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(Quinze heures sept minutes)
M. LEBEL (président): Qu'on ouvre les portes. A l'ordre,
messieurs!
Présentation de pétitions. Lecture et réception de
pétitions. Présentation de rapports de comités
élus.
L'honorable député de Portneuf.
Comité du code municipal
M. PLAMONDON: M. le Président, le comité du code municipal
a l'honneur de soumettre à votre honorable Chambre son premier rapport.
Votre comité a décidé de rapporter, avec les amendements,
les bills suivants: bill 285, Loi modifiant de nouveau la loi des cités
et villes; bill 286, Loi modifiant de nouveau le code municipal.
Respectueusement soumis.
M. BELLEMARE: M. le Président, puisque ces bills sont
rapportés au comité plénier, si la Chambre n'avait pas
d'objection, et qu'il y ait unanimité, nous pourrions peut-être
faire rapport du comité au président et le président
pourrait accepter le rapport du comité. Nous pourrions alors passer
à la troisième lecture immédiatement.
M. LESAGE: Je suis parfaitement d'accord, sous toute réserve de
revenir à la période des questions.
M. BELLEMARE: Oui, d'accord.
M. LE PRESIDENT: De consentement unanime il sera inscrit au
procès verbal que le comité plénier s'est formé et
qu'il a fait rapport.
M. BELLEMARE: Troisième lecture.
Bills 285 et 286 Troisième lecture
M. LE PRESIDENT: De consentement unanime l'honorable ministre des
Affaires municipales propose que les projets de loi 285 et 286 soient lus une
troisième fois. Cette motion se-ra-t-elle adoptée?
M. BELLEMARE: Adopté. M. LE PRESIDENT: Adopté.
Présentation de motions non annoncées. Présentation
de bills privés. Présentation de bills publics.
M. BELLEMARE: M. le Président, apparaissent aujourd'hui en
appendice, les avis de motions de l'honorable ministre des Institutions
financières: Loi modifiant la loi des Associations coopératives
et la Loi modifiant la loi des caisses d'épargne et de crédit. Si
la Chambre était unanime nous pourrions peut-être les appeler en
première lecture immédiatement.
M. LESAGE: M. le Président, étant donné que les
bills sont imprimés et que, deuxièmement, la Chambre comme telle
ne siégera pas demain, je pense que nous avons tous intérêt
à ce que ces bills soient lus en première lecture dès
maintenant, afin que tous les députés puissent prendre
connaissance du texte de chacun des deux bills.
M. BELLEMARE: Alors, M. le Président, voulez-vous...
Bill 293
M. LE PRESIDENT: De consentement unanime l'honorable ministre des
Institutions financières propose la première lecture de la Loi
modifiant la loi des associations coopératives. Cette motion sera-t-elle
adoptée?
Adopté.
M. LE GREFFIER ADJOINT: Première lecture de ce bill. First
reading of this bill.
M. LE PRESIDENT: Deuxième lecture à la prochaine
séance ou à une séance subséquente. De consentement
unanime, l'honorable ministre des Institutions...
M. BELLEMARE: L'honorable ministre pourrait-il donner les
explications?
M. LE PRESIDENT: Oui.
M. LESAGE: Je voudrais être certain que les dispositions sont
prises pour que les deux projets de loi soient distribués
immédiatement.
M. BELLEMARE: Oui.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Institutions
financières.
M. GABIAS: M. le Président, d'abord vous me permettrez de dire
à cette Chambre que les
copies de galées ont été envoyées ce matin
au chef de l'Opposition. Les dispositions ont été prises pour que
ces deux projets de loi soient imprimés dès aujourd'hui et
distribués cet après-midi à tous les membres de cette
auguste assemblée.
On me demande de donner quelques explications sur le projet de loi 293.
Il s'agit de légaliser le fait que le solde provenant de la liquidation
d'une association coopérative lors de sa dissolution,
après paiement des dettes et des frais et remboursements des sommes
versées sur les parts soit versé à une autre
association coopérative ou à une fédération
d'associations coopératives désignée par le
lieutenant-gouverneur en conseil, sur avis du conseil de la
coopération.
Ce projet de loi contient également des amendements pour le cas
d'une association coopérative qui a pour fin principale l'organisation
de services ou la distribution de marchandises à l'usage personnel de
ses membres ou usagers. Le projet ferait disparaître les règles
voulant que la part sociale soit de $10, qu'un membre doive souscrire cinq
parts ou plus et que la vente à crédit soit prohibée, sauf
aux conditions déterminées par règlement.
En d'autres termes, c'est pour rendre plus facile l'achat de parts
sociales.
M. LE PRESIDENT: La motion de première lecture sera-t-elle
adoptée? Adopté.
M. LE GRE FFIER-ADJOINT: Première lecture de ce bill. First
reading of this bill.
M. LE PRESIDENT: Deuxième lecture à la prochaine
séance ou à une séance subséquente.
Bill 294
M. LE PRESIDENT: De consentement unanime, l'honorable ministre des
Institutions financières propose la première lecture de la Loi
modifiant la loi des caisses d'épargne et de crédit.
L'honorable ministre des Institutions financières.
M. GABIAS: Ce projet a pour objet de permettre au ministre des
Institutions financières, compagnies et coopératives, d'autoriser
toute fédération de caisses d'épargne et de crédit
à faire des placements dans des actions ordinaires de corporations, aux
conditions qui sont déterminées par règlement du
lieutenant-gouverneur en conseil.
Une fédération ne pourra acquérir des actions en
vertu des nouvelles dispositions que jusqu'au 31 décembre 1970 et cela
parce que, présentement le comité des institutions
financières, coopératives et compagnies est à faire une
étude dont le rapport doit être remis au cours de l'année
1969. Par la suite, une refonte de toutes les lois concernant les
coopératives, caisses d'épargne et de crédit, pourra
être présentée à cette Chambre.
M. LE PRESIDENT: La motion sera-t-elle adoptée.
Adopté.
M. LE GREFFIER ADJOINT: Première lecture de ce bill. First
reading of this bill.
M. LE PRESIDENT: La deuxième lecture à la prochaine
séance ou à une séance subséquente. L'honorable
député de Saguenay.
Questions et réponses
Mises à la retraite à
l'Hydro-Québec
M. MALTAIS (Saguenay): M. le Président, ce n'est que tout
à l'heure que j'ai pu donner préavis de la question que j'entends
poser au ministre des Richesses naturelles. Le ministre pourrait-il nous dire
si le gouvernement approuve la politique de l'Hydro-Québec de mettre
à pied les employés manuels à 60 ans, alors qu'ils n'ont
droit à aucune pension?
M. ALLARD: M. le Président, je prends avis de la question et,
dès que j'aurai les informations à cet effet, je les transmettrai
à cette Chambre.
M. MALTAIS: Merci, M. le Ministre.
M. BELLEMARE: M. le Président, vous me permettrez bien...
M. LESAGE: Sur cette question, le député de Saguenay m'a
dit ce matin ce qui survenait aux employés de l'Hydro-Québec qui
atteignaient l'âge de 60 ans, sur la côte nord du moins. Je
voudrais attirer l'attention du ministre des Richesses naturelles sur le fait
qu'à l'âge de 60 ans, ces employés manuels, même
s'ils sont contremaîtres, n'ont droit à aucune pension. C'est
très grave pour eux, quand on considère que, non seulement, ils
ne recevront pas de pension, mais qu'ils ne pourront pas participer de leurs
cotisations au régime des rentes entre l'âge de 60 et 65 ans, et
seront placés dans une
situation comparative extrêirwment difficile lorsqu'ils
atteindront l'âge de la retraite, à 65 ans. L'injustice à
leur égard est donc, a mon sens, double.
M. ALLARD: Je prends note des remarques du chef de l'Opposition et je
fournirai des explications dès que je les aurai en main.
Retour de M. Paul Gérin-La joie
M. BELLEMARE: Il y a quelques semaines, toute la province a
été consternée en apprenant la maladie qui avait
frappé l'honorable député de Vaudreuil-Soulanges. Nous
sommes très heureux de le voir revenir parmi nous avec une meilleure
santé. Nous lui offrons, au nom de notre groupe, nos meilleurs voeux
d'excellente santé.
M. LESAGE: M. le Président, personne ne pouvait être plus
heureux que celui qui vous parle, de voir revenir l'ancien ministre de
l'Education, le député de Vaudreuil-Soulanges,
premièrement par amitié, deuxièmement à cause de
notre longue association dans le travail ses-sionnel et dans le travail du
parti, et troisièmement, par égolsme personnel, alors que nous
sommes à étudier des projets de loi touchant à
l'éducation.
M. BELLEMARE: C'est bien.
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, un mot tout simplement pour
remercier le chef de l'Opposition et le leader du gouvernement en Chambre de
leur amabilité. Je peux assurer mes collègues que je suis en
pleine forme pour appuyer ceux qui se trouvent de ce côté-ci et
attaquer ceux qui sont en face.
M. GABÏAS: II n'est pas tellement mieux.
M. BELLEMARE: Mon collègue qui vient d'ajouter qu'il n'est pas
tellement mieux, mais l'honorable député de Vaudreuil-Soulanges
va avoir une réserve. Il a un solide avertissement en tout cas.
M., LE PRESIDENT: L'honorable ministre de l'Agriculture.
Régie des marchés
M. VINCENT: Le vendredi 29 novembre 1968, en réponse à une
question posée par le chef de l'Opposition, je donnais lecture à
la Chambre d'un message que je recevais de la Régie des marchés
agricoles du Québec. A ce moment-là, j'ajoutais à la fin
de cette déclaration: « De plus, j'aimerais ajouter que je demande
à la Régie des marchés agricoles du Québec de
donner les transactions qui ont eu lieu pour cette période,
catégorie de lait, en octobre dernier et pour le mois de novembre...
M. LESAGE: Ce n'est pas tout à fait ce qui est
écrit...
M. VINCENT: Aujourd'hui, la Régie des marchés agricoles du
Québec m'informe...
M. LESAGE: ... au journal des Débats, mais quand même.
M. VINCENT: Bien voici...
M. LESAGE: « J'ai demandé à la régie de nous
donner les transactions de surplus de lait entre différentes laiteries.
Par la suite, ces chiffres seront discutés avec les producteurs...
M. VINCENT: Non, je pourrais continuer...
M. LESAGE: ... s'il y a lieu, il y aura des changements
d'apportés. »
M. VINCENT: Je cite une partie de la déclaration que
j'ajoutais...
M. LESAGE: Cela n'a pas d'importance. Du moment que nous aurons les
renseignements.
M. VINCENT: ... au texte qui m'a été fourni par la
Régie des marchés agricoles du Québec. Aujourd'hui, je
reçois un communiqué de la Régie des marchés me
donnant les transactions pour le mois d'octobre 1968. Sur le marché de
Montréal, la vente de lait embouteillé pour d'autres laiteries
secondaires a été de 175,000 livres sur un total de 74,250,000
livres de lait, dont 150,000 livres payées en classe 1 parce que les
producteurs de ces petites laiteries locales ne produisaient pas suffisamment
et 25,000 livres qui, d'après la nouvelle ordonnance, auraient
été payées aux producteurs du marché
impliqué. Valeur approximative de $750, ou un centième de cent,
sur le prix moyen de Montréal. Nous obtiendrons maintenant les chiffres
pour le mois de novembre et toute cette question, comme je l'ai dit l'autre
jour, sera soumise au comité consultatif de la Régie des
marchés.
M. LESAGE: Je comprends, mais les chiffres d'octobre ne nous donnent pas
grand-chose
à moins qu'on puisse les comparer aux chiffres de novembre, qui
suivent la date d'entrée en vigueur des ordonnances concernant le prix
du lait sur le marché de détail mais aussi le prix du lait aux
producteurs. A quel moment le ministre pense-t-il avoir les chiffres pour
novembre? C'est à ce moment-là que nous pourrons voir les effets
des ordonnances.
M. VINCENT: Nous avons obtenu les chiffres pour le mois d'octobre 1968
à la fin de novembre. Je pense bien que la Régie des
marchés agricoles sera en mesure de nous fournir les chiffres pour le
mois de novembre très prochainement, car dans la deuxième
quinzaine du mois qui suit les livraisons, la Régie des marchés
est toujours en mesure d'avoir ces chiffres à cause de la
comptabilité qu'elle tient de toutes les laiteries de la région
de Montréal.
M. LESAGE: Est-ce que la régie n'aurait pas pu faire un effort
spécial et demander des chiffres aux grandes laiteries de la
région de Montréal qui embouteillent pour d'autres? Il s'agit de
savoir s'il y a eu une augmentation assez considérable au cours de
novembre?
M. VINCENT: C'est ce que nous avons demandé en date du 29
novembre. Aussitôt après avoir reçu les chiffres de la
régie pour le mois d'octobre la semaine dernière, j'aurais pu les
donner. Malheureusement je n'étais pas en Chambre et maintenant la
régie me dit qu'elle me fera parvenir dès qu'elle les aura les
chiffres pour le mois de novembre 1968 qui s'est terminé il y a quelques
jours.
M. LESAGE: Pendant ce temps-là les producteurs de lait de la
région de Montréal continuent de se sentir victimes d'une
injustice.
Il est probable que la session finira jeudi ou vendredi, et le ministre
de l'Agriculture s'en tirera à l'anglaise, c'est le cas de le dire.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. VINCENT: M. le Président, l'injustice que mentionne le chef de
l'Opposition aurait été de 1/100 de cent les cent livres de
lait.
M. LESAGE: C'est au mois d'octobre alors que... les ordonnances sont
entrées en vigueur le 1er novembre.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! M. BELLEMARE: Trois.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! L'honorable député de
Richmond.
M. VINCENT: Pas dans Bagot, non plus.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! L'honorable député de
Richmond.
Les institutions privées
M. LAFRANCE: Comme on parle de fin de session, je m'adresse au leader de
laChambre, peut-être au ministre associé ou attaché au
ministère de l'Education. Est-ce l'intention du gouvernement de
présenter sa loi-cadre relativement aux institutions privées? Le
ministre a laissé entendre qu'il allait le faire avant la fin de cette
session. Est-ce l'intention du gouvernement de la présenter?
M. MORIN: Les bills 56 et 61, Lois concernant l'enseignement
privé, ont été refondus pour faire un seul bill qui
devrait être déposé jeudi ou vendredi matin au plus
tard.
M. LAFRANCE: Est-ce l'intention du gouvernement de faire adopter la loi
au cours de cette session? Et une question supplémentaire: Est-ce qu'on
va soumettre le texte final aux institutions ou aux représentants des
institutions, aux parents qui sont intéressés à le
connaître?
M. BELLEMARE: Je crois, M. le Président, que, lorsque le bill
sera terminé, nous ferons parvenir une copie, de la galée.
M. LESAGE: II y a eu des auditions publiques et de nombreuses
représentations.
M. BELLEMARE: Oui, nous avons pris note de ces représentations et
nous avons, je pense, rendu justice à ceux qui voulaient obtenir
justice.
M. LESAGE: J'aimerais mieux entendre les commentaires de ceux qui
voulaient obtenir justice plutôt que ceux du ministre du Travail.
M. BELLEMARE: D'accord, M. le Président. Nous allons prendre
toutes les précautions pour que toutes les parties soient
favorisées.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Mercier.
Les finances de Montréal
M. BOURASSA: Une question au ministre des Finances. A la suite de ses
rencontres avec M. Saulnier, hier ou aujourd'hui, est-ce que le ministre des
Finances pourrait annoncer si le gouvernement du Québec a l'intention de
prendre les mesures pour alléger les difficultés
financières de la ville de Montréal?
M. DOZOIS: M. le Président, les discussions avec la ville de
Montréal ne sont pas terminées. Je viens de laisser M. Saulnier,
il y a à peine dix minutes, et je dois le revoir de nouveau ce soir.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Deux-Montagnes.
Budgets scolaires approuvés
M. BINETTE: M. le Président, ma question s'adresse au ministre
d'Etat à l'Education que j'avais prévenu d'ailleurs de cette
question. Le ministre pourrait-il dire à cette Chambre combien il y a de
commissions scolaires locales et régionales dont les budgets pour les
années 66/67 et 67/68 n'ont pas été encore
approuvés, combien ont été approuvés et quelles
sont les raisons des retards, s'il y en a?
M. MORIN: Je remercie le député de m'avoir prévenu
de sa question. Pour l'année 66/67, quatre budgets n'auraient pas
été approuvés. Pour l'année 67/68, budgets non
soumis: 29; 1241 ont été approuvés. Il y en a encore 272
en cours d'analyse.
M. LE PRESIDENT: Affaires du jour. M. BELLEMARE: Trois.
M. LE PRESIDENT: L'honorable chef de l'Opposition.
Bill 290
M. LESAGE: Une question au leader de la Chambre. Pour ce qui est du
projet de loi 290 sur les métiers de la construction...
M. BELLEMARE: Pardon?
M. LESAGE: ... n'est-ce pas l'intention du leader du gouvernement de
référer le bill avant la deuxième lecture à un
comité de travail de la Chambre?
M. BELLEMARE: Oui, d'accord.
M. LESAGE: Un comité ad hoc, ou le comité de relations
industrielles?
M. BELLEMARE: ... l'honorable député d'Ahuntsic m'a fourni
les noms cet après-midi des membres de son parti...
M. LESAGE: Oui.
M. BELLEMARE: ... qui devront travailler demain après-midi,
après les affaires du jour.
M. LESAGE: La Chambre siégera-t-elle à trois heures
demain?
M. BELLEMARE: Oui, demain après-midi, 3. trois heures, pour
continuer certains travaux en cours, comme, par exemple, les bills de
l'honorable ministre des Institutions financières.
M. LESAGE: Ah non! Tout de même, ce sont des bills fort complexes.
Des comités, dans les années antérieures, ont
siégé longuement sur toutes ces questions de coopération,
de caisses populaires et...
M. BELLEMARE: D'accord.
M. LESAGE: ... je tiendrais absolument à relire les travaux de
ces comités.
M. BELLEMARE: M. le Président...
M. LESAGE: La lecture des épreuves des deux bills m'indique qu'il
s'agit d'un coup de barre important dans un domaine assez difficile.
M. BELLEMARE: Si les travaux de la Chambre progressaient assez
sensiblement cet après-midi et si l'on terminait les travaux du
comité plênier pour l'étude du bill 88 et, ceux de l'OPTAT
ce soir, je pense que, demain après-midi, on pourrait peut-être
ajourner à jeudi matin, onze heures. Cela donnerait la chance à
tous ceux qui voudront voir ces bills-là et qui voudront aussi faire
partie de ce comité ad hoc de le faire, car ce ne sera pas uniquement
les cinq membres dont l'honorable député d'Ahuntsic m'a remis le
nom, qui pourront venir au comité ad hoc. Si la Chambre ne siège
pas, plusieurs autres pourront assister à l'étude du bill 290 sur
les relations du travail dans l'industrie de la construction. Nous pourrions,
alors, ajourner la Chambre à jeudi matin, onze heures.
Alors trois, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: De nouveau, en comité plénier.
Bill 88 Comité plénier
M. FRECHETTE (président du comité plénier): A
l'ordre! Bill 88, article 1.
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président...
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Vaudreuil-Soulanges.
M. GERIN-LAJOIE: A l'occasion de l'article 1, j'aimerais, avec votre
permission et celle de mes collègues, dire simplement quelques mots
d'une portée générale. Etant donné que j'ai
été empêché d'être en Chambre depuis quelque
temps, y compris hier, lors de la deuxième lecture du projet de loi,
j'aimerais tout de même faire certaines observations qui devraient
être au dossier, étant donné la façon dont j'ai
été lié aux questions d'éducation et de
développement universitaire, entre autres, pendant quelques
années.
J'ai lu, avec grand intérêt le discours prononcé
hier par le premier ministre à l'appui de ce projet de loi en
deuxième lecture. C'est un exposé qui situe très bien le
projet dans le cadre général des besoins du Québec en
matière d'éducation. Je pense que la perspective qu'il a
donnée du développement universitaire au Québec, pour les
prochaines années, et du rôle que l'Université du
Québec sera appelée à y jouer, est de nature à
stimuler tous les Québécois soucieux du développement du
Québec.
Le chef de l'Opposition a fait un exposé qui a mis en
lumière certains aspects particuliers, certaines fonctions que devra
bien remplir cette nouvelle université ou, je devrais dire, cette
nouvelle institution d'un caractère nouveau que sera l'Université
du Québec. Je donne mon entier appui, cela va de soi, je pense, aux
paroles prononcées par le chef de l'Opposition.
J'aimerais ajouter que ce projet de loi me paraît être le
couronnement des grandes mesures législatives qui s'imposaient pour
mettre en oeuvre la réforme de l'éducation au Québec.
Après la réforme par laquelle on a institué le
ministère de l'Education, a réforme des structures à
l'enseignement élémentaire et secondaire, après
l'institution du régime des CEGEP au Québec, voilà
maintenant qu'on a adopté une Loi du conseil des universités, il
y a de cela quelques mois, et aujourd'hui, la Loi de l'Université du
Québec.
C'est donc dire que l'ensemble des nouvelles structures administratives
proposées par le rapport Parent seront désormais en place. Il
restera, bien sûr, la restructuration scolaire de l'île de
Montréal, qui n'est pas une mince tâche, et qui devra
compléter la réforme des structures au niveau de l'enseignement
secondaire.
M. le Président, une fois ces grandes lois de structure
adoptées, je pense qu'il importe de bien se rendre compte et je
touche directement ici au bill 88 qu'on n'aura franchi qu'une
étape, que le vrai défi, le grand défi à relever,
c'est celui d'animer ces structures, c'est celui de leur faire remplir vraiment
des buts pour lesquelles elles auront été constituées.
Au sujet du bill 88, qui est devant nous, je n'aurai pas, vous vous en
rendrez compte, de commentaires ou de questions pour la peine, à
l'occasion de l'étude article par article. Dans l'ensemble, quant
à moi, ce projet de loi, qui est le fruit d'un long travail, d'une
gestation de trois ou quatre ans, me paraît très bien conçu
et très bien formulé.
Mais le vrai défi à relever sera celui d'animer les
structures ainsi prévues. Quand on parle dans notre milieu, depuis
quelques mois, de toutes les questions qui se posent dans le domaine de
l'éducation, quand on parle des remous chez les étudiants, quand
on parle des remous au sein du corps professoral, il ne s'agit pas vraiment de
questions de structure. Il s'agit, bien au contraire, d'aménagement des
individus et des groupes de travail, des buts qui sont vraiment proposés
à ces groupes et de la façon dont les groupes et les individus au
sein d'un groupe sont appelés à participer à la vie des
institutions.
Alors, si nous nous réjouissons de la présentation de ce
projet de loi et si nous, de l'Opposition, y donnons notre entier appui,
à l'occasion de ce débat, je pense qu'il importe, par ailleurs,
de bien mettre en lumière que l'adoption de ce projet de loi ne
règle pas la question du développement de l'enseignement
universitaire et de la recherche au Québec. On a tout simplement
posé un jalon nécessaire, essentiel, et le vrai défi
à relever, en somme, existe à partir du jour où la
sanction aura été donnée à ce projet de loi,
où des hommes auront reçu la responsabilité d'animer la
nouvelle institution avec l'appui du gouvernement, en collaboration avec le
ministère de l'Education, en collaboration avec tous les groupes
appelés à jouer un rôle, d'une façon ou d'une autre,
dans la vie de l'éducation au Québec.
Qu'il s'agisse des étudiants, des professeurs ou des milieux de
travail, je pense que cette liaison avec le milieu du travail est aussi im-
portante au niveau de l'université qu'aux autres niveaux de
l'enseignement au Québec. C'est dans cette perspective que je suis
heureux de donner mon appui à ce projet de loi et de procéder,
sous votre présidence, avec mes collègues, à
l'étude article par article.
M. BELLEMARE: Je voudrais simplement ajouter un mot, pour dire que ce
que vient d'élaborer l'honorable député de
Vaudreuil-Soulanges est une continuation de cette pensée que nous
voulons tous ensemble bâtir pour Québec et surtout rendre plus
faciles la participation et l'accessibilité des jeunes à ces
universités. Nous le remercions et nous allons essayer, pendant cette
étude en comité plénier, de rencontrer autant
d'objectivité qu'il en a eu dans son discours.
M. LE PRESIDENT: Article 1. Cet article sera-t-il adopté?
M. GERIN-LAJOIE: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté avec tous les sous-paragraphes. Article
2.
M. BELLEMARE: Le nom de l'organisme. Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 3.
M. GERIN-LAJOIE: Au sujet de l'article 3, le chef de l'Opposition a mis
en lumière, hier, jusqu'à quel point il est important que
l'Université du Québec ait comme responsabilité majeure,
presque sur un pied d'égalité avec celle de pourvoir à la
formation des maîtres, la responsabilité de l'éducation
permanente au Québec. Le chef de l'Opposition a mis en lumière
l'importance toute particulière de cette fonction pour le grand milieu
montréalais. Mais, bien sûr, les mêmes observations valent
pour l'ensemble de la province, où l'Université du Québec
aura à jouer son rôle.
Je me demande s'il aurait été à propos d'ajouter
à l'article 3 une mention de cette responsabilité, de cet objet
de l'Université du Québec. Bien sur, quand on parle
d'enseignement supérieur, on englobe l'éducation permanente, tout
autant que l'éducation du premier cycle universitaire et les
études de doctorat. Mais, cela englobait aussi la formation des
maîtres. Nous n'avions pas besoin, strictement parlant, de le mentionner.
On l'a mentionné sans doute du côté du gouvernement
on pourra m'infirmer ou me confirmer tout simplement parce qu'on voulait
mettre en relief cet objet. Je me demande donc s'il y aurait lieu de faire une
addition, ici, pour y mentionner l'éducation permanente.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre d'Etat à l'Education.
M. MORIN: M. le Président, il est évident que
l'Université du Québec s'occupera activement de
l'éducation permanente.
D'ailleurs, le premier ministre en a fait mention hier, dans son
discours, mention que l'on retrouvera aux pages 31 et suivantes. A ce sujet, il
faut noter d'abord que l'Université du Québec, dans le cadre de
ses responsabilités et quant à la formation des maîtres,
s'occupera évidemment du perfectionnement des maîtres en exercice.
De plus, il faut souligner que la for me d'organisation de l'enseignement
proposée par le groupe « recherche et développement
», confirmée par le rapport Roy de l'université Laval et
décrite par le premier ministre dans son discours est
délibérément souple pour permettre à
l'éducation permanente de se réaliser dans le cours normal du
fonctionnement de l'université. C'est une formule qui comptabilise les
coûts et qui permet aux étudiants d'acquérir des
crédits pour chaque coût. Il faut bien se rendre compte que ce
n'est pas la loi qui régit l'organisation de l'enseignement ni
même, évidemment, les horaires des cours. Ce sont des
matières qui seront régies par les universités
constituantes et en particulier par le conseil des études de
l'Université du Québec.
D'ailleurs, c'est ce qu'on retrouve à l'article 19 aux
paragraphes a) et c). Je craindrais, M. le Président, qu'en ajoutant des
mentions particulières au texte du projet, on ne tende à
restreindre la portée de la loi. Dans l'article 19 en particulier, les
paragraphes b) et c) couvrent la question de l'éducation permanente sans
qu'il soit besoin, je pense, de la mentionner spécifiquement.
Il faut noter aussi que l'Université du Québec n'aura pas
une responsabilité exclusive à l'égard de la formation des
maîtres. Les universités existantes continueront à
participer à la formation des maîtres.
M. PEARSON: Justement, M. le Président, au sujet de l'article 3,
on dit ici: « Contribuer à la formation des maîtres. »
Est-ce à dire que les écoles normales continueront d'être
sous la tutelle ou sous la direction du ministère de l'Education et que
l'Université du Québec ne s'occupera de la formation des
maîtres qu'à la sortie des écoles normales, ou si c'est
l'Université du Québec qui contrôlera toute la ligne,
autrement dit à partir de la première année de
l'école normale?
M. MORIN: C'est l'Université du Québec, en somme. Les
écoles normales qui seront intégrées à
l'intérieur de l'Université du Québec, il n'en est pas
question.
M. PEARSON : Mais est- ce que ça laisse supposer, d'après
la réponse qu'on vient de donner, qu'il y aura des écoles
normales indépendantes?
M. MORIN: C'est le règlement 4 qui, au sujet des permis et
brevets d'enseignement, régit toutes les institutions.
M. LE PRESIDENT: Article 3, adopté. Article 4. Adopté avec
tous les paragraphes.
M. BELLEMARE: D'accord.
M. LE PRESIDENT: Article 5.
M. BELLEMARE: Pouvoirs d'expropriation.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 6. Adopté. Article 7.
M. BELLEMARE: Composition de l'assemblée des gouverneurs.
M. LE PRESIDENT: Adopté avec ses sous-paragraphes.
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, au sujet de l'article 7,
j'imagine que le ministre et ses collègues sont conscients que
l'assemblée des gouverneurs pourrait ne pas être nombreuse pour un
bon moment. Le gouvernement nommera le président, mais des recteurs
d'universités constituantes, il n'y en aura pas pour un bon moment. Des
instituts de recherche et des écoles supérieures constituantes,
il n'y en aura pas pour un bon moment. Pour ce qui est des cinq personnes
choisies parmi les professeurs et les étudiants, il n'y en aura pas pour
un bon moment. Enfin, des vice-présidents selon le paragraphe f) il
pourrait bien ne pas y en avoir pour un certain temps non plus. Je ne vois pas
par conséquent d'objection fondamentale.
Mais je ne sais pas si, du côté du ministère et du
gouvernement, on s'est rendu compte de cela pleinement.
M. MORIN: II s'agit d'un organisme en croissance; il faut commencer par
nommer un président et le reste suivra.
M. LE PRESIDENT: Alors, article 7 adopté. Article 8,
adopté?
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, l'article 8, s'il vous
plaît, Pourquoi limitons-nous à une fois le renouvellement de
mandat des personnes choisies parmi les directeurs d'instituts de recherche et
d'écoles supérieures et parmi les professeurs et les
étudiants?
Dans le cas des instituts de recherche, je vois une objection assez
sérieuse, parce qu'en vertu de l'article 7d), le recteur de chaque
université fait partie de l'assemblée des gouverneurs
indéfiniment. Dans le cas du paragraphe c), s'il y avait seulement trois
instituts de recherche et écoles supérieures, nous ne pourrions
plus prendre des directeurs pour en faire des membres de l'assemblée des
gouverneurs, après que les directeurs auraient siégé
pendant deux mandats. Alors, je me demande si cette restriction-là a une
signification et un but particuliers et si cela ne peut pas soulever des
objections.
M. MORIN: C'est de façon à assurer, en fait, que
l'ensemble des instituts de recherche participent à tour de
rôle.
M. GERIN-LAJOIE: Une hypothèse bien précise. Supposons que
seulement trois instituts de recherche ou écoles supérieures
constituants fassent partie de l'Université du Québec.
M. MORIN: Mais cela est extrêmement improbable.
M. GERIN-LAJOIE: Mais, c'est quand même une hypothèse.
Pendant une certaine période, c'est possible qu'il y ait seulement trois
écoles supérieures. C'est à part les universités
constituantes, ne l'oublions pas. Je pense que cela peut poser des
difficultés considérables dans le choix des membres de
l'assemblée des gouverneurs venant des instituts de recherche ou des
écoles supérieures. Il me semble qu'au moins, dans ce
cas-là, nous devrions faire disparaître les restrictions,
c'est-à-dire qu'à l'article 8 nous devrions enlever, au moins, la
mention du paragraphe c).
M. MORIN: II ne faut pas oublier que cela couvre, en fait, une
période de six ans. Après six ans, c'est assez improbable qu'il
n'y ait que trois écoles supérieures.
M. GERIN-LAJOIE: Alors, je vais aller plus loin. Non seulement s'il n'y
a que trois instituts de recherche ou écoles supérieures, mais
s'il y en a cinq même, nous ne pourrions pas avoir des directeurs
d'instituts de recher-
che ou d'écoles supérieures après six ans, parce
que les trois premiers disparaissent.
Alors, si on veut en nommer trois autres, on pourrait en prendre deux
parmi les directeurs et, pour le troisième, on ne pourra pas prendre le
directeur.
En somme, la restriction suppose qu'il y a, au moins, six instituts et
écoles supérieures. Alors, dès qu'il n'y en a pas six, on
ne peut pas fonctionner.
M. MORIN: II me semble qu'il n'y aurait pas d'objection à faire
disparaître l'article 8, paragraphe c) afin de prévoir
l'hypothèse extrême.
M. BELLEMARE: Les mandats des personnes visées aux paragraphes d)
et e) de l'article 8. Le c) disparaît.
M. MORIN: A l'article 8.
M. LE PRESIDENT: Article 8 adopté tel qu'amendé. Article
9.
M. MORIN: Non, cela ne change rien à l'article 9.
M. LE PRESIDENT: Article 9, adopté? M. MORIN: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 10, adopté également.
M. GERIN-LAJOIE: A l'article 10, est-ce à dessein qu'on n'inscrit
pas, à « fait défaut d'assister au nombre de séances
de cabinet » les mots, « sans cause, » ou quelque chose au
même effet? Ne peut-il pas arriver vraiment des situations qui excusent
un membre de ne pas avoir été présent et où on
aurait intérêt à le conserver?
M. MORIN: Je pense bien que ce sont les règlements qui vont
stipuler les raisons d'absence.
M. GERIN-LAJOIE: Du point de vue juridique, je ne sais pas si l'article
10 permettrait aux règlements de prévoir des conditions.
M. BELLEMARE: Au conseil supérieur du travail, s'ils sont absents
plus que... au conseil consultatif, sauf s'ils viennent en personne. Dans le
code municipal, aujourd'hui, on l'a amendé d'ailleurs. Article 11.
M. LE PRESIDENT: Alors, article 10 adopté. Article 11,
adopté. Article 12, adopté aussi. Article 13, adopté.
Article 14.
M. GERIN-LAJOIE: Au sujet de l'article 14, on prévoit des
vice-présidents affectés à des tâches
particulières ou à des secteurs particuliers à
l'intérieur de l'université. Je me demande si c'est important de
faire cela, et si par moment cela ne peut pas être une cause d'embarras.
Je constate que, plus loin, à l'article 39, lorsqu'il s'agit des
universités constituantes, on prévoit la nomination de
vice-recteurs, sans mentionner dans la loi les fonctions auxquelles ces
vice-recteurs seront affectés. Je me demande si on n'aurait pas avantage
à laisser la détermination des fonctions des
vice-présidents au besoin, selon l'expérience de l'avis de
l'institution. On a eu le cas à l'université de Montréal
où, depuis un an ou deux, on a changé les fonctions des
vice-recteurs. Par exemple, on a senti le besoin de nommer un vice-recteur
exécutif assez récemment, c'est-à-dire avec une
responsabilité générale sur l'ensemble de l'institution.
Je constate évidemment qu'il n'y a pas obligation de nommer des
vice-présidents à ces diverses fonctions. Il y a le mot «
peut » et, plus loin, on dit que « l'assemblée peut aussi
avec l'approbation du ministre, nommer tout autre vice-président
». Sans doute n'y a-t-il pas une rigueur absolue dans cet article 14, tel
que rédigé. Je ma demande s'il y a une raison pour Ici
spécifier les fonctions, quand on ne le fait pas à l'article
39.
M. MORIN: C'est qu'au niveau provincial, ces fonctions-là sont
essentielles. J'aimerais d'abord préciser au sujet de l'article 14.
Quatre vice-présidents sont identifiés, correspondant aux quatre
principales fonctions de coordination pour l'ensemble du réseau des
universités constituantes, instituts de recherche et écoles
supérieures.
De plus, l'assemblée des gouverneurs peut nommer d'autres
vice-présidents. Mais seulement quatre d'entre eux peuvent faire partie
de l'assemblée des gouverneurs.
Il est à noter aussi que la structure centrale de
l'Université du Québec constituera une équipe
légère, composée essentiellement du président, des
vice-présidents et de quelques collaborateurs immédiats, qui
joueront auprès d'eux le rôle soit de spécialistes, soit de
conseillers.
M. LE PRESIDENT: Alors, article 14 adopté. Article 15,
adopté. Article 16, adopté. Article 17.
M. LACROIX: M. le Président, à lartlcle 17
peut-être aurais-je dû intervenir à l'article no 1, mais
étant donné les interventions publiques qu'a déjà
faites le ministre d'Etat à l'Education aujourd'hui, je me
réfère particulièrement à un discours qu'il avait
prononcé à Baie Saint-Paul, le 26 février 1966, lorsqu'il
était encore le professeur Jean-Marie Morin, de Lévis. Il
demandait si le ministre de l'Education, Me Paul Gérin-Lajoie, aurait le
courage de mettre sur la table toutes les cartes qu'il possédait.
« Aurait-il le courage, disait-il, de nous montrer la dernière
tranche du rapport Parent, laquelle doit porter sur la confession-nalité
et le financement de l'éducation dans le Québec »?
Je demanderais premièrement au ministre d'Etat: Celui qui est
assis à sa droite, à l'heure actuelle, et dont il demandait la
tête avant 1966, est-ce qu'il la demandera encore? Quant à la
confessionnalité qu'en fait-on dans la nouvelle Université du
Québec?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. GABIAS: On ne peut pas demander ou siège le
député des Iles-de-la-Madeleine. Il n'en a pas.
M. BELLEMARE: Pourquoi, M. le Président, aller pousser la
partisanerie jusqu'à ce point-là? Lorsqu'on a un débat
extrêmement sérieux où les meilleurs cerveaux sont
actuellement à travailler du côté de l'Opposition, pour
tâcher de trouver le meilleure façon de faire la meilleure loi, il
fallait que nous ayons cette intervention qui tombe comme un cheveu dans la
soupe. Qu'on reste donc dans le débat, si on veut faire quelque chose de
très bien...
M. GABIAS: Pas un cheveu, une « bibite ».
M. BELLEMARE: Que le député se prépare un peu plus
et, en troisième lecture, il fera son intervention. Il en aura le droit
en troisième lecture, l'honorable député...
M. LACROIX: M. le Président...
M. BELLEMARE: ... sur le bill en général. S'il a des
critiques contre le bill, il les fera.
Il aurait pu le faire hier soir. On a entendu des discours merveilleux
dans cette Chambre, des discours sans acrimonie. C'est comme une douche de
vinaigre, ça.
M. LACROIX: Est-ce que le député de Champlain
considère que c'est de la partisane- rie politique de s'informer quelle
sera la responsabilité du gouvernement en ce qui concerne la
confessionnalité?
M. BELLEMARE: C'est de la partisanerie politique que de nommer son
voisin en Chambre. Cet homme-là ne peut pas se défendre, c'est
clair, ça.
M. LACROIX: Est-ce qu'il ne pouvait pas se défendre avant
1966.
M. BELLEMARE: II n'est là pour recevoir les injures de
personne.
M. LACROIX: Est-ce qu'il pouvait mieux se défendre avant
1966?
M. BELLEMARE: Actuellement, on parle du bill 88, et je dis que c'est
indécent de traiter un fonctionnaire comme vient de le faire l'honorable
député.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. BELLEMARE: Ce n'est pas dans les règles du jeu.
M. LACROIX: M. le Président, alors que...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Jusqu'à l'article 16, tout allait
bien. Maintenant, j'essaie de revoir dans l'article 17 quelque chose qui
pourrait me permettre d'accepter l'intervention de l'honorable
député des Iles-de-la-Madeleine mais, très
honnêtement, je n'en vois pas. Je soumets très respectueusement
que cette intervention aurait dû être faite en deuxième
lecture ou pourrait être faite en troisième lecture. Je ne peux
donc pas laisser continuer l'honorable député des
Iles-de-la-Madeleine dans le même sens.
M. LACROIX: M. le Président, je me soumets à votre
décision, mais je vous dirai que lorsque l'honorable
député de Champlain a siégé de ce
côté-ci et qu'il pointait l'ancien sous-ministre de l'Education du
haut...
M. BELLEMARE: Je n'ai jamais fait ça.
M. LACROIX: Oui, vous l'avez fait, en ma présence.
M. BELLEMARE: Jamais. Que le député prenne ma parole et
qu'il relise les procès-verbaux.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Article 17.
M. LACROIX: C'est dommage que le journal des Débats n'ait pas
existé à ce moment-là.
M. BELLEMARE: C'est dommage que vous n'existiez pas, vous non plus.
M. LE PRESIDENT: Article 17.
M. BELLEMARE: Adopté. Article 18.
M. LACROIX: Vous ne voulez pas? On laisse tomber!
M. BELLEMARE: Composition des assemblées.
UNE VOIX: Cela ne s'apprête pas à toutes les sauces.
M. LACROIX: Ah oui, vous ne l'avez pas apprêté à
toutes les sauces..,,
M. BELLEMARE: A l'ordre, M. le Président. M. LE PRESIDENT:
Article 18.
M. BELLEMARE: Article 18, ce sont les principes de l'article 7,
composition de l'assemblée des gouverneurs.
M. LE PRESIDENT: Article 19.
M. BELLEMARE: Règlements généraux.
M. LE PRESIDENT: Article 19, adopté. Article 20,
adopté.
M. BELLEMARE: Article 20, présidé par le président
de l'université ou toute autre personne. D'accord.
Article 21.
M. LE PRESIDENT: Article 21, adopté.
M. BELLEMARE: Article 21, ce sont les commissions de planification.
M. LE PRESIDENT: Article 22, adopté. Article 23, adopté.
Article 24, adopté. Article 25.
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, une question sur l'article
23.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Vaudreuil-Soulanges.
M. GERIN-LAJOIE: Au point de vue des échéances, j'aimerais
savoir à quel moment le budget doit être soumis au gouvernement
par rapport aux relations qui doivent exister sur le plan budgétaire
entre l'université et le conseil des universités. Le budget
doit-il d'abord être soumis au conseil des universités ou d'abord
au ministère?
M. MORIN: D'abord au ministère et transmis au conseil des
universités.
M. GERIN-LAJOIE: Est-ce la procédure qui existe dans le cadre de
la Loi du conseil des universités?
M. MORIN: C'est ça. A l'article 4 du bill 57.
M. BELLEMARE: Alors, article 23, adopté.
M. LE PRESIDENT: Articles 23, 24, 25 adoptés.
Article 26.
M. GERIN-LAJOIE: Cela va faire des échéances courtes, si
l'on tient compte qu'ici, c'est 90 jours et, pour les universités
constituantes, 60 jours. M. le Président, je n'ai pas le numéro
de l'article devant moi.
M. MORIN: Article 45.
M. GERIN-LAJOIE: Est-ce 24 et 45? Enfin, je pense bien que, si les
délais ne sont pas respectés, il n'y aura pas de catastrophe.
Mais, ça fait des échéances assez courtes, je pense bien.
Je n'ai pas plus d'objection que ça, mais je signale la chose en
passant.
M. LE PRESIDENT: Article 25, adopté. Article 26, adopté.
Article 27.
M. CLICHE: Le ministre prévoit-il le nombre d'universités
constituantes?
M. MORIN: C'est le plan de développement qui
l'établira...
M. CLICHE: Quelles sont actuellement vos prévisions?
M. MORIN: ... arrêté avec le concours du conseil des
universités.
M. CLICHE: Combien d'universités constituantes
prévoyez-vous présentement? Une, deux, dix? Combien?
M. MORIN: Pour l'instant, comme je le disais, il y a Montréal,
Trois-Rivières et Chicoutimi.
M. LE PRESIDENT: Alors, article 25... M. CLICHE: Pour la formation des
maîtres? M. MORIN: Pas uniquement.
M. CLICHE: Aux trois endroits dont le ministre vient de parler, c'est
pour la formation des maîtres? Il le dira, si ce n'est pas ça.
M. BELLEMARE: II y a eu un excellent discours du premier ministre
hier.
M. CLICHE: Je l'ai lu, j'en ai une excellente idée.
Quelle est la réponse?
M. MORIN: Certains services d'enseignement supérieur, en
particulier, pour la formation des maîtres, doivent être maintenus
et développés dans certaines régions. Ils pourront
l'être sous la responsabilité directe de l'université du
Québec jusqu'à ce que les besoins et les ressources justifient
l'émission de lettres-patentes, la création d'une
université constituante.
M. CLICHE: Oui, mais si je comprends bien le ministre si je l'ai
mal compris, il me le dira au tout début ou pendant plusieurs
années, je ne sais pas pendant combien d'années,
l'université du Québec va certainement confiner ses
activités à la formation des maîtres. Est-ce que je
déduis ce que je dois déduire? Mes déductions sont-elles
correctes ou pas?
Dans les trois cas que l'on prévoit, Montréal,
Trois-Rivières et Chicoutimi, ce sera exclusivement pour la formation
des maîtres?
M. MORIN: Cela ne se limitera pas à cela. L'accent pourra
être mis sur la formation des maîtres, mais ça ne se
limitera pas exclusivement à la formation des maîtres.
M. CLICHE: Au départ, ce sera exclusivement ça.
M. MORIN: A Chicoutimi, par exemple, vous avez déjà le
commerce et le génie.
M. BELLEMARE: A Trois-Rivières, vous avez l'école pour la
formation des maîtres, vous avez les sciences, vous avez...
M. CLICHE: C'est le ministre du Travail qui répond,
là.
M. BELLEMARE: Non, c'est parce que le premier ministre...
M. CLICHE: C'est au ministre d'Etat à l'Education que je pose la
question.
M. BELLEMARE:... m'a instruit hier. J'étais en Chambre et
j'écoutais avec beaucoup d'attention.
M. CLICHE: Vous ne saviez pas, avant, que ça existait à
Trois-Rivières?
M. BELLEMARE: J'avais des doutes. Cela a été
confirmé.
M. LE PRESIDENT: Alors, article 27, adopté. Article 28,
adopté. Article 29, adopté. Article 30, adopté. Article
31, adopté. Article 32, adopté. Article 33, adopté.
M. MORIN: Les articles 32 à 46 concernent la composition du
conseil d'administration.
M. LE PRESIDENT: Article 34, adopté. Article 35, adopté.
Article 36, adopté. Article 37, adopté. Article 38,
adopté. Article 39, adopté. Article 40, adopté. Article
41, adopté.
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, excusez-moi, je vous suis avec
un peu de retard. A l'article 38, je pense bien qu'il va de soi que le recteur
de toute université constituante est nommé par le
lieutenant-gouverneur en conseil, mais ce n'est quand même pas dit en
toutes lettres.
M. BELLEMARE: II est nommé pour cinq ans. M. GERIN-LAJOIE: Oui,
mais par qui?
M. BELLEMARE: Son traitement est fixé par le
lieutenant-gouverneur, mais c'est à la requête des
gouverneurs.
M. GERIN-LAJOIE: Le premier ministre l'a dit clairement dans son
discours hier, mais son discours n'est pas le texte de la loi.
M. MORIN: Je crois qu'il faut s'en rapporter à l'article 32
où on énumère les personnes qui sont nommées par le
lieutenant-gouverneur en conseil: a) le recteur, et ainsi de suite.
M. BELLEMARE: D'accord. Article 39?
M. LE PRESIDENT: Article 39, adopté. Article 40?
M. GOLDBLOOM: M. le Président, ce n'est pas tout à fait la
même chose. A l'article 32, ces personnes sont nommées au conseil,
mais ça ne veut pas dire que les personnes en question auraient
été nommées au préalable à leur fonction
principale par le lieutenant-gouverneur en conseil, si ce n'est pas
spécifié.
M. MORIN: A l'article 32, il est quand même nommé.
M. BELLEMARE: Cela, c'est pour le terme, cinq ans. C'est à la
recommandation de l'assemblée des gouverneurs, il ne doit s'occuper que
de cela et son salaire est fixé par le lieutenant-gouverneur.
M. GER1N-LAJOIE: M. le Président, je me demande si on ne
trouverait pas valable la suggestion suivante...
M. BELLEMARE: II n'y a aucune objection.
M. GERIN-LAJOIE: ... d'adopter la même phraséologie
qu'à l'article 13.
M. MORIN: Je n'ai pas d'objection à ce que ce soit
précisé à l'article 38.
M. GERIN-LAJOIE: Qu'on emploie la même terminologie qu'à
l'article 13 qui concerne la nomination du président de
l'Université du Québec.
M. MORIN: D'accord.
M. GERIN-LAJOIE: Ici, c'est: le recteur de toute université
constituante est nommé pour cinq ans par le lieutenant-gouverneur en
conseil, sur la recommandation de l'assemblée des gouverneurs.
M. BELLEMARE: Aucune objection. M. MORIN: Cela va.
M. GERIN-LAJOIE: Alors, on ajoute après « cinq ans »,
les mots « par le lieutenant-gouverneur en conseil ».
M. LE PRESIDENT: Article 38, adopté tel qu'amendé. Article
39, adopté. Article 40?
M. GERIN-LAJOIE: Un instant, s'il vous plaît, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT: Je m'excuse. M. GERIN-LAJOIE: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 40, adopté. Article 41, adopté.
Article 42, adopté. Article 43, adopté. Article 44,
adopté.
M. BELLEMARE: Là, c'est important. M. LE PRESIDENT: Article 45.
M. GERIN-LAJOIE: Oui.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 46.
M. GERIN-LAJOIE: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 47.
M. BELLEMARE: L'annulation prend effet 60 jours après publication
de l'avis dans la Gazette officielle.
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, il y a un article dans la loi
qui prévoit la modification des lettres patentes. On a passé
par-dessus celui-là, je crois.
M. BELLEMARE: C'est au début.
M. GERIN-LAJOIE: Ici, c'est l'annulation, mais il y avait un article
pour la modification.
M. MORIN: Je crois que c'est l'article 28. C'est l'article 29,
pardon.
M. GERIN-LAJOIE : A l'article 29 - si on me permet de revenir en
arrière je me demande s'il y a une raison particulière
pour que la modification de la charte d'une université constituante soit
modifiée seulement à la demande de cette université.
M. BELLEMARE: ... cette université constituante?
M. GERIN-LAJOIE: En somme, s'il était dans l'intérêt
public, aux yeux de l'assemblée des gouverneurs de l'Université
du Québec, que la charte soit modifiée, serait-ce possible en
vertu de l'article 29 tel qu'il est rédigé?
M. BELLEMARE: Est-ce que celane se trouve pas dans l'article 49?
M. GERIN-LAJOIE: Non.
M. BELLEMARE: Dans les articles 47 et 49. « ... au choix de
l'université réquérante et sur avis de l'assemblée
des gouverneurs... déclarer que... est une université
constituante... tout en conservant sa propre charte. »
M. GERIN-LAJOIE: C'est là un autre cas. M. le Président,
je pense que ce n'est pas le même cas.
M. MORIN: Si, à l'article 29, on disait: A la requête du
conseil d'administration d'une université constituante ou de
l'assemblée des gouverneurs...
M. GERIN-LAJOIE: Oui, pour ma part, je trouve que ce serait une
amélioration.
M. LE PRESIDENT: Alors, il faut ajouter les mots...
M. MORIN: Cela agréerait au député?
M. BELLEMARE: D'une université constituante ou de
l'assemblée des gouverneurs.
M. MORIN: Ou de l'assemblée des gouverneurs.
M. BELLEMARE: Oui, c'est sûr et certain.
M. GERIN-LAJOIE: Ou de l'assemblée des gouverneurs...
M. MORIN: A la requête du conseil d'administration d'une
université constituante ou de l'assemblée des gouverneurs.
M. GERIN-LAJOIE: Seulement, vous avez « l'avis de
l'assemblée des gouverneurs » plus loin. Cela va faire un article
un peu cahoteux.
M. MORIN: Je pense qu'il faudrait alors refaire l'article.
M. GERIN-LAJOIE: Enfin, je le signale en passant. S'il faut un
changement de charte, sans la demande de l'université constituante, il
faudrait venir devant la Législature. Je le signale en passant. Cela me
paraît capital.
M. BELLEMARE: Nous pourrions refaire le texte.
M. MORIN: Nous pourrions refaire l'article 29.
M. BELLEMARE: Nous pourrions le refaire.
M. MORIN: Nous pourrions le refaire et le soumettre dans quelques
minutes, car cela fait une phrase assez lourde.
M. GERIN-LAJOIE: Confiez cela à vos collaborateurs. Nous
pourrions continuer l'étude de la loi.
M. LE PRESIDENT: L'article 29 est donc en suspens pour le moment.
M. GERIN-LAJOIE: Oui.
M. LE PRESIDENT: Nous en étions à l'article 47. Article
47.
M. GERIN-LAJOIE: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 48.
M. GERIN-LAJOIE: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 49, adopté. Article 50,
adopté. Article 51, adopté également. Article 52,
adopté. Article 53, adopté.
M. MORIN: A l'article 52, il faudrait faire le même changement que
pour l'article 23.
M. LE PRESIDENT: Alors, l'article 52 est également adopté
sous réserve de refaire les textes. Article 53, ça va. Article
54, adopté. Article 55, adopté. Article 56, adopté.
Article 57, adopté également. Article 58, adopté. Article
59, adopté. Article 60, adopté.
Article 61.
M. BELLEMARE: M. le Président, quelques précisions qui
nous ont été demandées hier, par l'honorable chef de
l'Opposition, et qu'on pourrait peut-être donner maintenant.
M. MORIN: Faut-il que j'en fasse lecture ou si je vous le remats?
M. BELLEMARE: On les a par écrit.
M. LESAGE: J'aimerais mieux que ça paraisse au journal des
Débats.
M. BELLEMARE : Quant aux dépenses possibles.
M. LESAGE: Oui. Je préférerais que ça paraisse au
journal des Débats.
M. MORIN: Alors, il s'agit d'abord des coûts en 68/69 dans les
écoles d'Etat visées par la création de
l'Université du Québec. L'école normale Ville-Marie,
$1,579,000; l'école normale Jacques-Cartier, $1,185,000; l'école
des Beaux-Arts, $1,157,000; l'école normale de l'enseignement technique,
$430,000; l'école normale Duplessis à Trois-Rivières,
$911,000; l'école normale de Chicoutimi, $692,000.
Maintenant, subventions totales en 68/69 aux institutions privées
visées par la création de l'Université du Québec.
Le Collège Sainte-Marie, $872,000; le Centre d'études
universitaires de Trois-Rivières, $766,000; l'Ecole de génie et
de commerce de Chicoutimi, $394,000.
La partie des dépenses totales payées par le gouvernement
du Québec pour les neuf institutions s'élève donc à
$7,986,000.
M. BELLEMARE: L'amendement est prêt maintenant pour l'article 29.
Nous pourrions le distribuer.
M. MORIN: Alors l'article 29 se lirait donc comme suit: « A la
requête de l'assemblée des gouverneurs ou à la
requête du conseil d'administration d'une université constituante,
et après avoir obtenu l'avis de l'assemblée des gouverneurs, le
lieutenant-gouverneur en conseil peut, sur la recommandation du ministre,
accorder des lettres patentes supplémentaires à
l'université constituante. Et la même formulation à
l'article 52. D'accord?
M. BELLEMARE: Le titre de la loi.
M. GERIN-LAJOIE: Au sujet de ce que vient de nous proposer le ministre,
non. Je ne veux pas me montrer tatillon, mais il se rend compte que
l'assemblée des gouverneurs peut proposer une modification à la
charte d'une université constituante, que le ministre l'a
recommandée au lieutenant-gouverneur en conseil, cela sans obtenir
l'avis de l'université constituante en cause.
M. BELLEMARE: De l'université constituante. Si ce sont ses
gouverneurs?
M. MORIN: Alors, à ce moment-là, il faudrait pratiquement
faire deux articles.
M. BELLEMARE : Alors on va marquer...
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, moi je propose ceci. Je ne sais
pas. Quant à moi, les changements qu'on propose me paraissent
délicats. Je voudrais proposer l'adoption...
M. BELLEMARE: Qu'on ait donc une entente...
M. GERIN-LAJOIE: ... des articles 29 et 52 tels que
proposés...
M. BELLEMARE: Article 52.
M. GERIN-LAJOIE: ... article 52, tels qu'ils sont dans le bill, et si le
gouvernement veut voir s'il y a lieu de faire une modification d'ici à
ce que ça passe à l'autre Chambre avant sa disparition.
M. BELLEMARE: Est-ce qu'on ne pourrait pas en venir à une entente
meilleure que celle-là?
Nous allons passer maintenant en Chambre et nous ne ferons la
troisième lecture que lorsque les textes auront été
convenus entre vous, avec le consentement unanime de la Chambre. D'accord?
Alors, M. le Président, voulez-vous faire rapport? Quant à
vous, vous vous entendrez sur la rédaction.
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, oui, nous pourrions nous
rencontrer tout de suite.
M. BELLEMARE: Oui, tout de suite. Nous allons passer à l'autre
loi.
M. FRECHETTE (président du comité plénier): M. le
Président, j'ai l'honneur de vous faire rapport que le comité a
adopté le bill 88, avec des amendements qu'il vous prie
d'agréer.
M. LEBEL (président): Le bill amendé sera-t-il
agréé? Agréé.
M. BELLEMARE: Agréé.
Troisième lecture, quand nous aurons le rapport des deux
côtés de la Chambre quant à la rédaction de nouveaux
textes.
M. LE PRESIDENT: Alors, de consentement unanime, la troisième
lecture aura lieu à la prochaine séance.
M. LESAGE: Un député veut intervenir assez
brièvement lors de la troisième lecture.
M. BELLEMARE: Oui, d'accord. M. le Président, sept.
Bill 292
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre de la Santé propose la
deuxième lecture de la Loi de l'Office pour la prévention et le
traitement de l'alcoolisme et des autres toxicomanies.
L'honorable ministre de la Santé.
M. Jean-Paul Cloutier
M. CLOUTIER: M. le Président, le lieutenant-gouverneur, ayant
pris connaissance des dispositions de ce bill, en recommande l'étude par
la Chambre.
Je ne voudrais dire qu'un mot au commencement de l'étude en
deuxième lecture, puisque c'est le député de Dubuc,
ministre d'Etat à la Santé, qui a assumé la
responsabilité de diriger la préparation de ce projet de loi. A
ma demande, il a consenti à rencontrer les corps intermédiaires
et les organismes privés qui, dans le domaine de l'alcoolisme, sont
reconnus depuis de nombreuses années pour faire un travail
véritablement efficace, bénévole et
désintéressé. Alors, c'est donc avec grand plaisir que je
vais céder laparole, en deuxième lecture, dans le discours
principal, au député de Dubuc, ministre d'Etat à la
Santé, qui fera une revue très complète du principe du
bill et des dispositions de ce projet de loi.
Je voudrais réserver les commentaires que j'aurai à faire,
après que tous ceux qui sont intéressés à prendre
la parole sur ce projet de loi l'auront fait. Je sais que, du côté
du gouvernement, il y a d'autres députés qui ont
été, à certains moments et même encore, je crois,
associés de très pris à ce travail de lutte contre
l'alcoolisme et qui sont intéressés à faire valoir des
arguments devant la Chambre ou à faire des remarques sur ce projet de
loi. Je sais également que, du côté de l'Opposition, nous
entendrons avec plaisir le député de Richmond, l'ex-ministre de
la Famille qui au moment où il était titulaire de ce
ministère, a eu l'occasion de présenter lui-même, en
Chambre, un bill autorisant la formation d'un institut d'étude sur
l'alcoolisme.
Alors, M. le Président, sans ajouter d'autres commentaires, me
ré servant peut-être quelques remarques à la fin de la
deuxième lecture, en réplique, je demanderais au
député de Dubuc, ministre d'Etat à la Santé, de
faire ses observations au sujet du projet de loi.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre d'Etat à la
Santé.
M. Roch Boivin
M. BOIVIN: M. le Président, le projet de loi qui est devant nous
aujourd'hui a pour objet la création d'un office de prévention et
de traitement de l'alcoolisme et des autrestoxicomanies, qu'on résume
sous le sigle OPTAT.
Nous croyons que cet organisme contribuera fortement au succès
d'une lutte entreprise depuis plusieurs années par une multitude
d'individus et d'associations, tant publiques que privées, qui
méritent notre attention et notre confiance.
Désormais, l'Etat du Québec, avec un organisme
coordonnateur, pourrait participer de façon plus efficace avec ses
contrôles administratifs nécessaires, et seconder de façon
plus importante le travail déjà entrepris.
L'OPTAT, depuis quelques années structuré, est
déjà en fonction. Il relevait, pour les besoins administratifs,
du service de la psychiatrie. Bien loin de nous la prétention de croire
que l'alcoolisme est une maladie psychiatrique, même si, souvent, il
l'implique ou la complique. A cause de son caractère particulier et
à cause de l'ampleur des problèmes qui en découlent,
aujourd'hui plus que jamais, nous concluons àlanéces-sité
de la formation d'un organisme particulier, qui corrigera une situation
créée par cette étrange maladie qui affecte toute la
personnalité humaine, physiquement, psychologiquement, socialement et
spirituellement.
Je vous ferai grâce de nombreuses polémiques qu'elle a
souvent suscitées, à savoir si l'alcoolisme est une maladie ou un
vice. Il faut cependant croire, pour enrayer le mal, à la
nécessité de toute une équipe de médecins, de
moralistes, de psychologues, de travailleurs sociaux, si nous voulons corriger
la situation pénible dont nous sommes les témoins.
Cette loi nous fut suggérée tout d'abord par ceux qui
oeuvrent présentement à l'Office de la prévention et du
traitement de l'alcoolisme et des autres toxicomanies. Les dirigeants de cet
organisme ont étudié avec attention toutes les lois qui existent
présentement, tant au Canada qu'aux Etats-Unis, dans le domaine de
l'alcoolisme. Cette loi fut présentée à un congrès
de la fondation canadienne sur l'alcoolisme et a reçu l'assentiment de
toutes les provinces du Canada.
D'autre part, afin d'assurer à cette loi sa pleine
efficacité, nous l'avons soumise aux organismes existants, tant publics
que privés. Elle a subi, en cours de route, de nombreuses modifications.
Le projet que nous soumettons actuellement à la Législature
satisfait pleinement les
désirs de tous ceux qui veulent travailler dans ce domaine de
l'alcoolisme et des autres toxicomanies.
L'état des faits; Depuis de nombreuses années
déjà, l'Association lacordaire du Canada travaille dans notre
province afin, d'une part, d'éduquer ses membres à la forme de
sobriété qu'on appelle l'abstinence totale. Elle s'efforce,
d'autre part, de sensibiliser le gouvernement aux problèmes que comporte
l'alcoolisme. Afin de concrétiser son action, l'Association lacordaire
établissait en 1958 un institut d'étude sur l'alcoolisme. Cet
institut avait comme mission de favoriser l'éducation dans le domaine de
l'alcoolisme, spécialement au niveau universitaire. De nombreuses
réalisations sont issues de cet organisme que nous décrirons plus
tard. En 1956, l'Association lacordaire établissait dans la ville de
Québec le premier centre d'accueil pour l'alcoolisme. Ce centre, qui
devait devenir plus tard la première clinique Domrémy, connut
dès ses débuts une expansion considérable.
Un autre organisme privé, les Alcooliques Anonymes, travaille
depuis plusieurs années dans notre province. Il a déjà
soumis aux divers gouvernements des mémoires favorisant l'institution
d'un organisme provincial afin d'apporter des solutions plus efficaces aux
problèmes causés par l'alcoolisme.
Dès 1959, l'Association lacordaire voulant permettre aux deux
organismes qu'elle avait fondés: l'Institut d'étude sur
l'alcoolisme et la clinique Domrémy, une expansion plus
considérable, donna à ces organismes pleine autonomie. Ainsi on
vit se former en 1959 deux corporations privées, l'une ayant nom
Institution d'étude sur l'alcoolisme, l'autre ayant comme
dénomination Fédération Domrémy.
L'Institut d'étude sur l'alcoolisme, grâce à l'aide
du ministère de la Santé, connut une expansion très
rapide. En effet, les cours d'été sur l'alcoolisme
groupèrent de nombreux élèves. Bientôt on vit parmi
ces élèves, non seulement des gens appartenant à des
mouvements d'abstinence, mais aussi divers professionnels tels que
médecins, travailleurs sociaux, prêtres et autres.
L'autre oeuvre de l'Institut d'étude sur l'alcoolisme fut
l'organisation de cours populaires sur l'alcoolisme. Ces cours ont
réussi à sensibiliser une grande partie de notre population, non
seulement au problème del'alcoolisme, mais aussi aux problèmes
des autres toxicomanies.
Enfin l'Institut d'étude sur l'alcoolisme donna une expansion
considérable à des cours destinés à des milieux
particuliers tels que cours donnés aux membres du clergé,
congrès organisés à l'intention des médecins,
colloques pour les industriels, etc.
Pour sa part, la fédération Domrémy organisa
à travers la province de nombreuses cliniques à l'intention des
alcooliques. Présentement, grâce à l'aide du
ministère de la Santé, la Fédération Domrémy
a établi dans la province un réserau de cliniques
spécialisées et de centres de précures et de postcures de
telle sorte que nous sommes fiers de mentionner que la province de
Québec possède le meilleur réseau de traitements pour
alcooliques au Canada.
A côté de ces deux organismes privés se
fondèrent deux organismes publics: le premier fut le service
médical sur l'alcoolisme. Ce service fut instauré par le
ministère provincial de la Santé en 1959. Son but fut de grouper
toutes les forces existantes dans la province afin de leur permettre une
meilleure expansion. Le Dr André Boudreau était le directeur de
cet organisme. Il assura l'entière collaboration du gouvernement aux
organismes privés et participa grandement à leur
évolution.
En 1961, le ministère du Bien-Etre social fonda un autre
organisme public dont le nom était le comité d'étude et
d'information sur l'alcoolisme. Ce comité fut sanctionné
grâce à une loi connue sous le nom de bill 12. Le but de ce
comité était de s'enquérir de l'étendue, de la
nature et des causes actuelles du problème de l'alcoolisme, de
rechercher le remède à y apporter, de recommander les mesures
voulues pour le prévenir et les méthodes de réhabilitation
appropriées.
D'autre part, le comité était chargé d'organiser en
collaboration avec les organismes intéressés à ce
problème une campagne publique d'information propre à faire
régresser l'alcoolisme. Malgré la bonne volonté du
législateur, on s'aperçut très vite que le mandat de ce
comité était trop restreint puisqu'il ne s'intéressait
qu'à la recherche et qu'à l'information. La poussée des
organismes privés et du service médical sur l'alcoolisme obligea
très vite à repenser la formule. C'est ce qui amena
l'étude d'un projet de loi, celui que nous avons présentement
aujourd'hui.
L'inconvénient de la formule actuelle, c'est qu'en plus des deux
organismes privés qui existent présentement dans la province,
l'Association lacordaire du Canada et les Alcooliques Anonymes, il existe donc
à l'heure actuelle quatre organismes publics s'occupant du
problème de l'alcoolisme. Ces quatreorganismes que nous avons
décrits tout à l'heure s'appellent l'Institut d'étude sur
l'alcoolisme, la Fédération Domrémy, le service
médical sur l'alcoolisme et le comité d'étude et
d'information sur l'alcoolisme.
L'existence de ces quatre organismes publics comporte de nombreux
problèmes.
II importe de souligner en particulier les suivants:
Premièrement, un dédoublement d'action. En effet, il arrive
très souvent que ces organismes, à cause de leurs buts
similaires, s'engagent dans des actions de même type.
Deuxièmement, il y a confusion dans le public. Il fut un temps
où le public ne savait plus à qui s'adresser lorsqu'il voulait
des informations sur l'alcoolisme et les autres toxicomanies ou lorsqu'il
désirait recourir à des méthodes
thérapeutiques.
Troisièmement, l'utilisation non rationnelle des montants fournis
par l'Etat. En effet, ces quatre organismes recevaient du gouvernement les
subventions nécessaires pour leur fonctionnement. Depuis que l'Office de
la prévention et du traitement de l'alcoolisme et des autres
toxicomanies a réussi à les regrouper, ces problèmes
n'existent plus.
En effet, ces organismes ont décidé, d'un commun accord,
d'unifier leur action autour de l'OPTAT. L'OPTAT, en un mot, a remplacé
le Comité d'étude et d'information sur l'alcoolisme. Comme nous
l'avons dit tout à l'heure, le mandat de cet organisme était
beaucoup trop restreint. En effet, il n'avait d'autre but que celui de la
recherche et de l'information. Il fallait, de toute urgence, créer un
organisme qui puisse s'intéresser aussi au domaine du traitement d'une
part et s'occuper d'autre part de ce grave problème des toxicomanies
autres que l'alcoolisme. Ce qui nous a amenés à repenser
complètement la Loi créant le comité d'étude et
d'information sur l'alcoolisme et à confectionner une nouvelle loi
permettant l'existence d'un organisme capable de fusionner tous les efforts, de
s'assurer de la collaboration de tous et, surtout, d'avoir une action beaucoup
plus efficace.
Le désir de se fusionner. Depuis plusieurs années, les
quatre organismes publics désiraient ardemment unifier leurs forces afin
de donner un service plus adéquat à notre population. Lors de
l'assemblée annuelle de l'Institut d'études sur l'alcoolisme et
de la Fédération Domrémy, une résolution a
été votée à l'unanimité par chacun de ces
deux organismes qui réclamaient, le plus rapidement possible, cette
fusion.
D'autre part, les membres du Comité d'étude et
d'information sur l'alcoolisme ont résigné leurs fonctions il y a
deux ans en vue de favoriser cette unification. Les organismes privés,
en particulier l'Association lacordaire du Canada, ont manifesté leur
désir de voir ces organismes réunis. Les hésitations
manifestées au début par l'Association lacordaire du Canada se
sont changées en un désir profond de voir se créer
l'OPTAT.
L'OPTAT est donc le fruit de cette fusion. Depuis mai 1966, l'OPTAT
existe comme service du ministère de la Santé. Il est régi
par les services psychiatriques. Son budget lui est accordé annuellement
après étude. Il le reçoit par tranches mensuelles et doit
faire au service psychiatrique un rapport trimestriel et annuel.
L'OPTAT possède présentement une équipe des plus
dynamiques, formée selon un organigramme comprenant un directeur
général, qui s'occupe d'administration et qui dirige l'action de
trois services: le service de la prévention, le service du traitement et
le service de la recherche.
Le service de la prévention s'occupe d'éducation,
d'information et de formation des cadres. Le service de la recherche s'occupe
de recherche fondamentale et de recherche appliquée, et le service du
traitement voit à établir les normes et critères ainsi
qu'à planifier les services thérapeutiques dans le domaine de
l'alcoolisme.
Ces normes, ces critères, cette planification ne sont
réalisés qu'après acceptation des autorités du
ministère de la Santé.
Travail accompli par l'OPTAT. Il est très difficile de
décrire toutes les oeuvres accomplies par cet organisme tant sur le plan
provincial que les plans national, nord-américain, et international.
Nous essaierons brièvement d'en décrire quelques-unes.
Sur le plan provincial, au Québec, l'action de l'OPTAT s'exerce
dans les domaines suivants: les services de prévention, d'abord,
à tous les niveaux scolaires. L'OPTAT a favorisé
l'éducation tant sur le problème de l'alcoolisme que sur celui
des autres toxicomanies. En effet, des cours se donnent présentement aux
niveaux élémentaire, secondaire et universitaire. Des cours
d'été sur l'alcoolisme et les autres toxicomanies ont notamment
été donnés à l'université de Sherbrooke. Ces
cours ont été financés en grande partie par le
ministère provincial de l'Education.
L'an dernier, plus de 200 élèves ont suivi ces cours,
échelonnés sur deux périodes annuelles de quinze jours. De
nombreux professeurs qualifiés dispensent ces cours d'un niveau
universitaire. Des cours d'information sur l'alcoolisme et les autres
toxicomanies se donnent dans diverses régions de la province et
recueillent toujours un auditoire très attentif, ils permettent de
sensibiliser davantage notre province au problème de l'alcoolisme et des
autres toxicomanies et surtout de l'amener à réfléchir sur
ces problèmes.
Des conférences spécialisées ont notamment
été données aux membres du clergé, aux indus-
triels, aux médecins, aux travailleurs sociaux, au corps
professoral et à divers groupes professionnels. Des clubs sociaux et
divers groupements font de plus en plus appel aux services de l'OPTAT afin de
donner des conférences sur l'alcoolisme et sur les autres
toxicomanies.
L'OPTAT publie une revue bimensuelle intitulée «
Information sur l'alcoolisme et les autres toxicomanies ». Son tirage
annuel est de 18,000 exemplaires. Diverses autres publications sortent de
l'OPTAT afin de fournir un matériel adéquat pour
différents milieux. Ainsi, on a publié récemment un manuel
intitulé « Notions de base sur les toxicomanies autres que
l'alcoolisme ».
De nombreux professeurs de notre province ont réclamé
cette publication afin de dispenser un enseignement plus au point. La Belgique
a commandé récemment de nombreux exemplaires de cette
publication. Nous savons, d'autre part, que la France a demandé
l'autorisation de publier ce recueil qui fut écrit par le directeur
général de l'OPTAT.
L'OPTAT participe aux campagnes d'éducation organisées par
divers corps publics. La police de Montréal a requis récemment
les services de l'OPTAT afin d'éduquer le corps policier, qui doit
dispenser un enseignement sur toutes les toxicomanies à divers groupes
de jeunes dans notre province.
En collaboration avec la ville de Montréal, l'Interpol,
l'Organisation mondiale de la santé et les Nations-Unies, l'OPTAT
organise un kiosque sur les toxicomanies dans le cadre de l'Exposition
internationale de Montréal. La division de l'information de l'OPTAT est
attachée au service de la prévention et assure la collaboration
des divers organes d'information.
L'OPTAT, par son service de traitement, unifie les diverses cliniques et
en planifie l'action. L'autorité de l'OPTAT sur les cliniques se
manifeste sur le plan des normes et critères. Sur le plan administratif,
l'OPTAT n'agit que comme agent du ministère de la Santé.
Son rôle, dans ce domaine, est d'aider à la
préparation des budgets et de surveiller leur utilisation. Sous
l'égide de l'OPTAT, on a vu se structurer un traitement qui,
présentement, est copié dans plusieurs régions du Canada
et dans de nombreux pays du monde. Le traitement porte sur les points suivants:
premièrement, il faut assurer à l'alcoolique une pré-cure
motivée; deuxièmement, il faut prodiguer une cure
multidisciplinaire; troisièmement, il est essentiel de maintenir une
post-cure de longue haleine.
L'OPTAT considère que l'alcoolique est un malade, que cette
maladie est physique et psychologique et qu'elle comporte des manifesta- tions
sur l'équilibre social et spirituel de l'individu; d'où la
nécessité d'une équipe thérapeutique pour assurer
un traitement adéquat. Afin d'assurer ce traitement, l'OPTAT a
instauré des centres de consultation externes. Il y en a neuf
présentement dans la province. Ces centres sont situés à
Alma, à Drummondville, à Montréal, à Québec,
à Rimouski et à Saint-Joseph-de-Beauce. Des projets sont
envisagés pour d'autres régions de la province, notamment: Amos,
Sainte-Anne-des-Monts et Valley-field.
Ces centres servent à motiver le patient avant son entrée
en clinique. D'autre part, lors de sa sortie de clinique, le malade, alcoolique
ou toxicomane, reçoit, dans ces centres de consultation externes, un
traitement à long terme. Nous savons tous que l'alcoolique ne peut se
réhabiliter qu'après une longue cure. Des médecins, des
travailleurs sociaux, des conseillers moraux travaillent dans ces centres de
consultation externes. L'OPTAT, avec ces organismes, établit aussi des
cliniques de réadaptation pour alcooliques. Ces cliniques étaient
connues, antérieurement, sous le nom de Domrêmy.
Présentement, il existe, dans la province de Québec, dix
cliniques de réadaptation pour alcooliques. Deux de ces cliniques sont
situés dans des hôpitaux psychiatriques, soit à Joliette et
à Saint-Michel-Archange. Les autres cliniques sont situées, pour
le milieu anglais, à Foster dans le comté de Brome et, pour le
milieu français, à Hauterive, Kénogami, Montréal,
Québec, Saint-Jérôme, Sherbrooke et
Trois-Rivières.
Une équipe des plus compétentes travaille dans ces
cliniques de réadaptation pour alcooliques. Présentement, cinq
phychiatres, et de nombreux médecins et travailleurs sociaux, ainsi que
des psychologues, travaillent dans ces centres de réadaptation pour
alcooliques.
Troisièmement, il y a des unités de réadaptation
pour alcooliques. Ces unités sont au nombre de 31. Elles groupent les
bénévoles de l'organisation de l'OPTAT. Ces
bénévoles se recrutent, d'une part, parmi les alcooliques qui ont
été traités; d'autre part, parmi les alcooliques qui
veulent se faire traiter, mais qui ne sont pas prêts à accepter le
traitement. De plus, gravitent autour de ces individus dans ces centres de
consultation externes, toutes ces personnes, abstinentes ou non, qui
désirent aider les alcooliques et les autres toxicomanes. Le nombre de
bénévoles travaillant dans ces unités de
réadaptation est de plusieurs milliers. Deux fois par année, les
dirigeants de ces diverses unités de réadaptation pour
alcooliques se réunissent afin d'évaluer leur conception actuelle
et de voir à étudier de nouvelles mê-
thodes pour assurer un traitement de plus en plus efficace.
Le service de la recherche comprend une équipe hautement
spécialisée, formée d'un cri-minologue, de sociologues,
d'anthropologues, d'une documentaliste et d'une bibliothécaire. Ce
service permet à l'OPTAT de se repenser continuellement et
d'évoluer constamment.
La recherche porte sur deux modes particuliers: la recherche
fondamentale, qui étudie l'épidémiologie des
phénomènes concernant l'alcoolisme et les toxicomanies;
deuxièmement, la recherche appliquée, qui étudie les
moyens d'action de l'OPTAT, l'efficacité de cette action et,
conséquemment, fait des recommandations afin de rajeunir constamment cet
organisme.
Un service de documentation des plus importants est à la
disposition de tous les chercheurs du Québec qui s'intéressent au
problème de l'alcoolisme et des autres toxicomanies. Des milliers de
fiches de renseignements ont été recueillies. En plus, depuis un
an, l'OPTAT, grâce au service de la recherche, publie une revue
internationale qui s'appelle « Toxicomanie ». Cette revue est
distribuée dans le monde francophone et a reçu un accueil
impressionnant» Dès son premier numéro, plus de 750
abonnements ont été recueillis. Sur le plan national, l'OPTAT
collabore avec toutes les provinces canadiennes pour mettre sur pied un
système d'échanges, a-fin de favoriser la distribution d'une
information française dans les milieux francophones du pays.
Récemment, lors d'une réunion des ministres de la
Santé du Canada, l'OPTAT fut chargé d'établir un
secrétariat permanent pour diffuser davantage une information sur
l'alcoolisme et les autres toxicomanies. D'autre part, l'OPTAT fut, avec
l'Ontario, l'initiateur de la Fondation canadienne sur l'alcoolisme. Le
secrétariat national de cette fondation canadienne est à
l'OPTAT.
Sur le plan international, l'OPTAT s'est acquis une réputation
grandissante. Ses contacts avec les autres pays lui ont permis d'être
constamment au courant des nouvelles conceptions à travers le monde. La
contribution de l'OPTAT au monde francophone est des plus importantes. L'OPTAT
joue un rôle de première importance au sein de divers organismes
internationaux, comme le Conseil international sur l'alcool et les
dépendances aux drogues de Lucerne, Suisse. Ce conseil international
groupe tous les pays qui s'intéressent aux problèmes de
l'alcoolisme et des autres toxicomanies. Plus de 80 pays font partie de cet
important organisme international. Le directeur général de
l'OPTAT est membre du comité exécutif et du conseil administratif
de cet organisme. La Ligua Catholica Interna- tionalis Sobrietas de Lucerne,
Suisse, groupe tous les organismes catholiques s'occupant de l'alcoolisme et
des autres toxicomanies. Le Dr André Boudreau est vice-président
international de cet organisme. De plus, l'OPTAT sert de secrétariat
pour les Amériques à cet important organisme mondial qu'est la
North American Association and Alcoholism Program. L'OPTAT collabore activement
avec cet organisme international qui groupe toutes les provinces du Canada et
tous les Etats américains.
Autres activités internationales de l'OPTAT. Le directeur
général de l'OPTAT a été invité à
plusieurs reprises pour donner des conférences dans divers pays du
monde. En 1960, il était invité par l'UNESCO, à Paris,
pour y donner des cours sur l'alcoolisme. La même année, il
participait à diverses conférences au congrès mondial qui
se tenait à Stockholm. Le président de l'OPTAT a
dûparticiper, à titre de conférencier, aux divers
congrès suivants: celui de Francfort, en 1964, et celui de Milan, en
1968.
Le directeur général de l'OPTAT a fait des tournées
de conférences en France, notamment en 1966. Il y donna 18
conférences dans 18 villes différentes. En juin 1968, on
requérait les services de notre directeur général au
Vatican. En effet, trois experts internationaux ont été
convoqués à une audience privée du Saint Père afin
de le renseigner sur le problème de la drogue et de l'alcoolisme.
L'organisme mondial de la santé a demandé au directeur
général de l'OPTAT de servir comme expert international au
comité de l'alcoolisme et des toxicomanies. Le directeur
général de l'OPTAT a été reçu au palais des
Nations-Unies par le comité international sur le contrôle des
drogues.
En février 1969, le docteur Boudreau serale principal
conférencier au congrès sur l'alcoolisme et les autres
toxicomanies, à Bruxelles, en Belgique. A cette occasion, il sera
reçu officiellement par l'Organisme mondial de la santé et par
les Nations-Unies, lors d'une réunion spéciale convoquée
à cette fin, à Genève.
Le but de ces rencontres, à l'organisation mondiale de la
santé et aux Nations-Unies, est de se renseigner davantage sur la loi de
l'OPTAT.
Il est aussi de la proposer à d'autres pays qui désirent
travailler de façon plus active dans le domaine de l'alcoolisme et des
autres toxicomanies.
Enfin, le Québec a organisé, en septembre, un
congrès international sur la suggestion aux drogues, qui groupait 225
délégués, dont 75 experts venus de 23 pays situés
hors du continent nord-américain. Les délégués
à cette rencontre ont demandé à l'OPTAT de former un
comité, afin que s'organisent d'autres rencontres internationales
à travers le monde. Il est important de noter que ce colloque
international était le premier du genre à être tenu. Les
délégués n'ont pas manqué de féliciter la
province de Québec pour cette heureuse initiative de l'OPTAT.
L'OPTAT croit que sa participation internationale lui a permis
d'évoluer de façon constante.
Il est convaincu d'avoir permis au Québec de mieux se faire
connaître à travers le monde et d'avoir servi, à sa
façon, la francophonie.
L'OPTAT et sa participation aux organismes privés. Il collabore
de façon très active avec l'Association lacordaire du Canada, les
Alcooliques Anonymes, PAX, les Chevaliers de Laval et tout autre organisme
s'intéressant à l'alcoolisme et aux autres toxicomanies. L'OPTAT
est convaincu que ces organismes ont un rôle essentiel à jouer
dans notre société. Il est désireux de maintenir vivants
ces organismes, leur fournit les moyens techniques d'évoluer et leur
procure une documentation très riche sur le plan de l'alcoolisme et des
autres toxicomanies.
Collaboration de l'OPTAT avec les autres ministères que celui de
la Santé. L'OPTAT collabore activement avec plusieurs ministères,
en particulier les ministères de l'Education et des Transports et
Communications. Le ministère de l'Education aide à la
réalisation des cours d'été sur l'alcoolisme. Il a
favorisé la tenue de plusieurs journées pédagogiques afin
d'étudier avec les enseignants les problèmes posés par
l'alcoolisme et les autres toxicomanies.
Le ministère des Transports et Communications, désireux
d'étudier en profondeur les problèmes posés par
l'alcoolisme à la sécurité routière, a
favorisé la nomination d'un expert en alcoolisme et en
sécurité routière au sein de l'OPTAT. Cet expert a
publié une documentation très abondante sur l'ivressomètre
afin d'en favoriser l'application dans la province de Québec. Ainsi
donc, l'OPTAT existe depuis plus de deux ans et son expérience est des
plus concluantes.
Il importe donc de donner à cet organisme une existence
permanente.
Philosophie de l'OPTAT. Entendons-nous d'abord sur le sens de ce
titre.
Un individu comme une institution, une entreprise ou tout autre
organisme public ou privé agit selon un ensemble de conceptions, une
vision du monde et des problèmes de la vie. C'est cet ensemble de
conceptions de l'OPTAT, et plus spécifiquement dans le domaine de
l'alcoolisme et des autres toxicomanies, qui détermine et
déterminera le choix de ses méthodes d'action. Il est donc
essentiel de définir les principes de base qui expliquent ces
conceptions.
Principes de base. La fonction spécifique de l'OPTAT est de
rechercher et d'appliquer les méthodes positives les plus efficaces pour
freiner la progression des désordres consécutifs à l'abus
de l'alcool et des drogues et pour assurer le traitement des alcooliques et des
toxicomanes.
Avec les spécialistes les plus éminents dans le monde,
l'OPTAT considère que l'alcoolisme et les autres toxicomanies sont des
maladies particulières qui peuvent, dans la majorité des cas, se
traiter avec succès. En conséquence, il se doit d'en promouvoir
le traitement dans tous les cas où cela est possible.
Ces maladies se caractérisent par un ensemble de troubles d'ordre
physique ou psychologique qui entraînent des pertubations dans les
relations sociales et très souvent contribuent au
déséquilibre spirituel d'un individu qui en est atteint. L'OPTAT
croit nécessaire de repenser constamment ses structures et ses
méthodes et de les rajuster en fonction des impératifs de la
santé publique en milieu québécois. Pour ce faire, il veut
bénéficier de toute expérience susceptible de contribuer
à améliorer son rendement et à former un personnel
qualifié et au courant des plus récentes données dans le
domaine de l'alcoolisme et des autres toxicomanies.
Par l'éducation et l'information, l'OPTAT vise à
établir un climat d'hygiène mentale rendant inacceptable les abus
d'alcool et autres toxiques, en favorisant la réadaptation des
alcooliques et autres toxicomanes. Devant l'ampleur du problème, l'OPTAT
doit recourir aux moyens les plus variés d'information pour rejoindre le
plus efficacement possible tous les milieux. La recherche est au service de
tous afin d'alimenter une saine conception des moyens de combattre l'alcoolisme
et les autres toxicomanies. Conscient de la diversité des personnes et
des milieux à atteindre et persuadé des moyens de les motiver,
afin de s'adapter aux particularités de leurs options, philosophique,
morale et autres, l'OPTAT se doit d'encourager et d'aider tout mouvement du
secteur privé à apporter sa pleine contribution dans la lutte
contre l'alcoolisme et les autres toxicomanies.
Si l'OPTAT reconnaît la nécessité des réels
avantages de la diversité au niveau des méthodes d'action, il
considère essentiel sa tâche de travailler à l'organisation
d'un front commun où cette diversité sera facteur
d'efficacité. Chargé d'une mission officielle dans le
Québec, l'OPTAT assume, sujet à l'agrément des
autorités gouvernementales, la responsabilité de présenter
aux échelons national et international l'optique et les
réalisations de notre province dans le domaine de l'alcoolisme et des
autres toxicomanies.
Pourquoi une loi de l'OPTAT? Nous croyons
actuellement que le mandat accordé au comité
d'étude et d'information sur l'alcoolisme n'est pas assez large et qu'il
n'implique pas la responsabilité que d'autres ministères peuvent
avoir dans ce domaine. Il faut signaler également les
inconvénients dû au manque de coordination de l'action
gouvernementale et les dédoublements entraînés par le
contexte qui existe.
Il faut souligner également la nécessité de
repenser cette loi en fonction des impératifs d'une évolution
constante. Trois solutions sont alors envisagées.
La première fut la création d'un comité
spécial au sein de chaque ministère ayant des
responsabilités dans le domaine de l'alcoolisme. Cette solution fut
considérée comme non réaliste, puisqu'il aurait
été très difficile dans ces circonstances de
réaliser une politique unifiée, intégrée et
coordonnée.
Une deuxième solution fut la création d'un organisme
gouvernemental non ministériel. Cette idée fut envisagée,
car on considéra que les ministères qui ont des
responsabilités dans le domaine de l'alcoolisme sont très
nombreux. Aux raisons invoquées pour ne pas agréer cette
suggestion, figure la nécessité qu'il y aurait toujours d'avoir
un organisme spécifique au sein du ministère de la Santé
en raison de l'importance des responsabilités de ce ministère
dans le domaine de l'alcoolisme. D'autre part, une telle expérience a
été faite en France et ne semble pas concluante. Il s'agit en
l'occurence du haut comité d'étude et d'information sur
l'alcoolisme. Ce comité dépend du président de la
république. Il n'a pas réussi à coordonner l'action des
divers ministères et n'a pas réussi non plus à
sensibiliser les organismes privés.
Une troisième solution fut envisagée. Ce fut celle de la
création, au ministère de la Santé, d'un organisme qui non
seulement assumerait ses propres responsabilités dans le domaine de
l'alcoolisme, mais qui, par le truchement d'un comité
interministériel, ferait participer les autres ministères
concernés dans son action.
Cette dernière solution fut retenue, car on la considéra
comme pouvant garantir une action gouvernementale exhaustive, unifiée,
intégrée et coordonnée. A la suite de discussions, il fut
convenu de franchir une nouvelle étape afin de donner une plus grande
liberté d'action au nouvel organisme et d'absorber deux organismes
semi-privés, c'est-à-dire l'Institut d'étude sur
l'alcoolisme et la Fédération Domrémy.
Nombreuses sont les raisons qui militent encore en faveur d'une loi en
matière d'alcoolisme et autres taxicomanies du genre de celle qui fait
l'objet de la présente discussion. Parmi ces raisons, il en est qu'il
importe de souligner. L'alcoolisme est une maladie qui requiert de l'Etat une
action énergique. Il importe de donner à cette action un
état de permanence. Le problème des taxicomanies autres que
l'alcoolisme, vu leur expansion, entraîne de la part de l'Etat une
responsabilité de plus en plus grande.
La loi de l'OPTAT vient marquer de façon non équivoque le
désir de l'Etat de prendre ses responsabilités dans ces domaines
de l'alcoolisme et des autres toxicomanies. Dans ce projet de loi il est aussi
possible d'intéresser davantage les industries, les distilleries et les
brasseries au problème de l'alcoolisme et des autres toxicomanies.
En effet, nous croyons que les industries, et en particulier l'industrie
des brasseries et des distilleries, doivent collaborer de façon
très active aux recherches dans le domaine de l'alcoolisme. Il en est de
même pour les industries pharmacologiques, qui ont une
responsabilité dans le domaine des toxicomanies. Ces organismes ont
déjà manifesté de façon très précise
leur désir d'aider financièrement l'OPTAT à remplir ses
fonctions, en particulier dans le domaine de la recherche.
De plus, nous savons que de nombreuses industries apportent
déjà à l'OPTAT une collaboration très efficace. Ces
industries ont manifesté depuis très longtemps leur désir
d'aider l'OPTAT à évoluer afin de résoudre de façon
adéquate les problèmes posés par l'alcoolisme et les
autres toxicomanies dans le monde du travail.
Nous croyons que seule une fondation peut permettre à ces
diverses industries de collaborer financièrement. Les organismes doivent
être adaptés aux besoins d'une époque. Si un office comme
l'OPTAT est valable en 1968, il n'est pas dit que, dans quinze ans, on ne doive
pas recourir à une autre formule, qu'il restera à établir
dans ce temps.
Par ailleurs, nous comprenons très bien que les pouvoirs publics,
en appuyant le projet d'OPTAT, ne peuvent, pour autant, se départir de
leurs responsabilités d'ordre administratif et financier. Comme nous le
verrons plus loin dans l'étude de la loi, il est possible et facile pour
le gouvernement d'exercer ses responsabilités, tout en favorisant ce
projet de loi.
La loi donne aussi une nouvelle dimension aux responsabilités de
l'Etat en ajoutant à l'alcoolisme les autres toxicomanies. Nous
connaissons les problèmes causés par les toxicomanies autres que
l'alcoolisme. Par autres toxicomanies, nous pensons en particulier aux
problèmes posés par la marijuana, le haschisch, le LSD, la colle
d'avion, les barbituriques, les
tranquilisants et aussi les stimulants. Ces sujets font l'objet de
nombreuses discussions présentement et doivent faire appel à une
éducation poussée afin d'amener les jeunes et toute notre
population à réfléchir en face de ces problèmes.
L'expérience vécue depuis quelques mois a démontré
largement que l'OPTAT peut jouer un rôle de première importance
dans ce domaine.
Services pour alcooliques dans les hôpitaux
spécialisés en matière d'alcoolisme. Le projet de loi,
évidemment, fait état des responsabilités de l'office dans
le domaine du traitement et de la réadaptation. L'Etat prend bien soin
de ne pas inclure, dans le projet de loi, des articles qui iraient à
l'encontre de l'intégration de ces services à l'ensemble des
hôpitaux. L'Etat se garde l'entière responsabilité de
légiférer dans le domaine de l'alcoolisme et des autres
toxicomanies. L'OPTAT n'agit que comme agent consultatif du gouvernement dans
ce domaine.
Voilà, messieurs, les grandes lignes de ce projet de l'OPTAT.
Nous croyons sincèrement que ce projet apporte une grande contribution
au problème posé par l'alcoolisme et par les autres toxicomanies.
Par ce projet de loi, le gouvernement du Québec marque de façon
énergique son désir de contribuer très activement à
la lutte contre l'alcoolisme et contre les autres toxicomanies. Cette lutte, le
gouvernement du Québec veut la mener de façon positive. Il veut
amener les gens à réfléchir en face des problèmes
posés par l'usage et surtout par l'abus de l'alcool et des autres
produits pouvant engendrer une toxicomanie.
Conscient de son rôle dans ce domaine de la santé publique,
l'Etat ne néglige pas l'action que peuvent avoir les organismes
privés dans ce domaine.
Comme conclusion, le problème de l'alcoolisme et des autres
toxicomanies atteint une grande partie de notre population. Les statistiques en
ce domaine sont difficiles à établir, mais nous sommes convaincus
que le problème est un problème de taille. Les
répercussions économiques, familiales, sociales et pathologiques
que comportent ces problèmes sont évidentes et
considérables. Il importe, en particulier, de noter que, dans le domaine
de l'alcoolisme, le taux d'absentéisme au travail atteint un niveau
considérable et comporte des pertes inutiles. Ainsi, lorsque le
non-alcoolique perd annuellement, en moyenne, huit jours de travail,
l'alcoolique en perd vingt-deux et même, lorsqu'il travaille, il ne donne
qu'une partie de son rendement. C'est le droit des citoyens de s'attendre que
l'Etat organise dans ce domaine une action curative d'envergure.
Beaucoup a déjà été fait. Les organismes
pri- vés ont accompli un immense travail. Il importe que l'Etat fasse de
plus en plus sa part. L'Etat peut planifier l'action et canaliser tous les
efforts afin d'éviter le dédoublement d'action et la confusion et
de permettre un résultat efficace au travail qui s'accomplit.
Il faut assurer un rendement maximum au montant déjà
attribué par l'Etat et aux efforts déployés par ceux qui
travaillent dans le domaine de l'alcoolisme et des autres toxicomanies.
Il faut donc agir de façon concertée et diriger cette
action dans les cinq domaines suivants, soit l'éducation, l'information,
la formation des cadres, le traitement et la recherche. Nous sommes convaincus
que l'Assemblée législative donnera à ce projet de loi son
assentiment unanime, afin de marquer de façon non équivoque son
désir de voir l'Etat prendre des responsabilités de plus en plus
grandes dans le domaine du traitement et de la prévention de
l'alcoolisme et des autres toxicomanies.
M. BELLEMARE: Très bien.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député d'Arthabaska.
M. Roch Gardner
M. GARDNER: M. le Président, la présentation et
l'étude en Chambre de la présente loi concernant la
création officielle de l'Office de la prévention et du traitement
de l'alcoolisme et des autres toxicomanies constituent un
évèvement au sujet duquel la population du Québec peut se
réjouir.
L'adoption de cette loi marquera certainement un pas important dans
l'action gouvernementale visant à prévenir la consommation
abusive des boissons alcooliques et des diverses drogues, ainsi qu'à
traiter ceux qui sont en état de sujétion et de dépendance
vis-à-vis de ces produits.
Il est à espérer qu'ainsi, le gouvernement du
Québec sera, plus que jamais dans le passé, en mesure de faire
face à un problème trop souvent méconnu ou
négligé, mais qui n'en est pas moins d'une extrême
gravité sur tous les plans, et auquel il faut absolument, au nom du bien
commun, apporter une solution.
Il est aussi à espérer que l'adoption de cette loi
permettra davantage au gouvernement de contribuer à unifier les efforts
qui se font en ce sens depuis plusieurs années déjà, et de
collaborer au travail des organismes privés, tels que l'Association
lacordaire et les Alcooliques Anonymes, par exemple, en les faisant
bénéficier des travaux de recherche, de la documentation
disponible et des services de spécialistes qualifiés, etc.
L'adoption d'une loi ne saurait à elle seule régler le
problème de l'alcoolisme, car celui-ci est trop profond. Elle constitue
cependant un élément de solution absolument nécessaire.
Elle vient ainsi, en quelque sorte, concrétiser la volonté et
l'effort du gouvernement pour diminuer les ravages de l'alcoolisme et faciliter
dans la province le maintien d'un climat de sobriété relativement
à l'alcool et aux drogues.
Il est difficile d'évaluer avec exactitude le nombre
d'alcooliques au Québec mais on l'estime actuellement à environ
80,000. Ce chiffre situe le Québec, avec l'Ontario, au premier rang des
provinces canadiennes en ce domaine. Heureusement, depuis 1964, la courbe
indiquant le nombre des alcooliques a quelque peu fléchi, à tel
point qu'en 1964, le Québec était la province qui accusait dans
tout le Canada la plus légère augmentation, selon un rapport de
la Fondation canadienne sur l'alcoolisme.
Toutefois, s'il y a quelques signes encourageants, le nombre des
consommateurs d'alcool augmente continuellement. Il en est de même pour
les autres produits qui engendrent l'accoutumance et la dépendance, tels
que les tranquillisants, les barbituriques, les narcotiques et les
hallucinogènes, comme la marijuana, le LSD et autres drogues.
Parmi la population alcoolique, environ 50% ont un emploi, 40% sont sans
travail et 10% classés comma incurables, d'où la
nécessité de renforcer nos méthodes d'action dans la lutte
à l'alcoolisme, et d'entreprendre un travail en profondeur dans le
domaine des autres toxicomanies. Comparativement aux autres maladies,
l'alcoolisme tient une place importante dans le domaine de la santé
publique. D'autre part, il est établi que les efforts de prohibition ne
furent pas une réponse heureuse au problème de l'alcoolisme.
Le problème est de taille. Il nous faut, de toute urgence,
l'envisager avec des méthodes d'action positives, scientifiques,
concertées et dynamiques. Cependant, leur action se doit d'être
planifiée, et l'Etat seul peut le faire. Les organismes privés en
sont conscients, et cette perspective d'un rôle accru de l'Etat ne leur
inspire aucune crainte. L'alcoolisme et les autres toxicomanies constituent un
problème de santé et de bien-être social. Les solutions
fragmentaires sont coûteuses, peu rentables et inefficaces.
Dans l'ensemble du Canada, il se dépense au-delà de $2
milliards par année pour l'achat d'alcool et, bien entendu, le
Québec a sa bonne part dans ce montant, lequel comprend, outre la vente
légale d'alcool, les taxes provinciales, les profits des
détenteurs de permis, sans oublier les ventes clandestines, etc. Alors
que l'on compte 3.2% d'alcooliques parmi la population du Québec, il est
inquiétant de constater que le nombre d'alcooliques s'est accru de
32,000 qu'il était en 1935 à 77,000 en 1962, soit une
augmentation de 132%. De même, en 1966, au Québec, les personnes
de 15 ans et plus ceci incluant nombre d'étudiants ont
dépensé en moyenne $77.90, soit 3.2% de leur revenu annuel, pour
acheter de l'alcool. Il est facile d'imaginer les terribles conséquences
des abus d'alcool. C'est encore pire avec les drogues, sur tous les plans, dans
la vie de la population.
Au point de vue social, c'est toute la vie individuelle et collective
qui souffre de malentendus, querelles, violences, divorces, troubles mentaux,
etc., résultant de l'abus d'alcool ou de drogues. La
société est ainsi privée de l'harmonie et des ressources
nécessaires à son bon fonctionnement. De plus, elle doit
nécessairement réparer les dommages.
Au point de vue moral, les abus entraînent un affaiblissement
déplorable du sens moral chez certains individus, ce qui se traduit en
désordres divers, criminalité et délinquance accrues,
diminution dans les principes et la pratique religieuse, etc.
Au point de vue intellectuel, il est connu que l'alcool et les drogues
s'attaquent au cerveau humain et, par conséquent, nuisent
profondément au bon fonctionnement mental. L'élite intellectuelle
de la population en est, tout autant, affectée.
Au point de vue de la sécurité routière, la
consommation de l'alcool et des drogues, rnême en petite quantité,
est responsable, selon les experts, d'au moins 50% des accidents routiers.
Au point de vue du travail et de la protection industrielle, il est
établi, entre autres choses, qu'un alcoolique manque, en moyenne, 22
jours de travail par année tandis qu'un travailleur non alcoolique ne
perd que 8 jours. On devine facilement les conséquences
désastreuses de cette situation sur notre économie.
Le problème de l'alcoolisme et des autres toxicomanies est
suffisamment grave pour exiger une solution énergique.
L'expérience du passé, les gigantesques développements des
dernières années permettent d'affirmer que l'Etat, par
l'intermédiaire d'un organisme comme l'OPTAT et avec la collaboration
des organismes privés déjà existants, peut apporter des
solutions efficaces à une partie importante des problèmes que
posent l'alcoolisme et les autres toxicomanies.
Au point de vue de la santé publique, l'alcoolisme se classe au
troisième rang, après les déficiences cardiaques et le
cancer, parmi les principales maladies.
Partout où un enseignement dénué de tout
pré-
jugé a pu évoluer, on reconnaît l'alcoolisme et les
abus d'alcool comme un problème de santé publique. La plupart des
provinces, Etats américains ou pays qui ont voulu apporter une solution
à ce problème ont créé, sous l'égide du
ministère de la Santé, un organisme s'occupant de
l'éducation, de la prévention, de l'information, du traitement et
de la recherche.
Une étude faite par le Dr Jellinek, dans le volume
intitulé « The desease concept of alcoholism »,
démontre la nécessité d'instaurer au sein du
ministère de la Santé une telle organisation, vu les
nécessités qu'implique le traitement des alcooliques.
La province de Québec, pour sa part, a établi en 1959 et a
maintenu depuis, au ministère de la Santé, un service
médical sur l'alcoolisme. Son rôle est de promouvoir le
traitement, de former des thérapeutes et d'éduquer notre
population sur les méthodes de traitement et de prévention.
Nécessité d'une prise de position gouvernementale. Si nous
voulons mettre en oeuvre des moyens adéquats pour contrôler, voire
diminuer le nombre d'alcooliques, il importe que la Législature de notre
province, à l'instar de nombreuses provinces et de nombreux Etats
américains, énonce officiellement le principe suivant:
l'alcoolisme et l'abus des alcools et des autres toxiques constituent un
problème de santé publique. Ils nécessitent, si on veut en
prévenir l'évolution et en contrôler les effets, un
programme complet de recherche, d'éducation, d'information, de formation
des cadres, de diagnostics précoces, de traitement et de
réadaptation. L'Etat et les autres organismes existants seront alors
capables de jouer un rôle efficace.
Il est de toute nécessité de coordonner les efforts pour
le bien commun. D'ailleurs, ce ne sont pas les ressources humaines qui
manquent, lorsqu'il s'agit d'alcoolisme. En effet, nous pouvons, à
l'heure actuelle, au Québec, compter sur plusieurs organismes et sur les
services et la bonne volonté de milliers de personnes
bénévoles. Il y a les organismes financés par l'Etat,
comme en parlait le Dr Boivin tout à l'heure. Il y a, dans le domaine de
l'éducation, l'institut d'étude sur l'alcoolisme, qui fut
fondé en 1958. C'est un organisme à but non lucratif, qui
reçoit plus de 90% de son budget des ministères de la
Santé et de l'Education. Les autres sommes proviennent des cotisations
des membres et de la vente des publications. L'institut d'étude sur
l'alcoolisme s'occupe surtout de cours populaires sur l'alcoolisme, de
conférences spécialisées, de cours d'été sur
l'alcoolisme, à l'université de Sherbrooke, des éditions
sur l'alcoolisme, les éditions « Sobrietas ». Dans le
domaine de l'information et de la recherche, le comité d'étude et
d'information sur l'alcoolisme, fondé en 1961, travaille en ce sens.
C'est un organisme gouvernemental relevant du ministère de la Famille et
du Bien-Etre social. Ses principales activités sont l'étude de
l'ampleur de l'alcoolisme au Québec et les moyens d'y remédier,
la publication de plusieurs monographies sur le problème et de
fascicules, qui ont connu une large diffusion, surtout dans les milieux
scolaires et spécialisés. C'est aussi d'utiliser avec
succès les médiums de publicité pour informer le public
sur la sobriété.
Dans le domaine du traitement, il y a les associations des cliniques et
des unités de réadaptation pour alcooliques, qui furent
fondées en 1959. Elles groupent les huit cliniques Domrémy
existantes, dont la première fut fondée en 1956 au Québec.
La CURA dirige aussi 42 unités de réadaptation pour alcooliques,
précure et postcure. Elle met 416 lits à la disposition des
alcooliques. Elle s'efforce de régionaliser les facilités de
traitement. Depuis son affiliation au service psychiatrique en 1964, la CURA et
ces cliniques et unités ont connu un développement
impressionnant. De plus, il y a le service médical sur l'alcoolisme qui
fut fondé en 1959. Il relève depuis 1963 des services
psychiatriques du ministère de la Santé. Ce service s'occupe
d'une façon spéciale à promouvoir le traitement des
alcooliques, à organiser des cours à l'intention de la profession
médicale, ainsi que des cours auprès des autres professionnels
qui auront un rôle à jouer dans le traitement, comme les
travailleurs sociaux, les membres du clergé. Il favorise de plus
l'expansion des ressources thérapeutiques et facilite aux
thérapeutes déjà engagés dans le traitement des
cours de perfectionnement.
En 1963, grâce à l'appui des services psychiatriques, on a
organisé à l'hôpital psychiatrique Saint-Charles de
Joliette, une clinique spécialisée dans le traitement des
alcooliques.
Cette clinique met présentement 35 lits à la disposition
des alcooliques. Cette expérience fut heureuse et nous a permis de
traiter efficacement cette catégorie d'alcooliques qui requièrent
une institution psychiatrique. D'autres expériences se préparent
en ce domaine. Ce sont ces quatre organismes fusionnés qui constitueront
L'OPTAT. Il y a, de plus, des organismes financés par l'Etat dans le
secteur privé, comme l'Association lacordaire du Canada. C'est un
mouvement catholique d'apostolat dont les membres s'abstiennent de toute
boisson alcoolique pour se protéger eux-mêmes ou pour mieux aider
les autres. Elle a connu un progrès remarquable au Canada
français depuis 1939 et est à l'origine de Domrémy, de
l'Institut d'étude sur
l'alcoolisme et d'une grande part de ce qui se fait aujourd'hui pour la
sobriété au Canada d'expression française. Elle compte
actuellement environ 80,000 membres, dont 20,000 jeunes groupés dans
au-delà de 1,000 cercles dans 31 diocèses.
Ainsi, elle a aidé des milliers de personnes qui mènent
aujourd'hui une vie plus heureuse. Depuis quelques années, elle s'est
rajeunie et modernisée dans son esprit et dans ses règlements.
L'Association lacordaire s'attaque à l'alcoolisme, principalement sous
les aspects de l'aide aux buveurs excessifs, de l'information du public par le
témoignage personnel des membres et au moyen du journal mensuel «
Réaction », de feuillets, d'affiches, de média
d'information, etc.
De plus, elle considère l'alcoolisme comme une maladie qui se
traite et qui requiert l'abstinence. Elle n'est pas prohibitionniste, mais
regarde l'alcool comme un produit dangereux. Elle accomplit une oeuvre
nécessaire et bienfaisante qui comporte de multiples avantages
personnels et sociaux. Il en résulte, spécialement chez les
jeunes, une prévention efficace de l'alcoolisme. C'est toute la
société qui en bénéficie.
Il y a, de plus, les Alcooliques Anonymes, un organisme fondé aux
Etats-Unis, il y a plus de 25 ans. Les Alcooliques Anonymes s'occupent
exclusivement des alcooliques. Ses principes de réhabilitation ont
inspiré de nombreuses associations gouvernementales et jouent un
rôle efficace dans la précure et la postcure. Les Alcooliques
Anonymes sont rendus à un point d'évolution où des
transformations profondes s'imposent. De plus, ils peuvent apporter une
collaboration efficace, à certaines conditions.
Malgré des ressources et des possibilités nombreuses, il
n'y a pas de doute qu'un travail immense reste à faire. En effet, d'une
part, la société actuelle est très complaisante envers
l'alcool et même, jusqu'à un certain point, envers les drogues;
d'autre part, elle est très dure envers les alcooliques et autres
toxicomanes qu'elle rejette, après avoir contribué à les
créer et à qui elle n'offre encore que peu de possibilités
de se réadapter à une vie normale.
Il faut donc de la recherche sur tout ce qui entoure les causes et la
progression de l'alcoolisme et de l'usage des drogues afin de présenter
au public des notions justes et appropriées. A ce sujet, il est heureux
et souhaitable que les mouvements bénévoles, Lacordalres,
Alcooliques Anonymes ou autres puissent bénéficier de plus en
plus des connaissances, de la documentation et de l'expérience acquise
grâce aux organismes gouvernementaux.
Il faut également informer le grand public.
Il est déplorable et désastreux pour la population
qu'à l'heure actuelle la plus grande partie de l'information que le
public reçoit au sujet de l'alcool soit la publicité faite par
les brasseries et autres fabricants d'alcool. Non seulement la publicité
des brasseries est-elle bien faite, mais elle est néfaste. Dans tous les
média d'information, qu'elle enrichit continuellement à coups de
millions de dollars, elle vante sans arrêt les mérites de telle ou
telle bière, tout en glorifiant ses fabricants et en associant l'alcool
aux prestiges sportifs, au plaisir et même, dans certains cas, au
patriotisme.
Selon certains, cette publicité n'augmente pas la consommation de
l'alcool. Si cela était vrai, pourquoi les fabricants
dépenseraient-ils tant d'argent pour le faire? Certaines provinces du
Canada ont eu la sagesse si je peux employer ce mot de
l'interdire. Ils n'ont pas un taux d'alcoolisme aussi haut que le
Québec. D'ailleurs, les gens boivent déjà bien assez sans
cela.
Le gouvernement du Québec retire au-delà de $80 millions
de bénéfices nets provenant des ventes de la Régie des
alcools. Or, tout le monde admet qu'il lui en coûte au moins deux ou
trois fois plus pour payer les frais d'hospitalisation et de traitement des
alcooliques, des frais de service social, pension et autres. Pourquoi ces
bénéfices ne seraient-ils pas consacrés à une
information objective, sérieuse et continuelle du public sur l'alcool et
les drogues dans tous les media d'information, les écoles, etc? En
restreignant la publicité proalcoolique et en favorisant par tous les
moyens possibles l'information du public sur l'alcoolisme et les autres
toxicomanies, le gouvernement fera vraiment un travail complet et efficace.
Merci, M. le Président.
M. Maurice Bellemare
M. BELLEMARE: Vous me permettrez, M. le Président, d'ajouter
seulement quelques mots sur ce bill qui est en deuxième lecture et qui,
à mon sens, rencontre l'unanimité de cette Chambre. Il y a dans
cette province depuis plusieurs années des hommes qui ont voué
une attention particulière et presque leur vie à la
défense surtout de cette Association de la prévention, de
l'alcoolisme, l'OPTAT. Je suis particulièrement heureux aujourd'hui de
rendre ce témoignage public a des gens qui, pendant des années,
malgré qu'on semblait les avoir un peu oubliés, ont
continué ce travail persistant et ont passé a travers des
difficultés inouïes afin que le public en général
reconnaisse le bien-fondé de leur argumentation et surtout de la
thèse que ces gens soutiennent.
Ce n'est pas, comme l'a dit l'honorable dé-
puté de Dubuc tout à l'heure, par des lois que nous allons
changer le climat et surtout l'appréciation de l'avis de certaines gens.
Au contraire, je voudrais lui dire que c'est dans cette ligne de pensée,
que ceux qui pendant des années ont fait oeuvre de bien en
prêchant partout cette lutte pour la prévention et le traitement
de l'alcoolisme dans notre province, ont établi certains critères
par des conférences qu'ils ont prononcées partout, ont
sûrement créé à travers la province un mouvement
d'ensemble qui a empêché énormément de gens de
briser leur foyer et de traîner leur misère sur la place
publique.
Nous en sommes profondément reconnaissants et je voudrais saisir
l'occasion ici pour remercier l'honorable ministre de la Santé, le
député de Montmagny, le député de Dubuc qui nous a
fait sûrement un exposé magistral de la situation et l'honorable
député d'Artabas-ka qui, lui aussi, par sa contribution, prouve
combien il est sensibilisé à ce grand problème. Educateur
lui-même, il a vécu dans un milieu tout particulier et a appris au
contact des individus, des gens de chez lui d'ailleurs, ces dures leçons
qu'imposent à ceux qui malheureusement s'adonnent à ce vice et
les turpitudes qui peuvent en résulter et surtout conduire leur famille
dans des situations malheureuses.
Il y a un autre homme, vous n'ignorez sûrement pas son nom. Il est
en Chambre ici depuis 1948. Il a mené une lutte ferme. Depuis 1952, je
rectifie. Il a affirmé à la face de la province quels
étaient ses principes. L'honorable député de Richmond a
sûrement droit, lui aussi, à notre reconnaissance. Il doit
être fier aujourd'hui de voir qu'enfin se concrétise cette
idée pour laquelle il s'est battu.
Il a prêché partout une doctrine qui, en certains milieux,
ne plaisait pas et qui, même au sein d'un certain parti, n'a pas
été toujours acceptée. Mais qu'importe, il est
resté, lui, un homme de principe, un homme défendant fermement sa
position et ses convictions. Il a aujourd'hui droit au témoignage
général de toute cette Assemblée nationale et, surtout, de
tous les parlementaires.
Je le félicite très sincèrement, et je veux que
cela ne soit pas simplement du bout des lèvres. Au contraire, c'est du
fond de mon coeur que je veux lui dire l'expression de notre gratitude. Je lui
demande surtout à lui et à d'autres de continuer dans
cette province cette lutte acharnée qu'il a menée pour ces
principes qu'il a voulu établir, cette reconnaissance qu'il veut
aujourd'hui faire passer dans la législation.
Je suis assuré que nous pourrons travailler ensemble, dans ce
sens, même s'il est extrêmement difficile aujourd'hui, à
cause de multiples embûches, de faire respecter la logique, le bon sens
et surtout le juste milieu. Nous allons, M. le Président, si vous le
voulez bien j'avais donné ma parole à l'honorable
député de Richmond que nous ne siégerions pas et qu'il
aurait l'avantage de faire son discours ce soir demander l'ajournement
de la Chambre...
M. LESAGE: Nous pourrions peut-être passer à la
troisième lecture.
M. BELLEMARE: Oui, nous allons demander l'ajournement à huit
heures et quart. L'honorable député pourra alors faire son
discours s'il n'a pas d'objection. S'il veut commencer immédiatement, je
n'y vois pas d'inconvénient. Nous pourrions passer à la
troisième lecture.
M. LESAGE: Non, j'aimerais bien attendre ce soir. Pour la
troisième lecture du bill no 88, j'avais un député qui
voulait dire quelques mots.
M. BELLEMARE: Oui? Ah bon!
M. LESAGE: Je pense que le député de Richmond est
prêt à commencer.
M. BELLEMARE: Il est prêt à commencer? D'accord. Je
termine. Nous entendrons le député avec beaucoup
d'amitié.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Richmond.
M. Emilien Lafrance
M. LAFRANCE: M. le Président, on comprendra sans doute que je
devrai forcément faire preuve d'une certaine modération et d'une
certaine sobriété dans mes remarques, surtout après les
excellents exposés très substantiels et très objectifs qui
ont été faits par mes deux collègues, le
député de Dubuc et le député d'Artha-basca. Quant
au député de Champlain, je suis très touché du
témoignage qu'il a bien voulu m'apporter. Je serais toutefois
porté à faire certaines corrections à ce qu'il vient
d'affirmer en disant, par exemple, que l'alcoolisme est un vice. C'est devenu
une maladie, aujourd'hui. Ce n'est plus un vice.
M. BELLEMARE: Vous l'avez étudié plus que moi.
M. LAFRANCE: Deuxièmement, le ministre a voulu également
dire qu'à cause de certaines de mes positions, je n'avais pas toujours
été accepté dans un certain parti.
M. BELLEMARE: Pas vous, vos idées.
M. LAFRANCE: Je dois corriger un peu cette affirmation que vient de
faire le député de Champlain parce que j'ai toujours reçu,
de la presque totalité de mes collègues.».
M. BELLEMARE: Ah bon!
M. LAFRANCE: ... beaucoup de sympathie, beaucoup de
compréhension, du moins sur les objectifs que nous poursuivions. Il
arrivait parfois, cependant, que nous ne nous entendions pas sur les moyens.
C'est normal dans un parti démocratique.
Le député de Dubuc, en particulier, a fait l'historique de
l'office. Il a également énuméré les
réalisations et les projets de l'OPTAT.
Je serai très bref. J'ai l'intention, en comité
probablement, de faire quelques observations au sujet de certains articles.
Je voudrais tout de suite dire toute ma satisfaction... Je m'expose
probablement encore à recevoir les foudres d'un certain chef de parti
dans cette province, qui, dimanche dernier, à cause de certaines de mes
attitudes en politique, dans le domaine de l'alcoolisme, a dit que
j'étais un traître. Vous savez, dans notre province, c'est presque
à la mode de traiter les hommes publics de traîtres. Il est
étrange que cet homme, qui se présente dans un pseudoparti
chrétien, fasse si peu preuve de charité chrétienne dans
le jugement qu'il porte à l'endroit des hommes publics.
Tout de même, M. le Président, je dois dire que ce bill
était désiré et attendu depuis longtemps par de nombreux
organismes et de nombreuses personnes en cette Chambre. On n'ignore pas
d'ailleurs, le député de Dubuc y a fait allusion que cette
législation a été mise en chantier il y a
déjà trois ans. Je me souviens qu'à l'automne de 1965 un
arrêté en conseil a été adopté, demandant la
fusion des organismes gouvernementaux.
Je voudrais, à ce moment, rendre un hommage bien spécial
à quelqu'un qui a été, pour ainsi dire, le promoteur de
cette législation: le docteur Dominique Bédard qui, à
l'époque, était directeur des services de psychiatrie. Je crois
que c'est le premier qui a conçu cette fusion, qui en a pris
l'initiative, qui a soumis le projet au conseil des ministres. Cela s'est fait
grâce à son initiative, avec l'appui, d'ail- leurs, de M. Roland
Lelièvre, qui est bien connu dans la province.
Je voudrais aussi faire miennes les remarques du député de
Dubuc au sujet du docteur André Boudreau. C'est certainement un des
hommes les plus éminents, non seulement au Québec, ou au Canada,
mais même sur le plan international. Je n'ai pas besoin d'ajouter
à ce que mes deux collègues ont dit à son sujet. Je
voudrais souligner également qu'il est entouré d'une
équipe qui est éminemment bien qualifiée. Des gens
je ne trouve pas d'expression en français qui sont «
dedicated », qui sont dédiés, qui sont, selon l'expression
populaire, vendus à cette cause de la sobriété.
Contrairement à ce que plusieurs membres de cette Chambre seraient
portés à croire, je crois qu'aucun d'entre eux ne fait partie des
cercles Lacordaires, ceci ne les empêche pas d'être du bon monde,
quand même.
M. le Président, je veux aussi souligner comme l'ont fait,
d'ailleurs, le député de Champlain et mes deux autres
collègues que la première contribution apportée
à cette législation l'a été par les cercles
Lacordaires qui se sont faits les pionniers en cette province dans ce domaine.
Durant des années, ils ont pratiquement été les seuls sur
la place publique à s'occuper de ce problème, pendant que
beaucoup les ridiculisaient ou encore démissionnaient devant leurs
responsabilités. Ce sont eux qui sont à l'origine de tout ce
réseau de cliniques, d'organismes, d'études, de cours, de salles
d'accueil, etc. Il est bon, comme le disait si bien le premier ministre, hier,
de rendre à César ce qui est à César et à
l'Etat ce qui est à l'Etat.
Alors, je veux souligner les services éminents d'hommes comme le
docteur Raoul Poulin, ex-député fédéral de la
Beauce qui a certainement été un champion de la
sobriété dans la province et qui a eu souvent l'impression de
parler dans le désert. Eh bien, aujourd'hui, c'est un peu le
couronnement de tout ce qu'il a fait. Il y a eu un autre apôtre
géant, le révérend père Ubald Villeneuve, auquel je
tiens à rendre hommage. Il y a eu enfin M. Roland Lelièvre.
Ce projet de loi répond en tous points à mes vues dans ce
domaine. Je vous avoue que j'aurais été très heureux et
très fier d'avoir à prononcer textuellement le discours qu'a
prononcé tout à l'heure le député de Dubuc. Je
voudrais cependant faire part de certaines inquiétudes que
j'éprouve à l'occasion de la présentation de ce bill.
Il y a un certain danger auquel nous sommes exposés. Au moment
où une législation est adoptée, nous nous imaginons tout
de suite que le problème est réglé. Il y a une
espèce non pas
d'euphorie, mais d'illusion qui s'empare de nous. Nous nous disons:
Bien, nous pouvons dormir maintenant sur nos lauriers, le problème est
réglé. M. le Président, c'est une illusion bien
dangereuse.
Ce qu'a fait ce bill, c'est tout simplement de donner un statut
légal à l'OPTAT, qui existait d'ailleurs déjà,
comme l'a dit le ministre associé, depuis 1966. On l'a tout simplement
sorti d'une espèce de clandestinité, on l'a baptisé
aujourd'hui. M. le Président, je voudrais souligner que cette excellente
législation constitue un outil précieux, efficace. Si on sait
bien l'utiliser, il contribuera largement à enrayer les abus de
l'alcoolisme dans la province. Il servira également à la
promotion d'une saine sobriété dans cette province.
M. le Président, pour démontrer que cette loi ne suffit
pas, l'office existe déjà, en fait, depuis deux ou trois ans. Il
dispose de crédits déjà assez importants, il a des
pouvoirs pour mettre sur pied des cliniques. Cependant, à
Montréal où il y a peut-être la moitié des malades
de l'alcoolisme dans la province de Québec, peut-être 40,000, il
n'existe, à l'heure actuelle, aucune clinique interne. Je voudrais que
le ministre corrige l'affirmation que je fais, si elle n'est pas exacte, mais,
d'après ce que je connais du problème, il n'existe dans la ville
de Montréal qu'une clinique externe, et on sait que...
M. CLOUTIER: Si le député me le permet, le
ministère de la Santé a autorisé il y a quelques mois,
l'acquisition d'une maison qui sera convertie incessamment, on est à
terminer les plans des modifications de l'intérieur. C'est une immense
bâtisse, et je pense que nous pourrons disposer d'environ 100 lits dans
cette institution, qui appartenait à des religieux. Alors, je pense
qu'au tout début de 1969, nous aurons cette clinique à
Montréal.
M. LAFRANCE: M. le Président, je remercie le ministre de cette
précision, que j'allais d'ailleurs apporter.
Je sais que depuis déjà une dizaine de mois le
ministre voudra encore me corriger soit en janvier ou février, le
gouvernement a fait l'acquisition d'un édifice à Montréal.
C'est en février, je crois. Justement, je ne sais pas qui a fait le
choix de cet édifice, mais il ne convenait pas. Il a fallu
évidemment effectuer certaines rénovations. C'est là qu'on
voit je tiens à le souligner au ministre l'importance
d'accorder beaucoup d'autonomie à cet office. C'est un peu pourquoi
j'aurais préféré que ce soit une fondation. Cela viendra
peut-être un jour.
Il faudrait que les officiers je sais qu'ils sont
éminemment compétents puissent avoir le loisir de choisir
eux-mêmes ces endroits, quitte ensuite à les faire approuver par
le ministre. Quand sera-t-elle en opération? Je ne le sais pas»
Entre temps, il faut dire que la province de Québec perd des centaines
de mille dollars» C'est assez étrange de dire cela. Il faut dire
qu'à l'heure actuelle il y a dans la province de Québec, je
crois, huit cliniques. Mais je crois qu'il n'y en a qu'une ou deux à
Saint-Jérôme et Hauterive, peut-être, qui profitent de
l'assurance-hospitalisation. On pourrait, dans chacune de ces cliniques, si on
avait des locaux convenables, profiter de l'assurance-hospitalisation, ce qui
pourrait peut-être sauver à la province de $200,000 à
$300,000 par année.
Je tiens à attirer l'attention du ministre. Je sais qu'il est
bien au courant de ce problème. Il me semble que c'est un peu une
économie de bouts de chandelle. Si l'on voulait dépenser un peu
plus pour avoir des endroits bien fonctionnels, on pourrait profiter de
l'assurance-hospitalisation.
On l'a dit tout à l'heure, c'est une maladie bien importante qui
affecte 80,000 citoyens dans leur santé, dans leur vie personnelle, en
plus des centaines de mille personnes dépendantes qui sont
également affectées. On l'a aussi dit, c'est la troisième
maladie en importance comme cause de décès. Il faut dire qu'en
dépit de tout cela on traite encore ces victimes en parents pauvres dans
la province. Cependant, je crois qu'ils sont de gros contribuables, quand on
connaît les taxes qui sont imposées sur les spiritueux dans la
province.
M. le Président, le ministre et député de Dubuc a
dit que le gouvernement prend ses responsabilités. Je crois qu'il serait
plus juste de dire que le gouvernement a commencé, depuis six ou sept
ans environ, à prendre ses responsabilités. Personnellement, je
suis loin d'être satisfait de ce qui se fait.
Evidemment, je n'exige pas tout de suite que le gouvernement arrive
à une organisation parfaite, mais je le serai seulement quand on fera
autant pour combattre cette maladie et pour la prévenir qu'on a fait,
par exemple pour la tuberculose. Un organisme médical de Montréal
disait qu'il y avait au Québec trois graves maladies sociales: la
tuberculose, les maladies vénériennes et l'alcoolisme. Eh bien,
M. le Président, à cause des sommes qui ont été
dépensées par les gouvernements, les deux premières
maladies sont en régression. On a dépensé $120 millions en
vingt ans pour combattre la tuberculose qui est aujourd'hui en
régression, tandis que ce n'est pas le cas de l'alcoolisme qui est
encore en progression.
J'espère aussi que d'autres gouvernements qui, à l'heure
actuelle, font tant pour combattre, et avec raison, la cigarette qui est une
des causes du cancer... Eh bien, on sait que l'alcoolisme cause beaucoup plus
de dégâts encore que la cigarette parce qu'elle ne s'attaque pas
seulement à l'individu, à son physique, mais elle s'attaque aussi
à l'âme, à la vie, à la santé de sa famille
et de la nation.
M. le Président, je crois qu'une bonne partie des profits de
l'Etat, qu'on a estimés à environ $80 millions, soit au moins 5%,
devrait être consacrée à combattre cette maladie et surtout
à en secourir les victimes. Mais la vraie solution, M. le
Président, se trouve dans la prévention. Il y a un vieil adage
chez nous qui dit: Vaut mieux prévenir que guérir.
Si nous consacrions plus d'argent à l'éducation de la
sobriété, non pas nécessairement de l'abstinence, mais de
la sobriété, je crois que nous pourrions réaliser des
millions d'économie, quand on sait qu'un alcoolique peut coûter
à l'Etat, $25,000, peut-être $50,000 et même $75,000 pour sa
vie durant. Si on considère ses dépendants, cela veut dire qu'il
peut coûter en assistance sociale environ $3,000 par année. Les
traitements qu'il peut recevoir peuvent coûter environ $1,000, ce qui
fait tout de suite $4,000. Multipliez ça par vingt ans, ça fait
$80,000. On voit donc que ce serait un investissement certainement profitable
de faire davantage pour l'éducation, parce que la prévention,
ça paye, M. le Président. J'ai beaucoup plus confiance
aujourd'hui.
Il faut dire que, comme beaucoup d'autres, j'ai déjà eu
des préjugés dans ce domaine. J'ai déjà beaucoup
compté sur la coercition, sur les lois et sur les règlements,
mais je suis de plus en plus convaincu, aujourd'hui, que ce n'est pas avec des
règlements et des lois qu'on peut rendre les gens plus vertueux ou plus
sobres. Je crois que c'est surtout par l'éducation.
D'abord, l'éducation des adultes. Le gouvernement devrait
multiplier sa façon de faire de la publicité, en utilisant tous
les média de publicité. Il y a une foule de postes de radio, par
exemple, qui seraient prêts à mettre gratuitement un certain temps
à la disposition de l'Etat. J'écoutais justement à l'heure
du dîner, un poste je crois que c'est CKCV de Québec
qui transmettait le message des lacordaires au sujet de la
sobriété. Alors, je crois qu'il y aurait peut-être moyen de
compenser cette publicité tapageuse et de tous les instants des
brasseries dans la province, qui finit par créer une espèce
d'hystérie, une espèce de hantise du verre. Alors, je sais que ce
comité s'occupera en particulier de l'éducation des adultes.
Il est 6 heures, M. le Président.
M. BELLEMARE: M. le Président, la Chambre suspend ses travaux
jusqu'à 8 h 15.
M. LE PRESIDENT: La Chambre suspend ses travaux jusqu'à 8 h 15,
ce soir.
Reprise de la séance à 20 h 17
M. LEBEL (président): A l'ordre, messieurs!
L'honorable député de Richmond.
M. LAFRANCE: Je résume très brièvement les quelques
réflexions que j'ai faites avant l'ajournement. D'abord, j'ai dit que
cette loi n'était pas une fin en soi, mais plutôt une
étape; que c'était un excellent outil dont je félicitais
le ministre et que si on voulait bien l'utiliser, elle servirait à
promouvoir la sobriété, et à enrayer les ravages de
l'alcoolisme dans la province.
J'ai aussi souligné le fait qu'il était important
d'accorder beaucoup de latitude à l'office. Je connais d'ailleurs la
largeur de vue du ministre. Je ne doute pas qu'il continuera à lui
accorder beaucoup de latitude, et à faire confiance à ses
membres. Je crois qu'il ne le regrettera pas. J'ai dit aussi que
j'espérais qu'un jour je formule le voeu cet office
deviendrait une véritable fondation.
J'ai également dit que l'office devrait je sais d'ailleurs
que c'est l'un des objectifs qui a été exposé par le
député de Dubuc insister surtout sur la prévention.
J'ai parlé de l'éducation des adultes et surtout de
l'éducation dans les écoles. Je crois qu'il serait essentiel,
qu'il serait urgent même, qu'on inscrive au programme scolaire
l'enseignement de la sobriété. Je crois que l'unanimité
est faite depuis longtemps dans la province tant du côté
gouvernemental que du côté de tous les partis politiques,
même du côté de la jeunesse. Des sondages dans les
écoles ont révélé que plus de 60% des jeunes
étaient favorables à un enseignement de la
sobriété. Il faudrait bien qu'on ne confonde pas
sobriété et abstinence. Quand on parle de sobriété,
il y en a beaucoup qui pensent qu'on veut imposer l'abstinence. Il s'agit de la
sobriété, qui est bien de la modération.
Je crois qu'il est urgent de montrer aux jeunes les dangers que
constitue l'alcoolisme; de leur montrer également les avantages de la
modération et même les avantages de l'abstinence, parce que je
considère que l'ignorance est certainement ce qui favorise le plus les
abus. Quand on est ignorant, quand il y a des problèmes ou des dangers
ou quand on a certains préjugés, je crois qu'une publicité
bien faite et assez insidieuse peut certainement exploiter la bonne foi des
gens.
Il est beau de faire de l'éducation, mais il ne faudrait pas
laisser la liberté absolue à la publicité qui se fait soit
à la TV ou à la radio ou par les média de
publicité. J'ai bien l'impression que, quoi que fasse l'office, quoi que
nous fassions dans les écoles, nous serons tout simplement noyés
par cette invitation constante et de plus en plus insistante auprès de
la population.
Je tiens aussi à souligner que le problème de l'alcoolisme
est, d'abord et avant tout, un problème communautaire. Ce
problème-là sera réglé collectivement. J'ai bien
l'impression que quoi que fasse l'office, s'il est seul, il est absolument
impuissant. Je crois que nous avons tous en ce domaine une grave
responsabilité. L'Etat a ses responsabilités en
établissant des services de réhabilitation, en faisant
l'éducation et en créant des conditions sociales qui favorisent
la pratique d'une saine sobriété. Par exemple, on sait que les
conditions de vie dans les taudis sont une incitation à boire. Il y a
une foule de choses que nous pourrions corriger dans la société
pour favoriser la pratique de la sobriété.
L'Etat se doit aussi, par sa législation... Malheureusement, dans
le passé, chaque fois qu'on a légiféré dans ce
domaine, cela a été trop souvent hélas, en fonction des
commerçants d'alcool, et non pas en fonction du bien public. Il faudrait
bien, dans nos prochaines lois, songer davantage au bien commun.
On sait également comment cette publicité, de plus en plus
tapageuse, de plus en plus insidieuse aussi, se pratique dans les loisirs. On a
envahi à peu près tous les sports, que cela soit le curling, le
golf, le hockey ou la balle molle. Je connais personnellement des jeunes qui
m'ont avoué faire aujourd'hui des abus de boissons alcooliques, parce
qu'à la suite d'une partie de balle molle ils avaient été
invités par Untel, représentant de telle brasserie, à
aller consommer toute la bière qu'ils désiraient.
Alors, il faudrait, de ce côté-là aussi, avoir une
réglementation plus sévère. Il faudrait peut-être
également intervenir dans certaines grandes manifestations
publiques.
Nous avons, hélas! été témoins de
véritables orgies de boisson à l'occasion, par exemple, du
Carnaval de Québec, où un journal comme l'Action disait que des
enfants de quatorze et quinze ans avaient été vus en état
d'ébriété. Le Carnaval de Québec, qui est une
excellente manifestation, devient de plus en plus quelque chose qui n'est pas
à l'honneur du Québec et il en est de même aussi d'autres
manifestations sportives dans la province.
M. le Président, si on demande à l'Etat de faire quelque
chose, il faudrait aussi, d'abord, que les citoyens commencent par faire leur
part. Je serais ici porté à parodier un peu ce que disait John
Kennedy: « Au lieu de nous demander ce que l'Etat peut faire pour nous,
demandons-nous ce que nous pouvons faire pour l'Etat, pour
le bien commun de nos concitoyens ». Dans le domaine de
l'alcoolisme, c'est la même chose. Au lieu de nous demander ce que l'Etat
peut faire, demandons-nous ce que nous pouvons faire pour promouvoir la
sobriété. C'est un problème commun, un problème
collectif. Il faudrait que les individus commencent par prendre leurs
responsabilités, se renseignent, se débarrassent de leurs
préjugés. Nous avons tous des préjugés. Je m'occupe
de ce problème-là depuis des années.
Il faut dire que j'étais pourri de préjugés, de
fanatisme aussi. A la lumière de l'expérience, je me suis
débarrassé de certains préjugés. Je sais que de
nombreux membres de cette Chambre ont aussi des préjugés,
enfaveur de l'usage des boissons alcooliques. Il faudrait que, chacun de nous,
tous les citoyens, nous fassions un petit examen personnel, que nous nous
demandions ce que nous faisons pour essayer de créer des conditions
sociales qui favorisent la pratique de la sobriété.
La famille a un rôle extrêmement important à jouer
dans ce domaine. L'exemple des parents, leur comportement, leur
mentalité sont importants. Je crois que la famille reste encore la
première responsable. Si les parents sont sobres, donnent le bon
exemple, il y a de grandes chances pour que les enfants, plus tard, pratiquent
aussi la sobriété.
L'école a un rôle de plus en plus grand à jouer,
quand on sait que l'école d'aujourd'hui, par suite de la tendance que
nous avons de plus en plus à l'étatiser s'empare des enfants
à l'âge de cinq ou six ans pour les remettre à la
société à l'âge de vingt ans.
On volt donc l'Influence de plus en plus grande de l'école sur la
formation du citoyen de demain. Il faudrait qu'à l'école, les
professeurs soient mieux préparés, et qu'on représente la
sobriété comme une vertu civile que tout le monde a
intérêt à pratiquer.
D'autres aussi ont une responsabilité. En parlant de
l'école, j'espère qu'un jour, on établira des chaires
universitaires sur ce problème. Je crois qu'il est important que, par
ces maisons de haut savoir, on informe davantage les gens, on forme des
spécialistes, des professionnels, et des professeurs, qui pourront,
demain, renseigner la population.
D'autres également ont un rôle à jouer, ce sont les
industriels. De plus en plus, ceux-ci, sont inquiets des ravages que causent
les abus de boisson chez leur personnel. Et, comme le disait si bien, je crois,
le président de la compagnie Bell Telephone: Malheureusement, nous, les
industriels, avons pratiqué une espèce de politique d'autruche
dans le passé; il est temps que nous nous en occupions.
D'ailleurs, le député d'Arthabaska a très bien
démontré, cet après-midi, les ravages que l'alcoolisme
peut causer dans les industries. Et je crois qu'ici je me permettrai une simple
suggestion. Peut-être, certains industriels, certains employeurs ont une
excellente occasion de ne pas nous donner le spectacle des beuveries que l'on
connaît malheureusement trop souvent à l'occasion des Fêtes
dans les bureaux, dans les industries, dans certains locaux. Je crois que les
industriels qui, avec raison, s'inquiètent de la progression de
l'alcoolisme, devraient commencer à faire leur part.
Enfin, M. le Président, nous avons tous ces organismes de
bénévolat qui peuvent faire énormément. Je sais que
de plus en plus nos clubs sociaux, nos associations sont
intéressés à ce problème. Je sais, en particulier,
que les excellents conférenciers de l'OPTAT sont de plus en plus
invités et font un excellent travail d'éducation.
J'espère également que l'office saura utiliser les
services éminents que peuvent rendre ces organisations
bénévoles, par exemple, comme les Alcooliques Anonymes, les
lacordaires en particulier, parce que je ne crois pas qu'un domaine comme celui
de l'alcoolisme puisse être laissé à des fonctionnaires
seuls, si bien intentionnés soient-ils. C'est un travail tellement
ingrat qu'on a besoin de bénévolat qui peut, je crois, donner
cette espèce de feu sacré absolument nécessaire dans cette
lutte, dans ce travail qui est si ingrat.
D'autres ministères aussi, comme l'a souligné le
député de Dubuc, cet après-midi, ont un rôle
à jouer par exemple le ministère des Transports et
Communications. Il y a longtemps qu'on réclame et tout le monde
est d'accord, presque tous les pays du monde l'ont adopté
l'ivressomètre, le test de l'haleine. Le député
d'Arthabaska a très bien souligné cet après-midi qu'au
moins 50% d'autres établissent à 60% les accidents
qui sont causés directement par l'alcool. On sait, je ne dis pas que ce
soit le seul facteur, mais c'est le facteur principal.
Les expériences qui ont été faites, par exemple, en
Angleterre, ont démontré que les accidents ont diminué
je ne me souviens pas au juste, mais c'était un pourcentage
très élevé de 30% à 40% dans l'espace de
quelques mois. C'est mûr dans la province de Québec. Tout le monde
le désire. Je sais que le ministre est gagné depuis très
longtemps à cette idée. Qu'est-ce qu'on attend? C'est à
peu près comme pour l'OPTAT. Tout le monde s'accordait depuis au moins
un an; on aurait dû la présenter plus tôt. Si l'on
présentait cette loi de l'ivressomètre, j'ai l'impression que
l'on pourrait sauver des
centaines de vies chaque année. Ce serait facile à
démontrer au point de vue mathématique. J'espère que,
bientôt, on nous présentera aussi cette loi.
Le ministère de la Justice a également un rôle
à jouer parce que c'est lui qui est chargé de faire adopter les
règlements pour la Régie des alcools. On sait que l'un des
facteurs principaux qui conduit au crime, c'est l'alcool. J'ai
été très frappé, depuis quelques semaines, par des
meurtres vraiment révoltants. Ici, à Québec, il y a quinze
jours ou trois semaines à peine, un jeune homme de seize ans, qui venait
de consommer une douzaine de bières, a tué sa mère
à coups de bâtons, alors qu'elle revenait chez elle, le soir,
à cinq heures. On a vu cela dans tous les journaux de Québec.
Quelques jours après, on a vu, à Montmagny ou à Rimouski,
qu'un père de famille, qui était en état
d'ébriété, est allé assassiner sa femme à
coups de couteau. Alors, c'est certainement une des causes du crime.
Donc, c'est un problème qui intéresse tout le monde sans
exception. Malheureusement, on a toujours pensé que c'était le
lot des classes plutôt pauvres de la société. Mais, c'est
le lot de toutes les classes de la société. D'ailleurs, les
statistiques démontrent que, proportionnellement, il y a plus
d'alcooliques parmi les classes aisées qu'il y en a parmi les pauvres.
Alors, c'est le problème de tout le monde. Cet outil que vient de nous
fournir le ministre par son excellente loi sera certainement un moyen d'enrayer
ces abus.
En terminant, je voudrais dire un mot au sujet des drogues. C'est un
autre objectif de l'office. Je crois que ce problème est tout aussi
important aujourd'hui que celui de l'alcoolisme. Contrairement à ce que
l'on pense, ce n'est pas le problème exclusif des jeunes. Depuis
déjà longtemps, les adultes font, eux aussi, usage de
drogues.
On dit que c'est rendu à l'état endémique dans nos
écoles. Je crois que c'est exagéré. D'ailleurs, une
enquête, faite très récemment sur le campus de Sainte-Foy
où il y avait, à ce moment-là, 4,337 étudiants, a
établi que 200 à 400 jeunes faisaient usage de drogues, soit
environ 10% à 15% de la population étudiante. Je voudrais
souligner, en passant, les causes profondes de l'usage de plus en plus
répandu des drogues. Il n'est pas nécessaire d'être
psychologue pour comprendre que les jeunes vivent dans un climat
d'insécurité et sous une tension nerveuse. Ils sont
sollicités de toutes parts par certains maniaques de la
publicité, par des marchands ou par des charlatans qui leur proposent
des panacées de toutes sortes. Or, les jeunes, malheureusement, ont
été vidés de certaines valeurs morales et
spirituelles.
On a dit que la religion était l'opium du peuple.
Malheureusement, cet opium qui était bénéfique, on l'a
remplacé par quoi? Par la marijuana. Nous connaissons les effets
néfastes que cela peut avoir chez la population. Il n'est pas
étonnant, en face de tout cela, de voir que nos jeunes souffrent d'un
déséquilibre social et mental et qu'ils sont de plus en plus
incités à recourir à des moyens artificiels. Il est assez
triste de voir notre monde moderne, qui est si avancé dans le domaine de
la science, de la technique, qui a réussi à maîtriser la
matière, soit resté si primitif dans l'art de se maîtriser
soi-même et de bien vivre.
Malheureusement, les jeunes sont souvent victimes de cette
publicité insidieuse, je pourrais même dire criminelle, sur les
pseudo-effets bénéfiques des drogues.
M. le Président, je voudrais ici faire miennes des paroles
prononcées il n'y a pas très longtemps par un homme qui est
certainement un grand spécialiste dans ce domaine, et qui fait
énormément de bien à toute la province, à l'heure
actuelle, par ses rencontres dans les écoles, sa collaboration avec les
forces policières de la province de Québec. Je veux parler du
directeur de l'OPTAT, le Dr André Bou-dreau. Il écrivait
récemment sur les drogues des choses que je partage entièrement.
C'est très bref, mais je crois qu'il serait intéressant pour la
province de connaître ces observations. « Alors, cette tension
nerveuse qui caractérise notre société est
provoquée en partie par l'insécurité, la
répétition des échecs, réels ou imaginaires, et
surtout l'incapacité de recourir à des moyens naturels pour se
défendre. Devant le mauvais fonctionnement des soupapes que sont les
loisirs, les activités sociales, la religion, la famille, l'argent, le
travail, l'idéal et le reste, on doit recourir à des soupapes
artificielles, et c'est à ce niveau qu'intervient la recherche des
drogues. Pour la grande majorité des individus, la soupape artificielle
s'appellera alcool, pour d'autres, elle se nommera tranquillisant, stimulant,
somni-nifère ou hallucinogène. « Le monde des jeunes a
toujours été caractérisé, continue le Dr Boudreau,
par un besoin d'imiter le monde adulte, d'expérimenter tout ce qui est
nouveau, de se dépasser. Lorsque l'on cause avec des adolescents du
problème de l'abus des drogues, ils nous présentent une foule
d'alibis dont quelques-uns nous semblent fondés. Le prétexte le
plus souvent invoqué est qu'ils ne trouvent pas dans le monde adulte des
modèles capables de nourrir leurs désirs de dépassement.
Les modèles qui leur sont proposés se recrutent soit dans le
monde
adulte imprégné d'abus de toutes sortes, ou dans la
fiction présentée par le cinéma. Devant cette carence, les
adolescents créent leur propre modèle, ils en grossissent les
traits, en exagèrent les comportements et en suivent les traces. La
drogue permet alors de rêver aux modèles qu'ils ont
créés et d'en mieux saisir les traits. « Une autre
caractéristique du monde des jeunes, ajoute le Dr Boudreau, qui est
d'ailleurs père de huit enfants, est le vide spirituel. Ayant
intellectualisé à l'extrême la découverte de la
vérité, on en est venu à un point tel qu'on a
désacralisé totalement toute vie spirituelle. Or l'idée de
dépassement qui caractérise tout homme normal lui a vite permis
de se rendre compte du vide qui l'entourait et, encore une fois, il a voulu
chercher dans les drogues une compensation, une évasion, une
façon temporaire d'avoir l'impression de vivre réellement.
»
Devant ces constatations, nous en sommes amenés à
préconiser le plus rapidement possible des modifications dans le
système d'éducation et je considère très importante
cette suggestion que fait le Dr Boudreau. Elle est très importante,
à mon humble avis. Il importe en effet de donner une place beaucoup plus
grande aux cours portant sur l'hygiène mentale. Ces cours permettraient
de redécouvrir et d'apprendre à cultiver certaines valeurs que
l'on a un peu trop négligées. Parmi ces valeurs, on retrouverait
l'espérance, qui permet de lutter au lieu d'avoir la
mentalité aussi désespérante que l'on connaît dans
certains milieux à l'heure actuelle.
Cela est personnel, je m'excuse. L'espérance qui permet de lutter
alors que tout semble perdu, la joie qui crée l'optimisme, le
renoncement qui rend capable de choisir parmi les options qui nous sont
présentées, le sens de la communauté qui donne un
sentiment de solidarité, de force et conséquemment permet les
plus grandes réalisations. En un mot, notre monde a beaucoup plus besoin
de réapprendre à vivre, de se réajuster en face des
réalités que de tranquillisants, somnifères,
anesthésiques et autres drogues.
M. le Président, je tiens en terminant à féliciter
de nouveau le gouvernement qui apporte cette législation. Je peux
assurer le ministre que nous voterons avec plaisir pour cette loi et je formule
de nouveau le voeu qu'elle contribue, dans la province, à créer
un climat qui favorisera la pratique de la sobriété.
M. LE PRESIDENT: L'honorable solliciteur général.
M. Armand Maltais
M. MALTAIS (Limoilou): M. le Président, l'Office de la
prévention et du traitement de l'alcoolisme et des autres toxicomanies
est né de l'intégration de divers organismes créés
à part égale par l'initiative privée et par l'Etat.
L'Idée a fait son chemin que l'alcoolisme devait être
considéré comme une maladie, et le gouvernement du Québec
a voulu le reconnaître comme un problème de santé publique
en prenant toutes ses responsabilités sous ce rapport. Ainsi, l'office
est organisé de façon à ne négliger aucun des
nombreux aspects sous lesquels peuvent se présenter les
responsabilités d'un Etat moderne en cette matière.
Prévention, recherche, traitement: c'est sur ces trois principaux
services que l'office a appuyé son action. Les travaux de
prévention ont consisté principalement à diffuser les
informations dont le public a un besoin de plus en plus grand pour l'aider
à se prémunir contre les dangers qui le menacent dans la
société moderne en tout ce qui concerne les abus de l'alcool et
des drogues.
L'enseignement qu'a tenu à répandre l'OPTAT s'est
prévalu de toutes les données de la recherche et de la science
moderne. C'est ainsi, complètement dépouillé de tout
préjugé, qu'il peut d'ailleurs le mieux répandre ses
bienfaits et susciter des élans de bonne volonté. Il en est de
même des recherches entreprises sur les origines de l'alcoolisme et des
autres toxicomanies. Elles permettent d'améliorer, par une meilleure
connaissance des causes du mal, les techniques de la prévention, du
traitement et de la réadaptation. L'effort à déployer dans
ce champ d'action est immense. A la lumière des connaissances nouvelles
acquises sur les causes qui engendrent cette maladie, combien de progrès
ont pu être accomplis dans la lutte contre ses funestes
conséquences sur les plans individuel, familial, social, voire
économique. Du côté du traitement, le service a pour
tâche de compléter le réseau et d'assurer le bon
fonctionnement des institutions spécialisées, de manière
à doter la société d'appareils de combat bien
outillés. Il a pour but, aussi, la formation de thérapeutes pour
le traitement et la réadaptation.
Le Québec a déjà tellement développé
ses ressources thérapeutiques pour les alcooliques et autres toxicomanes
qu'il fait l'envie des autres nations. Il serait le seul Etat à avoir
vécu des expériences pratiques aussi bien étudiées,
et l'unique endroit au monde où il existe, contre l'alcoolisme, un
programme de lutte aussi bien structuré. Cependant, il ne fallait pas
s'arre-
ter en aussi bonne voie. L'alcoolisme continue d'étendre ses
ravages. Notre province compterait, selon de récentes statistiques,
quelque 80,000 alcooliques, dont plus du tiers seraient sans emploi.
L'acuité du problème que pose, entre autres, le travailleur
alcoolique est présente à l'esprit de tous. Des organismes
privés, le gouvernement et l'industrie sont bien conscients de ce
problème. Sous tous ses aspects, le problème de l'alcoolisme,
lié à ceux que posent les autres toxicomanies, apporte tous les
jours de nouvelles tâches et appelle sans cesse de nouveaux
progrès dans l'organisation de la lutte et la mise en éveil de la
société tout entière.
C'est pourquoi je suis heureux de cette loi qui fait franchir une
nouvelle étape et qui est aussi un nouveau couronnement à
l'oeuvre des pionners qui ont été nombreux au Québec dans
cette importante sphère d'apostolat social.
Il m'est naturellement impossible, M. le Président, de rendre
hommage ici à tous ces valeureux lutteurs.
Permettez-moi de mentionner en particulier l'un des plus estimés
parmi notre population, le docteur André Boudreau dont la
renommée dépasse les frontières du Québec. On sait
que le docteur Boudreau est au nombre des experts qui ont été
convoqués par le Vatican pour faire l'étude de l'alcoolisme et
des autres toxicomanies.
Le nouveau projet de loi qui nous occupe vient perfectionner par de
nouvelles structures et de nouveaux pouvoirs une organisation rationnelle de
l'appareil de prévention, de recherches et de traitements en
matière alcoolique mise en oeuvre par l'Etat. Sincères
félicitations à tous les responsables et particulièrement
à mes collègues, l'honorable ministre de la Santé,
l'honorable ministre d'Etat à la Santé, et l'honorable ministre
d'Etat au Bien-Etre et à la Famille.
M. LE PRESIDENT: L'honorable Secrétaire de la province.
M. Rémi Paul
M. PAUL: II nous est donné aujourd'hui d'adopter une
législation qui, au point de vue social, s'impose grandement et depuis
longtemps. L'honorable ministre de la Santé de même que le
ministre d'Etat à la Santé auront certainement droit, ainsi que
tous les honorables députés de cette Chambre, à une
certaine reconnaissance de notre peuple en raison des mesures éminemment
sociales que nous apporte cette mesure législative.
Ayant eu l'avantage de pratiquer le droit pendant vingt ans, il m'a
été donné à maintes reprises de constater les
méfaits de l'alcoolisme tant au point de vue familial, social
qu'économique. Aujourd'hui, on se demande comment il se fait que
beaucoup de nos jeunes ne veulent plus accepter l'autorité sous quelque
forme que ce soit. Dans trop de cas, hélas, l'exemple vient des parents
qui sont devenus bien souvent des alcooliques ou des malades alcooliques.
Comment un enfant peut-il, devant la conduite parfois scandaleuse de son
père, entretenir à son égard des sentiments de
véritable respect et infailliblement sans « autorité du
père, la mère est parfois aux prises avec de nombreux
problèmes qui font que cet enfant déserte assez souvent le foyer
paternel pour aller courir dans les salles de jeu, dans les restaurants
où, hélas, il contracte parfois d'autres habitudes telle que
celle de la toxicomanie. Nous avons peut-être là aujourd'hui l'une
des raisons ou des explications qui nous place en face d'un véritable
problème qui doit éveiller l'opinion publique et
spécialement qui doit pousser à agir, les hommes publics, afin de
prendre tous les moyens nécessaires pour enrayer ce fléau
envahisseur de l'alcoolisme chez nous.
Cette lutte qu'entend mener l'Etat par la création d'un organisme
n'est pas chose nouvelle chez nous. Si l'on s'en reporte aux nombreuses luttes
menées dans le passé par l'Eglise et par de nombreuses autres
associations ayant à coeur la sauvegarde de notre peuple. Si la
consommation abusive des boissons alcooliques cause de véritables
problèmes familiaux, il en cause également dans le domaine
économique. Combien de fois, il nous est arrivé à nous de
la profession légale d'être en face d'un véritable
problème économique et parfois devant une faillite
complète, par suite d'un acte posé par le père ou par l'un
de ses enfants mineurs à la suite de la consommation irraisonnée
de boissons alcooliques.
On ne peut passer sous silence les nombreux emplois perdus par les
pères de famille victimes de cette maladie que l'on appelle
l'alcoolisme.
Personnellement, j'ai toujours considéré l'ivrogne ou
l'alcoolique comme un malade à qui on doit venir en aide. C'est ce que
fait l'Etat aujourd'hui, en mettant sur pied un organisme susceptible
d'éduquer notre peuple et d'assister les alcooliques.
Combien de commerces ont été ruinés, parce que le
propriétaire ou les associés ont né-
gligé de surveiller la bonne marche de ce commerce,
préférant trop souvent hélas, le plaisir au devoir ou
à l'économie.
Je dis donc que cette législation, qui nous est offerte
aujourd'hui par l'honorable ministre de la Santé, de la Famille et du
Bien-Etre social mesure appuyée à l'unanimité par
cette Chambre sera un véritable antidote contre cette pratique
abusive que trop de nos jeunes et de nos pères de famille ont des
boissons alcooliques.
Cette législation permettra une éducation populaire.
J'espère qu'elle sera une véritable école de formation
pour notre jeunesse, afin qu'elle soit éloignée des
conséquences abusives et trop souvent néfastes des boissons
alcooliques. Je n'ai aucun doute que le travail de cet organisme sera soutenu
par des directeurs soucieux d'informer adéquatement la population. Cet
organisme pourra, comme le disait si bien l'honorable député de
Richmond, il y a quelques instants, encourager les associations soucieuses
d'aider au relèvement familial, moral et économique de ceux qui
sont aux prises avec la maladie de la boisson, et j'ai nommé les
Alcooliques Anonymes, l'Association des lacordaires, et les unités de
Domrémy.
C'est par le travail de collaboration que nous pourrons atteindre le but
visé par cette loi. Si chacun de nous se fait un devoir d'être un
propagandiste de la sobriété, nous aurons l'impression de
contribuer efficacement au relèvement économique de notre peuple
tout en faisant oeuvre utile au point de vue social et familial.
Je félicite donc l'honorable ministre de la Santé,
promoteur de cette législation, et je n'ai aucun doute que tous
ceux-là qui, depuis quelques années, à son
ministère, ont travaillé pour mettre sur pied cette
législation reçoivent aujourd'hui la récompense de leur
travail soutenu. Ils ont droit à toute notre reconnaissance, car ce
n'est que par un travail de coopération, par un travail soutenu qu'ils
ont pu faire triompher leurs idées.
C'est encore par ce souci que doit avoir l'homme public de faire face
aux problèmes dès qu'ils se présentent, et comme cette
législation nous permet de le faire, que nous pouvons
légiférer dans le meilleur intérêt de la
société québécoise.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de D'Arcy-McGee.
M. Victor-C. Goldbloom
M. GOLDBLOOM: M. le Président, une des principales
responsabilités du législateur est de se pencher sur les
faiblesses de la nature humaine et de légiférer de façon
à protéger le citoyen contre lui-même et la
société contre lui.
En ce qui concerne le crime, la tâche législative est
relativement facile, c'est-à-dire que l'on définit tel ou tel
acte comme étant inacceptable à une société
civilisée et l'on décrète des peines appropriées.
Mais, quand il s'agit d'abus commis par le citoyen à sa propre personne,
la tâche du législateur devient extrêmement délicate.
Les moyens indirects sont souvent plus logiques et plus efficaces.
Ainsi, dans les cas qui nous concernent aujourd'hui, le gouvernement ne
légifère pas directement sur la production, la distribution et
l'usage des drogues et de l'alcool il y a d'ailleurs des lois
fédérales en ce qui concerne les drogues le gouvernement
crée un organisme dont toutes les fonctions se résument à
celle que j'ai énoncée au départ, celle de protéger
le citoyen contre lui-même.
M. le Président, d'autres ont parlé de l'alcoolisme. J'ai
l'intention de dire quelques mots des autres toxicomanies. Il est malheureux de
constater qu'au cours des dix premiers mois de l'an dernier, 1967, au Canada,
il y a eu 1,300 arrestations et 359 condamnations au sujet de la marijuana. Ces
chiffres représentent une augmentation de 300% sur l'année
précédente. Et, ce qui est encore plus triste, l'âge moyen
de ces inculpés était de 17 ans.
On a trouvé que 20% de nos étudiants universitaires ont eu
une expérience quelconque de la marijuana; les mêmes chiffres ont
été obtenus aux Etats-Unis et en Angleterre.
L'Organisation mondiale de la santé a dit récemment que
l'abus des amphétamines atteint les proportions d'une
épidémie mondiale. Comme le ministre d'Etat à la
Santé l'a indiqué dans son intervention, l'organisation des
Nations Unies tiendra en janvier à Genève une conférence
mondiale sur les drogues qui altèrent la personnalité.
Dans plusieurs villes du Canada, par exemple, Ottawa, Toronto, Winnipeg
et Vancouver, les responsables de l'hygiène publique et de
l'éducation se sont concertés pour offrir des programmes
d'information dans les écoles et, en général, à
l'intention du public.
Malheureusement, le problème se montre de façon aiguë
dans notre système scolaire. Il y a, dans nos écoles, des
vendeurs qui sont eux-mêmes étudiants, qui distribuent les
drogues. L'on peut comprendre pourquoi ce commerce est tellement
intéressant, parce que les profits sont absolument extraordinaires. Une
quantité de LSD, par exemple, qui se vend, ou devrait se vendre, sur le
marché normal, si c'était
un médicament accepté sur le marché, pour la somme
de $0.09, se vend sur ce marché noir, dans nos écoles, $10.
Donc, avec un commerce si profitable, il n'est pas étonnant que
des jeunes, qui n'ont pas d'autre source importante de revenu, se livrent
à ce commerce et avec de très mauvais effets sur la santé
mentale de leurs copains.
Il faut dire que ce ne sont pas seulement les gens des milieux
défavorisés qui se trouvent à abuser de ces drogues. On
trouve des proportions importantes parmi ces usagers des milieux de la classe
moyenne, des milieux bien nantis et surtout des milieux bien
éduqués. Dans les écoles de Winnipeg, par exemple,
l'Inhalation de la colle, qui atteint un niveau de 2% à 5% des
écoliers, se trouve à affecter une proportion importante de
jeunes qui viennent de familles bien nanties.
On associe surtout l'inhalation de la colle à la
délinquance juvénile et au manque de succès à
l'école. Curieusement, d'autres drogues, comme la marijuana et le LSD,
ne sont pas associées dans les mêmes proportions à la
délinquance juvénile, mais comme l'on sait et comme j'aurai
l'occasion de le dire dans quelques instants, ils ont d'autres effets tout
aussi néfastes.
On parle de médicaments ou de drogues parce que,
réellement ce ne sont pas des médicaments, n'étant pas
acceptés pour des fins thérapeutiques qui sont des
substances hallucinantes; on les appelle, dans la terminologie moderne, des
hallucinogènes.
Je commence par l'inhalation de la colle. C'est depuis plus d'un
siècle que l'on se plaît à faire l'inhalation de certaines
substances. Il serait peut-être intéressant de savoir que
l'éther, qui est un médicament, un anesthésique, a
été utilisé pour des « party » c'est un
terme peut-être vulgaire mais on se réunissait dans les
premières années après la découverte de
l'éther, pour en faire l'inhalation et pour s'intoxiquer par les effets
de ce médicament.
Il y a d'autres solvants volatiles. Ce n'est pas uniquement de la colle
qu'on sert aujourd'hui pour s'intoxiquer et pour faire l'expérience des
effets psychologiques qui peuvent en résulter. On peut souffrir, non
seulement d'une perte de connaissance, mais on peut même aller
jusqu'à faire des crises convulsives. On a observé dans beaucoup
de cas des changements dans l'électroencéphalogramme,
c'est-â-dire le tracé des ondes qui se produisent dans le cerveau.
Heureusement, l'on n'a pas encore constaté de dommages permanents au
cerveau, mais il y a eu des mortalités attribuables surtout à
l'étouffement dans les sacs de plastique dont on se sert pour
l'inhalation de ces solvants.
Il y a une dépendance physique et psychologique qui arrive
après l'expérience répétée. La
quantité par laquelle on commence pour réussir une intoxication
ne suffit pas après quelques expériences, et l'on est
obligé de doubler et de tripler la quantité pour obtenir la
même satisfaction. Il y a, en même temps, une autre
dépendance qui est physique.
On trouve que celui qui est privé de la colle ou de l'autre
solvant dont il se sert, cherche, a cause des symptômes physiques qu'il
ressent, à trouver des substituts, des succédanés pour
avoir une expérience semblable.
Le mieux connu des hallucinogènes est aujourd'hui le LSD. C'est
une drogue qui a l'effet de réussir une scission de la
personnalité en deux parties: l'une est dégagée et observe
ce qui se passe, l'autre demeure engagée et subit l'expérience.
Sous les effets de cette drogue, on a la conviction de pouvoir réussir
des exploits intellectuels brillants, pas loin du génie. On a
l'impression d'avoir réussi une introspection extraordinaire dans sa
propre personnalité. On est convaincu que les problèmes de
l'existence et des supplices terrestres sont tous résolus.
Malheureusement, ces impressions n'ont jamais été
confirmées objectivement par des tests psychologiques ou autres. Il n'y
a aucune preuve, chez ceux qui se servent du LSD, d'une amélioration ou
d'une maturité accrue de la personnalité. On connaît un
comportement dangereux, pendant les effets de la drogue, chez certaines
personnes, mais non pas chez tout le monde. Ce comportement qui peut constituer
un danger pour les autres ou pour la personne elle-même, et qui peut
entraîner une dépression de nature à provoquer des
tentatives de suicide, est assez bien connu chez ceux qui s'en servent.
On a également constaté que des personnes qui, ayant
utilisé le LSD, l'avaient abandonné, continuaient quand
même d'avoir des réactions semblables aux voyages comme on
les appelle même une année après et surtout si elles
prenaient d'autres médicaments qui n'ont aucune relation chimique connue
avec le LSD. Il y a d'autres hallucinogènes qu'on appelle par d'autres
sigles. Il y a le DMT, qui est moins fort dans ses effets que le LSD.Ilya le
STP, qui est beaucoup plus fort et extrêmement dangereux. Quoique, dans
le cas du LSD et du DMT, les sigles soient des abréviations de noms
chimiques, dans le cas du STP, le sigle veut dire les trois mots:
sérénité, tranquilité et paix. Quel triste
commentaire sur notre société d'aujourd'hui!
Ce qui rend le STP particulièrement dangereux, c'est le fait que
les antidotes, les contrepoisons qui sont efficaces contre le LSD ont,
au contraire, la tendance à intensifier les effets du STP. L'on
meurt souvent d'une défaillance respiratoire ou à cause de crises
convulsives. Beaucoup de ceux qui ont fait l'expérience du STP ont fini
par être atteints d'une paranoïa ou d'autres
phénomènes de la schizophrénie.
J'ai fait mention des amphétamines. Ils sont des
médicaments. On s'en sert assez fréquemment dans la
médecine, pour le traitement de l'obésité, de la fatigue
et de la dépression. Malheureusement, il y a une tendance à la
dépendance physique et psychologique.
On constate que les personnes qui ont commencé à en
prendre, peut-être pour se faire maigrir, sont devenues victimes de cette
dépendance et ont été obligées d'avoir recours de
plus en plus à ces médicaments qui comportent également
des dangers pour la santé.
C'est le genre de médicament je pense qu'il vaut la peine
que je souligne ce fait dont les étudiants prennent parfois des
quantités importantes à la veille de leurs examens pour pouvoir
rester debout toute la nuit et étudier jusqu'à la dernière
minute. Nous avons eu trop souvent l'expérience de voir des jeunes qui,
sous l'effet de ces médicaments, ont écrit leurs examens, ont cru
qu'ils avaient très bien réussi et ont appris par la suite qu'ils
avaient coulé l'examen en question. Quand l'étudiant, avec
insistance peut-être, réussissait à revoir son papier et
à relire ce qu'il avait écrit, il pouvait hors les effets du
médicament, constater que ce qu'il avait écrit n'avait absolument
pas de sens et qu'il n'avait point mérité de passer l'examen ou
encore moins d'avoir le grand succès qu'il escomptait sous l'effet du
médicament.
J'arrive enfin à la substance la plus controversée; la
marijuana. Il y a plusieurs substances dans cette même famille, dont le
haschisch, qui a un effet de cinq à dix fois plus fort que la marijuana,
mais dont la nature des effets est essentiellement la même. C'est une
drogue que l'on fume, généralement. Contrairement à
certaines impressions populaires, il n'y a pas moyen de confondre une cigarette
de marijuana avec une cigarette de tabac. Il y a une différence non
seulement dans l'apparence de la cigarette, mais, évidemment, dans
l'odeur qui s'en dégage. On dit que la marijuana est moins dangereuse
que les autres drogues. On l'appelle une drogue molle, en comparaison avec les
drogues dures, comme l'héroïne et d'autres de cette nature. On dit
qu'on n'a pas encore fait assez de recherches sur cette drogue, de façon
à pouvoir déclarer avec certitude qu'elle a des effets
néfastes. On fait une comparaison avec l'alcool et on dit: Bien, ce
n'est pas pire que l'alcool. Jesoumets respectueusement, M. le
Président, que même si la plupart des membres de cette Chambre
boivent parfois un verre d'alcool, ils ne seraient pas prêts à en
donner à des jeunes de 15, 16 ou 17 ans. Je crois que la comparaison est
davantage boîteuse, parce qu'après tout, la plupart de ceux qui
s'en servent et je parle de l'alcool pour l'instant malgré
les difficultés que nous connaissons et que nous avons discutées
ici aujourd'hui, sont capables de s'en servir de façon raisonnable, de
façon à ne pas nuire à leur capacité de fonctionner
d'une manière utile dans la vie et dans la société. Les
drogues comme la marijuana sont au contraire une espèce de
béquille, un moyen de fuir la vie normale, et ceux qui s'en servent,
même s'ils ont la prétention de mieux fonctionner, n'ont pas
encore réussi à convaincre les observateurs objectifs qu'en
réalité ils avaient réussi à mieux fonctionner sous
l'effet de cette drogue.
Récemment, une cause a été entendue à
Boston, cause qui deviendra, je crois, assez célèbre, parce qu'on
a appelé comme témoins des experts de plusieurs domaines de la
science.
Le juge avant de porter jugement, a voulu être renseigné le
plus complètement et de la façon la plus experte possible sur les
effets de la marijuana. Dans son jugement, il a conclu que l'évidence
des effets néfastes de la marijuana était maintenant
démontrée. Je suis de ceux qui se sont toujours opposés
à la légalisation de cette drogue.
Nous connaissons une augmentation de toutes les formes d'abus des
drogues. Il n'est que peu réconfortant de savoir que le rythme de cette
augmentation est plus lent au Canada qu'aux Etats-Unis et au Royaume-Uni. La
dépendance psychologique est encore plus dangereuse que la
dépendance physique. Ce sont les membres les moins bien
équilibrés de la société qui se permettent plus
facilement de devenir victimes de ces drogues. Il y a trois facteurs qui jouent
là-dedans: la disponibilité des drogues, les relations que la
personne peut avoir avec ceux qui s'en servent déjà et le milieu,
surtout le milieu familial, d'où elle vient. Si ce milieu familial a
été malheureux et n'a pas fourni au jeune l'appui moral dont il a
eu besoin, il peut se laisser entraîner dans ces abus beaucoup plus
facilement, et c'est, en effet, ce qui arrive.
Des recherches se font constamment. Il y a cependant, des
médicaments qui ont été vérifiés dans nos
laboratoires, ont été acceptés et mis en marché,
mais par la suite, ont montré des tendances a créer des
toxicomanies. Il y a des combinaisons de médicaments qui ont des effets
de cette nature, alors que les ingrédients individuels n'en ont pas.
Donc, ce ne sont pas
toujours les recherches ai-je besoin de rappeler le cas de la
thalidomide? qui peuvent nous protéger contre ce fléau. Il
y a des personnes et j'y ai fait allusion déjà qui,
ayant commencé par une certaine toxicomanie, ne se sont trouvées
guéries que parce qu'elles s'étaient converties à une
autre toxicomanie. Des alcooliques, par exemple, apparemment guéris de
leur alcoolisme, sont devenus des adeptes de la marijuana. Ce sont des choses
extrêmement regrettables.
Il y a, comme vous le savez, trop de jeunes qui, ayant commencé
par la marijuana, ont fini par prendre de l'héroïne et d'autres
drogues.
Il y a eu au Canada, en 1967, plus de 500 condamnations pour des abus de
drogues. On dit que, dans le cas de certaines drogues, surtout la marijuana,
les peines sont trop sévères. Il est vrai que, sur papier, les
peines sont sévères. En réalité, les peines
imposées ne sont pas aussi sévèves qu'on le croit. Plus de
la moitié des inculpés ont reçu une sentence suspendue et
ce ne sont que ceux qui se sont occupés de l'importation des drogues,
comme la marijuana, qui ont reçu les peines les plus
sévères, allant jusqu'à sept ans d'emprisonnement.
M. le Président, nous vivons à l'ère de la
contestation de la société. A l'intérieur de ce
phénomène de la contestation, il y a plusieurs
éléments. Il y a une contestation légitime qui cherche
à participer davantage; nous avons récemment constaté que
l'on accepte de plus en plus la participation des jeunes, des étudiants,
à la gestion de nos institutions d'enseignement.
Il y a une deuxième forme de contestation qui est vraiment un jeu
de puissance, un effort pour obtenir un pouvoir qui n'est
généralement pas mérité. Il y a également
une forme passive de contestation, et dans cette forme passive, les drogues
jouent un rôle important.
Il y a parmi ceux qui cherchent leur épanouissement personnel en
rejetant la société, des artistes, des génies
créateurs, des excentriques à l'imagination fertile, qui peuvent
beaucoup contribuer à notre vie culturelle. Mais il y en a aussi qui
sont insatisfaits de ce monde et qui en cherchent donc un autre. S'ils sont en
désaccord avec certains aspects de notre société, pourquoi
ne cherchent-ils pas à l'améliorer plutôt qu'à la
fuir? A mon sens, l'épanouissement personnel se mesure plus par ce que
l'on réussit à faire pour la société, pour les
autres, que par la satisfaction égoïste et sensuelle que l'on peut
réussir pour soi-même. Si la société est
défectueuse, travaillons ensemble à l'améliorer.
Une compagnie pharmaceutique a récemment publié un texte
intitulé en anglais « Drug Abuse Escape to Nowhere ». La
version française n'est pas encore disponible. Je ne connais pas encore
le titre qu'elle portera. Je me permets de croire qu'elle s'intitulera
peut-être: « L'abus des drogues, fuite dans un cul-de-sac.
»
II est évident que si nous permettons à cette situation de
persister, nous connaîtrons des malheurs, des tragédies que nous
regretterons toute notre vie. Je suis donc très heureux aujourd'hui que
nous adoptions une loi qui permettra de corriger nombre de situations
malheureuses que nous connaissons depuis trop longtemps.
Avant de terminer, je voudrais dire à l'honorable ministre de la
Santé un mot particulier au sujet d'un groupe de personnes qui sont
exposées plus que toutes les autres à devenir victimes de
toxicomanies. Je parle de ma propre profession. Malheureusement, ceux qui se
servent de ces médicaments, de ces narcotiques pour soulager les
douleurs et les malheurs d'autres personnes ont entre leurs mains la
possibilité de se détruire eux-mêmes.
Heureusement, cela n'arrive pas trop souvent, mais cela arrive. Le
traitement d'une telle personne est extrêmement difficile et
coûteux. Si je me permets d'attirer l'attention du ministre
là-dessus, c'est parce que l'on a besoin de crédits
spéciaux pour permettre la réadaptation et la
réhabilitation des ces personnes qui peuvent, avec un traitement utile
et approprié, servir de nouveau la société. Nous en avons
grandement besoin.
Nous relevons aujourd'hui un défi des plus difficiles. N'allons
pas croire que, par la simple adoption de ce projet de loi, nous aurons
résolu le problème majeur qui nous confronte. Le travail est
à peine commencé. Au ministre, aux deux ministres d'Etat et
surtout à mes collègues les docteurs André Boudreau et
Dominique Bédard, que je félicite de tout mon coeur, je dis:
Bonne chance.
M. Maurice Martel
M. MARTEL: M. le Président, ce projet de loi créant
l'Office de la prévention du traite ment de l'alcoolisme et des autres
toxicomanies à mon sens arrive à point. Comme pharmacien, je me
devais de prendre part surtout sur l'aspect que représente le danger des
drogues à notre époque. A l'instar de mes collègues de
l'autre côté qui sont spécialisés dans l'alcoolisme,
je me limiterai simplement aux drogues.
UNE VOIX: Votre nom?
M. MARTEL: Comme vous le savez, M. le Président, notre
époque est caractérisée par une recrudescence très
nette du désir d'émancipation chez les jeunes. Nous pouvons
remarquer certaines conséquences nocives comme par exemple l'abandon
prématuré des études et la désertion du foyer
familial qui créent inévitablement dans la plupart des cas ces
groupes de hippies qui sont réellement un fléau pour notre
société.
Ce pouvoir d'autodétermination qu'est la liberté est
malheureusement trop conditionné par l'absorption de drogues, surtout
les hallucinogènes comme la marijuana, le LSD, les stimulants
dérivés de l'amphétamine. Non seulement les jeunes
s'adonnent à ces drogues, mais les adultes malheureusement s'y adonnent
trop souvent.
En effet, d'après une enquête effectuée par le
docteur Paris de l'université George Washington aux Etats-Unis, un
adulte sur quatre consomme d'une façon régulière des
psychotropes, c'est-à-dire des tranquillisants genre librium, valium,
méprobamate, etc. Et l'on constate également, dans cette
même enquête, que pendant les dix dernières années
l'emploi de ces médicaments a passé de sept à vingt-sept
pour cent. Je pense que lorsqu'on constate dans un pays qu'une personne sur
quatre prend des tranquillisants ce qui, inévitablement est la
première phase de l'accoutumance vers d'autres drogues où une
dépendance psychique et physique se rattache à ces
médicaments, je pense qu'il est temps que nous agissions
promptement.
Avec toutes ces consommations abusives des médicaments l'on voit
un nombre de personnes de plus en plus considérable qui vivent en
dépendance de ces pilules, de ces médicaments qui ont leur
nécessité, mais l'on constate que la consommation abusive de ces
drogues amène une attitude non conforme à leur
personnalité et qui, inévitablement, agit sur leur
comportement.
Par exemple, l'on constate avec effroi dans nos pharmacies que des gens
viennent s'approvisionner de pilules pour dormir et en même temps de
pilules pour se réveiller le matin et d'autres pour se tranquilliser
dans l'après-midi. Je pense qu'il est temps qu'on légifère
et également que tout le monde se mette à la tâche pour
remédier à ce grave problème.
Il nous appartient pour l'instant, comme nous le faisons avec le bill
292, de rechercher les causes profondes qui poussent la jeunesse et même
les adultes à se créer un monde artificiel. Il est grand temps
également que les médecins, les pharmaciens, les sociologues, les
psychologues tentent au plus tôt de circonscrire les
éléments afin, si possible, d'enrayer cette course vers la drogue
qui risque de dégénérer à brève
échéance en véritable fléau social.
Comme vous le savez, il y a différentes sortes de drogues. Il y a
des drogues aux effets bénéfiques, il y a également des
drogues qui sont très nocives pour la santé et sur le
comportement social des individus. Par exemple, l'on peut considérer les
trois grandes classes de médicaments que l'on consomme le plus, les
somnifères qui comprennent les barbituriques qui amènent une
dépendance physique, c'est-à-dire qu'on ne peut physiquement s'en
passer, et par le fait même une dépendance psychologique.
Nous voyons également trop souvent des patients sortir de
l'hôpital, après avoir subi un traitement, par exemple, aux
stupéfiants, comme la morphine. On sait fort bien qu'une personne qui a
été sous traitement pendant quatorze jours avec ce
médicament a 97% ou 98% des chances de devenir un toxicomane.
Je pense qu'à ce moment-là, le médecin devrait
vérifier davantage les effets de ces médicaments avant d'apaiser
la souffrance et les besoins de son patient. Je pense qu'il y a, de ce
côté-là beaucoup d'amélioration à apporter.
De même depuis quelques temps, il y a d'autres médicaments, connus
depuis des siècles, mais qui prennent de plus en plus d'importance en
Amérique du Nord. Je veux parler du LSD et du hachisch. Vous
n'êtes pas sans connaître les conséquences chez un individu
qui consomme de la marijuana, par exemple. A ce moment-là de l'apathie
se crée chez lui.
Il y a également une perte de sensibilité. Je crois, M. le
Président, que s'il y avait enquête l'on constaterait que de
nombreux accidents d'automobiles sont causés par des personnes sous
l'effet de ces drogues.
Evidemment, bien qu'il existe des lois fédérales
car les aliments et drogues sont de la juridiction du gouvernement central
je crois que nous devrions informer davantage les gens, surtout les
jeunes, sur l'usage de cette drogue qu'est le LSD qui, en plus d'actualiser les
troubles mentaux et de créer un état paranoïaque, met la
population en danger, parce que ces gens deviennent
déséquilibrés, ne savent plus ce qu'ils font.
D'après les enquêtes effectuées dans les écoles de
la ville de Montréal, par exemple, on constate que de nombreux jeunes
font usage de cette drogue, qui peut non seulement causer des problèmes
dans l'immédiat mais également, c'est prouvé, causer
même des problèmes de génétique.
L'on dit, par exemple, que cette drogue, le LSD, consommée par
trop de jeunes, peut avoir des effets encore plus graves que la tha-lidomide,
qui a causé des ravages à travers le
monde. Je pense que si nous n'agissons pas promptement devant cette
consommation abusive de médicaments, nous sommes sur le point de
créer un peuple de déséquilibrés. Il est temps
qu'une enquête s'effectue dans le domaine de la consommation des
médicaments. Il est temps également qu'il y ait des lois plus
sévères et un contrôle plus rigide. Par exemple, il n'y a
jamais eu d'enquête d'effectuée dans les pharmacies pour savoir la
proportion de ces drogues qui est consommée, même qui est
prescrite chaque jour. D'après mon expérience, et après
avoir consulté quelques confrères, il y a aujourd'hui près
de la moitié des ordonnances en pharmacie qui sont justement pour ces
médicaments, c'est à dire ces psychotropes, ces
tranquillisants.
De plus, je pense que cette loi ne peut tout faire toute seule, et que
cet office de prévention et de traitement des toxicomanes ne peut
résoudre tous les problèmes. Nous avons besoin de la
collaboration de tout le monde, de la collaboration, comme je le disais
tantôt, des pharmaciens, des médecins, des sociologues, des
psychologues. Tous ces gens doivent apporter leur contribution. Nous
constatons, par exemple, que le pharmacien doit de plus en plus apporter
d'attention au renouvellement des ordonnances. Il ne doit pas renouveler
indéfiniment une ordonnance, surtout lorsqu'il s'agit de ces drogues.
Nous constatons également que le médecin doit s'interroger
davantage avant de prescrire des médicaments. Il est évident que
le médecin, malgré ses grandes connaissances, n'est pas
infaillible, surtout devant un arsenal pharmaceutique de plus en plus
considérable. Je crois qu'il y a lieu d'être prudent dans ce
domaine. De plus, ce qui est très important, l'on devrait, dans le plus
bref délai, modifier la Loi sur les stupéfiants.
Vous savez, M. le Président, que la marijuana est
considérée comme un narcotique. Le LSD, dont les effets nocifs
semblent indiscutables, du moins, lorsqu'utilisé sans contrôle
médical, devrait, à mon sens, faire l'objet d'une loi plus
sévère. On devrait le mettre, lui aussi, sous le contrôle
de la Loi des stupéfiants, de sorte qu'on ne puisse l'obtenir
qu'à la pharmacie sur ordonnance du médecin. Le LSD peut amener
des complications au point de vue génétique, comme je le disais
tout à l'heure. D'après des expériences, en plus d'avoir
un effet Immédiat, une personne qui consomme cette drogue peut
développer les mêmes symptômes deux mois et même deux
ans après ce premier voyage dans un monde artificiel, sans en prendre
par la suite.
Tout cela pour démontrer l'urgence d'une loi pour empêcher
la consommation de ce médica- ment qui présente un réel
danger pour la société. De plus, il est également
question, des « goofballs » dans les enquêtes
effectuées par les policiers de Montréal, à la CECM (la
Commission des écoles catholiques de Montréal) en collaboration
avec cet office, l'OPTAT.
Evidemment, c'est un problème urgent parce que ces
médicaments ne coûtent pas tellement cher. Malheureusement, il n'y
a pas de loi assez précise encore dans ce domaine pour rendre difficile
l'achat de ces produits. Il y a bien une loi qui demande une ordonnance, mais
la signature du médecin n'est pas toujours exigée, d'où la
facilité d'obtenir de ces drogues. Je crois qu'on devrait les mettre
dans la catégorie des narcotiques comme le LSD.
Je pense que la consommation abusive des drogues est actuellement un
fléau dans le monde. J'ai un petit tableau ici qui publie d'une
façon très claire les cas d'arrestations de distributeurs de
drogues dans trois provinces du Canada. Par exemple, en 1965, il y avait onze
arrestations au Québec, trente en Ontario, douze en
Colombie-Britannique, pour un total de soixante dans le Canada. Et, en 1967, on
constate que le nombre des arrestations pour trafic de ces médicaments
au Canada était de 586, dont 111 au Québec.
Il y a réellement un problème et je pense qu'il est grand
temps d'agir dans ce domaine. Cet Office de la prévention et du
traitement de l'alcoolisme et des autres toxicomanies est un moyen pour enrayer
cette invasion, mais ce n'est pas le seul outil que nous devons employer pour
empêcher cette consommation abusive de drogues. Le gouvernement
fédéral, à mon sens, et le gouvernement provincial, si
c'est de son ressort, devraient interdire, par exemple, la publication de
certain livre, que je ne nommerai pas pour ne pas faire ce qu'on a fait pour un
certain film qui a reçu une publicité ici.
UNE VOIX: Ah!
M. MARTEL: Ce livre est en vente actuellement dans la province,
spécialement à Montréal. Il montre aux jeunes comment
faire des « goofballs » et comment préparer certains
médicaments hallucinogènes. Je pense qu'on devrait interdire la
vente de ce livre qui a, à mon sens, un effet encore plus néfaste
que la vente de certaines revues pornographiques.
De plus, M. le Président, je pense que nous devons être
fiers de cette prise de position du gouvernement québécois et de
la création de cet office, car nous sommes une des rares provinces
à avoir un instrument aussi valable. Je crois aussi que nous devons
avoir la collabora-
tion immédiate du médecin et du pharmacien. A ce sujet, le
Collège des pharmaciens de la province de Québec, de concert avec
cet office et avec la contribution des pharmaciens du Québec, tente de
recueillir présentement $200,000, dans le but de faire une
véritable campagne d'information sur le danger des drogues au
Québec. A ce moment-là, nous allons envoyer dans les
écoles et à la télévision des messages mettant en
évidence le danger de la consommation abusive des médicaments
chez nous.
Je crois que c'est un geste très heureux de la part du
Collège des pharmaciens qui mettra ce service à la disposition de
la population à partir de 1969. J'ose espérer que ce geste sera
imité par d'autres groupes de la société qui sont
touchés directement par le domaine de la santé.
De plus, je sais qu'actuellement des études sont en cours
à Ottawa, pour mettre plus d'ordre dans la classification des
médicaments qui présentent des dangers. J'ose espérer
qu'on cessera de faire de grands comités d'enquête et qu'on
passera à l'action dans ce domaine en créant des lois qui
protégeront réellement les individus contre cette consommation
abusive de médicaments qui se fait très souvent parce qu'il y a
un manque d'information. M. le Médicament, pardon. M. le
Président je ne vous prends pas pour une pilule, M. le
Président je pense bien que, devant ce fléau et cette
consommation abusive de médicaments, si les jeunes étaient bien
renseignés sur les dangers immédiats et lointains, ils
s'abstiendraient de prendre ces médicaments. Je suis persuadé
qu'avec la collaboration de tous les corps intéressés, nous
parviendrons à circonscrire les éléments de ce
fléau très grave qu'est la consommation sans cesse grandissante
de médicaments chez nous.
M. GRENIER: Parfait.
M. CLOUTIER: M. le Président, très brièvement, j'ai
l'intention d'user de mon droit de réplique pour à peu
près deux minutes. Mais s'il y en a d'autres qui veulent prendre la
parole...
M. LE PRESIDENT: The Honourable Member for Brome.
MR. BROWN: M. Speaker, I would like to congratulate the Government on
this bill and to congratulate and endorse those who spoke before me on the
subject that is so serious for us. It is rather ambiguous that we have a
Government here who is talking about a budget to curb alcoholism, a budget that
in 66/67 entailed a little over $133,000 while the net revenue from the stores
that it ran was $88,707,174 and while country produced 453,155 tons of
spirituous liquors for an amount of $248,636,000.
As I say it is a little « drôle » or a little queer to
think in terms of these things when you think of the two sides of it. And the
only things that perhaps we might deplore altogether in the fact that the
budget is so small for this type of work. Today, we hear people criticizing our
youth and criticizing the more aged or whoever happens to be caught in this
sickness of drink and many say that we should legislate against it and a
tighter legislation and tighter laws, but the fact that the matter is troughout
the world whenever restrictions are placed on anything, that is the time that
the average person wants it more than ever.
We see people climbing Mount Everest. Many of them have been killed in
the attempt. If they want to climb, they can just as easily hitch a rope
somewhere else and climb where they are, but it Is something they want. There
have been numerous people who have gone now for Niagara Falls.
Today, we see the two most powerful nations in the world utilizing
billions of dollars, shooting man towards the moon and around the moon in an
experiment which can prove nothing particularly. We cannot very well, after
seeing these things, blame people for taking a drink or people for getting
meshed in this terrible thing that is known as alcoholism or the addiction to
drugs. In my opinion and in the opinion, I think, of many people, the more you
legislate against, the more you are encouraging these people to participate,
and I hope that this committee that we are speaking of now and intend to
establish will take this into consideration.
Now, previous to myself, you have had experts speak on this and I am not
going to touch the same fields as they touched. But I would like to speak, if I
may, about a society to which I do not belong, but that I have been associated
with in a brief experience that we have had in Brome County establishing a
Rehabilitation Center for alcoholics, which was started by a gentleman named
Bill Kirkland. I did not really realized the problem until I knew Bill and the
problems of starting this center. The surprise that I got from the people who
are addicted to this disease of alcoholism, whom I have known all my life, was
one of the most surprising experiences of my life. Mothers, fathers, sons and
daughters who, for some reason or other, were unable to give up drinking. Now,
the vast percentage of the people who drink can drink. It is a small
percentage, too great indeed but still small, who cannot drink and live
with themselves naturally. It seems most peculiar in the experiences that I
have there with alcoholics that the cream of the crop, some of the nicest
people that I ever have been acquainted with were more addicted to alcohol than
people who are not so talented. So it becomes so much more important for us to
establish this office for the prevention and treatment of alcoholism and the
drug addiction also.
Among these things that we did notice that drugs were not the important
thing to cure alcoholics, the most important thing was the personal approach of
those people that were helping the people that were in trouble. I do not think
that any doctor or any psychologist would like to guarantee that, by a certain
sort of treatment, they take and do away with the drive that an alcoholic does
have for alcohol. It has to be somebody that has been though the mill, that has
been through the fire, that has hit the bottom to be able to convince these
people to stop. Not only that, but invariably, before a person can be cured,
they have got to hit the bottom. They have got to realize their problems.
Now, I have set up several nights with Bill Kirkland, an ordinary man
who is a seaman and attended the comfort that he gave these people in listening
to them and the brotherly love that was extended to them. This is the only way
that we saw any results in this alcoholic center.
Therefore, without extending too much of the time here, I would like to
bring before the committee that will be formed, the fact that the most
important factor in curing the alcoholics of this time in their « Jeckyl
and Hyde » aquaintance is the Alcoholics Anonymous and the Lacordaire
Society of this province fo Quebec, I cannot see anyway that can do what they
are presently doing and that we should extend every assistance we can do. I
believe that in drugs and things of this type, you will find it much the same.
Thank you, Mr. Speaker.
M. Jean-Paul Cloutier
M. CLOUTIER: M. le Président, je voudrais d'abord remercier
très brièvement tous ceux qui ont participé à ce
débat. Je constate avec grand plaisir et grande satisfaction
l'unanimité autour du principe du bill. Je voudrais
particulièrement mentionner trois Interventions. Cela ne veut pas dire
évidemment, parce que je mentionne ces trois-là, que je
n'apprécie pas à leur juste mesure toutes les autres
interventions, mais je voudrais mentionner, tout particulièrement, celle
de mon collègue, le ministre d'Etat à la Santé. Depuis
au-delà d'un an, il s'est employé à préparer, avec
nos officiers, cette législation. Il a rencontré, à
plusieurs reprises, les corps intermédiaires et ceux qui travaillent
dans ce champ de la lutte contre l'alcoolisme et cet après-midi, il nous
a livré un travail très complet sur ce projet de loi.
Je voudrais également mentionner le travail accompli depuis
quelques semaines par le député d'Arthabaska, qui s'est
penché d'une façon spéciale sur ce dossier. Je voudrais
mentionner aussi l'intervention du député de Richmond, qui m'a
précédé au ministère de la Famille et qui, à
deux reprises, en 1961 d'abord, par un bill qu'il a introduit à la
Chambre a montré son intérêt pour cette question.
En 1965, il a contribué à ce qu'au ministère de la
Santé une section soit créée pour s'occuper de
l'alcoolisme.
Je voudrais faire une remarque sur l'intervention du
député de Richmond. Je n'ai pas voulu l'interrompre à ce
moment-là, quand il a parlé des réclamations en vertu de
l'assurance-hospitalisation. Il y a actuellement dans le Canada trois cliniques
qui sont reconnues pour fins de partage fédéral-provincial en
vertu de l'assurance-hospitalisation. Il y en a une à Toronto, il y en a
deux dans le Québec. Ces réclamations seront rétroactives
au 1er janvier 1968. Ces deux cliniques qui sont acceptées par le
fédéral sont celle de Kénogami et celle de Montréal
qui va ouvrir ses portes dans quelques semaines, au début de 1969. Les
autres cliniques, celles de Saint-Jérôme, de la Cote-Nord, de
Trois-Rivières, nous dit le fédéral, semblent acceptables
en vertu de l'assurance-hospitalisation pour fins de partage.
Quant à la clinique de Québec, il y aurait une acceptation
temporaire mais il y a un problème évident, un problème de
locaux. Quant aux autres cliniques, celles du comté de Brome, de Foster
et de Sherbrooke, elles ne sont pas acceptables maintenant. Il faudra y
apporter des améliorations sensibles du point de vue des locaux.
Je voudrais également mentionner une chose extrêmement
importante. Lors de la dernière conférence des ministres
provinciaux de la Santé, tous les ministres provinciaux unanimement,
à ma suggestion, ont confié à l'OPTAT le soin de compiler
toutes les statistiques canadiennes sur les drogues. Je pense que le fait
d'accepter que l'OPTAT soit le carrefour de tous ces renseignements, soit
l'organisme qui prenne l'initiative, c'est une marque d'appréciation
très éloquente.
Au cours de la dernière conférence
fédérale-provinciale des ministres de la Santé, les
4 et 5 novembre, je me suis fait l'interprète du Québec
pour représenter auprès des autorités
fédérales l'importance et l'urgence du problème des
drogues. Nous avons insisté particulièrement les autres
provinces l'ont fait aussi sur l'attention que devait apporter le
fédéral à tous les programmes de radio et de
télévision qui, consciemment ou inconsciemment, attachent une
trop grande importance ou laissent supposer évidemment une vie trop
facile par l'usage des drogues.
Je pense et c'est l'impression que j'ai retirée de la
dernière conférence le fédéral et les
provinces, à ce moment-ci, sont bien conscients de l'importance qu'il y
a non seulement de continuer la lutte contre l'alcoolisme, mais d'entreprendre
une lutte très énergique et très active contre ce nouveau
danger qui monte actuellement et qui est l'abus des drogues. Nous constatons
avec plaisir que des organismes comme l'OPTAT vont unir leurs efforts à
ceux de tous ces organismes bénévoles, privés, qui
existent actuellement et qui vont continuer leur travail auprès de la
population, avec une énergie décuplée, je l'Imagine.
L'équipe de l'OPTAT est ici et a assisté à ce débat
du haut de ces galeries. J'imagine qu'elle va reprendre le travail avec une
énergie redoublée, afin d'enrayer, si possible, ce fléau
de l'alcoolisme contre lequel nous luttons depuis si longtemps, et ce nouveau
danger des drogues.
M. le Président, je ne voudrais pas prolonger ce débat.
Avant de terminer et d'aller en comité, nous aurons deux amendements
à proposer. Ala suggestion aussi du chef de l'Opposition, à
l'article 6 et à l'article 13 du bill, je voudrais dire qu'une
initiative a été apportée par le ministère de la
Santé et de la Famille à l'occasion de ce bill. Il a
été étudié, il a été corrigé
par le comité de terminologie, du point de vue de la langue
française. Du moins, je suppose que même le travail des juristes a
contribué lui aussi à améliorer la forme et la prose de ce
bill.
M. le Président, je propose l'adoption en deuxième lecture
de ce bill 292, la création de l'OPTAT.
M. LE PRESIDENT: La motion de deuxième lecture sera-t-elle
adoptée?
M. LESAGE: Oui.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
L'honorable ministre de la Santé propose que je quitte maintenant
le fauteuil et que la Chambre se forme en comité plénier pour
l'étude de ce projet de loi. Cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
Comité plénier
M. FRECHETTE (président du comité plénier): A
l'ordre! Article 1. Adopté. Article 2, adopté. Article 3,
adopté également. Article 4.
Article 5.
A l'article 6, il y a amendement.
M. LESAGE: Oui.
M. CLOUTIER: Voici la nouvelle rédaction de l'article 6.11
s'agirait de remplacer le deuxième alinéa par le suivant: «
Le conseil est composé du nombre de membres que détermine le
lieutenant-gouverneur en conseil, mais il ne doit pas excéder quinze.
Ces membres sont nommés par le lieutenant-gouverneur en conseil
».
Et le quatrième alinéa serait remplacé par le
suivant: « Le lieutenant-gouverneur en conseil peut par règlement
déterminer la durée et l'étendue du mandat des membres du
conseil et statuer sur toute matière requise pour la régie
interne du conseil ».
M. LE PRESIDENT: Alors, article 6, adopté tel
qu'amendé.
M. BROWN: Mr. Chairman, I would like to speak on this for a moment.
Generally speaking, in the make-up of this committee that we do have,
regardless of which Department it represents or regardless of what it is in
Government, it is almost obligatory or it almost always happens that anybody on
that committee is a lawyer or a doctor or a professlonnal man, particularly in
the case of Alcoholic Anonymous or Lacordaire, but there are many ordinary
people that might be of great help. Certainly some of the appointments on this
committee could be fellows from the ordinary fields of life and I would like
the Minister to know my feelings on this that he should consider them and not
only professional men.
M. CLOUTIER: Nous prenons note de votre considération.
M. BELLEMARE: Très bien.
M. LE PRESIDENT: Article 7 adopté. Article 8, adopté.
Article 9, adopté. Article 10, adopté. Article 11, adopté.
Article 12, adopté. Article 13.
M. CLOUTIER: A l'article 13, il y a un amendement. Le chef de
l'Opposition a le texte de l'amendement.
M. LESAGE: J'ai le texte, je l'ai examiné.
M. LE PRESIDENT: « Avec l'approbation du ministre des Finances et
du ministre de la Santé. »
M. LESAGE : Cela a été ajouté à la plume,
sur le document qui m'a été remis. J'ai compris que le ministre
de la Santé avait voulu protéger ses intérêts.
M. LE PRESIDENT: Article 13, adopté, tel qu'amendé.
Article 14?
M. LESAGE: M. le Président, pour le journal des Débats,
ces deux amendements, aux articles 6, et 13, font suite à des remarques
que j'avais faites, hier soir, à l'ajournement.
M. CLOUTIER: D'accord.
M. LESAGE: Cela, pour donner le sens des amendements.
M. CLOUTIER: J'ai dit, d'ailleurs, à la fin de mon intervention
en deuxième lecture, que c'était à la suggestion du chef
de l'Opposition.
M. LE PRESIDENT: Article 15, adopté. Article 16, adopté.
Article 17, adopté.
M. LAFRANCE: A l'article 17, s'agit-il du comité d'études
et d'information?
M. CLOUTIER: C'est ça.
M. LAFRANCE: Je trouve cette expression « antialcoolique »
très négative. Je crois qu'il avait une mission beaucoup plus
positive. Ne pourrait-on pas tout simplement l'appeler par le nom que la loi
lui a attribué: Le comité d'études et d'information sur
l'alcoolisme? Je n'aime pas cette expression « antialcoolique » qui
est trop négative.
M. CLOUTIER: II faudrait voir comment on l'avait intitulé dans
les statuts refondus de 1964.
M. LAFRANCE: Ce n'est pas conforme aux faits. Si c'est en vertu de la
loi...
M. LESAGE: Le chapitre 214 s'intitule « Loi du comité
antialcoolique ». Comme la loi est abrogée, il faut bien
mentionner son titre tel qu'il appert aux statuts refondus.
M. LE PRESIDENT: Alors, l'article 17, adopté. Article 18,
adopté.
M. GOLDBLOOM: Avant de terminer, j'aimerais faire un bref commentaire de
nature linguistique. Je comprends que pour permettre à ce comité
d'avoir le même sigle en anglais et en français, on l'appelle en
anglais « Office for the Prevention and Treatment of Alcoholism and other
Toxicomanias ».
En anglais, le mot « toxicomania » est un mot qui n'est pas
très bien connu; c'est forcé un peu. Quand on arrive à
décrire le « toxicomane » la traduction qui est
donnée dans cette loi, « toxicomaniac », est un mot qui
force encore plus. Je me demande si en traduisant le mot « toxicomane
», pour désigner celui qui souffre de cette maladie, on ne devrait
pas revenir au term» « drug addict ». Je soumets cette
suggestion.
M. CLOUTIER: Je pense que, dans le langage courant, dans la
conversation, en anglais comme en français, on emploiera le sigle OPTAT
parce que c'est beaucoup plus rapide et ça identifie bien l'organisme.
Ottawa aussi, quand il s'agit de nommer l'organisme, le nomme OPTAT.
M. GOLDBLOOM: C'est justement ce que j'ai dit, M. le Président.
Je ne propose pas de changer le mot « toxicomanie » pour
désigner la maladie, parce que ce mot paraît dans le titre et est
essentiel pour que le sigle soit identique dans les deux langues. Mais pour
désigner la personne, le malade, le mot « toxicomaniac » en
anglais est un mot que je n'ai jamais entendu, et partout une telle personne
est appelée « drug addict ».
M. FRECHETTE (Président du comité plénier): M. le
Président, j'ai l'honneur de faire rapport que le comité a
adopté le bill 292 avec les amendements qui ont été
apportés.
M. LEBEL (Président): Le bill amendé se-ra-t-il
agréé? Agréé.
Troisième lecture
M. LE PRESIDENT: De consentement unanime, l'honorable ministre de la
Santé propose que le bill 292 soit lu une troisième fois.
M. LESAGE: Le ministre de la Santé ne pourrait-il pas examiner
demain matin avec ses fonctionnaires les remarques que vient de faire le
député de d'Arcy-McGee et, s'il y a lieu, de faire le changement
qu'il a suggéré, de le faire faire par le Conseil
législatif? D'ailleurs, nous avons au Conseil législatif des
mem-
bres qui sont très versés et dans la rédaction et
dans la traduction des lois. Leur avis sera sans doute très utile.
M. CLOUTIER: D'accord.
M. LE PRESIDENT: La motion de troisième lecture sera-t-elle
adoptée? Adopté.
M. BELLEMARE: Serait-il possible que nous passions maintenant à
la troisième lecture du bill 88? Les amendements ont été
agréés cet après-midi...
M. LESAGE: Oui, d'accord.
M. BELLEMARE: ... d'un côté comme de l'autre. Je
proposerais la troisième lecture du bill 88.
Bill 88 Troisième lecture
M. LE PRESIDENT: De consentement unanime, l'honorable ministre du
Travail propose la troisième lecture du bill 88. Cette motion
sera-t-elle adoptée?
Adopté.
M. BELLEMARE: Avec le consentement de la Chambre, je vous prierais de
revenir à la présentation de rapports de comités
élus, si vous n'avez pas d'objection.
Comité de refonte des règlements
M. LE PRESIDENT: Avec le consentement unanime de la Chambre, j'ai
l'honneur de déposer le deuxième rapport du comité de
refonte des règlements de l'Assemblée législative.
M. THEORET: M. le Président...
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Papineau.
Bill 96
M. THEORET: Le 15 novembre 1968, un comité ad hoc a
été formé pour étudier le bill 96, Loi du notariat.
Ce comité s'est réuni à quatre occasions, a entendu les
corps publics. Votre comité a l'honneur de soumettre à votre
honorable Chambre son premier et dernier rapport. Votre comité a
décidé de rapporter avec des amendements le bill suivant, bill
96, Loi du notariat.
M. BELLEMARE: Je proposerais la deuxième lecture après la
réception du comité la formation du comité plénier,
le rapport du comité.
Deuxième lecture
M. LE PRESIDENT: De consentement unanime, les inscriptions à
l'effet que le comité plénier s'est formé, que le
président a fait rapport, que la deuxième lecture est
adoptée.
M. BELLEMARE: Troisième.
Troisième lecture
M. LE PRESIDENT: De consentement unanime l'honorable ministre du Travail
propose la troisième lecture du projet de loi.
M. CLICHE: Une seconde.
M. FOURNIER: M. le Président, au stage de troisième
lecture du bill concernant le notariat, je considère que cette loi ne
devrait pas être adoptée. Je considère que la profession de
notaire devrait être assimilée à celle d'avocat et en
conséquence je m'objecte à l'adoption du bill en troisième
lecture concernant le notariat.
M. BELLEMARE: M. le Président, je n'ai pas besoin de vous dire
que je n'ai mes diplômes ni en notariat ni en...
M. PINARD: Droit comparatif.
M. BELLEMARE: ... comme membre du Barreau. Quand je fais mon droit
comparé entre l'argument que vient d'apporter l'honorable
député de Gatineau, je pense que c'est un argument pro
hominem.
M. LESAGE: Ad hominem? Dans ce cas-ci c'est « pro domo
».
M. BELLEMARE: Ah bien je pense que c'est pro pour lui.
Alors, M. le Président, je vous demande la troisième
lecture. Si le député veut enregistrer sa dissidence.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que la Chambre est prête à se
prononcer sur la troisième lecture?
M. FOURNIER: Sur division.
M. BELLEMARE: Non, pas sur division, sur la dissidence, parce que le
comité du Barreau.
M. FOURNIER: Avec dissidence.
M. BELLEMARE: Avec dissidence, c'est très bien, mais votre
Barreau ne vous sera pas reconnaissant.
M. le Président...
M. LE PRESIDENT: Alors la motion de troisième lecture est
adoptée?
M. FOURNIER: Sur division.
M. BELLEMARE: Vous êtes mal placé pour dire ça
là.
M. LEVESQUE (Laurier): C'est le ballant. M. BELLEMARE: M. le
Président.
M. LESAGE: Non, M. le Président, comme chef de l'Opposition, je
ne réclame pas la division. Il y a une dissidence et elle doit
être enregistrée.
M. BELLEMARE: Elle doit être enregistrée tout à
l'heure parce que vis-â-vis du Barreau puis vis-à-vis du notariat,
je ne comprendrai pas l'attitude de l'Opposition.
M. LESAGE: Pour qu'il y ait division, il faut qu'il y ait cinq
dissidences.
M. BELLEMARE: Au moins, d'ailleurs, la dissidence de l'honorable
député va être enregistrée et le bill sera
adopté si c'est le bon plaisir de l'Opposition unanimement.
M. le Président, si vous me le permettez, de revenir à
l'article présentation de motions non annoncées, je proposerais
qu'un comité spécial soit institué pour étudier le
bill 290 intitulé Loi des relations de travail dans l'industrie de la
construction. Ce comité spécial sera autorisé à
siéger pendant que la Chambre est en séance et les jours
où elle ne tient pas de séance. Que monsieur Croisetière
en soit nommé président,
Bellemare, Gabias, Léveillé, Murray, Paul, Lavoie et
Sauvageau, Bourassa, Choquette, Harvey, Lefebvre, Lesage et Tremblay en fassent
partie.
M. LE PRESIDENT: Cette motion sera-t-elle adoptée?
Adopté.
M. BELLEMARE: M. le Président, j'ai l'honneur de proposer
l'ajournement de la Chambre à jeudi matin, onze heures. Demain, le
comité que nous venons de former siégera en bas, à 2
heures 30.
M. LE PRESIDENT: L'honorable chef de l'Opposition.
M. LESAGE: M. le Président, j'avais compris que le ministre du
Travail devait inviter les collègues de la Chambre qui ne sont pas
membres de ce comité spécial à assister à cette
réunion demain après-midi.
M. BELLEMARE: Ceux qui voudront venir, certainement.
M. LESAGE: C'est au 81. Maintenant, jeudi à 11 heures, lorsque
les travaux de la Chambre commenceront, si je comprends bien, nous pourrons
étudier les deux lois qui apparaissent au nom du ministre des
Institutions financières et ensuite le bill no 85.
M. BELLEMARE: C'est ça. Je fais ici une motion ordinaire pour que
le bill no 290 soit référé au comité qui vient
d'être créé.
M. LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée? Adopté. La
Chambre s'ajourne à jeudi matin, 11 heures.
(22 h 11)