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(Trois heures de l'après-midi)
M. HYDE (président): Qu'on ouvre les portes. Let the doors be
opened.
A l'ordre, messieurs. Affaires courantes.
Présentation de pétitions. Lecture et réception de
pétitions. Présentation de rapports de comités
élus. Présentation de motions non annoncées.
Présentation de bills privés. Présentation de bills
publics.
M. LAPORTE: C.
M. LE PRESIDENT: M. Wagner propose la première lecture d'une loi
modifiant la Loi de la Régie des alcools. Cette motion sera-t-elle
adoptée?
M. WAGNER: M. le Président, j'ai l'honneur de déposer le
bill 85. Il s'agit d'un projet de loi attendu depuis longtemps, qui fut
étudié avec infiniment de soin par le gouvernement et qui apporte
des modifications à la Loi des alcools pour en faire, nous osons
l'espérer, une loi réaliste et conforme à la
société adulte de 1965.
M. LE PRESIDENT: La motion de...
M. JOHNSON: Le ministre voudrait-il, à titre d'explication, nous
donner...
DES VOIX: A l'ordre! A l'ordre!
M. JOHNSON: ... quelques renseignements sur la portée de cette
loi?
M. LESAGE: M. le Président, pour ce qui est du chef de
l'Opposition et de ceux qui l'entourent, je leur ai donné des
renseignements pendant un bon vingt minutes, l'autre soir; je pense qu'ils sont
assez bien renseignés et le texte de projet de loi est devant moi, il va
être distribué incessamment.
M. JOHNSON: Ah bon! Très bien! M. BERTRAND: Très bien!
M. LE PRESIDENT: La motion de première lecture sera-t-elle
adoptée?
M. CREPEAU: Adoptée.
M. LE PRESIDENT: Adoptée.
M. LE GREFFIER ADJOINT; Première lecture de ce bill. First
reading of this bill.
M. LE PRESIDENT: Deuxième lecture, à la prochaine
séance.
M. LAPORTE: E.
M. LE PRESIDENT: M. Laporte propose la première lecture d'une loi
de l'accréditation des librairies.
M. LESAGE: Des libraires.
M. LAPORTE: M. le Président...
M. LE PRESIDENT: Des libraires.
M. LAPORTE: ... il s'agit de la Loi de l'accréditation des
libraires. C'est un projet qui vise à établir pour les libraires
un régime d'accréditation. Une commission consultative sera
créée au ministère des Affaires culturelles avec un
service du livre afin de reconnaître pour certaines fins qui seront
expliquées plus tard, les libraires qui recevront officiellement du
gouvernement l'accréditation.
M. JOHNSON: Est-ce qu'on donne suite à toutes les recommandations
du rapport Bouchard?
M. LAPORTE; Le projet de loi va être distribué d'ici
quelques minutes et le chef de l'Opposition constatera par lui-même.
M. JOHNSON: Merci.
M. LE PRESIDENT: La motion de première lecture sera-t-elle
adoptée? Adoptée.
M. LAPORTE: M. le Président...
M. LE GREFFIER ADJOINT: Première lecture de ce bill. First
reading of this bill.
M. LE PRESIDENT: Deuxième lecture à la prochaine
séance.
M. LAPORTE: Est-ce que je pourrais dire, M. le Président, que les
bills apparaissant aux item A, B et D, Fidéicommis, le Code civil et la
Loi de l'exécutif font encore l'objet de considération au Conseil
des ministres.
Et si l'on me permettait, pendant que je suis debout, je voudrais
annoncer quelques changements à l'ordre des travaux de la Chambre pour
aujourd'hui. Nous allons commencer, tel que prévu, par la motion qui
apparaît à mon nom sur le travail de la Chambre, les sessions du
matin jusqu'au soir; en deuxième lieu, nous ferons, tel
qu'annoncé, la troisième lectu-
re de la loi modifiant la Loi des assurances. Et ensuite, le bill
numéro 86 et le bill numéro 87, inscrits au nom de M. Fortin, sur
les électriciens et les maîtres-électriciens et,
changement, en cinquième lieu, la deuxième lecture du bill 55,
Loi de la fonction publique. Le premier ministre entamera le débat de
deuxième lecture et il est entendu que le chef de l'Opposition lui
donnera la réplique à la reprise de la séance, demain
après-midi.
Et ensuite, nous reprendrons l'ordre des travaux, tel qu'annoncé;
81, 82, 83, 84; et si nous avons le temps, la loi modifiant la Loi des
panneux-réclame et affiches.
M. LE PRESIDENT: Affaires du Jour.
M. BELLEMARE: M. le Président, c'est au ministre du Travail, que
j'ai prévenu de ma question. Est-ce que des dispositions
spéciales ont été prises à l'annonce qui a
été faite par la compagnie Domtar à Portneuf-Station de
fermer définitivement ses portes au début de l'année 1966
pour que les employés qui seront mis à pied puissent être
réintégrés dans d'autres industries, tel qu'il a
été fait par des comités spéciaux qui ont eu lieu
à Thetford et dans l'Abitibi quand des cas particuleirs se sont
présentés?
M. FORTIN: M. le Président, nous avons été
prévenus par un groupe d'ouvriers de ladéci-sion de la compagnie
et, en compagnie du ministre des Richesses naturelles et du ministre des Terres
et Forêts, je dois recevoir ce groupe d'employés demain
après-midi pour étudier le cas, et, s'il y a lieu, nous verrons
à prendre les dispositions nécessaires pour aider les ouvriers
à se réintégrer dans le domaine de l'emploi.
Bill 55
M. LESAGE: M. le Président, j'aurais une déclaration
ministérielle à faire assez importante au sujet du bill 55, Loi
de la fonction publique. Je désire déposer dès maintenant
les amendements qui seront apportés à ce projet de loi, parce
qu'au cours de mon discours de deuxième lecture que je prononcerai plus
tard cet après-midi, je tiendrai compte évidemment des projets
d'amendements que je dépose maintenant.
D'abord, à l'article 32, c'est l'article qui dit qu'il n'y a pas
de solution de continuité dans l'emploi pour les fonctionnaires actuels.
On y parle, à la quatrième ligne, de tout sous-chef ou
fonctionnaire; il faut ajouter évidemment les ouvriers, et il faut
remplacer « tout sous-chef ou fonctionnaire » par les mots «
tout sous-chef, fonctionnaire ou ouvrier ».
M. le Président, je vois que le chef de l'Opposition prend des
notes; ce n'est pas nécessaire, le texte de tous les amendements va
être distribué à tous les députés, de
même qu'à la galerie de la presse.
M. BELLEMARE: C'est pour les mettre dans la loi même.
M. LESAGE: Vous pourrez le faire, si vous voulez; moi, je n'ai pas
besoin, je les connais par coeur.
M. BELLEMARE: Ah bien! vous, vous êtes un phénix.
M. LESAGE: Alors, et le mot « traitement » doit être
remplacé par le mot « salaire »; parce que le mot «
traitement » s'applique aux fonctionnaires, le mot « salaire
» s'applique aux ouvriers ou encore aux deux, alors que «
traitement » s'applique spécifiquement aux fonctionnaires
seulement.
En ajoutant « les ouvriers », il faut changer le mot
traitement par le mot salaire à la première et à la
cinquième ligne.
L'article 34 est celui qui, au deuxième alinéa, dit:
« La nomination ou la promotion ne peut dépendre de
l'ancienneté ». Alors le point est remplacé par une virgule
et on ajoute les mots suivants: « Sauf que, pour les ouvriers, à
compétence égale, l'ancienneté peut être un des
critères considérés ».
A l'article 52, il s'agit ici de permettre aux fonctionnaires ou
ouvriers, aux employés du gouvernement, de pouvoir être candidats
à des élections fédérales ou provinciales sans pour
autant... un instant... c'est l'article 52, il n'y a pas d'erreur, je regrette,
il n'y a pas d'erreur.
M. BELLEMARE: Est-ce que ça va recommencer?
M. LESAGE: Non, non, c'est parce que, non mais...
M. BELLEMARE: Cela fait drôle de vous voir chicaner devant le
monde un peu.
M. LESAGE: On ne se chicane pas, pas du tout, c'est parce que...
M. LAPORTE: On ne se chicane pas, c'est le numéro 52.
M. BELLEMARE: Vous avez toujours l'habitude de faire ça à
chacun des bouts de la province.
M. LESAGE: Je regrette infiniment, il n'y a aucune chicane, c'est...
M. BELLEMARE: Tant mieux.
M. LESAGE: ... parce que le député de
Montréal-Laurier était sous l'impression que l'amendement qui est
proposé à 52...
M. BELLEMARE: C'est bien.
M. LESAGE: ... était proposé à 55. Or, il est
proposé à 52 et ça, à la suite de discussions,
je n'ai pas eu le temps de l'en aviser ce matin, au cours de la
séance du Conseil des ministres.
M. BELLEMARE: Ah bon!
M. LESAGE: Il est ajouté à 52 parce que c'est 52 qui
traite des congés.
M. BELLEMARE: C'est bien. M. LAPORTE: Alors 52, 55.
M. JOHNSON: Non, mais il est sujet au règlement.
M. RENE LEVESQUE: C'est pas assez pour que je sorte.
M. BELLEMARE: On vous « watch » pareil!
M. JOHNSON: Les deux ont tort et les deux ont raison.
M. LESAGE: Bon, très bien. D'ailleurs...
M. JOHNSON: Il faudrait un article 52a pour être exact.
M. LESAGE: Non, on n'en fera pas d'article 52a parce que c'est une loi
nouvelle.
M. JOHNSON: Autrement, vous rendez ça sujet au règlement
de la commission ou à la convention collective, alors que ce devrait
être une loi...
M. LESAGE: Non, je regrette infiniment, non, pas si vous avez un
alinéa, un deuxième alinéa, je regrette. Vous aurez deux
alinéas dans cet article; alors quand vous mettez un nouvel
alinéa, le premier ne s'applique pas.
M. BELLEMARE: Le premier...
M. LESAGE: Bien, le premier alinéa ne s'applique pas. Mais le
premier alinéa, c'est les deux premières lignes, plus paragraphe
a, plus paragraphe b et après ça vous arrivez au deuxième
alinéa; ça c'est la technique législative.
Alors, le deuxième alinéa ne réfère pas au
premier alinéa qui, après les deux lignes in-troductives du
premier alinéa, se divise en paragraphes a et b. Il s'agit d'ajouter:
« Le sous-chef, fonctionnaire ou ouvrier qui, au cours d'une
élection fédérale ou provinciale, donne sa
démission aux fins de s'y porter candidat a droit, dans les huit jours
qui suivent le jour où un autre est proclamé élu, de
reprendre son poste et il est alors censé avoir été en
congé sans salaire dans l'intervalle. »
M. JOHNSON: Très bien. Au fond, ça nous va.
M. LESAGE: Enfin, sous la forme aussi. Parce qu'il nous faut aussi
amender la loi électorale et je désire qu'il soit
considéré comme étant en avis aujourd'hui, avis d'un
projet de loi, concernant la loi électorale, parce que c'est un
deuxième amendement au cours de la même session à la
même loi. Par conséquent, il faut changer le titre. Le titre de la
première était: « Loi modifiant la Loi électorale
». Celui-ci sera: « Loi concernant la Loi électorale »
et ce projet de loi sera lu en première lecture demain, aura pour effet
d'abroger le paragraphe b de l'article 132 de la Loi électorale.
M. JOHNSON: Je crois comprendre qu'il ne sera pas nécessaire
d'avoir donné sa démission pour pouvoir...
M. LESAGE: Voici, non. Je vais recommencer dans la minute si on veut
bien me laisser lire ce qu'on abroge. Après ça je pourrai
expliquer. « Ne seront pas cependant éligibles à
l'Assemblée législative, b) les personnes qui, durant au moins 12
mois consécutifs, ont fait partie du Service civil au sens de la loi du
service civil si elles n'ont pas cessé d'en faire partie au moins trois
mois avant leur présentation comme candidat. Ce délai ne court
que de la cessation effective des fonctions par suite du renvoi du
fonctionnaire ou de la réception de sa démission ».
Cela c'est abrogé; ça rendait extrêmement difficile
évidemment la candidature d'un fonctionnaire à une
élection parce que le fonctionnaire pouvait difficilement deviner
à quel mo-
ment les brefs seraient émis alors que l'article 52, le
deuxième alinéa de 52 se lira comme suit, et c'est là que
j'attire l'attention du chef de l'Opposition; « Le sous-chef
fonctionnaire ou ouvrier qui au cours d'une élection
fédérale ou provinciale donne sa démission il faut
qu'il donne sa démission aux fins de s'y porter candidat a droit
dans les huit jours qui suivent le jour où il est battu...
M. BERTRAND: Ou un autre proclamé élu.
M. LESAGE: ... de reprender son poste et il est alors censé avoir
été en congé sans salaire dans l'intervalle. » S'il
est élu il a démissionné et s'il avait droit à une
pension différée, il fait valoir ses droits, c'est tout, et s'il
est battu il a droit dans les huit jours de donner avis, il peut reprendre son
poste et il a un droit absolu de reprendre son poste et alors son absence est
considérée comme un congé sans solde. Il n'y a donc pas de
solution de continuité. Je pense que c'était la meilleure
façon de traiter la question et de régler le cas de
liberté absolue pour les fonctionnaires d'être candidats, les
fonctionnaires et les ouvriers, les employés du gouvernement
d'être candidats s'ils le désirent. C'est le plus grand
degré de liberté qu'on puisse donner.
M. BELLEMARE: C'est-à-dire que s'il donnait sa démission
lors de l'émission des brefs le jour de l'émission des brefs il
aurait le droit de se présenter.
M. LESAGE: II peut le faire le jour de l'émission des brefs, non,
c'est lorsqu'il pose sa candidature, c'est-à-dire lorsqu'il
dépose son bulletin.
M. JOHNSON: Ah! bon!
M. BELLEMARE: II peut démissionner le jour de l'émission
des brefs.
M. LESAGE: Bien oui s'il dit; « Je pose ma candidature ». Il
va attendre au lendemain je pense bien.
M. BELLEMARE: Bien oui. M. LESAGE: Normalement.
M. BELLEMARE: A moins qu'il soit bien proche.
M. LESAGE: Si c'est un libéral il va falloir qu'il commence par
se faire choisir par une convention.
M. BELLEMARE: Et puis surtout accepté par le chef.
M. LESAGE: Dans ça il n'a rien à y dire; le chef n'a
jamais...
M. BELLEMARE: En vertu des nouveaux règlements de la
fédération. Ah! oui.
M. LESAGE: C'est un pouvoir discrétionnaire dont je n'ai pas
l'intention d'abuser.
M. BELLEMARE: Le droit de vie et de mort!
M. LESAGE: ... c'est un pouvoir discrétionnaire qui m'a
été donné sans qu'on me consulte...
M. BELLEMARE: Non, vous l'avez demandé...
M. LESAGE: Non, je ne l'ai pas demandé, je regrette.
M. BELLEMARE: Ah! bien oui, certainement.
M. LESAGE: Pas du tout.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. LESAGE: Cela m'a été offert sur un plateau d'argent et
je n'ai pas l'intention d'abuser de ce droit qu'on m'a donné en
cadeau.
M. BELLEMARE: Ah! Mon Dieu!
M. LESAGE: C'était un cadeau fort lourd à porter. Dans le
cas de l'Union nationale c'est le « cheuf »...
M. BELLEMARE: Un plateau d'argent!
M. JOHNSON: M. le Président, ce n'est pas exact mais je pense que
ce n'est pas l'occasion d'en parler...
M. LESAGE: Est-ce moi qui ai commencé à parler de
ça?
M. JOHNSON: M. le Président, que ce soit le premier ministre ou
non qui en ait parlé ce n'est pas exact d'affirmer que dans le cas de
l'Union nationale...
M. LESAGE: C'est le « cheuf », cheu...
M. JOHNSON: ... M. le Président, c'est comme dans le parti
libéral, des conventions sauf que les nôtres sont libres.
M. LESAGE: Evidemment, s'il y a des fonctionnaires qui se
présentent pour l'Union nationale aux prochaines élections
générales nous allons réintégrer plusieurs d'entre
eux, nous les réintégrerons tous, tous. C'est très
généreux pour les fonctionnaires qui sont les partisans de
l'Union nationale.
M. JOHNSON: Disons que les gens qui se présenteront pour nous
sont des gens qui ont du flair.
M. LESAGE: Nous les réintégrerons tous sans exception.
M. JOHNSON: Ce sera des gens qui ont du flair.
M. LESAGE: C'est très généreux, vous savez.
M. BELLEMARE: La grande démocratie.
M. LESAGE: Certainement que c'est la grande démocratie, c'est la
démocratie poussée à ses extrêmes limites.
M. BELLEMARE: La grande démocratie à pleins poumons!
M. LE PRESIDENT: Affaires du jour. Al'or-dre, messieurs.
M. LESAGE: Ce n'est pas à pleins poumons, c'est à pleine
voile.
M. BELLEMARE: Ah, vous allez voir, vous allez avoir des petites
nouvelles vous aussi.
M. LESAGE: Si on ne permet de revenir à mes oignons...
M. BELLEMARE: Oui.
M. LESAGE: ... à l'article 61...
M. BELLEMARE: S'il vous plaît.
M. JOHNSON: Et à vos cors.
M. LESAGE: Pardon?
M. JOHNSON: A ses oignons et à ses cors.
M. LESAGE: Non, je n'en ai pas de cors. C'est curieux, c'est une chose
dont je n'ai jamais souffert. Il paraît que c'est bien malcommode. C'est
l'article 61, il s'agit des destitutions. « Les sous-ministres et les
fonctionnaires et ouvriers permanents, temporaires ou surnuméraires, ne
peuvent être révoqués ou destitués que sur la
recommandation écrite de la commission après enquête
et ça continue au cours de laquelle l'employé
impliqué a le droit de se faire entendre avec ses témoins
».
M. JOHNSON: Très bien.
M. LESAGE: Deuxième alinéa: « Ala demande de
l'employé, le dossier doit être transmis au lieutenant-gouverneur
en Conseil avant que la révocation ou la destitution soit
décrétée. »
M. BELLEMARE: Cela a un peu plus de bon sens.
M. LESAGE: Bien, c'est-à-dire qu'il y a appel, ni plus ni
moins...
M. BELLEMARE: C'est ça.
M. LESAGE: ... il y a appel au lieutenant-gouverneur en Conseil parce
que c'est le lieutenant-gouverneur en Conseil seul qui peut
décréter la révocation ou la destitution, cela en vertu de
la loi d'interprétation qui dit que la révocation ou la
destitution ne peut être faite que par celui qui a le droit de
nomination. Alors seul le lieutenant-gouverneur en Conseil a le droit de
nomination.
A l'article 75, il s'agit du droit de grève, il s'agit de
remplacer le deuxième alinéa concernant l'interdiction de la
grève. Alors voici comment se lit l'amendement: « La grève
est interdite à tout autre groupe à moins que les services
essentiels et les façons de la maintenir ne soient
déterminés par entente préalable entre les parties ou par
décision de la Commission des relations de travail du Québec.
»
C'est-à-dire qu'au lieu d'exiger qu'il y ait entente au
préalable, ou peut recourir, une partie ou l'autre peut recourir
immédiatement à la Commission des relations de travail ou
attendre que l'entente se soit avérée impossible. Enfin, mais le
droit est ouvert de s'adresser à la Commission des relations de travail
dès que le droit de grève est acquis.
M. BELLEMARE: Oui, c'est pour assurer les services essentiels.
M. LESAGE: C'est ça. Mais pour déterminer
quels sont dans les circonstances de temps et de lieu
peut-être.
M. BELLEMARE: Oui, très bien.
M. LESAGE: Parce qu'il y aura plusieurs unités de
négociations ou il peut arriver qu'il y ait une unité de
négociations qui désire se mettre en grève. Alors on ne
peut pas à l'avance déterminer quels peuvent être les
services essentiels, ça dépend du temps, ça dépend
des circonstances, ça dépend de la saison. S'il s'agit des
ingénieurs, c'est une chose. S'il s'agit de tout le corps des
fonctionnaires, c'est une autre chose. Alors on ne peut pas déterminer
à l'avance quels sont les services essentiels parce que ces derniers ne
peuvent être déterminés que dans le temps en regard des
circonstances et de l'unité de négociations qui entend faire la
grève et c'est pour cela que nous avons ajouté à la suite
de représentations que j'ai reçues personnellement comme
d'ailleurs j'en avais reçu sur d'autres points ici en fin de semaine
dernière, à la suite des représentations que j'ai
reçues personnellement, nous avons ajouté que ces services
essentiels pouvaient être déterminés par la Commission des
relations de travail.
M. BELLEMARE: II n'y a aucun amendement sur 76?
M. LESAGE: Qu'est-ce que c'est 76? M. BELLEMARE: La
confidentialité. M. LESAGE: Bien non, bien voyons. M. BELLEMARE:
Très bien. M. LE PRESIDENT: Affaires du jour.
M. LESAGE: On discutera en comité puis on va s'entendre...
M. BELLEMARE: Oui, oui.
M. LESAGE: ... on n'a pas l'habitude de se chicaner, le
député de Champlain et moi...
M. BELLEMARE: Non, non.
M. LESAGE: ... on va finir par s'entendre.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. BELLEMARE: Je ne suis pas bien sûr sur ça.
Question de privilège
M. LAPORTE: M. le Président, sur une question de
privilège. Vendredi dernier, le chef de l'Opposition s'adressant aux
journalistes aurait déclaré que j'aurais offert i un membre de la
tribune de la presse, M. Marcel Thivierge, d'être candidat libéral
dans un comté de la région de Montréal.
Je tiens à déclarer à cette Chambre, sans accorder
une importance indue à ce quia été dit, que jamais, ni
directement ni indirectement, je n'ai discuté avec M. Thivierge de la
possibilité qu'il soit ou ne soit pas candidat, qu'en fait il lui est
arrivé très peu fréquemment de causer politique avec le
correspondant du Devoir, et d'ailleurs, aurais-je voulu lui offrir un
siège ou une candidature dans la région de Montréal, que
j'aurais été bien incapable de le faire n'ayant aucune
autorité sur cette matière.
M. JOHNSON: Qui a autorité?
M. LE PRESIDENT: Affaires du jour.
M. LAPORTE: Les conventions.
M. JOHNSON: Comme dans le cas du député de Verdun?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs. M. LAPORTE: Comme dans le cas
de...
M. LE PRESIDENT: Affaires du jour.
M. BELLEMARE: L'honorable premier ministre pourrait-il me dire si
j'aurai les documents qu'il m'a promis pour aujourd'hui?
M. LESAGE: Bien voici. On me les a offerts tantôt et puis je n'ai
pas eu le temps de dîner.
M. BELLEMARE: Je n'étais pas là parce que je les aurais
pris.
M. LESAGE: J'ai dit: « S'il vous plaît remettrez-moi
ça plus tard dans la journée quand j'aurai une minute, je n'ai
pas eu le temps de luncher seulement.
M. BELLEMARE: Est-ce que je peux prendre livraison?
M. LESAGE: Non, je voudrais les voir avant. J'aime bien à voir ce
que je dépose, ce que j'ai et aussi ce dont je prends la
responsabilité.
M. BELLEMARE: La lettre du premier ministre me disait que lundi ils
devaient être prêts.
M. LESAGE: Je le comprends, mais seulement M. Larue vient de me les
offrir et j'ai dit: « Il faut tout de même que je les regarde
». Je prends la responsabilité moi de ce que je dépose
ici.
M. BELLEMARE: Je vais tous les avoir, c'est sûr?
M. LESAGE: Bien, je ne sais pas ce qu'il y avait dans le paquet que M.
Larue m'offrait.
M. BELLEMARE: Ce doit être ce qui est dans votre lettre.
M. LESAGE: Ce doit être la réponse; je ne le sais pas.
M. BELLEMARE: Ce doit être contenu dans la lettre.
M. LESAGE: Je ne le sais pas, je l'ignore.
M. BELLEMARE: Je me suis entendu avec l'honorable ministre de
l'Education quant à la question no 2, pour la transformer en motion pour
production de documents...
M. LAPORTE: Adopté.
M. BELLEMARE: Alors, si on veut bien tenir compte de ça.
M. LAPORTE: Je propose que l'item 2, soit la motion apparaissant au nom
du député de Champlain soit adoptée par la Chambre.
M. LE PRESIDENT: Cette motion sera-t-elle adoptée?
Adoptée.
Machines à pluie
M. JOHNSON: M. le Président, une commission à l'adresse
d'une commission. Je suis dans le dosssier des assurances. Une question
à l'adresse du ministre des Richesses naturelles. Je suis informé
de bonne source que les citoyens du Lac St-Jean et Saguenay ont
repéré deux machines à pluie à Falardeau,
comté de Chicoutimi. Ma question est la suivantes est-il à la
connaissance du ministre des Richesses naturelles ou de son collègue des
Terres et Forêts que ces machines sont en opération?
M. RENE LEVESQUE: Non. Je trouverais, disons très peu pratique,
non pas que le chef de l'Opposition soit averti, mais qu'on ne le soit pas
aussi parce que c'est très difficle de vérifier ou alors qu'on
demande au chef de l'Opposition de faire les vérifications si c'est lui
seul qu'on avertit.
M. BELLEMARE: Mais il « mouille ».
M. RENE LEVESQUE: Je n'ai pas eu d'avertissement. Il se peut que le
ministre des Terres et Forêts en ait eu...
M. CLICHE: Je n'en ai pas eus non plus. Il n'y en a pas de machine en
opération.
M. RENE LEVESQUE: ... mais si le chef de l'Opposition me permet,
j'aimerais en profiter pour faire une toute petite précision. C'est que
le ministère des Richesses naturelles maintient des stations de
contrôle de la pluie. Je suis sûr que le chef de l'Opposition,
ancien ministre des ressources hydrauliques, est au courant de ça, des
stations de contrôle, de mesurage de la pluie, avec des appareils qu'on
appelle des pluviomètres, c'est-à-dire des appareils à
mesurer, les racines le disent, la pluie, qui peuvent être très
utiles et qui de toute façon font partie du recueil des données
de base au point de vue de l'évolution du climat chez nous. De
même, parce qu'elle a encore un intérêt direct à la
précipation et au niveau des eaux dans la région, parce qu'elle
contrôle ces sources d'énergie, la compagnie Alcan, a
également des appareils à mesurer la pluie et à mesurer
des niveaux d'eau et, à plusieurs reprises, il nous est revenu que
partant de cette obsession des machines à fabriquer de la pluie, soi
disant, que des gens de la région qui n'ont pas été
identifiés ou, s'ils l'ont été, cédaient a une
émotion compréhensible, ont détruit des machines et
détruisent encore, paraît-il, à l'occasion, des machines
à mesurer la pluie qui n'ont rien à voir ni de près ni de
loin avec les patentes à ensememcer les nuages. Alors si je pouvais
profiter de l'occasion que me fournit le chef de l'Opposition pour demander,
puisqu'on est dans une société où ça vaut la peine
avant de détruire quelque chose, de savoir ce qu'on fait, si on ne
pourrait pas, avant qu'on soit obligé peut-être de prendre des
procédures parce qu'il s'agit quand même de
propriétés, soit publiques ou privées, qui n'ont rien
à voir avec le problème qui a créé l'émotion
qu'on sait, si on ne pouvait pas vérifier la nature des appareils avant
de mettre le pieds ou autre chose dedans.
M. LE PRESIDENT: Affaires du jour.
M. JOHNSON: Les gens qui m'ont informé, M. le Président,
sont des gens qui savent distinguer entre des pluviomètres et des
machines pour ensemencer des nuages.
M. RENE LEVESQUE: Dans ce cas-là, le chef de l'Opposition
aura-t-il l'obligeance de leur demander si leur discrétion leur
permettrait de nous avertir aussi pour qu'on puisse répondre à la
question?
M. JOHNSON: Très bien. M. RENE LEVESQUE: O.K.
Budget supplémentaire
M. LESAGE: M. le Président, un message de Son Honneur le
lieutenant-gouverneur signé de sa main.
M. LE PRESIDENT: Le lieutenant-gouverneur de la province de
Québec transmet à l'Assemblée législative le budget
supplémentaire des dépenses numéro 2 pour l'année
financière se terminant le 31 mars 1966, conformément aux
dispositions de l'article 54 de l'Acte de l'Amérique du Nord britannique
de 1867 et recommande ce budget à la considération de la
Chambre.
Paul Comtois, Hôtel du Gouvernement.
Québec, le 3 août 1965.
M. LESAGE: M. le Président, je propose que le message de Son
Honneur le lieutenant-gouverneur et le budget qui l'accompagne soient
référés au comité des subsides.
M. LE PRESIDENT: Cette motion sera-t-elle adoptée?
M. JOHNSON: Adoptée.
M. LE PRESIDENT: Adoptée.
M. JOHNSON: M. le Président, le premier ministre voudrait-il nous
dire s'il considère l'opportunité de faire suite à la
demande de l'Union générale des étudiants du Québec
qui consisterait à décréter le gel des frais de
scolarité au niveau du 1er septembre 1964 dans les collèges et
les universités?
M. LESAGE: Je n'ai pas vu cette demande.
M. LE PRESIDENT: Affaires du jour.
M. JOHNSON: M. le Président, relativement à Sidbec, le
premier ministre a-t-il une déclaration à faire, surtout...
M. LESAGE: J'ai promis d'en faire une avant la fin de la session et je
tiendrai ma promesse.
M. JOHNSON: Cependant, M. le Président, un journal
généralement bien renseigné, le Devoir, donne ce
matin...
M. LESAGE: Les nouvelles. Je peux dire dès maintenant que les
nouvelles de ce journal quant à l'expansion sont fortement
exagérées. Je veux couper les ailes au canard tout de suite,
c'est fortement exagéré; quant au reste, je ferai ma
déclaration avant la fin de la session.
M. JOHNSON: Je remercie le premier ministre pour ce commencement de
déclaration que je demande depuis trois ans...
M. LESAGE: Non, non, non.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs. Affaires du jour.
M. LESAGE: ... c'est la première fois que je fais une
déclaration.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. JOHNSON: Le premier ministre songe-t-il à déposer avant
la fin de la session un rapport de rentabilité concernant le complexe de
sidérurgie?
M. LESAGE: J'ai dit que je ferais une déclaration d'ici la fin de
la session.
M. JOHNSON: Ah oui, mais une déclaration ce n'est pas un
rapport.
M. LESAGE: Bien, je dirai ce que j'aurai à dire.
M. JOHNSON: M. le Président, le premier ministre aurait-il des
nouvelles à nous communiquer relativement aux arrangements en cours
entre le premier ministre de Terre-Neuve et le gouvernement de la province de
Québec, ou Brinco et l'Hydro-Québec?
M. LESAGE: Je n'ai rien à ajouter à ce que j'ai
déjà dit, M. le Président.
M. BERTRAND: On est bien renseigné. M. LE PRESIDENT: Affaires du
jou.
M. BELLEMARE: Est-ce que je peux attirer l'attention du gouvernement et
particulièrement du ministre de l'Education que je sais retenu
aujourd'hui à Winnipeg à la conférence...
M. LESAGE: Non, le ministre de l'Education est en Chambre.
M. BELLEMARE: Ah son... oui, le suppléant. Sur une anomalie qui,
sûrement, a causé des...
M. LESAGE: Une quoi?
M. BELLEMARE: Une anomalie qui a causé des
préjudices...
M. LESAGE: Ce n'est pas un acabit, ça.
M. BELLEMARE: pardon?
M. LESAGE: Ce n'est pas un acabit?
M. BELLEMARE: Est-ce que le premier ministre pourrait me laisser finir?
Est-il... ?
M. LESAGE: Ah, il est haïssable.
M. BELLEMARE: Haïssable, ce n'est pas le mot. Voici, M. le
Président, certaines commissions scolaires ont envoyé les comptes
de taxes à leur électeurs, à leurs propriétaires,
à la fin de décembre 1964. Une grande majorité des
cultivateurs ont payé à ce moment-là la partie qui
était taxée, moins le 25% que devait leur retourner le
gouvernement, en déduction. Le gouvernement vient de payer le 21 du 6e
mois 1965, les chèques sont arrivés seulement depuis quelques
jours...
M. LESAGE: Bien, il y avait une grève des postes.
M. BELLEMARE: Une minute, M. l'Orateur, demandez donc au premier
ministre... veuillez le rappeler à l'ordre s'il vous plaît, M. le
Président, c'est sérieux, ça. M. le
Président...
M. LESAGE: Moi aussi.
M. BELLEMARE: ... je n'ai pas fini avec le ministre, avec le
représentant de l'Education, le ministre de l'Education. Les
chèques ont été adressés aux individus le 21 du 6e
mois 1965 et ce qui arrive dans certaines commis- sions scolaires, on leur
charge un intérêt sur cet argent-là parce qu'ils n'ont pas
payé à temps. Je trouve que ce n'est pas la politique que le
gouvernement a préconisé dans cette Chambre, au contraire, il
préconisait une aide aux cultivateurs...
M. LESAGE: Un remboursement.
M. BELLEMARE: Un remboursement... aux cultivateurs...
M. LESAGE: Bien oui, on rembourse ce qu'ils ont payé.
M. BELLEMARE: ... et M. le Président, je trouve que le
ministère de l'Education devrait faire étudier par son
contentieux cet aspect particulier parce que ce qui arrive c'est que dans
certaines commissions scolaires on charge de l'intérêt sur les
comptes passés dus, c'est-à-dire sur les chèques qui sont
arrivés le 21 juin et dans d'autres commissions scolaires on ne leur
charge pas. Et cela cause un préjudice sûrement important aux
cultivateurs.
M. BINETTE: Je prends note de la question du député.
Cependant, j'ai l'impression que... je lui donnerai une réponse
complète demain. Demain ou après-demain. J'ai l'impression,
cependant, que la façon dont il explique son problème n'est pas
tout à fait correcte parce que le compte de taxes devait être
payé en entier par le cultivateur et il était. .
M. LESAGE: Remboursé. . Exactement!
M. BINETTE: . . remboursé ensuite du montant de 25%. Alors
l'intérêt est normalement chargeable. Cela, c'est la
première réponse que...
M. BELLEMARE: Je pense que si vous lisez au journal des Débats,
les déclarations qui ont été faites, ce n'est pas dans ce
sens-là.
M. LESAGE: Ah bien...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurst A l'ordre!
M. BELLEMARE: Vous attendez...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! A l'ordre! Affaires du jour. A
l'ordre!
M. LESAGE: Vous n'avez qu'à lire l'item du budget.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. BELLEMARE: Oui, oui. C'est une question supplémentaire.
M. LESAGE: Vous n'avez rien qu'à lire l'item du budget!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. LESAGE: Lisez l'item du budget supplémentaire!
M. BELLEMARE: Ah oui, oui. Oui, oui, oui. Certainement.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! J'ai laissé continuer le
député de Champlain et il a posé sa question et il a
répondu lui-même. Le ministre a donné son impression sur
une autre réponse. C'est une question grave mais ce n'est pas d'une
urgence telle qu'elle demande de suspendre les affaires de la Chambre a ce
stade des procédures. Le ministre a dit qu'il répondrait demain
en détail. On ne peut pas s'attendre qu'un ministre puisse
répondre à cette sorte de question sur le champ. Il faut
absolument qu'il ait la chance de l'étudier.
M. JOHNSON: M. le Président, le ministre suppléant de
l'Education peut-il nous informer relativement à ces certificats
d'étude en retard? est-ce qu'on a fini de corriger les examens et est-ce
que les résultats sont au moins expédiés sinon
arrivés?
M. BINETTE: Je prends note de la question. M. LE PRESIDENT: Affaires du
jour. M. LAPORTE: Numéro 5.
M. LE PRESIDENT: La motion de M. Laporte.
Heures de séance
M. LAPORTE: M. le Président, cette motion apparaît à
mon nom se lit comme suit: « Qu'à l'avenir la Chambre siège
sans interruption de dix heures de la matinée à dix heures du
soir sauf le dimanche et qu'à chacune de ses séances l'ordre des
affaires soit celui du mardi ».
Très brièrement, il s'agit de deux choses. D'avoir une
seule séance qui va théoriquement durer sans interruption de dix
heures le matin à dix heures le soir et deuxièmement que les
motions, bills ou ordres inscrits au nom du gou- vernement aient toujours
préséance sur les autres item de l'ordre du jour.
Vous me permettrez d'abord de calmer une certaine inquiétude que
j'ai cru déceler en lisant les journaux de ce matin dans au moins deux
journaux où l'on semblait...
M. JOHNSON: Entre autres, le Devoir.
M. LAPORTE: ...entre autres le Devoir où l'on
semblait...
M. JOHNSON: Encore une fois!
M. LAPORTE: ... à bon droit, voir une certaine
précipitation par les déclarations que nous avons faites la
semaine dernière. Je voudrais dire à cette Chambre, je voudrais
dire à la population de la province que l'objectif de terminer la
session cette semaine c'est un objectif purement théorique. Si nous
avons le temps et l'Opposition et le gouvernement et le Conseil
législatif et les comités qui doivent encore siéger de
faire comme nous l'avons fait jusqu'ici, c'est-à-dire en y mettant tout
le sérieux et tout le temps nécessaire, l'étude des
projets de loi qui restent encore à étudier, nous allons terminer
cette semaine, que ce soit jeudi, vendredi ou samedi. Si nous n'en avons pas le
temps, nous ajournerons à la semaine prochaine et...
UNE VOIX: Mardi prochain...
M. LAPORTE: ... successivement de semaine en semaine jusqu'à ce
que la Chambre, les députés, les conseillers législatifs
en aient eu le temps de faire tout le travail qu'il reste à faire.
Cela, je voudrais que ce soit bien clair, que le gouvernement n'a
nullement l'intention de bousculer les législateurs. Mais nous avons
l'impression qu'avec le travail qu'il reste à faire, si nous y mettons
une dose certaine de bonne volonté de part et d'autre, il est possible
de terminer pour la fin de semaine. Il reste encore passablement de travail;
nous allons étudier les projets de loi les uns après les autres.
Nous n'avons pas l'intention de faire siéger les députés
pendant les heures des repas, sauf, comme je l'ai dit la semaine
dernière, s'il arrivait que jeudi ou vendredi, d'un commun accord, nous
nous disions: « Si nous oublions pour à midi ou pour ce soir le
repas, nous pourrions peut-être terminer...
M. LESAGE: Cela arrive.
M. LAPORTE: ... plus vite sans que la Cham-
bre ne se sente bousculée; elle se sentira peut-être plus
légère si elle n'a pas été au restaurant..
M. BERTRAND: Le cerveau travaille plus.
M. LAPORTE: ... Cela facilitera peut-être le travail du cerveau,
ce n'est rien qu'une bonne chose. Alors, je voudrais, c'est le but de la
motion, permettre que la Chambre siège continuellement d'ici la fin de
la session, sauf le dimanche, de dix heures du matin à dix heures du
soir; que les législations et les ordres du jour, au nom du
gouvernement, aient préséance, et je répète, en
terminant, que c'est nullement l'intention du gouvernement, pas plus qu'il ne
l'a fait depuis le début de la session, de bousculer qui que ce soit
pour hâter la fin de la session.
M. JOHNSON: M. le Président, le ministre a raison, terminer la
session cette semaine, c'est un objectif et non un impératif.
M. LESAGE: Très bien.
M. JOHNSON: II est entendu que, tant du côté du
gouvernement que du côté de l'Opposition, nous sommes prêts
à consacrer aux projets de loi extrêmement importants, qui nous
arrivent malheureusement très tard, toute l'attention qu'ils
méritent. Et nous avons même l'intention, sujet évidemment
à ce que dira tantôt le premier ministre relativement à ce
bill 55, de demander que les parties soient entendues et que nous prenions le
temps nécessaire...
M. LESAGE: Ah bien! elles ont été entendues 20 fois.
M. JOHNSON:... et que nous prenions le temps nécessaire, M. le
Président, pour...
M. LESAGE: C'est aussi bien de le savoir tout de suite, ça va
clore la question.
M. BERTRAND: Laissez-le donc parler.
M. JOHNSON:... faire de cette loi réellement efficace et qui
constitue la vraie charte du fonctionnaire. Et nous avons aussi l'intention, M.
le Président, de demander avec insistance que le comité des
comptes publics continue ses séances afin que nous en arrivions à
la partie positive qui est celle d'établir un système en vertu
duquel on pourrait limiter un peu la discrétion et le patronage et
peut-être économiser des dizaines de milliers de dollars à
la province.
M. LESAGE: Quoi? Pardon?
M. BERTRAND: Limiter la discrétion et le patronage.
M. LESAGE: Dans quoi?
M. JOHNSON: Dans l'octroi des polices d'assurances.
M. LESAGE: Ah!
M. BERTRAND: II y a moyen, on n'a qu'à l'étudier, c'est
tout, ce n'est pas plus compliqué que ça.
M. LESAGE: C'est réglé, ça, M. le Président,
c'est réglé ça...
M. JOHNSON: Si le premier ministre voulait me laisser terminer, le
premier ministre pourrait parler sur la motion.
M. LESAGE: C'est réglé depuis le 1er juin 1964, le chef de
l'Opposition le sait...
M. JOHNSON: Non, ce n'est pas réglé, ce n'est pas
réglé, depuis le 1er juin 1964, il y a encore discrétion,
patronage et coût excessif.
M. LESAGE: Ah! M. le Président, s'il veut discuter de ce qui a
été étudié en comité...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs, à l'ordre!
M. LESAGE: ... je veux avoir le droit de parole; certainement que je
vais avoir le droit de répondre.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre. Est-ce que je pourrais suggérer, pour
cette question-là, que c'est devant un comité qui n'a pas fait
rapport à la Chambre. Il n'y a rien devant la Chambre, alors je crois
qu'on pourrait éviter d'entrer dans les détails de ce qui se
passe devant le comité.
M. JOHNSON: M. le Président, j'énumérais la
besogne...
M. LESAGE: Je vais vous parler des ponts, moi, si vous voulez
retourner,
M. JOHNSON: Ah oui!...
M. LESAGE: Et vous allez voir que vous allez passer jusqu'au mois de
décembre ici,..
M. JOHNSON: Et certains entrepreneurs pourraient parler au premier
ministre aussi...
M. LESAGE: ... vous allez en avoir de belles.
M. JOHNSON: ... relativement à ces mêmes ponts.
M. LESAGE: pardon?
M. JOHNSON: Certains entrepreneurs pourraient parler au premier ministre
relativement à ces mêmes ponts.
M. LESAGE: Oui, attendez, vous allez voir. M. JOHNSON: M. le
Président...
M. BELLEMARE: Qu'est-ce que ça va donner?
M. LESAGE: Ah oui! qu'est-ce que ça va donner! bien qu'il ne
commence pas la chicane, parce que ça ne sera pas long.
M. BELLEMARE: Ce n'est pas cela qu'il dit, pas du tout, c'est pour
l'avenir qu'il parle, là, lui. C'est pour l'avenir.
M. LAPORTE: Revenons donc à la motion. M. BERTRAND: Bien oui,
mais...
M. LESAGE: Bien oui, mais qu'il change de sujet.
M. JOHNSON: Nous avons également l'intention de demander que le
comité des régies gouvernementales siège pour entendre de
nouveau 1'Hydro, relativement aux assurances et entendre les officiers de
l'Office de la récupération des bois de la Manicouagan.
M. LESAGE: M. le Président, qu'est-ce que ç'a à
faire avec la motion qui est devant la Chambre? Si le chef de l'Opposition a
des motions à faire, qu'il les fasse.
M. JOHNSON: M. le Président, le ministre, leader parlementaire
pour le gouvernement, a énuméré tantôt certaines
raisons qui nous justifieraient de ne pas hâter la fin de la session et
de continuer s'il le fallait la semaine prochaine ou encore même plus
tard, dans le mois d'août. Je voulais lui dire que le menu est encore
assez chargé et que nous avons bien l'intention d'étudier avec
beaucoup de soin non seulement les projets de loi, mais également de
demander la convocation de certains comités, tout ça en vue de la
motion qui est devant nous. Le ministre déclare: je présente une
motion qui nous permettra de siéger pendant l'heure du repas, mais je
n'ai pas l'intention de m'en servir. M. le Président...
M. LESAGE: De quoi?
M. JOHNSON: De cette motion.
M. LESAGE: Ah!
M. JOHNSON: M. le Président, le ministre sait bien qu'à
chaque fois que nous avons eu à prolonger une séance
au-delà de l'heure réglementaire, soit six heures, soit dix
heures, soit même une heure ou midi et demi, nous avons donné
notre consentement afin de terminer l'étude de la question actuellement
débattue. M. le Président, le ministre dit: « on pourra se
passer de repas; » ça me fait songer, et j'espère que
ça rendra le premier ministre de bonne humeur, à une histoire que
me racontait...
M. LESAGE: Je suis bien de bonne humeur, je me suis passé de
repas, ce midi.
M. JOHNSON: ... que racontait toujours ou que racontait très
souvent mon grand-père...
M. LESAGE: J'ai faim, je n'ai pas mangé depuis sept heures ce
matin.
M. JOHNSON: ... il avait essayé d'habituer un de ses chevaux
à ne pas manger et au moment où il s'habituait à ne pas
manger, il est mort, et il faudrait tout de même pas que...
M. LESAGE: Je pense que c'était une vieille bourrique. Cela
ressemble plus au chef de l'Opposition qu'à moi, ça.
M. JOHNSON: M. le Président, la comparaison...
M. BELLEMARE: Le premier ministre...
M. JOHNSON: ... que le premier ministre vient de m'attribuer est
extrêmement flatteuse, évidemment...
M. LESAGE: Ne commencez pas aussi.
M. JOHNSON: ... dans la même catégorie, comme dit un de mes
amis, le premier ministre de ce temps-ci, il a l'air un peu bouffi.
M. LESAGE: Pardon?
M. JOHNSON: II a l'air un peu bouffi.
M. LESAGE: Pardon?
M. JOHNSON: Bouffi.
M. LESAGE: Vous pouvez parler des bouffis, vous.
M. JOHNSON: Grosse bouffie.
M. LESAGE: Vous pouvez parler des bouffis, vous.
M. JOHNSON: Bourrique, bouffi! M. LESAGE: Vous pouvez parler des
bouffis. M. JOHNSON: Bien, M. le Président... M. BELLEMARE: Bon,
ça va commencer.
M. LESAGE: Vous pouvez en parler des bouffis.
M. BELLEMARE: A l'ordre.
M. LE PRESIDENT: La motion, la motion.
M. JOHNSON: M. le Président, c'est le premier ministre qui
compare le chef de l'Opposition à une vieille bourrique...
M. LESAGE: Non, non, mais c'est lui qui a commencé à le
dire, à parler du vieux piton.
M. BELLEMARE: Taisez-vous donc.
M. JOHNSON: J'ai compris comme tout le monde que le premier ministre
faisait ça en blague.
M. LESAGE: Je fais ça en blague, c'est évident.
M. JOHNSON: Son sourire ne paraît pas dans la transcription des
débats et quand le journal le Devoir rapportera ça textuellement,
M. le Président, ça pourrait porter...
M. LESAGE: Pauvre Thivierge!
M. JOHNSON: ... à une très mauvaise interprétation
et le dernier reproche que je voudrais recevoir de la population, c'est celui
de ne pas répondre au premier ministre lorsqu'il m'attaque. M. le
Président...
M. LAPORTE: Attaquez donc la motion, là.
M. JOHNSON: Je l'attaque à fond et au fond. Elle n'est pas
nécessaire...
M. LESAGE: Votez contre.
M. JOHNSON: ... nous serions prêts, comme nous l'avons
prouvé dans le passé, à accorder notre consentement
maintenant. Nous prenons la parole du ministre et nous prenons pour acquit
qu'il accordera au chef de l'Opposition et à ses collègues le
temps d'aller se nourrir un peu entre l'étude de deux projets de loi. Le
ministre comprend très bien la nécessité de la nourriture
et de la bonne nourriture. Je sais que c'est une fine fourchette, c'est un
membre des sociétés gastronomiques...
M. LAPORTE: Si c'est le bill des alcools, eh bien mon Dieu, on le
suspendra si c'est nécessaire.
M. JOHNSON: ... c'est un cuisinier de fin de semaine.
M. LESAGE: C'est clair, le chef de l'Opposition a décidé
de se hâter lentement.
M. JOHNSON: M. le Président, moins le premier ministre
m'interrompt, et plus vite ça déboule, mais quand le premier
ministre m'interrompt, je suis bien ogligé, vous le comprendrez, de
faire des mises au point.
M. LESAGE: C'est bien.
M. JOHNSON: Donc, la motion est agréée, M. le
Président, parce que nous prenons pour acquit que le leader du
gouvernement tiendra parole, même si le premier ministre tente dele faire
manquer à sa parole.
M. LAPORTE: ... le temps de me faire manger.
M. LE PRESIDENT: Alors la motion sera-t-elle adoptée?
M. JOHNSON: Adoptée.
M. LESAGE: Non, j'ai un mot à dire sur la motion.
M. JOHNSON: C'est d'accord. Qui est-ce qui fait perdre le temps de la
Chambre?
M. LESAGE: Cela va être très bref. Au cours de ses
remarques, le chef de l'Opposition a lais-
se entendre qu'il serait bon, sur le bill 55, d'entendre les parties
intéressées.
M. JOHNSON: J'ai dit: sujet cependant à ce que le premier
ministre dira dans son discours.
M. LESAGE: Parce que d'abord j'ai commencé tout de suite sur les
ordres du jour par présenter les amendements substantiels...
M. JOHNSON: Oui, oui.
M. LESAGE: ... qui sont en accord avec les représentations faites
par le syndicat des fonctionnaires...
M. BELLEMARE: Pas tout à fait.
M. LESAGE: Pardon?
M. BELLEMARE: Pas tout à fait.
M. LESAGE: Mais enfin...
M. BELLEMARE: Il y a une amélioration.
M. LESAGE: Je me retiens.
M. BELLEMARE: Moi aussi.
M. LESAGE: Parce que si je me mettais à parler de ce qui se
passait sous l'Union nationale...
M. BELLEMARE: Encore la vieille affaire!
M. LESAGE: Oui, la vieille affaire.
M. BELLEMARE: Parlez donc pour l'avenir!
M. JOHNSON: Que le premier ministre soit juste, qu'il en parle!
M. LESAGE: Ce que je veux dire, c'est que nous avons reçu des
intéressés...
M. JOHNSON: Moi je lui parlerai comment il a nommé Mme
Brassard.
M. LESAGE: ... un mémoire et je crois qu'il a été
distribué à tous les députés s'il ne l'a pas
été, il doit l'être, on m'a dit qu'il le serait où
l'on discute de chacun des principes de la loi et où l'on propose des
amendements textuellement à chaque article. Cela c'est
présenté par le syndicat des fonctionnaires, je l'ai lu ce
matin, par la Confédération des syndicats nationaux au
nom, évidemment, du syndicat des fonctionnaires parce que la
confédération des syndicats, même si l'Association des
fonctionnaires ne lui est pas affiliée, je pense qu'il y a un contrat de
conseiller.
M. BELLEMARE: C'est dans le livre rouge.
M. LESAGE: Oui, dans le livre rouge. De toute façon dans le livre
rouge et puis dans le livre noir. Alors nous avons eu... ils ont
été entendus à plusieurs reprises devant le comité
présidée par Mme Casgrain, par le député de
Jacques-Cartier; ils étaient eux-mêmes dans un comité
conjoint de sept à sept qui a fait un rapport minoritaire et là,
évidemment, mais ça, j'en discuterai dans mon discours de
deuxième lecture on fait des représentations qui vont à
l'encontre du rapport minoritaire même.
M. BELLEMARE: On verra ça tout à l'heure.
M. LESAGE: Bien oui, on le verra tout à l'heure mais je veux dire
que tout le monde a eu toute la chance nécessaire de s'exprimer et nous
avons devant nous des propositions précises, qu'il me semble que nous
avons assez d'expérience pour discuter entre nous ici en comité
plénier en Chambre.
M. LE PRESIDENT: Alors la motion de M. Laporte concernant les
séances sera-t-elle adoptée? Adoptée.
M. BELLEMARE: La reine va commencer à négocier avec ses
sujets.
M. LAPORTE: No 8.
M. LE PRESIDENT: M. Lesage propose la troisième lecture du bill
no 58, loi modifiant la Loi des assurances. Cette motion sera-t-elle
adoptée? Adoptée.
M. LAPORTE: Item no 15.
Bill 86
M. LE PRESIDENT: M. Fortin propose la deuxième lecture du bill no
86, loi modifiant la Loi des électriciens et des installations
électriques.
M. FORTIN: M. le Président, cette loi, comme on le sait, a un but
strictement administratif. Je ne crois pas qu'il y ait des principes
fondamentaux en jeu. On sait que, depuis une couple d'années, il existe
un différend entre la Corporation des maître électriciens
qui est incor-
porée depuis une quinzaine d'années et une nouvelle
association qu'on appelle l'Association des électriciens. Alors, je
m'excuse, M. le Président, vu qu'il y a une incidence budgétaire,
je désire dire qu'il a plus à Son Excellence le
lieutenant-gouverneur de recommander l'adoption de l'article 3.
M. BELLEMARE: II n'est pas revenu.
M. FORTIN: Alors, pourvu de cette bénédiction officielle,
je continue mon discours.
Cette association des électriciens a présenté un
bill afin de demander que la Corporation des maîtres électriciens
ne soit plus une corporation fermée et, en d'autres termes, demandant
à être reconnue à peu près sur le même pied
que la Corporation des maîtres électriciens. Ces gens sont venus
devant le comité des comptes publics et, la semaine dernière ou
il y a quinze jours, l'honorable premier ministre a fait une proposition aux
deux parties en partant du principe que l'on ne peut pas abolir la Corporation
des maîtres électriciens et en d'autres termes on ne peut pas
renoncer au principe de corporation fermée qui était un droit
acquis depuis une quinzaine d'années.
Et puis nous croyons que les avantages qu'il y aurait d'abolir le
principe de la corporation fermée seraient plus considérables que
le projet de loi qui était proposé. Depuis cette date, des
pourparlers ont eu lieu entre les procureurs des différentes
associations et il a été convenu que pour faire
disparaître, premièrement les confusions qui existaient entre la
licence d'entrepreneur émise par le ministère du Travail et le
titre d'entrepreneur-électricien ou de maître-électricien
émis par la Corporation des maîtres-électriciens, il
était nécessaire de faire des amendements à la loi des
électriciens et installations électriques. Comme on le sait,
cette loi a été adoptée il y a de nombreuses années
avant la loi de la Corporation des maîtres-électriciens. A ce
moment, le ministère du Travail émettait et il émet encore
une licence qu'on appelle la licence C qui est une licence de
compagnon-électricien.
Par la suite, lorsqu'un compagnon-électricien a exercé son
métier pour un entrepreneur pendant au moins deux ans, s'il a obtenu un
certain pourcentage requis aux examens, on peut lui donner alors la licence A
qui est une licence d'entrepreneur-électricien. Or, cette licence il
faut bien le comprendre, est une licence au point de vue technique seulement.
Nous reconnaissons la compétence technique de cet ouvrier en disant
qu'il a les qualifications techniques requises pour être entrepreneur,
c'est-à-dire qu'il peut lire des plans, il peut lire des devis, il peut
même donner des ordres, comme contremaître, à des
compagnons-électriciens. Par la suite, lorsque la loi incorporant les
maîtres-électriciens a été adoptée il y a une
quinzaine d'années, aucun changement, aucun amendement n'a
été aporté à la loi modifiant la loi des
électriciens. Et la Corporation des maîtres-électriciens
dans sa loi et dans ses règlements spécifie que, peut être
membre de la corporation, il faut avoir une licence A ou une licence
d'entrepreneur du ministère du Travail.
Or, il arrivait ceci qu'un ouvrier ou un employé qui
n'était pas parfaitement au courant de la législation, lorsqu'il
quittait le ministère du Travail avec sa licence d'entrepreneur, il
croyait qu'il avait le droit d'être un entrepreneur et qu'il
n'était pas obligé de faire partie de la Corporation des
maîtres-électriciens, ce qui évidemment était une
prétention contraire à la loi. Ceci a créé en
plusieurs endroits, auprès de citoyens de bonne foi, une certaine
confusion. C'est pourquoi, par le bill 86, nous voulons amender la loi pour
d'abord changer la définition de ce que c'est qu'un permis et en second
lieu pour donner au ministère le pouvoir de faire passer des examens et
une fois que le candidat aura obtenu ses résultats, de ne pas être
obligé de lui émettre un permis tant et aussi longtemps qu'il ne
se sera pas présenté devant la Corporation des
maîtres-électriciens pour subir ses examens. Si alors il les subit
avec succès il reviendra au ministère et alors nous lui
émettrons un permis.
Nous croyons que ces amendements qui modifient la loi et en outre
donnent des pouvoirs spéciaux au ministère du Travail sont de
nature à faire disparaître la confusion apparente qu'il y avait
dans les textes de loi. Et évidemment, ceci nous permet également
de renouveler chaque année la licence pourvu que le
maître-électricien soit toujours membre de sa corporation.
Voilà, M. le Président, quelques remarques au sujet de ce
projet de loi et j'en propose l'adoption en deuxième lecture.
M. BELLEMARE: M. le Président, tout en admettant le
bien-fondé des déclarations que l'honorable ministre du Travail
vient de faire à cette Chambre concernant le bill 86, je voudrais
ajouter simplement quelques réîlexions. C'est en effet le 29 mars
1950 que la loi des maîtres-électriciens de la province a
été promulgée établissant, donnant à ce
moment-là aux maîtres-électriciens un nouveau statut, un
nouveau caractère particulier au point de vue professionnel et leur
donnait des cadres dans une
organisation réellement bien à eux. C'est le 16 juillet
1964 que la loi des maîtres-électriciens du Québec, le
chapitre 47, 12-13 Elizabeth II, a été amendée et à
ce moment-là, quand nous avons amendé cette loi du chapitre 47,
12-13 Elizabeth II, il y avait un conflit qui était né au sein
même de la Corporation des mafires-électriciens de la province,
conflit né alors que, le 18 juillet 1963, en vertu de la
troisième partie de la loi des compagnies de Québec, la
Société des entrepreneurs-électriciens de la province
avait adressé une pétition et demandait son incorporation, et
ça créait à ce moment-là un schisme au sein
même de la corporation.
Je comprends que c'est difficile souvent quand il y a des
intérêts conjoints, il y a surtout dans une grande corporation
comme celle-là, qui a à peine quinze ans d'existence, de rendre
exactement à chaque région, à chaque individu
l'application d'un règlement qui s'étend et qui a
été fait à portée générale.
Lorsque dans une administration comme celle de la Corporation des
mafires-électriciens, on étudie, lors d'un congrès,
certaines recommandations, quant à l'adaptation de certains
règlements pour certaines zones, certaines parties de la province ou
certains genres d'individus ou certains genres de travail, je comprends
qu'à ce moment-là, il peut se produire et il s'est produit des
divergences d'opinions qui malheureusement se sont aggravées, se sont
tellement aggravées que le 18 juillet 1963, une centaine,
peut-être cent, cent vingt-cinq membres de la corporation quittaient la
Corporation des maîres-électriciens pour se former en
Société des entrepreneurs-électriciens de la province de
Québec et là, a commencé tout le tapage, tout le brouhaha
qui a amené devant le comité les membres de la
société à présenter un bill privé
intitulé Loi concernant la Société des
entrepreneurs-électriciens de la province de Québec et qui
portait le numéro 126.
Je comprends parfaitement bien la justification de leurs revendications.
Je sais que les membres de la société étaient bien
intentionnés surtout depuis que la corporation, en particulier, avait
passé son fameux règlement 12-D assujettissant salariés et
entrepreneurs. Ce règlement a été amendé le 1er
avril 1964 et je sais que ç'a causé du préjudice. La
corporation sûrement, se croyant dans ses droits et de fait
l'étant parce que la loi lui donnait tous les privilèges pour
exercer sa juridiction, à ce moment-là, a porté des
plaintes, à ce moment-là, a traduit devant les tribunaux certains
électriciens qui outrepassaient ou ne se conformaient pas à la
loi générale. Il y a eu, c'est vrai, des condamnations. Il y a eu
des poursuites et ç'a créé au sein de la corporation et
dans le monde en général des électriciens, un mauvais
climat, climat qui s'est détérioré, climat qui s'est
aggravé avec les jours et surtout à cause des poursuites qui ont
été intentées et pour en sortir, la Société
des entrepreneurs-électriciens de la province de Québec, ont
décidé, l'année passée au mois de juillet, de voir
à obtenir les services d'un avocat, d'un représentant du Barreau
pour plaider devant le comité des Bills privés, un bill qu'ils
ont présenté, intitulé Loi concernant la
Société des entrepreneurs-électriciens dans lequel ils
revendiquaient pour eux, des privilèges qui leur semblaient
nécessaires à la suite de l'imbroglio suscité par le
chapitre 172 de la Loi des installations électriques qui leur donnait
à eux, comme aux autres, dès qu'ils avaient subi leur examen, un
titre, une licence, et forts de cette licence et surtout s'appuyant sur la loi
et en vertu de l'article 2 du chapitre 172, Statuts refondus de 1941,
étant justifiés de demander eux dans leur loi, la reconnaissance
de la licence émise par le ministère du Travail, ils ont dit:
« C'est notre seule chance d'obtenir notre reconnaissance et surtout
notre droit de pratique ».
M. le Président, on les a entendus devant le comité. Ils
sont venus par deux fois. D'abord ils sont venus au mois de mai, je crois,
devant le comité, et ils sont revenus ces derniers jours au mois de
juillet.
Nous les avons entendus, M. le Président, avec beaucoup de
plaisir, chacun émettant ses opinions et faisant valoir ses droits. Je
crois que l'honorable premier ministre, et j'ajoute ici un témoignage
bienveillant à l'endroit du ministre du Travail, a
présenté à ce moment-là une déclaration
ministérielle qui a semblé satisfaire, au moins à 100%, la
Corporation des maîtres électriciens et à 90% la
Société des entrepreneurs électriciens de la province.
Cette proposition, M. le Président, a été faite
clairement, établissant des principes bien définitifs, demandant
la suspension de tous les procès, arrêtant, M. le
Président, toutes les poursuites, à la condition formelle que le
ministère du Travail puisse amender sa loi; c'est ce que nous faisons
aujourd'hui. Je tiens à souligner combien il est important pour le
gouvernement et pour le monde ouvrier, particulièrement pour les membres
de la Corporation des électriciens de la province, d'obtenir ce
changement.
Je suis très heureux de constater que dans la loi, M. le
Président, on changera le mot licence, et la licence aujourd'hui
deviendra opérante seulement après qu'on aura subi, chez les
maîtres électriciens, son examen ordinaire et qu'on aura
obtenu le succès pour se représenter devant le ministère
du Travail et demander l'émission de la licence. Mais, M. le
Président, l'honorable premier ministre, à ce moment-là,
avait reçu de la part de la Société des entrepreneurs
électriciens une suggestion qui ne me semble pas être dans la loi,
qui n'a pas peut-être besoin d'être dans la loi, c'est celle des
examens périodiques et surtout des examens qui sont aujourd'hui les
mêmes dans la Corporation et en même temps dans le
ministère, pour ne pas que les gens, les maîtres
électriciens, les électriciens qui auront à passer des
examens aient l'obligation de se transporter à deux endroits
différents, aller d'abord au ministère; retourner ensuite de
ça à la Corporation et à une date différente, pour
faire coincider les examens périodiques. Le ministre se souvient qu'on
avait demandé à ce moment-là qu'il y ait au moins des
examens mensuels conjointement, le gouvernement et la Corporation. Je pense que
la suggestion est très heureuse et, que si elle n'est pas dans la loi
effectivement, si elle n'est pas écrite dans la loi, on devrait, je
pense, au ministère l'appliquer. Cela rendrait immensément
service. Je comprends aussi, M. le Président, qu'on va changer la carte
complètement, la carte qui sera émise par le ministère du
Travail, on va en faire une nouvelle et je suis très heureux aussi, M.
le Président, de constater que le ministère va continuer d'avoir
son propre représentant dans le bureau des examinateurs des mafires
électriciens de la province pour surveiller le questionnaire et les
résultats. Cela a apporté, M. le Président des
résultats pratiques, cette politique qu'on a établie depuis
quelques années, d'avoir un représentant de la province,
c'est-à-dire du ministère du Travail, au bureau des examinateurs
de la Corporation des mafires électriciens.
Donc, M. le Président, je termine en disant ceci, et je
reviendrai en comité sur les articles, parce que j'ai peut-être
des suggestions à faire surtout sur l'article 25 de l'ancienne loi, qui
est aujourd'hui le paragraphe 3 de l'article 25. J'aurai quelques
réîlexions parce que je voudrais attirer l'attention du ministre
sur la période du temps qui était décidée, et
ça revient justement à mes examens. Il était
décidé dans l'ancienne loi, dans le chapitre 172, avant qu'on
amende la loi, que les licences sont émises pour l'année et
doivent être renouvelées annuellement entre le 1er avril et le 1er
mai. Alors ça ça donnait un mois pour renouveler le permis.
Mais je reviendrai tout à l'heure, M. le Président, en
comité. Quant à moi, M. le Président, et je pense que
quant au groupe qui est ici, je suis très heureux de la décision
qu'a prise le gouvernement d'apporter cette loi aujourd'hui qui améliore
sensiblement les relations... et qui va terminer le conflit entre la
corporation et surtout la société des entrepreneurs
électriciens dans la province, et surtout, M. le Président, de
l'avis formel qui a été donné par l'honorable premier
ministre à cette occasion et par le ministre du Travail, que toutes les
causes pendantes soient suspendues jusqu'au 1er novembre 1965, qu'il n'y ait
aucune plainte qui soit portée. Je suis très heureux, M. le
Président, que cette disposition ait été prise et je pense
que ça ramènera un meilleur climat parmi ceux qui auront à
réintégrer la corporation.
Je suis très heureux donc, M. le Président, de voter en
faveur de la deuxième lecture de ce projet de loi.
M. FORTIN: M. le Président, s'il n'y a pas d'autres
députés qui veulent prendre la parole, un mot pour dire au
député de Champlain qu'en ce qui concerne la date des examens il
n'y a rien dans le présent projet de loi, ni dans le projet de loi qui
suit, qui amende la Loi de la corporation des maîtres-électriciens
parce que cela se fait par réglementation.
M. BELLEMARE: Oui, oui.
M. FORTIN: De la part de la Corporation des maîtres
électriciens il y a un engagement d'honneur qui a été pris
devant le comité et je n'ai aucun doute que cet engagement sera
suivi...
M. BELLEMARE: J'attirerai l'attention du ministre à l'article de
la loi, tout à l'heure, en comité où il aurait
été facile d'incorporer les examens mensuels.
M. FORTIN: A tout événement, je dois dire au
député de Champlain et à cette Chambre que nous avons
l'assurance que la Corporation des maîtres-électriciens adoptera
un règlement, d'ailleurs j'ai déjà le texte en
main, il faut attendre que les délais légaux de
convocation du comité provincial soient expirés pour que les
règlements soient adoptés. Et du côté du
ministère du Travail, c'est que nous faisons passer les examens chaque
fois qu'il y a un candidat qui est prêt à passer un examen. Des
fois nous avons un examen une fois par semaine, des fois une fois tous les
quinze jours. Les officiers du ministère du Travail sont toujours
prêts à faire passer des examens à un candidat dès
qu'il est prêt à se présenter.
M. BELLEMARE: Mais le ministre va me permettre, en comité, je
vais lui dire que ce n'est pas la même chose que la corporation. La
corporation, elle, c'est par...
M. LE PRESIDENT: La motion de deuxième lecture sera-t-elle
adoptée?
M. BELLEMARE: Oui.
M. LE PRESIDENT: Adoptée.
M. LE GREFFIER ADJOINT: Deuxième lecture de ce bill. Second
reading of this bill.
M. LE PRESIDENT: M. Fortin propose que je quitte maintenant le fauteuil
pour que la Chambre se forme en comité plénier pour
étudier le bill 86. Cette motion sera-t-elle adoptée?
Adoptée.
M. BEDARD (président du comité plénier): Bill 86,
article 1.
M. BELLEMARE: L'article 1, M. le Président, c'est la
définition du mot « licence ».
M. FORTIN: C'est ça!
M. BELLEMARE: Je trouve que le ministre y est allé très
habilement...
M. FORTIN: C'est mon habitude.
M. BELLEMARE: ... mais moins explicitement pour les gens qui vont avoir
à consulter la loi. Ce ne sont pas tous des gens qui ont fait des cours
de droit, des cours de légistes, exemple, moi je n'en suis pas un, et
j'ai de la misère des fois à trouver la cinquantaine dans le
projet de loi.
M. FORTIN: Ah, vous comprenez bien!
M. BELLEMARE: Il a fallu que je lise presque toute la Loi des
installations électriques pour trouver l'argument que je veux apporter
dans l'article 1.
L'article 1 dit, c'est bien simple... à l'article 2 dans
l'ancienne loi, le mot « licence » était défini mais
il ne l'est plus aujourd'hui. Il le sera en vertu de l'article 21 de
laprésente loi. Bon! Ce n'est pas brillant.
M. FORTIN: Ce n'est pas compliqué!
M. BELLEMARE: Ce n'est pas compliqué! Ah non, le ministre n'a pas
fait un effort louable.
Autrefois, M. le Président, on disait le mot « licence
» signifie un permis. Bon. On savait que c'était un permis.
Deuxièmement, on savait que c'était un permis pour faire des
affaires. Troisièmement, on savait que c'était un permis pour
entreprendre. Quatrièmement, on savait que c'était un permis pour
travailler. Cinquièmement, on disait qu'au terme de la classification
des licences telle que prévue, là à l'article 21. Ah
là, c'était parfait. Mais le ministre détruit ce que
d'autres avaient, au point de vue législatif, réellement bien
conçu. La définition du mot licence dans le numéro 8 de
l'article 2, chapitre 172 semblait bien conforme au fait. Là il dit:
« Le mot « licence » signifie une licence prévue
à l'article 21 de la présente loi ». Un point final. C'est
tout. Il ne définit pas si la licence est un permis pour travailler, si
c'est un permis d'abord, si ça lui permet de faire des affaires, si
ça lui permet d'entreprendre, si ça lui permet de travailler.
Non. On dit là: « Vous irez voir la loi au numéro 21
là, l'article 21 de la présente loi et puis ceux qui ne sont pas
habiles surtout à chercher dans les textes législatifs la
différence qu'il y a entre le no 21 d'aujourd'hui et le no 21 de
l'ancienne loi vont avoir de la misère à se retrouver parce que
l'article 21 de l'ancienne loi est tout chambardé.
Alors, je demande au ministre s'il n'y aurait pas possibilité de
regarder la définition qui se trouve dans la loi, au chapitre 172, des
électriciens et des installations électriques, pour ne pas
brouiller personne, mais d'ajouter simplement ceci; « Le mot «
licence » signifie un permis de faire affaire, entreprendre ou travailler
aux termes de la classification des licences, tel que prévu à
l'article 21 de la Loi 1965, chapitre, là, qui s'en vient.
»Là, on pourrait se comprendre.
M. FORTIN: M. le Président, si j'acceptais la suggestion de
l'honorable député de Champlain, on ne pourrait pas se
comprendre. C'est justement les raisons pour lesquelles nous modifions la
définition de « licence ». Je les ai données lorsque
j'ai exposé le bill en deuxième lecture, c'est pour faire
disparaître la confusion. Lorsqu'un entrepreneur ou lorsqu'un... je veux
dire un électricien se présente au ministère du Travail et
demande sa licence « A », eh bien, la licence « A »,
tel que le texte existe aujourd'hui, la licence « A » peut
être émise...
M. BELLEMARE: M. le Président, on revient sur le 21 là, on
va revenir, M. le Président, je ne discute pas le 21...
M. FORTIN: M. le Président, j'ai la parole...
M. BELLEMARE: Je ne discute pas du 21 parce que j'aurai d'autres
arguments pour le 21, mais je discute simplement de la définition de
« licence »...
M. FORTIN: Voulez-vous me laisser m'ex-pliquer?
M. BELLEMARE: Oui, sûrement.
M. FORTIN: Vous avez chevauché sur l'article 2 et 21 pour
argumenter...
M. BELLEMARE: Je n'ai pas parlé sur 21, « pantoute
»!
M. FORTIN: ... Je dois vous répondreparce que l'article 2,
l'amendement de l'article 2 ne peut pas se comprendre si on ne
réfère pas à l'article 21 et si le député de
Champlain avait référé à l'article 21...
M. BELLEMARE: Oui, oui.
M. FORTIN: ... étudié les deux ensemble, il comprendrait
mieux. Le texte actuel...
M. BELLEMARE: Bien, voyons donc! Le ministre ne peut pas me dire
ça que je n'ai pas...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, à l'ordre.
M. FORTIN: Le texte actuel de l'article 21 dit: « La licence
« A » peut être émise à toute personne qui a
subi avec satisfaction l'examen prescrit pour un compagnon-électricien
et qui a produit une demande l'inscription comme entrepreneur ou
maître-électricien ».
L'article 2, le paragraphe 8, tel qu'il se lit aujourd'hui, de l'article
2 dit; « Le mot « licence » signifie un permis de faire
affaire ou d'entreprendre,..»
Bon! Lorsqu'un entrepreneur-électricien sortait du
ministère du Travail et qu'on lui émettait un permis, il
prétendait, à bon droit au point de vue des faits, à
mauvais droit au point de vue de la loi parce que les tribunaux ont
déjà décidé que ça ne valait rien, mais il
prétendait: « Je n'ai plus besoin de faire partie de la
Corporation des maîtres-électriciens parce que, en vertu de votre
loi au ministère du Travail, le mot « licence »veut dire la
permission d'entreprendre et l'article 21, la licence « A », me dit
que je suis un entrepreneur; donc, que j'ai un permis. »
Or, c'est de là que résulte la confusion et c'est pourquoi
nous amendons l'article 2, para- graphe 8, en disant que le mot « licence
» signifie une licence qui est prévue à l'article 21. Nous
donnons les définitions à l'article 21 et l'article 21 vient
compléter l'article 2. Strictement parlant, si nous voulions, nous
pourrions même faire disparaître le paragraphe 8 de l'article 2
parce que toutes les licences que nous émettons sont définies
dans l'article 21. Mais c'est du droit législatif et nous disons que le
mot « licence », en vertu de la Loi des maîtres-
électriciens, et non pas en vertu de la Loi de la Corporation des
maîtres-électriciens ou la Loi des véhicules-moteurs, etc.,
c'est que le mot « licence», pour les fins de la Loi des
électriciens, veut dire les licences émises en vertu de 21.
C'est de la technique législative pure et simple et si nous
laissions la définition telle qu'elle est actuellement dans la
présente loi, nous continuerions à répéter la
confusion qui existe à l'heure actuelle. Le député de
Champlain a dit: « Je suis prêt à voter en deuxième
lecture pour le bill ». Et en comité, il veut remettre le vieux
texte de loi...
M. BELLEMARE: Non, non, non. Le ministre, M. le Président, ne
voudrait toujours bien pas me faire dire que je vais me contredire,
certainement pas. J'ai lu l'article 21 qu'on va étudier dans quelques
minutes, l'article 2 du présent bill, mais ce n'est pas ça que je
veux dire au ministre. Je voudrais lui poser une question; est-ce que
l'électricien, le maître-électricien qui va obtenir sa
licence au bureau provincial des examinateurs en vertu du chapitre 172 des
installations électriques et des électriciens, est-ce que cet
électricien-là, par sa licence, va avoir le droit d'entreprendre,
oui ou non?
M. FORTIN: Non, il n'aura pas le droit d'entreprendre s'il n'est pas
membre de la Corporation des maîtres-électriciens.
M. BELLEMARE: Une minute. Oui, ça, je comprends ça. Mais
il aura le droit d'entreprendre quand la condition de l'article 21, de
l'article 2 sera complétée, quand il aura subi ses examens
à la corporation, mais le ministère va lui donner une licence
pour travailler, pour lui permettre d'entreprendre, pour lui permettre de faire
des affaires, certainement, autrement pourquoi lui donner une licence? C'est
ça...
M. FORTIN: Mais si vous voulez...
M. BELLEMARE: ... la définition, je ne veux pas que le ministre
pense que je le chi-
cane, je veux lui faire comprendre que sa définition de licence
était meilleure dans la loi 172 qu'elle l'est présentement, il
dit que ça va être un sujet d'erreur, non, parce qu'on dit que
ça va être sujet à l'application du 21 d'aujourd'hui.
M. FORTIN: Ce n'est plus...
M. BELLEMARE: C'est bien, M. le Président, le ministre ne veut
pas. Adopté...
M. FORTIN: M. le Président, ce n'est plus une licence
d'entrepreneur que nous allons é-mettre, une licence A...
M. BELLEMARE: Non, mais l'électricien qui va se présenter
va subir un examen, il va subir un examen pourquoi? pour une licence. La
licence va lui donner quoi? le droit de faire des affaires, le droit
d'entreprendre...
M. FORTIN: Non.
M. BELLEMARE: Sinon, après qu'il aura reçu de la
corporation son autre licence, M. le Président, le ministre me comprend,
je suis sûr de ça, seulement il ne veut pas se rendre de bonne
grâce, je me rends de bonne grâce, j'accepte le
règlement.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. BELLEMARE: Mais ça ne fait rien, sa législation n'est
pas dans le vent!
M. FORTIN: M. le Président, avant d'accepter la reddition sans
condition du député de Champlain, je voudrais ajouter la note
suivante, je veux ajouter l'explication suivante: « La loi des
électriciens aurait dû être amendée
immédiatement lorsque la loi de la Corporation des
maîtres-électriciens a été adoptée en 1950,
ça n'a pas été fait. Les licences ou le permis que le
ministère du Travail va émettre, ce n'est plus une licence
d'entrepreneur, ce sont des permis de compétence, la licence C sera une
licence pour un compagnon électricien qui pourra travailler sous les
ordres de contremaîtres...
M. BELLEMARE: Alors, ça, c'est A et B, C, c'est toutes les
catégories.
M. FORTIN: Et la licence A...
M. BELLEMARE: Les six.
M. FORTIN: ... la licence A en vertu de la nouvelle loi est un permis de
compétence qui sera accordé à un électricien qui
aura fait deux années d'expérience et qui maintenant va passer
des examens, il n'en passait pas avant, il va être obligé de
passer de nouveaux examens afin d'être qualifié A, et cette
licence que nous allons lui émettre dira simplement ceci: monsieur, au
point de vue technique, vous avez les compétences voulues pour
être contremaître ou surtout vous avez la compétence voulue
pour pouvoir lire des plans, étudier des devis, discuter avec les
ingénieurs, au point de vue technique. Maintenant, présentez-vous
avec cette licence, avec le résultat de vos examens à la
Corporation des maîtres-électriciens et nous, nous disons qu'au
point de vue de technique seulement, vous avez la compétence voulue pour
faire partie de la Corporation des maîtres-électriciens, quant au
reste, allez passer vos examens au point de vue administratif, au point de vue
financier, si vous voulez, auprès de la corporation, mais notre licence
ne s'appellera plus une licence d'entrepreneur. C'est pour ça que nous
faisons disparaître ce mot-là complètement. Alors ce ne
sont pas des licences d'entrepreneur, le ministère du Travail ne fait
plus de distinction entre le compagnon, entre l'entrepreneur, le
ministère du Travail donne de degrés de compétence
technique, un point c'est tout ».
M. BELLEMARE: Chien de garde.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 2.
M. BELLEMARE: L'article 2, M. le Président, c'est la
définition de toutes les sortes de licences qui devient maintenant, qui
change complètement le 21 de la loi, de l'ancienne loi et qui
aujourd'hui définit quelles sont les licences A, B, C, et on fait
disparaître les licences D, E, et F.
M. FORTIN: Cela ne fait pas disparaître ça.
M. BELLEMARE: Non, mais on change la définition des licences A,
B, C, c'est ça. Maintenant, M. le Président, c'est là que
vient ma demande au ministre.
M. FORTIN: On ne change que le deuxième et le troisième
paragraphe, et on fait disparaître le quatrième paragraphe, mais
les autres paragraphes demeurent tels quels.
M. BELLEMARE: M. le Président, là, justement dans
l'émission, dans le 21, ça aurait été si facile de
dire par exemple, après la licence D, il y a un paragraphe qui se lit
comme ceci:
« Tout aspirant à cette licence doit être
âgé d'au moins 18 ans, doit subir un examen devant les
examinateurs... » il définit là quand... « obtenir
une licence et payer l'honoraire prescrit par la présente loi. »
M. le Président, est-ce qu'il n'y aurait pas eu moyen à ce
moment-là d'incorporer dans la loi que c'est à la suite d'examens
mensuels conjointement avec la corporation, pour ne pas faire courir les gens.
Je comprends que le ministre va me répondre: « Par
règlement nous allons prévoir ça ». Cela je suis
sûr et certain que par règlement ça va être
prévu, mais ç'a aurait été aussi bien, plus
effectif, ci ç'avait été inséré dans la
loi.
M. FORTIN: Bien, M. le Président, c'est que premièrement
nous avons le pouvoir de le faire par règlement.
M. BELLEMARE: Oui.
M. FORTIN: Deuxièmement nous voulons le faire par le
règlement pour que ce soit plus souple, parce que, dans certains
districts, par exemple voici un ouvrier qui reste en Gaspésie, qui veut
passer ses examens. Alors, nous nous informons auprès de la Corporation
des maîtres électriciens, quand ils font passer leurs examens. Eux
ils vont les faire passer à Québec ou à
Montréal.
M. BELLEMARE: Oui.
M. FORTIN: Mais supposons qu'un ouvrier s'en vient ici à
Québec, vient passer son examen au ministère du Travail et
échoue. Eh bien! il va retourner chez lui, mais il se peut que nous, au
ministère du Travail, nous fassions des examens régionaux comme
à Rivière-de-Loup, à Sept-Iles, à Sherbrooke,
Trois-Rivières. Alors nous allons exempter les dépenses de
voyage, mais nous ne pouvons pas nous lier par un texte de loi à faire
un examen à date fixe et puis à chaque semaine. Cela va
dépendre du nombre de candidats que nous avons. C'est pour cela que nous
voulons que ce soit plus souple par règlement.
M. BELLEMARE: En vertu de la loi des maîtres électriciens,
il est dit dans un article assez vague: « passeront des examens une
couple de fois par année ». Ils subiront dans la province, soit
à Québec ou à Montréal, ils subiront... Mais c'est
là que je trouve qu'il faudrait que le ministre, le ministère
demande à la Corporation, d'ailleurs ils sont prêts, j'ai vu les
membres de la corporation, ils sont prêts à suivre le
ministère dans les examens régionaux.
Si ça se passe à Québec, si ça se passe
à Montréal, si ça se passe à Trois-Rivières
ou au Cap- de- la-Madeleine...
M. FORTIN: Pas au Cap-de-la-Madeleine...
M. BELLEMARE: Bien c'est important, voyons donc!
M. FORTIN: Ils vont passer par miracle.
M. BELLEMARE: Voyons donc! Ne dépréciez pas le
Cap-de-la-Madeleine! Mais supposons que c'est au Cap-de-la-Madeleine, ça
peut arriver...
M. FORTIN: Pour les bénéfices de la discussion
seulement.
M. BELLEMARE: ... alors qu'à ce moment-là, les
maîtres électriciens, la Corporation des maîtres
électriciens puisse, au moins une fois par mois, parce que comme dit le
ministre et puis avec raison, au ministère il y en a qui viennent
à toutes les semaines. Il peut en passer dix dans une même
journée. Cela dépend des constructions qui à un moment
donné partent dans une région. Supposons qu'à un moment
donné il y a une école normale à bâtir ou une
école régionale à bâtir dans un secteur et vous
allez voir tout de suite plusieurs maîtres électriciens, plusieurs
électriciens qui vont venir demander leur permis. Il peut y en avoir
sept, huit, dans la même journée. Alors je dis au ministre que, si
c'était prévu au moins mensuellement, une entente par
règlement avec la corporation aux mêmes endroits, aux mêmes
lieux. D'ailleurs le représentant du ministère est là
quand la corporation fait subir les examens au nom et aux frais de la
corporation.
M. FORTIN: M. le Président, j'ai en main le texte du
règlement que la Corporation des maîtres électriciens va
proposer à son bureau de direction dès que les délais
légaux de convocation seront expirés.
M. BELLEMARE: Est-ce qu'on pourrait en avoir une copie?
M. FORTIN: Bien j'ai eu une copie, je crois bien, je peux bien demander
à la Corporation de vous en envoyer si vous voulez. Article 63: «
Le comité doit tenir alternativement à Québec et à
Montréal une séance d'examens au cours de chaque mois aux dates
qu'il fixera. Ces examens doivent autant que possible être tenus dans la
même semaine que ceux du bur eau des examinateurs de la province. Il peut
refuser à l'exa-
men un candidat dont la demande d'admission n'a pas été
déposée 30 jours avant la date de la séance à
l'examen »
Maintenant ça, la corporation le fait à Québec et
à Montréal, parce qu'on conçoit que c'est assez
dispendieux; c'est la corporation qui paie les examinateurs. Des cours sont
donnés deux, trois jours avant l'examen par les comptables ou des
administrateurs engagés par la Corporation, et pour la Corporation aller
faire passer des examens dans chaque ville, je pense que ce serait trop
dispendieux.
M. BELLEMARE: Pas à chaque ville, mais dans une région que
déterminera le ministre, selon l'activité économique,
c'est ça qu'est le bon sens. Si, par exemple, dans une région
comme le Saguenay, il y a une activité économique plus grande
dans le mois de mai, par exemple, ou dans le mois de mars, il y aurait un
examen là pour satisfaire les demandes.
M. FORTIN: Pour l'instant, nous allons commencer avec ce système
qui a été proposé par le premier ministre à la
Corporation et avec entente avec le ministère du Travail et, si par
hasard, la corporation prenait encore plus d'expansion et que la
nécessité se fait sentir, je verrai à faire une demande
auprès de la Corporation des maîtres électriciens pour
faire des examens régionaux si possible.
M. BELLEMARE: D'accord. Mais est-ce que le ministre pourrait me dire,
j'ai été un peu distrait, je vais consulter ma loi...
Est-ce que dans le règlement que soumet actuellement la
Corporation, est-ce qu'il est dit: « mensuellement »?
M. FORTIN: Oui, oui.
M. BELLEMARE: Ah bon, très bien. Si le ministre me dit
mensuellement, très bien.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article3. M. FORTIN: Au cours de chaque
mois.
M. BELLEMARE: L'article 3. Bon, l'article 3, l'ancienne loi disait:
« Les licences sont émises pour l'année et doivent
être renouvelées annuellement entre le 1er avril et le 1er mai.
» Celui qui ne renouvelait pas sa licence entre le 1er avril et le 1er
mai, à ce moment-là sa licence était
périmée. Vrai ou faux?
M. FORTIN: C'est ça, il n'avait plus de licence puis il
était obligé...
M. BELLEMARE: Bon, là ici dans le nouveau texte de la loi, on
dit: « Toute licence expire le 1er avril », mais on ne dit pas
chaque année, on ne dit pas; elle est renouvelable sur demande.
M. FORTIN: Toute licence expire le 1er avril de chaque année.
M. BELLEMARE: Oui, mais elle est renouvelable sur la demande de
l'intéressé.
M. FORTIN: C'est ça.
M. BELLEMARE: Mais il n'y a pas de délai...
M. FORTIN: Nous avons voulu donner plus de latitude.
M. BELLEMARE: Mais il n'y a pas de délai. S'il la demande au mois
de juillet?
M. FORTIN: II va l'avoir. Il n'a qu'à payer ses droits puis nous
allons lui redonner sa licence.
M. BELLEMARE: Dans la même année? M. FORTIN: Oui...
M. BELLEMARE: Mais est-ce que vous allez l'obliger après trois
mois de repasser un nouvel examen?
M. FORTIN: Non, non, c'est justement pour ça que nous avons
enlevé la période de délai.
M. BELLEMARE: Non, mais si c'est deux ans?
M. FORTIN: Voici, c'est parce qu'avec le texte de l'ancienne loi:
« devait être renouvelée annuellement entre le 1er avril et
le 1er mai », alors il avait un mois. Si au bout d'un mois et demi, deux
mois, il n'avait pas renouvelé son permis, alors cet individu-là
ne pouvait plus faire partie de la Corporation des
maîtres-électriciens, il était obligé d'attendre un
an pour continuer à entreprendre. Alors avec l'amendement que nous
proposons, en enlevant le délai, si par exemple un individu est dans une
mauvaise situation financière ou s'il a oublié d'envoyer son
paiement, eh bien dans le mois de juillet il vient payer chez nous, il nous
prouve qu'il s'est mis en règle avec la Corporation des
maîtres-électriciens et nous lui donnons de nouveau son permis.
Nous prétendons, dès qu'un
homme a passé son examen, qu'il est compétent, bien il
reste compétent, ce n'est pas pour une question de $2.50 par
année qu'il perd sa compétence.
M. BELLEMARE: Non, j'ai admis ça. Mais je veux savoir si,
à ce moment-là, la Corporation des
maîtres-électriciens ne lui demandera pas, après six mois,
par exemple... il n'a pas renouvelé sa licence et puis au bout de six
mois, il décide de la renouveler... est-ce qu'à ce
moment-là la Corporation ne le forcera pas à passer de nouveaux
examens...
M. FORTIN: Elle ne peut pas...
M. BELLEMARE: ... parce que la loi dira: sur preuve que le
détenteur remplit encore les conditions prescrites pour l'obtention d'un
permis. Puis les conditions prescrites pour obtenir un permis, c'est que la
Corporation donne le certificat de compétence. Mais le certificat de
compétence ne peut être obtenu que s'il y a un examen.
M. FORTIN: Elle est renouvelable sur demande du détenteur et
paiement des honoraires prescrits. Alors il n'a qu'à venir payer chez
nous et sur preuve, quant à nous, que le détenteur remplit encore
les conditions prescrites pour l'obtention de la licence, ce qui veut dire
qu'il est en règle avec la Corporation des
maîtres-électriciens. Quant au reste, s'il a passé ses
examens puis s'il a son certificat de compétence, il est toujours
compétent.
M. BELLEMARE: C'est là que va entrer en ligne de compte
l'arbitraire de certains examinateurs de la Corporation des
maîtres-électriciens.
M. FORTIN: Non, parce que la Corporation des
maîtres-électriciens a ses règlements.
M. BELLEMARE: Ah oui.
M. FORTIN: Bon, alors ils ont simplement à dire...
M. BELLEMARE: Mais c'est tellement facile de dire qu'après six
mois, si vous n'avez pas renouvelé... M. le Président, c'est de
l'arbitraire que j'ai peur. Au moins dans l'ancienne loi, celui qui ne
renouvelait pas son permis au ministère du Travail le 1er avril ou le
1er mai, celui-là c'était fini, c'est sûr, il
n'était plus reconnu par la loi...
M. FORTIN: Pour $2.50, pendant onze mois il ne travaillait plus...
M. BELLEMARE: Une minute. M. le Président, là la loi dit:
les licences viennent échues le 1er avril de chaque année, elles
sont renouvelables à n'importe quel temps pendant l'année
à la condition prescrite qu'il ait payé ses honoraires et puis
qu'il se soit permis de nouveau à la Corporation des
maîtres-électriciens. C'est là que j'ai peur que le
règlement soit changé par la Corporation pour dire que ceux qui
n'auront pas renouvelé en temps leur permis, ceux-là devront,
après six mois, neuf mois ou un an, subir de nouveaux examens.
M. FORTIN: Or, les règlements de la Corporation des
maîtres-électriciens, avec les amendements que nous apportons
à l'autre projet de loi, doivent être soumis au
lieutenant-gouverneur en conseil...
M. BELLEMARE: Oui.
M. FORTIN: ... alors quand ça arrivera à ceux-ci, si on
trouve que c'est irraisonnable, on va bloquer le règlement.
M. BELLEMARE: C'est une bonne réponse mais j'ai peur quand
même des fois que le ministre se laisse influencer.
M. FORTIN: Je ne vous ai jamais vu aussi peureux que ça.
M. BELLEMARE: Ah oui, je suis craintif assez, oui. Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 4? Adopté.
M. BELLEMARE: Maintenant, je vois que la loi entre en vigueur le jour de
la sanction, est-ce qu'à ce moment-là, vu que le premier ministre
avait donné des délais jusqu'au 1er novembre pour régler
des causes pendantes et les plaintes, est-ce que la loi va être effective
à ce moment-là quand mène? parce que l'honorable premier
ministre a demandé à la Corporation des
maîtres-électriciens qu'en vertu de la nouvelle loi que l'on passe
aujourd'hui, d'attendre jusqu'au 1er novembre avant de prendre d'autres
poursuites et que toutes les causes pendantes... qu'aucune plainte ne soit
portée et que les causes pendantes soient suspendues. Maintenant, si
ça devient en application le jour de sa sanction, je ne sais pas si le
ministère va
être d'accord avec la corporation au point de vue des examens.
M. FORTIN: Les examens qui doivent être passés par les
membres de l'association des électriciens ou enfin ceux qui sont sortis
comme membres de l'association et qui vont entrer de nouveau, il faut qu'on
adopte les lois pour pouvoir mettre en application notre nouvelle
réglementation. Quant aux plaintes, il y a une parole d'honneur de
donnée par la Corporation des maîtres-électriciens dans le
sens de la proposition du premier ministre. J'ai l'impression que si la
Corporation des maîtres-électriciens ne tenait pas sa parole, j'ai
de forts doutes sur l'existence future d'une corporation fermée.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. BELLEMARE: Margré que c'est déjà bien
limité.
M. BEDARD (président du comité plénier): M. le
Président, le comité a adopté le bill No 86.
M. HYDE (président): Troisième lecture aujourd'hui?
M. BELLEMARE: Je n'ai pas d'objection.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Troisième lecture.
M. LE GREFFIER ADJOINT: Troisième lecture de ce bill. Third
reading of this bill.
M. LE PRESIDENT: Bill 87.
M. BELLEMARE: Pour le bill 87, le ministre me
réfère...
M. LE PRESIDENT: J'avais demandé si le ministre appelle le bill
87.
Bill 87
M. FORTIN: Oui, M. le Président, j'appelle le bill 87 en
deuxième lecture.
M. LE PRESIDENT: Motion de deuxième lecture.
M. FORTIN: Normalement, ce bill aurait dû être
présenté par la Corporation des maîtres-électriciens
mais on comprend qu'à la suite de la discussion qui est survenue au
comité des bills en bas, et vu que les délais étaient
expirés pour la présentation d'un bill privé, alors, le
gou- vernement prend la responsabilité de présenter ce
bill-là avec entente et approbation de la Cor-posation des
martres-électriciens. Le projet de loi est très simple; c'est
qu'actuellement, en vertu de la loi, la Corporation des
maîtres-électriciens passe un règlement et il entre en
vigueur à moins qu'il soit désavoué par le
lieutenant-gouverneur en conseil dans les six mois et le règlement de la
corporation doit être évidemment approuvée par
l'assemblée générale des membres, or, nous modifions
l'article 13 de cette loi pour dire qu'à l'avenir un pareil
règlement pourra être adopté par le bureau de direction de
la Corporation seulement. Il sera publié dans la Gazette officielle et
s'il y a des gens qui veulent s'objecter au règlement, que ce soient des
membres en règle de la Corporation des martres-électriciens ou
toute autre personne, eh bien, elles pourront, ces personnes, faire valoir
leurs objections auprès du gouvernement et le lieutenant-gouverneur en
conseil verra à approuver, avec ou sans modification, le
règlement de la corporation et de cette manière, je crois que les
droits de tous les électriciens seront parfaitement
protégés et que nous éviterons l'imbroglio qui est survenu
à la suite de l'adoption du règlement 12-D qui, en d'autres
termes, a été l'objet de tous les différends entre les
électriciens.
M. BELLEMARE: Juste un mot parce que c'est un pouvoir très grand
que nous accordons aujourd'hui au lieutenant-gouverneur en Conseil d'aller
approuver les règlements d'une corporation fermée. Cela n'existe
dans aucune loi de corporation, aucune. Et je verrai mal les honorables membres
du Barreau voir un article comme celui-là dans la loi des honorables
disciples de Thémis, surtout, le lieutenant-gouverneur en Conseil se
garde le droit de désavouer tout règlement possible.
Je comprends, M. le Président, que c'est pour remédier
à un mal qui existe que l'on passe dans un bill public une
législation comme celle-là, mais ça devinet difficile et
surtout dangereux, M. le Président. Quand on aura réglé le
cas qui actuellement est le sujet du conflit, c'est-à-dire le
règlement 12-D qui est déjà dans la Corporation des
maîtres électriciens qui nous ont d'ailleurs donné, devant
le comité, l'assurance qu'il serait annulé, je pense, M. le
Président, qu'à ce moment-là il n'y aura plus de conflit.
Mais le lieutenant-gouverneur se gardera quand même le droit de
désaveu sur tous les règlements que pourra passer la Corporation
et je dis que c'est un pouvoir qui est discrétionnaire, un pouvoir qui
est extraordinaire et qui sera seulement dans une
seule Corporation, celle de la Corporation des maîtres
électriciens.
M. LESAGE: II faut bien admettre que la Corporation a déjà
des pouvoirs extraordinaires.
M. BELLEMARE: Bien oui, mais ça existe. Est-ce que le Barreau
accepterait ça? Est-ce que le Collège des médecins
accepterait ça?
M. LESAGE: M. le Président, je ne suis pas intervenu en
troisième lecture...
M. BELLEMARE: Non, non, non,
M. LESAGE: Je puis donc faire la distinction que j'ai toujours faite
entre les corps professionnels où il n'y a pas de concurrence et les
entrepreneurs où il y a concurrence.
M. BELLEMARE: Mais oui, M. le Président, c'est un peu...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs, on n'est pas en
comité...
M. BELLEMARE: Non, non.
M. LE PRESIDENT: ... on pourra discuter en comité.
M. LESAGE: J'ai dit: j'ai fini mon discours de troisième
lecture.
M. BELLEMARE: Oui, c'est ça, je voulais dire qu'il y a une
concurrence parmi les avocats, aussi.
M. LESAGE: Ah non.
M. LE PRESIDENT: Si le ministre du Travail parle en ce moment, ça
va terminer le débat. Est-ce qu'il y a d'autres
députés...
M. BELLEMARE: Juste pour ajouter, est-ce que le ministre le
transfère aujourd'hui au comité des bills pour demain? parce que
la Corporation est censée comparaître demain?
M. FORTIN: Non, non on ne transfère pas ce bill-là au
comité.
M. BELLEMARE: Vous avez ici par exemple...
M. LESAGE: Le bill, bien non, on ne réfère pas au
comité, bien sûr.
On n'a pas d'affaire à le référer au
comité.
M. BELLEMARE: Loi concernant... bien c'est parce qu'il va falloir
retourner au comité pour la loi du 126.
M. LESAGE: Bien oui, mais le bill va être retiré, c'est
tout, parce que ces lois-là auront été passées.
M. BELLEMARE: Mais est-ce que ce bill-là peut être
passé quand même en deuxième lecture?
M. LESAGE: pardon?
M. BELLEMARE: Ce bill-là, le bill 87, les maîtres
électriciens, peut être passé avant le retrait de
l'autre?
M. LESAGE: Non, mais il pousse l'autre. Certainement. Le retrait, ce
n'est pas le retrait, s'ils ne veulent pas le retrait, on va le battre.
M. BELLEMARE: Zigouiller.
M. LESAGE: C'est aussi simple que ça.
M. LE PRESIDENT: La motion de deuxième lecture sera-t-elle
adoptée? Adoptée.
M. LE GREFFIER ADJOINT: Deuxième lecture de ce bill. Second
reading of this bill.
M. LE PRESIDENT: M. Fortin propose que je quitte maintenant le fauteuil
pour que la Chambre se forme en comité plénier pour
étudier le bill 87, cette motion sera-t-elle adoptée?
Adoptée.
M. BEDARD (président du comité plénier:)
M. BELLEMARE: Je fais simplement M. le Président, les mêmes
remarques que j'ai faites tout à l'heure que c'était un pouvoir
discrétionnaire, extraordinaire que prend le lieutenant-gouverneur dans
une corporation, celui du désaveu. Il y a là un problème
aujourd'hui, c'est vrai. On le règle par un bill mais demain, pour
toutes sortes de raisons, on fera un autre règlement puis le
lieutenant-gouverneur aura le droit de le désavouer.
M. FORTIN: M. le Président, c'est simplement la procédure
qui est changée. A l'heure actuelle, le lieutenant-gouverneur en Conseil
a le pouvoir de désavouer un règlement adopté par le
Corporation des maîtres électriciens. La seule différence
qui existe, c'est qu'actuellement lorsque le règlement de la
Corporation
est en vigueur, pendant six mois le ministre peut le désavouer,
le lieutenant-gouverneur peut le désavouer, c'est le texte actuel de la
loi. Or...
M. BELLEMARE: Oui.
M. FORTIN: nous faisons l'inverse. Nous disons: votre
règlement n'entrera pas en vigueur tant que vous n'aurez pas
donné un avis dans la Gazette officielle pendant trente jours et tant
que le lieutenant-gouverneur en conseil ne l'aura pas accepté afin de
permettre au public, aux membres de la Corporation et à tous ceux qui
ont des intérêts de s'objecter à la réglementation,
puisque ce sont des règlements d'ordre public. Or, ce qui était
extraordinaire en vertu de la loi, c'est que les maîtres
électriciens avaient le droit de faire des règlements en vertu de
la loi qui affectaient le droit d'individus qui ne faisaient pas partie de leur
Corporation et par un règlement qui n'était pas publié
dans la Gazette officielle, ils affectaient les droits des individus. C'est ce
que nous corrigeons.
M. BELLEMARE: Bien voici...
M. FORTIN: Et maintenant, j'ajouterai ceci...
M. BELLEMARE: Je ne dis pas que le règlement 12-D a
affecté les droits des individus.
M. FORTINr Bien non, non. Il affectait certainement des
électriciens qui étaient salariés...
M. BELLEMARE: Non, non, non. Non, pas avec la loi qu'ils avaient eux
autres, en application.
M. FORTIN: Oui, mais il affectait les droits de salariés futurs
qui ne pouvaient plus, à l'avenir, faire partie de la Corporation.
M. BELLEMARE: Ah, bien c'était la Corporation fermée.
M. FORTIN: Bien oui.
M. BELLEMARE: C'était la loi même, voyons donc.
M. FORTIN: Et deuxièmement, je dirai au député de
Champlain que le Barreau, par exemple... il y a des règlements du
Barreau qui doivent être approuvés par le lieutenant-gouverneur en
Conseil: celui des honoraires, par exemple. Les avocats n'ont pas le droit de
faire un tarif sans qu'il soit approuvé par le lieutenant-gouverneur en
Conseil et les médecins la même chose.
M. LE PRESIDENT: Adopté, 2, adopté, 3, adopté.
M- BELLEMARE: Ah oui, c'est sûr. On n'est pas pour faire
éterniser ça pour rien.
M. BEDARD (Président du comité plénier): M. le
Président, le comité a adopté le bill numéro
87.
M. HYDE (président): Troisième lecture? M. BELLEMARE: Pas
d'objection. Non.
M. LE PRESIDENT: Troisième lecture, adoptée.
M. LE GREFFIER ADJOINT: Troisième lecture de ce bill. Third
reading of this bill.
M. LESAGE: Bill 55.
M. LE PRESIDENT: M. Lesage propose la deuxième lecture du bill
numéro 55: « Loi de la fonction publique ».
M. LESAGE: 55. M. LE PRESIDENT: Bill 55.
Bill 55
M. LESAGE: Son Honneur le lieutenant-gouverneur mis au courant du texte
du bill et des amendements déposés vers trois heures quinze cet
après-midi, en recommande la considération à la
Chambre.
Depuis cinq ans, M. le Président, le gouvernement que j'ai la
responsabilité de diriger a soumis à cette Chambre des projets de
loi relatifs à tous les domaines de la chose publique. Nous avions
promis de donner priorité à l'éducation et de favoriser
l'essor culturel du Québec. La création des ministères de
l'Education et des Affaires culturelles de même que les initiatives
vigoureuses prises dans ces domaines en témoignent, je vous le soumets,
avec éclat.
Au plan économique nous avons réorienté, comme il
se devait, la politique d'exploitation de nos richesses naturelles. Nous sommes
à moderniser notre réseau de communications routières, on
l'a vu encore cet après-midi par le dépôt du
deuxième budget supplémentaire et nous
nous sommes donnés un certain nombre d'Instruments
destinés à favoriser un développement industriel
décentralisé.
Au plan social, le droit à l'hospitalisation, le projet
d'assurance-maladie, le régime universel de pensions, la
transférabilité des droits de pensions non seulement à
l'intérieur du Québec mais même d'une province à
l'autre comme nous l'avons avec l'Ontario et comme nous espérons l'avoir
bientôt avec les autres provinces, avec toutes nous l'espérons,
l'extension des droits de la femme mariée et le nouveau Code du travail
constituent autant de mesures concrètes dans le domaine du
bien-être et des droits sociaux.
Et en passant, en parlant des droits de la femme, je voudrais attirer
l'attention de la Chambre sur le fait que si le bill 55 ne comporte aucune
disposition spéciale quant aux femmes c'est que la loi que nous avons
adoptée en 1963 concernant la discrimination dans l'emploi donne
déjà le statut d'égalité à la femme. En
effet, si l'on consulte ce statut, l'on verra qu'à l'article 1, je
crois, ou 2, l'article des définitions, que la définition de
discrimination inclut le sexe. Dans ce même article des
définitions, on prend la peine, dans la définition du mot «
employeur » de mentionner spécifiquement Sa Majesté. Et
enfin, il est dit à l'article 2 ou à l'article 3 je parle
de mémoire qu'il est défendu à tout employeur de
faire quelque discrimination que ce soit dans l'emploi.
Tout ce que nous pourrions ajouter dans le bill 55 au sujet de
l'égalité de droit de la femme à la Commission du service
civil ne pourrait être qu'une redondance ou encore... et la preuve en est
qu'il n'y a jamais eu de discrimination, que les classes et les grades
établis par la Commission du Service civil s'appliquent
Intégralement et également qu'il s'agisse d'hommes ou de
femmes.
La femme est donc, en autant que la fonction publique est
concernée, absolument l'égale de l'homme au point de vue du
salaire, au point de vue des conditions de travail, et cela en vertu de la
pratique suivie et aussi en vertu de la loi elle-même, en vertu de la loi
qui défend la discrimination dans l'emploi et qui est dans nos statuts
de 1963.
Alors, nous avons, M. le Président, imprimé un élan
nouveau à notre vie nationale et à notre expansion
économique. Nous nous sommes engagés dans de nouvelles avenues,
vers le progrès social, par un ensemble de mesures politiques dont les
répercussions ont été telles, au niveau des attitudes et
des comportements du peuple du Québec, que des observateurs ont
caractérisé le phénomène par une expression
désormais classique, la révolution tranquille. Mais tout en
jouant un rôle-clé dans cette étape historique de
l'évolution de notre milieu, le gouvernement agissait aussi dans un
autre secteur tout aussi important, à mon sens, qui est celui de
l'administration, car c'est de sa qualité que dépend, en bonne
partie, la mise en oeuvre de toutes les politiques gouvernementales. Le
gouvernement actuel a été conscient, dès le début,
de la nécessité de repenser l'ensemble des moyens qui concourent
à la préparation de saines décisions ministérielles
et à leur exécution efficace. Comme vous le savez, le champ de la
politique administrative est vaste; il comprend tous les services qui guident,
coordonnent et contrôlent l'action purement administrative dans les
ministères. Nous nous y sommes attaqués avec autant
d'énergie qu'il le fallait dans les circonstances. Ai-je besoin de
rappeler l'institution du conseil de la trésorerie,
l'amélioration des processus de préparation des estimations
budgétaires, la remise au parlement du vote de tous les crédits,
la procédure rationnelle et démocratique d'adjudication des
contrats d'achats et de travaux, le contrôle budgétaire des
dépenses, la revision des structures des ministères à la
lumière des programmes nouveaux d'action que les lois et les budgets
autorisent et enfin, non pas la moindre action, la revalorisation de la
fonction publique?
Et c'est ce dernier point qui doit retenir aujourd'hui et demain notre
attention, plusieurs raisons militaient en faveur d'un assainissement de la
politique de gestion du personnel de l'Etat. Les méthodes jadis en usage
pour le recrutement des candidats, la sélection du personnel et la
détermination de leurs conditions de travail ne convenaient plus
à l'ère nouvelle dans laquelle nous sommes engagés. La
fonction publique est le premier des instruments de réalisation des
objectifs d'un Etat dynamique. Il était donc vital que nous nous y
intéressions de près puisque nous chargions les fonctionnaires
d'exercer, outre leur rôle traditionnel, de nombreuses
responsabilités nouvelles. Cette croissance du rôle de l'Etat
s'est manifestée aussi bien au plan quantitatif qu'au plan qualitatif.
La croissance budgétaire des récentes années le
démontre. En moins de 5 ans, le budget de la province a presque
triplé; or, l'augmentation du personnel s'est fait aussi sentir. Depuis
quelques années, le personnel à l'emploi régulier de
l'administration augmente d'environ un millier de personnes par an
malgré l'effort d'automatisation de certains travaux, rendue possible
par l'utilisation de l'équipement électronique, et malgré
le regard vigilant des responsables du contrôle budgétaire.
Sur un autre plan, la nature même des activi-
tés de plusieurs corps de fonctionnaires s'est rapidement
modifiée. La démocratisation de notre processus politique
favorise, à juste titre, l'extension du rôle des corps
intermédiaires avec lesquels les agents de l'Etat doivent
désormais dialoguer. Au surplus, l'ampleur des tâches
gouvernementales et l'étendue des interventions d'un Etat soucieux de
démocratie, non seulement politique, mais aussi économique et
sociale, obligent les ministres à déléguer à leurs
fonctionnaires des responsabilités qui les amènent plus nombreaux
à participer aux décisions, tant et si bien que la fonction
publique est devenue une institution sociale encore plus importante chez
nous.
Il était par conséquent normal, dans un milieu
désireux de remettre en cause, non seulement les objectifs de ces
institutions publiques, mais aussi leur programme d'action et leur mode de
fonctionnement, qu'on en vînt à vouloir perfectionner le
fonctionnarisme et à proposer à son sujet un certain nombre de
mesures susceptibles de faire progresser l'administration du personnel de
l'Etat.
Dès 1960, la Commission du service civil inaugurait la pratique
du recrutement par avis publics, 948 concours publics ont été
tenus depuis, auxquels se sont inscrits 82,500 candidats. Fait significatif, le
premier avis public de la Commission annonçait des postes d'agents de
gestion du personnel et l'un des derniers ces jours-ci, eh bien! des postes
d'agents de relations de travail, c'est clair, et justement à cause de
la présente loi, que nous avons besoin d'agents de relations de
travail.
C'est que, durant cette période, à l'intérieur
même de la fonction publique, encouragés par l'attitude
libérale, mais non paternaliste de leur employeur, et gagnés par
le courant de démocratisation qui se manifestait chez d'autres groupes
sociaux, les fonctionnaires décidaient de s'exprimer ouvertement sur les
décisions du gouvernement qui les touchaient, eux, comme
salariés.
En 1964, à l'occasion de l'étude du projet de loi qui
allait devenir le Code du travail, le gouvernement, conscient du
problème particulier que posaient les services publics partiellement ou
entièrement à la charge de l'Etat, proposait à cette
Chambre d'instituer un comité spécial de l'Assemblée
législative, et je cite les termes de son mandat: « Aux fins
d'étudier les dispositions qui doivent régir la
négociation collective des conditions de travail, ainsi que l'arbitrage
des différends et griefs dans les services du gouvernement provincial et
ceux des hôpitaux, commissions scolaires et municipalités ».
Ce comité, présidé par l'honorable député de
Jac- ques-Cartier, abattit une besogne considérable, il retenait d'abord
les services d'experts qui lui préparèrent une volumineuse
documentation sur la législation comparée et la pratique des
relations de travail dans les secteurs examinés.
Il tint des audiences publiques où les divers groupes
présentèrent leurs vues, et il soumit un rapport distinct sur
chacun des quatre services publics en cause. Le comité proposa en cette
Chambre de régir les employés de l'Etat par une loi
spécifique de la fonction publique. Le comité suggérait
quelles devaient être les grandes lignes de cette loi, objectif majeur de
l'administration du personnel de l'Etat, programme d'action requis pour les
réaliser et structures administratives à mettre sur pied. A cette
époque, deux grandes associations aspirant à représenter
l'ensemble des fonctionnaires pour discuter avec le gouvernement des conditions
de travail du personnel de la fonction publique, le conseil
général des employés du gouvernement et le syndicat des
fonctionnaires provinciaux. Par ailleurs, sous l'ancienne législation du
travail, les fonctionnaires avaient déjà, en matière de
relations de travail, certains droits de négociation collective.
Des associations particulières s'en étaient
prévalues, pour obtenir la baisse par exemple, pour obtenir des
reconnaissances au niveau des ministères, ce qui de l'avis de tous
n'était pas désirable, étant donné le
caractère interdépartemental de la majorité des classes
d'emploi, au moins certaines d'entre elles, comme les sténographes, les
commis, etc.
Le 10 juin 1964, lors du dépôt du rapport du comité
spécial, je déclarais alors en cette Chambre que le gouvernement
tenait à assurer les fonctionnaires de sa volonté bien
arrêtée de mettre sur pied un système de négociation
collective et de règlement des conflits qui ne les prive pas des droits
essentiels des autres catégories de travailleurs des services publics.
Par la même occasion, je suggérais d'établir avec les deux
grandes associations en présence une procédure un vote
susceptible de permettre aux employés eux-mêmes de dire
clairement qui seraient leurs représentants authentiques et
autorisés pour discuter avec le gouvernement de conditions de
travail.
Je terminais comme suit cette déclaration ministérielle,
je cite: « II faut bien comprendre toutefois, qu'étant
donné le systèmetraditionnel de décisions par le
gouvernement en matière de détermination des conditions de
travail nous entrons ici dans du droit nouveau. Il s'agit d'un problème
complexe et l'élaboration de cette législation et la mise sur
pied des structures et organismes nécessaires apporteront des modi-
fications profondes à la tradition et à la politique
administrative chez nous. C'est pourquoi il nous faut en collaboration avec les
intéressés, en faire une étude soignée. Je suis
certain que le résultat de ces travaux entrepris conjointement avec les
représentants des fonctionnaires devra nous placer en Amérique du
Nord à l'avant-garde dans cette phase importante de la valorisation de
la fonction publique. Et, dès le mois d'août dernier un
comité interministériel préparait, ne l'oublions jamais
cela, il y en a qui sont portés à l'oublier d'après
certaines déclarations que j'ai lues sur les journaux dès
le mois d'août dernier un comité interministériel
préparait la liste des voteurs qui fut transmise aux deux associations
et acceptée par ces dernières. Un comité de surveillance
du vote présidé par Me Charles-A. Dionne c.r. conseiller
juridique à la commission du Service civil, fut institué par
arrêté ministériel et d'ailleurs tout le monde a
félicité dans le temps M. Dionne pour son travail impartial et
énergique dans ce domaine.
A la fin de novembre le vote eut lieu, sur 26,038 personnes habiles
à voter 20,551, soit 78.9%, exercèrent leur droit et le syndicat
des fonctionnaires recueillit 15,651 votes. On ne pouvait avoir un vote plus
clair, plus définitif, vote organisé dans des conditions
idéales. Ce vote permettait au syndicat des fonctionnaires de recueillir
beaucoup plus que la moitié des votes possibles et, évidemment,
16/20 à peu près, 80% à peu près des votes
donnés.
Au début c'était donc un vote massif en faveur d'une
unité de négociation bien déterminée. Au
début de la présente année le gouvernement instituait pour
donner suite à la déclaration ministérielle que j'avais
faite le 10 juin 1964 un comité conjoint d'étude sur les
relations de travail dans la fonction publique. Ce comité d'étude
sous la présidence de Me Roch Bolduc, directeur de la planification
à la Commission du service civil, était composé de 14
membres dont sept désignés par le gouvernement, cinq par le
syndicat des fonctionnaires, un par l'APES et un par le syndicat professionnel
des ingénieurs du gouvernement.
Le comité avait pour fonction de nous soumettre des
recommandations en ce qui a trait à l'établissement d'un
régime de relations de travail dans la fonction publique à partir
entre autres des travaux du comité spécial de l'Assemblée
législative sur les relations de travail dans les services publics. Ce
sont ces recommandations qui sont contenues dans les rapports que j'ai
déposés en cette Chambre lors de la première lecture du
bill 55. Je voudrais rappeler qu'en outre les recommandations portant sur la
loi elle-même le comité d'étude nous a
suggéré un certain nombre de mesures transitoires au fur et
à mesure de son étude, mesures transitoires que nous avons alors
acceptées et dont fait mention le rapport des représentants du
gouvernement auquel je réfère les députés de la
Chambre. D'abord le règlement concernant le congé pour
activités syndicales, c'est-à-dire un congé avec solde.
Nous avons accordé la retenue syndicale volontaire et révocable
avant même qu'il y ait des négociations. Oui mais reportons-nous
quelques années en arrière et cela aurait été
révolution, seulement ça.
M. BELLEMARE: Arrêtons de regarder le passé et restons
là!
M. LESAGE: Ce n'est pas moi qui ai haussé les épaules,
c'est le député de Champlain.
M. BELLEMARE: Non, mais je dis...
M. LESAGE: Je m'en tenais à mon texte jusqu'à ce que le
député de Champlain réagisse.
M. BELLEMARE: Bien j'ai réagi en disant qu'en 1965
ç'aurait été...
M. LESAGE: Moi, j'ai réagi.
M. BELLEMARE: ... inconcevable.
M. LESAGE: Cela aurait été une révolution en
1959.
M. BELLEMARE: En 1965, ça aurait été
inconcevable.
M. LESAGE: Très bien, parce qu'il y a un excellent gouvernement
progressif.
M. BELLEMARE: Des îleurs mon mine.
M. LESAGE: Oui, mais ça n'aurait pas été
inconcevable sous un gouvernement de l'Union nationale, par exemple, ça
aurait été normal...
M. BELLEMARE: Vous ne l'avez pas vécue, cette
période-là comme nous autres.
M. LESAGE: ... de ne pas le faire.
M. BELLEMARE: Vous ne l'avez pas vécue, cette
période...
M. LESAGE: Ah, je l'ai vécue la période 1958, 1959, et
pleinement.
M. BELLE MARE: Oui, vous ne voyez qu'un côté de la
médaille.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. LESAGE: Je l'ai vécue pleinement.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. LESAGE: Et la preuve que je l'ai vécue pleinement, c'est que
le député de Champlain n'est plus de ce côté-ci de
la Chambre.
M. BELLEMARE: Est-ce qu'à Ottawa, vous l'avez accordé ce
droit-là, vous autres, quand vous y étiez?
M. LESAGE: Pardon?
M. BELLEMARE: Quand vous étiez ministre à Ottawa, est-ce
que vous l'avez accordé?
M. JOHNSON: L'avez-vous accordé ce droit-là?
M. LESAGE: Non, mais la commission du service civil...
M JOHNSON: Ah!
M. BELLEMARE: Non, jamais. Vous étiez ministre dans ce
gouvernement.
M. LESAGE: Mais ce n'était pas demandé dans le temps.
M. BELLEMARE: Non, ce n'était pas demandé, un rêve.
Ils marchaient sur le Parlement dans ce temps-là.
M. LESAGE: Mais il n'y avait pas de fonctionnaire qui avait à
ramper à Ottawa comme en 1958...
M. BELLEMARE: Tâchez donc de vous souvenir des
grèves...
M. LESAGE: M. le Président...
M. BELLEMARE: A Petawawa ou ailleurs.
M. LESAGE: Bon, ça va là? Est-ce que je puis continuer, M.
le Président?
M. BELLEMARE: Vous cherchez des portes.
M. LESAGE: Pardon?
M. BELLEMARE: J'ai dit: ne cherchez pas de porte...
M. LESAGE: Ah monsieur, c'est effrayant comme j'entre bien dans le
député de Champlain, si c'est une porte.
M. BELLEMARE: Mol aussi j'en sors du député de
Québec-Ouest.
M. LESAGE: Et enfin, M. le Président, il y a eu une
recommandation pour une augmentation générale des salaires et
cette augmentation a été accordée avec
rétroactivité au 5 novembre 1904. On s'en souvient, la
déclaration que j'ai faite à ce sujet le 26 février
dernier, et tous les gens l'ont reçue sauf un petit groupe au
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche et cela
à cause d'une erreur cléricale, cette erreur est corrigée
par le budget supplémentaire que j'ai déposé
aujourd'hui.
Avant d'exposer les décisions prises par le gouvernement à
la suite des recommandations finales du comité d'étude, je
voudrais signaler aux membres de cette Chambre qu'il a semblé sage au
gouvernement de profiter de l'occasion offerte pour réexaminer les
autres principes directeurs de la Loi du service civil, si bien que le projet
comporte une refonte de la loi qui régit présentement la fonction
publique.
La loi actuelle date de 1943. A cette époque, ou plus exactement
l'année suivante, le personnel de l'Etat comprenait 11,000
fonctionnaires, et quelques milliers d'ouvriers réguliers.
C'était l'époque, en 1943, où le budget provincial
était encore de $100 millions. De ce montant, environ le quart
était affecté au paiement des salaires, $27 millions. En avril
1960, on comptait 22,000 fonctionnaires et 9,000 ouvriers, 31,000 en tout. Le
budget de la province était passé à $600 millions dont
$105 millions pour les salaires des employés, soit 15%. En avril 1965,
si l'on compte le personnel de la Sûreté provinciale et celui de
laRégie des alcools comme je viens de le compter en 1960, en 1965 36,000
personnes travaillent régulièrement pour l'Etat
québécois, c'est-à-dire 5,000 de plus qu'en 1960. A peu
près 1,000 par année.
M. JOHNSON: Mais on compare...
M. LESAGE: On ne compare pas les choux avec les oignons, on compare les
mêmes choses.
M. JOHNSON: Alors en 1960...
M. LESAGE: C'est pour ça que j'ajoute... M. JOHNSON: Très
bien.
M. LESAGE: ... la Régie des alcools et la Sûreté
provinciale pour avoir un chiffre équivalent.
M. JOHNSON: Très bien.
M. LESAGE: C'est environ 1,000 par année. Mais le budget est de
l'ordre de $1.8 milliard, dont près de $200 millions en salaire du
personnel. Alors doublé. Non, mais le salaire du personnel globalement a
été doublé à toutes fins pratiques alors qu'il y a
eu une augmentation du personnel de 5,000 sur 31,000 ou sur 33,000, d'à
peu près 15%.
M. JOHNSON: Est-ce que...
M. LESAGE: Pratiquement. Le montant global des salaires a
été pratiquement doublé alors que le nombre des
fonctionnaires n'a augmenté que de 15%.
M. JOHNSON: Le premier ministre est-il certain que $105 millions,
ça comprenait aussi les salaires du personnel de la Sûreté
et de la Régie des Alcools?
M. LESAGE: Oui, évidemment, les fonctionnaires de la
sûreté et de la Régie des alcools, à ce
moment-là, étaient régis par la loi du Service civil. Hs
n'en sont sortis que tout dernièrement et, d'ailleurs, je reviens
à ce problème un peu plus loin pour d'autres raisons.
M. JOHNSON: La phrase ne dit pas ça, telle que
rédigée, je comprends que ça peut être une erreur:
« Le budget de la province était passé à $600
millions, dont $105 millions pour les salaires...
M. LESAGE: « ... pour les salaires des employés. »
C'est ça et ça comprenait les salaires des employés de la
Régie des alcools et ceux de la Sûreté provinciale.
M. JOHNSON: Ah bon!
M. LESAGE: $105 millions. Alors, ici je suis obligé, moi,
à cause de la comptabilité différente que nous avons de
les ajouter.
M. JOHNSON: Le salaire de la Régie des alcools en 1960, ou de la
Commission des liqueurs, n'était pas au budget de la province.
M. LESAGE: Oui, il y était. M. JOHNSON: Non.
M. LESAGE: Non, quand même ils étaient au Service civil.
C'étaient des fonctionnaires en vertu de la Loi du service civil. On les
a sortis, l'an dernier, à la suite de la convention collective. Je
reviens là-dessus tantôt. Ce que je dis là est exact, bien
calculé. Et je suis obligé de les ajouter maintenant, parce
qu'ils n'y sont plus et ils y étaient en 1960.
Alors, ce qui veut donc dire qu'avec une augmentation d'environ 15% du
personnel, des fonctionnaires, l'augmentation des traitements et salaires a
été de pratiquement 100%, du double. Cette donnée
démontre à l'évidence l'effort accompli par le
gouvernement, au cours des dernières années, pour hausser les
salaires des employés à un niveau raisonnable, et puisque j'en
suis aux statistiques, je pense que les membres de la Chambre aimeraient
à savoir un peu comment se compose notre fonction publique.
Evidemment, je ne veux pas prolonger mon discours, mais je voudrais
quand même présenter aux députés quelques
données significatives. Si l'on soustrait les membres de la
SÛre-té provinciale, au nombre de 2,050 et le personnel de la
Régie des alcools qui ne relève plus de la Commission de la
fonction publique, là, c'est 3,000 employés, environ 32,000
personnes, dont 23,000 fonctionnaires et 9,000 ouvriers, travaillent
régulièrement pour le gouvernement. Il y a en outre les
employés occasionnels, ceux qui sont à temps partiel, les
saisonniers, les sessionnels, etc., 25%de l'ensemble sont de sexe
féminin. Chez les fonctionnaires proprement dits, si j'exclus les
ouvriers, les 22,000, le pourcentage du féminin est un peu plus
élevé, il est de 32%.
Au sommet de la pyramide administrative, nous avons à peu
près 500 personnes. Ces cadres supérieurs sont de formation
universitaire dans une proportion de 85%. Ce groupe comprend une cinquantaine
de sous-chefs, c'est-à-dire des sous-ministres, présidents ou
administrateurs de commissions ou de régies, et une centaine d'autres
hauts-fonctionnaires ayant rang de sous-ministre associé, sous-ministre
adjoint ou étant membres decommissions ou de régies. Le reste du
groupe est formé de conseillers ou de directeurs de services ou
d'unités administratives de même importance.
Le personnel professionnel proprement dit, c'est-à-dire,
gradué d'université, comprend quelque 2,000 personnes dont la
moitié ont une formation en sciences appliquées, comme le
génie, l'agronomie, etc. Les diplômés en science
medicate ou commerciale et en science de l'homme, comme de droit,
forment l'autre moitié des professionnels fonctionnaires.
Les enseignants forment un autre groupe d'environ 2,300 personnes, dont
1,700 sont de l'enseignement spécialisé. Les autres faisant
partie du personnel des écoles normales et de l'enseignement artistique.
En passant, j'ai reçu des télégrammes, nous reviendrons
là-dessus en comité, de l'APPES et des gens d'écoles
normales, demandant qu'ils ne forment qu'une seule unité, alors que j'ai
reçu du personnel de l'enseignement artistique un
télégramme s'opposant formellement à ce qu'il n'y ait
qu'une seule unité de négociation pour tous les enseignants.
M. BELLEMARE: M. Lapalme pourrait vous en parler.
M. LESAGE: Bien oui, bien je comprends mais enfin, je dis la situation.
C'est aussi bien de le savoir tout de suite.
M. BELLEMARE: Oui. Monsieur Lapalme le sait, lui.
M. LESAGE: Non, mais je le disavant qu'on arrive en comité
à discuter de cette question-là...
M. BELLEMARE: Oui.
M. LESAGE: ... je reçois les... c'est-à-dire que tous les
enseignants du gouvernement, à l'emploi du gouvernement, ne s'accordent
pas pour être ensemble dans une même unité de
négociation.
M. BELLEMARE: Surtout les artistes.
M. LESAGE: Je vais régler le cas tout de suite. Ils ne
s'entendent pas.
Les techniciens, maintenant, sont au nombre de 3,500 environ dont 600
infirmières. Le personnel administratif est de l'ordre de 12,000
fonctionnaires et les agents de la paix autres que les membres de la
Sûreté comptent quelques milliers d'employés; gardiens de
prisons, gardes-chasse, gardes-pêche, inspecteurs au ministère des
Transports, inspecteurs des autoroutes, je crois. Trois ministères,
Justice, Education et Voirie comptent chacun 4,000 employés et plus.
Quelques-uns seulement ont moins de 500 employés dont le
ministère des Affaires fédérales-provinciales, la
majorité se situant entre 500 et 2,000.
Au plan de la localisation géographique, des employés
travaillent dans la région métropolitaine de Québec et 25%
dans celle de Montréal. Les autres sont répartis à travers
la province, en gros, à raison d'un millier par région
économique il y en a quatorze comme on le sait avec une
plus forte concentration dans les extrémités est et ouest.
Ces quelques données sur le nombre des employés de l'Etat,
sur la composition de notre fonction publique par grandes catégories
d'occupations, sur la localisation géographique du personnel devraient
aider, je l'espère, à la compréhension du projet de loi
lui-même. Particulièrement en ce qui concerne l'organisation des
unités de négociation dont je parlerai tout à l'heure.
C'est donc à tout ce personnel que s'appliquera la loi dont le
projet est à l'étude et qui est un nouveau statut de la fonction
publique. Ainsi vous remarquerez, M. le Président, que les ouvriers dont
la situation était plutôt indéterminée jusqu'ici
feront désormais partie de la fonction publique comme les fonctionnaires
et les sous-chefs et pour mieux en assurer les ouvrier, j'ai
déposé un amendement ce midi pour renforcer leur situation.
Dans ce projet de loi, nous avons retenu certains principes de la loi
actuelle, nous en avons modifié d'autres à la lumière de
l'expérience des dernières années et nous y avons, enfin,
incorporé un régime syndical. Sur ce dernier point, je signale
tout de suite que, contrairement à certaines opinions exprimées
ces jours derniers, le Code du travail s'applique dans son entier au personnel
de l'Etat, sauf quelques exceptions spécifiques prévues dans le
présent bill. Ne l'oublions pas, il faut toujours lire le bill 55 en se
disant que le Code du travail s'applique, à moins d'une disposition qui
dise qu'il ne s'appliquepas ou qu'il soit contraire au Code du travail. Puis
pour étudier le bill 55, c'est bien important de se rappeler de
ça parce qu'autrement, on arrive à des conclusions comme celles
auxquelles en sont arrivées certaines personnes qui ont fait des
déclarations dont j'ai vu des comptes rendus dans les journaux et qui
sont une mauvaise interprétation du bill 55 parce qu'on avait
oublié que le Code du travail était à la base du bill 55
et qu'il y demeurait.
Mais revenons à la définition de la fonction publique. A
l'avenir, elle comprendra à la fois les sous-chefs, les fonctionnaires
et les ouvriers On se demande pourquoi on utilise le mot traitement et le mot
salaire. Eh bien, on utilise le mot traitement lorsqu'il s'agit des sous-chefs
et des fonctionnaires et le mot salaire lorsqu'il s'agit des ouvriers mais on
emploie le mot rémunération pour couvrir tous les cas. Ce n'est
pas un mystère, ce sont des définitions de dic-
tionnaire. On ne définit pas ça dans la loi quand c'est
dans le dictionnaire.
Sous la loi actuelle, la Commission du service civil pouvait par
règlement exclure les ouvriers de l'application des articles relatifs
aux conditions préalables à la nomination, à la promotion,
à la révocation ou à la destitution. Effectivement, par un
règlement datant de 1944, les ouvriers étaient soustraits,
à toutes fins pratiques, à la compétence de la Commission
et ils n'avaient par conséquent aucune protection juridique contre un
renvoi arbitraire. En général, les autres articles de la loi ne
visaient que les fonctionnaires. Pour remédier à cet état
de choses, la Commission, par un règlement de 1965, au début de
cette année, a rétabli sa compétence, limitée
cependant, en vertu de la loi actuelle, sur les ouvriers exerçant un
emploi régulier au service de la province.
Aujourd'hui, M. le Président, nous voulons aller plus loin en
leur appliquant le statut dans son ensemble. C'est ce qui explique pourquoi,
à plusieurs endroits, nous avons remplacé le mot «
fonctionnaire » par le mot « employé » de façon
à viser à la fois les fonctionnaires et les ouvriers. Et nous ne
définissons pas le mot « employé » parce qu'encore
là, la définition est dans le dictionnaire. On définit un
terme ou un mot employé dans une loi lorsqu'il faut le faire pour la
compréhension de la loi ou pour les fins déterminées de la
loi. On sait que la définition du dictionnaire dit bien ce qu'est un
employé. C'est quelqu'un qui travaille pour un autre, à salaire,
moyennant rémunération. Alors quand on a « employé
du gouvernement » ça veut dire et les fonctionnaires et les
ouvriers, ça comprend tout le monde. Et chaque fois que l'expression
« fonction publique » est utilisée et les
fonctionnaires et les ouvriers sont compris dans la définition de
«fonction publique » ils sont évidemment compris.
Au sujet de la compétence delà Commission, on
s'étonnera peut-être, en certains milieux, du pouvoir qui lui est
donné de soustraire certaines fonctions à l'application de la
loi. Je dois dire que la Commission a ce pouvoir depuis déjà
très longtemps. Jusqu'ici, sauf le cas des ouvriers, ce pouvoir a
été utilisé pour des situations particulières comme
celle des professeurs, rémunérés à la leçon,
les employés à temps partiel du ministère de la
Santé, comme par exemple les dentistes et les vétérinaires
des unités sanitaires. Et enfin, il a été utilisé
dans un cas bien spécifique et c'est là-dessus que je
reviens là, j'attire l'attention du chef de l'Opposition -celui des
employés de la Régie des alcools qui avaient eux-mêmes
demandé, lors de la signature de leur convention collective,
d'être sous- traits à la loi du Service civil. Nous avons
donné suite à leur demande et ils ont été
soustraits et c'est pour ça qu'il faut laisser ce pouvoir. Il a
été rarement utilisé mais il a été
utilisé soit dans des cas de nécessité absolue ou encore
à la demande des employés eux-mêmes, comme dans le cas des
employés de la Régie des alcools. Alors les employés de la
Régie des alcools, n'étant plus sous le coup de la Loi du Service
civil d'alors, devenaient soumis au régime du Code du travail,
automatiquement et sans les additions et continueront d'être soumis au
Code du travail tel qu'il est présentement sans les additions du bill
55.
Cette disposition reste nécessaire pour permettre à la
Commission de régler le cas de certaines catégories
d'employés, je le répète. Et je songe, notamment, aux
employés occasionnels dont nous retenons les services par suite de
situations d'urgence ou d'un surcroît temporaire de travail pour une
courte période de temps, comme par exemple lors de l'entrée de la
réception de rapports d'impôt sur le revenu des particuliers. Nous
employons temporairement des gens à la semaine, à tant par
semaine. Nous employons des mesureurs de bois à tant par jour. Parce
qu'autrement le principe qu'aucun fonctionnaire ou ouvrier ne peut être
nommé, à moins que son éligibilité ne soit
déclarée par la Commission, pourrait empêcher le
fonctionnement efficace de l'administration dans des situations
spéciales ou des situations comme celles que je viens de décrire.
Il faut bien noter que les emplois exclus de l'application de la Loi de la
fonction publique se trouveront généralement soumis au Code du
travail comme c'est le cas pour les employés ordinaires de la
Régie des alcools.
Le projet de loi propose l'établissement d'une Commission de la
fonction publique. C'est un vocable nouveau, accepté chez nous et qui
est bien français. Les nouvelles dispositions...
M. JOHNSON: Le premier ministre me permet une question? Le
règlement de 1944...
M. LESAGE: Etait sous l'Union nationale.
M. JOHNSON: Non, mais de quelle date, que je puisse le retrouver?
M. LESAGE: Après, au début, avant... M. JOHNSON:
Octobre?
M. LESAGE: ... après que les libéraux eurent perdu le
pouvoir, à l'automne, c'était en septembre, l'élection a
eu lieu en septembre, ça
devait être en octobre ou novembre 1944. Cela avait
été entre le jour de l'élection, en tout cas, et puis le
1er janvier 1945. Je sais que ç'a été fait sous l'Union
nationale.
Le projet, alors je dis, n'est-ce pas, je reviens à la fonction
publique, c'est un vocable nouveau accepté chez nous et qui est bien
français. Les nouvelles dispositions assureront plus complètement
l'indépendance de la Commission, comme dans le cas de la Régie
des rentes et comme dans le cas de l'Auditeur de la province. Nous donnons un
rôle presque quasi judiciaire aux membres, au président et aux
membres de la Régie de la fonction publique. Ils ne pourront être,
comme on pourra le voir à la lecture du projet de loi, démis de
leur fonction que sur un vote des deux Chambres, comme l'Auditeur de la
province et comme les membres de la Régie des rentes.
La Commission, la Régie ne sera plus appelée à
jouer le rôle d'organisme central de contrôle sur les
dépenses en matière de personnel. Avec l'établissement du
Conseil de la trésorerie et la réorganisation du ministère
des Finances, que j'ai anoncêe ici en Chambre, il n'y a pas longtemps, il
n'est plus nécessaire de lui confier ce rôle. C'est pourquoi sa
fonction d'enquête sur l'organisation des ministères qui comporte
un travail étroitement relié à l'examen des projets
d'activités des ministères, lui est enlevée pour
être transférée à la nouvelle direction
générale de l'analyse des effectifs et des conditions de travail
sous le contrôle de Me Jean-Charles McGee, dont j'ai récemment
annoncé la nomination; c'est ce qu'on appelle en anglais, c'est ce qui
est reconnu en Amérique du nord, comme « establishment »,
« establishment of a Department ». « The establishment of a
Department ».
M. JOHNSON: M. McGee dépendra de qui?
M. LESAGE: Du ministre des Finances, du Conseil de la trésorerie
et le ministre des Finances est président du Conseil de la
trésorerie,
M. JOHNSON: II y a une centralisation un peu...
M. LESAGE: Au contraire, c'est une grande décentralisation.
M. BERTRAND: Oui, mais ça rejoint un seul homme.
M. LESAGE: Ah, ça finit au même homme, mais c'est
grandement décentralisé.
M. BERTRAND: II y a des tentacules qui sont bien ramifiées.
M. LESAGE: Puis? puis?
M. BELLEMARE: Les mauvaises habitudes du passé,
centralisateur.
M. LESAGE: Bien non, au contraire c'est tout
décentralisé...
M. BERTRAND: C'est ça, l'Etat...
M. LESAGE: Cela finit toujours au même homme, mais c'est tout
décentralisé.
M. JOHNSON: Mais en fait il y a deux hommes, le premier ministre et le
ministre des Finances.
M. LESAGE: II y en a trois, il y a le ministre des Affaires
fédérales-provinciales, ah puis il y a le président du
Conseil de la trésorerie...
M. BERTRAND: Le père, le Fils et le Saint-Esprit.
M. LESAGE: ... et le président du Comité de
législation.
M. JOHNSON: Trois en un seul. M. BERTRAND: La trinité.
M. LESAGE: Ah non, c'est plus que la trinité, ah mon Dieu, c'est
bien pire que ça.
M. JOHNSON: Je savais bien que ce record-là, c'est
démodé ça.
M. LESAGE: Je pense que le chef de l'Opposition, lui aussi, est
démodé parce qu'il est obligé d'en faire pas mal dans son
parti, par contre, ah non je ne veux rien enlever, ni au député
de Missisquoi, ni au député de Champlain. Moi aussi, j'ai les
miens qui travaillent bien.
M. BERTRAND: II ne l'a pas entendu.
M. JOHNSON: J'ai fait semblant de ne pas saisir ce qu'a dit le premier
ministre.
M. LESAGE: par contre, dans la perspective d'une revalorisation plus
complète de la fonction publique, la Commission se voit chargée
de diriger des programmes de perfectionnement à l'intention des
employés. Comme il s'agit ici de formation professionnelle, elle
coordonnera ses efforts, tiens voyez-vous, avec ceux du ministère de
l'Education en cette matière si importante.
La Commission devra voir à l'établissement
d'un plan cohérent de classement s'appliquant à l'ensemble
des employés de la fonction publique. Cela, c'est le classement, c'est
la fonction des fonctions principales de la Commission. Il s'agit ici de
bâtir des corps de fonctionnaires en définissant, pour chacun
d'eux, les emplois ou classes d'emploi qu'il englobe, les attributions du
personnel qui en fait partie, les conditions et exigences
d'admissibilité et d'avancement qui lui sont propres. Bref, il s'agit
d'organiser des carrières. Et c'est là une matière non
négociable.
Par ailleurs, au niveau des cas individuels cependant, on donne aux
employés un droit nouveau qu'ils n'ont pas, un droit d'appel. Afin que
ce droit puisse être exercé aussi bein par celui qui n'est pas
salarié, au sens du Code du travail, (c'est-à-dire ce qui est la
partie de la gérance), que par celui qui l'est, on prévoit que la
procédure d'appel pourra être réglementée, soit par
la Commission, soit par convention collective, selon le cas. Evidemment,
lorsqu'il y a convention collective, c'est la loi des parties qui
détermine de quelle façon l'appel peut être logé et
qui constitue le tribunal d'appel parce que c'est une règle de droit
fondamental que la loi des parties prime lorsqu'on la prévoit
alors elle est prévue mais il faut quand même
prévoir des règlements à la commission du Service civil
parce qu'il y a un très grand nombre de fonctionnaires qui ne peuvent
pas faire partie des unités de négociations et qui ne peuvent pas
être sujets à convention collective. Il faut prévoir pour
eux aussi une méthode d'appel et on le fera par règlement de la
Commission de la fonction publique, appel à la fonction publique. L'on
prévoit un appel pour tout le monde, pour chaque cas.
Mais dans le cas de négociation collectives...
M. BELLEMARE: C'est entre les parties.
M. LESAGEs ... Cette question sera réglée par la
convention.
M. BELLEMARE: Entre les parties.
M. LESAGE: Par la convention. Et c'est la même remarque en ce qui
concerne la rémunération. Les conventions y pourvoiront pour le
personnel qu'elles régiront. Pour les autres employés, la
décision continuera d'appartenir au Lieutenant-gouverneur en Conseil sur
recommandation de la Commission.
La section des nominations comporte un certain nombre de changements que
je me dois de signaler.
A l'avenir, il faudra préalablement à la no- mination et
à la promotion une liste d'éligibilité de la Commission
dans le cas des ouvriers comme dans le cas des fonctionnaires. Il n'y en a
jamais eu pour les ouvriers. La qualité du personnel exerçant
régulièrement un emploi pour le compte de l'Etat doit être
la même pour tous, c'est-à-dire excellente, et il faut prendre
toutes les précautions possibles pour l'assurer. C'est là la
principale raison d'être de la Commission de la fonction publique,
indépendante pour cette raison, du pouvoir exécutif
lui-même parce que les membres ne peuvent être destitués que
par les Chambres. Alors, vous comprenez que dans cette perspective, il ne
saurait être question de négocier ni les critères
d'admissibilité, ni les procédures et méthodes
d'évaluation des candidats. La Commission et les jurys qu'elle constitue
sont et doivent demeurer responsables de ce travail puisque la Commission de la
fonction publique n'est pas plus attachée au gouvernement partie qu'aux
employés partie.
Afin d'appliquer le plus possible le principe de la promotion, le texte
proposé je ne peux pas référer mais je pourrais
vous donner le numéro de l'article, je pense que c'est 39, du moins de
mémoire enjoint à la Commission de faire le recrutement
par voie de concours parmi les employés de la fonction publique, chaque
fois qu'il est possible d'agir ainsi, et qu'une telle façon de
procéder sert mieux l'intérêt public.
On ne saurait aller plus dans cette voie sans compromettre
l'intérêt public qui commande au gouvernement d'attirer dans la
fonction publique les hommes les plus compétents, c'est-à-dire
ceux qui peuvent le mieux assurer une administration efficace. Nous laissons
donc à la Commission le soin de faire les arbitrages nécessaires
dans les cas individuels. Mais évidemment nous avons ajouté, par
amendement cet après-midi, que, dans le cas des ouvriers, la prohibition
concernant l'ancienneté n'existe pas, lorsqu'il y a compétence
égale, mais dans le cas des ouvriers. Parce que dans le cas des
sténographes ou des commis l'ancienneté ne peut pas être un
des critères, dans le cas du personnel clérical pour
l'efficacité, ça ne peut pas être l'ancienneté. Cela
peut être l'expérience, ça ne peut pas être
l'ancienneté, mais l'expérience peut être un des
critères. Il y a aussi la connaissance du français, la
connaissance de l'anglais, enfin la rapidité, on le sait pour ce qui est
d'une sténo-dactylo. L'ancienneté n'a pas grand chose à
faire avec...
M. BELLEMARE: Avec les charmes.
M. LESAGE: Pardon?
M. BELLE MARE: Avec les charmes.
M. LESAGE: Ah! ni avec les charmes, ni avec la capacité.
C'est-à-dire que non la capacité n'a rien à faire avec les
charmes non plus qu'avec l'ancienneté. Cela c'est mieux, je pense.
M. JOHNSON: Ce n'est pas inversement proportionnel dans ce
cas-là?
M. LESAGE: Non, plus.
M. JOHNSON: Non mais les charmes et l'ancienneté.
M- LESAGE: Non.
M. JOHNSON: Non?
M. LESAGE: Pas nécessairement.
M. BELLEMARE: Cela influence l'unité de négociation.
M. LESAGE: Cela dépend de l'âge du sujet qui porte le
jugement.
M. JOHNSON: Ou du bon goût de celui qui courtise.
M. LESAGE: Peut-être. Tout cela est bien subjectif.
M. JOHNSON: Ah! oui, très.
M. LESAGE: Afin d'appliquer le plus possible le principe de la
promotion, c'est ce que je viens d'expliquer n'est-ce pas. On me dira
peut-être qu'entre l'éligibilité et la nomination effective
il y a une certaine marge, c'est vrai. Nous avons longuement examiné le
problème. Tout le monde sait que la sélection du personnel,
particulièrement dans les postes de niveau Intermédiaire et
supérieur, peut comporter une certaine marge d'erreur. C'est pourquoi
nous continuons de croire que ceux qui sont responsables en Chambre de
l'efficacité de leur administration doivent également prendre la
responsabilité des décisions finales en matière de
nomination. C'est-à-dire que sur la liste d'éligibilité,
ils peuvent choisir celui qui est le plus susceptible à leurs yeux,
à eux qui sont responsables en Chambre de l'administration, de remplir
la fonction, et parmi ceux qui ont été trouvés par la
Commission éligibles pour le poste ouvert.
Au surplus, par une disposition nouvelle, nous consacrons le principe du
stage. Et cela est extrêmement important. Je puis dire qu'au
ministère du Revenu, en particulier au ministère des Finances,
nous avons des stagiaires, c'est un exemple que je donne, des
élèves qui sortent de l'école de commerce et que nous
engageons maintenant, je crois que c'est à $4,500 ou $5,000 par
année, qui font chez nous leur cléricature et passent leurs
examens de C.A., font leur stage chez nous et ils restent chez nous...
M. BELLEMARE: Cela existait ça.
M. LESAGE: Ils restent chez nous pour une grande partie parce que leur
promotion est assurée et il faut d'excellents employés et nous
avons prouvé que c'était cette disposition... ce principe du
stage nous aide énormément parce qu'il nous permet de prendre des
hommes jeunes, frais énoulus de l'Université et de leur donner le
sens pratique dans notre administration.
M. BELLEMARE: Est-ce qu'ils sont couverts en vertu de la Loi des
pensions...
M. LESAGE: Evidemment.
M. BELLEMARE: ... que nous avons étudiée la semaine
passée?
M. LESAGE: Tout de suite.
M. BELLEMARE: Tout de suite.
M. LESAGE: Bien, ils ont plus de dix-huit ans s'ils sortent de l'Ecole
de Commerce. C'est 18 ans, l'âge.
La Commission déclare les candidats éligibles après
concours, tests et examens et nous les mettons ensuite au travail comme
stagiaires. Question de fait, lorsqu'il s'agit de ceux dont je viens de parler,
nous sommes prêts à prendre tous ceux... nous avons
été prêts dans le passé, dans les années
passées à prendre tous ceux qui sortaient de l'Ecole de Commerce
à Québec et de l'Ecole des Hautes études à
Montréal. Et, évidemment, si les stagiaires ont un rendement
satisfaisant, nous les titularisons; je crois que c'est le meilleur principe
à établir.
Le projet d'amendement que j'ai déposé aujourd'hui donne
un droit nouveau aux employés de la fonction publique. Jusqu'ici, il
fallait d'abord avoir cessé définitivement de faire partie du
service civil au moins trois mois avant de se présenter comme candidat
et courir le risque, par conséquent, d'une défaite sans
possibilité d'être réintégré dans ses
fonc-
tions. A l'avenir, advenant une défaite, le candidat qui
était employé de la fonction publique aura droit de reprendre son
poste et il sera noté que, d'après le nouveau texte, les ouvriers
permanents ne pourront à l'avenir se livrer à un travail de
partisan en période électorale, contrairement à ce qui
existait, mais en période électorale seulement. On a toujours
été sous une fausse impression, c'est que les fonctionnaires et
ouvriers, que les fonctionnaires parce que ça ne couvrait pas les
ouvriers ça les couvre maintenant que les fonctionnaires
n'avaient pas le droit d'exprimer des opinions politiques en quelque temps que
ce soit. C'est faux. Ils n'ont pas le droit de faire de politique à leur
travail, pour nuire à leur travail, ou à celui qui serait de
nature à nuire à leur travail ou au travail de leurs compagnons.
Mais rien ne les empêche de faire de la politique en dehors des heures de
travail. La seule prohibition, c'est de faire de la politique en période
électorale.
M. BELLEMARE: L'article 60 s'est appliqué en 1960.
M. LESAGE: Oui, mais pour ceux qui en avaient fait en période
électorale.
M. BELLEMARE: On a remonté ça bien plus loin que ça
dans certains cas.
M. LESAGE: En période électorale. M. BELLEMARE:
Non,...
M. LESAGE: La loi était la même qu'elle est
aujourd'hui.
M. BELLEMARE: La guillotine a tombé. M. LE PRESIDENT: A l'ordre,
messieurs.
M. LESAGE: M. le Président, si le député de
Champlain veut qu'on parle de ce sujet là, on n'a pas fini.
Là, on va remonter en arrière et on va parler des vidages
de parlement qui se sont faits sous son chef, Duplessis.
M. BELLEMARE: Quand M. Taschereau était au pouvoir.
M. LESAGE: C'était une horreur.
M. BELLEMARE: Quand M. Taschereau sortait les pelles.
M. LESAGE: Oui, mais...
M. BELLEMARE: Oui, les vieilles pelles rouillées.
M. LESAGE: Ce n'étaient pas des vieilles pelles rouillées
avec lesquelles l'Union nationale a sorti les libéraux en 1936.
C'était avec des bulldozers et plus vite que ça, ça
pressait.
M. BELLEMARE: Non, le premier ministre ne m'impressionnera pas. J'ai
vécu ces années-là.
M. LESAGE: Bon, bien ne commencez pas parce que vous savez que si vous
voulez devenir une porte, je vais me servir de vous.
M. BELLEMARE: Une porte?
M. LESAGE: C'est vous qui avez parlé d'ouvrir des portes
tantôt.
M. BELLEMARE: Non, mais seulement ne prêchez pas la vertu trop
fort. Vous avez un passé qui n'est pas tout à fait
exemplaire.
M. LESAGE: Mon passé?
M. BELLEMARE: Non, non, celui des articles 60.
M. LESAGE: Non, je dis que... est-ce que ce n'est pas mon devoir...
M. BELLEMARE: Oui.
M. LESAGE: ... de dire exactement ce que dit l'article 60 actuel qui va
devenir l'article 55?
M. BELLEMARE: Oui, tant mieux que les fonctionnaires soient mieux
traités.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. BELLEMARE: Laissez-moi dire un petit mot de temps en temps.
M. LESAGE: Le député de Champlain a une façon bien
à lui et charmante des fois de nous désarmer. Le projet introduit
l'obligation d'enquête dans des cas de destitution, obligation
d'enquête et en vertu des amendements que j'ai déposés
aujourd'hui, ou, l'employé impliqué, non seulement dans le cas de
partisanerie politique, mais dans tout autre cas de destitution.
M. BELLEMARE: Malhonnêteté ou non.
M. LESAGE: Malhonnêteté ou encore ivrognerie.
M. BELLEMARE: Incompétence.
M. LESAGE: Incompétence, ivrognerie, absence
régulière du travail. Tout employé a le droit de se faire
entendre avec ses témoins, ce qui implique l'idée, le droit de se
faire représenter également.
M. BELLEMARE: Un droit d'appel.
M. LESAGE: Et avec un droit d'appel au lieutenant-gouverneur en Conseil
et, à sa demande, le dossier peut être
référé, ce qui n'existe pas à l'heure actuelle.
M. BELLEMARE: On avance.
M. LESAGE: Oui, on avance. Merci. On avance.
M. BELLEMARE: Nous autres aussi on va avancer quand on sera
là.
M. LESAGE: Alors, ce sera donc un véritable arbitrage devant la
commission et le parti sera entendu avec ses témoins et la
recommandation sera faite au lieutenant-gouverneur en Conseil mais là,
l'employé impliqué a le droit d'appel au lieutenant-gouverneur en
Conseil, de la même façon que, par exemple, le
gouverneur-général en Conseil est un tribunal d'appel dans le cas
d'émission des permis de radio et de télévision,
l'émission des décisions de la Régie des transports.
Eh bien, le lieutenant-gouverneur en Conseil devient, tribunal d'appel
et j'en arrive maintenant, si on me laissait jusqu'à six heures et
quart...
M. BELLEMARE: Ah oui, très bien.
M. LESAGE: ... ça me permettrait de terminer...
M. BELLEMARE: Très bien. Ah non, non, très bien.
M. LESAGE: ... et le souper, nous souperons après.
M. BELLEMARE: Je n'ai pas d'objection.
M. LESAGE: ... de dîner et de souper en même temps.
M. BELLEMARE: Très bien. Aucune objection.
M. LESAGE: Alors j'en arrive au régime syndical. D'abord les
unités de négociation. Les recommandations des
représentants du gouvernement et des représentants des
associations au comité d'étude sur les relations de travail sont
les mêmes, ne l'oublions pas. Nous avions les recommandations de ce
volume brun, n'est-ce pas, qui a été distribué...
M. BELLEMARE: Je l'ai, moi.
M. LESAGE: ... elles sont les mêmes à deux exceptions
près. Premièrement les représentants syndicaux demandaient
qu'une ou des unités de cadre soient définies statutairement.
Aucune explication n'a été fournie au gouvernement dans le
rapport syndical sur le sens et la portée de cette demande. Qu'on lise
le rapport. Le gouvernement n'a pas cru sage de laisser à la Commission
des relations de travail le soin de concrétiser le contenu des... a cru
plus sage...
M. BELLEMARE: C'est mieux.
M. LESAGE: Bien oui, il a cru plus sage de laisser à la
Commission des relations de travail, c'est son rôle, le soin de
concrétiser le contenu des unités, c'est son devoir, c'est sont
rôle. Et la seconde différence entre les deux rapports porte sur
l'unité des agents de la paix. Eh bien là, il s'agit de
fonctionnaires exerçant des occupations comparables aux policiers
municipaux. On sait que ces derniers ne peuvent s'affilier qu'entre eux et
qu'ils n'ont pas le droit de grève. Et cela se comprend. A l'occasion
d'un conflit, il est nécessaire que les gardiens de l'ordre public ne
soient pas eux-mêmes placés dans une situation de conflit. Cela va
pour les gardiens de prisons, ça va pour tous ceux qui travaillent en
collaboration avec la Sûreté provinciale, comme les gardes-chasse,
les gardes-pêche et cela de plus en plus. Ils doivent accomplir leur
devoir dans un état d'esprit propice à l'exercice d'un jugement
impartiaL Nous croyons donc que les agents de la paix qui sont au service de la
province doivent former une unité distincte et que leur association ne
peut s'afflilier à une autre association. Et il ne saurait être
question de droit de grève dans leur cas, puisqu'il s'agit
évidemment d'un service essentiel.
M. BELLEMARE: On a toujours dit ça. M. LESAGE: pardon?
M. BELLEMARE: On a toujours dit ça.
M. LESAGE: Oui, oui. Mais enfin. Le deuxième point important, le
critère d'exclusion des unités...
M. BELLEMARE: Là c'est vrai.
M. LESAGE: Les recommandations des deux groupes divergent sur un point
délicat et il a été soulevé lors de ma
première intervention cet après-midi par le député
de Champlain et le chef de l'Opposition, je crois, les deux, le critère
de « confidentialité ». Il est évident que
l'administration publique n'est pas comparable à une entreprise
privée. Certains aspects de l'administration, de par la nature
même deleurs fonctions, ne peuvent se permettre de faire partie d'un
syndicat affilié à une centrale, quand ils ont
précisément pour mission d'enquêter sur des conflits
intersyndicaux. C'est impensable que les inspecteurs de la Commission des
relations du travail et que les conciliateurs du ministère du Travail
soient affiliés à des centrales syndicales. C'est leur
travail.
M. BELLEMARE: Ah oui! mais ça c'est l'extrême!
M. LESAGE: Bien oui, mais ils sont mentionnés eux autres.
M. BELLEMARE: Oui, oui, c'est l'extrême. M. LESAGE: Bien oui, ils
sont mentionnés. M. BELLEMARE: II y en a d'autres.
M. LESAGE: Quant à d'autres j'arrive quant à
d'autres catégories d'employés, la nature de leur tâche les
rend dépositaires d'informations qui revêtent un caractère
tel qu'ils seraient dans une situation inévitable de conflit
d'intérêts s'ils avaient une affiliation syndicale. C'est vrai
pour tout le personnel de mon bureau, tout le personnel de mon bureau. Et c'est
vrai pour tout le personnel de la Trésorerie. J'en sais quelque chose.
C'est tout du travail confidentiel. Il n'y a aucun doute, il n'y a pas un homme
ou une femme qui a été ministre qui prétendra que son
personnel dans son bureau de ministre n'est pas du personnel qui doit agir
à titre confidentiel.
M. BELLEMARE: Oui.
M. LESAGE: Personne ne pourra prétendre cela.
M. BELLEMARE: Pas tout l'effectif du ministère.
M. LESAGE: Je ne dis pas ça. Je parle du bureau, de mon bureau de
ministre.
M. BELLEMARE: Oui, oui. C'est évident!
M. LESAGE: Et je parle aussi de tout le personnel de la
Trésorerie. Et ça, c'est extrêmement grave.
M. BELLEMARE: Oui, mais il peut y avoir des structures de
négociations différentes.
M. LESAGE: En ce qui concerne lesprofes-sionnels, on prévoit que
c'est en comité conjoint que se réglera normalement le
problème de l'inclusion ou de l'exclusion effective des
catégories d'employés et la CRT sera appelée à
intervenir...
M. BELLEMARE: N'étant... M. LESAGE: Pardon?
M. BELLEMARE: N'étant appelée à intervenir...
M. LESAGE: Non, non. Elle a... dans le cas des professionnels...
M. BELLEMARE: N'étant appelée à intervenir qu'en
cas de conflits...
M. LESAGE: Non, non. C'est mal dit. Ce n'est pas ça que ça
veut dire.
Il faut corriger ça. Si vous regardez le texte vous verrez que le
choix est là, n'est-ce pas, pour les professionnels...
M. BELLEMARE: Oui, mais...
M. LESAGE: ...soit de s'entendre par comité conjoint, soit
d'aller devant la Commission des relations ouvrières...
M. BELLEMARE: En vertu de l'article 20 du Code du travail.
M. LESAGE: Oui, mais dans les cas de conflit personnel, d'appel
personnel, d'un individu qui voudrait être ou qui prétend qu'il a
le droit d'être ou qu'il ne doit pas être dans l'unité de
négociations, son cas ne peut aller qu'à la Commission des
relations ouvrières, son cas personnel.
Sur la procédure d'accréditation, les deux
parties étaient d'accord, ce n'est pas difficile, nous avons
agréé leur vues. la. reconnaissance statutaire du Syndicat des
fonctionnaires provinciaux, bien, elle découle du vote de novembre
dernier, aucune difficulté, tout le monde est d'accord. Mais là
où on s'esttrompé,par exemple, là où M. Laberge, je
crois, s'est trompé, c'est lorsqu'il a prétendu que nous
désignions pour toujours l'Association des fonctionnaires provinciaux.
Il a oublié que la loi prévoit, le projet de loi prévoit
que la reconnaissance statutaire aura le même effet qu'une
accréditation, et ce qu'il a oublié, c'est que la Commission des
relations de travail pourra la révoquer, si tel est le désir de
la majorité. C'est clair, bien oui...
M. BELLEMARE: Ah oui,...
M. LESAGE: Oui, mais il a dit le contraire.
M. BELLEMARE: Le désir de la majorité exprimé par
un vote...
M. LESAGE: Oui, mais il a dit le contraire, oui, oui, il a dit le
contraire...
M. BELLEMARE: Ah non! je l'ai, sa déclaration...
M. LESAGE! Oui, bien c'est correct, relisez-là.
M. BELLEMARE: Oui, oui.
M. LESAGE: Oui, mais il a mal interprété, c'est parce
qu'il a oublié que le Code du travail s'applique.
M. BELLEMARE: Oui, oui, il le sait, d'ailleurs.
M. LESAGE: Oui, mais il l'a oublié quand il a fait sa
déclaration. Au sujet de l'affiliation, nous avons retenu deux
restrictions: l'interdiction complète à l'égard des agents
de la paix...
M. BELLEMARE: Cela, c'est très bien ça.
M. LESAGE: ... pour les raisons que j'exprimais tout à l'heure,
et la défense à l'égard des autres de faire de la
politique partisane ou de participer au financement d'un parti politique.
Autant l'individu peut faire de la politique, s'il veut, en dehors des heures
de bureau et en dehors des périodes électorales, autant le
Syndicat lui-même, ou l'unité de négociations, ne peut pas
faire de politique partisane en aucune circonstance et ne peut participer au
financement d'un parti politique.
M. BELLEMARE: Je ne sais pas si le ministre des Terres et Forêts a
consulté son neveu.
M. CLICHE: Pardon, mon neveu?
M. BELLEMARE: Votre neveu M. Robert, au sujet du financement d'un
parti.
M. LESAGE: Eh bien! cela nous apparaît comme un corollaire en
quelque sorte... Ah! Bob Cliche? Oui, mais je ne pense pas que la CSN ou que le
Syndicat des fonctionnaires ait souscrit quoi que ce soit au NPD.
M. BELLEMARE: Ah, ce n'est pas ça qu'il a dit hier soir à
la télévision.
M. LESAGE: Oh, mais ce qu'il dit ou ce qu'il ne dit pas, des fois, le
jeune Bob vous savez, il faut en prendre et puis en laisser. Vous savez, c'est
un de mes bons amis et...
M. BELLEMARE: Moi aussi.
M. LESAGE: Mais il y a des fois qu'il s'échappe.
M. BELLEMARE: Il est bon. M. LESAGE: II oublie...
M. BELLEMARE: Quand il parle contre les libéraux, il n'est pas
mauvais.
M. LESAGE: II oublie, il oublie... Bien évidemment, c'est bien
suggestif, ça, c'est dans l'esprit de tout ce qui...
M. JOHNSON: Est-ce qu'il est parent avec le ministre?
M. LESAGE: Mais il y a une chose certaine, c'est qu'il y a des fois, il
oublie qu'il y a certaines choses qui se versent. C'est un ami pour qui j'ai
beaucoup d'admiration.
Cela nous apparaît comme un corollaire en quelque sorte des autres
dispositions à la partisanerie, cette affaire de financement. De plus,
il faut éviter à tout prix de placer les fonctionnaires dans une
situation de conflits. L'expérience malheureuse de certains syndicats de
fonctionnaires d'une autre province à l'extrémité ouest du
Canada...
M. BELLEMARE: Oui.
M. LESAGE: ... on s'en souvient, est là pour prouver qu'il ne
s'agit pas d'un danger hypothétique mais réel. Une loi avait
été passée...
M. BELLEMARE: En Saskatchewan?
M. LESAGE: Non, à l'extrémité ouest, en
Colombie-Britannique.
M. BELLEMARE: ... le bois.
M. LESAGE: A un moment donné on a dit: vous voulez... l'union
veut participer financièrement, aider le NPD c'étaient les
syndicats internationaux on a dit; très bien.
M. JOHNSON: ... syndicats...
M. LESAGE: Plus de déduction à la source,
volontaires...
M. BELLEMARE: Retenues à la source. M. JOHNSON: M. Smallwood
avait réglé ça.
M. LESAGE: Non, mais je parle de la Colombie, plus de déduction
à la source. Bien, « Joey » il faudrait, il faut retourner
au temps de M. Duplessis pour en trouver un pareil. Dans ce
domaine-là.
M. BELLEMARE: Bien plus loin que ça.
M. JOHNSON: Du temps de Taschereau, votre maître.
M. LESAGE: Cela, c'était la même chose.
M. JOHNSON: Du temps de Taschereau, votre maître.
M. LESAGE: Oui, oui, c'était la même chose. C'est bien,
admis, pas plus loin que M. Duplessis mais on peut aller jusqu'à M.
Taschereau.
M. JOHNSON: Le maître du premier ministre.
M. LESAGE: J'admets tout ça.
M. BELLEMARE: M. Gouin, il n'en voulait pas de M. Taschereau.
M. LESAGE: Ah oui, oui, il siégeait avec mais on parlait de M.
Smallwood, je dis qu'il faut aller au moins à M. Duplessis pour trouver
la même chose.
M. BELLEMARE: C'est bien.
M. LAPORTE: Quant à Champlain, quand il est arrivé
ici...
M. BELLEMARE: Ah là, on le sait pas.
M. LESAGE: Ce qui est arrivé en Colombie-Britannique..,
M. BELLEMARE: Oui, oui, je m'en souviens.
M. LESAGE: ... c'est que le gouvernement dit: très bien, plus de
déduction à la source. Alors, le syndicat des fonctionnaires
s'est désafillié de la centrale syndicale qui l'avait
obligé à souscrire, mais le gouvernement n'a pas changé
d'idée depuis ce temps-là et puis j'en ai parlé au premier
ministre pas plus tard qu'avant-hier soir et puis il n'a pas changé
d'idée et puis...
M. BELLEMARE: Ils sont encorelà.
M. LESAGE: ... ils sont gros Jean par devant. Alors il faudrait
que...
M. BELLEMARE: Ils ont formé...
M. LESAGE: ... les fonctionnaires pensent bien à cette
expérience des fonctionnaires de la Colombie.
M. BELLEMARE: Ils ont formé une union par exemple entre eux
autres.
M. LESAGE: Oui, oui, mais en tout cas il n'y a pas « check off
».
M. BELLEMARE: Ils souscrivent.
M. LESAGE: II n'y a pas de « check off » par exemple.
M. BELLEMARE: Non, mais il y aune union par exemple entre eux
autres.
M. LESAGE: Oui, oui, il y aune union mais, comme disait le premier
ministre de la Colombie-Britannique pendant qu'ils sont occupés
à...
M. BELLEMARE: A collecter.
M. LESAGE: ... percevoir ils ne font pas autre chose.
M. BELLEMARE: C'est vrai qu'ils font ça.
M. LESAGE: Bien ce n'est pas mauvais j'ai trouvé que sa
réponse était bonne.
M. JOHNSON: Mais il n'est pas juste...
M. LESAGE: Mais je n'ai pas l'intention d'enlever ce que j'ai
donné...
M. BELLEMARE: II faudrait bien.
M. LESAGE: ... mais il faut y mettre des conditions.
M. JOHNSON: Je m'excuse, le premier ministre a peut-être couvert
le point, mais il n'est pas obligatoire pour un syndicat affilié
à la FTQ ou au Conseil du travail du Canada de souscrire.
M. LESAGE: Non, mais ils avaient souscrit.
M. JOHNSON: Non, mais en fait, actuellement...
M. LESAGE: Non, mais ils avaient souscrit en Colombie.
M. JOHNSON: Je comprends mais actuellement ce n'est pas obligatoire.
M. LESAGE: Cela n'a pas d'importance, je m'en fiche, c'est la loi
ça, qu'ils fassent ce qu'ils voudront, ça m'est bien bien
égal mais simplement que l'argent des fonctionnaires ne doit pas servir
à des souscriptions électorales, point.
M. JOHNSON: A moins qu'on accorde ce droit à tout le monde.
M. BELLEMARE: Déductible de l'impôt.
M. LESAGE: Bien oui, mais alors il va falloir déterminer ici
quelle proportion doit aller à chacun. Bien voyons, ça n'a
toujours pas de bon sens.
M. BELLEMARE: Et puis déductible de l'impôt.
M. LESAGE: Non, non, laissez-moi donc tranquille avec la
déductibilité de l'impôt, on en a discuté l'autre
jour et puis on a trouvé que ça n'avait pas de bon sens. Il ne
faut pas recommencer la discussion.
Alors les recommandations unanimes du comité conjoint sur les
structures de négociation ont été acceptées par le
gouvernement. On a défini en conséquence les unités que le
Syndicat des fonctionnaires ne représentera pas et auxquelles une
accréditation distincte pourra être accordée. Cela c'est
unanime.
Au sujet de l'aire de négociations, le principe
général est le suivant; « Etant donné que le Code du
travail s'appliquera aux salariés de la fonction, toute condition de
travail pourra être l'objet de négociation à l'exception
des matières sur lesquelles le pouvoir de décision doit
appartenir en propre aux autorités administratives, c'est-à-dire
à la Commission de la fonction publique. C'est ainsi que le plan de
classification, la nomination et la promotion ne peuvent pas être
matières de négociations dans le fonc-tionarisme. Parce que
là on aurait le patronage, ce serait le patronage des syndicats. Le
meilleur moyen d'établir le patronage, le patronage des syndicats.
Alors, les mécanismes de négociations ont fait l'objet de
recommandations divergentes sur un point majeur: les représentants du
gouvernement ont recommandé d'accorder le droit de grève, mais
ils ont suggéré que son exercice soit soumis à la
condition que les parties s'entendent préalablement pour
déterminer les services essentiels et la façon de les
maintenir.
Le gouvernement a retenu cette suggestion en ajoutant que les services
essentiels pouvaient également être définis par la
Commission des relations de travail, c'est un amendement que j'ai
déposé ce midi. Comme gardien de l'ordre public, le gouvernement
ne peut en définitive se dérober à l'exercice de
responsabilités qui lui sont propres, sans compter que la population a
un droit strict et inaliénable à certains services et aucune
raison n'est assez bonne pour l'en priver.
Le droit de grève aux fonctionnaires n'est pas un droit
répandu. En Allemagne, en Suède, aux Etats-Unis, en Suède
qui est un pays très avancé au point de vue social, la
grève est rigoureusement défendue dans la fonction publique. En
Suède!
M. BELLEMARE: Elle est permise dans certaines conditions.
M. LESAGE: En Suède, elle est rigoureusement défendue,
qu'on étudie.
M. BELLEMARE: Très bien.
M. LESAGE: En France et en Belgique, elle est permise, mais avec de
nombreuses restrictions. En Angleterre, aucun texte législatif ne
défend la grève, mais les associations syndicales de
fonctionnaires n'envisagent jamais la possibilité d'un arrêt de
travail. D'ailleurs, je
pourrais citer ici les extraits du Hansard de la Chambre des communes
où les autorités gouvernementales disent avec l'approbation de
l'Opposition: c'est vrai qu'ils ont le droit de grève en Angleterre,
mais le premier qui ferait la grève serait mis dehors.
M. JOHNSON: Pas en Angleterre!
M. LESAGE: En Angleterre. Ah, ça vaut la peine que je vous le
lise.
M. JOHNSON: On aura tout vu! M. LESAGE: En Angleterre.
M. BELLEMARE: La mère de notre démocratie.
M. BERTRAND: The mother of Parliament. M. JOHNSON: Le berceau de la
démocratie. M. LESAGE: Oui, monsieur, enAngleterre.
M. BERTRAND: Cela n'a pas de sens. C'est incroyable.
M. BELLEMARE: Les Anglais... Ils n'ont pas cette notion-là de la
justice.
M. LESAGE: « Except for one or two small one day unofficial
strikes, Civil Servants are not used the strike weapon. » Ce n'est pas
défendu.
M. JOHNSON: Ce sont des gens tranquilles.
M. LESAGE: Oui, c'est ça. « There is no law forbiding them
to do so and their restraint is no doubt due in part to a special of
responsibility to their employment and in part to the existence of many great
systems of compulsory arbitration. » Voyez-vous, c'est ce que nos
syndicats ne veulent pas ici.
On ne le donne pas ici, nous autres, l'arbitrage obligatoire.
M. BELLEMARE: Ils ne sont pas à côté des Etats-Unis
non plus.
M. LESAGE: « No civil servant took part in the general strike of
1926 although the national staff side advised civil servants at the time not to
volunteer for any work beyond their normal duties and a threatened stay in
strike « stay in » (faire la grève sur le tas) in 1936 when
such things were somewhat fashionable, c'est vrai en 1936 des
grèves sur le tas came to nothing.
But it is clear that striking even if not illegal is a disciplinary
offence on the part of a civil servant in moving the second reading of the 1946
trades, disputes and trade unions bill, the Attorney General said and I quote;
The 1927 Act did not forbid civil servants to strike and nothing that we
propose to do now will make it more legal than it is today for civil servants
to take strike action. I take the opportunity of making it quite clear that
this Government like any Government as an employer would feel itself perfectly
free to take any disciplinary action that any strike situation that might
develop demands.
M. BELLEMARE: C'est aussi beau que Laing. M. LESAGE: C'est aussi clair
que cela.
M. BELLEMARE: C'est aussi beau que le ministre Laing.
M. LESAGE: Non, non, mais tout de même... Ils ont le droit de se
mettre en grève, mais s'il y en a un qui...
M. BELLEMARE: M. Laing dit...
M. LESAGE: ... se met en grève par exemple, les mesures
disciplinaires.
M. BELLEMARE: Ben est aussi bon comme ça.
M. LESAGE: Au Canada, la Saskatchewan et la Colombie-Britannique
reconnaissent le droit de grève aux fonctionnaires. En
Colombie-Britannique on sait ce qu'on a fait. Les autres provinces et le
gouvernement fédéral n'admettent pas la grève dans le
Service civil et le rapport Heeney qui vient de paraître propose
l'arbitrage obligatoire que refuse que ne veulent pas entendre parler les
syndicats ici. Pas plus que les unions.
M. BELLEMARE: C'est critiqué aussi.
M. LESAGE: Bien oui, je le sais. On n'en parle pas de l'arbitrage
obligatoire dans notre texte non plus.
M. JOHNSON: Mais vous n'avez pas l'air de l'accorder de bonne
humeur.
M. LESAGE: Enfin. Pardon?
M. JOHNSON: Vous n'avez pas l'air de bonne humeur quand vous accordez le
droit de grève.
M. LESAGE: Pourquoi est-ce que je serais...
Mais non, j'ai ajouté...
M. JOHNSON: Faites-le ajouter.
M. LESAGE: De mauvaise humeur? Mais jamais de la vie, j'ai ajouté
un amendement pour la rendre encore...
M. JOHNSON: Faites-le...
M. LAPORTE; Cela c'est subtil comme politique, vous l'accordez, vous
n'êtes pas de bonne humeur.
M. LESAGE: Je l'accorde, je ne suis pas de bonne humeur quand j'ai
apporté un amendement à part ça pour qu'on ne puisse pas
dire que je retirais d'une main ce que je donnais de l'autre en laissant
à la Commission des relations de travail la faculté, le pouvoir
de déterminer quels sont les services essentiels, et non seulement
à un comité conjoint.
Et à ça on répond que je suis de mauvaise humeur,
quand j'ajoute ça...
M. BELLEMARE: Non, ce n'est pas ça qu'on dit. Ce n'est pas
ça du tout!
M. LESAGE: ... aux employés, aux fonctionnaires. Je les ai
augmentés depuis 1960 comme ils n'ont jamais été
augmentés. Ils ont eu des lois qu'ils n'ont jamais eues auparavant.
Jamais les fonctionnaires n'ont été aussi bien traités.
Jamais ils n'ont eu ce que nous leur donnons. Jamais ils n'auraient pu obtenir,
avec les gens qui sont en face de moi ce que nous désirons leur obtenir.
Et on prétend que je le fais de mauvaise humeur. Mon Dieu Seigneur!
malgré que je n'aie pas mangé depuis le matin, il y a une chose
que je ne mangerai jamais, c'est du fonctionnaire.
M. JOHNSON: J'invoque le règlement.
M. LAPORTE: Vous invoquez le règlement. Pourquoi?
M. LESAGE: parce que je n'ai pas mangé.
M. JOHNSON: Le premier ministre a prêté tantôt des
intentions à l'Opposition...
M. LESAGE: C'est de votre faute.
M. JOHNSON: ... qu'il sait fausses. Si l'Opposition avait
été au pouvoir, les fonctionnaires auraient le droit de
grève depuis l'année dernière.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. LESAGE: Oui, il n'a rien dit, mais ça fait pareil.
M. BELLEMARE: Je vais en dire quelque chose, moi.
M. LAPORTE: Non, attendez. Cela aide.
M. BELLEMARE: 9% du budget, 15% avec l'Union nationale.
M. LESAGE: C'est épouvantable! M. BELLEMARE: C'est effrayant.
M. LESAGE: Avec une augmentation de 15% depuis 1960 dans le nombre des
fonctionnaires et ouvriers, il y a une augmentation de 100% dans les
salaires...
M. BELLEMARE: Avec $1,800,000,000 de... avec $600 millions, $105
millions...
M. LESAGE: ... de député de Champlain sait ce qu'il
faisait quand il faisait... sous l'Union nationale, il faisait crever de faim,
les fonctionnaires crecvaient de faim.
M. JOHNSON: Si ça continue...
M. BELLEMARE: II y a toujours une limite.
M. LESAGE: Tout le monde sait ça qu'ils les laissaient crever de
faim.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs. Est-ce que je pourrais...
M. JOHNSON: II est six heures.
M. LESAGE: Six heures! On siège. Cela n'a aucune espèce
d'importance. On siège d'une façon continue depuis ce midi.
M. BELLEMARE: Avec entente par exemple.
M. LESAGE: L'entente, c'est qu'il me reste une page, si vous
arrêtiez de m'interrompre.
M. LAPORTE: II reste deux paragraphes.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs. Est-ce que je pourrais
suggérer aux députés d'écouter celui qui a la
parole et éviter des interruptions, je crois que...
M. BELLEMARE: C'est bien facile. Qu'il n'y ait pas de provocation.
M. LESAGE: Je n'ai provoqué personne.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs. Je ne voudrais pas mentionner un
député en particulier, mais je voudrais...
M. BELLEMARE: On respecte la décision.
M. LE PRESIDENT: Si je pouvais suggérer au député
de Champlain simplement d'imaginer ce qui pourrait arriver... je comprends
qu'il est tellement intéressé dans la discussion présente,
mais si chacun des quatre-vingt-quinze députés faisait des
interruptions, des remarques, comme fait actuellement le député
de Champlain, c'est évident qu'on ne finirait jamais.
Alors je demande l'approbation de tous les membres, de tous les
députés, de laisser à celui qui a la parole de faire son
point de vue et s'il y en a d'autres qui veulent parler après, le
règlement donne toute la latitude nécessaire.
M. LESAGE: Alors, M. le Président, j'achève.
Dernière restriction, celle-là temporaire et tout le monde
comprend, d'ailleurs contre laquelle il n'y a pas de critique, c'est le
délai pour faire la grève jusqu'au 31 janvier 1966. La partie
syndicale admettait en face du problème colossal qui se pose pour le
gouvernement que les délais ordinaires du Code du travail
n'étaient pas suffisants. Plutôt que d'amender le Code, nous avons
préféré cette méthode, de façon à
permettre à notre nouvelle direction générale des
relations de travail rattachée au Conseil exécutif et dont le
responsable, M. Gaston Cholette vient d'être nommé, de s'organiser
pour bien remplir son rôle.
M. Cholette a été engagé. La semaine prochaine, il
aura un assistant, dans l'autre semaine il en aura un deuxième. Il est
à faire son bureau, à monter son bureau. Il devra emprunter
d'ailleurs, à d'autres ministères, des chefs de personnel pour
monter des corps de négociateurs pour le gouvernement alors que les
unions ouvrières ont à leur disposition des gens bien entrailles.
Il faut que nos gens puissent faire face à la musique.
Nous avions promis, M. le Président, il y a un an, une loi
d'avant-garde. Contrairement à ce que l'on pense ou à ce qu'on a
voulu laisser entendre, je suis extrêmement heureux de la soumettre
à la Chambre pour approbation. La revalorisation de la fonction
publique, je l'ai prêchée et mes collègues, ministres et
députés l'ont prêchée depuis des années. Elle
est com- mencée. Au plan du recrutement et de la sélection, j'ai
cité des statistiques qui sont éloquentes. Le recrutement des
gradués universitaires se systématise. En matière de
classification, la Commission de la fonction publique est à l'oeuvre
dans l'élaboration d'un plan d'organisation des carrières. Dans
le domaine de la formation, elle est à inventorier les efforts faits
actuellement par les divers ministères. Elle soumettra ces jours-ci les
résultats de son travail sur les cadres supérieurs. En
matière de relations de travail, nous proposons d'instaurer un
régime syndical plus progressiste que tout ce que nous connaissons en
Amérique du Nord.
Le régime syndical que nous proposons d'instaurer pour le
Québec, pour les fonctionnaires du Québec est le plus progressif
qui existera dans toute l'Amérique du Nord. Qu'on le comprenne bien,
nous sommes à l'avant-garde. Et, grâce à Dieu, c'est sous
le signe de la collaboration que débute cette ère nouvelle. Nous
misons sur le sens des responsabilités qu'ont démontré
jusqu'ici les leaders syndicaux et sur l'assurance de la part de nos hauts
fonctionnaires, chacun dans dans son secteur propre, qu'ils sauront prendre des
attitudes sages, de façon que notre fonction publique remplisse bien sa
mission qui est d'être au service des citoyens du Québec, au
service du bien commun.
M. LAPORTE: M. le Président, je propose, le chef de l'Opposition
propose l'ajournement du débat et la suspension de la séance
jusqu'à huit heures et quart.
M. LESAGE: Nous pouvons aller en comité maintenant sur le bill
81. Alors, le président n'aura pas besoin d'être présent et
la Chambre en comité sur le bill 81.
M. LE PRESIDENT: Je comprends que le débat sur le bill 55 est
ajourné par le chef de l'Opposition?
M. LESAGE: Oui, à demain, demain à deux heures et
demie.
M. LE PRESIDENT: Et la Chambre est de nouveau en comité
plénier sur le bill...
M. LESAGE: Quatre-vingt-un.
M. LE PRESIDENT: Quatre-vingt-un. Alors, le comité est suspendu
jusqu'à huit heures et quart.
Reprise de la séance à 8 h 26 p.
m.
M. BEDARD (président du comité plénier): A l'ordre,
messieurs.
Bill 81, article 1. Adopté?
M. BELLEMARE: Une minute.
M. LESAGE: On a eu une discussion pleine et entière en
deuxième lecture.
M. BELLEMARE: Je voudrais tout simplement...
M. JOHNSON: M. le Président, en comité
plénier...
M. LESAGE: Oui, bill 81, article 1. On peut passer à l'article 2,
si vous voulez.
M. JOHNSON: Non, je préférerais poser des questions au
premier ministre.
M. LESAGE: Ah, je m'y attendais.
M. JOHNSON: On aura remarqué que le gouvernement actuel s'est
autorisé d'un précédent...
M. LESAGE: Non.
M. JOHNSON: ... pour se faire autoriser en somme à signer des
ententes avec Ottawa. Je sais bien que le premier ministre dira
tantôt...
M. LESAGE: Si vous le disiez, je n'aurais pas besoin de le dire.
M. JOHNSON: ... que c'est arrivé dans le passé, que le
gouvernement ou le lieutenant-gouverneur en Conseil, ou le Cabinet des
ministres si on veut, s'est fait donner par loi des mandats de ce genre.
M. LESAGE: Oui, on s'en vient à trois lois à cet
effet-là.
M. JOHNSON: Mandats, M. le Président, qui...
M. LESAGE: On se chicane pour rien, dans le fond.
M. JOHNSON: ... viennent de l'autorité législative,
c'est-à-dire et de l'Assemblée législative et du Conseil
législatif.
Le premier ministre, à l'occasion de la présentation d'un
amendement...
M. LESAGE: Cela fait partie de la question que vous voulez me poser,
ça?
M. JOHNSON: ... ou d'un projet d'amendement
M. LESAGE: M. le Président, le chef de l'Opposition a dit qu'il
avait une bonne question à me poser et j'essaie de me souvenir de toutes
les incidences de la question.
M. JOHNSON: Disons, M. le Président, que c'est une
affirmation...
M. LESAGE: Ah bon.
M. JOHNSON: ... étayée sur...
M. LESAGE: Alors ce n'est pas une question.
M. JOHNSON: ... des considérations et disons que pour faire
plaisir au premier ministre, je voudrais tout de suite formuler une question
très brève.
M. LESAGE: Allez.
M. JOHNSON: Pourquoi a-t-il pris...
M. LESAGE: Pourquoi?
M. JOHNSON: ... ou adopté cette manière ou cette
rédaction pour se faire accorder un mandat?
M. LESAGE: Parce que c'était la meilleure.
M. JOHNSON: M. le Président, c'est un compliment...
M. BERTRAND: Enfin, c'est un aveu. M. JOHNSON: ... à ses
prédécesseurs. M. LESAGE: Certainement.
M. JOHNSON: Entre autres à son ex-ami, l'honorable Duplessis, qui
avait, dans des lois de même nature, adopté cette
rédaction. Mais ce qui m'inquiète, M. le Président, c'est
de savoir quelles sont les conditions auxquelles on réfère dans
la deuxième ligne de l'article. Le premier ministre pourrait nous dire
quelles sont les conditions qu'il a l'intention de fixer.
M. LESAGE: De quoi?
M. JOHNSON: De fixer, comme dit l'article, avant la signature d'accord
avec le gouvernement du Canada.
M. LESAGE: Dans quel alinéa?
M. JOHNSON: L'article se lit comme suit: « Le
lieutenant-gouverneur en Conseil peut, aux conditions qu'il fixe...
M. LESAGE: Oui.
M. JOHNSON: ... autoriser la signature d'accord avec le gouvernement du
Canada...
M. LESAGE: Oui.
M. JOHNSON: ... en vue de transformer en des programmes
entièrement administrés et financés par la province tout
programme auquel participe présentement le gouvernement du Canada et de
remplacer la contribution financière par un abattement fiscal avec
rajustement par paiement ou compensation. »
M. LESAGE: La condition, c'est qu'il n'y ait pas de conditions.
M. JOHNSON: La condition c'est que?
M. LESAGE: Qu'il n'y ait plus de conditions.
M. JOHNSON: M. le Président, je ne crois pas que ce soit
exact.
M. LESAGE: Bien au bout de la période de transition, oui c'est
ça.
M. JOHNSON: Ce n'est pas ce que dit le bill C-142.
M. LESAGE: Cela n'a pas d'importance, le lieutenant-gouverneur en
Conseil, par mon intermédiaire, demande l'autorisation de signer les
accords avec le gouvernement du Canada, en vue de transformer en des programmes
entièrement administrés et financés par la province, tout
programme auquel participe présentement le gouvernement du Canada et de
remplacer la contribution financière par un abattement fiscal avec
rajustement par paiement ou compensation. Alors c'est très simple,
ça se comprend. Cela veut dire ce que ça veut dire.
M. JOHNSON: Alors quelles sont les conditions que le
lieutenant-gouverneur fixerait?
M. LESAGE: Les conditions sont, pour la période de transition,
les conditions actuelles, et, au bout de la période de transition, pas
de conditions.
M. JOHNSON: M. le Président, pourquoi ne pas l'indiquer dans la
loi d'abord?
M. LESAGE: Bien c'est ça que ça veut dire, pas besoin de
le dire, c'est ça.
M. JOHNSON: Pourquoi ne pas l'indiquer dans le bill 81?
M. LESAGE: Ce n'est pas nécessaire. Je vous le dis.
M. JOHNSON: Pourquoi ne pas clairement démontrer qu'on insistera,
comme condition sine qua non, pour que le fédéral, à la
fin de la période de transition, sorte du champ et ne l'occupe plus, du
champ des compétences provinciales.
M. LESAGE: Bien c'est justement ça la condition qu'on veut
imposer.
M. JOHNSON: M. le Président, pourquoi ne pas le dire dans la
loi?
M. LESAGE: Et il faut l'indiquer au bout de la période de
transition.
M. JOHNSON: Pourquoi ne pas le dire dans la loi?
M. LESAGE: Bien voici, c'est que, prenons par exemple pour ce qui est de
la formation professionnelle, la formation technique, si on veut bien prendre
l'annexe 1, programmes permanents, la période de transition est
fixée du 1er avril 1965 au 31 mars 1967, Or, il arrive que pour ce qui
est de la construction des écoles techniques, il est bon que nous ayons
une extension après le 31 mars 1967 pour que nous puissions
bénéficier totalement de notre part. Alors, une des conditions
sera qu'au moins ce programme ne pourra devenir définitif
qu'après que nous aurons eu notre part parce que l'Ontario a eu toute sa
part bien avant les autres provinces. Et le Québec comme d'autres
provinces n'a pas encore eu toute sa part et il est encouragé même
à retarder à cause de la situation économique canadienne,
de la pression économique, de la pression à la hausse sur
l'économie qui est une conséquence des investissements
énormes, qui se font actuellement et qui se continueront
évidemment d'ici 1967, surtout dans les grands centres au
Canada.
M. BELLEMARE: Mais seulement dans la formation professionnelle, dans le
plan conjoint il n'y a pas seulement que...
M. LESAGE: Bien oui, mais il y a ça, il y a le soixante-quinze
cents puis j'ai bien envie qu'on aille le chercher.
M. BELLEMARE: Je comprends, mais... M. LESAGE: Bon, c'est ça.
M. BELLEMARE: ... vous avez à part de cela la formation
professionnelle des écoles secondaires...
M. LESAGE: Bien, cinquante cents...
M. BELLEMARE: ... la formation des techniciens...
M. LESAGE: Oui, mais je vous ai donné...
M. BELLEMARE: ... vous avez en plus de ça la formation des
métiers...
M. LESAGE: M. le Président...
M. BELLEMARE: ... la formation pour les invalides...
M. LESAGE: Très bien, je n'ai pas d'objection...
M. BELLEMARE: ... vous n'avez pas seulement que...
M. LESAGE: On m'a demandé un exemple; pourquoi faut-il que
ça soit élastique? J'ai donné l'exemple, point, fini!
M. BELLEMARE: Non, mais ça ne comprendra pas seulement que la
construction, le plan conjoint va demeurer...
M. LESAGE: On m'a demandé un exemple, j'ai donné
l'exemple, qu'est-ce que vous voulez que j'ajoute de plus?
M. BELLEMARE: Mais l'exemple n'est pas complet.
M. LESAGE: Bien, complétez-le.
M. BELLEMARE: Bien voici, complétez-le...
M. LESAGE: C'est ça.
M. BELLEMARE: Je pense que s'il y a un homme qui devrait le donner,
ça devrait être le premier ministre qui les a
transigés...
M. LESAGE: J'ai donné un exemple.
M. BELLEMARE: Bien sur les 29 programmes mixtes conjoints...
M. LESAGE: Bien, ne vous fâchez pas. Montez-vous un petit peu.
M. BELLEMARE: Avez-vous soupé là?
M. LESAGE: Oui, oui.
M. BELLEMARE: Bon, alors...
M. LESAGE: Là, je suis bien assis pour vous écouter, je
n'ai plus faim.
M. BELLEMARE: Alors, vous êtes bonpour m'endurer quelques
minutes.
M. LESAGE: Ah oui, mais ne faites pas de l'auto-crinquage par
exemple.
M. BELLEMARE: Mais sur les 29 programmes mixtes conjoints, il y en a qui
terminent en 1967, d'autres termineront en 1970. Vous en avez plusieurs
autres...
M. LESAGE: M. le Président, je peux envoyer une copie du bill
C-142. Vous l'avez?
M. BELLEMARE: A part de ça j'ai des déclarations du
premier ministre.
M. LESAGE: Si vous avez tout ça, allez-y.
M. BELLEMARE: Non, non, non, mais je voudrais que le premier ministre se
rende compte que ce n'est pas seulement pour nous autres qu'il donne les
explications. Il y en a d'autres dans la province qui demain liront le journal
des Débats et c'est justement à ce contact des idées que
va jaillir la lumière. Et le premier ministre, on le questionne, le chef
de l'Opposition lui a posé des questions bien raisonnables, il me
semble...
M. LESAGE: J'ai répondu raisonnablement.
M. BELLEMARE: Seulement il y en a vint-neuf pour un programme conjoint
mixte qui
sont là, quelques-uns, par exemple, comme
l'assurance-hospitalisation, ça se terminera le 31 décembre
1970.
M. LESAGE: Oui, pour de bonnes raisons.
M. BELLEMARE: J'admets ça mais ensuite de ça, dans le
bien-être social, vous en avez plusieurs autres là aussi, par
exemple assurance-vieillesse, allocations...
M. LESAGE: On arrive à ça. C'est le bill 82,
ça.
M. BELLEMARE: Oui, oui, oui, oui. Mais qu'importe, ça fait partie
des plans conjoints.
M. LESAGE: C'est le bill 82.
M. BELLEMARE: Les bills 82, 83 et 84, ça je sais ça.
M. LESAGE: Oui, on en parlera tantôt
M. BELLEMARE: Mais vous avez la formation professionnelle, vous avez les
subventions à l'hygiène, vous avez les problèmes conjoints
aux aides relatives à la chose agricole, vous avez des primes sur la
reproducrion de race, vous avez ensuite les ententes relatives aux
forêts, etc., etc., mais dans ces 29 plans conjoints, le chef de
l'Opposition vient de poser une question, je pense qu'il est bien normal;
quelles vont être les conditions? Le premier ministre répond:
« Les conditions, c'est qu'il n'y ait plus de conditions » Mais
d'ici à ce temps-là, c'est le fédéral qui va nous
régir dans l'administration... qu'on va leur demander.
M. LESAGE: J'invoque le règlement. Ce n'est pas ce que j'ai dit.
J'ai dit purement et simplement que, durant la période de transition,
les conditions seraient ce qu'elles sont présentement
M. BELLEMARE: Non, vous avez dit que les conditions c'est qu'il n'y ait
plus de conditions.
M. LESAGE: pardon. Est-ce que je puis répéter ce que j'ai
dit?
M. BELLEMARE: Oui.
M. LESAGE: Les conditions sont les suivantes. Durant la période
de transition, les conditions demeurent ce qu'elles sont présentement et
à la fin de la période de transition, il n'y a plus de
conditions. C'est ça. Mais ce que j'ai dit, c'est que la période
de transition peut varier, il peut y avoir une variante avec les dates qu'il y
a ici et j'ai donné l'exemple de la formation technique et
particulièrement de la construction des écoles techniques. Je
l'ai donné comme exemple, c'est tout. Je n'ai pas dit que la seule
condition de l'affaire, c'est qu'il n'y ait plus de conditions. Au contraire,
j'ai dit:les conditions demeureront les conditions actuelles. Mais dans le
domaine de... il peut y avoir des changements dans la Loi de
l'assurance-hospitalisation et les services diagnostics, dans les conditions.
Certainement qu'il peut y en avoir, au fur et à mesure que nous allons
ajouter aux services externes. Il va y avoir changement dans les conditions. Il
faut que je sois libre de le faire. Il faut que le gouvernement soit libre de
le faire.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. BELLEMARE: Non, à une condition.
M. LESAGE: Bien oui, il faut que nous soyons libres.
M. BELLEMARE: Oui, mais les conditions demeurent.
M. LESAGE: Bien oui, ça évolue, le programme de
l'assurance-hospitalisation.
M. JOHNSON: En somme le gouvernement demande à l'Assemblée
législative comme il le demandera au Conseil: laissez-moi fixer les
conditions.
M. LESAGE: Oui, mais il est évident que les conditions... prenons
comme exemple dans le domaine de l'assurance-hospitalisation, les conditions
vont être soumises à l'Assemblée législative parce
que si nous ajoutons aux services externes, il va falloir voter chaque
année les crédits nécessaires.
M. JOHNSON: Ce n'est pas là qu'est le problème.
M. LESAGE: C'est ça. C'est la méthode démocratique
des procédés suivant notre système parlementaire.
M. JOHNSON: Le premier ministre va essayer encore une fois de minimiser
la portée de certaines critiques que nous apportons, que nous voulons
formuler...
M. LESAGE: Parce que nous abandonnons les programmes conjoints?
M. JOHNSON: Non.
M. LESAGE: Bon et alors?
M. JOHNSON: Et le premier ministre sera heureux de pouvoir dire que
l'Union nationale s'oppose à ce que le gouvernement actuel...
M. LESAGE: C'est ça. Cela m'a l'air de ça.
M. JOHNSON: ... rapatrie...
M. LESAGE: C'est l'impression que l'Opposition va donner au peuple si
ça continue.
M. JOHNSON: ... les libertés fiscales.
M. LESAGE: C'est l'impression bien nette que le peuple va avoir.
M. JOHNSON: C'est l'impression que le premier ministre voulait donner au
peuple.
M. LESAGE: Ah, non, non.
M. JOHNSON: Par ailleurs, le premier ministre ne peut pas compter sur
moi pour lui accorder un certificat d'autonomiste quant, à la faveur de
cette loi, il va, c'est vrai, rapatrier les libertés fiscales mais il
va...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. LESAGE: J'invoque une question de privilège personnelle. Les
certificats du chef de l'Opposition ne pourraient m'aider nulle part.
M. BELLEMARE: Bien voyons donc! Cela c'est une question de
privilège?
M. LESAGE: Certainement.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. JOHNSON: Par ailleurs, M. le Président, les certificats du
premier ministre m'ont bien nui en 1962, les faux certificats lors de
l'élection.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. LESAGE: Le chef de l'Opposition serait peut-être heureux
d'avoir un certificat de bonne conduite de ma part s'il se promenait à
l'étranger.
M. JOHNSON: Si, pardon, je n'ai pas compris.
M. BELLEMARE: Un certificat de bonne conduite.
M. LESAGE: S'il se promène à l'étranger, il serait
peut-être heureux de partir avec une lettre du premier ministre de la
province de Québec disant que le chef de l'Opposition est un homme de
bonne conduite, disant que le chef de l'Opposition est un homme de bonne
conduite.
M. JOHNSON: M. le Président, est-ce que c'en est rendu que
lorsqu'un contribuable de cette province veut voyager il doit avoir un
certificat de bonne conduite signé parle premier ministre, comme
autrefois?
M. LESAGE: Cela arrive souvent que les citoyens m'en demandent.
M. JOHNSON: Autrefois, on avait besoin d'un billet de confession dans
certains collèges.
M. LESAGE: Il y en a qui pensent ça.
M. JOHNSON: M. le Président...
M. COURCY: Cela ne nuit pas, ça aide.
M. JOHNSON: ... le premier ministre ne doit pas minimiser l'importance
de cette loi.
M. LESAGE: Je ne minimise rien, je l'ai dit que c'était
excessivement important.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs. M. JOHNSON: D'abord...
M. BELLEMARE: Ce n'est pas une assemblée contradictoire
ça.
M. JOHNSON: ... chronologiquement, le gouvernement fédéral
et la plupart du temps c'était sous des administrations
libérales, mais les conservateurs...
M. LESAGE: Il a bien l'air béat.
M. JOHNSON: ... ont imité les libéraux, le gouvernement
fédéral est entré dans des domaines qui sont de la
juridiction ou de la compétence exclusive de la province...
M. LESAGE: On recommence la deuxième lecture.
M. JOHNSON: ... ou bien donc encore des domaines où la province a
au moins en vertu d'ac-
cords et d'amendements à la Constitution une compétence
prioritaire. L'assistance-vieillesse...
M. LESAGE: Le chef de l'Opposition est à... M. le
Président est-ce que je pourrais poser...
M. JOHNSON: ... voilà un domaine de compétence
provinciale.
M. LESAGE: ... une question au chef de l'Opposition?
M. JOHNSON: Oui.
M. LESAGE: Est-ce qu'il est après relire dans le journal des
Débats son discours de deuxième lecture?
M. JOHNSON: Non, non.
M. LESAGE: Ah bon!
M. JOHNSON: Je suis en train d'essayer...
M. LESAGE: C'est exactement ce qu'il a dit en deuxième
lecture.
M. JOHNSON: ... d'expliquer au premier ministre qui fait semblant de
n'avoir pas compris...
M. LESAGE: Il a manqué de publicité. M. JOHNSON: ... le
premier ministre... M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs. M. JOHNSON:
...tente... de défaire l'omelette. M. LE PRESIDENT: A l'ordre.
M. JOHNSON: ... après avoir cassé les oeufs, les avoir
fricottés en omelette quand il était à Ottawa,
après avoir fait fi de l'autonomie provinciale après avoir
été complice d'un gouvernement qui a...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. JOHNSON: ... envahi les domaines de compétence provinciale le
premier ministre essaie d'en sortir. Or, M. le Président, le
passé du premier ministre, le justifie, il est obligé...
M. LESAGE: M. le Président, j'invoque le règlement, le
chef de l'Opposition fait encore des personnalités, c'est sa
spécialité...
M. JOHNSON: Voyons donc!
M. LESAGE: ...il aime ça, là, il essaie de me faire
fâcher et je vais lui dire bien franche ment que je suis trop
fatigué pour me fâcher, je vais fermer les yeux, le laisser
dérouler son chapelet habituel. Quand il aura fini on adoptera l'article
en comité.
M. BELLEMARE: On va « timer » ça pour voir si
ça va être vrai.
M. LESAGE: Vous allez voir qu'il essaie.
M. BELLEMARE: Neuf heures moins quart.
M. LE PRESIDENT: Adopté article 1?
M. JOHNSON: M. le Président...
M. LESAGE: La 159e édition...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. JOHNSON: ... Le règlement ne demande pas au premier ministre
de fermer les yeux, il lui demande cependant de cesser de m'inter-rompre.
M. LESAGE: Bien, mon Dieu, ça me soulage.
M. BELLEMARE: Deux fois.
M. LE PRESIDENT: Alors le bill à l'article 1.
M. JOHNSON: Bon, le passé du premier ministre me justifie,
et je ne parle pas de personnalité, je parle de politique de
carrière politique publique, me justifie de poser au premier
ministre une question très précise...
M. LESAGE: Bien oui.
M. JOHNSON: ... quelles sont les conditions que le lieutenant-gouverneur
en Conseil fixera avant d'autoriser la signature d'accords avec le gouvernement
du Canada?
M. LESAGE: J'ai répondu, M. le Président.
M. JOHNSON: Le premier ministre n'a pas répondu...
M. LESAGE: C'est votre affaire ça.
M. JOHNSON: Deuxièmement, le premier ministre a-t-il l'intention
d'autoriser la signature
d'accords qui seraient conformes au bill C 142 y compris les conditions
fixées par le bill C-142?
M. LESAGE: Je regarderai ça. Je donnerai une réponse au
chef de l'Opposition.
M. JOHNSON: M. le Président, ça n'a pas l'air à
frapper le premier ministre.
M. LESAGE: Je regarderai ça.
M. JOHNSON: Le premier ministre encore veut répéter une
expérience qu'il a bien réussie récemment, veut minimiser
la portée du problème et ainsi...
M. LESAGE: Comment minimiser la portée du problème?
M. BELLE MARE: Sept fois.
M. LESAGE: Bien non, j'ai eu des questions, il fallait bien que je
réponde.
M. JOHNSON: Iluitième interruption!
M. BELLEMARE: Vous aviez dit que vous dormiez.
M. BERTRAND: II me semble qu'il devait dormir!
M. LESAGE: Bien, des interruptions, des réponses à des
questions.
M. JOHNSON: Neuvième interruption!
M. BERTRAND: II dort en parlant tout haut.
M. LE PRESIDENT: Le bill.
M. JOHNSON: M. le Président, il y a un bill adopté par la
Chambre des communes à Ottawa le 30 mars 1965 et sanctionné
à une date, que je n'ai pas, et qui dit ceci: « Si une province
qui participe à un programme énoncé à l'annexe 1
désire que ce programme devienne un programme entièrement
administré et financé par la province, le ministre
compétent et le ministre des Finances, avec l'approbation du gouverneur
en Conseil et nonobstant toute disposition de l'instrument d'autorisation ou de
tout règlement établi sous son régime ou à son
égard peuvent ensemble conclure un accord supplémentaire au nom
du gouvernement du Canada avec la province ayant pour objet d'autoriser la
province à assumer la responsabilité de ce programme. »
Deuxième paragraphe de l'article 3: « Un ac- cord
supplémentaire doit contenir un engagement par la province portant que
la province doit continuer la mise en oeuvre du programme conformément
aux documents d'autorisation, sauf quant à la manière selon
laquelle le gouvernement du Canada doit contribuer par la suite en ce qui
concerne leur programme et la manière dont les comptes doivent
être soumis. » M. le Président, c'est clair, le bill C-142
impose à la province de Québec, à l'Etat du Québec,
comme aime à le dire le premier ministre dans certains milieus, que dans
des domaines qui sont de sa compétence exclusive...
M. LESAGE: Je l'ai dit cet après-midi en Chambre.
M. JOHNSON: ... elle doit, cette province, ou il doit, cet Etat de
Québec, s'engager à continuer la mise en oeuvre du programme
conformément au document d'autorisation c'est-à-dire
conformément à la Loi fédérale, et elle n'a pas le
choix. J'aimerais entendre, ce soir, le premier ministre dire: je n'autoriserai
la signature d'aucun accord à moins qu'Ottawa n'amende le bill C-142,
afin de faire disparaître toute implication que nous exerçons une
compétence grâce à la bienveillance du gouvernement
central. Il s'agit, en somme, je ne veux pas y revenir longuement, mais je veux
ramasser le problème d'une façon très claire, je
l'espère, il s'agit en somme pour la province de percevoir
elle-même des sommes nécessaires dans la province, pardon, de
percevoir dans la province des montants nécessaires à
l'administration de certains programmes qui sont de la compétence
exclusive de la province mais, programmes qui ont été
inaugurés dans la plupart des cas par Ottawa et auxquels la province
à souscrit à un moment donné.
M. le Président, lorsqu'il s'agit de rapatrier ces
libertés fiscales, nous en sommes toujours. Nous ne chicanerons pas le
premier ministre sur l'opportunité de rapatrier plus tôt des
droits de taxation en matière de profit sur les corporations. Mais, me
limitant au domaine en question, celui de l'abattement au chapitre de
l'impôt sur le revenu personnel, je dirai au premier ministre que c'est
un pas dans la bonne direction sauf qu'au moment où il rapatrie des
libertés fiscales ou une portion des libertés fiscales, le
premier ministre en se pliant aux conditions du bill C-142, n'assure pas le
rapatriement de nos libertés législatives. Le premier ministre a
dit, en deuxième lecture; c'est entendu qu'à la fin de
l'expiration de la période de transition prévue à l'annexe
1, le Fédéral cessera d'occuper ce champ, d'occuper cette
compétence législative.
M. le Président, rien dans le bill C-142 ne nous permet d'en
arriver à une pareille conclusion. Aucune disposition de cette loi
fédérale n'édicte que le fédéral cessera
d'empiéter dans les domaines qui sont de la compétence
provinciale.
M. LESAGE: Oui, mais on ne peut pas légiférer pour
après la période quand on n'aura plus besoin de loi, c'est
ça qu'il faut comprendre.
M. JOHNSON : Aucune disposition, M. le Président...
M. LESAGE: On n'en aura plus besoin de loi et pas besoin de disposition,
ça finit là, c'est tout.
M. JOHNSON: Aucune disposition du bill C-142 ne permet même de
déduire que le fédéral a l'intention de ne plus se
mêler de ces domaines dont nous rapatrions, pour l'instant, seulement
l'administration. Au contraire, nous avons raison d'être prudents;
d'abord, j'ai commencé à l'expliquer tantôt, à cause
du passé non autonomiste du premier ministre et j'emploie un
euphémisme. Deuxièmement, à cause,
précisément, de l'attitude d'Ottawa lors de la conférence
toute récente lorsque M. Pearson, en vue des élections à
l'automne ou un peu plus tard, a promis une participation de $14 par tête
à chacune des provinces qui aurait instauré, au 1er juillet 1967,
un régime d'assurance contre les frais médicaux, à la
condition que ladite province respecte 4 conditions établies par Ottawa.
Or, M. le Président, je trouve que l'occasion était bonne pour le
premier ministre, s'il était véritablement un autonomiste, dont
il se pare quelquefois des plumes, si le premier ministre était
véritablement autonomiste, c'était le temps d'obtenir d'Ottawa un
règlement final, définitif, et un engagement à être
inclus dans des amendements à la constitution, engagement qu'Ottawa
n'entrerait plus dans le domaine réservé aux provinces.
La seule énumération de l'annexe 1 vous démontre,
mieux que n'importe quel discours, l'étendue des empiétements du
fédéral dans le domaine qui est de la juridiction provinciale.
Toutes et chacune des lois mentionnées à l'annexe 1 concernent
des matières qui sont de la compétence exclusive de la province
en vertu des Actes de l'Amérique du Nord britannique et en vertu des
interprétations qui ont été données de certaines
dispositions dans plusieurs jugements, même du Conseil privé.
M. le Président, l'annexe 1 est, à mon sens, la plus
grande condamnation de la centralisa- tion opérée par Ottawa.
Quand nous parlions, dans le passé, des mesures centralisatrices, quand
nous parlions des visées d'Ottawa pour s'emparer de tous les domaines
qui sont de la compétence provinciale, il y avait à ce
moment-là des libéraux, siégeant ici, à cette
Assemblée législative, qui nous accusaient de faire de la
politique. Or, c'est le premier ministre lui-même qui, aujourd'hui, veut
se vanter d'avoir récupéré ou de prendre les mesures
nécessaires pour récupérer dans la province de
Québec, ramener chez nous des compétences qu'autrefois il disait
être fédérales, mais qu'il proclame aujourd'hui être
du domaine provincial. C'est le premier ministre, M. le Président, qui
après avoir prêché blanc, prêche noir; qui
après avoir soufflé le chaud, soufîle le froid. C'est le
premier ministre qui, après avoir été l'un des artisans
des empiétements d'Ottawa dans des domaines de la compétence
provinciale, voudrait aujourd'hui passer pour l'artisan de la
décentralisation.
M. le Président, le premier ministre peut changer d'opinion, il
peut changer d'attitude et s'il veut être véritablement
autonomiste, il aura en nous non pas une opposition, mais des complices, des
collaborateurs. Il aura de la part des députés de l'Union
nationale une coopération sans restriction, mais nous avons droit de
demander au premier ministre des précisions sur les conditions qu'il
entend ou que son Cabinet ce qui revient au même entend
fixer pour autoriser la signature d'accords avec le gouvernement du Canada.
Le premier ministre vient de dire, lors de l'une de ses nombreuses
interruptions, que nous aurons l'occasion d'en discuter en Chambre car il
faudra demander des crédits et alors on pourra se rendre compte des
conditions qui ont été fixées soit pour le rapatriement,
à la fin de la période de transition, de ces juridictions, soit
pour, soit, dis-je, de ces accords supplémentaires qui peuvent
être nécessaires au cours de cette période de
transition.
M. le Président, le premier ministre sait bien que c'est
là un argument fallacieux, au moment où il nous demandera de
voter l'argent pour payer la part provinciale de certains programmes conjoints,
de certains accords existants ou des accords futurs, le premier ministre sait
bien que nous nous trouverons maintenant, à ce moment-là...
M. LESAGE: Un mot seulement, M. le Président.
M. JOHNSON; ... devant un fait accompli.
M. LESAGE: Un mot seulement, M. le Président, c'est que le chef
de l'Opposition ne devrait pas dire, lorsque le premier ministre nous demandera
de payer la part provinciale, justement en vertu de ce bill, nous demanderons
de tout payer parce que nous percevrons tout.
M. JOHNSON: Sauf, M. le Président, que nous aurons signé
des accords...
M. LESAGE: Non, mais nous percevrons tout...
M. JOHNSON: ... nous liant.
M. LESAGE: ... et nous paierons tout.
M. JOHNSON: Et à première vue, le premier ministre le
sait...
M. LESAGE: Je sais tout, c'est pour ne pas... Je ne veux pas que
vis-à-vis le public, le chef de l'Opposition passe pour un ignorant,
alors je le corrige quand il fait des grossières erreurs. A part de
ça, je n'interviens pas.
M. JOHNSON: M. le Président...
M. LESAGE: C'est rien que pour rendre service au chef de
l'Opposition.
M. JOHNSON: M. le Président, je comprends que vous êtes
distrait actuellement et que vous n'avez pas entendu ce langage
distingué et agréable...
M. LESAGE: Je suis très distingué.
M. JOHNSON: ... du premier ministre envers le chef de l'Opposition.
M. BELLEMARE; 19.
M. LESAGE: Très distingué.
M. BELLEMARE: 20.
M. JOHNSON: M. le Président,...
M. LESAGE: Non, mais je ne voudrais pas que le peuple pense...
M. JOHNSON; ... le premier ministre nous demande la permission...
M. LESAGEî C'est ça.
M. JOHNSON: ... de nous plier aux condi- tions fixées dans le
bill C-142. Or, dans le bill C-142, comme l'a déclaré M. Pearson,
son adjoint parlementaire, M. Gordon et d'autres députés à
l'occasion de ce bill, il est prévu, il est entendu, il est convenu et
probablement c'est convenu dans les suites d'hôtels entre M. Pearson et
le premier ministre de la province de Québec, parce qu'ils ont pris
l'habitude de faire du droit constitutionnel dans les suites
d'hôtels.
M. LESAGE: La, je suis censé me fâcher, M. le
Président.
M. JOHNSON: M. le Président...
M. BELLEMARE: 22.
M. JOHNSON: ... nous serons...
M. LESAGE: Cela, c'est le grand coup, là.
M. JOHNSON: ... la province de Québec administrant des plans pour
venir en aide à la vieillesse, pour venir en aide...
M. LESAGE: Cela, c'est tantôt.
M. JOHNSON: ... à tous lesautres...
M. LESAGE: L'autre...
M. JOHNSON: ... bénéficiaires d'allocations devra quand
même soumettre ses comptes à Ottawa, devra quand même
permettre à Ottawa de venir inspecter ses livres, devra quand
même, M. le Président, admettre la présence ici des
inspecteurs d'Ottawa. Or, je dis que dans notre domaine à nous, avec
notre argent à nous, nous n'avons pas d'affaire à endurer la
surveillance, l'espionnage ou le contrôle d'Ottawa, qu'on utilise
l'expression que l'on voudra. M. le Président, dans cette Chambre, il y
eut un débat au sujet de cette loi pour venir en aide aux
municipalités, on nous avait affirmé, de l'autre
côté, qu'il n'y aurait pas d'intrusion du fédéral et
aujourd'hui on se rend compte que le fédéral est partout, dans
toutes les municipalités et que c'est là un autre domaine
où Ottawa a réussi à, j'allais dire fourrer son nez, mais
pour employer une expression bien connue, mais encore dans un domaine où
Ottawa a mis les pieds.
M. le Président, on ne se retire pas de ce programme comme fait
remarquer le député de Champlain avec raison. Il y a encore des
domaines qui ne sont pas couverts, le premier ministre pourra évidemment
nous expliquer
qu'il n'était pas opportun de poser tout de suite certains gestes
dans ces domaines, dans ces autres domaines, mais il reste que cette loi, telle
que rédigée, donne trop de latitude à un homme qui, dans
le passé, n'a pas donné assez de certitude sur ses convictions
autonomistes, au contraire. M. le Président, nous avons raison de
demander au gouvernement de nous donner un peu plus de détails, et je
comprends mal le premier ministre de se refuser à répondre
à une question aussi élémentaire, et sa réponse
pourrait, si elle était, comme je l'anticipe, pourrait faire taire
certaines craintes et certaines inquiétudes dans les milieux
autonomistes.
M. LAPORTE; Adopté. M. LESAGE: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 1 adopté? Adopté.
M. JOHNSON: Non, M. le Président, pourquoi le premier ministre
n'a-t-il pas exigé ou n'exigerait-il pas une autre phraséologie
en vue de transformer en des programmes entièrement administrés
et financés par la province tout programme auquel participe
présentement le gouvernement du Canada? M. le Président, on m'a
l'air de...
M. LESAGE: Moi, ce qui m'importe c'est mon bill, ce n'est pas le bill
d'Ottawa. Cela fait mon affaire, mon bill là, et puis ça
marche.
M. JOHNSON: Oui, mais pourquoi? M. LESAGE: Cela marche.
M. BELLEMARE: Moi, j'ai le Saint-Esprit avec moi!
M. LESAGE: Oui, monsieur. Je remercie le bon Dieu tous les jours de
l'avoir. Je vous en souhaite une petite partie.
M. BELLEMARE: C'est épouvantable! M. LESAGE: Je ne suis pas
égoïste... M. BELLEMARE: II a tout.
M. LESAGE: ... je suis prêt à vous en passer.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. LESAGE: Adopté.
M. JOHNSON: Le premier ministre refuse-t-til de répondre à
cette question élémentaire?
M. LESAGE: J'ai répondu en deuxième lecture ad nauseam. Je
pensais que le chef de l'Opposition était tanné de
m'entendre.
M. JOHNSON: J'aime toujours entendre le premier ministre.
M. LAPORTE: L'article suivant,... M. LE PRESIDENT: L'article
suivant.
M. LESAGE: Vous m'entendrez sur l'article 2.
M. JOHNSON: Quand il parle debout, c'est quand il parle assis qu'il est
détestable, M. le Président.
M. BELLEMARE: 26 interruptions dans l'espace de 11 minutes,
imaginez-vous!
M. JOHNSON: 26 interruptions en 11 minutes.
M. BELLEMARE: Imaginez-vous! Cela c'est le premier ministre.
M. LE PRESIDENT: Le député de Champlain, ça fait
cinq fois en 30 secondes.
M. JOHNSON: Le premier ministre refuse-t-il, et c'est la dernière
fois que je lui pose la question, de nous dire quelles sont les conditions
qu'il a l'intention de fixer avant d'autoriser la signature d'accord avec
Ottawa?
M. LESAGE: J'ai répondu deux fois à cette question.
M. JOHNSON: M. le Président, le mot « conditions »
est au pluriel et le premier ministre n'en a donné qu'une.
M. LESAGE: Je regrette, M. le Président, j'en ai donné
plusieurs et je n'ai rien à ajouter à ce que j'ai dit.
M. JOHNSON: M. le Président, on aura remarqué la bonne foi
du premier ministre, on aura remarqué sa bonne humeur...
M. LESAGE: Ah! oui.
M. JOHNSON: ... on aura remarqué sa bonne volonté à
répondre à nos questions. Les autonomistes de cette province se
rendront compte que le premier ministre joue à la cachette. D'ailleurs,
les faits le démontrent. Il a fait une entente avec M. Pearson, il a
donné suite à cette entente même avant que le bill 81 ne
soit présenté. Il a joué à la cachette et il a
permis à son ministre du Revenu de faire imprimer des formules...
M. LESAGE: Cela y est!
M. JOHNSON: ... qui prennent pour acquit que cet arrangement, ces
accords seront signés, M. le Président, et c'est là la
gravité de la situation, surtout en regard du silence du premier
ministre. Le public va finir par comprendre pourquoi le premier ministre garde
le silence. C'est que tout a été cuisiné entre lui et M.
Pearson, tout a été réglé dans une suite
d'hôtel, à tel point que le ministre du Revenu de la province a
fait imprimer des formules qui prennent pour acquit non seulement que le bill
81 va passer, mais qui prennent pour acquit que les accords qui doivent
être signés pour faire suite au bill 81 ont été
signés.
M. LESAGE: Non, non, qui seront signés avant le 15 octobre.
M. JOHNSON: M. le Président, quelles sont les conditions que le
premier ministre de la province de Québec a déclaré
acceptées? Je veux avoir une réponse à cette question, je
veux savoir quels sont les termes des arrangements entre les petits amis de
Québec et les petits amis d'Ottawa? Je veux savoir quelles sont les
conditions auxquelles le premier ministre s'est plié en plus des
conditions claires du bill C-142? Il est temps que l'on cesse de jouer à
la cachette. Il est temps que l'on cesse de se rire du public, des
non-instruits. Il est temps que l'on fasse confiance au peuple. Il est temps
qu'on lui dise clairement quels sont les arrangements, les accords et les
conditions. La population commence à en avoir assez de ce jeu de
cache-cache dans le domaine constitutionnel. La population voit clair dans tout
ce système inauguré par le premier ministre, un beau paravent, de
beaux grands titres, de belles émission de télévision, de
beaux émissaires, des scribes à la douzaine payés des
milliers de dollars chacun pour vanter le gouvernement. Mais derrière
ça, des accomodements, des accords qui tissent, pour l'Etat du
Québec, des liens dont nous ne pourrons nous dégager autrement
que par la violence. C'est ça qui est dangereux, c'est ça qui est
mauvais actuellement dans l'évolution constitutionnelle du Canada. Dans
le dos de la population...
M. LESAGE: M. le Président, est-ce que je pourrais poser une
question au chef de l'Opposition? Il m'en a posé toute une série.
Si on enlevait « aux conditions qu'il fixe », est-ce qu'il serait
satisfait?
M. JOHNSON: M. le Président, non. M. LESAGE: Ah bien! alors?
M. JOHNSON: Que le premier ministre les indique, les conditions.
M. LESAGE: Alors, vous ne voulez pas que je les enlève. Je suis
prêt à l'enlever.
M. JOHNSON: Que le premier ministre indique quelles sont les
conditions.
M. LESAGE: Je suis prêt à enlever les mots « aux
conditions qu'il fixe ».
M. JOHNSON: Que le premier ministre soit..
M. LESAGE: Je suis prêt à enlever ça, je suis
prêt à l'enlever tout de suite.
M. JOHNSON: Que le premier ministre nous donne des explications et les
place dans le bill explicitement, car nous n'avons pas le droit, nous de
l'Opposition, de lui faire confiance quand il s'agit d'établir des
conditions. Son passé n'est pas garant de l'autonomie qu'on attend de
lui. Peut-être agira-t-il en autonomiste? C'est là notre
désir le plus sincère. Peut-être le premier ministre
agira-t-il en conformité des belles paroles de certains de ses
collègues et en conformité avec certains propos qu'il a
lui-même tenus quand il croyait qu'ils étaient rentables,
peut-être le premier ministre prépa-re-t-il pour la province de
Québec un statut particulier, une plus grande liberté d'action.
Tant mieux, mais nous devons savoir à quelles conditions il signera des
accords, car dans ces accords il pourrait y avoir des conditions qui, au lieu
de nous libérer, nous rendront davantage esclaves du gouvernement
central dans des domaines qui sont de notre compétence et au sujet
desquels c'est l'argent de nos gens que nous dépensons. M. le
Président, je demande, pour une dernière fois, au premier
ministre de bien vouloir daigner dire à des non-instruits comme nous
qu'est-ce qui s'est passé entre lui et M. Pearson.
M. LESAGE: Là, je suis sensé me fâcher.
D'après le scénario organisé par le chef de l'Opposition,
là, je suis sensé me fâcher, mais je ne me fâcherai
pas,
M. JOHNSON: M. le Président, nous sommes plus humbles que le
premier ministre, nous n'avons pas...
M. LESAGE: pauvre petit garçon!
M. BAILLARGEON: Humble de coeur.
M. JOHNSON: Nous n'avons pas la prétention que le Saint-Esprit
passe son temps dans cette enceinte à éclairer le premier
ministre et le chef de l'opposition...
M. LESAGE: Cela ne vous ferait pas de tort s'il vous passait sur la
télé.
M. JOHNSON: ... le premier ministre, lui, est convaincu qu'il est sans
cesse possédé par le Saint-Esprit, c'est son affaire, la
population le jugera...
M. LESAGE: Comme le dit le député de Richelieu: c'est
malheureux d'être possédé par un esprit mauvais.
M. JOHNSON: M. le Président, le premier ministre se croit
sincèrement doué d'une façon exceptionnelle. Tant
mieux!
M. LE PRESIDENT: Bill 81. M. JOHNSON: Vous avez raison.
M. LESAGE: On est dans ledomainedes dotations.
M. JOHNSON: Quand je parle du premier ministre...
M. LESAGE: Les dotations ça va venir après-demain.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. JOHNSON: Je suis un peu loin du sujet mais je ne voudrais pas laisser
au seul premier ministre la liberté de régler dans une suite
d'hôtel le sort de la province de Québec, de l'Etat du
Québec. Je ne voudrais pas qu'à la faveur d'accommodements qu'on
attend d'Ottawa d'échanges de bons procédés entre
libéraux-fédéraux et libéraux-provinciaux, la
province se réveille un jour enchaînée, fut-ce sur un lit
d'or, se réveille enchaînée à des chaînes
d'or. Les rapatriements de pouvoirs fiscaux, nous en sommes, à la
condition qu'on rapatrie en même temps des pouvoirs de
législation, mais je crains qu'avec le bill actuel, si l'argent rentre
dans Québec, les droits en sortent. Il n'est pas clair, d'après
la rédaction du bill, que nous ayons autant de raisons de nous
réjouir du rapatriement de notre compétence législative
que du rapatriement, à certaines conditions, de certains abattements,
principe que nous avons déjà admis comme un moindre mal.
M. CREPEAU: Adopté.
M. JOHNSON: Donc, le premier ministre a une occasion de prouver qu'il
est autonomiste et deuxièmement qu'il croit à cet adage: «
II faut gouverner en pleine lumière. »
II est temps que l'on sorte des suites d'hôtel la
législation fédérale-provinciale et qu'on l'expose dans
cette enceinte.
M. LAPORTE: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 2, adopté. Adopté.
M. LESAGE: Adopté.
M. BEDARD (Président du comité plénier): M. le
Président, le comité a adopté le bill No 81.
M. HYDE (Président): Troisième lecture?
M. LESAGE: Bien oui, évidemment, les règlements sont
là. On a le droit.
M. JOHNSON: Le ministre a-t-il un discours à faire?
M. LESAGE: Non, j'ai tout dit ce que j'avais à dire. Quant aux
conditions, dont le chef de l'Opposition a parlé, c'est bien simple,
j'ai répondu amplement à cette question à plusieurs
reprises. Je le réfère à la déclaration que j'ai
faite à Québec le 31 mars 1964, bien avant que soit
rédigé le bill C-142 et particulièrement aux pages 15 et
suivantes.
M. JOHNSON: Mettez-nous donc ça dans des lois au lieu de placer
ça dans des mémoires du premier ministre à des
conférences fédérales-provinciales tenues à huis
clos la plupart du temps.
M. LESAGE: Ce n'était pas à huis clos, c'était
ici.
M. JOHNSON: Cette fois-là, non, ce n'était pas
nécessairement à huis clos.
M. LESAGE: Ce n'était pas à huis clos, c'était
publié.
M. JOHNSON: Mais pourquoi faire de la législation à coup
de mémoires du premier ministre et de discours du premier ministre et de
promesses et d'engagements personnels? Pourquoi ne pas incorporer dans des lois
les conditions...
M. LESAGE: Cela va mal finir, cette affaire-là.
M. JOHNSON: ... qui gouvernent un domaine aussi important que celui des
relations fédérales-provinciales? Je n'ai pas l'intention de
reprendre les arguments que j'ai exposés en deuxième lecture,
J'ai, à ce moment-là, couvert tout le terrain. Je crois avoir dit
que nous étions heureux de constater qu'il y avait un rapatriement
partiel de droits fiscaux, mais nous espérions que le premier ministre,
à l'occasion de l'étude en comité plénier, nous
donnerait plus de détails. Nous espérions que le premier ministre
en viendrait peut-être à modifier son texte de loi pour le rendre
conforme aux principes que j'ai exposés un peu plus tôt, mais
ça m'a l'air que c'est un dialogue de sourds ce soir. Il me faudra
cependant proposer un amendement qui témoignera de l'attitude que nous
avons tenue, c'est-à-dire de ce que nous espérons avoir dans ce
bill 81.
C'est le rôle de l'Opposition de rendre les lois les plus
parfaites possibles et, si le premier ministre veut bien me le permettre, je ne
répéterai pas de discours à l'occasion de cet amendement,
je vais me contenter de le dire.
M. LESAGE: Le chef de l'Opposition n'a pas de permission à me
demander. Je ne lui en demande pas.
M. JOHNSON: Je vais me contenter, M. le Président, de lire cet
amendement et de faire quelques brefs commentaires à la suite de cet
amendement.
Que tous les mots après que, dans la motion en discussion, soient
retranchés et remplacés par les suivants, j'ai l'honneur de faire
cette motion avec l'appui du député...
M. LESAGE: Je n'ai jamais vu tant de vasage. M. JOHNSON: ... de Yamaska.
Le bill...
M. LESAGE: Lisez, c'est parfait comme vasage.
M. JOHNSON: ... 81...
M. LESAGE: Qui est-ce qui a composé ça, ce
chef-d'oeuvre-là?
M. JOHNSON: ... soit retourné au comité plénier de
la Chambre avec instruction de l'amender de façon... qu'en toute
matière...
M. LESAGE: Lisez ça, c'est un chef-d'oeuvre. Envoyez... Plus
fort.
M. JOHNSON: ... où la Constitution donne à la
Législature provinciale des pouvoirs exclusifs ou prioritaires...
M. LESAGE: Plus fort.
M. JOHNSON: ... le lieutenant-gouverneur en conseil soit autorisé
non pas uniquement pour suivre dans le Québec sous la direction et la
surveillance d'Ottawa l'application des programmes conçus et
inaugurés par l'autorité fédérale, mais à y
mettre fin...
M. LESAGE: Toute la même phrase.
M. JOHNSON: ... et à les remplacer immédiatement par des
programmes entièrement conçus dans le Québec en fonction
des programmes particuliers de la population québécoise, assurant
ainsi le rapatriement de nds libertés législatives aussi bien que
des libertés fiscales. M. le Président...
M. LESAGE: C'est essoufflant! une phrase! ouf! quel vasage! c'est
épouvantable!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. LESAGE: C'est épouvantable d'écrire comme
ça.
M. BELLEMARE: Lisez l'article 1 de la loi vous allez voir que c'est
essoufflant aussi.
M. JOHNSON: ... c'est une phrase inspirée par...
M. LESAGE: Imaginez-vous si ça doit être dur à lire,
si c'est essoufflant.
M. JOHNSON: ... la phraséologie même de l'article 1 qui est
un produit de l'imagination et de l'intelligence si vive du premier
ministre...
M. LESAGE: L'article 1 est bien fait.
M. JOHNSON: ... et c'est une phrase qui a beaucoup plus de clarté
que les phrases dont le premier ministre se déclare satisfait quand il
s'agit d'accords avec Ottawa, M. le Président, et pour vous donner un
seul exemple non pas pour s'amuser mais pour édifier la population, je
vous lirai seulement un article, M. le Président, de la loi à
laquelle le premier ministre voudrait que nous nous pliions: « Lorsque
l'ensemble déterminé par le ministre des Finances, a) du montant
global du supplément d'abattement fiscal applicable à
l'égard d'un programme permanent dans une province, comme le
prévoit l'article 6 pour une année civile et b) du montant du
paiement de péréquation d'impôt à cette province
à l'égard du programme permanent mentionné à
l'alinéa comme le prévoit l'article 7 pour cette année
civile est moindre que le montant déterminé par le ministre
compétent qui aurait été payé par le gouvernement
du Canada au terme de l'instrument d'autorisation à la province à
l'égard de l'année d'application de ce programme que l'on veut
rapporter à l'année civile pour laquelle le supplément
d'abattement fiscal a été... »
M. LESAGE: Faut-il dire amen à cela?
M. JOHNSON: « ... prévu le ministre des Finances peut payer
à la province un montant égal au montant de la différence.
»
M. LESAGE: Amen!
M. JOHNSON: Deuxième paragraphe aussi clair.
M. LESAGE: Ce sont vos petits amis qui ont fait ça.
M. JOHNSON: « Lorsque l'ensemble est déterminé par
le ministre des Finances a) du montant global du supplément d'abattement
fiscal applicable à l'égard d'un programme permanent dans une
province comme le prévoit l'article 6 pour une année civile et b)
du montant du paiement... »
M. LESAGE: Quelle langue le chef de l'Opposition parle-t-il?
M. JOHNSON: « ... de péréquation d'impôt de
cette province à l'égard du programme permanent mentionné
à l'alinéa comme le prévoit l'article 7 pour cette
année civile est supérieur au montant déterminé par
le ministre compétent qui aurait été payé par le
gouvernement du Canada au terme de l'instrument d'autorisation à la
province à l'égard de l'année d'application de ce
programme que l'on veut rapporter à l'année civile pour laquelle
le supplément d'abattement fiscal a été prévu, le
montant qui sera autrement payable en conformité de l'article 7 doit
être réduit du montant de la différence et si la
réduction est insuffisante pour annuler la différence, un montant
égal au reste de la différence doit être recouvré
par prélèvement sur toutes sommes payables à la province
en vertu de la loi sur les arrangements fiscaux entre le gouvernement
fédéral et les provinces ou de toute loi du Parlement du Canada
la remplaçant ». Ça peut-être autrement être
recouvrée à titre de l'aide due au Canada par la province.
»
M. LESAGE: Ite missa est!
M. JOHNSON: Cela, c'est de la Législation comme le
député de Montmagny-L'Islet en a fait pendant dix ans.
M. LESAGE: Cela y est!
M. JOHNSON: Cela, c'est l'influence formidable de notre goupe de
députés, de ministres, canadiens-français de la province
de Québec à Ottawa.
M. LESAGE: M. le Président, c'est bien dans l'ordre...
M. JOHNSON: C'est ça, M. le Président, ce qu'on appelle du
fédéralisme coopératif. C'est ça, M. le
Président, la clarté de la phrase.
M. LESAGE: Est-ce que je comprends bien, M. le Président, que
nous sommes sur un amendement?
M. JOHNSON: Donc, M. le Président, j'ai l'honneur de proposer un
amendement...
M. LESAGE: Ite missa estl
M. JOHNSON: ... qui est très clair, précis...
M. LESAGE: Ah oui, très, très!
M. JOHNSON: ... et surtout très embarrassant pour le
gouvernement.
M. LESAGE: On vote contre, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. LESAGE: Sur division, contre. Battu sur division.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a d'autres députés qui
veulent parler sur l'amendement?
M. LESAGE: On va sauver du temps. Battu sur division.
M. LE PRESIDENT: L'amendement sera-t-il agréé?
M. LESAGE: Non.
M. JOHNSON: Non. Vote! Vote!
M. LESAGE: Un vote? Vous voulez perdre du temps. Qu'est-ce que
c'est...?
M. LAPORTE: Sur division.
M. LESAGE: Sur division. Voyons!
M. LAPORTE: Pas enregistré.
M. JOHNSON: Le premier ministre veut-il déclarer...
M. LESAGE: Bien oui, je suis contre! Bon!
M. JOHNSON: ... qu'il vote contre l'amendement?
M. LAPORTE: Si nous avions voté, nous aurions tous voté
contre.
M. LESAGE: Tous votés contre.
M. JOHNSON: Est-ce que l'un après l'autre voudrait se lever? Le
ministre de la Justice?
M. WAGNER: Je suis contre. M. LESAGE: Tous.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! La motion est rejetée sur
division.
M. JOHNSON: Sur division.
M. LESAGE: Troisième lecture.
M. LE PRESIDENT: Motion de troisième lecture.
M. LESAGE: Adoptée sur division.
M. LE PRESIDENT: Adoptée sur division,
M. LESAGE: 82.
M. LAPORTE: M. le Président, 11, 82,
M. LE GREFFIER ADJOINT: Troisième lecture de ce bill. Third
reading of this bill.
M. LE PRESIDENT: Pour M. Lafrance,...
M. LAPORTE: Oui, c'est ça!
M. LE PRESIDENT: ... M. Lesage propose la deuxième lecture du
bill numéro 82 Loi de l'aide aux invalides.
M. JOHNSON: Est-ce qu'il a démissionné M. Lafrance?
M. LESAGE: Oh, non, non!
M. LE PRESIDENT: Son Excellence...
M. JOHNSON: Est-ce qu'il est malade d'avoir mis du vin dans son eau?
M. LESAGE: Vous le lui demanderez demain matin.
M. JOHNSON: Je sens que ça va être...
M. LESAGE: Demain matin, si je comprends bien, ce sera l'étude en
deuxième lecture puis le bill de la Régie des alcools. Alors vous
pourrez lui demander demain matin à dix heures. Demain matin à
dix heures.
Oui. Son Honneur, le lieutenant-gouverneur m'a informé des
dispositions du bill 82. Il en recommande l'étude à la
Chambre.
M. le Président, nous avons discuté longuement des
principes. Il s'agit de l'application pratique dans un domaine particulier,
celui de l'aide aux invalides. Alors, nous pourrons faire ça en
comité.
M. LE PRESIDENT: La motion de deuxième lecture
sera-t-elle...?
M. BELLEMARE: Non, non. M. le Président, je voudrais en cette
occasion, faire un discours qui sera très court, si je ne suis pas
interrompu,...
M. LESAGE: Non. Je lis ma Presse.
M. BELLEMARE: D'accord! Je vais être très heureux s'il peut
suivre ses lignes.
M. LAPORTE: S'il peut tenir sa Presse assez loin.
M. BELLEMARE: Oui. Mais, M. le Président, à l'occasion de
la passation de ces trois lois, ce sont les mêmes remarques que 82, 83 et
84 que je voudrais voir appliquer.
M. LESAGE: Vous allez les dire rien qu'une fois, n'est-ce pas?
M. BELLEMARE: Je vais les dire seulement une fois.
M. LESAGE: D'accord!
M. BELLEMARE: Je suis d'avis, M. le Président, qu'il y a une
refonte, pas générale, mais il y a une refonte qui remplace la
loi actuelle qui vient en conformité avec les règlements
fédéraux.
Je dis que ce serait, à ce moment-ci, un beau geste de la
province, un geste autonomiste de penser un peu à ces invalides,
à ces mères nécessiteuses, à ces vieux et vieilles
et aux aveugles qui reçoivent actuellement $75 par mois. Je dis que
ç'aurait été pour le gouvernement une occasion
merveilleuse et propice de donner à nos vieux, à nos vieilles,
à nos aveugles et à nos invalides une preuve d'autonomie
concrète et financière, de leur donner, leur allouer une pension
augmentée de $25 par mois. C'est le temps. Avec des budgets de$l,800
millions, avec les experts que l'on paie des prix raisonnables peut-être
à cause de leur compétence, mais je dis que ç'aurait
été le temps de penser à ceux qui ont vieilli, à
ceux qui sont des aveugles, à ceux qui sont des invalides et de leur
accorder ce supplément d'une pension nécessaire à leur
vie, surtout si nous, dans la fonction publique nous avons aujourd'hui recours
à des augmentations de salaire parce que notre position nous le
commande, je dis, M. le Président, que les employés civils
demandent des rajustement peut-être avec raison, à cause du
coût de la vie.
Mais pourquoi oublier les vieux et les vieilles? Pourquoi oublier les
invalides? Pourquoi oublier les aveugles? On aurait aujourd'hui l'occasion
toute donnée de faire un geste des plus remarqués parce que, M.
le Président, on vient tout à l'heure de passer des bills
concernant les pensions, concernant la rente qu'on va établir pour les
pensions d'ici à quelques années, qui auraient effet d'ici
à quelques années. Mais ceux qui n'ont pas eu l'avantage, ceux
qui n'auront pas eu l'avantage d'obtenir ces pensions contributoires, ces
pensions qui vont nous être payées dans quelques années,
mériteraient il me semble aujourd'hui, avec un budget tel que nous
l'avons, d'obtenir un meilleur traitement.
S'il y a dans la province de Québec des gens qui n'ont pas les
moyens de s'exprimer, qui n'ont pas l'avantage de pouvoir crier leur
misère parce qu'ils ont vieilli, parce qu'ils ont des dépenses
supplémentaires, parce qu'ils sont obligés de répondre
à des besoins financiers souvent dans leur propre famille, et c'est avec
un $75 par mois qu'on va payer la nourriture, qu'on va payer le logement, qu'on
va payer l'habillement, les remèdes et les autres
nécessités. Je dis, M. le Président, que le premier
ministre de la province, je dis que le ministre de la Famille qui, lorsqu'il
était dans l'Opposition menaient des campagnes extraordinaires contre le
gouvernement au pouvoir, qui dans le temps n'avait qu'un budget de $500
millions, demandaient à ce moment-là des augmentations pour les
pensionnés seraient félicités de ce geste.
Eh bien, M. le Président, ce soir, je suis le porte-parole
sûr de tous ceux qui, dans cette province, ont les yeux peut-être
fixés sur l'administration provinciale et demandent qu'on ait
pitié d'eux, qu'on leur accorde un $25 de plus par mois, qu'on leur
accorde à ces pauvres vieux et vieilles qui vivent misérablement
dans bien des cas, qui n'ont pas eu des pensions de retraités ou qui
sont obligés de vivre seulement avec ce qu'on leur accorde $75, aux
invalides et aux aveugles, qu'on ait pour eux au moins, comme disait mon
collègue de Maisonneuve autrefois, un regard compatissant.
M. le Président, nous avons dans cette Chambre maintenu depuis
plusieurs années, sans démagogie, le principe de donner à
chacun sa juste part. Je pense qu'aujourd'hui le gouvernement qui est en
possession d'un budget aussi colossal de $1,800 millions et demain d'un budget
de $2 milliards, aurait je pense l'occasion toute trouvée de se tourner
vers les vieux et les vieilles, vers les aveugles, vers les invalides pour leur
dire; « Vous avez le droit, vous aussi, vous qui avez pendant des
années participé au développement de la province, vous qui
avez aussi sacrifié bien de vos heures pour le succès de vos
familles, nous allons vous accorder un supplément raisonnable, nous
allons vous accorder $25. »
M. le Président, ce soir le geste que poserait le gouvernement en
accordant $25 aux pensionnés serait beaucoup plus apprécié
qu'à la veille d'une élection. Ah, on s'en servira
peut-être à la veille d'une élection, l'année
prochaine ou dans deux ans, pour dire aux pensionnés: « Nous
allons vous accorder $25 de plus par mois. »
M. LESAGE: Je pensais que c'était cet automne.
M. BELLEMARE: ... je sais qu'aujourd'hui l'honorable premier
ministre...
M. LESAGE: Le chef de l'Opposition a dit que c'était cet automne
les élections.
M. BELLEMARE: Je continue et je dis que le premier ministre recevrait de
la part de tout le monde et de moi, personnellement, un tribut de
félicitations et de remerciements s'il voulait bien condescendre ce soir
à accorder, pas à la veille des élections, mais ce soir,
un ajustement, une augmentation de $25 par mois, de plus que ce qu'on paie
présentement. C'est le temps, M. le Président, de montrer ses
bonnes dispositions...
M. BERNIER: C'est $50 que ça prendrait, $25 ce n'est pas
assez.
M. BELLEMARE: ... c'est le temps d'être autonomistes et de dire:
« Nous récupérons d'Ottawa des sommes considérables,
nous allons accorder à ces gens qui dans le monde aujourd'hui, qui dans
notre société méritent qu'on s'occupe d'eux, eh bien nous
allons vous accorder un rajustement de $25. » Ah, M. le Président,
il faut entendre, les vieux et les vieilles, il faut les entendre ces invalides
et ces aveugles lorsqu'ils disent au gouvernement ou lorsque nous les
rencontrons sur la rue: « Eh bien, qu'est-ce que vous voulez qu'on fasse
avec $75 par mois? Comment vous voulez qu'on vive?
Comment voulez-vous que nous arrivions, avec le coût de la vie?
Mais, M. le Président, ce sont des membres de notre communauté;
ils en font partie au même titre que ceux qui sont des ingénieurs,
qui sont des avocats, ceux qui sont des notaires ou des professionnels ou qui
sont des employés de chemins de fer ou des ouvriers et Ils
méritent qu'avec un budget de $1,800 millions et avec un budget de
$2,200 millions l'an prochain, on leur accorde cette année une
augmentation de $25 par mois. Je le dis, M. le Président, parce que je
sais que le premier ministre va se laisser...
M. LESAGEs Attendrir.
M. BELLEMARE: ... attendrir, émouvoir, par cet appel que nous
faisons bien indépendamment de la partisanerie politique. Ce n'est pas
à la veille d'une élection, puisque le premier ministre dit que
nous n'en aurons pas cet automne, mais je dis et je répète que
lorsqu'il s'agit d'augmenter des employés civils, lorsqu'il s'agit
d'augmenter des sous-ministres, lorsqu'il s'agit d'augmenter des ministres,
lorsqu'il s'agit d'augmenter des députés, je suis d'accord, j'en
suis, quand ils rendent service à leur population et qu'ils peuvent
justifier, par les actes qu'ils posent, le salaire qu'on leur donne. Mais je
dis que ceci étant posé, il y a dans notre société
des gens qui ne sont pas à part entière, des gens que nous avons
délaissés et des gens que nous devrions, aujourd'hui, à
cause des sommes formidables que nous récupérons d'Ottawa,...
nous devrions passer une loi et mettre, dans cette loi, qu'un montant de $25
sera accordé à tous les pensionnés, pensions de
vieillesse, pensions de mères nécessiteuses, pensions d'invalides
et pensions d'aveugles et combien d'heureux nous ferions, combien cette petite
partie d'argent du peuple que nous collectons en taxes et que nous remettrions
aux déshérités de la vie serait vivement
appréciée. $100 par mois, $1,200 par année, M. le
Président, quel est l'homme qui est capable de vivre décemment
aujourd'hui, dans une société aussi complexée que celle
que nous avons?
M. le Président, ce sont les remèdes, ce sont les
hôpitaux, c'est la vieillesse, c'est l'habillement, c'est la nourriture,
c'est en fin de compte toutes les nécessités de la vie. Je dis,
à la suite de M. Lafrance, quand il était au siège du
député de St-Sauveur, que ce serait un crime que d'oublier ces
gens qui ont rendu dans tous les domaines de notre société
d'immenses services. Où est-il le ministre de la Famille? ce soir, pour
revendiquer l^augmen-tation de $25 par mois? Lui, plus qu'un autre, lui qui a
mené dans l'Opposition des batailles extraordinaires pour tâcher
de soulager les pauvres, les jeunes, ceux qui, dans la société,
méritent qu'on les traite à part entière, comme les
autres?
Eh bien, M. le Président, vous ne l'avez pas entendu durant cette
session. Il n'a pas été question d'augmentation, de pensions de
vieillesse, de pensions d'aveugles et de pensions aux invalides...
M. LESAGE: Non, on a parlé rien que de ça.
M. BELLEMARE: ... mais ce soir, M. le Président, devant les bills
qui nous sont présentés: 82, 83 et 84, je crois que le premier
ministre ferait un geste magnanime, vivement apprécié de tous les
pensionnés s'il disait: le député de Champlain a raison,
nous allons leur accorder $25 de plus par mois...
M. BERNIER: C'est $50, ça ne prend pas $25.
M. BELLEMARE: ... et je suis sur...
M. LESAGE: Donnez-moi deux minutes, je vais vous répondre.
M. BELLEMARE: Pardon?
M. LESAGE: Donnez-moi deux minutes, je vais vous répondre.
M. BELLEMARE: Allez-vous me l'accorder? M. LESAGE: Ah, vous allez
être surpris.
M. BELLEMARE: Ah, si c'est vrai, je suis prêt à reprendre
mon siège.
M. LESAGE: Ah, je ne dis pas que je vais vous l'accorder, vous allez
être surpris.
M. BELLEMARE: Ah bon, bon. Je vais continuer dans ce cas-là.
Des surprises comme le premier ministre va m'en faire, c'est pour me
dire non. Alors, M. le Président, je pense qu'après ces quelques
remarques...
M. LESAGE: Bien senties.
M. BELLEMARE: Bien senties, surtoutbien sincères, c'est un appel
à la raison.
M. LESAGEî Ah, j'ai sorti mon mouchoir.
M. BELLEMARE: Et surtout, un appel à la
générosité du gouvernement. On trouve partout de l'argent
pour payer toutes sortes de choses, on a de l'argent pour toutes sortes de
dépenses, on a même de l'argent pour des voitures de voyages
dispendieuses...
UNE VOIX: Des voitures de voyages!
M. BELLEMARE: Oui... des avions. Mais, M. le Président, quand il
s'agit de donner $1 million de plus aux pauvres, quand il s'agit de donner aux
déshérités de la vie, surtout ceux qui ne peuvent pas, eux
autres, marcher sur le Parlement. Voyez-vous les vieux et puis les vieilles
marcher sur le Parlement? Ils ne feraient peut-être pas un meilleur
voyage que ceux qui sont venus aujourd'hui.
En tous les cas j'ai beaucoup de sympathie pour ces pauvres
gens-là qui ne peuvent pas faire la grève excepté sur le
tas. Donc je dis qu'est-ce que serait un million de plus, qu'est-ce que
représenterait, même $3 millions de plus pour la province de
Québec avec un budget de $1,800 millions pour rendre service à
ceux qui ne peuvent aujourd'hui le demander? Est-ce qu'il faut que ce soit un
cadeau électoral à chaque élection? Est-ce qu'on doit
s'occuper des vieux et des vieilles, des aveugles et des invalides chaque fois
qu'il y a une élection pour essayer d'aller récupérer des
votes? Cela, M. le Président, c'est de la partisanerie politique,
ça ce sont des moyens antidémocratiques. Ce serait le temps ce
soir puisqu'il n'y a pas d'élection en vue...
M. BERNIER: C'est de même que ça marche!
M. BELLEMARE: ... de dire: « Nous allons accorder une
augmentation...
M. BERNIER: On s'en occupe tout le temps, tous les jours.
M. BELLEMARE: ... de pension aux vieux, aux vieilles, aux aveugles et
aux invalides de $100 par mois à compter du 1er janvier 1965. Ah!
ça ç'a aurait été un beau geste.
M. BERNIER: $25 ce n'est pas assez, ça prend $50
d'augmentation.
M. BELLEMARE: Je n'ai pas besoin des arguments du député
de Matane.
M. BERNIER: Pourquoi pas?
M. BELLEMARE: Je n'ai pas besoin de dire...
M. CREPEAU: Vous n'avez pas besoin des arguments de personne mais vous
aviez un discours à faire.
M. BELLEMARE: Alors, M. le Président, avant que la tempête
prenne, je vais reprendre mon siège et puis avant de perdre ma bonne
humeur et...
M. LESAGE: N'allez pas faire ça, ça va bien. M. BELLEMARE:
...M. le Président, je rap-
pelle aux députés que s'ils veulent se lever c'est le
temps. C'est le temps de vous lever, vous autres, les libéraux assis.
Vous ferez de la politique dans vos comtés à la prochaine
élection avec...
M. LESAGE: Votre coeur!
M. BELLEMARE: ... en disant: « Nous vous avons accordé des
augmentations de pension » oui, la veille des élections...
M. LESAGE: Votre coeur.
M. BELLEMARE: ...pour aller chercher des votes. Accordez-le donc
aujourd'hui! Levez-vous donc de votre siège, en faveur de la motion du
député de Champlain. Levez la main ceux qui sont pour!
M. CREPEAU: C'est contraire au règlement.
M. BELLEMARE: Vous les voyez là, M. le Président, les
grands prêcheurs d'autonomie et contre la pauvreté, les gens qui
ont entrepris des programmes à dix pages contre la pauvreté.
Quand il s'agit de voter $3 millions, $2 millions peut-être pour les
pauvres et les mères nécessiteuses, les pensions de vieillesse,
d'invalides et d'aveugles, pas un ne lève la main, pas un.
M. BERNIER: Ce n'est pas $25 qu'on veut, c'est $50.
M. BELLEMARE: M. le Président, pensez-vous que ça ne
serait pas vivement apprécié de la part de tous ces pauvres gens
qui ont réellement besoin dans une économie comme nous vivons
présentement?
M. BERNIER: Certainement.
M. BELLEMARE: M. le Président, ils sont obligés eux autres
aussi, les vieux et les vieilles, de payer toutes les taxes qui nous ont
été imposées depuis quelques années et ça
ça diminue leur revenu. Ils sont obligés, eux autres aussi, de
payer peut-être à crédit, monsieur, par termes leur
dentier, ça aussi ça affecte énormément leur budget
et dans les circonstances je termine et je veux rester bien objectif. Bien, je
demanderais au député de Mercier d'en faire autant.
M. LESAGE: Bien, c'est d'accord, je vais répondre pout tout le
monde.
M. CREPEAU: Cela ne prendrait pas un gros effort pour en faire
autant.
M. BELLEMARE: M. le Président, je n'ai pas besoin de dire au
député de Mercier que toutes les fois qu'il se lève c'est
pour dire: « Je présente le bill et je m'assis » c'est la
seule chose qu'il a faite durant la session. Vous n'aurez pas un gros
record.
M. PINARD: Ses bills passent, par exemple.
M. BELLEMARE: Il a de l'influence, lui aussi, il est comme le
député de Chomedey, de Laval, excusez-moi. Il va peut-être
avoir un comté qui va s'appeler de même bien vite.
M. LAVOIE (Laval)): Si vous étiez en faveur des pensions aux
muets je vous seconderais.
M. BELLEMARE: Non, je ne le serai jamais. Voyez-vous ça, M. le
Président, un député libéral qui demande à
un député de l'Opposition d'être muet, à des gens
comme ça du parti libéral qui sont muets on devrait leur payer
une pension.
M. LACROIX: Vous avez retrouvé la parole seulement depuis
1960.
M. BERNIER: Vous n'étiez pas si éloquent avant 1960.
M. BELLEMARE: M. le Président, je remplis dans cette Chambre le
rôle qui m'a été confié par mes électeurs.
Quand j'ai été élu en 1944 j'ai siégé
à votre droite, j'ai fait mon devoir et, dimanche prochain, M. le
député des Iles-de-la-Madeleine, je fêterai mon 22e
anniversaire comme député dans cette Chambre. Vous en ferez
autant!
M. LESAGE: Bien non, mais il n'a pas votre âge.
M. BELLEMARE: Non mais il ne se rendra pas là non plus.
M. LESAGE: Comment il ne se rendra pas là?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
UNE VOIX: Le bill.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. BELLEMARE: M. le Président, je termine et je suis heureux
d'attendre maintenant la réponse que nous fera l'honorable premier
ministre concernant la proposition très sympathique que je lui ai
demandée de nous accorder en fa-
veur des vieux, des vieilles, des invalides et des aveugles.
M. BERNIER: On va prendre ça en considération.
M. LESAGE: M. le Président, j'ai l'intention d'user de mon droit
de réplique très brièvement.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a d'autres députés qui
voudrait prendre la parole?
M. JOHNSON: Sur le bill 82?
M. LESAGE: Oui. Le député de Champlain a couvert le
principe des bills 82, 83 et 84, je vais faire la même chose.
M. BELLEMARE; C'est-à-dire, ce sont des refontes.
M. LESAGE: Oui, oui. Je vais faire la même chose. L'intention du
gouvernement à la prochaine session, c'est d'avoir une loi unique pour
tous les cas d'assistance sociale, une loi unique, qui consacrera le principe
qui est déjà en vigueur à l'effet que ceux qui
reçoivent de l'aide de $75 par mois, en vertu des programmes
catégorisés, programmes des bills 82, 83 et 84, peuvent recevoir
de l'aide supplémentaire suivant les besoins en vertu de la loi de
l'assistance-chômage, assistance publique. A l'heure actuelle, de tels
suppléments sont payés dans les cas de besoin.
M. BELLEMARE: Pas dans tous les cas? M. LESAGE: Dans les cas de besoin.
M. BELLEMARE: Ah oui! $10 de plus...
M. LESAGE: Un instant. M. le Président, ça va beaucoup
plus loin que ça, ça va beaucoup plus loin que $10 de plus,
ça peutaller... il y en a qui reçoivent jusqu'à $185, $190
par mois.
M. BELLEMARE: Des vieux et des vieilles?
M. LESAGE: Des invalides, des aveugles, oui. Et des personnes de 65
à 70 ans ou des personnes de sexe féminin de $60 à
$65.
M. BELLEMARE: Pas $185.
M. LESAGE: Cela dépend des besoins, bien non, évidemment,
une vieille fille n'a pas d'enfant, alors elle ne peut pas avoir $175.
M. BELLEMARE: Bien, vous ne me dites pas ça.
M. LESAGE: Alors, j'ai dit qu'il y a des cas. L'année prochaine,
nous avons l'intention de présenter une loi unique. Jusqu'à
présent le barème n'a pas été le barème du
besoin, mais celui de l'évaluation des ressources. A la prochaine
session, nous présenterons une loi qui unifiera tous ces programmes et
le barème sera le barème du besoin. De plus, nous avons
l'intention, à la prochaine session, de prévoir au moins le
paiement des honoraires de médecin, à partir du 1er avril 1966,
pour toutes les personnes qui reçoivent des allocations sociales, sauf
les allocations familiales ou la pension universelle de vieillesse, pour tous,
pour tous ceux qui reçoivent des allocations sociales. N'oublions pas
que pour les personnes qui reçoivent des paiements de
sécurité de la vieillesse de $75 par mois, nous payons dans les
cas de besoin des suppléments également sous forme
d'allocations.
M. BELLEMARE: Cela, je sais ça.
M. LESAGE: Alors c'est dire quejen'ai excepté que les allocations
familiales, je n'ai pas excepté les paiements de la
sécurité de vieillesse, parce que, dans les cas de besoin, nous
payons des suppléments. Alors, dans tous les cas où des
allocations sociales seront payés en vertu de cette loi unique
basée sur le critère besoin, les frais de médecin au
moins, nous sommes à faire faire l'étude actuellement du
coût, parce qu'il ne faut prendre que la bouchée que l'on peut
avaler à même les possibilités de perception de revenus et
la limitation de la taxation, nous avons l'intention, dis-je, je
lerépète, au moins de payer des honoraires de médecin.
Alors, je crois que j'ai répondu en bonne partie, sinon
complètement, au désir exprimé par le député
de Champlain, si je le traduis par la philosophie exprimée,
exposée à plusieurs reprises en cette Chambre par le chef de
l'Opposition à l'effet que les paiements devaient être
basés sur le besoin.
M. LE PRESIDENT: La motion de deuxième lecture du bill 82
sera-t-elle adoptée? Adoptée.
M. LE GREFFIER ADJOINT: Deuxième lecture de ce bill. Second
reading of this bill.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que je dois comprendre que c'est 82, 83, 84?
M. JOHNSON: Non, 82 seulement, un par un, s'il vous plaît.
M. LE PRESIDENT: 82 seulement, adopté. M. Lesage propose que je
quitte maintenant le fauteuil et que la Chambre se forme en comité
plénier pour étudier le bill 82. Cette motion sera-t-elle
adoptée? Adoptée.
M. BEDARD (président du comité plénier): Bill 82,
article 1, définition. Article 1, adopté. Article 2?
M. LESAGE: II s'agit purement et simplement d'avoir une loi organique
pour d'ici à ce que nous ayons une loi unique.
M. BELLEMARE: A ce moment-là il sera permis de faire des
suggestions?
M. LESAGE: Oui.
M. JOHNSON: Bien voici, tout de suite, M. le Président, à
l'article 2 qui contient la définition d'un invalide, j'aimerais
demander au premier ministre si on va maintenir les règlements
fédéraux-provinciaux...
M. LESAGE: Bien, évidemment, tant que la période de
transition ne sera pas clarifiée...
M. JOHNSON: ... dans leur état actuel.
M. LESAGE: Tant que la période de transition ne sera pas
terminée, il faudra s'entendre sur les règlements.
M. JOHNSON: Vous venez de vous rendre compte, M. le Président,
des inconvénients des arrangements plus ou moins secrets qui ont
été faits et chaque député dans cette Chambre
pourrait rapporter les cas qu'il connaît personnellement de personnes
invalides ayant eu tellement de difficulté à obtenir leur
allocation...
M. LESAGE: C'est très bien. Voulez-vous que je vous lise une
lettre que j'ai reçue et que vous avez reçue; « pour
recevoir la pension des invalides, il faut être mort!
M. JOHNSON: ... parce que le règlement fédéral,
auquel nous avons dû souscrire et qui est maintenu par la loi actuelle
est un règlement qui n'est pas réaliste, est un
règlement...
M. LESAGE: ... S'ils ne sont pas reconnus comme invalides au sens du
bill 82, on les aide avec l'assistance sociale, c'est aussi simple que
ça. Autrefois, c'était important parce qu'on se faisait dire:
« II faut être mort pour recevoir la pension ». Maintenant ce
n'est plus vrai, à cau- se du système d'assistance-chômage,
assistance publique. Ce n'est plus vrai. Nous les aidons autrement, en vertu
d'autres lois, lorsqu'ils ne sont pas invalides au sens de cette loi et cela
ça date du temps où le collègue qui est assis à la
droite du chef de l'Opposition était le ministre responsable de ce
ministère, bien moi, je tiens bien à donner à César
ce qui appartient à César.
M. JOHNSON: Et ça remonte au temps où celui qui
était devant moi...
M. LESAGE: Bien oui, je dis la vérité purement...
M. JOHNSON: ... était le ministre, le regretté premier
ministre de la province de Québec...
M. LESAGE: Je regrette infiniment, M. le Président, à ce
moment-là j'étais le chef. A ce moment-là, M. le
Président...
M. JOHNSON: ... qui avait présidé le comité
King-Lesage...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. LESAGE: M. le Président, je regrette infiniment, à ce
moment-là je suis obligé de corriger. En 1959, j'étais le
chef du parti libéral de la province de Québec et j'avais
démissionné comme député fédéral
depuis le 11 juin 1958.
M. LE PRESIDENT: Article 2, adopté.
M. JOHNSON: M. le Président, cette loi de l'aide aux invalides,
telle qu'on nous la présente, illustre ce que je voulais
démontrer: nous ne sommes pas libres, nous sommes encore obligés
d'appliquer la volonté d'Ottawa telle qu'apparente dans les
règlements passés par Ottawa. C'est une loi où nous
n'avons pas la liberté d'action. Mais nous sommes encore des sujets
d'Ottawa, et ça illustre parfaitement ce que je voulais tantôt
démontrer. Ce n'est pas une récupération de notre
compétence législative, c'est encore uniquement une
récupération et conditionnelle, de certaines libertés
fiscales.
M. LE PRESIDENT: Article 2 adopté.
M. JOHNSON: Article 3.
M. LE PRESIDENT: Article 3.
M. BELLEMARE: Article 3, M. le Prési-
dent, c'est là que j'arrive avec ma demande d'augmentation de $25
par mois pour demander au premier ministre s'il n'y aurait pas moyen...
M. LESAGE: Je viens de vous répondre.
M. BELLEMARE: Bien, c'est-à-dire pour cette année...
M. LESAGE: Non.
M. BELLEMARE: Ah bien, écoutez!
M. LESAGE: Je n'ai pas le moyen. Je n'ai pas de budget.
M. BELLEMARE: Pourquoi, écoutez bien. Là, c'est
marqué: les règlements de l'allocation mensuelle...
M. LESAGE: Je n'ai pas de budget.
M. BELLEMARE: ... de $100. On est prêt à lui voter un
budget supplémentaire.
M. LESAGE: Oui, mais je n'ai pas l'argent.
M. BELLEMARE: Combien ça peut coûter à peu
près?...
M. LESAGE: Cela va nous amener un déficit budgétaire aux
comptes ordinaires.
M. BELLEMARE: Non, non, mais combien que ça peut coûter
d'augmentation?
M. LESAGE: Je ne sais pas.
M. BELLEMARE: Je vais le dire au premier ministre, moi.
M. LESAGE: J'écrirai au chef de l'Opposition.
M. BELLEMARE: Non, non, je n'ai pas besoin de votre écriture.
Non, non, non, je l'ai fait mon enquête je vais lui dire au premier
ministre. Est-ce que le premier ministre si ça ne coûtait pas plus
de $2 millions, le donnerait.
M. LESAGE: Non, ça va coûter bien plus cher que
ça.
M. BELLEMARE: Ah non, non. Ah non, non, parce que justement il y en a
qui reçoivent $10 supplémentaire, il y en a qui reçoivent
de l'assistance publique, puis avec $25 par mois, de plus ils ne recevront pas
cette assistance.
M. LESAGE: L'assistance publique, il va falloir que je le donne à
l'assistance publique, ce $25 là.
M. BELLEMARE: Non, M. le Président, à $25 de plus par
mois, $100 par mois, ça va éviter des dépenses, ça
va être comprimé. Le premier ministre pense m'avoir donné
une grosse réponse tout à l'heure; je l'accepte, je suis
obligé de l'accepter. Il me dit que l'année prochaine il y aura
une loi qui paiera, il y aura une seule loi pour toute l'assistance sociale
mais je dis au premier ministre d'avance que ça, ça devient
dangereux à cause de l'arbitraire.
M. LESAGE: On en discutera l'année prochaine.
M. BELLEMARE: Oui, mais que le premier ministre fasse donc un beau
geste. Au lieu de $75, qu'il le mette donc à $100.
M. LESAGE: Je n'ai pas le moyen. Ce n'est pas moi qui paie, c'est le
payeur de taxes.
M. BELLEMARE: La province en a pour toutes sortes d'ambassades ailleurs,
pour toutes sortes de moyens de locomotion... transport, avion...
M. CREPEAU: Le budget est adopté.
M. BELLEMARE: ... pour toutes sortes de dépenses qui sont
quasiment des dépenses à terre, en l'air, en vent pour toutes
sortes de choses. Mais non, le premier ministre est fatigué, je le sais,
je vais essayer de baisser de ton.
M. LESAGE: Non, je ne suis pas fatigué pas du tout. Je suis
fatigué de vous entendre. C'est la troisième fois que vous
répétez la même chose.
M. BELLEMARE: Non, non, mais ce n'est pas sans raison.
M. LESAGE: Je n'ai pas les moyens, bon...
M. BELLEMARE: Si le premier ministre voulait que je le convainque,
M. LESAGE: Bien oui, mais allez-y, c'est inutile. Il n'y a rien de pire
qu'un type qui est allé à l'école des gérants de
banque, ça c'est un ministre des Finances. Vous connaissez ça,
l'école des gérants de banques? Ils vous enferment dans une
chambre...
M. BELLEMARE: Je ne suis pas bien bien.
M. LESAGE: ... Non, non, je vais vous le conter.
Ils vous enferment dans une chambre noire pendant vingt-quatre heures et
puis là vous êtes assis, vous n'avez pas le droit de vous coucher.
C'est une chaise droite, là, et il y a un disque qui joue constamment
« Non, non, non, non, non, non, non,... » pendant vingt-quatre
heures. Cela, c'est l'école des gérants de banque. Les ministres
des finances sont obligés d'aller à cet
école-là.
M. BELLEMARE: Vous avez appris vite! Vous avez appris vite. Le premier
ministre dit souvent: « Non, non, non... » II a le même ton!
Avez-vous remarqué? « Non, non, non, non... »
M. LE PRESIDENT: A l'ordrel
M. LESAGE: Cela a réussi. C'est comme ça sur le
disque.
M. BELLEMARE: M. le Président, avant de reprendre mon
siège pour la neuvième fois, parce que le premier ministre...
M. LESAGE: Nième.
M. BELLEMARE: Nième fois.
M. LESAGE: Nième!
M. BELLEMARE: Merci, professeur! Est-ce qu'il n'y aurait pas moyen que
le premier ministre se laisserait attendrir?
M. LESAGE: Attendez, attendez, mon mouchoir!
M. BELLEMARE: Non, non, mais mettez donc $100 par mois.
M. LESAGE: Je pense que...
M. BELLEMARE: $100, ça ne changera pas grand chose dans les
dépenses...
M. LAPORTE: Je vais vous amener au Conseil de la Trésorerie une
couple de fois.
M. BELLEMARE: Pardon?
M. LAPORTE: Je vais vous amener au Conseil de la Trésorerie. De
la tendreté là, on ne croit plus à ça.
M. BELLEMARE: De la tendreté?
M. LAPORTE: Oui, on va vous faire assister...
M. LESAGE: On va vous amener, on va vous faire assister...
M. LAPORTE: ... pour les finances.
M. LESAGE: On va vous faire assister à deux séances du
Conseil de la Trésorerie.
M. BELLEMARE: Non, mais avec un « presse-citron » comme on
en a un.
M. LESAGE: Non, non, ce n'est pas le « pres-se-cïtron
», c'est moi qui préside.
M. BELLEMARE: C'est rien de trouver deux millions de plus.
M. LESAGE: Non, non, le Conseil de la Trésorerie, c'est le
gérant de banque qui préside.
M. BELLEMARE: Non, mais deux petits millions de plus pour les
mères nécessiteuses, pour les vieux et les vieilles. Pauvre
premier ministre, M. le Président. Il va nous arriver l'année
prochaine à la veille des élections et il va dire: « Je
vous ai donné une augmentation. » Donnez-là donc cette
année.
M. LESAGE: Comment, l'année prochaine à la veille de
l'électionl Qui c'est qui a dit...
M. BELLEMARE: $25.
M. LESAGE: ... qu'il y aurait des élections? C'est cet automne
qu'il va y avoir des élections. Le chef de l'Opposition l'a dit.
M. BELLEMARE: $25 de plus par mois pour le premier ministre avec un
budget de $1,800 millions. Combien est-ce que vous allez
récupérer d'Ottawa?
M. LESAGE: M. le Président, je regrette infiniment, ça va
avoir l'air de vouloir acheter le peuple si je fais ça maintenant. On va
avoir des élections à l'automne, le chef de l'Opposition l'a
dit.
M. BELLEMARE: Bon, laissez faire l'air et puis prenez la chanson un peu,
là. Et puis chantez donc sur notre ton, un peu, et donnez donc $25 de
plus aux vieux et puis aux vieilles. Est-ce que c'est adopté. M. le
Président?
M. LESAGE: Oui, mais il nous a dit ça qu'on aurait des
élections à l'automne!
M. BELLEMARE: Je remercie infiniment le premier ministre de sa
générosité...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. BELLEMARE: ... en faveur des vieux et des vieilles, des aveugles et
des invalides.
M. LESAGE: Bien, je ne veux pas passer pour un peigne fin, voyons!
M. BELLEMARE: Je le remercie infiniment, je suis très heureux de
voir que demain, dans leur prière du soir, les pensionnaires vont avoir
une bonne intention pour lui.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 4.
M. JOHNSON: Non, non. Le premier ministre pourrait au moins nous dire
combien il y a d'invalides qui reçoivent... ?
M. LESAGE: Ah, je ne le sais pas!
M. JOHNSON: ... le minimum, soit $75?
M. LESAGE: Je ne suis pas le ministre de la Famille et du Bien-Etre
social. On n'avait qu'à poser ces questions-là lors de
l'étude des estimations du ministère, c'est tout.
M. JOHNSON: M. le Président, y a-t-il un membre dans cette
Chambre qui va prétendre qu'un invalide peut vivre avec $75?
M. LESAGE: Bon bien, envoyez, faites votre discours.
M. JOHNSON: Non, non. Le premier ministre...
M. LESAGE: Bien oui, s'il est dans le besoin on le supplémente
par l'assistance.
M. JOHNSON: J'ai compris ça.
M. LAPORTE: Le ministre a le droit...
M. JOHNSON: Il est automatiquement dans le besoin avec $900 par
année.
M. BELLEMARE: Mettez-le dans une loi.
M. JOHNSON: ... tandis qu'ils seraient moins dans le besoin avec $1,200
par année...
M. LESAGE: Oui, mais il y en a qui ont des revenus.
M. JOHNSON: ... En pratique, comme l'a dit le député de
Champlain, ça ne coûtera pas autant de fois $300 de plus par
année qu'il y a d'invalides dans la province parce que,
précisément,...
M. BELLEMARE: Justement.
M. JOHNSON: ... on vient en aide, par l'assistance publique, pour
supplémenter...
M. LESAGE: II y en a qui n'en ont pas besoin, il y en a qui n'en ont pas
besoin du tout.
M. JOHNSON: ... pour supplémenter le besoin des invalides, M. le
Président. On verra un peu plus loin dans quelles conditions un invalide
a droit à $75 par mois, mais nous trouvons, nous, que le temps est
arrivé de fixer à $1,200 par année, au lieu de $900, le
barème de base; ça va éviter, M. le
Président...
M. LESAGE: C'est votre loi, pour l'amour de Dieu, tâche zl
M. JOHNSON: Oui, mais le coût de la vie a augmenté de 3.9
depuis 2 ans...
M. LESAGE: Bien oui, mais c'est pour ça que c'est $75, dans votre
temps c'était $40 et puis là c'est $75.
M. JOHNSON: ... de 3.9% depuis 2 ans seulement. Il a dû augmenter
de près de 7 points depuis 1960...
M. LESAGE: En 1960, c'était $55, là c'est $75.
M. JOHNSON: M. le Président, en 1960, nous avions ce
mécanisme de la loi de l'assistance publique qui nous permettait de
supplémenter...
M. LESAGE: Bien, encore ici, nous l'avons et nous le voulons.
M. JOHNSON: Vous l'avez encore, mais nous devrions éviter d'avoir
à venir en aide, par le moyen de l'assistance publique, à toute
une catégorie et ce serait automatique ce $100 par mois...
M. LESAGE: Vous êtes contre ça l'automatisme.
M. JOHNSON: ... ce qui éviterait beaucoup d'enquêtes, ce
qui éviterait beaucoup de formules à remplir. On sait combien
ç'a été compliqué, on sait que chaque année
et plusieurs fois par année même le même invalide doit
remplir de nouvelles formules...
M. LESAGE: Quand on dit que ça va être automatique, le chef
de l'Opposition dit que ce sont des mots pour dire qu'on est riches.
M. JOHNSON: ... se traîner d'un médecin à l'autre.
Quant aux élections, M. le Président, le premier ministre tire un
gros argument, il y aura peut-être des élections cet automne tard,
mais il y aura aussi peut-être une session qui précédera
l'élection, je félicite le député de Champlain qui
s'est fait le porte-parole...
M. LESAGE: Cela y est.
M. JOHNSON: ... des gens qui ont besoin d'être aidés, qui
constituent...
M. LESAGE: Ils se rappellent encore comment s'encenser mutuellement!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. JOHNSON: ... cette portion la plus sympathique, M. le
Président,...
M. BELLEMARE: Ça vous choque parce que ça ne va pas de
votre bord.
M. LESAGE: On s'en foute royalement, on...
M. JOHNSON: ... la plus sympathique de la population, pourquoi ne pas
apporter un amendement qui ne coûterait pas cher, qui ne causera
pas...
M. LALONDE: Deux petits pains et puis une livre de beurre.
M. JOHNSON: ... un déficit et comme l'a dit le
député de Champlain, ces gens sont sujets à toutes les
nouvelles taxes qu'on a imposées sur des biens de consommation, leurs
taxes sont augmentées sur tout ce qu'ils s'achètent, nos
invalides qui habitaient la campagne ne payaient que 2% sur ce qu'ils
achètent et maintenant ils en paient 6%.
Nos invalides ont le droit de fumer comme les autres, ils paient une
taxe additionnelle. Nos invalides ont quelquefois besoin de
téléphoner, ils paient une taxe additionnelle nouvelle. Ils ont
besoin de manger quelquefois dans les restaurants, ils paient une taxe
augmentée. Ils ont quelquefois besoin de se loger dans des hôtels
ou des motels, ils paient, même s'ils sont invalides, une taxe
additionnelle M. le Président...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs. M. JOHNSON: ... et s'ils ont le
malheur...
M. LESAGE: Ils se font traîner en chaise longue dans les
restaurants pour avoir le plaisir de payer la taxe sur les repas.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs. Est-ce que l'article est
adopté?
M. LESAGE: M. le Président, quand même il serait dix
heures, on peut continuer, on va finir ça.
M. JOHNSON: Non, non, le premier ministre...
M. LESAGE: Consentement unanime, travaillons donc.
M. JOHNSON: Le premier ministre voudrait-il...
M. LESAGE: c'est bien facile, et puis vous le savez...
M. JOHNSON: ... demain, nous dire...
M. LESAGE: Non, c'est inutile, ma réponse est donnée. Vous
le savez aussi bien que moi, d'ailleurs.
M. JOHNSON: Combien... M. LESAGE: Je ne le sais pas. M. JOHNSON: ...
d'invalides... M. LESAGE: Je ne le sais pas.
M. JOHNSON: ... qu'est-ce que ça représente?
M. BELLEMARE: Le ministre revient demain?
M. LESAGE: Je ne le sais pas, il fallait le demander au ministre lors de
l'étude de ses crédits budgétaires.
M. BELLEMARE: II va y être demain, le ministre, s'il n'a pas
démissionné?
M. LESAGE: Je ne le sais pas s'il va y être. M. BELLEMARE: II n'a
pas démissionné? M. LESAGE: Ah non!
M. LE PRESIDENT: Est-ce que l'article 3 est adopté?
M. LESAGE: Adopté.
M. BELLEMARE: Pour passer la loi des liqueurs, il faut qu'il y soit.
M. LESAGE: Adopté.
M. JOHNSON: M. le Président..
M. BELLEMARE: Pour la loi des liqueurs, il va falloir qu'il y soit.
M. JOHNSON: M. le Président... M. LESAGE: Demandez-lui...
M. BELLEMARE: On va avoir des petites nouvelles pour lui, s'il n'y est
pas.
M. LESAGE: Alors, le numéro 4. M. LE PRESIDENT: No 3
adopté?
M. LESAGE: On peut siéger jusqu'à onze heures.
M. JOHNSON: Jusqu'à dix heures.
M. LESAGE: Je veux bien siéger jusqu'à onze heures.
M. JOHNSON: Dix heures.
M. BELLEMARE: On a un caucus à dix heures.
UNE VOIX: Vous avez un caucus tard.
M. BELLEMARE: Voyons, on se voit, nous autres aussi,
UNE VOIX: On travaille, nous autres.
M. BELLEMARE: On travaille, nous autres.
M. JOHNSON: On discute ce soir pour savoir si on va faire de la
propagande en faveur du député de Champlain ou du
député de Laurier pour vous succéder.
M. BERTRAND: Non, le député de Richmond.
M. BEDARD (président du comité plénier): M. le
Président, le comité n'a pas fini de délibérer, il
demande la permission de siéger de nouveau.
M. HYDE (président): Quand siégera-t-il? A la prochaine
séance? A la prochaine séance.
M. LAPORTE: M. le Président, demain matin, le comité des
bills privés et des bills publics siégera à dix heures et
demie. La Chambre siégera demain matin, à dix heures...
M. LESAGE: Non à dix heures trente. J'ai annoncé à
dix heures, c'est par erreur c'est entendu que c'est à dix heures et
demie.
M. LAPORTE: On commencera par l'étude en deuxième lecture
de la loi modifiant la Loi de la Régie des alcools. Nous suivrons, si
nous terminons l'étude de la Régie des alcools...
M. LESAGE: Demain matin.
M. LAPORTE: ... demain matin, en deuxième lecture et en
comité, nous continuerons avec la loi de l'accréditation des
libraires et demain après-midi, il est entendu qu'à deux heures
et trente, c'est le chef de l'Opposition qui a la parole sur la loi de la
fonction publique. Nous continuerons en comité laloi de la fonction
publique, nous reviendrons ensuite aux bills 82, 83, 84 et le reste...
M. LESAGE: 81, 82...
M. LAPORTE: .. et ensuite la loi des panneaux-réclame.
M. JOHNSON: M. le Président, demain matin, le comité...
permettez, M. le Président, sur la motion d'ajournement, le
comité siège et plusieurs de mes collègues qui sont
intéressés à la Loi des liqueurs...
M. LESAGE: Bon bien siégeons jusqu'à onze heures dans ce
cas-là.
M. JOHNSON: ... et qui ont commencé à l'étudier,
devront demain assister au comité des bills privés.
M. LESAGE: Bon bien, tant mieux. Cela va aider, ça va aller plus
vite.
M. JOHNSON: Et nous croyons, M. le Prési-
dent, que nous pourrions continuer ces lois-là demain, 82, 83 et
84...
M. LESAGE: Bien oui, mais je ne peux pas, il faut que je sois au
comité.
M. JOHNSON: Est-ce que le premier ministre doit siéger en bas,
lui aussi?
M. LESAGE: Bien évidemment, le comité des bills
privés, voyons I
M. LAPORTE: C'est arrivé à plusieurs reprises qu'au cours
de la session Pun quelconque des députés de l'autre
côté m'a dit: « II faut que je sois ici, il faut que je sois
là ». Ce n'est pas arrivé une seule fois que je n'ai pas
accepté ou qu'on n'a pas pris des dispositions mais là ce n'est
plus possible. A un moment donné, le premier ministre, ce sont toutes
des lois qui sont inscrites à son noms...
M. LESAGE: Sauf.
M. LAPORTE: ... sauf la loi des alcools, la loi des librairies. Alors il
faut bien que le travail s'accomplisse. Je m'excuse, je regrette, mais
là il faut que ça fonctionne.
M. LESAGE: Alors c'est ça.
M. LE PRESIDENT: La Chambre est ajournée à demain matin
à dix heures.
M. JOHNSON: La raison du plus grand nombre fait le droit
M. LAPORTE: La première fois.