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(Onze heures du matin)
M. HYDE (président): Qu'on ouvre les portes. Let the doors be
opened.
A l'ordre, messieurs. Affaires courantes.
Présentation de pétitions. Lecture et réception de
pétitions. Présentation de rapports de comités
élus.
M. LAPALME: M. le Président, j'ai l'honneur de lire, avant de le
déposer, le Premier rapport du comité parlementaire
communément appelé Comité parlementaire de la
constitution. « Comme on le sait, le Comité de la constitution,
formé à l'unanimité par l'Assemblée
législative le 7 juin 1963, tient son mandat d'une résolution
adoptée unanimement par l'Assemblée, le 22 mai 1963,
résolution qui se lit comme suit: « Que cette Chambre est d'avis
qu'un comité spécial devrait être institué, avec
pouvoir d'entendre des témoins et de siéger, même les jours
où la Chambre ne tient pas de séance et après la
prorogation, en vue de la détermination des objectifs à
poursuivre par le Canada français dans la revision du régime
constitutionnel canadien et des meilleurs moyens d'atteindre ces objectifs,
ledit comité devant faire rapport à la Chambre au cours de la
prochaine session. » « A titre de président du Comité
parlementaire de la constitution, je présente un rapport sur le travail
accompli par le comité au cours des douze derniers mois. « Depuis
qu'il a été formé, le Comité parlementaire de la
constitution a tenu cinq réunions publiques: une de ces réunions
a eu lieu dès l'été dernier, deux autres ont
été tenues au cours de l'automne et les deux dernières ont
eu lieu au cours du mois de juin. « Le comité directeur qui est
formé de sept des quinze membres du comité a eu, pour sa part,
neuf réunions de travail depuis le mois de juillet 1963. La
dernière de ces réunions vient d'avoir lieu il y a une dizaine de
jours. « Dès le mois de septembre dernier, le comité a fait
entreprendre, par l'Institut de droit public de l'Université de
Montréal, par le personnel du ministère des Affaires
fédérales-provinciales et par d'autres chercheurs, certaines
études qu'il juge essentielles. Les principales de ces études
portent sur les mécanismes de coopération intergouvernementales,
sur les formes de constitution fédérale où les parties
constituantes jouissent de statuts différents, sur la capacité
internationale des Etats fédérés et sur les modes
d'amendement à la constitution. « De plus, le secrétaire du
comité effectue actuellement des démarches afin que des
chercheurs puissent entreprendre, pour le comité, une étude des
implications économiques, sociales et politiques de
l'indépendance du Québec. Une quarantaine de personnes et
d'organismes ont manifesté le désir de se présenter
devantle comité pour lui faire part de leurs opinions sur les
problèmes étudiés par le comité. Le comité a
commencé ses audiences publiques au mois de juin et a l'intention de les
reprendre vers le milieu de septembre. A l'occasion de ces audiences publiques,
le comité verra à obtenir l'opinion d'experts sur les
problèmes constitutionnels; il a, d'ailleurs, déjà
commencé à le faire. « On peut donc constater que le
travail entrepris par le Comité parlementaire de la constitution est
loin d'être déterminé et qu'il n'est donc pas en mesure de
fournir un rapport final au cours de la présente session. »
Je reviendrai tout à l'heure, M. le Président, sous le
titre de « présentation »...
M. LESAGE: Non, c'est tout de suite.
M. LAPALME: A tout événement, je reviendrai tout à
l'heure avec une motion... Un instant!... une motion demandant que le
comité continue à faire son travail. Mais auparavant, je
voudrais, en même temps que je présente ce rapport, déposer
une liste des mémoires reçus par le comité de la
constitution et, en même temps, donner des détails additionnels.
C'est ainsi, par exemple, que le ministère des Affaires
fédérales-provinciales, sous la direction du sous-ministre, a
entrepris les travaux suivants: une étude des modes de collaboration
intergouvernementale; une mise au point d'une documentation complète sur
les aspects financiers des programmes conjoints de la
péréquation; une étude des sommes dépensées
au Québec par le gouvernement fédéral par rapport aux
revenus que le gouvernement fédéral tire du Québec.
Une étude c'est-à-dire, collaboration du ministère
avec la Commission Bélanger, ayant fait une étude des subventions
non conditionnelles dans d'autres pays fédératifs.
Le député de Missisquoi m'a demandé tout à
l'heure, non seulement de déposer la liste des mémoires pour
faire partie des archives de la Chambre, mais pour que le texte de cette liste
apparaisse également aux débats.
Maintenant, M. le Président,
M. LE PRESIDENT: Cela fait partie du rapport.
M. LESAGE: Non, non, au « Journal des débats ».
M. LAPALME: Au « Journal des débats ».
M. BERTRAND (Missisquoi): C'est pour que le public puisse en prendre
connaissance par le « Journal des débats ».
M. LESAGE: Cela pourrait être, et au procès-verbal, et au
Journal des débats»
M. BERTRAND (Missisquoi): Exactement.
M. LAPALME: Je déposerai toutes les pièces en même
temps parce que j'ai une signature à apposer qui n'apparaît pas
encore.
A la suite de ceci, au nom du comité, afin de lui permettre, au
Comité parlementaire, de terminer les travaux qui découlent du
mandat qui lui a été confié le 7 juin 1963, je propose
donc la motion suivante: « Que cette Chambre est d'avis que le
comité spécial institué avec pouvoir d'entendre des
témoins, de siéger même les jours où la Chambre ne
tient pas de séance, et après la prorogation, en vue de la
détermination des objectifs à poursuivre par le Canada
français dans la revision du régime constitutionnel canadien et
des meilleurs moyens d'atteindre ces objectifs, continue ses travaux et fasse
rapport à la Chambre au cours de la prochaine session. »
M. LE PRESIDENT: Cette motion sera-t-elle adoptée?
Adoptée. C'est-à-dire que le rapport sera lu et reçu?
M. LESAGE: C'est ça.
M. LE PRESIDENT: La motion est adoptée. Le rapport lui-même
est adopté par la Chambre.
M. JOHNSON: M. le Président, puisque ce comité doit
siéger en dehors de la session, me permettrait-on de faire une motion ce
matin pour remplacer deux membres sur le comité...
M. LESAGE: Oui.
M. JOHNSON: Je proposerais, M. le Président, secondé par
le député de Missisquoi, que messieurs Bellemare et Allard
remplacent messieurs Talbot et Gabias sur ce comité de la
Constitution.
M. LE PRESIDENT: Cette motion sera-t-elle adoptée?
Adoptée.
M. LESAGE: Adoptée.
M. LE PRESIDENT: Autres rapports des comités élus.
Présentation de motions non annoncées. Présentation
de bills privés. Présentation de bills publics.
M. LESAGE: Avant l'appel des affaires du jour, je voudrais signaler
à la Chambre que c'est aujourd'hui l'anniversaire de naissance du
député de Nicolet. Tous les députés de la Chambre,
je suis sûr, se joignent à moi pour lui offrir nos meilleurs voeux
de santé, de longue vie, et de longue vie en cette Chambre. Il est
très dévoué pour ses électeurs, il est un assidu de
la Chambre, personnellement je l'en félicite et je l'en remercie, et je
le prie de transmettre nos hommages à son épouse et aux membres
de sa famille.
M. JOHNSON: M. le Président, vous comprendrez que j'ajoute mes
hommages et mes félicitations à ceux que le premier ministre
vient d'offrir au député de Nicolet que nous avons accueilli dans
cette Chambre après l'élection de 1962.
J'ai, comme le premier ministre, remarqué avec plaisir son
assiduité en Chambre et comme me disait un ancien collègue
à nous, il est toujours en onde, il n'est jamais distrait en Chambre, on
voit qu'il suit tous les débats et ça prend une volonté de
fer ou d'acier pour s'empêcher de se lancer dans la mêlée.
On voit que sous un extérieur charmant, dégagé, c'est un
homme déjà fortement trempé. Je ne sais pas s'il est de
Bécancour ou d'un autre endroit dans Nicolet, mais de toute façon
tout le monde sait qu'il n'est pas en faveur de Contrecoeur.
Je sais que le député de Nicolet est apparenté
à l'un de nos collègues et un de mes amis personnels, le
député de Frontenac, et les liens de famille semblent facilement
les réunir au-delà de toute divergence politique.
Je voudrais offrir mes voeux de santé et de bonheur au
député de Nicolet et mes hommages à sa famille que je n'ai
pas l'honneur de connaître, mais dont on me dit beaucoup de bien. M. le
Président, comme il est d'usage à l'occasion d'un anniversaire
d'offrir un cadeau, j'ai une suggestion à faire au premier ministre,
donnez lui donc une petite aciérie à Bécancour.
M. HEBERT: M. le Président, qu'il me soit permis en premier lieu
de remercier bien sincèrement l'honorable premier ministre de la
province et les membres ministériels de cette Chambre pour leurs
souhaits de ce matin. Je
les remercie et surtout d'avoir accompagné ces souhaits des voeux
de santé, ce que nous avons besoin grandement pour remplir notre devoir
d'homme public.
Je veux également remercier le chef de l'Opposition pour ses
remarques et je tiens à lui faire remarquer qu'en 1962 il fallait
être trempé d'acier pour remporter la victoire contre l'Union
nationale dans le comté de Nicolet.
Je profite de la circonstance également pour le remercier ainsi
que les membres de l'Opposition pour les voeux qu'il a bien voulu m'offrir ce
matin et ce soir c'est avec plaisir que je transmettrai également ces
voeux à mon épouse et ma famille. Merci.
M. LE PRESIDENT: Message du Conseil législatif. Le
Conseil législatif, le 31 juillet 1964, « Ordonné,
Que le greffier reporte à l'Assemblée législative le bill
No 53 intitulé: « Loi octroyant à Sa Majesté des
deniers requis pour les dépenses du gouvernement pour l'année
financière se terminant le 31 mars 1965, et pour d'autres fins du
service public », et informe cette Chambre que le Conseil
législatif l'a voté. »
Attesté:
Henri Fiset greffier du Conseil législatif. »
M. HAMEL (St-Maurice): M. le Président, il me fait plaisir
d'informer cette Chambre que juste avant d'y venir, j'ai reçu des mains
de l'honorable juge Garon-Pratte, le dernier rapport concernant les amendements
proposés au Code de procédure civile. Alors je n'ai pas eu le
temps de l'étudier, seulement de le lire, mais je tiens à dire
qu'il a été déposé ce matin.
M. BERTRAND (Missisquoi): Je remercie le procureur général
de ces renseignements que je lui avais demandés au début de la
semaine et dès que le rapport aura été imprimé,
j'espère qu'on le joindra au projet de loi numéro 20 et qu'on le
transmettra à tous les députés de même qu'aux
intéressés.
M. HAMEL (St-Maurice): C'est ce que je peux prévoir à ce
moment-ci.
M. BERTRAND (Missisquoi): Merci.
M. JOHNSON: M. le Président, est-ce qu'on me permettra de
souligner, non pas tous les anniversaires qui doivent survenir, mais un
anniversaire qui tombe demain, je crois, celui du ministre des Richesses
naturelles, il y a de ces paradoxes... Demain ou après-demain?
M. RENE LEVESQUE: Le 24.
M.JOHNSON: Pardon?
M. RENE LEVESQUE: Le 24 août.
M. JOHNSON: Ah! on m'avait dit que c'était demain, M. le
Président, je ne voudrais pas le faire vieillir
précocement...
M. RENE LEVESQUE: Donnez-moi mon mois.
M. JOHNSON: ... il s'en charge lui-même, mais je lui aurais offert
quand même des voeux. Je lui souhaite bonne fête et je pense
qu'à lui aussi je lui souhaiterais l'aciérie qu'il veut avoir,
mais je voudrais en profiter pour saluer tous nos collègues qui
fêteront leur anniversaire dans la période creuse, la
période entre les sessions, et nos sessions durent tellement longtemps
aujourd'hui, que nous avons l'occasion d'offrir des voeux à tout
près des trois quarts, sinon les quatre cinquièmes des membres de
cette Chambre, et je trouve que c'est peut-être l'occasion aujourd'hui
d'offrir globalement des voeux à tous ceux qui vont fêter un
anniversaire dans les mois qui vont s'écouler entre la fin de cette
session, et le début de la prochaine. Le 4 août il s'agit du
ministre des Terres et Forêts, le 7 août le député de
Montmorency, le 22 août le député de Gatineau, le 24 le
député de Montréal-Laurier, le 25 le député
deSte-Marie, le 31 le député de Joliette, et ainsi de suite. M.
le Président, à tous je souhaite une bonne santé, et
j'espère les revoir ici mais dans une position interposée.
M. RENE LEVESQUE: M. le Président, ces oubliés de
l'inter-session puisque j'ai été le premier nommé je veux
remercier...
M. JOHNSON: Etc...
M. RENE LEVESQUE: ... au nom de tous les autres, le chef de l'Opposition
de ce souci qui m'honore et qui me touche forcément. La seule chose que
je lui demanderais c'est de pas me vieillir d'un mois avant le temps parce que
je me suis déjà fait dire qu'on a l'air de vieillir assez vite
dans cet enceinte sans qu'ils nous enlèvent un mois par-dessus le
marché, mais merci quand même.
M. LE PRESIDENT: Message du Conseil législatif: « Conseil
législatif, le 31 juillet 1964:
Le Conseil législatif informe l'Assemblée
législative qu'il a voté avec des amendements et la prie
d'agréer les bills suivant: bill No 65 intitulé: « Loi
modifiant la loi de la division territoriale »,
Bill No 191 intitulé: « Loi concernant le club de golf et
de curling de Joliette ».
Attesté:
Henri Fiset, greffier du Conseil législatif ».
M. HAMEL (St-Maurice): Il s'agit simplement d'amendements mineurs, l'un
c'est pour intervertir les paragraphes A et B, l'autre amendement c'est pour
changer 63 par 63-A, et le dernier paragraphe c'est un amendement de
concordance parce que dans la description du bureau d'enregistrement, du
distric d'enregistrement de Shawinigan, on avait inclu tout le comté de
Laviolette et puis on avait omis de l'enlever du comté de
Trois-Rivières. Alors ce sont les amendements et puis j'en propose
l'agrément.
M. LE PRESIDENT: Cette motion sera-t-elle adoptée?
Adoptée.
M. LESAGE: Quant au bill 191, il s'agit du club de golf et de curling de
Joliette. Nous avons eu beaucoup de difficultés avec ce bill. Le premier
amendement est à l'article 8, où on remplace le nombre d'actions
privilégiées le 200, qu'il était, à 300. Le
deuxième amendement est à l'article 9. On se souvient qu'en vertu
de cet article on donne une option aux détenteurs d'actions pour qu'ils
acceptent une action privilégiée, mais nous n'avions pas
prévu de délais. Le Conseil législatif ajoute un
délai de 90 jours exercer l'option. A l'article 10, on dit que le
détenteur d'une action privilégiée a droit, en
cédant son action à la corporation pour annulation, de devenir
membre social à vie, exempt de toute cotisation annuelle. Cela avait
été suggéré en bas.
Enfin, l'article 16 prévoit l'expulsion des membres pour
non-paiement de cotisation. L'article 17 prévoit la démission ou
l'expulsion des membres pour d'autres raisons. Et dans 17, évidemment
c'est plus sévère que 16, c'est-à-dire que dans 17 on a le
droit de redevenir membre en faisant application et on ajoute: « ...
à l'exception des cas prévus à l'article 16. » Ce
qui est normal. Alors je propose l'agrément.
M. BELLEMARE: C'est 191? M. LESAGE: 191, oui.
M. BELLEMARE: Je vais aller en chercher un au Conseil législatif
et je vais lui envoyer.
M. LESAGE: Oui.
M. LE PRESIDENT: La motion d'agrément sera-t-elle adoptée?
Adoptée.
M. JOHNSON: Le procureur général a-t-il reçu le
Rapport Smith?
M. HAMEL (St-Maurice): Il n'est pas revenu de l'impression. J'ai
reçu le rapport, mais il n'est pas revenu de l'impression.
M. JOHNSON: Est-ce que, au moment où il sera disponible, on
pourrait en obtenir des copies ou si on doit attendre la prochaine session?
M. HAMEL (St-Maurice): Chose certaine c'est que je le soumettrai aux
membres du Cabinet et la décision qui sera prise à ce
moment-là sera exécutée par le procureur
général.
M. JOHNSON: Moi, je fais la demande de quelques copies du rapport afin
de ne pas avoir à attendre à la prochaine session.
Relativement, M. le Président, à certains item, il reste,
M. le premier ministre, peut-être...
M. LESAGE: Je suis prêt. Je vais couvrir tous les item.
M. JOHNSON: Tous les item? Très bien.
M. BELLEMARE: J'aurais bien voulu poser une question au ministre du
Travail.
M. LESAGE: Oui, oui, allez. Mais, quant aux item qui apparaissent
à l'agenda, je vais tenir l'engagement que j'ai pris hier de disposer de
tous les item.
M. JOHNSON: D'une façon ou d'une autre? M. LESAGE: D'une
façon ou de l'autre. M. JOHNSON: Oui.
M. LESAGE: J'ai dit; « disposer des item ».
M. JOHNSON: Alors on est encore à la période des
questions?
M. LESAGE: Oui.
M. JOHNSON: Le député de Champlain en a.
M. BELLEMARE: Le ministre du Travail n'est pas à son
siège.
M. LAPORTE: Ce n'est pas garanti qu'il va vous répondre!
M. BELLEMARE: Non, mais est-ce que son voisin pourrait lui faire mon
message?
M. LAPORTE: Certainement.
M. BELLEMARE: Dans la grève de « La Presse », hier,
quelqu'un m'a mis au courant que les parties cherchent, je ne sais pas si c'est
vrai, c'est pour le savoir, à rencontrer le ministre du Travail,
personnellement. Je voudrais savoir si c'est vrai, oui ou non? Ah, le voici!
Est-ce que le ministre du Travail a été mis au courant que les
parties chercheraient à rencontrer le ministre lui-même afin de
discuter avec lui de certaines modalités du contrat de travail qui est
actuellement en médiation devant le juger Roger Ouimet?
M. FORTIN: M. le Président, je n'ai reçu aucun
téléphone, aucun télégramme, aucune lettre, aucune
communication quelconque, ni des employeurs ni des employés m'informant
qu'ils désiraient me rencontrer.
M. BELLEMARE: Le ministre désire-t-il les voir?
M. LE PRESIDENT: Affaires du jour. A l'ordre, messieurs.
M. FORTIN: J'ai d'autres désirs. M. BELLEMARE: Ah, moi aussi!
M. JOHNSON: Avant l'appel des affaires du jour, j'ai une question au
ministre de l'Education, question dont je lui ai donné avis avant-hier,
pour lui donner le temps de se préparer, M. le Président.
Où en est-il rendu dans ses démarches en vue de la nomination du
Conseil supérieur de l'éducation?
Deuxième question; Espère-t-il réussir cet exploit
d'ici un temps raisonnable?
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, je suis heureux de pouvoir dire
à la Chambre que je suis plus avancé que la dernière fois
que la question m'a été posée par le chef de l'Opposition.
Je peux dire ceci, c'est que j'ai fait rapport au Conseil des ministres
à sa dernière séance, mercredi dernier, de l'état
de mes démarches au sujet de la constitution du Conseil supérieur
de l'éducation. Un projet de liste a même été
considéré par le Conseil des ministres. J'ai reçu
l'autorisation de poursuivre mes démarches de la façon dont elles
étaient engagées. J'ai été depuis, ce
temps-là, en communication avec certaines personnes dont les noms
apparaissent sur ce projet de liste et j'ai confiance que, dans un avenir
très rapproché, le Conseil des ministres pourra être
appelé à adopter l'arrêté en Conseil constituant le
Conseil supérieur.
Je dois dire tout de même, M. le Président, que cette
Chambre est déjà au courant, le premier ministre l'a
annoncé, que je dois accompagner le premier ministre à la
conférence interprovinciale. Ce qui veut dire que je serai absent au
moins une semaine. Je prendrai, peut-être, quelques jours de congé
après cela, mais j'ai très fermement confiance qu'avant la fin du
mois d'août le conseil sera officiellement constitué.
M. JOHNSON: M. le Président, est-ce que le Cabinet en est venu
à une règle, à établir une règle quant
à la représentation des Anglo-protestants, des Anglo-catholiques,
des Franco-protestants et tous autres problèmes de cette nature, ou si
on en est encore à faire du « brassage » d'une
catégorie à l'autre?
M. LESAGE: Il n'y a pas de « brassage » au Cabinet.
M. GERIN-LAJOIE: Le Conseil des ministres a donné ses directives
au ministre de l'Education, qui poursuit ses démarches dans le sens
indiqué par le Conseil, et l'on verra, lorsque le conseil sera
constitué, que le Conseil des ministres a été soucieux
d'avoir un Conseil supérieur de l'éducation aussi
représentatif que possible.
M. LE PRESIDENT: Affaires du jour.
M. JOHNSON: M. le Président, il y a un anniversaire moins
intéressant à souligner aujourd'hui, mais qui mérite quand
même, dans l'intérêt public d'être souligné: il
y a un an que décédait le député de Matane; il y a
donc un an que le comté est ouvert. Je voudrais rappeler au premier
ministre que, un an, c'est un terme un peu long, c'est un temps un peu long. Il
ne
faut pas, il me semble, défranchiser les électeurs sur une
période aussi longue. C'est un précédent qui n'a pas de
base, sauf si on retourne à la période 1939-1944.
M. LESAGE: M. le Président, je ferai allusion au sujet que vient
de mentionner le chef de l'Opposition, lorsque je ferai mes voeux aux
députés; voeux de fin de session.
M. JOHNSON: C'est intéressant!
UNE VOIX: On va rester!
M. LE PRESIDENT: Affaires du jour.
M. LESAGE: M. le Président, le numéro 1, question de M.
Bellemare. La réponse est en préparation et je suggère que
la question soit convertie en motion pour que le document puisse être
produit.
M. BELLEMARE: Ce serait plus simple si le premier ministre pouvait m'en
envoyer une copie.
M. LESAGE: Bien oui, mais c'est un ordre de la Chambre.
M. LE PRESIDENT: Cette motion sera-t-elle adoptée?
M. LESAGE: M. le Président, je suis obligé de
procéder par motion.
M. LE PRESIDENT: Adoptée.
M. LESAGE: Numéro 2. Question de M. Bellemare. Réponse
pour M. Pinard. Il y a une copie pour M. Bellemare.
Questions numéros 3 et 4 de M. Bellemare. Les réponses
sont en préparation. Je fais la même motion, M. le
Président: que la question soit convertie en motion pour production de
documents, que cette motion soit adoptée, qu'elle devienne un ordre de
la Chambre de produire les documents.
M. LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
Adoptée.
M. BELLEMARE: Il dit: « d'ici... » M. LESAGE: Pas
d'ici...
M. BELLEMARE: D'ici à la prochaine session, toujours?
M. LESAGE: Bien oui, c'est évident. M. BELLEMARE: D'accord.
M. LESAGE: Numéro 5. Question de M. Majeau. Réponse par le
ministre des Travaux publics. Lue et répondu.
Numéro 6. M. Majeau. La réponse est en préparation.
Je fais la même motion pour que la question soit convertie en motion pour
production de documents.
M. LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
Adoptée.
M. LESAGE: Numéro 7. Question de M. Majeau. Réponse par le
ministre de l'Education.
Question numéro 8, par M. Majeau. C'est une question qui concerne
le Conseil exécutif et le ministère de l'Education.
Réponse pour le Conseil exécutif. La réponse, en ce qui
concerne le ministère de l'Education, est en préparation et pour
cette partie de la question, je propose qu'elle soit convertie en motion pour
production de documents.
M. LE PRESIDENT: Cette motion sera-t-elle adoptée?
Adoptée.
M. LESAGE: Le numéro 9, question par M. Bernatchez, lue et
répondu par le procureur général. Question numéro
10 par M. Bernatchez, lue et répondu par le ministre des Travaux
publics. Question numéro 11 M. Bernatchez, lue et répondu par le
ministre de l'Industrie et du Commerce. Question numéro 12, M.
Bernatchez, la réponse est très longue alors transformée
en motion de production de documents, documents déposés par le
procureur général.
M. LE PRESIDENT: Cette motion sera-t-elle adoptée?
Adoptée.
M. JOHNSON: Adoptée.
M. LESAGE: Question numéro 13, M. Bernatchez, réponse par
le procureur général. Numéro 14, question de M.
Guillemette lue et répondu par le ministre des Travaux publics.
M. JOHNSON: Il n'insiste pas pour la lire.
M. SAINT-PIERRE; Pour la lire c'est un peu long.
M. LESAGE: Oui, elle est longue. Le numéro 15, M. Dozois, la
réponse est en préparation,
transformée en motion, je vais demander à M. Bieler de la
lui envoyer.
M. LE PRESIDENT: Cette motion sera-t-el-le adoptée?
M. JOHNSON: Adoptée.
M. LESAGE: Numéro 16, question par M. Gauthier, document assez
volumineux transformée en motion pour production de documents, documents
déposés pour M. Courcy.
M. LE PRESIDENT: Cette motion sera-t-elle adoptée?
M. JOHNSON: Adoptée.
M. LESAGE: Le numéro 22 j'ai compris que le ministre des Terres
et Forêts avait déclaré en Chambre l'autre jour qu'il
n'était pas d'intérêt public dans les circonstances de
déposer le dossier, mais qu'il avait invité le
député de Wolfe à venir consulter le dossier à son
bureau et que ce dernier avait accepté.
M. GOSSELIN: Cela a été fait.
M. LESAGE: Cela a été fait alors je pense qu'on doit
purement et simplement retirer la motion.
M. JOHNSON: M. le Président non, la dernière fois que j'ai
vu le député de Wolfe, je ne sais pas s'il a confié
à d'autres des mandats, je lui ai posé la question, il m'a fait
part évidemment de cette offre du ministre, il m'a demandé quelle
conduite suivre, je lui ai demandé des explications, des informations et
quant à moi je ne puis consentir à ce que la motion soit
retirée. C'est ce que j'ai retenu de ma conversation avec le
député de Wolfe.
M. LESAGE: On vote.
M. JOHNSON: Seulement la raison c'est que, elle est bien évidente
la raison là-dedans, je l'ai déjà donnée en Chambre
et je la répète, c'est qu'il y a dans ce dossier, une lettre d'un
candidat libéral qui est joliment embêtante qui dénote du
patronage. C'est la vraie raison pour laquelle...
M. LESAGE: M. le Président... M. LE PRESIDENT: A l'ordre.
M. JOHNSON: ... on refuse de produire ce dossier depuis le 6 mars.
M. CLICHE: Ce n'est pas la raison... M. JOHNSON: Non.
M. CLICHE: ... d'ailleurs tel que convenu ici en Chambre, tel que je
l'ai déclaré, j'ai montré au député de Wolfe
le dossier il en a pris connaissance, il a eu en sa possession le dossier au
moins pendant une heure. Il en a pris connaissance, il a convenu que la motion
demeurerait au feuilleton et que, évidemment elle disparaîtrait
avec la fin de la session. Il est courant qu'un commissaire enquêteur a
été nommé, que ce dernier a déjà
commencé son travail relativement à cette transaction et il
admettait implicitement que le dossier devait rester au ministère
pendant la durée de l'enquête.
M. JOHNSON: Mais moi je suis très explicite M. le
Président, pour ma part je ne consens pas à ce que la motion soit
rayée ou retirée si elle meurt...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre.
M. LESAGE: Sur division.
M. JOHNSON: ... au feuilleton...
M. LE PRESIDENT; A l'ordre, est-ce que la motion sera adoptée ou
non?
M. JOHNSON: Bien, sur quel...
M. LESAGE: Non, non...
M. JOHNSON: ...pretexte sera-t-elle rayée?
M. LESAGE: Le ministre...
M. LE PRESIDENT: Ce n'est pas question de rayer.
M. LESAGE: ... des Terres et Forêts dit qu'il n'est pas dans
l'intérêt public de produire ce dossier.
M. JOHNSON: J'aimerais l'entendre me le dire M. le premier ministre.
M. LESAGE: Il l'a dit.
M. CLICHE: Jel'aiditilya deux secondes...
M. LESAGE: Que?
M. CLICHE: Que ce n'est pas dans l'intérêt public que le
dossier soit déposé actuelle-
ment. Mais le député de Wolfe en a pris connaissance
lui-même.
M. JOHNSON: C'est une copie qu'on demande, ce n'est pas le dossier.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre.
M. ALLARD: Est-ce que le ministre déclare que l'enquête est
terminée?
M. JOHNSON: M. le Président, le ministre vient de déclarer
qu'il n'est pas dans l'intérêt public que le dossier soit
déposé et la raison qu'il a donnée tantôt c'est
qu'il y ait un commissaire enquêteur.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs. M. CLICHE: Oui.
M. JOHNSON: Nous ne demandons pas le dossier, nous demandons une
copie...
M. LESAGE: Evidemment.
M. JOHNSON: ... et le commissaire-enquêteur pourra continuer son
ouvrage quand même. C'est aussi simple que ça.
M. LE PRESIDENT: La motion sera-t-elle adoptée? La motion du
député de Wolfe, item 22?
M. LESAGE: Non.
M. LE PRESIDENT: Tous ceux qui sont en faveur, veuillez dire oui.
DES VOIX: Oui.
M. LE PRESIDENT: Ceux qui sont contre.
DES VOIX: Non.
M. LE PRESIDENT: J'ai l'impression que la motion est battue.
M. BERNATCHEZ: Les oui étaient plus forts.
M. LE PRESIDENT: La motion est battue sur division.
M. JOHNSON: Est-ce qu'on a appelé la motion?
M. LESAGE: Bien oui.
M. LE PRESIDENT: La motion est battue.
M. LESAGE: Numéro 23, M. Allard. La motion est acceptée,
les documents sont en préparation. Numéro 24, M. Allard, motion
acceptée, documents déposés pour le ministre de la Voirie.
Numéro 25, M. Gabias.
M. HAMEL: 25, il n'est pas dans l'intérêt public de
produire les documents. Ce sont des documents qui entrent dans le cadre du
deuxième paragraphe de l'article 690.
M. JOHNSON: M. le Président, afin de ne pas retarder
indûment les procédures ce matin, on me permettra de poser une
question, avant de voir disparaître cette motion. Est-ce qu'on pourrait
obtenir sous une autre forme un rapport ou une déclaration du ministre
nous disant si, oui ou non, on a procédé, si l'enquête
continue, s'il y a eu des poursuites, oui ou non, dans cette affaire?
M. HAMEL (St-Maurice): Voici, je parle de mémoire. Il y a eu une
enquête de faite. La conclusion à laquelle les officiers du
département du procureur général en sont venus
était que nous devions transmettre le dossier à la Commission des
valeurs mobilières, et d'après les informations que je cite de
mémoire, le dossier a été référé
à la Commission des valeurs mobilières qui aurait pris une
poursuite, et la poursuite aurait été renvoyée.
M. LESAGE: Non, non, l'item suivant, motion battue. 26.
M. JOHNSON: Vous savez, on en a appelé, là, mais on a
été battu encore une fois?
M. LESAGE: Oui, oui, c'est ça.
M. JOHNSON: On est tellement habitué qu'on ne sent plus les
coups!
M. LESAGE: 26.
M. HAMEL (St-Maurice): 26, voici, M. le Président, la
réponse. « Du 5 juillet 1960 au 28 juillet 1964, 20,423
procédures ont été prises en vertu.de la Loi des liqueurs
alcooliques du Québec et de la Loi de la Régie des alcools du
Québec.
M. BELLEMARE: On n'a pas demandé de la lire!
M. HAMEL (St-Maurice): « La corres-
pondance échangée entre le procureur
général, ses officiers, les membres de l'Assemblée
législative, est classée dans chacun des dossiers
concernés. Pour retracer toute cette correspondance, il faudrait donc
examiner chacun des dossiers, ce qui serait un travail considérable. SI
le député désire des détails sur des cas
particuliers qu'il les demande suivant les règlements et les documents
qui ne sont pas réputés privés et confidentiels seront
alors déposés. » Alors, je demande que la motion soit
rejetée, après les explications que je viens de donner.
M. JOHNSON: M. le Président, la motion était très
simple: copie de toute correspondance échangée depuis le 5
juillet 1960 jusqu'aujourd'hui entre le procureur général de la
province et les officiers, évidemment du procureur
général, d'une part, et les députés de
l'Assemblée législative d'autre part.
M. LESAGE: Il y a 20,000 dossiers.
M. JOHNSON: M. le Président, est-ce qu'il y a tant de lettres que
ça qui viennent des députés...
M. LESAGE: Non, mais il y a 20,000 dossiers.
M. JOHNSON: ... de l'Assemblée législative qu'on trouve la
tâche trop lourde? M. le Président, il est peut-être
opportun pour le département de faire une revision de ses dossiers,
ça serait peut-être utile. Quand il s'est agi d'en lire deux ou
trois des députés de l'Union nationale sur une période de
16 ans, 16 ans, on a trouvé ces lettres-là, M. le
Président. Est-ce qu'on a passé à travers les dossiers de
16 années des lettres qui remontaient à 1946, 14 ans au moins? On
a trouvé ça, on en avait une pile à lire en Chambre! ...
Et quand je demande les lettres depuis le 5 juillet, ça fait quatre ans
à peine, on n'a pas le temps, on ne peut pas, on n'a pas de
système pour les trouver, mais pour seize ans on avait un système
pour les trouver. Siona engagé du personnel pour trouver des lettres qui
faisaient l'affaire, qui pouvaient servir de munitions politiques au procureur
général contre le parti de l'Opposition, qu'on engage du
personnel, M. le Président, pour trouver la même sorte de lettre,
la même catégorie de correspondance pour quatre années.
M. LESAGE: Eh bien la motion a été faite, mais si vous
voulez indiquer ce que vous vou- lez, on va vous le donner, si c'est dans
l'intérêt public.
M. LE PRESIDENT: La motion sera-t-elle adoptée?
M. LESAGE: Non. DES VOIX: Oui.
M. LE PRESIDENT: Tous ceux qui sont en faveur disent oui.
DES VOIX: Oui.
M. LE PRESIDENT: Tous ceux qui sont contre, non.
DES VOIX: Non.
M. LE PRESIDENT: J'ai l'impression que la motion est battue.
M. BERTRAND (Missisquoi): Cela a été chaud.
M. LESAGE: No 27.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. HAMEL (St-Maurice): Le No 27, M. le Président, les documents
dont on demande là production sont de ceux qui sont définis comme
privés et confidentiels par le paragraphe 2 de l'article 90 des
règlements de l'Assemblée législative, c'est absolument
évident...
M. BELLEMARE: Voyons donc.
M. JOHNSON: M. le Président, là nous sommes devant le cas
le plus clair d'un parti politique qui, par son procureur
général, veut se couvrir. Le procureur
général...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs. Nous sommes rendus au dernier
jour de la session, n'est-ce pas qu'on pourrait éviter...
A l'ordre, messieurs. Le chef de l'Opposition sait très bien
qu'il n'a pas le droit d'imputer des motifs, des intentions à aucun
député en Chambre.
M. JOHNSON: M. le Président, c'est le dernier jour de la session,
je le veux bien, je n'ai pas l'intention de vous compliquer l'existence, ni de
faire changer les plans des députés, mais il ne faudrait pas
parce que c'est le dernier jour
brimer un droit aussi élémentaire que celui que je tente
d'exercer par cette motion.
UNE VOIX: Vous aviez...
M. JOHNSON: M. le Président, j'y reviendrai, j'aurai le
temps...
M. PARENT: Vous auriez dû penser à ça dans votre
temps.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. JOHNSON: ... j'aurai le temps de penser à ça, M. le
Président.
M. PARENT: On rayait tout dans votre temps.
M. JOHONSON: Une copie de tout rapport, telle était la teneur de
ma motion, transmis soit au procureur général, soit à
l'assistant du procureur-général...
M. BELLEMARE: Il n'est pas à son siège, il n'a pas le
droit de parler.
M. JOHNSON: ... ou à quelque officier du département du
procureur général, ou de la Sûreté provinciale, au
cours des années 1962 et 1963, par messieurs Healey et Auclair de la
Sûreté provinciale, relativement à l'affaire des faux
certificats. M. le Président, j'aurais dû y penser avant. J'aurais
dû me défier de la parole donnée publiquement dans cette
Chambre, deux fois, par un ministre de la Couronne.
M. BELLEMARE: C'est ça.
M. JOHNSON: ... le procureur général.
M. BELLEMARE: C'est vrai.
M. JOHNSON: Au mois de mai, qu'on relève les débats 1963,
au cours de l'étude des crédits du procureur
général, le député d'Outremont m'a dit: «
avec plaisir, je déposerai.
M. BELLEMARE: C'est ça.
M. JOHNSON: ... ces documents, je les ferai parvenir au bureau du chef
de l'Opposition ».
M. BELLEMARE: C'est vrai.
M. JOHNSON: Nous sommes revenus dans cette Chambre au mois d'août,
pour une couple de sessions, au mois d'août 1963. J'ai de nouveau
posé la question au procureur général qui a levé
les mains en disant: mais ce n'est pas rendu, je vais y voir. Rapport de
messieurs Healey et Auclair.
M. BELLEMARE: C'est vrai, c'est consigné, dans les
débats.
M. JOHNSON: M. le Président, qu'on retourne au « Journal
des débats » et on verra que c'est dans ce rapport, le procureur
général en a lu des extraits, c'est dans ce rapport que messieurs
Healey et Auclair déclarent, entre autres choses, qu'ils ont
rencontré M. Jean-Paul Boisjoli et M. Sauvé, c'est Marcel je
pense qu'il s'appelle, M. Sauvé, à Montréal, deux
individus qui leur ont été présentés à ces
deux inspecteurs, sous des noms différents, des noms, des alias, par nul
autre que l'avocat Jean-Paul Grégoire, ex-président de la
Fédération libérale qui est mêlé à
cette affaire des faux certificats. M. le Président, c'est un document
important dans la cause.
Le procureur général, à deux reprises, m'a promis
publiquement ici, et on peut retourner au « Journal des débats
» pour vérifier mes avancées, m'a promis de me faire
parvenir une copie de ces documents. Je suis revenu à la charge lors des
crédits du procureur général actuel, il a dit qu'on
procède selon le règlement, j'ai procédé selon le
règlement, et aujourd'hui, le dernier jour de la session, le procureur
général s'en vient encore une fois, prêter flanc à
du tripotage politique...
M. BELLEMARE: C'est ça.
M. JOHNSON: ... et ça c'est plus grave que du tripotage
d'argent.
M. HAMEL (St-Maurice): Je soulève un point d'ordre. Je demande au
chef de l'Opposition de retirer ses paroles qui sont antiparlementaires en
vertu de l'article 285 du règlement de la Chambre.
M. BERTRAND (Missisquoi): M. le Président...
M. HAMEL (St-Maurice): J'ai soulevé un point d'ordre, M. le
Président.
M. JOHNSON: C'est sur le point d'ordre.
M. BERTRAND (Missisquoi): Non pas sur le point d'ordre.
M. JOHNSON: Qu'est-ce que c'est le point d'ordre exactement?
M. LE PRESIDENT: Retirer l'expression « tripotage politique
».
M. JOHNSON: M. le Président, s'il y a un endroit où j'ai
le droit de dire au procureur général qu'il fait du tripotage
politique, c'est bien ce matin.
M. LESAGE: Il récidive.
M. JOHNSON: Est-ce que, M. le Président, vous vous...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre messieurs.
M. JOHNSON: Donnez-moi une chance de m'expliquer.
M. LE PRESIDENT: Oui, mais je voudrais suggérer au chef de
l'Opposition qu'en s'expliquant qu'il essaie de faire son explication sans se
sentir obligé de répéter les mots qui sont sujets à
la discussion. Je crois que c'est de mon devoir, c'est peut-être de ma
faute que la discussion soit allée aussi loin, parce que j'avais compris
qu'on pourrait discuter la motion même après que le procureur
général avait déclaré en Chambre que ce sont des
documents privés ou confidentiels et qu'il est contraire à
l'intérêt public de les déposer. Alors je considère
que du moment qu'il annonce ça en Chambre, il ne peut pas y avoir de
discussion et qu'il n'est pas question que la Chambre pourrait ordonner le
dépôt des documents, d'après l'article 690: « La
Chambre peut, sur une motion annoncée, demander par adresse ou par ordre
la communication de tout rapport ou document qui se réfère
à quelque matière d'intérêt public rentrant dans les
attributions, etc., à moins que le gouvernement n'ait
déclaré que le rapport du document est privé ou
confidentiel. »
Alors du moment que le ministre déclare que c'est privé ou
confidentiel, la Chambre ne peut pas ordonner que ça soit produit.
J'avais remarqué qu'il n'y avait pas d'objection à ce qu'on
discute, mais je demande si on discute qu'on essaie de discuter calmement et
sans être obligé d'employer des expressions comme vient de le
faire le chef de l'Opposition.
M. JOHNSON: M. le Président, je comprends que le ministre
s'objecte à l'expression « tripotage politique », utilisant
un précédent donné à cette Chambre, une
définition donnée à cette Chambre par le
député de Jacques-Cartier, disons que c'est du ratatouillage
politique.
M. LESAGE: M. le Président, ce n'est pas mieux.
M. JOHNSON: M. le Président, la ratatouille, d'après le
député de Jacques-Cartier, ce n'est pas un terme
péjoratif, mais je retire le mot « tripotage » et je
voudrais, si vous me permettez, M. le Président, faire quelques
remarques sans aller jusqu'où j'aurais le goût d'aller, M. le
Président.
C'est une motion, cette motion est débattable, comme toute motion
chaque député de cette Chambre a le droit de parole.
Chaque député de cette Chambre peut, sur la motion
appelée, faire un discours d'une heure. Le premier ministre et
moi-même, nous ne sommes pas limités. C'est donc une motion
débattable, même, je le soutiens, M. le Président, si le
procureur général s'était levé à l'appel de
la motion et avait déclaré: « Ce n'est pas
d'intérêt public ».
M. le Président, la motion étant à mon nom, c'est
moi qui ai le droit de me lever et de parler pour conclure par la motion
inscrite, c'est-à-dire la production des documents. Et à
l'occasion de la production de cette motion j'aurais pu, je ne le ferai pas, je
ne veux pas être désagréable pour vous, M. le
Président, ni pour le gouvernement, j'aurais pu récapituler
l'affaire des faux certificats, et conclure à ce que ces documents
soient déposés.
Je ne le ferai pas, mais je dois dire à cette Chambre que nous
assistons à un spectable dont on ne connaît aucun
précédent, depuis que je suis dans cette Chambre. Le procureur
général du temps, à deux reprises, a promis au chef de
l'Opposition de déposer ce document, ou de lui en faire parvenir des
copies, et aujourd'hui, son successeur dit: « S'il y a un homme qui en
connaissait la teneur c'était bien le procureur général du
temps ».
M. BELLEMARE: Certainement.
M. JOHNSON: Nous avons débattu la question pendant une semaine
dans cette Chambre, et son successeur aujourd'hui vient dire: « Ce n'est
pas d'intérêt public ». C'est un désaveu à son
prédécesseur, ou bien c'est une de ces manoeuvres qui doit entrer
dans la même catégorie que le refus, depuis le 6 mars, de produire
certains dossiers ou copies de certains dossiers, et certaines motions que nous
avons eu à déplorer, comme celle qui réduisent au silence
un comité de cette Chambre, afin de permettre dans les trois cas, au
gouvernement ou au ministre intéressé, le temps nécessaire
à couvrir leurs pistes.
M. LESAGE: M. le Président, le chef de l'Opposition vient
d'imputer, dans un cas au moins, au premier ministre et ministre des Finances,
des motifs. Il n'a pas le droit de le faire et je lui demande, je vous demande
de lui suggérer de retirer son allusion, surtout après la
déclaration que j'ai faite hier que le Comité des comptes publics
entendrait M. Faure non seulement sur les comptes publics de 1963-1964, mais
même de 1962-1963. Mais je connais assez le chef de l'Opposition, je
pense qu'il est assez juste pour reconnaître qu'il ne peut pas m'imputer
de motifs. J'ai fait une déclaration absolument franche hier.
M. JOHNSON: Je laisserai, M. le Président, la Chambre juger, je
retirerai l'allusion, si on doit la retirer...
M. LESAGE: Oui, oui.
M. JOHNSON: ... je laisserai la Chambre juger en ne donnant que des
faits. C'est le 29 mai que M. Gabias a demandé la comparution de M.
Faure et c'est...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. JOHNSON: ... à compter de ce moment-là qu'on a «
stallé » pour couvrir ses pistes.
M. LESAGE: M. le Président, je me demande ce qui arrive au chef
de l'Opposition ce matin. Hier soir il était d'excellente humeur...
M. JOHNSON: Je le suis encore.
M. LESAGE: ... il faisait de l'esprit, nous nous sommes tous
amusés, il était à son meilleur, mais ce matin il est
à son pire.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'on pourrait discuter de la motion?
M. BELLEMARE: C'est le procureur général qui fait
exprès.
M. JOHNSON: M. le Président, est-ce que le premier ministre
était à son meilleur hier soir?
M. LESAGE: Ah!
M. LE PRESIDENT: La motion,
M. JOHNSON: M. Lapalme, bobine R/1478 page 1, le 30 mai 1963: « M.
le Président...
M. LESAGE: On n'avait pas de « Journal des débats »
M. le Président.
M. JOHNSON: M. le Président, je disais ceci vers le milieu de la
page: « J'ai lu en Chambre, disait M. Lapalme, et ici le chef de
l'Opposition s'étonne que la Couronne ne se soit pas sentie dans
l'obligation de confronter Archambault avec Fontaine. Fontaine parla de choses
qu'il avait connues, en présence d'Archambault.
M. le Président, le procureur général doit-il
déposer les documents?
M. LAPALME: Ah! M. le Président, M. le Président, je ne
voudrais pas que le chef de l'Opposition laisse sous l'impression la Chambre et
le public que moi, moi, j'hésite à déposer. Quand il y a
eu un vote l'autre jour pour m'empêcher de déposer des documents
et qu'à chaque document que j'ai cité j'ai offert de le
déposer sur la table, y compris un dossier complet de la police que
j'avais, j'ai offert de tout déposer sur la table. Moi, je suis encore
prêt à tout déposer.
M. JOHNSON: M. le Président, en vertu du règlement, il
faut le consentement et, quant à moi, je suis prêt à le
donner mais je voudrais qu'on dépose tout.
M. LAPALME: Je vais déposer tout ce que j'ai. - Et il venait de
lire partie d'un rapport d'Healey et Auclair.
M. JOHNSON: Le rapport qu'Healey et Auclair ont fait de leur entrevue
à Montréal avec Jean-Paul Grégoire, Soucy dit Boisjoli et
puis Sauvé dit Beaulieu, et les autres, les autres déclarations
aussi et le procureur général sait bien qu'une des raisons pour
lesquelles Healey et Auclair ont été envoyés à
Montréal, c'est que, à la première identifications, on
n'avait pas fait faire la déclaration, il fallait aller compléter
ça. C'est juste mentionné: Gaston Archambault, ce n'était
pas solide. Le procureur général sait...
M. LAPALME: Non, non. Mais de quoi?
M. JOHNSON: Oui. - Et là j'ai donné des détails et
je pense qu'ils ne sont pas afférents à la motion de ce matin. Je
n'ai pas d'objection à les donner, mais on va allonger les
procédures indéfiniment! Je concluais en disant; « ... et
j'espère que le procureur général n'oubliera pas non plus
que, déposant un dossier, il le déposera au complet, y inclus les
documents que j'ai demandé de déposer. »
Si on veut avoir la patience de relire, à travers tous ces
documents, il y a, je crois, à une autre occasion, une
déclaration de M. Lapalme. Mais qu'on se reporte au 4 juin 1963, au
cours de la même session (bobine 1566, page 3).
M. JOHNSON: Non, voici justement l'adoption. J'ai peut-être
d'autres collègues qui ont des questions à poser? Je voulais
rappeler au procureur général qu'on doit se voir ou on doit se
téléphoner ou on doit s'écrire parce qu'il a promis de
déposer des documents, une série de documents et de rapports.
M. LAPALME: Je n'ai pas le temps.
M. JOHNSON: Je comprends et je ne vous en fais pas un reproche, mais je
voudrais savoir s'il persiste dans ses intentions. » Intentions de
déposer les documents.
Réponse de M. Lapalme: « Bien oui. »
M. BELLEMARE: Bon, c'est clair?
M. JOHNSON: Et plus tard, au cours de la petite session, comme je l'ai
dit, il y a eu une autre offre de M. Lapalme. Et là je n'ai pas,
malheureusement, eu le temps de retrouver la transcription. Alors il me semble
que c'est clair, M. le Président, très clair: le procureur
général, publiquement, dans cette Chambre, en toute connaissance
de cause et de la cause, a promis de déposer le rapport demandé
par la présente motion. Comment voulez-vous que j'interprète ce
changement d'attitude de la part du gouvernement, changement d'attitude qui
nous est communiqué par le procureur général?
M. LESAGE: M. le Président, c'est bien simple. C'est que, si l'on
veut bien lire la note 1, sous l'article 690: « On ne peut demander la
communication d'un document qui n'est pas public et officiel. »
M. HAMEL (St-Maurice): C'est une question de principe, M. le
Président.
M. LESAGE: C'est une question de principe.
M. BELLEMARE: Pour voir si le procureur général ne peut
pas... Voyons donc,...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs. M. BELLEMARE: ... il l'a
déclaré.
M. BERTRAND (Missisquoi): M. le Président, je n'ai pas
l'intention d'être long. A l'ap- pui de la motion du chef de
l'Opposition, il a apporté tantôt, d'abord, ses propos, sa parole;
deuxièmement, une copie, peut-être non officielle mais qui
rapporte très bien le débat qui a eu lieu le 30 mai et le 4 juin
1963, relativement à l'affaire des faux certificats.
Alors que le procureur général, le député
d'Outremont, avait pris l'engagement devant cette Chambre de déposer des
documents dont ceux qui font l'objet de la présente motion. A l'appui
des propos du chef de l'Opposition, à l'appui de la déclaration
dont il a donné une citation tantôt, j'apporte également ma
parole. J'étais présent en Chambre lors du débat, comme la
plupart des collègues qui nous entourent. A ce moment-là, on s'en
souvient tout le débat a porté sur l'ensemble des faits,
entourant l'affaire des faux certificats. Le procureur général,
député d'Outremont, avait devant lui certains documents. Il en
utilisait, certaines parties. En citait-il textuellement, je l'ignore, mais je
sais qu'il en rapportait la substance, et c'est à ce moment que le chef
de l'Opposition lui a demandé de produire des documents, et c'est
à ce moment-là, on l'a vu par les questions et les
réponses qui ont été données, tirées du
rapport non officiel des débats à l'époque, que le
procureur général s'est engagé à le faire. Si on a
besoin de corroboration au sujet de la déclaration du chef de
l'Opposition; le journal des débats, et les propos que je tiens.
Or, ce qui n'était pas contraire à l'intérêt
public, a l'époque, par le gouvernement qui était
représenté par le procureur général, responsable de
l'administration de la justice dans la province de Québec, pourquoi cela
deviendrait-il aujourd'hui contraire à l'intérêt
public.
On ne veut pas qu'on se pose des questions. On ne veut pas que l'on
s'interroge. On ne veut pas que l'on interprète des attitudes, des
changements d'opinion sur un point bien particulier, celui où
l'intérêt public n'est pas en jeu à telle date. Et, ce
matin, l'intérêt public est en jeu.
M. BELLEMARE: C'est ça.
M. BERTRAND (Missisquoi): On aura des réponses qu'on n'aimera
pas, M. le Président, aux questions qu'on se posera, et on dira:
voilà des gens qui encore veulent nous salir, veulent nous injurier.
M. BELLEMARE: C'est ça!
M. BERTRAND (Missisquoi): Nous demandons, dans cette affaire, que la
lumière soit faite. Voilà ce que nous demandons. Et c'est
pourquoi, à l'époque, le procureur général,
déclarant qu'il n'avait rien à cacher, a voulu
déposer les documents.
Je comprends mal l'attitude du procureur général actuel
qui, l'autre jour, déclarait qu'on fasse une motion. « Je ne veux
pas respecter la parole qui a été donnée publiquement par
le procureur général, le député d'Outremont.
»
UNE VOIX: C'est ça!
M. BERTRAND (Missisquoi): Que l'on fasse une motion; à deux
reprises, je pense, le chef de l'Opposition vous a demandé de respecter
la parole publique d'un homme public, procureur général en 1963,
qui avait pris l'engagement solennel devant la Chambre.
Le procureur général a dit: « Qu'on fasse une
motion. »
M. HAMEL (St-Maurice): La Chambre en disposera.
M. BERTRAND (Missisquoi): La Chambre en disposera. Et, le chef de
l'Opposition a fait une motion le 29 juillet.
Ce matin, se serait attendu, étant donné que le procureur
général est un homme qui aime à ce que la lumière
soit faite, et qui en a bénéficié, et qui en a
bénéficié lorsque la lumière a été
faite.
Je m'attendais que le procureur général adopterait une
attitude autre que celle qu'il prend ce matin. Et je m'attendais à ce
qu'il contribuerait à ce que la lumière soit faite et à ce
que publiquement l'on sache que l'on a rien à cacher.
Or M. le Président, ce matin c'est une attitude tout à
fait contraire.
On dit utilisant l'article 690 du règlement de la Chambre, le
document est contraire, il serait contraire à l'intérêt
public de le déposer. M. le Président le même article 690
existait le 30 mai 1963, le même article 690 existait le 4 juin 1963
alors qu'un autre procureur général député
d'Outremont, membre du même gouvernement dont fait partie le procureur
général actuel et à ce moment-là, ce n'était
pas contraire à l'intérêt public.
M. le Président, on sera surpris dans certains milieux, on juge
sévèrement, rigoureusement l'attitude du gouvernement et du
procureur général actuel le député de St-Maurice
relativement à toute cette affaire au sujet de laquelle, nous avons tous
intérêt dans la province, à faire que la lumière
soit connue et que nous sachions exactement par le dépôt des
documents devant la Chambre, qui doit porter la responsabilité, la
population l'exige et j'ai la conviction qu'elle appuie l'Opposition dans la
demande qui est formulée ce matin.
On parle souvent d'une démocratie en pleine lumière,
voilà une occasion de démontrer que nos actes sont conformes aux
propos que nous tenons et j'espère M. le Président que le
procureur général va changer son attitude que le gouvernement va
accepter de respecter la parole de l'ancien procureur général qui
était solidaire du même gouvernement qui, ce matin
représenté par le nouveau procureur général, refuse
de remplir un engagement solennel pris par le député d'Outremont,
non seulement à l'endroit du chef de l'Opposition mais à
l'endroit de tous les députés de l'Assemblée
législative.
M. LAPORTE: M. le Président, en deux mots seulement, sur un ton
aussi calme que possible je ne connais que l'extérieur de ce
problème que l'on aborde ce matin, mais il me semble que deux arguments
fondamentaux devraient nous inviter à accepter la proposition que fait
actuellement le procureur général au nom du caractère
confidentiel de ces documents.
Il est clair que dans le cas des faux certificats, l'opinion publique a
été et demeure alertée et que certaines gens voient
à ce que cela se maintienne. Mais il est quand même des documents
dont le caractère confidentiel doit être respecté, le
procureur général avec ses officiers a exprimé l'avis
qu'à son point de vue ces documents sont d'un caractère
confidentiel, il s'agit là aussi d'un principe. Qu'est-ce qui va
arriver?
UNE VOIX: Ce n'était pas ça l'an dernier.
M. LAPORTE: Ah! ça, l'an dernier vous avez fait les gorges
chaudes parce qu'on a changé la décision d'un ministre, vous avez
trouvé ça naturel, normal; parce que ça se produit encore
aujourd'hui, j'aimerais qu'on ait la même réaction. Il n'y a rien
de sacro saint dans ça.
M. BELLEMARE: Ce n'était pas la même chose, il y en a un
qui ne savait pas où il allait.
M. LAPORTE: Ce n'était pas la même chose, ça faisait
votre affaire.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre messieurs!
M. LAPORTE: Il n'y a rien de sacro-saint dans ça. Il peut arriver
qu'un ministre se soit engagé sans connaître toute l'affaire.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre messieurs!
M. LOUBIER: M. le Président, je la connaissais aussi bien que le
ministre des Affaires municipales.
M. ALLARD: Le procureur général, c'était lui qui
connaissait le dossier, pas le ministre des Affaires municipales.
M. LAPORTE: Je n'ai pas l'impression d'assister à une
assemblée contradictoire.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. LOUBIER: Si on vous parlait de certains de vos écrits, vous
étiez correspondant du « Devoir », vous étiez plus
moraliste que ça au « Devoir ».
M. LE PRESIDENT: Est-ce que je dois conclure que le député
de Bellechasse prend la parole sur la motion?
M. LOUBIER: Non, je vais la prendre.
M. LE PRESIDENT: Très bien, je lui demande d'attendre qu'un autre
député ait fini de parler.
M. LAPORTE: M. le Président, je dis que sur cette question
particulière, il est évident que l'opinion publique serait
probablement désireuse que de dossier, d'un caractère
confidentiel, soit produit. Mais quels sont les résultats de cette
décision pour l'avenir? Dans n'importe quelle circonstance, on pourra
invoquer le précédent que les rapports de cette nature-là
ont déjà été produits en Chambre, et ça
pourra compliquer singulièrement l'application de la justice, ça,
il faut se mettre ça bien en tête. C'est clair, parce
qu'actuellement ça s'appelle faux certificats, ça passionne, mais
il est quand même un principe, M. le Président, que si on ouvre la
porte cette fois-ci, qu'est-ce qui va se produire dans l'avenir? Il faut y
penser à ça. On va l'invoquer le précédent en
disant: Comment! le procureur général se retranche
derrière le caractère confidentiel de la motion! Mais qu'est-ce
qui s'est produit lorsque le procureur général, le 31 juillet, ou
le 1er août 1964, il en a déposé des documents, nous
demandons la même chose, et cette Chambre s'est prononcée en
faveur. Il faut M. le Président, ou ces documents ont un
caractère confidentiel, et on ne peut pas les déposer, ou ils
n'ont pas de caractère confidentiel. C'est le procureur
général qui est maître, après avoir consulté
ses officiers, de cette décision.
Mon premier argument, M. le Président, c'est tout simplement que
nous devons dans ce cas-là comme dans tous les autres, lorsqu'un
ministre, sous sa responsabilité de ministre, déclare qu'un
document est d'un caractère confidentiel, nous devons nous en remettre
à lui, et éviter que pour l'avenir, nous puissions invoquer
ça comme un précédent. Le deuxième qui est
absolument, je dirais, à mon avis, extérieur, à ce que
nous discutons ce matin, je pense qu'il est temps que pour la
sérénité des jugements qui restent à être
rendus, que nous suspendions les décisions de cette nature.
Précisément le juge qui entend ou qui devait entendre les causes
a décidé de les remettre à l'automne, pour que l'opinion
publique se calme, et que les accusés puissent avoir la certitude
d'obtenir un procès normal. C'est la déclaration que le juge a
faite. J'ai suivi ce dossier comme tous les autres, alors que le
député se taise, ou qu'il dise que le juge n'a pas dit
ça.
M. JOHNSON: Le ministre voudrait-il avoir la lecture d'un
télégramme que je reçois de M. Paul Boisjoli?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre messieurs!
M. LESAGE: Le chef de l'Opposition a déjà parlé
tout à l'heure.
M. JOHNSON: Je demande au ministre s'il est intéressé
à ce que je lui dise un télégramme de M. Jean-Paul
Boisjoli?
M. LAPORTE: Pas de ça, parce que je n'ai jamais entendu dire que
M. Boisjoli était le juge, j'ai même cru comprendre qu'il
était l'accusé dans cette affaire-là. M. le
Président, je dis qu'en premier lieu, le caractère confidentiel
que l'on doit maintenir pour l'avenir, dans cette cause-là, qui
chatouille plus que d'autres c'est vrai, et deuxièmement pour la
sérénité de la cause, ou des causes, je ne sais pas, qui
doivent être entendues à l'automne, je trouve que l'on doit
appuyer la décisionprise par le procureur général.
M. LOUBIER: M. le Président, tout à l'heure on a
soulevé, le premier ministre a soulevé l'article 690 des
règlements. Entre autre, on sait que le premier ministre s'est
référé à la phrase plus particulière qui dit
ceci, dans l'article 690, 2o...
Les rapports que les fonctionnaires et les employés adressent
à leur chef administratif sont réputés confidentiels
». Or, M. le Président,
dans le cas présent, on a oublié la première phrase
de l'alinéa 2, de l'article 690, qui dit ceci: Sont
réputés privés et confidentiels, à moins qu'un
ministre ne les a cités.
M. BELLEMARE: C'est ça.
M. LOUBIER: Or, le ministre, le procureur général du
temps, non seulement a cité ces documents-là, mais il a
accordé au chef de l'Opposition la possibilité de lui remettre
les documents, en plus de les avoir cités, il s'est engagé...
M. BELLEMARE: Certainement.
M. LOUBIER: ... commeprocureurgénéral, à les lui
remettre, alors, M. le Président...
M. LESAGE: Il les a pas cités.
M. LOUBIER: ... j'ai bel et bien l'impression que l'article qu'on a
voulu soulever présentement, qu'on a voulu invoquer, n'est pas du tout
conforme à l'aspect qui nous préoccupe.
M. le Président, pour ma part...
M. LAPORTE: Est-ce que je peux vous redemander ce que vous avez
cité, j'étais distrait.
M. LESAGE: 690, 1, 2
Or, en vertu de 690, 1, que le procureur général a
déclaré ne pas pouvoir...
M. LOUBIER: Je comprends que c'est le procureur général
actuel qui s'est servi...
UNE VOIX: Ah oui.
M. LOUBIER: ... de 1 mais...
M. LESAGE: Et de la note 1.
M. LOUBIER: Oui, mais le procureur général
précédent, il doit y avoir une certaine solidarité, une
certaine continuité dans le ministère, même si on
transforme ou en renvoie dans d'autres ministères, différents
ministres, il y a une certaine continuité, une certaine
solidarité, et c'est sur ça qu'on doit s'appuyer M. le
Président, pour assurer le fonctionnement du parlementarisme. M. le
Président, moi je me demande tout simplement, qu'est-ce que le
gouvernement a à cacher dans cette affaire? A mon sens...
M. LESAGE: M. le Président..
M. LOUBIER: ... non, que le premier ministre me laisse continuer, si le
gouvernement n'a rien à cacher, pourquoi ne pas réconforter
l'opinion publique, pourquoi sur un point semblable, ne pas fournir à la
Chambre, surtout quand on s'est engagé antérieurement, ne pas
donner toute la lumière possible, et ne pas fournir à l'opinion
publique, l'occasion de dire que le gouvernement a voulu cacher quelque
chose.
M. LESAGE: M. le Président, est-ce une question?
M. JOHNSON: Oui.
M. LOUBIER: Oui, oui.
M. LESAGE: La réponse est que c'est une question de principe pour
nous.
M. LOUBIER: C'est la même question qu'on invoque, M. le
Président, de notre côté, question de principe,
appuyée sur le règlement, et sur la personnalité d'un
ministre de la Couronne qui s'est engagé à remettre ce rapport,
et c'est pourquoi on est d'autant plus surpris, ce matin, que le procureur
général acutel refuse de faire la lumière, de nous
procurer à la Chambre et de procurer à l'opinion publique toute
la lumière voulue sur tous les documents qui entourent cette sordide
affaire des faux certificats.
M. LESAGE: M. le Président...
M. LOUBIER: Et, M. le Président...
M. LESAGE: ... le mot sordide est antiparlementaire.
M. LOUBIER: Non, non je qualifie une affaire, je ne qualifie pas le
gouvernement, ni un ministre...
M. LESAGE: Non, non mais l'affaire est sordide.
M. LOUBIER: M. le Président...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. LOUBIER: Je qualifie tout simplement le cas lui-même.
M. LE PRESIDENT: Je comprends, c'est simplement que, je crois qu'on
pourrait discuter des affaires sans employer ces expressions.
Après avoir écouté des discours en cette Chambre
pendant plusieurs années, je ne peux pas dire que c'est
anti-parlementaire, mais j'ai déjà assez souvent essayé de
suggérer aux députés si on ne pourrait pas discuter des
affaires que tout le monde considère des affaires sérieurses,
sans se sentir obligé d'employer de telles expressions.
M. LOUBIER: M. le Président, je comprends que l'expression est
forte, mais le scandale a été gros, et la portée...
M. LESAGE: C'est devant les bribunaux, M. le Président.
M. LOUBIER: ... la portée a été extrêmement
forte pour un parti en particulier. Mais M. le Président, on invoque
qu'il n'est pas de l'intérêt public de soulever cette chose, si
jamais dans la province de Québec, il y a eu une affaire qui a servi de
pâture à sensation à tout le public, qui a tenu en alerte
toute la population du Québec, si jamais Il y eut une cause qui a fait
sensation, c'est bien celle-là, M. le Président. Et s'il y a un
événement politique qui a...
M. LESAGE: Je ne suis pas contre ça.
M. LOUBIER: ... accolé à cette triste affaire deux hommes
de bonne réputation, deux hommes publics qui eux aussi étaient
jaloux de leur réputation, deux hommes publics qui eux aussi avaient une
famille, avaient des enfants et voulaient à tout prix que leur
intégrité, leur honnêteté d'homme public soit non
seulement reconnu, mais respecté, c'était bien les deux
députés qui ont été accollés à
l'affaire des faux certificats.
M. LESAGE: Ils ont été réélus, le procureur
de la couronne a retiré...
M. LOUBIER: Je comprends, M. le Président, c'est facile de dire
ça, ils ont été réélus, mais avec combien de
tristesse parfois et avec combien de courage ces hommes ont du combattre
l'adversaire. Eh bien, M. le Président, on a eu dernièrement un
exemple que l'on devait à tout prix, par tous les moyens possibles, par
tous les moyens que permettait le règlement de sauvegarder et
protéger la réputation d'un homme public.
C'est un autre aspect aujourd'hui que je veux soulever en disant que non
seulement, M. le Président, les règlements nous autorisent
à exiger la déposition de ce rapport, mais comme hommes publics
qui veulent eux aussi sauvegarder cette réputation pour le plus grand
bien-être de notre système démocratique, c'est un argument
très fort que deux députés ont été
mêlés à cette affaire et qu'il est 'd'une urgence
extrême que ces gens-là puissent bénéficier de tous
les privilèges, de toute la lumière possible pour qu'ils soient
lavés à tout jamais de cette accusation à laquelle ils
avaient été accollés.
M. le Président, je me suis demandé à un moment
donné, je me suis dit, ce n'est peut-être pas
d'intérêt public et on me permettra bien d'avoir pensé que
ce n'était peut-être pas d'intérêt du Parti
libéral parce que si on n'a rien à cacher, M. le
Président, qu'on fournisse à cette Chambre tous les documents
directs indirects qui entourent cette affaire, afin de nous permettre de porter
un jugement précis et de permettre aussi à la population de ne
plus avoir aucun doute quant aux gens qui ont été
mêlés à l'affaire des faux certificats ou qui ont
été accusés d'être mêlés à cette
affaire.
M. le Président, on donne comme raison additionnelle ou comme
prétexte qu'on veut à tout prix protéger la
sécurité des accusés. Or, ce matin à l'Opposition
nous recevons un télégramme d'un accusé nous disant ceci:
« L'honorable Daniel Johnson, Hôtel du gouvernement, Québec.
Affaire Hamel-Gabias, belle claque à l'Union nationale. Stop. Prochaine
claque à l'Union nationale, les faux certificats. Stop. En septembre
prochain. Signé: Jean-Paul Boisjoli. »
Or, M. le Président, ça démontre le climat de toute
cette affaire et ça démontre aussi que les arguments
apportés ne tiennent absolument pas quand on invoque qu'on veut
protéger une personne qui devient un agresseur. Or, M. le
Président, je soumets bien respectueusement que premièrement les
deux députés qui ont été mêlés
à cette affaire ont le droit d'avoir toute la lumière et c'est un
droit absolument très fort qu'on ne peut refuser à ces deux
hommes quand on vient de connaître l'expérience actuelle dans
l'affaire Hamel-Gabias. Deuxièmement que la Chambre doit être
informée, c'est son droit élémentaire consacré par
les règlements d'avoir tous les documents possibles pour pouvoir juger,
à bon escient, d'une affaire et que troisièmement l'opinion
publique, et quand le premier ministre parlait dernièrement qu'il avait
été élu par le peuple et que c'était
l'autorité suprême, eh bien, cette autorité suprême
aujourd'hui exige que la lumière soit faite, que rien ne soit
caché et que tous les documents qui peuvent apporter plus de
lumière dans cette affaire soient déposés.
M. DOZOIS: M. le Président, je n'ai pas grand-chose à
ajouter, après les remarques de mes collègues, si ce n'est que je
voudrais, à mon tour, faire deux remarques. On a invoqué le fait
qu'il y avait, actuellement en cours, des procès à ce sujet. Je
veux tout simplement dire que, lorsque le procureur général,
député d'Outremont, a fait cette promesse de déposer en
cette Chambre le document que nous demandons par cette motion, les mêmes
causes étalent devant la Cour.
M. LESAGE: M. le Président, est-ce que je pourrais demander le
consentement un anime de la Chambre pour que nous suspendions ce débat
en vue de l'adoption de la troisième lecture du bill qui doit être
adopté par le Conseil?
M. JOHNSON: Très bien. Pas avec plaisir, mais avec
condescendance,...
M. LESAGE: Non, non, je comprends, monsieur.
M. JOHNSON: ... mais dans l'intérêt public.
M. LESAGE: Dans l'intérêt des affaires gouvernementales et
parlementaires.
M. LE PRESIDENT: Le débat est suspendu sur la motion.
M. LESAGE: C'est ça. Alors No 20.
M. LE PRESIDENT: M. Laporte propose la troisième lecture du bill
No 70: « Loi concernant les muncipalités de l'Ile Jésus et
la ville des Des Laval ».
M. LAPORTE: Sur division.
M. JOHNSON: Oui. On a déjà fait connaître, M. le
Président, l'attitude de l'Opposition sur ce bill, je ne
répète pas les arguments...
M. LAPORTE; M. le Président, je m'excuse, je ne pensais pas qu'il
y aurait discours de l'autre côté. J'ai...
M. JOHNSON: Non, non, vous ferez une réplique.
M. LAPORTE: Bien, il n'y en a pas en troisième lecture.
M. JOHNSON: Ah bien! je vais vous l'accorder.
M. LAPORTE: D'accord.
M. JOHNSON: L'attitude du parti est connue, là-dessus, de tous
les membres de l'Union nationale: nous sommes contre ce bill, dont nous avons
tenté de démontrer qu'il arrivait trop tard, deuxièmement
qu'il était très antidémocratique et c'est la même
attitude, évidemment, que nous prenons ce matin. C'est un coup de force,
aux derniers moments de la session, c'est un coup de force pour prolonger la
vie de maires et de conseils qui ont peur de mourir, M. le Président, et
qui veulent vivre au moins jusqu'au mois de mai.
M. LAPORTE: Alors, je vais parler aussi longtemps que le chef de
l'Opposition. Je répète ce que nous avons dit hier, que ce projet
de loi est présenté afin que des élections municipales ne
deviennent pas un champ de bataille où tous les conseils municipaux
opposés peuvent, à un certain moment, se rencontrer pour fausser
complètement l'étude que nous faisons actuellement.
Ce n'est pas un coup de force, M. le Président, c'est un coup de
bon sens qui permettra à la Commission Armand Sylvestre, composée
du juge Armand Sylvestre, de M.C.N. Dorion, de Québec, et d'un
économiste, M. Longval, de la cité de Montréal, de
continuer, dans le même climat de tranquillité, l'excellent
travail qui a été fait jusqu'ici.
Les trois villes où il devait y avoir des élections cet
automne groupent, me dit-on, plus de 40% de la population de l'Ile Jésus
et nous trouvons que cette forme de référendum où toutes
les questions seront mêlées en est une qui ne nous donnera pas les
réponses que nous cherchons. C'est pourquoi, pour le bien
général, le bien commun de l'île Jésus, nous
reportons trois élections de quelques mois seulement. Les
bénéfices que nous en tierons si l'étude se termine dans
le climat que nous espérons, les bénéfices seront
permanents alors que les quelques mois se termineront très
bientôt, la prolongation de mandat.
M. DOZOIS: Le ministre n'en change pas la rédaction, non?
M. LAPORTE: Je n'ai pas d'objection si on veut suivre toute la
procédure. Imaginez qu'on le retourne en comité et puis revenir!
Le deuxième paragraphe, troisième paragraphe, 1, 2, 3, 4e ligne
n'ont pas été modifiées par la Législature.
M. DOZOIS: Très bien.
M. LAPORTE: Cela vous conviendrait, ça? M. DOZOIS: Oui.
M. LAPORTE: C'est pour éviter le danger que soulignait hier le
député de St-Jacques: s'il arrive que les limites de la
municipalité sont modifiées par les lois actuellement en vigueur,
par des annexions, aors « modifiées par la Législature
». Je serais disposé à accepter cet
amendement-là.
M. DOZOIS: C'est comme si on avait fait la procédure.
M. LE PRESIDENT: Il me semble que la Chambre, en troisième
lecture, aurait le droit de faire le changement suggéré.
Certainement, de consentement unanime, ce n'est pas nécessaire de le
renvoyer en Comité plénier. Certainement qu'avec le consentement
unanime on pourrait accepter l'amendement.
M. DOZOIS: Très bien, sur division.
M. LE PRESIDENT: Le bill est adopté tel qu'amendé en
troisième lecture, sur division.
M. DOZOIS: C'est ça.
M. LE PRESIDENT: Je pourrais peut-être en profiter pour annoncer
un message du Conseil législatif: « Conseil législatif, le
31 juillet 1964. « Le Conseil législatif informe
l'Assemblée législative qu'il a voté, sans amendement, les
bills suivants: « Bill No 54, intitulé: « Code du travail
»; « Bill No 61, intitulé: « Loi concernant L'Institut
Albert Prévost »; « Bill No 66, intitulé: « Loi
concernant l'Hydro-Quêbec »; « Bill No 67, intitulé:
« Loi sur la discrimination dans l'emploi ».
Attesté:
Henri Fiset, greffier du Conseil
législatif.
M. BELLEMARE: Est-ce que dans le bill... M. LE PRESIDENT: Je n'ai pas eu
ça hier? M. LESAGE: Il n'y a pas d'amendement. M. LE PRESIDENT: Pas
d'amendement?
M. LESAGE: Non, non.
M. BELLEMARE: ... de l'Hydro-Québec,on a inclu l'entente et
l'arrêté ministériel?
M. LESAGE: Oui, M. Marier m'a demandé hier soir s'il devait le
faire. Je lui ai dit que oui.
M. JOHNSON: On va l'imprimer en annexe?
M. LESAGE: Je vous dis ce que j'en sais. Il me l'a demandé en
soupant, hier soir, et je lui ai répondu « oui ». Et je n'ai
pas vérifié ce matin.
M. BELLEMARE: Très bien.
M. LESAGE: Il reste le rapport du Comité des règlements.
On pourrait finir ça et puis continuer. Cela va être bref. C'est
M. Bertrand, le député de Missisquoi, qui voulait dire un mot, je
crois.
M. JOHNSON: Oui, oui, sur le rapport. Je comprends qu'on passe
maintenant au rapport du Comité des règlements?
M. LESAGE: Oui, et c'est le député de Missisquoi...
M. JOHNSON: Toujours dans la période de suspension?
M. LESAGE: Entendu.
M. JOHNSON: Très bien.
M. LESAGE: C'est parce que ça finit tout.
M. LE PRESIDENT: Je crois que le ministre...
M. LAPORTE: Sur la motion que j'ai proposée hier, relativement
aux modifications apportées à notre règlement, je voudrais
proposer deux amendements au texte que nous avons devant nous. Les deux
étant à la deuxième page de la motion qui porte le No 8 de
la pagination du rapport que nous avons devant nous. Est-ce que nous
l'avons?
Alors le texte qui nous a été remis, les deux
dernières lignes du paragraphe qui commence par l'article 548, ça
se lisait (les deux dernières lignes): »... et, dans le cas d'un
bill de subsides, qu'après avoir suivi les prescriptions prévues
par... » Alors, on change ça: « ... dans le cas d'un bill de
subsides, qu'après l'accomplissement des prescriptions de l'article 794
».
Et au paragraphe suivant, qui porte No 7 et qui se rapporte à
l'article 549, la deuxième ligne: « ... dans un bill
mentionné »: on dit: « dans un bill visé ».
Alors, M. le Président, en deux mots, cette motion a pour but de
faire disparaître ce qu'un comité de la Chambre a
recommandé à l'unanimité: la procédure de la
résolution. Alors les changements vont de l'article 155 à
l'article 794. Je résume d'une phrase. L'article 155 se rapporte, comme
on le sait, à toute motion qui a le caractère d'un « money
bill »,ou impliquant dépense des deniers publics. On fait
disparaître l'étude en Comité plénier.
L'article 353 prévoit que le président doit initialer tous
les bills qu'il étudie en comité, ainsi que toutes les
résolutions. On fait disparaître la partie résolutions et
il continue à devoir initialer les bills.
L'article 354 prévoit que les inscriptions... Alors est-ce que
vous... On est d'accord? Oui, d'accord.
M. BERTRAND (Missisquoi): M. le Président, je suis heureux, au
nom de mes collègues, de seconder la proposition qui est faite par le
député de Chambly.
Si on me permet, M. le Président, je voudrais ajouter ceci: A
plusieurs reprises des collègues, en cette Chambre, ont
suggéré à l'occasion de l'étude de certaines lois
ou des crédits de certains ministères que nous ayions l'occasion
d'aller pour l'étude soit de certains bills ou l'étude des
rapports de certaines compagnies ou régies gouvernementales que nous
puissions aller devant des comités spéciaux permanents de la
Chambre.
On se rappelle, par exemple, qu'il en a été question lors
de l'étude des lois de l'Education et également lors de
l'étude des crédits du ministère du Procureur
général, relativement à la Régie des alcools, et
lors de l'étude des crédits du ministère des Richesses
naturelles, relativement à l'Hydro-Québec.
C'est pourquoi, je suggère au leader du gouvernement comme c'est
la coutume, M. Duplessis l'avait fait à l'époque, relativement
à la création d'un nouveau comité qui s'est appelé
le « Comité des relations industrielles », je demande au
leader de la Chambre de bien vouloir accepter que l'article 462 des
règlements soit amendé, de manière à y inclure ou y
ajouter deux nouveaux comités. L'un qui pourrait porter le nom de
Comité de l'Education et l'autre Comité des régies
gouvernementales à caractère commercial ou industriel.
Alors, je pense que tous les députés de la Chambre seront
content si le premier ministre veut bien procéder à l'amendement
ou à suggérer un amendement à l'article 462 dans ce
sens.
M. LESAGE: M. le Président, je me suis entendu avec le
député de Missisquoi, hier, à ce sujet. Je suis
parfaitement d'accord. Cela me fait plaisir. Alors, il faudra ajouter: 13e,
l'Education. Je le propose formellement.
M. LE PRESIDENT: Alors, je crois que c'est une motion qui demande le
consentement unanime sans avis.
M. JOHNSON: Accordé.
M. LE PRESIDENT: On va l'ajouter à l'amendement.
M. LESAGE: Alors 462 du règlement est amendé en ajoutant
13e, l'Education; 14e, les Régies gouvernementales à
caractère commercial ou industriel.
M. BERTRAND (Missisquoi): C'est ça!
M. LESAGE: Je parle de mémoire mais je pense que c'est
ça.
M. BERTRAND (Missisquoi): C'est à peu près textuellement
les mots que j'ai trouvé sur une petite note que le premier ministre a
écrite de sa main, hier. Une note manuscrite.
M. LESAGE: Que j'ai remise au député, d'ailleurs!
M. BERTRAND (Missisquoi): C'est ça.
M. LESAGE: M. le Président, on m'a demandé de
présenter cette motion comme leader de la Chambre. Je voudrais informer
la Chambre qu'à la prochaine session, le leader de la Chambre sera le
ministre des Affaires municipales.
M. BERTRAND (Missisquoi): Le premier ministre me permettra d'ajouter
ceci, c'est que, hier, lorsque nous avons discuté de la formation de ces
comités, nous avons parlé, avec le procureur
général que dans le cas de la Régie des alcools, par
exemple, les membres qui jugent des causes exerçant des fonctions quasi
judiciaires qu'il était impossible ou à peu près de les
faire comparaître devant le comité. C'est vrai. D'autre part,
l'administrateur viendra, par contre, j'ai fait noter au procureur
général que chaque année, lorsque nous recevons le rapport
de la Régie des alcools, premièrement, ce rapport n'est pas
volumineux,
il ne contient pas, par exemple, les motifs des décisions qui ont
pu être rendues, accordant ou refusant un permis. Et, j'ai demandé
au procureur général de bien vouloir rencontrer le
président de la Régie des alcools et lui demander de
préparer un rapport plus volumineux relativement aux décisions
qui sont rendues et qu'on nous indique les motifs, les raisons que l'on a
considérés comme étant d'intérêt public pour
avoir accordé le permis. Dans le cas où les causes...
M. LESAGE: Excusez-moi, ce n'est pas tout à fait ça, je
pense que...
M. BERTRAND (Missisquoi): Oui.
M. LESAGE: ... ce que le député de Missisquoi a
proposé, c'est que le rapport ne dise pas dans telle cause ou telle
cause, nous avons refusé ou accordé pour telle raison...
M. BERTRAND (Missisquoi): Soit motivé.
M. LESAGE: ... mais que le rapport mentionne les critères en
détail...
M. BERTRAND (Missisquoi): C'est ça.
M. LESAGE: ... les critères sur lesquels la commission ou la
régie se base pour rendre ses jugements.
M. BERTRAND (Missisquoi): Exactement. M. LESAGE: C'est bien ça.
M. BERTRAND (Missisquoi): C'est ça. M. LESAGE: Bon... très
bien... Prenez...
M. BERTRAND (Missisquoi): Non seulement pour rendre ses jugements
globalement.
M. LESAGE: Ses décisions.
M. BERTRAND (Missisquoi): Mais pour rendre dans les cas où
des...
M. LESAGE: Bien oui mais...
M. BERTRAND (Missisquoi): ... demandes auraient été par
exemple, auront fait l'objet d'une enquête publique qui aurait
été plaidée à ce moment-là, il y a un
jugement qui est rendu, qui renferme au sujet de tel ou tel cas...
M. LESAGE: Oui, oui. Un instant.
M. BERTRAND (Missisquoi): ... un motif qui a servi... Oui,
M. LESAGE: Très bien, je serais d'accord que le procureur
général demande deux choses au président de la
Régie des alcools. 1 que dans son rapport annuel, dans son rapport, il
donne des critères généraux sur lesquels se base la
régie pour rendre ses décisions et que deuxièmement, et
c'est une autre chose, que les jugements rendus soient motivés.
M. BERTRAND (Missisquoi): C'est ça.
M. JOHNSON: Très bien.
M. LESAGE: D'accord.
M. HAMEL (St-Maurice): Oui.
M. LESAGE: Mais on ne peut pas mettre...
M. BERTRAND (Missisquoi): Non, non.
M. LESAGE: ... tous les jugements motivés dans le rapport.
M. BERTRAND (Missisquoi): Non, je comprends très bien.
M. HAMEL (St-Maurice): Le député de Missisquoi
réalisera M. le Président que le procureur général
n'a eu aucune espèce d'hésitation quelconque à accepter
que l'administration de la Régie des Alcools soit étudiée
par un comité.
M. BERTRAND (Missisquoi): Bien je pense bien que s'il avait
refusé M. le Président, on a par exemple dans le cas de la
Régie des Transports, chaque mois la revue des camionneurs publie une
liste des jugements qui sont rendus avec les noms des parties et en certains
cas d'abord exactement le rayonnement du permis et on donne parfois les
raisons. Alors le procureur général aurait été bien
mal venu de refuser la demande raisonnable que j'ai formulée.
M. LESAGE: Non, on s'est entendu ne commençons pas à nous
chicaner.
M. JOHNSON: A nous désentendre.
M. LESAGE: Est-ce que je crois comprendre.
M. JOHNSON: Ne commencez pas à vous désentendre.
M. BERTRAND (Missisquoi): Non, non, non.
M. LE PRESIDENT: Je dois comprendre que les deux motions concernant les
changements au règlement ont été adoptées
unanimement.
M. LESAGE: Oui.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. LESAGE: Alors, nous revenons au dernier item, le député
de St-Jacques.
M. DOZOIS: M. le Président, je disais tout à l'heure que
le procureur général lorsqu'il a promis de déposer ce
document savait et tout le monde savait que les causes étaient à
ce moment-là devant les tribunaux.
M. JOHNSON: C'est ça.
M. DOZOIS: ... comme les causes sont actuellement devant les tribunaux.
La situation n'est donc aucunement changée. La deuxième remarque
que je veux faire M. le Président, c'est que il y a une phrase dans le
discours du ministre de Affaires municipales qui m'inquiète grandement.
Le ministre des Affaires municipales a dit « on ne peut créer de
précédent car on ne sait pas ce qui peut se produire à
l'avenir. » M. le Président, je me demande si je dois prendre
ça comme un avertissement que j'aurais à faire face à la
deuxième édition des faux certificats, lors de la prochaine
élection? C'est tout ce que j'avais à dire.
M. BELLEMARE: M. le Président, le premier ministre et le
procureur général se sont basés pour refuser la production
de la motion la demande de la motion sur le règlement. Ils ont
invoqué l'intérêt public et surtout le rapport
confidentiel. M. le Président je voudrais attirer votre attention
à la page 205 du règlement article 690, la note 2. « Quand
un ministre cite un document confidentiel, émané d'un
fonctionnaire du gouvernement, ce document, à moins qu'il ne soit
contraire à l'intérêt public de le déposer devient
public et doit être déposé si la communication en est
demandée. »
Lorsque le procureur général, le député
d'Outremont, l'ancien procureur général, le député
d'Outremont a cité le document qui est demandé actuellement dans
la motion, il a prétendu à ce moment-là que ce
n'était pas contraire à l'intérêt public, au
contraire, pour justifier sa position comme procureur général,
que c'était de l'intérêt public de le produire, puisqu'il a
répondu; « Oui et je m'en vais les déposer ». Alors,
M. le Président, ces documents-là sont devenus, à ce
moment-là, des documents qui doivent être déposés si
la communication est demandée, et le procureur général
d'aujourd'hui, répondant au chef de l'Opposition il y a quelques jours,
lui a dit: « vous connaissez les règlements, procédez en
vertu des règlements et nous allons suivre les règlements
». M. le Président, je vous réfère à
l'article 696 du règlement. A l'article 696 il est clairement dit;
« quand un ministre cite en entier ou en partie », et le document a
été cité en partie, un rapport ou un document public,
c'était un document public, il doit être prêt à le
déposer sur le bureau. C'est clair, il n'y a pas d'échappatoire
à ça. Et lorsque l'ancien procureur général, le
député d'Outremont, a cité ce document public en partie,
il savait à ce moment-là, et de son consentement, il l'a admis
lui-même, qu'il était prêt à le déposer et
aujourd'hui, M. le Président, nous sommes en face d'un retrait, d'une
reculade, une reculade qui arrive à une date fatidique, ce qui est
mauvais dans l'opinion publique, comme le disait si bien le
député de Missisquoi, il y a un instant, « On vient de
faire la lumière sur des accusations qui ont été
portées contre un député dans cette Chambre, on refuse
aujourd'hui, de faire la même lumière, contre tout un groupe
politique, contre tous les membres de l'Union nationale, et M. le
Président en particulier contre deux députés qui
siègent dans cette Chambre. » Pourquoi se retraiter aujourd'hui,
quand la lumière hier a été faite et aujourd'hui on ne
veut pas la voir? Je dis que c'est une date fatidique. On aura dans cette
session, connu M. le Président, ce que c'est que de brimer la
liberté parlementaire. Dans deux occasions particulières, je ne
reviens pas sur la question des comptes publics, c'est un débat
passé, mais je reviens aujourd'hui sur celle qui est en face de nous,
sur la motion derrière laquelle se retranche le gouvernement pour ne pas
produire les documents. Ah! M. le Président, c'est peut-être la
dernière journée de la session, parce que les
députés ressentent un peu de fatigue, le gouvernement va penser
que les membres de l'Opposition vont retraiter! Non, M. le Président,
jusqu'à la dernière minute, avec la dernière vigueur qui
nous reste, nous allons protester, et nous allons dire que, dans l'opinion
publique, le geste que pose aujourd'hui le gouvernement qui est en face de nous
sera condamnable et condamné. C'est assez de vivre ce que nous avons
vécu, des paroles lancées aux quatre vents de la province, des
accusations, et quand ça nous touche personnellement, M. le
Prési-
dent, on se défend. Je n'ai pas d'objection. Mais lorsqu'ici dans
cette Chambre, on a deux de nos collègues qui ont été
gravement accusés, on n'aura pas les mêmes dispositions, et on
n'accordera pas les mêmes privilèges, je dis M. le
Président que c'est honteux, que c'est de la dernière
indécence que de vouloir imposer aujourd'hui ce brimage aux
députés de l'Opposition. Ils veulent eux aussi connaître la
vérité, ils veulent eux aussi voir la lumière. Je dis
qu'en vertu des règlements qui nous sont donnés, qui sont
adoptés par la législature, et qui sont en vigueur, ils sont
clairs, ils sont précis, et « sont réputés
privés et confidentiels, à moins qu'un ministre ne les ait
cités, » à moins que les ministres ne les aient
cités.
M. LESAGE: C'est 1 qui s'applique.
M. BELLEMARE: M. le Président, si je prends 1 comme le premier
ministre me le demande, la Chambre peut sur une motion annoncée,
demander par adresse au lieutenant ou par ordre de communication, tout rapport,
tout document, qui se réfère à quelque matière
d'intérêt public, rentrant dans la liste de permission de la
Législature ou du gouvernement à moins que le gouvernement n'ait
déclaré que le rapport ou le document privé ou
confidentiel qui fait connaître l'intérêt public de le
déposer.
M. LESAGE: C'est ça.
M. BELLEMARE: M. le Président, le gouvernement par la bouche de
son procureur général, en vertu de l'article 696, l'a cité
en partie, et il savait à ce moment-là que dans
l'intérêt public, il savait la conséquence, il connaissait
la portée de ses actes, le procureur général s'est
engagé de les produire, et là, M. le Président, le
procureur général accusait lui, la demande duquel on a fait sa
demande de document, il s'est engagé lui à le déposer, et
M. le Président, à 690, 2; « Quand un ministre cite un
document confidentiel émané d'un fonctionnaire du gouvernement,
ce document, a moins qu'il ne soit contraire à l'intérêt
public de le déposer, devient public et doit être
déposé si la communication lui en est demandée. Donc, le
procureur général qui a déjà cité, s'est
engagé lui, connaissant la valeur de son engagement comme procureur
général, de le déposer, il devenait donc, M. le
Président, un document public qui devrait être
déposé, si la communication lui était faite.
La motion a été faite, régulièrement, selon
les articles du règlement, et aujourd'hui pour quelles raisons, M. le
Président, cette reculade, pour quelles raisons, que le premier ministre
et le procureur général, surtout M. le Président,
après avoir vécu les semaines que nous venons de vivre, pourquoi?
Demain, dans la province, les gens se demanderont pourquoi et commenceront
à avoir encore des doutes, et ils diront, il y a une justice pour le
parti libéral et il y a une justice pour l'Union nationale, qui est
différente dans la province, ça ne sera pas bon, pour le
parlementarisme, ça ne sera pas avantageux pour la Législature du
Québec et ça ne sera pas comme je lisais dans un article ce
matin, bien recommandable pour les députés qui ont à se
faire reélire. Cessons donc dans la province de laisser entendre qu'il
n'y a seulement qu'un poids et une mesure. Le poids du plus fort, la voix de la
majorité, donnons donc aussi le traitement que méritent les
députés dans cette Chambre qui demandent, en vertu du
règlement, d'être entendus et d'obtenir les documents, qui sont,
d'après les règlements, qui pourraient après les
règlements, être reproduits. Ah, vous pensez, M. le
Président, qu'aujourd'hui, dernière journée de la session,
les députés n'auront pas le droit d'élever la voix,
surtout devant un geste aussi autoritaire, il n'y a seulement que la
majorité du gouvernement qui est dans la balance aujourd'hui. Si on
voulait, M. le Président, véritablement exercer l'esprit de
justice et respecter la parole donnée, la respecter la parole
donnée à un groupe ici en Chambre, devant témoins, mais
non, on a là des déclarations qui ont été faites,
dûment enregistrées, le chef de l'Opposition est revenu à
la charge à la dite session de 1963, lui a fait dire et
répéter rapport à cette Chambre, mais mon Dieu comment
est-ce que ça se fait que vous ne l'avez pas ce document-là. Le
chef de l'Opposition revenant à la charge avec le nouveau procureur
général s'informe s'il va produire les documents, on lui dit:
vous connaissez le règlement, procédez en vertu des
règlements. Et aujourd'hui, dernière journée de la
session, on dit: M. le Président, intérêt public,
confidentiel. M. le Président, je termine, quand le ministre des
Affaires municipales en appelle à l'intérêt public et dit
dans le but de la justice, pour que la justice soit rendue, entendue et rendue
avec équité, il ne faudrait pas créer de
précédents...
M. le Président, lisez les journaux de l'Assemblée
législative, refouillez et je m'en vais vous en citer quatre, cinq, dix,
des documents confidentiels et publics qui ont été produits dans
cette Chambre. Je m'engage, M. le Président, à vous les sortir,
je n'ai pas exactement les dates mais j'ai les faits et à peu
près les années, je m'en vais les chercher, le ministre
des Affaires municipales vient nous dire, pendant vingt ans, M. le
Président, j'en ai vu produire des documents personnels et
confidentiels, des documents entre fonctionnaires et leurs supérieurs,
et le ministre vient dire, nous allons créer un précédent,
nous allons créer un précédent sur lequel le parti, les
membres du parlement pourront dire, il y a eu. un précédent, mais
il y en a 20, 25 dans les procès-verbaux.
M. LAPORTE: J'aimerais mieux voir les documents.
M. BELLEMARE: Oui, M. le Président, je vous en sortirai, il y en
a 20 ou 25 dans les procès-verbaux. Ce n'est pas un argument, et si
ça en était un, c'est un faible argument, quand il s'agit de la
justice, de la justice distributive pour tout le monde, à
égalité, et c'est le temps aujourd'hui pour le gouvernement de
faire un beau geste, au premier ministre, il en sortira grandi. Mais demain,
s'il ne se rend pas à la demande du chef de l'Opposition, demain il en
subira les conséquences dans la province et on dira du premier ministre
qu'il est devenu un homme qui ne respecte pas ce qu'il a prêché
dans la province, le parlementarisme.
M. LESAGE: Sur une question de privilège, M. le Président.
Je n'ai jamais pris connaissance des documents dont il est question, et mon
objection est basée sur une question de principe.
M. LE PRESIDENT: La motion sera-t-elle adoptée?
M. ALLARD: Non, M. le Président, j'étais tout à
l'heure...
M. LESAGE: Non, non.
M. FORTIN: M. le Président, j'ai écouté le
député de Champlain essayer de fairs un parallèle entre
l'affaire, je pourrais dire assez sérieuse, que nous avons eue à
décider en Chambre ces jours derniers, et l'affaire des faux
certificats.
Il me permettra de rappeler que dès que le ministère du
procureur général a eu en main la preuve que les personnes que
l'on avait accusées n'étaient pas impliquées, le substitut
du procureur de la couronne, Me Desjardins, a déclaré
publiquement que les personnes sur lesquelles des soupçons existaient,
ou qui avaient subi des accusations, étaient complètement
innocentes et même, il a présenté les excuses du
ministère du procureur général. C'est ce qui n'a pas
été fait en Chambre par le député de
Trois-Rivières à l'endroit du député...
M. BELLEMARE: A l'ordre!
M. LAPORTE: Vous avez fait des comparaisons...
M. BELLEMARE: La question est décidée, jugée et
décidée.
M. FORTIN: En second lieu, le député de Champlain dit
ceci: « On nous présente une ;notion à la dernière
minute ». Elle a été annoncée il y a deux jours la
motion et ce n'est pas une motion de dernière minute, elle a
été annoncée il y a deux jours. Et enfin, M. le
Président, je voudrais souligner ici, c'est que, lors du débat
sur la discrimination en matière d'emploi, c'est le député
de Champlain qui a invoqué le Bill des droits de l'homme, disant que
toute personne a le droit d'avoir une défense pleine et
entière...
M. GOSSELIN: Il n'a pas le droit de référer à un
débat antérieur.
M. FORTIN: Je ne réfère pas à un débat
antérieur, je rappelle une citation du député de
Champlain. Or, M. le Président, il y a actuellement devant la Cour
criminelle deux accusés, personnellement je n'ai pas vu le dossier du
ministère du procureur général. Les deux accusés
qui sont devant la Cour actuellement à Montréal sont-ils
coupables ou non coupables? Je l'ignore, mais je sais par exemple que le
président du tribunal, le juge Veilleux, qui avait été
demandé par le juge en chef de Montréal de venir de Sherbrooke
pour présider ce procès parce qu'on ne voulait pas qu'un juge de
Montréal préside ce procès pour pouvoir donner la plus
entière justice aux deux accusés. De lui-même, à la
demande des parties, des avocats de la défense et des avocats du
procureur de la couronne, a demandé, c'est-à-dire a
décidé de remettre le procès au mois de septembre parce
qu'on en avait trop parlé dans les journaux, et qu'il y avait eu des
débats ici en Chambre, et qu'il a dit nous allons avoir de la
difficulté à trouver 12 jurés qui vont être
impartiaux, et qui pourraient ne pas avoir entendu parler du procès, il
a remis ça au mois de septembre.
Et qu'est-ce qu'on nous demande aujourd'hui? On nous demande de sortir
des documents dans le dossier du procureur général, de les rendre
publics. Qu'est-ce qu'il y a dans le dossier? Je ne le sais pas, mais un chose
certaine c'est qu'ils seront publiés, que le public
en aura connaissance, que les jurés ou les futurs jurés en
auront connaissance. Or, comment les deux accusés, qui sont actuellement
devant les Assises pourront-ils avoir des juges, des pairs qui vont les juger
d'une façon impartiale alors que les documents confidentiels qui sont
dans le dossier du procureur général et qui peut-être, je
ne le sais pas, les accusent ou les innocentent seront dans le public?
Eh bien, je me demande si l'insistance de l'Opposition à l'heure
actuelle pour avoir ces documents n'est pas de nature à retarder encore
une fois le procès, et empêcher les deux accusés d'obtenir
une saine justice.
M. ALLARD: M. le Président, je voudrais d'abord relever les
remarques faites par le nouveau leader de la Chambre pour la prochaine session
et je suis, à cette occasion-là, le premier à lui
conférer son titre.
Lorsqu'il disait, dans ses remarques, que l'opinion publique avait
été alertée, je lui dis oui, mais je lui dis: monsieur le
ministre, l'opinion publique n'a pas été complètement
éclairée et c'est justement ce que nous voulons, lorsqu'on
discute qu'un document est déclaré confidentiel, lorsqu'on
discute qu'un document a été déclaré confidentiel
par le procureur général actuel, je lui dis: monsieur, lorsque
celui qui était procureur général au moment, celui qui a
été peut-être le plus intimement mêlé à
toute cette affaire, a déclaré dans cette Chambre qu'il
était prêt à déposer ce dossier, je lui dis que lui,
qui connaissait l'affaire, déclarait que le dossier pouvait être
déposé, qu'il n'était pas confidentiel et que, si on
adopte cette attitude, je crois qu'on manque à une parole
donnée.
D'ailleurs, ce n'est pas gênant de notre part parce qu'en 1960 on
a déposé dans cette Chambre des documents qui auraient pu
facilement être déclarés confidentiels et j'ai à
l'exemple, présentement, les documents sur le « St-Barnabé
» dont on a discuté, qui ont été
déposés par le ministre du temps, député de
Missisquoi, qui ont été mis devant cette Chambre. Si on avait
voulu, à ce moment-là, se servir de la même excuse dont se
sert, ce matin, le gouvernement, on aurait pu tout simplement faire un
débat comme on afait. Mais je crois qu'on a donné l'exemple et
que cet exemple devrait être suivi.
Deuxièmement, lorsque le ministre des Affaires municipales
déclarait qu'il s'est agi nécessairement d'une question qui a
soulevé des passions, je dis oui que cela a passionné l'opinion
publique. Mais je dis aujourd'hui: qui est le responsable? Qui a soulevé
cette passion?
Ce n'est pas nous, messieurs, c'est vous, messieurs du gouvernement, et
c'est vous qui avez aussi à apaiser ces passions, et ce n'est pas en
cachant, comme vous donnez 1'impression de le faire, en cachant des
informations à la Chambre.
En troisième lieu, le ministre des Affaires municipales a
parlé d'une sérénité, de cette
sérénité pour l'avenir. C'est beau, M. le
Président, de parler de sérénité pour l'avenir mais
lui, ministre des Affaires municipales, qui a été journaliste
pendant de nombreuses années, qui a été un des adversaires
les plus irréductibles de l'Union nationale, qui nous a critiqués
sur tous les points, je lui dis: « Monsieur, au moment où vous
critiquiez, vous n'aviez pas en vue cette sérénité, vous
aviez d'autres buts et objectifs que vous avez réalisés
».
M. LAPORTE: M. le Président, j'invoque le règlement.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. LAPORTE: Deux choses, M. le Président. D'abord je voudrais
bien qu'on interprète mes paroles comme je les ai prononcées. Je
dis que, pour la sérénité du procès qui s'en vient
qui, lui, est chargé de laire la lumière où le juge pourra
réclamer tous les documents non confidentiels dont il aura besoin, juge
qui pourra répéter que le propre procureur de la Couronne a
déclaré que les gens de l'Union nationale, les organisateurs et
les candidats, étaient exonérés de tout blâme,
publiquement, solennellement. Je dis que, pour que ce procès-là
se fasse, il faut que la sérénité revienne, à la
demande même du juge. C'est là où j'ai parlé de
sérénité.
Quant à faire le procès des articles du ministre des
Affaires municipales quand il était journaliste, ça n'a rien
à avoir avec le débat actuel.
M. ALLARD: M. le Président, j'accepte les remarques faites par le
ministre des Affaires municipales mais je dis qu'après avoir entendu
à sa suite, le député de Sherbrooke dire que les personnes
intéressées ont été innocentées, c'est vrai.
Mais, à ce moment-là, monsieur...
M. LAPORTE: Bon!
M. ALLARD: ... le mal qui a été fait n'a pas
été réparé et je voudrais dire à cette
Chambre qu'il y a plusieurs députés qui siègent ici qui
n'y seraient pas si ça n'avait pas été de cette question
qui a été soulevée. Je dis qu'à l'heure
actuelle...
M. LESAGE: Ah!
M. ALLARD: ... le gouvernement agit d'une manière
différente de ce qu'il a prêché, qu'il a deux poids et deux
mesures. Si on n'a pas de cachette, qu'on mette les dossiers devant la Chambre
et qu'on les expose publiquement!
M. LESAGE: Non...
M. JOHNSON: M. le Président, j'ai un droit de réplique, je
n'en abuserai pas...
M. LESAGE: Non, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a d'autres députés qui
voudraient parler?
M. JOHNSON: Oui, oui, c'est une motion de fond.
M. LESAGE: M. le Président... M. BELLEMARE: Oui, oui.
M. JOHNSON: C'est une motion de fond, M. le Président,...
M. LESAGE: Très bien.
M. JOHNSON: ... j'ai un droit de réplique, je n'en abuserai
pas.
M. HAMEL (St-Maurice): Avant la réplique...
M. LE PRESIDENT: Est-ce que le procureur général
voudrait... Est-ce qu'il y a d'autres députés qui voudraient
parler avant que... Si le chef de l'Opposition parle maintenant, ça va
clore le débat.
M. LESAGE: J'espère que nous aurons le temps de prendre une
bouchée!
M. JOHNSON: Je n'abuserai pas de mon droit de réplique. J'ai
écouté avec beaucoup d'attention tout ce qui a été
dit par les membres de cette Chambre et j'ai été
particulièrement intéressé par les courts discours, et
très bien charpentés, qu'ont prononcés les
députés à votre gauche, M. le Président. Ils ont,
je crois, vidé le sujet, donné tous les arguments de droit. de
sens commun, que l'on peut alléguer au sou- tien de la présente
motion. Mais je crois que...
M. LE PRESIDENT: Le droit de réplique c'est pour
répondre.
M. JOHNSON: Oui, oui. Je suis en train de vous dire que je ne
répondrai pas longuement. Au contraire, dans ma réponse je
n'utiliserai pas des arguments déjà utilisés, à si
bon escient et avec tant de talent, par les députés à
votre gauche. Voilà que le problème est situé.
Il est un point sur lequel on n'a peut-être pas répondu aux
députés de la droite, c'est celui soulevé
particulièrement par le député de Sherbrooke; la
sérénité du procès, et l'autre point soulevé
par je ne me souviens plus qui de l'autre côté, le
témoignage ou le certificat de bonne conduite émis par le bureau
du substitut en chef du procureur général à
Montréal, Guy Desjardins.
M. le Président, sérénité du procès?
Au moment où le procureur général du temps, en mai 1963, a
parlé de ce sujet en Chambre et a référé à
des documents qu'il a promis de déposer, comme on l'a déjà
souligné, les causes étaient instruites à ce
moment-là. Donc on parlait de causes. Deuxièmement, c'est l'un
des accusés lui-même qui crée cet état de choses ce
matin en nous faisant parvenir des télégrammes, non seulement au
chef de l'Opposition mais à plusieurs membres de l'Opposition:
télégramme qui a été lu par le député
de Bellechasse et qu'il vaut la peine de citer de nouveau, il est très
court, pour bien comprendre l'argument que j'ai à développer:
« Affaire Hamel-Gabias belle claque à l'Union nationale
(stop) prochaine claque à l'Union nationale les faux certificats
(stop) en septembre prochain.
M. FORTIN: Votre question était au feuilleton avant le
télégramme.
M. BELLEMARE: Il est renseigné.
M. JOHNSON: M. le Président, l'accusé Jean-Paul Boisjoli,
je ne sais pas s'il est coupable ou non. L'accusé Sauvé, je ne
sais pas s'il est coupable ou non. Mais j'ai déjà
déclaré, et je le répète aujourd'hui dans cette
Chambre: même si ces gens-là étaient trouvés
coupables, ça ne répond pas à une question qu'on peut
soulever en lisant la lettre de Me Guy Desjardins du 19 mars 1963, que je cite
ici, au complet pour qu'on me comprenne bien:
19 mars 1963.
M. André Lagarde, 46, rue Proulx, Laval-des-Rapides,
Qué.
Cher Monsieur Lagarde,
Veuillez trouver ci-après le texte de la déclaration que
j'ai faite aux journalistes ce matin en votre présence et qui se lit
comme suit: « Vu les faits révélés lors de la
préenquête devant le juge et au cours de l'enquête
policière, il n'est que juste qu'il soit dit que j'ai aujourd'hui la
certitude morale que M. André Lagarde n'a rien eu à faire dans ce
qu'il est maintenant convenu d'appeler « l'affaire des faux certificats
». « Les témoignages recueillis et les déclarations
obtenues indiquent que certains individus auraient induit la police en erreur
en tentant d'impliquer André Lagarde atteindre ainsi l'Union nationale
dont il était l'organisateur en chef ». « J'espère
que les journaux se conformeront au texte susdit. Sincèrement, Guy
Desjardins. »
M. le Président, qui a trompé la Police? Dans
l'intérêt de qui? Avec l'argent de qui? Et dans quel but?
UNE VOIX: On le saura dans l'enquête en cours.
M. JOHNSON: Et l'enquête en cours ne le démontrera pas.
Dans le cas, le procès de Boisjoli et Sauvé ne donnera pas
l'occasion à qui que ce soit de donner une réponse à ces
questions.
UNE VOIX: Bien oui.
M. JOHNSON: Il m'est évident, il est évident que le
procureur général actuel, posant un geste dont on n'a aucun
précédent dans cette Chambre, fait en sorte qu'il déclare
incompétent le procureur général du temps, son
prédécesseur, ou que lui, procureur général, a des
intentions qu'il ne peut pas donner dans cette Chambre et il n'y a personne
dans cette province...
M. HAMEL (St-Maurice): Objecté.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. JOHNSON: ... qui va m'empêcher de dire que, à mon point
de vue, à la lumière du télégramme de M. Boisjoli,
j'ai raison d'avertir le procureur général, car j'en sais plus
que je n'en peut dire ce matin, en Chambre, sur cette affaire.
M. LESAGE: Moi, je n'en sais rien.
M. JOHNSON: J'ai raison de dire au procureur général: gare
à vous! et il se prépare des choses et ce sont des dires,
des déclarations de Jean-Paul Boisjoli, il se prépare des
choses dont le procureur général ne sera pas fier quand ce sera
fini, à moins qu'il n'intervienne tout de suite. Et, s'il avait
déposé, ce matin, ces documents, je n'aurais pas dit telle chose.
Mais, son refus de déposer tel document me permet de me poser des
questions sur le tripotage que font certaines personnes dans cette cause.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LESAGE: Est-ce que le chef de l'Opposition a terminé?
M. JOHNSON: M. le Président, le premier ministre s'est
levé. Alors, je ne voulais pas qu'on soit deux debout.
M. LESAGE: Est-ce qu'il a terminé?
M. JOHNSON: M. le Président, si le premier ministre veut
s'asseoir, je lui dirai. Je n'ai pas le droit de parler quand il est
debout.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs. Je pourrais dire, pour moi, que
si le chef de l'Opposition veut continuer avec la même argumentation qui,
pour moi, est terminée parce qu'il n'a pas le droit d'avancer de tels
arguments en exerçant son droit de réplique. En même temps,
moi, je pensais que le premier ministre était pour lui demander de
retirer la même expression qu'il avait retirée.
M. LESAGE: Oui mais...
M. LE PRESIDENT: ... il y a quelques instants. Si le chef de
l'Opposition veut exercer son droit de réplique, qui lui impose de se
borner à répondre au préopinant, je suis prêt
à l'écouter.
M. JOHNSON: M. le Président, je déclare que nous sommes
prêts à voter sur la motion.
M. LESAGE: Très bien. Le vote!
M. LE PRESIDENT: Qu'on appelle les dépu-
tés! En attendant qu'on appelle les députés, je
pourrais lire le dernier je crois que c'est le dernier message.
M. LESAGE: Avant.
M. LE PRESIDENT: On va les appeler en même temps.
M. LESAGE: Le consentement unanime. M. LE PRESIDENT: « Le Conseil
législatif, le 31 juillet 1964. « Le Conseil législatif
informe l'Assemblée législative qu'il a voté sans
amendement le bill suivant, bill numéro 70: « Loi concernant les
municipalités de l'Ile Jésus et la ville des Iles Laval.
Attesté,
Henri Fiset greffier du Conseil législatif ».
Cela doit être le dernier?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs, sur l'item 27, la motion de M.
Johnton, que tous ceux qui sont en faveur de l'adoption de la motion veulent
bien se lever.
M. LE GREFFIER ADJOINT: MM. Johnson, Elie, Dozols, Bertrand
(Missisquoi), Bellemare, Boudreau, Lafontaine, Bernatchez, Guillemette,
Gosselin, Lizotte, Raymond, Allard, Loubier, Gauthier.
M. LE PRESIDENT: Que tous ceux qui sont contre veuillent bien se
lever.
M. LE GREFFIER ADJOINT: MM. Lesage, Bédard, Lalonde, Hamel
(St-Maurice), Bertrand (Terrebonne), Saint-Pierre, Cliche, Dionne, Brown,
Couturier, Lévesque (Bonaventure), Laporte, Fortin, Mme
Kirkland-Casgrain, Binette, Lechasseur, Roy, Coiteux (Duplessis), Lavoie
(Laval), Harvey, Morissette, Maheux, Collard, Vaillancourt, Laroche, Boulais,
Coiteux (L'Assomption), Ouimet, Théberge, Fortier, Kennedy, Brisson,
Hébert, Mailloux, McGuire, Cadieux, Beaupré, Godbout,
Dupré, Martin.
M. LE GREFFIER: Pour 15, Contre 40. Yeas 15, Nays 40.
M. LE PRESIDENT: La motion est rejetée. M. LESAGE: M. le
Président, je suggère que la séance soit suspendue
jusqu'à deux heures vingt-cinq. Je voudrais dire un mot avant que nous
nous quittions, je ne serai pas en Chambre à deux heures et
vingt-cinq.
Je voudrais souligner qu'il s'agit d'une session, qui, au point de vue
législation a été extrêmement fructueuse.
L'étude des crédits a été faite à fond et
à ce sujet, malgré une certaine expérience que j'ai eue
dans un autre parlement et qui me fait douter de l'efficacité de
l'acceptation d'une des recommandations du comité des règlements
à savoir d'avoir un comité des crédits qui
étudierait comme essai, les crédits d'un ou deux
ministères, j'ai quand même reçu cette recommandation avec
un certain espoir que nous puissions tenter nous-mêmes
l'expérience à une prochaine session, pour essayer
d'abréger une session. Nous siégeons ici depuis le mois de
janvier du lundi au vendredi. Cette année nous avons siégé
presque tous les lundis. J'avoue pour ma part que c'est épuisant et
c'est une des raisons pour lesquelles nous avons décidé au
Conseil des ministres de confier la fonction de leader de la Chambre au
ministre des Affaires municipales pour que je puisse donner plus de temps aux
questions administratives dont j'ai la responsabilité.
Pour revenir à la législation, je voudrais mentionner
simplement par leurs numéros tout le monde les connaît, les bills
60, 54, le bill 16, la Lot sur la discrimination dans l'emploi, la
résolution sur la caisse de retraite, qui sont tous les lois que nous
avons adoptées, qui ont été sanctionnées ou qui
seront sanctionnées dans un instant, des lois d'une importance capitale
et qui marquent un progrès phénoménal dans la province et
qui marquent en même temps, dans certains cas, une évolution de la
pensée de la population.
Pour moi, j'en suis fier. Je suis fier aussi, oh, nous avons eu nos
escarmouches, c'est entendu, dans une assemblée
délibérante comme la nôtre, il est impossible qu'à
un moment donné, l'esprit de partisanerie politique ne se fasse pas
sentir, ou devrais-je dire ne s'exprime pas quelquefois d'une façon
véhémente, mais tout cela tient à la nature des hommes
vivant dans une démocratie. Nous avons eu également une
conférence fédérale-provinciale, qui, au moment où
elle a été tenue, et où elle s'est terminée,
semblait avoir été presqu'un échec. Les
négociations subséquentes ont permis que l'autonomie provinciale
fasse des gains que je considère comme des pas de géant.
Je m'en vais maintenant, dès demain, à une
conférence interprovinciale en Alberta. Je continuerai pour ma part,
à tenter de maintenir bien haut le flambeau de la province de
Québec.
Quand nous réunirons-nous de nouveau? Probablement en janvier,
aussitôt que possible, il est toutefois possible que je doive convoquer
une session spéciale si certaines questions ou certains problèmes
si vous voulez, comme celui de la sidérurgie, comme celui des chutes
Hamilton, en particulier, il peut y en avoir d'autres se règlent de
façon à nécessiter une législation,
M. DOZOIS: Pas en août.
M. LESAGE: M. le Président, je remercie le député
de St-Jacques de son avis que j'accepte avec plaisir. Pas au mois d'août,
non. Oui, foi d'animal.
M. JOHNSON: Comme dit la fable.
M. BERTRAND (Missisquoi): Après août foi d'animal.
M. LESAGE: Après août foi d'animal. Il est fort possible
que je doive me rendre en Europe dans la deuxième quinzaine d'octobre.
De toute façon quelque soit le moment où nous nous
réunirons, et si comme c'est normal, c'est au mois de janvier, je
souhaite que nous soyons tous ici en bonne santé, préparés
à travailler pour la province dans un esprit de liberté
démocratique. Nous aurons l'occasion, je souhaite que nous nous revoyons
tous et nous aurons sans doute à ce moment-là de nouveaux
collègues à qui nous souhaiterons la bienvenue.
M. le Président, à vous-même et à tous les
députés de la Chambre, je souhaite d'excellentes vacances.
M. LE PRESIDENT: Merci.
M. JOHNSON: M. le Président, vous me permettrez de déroger
moi aussi à la coutume. Il est de tradition que ces voeux qu'on
s'adresse à la fin d'une session, soient limités à des
généralités. Mais le premier ministre cette année a
annoncé beaucoup plus de nouvelles dans son court « laïus
» qu'il ne voulait nous en donner au cours de toute la session sur
certains sujets. Moi aussi, je vais manquer à la tradition et je vais
commencer par répondre au premier ministre concernant ses
dernières paroles.
Nous aurons, et je suis heureux de la nouvelle, de nouveaux
collègues lorsque nous nous rencontrerons, si c'est en janvier.
M. LESAGE: Non, non. M. le Président, j'ai dit: «
Certainement qu'en janvier, lorsque nous nous rencontrerons, nous aurons de
nouveaux collègues ». Je n'ai pas dit qu'il n'y aurait pas de
nouveaux collègues s'il y avait une session spéciale.
M. JOHNSON: M. le Président, tout dépend évidemment
de la loi, des délais imposés par la loi électorale et de
la date de la session spéciale, s'il doit y avoir une session
spéciale.
M. LESAGE: Evidemment... Mon voyage en Europe...
M. JOHNSON: M. le Président, je vous dis tout de suite que c'est
avec fierté qu'au moins trois de mes collègues m'accompagneront,
de l'entrée de la Chambre jusqu'à vous, pour vous
présenter ces nouveaux collègues que nous aurons dans le
temps.
M. LAPORTE: Vous êtes aussi bien d'en recruter parmi ceux qui sont
là.
M. JOHNSON: M. le Président, je voudrais abonder dans le sens des
propos du premier ministre relativement à la session, non seulement
cette session qui fut l'une sinon la plus longue de toutes les sessions, mais
non seulement elle fut fructueuse, sous certains aspects, mais je crois qu'elle
est historique pour plusieurs raisons.
Le premier ministre a raison. D'abord, la législation fut
importante. Il a énuméré les principales lois et vous
aurez facilement fait le point comme moi au sujet de toutes ces
législations importantes: bills 60, 54, 16; résolution de caisse
de retraite, l'Opposition a toujours voté pour le principe des lois.
Elle a, de son mieux, tenté de les améliorer selon l'optique de
l'Opposition et selon notre mentalité, notre manière de voir les
choses et de comprendre l'intérêt de la province.
Je crois que le premier ministre admettra avec nous que l'Opposition a
travaillé fort au cours de cette session et qu'elle a travaillé
dans un esprit et un style assez récents.
M. LESAGE: M. le Président, si je ne l'ai pas dit, je l'ai
laissé entendre, mais je le crois.
M. JOHNSON: Dans un style et un esprit nouveau l'Opposition a
contribué d'une façon positive à l'amélioration de
plusieurs des lois, particulièrement dans les comités. Et c'est
seulement pour ne pas risquer des oublis, que je n'offre des
félicitations à certains collègues nommément. Tout
le monde les a vus à l'oeuvre, et tout le monde peut mettre des noms, et
décerner comme mol des médailles à plusieurs de mes
collègues qui ont apporté cette année une
collaboration exceptionnellement fructueuse dans les comités, et en
Chambre.
M. GERIN-LAJOIE: La médaille du chef de l'Opposition.
M. JOHNSON: M. le Président, la session est historique aussi pour
des faits qui sont moins gais. Evidemment, dans l'histoire il y a des pages
glorieuses, il y a des pages sombres. Et je crois que la Législature a
écrit cette année quelques pages qui passeront au passif de la
Législature, plutôt qu'à son actif.
Ce n'est pas l'occasion de faire un débat, d'ouvrir des portes,
mais c'est certainement mon devoir comme chef de l'Opposition et comme chef
d'un parti politique, d'exprimer ce que je viens de vous dire.
Il y a eu quelques fois des accès ou des excès de
partisanerie, pour employer les termes du premier ministre...
M. LESAGE: Non.
M. JOHNSON: Je regrette d'avoir à le dire, mais je le fais
calmement, qu'à mon sens il y eut des manifestations de partisanerie de
ma part, ou de la part de mes collègues, lorsque nous avions, à
tort ou à raison, l'impression qu'il y avait des manifestations de
partisanerie non pas seulement en Chambre, de la part des libéraux, mais
peut-être dans l'administration.
M. le Président, à mon tour j'offre au premier ministre et
à tous les - collègues mes meilleurs voeux de santé, des
vacances intéressantes, des vacances qu'ils ont bien
méritées. Et au premier ministre en particulier, je voudrais
offrir des voeux en vue de cette session des premiers ministres, cette
réunion des premier ministres provinciaux.
Il est d'une souveraine importance que tout le Canada sache que
l'Assemblée nationale de l'Etat du Québec est unanimement
prête à appuyer le premier ministre de la province de
Québec lorsqu'il bataille pour une grande mesure d'autonomie.
Le premier ministre doit certainement nous croire. Nous l'avons
prouvé dans le passé et je guette l'occasion de féliciter
le premier ministre pour de nouvelles victoires autonomistes même si je
ne les considère pas de véritables grandes victoires dans
certaines circonstances.
Encore ici, je n'ai pas à faire la critique du
fédéralisme-coopératif mais je m'engage publiquement quand
il s'agit des intérêts du Québec, quand il s'agit des
intérêts bien compris de la nation canadienne française,
l'Union nationale sera toujours à côté du premier ministre
et du parti Libéral, le bien de la patrie avant le bien du parti.
M. LE PRESIDENT: La motion de suspension de la séance est
adoptée. La séance est suspendue jusqu'à 2 h 25.
Reprise de la séance à 2 h 45 p.m.
M. HYDE (président): A l'ordre, messieurs. Faites entrer le
messager. Let the messenger in.
L'HUISSIER A LA VERGE NOIRE; Monsieur le Président,
l'Administrateur de la province désire la présence des membres de
cette Chambre à la salle du Conseil législatif.
Mr. Speaker, the Administrator of the Province desires that the Members
of the Honourable House attend in the legislative Council Chamber.
APPENDICE « A »
MEMOIRES REÇUS PAR LE COMITE DE LA
CONSTITUTION
Me Maurice Allard, professeur en droit constitutionnel, Faculté
de droit, Université de Sherbrooke.
M. E. Struthers, Stanstead, Qué.
M. Paul Rochon, journaliste, 4525, boul. Gouin est, Montréal.
M. Raymond Barbeau, professeur à l'école des Hautes Etudes
Commerciales, Rosemere, Qué.
M. Adrien Gauthier, 4098, Parc Lafontaine, Montréal 34. M. Samuel
J. Walsh, Parti Communiste Canadien. L'A.G.E.S.S.M., Séminaire
Ste-Marie, Shawinigan.
L'Association professionnelle des professeurs laïques de
l'enseignement classique de la P. de Q. Inc., 610 ouest, St-Cyrille,
Québec.
Un groupe de citoyens de Sorel, St-Joseph et Tracy, (Germain
Lavallée, président du comité d'étude sur les
besoins constitutionnels).
Le Club Laurentien Inc., St-Jérôme, Qué.
La Société St-Jean Baptiste, Section Repentigny.
Provincial Association of Protestant Teachers of Quebec, 2100 St. Mark
St., Montréal 25.
La Fédération des Commissions Scolaires Catholiques du
Québec, 285, Chemin Ste-Foy, Québec.
M. Michael G. Kelly, 5020, Doherty Ave, Montreal 29. M. McCracken, 26,
rue Jeannette, Ville Lemoyne.
M. Marcel Chaput, 780, boul. St-Germain, Ville St-Laurent.
Le Rassemblement pour l'Indépendance Nationale, 3800, rue Dupuis,
app. 10, Montréal.
Me Cécilien Pelchat, 2375, de la Bruère, St-Hyacinthe.
La Société St-Jean Baptiste de Montréal, 1182,
boul. St-Laurent, Montréal. (M. Gérard Turcotte).
Canadian Jewish Congress, 493, Sherbrooke St. W., Montreal. (M. Saul
Hayes, Q.C., Executive Vice President.)
Dr Guiseppe Turi, Suite 15, 1610 ouest, rue Sherbrooke, Montréal
25. L'Association générale des étudiants de Laval,
Québec.
Federation of Quebec Protestant Colonization and Settlement Societies,
room 6, 1522, Sherbrooke St. W., Montreal 25. 15 juillet 1964.
APPENDICE «B»
MEMOIRES PROMIS
M. Albert Dupuis, St-Hillaire, Qué.
L'Association des étudiants libéraux de
l'Université de Montréal, 531, rue Davaar, Outremont.
La Confédération des Syndicats Nationaux, 155 est, boul.
Charest, Québec.
La Chambre de Commerce de la P. de Q., 1321 est, boul. St-Joseph,
Montréal 34.
La Fédération des Jeunes Chambres de la P. de Q., 2745,
rue Masson, Montréal 36.
Le Club Fleur de Lys du Québec, 126, rue St-Pierre, Québec
2.
La Fédération du Détail et des Services, 1290, rue
St-Denis, Montréal 18.
La Presse Etudiante Nationale, 101 ouest, boul. St-Joseph,
Montréal 15. (M. Claude Trudel).
La Fédération des Sociétés St-Jean Baptiste
de Québec, St-Hyacinthe, Québec. (M. Jean Arsenault). 29 avril
1964.