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(Deux heures et demie de l'après-midi)
M. HYDE (président): Qu'on ouvre les portes. Let the doors be
opened.
A l'ordre, messieurs. Affaires courantes.
Présentation de pétitions. Lecture et réception de
pétitions. Présentation de rapports de comités
élus. Présentation de motions non annoncées.
M. LALONDE: M. le Président, je propose que M. Martin remplace M.
Binette comme membre du comité des privilèges et des
élections.
M. LE PRESIDENT: Cette motion sera-t-elle adoptée?
Adoptée.
Présentation de bills privés. Présentation de bills
publics. Affaires du jour.
Crédits intérimaires
M. LESAGE: M. le Président, j'avais parlé hier avec
quelques membres de l'Opposition de la présentation possible cet
après-midi du bill 51 concernant les crédits intérimaires.
J'ai été tellement pris toute l'avant-midi au Conseil de la
trésorerie et au Conseil des ministres qu'il m'a été
impossible de recevoir et de vérifier les notes qui m'étaient
envoyées par l'assistant contrôleur de la trésorerie.
Je n'ai pu les remettre au député de St-Jacques qui en a
fait part au chef de l'Opposition, d'après le témoignage du chef
de l'Opposition, qu'à l'heure du lunch, c'est-à-dire à une
heure et demie, je pense, ou deux heures moins vingt.
Alors je suggère que vers six heures moins dix si j'ai le
consentement de l'Opposition, nous puissions passer ce bill afin qu'il soit
sanctionné demain à cinq heures quinze alors qu'il y aura
sanction de bill.
M. JOHNSON: Très bien.
M. LESAGE: Si l'Opposition désire attendre à demain
après-midi, je suis disposé à entendre leurs raisons.
M. JOHNSON: M. le Président, j'ai eu le temps depuis...
M. LESAGE: Ah, vous avez eu le temps!
M. JOHNSON: ... le début, de parcourir ce feuillet explicatif et
quant à moi je n'ai pas d'objection à ce qu'on l'examine
immédiatement lorsque la période des questions sera
terminée.
M. LESAGE: Excusez-moi, je n'ai pas mon dossier. J'ai dit deux mots au
chef de l'Opposition en sortant de la salle à manger.
M. GABIAS: Au ministre de l'Education. Est ce que le ministre pourrait
nous dire pourquoi il a réduit de $18,000 la subvention pour fins de
transport des écoliers à la corporation scolaire de
Trois-Rivières-ouest, malgré la promesse faite de ne pas la
réduire cette année?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre. Je crois que c'est une question qui devrait
être posée au feuilleton.
M. HAMEL (St-Maurice): M. le Président, bien je voudrais à
ce moment-ci...
M. LESAGE: Nous reviendrons, étant donné le consentement
du chef de l'Opposition, nous reviendrons aux ordres du jour après, mais
nous allons passer le bill 51 pour l'envoyer au Conseil législatif.
Alors, comité des subsides, (des voies et moyens) et première,
deuxième et troisième lectures.
M. JOHNSON: Il y a quand même, M. le Président...
M. LESAGE: Non, non, le tout sous réserve.
M. JOHNSON: ... sous réserve d'offrir des voeux d'anniversaire
entre autres.
M. LESAGE: Bien oui, c'est ce que je voulais faire, non seulement
d'offrir des voeux d'anniversaire, mais de la période des questions.
M. GABIAS: La période des questions est suspendue?
M. JOHNSON: Le comité des subsides. J'ai des explications
à demander.
M. LESAGE: Non, non, on a passé le comité des subsides, le
«comité des voies et moyens » et les trois lectures sur le
bill 51.
M. JOHNSON: Le premier ministre voudrait-il nous dire...
M. LESAGE: Sous réserve?
M. JOHNSON: Oui. ... pourquoi a-t-il besoin
de ce troisième sixième, qui complète la
moitié, alors qu'il aurait, d'après nos calculs, assez d'argent
pour se rendre jusqu'à la fin de juillet?
M. LESAGE: Bien voici, c'est qu'il reste encore un certain nombre
d'employés civils qui sont payables d'avance.
M. DOZOIS: Vous payez les traitements d'août en juillet. C'est
ça?
M. LESAGE: Bien oui.
M. JOHNSON: Un mois d'avance ou une quinzaine à l'avance?
M. LESAGE: Quinze jours d'avance.
M. JOHNSON: Il en reste quoi? Quelques centaines seulement.
M. LESAGE: Il en reste entre 500 et 1,000.
M. JOHNSON: Alors un douzième aurait suffi quand même.
Techniquement, ça permettrait au premier ministre de déclencher
des élections la semaine prochaine sans même avoir
complété l'étude du budget.
M. LESAGE: M. le Président, je ne déclencherai pas
d'élections la semaine prochaine par pitié pour l'Opposition.
M. JOHNSON: M. le Président, entre la pitié pour
l'Opposition et la pitié pour l'électorat, je suggère au
premier ministre d'avoir pitié de l'électorat et d'en
déclencher. Mais, je n'ai pas à revenir sur le règlement
qui prévoit qu'on vote par douzième. On a pris l'habitude, cette
année surtout, de voter ça par sixième, soit deux
douzièmes. Cela donne assez d'argent au gouvernement...
M. LESAGE: Pas cette année.
M. JOHNSON: ... ici, pour se rendre jusqu'à la fin de septembre,
n'est-ce pas?
M. LESAGE: Oui, oui. C'est pour août et septembre. Evidemment, si
l'Opposition ne veut pas concourir...
M. JOHNSON: Ne veut pas?
M. LESAGE: ... ne veut pas concourir, je n'insisterai pas.
M. JOHNSON; Non, non, on veut concourir.
On ne veut pas prendre l'occasion de discuter, comme on aurait le droit
de le faire, sur chacun des item...
M. JOHNSON: C'est évident.
M. JOHNSON: ... de faire des discours à l'occasion de la motion
pour aller en subsides, et à l'occasion de la motion pour aller en
comité des « voies et moyens ». Mais, comme les journaux et
les journalistes ne sont pas le St-Esprit, il faut bien leur expliquer que
c'est une autre manière pour l'Opposition de coopérer, et de ne
pas étirer la session. Moi, je sais que nous coopérons, mais il
ne semble pas toujours qu'on apprécie jusqu'à quel point
l'Opposition actuelle collabore pour que la session ne traîne pas, et
pour que le ministre des Affaires municipales ne se fasse pas demander en
Israël, comment se fait-il que la session n'est pas terminée?
M. LE PRESIDENT: Alors si je comprends bien, de consentement unanime, on
est allé en comité des subsides (des voies et moyens).
Première, deuxième et troisième lectures du bill,
adoptées? Alors, affaires du jour.
M. GABIAS: M. le Président, le ministre des Affaires
municipales...
Accidents de la route
M. HAMEL (St-Maurice): M. le Président, un instant. Il me
semblait que le premier ministre avait quelque chose à dire. Je voudrais
communiquer à la Chambre et à la population du Québec la
décision prise par le ministère du Procureur
général...
M. GABIAS: M. le Président...
M. HAMEL (St-Maurice): ... « Devant le nombre inquiétant
d'accidents qui surviennent, particulièrement durant les fins de
semaine, devant la gravité de ces accidents qui, trop souvent,
entraînent des mortalités, le ministère a donné
à la Sûreté provinciale des instructions précises
à l'effet d'exercer une surveillance toute particulière et de
poursuivre directement les violateurs du Code de la route sans passer par le
ministère pour obtenir une autorisation préalable. Ces
directives, pour le moment, s'appliquent sur les routes 1, 2 et 9, où la
circulation est plus dense, plus rapide, plus dangereuse et où sont,
à certains endroits, exécutés des travaux de voirie
importants. »
Condoléances
M. LESAGE: M. le Président, c'est peut-être une chose qui
est peu habituelle mais je voudrais attirer l'attention de la Chambre sur le
décès, ce matin, de M. Vaillancourt, père de notre
confrère à nous, qui sommes avocats.
M. Gérard Vaillancourt est le père de mon adversaire aux
dernières élections.
Je pense que je me dois d'offrir à tous les membres de la famille
Vaillancourt l'expression de ma profonde sympathie.
M. JOHNSON: M. le Président, j'apprends à l'instant
même, de la bouche du premier ministre, le décès de M.
Vaillancourt que je n'avais pas le bonheur de connaître mais dont l'un
des fils est depuis longtemps un ami intime, et l'autre a été un
candidat à l'élection de 1962...
M. LESAGE: C'est le frère du sénateur.
M. JOHNSON: Et je crois qu'il y en a aussi un troisième dans la
famille qui, celui-là, doit trouver grâce devant le premier
ministre puisqu'il passe pour être un libéral convaincu, l'agent
d'assurances, le courtier d'assurances.
A tout événement, que le premier ministre s'en souvienne
ou non, de ce troisième, j'aimerais souligner ici que, si on doit juger
de l'arbre à ses fruits, il est bien évident que M. Vaillancourt
devait être un de ces citoyens non seulement honorables mais de ces
citoyens particulièrement intelligents et un citoyen imbu de cette vertu
première de tout citoyen, le civisme. Ses trois fils, à des
titres différents, et peut-être d'autres enfants dans la famille,
que je ne connais pas, se sont illustrés chacun dans son domaine et je
voudrais bien qu'ils acceptent de ma part, comme de la part des
députés de l'Opposition, l'expression de mes très
sincères sympathies.
Anniversaire
M. LESAGE: M. le Président, après les choses tristes, les
choses plus joyeuses. C'est aujourd'hui l'anniversaire de naissance du
député de Beauce.
M. JOHNSON: Le premier ministre m'a volé le privilège de
le faire le premier.
M. LESAGE: Je tiens à lui offrir, au nom de tous nos
collègues de ce côté-ci de la Chambre, nos meilleurs voeux
de bonne santé et de succès. Et je le prie d'offrir à son
épouse distinguée et à ses enfants l'expression de nos
hommages et de notre amitié.
M. JOHNSON: M. le Président, il est naturel que j'offre des voeux
à un collègue, et j'avais bien l'intention de le faire. J'avais
même demandé qu'on retienne ce privilège malgré
qu'on soit passé à d'autres affaires, entre autres, à
l'étude d'un bill de subsides.
M. le Président, le député de Beauce, tout le monde
le sait maintenant en cette Chambre et dans la province, est non seulement un
jeune et nouveau député mais il est déjà un
député qui a fait sa marque par son esprit de travail et
certaines interventions éclatantes.
Inutile de vous dire que son élection, en 1962, avec celle de
neuf autres jeunes députés ou nouveaux députés, a
été pour moi un objet de consolation, surtout lorsque j'en voyais
tomber 17 de l'ancienne équipe. C'était un motif d'espérer
tout de même ou de ne pas désespérer. Non seulement j'ai
été heureux de leur élection. Ces nouveaux
députés, mais c'est avec une immense satisfaction que j'ai
constaté, comme toute la Chambre, qu'en plus du nombre assez
impressionnant de nouveaux députés dans l'Opposition, il y avait
aussi de la qualité.
C'est le cas du député de Beauce à qui j'offre
aujourd'hui, en mon nom personnel, au nom de mon épouse, et au nom de
tous mes collègues des félicitations et des voeux et
évidemment des hommages à sa charmante épouse qui est,
comme on le sait, la fille d'un député qui a siégé
très longtemps dans cette Chambre comme député de Beauce,
le regretté Georges-Octave Poulin.
J'en profite pour offrir à Mme Allard des voeux de prompt
rétablissement, puisqu'elle a été récemment victime
d'un accident de la route qui aurait pu être extrêmement grave, qui
est très incommodant pour le temps présent, et j'espère
que, très rapidement, Mme Allard pourra reprendre complètement la
tâche d'élever ses cinq charmants enfants.
M. ALLARD: M. le Président, je remercie bien sincèrement
et le chef de l'Opposition et le premier ministre des excellents voeux qu'ils
ont eu l'amabilité de m'offrir. Je transmettrai évidemment
à mon épouse ces voeux, car, comme le disait le chef de
l'Opposition elle a subi un accident d'automobile. Dans les circonstances,
quoique l'accident soit désagréable, lorsque l'on
comparaît, hier matin, avec celui qui s'est produit dans la même
famille chez les Simard de Lévis, nous étions heureux
malgré tout, malgré cet inconvénient.
Alors, merci, au nom de ma femme et de moi-même.
Condoléances
M. HAMEL (St-Maurice): M. le Président, j'ai appris, hier, le
décès à Shawinigan, de M. J.-A. Richard, qui a
été député fédéral de 1949 à
1962. Je voudrais présenter à la famille mes sympathies les plus
profondes.
M. Richard est né sur la rive Sud. Il a émigré
à Shawinigan vers 1910. Il a été un pionnier. Il a
brillé dans tous les domaines. Je sais qu'il a été, dans
le domaine municipal, comme échevin, il a été dans le
domaine scolaire comme commissaire d'écoles. Les gens de sa profession,
les plombiers, l'ont élu pendant plusieurs années comme
président de la Corporation des plombiers de la province de
Québec, et la population entière du comté de St-Maurice
l'a élu député fédéral en 1949, et lui a
renouvelé sa confiance jusqu'en 1962.
M. Richard a toujours été connu comme un
député d'un dévouement inlassable, comme un père de
famille exemplaire, un homme d'affaires averti, et son décès
cause à la ville de Shawinigan et au comté de St-Maurice une
perte considérable.
M. JOHNSON: M. le Président, on comprendra que je me joins au
procureur général pour offrir nos sympathies à la famille
Richard, particulièrement à l'un des fils que j'ai eu le plaisir
de connaître. Je n'ai pas eu, moi, à lutter contre M. Richard ni
à lutter avec lui, mais je suis certain que le député de
St-Maurice, le procureur général, est mieux placé que
n'importe qui pour apprécier les grandes qualités de M. Richard
que tous les électeurs ont reconnues à plusieurs reprises.
M. LESAGE: M. le Président, il est bien difficile pour moi de ne
pas ajouter un mot, puisque, pendant presque dix ans, j'ai été le
collègue à la Chambre des Communes, de M. Richard, homme d'un
commerce extrêmement agréable, et un homme qui me portait une
amitié que je qualifierais de paternelle. Il a été pour
moi un excellent conseiller, et je déplore sa perte, et je
présente avec mes collègues, à Mme Richard et à
toute la famille que je connais bien, nos condoléances les plus
profondes.
M. BELLEMARE: M. le Président, je me réjouis de la
déclaration du Procureur général quant aux instructions
qui ont été données à la police provinciale. Est-ce
qu'il voudrait les expliciter davantage, d'une manière plus concise,
plus parfaite, pour la population en général? Je crois que c'est
très important cette décision qui vient d'être prise. Si
elle est comprise par cer- tains membres du Barreau, elle risque d'être
mal interprétée ou pas interprétée du tout par les
coutumiers de la route.
M. HAMEL (St-Maurice) Voici, M. le Président. Jusqu'à
maintenant quand les membres de la Sûreté provinciale constataient
des violations de la loi, ils faisaient un rapport, envoyaient le rapport
à leurs supérieurs; leurs supérieurs transmettaient le
rapport au ministère du Procureur général qui, à ce
moment-là, autorisait les poursuites. Alors, pour éviter tous ces
retards, les instructions ont été données de ne pas passer
par le ministère du Procureur général, mais de
procéder directement par, évidemment, leurs supérieurs
immédiats, pour la poursuite des infractions au Code de la route.
M. BELLEMARE: Aux Etats-Unis... Est-ce que le Procureur
général me permettrait de finir?
M. HAMEL (St-Maurice): La plainte est portée directement en Cour
et si, là, l'accusé plaide non coupable, le procureur
général désignera un procureur pour s'occuper de la
cause.
M. BELLEMARE: Si je comprends bien, c'est que l'officier de circulation
n'imposera pas, sur le fait même , l'amende.
M. LESAGE: Non.
M. BELLEMARE: Non. Là, il va faire son rapport
immédiatement. Aucune arrestation?
M. LESAGE: Il va porter plainte.
M. BELLEMARE: Il n'y aura aucune arrestation même là?
M. LESAGE: Bien, ça dépend.
M. HAMEL (St-Maurice): Cela dépend.
M. BELLEMARE: Il va y avoir une arrestation pour...
M. LESAGE: Non, non... il peut y avoir arrestation.
M. JOHNSON: M. le Président, comme maintenant.
M. BERTRAND (Missisquoi): Il y en a à l'heure actuelle.
M. JOHNSON: M. le Président, il s'agit, oui,...
M. LESAGE: Supposons, par exemple, qu'il s'agit d'un cas de « hit
and run »,
M. BERTRAND (Missisquoi): Facultés affaiblies.
M. LESAGE: ... que quelqu'un cause un accident, tue un piéton et
que la police poursuit celui qui s'est sauvé après l'accident; il
est clair qu'elle va l'arrêter. S'il s'agit d'un homme qui conduit en
état d'ivresse ou avec des facultés diminuées, c'est
évident qu'ils vont l'arrêter sur le champ. Il n'y a rien de
changé là-dedans. Ce qu'il y a de changé, c'est que, au
lieu que le rapport de la police passe par le Procureur général
pour qu'un avocat porte la plainte, c'est le membre de la Sûreté
elle-même qui portera la plainte et le Procureur général
nommera un avocat pour s'occuper de la cause, seulement s'il y a plaidoyer de
non-culpabilité.
M. BELLEMARE: Le lendemain matin.
M. LESAGE: Bien le lendemain ou après demain, je ne sais pas. Si
c'est le vendredi, ça va aller au lundi.
M. JOHNSON: Je vois mal, M. le Président, en quoi cela pourrait
améliorer la sécurité sur les routes. En somme si c'est un
remède efficace, ça implique que le manque de
sécurité sur la route est dû au fait que les rapports
traînaient et que les poursuites venaient trop tard. Je ne sais pas si
les rapports traînaient beaucoup, si c'était bien en retard au
département, mais je vois mal comment ça peut influencer
l'état ou la sécurité de la route que de faire...
M. LESAGE: Voyons!
M. JOHNSON: ... que de faire désigner un avocat par le Procureur
général! Je ne vois pas, M. le Président...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. LESAGE: M. le Président, quand il arrive, au cours de
l'été, chaque matin, au bureau du Procureur général
deux ou trois cents rapports d'infractions, il est évident qu'avant que
ces rapports d'infractions soient étudiés par le
département de M. Bornais, que l'avocat soit nommé, que
l'autorisation de poursuite soit donnée, cela peut
évidemment...
Ce n'est pas une question de savoir s'il y a eu négligence, c'est
une question de procédure qui prend du temps, et plus la
procédure prend du temps, moins efficace est le remède. Si
l'incriminé est poursuivi dans les quelques jours qui suivent son
infraction, évidemment, il va s'en souvenir bien mieux, c'est clair que
la leçon est meilleure.
M. JOHNSON: Il va se souvenir de l'infraction.
M. LESAGE: C'est clair que ça va avoir un effet.
M. BELLEMARE: S'il n'y a pas plus d'agents de police qu'il y en a
présentement, ce ne sera guère mieux. Tenez, hier, à
Shawinigan, par exemple! La route qu'emprunte souvent le procureur
général: 4 morts.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs. Je considère qu'il y a une
discussion. Ce n'est pas le temps de poursuivre un débat. A l'ordre,
messieurs. Affaires du jour.
M. BELLEMARE: Ils enlèvent les agents de police.
M. LESAGE: Le ministre de la Voirie a une déclaration à
faire à ce sujet.
M. PINARD: M. le Président, je m'inquiète
énormément des accidents très nombreux qui surviennent sur
nos routes et, en particulier, sur la route no 9 et sur les routes où la
circulation est très dense. Plus précisément sur celles
où sont exécutés de grands travaux de voirie de ce
temps-ci, en particulier la route no 9, où les travaux de la route
transcanadienne vont bon train; il s'y fait des travaux de terrassement
gravelage, de revêtement bitumineux; un équipement très
nombreux et très lourd se trouve sur les lieux; de gros camions doivent
charroyer, de jour et de nuit, des quantités très
considérables de matériel d'emprunt, de sable, de gravier, de
pierre concassée et d'asphalte. Evidemment, ils sont obligés
d'aller chercher ces sources de matériaux dans les terres,
parallèles à la route cependant; ils sont obligés
d'emprunter les routes secondaires, mais ils doivent nécessairement
traverser la route no 9 pour aller répandre ces matériaux
d'emprunt sur le chantier de construction de la route transcanadienne.
Il est excessivement difficile de faire une bonne surveillance
routière, si on n'a pas d'abord la coopération du public
voyageur, des automobilistes eux-mêmes qui prennent trop souvent la route
no 9 pour une piste de course. Et je ne voudrais pas porter d'attaque injuste
envers personne, mais parmi ceux qui voyagent souvent sur cette route, il n'y a
pas un député
qui n'a pas été témoin d'infractions très
nombreuses à la loi. Qu'il s'agisse des chauffeurs d'autobus ou des
automobilistes. Il arrive parfois qu'un autobus circule à une vitesse
supérieure à 70 milles à l'heure et que, pour le
dépasser, vous soyez obligés d'aller vous-même à 80
ou 85 milles à l'heure pour venir à bout de vous
débarrasser de cet autobus.
M. GABIAS: Le député a l'air de connaître
ça.
M. PINARD: Il y a aussi le cas des camions qui vont très vite, ou
qui, par contre, circulent à la file indienne et ne laissent pas
l'espace réglementaire entre les camions, pour permettre à un
automobiliste qui serait mal pris de « prendre le trou », comme on
dit communément.
M. BELLEMARE: Dites-nous ça.
M. PINARD: Il y a aussi le cas des automobilistes qui ne font absolument
aucun cas des affiches de signalisation. Ils ne s'occupent pas des signaleurs
qui sont sur les chantiers pour indiquer le danger à certains endroits,
surtout aux endroits où traversent les camions qui charroient l'emprunt
granulaire, comme je viens de le mentionner tantôt. Et les signaleurs ont
peur de faire leur ouvrage comme ils devraient le faire parce qu'ils se sentent
constamment menacés.
Plusieurs entrepreneurs sont venus me voir à mon bureau. Ils sont
venus également voir mes officiers pour se plaindre de la conduite de
certains automobilistes et nous ont même affirmé que les
signaleurs ne voulaient plus garder leur emploi. Alors devant ces faits, nous
nous sommes alarmés et avec raison. Nous sommes en pourparlers
actuellement avec le ministère du procureur général pour
savoir s'il n'y a pas moyen d'en venir à une entente, pour permettre que
des agences privées de policiers, comme l'agence Philipps ou l'agence
Barnes, selon le cas, soient engagées pour faire la surveillance sur les
routes où se font actuellement de gros chantiers de construction.
M. JOHNSON: Plutôt qu'un petit bonhomme rabougri de 4 pieds et 5
pouces, avec un petit « flag ». On ne sait pas du tout s'il est
sérieux ou si c'est un enfant. Un drapeau rouge, à part cela.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. JOHNSON: Ça ne nous donne pas le goût
d'arrêter.
M. PINARD: L'Opposition conviendra que nous devons prendre des mesures
positives pour régler la situation, mais je ne crois pas que ce soit la
seule responsabilité du ministère de la Voirie ou du
ministère du procureur général, de faire la surveillance,
car cette surveillance c'est tout de même la responsabilité des
entrepreneurs généraux qui ont la responsabilité d'engager
et de payer des personnes qui s'occupent de la signalisation sur les routes, et
comme ce n'est pas efficace, comme parfois c'est inadéquat, nous avons
pensé que le meilleur moyen que la meilleure méthode de pallier
à cette situation dangereuse, c'est d'engager des policiers
supplémentaires et nous avons hier reçu la visite de M. Philipps
qui nous a proposé une formule qui à notre sens pourrait rendre
d'immenses services à la population et surtout aux automobilistes.
M. JOHNSON: M. le Président, je pense bien que vous me permettrez
de manifester un certain plaisir lorsque je constate que le gouvernement tente
de faire quelque chose pour obvier à une situation qui tourne au
tragique actuellement sur nos routes. J'espère, comme tous les membres
de cette Chambre, que des mesures annoncées seront prises le plus
tôt possible et qu'elles seront efficaces. Le gouvernement actuel, M. le
Président, après quatre ans, se trouve devant une faillite
monumentale, celle de la sécurité de la route. On en est rendu
à un point tel que...
M. LESAGE: M. le Président...
M. JOHNSON: ... tout le monde s'en inquiète et...
M. PINARD: Il n'y a pas de débat là-dessus.
M. JOHNSON: ... j'exprime mon plaisir de voir qu'enfin on veut prendre
des mesures que j'espère efficaces.
M. LESAGE: M. le Président, je n'ai qu'une chose à dire,
c'est que le député de Champlain a attiré l'attention du
premier ministre et du gouvernement sur le problème; j'ai absolument
concouru dans ses paroles; je lui ai dit que nous prendrions des mesures
immédiates et nous l'avons fait ce matin au Conseil des ministres.
M. BELLEMARE: Je voudrais remercier le premier ministre d'avoir
attiré l'attention des média de publicité qui se sont
rendus de bonne grâce.
M. LESAGE: Oui, en effet,
M. BELLEMARE: Parce que j'ai remarqué dans plusieurs journaux,
des éditoriaux...
M. LESAGE: Moi aussi.
M. BELLEMARE: ... et dans un certain journal, un grand article
spécialement pour répondre à l'appel lancé par le
premier ministre.
M. LESAGE: Et j'en suis moi-même fort aise et fort heureux,
M. GABIAS: Vous me le direz quand ce sera le temps, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre.
M. GUILLEMETTE: M. le Président, si j'en ai le droit, au sujet
des dangers et de la sécurité routière...
M. LE PRESIDENT: Je regrette mais je ne peux pas laisser un
débat...
M. GUILLEMETTE: Ce n'est pas un débat, c'est une suggestion.
M. LE PRESIDENT: Non, non, je comprends très bien. Sur la
déclaration du procureur général et sur la
déclaration du ministre de la Voirie, j'avais laissé une
discussion assez générale.
M. GUILLEMETTE: J'ai une question à poser, M. le
Président. Est-ce que le...
M. JOHNSON: Sous forme de question, M. le Président.
M. GUILLEMETTE: Je ne parle rien qu'une fois par année...
M. LE PRESIDENT: Je voudrais que les députés comprennent,
je ne voudrais pas donner l'impression que je donne une latitude sur une
certaine mesure et pas sur une autre. J'aurais dû empêcher
peut-être le député de Champlain quand il...
M. BELLEMARE: Oui, je savais que vous étiez pour en venir
là, je savais ça.
M. LE PRESIDENT: ... a demandé àparler. UNE VOIX: Surtout
le premier ministre.
M. BELLEMARE: Je vous ai vu venir depuis longtemps.
M. LE PRESIDENT: Je suis prêt quand il y a un ministre qui fait
une déclaration ministérielle, je suis prêt à
laisser le chef de l'Opposition faire des commentaires là-dessus, et je
crois que si je fais ça, je suis obligé de laisser faire quelques
remarques par le premier ministre de la province, mais je ne peux pas permettre
un débat général. J'ai déjà expliqué
la procédure plusieurs fois et j'espère que tout le monde va
comprendre qu'au stade de l'appel des affaires du jour, ce n'est pas le temps
d'engager un débat. Si le député de Frontenac veut poser
une question, il pourra le faire.
M. LESAGE: J'ai compris, M. le Président, que le
député de Frontenac avait une question à poser.
M. GUILLEMETTE: J'ai un neveu qui s'est fait tuer en débarquant
d'un autobus scolaire et la question que je voudrais poser, c'est personnel
vous allez me dire, mais dans la même paroisse, au cours d'un an, il y a
trois enfants qui se sont fait tuer à St-Célestin.
Alors je voulais poser la question suivante: « Est-ce que le
gouvernement a l'intention de faire, par un médium de publicité
par excellence qui est la télévision, ou la radio, de la
publicité au sujet des règlements de la circulation »?
C'est que je me suis rendu compte, en discutant avec les chauffeurs d'autobus
scolaires, que les gens n'étaient pas au courant des règlements.
On dépasse un autobus scolaire, alors qu'il est arrêté, et
qu'on n'en a pas le droit, et on tue les enfants.
M. LESAGE: M. le Président, j'ai moi-même me vu à la
télévision, des, comment dites-vous, des « cartoons
»?
UNE VOIX: Des réclames.
M. LESAGE: Non, non, pas des réclames, des
séquences...
M. GABIAS: Des dessins animés.
M. LESAGE: Des dessins animés publiés par Prudentia, qui
est subventionnée par la province, sur le point précis que vient
de mentionner le député de Frontenac. Pour bien enseigner aux
automobilistes que, lorsqu'un autobus scolaire stoppe, pour parler comme on
parle à Paris, les voitures qui viennent à la rencontre de
l'autobus doivent également stopper, et celles qui suivent n'ont pas le
droit de dépasser. Cela, je l'ai vu, de mes yeux vu, à la
télévision.
M. GABIAS: Le premier ministre devrait en parler à son courrier
du coeur.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre messieurs. M. LESAGE: Pardon?
M. GABIAS: Le premier ministre devrait en parler à son
émission « Courrier du coeur ».
M. LESAGE: M. le Président, il m'est arrivé au cours de
mes émissions de télévision, lorsque je réponds aux
questions d'une façon absolument non partisane, de recommander la
prudence aux automobilistes parce que je pense que c'est mon devoir, comme chef
du gouvernement de la province de Québec, et au cours de ces
émissions, je ne fais pas de politique.
M. GABIAS: C'était sérieux la suggestion.
M. LESAGE: Je réponds à des questions qui portent sur des
points d'administration, et j'évite de faire de la politique.
M. GABIAS: C'est pour ça que je suggère d'en parler.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre messieurs.
M. GODBOUT: M. le Président, sur le même sujet, et afin de
protéger davantage la vie des enfants, est-ce que le ministre
autorisé ne pourrait pas mettre la même chose qu'aux Etats-Unis
sur les autobus scolaires, trois grosses lumière rouges en avant et en
arrière qui font un signal intermittent à l'arrêt?
M. GABIAS: Quelle couleur? Ne changez pas ça.
M. LESAGE: Il y en a, mais elles sont jaunes.
M. GABIAS: Il y a seulement ça qui n'est pas rouge dans la
province, ne changez pas ça.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre messieurs. Affaires du jour.
M. GABIAS: C'est évident, tout le monde a compris, comme moyen
publicitaire. Mais j'aurais un pré-avis.
M. PINARD: Complexe rouge.
M. GABIAS: ... à donner au Procureur général.
Est-ce qu'il a encore l'intention de pré- senter une législation
concernant l'achat et l'entreposage de la dynamite dans la province de
Québec?
M. LESAGE: Pas à cette session-ci.
M. HAMEL (St-Maurice): Le problème est à
l'étude.
Sidérurgie
M. GABIAS: J'ai une autre question, M. le Président, au ministre
des Affaires municipales Est-ce qu'il pourrait dire à la population de
la province pourquoi des démarches préliminaires, très
avancées au 27 juin 1961, sont à un cran d'arrêt depuis
cette date, quant à l'implantation d'une sidérurgie au
Québec.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre messieurs. Je considère que la
question n'est pas recevable. Affaires du jour.
M. GABIAS: M. le Président, j'ai une autre question: est-ce que
le ministre des Richesses naturelles pourrait expliquer son silence coupable
quant à l'implantation d'une sidérurgie...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre messieurs. Je rappelle le
député de Trois-Rivières à l'ordre. Affaires du
jour.
M. RENE LEVESQUE: M. le Président, est-ce qu'il pourrait retirer
« coupable »? il n'en sait rien lui?
M. LESAGE: On n'a pas le droit de parler de « silence coupable
» dans cette Chambre.
M. GABIAS: Alors « inquiétant. » Je retire «
coupable », « Inquiétant ».
M. LE PRESIDENT: A l'ordre messieurs. M. JOHNSON: Troublant.
M. LE PRESIDENT: J'ai déjà décrété
que je ne suis pas prêt à recevoir des questions formulées
d'une manière semblable. Alors j'appelle les affaires du jour.
M. GABIAS: Non, M. le Président... M. LAPORTE: C'est son
complexe.
Privilèges et élections
M. GABIAS: M. le Président, j'ai une autre
question adressée cette fois-ci à l'honorable premier
ministre. Est-ce qu'il pourrait dire à cette Chambre, et à la
population, quels moyens il entend prendre, au comité des
privilèges et élections, pour brider le député de
Trois-Rivières?
M. LESAGE: M. le Président, je n'ai jamais déclaré
qu'au comité des privilèges et élections je briderais le
député de Trois-Rivières, mais j'ai dit, cependant, que si
le dernier paragraphe de l'article 196 s'appliquait, que je verrais à
brider le député de Trois-Rivières.
M. JOHNSON: Non, non.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. GABIAS: Jamais le premier ministre m'a fait ainsi cette
déclaration, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre messieurs.
M. JOHNSON: Je ne permettrai pas un grand mensonge pareil.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs. M. LESAGE: C'est ce que ça
voulait dire. M.JOHNSON: Il y avait 16 témoins.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs. Il n'y a pas de débat.
M. GABIAS: M. le Président, le premier ministre n'a pas le droit
de tromper cette Chambre.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs. M. GABIAS: ... et il a bien dit
hier... M. PINARD: A l'ordre.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs. Le premier ministre vient
justement de dire ce qu'il avait dit, et le député est
obligé de prendre sa parole. J'invoque le règlement.
M. LESAGE: M. le Président, ce n'est pas exactement ce que j'ai
dit. Ce que j'ai dit c'est que je verrais à brider le
député de Trois-Rivières...
M. GABIAS: Non, M. le Président.
M. LESAGE: ... et je faisais, évidemment, allusion au dernier
paragraphe de l'article 196 des règlements.
M. GABIAS: Non, M. le Président.
M. JOHNSON: M. le Président, je crois qu'il s'agit d'une question
de privilège que le député des Trois-Rivières
pourrait invoquer. Je n'interviendrais pas si le premier ministre n'avait pas
induit cette Chambre en erreur, et contredit exactement...
M. LAPORTE: M. le Président, j'invoque le règlement.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. JOHNSON: ... ce qu'il avait dit, hier, dans un accès de
colère.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre. Je rappelle le chef de l'Opposition à
l'ordre. Quand un député se lève pour invoquer le
règlement, il faut que...
M. LAPORTE: Il est clair, M. le Président, que le
député de Trois-Rivières n'a pas soulevé une
question de privilège puisqu'il a dit: « Je veux poser une
question au premier ministre de la province de Québec », et en
vertu de l'article 686 du règlement, il est clairement dit que les
réponses données qu'elles soient satisfaisantes ou non, doivent
être tenues pour finales. C'est précisément pour
éviter qu'on engage des débats. Alors, j'affirme que ce que sont
en train de faire le chef de l'Opposition et le député de
Trois-Rivières, c'est absolument illégal, irrécevable.
M. GABIAS: M. le Président, sur une question de privilège.
Hier, au comité des comptes publics, l'honorable premier ministre a
déclaré textuellement...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre messieurs. Je ne peux pas permettre un
débat simplement sur une question de privilège. Je
considère que cet incident est clos, et s'il n'y a pas d'autre questions
sur d'autres sujets, j'appelle les affaires du jour.
M. GABIAS: M. le Président, c'est un privilège qui
appartient au député de soulever une question de
privilège.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre. Je viens justement de dire que ce n'est pas
en invoquant une question de privilège qu'on peut faire quel-
que chose, indirectement, qu'on n'a pas le droit de faire directement.
Alors, c'est la décision que je viens de rendre.
M. GABIAS: Alors, ça c'est un moyen de brider le
député de Trois-Rivières. Là on en a un moyen.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. JOHNSON: M. le Président, j'ai une question à vous
poser: un député qui considère qu'on a tenu à son
endroit, devant un comité, un langage ou des propos qui sont de nature
à menacer la dignité, la sécurité ou la
liberté des délibérations, peut-il soulever une question
de privilège?
M. PINARD: A l'ordre.
M. JOHNSON: Un député qui a reçu des menaces de la
part du premier ministre peut-il soulever une question de privilège dans
cette Chambre?
DES VOIX: A l'ordre.
M. LE PRESIDENT: Il peut le faire, certainement.
M. JOHNSON: Bon! c'est ce que le député de
Trois-Rivières voulaitfaire.
M. LE PRESIDENT: Il peut le faire, et ça dépendrait de la
Chambre de décider de la chose. Le règlement prévoit que
ce n'est pas l'Orateur qui va décider d'un cas; que ce n'est pas
l'Orateur qui déciderait des paroles qui sont prononcées en
dehors de la Chambre. Mais le député de Trois-Rivières a
choisi de soulever la question en posant, lui-même, une question. On y a
répondu. Il y a eu une discussion qui n'aurait pas dû avoir lieu,
et après ça, le député de Trois-Rivières a
essayé de soulever la même question en invoquant la question de
privilège.
M. GABIAS: C'est mon droit.
M. PINARD: A l'ordre. Il faudrait le nommer.
M. LE PRESIDENT: Je rappelle le député tie
Trois-Rivières à l'ordre pour la première fois
formellement. Je n'ai pas l'entention de laisser continuer un débat sur
une question qui...
M. BERNATCHEZ: Qui fait mal au premier ministre.
M. LE PRESIDENT: ... n'aurait jamais dû se rendre au stade d'un
débat, et c'est exactement ce qui s'est passé, et je
considère que l'incident est clos.
M. JOHNSON: Est-ce que j'ai une réponse à ma question?
Est-ce qu'on peut, à ce stade-ci de la procédure, «
invoquer une question de privilège si l'on considère qu'un
député, quel qu'il soit, a prononcé des propos qui
concernent les droits de la Chambre prise comme corps, sa
sécurité et sa dignité, ou la liberté de ses
délibérations, ou qui concernent les droits à la
sécurité, à la conduite ou l'honneur des
députés considérés individuellement, mais en leur
qualité de membres de la Chambre. » Vous avez reconnu l'article
193. Est-ce que c'est à ce stade-ci qu'une telle question de
privilège peut être invoquée?
M. LE PRESIDENT: Je vais étudier la question et je vais donner la
réponse plus tard. Je vais la prendre en
délibéré.
M. JOHNSON: M. le Président, le Procureur général
a-t-il l'intention d'apporter une loi amendant la Loi des coroners durant cette
session?
M. HAMEL (St-Maurice): Pas à la présente session.
Commerce du livre
M. JOHNSON: Le ministre des Affaires culturelles ou le premier ministre
ont-ils l'intention de nous apporter une loi concernant le commerce du livre,
pour mettre à exécution une ou plusieurs des suggestions du
Rapport Bouchard.
M. LESAGE: M. le Président, le procureur de l'Association des
libraires de la province de Québec m'a écrit une lettre dans
laquelle il me dit que cette question d'une régie du livre est
hérissée de difficultés, et qu'elle demande une longue
étude. Il n'y aura pas de loi.
M. JOHNSON: C'est donc dire que nous n'aurons pas de loi à
cette...
M. LESAGE: C'est absolument impossible. Il y a des questions
constitutionnelles extrêmement graves au point de vue de la
liberté du commerce. Qu'est-ce que vous voulez?
M. JOHNSON: Oui, mais il y a plusieurs aspects à ce
problème. Il y a deux catégories
de problèmes. Il y a les bibliothèques. Il y a les
libraires. Il y a les éditeurs. Disons trois...
M. LESAGE: Oui mais, M. le Président, qu'est-ce que vous voulez?
On ne peut pas tout faire à la fois. Si le chef de l'Opposition le veut,
nous pouvons siéger jusqu'au mois de décembre. J'aurais au moins
60 projets de loi que je pourrais présenter en plus de ceux qui restent,
qui sont au nombre de 12...
M. JOHNSON: Encore?
M. LESAGE: Il y en a au moins 60 à part ceux-là. Mais nous
siégerions jusqu'au mois de décembre. Il me semble que nous
devons essayer de terminer la session pour le 31 juillet. Il ne restera que
cinq mois d'ici le premier janvier.
M. JOHNSON: Evidemment, en temps et lieu, le premier ministre aura
l'occasion de nous prouver comment il a établi ses priorités. Il
semble qu'un bill concernant le commerce du livre aurait dû recevoir une
priorité assez élevée puisqu'il était
d'actualité et que les éléments de base étaient
fournis par le Rapport Bouchard...
M. LESAGE: Oui, M. le Président, il a reçu...
M. JOHNSON: ... et troisièmement, on l'avait promis à
certaines associations.
M. LESAGE: ... une priorité mais les difficultés
constitutionnelles inhérentes à la présentation d'un tel
bill sont telles que je n'ai pas eu le temps, non plus que mes conseillers
juridiques, de donner toute l'attention voulue à ce problème.
J'ai pensé qu'il pressait plus d'aider les cultivateurs de la province
d'abord.
M. GABIAS: En ne les recevant pas. M. LE PRESIDENT: Affaires du jour.
Chutes Hamilton
M. JOHNSON: M. le Président, le président de Brinco, M.
Robert Winters, aurait déclaré, aujourd'hui, qu'il est confiant
que sa compagnie en viendra à une entente avec la province de
Québec sur la vente et la transmission de l'électricité
produite aux chutes Hamilton dans le Labrador.
Le ministre des Richesses naturelles ou le premier ministre
voudraient-ils informer la Chambre des derniers développements,
même s'il est possible que l'un ou l'autre d'entre eux ait
déjà informé la presse.
M. LEVESQUE (Montréal-Laurier): Bien, pratiquement, il n'y avait
pas grand chose à dire à la presse qui a posé des
questions au moment de la fin de la séance du Conseil des ministres. Il
y a un rapport dans les journaux, d'un discours de M. Winters à une
assemblée des actionnaires de Brinco à propos des chutes Hamilton
sur lesquelles il n'y a pas de négociations en ce moment, tel qu'il a
été annoncé par la déclaration que le premier
ministre a faite dans cette Chambre.
Ils ont le droit de faire des discours. C'est intéressant
à lire. On n'a pas le texte. Alors, le seul commentaire pour l'instant
c'est qu'il y a des chiffres là-dedans, un en particulier qui parle de
$60,000,000 que l'Hydro pourrait faire, « earnings » en anglais
(gains ou profits) qui peut être très ambigu ce qui prouve qu'il
faut avoir le texte complet si on veut même porter un jugement. Ce
$60,000,000 pourrait peut-être vouloir dire, par exemple, le prix total
de ventes possibles selon telle ou telle alternative aux Etats-Unis, mais cela
ne tient pas compte du tout du prix que l'Hydro devrait payer, qu'il faut
enlever du prix du transport qui coûte pas mal de centaines de millions
à travers la province, qu'il faudra enlever et de facteurs comme
ça. Ce qui prouve à quel point c'est ambigu; et les risques en
plus. Alors, pour l'instant, le seul commentaire, c'est qu'en attendant de lire
le texte avec beaucoup d'intérêt, il faut tout de même
souligner qu'il n'y a pas de négociations en cours.
M. LE PRESIDENT: Affaires du jour.
M. JOHNSON: M. le Président, le ministre aurait donné une
intervieuw à un magazine qui s'appelle « Atlantic Monthly »
en tout cas, un magazine anglais.
M. RENE LEVESQUE: Bien, est-ce qu'il y a une question qui s'en
vient?
M. JOHNSON: Est-ce « Atlantic Monthly »? en tout cas, dans
un magazine de ce genre, et il aurait déclaré, entre autres, que
la principale raison pour laquelle cette convention n'était pas conclue
avec Brinco, c'est que, pour utiliser les termes anglais de cet article,
« The Minister felt it could not be made politically palatable
».
M. RENE LEVESQUE: Non.
M. JOHNSON: « Politiquement acceptable ».
M. RENE LEVESQUE: Non, il y a deux ou trois mois, il y a un monsieur qui
m'a téléphoné de « Atlantic Monthly ». J'ai
répondu à plusieurs de ses questions. Je ne me souviens pas de
son nom. J'ai vu l'article qui est beaucoup plus long que le petit passage que
cite le chef de l'Opposition et j'aurais besoin de relire le texte pour me
mettre dans son contexte.
M. JOHNSON: Oui, mais j'ai bien cité cette expression de «
politically palatable ». J'ai trouvé que c'était dans le
style...
M. RENE LEVESQUE: Oui, oui! C'est évident que ça
répond...
M. JOHNSON: ... ce n'était peut-être pas politiquement
comestible.
M. RENE LEVESQUE: Si quelque chose n'est pas suffisamment en fonction
des intérêts du Québec ce qui est à peu près
la substance des déclarations qui ont été faites jusqu'ici
par le premier ministre et par tout le monde de ce côté-ci, si ce
n'est pas suffisamment, de façon convaincante, dans
l'intérêt du Québec en plus d'être
économiquement et socialement inacceptable pour Québec, c'est
politiquement pas comestible non plus. Cela me paraît logique.
M. GABIAS: M. le Président, t la suite de la déclaration
de l'honorable premier ministre concernant Hamilton Falls, M. Winters a fait
une déclaration dans laquelle il disait qu'il n'y avait pas que le
coût qui entrait dans les difficultés à venir à une
entente avec le gouvernement de la province de Québec. Est-ce que le
premier ministre des Richesses naturelles pourrait nous donner, pourvu qu'il ne
soit pas question d'intérêt public, les raisons fondamentales
autres que le coût de l'électricité qui empêcheraient
l'entente avec Newfoundland.
M. LESAGE; M. le Président, c'est vrai qu'il n'y a pas que le
coût mais quant aux autres raisons il n'est pas dans
l'intérêt public de les révéler.
M. GABIAS: Merci.
M. LE PRESIDENT: Affaires du jour.
M. LESAGE: Le numéro...
M. BELLEMARE: Parait-il que le ministre des Travaux publics chauffe les
calorifères actuellement.
M. LESAGE: J'espère qu'il les chauffe surtout de votre
côté!
M. BELLEMARE: Non, non, allez voir l'autre bord, aussi vous allez
voir.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. GABIAS: Bien oui, mais le premier ministre, hier, il nous disait de
refroidir et là il nous réchauffe. Il n'y a pas de logique.
M. LE PRESIDENT: Affaires du jour.
M. BELLEMARE: C'est bien trop vrai.
M. LESAGE: Numéro 33, M. le Président.
M. JOHNSON; Il chauffe pour nous faire abréger la session.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! La Chambre de nouveau en
comité plénier sur le bill 44.
M. GABIAS: Déjà!
M. JOHNSON: Lui, il est capable de penser à ça!
M. BELLEMARE: Il y a toujours une limite pour chauffer les
calorifères! Cela sent le chauffage!
M. BERTRAND (Missisquoi): Cela sent le feu! Cela sent la
fumée!
Si on périt de ce côté-ci, vous serez
blâmés! Si on périt à gauche, vous serez
blâmés!
Bill 44
M. BEDARD (président du comité plénier): Bill 44.
Nous achevions, je crois, l'article 5.
M. DOZOIS: J'espère.
M. JOHNSON: Cela n'avançait pas beaucoup.
M. BERTRAND (Missisquoi): Cela avançait en arrière.
M. DOZOIS: M. le Président, nous avons longuement discuté,
hier, de l'article 5. Vers dix heures, j'ai dit que je ne voulais pas que
l'article soit adopté de façon à permettre au ministre et
aux membres de la Commission de songer aux problèmes que j'avais soumis
quant à l'augmentation des rentes existantes
et je ne veux pas aujourd'hui prolonger le débat, je veux tout
simplement demander au ministre s'il a étudié ce problème
et s'il a quelques suggestions à faire ou s'il s'en tient toujours
à son texte de loi.
M. FORTIN: M. le Président, nous avons étudié le
tableau que le député de St-Jacques nous a remis, nous en avons
discuté encore, et, pour bien faire comprendre la réponse que je
vais donner, je voudrais expliquer sur quoi les experts de la Commission se
sont basés pour fixer les pourcentages de 60% et 40%.
Le taux de revalorisation qui est mentionné à l'article 5
du bill 44 respecte les conditions qui ont prévalu dans chacun des six
plans d'assurance qui ont servi à déterminer la compensation des
accidentés entre les périodes de 1931 à 1947, 1947
à 1952, 1952 à 1955, 1955 à 1956, et 1956 à 1960.
Chacune de ces périodes comporte un salaire maximum différent, un
pourcentage du salaire compensable également différent. Et la
rente qui est payable à un accidenté est fixée selon les
normes de ces plans d'assurance en tenant compte de son degré
d'incapacité, du salaire annuel gagné par l'accidenté et
du maximum compensable.
Chaque fois que la loi a été amendée dans le
passé, on a augmenté, par exemple, le maximum du salaire
compensable ou, encore, on a augmenté le pourcentage de
l'indemnité et, chaque fois, il a été fait mention que
ceci n'avait pas d'effet rétroactif. Il s'ensuit que tout amendement
à la loi créait inévitablement une injustice à
l'accidenté qui avait subi un accident avant l'amendement à la
loi.
Prenez, par exemple, l'an passé. Nous avons dit que
l'accidenté qui a produit une réclamation le 15 juillet 1963 et
qui a été exposé aux poussières de silice durant
une période de quatre ans et onze mois n'a pas droit à une
compensation, alors que son compagnon de travail, également mineur qui a
produit une réclamation le 2 août 1963, soit environ 15 jours plus
tard, et qui est exposé deux ans et un mois, à droit, lui,
à une compensation, parce que nous avons réduit la période
d'exposition de cinq ans à deux ans.
Maintenant, qu'est-ce que la Commission a fait? Elle a pris le salaire
compensable de $2,000 en 1931 puis elle a pris le salaire compensable, pas le
salaire compensable, excusez-moi, le salaire protégé, le salaire
maximum de $2,000 en 1931 et $5,000 en 1960. Elle a pris pour acquit que,
chaque fois que le législateur a augmenté le maximum, c'est parce
qu'il a tenu compte de l'augmentation des salaires ou de l'augmentation du
coût de la vie. Alors, elle s'est servie de ça comme premier
barème et elle a dit;$5,000 comparé à $2,000 en 1931, ceci
représente une augmentation de 150% et $2,500 à $5,000
représente une augmentation de 100%, $3,000 à $5,000, 66 2/3%, et
$4,000 à $5,000, 25% d'augmentation.
Si elle avait pris ce chiffre-là, par exemple de 150 %, et
l'appliquer à la rente de celui qui a été accidenté
en 1931 et tout multiplier par 150% et les autres pourcentages que je viens
d'énumérer, cela aurait pris à la Commission $33,000,000.
Or, elle n'a que $16,000,000. Donc, $16,000,000 sur $33,000,000
représente les 2/5 Elle a donc coupé le 150% de 2/5, ce qui a
donné 60%, 40%, 26% et 10%.
Alors les barèmes sur lesquels la Commission s'est basée,
c'est le montant dont elle disposait: deuxièmement l'augmentation du
salaire maximum qui représentait l'augmentation du coût de la vie
et, troisièmement, dans le calcul, évidemment, rentrent les 66
2/3%, 70%, et 75%.
Maintenant, la Commission a étudié avec son actuaire un
genre de compensation telle que suggérée par le
député de St-Jacques dans ses remarques, en prenant seulement,
par exemple, l'indice du coût de la vie. Après quelques semaines
de calcul, il s'est avéré que c'était inefficace et
injuste, parce que l'ouvrier qui a été accidenté et qui a
été compensé sur un salaire de $2,000 qu'il avait
gagné, par exemple, si on s'est basé sur son salaire gagné
de $2,000, son employeur a cotisé sur $2,000. Or, si on voulait
appliquer les suggestions du député de St-Jacques, il faudrait
donner à cet accidenté une augmentation de sa rente plus
considérable que la cotisation que son employeur a payée.
Maintenant, si je prends le tableau du député de St-Jacques,
là où ses chiffres n'arrivent pas avec les nôtres, parce
qu'évidemment il ne prend pas les mêmes barêmes et les
mêmes points de comparaison, à la page 2, par exemple, il prend le
salaire d'un homme qui gagnait $3,000 en 1952-55, et le salaire maximum
était de$3,000. Alors cet homme-là aurait droit à $222.25,
mais il prend parla suite en 1955-56, un individu qui gagne $3,000, et alors
que le salaire maximum est de $4,000. Donc, cet individu-là gagne
$1,000 de moins que le salaire maximum et évidemment...
M. DOZOIS: C'est une chose possible.
M. FORTIN: Oui, mais les calculs ne vont plus parce que le coût de
la vie a augmenté, et ç'a été accepté par la
Commission de revaloriser.
M. DOZOIS: Le ministre me permettra une
question, est-ce qu'il prétend qu'une personne qui gagnait $3,000
entre le 1er mai 1955 et le 1er mai 1956, une personne qui gagnait $3,000,
a-t-elle droit à une augmentation, est-ce que sa pension qui
était de $175 ne serait pas portée à $192? Une personne
qui gagnait $3,000 à cette époque et qui a eu un accident,
incapacité totale, est-ce qu'elle ne recevait pas une rente de $175 par
mois, et est-ce que cette rente, en vertu de la loi qu'on nous soumet, ne
serait pas augmentée à $192?
M. FORTIN: D'accord, mais le salaire maximum a été
augmenté de $1,000 c'est ce qui change le calcul.
M. DOZOIS: Cela ne change pas sa situation à elle.
M. FORTIN: Non, mais il est victime, à un moment donné,
d'un amendement à la loi qui survient à une période de
transition, comme l'exemple que j'ai donné tout à l'heure pour
celui qui est victime de la silicose.
M. DOZOIS: Il n'est pas question d'une période de transition du
tout, il reçoit une pension conforme au salaire qu'il gagnait.
M. FORTIN: Mais si le député de St-Jac-ques prend la
dernière page de son tableau, où il a pris un salaire de $5,000,
partout $5,000, et qu'il a suivi $2,000, $2,500, etc. toutes les rentes
augmentent proportionnellement.
M. DOZOIS: Certainement, je l'ai dit hier.
M. FORTIN: Alors c'est pour ça qu'on ne peut pas discuter, parce
que vous ne prenez pas les mêmes normes et les mêmes points de
comparaison. Et en définitive, pour résumer la réponse que
je veux vous donner, c'est celle-ci, c'est que les experts de la Commission,
avec l'actuaire conseil qui a été engagé, ont
étudié toutes les possibilités de distribuer ce
montant-là, et après plusieurs calculs, ils sont arrivés
à la conclusion que le système qu'ils nous recommandent et que je
propose à la Chambre, est le plus juste, le plus équitable et le
plus pratique. C'est la seule solution à laquelle nous pouvons arriver
pour l'instant.
M. BELLEMARE: M. le Président, je trouve que le ministre, dans la
réponse qu'il vient de donner au député de St-Jacques, est
faible dans son argumentation. A la Commission des accidents du travail,
toujours, depuis, de temps immémoriaux, depuis la fondation, on s'est
fait un scrupule de traiter tout le monde avec équité et justice.
On a fait des dépenses extraordinaires pour que jamais, dans un cas
comme dans un autre, il soit fait des...
M. FORTIN: De la discrimination.
M. BELLEMARE: ... de la discrimination, et qu'il soit fait des
comparaisons qui ne soient pas uniformes, pour ne pas donner à
l'accidenté un sujet de critique contre la Commission. Jamais, jamais
depuis 1931 la Commission n'a posé un seul geste discriminatoire, on n'a
jamais voulu qu'un employé lui-même puisse prendre sa pension,
puisse prendre le montant du salaire gagné, et le salaire maximum
prévu par la loi, faire établir lui-même, avec le
pourcentage du salaire compensé, 66% ou 70% ou 75%, et, qu'arrivé
chez-lui, faisant des calculs, trouve une différence avec son
voisin.
La commission a eu un scrupule marqué, depuis 1931, pour qu'il
n'y ait aucune discrimination et, d'un système juste, extrêmement
juste, qui existait avant la passation de cet article 5, on en arrive
aujourd'hui avec un système complètement débalancé,
qui va semer parmi tous les accidentés des cris d'alarme et des
critiques fort justifiées à l'endroit de la Commission.
M. le Président, si vous regardez le statut établi depuis
1931 dans les salaires de $2,000, dans ceux qui gagnaient $3,000, dans ceux qui
gagnaient $4,000 et ceux qui gagnaient $5,000, vous allez voir une progression,
toujours en regard du salaire compensé, de la limite fixée
à 66 ou 66 2/3 ou 70, 75. Exemple: vous prenez le premier tableau du
député de St-Jacques, vous y voyez là une progression.
Celui qui, de 1931 à 1947, gagnait $2,000 était sur 66 2/3
reçoit $111.11. La même chose s'applique même s il y a une
augmentation de $500 parce que le barême à 66 2/3 reste le
même: $111.11. Vous continuez et celui qui gagnait, de 1951 à
1955, parce qu'il y a eu augmentation de $3,000 comme base, $116.66. La
même base existe à 70% quand le salaire monte à $4,000:
$116.66.
Il y a là une classification, voulue par les actuaires, voulue
par les agents d'assurances, voulue pour assurer la protection de l'individu,
voulue pour respecter la justice distributive de la Loi des accidents de
travail. Et vous voyez, M. le Président, $111; $111; $116; $125; $125,
une graduation marquée. Quand vous arrivez à $3,000, encore la
même chose.
Mais si vous prenez ce système-là qui est établi
à la Commission des accidents du travail aujourd'hui et que vous le
comparez à celui qui demain matin va être en vigueur, pour
$111.11 le même individu va recevoir $177 et l'autre, son voisin,
va en recevoir seulement $155: tout de suite une différence de $22. De
là vont originer les critiques.
Dans le monde ouvrier, particulièrement ceux qui ont
été accidentés vont se dire: « Mon beau-frère
retirait, lui, $111.11; je retirais $111.11 pour un accident arrivé en
1946. Comment se fait-il aujourd'hui que, lui, retire $177 et moi je retire
seulement $155? »
M. le Président, je prie le ministre de croire que ses officiers
de la Commission des accidents du travail vont recevoir des lettres et il va y
en avoir de la correspondance échangée pour demander comment
expliquer qu'il y ait tant de différence. Quand on regarde un
système juste, un système extrêmement bien
préparé, où dans aucun des item, soit pour $2,000, soit
pour $2,500, soit pour $3,000, soit pour $4,000 ou $5,000, il y a à la
Commission des accidents du travail une progression, une progression où
tous les mérites ont été étudiés et reconnus
par des actuaires avec une échelle progressive.
Aujourd'hui, d'un système juste on fait un système
injuste, M. le Président, injuste parce que, lorsque nous arriverons
à $3,000, vous allez voir des gens qui en retirent plus, à un
certain moment 66 2/3, et tout de suite, parce que l'augmentation de la base
est faite et que le quota de 66% est monté à 70%, vous allez en
voir qui vont baisser. Cela n'a pas de bon sens. Le député de
St-Jacques qui est un fouilleur, un travailleur, un chercheur, un homme qui a
pensé véritablement à l'intérêt de l'ouvrier,
a trouvé, avec des preuves à l'appui, que le système que
recommande le ministre présentement est injuste.
Le ministre, pour se justifier, dit: « Eh bien, nous avons
figuré ça à $33,000,000 ». Mais le
député de St-Jacques hier avait raison: pourquoi ne pas
établir un facteur commun dans la distribution? Si ça doit
être seulement 57, si ça doit être seulement 36 ou si
ça doit être seulement 5, pourvu qu'il y ait un facteur, un
dénominateur commun, qui ne produira pas ces injustices que la
Commission est à créer vis-à-vis des
accidentés.
La commission a bâti son nom pendant 33 ans. Elle l'a bâti
sur l'équité. Je comprends que les unions ouvrières ont
demandé, comme tout le monde, des améliorations à la loi
générale. Avec le temps, le médecin choisi par l'ouvrier,
les conditions de travail améliorées, les sections, les
différentes cédules ont été
échangées, il y a eu du progrès. Mais jamais on n'a
attaqué la Commission des accidents du travail au point de vue
maladministration ou injustices flagrantes envers les accidentés. On n'a
jamais vu une cause qui aurait pu être gagnée de ce
côté-là, jamais! Et aujourd'hui on va ériger en
système, après 33 ans de justice distributive bien faite,
équitable pour tout le monde, on va mettre sur le dos des
administrateurs une injustice pareille. ... M. le Président, je suis
convaincu que les commissaires ne sont pas pour ça, ah non, parce que ce
n'est pas juste...
M. FORTIN: C'est le ministre qui a calculé ça.
M. BELLEMARE: Bien, le ministre ne veut pas l'amender.
M. GABIAS: C'est ça, il est complice d'une injustice.
M. BELLEMARE: C'est lui qui en Chambre porte la
responsabilité.
M. GABIAS: C'est ça.
M. BELLEMARE: C'est lui, et il le sait, le ministre, que ce n'est pas
pour lui faire de la peine, ni le chicaner que je lui dis ça.
M. GABIAS: Il faut le chicaner.
M. BELLEMARE: Je suis son ami, d'ailleurs je l'ai prouvé, je l'ai
félicité lors de son arrivée au pouvoir. Je lui ai dit que
comme ministre c'était bien le meilleur que ce que l'on avait. Il le
sait. Là, franchement, on avait un ministre avec lequel on pouvait
parler et se comprendre. Mais le ministre le sait, il est à la veille de
décider de suspendre cet article-là, il est à la veille.
Il ne voudra jamais consacrer une injustice semblable et changer le nom de la
Commission des accidents du travail qui possède un nom extraordinaire au
point de vue justice distributive, pour en faire une Commission où l'on
aura des soupçons, où les gens iront, peut-être sans le
savoir, prononcer des jugements politiques contre la Commission, et qui ne
seront pas justes. Mais parce que dans le peuple on ne le saura pas, on dira un
tel a été traité de telle manière, il retire une
pension de $177 puis moi, j'en retire une seulement de $155 parce que je suis
un national.
M. FORTIN: Voyons donc.
M. BELLEMARE: Ah oui, le ministre le sait ça, dans le peuple
ça ne discutera pas comme
on le discute ici aujourd'hui. Jamais la Commission n'a permis ça
à date. La Commission a toujours voulu que l'équité, et la
justice distributive soient égales et proportionnelles, et aujourd'hui
on arrive avec une nouvelle redistribution des pensions qui va durer longtemps,
et qui va être une injustice quant à la distribution. Et ça
serait si facile de l'empêcher, avec le même montant, $16,000,000
à être redistribué. Et le député de
St-Jacques avait raison, ça serait si facile de changer simplement les
chiffres de 60 par 30, celui de 40 par 20 peut-être après
étude, pour en faire une distribution équitable à tout le
monde, et progressive, pour éviter que celui qui a subi un accident de
travail de 1952 à 1955, qui retire $148, alors que celui qui en a eu un
en 1956 ne retirera plus que $128. Non, je sais que le ministre ne voudra pas
établir un système qui ne soit pas basé sur
l'équité, sur la justice; ne donnera pas à l'ouvrier la
chance de critiquer sa Commission des accidents du travail, quand on sait qu'il
y a 100,000 demandes par année au moins.
M. FORTIN: C'est unanime.
M. BELLEMARE: Il y en a plus que ça?
M. FORTIN: De quoi?
M. BELLEMARE: Le dernier rapport ici...
M. FORTIN: De quoi?
M. BELLEMARE: 100,000 demandes d'accidentés.
M. FORTIN: Le député de Champlain s'en va en dehors du
sujet là.
M. BELLEMARE: Non, non, je dis que le ministre, je ne m'en vais pas en
dehors du sujet, le ministre le sait, le sujet c'est que l'accidenté du
travail a été, jusqu'aujourd'hui, protégé par une
administration de tous les temps, de tous les gouvernements, faite avec justice
et surtout avec équité, et avec une formule proportionnelle. Il
n'y a pas un ouvrier dans la province de Québec qui, demain matin, avec
un des meilleurs avocats, que ça soit le ministre du Travail ou un
autre, puisse aller à la Commission des accidents du travail et prouver
qu'il y a eu un cent de différence avec un autre dans le même cas.
Pas un, mais demain matin par exemple quand la loi sera sanctionnée,
vous allez en avoir des centaines qui vont seprésen-ter à la
Commission des accidents du travail puis ils vont vous dire: pourquoi ma
pension n'est-elle pas égale à celle d'un autre? Comment se
fait-il qu'il y ait $22, $27 ou $29 de différence? Ce n'est pas juste
pour le même accident arrivé dans le même temps.
Et c'est pour ça, M. le Président que je félicite
très sincèrement le député de St-Jacques du travail
consciencieux, laborieux qu'il a accompli; ce chercheur. Il a
démontré une fois de plus son véritable sens de
l'intérêt public qu'il porte à l'ouvrier comme à
toutes les classes de la société, et surtout l'apport
généreux qu'il fournit dans la législation de cette
province.
M. FORTIN: M. le Président, le député de Champlain
a commencé à faire l'éloge des barèmes
institués par la Commission des accidents du travail depuis 1931, soit
l'augmentation du salaire maximum et la compensation, et les pourcentages de
compensation. Il dit: voici, un système qui était parfait, qui
était équitable, on l'a augmenté
régulièrement chaque année.
M. BELLEMARE: Pas chaque année.
M. FORTIN: Eh bien, ces barèmes-là qui ont
été fixés par la Commission ont acquis, ont donné
des droits acquis aux ouvriers, aux rentiers, et c'est en se basant sur ces
barèmes, et en tenant compte du salaire gagné par l'ouvrier pour
lequel l'employeur a versé des cotisations, cotisations qui
appartiennent au groupe des rentiers de chaque année, de chaque groupe
d'années. Or, ce que suggère le député de
Champlain, c'est de prendre les sommes qui appartiennent à un groupe de
rentiers d'une année, et de les verser à un autre groupe pour
égaliser une espèce d'assurance sociale. Et c'est là que
l'injustice va être créée. Et lorsque le
député de Champlain dit que la Commission en suggérant le
système qu'elle nous propose, commet des injustices.
M. FORTIN: Au contraire elle distribueaux rentiers les compensations que
leurs employeurs leur ont données, ont versées pour eux à
chaque année et c'est le surplus qui est donné, les surplus de
salaire ou les surplus de cotisation qui est donné à chaque
groupe de rentiers suivant ce que la loi lui accordait à cette
période-là.
M. BELLEMARE: Voyons donc! C'est un règlement qui ne tient
pas.
M. FORTIN: Si on acceptait l'accusation du député de
Champlain...
M. BELLEMARE: Ce sont toutes les classes qui ont payé
ça.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. BELLEMARE: Ce sont toutes les classes ensemble qui ont payé
ça $16,000,000 de surplus. Voyons donc! Voyons donc!
M. FORTIN: M. le Président, lorsqueledé-puté de
Champlain dit que c'est le ministre qui propose ça et que les
commissaires sont contre ça, eh bien! j'ai trois commissaires ici
à côté de moi et ils me disent qu'ils sont unanimes
à déclarer que ce n'est pas le système le plus
parfait...
M. GABIAS: Ah!
M. FORTIN: ... mais que c'est le meilleur système qu'ils ont
trouvé à date après une étude d'un an avec les
actuaires et le système le plus proche de la réalité au
point de vue équité et au point de vue de gros bon sens avec ce
qu'ils ont en main.
M. DOZOIS: M. le Président, je n'ai pas l'intention de prolonger
ce débat. Je réalise parfaitement que le ministre n'a pas
l'intention de changer son projet de loi. J'aurai fait mon devoir, j'aurai
signalé à cette Chambre et à la population, les
inégalités que va produire l'article 5 dans la revalorisation des
rentes des accidentés de la province de Québec.
Cependant, avant d'accepter, je ne sais pas si on l'acceptera sur
division, on n'ira peut-être pas jusque là, mais avant de
reprendre mon siège je veux cependant relever certaines affirmations du
ministre du Travail que je ne puis accepter du moins ce n'est pas ma
façon, à moi, de raisonner le problème.
Le ministre, au tout début de ses remarques avant que le
député de Champlain parle, j'ai cru comprendre qu'il assimilait
l'augmentation des rentes actuelles avec les obligations qu'avaient les
accidentés au moment de l'accident par rapport aux périodes
déterminées, aux changements que la loi apportait
périodiquement.
J'estime que cette comparaison est boiteuse car lorsqu'on établit
un système de protection comme celui-là, il est évident
que de 1931 à 1947, les gens payaient par l'entremise de l'employeur et
savaient que les bénifices que l'on pouvait retirer de la Commission des
accidents du travail étaient limités en cas d'incapacité
totale à 66 2/3% d'un salaire maximum de $2,000 quelque soit le salaire
gagné au-dessus de $2,000. Les gens savaient que c'était
l'avantage qu'ils pouvaient retirer. La même chose pour la période
de 1947 à 1952, les gens savaient qu'ils avaient plus d'avantages que
leurs prédéces- seurs d'avant 1947 mais qu'ils pouvaient aller,
eux, jusqu'à 66% de $2,500. Et la même chose pour la
période suivante alors que le maximum a été porté
à $3,000. C'était un avantage. Les gens payaient à ce
moment-là, ils disaient; « Si j'ai un accident, je peux recevoir
cela ». Et ils ne peuvent pas se plaindre, ces gens, si un
accidenté, disons une personne qui a eu un accident de 1952 et de 1955
et dont le salaire était de $4,000 alors que le plafond était
à $3,000, elle ne se plaint pas parce que quelqu'un a eu un accident
après cette période et qu'à ce moment cette personne
gagnait $4,000 et qu'elle a retiré une rente basée sur $4,000.
Elle ne peut pas s'en plaindre parce qu'au moment ou elle a eu son accident,
c'était les conditions qui existaient, en somme c'était un
contrat. Les employeurs disaient: « Nous payons une contribution, une
cotisation à la Commission des accidents du Travail et voici que nos
employés pourront retirer tels avantages ». C'était le
contrat, ils ne peuvent pas s'en plaindre.
Mais aujourd'hui, M. le Président, la chose est
complètement différente. Il y a des rentes qui existent, des
rentes qui ont été ganées en vertu des règlements
qui existaient au moment de l'accident. Les gens, à ce moment-là,
ne pouvaient pas réclamer davantage pas plus qu'ils peuvent
réclamer davantage aujourd'hui. Mais il arrive ceci, que je signalais
hier, c'est que le taux de capitalisation n'étant pas comparable au taux
effectif d'un rendement sur les fonds de la Commission, on dispose d'un surplus
de $18,000,000. Et j'ai dit hier qu'il était raisonnable de ne pas
baisser les cotisations parce que les employeurs qui en bénificieraient
ne sont pas ceux qui ont payé dans le passé, ne sont pas
nécessairement ceux qui ont payé dans le passé.
Alors, on fait ni plus ni moins qu'un cadeau à ceux qui
actuellement retirent des rentes et on établit un pourcentage
d'augmentation.
J'ai entendu après ça le ministre prétendre, ou
j'ai cru, du moins, comprendre que les sommes d'argent qui avaient
été versées avaient été versées
à l'encontre des accidentés pour telle et telle période.
Mais ça ne se tient pas, à moins que le ministre puisse nous dire
que, dans ce $18,000,000 de surplus il y a tant de millions qui ont
été versés pour les assurés de la période de
1931 à 1947 et que ce montant représente vraiment 60% des rentes
à payer et qu'il établisse ensuite que, à même le
$18,000,000 il y a, je ne sais pas, $1,000,000, $2,000,000 qui ont
été versés et qui sont la conséquence des
cotisations de ceux qui étaient assurés de 1947 à 1952 et
qu'il faut qu'il applique ce surplus qui est bien indentifié aux
accidentés de cette période et que cela représente 40%.
S'il est capable de
prouver ça, je vais accepter le barème d'augmentation
qu'il nous demande de voter. Mais je sais que c'est impossible pour la
commission d'identifier, période par période, le surplus de
$18,000,000 qui existe actuellement à la Commission des accidents du
travail. C'est un argument qui ne tient pas.
Maintenant, le ministre nous dit: « Si nous avions augmenté
proportionnellement tout le monde, il aurait fallu le double, un surplus de
$36,000,000 ». Peut-être que, pour augmenter et doubler les
augmentations que l'on veut accorder, il aurait fallu une réserve de
$36,000,000. Mais l'on ne me fera pas croire que, à même ce
surplus de $18,000,000 qui est dans le fonds de la Commission des accidents du
Travail, c'est la seule et unique formule que l'on peut utiliser pour augmenter
les rentes actuelles. Il y en a sûrement d'autres. Qu'on cherche et qu'on
trouve!
Il reste un fait évident, cela n'a pas été
réfuté, et je suis bien heureux que le député de
Champlain ait signalé un aspect de mon tableau que je n'avais pas
remarqué. Il a signalé que pour toutes les rentes actuelles,
lorsque l'on prend les différentes catégories d'accidentés
à tel et tel salaire, il y a toujours une progression. Le
député de Champlain a eu raison de signaler ça. Et pour
une progression, avec l'augmentation préconisée, l'on voit que
cette progression n'est plus suivie. C'est le chaos. On ne viendra plus me dire
que c'est un système idéal. C'est impossible qu'il le soit.
Il y a un autre aspect également que je voulais signaler. Le
défaut de l'argumentation du ministre c'est qu'il base toute son
argumentation toujours sur le maximum dont pouvait bénéficier un
accidenté. Mais comme ce n'est pas le cas et qu'il n'est pas capable
d'affirmer en cette Chambre que, lorsque le plafond était de $4,000, il
n'y a pas eu d'accidentés qui gagnaient moins que ça, il n'est
pas capable de démentir les allégations que j'ai faites hier.
Il est évident que, lorsque le plafond était de $4,000, il
y a eu des accidentés qui ne gagnaient que $2,000, $2,500, $2,700,
$3,000, $3,200. Alors son système qu'il vante et qu'il monte en
épingle parce que ça semble être une progression constante,
il est démoli par le fait que tous ne recevaient pas le maximum du
salaire protégé. C'est impossible. Je l'ai dit au début de
ces remarques; nous ne sommes pas pour éterniser ce débat. J'ai
voulu apporter à cette Chambre un problème qui, à mon
avis, est un problème grave parce qu'on débalance toute
l'économie des rentes que reçoivent actuellement les rentiers de
la commission.
J'espère et j'émets le voeu, en terminant que, devant ce
problème, la Commission tentera, soit avec l'aide d'experts, soit avec
l'aide d'actuaires, de l'étudier et qu'elle viendra bien humblement,
l'an prochain, s'il y a lieu, nous demander de changer la loi et je m'engage
d'avance à ne pas faire de reproches au gouvernement de ne pas avoir
écouté nos avis cette année.
M. GABIAS: M. le Président, je veux ajouter quelques mots aux
paroles prononcées par les députés de Champlain et de
St-Jacques, pour faire ressortir surtout la difficulté à laquelle
le ministre, à ce qu'il semble dire à cette Chambre, a à
faire face. Pour lui le problème semble le suivant; « Nous avons
des experts qui ont travaillé, pendant un an, pendant deux ans, pour
trouver une formule afin que les revenus d'une somme de $18,000,000 soient
retournés aux accidentés » Et parce que les experts du
ministère du Travail ou de la commission ont travaillé pendant un
an, le ministre dit: « Nous ne changerons pas la formule qui a
été trouvée. »
Il me semble que, devant l'évidence qui a été
démontrée dans cette Chambre par le député de
St-Jacques, que la formule trouvée par les experts de la Commission des
accidents du travail est loin d'être parfaite. Elle est même loin
d'être juste. Et lorsque l'on démontre au ministre que la formule
de ses experts n'est pas parfaite et n'est pas juste, je me demande pourquoi le
ministre persiste-t-il à rester sur ses positions.
Le député de Champlain a démontré à
cette Chambre que la Commission des accidents du travail qui jusqu'à
maintenant avait été, Dieu merci! exempte de reproches amers et
d'attaques injustifiées, pourra peut-être, à la suite de
l'adoption de cette loi, à cause des inégalités qu'elle
engendre, devenir l'objet de critiques fondées et cela, à cause
de la formule trouvée par les experts du ministre du Travail. Et,
à ce moment-là, des personnes malintentionnées pourront
dire que c'est la faute des libéraux; d'autres, que c'est la faute des
gens de l'Union nationale, précisément à cause des
injustices et des inégalités que le député de
St-Jacques a démontrées devant cette Chambre.
Pourquoi faire en sorte que la commission soit l'objet de critiques qui
vont paraître fondées et qui le seront, si cette formule reste ce
qu'elle est et si on l'applique telle quelle? Pourquoi le ministre expose-t-il
toute une commission qui, actuellement, et nous en sommes très heureux,
jouit d'une bonne réputation, d'une excellente réputation
auprès des accidentés et auprès de la population de la
province.
Le ministre va persister dans la formule
qu'on lui démontre comme injuste? Le ministre va permettre que la
commission soit attaquée? Le ministre va permettre que les
accidentés doutent de la compétence et de
l'honnêteté de la commission? Le ministre va permettre qu'on
blâme une commission qui a joui, jusqu'aujourd'hui d'une
réputation inattaquable? Le ministre va permettre cela?
Si les remarques du député de St-Jacques n'étalent
pas fondées, si ses arguments étaient vraiment
vulnérables, je dirais que le ministre a raison. Il peut opter pour le
mode qui lui a été suggéré plutôt qu'opter
pour le mode, suggéré par le député de St-Jacques.
Mais, devant l'évidence, si le ministre ne peut pas faire une
déclaration formelle, devant cette Chambre, qu'il est impossible
d'améliorer sa formule, ah! si le ministre nous assure qu'il est
impossible d'améliorer sa formule, nous allons comprendre. Mais les
faits sont bien différents. Le député de St-Jacques
démontre clairement à cette Chambre que la formule
peut-être améliorée.
DES VOIX: A l'ordre!
M. GABIAS: Elle peut être améliorée et il est facile
de l'améliorer en apportant un peu plus d'attention dans la
préparation des calculs en étudiant un peu plus la formule et,
surtout, en prenant les données du passé, ou de la loi telle
qu'elle est présentement.
Le ministre ne peut pas nier qu'avec des données
différentes, que nous soyons en 1947, en 1952, en 1956, en 1960 et
jusqu'à 1964, la rente mensuelle a toujours été
progressive pour chacun des accidentés.
Le ministre ne peut pas le nier et pourtant les données
était différentes. Et malgré cela, la Commission a
réussi à faire en sorte que la rente mensuelle soit toujours
progressive. Or, avec encore des données différentes, pourquoi la
Commission, ou les experts de la Commission, ne peuvent-ils pas arriver encore
avec une rente mensuelle augmentée, mais progressive également,
pour chacune des périodes. Si cela a été possible dans le
passé, pourquoi ne le serait-il pas également dans le
présent et pour l'avenir? Le ministre ne nous donne pas du tout
l'impression qu'il veut corriger une inégalité...
M. LESAGE: Voyons.
M. GABIAS: ... le ministre ne nous donne pas l'impression...
M. LESAGE: $16,000,000.
M. GABIAS: ... qu'il veut corriger, non, M. le Président, le
premier ministre ne peut pas nous accuser d'être contre le projet...
M. LESAGE: Mais non, je n'ai pas fait ça.
M. GABIAS: Bien oui, mais vous dites $16,000,000, il est clair M. le
Président qu'il n'y a pas un membre de cette Chambre qui n'est pas
prêt à adopter une loi qui va améliorer le sort des
accidentés, il n'y en a pas un.
M. HARVEY: Adopté.
M. GABIAS: Mais simplement par exemple, nous disons que le projet de loi
présenté par le ministre augmente la rente mensuelle, mais elle
ne l'augmente pas d'une façon progressive et constante pour chacun des
accidentés, et c'est là que nous disons qu'il y a sûrement
une formule susceptible de permettre que la rente mensuelle augmentée,
grâce au projet de loi que nous étudions, sera, comme elle est
présentement la rente mensuelle, sera graduée et augmentée
dans chacun des cas, et proportionnellement. Je crois que la demande de
l'Opposition est bien fondée, et que si le ministre ne se rend pas
à cette demande, lui, le ministre du Travail, va donner l'impression
qu'il ne veut pas se donner un peu plus de travail pour trouver la formule qui
sûrement rendra justice à chacun des accidentés, et
sûrement sera à l'avantage de la Commission des accidents du
travail, et également à la bonne réputation ou à la
bonne compétence du ministre.
M. LESAGE: Il est évident que rien ne peut être parfait
dans ce monde, que tout est susceptible de perfection. C'est vrai pour le
député de Trois-Rivières comme pour votre humble serviteur
M. le Président.
M. GABIAS: Sûrement.
M. LESAGE: Non, non, je...
M. GABIAS: On va s'entendre là-dessus certainement.
M. LESAGE: C'est vrai pour tout le monde. Et c'est vrai pour tous les
problèmes. C'est vrai pour tous les problèmes qui se
présentent. A la Commission des accidents du travail les commissaires,
leurs experts, les actuaires conseils se sont penchés sur le
problème et nous ont soumis ce qu'ils croyaient être la meilleure
solution. Nous la présentons à la Chambre, pour adoption. Les
implications actuarielles d'un changement de formule peuvent être
très
considérables, c'est évident, il y a toujours dans ces
cas, ce que l'on appelle en anglais et qui est très difficile à
traduire en français, les « notch problems » c'est ça
qu'a soulevé le député de St-Jacques. Mais, c'est...
M. DOZOIS: Partiellement.
M. LESAGE: ... partiellement ça oui...
M. DOZOIS: Ce que j'ai soulevé c'est partiellement ça.
M. LESAGE: C'est partiellement ça le « notch problem
»...
M. DOZOIS: Oui.
M. LESAGE: Oui. Oui.
M. DOZOIS: C'est un des cas que j'ai soulevé.
M. LESAGE: Bien oui, c'est un des problèmes, et il n'y a rien de
plus difficile à résoudre que ces problèmes... je ne puis
pas trouver le mot français...
M. GABIAS: « Border cases ».
M. LESAGE: Bien oui, mais « border cases », c'est anglais
encore.
M. BERTRAND (Missisquoi): Les cas limites.
M. GABIAS: Les cas frontières.
M. LESAGE: Limites, comme sont les cas frontières. Il n'y a rien
de plus difficile à faire que ça. Mais au moins, on rendra, et
à la Commission des accidents du travail, et au gouvernement, la
justice, c'est-à-dire l'hommage d'avoir décidé de corriger
de la meilleure façon possible telle que présentée par des
actuaires et des experts, une situation qui était devenue
intolérable, pour me servir d'une formule un peu lapidaire, pour les
ouvriers accidentés, sous les libéraux, $16,000,000 dans un
projet de loi, sous l'Union nationale, zéro pendant seize ans.
M. GABIAS: Elle n'est pas lapidaire, elle est fausse.
M. BELLEMARE: Il fallait le fion du premier ministre pour mettre
ça politique. Mauvais, archi-mauvais!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. BELLEMARE: Quand on sait combien, de 1931...
M. LESAGE: Voulez-vous fermer la fenêtre que je lui vois la
face?
M. BELLEMARE: ... de 1931 à 1936 et de 1936 à 1939 et de
1944 à 1960, combien on a amélioré la loi, le premier
ministre, venir nous dire, et surtout lui, venir nous dire que nous n'avons
rien fait dans ce sens-là. La Commission des accidents du travail a
fait, avec le $16,000,000, voici ce qu'elle a fait; les actuaires ont pris le
$16,000,000 et ils ont dit: « Il y a cinq catégories; nous allons
essayer de distribuer le $16,000,000. Première catégorie: les
accidentés recevant un salaire de $2,000, avec pourcentage 66 2/3.
M. LESAGE: C'est ça.
M. BELLEMARE: Nous allons essayer, dans un paquet, de leur donner tant.
»
M. LESAGE: C'est ça.
M. BELLEMARE: Ce n'est pas ça qui compte, ce qui compte, c'est le
cas individuel qui va semer de la panique, qui va semer de la critique, c'est
ça qui compte. Le premier ministre venir dire: zéro par l'Union
nationale! Je dis que jamais le gouvernement qui est en place actuellement a
fait si peu. Il n'a rien fait depuis 1960 pour les ouvriers en
général.
M. LESAGE: Voyons donc!
M. BELLEMARE: On a un Code du travail, ici, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. BELLEMARE: On va en parler tout à l'heure du Code du
travail.
M. LESAGE: Oui, je vous attends là-dessus.
M. BELLEMARE: Oui, nous autres aussi, vous allez voir. M. le
Président, le premier ministre, il fallait qu'il vienne mettre les
commissaires mal à l'aise par une phrase malheureuse, mais qu'il
regrette, M. le Président. Nous avions un débat serein,...
M. LESAGE: Je ne regrette rien.
M. BELLEMARE: ... nous n'avions pas touché à la politique
ni d'un côté ni de l'autre. Le premier ministre arrive pour lancer
cette phrase qui est fausse, archi-fausse...
M. BERTRAND (Missisquoi): Malheureuse!
M. BELLEMARE: ... et contre laquelle nous protestons.
M. DOZOIS: M. le Président, je regrette que le premier ministre
ait, à la dernière minute, mis cette note partisane alors qu'on
s'en était bien gardé au cours de ce débat. On avait
même rendu hommage au gouvernement de vouloir revaloriser les rentes, et
il n'y a rien de plus éloigné de la vérité que
cette affirmation du premier ministre. Tout d'abord...
M. LESAGE: Non, ce que j'ai voulu dire, c'est qu'il n'y avait pas eu de
compensation.
M. DOZOIS: Le premier ministre a dit que l'Union nationale n'avait rien
fait et le parti libéral $16,000,000. Il n'y a rien de plus faux, M. le
Président,...
M. BERTRAND: Vous n'avez qu'à regarder le tableau.
M. DOZOIS: ... puisque, si l'on regarde les statuts, on constate que,
pendant que l'Union nationale était au pouvoir, par deux fois la loi a
été changée pour revaloriser les rentes des
dépendants et des veuves.
M. LESAGE: Non, pour remonter.
M. DOZOIS: « Remonter ». Le premier ministre dit que l'Union
nationale les a remontées et il veut que, dans son cas, ce soit «
revalorisé ». Je pense qu'on pourrait changer cela dans les deux
cas.
M. BERTRAND (Missisquoi): Améliorer.
M. DOZOIS: Améliorer. Maintenant, si le gouvernement actuel, M.
le premier ministre, peut redistribuer les avantages d'une accumulation de
$16,000,000 aux rentiers actuels, je ne vois pas comment il peut en prendre le
mérite, puisqu'on peut contredire le premier ministre, uniquement avec
le communiqué qu'on nous a fait parvenir avec la présentation de
la loi. A quoi est dû ce $18,000,000? Le communiqué le dit en
toutes lettres: « Le taux de capitalisation fixé par les actuaires
était de 3 l/4% et le taux de rendement est supérieur au taux de
capita- lisation. » Est-ce la faute du parti libéral si le
rendement sur les fonds de placement est meilleur aujourd'hui?
M. LESAGE: Je vais répondre à la question: c'est le parti
libéral qui décide d'en faire profiter les ouvriers, par
exemple.
M. DOZOIS: Je ne sais pas ce qu'il aurait pu faire autrement! Le fonds
s'est apprécié de $18,000,000 parce que, capitalisant à 3
l/4% ? En 1955, c'était l'Union nationale, ça! le fonds a
rapporté 3.59; en 1956, 3.64; en 1957, 3.79; en 1958, 3.93, en 1959,
4.05; en 1960, 4.34. Cela a augmenté plus, proportionnellement, si on
veut en faire un débat purement politique, proportionnellement
l'augmentation a été plus considérable sous l'Union
nationale qu'elle ne l'a été sous le règne des
libéraux, puisque c'est parti, depuis que les libéraux sont au
pouvoir, de 4.34 à 4.73. Je regrette que le premier ministre ait
jeté cette note partisane dans le débat. Ce n'était pas
nécessaire, et on aurait pu fort bien adopter la loi sans avoir à
réfuter un argument comme celui-là.
M. LE PRESIDENT: Article 5, adopté?
M. JOHNSON: M. le Président, très brièvement. Je
n'ai jamais d'objection à ce que le premier ministre parle de politique,
je suis toujours prêt à le rencontrer sur ce
terrain-là.
M. LESAGE: Vous seriez bien le dernier... A la télévision,
tant que vous voudrez.
M. JOHNSON: Encore une fois, M. le Président, il voudrait se
parer des plumes qui ne lui appartiennent pas. Il veut attribuer au parti
libéral les mérites d'une administration passée qui a fait
en sorte $18,000,000 d'accumuler, dont on peut disposer et dont on veut
disposer.
Incidemment, j'aimerais bien que le député de
Jonquière-Kénogami mette fin à ses mauvaises habitudes. Il
y en a qu'il ne pourra jamais corriger, mais celle-là, de m'interrompre
comme il l'a fait tantôt, et d'induire en tentation des gens qui sont
étrangers à la Chambre et qui pourraient s'exposer à avoir
une conduite qui leur attirerait des blâmes, comme déjà
arrivé et comme ça arrivera encore.
M. HARVEY; Le député de Jonquière-Kénogami
n'a pas d'exemple à prendre du chef de l'Opposition.
M. JOHNSON: Le député de Jonquière-Kéno-
garni a passé son temps à causer avec des étrangers
dans la Chambre, qui veulent se conduire comme des messieurs et que...
M. HARVEY: M. le Président, j'invoque le règlement.
M. BELLEMARE: Pourquoi?
M. HARVEY: M. le Président, que le député de
Champlain attende, j'ai invoqué le règlement. Le chef de
l'Opposition n'a pas le droit de prétendre que je l'ai interrompu. Pour
commencer, c'est faux. Lorsqu'il dit que j'ai causé avec des gens qui
m'entourent, c'est la vérité! j'ai pris des renseignements de
nature à m'éclairer sur le tableau qu'a présenté et
qu'a analysé le député de St-Jacques, il y a quelques
instants, et j'ai constaté que j'avais raison parce que le
député de St-Jacques, dans son tableau, si on l'examine comme il
le faut, fait des comparaisons aussi ridicules que celles de comparer des
patates avec des pois, etje me renseignais auprès des gens
compétents, tels que M. White et le commissaire, M. Mathieu, et je crois
que le député de Jonquière n'a pas d'exemples, ou de
leçons à recevoir du chef de l'Opposition car je me conduis
toujours comme un gentilhomme en cette Chambre.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre.
M. JOHNSON: M. le Président, le député de
Jonquière-Kénogami prétend-il que cette opinion à
l'effet que le tableau du député de St-Jacques étant
ridicule vient de M. White, de M. Marineau et de M. Mathieu qui sont dans cette
Chambre?
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'on a des commentaires sur l'article...
M. JOHNSON: Est-ce qu'il prétend ça, le
député de Jonquière-Kénogami?
M. HARVEY: Voici, je réponds au chef de l'Opposition que le
député de St-Jacques, dans son tableau, si on prend la
première partie de son tableau...
M. JOHNSON: Ce n'est pas ça ma question, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, à l'ordre.
M. JOHNSON: Si le député ne veut pas répondre,
qu'il ne réponde pas.
M. HARVEY: Attendez une minute, ça va...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. HARVEY: C'était pour prouver, M. le Président que je
connais la loi qu'on discute présentement.
M. JOHNSON: Si le député n'est pas assez
gentilhomme...
M. LE PRESIDENT; A l'ordre. Nous sommes depuis quelque temps
déjà à étudier l'article 5, bill No 44. J'aimerais
bien que le chef de l'Opposition, s'il a des commentaires à faire, qu'il
les fasse sur l'article 5 du bill 44.
M. JOHNSON: M. le Président, le député de
Jonquière-Kénogami, par ses remarques, a donné...
M. HARVEY: Voulez-vous votre réponse?
M. JOHNSON: ... une impression dans cette Chambre que messieurs White
qu'il a consulté devant nous dans cette Chambre, qu'il dit avoir
consulté, M. Marineau le président, et M. Mathieu, lui auraient
dit que le tableau du député de St-Jacques est aussi ridicule que
si l'on compare des choux et des pois.
M. LE PRESIDENT; A l'ordre, messieurs. Je rappelle le chef de
l'Opposition à l'ordre.
M. LESAGE: Je regrette, ce n'est pas ça qu'il a dit.
M. HARVEY: C'est des patates et des pois que j'ai dit. Vous êtes
dans les patates!
M. LESAGE: Ah non, et à part ça,
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs, à. l'ordre.
M. GABIAS: Qu'il est donc gentil!
M. LESAGE: Et après les avoir consultés, j'en suis venu
à la conclusion que...
M. HARVEY: C'est ça.
M. LE PRESIDENT: Quelle que soit l'opinion du député de
Kénogami-Jonquière ou de tout député, ce n'est pas
l'occasion il me semble, lorsqu'on est à étudier un article du
règlement, de dévier complètement du sujet comme on le
fait présentement. Et je dis ces paroles-là pour tous les
députés, même le député de Champlain qui me
donne l'impression que c'est lui qui conduit les travaux de la Chambre.
M. BELLEMARE: Ah non, non, je ne vous crois pas du tout.
M. LE PRESIDENT: Lorsque le président de la Chambre ou du
comité est levé, quel qu'il soit...
M. LESAGE: Rapport.
M. BELLEMARE: Oui, oui, on ne voudra pas,... je vais m'en aller tout
seul.
M. LESAGE: C'est ce que...
M. BELLEMARE: Si c'est ce qui vous dérange, je vais m'en aller
tout de suite.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. BELLEMARE: Vous n'aimez pas ça? Je peux m'en aller tout de
suite. Quand vous n'en aurez plus des députés de l'Opposition,
vous serez dictateur.
M. LAFRANCE: Ce ne sera pas grand chose.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'on réalise justement,
présentement, que la fonction du président c'est de faire
respecter le règlement et le devoir des députés quel que
soit le président, lorsque le président est debout, ou soit
à faire des commentaires sur le règlement ou rend une
décision, il me semble que même la simple courtoisie, quels que
soient les partis, exige qu'à ce moment-là au moins, on respecte
l'esprit sinon la lettre du règlement. Depuis déjà quelque
temps j'essaie de ramener le débat à l'article 5 du bill 44. Il
me semble que quelles que soient les opinions émises par un
député, chacun a droit à ses opinions; mais ce n'est pas
une occasion pour essayer d'impliquer directement ou indirectement d'autres
personnes qui peuvent être étrangères au comité,
à la Chambre, mais qui en vertu de la tradition, la coutume, sont au
comité lorsqu'un bill est étudié article par article ou
lorsque des crédits budgétaires sont étudiés. Alors
je demande au chef de l'Opposition s'il a d'autres commentaires pertinents
à faire à l'article 5, du bill 44, de les faire.
M. JOHNSON: M. le Président, je voudrais bien qu'il soit
clairement établi que je ne fais aucun reproche aux étrangers
dans la Chambre, mais c'est au député de Jonquière qui,
évidemment par ses propos, risque que des gens sérieux, de bonne
réputation, perdent des plumes,
Ils viennent d'apprendre que de s'asseoir dans le voisinage du
député de Jonquière-Kénogami, c'est
déjà dommageable, pour des hommes sérieux.
M. HARVEY: Ils sont mieux qu'alentour du chef de l'Opposition.
M. JOHNSON: Ils voient que c'est déjà dangereux et
dommageable à leur réputation.
M. HARVEY: Au moins, moi, je n'ai jamais défroqué.
M. JOHNSON: M. le Président, le premier ministre dit: le parti
libéral distribue $16,000,000 aux ouvriers; l'Union nationale,
zéro.
M. BELLEMARE: C'est lui qui a parti le train.
M. JOHNSON: Le parti libéral, M. le Président, est
actuellement tellement mal pris dans les finances de la province, tellement
désespéré qu'il cherche par tous les moyens à
trouver de l'argent pour payer des pensions auxquelles les gens ont droit, en
vertu de lois qui ont été passées, la plupart d'entre
elles, du temps de l'Union nationale.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre.
M. JOHNSON: Manquant d'argent, et voyant qu'il y avait une
réserve à la Commission des accidents du travail, une
réserve de $18,000,000 accumulée par une bonne administration
dans le passé, administration à laquelle, ni le premier ministre,
ni aucun de ses amis n'avaient quoi que ce soit à faire, par une
administration qui savait acheter ses obligations aux bons endroits qui savait
quel courtier encourager...
M. LE PRESIDENT; A l'ordre.
M. JOHNSON: ... le premier ministre donc, voyant cette réserve de
$18,000,000 accumulée sous des administrations passées, a
décidé de faire distribuer cet argent selon une formule qui a
certains bons aspects, une formule qui a certains mérites, que tous les
députés de cette Chambre ont approuvée, mais selon des
modalités qui créent des injustices et, comme l'a souligné
le député de Champlain en particulier, qui ouvrent la porte
à des critiques, injustifiées peut-être, contre la
Commission des accidents du travail.
Le député de St-Jacques, dans un esprit indis-
cutablement objectif, avec des chiffres préparés et qu'on
ne peut pas contredire, des chiffres qui sont sérieux, tellement plus
que ces remarques insipides d'un député qui n'a pas de
jugement...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. JOHNSON: ... et qui prétend...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre.
M. HARVEY: J'invoque le règlement.
M. JOHNSON: M. le Président, je change ça.
M. HARVEY: A l'ordre. Le président est debout, à l'ordre.
Montrez que vous savez vivre, le président est debout.
M. JOHNSON: M. le Président...
M. HARVEY: M. le Président, j'invoque le règlement.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre.
M. JOHNSON: Ce n'est pas nécessaire d'invoquer le
règlement, je vais y voir.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre.
M. HARVEY: Il est dans les patates.
M. JOHNSON: M. le Président, il arrive qu'à force
d'entendre certains députés interrompre continuellement, faire
des remarques désobligeantes et personnelles envers ceux qui parlent, il
arrive que, des fois, les mots dépassent notre pensée, mais il
est évident que les propos du député de
Jonquière-Kénogami quand il qualifie le tableau du
député de St-Jacques préparé avec grand soin,
résultat d'un travail très sérieux, ces propos ne sont pas
pris au sérieux par ceux qui connaissent le député de
Jonquière-Kénogami, par ceux qui le volent évoluer dans
cette Chambre, et ils sont en mesure de juger de la qualité de son
jugement...
M. HARVEY: Cela fait vingt fois que vous le dites en cette Chambre.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre messieurs.
M. JOHNSON: ... et surtout de la qualité de son éducation.
Mais il reste que...
M. HARVEY: Vous ne présentez pas des gars avec beaucoup plus de
jugement parce que je les passe au « bat ».
M. LE PRESIDENT: A l'ordre messieurs. Article 5.
M. JOHNSON: Il reste que les critiques faites par l'Opposition
étaient sérieuses et elles paraissent fondées. Le ministre
n'a pu, sur la demande ni du député de St-Jacques, ni celle du
député de Champlain, n'a pu se lever dans cette Chambre et
affirmer que la formule qu'il nous propose est la meilleure et l'unique
formule. On a espéré hier que le ministre reviserait ses
positions, et c'est en vain.
On se rabat toujours sur les actuaires, on dit toujours: bien, ce sont
les actuaires. Les actuaires sont des gens extraordinairement qualifiés,
je l'admets. Les actuaires sont des gens extraordinairement bien
préparés à faire ces calculs et à nous
présenter ces formules, mais les actuaires sont les premiers à
admettre que leurs conclusions doivent d'abord originer de certaines
prémisses, et que leurs calculs sont faits selon certaines directives.
Si on avait demandé aux actuaires de trouver une formule pour distribuer
d'une façon graduelle, avec équité, ce surplus de
$16,000,000 ils auraient certainement trouvé une autre formule. Ou bien
ils ont manqué de directives claires, de bases, de prémisses
claires, j'expliquerai au député de
Jonquière-Kénogami ce que ça veut dire après
...
M. HARVEY: Je n'en ai pas besoin de vos explications.
M. JOHNSON: ... A défaut de prémisses bien
établies, soit par le président et les commissaires, soit par le
ministre du Travail, les actuaires se fient à certaines formules,
à certaines données, et agissent selon certains principes qui
sont suivis ailleurs. Mais il est évident il n'y a pas un actuaire qui
ne l'admettra pas, que si on lui demande de trouver une formule de façon
à ce que chacun des pensionnés retire proportionnellement,
inversement, dis-je, au nombre d'années pendant lesquelles il a
été privé d'une pension suffisante et proportionnellement
au salaire qu'il gagnait par rapport au coût de la vie et à son
augmentation, l'actuaire aurait trouvé une formule graduée. Mais
on a dû lui donner les instructions de partir de cinq contrats
différents. Je crois être bien informé puisque
l'information me vient de première main. D'une très courte
discussion avec les membres de la Commission. On est parti de base juridique.
On s'est placé au point de vue
purement légal au départ, en prenant pour acquit, ce qui
est exact, qu'il y a cinq contrats différents d'assurance.
Et une fois parti d'une base juridique, on a essayé d'appliquer
une formule qui serait équitable et qui serait une formule sociale
plutôt qu'une compensation purement sur base juridique. On a
mêlé le juridisme et l'aspect social à un moment
donné et c'est pour ça qu'on arrive à des situations comme
celles qui ont été décrites par le député de
St-Jacques et qui apparaissent clairement au tableau que nous avons devant
nous.
Donc, M. le Président, le ministre dit qu'il a fait son possible.
La population jugera que le possible du ministre, il n'est pas aussi gros qu'on
aimerait le voir.
M. HARVEY: M. le Président, qu'il me soit permis de prendre
quelques instants de cette Chambre, non pas pour éterniser le
débat, mais simplement pour faire une mise au point qui s'impose et pour
rendre justice également au député de St-Jacques qui a
préparé un tableau.
Le chef de l'Opposition, il y a quelques instants, a mentionné
que j'avais dit que le tableau préparé par le
député de St-Jacques était un tableau ridicule. J'ai dit
et je répète que le premier paragraphe est discutable si je
prends la page 3...
M. JOHNSON: Ce n'est pas ce qu'il dit.
M. HARVEY: ... du tableau du député de St-Jacques, je
constate...
M. JOHNSON: La page 3 du député de St-Jacques, c'est quoi,
ça?
M. HARVEY: ... M. le Président, si le chef de l'Opposition veut
discuter, il a été le premier tout à l'heure à me
traiter de polisson parce qu'il croyait que je l'interrompais...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre. M. JOHNSON: Je n'ai pas dit ça.
M. HARVEY: ... alors que je prenais des renseignements. M. le
Président, si je fais cette mise au point, ce n'est certes pas pour
provoquer un débat, pour l'éterniser et faire perdre le temps de
la Chambre, c'est pour rendre justice en particulier au député de
St-Jacques.
Je disais que, en page 3, nous remarquons que le tableau
préparé par le député de St-Jacques prend des
individus avec salaires égaux, $5,000, et qui sont tous des salaires
supérieurs au salaire maximum prévu par la loi. Tandis que dans
le tableau No 1, en page 1, nous voyons des gens de $2,000, dont un seul aun
salaire égal au salaire maximum prévu par la loi. Et c'est dans
cette hypothèse,...
M. DOZOIS: Absolument!
M. HARVEY: ... et c'est sur ce point que je dis qu'on compare une tonne
de pois avec une tonne de tomates.
M. BERTRAND (Missisquoi): Il n'a rien compris!
M. JOHNSON: Il est le seul de la Chambre qui n'a pas compris le
tableau.
M. HARVEY: M. le Président, voici les faits.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs. Je ne me prends pas pour un
phénix...
M. GABIAS: Bon! bien, asseyez-vous!
M. HARVEY: ... mais j'ai participé à l'élaboration
de conventions collectives dans le monde ouvrier de 1944 à 1960, avant
mon entrée en cette Chambre, et je dois vous dire que je suis heureux,
aujourd'hui, de voir que le gouvernement actuel, après une étude
sérieuse de plus d'une année par les commissaires de la
Commission des accidents du travail, avec les conseils des actuaires qui ont
étudié le problème à fond et qui recommandaient
pour redistribuer équitablement et rendre justice aux accidentés
précédant les années 1960, une formule qui demandait
$33,000,000. C'est simple: il y avait $16,000,000 de disponible. La formule a
été réduite de 2/5, en partant du principe de 150%
d'augmentation de la première catégorie, de 100 et de 66 2/3 pour
la troisième et 25 pour la quatrième.
M. le Président, je crois que le monde ouvrier, autant l'ouvrier
qui aujourd'hui n'a pas eu la malchance de perdre un membre ou d'être
accidenté au travail, que son confrère moins fortuné, le
monde ouvrier doit se réjouir de voir qu'un gouvernement, au pouvoir,
non pas à quelques mois d'une élection générale,
mais un gouvernement qui suit le conseil d'une commission indépendante
de la politique et redonne à ceux qui ont eu le malheur d'être
accidentés à l'usine ou à leur travail une allocation
majorée, une allocation qui leur permettra de mieux donner le strict
nécessaire à leurs enfants qui
doivent également poursuivre leurs études aujourd'hui.
M. le Président, tout comme le premier ministre il y a quelques
instants, nous ne prétendons pas, de ce côté-ci de la
Chambre, présenter des lois qui ne seront jamais appelées
à être amendées mais nous présentons une loi qui a
été étudiée à fond par des gens qui sont du
métier et il est de notre devoir, autant de l'autre côté
que de ce côté-ci de cette Chambre, d'approuver ce projet de loi
qui apportera une pluie bienfaisante pour l'ouvrier qui a été
victime d'accidents depuis 1931.
M. DOZOIS: M. le Président, je ne veux pas relever les propos du
député de Jonquière-Kénogami, il a droit à
son opinion, il l'a émise. Je veux tout simplement, s'il veut porter
attention, parce qu'il a prétendu que mes tableaux n'étaient pas
réalistes, peut-être pourrais-je employer ce terme? Est-ce que le
député de Jonquière-Kénogami admet que, disons
entre le 1er février 1952 et le 1er mai 1955, il a pu y avoir des
accidentés qui gagnaient, au moment de l'accident, $2,000?
M. HARVEY: Certainement.
M. DOZOIS: Bon, alors c'était l'objet de mon tableau de
démontrer que cette personne qui gagnait $2,000 malgré que le
salaire maximum protégé par la loi était de $3,000, il
recevait et il avait droit à une rente de$116.66 par mois et qu'avec
l'augmentation il ne recevra que $148 alors que son prédécesseur,
celui qui a eu un accident et qui gagnait le même traitement que lui dans
l'autre période, recevra une pension de $155. Et c'était l'objet
de mes tableaux. J'espère qu'il les comprendra.
M. HARVEY: Le député de St-Jacques me permettra de lui
faire remarquer également qu'à ce moment-là le salaire
maximum permis par la loi était de $3,000...
M. DOZOIS: Mais oui, mais il gagnait rien que $2,000. On ne pouvait pas
lui accorder une pension sur $3,000, il ne gagnait que $2,000.
M. HARVEY: M. le Président, je ne prétends pas que le
député de St-Jacques a présenté un tableau
ridicule, au contraire c'est un travail qui a demandé du temps. Mais je
dis que dans le premier paragraphe de la page 1, vous...
M. DOZOIS: Oui,
M. HARVEY: ... comparez des gens qui au moment de l'accident, avaient
des salaires de $2,000...
M. DOZOIS: Est-ce que ce n'était pas possible?
M. HARVEY: ... alors qu'ils gagnaient moins que le salaire maximum
prévu.
M. DOZOIS: Absolument, c'est ça que j'ai voulu
démontrer.
M. HARVEY: Ce qu'il faudrait pour le député de St-Jacques
si un jour, M. le Président, on peut y arriver et que des millions et
des millions peuvent s'accumuler, à ce moment-là il restera
à passer une loi rétroactive...
M. JOHNSON: M. le Président!
M. HARVEY: ...pour changer le pourcentage du salaire de compensation.
Cela a été pensé par les actuaires. Cela a
été pensé par les commissaires...
M. DOZOIS: Ils n'ont sûrement pas pensé à ça,
ça n'a pas de sens.
M. HARVEY: ...mais il s'agissait de trouver la meilleure formule. Et la
meilleure formule c'est celle préconisée. C'est pourquoi je
voterai, juste une fois parce qu'on n'a seulement qu'un vote, en faveur de
cette loi.
M. GABIAS: C'est ça, $2,000 c'est une tonne de pois, $3,000 c'est
une tonne de patates!
M. LE PRESIDENT: Article 5 adopté? Adopté. Article 6?
M. FORTIN: Alors, M. le Président, sur l'article 6 le
député de Champlain avait fait quelques remarques lorsqu'il a
parlé en deuxième lecture. Je voudrais donner de brèves
explications.
Il arrive qu'un accidenté doit subir des examens devant la
Commission des accidents du travail ou que son employeur tarde à faire
rapport et que cet accidenté n'a pas de revenu, n'a pas d'argent. Il
s'en va devant un bureau d'assistance sociale et demande une avance parce que,
prétend-il, il a été accidenté. Or souvent les
représentants de l'assistance sociale disent: « Bien, monsieur,
qui nous dit que vous allez recevoir une compensation de la Commission des
accidents du travail? Et si vous en recevez une, eh bien, il faudrait que vous
nous remboursiez parce qu'à ce moment-là vous n'aurez pas
le droit à l'assistance sociale ».
Or, il arrive dans certains endroits que les bureaux d'assistance
sociale ne veulent pas donner de l'argent ou faire des avances tant que la
Commission n'aura pas rendu de décision.
Ou encore il y a des gens qui ont des polices d'assurance, mais la
police d'assurance ne s'applique qu'au cas où il n'y a pas d'accident de
travail. Or, la compagnie d'assurance dit: « Attendez que la Commission
décide s'il y a eu accident de travail ou non ».
Eh bien, pour permettre à ces gens d'avoir des avances, nous
demandons que la Commission ait le droit de rembourser directement à
même la compensation soit l'agence sociale, soit la compagnie
d'assurance. Ce n'est que pour aider les accidentés à recevoir
des avances ou des prêts de leur compagnie d'assurance ou de l'assistance
sociale. C'est le seul but de la loi.
M. LE PRESIDENT: Article 6 adopté. Article 7?
M. BELLEMARE: Article 7, M. le Président. L'article 49 est
remplacé par le suivant. D'abord l'article 49 disait: « Tout
médecin, tout chirurgien, tout représentant d'un hôpital
qui a traité un ouvrier ou en a pris soin ou a été
consulté à son sujet doit fournir de temps à autre
à la Commission ... » puis là ça s'arrêtait,
c'est parce qu'il y a eu un amendement l'année passée pour
enlever l'autre partie, la partie de l'année passée 1963, pour
faite disparaître la partie « ou à l'employeur y compris la
cédule 2 ». En 1963 on a fait disparaître cet
article-là.
Mais l'article 49 cette année va certainement rendre justice aux
ouvriers mais simplement j'ai une inquiétude, parce qu'il est question
dans l'article 49 « dans les six jours de leur constatation, traitement
et recommandation ». Est-ce que ce sont les six jours qui seront à
la suite du traitement, de la constatation? Quand commenceront ces six
jours-là?
Ce qui arrive c'est que dans les six jours du traitement ça veut
dire à la fin des traitements ou au début du traitement? Il n'y a
rien de spécifié. Il y a bien des médecins qui diront;
« Bien, c'est marqué « traitement », ça
peut-être à la fin des traitements ». Et s'ils
décident de suivre la loi au mot ils diront: « Bien, j'ai fait mon
rapport dans les six jours qui ont suivi le traitement. » parce que
l'article dit « dans les six jours de leur constatation, traitement et
recommandation ». Je pense que si on disait plutôt « dans les
six jours immédiats qui suivent un accident » ça serait
beaucoup mieux.
M. FORTIN: Ce la va dépendre quand l'accidenté va se
présenter chez le médecin.
M. BELLEMARE: Oui, mais dans les six jours là.
M' FORTIN: C'est dans les six jours où le médecin va faire
sa constatation...
M. BELLEMARE: Oui.
M. FORTIN: ... il va donner ses traitements. Maintenant, si un individu
a...
M. BELLEMARE: C'est parce que dans ça pendant des années,
dans le monde ouvrier, on a eu à souffrir de ça. On a eu à
souffrir énormément. Les gens disent pour se débarrasser
souvent d'un accidenté, je ne dis pas que ça arrive dans
plusieurs cas, pour expédier les affaires; « Bien oui, j'ai fait
mon rapport. Mon rapport est rendu ».
Et on fait une enquête à la Commission des accidents du
travail et on s'aperçoit que le rapport n'est pas arrivé. Mais on
dit: « Comment cela se fait-il » ? Là, on appelle
l'électeur et puis on dit: « Va voir ton médecin, dis-lui
qu'il fasse rapport. » « Ah, bien, je le ferai demain matin.
» On a eu énormément à se plaindre. Si le but de la
loi est bon, je ne dis pas que le but de l'amendement est bon, on veut que
« dans les six jours qui suivent l'accident, après que le type se
sera présenté, que le médecin ait l'obligation de donner
son rapport ». Cela, j'en suis. Je vais voter pour. Je trouve que c'est
une bonne amélioration. Mais, on devrait rendre plus explicite ce
terme-là.
UNE VOIX: Adopté.
M. FORTIN: Non, une minute!
M. BELLEMARE: Dans la Loi de l'Ontario, si cela peut aider, c'est
spécifié: « ... immédiatement dans les six jours qui
suivent l'accident».
M. GABIAS: Si le président me permet, il y aurait
sûrement...
M. FORTIN: Une minute!
M. GABIAS: Cela fait quatre ans que l'on attend, on peut attendre
encore!
M. LACROIX: On a attendu seize ans, nous autres!
M. GABIAS: C'est la première bonne re-
marque que le député des Iles-de-la-Madeleine a eue depuis
1962.
M. LACROIX: Ce n'est pas si pire, pas si pire! Vous êtes ici
depuis 1960, vous!
M. GABIAS: Il s'améliore! Quand il n'a pas tellement de voisins
à côté de lui, il s'améliore. Est-ce moi qui tente
de faire perdre le temps de la Chambre, là, M. le Président?
M. FORTIN: Je crois que la suggestion du député de
Champlain est bonne. On pourrait mettre: « ... dans les six jours de
leurs premières constatations, traitements ou recommandations
».
M. BELLEMARE: Cela, c'est bien! Ou bien, on pourrait dire: « ...
dans les six jours de l'accident... »
M. FORTIN: Non, pas de l'accident...
M. BELLEMARE: ... « après leurs premières
constatations ».
M. FORTIN: Pas « de l'accident », parce qu'il arrive souvent
que l'accidenté ne se présentera pas la journée même
de l'accident ou le deuxième ou le troisième jour. C'est le
médecin, là, qui a l'obligation...
M. BELLEMARE: Oui, « ... dans les six jours de leurs
premières constatations », « premières ».
M. FORTIN: C'est ça!
M. GABIAS: M. le Président, alors que nous en sommes à
l'amélioration et aux suggestions, je demanderais au ministre
d'étudier la possibilité que les rapports médicaux
préliminaires du médecin, à la suite d'un accident,
n'exigent pas toutes les mêmes conditions que le rapport final.
Le député de Champlain a souligné avec beaucoup
d'à-propos que, souvent, l'accidenté ne reçoit pas ses
compensations en temps parce que le médecin n'a pas fait son rapport
médical. Or, j'ai remarqué que le rapport médical
demandé par la Commission, qu'il s'agisse du rapport final ou du rapport
préliminaire, demande le même temps au médecin. Ce sont les
mêmes questions que le médecin a à remplir et, après
avoir causé avec de nombreux médecins, ils nous disent: «
Evidemment, nous ne pouvons pas donner plus de renseignements que nous en avons
au moment où nous faisons l'examen, mais, par contre, nous devons
répondre à toutes les questions du formulaire. »
Or, je crois, qu'il y aurait possibilité de faciliter le travail
du médecin et cela, à l'avantage de l'accidenté. Que le
rapport préliminaire du médecin soit simple. Que l'on permette
aux médecins d'affirmer (je pense que le ministre de la Santé va
m'appuyer sur ce point), étant donné que les médecins
prêtent un serment avant de pratiquer la médecine... Forts de
cette garantie, les médecins pourraient faire tenir à la
Commission un certificat établissant que M. X, accidenté tel
jour, est sous ses soins et qu'il ne peut pas travailler. Et,
immédiatement, la Commission pourrait faire en sorte d'envoyer les
compensations, qui, si elles n'étaient pas complètes,
constitueraient au moins des avances aussi longtemps que la commission ne
saurait pas le degré exact d'incapacité, ou que le médecin
ne pourrait pas certifier la guérison de l'accidenté.
C'est un des seuls points sur lesquels on peut un peu chicaner la
Commission des accidents du travail: des retards, et des retards qui, bien
souvent, ne sont pas dûs à la Commission mais sont dus à la
technique qu'oblige la commission, ou les règlements de la
commission.
Je suggère donc que le ministre du Travail, de concert avec le
ministre de la Santé, de concert avec la Commission des accidents du
travail, étudie la possibilité de s'en remettre, pour les
rapports médicaux préliminaires, au seul certificat du
médecin traitant.
M. FORTIN: M. le Président, le député de
Trois-Rivières me permettra de l'interrompre, mais je crois que les
remarques qu'il fait ne relèvent pas du débat. Il ne s'agit
simplement ici, dans l'amendement que nous proposons, de fixer un délai.
Les remarques qu'il fait pourraient être judicieuses il peut
peut-être adresser un rapport à la Commission...
M. GABIAS: J'admets cela.
M. FORTIN: ... ça relève des règlements de la
Commission.
M. GABIAS: C'est pour ça que j'ai dit au début: parce que
nous pouvons faire des suggestions, je la fais avec beaucoup de
déférence M. le Président, et j'espère que la
Commission a entendu cette demande qui est faite pour le bénifice des
accidentés, et qui est faite surtout pour améliorer la bonne
réputation de la Commission et pour faciliter le travail clérical
du médecin.
M. LE PRESIDENT: Article 7 adopté.
M. FORTIN: Avec l'amendement suggéré là.
M. LE PRESIDENT: Article 8.
M. BELLEMARE: Il y a un amendement là... le premier?
M. LE PRESIDENT: Il y a un amendement.
M. BELLEMARE: Très bien 8 il n'y a pas d'objection là?
M. BELLEMARE: 9 M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Article 8 adopté. 9.
M. BELLEMARE: Non, pas d'objection. C'est pour changer l'année
ça? C'est pour changer de février à mars à cause
des rapports.
M. FORTIN: Oui, c'est parce que la Commission a...
M. BELLEMARE: Oui. oui.
M. FORTIN: ... la Commission a...
M. BELLEMARE: 135,000 cas puis ça augmente.
M. FORTIN: Elle veut un mois de délai, c'est ça.
M. LE PRESIDENT: Article 9 adopté?
M. BELLEMARE: Article 9 non, l'article 8. L'article 9 M. le
Président, je le trouve un peu dangeureux.
M. LE PRESIDENT: L'article 8.
M. BELLEMARE: L'article 8 excusez-moi.
M. DOZOIS: Qu'elle est la raison qui fait changer la date du rapport
annuel?
M. FORTIN: Voici, c'est que la Commission ferme ses livres le 31
décembre, la Commission évidemment...
M. DOZOIS: Pardon?
M. FORTIN: ... ferme ses livres le 31 décembre, elle doit faire
auditer ses livres, alors ça ne lui donne que deux mois pour faire
auditer ses livres puis faire le rapport. Elle demande un mois additionnel
pour...
M. DOZOIS: Cela a toujours fonctionné jusqu'à
présent.
M. FORTIN: Non, jusqu'à 1962-1963, les rapports ne sont jamais
arrivés à date et, l'an dernier, pour que ça arrive
à date, ça été comme le président le dit,
une bousculade, il a été obligé de "tout mobiliser, alors
il demande un mois additionnel, je pense qu'il n'y a rien de grave dans
ça.
M. DOZOIS: Espérons qu'ils se serviront de l'article, et qu'ils
feront non pas « le » mais « avant ».
M. JOHNSON: Qu'est qui est l'auditeur, le vérificateur de la
Commission?
M. FORTIN: Pardon?
M. JOHNSON: Qui est le vérificateur de la Commission?
M. FORTIN: C'est le contrôleur de la Commission, mais après
ça c'est vérifié par l'auditeur de la province.
M. JOHNSON: Il n'y a pas de bureaux de vérification de
l'extérieur pour faire la vérification à la Commission des
accidents du travail?
M. FORTIN: Non. non.
M. JOHNSON: C'est l'auditeur de la province qui porte cette
responsabilité.
M. FORTIN: C'est ça.
M. JOHNSON: Alors le ministre nous dit qu'on n'a pas, en aucun temps,
depuis quatre ans, nommé un bureau de l'extérieur pour faire la
vérification.
M. FORTIN: Bien là, pas à la connaissance du
président.
M. JOHNSON: Le président est arrivé en 1961 lui n'est-ce
pas? Est-ce que le président était là en 1959, 1958?
M. FORTIN: Vers 1945 il y a eu des auditeurs en dehors du bureau de la
Commission des accidents du travail qui ont été engagés
pour auditer les livres de la Commission.
M. JOHNSON: Et le ministre prétend que depuis 1960,
d'après les informations qu'on lui donne, il n'y a...
M. FORTIN: Non, depuis 1960, il n'y a pas eu de...
M. JOHNSON: Il n'y a pas eu de vérification par un bureau de
l'extérieur, depuis 1960.
M. FORTIN: L'article 67, dit que les livres et les comptes de la
Commission sont vérifiés par l'auditeur de la province, ou par un
auditeur nommé à cette fin par le lieutenant gouverneur en
conseil...
M. JOHNSON: Bien oui mais...
M. FORTIN: ... et dans ce dernier cas, le salaire, ou la
rémunération de l'auditeur est payée par la Commission et
le... M. White me dit que depuis 1960, il n'y a pas eu d'auditeur nommé
par le lieutenant-gouverneur en conseil.
M. DOZOIS: C'est l'auditeur de laprovince.
M. FORTIN: C'est l'auditeur de la province qui a fait l'audition des
livres.
M. JOHNSON: Très bien.
M. BELLEMARE: C'est M. Morency qui est en charge de la
vérification.
M. FORTIN: M. Morency est en charge des vérificateurs de la
Commission, mais il n'est pas le...
M. BELLEMARE: Vérificateur de la Commission.
M. FORTIN: Non, non, des vérificateurs qui sont chez les
employeurs.
M. BELLEMARE: Oui.
M. LE PRESIDENT: Article 9 adopté. Article 10.
M. BELLEMARE: Article 9 n'est pas adopté M. le Président.
Non, parce que je trouve que cet article va beaucoup trop loin en donnant
à des fonctionnaires le droit et le privilège de transporter
d'une cédule à l'autre des corps aussi importants comme les
commissions scolaires, la construction, l'exploitation des ateliers de wagons
de chemin de fer, la construction et l'exploitation des lignes de
téléphone, des travaux qui tombent sous l'autorité du
parlement du Canada, la construction et l'exploitation des lignes du
télégraphe, des travaux pour les compagnies de
télégraphes, la construction et l'exploitation...
M. FORTIN: Le député...
M. BELLEMARE: ... des bateaux à vapeur.
M. FORTIN: Est-ce que le député de Champlain me
permettrait, est-ce qu'il a lu l'explication au bas...
M. BELLEMARE: Oui, oui, c'est parce que je l'ai lue, c'est pour
ça que je dis que c'est le lieutenant-gouverneur en conseil qui devrait
continuer, comme le dit l'article 77, et si on réfère à
l'article 81, on verra: « les règlements faits ou les
décisions prises par la Commission en vertu des sous paragraphes a), des
sous paragraphes b) du paragraphe 1, de l'article 77, doivent être
approuvés par le lieutenant gouverneur en conseil ». Alors je
precends que là, ce n'est pas la Commission qui devrait décider
de changer la cédule. La Commission pourrait le suggérer et le
lieutenant-gouverneur en conseil pourrait l'approuver, je pense que c'est trop
important, ces différentes organisations qui vont être
changées de cédule en vertu de la loi sans passer par
l'autorité du lieutenant-gouverneur en Conseil, parce que l'article 81
le spécifie bien.
Il est dit dans l'article 81, je viens de le lire: « ... peuvent
être approuvés par le lieutenant-gouverneur en conseil et entrent
en vigueur le 30 ième jour après leur publication dans la Gazette
officielle de Québec ». Je demande au ministre de ne pas laisser
ça entre les mains bien compétentes, et bien
expérimentées de la Commission, mais je pense qu'on devrait
conserver les privilèges de l'article 81, qui laisse au
lieutenant-gouverneur en conseil, d'approuver ces transferts d'une
cédule à l'autre.
M. FORTIN: L'an dernier, la Législature a amendé l'article
79 et elle a permis à la Commission de, « La Commission peut,
lorsqu'une industrie a été transportée de la cédule
2 à la cédule 1, mettre à la charge du fonds, etc
».
M. BELLEMARE: Oui, mais ça c'est 1963.
M. FORTIN: Il y avait des doutes sur la légalité, à
savoir si la Commission avait le droit de transporter une industrie de la
cédule 2 à la cédule 1, et d'autre part, l'article 77 c)
permet à la Commission d'ajouter à l'une quelconque des classes
de la cédule 1, toute industrie qui n'est pas mentionnée, sans
qu'elle soit obligée de faire approuver ça par le
lieutenant-gouverneur en conseil. Je me demande, lorsqu'il s'agit de faire
passer une industrie de la cédule 2 à la cédule 1, il
faudrait la permission du
lieutenant-gouverneur en conseil, qu'est-ce que ça change en
définitive?
M. BELLEMARE: Ah parce que là, oui, M. le Président. Il
est question de toute la cédule 2, et là il est question de
toutes les organisations, corporations municipales, scolaires, le gouvernement
du Canada, industries importantes comme les ateliers de wagons de chemin de fer
et tout ça, et je pense que le ministre devrait relire l'article 81, et
là où il est dit que « ces changements doivent être
approuvés par le lieutenant-gouverneur », bien que l'année
passée, à l'article 79 a), il a apporté une modification:
« La Commission peut, lorsqu'une industrie a été
transportée de la cédule 2 à la cédule 1, mettre
à la charge du fonds. » Là, c'est correct, c'était
pour mettre à la charge du fonds, les obligations de ces gens qui ont
été transférés, mais quand il est question de
transférer de la cédule 2 à la cédule 1, je pense
que là, le lieutenant-gouverneur en conseil devrait garder
l'autorité, parce que c'est d'une importance capitale, qu'il ajoute c)
c'est bien simple.
M. BERTRAND (Missisquoi): A l'article 81 des règlements, ajouter
le paragraphe c), paragraphe 2, sous paragraphe c).
M. BELLEMARE: C'est ça. « Les règlements faits ou
les décisions prises par la commission en vertu des sous-paragraphes a)
ou sous-paragraphes b) et c) et ça réglerait toute l'affaire. Et
puis vous n'avez pas d'objection, le lieutenant-gouverneur pourrait accorder,
après vérification le transfert de la cédule.
M. FORTIN: Pas d'objection. Je n'aurais pas d'objection, mais cependant
je ne voudrais pas que la suggestion du député de Champlain,
après les éloges qu'il a faits de la Commission tout à
l'heure, ne soit interprétée comme...
M. BELLEMARE: Oh non, je ne retire rien, parce que j'ai eu trop de fois,
à maintes circonstances eu affaire à la Commission, j'ai
été reçu, et mes électeurs peuvent rendre le
témoignage que la Commission les a traités toujours avec beaucoup
d'équité. Mais là, je ne parle pas de la Commission
personnellement, je dis qu'en vertu de la loi qui existe, pas de la Commission,
de la loi qui existe. A l'article 81, on dit que à a) et b), pourquoi ne
pas ajouter c)? Là, on a a) et b) qui doivent être
approuvés par le lieutenant-gouverneur en conseil, et quand il s'agit de
changer la cédule 2 pour la cédule 1, cédule la plus
importante de toute la Loi des accidents de travail, parce que c'est la
cédule des grandes corporations et des grandes compagnies, je pense que
le lieutenant-gouverneur en conseil devrait se garder le privilège de
voir à ça.
M. DOZOIS: Je pense, M. le Président, que la demande du
député de Champlain est parfaitement logique. Si on lit l'article
77, dans a) on peut changer dans la cédule des industries d'une classe
à l'autre, et alors il faut que ce règlement soit approuvé
par le lieutenant-gouverneur en conseil; b) établir d'autres classes
d'industries comprenant toute industrie faisant actuellement partie de la
cédule b) qui n'est pas comprise dans les classes de la cédule 1.
Il fallait que ce soit adopté par règlement soumis au
lieutenant-gouverneur en conseil et publié dans la Gazette officielle.
On n'avait pas soumis le paragraphe c), parce qu'en somme, on disait, «
ajouter » des choses qui n'existaient pas, mais là, on va plus
loin, on dit: « ou qui est mentionné à la cédule 2
».
M. BELLEMARE: Oui.
M. DOZOIS: Si on veut tout simplement changer une classe dans la
même cédule, il faut le faire approuver par le
lieutenant-gouverneur en conseil et là, on demanderait de changer d'une
cédule à l'autre sans l'approbation du règlement par le
lieutenant-gouverneur en conseil.
M. FORTIN: D'accord, mais maintenant, il faudrait ajouter, il faudrait
modifier l'article 81, il faudrait ajouter au bill un article.
M. BERTRAND (Missisquoi): Ajouter un autre article à votre bill,
pour amender l'article 81?
M. DOZOIS: On pourrait faire un 10, et puis numéroter les autres
articles.
M. BERTRAND (Missisquoi): C'est ça.
M. LE PRESIDENT: L'article 9 est adopté?
M. JOHNSON: Oui, 9 est adopté, mais là c'est 10. Article
81.
M. FORTIN: Alors, l'article 10, on va mettre un article 9.
M. LE PRESIDENT: L'article 81 est amendé de quelle
façon?
M. DOZOIS: En ajoutant...
M. BELLEMARE: L'article 81 sera amendé...
M. FORTIN: Il faudrait dire: « L'article 81 de ladite loi est
modifié.
M. JOHNSON: En vertu des sous-paragraphes a, b et c.
M. FORTIN: En ajoutant, après les mots...
M. BELLEMARE: Après le paragraphe b, celui de c.
M. LE PRESIDENT: Après le paragraphe b? M. BELLEMARE: Oui, c'est
ça.
M. BERTRAND (Missisquoi): Changez donc la terminologie:...
M. LE PRESIDENT: Changer le paragraphe b, en ajoutant après les
mots du sous-paragraphe b...
M. BERTRAND (Missisquoi): En vertu d'un sous-paragraphe a, b et c de
l'article 1.
M. FORTIN: Attendez une minute.
M. DOZOIS: Changez la phraséologie de l'article actuel. Mettez-le
au pluriel.
M. JOHNSON: M. le Président, on va vous dicter ça: «
L'article 81 est amendé, en remplaçant dans la deuxième
version seulement l'article 81.
M. FORTIN: Après les mots« ou du sous-paragraphe C »
ou après les mots du sous-paragraphe b.
UNE VOIX: En vertu des mots du sous paragraphe a, du sous-paragraphe b,
par les mots « des sous-paragraphes a, b et c.
M. FORTIN: Ou ajouter après les mots « ou du
sous-paragraphe b »
M. JOHNSON: Oui. Est-ce que le ministre admettrait la présente
rédaction?
M. FORTIN: Oui, j'avais pensé...
M. JOHNSON: L'article 81 est amendé en changeant dans la
deuxième ligne,...
M. BERTRAND (Missisquoi): En remplaçant.
M. JOHNSON: ... En remplaçant à la deuxième ligne,
les mots du sous-paragraphe a ou du sous-paragraphe b, par les mots « des
sous-paragraphes a, b et c du paragraphe, et on ...
M. FORTIN: Ce ne serait pas plus simple de dire le paragraphe, ah non,
il n'y a pas de paragraphe...
M. BERTRAND (Missisquoi): Mais non, mettez donc au pluriel.
M. DOZOIS: Paragraphes a, b, c.
M. BERTRAND (Missisquoi): Vous les avez tous les trois.
M. JOHNSON: Vous ne trouvez pas que c'est comparer des patates avec des
pois, toujours les personnes!
M. FORTIN: Ce serait plutôt des petits pois avec des gros
pois.
M. BELLEMARE: Des petits pois.
M. LE PRESIDENT: L'article 81 est amendé, à la
deuxième ligne, les mots du sous-paragraphe a et b par les mots «
du sous-paragraphe »
M. BERTRAND (Missisquoi): « des sous-paragraphes a, b, c.
M. DOZOIS: Prenez donc la même phraséologie que les autres,
les amendements. L'article 81 de la dite loi est modifié en
remplaçant...
M. FORTIN: à la deuxième ligne. M. DOZOIS: ... à la
deuxième ligne. M. JOHNSON: C'est correct. M. LE PRESIDENT: ... les
mots.
M. JOHNSON: Du sous-paragraphe a ou du sous-paragraphe b.
M. LE PRESIDENT: ... du sous-paragraphe a ou du sous-paragraphe b par
les mots « des sous-paragraphes a, b et c.
UNE VOIX: C'est ça. M. JOHNSON: Correct.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que ça marche?
M. JOHNSON: D'accord.
M. DOZOIS: Alors, 10 aller à 11.
M. FORTIN: L'article devient 11? Correct?
M. BELLEMARE: Très opportun.
M. FORTIN: Alors,
M. BELLEMARE: Une serait pas pénalisé...
M. FORTIN: C'est ça.
M. BELLEMARE: Alors 11, M. le Président, 11 qui devient 12,
là je voudrais dire au ministre qu'en vertu de la loi qui existe les
associations se sont formées, des associations qui ont reçu
présentement, comme le disait hier le ministre, des subventions pour un
montant de $567,000, ce qui comprend le Québec Pulp and Paper, Safety
Association Inc. qui comprend Quebec Public Utility Association, qui comprend
Quebec Metal Mines Accident Prevential Association,
comprendl'Associationdeprévention des accidents industriels de
Québec, comprend l'Association de sécurité des industriels
de sciage du Québec.
Ces cinq associations ont reçu $567,000, mais, M. le
Président, ces cinq associations sont formées depuis longtemps au
sein de l'organisation de la Commission des accidents du travail, et là
on dit qu'on va obliger les associations à former des comités
paritaires, des comités où l'ouvrier sera
représenté au sein de cette association-là, mais le
ministre se garde un privilege en disant: « Je n'approuverai pas les
règlements, » parce que l'article 110 dit: « La
Commission, les employeurs qui exploitent des industries comprises dans l'une
des classes mentionnées, peuvent former une association, »
c'est correct. « La commission peut, si elle est d'avis que l'association
ainsi formée représente suffisamment les employeurs »
et là on ajoute: « et les employés dans les
industries de cette classe, approuver ces règlements qui, après
leur approbation par le lieutenant-gouverneur en conseil deviennent obligatoire
pour tous les employeurs dans les industries comprises dans la dite classe,
» mais comment est-ce que le ministre peut brandir cette menace ou
bien vouloir mettre son texte de loi en exécution, quand il obligera les
associations des employeurs déjà formées qui ont vu le
règlement déjà approuvé, comment est-ce que le
ministre peut avoir, quel est le recours du ministre pour obliger ces
associations-là à accepter les ouvriers?
M. FORTIN: Ils n'auront pas de subventions.
M. BELLEMARE: Oh oui, ça je comprends ça, mais M. le
Président, ce n'est pas la loi ça. La loi dit: les
règlements.
M. FORTIN: Non, non.
M. BELLEMARE: Si les associations ne veulent pas se conformer, ils
n'aurontpas d'octrois, c'est pas marqué ça, ils n'auront pas la
sanction du lieutenant-gouverneur en conseil-qu'ils obtiennent l'approbation
d'un règlement.
M. FORTIN: Je vais vous répondre tout de suite.
M. FORTIN: Une minute.
M. BELLEMARE: Prenez quelques notes. Parce que je ne veux pas perdre le
fil de mon discours, j'ai assez de misère à en avoir un.
M. le Président je dis ceci, c'est bon que le gouvernement mette
dans sa législation le mot ouvrier, associe l'ouvrier aux employeurs
dans leur association, mais quelle est l'association qui va demain matin,
prendre une obligation formelle de se faire accompagner par exemple par un
représentant syndical pour visiter un atelier, quand on connaît
souvent dans quel esprit vivent certaines unions ouvrières
vis-à-vis du patronat.
Je vous garantis qu'il va y avoir là une guerre à tout
rompre. Comment voulez-vous que demain matin l'ouvrier soit invité, les
représentants syndicaux soient invités par un membre de
l'association à aller visiter une industrie, quand on sait d'avance,
dans certains cas particuliers que connaît le ministre, par exemple dans
Noranda, dans certaines mines, dans certaines autres industries où c'est
à cheveux tirés, comment est-ce que vous voulez que ces
compagnies-là, qui ont fondé ces associations-là, qui ont
payé de leurs deniers, qui les ont organisées, qui ont eu
certaines subventions, acceptent aujourd'hui des représentants
syndicaux? Je dis: c'est impossible. Sinon, il y a seulement un moyen, c'est
que le gouvernement doit dire « doit » au lieu de « peut
». C'est clair. Il doit leur mettre une obligation formelle. Il y a une
autre solution qui serait encore plus pratique, c'est que les grands mouvements
ouvriers, les grandes syndicales ouvrières devraient, dès
aujourd'hui, se former en associations préventives pour protéger
leurs
employés, leurs syndiqués, et à même leurs
revenus, organiser des associations de prévention des accidents, et
subventionnées comme le sont les associations patronales.
Là, il y aurait équation, là on s'entendrait,
là il y aurait une obligation pour les associations de patrons, les
employeurs, de partager les responsabilités, parce que c'est en vertu de
cet article-là que sont nommés les inspecteurs qui vont dans
toutes les manufactures et qui font tous les rapports de protection des
employés, et quand on sait que c'est l'employeur qui a organisé
ces associations-là, qui les fait vivre, qui les maintient, on sait
qu'en certaines circonstances, il y a des rapports qui ne sont pas complets
pour la protection de l'ouvrier, dans certains domaines.
Et Je dis au ministre qu'il y a deux solutions: ou la Commission doit
leur imposer une obligation formelle, pas seulement le privilège de
pouvoir former des associations mixtes paritaires, ou, une deuxième
chose, que les unions ouvrières, ces grandes syndicales-là
forment leur propre association de prévention, et que le gouvernement
leur accorde le même traitement qu'aux associations patronales
déjà organisées pour la prévention.
Et Je crois, M. le Président, en terminant que ce serait rendre
un très grand service à la Commission, on verrait que 135,000
accidents cette année, 135,000 dans leur rapport, qui ont
été rapportés, 135,000 réclamations, un chiffre,
comme disait le ministre, qui devient effarant, puisque le ministre les a
menacés...
M. FORTIN: Le député de Champlain va commettre la
même petite erreur qu'hier. Il s'en va sur une voie...
M. BELLEMARE: Non, non, le ministre ne veut pas que je le cite, il me
l'a dit en privé, il m'a dit: je ne veux pas que vous me citiez. Alors,
J'aime ça citer le ministre. Le ministre a dit ceci; « L'Etat
pourrait bien intervenir d'une façon plus marquée pour assurer la
prévention des accidents industriels si les ouvriers et les patrons ne
se mettent pas à la tâche avec toute leur énergie » a
déclaré l'honorable ministre du Travail, Carrier Fortin. «
S'ils ne le font pas, dit-il, le gouvernement pourrait bien prendre des mesures
draconiennes et nécessaires pour obtenir la coopération
indispensable à la lutte aux accidents du travail. »
Bon, ça admis, je suis de l'avis du ministre.
Il n'aurait pas besoin de prendre ces mesures énergiques s'il
peut faire coopérer les syndicales ouvrières.
M. FORTIN: C'est le but ça.
M. BELLEMARE: S'il peut leur accorder, dire aux syndicales
ouvrières, si vous voulez former des associations, nous allons vous
octroyer des montants généreux pour que vous puissiez, au
même titre que les associations patronales des employeurs, faire la
vérification, faire les inspections qui s'imposent dans les Industries,
avec les mêmes privilèges pour la protection et la
prévention des accidents, vous aurez réglé votre cas.
M. FORTIN: M. le Président, si nous examinons le texte de la loi,
nous constatons que la Commission, pour commencer peut, si elle est d'avis que
l'association ainsi formée représente suffisamment les employeurs
et les ouvriers, accepter les règlements. Ce qui veut donc dire que la
Commission n'acceptera les règlements d'une association de
prévention, que s'il y a dans cette association des employeurs et des
ouvriers.
Au paragraphe 4 du même article, il est dit ceci: « La
Commission peut, dans tous les cas et à sa discrétion, contribuer
aux dépenses de cette association. » Cette association c'est
l'association qui aura des employeurs et des ouvriers. Et alors à
l'avenir la Commission donnera des subventions...
M. BELLEMARE: Oui, mais l'article 5, le dit aussi tout de suite
après que si vous donnez des octrois, vous serez obligés de les
charger à la classe affectée. Certainement. Puis là, vous
« poignez » l'ouvrier, mais vous ne « poi-gnez » pas
l'employeur.
M. FORTIN: Si le député de Champlain veut me laisser
finir, je réponds à son objection. Je dis qu'avec la combinaison
des paragraphes 2 et 4, la Commission à l'avenir ne pourra donner de
subventions qu'aux associations qui sont formées de patrons et
d'ouvriers. En second lieu nous voulons la collaboration
patronale-ouvrière. La collaboration patronale-ouvrière ne
s'impose pas, elle se suggère. Or, si dans un texte de loi nous mettions
« La Commission doit, si elle est d'avis que l'association ainsi
formée, approuver... »
Ou encore si la Commission, pour accepter la suggestion du
député de Champlain, mettait dans la loi une obligation qu'il y
ait des employeurs et des employés, eh bien! je dis qu'on ne peut pas
forcer la collaboration patronale-ouvrière.
M. BELLEMARE: Vous le mettez dans certains articles quand
même.
M. FORTIN: En second lieu, si nous disons aux ouvriers: «
Organisez votre association de prévention, et à
côté, aux employeurs, organisez vous votre propre association de
prévention »: Eh bien! c'est absolument contraire au principe de
la collaboration patronale-ouvrière. Et la Commission va être en
face de deux sociétés de prévention. Et comment les
ouvriers, avec leur association, vont-ils pouvoir pénétrer dans
une usine et imposer à l'employeur des conseils de prévention?
Est-ce que la solution la plus juste n'est pas de suggérer aux
employeurs et aux employés enfin, de s'unir dans une seule association
et de travailler ensemble à la prévention des accidents de
travail. Et alors la Commission dit qu'elle accordera des subventions à
de telles associations.
C'est une première étape, nous allons l'essayer, nous
allons faire l'expérience, et nous allons voir si patrons et ouvriers
veulent bien s'entendre pour diminuer les accidents de travail dans la province
de Québec, et c'est une suggestion que nous faisons. Et si on
s'aperçoit qu'après quelques années ça ne marche
pas, eh bien! l'Etat verra ce qu'il pourra faire pour intervenir davantage.
M. BELLEMARE: M. le Président, le ministre dit que c'est une
chose qu'il vient de découvrir. Je ne pense pas que c'est neuf.
M. FORTIN: Quoi?
M. BELLEMARE: C'est une suggestion qui avait été laite
d'ajouter à l'article 113 le mot « ouvrier » cela avait
été fait en 1961 dans le mémoire soumis par les membres,
ils avaient dit à ce moment-là...
M. FORTIN: Et à la suite d'un discours de mon
prédécesseur l'honorable René Hamel.
M. BELLEMARE: Ah! oui, et puis il avait dit à ce
moment-là, lui, le ministre avait dit en 1960: « La
sécurité au travail, bien comprise signifie tout d'abord une
tranquilité d'esprit, une disposition psychique nécessaire au bon
rendement, au travail satisfaisant. On ne saurait trop parvenir à cet
état d'esprit chez l'ouvrier s'il n'est pas conscient, et ne participe
pas activement, personnellement aux efforts de la prévention » et
quand il dit...
M. FORTIN: C'est ça!
M. BELLEMARE: ... « personnellement » ça c'est lui,
l'ouvrier, pris individuellement pas collectivement. Et bien plus, il y avait
à ce moment-là aussi, dans le bulletin mensuel de la Banque
Royale du Canada une déclaration que je ne cite pas, je ne veux pas
m'éloigner de mon sujet.
M. le Président, le ministre dit: « les associations, si on
réunit les employeurs et qu'on réunit les ouvriers, il va y avoir
l'article qui nous permet d'accepter les règlements » mais ils
sont tous acceptés ces règlements-là.
M. FORTIN: Oui, mais à l'avenir les subventions sont annuelles.
L'an prochain on n'accordera plus de subventions si les règlements ne
sont pas amendés.
M. BELLEMARE: Oui, mais, M. le Président, est-ce que le ministre,
s'il y avait des associations de prévention formées au sein des
grandes syndicales ouvrières, est-ce que le ministre leur accorderait
les mêmes octrois?
M. FORTIN: Non, parce que la loi ne le prévoit pas.
M. BELLEMARE: Ah bon! le ministre en sort facilement, il dit: « La
loi ne le prévoit pas ». Mais la loi pourrait le prévoir
aussi bien qu'elle le prévoit pour les employeurs.
M. FORTIN: On verra ça si ça ne marche pas.
M. BELLEMARE: Bien j'ai des petites nouvelles pour le ministre,
ça ne marchera pas. Parce que, quand il va s'agir de choisir parmi les
ouvriers des employés qui sont dans un mouvement ouvrier pour les
adjoindre à une association, le ministre n'en verra pas bien, bien dans
les associations préventives de ces cas-là.
M. FORTIN: Je pensais que le député de Champlain avait
plus confiance que cela à la collaboration des ouvriers.
M. BELLEMARE: Ah! oui. D'ailleurs j'en suis un syndiqué, moi, et
puis on leur accorde bonne foi.
M. FORTIN: Il dit d'avance qu'ils ne s'entendront pas.
M. BELLEMARE:. Comment? Ah! non, mais ce sont eux-autres qui ne nous
demanderont pas, ce sont les employeurs, les présidents d'association
qui ont déjà un petit monopole d'établi qui ne nous
inviteront pas. Ah! oui, il
faut le connaître le petit monopole de la prévention, et
puis on sait qui est-ce que c'est qui le contrôle dans la province de
Québec.
M. FORTIN: Moins $500,000 par année, le monopole va être
difficile.
M. BELLEMARE: Aht oui, mais le ministre est au courant, comme les
membres de la Commission des protecteurs du petit monopole de la
prévention. J'ai des petites nouvelles bien fraîches moi pour
ça. Je connais ça les petits caucus, les petits rendez-vous ici
au Château.
M. BRESSON: Le père à Roland!
M. BELLEMARE: Ah! ça on n'en parlera, ce n'est pas dans le sujet.
Mais je dis qu'il y a un petit monopole dans la prévention qui va
être très difficile à franchir pour nous autres les
ouvriers, et je dis qu'avec l'amendement qu'il apporte, d'ajouter simplement:
« ... et les ouvriers » à l'article 110, au paragraphe 2,
troisième ligne, ce ne sera pas assez fort pour permettre, ce que disait
son collègue, au point de vue psychique, au point de vue d'esprit
meilleur pour la prévention, ça ne pourra pas
l'améliorer.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article...
M. DOZOIS: M. le Président, je comprends que le but de cet
amendement est d'avoir des associations où les ouvriers seront
représentés, et je crois que l'on devrait toucher au premier
paragraphe de l'article 10, je ne pense pas qu'on atteigne le but en ajoutant
juste « ouvriers » dans la deuxième ligne ou la
troisième ligne du paragraphe. Parce que quand on lit le premier
paragraphe on dit: « Les employeurs qui exploitent les industries
comprises dans l'une des classes quelconques de la cédule 1, peuvent se
former en une association » ce sont les employeurs. Je pense qu'il
faudrait modifier le premier paragraphe, supprimer le « se » et
puis le « en » de façon à ce que ça se lise:
« les employeurs peuvent former une association » et puis là
le deuxième paragraphe dira: « La Commission peut, si elle est
d'avis que l'association ainsi formée représente suffisamment les
employeurs et les ouvriers » parce que là dans le premier
paragraphe, si on le laisse tel qu'il est, on dit: « Les employeurs
peuvent se former », « se » ce sont les employeurs.
M. BERTRAND (Missisquoi): On éloigne immédiatement les
ouvriers.
M. DOZOIS: On éloigne immédiatement les ouvriers puisqu'on
dit: « Les employeurs peuvent se former en une association ».
M. FORTIN: C'est qu'actuellement ce sont les employeurs qui paient seuls
les cotisations à la Commission des accidents du travail. Nous ne
voulons pas empêcher les employeurs, qui le veulent, de se former des
associations de prévention sans ouvriers. Ils vont conserver ce
privilège-là. Mais nous disons ceci:...
M. BELLEMARE: Bon!
M. FORTIN: ... s'ils veulent avoir une subvention de la Commission, il
devra y avoir des représentants ouvriers dans cette
association-là.
M. BELLEMARE: Combien? Un, deux, trois?
M. FORTIN: C'est la Commission qui jugera si c'est
représentatif.
M. BERTRAND (Missisquoi): L'explication du ministre nous
éclaire.
M. LE PRESIDENT: Adopté! Article 12, supposé 13.
M. BELLEMARE: C'est une erreur.
M. FORTIN: Oui, l'article 12, je crois que c'est facilement
compréhensible. Voici un individu qui avait eu un accident avant le 1er
août 1963 et il meurt après le 1er août 1963, on ne pouvait
pas lui payer...
M. BELLEMARE: C'est une erreur de l'année passée,
ça. Le gouvernement a fait une erreur et puis il l'admet. Il la corrige
cette année.
M. FORTIN: Et ici le gouvernement se garantit.
M. BELLEMARE: On lui avait dit au ministre, l'année
passée.
M. BEDARD (Président du comité plénier): Article 14
adopté.
M. le Président, j'ai l'honneur de faire rapport que le
comité a adopté, avec des amendements, le bill No 44.
M. HYDE (président): M. Fortin propose que les amendements soient
maintenant lus et agréés. Cette motion sera-t-elle
adoptée? Adoptée. Troisième lecture adoptée?
M. JOHNSON: Adoptée, à moins que le ministre ait des
objections.
M. BELLEMARE: Il pourrait regarder son tableau.
M. FORTIN: Non, ce n'est pas ça, mais c'est parce que les
amendements que vous avez suggérés, on doit les soumettre tous
aux conseillers juridiques du gouvernement pour voir...
M. BERTRAND (Missisquoi): Vous les ferez imprimer.
M. JOHNSON: Très bien.
M. BELLEMARE: Lorsqu'ils reviendront du conseil, on va les voir.
M. JOHNSON: A la prochaine séance.
M. LE PRESIDENT: Troisième lecture à la prochaine
séance.
M. BELLEMARE: Vous ne direz pas qu'on ne veut pas des fois. C'est vous
autres qui ne voulez pas.
M. BERTRAND (Missisquoi): Onvaplusvite que vous.
M. LE PRESIDENT: Je pourais régler la question que m'avait
posée le chef de l'Opposition cet après-midi. Sur la question de
soulever une question de privilège concernant quelque chose qui s'est
produit devant un comité de la Chambre. Et je crois que la
réponse se trouve plus Clairement à l'article 285,
sous-paragraphe 12, et je réfère à la note 3 du
sous-paragraphe 12 qui défend à un député de se
référer aux opérations ou aux délibérations
d'un comité avant qu'elles soient rapportées à la
Chambre.
Alors la note 3 se lit: « Il est irrégulier de discuter,
dans la Chambre, la conduite ou les paroles des membres d'un comité,
sauf en tant qu'elles sont montionnées dans le rapport de ce
comité. » Et en même temps je référerais aux
articles 425 et 426...
M. BERTRAND (Missisquoi): N'en donnez pas plus qu'on en demande!
M. GABIAS: On va attendre le rapport.
M. LE PRESIDENT: ... du règlement qui traitent des questions de
règlement qui viennent devant un comité. Mais il est
évident que c'est le comité qui règle ces
problèmes, à moins qu'il y ait quelque chose qui est
référé à la Chambre dans le rapport du
comité.
M. GABIAS: On va attendre le rapport. Le rapport va nous tracer la
voie.
M. GERIN-LAJOIE: No 36.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs. La Chambre se forme de nouveau en
comité plénier pour étudier les résolutions
relatives au bill No 43; « Loi du financement des investissements
universitaires 1964 ».
M. BEDARD (président du comité plénier): Alors bill
No 43, article 4, la sanction.
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, nous en étions, n'est-ce
pas, à la résolution No...
M. JOHNSON: Attendez un peu.
M. GERIN-LAJOIE: Je n'ai pas les résolutions devant moi. C'est
l'article 3 du bill? Avez-vous une résolution pour moi, M. le
Greffier?
M. JOHNSON: Mais on est en comité sur les résolutions, M.
le Président.
M. LE PRESIDENT : Non, on a adopté...
M. JOHNSON: C'est l'item 36 qui a été appelé.
M. GERIN-LAJOIE: On est en comité sur les résolutions
actuellement.
M. JOHNSON: C'est l'item 36, M. le Président, qui se lit; «
De nouveau en comité, résolutions relatives au bill 43.
»
M. LE PRESIDENT: Alors la troisième n'était pas finie?
M. JOHNSON: C'est ça, la troisième n'était pas
finie.
M. LE PRESIDENT: Alors, résolution No 3.
M. JOHNSON: Il s'agissait évidemment de la distribution. J'avais
commencé à dire à cette Chambre que, dans certains
milieux, on avait fait une critique de la distribution...
Le ministre nous a distribué, nous a fait parvenir des tableaux
pour lesquels je le remercie.
Je crois, M. le Président, qu'il est d'intérêt
public que je fasse part à cette Chambre d'une critique de M. Michel
Brunet dans une plaquette intitulée: « Le financement de
l'enseignement universitaire au Québec » et que le ministre ait
l'occasion de rétablir s'il y a lieu, la situation, ou tout au moins de
donner des explications qui justifieraient la présente loi et son annexe
qui étale la distribution entre les diverses institutions.
Je ne lirai pas toute cette plaquette à la Chambre. J'y
réfère en donnant l'origine. Cela nous provient de : « Les
publications de l'académie canadienne-française »,
Montréal, 1963.
En résumé, voici ce que dit M. Brunet. Il existe dans le
Québec deux systèmes d'enseignement universitaire
inégalement développés. D'après M. Brunet, la
minorité anglo-québecoise a avec l'université McGill,
particulièrement, une institution qui possède une tradition
universitaire, dispose de riches bibliothèques et musées et a
toujours eu des laboratoires bien équipés s'appuyant sur un corps
professoral bien constitué. Tandis que du côté
canadien-français, d'après M. Brunet, nos universités ont
toujours végété.
M. Brunet prétend, dans l'autre chapitre que cette
inégalité entre les deux systèmes parallèles a
été maintenue par l'Intervention étatique et je cite une
phrase qui me semble caractériser le chapitre: « Suprême
injustice pour la collectivité canadienne-française: intervention
étatique à perpétuer cette inégalité
».
L'auteur procède ensuite à examiner ce qu'il appelle le
sous-développement de nos institutions à l'heure de L'Etat
Providence. Vous me permettrez, ici,de lire trois phrases qui résument
bien le chapitre. « Le Canada, dit M. Brunet, et la province de
Québec sont entrés dans l'ère de l'Etat Providence
». Plus loin, M. Brunet affirme que la Législation de l'Etat
Providence telle qu'elle a été conçue et appliquée
jusqu'ici n'a pas corrigé l'état de sous-développement
dont est victime la collectivité canadienne-française du
Québec. Cette législation a été établie
comme si elle s'adressait à une société homogène
ayant atteint collectivement le même niveau de développement. On
comprend que l'Etat fédéral ait procédé ainsi
continue M. Brunet, il n'avait pas le choix. Mais, l'Etat du Québec
s'acquitte-t-il vraiment de ses responsabilités lorsqu'il agit de la
même façon? Un peu plus loin, M. Brunet pose la question dans
toute sa brutalité et je cite: « Pourquoi les infirmières,
les instituteurs et les professeurs canadiens-français auraient-ils des
conditions de travail inférieures à celles de leurs
confrères anglo-québécois?
Dans un autre chapitre, M. Brunet procède à
démontrer comment McGill a su profiter de la manne de l'Etat Providence
et enfin, dans un avant dernier chapitre, M. Brunet parle des
universités du Canada français et le fardeau du
sous-développement pour en arriver dans le chapitre suivant à
parler du partage injuste à son point de vue des subventions de L'Etat.
Et je tire ici, de la page 21 de ce travail de M. Brunet la phrase suivante qui
me semble faire le point. « Faut-il s'étonner, dit M. Brunet, que
les étudiants de l'université de Montréal supportent une
part plus grande du coût de leur instruction que celle qui est
imposée aux étudiants de McGill? Les droits d'inscription de
ceux-ci ceux de McGill qui constituaient il y a 17 ans, avant
l'intervention de l'Etat Providence 45% des recettes, n'en représentent
plus que 17.5%, en 1961-1962. A l'université deMontréal, pour
l'année académique 1961-1962, les étudiants des
facultés et écoles de l'immeuble du Mont-Royal fournissaient
25.93% des revenus, ceux de l'école polytechnique, 25.35%, ceux des
hautes études commerciales 28%. Et n'oublions pas, continue M. Brunet,
qu'ils fréquentent des institutions dont l'équipement est
inférieur à celui de McGill ».
Et, M. Brunet semble vouloir faire appliquer dans ce domaine la
théorie du pouvoir supplétif de L'Etat.
Dieu sait si un gouvernement que j'ai connu a été
critiqué parce qu'il voulait appliquer le pouvoir supplétif. Ses
adversaires, je ne dis pas nécessairement M. Brunet, je ne sais pas
quelle était son attitude dans le temps, prétendaient qu'il n'y
avait qu'une manière, une seule manière d'être juste en
législation: c'était d'établir d'abord des octrois
statutaires, deuxièmement, des octrois basés à tant par
tête. On prenait une somme, on la divisait par le total des gens qui
devaient en bénéficier selon la règle suprême de
justice sociale telle que prônée dans ce temps-là par nos
adversaires c'était à chacun un titre égal et un montant
égal.
Alors que le gouvernement du temps tentait d'appliquer dans divers
domaines, le pouvoir supplétif de l'Etat, c'est-à-dire l'Etat
venant en aide davantage à ceux qui en ont davantage besoin et,
évidemment, aidant dans des proportions moins considérables, les
institutions et les individus qui avaient moins besoin d'aide. Je ne sais pas
quelle est la théorie qui anime actuellement la législation du
gouvernement, mais je crois qu'il est très opportun que le ministre
fasse connaître à la province non seulement sa philosophie
sociale, mais aussi qu'il fasse connaître la vérité
complète sur ces octrois et qu'il explique en somme, comment on pourra
ratrap-
per le temps perdu, si temps perdu il y a eu, dans nos
universités de langue française.
Comment en viendra-t-on à suppléer à la carence de
développement, relative ou relatif selon que l'on voudra, quand on
compare nos institutions à d'autres institutions et enfin, je crois que
tout le monde serait intéressé à savoir s'il est bien
exact qu'il se trouve un nombre considérable d'étudiants, non
résidents de la province qui partagent en somme, qui ont accès
à des octrois qui viennent du gouvernement provincial.
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, je n'ai, évidemment, pas
l'intention à ce moment-ci de reprendre l'exposé de toute la
politique du gouvernement en matière d'éducation et plus
spécifiquement en matière de développement de
l'enseignement universitaire. Cela a été fait au cours des
années passées, particulièrement au cours de la session du
printemps 1961 alors qu'il y a eu toutes les lois de la Grande Charte de
l'éducation et en particulier la première loi du financement des
investissements universitaires. Cet exposé a été repris de
façon plus ou moins élaborée au cours des sessions de
l'hiver et du printemps 1962 et 1963. Cette année, nous avons une loi
devant nous, un projet de loi identique à ceux qui ont été
soumis par les années passées.
Je me contenterai de rappeler très sommairement, ce qui est
à la base du projet de loi de cette année, c'est que lorsque le
gouvernement actuel a assumé la responsabilité de
l'administration de la province, il était bien conscient de la
nécessité de donner un essor considérable et rapide non
seulement à l'éducation dans son sens le plus
général et à tous les niveaux, mais
particulièrement au niveau universitaire. Au moment où nous avons
assumé les responsabilités du gouvernement, il n'y avait aucun
plan d'ensemble pour le développement de l'enseignement universitaire au
Québec. Aucun plan qu'il fut préparé par les
universités elles-mêmes ou par le gouvernement ou par les deux
conjointement. Devant l'urgence de la situation, le ministère de la
Jeunesse d'alors a élaboré une ébauche de programme de
cinq ans au cours desquels une somme de $175,000,000 serait affectée
à un programme de développement de l'équipement des
institutions d'enseignement universitaire, y compris donc, les
universités proprement dites et les institutions qui leur sont
affiliées.
Un programme d'ensemble de $175,000,000 réparti sur cinq ans au
cours desquels une somme d'environ $35,000,000 serait affectée chaque
année au développement de l'équipement universitaire, je
dis environ $35,000,000, pouvant aller jusqu'à un maximum de
$40,000,000. En ce qui concerne les universités, le programme
détaillé devait être présenté chaque
année à cette Chambre, et à la législature pour son
approbation. En ce qui concerne les institutions affiliées, les
collèges et écoles normales, le programme devait
s'élaborer au cours de l'année, et le ministère de la
Jeunesse à l'époque, aujourd'hui le ministère de
l'Education, recevait en vertu de la loi, le mandat d'élaborer au fur et
à mesure, le programme de développement de l'équipement
dans ce domaine, et d'accorder les subventions pouvant aller jusqu'à un
grand total maximum de $20,000,000 par année.
Cela a été fait, avec le résultat, M. le
Président, qu'à l'heure actuelle, alors qu'il y a trois
années d'écoulées à ce programme, que nous
demandons l'approbation requise pour la quatrième année, il y a
eu d'accordé en subventions, tel que cela apparaît au tableau de
l'appendice b) aux débats de l'Assemblée législative du 9
juillet 1964, une somme totale de $200,000,000 en chiffres ronds, dont
$146,000,000 ont été affectés aux institutions de langue
française et $54,000,000 aux institutions de langue anglaise. Le tableau
de l'appendice b) fournit les détails à ce suj et, la
répartition entre les universités Laval, Montréal,
Sherbrooke, en ce qui concerne les institutions de langue française et
leurs institutions affiliées respectivement. D'autre part, on a le
détail en ce qui concerne les universités de langue anglaise
McGill, Bishop et Sir George Williams.
En ce qui concerne les universités proprement dites, on
constatera à l'annexe a) du bill 43 qui est actuellement à
l'étude, qu'une somme de $143,000,000 a actuellement été
attribuée au total à toutes les universités, exclusion
faite des institutions affiliées, sauf l'Ecole des Hautes Etudes
commerciales, qui est incluse dans ce chiffre. Cette somme de $143,000,000
comprend $16,000,000 d'emprunts faits par les universités auprès
de la Société centrale d'hypothèque et de logement, non
seulement garantis par la province, mais remboursables, capital et
intérêt, par la province, et $126,000,000 accordés en
subventions, payables comptant aux universités au fur et à mesure
que les dépenses sont effectivement encourues.
Cette somme de $126,000,000 ne comprend pas le total, bien sûr, du
programme de subventions d'investissements aux universités. Cela
comprend seulement le total des sommes qui ont été
accordées à ce jour, et je crois qu'il importe de bien expliquer
ce tableau de l'annexe a) tel qu'il apparaît à la page 3 du bill.
On constate qu'en 1961-62, les sommes pour
un total de $17,580,000, emprunts auprès de la
Société centrale d'hypothèque et de logement compris, ont
été accordées en 1962-63: $17,000,000, en 1963-1964:
$22,650,000 et les sommes pour lesquelles nous requérons actuellement
l'approbation de l'Assemblée en 1964-65; $24,000,000.
Il y a une colonne suivante intitulée « 1965-1966 et
années subséquentes, $45,770,000 ».
Quoique l'entête de la colonne soit, comme je viens de le dire,
1965-1966 et années subséquentes, cela ne signifie pas que nous
avons, dans cette colonne, le total des sommes qui seront versées pour
les années futures, mais il s'agit uniquement des sommes que le
gouvernement sera, par le bill 43, tenu de verser pour des travaux actuellement
commencés ou qui seront commencés au cours de l'exercice
1964-1965. Mais le programme d'investissements sera revisé au cours de
l'hiver prochain, comme cela a été fait au cours de chaque hiver
depuis l'hiver 1961, de sorte que, l'an prochain, des sommes
supplémentaires viendront s'ajouter, qui apparaîtront alors dans
une colonne, 1966-1967 et années subséquentes.
J'insiste sur le fait que, non seulement, environ 75% des sommes qui ont
actuellement été accordées aux universités et aux
institutions affiliées l'ont été aux institutions de
langue française, mais j'ajoute que le ministère de l'Education,
en ce qui concerne les institutions affiliées, et le gouvernement, en
général, en ce qui concerne les universités
elles-mêmes, a accordé toutes les demandes qui ont
été formulées par les universités. C'est donc dire
qu'aucun projet soumis par une université de langue française n'a
été mis de côté par le gouvernement pour la raison
que les fonds mis à la disposition par la Législature auraient pu
être insuffisants.
Chaque année, les universités ont soumis en détail,
par écrit, leur programme d'investissements, pour l'année
suivante, au gouvernement. Ces programmes ont d'abord été
étudiés parles fonctionnaires du ministère de la Jeunesse,
dans le temps, avec l'aide d'un représentant de l'auditeur de la
province, plus spécialement, l'assistant-auditeur de la province, M.
Gariépy. Les chiffres d'abord fournis par les universités ont
été étudiés en détail par les fonctionnaires
du gouvernement, en compagnie des représentants des universités,
pour bien s'assurer qu'il s'agissait, d'abord, de chiffres fournis suivant les
modalités de présentation, exigibles pour les fins d'une loi de
la Législature, et, deuxièmement, qu'il s'agissait bien de
dépenses qui pourraient être effectivement encourues.
Or, il est arrivé que les chiffres auxquels nous en sommes
arrivés à ce moment-là, après l'étude par
les fonctionnaires du ministère de la Jeunesse dans le temps et de
l'auditeur de la province.
M. GERIN-LAJOIE: Ces chiffres furent soumis à une séance
présidée par le premier ministre et ministre des Finances,
séance à laquelle assistaient le ministre de la Jeunesse et les
représentants de toutes les universités de la province,
étaient de très peu supérieurs au maximum prévu par
la Loi du financement des investissements universitaires, c'est-à-dire
environ $20,000,000 par année. Les chiffres arrivèrent alors
à des $22,000,000, $23,000,000, $24,000,000 ou $25,000,000.
Au cours des séances qui se sont tenues sous la présidence
du premier ministre, on a assisté, en somme, à une analyse des
chiffres présentés par chaque université pour qu'on soit
bien sûr qu'il s'agissait de chiffres pour des travaux qui pourraient
être réellement exécutés au cours de l'année
et qu'il ne s'agissait pas simplement de vagues espoirs formulés par les
universités.
M. JOHNSON: En présence des unes et des autres?
M. GERIN-LAJOIE: En présence des unes et des autres.
Séances présidées parle premier ministre, auxquelles
assistaient les représentants de toutes les universités. Au cours
de ces séances-là, les chiffres originaires de $22,000,000,
$24,000,000, $25,000,000 ont été réduits à environ
$20,000,000 pour les sommes à verser comptant par la province,
indépendamment, j'y insiste, indépendamment des emprunts à
faire auprès de la Société centrale d'hypothèque et
de logement dont le remboursement devait être assumé par la
province. Car il faut bien noter que le programme total de $175,000,000 pour
cinq ans comprend les sommes qui devaient être payées comptant au
cours de ces cinq ans et qu'à cela il faut ajouter les sommes
assumées par la province comme remboursement à faire
auprès de la Société centrale d'hypothèque et de
logement, emprunts totaux qui s'élèvent actuellement à
près de $17,000,000 pour les universités elles-mêmes et
à une somme à peu près équivalente,
d'au-delà de $17,000,000, pour les institutions affiliées.
C'est donc dire, M. le Président, que les universités de
langue française en particulier, puisque le chef de l'Opposition y a
particulièrement référé, se sont vu accorder les
sommes nécessaires à la réalisation de tous les projets
d'expansion matérielle qu'elles ont été capables
de réaliser au cours des années qui se sont
écoulées depuis 1961, et que si les universités de langue
française n'ont pas connu toute l'expansion matérielle que
certains d'entre nous ou que certains résidents de la province de
Québec, universitaires ou autres, peuvent avoir désirée,
ce n'est en aucune façon imputable au gouvernement puisque les
universités, je le répète, ont eu à leur
disposition, toutes, je dis bien, littéralement, toutes les sommes
qu'elles ont pu demander pour les projets qu'elles se sont
démontrées capables de réaliser jusqu'ici depuis avril
1961.
Je signalerai que par le jeu des circonstances, au cours de 1961-1962,
1962-1963 et 1963-1964 l'université Laval a connu, sans délai,
une expansion matérielle très rapide. C'est que
l'université Laval avait des plans tout prêts à
réalisation qui ont pu être exécutés ou dont
l'exécution a pu être commencée dès l'adoption de la
première loi du financement des investissements universitaires en
1961.
On constate ensuite que dès 1962-1963 et surtout 1963-1964 c'est
l'université McGill qui a été prête à
réaliser un programme très vaste d'expansion matérielle et
dès ces années-là des sommes d'abord de $2,500,000 et puis
de $6,600,000 puis de $6,800,000 ont été mises à sa
disposition pour réaliser des programmes d'expansion.
Quant à Sir George-William University chaque année, depuis
1961-1962 c'est en chiffres ronds, une somme de $1,000,000 par année qui
lui a été accordée, qui est effectivement
dépensée alors que maintenant les prévisions pour
lesquelles nous demandons l'approbation de la Législature sont de
$4,000,000 en 1964-1965 et de $9,500,000 pour les années à
venir.Et finalement c'est l'université de Montréal qui est la
dernière à profiter de ce programme d'expansion matérielle
pour la très simple raison qui a déjà été
donnée en public par les autorités de l'université tout
autant que par le premier ministre et par moi-même, pour la toute simple
raison que quand la première loi a été adoptée en
1961, l'université de Montréal n'avait pas de programme
d'expansion tout prêt
Ce programme est non seulement prêt à l'heure actuelle mais
il est maintenant en voie d'exécution de sorte que tous ceux qui passent
à proximité de l'université de Montréal depuis
quelques semaines peuvent constater qu'il y a, sur les flancs du Mont-Royal du
côté nord, un véritable chantier en pleine activité
comme une véritable fourmilière et je pense que nous devons tous
nous réjouir de constater que l'université de Montréal est
maintenant prête à profiter du programme d'expansion quinquennal
éla- boré par le gouvernement en 1961 et étendu par ce
projet de loi actuellement à l'étude pour une période de
deux ans.
C'est donc dire que le gouvernement a fait tout son possible pour
favoriser l'expansion la plus complète et la plus rapide possible de
toutes les universités de la province, sans distinction de la langue ou
de la culture qui en est la base principale.
Je crois que tous les membres de cette Chambre admettront que la
province de Québec doit se réjouir d'être le foyer d'un
développement culturel qui dépasse celui d'une seule culture ou
d'une seule langue.
Bien sûr, la majorité des citoyens de notre province est
particulièrement attachée au développement de la culture
et de la langue française. Bien sûr, nous voulons faire tout notre
possible pour favoriser spécialement le développement de la
culture et de la langue française qui ne sont pas en mesure d'attendre
d'aide substantielle d'autre gouvernement que celui du Québec ou,
à tout le moins, qui sont en droit d'attendre du gouvernement du
Québec d'abord les moyens principaux de leur essor en terre
québécoise.
Mais, M. le Président, cela n'exclut pas, je crois, le
développement des institutions qui se sont donné pour mission de
développer une autre culture que la culture française. Et je
crois que la province de Québec apparaît, non seulement à
l'Amérique du Nord mais au monde entier, comme un exemple de la vie
côte à côte de deux cultures et de peuples partageant deux
langues, sans que cela doive nuire au développement de la langue et de
la culture de la majorité des résidents de chez nous.
Et de toute façon, puisque le chef de l'Opposition a choisi de
soulever particulièrement le cas des universités de langue
française et des institutions qui leur sont affiliées, je profite
de l'occasion qu'il m'offre pour assurer cette Chambre et toute la population
du Québec que le gouvernement du Québec, bien conscient de ses
responsabilités, fait tout son possible pour favoriser l'expansion de
ses institutions et que le gouvernement est bien conscient que ceux qui ont la
responsabilité du développement de ces institutions, la
responsabilité administrative et la responsabilité
académique, sauront profiter de la politique d'expansion du gouvernement
actuel pour assurer, en collaboration avec le gouvernement et avec tous les
éducateurs du Québec, le développement de la culture et de
la langue française et des institutions de l'enseignement qui sont
chargés de les propager selon les désirs qui sont les
nôtres.
M. LE PRESIDENT: La résolution numéro 3 est-elle
adoptée?
UNE VOIX: Adoptée.
M. GERIN-LAJOIE: Adoptée.
M. LE PRESIDENT: Adoptée.
M. GABIAS: Est-ce que le ministre a lu l'édltorlal de « Le
Nouvelliste » sur l'université?
M. GERIN-LAJOIE: Oui, M. le Président.
M. GABIAS: Le ministre a dû comprendre que l'éditorialiste
n'était pas satisfait de la réponse donnée par le
ministre.
M. GERIN-LAJOIE: Je me suis grandement étonné de l'article
paru dans « Le Nouvelliste » parce que l'éditorialiste
devrait savoir aussi bien que le député de Trois-Rivières
et tousles membres de cette Chambre que la question de la fondation de
nouvelles universités dans la province a été soumise, en
1961, à la Commission Parent. Si la Commission Parent n'a pas encore
fait son rapport et que lorsque l'autre Jour, j'ai répondu au
député de Trois-Rivières un « non » tout sec,
eh bien c'était un « non » tout sec, c'est-à-dire que
le gouvernement n'a aucun projet puisque le gouvernement attend, comme il l'a
dit en 1961 le rapport de la Commission Parent.
M. GABIAS: Seulement une seconde. Non, ce n'est pas le « non
» qui a fait peur ou qui a inquiété les gens, c'est
plutôt la réponse à l'effet que le ministre n'avait pas
l'intention de faire revivre le projet de loi. C'est cela qui a
inquiété la population.
M. GERIN-LAJOIE: Je pense que ma réponse d'aujourd'hui est
suffisamment claire.
M. LE PRESIDENT: Adopté. M. GABIAS: Elle est meilleure!
M. BEDARD (président du comité plénier): M. le
Président, j'ai l'honneur de faire rapport que le comité a
adopté les résolutions relatives au bill numéro 43.
M. HYDE (président): M. Gérin-Lajoie propose que les
résolutions soient maintenant lues et agréées. Cette
motion sera-t-elle adoptée? Adoptée.
M. LESAGE: Deuxième lecture.
M. LE PRESIDENT: Deuxième lecture adoptée.
M. GERIN-LAJOIE: Troisième lecture.
M. LE PRESIDENT: Troisème lecture adoptée.
Adoptée.
M. LESAGE: Adoptée.
M. LE GREFFIER-ADJOINT: Troisième lecture de ce bill. Third
reading of this bill.
M. LESAGE: M. le Président, au sujet de la Loi des accidents du
travail, je comprends qu'il y a un amendement de rédaction à
apporter et je me suis entendu avec le ministre du travail pour que
l'amendement de rédaction seulement soit apporté au Conseil
législatif.
Alors nous pourrons prendre demain, comme premier item, la
troisième lecture du bill 44. Ensuite, ce sera évidemment le bill
54...
M. JOHNSON: 54?
M. LESAGE: Oui, oui. Bill 54.
M. DOZOIS: « $64 question »!
M. LESAGE: Ah, je voudrais bien être capable d'y répondre
à toutes ces questions. A cinq heures quinze demain, il y aura sanction
de bills. Demain matin, à dix heures trente, le comité des bills
privés siégera pour étudier le bill 139. D'après
les nouvelles que j'ai par écrit, par téléphone, par
télégramme, il est clair que nous ne pouvons songer à
terminer l'étude de ce bill en comité dans l'avant-midi de
demain.
M. DOZOIS: Cela suscite de l'intérêt.
M. LESAGE: Non seulement de l'intérêt, mais de la
controverse. Alors je pense bien que...
M. GABIAS: De l'intérêt controversé.
M. LESAGE: Non, de l'intérêt et de la controverse.
M. BERTRAND (Missisquoi): On va garder les intérêts.
M. JOHNSON; Alors est-ce qu'on ajournerait... Est-ce que le premier
ministre a l'intention...
M. LESAGE: Nous pourrions ajourner, nous pourrions suspendre les travaux
de la Chambre parce que je suis sûr (c'est évident que nous
n'aurons pas fini demain matin), nous pourrions suspendre les travaux de la
Chambre après l'adoption, en troisième lecture, du bill des
accidents du travail pour retourner en comité des bills privés
étudier le bill 139 et, aussitôt que nous aurons terminé,
on verra mieux, demain matin, si on peut fixer une heure, nous reviendrons en
Chambre pour étudier le bill 54 en comité plénier.
M. BELLEMARE: Sur le bill 44, si le premier ministre me permet, il y
avait un article spécial à ajouter, mais il y avait aussi une
modification dans un article, l'article numéro 7.
M. LESAGE: Mais c'est ce que je viens de dire.
M. BELLEMARE: Non, non après ça, l'article numéro
9, puis on ajoutait un autre article.
M. FORTIN: C'est très bien ça.
M. JOHNSON: Il a été ajouté, par le
président en comité.
M. BELLEMARE: Au lieu d'être 9, ça devient 10.
M. FORTIN: Oui, 10, 11, 12.
M. LESAGE: Je n'y étais pas mais le ministre du Travail m'a dit
que toutes ces corrections se feraient facilement au Conseil législatif,
que c'était des questions de rédaction, purement et
simplement.
M. LE PRESIDENT: La Chambre est ajournée à demain
après-midi à 2 h. 30.