le député...
M. GOLDBLOOM: C'est ça. M. CLOUTIER: D'accord.
M. GOLDBLOOM: Alors si cette personne ne fréquente pas
régulièrement ou pendant une période d'au moins 26
semaines une institution d'enseignement ou si cette personne fréquente
cette institution le soir, elle n'est pas comprise dans la famille. Elle a
droit, si elle en a besoin, à des allocations sociales pour
elle-même, individuellement.
M. CLOUTIER: Oui.
M. GOLDBLOOM: Parfait.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Alors l'article 1.02
adopté.
M. GOLDBLOOM: L'article 1.03 accepté.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): L'article 1.03 aussi.
M. GOLDBLOOM: L'article 2.01, le calcul s'établit sur une base
mensuelle, d'accord.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): L'article 2.01.
M. GOLDBLOOM: L'article 2.02.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): L'article 2.02.
M. GOLDBLOOM: Accepté, ça va.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): L'article 2.03...
M. CLOUTIER: M. le Président, on ne les adopte pas, on les
étudie.
M. GOLDBLOOM: C'est ça.
M. CLOUTIER: Alors, M. le Président, on va dire: « O.K.
».
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Je n'ai pas d'objection.
L'article 2.03, ça va?
M. GOLDBLOOM: Oui, d'accord.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Article 2.04.
M. HARVEY: A l'article 2.03, c'est un an après son admission au
Canada, n'est-ce pas?
M. GOLDBLOOM: Dans le cas des immigrants, le ministre a
spécifié que c'est le gouvernement fédéral qui en
est responsable pour la premiere année, et après cela...
M. CLOUTIER! Oui, mais en vertu des nouveaux accords entre le
ministère de l'Immigration et le gouvernement fédéral, il
est possible que la responsabilité des immigrants incombe au parrain dis
son admission ici. A ce moment-là, on demandera, évidemment,
à voirie contrat entre le parrain et l'immigrant.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): L'article 2.04 est
accepté. Article 3.01.
M. GOLDBLOOM: Oui, l'article 3.01 est explicité dans les
tables...
M. CLOUTIER: Dans les tables.
M. GOLDBLOOM: ... que nous avons reçues.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Article 3.02.
M. GOLDBLOOM: Ce sont des définitions, tout simplement.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Article 3.03.
M. GOLDBLOOM: Il est évident, M. le Président, que nous
aurions espéré ne pas trouver de maximum dans ces
règlements parce qu'il se peut que dans certaines demeures les frais en
question dépassent le maximum.
M. CLOUTIER: S'il y a des maximums, il y a toujours possibilité,
pour des raisons mentionnées aux articles 8 et 9 d'étudier la
possibilité d'aller plus loin que l'allocation accordée en vertu
de cette table.
M. GOLDBLOOM: Oui.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): L'article 3.03, cela va?
M. GOLDBLOOM: D'accord.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Article 3.04.
M. GOLDBLOOM: D'accord.
A l'article 3.05, le ministre pourrait-il nous donner une petite
explication du deuxième alinéa?
Pourquoi fixe-t-on à $15 par mois pour la personne
hospitalisée le montant représenté par les coûts
indiqués?
M. CLOUTIER: Ç'est la somme qui est
prédéterminée pour les patients qui sont en institution,
parce qu'à ce moment-là on assume déjà autrement,
en vertu de la Loi de l'assurance-hospitalisation, les autres frais de
séjour dans la maison, nourriture, soins, etc.
M. HARVEY: Mais, vous ne trouvez pas que $15, en autant qu'il s'agit
d'un non-fumeur, cela a du sens? Pour le vêtement, il n'en restera pas
épais, si c'est un fumeur. Je trouve le montant très minime.
Même en institution, $15 par mois, ce montant est relativement bas.
M. CLOUTIER: Evidemment, dans le cas d'une personne qui se trouve dans
un hôpital, c'est une période temporaire qui peut
être...
M. HARVEY: L'hôpital, d'accord. Mais prenez l'exemple d'un
individu qui est hospitalisé dans un sanatorium; à $15 par mois,
c'est sûr que, si cet assisté social-là est un fumeur, le
montant de $15 par mois est relativement bas.
M. CLOUTIER: Disons, sans généraliser, parce que la
majorité des requérants qui sont en institution y sont pour une
période moins longue.
M. HARVEY: Est-ce qu'en vertu des articles 8 et 9 on peut augmenter le
montant de $15?
M. CLOUTIER: Oui, on peut couvrir, à ce moment-là, pour
des besoins spéciaux, il peut y avoir une allocation.
M. HARVEY: Si la réponse est oui, d'accord.
M. CLOUTIER: Au lieu de généraliser, on serait mieux,
parce que ce sont des cas marginaux, de procéder à une
étude individuelle du cas.
M. GOLDBLOOM: Je dois dire, M. le Président, que mon
collègue de Jonquière me place dans une situation assez
délicate, parce que j'ai déjà demandé au ministre
de lancer une campagne plus poussée contre la cigarette.
M. CLOUTIER: Disons qu'en ce qui concerne le député de
D'Arcy-McGee et le député de Montmagny, c'est déjà
fait.
M. LESAGE: Le député de Jonquière et moi sommes
bien mal accompagnés au premier banc ici. Les plaisirs de la vie ne sont
pas égaux pour tout le monde.
M. LAFRANCE: Surtout ceux qui sont mal accompagnés.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Alors, article 3.05
adopté. Article 3.06.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, l'article 3.06 est un
règlement qui a provoqué beaucoup de discussions. Le ministre
nous a dit à plusieurs reprises que la loi-cadre et ses
règlements constituaient justement un cadre et que ce cadre était
assez large pour qu'on y insère tout ce qu'on voudrait. Ici, à
l'article 3.06, fait allusion à certains frais particuliers, y compris
des éléments de ce que nous appelons les soins à domicile.
Il n'y a là que le coût des services d'une auxiliaire familiale ou
d'une aide ménagère et les frais de transport pour fins
d'hospitalisation.
J'ai devant moi la loi fédérale du régime
d'assistance publique et, à l'article 2 m), il y a une
énumération beaucoup plus complète. Je me demande pourquoi
le ministre a fait cette sélection, au lieu de dire; C'est un cadre,
nous pourrons y insérer tous les soins à domicile au besoin, ou
bien de tout énumérer selon la loi fédérale qui,
après tout, est une loi de frais partagés.
M. CLOUTIER: Ce sont des rubriques générales qui sont ici.
Nous voulons utiliser toutes les possibilités du régime canadien
d'assistance publique. Il n'est pas question de priver un requérant
d'une disposition du régime canadien d'assistance publique que l'on
pourrait utiliser pour l'aider à se réhabiliter et à se
réadapter ou pour favoriser la prévention. On va utiliser, dans
les besoins spéciaux, tous les mécanismes à notre
disposition. Ce sont des rubriques générales. Alors, au lieu de
cataloguer ici, dans ce projet de règlements, toutes les
possibilités, on a utilisé des rubriques générales,
mais ce n'est pas restrictif. Dans l'élaboration ultérieure des
règlements, probablement qu'il y aura lieu d'être plus explicite.
Pour fins de discussion, je pense qu'on a voulu regrouper, sous des rubriques
générales, des articles qui nous ont paru être couverts par
ces rubriques générales.
M. GOLDBLOOM: Le ministre a dit exactement ce que nous aurions voulu
qu'il dise, c'est-à-dire que le gouvernement a l'intention d'exploiter
au maximum la loi fédérale avec les contributions qui s'y
rattachent.
Il est vrai que cet article du règlement dit: L'aide sociale, au
titre des besoins spéciaux, peut couvrir en tout ou en partie les
éléments qui sont énumérés là. Je
pense bien que pour nous il suffit que le ministre déclare qu'il ne
manquera pas de recourir à la loi fédérale sans qu'il
l'inscrive nécessairement dans le texte, mais nous aurions
préféré voir un rapport plus précis entre les deux
textes, pour les raisons que j'ai expliquées.
M. CLOUTIER: Disons que nous avons actuellement en dossier tous les cas
expérimentaux qui se sont déjà présentés en
pratique. Il y en a une liste. Je pense que si nous faisions toute cette liste,
nous pourrions rejoindre toutes les dispositions du régime canadien
d'assistance publique, qu'on a déjà utilisé.
S'il y a des clauses que nous n'avons pas utilisées et que nous
devrions utiliser, avec la
loi d'aide sociale et la réglementation, pour favoriser la
réhabilitation, nous le ferons.
M. GOLDBLOOM: D'accord, M. le Président.
M. LEVESQUE (Laurier): Juste à propos de 3.06, la première
rubrique est celle des soins de santé, en particulier de ces soins qui
ne sont pas couverts par l'assistance médicale, enfin je veux dire de
façon générale de ces soins qui ne sont pas couverts par
l'assistance médicale et qui ne sont pas non plus couverts, pour autant
qu'on le sache, par la première étape de la loi
générale d'assurance-maladie qui est censée venir le
premier juillet ou quelque part par là en 1970. A-t-on pensé, au
ministère, de se servir nous pourrons revenir sur le sujet, nous
allons y revenir, de toute façon, jusqu'à ce que ça se
fasse de ces règlements de façon à établir
un projet-pilote parce que là, évidemment, ça entre sous
la rubrique des soins spéciaux. En particulier pour les personnes
âgées qui sont purement pensionnées et pour l'ensemble des
assistés sociaux, je pense aux soins dentaires par rapport aux enfants,
par exemple, qui sont toutes des choses qui normalement ne seront pas incluses
dans la loi générale du premier juillet 1970. N'y aurait-il pas
eu moyen ou n'y aurait-il pas encore moyen de songer le plus vite possible
à établir, au niveau des assistés sociaux, avec une
nouvelle loi, un plan général qui serait en même temps une
première étape-pilote pour l'ensemble de notre
société, pour les étapes qui viendront plus tard dans
l'universalisation?
Nous sommes encore dans l'histoire de l'arbitraire. Tant mieux si c'est
couvert convenablement, régionalisé, de façon à ce
que les gens soient suivis le plus vite possible, mais nous sommes encore dans
l'à-peu-près. Il n'y a pas de normes. Rien n'est prévu et
ce n'est pas un droit qui est établi de façon précise,
mais cela peut couvrir en tout ou en partie.
Est-ce qu'au moins on y songe?
M. CLOUTIER: Je dirais, en réponse au député de
Laurier qui a fait une remarque tantôt sur les pensionnés de la
vieillesse, qui ne peuvent pas entrer, d'une façon
générale, sous le régime de l'assistance médicale,
faire partager, en vertu du régime canadien d'assistance publique, tous
les pensionnés de la vieillesse sans distinction de fortune. On sait sur
quels critères est basé le régime de la
sécurité de la vieillesse. C'est juste...
M. LEVESQUE (Laurier): Je ne voulais pas le répéter, mais
on pourrait se servir de nouveau de l'argumentation du député de
Jonquière, c'est-à-dire ceux qui ont le supplément...
M. CLOUTIER: D'accord, on y reviendra tantôt. Je n'ai pas voulu en
parler au début...
M. LEVESQUE (Laurier): D'accord, c'est parce que c'était
sous-entendu et je n'avais pas l'intention de répéter ce qu'on a
dit cet après-midi.
M. CLOUTIER: Non, nous n'en avons pas parlé. J'ai attendu que le
député soit ici pour en parler. On en reparlera tantôt.
C'est juste une remarque que je voulais faire en passant pour que ce soit bien
clair dans notre esprit que ce n'est pas, d'une façon
générale, tous les pensionnés de la vieillesse. A partir
de là, il est dans l'intention de celui qui parle de suggérer,
comme première étape pour les assistés sociaux, le
régime d'assistance-médicaments comme programme global, comme
projet pilote, si l'on veut, en vue d'une extension d'un régime
général dont je ne peux prévoir les modalités ni le
temps d'application.
M. LEVESQUE (Laurier): Le ministre me permettrait-il là-dessus
une question au point de vue de la précision? Quand le ministre parle
d'assistance-médicaments, et si l'on tient compte du
précédent législatif de l'assistance-médicale,
veut-il dire une loi nouvelle qui serait comme une loi pilote ou si on ne
pourrait pas se servir des pouvoirs ils sont sous-entendus, les pouvoirs
dans les règlements de la Loi d'aide sociale pour lancer un
projet pilote le plus vite possible?
M. CLOUTIER: Peut-être qu'il serait préférable
d'avoir une loi-cadre à ce moment-là, pour les assistés
sociaux, dont la première étape serait les médicaments, et
dont les autres étapes seraient à déterminer, soit les
soins dentaires ou les soins d'autres natures.
M. LEVESQUE (Laurier): J'allais justement parler des soins dentaires. On
rejoint ici l'autre extrême de la vie qui est celui des enfants.
M. CLOUTIER: Oui.
M. LEVESQUE (Laurier): Pendant la période de croissance, dans des
familles qui sont en particulier sous un régime d'assistance sociale, on
pourrait même parler des médicalement indigents, ceux qui ne sont
pas nécessairement des indigents au sens de la loi. N'y aurait-il pas
là
aussi l'occasion, le plus vite possible, de rejoindre une partie
terriblement nécessiteuse, à ce point de vue-là, de la
population, par un programme et non pas simplement par cette discrétion
des besoins spéciaux?
M. CLOUTIER: C'est pour cela que je préférerais,
personnellement, sans avoir poussé l'étude plus loin, une
loi-cadre pour les assistés sociaux qui pourrait être
greffée sur un régime général d'assurance-maladie
et qui permettrait d'apporter certaines étapes si l'on veut couvrir des
besoins spécifiques dans une intention bien spécifique.
M. LESAGE: M. le Président, je crois qu'il serait très
difficile d'établir un véritable système
d'assistance-médicaments et d'assistance-soins dentaires pour les
assistés sociaux, pour ceux qui bénéficieront de la Loi de
l'aide sociale si cette assistance est prévue au titre des besoins
spéciaux.
M. LEVESQUE (Laurier): D'accord.
M. LESAGE: Je pense que le ministre a raison d'entretenir de forts
doutes sur l'avantage ou le désavantage qu'il y aurait de tenter de se
servir de la loi et du règlement pour permettre l'achat de
médicaments aux frais de l'état. D'autant plus qu'il faudrait
prévoir beaucoup de mécanismes pour un système
d'assistance-médicaments et d'assistance-soins dentaires, comme il a
fallu en prévoir pour la Loi d'assistance médicale...
M. LEVESQUE (Laurier): Est-ce que le chef de l'Opposition...
M. LESAGE: Alors, je crois sincèrement qu'il y a lieu d'apporter
un projet de loi-cadre pour couvrir les médicaments et les soins
dentaires à fournir aux assistés sociaux et à
leur-famille. Je ne saurais trop insister auprès du ministre pour qu'il
convainque ses collègues d'apporter au plus tôt un tel projet de
loi pour étude par l'Assemblée dès le début de la
prochaine session.
M. LEVESQUE (Laurier): Là-dessus, je suis bien d'accord avec le
chef de l'Opposition, mais je voudrais Juste ajouter ceci. C'est que si on va
de 3 à 3.05, il y a toute une série de choses, et ça
n'exclut pas du tout ce que le chef de l'Opposition vient de dire, parce qu'il
est évident que, si on peut avoir un régime structuré le
plus vite possible... ce sera mieux. Mais, sous forme d'expérience, je
regrette simplement qu'on ne l'ait pas fait avant, parce qu'on se tue à
le dire au ministre depuis au moins deux ou trois ans. Si on regarde les
règlements qui précèdent 3.06, la plupart sont
calibrés de façon à ce qu'on puisse dire: II y a des
normes, des critères qui sont établis par le
lieutenant-gouverneur en conseil. Par exemple, on reconnaît qu'il y a
moyen d'établir des normes et des critères dans le cas du
vêtement, dans le cas des nécessités personnelles d'une
famille ou d'une personne vivant seule. Je crois que la même chose aurait
pu être possible et, au besoin, pourrait être employée sans
qu'on tombe dans trop de complications dans la période de transition.
Cela permettrait peut-être de faire une meilleure loi aussi, d'essayer,
à partir de ce qui sont, pour l'instant, des besoins spéciaux,
d'établir au moins un commencement de normes et de critères. Les
soins dentaires, ce n'est pas chinois de savoir combien ça coûte
normalement pour maintenir à peu près dans un état
convenable la dentition de jeunes qui grandissent dans des familles où
c'est nécessaire. Ces choses-là sont connues, ça
permettrait même des prénégociations qui vont être de
toute façon nécessaires. Elles avaient été
entreprises en 1966 dans le cas des médicaments. Si préliminaires
que fussent ces négociations, cela avait été
commencé. Cela fait trois ans et demi qu'on demande au ministre
où c'est rendu, puis il y a toujours des comités dont on nous
parle, mais pour l'instant on est encore réduit, dans le cas des
médicaments, aux besoins spéciaux, avec ce que ça implique
de manque de normes et de manque de critères.
Alors, je ne veux pas insister, je dis simplement que je regrette, puis
en même temps peut-être qu'il y aurait moyen de faire un
départ, tout en étant bien du même avis que le chef de
l'Opposition, c'est que si le ministre pouvait s'engager le plus vite possible
à présenter dans ces deux domaines qui sont des choses qu'on peut
calibrer, les médicaments et les soins dentaires, en particulier, un
régime spécial pour les assistés sociaux, le plus vite
possible.
M. CLOUTIER: Ce que je peux répondre pour le moment, c'est que,
dans le cadre des discussions sur l'assurance-maladie pour la
préparation de la législation, je me prépare à
faire une recommandation au conseil des ministres à l'effet
d'étudier la possibilité d'agencer l'avènement du
régime d'assurance-maladie avec un autre programme partiel pour les
assistés sociaux. A mon avis, la priorité serait donnée
aux médicaments. Quand je dis « agencer », ça veut
dire presqu'en même temps, étant donné que ça pose
un problème du point
de vue administratif de tout installer en même temps. Dans mon
esprit, ça veut dire, peut-être, un intervalle de trois mois entre
l'avènement du régime d'assurance-maladie et celui d'un
régime d'assistance-médicaments. C'est dans cette
optique-là que je vois le développement des soins
médicaux.
M. LEVESQUE (Laurier): Est-ce que le ministre pourrait penser aussi aux
soins dentaires?
M. CLOUTIER: Oui.
M. LEVESQUE (Laurier): Pour les enfants surtout, parce que ça
peut se concevoir comme ça.
M. CLOUTIER: Oui, je ferais la même remarque pour les enfants que
j'ai faite pour les personnes âgées en ce qui a trait au
régime général. On parle toujours d'un régime
sélectif pour les enfants des assistés sociaux.
M. LEVESQUE (Laurier): D'accord.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): L'article 3.06, ça va?
M. GOLDBLOOM: D'accord.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): L'article 3.07, ça va?
M. GOLDBLOOM: Oui.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): L'article 4.01.
Adopté?
M. GOLDBLOOM: Oui, M. le Président, c'est surtout à
l'article 4.02 que j'aurai un commentaire à faire.
M. CLOUTIER: Si le député me le permet, est-ce au sujet
des $8,000?
M. GOLDBLOOM: Oui.
M. CLOUTIER: Je lui dirai tout de suite qu'après discussion avec
mes officiers, à plusieurs reprises, je crois qu'il y aura
possibilité d'augmenter ce montant de $8,000. Je ne peux pas dire, ce
soir, quel chiffre sera établi, mais nous sommes d'accord sur le
principe de l'augmentation. Des études additionnelles nous permettront
de déterminer jusqu'à quel point nous pouvons aller. Ce qu'il
faut retenir sur ce point particulier, c'est que l'objectif que l'on veut
attein- dre, c'est que personne, étant donné cette disposition,
ne se retrouve dans une situation plus difficile après avoir vendu sa
propriété qu'avant. Ce n'est pas ça l'esprit de la loi.
Alors, nous allons tenter de trouver la formulation la meilleure afin que ces
cas marginaux même s'ils sont marginaux, il y en aura toujours,
quoi qu'il ne faudrait pas qu'il y en ait ne se produisent pas. Alors,
c'est ça, l'esprit de la loi.
M. HARVEY: Tout en étudiant une formule nouvelle, est-ce que le
ministre ne pourrait pas, avec ses officiers, envisager la
possibilité... Je donne un exemple: Supposons qu'une famille par son
avoir, dépasse de $1,000 le montant permis. Si ces $1,000 là sont
placés, ils rapportent un montant d'argent. Alors, il faudrait
soustraire de son allocation le revenu acquis par le produit de ces $1,000 qui
excèdent le montant permis. A ce moment-là, vous feriez deux
choses: vous empêcheriez une personne de dépenser rapidement cette
somme d'argent pour rejoindre vos normes, parce que, de toute façon,
c'est ce qu'elle va faire et, deuxièmement, vous l'inciteriez à
l'épargne dans le sens qu'elle pourrait éventuellement se servir
de ce montant d'argent là, advenant une urgence.
M. CLOUTIER: Nous allons tenir compte de toutes les hypothèses
possibles. Les réflexions qu'a faites le député de
Jonquière sont les mêmes que nos officiers et moi nous avons
faites durant la discussion.
M. HARVEY: En même temps, je vous suggérerais
d'étudier le taux des frais funéraires pour les personnes qui ont
de l'âge un peu, là. Lorsqu'ils ont $1,000 ou $2,000 en banque,
c'est justement le montant que l'entrepreneur de pompe funèbre va exiger
de leurs héritiers pour les enterrer. Alors, considérez tout
ça, parce que ce tableau-là a besoin d'être
révisé.
M. CLOUTIER: D'accord.
M. LE PRESIDENT: Alors, l'article 4.02, ça va?
L'article 4.03?
M. GOLDBLOOM: M. le Président, le ministre avait annoncé
qu'il y aurait des modifications à l'article 4.03.
M. CLOUTIER: Oui. La base du revenu permis sera augmentée.
Là encore, il y a eu des discussions. Les montants ne sont pas
fixés,
mais je peux dire à cette Chambre que les exemptions de base
permises seront rajustées et augmentées.
Disons que beaucoup d'implications doivent être calculées.
C'est la raison pour laquelle je ne peux pas dire ce soir quel sera le montant,
mais il y aura une augmentation.
M. GOLDBLOOM: Bon!
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Alors article 4.03, cela va?
Article 4.04.
M. GOLDBLOOM: Oui.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Article 4.04, d'accord.
Article 5.01. Cela va?
M. GOLDBLOOM: Oui, cela va.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Article 5.02.
M. GOLDBLOOM: Oui, certainement.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Article 5.03.
M. GOLDBLOOM: Oui, certainement.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Article 5.03, d'accord. Article
5.04.
M. GOLDBLOOM: Oui. M. HARVEY: D'accord.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): D'accord. Article 5.05.
M. GOLDBLOOM: Je trouve que c'est tout à fait normal, M. le
Président. Je souligne, par exemple, que, dans les règlements qui
restent à étudier, il n'est pas fait mention des
procédures de révision et donc, on revient à la suggestion
du député de Jonquière que l'entrevue personnelle devrait
faire partie de la révision comme de la demande initiale d'aide
sociale.
M. HARVEY: Exactement ce que nous retrouvons ici à l'article
5.05: « A une entrevue personnelle avec le requérant ou sa famille
» et à e): « La discussion avec le requérant
après audition ou un... »
M. CLOUTIER: Oui. Alors disons que nous allons examiner la
possibilité de tenir compte de l'observation faite par le
député.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Alors article 5.05, cela va?
Article 5.06.
M. GOLDBLOOM: Oui.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Aussi. Article 5.07.
M. GOLDBLOOM: Oui.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Article 5.08.
M. GOLDBLOOM: Oui.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Article 5.09.
Article 6.01.
M. GOLDBLOOM: Excusez-nous un instant, M. le Président, c'est
parce qu'il y a une allusion à l'article 12 de la loi.
M. HARVEY: Est-ce que l'article 5.09 est conçu en fonction de la
réponse que le ministre de la Santé a donnée hier au
député de D'Arcy-McGee ou au député de Richmond
lorsqu'on a établi: « Si un bénéficiaire, un chef de
famille refuse le programme de retour au travail présenté par un
agent de bien-être,... » vous avez répondu que sa femme et
ses enfants continueraient de recevoir de l'aide.
Est-ce que l'article 5.09 est conçu en fonction de cela?
M. CLOUTIER: Ecoutez, je voudrais bien saisir la question. Je ne crois
pas avoir dit cela.
M. HARVEY: Hier, le député de D'Arcy-McGee ou le
député de Richmond, a cité la Loi fédérale
d'assistance publique qui dit que nul ne peut être pénalisé
s'il refuse c'est la loi fédérale qui dit cela
d'exercer un emploi à la suite d'une offre qui lui est faite d'en
exercer un.
A l'article 5.09, ici, on dit: « Tous les cas de
bénéficiaires de l'aide sociale où il sera jugé
nécessaire d'exercer les recours prévus à l'article 12 de
la loi devront être soumis, pour fins d'approbation, à
l'autorité désignée par le ministre. »
Alors à l'article 12, on voit: « Refuse ou abandonne un
emploi qu'elle pourrait remplir ou continuer à remplir. »
M. CLOUTIER: Après 12, vous avez dit?... Excusez-moi.
M. HARVEY: A l'article 12 on dit: « L'aide sociale peut être
refusée, discontinuée... »et on donne les raisons pour
lesquelles elle peut être discontinuée. Hier, le ministre a dit
qu'un bénéficiaire ne verrait pas sa femme et ses enfants
pénalisés parce qu'il refuserait un emploi.
M. CLOUTIER: Ses dépendants.
M. HARVEY: Ses dépendants. C'était en réponse
à une question du député de Richmond.
M. CLOUTIER: Ce n'est pas ce que j'ai dit hier. Un instant, je vais
vérifier.
M. HARVEY: Oui, c'est ce que vous avez répondu au
député de Richmond.
M. CLOUTIER: M. le Président, le député a
posé une question complexe qui va chercher assez loin. Ce que je
pourrais lui dire à ce moment-ci, c'est qu'on ne pourrait, à mon
sens et de l'avis de nos collaborateurs, traiter différemment, traiter
de façon pire ce cas-là que celui du chef de famille
irresponsable pour toutes sortes de raisons, qui a des charges de famille et
qui n'assume pas ses responsabilités. A ce moment-là, on aide la
femme et les enfants afin de briser le cercle de la pauvreté. On ne
rejoindrait pas les objectifs de la loi et des règlements si on privait
complètement cette famille d'allocations. Mais cela pose un
problème dans ce cas parce que l'article 12 dit qu'on a le droit de
retirer une allocation, de la suspendre, de la diminuer pour un chef de famille
qui avait accepté un plan de relèvement social ou profitait
d'autres mesures de réhabilitation et qui ne veut plus en profiter.
A ce moment-là, il faudrait en vertu des articles 8 et 9
concernant les besoins spéciaux ce qui nous apparaît
être ici les besoins à satisfaire régler le cas de
cette famille tout en s'assurant, par une administration, que ce n'est pas le
chef de famille irresponsable qui va utiliser les prestations à d'autres
fins que celles pour lesquelles on les a accordées.
Je crois qu'il y aura des discussions additionnelles sur le cas concret
mentionné par le député, mais je crois que
déjà la réponse que j'ai donnée sera celle qui sera
appliquée en pratique.
M. HARVEY: D'accord.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Article 5.09, adopté.
Article 6.01.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, nous savons que le ministre veut
que le régime d'aide sociale permette la réadaptation de
l'assisté au milieu du travail.
Nous venons d'apprendre qu'il y aura des améliorations au
chapitre des revenus que l'assisté pourra garder sur ce qu'il gagnera en
recommençant à travailler. Voici qu'à l'article 6.01 on
dit que le remboursement de l'aide sociale fournie sous forme de prêt par
le ministre directement ou par un organisme prêteur est exigible à
compter de la date à laquelle le bénéficiaire cesse
d'être admissible à l'aide sociale.
Est-ce que cela veut dire que celui qui commence à travailler et
qui ne reçoit plus de prestation du ministère est obligé
immédiatement de commencer à rembourser?
M. CLOUTIER: II faut bien se rappeler que le prêt est consenti en
attendant la réalisation d'un droit ou la vente d'un actif. C'est dans
ces cas-là que le prêt est consenti. Cela veut dire que si,
à un moment donné, il cesse d'être admissible à
l'aide sociale, c'est qu'il a réalisé son droit ou il a
encaissé le produit de la vente d'un actif. A ce moment-là, il
cesse d'être admissible, et il est en mesure de rembourser le
ministère. On ajoute dans la suite de l'article qu'à ce
moment-là il faudra revoir ce cas-là, tenant compte des biens,
des revenus, des besoins de la personne seule. On donne ce que le ministre peut
faire à ce moment-là.
M. GOLDBLOOM: Oui, d'accord.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Alors, article 6.01,
adopté. Article 6.02? Adopté. Article 6.03?
M. GOLDBLOOM: Accepté, M. le Président.
Maintenant, si l'on revient à l'article 48 pour l'accepter on
constate qu'il y a des éléments, surtout les nouveaux
éléments qui ont été apportés par la
modification proposée par le ministre, qui ne sont pas encore
représentés par des règlements dans le cahier que nous
avons. Pourrais-je demander au ministre si d'autres règlements sont
à édicter? S'il est consentant à les distribuer aux
membres de la Chambre, surtout à ceux qui sont intéressés,
et éventuellement demander à notre ami, le député
de Portneuf, de convoquer de nouveau la commission parlementaire pour en
discuter, s'il y a lieu?
M. CLOUTIER: Après l'adoption des règlements? Oui, disons
que l'étape suivante c'est la mise au point des règlements
à la lumière de nos
discussions, tenant compte des représentations qui ont
été faites devant la commission parlementaire. Evidemment, la
priorité a été donnée aux recommandations qui
touchaient le projet de loi, même si, incidemment, on a aussi
étudié les recommandations qui touchaient aux règlements.
Mais là, il nous faudra revoir, terminer le travail relatif aux
règlements, le présenter au lieutenant-gouverneur en conseil pour
adoption et, après cela, la publication. Disons que je n'ai pas
d'objection à ce que, à ce moment-là, en 1970, si l'on
veut, soit à l'occasion de l'étude des prévisions
budgétaires, ou avant, si c'est trop loin, que nous discutions de ce
problème de la réglementation.
M. GOLDBLOOM: Oui.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Adopté?
M. GOLDBLOOM: Oui. Alors, nous sommes prêts à
écouter le ministre sur les articles 61 et 62.
M. CLOUTIER: J'ai, avec mes officiers, pendant l'heure du dîner,
discuté de tout ce problème.
Voici comment il se pose. Nous avons même fait des communications
téléphoniques pour obtenir les derniers chiffres du
fédéral, chiffres du recensement des personnes
âgées, afin de donner à la Chambre les renseignements les
plus récents possible.
Alors, actuellement, il y a 354,580 pensionnés de la
sécurité de la vieillesse. Il y en aura probablement 400,000 en
janvier 1970 avec tous ceux qui vont...
M. GOLDBLOOM: Au Québec.
M. CLOUTIER: ... au Québec, en janvier 1970. Alors disons, pour
fins de calcul, prenons janvier 1970: 400,000 pensionnés de la
sécurité de la vieillesse. Cela veut dire, en termes de
coût pour l'assistance-maladie ou assurance-maladie, si nous nous basons
sur les statistiques du coût des assistés sociaux, c'est environ
$37 par tête pour les assistés sociaux si nous nous
référons aux rapports annuels qui ont été produits.
Disons, pour des chiffres les plus sécuritaires possible, prenons $40
parce que nous sommes dans le domaine des personnes âgées,
peut-être que l'utilisation sera encore plus forte que chez les
assistés sociaux. Alors prenons 400,000 personnes, en janvier 1970 avec
$40 en moyenne par tête d'utilisation des soins médicaux,
ça fera une somme de $16 millions.
M. LAFRANCE: Cela ne sera pas 400,000.
M. CLOUTIER: Non, d'accord, mais je fais une supposition. Disons que
nous allons procéder par élimination. Cela fait un montant de $16
millions qui, définitivement, ne peut pas être couvert par un
régime d'assistance médicale qui, lui, est à
caractère sélectif et non pas universel. Alors il n'y aura pas de
partage avec le fédéral. Si nous prenons maintenant ceux qui
retirent un supplément de la sécurité de la vieillesse de
$1 à $30, il y en a actuellement 225,000 sur 354,000. Nous pouvons donc
prévoir, si nous gardons la même proportion, qu'il y en aura
270,000 ou 280,000 sur 400,000 au 1er janvier.
M. HARVEY: Combien en avez-vous actuellement sur 354,000?
M. CLOUTIER: J'en ai 224,000 ou 225,000, je n'ai pas fait le calcul,
mais J'en ai 225,000 sur 354,000.
M. LEVESQUE (Laurier): Combien sont actuellement à venir, parce
qu'au fond pour cerner...
M. CLOUTIER: Ce que veut dire le député c'est ceux qui,
actuellement, retirent de l'assistance vieillesse?
M. LEVESQUE (Laurier): C'est-à-dire ceux qui, d'une façon
ou de l'autre, soit sous le régime d'assistance vieillesse qui va,
à toute fin pratique, être résorbé au 1er
janvier,...
M. CLOUTIER: Oui.
M. LEVESQUE (Laurier): ... ou sous le régime du supplément
québécois...
M. CLOUTIER: En troisième étape...
M. LEVESQUE (Laurier): ... reçoivent déjà
l'assistance médicale.
M. CLOUTIER: ... je viendrai aux chiffres de ceux qui retirent
actuellement de l'assistance vieillesse qui transféreront au 1er janvier
1970.
Disons que, pour ceux qui, dans tout le Québec, vont profiter du
supplément au revenu minimum garanti au 1er janvier, si nous nous basons
sur les chiffres actuels, au 1er janvier, il y en aura peut-être 270,000
sur 400,000.
Alors, si nous voulons faire un estimé-coût, à ce
moment-là, il faudra prendre le nombre de 270,000 personnes,
multiplié par $40, en moyenne, par tête. Donc, nous aurons environ
un montant de $11 millions de coût de soins médicaux pour
ceux-là.
M. LEVESQUE (Laurier): Le montant de $40, est-ce pour toute une
année?
M. CLOUTIER: Oui c'est pour toute une année. Il faudra diviser
par deux parce que nous parlons de six mois. D'accord.
En troisième étape, les députés de Laurier,
de Jonquière-Kénogami et de D'Arcy-McGee me demandent quel est
maintenant le nombre de personnes qui ont actuellement de l'assistance
vieillesse, donc une allocation du provincial, ils ont 65 ans, et qui, au 1er
Janvier transféreront sous le régime de la sécurité
de la vieillesse. Nous pouvons dire qu'il y en a 3,000.
M. LEVESQUE (Laurier): Non, ce n'est pas ça. Ce que j'ai
demandé c'est ceci. C'est qu'actuellement avec l'assistance
médicale vous avez à la fois ceux qui sont sous l'assistance
vieillesse du Québec, donc, par conséquent, normalement sont
à l'assistance médicale, Je crois?
M. CLOUTIER: Oui.
M. LEVESQUE (Laurier): Mais aussi ceux dont le ministre parle si souvent
qui, depuis l'établissement des suppléments, etc. ont
été retransférés, après avoir fait une
demande... autrement dit, celui qui a sa pension de vieillesse universelle, qui
a également le supplément et ayant perdu, à ce
moment-là, dans la plupart des cas, son droit au supplément
québécois d'assistance, a été
réinstallé le ministre en parle très souvent
c'est pour ceux-là qu'il s'agirait de calculer au complet.
Autrement dit, parmi les 270.000 il doit y en avoir déjà
un paquet qui sont sous l'assistance médicale.
Il y a 1, 2, 5...
M. CLOUTIER: Quand nous avons fait les discussions, lors de
l'étude des prévisions budgétaires, nous avons
parlé de 18,000.
Nous en avions réinstallés, en fait, disons une dizaine de
mille. Dans 4,000 cas, on n'avait pas eu de réponse. On pourrait
toujours trouver cela dans le débat qu'on avait fait, à ce
moment-là. Je pense qu'il y en avait 4,000 qui n'avaient pas fait une
nouvelle demande. On a récrit à ces gens-là pour leur
demander pourquoi ils n'avaient pas fait une nouvelle demande. Je ne me
souviens pas exactement du compte final, mais je pense que c'était
environ 4,000 ou 5,000 personnes, à ce moment-là, qui n'avaient
pas reçu la carte médicale. Il y avait 4,000 ou 5,000 personnes,
à part les 4,000 qui n'avaient pas répondu, qui n'avaient pas pu
se reclasser pour recevoir une autre allocation et, par le fait même,
leur carte d'assistance médicale.
M. LEVESQUE (Laurier): Ce qui m'intéresse, honnêtement,
c'est de savoir combien sont actuellement reclassés et font partie de ce
groupe qui émarge déjà à l'assistance
médicale et qui a 65 ans et plus.
M. CLOUTIER: Je ne l'ai pas ici ce soir, mais grosso modo on pourrait
faire une estimation. Disons qu'il y a 3,000 personnes. Prenons aussi ceux qui
vont arriver au 1er janvier et qui seront dans le même cas.
M. HARVEY; Partons immédiatement...
M. CLOUTIER: Prenons ceux-là, il y en a 3,000.
M. HARVEY: Au départ, pour ne pas se tromper, 224,000 personnes
ont actuellement des suppléments à la sécurité de
la vieillesse, sur 350,580 récipiendaires. Combien y ena-t-il sur les
224,000, qui reçoivent actuellement un supplément du provincial
et, par le fait même, leur carte d'assistance médicale? On
pourrait alors établir un chiffre approximatif.
M. CLOUTIER: Je ne l'ai pas exactement. Je peux vous donner une
approximation, mais il faudra la prendre sous toute réserve. Je ne peux
pas certifier le chiffre que je vais vous donner autant que les autres
chiffres, mais on pourrait dire qu'à même les 224,000 il y en a
à peu près 20,000 qui reçoivent actuellement un
supplément du Québec et qui ont leur carte d'assistance
médicale.
M. LEVESQUE (Laurier): Le ministre me permettra de lui faire remarquer
ceci. Si, après toutes les opérations dont on a eu la
description, surtout au moment de ses crédits, il y en a à peu
près 20,000 sur 224,000 actuellement, il admettra quand
même...
M. CLOUTIER: Il y en a 224,000 qui ont un supplément de la
sécurité de la vieillesse.
M. LEVESQUE (Laurier): Daccord.
M. CLOUTIER: Mais ils n'avaient pas nécessairement de
l'assistance-vieillesse. Ils ont fait une demande une fois rendus à
l'autre régime.
M. LEVESQUE (Laurier): Ce que je veux dire, c'est qu'actuellement il y a
à peu près 10% de ceux qui touchent déjà un
supplément qui sont réinstallés ou installés
à l'assistance médicale, grosso modo.
M. CLOUTIER: Oui.
M. LEVESQUE (Laurier): Sous toute réserve, comme l'a dit le
ministre. Si on tient compte de cela et du fait qu'il reste normalement
à peu près six mois, il est fort probable que tout ce qu'on
pourrait faire, en acceptant l'idée qui a été
suggérée cet après-midi, ce serait peut-être de
doubler ces chiffres-là et non pas d'arriver avec des chiffres
astronomiques comme ceux que le ministre nous donnait de 270,000, parce qu'on
sait ce qu'est la procédure, etc.
Mais, s'il y avait, au moins 20,000 ou 25,000 autres personnes
âgées qui en ont vraiment besoin et qu'on aurait le temps de
l'installer, est-ce que cela n'en vaudrait pas la peine? Ne nous faisons pas
d'illusions! Vous n'en passerez pas 270,000, tel que je connais les
procédures. Mais, s'il y en a 20,000 et qu'il y en a, peut-être,
encore 10,000 ou 20,000 qui sont particulièrement mal pris et que vous
pouvez passer à travers votre tamis, ce serait toujours bien 10,000 ou
20,000 vieux citoyens du Québec qu'on sortirait de ce
problème-là, pour les six mois qui viennent.
M. CLOUTIER: Ce que je voulais faire comme suggestion et qui pourrait
être accepté, c'est que, d'abord, sans enquête, on accorde
aux 3,000 qui seront transférés au 1er janvier prochain une
allocation nominale de $1, sans leur enlever leur carte. En fait, on la leur
enlèverait pour quatre mois, parce qu'ils ont déjà la
possibilité de l'avoir encore pour deux mois, parce que le temps pendant
lequel le transfert se fait compte. C'est une période de quatre mois
jusqu'à régime d'assurance-maladie.
Pour ces 3,000 personnes-là, je crois bien que je peux dire ce
soir qu'il n'y a pas de problème. Je serais prêt à
suggérer au conseil des ministres qu'il y ait une allocation nominale de
$1 et qu'on leur laisse la carte. Quant à l'autre groupe, je me demande
si on pourrait procéder de la façon dont l'Opposition le
suggère, puisque la loi entre en vigueur sur promulgation. Si on inclut
une disposition dans la loi, cela veut dire que, si la loi entre en vigueur au
1er mars ou au 1er avril, il y aurait une période de trois mois
seulement pendant laquelle ils pourraient profiter de cette allocation. Etant
donné que cela ne réglera pas la question...
M. LEVESQUE (Laurier): Si le ministre me le permet. Comme on l'a fait
pour d'autres articles, il y a moyen, dans certains cas, de retarder et, dans
d'autres cas, d'avancer la mise en application des articles.
M. CLOUTIER: Oui, mais, pour les 3,000 personnes, on va procéder
par une allocation de $1 dans les cas qui nous seront soumis des personnes qui
profitent d'un supplément de la sécurité de la vieillesse
et qui, déjà, à un moment donné, ont eu la carte
médicale. S'il se présente de la maladie, disons qu'en pratique,
sans inscrire quoi que ce soit dans la législation, on peut les couvrir
rétroactivement avec la carte d'assistance médicale. Je crois que
c'est possible en pratique de le faire, du moment que les instructions en
conséquence seront données à nos bureaux. Alors, je pense
que l'on pourrait procéder ainsi pour cette courte période de
transition, sans créer de perturbations dans le système actuel et
sans créer de précédents.
Ce que je voudrais souligner au député de Laurier, c'est
que, quand on aura le régime d'assurance-maladie et une loi-cadre pour
l'assistance médicale, soit l'assistance-médicaments et
l'extension, si on a, de façon trop générale, pour un
secteur de la population disons, pour les personnes âgées
créé un précédent sur lequel on n'a pas de
contrôle, à ce moment-là, il faudra encore, je crois,
donner une extension pour couvrir les cas marginaux. Le député
parle, à ce moment-ci, de ceux qui en ont besoin dans le secteur des
personnes âgées. Je comprends qu'ils sont plus vulnérables
à la maladie. Mais, si on les prend par secteur de revenu, il y a aussi
ceux qui ont des revenus marginaux et qui sont juste au-dessus de la ligne de
démarcation. Eux aussi, ils auraient certainement raison de dire: Bien,
si vous le donnez aux personnes âgées, pourquoi nous, nous
n'aurions pas le droit d'avoir aussi la carte d'assistance médicale?
Ce sont des précédents et ces discriminations à
l'endroit de certains secteurs qu'il faut tenter d'éviter. Par
l'application intelligente de la réglementation et pour traverser cette
période de transition en attendant l'assurance-maladie universelle, au
1er juillet, je crois qu'on peut le faire, tel que je l'ai indiqué tout
à l'heure.
M. HARVEY: II faudrait bien se comprendre. Les seuls
récipiendaires de pensions qui ne possèdent pas une carte
d'assistance médicale, y compris ceux qui bénéficient de
l'assistance-chômage, sont les détenteurs d'une pension de
sécurité de la vieillesse du gouvernement fédéral.
Ce sont les seuls. Parmi eux, 224,000 sont jugés nécessiteux,
c'est-à-dire dans le besoin de retirer une partie ou le
supplément complet accordé par la loi fédérale du
revenu minimum garanti. Donc, sur 224,000, 20,000, pour prendre le chiffre du
ministre, ont une carte d'assistance médicale et reçoi-
vent un supplément additionnel du gouvernement provincial. Cela
veut dire que 90% des 224,000, soit 200,000 personnes âgées au
Québec, sont jugées nécessiteuses par le gouvernement
fédéral.
M. CLOUTIER: De $1 à $30...
M. HARVEY: Ce sont les seules personnes nécessiteuses vivant au
Québec qui ne possèdent pas une carte d'assistance
médicale.
M. CLOUTIER: Bien, il faut s'entendre...
M. HARVEY: La seule raison, c'est parce qu'elles reçoivent
entièrement leur pension et leur supplément du gouvernement
fédéral.
M. CLOUTIER: Il faut s'entendre sur « nécessiteuses
», là. Il y a des personnes, dans les 200,000 qu'il reste, qui
reçoivent de $1 à $30. Si elles reçoivent, en vertu de la
loi du revenu minimum garanti, un supplément de la
sécurité de la vieillesse de $1, c'est donc qu'elles ne sont pas
nécessiteuses au point de recevoir le maximum du supplément. Il y
a des degrés là, suivant le revenu.
M. HARVEY: C'est sûr.
M. LEVESQUE (Laurier): Cela pourrait être intéressant.
Est-ce que le ministre a obtenu des chiffres d'Ottawa sur la proportion de ceux
qui, dans cette optique-là, seraient considérés par les
autorités fédérales comme complètement
nécessiteux, c'est-à-dire qui obtiennent le supplément au
complet?
M. CLOUTIER: Non, je n'en ai pas. Evidemment, nous avons fait cela vite,
à l'heure du lunch.
M. LEVESQUE (Laurier): Cela permettrait d'éclairer, en gros.
M. CLOUTIER: Je conçois que ce serait intéressant de
l'avoir, mais je ne l'ai pas, à ce moment-ci. Nous avons obtenu les
chiffres rapidement, à l'heure du lunch. Mais, ce sur quoi je voudrais
attirer l'attention du député de Jonquière, c'est qu'il y
a des personnes âgées qui ont la sécurité de la
vieillesse, une partie du supplément de la sécurité de la
vieillesse et qui auront des revenus plus élevés que ceux qui ont
des revenus marginaux et qui n'auront pas la carte d'assistance
médicale. Alors, je veux qu'on fasse la comparaison au complet.
M. LEVESQUE (Laurier): Cela est vrai depuis le début. Dans le cas
de l'assistance médicale...
M. CLOUTIER: Oui, d'accord.
M. LEVESQUE (Laurier): ... on a quand même couvert ceux qui
étaient officiellement disons, j'emploie un terme
détestable, mais c'est celui qui était accepté des
indigents. On n'a pas couvert les médicalement indigents qui
n'étaient pas dans l'indigence au sens de la loi, mais qui peuvent
l'être au sens médical. Cela a été vrai depuis le
début. Dans beaucoup de coins du Québec et beaucoup de quartiers
des villes aussi on se faisait dire sans arrêt, par des gens qui avaient
de tout petits moyens; « Qu'est-ce que ça nous donne de
travailler, nous autres on a à peine autant, dans bien des cas on a
même moins que des gens qui sont sur l'assistance et on n'a pas droit aux
soins »? Cela reste quelque chose de détestable, mais au moins
ceux qui étaient couverts étaient couverts.
M. CLOUTIER: De façon pratique, je peux prendre l'engagement
suivant: les 3,000 personnes qui vont passer du régime de
l'assistance-vieillesse à la sécurité de la vieillesse le
1er janvier seront considérées comme des récipiendaires
d'allocations en vertu des lois provinciales et recevront la carte d'assistance
médicale. Les autres qui sont dans la catégorie dont parlent les
députés de l'Opposition et qui ont déjà eu une
carte d'assistance médicale, je crois que je pourrai les inviter
à faire une nouvelle demande au ministère et qu'on leur donnerait
toute la latitude, toute la générosité, toute la
disponibilité nécessaire pour les entrer dans la même
catégorie que les 3,000.
M. LEVESQUE (Laurier): En plus de l'appel...
M. CLOUTIER: Si on veut...
M. LEVESQUE (Laurier); En plus de l'appel public, est-ce que le ministre
pourrait aussi s'engager un peu à donner des instructions dans ce
sens-là à ses employés? Cela compte aussi.
M. CLOUTIER: Oui, les principaux responsables sont ici, alors ils ont
bien...
M. SAINT-GERMAIN: Un des arguments de base du ministre c'est cette
question de l'assurance-maladie de juillet 1970. Si on n'a pas à ce
moment-là cette loi, toute l'argumen-
tation du ministre tombe à l'eau. Comment peut-on concevoir ou
penser que cette loi va être votée envers et contre tous? D'ici
juillet 1970, il va couler de l'eau sous les ponts...
M. CLOUTIER: Voici...
M. SAINT-GERMAIN: ... au pays et c'est loin d'être chose
faite.
M. CLOUTIER: Non, voici...
M. SAINT-GERMAIN: Une argumentation entièrement basée sur
cette chose comme si elle allait absolument arriver, eh bien, à mon
avis, c'est une argumentation extrêmement faible. Cette loi nous a
été promise trois fois par M. le ministre, à chaque
année depuis trois ans. Si la loi de l'assurance-santé de 1970
prend autant de temps, l'argument tombe à l'eau.
M. LEVESQUE (Laurier): Ce que veut dire le député, c'est
que si ce n'est pas là le 2 juillet, il va y avoir un mauvais 2 juillet
pour le ministre.
M. SAINT-GERMAIN: Ensuite, M. le Président, si vous me le
permettez...
M. CLOUTIER: M. le Président, vous me permettrez de rassurer
très brièvement les députés au sujet du
régime d'assurance-maladie. Cela répond à certaines
déclarations qui ont été faites aussi en dehors de cette
Chambre, à certaines craintes exprimées par certains
députés quant a la possibilité d'avènement du
régime. Je dois dire que nous travaillons au ministère
très étroitement avec la régie de l'assurance-maladie.
J'ai pris connaissance de ses travaux, du cheminement critique, des
étapes franchies, de ce qui reste à franchir. Elle est
responsable de l'implantation des mécanismes administratifs; cela c'est
sa partie. Nous, au ministère, nous avons la responsabilité des
négociations. C'est peut-être le point le plus délicat.
Nous avons déjà négocié avec les médecins,
en fait, depuis 1966. Le gouvernement précédent, le
député de Laurier a déjà négocié avec
les médecins au début. Nous avons négocié
continuellement depuis ce temps-là et ça n'a pas toujours
été facile. Il y a eu des hauts et des bas, mais nous avons enfin
signé des conventions et des ententes avec les médecins.
Actuellement, les négociations sont en cours. Quelles que soient les
rumeurs qui ont circulé à ce sujet, les négociations sont
en cours. Je dirais qu'elles sont peut-être plus avancées avec les
omnipraticiens. D'ailleurs, ce n'est pas une surprise; cela a toujours
été ainsi...
M. LEVESQUE (Laurier): Dites-nous du nouveau!
M. CLOUTIER: Et avec les spécialistes, il y a eu aussi des
rencontres...
M. LEVESQUE (Laurier): Les maudits spécialistes!
M. CLOUTIER: Le député de Laurier fait une remarque au
député de D'Arcy-McGee.
M. LEVESQUE (Laurier): II l'a entendue, mais il fait semblant de ne pas
l'avoir entendue.
M. CLOUTIER: De ce côté-là les négociations
sont commencées. Elles se font par l'intermédiaire du bureau des
relations de travail des ministères de la Santé et de la Famille
il y a une direction conjointe pour les deux ministères et
des spécialistes en négociations ont été
appointés, le grand responsable étant Me Gilles Corbeil. Le Dr
Boivin, ministre d'Etat à la Santé, et le député de
Saint-Jacques, M. Cournoyer, suivent de très près la
négociation.
C'est leur responsabilité précise. Cela, c'est ce qui
concerne la négociation.
Du côté de la mise en place du régime, nous sommes
à élaborer la législation par un comité
spécial. Sous l'autorité du ministre de la Santé, une
équipe a été mise en place, équipe de recherche,
conceptualisation, appelez-la comme vous voudrez, mais il y a là-dedans
tous ceux qui peuvent apporter leur concours à l'élaboration de
la législation.
C'est déjà avancé, et à la reprise de la
session, la prochaine session, j'apporterai à cette Chambre la
législation pour l'assurance-maladie.
Alors, les négociations étant couronnées de
succès comme Je l'espère, avec la collaboration de la profession
médicale, toute la profession, les deux sections, je crois qu'il nous
sera possible, du moins c'est possible administrati-vement, c'est possible' du
point de vue de la législation et ce sera possible, aussi, par les
ententes avec les médecins, d'être en temps avec le régime
d'assurance-maladie au 1er juillet 1970.
De toute façon, nous en avons fait la priorité
première, et nous mettrons tout en oeuvre pour que cela se
réalise.
M. LEVESQUE (Laurier): Est-ce que le ministre me permet une question
là-dessus, Juste sur le contenu? Je ne veux pas empêcher le
député de Jacques-Cartier de continuer.
Si J'ai bonne mémoire, l'ex-député de
Saint-Jacques, ministre des Finances, quand il a pré-
senté dans son discours du budget, parce que c'est de là
que tout a commencé de façon précise, quand il a
présenté le plan, le projet d'assurance-maladie, il en
conditionnait la réalisation à des accords avec le gouvernement
fédéral qui représentaient à peu près la
moitié, je crois, grosso modo, du coût total qu'on escomptait.
Si je ne me trompe pas je pense que ma mémoire ne m'est
pas infidèle est-ce que ce n'est pas un quatrième
élément? Parce que la régie s'occupe de l'administration,
le ministère négocie, il y a la législation qui va venir
ici, mais, au point de vue des coût, où en est-on dans cela? Si
j'ai bonne mémoire, cela n'était pas négocié.
M. CLOUTIER: Au 1er juillet 1970, il n'y a pas de difficulté avec
le gouvernement fédéral pour la récupération des
sommes, en autant que le régime est compatible avec le régime
fédéral. Nous nous assurons, dans la mise en place de la
législation, que le régime soit compatible avec le régime
fédéral. Donc, il n'y a pas de problème à partir du
1er juillet 1970.
Avant cela, nous tentons, par la négociation, de
récupérer des sommes que nous prétendons appartenir au
Québec en vertu de l'imposition spéciale qui a été
faite par le gouvernement fédéral, soit les 2% de la taxe de
progrès social. Mais, même si ces négociations
n'étaient pas couronnées de succès, cela ne compromet pas
la mise en marche du système à partir du 1er juillet 1970.
M. SAINT-GERMAIN: Oui, mais, moi, je sais bien que le ministre dit la
vérité, je sais bien qu'il est sincère. D'ailleurs,
lorsqu'il nous a promis, il y a déjà trois ans passés, le
bill 26, c'est avec sincérité et détachement qu'il nous a
rassurés. Nous l'avons cru, d'ailleurs. Nous avons réellement cru
avoir le projet de loi. Il a fait cela trois années de suite et à
tous les ans, aussi, il nous a toujours dit avec franchise, avec
désintéressement, les raisons pour lesquelles il ne pouvait pas
nous donner le bill durant la session en cours. Nous l'avons encore cru.
Mais, lorsqu'il parle de l'assurance-santé pour juillet 1970, je
ne doute pas qu'il soit sincère et désintéressé
nous le croyons d'ailleurs, nous croyons en sa parole et
lorsqu'il nous dira, un peu plus tard, les raisons pour lesquelles il n'a pas
pu appliquer la loi en 1970, nous le croirons encore. Seulement, le temps court
durant ce temps-là.
M. CLOUTIER: M. le Président, le député de
Jacques-Cartier est optométriste.
M. SAINT-GERMAIN: Oui.
M. CLOUTIER: Eh bien, il ne faudrait pas qu'il compromette les chances
des optométristes d'entrer dans le régime
d'assurance-maladie.
M. SAINT-GERMAIN: Compromettre les gens? Je ne comprends pas.
M. CLOUTIER: Disons que le ministre est bien disposé à
l'endroit des optométristes.
M. SAINT-GERMAIN: Oui.
M. CLOUTIER: Alors, je pense que l'opto-métriste qu'est le
député de Jacques-Cartier devrait prendre la parole du ministre
de la Santé...
M. SAINT-GERMAIN: Je prends la parole du ministre de la
Santé.
M. CLOUTIER: ... et lui faire confiance.
M. SAINT-GERMAIN: Mais, d'ailleurs, M. le Président, je m'excuse,
je ne parle pas ce soir à titre d'optométriste. Je parle à
titre de député de Jacques-Cartier, et c'est à ce titre
exclusivement que je faisais mes remarques.
Je n'ai pas abordé, vous l'avez bien remarqué, M. le
Président, la question de l'optométrie. Ce n'est pas par biais
que je... Quand je voudrai parler d'optométrie, j'en parlerai bien
directement. Cela, le ministre le sait. Et, si ce soir je n'en ai pas
parlé, c'est qu'il m'a promis, cette semaine, qu'il ferait une
déclaration ministérielle regardant l'optométrie. Alors,
Je tiens bien ma parole. Parce que si je ne croyais pas à la parole du
ministre, j'aurais parlé, lors de ce bill, d'optométrie, et j'en
aurais parlé longuement.
Alors, c'est une preuve que je crois encore le ministre.
M. CLOUTIER: Je sais que le député de Jacques-Cartier,
évidemment, veut taquiner le ministre de la Santé en disant qu'il
y a eu des retards dans d'autres lois. Il est possible qu'il y ait des retards
dans l'assurance-maladie, mais je viens de lui démontrer que nous avons
mis tous les mécanismes en oeuvre, pour arriver à temps avec le
régime tel que promis. J'ai également voulu lui retourner la
politesse et le taquiner en lui disant de ne pas compromettre les chances des
optométrlstes d'entrer dans le régime d'assurance-maladie. J'ai
donc fait presque une déclaration ministérielle.
M. SAINT-GERMAIN: Alors, entendu. J'aurais d'ailleurs dû sourire,
en faisant ma déclaration, mais de toute façon, il y a une autre
chose que j'aimerais ajouter, M. le Président. Cela fait
déjà longtemps que l'on étudie ce bill 26, et cette
question de carte médicale aux vieillards a donné lieu à
des débats l'année dernière. Je crois que le gouvernement
aurait dû être sensibilisé à cette question. Je suis
un peu surpris de voir que, lors de l'étude de ce bill 26, on n'ait pas
étudié cette question dans son ensemble et qu'on soit, encore ce
soir, obligé de s'en remettre non pas à une politique d'ensemble
regardant la carte médicale, mais à une politique sans corps,
sans ordre, laissée un peu à la discrétion du ministre ou
du ministère. Je crois que c'est une grave lacune si l'on
considère que cette loi-là est déjà à
l'étude depuis très, très longtemps.
M. CLOUTIER: De toute façon, je continuerai en aparté la
conversation avec le député de Jacques Cartier.
M. HARVEY: M. le Président, pour mettre un terme aux discussions
entre le député de Jacques-Cartier et le ministre de la
Santé, il est bien sûr que le ministre de la Santé a promis
à plusieurs reprises cette loi et l'a enfin amenée devant cette
Chambre. Je suis convaincu que toutes les fois qu'il l'a fait, le connaissant,
il était vraiment sincère, mais tout simplement, il faut
déduire qu'il essuyait un refus de la part de ses collègues du
conseil des ministres, il ne faut pas en tenir grief au ministre
lui-même.
M. CLOUTIER: M. le Président.
M. HARVEY: M. le Président, je sais qu'il est un homme de parti,
et quand même je ferais une affirmation semblable, il devra normalement
la nier.
M. CLOUTIER: M. le Président, j'ai eu la collaboration de tous
mes collègues et particulièrement de celui que cela touche le
plus, le ministre des Finances.
M. HARVEY: Mais avec un petit peu de retard.
Voici, M. le Président, bien que je n'aie pas obtenu
entièrement ce que je désirais, c'est-à-dlre l'obtention
de la carte médicale pour les 224,000 récipiendaires de la
sécurité de la vieillesse et le supplément ou partie de
supplément, il reste cependant que les 3,000 personnes qui, au 1er
janvier, se verront transférées à la législation
fédérale, c'est-à-dire de l'assistance vieillesse à
la sécurité de la vieillesse, eh bien, au nom de ces 3,000
personnes âgées, je voudrais remercier sincèrement le
ministre d'avoir bien voulu accepter de leur faire conserver leur carte
d'assistance médicale.
Quant au nombre, qu'il est impossible de définir, de ceux ou
celles qui ont déjà détenu une carte d'assistance
médicale, mais qui l'ont perdue à l'occasion de leur transfert
à la sécurité de la vieillesse, je prends encore la parole
du ministre à l'effet que sur une lettre ou sur la présentation
d'une demande, ils seront réintégrés dans leur droit,
c'est-à-dire reprendront possession de leur carte d'assistance
médicale. En leur nom, également merci.
Quant aux autres, je suis le premier à espérer qu'à
la date du 1er juillet 1970, lors de la présentation d'une loi
spéciale ou encore lors de l'entrée en vigueur d'une loi sur les
médicaments et soins médicaux pour les assistés sociaux,
que ces gens-là, récipiendaires d'un supplément, se
verront inclure parmi ceux qui bénéficieront, dès le
début, de l'assurance-maladie au Québec, c'est-à-dire
juillet 1970.
Je souhaite une meilleure chance au ministre de la Santé cette
fois-là dans ses pronostics, c'est-à-dire que j'aimerais que ses
collègues le comprennent mieux pour ne pas le faire mentir trois fois,
parce qu'il n'est pas un menteur.
M. CLOUTIER: M. le Président, j'ai écouté avec
beaucoup d'attention les remarques du député de Jonquière,
et je lui dirai que si je peux proposer en Chambre des lois aussi importantes
dans le domaine social, c'est que j'ai l'appui de mes collègues, tous
les députés, les membres du conseil des ministres, le premier
ministre et le ministre des Finances, qui est appelé à payer la
facture.
M. le Président, avant de terminer l'étude du projet de
loi, il y a deux amendements que nous avions laissés en suspens pour
fins de rédaction, et c'est à l'article 43. Je voudrais les
lire.
L'article 43: « La commission peut permettre à une personne
de former un appel après l'expiration de ce délai si cette
personne démontre qu'elle a été en fait, dans
l'impossibilité d'agir plus tôt ». C'est l'article 43.
M. HARVEY: A l'article 43, on avait parlé de 90 jours.
M. CLOUTIER: Et l'article 47, qui se lirait comme suit c'est un
autre paragraphe à l'article 47 : « Chaque membre de la
commission doit transmettre au ministre, à l'expiration de chaque mois,
un rapport mentionnant le nombre de causes entendues par lui pendant
le mois, le nom de l'appelant, l'endroit et la date de l'audition, la
date de la décision, la nature de la décision. Le ministre peut
faire faire ces rapports sur des formules préparées suivant ses
instructions. Le ministre prépare un résumé de ces
rapports à la fin de chaque exercice financier. Ce résumé
fait partie du rapport annuel du ministère de la Famille et du Bien-Etre
social.
M. HARVEY: Parfait.
M. GOLDBLOOM: Très bien, M. le Président.
M. CLOUTIER: Alors...
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Le titre aussi, oui.
M. le Président, j'ai l'honneur de faire rapport que le
comité a adopté le bill 26 avec les amendements qu'il vous prie
d'agréer.
M. LE PRESIDENT (M. Lebel): L'honorable ministre de la Santé, de
la Famille et du Bien-Etre social propose que les amendements soient maintenant
lus et agréés. Cette motion sera-t-elle adoptée?
Adopté.
M. CLOUTIER: M. le Président, nous pourrions procéder
à la troisième lecture, si l'Opposition n'a pas d'objection.
Troisième lecture
M. LE PRESIDENT: Du consentement unanime de la Chambre, l'honorable
ministre de la Santé, de la Famille et du Bien-Etre social propose la
troisième lecture du bill 26. Cette motion sera-t-elle
adoptée?
Adopté.
M. CLOUTIER: Seulement un mot pour remercier l'Opposition et tous les
membres de cette Chambre, du côté ministériel aussi, de
leur participation à ce débat et de la collaboration qu'ils ont
apportée dans l'étude de ce projet de loi extrêmement
Important, et tous nos officiers.
Bill 10 Deuxième lecture
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre de la Justice propose la
deuxième lecture de la Loi concernant les régimes
matrimoniaux.
L'honorable ministre de la Justice.
M. Rémi Paul
M. PAUL: Qu'il me soit permis, au tout début de mes
remarques...
M. LESAGE: Je pensais que le ministre de la Justice allait commencer par
l'exclamation « Vive les femmes libres I »
M. PAUL: Ce sera à une autre époque.
Je disais donc qu'au début de mes remarques je veux porter
à la connaissance de la Chambre le décès subi de Me
Louis-M. Beaudoin survenu ce matin, ex-professeur de droit à
l'université McGill et professeur invité à
l'université de Montréal.
M. Beaudoin laisse dans le deuil son épouse, deux enfants,
Jean-Luc et Anne-Marie, sa fille, attachée au ministère des
Affaires culturelles.
C'est un devoir pour moi de présenter mes plus vives sympathies
en mon nom personnel et au nom de tous les députés
ministériels, à Mme Beaudoin et à ses enfants, en raison
de l'apport extraordinaire apporté par son mari dans la
préparation du projet de loi que nous étudions ce soir.
Me Beaudoin était un juriste éminent, autant de droit,
dont les publications commandaient le plus grand respect devant nos tribunaux.
Je veux donc offrir à Mme Beaudoin et à ses enfants mes meilleurs
voeux de bon courage dans ces heures difficiles.
En effet, M. le Président, le comité de juristes
chargé de l'étude des régimes matrimoniaux se composait du
notaire Lesage, de Hull, décédé il y a quelques
années, de Me Beaudoin, décédé malheureusement ce
matin, de Me Louis Marceau, notre protecteur du citoyen, et du notaire Roger
Comtois.
Si nous sommes en mesure, ce soir, de franchir une étape nouvelle
dans l'histoire de notre droit civil, nous le devons à ces juristes qui,
depuis environ cinq ans, ont reçu des mémoires, ont
étudié les différentes recommandations qui furent faites
pour, finalement, nous présenter un projet de loi qui, en mars dernier,
subissait sa première lecture.
Préalablement, à la rédaction de ce projet de loi,
l'Office de révision du code civil avait entendu plusieurs
représentants de corps intermédiaires. Mais, c'est surtout
à la commission de la justice qu'un travail en profondeur s'est
accompli.
En effet, cette commission a tenu dix séances, et qu'il me soit
permis de rappeler les noms des différents organismes qui se sont fait
entendre devant notre commission. Nous avons eu d'abord l'Office de
révision du code civil,
la Chambre des notaires du Québec, le Barreau du Québec,
la Voix des femmes, section duQué-bec, la Fédération des
travailleurs du Québec, la FTQ, la Confédération des
syndicats nationaux, la CSN, l'Association des femmes de carrière du
Québec, l'Association féminine d'éducation et d'action
sociale, la Fédération des femmes du Québec, la
Fédération des unions de familles, le Protecteur du citoyen, la
Ligue des droits de l'homme, l'Association canadienne des compagnies
d'assurance-vie et l'Association des compagnies de fiducie du Canada.
Et, à titre individuel, les membres de la commission ont
reçu des communications de Me Ernest Caparros, professeur à la
faculté de droit de l'université Laval, et de Me A.L.Baxter,
membre du Barreau de l'Ontario et de « The Ontario Law Reform Commission
».
Voilà, M. le Président, dans quelle atmosphère,
dans quel esprit, dans une démocratie très vivante, les membres
de la commission ont étudié et se sont conformés au mandat
qui leur avait été délégué par la Chambre
aux fins d'analyser la possibilité d'aller de l'avant avec un principe
de droit nouveau, inconnu jusqu'ici dans notre système de droit
civil.
Vous me permettrez, M. le Président, avant d'aller au coeur
même de mon discours sur la deuxième lecture de ce projet de loi,
de remercier d'une façon tout spéciale le notaire Roger Comtois,
Me Paul Crépeau, président de l'Office de révision du code
civil, sans compter le travail merveilleux accompli par les officiers
légistes Pierre Beaudoin et Benoît Morin.
De plus, nous avions l'avantage de jouir de l'expérience que
possède l'honorable député de Marguerite-Bourgeoys qui,
depuis quelques années, s'est intéressée à tous ces
problèmes de notre évolution du droit dans les domaines de
régimes matrimoniaux et autres secteurs de notre droit civil. Le
résultat que nous offrons est celui d'un travail d'équipe
dégagé de toute partisanerie et qui nous permet, avec
fierté, de présenter à cette Chambre une motion de
deuxième lecture pour l'adoption de ce projet de loi no 10.
Le projet de loi, bill 10, concernant les régimes matrimoniaux et
s'inspirant d'un rapport de l'Office de révision du code civil, propose
une importante réforme de l'organisation des rapports pécuniaires
entre les époux. Dans ce secteur du code civil du Québec, les
politiques législatives n'ont guère changé depuis
l'introduction en Nouvelle-France, au XVIIe siècle, des règles de
la coutume de Paris.
Autorité familiale hiérarchisée, nous trouvons ces
dispositions aux articles 173 et suivants ainsi qu'à l'article 243 de
notre code ci- vil. Le régime légal de communauté de
biens, nous nous référons à ce moment-là aux
articles 1270 et suivants de notre code civil. L'immutabilité des
régimes matrimoniaux, article 1265, alinéa 1er de notre code
civil. Prohibition de certaines transactions entre conjoints, voilà des
dispositions que l'on retrouve aux articles 1265, alinéa 2, 1301 et 1483
de notre code civil. Le législateur de 1866, n'ayant pas cru devoir
innover en la matière, consacra tout simplement dans le code civil du
Bas-Canada cette conception des relations entre époux issue des
anciennes coutumes.
A l'époque de la codification, une telle décision pouvait
certes paraître tout à fait naturelle, car le schème
légal proposé aux législateurs par les codificateurs
pouvait encore correspondre aux conceptions dominantes que l'on se faisait
alors de la société conjugale. Mais, depuis la codification de
1866, on sait que l'industrialisation et l'urbanisation, que les grandes
découvertes de la science et de la technique, que les deux guerres
mondiales ont complètement bouleversé les données sociales
et économiques de la société québécoise.
Cette évolution rapide et accélérée des faits
sociaux devait inévitablement affecter les moeurs, notamment au sein de
la famille.
Il en est résulté, graduellement dans les faits, une
profonde modification des rapports personnels et pécuniaires entre les
époux. C'est le phénomène de l'éclatement de la
famille patriarcale. C'est aussi le phénomène de
l'émancipation de la femme et plus particulièrement de la femme
mariée. On doit toutefois admettre qu'une certaine attitude à
l'égard du code civil a longtemps freiné, sinon
empêché, un réexamen en profondeur des rapports Juridiques
entre les membres d'une famille, notamment entre époux ou encore entre
parents et enfants.
Mais aujourd'hui le processus d'adaptation des lois civiles aux
exigences de la réalité sociale est résolument
engagé. Le gouvernement a confié à l'Office de
révision du code civil la mission de proposer une réforme
générale des institutions juridiques de droit privé afin,
précisément, d'accorder le droit à la
réalité, de faire disparaître ou tout au moins
d'atténuer le décalage entre le droit et les faits.
Sur le plan du droit familial, une importante étape a
déjà été franchie par l'adoption en 1964 du bill 16
qui proclamait la pleine capacité juridique de la femme mariée et
associait l'épouse à la direction morale et matérielle du
foyer. Ce n'était tout de même qu'une première
étape. Depuis, diverses questions ont été mises en
chantier et récemment on s'en souviendra trois lois
venaient modifier sensiblement le droit
existant. Une loi sur l'adoption devait faciliter les conditions
d'adoption d'un enfant et consacrer sa pleine intégration dans sa
famille adoptive. Ce projet de loi a été sanctionné le 9
juin 1969. Une autre loi permit la célébration civile du mariage.
Cette loi était sanctionnée le 14 novembre 1968. Une
troisième, enfin, venait harmoniser le code civil et la
législation fédérale récente relative au divorce.
C'est le bill 8 sanctionné le 2 mal 1969.
Mais en même temps un autre secteur important du code, celui des
relations pécuniaires entre les conjoints, faisait l'objet
d'études spéciales qui aboutirent à la présentation
de ce projet de loi sur les régimes matrimoniaux. Il convient ici de
souligner que ce ne sont là que les premiers jalons d'une réforme
globale du droit familial. En effet, d'autres projets sont annoncés,
d'autres étapes, notamment en matière de protection du domicile
conjugal et en droit successoral, seront franchies afin de doter le
Québec d'un droit familial accordé aux moeurs de la
société québécoise de cette fin du XXe
siècle.
Ce projet de loi sur les régimes matrimoniaux a
déjà lui-même franchi plusieurs étapes et subi au
cours de chacune d'elles de nombreuses modifications. En effet, au sein de
l'office de révision du code civil, le rapport du comité des
régimes matrimoniaux fut d'abord au printemps 1966,
présenté au public, en particulier à divers organismes
professionnels et associations à caractère religieux, familial ou
social, afin de connaître les avis des personnes qu'un tel projet
était susceptible d'intéresser. L'office reçut, au cours
de l'année 1966 et durant les premiers mois de l'année suivante,
une vingtaine de mémoires. Leurs auteurs furent par la suite entendus au
cours de séances d'étude publiques qui eurent lieu au printemps
de l'année 1967. L'office de révision remit alors son projet sur
le métier et, à la lumière des critiques et des
commentaires qu'il avait reçus, crut devoir apporter d'importants
changements au projet initial. Le projet final de l'office fut soumis à
l'honorable Jean-Jacques Bertrand, alors ministre de la Justice, en septembre
1968.
Depuis cette date, il a été examiné par les
conseillers juridiques du ministère de la Justice. Il a fait l'objet de
délibérations au conseil des ministres qui décidait de le
présenter à l'Assemblée nationale en première
lecture en mars dernier, je crois, et d'en confier l'étude à la
commission permanente de la Justice.
Celle-ci a tenu, comme je le disais précédemment, pas
moins de dix séances au cours des derniers mois. Et, après avoir
entendu les représentants de diverses associations et
procédé à l'étude détaillée de
chacune des dispo- sitions du projet, elle a proposé une nouvelle
version qui accepte le principe et l'ensemble du projet, mais comporte
également des modifications de nature, nous semble-t-il, à mieux
protéger les intérêts légitimes des parties.
Ici, M. le Président, je m'arrête un instant pour
féliciter spécialement, du côté ministériel,
l'excellent travail accompli par l'honorable député de Papineau,
l'honorable député de Portneuf et le président de notre
commission de la Justice, l'honorable député de Mégantic.
Lorsque nous avons ajourné nos travaux devant la commission, il m'a fait
grandement plaisir de rendre un hommage bien mérité à
l'honorable député de Marguerite-Bourgeoys et à quelques
autres collègues, membres de l'Opposition, qui avaient également
apporté une contribution généreuse à l'étude
de ce projet
C'est donc dire que ce texte est le fruit d'études, de
réflexions et de commentaires provenant de secteurs nombreux et
variés de la population québécoise. Ici, M. le
Président, je voudrais, très brièvement mais clairement,
si possible, vous exposer la quintessence même du projet de loi connu
sous le titre « Loi des régimes matrimoniaux ». Ce projet de
loi comporte essentiellement les quatre objectifs suivants:
Premièrement, ce projet vise à proposer l'adoption d'un nouveau
régime légal de biens entre époux qui serait connu sous le
nom de la « société d'acquêts ».
Deuxièmement, ce projet vise à assurer la
mutabilité conventionnelle des régimes matrimoniaux,
c'est-à-dire la possibilité, pour les conjoints, de changer de
régime au gré de leurs intérêts tout en respectant
l'intérêt du ménage et celui des créanciers.
Troisièmement, ce projet veut éliminer les prohibitions
traditionnelles en ce qui concerne les donations, la vente et le cautionnement
entre époux.
Quatrièmement, ce projet propose l'instauration d'un registre
central des conventions matrimoniales afin d'assurer la sécurité
des tiers, notamment des créanciers.
Sur ce point, je puis informer la Chambre que déjà, en
appendice au feuilleton de ce jour, nous avons une nouvelle loi qui sera une
loi ancillaire au projet de loi no 10, loi concernant le registre central des
régimes matrimoniaux. Il nous faudra, nécessairement, adopter
cette législation parce qu'elle répond à un
impératif que l'on pourra relever aux articles 1266b et 817 de notre
code de procédure civiles, 1266b du code civil.
Qu'est-ce que la société d'acquêts? En ce qui
concerne tout d'abord le régime de biens entre époux, on a cru
nécessaire, et à juste titre,
de maintenir la tradition suivant laquelle le législateur se doit
de proposer un régime de droit commun, c'est-à-dire un
régime supplétif, applicable en l'absence de conventions
matrimoniales expresses ou encore en cas d'invalidité d'un contrat de
mariage, et cela tout en laissant aux parties le droit de choisir ensemble, au
gré de leurs intérêts, un régime différent,
peut-être mieux adapté aux circonstances particulières de
leur situation pécuniaire.
La question se posait donc de savoir quel devait être ce
régime type qui puisse, tout à la fois, traduire une conception
réaliste de la société conjugale et protéger les
intérêts légitimes des parties.
On conçoit aisément que la tâche n'était pas
facile. La situation devait nécessairement se trouver, en quelque sorte,
entre deux pôles: La confusion totale des biens, régime de
communauté universelle; l'autonomie complète des patrimoines,
régime de séparation de biens.
On sait que, d'un côté, la tradition
québécoise s'était depuis longtemps arrêtée
à un régime de communauté, la communauté de meubles
et acquêts, régie par les articles 1270 et suivants du code civil.
On sait, par ailleurs, que ce régime est devenu de moins en moins
populaire et cela, sans doute, pour plusieurs raisons.
Mentionnons, entre autres, le fait que la communauté crée
une masse commune dont l'administration est confiée au mari. Bien
sûr, le législateur avait apporté certains correctifs
à cette situation en instituant, en 1931, le régime des biens
réservés sur lesquels la femme avait un pouvoir de gestion.
Et ici, M. le Président, je voudrais, très
brièvement, rendre hommage à des dames du Québec qui ont
été les premières artisanes, les chevilles
ouvrières de cette transformation juridique que l'on a connue dans notre
société. Et tous se rappelleront l'excellent travail accompli
à l'époque par Mme Thérèse Casgrain,
ex-présidente et fondatrice de la Fédération des femmes du
Québec.
Je crois, M. le Président, que la gent féminine du
Québec doit énormément à cette dame qui s'est
dévouée sans relâche et sans compter pour améliorer
la situation juridique de la femme mariée du Québec.
Dans ses premières revendications de l'époque, Mme
Casgrain était soutenue par Mme Renée Vautelet, fille de M.
Aimé Geoffrion, par Mme Thais Frémont, qui était une
grande dame de la ville de Québec et qui plus est, M. le
Président, était une grande conservatrice. Et finalement, nous
avons eu l'apport généreux de Mme Josie Quart, sénatrice
à Ottawa, égale- ment une grande conservatrice. Mais, par contre,
ces dames avaient des vues libérales sur l'impératif et les
lacunes que présentait notre droit civil pour permettre et accorder
à la femme une évolution juridique qui devait finalement, petit
à petit, après beaucoup de réticence, beaucoup
d'objections de la part du sexe fort, aboutir à une législation
telle que nous la connaissons et que nous espérons voir adopter par
l'Assemblée nationale.
Néanmoins, comme ces biens proviennent du travail personnel de la
femme, cette amélioration du régime de communauté ne
concernait que les femmes qui travaillaient à l'extérieur. Or, on
le sait, elles ne constituent encore actuellement qu'une minorité.
Mentionnons aussi le fait que le régime de communauté
semble défavoriser la femme puisque, en cas de mauvaises affaires du
mari, non seulement les biens propres, mais encore tous les biens de la
communauté doivent servir à satisfaire les exigences parfois bien
légitimes des créanciers.
Mentionnons enfin que, sous ce régime de communauté, la
femme mariée ressentait peut-être davantage le régime
général d'incapacité que le mariage lui faisait subir. La
défaveur était telle que même le bill 16, qui, pourtant
proclamait la pleine capacité de la femme mariée sous quelque
régime que ce soit, n'a pas réussi à renflouer ce
régime légal. C'était là un fait inéluctable
dont il fallait tenir compte.
De l'autre côté, le régime de séparation de
biens, choisi par un nombre croissant de conjoints, semble comporter de grands
avantages. Tout d'abord, ce régime paraît simple. Les deux
époux sont parfaitement libres d'agir comme ils l'entendent à
l'égard de leurs biens, et cela pendant toute la durée du
mariage. Puis, c'est le régime en vigueur partout autour de nous, dans
les provinces canadiennes et dans la plupart des états
américains. Un examen attentif de ce régime montre, toutefois,
qu'il présente le grand inconvénient d'aboutir parfois à
une véritable injustice au terme de la société conjugale.
Cela résulte essentiellement du fait qu'un tel régime ne donne
alors à chacun des époux et notamment à l'épouse
aucun droit dans les économies réalisées par le conjoint
et dont elle a pourtant, à sa manière, assuré
l'accumulation et la sauvegarde.
La réforme proposée aurait pu, certes, palier cet
inconvénient en prévoyant, notamment par une réserve
successorale, des limites à l'actuel régime de liberté
illimitée de tester, qui, inspiré du droit anglais, fut introduit
au Canada en 1774. , Une telle réserve existait au Canada avant cette
époque et est encore en
vigueur actuellement en France. Mais, une telle amélioration
n'aurait été que partielle. Elle n'aurait, en effet, couvert
qu'un seul cas de dissolution du régime, c'est-à-dire le cas du
décès d'un conjoint, et aurait laissé de côté
le divorce et la séparation de corps.
Il faut aussi convenir qu'une réserve successorale est
forcément limitée à un faible pourcentage du patrimoine de
l'époux défunt, dont la plus grande partie doit normalement et
très naturellement revenir aux enfants.
Enfin, cette réserve successorale ou même celle qui sera
prévue en cas de divorce ou de séparation ne pourrait,
évidemment, jouer que sur les biens existant au moment de la dissolution
ou de la séparation. Un époux séparé de biens
pourrait ainsi disposer de ses biens, en tout ou en partie, de manière
qu'il ne reste plus rien ou fort peu sur quoi cette réserve puisse
être exercée.
La séparation de biens a ainsi paru n'être un régime
valable que dans la mesure où elle demeure conventionnelle,
c'est-à-dire lorsque les parties la choississent expressément,
car, alors, elle s'accompagne de certaines sauvegardes dont les époux
veulent bien convenir par contrat de mariage.
On sait, en effet, que dans la pratique actuelle, on conseille au futur
mari de s'obliger à des donations payables en dix ou vingt ans, à
prendre une police d'assurance au bénéfice de son épouse
ou encore à avantager celle-ci de toute autre manière afin de la
dédommager pour le préjudice qu'elle subira en renonçant
aux avantages du régime de communauté. On a donc
considéré que ni la communauté de biens, ni la
séparation de biens ne répondaient tout à fait aux besoins
et à la mentalité de la société
québécoise actuelle.
En proposant la société d'acquêts comme
régime légal, les auteurs du projet ont traduit leur
préoccupation fondamentale de la façon suivante: N'est-il pas
plus convenable de promouvoir dès le mariage, entre deux personnes aussi
intimement unies dans la poursuite d'un but commun, une certaine
communauté d'intérêts, mais sans pour autant chercher
à créer une confusion, même partielle, de leur patrimoine?
S'il était possible d'organiser un système matrimonial qui, tout
à la fois, respecterait l'autonomie, l'égalité et
l'indépendance des deux époux et permettrait à chacun de
participer, lors de la dissolution du régime, aux
bénéfices réalisés pendant sa durée, n'y
aurait-il pas là une formule-type permettant d'atteindre le but
désiré et susceptible de rallier, comme il se doit,
l'adhésion de la majorité et le régime légal
proposé? La société d'acquêts traduit
fondamentalement ces préoccupations.
Par conséquent, après avoir examiné les
régimes matrimoniaux en vigueur dans les législations
étrangères, l'on a proposé un régime qui veut, tout
à la fois, conserver les avantages de la séparation de biens et
prévoir en même temps un juste partage des économies du
ménage. En effet, le régime de la société
d'acquêts comporte, pendant son fonctionnement, les avantages essentiels
du régime de séparation. Les patrimoines des conjoints demeurent
séparés, distincts l'un de l'autre. Chacun des conjoints conserve
l'entière administration de son patrimoine, de même que le droit
d'en disposer comme il l'entend, sous la seule réserve qu'il ne peut
disposer à titre gratuit de ses acquêts, c'est-à-dire des
biens accumulés au cours du régime.
Mais, d'autre part, ce régime prévoit pour les
époux un droit né du mariage. On partage des acquêts, quels
que soient la cause et le moment de ce partage, que ce soient le
décès, le divorce, la séparation de corps ou même la
séparation de biens. Il y a lieu, en effet, d'insister sur ce fait que
le droit au partage est un droit matrimonial, en ce sens que chaque
époux peut, à tout moment, même s'il est
décidé à continuer la vie commune, demander la liquidation
du régime et le partage des biens, s'il estime, par exemple, que son
conjoint dilapide les économies du ménage.
En somme, ce régime de la société d'acquêts
veut traduire une certaine conception, une certaine philosophie du mariage qui
paraît à la fois juste et réaliste. Il veut exprimer, en
effet, une réalité profonde: Deux êtres qui s'unissent en
mariage participent au fil des Jours, chacun à sa manière, de
façon différente, à l'accumulation, à la sauvegarde
et à l'accroissement du patrimoine familial. Il paraît alors juste
et équitable qu'au terme de l'association conjugale, les conjoints
puissent, en l'absence de convention expresse, au contraire, partager en deux
ce qu'ils ont acquis ensemble.
Il convient également de souligner l'une des grandes innovations
de ce projet de loi, la mutabilité des régimes matrimoniaux. En
effet, jusqu'ici, l'immutabilité des conventions matrimoniales avait
toujours été considérée comme une règle
impérative.
Néanmoins, on a cru, et à juste titre, qu'il pourrait
être de l'intérêt des époux de pouvoir adapter leur
régime matrimonial aux changements profonds que leur situation
professionnelle et financière pourrait subir au cours de l'association
conjugale, pour autant, bien sûr, que les intérêts
légitimes de la famille et des créanciers soient
respectés.
Le projet propose également l'abolition des prohibitions
traditionnelles touchant les contrats de donation, de vente et de
cautionnement
entre époux qui avaient été édictées
dans le but certainement louable, de soustraire un époux, le plus
souvent la femme, des pressions indues de son conjoint.
L'on a estimé que dans un système qui reconnaît
désormais la pleine capacité des conjoints, qui admet la
mutabilité des régimes matrimoniaux, chacun des époux
devrait être en mesure d'assumer ses responsabilités, et que,
dès lors, il n'y avait plus lieu de maintenir un régime
dépassé de protection des conjoints.
Le projet de loi propose enfin également l'instauration d'un
registre central des conventions matrimoniales afin de mieux assurer la
protection des tiers et notamment des créanciers. Dans un régime
de mutabilité des conventions matrimoniales, il convient en effet
d'assurer la protection des intérêts légitimes des
créanciers en leur permettant, d'une part, de connaître facilement
et rapidement l'état matrimonial de leur débiteur et en
prescrivant, d'autre part, qu'aucune modification conventionnelle du
régime matrimonial de leur débiteur ne puisse avoir effet
à leur égard que s'il a été inscrit au registre
central des conventions matrimoniales.
Voilà donc les objectifs essentiels de ce projet de loi. En
proposant un nouveau régime légal de biens, ce projet veut
traduire, dans la réalité, trois grandes idées:
Association, égalité, indépendance des conjoints
québécois. Equilibre délicat, certes. Il n'empêche
que ce projet tente d'assurer, dans le respect des tiers, à la fois
l'autonomie de gestion des patrimoines des conjoints et une juste
répartition des biens qu'ils ont gagnés ensemble au cours de
l'association conjugale. Il s'inscrit également dans le sillage du bill
16 qui a reconnu à la femme mariée la pleine capacité
juridique et le droit, en même temps que l'obligation, d'assumer ses
propres responsabilités.
Voilà, M. le Président, les principes que ce projet de loi
contient. Je conviens que nombreux seront les notaires et les avocats qui
devront se remettre à l'étude, les uns pour mieux rédiger
leurs contrats et les autres pour être en mesure d'informer
adéquatement leurs clients.
Mais, ce n'est pas parce qu'une couche de notre société
doit s'imposer des sacrifices d'études, des heures additionnelles de
travail, des réformes dans un mode de vie, que l'on doive, pour tout
cela, priver la société d'améliorations qui s'imposent si
l'on veut répondre a un besoin de la population québécoise
de cette deuxième partie du vingtième siècle.
M. le Président, tout à l'heure, j'ai été
injuste en oubliant de mentionner le travail vraiment remarquable accompli dans
notre commission par l'honorable député de Bourget, qui a
été assidu en s'intéressant à toutes nos
délibérations.
Je vois des collègues qui, occasionnellement, sont venus pour
enrichir de leur propre expérience de la vie courante. J'aurais
été ingrat et injuste en n'associant pas l'honorable
député de Bourget à un travail vraiment constructif auquel
il a participé avec toute cette équipe d'hommes publics et de
dames soucieux d'apporter à notre société
québécoise une véritable amélioration dans le
domaine du droit civil, nonobstant les écoles de pensée,
nonobstant certaines réactions des pratiquants de la profession
légale soit de la division notariale ou de la division des juristes.
Ce qui importe c'est que les principes que nous défendons par le
bill 10 sont au-delà de ces intérêts. C'est pourquoi j'ai
l'honneur de proposer l'adoption du principe de ce projet de loi qui me tient
à coeur parce que nous y avons vivement travaillé,
désireux que nous étions de répondre à une
aspiration traduite par les nombreux mémoires qui nous avaient
été présentés.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Marguerite-Bourgeoys.
Mme Claire Kirkland-Casgrain
MME KIRKLAND-CASGRAIN: M. le Président, mes premiers mots seront,
tout comme ceux du ministre de la Justice, pour rappeler la mémoire d'un
eminent juriste, Me Louis Beaudoin, décédé aujourd'hui. Me
Beaudoin a été pendant plusieurs années professeur
à l'université McGill, et par la suite à
l'Université de Montréal. A l'université McGill, il a
été mon professeur de droit pendant trois ans, soit les
années 1947 à 1950. C'est alors que j'ai eu l'occasion
d'apprécier le juriste et le professeur.
J'avais même, pendant mes études, rencontré son
épouse, également avocate et même docteur en droit, ainsi
que les membres de sa famille. Je crois qu'au moins un de ses enfants est
aujourd'hui avocat et même professeur. Je me souviens d'avoir lu une
critique extrêmement bien faite du bill 16 justement par Me
Beaudoin-fils. Aux membres de sa famille, j'offre, au nom de l'Opposition
libérale, mes plus sincères condoléances. Le professeur
Beaudoin, comme l'a si bien dit le ministre de la Justice, a été
nommé à la Commission de révision du code civil il y a
quelques années, et il a même participé aux travaux que
nous avons devant nous ce soir.
Je sais que son travail a été d'un apport précieux.
Nous regrettons ce départ prématuré tout comme celui du
notaire Lesage qui avait également participé au rapport qui avait
donné
naissance au bill 16 et subséquemment aux travaux
préparatoires au bill 10. De plus, j'aimerais faire miennes les
remarques exprimées par l'honorable ministre de la Justice relativement
à cette poignée de Québécoises qui, il y a
plusieurs décennies, ont vaillamment combattu pour obtenir des
améliorations au statut de la femme. Vous aurez, encore une fois,
reconnu Mme Thérèse Casgrain qu'un ancien premier ministre
canadien, MacKenzie King, aurait qualifiée de « liberal in a hurry
». Mme Casgrain, comme vous le savez, a épousé le cousin de
mon beau-père; c'est donc dire qu'elle est parente de mon mari par
alliance et j'en suis très fière. Il ya également
Renée Vautelet qui est une amie personnelle, anciennement
présidente de l'Association des consommateurs du Canada, et qui est
l'une des premières femmes à avoir fait partie du Conseil
d'orientation économique du Québec qui avait été
créé par l'honorable Godbout et continué par la suite par
l'honorable Duplessis.
Je m'en voudrais de ne pas mentionner Mme Thaïs Fremont. Même
si je n'ai pas partagé ses opinions politiques, j'ai toujours eu une
grande admiration pour Mme Frémont que j'ai eu la chance de
connaître avant son décès. Enfin, il faut mentionner, je
pense, la sénatrice Josie Quart que j'ai rencontrée
personnellement. Elle a été nommée, comme on le sait, par
le gouvernement conservateur à Ottawa, ce qui n'empêche pas que
j'ai énormément d'admiration pour cette femme qui a
également contribué à l'amélioration du statut de
la femme québécoise et qui continue à faire honneur aux
femmes du Québec.
Je sais, M. le Président, que de nombreuses autres femmes
pourraient être mentionnées ce soir. J'espère qu'elles nous
pardonneront, le ministre de la Justice et mol, si nous avons omis leur
nom.
Avant de m'exprimer d'une façon générale sur les
principes contenus dans le bill 10, il est également un
témoignage que je crois devoir rendre à un ancien
président de la Commission de révision du code civil, Me
André Nadeau, aujourd'hui juge à la cour Supérieure de
Montréal. J'estime, en effet, que c'est à juste titre qu'il a
décidé, au début de la mission qui lui avait
été confiée par l'administration libérale de
l'honorable Jean Lesage, de s'intéresser d'abord aux textes du code
civil se rapportant à l'incapacité juridique de la femme
mariée, de manière à les remplacer par des textes
proclamant le principe de la pleine capacité juridique de cette
dernière.
C'est ainsi que nous, les ministériels de l'époque, avons,
comme vous le savez, présenté en 1964 un projet de loi connu sous
le nom de bill 16. Avec l'étude du bill 10, suite logique du bill 16 en
vigueur depuis le 1er juillet 1964, nous entrons dans la deuxième phase
de la réforme. Le bill 16 avait réglé la question des
droits personnels de la femme mariée rattachée à sa pleine
capacité juridique. Mais il restait encore, il faut l'admettre, M. le
Président, à étudier et à régler la question
des rapports pécuniaires entre époux. En d'autres termes, la
question du régime matrimonial du droit commun.
Pour les juristes que M. le juge Nadeau avait fait nommer et qui ont
étudié pendant environ quatre ans ce problème des
régimes matrimoniaux, il eût peut-être été
fort simple de choisir la séparation de biens comme régime
légal. Mais n'eût-ce pas été la tâche trop
facile qui aurait fait fi de l'esprit de notre droit civil, qui aurait fait fi
des traditions familiales qui prévalent chez nous? Et de plus, ce choix
n'aurait pas résolu les véritables problèmes que cause la
liberté illimitée de tester et le droit indéniable de
l'épouse à un bénéfice éventuel pour son
travail de maîtresse de maison au domicile conjugal.
La meilleure illustration de ce que je viens de vous dire, M. le
Président, réside, je pense, dans le fait qu'en Ontario, notre
province-soeur, où existe présentement ce régime de la
séparation de biens, on envisage de faire effectuer
l'élémination de ce type de régime pour en choisir un
autre, mieux adapté aux conditions de vie de notre époque. Mes
collègues le ministre de la Justice en particulier qui
siégeaient à la commission de la Justice se souviennent des
remarques du professeur Baxter, membre du Ontario Law Reform Commission, qui a
étudié le droit de la famille en Ontario et qui, lors de la
deuxième audition publique, tenue sur le bill 10 à Québec
au mois de juin dernier, nous a dit que le régime qu'il proposerait se
rapproche sensiblement du régime qui nous est actuellement
proposé dans ce bill 10 par les membres de la Commission de
révision du code civil de la province de Québec.
Aujourd'hui, alors que nous parlons de société juste, de
société heureuse, que nous faisons face à des
problèmes tels que les décrivent les expressions de «
Student Power » et de « Black Power », d'aucuns
prétendent que, d'ici quelques années, il y aura également
un autre groupe encore plus fort, sur notre terre d'Amérique: ce serait
le « Women Power » qui revendiquerait pour lui et je vous
vois sourire, messieurs les droits et privilèges qu'on lui a
systématiquement refusés pendant des siècles et ce, pour
aboutir à faire des femmes, des citoyennes à part entière,
jouissant dans tous les domaines de droits égaux à ceux des
hommes.
M. le Président, les principes contenus dans
le bill que nous étudions apportent une égalité de
fait entre les conjoints. Il fait d'eux des partenaires dans une
société dite d'acquêts, société qui, de par
sa nature même, thésaurise une part des bénéfices et
des biens acquis après mariage en faveur de chacun des conjoints, que
ceux-ci travaillent ou non à l'extérieur du foyer, à
condition que les conjoints ou futurs conjoints veuillent bien y recourir. En
ce faisant, il accorde à la femme une protection réelle,
semblable à celle qu'elle a déjà lorsqu'elle est
mariée en communauté de biens, tout en laissant aux conjoints, de
leur vivant, les droits et privilèges d'administrer seuls leurs biens,
quitte à maintenir certaines charges communes relativement au foyer et
à en rendre compte à l'autre époux ou à ses
héritiers, dans le cas de séparation, de divorce et,
évidemment, dans le cas de prédécès de l'un des
conjoints, avant que ne s'effectue la séparation d'acquêts.
Ce bill, qui nous propose un nouveau régime légal, retient
un autre principe voulant que les conjoints puissent changer leur régime
matrimonial au besoin, tout en protégeant les droits des tiers
créanciers au moyen d'un registre central qui sera établi avant
la mise en vigueur de ce bill, soit avant le 1er juillet 1970. De plus, par
l'effet de ce bill, disparaît le principe antique et nettement
désuet qui voulait que la femme doive légalement être
protégée contre elle-même et, en conséquence,
prohibait certains contrats entre époux, dont, par exemple, le
cautionnement de la femme pour le mari.
Ces prohibitions ne peuvent plus tenir en regard de la pleine
capacité juridique acquise par la femme mariée en 1964, sous le
régime libéral, et confirmée aujourd'hui par l'adoption de
ce nouveau régime légal qui sera mis en vigueur en 1970.
Enfin, il faut mentionner que ceux qui sont déjà
mariés et qui n'ont pas le régime proposé par le bill 10
pourront, lors de sa mise en vigueur, adopter ce nouveau régime en se
rendant chez le notaire et en passant un contrat à cet effet puisque
l'immutabilité des régimes matrimoniaux sera alors chose du
passé.
Il est bien évident que ce projet de loi est assez complexe en
certains de ses aspects techniques; c'est à la lumière de la
pratique que l'on pourra en apprécier non seulement les qualités,
mais aussi les défauts possibles. Je suis, cependant, portée
à croire qu'avec tous les amendements apportés au bill original,
depuis sa présentation au ministre de la Justice en 1966 et à la
suite des auditions publiques qui ont été tenues par la suite,
les quelques changements apportés à ce bill en collaboration avec
certains corps intermédiaires qui se sont fait entendre par la voix de
leurs représentants dûment autorisés, auront eu l'effet
bienfaisant de l'améliorer sur bien des points et d'en diminuer les
petits inconvénients, s'il en restait.
Vous aurez remarqué qu'à la suite du premier rapport des
Juristes chargés d'étudier le régime légal, la
première audition publique eut lieu à Montréal en 1967.
Les juristes de la commission ont, par la suite, retenu plusieurs des
recommandations faites par ces corps intermédiaires, de telle sorte que
le bill que nous avons présentement devant nous est assez
différent du rapport préliminaire qui avait été
rendu public à l'époque, à l'occasion de la
première audition à Montréal.
Je pense que le bill 10 constitue une législation courageuse et
d'avant-garde, tout comme le bill 16 en constituait une en 1964. Ce n'est pas
parce que certains groupes ou corps intermédiaires et là,
je semble être redondante et employer une expression semblable à
celle du ministre de la Justice, mais j'insiste sur ce fait ce n'est pas
parce que certains groupes ou corps intermédiaires semblent s'opposer
tout au moins à certaines parties de ce projet de loi qu'il faille,
à mon sens, mettre de côté les travaux imposants qui ont
été faits par les juristes membres de la commission de
révision.
D'ailleurs, M. le Président, puis-je vous souligner qu'à
quelques exceptions près, les mêmes groupements qui s'opposaient
au bill 16 viennent encore s'opposer au bill 10. Cela, je l'ai vécu
seule à l'époque ou presque seule. Non! c'est injuste, en fait,
de dire que je l'ai vécu seule, parce que le premier ministre de
l'époque et mes collègues m'ont secondée. Mais je dois
dire que je me sentais beaucoup plus seule à l'époque.
Je suis convaincue que le bill 10 constitue de façon heureuse la
deuxième étape du bill 16 et est de nature à faire des
conjoints québécois des copartenaires véritables dans
l'administration du patrimoine familial.
Ce bill me semble permettre le règlement de la question des
rapports pécuniaires entre époux, non pas d'une façon
arbitraire et avantageuse à l'un des conjoints, mais sur une base
équitable pour les deux conjoints dorénavant
considérés comme partenaires ou associés.
S'il y a un reproche que je dois faire aux ministériels, c'est
peut-être d'avoir, hélas, attendu plus de trois ans pour
présenter cette mesure qui s'imposait et dont les premières
recommandations le chiffre a d'ailleurs été donné
datent de 1966.
Mais, comme l'énonce le vieil adage: Mieux vaut tard que jamais.
Il restera maintenant, M.
le Président, une troisième étape à
franchir, mais celle-là, à mon sens, sera beaucoup plus facile
que les deux premières. Je fais allusion à celle qui retient
aujourd'hui l'attention des juristes qui font partie de la commission de la
Famille, comme étant membres de la commission de révision du code
civil, et qui vise présentement la protection du domicile conjugal et,
par la même occasion, la transformation de l'autorité parternelle
en autorité parentale.
Ces lois futures constitueront, lors de leur édition
éventuelle, une concordance parfaite au bill 16 de 1964 et au bill 10 de
1970. Je pense, M. le Président, que c'est grâce à ces deux
mesures législatives d'une excellente venue que nous aurons
apporté à notre code civil des modifications importantes.
Peut-être même les pays qui n'ont pas encore pris les mesures qui
s'imposent pour faire de la femme mariée une citoyenne ayant des droits
égaux à ceux de son conjoint, trouveront-ils intérêt
à étudier les réformes apportées au Québec
dans ce domaine.
J'espère donc, à cette fin, voir se concrétiser
l'une de ces réformes avec l'adoption du bill présentement
à l'étude.
M. Rolland Théorêt
M. THEORET: M. le Président, quand en 1964, j'étais
praticien à temps plein, j'ai reçu avec beaucoup de plaisir le
bill 16 dont vient de parler l'honorable député de
Marguerite-Bourgeoys. Croyez-moi, ce n'est pas mon intention, ce soir, de
retarder plus longuement l'adoption de ce bill. On vient de dire qu'on a
déjà attendu depuis trois ans, alors je ne voudrais pas retarder
ce bill. Je vois d'ailleurs dans les galeries des experts qui sont ici pour
nous seconder.
J'ai écouté, évidemment avec beaucoup
d'intérêt, beaucoup d'attention, les interventions de l'honorable
ministre de la Justice, qui a fait une synthèse fouillée et bien
à propos de ce bill. J'ai écouté aussi avec beaucoup
d'attention l'honorable député de Marguerite-Bourgeoys. Vous me
permettrez de souligner la participation des plus actives, de la part de
l'Opposition, de l'honorable député de Marguerite-Bourgeoys qui
présidait, du côté de l'Opposition, cette commission. Elle
a été de toutes les séances.
L'honorable ministre de la Justice disait tantôt que nous avons
tenu dix séances sur ce bill; si je m'en réfère aux
procès-verbaux de l'Assemblée nationale, je regrette de
contredire le ministre de la Justice, mais nous avons tenu onze séances.
C'est peut-être le fait qu'il ne voulait pas souligner que j'avais
manqué une de ces séances, le 15 octobre, alors que
j'étais à Trinidad et Tobago, représentant des
parlementaires du Québec à l'Association des parlementaires du
Commonwealth. C'est la seule séance que j'ai manquée, c'est la
raison pour laquelle je veux dire quelques mots, parce que, comme homme de loi,
j'ai participé avec beaucoup de plaisir à ces travaux.
Nous avons eu un bill déposé en 1968 au nom de M.
Bertrand, qui était alors ministre de la Justice, et nous avons, depuis
le dépôt en Chambre du rapport du président de la
commission permanente de la Justice, un nouveau bill qui a été
déposé par les légistes du ministère.
Beaucoup d'éloges ont été rendus jusqu'à
maintenant, M. le Président, à ces grands spécialistes qui
nous ont fourni leurs lumières. Je ne nommerai pas tous ceux qui y ont
participé, mais je vois ici dans cette Chambre, actuellement, dans les
galeries, le président de l'Office de révision du code civil, Me
Paul-A. Crépeau, qui a été de toutes les séances,
de même que Me Roger Comtois, notaire, qui était le
président des régimes matrimoniaux. Ces deux juristes avertis
nous ont permis d'étudier avec lucidité ces textes parfois
fastidieux et difficiles.
Quelques-uns de nos collègues de l'Assemblée nationale,
dont le député de Portneuf que je vois ici, sont venus à
l'occasion nous seconder. Cela a été une participation active de
profanes qui voulaient se renseigner; surtout le député de
Portneuf, avec sa pondération, son jugement, nous a rendu service en
posant des questions que, je crois bien, le commun des mortels voudra bien
poser aux notaires et aux avocats.
On a, dans les remarques du ministre de la Justice et celles du
député de Marguerite-Bourgeoys, rendu hommage à Me Louis
Beaudoin décédé aujourd'hui même. Evidemment, M. le
Président, je m'associe à mes collègues qui ont rendu cet
hommage, mais je voudrais en particulier rendre hommage à un autre de
mes confrères qui est disparu au cours de ces études, Me
André Lesage de Hull.
J'ai eu l'occasion de connaître Me Lesage, qui appartient à
une grande famille de juristes, une grande famille légale du
Québec. Me André Lesage, qui a été nommé
à cette commission, qui appartenait au comité de révision
du code civil, était un notaire distingué, et l'un de ses fils,
Me Gilles Lesage, exerce la profession de notaire à Hull. De plus, Me
André Lesage était le frère de Me Laurent Lesage qui a
participé par de nombreux travaux, par de nombreuses études,
à la rédaction de la Revue du notariat.
De plus, Me André Lesage, dans la région de l'Outaouais, a
rendu service à la faculté de droit de l'université
d'Ottawa, section du code
civil, puisqu'il a participé à la fondation de cette
faculté. Grâce à son travail inlassable, Me Lesage a
été celui qui, aux premières heures de cette
faculté, dans la province voisine, qui forme des notaires et des
avocats, attachés au code civil, qui viendront pratiquer dans le
Québec, Me Lesage a été celui qui a permis la fondation de
cette faculté.
Je regrette le départ prématuré de Me Lesage qui a
été également membre de l'exécutif de la Chambre
des notaires et qui était un ami personnel. De plus, je crois que je
devrais souligner ici que Me André Lesage était aussi le cousin
de l'actuel chef de l'Opposition, Me Jean Lesage.
Les félicitations que l'on a faites à tous ces juristes,
évidemment, sont méritées. Je crois que je devrais ajouter
une note particulière à l'égard de deux jeunes juristes
qui font partie du comité de la législation du ministère
de la Justice, Me Pierre Beaudoin et Me Benoît Morin. Si nous retournons
à la première présentation du bill 10, en 1969, nous
voyons que les articles sont cités sans explication.Si nous
étudions de près le bill 10 qui a été remis depuis
quelques jours aux députés de cette Chambre, nous voyons que
chacun des articles est accompagné des commentaires qui motivent les
changements apportés au code civil actuel. C'est un travail de
bénédictin. C'est un travail qui nous a facilité la
tâche à la commission, durant ces onze séances que nous
avons tenues. Je crois que ces jeunes avocats ont fait un ouvrage formidable et
ils méritent notre admiration.
Je ne voudrais pas faire de nouveau la synthèse du bill 10. Le
ministre de la Justice s'est très bien acquitté de sa
tâche, mais je voudrais seulement dire quelques mots au sujet du
régime actuel et du régime que nous proposons.
Dans le régime actuel, le régime légal, qui est la
communauté de biens, nous croyons et nous nous en rendons compte
évidemment qu'il y a un malaise véritable puisque 70% des
nouveaux mariés adoptent le régime de la séparation de
biens en passant un contrat de mariage. Ils rejettent, par le fait même,
le régime légal actuel qui est la communauté.
Evidemment, il y a des raisons pour ce rejet, et nous, les notaires, qui
avons été en pratique pendant de nombreuses années, nous
constatons quelles sont ces raisons. C'est qu'au point de vue des affaires, on
se méfie de la communauté. C'est qu'au point de vue de la
capacité, même avec le bill 16 qui a évidemment beaucoup
amélioré la capacité de la femme mariée et
j'en sais gré à l'honorable député de
Marguerite-
Bourgeoys la capacité de la femme mariée, dans la
communauté de biens, est encore très limitée. Les pouvoirs
économiques, évidemment, sont d'autant diminués que dans
la communauté de biens, même aujourd'hui, nous n'avons qu'une
personne légale et s'il y a déconfiture, faillite ou mauvaise
administration, c'est toute la communauté, c'est toute cette même
et unique personne légale qui en souffre.
Alors les gens viennent nous voir et ils demandent d'être
protégés. Nous n'avons pas d'autres recours, même si cela
ne nous fait pas plaisir, et à ce point de vue là,
considérant les avantages que l'on doit concéder au mari et
personnellement, considérant mes prises de position antérieures,
concernant la capacité de la femme mariée, considérant
l'évolution de la femme mariée, même si je ne crois pas
tellement au « Woman Power » dont a parlé tantôt
l'honorable député de Marguerite-Bourgeoys, quant à moi,
le « Woman Power », je le constate, le vendredi soir, quand je
retourne chez moi.
Je vois que c'est vrai à la maison. Mais, de toute façon,
nous devons conseiller à nos clients, pour tous ces motifs et beaucoup
d'autres que ne ne pourrai énumérer ce soir, de se marier en
séparation de biens.
Je suis extrêmement malheureux, personnellement, de conseiller
à des jeunes gens et surtout à l'épouse de se marier en
séparation de biens. Si vous me le permettez, je vais citer mon exemple
personnel, puisque, de par mon secret professionnel, je ne peux parler des
autres. Quand j'ai fait un contrat de mariage, eh bien, j'ai avantagé ma
femme à l'époque. J'ai dû, comme bien des nouveaux
mariés, emprunter $500 de la banque pour faire mon voyage de noces, mais
c'est une confession publique que je fais ici j'avais avantage,
en 1949, mon épouse d'un montant de $10,000. Je me rends compte,
aujourd'hui, que c'est un crime de lèse-majesté à son
endroit. Je me souviens tellement, encore aujourd'hui, des cours qu'on appelait
et qu'on appelle encore à la Chambre des notaires des cours de
perfectionnement, ou le notaire Comtois, exprésident de la Chambre des
notaires et secrétaire de la faculté de droit de
l'Université de Montréal, nous disait, en parlant de la
séparation et de la communauté: Si j'avais à me remarier,
je crois que je me marierais en communauté légale de biens pour
protéger mon épouse.
J'ai aujourd'hui le même sentiment. Nous avons, par les contrats
de mariage, avantagé l'épouse de quelques milliers de dollars.
Aujourd'hui, avec ces contrats de mariage, un mari
qui, sans être a l'aise, a quand même des assurances
probablement plus élevées que les montants qui sont
mentionnés là et possède quelques biens peut donner tous
ses biens à ses enfants et dépouiller son épouse de tous
les avantages qu'elle a pu acquérir durant le mariage par son travail
personnel, par sa contribution au ménage, par le travail qu'elle fait
à la maison et par l'éducation qu'elle donne à ses
enfants.
Et c'est cette injustice c'est le thème principal, je
crois, de mon intervention; je ne veux pas être technique, parce que le
ministre de la Justice a tellement bien expliqué le bill 10 que
nous avons voulu corriger par le bill 10. Nous avons voulu profiter, comme l'a
si bien dit le ministre de la Justice, des avantages de la séparation de
biens et de la communauté.
Nous avons voulu que la capacité de la femme soit
respectée dans le mariage avec le bill 10 et nous avons voulu conserver
cette communauté qui, quand même, n'a pas seulement des
défauts. Comme je le dis quand j'explique des contrats de mariage, cette
communauté permet à l'épouse d'avoir, au
décès, à la dissolution de la communauté, la
moitié de tous les biens. Cela, c'est bien important, mais on en a peur
à cause des conséquences économiques, à cause des
conséquences matérielles. Alors, on refuse la
communauté.
Par ailleurs, au point de vue de la justice, àl n'y a rien pour
remplacer la communauté de biens. Deux jeunes qui se marient, qui
partent, la plupart du temps, à zéro ont droit, à la
dissolution de la communauté, à la moitié des biens, l'un
envers l'autre.
Alors, nous avons voulu joindre les avantages des deux régimes,
celui de la séparation de biens quant à la capacité et
celui de la communauté quant aux avantages, quant à la justice
inhérente de la communauté.
Au cours des réunions que nous avons eues en commission, il y a
peut-être un mot qui a été discuté, celui de
société d'acquêts. On dit que c'est un mot vieillot qui
aurait pu être remplacé par un autre. Nous avons fait des
recherches. Nous avons demandé l'avis des légistes et des
experts. Or, au point de vue juridique, on n'a pas trouvé mieux que le
mot acquêts.
Dans cette société d'acquêts, nous avons voulu
donner les avantages des deux régimes. De plus, comme l'a dit le
député de Marguerite-Bourgeoys, nous avons innové; nous
avons là du droit nouveau. Comme dans le bill 29 que nous avons
adopté ici à l'Assemblée nationale la semaine
dernière, nous avons abrogé l'ar- ticle 689 qui disait: «
Nul n'est contraint de rester dans l'indivision. » afin de permettre
l'indivision. Eh bien, par le bill 10, nous avons abrogé l'article 1301
qui permet le cautionnement maintenant de deux époux égaux, des
deux époux d'une même capacité.
Nous avons abrogé cet article qui ne permettait pas à la
femme commune en biens de cautionner son mari. Nous avons permis la
mutabilité et la mobilité des contrats de mariage par l'article
1264 alors que le contrat de mariage pourra être modifié, que des
conventions nouvelles pourront être convenues entre les parties, pourvu
évidemment que les parties qui ont déjà signé ces
contrats soient présentes au même contrat et, il va sans dire,
avec toute la protection voulue puisqu'ils seront en forme notariée.
C'est un critère qu'il ne faut quand même pas négliger,
n'en déplaise à mes amis du Barreau, avec l'homologation d'un
juge.
Là nous retournons au tribunal pour faire plaisir aux deux
professions, je crois. Pour être très sérieux, Je crois
qu'il s'agit là d'une question de justice. Si l'on accepte la
mutabilité et la mobilité des contrats de mariage, je crois que
toutes les parties concernées... Même on dit qu'on devra informer
les créanciers par avis. Un autre article du code civil, l'article 1483
qui est une prohibition d'aliéner entre les époux, est encore
aboli par ce nouveau bill 10.
Il s'agit là d'un bill qui innove, qui est la suite logique du
bill 16. Pour revenir à mes remarques du début, en 1964, quand
j'ai reçu le bill 16, j'étais heureux que l'on se penche sur les
problèmes de la capacité de la femme et surtout de
l'épouse. J'ai étudié avec beaucoup
d'intérêt, j'ai assisté à dix des onze
séances de cette commission et Je crois que c'est une question
d'équité que nous allons régler par le bill 10. Nous avons
voulu que le bill 10 devienne le régime légal de la plupart des
nouveaux époux dans le Québec.
A ce sujet, nous en avons parlé en commission, il s'agira de
faire beaucoup de publicité. Il s'agira de rendre compte des avantages
du bill 10. Je crois que la meilleure publicité que nous pourrons faire
c'est de diffuser et de rendre public le magnifique exposé qui a
été fait par le ministre de la Justice ce soir, de même que
l'intervention du député de Marguerite-Bourgeoys, qui
étaient deux études fouillées et bien à propos sur
cet important projet de loi.
Les avocats et les notaires devront travailler à la diffusion du
bill 10. Les notaires y perdront peut-être parce qu'ils ne feront plus de
contrat de mariage, mais par ailleurs, devant les avantages de la
capacité que nous donnons à la femme mariée dans le
Québec, je crois que tous
les députés de cette Chambre adopteront très
bientôt ce bill et que l'étude en comité sera facile.
Encore une fois, il s'agit d'un bill apolitique et apartisan que nous avons
étudié ensemble. Tous mes collègues de l'Assemblée
nationale y gagneront par l'adoption du bill 10. Merci.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Deux-Montagnes.
M. Gaston Binette
M. BINETTE : M. le Président, le projet de loi no 10 concernant
les régimes matrimoniaux apporte à cette partie de notre code
civil, qui traite des conventions matrimoniales, une réforme en
profondeur qui dépasse en importance, à mon avis, la loi de 1931
qui créait des droits relatifs aux biens réservés de la
femme mariée au Québec sous tout régime matrimonial que ce
soit.
Il dépasse également, par son ampleur du moins, le bill 16
de 1964 concernant la capacité juridique de la femme mariée. Vous
me permettrez, avant d'entrer dans le vif du sujet, de joindre ma voix à
celle des préopinants qui ont offert leurs condoléances les plus
sincères aux familles des deux juristes qui sont
décédés avant de voir le parachèvement de leur
oeuvre devenir une loi de cette province de Québec.
A ces familles éprouvées, j'offre également ma
sympathie la plus sentie.
Je voudrais également saluer la présence dans cette
Assemblée, à la suite de mon préopinant, du notaire Roger
Comtois, président du comité des régimes matrimoniaux et
mon ancien professeur ainsi que Me Paul Crépeau, professeur à
l'université McGill et président de l'Office de révision
du code civil. Me Crépeau est également un de mes
confrères de l'université de Montréal où nous avons
été diplômés ensemble en 1950. A ces deux
collègues, je rappelle que je garde d'eux le meilleur des souvenirs tant
comme confrères que comme professeurs.
Après quelques brèves considérations sur le bill no
16 qui fut considéré comme une première étape
très importante dans la révision de notre code civil, je ferai
des remarques d'ordre général sur le projet de loi no 10 que je
considère être une suite logique au bill no 16, comme l'ont
mentionné précédemment les préopinants.
Après ces remarques d'ordre général, jeter-minerai
en soulignant quelques-unes seulement des caractéristiques principales
de cette réforme ainsi que les effets qu'elle aura sur l'avenir de la
famille québécoise. Je tenterai également d'indiquer
quelques-uns des principaux avantages et les difficultés que
présentera cette réforme dans la pratique.
En 1964, le législateur, conscient de la nécessité
de reconnaître à la femme mariée la capacité
juridique, modifiait certains textes de notre code civil et assurait ainsi
à la femme mariée québécoise une place de choix sur
le triple plan familial, moral et pécuniaire. Les changements profonds
qui s'opéraient dans notre société moderne et dans la
famille, qui en est la cellule de base, ont permis au législateur de
réaliser que l'incapacité dont était frappée la
femme mariée au Québec était absolument injuste et ne
reflétait plus la réalité. Cette incapacité
juridique de la femme mariée, avant l'adoption du bill no 16,
était complètement anachronique et ne correspondait plus du tout
aux faits qui s'enracinaient de jour en jour, et depuis de nombreuses
années, dans la réalité quotidienne de notre
société québécoise.
Il fallait absolument que le législateur rende justice à
la femme mariée en rétablissant sa personnalité juridique
et en lui conférant les pouvoirs essentiels que nous avons connus par le
bill no 16. En 1964, le législateur aurait pu attendre d'avoir un
rapport plus complet de l'Office de révision du code civil avant
d'adopter cette loi. Mais le législateur, ayant réalisé
que les droits de la femme ne devaient pas être brimés plus
longtemps, a cédé aux pressions faites par les organismes
représentant l'élément féminin qui ont combattu
vigoureusement pour obtenir la reconnaissance de droits normaux pour la femme
mariée québécoise. Grâce aussi à l'impulsion
et à l'influence du seul député ministre du sexe
féminin, le député de Jacques-Cartier dans ce
temps-là, le gouvernement apporta donc le bill no 16 qui a
rétabli la personnalité juridique de lafemme mariée au
Québec en lui accordant des pouvoirs qui correspondaient à la
réalité quotidienne.
Cet asservissement de la femme était réellement
dégradant pour elle, à preuve vous me permettrez de vous rappeler
certains faits vécus dans ma pratique notariale.
Avant l'adoption du bill 16, c'est-à-dire avant 1964, lorsque je
faisais signer un contrat de mariage par des futurs époux,
c'était toujours une surprise désagréable pour la future
épouse majeure d'apprendre que sa capacité juridique était
diminuée par le fait de son mariage, même sous le régime de
la séparation de biens. Le meilleur moyen de consoler cette
épouse désolée de perdre ainsi sa capacité
juridique était de lui rappeler que si elle n'avait pas eu la sagesse de
signer un contrat de mariage en séparation de biens, par exemple, sa
situation sur le plan de la capacité juridique aurait été
encore pire, parce que la femme mariée en communauté
légale de biens était alors classée avec les incapables,
les mineurs, les inter-
dits, etc. Il fallait bien la consoler ainsi en lui faisant voir qu'en
choisissant tout de même la séparation de biens elle avait
opté pour un moindre mal sur le plan de la capacité juridique.
Cependant, si les époux avaient opté pour un régime de
communauté conventionnel de biens, soit la communauté
réduite aux acquêts ou tout autre régime conventionnel, le
seul moyen de consoler l'épouse qui se voyait à ce
moment-là dépouillée presque complètement de sa
capacité Juridique était de lui rappeler la loi de 1931 qui
créait les biens réservés pour la femme mariée au
Québec. Après lui avoir expliqué les avantages de cette
sorte de biens relativement nouvelle, sur lesquels elle avait plein pouvoir,
sans trop insister sur les difficultés d'application parfois très
complexe de cette forme de biens, elle acceptait de meilleur gré cette
situation d'infériorité dans lequel le mariage la plaçait.
Le bill 16 a donc eu ce grand mérite de corriger cette situation
anachronique et archaïque, cette situation d'un autre âge dans
lequel la femme mariée du Québec était obligée de
vivre.
La loi de 1964 mettait fin à cette servitude juridique de la
femme mariée au Québec en redonnant à cette
dernière les pouvoirs qui lui revenaient normalement, afin de
rétablir l'équilibre de sa personnalité juridique avec
celle de son mari. C'était une première étape très
importante sur le plan humain pour l'épouse
québécoise.
Pour souligner les mérites du bill 16, vous me permettrez, M. le
Président, en terminant cette première partie de mon
exposé, de citer un extrait d'un article paru dans la Revue du notariat
de février 1968, volume 71, no 7, sous la signature du regretté
professeur Louis Beaudoin, un des membres de la commission des régimes
matrimoniaux à la faculté de Droit de l'Université de
Montréal, et je cite nous verrons ensuite l'évolution de
cette pensée : « La nouvelle loi, disait-il, a eu la
sagesse, tout en donnant à la femme un rôle actif dans
l'administration des intérêts pécuniaires du mariage, de ne
pas faire disparaître complètement celui du mari comme chef de
famille; elle a ainsi évité ce qu'on a justement appelé la
constitution d'une société maritale bicéphale sans pour
cela nuire à une certaine unité de direction toujours
nécessaire dans un ménage. » Lorsque nous
considérons le bill 10 aujourd'hui, nous remarquons qu'il s'agit d'un
équilibre dans la direction des affaires du ménage, qui est
partagée également entre le mari et son épouse.
C'est donc une évolution sur le bill 16 que nous constaterons
dans le bill 10.
Après ces quelques brèves remarques sur la loi de 1964,
j'en arrive, M. le Président, à mes considérations d'ordre
très général, je l'admets, sur le projet de loi
numéro 10 qui, à mon avis, est une deuxième étape,
et une étape logique, comme je l'ai déjà dit, dans la
revision de notre code civil, instrument de base de notre droit civil
québécois.
S'attaquer à une telle besogne n'était pas une mince
affaire, car tous les hommes de loi qui sont familiers avec le code civil
savent que si on touche à un des articles du code civil, nous pouvons
affecter un très grand nombre des autres articles. C'est ce qui se
produit chaque fois, ou presque chaque fois qu'une modification est
apportée au code civil, car notre code civil québécois est
un tout qui se tient.
Toucher à des institutions centenaires ce qui est le cas
de notre régime légal, la communauté de biens est
une tâche considérable, mais vu que ce régime ne semblait
plus répondre aux besoins de l'ensemble des ménages du
Québec, il fallait s'y attaquer avec tout le courage et la
détermination voulus, sans perdre de vue le but poursuivi, lequel a
été de trouver un régime légal qui convienne
à l'ensemble des ménages québécois, dans un
contexte qui a évolué considérablement depuis
au-delà de cent ans.
L'établissement d'un nouveau régime légal du
mariage doit aussi se situer dans la réalité de 1969, en tenant
compte de la capacité nouvelle que la femme mariée du
Québec avait acquise par le bill 16.
A cause de l'évolution rapide dans laquelle nous vivons, à
l'ère spatiale, il faut comprendre que l'immutabilité des
conventions matrimoniales peut causer aujourd'hui plus de dommages à la
vie économique du ménage, qui se modifie, comme nous le savons,
souvent très rapidement. C'est pourquoi les juristes ont conclu qu'en
1969, il fallait apporter une attention particulière à cette
question de l'immutabilité et trouver une formule plus souple, qui doit
sauvegarder une certaine stabilité au régime matrimonial et tenir
compte, en même temps, de la sécurité des tiers qui
transigent ou contractent avec les personnes mariées.
C'est donc en tenant compte de la capacité juridique nouvellement
acquise à l'épouse par le bill 16, et en tenant compte
également de la stabilité du régime matrimonial et de la
sécurité des tiers, que le projet de loi modifie cette
caractéristique essentielle qu'était jusqu'alors la
caractéristique de l'immutabilité des conventions
matrimoniales.
Pour arriver à donner cette souplesse au régime
matrimonial et à permettre aux époux de changer de régime
durant le mariage, il a fal-
lu prévoir tout un mécanisme qui s'appelle le registre
central des régimes matrimoniaux, qui fera l'objet d'un autre projet de
loi, lequel sera étudié incessamment par cette
assemblée.
Le nouveau régime légal proposé se veut un
régime mitigé entre la séparation de biens et la
communauté légale de biens. Tirer de ces deux régimes
matrimoniaux tous les avantages possibles et tenter, par la même
occasion, d'éviter les difficultés d'ordre pratique qu'une telle
réforme peut comporter, c'était, à prime abord, un tour de
force presque irréalisable.
Les juristes se sont penchés durant des mois et des années
sur ces problèmes et ils ont presque réalisé ce qui nous
paraissait impossible au début. Ils en sont venus à nous proposer
ce régime légal, la société d'acquêts, qui,
par l'adoption du projet de loi no 10, remplacera le régime de la
communauté légale de biens.
Les meilleures chances de succès de ce nouveau régime sont
que les juristes qui ont travaillé à ce projet de loi connaissent
leur métier à fond, car la plupart d'entre eux ont une
connaissance non seulement théorique du droit, par leur enseignement
universitaire, mais ils ont également, pour la plupart, pratiqué
le droit comme avocat ou comme notaire.
Le droit civil en particulier est une science normative,
c'est-à-dire une science qui est forcément en retard sur les
faits. Lorsqu'on le modifie ce droit civil, c'est toujours une tâche
très considérable. Les constatations qui ont été
faites par les juristes du changement de la réalité quotidienne
dans la vie des ménages du Québec, leur ont permis ainsi qu'aux
législateurs qui connaissent le problème, de s'intéresser
de très près à cette modification des régimes
matrimoniaux au Québec. Les membres de l'Office de révision n'ont
rien négligé avant de prendre leur décision, avant de
soumettre aux législateurs le régime de la société
d'acquêts comme régime légal. Même s'ils n'ont pas
fait d'enquêtes sociologiques dans l'ensemble de la population, comme
cela s'est fait dans d'autres pays, Ils ont cru bon d'examiner toutes les
références qu'ils avaient à leur disposition, sans
toutefois se laisser nécessairement influencer par les résultats
de certaines enquêtes. Je pense à ce moment-ci à
l'enquête menée en 1962 auprès de tous les notaires de la
province de Québec, afin de tenter de connaître dans les faits
eux-mêmes la réalité du ménage
québécois.
Cette enquête a démontré qu'en 1962, 73% des jeunes
couples optaient pour le régime conventionnel de la séparation de
biens, ce qui marquait une augmentation de 30% par rapport à
l'année 1932, soit 30 ans plus tard.
Me Roger Comtois, l'un des juristes qui ont sans doute influencé
fortement le bill 10, a fait une analyse des résultats de cette
enquête et il indiquait dans son analyse que, chez la majorité des
praticiens, l'excuse pour ignorer la communauté conventionnelle de biens
se trouve plutôt « dans une attitude de résignation quand ce
n'en est pas une de routine ou de paresse intellectuelle ».
Cette remarque, pas trop flatteuse, évidemment, pour les
notaires, avait quand même son fondement de vérité. Je n'ai
pas l'intention de me défendre ni de prendre la défense de mes
confrères à ce moment-ci. Mais je dois dire que là n'est
pas la seule raison du choix du régime de la séparation
conventionnelle de biens par la majorité des jeunes époux qui
avaient contracté mariage sous le régime de la séparation
de biens, avant 1962.
Une des raisons importantes, je l'ai dit précédemment, est
que, lorsque le notaire expliquait à l'épouse la diminution
considérable de sa capacité juridique, eh bien, l'épouse
commune en biens, en particulier, refusait pratiquement d'accepter la
communauté de biens, parce qu'elle se voyait, à ce
moment-là, dégradée dans sa personne.
M. le Président, il est onze heures, je demanderais l'ajournement
du débat.
M. LE PRESIDENT: Cette motion sera-t-elle adoptée?
Adopté.
M. PAUL: Peut-être que nous pourrions donner le programme, si
possible pour le reste de la semaine, sans, cependant, que ce soit trop rigide.
Demain, nous pourrions entreprendre la deuxième lecture du projet de loi
72, Loi des tribunaux judiciaires. S'il nous restait du temps, nous pourrions
compléter la deuxième lecture du projet de loi 10 et aller en
comité plénier. Jeudi, il avait déjà
été convenu d'une façon péremptoire pour
employer un terme de droit que nous procéderions a l'étude
des projets de loi 79, 80 et 81 inscrits au nom de l'honorable ministre du
Travail et de la Main-d'Oeuvre, pour ensuite entreprendre, si possible,
l'étude en deuxième lecture du projet 71: Charte du centre de
recherche industrielle. Entretemps, nous pourrions peut-être adopter un
projet de loi qui n'est pas encore numéroté, mais dont le titre
est le suivant: Loi concernant le registre central des régimes
matrimoniaux.
Vendredi, nous pourrions terminer l'étude des projets de loi 71
et 10 pour ensuite ajourner.
Il se peut, cependant de toute façon j'en informerai
l'honorable chef de l'Opposition
qu'un contretemps nous oblige à changer notre programme de la
semaine.
M. le Président, j'ai l'honneur de proposer l'ajournement de la
Chambre à demain après-midi trois heures.
M. LE PRESIDENT: La Chambre s'ajourne à demain après-midi
trois heures.
(Fin de la séance: 22 h 59)